SOCIETÉ BOTANIQUE DE FRANCE Paris. — Imprimerie de L. MARTINET, rue Mignon 2. BULLETIN SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE FONDÉE LE 23 AVRIL 1854 TOME SEPTIÈME PARIS AU BUREAU DE LA SOCIÉTÉ DU VIEUX-COLOMBIER, 24 1860 LISTE DES MEMBRES ADMIS DANS LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE PENDANT L'ANNÉE 1859. ABZAC DE LADOUZE (le comte d’), au château de Boripetit pres Périgueux (Dordogne). AMÉ (GEORGES), à Sainte-Eulalie d'Ambarés près Bordeaux. BAILLE (JEAN-ALBERT), étudiant en médecine, rue Racine, 7, à Paris. BENTHAM (GEORGES), Victoria street, 91, Westminster, à Londres. BONNAMOUR (S.), rue Centrale, 17, à Lyon. BONZOM (CÉLESTIN), pharmacien interne à l'hópital de la Pitié, à Paris. BORCHARD (ADOLPHE), rue du Temple, 13, à Bordeaux. BOYMIER, docteur en médecine, rue des Fossés-Saint-Jacques, 20, à Paris. BRETAGNE (PAUL DE), attaché au ministère de l'intérieur, rue de Bourgogne, 50, à Paris. CHABERT (ALFRED), docteur en médecine, à Chambéry (Savoie). CLAUZURE (ADRIEN), docteur en médecine, à Angoulême (Charente). CLAVAUD (ARMAND), rue d'Albret, 31, à Bordeaux. COMME (J.), jardinier en chef du Jardin-des-plantes de Bordeaux, chemin d'Arés, 1, à Bordeaux. CORDIER, docteur en médecine, quai Saint-Michel, 19, à Paris. DESBOIS (JuLEs), étudiant en médecine, rue de Vaugirard, 54, à Paris. DEVILLE (Louis), avocat, à Tarbes (Hautes-Pyrénées). DUCOT (FRÉDÉRIC), cours Napoléon, 17, à Bordeaux. DURAND (JEAN-PIERRE), pépiniériste, à Bourg-la-Reine (seine). VI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. GACOGNE (ALPHONSE), secrétaire général de la Société Linnéenne de Lyon, rue Sala, 15, à Lyon. GLORIA (LÉON), rue des Tournelles, 5 (Passy), à Paris. GOEPPERT, professeur à l'Université de Breslau (Royaume de Prusse). GOLDSCHEIDER, professeur de botanique au Val-de-Grâce, quai de Béthune, 22, à Paris. GRAS (FRANÇOIS) FILS AINÉ, horticulteur, au bas de la Croix-de-Reynier, à Marseille. GRENET (Jukes), rue de Seine, 29, à Paris. HÉBERT, pharmacien en chef à l'hópital des Cliniques, à Paris. HEILLY (CLovis D"), étudiant en médecine, rue Saint-Sulpice, 29, à Paris. LEFRANC, pharmacien en chef à l'hópital militaire de la Calle (Algérie). LIMMINGHE (le comte ALFRED DE), au château de Gentinnes prés Marbais, en Brabant (Belgique). MAIN (J.-B.), docteur en droit, à Ja Girardière, commune de Tablier, par Saint- Florent-des-Bois (Vendée). MOTELAY (LÉONCE), rue Neuve-de-l'Intendance, 7, à Bordeaux. MOUGEOT (ANTOINE), docteur en médecine, membre du Conseil général des Vosges, à Bruyères-en-Vosges (Vosges). NÆGELI (CARL), professeur à l'Université de Munich (Bavière). PILLON (FRANCOIS), étudiant en médecine, rue d'Anjou-Dauphine, 7, à Paris. ROCHEBRUNE (ALPHONSE DE), rue de Beaulieu, 86, à Angoulème (Charente). SCHULZE, interne des hópitaux, rue du Vieux-Colombier, 27, à Paris. SEURE (JuLES), étudiant en médecine, rue Saint-Sulpice, 38, à Paris. SOULES, pharmacien, à la Romieu, par Condom (Gers). THÉRY, docteur en médecine, à Langon (Gironde). LISTE DES MEMBRES. Admis comme membres à vie. LABOURET (J.). PETIT (Guillaume), DUCHARTRE (P.). Lavau (Gaston de). Membres décédés. JoUFFROY-GONSANS (de), février. LE PRÉVOST (Auguste), 14 juillet. DELASTRE, 17 août. CRETAINE (Alexis), 16 octobre. CHoist (J.-D.), 26 novembre. TILLETTE DE CLERMONT-TONNERRE (le baron), 7 décembre. vi] SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. A w SÉANCE DU 6 JANVIER 1860. PRÉSIDENCE DE M. DUCHARTRE. M. Eug. Fournier, vice-secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la séance du 23 décembre 1859, dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la dernière séance, M. le Président proclame l'admission de : MM. Boucer, l'un des secrétaires de la Société impériale et centrale d'horticulture, rue de la Tour-d'Auvergne, 31, à Paris, présenté par MM. Boisduval et Duchartre ; CHABOISSEAU (l'abbé), à Pindray prés Montmorillon (Vienne), présenté par MM. l'abbé de Lacroix et Tulasne; CLAvusoN (Th.), instituteur à Beni-Mered (Algérie), présenté par MM. Decaisne et Gogot. M. le Président annonce en outre deux nouvelles présentations. Dons faits à la Société : 4° Par M. Ch. Fermond : Faits pour servir à l'histoire générale de la fécondation chez les végétaux. Recherches sur la sensibilité comparative des divers réactifs de l'iode. Note sur lu transformation de la gomme du Sénégal en sucre. > Par M. W. Nylander : Synopsis methodica Lichenum, fasc, 1. 3» De la part de M. Aug. Marcellin : Étude générale sur le diagnostic médical (these pour le doctorat). T. VII. al e 2 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. h° De la part de M. Alph. Karr: Les Guépes, un numéro. 8» Un numéro du journal Le Propagateur. 6* En échange du Bulletin de la Société : L'Institut, décembre 1859, deux numéros. M. de Schenefeld, secrétaire, appelle l'attention de la Société sur la publication du nouvel ouvrage de M. le docteur Will. Nylander, intitulé Synopsis methodica Lichenum. Cet important ouvrage, suffisamment recommandé par le nom de son savant anteur, présente le tableau systématique général, avec diagnoses spécifiques el descriptions, de tous les Lichens connus jusqu'à ce jour. I se composera de deux volumes in-8°, divisés chacun en deux fascicules, et contiendra au moins vingt planches coloriées. Le premier fascicule a paru, et le second est sous presse (1). Conformément à l'art. ?8 du réglement, M. le Président fait con- naitre à la Société les noms des membres des diverses Commissions nommées par le Conseil, pour l'année 1860, dans sa séance du 27 décembre dernier. Ces Commissions sont composées de la maniére suivante : 4° Commission de comptabilité, chargée de vérifier la gestion de M. le Trésorier : MM. de Bouis, Brice et A. Passy. 2^ Commission des archives, chargée de vérifier la gestion de M. l'Archiviste : MM. Laségue, Le Maout et de Scheenefeld. 3° Commission permanente du Bulletin: MM. Cosson, Duchartre et Prillieux. he Commission permanente des gravures : MM. Decaisne, J. Gay et Greenland. | 5° Commission chargée de recueillir les opinions émises relati- vement à la tenue de la prochaine session extraordinaire, et de for- muler une proposition sur le lieu et l'époque de cette session : MM. Boisduval, J. Gay, le comte Jaubert, A. Passy et T. Puel. (1) Aujourd'hui (juin 1860) le second fascicule a également paru. Le prix de chacun des denx premiers fascicules est de 10 francs. On peut se les procurer à Paris, soit chez : shez l'auteu , u des M thurin ri aint- " e . 1e eur SS zs I rue y a 5 S Jacques, n 6, S oit ch Z M ] doct u Rou l, r ; sse rue de > Fossés-Saint-Jacques, n 26. SÉANCE DU 6 JANVIER 1860. 3 M. le Président annonce que les fonctions de MM. Cosson, secré- taire, Léon Soubeiran, vice-secrétaire, et Fr. Delessert, trésorier, nommés en 1856, sont expirées. D’après Part. 6 des statuts, le secrétaire et le vice-secrétaire ne sont pas rééligibles, mais le trésorier peut être réélu. M. le Président annonce en outre qu'il v a lieu de remplacer cette année, comme membres du Conseil, MM. Baillon, Boisduval, Chatin et A. Passy, nommés en 1857 et dont les fonctions sont expirées. On procède ensuite à l'élection du président pour l'année 1860. M. J. DECAISNE, ayant obtenu 152 suffrages sur 174, est proclamé président de la Société pour 1860. La Société nomme ensuite successivement : Vice-présidents : MM. Ad. Brongniart, E. Cosson, L.-R. Tulasne et Boisduval. Secrétaire : M. Duchartre, en remplacement de M. Cosson. Vice-secrétaire : M. A. Gris, en remplacement de M. L. Sou- beiran. Trésorier : M. Fr. Delessert (réélu). Membres du Conseil : MM. Fermond, Al. Jamain, Éd. Prillieux. Ém. Le Dien et Brice. Il résulte de ces nominations que le Bureau et le Conseil d'admi- nistration de la Société se trouvent composés, pour l'année 1860, de la manière suivante : Président. M. J. DECAISNE. Vice-présidents. MM. Boisduval, MM. E. Cosson, Ad. Brongniart, | L.-R. Tulasne. Secrétaires. Vice-secrétaires. MM. Duchartre, MM. Eug. Fournier, de Schænefeld. A. Gris. Trésorier. : Archiviste. M. Fr. Delessert. i M. de Bouis. A SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Membres du Conseil. MM. Brice, MM. Ém. Le Dien, Fermond, Le Maout, J. Gay, Moquin-Tandon, Al. Jamain, le marquis de Noé, le comte Jaubert, Éd. Prillieux, Laségue, T. Puel. Avant de se séparer, la Société vote des remerciments unanimes à M. Duchartre, pour le dévouement avec lequel il a bien voulu diriger ses travaux pendant l'année qui vient de finir. SÉANCE DU 13 JANVIER 1860. PRÉSIDENCE DE M. DECAISNE. M. de Schenefeld, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 6 janvier, dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la derniére séance, M. le Président proclame l'admission de : MM. QuenTIN (Auguste), pharmacien, à Vire (Calvados), présenté par MM. Roussel et Montagne; Roze (Ernest), attaché au ministère des finances, rue Cas- sette, 23, à Paris, présenté par MM. Gontier et Chatin. M. le Président annonce en outre trois nouvelles présentations. M. le Président annonce la mort bien regrettable de M. le pro- fesseur Choisy, membre de la Société, connu par d'importants tra- vaux de botanique descriptive, décédé à Genéve le 26 novembre dernier. Dons faits à la Société : ES 1* De la part de M. V. Raulin : Description physique de l'ile de Crète, SÉANCE DU 13 JANVIER 1560. 5 2 De la part de M. Alph. Karr : Les Guépes, deux numéros. 3° De la part de la Société d'horticulture de la Haute-Garonne : Annales de cette Société, t. VI, septembre-octobre 1859. he En échange du Bulletin de la Société : Verhandlungen des naturhistorischen Vereines der preussischen Rhein- lande und Westphalens, 1858 (fin) et 1859. Flora oder allgemeine botanische Zeitung, 1859, deux numéros. L'Institut, janvier 1860, deux numéros. M. de Schonefeld, secrétaire, donne lecture d'une communication adressée à la Société par M. Timbal-Lagrave, et ayant pour titre : Des variations que présentent les espèces du genre Orchis et princi- palement l'Orchis Tenoreana (4). M. le comte Jaubert rappelle à la Société que, dans une commu- nication récente Sur une lacune dans les institutions botaniques (2), il a émis le vœu de voir établir un laboratoire de micrographie, destiné à initier les éléves et les amateurs studieux à la connaissance des faits les plus importants et les plus difficiles à observer de la science. M. Éd. Bureau ayant signalé à la Société l'existence d'un enseignement de ce genre à la Faculté des sciences de Paris, M. le comte Jaubert a désiré savoir au juste en quoi il consiste, et il a recu sur ce sujet la lettre suivante de M. Bureau, dont il donne communication à la Société : LETTRE DE M. Édouard BUREAU A M. LE COMTE JAUBERT. Paris, 2 décembre 1859. Monsieur le comte, Vous m'avez fait l'honneur de me demander quelques renseignements sur le laboratoire de botanique annexé par M. Payer à son cours de la Sorbonne; je puis vous garantir l'exactitude des suivants, car j'ai pris part aux travaux de ce laboratoire pendant trois ans à partir de sa fondation, et, en 1857, je fus chargé par M. Payer de les diriger lorsqu'il était obligé de s'absenter. Ce cours d'études pratiques commença en 1855 dans une chambre que M. Payer avait louée au-dessus del'appartement qu'il habitait alors rue Saint- (1) Cette notice étant accompagnée de dessins gravés sur bois, dont l'exécution n'a pu être achevée à temps, est reuvoyée au prochain numéro. (2) Voyez le Bulletin, t. VI, p. 726. 6 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Hyacinte-Saint-Michel, hôtel des Stuarts. Les séances avaient lieu deux fois par semaine et durèrent tout l'été. Nous ne fümes que cinq élèves à les suivre. En 1856, notre nombre doubla et il fallut nous transporter à la Sorbonne, dans une salle qui fut affectée à cet usage. Enfin, en 1857, le nombre des élèves inscrits pour les études pratiques augmenta tellement qu'on dut nous livrer la salle qui sert aux compositions pour le baccalauréat et pour le concours général des lycées, et qui est située près de l'église de la Sorbonne, rue Neuve-des-Poirées. Depuis ce temps, diverses circonstances m'ont empéché de fréquenter le laboratoire, mais je sais qu'il existe et fonctionne toujours régulièrement. On peut désormais regarder ce cours pratique comme constituant une partie im- portante de l'enseignement de la botanique à la Faculté des sciences. Voici comment se passaient les choses de mon temps et comme j'ai tout lieu de croire qu'elles se passent encore aujourd'hui. Les séances commencent avec les cours d'été et durent jusqu'aux vacances. Elles ont lieu le mardi et le samedi, de une heure à trois heures et demie. Pour l'étude des organes et l'analyse des familles, les élèves doivent appor- ter une loupe montée. Pour l'étude des tissus, on se sert d'un microscope appartenant au laboratoire et de ceux que diverses personnes veulent bien apporter. Il y a juste autant de séances que de leçons, et comme, dans son cours, M. Payer étudie les familles à mesure qu'elles fleurissent, il en résulte que, dans chaque séance pratique, on est mis à méme de vérifier les faits énoncés dans la leçon précédente. Toutes les préparations sont faites par les élèves. Le professeur leur montre à se servir des instruments, distribue la besogne, et, quelques instants après, commence l'inspection détaillée des travaux, passant d’un élève à un autre, distribuant des conseils, mettant sur la voie ceux qui sont embarrassés, fai- sant recommencer ceux qui ont commis des erreurs, et exigeant de tous la plus grande netteté dans la préparation et la plus rigoureuse exactitude dans le dessin. Cette inspection recommence trois ou quatre fois pour chaque élève dans la durée de la séance, sans préjudice des conseils que l'on peut aller de- mander dans l'intervalle. Cependant, comme le professeur ne pourrait suffire à diriger à la fois tous les commencants, il a organisé une sorte d'enseignement mutuel, et chaque vétéran du laboratoire est placé prés d'un ou deux nouveaux, auxquels il vient en aide en cas de besoin. Enfin, lorsque le professeur ne peut rester pendant toute la durée de la séance, c'est le plus ancien des anciens qui reste chargé de la distribution du travail et de l'examen des préparations. Une particularité intéressante de la méthode adoptée par M. Payer, c'est qu'il donne aux nouveaux venus les préparations les plus difficiles à faire. SÉANCE DU 13 JANVIER 1860. 7 Avec un peu d'aide, ils finissent toujours par s’en tirer. On leur apprend alors qu'ils trouveront rarement des difficultés semblables; ils sortent tout étonnés de ce qu'ils ont fait, et, à la séance suivante, ils recommencent avec plus de confiance en eux-mêmes, et par conséquent avec plus de sûreté dans le coup d'oeil et moins de tremblement dans la main. La dissection ne peut manquer de s'en ressentir. Toute préparation faite est dessinée d'après nature. La chambre claire et les appareils, quels qu'ils soient, pouvant servir à guider la main et la rendre pa- resseuse, sont exclus. Les élèves recoivent le conseil de faire d'abord une pré- paration aussi nette que possible, de l'étudier aussi longuement et aussi attentivement qu'il est nécessaire pour se bien pénétrer de ce qu'ils ont à rendre sur le papier, puis de dessiner hardiment et, autant que possible, sans retouches et sans repasser sur les mêmes traits. Il faut qu'il n'y ait pas plus d'obscurité dans le dessin que dans la préparation, autrement on recommence jusqu'à ce qu'en ait réussi. Pour les tissus, on donne une coupe longitudinale, une coupe transversale et quelques détails à un grossissement plus fort, si cela est nécessaire. Pour l'étude des familles, l'éléve recoit à analyser une ou plusieurs plantes, suivant que la famille n'offre qu'un seul type ou plusieurs. Ainsi, pour con- naitre les Ombelliferes, il lui suffira d'analyser une Angélique ; pour les Pro- téacées, une espèce du genre Protea suffira. Mais pour les Papavéracées, il analysera un Chelidonium et un Papaver ; pour les Composées, un Anthemis, un Carduus et un Taraxacum ; pour les Rosacées et les Renonculacées, il aura à voir un nombre plus considérable de plantes. Chaque espèce est dessinée sur une feuille séparée. On commence par en donner le port dans un dessin d'ensemble ; à cóté vient la fleur grossie, puis sa coupe longitudinale, son diagramme, et enfin tous les détails d'organisation qui ne sont pas suffisamment visibles dans les figures précédentes. A une autre époque, on y ajoute l'analyse du fruit. Les figures sont faites de grande taille, afin que tout soit plus apparent; elles sont dessinées simplement au trait, avec quelques ombres rapidement jetées à l'estompe pour leur donner plus de netteté. Au bout d'une saison de cet exercice, l'élève se trouve avoir un album contenant la collection des divers types de toutes les familles un peu impor- tantes à connaitre, et il lui suffit de jeter de temps en temps un coup d'oeil sur ces dessins d'apres nature pour ne point oublier ce qu'il s'est donné la peine de chercher et de voir lui-méme. Telles sont, Monsieur, les leçons que j'ai suivies et dont je crois avoir retiré quelque profit. M. Baillon, aujourd'hui professeur agrégé à la Faculté de mé- decine, M. Gris, maintenant aide-naturaliste au Muséum, M. Salvignac, pro- fesseur au lycée Louis-le-Grand, M. Alphonse Milne Edwards, M. Michon et bien d'autres, les ont partagées avec moi et en ont aussi ressenti les bons effets. 8 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. J'ai essayé, Monsieur, de répondre avec quelques détails aux questions que vous avez bien voulu me faire; si cependant quelques éclaircissements vous étaient utiles, je me mets entièrement à votre disposition. Veuillez agréer, etc. Éd. BUREAU. M. Duchartre, secrétaire, donne lecture de la communication suivante, adressée à la Société : NOTE SUR LA STATION DE QUELQUES PLANTES DE LA FLORE DE BÉZIERS, pr M. Victor PERSONNAT. (Saint-Céré, Lot, 20 décembre 1859.) Dans une lettre communiquée à la Société le 22 mars dernier (voir le Bul- letin, t. VI, p. 265), M. Ch. Martins signale une nouvelle localité du Zeucojum estivum L. , qu'il a découvert sur les bords de la Mosson, près de Montpellier. En mars 1855, j'ai recueilli cette jolie Amaryllidée sur le canal du Midi, entre Béziers et le pont de Roque-Haute, où ses nombreuses tiges fleuries se balan- caient au milieu des joncs de la rive droite. J'ai remarqué, quoique la plante füt assez abondante de ce cóté, qu'il ne s'en montrait pas un seul pied sur la rive opposée. Près de ce méme pont de Roque-Haute (commune de Portiragnes), mais cette fois sur la rive gauche du canal, le Limnanthemum- Nymphoides Link étale, au mois de mai, ses feuilles orbiculaires sur un espace de quelques mè- tres à peine. C'est le seul endroit oü j'aie vu cette plante sur toute la longueur du canal de Riquet; MM. Grenier et Godron, dans leur Flore de France (t. II, p. 498), ne l'indiquent, du reste, que comme une espèce du centre et ne lui assignent aucune station dans le midi. Non loin de là, et sur une levée qui traverse les marais salés perpendiculai- rement à la mer, j'ai récolté le Bellis annua L. en pleine floraison au mois de mars. Dans les marais à gauche de cette jetée, on trouve fréquemment les Ono- nis breviflora DC., Dorycnium gracile Jord., OEnanthe silaifolia Bieb., Orchis palustris Jacq. (O. mediterranea Guss.) et un grand nombre de beaux Statice, parmi lesquels on remarque le St. confusa G. G. et le St. ferulacea L., que les auteurs de la Flore de France ne signalent qu'à l'ile Sainte-Lucie. La dernière de ces plantes surtout est une des espèces qui cou- vrent avec le plus d’abondance les plages des environs de Béziers. Dans la partie sablonneuse des dunes de Roque-Haute, il n’est pas rare de rencontrer les Orobanche cernua Leetl., Ornithogalum Paterfamilias Godr. et le Pancratium maritimum L. Cette plante, dont les magnifiques fleurs ré- pandent une odeur si suave, est tellement enfoncée dans le sable, que j'ai SÉANCE DU 13 JANVIER 1860. 9 dü souvent, après avoir creusé à plus d’un mètre de profondeur, renoncer à emporter ses bulbes. C'est aussi là, à l'extrémité septentrionale d'une allée de Müriers, que l'on peut recueillir, en fleur dès la fin de février, le 7richonema Columnæ Rchb., dont les feuilles filiformes se distinguent à peine du gazon dans lequel il se perd. Je présume que la capsule de cette petite plante doit mürir sous terre ; car aussitót aprés la floraison, ses pédoncules se courbent en arc et ses fruits disparaissent de la surface du sol, cachés sous une légére couche de sable. Cette Iridée intéressante couvre à peine deux mètres carrés et ne reparaît plus dans les contrées environnantes. Sur le coteau calcaire qui a donné son nom à cette partie de la plage, j'ai récolté, entre autres plantes généralement peu répandues, les Velezia rigida L., Lotus conimbricensis Brot. , Leflingia hispanica L., Veronica anagalloi- des Guss. , ainsi que le Zulliarda Vaillantii DC., dont les tiges frêles ressem- blent à une petite mousse et recouvrent presque tout le terrain où l'eau a séjourné pendant l'hiver. Cette espéce n'est pas non plus indiquée comme mé- ridionale dans la Flore de France. A l'ouest de Béziers, l’ Alyssum spinosum L. tapisse de ses nombreuses touffes les rochers de Saint-Chinian à Saint-Pons, au-dessus du pont de Poussaroue, tandis que l'A. macrocarpum DC. végéte avec vigueur au-des- sous : la gorge seule sur laquelle est jeté ce pont sépare ces deux espèces remarquables. L'Astragalus narbonensis Gouan, que M. le colonel Blanc a récolté pour les centuries de M. Billot sur les rochers de Montady, montre de loin ses nombreux massifs éclatants, sur le versant sud de la montagne du télégraphe, à Nissan. A l’est d'un grand roc calcaire adossé au Pech-Bebios, j'ai admiré plu- sieurs fois les superbes épis de l’ Acanthus mollis L. qui atteint jusqu’à un mètre et demi de hauteur. Enfin, on voit assez communément, dans les champs autour de Béziers, le Rœmeria hybrida DC. et le Picris stricta Jord.; sur les remblais du chemin de fer, l'Atriplez rosea L.; à Tourventouse, le Scabiosa stellata L.; à Ri- baute, le Coronilla glauca L. et le Lupinus hirsutus L., tandis que le Lupi- nus Termis Forsk. vient à Roque-Haute ; aux côtes de Baissan, l’Opopanaz Chironium Koch, la plus belle des Ombelliferes du midi; au Contrôle, le Sedum cæspitosum DC. ; au coteau de la Madeleine, le Cirsium bulbosum DC. et l'Atractylis humilis L.; sur les bords de l'Orb, le Linaria greca Chav., et, dans quelques garrigues privilégiées, le Passerina Thymelæa DC. , particuliè- rement du côté de Nissan et du Pas-du-Loup, cette localité classique de l'As- tragalus Glauz L. J'ai récolté la plupart de ces plantes en compagnie de M. le colonel Blanc et de l'infatigable capitaine Braun, qui bien certainement les connaissaient avant 10 | SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. moi. La zone dont Béziers occupe le centre offre une flore riche et variée : presque toutes les espèces des régions méridionales de la France se retrouvent sur ses côtes ou dans ses garrigues; les espèces de la Montagne-Noire et des Cévennes descendent jusqu'aux mamelons qui couronnent Saint-Chinian et Bédarieux, et, sur les collines plus tempérées qui s'étendent au nord du chef- lieu de l'arrondissement, on rencontre fréquemment de nombreux types de la végétation du centre. Si notre honorable collègue M. le docteur Théveneau pouvait enlever quelques instants à ses nombreuses occupations, et former; avec l'aide des deux savants explorateurs que je viens de nommer et de M. Fabregat, botaniste non moins zélé qu'érudit, un catalogue des nombreux spécimens groupés dans leurs herbiers et nés sous le soleil biterrois, je ne doute pas que ce travail ne fût d'un grand intérêt pour tous ses confrères. En terminant, je crois devoir signaler à la Société, comme un fait remar- quable de végétation, la présence, en touffes épaisses et vigoureuses, du Malcol- mia maritima R. Br. dans la cour qui se trouve derrière les magasins de M. Aubés, négociant, au canal de Béziers, où je l'ai trouvé en fleur au mois de juin 1855. M. Duchartre dit que le Leucojum æstivum est commun entre les jones du canal du Midi. Il se souvient aussi d'avoir constaté, il y a plus de vingt ans, l'abondance du Statice ferulacea aux environs de Déziers, et d'avoir trouvé aux localités indiquées plusieurs des autres plantes citées par M. Personnat, notamment le Limnanthemum, le Scabiosa stellata, etc. M. Chatin fait à la Société la communication suivante : NOTE SUR UN CAS TÉRATOLOGIQUE OFFERT PAR L'HENOPHYTON DESERTI, par M. Ad. CHATIN. , En intercalant dans mon herbier quelques échantillons d' Zenophyton de- serti, que je dois, ainsi qu'un grand nombre d'autres plantes d'Algérie, à notre zélé collègue M. Lefranc, pharmacien-major de l'armée d'Afrique, je remar- quai l'accroissement singulier et la déformation d'organes que leur siége et leur aspect général me firent reconnaitre pour des ovaires développés en une sorte de galle à la suite de piqüres d'insectes. Mais ce qui me parait surtout digne d'attention, c'est que les ovaires, bien que non ouverts, portent sur la commissure placentaire de petites feuilles qui les font ressembler grossièrement aux ovaires du Prismatocarpus. Or si, dans les idées qui tendent à prévaloir sur la nature axile des ovaires infères, la présence d'appendices foliacés sur l'ovaire du Prismatocarpus, comme sur SÉANCE DU 13 JANVIER 1860. 11 celui de l'Opuntia, est chose toute naturelle, il n'en est plus de méme quand il s'agit de l'ovaire supère des Crucifères. Si les ovaires monstrueux étaient ouverts le long de leurs commissures pla- centaires, ainsi que cela a été observé quelquefois, le phénomène n'aurait encore rien de trés anomal, parce qu’alors les petites feuilles pourraient être considérées comme produites par la transformation des ovules ; mais l'ovaire est fermé, et à son intérieur on trouve le long des placentas de petits bourre- lets représentant des ovules avortés. Les détails qui précèdent me paraissent rendre la monstruosité que je mets sous les yeux de la Société digne de l'intérét des tératologistes. Et comme, lors- qu'on parle tératologie, on pense involontairement à M. Moquin-Tandon, je profiterai de l'occasion pour me rendre l'interprète de bien des botanistes en exprimant le vœu que son Traité de tératologie végétale soit réédité. M. le Président demande à M. Chatin s'il a fait l'étude anatomique de cette monstruosité, qui lui parait aussi résulter de la piqüre d'un insecte. M. Chatin répond qu'il se propose de revenir sur ce sujet. M. Eug. Fournier, vice-secrétaire, donne lecture de la commu- nication suivante, adressée à la Société : LES FORÉTS DU NORD DE LA FRANCE AUX XVe, XVIe ET XVII: SIÈCLES, pr M. le baron de MÉLICOCQ. ( Raismes, 3 janvier 1860.) Parmi les causes qui, au moyen âge, s'opposerent longtemps à une bonne administration des foréts domaniales (1) et seigneuriales, figurent les droits d'usage et de champiage qui firent surgir de longs, de fréquents procès entre les seigneurs et les communes. A Raismes, les manans avaient le droit de « prendre leur feutwille (2) et (1) Anciennement, il n'y avait que les rois qui eussent le droit d'avoir des bois de hautes futaies. (Voy. deux capitulaires de Louis-le-Débonnaire, intitulés l'un, De fores- libus noviter institutis; l'autre, De forestibus dominicis; consult. aussi Le Bret, Traite de la souveraineté, et Salvaing, De l'usage des fiefs.) — Ce n'est que depuis le xir* siècle que les foréts sont rentrées dans le domaine de l'État et que l'on trouve des réglements sur les eaux et foréts. (Rech. sur les lois féodales, p. 269.) (2) Chez les barbares qui détruisirent l'empire romain, les voyageurs jouissaient de loute sécurité; ils avaient la permission de séjourner deux fois vingt-quatre heures sur les terrains ouverts, et d'y faire paitre leurs bestiaux. (Leg. Vis., VIII, 4, 27; Long., W, 4, 1.) Ils pouvaient prendre dans les forêts voisines du bois pour se chauffer et des feuilles pour la nourriture de ces animaux, sous la seule condition de ne pas détériorer les arbres. — Au moyen âge, le vol était aussi sévèrement puni que l'assassinat. La maison 12 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. chauffure avec hostieux, servans à couper bois, si comme branches de chesnes seisches et aultres laignes (bois) de mesure, ou morbille (1) qu'il pouroit avoir esdis bois. » Durant les guerres presque continuelles des xvi° et xvit’ siècles, les dégâts devinrent tels, que les habitants, désireux qu'ils étaient d'en faire supporter aux communes circonvoisines toute la responsabilité, déclaraient, dans un mémoire (1635), que « sy, durant les guerres, y at heu quelqz abus et désordre à l'abat dudit bois, jusques-là que les chesnes paroissent présentement comme picques, sans aucunes branches, lesdits manans n’en ont à respondre, parce que lesditz dégatz peuvent estre advenus par les circumvoisins, telz que les mannans d’Anzin, etc. et fauxbourgs de Vallenchiennes, lesquels n'y ont droit de feuwille (2), ny de champiaige. » Ces dégâts avaient surtout lieu durant la nuit du 4°" mai, pendant laquelle, sous prétexte d'aller au mai, on commettait les plus graves délits. C'était pour s'y opposer que les habitants d' Aubry avaient contracté l'obliga- du coupable était rasée, ses blés étaient ravagés, ses foins incendiés, ses vignes arrachées ; on ne coupait pas ses arbres, on les dépouillait de leur écorce. (Consult. aussi le Deuté- ronome, c. 20, v. 19, 20, et D. Calmet, Comment. litt. sur le Deut., c. 20 ; Cod. Théod. XIV, tit. 1, l. 1.3 Ammian. Marcell. xviii, c. 4, 29, c. 4; les Olim, éd. Beugnot, t. I, p. 407). — L'insulte que l'on aimait le plus à faire, dit M. Ch. Botta (Hist. des peuples d'Italie), en parlant des guerres que les villes italiennes se faisaient entre elles au moyen áge, c'était de couper l'arbre de la ville ou du village, sous lequel les habitants avaient coutume de s'assembler les jours de fête ou à l’occasion de quelque délibération publique. (1) Ailleurs : les morbilles, c'est-à-dire les vieux culats de chesnes, etc. — Dans mon article sur les arbres et les arbrisseaux désignés au moyen áge sous le nom de mort- bois, j'ai parlé des ronces, espines et flequiers (Bull. Soc. bot., t. VI, p. 260). Je dois dire qu'aujourd'hni je suis convaincu que cette dernière plante est la Fougère, nommée encore feretiére auprés de Valenciennes. — En 1429, un comptable de l'abbaye de Saint- Bertin mentionne « une pieche de terre, tant buissons, hazois, flequiéres et ramons, en le vallée de Brenonval et de tous coustés avironnés de bois. » — Deux arréts de 1271 signalent.« usagium percipiendi brueriam, fulgeriam, et folium quod cecidit de arbo- ribus » (Olim, t. I, p. 876. Ducange, Gloss. v. FULGERIA). — En 1258, on déclare que les hommes de Saint-Germain et Saint-Léger « in Laya habent plenum usagium, videlicet spinam et genestam, achorem et tremulum, et concam mortuam et brancas siccas » (Ibid. p. 54).—1l est bon d'ajouter qu'en 1530 le comptable de Béthune parle de voirres de frequières, à 11 s. la douzaine, et de petits voirres à pict de frequières, à v1 d. la douzaine. Tous nous nous rappelons ces vers de notre immortel Boileau : Elle (la Nuit) voit le barbier qui, d'une main légére, Tient un verre de vin qui rit dans la fougére. (Lutrin, ch. III) (2) 1445. Le censier de l'église et couvent de Saint-Pierre de Gand, à Douchy, doit payer les frais et despeus des bracqueniers (chasseurs), louviers, loutriers et aultres officyers, doit livrer feuille pour cauffer et rescaufer le four à ban. Il doit, chascun an, livrer à ses despens trois gistes à Ms. l'abbé, s'il lui plaist à aller en personne sur le lieu, et livrer tout ce que à son estat appartient, sans maise (mauvaise) ocquison, excepté vin, chère et espesses. (Arch. de l'hótel-de-ville de Valenciennes.) SÉANCE DU 13 JANVIER 4860. 13 tion de faire, durant toute cette nuit, le guet autour de la petite forét de Rais- mes, dans laquelle ils avaient le droit de prendre leur feuwille. Dès le xv* siècle, un long procès avait eu lieu entre Nicolas Rolin, chance- lier de Philippe-le-Bon, duc de Bourgogne et seigneur de Raismes, et la ville de Valenciennes. De la transaction qui eut lieu en 1445, il appert que « bien qu'un traitié » eut esté fait entre les parties en 1434, portant défenses expresses que, do- » rénavant, lesdiz de Valenciennes se départiront de plus aler le premier jour » de may, ne autrement, cueillir le may ès bois de Raymes, toutes voyes, » yceulx de Valenciennes ne l'ont point entretenu, mais, au contraire, y ont » esté depuis ledit accord et y ont cueilly le may, et fait de trés grans dom- ».maiges, bien souvent et comme tous les jours, et mesmement en l'année v derrienement passée, mil ccccxLmr, le jour et le veille du jour de le » feste du Saint-Sacrement y furent à grant assemblée de gens, à pié et à » cheval, y cueillir le may et faire très grant dommaige et desroy, publique- » ment et notoirement, à veu et sceu de ceulx de la loy et autres ayant le » gouvernement de laditte ville de Valenciennes (1). » Aprés de longs débats, que nous passerons sous silence, il fut stipulé que « le magistrat de Valenciennes feroit publier un ban, défendant, sous peine » de bannissement ou de fortes amendes, que personne n'allast, de jour ne de » nuyt, seul, ne acompaignié, armé, ne embastonné ou non, au bois de » Raimes, le jour de may, ne en nul autre jour de l'an, copper, prendre, » cueillir, emmener, emporter nul may, estaques (pieus), perches, waules, » faisseaulx (2), raymes, picavez (3), loiés ou non loiez, ne nul autres bois quelzconques, vert, ne sec. » Durant les guerres si longues et si cruelles du moyen âge, les ducs de Bour- gogne, puis les rois d'Espagne, avaient coutume de confisquer les propriétés des seigneurs au service des rois de France, qui avaient des biens dans les Pays-Bas. Il en fut ainsi au xvIt^ siècle, puisque le marquis de Joffreville, propriétaire de la forêt de Raismes et gouverneur de Rocroy pour le roi de France, dé- uz (1) Les échevias de Valenciennes répondent qu'en temps passé avoient acoustumé d'aler prendre et cueillir aucuns mais et verdeurs de bois, pour, telz jours, foilier mesons et jolier les rues. (2) A Béthune, trois buiges (büches) faisaient ung faischeaux; trois bátons fendus formaient une buige.— 1565. Trois chesnes entiers, contenant ensemble II c. xxv fascheaulx, à xix l. le cent. — 4510. Jehan de Roisin, escuier, vend Lxx faisseaulx de laigne de la forrest de Mormail. — On lit dans le ms. n° 16 de la bibl. de Lille (xv* siécle), intitulé Grosse légende : « Son lit (Saint-Germain) estoit avironné de deux fai- » siauls, et gisoit sur sendre et sur une haire. » (fol. v c. vi, v^.) (3) En 1424, on parle de 11 c. de faissiaus et deux cens de picanes (ailleurs : pickanes) d'estocQ, boins et loiaux, et de le gauge de Valenchiennes; en 1447, de VIN milliers VII c. Lui faissiaux de laigne et xL milliers 111 c. nm xx 1 picavel. — 1458. Gros faissiaux et picavés de bois. — 4497. Faissiaux, picavés et ramelles ; faissiaux et picavés de tilloel. ; AA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. clare, dans une pièce judiciaire, que ses bois, confisqués par le roi d’Espagne, ont esté couppés à blanettost (1). Plus d'un siécle auparavant (1521), Charles-Quint, averti que « les manaus » des villages circonvoisins de Lille, sous umbre de la présente guerre, à » cause que les bois appartenant fonsièrement à la dame de Vendosmes, de- » mourant en France, et tenant party à lui contraire, s'advancent et se sont » advancez, journellement, de abbattre et copper, et, par leurs enffans, servi- » teurs ou servantes, faire abattre et copper, de jour et de nuyt, les bois, fo- » restz, hayes et arbres (2), croissans en la chastellenie de Lille, » s'empressait de mander à Marguerite d'Autriche que, « comme il faisoit à doubter qu'ils » voldront faire le samblable sur ses terres et seignouries et celles de ses vas- » saux et subjectz, au moyen de quoy ses pays, en temps avenir, seroient des- » pourveuz, et en grant nécessité de bois, qui seroit au grant dommaige et » interestz de sesdicts subgectz et de la chose publique, » il ordonnait que l'on publiàt dans toutes les villes de cette châtellenie, « où l'on est acoustumé faire » cris et publicacions, que tous ceux qui, a l'avenir, copperoient ou feroient » copper ou abattre aucuns arbres, ou bois croissans en riez, jardins, hayes, » ou ailleurs, aultres que ceulx qui leur appartiennent, encourroient une » amende de dix livres parisis. » (Arch. de l'hótel-de-ville de Lille.) SÉANCE DU 97 JANVIER 1860. PRÉSIDENCE DE M, DECAISNE. M. Eug. Fournier, vice-secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la séance du 13 janvier, dont la rédaction est adoptée, aprés (0 Arch. de la mairie de Raismes. — En 1448, xxix bonniers (le bonnier contient trois rasiéres) 1 quart de taillis de plain bos, dans les bos con dist le taille des vies gardins, appertenant à l'église Nostre-Dame de Vicongne (le sergant des boix de la france forrest de Vieongne) sont vendus XIX c. xxx l. X s. t., à raison de LXVI l. le bonnier. — La corde de fau (hêtre) à xLvuI s. t., en 1454. En 1566, XXXVI bonniers ung journel, trente cincq verges sont vendus v m. I c. XLI l. X s. t., à raison de L l. t. le bonnier ; tandis que, en 1569, deux bonniers, trois journeulx, quattre vings verghes sent vendus VII c. xx l. VI d. t., à raison de U c. XL l. t. le bonnier. (2) En 1279, le chapitre de N.-D. de Paris dit qu'un de ses tenanciers, pendant son bail de douze ans, « non potest scindere vel facere scindi infra terminum supradictum » salic es et arbores, circa dictas domos existentes. Alias autem arbores et nemora » dictarum granchiarum potest infra dictum terminum scindere fideliter, bis infra dictos » duodecim annos, et erit ultima sectio predictarum in octavo anno, infra festum Assum- » pcionis Beate Virginis Marie usque ad finem Marcii; et, in qualibet sectione, debet » dimittere in quolibet arpento dictorum nemorum, viginti quinque bainellos (balivaux) » de melioribus arboribus, que ibi erunt eligendas et signandas per dictum decanum et » capitulum, » etc. (Guérard, Cart. de N.-D. de Paris, t. II, p. 287.) SÉANCE DU 27 JANVIER 1860. 15 quelques observations relatives à la lettre adressée à M. le comte Jaubert par M. Ed. Bureau. M. de Bouis rappelle que, du temps du professeur Clarion, il existait à l'École pratique de la Faculté de médecine un laboratoire destiné à des études de botanique. M. Moquin-Tandon dit qu'à la Faculté de médecine, chacun peut voir dans le musée Orfila, à l'aide de microscopes disposés en permanence derriere des vitrines, des préparations qui sont renouvelées tous les huit jours ; elles sont dues à l'habileté de M. Sappey et de plusieurs autres ingénieux micro- graphes. Il s'y trouve aussi plusieurs pièces communiquées par M. Schultz. On avait d'abord disposé sur des tables des microscopes munis d'un balancier qui permettait de les adapter facilement au point de vue de chaque observateur, mais on a cru devoir y renoncer. Par suite des présentations faites dans la dernière séance, M. le Président proclame l'admission de : MM. Cauarr, rue Carnot, 6, à Paris, présenté par MM. Decaisne et Duchartre ; DRovssANT, boulevart du Temple, 34, à Paris, présenté par MM. Duchartre et Decaisne; MancuaNpD (Léon), licencié és sciences naturelles, rue de Buci, 10, à Paris, présenté par MM. Bureau et Gris. Dons faits à la Société: 1^ De la part de M. Moris : Flora sardoa (3 volumes in-4° et atlas). 2 De la part de M. L. de Vilmorin : Annuaire des essais, etc. , 1859. 3° De la part de M. Ch. Martins : Index; seminum Horti monspeliensis, 1859. h° De la part de M. Aug. Todaro : Index: seminum Horti regii panormitani, 1859. 5° De la part de M. Philippe : Flore des Pyrénées, tome second. 16 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 6° En échange du Bulletin de la Société : Journal de la Société impériale et centrale d'horticulture, décem- bre 1859. Bulletin de la Société impériale zoologique d'acclimatation, décem- bre 1859. Pharmaceutical journal and transactions, décembre 1859 et jan- vier 1860. L'Institut, janvier 1860, deux numéros. M. le docteur Paul Sagot, chirurgien de marine, récemment revenu en France aprés un long séjour à la Guyane, présente à la Société une collection de bois de ce pays, qui offre un grand intérét par l'exaete détermination botanique des espéces. M. Sagot annonce que, dans quelques mois, il adressera un travail régulier sur les bois de la colonie, leurs noms vulgaires et scientifiques, leurs ‘qualités et leurs usages. Il profite de sa présence actuelle à Paris pour mettre les échantillons de sa collection sous les yeux des botanistes. Quelques mots d'explication, donnés dés à présent, anticipent sur ce qu'il aura à développer plus tard. Le plus grand nombre des bois durs et colorés appartiennent à la famille des Légumineuses, notamment aux tribus des Dal- bergiées et des Césalpiniées. Le bois précieux d'ébénisterie de boco est l Eta- ballia guianensis Benth. , qui devient synonyme du Zocoa d'Aublet, ainsi que M. Bentham l'a reconnu sur des échantillons en fruit rapportés par M. Sagot. Le bois bagot est le Cynometra Hostmanniana 'Tul.; le gaiac, employé pour les gorges de poulie, vient du Dipteryx (Coumarouna Aubl.); l'angélique de Cayenne, renommée pour les constructions de marine, est le Dicorenia guanensis Benth. Les Légumineuses renferment cependant aussi des bois mous, comme le moutouchi (Pterocarpus suberosus), les Inga et les Ery- thrina. — La famille des Sapotacées montre des bois durs, pesants et incorrup- tibles; les Myrtées et les Mouririées ont des bois durs et compactes, mais d'une moindre conservation. — Les Lauriers, généralement appelés cédres dans le pays, ont des bois d'une dureté moyenne, d'une bonne conservation, trés propres à étre sciés en planches. — Les Cédrélacées ont un bois plus tendre, mais trés durable et qui n'est point attaqué par les insectes ; les petites planchettes rouges des boites à cigares viennent du Cedrela guianensis. — Les Ariocarpées montrent, dans certains genres, des bois excessivement mous et légers (Cecropia, Pourouma, Ficus), dans d'autres (Ferolia, Piratinera), les bois les plus durs et les plus compactes, bois satiné, bois de lettres de Cayenne. — L'ébéne verte, que les luthiers commencent à rechercher, vient du Zecoma SÉANCE DU 27 JANVIER 4860. 47 Leucozylon; d'autres Bignoniacées, comme le Jacaranda Copaia, ont le bois mou. — En général, on trouve des bois bons ou assez bons dans les Rhizo- bolées, Sapindacées, Chrysobalanées, Combrétacées, Vochysiées, Mélastomées ; des bois mous dans les Anonacées, Malvacées, Malpighiées, Clusiacées, Té- rébinthacées, Araliacées, Rubiacées et Apocynées. M. le Président fait remarquer que les observations ‘de M. Sagot sont d'autant plus intéressantes que les bois exotiques sont en général fort peu connus. M. le comte Jaubert ajoute que le défaut de notions suffisantes sur les bois exotiques a été vivement senti lors de l'Exposition uni- verselle de 1855, et qu'à ce point de vue, la communication de M. Sagot formera un appendice important aux travaux d'Aublet sur la Guyane. M. Duchartre, secrétaire, donne lecture de la communication sui- vante, adressée à la Société : L'HERBIER DE MARCHAND ET LAPEYROUSE, par MM. Edouard TIMBAL-LAGRAVE ET Henri LORET. PREMIERE PARTIE. (Toulouse, 9 Janvier 1860.) On sait que l'auteur de la Flore des Pyrénées mentionne avec reconnais- sance, dans sa préface, les noms des personnes qui lui communiquèrent le fruit de leurs recherches dans ces riches montagnes. 1l cite en particulier M. Mar- chand, avocat, et son fils, pharmacien à Saint-Béat, qui avaient, l'un et l'autre, beaucoup de goüt pour la botanique. Lapeyrouse, dont la femme était origi- naire de Saint-Béat, y avait passé plus d'une fois lui-méme la belle saison, et s’y était lié, dit-il, avec M. Marchand père, qui avait exploré avec lui toutes les montagnes voisines. Il dit de M. Marchand fils, dans la méme préface, « qu'il fouilla tous les rochers, tous les recoins qui environnent la ville, et que s'il y trouva peu d’espèces nouvelles, il y en découvrit un grand nombre qu'on aurait été loin d'y soupconner. » En parcourant la Flore dont nous parlons, on remarque partout la prédilection de l'auteur pour les montagnes de la Haute-Garonne. Saint-Béat surtout, dont il mentionne toutes les espèces, y est cité presque à chaque page; ce qui ne peut surprendre, lorsqu'on songe aux recherches personnelles de Lapeyrouse dans cette région, et surtout aux longs et intimes rapports qu'il eut avec les deux MM. Marchand. Ils lui communi- querent,. en effet, toutes leurs plantes, et c'était à lui qu'ils s'adressaient con- stamment pour la détermination des especes de leur pays, dont ils avaient fait T, Vi. 2 18 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. une collection qui appartient aujourd'hui à l'École de médecine de Toulouse, où nous avons pu l'étudier. Les plantes recueillies par le père et le fils formaient deux petits herbiers séparés que nous avons fondus en un seul, avec l'assenti- ment du savant directeur de l'École. Sur la plupart des étiquettes, les noms de localité et de genre seuls sont de la main de Marchand fils, qui les envoyait ainsi à l’auteur de la Flore des Pyrénées, pour qu'il y ajoutàt les noms spéci- fiques. Ces derniers noms, en effet, accompagnés parfois d'observations inté- ressantes, ont été écrits presque tous par Lapeyrouse lui-même sur les éti- quettes dont nous parlons. L'intérêt qu'offre l'herbier de Marchand étant dû tout entier aux détermina- tions de Lapeyrouse, dont l'écriture, lorsqu'on l'a vue une fois, ne saurait être méconnue, nous ne mentionnerons guère ici que les espèces dont les noms spécifiques, écrits par lui, nous ont semblé dignes d'observations, ou presque toujours susceptibles de rectification. Lorsqu'une plante nommée par un autre nous paraîtra digne d’être citée pour la localité ou pour tout autre cause, cas extrêmement rare, nous aurons soin de mentionner spécialement l'auteur de la détermination. Plusieurs étiquettes de l'herbier de Marchand, confrontées avec celles de l'herbier de Lapeyrouse (1), nous ont paru propres à jeter un nouveau jour sur l Histoire abrégée des plantes des Pyrénées. Nous ne dirons point ici notre avis sur cette Flore, qui a eu beaucoup de vogue, et que quelques botanistes attardés prennent encore pour guide dans ces montagnes. Nous nous bornerons à exposer des faits, persuadés que le lecteur saura déduire comme nous la triste conclusion qui en découle naturellement. Phillyrea olecfolia var. latifolia (rochers calcaires à Saint-Béat) — PA. angustifolia L. Sp. p. 10. Ph. latifolia var. foliis Ligustri — Ph. media V. Sp. p. 10. OBS. Linné distingue, par leurs feuilles seulement, trois Phillyrea qu'il ad- met comme espèces : Ph. latifolia, Ph. media et Ph. angustifolia. Les deux premiers seuls ont été réunis par De Candolle et les auteurs qui en ont parlé, mais le dernier n'est pour nous, et par les mêmes motifs, qu'une troisième forme d'une espèce très variable et qui a les feuilles entières ou dentées, li- néaires, lancéolées, ou ovales. Le PA. angustifolia est, en effet, aussi difficile parfois à distinguer du media que celui-ci du latifolia, et les transitions gra- duelles qui existent entre les feuilles de ces plantes pour celui qui en a vu un trés grand nombre, nous engagent à proposer, pour les trois prétendues es- pèces de Linné, le nom de Ph. variabilis. Malgré notre admiration pour l'immortel auteur du Species, nous sommes a) Nous citerons souvent ainsi (Révis.) la Révision comparative de l'herbier ei de l’histoire abrégée des plantes des Pyrénées de Lapeyrouse, par M, le docteur D. Clos, à laquelle l'un de nous a eu l'honneur de coopérer. SÉANCE DU 27 JANVIER 1860. 19 persuadés qu'il a souvent admis dans son ouvrage, ou rejeté sans un examen suffisant, des plantes méridionales qu'il n'avait pu étudier sur place et dont la valeur spécifique lui était mal connue. H lui est arrivé parfois, quoique rare- ment, d'élever au rang d'espèces des formes auxquelles un examen plus atten- tif ne permet point d'accorder ce titre, et ses Phillyrea sont pour nous de ce nombre, Toutefois, à notre sens, l'erreur que nous signalons ici est rare dans le Species, par comparaison avec le défaut opposé qui consiste à réunir, sous un seul nom spécifique, plusieurs espèces réellement distinctes. Les exemples de ce genre abondent, et, pour n'en citer qu'un seul, il est bien difficile de com- prendre qu'aprés avoir distingué spécifiquement les trois PAillyrea dont nous avons parlé, le méme auteur ait donné, dans le méme livre (p. 1097), comme une espèce unique, sous le nom de Medicago polymorpha, les M. orbicularis, scutellata, tornata, turbinata, intertexta, muricata, arabica, coronuta, rigi- dula, ciliaris, hirsuta, minima et laciniata. Veronica officinalis B acutifolia Lap. Suppl. p. ^ (au Port-de-Plan) = V. of ficinalis (type). V. Chamædrys B obtusata (Melles) — V. Chamædrys (type). Ces deux prétendues variétés ne se distinguent point des types, et les feuilles, obtuses dans l'une et aiguës dans l'autre, ne sont que des ¿usus sans importance. V. Chaizii Lap. Suppl. p. 6 (V. dubia Chaix) — V." Teucrium L., forme des terrains secs, comme la plante que l'on trouve sous le méme nom dans l'herbier de Lapeyrouse (v. Æévis. p. 8). Ors. On trouve, dans une feuille, un échantillon de Veronica longifolia L. (vraisemblablement cultivé), destiné à guider M. Marchand dans ses recher- ches, avec cette note de Lapeyrouse : « J'ai vu à Gard, avec votre pére, une » grande et belle Véronique qui a deux pieds de haut, stolonifère, à grands » épis terminaux, à longues feuilles pétiolées; elle est voisine dela Veronica » longifolia, mais ce n'est pas elle; si vous la retrouvez, faites en une belle » provision pour vous et pour moi ; je ne l'ai vue et eue que de là. » La pré- tendue Véronique dont parle Lapevrouse dans cette note n'est évidemment que le Teucrium Scorodonia L., qui se trouve dans son propre herbier sous le nom de Veronica longifolia B petiolaris, comme originaire du Pic-de-Gard dont il est question ici et d’où l'un de nous l'a recu l'été dernier pendant son séjour à Saint-Béat (v. Æévis. p. 8). La description du V. longifolia £ petio- laris Lap. (Abr. p. 5), répond, en effet, au Teucrium Scorodonia. W n'est point surprenant que Lapeyrouse en ait provoqué activement la recherche, car il dit de sa variété B petiolaris du V. longifolia (l. e.).: « Je n'ose la proposer » comme espèce, parce que je n'en ai rencontré qu'un seul pied sur les ro- » ches humides et ombragées du Pic-de-Gard. » 20 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Salvia pyrenaica L., intermédiaire entre les S. pratensis L. et S. pallidiflora Saint-Amans. — Cette plante ressemble parfaitement à une hybride que l'un de nous a trouvée prés de Toulouse et qu'il se propose de publier sous le nom de S. pallidifloro-pratensis Timb. Milium effusum L. (sans localité) — Poa nemoralis L. Agrostis Spica venti (Penne-Saint-Martin) — Stipa juncea L. — L'un de nous l'a recueilli, l'été dernier, à la même localité, où il croit en abon- dance. A. Spica venti var. minor (Saint-Béat) — Vulpia Pseudomyuros Soy. -W. A. alpina (Port-de-Plan) — Agrostis rupestris All. (v. Hévis. p. 11). Aira cespitosa — Catabrosa aquatica P. de B. Lolium tenue L. (de la main de Marchand fils). Lapevrouse a écrit au- dessous : « D'où? envoyez-m'en. » C'est le Nardurus Lachenalii G. G. FT. de Fr. t. III, p. 617, var. f. Koleria setacea Pers. (à la marbrière, bosquet de Rap), de la main de Mar- chand. Lapeyrouse a écrit au bas de la méme étiquette : « C'est la Poa » bulbosa de Linné : on a changé son nom, et le nouveau n'est pas expres- » sif comme l'ancien. » C'est en réalité le X. setacea Pers. , qui croit abon- damment sur les rochers et les vieilles murailles à Saint-Béat. — Le Poa bulbosa L., que Lapeyrouse prend si malheureusement pour la méme espèce, se trouve également dans les mémes lieux. Festuca elatior L. — F. duriuscula B hirsuta G. G. — On trouve, dans une autre feuille, la méme espéce représentée par un échantillon appauvri, avec cette étiquette de Lapeyrouse : « Festuca... Il n'y a que ce seul échan- » tillon ; je ne puis décider. Tâchez d'en trouver d'autres; elle est remar- » quable par ses fleurs velues. » Galium hirsutum Lap. (Montagne de Héas). « Espèce neuve ; vous auriez dû » en faire provision. Je vous le recommande une autre fois. » C'est le G. papillosum Lap. B hirsutum Clos (Révis. p. 16). Galium megalospermum All. Derrière cette étiquette, qui est en entier de la main de M. Marchand, Lapeyrouse a écrit la note suivante : « Je crois » bien que c'est lui (G. megalospermum All.); mais la description et la » figure d'Allioni sont si incomplétes, si inexactes, qu'on ne peut s'y fier. » Je l'avais porté de la vallée d'Eynes en grosses touffes. Les fleurs ont une » odeur trés agréable; je l'ai nommé suaveolens. Vérifiez-les si vous les » retrouvez; c'est dommage que nous n'ayons pas son fruit, il est tar- » dif, etc. » — On sait que Lapevrouse changea plus tard le nom de G. sua- veolens, donné précédemment par Wahlenberg à un Galium du nord, en celui de G. cometerhizon, qui a été adopté et qui appartient à la plante dont nous parlons ici. SÉANCE DU 27 JANVIER 1860. 21 Dans la feuille qui renferme le G. cometerhizon et l'étiquette dont nous venons de parler, se trouve une autre étiquette sur laquelle on lit: G. micro- carpum Vahl. Cette étiquette était sans doute primitivement sur une autre feuille avec la plante qui l'accompagnait, et nous savons par M. Bentham que cette plante, qui a disparu depuis, était réellement le G. microcarpum Vahl. (G. setaceum Lam.), car on lit dans le Catalogue des plantes des: Pyrénées du botaniste anglais, p. 80: « Les échantillons conservés dans l'herbier de M. Mar- » chand sont bien certainement le G. microcarpon Vahl, ou G. setaceum » Lam. Je crois qu'ils proviennent du revers espagnol des Pyrénées. » — On sait que cette espèce, propre aux régions chaudes, est indiquée par Lapey- rouse (Abr. p. 67) sur les sommets du Cambredaze et de la vallée d'Eynes. De Candolle (FL. fr. suppl. p. 498) exprima, à l'égard de ces localités, un doute que Lapeyrouse combattit plus tard avec amertume (Abr. suppl. p. 25), et que M. Grenier a exprimé de nouveau avec raison (£7. de Fr. t. II, p. 41). — On trouve aujourd'hui, dans l'herbier de Lapeyrouse, sous les noms de G. microcarpum Vahl, G. setaceum Lam., la vraie espèce de Vahl et de Lamarck, avec l'indication du Cambredaze et de la vallée d'Eynes (v. Révis. p. 16); mais nous avons de bonnes raisons pour croire qu'il y a eu là une substitution d'espéce, après la vive discussion qu'avait suscitée l'habitat indiqué pour la plante de Vahl (Abr. l. c.). Asperula multiflora Lap. — A. cynanchica L. Alchemilla fimbriatus (sic) Lap. (de la main de M. Marchand), A. pyrenaica L. Dufour. C'est PA. vulgaris B foliis fimbriatis Lap. Abr. p. 7h et Suppl. p. 27. — Lapeyrouse, qui avait distingué cette plante comme variété, n'avait osé la proposer comme espèce, et le nom de fimbriatus, attribué par M. Marchand à Lapeyrouse, n'a été imprimé nulle part par cet auteur. A. pentaphyllea L. (vallée d'Aure, à la montagne de Vignec). « Trés rare, en- » voyé à M™ la duchesse de Berri. » Tout cela est de M. Marchand fils. — La localité qu'il indique mérite d'étre citée, car la seule localité des Pyrénées, mentionnée pour cette plante par MM. Grenier et Godron sur la foi de Lapeyrouse, est la montagne de Jisole. Potamogetun bifolium Lap. (Barbazan, dans le lac), avec cette note de La- peyrouse : « Très singulier, certainement pas connu : tàchez de l'attraper » en fleur pour vous et pour moi. » C'est la Fève commune, Vicia Faba L., comme l'a reconnu M. Bentham (Cat. p. 113). — L'herbier renferme un seul échantillon gréle, à fibres radicales tres allongées. L'état de la racine indique qu'elle s’est développée dans un lieu humide et tourbeux. Anchusa officinalis L. (sans localité). La plante est collée sur une feuille, et le nom a été écrit par Lapeyrouse sur la feuille méme, d’où il suit qu'il n'y a point eu de transposition possible. C'est le Pulmonaria tuberosa Schrank. 22 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Androsace diapensioides Lap. (mont d'Averan), écrit par M. Marchand. — Nous ne parlons ici de cette espéce que pour donner une idée de sa corolle, qui n'a point été décrite et qui a manqué à M. Grenier lui-même, à en juger par les points dont il fait suivre ce mot (77. de Fr. t. 1, p. ^55). D'après la plante sèche, cette corolle doit être d'un blanc jaunàtre, beaucoup | plus foncé à la gorge, et sa forme est celle de l'Androsace carnea, dont les lobes sont un peu plus élargis au sommet. Primula veris var. alpina (Maladetta), de la main de M. Marchand, — . P. intricata G. G. Fl. de Fr. t. XX, p. ^49. — C'est la méme plante qui se trouve dans l'herbier de Lapeyrouse sous le nom de P. elatior Jacq. 6 alpina . minor (v. Révis. p. 20). Campanula cæspitosa Scop. (C. rotundifolia L.) = C. pusilla Hænke. C. linifolia ad rotundifoliam pertinens (bords de la Garonne, à Saint-Béat) = C. rotundifolia L. OBs. On trouve, dans une feuille, un C. speciosa Pourr. (C. longifolia Lap.) nain, et réduit à une seule fleur. Lapeyrouse, ne reconnaissant pas sa propre espèce ainsi déformée, l'envoie à Marchand avec l'étiquette suivante : « Gam- » panule de Cagire. Il y en a deux autres espèces plus grandes, approchantes ; » séchez-en et envoyez-en beaucoup de pieds. » Phyteuma Scheuchzeri AM. (Gavarnie) — Ph. orbiculare (8 lanceolatum G. G. (v. Révis. p. 23). Ph. Charmelii (à Castanèze), nommé par M. Marchand. — Cette espèce, découverte par l'un de nous, en 1857, au Pic-de-Saint-Loup et à Saint- Guilhem (Hérault), oà on ne l'a point signalée, n'a été mentionnée jusqu'ici dans les Pyrénées qu'au cirque de Gavarnie. Gentiana bavarica L. = G. verna L. ( alata G. G. Fl. de Fr. t. II, p. 493. Charophyllum aureum? C'est le Myrrhis odorata. L., qui se trouve ailleurs sous le nom de Scandiz odorata major. (La fin à la prochaine séance.) M. de Schenefeld, secrétaire, donne lecture de la communication suivante, adressée à la Société : OBSERVATIONS SUR QUELQUES PLANTES DU DÉPARTEMENT DU LOT, par M. Victor PERSONNAT. (Saint-Céré, 40 janvier 41860.) Digitalis purpurea L — M. le colonel Serres, à propos d'une observation faite par M. Eug. Robert (Bull. t. LL, p. 16), déclarait, quelques années plus SÉANCE DU 27 JANVIER 1860. 23 tard (Bull. t. IV, p. 438), n'avoir jamais rencontré la variété à fleurs blanches de la Digitale que sur le calcaire, attribuant sa décoloration à l'in- fluence de ce terrain. Le seul échantillon de cette plante que j'aie découvert dans mes herborisations semble détruire la conclusion tirée par notre regretté confrère : je l'ai, en effet, récolté sur les micaschistes qui forment le sol du versant sud de la montagne de Cahus, où, au mois de mai 1856, il balancait majestueusement ses corolles du plus beau blanc, au milieu de nombreux pieds à fleurs pourprées. Je crus trouver alors la raison de cette décoloration dans les pluies incessantes qui se prolongèrent jusqu'au mois de juillet. I! me sembla remarquer, en effet, cette année-là, plus de variétés à fleurs blanches qu'à l'ordinaire sur un certain nombre de plantes de nos vallées, parmi lesquelles je puis citer les Zorraga officinalis et Adenoscilla bifolia; je trouvai méme un Orchis laxiflora du blanc le plus éclatant; quant aux Lychnis Flos cucult, les échantillons à fleurs blanches étaient, dans les prairies de la Bave, beaucoup plus nombreux que ceux à fleurs roses. e Cucurbita Pepo DC. — Un fruit d’une des nombreuses variétés de cette espèce a présenté, au mois de septembre dernier, un phénomène de végéta- tion fort remarquable. M. Bon, percepteur à Brétenoux, en fit faire l'ouver- ture quelques jours après sa récolte, et constata, avec la plus grande surprise, qu'au milieu de la citrouille, du reste largement creuse, l'une des graines avait non-seulement germé, mais poussé à l'intérieur ses cotylédons très dé- veloppés et d'un beau vert, malgré le défaut apparent d'air et de lumiere. Y avait-il quelque crevasse sur l'un. des côtés du fruit? C'est ce qu'il n'a pas remarqué. Cette germination si prompte d'une graine à peine inüre ne m'en parait pas moins un fait trés curieux. Nerium Oleander L. — Cet arbrisseau, «ui ne croit naturellement que dans l'exuéme sud de la France, m'a fourni à Saint-Céré une nouvelle preuve de son acclimatation facile. Malgré la rigueur des derniers hivers, malgré la neige et le givre se glacant sur ses rameaux, j'ai constamment laissé dehors, depuis quatre ans, un Laurier-Rose cultivé en pot, et chaque année il s'est couvert de fleurs, avec un retard de douze ou quinze jours seulement sur ceux qui avaient hiverné en serre. Un de mes voisins, M. Trassy, aprés avoir constaté le résultat de la premiere année, a mis les siens en pleine terre, et depuis lors aucun d'eux n'a encore gelé. Je terminerai cette note par la liste des plantes que j'ai recueillies récem- ment dans le Lot, et qui, je crois, sont nouvelles pour la flore de ce dépar- tement : Arabis sagittata DC. — Cahors et Saint-Géry, mai 1859. Arabis perfoliata Lam. — Le Roc, commune de Saint-Céré, mai. Fumana Spachii G. G. — Rochers calcaires de Saint-Géry, août. Sedum albescens Haw. — Glanes, une seule touffe, raai. 2h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Ribes alpinum L. — Camp de César, à Saint-Céré, calcaire, avril. Pastinaca urens Req. — Narbouez prés Saint-Céré, avril. Achillea tanacetifolia AW. — Saint-Céré, sol siliceux, avril. Sonchus asper Vill. — Saint-Céré, peu rare, septembre 1858, Crepis grandiflora Tausch. — Vallée de la Cère, septembre 1858. Pulmonaria saccharata Mill. — Le Vern, micaschiste, mars 1859. Primula elatior var. macrocalyx V. Pers. — La Capelle, avril. Orchis incarnata L. — Vaille, commune de Loubressac, avril. Melica nebrodénsis Parl. — Sur les tours Saint-Laurent, septembre 1858. La découverte de l Achillea tanacetifolia All. me parait avoir une grande importance. C'est une plante de la région alpine, qui n'a jamais été signalée, à ma connaissance, dans la chaîne du Cantal, d’où cependant elle doit être échappée. Ses feuilles pubescentes et fasciculées, à rachis ailé, portant quel- ques dents dans la partie supérieure; ses folioles disposées sur un méme plan, pinnatiséquées, à segments égaux, allongés, rarement dentés, mucronés, aristés $sa tige striée, de 9 décimétres, rameuse au sommet ; sa panicule large et médiocrement compacte; enfin sa racine tracante, ne me semblent laisser aucun doute sur son identité. C'est sans doute la plante notée, sans désignation de localité, sous le nom d'A. magna L., dans le Supplément des plantes du Lot de la Statistique de M. Delpon. Je n'en ai trouvé qu'un seul pied à la fin de mai, et, huit jours plus tard, un grave accident de voiture, en me confi- nant dans ma chambre pour trois mois, me mettait dans l'impossibilité de la retrouver. Je me proposais de la rechercher cette année, mais mon adminis- tration, en me nommant à Marennes, en a décidé autrement, Aussi l'ai-je signalée à M. Barrat, pharmacien à Saint-Céré, qui, je l'espére, pourra en faire une récolte assez abondante pour prouver l'authenticité de l’espèce. J'ai enfin retrouvé, dans la prairie de l'Allée, commune de Puybrun, le Peucedanum Oreoselinum Meench et l'Ophioglossum vulgatum L., qui y végètent ensemble en abondance, et qui figurent également sans indication de localité dans la statistique déjà citée. M. Decaisne fait remarquer que la variété à fleurs blanches du Digitalis purpurea se reproduit de graines dans les jardins, et que la germination des graines dans le fruit du Cucurbita Pepo est un fait assez fréquent, analogue à celui qu’on observe dans les fruiis de plusieurs Aurantiacées. M. Eug. Fournier rappelle les travaux de M. T. Puel sur la flore du département du Lot. M. Fournier tient de M. Puel que plusieurs plantes des régions élevées se rencontrent dans la partie nord-est de ce département, sur des collines dont l'altitude varie entre 200 et 750 mètres, par exemple les Erythronium Dens canis, Sazi- SÉANCE DU 27 JANVIER 1860. 25 fraga hypnoides, Arabiš alpina, Lilium Martagon, ete., faits ana- logues à celui que M. Personnat a constaté relativement à l Achillea tanacetifolia. M. J. Gay fait observer que Erythronium Dens canis est une plante des plaines, qui monte très haut, il est vrai, dans les Pyrénées, mais qui s'arrête à la base des Alpes. M. de Schænefeld ajoute que le Lilium Martagon croît en plaine, ou du moins sur des collines trés peu élevées, dans le nord de l'Allemagne, notamment aux environs de Berlin. M. Duchartre fait à la Société la communication suivante : NOTE SUR DEUX FLEURS MONSTRUEUSES DE CATTLEYA FORBESII Lindl., pr M. P. DUCHARTRE. Les anomalies florales d'Orchidées, dont la description a été donnée jus- qu'à ce jour sont, si je ne me trompe, assez peu nombreuses pour qu'il puisse y avoir quelque utilité à en faire connaitre de nouvelles; je crois donc pouvoir en signaler deux qui me semblent assez curieuses et qui, d'ailleurs, emprun- tent encore plus d'intérét de cette circonstance qu'elles se sont montrées sur les deux fleurs qui composaient à elles seules une inflorescence. Je les ai ob- servées sur le Cattleya Forbesii Lindl., espèce brésilienne remarquable, bien que l'une des moins brillantes parmi celles que comprend ce magnifique genre. Elles se sont produites dans la serre de M. Bouchet, notre collègue, l'un des secrétaires dela Société impériale et centrale d'Horticulture, qui a eu l'obligeance de me les communiquer. On sait que chaque tige du Cattleya Forbesii Lindl. ne porte que deux fleurs, dont la teinte générale est un jaune verdâtre qui devient un peu bru- nátre en dehors, et que leur labelle, de couleur beaucoup plus claire, présente à sa face interne des proéminences en lignes et en points, colorées en rouge, qui lui donnent un aspect tout différent de celui des cinq autres piéces du pé- rianthe. De plus, ce labelle trilobé a ses deux lobes latéraux relevés de ma- nière à entourer et cacher entièrement la colonne ou gynostème. L'altération de la structure normale se montrait à deux degrés différents dans les deux fleurs qui font le sujet de cette note. Dans l'une, l'inférieure, le nombre des pièces du périanthe se trouvait réduit à cinq, le labelle et l'un des deux sépales latéraux s'étant confondus en se soudant, par leur bord, en une seule pièce très large, dont les deux moitiés, entièrement dissemblables d'aspect et de texture, étaient nettement distinguées et comme séparées l'une de l'autre par une bande longitudinale épaisse et colorée en jaune vif. Les deux piéces ainsi réunies avaient conservé la coloration, la texture et la situa- 26 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tion qui caractérisent chacune d'elles ; seulement, tandis que le sépale aiusi soudé avait gardé sa largeur normale, le labelle avec lequel il s'était. soudé n'avait qu'une partie de sa largeur naturelle et ne représentait eu réalité qu'un demi-labelle placé au-devant et en dedans du second sépale latéral. Par l'effet de cette réduction du labelle, la colonne, dont l'organisation n'avait été altérée sous aucun rapport, se montrait tout à fait à découvert. Quant. aux deux pé- tales, ils n'avaient que faiblement modifié leur maniere d'étre habituelle; ce qu'ils présentaient de plus remarquable, c'est que celui des deux qui était voisin du labelle monstrueux, avait contracté une adhérence intime avec la colonne, . dans le sens de sa ligne médiane et dans sa moitié inférieure. Tous les deux avaient conservé leur situation normale. — Il est assez curieux que, dans cette fleur, un sépale se soit ainsi soudé avec une piece du verticille interne, et que cette pièce plus intérieure, avec laquelle il avait contracté une adhérence intime, soit précisément le labelle, qui eu diffère beaucoup par toute sa maniere d’être. La fleur supérieure de la méme inflorescence présentait une altération plus profonde et plus complexe de l'organisation normale. Le sépale inférieur et l'un des deux latéraux n'avaient été modifiés sous aucun rapport; quant au second sépale latéral, il s'était comporté absolument comme dans le cas pré- cédent : son bord gauche s'était soudé, sur toute sa longueur, avec un demi- labelle bien caractérisé, et une bande longitudinale épaissie indiquait égale- ment la ligne médiane de cette pièce singulière que formaient deux moitiés si différentes d'aspect et de nature réelle. De leur côté, les deux pétales laté- raux étaient restés parfaitement normaux et libres. Une autre particularité remarquable, c'est qu'en dedans de la pièce complexe dont je viens de parler il existait un labelle entier, libre, faiblement trilobé vers le sommet, parcouru sur toute sa ligne médiane par une bande longitudinale épaissie ; le côté droit de ce labelle était à peu prés étalé, ondulé à son bord; mais une portion de sa moitié gauche s'était brusquement repliée en dedans, de manière à venir se placer parallèlement au reste de cette foliole, et entre celle-ci et la colonne. Enfin, plus en dedans encore, on voyait un labelle supplémentaire plus petit, étalé, qui tournait le dos à la face plane de la colonne, et qui ne montrait que de faibles indices d'une ligne médiane épaissie, Je dois ajouter que le grand labelle avait sa ligne moyenne reportée sensiblement vers la gauche, et que le petit labelle interne avait la sienne visiblement déplacée vers la droite. Quant à la colonne, elle était restée parfaitement normale et à découvert. Au total, on voit que la seconde fleur monstrueuse dont je viens de parler présentait trois labelles situés à peu prés l'un devant l'autre, de dehors en de- dans ; le plus développé était intermédiaire aux deux autres, libre, et repré- sentait probablement le labelle normal ; le plus petit était tout à fait intérieur et libre aussi; enfin le troisième était de dimensions intermédiaires, dimidié et soudé à un sépale. Il y avait donc dans cette fleur une tendance manifeste SÉANCE DU 27 JANVIER 4860. 27 à doubler ; or, c'est là un fait curieux, vu que la famille des Orchidées est l'une de celles en petit nombre que les auteurs, notamment M. Moquin-Tan- don (Tératologie, p. 211), citent comme n'ayant jamais offert de fleurs dou- bles. Une autre circonstance qui me semble également digne d'étre remar- quée, c'est que cet essai de doublement, si je puis m'exprimer ainsi, était dû exclusivement à une multiplication du labelle, c'est-à-dire de la partie du périanthe que son développement plus considérable en grandeur et en épais- seur, sa forme plus compliquée, l'état de sa surface, etc., pourraient faire regarder comme devant étre la moins sujette de toutes à présenter rien d'ana- logue. En outre, cette multiplication n'avait influé absolument en rien sur l'état de la colonne, c'est-à-dire des organes reproducteurs, qui, comme tout le monde le sait, jouent en général le róle le plus important dans le doublement des fleurs, à moins toutefois qu'on né considère les deux labelles supplémentaires comme représentant les deux étamines que réclame la symétrie florale et qu'on ne voit développées que dans le genre L/roped ium. M. Decaisne communique à la Société les extraits suivants : 1° d'une lettre qu'il a écrite il y a deux ans à M. Alex. de Bunge, professeur à l'Université de Dorpat, au moment oü ce savant allait entreprendre un voyage en Perse; et 9? de la réponse qu'il a recue récemment de M. de Bunge, de retour de son voyage. LETTRE DE M. DECAISNE A M. ALEX. DE BUNGE. Paris, novembre 1857. 2 Les pays que vous allez visiter dans l'Asie occidentale sont trop inté- ressants, au point de vue de la science, pour que je ne me háte pas de profiter de l'offre que vous me faites. Puisque vous voulez bien consacrer une partie de votre temps à d'autres observations que celles qui touchent directement à votre travail sur les Chénopodées, etc., j'appellerai votre attention sur les questions suivantes, dont vous comprendrez d'ailleurs l'intérét. T. Chercher à découvrir l'origine de nos plantes économiques : a. Les céréales (surtout le Blé, qu'Olivier a prétendu avoir trouvé sauvage en Perse) sont-elles réellement spontanées dans ce pays? 5. Le Melon est-il originaire de la région caucasienne, de la Perse, des bords de la mer Caspienne, comme plusieurs le prétendent ? Cette triple hypo- thèse me paraît tout à fait invraisemblable. c. Les Concombres et les Courges (Cucumis sativus, Cucurbita Pepo et maxima) sont-ils aussi de la même région et les y trouve-t-on sauvages? C'est encore excessivement peu probable. d. Le Marronnier-d'Inde (zZ'scuius Hippocastanum), que les voyageurs 28 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. n'ont jamais rencontré dans l'Inde, est-il, comme le dit Sibthorp, originaire des Balkans ou de l’Aderbidjan ? e. En est-il de même du Lilas-de-Perse ? f. V'Abricotier (Armeniaca), le Pécher (Persica), le Cerisier, sont-ils à l'état sauvage dans la partie de l'Asie que vous allez parcourir, ou bien provien- nent-ils originairement de la Chine, comme je le suppose ? g. Le Lilium candidum est-il véritablement sauvage en Perse et non naturalisé ? IL Le Quercus mannifera donne-t-il sa matiere sucrée par suite d'une pi- qüre d'insecte, comme le Tamariz mannifera, ou bien est-ce l'effet d'une autre cause? Quelle est l'origine ou la patrie du Safran (Crocus sativus) ? III. Récolter des graines : 1° De toutes les Ombelliferes à suc gommo-résineux pour les jardins botaniques; 2» De tous les Æ'gilops asiatiques (avec des échantillons entiers, si l'on peut s'en procurer), afin de contribuer à la solution dela question qui partage aujourd'hui les botanistes, relativement à la prétendue transformation de ces Graminées en Blé, et à leur hybridation avec ce dernier ; 3° Du Quercus Grantii, figuré sur les monuments ninivites; h° Des différentes Conifères ; 5° Du Viola altaica sauvage, qu'on commence à regarder comme la souche de la Pensée des jardins ; 6° De tous les légumes cultivés en Perse; 7° De toutes les formes possibles d'/satis, telles que les Z. incana, mega- carpea, acuminata, etc. , afin de recommencer les expériences qui m'ont conduit à considérer quelques-unes de ces plantes comme de simples races (1). IV. S'informer encore : a. S'il existe dans le midi de la Perse des variétés de Dattier plus précoces que les autres, et, dans ce cas, s'en procurer des noyaux ; b. Si le Chamærops humilis ou toute autre espèce de ce genre existe dans les provinces du midi de la Perse; prendre des informations sur la taille à laquelle elle peut parvenir, et s'en procurer des graines, afin de la propager dans le midi de l'Europe. Voilà, Monsieur et savant confrère, une série déjà assez longue de ques- tions; mais vous pourrez y en ajouter beaucoup d'autres que vous jugerez inté- ressantes. Je n'ai pas besoin de vous dire que ce sera avec la plus grande recon- naissance que je recevrai, soit les documents, soit les graines, que vous voudrez bien m'envoyer. Agréez, etc. (1) Voyez le Bulletin, t. IV, p. 338. SÉANCE DU 27 JANVIER 1860. ?9 LETTRE DE M. Alex. de BUNGE A M. DECAISNE. Dorpat, 10 janvier 1860. ..... Votre lettre m'a accompagné pendant tout mon voyage; je l'ai relue bien souvent et partout; malheureusement je ne puis répondre que négative- ment à la plupart de vos questions. 4° Je n'ai pu obtenir aucun renseignement sur l'origine de nos céréales, je n'en ai vu nul vestige, et je crois pouvoir vous affirmer qu'aucune des contrées que j'ai visitées ne peut étre regardée comme la patrie de l'une ou de l'autre. 2° Le Melon n'est point originaire des parties de la Perse que j'ai vues, c'est-à-dire du Mazandéran, de tout le K horassan, de l'Afghanistan occidental, du Kerman, du Yezd, de l'Iran et du nord de l'Aderbidjan. A l'exception d'un Bryonia, je n'ai remarqué aucune Cucurbitacée spontanée. On cultive une multitude de variétés de Melons, de Concombres, de Pastèques, quelques Courges, et plus rarement des Luffa. 3° Je n'ai rencontré nulle part, méme cultivé, le Marronnier-d'Inde (Z£s- culus Hippocastanum). Ce n'est que dans le Mazandéran que j'ai vu des forêts d'une grande beauté, formées, pour la plupart, de Zelkowa (P/anera), Par- rotia, Pterocarya, de plusieurs belles espèces d'Érables, de Micocouliers, de Quercus castaneæfolia et macranthera, de Carpinus, de Diospyros Lotus, de Morus (sauvages?), de Figuiers, de Noyers, d'Ifs. Je n'ai rencontré ni Pins, ni Sapins; le Platane (P/. orzentalis) n'y est pas sauvage. Toute végétation arborescente cesse au sud de l'Elbrous, et, à l'exception de quelques Juni- perus excelsa, qui ne constituent pas des foréts, on ne rencontre sur les mon- tagnes que deux Pistacia. Quelques Platanes (sauvages?) et le Populus diver- sifolia (P. euphratica) forment, au fond des vallées et sur les bords de l'Héri-Roud, entremélés à des Saules, des sortes de petits bois. h° Le Lilas-de-Perse n'a été nulle part observé à l'état sauvage ; je ne l'ai méme vu que trés rarement dans les jardins. 5° L'Abricotier et le Pécher, bien que fréquemment cultivés, ne se trouvent pas à l'état spontané. 6° Je n'ai rencontré ni le Lilium candidum, ni aucune autre espèce de ce genre dans mon voyage; il en est de méme pour le Quercus monnifera. 7° Je n'ai rencontré le Dattier qu'en deux points, à Teber, en automne et couvert de fruits, et à Chabbis, au printemps et en pleine floraison. Les fruits étaient complétement mûrs à Teber à la fin d'octobre. J'en ai distingué plu- sieurs variétés jaunes, brunes ou noires. On ne m'en a pas signalé de précoces ; leur degré de maturité dépend, m'a-t- on dit, de l'exposition ou de l'irrigation qui s'effectue toujours de la méme maniere et en égale quantité pour tous les pieds d'une méme plantation. 30 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Je n'ai pas rencontré d’autres Palmiers, et l'on m'a affirmé qu'il ne s'en trouve pas non plus dans les provinces les plus méridionales. Quant à ce qui concerne la récolte des graines, j'ai éprouvé des malheurs. La plus grande partie de celles que j'avais recueillies a été mouillée sans que je m'en apercusse et s'est pourrie avec une partie de mes effets. Cependant jen ai sauvé quelques-unes; telles sont les graines des Ombelliferes à suc gommo-résineux, de l' Asa fætida du Khorassan (Ferula) et du Hérat (Scoro- donium), du Galbanum, de l'Ammoniacum. Je n'ai pas eu l'occasion de ré- colter des glands de Quercus ni des graines de Parrotia, car nous avons quitté le Mazandéran au mois de mai. Je pourrai vous faire parvenir plusieurs espèces d’ Isatis. Agréez, etc. M. J. Gay dit : Qu'il a appris que M. de Bunge a trouvé très peu de Tamarix dans les plaines salées du Khorassan. — Il ajoute que le Cannabis sativa existe à l'état sau- vage dans les marais situés à l'extrémité sud de la mer Caspienne, et méme plus au nord, à Lenkoran et à Astarta, sur le territoire russe; que la Vigne croit spontanément sur le versant méridional du Caucase; et qu'on assigne une localité à l'Abricotier dans la Géorgie russe. M. Gay possède un échantillon rabougri de cet arbre, récolté par M. Hohenacker « in fruticetis et præruptis vallis fluvii Gandscha Georgiæ caucasicæ », — Le Triticum de Grèce et d'Asie- Mineure, que M. Boissier élève au rang d'espèce sous le nom de 77. bæo- ticum, ne parait pas à M. Gay différer du 77. monococcum (1). M. Decaisne ne partage pas, sur ce dernier point, l'opinion de M. Gay; il se propose de revenir sur ce sujet dans une prochaine séance. M. Cosson, répondant à une question de M. le Président, dit qu'il n'a pas vu l'Abricotier sauvage en Algérie. Tout ce qu'on lui a indiqué sous ce nom appartenait au Prunus prostrata. Mais il a trouvé l'Amandier dans plusieurs localités et surtout dans les mon- tagnes de l'Aurés et de l'Ouarensenis, loin de toute culture et répandu sur de grands espaces. — M. Cosson ajoute que pour lui, ainsi qu'il a déjà eu occasion de le dire à la Société (voyez le Bulletin, t. IV, p. 107), l'Olivier est également spontané en Algérie, sur de nombreux points, oü il forme quelquefois l'essence forestiére prin- (1) C'est la plante que M, Balansa avait d'abord prise par erreur pour le Tr. sativum spontané, (Note de M. J. Gay.) SÉANCE DU 27 JANVIER 1860. 31 cipale. A la limite des hauts plateaux et du Sahara, dans la province d'Oran, on la rencontre au nord d'oasis où cet arbre n'est pas cul- five (1). M. Moquin-Tandon dit qu'il a rencontré en Corse une forme d'Olivier à feuilles rondes et à fruits plus petits que ceux du type. M. Eug. Fournier met sous les veux de la Société des fruits de Pirus communis var. azarolifera DR., qui ont été recueillis dans des bois de Pins prés de l'étang de Cazeaux (Gironde) par M. Fr. Ducot. On peut constater sur ces fruits que les vestiges des sépales sont tantót plus ou moins apparents à leur extrémité, tantót tout à fait indistinets. M. Decaisne croit que cette variété se trouve aux environs de Paris. Les feuilles du moins ressemblent à celles d'un Poirier qu'il a trouvé jadis prés de Rambouillet, mais dont il n’a pu voir les fruits. M. Cosson fait remarquer qu'il n'existe pas de eultures à Cazeaux, et que l'arbrisseau s'y trouve par conséquent dans des conditions de spontanéité plus certaines qu'à la Ganau, où M. Durieu de Maison- neuve l'a découvert en 1858 (2). M. de Bouis présente à la Société une noisette monstrueuse. M. Moquin-Tandon dit que cette monstruosité est un exemple de prolification fructifère médiane. On l'a rencontrée fréquemment sur des Poiriers, où alors le second fruit est tantôt enfermé complé- tement dans le premier, tantôt en sort à moitié, tantôt lui est su- perposé. M. Moquin-Tandon a même rencontré des inflorescences de Figuier renfermées l'une dans l'autre. (1) Note ajoutée pendant l'impression. — M. Naudin a trouvé de méme, en 1852, un grand nombre d'Oliviers sauvages dans les broussailles ou máquis des environs de Boghar, où cet arbre n'était pas encore cultivé à cette époque. Il est bon de rappeler que Boghar est situé à la lisiére méridionale du plateau au delà duquel commencent des plaines qui aboutissent aux oasis. (2) Voyezle Bulletin, t. V, p. 726. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. Anatomie comparée des végétaux, comprenant : 1? les plantes aquatiques; 2° les ‘plantes aériennes: 3° les plantes parasites; h° les plantes terrestres ; par M. G.-A. Chatin (gr. in-8° avec planches. Paris, chez J.-B. Baillière). L'ouvrage que M. Chatin publie depuis l'année 1856 indique, dans le titre qu'il porte, la division des matiéres qui doivent y étre présentées; on voit que c'est l'ensemble des plantes connues, sauf probablement les Cryptogames, qui doit en fournir le sujet. La publication en a été commencée en 1856, et en ce moment il en a paru dix livraisons, dont les cinq premières portent la date de cette méme année 1856, dont les trois suivantes ont paru en 1857, enfin dont la neuvième a été publiée en 1858 et dont la dixième est de 1859. Deux des quatre divisions adoptées par l'auteur ont fourni la matière de toute la por- tion de l'ouvrage que nous avons sous les yeux : l'étude des plantes aquatiques est commencée dans les livraisons 1 et 2, qui ont paru réunies et qui com- prennent 96 pages de texte, avec 20 planches ; celle des plantes parasites oc- cupe les 8 autres livraisons qui, réunies, comprennent 384 pages de texte et 80 planches. Ces 8 livraisons forment les quatre cinquièmes du volume qui doit avoir 500 pages de texte et 100 planches, de méme que celui qui est consacré aux plantes aquatiques. Les figures comprises dans les 8 premières livraisons ont été dessinées par M. de Ligniville; celles des deux dernieres livraisons sont signées de MM. Chatin et Lagesse ; toutes ont été gravées par ce dernier. — Le plan adopté par M. Chatin consiste à examiner successivement les différentes familles ou ordres dans lesquels rentrent les plantes dont il s'occupe. Après des généralités sur l'ordre, il prend dans chaque genre une espece dont il examine en détail les organes et la structure anatomique, et s'il existe plusieurs espéces qu'il ait soumises également à ses études, il indique ensuite plus succinctement les particularités qu'il a reconnues dans celles-ci. Dans un résumé qui suit ces exposés, il fait ressortir les faits les plus saillants que présente la plante prise pour type du genre. Le chapitre relatif à chaque famille est terminé par un paragraphe intitulé : Remarques générales et par l'explication détaillée des planches. Autant que cela lui est possible, l'auteur fait ses recherches anatomiques REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 33 sur des sujets frais ; mais on sent que, voulant embrasser dans ses études à peu près l’ensemble du règne végétal, il est souvent privé de cette ressource et qu'il se voit alors contraint de se servir de simples échantillons d'herbier. Nous présenterons le relevé des familles, et, dans celles-ci, des genres qui ont été traités dans la portion de l'ouvrage publiée depuis 1856 jusqu'à ce jour. A. PLANTES AQUATIQUES (1'* et 2* livr.). Dans cette catégorie de plantes, M. Chatin a publié jusqu'à ce jour l'histoire anatomique de 4 familles, savoir : Hydrocharidées (pp. 1-36, pl. I-XI); Alismacées (pp. 37-57, pl XII- XVI); Butomées (pp. 58-74, pl XVII-XIX); Juncaginées (pp. 75-96, pl. XX-XXIII). Quant aux genres de ces À familles qui ont trouvé place dans ses études, en voici l'énumération : 4. Æydrocharidées : Ottelia Pers., Hy- drocharis L., Limnobium Rich., Stratiotes L., Enhalus Rich. , Vallisneria L., Hydrilla Rich., Anacharis Rich., Udora Nutt. — 2. Alismacées : Alisma L., Damasonium Mill., Sagittaria L. -- 3. Butomées : Butomus L., Butomopsis Kth., Limnocharis Humb. Bonpl. — 4. Juncaginées : Scheuchzeria L., Tri- glochin L., Tetroncium Willd., Lilæa Humb. Bonpl. B. PLANTES PARASITES. Une portion des parasites appartenant à lembran- chement des Dicotylédons ont seules trouvé place jusqu’à ce jour dans l'ou- vrage de M. Chatin. Elles y sont représentées par 7 familles, savoir : Cuscu- tacées (pp. 1-27, pl. I-IV) ; Cassythacées (pp. 27-41, pl. V-VE) ; Orobanchées (pp. 42-150, pl. VII-XXVI) ; Epirhizanthées, famille proposée par l'auteur comme distincte et séparée, voisine, selon lui, des Orobanchées par sa tige écailleuse, des Rhinanthacées par son anatomie, et dont il présente les carac- téres (pp. 131-136, pl. XXVII) ; Rhinanthacées (pp. 137-243, pl. XXVIII- XLVII); Monotropées (pp. 244-296, pl. XLIX-LV); Thésiacées. L'étude anatomique de cette famille n'est pas encore terminée; elle s'étend jusqu'à la page 384 et à la planche LXXII. Voici maintenant l'indication des genres de ces 7 familles qui ont été étu- diés par M. Chatin. 1. Cuscutacées : Cuscuta Tourn. — 2. Cassythacées : Cassytha L. — 9. Orobanchées : Orobanche L., Phelipæa Desf., Epiphegus Nutt. , Conopho- lis Wallr., Anoplanthus Endl., Clandestina Tourn., Lathræa L., Boschniakia C. A. Meyer; * Æginetia L., Hyobanche Thunb. — 4. &Epirhizanthées Chatin : Epirhizanthus Blume. — 5. Z?hinanthacées : Obolaria L., Castilleja L. fil., Schalbea L., Bartsia L., Odontites Hall., Euphrasia Tourn. , Cymbaria L., Rhinanthus L., Rhynchocorys Griseb., Pedicularis L., Melampyrum L., Tozzia L. — 6. Monotropées : Pterospora Nutt., Monotropa Nutt., Hypopitys Dillen., Schweinitzia Elliott, Sarcodes Torr, — 7. Thésiacées (Santalacées des auteurs) : Thesium L. , Comandra Nutt. , Fusanus L. , Leptomeria R. Br. , Arjona Cav., Quinchamalium Juss., Choretrum R. Br., Nanodea Banks, Osyris L., Henslowia Blume, Santalum L., Mida Cunn. , Rhoiacarpos A. DC., Pyrularia T, VH. 3 3h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Rich., Myosclivlos Ruiz et Pav., Buckleya Torr., Anthobolus R. Br., Exo- carpos Labill. * Cervantesia Ruiz et Pav. L'Anatomie comparée des végétauz est imprimée avec luxe et les planches en sont gravées avec soin. Weber die amntoniieehen Verænderungen des Etlatige- lenkes, welehe das &bfanlien der Bliaetter herbei- führen (Sur les modifications anatomiques qui s'opérent dans l'articu- lation. des feuilles et qui déterminent la chute de ces organes); par M. Hugo von Mohl (Botan. Zeitung, 18° année, n°° 4 et 2, 6 et 13 janv. 1860, pp. 1-7, 9-17). La chute annuelle des feuilles est un phénomène assez remarquable pour que les physiologistes aient dù souvent s'en préoccuper ; aussi ne manque-t-il pas d'observations, surtout d'hypothéses à ce sujet; mais on est loin d'en avoir encore reconnu les circonstances essentielles. M. H. v. Mohl en a fait l'objet d'observations assidues pendant les mois de septembre et d'octobre et le com- mencement de novembre 1858 ; mais il ne donne pas ses recherches comme ayant épuisé la matière ; il dit, au contraire, qu'il v a certainement, dans la manière dont se produit ce phénomène, de nombreuses modifications qu'il n'a pas ob- servées, et qu'il n'a pas uon plus examiné les analogies qui existent entre la chute des feuilles et celle des extrémités des rameaux, des fleurs avec leurs diverses parties et des fruits. Il dit même, dans une note (p. 4), que M. Treviranus lui a signalé l'existence d'un mémoire d'un M. Inman, im- primé dans le volume IV des Proceedings de la Société philosophique de Liverpool, qu'il lui a été impossible de se procurer, et qui pourrait bien faire que le sien ne füt, en quelque sorte, qu'un double emploi. Ne pouvant se fixer à cet égard, il a cru cependant devoir publier les résultats de ses recherches, par cette considération qu'il. écrit particulièrement pour les Allemands, et que certainement bien peu de ceux-ci seront plus heureux que lui-même relativement à l'écrit de l'auteur anglais. Le savant auteur expose d'abord et discute les explications qu'on a données de la chute des feuilles. Duhamel (PAysique des arbres, Y, p. 129) admet qu'entre la feuille et la tige se trouve une couche de tíssii herbacé, qui ne peut résister au froid de l'hiver ; mais il pense qu’il doit exister encore une aütre cause, et il est disposé à croire que, la tige continuant de grossir, tandis que la feuille cesse de croître, parce qu'elle transpire abondamment, il en résulte une rupture des fibres qui les rattachaient l'une à l'autre. Du Petit-Thouars (Histoire d'un morceau de bois, p. 136) admet cette rupture des vais- seaux, dont l'idée n'a pas semblé fondée à la généralité des botanistes. — Mustel (Traité de la végét., I, p. 109) admet, au contraire, que les feuilles tombent, parce que, cessant de transpirer, elles sont gorgées de suc, et que la REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 35 séve arrivant en grande quantité dans la tige presse fortement contre le pé- tiole qu'elle détache. — Murray (Opuscula, V, p. 138) exprime l'idée encore plus bizarre que le bourgeon axillaire, pressant contre la base de la feuille, empêche la séve d'y arriver, et la fait ainsi mourir et tomber. Gerard Vrolik (Dissert. de defoliatione vegetabilium, 1796) est d'avis que, dans la plante, chaque portion organique a une vie propre et indépendante; que l'une vit plus longtemps que l'autre; dès lors que les feuilles tombent parce que leur mort est la conséquence de leur àge, de l'action de la chaleur trop forte ou du froid, ou enfin d'une maladie ; entre l'organe mort et le tissu vivant de la plante, il y a une couche qui est résorbée, ce qui détruit l'adhérence entre l'un et l'autre ; la résorption a lieu d'abord dans le tissu cellulaire, ensuite dans les faisceaux vasculaires de l'articulation. Cette idée de Vrolik que la chute des feuilles n'est pas due àune action mécanique, mais à leur mort, età la résorption d'une couche de tissu, a été généralement adoptée, bien qu'elle ne reposàt pas sur des observations anatomiques exactes ; aussi d'autres observateurs ont-ils cherché à lui donner cette base qui lui manquait. — Vaucher, dans un mé- moire publié seulement en 1821 (Mém. de la Soc. de phys. et d'hist. nat. de Geneve, 1, p. 120), bien que Sénebier eût exposé déjà son opinion dans sa Physiologie végétale (IV, p. 253), a cherché à montrer 1» qu'entre la tige etle pétiole se trouve un parenchyme qui les joint fortement, tant qu'il est plein de suc, mais qui sèche et s'altére en automne de manière à détruire alors leur adhésion ; 2° que les fibres du pétiole et de la tige ne sont pas continues, et que celles du premier mourant, tandis que celles de la dernière restent vi- vantes, il s'opère une séparation des unes et des autres. Rien ne justifie ces assertions. — M. Schultz (Natur d. leben. Pflanze, 1, 248) dit que les bouts des articles des vaisseaux et des laticifères, qui ailleurs se trouvent à différentes hauteurs, se montrent au méme niveau au point oü la feuille doit se détacher pour tomber, et que s'isolant ensuite, ils ne permettent plus le passage de la séve de la tige à la feuille ; mais il ne dit pas comment s'opère la séparation des deux, L'observation ne confirme pas l'idée de cette particularité anatomique. — Link (Bemerk. u. Zusaetse zu Sprengel's Werk, etc. , p. 51) avance que le ussu cellulaire présente un plan de cellules dirigées autrement que les autres au niveau où la feuille doit se détacher, énoncé que M. Mohl déclare beaucoup trop général. — De Candolle (Organ., I, p. 133) a une idée analogue, et il ajoute que ce plan cellulaire particulier se desséchant détermine la rupture des fibres ; or ce dessèchement n'a pas lieu. — M. Treviranus (PAysiol., I, p. 435, II, p. 216) pense que le tissu cellulaire, dans l'articulation, présente toujours une différence de forme, de grandeur, de direction dans ses cellules, qui explique la séparation. — M. Schacht (Anat. u. Phys., V, p. 136) voit la cause de la chute des feuilles dans une modification anatomique s'opérant au moment, et consistant en ce qu'il se forme peu à peu dans l'articulation une couche de tissu subéreux ou de périderme, qui rend impossible le passage de la séve de 36 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. la tige à la feuille. Or, M. Mohl dit que ce périderme local n'existe pas plus souvent qu'il ne manque. — Le seul auteur qui paraisse avoir fait sur ce sujet des observations exactes, est M. Mettenius (Filices horti bot. Lips., p. 18); d’après lui, dans les Fougères qui perdent leurs feuilles, cette chute est pré- parée et rendue possible par la mortification d'une couche de parenchyme à parois délicates qui se produit, de méme que. dans les Dycotylédons, entre le coussinet foliaire et le pétiole. — Après l'exposé analytique détaillé que nous venons de résumer, M. H. v. Mohl expose les résultats de ses propres obser- vations. Les cas les plus compliqués et, par conséquent, les plus avantageux à prendre pour exemples sont ceux des feuilles composées, à gros coussinet, comme celles de l'Ad/antus glandulosa, du Gymnocladus canadensis, des Robinia, Gleditschia, etc. ; ce sont aussi ceux dont s'occupe d'abord M. H. v. Mohl. — A l'approche de leur chute, les feuilles changent de couleur, comme tout le monde le sait; de plus, elles perdent souvent une grande por- tion de leurs sucs, au point que, dans le Catalpa, leur lame commence à se racornir et que, dans les espèces ci-dessus nommées, la moelle qui existe dans le pétiole se dessèche, le pétiole et le coussinet se resserrent visiblement, tandis que l'écorce de la branche est, au contraire, gorgée de sucs. La portion inférieure du coussinet, adjacente à la ligne où se fera la séparation ne parti- cipe pas à cette dessiccation ; d'oü il résulte que la fente qui détermine la chute de la feuille ne se fait pas entre une partie plus ou moins séche et une pleine de sucs, mais dans le milieu d'un tissu uniformément turgescent. Cette fente se produit lentement et de proche en proche; il s'ensuit qu'elle ne coupe d'abord que le tissu cellulaire, respectaut souvent les faisceaux vasculaires pendant assez longtemps, et qu'alors un faible effort suffit pour détacher la feuille. Le plan de cette fente est souvent, mais pas toujours, situé au niveau où le périderme de la branche passe à l'épiderme du pétiole, c'est-à-dire où le brun de l'écorce touche au vert du pétiole ; souvent encore il se trouve plus haut, de sorte qu'une portion du renflement basilaire dela feuille reste adhérente à la branche. — Dansle Gymnocladus, du 10 au 20 octobre, époque à laquelle beaucoup de feuilles perdaient leurs folioles et commencaient de tomber elles- mêmes aux nœuds inférieurs, sous le coussinet, l'écorce verte de la branche s'étend sans interruption sous la surface externe, sur la surface du bois de celle-ci, en laissant passer seulement les faisceaux qui vont à la feuille; les cellules de cette écorce verte renferment beaucoup de grains de fécule. Le périderme de la branche s'amincit en coin circulairement autour de la base du renflement basilaire. Sur cetté écorce, dans sa portion qui est cachée sous ce renflement, se trouve une couche bien formée de périderme, composée de cellules en table, épaisse de 1/20* de ligne, qui, aux bords du renflement, se continue avec les couches plus profondes du périderme dela branche. Ce périderme sépare nette- ment le tissu cellulaire de l'écorce de celui du pétiole. Les cellules du renflement REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 37 pétiolaire different de celles de l'écorce par l'absence complète de fécule et presque complète de chlorophylle ; elles sont polyédriques, et leur couche ad- jacente au périderme accuse visiblement par le brunissement de leurs parois qu'elles commencent à dépérir. Cette masse cellulaire, qui forme la partie in- férieure du renflement pétiolaire, étant composée de cellules plus courtes que celles de l'écorce et du pétiole, est nommée par M. H. v. Mohl couche de cel- lules arrondies. Leur portion brune ne forme pas un plan, mais bien une pe- tite proéminence autour des faisceaux vasculaires. A peu prés parallèlement à cette couche brune, mais séparée d'elle par une assise de cellules polyédriques incolores épaisses au moins de 1/10* de ligne, se trouve une couche cellulaire mince qui mérite une attention particulière. Dans une feuille qui tombera bientót, mais qui cependant ne présente pas de rupture à sa base, cette couche, examinée sur une tranche longitudinale, parait plus transparente que le reste du tissu, ses méats contenant moins d'air, et l'iode y décèle une assez grande quantité de granules d'amidon, qui ne se retrouvent pas dans les autres cellules du renflement pétiolaire ; le méme réactif v montre aussi un. contenu qu'il brunit et qui est mucilagineux, albuminoide, ainsi qu'une utricule pri- mordiale qui se rétracte et qui manque dans les autres cellules du renflement. Ces divers caractères indiquent un tissu jeune, dans lequel, au reste, une ob- servation attentive apprend que les cellules se multiplient. Plus tard, quand la fente qui détermine la chute de la feuille a pénétré plus ou moins profondé- ment dans le renflement pétiolaire, on voit qu'elle est due à la dissociation de ces mêmes cellules, sans rupture des parois ; aussi l'auteur nomme-t-il cette couche couche de séparation. Ce tissu se forme peu avant la chute de la feuille ; dans le Gymnocladus il n'existait pas encore le 4 octobre. 1l ne se produit pas simultanément dans toute l'épaisseur du renflement pétiolaire, mais il s'étend graduellement du cóté axillaire de celui-ci vers sa face dorsale : aussi arrive-t-il souvent dans ces feuilles que la rupture est déjà complète au côté interne, tandis que le côté externe est encore trés adhérent. — Quant au périderme qui s'étend sous le renflement pétiolaire, M. Mohl ne peut dire à quelle époque il commence de se former, puisqu'il l'a vu déjà bien organisé vers la mi-sep- tembre, époque à laquelle ont commencé ses observations. — Les faisceaux vasculaires ne participent point aux changements que subit le tissu cellu- laire du renflement du pétiole. La fente qui détache les feuilles les rompt mécaniquement, après qu'elle s'est étendue à travers le tissu cellulaire. Le périderme interposé à l'écorce età la feuille qui doit tomber ne se forme pas dans toutes les plantes, à beaucoup prés ; le nombre de celles dans lesquelles M. Mohl l'a vu est à peu près égal à celui des espèces qui ne lui ont rien présenté de semblable. M. Schacht a donc eu tort de généraliser l'existence de ce tissu et d'y voir la seule cause essentielle de la chute des feuilles. On ne peut même pas: dire que ce tissu, interceptant le passage des sucs nourriciers, détermine le dépérissement et finalement la mort des feuilles. 3S SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. En effet, dans le Robinia, par exemple, il se forme de trés bonne heure; en outre, dans les arbres dont les feuilles commencent à tomber par le bas des branches, comme le Populus dilatata, le périderme étant également développé dans toutes le 18 octobre, le savant auteur a vu les feuilles inférieures toutes jaunes, tombées méme en partie, lorsque les supérieures étaient encore bien vertes et très solidement attachées; or, dansles premières, la couche deséparation était parfaitement formée, tandis qu'elle était à peine indiquée dans les der- nières. On pourrait croire cependant que ce périderme contribue à la morti- fication de la couche de cellules arrondies ; mais l'étude comparative de beau- coup de plantes ne permet pas de conserver cette opinion. Une regle générale, qui subit peu d'exceptions, c'est que, quand la feuille s'est entiérement déve- loppée, les cellules corticales se remplissent d'amidon, tandis que cette substance disparaît dans la couche de cellules arrondies ; ce n'est cependant pas un signe certain du dépérissement de la feuille; ce signe se trouve plutót, en général, dans le brunissement des cellules arrondies. Quelque différentes entre elles que soient les cellules arrondies et celles de l'écorce, elles ont été formées d'abord d'un parenchyme uniforme ; ce n'est que plus tard qu'elles ont pris leurs ca- ractères distinctifs. M. Mohl le montre en détail par divers exemples. — La distinction anatomique entre l'écorce de la branche et le pétiole n'est pas tou- jours la méme, car la couche de cellules arrondies ressemble tantót plus à la premiere, tantót plus au tissu du dernier ; quelquefois aussi les cellules de cette couche différent notablement des deux tissus voisins. L'épaisseur de cette assise cellulaire varie beaucoup selon les espéces. — Quant à la couche de séparation, sa formation est un fait général ; elle ne commence à se former que peu de semaines avant la chute de la feuille, le plus souvent au commencement d'oc- tobre, mais plus tót ou plus tard selon le temps et l'exposition, pour les indivi- dus de la méme espèce, et aussi selon les espèces. Elle est toujours fort mince. Ses cellules se détachent les unes des autres, quand la feuille approche du moment de sa chute, et, quand elle est tombée, elles font une saillie arrondie sur la surface de séparation, sans étre mortes, mais étant encore incolores, pourvues d'une utricule primordiale et de leur contenu mucilagineux, le plus souvent mêlé d'amidon. Leur dissociation ne s’opère pas subitement, maisil y a comme une période de transition oü le pétiole est facile à rompre. — Dans aucune plante, M. H. Mohl n'a vu que les faisceaux vasculaires de l'articula- tion eussent subi une altération quelconque. Au total, la circonstance la plus essentielle pour la chute des feuilles, c'est que toujours, à une place déterminée du pétiole, les cellules d'une couche transversale se rajeunissent, se remplissent de matiéres plastiques, dans la plupart des cas, sinon dans tous, se multiplient par division, et finalement se séparent les unes des autres par décollement de leurs membranes. Quant au point où s'opere cette séparation, la seule règle générale c'est qu'elle n'a jamais lieu dans le tissu cortical, mais en dehors de celui-ci, dans le tissu du pétiole, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 39 d'ordinaire dans la région inférieure du bourrelet pétiolaire, rarement entre celui-ci et le pétiole. Rien n'indique à l'avance la situation de ce plan de sépa- ration; il ne peut donc être question d'une articulation particulière. — Dans la suite de son méinoire, M. H. v. Mohl examine en détail quelques cas ex- ceptionuels et certaines circonstances particulières du phénomène qui forme le sujet de son mémoire; nous ne pouvons le suivre au milieu des développe- ments qu'il présente à ce sujet. On the sclerogenouns Granules of the Berry of Arbutus Unedo (Sur les granules sclérogénes des baies de l'Arbousier) ; par M. Geor. Gulliver (The Annals and Magaz. of natur. Hist., cah. d'avril 1860, pp. 343-344). L'auteur de cette note dit qu'il ignore si les granules qui en sont le sujet ont été déjà décrits, et il engage les botanistes à examiner si quelque chose d'analogue se trouve dans quelque espèce voisine. Ces granules sont très denses et durs, arrondis, blanchàtres quand on les à nettoyéós, à peine aussi gros qu'une graine de Pavot, épars au milieu de la pulpe du fruit, dans les cellules duquel ils paraissent avoir pris naissance. Leur nombre et leur poids total dé- passent beaucoup ceux des graines contenues dans la même baie. Leur struc- ture est semblable à celle des corps qui forment le tissu pierreux des poires, mais leurs canalicules sont moins distincts que dans ceux-ci. M. Davy, en ayant examiné la composition chimique, a reconnu qu'ils sont formés principalement de matière végétale et qu'ils ne contiennent, en outre, qu'une petite quantité de chaux, avec des traces de phosphate de chaux. Du Coussinet e£ des nœuds vitaux dans les plantes, spécialement dans les Cactées : par M. D. Clos (Mém. de l' Acad. des sc. de Toulouse, 5° série, t. IV, 1860, pp. 324 et suiv. ; tirage a part en broch. in-8^ de 16 pages). Dans ce mémoire, M. Clos montre d'abord que Ruellius parait être le premier qui, en 1536, ait mentionné le coussinet sous le nom de pulvinus. Mirbel est le premier qui ait traduit ce mot Jatin par le mot francais coussinet. Parmi les auteurs modernes, les uns ont parlé du coussinet, quelques autres l'ont passé sous silence. Ce coussinet est la protubérance offerte par la tige au-dessous du point d'origine de la feuille, et. c'est l'insertion de celle-ci, y compris celle du bourgeon axillaire, quand il existe, qui constitue essentiellement Je nœud vital. L'auteur consacre successivement deux paragraphes, l'un à J'étude du nœud vital, l'autre à celle du coussinet qu'il examine particulièrement dans les plantes grasses, Cactées, Euphorbiacées et Asclépiadées charnues. Il voit aussi des cous- sinets dans les renflements en échelons du rachis qui sont placés sous les exci- 40 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sions de celui-ci, dans les faux épis des Graminées, particulièrement des Fri- ticum. Il déduit ensuite des développements dans lesquels il est entré les con- clusions suivantes : 4° Il importe de distinguer dans la plante les coussinets des nœuds vitaux ; 2° le collet n'a aucun titre à être appelé nœud vital, comme l'ont voulu Lamarck et quelques auteurs modernes ; 3° il n'y a ni nœuds vitaux, ni coussinets aux racines; {4° les pivots des racines et leurs divisions de partition méritent seuls la dénomination d'organes axiles, les radicelles pouvant être rapportées au groupe des organes intermédiaires, à moins qu'on ne veuille y voir des organes indépendants ; 5° à la division admise des nœuds vitaux en partiels, périphériques et verticillés, il faut ajouter celle des nœuds vitaux stériles, foliaires et complets; 6° c'est dans les plantes grasses aphylles ou dans celles dont les feuilles sont le moins développées que les coussinets le sont le plus, constituant d'une part les mamelons à aiguillons des Mamillaires, or- ganes considérés jusqu'ici tantôt comme des feuilles et tantôt comme des rameaux, de l'autre, les mamelons inermes des Æchinopsis, des Echino- cactus, des Stapelia et des Euphorbes charnues; 7° contrairement à l'opi- nion de De Candolle, les Mamillaires n'ont point de feuilles; 8? les cótes des tiges des Cactées, des Sfapelia, des Euphorbes charnues sont générale- ment formées par la confluence des coussinets ; 9° les pièces des disques flo- raux doivent étre.souvent considérées comme les analogues des coussinets. Effect of arsenic upon vegetation (Action de l'arsenic sur la végétation) ; par M. E.-H. Ogston (Gardeners' Chronicle, n° du 10 mars 1860, p. 216 et Pharmac. Journal, mars 1860, pp. 464-465). Un article du Gardeners’ Chronicle qui a paru dans le cahier du 10 mars dernier, rappelle que le professeur Davy a prétendu : 1° que des solutions méme saturées d'arsenic ne tuent pas les plantes ; 2° que l'arsenic, quand il a été ab- sorbé, reste dans les tissus des plantes; 3^ que si des plantes dans cet état servent d'aliment à des animaux, on découvre ensuite dans le corps de ceux-ci des traces du poison. M. Davy a méme ajouté que certains phosphates de chaux, employés en agriculture comme engrais, contiennent de l'arsenic qu'on retrouve ensuite daus le corps des animaux auxquels on a donné pour aliment, par exemple, des turneps dans la culture desquels on avait employé cet en- grais. — Ces énoncés, en contradiction avec les données antérieures de la science, entrainaient des conséquences d'une extrême gravité. M. E.-H. Ogs- ton, habile chimiste anglais, a voulu en vérifier l'exactitude, et il a consigné dans une lettre que le Pharmaceutical Journal a publiée dans son numéro de mars 1860, pp. 460-465, les résultats de ses recherches à ce sujet. Pour reconnaitre si une solution d'arsenic ne tue pas les plantes, il a arrosé des Choux avec une solution saturée de cette matière. Après deux arrosements faits à deux ou trois jours d'intervalle l'un de l’autre, les plantes étaient flétries, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. M et peu de jours après, elles étaient mortes. L'essai qui en a été fait au moyen de l'appareil de Marsh n'a montré de l'arsenic que dans la portion de la tige adjacente aux racines, laquelle était noire à l'intérieur; jamais M. Ogston n'en a vu au-dessus de 13 centimètres de hauteur hors du sol, ni dans les feuilles. Dans d'autres expériences, l'auteur a arrosé des plantes analogues ct situées de méme que les premières, avec des solutions arsenicales plus ou moins diluées. Lorsque le liquide s'est trouvé assez affaibli pour ne pas faire périr les plantes, celles-ci n'ont pas présenté le moindre indice d'arsenic dans leurs parties situées hors de terre. Les racines n'ont pas été examinées, parce qu'il a semblé vraisemblable à l'auteur qu'elles auraient retenu mécanique- ment à leur surface quelque peu de la substance vénéneuse. Au total, M. Ogs- ton pense que lorsque l'arsenic est absorbé par les plantes en quantité suffisante pour être reconnu à l'aide des moyens délicats que possède la chimie, la pro- portion en est assez forte pour tuer les plantes. — Relativement à la question de savoir combien il peut entrer d'arsenic dans une récolte de Turneps, par exemple, pour laquelle on a employé comme engrais un phosphate arsenical, l'auteur anglais fait un calcul dont le résultat est entièrement rassurant, puis- qu'il montre qu'en employant méme la matière le plus fortement arsenicale, on n'ajoute, par acre de terre, que 7 centiémes de livre d'arsenic, qui doit se répandre dans 20 à 25 tonnes de racines, proportion tellement minime, qu'elle ne peut causer la plus légère inquiétude. Recherches sur la migration du phosphore dans les végétaux; par M. Corenwinder (Comptes rendus, séance du 18 juin 1860 ; /nstitut, n° du 20 juin 1860, pp. 202-203). M. Corenwinder donne d'abord les détails de la méthode dont il a fait usage pour doser l'acide phosphorique dans les cendres des végétaux sur lesquels ont porté ses recherches. 1l présente ensuite les résultats auxquels il est arrivé. Voici un résumé de l'exposé qu'il en fait. Les cendres des jeunes pousses de Betteraves contiennent 12,74 pour 100 en acide phosphorique ; or, celles de la racine (1) contenant 12,83 du méme acide, on voit, dit l'auteur, que le phosphore contenu dans la racine disparait, probablement dans les premiers moments de la végétation, pour concourir, avec la matière azotée, à la nutrition des organes naissants. — Les tiges nais- santes de Pois sont riches en phosphates. De jeunes pousses de cette plante, hautes seulement de 6-8 centimètres, ont offert à l'auteur 27,46 d'acide phos- phorique, tandis que des tiges müres et desséchées ne lui en ont montré que h,^^ pour 100. — Dans les cendres de jeunes pieds de Fève qui n'avaient (4) Uu est presque inutile de faire observer que, selon le langage ordinaire, l'auteur appelle racine la betterave entiére, en partie racine, en parlie tige, comme l'a prouvé M. Decaisne. 42 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. épanoui que leurs deux premières feuilles, l'auteur a trouvé 24,62 d'acide phosphorique ; les tiges de la même plante, analysées après la maturité des graines, ne lui en ont plus offert que des traces douteuses. Les cotylédons épuisés par le développement des jeunes organes, donnent une cendre formée en grande partie de silice et de chaux, sans acide phosphorique. — M. Co- renwinder est conduit par ses analyses à penser que généralement les matières rejetées à l'extérieur par les végétaux et qu'on regarde comme excrétées, donnent des cendres sans acide phosphorique. I résulterait de là, selon lui, que si Ja séve descendante contient une proportion notable de phos- phates alcalins ou terreux, ainsi que l'admettent la plupart des physiologistes, le phosphore doit être complétement assimilé par la plante, celle-ci ne rejetant au dehors que des matières dépourvues pour elle de principes alibiles et inu- tiles à son développement. — Les tissus cellulaires et fibreux des Carottes et des Betteraves, ainsi que des tiges et des feuilles en général, débarrassés de toutes les parties que l'eau froide peut leur enlever, donnent des cendres riches eu chaux et en silice, mais sans traces bien sensibles de phosphates. Si donc, dit M. Corenwinder, on considère le tissu cellulaire et fibreux comme consti- tuant le squelette de la plante, on pourrait dire que les os des animaux et ceux des plantes, outre les différences essentielles qui les distinguent, présentent encore cette particularité que les premiers doivent leur solidité à des phosphates terreux et les seconds à de la silice et de la chaux. On peut dire, continue-t-il, d'une maniere générale que les phosphates sont transportés dans les tissus vé- gétaux el ne font pas corps avec eux; car en enlevant aux plantes la matière azotée, on leur enlève aussi les phosphates, qui ont une existence indépendante des organes, et qui circulent dans les végétaux pour concourir sans aucun doute à des phénomènes d'un ordre plus élevé. On a trouvé de notables proportions d'acide phosphorique dans les cendres des Algues marines. M. Corenwinder a vérifié l'exactitude de cette observa- tion qu'il a étendue à la Zostère marine. C'est évidemment dans l'eau de mer seule que ces plantes marines trouvent les phosphates qu'elles contiennent, et cependant toutes les analyses qu'on a faites de l'eau de différentes mers n'y ont pas montré la moindre trace de phosphates alcalins ou terreux. Il faut admettre, dit-il, que les phosphates sont disséminés dans la mer dans une proportion si faible qu'elle échappe à nos moyens d'investigation. ‘Toutefois, il ne lui semble pas impossible que ces sels puissent exister dans la mer combinés avec ces ma- tières animales transparentes, gélatineuses, qui proviennent des organismes dé- truits et qu'on serait tenté d'apercevoir dans l'écume des vagues, d'apparence onctueuse, qui déferlent sur les côtes. — Dans le pollen, l'auteur a reconnu l'existence d'une grande quantité d'acide phosphorique. Celui du Lis blanc lui a donné une cendre noire, trés alcaline, contenant peu de chaux, pas de ma- gnésie, de chlore ni de silice, et formée, pour ainsi dire, uniquement de phos- phates alcalins, Ainsi les cendres obtenues de 100 parties de ce pollen lui ont REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. A3 offert 4,45 d'acide phosphorique. — Cet acide existe en assez fortes propor- tions, dans la poudre de Lycopode ; sur 5 grammes de cette matière, M. Coren- winder a obtenu 0,92 pour 100 d'acide phosphorique. Toutefois, ce chimiste n'affirme pas que l'acide phosphorique, ou plutôt les phosphates qu'on trouve dans les cendres, préexistent dans les plantes. L'état sous lequel le phosphore se trouve dans la matière vivante est, dit-il, un pro- blème dont la solution est encore éloignée. Note sur le Sphæria militaris Ehrh., considéré comme para- site de la chenille processionnaire du Pin (Bombyx pityocampa Fabr.), communiquée au Congrès des délégués des Sociétés savantes en avril 1859; par M. Durieu de Maisonneuve (broch. in-8° de 8 pages, sans date ni indication d'origine, extraite, selon toute apparence, des Actes du Congrès). : Dans le département de la Gironde, la chenille qui dévore les feuilles et les jeunes pousses des Pins avait fait sur ces arbres de tels ravages, en 1858, que les propriétaires concurent des craintes pour l'avenir de leurs forêts. Cette circonstance a déterminé l'apparition en immense quantité du rare Sphæria militaris Ehrh. , qui appartient, dans le grand genre Sphwria, au groupe des espéces parasites sur des larves d'insectes, et qui se fait remarquer par sa massue colorée en « rouge d'or. » M. Durieu de Maisonneuve s'étant rendu, au mois de décembre 1858, dans les foréts de Pins de la Teste, remarqua, en arrivant sous les premiers arbres, plusieurs individus de cette Sphérie, dont il reconnut aussitôt le parasitisme sur la chenille processionnaire du Pin, enter- rée et enfermée dans son cocon, sans avoir pu passer à l'état de chrysa- lide. Dans toutes les autres parties de la forét qu'il visita, il constata l'existence du méme Champignon, partout fixé sur la méme chenille morte et enfouie dans le sol. — Dans sa note, il commence par donner un résumé des belles observations de M. Tulasne sur le développement des Champignons entomo- gènes et sur leurs états successifs. Il rappelle que ce savant botaniste a constaté que l'état parfait de ces Cryptogames est beaucoup plus rare que leur état se- condaire ou isarioïde, et que celui-ci est, à son tour, moins abondant que l'état initial et simplement bissoide. Or, dit-il ensuite, puisque le Sphæria militaris s'est montré en telle quantité que le sol en paraissait constellé autour des Pins précédemment infestés, qu'on juge de la destruction incalculable de chenilles qui a dù avoir lieu par le fait du méme Champignon, dans ses états initial et secondaire, bien autrement fréquents que l'état parfait! Dans ce dernier état, la massue fertile de cette Sphérie fait seule saillie au-dessus du sol ; son stipe ou pédicule, toujours plongé dans la terre, varie en hauteur de 3 à 6 centimètres, Si l'on fouille avec précaution, on enléve toujours, avec le Champignon com- plet, un cocon de Bombyx pityocampa fixé à la base du stipe ; on voit ensuite 4^ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. que ce n'est pas sur le cocon, mais sur la chenille qu'il renferme, que le Cham- pignon est invariablement implanté, fait d'autant plus remarquable que géné- ralement les chenilles sur lesquelles se développe une Sphérie, périssent avant de filer et de faire leur cocon. Dans le cas dont il s'agit ici, la chenille atta- quée a pu percer le sol, s'y enfoncer de quelques centimètres et filer son cocon, mais elle n'a pas eu assez de vitalité pour passer à l'état de chrysalide. — La présence du Sphcæria militaris dans le département de la Gironde parait avoir été reconnue d'autres fois; en effet, M. Durieu dit en avoir vu des échantillons dans des herbiers formés par des botanistes bordelais qu'il croit ne devoir pas nommer, et qu'il l'a trouvé figuré dans un album des Champignons de ce dé- partement, dont les dessins, fort remarquables d'aprés lui, sont dus à des personnes qu'il ne nomme pas non plus. Seulement cette espèce remarquable ne s'y était encore montrée qu'en individus peu nombreux et non en immense quantité comme en 1858. BOTANIQUE DESCRIPTIVE. Recherches sur quelques Orchidées des environs de Toulon, ou Notes rédigées d'après les plantes vivantes communiquées par M. Philippe, directeur du jardin botanique de la marine impériale à Saint-Mandrier ; par M. Ch. Grenier (Mémoires de la Société d'émulation du Doubs; tirage à part en brochure in-8° de 14 pages. Besancon, 1859). Dans un court avant-propos, M. Grenier fait observer qu'il est souvent trés difficile, sinon méme impossible, de se rendre un compte exact de l'agencement et de la forme des parties florales des Orchidées, lorsqu'on les étudie sur des échantillons desséchés. Aussi, n'ayant pu examiner que dans cet état les Ophrys indigènes pour la description qu'il en a donnée dans la Flore de France, a-t-il senti le besoin d'en faire une étude attentive sur le vivant; il a pu le faire, en 1859, grâce à cinq envois successifs d'échantillons frais qui lui ont été faits de Toulon par M. Philippe. Ce sont les résultats de ce nouvel examen qu'il a con- signés dans son mémoire. Il étudie d'abord les Ophrys aranifera Huds. , atrata Lindl. , exaltata Ten. et Bertolonii Moret., après quoi il résume les caractères distinctifs de ces espèces dans des diagnoses que nous reproduirons. Il fait observer que si ces diagnoses permettent de distinguer facilement ces plantes sur le vivant, elles laissent encore, sous ce rapport, beaucoup de difficultés ‘pour le botaniste qui n'a sous les yeux que des échantillons secs. 4. Ophrys aranifera Huds. — Pétales (1) étalés, verts; les deux internes (1) Nous ferons observer que l'auteur appelle uniformément pétales les 5 folioles qui, jointes au labelle, constituent le périanthe des Orchidées ; de là les expressions de pétales externes et pétales internes. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. A5 de moitié plus courts, lancéolés, obtus, glabres, dépassant presque le gyno- stéme court et obtus; labelle obovale-arrondi, convexe, brun, velouté, par- couru par deux lignes brunes et glabres réunies par une troisiéme transversale, ordinairement bigibbeux à la base, émarginé au sommet, et dépourvu d'ap- pend ice dans l'échancrure. B. virescens. Fleurs plus petites, plus vertes ; les trois pétales extérieurs proportionnellement plus grands; labelle plus petit relativement, plus arrondi et plus pâle. — Plante presque d’un mois plus tardive que le type. O. vires- cens Philippe (msc. ). y. egibbosa. Gibbosités de la base du labelle nulles. 2. O. atrata Lindl. in Rchbc., F7. exc., I, p. 129. — Pétales très étalés, verts; les deux internes de moitié plus petits, lancéolés, obtus, pubérulents et rarement glabrescents, dépassant à peine le gynostéme court et obtus; labelle grand, obovale-arrondi, convexe, d'un pourpre-noir velouté, marqué de deux lignes brunes et glabres réunies par une troisième transversale, ordi- nairement muni de deux gibbosités à la base, émarginé au sommet, et portant dans l'échanerure un court appendice porrigé. B. egibbosa. Gibbosités de la base du labelle nulles. 3. O. exaltata Ten. — Pétales étalés, d'un blanc rosé; les deux internes de moitié plus courts, lancéolés, obtus, pubérulents et ciliolés, dépassant à peine le gynostème court et obtus; labelle grand, obovale, convexe, d'un pourpre-noir, velouté, marqué de deux lignes brunes et ordinairement glabres, souvent réunies par une troisiéme transversale, muni de deux gibbosités à la base, émarginé au sommet, et portant dans l'échancrure un court appendice porrigé. GB. egibbosa. Gibbosités de la base du labelle nulles. h. O. Bertolonii Moretti. — Pétales étalés, d'un blanc rosé ; les deux in- ternes roses, plus courts, lancéolés, aigus, glabres ou obscurément ciliolés, plus longs que le gynostème ; labelle obovale-allongé, recourbé latéralement, ve- louté-pourpré avec une large tache subquadrangulaire au centre, dépourvu de gibbosités àla base, émarginé et subincurvé au sommet, portant dans l'échan- crure un appendice assez long et replié en dessus. 5. O. arachnitiformis Gren. et Philippe (p. 9). Espèce sans doute con- fondue ave l'O. arachnites, duquel elle se distingue : 4° par ses divisions périgoniales internes non pubérulentes-veloutées, égalant presque la moitié de la longueur des divisions externes ; 2° par la variabilité des gibbosités qui manquent souvent ; 3° par l'extréme brièveté de l'appendice du labelle, ap- pendice porrigé, non étranglé à la base et non recourbé en dessus ; 4° par sa floraison plus précoce presque d'un mois; 5° par les dimensions générales de la fleur qui est d'un tiers plus petite, ainsi que la plante elle-méme. — M. Gre- nier en distingue trois variétés. ^6 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DÉ FRANCE. a. cornuta. Gibbosités du labelle trés prononcées et égalant la moitié de la longueur du bec. B. mammosa. Gibbosités courtes et arrondies. y. explanata. Gibbosités nulles. Hab. Collines incultes des environs de Toulon. Z. Avril. 6. O. bombylifera Link. — M. Grenier en décrit en détail la fleur, et il substitue sa nouvelle description à celle qu'il a donnée dans la Flore de France. Voici le résumé de cette description : | Fleurs en épi lâche, pauciflore; bractées ovales, aiguës, plus courtes que l'ovaire. Pétales externes ovales-arrondis, d'un vert pôle; les deux internes oblongs, courts, verts au sommet ; labelle trilobé ou trifide, à lobes latéraux étroits et allongés, très velus en avant, gibbeux à la base, strictement appli- qués sous et contre le lobe moyen qui est assez convexe et recourbé en dessous par les bords pour en devenir demi-globuleux. Gynostéme aussi long que les pétales internes, obtus et dépourvu de bec. Deux et souvent trois tubercules trés longuement stipités. Hab. Corse, à Bonifacio; Toulon. 27. Mars-avril. 7. O. Philippi Gren. (p. 11). — M. Grenier dit qu'il a longtemps con- fondu cette plante avec l'O. Scolopax; mais l'étude sur le frais lui a montré qu'elle constitue une espèce à part. Il en expose les caractères en la compa- rant avec l'O. Scolopax. Voici le résumé de cette description comparative : Épi làche, 3-7-flore ; bractées lancéolées, aigués, les inférieures plus lon- gues que l'ovaire. Pétales externes ovales-lancéolés ou sublongs, obtus, blancs et un peu verdâtres; les deux internes /ancéolés-Linéaires, obtus, velus-ve- loutés, blancs ; labelle trilobé et bigibbeuz à la base, à lobes latéraux trian- gulaires, contournés, situés vers son tiers supérieur, à lobe moyen ordinaire- ment un peu plus court que les pétales internes, oblong, replié latéralement par les bords de manière à former presque un cylindre; le labelle velu pré- sente une tache glabre qui, de la base du gynostème, ne s'étend que jusqu'à la naissance des lobes latérauz, et il a un appendice terminal vert, gros, épais et relevé en dessus. Bec du gynostème érès court. L'un des deux tubercules oblongs ordinairement à long pédicule. — Floraison plus tardive de quinze jours que celle de l'O. Scolopaz. 8. Orchis Champagneuxii Barn. — Sur le sec, cette espèce peut être con- fondue avec l'Ürchis picta; mais cette confusion n'est pas possible sur le vivant. M. Grenier décrit l'O. Champagneuxit comparativement avec lO. picta. 9. Orchis variegata All. et tridentata Scop. — L'étude d'échantillons desséchés avait porté M. Grenier à réunir ces deux plantes; mais aujourd'hui l'examen d'individus vivants lui fait regarder cette réunion comme une erreur, et il sépare la variété 6, qu'il admettait dans la Flore de France, de la plante REVUE BIPLIOGRAPHIQUE. A7 qu'il considérait comme le type de Pespèce. De la discussion à laquelle il se livre, il résulte que ce type doit garder le nom d'O. variegata All., tandis que la variété B, regardée comme espèce séparée, est PO. tridentata Scop. 10. Orchis mascula B olivetorum. — Cette plante a le port de FO. picta et les caractères de l'O. mascula; M. Grenier avait d'abord pensé que c'était une espèce distincte, et il l'avait nommée O. olivetorum; mais l'ayant étu- diée de nouveau, il est revenu à l'idée que ce n'est qu’une forme méridionale de PO. mascula. Cette forme est remarquable, dit-il, en ce qu'elle est d'un tiers plus petite dans toutes ses parties, soit que l'on considère les divers or- ganes de la fleur, soit qu'il s'agisse de la tige, qui atteint 2 décimétres, ou de l'épi qui est pauciflore et souvent réduit à cinq ou six fleurs. Bemerkungen über cinige Sparganien (Remarques sur quelques Sparganium) ; par M. Münch (Flora, n° 10 de 1860, 14 mars, pp. 145-149). L'auteur de cette note rappelle. d'abord les différentes opinions qui ont été exprimées au sujet des espèces de Sparganium qui croissent dans l'Europe moyenne et septentrionale. En 1620, Casp. Bauhin, dans son Theatrum bota- nicum, mentionne un Sparganium minimum ; trois ans plus tard, dans son Pinaz, p. 15, il admet un Sp. ramosum, un Sp. non ramosum et un Sp. minimum. En 1737, Linné, dans sa Flore de Laponie (p. 27), caractérise seulement un Sparganium foliis adsurgentibus triangularibus, auquel il réunit le Sp. minimum Bauh., et un Sp. fol. natantibus plano-convexis. Dans la 2* édition de son Speries (1763), il nomme ces deux plantes : 1? Sparganium erectum, réunissant les Sp. ramosum et non ramosum Bauh. ; 2° Sp. natans. Cette manière de voir de Linné fut adoptée jusqu'à Willdenow qui rétablit les Sp. ramosum et non ramosum de Bauhin, sous les noms de Sp. erectum et Sp. simplex, tandis que, sous le nom de Sp. natans, restèrent confondues les diverses formes qu'offre cette plante. Plus récemment, c'est à cette der- nière espèce que les botanistes ont donné particulièrement leur attention. Ainsi Wallroth a rétabli le Sp. minimum sans parler du Sp. natans. De son côté, M. Schnizleina établi une nouvelle espèce ou forme qu'il a nommée Sp. affine, et il a distingué dans le Sp. natans une forme plus petite, à feuilles radicales dressées et une forme plus grande, à tige nageante. Quant à M. Münch, il admet 4 Sparganium distincts, à l'exemple de MM. Grenier et Godron, dans leur Flore de France, et de M. Doell, dans sa Flore de Bade, 2* édition. Ce sont : 4° Sparganium ramosum Bauh.; 2» Sp. simplex Huds.; 3° Sp. natans L. (Sp. affine Schnizl.) ; 4° Sp. minimum Bauh. I donne les caractères géné- riques des Sparganium, ensuite les diagnoses comparatives et la synonvmie de ces 4 plantes, qu'il dit être à ses yeux 4 formes d'une méme espèce géné- tique. AS SOCIETÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Diagnoses plantarum novarum præsertim orientalium, nonnullis europzeis boreali-africanisque additis: auc- tore E. Boissier (series 2, fasc. ^ et 6, 1859. Lipsiæ, in-8°). C'est en 1856 que M. Boissier avait publié le 5* fascicule de la 2* série de ses Diagnoses, dans lequel ont trouvé place des plantes nouvelles qui rentrent dans la série des familles depuis les Renonculacées jusqu'aux Synanthérées inclusivement. La suite régulière de ces fascicules avait été ainsi interrompue ; elle vient d’être rétablie par la publication des fascicules 4 et 6 qui complètent le troisième volume et la deuxième série de l'ouvrage. Nous donnerons le relevé des matières que comprend chacun de ceux-ci. Le 4° fascicule renferme la série des familles depuis les Labiées jusqu'aux Graminées inclusivement. Voici l'indication de ces familles avec le relevé des espéces ou variétés nouvelles qui rentrent dans chacune d'elles : 1. LABIÉES, avec 90 espèces ou variétés parmi lesquelles on compte 7 Thymus, T Salvia, 10 Nepeta, 44 Sideritis, 13 Stachys, 9 Marrubium et 6 Teucrium. — 2. LENTIBULARIÉES : 4 espèce. — 3. GLOBULARIACÉES : 1 esp. — ^. PLUM- BAGINACÉES : 15 esp., sur lesquelles 8 Acantholimon, ^ Statice. — 5. PLAN- TAGINÉES : 3 esp. —6. CHÉNOPODÉES : 6 esp. — 7. POLYGONÉES : 8 esp. — 8. SANTALACÉES : 1 var. de Thesium. — 9. EUPHORBIACÉES : 16 esp. d'Euphorbía. — 10. ORCHIDÉES : 4 var. d'Ürchis. — 11. IRIDÉES : 9 esp., dont 6 Crocus. — 12, AMARYLLIDÉES : 3 esp. — 13. LILIACÉES : A5 esp., sur lesquelles on compte 4 Tulipa, 8 Fritillaria, 5 Ornithogalum, l Belle- valia et 17 Allium. — 1h. ASPARAGÉES : 1 var. de Ruscus. — 15. GOLCHI- CACÉES : 3 Colchicum. — 16. CxPÉRACÉES : 3 Carex. — 17. GRAMINÉES : 41 esp. ou var., parmi lesquelles on trouve 3 Melica, 3 Poa, h Festuca, 9 Bromus, h A gropyrum et un genre nouveau, Lasiurus Boiss., créé pour le Rottboellia hirsuta Vahl, plante d'Arabie, qui devient le Z. hirsutus Boiss. Ce genre rentre dans les Andropogonées ; il se distingue des /sche mun, Rottboellia et autres genres voisins par ses épillets ternés. Le 6* fascicule reprend la série entière des familles depuis les Renonculacées jusqu'aux Scrofularinées inclusivement. 1] se termine par la table des familles, genres et espèces qui figurent dans les 6 fascicules du 3° volume. Voicile relevé des familles et du nombre des espéces ou variétés qui y ont trouvé place. — 1. RENONCULACÉES : 4 esp. —2. PAPAVÉRACÉES : 2 Papaver. —3. FUMARIACÉES: 2 esp. — ^. CRUCIFERES : 23 esp., parmi lesquelles on trouve 4 Draba, A Alyssum, h Lepidium, etc. — 5. CISTINÉES : 1 var. d Helianthemum. — 6. VIOLARIÉES : 2 Viola. — 7. POLYGALÉES : 4 Polygala. — 8. SILÉNÉES : 16 esp., dont 4 Dianthus et 9 Silene. — 9. ALSINÉES : 6 esp. — 10. HYPÉ- RICACÉES : 3 Hypericum, — 11. GÉRANIACÉES : 2 Erodium. — 12. RU- TACÉES : 1. Haplophyllum. — 13. LÉGUMINEUSES : 44 esp., au nombre REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. A9 desquelles sont 4 Zrigonella, h Trifolium, 15 Astragalus, 3 Ebenus, T Ono- brychis. — 1h. ROSAGÉES : 5 esp. — 15. SALICARIÉES : 1 var. de Lythrum. — 46. OMBELLIFÈRES : 27 esp., dont 7 Bupleurum, 3 Peucedanum. —417. RUBIACÉES : 4 esp. — 18. VALÉRIANÉES : 4 Valerianella. — 19. DIPSA- CÉES : 4 esp. — 20. CORYMBIFÈRES : 26 esp., sur lesquelles on compte 5 Senecio, 6 Helichrysum, 8 Calendula. — 21. CYNARÉES : 10 esp., dont h Centaurea, 3 Cousinia. — 22. CICHORACÉES : 4 esp. — 23. CAMPANU- LACÉES : 2 esp. — 24. JASMINÉES : 1 Jasminum. — 25. GENTIANÉES : À Erythræa. — 26. ASCLÉPIADÉES : 1 Vincetoxicum. — 27. CONVOLVULA- CÉES : 4 Convolvulus. — 28. BORRAGINÉES : 6 esp., sur lesquelles 4 Papa- caryum. — 29. SCROFULARIACÉES : 11 esp., dont 5 Verbascum, 2 Linaria et 2 Veronica. Le 6* fascicule ne renferme pas de genre nouveau. La table du volume termine ce fascicule. On Combretum butyrosum, a new kind of Butter- tree from south-castezn Africa (Sur le Combretum butyro- sum, nouvelle espèce d'arbre à beurre de l'Afrique sud-est) ; par M. Caruel (Journ. of the Proceedings of the Linn. Soc., vol. IV, n° 16, 1860, pp. 167-169). Il y a quelques années que :M. Jos. Bertoloni, dans ses ///ustrations des plantes de Mozambique (Dissert. 1, p. 12, f. ^) a publié une note sur un beurre végétal qu'il avait recu de l'Afrique sud-est en méme temps que des échantillons de l'arbre qui produit cette matière. Le savant Italien a regardé cet arbre comme constituant un nouveau genre qu'il a nommé Sheadendron, parce qu'il a pensé que c'était le célèbre Shea de Mungo Park, et il a nommé l'espèce SA. butyrosum. M a même été d'avis qu'en raison de ses caractères vraiment remarquables, ce genre devrait probablement devenir le type d'une nouvelle famille qui pourrait être appelée Sea, et qui se placerait dans le voisinage des Myrtacées. M. Caruel fait observer que sur la planche publiée par M. Bertoloni, on voit que les ovules de l'ovaire infère ont été pris pour un ovaire libre, et qu'il y existe encore quelques autres inexactitudes. D’après lui, le Skeadendron butyrosum Bertol. est, comme il a pu le reconnaitre en étudiant des échantillons venus de M. J. Bertoloni lui-méme, une Combrétacée et méme un vrai Combretum, qui devient le C. butyrosum Car. Il ne diffère des Combretum que par son fruit aptère, caractère insuffisant, selon lui, pour déterminer l'établissement d'un nouveau genre, attendu que le genre Termi- nalia, dans la méme famille, réunit. des espèces à fruit ailé avec d'autres à fruit aptére. Les fleurs et le port général de cet arbre sont tout à fait ceux d'un Combretum. M donne une description détaillée de cette nouvelle espèce. Le beurre que produit le Combretum butyrosum est appelé chiquito par les T. VH. i 50 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Caffres, qui l'emploient communément pour la préparation de leurs aliments: Il forme aussi, sur la côte de Mozambique, un article de commerce. I est blanc, un peu dur, doué d'une odeur aromatique particulière. Il est composé de 25 parties d'oléine et 75 de margarine. M. Caruel ne croit pas que son Combretum butyrosum soit le Shea de Mungo Park. Ce dernier arbre diffère beaucoup des Combretum par ses feuilles et son fruit. Ce voyageur y voyait avec raison une Sapotacée; plus tard M. G. Don en a fait son Bassia Parit. Synopsis mcthodiea Lichenum omnium hucusque cognitorum præmissa introductione lingua gallica tractata: scripsit William Nylander (grand in-8°. Paris; 1° fascie. de 440 et Iv pag. et 4 pl. color., 4858; 2° fascic. de 290 pag. et 4 pl. color., 4860). Dans l’état actuel de la botanique, la publication d’un spécies complet soit des Phanérogames, soit surtout des Cryptoganes, est une œuvre à peu près impossible, et les monographies de genres, de familles où de classes deviennent les ouvrages à la fois les plus utiles et les plus étendus qu'on puisse espérer de l'activité des botauistes descripteurs les plus savants et en méme temps les plus laborieux ; aussi les auteurs de ces travaux méritent-ils toute la reconnaissance des amis de la science. A ce titre, M. Nylander a droit à toute la gratitude des cryptogamistes pour avoir eu le courage de mettre à exécution son projet d'une monographie complète de la classe des Lichens, objet à peu prés spécial de ses études depuis plusieurs années, et sur laquelle il avait déjà publié divers mémoires, soit particuliers, soit généraux, qui l'ont fait ranger au premier rang parmi les lichénographes de notre époque. — Son Synopsis methodica Lichenum omnium est un ouvrage considérable, soit parce qu'il doit renfermer l'histoire de tous les Lichens connus, soit parce que l'histoire de ces Cryptogames y est présentée appuyée sur les caractères que révèlent non-seulement un examen attentif à l'œil nu ou à la loupe, mais encore une étude approfondie faite ayec le secours de fortes amplifications du microscope composé. Jusqu'à ce jour, il en a paru un volume divisé en deux volumineux fascicules, et tout donne lieu de penser qu'un autre volume sera nécessaire pour lasuite et la fin de cet important ouvrage. Nous allons indiquer la marche suivie par le savant auteur dans la partie de son Synopsis qui a paru jusqu'a ce jour. Le premier fascicule est divisé en deux parties, l'une de généralités, l'autre descriptive. La première partie est formée principalement (81 pages) d'une in- troduction en francais, qui renferme l'histoire complète des Lichens considérés dans leur orgauisation, dans leur classification et dans leur distribution à la surface du globe. Elle comprend onze chapitres dont voici les sujets : 4. Défi- nition des Lichens. Les Lichens, dit M. Nylander, sont des plantes cellulaires REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 51 vivaces ; leurs fructifications sont portées sur un thalle pourvu de gonidies et possèdent un zymenium pénétré d'une substance gélatineuse amyloide. Deux caractères distinguent, en outre, ces Cryptogames : d'abord leur accroissement est lent et intermittent, car ils ne végétent que pendant les temps humides, et ils cessent de vivre en apparence si l'humidité leur fait défaut; en second lieu, la plupart se nourrissent exclusivement aux dépens de l'atmosphére. A ces ca- ractères il faut ajouter, pour les distinguer des Champignons avec lesquels ils ont une analogie marquée, celui de la coloration en bleu ou en rouge vineux que prend généralement leur hymenium sous l'action de l'iode. — 2. Parties constitutives des Lichens. Ce sont, à l'état complet : le halle, ou l'appareil nutritif et végétatif ; les apothécies, ou fruits thécasporés, c'est-à-dire l'appa- reil reproducteur femelle ; les spermogontes, qui paraissent représenter lap- pareil reproducteur mâle, Quant aux petites frucüfications clinosporées qu'on trouve quelquefois sur les thalles, et que M. Tulasne nomme pycnides, leur rôle et leur nature méme sont encore aujourd'hui fort obscurs. — 3. Thalle. Le thalle, ou appareil végétatif, considéré dans sa forme, se présente sous quatre états principaux : foliacé, fruticuleux, crustacé, c'est le plus fréquent, enfin hypophléode ou caché sous l'épiderme des arbres, ou bien entre les fibres du bois. Les thalles crustacés et hypophléodes peuvent étre iudéterminés, c'est- à-dire à contours vagues et mal définis, ou déterminés, à contours tranchés et bien circonscrits. Le thalle, considéré dans sa structure intime, est le plus souvent stratifié, plus rarement formé d'un tissu homogène ou sans stra- tification distincte. Dans le thalle stratifié ou régulier, on trouve trois (ou plus rarement quatre) couches ou systèmes d'éléments divers, que M. Nylander étudie dans autant de paragraphes distincts : une couche corticale, une couche gonidiale, une couche médullaire et assez souvent encore une couche hypo- thalline, qui constitue tantót un hypothalle, et tantót des rhizines ou fibrilles rhizoides. Quant aux thalles homogènes, on ne les rencontre que dans les Li- chens d'un ordre inférieur. — 4. Apothécies. Ces appareils se montrent tantôt en disque (ap. discoides), tantôt en noyau arrondi (ap. nucléiformes ou pyré- nocarpes). Elles résultent de la réunion de trois couches, savoir : l'AypotAé- cium ou perithécium ou conceplacle, qui correspond à l'hypothalle; 2° le thécium, analogue à la couche gonidio- médullaire du thalle, qui provient de l'assemblage des paraphyses et des théques; 3° l'epithécium correspondant à l'épithalle et au cortex. Ges trois éléments constitutifs sont étudiés par l'auteur avec détail dans trois paragraphes distincts, dont celui relatif aux thèques comprend naturellement un alinéa sur les spores contenues dans ces organes. — 5. Les Spermogonies constituent, dit M. Nylander, des appareils en gé- néral fort petits, arrondis ou oblongs, nucléiformes, logés quelquefois dans des tubercules particuliers, mais plus souvent encore immergés dans les couches superficielles du thalle et présentant à l'extérieur de petites élévations papil- laires ou de simples ostioles, tantôt de couleur noire ou brunâtre, et d'autres 52 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. fois dela méme couleur que le thalle lui-même. Elles se composent : d'une coque ou conceptacle analogue, sous tous les rapports, à celui des apothécies ; des stérigmates, cellules d’une nature particulière, généralement allongées, à parois minces, remplies d’un liquide incolore, qui naissent à la face interne du conceptacle, et qui sont dressés, simples ou un peu rameuxet alors ordinaire- ment composés; enfin des spermaties, produites et portées par les stérigmates, très petits corps constituant très probablement les organes mâles des Lichens, presque toujours aciculaires, plus rarement ellipsoïdes ou oblongs. Le concep- tacle, les stérigmates et les spermaties sont étudiés par l’auteur dans trois para- graphes spéciaux. — 6. Les pycnides, dans lesquelles M. Tulasne voit des appareils sporifères supplémentaires, ressemblent aux spermogonies par leur forme extérieure, leurs conceptacles et le mode d'insertion de leurs produits nommés s£ylospores; mais ces derniers sont moins copieux que les sperma- ties, surtout plus gros, utriculaires, à contenu, au moins en partie, huileux, de forme et de grandeur variables, enfin susceptibles de germer. — Le 7* cha- pitre est consacré à une récapitulation des éléments anatomiques des Li- chens. L'auteur y examine successivement en cinq paragraphes : les cellules du tissu cellulaire ; les cellules cylindriques ou tubuleuses, éléments filamenteux constitutifs du tissu médullaire, de l'hypothalle, etc. ; les gonidies avec leurs modifications qui les font distinguer en thallines ordinaires, hyméniales et en grains gonidiaux ; les granulations moléculaires ; les spores, stylospores et spermaties. — Le 8° chapitre traite des principes immédiats et des usages des Lichens. — Le 9* a pour sujet les caracteres spécifiques dans les Lichens. — Le 10° chapitre est relatif à la classification des Lichens. Il est à peu prés entiérement consacré à l'exposé de la classification que M. Nylander adopte pour cette classe des végétaux cryptogames. Nous croyons devoir en extraire le tableau de cette nouvelle classification, comprenant l'énumération de tous les genres. À côté du nom de ceux-ci nous mettrons, pour ceux dont l'histoire a déjà paru, le nombre des espèces qui s’y rattachent dans le Synopsis Li- chenum. La classe entière des Lichens est divisée par M. W. Nylander en 3 familles : les Collémacés, les Myriangiacés et les Lychénacés. Les Collémacés se distin- guent par leur facies, par leur couleur foncée mate, surtout par la structure de leur thalle qui est le plus souvent gélatineux, renfermant des granules goni- miques en chapelet ou épars, qui fort rarement a une texture celluleuse uni- forme. Ils se partagent en deux tribus bien déterminées et analogues à celles de la famille des Lichénés. Les Myriangiacés ne comprennent que 2 espéces de Myriangium. Ces Lichens rappellent les Collémacés par leur forme extérieure, leur facies et leur couleur ; mais leur tissu thallin et thalamial uniformément cellulaire et d'une consistance assez làche les rapproche davantage des Lichéna- cés ; leurs thèques sphéroïdales se groupent toujours irrégulièrement et se pla- cent parfois sur deux ou trois rangs superposés, — La famille des Lichéna- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 53 cés renferme tous les Lichens proprement dits. L'auteur la divise en 6 séries qui, à leur tour, sont subdivisées en 19 tribus. Ces séries sont les suivantes : 1.les Zpiconiodés, dont les spores sorties des thèques s'amassent comme une sorte de poussiére à la surface de l'hyménium, oü elles forment une couche plus ou moins épaisse, et dont la dispersion successive s'opère à l'aide de l'eau pluviale. 2. Les Cladoniodés, ou Lichens à thalle stipitiforme, ordinairement fruticuleux et muni de squamules ou folioles, à apothécies lécidéines et con- vexes. 3. Les Ramalodés, ou Lichens à thalle fruticuleux, comprimé ou cylin- drique (dépourvu de folioles ou squamules horizontales), à fruits le plus sou- vent lécanorins et plats. 4. Les Phyllodés, ou Lichens à thalle foliacé, à apothécies généralement lécanorines et à arthrostérigmates. 5. Les P/acodés, ou Lichens à thalle crustacé, rarement pelté, à apothécies lécanorines, léci- déines ou lirelliformes. 6. Les Pyrénodés, ou Lichens à thalle pelté, ou le plus souvent crustacé, quelquefois nul, à apothécies pyrénocarpes, ou immergées dans le thalle, ou plus ou moins dénudées. Voici maintenant le tableau complet des genres de Lichens disposés d'aprés la classification dont on vient de voir les bases. Familia I. COLLEMACEI. Tribus Z. Lichinei. 4. Gonionema Nyl. (4 spec. ). — 2. Spilonema Bornet (4 sp.). — 3. Ephebe Fr., Born. (3 sp.). — h. Li- china Ag. (2 sp.). — 5. Pterygium Nyl. (2 sp.). — Tribus /7. Collemei. — 6. Synalissa DR (8sp.). — 7. Pyrenopsis Nyl. (3 sp.). — 8. Paulia Fée (1 sp.). — 9. Omphalaria DR. et Mnt. (8 sp.). — 10. Collema Ach. (41 sp.). — 41. Leptogium Fr. (36 sp.). — 12. Hydrothyria Russ. (1 sp.). — 13. Obryzum Wallr. (1 sp.). — 14. Phylliscum Nyl. (2 sp.). — 15. Heterina Nyl. (1 sp.). Familia II. MYRIANGEACEI. Tribus 7. Myriangei — 16. Myriangium Mnt. et Berk. (2 sp.). Familia III. LICHENACEI. Series 1*. Epiconiodei. Tribus Z. Caliciei. — 17. Sphinctrina Fr. (A sp.). — 18. Calicium Ach. (23 sp.). — 19. Coniocybe Ach. (4 sp.). — 20. Trachylia Fr. (7 sp.). — 21. Pyrgillus Nyl. (2 sp.). — Tribus //. Spherophorei. — 22. Sphærophoron Pers. (^ sp.). — 23. Acros- cyphus Lév. (4 sp.). Series 2", Cladoniodei. Tribus ///. Bæomycei. — 2h. Gomphillus Nyl. (1 sp.). — 25. Bæomyces Pers. (15 sp.) — 26. Glossodium Nyl. (1 sp.). — 27. Thysanothecium Berk. et Mnt. (2 sp.). — Tribus ZV. Cladoniei. — 28. Cladonia Hffm. (53 sp.). — 29. Pilophoron Tuck. (3 sp.). — Tribus V. Ste- reocaulei. — 30. Stereocaulon Schreb. (26 sp.). — 31. Argopsis Th. Fr. (4 sp.). — 32. Ozocladium Mnt. (4 sp.). Series 3*. Ramalodei. — Tribus V/. Roccellei. —33. Combea DN. (1 sp.). — 34. Roccella DC. (6 sp.). — Tribus V//. Siphulei. — 35. Siphula Fr. (6 sp.).— 36. Thamnolia Ach. (3 sp.). — Tribus VZZI. Usneei.— 37. Usnea Hffm. (7 sp.). — 38. Neuropogon Nees et Flot. (2 sp.). — 39. Chlorea Nyl. (6 sp.) — Tribus ZX. Aamaltnei. — 40. Alectoria Ach. (8 sp.). — 41. 5A SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Evernia Ach. (3 sp.). — 42. Dactylina Nyl. (4 sp.). — 43. Dufourea. Ach. pr. p. (4 sp.). — A^. Ramalina Ach. (14 sp.). — Tribus X. Cetrariei. — h5. Cetraria Ach. (4 sp.). — 46. Platysma Hffm. (24 sp.). Series h°. Phyllodei.— Tribus X7. Peltigerei. —Subtrib. 1. Nephromet. — 47 Nephroma Ach. pr. p. (4 sp.). — 48. Nephromium Nyl. (7 sp.). — Subtrib. 2. Pe/tidei. — h9. Peltigera Hffm. (8 sp.). — Subtrib. 3. So/oriner. — 50. Solorina Ach. (5 sp.) — Tribus X//. Parmeliei. — Subtrib. 1. Stictei. — 51. Stictina Nyl. (28 sp.). — 52. Sticta. Ach. pr. p. (24. sp.). — 53. Ricasolia DN. (15 sp.). — Subtrib. 2. /mbricariei. — 5h. Everniopsis Nyl. (4 sp.). — 55. Parmelia Ach. (46 sp.). — Subtrib. 3. PAysciei. — 56. Physcia Nyl. (36 sp.). — Ici se termine la portion publiée jusqu'à ce jour. — "Tribus X//I. Gyrophorei. — 51. Umbilicaria Hffm. — Tribus X/V. Pyxi- nei. — 58, Pixine Fr. Series 5*. Pláeodei. — Tribus XV. Lecanorei. — 59. Psoroma Fr. — 60. Pannaria Del. — 64, Coccocarpia Pers. — 62. Erioderma Fée. — 63. Heppia Næg. — 64. Cora Fr. — 65. Dichonema Nees. — 66. Amphiloma Fr. — 67. Squamaria DC. — 68. Placodium DC. — 69. Lecanora Ach. — 70. Glypholecia Nyl. — 71. Peltula Nyl. — 72. Dermatiscum Nyl. — 73. Urceolaria Ach. — 74. Dirina Fr. — 75. Pertusaria DC. — 76. Varicellaria Nyl. — 77. Phlyctis Wallr. — 78. Thelotrema Ach. — 79. Ascidium Fée. — 80. Gymnotrema Nyl. — 81. Belonia Krb. — Tribus XV/. Lecideinei. — .82. Cœnogonium Ehrnb. — 83. Byssocaulon Mnt. — 84. Lecidea Ach. — 85. Gyrothecium Nyl. — 86. Odontotrema Nyl. — 87. Ici se trouve, dans le tableau synoptique de la classification, le genre Gomphillus Nyl., qui a été reporté ensuite par l'auteur à la 2* série des Lichénacées, sous le n^ 24. Tribus XVII. — Xylographidei. — 88. Lithographa Nyl. — 89. Xylogra- pha Fr. — 90. Agyrium Fr. — Tribus XV/IJ. Graphidei. — 91. Graphis Ach. — 92. Thelographis Nyl. — 93. Helminthocarpon Fée. — 94. Leuco- grapha Nyl. — 95. Opegrapha Ach. — 96. Platygrapha Nyl. — 97. Stigma- tidium Mey. — 98. Arthonia Ach. — 99. Melaspilea Nyl. — 100. Lecanactis Eschw. — 101. Schizographa Nyl. — 102. Pseudographis Nyl. — 403. Gly- phis Ach. — 104. Chiodecton Ach. — 105 Mycoporum Flot. Series 6*. Pyrenodei. — Tribus XZY. Pyrenocarpei. — 106. Thelo- carpon Nyl.— 107. Normandina Nyl.— 108. Endocarpon Hedw.—109. Ver- rucaria Pers. — 110. Limboria Fr. — 111. Thelenella Nyl. — 112. Endo- coccus Nyl.— 115. Thelopsis Nyl. — 114. Strigula Fr. — 115. Sarcopyrenia Nyl. — 116. Melanotheca Fée, — 117. Trypethelium Ach. — 418. Astro- thelium Eschw. Le 11° chapitre de l'Introduction du Synopsis traite de la Distribution géographique des Lichens. Après cette importante introduction vient le corps de l'ouvrage écrit entière- ment en latin. Le tableau précédent de la classification montre la partie de la REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 55 classe des Lichens qui est traitée dans les deux fascicules publiés jusqu’à ce jour, ainsi que le nombre des espèces qui y figurent pour chaque genre. Chacune de ces espèces est représentée par une synonymie étendue, par une diagnose dé- veloppée, par l'indication de sa distribution géographique et le plus souvent par des observations. Un grand nombre de figures analytiques gravées avec soin et coloriées d'aprés les dessins de M. Nylander, occupent 8 planches qui accompagnent les 2 fascicules publiés. Elles forment une illustration détaillée de tous les genres décrits et souvent de plusieurs espèces dans un méme genre. L'explication des quatre premières planches se trouve à la fin du premier fascicule ; celle des quatre autres vient à la suite des espèces auxquelles se rapportent les figures. BOTANIQUE GÉOGRAPHIQUE ET GÉOLOGIQUE. z Ueber den Einfluss der Pflanzen auf felsige Unterlá- &en (De l'influence qu'exercent les plantes sur les roches qui lés suppor- tent) i par M. H.-R. Goeppert (Flora, n° 11 dé 1860, 21 mars, pp. 161- 171). Les observations, dont les résultats sont consignés dans ce mémoire du savant professeur de Breslau, ont été faites en 1858 sur le Schneeberg, mon- tagne située non loin de Landeck, dans le comté de Glatz, à la limite de ce comté, de la Moravie et de la Bohème, dont la sommité presque arrondie, large et longue d'environ 4 kilomètre, est entièrement couverte de végétation et s'élève à 4560 pieds (1436 mètres) au-dessus du niveau de la mer. La vé- gétation arborescente n'arrive pas jusqu'à ce niveau, et c'est seulement sur les pentes de la montagne qu'on trouve épars des Pinus Abies L., dont la tige proprement dite est courte, tandis que leurs branches s'étendent beaucoup en s'étalant, et, se trouvant constamment plongées dans une masse de Mousses et de Lichens, s'enracinent de manière à donner ensuite des sortes de tiges se- condaires qui entourent la première en cercle plus ou moins large: — La sommité du Schneeberg n'atteignant qu'une hauteur moyenne, sa végétation consiste en un mélange de végétaux cryptogames et phanérogames. Les rochers de cette montagne, formés de micaschiste et de gneiss, sont couverts de Li- chens et de Mousses. Les Lichens s'y sont. partout. attachés les premiers ; plus tard sont venues les Mousses qui ont insinué leurs racines dans les fissures de la pierre et qui, se décomposant ensuite elles-mêmes en humus, ont fourni aux Phanérogames les moyens d'y végéter, succession analogue à celle qu'on ob- serve sur les toits où le Lecanora saxicola, le Grimmia pulvinata préparent la place pour le Poa compresso, Vrysimum hieracifolium, etc. — Sur les rochers domine l’/mbricaria saxatilis, sous lequel la surface du roc se montre 56 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. constamment décomposée, de sorte qu'on en enlève toujours des fragments lorsqu'on arrache des plaques du Lichen. 1l en est de même sous les Zmbri- carta stygia et encausta, sous le Gyrophora cylindrica et le Sphærophoron fragile. Sur le gneiss, qui est très résistant, les lobes délicats du Biatora po- lytropa dendritica se trouvent dans de petites dépressions qui correspondent parfaitement à leur configuration; il en est de même pour le Ramalina tinc- toria. — Dans le Riesengebirge, on voit fréquemment la surface du granit tellement décomposée que les grains de quartz n'en sont maintenus à leur place que par les croütes minces des Lecidea. M. Goeppert a vu, sous des Mousses délicates, attachées immédiatement au roc (particulièrement au micaschiste), celui-ci désagrégé à ce point que chaque radicelle s'était fixée à une lamelle de mica. Plusieurs Phanérogames lui ont offert des faits analogues ; c'est ainsi qu'il a vu les racines du Juncus trifidus enfoncées de 10 centimètres au moins dans le micaschiste désagrégé, de telle sorte qu'il pense que l'accroissement des racines a suivi pas à pas la désagrégation dela roche. — En Norwége, l'auteur a vu constamment le gneiss décomposé plus ou moins profondément sous les larges plaques des Lichens et des Mousses qui y montraient une végé- tation luxuriante ; il a observé, sur les roches moutonnées de ces contrées, à cóté des places désagrégées, que couvraient des Lichens, des places encore dé- pourvues de cette végétation superficielle qui avaient conservé toute leur cohé- sion. — Des roches plus dures et moins altérables que le granit, le gneiss et le micaschiste, se montrent également décomposées quand elles sont recouvertes de Lichens et de Mousses. M. Goeppert cite comme exemple le Gabbro qu'il a vu, sur le Zobten, assez dur pour résister au couteau sur les points restés nus, tandis que sur des points adjacents qu'avaient envahis, entre autres, le Leca- nora atra et le Acarospora smaragdula Massal. , le méme instrument le rédui- sait sans peine à une matière blanchâtre, jusqu'à 6-9 millimètres de profondeur. On a fait ailleurs des observations analogues relativement à l'action que les Cryptogames exercent sur les roches calcaires ; c'est ainsi, par exemple, qu'on a vu les Ürceolaria s'enfoncer de plus en plus dans leur substance. — Le sa- vant Allemand attribue cette action subie par les roches à l'eau, non pas pure, mais chargée d'acide carbonique. Ce liquide dissout l'acide silicique et attaque le feldspath, dont la présence est constante dans le granit, le gneiss et le mi- caschiste, ce qui détermine la désagrégation des roches les plus consistantes. . Vraisemblablement, dit-il, l'influence de l'eau, de l'oxygene et de l'acide car- bonique détruit l'union du silicate d'alumine avec le silicate de potasse. Ce dernier prend au premier une portion de son acide silicique et se change ainsi en quadrisilicate de potasse, que l'eau dissout, de telle sorte que les racines des plantes peuvent l'absorber ; le silicate d'alumine, devenu par là plus pauvre en silice, absorbe de l'eau, devient du silicate d'alumine doublement hydraté, c'est-à-dire du kaolin. La modification du feldspath en kaolin s'opére, comme on sait, sur une grande échelle dans la nature, et peut méme pénétrer dans la REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 57 roche jusqu'a 100 pieds de profondeur, comme à Rio-Janeiro. — Toutefois, en faisant intervenir la végétation dans la décomposition des roches, M. Goep- pert est loin de contester que les agents atmosphériques, les changements de température, etc., y contribuent encore puissamment. En somme, les Lichens sont les premiers végétaux qui s'attachent aux ro- chers. Après eux viennent les Mousses, particulièrement celles qui forment des touffes convexes ou hémisphériques, telles que les Phascum, Cynodontium, Leucotrichum, Gymnostomum, Mnium, Polytrichum, Weissia, Dicranum, Bartramia, Trichostomum, Grimmia, surtout les Sphagnum qui retiennent beaucoup d'eau, que l'on voit fréquemment sur les rochers et dont la tige se décompose, dans sa partie inférieure, en terreau. Ces Cryptogames, vrais pionniers de la végétation des montagnes,sont suivies de nombreuses Phané- rogames plus ou moins gazonnantes, dont les racines et les tiges, en se décom- posant, augmentent la masse du terreau, comme les Rhododendron, Azalca, Saules alpins, espèces montagnardes de Valeriana, Artemisia, Gnaphalium, Senecio, Hieracium, Aretia, Primula, Astragalus, Sedum, Sempervivum, Alchemilla, Potentilla, Geum, Dryas, Alyssum, Sieberia, Cherleria, Ce- rastium, etc., surtout Saxifraga. Mais le terreau ainsi formé ne s'amasse pas sur les hautes montagnes; les météores, les torrents l’entraînent dans les val- lées et les bassins, où les cours d'eau le répandent en alluvions sur lesquelles la végétation ne tarde pas à s'établir et à prospérer. Un court post-scriptum, ajouté au mémoire de M. Goeppert, a pour objet de dire que, dans son travail récent sur le Lecanora ventosa, etc., publié dans les Denkschriften de l'Académie des sciences de Vienne, 4° vol., M. G. Wilh. Gümbel (de Munich) représente également les Lichens comme préparant la place pour la végétation plus élevée, et comme déterminant la désagrégation ainsi que l'altération des roches. Observations on the Growth and Time of Appearance of some of the Marine Algæ, etc. (Observations sur la végé- tation et sur l'époque de l'apparition de quelques Algues marines) ; par M. J. Cocks (Journal of the Proceedings of the Linn. Society, vol. IV, n? 15, 1859, pp. 101-105). Les observations de M. Cocks ont été faites sur les côtes de l'Irlande. En 1855, il a commencé la publication de fascicules d'Algues pour la préparation desquels il a été obligé, depuis cette époque, de revoir très fréquemment les mêmes localités, afin de se procurer au moins 700 échantillons d'un grand nombre d'especes ; il a été conduit ainsi à reconnaître une trés grande diffé- rence entre ces Thalassiophytes et les plantes marines, quant àleur végétation età l'époque à laquelle on les rencontre. Il a ainsi constaté que beaucoup d'espéces qu'il avait trouvées dans certaines localités, ne s'y montraient plus du 58 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tout, ou disparaissaient de là pendant quelques années et allaient apparaître dans des endroits différents et tout à fait nouveaux; qu'un très petit nombre seulement s'offraient toujours uniquement sur les points où il les avait d'abord observées ; parmi celles-ci est le Griffithsia secundiflora, dont il n'a cepen- dant jamais trouvé un échantillon en fruit. — En 184/4 et 1845, M. Cocks ré- colta quelques beaux échantillons de Callithamnion roseum; depuis cette époque, il n'a plus eu le méme bonheur; mais, au printemps de 1858, il en a vu apparaitre une curieuse variété qu'il n'avait jamais vue auparavant, et qui s'est montrée fort abondante en plusieurs localités. En 1849, il rencon- tra une variété du Callithamnion pedicellatum croissant en trés grande quantité sur un point d’où elle a plus récemment disparu tout à fait. La méme année, il trouva, avec M. Hore, plusieurs pieds de l'espèce trés rare nommée Carpomitra Cabreræ ; depuis cette époque, on n'en a plus rencontré un seul pied, au point que M. Harvey a regardé cette Algue comme ayant été apportée là par des courants ; cependant l'auteur et M. Hore l'ont revue sdr le méme point et dans une autre localité. — La note de M. Cocks renferme en- core l'indication de quelques autres espèces qui ont présenté des particularités analogues. Cet algologue conclut que, d’après ses observations, la végétation et les époques d'apparition et de réapparition des Algues marines he présentent pas la régularité qu'on remarque, sous ce rapport, dans les plantes qui viennent à l'air et sur terre. En terminant, le botaniste anglais rapporte un fait assez cutieux. Pendant les trois ou quatre dernières années il à reconnu, en différentes localités, que les Fucus serratus et vesiculosus marchent graduellement, sur le rivage, vers la limite à laquelle l'eau s'arréte à marée basse ; au contraire, les Laminaria, qui viennent dans les endroits oti il v a une grande profondeur d'eau, se soht notablement avancés vers le bord de la mer et on les obsérve aujourd'hiti sur des points où il y a assez peu d'eau. Ces deux faits lui paraissent nouveaux. | BOTANIQUE APPLIQUÉE. Uchersiehten zum Studium der systematisehen wind angewandten, besonders der medizinisch-pharma- zeutischen Botanik (Tableaux pour l'étude de la botanique systé- matique et. appliquée particulièrement médico-pharmaceutique ) ; par 2 M. Adalb. Schnizlein (in-8° de 96 pages. Erlangen, 1860. Chez J.-J. Palm et Ernst Enke). Ce petit ouvrage est spécialement destiné à faciliter les leçons et répétitions relatives à la botanique systématique et appliquée. C’est l'impression des notes dont M. Schnizlein se sert lui-même pour ses cours. On concoit dès lors que REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 59 la rédaction en soit extrêmement concise et se réduise uniquement à des ana- lyses dichotomiques, et à des indications succinctes des espèces utiles ainsi que de leurs propriétés. Dans une préface de 5 pages, l'auteur expose d'abord le but qu'il s'est pro- posé en publiant son livre et la manière dont celui-ci présente, dans les divisions et subdivisions successives de la méthode naturelle, les caractères essentielle - ment distinctifs des familles. Il dit comment il a dû se borner dans le choix qu'il a fait des espèces, ne voulant faire qu'un simple compendium, et non un traité général. —Il présente ensuite, dans une introduction de A pages, la défini- tion de l'espèce, du genre et de la famille, les différences qui existent entre système et méthode, un aperçu rapide de l'histoire de celle-ci, enfin le tableau des arrangements des familles en un ensemble méthodique que nous devons à A.-L. de Jussieu, à De Candolle et à lui-même. Ce dernier arrangement con- siste à diviser le régne végétal entier en 5 grandes divisions et 10 classes. Les 5 grandes divisions sont celles: I. des Dycotylés subdivisés en 1. Eleuthéro- pétales (ou polypétales), 2. Sympétales (ou monopétales), 3. Apétales (ou mo- nochlamydés); IL des Monocotylés formant la classe ^ des Ternaric ou Ter- naires ; HI. des Arphocotylés ne comprenant que la 5° classe ou les Gym- nospermes. Ces trois grandes divisions constituent l'embranchement des PHANÉROGAMES. Celui des CRYPTOGAMES réunit 2 grandes divisions : IV. les Vasculaires, c'est-à-dire la 6° classe ou les Phyllospores, et V, les Cellulaires subdivisés en / classes de la manière suivante: 7° classe, Thécasporées (ou Mousses) ; 8° classe, Thallosporées (ou Algues) ; 9° classe, Ascosporées (com- prenant une partie des Champignons et les Lichens) ; 10* classe, Acrosporées, daus laquelle rentrent le reste des Champignons. — M. Schnizlein donne ensuite la liste des 50 ordres, correspondant, pour la plupart, aux classes d'Endlicher, dans lesquels il fait rentrer toutes les familles des Phanérogames. Dans le corps de son ouvrage, on trouve d'abord une clef analytique, par divisions dichotomiques, qui conduit aux ordres des Phanérogames; une se- conde série de clefs analytiques permet de déterminer les familles, dans cha- cune desquelles on trouve les espèces utiles indiquées, chacune en un alinéa distinct, par son nom suivi de la citation des localités où elle croît, de son produit ou de sa partie utile, des propriétés qui distinguent celle-ci, enfin du principe auquel sont dues ces propriétés, toutes les fois que la chimie est parvenue à l'isoler. Des indications typographiques particulières distinguent trois catégories de plantes usuelles : les espèces qui figurent dans la troisième et dernière édition de la Pharmacopée bavaroise sont distinguées par leur nom imprimé en lettres grasses ; celles qui, sans figurer dans cet ouvrage, sont gé- néralement regardées comme officinales, ont leur nom imprimé en lettres espacées qui remplacent les italiques dans la typographie allemande, enfin celles dont le nom est imprimé en caractères romains ordinaires sont ou peu em- ployées ou d'un usage simplement populaire, ou enfin sans usages connus. 60 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. A la fin de ce petit ouvrage, on trouve : 1? l'explication de toutes les expres- sions employées pour désigner l'action médicinale des plantes ; 2° une table alphabétique des noms de familles, de genres, d'espèces, de noms vulgaires et de produits ; aprés cette table se trouve une courte liste de rectifications ou de changements à faire dans le texte. MÉLANGES. Notice sur Charles Morren; par M. Ed. Morren (broch. gr. in-18 de 89 pages avec un portrait gravé, et 2° édit. en broch. gr. in-8° de 66 et 12 pages. Bruxelles et Gand, 1860). Cette notice sur Charles Morren, écrite par son fils, a été publiée d'abord dans la Belgique horticole, dont elle a occupé une livraison spéciale ; elle a été aussi, sans doute en méme temps, imprimée en petit format ; enfin elle a paru également en brochure grand in-8°, à laquelle ont été jointes quelques parties supplémentaires et qui a été qualifiée de deuxième édition. Le célèbre botaniste belge, dont la vie est rapportée en détail dans cet écrit, n'ayant été encore l'objet que d'une notice trés courte dans ce Bulletin, nous croyons devoir résumer succinctement sa biographie. Charles-Francois-Antoine Morren naquit à Gand le 3 mars 1807. Sa fa- mille est originaire d'Irlande, d’où elle émigra en partie pendant les troubles du règne de Henri VIIT. Il commença ses études à Bruxelles sous la direction de M. Van Brabant, ecclésiastique instruit, aprés quoi il entra à l'Athénée royal. Il y fit des progres rapides dans la connaissance des belles-lettres et des sciences, et il en sortit le 14 aoüt 1825, aprés un brillant examen. Cette méme année il se rendit à Gand, où il suivit, à l'Université, les cours de sciences, de philosophie et de médecine. Van Breda, dont il futun des meilleurs élèves, devint, dès cet instant, son ami et son protecteur. Le 1°" août 1826, le jeune Morren obtint le diplóme de candidat en sciences mathématiques et en philosophie naturelle, et le 2 octobre suivant, n'ayant encore que dix-neuf ans, il obtint le prix dans un concours ouvert par la Faculté des sciences, gráce à un travail important sur l'histoire naturelle et l'anatomie du Lombric, travail qui parut en 1829 avec 52 planches gravées. Cette méme année 1829, il fut recu doc- teur en philosophie naturelle et en sciences mathématiques, aprés avoir obtenu, chacune des deux années précédentes, un nouveau prix académique. — Tant et de si beaux succès obtenus de si bonne heure valurent à Ch. Morren l'appui du gouvernement, qui lui donna les moyens d'exécuter plusieurs voyages scientifiques. Celui qu'il fit à Paris au commencement de l'année 1830 lui permit de suivre les cours de nos plus éminents professeurs et d'établir des relations suivies avec plusieurs d'entre eux, particulièrement avec G. Cuvier. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 61 Cette méme année, l'érection de la Belgique en état distinct et séparé ayant privé la plupart des universités de ce pays de leurs professeurs, qui suivirent le gouvernement hollandais, Ch. Morren fut chargé de remplacer Van Breda pour l'enseignement de la géologie, dela zoologie et de l'anatomie comparée à Gand. Mais un arrété, rendu deux mois plus tard, supprima cette chaire ainsi que la Faculté des sciences dont elle faisait partie, et il fut nommé presque aussitót professeur de physique à l'école industrielle de la méme ville. — Frappés de l'oubli dans lequel le gouvernement belge avait laissé l'enseigne- ment de l’histoire naturelle, trois jeunes gens, Mareska, Jacquemyns et Ch. Morren résolurent de combler cette lacune, et se constituèrent en faculté libre des sciences; ce dernier était alors âgé de vingt-trois ans. — Au mois de mai 1833, l'école industrielle fut réunie momentanément à l'université de Gand ; quoique cette réunion cessât bientôt, notre naturaliste n'en resta pas moins attaché à l'université en qualité de professeur de physique. — Le 4 juin 1833, il épousa mademoiselle Verrassel, femme distinguée, qui s'associa aux travaux de son mari en faisant pour lui des traductions et des figures de plantes, Aprés son mariage, Ch. Morren reprit avec plus d'assiduité encore qu'auparavant ses travaux scientifiques et méme ses études classiques, qu'il avait interrompues par suite des événements politiques et des changements qui s'étaient opérés dans sa vie domestique. Le 11 août 1834, il subit avec distinction l'examen de candidat en médecine, et le 10 juillet 1835, le sénat académique de l'université de Gand le proclama docteur en médecine, Aonoris causa, en le dispensant des derniers examens. — C'est à cette époque de sa vie que ses travaux, qui jusqu'alors avaient porté sur les diverses branches de l'histoire naturelle, commencèrent à se diriger plus particuliérement vers la bota- nique. Le climat de Gand ayant altéré sa santé, il demanda un changement de résidence, et, le 5 décembre 1835, il obtint d’être chargé del'enseignementdela botanique à l'université de Liége en qualité de professeur extraordinaire. Cette nomination acheva de fixer la direction de ses études. Enfin, le 5 aoüt 1857, il fut promu aux fonctions de professeur ordinaire de botanique à la méme université. Il a marqué son passage à l'université de Liége par la création d'un musée de botanique, auquel il n'a cessé de donner les soins les plus assidus, et par le changement du Jardin des plantes, dont il obtint la translation dans un terrain plus convenable et beaucoup plus vaste que celui où se trouvait l'an- cien. — Nommé, le 17 janvier 1835, membre correspondant de l'Académie royale de Bruxelles, il en devint membre effectif le 7 mai 1838. A partir de cette époque, et pendant vingt années, il a enrichi les publications de ce corps savant d'un nombre cousidérable de communications de diverses natures. Dés lors aussi il exécuta plusieurs voyages scientifiques dans les différentes parties de l'Europe, et se mit ainsi en rapport avec les botanistes les plus célèbres de notre époque. — En 1842, une chaire d'économie rurale et d'agriculture ayant été créée à l'université de Liége, Ch. Morren fut chargé de ce nouvel enseigne- 62 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ment. Le succès qu'il y obtint détermina une nouvelle modification dans la direction de ses travaux qui se portèrent dès lors de plus en plus vers la cul- ture ; aussi fonda-t-il successivement plusieurs publications périodiques agri- coles et surtout horticoles, dont les plus connues sont : le Journal d’ Agricul- ture pratique du royaume de Belgique, les Annales de la Société royale de botanique et d'agriculture de Gand, et la Belgique horticole. Yusqu'alors le savant botaniste belge avait marché de succès en succès; il avait donné à la science un nombre surprenant d'écrits qui décèlent en lui autant d'activité que de facilité au travail ; il était dans la force de l’âge, et tout semblait lui prédire encore une longue et brillante carrière; mais, dès l'année 1855, sa santé subit une profonde altération ; ses facultés intellectuelles s’affaiblirent, et, dès cet instant, le mal fit en lui des progrès rapides. Sa puissante organi- sation résista pendant quelques années ; mais elle finit par céder à de si vio- lentes atteintes, et il succomba, le 17 décembre 1858, à l’âge de cinquante et un ans. Les deux premières parties de la biographie que nous venons de résumer font connaitre Ch. Morren dans les détails de sa vie et dans les diverses phases de sa carrière scientifique ; dans la troisième, l'auteur le considère dans ses œuvres, L'histoire intime de la vie de cet homme distingué prouve, dit-il, qu'il était tout à la fois savant, littérateur et artiste. C'est seulement au pre- mier point de vue que nous devons l'envisager. — Ch. Morren s'occupa d'abord de paléontologie; il fit, sous ce rapport, plusieurs découvertes heureuses, et trouva daus ses études la matière de quelques mémoires importants. Il trans- porta ensuite son activité peu commune sur le domaine de la zoologie, et il ne cessa plus de consacrer une partie de son temps à cette science, méme quand il fut devenu à peu près exclusivement botaniste. Ses deux principaux travaux ont eu pour sujet le Lombric et un Puceron. En botanique, les branches qu'il cultiva principalement furent la physiologie, l'anatomie et la tératologie. Ses expériences sur les rapports de la lumière avec les végétaux, sa thèse contre la génération équivoque et spontanée, et ses recherches sur la rubéfac- tion des eaux, poursuivies en collaboration avec M. Auguste Morren, sont ses principaux écrits dans le champ de la physiologie végétale. On lui doit plusieurs travaux moitié physiologiques moitié anatomiques sur la motilité des organes floraux ; ceux de ses écrits qui sont essentiellement anatomiques ont enrichi le Bulletin de l'Académie de Bruxelles, et ont été réunis en plusieurs recueils sous les titres de Dodonæa, Fuchsia, Lobelia, Clusia, etc. La botanique descriptive lui doit aussi plusieurs travaux dont les principaux ont été faits en collaboration avec M. Decaisne, et ont été publiés dans les Annales des sciences naturelles. Enfin la tératologie végétale l'occupa presque exclusivement pen- dant les dernieres années de sa vie. La découverte de la fécondation artificielle du Vanillier est encore regardée par M. Ed. Morren comme un des faits les plus saillants de la carriére de son pere. « Il ne faut pas se méprendre, dit- il REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 63 en terminant un aperçu rapide des travaux de celui dont il trace la biographie, sur la prodigieuse fécondité de la carrière dont nous venons de ne retracer que les faits les plus importants. Au-dessus de cette quantité de notices, de mé- moires, de recherches, etc., on reconnaît quelques grandes pensées qui les dominent, qui permettent de les grouper en plusieurs catégories distinctes. Ce sont : les conditions du développement étudiées dans les organismes inférieurs, des recherches d'anatomie végétale, l'étude spéciale des mouvements insolites que présentent certains organes ; la connaissance des lois qui régissent la morphologie végétale et enfin l'histoire naturelle générale de la Vanille. » La biographie de Ch. Morren se termine par l'indication des écrits dus à ce savant, rangés par ordre chronologique. Le nombre en est extrémement considérable, puisqu'il s'éléve à 255, dont le dernier porte la date de l'année 1854. NOUVELLES. — Les lecteurs de ce Bulletin savent probablement que, à la date de quel- ques mois, toutes les Sociétés d'horticulture qui existent. en Belgique se sont réunies en une vaste association qui a recu la qualification de Fédération des Sociétés d'Horticulture de Belgique, association qui, tout en établissant entre elles des rapports directs et un lien commun, laisse néanmoins à chacune son indépendance et son autonomie. La fédération horticole belge vient de publier le programme des questions qu'elle propose pour le concours de 1860-1861 et pour lesquelles il pourra étre décerné plusieurs prix de la valeur de 100 à 500 francs. La plupart de ces questions, au nombre de cinq, inté- ressant plus ou moins directement les botanistes, nous croyons devoir en re- produire l'énoncé, ainsi que les conditions du concours. 1'* question. — Écrire l'histoire et la monographie botanique et horticole d'un groupe naturel (genre ou famille) de plantes, assez généralement cultivé en Belgique. — Le choix du groupe est laissé aux concurrents. 2* question. — De l'influence du sujet sur la greffe et réciproquement. 3° question. — Donner l'histoire naturelle et horticole des animaux nui- sibles que l'on rencontre dans les serres, tels que les Fourmis, Pucerons, Acares, etc. , et discuter les moyens proposés pour les détruire ou pour remé- dier à leurs ravages. 4° question. — Décrire les maladies auxquelles le Sapin est exposé en Bel- gique, principalement celles qui sont provoquées par les Insectes ou par les Cryptogames, et faire connaitre les meilleurs moyens pour les combattre. 5° question. — Déterminer, par un bon exposé et une discussion som- Maire des faits connus, l'état actuel de nos connaissances sur les rapports de l'azote à l'état simple ou de combinaison avec la végétation. Dispositions réglementaires. — Des prix d'une valeur de 100 à 500 fr., 64 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. consistant en médailles ou en une somme d'argent, sont affectés à chacune des questions du concours. — Les réponses aux questions seront jugées par une commission de trois membres nommés par le comité directeur de la Fédé- ration. — Ne sont admis pour le concours que les ouvrages et planches ma- nuscrits, — Les auteurs des réponses aux questions du concours ne mettent pas leurs noms à ces ouvrages, mais seulement une devise qu'ils répètent dans un billet cacheté, renfermant leur nom et leur adresse. Ceux qui se font con- naître de quelque manière que ce soit, ainsi que ceux dont les mémoires sont remis aprés le temps prescrit, sont exclus du concours. Les réponses doivent étre écrites lisiblement, en francais ou en flamand ; elles deviennent, par le fait de leur envoi, la propriété de la Fédération et restent déposées dans les ar- chives; toutefois, les auteurs ont droit gratuitement à 100 exemplaires de leur travail, quand l'impression en a été votée par l'assemblée générale. Les mémoires doivent étre adressés francs de port, avant le 15 aoüt 1861, à M. A. Royer, président de la Fédération, à Namur, ou à M. Ed. Morren, secrétaire, à Liége. — Le Gardeners’ Chronicle du 3 mars 1860 annonce que M. Hooker fils et M. Bentham s'occupent en commun de la rédaction d'un nouveau Genera plantarum. Cet important ouvrage, dont tous les botanistes apprécieront la haute utilité, doit étre écrit en latin et rédigé tout autrement que ne l'a été celui d'Endlicher. En effet, selon le méme journal, les deux savants auteurs revoient par eux-mêmes les caractères des genres, au lieu de se contenter de les reproduire d’après les auteurs; en outre, la simplicité du plan sur lequel leur Genera est disposé le rendra facilement intelligible à tous ceux qui possèdent les éléments de la science. Nous ne saurions trop appeler de nos vœux la publication d'un semblable travail. — Dans le numéro de ce Zulletin qui renferme les travaux de la session extraordinaire tenue à Bordeaux en 1859 (t. VI, p. 696), nous avons annoncé que le conseil municipal de la ville de Metz venait de décider, à deux voix de majorité, la destruction du jardin botanique de cette ville, dont il se proposait d'offrir le terrain à l'administration des finances pour l'établissement d'un en- trepôt de tabac !..... Nous apprenons que tout danger à cet égard a momen- tanément disparu. S. Exc. le ministre des finances n'a pas accepté les offres qui lui étaient faites par la municipalité de Metz. L'entrepót de tabac que celle-ci désirait obtenir sera établi dans la petite ville de Fauquemont, qui se trouve au centre méme de cultures importantes de cette plante. En consé- quence, le jardin botanique de Metz doit étre conservé. Paris, --- Imprimerie de L, MARTINET, rue Mignon, 2, SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SÉANCE DU 10 FÉVRIER 1860. PRÉSIDENCE DE M. DECAISNE. M. Eug. Fournier, vice-secrétaire, donne lecture du procés-verbal dela séance du 27 janvier, dont la rédaction est adoptée aprés quelques observations de MM. J. Gay et Decaisne. M. le Président annonce deux nouvelles présentations. Dons faits à la Société : 1° De la part de M. Clos : Catalogue des graines du Jardin-des-plantes de Toulouse. 2° Un numéro de la Revue des jardins. Deux numéros du journal Ze Propagateur. 3 En échange du Bulletin de la Société : Pharmaceutical journal and transactions, février 1860. L'Institut, février 1860, deux numéros. M. de Schœnefeld, secrétaire, donne lecture de la communication Suivante, adressée à la Société : T. VII. E 66 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. L'HERBIER DE MARCHAND ET LAPEYROUSE, par MM. Edouard FIMBAL-LAGRAVE ET H- nri LORET. SEGONDE PARTIE (1). Bupleurum graminifolium Vahl (Port-de-Plan, localité citée dans l'Hist. abr. des pl. des Pyrénées, p. 139). C'est le B. gramineum Vill. (G. G. Fl. de Fr. t. 1, p. 721), etnon le B. graminifolium Vahl. Cette dernière espèce, qui est synonyme du B. pere um L., n'a point été trouvée jusqu'ici dans les Pyrénées. Il y a, dans Pherbier de Lapeyrouse, péle-méle avec le B. ranunculoides L., une plante qui appartient en réalité à l'espece de Vahl ; mais ici encore l'herbier de Marchand sert de contrôle à celui de La- peyrouse et atteste qu'il v a eu, dans ce dernier herbier, une substitution. B. pyrenaicum Gouan var. longifolium. Marchand avait écrit sur l'étiquette : B. longifolium. Lapeyrouse.a effacé ce nom, pour y substituer les mots : B. pyrenaicum var. longifolium. On trouve dans sa Flore trois variétés insignifiantes de cette espèce, et il en fait ici une quatrième par com- plaisance pour M. Marchaud, car cette prétendue variété longifolium n'est probablement inscrite ici qu'à titre de circonstance atténuante pour la fausse détermination du pharmacien. Si Lapeyrouse faisait les espèces faci- lement, les variétés surtout ne lui coütaient guère. Ses prétendues variétés n'étaient souvent que des variations sans importance, et l'on trouve la preuve de sa légèreté à cet égard, à la p. 263 de son Hist. abr., où, après avoir décrit son Lychnis nummularia, qu'il substitue, on ne sait pourquoi, au L. pyrenaica de Bergeret, il ajoute : D foliis cordatis, : . : NODE sur le méme pied (sic /). y foliis ellipticis, Bunium pyrenæum, et ailleurs B. flexuosum Wither. — Conopodtum denu- datum Koch. Il n'a point les gaines ciliées et ne représente pas, par consé- quent, la forme appelée par Loiseleur B. pyreneum. Linum perenne — L. montanum Schleich. Allium angulosum L. (bosquet de Rap) — A. fallax Don (A. anqulosum DC. et Lap. non L.). L'un de nous l'a recueilli l'été dernier au bosquet de Rap cité par Lapeyrouse. Ornithogalum luteum L. (montagne de Héas) — Gagea Liottardi Schalt. Saxifraga mixta (montagne de Vignec, dans la vallée d'Aure) — S, pubescens DC. (v. Révis, p. 33). (4) Voyez plus haut, p. 17: SÉANCE DU 10 FÉVRIER 1860. 67 Saxifraga recta Lap. (montagne de Saini-Béat, sur le Casteret), forme luxu- riante du 5. .1/zoon, dont la tige est rameuse dans presque toute sa lon- gueur. Ops. On trouve, dans une feuille vide, l'étiquette suivante : « Saxifraga intricata Lap. vera (montagne de Saint-Béat, au Casteret). » Le nom spéci- fique est, comme à l'ordinaire, de la main de Lapeyrouse qui y a ajouté : « ''àchez d'en avoir. » L'herbier de Marchand a été jusqu'ici à la disposition de plusieurs botanistes. L'étiquette dont nous venons de parler, aujourd'hui sans objet, est là comme une flétrissure pour celui qui n'a osé la placer, dans son propre herbier, à cóté de la plante soustraite, de peur qu'elle ne devint un jour pour lui un acte d'accusation posthume... à moins qu'on ne pense trés charitablement que les vers ont dévoré la plante en question sans en laisser de vestige. ) Silene..... (à Gavarnie, près de la cascade). « Je ne sais si c'est une variété du rupestris, les pétales en sont dentellées (s/c). » Tout ce qui précède est de la main de M. Marchand fils. Lapeyrouse a écrit à côté : « rupestris, var. » C'est le S. quadrifida L. (S. quadridentata DC.). | Arenaria triflora (montagne de Saint-Béat, sur les rochers au-dessus de la cabane) — A/sine Villarsii Mert. et Koch. — Sur une étiquette de l'herbier de Lapeyrouse, on trouve le méme nom donné par lui à l’ Arenaria gran- diflora All., qui abonde autour de Saint-Béat (v. Æévis. p. 37). A. cerastifolia Ram. (Port-de-Plan) (de la main de M. Marchand). La plante est bien nommée, et c'est une localité nouvelle pour cette rare espéce. A. mutabilis Lap. (ruisseau de Lèz, au bord de la Garonne, où il v a plu- sieurs pieds). « Tous ces échantillons sont sortis du méme pied. » Tout ce qui précède a été écrit par M. Marchand, mais la feuille où se trouve cette étiquette ne renferme aujourd'hui qu'un seul échantillon. La plante se rapporte à l'A/sime mucronata L., comme on l'a dit déjà dans la Flore de Er e E p 254. Obss. La même espèce est indiquée, dans une Flore récente, à la digue du moulin de Bessan près Saint-Béat, localité dont on a sans doute copié l'indi- cation dans le livre de Lapeyrouse, car cette digue n'existe plus et a été dé- truite il y a près de trente ans. Cerastium aquaticum V. = Stellaria uliginosa Murr. Cerastium étroit (sic), avec la recommandation : « Cherchez-en d'autres et » Séchez-en. » C'est un petit Stellaria media Vill. + A Rosa..... Aux environs de Saint-Béat (écrit par M. Parenteau aîné). Lapev- rouse a ajouté : sempervirens L. C'est le Xosa arvensis Huds, ! A. parviflora (à Baréges). Les deux dernières syllabes (/loraj ont été 68 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. biffées et remplacées au-dessus par folia. Lapeyrouse y a joint la note sui- vante : « Je n'avais pas eu cette espèce, son habitation précise n'était pas » connue; il est fâcheux que vous n'en ayez pas pris davantage. » C'est le Rosa rubiginosa L., espèce à laquelle Lapeyrouse a donné le méme nom dans son herbier (v. Æévis. p. ^1). C'est la plante qu'il désigne sous le nom de R. parviflora Erh.? (Abr. suppl. p. 66) et dont il indique ainsi l'une des localités : « à Baréges, M. Marchand, 1814. » Potentilla heterophylla Lap. (à Géry), écrit par M. Marchand, — P. verna L. type. Rubus tomentosus (à la Tignerie, petit pré de Bessan) — À. cæsius B agrestis W. et N. Ranunculus... .. (prés humides aux environs), écrit par M. Parenteau ainé. On lit à la suite : « repens », de la main de Lapeyrouse, et plus bas, au crayon et d'une autre main : « non Zi. repens. » C'est le R. acris L. R. polyanthemos (Gard) — Zi. tuberosus Lap. Abr. p. 320. On trouve, dans la feuille voisine, le méme À. tuberosus Lap., bien nommé cette fois-ci par l'auteur de l'espèce. Une troisième feuille renferme encore le R. tuberosus, avec l'étiquette suivante, écrite en entier par M. Marchand : « R. lanugt- » nosus L. (montée de Gard). » Antirrhinum glaucum L. « D'où vient-il? Veuillez m'en sécher des pieds complets. » Branche détachée d'un pied de Linaria supina L. — Dans l'herbier de Lapeyrouse, c'est le Z. alpina DC. qui se trouve sous ce méme nom d'A. g/aucum (v. Révis. p. 50). Thlaspi montanum (Serre-del-Bouc) — Th. virgatum G. G. Cheiranthus dubius Sut. var. erysimoides (Gavarnie) — Arabis ciliata Koch Q hirsuta. Lapeyrouse, transposant les noms, a sans doute voulu citer ici sa variété y du Cheiranthus erysimoides, à laquelle il rapporte le C. du- bius Sut. (Abr. p. 383). Ch. erysimoides L. — Erysimum ochroleucum DC. Arabis integrifolia Lap. (Melles, à Serre-del-Bouc) (de M. Marchand), et au bas de l'étiquette, de la main de Lapeyrouse : « Tâchez d'en avoir. » — A. ciliata B hirsuta Koch. Sisymbrium bursifolium L. (Melles) — S. pinnatifidum DC. (v. Révis. p. 53). S. vimineum L.? (montagne de Saint-Béat), fragment du Sinapis Cheiranthus Koch. Turritis setosa Lap. Suppl. var. elegantissima (Crabère). Lapeyrouse ajoute : « Voilà une plante charmante. Tournefort seul l'a connue et non décrite. Si SÉANCE DU 10 FÉVRIER 1860. 69 » vous revenez à Crabere, ne la manquez pas, et faites-en provision. Le type » de l'espèce est beaucoup plus grand et plus fort. » — Sinapis Cheiranthus Koch y montana DC. Prodr. t. I, p. 216, comme l'ont reconnu MM. Gre- nier et Godron (//. de Fr. t. I, p. 74). Lapeyrouse l'indique ainsi au supplé- ment de sa Flore: « Zurritis setosa B minor, foliis profunde et minutim » pinnatifidis. À la montagne de Crabére, M. Marchand, 1816. » On voit que l'auteur l'appelle sans scrupule var. minor dans la Flore et var. elegan- tissima dans l'herbier. Malva silvestris L. — M. moschata L. B intermedia G. G.— A côté se trouve le M. moschata « laciniata bien nommé par le méme auteur. Ons. L'erreur que nous venons de signaler se trouve également dans l'her- bier de Lapeyrouse (v. Aévis. p. 55). Cet auteur ne voyait que la forme des feuilles ; aussi, lorsqu'il rencontre le M. Tournefortiana, le nomme-t-il M. mos- chata B segmentis foliorum filiformibus, comme l'atteste son herbier (v. Révis. l. c.). Il prend, comme on l'a vu, pour type du M. moschata, la variété œ laci- niata, qui a les feuilles un peu moins étroites que le M. Tournefortiana. La variété y Ramondiana G. G. , à feuilles presque entières, est nommée dans son herbier M. rotundifolia L., et la forme dont les feuilles sont intermédiaires était prise par lui pour le M. silvestris L., comme l'atteste ici l'étiquette de l'herbier de Marchand. Que devient donc pour Lapeyrouse le vrai M. silves- tris L. et quel nom lui donnait-il? On sait qu'on le trouve dans son herbier sous le nom de Lavatera olbia (v. Hévis. l. c.). Ceux qui seraient tentés de disculper l'auteur, en disant qu'il y a eu, pour cette dernière plante, dans son herbier, une transposition d'étiquettes, seront, comme nous, persuadés du contraire, s'ils songent que Lapeyrouse indique la plante provençale au bord des champs et des prés dans les Basses-Pyrénées (Abr. p. 397). La coinci- dence de l'habitat indiqué dans la Flore et de la détermination de l'herbier ne peut laisser place au doute. Spartium cinereum Vill. (Crabère) — Sarothamnus purgans G. G. (Genista purgans DC.). Ons. A cóté d'une étiquette semblable à celle-ci, dans l'herbier de Lapey- rouse, on trouve également le Genista purgans DC. , mais on y a joint plus tard quelques brins du G. cinerea DC. (Spartium cinereum Vill.) (v. Révis. p. 56). Lathyrus....., avec ce qui suit par Lapeyrouse : « Espèce neuve que je n'ai » pas. D'oü? et de beaux échantillons. » Une étiquette voisine porte comme localité le mot Médassole écrit par M. Marchand. C'est l'Orobus canescens L. fil. (Lathyrus canescens G. G.). Hippocrepis multisiliquosa = H. comosa L. C'est exactement l'espèce ainsi nommée ( Hévis. p. 60). 70 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Lepicaune multicaulis Lap. (Melles) — Crepis blattarioides Vi. L. multicaulis Lap. var. altissima foliis elongatis (montagne de Saint-Béat) — Crepis grandiflora Tausch (v. Aévis. p. 67). Hieracium elongatum Lap. (Saint-Béat) — Picris hieracioides L. ! Ons. Trois ou quatre pages de l'herbier de Lapeyrouse renferment, sous ce nom d'H. elongatum, les Hieracium cerinthoides L., H. Neocerinthe Fries et H. prenanthoides Vill. Hieracium Lawsonii var. (Gavarnie) == H. amplexicaule L., de petite taille. H. Lawsonii Vill. var. foliis rotundioribus sessilibus (Gavarnie) — H. saxa- tile Vill. H. lanceolatum Vill. var. (Saint-Béat; Pujo de Géry et à Chaum); deux échantillons, dont l'un est VH. umbellatum L., Vautre PH. boreale Fries. H. intermedium Lap. (Saint-Béat) — H. fragile Jord., espèce admise sous ce dernier nom par M. Grenier (77. de Fr. t. TL, p. 373). On ne peut réclamer la priorité pour Lapeyrouse, car le nom employé par lui avait déja été donnć par de Vest à une espèce différente. Hieracium..... (à Bavard) « Je n'ai trouvé que ces échantillons. » Tout ce qui précède est de l'écriture de M. Marchand; Lapeyrouse a ajouté : « cor- » difolium Lap. Si vous en trouvez encore, vous m'obligerez de m'en don- » ner. Dans quelle nature de sol l'avez-vous trouvé? » Nous croyons que M. Marchand eût vainement cherché pour en trouver beaucoup. I y en a dans son herbier un seul pied qui, après avoir été coupé ou brouté à quel- ques centimètres de terre, a repoussé sur ce tronçon de tige des branches gréles, dont quelques-unes ont été rompues, et dont celle qui se trouve dans l'herbier de Lapeyrouse. parait avoir fait partie. L'un de nous l'a considéré naguère, conjointement avec M. Clos (Zévis. p. 65), comme une variété de V Hieracium umbellatum L. , mais ce qui se trouve dans l'herbier de Marchand autorise à croire qu'il y a là un cas tératologique plutôt qu'une variété. Cette plante paraît être un H. umbellatum à feuilles accidentellement déformées. Ses feuilles sont ovales, cordiformes, sessiles, lisses en dessus, finement ci- liolées au bord et un peu denticulées comme celles de l A. umbellatum. Tout le reste (calathides, périclines, pédoncules, tige, etc.) appartient exactement à cette dernière espèce, dont la plante recueillie par M. Marchand ne diffère en réalité que par la forme accidentelle de ses feuilles. L'un de nous a vaine- ment cherché cette plante, l'été dernier, à Bavard (que Lapeyrouse nomme aussi Babar) prés Saint-Béat ; ses perquisitions n'ont abouti qu'à la décou- verte, non loin de là, de PH. umbellatum ordinaire. Ons. L'herbier de Marchand renferme un assez grand nombre de plantes en- voyées de Strasbourg à Lapevrouse par le docteur. Geiger (1822) et que l'au- SÉANCE DU 10 FÉVRIER 1860. 71 teur de la Flore des Pyrénées avait communiquées aux deux MM. Marchand comme modèles des espèces qu'ils devaient recueillir. L'une de ces plantes porte une étiquette du donateur, ainsi conçue : « H. amplexicaule L. Alp. Helvet: » Cette plante, qui ne ressemble point à VH. amplexicaule, est VH. virosum Pall. /t/n. t. IH, p. 501 (H. foliosum Willd. Sp. t. IE, p. 1589). Crepis tectorum var. grandiflora, accompagné de la recommandation sui- vante : « Séchez-en pour moi avec les feuilles radicales. » — Barkhausia taraxacifolia DC. C. tectorum L., de l'écriture de M. Marchand qui ajoute : « Vous m'aviez de- » mandé, dans le temps, cette variété à grandes fleurs. » Lapeyrouse à rem- placé le mot tectorum par celui de biennis. C'est le Barkhausia taraxa- cifolia DC. — On trouve dans une autre feuille, sous le nom de Crepis tectorum, et ailleurs, sous celui de C. Dioscoridis L., le C. virens L. Carduus medius Gouan (montagne de Saint-Béat; — C. defloratus L. Cnicus Gouani (Gard) et C. tuberosus — C. defloratus V. (y. Hiévis. p. 69). C. pyrenaicus Willd. — Cirsium monspessulanum (v. Révis. l. c.). Orchis mascula, variété (à Eup près Saint-Béat) (écrit par M. Marchand) — O. sambucina L., à fleurs jaunes, espèce qui n'a point été mentionnée dans les Pyrénées par les auteurs de la dernière Flore de France. Carex furcata? Lap., ainsi écrit par Lapeyrouse sur une petite feuille enca- drée de noir et à côté d'un Carex qui s'y trouve collé. Dans la feuille double qui renferme ia plante ainsi collée, on trouve une petite étiquette, encore de la main du botaniste toulousain, où on lit ce qui suit: « Carex fur- » cata Lap. Tâchez d'en avoir des échantillons complets. » C'est l'espèce qui se trouve dans l'herbier de Lapeyrouse sous le méme nom (v. Ziévis. p. 77), c’est-à-dire le Carex vesicaria L., mais à un seu epi mâle, variation qui se rencontre quelquefois. Notre auteur l'indique a Saint-Béat, où l'un de nous l'a trouvé l'été dernier. Tl abonde à l'Estagneau, et souvent chargé d'un petit coléoptère qui le dévore; il ne présente parfois qu'un seul épi mâle. C. secalina (fossés aquatiques à Marignac) — C. riparia L. (v. Révis. p. 78). C. Marchandiana Lap. (Serre-del-Bouc), avec la recommandation sui- vante : « Tàchez d'ep trouver d'autres et à fruits plus mûrs. » — C. pyre- naica Wahlenb. (v. Révis. l. c.). C. alopecuros Lap., avec cette note : « Je regrette bien de n'avoir pas vu les » capsules; c'est le caractère essentiel, » Le nom de la localité seul (Serre- del-Bouc) est de la main de M. Marchand père. 72 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. L'exemplaire de la Flore des Pyrénées qui a appartenu à feu M. Paren- teau ainé, notaire à Saint-Béat, et qui se trouve aujourd'hui entre les mains de son frère, notaire à Cierp (Haute-Garonne), porte en marge, à côté de la description du Carex alopecuros Lap. Suppl. p. 141, l'observation suivante écrite par feu M. Parenteau lui-méme : « Cette espéce n'existe pas. C'est » l’ Eriophorum polystachyon de Linné. Les fleurs sont à peine développées : » les échantillons sur lesquels M. de Lapeyrouse a fait la description ont été » ramassés par M. Marchand et par moi : j'en ai des mémes, et je puis affirmer » le fait que j'avance. » Lapeyrouse s'était trompé méme de genre : M. Paren- teau, beaucoup plus prés que lui de la vérité, se trompe néanmoins d'espéce, car la plante en question est l Eriophorum angustifolium Roth, comme l'at- testent les pédoncules lisses, la souche munie de stolons, etc., et comme l'ont constaté déjà MM. Clos et Loret sur les échantillons de la méme espèce ren- fermés dans l'herbier de Lapeyrouse (v. Révis. p. 78). M. le Président rappelle qu'on ne doit pas méconnaitre les services importants que Lapeyrouse a rendus à la science par ses travaux sur la flore des Pyrénées. Une partie des erreurs commises par ce bota- niste lui semblent d'ailleurs pouvoir étre excusées, si l'on se reporte à l'époque oü il a vécu. M. de Schonefeld, secrétaire, donne lecture de la communicati on suivante, adressée à la Société : NOTICE SUR L'ASPLENIUM SEELOSII Leybold, par M. Charles BOLLE. (Berlin, 34 octobre 1859.) Diagnose. ASPLENIUM frondibus longe robusteque stipitatis simplicibus, palmato-tri- lobis vel foliolis tribus petiolulatis instructis, lobis foliolisque lanceolatis vel ambitu rhomboideis, integris vel bi-trifidis, margine plerumque dentatis, apice plus minusve acutatis, undique pubescentibus pilis articulatis diaphanis, indusiis albidis. La phrase suivante suffirait pour le distinguer de tous les autres Asplenium d'Europe : A. frondibus ternatis vel palmato-trilobis, pubescentibus. Synonymie. *8hh. Asplenium tridactylites (Bartling, in schedula herbarii Kunzeani Lipsiæ asservati). SÉANCE DU 10 FÉVRIER 1860. 73 1854. Asplenium septentrionale var. tripartitum (Seelos, in schedulis stirpis ad cl. de Heufler missæ). 1855. Asplenium Seelosii frondibus longe stipitatis, foliola tria petiolulata gerentibus ; foliolis ambitu rhomboidalibus, rarius integris vel bifidis, plerumque trifidis, apicem versus nonnunquam inæqualiter denticu- latis, undique distincte hirsutis pilis articulatis diaphanis, indusiis albidis margine eroso-laceris ( Leybold, in Flora 1855, n° 6, p. 81). 1856. Acropteris Seelosit (de Heufler, Asplenit species europee, p. 355). 1859. Asplenium Seelosii. Folia longe stipitata glandulose pubescentia; lamina e basi cuneata rhombeo-ovata tripartita vel trisecta ; lacini rhombeo-oblongz antice inæqualiter incisæ ; sori elongati; indusium lacerum. Rhizoma repens cæspitosum, paleis nigricanti-fuscis lanceolato- subulatis vestitum; folia coriacea in utraque pagina glandulose pu- bescentia; petiolus 1-4" longus, subcurvatus, basi denique ebenea nitida persistens; lamina 6-8'" longa, e basi cuneata, rhombeo- ovata, tripartita vel trisecta; laciniæ vel segmenta rhombeo-oblonga coadunata vel basi cuneatim attenuata subpetiolata, antice inæqua- liter laciniata, nonnunquam trifida ; segmentum medium maximum ; nervi immersi, utrinque 4, infimi segmenta lateralia intrantes, furcati vel costulam, ramis 1-2 indivisis vcl furcatis pinnatam, formantes, proximi sub angulo 10? e costa egredientes, furcati; sori costales utrinque 3-4, infimi 3-5” longi, superiores decrescentes, 1 $” longi, costulares utrinque 1-3, basales superiores hinc inde cum soro costali infimo sorum diplazioideum efformantes; indusium mem- branaceum tenerum glabrum, margine libero erosum (Mettenius, Ueber einige Farngattungen, VI, p, 75 et 142, n» 123). Découverte et distribution zéographique. Le nombre des Fougéres d'Europe n'est pas assez cousidérable pour que la découverte d'une espèce nouvelle puisse manquer d'éveiller, à un degré peu commun, l'intérét du monde botanique. Or, depuis quelques années, un nouvel Asplenium, par l'originalité de ses formes, par sa maniere de croitre, et par la circonscription de ses localités au centre de la grande chaine des Alpes méridionales, a attiré l'attention de tous les amateurs des flores européennes. Cette espéce, que peu de botanistes francais peuvent avoir vue, est l'Asple- nium Seelosii. Un séjour de deux mois que j'ai fait en Tirol vers la fin de l'été dernier, m'ayant fourni l'occasion d'étudier cette Fougère sur son sol natal et d'en observer avec soin un grand nombre d'individus, me met à méme 7A SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de donner sur elle quelques renseignements, je ne dirai pas plus exacts, mais plus détaillés que les courtes notices qu'on possède jusqu'à présent à son sujet. Ce fut l'année 1855 qui nous apporta la publication de cet Asp/eniwm, créé par un jeune Bavarois, M. Frédéric Leybold, et, presque immédiatement après, décrit une seconde fois par le baron de Hausmann. Sa première découverte, cependant, date de plus loin; elle est due à M. Bartling, qui le rencontra en 1843 en voyageant dans le Tirol méridional, fait qui vint d'abord à ma connaissance par une note manuscrite de l'herbier du Ferdi- nandeum d'Innsbruck, et qui est prouvé par un échantillon authentique con- servé dans la collection de feu M. le professeur Kunze à Leipzig. J'en transcris ici l'étiquette, dont je dois une copie à l'obligeance de M. le professeur Mettenius : « Asplenium tridactylites Bartl. litt. 3/44. In Tirolis meridion. » rupib. calcar. præruptis, in acervis fere prope arcem Salurn, cum Meehringia » Ponæ, et ad latus occidentale montis Schleern, cum Hutchinsia pauciflora, » raro legit auctumno 1843 Bartling ». Il était impossible, d’après le port de la plante, de, choisir un nom plus convenable que celui de /ridactylites; cependant ce nom, n'ayant pas été publié, ne peut être maintenu. Notre Asplenium fut retrouvé en 1854 par M. Gustave Seelos, étudiant de Bolzano, dont il allait bientôt, à juste titre, porter le nom. L'heureux auteur de cette découverte, bien que doutant de la valeur spécifique de la plante, s'empressa d'en faire part, presque eu méme temps, à trois naturalistes faisant autorité dans la science, dont deux, MM. de Heufler et de Hausmann, étaient ses compatriotes, et dont le troisième, M. Leybold, était son ami intime et le compagnon de ses longues courses dans la montagne. Ce dernier, alors à Hambourg et sur le point d'échanger le sol de notre vieille Europe contre celui du Chili, ne voulut point partir sans avoir payé à la mémoire de leur amitié mutuelle un tribut d'alfection et de gratitude. Au milieu des préparatifs de son expatriation, il publia l'espèce, sous le nom d'Asplenéwm Seclosit, dans le Flora de Ratisbonne, n° 6, 14 février 1855, où son travail porte pour titre: « Asplenium See- » losii, une nouvelle Fougère du Tirol méridional, établie et décrite par » Frédéric Leybold », et la date du 31 décembre 1854. Il reproduisit cette publication, à un mot prés de changé dans la diagnose, dans le n° 22, 14 juin 1855, du même journal. Cet article, qui parut séparément sous le titre de : « Stirpium in Alpibus orientali-australibus nuperrime repertarum » nonnullarumque non satis expositarum icones », fut accompagné d'une trés bonne figure de la plante en question (tab. 12). M. le chevalier Louis de Heufler la recut directement de M. Seelos vers la fin de l'année 1854; les lignes suivantes y étaient jointes : « J'ai trouvé pour » la première fois cette forme intéressante, qui tient le milieu entre les A sple- » nium Breynii et septentrionale, sur le versant sud du Schleern (altitude SÉANCE DU 10 FÉVRIER 1860. 75 de 5-6000 pieds), serrée dans les fentes les plus étroites des rochers (dolomite), toujours dans un état presque desséché et comme roulée sur elle méme. La seconde fois, je l'ai rencontrée dans la forét au-dessus du lac de Schleern (à environ 4000 pieds), sur des blocs calcaires détachés, où elle était mêlée à PA. KRuta muraria, qui confondait méme ses frondes avec les siennes, mais qui, s'en laissant séparer aisément et ne montrant aucune anomalie, ne saurait en être le type primitif. Les poils glanduleux, la tripartition des frondes, la finesse des côtes (die feinen tiefen), la font, suivant mon opinion, que je ne donne point pour infaillible, paraitre en » tout cas une bonne variété. » Dans une lettre postérieure, portant la date du 5 avril 1855, M. Seelos écrivit à M. de Heufler : « La plante semble choisir les fentes les plus étroites » et les plus petites cavités du calcaire, de sorte que l'espace doit nécessaire- » ment fui manquer pour s'étendre; chez beaucoup d'échantillons je n'ai trouvé » que deux ou trois frondes. » M. de Heufler, que l'Allemagne compte maintenant avec orgueil au nombre de ses plus éminents ptéridographes, reconnut sur-le-champ qu'il avait affaire à une espéce nouvelle et des plus distinctes. Trop modeste cependant pour vou- loir trancher la question et émettre un jugement décisif, il s'abstint ; mais le fait intéressant de la découverte d'une nouvelle Fougère européenne devint pour lui un motif d'études et de travaux qui devaient plus tard aboutir à son bel ouvrage : Recherches sur les Asplenium d'Europe, imprimé dans les Mémoires de la Société zoologico-botanique de Vienne, vol. VE, tt, avril et mai 1856. L'effet produit par la publication de M. Leybold sur l'esprit de M. de Hausmann, auteur d'une Flore du Tirol en trois tomes, fut d'une nature bien différente. Lui aussi avait recu la plante de M. Seelos et, habitant la méme ville que ce dernier, en possédait méme un assez grand nombre d'échantillons. Dans le journal hebdomadaire botanique d'Autriche (UEstreiehisches bota- nisches Wochenblatt) du 26 avril 1855, après avoir fourni à son tour une description caractérisant la plante comme espèce, il exprima des doutes sur sa valeur spécifique. M. Levbold riposta par un article du même journal, 7 juin 1855, inséré aussi dans le Flora du 14 juillet et intitulé : « Cuique » suum! Explication concernant l'apostille du baron de Hausmann au sujet de » V Asplenium Seelosii (Erleuterung zu. Freihrn v. Hausmann's Nachschrift » ueber Asplenium Seelosit). » Nous venons de voir que le Schleern, montagne depuis longtemps célèbre par ses richesses botaniques, qui surpassent celles du fameux Monte-Baldo lui-même, a été le lieu des découvertes consécutives de l'Asplentum See- losii ; mais, comme il est arrivé à tant d'autres plantes rares et locales, une fois l'attention tournée vers lui, de nouvelles localités sont bientót venues récompenser les recherches des botanistes. En les résumant, nous acquérons z 76 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. la certitude qu'il s'agit d'une espèce endémique de cette grande chaîne méridionale que les géographes ont coutume d'appeler les Alpes calcaires de Trente et qui, jetée entre le Tirol et la Vénétie, va se prolonger, du Bresciano à l'ouest, jusqu'aux frontières de la Carinthie. C'est le mur gigan- tesque qui borde l'horizon de Venise, et qu'en sillonnant les lagunes on apercoit dans les jours sereins : Quel monte..... che serra Italia. Hors de ces hautes montagnes, oà la dolomite régne en maitre, notre Fougére n'a point encore été retrouvée. Ses stations ne semblent s'écarter nulle part du territoire tirolien, mais leur distribution est telle que les flores d'Italie et d'Allemagne sont également en droit de la revendiquer. On en connait jusqu'à présent les suivantes : 1? Les versants sud et nord-ouest du mont Schleern, de 4-6000 pieds d'élé- vation. 2° Les alentours du vieux château de Salusurn et les parois calcaires au pied du Geierberg, prés de Salurn, dans la vallée de l'Adige, cercle de Brixen, à environ 690-700 pieds. 3° A peu de distance au midi de la localité précédente, un rocher au bord de la grande route entre Salurn et et San-Michele, cercle de Trente, district de Lavis, à 620 pieds, c'est-à-dire presque au niveau de l'Adige (1). ^? La vallée d'Ampezzo, au sud du Pusterthal, sur les limites de la province de Belluno. MM. Sinner et Huter l'ont communiquée de cet endroit à M. de Hausmann eu 1855. Cette localité est mentionnée dans l'ouvrage déjà cité de M. de Heufler sur les Asplenium d'Europe. 5° Les ravins entre les monts Cingol-Rosso et Tombea, dans le Giudicaria, au nord du lac d'Idro, vers la frontiere sud-ouest du Tirol, habitat que j'ai trouvé consigné dans une note de l'herbier du Ferdinandeum d'Innsbruck. Ces trois dernieres stations appartiennent au sol de l'Italie. La distance comprise de l'est à l'ouest, entre les points extrêmes où l'As- plenium Seelosii a été trouvé jusqu'à présent (entre Ampezzo et le Cingol- Rosso) est d'environ 20 milles géographiques ; celle du nord au sud (entre le mont Schleern et le Cingol-Rosso) de prés de 10 milles. Ces deux lignes se coupant non loin de Salurn, et les environs de ce bourg se trouvant ainsi placés presque au milieu de l'aire occupée par notre Asplenium, qui y croit en abondance, on peut regarder comme sa patrie originaire, comme son vrai centre de végétation, cette extrémité méridionale de la vallée de l'Adige Note de M. J. Gay. — La méme plante a été trouvée, le 9 aoüt 1856, par MM. Boissier et Reuter (qui ont bien voulu me l'envoyer) sur les rochers caleaires le long de l'Adige, entre Salurn et Trente. SÉANCE DU 10 FÉVRIER 1860. 77 Etschland) qui coïncide presque exactement avec les points de contact des deux langues allemande et italienne. Sa distribution verticale est comprise entre 6000 pieds d'élévation sur le mont Schleern et 620 dans la vallée de l'Adige. Avouons cependant que les hauteurs des localités d'Ampezzo et du Cingol-Rosso nous sont restées inconnues. Quant à la structure géologique du sol qu'il occupe, l’Asplenium Seelosii semble lié étroitement à cette formation calcaire, aux contours hardis, qui porte le nom de dolomite. Tl faut avoir joui de l'aspect à la fois grandiose et fantas- tique de ces mille obélisques, dents, aiguilles et pics aux flancs arides ceints de vastes éboulements ou sillonnés par des déchirures sans fond, pour se former une idée juste de ces sites sauvages. Là, presque nulle part des pentes douces; les plans verticaux y dominent. Souvent dépourvus de grandes masses de végétation, ils ne semblent vouloir nourrir dans leurs crevasses que des plantes rares et privilégiées. Suspendue au-dessus des abimes, la Fougère qui nous occupe v végète probablement dans bien des en- droits où le chamois méme n'en saurait brouter les tiges, où jamais la main de l'homme ne l'atteindra. — Mais il nous a été donné de contempler la plante sur d'autres points, oà heureusement il est plus facile de l'observer. C'est un phénomène curieux et que nous tâcherons d'expliquer plus loin, que de la voir descendre des points élevés, pour s'établir dans ce chaud Etschland qui, au milieu des Figuiers et des Chátaigniers, nous montre les derniers représentants de la flore méditerranéenne, envahissant le seuil de la Ger- manie. Nous parlons des environs de Salurn, charmant petit bourg situé à peu de distance de la rive gauche de l'Adige. Adossé aux parois de la montagne et comme perdu dans les vignobles et dans d'immenses planta- tions de Müriers, ce groupe de maisons blanches et propres est surplombé à une grande hauteur par les ruines d'un château-fort qui porte dans le pays le nom de Salusurn. La premiére fois que je visitai ces lieux pour y chercher l’Asplenium, j'y suis monté par des sentiers très difficiles, j'ai par- couru ensuite des bois nains de Quercus pubescens, de Fraxinus Ornus et sur- tout d'Ostrya, entremélés cà et là de ces Ifs devenus si rares à l'état sauvage, et j'ai examiné minutieusement toute la base accessible de l’amphithéâtre de rochers qui clot la montagne en s'élevant perpendiculairement à l'entour du vieux manoir. Mes recherches restèrent sans fruit. Pour découvrir ce que je convoitais, il ne faut pas non plus tourner ses pas vers la belle cascade qui touche presque aux dernieres maisons de Salurn, et qui, pour les touristes, est la grande curiosité de la ville, ni s'enfoncer dans la montagne, comme je le fis, guidé par des renseignements un peu vagues, les seuls qu'avait pu me donner à Bolzano, sur l'endroit où la plante est censée croître, le révérend Pére Vin- cent Gredler, de la congrégation de Saint-Francois, un des naturalistes les 78 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. plus distingués et en méme temps les plus aimables du Tirol. Ce digne ecclé- siastique avait, dans nos conversations, laissé tomber le nom du Geierberg. Que fallait-il de plus pour me décider à gravir, par de longs détours, le sommet de cette montagne, faisant partie du contrefort oriental de la vallée de l'Adige? Je le trouvai couronné d'épais taillis de Cytises alpins et de Coudriers, au milieu desquels s'élevaient des Sorbiers et des Érables. Au lieu d’être récompensé par la Fougère tant désirée, je dus me contenter de la vue su- perbe dont on jouit sur ces cimes et qui, en embrassant une grande partie des hautes Alpes de Giudicaria et de Val di Non, suit le cours du fleuve jusque bien au delà de sa jonction avec l'Eisach. — Ce ne fut qu'une se- conde excursion, le 21 septembre, qui fut couronnée de succès. Résolu, cette fois, à diriger mes explorations du cóté du pied de la montagne, je suivis la chaussée qui court au sud vers San-Michele, En peu de minutes, j'eus dépassé le profond ravin qui sépare le Petit du Grand-Geier : le débouché en est presque entièrement masqué par de vastes éboulements de débris calcaires, où croissent cà et là les Scrofularia canina, Dianthus silvestris, Tunica saxifraga, Cyclamen europæum, Ruscus aculeatus et Polypodium Robertianum. Ces bancs élevés de pierres nues et blanchâtres font à la mon- tagne comme un seuil de décombres de hauteur inégale, mais rarement interrompu; formation singulière et peu pittoresque qui n'est point particu - lière à cette localité, car elle longe presque toute la rive gauche de l'Adige à partir de Bolzano et de Brapzoll et se montre même sur la rive droite, par exemple derrière Margreid. Nulle part cependant elle ne m'a paru plus for- tement prononcée qu'à la base du Grand-Geier. En l'escaladant, ce qui ne se fait pas sans peine, on parvient à des rochers taillés à pic, marbrés de gris pâle et de jaune rougeâtre. C'est dans leurs anfractuosités que j'eus enfin le bonheur de découvrir l'Asplenium Svelosii, croissant sur la ligne ondulée, tantôt montant, tantôt descendant, entre les pierres mouvantes et la roche solide. Nul doute qu'il n'habite toute la surface verticale de cette dernière, qui s'élève à une grande hauteur avant de se perdre dans les terrasses boisées sur lesquelles s'appuie le sommet. J'employai toute la matinée à explorer cette localité de Asplenium See- losii. Je pus me convaincre qu'il occupe toute la base du Grand-Geier, à partir du ravin qui le sépare du Petit-Geier, jusqu'au point où, à une demi- heure à peu prés de marche, les parois des rochers s'abaissent en un coteau boisé, reliant le Grand-Geier à une autre montagne plus au sud, dont j'ignore le nom. En suivant la chaussée, on rencontre, au delà de la pierre monu- mentale qui, par une inscription, marque la limite entre les cercles de Brixen et de Trente, un rocher déjà situé sur le sol du Tirol italien et touchant presque à la grande route; ce rocher est encore une des stations (peu abon- dante il est vrai) de notre Asplenium, Si, comme on alien de le. croire, il SÉANCE bu 10 FEVRIER 1860, po y existe depuis longues années, on doit s'étonner qu'il soit resté inconnu jusqu'à nos jours. Bien des botanistes auraient pu l'apercevoir en se rendant d'Allemagne en Italie et vice versà. : L'Asplentum de Seelos s'est établi en nombreuses colonies dans la plupart des lieux que nous venons de décrire. Flanqué d'ordinaire de l'A. Tricho- manes et de PA. Ruta muraria, il s'est enraciné dans toutes les fentes de la roche aride et quelquefois croulante. De petits groupes d'individus aiment à croitre ensemble. Un fait qui m'a frappé et qui tient certainement à l'état d'agrégation du calcaire plus ou moins décomposé, c'est qu'en général il semble préférer la pierre jaunàtre à la pierre grise. Bientót, sur les lieux, on sait d'avance où chercher la plante; on en reconnait de loin les endroits de prédilection. Elle vient presque toujours sur des points oü le rocher à pic surplombe en formant des niches qui la protègent contre les pluies qu'elle parait redouter. J'ai mentionné cette particularité dans une lettre écrite à M. Al. Braun, immédiatement aprés mon retour de Salurn à Bolzano ; c'est avec plaisir que j'ai trouvé plus tard mon observation corroborée par une autre de M. de Hausmann qui appelle VA. Seelosii : planta. imbrium im- patiens, et le signale non-seulement dans les fentes abritées du Schleern, mais, de préférence et plus luxuriant qu'ailleurs, dans les trous et les petites cavités des dolomites. Si, plus haut, les flancs inaccessibles du Geier possèdent de vraies grottes, leur intérieur, à moins qu'il ne soit trop obscur, doit en être tout garni. A peu de distance d'un monolithe de forme pyramidale, s'avancant devant le gros de la montagne, j'ai découvert une niche plus profonde, abritée en haut par une aréte saillante : or les murs, et surtout Ja voûte de cette concavité spacieuse, offraient un spectacle ravissant aux yeux d'un botaniste : ils étaient comme tapissés de frondes d’ Asplenium Seelosit, d'A. Trichomanes et d'A. Ruta muraria, le premier cependant, par le nombre des individus, l'emportant de beaucoup sur ses vulgaires voisins. Les plantes qui se montrent le plus abondamment en sa société sont, outre les deux Asplenium déja nommés, les Potentilla caulescens, Pæderota Bona- rota et le Mæhringia Pone dont les touffes délicates et pendantes décorent si gracieusement la roche nue. Cette dernière espèce et l'A. Ruta muraria aiment à confondre leurs tiges avec celles de la Fougère de Seelos. Une seule fois, prés d'une crevasse où l'Adéantum Capillus Veneris se développe avec vigueur, j'ai vu notre plante s'associer aux Capillaires et choisir pour ses rhizomes un lit de mousses humides. Les Asplenium germanicum et septentrionale, au milieu desquels on a voulu lui assigner une place, à mon avis peu heureuse- ment choisie, manquent entièrement sur le calcaire de la base du Geier. Du reste, la ligne de démarcation entre les bancs de décombres et le rocher est garnie d'une frange continue de Pariétaires, auxquelles cà et là viennent se méler quelques pieds de Scolopendre. C'est en écartant ces longues herbes qu'on découvre quelquefois les individus de l Asplenium Seelosti placés le 80 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. plus bas. En automne, il se cache derrière les toiles d'énormes araignées, qui souvent le dérobent complétement aux regards. L'opinion des géologues les plus renommés, parmi lesquels il suffira de citer Léopold de Buch, est d'accord sur ce fait que la belle plaine de l'Etschland, à partir de Méran jusqu'au débouché du Nonsberg, a dû former jadis le bassin d'un lac profondément encaissé, dont les eaux se seraient écoulées plus tard en forcant le défilé étroit qui sépare à présent les populations germaniques de celles de race italienne. Cet immense réservoir s'étageait au-dessus du lac de Garda à une période oü les basses terres de la Vénétie étaient ou submergées par l'Adriatique ou couvertes de marais sans fond, au milieu desquels les monts Euganéens et les Colli-Berici s'élevaient sous forme d'archipels. Probablement le petit lac de Kaltern, à l'ouest de Bolzano, n'est qu'un reste de cette nappe d'eau disparue. En adoptant cette hypothése, qui est presque une certitude, ce serait le choc des vagues contre un rivage à pic qui aurait donné lieu à la formation de ces bancs de fragments calcaires dont il a été question plus haut comme ceignant la base des contreforts. L'extrémité méridionale de la plaine étant aussi la plus basse, l'eau a dü y stationner le plus longtemps, et les décombres doivent, par conséquent, s'v présenter de la maniere la plus manifeste et moins enfouis qu'ailleurs sous la végétation, tels enfin qu'ils s'accumulent aujourd'hui, en effet, à la base du Geierberg. S'il est permis au botaniste de deviner, à travers la longue suite des siècles, quelques faits de la distribution des plantes dans un temps anté-historique, mais point anté- diluvien, nous ne croyons pas nous écarter beaucoup de la vérité en nous figurant que la Fougère de Seelos, réduite aujourd'hui à un petit espace précisément au-dessus des amas de pierres, était alors répandue avec pro- fusion autour de ce lac sans nom et descendait jusqu'à son niveau. L'air refroidi par les brumes planant sans cesse au-dessus des grandes eaux et le sombre feuillage des foréts vierges qui couvraient les Alpes adjacentes, devaient, à celte époque, y produire une température bien différente de celle d'au- jourd'hui, mais parfaitement analogue à celle dont la plante jouit encore actuellement sur les crétes blanches et vaporeuses du Schleern. Peut-étre la colonie qui s'en est conservée prés de Salurn n'est-elle que le dernier vestige de sa fréquence antérieure en des lieux que la masse de ses individus aura désertés pour aller chercher dans une région plus élevée des conditions mieux appropriées à leur nature. (La fin à la prochaine séance.) M. J. Gay dépose sur le bureau des échantillons de P Asplenium Seelosu. SÉANCE DU 2h FÉVRIER 1860. 81 SEANCE DU 24 FÉVRIER 1860. PRÉSIDENCE DE M. DECAISNE. M. Eug. Fournier, vice-secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 10 février, dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la derniére séance, M. le Président proclame l'admission de : MM. BESCHERELLE (Émile), attaché au ministère de l'agriculture, du commerce et des travaux publics, rue du Cherche- Midi, 108, à Paris, présenté par MM. Le Dien et de Scho»- nefeld ; Huer (A.), professeur au collége de Toulon, rue Lafayette, 57, à Toulon-sur-Mer (Var), présenté par MM. Pillot et Duval- Jouve. Dons faits à la Société : 1° Par M. Duchartre : Quelques observations sur des raisins soufrés et brélés au soleil. 2 De la part de M. V. Raulin : Géographie girondine, pour servir de complément à la statistique de la Gironde, de Jouannet. 3° En échange du Bulletin de la Société : Mémoires de la Société impériale des sciences naturelles de Cher- bourg, t. VI, 1858. L'Institut, février 1860, deux numéros. M. le Président annonce à la Société que M. Duchartre ayant été appelé par elle aux fonctions de secrétaire et étant devenu ainsi membre de droit de la Commission du Bulletin, le Conseil a dù, dans sa séance du 17 de ce mois, pourvoir à son remplacement comme membre électif de ladite Commission. Le choix du Conseil est tombé sur M. Alexandre Jamain. En conséquence, conformément à l'art. 28 du réglement, M. Jamain est proclamé membre de la Commission du Bulletin pour l'année 1860. T. Viik 0 8? SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Lecture est donnée d'une lettre de M. Bouchet, qui remercie la Société de l'avoir admis au nombre de ses membres. M. le Président annonce que M. Léon Gros, membre de la Société, Jui a fait don de son herbier, qui est principalement riche en plantes de l'est dé la France. Ce don a été accepté par le Conseil, et les remerciments de la Société seront adressés à M. Gros. M. de Schœænefeld, secrétaire, donne lecture de la communication suivante, adressée à la Société : NOTICE SUR L'ASPLENIUJ SEELOSII Leybold, par M. Charles BOLLE (lin) (1). Description. Les racines sont d'un brun mat, fibreuses, robustes, ramifiées, plus ou moins nombreuses, et ordinairement assez courtes. Elles ne sont point attachées bien fortement à la roche; presque toujours un léger effort suffit pour en détacher la plante. Cette facilité avec laquelle la plante s'arrache contraste avec la peine que l'on a à déraciner la plupart de nos autres Asplenium, dont, à cette occasion, on endommage souvent la partie inférieure. Le rhizome est court et perpendiculaire, revêtu d'écailles nombreuses, étroitement lancéolées, pointues, d'une belle couleur châtain et tellement brillantes qu'au soleil elles semblent irisées. Le nombre des frondes est tantôt faible, tantôt très consi- dérable; chez des individus robustes, il peut s'élever de 10 ou 45 à 50, et même au double, si l'espace n'a pas manqué à la. plante pour s'étendre. Les tiges, trés longues, sont, à leur base, d'une couleur châtain semblable à celle que PA. germanicum offre au même endroit; elles v sont souvent pourvues de quelques petits poils rares et épars; le reste de leur longueur, qui va en s'épaississant vers le sommet, est d'un vert brillant. La forme de la tige est un peu comprimée, sa partie dorsale étant striée de deux sillons parallèles, auxquels, vers le milieu de la tige, un autre sillon faiblement indiqué cor- respond du côté opposé ; sa partie basilaire est à peu près cylindrique. Robustes et roides, les tiges adoptent rarement une direction droite ; ordinairement elles se recourbent en rayonnant périphériquement d’un centre commun, de sorte que les frondes sont placées plus bas que le haut des tiges, souvent même au niveau du rhizome. Les frondes, infiniment plus courtes que leurs tiges. sont ou entières et palmatilobées, ou trifoliolées, chaque foliole étant portée par un court pétiole; ces derniers partent rarement d'un seul et méme point ; le plus souvent l'un des latéraux est. placé un peu au dessous de l'autre, indi- (1) Voyez plus haut, p. 72. SEANCE DU 24 FÉVIIER 1860. 83 quant ainsi une certaine tendance de ia (ronde à passer du type paliné au type pinné, Toutes les frondes et leurs subdivisions sont symétriquement formées. Sont-elles entières, la lame en est. profondément palmée, formant trois lobes lancéolés ou ovales- rhomboidaux, largement confluents à leur base; ces lobes, comme les folioles ou segments de la fronde ternée, sont pointus, rarement obtus, le plus souvent bi- on trifides vers le haut et dentés ou crénelés sur les bords. Les segments sont cunéiformes, atténués à la base; ordinairement le lobe ou le segment central est plus grand que les deux latéraux, diffé- rence qui cependant est quelquefois peu sensible. La fronde a une substance coriace, sa couleur est terne et. d'un. vert. grisâtre; elle est revêtue, des deux côtés, d'une pubescence courte qui descend quelquefois jusqu'à la partie supé- rieure de la tige. Les sporothèces, latéralement attachées aux nervilles, sont allongées et au nombre de 6-8 sur chaque segment ou lobe ; comparées à celles des autres Asplenium, elles n'offrent rien d'anomal. Les sporothéces supé- rieures finissent par se confondre en une masse compacte occupant tout le haut du lobe ou du segment et en excédant quelquefois les bords. Les indu- siums sont membraneux, blanchâtres, lacérés à leur bord libre, et d'un tissn assez solide à l'état adulte (M. de Hausmann seul en a vu à bord entier); ils persistent aprés la maturité des spores. La couleur des sporanges est d'un beau brun, contrastant agréablement avec le blanc terne des indusiums. Les sporanges, pédicellés, sont entourés d'un anneau multi-articulé. Les spores, nombreuses et trés développées, sont ovales ou légèrement réniformes, trés finement réticulées à leur surface et munies d'un sillon unilatéral. Leur teinte est d'un brun clair. Les écailles du rhizome présentent, sous la loupe, la forme d'un réseau élé- gant. Sous le microscope, on reconnait qu'elles se composent de cellules fort grandes, à parois intérieures épaissies et brunes, tandis que le lumen en est sans couleur. Ces cellules sont rangées à travers la largeur de l'écaille en bandes plus ou moins régulières de 6-8. Chez l'A. septentrionale, les écailles sont beaucoup plus étroites, linéaires, et comptent transversalement un nombre moins grand de cellules. Une coupe transversale de la tige sous le microscope, nous montre cette tge couverte d'un épiderme diaphane composé de deux rangs de cellules parallèlement superposées les unes aux autres. Le centre de la tige est occupé par un faisceau vasculaire cylindrique. Le parenchyme entre ce faisceau et l'épiderme renferme des cellules remplies de chlorophylle d'un beau vert. Les poils formant la pubescence de la fronde sont diaphanes, articulés (à 2-3 articulations), légèrement atténués et jaunàtres aux articulations. Dans l'intérieur de la dernière articulation, on apercoit un noyau de cellule plus foncé que le reste; c'est ce qui donne à ces poils-une apparence glan- duleuse. Les frondes que la plante produit dans sa premiere jeunesse sont toujours SA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. entières, à peu près deltoïdes, cunéiformes vers la base, bilobées a lobes très obtus, plus óu moins profondément divisés, le plus souvent bicrénelés. Elles sont suivies par d'autres, trilobées à lobes également crénelés en haut. La nervation des premières frondes est doublement bifurquée ; celle des secondes passe déjà du type bifurqué au type pinné. Leurs trois nervures par- tent, en forme d'éventail, d'un méme point à la base de la fronde, ou se bifur- quent simplement, ou portent quelques paires de nervilles pour la plupart alternes. Toutes les jeunes frondes, dont les premières sont constamment sté- riles, tandis que les secondes montrent déjà quelquefois un commencement de fructification, présentent un tissu beaucoup plus délicat que les adultes. Leur couleur est d'un vert clair. Dans cet état de la plante, la pubescence descend tout le long dela tige, en devenant plus rare vers la base. La nervation des frondes adultes, que j'ai constamment trouvées fertiles, est profondément immergée et peu visible. Dans chaque segment, 3-4 nervilles alternantes partent de la nervure moyenne sous un angle trés aigu, en montant vers le bord que leur extrémité supérieure va presque en longeant. Longueur de la plante à partir du rhizome : 1-2 pouces; ce ne sont que les individus croissant dans des fentes profondes et étendant leurs frondes vers la lumière qui atteignent jusqu'à 4 pouces. Longueur du limbe de la fronde: 6-8 lignes: largeur : 5-6 lignes. La longueur de la tige excède 4-6 fois, quel- quefois méme davantage, celle du limbe. Longueur des sporothèces les plus développées : 3-4 lignes. L'Asplenium Seelosii est assez polymorphe, surtout quant à la division des frondes. On peut en distinguer deux formes : 1» Feuilles la plupart trifoliolées à segments pétiolés; ces derniers, ordinai- rement ovales ou largement trapézoides, souvent eux-mêmes trifides. — Cette forme semble prédominer sur le Schleern. MM. Leybold et Seelos ne paraissent point en avoir connu d'autre. C'est d'aprés elle qu'a été dessinée la figure donnée par le premier. Nous la considérons comme l'état le plus déve- loppé, comme le vrai type de la plante. 2^ Var. tridactulites C. Bolle. — C'est la plante de la région chaude de l'Etschland, à laquelle nous voudrions voir conservé, comme variété, le nom caractéristique appliqué par M. Bartling à l’espèce en général. Chez elle, la forme entière des frondes palmati-trilobées prévaut de beaucoup, et les lobes digitiformes, largement soudés à leur base, sont plus souvent lancéolés qu'ovales, rarement divisés trés profondément. I] n'existe point de limite bien tranchée entre ces deux formes, quelque différents que soient leurs extrémes. On trouve des frondes dont un segment est pétiolé, tandis que les deux autres confluent à la base. Leur séparation, quant aux localités, n'est pas non plus absolue, car j'ai trouvé prés de Salurn. parmi la variété tridactylites, un certain nombre d'individus chez lesquels toutes les frondes étaient divisées en segments pétiolés. Du reste, quoique les SÉANCE DU 2/4 FÉVRIER 1860. 35 deux formes se rencontrent souvent sur le méme rhizome, c'est presque toujours l'un ou l'autre des types qui prévaut numériquement. Le lusus furcatus ne parait pas être très rare chez l' Asplenium Seelosii. J'ai trouvé, dans ma récolte de Salurn, trois frondes à stipe bifurqué, à angles plus ou moins aigus, dans sa moitié inférieure : chez l'une, près de la base, dans la partie colorée en brun; chez les deux autres, un peu plus haut, là où la tige est déjà verte. On a observé, quoique rarement, deux segments au lieu de trois sur un stipe ; mais jamais on n'a vu ce dernier nombre dépassé. — Une seule fois, j'ai trouvé un segment central subdivisé en quatre lobes, dont trois alternants. Le port de la plante est tellement spécial que, sous ce rapport, elle semble s'éloigner de toutes ses congénères européennes. La variété fridactylites pré- sente, comme les À. septentrionale et palmatum, la particularité, rare dans ce genre, de posséder des frondes entières. Parmi les espèces indigènes de notre partie du globe, l'A. septentrionale est sans contredit celle qui ressemble le plus à la nótre. Cependant, au lieu de se contenter de placer celle ci, entre les A. septentrionale et germanicum, on serait presque tenté de chercher ses parentés physiognomoniques non loin de ces Acropteris digités des pays chauds, dont l'A. radiata est le type. Suivant M. Fée, qui réunit dans un seul et méme genre l Asplenium septentrionale et l'Acropteris radiata, VAsple- nium Seelosii serait aussi un Acropteris. Nous croyons néanmoins avoir bien fait, en le comptant, avec MM. Alexandre Braun et Mettenius, parmi les vrais Asplenium (sect. A. Evasplenium). En regardant superliciellement l’Asplenium Seelosii, on croirait plutôt avoir sous les yeux uu Potentilla rabougri qu'une Fougère. Son extérieur, à la fois modeste et peu semblable au reste de ses congénères, a sans doute retardé sa découverte. Le vert grisâtre, tantôt plus cair, tantôt plus foncé, et l'exiguité peu commune de ses frondes, comparée à la longueur des tiges, auront contribué à le laisser inaperçu. C'est une espèce qui n'a aucune pré- tention à la beauté. 11 faut de l'enthousiasme botanique pour en admirer les tiges échevelées constituant d'ordinaire une masse compacte, courte et roide ou plutót une sorte de pelote creuse au centre. Son odeur est assez forte et à peu près identique avec celle qu'exhale l'A. Trichomanes. L'A. Seelosii est une plante vivace; j'en ai cependant trouvé bon nombre de pieds morts, ce qui me fait penser qu'il succombe facilement aux agents délé- tères. En automne, ce sont les frondes sèches qui abondent ; on en trouve alors peu de naissantes. La majeure partie de celles-ci se développent sans doute au printemps. La coriacité des feuilles me donne la conviction qu'elles persistent! pendant tout l'hiver. Chez les frondes vieillissantes, c'est presque invariable- ment par le limbe que commence la décadence. Celui-ci une fois mort, la tige, restant verte, garde encore longtemps sa vitalité; mais la belle couleur 86 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. châtain de sa base se change en noir. Le grand nombre de ces tiges, pour ainsi dire décapitées, accompagnées d'une quantité plus considérable encore d'autres qui ont déjà péri, ne contribue pas peu au port singulier de l'espèce et ne l'embellit güère. Chez les pieds vieux et couverts à leur base de fragments de tiges, les écailles du rhizome disparaissent. Quant aux échantillons un peu gros qu'on destine à l'herbier, il faut leur faire subir une forte pression, si l'on veut obtenir des exemplaires présentables. Cultüire. Le seul essai de culture auquel, que je sache, on ait soumis jusqu'à présent lP Asplenium Seelosii, a été fait au jardin botanique de Leipzig, si justement célèbre par sa richesse en Fougères. M. le professeur Mettenius, qui en est le directeur, l'avait recu. vivant de M. de Hausmann. 1l ne s'y est jamais déve- loppé vigoureusement, et on l'a perdu dans le cours de l'été dernier. Je viens de l'introduire dans le jardin botanique de Scheeneberg près Berlin, et je ne puis savoir encore si l'on parviendra àl'v conserver. M. Duchartre fait à la Société la communication suivante : L'EAU DE LA PLUIE QUI MOUILLE ET LAVE LES ORGANES EXTÉRIEURS DES PLANTES EST-ELLE ABSORBÉE DIRECTEMENT? RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR CETTE QUESTION, par M. P. DUCHARTRE. Les expériences que je poursuis depuis cinq années, en vue de reconnaitre comment les parties extérieures des plantes se comportent relativement à l'hu- midité atmosphérique, m'ont conduit à en étudier successivement les rapports avec cette humidité, soit existant dans l'air à l'état de vapeur invisible, soit condensée en rosée pendant la nuit. J'ai déjà eu l'honneur de communiquer à la Société les résultats d'une partie de ces observations (1). Pour compléter l'étude de ce sujet, dont il est facile de sentir l'intérét, il me restait à recher- cher comment les mêmes parties des végétaux se comportent par rapport à l'eau de la pluie qui les lave pendant un temps plus ou moins long. A cet égard, je crois pouvoir dire que l'opinion générale n'a jamais varié, et que tout le monde c nsidère comme l'un des effets les plus avantageux de la pluie sur les plantes l'absorption que celles-ci en feraient à leur profit par la surface de leurs feuilles ou, en termes plus vagues, de leurs organes extérieurs. Cette manière de voir est si universellement répandue qu’il faut presque du courage pour oser la combattre ; et cependant je ne sache pas qu'elle s'appuie sur une seule expérience directe ; c'est, en quelque sorte, d'instinct que tout le monde (1) Voyez le Bulletin, t. IV, p. 910-946. . SÉANCE DU 24 FÉVRIER 1860. $7 la partage. "Toutefois, dans un de ses mémoires, M. Garreau a cru pouvoir la justifier par une déduction tirée de ses recherches sur l'absorption de l'en, et il a formulé la conclusion : « que, puisque de simples lavages à l'eau distil- lée suffisent pour augmenter les propriétés absorbantes des feuilles, les eaux pluviales doivent produire le méme effet (1^. » Malheureusement cet énoncé n'a, ce me semble, qu'une bien faible valeur, d'abord parce qu'il ne repose pas sur des observations directes, mais sur une simple analogie présumée et. non démontrée, en second lieu, parce que les recherches expérimentales desquelles l'auteur a cru pouvoir le déduire ont eu pour sujets des feuilles détachées qui n'autorisent aucune conclusion relativement aux mêmes organes fixés à la plante vivante. Des expériences précises et directes m'ont semblé pouvoir seules permettre de résoudre une question de cette nature. Je les ai entreprises en 1856, et je les ai poursuivies, depuis cette époque, en profitant de toutes les occasions que j'ai trouvées dans un séjour à la campagne, pendant six mois, chaque année. Mais les difficultés de plusieurs sortes que j'ai rencontrées pour disposer, au- tour des pots dans lesquels se trouvaient les racines de mes plantes, des appa- reils hermétiquement fermés et non susceptibles de prendre de l'eau, soit par capillarité, soit par imbibition, sur leur surface extérieure, l'élimination forcée des observations recueillies pendant des pluies qui étaient tombées en averses discontinues, les précautions diverses dont j'ai dû m'entourer pour rendre mes expériences concluantes, m'ont fait perdre beaucoup de temps en essais infructueux ou ne donnant que des résultats incomplets. En dernière analyse, je crois prudent de ne tenir compte aujourd'hui que des données obtenues en 1859, dans un jardin situé à Meudon (Seine-et-Oise) ; encore ferai-je un choix parmi celles que je possède, afin de ne pas trop étendre cette commu- nication. Voici maintenant comment j'ai procédé. Mes expériences ont porté sur différentes plantes, principalement sur des pieds vigoureux de Fuchsia globosa et de Veronica Lindleyana, que j'avais obtenus de boutures au printemps. Les pousses de ces arbustes étaient encore herbacées en grande partie, et leurs feuilles, toutes développées depuis environ deux mois, paraissaient être dans de bonnes conditions pour absorber. J'ai tenu en réserve et à couvert les plantes que je destinais à servir de sujets pour mes observations, après en avoir préalablement enfermé le pot dans l'appareil qui formait autour de lui une enveloppe hermétiquement close ; puis, lorsque est survenue une pluie qui paraissait devoir être durable, je les ai exposées immédiatement après les avoir pesées an moyen d'une grande balance qui a été construite spécialement pour des observations de ce genre, et qui me permet d'apprécier un vingtième de gramme sous une charge de 3 et 4 kilogramtnes. Quand mes plantes ont eu recu la pluie pendant plus ou moins longtemps, je les (4) Annales des sciences naturelles, 3° série, XII, 1849, p. 333. 88 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ai pesées de nouveau, aprés avoir essuyé avec beaucoup de soin leur appareil, et quelquefois, mais toujours peu exactement, leurs feuilles. Je n'ai jamais cherché à enlever toute l'eau qui les mouillait; parfois méme je ne les ai pas essuyées du tout ; mais si, chargées de l'eau qui était restée à leur surface, elles ont accusé un poids à peine supérieur à celui que je leur avais trouvé avant la pluie, j'ai dû forcément tirer de ces deux pesées successives la méme conclusion que si, essuyées exactement, elles avaient pesé autant ou méme moins aprés qu'avant la pluie. Il m'a semblé logique d'admettre que, la pluie n'ayant pas ajouté à leur premier poids, elles n'en avaient pas absorbé l'eau en quantité appré- ciable pour ma balance, ni, par conséquent, sensible pour la végétation. Car, il est important de le faire remarquer, daus des expériences sur des végétaux vivants, il ne s'agit pas d'arriver à la précision mathématique des recherches de laboratoire; qu'importerait, en effet, pour le cas présent, qu'une plante absorbât de l'eau en quantité égale à une très faible fraction de gramme, qui ne pourrait influer en rien sur sa végétation? Aussi tirerai-je de mes expé- riences la conséquence, non pas que l'absorption de l'eau de la pluie par les parties extérieures ‘des végétaux est mathématiquement nulle, mais bien qu'elle est physiologiquement nulle, si je puis m'exprimer ainsi. Néanmoins, pour que cette conclusion soit légitime, il faut pouvoir montrer que les sujets des expériences ne présentaient pas de causes de diminution de poids capables de dissimuler une absorption d'eau qui aurait eu lieu en méme temps. Or, si je ne me trompe, deux phénomènes pourraient seuls être invo- qués comme ayant eu pour effet de diminuer le poids de la plante exposée à la pluie; ce sont la respiration et la transpiration. Pour la respiration, il semble inutile de la faire figurer ici. En effet, le raisonnement suffirait déjà pour montrer qu'elle n'a pu qu'augmenter et non diminuer le poids. On ne supposera probablement pas que les sujets exposés à la pluie aient, par cela méme, cessé immédiatement de végéter ; or, qu'est-ce pour eux que végéter, si ce n'est s'accroitre et, par conséquent, augmenter de poids ? Mais d'ailleurs les preuves directes ne manquent pas. Si l'expérience a été faite pendant le jour, les beaux travaux de Th. de Saussure, entre autres, nous apprennent que, sous l'influence de la lumiere, les plantes décomposent l'acide carbonique puisé par elles dans l'air, s'en assimilent le carbone, et qu'elles n'en dégagent pas méme tout l'oxygene dont elles s'assimilent une partie (1), double assimi- lation, qui ne peut, à coup sür, amener une perte de poids. Si l'observation a été prolongée pendant la nuit, les recherches du méme chimiste montrent que, pendant ce temps, les feuilles ont dû inspirer une proportion plus cu moins considérable d'oxygène pour en former, avec leur carbone, de l'acide carbo- nique dont s'est chargée leur eau de végétation (2); ici encore il serait difficile (1) Voyez Recherches chimiques sur la végétation, chap. 1I, à divers passages, notamment page 49. (2) Id., ibid., chap. HJI. SÉANCE DU 9^4 FÉVRIER 1860. 89 d'admettre une diminution de poids. Les phénomènes respiratoires ne peuvent donc, je crois, intervenir pour dissimuler, par une déperdition de poids, une absorption quelconque. La transpiration ne me semble pas pouvoir produire plus d'effet, dans les conditions de mes expériences. En effet, bien qu'il me semble impossible de la déterminer directement, ni, à plus forte raison, comparativement pendant des observations de ce genre, il est reconnu qu'elle devient ou nulle, ou du moins extrêmement faible dans une atmosphère saturée d'humidité. A quoi donc doit-elle être réduite, si même elle n’est entièrement supprimée, pour une plante que la pluie couvre d'une couche d'eau ? Je crois dès lors être au- torisé à ne pas faire intervenir la transpiration comme cause d'une perte de poids dans les plantes exposées à la pluie. Au reste, c'est afin de pouvoir éli- miner la transpiration que j'ai commencé chaque expérience lorsque la pluie avait déjà commencé de tomber, et que je l'ai terminée lorsque la plante en était encore entièrement mouillée. ll me semble donc, au total, que les conclusions déduites de mes expé- riences ne peuvent rencontrer d'objection de ces deux cótés. Mais je dois encore dire quelques mots sur une contradiction apparente qu'on pourrait trouver entre les résultats de ces observations et celles des recherches bien connues de Bonnet. On sait que ce physiologiste admet que des feuilles posées sur l'eau, se conservant fraiches pendant longtemps, absorbent de l'eau par l'une au moins de leurs faces. Son interprétation du fait ayant été déclarée inexacte par divers botanistes, qui expliquaient la conservation de cette fraicheur parce que le contact de l'eau supprimait la transpiration, j'ai moi-méme répété les expériences du savant génevois, et j'ai pu reconnaitre une augmentation de poids dans les feuilles que j'avais tenues en contact avec l'eau (1). Or, peut-étre voudra-t-on voir une contradiction entre ce fait et celui qui est l'objet de cette uote. Mais les observations de Bonnet ont été faites sur des feuilles détachées de la plante; dans ce cas, comme je l'ai montré (loc. cit.), il ne s'opère en elles qu'une simple imbibition locale, qui souvent se manifeste par une modi- lication de la verdure de l'organe et qui n'empéche pas de se dessécher les portions de celui-ci situées en dehors du vase rempli d'eau. Tirer des faits observés sur ces feuilles coupées une conclusion quelconque relativement aux leuilles qui font encore partie d'un végétal vivant, ce serait imiter un zoologiste qui chercherait à expliquer les phénomènes de la vie animale par des expé- riences faites sur des membres amputés. Je crois donc qu'il n'y a nulle analogie entre les observations de Bonnet et celles que je vais rapporter, et que dès lors on ne peut opposer l'une à l'autre l'absorption d'une certaine quantité d'eau par les feuilles coupées et la non-absorption de l'eau de la pluie par les feuilles des plantes vivantes, (1) Voyez le Bulletin, t. IH, p. 221 et suiv. 90 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Aprés ces considérations, qui m'ont paru nécessaires pour prévenir des objections, je vais donner les détails de quelques-unes de mes observations. I. Le 11 octobre 1859, à deux heures après midi, j'ai inis en même temps à la pluie, qui tombait abondamment, deux pieds jeunes, vigoureux et ra- meux de Fuchsia globosa, aussi semblables entre eux que possible, dont l'un (A) avait son pot exactement enfermé, tandis que l'autre (B) l'avait à décou- vert. Le premier pesait alors 205927,55, tandis que le poids du second était de 1386,90. L'un et l'autre endurèrent la pluie jusque vers 5 heures de l'après- midi. Ils furent alors pesés de nouveau, après que l'appareil qui renfermait le pot du premier eut été essuyé avec grand soin ; seulement, comme il me sem- blait difficile d'en essuver les nombreuses feuilles, ils furent mis sur la balance ayant toutes leurs parties extérieures mouillées. Chargé du poids supplémen- taire que formait son eau superficielle, le pied A pesa 2060%",70, n'accusant ainsi qu'une augmentation de 15,15 due évidemment à la présence du liquide. Quant à B, dont la terre et le pot, restés à découvert, avaient recu toute la pluie, il pesa 143427,30, ce qui donne une augmentation de ^75",/,0 pour un petit pot-godet large, à son orifice, de 0,155. : II. Le méme jour et à la même heure, j'exposai à la pluie deux jeunes pieds de Veronica Lindleyana, qui consistaient chacun en un jet droit et simple, chargé de 18 belles feuilles et de 2 feuilles jeunes, encore appliquées l'une contre l'autre. L'une de ces plantes (C) avait son pot enfermé dans un appareil hermétiquement clos; l'autre (D) avait le sien à découvert. A ce moment, C pesait 1 7055,85, ct D pesait 9252,65. Lorsque l'observation fut terminée, à 5 heures du soir, les deux plantes furent essuyées imparfaitement. Dans cet état, leur poids fut trouvé, pour C, de 170657,80, pour D, de 9553,50. L'augmentation de 027,95, qui fut reconnue pour le pied C, me semble de- voir être mise sur le compte de l'eau qui était restée dans l'aisselle de ses feuilles et adhérente par places aux deux faces de ces organes. L'augmentation totale pour D, dont le pot avait recu la pluie, s'était élevée à 295,65 ; son pot- godet avait seulement 0,141 d'ouverture. Pour fourair un terme de comparaison, il est bon de faire remarquer que, peu de jours après cette observation, une rosée abondante ayant mouillé entiè- rement la surface de ces deux plantes (C et D), le poids de la couche d'eau ainsi déposée sur chacune d'elles fut reconnu un peu supérieur à 8 grammes. On voit donc que 02,95 n'était qu'une faible fraction de l'eau nécessaire pour en mouiller fortement la surface. HI. Le 18 octobre 1859, à cinq heures et demie du soir, les pieds A et B de Fuchsia globosa furent exposés à la pluie, qui avait commencé de tomber abondamment depuis un quart d'heure. Leur poids était alors, pour A, de 20012*,95, pour B, de 1331560. La pluie dura pendant presque toute la nuit, et, le lendemain matin. les plantes étaient toutes mouillées. Elles furent pesées dans cet état, mais seulement après que l'appareil qui renfermait le pot SÉANCE DU 2^ FÉVRIER 1860. 91 de A eut été soigneusement essuvé. Le résultat des nouvelles pesées fut alors, pour A, 200225,40, pour B, 136927,90. En d'autres termes, le pied A, dont le pot était logé dans un appareil hermétiquement fermé, n'accusait, après toute une nuit de pluie peu interrompue, qu'une augmentation de 02,45, qui ne représentait certainement pas toute la quantité d'eau dont il était mouillé ; de son cóté, le pied B, dont la terre, quoique déjà trés humide avant l'obser- vation, avait pu s'imbiber encore davantage, avait gagné 3827,50. En réalité, le pied À avait sans doute subi une légère diminution de poids, qui s'explique par une faible transpiration survenue à la cessation de la pluie, pendant la nuit. IV. En même temps que les pieds A et B de Fuchsia, j'avais mis à la pluie les deux Veronica Lindleyana € et D. Au commencement de l'expérience, leur poids était, pour €, de 16645", 90, pour D, de 8788",20. Le lendemain 19, a 8 heures du matin, les deux plantes, imparfaitement essuvées, pesèrent, la première (C), 16658',60, la seconde (D), 909sr,40. I n'y avait donc que 087,73 pour l'augmentation apparente de C, due certainement à l'eau qui était restée dans l'aisselle des feuilles ou adhérente à la surface de ces organes, tandis que l'accroissement avait été de 3187,20 pour D, dont le pot avait recu la pluie. V et VI. Enfin je me contenterai de rapporter deux autres observations faites simultanément sur ces quatre sujets. Le 30 octobre 1859, à une heure et demie, j'exposai à la pluie, qui déjà tombait avec force, les quatre plantes A, B, C, D, auxquelles je trouvai les poids suivants : A — 203127,35; B — 12692,10; € — 1729:*,50; D = 8905",70. La pluie tomba à torrents pendant toute la soirée et presque toute la nuit ; elle était accompagnée d'un vent de sud-ouest assez fort. Le lende- main 31, à 7 heures et demie du matin, les 4 plantes étaient, on le concoit sans peine, toutes couvertes d'eau. J'en essuyai imparfaitement les feuilles; inais je mis tout le soin convenable pour enlever l’eau qui mouillait les appareils de A et C. Voici quels furent les résultats des nouvelles pesées faites dans ces con- ditions : 4 — 2030:7,85; B — 151827,00 ; C = 173027,10; D = 10548°,20. \insi le pied A de Fuchsia, dont le pot était exactement enfermé, accusait une diminution de poids, que l'eau restée adhérente réduisait à 057,50; le pied C de Veronica, qui était disposé de méme, indiquait une légère augmen- tation apparente de 07,60, qui était due, sans le moindre doute, à l'eau restée dans les aisselles des feuilles ou sur la surface de ces organes. En réalité, les deux plantes avaient dù subir quelque peu de transpiration par l'effet du vent, malgré la nuit et la saturation de l'air; la déperdition avait été plus sensible pour le Fuchsia, en raison de la texture plus délicate de ses feuilles ; mais l'eau restée sur la plante dissimulait une partie de cette légère déperdition. La Vé- ronique transpire peu, à cause de la texture presque coriace de ses feuilles ; aussi la légère diminution de poids qu'elle avait trés probablement subie était- 99 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. elle entièrement dissimulée par l'eau adhérente qui même donnait une aug- mentation apparente. — Quant aux deux pieds B et D, dont le pot était resté à nu, la masse d'eau dont leur terre s'était imbibée était très considérable, puisqu'il fallait lui attribuer la plus grande partie de l'augmentation de poids qui était, pour B, de 2487,90, pour D, de 15327,50. VII. Un pied de Reine- Marguerite, planté depuis 15 jours environ dans un pot qui fut enfermé dans un appareil parfaitement clos, fut exposé, le 26 août 1859, à 9 heures du matin, à une pluie modérée qui tombait déjà depuis une heure. Son poids était alors de 22155",00. La pluie ayant cessé à 10 heures et un quart, je pesai aussitót ma plante, aprés avoir essuyé avec soin son appa- reil et avoir enlevé en partie l'eau qui la mouillait. Dans cet état, elle pesa 2214,95. Son poids était donc à peu près égal à ce qu'il avait été au com- mencement de l'observation, et cela malgré la présence d'une petite quantité d'eau à sa surface. VIII. Un pied de Phlox decussata, disposé comme la plante dont il vient d'étre question, fut mis en expérience en méme temps que celle-ci et traité de la méme maniere. Au commencement de l'observation, son poids était de 242h8",h0. Après être resté à la pluie pendant une heure et un quart, et étant encore un peu mouillé, il pesa 24245",00. Pendant cette observation, comme pendant la précédente, la température était de 19° C., ce qui me semble pouvoir rendre compte de la légère dimi- nution de poids subie par les deux plantes. Les 8 observations que je viens de rapporter en détail ont été faites sur ^ espèces de plantes, à deux époques différentes, dans des conditions qui au- raient dû, je crois, faciliter l'absorption de l'eau, si elle avait pu avoir lieu ; cependant toutes également présentent ce résultat curieux que les plantes ex- posées à la pluie pendant plus ou moins longtemps, méme pendant plus de 12 heures de suite, mais ayant la terre et le pot qui contenait leurs racines logés dans un appareil parfaitement fermé, n'ont pas subi d'augmentation réelle dans leur poids, et paraissent, au contraire, avoir éprouvé, dans certains cas, une faible déperdition due sans doute à une légére transpiration qui a pu avoir lieu par moments. Il me semble donc logique d'en conclure que les par- ties extérieures de ces mêmes plantes se sont montrées par là privées de la faculté d'absorber l'eau de pluie qui a lavé pendant longtemps leur surface. Evidemment ce résultat est en complet désaccord avec toutes les idées reçues, et, en raison de sa nouveauté, il n'est peut-étre pas dépourvu d'intérét. Tou- tefois, avant de le formuler définitivement en loi générale, je crois prudent de l'appuver sur un plus grand nombre d'observations. Aussi, maitre désormais de l'expérience, j'ose du moins le penser, suis-je dans l'intention de soumettre, cette année, au méme mode d'expérimentation, des sujets plus variés de nature et de tissu. J'espére trouver, dans ces nouvelles expériences, une confirmation de celles dont je viens d'exposer les résultats. SÉANCE DU 2/4 FÉVRIER 1860. 93 M. Decaisne invite M. Duchartre à faire des expériences sur l'absorption de l'eau en vapeur par les racines, et ajoute les obser- vations suivantes : Les racines absorbent probablement l'eau sous forme de vapeur, à travers les fissures du sol. La partie supérieure de l'ancien labvrinthe du Jardin des Plantes était plantée de Lycium, et ces arbrisseaux y croissaient avec vigueur ; quand on en remua la terre pour y planter des Ifs, on la trouva aussi sèche et aussi friable que de la cendre. On sait, d'ailleurs, qu'une plante végete d'autant mieux que son sol est plus poreux, et l'on connait par expérience les bons effets du binage et du drainage. M. Duchartre dit : Qu'il partage l'opinion de M. Decaisne sur l'importance des fonctions des racines, qui lui semblent être l'organe essentiellement absorbant des plantes. H croit que, dans les faits rapportés par M. Decaisne, il faut tenir grand compte de l'hvgroscopicité du sol et de son état de corps poreux qui le rend éminem- ment propre à absorber l'humidité de l'air, pour la transmettre ensuite aux racines. C'est là, comme on le sait, le motif pour lequel l'ameublissement par les labours est extrémement avantageux aux plantes, et peut méme diminuer beaucoup les fàcheux effets de la sécheresse. I! rappelle à ce propos un fait remarquable, rapporté par Lardier, dans un de ses ouvrages sur l'agri- culture des environs de Marseille; ce fait est relatif à un amateur d'horticul- ture qui, sur un terrain sec, et sans eau pour les arrosements, parvenait à obtenir une belle végétation, grâce à son habitude de remuer presque cons- tamment la terre au pied de ses plantes; il a donné naissance à une locution populaire qui qualifie la binette d'arroso?r de M. Passairé. M. Reveil fait observer que M. Duchartre n'a pas, dans ses expériences, tenu compte de la quantité d'eau exhalée durant le temps de l'observation, et qu'on aurait pu mesurer cette quantité sur un deuxième sujet tenu à l'abri de la pluie pendant que le premier y était exposé. M. Duchartre répond à M. Reveil : Que la transpiration étant soumise à des variations à peu près incessantes, en raison des conditions atmosphériques, il serait impossible de rien conclure pour une plante exposée à la pluie de ce qu'on observerait sur une plante ana- logue tenue à sec peudant le méme temps. 1l ajoute que cette transpiration, si elle a lieu pour une plante soumise à la pluie, doit être assez faible pour pou- DA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. voir ètre négligée sans erreur notable, d'après tout ce qu'on sait relativement à l'influence qu'exerce sur ce phénomène un air saturé d'humidité. M. Reveil appelle l'attention de la Société sur les transformations chimiques qui s'opérent spontanément dans les végétaux. Ce sont, dit-il, des phénomènes successifs d'oxydation, présentés par ies maté- riaux de la séve à mesure qu'ils montent dans le tissu végétal. Ainsi, d'apres les expériences de M. Persoz, l'indigo blanc absorbé par les racines se trans- forme dans les feuilles en indigo bleu, en prenant un équivalent d'oxygène. Dans les jeunes pousses de la Vigne, on trome une grande quantité d'acide malique, et, dans les raisins, de lacide tartrique, lequel est de l'acide malique ayant absorbé deux équivalents d'oxygène. Peut-être les poisons, qui, comme l'a démontré M. Bouchardat, sont presque tous sans action sur les vé- gétaux, ne perdent-ils leurs propriétés toxiques qu'en veriu d'une transforma- tion chimique qu'ils subiraient dans le végétal. M. Reveil ne cite que deux agents capables d'empoisonner les plantes, l'acide arsónieux en dissolution un peu concentrée, et le chlorate de potasse, même à la dose d'un. gramme par deux litres d'eau, ce qui est fort curieux. On pourrait ntiliser cette propriété nouvellement connue du chlorate de potasse pour détruire les parasites végétaux de l'homme, souvent rebelles à toutes sortes de médications, le Trichophyton tonsurans par exemple. M. T. Puel fait à la Société la communication suivante : ÉTUDES SUR LES DIVISIONS GEOGRAPHIQUES DE LA FLORE FRANCAISE, par M. T. PUEL. {Cinquième partie) (1). Le but principal que je me suis proposé dans mes Z'tudes sur les divisions géographiques de la flore française, étant de trouver un ordre naturel pour l'énumération méthodique des localités de chaque espèce, soit dans une Flore, soit dans un catalogue, il me reste à faire l'application des idées que j'ai émises sur les limites des flores régionales, correspondant à nos groupes de montagnes et aux bassins de nos fleuves. J'ai eu un moment, je l'avoue, la pensée de rédiger un Catalogue des plantes de France, au point de vue spécial de la géographie botanique, et j'aurais éprouvé une grande satisfaction à exécuter ce projet, pour lequel, je me plais à le reconnaitre, les encouragements et les offres bienveillantes d'un (4) Voy. le Bulletin, t. V, p. 919, et t. VI, p. 453, 471 et 795, SÉANCE DU 24 FÉVRIER 1860. 95 concours actif ne m'ont point fait défaut; mais je ne puis oublier qu'il ne m'est permis de consacrer que de courts instants à l'étude de la botanique, et je dois laisser à de plus heureux que moi le soin d'entreprendre et de mener à bonne fin une œuvre qui ne serait peut-être pas sans utilité pour les progrès de la botanique francaise, surtout au point de vue statistique. Je demanderai toutefois à la Société la permission de lui exposer le plan que je m'étais tracé à cet égard, et de soumettre à son appréciation un spé- cimen de ce catalogue, comprenant quelques espèces qui appartiennent à diverses régions botaniques. Les bonnes Flores ne manquent pas en France, et, sous le rapport des- criptif, quelques-unes d'entre elles ne sont ni moins estimées ni moins utiles que des ouvrages plus généraux : malheureusement toutes les contrées de la France sont loin d’être représentées dans nos bibliothèques botaniques par des ouvrages modernes qui soient au niveau de la science. Les botanistes qui veulent herboriser aux environs de Paris, en Lorraine, en Alsace, en Nor- mandie, dans le centre et dans l'ouest, en un mot dans la moitié septentrio- nale de la France, trouvent des guides sùrs et fidèles dans des ouvrages dont je n'ai pas besoin de nommer les auteurs; mais n'est-il pas affligeant pour nous d'étre obligés d'herboriser encore aujourd'hui dans les Alpes avec Villars ou Mutel, en Provence avec Gérard où Garidel, à Montpellier avec Magnol ou Gouan, à Narbonne avec Pourret, aux Pvrénées avec Bergeret ou Lapeyrouse, dans les Landes avec Thore ou Saint-Amans, et de parcourir la plupart des riches départements du midi, sans autre guide qu'un simple catalogue, quel- quefois les mains vides? Je sais que des botanistes pleins de zèle et de savoir ont publié, dans ces derniers temps, des Flores destinées à combler les lacunes que je signale ici, et je ne voudrais pas étre accusé de méconnaitre l'importance de ces travaux isolés ; sans avoir la prétention de citer tous les ouvrages qui mériteraient de l'étre, je ne puis passer sous silence les Flores récentes de la Gironde, par M. Laterrade, de Tarn-et-Garonne par M. Lagrèze, de Toulouse par M. Nou- let, du Gard par M. Pouzols, des environs de Lyon par M. Cariot. Je dois mentionner aussi les notices intéressantes de MM. Grenier sur les Alpes du Dauphiné, Godron sur les environs de Montpellier, de Martrin-Donos sur les environs de Narbonne, Durieu de Maisonneuve sur la Gironde, et les catalo- ques spéciaux de la Dordogne par M. Des Moulins, dela Charente-Inférieure par M. Fave, des Pyrénées par M. Zetierstedt. Malgré cette masse imposante de travaux, dont je n'ai pu signaler qu'une faible partie, je ne puis m'empé- cher d'exprimer de nouveau le regret que ces travaux ne soient pas plus mul- tipliés, et surtout que Montpellier, qui posséda Magnol avant que Paris eût Tournefort et Vaillant, soit encore réduit aujourd'hui à la Flore d'un contemporain de Linné, tandis que Paris compte, depuis le dernier siecle, une série nombreuse d'ouvrages qui ont marqué successivement les progrès 96 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de la botanique en France, et dont le dernier, parvenu à sa seconde édition maintenant sous presse, servira longtemps de modèle aux auteurs de Flores locales. Sans doute la récente Flore de France de MM. Grenier et Godron supplée, sous beaucoup de rapports, à l'insuffisance des Fiores particulières; mais une Flore générale ne peut jamais remplacer complétement les Flores spéciales. C'est dans ces derniers ouvrages seulement qu'on peut entrer dans des développements convenables en ce qui concerne les indications géographiques et les localités, les stations diverses que chaque plante affec- tionne, les limites supérieure et inférieure d'altitude d'une même espèce (variables suivant la latitude) la constitution géologique du sol, en un mot, toutes les circonstances locales, dont la connaissance précise est indispensable pour fixer d'une maniére durable les fondements de la géographie bota- nique. Les catalogues simples, sans descriptions spécifiques, sont beaucoup plus nombreux que les Flores proprement dites, et l'on aurait pu s'attendre à trouver fréquemment, dans ces travaux préliminaires, en général limités à une région peu étendue, la plupart des indications dont je viens de parler : mal- heureusement il n'en est rien, et, sauf un petit nombre d'exceptions (parmi lesquelles on peut signaler en premiere ligne, au moins en ce qui concerne la géologie, le Catalogue du plateau central de MM. Lecoq et Lamotte, celui des Vosges, par M. Mougeot, celui de Montbéliard [Doubs], par M. Contejean, et celui de Belfort [Haut-Rhin] par M. Parisot), les catalogues particuliers ne donnent en général que des indications géographiques. En résumé, il est certain que, dans l'état actuel de nos connaissances, nous manquons des documents nécessaires pour dresser, sur une base réellement scientifique, la statistique botanique de la France. Je vais passer rapidement en revue les points principaux qui devraient, à mon avis, constituer les éléments d'un bon catalogue, et l'on reconnaitra sans peine que, s'il s'agissait de rédiger aujourd'hui dans ce sens un catalogue général des plantes de France, il y aurait autant de lacunes à signaler que de faits positifs à constater. Aussi n'ai-je en ce moment d'autre but que de convier tous nos confrères à l'étude spéciale de la région qu'ils habitent, el de les engager à communiquer à la Société le résultat de leurs observations. Synonyme. — Il faut, avant tout, que la synonymie d'une plante soit par- faitement élucidée, et, quoique cette question soit plus particulièrement du domaine de la flore descriptive proprement dite, elle peut néanmoins étre traitée dans un simple catalogue. à Les botanistes modernes attachent, avec juste raison, une grande importance aux questions de priorité ou d'antériorité descriptive : chacun de nous sait que les travaux incessants de notre savant confrère M. J. Gay ont contribué, depuis plus de trente ans, à donner cette heureuse impulsion aux études bota: SÉANCE DU 2/4 FÉVRIER 1860. 97 niques, et que de fréquents changements de synonymie sont résultés des justes restitutions faites aux plus anciens auteurs. Pour se convaincre des progrès réalisés à ce point de vue, il suffit de comparer les deux premières éditions de la Flore francaise de Lamarck (1778 et 1793), la troisième édition, qui doit être considérée en réalité comme l'œuvre propre de De Candolle (1805 et 1815), les deux éditions du Flora gallica de Loiseleur (1806, 1807 et 1828), le Botanicon gallicum de M. Duby (1828 et 1850), la Flore francaise de Mutel, enfin la Æ{ore de France de MM. Grenier et Godron (1847 à 1856). vest ainsi que la plante de la Gironde, indiquée primitivement par Thore (1803) sous le nom inexact d Erica arborea, fut signalée en 1828 par M. Soyer-Willemet sous le nom d' E. polytrichifolia Salisbury in Trans. Linn. Soc. t. VI, p. 329 (1802), adopté par Mutel ; quelques années aprés, en 1832, M. Gay fit remarquer que la plante de Salisbury avait été désignée antérieurement sous le nom d' E. lusitanica Rudolphi in Schrad. Journ. Bot. t. IT, p. 286 (1799). C'est le nom définitif que, sur les indications de M. Gay, nous avons adopté, M. Maille et moi, en 1850, dans notre Herbier des flores locales de France, et qui est admis également par MM. Grenier et Godron dans leur Flore de France. Le Carex gynobasis Villars in Chaix P/. vapinc. enum. p. 8 (1785), Hist. pl. Dauph. t. TI, p. 206 (1787), désigné sous ce nom jusque dans ces derniers temps, a dû céder le pas au C. Zalleriana Asso Sym. stirp. Aragon. n° 922, p. 133, tab. 9, fig. 2 (1779). Il serait facile de multiplier les exemples de ce genre, mais je veux seule- ment aujourd'hui appeler l'attention sur ce point intéressant, pour faire sentir la nécessité d'opérer promptement ces réformes, afin de mettre un terme aux variations perpétuelles de la synonymie moderne. Je pense, du reste, qu'il serait utile de n'admettre dans les catalogues et méme dans les Flores que la synonymie des auteurs qui ont traité des plantes de la méme région : on éviterait ainsi des erreurs souvent fondées sur une appa- rente analogie ou sur des descriptions incomplétes. Je voudrais, par exemple, exclure d'un catalogue qui aurait pour objet la flore francaise, la synonymie de l'ouvrage d'ailleurs si recommandable de Koch, que nous avons sans doute raison de consulter souvent, mais qui cite quelquefois à faux les synonymes de nos Flores locales de France. Est-il bien certain, par exemple, comme le pense Koch, que l Allium ochro- leucum Waldst. et Kit. soit la méme plante que l'A. ericetorum Thore? Il n'en est rien, si je m'en rapporte à un échantillon d’A. ochroleucum d'Alle- magne, que je tiens de la libéralité de M. Huguenin (de Chambéry), et à. un autre échantillon que je possède également et qui fait partie de l Herbarium austriacum publié par M. Opiz. J'ai cité moi-même l'A. ericetorum Thore, sous le nom d'A. suaveolens Jacquin, d’après l'opinion de Saint-Amans et de Chaubard, mais il serait peut-étre plus prudent de restituer provisoirement T VIT. 1 98 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. le nom de Thore à notre plante d : sud-ouest de la France, eu attendant que le fait soit éclairci d'une manière positive. Il serait à désirer aussi que l'auteur du catalogue, en se bornant à énu- mérer la synonymie locale, fit néanmoins toutes les recherche: possibles pour lui donner une grande anthenticité. On pourrait. par exemple, pour un cata- logue des plantes de France, vérifier les types du Pofanicon gallicum déposés par De Caudolle dans l'herbier de France du Muséum. Le grand herbier de Loiseleur, qui faisait partie des vastes collections de Requien, est déposé aujourd'hui dans le musée d'Avignon et ne pourrait être que difficilement consulté, mais il existe encore à Paris une petite collection que l'auteur avait conservée pour son usage personnel, et qu'il m'a été permis de consulter en mainte circonstance. L'herbier de Mutel est conservé dans le musée de Grenoble, mais il est probable qu'on trouverait, dans plusieurs herbiers particuliers, des types de cet auteur, et pour ma part j'en possède un assez grand nombre qui me viennent de l'herbier précieux de M. Chaubard. Enfin, MM. Grenier et Godron ont répandu avec une généreuse profusion les repré- sentants authentiques de leur Flore de France : M en existe une collection très nombreuse dans l'herbier du Muséum, et celle que je dois à leur amitié dépasse aujourd'hui 500 espèces, choisies parmi les plus rares et les plus intéressantes. Voilà certes des éléments nomihreax, sinon complets, pour fixer d'une ma- nière positive la synonymie des principales plantes citées par les divers auteurs qui ontécrit sur la flore francaise; un catalogue dans lequel on signalerait par le signe affirmatif de convention (!; les plantes authentiques, en ayant soin d'indiquer la source de cette affirmation, que chacun pourrait ainsi contrôler, un semblable catalogue offrirait, je n’en doute pas, le plus grand intérêt à tous les botanistes français. Collections typiques où Ersiccatu. — La citation des collections d' Easic- cate devrait être placée après la synonymie, mais il conviendrait de se borner aux plantes d'origine française, par des raisons analogues à celles qui ont été exposées pour justifier l'exclusion des synonvmes étrangers, quoique, à la vé- rité, les chances d'erreur soient moins grandes pour des collections qui per- mettent une comparaison directe que pour des descriptions spécifiques sou- vent obscures et incomplétes. Parmi les collections de plantes françaises publiées dans ces derniers temps, la plus nombreuse est celle de M. Billot (de Haguenau), notre honorable con- frère, qui ne tardera pas à atteindre le chiffre énorme de 3000 numéros, mais dont il faut cependant exclure, à mon point de vue, un grand nombre d'es- pèces d'Allemagne, d'Algérie et d'Italie. Les collections diverses que M. Schultz a publiées depuis vingt-cinq ans et celles qu'il publie encore chaque jour avec une activité si digne d'éloges et d'encouragements, ne sont pas moins importantes que celles de M. Billot, SÉANCE bU 24 FEVRIER 1860. 99 M. Bourgeau, l'infatigable explorateur des iles Canaries, de l'Espagne, du Portugal et de tant d'autres. contrées, à publié un assez grand nombre de plantes des Pirénées et de la région méditerranéenne, M. Michalet, notre honorable confrère, avait commencé un //erbier du Jura, dont ses amis ont pn apprécier la valeur scientifique, et nous espérons tous que cette intéressante publication, suspendue après le n° 150, sera reprise un jour et menée à bonne fin par son auteur. Les collections de M. Soleirol et celles de mon excellent ami M. Kralik comprennent la majeure partie des plantes de Corse. MM. Grenier et Godron citent toutes les collections précédentes, ainsi que celles dont M. Maille et moi dirigeons la publication, et que je mentionne ici pour mémoire; mais ij en est quelques autres omises par les auteurs de la Flore de France, et cependant bien dignes d'étre citées. De ce nombre sont deux publications anciennes, fort intéressantes et fort rares, l'une sur les Alpes du Dauphiné, l'autre sur les Pyrénées. La premiere, que j'ai l'avantage de posséder grâce à la générosité de M. Fr. Delessert, est de Sieber et comprend 172 numéros : elle a été éditée en 1829; la seconde, dont j'espère posséder bientôt tous les types, avec des étiquettes de la main de l'auteur, date de 1836 et comprend 180 numéros : elle est due à notre honorable confrère et ancien président M. Duchartre, qui l'a enrichie de notes critiques fort intéressantes sur la synonymie de Lapeyrouse, d'apres des comparaisons faites avec l'herbier de l'auteur, conservé au musée de la Faculté des sciences de Toulouse. Ces collections et quelques autres que j'oublie peut-être de mentionner ici, permettraient de joindre à la synonymie de presque toutes les espèces de la flore française, l'indication d'un numéro correspondant à quelque publication authentique. Stations. — M v a des plantes dont les stations sont toujours identiques : telles sont, en général, les plantes aquatiques, et encore parmi celles-ci, quelques-unes se modifient selon qu'elies sont inondées ou nageantes, dans des eaux calmes ou vives, et d'autres offrent, comme certaines Renoncules de la section Zatrachium, une forme terrestre qui diffère notablement de la forme aquatique. Il y à aussi des plantes terrestres «qu'on trouve toujours dans les mêmes con- ditions de sécheresse ou d'humidité; mais il arrive fréquemment, peut-être mème le plus souvent, que la plante peut végéter au milieu des circonstances les plus diverses, par exemple à des altitudes extrêmement variables. On à observé depuis long'emps des modifications remarquables dans la taille, le port, etc., des plantes qui, de la plaine, s'élèvent sur les hautes montagnes, mais on a peut-être trop négligé les variations produites à ce point de vue, parmi les plantes de la plaine et parmi celles des basses montagnes, par des circonstances plus difficiles à saisir, 100 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Nous avons publié, M. Maille et moi, sous le n° 221 de notre Herbier des Flores locales de France, une forme naine du Bupleurum aristatum , récoltée par notre ami M. Brehier, sur les dunes de Donville, canton de Granville, arrondissement d'Avranches (Manche). Cette plante, qui mesure à peine quel- ques centimètres de longueur, quoiqu'elle soit parfaitement fructifiée, offre un aspect rabougri qui contraste étrangement avec la forme élancée et rameuse, de plus d'un décimètre de hauteur, qui caractérise la plante des montagnes chaudes de ia région méditerranéenne, telle qu'on l'observe dans tout le bassin du Rhône et méme dans certaines parties de celui de la Gironde, à Cahors par exemple. Il serait, ce me semble, du plus grand intérêt de noter dans un catalogue les stations diverses que chaque plante parait admettre, en signalant les espèces qui végètent toujours dans des conditions identiques. Ces documents servi- - raient un jour à généraliser les circonstances particulières qui ont une influence réelle sur la végétation, et ne seraient pas non plus sans importance pour fixer les limites si incertaines de l'espèce et de la variété. Floraison. — Tout le monde sait combien est variable l'époque de floraison de chaque espèce, selon la latitude et l'altitude; mais il faut tenir compte aussi, dans quelques cas, de circonstances locales de sécheresse ou d'humidité qui ne sont pas toujours exactement indiquées dans les catalogues particuliers d'une région. Les documents font défaut, à cet égard, dans les ouvrages méme les plus modernes : j'engage donc les auteurs de catalogues à les recueillir et surtout à préciser les limites extrémes de la floraison et celles de la fructifi- cation. La date d'apparition des rosettes radicales a aussi une importance trop négligée, à mon avis: c'est souvent pendant l'hiver que se développent ces feuilles inférieures qui, dans certaines familles ou dans certains genres, quelquefois méme au point de vue spécifique, peuvent fournir des caractères utiles. Géologie. — Les indications géologiques manquent dans la plupart des Flores et des catalogues, mais tout le monde comprend aujourd'hui l'impor- tance de ces indications, dont le point le plus saillant est l'opposition entre le terrain siliceux et le terrain calcaire. Il est facile de les donner, quand il s'agit de plantes situées en plein granite ou en plein calcaire; mais des ob- servations locales trés minutieuses sont indispensables quand on récolte des plantes sur la limite des deux terrains, par exemple sur le muschelkalk inti- mement lié au grès bigarré qui lui est inférieur et au calcaire jurassique qui lui est supérieur. Les mémes difficultés pourront se présenter pour certains terrains porphy- riques, tantót situés au contact du grés houiller, des roches schisteuses ou méme du granite, tantôt intercalés au milieu de terrains incontestablement calcaires. SÉANCE DU 2h FÉVRIER 1860. 101 Je signalerai enfin les dépôts calcaires, soit d'eau douce, soit de formation jurassique, qu'on rencontre en Auvergne, en Bretagne et ailleurs, où ils forment des ilots plus ou moins étendus au milieu des terrains granitiques, et vice versà, les ilots siliceux ou granitiques complétement entourés de calcaire, comme celui de la forét de la Serre, vers la limite des départements de la Cóte-d'Or et du Jura, entre Auxonne et Dóle. Les botanistes qui ont fait une étude spéciale de quelque localité ren- draient un véritable service à la science en donnant pour chaque espèce l'indication aussi précise que possible de la nature géologique du terrain, et en notant soigneusement les mélanges apparents ou réels qu'ils auraient observés. Altitude. — Il me reste enfin à recommander l'indication des altitudes, dont on n’apprécie en général l'importance que pour les plantes alpines. L'absence des indications de ce genre sur les étiquettes ordinaires des collec- tions méme les plus soignées, ne permet de signaler que pour un trés petit nombre d'espéces les limites supérieure et inférieure d'altitude. Telle plante végète depuis les bords de la mer jusqu'a une élévation considérable ; telle autre ne dépasse pas certaines altitudes moyennes, soit comme maximum, soit comme minimum. Dans tous les cas, ne serait-il pas intéressant de grouper en- semble les plantes qui paraissent soumises à des lois analogues ? Qui peut pré- voir les conséquences qu'on déduira un jour des observations précises qui pourront être faites à cet égard ? Au reste, on ne saurait nous blàmer de ne pas conclure aujourd'hui, lorsque nous manquons des plus simples éléments de généralisation. Ces observations, sur lesquelles on pourrait s'étendre plus longuement, démontrent l'indispensable nécessité de recueillir de nouveaux matériaux sur les altitudes propres à chaque espéce, et d'en consigner le résultat daus les ca- talogues partiels qui pourront être publiés ultérieurement ou sur les étiquettes des collections futures. La publication récente ou prochaine d'un grand nombre de feuilles de la carte de France du Dépót de la guerre, qui donne si exacte- ment les cotes de hauteur de presque toutes les montagnes et des plus humbles collines, ainsi que les niveaux des cours d'eaux, rend aujourd'hui cette tâche extrémement facile. Un jour viendra sans doute où les auteurs de catalogues locaux, comprenant l'importance des faits dont je parle, nous donneront, à l'exemple de M. Lecoq (Géographie botanique du plateau central), tous les renseignements que je sollicite ici, et particulièrement l'indication du terrain spécial ou des diverses natures de terrain sur lesquels croit chaque espéce, avec les limites supé- rieure et inférieure d'altitude qu'elle peut atteindre, les dates variables de la floraison, celles de la fructification, etc. Alors seulement il sera possible de coordonner les groupes de plantes dans une même région naturelle, et d'en- treprendre la publication d'un catalogue général des plantes de la flore fran- 102 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. caise, rédigé au point de vue spécial de la statistique et de la géographie botaniques. Dans une prochaine séance, j'aurai l'honneur de présenter à la Société un spécimen de ce catalogue, avec l'indication des faits connus et des lacunes à remplir. M. Decaisne présente à la Société des fruits de Noyer commun (Juglans regia), remarquables par la diversité de leurs formes et de leur grosseur. Il fait observer qu'en. s'appuyant. exclusivement sur les caractères de ces fruits, et en ne tenant pas compte de leur origine bien connue, on serait amené à voir, dans chacune de ces formes, autant d'espéces bien caractérisées ; qu'entre les noix ordinaires, les grosses noix rugueuses, les noix oblongues et la noix naine, ronde ou déprimée, à peine. plus grosse qu'une cerise des bois, qui lui a été envoyée d'Avignon par M. Antenosi, il y a plus de différence qu'entre celles de plusieurs Noyers américains, tenus jusqu'ici pour de bonnes espèces. Il en conclut que les Noyers rentrent dans la catégorie des autres plantes culti- vées que l'on cite comme trés polymorphes (les Gucurbitacées, les Crucifères, les arbres à pepins et à noyaux), et cela avec d'autant plus de raison qu'à la variabilité de leurs fruits s'ajoute celle des feuilles, qu'on tronve simples ou composées, entières ou découpées, etc. Ces différences de formes, de taille et d'aspect, dans une méme espèce, auxquelles, jusqu'à ce jour, les botanistes n'ont donné qu'une faible attention, probablement parce qu'ils étaient sous l'empire de l'idée que les variations des plantes soumises à la culture étaient d'insignifiantes monstruosités, ces diffé- rences sont beaucoup plus anciennes qu'on ne serait tenté de le croire. Elles ont été déjà signalées par Bauhin, qui reconnaît, dans le Noyer, des races très distinctes par la grosseur des fruits, ainsi que par la dureté et la coloration du bois. Il y a plus, Pline lui-même parle de plusieurs espèces de Noyers, qui different par la dureté ou l'épaisseur de la coquille, le nombre de loges du fruit, uni- ou quadriloculaire, et enfin par la faculté de produire deux fois l'an. Tous les arbres d'ancienne culture sont dans le méme cas, et nous voyons déjà que, pour le Prunier et l'Olivier, Pline, Varron, Columelle et d'autres auteurs mentionnent un ncmbre considérable de races et de variétés, désignées par autant de noms différents dans la langue populaire, absolument comme nous le voyons aujourd'hui dans nos catalogues d'arbres fruitiers. On peut tenir pour certain que plus les recherches des botanistes se mul- tiplieront dans cette nouvelle voie, qu'on pourrait appeler l'ezégése des espèces, plus exactes seront les diagnoses spécifiques, et plus uniforme aussi deviendra la notion de l'espéce. Un des premiers bénéfices qui en résulteront, sera de décharger la science d'une multitude d'espèces créées au hasard, SÉANCE DU 2^4 FÉVRIER 1860. 103 sans caractères déterminés, dont la nomenclature surcharge la mémoire, et qui rendent fatigant et souvent très inutile l'emploi de certaines Flores locales, où les bonnes espèces sont, pour ainsi dire, perdues dans la maltitade des mauvaises. M. Eug. Fournier, vice-secrétaire, donne lecture de la commu- nication suivante, adressée à la Société : DE LA VALEUR HISTORIQUE ET SENTIMENTALE D'UN HERRIER, pr M. Econ DUFOUR. DEUXIÈME PARTIE (1), — SOUVENIRS D'ESPAGNE. (Saint-Sever-sur-Adour, février 4860.) Quelle immense période de ma vie de naturaliste vient se réveiller, se rajeu- hir, se passionner à la vue des échantillons de mon herbier de la péninsule espagnole, de ces échantillons recueillis pendant une expatriation volontaire de- venue une campagne de sept ans ! Posez dans mes souvenirs fidèles, divines plantes castillanes, navarraises, aragonaises, valencaises et catalanes; apparaissez avec les charmes qui firent et qui font encore les délices de ma vie! Ressuscitez de votre froide demeure, noms amis, noms illustres! Dessinez-vous, montagnes, collines, vastes déserts, avec cette parure botanique inapercue, ignorée de tous, excepté du scrutateur avide qui savait v déceler l'aliment de sa passion ! Et quand je viens à feuilleter cet herbier, chaque plante évoque, retrace à ma pensée des scènes graves, des victoires, des revers, des joies, de la tris- tesse, des regrets, les vicissitudes, les instabilités inhérentes à l'état de guerre. C'est toute une histoire écrite sur le. pétales et les feuilles de ces échantillons. Parti aux premiers jours de mars 1808 comme médecin militaire, je ne ces- sai point un instant de consacrer tous mes loisirs professionnels aux recherches d'histoire naturelle. J'eus le rare bonheur, malgré le caprice des armes, de rentrer, après la longue période signalée, dans le foyer domestique, avec ce trésor scientifique qu'on ne me disputa jamais et qui ne coüta à personne ni une plainte ni un reproche. Mon bréviaire botanique fut l'Enchiridium de Persoon, qui, à mes yeux, justifiait son épigraphe ¿n parvo copia. C'était un don de l'auteur méme. Je touchais à ma vingt-huitiéme année, lorsque je franchis radieux la fron- * tiére internationale à Irun, et je fis presque toujours à pied le trajet de cette (4) La première partie de ce travail a été lue par M. Léon Dufour à la session extraordinaire tenue à Bordeaux. Voyez le Bulletin, t. VI, p. 526. 104 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dernière ville à Madrid. La premiere plante qui étrenna mon carton fut l rica arborea sur les collines entre Hernani et Villaréal. En escaladant les roches lacérées de Pancorvo, je cucillis : Euphrasia longiflora, | Spiræa crenata, Teucrium pyrenaicum, | Erinus alpinus var. hispanicus. Le vaste désert entre Burgos et le pied de la chaîne de Guadarrama, en pas- sant par Aranda, est représenté dans mon herbier par : Quercus lusitanica, | Lavandula pedunculata, Juniperus hispanica, Salvia Hispanorum, Thymus Mastichina, | Balsamita virgata. Dans ces âpres solitudes, en apparence dénudées de toute végétation, l'œil pratique du cryptogamiste trouvait encore à se distraire, à deviser avec les écus- sons, les armoiries de Flore. Il cueillait avec une satisfaction toute patriotique des fragments commémoratifs de Lichens, de physionomie toute française, qui lui redisaient, au milieu du désert, les habitats de Paris, de Montpellier, de Saint-Sever. Je citerai pour mémoire : Urceolaria Hoffmanni, Í Parmelia scortea, — bryophila, | — crassa, — gypsacea, | — cerina, Lecidea geographica, Cenomyce convoluta. Je passai une nuit au lugubre village de Somosierra, dont le trop fameux co , que j'ai traversé trois fois dans ma vie, a été fatal à tant de Francais. Le revers méridional de cette créte de Guadarrama offrit à mes regards surpris un bou- quet de plantes de la région subalpine, dont les unes étaient de mes vieilles con- naissances pyrénéennes que je saluai avec émotion, et dont les autres avaient pour moi tout l'attrait de la nouveauté. Voici ce groupe : Anemone Hepatica, Gagea lutea, Saxifraga veronicæfolia, — minima, Arbutus Uva ursi, Narcissus minor, Erica Dabæoci, — rupicola, Astragalus aristatus, — Graëllsii. La vue du Ñ. rupicola, cueilli à l'étape de Buytrago, me retrace, mieux qu'un livre, et cette sinistre contrée et deux événements graves : 4° la mort d’un de mes compatriotes, jeune homme d’une excellente famille, qui, dans la retraite de 1808, tomba à Somosierra sous le poignard d’un assassin; 2° un fait SÉANCE DU 24 FÉVRIER 1860. 105 politique que j'ai narré ailleurs (1), et que je redirai en deux mots. J'ai vu à Buytrago, dans le laps de temps de trois mois et dans une méme maison de- venue palais royal d'un moment, Ferdinand, roi d'un mois de date, attiré astucieusement en France, Joseph, pareillement roi d'un mois de date, fuyant de Madrid... Vicissitudes humaines ! — Passons outre. Les I Pyrethrum pectinatum, Santolina rosmarinifolia, — cinereum, Diplotaxis Barrelieri, — pulverulentum, — virgata, plantes qui se présentaient à moi pour la première fois, m'escorterent jusqu'aux portes de Madrid. Richissime flore circummadritaine, que de nouveautés tu fis briller aux yeux du novice de 1808 ! Tu partages ce haut privilége avec beaucoup de capitales. I faudrait un volume pour la simple énumération de tout ce que je récoltai de précieuses plantes pendant le séjour d'un seul trimestre, et encore d'un tri- mestre tourmenté par des événements étrangers à la science. Qu'il me suffise, pour le moment, de citer quelques notabilités qui ont dans mon herbier un langage toujours saisissant : Sisymbrium Columna, Lotus conimbricensis, — crassifolium, Minuartia dichotoma, — contortum, Lœflingia hispanica, — hirsutum, Micropus bombycinus, Diplotaxis vesicaria, Cotula aurea, Brassica valentina, Linaria hirta, Malcolmia arenaria, — amethystea, Vella Pseudocytisus, — filifolia, Cistus ladaniferus, Veronica digitata, Helianthemum villosum, Salvia argentea, — ægyptiacum, Cunila thymoides, — intermedium, Plantago Læflingii, — sanguineum, Queria hispanica, Frankenia thymifolia, Ortegia hispanica, Silene bipartita, Anagallis linifolia, — hirsutissima, Aphanes cornucopioides, — bicolor, Aira articulata, Cerastium dichotomum, — involucrata, Ononis geminiflora, Bromus ovatus, Trigonella pinnatifida, — humilis, Astragalus cymbæcarpos, Avena Cavanillesii, — scorpioides, — hirtula, Anthyllis cornicina, Trisetum Læflingii. Bataillon sacré des sémillantes castillanes de mon herbier, vous exhumez (1) Madrid en 1808 et Madrid en 1854 (publié en 1856), page S. 106 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de leur éternelle demeure, dans mes éternels souvenirs du cœur, les noms illustres des Ruiz, »outelou, Pavon, Rodriguez, Lagasca, | Lea, Lallave, avec lesquels j'ai herborisé et qui m'ont puissamment aidé pour la détermina- tion des espéces ; vous ressuscitez les Quer, | Læfling, Palau, Cavanilles, Ortega, | dont j'ai foulé les vénérables traces ; vous me rappelez les localités de Casa-de- Campo, Fuente-del-berro, Retiro, Mauzanares, Migas-calientes, Aranjuez, Pardo, Chammartin, Fuente-castellana, brillants et inépuisables jardins de Flore, que je ne fis qu'effleurer et qui demanderaient dix visites par an pour en exhiber les trésors. A votre aspect s'ouvre cette case de ma mémoire, où se trouve gravé, ære perennius, le jour néfaste du 2 mai 1808, qui faillit me rendre victime de la fureur populaire ; enfin, mémorables échantillons de cette lointaine époque, je lis encore, sur vos feuilles desséchées, ce moment de sinistre souvenir où les revers de nos armées d'Andalousie m'obligerent à dire un adieu, devenu éternel, aux botanistes madritains, et me forcèrent à faire pedibus, durant la brûlante canicule, une retraite précipitée de Madrid à Vittoria et de Vittoria à Tudela. Mais cet affreux événement n'éteignit point le feu sacré de la science de Linné, et je saisissais à la volée, sur cette terre désolée, quelques bribes botaniques devenues les jalons de notre marche rétrograde. Mais enfin le calme succéda aux préoccupations d'une retraite si inopinée. Après avoir erré dans les montagnes de l'Alava et de la Navarre, on se fixa à Tafalla. Dans cette pérégrination sinueuse et parfois entrecoupée, Flore ne me refusa point ses consolations. Le Merendera, cette jolie corolle à fleur de terre, vint raviver dans mes souvenirs cet émail de nos pacages pyrénéens, qui sem- blait en être descendu tout exprès pour récréer ma vue et verser un baume dans mes idées. Ma surprise fut extrême en voyant cette Colchicacée me suivre avec tout l'éclat de sa pourpre jusqu'à Peralta dans la zone de l'Olivier, et fra- terniser là avec les Zollikoferia pumila, Ononis tridentata, Statice echioides, SÉANCE DU 2/4 FÉVRIER 1860. 107 Echinops Ritro, ete. La patrie originelle du Merendera est la pelouse sub- alpine des Pyrénées; mais, par des causes accidentelles, pluies, tempêtes, éboulements, il peut s'expatrier au loin, en modifiant son tempérament, sa constitution, et finir, après des générations successives, par se faire à une nouvelle tolérance climatérique. La bataille de Tudela nous ouvrit les portes de cette ville, où je fus chargé d'organiser le service des hôpitaux. J'y séjournai dix-huit mois. Ici l'autel de notre déesse chérie se releva dans tout son éclat. Un faisceau monumental de plantes navarraises, les émules des castillanes, vint accroître le trésor des échantillons à délicieuses souvenances. Voici la florule, le bouquet de Tudela : * Adonis microcarpa, Zollikoferia pumila, Ceratocephalus falcatus var. Barrelieri, Apargia hispanica, Delphinium pubescens, Senecio difficilis, Arabis parvula, Atractylis cancellata, Eruca Erucastrum, — humilis, — vesicaria, Diplotaxis virgata, —- erucoides, Calepina Corvini, Rapistrum rugosum, Sinapis dissecta, — heterophylla, Helianthemum glutinosum, — lineare, Malva trifida, — mgyptia, Ononis Barrelieri, Arenaria media, Minuartia montana, Trinia Dufourii, Bupleurum fruticescens, Asperula macrorrhiza, Centaurea linifolia, Serratula leucantha, Hyoseris scabra, Androsace maxima, Lysimachia Ephemerum, Alkanna lutea, Lithospermum apulum, Nepeta longicaulis, Sideritis spinosa, — fœtida, Stachys germanica, Anabasis tamariscifolia, Aizoon hispanicum, Euphorbia pauciflora, — rubra, -— retusa, Narcissus Assoi. Crucianella patula, Que de traits d'histoire et de vie privée se déroulent à l'aspect de ces plantes, malgré la période plus que semi-séculaire qui sépare cet âge si tourmenté de celui qui vit surtout de souvenirs! Quelque peu d'égoisme est licite à mon âge : je n’en abuserai point, je ne ferai qu'effleurer le sujet. Le terrible typhus du mémorable siége de Saragosse sévit avec fureur sur nos hópitaux militaires de Tudela, et me frappa le premier, si gravement que je fus laissé pour mort, et que déjà on avait apposé les scellés sur mes effets. Peu de mois après la re- prise de mon service, je fus fait prisonnier par le fameux partisan Mina, auquel j'échappai per miracle, après avoir été complétement dépouillé, sauf de mes manuscrits. Après ce long séjour à Tudela, dont j'étais presque devenu le citoyen, il fallut dire adieu à sa flore, pour courir après celle inconstante et volage des glorieux siéges de notre armée. 108 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Je passai quelques semaines à Saragosse, encore toute meurtrie, toute vario- leuse des projectiles du siége. Quelle rage dans l'attaque, quel acharnement dans la défense !.. Outre les morts par le plomb, le fer et les mines, cinquante- trois mille victimes du typhus infra muros... Voilà la guerre avec ses horreurs homicides. Revenons à la déesse des fleurs, cueillons autour de cette noble cité mutilée ce simple bouquet de souvenirs botaniques : Frankenia thymifolia, Gypsophila Struthium, Lepidium subulatum, Sedum hispanicum, Hedysarum humile, Atriplex Assoi, Artemisia Herba alba, Riccia Dufourii. Omphalodes linifolia, Paisibles plantes saragossaises, qui, au milieu de la tourmente belliqueuse, avez poursuivi vos phases de végétation, vous me rappelez les localités où je vous cueillis, et les événements terribles de cette rude époque, et le savant Don Ignacio Asso, auteur de divers opuscules sur la flore d'Aragon. Je cher- chai à découvrir ses traces. J'appris de ses compatriotes qu'il avait pris une part très active à la défense de sa ville natale, où, durant le siége, il rédigeait un journal politique. Il fut assez heureux pour s'évader de Saragosse avant la capitulation de la place, et il gagna les iles Baléares, où il finit ses jours à l’âge de soixante-douze ans. Je remuai ciel et terre pour me procurer ses œuvres botaniques. Un médecin de Saragosse me donna un exemplaire assez détérioré du Mantissa stirpium indigenarum Aragonie. (Marseille, 1781), mais sans les planches, et il me permit de prendre une copie abrégée du Sy- nopsis (1779). Que sont devenues les collections d' Asso? Je l'ignore. Trésors peut-étre enfouis dans les décombres ! Que ne puis-je ajouter à mon fascicule aragonais, et l’ Ononis aragonensts, découvert par Asso à Segura et que j'ai trouvé dans nos Pyrénées de Luchon, et le Cypripedium Calceolus qu'il signale à Moncayo, pic culminant dont j'ai souvent rêvé l'ascension et qui, pendant mon séjour à Tudela, où je l'avais sous les yeux, irritait incessamment mes désirs ! Modeste Campanula fastigiata, arrête un instant mes pensers rétrospectifs, laisse-moi narrer l'occasion de ta découverte. — En juillet 1810, il y a prés de cinquante ans, hélas! dans un mouvement de l'armée vers Tortose, j'étais dans un lieu éminemment sauvage de l’Aragon, entre Sanper et Caspé, lorsqu'un fourgon de la colonne se fractura ou se disloqua je ne sais quelle articulation, ce qui exigea une heure de halte. A quelque chose malheur est bon ! m'écriai-je, et tout en bénissant ce fâcheux accident, je courus, le carton sous le bras, rendre hommage à la flore du désert. Je tombai dans un de ses boudoirs pri- vilégiés : c'est là que je cueillis à larges mains cette miniature de Campanule, à laquelle M. Alph. De Candolle a conservé, dans le Prodromus, ma dénomina- SÉANCE DU 2/4 FÉVRIER 1860. 109 tion. Au premier coup d'œil, et sans avoir vu sa fructification, je pris cette plante pour un Prismatocarpus, dont elle à la physionomie, et je m'étonne encore aujourd'hui qu'on n'en ait pas fait un genre nouveau. Son feuillage, à l'état frais, brille, comme celui de l'Avzoor, de points glanduleux cristallins qui s'effacent par la dessiccation. Notre savant collègue M. Cosson a rencontré le Campanula fastigiata dans le sud de l'Algérie, et on l'a retrouvé aussi non loin de Madrid, à Aranjuez. Cinq mois passés pendant les préparatifs du siége de Tortose, dans le village de Mora-de-Ebro, en basse Catalogne, me mirent à méme, malgré l'avance- ment de la saison et mon service médical, de me livrer à mes investigations habituelles et d'y faire, comme on va le voir, un butin botanique fécond en souvenirs. Grâce à deux amis dévoués, habiles chasseurs de gibier et vaillants capitaines, Bugeaud et d'Esclaibes, je pus parcourir avec sécurité, à la faveur de leurs escortes, des montagnes lointaines, jusqu'alors vierges du pied d'un naturaliste francais. C'est ainsi que ces deux officiers distingués, dont l'un devint plus tard maréchal de Fraace et l’autre chef d'état-major de l'artillerie, ont bien mérité de la science dans les diverses contrées dues à nos armes victorieuses. Aussi ces noms amis surgissent-ils de tous les feuillets de mon herbier et de mon carnet. Qu'on me pardonne ce court et pieux épisode dédié à leur mémoire. (La suite à la prochaine séance.) M. Cosson fait observer que le Campanula fastigiata a été découvert en Algérie par M. Reboud. ADDITION AU COMPTE RENDU DE LA SÉANCE DU 13 JANVIER 1860. DES VARIATIONS QUE PRÉSENTENT LES ESPÉCES DU GENHE ORCHIS ET PRINCIPALEMENT L'ORCHIS TENOREANA Guss., par M. Édouard TIMBAL-LAGRAVE (1). (Toulouse, 17 décembre 1859.) Parmi les nombreuses espèces du genre Orchis qui croissent aux environs de Toulouse, il n'en est pas de plus intéressante que l'Orchis Tenoreana de Gussone, non-seulement par sa synonymie, mais encore par sa station méri- dionale, dont Toulouse semble étre la limite extréme vers le sud-ouest. (1) Voyez plus haut, p. 5. 110 SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE. Cette plante, trouvée dans plusieurs endroits de la région méditerranéenne, a recu plusieurs noms, parce que, selon quelques influences particulières, elle peut varier et induire en erreur les botanistes qui ne l'ont pas observée assez longtemps pour apprécier convenablement Jes diverses formes qu'elle peut présenter. Plus favorisé par les circonstances, j'ai pu, pendant plusieurs an- nées, voir des milliers d'échantillons de cette curieuse Orchidée, ce qui m'a engagé à publier mes observations, dans l'espoir que cette étude servira à élu- cider la synonymie tant soit peu embrouillée de cette espèce, et nous montrera aussi dans quelles proportions les véritables espèces de ce genre peuvent varier, à l'abri des influences d'hybridation. L'Orchis Tenoreana Guss. (1) a été décrit par son auteur dans le Synopsis floræ siculee (t. M, p. 533). Gussone trouve sa plante différente de l'O. acu- minata Desf. et de FO corsica Viv., auxquels les auteurs la réunissaient avant lui. Depuis, M Jordan d'une part et M. Hénon de l'autre, l'ont décrite sous le nom d'O. Hanrii. Mais, avant les publications de ces botanistes, notre savant ami M. Noulet connaissait parfaitement cette plante, qui avait trouvé place dans son excellente Flore du bassin sous-pyrénéen, qui date de 1857. M. Noulet la publia sous le nom d'O. variegata. All., détermination d'autant plus exacte pour cette époque, qu'encore aujourd'hui plusieurs botanistes ne la considèrent que comme une simple variété de la plante d Allioni. L'O. Tenoreana Guss. abonde aux environs de Toulouse ; on le rencontre dans toutes les vieilles prairies naturelles, derrière le polygone, aux bords di Touch, de la Garonne et de l'Ariége. H fleurit au commencement de mai, à la même époque que l'O. Morio et l'Ophrys aranifera, qui croissent ordinai- rement en société avec lui. L'O. Tenoreana Guss. est défleuri quand on trouve, dans les mêmes lieux, les O. purpurea Huds. , militaris L., Simia Lok, et quelquefois l'O. papnlio- nacea L., ce qui est peut-être la cause qui empêche cette espèce d'entrer dans les formations hvbrides. Mes recherches sur ce genre ont duré cinq années consécutives; pendant ce temps, j'ai examiné plusieurs milliers d'individus de cette espèce. Voici les principales formes que j'ai observées : Dans l'O. Tenoreana Guss., la tige a en moyenne 20 centimètres de hauteur. On trouve quelquefois des individus dont la tige n'a que 10 centi- mètres, tandis que plus rarement on rencontre des sujets qui mesurent 30 cen- timètres ; mais cela n'a pas une sérieuse importance, parce que les caracteres spécifiques ne sont nullement modifiés, si ce n'est cependant dans la forme robuste, où les fleurs sont plus grandes, plus nombreuses, en épis plus serrés. Les feuilles prennent aussi un plus grand développement. Dans cet état, cette (1) Je dis Orchis Tenoreana Guss. parce que, parmi les noms divers qu'a recus cette plante, c'est celui qui me parait avoir la priorité, jusqu'à ce qu'il soit démontré que l'O. lactea Poir. ou l'O. acuminata Desf. doivent entrer dans la méme espèce. ADDITION A LA SÉANCE DU 13 JANVIER 1860. 411 plante a pu être rapportée à l'O. acuminata Desf., dont elle a exactement le port, d'apres la figure du Fora atlantica, mais cette dernière espèce en diffère, comme l’a fait trés bien observer M. Jordan, par la forme du tablier, dont les lobes latéraux sont linéaires, courts et horizontaux, tandis que le lobe médian a une forme rhomboidale et non obcordée. J'ai, à la vérité, trouvé quelquefois une forme de PO. Tenoreana (voy. plus bas, fig. 6) qui offre le lobe moyen du labelle apiculé au sommet, non obcordé comme dans le type, ce qui lui donne une certaine ressemblance avec celui de PO. acuminata Desf. ; mais les lobes latéraux sont toujours inclinés en avant sur le lobe moyen, ce qui n’a pas lieu dans l'O. acuminata figuré par Desfontaines et par M. Jordan. C'est surtout dans les petits individus que j'ai trouvé une semblable disposition. Dans les formes élevées, au contraire, les fleurs sont exactement. de la méme forme et offrent les mêmes dispositions que celles que présente PO., auri? figuré par M. Jordan (Obs. pl. crit. fragm. 1). Mais s'il arrivait, ce qui peut être, que l'on trouvât des individus de forme gigantesque qui offrissent dans la fleur une disposition comme celle que je viens de signaler, on pourrait les réunir à la plante de Desfontaines ; car il ne resterait, comme caractere distinctif, que la direction horizontale des lobes latéraux du tablier, que je n'ai jamais vue varier. Je ne connais pas suffisamment PO. acuminata Desf. pour porter un juge- ment définitif sur cette réunion qui pourrait bien être fondée. La forme que je considère comme type de notre espèce O. 7enoreana Guss., est celle qui est la plus répandue (voy. plus bas, fig. 1); elle a été parfaite- ment figurée par M. Jordan sous le nom d'O. Zanrit. Elle a, comme je l'ai déja dit, une taille qui varie, mais dont la moyenne est de 15 à 20 centimètres. Les fleurs sont d'un rose pâle, disposées en épi ovale. Les bractées égalent ordinairement l'ovaire. Les divisions supérieures de la fleur sont réunies en casque ovale à pointes libres et flexueuses au som- met. Le tablier est pendant, largement ovale dans son pourtour, à trois lobes : les latéraux obovés tronqués, inclinés en avant et rapprochés du lobe médian par leurs bords externes, de maniere à laisser une toute petite place vide entre les deux: le lobe médian est obcordé avec un léger apiculum dans l'échan- crure; le tablier est, en outre, parsemé de points d'un pourpre vif sur une grande partie de son étendue. Dans une forme assez commune, le tablier a une tendance à l'albinisme. Les poils purpurins s'effacent, pâlissent, tandis que le fond devient à son tour plus blanc. Get état ne pourrait-il pas représenter l'O. lactea Poir., qu'on dit être la méme plante que l'acuminata Desf. et que M. Reichenbach réunit encore au Zenoreana Guss.? Je citerai aussi une forme (voy. plus bas, fig. 3) qu'on trouve assez souvent, et qui diffère de la précédente par son tablier plus allongé, moins ovale dans son pourtour; les deux lobes supérieurs, au lieu d'être inclinés en avant et rap- prochés du médian de manière à se confondre presque avec lui, en sont, au 112 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. contraire, très éloignés et forment ainsi une grande échancrure. I en est de méme du médian qui, dans le type, est largement ovale-obcordé, tandis qu'ici il présente deux lobes plus étroits, un peu divergents, et qui, au lieu d'étre obtus, un peu arrondis au sommet, affectent, au contraire, d’être légèrement émarginés. Cette variation de l'O. Zenoreana Guss. présente aussi quelques individus où les houppes purpurines du labelle passent à une forme blanchàtre, mais tous les autres caractères spécifiques ne sont pas modifiés. C'est sans doute cette forme qui a fait prendre l'O. Zenoreana Guss. pour une variété de l'O. varie- gata All., O. tridentata Scop. (voy. plus bas, fig. 2). Mais, d’après la com- paraison que j'ai pu faire des deux plantes, il m'est impossible, malgré cette fausse ressemblance, de partager cette opinion. Il me semble hors de doute que les O. tridentata Scop. et variegata ‘All. doivent être spécifiquement réunis. Mais je crois aussi que, quoique voisin, l'O. Tenoreana Guss. doit en être séparé, malgré l'opinion contraire de M. Grenier, qui réserve le nom de Seopolii pour notre plante. Ce fut aussi longtemps mon opinion, ct, comme il y avait deux plantes qui portaient le nom d'O. tridentata, je pro- posai de donner à la nôtre celui d'O. Scopol/?, afin de rappeler le nom de l'auteur, qui me semblait avoir le premier parlé de cette plante: mais, ayant depuis étudié avec grand soin la figure et le texte de Haller, la description et la localité données par Scopoli, j'ai dà renoncer à cette opinion, et réunir l'O. tridentata Scop. à UO. variegata All., comme l'a fait Koch (Syn. ed. 2, p. 789). L'O. tridentata Scop. présente des fleurs dont les divisions supérieures sont réunies en casque vers le milieu, et dont les pointes sont libres, comme dans le Zenoreana; le tablier a une forme voisine de celle que présente la variation du 7enoreana Guss. que nous venons de décrire. Mais cette espèce en diffère totalement par la forme, la disposition et la grandeur de certaines parties de la plante. En effet, les fleurs sont plus petites dans toutes leurs parties. Les divisions supérieures sont réunies en casque d'une manière plus serrée ; les divisions, comme je le disais, sont libres au sommet, mais plus brusquement et plus courtement cuspidées, non flexueuses, les deux intérieures trés peu visibles, toutes de grandeur infiniment réduite; les masses polliniques sont plus allongées, un peu apiculées sur les cótés. La basicule est plus allongée, plus étroite, un peu atténuée à la base, à sillon linéaire, et non ovale-lancéolée. Le tablier est sensiblement différent si on l'observe avec soin. Les lobes ont toujours une direction divergente et forment des angles aigus ou à peu près; ils sont émarginés à leur extrémité, comme denticulés. La tige est plus longuement nue au sommet, terminée par un épi de fleurs presque globu- leux et non longuement ovale, et dont la couleur purpurine est plus pro- noncée à cause des divisions supérieures du casque, qui sont lilas pourpre ADDITION À LA SÉANCE DU 195 JANVIER 1860. 113 dans le /ridentata Scop. et d'un blanc sale dans le 7enoreana Guss. La forme des feuilles distingue aussi ces deux plantes : dans l'une, elles sont elliptiques- lancéolées; dans l'autre,'celles de la base sont ovales, et celles qui viennent ensuite ovales-lancéolées. Je pense donc qu'il ne peut exister aucune identité entre ces deux espèces, et, quoique je n'aie pu voir vivante la plante de Scopoli, il m'a été facile, sur des échantillons de Lyon et de Botzen, de les distinguer. Il existe encore une autre forme bien voisine de celle que je viens de dé- crire et qui mérite d’être signalée (voy. plus bas, fig. 5), parce qu'elle pour- rait bien être l'O. corsica Viv. (FT. cors. p. 16), avec d'autant plus de raison que je l'ai vue sous ce nom dans l'herbier de Soleirol, que M. Moquin-Tandon voulut bien me communiquer dans le temps; je l'ai vue depuis dans l'herbier de M. Penchinat, récoltée à Port-Vendres. Elle vient probablement aussi sur tout le littoral méditerranéen. Dans cette variation, les divisions supérieures du labelle sont d'un quart plus longues que daus les autres formes, le lobe médian est obcordé avec un long mucron à l'échancrure, tous les lobes sont légèrement émarginés, l'éperon est un peu plus long que dans le type, comme le dit Gussone (1). Toutes ces différences ne me paraissent pas suffisantes pour séparer ces deux plantes, si, comme je le crois, c'est bien là la plante de Viviani; mais, n'ayant pu me procurer le Flora corsica de cet auteur, je ne puis être aussi affirmatif que je le voudrais. Je dois encore signaler une variation singulière de l'O. 7enoreana Guss. (voy. plus bas, fig. ^), que je n'ai rencontrée que deux fois, et chez quelques individus seulement. Cette forme, qui ôffre tous les caractères du type, en diffère cependant par la coloration du tablier, qui est blanc au centre et rose foncé tout autour, ainsi que les lobes; sur la partie rose, il n'y a pas de points purpurins, tandis qu'on en observe rangés deux par deux sur la partie blanche (2). Ces individus isolés croissent parmi un grand nombre d'échantillons de l'es- pèce type, et d'autres moins nombreux de l'O. Morio L. qui fleurissent en méme temps; les circonstances favorables à l'hybridation m'avaient d'abord fait soupconner que cette variation pouvait bien étre le résultat d'une fécon- dation adultère de l'O. Morio L.; mais, malgré un examen minutieux, je n'ai pu saisir aucune modification organique qui me prouvàt qu'il y eüt eu hybri- dation. Enfin, pour terminer ce que j'avais à dire sur cette Orchidée (O. Teno- reana Guss.), je dois faire encore mention d'une variation (voy. plus bas, fig. 1) qui s'éloigne plus du type que toutes celles que j'ai déja citées. (1) Syn. fl. siculæ, part. II, p. 524. i (2) Cette forme se rapporte exactement à PO. commutata Tod., figuré par M. Rei- chenbach (Zc. tab. 20, fig. 11). T. wd 8 114 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Parmi un grand nombre d'O. Zenoreana Guss., d'O. Morio L. et d'Ophrys aranifera, j'ai trouvé, le 5 mai 1857, aux bords du Touch, dans une vieille prairie, quelques individus qui présentaient les caractères suivants: casque de méme forme que dans le type; mais les divisions sont plus longuement cus- pidées, plus réunies entre elles et moins divergentes au sommet. Le tablier est ovale dans son pourtour, à trois lobes : les supérieurs, écartés du médian, sont inclinés au sommet vers l'inférieur; ce dernier peu échancré à sa base, un peu émarginé aux bords, obcordé et offrant un léger apiculum. Jusque-là il y a une grande ressemblance avec la forme que nous avons décrite et que nous avons trouvée très voisine, quoique distincte, de PO. tridentata Scop.; mais voici ce qui donne à cette variété un caractère particulier. Le labelle, au lieu d’être blanc, est jaune pâle avec des points pourpre-foncé. Dans l'O. Teno- reana Guss., il est étalé et perpendiculaire, tandis que, dans cette variation, il est bombé vers le milieu et rentre en arrière. La courbure du labelle fait que les bords sont repliós, ce qui donne à l'ensemble du labelle une physio- nomie qui a une certaine ressemblance avec la forme que prend cet organe dans le genre Ophrys. Cette variation s'éloigne, comme je l'ai dit, de toutes celles que j'ai citées, par la coloration et la disposition singuiiére du labelle. Malgré cela, je ne puis voir dans cette forme une hybride, quoique l Ophrys aranifera vienne en so- ciété avec elle, parce qu'il n'y a dans l'ensemble aucune modification organique qui puisse me permettre cette explication. Dans l'étude que j'ai faite de l'O. Zenoreana Guss. , j'ai aussi observé avec soin la forme de l'éperon, sa longueur relativement à la fleur et à l'ovaire, caractères que quelques auteurs considerent à bon droit comme spécifiques. Mais, dans cette espèce, je n'ai pu saisir que de très légères différences qui ne méritent pas de fixer notre attention. Dans nne seule variation, il m'a paru un peu plus long, comme je l'ai déjà signalé en parlant de l'O. corsica Viv. Il n'en est pas de méme pour quelques autres espèces, où l'on voit, au Con- traire, l'éperon prendre des formes trés variées: ainsi l'on trouve en France l'O. Morio avec de petites fleurs offrant un éperon recourbé, atténué et co- nique au sommet. Quelquefois l'éperon prend une direction horizontale; mais on trouve en abondance, à Toulouse, une forme où l'éperon est ascendant, com- primé vers le sommet, et présente sur toute sa longueur une soudure très ma- nifeste, de maniere qu'on dirait deux éperons soudés ensemble, avec d'autant plus de raison qu'il est terminé par deux gibbosités qui simulent la base de chaque éperon, ce qui le rend bilobé comme on l'indique dans l'O. picta Lois. À ces caractères on peut en ajouter d'autres non moins importants qui m'ont longtemps fait considérer cette plante comme une espèce. Ainsi les fleurs sont plus nombreuses, disposées en épi ovale et non en épi pyramidal, comme on l'observe dans celles que je prends pour type du Morio ; les fleurs sont plus grandes, le labelle surtout prend un bien plus grand développement (il est ADDITION À LA SÉANCE DU 123 JANVIER 1860. lò deux fois plus large que long). Les lobes latéraux sont plus courts que celui du milieu ; enfin les feuilles sont plus étroites, et les tubercules sont l'un ses- sile et l'autre plus longuement pédicellé. J'ai longtemps considéré, comme je le disais, cette forme de notre Morio comme une espèce; je l'ai distribuée, dès 185^. sous le nom d'O. fallax Nob. (voy. plus bas, fig. S et 9). Elle se reproduit très bien, par le renouvel- lement des tubercules ei de graines, sans changement. On la trouve dans les bois et les prairies des terrains argilo-calcaires, tandis que le Morio qu répond exactement à la description des auteurs préfère les bois argilo- siliceux (4). Pour terminer ce que j'avais à dire afin de prouver que l'on ne doit pas con- fondre les variétés ou variations avec les véritables hybrides, je pourrais me borner à l'exemple que je viens de citer; cependant il me semble nécessaire de mentionner encore quelques variations qu'on rencontre assez fréquemment dans quelques espèces communes et qui, pour la plapart, entrent dans les for- mations hybrides. Ainsi j'ai vu souvent des O. purpurea Huds. offrant des fleurs en épi très làche ; leur couleur varie aussi, tantôt rouge pourpre foncé, tantót rouge clair vineux ; enfin plus rarement le casque est de couleur café au lait et le tablier est entièrement blanc, Le labelle, dans cette espèce, pré- sente aussi de grandes variations; celui de la forme type, O. purpurea, est à trois divisions divergentes et perpendiculaires formant des angles aigus : les su- périeures de moyenne grandeur; le lobe médian a deux divisions pareilles aux supérieures, mais du double plus larges. Le tablier variable présente quelque- fois les divisions du lobe moyen plus étroites; il offre alors une forme semblable à la figure de VO. fusca G stenoloba de MM. Cosson et Germain de Saint - Pierre. D'autres fois les lobes supérieurs sont filiformes, trés courts, et le lobe moyen très large, presque à un seul lobe, car il ne forme qu'une légère échancrure au milieu (voy. plus bas, fig. 11); c'est surtout dans la forme à épi à fleurs serrées qu'on observe une semblable variation, Enfin M. de La- rambergue a trouvé une variété où le labelle est à un seul lobe, les supérieurs ayant avorté complétement (voy. plus bas, fig. 10). Il en est de méme pour les O. militaris L. et O. Simia Lmk. Dans ce dernier, les divisions du labelle peuvent être diversement colorées, plus ou moins longues, tantôt larges, tantôt filiformes, étalées ou recourbées en avant. LO. luriflora varie peu, à moins qu'on ne veuille réunir à cette espèce, comme variété, PO, palustris, ce qui ne peut pas être, selon moi; nos cita- tions seraient trop longues si nous voulions les énumérer. Toutes ces variations sont donc purement accidentelles ou locales : les sujets sur lesquels on les observe ne les conservent pas, et, en se reproduisant les années suivantes, ils ne tardent pas à revenir au type primitif. (1) Quelques botanistes prennent cette variété pour une hybride; je l'ai recue sous le nom d'Orchis Morio-laxiflora Reut. 116 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. J'ai vu à Laramette un O. Morio à fleurs parfaitement blanches, qui, la se- conde année, a donné des fleurs rosées, et la troisiéme des fleurs roses. Les hvbrides, au contraire, se reproduisent longtemps sans aucune variation, comme nous l'avons observé au jardin de l’École vétérinaire de Toulouse. "CONNU \ A Wh 4. 5. ( 7. 1. 2. 3 c . 9. 8. 0 1. ADDITION A LA SÉANCE DU 43 JANVIER 1860. 117 EXPLICATION DES FIGURES. Orchis Tenoreana Guss. (type). — variegala All. — Tenoreana Guss. (var. à tablier allongé). — — (var. à tablier coloré, O. commulala Tod.). — — (0. corsica Viv.?). => — (0. acuminata Desf.?). — — (var. ophrydiflora Nob.). — Morio (s.-v. fallax Nob.). — — (tablier du n? 8). — purpurea (tablier entier). — — (tablier à divisions supérieures filiformes). Les figures sont de grandeur naturelle. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. Anatomiseh-physiologisehe Fragmente (Fragments anatomico physiologiques); par M. P. Fr. Reinsch (Linnæa, XXIX, cahiers 5 et 6, publićs en avril et juin 1859). I. Die Entwickelung der Sporen und Schleudern von Jungermannia pusilla L. (Développement des spores et des élatères du Jungermannia pusilla L. ) (Linnea, loc. cit., pp. 593-663, planc. 1v). - IL. Der Bau und die Genesis der Brutkoerner der. Jungermannia. undu- lata L. (Structure ct genèse des propagules du Jungermannia undulata L.) Linnea, loc. cit., pp. 664-698, planc. v). Dans le premier de ces deux mémoires, réunis sous un titre commun, M. Reinsch donne dabord une sorte d'introduction consacrée à quelques généralités sur les Hépatiques. Dans la formation de leurs organes reproduc- teurs, ces plantes, dit-il, présentent une différence importante avec les autres Cryptogames supérieures, en ce que, chez elles, il se produit simultanément deux sortes de spores, déjà différentes entre elles dès les premiers temps, qui le deviennent finalement beaucoup plus encore, les unes restant à un état trés inférieur du développement, tandis que les autres arrivent à un degré beaucoup plus parfait. Les premiéres constituent de vraies cellules, non sus- ceptibles de germer, munies, à l'état parfait, d'une ou plusieurs bandes spirales, appliquées contre leur paroi; ce sont les élatères. Les dernières sont les spores proprement dites. L'organogénie prouve l'identité primitive de ces deux sortes de corps. M. Reinsch cite les travaux qui ont eu pour objet l'organogénie des Hépatiques; malheureusement, fidéle au systéme qu'adoptent de plus en plus les savants allemands, système qui semble assez peu en harmonie avec la vieille renommée d'érulition de l'Allemagne, il s'occupe uniquement de ceux de MM. Mohl, Schacht, Gottsche, Hofineister, en un mot de ceux qui ont pour auteurs des botanistes allemands, et ne mentionne méme pas ceux d'un seul étranger. C'est ainsi que les 70 pages de son écrit ne renferment pas méme la simple citation du grand et beau mémoire de Mirbel sur le Mar- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 419 chantia. Au reste, comme son travail ne présente ni résumé ni conclusions d'aucune sorte, et se compose uniquement de l'exposé minutieusement détaillé de ses observations, comme dès lors nous ne saurions donner, dans le petit nombre de pages dont il nous est perinis de disposer et sans le secours de ligures, une idée tant soit peu satisfaisante de ces très longs et minutieux détails, nous devrons, à regret, nous contenter de présenter ici l'indication des quatre paragraphes qui les renferment. Ces paragraphes sont relatifs : le premier (pp. 597-630) aux cellules-mères primitives; l'auteur y examine successi- vement les cellules mères primitives des spores et celles des élatéres; le second à pour titre : Commencement de l'individualisation des spores et des élatères par l'effet du développement qui s'opère dans leur intérieur (pp. 630-638) ; le troisième (pp. 638-651) traite des spores et des élatères arrivées à leur développement complet; dans le quatrième et dernier (pp. 651-653), l'auteur s'occupe de la membrane capsulaire à l'état de maturité des spores et des élatères. A la fin du mémoire se trouvent un appendice de 4 pages et l'expli- cation détaillée (pp. 656-663) des 26 figures, en partie coloriées, que réunit la planche in-A^, gravée sur pierre, qui accompagne ce travail. Quant au second mémoire de M. Reinsch, il donnerait lieu, de notre part, aux mêmes observations, et nous présente absolument la méme impossibilité d'analyse. Ne pouvant méme en indiquer la division, qui n'existe pas, nous devons forcément, et pour les motifs signalés plus haut, nous borner à en reproduire le titre, qui se trouve en téte de cet article. L'explication détaillée des 18 figures qui l'accompagnent en occupe les quatre dernieres pages. Ueber Seitenknospen bei Farnen (Sur les bourgeons latéraux dans les Fougères); par M. G. Mettenius (Abhand!. d. Kónigl. saechs. Gesellsch. d. W'issensch. zu Leipzig, VI, 1860, pp. 610-628; tirage à part en broch. gr. in-8; Leipzig, 1860). Le premier observateur qui se soit occupé de la ramification des Crypto- games vasculaires est M. Brongniart, qui admet que ces végétaux en général sont dépourvus de bourgeons axillaires. Plus récemment M. Karsten a cru pouvoir, au contraire, constater une relation précise entre les bourgeons ou axes latéraux des Fougères et les feuilles de leur axe principal. De même M. Doell a cru reconnaitre, dans les Lycopodiacées, un rapport entre les ramifications et les feuilles de l'axe primaire. D'un autre côté, la division par dichotomie de ces dernières Cryptogames semble démontrée par les obser- vations de M. Hofmeister, qui a montré qu'elle tient à ce que la cellule ter- minale de l'axe se divise en deux cellules égales par la formation d'une cloison verticale. Le méme observateur a aussi refusé des bourgeons axillaires aux Fougères, et M. Stenzel est arrivé après lui à la même opinion. Ges assertions contradictoires ont déterminé M. Mettenius à s'occuper de ce sujet 4120 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Il avertit d'abord qu'il regarde comme des bourgeons latéraux ceux qui se trouvent dans un rapport constant et normal avec la base des feuilles, que la dichotomie est pour lui une division de l'axe indépendante des feuilles, et qu'il admet comme bourgeons adventifs ceux qui naissent au-dessous du point végétatif de l'axe, sans rapport avec les feuilles, — Dans son mémoire, il s'occupe d'abord des Fougères dont les feuilles sont disposées sur deux rangs. Ces plantes ont une tige rampante, plus rarement grimpante, souvent un peu comprimée, qui produit des racines sur son cóté tourné vers le sol, tandis que, sur son cóté supérieur, se montrent les deux rangées de feuilles déviées de leur direction normale par une torsion, de leur pétiole. Elles sont remar- quables par la grande régularité avec laquelle leurs bourgeons se développent. En général, ceux-ci correspondent en nombre aux feuilles de l'axe; quel- quefois ils sont plus nombreux, et ils naissent soit de la tige, soit de la base du pétiole. Ces bourgeons portés par la tige sont toujours disposés sur deux rangs, tantôt correspondants à ceux des feuilles et divergeant également de 180^, tantót situés au-dessous de ceux des feuilles. Chacun d'eux, dans ce dernier cas, s'attache sous le point d'insertion de la feuille à laquelle il appar- tient, en avant et au-dessons ou en arrière et au-dessous de celle-ci. Au contraire, quand ils naissent sur le pétiole, leur origine se trouve au bord antérieur ou au bord postérieur de celui-ci, ou bien il y en a un de chaque côté. Les exemples de Fougères dont chaque feuille a son bourgeon axillaire placé comme dans les Phanérogames, sont offerts par les Trichomanes brachypus, Ankersit, rupestre, radicans, scandens, speciosum, giganteum, auriculatum, dissectum, Kunzeanum. Ces plantes, ainsi que toutes leurs congénères et les Hymenophyllum, dont les feuilles et les bourgeons sont toujours en méme nombre, montrent le peu d'importance qu'il faut attacher à la diversité des points d'attache de ces derniers. Les Hymenophyllum ciliatum, elegans, crispum et le Trichomanes cæspitosum présentent des bourgeons qui s'écartent de l'aisselle en portant leur moitié externe en avant et en bas, et qui forment ainsi la transition aux espèces dont les bourgeons naissent immédiatement au-dessous du point d'insertion de la feuille, comme on le voit dans les Hymenophyllum chiloënse, pulchellum, rarum, caudi- culatum, australe, surtout dans les H. interruptum, dichotomum, tortuosum, Serra, pedicellatum et dans le Trichomanes exsectum. Les Hyménophyllées offrent aussi des passages entre les bourgeons axillaires et ceux qui naissent sur le côté antérieur du pétiole. Ainsi, dans les Hymenophyllum cruentum, asplenioides, hirsutum, etc., les bourgeons se trouvent presque hors de l'aisselle, dirigés en bas et vers l'extérieur, et méme déjà un peu adhérents à la base du pétiole; cette situation est plus nettement accusée dans les Æ. tra- pezoidale, tunbridgense, Wilsoni, pectinatum, etc.; enfin ils se montrent plus évidemment encore au-dessus de l'insertion du pétiole, sur son cóté antérieur, dans les H. valvatum, organense, sericeum, plumosum, etc., REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 421 Trichomanes Filicula, pyxidiferum, eximium. M faut rapprocher de ces Fougères les Davalliées, qui présentent également des passages des bourgeons axillaires à ceux qui naissent en avant et au-dessous de l'aisselle. M. Mettenius en cite de nombreux exemples. Dans tous les cas qui viennent d'étre cités, à chaque feuille de la plante adulte correspond un bourgeon qui commence à s'ouvrir seulement aprés le développement de la feuille à laquelle il appartient, d’où l'on distingue sans peine l'axe principal et les axes secondaires ; rarement le bourgeon et la feuille se développent simultanément, ce qui semble con- sütuer une dichotomie. Cette dichotomie apparente de l'axe principal peut faire encore plus illusion dans le Lygodium circinale, le Dicksonia tenera, les Mierolepia trichosticha et Ahasyana, les Asplenium tomentosum, Thwai- tesit, chez lesquels une portion seulement des feuilles donne des bourgeons qui se développent de bonne heure et qui sont plus ou moins en avant ou en arrière des premières. Sous l'insertion de chaque feuille se trouve, sur la tige, un bourgeon latéral dans les Marsilea, Pilularia, Salvinia, les diverses Hymé- nophyllées, le Polybotrya canaliculata, etc. On les voit derrière et au- dessous de la méme insertion, très prés de celle-ci dans l'Adiantum curvatum, le Platycerium alcicorne, plus ou moins loin d'elle dans les Polypodium Paradisec, Phyllitidis, teniosum, etc., plus en arrière de la moitié de l'entre-neeud, dans le Gleichenia microphylla, VOleandra nodosa, les Acros- tichum axillare?, Feei, Lingua, etc., ailleurs enfin plus en arrière encore. Les bourgeons latéraux sont rarement plus nombreux que les feuilles, et, dans ce cas, c'est la minorité des feuilles qui donne naissance à deux bour- geons. Le Polypodium grandidens est la seule Fougère dans laquelle chaque feuille ait généralement deux bourgeons, dont l'un est plus ou moins en avant, tandis que l'autre est reporté en arriere. L'auteur a vu une fois la méme particularité dans le Polypodium loriceum. Dans une autre série de Fougères, les bourgeons latéraux se montrent ordinairement sur le pétiole, et constamment au cóté antérieur ou au cóté postérieur de sa base, ou bien aux deux cótés, quand leur nombre est double de celui des feuilles. C'est au côté antérieur du pétiole, à peu de distance de son insertion, que naissent les bourgeons chez les Hyménophyllées déjà mentionnées qui établissent un passage aux bourgeons axillaires; ils sortent au côté postérieur de ce pétiole et encore presque sur la tige dans le Dicksonia Zippelii, plus évidemment sur la base du pétiole dans l Adiantum hispidulum, les Pteris scaberula, scalaris, aquilina, les Dicksonia nitidula, dissecta, rubiginosa, etc. Dans ces Fougères, si le bourgeon ne s'ouvre qu'après le développement de la feuille, il semble être un bourgeon adventif né sur le pétiole; au contraire, quand les deux se développent en même temps ou que le bourgeon prend un accroissement prépondérant et donne une branche égale en force à l'axe primaire, il en résulte l'apparence d'une dichotomie. Enfin si tous les bourgeons des feuilles successives se développent également 499 SOCIÉTÉ DOTANIQUE DE FRANCE. de bonne heure, et que les branches qui en proviennent, après avoir d'abord suivi l'axe primaire dans son accroissement, restent ensuite en arriére par rapport à lui, celui-ci semble étre aphylle et pourvu de branches alternes, dont chacune porte une feuille à son cóté intérieur; ce cas parait étre celui qui a conduit M. Hofmeister à penser que les tiges âgées du Pteris aquilina restent sans feuilles et se divisent par dichoiomie. — M. Mettenius examine encore quelques autres cas qui se présentent parfois. Enfin il présente des remarques assez étendues sur l'arrangement des feuilles daus les bourgeons latéraux des Fougères. Nous ne le suivrons pas au milieu de ces détails, que nous ne pourrions guère résumer et que nous serions dès lors forcé de traduire presque entièrement. Sur la reproduction c£ la fécondation du genre Ado- gonienm : par M. Ch. Vaupell (Annal. des Se. natur., he série, XI, 1859, pp. 192-204, planch. IV et V). Les observations consignées dans ce mémoire ont eu pour objet un (4o- gonium que M. Vaupell regarde comme nouveai, auquel il donne le nom de QE. setigerum, qui en rappelle le principal caractère, et dont il donne d'abord la diagnose. Cette espèce se distingue surtout à ses androsporanges volumineux, ainsi qu'au cil terminal pluricellulé que portent la plupart de ses individus. L'auteur consacre successivement quatre paragraphes aux zoospores, au sporange, à l'androsporange, à la fécondation. 1* Zoospores. — Lorsqu'elles commencent à se former, la matière verte augmente beaucoup daus la cellule qui doit donner naissance à une d'elles. Cette matière verte se détache des parois, rendant ainsi plus apparente l'utricule primordiale qui prend l’aspect d'une vésicule verte, libre et ovoide. Cette vésicule verte étant arrivée à sa maturité, presse contre la cloison supérieure de la: cellule qui cède bientôt: elle sort lentement par l'ouverture qui s'est formée. Une fois sortie, elle prend peu à peu la forme d'un globule vert muni de cils. D'abord entourée d'un mucilage ou d'une sorte de membrane, elle s'en dépouille, et aussitôt après elle devient ovoide, pourvue d'un rostre entouré de cils. Jusqu'alors elle s'était bornée à pirouetter sur elle-méme ; dés qu'elle a perdu son enveloppe mucilagineuse, elle s'élance rapidement et se meut avec beaucoup de vivacité. La cellule d'ou la zoospore est sortie reste vide et transparente ; elle est rejetée de côté et bientôt détachée dès que la zoospore de la cellule suivante commence à s'agiter. Ainsi le filament celluleux «ui constitue cette petite plante continue à perdre ses cellules, à mesure qu'il émet ses zoospores. L'émission de celles-ci se fait généralement de cinq en cinq minutes, et du haut du filament vers sa base; quelquefois cependant elle a lieu moins régulièrement. Ainsi la production des zoospores amène la destruction partielle ou méme totale de la plante mere. C'est REVUE PIBLIOGRAPHIQUE. 193 essentiellement aux individus neutres qu'elle appartient; mais on l'observe aussi sur des individus pourvus de sporanges ou d'androsporanges ; en outre, beaucoup d'individus tant sexués que neutres ne la présentent point. La lu- mière est nécessaire à la formation des zoospores. 2° Sporange. — M forme comme un renflement dans le filament celluleux qui constitue la plante mère, et il en a près de deux fois le diamètre ; il est ovoide ou claviforme, assez ordinairement terminal et alors couronné de cils; mais assez souvent aussi on le voit au milieu de la file des cellules végétatives. Fré- quemment il n'y en a qu'un; quelquefois il en existe deux ou davantage. Dans la partie supérieure du sporange se trouve une très petite ouverture ou micro- pyle. D'abord la matiére verte remplit toute la cavité de cette cellule; plus tard elle se retire de la partie qui avoisine le micropyle et laisse ainsi un vide que vient occuper un mucilage incolore ; le tout reste ensuite dans cet état jusqu'à la fécondation. 3° Androsporange, — Ges corps, que M. Vaupell regarde comme des spo- ranges transformés, sont formés de plusieurs cellules ou loges superposées, souvent au nombre de quatre ou cinq, souvent aussi plus nombreuses ; l'au- teur à vu jusqu'à dix-huit loges dans un seul. L'androsporange est ordinaire- ment terminal ; mais quelquefois il se trouve plus bas. En général, il n'existe pas sur les filaments qui portent des sporanges. Ses loges sont remplies d'un mucilage verdàire, dans lequel sont épars des globules de chlorophylle. D'or- dinaire, dans chaque loge de l'androsporange, il se forme une androspore. Pour former celle-ci, la matière verte qui remplit la loge se détache de la paroi ; puis cette masse fait effort pour sortir de la cellule, et elle v parvient, grâce àune trés petite ouverture latérale et supérieure qui se produit ; mais sa sortie est lente (elle dure cinq minutes) et difficile, à cause de la petitesse de l'ouverture qui l'oblige à s'allonger et s'étraugler graduellement pour pouvoir passer. Une fois sortie, l'androspore devient sphérique et présente des cils vibratiles. Les di- verses androspores d'un méme androsporange sortent successivement et à d'as- sez longs intervalles. Une fois libre, ce petit corps a la grosseur d'une zoospore ; mais ses mouvements sont moins vifs et sa teinte cst plus pâle. Les cellules de l'androsporange vide ne se désarticulent pas, quoique se détachant de leur support. Lorsqu'un androsporange se fixe pour germer, il ne développe pas ou presque pas les crampons radiciformes qui caractérisent la germination des zoospores. A^ Fécondation. — L'androspore sortie de la cellule mère chemine lente- ment; d'ordinaire elle arrive sur la cellule sous-jacente au sporange ou sur le sporange lui-même, et s'y attache. Elle s'allonge alors ea une sorte de massue un peu recourbée, et devient ainsi une anthéridie, semblable de forme à une spore germante, mais saus crampons radicellaires, remplie d'un mucilage jaunâtre avec quelques globules de chlorophylle. Un peu plus tard, il se produit à son sommet unc cellule nouvelle qu'une cloison divise ensuite en deux superposées 124 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. et inégales, dont la basilaire plus allongée donne naissance intérieurement aux anthérozoides. Ceux-ci, une fois bien développés, pénètrent dans la cellule supérieure et en soulèvent l'extrémité comme un couvercle pour en sortir. L'anthérozoide, devenu libre, a des cils vibratiles, à l'aide desquels il s'agite avec vivacité. Aussitót il se dirige vers le sporange, et ne tarde pas à s'appro- cher du micropyle ; il le quitte brusquement pour y revenir presque aussitót ; parfois il s'y arréte quelques instants et semble vouloir y pénétrer, bien que M. Vaupell ne l'ait jamais vu s'y introduire. De là notre auteur est porté à croire que la fécondation s'effectue par un simple contact de l'anthérozoide avec le mucilage dont la spore est enveloppée sur le point qui fait face au micropyle. A cet égard, son opinion diffère entièrement de celle de M. Pringsheim, qui admet l'entrée de l'anthérozoide et son incorporation à la substance de la spore. Aprés la fécondation, la spore s'entoure d'une membrane propre, et sa teinte passe du vert foncé au jaunâtre. La grande cellule basilaire de l'anthéridie reste fixée au sporange ou plus souvent à la cellule sous-jacente, et elle peut méme y survivre à la plante mère tombée en décomposition ; mais les cellules termi- nales de cette méme anthéridie sont généralement entrainées ou décomposées par l'eau presque aussitôt que la fécondation est achevée. La spore fécondée, toujours renfermée dans le sporange, auquel les cellules voisines adhérent en- core, tombe au fond de l'eau pour y passer l'hiver. Quant aux zoospores, leur existence est exceptionnelle dans l'GEdogonium ciliatum. Le mémoire de M. Vaupell se termine par l'explication des 17 figures com- prises dans les 2 planches. BOTANIQUE DESCRIPTIVE. Florula massiliensis advena, Supplément à la Florule exotique des environs de Marseille, d’après les plantes recueillies par MM. Blaise et Roux ; par M. Ch. Grenier (Mémoires de la Société d' Émulation du dépar- tement du Doubs. Tirage à part en brochure in-8° de 24 pages, sans date, mais certainement trés récente). Voici le résumé des espèces qui figurent dans ce Supplément à la Florule exotique des environs de Marseille. Ranunculus heucherifolius Presl. ; R. trilobus Desf. (il paraît introduit e non spontané). Nigella hispanica genuina Lin. Delphinium orientale Gay. Fu- maria macrocarpa Parl. Brassica insularis Moris. Sinapis pubescens Lin. Mal- colmia maritima R. Br.; M. arenaria DC. ; M. africana R. Br. (Il paraît intro- duit.) Mathiola bicornis Sibth. Hesperis crenulata DC. Erysimum Kunzeanum Boiss. et Reut. ; E. sisymbrioides C. A. M. Nasturtium stenopetalum Godr. Sisymbrium runcinatum Lag. ; S. bursifolium Lin. (c'est par suite d’une REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 195 confusion avec le S. pinnatifidum que cette plante annuelle a été indiquée dans les Pyrénées). Arabis parvula L. Dufour. Meniocus linifolius DC. Cly- peola eriophora Cav ; C. gracilis Planch. (trouvé d'abord près de Montpellier, il a été retrouvé sur plusieurs points autour de Marseille; il est donc bien indigene). Biscutella auriculata Lin. (probablement à retrancher de la Flore de France). Isatis maeotica DC. Lepidium nebrodense Guss. /Ethionema mono- sperma R. Br. Senebiera nilotica DC. Helianthemum ægyptiacum Mill. Dian- thus siculus Presl. Dichoglottis tubulosa Jaub. ei Spach. Silene lydia Boiss. ; S. malopica Fenzl. ; S. trinervia Seb. et M.; S. dichotoma Ehrh. (non spon- tané en France); S. chætodonta Boiss.; S. noctiflora Lin. (plante française, introduite autour de Marseille) ; S. disticha Willd.; S. tridentata Desf.; S. Candollii Jord. Lychnis Cæœæli-rosa Desr. Holosteum linifolium Stev. Alsine conferta Jord. (Sabulina mediterranea Rchbc.) (M. Grenier est aujourd'hui convaincu que cette espèce est spontanée en France); A. mediterranea Gren. (Arenaria mucronata Ledeb.). (Comme la précédente, cette plante doit étre ajoutée à la Flore de France.) Cerastium anomalum W. K. (certainement introduit); C. campanulatum Viv.; C. Riæi Desm. Spergularia salsuginea Fenzl. (Alsine diandra Guss.) Erodium glaucophyllum Ait.; E. ciconium Willd. Lavatera subovata DC. ; L. trimestris Lin. (plutôt importé qu'indigene). Ruta villosa Bieb. ; R. tuberculata Forsk. Trifolium latinum Seb.; T. phleoides Pourr.; T. roseum Presl; T. mutabile Portens.; T. parviflorum Ehrh.; T. stenophyllum Boiss. et Hohen. ; T. xerocephalum Fenzl (T. leiocephalum Gren. ); T. Perreymondi Gren. (spontané ?). Melilotus compacta Salzm. Me- dicago radiata Lin.; M. astroites Bertol. ; M. olivæformis Guss. Trigonella hie- rosolymitana Boiss. Astragalus epiglottis Lin. (spontané ?); A: ankilotus F. et M.; A. hamosus Lin., 6 et y. Psoralea plumosa Rchhc. ; Ps. dentata DC. Ono- brychis Crista-galli Lamk. Herniaria polygonoides Cav. Aizoon hispanicum Lin. Epilobium Tournefortii Michalet. Daucus maximus Desf. Pimpinella eriocarpa Boiss.; P. puberula Boiss. Ptychotis verticillata Duby. Tordylium apulum Lin. (non spontané en France). Scandix pinnatifida Vent. Lagoecia cuminoides Lin. Vaillantia hispida Lin. Callipeltis cucullaria Stev. Galium cristatum Jaub. et Spach. Crucianella ciliata Lamk. Valerianella diodon Boiss. Artemisia austriaca Jacq. Senecio arabicus Lin. ; S. ægyptiacus Lin. ; S. humilis Desf. ; S. vernus Biv. Cotula pubescens Desf. Trichogyne cauliflora DC. Filago tenuifolia Presl. Calen dula bicolor Raf. Amberboa Lippii DG. Centaurea omphalodes Coss. et DR.; C. Verutum Lin. Kentrophyllum glaucum F. et M. Atractylis cancellata Lin. Cata- nanche arenaria Coss. et DR. Barkhausia bursifolia Spreng. (Crepis erucæfolia Gren. et Godr.) (probablement indigène) ; B. vesicaria Spreng. (certainement non spontané); B. macrophylla DC. Ambrosia maritima Lin. Specularia penta- gonia A. DC. Anchusa granatensis Boiss. Sesamum indicum DC. Antirrhinum calycinum Lamk. Phelipæa ægyptiaca Walps. Verbena supina Lin. Salvia virgata Ait. Zizyphora tenuior Lin.; Z. capitata Lin. Statice Thouini Viv. 126 SOCIÉTÉ DOTANIQUE DE FRANCE. Psyllostachys plantaginiflora Jaub. et Spach. Plantago serraria Lin. ; P. Loetlingii Lin.; P. praecox C. A. M.; P. commutata Guss. Rumex dentatus Campd. Euphorbia sulcata Delens (spontané?) ; E. canescens Lin. Merendera filifolia Camb. (certainement sportané près de Marseille). Phalaris obvallata Trin. (les graines du P. obvallata ont donné à MM. Blaise et Roux le P. paradoxa). Phleum exaratum Hochst. Stipa tortilis Desf. Alopecurus nigricans Hornm. M. Grenier donne une diagnose de cette espèce dans laquelle il distingue trois variétés : o aristatus, 6 decipiens, y muticus (A. muticus Kar. et Kir. ), cette dernière constituant peut-être une espèce distincte et séparée, si sa racine cst réellement fibreuse, puisque les denx premières sont stolonifères. Alopecurus fallacinus Gren. (p. 21). Espèce voisine des A. pratensis ct nigricans, mais que distingue très bien la diagnose suivante : Radice longe lateque stolonifera; culmo foliisque virentibus, ligula brevi; glumis calycinis basi liberis, dorso villosis, apice acutis et rectis. Leptochloa filiformis Ræm et Schult. Eleusine coracana Gaertn.; E. indica Gaertn. Cynosurus polybracteatus Poir. (M. Duval-Jouve, qui a récolté en Algérie le C. Crista-galli, affirme son identité avec le C. polybracteatus, et il ne serait pas loin d'admettre que celui-ci n'est qu'une modification du €. cristatus. Le €. polybracteatus de la Flore de France doit reprendre le nom de C. elegans Desf.). Poa sicula Jacq. Vulpia alopecuros Link. Festuca deli- catula Lag. (cette espèce est nommée F. cynosuroides Desf. dans le premier travail de M. Grenier sur la Florule exotique de Marseille). Serrafalcus massi- liensis Gren. Elymus Delileanus. Schult. Agropyrum (Triticum) Ziouxii Gren. et Duval (p. 23). Cette plante est probablement spontanée dans les prairies salées de Berre près de Marseille. Elle a quelque chose du port de l'A. caninum, dont elle diffère, au reste, com- plétement. Elle est trés voisine du Triticum ramosum Trin. Voici la diagnose étendue qu'en donne M. Grenier : Spica continua, elongata (0,1), gracili, basi saepe glumis sterilibus aucta ; rachi glabra ; spiculis 3-fl.; glumis glabris, subæqualibus, flosculo infimo vic brevioribus, anguste lanceolatis, ac:iminato-aristatis, 4-nerviis v. obscure 3-nerviis, carina aspera, basi minime contiguis, sed utrinque valde distanti- bus; flosculis giabris, approximatis: 2 inferioribus congestis, subsessilibus, superiore stipitato ; stipite glabro, 2 mill. longo ; valvula inferiore lanceolata, subenervia v. obscure 3-nervia, aristata; arista dimidiam v. tertiam valvulæ partem vix excedente ; foliis angustis, convolutis, striatis, culmo multo brevio- ribus, glabris ; ligula brevissima ; vaginis inferioribus pubescentibus ; superio- ribus sulcatis, glabris; culmo erecto, geniculato, glabro, superne tenuiter sul- cato ; radice fibrosa. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 127 Sur le Brassica Erucastruon de Linné; par M. Alexis Jordan (Annotations aux 27° et 28° centur. de M. C. Billot, pp. 173-175). Dans cette note, M. A. Jordan montre d'abord que les auteurs modernes ne sont pas d'accord sur la plante que Linné a voulu désigner par le nom de Brassica Erucastrum. Quelques-uns, comme Gaudin et Koch, sont assez disposés à la rapporter à quelque variété du Brassica Cheiranthos Vill. De Candolle, après avoir décrit séparément le Brassica Erucastrum Lin. et le D. Cheiranthos Vill., dit que ce dernier n'est peut-être pas assez distinct du premier. Quelques autres botanistes voient, au contraire, le vrai Brassica Erucastrum Lin. dans le Sisymbrium obtusangulum Schl. Quant à M. Al. Jordan, il est d'avis que le Brassica Erucastrum Lin. n'est pas autre chose que le Brassica Cheiranthos Vill. tout pur. Avant Villars, dit-il, la plupart des auteurs contemporains de Linné, tels que Pollich, Jussieu, Gouan, Sau- vage, etc., appliquaient ie nom de Brassica Erucastrum à la plante que Vil- lars a nommée depuis Brassica Cheiranthos. I pense qu'en cela ils avaient parfaitement raison, et il montre, par des citations de Villars lui-méme, qu'un raisonnement tout à fait faux a conduit le célèbre auteur de la Flore du Dau- phiné à opérer sans motifs un changement dans l'usage établi jusqu'alors au sujet de cette plante ; aussi ajoute-t-il qu'il importe de revenir à l'ancienne opinion qui appliquait le nom de Brassica Erucastrum à Vespece qui, depuis Villars, a été souvent inscrite dans nos flores sous la dénomination de Bras- sica C heiranthos. Ueber die Chilenische Palme und den Pallar Wolina's (Sur le Palmier du Chili et le Pallar de Molina) ; par M. R.-A. Philippi (Botanische Zeitung, n° ^3 de 1859, 28 octobre 1859, pp. 361-364). On devrait croire, dit M. Philippi, que le Palmier du Chili, qui se trouve dans beaucoup de jardins de Santiago et qui vient spontanément sur le chemin de Valparaiso à la capitale, est bien connu des botanistes; et cependant il n'en est rien. Molina, qui en a parlé le premier en 1782, l'a nommé Cocos chi- lensis et en a donné une description tout à fait insuffisante. En 1822, dans son Synopsis plantarum æquinoctialium, Kunth, à l'article du Jubæa spectabilis cultivé à Popayan, se demande s’il diffère du Cocos chilensis Mol. Sept ans plus tard, Bertero dit catégoriquement, dans le Mercurio Chileno, que ce Palmier n'appartient pas au genre Cocos L. et qu'il differe nettement du Ju- bea spectabilis H. B. K.;il l'appelle Molinæa micrococos ; il annonce qu'il le décrira plus tard. Néanmoins, dans l'ouvrage de M. Cl. Gay, le même Pal- mier est encore donné comme le Jubæa spectabilis, mais avec d'autres carac- léres que ceux que Kunth assignait à son espèce, et M. Philippi pense que ni 128 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. la diagnose latine ni la description espagnole qu'on en trouve dans cet ouvrage n'ont pu étre tracées à l'aide d'observations faites par l'auteur. — Les carac- tères assignés au genre Jubæu par Endlicher, dans son Genera, diffèrent en- core de ceux qui ont été donnés par Kunth ; d'où M. Philippi conclut qu'il y a trois Jubæa spectabilis, appartenant à trois genres distincts et séparés. Le nom de Molina ayant été donné à six genres différents sous des forines à peine distinctes, il abandonne celui de MoZinca proposé par Bertero, qui, du reste, reproduit littéralement le o/inea Juss., synonyme de Cupania Plum., et il apselle le Palmier chilien M?erococos chilensis. Il en expose en détail les ca- ractères génériques et en donne une description circonstanciée. — Le Micro- cocos devient de plus en plus rare dans le Chili, parce qu'on en détruit beaucoup pour obtenir un miel ou plutót un sirop, qui n'est pas autre chose que la séve sortie par des incisions faites à sa partie supérieure, que l'on con- centre par évaporation. Il est trés rare qu'on en plante pour remplacer ceux qu'on fait périr en les incisant. Le Phaseolus Pallar Molina est resté encore moins connu peut-être jus- qu'à ce jour. Molina dit qu'avant la conquête par les Espagnols, les indigènes cultivaient des Haricots peu différents des nôtres, parmi lesquels était le Pallar qu'il caractérise uniquement par une diagnose de six mots très peu précis. De- puis cet auteur, il parait qu'aucun botaniste n'a observé ce Haricot. De Can- dolle le met parmi les espèces douteuses, en en faisant suivre le nom de la phrase par trop laconique de Molina. L'article relatif à cette plante, dans l'ou- vrage de M. Cl. Gay, n'en a pas avancé la connaissance, selon M. Philippi ; méme le botaniste à qui est dû cet article dit qu'il faudrait réunir ce Phaseo- lus au P. multiflorus, ce que notre auteur déclare ne pouvoir comprendre. — Le Pallar est originaire du Pérou où il est communément cultivé, et où il est vivace, ainsi que dans le nord du Coquimbo. Il n'est déjà plus qu'annuel à Santiago. On n'en mange que lesgraines müres, les gousses n'en étant pas bonnes en vert. La plante est peu voluble, et peut être cultivée sans rames. Ses fleurs sont blanchâtres, petites, en grappes plus courtes que la feuille adjacente ; ses gousses sont trés comprimées, un peu arquées, longues (un peu avant la matu- rité) de 4 pouces et larges de 9 lignes, comprimées, bicarénées le long de leur suture ventrale; elles contiennent ordinairement trois graines comprimées, blanches avec une tache rouge-noir, longues de 12 lignes, larges de 7 1/2, épaisses seulement de 3. Essais d’une monographie des espèces et des variétés du genre Cucumis; par M. Ch. Naudin (Annales des Sciences naturelles, h° série, XI, 1859, p. 5-87). Dans ce mémoire, qui fait en quelque sorte suite à sa monographie du genre Cucurbita, M. Naudin a eu pour objet, dit-il, « de rectifier des erreurs REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 129 de détermination, de circonscrire plus nettement des espèces mal définies, et d'établir par de nouvelles preuves qu'il se forme aux dépens de certains types spécifiques des races où sous-espèces douées d'une stabilité remarquable, et quelquefois plus différentes les unes des autres, dans leur facies général, que ne le sont entre clles des espèces réellement distinctes. » Nous ne nous occu- perous ici que de la partie descriptive de son travail, la. partie théorique en ayant été résumée par M. Decaisne le jour où il a présenté à la Société botanique de France deux mémoires de M. Naudin (1). Le genre Cucunns, tel que le circonscrit M. Naudin, comprend une portion des étpèces auxquelles Linné et les botanistes après lui ont donné ce nom générique. I se distingue non par des caractères à lui propres et exclusifs, mais par un ensemble de caractères qu'on ne trouve pas réunis ailleurs. La particularité qui lui est le plus spéciale consiste dans un connectif prolongé au-dessus des anthères, en un appendice papilleux fort remarquable. On peut aussi regarder comme fournissant presque un caractère générique, les vrilles toujours simples et souvent assez peu développées que portent toutes ses espèces. Le port de ces plantes peut encore permettre à cn. œil exercé de les reconnaitre au premier abord. M. Naudin n'a pu observer tous les Cucumis mentionnés par les auteurs, et cela malgré la persévérance avec laquelle, aidé du concours de M. Decaisne, il s'est efforcé de s'en procurer les graines ou des échantillons. Ceux qu'il a pa étudier, qui forment certainement presque la totalité du genre, sont divisés par lui en deux sections assez naturelles, caractérisées, l'une par des fruits armés d'aiguillons ou de piquants, l'autre par des fruits simplement velus ou tout à fait glabres. La section caractérisée par des fruits chargés d'aiguillons, de piquants ou tout au moins de tubercules, comprend les espèces suivantes: 4. Cucumis metuliferus E. Meyer, espèce annuelle, regardée comme originaire de l'Afrique australe, que l’auteur n'a jamais vue dans les herbiers, mais qui est cultivée depuis longtemps au Jardin des plantes. Elle est parfaitement caractérisée par ses feuilles palmtes-trilobées, à lobes anguleux, surtout par son fruit, dont le volume est à pea près celui d'un œuf de poule, qui est obtus aux deux extrémités, obtusément trièdre, armé d'épais tubercules coniques et très épineux au bout, qui devient, à sa inaturité, d'un rouge intense, et qui a la pulpe demi-fluide, verdâtre, acidule sans amertume, — 2. Cucumis Anguria Linn., espèce annuelle, spontanée dans les Antilles et dans les parties chaudes du continent américain, où elle est fréquemment cultivée, à cause de ses fruits : bondants, gros comme un œuf de poule, ovoïdes, hérissés de petits aiguillons, colorés en jaune pâle à leur maturité, dont la chair blanche est bonne à manger cuite. La patrie américaine de cette plante est un fait très curieux, — 3. Cucumis Prophetarum Lin., espéce annuelle, trés rameuse, (1) Vorez le Bulletin, t. Vl, p. 478-581, T. VIT. 430 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. commune dans toute l'Arabie, l'Égypte, qu'on a retrouvée dans le centre de l'Afrique. Elle se distingue surtout par ses feuilles relativement petites, palmées 3-5-lobées, grises où blanchátres, pourvues de vrilles courtes, surtout par son fruit ovoïde, de la grosseur d’un œuf de pigeon, hérissé de petits aiguillons à peine piquants, qui devient jaunâtre à la maturité, et dont la chair est amère. C'est là le vrai C. Prophetarum de Linné, et non celui que les botanistes, aprés Jacquin, désignent généralement sous ce nom; ce der- nier devient le C. myriocarpus Naud. — h. Cucumis Figarei Delile. C'est une espèce à racine vivace, spontanée en Nubije, en Abyssinie et dans l'Arabie Heureuse, trés polymorphe, dont M. Naudin distingue et caractérise cinq variétés qui n'ont, dit-il, pas d'autre caractère commun qu'une racine vivace, fusiforme, émettant chaque année, au sommet, des pousses nouvelles. Toute Ia plante est d'un vert foncé et scabre: ses feuilles, presque toujours 3-5-lobées, ont les lobes obtus et les sinus arrondis; ses fruits ont généralement la grosseur d'un œuf de pigeon, plus rarement celle d'un œuf de poule; ils sont hérissés de piquants ou de tubercules, jaunes à leur maturité, et ils renferment une pulpe amère. L'espèce dont il se rapproche le plus est le C. Prophetarum L., avec lequel cependant il a été impossible de Phybrider. — 5. Cucumis africanus Lin. fil (non LindL), espèce annuelle d’après Hermann, entiè- rement scabre, dont les feuilles, profondément 5-lobées, ont le lobe médian plus long que les latéraux, et dont les fruits ovoides, hérissés de piquants, ont la grosseur d'un œuf de pigeon et contiennent une pulpe amère, — 6. Cucumis myriocarpus Naud. C'est le C. Prophetarum de Jacquin et de la généralité des botanistes, mais non celui de Linné. Originaire de l'Afrique australe, il est communément cultivé dans les jardins botaniques; ses feuilles vertes ont 3-5-7 lobes arrondis ainsi que les sinus. Ses fruits, extrémement nombreux, sont à peine plus gros qu'une groseille à maquereau, à fort peu prés globuleux, hérissés de soies épaisses et molles, et se détachent facilement, à la maturité, de leur pédoncule gréle; ils renferment une pulpe amére. — 7. Cucumis dissectifolius Naud. , plante de l'Afrique australe, imparfaitement connue de l'auteur, qui n'en a vu que des échantillons d'herbier; elle semble fort distincte, surtout par ses feuilles à 5-7 lobes généralement étroits, allongés, aigus, que séparent des sinus toujours arrondis. Ses fruits ont la grosseur d'un œuf de pigeon; ils sont hérissonnés, marqués de bandes longitudinales alterna- tivement blanches et vertes. — 8. Cucumis heptadactylus Naud. De l'Afrique australe; il n'existe encore qu'en herbier. M. Naudin est porté à penser qu'il est vivace, Ses feuilles sont palmées presque jusqu'à leur base, à 5-7 lobes étroits et divergents; ses fruits, ovoides, du volume d'un œuf de pigeon, à bandes alternatives blanches et vertes, sont hérissés de pointes assez épaisses, mais non piquantes. — 9. Cucumis dipsaceus Ehrenb. Plante annuelle, très rameuse, de l'Afrique orientale et centrale. Sa couleur générale est d'un vert | air et un peu jaunâtre; ses feuilles, ordinairement réniformes-obcordées, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. : 131 sont dentelées aux bords; son fruit cylindracé-ovoide, rappelant assez, pour la forme et l'aspect, un capitule de Dipsacus fullonum, hérissé de piquants mous, renferme une pulpe demi-fluide, très amère. Cette espèce est cultivée dans tous les jardins botaniques. — 40. Cucumis sativus L. Cette espèce est regardée comme originaire de l'Asie méridionale, mais sans qu'on en connaisse là patrie précise. Elle paraît avoir été cultivée dès les temps les plus reculés. Elle n'est mentionnée nulle part à l'état sauvage. Elle cst peu variable et l'auteur en réduit à quatre les variétés connues, savoir: le Concombre très petit de Russie; le Concombre long ordinaire ; le Concombre blanc, fréquem- ment cultivé à Paris ; le Concombre du Sikkim, dont il serait à désirer que nos jardins s'enrichissent. Ses principaux caractères consistent dans ses feuilles hispidules, palmées, à 3-5 lobes aigus et acuminés, ainsi que dans son fruit généralement oblong, obscurément trigone ou cylindrique, à peu prés con- stamment inerme et.lisse, à l'état adulte, quoique provenant d'un ovaire muriqué, à chair blanche et légèrement acidule. La section caractérisée par des fruits inermes, pubescents ou glabres, comprend les espèces suivantes : 11. Cucumis Hardwickii Royle, de l'Asie septentrionale, que M. Naudin connait seulement par la figure et la description très incomplète qui en a été donnée par Royle, ainsi que par quelques échantillons d'herbier sans fleurs ni fruits. — 12. Cucumis trigonus Roxb., espèce vivace par sa racine, commune dans toute l'Inde, extrêmement va- riable. Elle est toute scabre, d’un vert foncé; ses feuilles polymorphes sont 3-5-T-lobées, plus rarement disséquées, souvent presque arrondies; son fruit sphéroide ou ovoide, ordinairement du volume d'un œuf de pigeon, marqué de dix bandes alternativement claires et foncées, devient enfin jaunâtre pâle ; la pulpe en est amère, d’après Royle. Elle a pour synonyme certain le C. erio- carpus Boiss. et Noe, Diagn. — 13. Cucumis Melo L. Le Melon, l'espèce certai- nement la plus importante du genre Cucumis et méme de toute la famille des Cucurbitacées, a été, de la part de M. Naudin, l'objet d'une étude trés appro- fondie, qu'il a basée sur une culture comparative d'un grand nombre de variétés et sous-variétés. Un des principaux résultats de ce travail a été de faire rentrer dans cette espèce cultivée partout un grand nombre de plantes qui ont été regardées par divers auteurs comme des espèces distinctes et séparées. Voici le relevé de ces prétendues espéces, réduites par lui à n'étre que des synonymes du Cucumis Melo L. : Cucumis deliciosus Roth. ; C. Can- talupensis Haberl.; C. persicus Roem.; C. persicodorus Seiz; C. serotinus Haberl.; C. cubensis Schrad.; €. Conomon Thunb.; C. flexuosus L.; C. sa- tivus Fakus et C. sativus Smilli Forsk.; C. Chate L.; C. Momordica Roxb. ; C. utilissimus Roxb.; C. Dudaim L.; C. sativus Schemmam Forsk. ; C. pictus Jacq.; C. pedatifidus Schrad.; C. regine Schrad.; C. Schraderianus Roem. ; C. odoratissimus Moench; C. cicatrisatus J. Ellert Stocks; C. pubescens 132 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Willd.; C. maderaspatanus Roxb.; C. turbinatus Roxb.; C. Chito Morren; C. maculatus Willd.; C. ambiguus Fenzl. « Parmi ces prétendues espèces, dit M. Noudin, il en est plusieurs que leurs caracières tranchés et en apparence très constants semblaient rendre inattaquables, et peut-être plus d’un bota- niste refusera-t-il encore de les admettre comme identiques..... J'ai moi-méme longtemps hésité..... mais enfin, vaincu par l'évidence, j'ai dà rompre avec les idées recues. J'ai vu effectivement, dans une culture de plusicurs années, la plupart de ces formes réputées spécifiques perdre successivement leurs caracteres. Les caractères assignés par lui à cette espèce polymorphe sont les suivants : « C. annuus, totus hirsutus hispidulusve aut scaber; flagellis obscure » angulatis, demum quasi teretibus glabratisque ; fol. basi cordatis, nunc reni- » formibus nunc 3-5-7-lobis, sinubas rotundatis; ovariis pubescentibus hirsu- » tisque; peponibus multiformibus ; pubescentibus, aut glabratis nunquam echi- nulatis; carne saepius dulci, raro subamaricante. » Notre auteur regarde comme le type primitif des nombreuses formes de Melon aujourd'hui cultivées, les petits Melons sauvages de l'Inde, dont les fruits, généralement ovoides- elliptiques, sans côtes, très lisses, plus ou moins velus dans le premier âge, généralement glabres à l'état adulte, n'ont parfois que la grosseur d'une prune de mirabelle, et quelquefois atteignent ou dépassent même le volume d’un citron ordinaire. Il n'est pas éloigné de penser que cette espèce peut être également spontanée dans certaines parties de l'Afrique. L'étude attentive qu'il a faite des Melons cultivés lui permet de les faire rentrer dans dix tribus dont voici les noms : 4° Melons Cantaloups (C. Melo Cantalupensis), parmi lesquels on distingue les Cantaloups Prescott, subdivisés à leur tour en plusieurs sous-variétés, les Cantaloups communs, le Mosca:ello, le Melon d'Archangel, le Cantaloup noir des Carmes, le Cantaloup de vingt-huit jours, etc. ; 2° Melons brodés (C. Melo reticulatus), dont le type est le Melon maraicher proprement dit, et où rentrent aussi le Melon de Coulommiers et nombre d'autres; 3° Melons sucrins(C. Melo saccharinus), que Jacquin réunissait aux précédents et qui, pour M. Naudin, forment le passage des précédents aux suivants; 4° Melons d'hiver ou Melons sans odeur (C. Melo inodorus), tribu très vaste et très arbitraire, adoptée faute de mieux, dont le plus beau représentant est le Melon d'hiver de Provence ou Melon de Cavaillon; 5° Melons serpents (C. Melo flexuosus), dont tous les auteurs ont fait une espèce particulière, mais dont les caractères n'ont ni une grande uniformité, ni une grande fixité; 6° Melon cucumériforme de l'Inde (C. Melo acidulus); T° Melon Chito (C. Melo Chito Ndn, C. Chito Morren), forme naturelle comme les suivantes, introduite assez récemment en Europe; 8° Melon Dudaim (C. Melo Dudaim Ndn, Melo rotundus parvus G. Bauh.; C. Dudaim L.), races des mieux caractérisées et des plus stables dans l'espèce, mais qui se croisent facilement avec les autres et qui dégénèrent promptement quand on les cultive à còté d'autres Melons; 9° Melon rouge REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 183 de Perse (C. Melo erythræus Ndn); 10° Melons sauvages (C. Melo agrestis Ndn) subdivisés en Melous sauvages de l'Inde et Melon sauvage d'Afrique (C. maculatus? Seringe) ou petit Melon de Figari). Après cette étude approfondie des treize espèces de Cucumis bien connues de lui, M. Naudin mentionne celles, au nombre de huit, qui sont à peine connues aujourd'hui et dont certaines laissent du doute méme pour le genre. En voici les noms: Cucumis arenarius Schrad., C. cognata Fenzl, C.? Muel- leri Ndn, C. chrysocomus Schum. et Thonn., C. campechianus H. B. K., C. jamaicensis Bert., C. muricatus Willd., C. rigidus Ecklon. Il énumère enfin les plantes qui ont reçu de divers auteurs le nom générique de Cucumis et qui rentrent dans d’autres genres. Synopsis Muscorum europæorum præmissa introdue- tionc de elementis bryologieis iraetante. Scripsit W. Ph. Schimper (1 vol. in-8° de CLIX et 733 pages, avec 8 planches, 5 tableaux synopt. in-4° et une carte. Stuttgard, 1860, chez E. Schweizerbart). Dans une préface datée de Strasbourg, 15 février 1860, M. W Ph. Schim- per dit que, aprés avoir terminé le Bryologia europea, dans lequel il avait eu à faire une étude détaillée de toutes les espèces qui v figurent, il à cru devoir céder aux sollicitations de nombreux amis qui l'engageaient à publier un Sy- nopsis de ce grand ouvrage. Ce nouveau travail, qui lui avait semblé devoir offrir peu de difficultés, a cependant exigé trois années entières de nouvelles études. La méthode qu'il a suivie est à peu près celle qu'il a exposée dans son Corollaire ; cependant il l'a modifiée à quelques égards dans son Synopsis : en effet, il a réduit à l'état de sozs-genres quelques-uns des genres qu'il avait d'abord proposés ; il a élevé au rang de genres quelques sections naturelles et méme des espèces isolées ; enfin, aux tribvs ila subordonné les familles qui, dit-il, pourront être regardées comme des genres par ceux qui sont effrayés de la multiplicité des noms génériques. Le Synopsis comprend deux portions distinctes et séparées. La première (pp. r-CLIX), sous le titre d'Introduction, renferme les généralités sur les Mousses. Eile se divise en trois parties qui traitent : la premiere, de l'organo- graphie et de la morphologie de ces Crvp:ogames ; la deuxième, de leur ha- bitation et de leur distribution géographique en Europe; la troisième, de leur classification systématique. La première partie comprend cinq chapitres rela- tifs : 4° aux divers modes de propagation des Mousses; 2° à leurs organes vé- gétatifs ; 3^ à leur génération, c'est-à-dire aux fleurs de ces végétaux; A? à leur fructification, c'est-à-dire à l'origine première du fruit. à l'évolution de la capsule, l'organisation du sporange et l'évolution des spores; 5° à l'étude du fruit parvenu à l'état parfait. Dans la seconde partie (p. XXX1X-C) de son intro- duction, l'auteur s'occupe successivement et en autant de chapitres : 1° de la 134 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. manière de vivre des Mousses; 2? de la nature soit chimique, soit physique de leur support, et de l'influence qu'exerce cette nature sur leur distribution géo- graphique à la surface de la terre ; 3° de la distribution géographique de ce Cryptogames en Europe; 4° de leur distribution géographique considérée sous le rapport des altitudes; 5° il donne les tableaux de quelques florales bryolo- giques spéciales; ces florules sont divisées selon trois zones géographiques, septentrionale, moyenne, méridionale. La troisième partie (pp. C-CLIX) ren- ferme l'exposé des classifications méthodiques proposées par Hedwig, pour les Mousses d'Europe, par Bridel dans sa Bryologie universelle, par M. Mul- ler, dans son Synopsis, enfin le tableau détaillé de celle que l'auteur suit lui- méme dans son ouvrage. Plusieurs tableaux synoptiques à trois colonnes pré- sentent comparativement, pour les trois zones septentrionale, movenne et méridionale, l'énumération des espèces qui se trouvent dans la région des campagnes (campestris), dans la région montagnarde, la région subalpine, la région alpine et la région suralpine (supraalpina). Le corps méme de l'important ouvrage de M. Schimper présente l’histoire des Mousses d'Europe beaucoup plus complète sous tous les rapports que ne le ferait penser son titre de Synopsis; il donne, en effet, pour chaque espèce, une diagnose étendue, une synonymie nombreuse, l'habitat. circonstancié , des observations imprimées en caractère plus petit. Quant aux caractères du groupe entier des Mousses, des tribus, des familles et des genres, ils sont présentés avec tout le développemeut nécessaire dans l'état actuel de la science. Les 8 planches gravées sur pierre avec une remarquable netteté montrent en détail les caractères de tous les genres et le port de l'espèce analysée. Quant à la carte géographique, elle est consacrée à la représentation des zones d'al- titude. L'ouvrage est écrit en latin. Il se termine par la table alphabétique des noms de tribus, de familles, de genres et d'espèces admis par l'auteur. BOTANIQUE GÉOGRAPHIQUE ET GÉOLOGIQUE. Notes on a Visit to the Cinchona Forests on the western slope of the Quitenian Andes (Votes sur une visite faite aux forêts de Quinquina sur le versant occidental des Andes de Quito) ; par M. Richard Spruce (Journal of the Proceedings of the Linnean Society, IV, cahier n° 16, 1860, pp. 176-192). Dans cette note, le célébre et zélé voyageur rapporte avec des détails trés circonstanciés le long et pénible voyage qu'il a fait pour voir sur pied les Quinquinas qui existent dans les forêts situées sur le versant occidental des REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 135 Andes de Quito, D'abord il voulait explorer dans ce but celles de Jilimbi et Guanujo, qui se trouvent au pied du Chimborazo et sur son flanc occidental ; mais il apprit qu'il n'y existait qu'une seule espèce de Cinchona, et, en outre, il devait, pour s'y rendre, franchir un passage très élevé, extrêmement dan- gereux à cette époque de l'année. Il se décida donc à descendre plus au sud, jusqu'aux forêts situées au-dessous de la petite ville d'Alausi, dans la vallée de la rivière Chanchan, dans lesquelles il pouvait espérer d'observer 3 Cin- chonu différents. Nous ne le suivrons pas au milieu du récit de son voyage vers ce but. Ce fut le 4 août 1859 qu'il arriva à la forêt où la principale espèce de ces arbres précieux, le Quinquina rouge, Cascarilla roja des habitants, avait été exploitée et devait encore exister, lui avait-on assuré, Il avait pour guide un homme qui s'était livré longtemps à cette exploitation. Arrivée à la forêt, sur les bords du Puma-cocha, la petite expédition pénétra dans ses profondeurs, rencontrant presque à chaque pas des troncs couchés et. écorcés de ce Cinchona, mais pas un seul pied encore debout. Le guide monta plu- sieurs fois sur de grands arbres du haut desquels il planait sur une grande étendue de forét, mais sans voir le moindre indice des grandes feuilles rouges de cet arbre. « A la fin, dit M. Spruce, nous commencions à nous fatiguer, et nous nous décidàmes à retourner vers notre hutte, en faisant un détour vers une pente que nous n'avions pas encore explorée. Nous marchàmes longtemps sans obtenir un meilleur résultat, et nous comiencions à déses- pérer de trouver un pied vivant, lorsque nous en rencontràmes un abattu, de la racine duquel partait un rejet gréle, haut de 6 à 7 mètres. Ma satisfaction est facile à concevoir. Ma première idée fut de vérifier s’il était vrai, comme me l'avaient dit tous ceux qui avaient récolté du quinquina, que ces arbres ont un suc laiteux, ce qui me semblait étrange et incroyable pour une Ru- biacée. Une entaille fut faite dans l'écorce, et je vis à l'instant que le fait était réel. Le suc est incolore quand il sort, mais dés qu'il est exposé à l'air, il blanchit, et aprés quelques minutes, il passe au rouge. Plus ce changement de couleur est rapide et plus la teinte dernière est intense, plus l'écorce est présumée précieuse. » Le Cascarilla roja parait se plaire principalement sur les pentes pierreuses, où il y a toutefois une couche épaisse d'huinus, à une altitude de 3000 à 5000 pieds anglais (915 à 1525 mètres) au-dessus du niveau de la mer. La température est, à cette hauteur, fort analogue à celle d'un jour d'été à Londres; mais chaque soir des brouillards froids descendent dans la vallée venant de l'Azuay, et, depuis le mois de janvier jusqu’à celui de mai, la pluie ne cesse pas de tomber. Si le Cuscarilla roja a été presque détruit à Puma-cocha, il v existe en revanche beaucoup de Salsepareille tellement belle et productive, que le guide de notre voyageur lui dit en avoir retiré une fois 75 livres d'un seul pied, tandis que la même plante, au Brésil, n'en donne jamais, dit-on, guère plus de 30 livres par pied. La végétation qui accompague ce précieux Quinquina comprend d'abord un PAytelephas nommé 136 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dans tout l'Ecuador. Cadi. Cette espèce parait différer de toutes celles qui ont été observées ailleurs; elle a un gros tronc droit, haut de 5 mètres à 67,50; ses feuilles ont 40 mètres environ de longueur, et leurs pinnules sont fastigiées par trois ou quatre, comme dans plusieurs Bactris et Astro- carum, au lieu d'être équidistantes comme dans les autres; enfin ses fleurs mâles sont en grappes sur un long spadice pendant. On trouve là fréquemment un Carludovica à feuilles pennées et épincuses. Le Triplaris surinamensis y est aussi abondant que dans l'àmazone, et ie Lasionema roseum, arbre très voisin des Cinchona, croit à côté du Triplaris, comme il le fait à Tarapoto. En général, la végétation arborescente a semblé an voyageur anglais pauvre en espèces et peu intéressante, Un des arbres les plus remarquables était un Ærythrina à tronc grêle, tortueux, duquel pendent de longs épis de fleurs écarlates et quelques branches portant chacune une touffe de feuilles ternées, dont les folioles ont quelquefois 0",50 de diamètre. H y a aussi quelques Figuiers, et sur les pentes roidesse montrent des bouquets de bois bas, formés principalement d'espèces de Clusia, Thibaudin et de. Mélastomactes. Deux petits Zrichomanes rampent le long des branches des arbustes, mais il n'existe pas du tout de Fougères terrestres. Le guide assurait qu'en s'enfon- cant plus avant, daus la forét, d'une journée de marche, on trouverait un plus grand nombre de pieds de Cascurilla roja, qu'il avait vus peu de mois auparavant; mais M. Spruce ne crut pas pouvoir pousser alors son voyage jusque-là, faute de vivres. Deux semaines plus tard, ce botaniste résolut de visiter les forêts qui pro- duisent le Cascarilla serrana, ou Quinquina de montagne, qu'on. trouve à une altitude d> 8500 à 9000 pieds anglais (2593 à 2745 mètres), sur les deux rives de la rivière Chancehan. IH explora dans ce but la forêt de Llalla, au pied de l'Azuay et à un peu p'us de doux heures do march? de Guataxi. On y distingue àeux sortes de C'useard/tas ou Quinquinas, qu'on nomme, l'une Cuchicara, où peau de cochon, l'autre. Puta de qallinazo. L'écorce du premier se racornit bexucous en séchant et s'écaille; colle du second est beaucoup plus estimée, et, à l'état sec, elle se présente en petits fragments de couleur plus foncée. Ces Quinquinas étant peu demandés par le commerce, les arbres qui les produisent sont beaucoup moins recherchés que le ronge, et échappent dès lors beaucoup plus à la hache. M. Spruce trouva près de sa station une vingtaine de pieds de Cuchicara, hauts de 13 à 16 métres; mais tous avaient alors les capsules vides de graines, la saison étant avancée. Cet arbre a les fleurs d'un rouge-brique foncé; ses capsules sont le plus souvent allongées-oblongues, mais elles varient de forme jusqu'à devenir oblongues- arrondies. Les pieds de Pata de gallinazo étaient rares, sans fleurs ni fruits. Ces deux dernières sortes ont les feuilles largement ovales, avec ou sans un court apicule, pubescentes en dessous; mais, dans le Cuchicara, le pétiole et la côte sont rouges, ce qui n'a pas lieu dans le Pata de gallinazo, dont au REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 137 reste les feuilles ne deviennent pas si rouges en vieillissant. Le premier a des branches gréles en petit nombre, le dernier est plus rameux et plus touffu. Les feuilles du Cascarilla roja ont presque la méme configuration que celles des deux autres, peut-être sont-elles cependant un peu plus étroites; son écorce est d'un bran pourpre foncé, quand elle est bonne; elle est de couleur cannelle pâle dans les deux autres; La première est trés riche en quinine et en cinchonine. — Parmi les arbres qui accompagnent les deux derniers Quinquinas dans la forét de Llalla, M. Spruce cite comme le plus commun et le plus grand, le Motilon, dont le fruit est une drupe bonne à manger, mais qu'il hésite à rapporter aux Amygdalées; un vrai Cerasus à très grandes feuilles; le Hualls, V [guia (Escalloniacée), un Berberis, un Rhamnus, un Nonatelia, deux Myrtacées, surtout un Loranthus arborescent, dont les fleurs sont jaunes, odorantes, en épis serrés, et dont les feuilles sont alternes sur certains ramules, opposées sur d'autres, verticillées par trois sur d'autres; un arbre de la famille des Solanacées voisin des Lycium, à fleurs jaunes naissant des branches nues, dont le port rappelle très bien un Crescentia. Parmi les arbris- seaux se trouvent un Barnadesia, deux Salvia, un Fuchsia sarmenteux et un autre très ornemental, aphylle et épiphyte, qui orne les arbres sur lesquels il grimpe, avec ses grandes feuilles d'un rouge vermillon. Des espaces gazonnés sont épars dans les forêts. L'autcur v a trouvé un Ranunculus nouveau, un petit Juncus, une curieuse Rubiacée voisine du Richardsonia, deux Joni- dium, etc. Les Orchidées sont nombreuses dans ces forêts; ce sont des Odontoglossum, Oncidium, Epidendrum, et beaucoup d'autres. BOTANIQUE APPLIQUÉE. Analysen von XVicscafaiterpflanzen (Analyses de plantes fourragères); par M. H. Ritthausen (Mirth. aus Waldau, 1** cah., p. 68. Bonplandia, livrais. du 1** mai 1850, pp. 162-165). Les analyses de plantes fourragères ont un assez grand intérêt pour qu'on doive accueillir toujours avec satisfaction celles qui sont publiées. Non-seule- ment ce sont des données utiles par elles-mêmes, mais encore elles peuvent parfois servir à contróler celles qu'on devait déjà à des observateurs antérieurs. C'est pour ce motif que nous emprunterons au Bonplandia, qui les avait lui- méme pris dans une autre publication allemande, les tableaux des analyses de 30 plantes fourragères, Graminées et Légumineuses, qui se trouvent dans un article du docteur H. Ritthausen. Ces analyses ont été faites en collabo- ration avec le docteur Scheven. Ce dernier savant a analysé les Graminées, 138 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tandis que le premier s'est occupé des Légumineuses. Le premier tableau ren- , fermeles résultats de l'analyse des plantes fraiches; le second indique la com- position des mémes plantes desséchées comme elles le sont à l'état de foin, c'est-à-dire dans l'état où elles ne conservent plus que 12 1/2 pour 100 de l'eau qu'elles contenaient à l’état frais. Les échantillons analysés ont été recueillis le plus vite possible, avant la récolte de 1855, sur une prairie assez fertile, située entre deux petits cours d'eau. On a déterminé la proportion d'eau immé- diatement aprés la récolte. Les plantes étaient en fleur. PREMIER TABLEAU, — Analyse des plantes fraiches. Ne NOMS DES PLANTES. :]|5lh5s|is|s8|s32| à [ea | S E En | 5 2 nm | RS A E © = © uo S I y 4. |Agrostis canina. ...........| 71,4| 2,2 | 11,0| 0,6 | 11,6| 3,2 |0,5 2. |Aira cxspitosa .......... «| 70,3| 2,2 | 10,6| 1,0 | 12,8| 3,1 [0,488] 3. |Alopecurus geniculatus...... 76,9! 2,0 7,0| 4,0 | 40,1] 3,0 |0,477 4. — pratensis..... ... | 66,8| 2,1 | 1551 6,8 | 12.1| 2,7 10,420 5. |Authoxanthum odoratum.....| 72,0| 1,6 | 12,3! 0,8 | 11,2| 2,1 [0,331 6. |Avena pubescens..... 2. 13,1| 2,2 | 10,4| 0,8 | 10,9| 2,6 10,410 7. |Cynosurus cristatus......... 72,6! 2,3 | 11,7| 0,7 | 10,6| 2,1 |0,330 8. |Dactylis glomerata ....... ..| 65,1| 2,4 | 16,11 0,8 | 12,6| 3,0 |0,470 9. |Festuca pratensis.......... 74,81 1,7 | 10,1! 0,8 | 10,2] 2,4 |0,382 10. — Pb. 2... e 73916) 121 053 9,9! 2,4 [0,378 11. |Glyceria fluitans........... "um 220 8,5| 0,3 9,5| 2,0 10,311 12. |Holeus lanatus............ 15,4| 2,4 | 10,2| 0,5 9,5| 2,3 10,369 13. |Phalaris arundinacea........| 68,9| 2,6 | 13,5| 0,4 | 12,6| 1,9 0,307 14. |Poa pratensis....,........ 62,0! 4,8 | 45,6| 1,1 | 15,4, 4,0 10,635 45. | — trivialis...,..........| 78,0] 4,6 8,8 0,8 | S,4| 2,3 |0,360 16. |Triticum caninum.......... 10,0| 2,1 ien Qn 11,6! 2,8 |0,450 17. |Arrhenatherum avenaceum...| 67,0! 2,1 15,4| 0,4 11,8! 3,2 10,505 18. |Avena flavescens........... 59,5! 2,9 | 16,3! 0,8 | 17,2| 3,3 10,520 19. |Bromus mollis........... ..| 66,8| 2,7 | 14,5] 0,5 | 12,7| 2,8 (0,438 90. |Lolium italicum............ 74,7| 2,3 | 9,4| 1,0 | 12,9| 2,6 |0,415 91. ss Perenne.......,....1 76,21 1,6 | 40,7] 0,6 9,5| 2,3 [0,364 22. |Phleum pratense...........| 68,2| 2,0 | 13,9! 0,4 | 13,6| 2,0 |0,317 93" Erifolium;repens...--.-- -- 79,7| 1,7 5,1| » 9,2! 4,3 10,675 24. — filiforme.......... 75,4| 1,4 75,8 » | 11,2| 4,2 10,664 25. = pratense. n o. 76,2| 1,8 | BO » 9,7| 3,4 10,537 26. |Vicia sepium.............. "c 10 T] o» 8,3| 5,2 10,822 27. | eaa. . 4. FASO TS) SE » 9,0! 6,0 |0,942 98. |Lathyrus pratensis.......... 76,1| 1,3 7,2 » 10,3| 5,1 |0,800 29. |Lotus corniculatus..........| 79,2| 1,6 5,3| » 10,7| 3,2 [0,507 30 | 2 maon oa .-...| 76,11 4,1 | 6,4] » | 10,6| 5,2 [0,822 Si l'on compare les résultats des analyses de MM. Scheven et Ritthausen avec ceux qui ont été obtenus par Thomas Way, on remarque entre les deux des différences importantes, dont la plus notable consiste dans les proportions REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 139 indiquées par les uns et les autres pour l'azote. Way exprime cette substance par un chiffre beaucoup plus fort. Il est méme permis de soupçonner quel- ques erreurs dans son travail; ainsi, dans le Dactylis glomerata, il indique, pendaatla végétation, 11,6 pour 100 de matières azotées, et, à la maturité du fruit, 19,8 pour 100; or, on sait que toujours l'azote diminue à mesure qu'on approche de l'époque de la maturité. DEUXIÈME TABLEAU. — Composition des plantes séchées en foin. : $ loslss | ESS é Ne NOMS DES PLANTES. E E z $|g*|[338|$$3| š E $50 |s $84 JI 'Aerostisicanina- 000000600006 125 6.7 | 3511458 | -3573].-9,8| 4555 2. |Aira cæspitosa.. ss... 12,5) 6,6 | 31,2) 2,9 | 27,6! 9,1] 1,43 3. |Alopecurus Zug 12,5, 7,4 | 26,3| 3,7 | 38,8| 11,3| 1,79 4 — pratensis. .... ol XE RS JE cule 22 | NAIL HO] 2601 5. |Anthoxanthum odoratum.. ..| 12,5| 5,1 38,7| 2,6 32,8| 6,6| 1,04 6. |Avena pubescens... ........ 12 510760 35,2) 2,5 i 35.5, 7874114533 7. |Cynosurus cristatus..... e.. e| 12.5| 7,5 | 87,2) 2,1 | 32,8] 6,7] 1,05 8. |Dactylis glomerata ......... 12,5! 6,0 | 40,5! 1,9 | 33,3] 7,5| 1,18 9. |Festuca pratensis.......... 12,5| 5,8 | 35,1| 2,7 | 35,5] 8,4| 1,32 10 = rubra.. 6e 12,5| 5,2 | 40,0! 1,7 | 32,6] 7,9| 1,25 41. |Glyceria fluitans......... 11495! 18 922 L3] 3731.17 122 12. |Holcus lanatus. ...... ...:| 42:51 BE | 39,4] 4,8 | 29,5), 8,21 4529 13. |Phalaris arundinacea........| 12,5| 7,4 | 38,0| 1,2 | 36,4] 5,5| 1,86 14. |Poa pratensis...... 2o5c2oooll 125 ZU: 5,9| 2,6 | 35,5| 9,3| 0,46 15: le üdMElt5asooscooooce nooo 1 D 33,3 3,3 | 33,5| 9,1| 1,43 16. |Triticum caninum......,.. .| 42,5| 6,2 | 37,2| 1,9 5,0] 8,31 1,31 17. lArrhenatherum avenaceum...| 12,5| 5,7 | 40,8| 1,2 | 31,2! 8,5| 1,34 18. |Avena flavescens.......,... 42,5! 6,2 | 35,3| 4,7 | 37,2) 7,1| 1,12 19. |Bromus mollis........ s... | 42,5| 7,1 | 38,3| 4,6 | 83,4| 7,3! 1,15 20. |Lolium italicum...... snt 12,5| 7,2 | 29,0| 3,3 | 40,0| 8,1| 1,28 21. | — perenne............| 12,5| 5,5 | 38,0| 2,2 | 33,6| 8,1| 1,28 22. |Phleum pratense....... cl 120856138110 | 374 055515058] 23. |Trifolium repens...........| 12,5| 7,6 | 21,9| » 39,6| 18,4| 2,90 24. — HUE. es -a| £25] 5,4 | 279} » 39,5] 15,0| 2,36 25. — pratense.........| 12,5] 6,4 | 32,8| » 35,17! 12,5| 1,97 26. [Vicia sepium....... Gc 49,5| 4,2 | 30,9| » 32,7| 20,4| 3,22 2% | cracca..............1 12,9) 5,1 | 291) » 31,4! 20,9] 3,29 28. |Lathyrus pratensis..... 1 42,0) 5,0 120601 D 37,5| 18,5| 2,93 29. |Lotus corniculatus. .... | 12.5 6.8 122 » 48,1| 13,5| 2,13 30 | — Major. ---...: 0... 12,51 6,0 | 23.4] » 38,9| 19,0] 3,01 M. Ritthausen se proposait d'exécuter un travail considérable sur l'ana- lyse des plantes; mais des circonstances particulières ne lui permettant pas de mener à fin ce projet, il s'est contenté de publier les résultats auxquels l'avaient conduit ses premieres analyses. 140 SOCIÉTÉ DOTANIQUE DE FRANCE. MÉLANGES. Notice biographique sur M. Chauvin; par M. René Lenor- mand (Mém. de l'Acad. des sciences, arts et belles- lettres de Caen; tirage à part en brochure in-8? de 32 pages. Caen, 1859). M. Francois-Joseph Chauvin était né à Vire, le 29 septembre 1797. Aprés avoir fait de bonnes études au collége de cette ville, il y étudia en droit; mais compromis dans une manifestation politique pour laquelle il s'était mis à la téte des étudiants en droit et en médecine, il vit la carrière du barreau se fermer devant lui. Il s'adonna dès lors à l'étude des sciences, et particulièrement à celle de la botanique. Il s'occupa d'abord avec ardeur de la flore des environs de Caen, dont il acquit une parfaite connaissance; mais bientót il concentra ses études à peu prés exclusivement sur les Cryptogames, qui furent pour lui l'objet de différents travaux. Son premier écrit traita des Fougères du Calva- dos; les Algues devinrent ensuite ses plantes de prédilection, ct bientôt les mémoires dont elles lui fournirent le sujet marquerent honorablement sa place parmi les algologues francais. Les principaux de ces mémoires sont : sa /Vote sur cing Thalussiophytes inédites, ses Recherches sur l'organisation, la fructification et la classification de plusieurs genres d'Algues, auxquelles fait en quelque sorte suite son Essai d'une répartition des Polypiers calci- feres de Lamouroux, dans la classe des Algues. M. Chauvin a puissamment aidé aux progrès de l'algologie moderne par la publication de collections d'Al- gues sous le titre de: Algues de la Normandie, qu'il commença avec M. Ro- berge, et qu'il continua seul lorsque son collaborateur eut cessé de concourir à ce travail, après avoir pris part à l'élaboration des deux premiers fascicules. H à paru en tout sept cahiers de cette publication, et deux nouveaux cahiers étaient prêts à paraître, lorsque la mort est venue frapper le savant botaniste normand. — Après avoir été corservateur des collections d'histoire naturelle de la ville de Caen, M. Chauvin fut appelé, en 1858, à la chaire de botanique et de géologie qui venait d'être créée à la Faculté des sciences de cette ville. Il fut ainsi amené à diriger en grande partie ses travaux sur la géologie et la paléontologie. Il avait formé le projet de publier un Species des Hydrophytes de la Normandie, et il avait réuni des matériaux considérables pour ce travail qu'il n'a pu terminer. — Il a succombé à une maladie du cœur, le 5 février 1859. Notice sur M. Choisy. La botanique génevoise a perdu, il y a peu de temps, un de ses représen- tants les plus distingués : M. Choisy est mort à Genève, le 26 novembre der- nier, à l'age de soixante ans. La Société botanique de France, dont il fut REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 144 membre presque dès l'origine, doit consigner dans son Bulletin l'expression de ses regrets, ainsi que les principaux détails de la vie et la mention des travaux qui ont fait la réputation de ce savant recommandable à plusieurs litres. M. Jacques-Denis Choisy était né, le 5 avril 1799, à Jussy, village peu éloigné de Genève, où son père résidait en qualité de pasteur. Il fit avec distinction ses études à l'Académie de Genève, établissement important dans lequel l'en- seignement portait à la fois sur les lettres, les sciences, le droit et la théologie protestante. Il y acquit des connaissances aussi variées que solides, surtout dans les sciences mathématiques, physiques et naturelles, «qu'il ne cessa de cul- tiver ensuite avec succès. Ce furent les leçons de De Candolle qui développè- rent en lui le goüt de la botanique. Lorsque le célébre professeur quitta Montpellier et revint à Genève, à la Restauration, le jeune Choisy devint d'abord son éléve assidu, ensuite son aide et son ami. Dés cct instant, il se livra surtout à l'étude des plantes qu'il envisagea principalement au point de vue descriptif ct taxinomique. Toutefois la botanique n'occupait point alors tous ses instants, et en méme temps qu'il rédigeait son premier mémoire, il continuait ses études en théologie. Aussi ce fut la même année, en 1821, qu'il fut recu ministre et qu'il publia son Prodromus d'une Monographie de la famille des Hypéricinées (1 vol. in-4°, Genève). L'aunée suivante, il se rendit à Paris, où il séjourna pendant un an, ct où il suivit avec fruit des cours de mathéma- tiques, de physique et de sciences naturelles, sans négliger de puiser dans les grandes collections de cette capitale, particulièrement dans celle déjà fort riche alors de M. Delessert, les éléments de nouvelles publications. Pendant son sé- jour à Paris, il fut recu membre de la Société d'histoire naturelle, dans le recueil de laquelle (1** vol.) il publia son Mémoire sur un nouveau genre de Guttiferes et sur l'arrangement méthodique de cette famille. De son cóté, la Société philomatique lui ouvrit ses portes en 1823. M. Choisy eüt bientót l'occasion de montrer toute l'étendue et la variété des connaissances qu'il possédait. Lorsqu'il revint à Geneve en 1825, plusieurs chaires de nouvelle création ou vacantes pour divers motifs, dans le sein de l'Académie, avaient été mises au concours. Notre jeune savant, qui ne comp- tait encore que vingt-trois ans, subit avec distinction les épreuves du concours successivement pour une chaire de mathématiques, pour une de physique, et pour une de philosophie rationnelle. H fut nommé, en 1824, à cette derniere qu'il occupa jusqu'en 1847, époque tristement mémorable dans l'histoire de l'Académiegénevoise, puisqu'elle marqua la destitution pour des motifs politiques de six de ses professeurs les plus distingués. Aiusi dépouillé de ses fonctions de professeur, auxquelles cependant son élection à la suite d'un concours lui avait donné des droits imprescriptibles, M. Choisy ne tarda pas à les remplacer par celles de pasteur de l'Eglise protestante, qu'il remplit à Genève pendant cinq années, à partir Ce 4849. Pendant ce temps, il fit plusieurs séries de prédica- 4142 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tions, dont une partie a été publiée, et dans lesquelles il s'attacha surtont à traiter celles des questions religieuses qui touchent plus ou moins à la science. Cette existence si bien remplie par des travaux d'ordres divers, tous haute- ment recommandables, embellie par le bonheur domestique et par l'amitié, a été brisée par une maladie, le 26 novembre 1859, lorsque les lois de la nature pouvaient en laisser espérer encore la continuation pendant plusieurs années. Nous avons déjà cité les deux mémoires de botanique que M. Choisy a pu- bliés les premiers ; il nous reste à indiquer encore : sa Description des Hydro- léacées publiée en 1833; ses Convolvulacec orientales, en trois mémoires portant les dates de 1834, 1837, 1842 ; ses notes : sur les Convolvulacées du Brésil, de 4844; sur les Nyctaginées, de 1848; sur les Guttiféres de l'Inde, les Ternstræmiacées et Camelliées, en date de 1855; enfin les mono- graphies de 7 familles publiées par lui dans le Prodromus, savoir : Æyperici- nec, Guttifere, Marcgraviaceæ, Selaginaceæ, Convolvulacec, Hydrolea- cec, Nyctaginaceæ. Nous ajouterons, d’après les renseignements que nous tenons de M. Alph. De Candolle, ainsi que la plupart de ceux qui nous ont servi à rédiger cette courte notice, qu'un mémoire de M. Choisy sur Deux genres nouveaux de Guttifères est en ce moment à l'impression et ne tardera pas à paraître dans le recueil des Mémoires de la Société de physique et d'his- toire naturelle de Genève. NOUVELLES. — Une nouvelle publication iconographique de Botanique horticole a com- mencé de paraître à Londres au mois de mai 1860. Elle est intitulée : The Floral Magazine (Le Magasin floral, comprenant des figures et des descrip- tions de plantes de jardins). Elle a pour rédacteur M. Thomas Moore, secrétaire du comité de Floriculture de la Société horticole de Londres, membre de la Société linnéenne, etc., botaniste bien connu notamment par ses travaux sur les Fougères. Les figures coloriées qu'il renferme sont lithographiées d’après les dessins de M. Walter Fitch, habile dessinateur à qui sont dues déjà les plan- ches du Botanical Magazine et celles de la plupart des ouvrages de botanique qui ont été publiés en Angleterre depuis quelques années, Nous avons sous les yeux le premier cahier de cette publication qui porte la date de mai 1860. Tl renferme A planches et autant d'articles. Les plantes qui y sont représentées sont une variété de Camellia nommée Countess of Derby, une variété de Pri- mevère de Chine à fleurs doubles et pétales frangés (Primula prænitens, var. atro-rosea plena), h variétés de Cyclamen persicum réunies sur une méme planche, enfin le Pteris argyræa Moore, magnifique Fougère, introduite ré- cemment de l'Inde par MM. Veitch. À REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 145 — M. O. Debeaux, attaché au corps expéditionnaire de Chine en qualité de pharmacien aide-major, se propose de profiter de l'occasion qui lui est offerte pour herboriser, à la suite de l'armée, dans le céleste empire, et re- cueillir des plantes de ces vastes contrées où il v a tant de découvertes à faire. Parti depuis quelques mois, il comptait étre arrivé à Hong-Kong vers la fin du mois de juin 1860; il est donc à présumer qu'il a pu déjà commencer ses herborisations en ce moment. — Dans sa séance du 25 avril dernier, l'Académie des sciences de Paris a élu le docteur Ehrenberg, pour l'un de ses huit associés étrangers, en rem- placement de Humboldt. — La réunion des Amis de la botanique orientale et occidentale (Freunde der Botanik in Ost-und Westpreussen) a eu lieu cette année à Dantzig, dans le local qui appartient à la Société d'histoire naturelle de cette ville. En 1859, sa réunion annuelle avait eu lieu à Elbing. Le docteur Herm. Schacht, dont la Revue bibliographique de ce Bulletin a fréquemment analysé les importants travaux, vient d’être nommé professeur ordinaire de botanique et directeur du jardin botanique à l'université de Bonn. On sait que la chaire à laquelle vient d'étre appelé M. Schacht était occupée, depuis plusieurs années, par le vénérable et savaut M. Treviranus, à qui sa position est conservée, sans qu'il ait toutefois à faire les cours dont vient d'étre chargé M. Schacht. — M. Maak est arrivé à Saint-Pétersbourg, de retour de son voyage dans le bassin du fleuve Amour. Il rapporte une riche collection de plantes et d'in- sectes. Dans les lacs du bassin de la Chine septentrionale, il a trouvé des Nelumbium et V Euryale. Dans ces contrées, le Ginseng (Panax quinque- folium) est l'objet d'une culture assez importante, à cause de l'usage qu'on fait, en Chine, de cette plante, qu'on regarde comme un spécifique précieux contre les maladies de poitrine et d'estomac. On fait sécher la racine, et l'on fait bouillir les feuilles et la tige pour en préparer un extrait qu'on vend aprés l'avoir réduit à l'état solide. Cet extrait est. extrémement efficace pour la gué- rison des blessures, comme l'ont reconnu plusieurs fois les personnes qui accompagnaient le voyageur russe. — M. Kotschy est de retour de son voyage dans l'Asie Mineure. Il a ex- ploré les pays arrosés par le Sarus et le Pyramus, ainsi que le Kurdistan. Il a formé dans ces contrées de trés riches collections de plantes, et il a rapporté des graines de 270 espéces, parmi lesquelles beaucoup ont de l'intérét pour les jardins ou sont entièrement nouvelles. Il a visité les montagnes situées au midi du lac de Van, qui atteignent plus de 4000 mètres de hauteur, et dans esquelles aucun Européen n'avait pénétré jusqu'à ce jour. — En 1861, M. Kotschy se propose d'exécuter un voyage d'exploration dans les montagnes qui se trouvent au sud-est du Kurdistan. 144 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. — On annonce de Vienne que le premier volume du Paradisus vindobo- nensis d'Endlicher ne tardera pas à paraitre. — M. Payer, membre de l'Institut, professeur de botanique à la Faculté des sciences de Paris, vient de succomber aux suites d'une opération peu grave en elle-même, le 5 septembre 1860, à l’âge de quarante-deux ans. Collections de plantes à vendre. — Nous croyons devoir donner la publicité du Bulletin à l'annonce sui- vante, qui ne peut qu'intéresser vivement les botanistes : « Ayant l'intention de publier un Herbier normal des Rubus de France et d'Allemagne, je prie MM. les Botanistes qui voudraient me prêter leur con- cours dans ce but de me recueillir 5 ou 6 formes en 50 à 60 échantillons com- plets chacune. Je leur donnerai en retour la 417° centurie de l'herbier. » Chaque échantillon devra comprendre : » 4° Un rameau florifère choisi ; » 2° Deux feuilles au moins avec le troncon adhérent, coupées au moyen d'un sécateur dans le milieu de la tige foliifère stérile de l'année ; » 3° Outre l'étiquette ordinaire, une étiquette spéciale où seront fixés plusieurs pétales accompagnés d'indications précises relatives à la coloration de ceux-ci, ainsi qu'a. celle des filets staminaux et des styles. Il suffira d'une étiquette pour les 50 échantillons de chaque forme. » Je recommanderai particulièrement à mes collaborateurs de se servir du carton à feuillets numérotés de préférence à la boite pour leurs récoltes, et d'opérer la dessiccation selon la méthode ordinaire et non au four, comme quelques botanistes en ont l'habitude. Pour éviter les confusions, il sera né- cessaire de recueillir chaque fois les feuilles et le rameau sur un seul et méme buisson. » J'accepterai également comme échange équivalent les collections compo- sées de formes distinctes qu'on voudrait m'adresser, à condition toutefois que les exemplaires en seront préparés avec soin et accompagnés des renseigue- ments susmentionnés indispensables. » Tous les envois devront m'être adressés fin juillet, première quinzaine d'aoüt au plus tard. » Eu dehors des échanges indiqués, le prix d'abonnement. est fixé à 20 fr. pour la centurie complete. » PH. J. MULLER, Maison dite au Huguenell à Wissembourg (Bas-Rhin). Paris. — Imprimerie de ? MARTIN T, ruc Mignen, ^. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SÉANCE DU 9 MARS 1860. PRÉSIDENCE DE M. DECAISNE. M. Eug. Fournier, vice-secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la séance du 24 février, dont la rédaction est adoptée. M. le Président annonce deux nouvelles présentations, et fait part dela mort de M. Th. Clauson, membre de la Société, décédé à Blidah (Algérie), en janvier dernier. Dons faits à la Société: 1° De la part de M. Ch. Des Moulins : Éloge historique de J.-F. Laterrade. 2" De la part de M. J.-B. Verlot : Cultufe expérimentale des Vignes au jardin botanique de Grenoble. Catalogue des graines récoltées au jardin botanique de Grenoble. 3 De la part de M. Éd. Morren : Choix de graines récoltées au jardin botanique de Liége. h^ De la part de M. Alph. Karr: Les Guépes, trois numéros. 5° De la part de MM. Coignet frères : Mémoire sur les allumettes chimiques. T. VIL 10 116 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 6° De la part de la Société d'horticulture de la Haute-Garonne : Annales de cette Société, novembre et décembre 1859. 7* De la part de la Société d'horticulture de la Gironde : Annales de cette Société, septembre 1859. 8» Un numéro du journal Ze Propagateur. 9 En échange du Bulletin de la Société : Atti dell” I. R. Istituto veneto, deux numéros. Journal de la Société impériale et centrale d'horticulture, jan- vier 1860. Bulletin de la Société impériale zoologique d'acclimatation, janvier et février 1860. L'Institut, février et mars 1860, deux numéros. M. Eug. Fournier, vice-secrétaire, donne lecture de la communi- cation suivante, adressée à la Société : DE LA VALEUR HISTORIQUE ET SENTIMENTALE D'UN HERBIER, par M. Léon DUFOUR, DEUXIÈME PARTIE. — SOUVENIRS D'ESPAGNE (suite) (1). Mon herbier commémoratif de Mora-de-Ebro ne se signale que par le mo- deste fascicule suivant : Nigella damascena var. parviflora, Cistus Clusii, Helianthemum ericoides, — squamatum, Polygala saxatilis, Silene stenophylla, Ruta tenuifolia, — linifolia, Hedysarum humile, Herniaria fruticosa, Galium fruticescens, Jasonia glutinosa, Helichrysum angustifolium, Erythræa Barrelieri, Convolvulus althæoides, Antirrhinum tortuosum, Nepeta Nepetella, Sideritis romana, Atriplex verticillata, Passerina tinctoria, Thesium humile, Andrachne telephioides, Euphorbia valentina, — linariæfolia, Allium capillare. Mais deux végétaux étrangers à l'herbier devinrent des types d'un grand souvenir botanique, lorsqu'ils m'apparurent dans la station de Mora : les Cha- mærops humilis et Agave americana. Le premier, ou Palma chiquita, peuple au loin les montagnes. il est ou acaule et comme sessile sur le sol, ou muni d'un tronc de plusieurs pieds de (4) Voyez plus haut, p. 108. SÉANCE DU 9 MARS 1860. 147 hauteur, avec des proportions bien plus considérables dans le sud de l'Espagne. Son régime, avant le développement des fleurs, fournit un aliment qui se vend au marché sous le nom de margallon. Yl est entouré de spathes blanches et endres appelées fi//oles. Le cœur en a une chair blanche, ferme et cassante, dont le goût rappelle celui de la châtaigne et du topinambour. C'est à la mi-juillet que je vis à Mora de nombreux Agave ou Pita en pleine floraison. A l'aspect de cette hampe gigantesque de 20 pieds de hauteur, je me crus transporté dans les régions équatoriales. Quelle prodigieuse croissance dans l'espace de quelques jours, quelle dépense de séve! Aussi le pied meurt-il d'épuisement, d'anémie, une fois le but de la fructification accompli. On as- sure qu'il faut une existence de quarante ans pour qu'un Agave puisse suffire à cette explosion florale. Cette hampe est surmontée d'un thyrse pyramidal de quarante bouquets de fleurs, et chaque bouquet est supporté lui-même par un pédicule horizontal d'un pied de longueur. Il se compose de 60 à 70 corolles d'un jaune verdátre, auxquelles succèdent des capsules allongées, trièdres, assez semblables à celles des /ris et renfermant trois rangées de semences. La dis- position de cette inflorescence donne à l Agave fleuri, à une certaine distance, l'aspect d'un énorme candélabre ou plutót d'un de ces ifs employés pour les illuminations. A propos des plantes mémoratives non susceptibles de figurer dans un her- bier, je me décide à supprimer un article sur les Agarics comestibles qui se consomment dans la Catalogne et que l'on vend aux marchés. Les espèces, pour la plupart inconnues botaniquement, sont au nombre d'une vingtaine. Le siége de Tortose finit précisément le jour où commença l'année 1811. Le Globularia Alypum, alors tout couvert de ses jolis capitules bleus, est de- venu dans mon herbier la signification de ce fait d'armes. Il me rappelle en méme temps cette magnifique Auerta de Tortose, où, à travers les outrages de la guerre, le botaniste pouvait constater des foréts de Caroubiers, d'Oliviers, d'Orangers, et de loin en loin d'orgueilleux Palmiers commandant toute la nation végétale de ce riche pays. Nous nous reposions à Saragosse sous les branches du Laurus nobilis, et je m'occupais de l'arrangement du butin botanique de ma campagne, lorsque je reçus inopinément une mission médicale à Eea-de-los-caballeros, dans les Cinco villas de Aragon, alors infestées de partisans. Cette expédition aventu- reuse de six jours, dont les émouvantes péripéties ne sont pas du domaine de cet écrit, a pour représentants, dans mon herbier de souvenirs, et le Riccia déjà cité, et deux plantes vulgaires alors en fleur : Arbutus Uva ursi, Daphne Laureola. Le plus grand, le plus savant, le plus terrible siége qui ait illustré l'armée d'Aragon, le siége de Tarragone, retint autour de ses murs, pendant deux mois de la belle saison de 1811, vingt mille guerriers destructeurs et un seul bota- niste collecteur. 148 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. La mousqueterie incessante, les détonations continuelles des bronzes fulmi- nants, l'agitation extrême des assiégeants et des assiégés ne troublèrent en rien la persévérance de mes recherches. On finit par se faire à ces bruits, à ce fra- cas, comme à ceux des voitures de Paris et des torrents de la montagne. Mes trophées botaniques de Tarragone, vu le rayon restreint de mes herborisations, se hornérent aux espéces suivantes : Thalictrum speciosum, Sideritis hirsuta, — pubescens DC., Acanthus mollis, Silene segetalis, Thesium humile, — arenaria, Urtica membranacea, Coriandrum testiculatum, Asparagus aphyllus, Picris aspera, Schænus mucronatus, Erythræa Barrelieri, — Mariscus, Linaria triphylla, Andropogon pilosus, Orobanche fœtida, Holcus halepensis. Et quels souvenirs des hommes et des choses s'exhalent de ces plantes obst- dionales! Usant encore ici de la licence sénile, l'amitié et la reconnaissance me font associer à mes colonnes botaniques celles des célébrités martiales dont j'ai suivi la prompte élévation depuis les premiers grades jusqu'à l'apogée de leur illustration : Suchet, Monmarie, Bugeaud, Paris, Haripse, Feuchéres, Valée, Ricart, Rogniat, Capelle, Haxo, Péridon, Henri, Mayer, D'Esclaibes, Rachis, Saint-Cyr-Nugues, Klisky, Lamarque, Buget, Mesclop, Raffront, Habert, Lusignan, Palombini, Dubalen, Ceveroli, Ricci, Klopicki, Desaix (1), Robert, Bondurand, Musnier, Rampont. Cohorte sacrée d'immortels trépassés, vous vivez dans les pages de mon herbier comme dans celles de l’histoire! — Hélas! seul je vous survis, évoquant dans de simples échantillons de fleurs vos ombres avec leur auréole de gloire. Etsi des personnes je viens aux choses, que d'épouvantables souvenirs s'exhu- ment de mes cartons botaniques ! quatre siéges qui ont précédé l'assaut de la place, destruction de tous les grands travaux de l'attaque et de la défense, (0) Neveu du général Desaix tué à Marengo. SÉANCE DU 9 MARS 1860. 149 hécatombes de quatre à cinq mille cadavres amoncelés dans la funèbre Tarra- gone et livrés à l'incinération sur de vastes büchers... J'ai dit ailleurs ce que signifient les terribles mots d'assaut et de passer au fil de l'épée (1). Mais Flore m'ordonne de restituer ma plume au culte pacifique de ses autels, et je poursuis mes pérégrinations botaniques. L'Erodium supracanum devient, dans mon herbier, le bouquet de ma cam- pagne tarragonaise. La vue de cette rarissime plante, dont l'unique habitat est le roc fortifié de Montserrat, retrace à ma mémoire, et Cavanilles qui la baptisa au nom de la science, et mon ami le docteur Jourdain, qui en fit pour moi une abondante moisson, ainsi que du Bupleurum rigidum. L'Helianthemum ciliatum, avec sa corolle rose et son calice scarieux, me transporte d'un trait de Tarragone à Jaca, où je le cueillis avec le G/obularia nudicaulis. Je lis sur mes échantillons qu'en aoüt 1811, mon billet de loge- ment me placa, dans cette ville-frontière, chez Don Ignacio Seriola, botaniste ignoré mais instruit, dont je parcourus à la hâte l'herbier parfaitement tenu. En voyant le Salsola vermiculata, je crois être dans le désert de. Bujalaros que peuplait cet arbrisseau, lorsque je voyageais avec le général du génie Rogniat, pour nous rendre de Saragosse à Almenara, dans le royaume de Valence. Voici venir une nouvelle et riche campagne florilége, frayée par les armes, la conquéte de la province de Valence, de cette métropole de la botanique espagnole austro-orientale, de cette terre promise que foulérent, qu'illustré- rent les Clusius, les Barrelier, les Cavanilles, dont j'ai été assez heureux de reconnaitre, de bénir les traces vénérées. Pendant deux années de séjour sur ce sol embaumé, que d'opulentes herborisations, que de délicieuses plantes, que de souvenirs plus délicieux encore ! Débutons par le siége de la romaine Sagonte, aujourd'hui Murviedro (mur? veteres) dont le rocher inexpugnable nous retint plusieurs semaines. Il se per- pétue dans mon herbier par le sertum botanicum suivant, cueilli dans le dernier mois de 1811 : Capparis spinosa, Odontites linifolia, Viola arborescens, Nepeta marifolia, Lavatera cretica, Plantago amplexicaulis, Tripolium longicaule, Lapiedra Martinezii, & Centaurea tenuifolia, Aristida caerulea, Digitalis obscura, Andropogon Alliouii. A la prise de Valence se rattache un souvenir de sentiment et de confrater- nité botanique, auquel je me complais à consacrer quelques lignes qui, toutes personnelles qu'elles pourront paraitre, viennent justifier le titre de mon écrit. (1) Voyez Annales des voyages, de Malte-Brun, 1822-1823, où j'ai parlé du siége de Tarragone. 150 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Avant de nous rendre maîtres de cette grande cité, j'avais appris d'un mé- decin espagnol, fait prisonnier à Sagonte, que le professeur de botanique Don Vicente Lorente s'était mis à la téte des étudiants pour la défense de la ville, Ce dévouement patriotique devenait malheureusement un crime aux yeux du vainqueur. Dés notre entrée dans la place, je courus à la mairie demander un billet de logement pour la maison de M. Lorente. En y arrivant, je trouvai sa femme éplorée, m'annoncant que son mari faisait partie d'une colonne de pri- sonniers à méme de partir pour la France. Il n'y avait pas un instant à perdre, je me rendis chez le commandant de place ; c'était heureusement mon intime ami Bugeaud. Je le suppliai de me livrer, sous ma responsabilité, le professeur Lorente. A ce nom, il me le refusa comme étant un des chefs les plus exaltés. J'insistai, je m'engageai à demander sa grâce au maréchal Suchet ; enfin Lorente me fut remis, et je le ramenai tout ému au sein de sa famille. k Et puisque je suis sur le chapitre des anecdotes botaniques, je me permets d’en citer encore une. La déplorable situation du Jardin-des-plantes de Valence, ravagé par la guerre, éveilla d'autant plus mes sympathies qu'une foule de vé- gétaux exotiques y prospéraient encore en plein air aussi vigoureusement que dans leur terre natale. Dans cet abandon, ils semblaient implorer mon assis- tance et je me laissai inspirer. Le maréchal Suchet m'accorda les fonds néces- saires pour cette œuvre de restauration. C'est dans ce jardin que je cultivai avec un plein succès l'/ndigofera Anil, et que je fabriquai, par une ma- cération à froid, un indigo qui le disputait à celui de Guatemala. J'ai publié, en 1815, dans les Annales de l'agriculture française, un mémoire sur cette fabrication. J'aurais voulu énumérer les principaux. végétaux exotiques fleurissant et fructifiant en pleine terre, soit dans le jardin botanique de Valence, soit dans son annexe, celui de Puzol, sur la route de Valence à Murviedro. Mais, faute d'espace, je réserve ce catalogue pour une autre occasion. Je me bornerai à dire que le jardin d'acclimatation de Puzol, fondé par l'archevéque Fuero, offrit, dans leur parfaite maturité, les fruits du Gouyavier (Psidium piri- ferum), de l'Avocatier (Laurus Persea), de l Anona Chirimoya, du Bananier (Musa paradisiaca}, et que j'y admirai en fleur le Theobroma Cacao. Les plantes qui, dans mon herbier de Valence, rappellent plus spécialement la florule de ce nom ont été cueillies dans un rayon de 15 à 20 kilomètreside cette capitale, comprenant le littoral et les collines adjacentes. Les localités explorées sont : Dehesa de Albufera, Torrente, Paterna, Burjasot, Benimanet, Espioca, Catarroja, Moncada, Puzol, Gorella. Alginete, SÉANCE DU 9 Mans 1860. Le choix des plantes mémoratives circumvalencaises se réduit aux sui- vantes : Thalictrum maritimum, Moricandia arvensis, Vesicaria sinuata, Cistus villosus, Helianthemum lave, — lævipes, Gypsophila arenicola, Silene graveolens, Linum maritimum, Erodium laciniatum, Anthyllis genistoides, Coronilla Clusii, Onopordon uniflorum, Centaurea stenophylla, — dracunculifolia, — sphærocephala, » — Barrelieriana, Ambrosia maritima, Ipomoea sagittata, Satureia hyssopifolia, Marrubium acetabulosum, Statice Dufourei, Passerina nitida, Ephedra Clusii, 151 Minuartia dichotoma, Jasonia sicula, Atractylis gummifera, Iris Sisyrinchium, Agrostis pungens. (La fin à la prochaine séance.) M. Durieu de Maisonneuve signale une erreur qui a été commise dans le rapport sur l’excursion de la Société à la Canau, erreur qu’il reconnait avoir lui-même contribué à faire figurer au Bulletin. Dans une note ajoutée audit rapport (voyez le Bulletin, t. VI, p. 619), il est fait mention de prétendus stolons que présenterait le Lobelia Dortmanna à une certaine époque de l’année, Or M. Durieu de Maisonneuve a pu se convaincre, depuis la session de la Société à Bordeaux, que cette plante n'est nullement stolonifère. Les organes qui, lors de l'exploration de l'étang de la Canau, avaient été pris pour des stolons de Zobelia, étaient tout simplement des stolons de Zittorella lacustris. À un certain moment de leur développe- ment, il est assez facile de confondre les rosettes de ces deux plantes, et c’est ce qui a causé l'erreur en question. M. Durieu de Maisonneuve annonce ensuite qu'il a pu constater, l'automne dernier, au Jardin de Bordeaux, que le X?menesin ence- lioides porte des akénes dimorphes, dont les uns (ceux du disque) sont garnis d'une aile membraneuse trés apparente, et les autres (ceux du pourtour) en sont complétement dépourvus. Cette parti- cularité parait avoir échappé à tous les synanthéristes, méme aux plus récents. Enfin M. Durieu de Maisonneuve dit quelques mots à la Société sur la singuliére production de bourgeons foliaires qu'il a observée sur des hampes de Furcrea gigantea, aprés la floraison de ces hampes, et alors qu'elles semblaient devoir se dessécher et mourir. 152 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. J. Gay rappelle que les stolons du Littorella lacustris ont été décrits par M. Decaisne dans le Prodromus. M. Decaisne confirme ce qu'a dit M. Durieu de Maisonneuve de la difficulté de distinguer les rosettes du Zéftorella de celles du Lo- belia Dertmanna, mais il ajoute que cette dernière plante peut cependant se reconnaitre à l'extrême fragilité de ses feuilles. M. Cosson dit que le Littorella, souvent pris pour l'Zsoétes la- custris, s'en distingue par ses stolons. M. Decaisne appelle l'attention de M. Durieu de Maisonneuve sur le mode de végétation des Utrieulaires, lesquelles, de méme que ? Aldrovanda, se détachent probablement de leur partie radiculaire enfoncée dans le sol, pour flotter à la surface de l'eau. M. Durieu de Maisonneuve dit qu'il partage sur ce point l'idée émise par M. le Président. Il croit que les Utriculaires se détruisent graduellement, de bas en haut, jusqu'à ce qu'il ne subsiste plus que leur bourgeon terminal. | M. J. Gay fait remarquer que personne n'a encore décrit la germination et la première période de développement des Utri- culaires. M. Duchartre fait à la Société la communication suivante : NOTE SUR LE LILAS BLANCHI PAR LA CULTURE FORCÉE, par M. IP. DUCHARTRE. : La culture forcée du Lilas, telle que la pratique avec un succés remar- quable un habile horticulteur de Paris, M. Laurent aîné, rue de Lourcine, 88, présente un intérét particulier, non-seulement au point de vue de l'horticul- ture, mais encore à celui de la physiologie végétale. Elle a un double objet : d'abord de déterminer la floraison anticipée de cet arbrisseau pendant l'hiver, en second lieu d'empécher la coloration des fleurs ainsi obtenues. Le premier de ces résultats est obtenu par l'effet de la culture en serre, sous l'influence d'une forte chaleur. Grâce à l'habileté spéciale que M. Laurent a puisée dans une pratique de plusieurs années, les Lilas ainsi traités se développent avec beaucoup de vigueur, dans un très court espace de temps. Quatorze ou quinze jours, en moyenne, suffisent pour que ces végétaux, pris à l'extérieur dans un état de repos hivernal complet, et plantés dans la pleine terre d'une serre chaude chauffée à 35^ centigrades environ, s'enracinent, ouvrent leurs bourgeons et développent parfaitement de volumineuses inflorescences. Quant au second résultat, M. Laurent aîné y parvient en soustrayant presque entiè- rement ses plantes à l’action de la lumière, à partir du moment où leurs SÉANCE DU 9 Mans 1860. 153 boutons de fleurs, déjà bien formés, vont s'épanouir, et jusqu'à ce que leur épanouissement soit complet (1). Des panneaux de bois goudronnés, appliqués sur les vitres de la serre, et dont quelques-uns seulement, d'espace à autre, sont enlevés chaque jour pendant un petit nombre d'heures, lui permettent de maintenir dans ses serres à Lilas une profonde obscurité pendant la plus grande partie de la journée, une demi-obscurité pendant le reste du temps (2). En général, deux jours suffisent pour que le Lilas-de- Marly, dont on connait la belle coloration violette lorsque ses fleurs se forment à l'air libre et à la lumière, donne des inflorescences d'un beau blanc, en d'autres termes, pour que ses corolles aient achevé leur accroissement sans que le principe colorant y ait pris naissance. Comme, pendant cette dernière période de son développement, le Lilas a été soumis à la fois à l'influence d'une haute tempé- rature et de l'obscurité, on peut se demander quelle est celle de ces deux actions qui a produit l'effet finalement obtenu. Se basant sur ses nombreuses obser- vations, M. Laurent n'hésite pas à voir dans l'obscurité la cause essentielle du blanchiment des corolles. D'aprés lui, pendant les jours presque sans lumière des mois de novembre, décembre et janvier, on peut obtenir du Lilas blanc sans le tenir à l'obscurité; mais, dés le mois de février, la lumière devenant plus vive, on n'obtient plus que des fleurs plus ou moins colorées, si l'on n'a le soin d'obscurcir les serres. Pour reconnaitre si son idée à ce sujet était fondée, il a fait une fois une expérience qui lui a semblé démon- strative. Au mois de mars, il a essayé de ne plus obscurcir une serre remplie de Lilas dont les fleurs allaient s'épanouir; il s'est contenté d'en couvrir les vitres d'une couche épaisse de blanc d'Espagne. Ainsi traités, ses Lilas ont tous donné des fleurs plus ou moins colorées, qui n'ont pu étre mises en vente. D'un autre cóté, il a reconnu plusieurs fois que peu d'heures d'expo- sition à la lumière suffisent pour colorer des corolles de Lilas que sa culture forcée habituelle avait laissées parfaitement blanches (3). Il me semble évident, pour ces divers motifs, que, dans la culture forcée du Lilas de Marly, telle que la pratique M. Laurent aîné, l'obscurité complète (1) Le Lilas blane est très recherché en hiver pour les bouquets de soirées, dans lesquels il entoure des roses obtenues également par une culture forcée. On ne soumet jamais à cette culture la variété naturellement blanche du Lilas, parce qu'elle n’a pas la vigueur nécessaire pour subir un pareil traitement, qui d’ailleurs en jaunit les fleurs. (2) Pour plus de détails à ce sujet, voyez: 1° Examen physiologique des cultures forcées de Lilas de M. Laurent ainé; 2° Rapport sur les Roses et Lilas forcés, de M. Laurent aîné, l'un et l'autre par M. P. Duchartre, Journal de la Société impériale et centrale d' Horticulture, t. VI, 1860, pp. 272-280 et 280-285. : E (3) Au mois de mars dernier, M. Laurent a fait, à ma priére, une expérience qui me semble mettre encore en relief l'influence puissante de l'obscurité, méme en l'absence d'une haute température, Un pied de Lilos planté en pot a été soumis au traitement ordinaire, en serre, jusqu'à ce que les fleurs en fussent en partie épanouies ; toutes étaient alors bien blanches. Aussitôt l'arbuste a été transporté dans une pièce obscure, mais non chauffée et méme trés fraiche ; au bout de trois jours, la blancheur artificielle des corolles n'était pas altérée. (Note ajoutée pendant l'impression.) 154 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. pendant une grande partie de la journée, presque complète pendant le reste du temps, est la cause principale du blanchiment des corolles. Il est entendu que je n'applique cette conclusion qu’à la méthode de culture forcée qui a fait l’objet de cette courte note. M. Boisduval dit qu'il a visité plusieurs fois l'établissement de M. Laurent. Il y a vu souvent des Lilas violacés, dont M. Laurent attribuait la coloration à l'influence un peu trop prolongée de la lumière. Il tient aussi de M. Laurent que des Lilas blancs, retirés en pots de la serre et exposés à la lumière, deviennent violets au bout de trois à quatre heures, mais que les fleurs coupées ne se colorent pas. M. Durieu de Maisonneuve demande pourquoi M. Laurent ne cul- tive pas le Lilas blanc naturel. M. Decaisne répond : Que les fleurs naturellement blanches des Lilas albiflores jaunissent par l'effet d'une culture forcée. Pour obtenir en hiver de beaux thyrses blancs de Lilas, c'est à la variété dite Lzlas-de-Marly qu'on a recours; mais cette variété a l'inconvénient de ne fournir, au moment de la floraison forcée, qtie des feuilles jaunâtres. T! n'en est pas de méme lorsque les jardiniers forcent la variété dite ZLilas-Charles X; celle-ci, dans les mêmes conditions de cul- ture, présente des thyrses moins volumineux, mais accompagnés de feuilles vertes. Cette différence dans la coloration des feuilles a engagé les jardiniers à planter en pleine terre le Lilas-de-Marly, et à cultiver le Lilas-Charles X en pots. Quoi qu'il en soit de ces modes de plantation, les deux variétés peuvent produire en hiver des fleurs blanches, sous l'influence de la lumière et d'une chaleur excessive (30 degrés au moins). Quant au Lilas-de-Perse, il ne blan- chit jamais ; ses fleurs restent lilacées dans les conditions où les autres blan- chissent. M. Decaisne tient de M. Laurent que c'est lorsque la température descend dans ses serres au-dessous de 30 degrés que ses fleurs de Lilas se teintent de violet. M. Rertbelot, horticulteur, rue des Fossés-Saint-Marcel, à observé le méme phénomène, M. Eug. Fournier dit que M. Beautemps-Beaupré a observé un Lilas en pleine fleur, le 8 octobre dernier, à la Roche-Guyon (Seine- et-Oise). M. N. Doumet demande à M. le Président comment il explique le changement de couleur de certains Hortensias. Il a vu, sur le méme pied, des fleurs roses et des fleurs bleues. SÉANCE DU 9 Mans 1860. 155 M. Decaisne répond que certains terrains influent évidemment sur la coloration des Hortensias. Il espère pouvoir mettre sous les yeux de la Société, l'été prochain, des Hortensias parfaitement bleus, si toutefois les expériences que fait actuellement M. Frémy réussissent. M. Durieu de Maisonneuve dit qu'à Bordeaux on fait bleuir les Mortensias à volonté, en se servant d'une certaine terre pour les cultiver. Si l'on met au pied de l'Hortensia une quantité trop consi- dérable de cette terre, les pieds voisins portent aussi quelques fleurs bleues du cóté oü leurs racines ont pu se trouver en contact avec elle. M. Boisduval dit qu'il a fait bleuir des Hortensias en se servant d'alun ammoniacal. i M. Crochard demande si, dans ce dernier cas, la coloration en bleu ne serait pas due à un sel de cuivre, lequel, contenu dans le ter- rain, serait dissous par l'ammoniaque. M. le Président rappelle que, dans les nuances végétales, le rose etle bleu ne sont que de légéres modifications d'un méme principe colorant. M. Cosson dit que, sur les hauts plateaux de l'Algérie, le Delphi- nium orientale se rencontre, à une méme localité, à fleurs bleues, blanches ou roses. La coloration des fleurs ne peut done, pour cette plante du moins, provenir dé la nature du terrain où elle croit. M. Chatin dit qu'en Bretagne, dans des localités où le sous-sol est granitique, les Hortensias portent des fleurs bleues. Il a fait plusieurs essais avec diverses substances sans parvenir à produire cette coloration. L'ammoniaque bleuit immédiatement les fleurs exposées au contact de ce gaz. Il est probable que l'ammoniaque absorbée par les racines agit de méme, en faisant virer au bleu la matiére colorante de la plante. 156 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SÉANCE DU 23 MARS 1860. PRÉSIDENCE DE M. DECAISNE. M. Eug. Fournier, vice-secrétaire, donne lecture du procés- verbal de la séance du 9 mars, dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la derniére séance, M. le Président proclame l'admission de : MM. LeyourpAN, ancien élève de l'Institut agronomique, directeur du Jardin-des-plantes de Marseille, présenté par MM. Clos et Duchartre ; ZETTERSTEDT, professeur à l'Université d'Upsal (royaume de Suéde), présenté par MM. Durieu de Maisonneuve et de Schœnefeld. M. le Président annonce en outre une nouvelle présentation. M. le Président annonce à la Société qu'elle vient d’avoir le malheur de perdre l'un de ses membres les plus distingués. M. Louis Lévéque de Vilmorin est décédé à Paris, le 22 de ce mois, dans sa quarante-quatriéme année. La perte de M. de Vilmorin, enlevé à la science dans toute la force de l'áge et du talent, sera vivement sentie par tous ceux qui s'intéressent aux progrés de la culture et de la botanique appliquée. Dons faits à la Société : 1° Par M. Duchartre : Sur l’Himantophyllum miniatum. Sur un hybride d' Himantophyllum. 2 Par M. P. Sagot : Études sur la végétation des plantes potagères d'Europe à la Guyane française. 3° De la part de M. A. De Bary : Einige neue Saprolegmieen. SÉANCE DU 23 MARS 1860. 157 ^^ De la part de M. C. Billot : Annotations à la flore de France et d'Allemagne (suite). 5° De la part de M. Alph. Karr : Les (ruépes, un numéro. 6° Revue horticole de l'Algérie, janvier-février 1860. 7° En échange du Bulletin de la Société : Botanische Zeitung, deux numéros. Journal de la Société impériale et centrale d'horticulture, fé- vrier 1860. H L'Institut, mars 1860, deux numéros. M. Cosson dépose sur le bureau, de la part de M. C. Billot (de Haguenau), le dernier numéro des Annotations à la flore de France et d'Allemagne, contenant l'énumération des plantes qui composent les 27° et 28° centuries du Flora Galliœ et Germanie exsiccata. À cette occasion, M. Cosson fait remarquer toute l'importance de la vaste publication de M. Billot, continuée avec une si louable etsi ac- tive persévérance, et qui comprend, dès aujourd'hui, 2800 espèces appartenant en majeure partie à la flore francaise. M. le Président annonce que le Conseil, sur le rapport d’une Commission composée de MM. Boisduval, J. Gay, le comte Jaubert, À. Passy et T. Puel, et chargée d'examiner les avis reçus des dépar- tements, relativement à.la tenue de la prochaine session extraordi- naire, a décidé que la proposition suivante serait, conformément à l'art. A7 du règlement, soumise à l'approbation de la Société : La Société tiendra cette année une session extraordinaire à Grenoble dans la première quinzaine d'août ; la date précise de l'ouverture de la session sera ultérieurement fixée. La Société adopte cette proposition à l'unanimité. M. Al, Jamain fait à la Société la communication suivante : RAPPORT DE M. Alexandre JAMAIN SUR L'EXCURSION SCIENTIFIQUE DE L'ÉCOLE SUPÉRIEURE DE PHARMACIE DE PARIS, FAITE AUX ENVIRONS DE CHERBOURG EN JUIN 1859, SOUS LA DIRECTION DE M. CHATIN. Il est une grande différence entre une excursion botanique faite dans le but d'explorer une localité encore peu connue, d'y étudier la nature de la végéta- 158 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tion, de constater les stations végétales, et une herborisation officielle, où un professeur guide des élèves dont la plupart ne possèdent encore que des con- naissances très élémentaires et à peine suffisantes pour déterminer une plante. Toutes deux offrent un égal intérét, mais sous des rapports bien dissem- blables. Dans la première, les botanistes se proposent de comparer la végétation de la région qu'ils explorent avec celle d'un pays qu'ils connaissent parfaitement ; parfois ils découvrent des espèces dont ils étaient loin de soupconner l'exis- tence dans les terrains qu'ils parcourent ; ils constatent ainsi que certains vé- gétaux se rencontrent dans des stations trés différentes : de là des rapproche- ments tout au profit de la géographie botanique; parfois ils recueillent des espèces tout à fait nouvelles, et souvent des formes dont la détermination exacte permet de faire disparaitre la confusion déplorable que des savants, * trop ardents à établir des espèces nouvelles, ont introduite dans certains genres. Dans l'excursion officielle, le professeur doit faire connaitre les caractéres particuliers que présente la végétation dans son ensemble : il fait recueillir à ses éléves le plus grand nombre de plantes spéciales à la localité. Enfin, pour laisser le moins possible à l'imprévu, car l'élève qui commence ne saurait être, sans inconvénient, laissé dans le doute, le professeur doit connaitre à l'avance tout ce qu'il va faire, ce qu'il va rencontrer, étre prét à donner toutes les expli- cations désirables; en un mot, en aplanissant toutes les difficultés, il doit rendre facile au débutant une science dont celui-ci ne doit sentir les épines que quand les connaissances acquises l'auront rendu assez robuste pour ne point étre dégoüté. C'est ce que fait M. le professeur Chatin : depuis plusieurs années, il explore avec le plus grand soin les localités qu'il doit faire parcourir aux élèves dont l'instruction lui est confiée, il s'entoure de toutes les lumières qui peuvent lui être fournies par les botanistes des localités, et il arrive sur le ter- rain avec tous les éléments nécessaires pour rendre fructueuse une excursion qui, sans ce zèle que nous ne saurions trop louer, ne serait qu'une simple pro- menade sans utilité. Qu'il me soit donc permis d'adresser mes vives félicitations à M. Chatin, qui a pris l'initiative de ces excursions lointaines, et leur a donné, par l'habile direction qu'il a su leur imprimer, un attrait tout scientifique. Au mois de juin dernier, l'excursion devait avoir lieu sur le littoral de la Manche et aux environs de Cherbourg : il nous a été possible de partager le plaisir de cette herborisation. Nous demanderons à la Société la permission de lui en présenter un rapide compte rendu. La localité que nous devions parcourir était certainement une des mieux choisies : non-seulement nous devions trouver des plantes qui croissent presque exclusivement sur les bords de la mer; mais, de plus, grâce aux indications précises de notre savant confrère M. Beautemps-Beaupré, grâce au dévoué SÉANCE DU 23 MARS 1860. 159 concours de M. le docteur Lebel (de Valognes) et de M. Le Jolis, nous étions certains d'une abondante récolte. Ajoutons que les travaux gigantesques dont l'inauguration avait fixé tout récemment l'attention du monde entier, devaient avoir un puissant attrait pour appeler à Cherbourg un nombre considérable de botanistes. Le dimanche 12 juin, à sept heures et demie du matin, les voyageurs arri- vaient en gare. Il est convenu que l'herborisation durera trois jours : la pre- mière excursion aura lieu autour de Cherbourg et sur la montagne du Roule; la seconde sur le bord de la mer, de Barfleur à Gatteville; la troisième à la mare de Tourlaville. Excursion autour de Cherbourg ct à la montagne du Roule. Le sol que nous devions explorer est quartzeux ; non loin de là, il est schisteux. Des blocs énormes avaient été détachés pour la construction de la digue. Dans les fentes des rochers taillés à pic, nous trouvons de trés nombreux pieds d Umbilicus pendulinus, de Sedum anglicum, de Digitalis purpurea. var, glabra; nous foulons sous nos pieds l Erodium maritimum, qui croit sur les bords des chemins; un peu plus loin et dans les endroits secs, nous trouvons de magnifiques touffes de Galium hercynicum, le Linum angustifolium et le Bartsia viscosa dont les corolles commencent à peine à s'entr'ouvrir. En nous dirigeant vers l'est, en suivant la base de la montagne, oü nous récoltàmes le Rubus glandulosus, nous devions rencontrer des rochers très ombragés, dans les fentes desquels croit l Hymenophyllum tunbridgense, des endroits humides qui recoivent les petits cours d'eau descendant de la montagne. Là paraissent l Zelodes palustris, le Drosera rotundifolia, le Sium verticillatum. Aucune de ces plantes n’était en fleur ; nous ne recueillimes en bon état que de beaux échantillons de Salix repens. C'est dans ce marais que devait être trouvée une des Mousses les plus intéressantes, le Sphagnum mol- luscum, le plus petit, le plus élégant et peut-étre le plus rare des Sphaignes d'Europe. Dans ce sol tourbeux et le long des ruisseaux, nous récoltâmes les Carex biligularis, distans, Goodenowi? ; nous nous engagions sur la mon- tagne en suivant les cours d’eau, nous trouvions toujours les mêmes Carex et quelques Mousses, parmi lesquelles nous citerons l Hypnum molluscum et le Pterygophyllum lucens, qui ne sont pas extrémement rares, mais qui sont si belles que leur rencontre est toujours une bonne fortune. Sous les bois frais, nous rencontrons le Lysimachia nemorum, les Chrysosplenium alternifolium et oppositifolium, Y Oxalis Acetosella en fruit, le Veronica montana; plus haut enfin, le Luzula maxima, l Androsemum officinale. Nous arrivons sen- siblement au sommet du Roule, où pousse l'Zrodium moschatum au milieu de bruyères sèches. Dans un sol un peu tourbeux, nous trouvons le Cares 160 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. binervis, de très nombreux pieds de Conopodium denudatum et quelques échantillons de Bartsia viscosa. Nous devions descendre du Roule, en nous dirigeant vers l’est sur un des faubourgs de Cherbourg, pour gagner la base de la montagne ; nous avancions rapidement, et je fus assez heureux pour trouver, dans le voisinage des habitations, de beaux échantillons d’ Anchusa sempervirens et de Smyrnium Olusatrum ; enfin nous arrivons sur les bords de la Divette. Nous vimes le Corydalis claviculata entourer de ses tiges volu- biles les branches des buissons, et, sur les bords de la rivière, l'ŒÆnanthe crocata en parfait état; dans les haies, le Scrofularia Scorodonia et le Cochlearia danica, partout, jusqu’au pied des murs de la ville; à l'embou- chure de la Divette, le Cochlearia anglica; enfin le Gnaphalium undula- tum, plante du Cap, naturalisée à un kilomètre du port militaire, dans les carriéres de schistes. Notre excursion était terminée à quatre heures, et nous prenions rendez- vous pour le lendemain, à cinq heures et demie du matin. Des voitures retenues à l'avance devaient nous conduire à Barfleur. Excursion à Barfleur. Vingt-cinq kilomètres environ séparent Barfleur de Cherbourg : nous devions traverser des campagnes qui ne présentaient pas un grand intérêt au point de vue botanique ; d’ailleurs la distance était assez grande pour qu'il fût impossible de faire la route à pied. Rien d'important n'a signalé notre voyage ; nous n'avions pas le temps d'explorer les vignes de Saint-Pierre-Église où se trouvent quelques plantes rares. Le peu de temps dont nous pouvions disposer ne nous permettait pas non plus d'aller à la recherche de l’ Helichrysum fœtidum, naturalisé dans une lande à Tocqueville, à un kilomètre de la route de Barfleur. Dans les haies autour de Barfleur, comme d'ailleurs autour de Cherbourg, nous trouvàmes tous, et en grande abondance, de magnifiques pieds de Scro- fularia Scorodonia ; puis, par un déjeuner aussi frugal qu'on peut le supposer dans un pays qui ne s'attendait pas à l'arrivée de quarante-deux personnes pourvues d'un excellent appétit, nous nous préparàmes à herboriser sur le bord de la mer. Nous avions à explorer des rochers granitiques, des prés tourbeux, des sables maritimes, quelques prairies ; enfin, sur la plage laissée à découvert par la marée basse, nous devions trouver des Algues en grande abondance. Par mi ces dernières, citons les espèces suivantes : Fucus vesiculosus, serratus, nodosus, Pelvetia canaliculata, Chondrus polymorphus, Laminaria digi- tata (plusieurs variétés), Plocamium coccineum, Ulva compressa, Chilo- cladia filiformis, Ectocarpus tomentosus, Asperococcus echinatus, Clado- phora rupestris, Lomentaria bulbosa, Elachistea fucicola, Cystoseira SÉANCE DU 23 MARS 1560. 161 granulata, Rhytiphlæa pinastroides (sur lequel sont fixés le Polysiphonia fruticulosa et le Ceramium rubrum souvent blanc par altération de son tissu), Codium tomentosum, etc. Mais c'est assez nous arrêter sur les Algues ; citons en passant quelques Lichens, tels que le Verrucaria maura, le Lichina confinis, le Ramalina scopulorum, etc. , recueillis sur les rochers granitiques, et arrivons aux plantes phanérogames. Dans les fentes des rochers, au nord-ouest de Barfleur, nous trouvons d'énormes touffes du Spergularia rupicola, variété à très grosse racine du Spergularia media; sur le bord de la mer, le Zeta maritima et l’ Erodium maritimum, que nous devons trouver tout le long de la côte; un peu plus loin, l'Armeria maritima var. pubescens, quelques pieds en fleur de Calystegia Soldanella; et, sur la plage laissée à sec par la mer, le Zosteru marina. Nous devions continuer notre exploration en suivant le bord de la mer, de Barfleur à Gatteville : nous avions, comme je l'ai dit plus haut, à herboriser dans des stations tres différentes. Là, sont des prés tourbeux qui nous fournissent en abondance le Juncus Gerardi, le. Triglochin maritimum, VAlopecurus bul- bosus, le Glaux maritima, V Apium graveolens, le Glyceria distans ; là, des pelouses desséchées, et nous trouvons, principalement au pied d'un vieux mou- lin, le Bromus hordeaceus, le Ranunculus parviflorus, les Trifolium. suffo catum, striatum, subterraneum, scabrum, glomeratum, quelques pieds dc Trigonella ornithopodioides que nous devions voir un peu plus loin en très grande abondance; là, des sables maritimes, où croissent le Triticum Rottbælla, le Diotis candidissima qui n'était pas encore en fleur, le Triticum junceum, l’Obione portulacoides, le Sueda maritima, l'Agrostis maritima, le Sagina maritima var. debilis, les Atriplex hastata, littoralis, etc. Sur les rochers dans le voisinage du phare, nous trouvons de nombreux pieds de Romulea Column en fruit ; sur les bords d'un petit ruisseau, les Ranunculus tricho- phyllus et Baudotii. C'est en vain que nous cherchons les Phalaris minor, Juncus capitatus, Frankenia levis. Mais nous trouvons une large compen- sation dans la découverte que fit M. Lebel d'une superbe localité de Carez punctata; cette plante est fort rare : c'est la deuxième fois seulement que le savant botaniste de Valognes la trouve en Normandie. Nous étions arrivés au pied du phare; nous nous dirigeons vers le vil- lage de Gatteville, toujours en recueillant les plantes que nous rencontrons. C'est ainsi que notre collection s'enrichit successivement des Silene mari- tima, Glaucium luteum, Tamarix anglica, Fumaria Boræi, Crithmum maritimum, E. uphorbia Paralias, Orobanche minor, Festuca rottbællioides, Asplenium lanceolatum que nous trouvons en trés grande quantité dans les fentes des murailles. Enfin nous arrivons au Linaria arenaria, dont nous eümes bientôt fait une ample récolte. Nous nous dirigeàmes vers Barfleur, en passant par la campagne et le village de Gatteville; nous recueillimes en che- min l'ArZemisia vulgaris. C'est en vain que nous chercbàmes le Silybum T. VIL 11 162 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Marianum dans une localité où il était autrefois abondant. Nos voitures nous attendaient à Barfleur et nous transportèrent à Cherbourg avec notre butin. Excursion à la mare de Tourlaville. Notre troisième excursion devait être très courte ; à onze heures du matin, nous devions l'avoir terminée, car la seconde moitié de la journée était consa- crée àla visite du port militaire et de l'arsenal ; M. le contre-amiral Fabre, préfet maritime, nous avait donné, avec le plus grand empressement, toutes les facilités pour cette visite, qui ne devait pas étre une des moins intéressantes de notre vovage. La mare de Tourlaville était autrefois trés riche en plantes, mais la marine l'a utilisée pour y déposer ses charpentes, afin de les rendre plus propres aux constructions navales : cette nouvelle destination a fait disparaitre les espéces qui attiraient les botanistes. Une exploration de cette localité n'est plus aussi importante que par le passé; peut-être serait-il sage de réunir à l'avenir l'ex- ploration de Tourlaville à celle du Roule. On jugera de l'importance de cette herborisation, par les noms des espèces que nous y avons rencontrées : Festuca rubra var. maritima, Phleum arenarium (cette plante offrait peu d'intérét à la plupart des jeunes élèves qui suivaient cette herborisation, car, un mois au- paravant, nous l'avions rencontrée en grande abondance dans le bois des Cham- pious à Argenteuil), Zrodium moschatum, Festuca bromoides, Glyceria maritima, Cakile maritima, Festuca uniglumis, Erodium Ballii Jord., Linum angustifolium, Phelipæa cærulea, Orobanche minor, Glyceria dis- tans, Kæleria albescens qui remplace à Cherbourg notre Kæleria cristata, Calamagrostis arenaria qui retient bien mieux les sables des dunes que le Carex arenaria que l'on trouve d'ailleurs, dans la même localité, avec le Polygonum maritimum. Sur une butte gazonnée, derrière le fort des Fla- mands, nous recueillimes le Zupleurum aristatum. Dans une mare dessé- chée, nous vimes les Viola agrestis, Spegularia marginata, Ranunculus trichophyllus Chaix, Gr. et Godr. (R. capillaceus et ccspitosus Thuillier), Ranunculus Baudotii, Scirpus Savii, Samolus Valerandi ; sur les bords d'un fossé, le Bartsia viscosa déjà trouvé la veille sur les hauteurs du Roule, le Juncus maritimus, le Ranunculus hederaceus (avec le type se trouvait la variété terrestris vel pumilus). Citons encore l' Alisma ranunculoides, l'Orchis laxiflora, le Triticum junceum, Y Eryngium maritimum dont la floraison n'était pas encore suffisante; enfin la variété littorale du Galium verum, €, à la porte du port militaire, le Senebiera pinnatifida. On peut voir, par cette énumération rapide, que la localité que nous venions d'explorer renfermait peu de plantes spéciales que nous n'eussions rencontrées dans nos excursions précédentes ; malgré les recherches les plus actives, nous ne pümes trouver les Polypogon monspeliensis, Salsola Kalt, SÉANCE DU 23 MARS 1860. 163 Lagurus ovatus, Crambe maritima, Halianthus peploides, Diotis candi- dissima, etc. Excursion à Jobourg. L'excursion botanique des bords dela Manche s'est terminée par une herbo- risation à Jobourg, village situé à 28 kilometres de Cherbourg. L'impossibilité de trouver des gites et des vivres pour un grand nombre de perso nnes, ne permettait pas de conduire les élèves à cette localité, malgré tout l'intérêt qu'elle pouvait offrir au point de vue botanique. On devait explorer des rochers granitiques : le pays est montueux, trés pitto- resque; les falaises, hautes de 100 à 200 mótres, ne sont pas à pic comme les falaises crétacées de Dieppe, mais à croupes arénacées, plus ou moins fuyantes et accidentées, couvertes de végétaux sur tous les points. Le départ eut lieu à trois heures, aprés la visite faite à l'arsenal, En sortant de Cherbourg, nous rencontrâmes le Lavatera arborea, natura- lisé prés des maisons ; dans les fossés de la route, le Ranunculus Lenormandi ; sur la route près de Beaumont, le Lepidium heterophyllum ; sur le talus du chemin, les Mousses dont les noms suivent : Bryum piriforme, Entosthodon Templetont (1), Phascum subulatum, Weisia pusilla. L'OŒnanthe crocata se trouvait dans tous les endroits humides. Une des plantes les plus intéressantes de la localité que nous venions explorer est sans contredit l'Æ£rythræa diffusa ; malheureusement il n'était encore qu'en bouton, à peine en a-t-on trouvé quel- ques fleurs épanouies. Énumérons rapidement les autres plantes trouvées dans cette magnifique localité : Montia rivularis, Melandrium silvestre, Armeria maritima var. pubescens, Sagina maritima var. debilis et var. octandra. Crithmum maritimum, Plantago Coronopus var. villosa, Scirpus Xavii et setaceus, Cerastium tetrandrum, Daucus qummifer, Rumes rupestris, Poly- carpon tetraphyllum, Erythræa Centaurium var. major à fleurs presque aussi grandes que celles de l’£rythræa diffusa, Euphorbia portlandica et Para- lias, Silene maritima ; puis le Sedum anglicum et l Umbilicus pendulinus, que nous avons rencontrés dans toutes nos excursions, les Anthyllis Vulne- raria var. sericea, Lotus angustifolius et hispidus, Sagina subulata, Romulea Columneæ en fruit, Trifolium subterraneum et striatum, Erodium mari- timum et moschatum, Taraxacum erythrospermum, Asplenium lanceolatum et marinum, Raphanus maritimus trouvé en abondance à la pointe des Cra- bières, £rodium Ballii à l'anse de Senneval, Galium hercynicum. Sur les rochers on put faire aussi une récolte abondante de Lichens et de Mousses; citons entre autres les Ztamalina scopulorum, Grimmia maritima, Borrer: (1) Cette Mousse, dont le Bryologia europea n'indique aucune localité francaise, parait être restée jusqu'ici inaperçue sur nos côtes de la Manche, bien qu'elle soit com- mune en Irlande et en Écosse. 164 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ou Parmelia flavicans espèce du nord de l'Europe que l'on trouve aussi dans le Calvados, Parmelia aquila dont les plaques brunes font ressortir ies plaques jaunes du Parmelia parietina et les flocons muscoides jaunes du Borrera, Lichina pygmæa et confinis ; enfin, parmi les Algues, une belle espèce à fronde verte, l’ Enteromorpha intestinalis. Là ne devait pas se bor- ner notre récolte, on avait encore des Phanérogames à trouver : citons le Trifolium arvense var. littorale, le Juncus acutus, le Linum angusti folium, les Trifolium glomeratum et scabrum, le Digitalis purpurea var. glabra, le Rosa spinosissima, l'Ulex Gallii qui se distingue du nanus par l'époque de sa floraison et dont l'étendard est plus long que la carène; dans les endroits ombragés, le Blechnum Spicant et le Scolopendrium officinarum; enfin quelques autres plantes qui avaient déjà été rencontrées en grande abon- dance, telles que le Conopodium denudatum , le Cochlearia danica, le Lepidium heterophyllum. Telle est, Messieurs, cette belle excursion, à laquelle je suis heureux d'avoir pris part. Qu'il me soit permis en terminant de remercier de nouveau M. Cha- tin de son heureuse initiative, MM. Lebel et Le Jolis de leur dévouement, et MM. Le Dien et Bescherelle, dont les connaissances en bryologie nous ont été d'un si grand secours pour la détermination des Mousses intéressantes que nous avons rencontrées, A propos de l Erodium Ballii, cité par M. Jamain, M. Cosson dit qu'il n'a pu jusqu'ici trouver de caractères réellement spécifiques entre les espèces que l'on a créées aux dépens de PE. cicuta- rium. M. Eug. Fournier, vice-secrétaire, donne lecture de la commu- nication suivante, adressée à la Société : SUR UNE PARTICULARITÉ QUE PRÉSENTE L'EQUISETUM HIEMALE L., pr M. J, DUVAL-JOUVE. (Strasbourg, 47 mars 1860.) La croissance de l' Zquisetum hiemale est à peine suspendue pendant lhi- ver, et une température de —20° ne paraît faire subir à cette plante aucune modification appréciable (1); mais, contrairement à l'opinion émise par plu- (1) Il en est de méme pour PE. trachyodon A. Br. Au contraire, PE. variegatum ne résiste au froid que si ses touffes cespiteuses sont abritées ; à découv ert, elles sont br ülées par les premiers froids d'automne. Les tiges de l'E. ramosissimum Desf. disparaissent aussi aux premiéres atteintes du froid, non-seulement à Strasbourg, mais dans le midi de la France. En Provence comme en Alsace, elles nc persistent que dans les haies très SÉANCE DU 23 mars 1860. 165 sieurs auteurs, cette espèce ne fructifie point pendant cette saison. J'ai pu le constater avec facilité et certitude sur de trés nombreuses tiges, car cette Préle croit si abondamment aux environs de Strasbourg qu'elle y est un objet de commerce. On la récolte pendant l'hiver, alors que l'absence de feuilles per- met de mieux la voir dans les bois ; et, sur d'énormes quantités de fagots que j'en ai vu alors récolter, je n'ai jamais pu trouver un seul épi en fructification, mais seulement les restes fanés des épis d'automne, ou des épis dont l'évolution était suspendue par le froid et qui se seraient développés au premier prin- temps. La véritable époque de fructification est depuis juillet jusqu'en automne. C'est alors que fructifient les tiges de l'année. L'apparition des bourgeons, ou plutót des tiges nouvelles sous forme de bourgeons, a lieu dès le mois de septembre. De cette époque au mois de dé- cembre, ils atteignent une longueur de 2 centimétres au plus; ils restent. en cet état et au-dessous de la surface du sol jusqu'à la mi-avril (fig. 2, c). Si on les examine alors, on remarque ce qui suit : 4° Ces bourgeons, coupés longitudinalement, offrent déjà autant de gaines et de nœuds qu'en auront plus tard les tiges adultes (de 13 à 17). 2° Sur cette espèce, comme sur les autres, toutes les gaines sont, pendant le jeune àge, continues et non dentées à leur terminaison ; la division en dents n'a lieu que par un déchirement mécanique, résultant de la poussée que font les entre-nœuds supérieurs pour sortir de la gaine enveloppante des entre- nœuds inférieurs, ainsi que je l'ai décrit précédemment (1). 3° Enfin ces bourgeons sont enduits d'une substance incolore, d'aspect géla- tineux, et assez abondante pour qu'on puisse en détacher des grumeaux de 1 à 2 millimètres de diamètre. Après vingt-quatre heures de séjour dans l'eau, ces grumeaux ne m'ont présenté aucune modification appréciable ; ils sont immédiatement solubles par ébullition dans une solution de potasse caus- tique, et la liqueur, versée dans l'eau ordinaire, précipite en flocons blanchátres. L'examen, méme le plus superficiel, d'une jeune gaine d' E. hiemale permet de constater que la moitié inférieure est, comme l’entre-nœud qu'elle cou- ronne, épaisse, verte et munie de lignes régulières de stomates. Vers le milieu, les côtes se renflent en un épaississement de couleur brune, d'où résulte un anneau coloré qui divise la gaîne en deux régions. La région inférieure doit persister et constituer la gaine proprement dite. La région supérieure qui, en se déchirant, doit former les dents, est membraneuse, trés mince dans les sil- lons, plus épaisse sur les cótes et toujours de couleur brune. Si l'on suit avec fourrées, où elles atteignent de grandes dimensions. Près des Baux (Bouches-du-Rhône), j'ai recueilli, dans des buissons bien abrités, des tiges qui dépassaient 2 mètres et demi de hauteur el dont les rameaux avaient 80 centimètres. A Alger, dans les haies voisines du Jardin-d'essai, cet Equisetum atteint des dimensions plus grandes encore, tandis que les pieds végétart à découvert prés de l'embouchure de l'Arrach ont chaque année leurs tiges détruites par le froid. (1) Voyez le Bulletin, t. VI, p. 766. 166 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. quelque attention l’évolution des tiges, on trouve que, par rapport à cette partie supérieure de la gaîne, il arrive de trois choses l’une : 1° Ou bien elle se déchire, par la poussée des entre-nœuds supérieurs, en lanières ou dents extrêmement délicates qui persistent en continuation des côtes de la gaine et au-dessus de leur épaississement brun, se dessèchent très vite, se crispent et s'enroulent méme assez souvent, On a réuni les sujets offrant ce:*e apparence en espèce ou en variété (suivant le degré de force de la mihimanie, sous les noms d' E. paleaceum, ou E. hiemale var. paleaceum. 2^ Ou bien, aprés le déchirement en dents, ces derniéres parties se dessé- chent tout de suite, se séparent tout à fait et tombent. On a alors le type le plus ordinaire de PÆ, hiemale (1). 3° Ou bien enfin la région supérieure de la gaîne, desséchée de trés bonne heure et endurcie au moyen de la substance gélatineuse qui l'en- duit dans le jeune áge, se détache et se soulève tout entière et sans se déchirer, en cédant à la poussée des entre-nœuds supérieurs. Cha- que demi-gaîne forme alors une coiffe qui recouvre la gaîne immé- diatement infraposée, et l'ensemble de ces demi-gaines successivement soulevées forme au sommet de la tige une colonne en forme de mi- naret d'une charmante élégance (fig. 4, a). La coiffe la plus élevée a appartenu à la gaine la plus in- férieure de la tige; et ainsi ces coiffes ou demi-gaines sont dans un ordre de superposition exacte- ment inverse de celui des entre- nœuds, et le plus souvent en mfme nombre que ces derniers. En 1842, M. Birchan a men- tionné, sans l'expliquer, ce singu- lier mode de terminaison de quel- ques tiges de P'E. hiemale. Je crois devoir donner la tarduction du passage entier : « Au sommet de quelques tiges de PÆ. Aiemale j'ob- » servai une pile de gaines (a pile of sheaths) petites, d'un brun foncé, (1) C’est le type de Linné. Sur l'exemplaire origi i à "hanh: ginal du Species planlarum , conservé à Londres avec l'herbier de Linné, on lit sur le Neh intercalé en regard Y SÉANCE DU 23 Mans 1860. 167 membraneuses, élastiques, coniques, renversées, de la méme substance que les dents de la gaine qui enveloppe l'épi, augmentant de largeur en remon- tant, et s'enveloppant si étroitement les unes les autres qu'on ne voit que le bord de chacune, à l'exception de la plus haute et la plus large qui donne au sommet de la pile une forme conique. Bien qu'ayant à peine un pouce de long, cette pile ressemble à un avortement de la plante en sens inverse. La gaine qui en constitue l'extrémité inférieure est d’abord placée sur la plus haute gaine et recouverte de plusieurs petites gaines, d'une texture semblable à la sienne, placées les unes dans les autres. Elle est ensuite tout à fait poussée en avant peu à peu, et elle se détache en laissant un apez flexueux, assez semblable à celui de l'épi, dont, j'en ai la conviction, elle précède la formation. En disséquant le sommet de plusieurs tiges desquelles la pile des cônes semblait n'étre tombée que récemment, j'ai trouvé le germe de l'épi complétement enfermé dans sa gaine, dont les dents, non en- core séparées, forment par leur réunion l'apez qui parait lorsque la pile tombe de dessus. Une dissection, toutefois, faite lorsque les cónes sont pré- sents, semble souvent découvrir un germe abortif (an abortive germ). Le nombre des gaines ainsi renversées sur une de ces piles est environ de douze. » Quelle est leur fonction particulière? Je ne puis le conjecturer. » (Extrait du Phytologist, Londres, 1842, 2* part., numéro de novembre, p. 369; se trouve également dans British Ferns, by Ed. Newmann, 1844, p. 22.) De ce qui précède, il me semble qu'on peut tirer les conclusions suivantes : 1° La présence de dents persistantes sur les gaines de PÆ. hiemale n'est point suffisante pour constituer une espèce, non plus que pour établir une va- riété oun méme une simple variation, puisqu'on trouve, sur une méme tige ou sur les tiges d'un méme rhizome, des gaines munies ou privées de cet appen- dice, qui existe toujours dans le jeune àge. 2° Les « piles de gaines » n'ont point de fonction particulière; elles ne sont que l'accumulation des régions supérieures de gaines séparées du reste sans s'étre divisées en dents. x v x x z x v x x =x x z v x L = v x x x c4 EXPLICATION DES FIGURES. 1. Partie supérieure d'une tige adulte d’ Equisetum hiemale, surmontée en a de neuf couronnes de gaînes (grandeur naturelle). 2. Jeunes tiges d' E. hiemale : en a quatre couronnes de gaînes se sont déjà déta- chées; en b une seule; en c la couronne de la gaîne est encore adhérente (grandeur naturelle). 3. Trois dents d'une couronne de gaîne (dix diamètres). de la page 1517, vis-à-vis du n? 6, E. hiemale, les mots suivants, de la main de Linné : Caulis viridis scaber radens vagina pallido basi marginisque denticulis obsoletis atris gibbis. On lit aussi dans le Mantissa II, p. 504 : Caulis viridis, scaber, radens. Vaginæ articulorum pallidæ, basi margineque atris, denticulis obso'c!3. 168 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. de Schenefeld, secrétaire, donne lecture de l'extrait suivant d'une lettre qui lui aété adressée par M. Duval-Jouve : EXTRAIT D'UNE LETTRE DE M. J. DUVAL=JOUVE A M. DE SCH(ENEFELD. Strasbourg, 20 mars 1860. Dans le mémoire que Raffeneau-Delile publia, en 1826, sur l'/soétes seta- cea, on trouve ce qui suit : « L'eau dans laquelle pousse le tubercule de cette » espèce s'épuise ordinairement par la sécheresse ; les feuilles de la plante pé- » rissent, la végétation reste suspendue, mais la souche charnue se conserve » trés longtemps, soit en terre, soit à l'air. J'ai fait l'expérience de garder deux » ans des tubercules d’/soëtes setacea dans des tiroirs, et de les planter » ensuite; je les ai vus pousser sitót que je les ai tenus humides. » Le 16 décembre dernier, en revoyant quelques doubles d'Algérie, je retrouvai une feuille pleine de souches d'/soétes, avec cette note : /soétes Duriei ; Bou-Zarea, 3 juin 1853. État de la plante pendant l'été. Le passage de Raffeneau-Delile me revint à l'esprit, avec l'idée de planter ces restes informes. Je le fis aussitôt, et je conservai dans mon cabinet le vase ré- guliérement arrosé. L'assertion de Raffenean-Delile est parfaitement exacte ; les souches ont repoussé aprés une interruption de végétation de six ans et demi, et j'ai aujourd'hui plusieurs beaux individus qui croissent à mer- veille. M. de Schœnefeld ajoute que M. Boisduval lui a dit avoir réussi à cultiver un rhizome de Fougère qui était resté un an et demi com- primé dans son herbier. M. Decaisne rappelle qu'on a vu germer des haricots un siècle aprés l'année oü ils avaient été récoltés. On a fait germer aussi des . graines de Nelumbium très anciennes. M. Ad. Brongniart fait remarquer que les organes bulbiformes des Isoétes sont constitués par des amas de fécule trés denses, au milieu desquels la partie végétative, trés peu développée, est garantie des influences extérieures. Ce fait peut faire comprendre que ces organes bulbiformes soient encore aptes à se développer aprés avoir été conservés pendant un temps assez long. Il pourrait en être de même, par une cause analogue, des bulbes des Zria et des Gla- diolus. M. Eug. Fournier, vice-secrétaire, donne lecture de la communi- cation suivante, adressée à la Société : SÉANCE DU 23 Mans 1860. 169 DE LA VALEUR HISTORIQUE ET SENTIMENTALE D'UN HERBIER, pr M. Léon DUFOUR. DEUXIÈME PARTIB. — SOUVENIRS D'ESPAGNE (fin) (1). _Les échantillons se pressent à l'envi pour me reporter à ce temps heureux et juvénile où j'explorais, pendant plusieurs saisons, et le rocher fleuri, et les environs luxueux de végétation de la jolie ville de Saint-Philippe ou Xativa (la Setabis des Romains) et les âpres montagnes, les steppes désolés du sombre village de Moxente, où mon service m'a retenu plusieurs mois. J'ai jadis donné la topographie de ces deux localités, et un fragment de leur florule que je vais chercher à compléter (Ann. desse. phys. de Bruxelles, t. VII, 1820). Délicieux échantillons, vous me retracez ce moment suprême où la brillante armée du maréchal Suchet vint sous les murs de la romaine Setabis, tendre une main fraternelle à la colonne empoudrée et affamée du roi Joseph en fuite, et plus tard à celle du maréchal Soult, forcé d'abandonner les Andalousies. L'amant passionné de Flore a assisté à ces graves entrevues, à cet événement historique, précurseur de tant d'infortunes... Mais laissons, dans le carnet intime de mes pensées, les péripéties si émouvantes de cette féconde époque de ma vie. Passons la revue de nos paisibles bataillons de plantes, et proclamons celles qui méritent d'étre rangées en honorables colonnes: Ranunculus luzulæformis, Ononis breviflora, Crambe hispanica, — mollis, Biscutella stenophylla Duf., Paronychia capitata, — tomentosa, Bellidiastrum Michelii, Iberis Lagascana, Chrysanthemum paludosum, Helianthemum glaucum, Centaurea Barrelieri, Arenaria modesta, — gracilifolia, — procumbens, — punctata, — pentandra, - Taraxacum obovatum, Cerastium gracile, Jasione foliosa, Lychnis diclinis, Campanula dichotoma, Silene italica, Erica ramulosa, — ambigua, Convolvulus althæoides, — bipartita, Onosma tricerospermum, — coarctata, Linaria crassifolia, — sclerocarpa, — flava, — apetala, — Cavanillesii, Hypericum ericoides, — arvensis, Malva althæoides, Phlomis Barrelieri, Ervum nigricans, Stachys heraclea, Orobus saxatilis, Sideritis Cavanillesii, Medicago orbicularis, — angustifolia, — recta, Teucrium saxatile, Ononis pubescens, — aureum, (1) Voyez plus haut, p. 103 et 145. SOCIÉTÉ Teucrium cæspitulosum, — valentinum, Ophrys rosea, — apifera, — glaberrima, — tenthredinifera, Orchis condensata, Tulipa Clusiana, Hyacinthus serotinus, Asparagus horridus, Arum Arisarum, Carex gynobasis, — Schreberi, — divulsa, Andropogon pubescens, BOTANIQUE DE FRANCE. Cynosurus elegans, Koleria tuberosa, — cristata, — villosa, Poa dura, — divaricata, Festuca capillifolia, Avena bromoides, Airopsis minuta, — globosa, Milium cærulescens, Trisetum neglectum, Asplenium Petrarchæ, Cheilanthes odora, Ceterach lanuginosum. Cynosurus Lima, L' Artemisia hispanica Lam. est, dans mon herbier, un moniteur botanique et militaire. J'y vois inscrit qu'en octobre 1812, je suivis une forte colonne de troupes commandée par le général Harispe et dirigée vers Alicante. Prés de Villena en Murcie, je traversai une vaste lande toute couverte des touffes embaumées de cette Armoise. J'en ai donné (Annal. des sc. phys. de Brux.) la description ; je n'y reviendrai pas. C'est bien la méme que le savant Clusius avait aussi trouvée -en Murcie; et Tournefort, qui l'a signalée, lui avait reconnu, comme moi, l'odeur du semen-contra. Non loin de là, en nous rendant à Elda par le riche bassin de Novelda, je rencontrai en excessive abondance l'Artemisia Herba alba Asso, espèce si commune dans la basse Navarre et l'Aragon, et qui diffère beaucoup de la pré- cédente. Je l'ai décrite dans le même recueil (/. c.), sous l'appellation d'On- tina, qui est son nom vulgaire espagnol. A la fin de mai 1813, lorsque déjà pâlissait notre étoile des conquêtes, lorsque les prodromes de retraite se révélaient et que l’insurrection s'organisait de tous côtés, je me décidai à entreprendre l'excursion des montagnes de Porta- Coli, que je savais avoir été jadis explorées par Barrelier et par Cavanilles. Ces montagnes sont à sept lieues espagnoles à l'ouest de Valence. Je déterminai le professeur Lorente, mon hóte, à m'y accompagner. Les vieillards sont comme les poëtes, ils ont leurs licences. J'use donc de la licence sénile, celle de mou âge, pour transcrire ici, avec sobriété de détails, mes impressions de 1813 sur cette pérégrination. Elles pourront devenir un jour utiles au botaniste qui voudrait tenter cette herborisation. Lorente et moi, à cheval, deux paysans valençais de confiance, un eguus asinus porteur du bagage naturaliste ; voilà le personnel de notre petite cara- vane. Par prudence, je m étais dépouillé de toute livrée extérieure de Francais. Le premier jour, couchée au village de Moncada, d'oü nous repartimes à deux heures de la nuit, laissant à notre droite la petite ville de Betera. Au lever du soleil nous apparut la Chartreuse, avec cette inscription frontale : Feliz SÉANCE DU 23 mars 1860. 174 cceli porta... Hélas ! l’infelix couvent était désert et complétement dévasté, retourné par la guerre ! L'église, toute démantelée, offrait encore de belles orne- mentations de marbres indigènes avec des cordons et des frises de marbre blanc de Génes. Un bel aqueduc de pierre, de construction deux fois séculaire, dis- tribuant l’eau dans toutle monastère, était demeuré intact, Monte-Mayor est le sommet culminant de toute la chaîne, et je tenais à l'escalader, à lui fouler la tête. Le professeur Lorente n'était pas de force à me suivre ; il m'attendit à la Chartreuse, Je m'élancai avec mes deux Valen- çais et un guide de la localité. I1 n'aurait pas fallu une heure et demie de marche directe pour atteindre ce sommet; j'en mis cinq, à cause des ascen- sions sinueuses en dehors des sentiers battus. J'arrivai enfin au piton convoité, en traversant un fourré de Cistus populifolius, alors en pleine floraison. Je fis une courte halte sur ce belvédère, pour contempler la vaste contrée qu'il domine : au nord, les rochers de Murviedro et d'Almenara ; à l'est, le littoral valencais avec sa riche huerta et la mer ; au sud-est, les montagnes de Liria, et dans le lointain celles de Saint-Philippe; vers l'ouest, Ségorbe et le monde de montagnes inconnues à nos cicérones; à nos pieds, autour du monastère, des foréts de Pinus silvestris. Je chargeai les guides de mes fagots botaniques, et nous descendimes par un sentiér plus normal. On boit un coup à la fontaine de/ Lentisco, renommée par l'excellence de son eau qui est transportée à Valence pour la table des riches. Les pentes del Ventisquero me fournirent une bonne moisson bota- nique. Je jetai un coup d'oeil sur la fraiche culture de la Pobleta, et, après huit heures d'une marche arrosée d'une forte pluie, j'arrivai au reposoir de la Chartreuse, sain et sauf, mais affamé. Mon premier soin fut d'aviser à la toilette de mes plantes, puis je pris ma part d'un mets nouveau pour moi, que chacun puisait dans une sorte de marmite commune. Cet amalgame, ce compost, con- sistait en riz, morue, cótelettes, escargots, piment, safran, et pour excipient l'huile de la lampe. Gràce à l'appétit, à la jeunesse et à un gaster fortement trempé, je fis bonne contenance au cercle des convives... et meminisse juvat. Lorsque nous étions à méme de retourner à Valence, un des commensaux, le gardien de la Chartreuse, sachant que j'étais Francais et médecin de l'armée, s'approcha gravement de moi, pour me dire confidentiellement et, je le crois, avec sincérité, ces mots que j'inscrivis dans mon carnet : Señor, si sucede algo, ya sabe vm que aqui hay montes, «qui hay pinos, aqui estoy jo (Monsieur, s'il survient quelque événement, vous savez qu'ici il y a des montagnes, des pins, que moi j'y suis). Ces paroles, trés expressives par elles-mémes, l'étaient en- core davantage par les gestes et le jeu de la physionomie de ce montagnard. Je lui serrai étroitement la main en le remerciant ; je pris congé de tout ce monde, et nous rentrâmes le méme jour à neuf heures du soir à Valence. Ce fut une journée bien remplie. Voici mon bouquet mémoratif de Porta-C æli : 172 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Thalictrum tuberosum, Medicago suffruticosa, Helianthemum ciliatum, Centaurea antennata, — violaceum, Carduncellus tingitanus, Silene saxifraga, Serratula nudicaulis, Vicia Onobrychis, Teucrium angustissimum, Orobus ensifolius, Marrubium setaceum, Onobrychis stenorrhiza, Passerina linariæfolia, — saxatilis, Euphorbia diffusa. Anthyllis Erinacea, Le 4 juillet 1813, jour de douloureuse mémoire, sonna l'heure de la retraite de cette belle terre de Valence, devenue déjà pour nous une seconde mère- patrie. Le pronostic du montagnard de Porta-Cœli me revint souvent à l'esprit. A la veille de faire une nouvelle récolte d'indigo, il me fallut suivre le torrent rétrograde, saluer à toujours, et la brillante flore de Saint-Philippe, et les ri- chesses botaniques du littoral et des collines de Valence, et mon Jardin-des- plantes restauré, et sa succursale de Puzol, et Sagonte avec sa forteresse fleurie, et les rochers lichéniféres d'Almenara, et Tortose, et Tarragone avec leurs plantes obsidionales si mémoratives, si historiques. Je parcourus, en fuyard déconcerté, les contrées accidentées entre Tarragone et Villafranca-de-Panades, sans leur ravir un souvenir floral. Pendant une station de trois semaines dans cette derniére ville, c'està peine si je pus y cueillir une carte de visite du Bupleurum fruticosum. Pendant cinq mois de séjour dans la grande cité de Barcelone, je consacrai mes loisirs médicaux à rassembler mes notes sur les Lichens de la péninsule espagnole. Je les réserve pour un autre travail. ! Le 31 janvier 1814, l'armée recut l'ordre de rentrer en France par Perpi- gnan. La saison et l'état moral étaient peu favorables aux observations de bo- tanique. Jusqu'à Girone, les montagnes étaient couvertes d'Arbutus Unedo, le Madroño des Espagnols, et de forêts du beau Pinus Pinea. Ce Pin à pi- gnons, à cime en parasol, me rappelait mon sud-ouest de la France, où il est cultivé comme ornement près des maisons de campagne. Les auteurs de la Flore de France lui donnent pour patrie les côtes de la Méditerranée, où je ne l'ai jamais aperçu, quoiqu'il me soit familier dès mon enfance. Je ne l'ai vu spontané que dans les montagnes de la haute Catalogne et dans celles de l'Es- curial, où il est certes bien éloigné de la mer. Les Quercus Suber, Vitez- A gnus castus, Rhamnus Paliurus, Lupinus varius cultivé, m'accompagnérent jusqu'à la frontière et devinrent la formule de mes adieux à la botanique d'Espagne. Les Cneorum tricoccum, Cachrys Libanatis, Crepis nemausensis me firent à Perpignan un accueil compatriotique. Avant d'assister à la métamorphose imprévue de notre drapeau et au licen- ciement de nos gloires impériales, j'allai à Montpellier m'épancher au sein des botanistes amis, de De Candolle, de Bouchet, du vénérable Gouan qui SÉANCE DU 23 MARS 41860. 173 finissait sa quatre-vingt-huitième année, de Zea et Mociiio que les événements expatriaient. J'admirai le magnifique, le somptueux atlas de la flore du Mexi- que par Mociño, atlas qui a été si utile à De Candolle. Je dinai chez celui-ci avec ces botanistes espagnols et avec Melindaz Valdes, le littérateur, le poéte le plus éminent de l'Espagne. Pour faire une diversion aux préoccupations du jour, je fis avec Bouchet une excursion aux crêtes du pic de Saint-Loup, où je cueillis comme échantillons de souvenir les modestes Saxifraga pubescens et Erodium petræum. J'embrassai mes amis de Montpellier, hélas! pour la derniére fois, et je me rendis à Carcassonne auprès de mes aimés et éminents confrères Rampont, Broussais, Rapatel, Brassier, Jourdain, tous aujourd'hui absents de ce monde. Je fis avec Jourdain une excursion dans les montagnes schisteuses de Las- tours, situées à trois lieues de Carcassonne et traversées par un torrent appelé l'Orbiel. Je recommande aux botanistes cette herborisation. Il y a là un vallon abrité de l'aquilon froid et humide du nord et de l'ouest. On y cultive l'Olivier, qui est le meilleur thermomètre climatérique; cet arbre y est de petite taille, mais productif. En suivant la latitude méridionale de l'ouest à l'est, c'est dans cette localité qu'on rencontre la premiere plantation d'Oliviers. C'est sans doute qu'elle recoit quelques effluves de la Méditerranée. Voici la florule d'élite de cet intéressant vallon au 2 juin 1814 ; c'est le der- nier bouquet de ma campagne botanique de sept ans : Alyssum spinosum, Thlaspi hirtum, Biscutella lævigata, Cistus albidus, — monspeliensis, Helianthemnm candicans, — glutinosum, — Fumana, Silene glutinosa, Saponaria ocimoides, Erodium petræum, Spartium junceum, Genista hispanica, — Scorpius, Cytisus sessilifolius, Coronilla Emerus, — minima, Versla fin de juillet, je pris ma dernière étape à Toulouse, où l'armée fut Scorpiurus sulcata, Prunus Mahaleb, Potentilla hirta, Geum silvaticum, Mespilus Amelanchier, Saxifraga pubescens, Chrysanthemum dissectum, Lactuca perennis, Phyteuma orbiculare, Lithospermum fruticosum, Anarrhinum bellidifolium, Melittis Melissophyllum, Sideritis tomentosa, Plantago subulata, Passerina Thymelæa, Anthericum Liliastrum. licenciée, et je rentrai à toujours dans ma famille à Saint-Sever (1). ^ (4) En annonçant, à la fin de la première partie de ce travail, que la seconde serait j'avais eu l'intention de l'accompagner des diagnoses lus essentiellement scientifique : i Ai mique de Clusius et de Barre- spécifiques, de l'habitat et surtout de la concordance synony lier, pour les plantes les plus remarquables de mes colonnes botaniques espagnoles. Je me 474 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. J. Gay dit qu'il a vu à Saint-Tropez (Var) une forêt de Pinus Pinea. M. Decaisne ajoute qu'il a observé, prés d'Aigues-Mortes (Gard), un bois formé de la méme essence. M. Ad. Brongniart fait remarquer qu'on n'est jamais sür de la spontanéité du Pinus Pinea dans la plupart des localités où l'on rencontre cet arbre en France et méme en Italie, parce qu'il ne se trouve guére qu'aux environs des villes et autour des habitations. M. N. Doumet dépose sur le bureau des échantillons d' Ambrosia tenuifolia qu'il a recueillis à Cette (Hérault), où la plante est natu- ralisée dans les vignes situées entre l'étang et le canal. M. E. Cosson dit que, dans cette localité, on rencontre, avec l Am- brosia tenuifolia Y Heliotropium curassavicum et le Physalis fusco- maculata. Ces plantes proviennent vraisemblablement du délestage des navires. L'Ambrosia est originaire de Buenos-Ayres, et il est probable que la même patrie doit être assignée au Physalis (ainsi que l’a supposé Duval), car au Port-Juvénal cette espèce croît dans les enclos où sont étendues des laines provenant presque exclusi- vement de Buenos-Ayres. M. de Schænefeld, secrétaire, donne lecture de la communication suivante, adressée à la Société (1) : FLEURS SOUDÉES ET PÉLORIÉES DE LINARIA STRIATA, par M. C. DELAVAUD. (Brest, juillet 1859.) J'ai décrit dans ce recueil (t. V, p. 688) deux monstruosités de la Linaire striée, résultant dela soudure de deux fleurs avec et sans pélorie. Une troi- sième, que j'ai recueillie cette année, m'a offert une semblable soudure, ac- compagnée à la fois d'un développement irrégulier et d'un avortement partiel. Je place ici en regard, pour montrer leurs rapports, la composition de ces trois fleurs monstrueuses. suis mis à l'euvre et j'ai non-seulement atteint, mais dépassé le but, car entrainé par le sujet, celui-ci a pris de telles proportions, que j'ai dü renoncer à l'annexer au cadre de mes impressions générales. J'insérerai donc séparément, dans le Bulletin de notre Société, ce nouveau travail, dont le commencement paraitra dans le prochain numéro. (1) Note de la Commission du Bulletin. — Cette notice de M. Delavaud n’est parvenue au Secrétariat qu'aprés la séance du 22 juillet 1859; elle aurait dû être lue à la séance le rentrée (14 novembre), et c'est par suite d'une regrettable erreur qu'elle à été omise. SÉANCE DU 23 MARS 1860. 175 dre 9« BO 2 bractées, 2 bractées, 2 bractées, S sépales, 11 sépales, 7 sépales, 2 éperons, 9 éperons, 3 éperons. 8 étamines, 10 étamines, 6 étamines, 2 pistils, 2 pistils, 1 pistil. On voit, sur la gorge dela corolle de cette troisiéme fleur, trois lignes sail- lantes, jaunes et velues, au lieu des deux que présentent les fleurs normales; elle est aussi plus développée latéralement ; les trois éperons sont antérieurs, l'un des latéraux est plus grand que les deux autres, La soudure des corolles ne se manifeste ni par un sillon extérieur ni par une cloison interne. Les éta- mines sont inégales : il y en a quatre grandes et deux petites; toutes sont pourvues d’anthères biloculaires. Il doit y avoir ici, comme dans les deux pre- miers cas, soudure de deux fleurs, et non développement anomal d'une seule ; car il existe deux bractées et plus de cinq sépales, ce qui n'a pas lieu dans celles qui sont simplement péloriées. Si l'on n'observe qu'un seul pistil, c'est que sans doute l'autre a avorté, avec un certain nombre des parties corres- pondantes (sépales, lobes de la corolle, étamines) de la fleur atrophiée. M. Gener, pharmacien de la marine, m'a dit avoir trouvé, au jardin bota- nique de Brest, une fleur de Digitale pourprée à six étamines tétradynames ; il est probable (car je n'ai pu avoir d'autres renseignements) que les autres verticilles étaient tels que dans la Digitale signalée par M. Clos (1) et pourvue de 7 sépales, de 6 lobes corollins, de 6 étamines alternes et d'un pistil : c'est un type tératologique auquel se rattache celui que je viens de décrire. (1) Voyez le Bulletin, t. VI, p. 159. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. Zur Entwickelungsgeschichte der Cacteenstacheln (0r- ganogénie des épines des Cactées); par M. Nicolas Kauffmann (Bulletin de la Société impériale des naturalistes de Moscou, 1859, cahier n° II, pp. 585-604; tirage à part en brochure in-8° de 19 pages et 2 planches, avec fig. dans le texte; Moscou, 1859). On sait que les Cactées possèdent, en place de feuilles, des houppes de poils avec des épines. Lorsque ces plantes ont des feuilles parfaitement développées, ces houppes de poils se trouvent à leur aisselle. Il en est de méme lorsqu'il existe des feuilles rudimentaires, comme dans les Opuntia, le Cereus specio- sus, etc. ; seulement, dans ce dernier cas, on ne peut bien voir ce qu'il en est que sur les tiges jeunes et sur leurs ramifications. Enfin, dans les Mamillaria, on voit des houppes de poils dans deux situations différentes : les unes Se trouvent au sommet des mamelons propres à ces plantes, les autres sont placées à leur aisselle. Les premières ne donnent jamais naissance à de nouvelles ra- mifications ; ce n'est, au reste, qu'exceptionnellement que les Mamillaires forment des branches (M. vivipara, parvimamma), et alors celles-ci sont axillaires. Si la production des ramifications par les houppes de poils, dans la plupart des Cactées, semble prouver que ces organes sont de la nature des bourgeons, on n'est pas bien fixé sur le rôle que jouent les épines dans ces plantes. Pensant que l'organogénie pouvait seule éclairer à cet égard, M. Kauffmann a suivi avec attention la formation et le développement de ces parties, et son mémoire présente les résultats de ses observations. — Il s'occupe d'abord de l'Opuntia vulgaris, qui était fort instructif sous Ce rapport, puisqu'il a pu se convaincre, dans cette plante, de la nature foliaire des épines, grâce aux passages qui y existent des feuilles aux épines el réciproquement. Pour cette espèce, il arrive à cette conclusion que les épines et les soies jouent le róle d'écailles de bourgeons, car on les voit passer aux feuilles quand les bourgeons se développent. — Dans le Cereus speciosus, les Epiphyllum hybridum et speciosum, le bout des jeune pousses présente manifestement des feuilles, méme à l'œil nu. Les fevilles sont parfaitement formées dans le Peireskia aculeata; à leur aisselle se REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 477 montrent des épines en petit nombre, et, en outre, de longs poils formés de plusieurs files de cellules. Dans tous ces cas, les épines correspondent aux écailles des bourgeons situés à l’aisselle de feuilles radimentaires ou parfaite- ment développées. Le Rhipsalis salicornioides est fort intéressant, parce que ses écailles conservent leur forme normale, et que dès lors il n'existe pas d'épines. — Quant aux Cactées, telles que les Echinocactus, Mamillaria, qu'on regarde comme parfaitement aphylles, elles ont aussi des ébauches de feuilles ; seulement le développement spécial que prennent les coussinets fait disparaître ces organes, soit partiellement, soit complétement. En effet, les mamelons des Mamillaires sont simplement des coussinets surabondamment développés, dont les feuilles ne peuvent être apercues qu'aux premiers degrés de leur formatión. La houppe de poils qui surmonte chacun de ces mamelons est le bourgeon axillaire imparfait, dont les écailles sont représentées par les épines. Le cóne végétatif étant atrophié dans ce bourgeon, il ne peut en sortir une nouvelle pousse. Les pousses ne proviennent que de bourgeons destinés spécialement à cet usage, qui sont situés à l'aisselle des mamelons, ou, en d'autres termes, au-dessus des feuilles. | De l’ensemble de son mémoire, M. Kauffmann tire les conséquences sui- vantes : dans toutes les Cactées ci-dessus indiquées, les épines sont des organes foliaires et jouent le rôle d'écailles gemmaires. Les autres organes, tels que les soies et les poils formés de plusieurs files de cellules, n’en sont encore que des formes différentes et ne peuvent être regardés comme des productions épi- dermiques. Les houppes pileuses qui portent les épines sont des bourgeons axillaires, dans lesquels on peut toujours reconnaître un cône végétatif. Tantót ce dernier reste longtemps actif et se retrouve encore quand la plupart des épines sont déjà bien formées, ou bien il disparaît aussitôt après l'apparition de celles-ci. Dans le premier cas, il peut donner naissance à de nouvelles épines et même à des pousses ; dans le second, il ne peut émettre de pareilles productions. Les Cactées possèdent donc des bourgeons les uns capables, les autres incapables de se développer. Dans ce dernier cas, les ramifications, quand il s'en montre, sont dues uniquement à des bourgeons secondaires par- ticuliers qui apparaissent au-dessus des bourgeons axillaires. Les feuilles exis- tent chez toutes les Cactées, aux premiers degrés du développement ; mais il est rare qu'elles se développent complétement ; d'ordinaire elles s'arrêtent de bonne heure dans leur accroissement et ne se montrent plus que comme des rudiments, ou bien elles se confondent avec le coussinet. La situation du bourgeon axillaire peut toujours servir à déterminer la limite entre la feuille et son coussinet, qui viennent tous les deux d'une méme ébauche de feuille. Les coussinets des feuilles sont toujours trés développés chez les Cactées ; ils arri- vent au plus haut degré de développement dans le genre Mamillaria, dans lequel ils se montrent sous la forme de gros mamelons. Le mémoire de M. Kauffmann se termine par l'explication des dix figures T. VIE 12 178 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. qui occupent les deux planches et qui ont été fournies par l'Opuntia vulgaris, l Echinocactus Eyriesi et le Mamillaria stellaris. Il y a de plus onze figures intercalées dans le texte. Ueber der Abloesungprocess saftiger Pflanzenorgane (Sur la manière d’après laquelle se détachent les organes frais des plantes); par M. Hugo v. Mohl (Botanische Zeitung, n° 31 de 1860, 3 août, pp. 273-277). Ce nouveau mémoire du savant professeur de Tubingen fait suite à celui qu'il a publié récemment sur le mécanisme de la chute des feuilles (voyez le Bulletin, VII, pp. 34-39). Les botanistes ne savent que trop avec quelle facilité se désarticulent les feuilles et surtout les folioles sur les échantillons dont la dessiccation n’est pas assez rapide. Ce fait a déterminé M. H. v. Mohl à rechercher si, dans ce cas, la désarticulation de ces parties, surtout encore imparfaitement développées, est due à la méme cause que la chute des feuilles en automme. Dans ce but, il a mis, au mois de juin, des rameaux feuillés de différents arbres, pour les- quels il savait déjà comment s'opérait la défeuillaison automnale, dans une boite de fer-blanc, dans laquelle il a placé en méme temps du papier buvard mouillé, pour rendre l'air humide le plus possible et pour empêcher les feuilles ' de sécher. — Dans le Gymnocladus canadensis, les feuilles non adultes ont leurs folioles très solidement fixées aux ramifications du pétiole commun, et le tissu cellulaire de ces folioles passe sans ligne de séparation marquée à celui du pétiole. Aprés quarante-huit heures de séjour dans la boite de fer-blanc, ces mêmes folioles se détachaient à la moindre secousse, en laissant une cica- trice unie. L'observation microscopique a montré à l'auteur qu’à la base de chaque pétiolule il s'était formé, de méme qu'en automne, une couche de sé- paration composée de cellules contenant de la fécule, arrondies, et qui se déta- chaient les unes des autres. — Les choses se sont passées de méme dans l'Ai- lantus glandulosa, seulement un peu plus lentement ; la couche de séparation était en voie de formation le troisième jour, et elle était bien formée le qua- trième jour. — Dans ces deux espèces, il a fallu un plus long séjour dans la boite de fer-blanc pour amener la formation de la couche de séparation à la base du pétiole commun ; cette couche n'a été complète que les sixième et septième jours; alors la feuille entière se désarticulait au moindre contact, laissant une cicatrice comme veloutée par l'effet de la saillie des cellules arrondies et pleines de suc. — La désarticulation de ces feuilles imparfaitement développées s'opère presque plus facilement que celle des feuilles adultes en automne, les cellules encore non lignifiées de leurs faisceaux vasculaires opposant une faible résis- tance à la séparation. L'auteur a vu que, dans ces divers cas, il n'existe pas la moiudre trace du périderme qui est si manifestement développé au- dessous de REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 179 l'articulation des feuilles de Gymnocladus tombant en automne. De plus, toutes les cellules de cette articulation restent pleines de suc et fraiches. Enfin, une différence essentielle entre la couche de séparation qui se produit ainsi ra- pidement, sous des influences externes défavorables, et celle qui se développe plus lentement en automne, c'est qu'elle contient peu ou pas de fécule, ce qui, du reste, a lieu fréquemment pour celle de l'automne. — Dans le Fraxinus ex- celsior la même couche a commencé de se former le quatrième jour à la base des folioles ; elle était complète le cinquième jour. Ce même jour a commencé de se former une couche semblable en travers du pétiole commun, à la base de chaque paire de folioles, ainsi qu’à la base de ce pétiole. — Dans le Juglans regia, celte couche existait le cinquième jour dans les pétiolules. — Dans les mêmes circonstances, la couche séparatrice, dont il n'existait alors (juin) aucun indice dans la feuille fraiche, s'est formée aussi à la base des feuilles simples. Elle était complète le troisième ou le quatrième jour dans l Amygdalus com- munis et l Asimina triloba; elle s'est formée, les cinquième et sixième jours, dans le Catalpa bignonioides. M. H. v. Moh! s'occupe ensuite de la décurtation des rameaux qui s'opère dans les arbres plus tót ou plus tard, en été, souvent dés le mois de juin, et sur laquelle les auteurs qui se sont occupés de la végétation des arbres ne nous ont absolument rien appris de précis. Les espèces qu'il a reconnues comme les plus avantageuses pour des observations à cet égard sont le Gymnocladus, le Catalpa bignonioides, différents Gleditschia et Tilia, surtout l Ailantus glan- dulosa. Dans tous ces arbres, la rupture des sommités des branches est due à la dissociation des cellules d'une couche séparatrice, lesquelles renferment tan- tôt de la fécule ct tantôt seulement des matières protéiques ; cette couche res- semble, sous tous les rapports, à celle qui se forme à la base des feuilles. — Le savant observateur a cru devoir porter ses recherches sur les rameaux folia- cés (cladodies) des Phyllocladus, Xylophylla, etc. Le Xylophylla latifolia présente deux sortes de rameaux tombants: d'abord les ramifications qui re- présentent le pétiole d'une feuille pennée, en second lieu, ceux qui s'attachent sur les premieres, eu ordre distique, qui sont dilatés en lames larges et qui répondent à des pinnules; les premieres ressemblent tout à fait à un pétiole commun. Or, c'est une vraie couche séparatrice qui détermine Ja désarticula- tion dans les deux cas. Dans cette espèce, on peut amener la formation de cette couche en tenant des branches détachées daus un boite de fer-blanc, tandis qu'on n'obtient rien par ce moyen pour le Phyllocladus. M. H. v. Mohl a porté encore son attention sur la chute des fleurs et de leurs parties. Il a étudié les fleurs mâles par imperfection du pistil des 2Zs- culus et Pavia. On sait que les ramifications de l'inflorescence de ces arbres sont des cymes scorpioides, et que non-seulement les fleurs máles se détachent de l'axe de ces cymes, mais encore que cet axe tombe lui-même, et que, s'il y a plusieurs fruits, une grande portion de l'axe de l'inflorescence se rompt à 180 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. son tour. Toutes ces ruptures et désarticulations sont dues à la formation d’une couche séparatrice, dont les cellules se désagrégent en grossissant et s'arron- dissant. Il n'y a pas vestige de périderme. Les fleurs mâles des Cucurbitacées se détachent, grâce à une couche séparatrice qui se forme à la limite entre le pédoncule et la fleur ; celles du Ricinus communis doivent leur chute à une couche semblable qui se produit à la base du pédoncule. — Les fleurs herma- phrodites tombent aussi tout entières, quand elles ne nouent pas de fruit. Telles sont celles des Hemerocallis flava et fulva, qui persistent sur leur pé- doncule quelques jours, pendant lesquels la plus grande partie du périanthe et des étamines se fane, tandis que le fond du premier et l'ovaire restent frais. La fleur est détachée par suite de la formation d'une couche séparatrice au- dessous d'elle, au travers du sommet du pédoncule. — Les divers organes floraux se détachent de la même manière que les parties foliacées ; M. H. v. Mohl le montre par quelques exemples. « Ce qui précede, dit-il ensuite, prouve que le méme phénomène se reproduit dans un grand nombre d'organes diffé- rents, soit axiles, soit appendiculaires, lorsqu'ils se détachent à l'état frais. Le caractere le plus essentiel de cette désarticulation consiste dans la dissociation spontanée et réciproque des cellules encore vivantes et pleines de sucs qui forment la couche séparatrice, dissociation qui plus tard entraine mécanique- ment la rupture de la portion ligneuse des faisceaux vasculaires. » Cette désarticulation differe entierement de la chute des organes morts, que déter- minent le raccornissement inégal et la déchirure des cellules. Mykologische Studien über die Gaehrung (Études myco- logiques sur la fermentation) ; par M. Herm. Hoffmann (Botanische Zei- tung, n° 5 et 6 de 1860, 3 et 10 février, pp. 41-46, 49-54). L'histoire naturelle des ferments a été, pour les botanistes et les chimistes, l'objet de nombreux travaux, sans que l'obscurité qui l'entourait ait été entiè- rement dissipée ; pour en avancer la connaissance, M. Hoffmann a fait des recherches dont son mémoire renferme les résultats. 1. On n'a pas cherché méthodiquement à reconnaître d’où provient le fer- ment des sucs de fruits, tels que pommes, poires, raisins, etc. — Si l'on examine au microscope le jus récemment exprimé des groseilles à maquereau ou des fruits analogues, on y voit cà et là non-seulement des cellules isolées analogues à celles des ferments, mais encore des spores de Cladosporium, Stemphylium, etc. , dont quelques-unes ont méme germé. Il est fort peu vrai- semblable à priori que ces cellules et ces spores proviennent de l'intérieur du fruit ; en effet, l'examen le plus attentif des tranches de celui-ci n'y fait recon- naitre rien de semblable. Il est donc à présumer que les germes des ferments viennent de la surface de ces fruits. — Comme l'eau bouillante détruit promp- tement la faculté germinative de ces spores, l'auteur y a plongé, pendant REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 181 quatre à dix secondes, des groseilles avant de les écraser. Le jus qu'il en a exprimé ensuite n'a pu fermenter ou ne l'a fait qu'incomplétement et plusieurs jours plus tard que celui des fruits non soumis à la méme opération. Si on laisse ces baies dans de l'eau froide pendant trois quarts d'heure, en les agi- tant de temps en temps , ce liquide agit ensuite comme un ferment, faible à la vérité. — Enfin, si l'on racle avec un scalpel émoussé la surface d'un de ces fruits, les raclures qu'on en obtient présentent, sous le microscope, toutes sortes d'impuretés amorphes, de particules terreuses, etc., et, en outre, les mêmes spores très diverses qui ont été signalées plus haut comme se montrant dans le jus exprimé et qu'on reconnait avoir dü étre apportées par les vents. Si ces mémes raclures sont mises dans une goutte d'eau distillée, à l'abri de toute poussière, vingt-quatre heures suffisent pour la formation de groupes épais de filaments germinatifs et de nombreuses cellules de ferment à tous les degrés de développement. Le mot de ferment désigne donc un ensemble et non une seule espéce végétale. On concoit sans peine qu'on arrive aux mémes résultats avec d'autres surfaces végétales; ainsila rafle du raisin présente au moins trois fois plus de ferment que les grains. 2. Le second paragraphe de ce mémoire est particulièrement relatif aux sucs végétaux cuits, ainsi qu'à la fermentation des solutions sucrées pures. — Ici le premier ferment qui s'offre à l'examen est celui de la bière et du moût du raisin qui ont entre eux une grande ressemblance. Ce ferment renferme des cellules, les unes arrondies et ovales, les autres cylindriques, ainsi que le Bacterium Termo, qui parait en faire constamment partie. Pour découvrir la nature réelle du ferment de la biére, M. Hoffmann a fait des observations dans les brasseries, et des essais de culture en petit. Dans les brasseries, la levüre qu'on jette après s'en être servi donne constamment naissance à une efllo- rescence dense et grisâtre de Penicillium glaucum, avec laquelle on voit aussi en moindre quantité le Penicillium brevipes, Y Ascophora elegans, etc. Peu à peu il s'y forme une grande masse de filaments qui n'existaient pas dans le ferment normal. En dernière analyse, le savant allemand est conduit, par ses observations, à admettre que la levüre de bière provient de Champignons ordi- paires, en particulier des Penicillium. L'expérience suivante lui semble ne pas laisser de doute à ce sujet. On met dans un tube à réactifs une solution sucrée qui, livrée à elle-méme, ne fermente pas, mais moisit à sa surface, et on y ajoute des spores de Penicillium glaucum; on agite, aprés quoi on laisse le tube en repos dans une position presque horizontale. Les spores, spécifique- ment plus légères que le liquide, montent ; mais, au lieu d'arriver au contact de l'air, la plupart restent submergées contre la paroi antérieure du tube. On agite une fois par jour, et l'on voit, dès le deuxième ou le troisième jour (à la température d'environ 20 degrés centigrades), qu'il se forme autour des spores des flocons de filaments de mycelium dans lesquels uniquement s'opère nn dégagement de gaz. Variée de toutes les manières, cette expérience a donné 182 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. constamment le méme résultat, et il n'y a pas lieu de douter que le dévelop- pement gazeux ne se rattache à la végétation de ces Champignons. Au bout de quelque temps, le liquide aigrit et le gaz cesse de se dégager. Si l'on examine alors ce liquide, qui est devenu un peu trouble, on y voit, avec quelques fila- ments fructifères, un nombre immense de fils de mycelium et de spores en germination plus ou moins avancée, et une quantité trés considérable de cel- lules de ferment à tous les degrés de développement. — Mais quelle connexion morphologique existe-t-il entre ces cellules de ferment et les filaments soit vé- gétatifs soit fertiles du Penicillium? L'observation apprend que les cellules de ferment, qui se forment sur ces filaments reproducteurs anormaux, déve- Joppés dans l'eau, diffèrent des spores normales et venues à l'air du Penteil- liimi uniquement par des dimensions plus fortes, et qu'il v a tous les degrés intermédiaires possibles entre les unes et les autres. Le ferment est dû aussi à une sorte de bourgeonnement des spores elles-mémes submergées dans le li- quide, et méme à une production de conidies (par étranglement) de quelqies ramifications du mycelium aquatique. Cette production de conidies se montré aussi chez l'Ascophora Mucedo dans des circonstances analogues; mais les cellules de ferment qui en résultent sontplus grosses que pour les Penicillium. — Beaucoup d'autres spores de Champignons peuvent, comme celles de Pent- cilliuin, déterminer une fermentation plus ou moins énergique ; ainsi M. Hoff- mann à obtenu ce résultat avec l’ Ustilago Carbo, V Ascophora Mucedo, le Stachilid ium pulchrum, le Bacterium Termo, avec des feuilles de Rosiers couvertes de Phragmidium incrassatum et d'Epitea (Uredo) Rose, enfin avec le Torula fructigena Pers. — Même la poussière des livres peut déter- miner la fermentation. — Le ferment, produit ainsi artificiellement, a tous les caractères du ferment ordinaire des jus de fruits crus. L'un et l'autre ont aussi des propriétés chimiques identiques. — D'un autre cóté, M. Hoffmann n'a pu parvenir à déterminer la fermentation ni la formation du ferment à l'aide des spores fraîches des Agaricus campester, excoriatus, du Boletus granulatus. Ainsi tous les Champignons ne possèdent pas cette propriété, et l’auteur regarde comme vraisemblable qu'elle existe principalement chez les Hyphomycètes. — Si certains Champignons et Infusoires ont seuls la propriété de décomposer les solutions sucrées en dégageant des gaz, en l'absence de ces Champignons, les mémes liquides doivent se conserver sans se décomposer. Schwann, Ure et Schroeder ont déjà fait des expériences ingénieuses pour prouver que ces Champignons et Infusoires sont la condition sine quá non des fermentations. L'auteur en a fait aussi, et il en expose les résultats. Comme Schroeder, il s'est servi de tubes à réactifs remplis partiellement d'un liquide organique, exac- tement bouchés avec de la ouate, et dans lesquels il a fait bouillir le liquide pendant une heure. Celui-ci s'y est conservé ensuite sans s'altérer pendant trois à huit mois, malgré l'excessive chaleur de l'été de 1859. Il a opéré ainsi, avec le méme résultat, sur du bouillon de viande, des pois cuits, une solution faible de REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 483 sucre de canne avec de la gélatine, une solution de sucre de raisins avec de la gélatine, de l'urine, du miel avec de l’eau, etc. Il a fait ensuite la contre-épreuve de la manière suivante : Avant de poser le bouchon de ouate, il l'a traversé d'un gros fil métallique qu'il a enfoncé dans le tube; au bout de ce fil métal- lique était assujetti un morceau de tube étroit, long de 5 centimétres, étiré à la lampe à ses deux extrémités qui étaient recourbées horizontalement et fer- mées à la flamme. Dans ce petit tube se trouvaient des spores sèches du Cham- pignon à essayer. Un deuxieme fil de fer, placé à cóté du premier, formait à son bout inférieur une boucle qui servait à casser les deux extrémités du petit tube, aprés que le liquide avait bouilli et s'était refroidi. Dans ces expériences, les spores du Penicillium, par exemple, venant flotter sur le liquide, quand on a cassé le petit tube, n'ont donné qu'un gazon de moisissures ne détermi- nant aucune ou presque aucune fermentation. — Sil'on emploie un petit tube non fermé à la lampe, mais ouvert, on reconnait que méme la seule vapeur de l'eau bouillante tue les spores. — Si l'on met un liquide organique, après l'avoir fait bouillir, dans une petite fiole à col étroit et ouvert, au bout de quel- ques jours on voit se former à sa surface un petit gazon de Moisissures, qui se montre exactement au-dessous de l'ouverture, si le vase reste en repos, prou- vant ainsi qu'il est dû à des spores tombées de l'extérieur. — Ces expé- riences, dit M. Hoffmann, jettent du jour sur les résultats du procédé d’Appert pour la conservation des aliments, dont les explications des chimistes ne ren- daient pas compte. Elles montrent encore combien est dépourvue de fondement l'idée de la génération spontanée. — Si l'on prend un petit matras de verre rempli à moitié d'un liquide organique, et dont l'ouverture soit fermée avec ùn bon bouchon que traverse un petit tube de verre recourbé en demi-cercle à son extrémité extérieure; si l'on fait bouillir ce liquide pendant une heure, et qu'on bouche ensuite l'ouverture dù tube avec de la ouate qu'on retire après le complet refroidissement ; le liquide se trouve en libre communication avec l'air extérieur, et cependant il se conserve frais pendant six mois et plus, sans Infusoires ni Moisissures, méme par les plus grandes chaleurs. Évidemment cela tient uniquement à ce que les spores ne peuvent tomber de l'air dans l'appareil par le tube recourbé. — Si l'on songe à l'influence énergique et profonde qu'exercent certains Champignons sur les fluides organiques, on ne trouve plus rien d'extraordinaire aux ravages que font diverses Moisissures dans les maladies des plantes. Dès lors aussi, pense le savant Allemand, il n'y a plus à discuter pour savoir si ces Champignons sont la cause essentielle du mal, ou n'en sont qu'un accessoire sans importance. Ce qu'on sait sur les maladies des Vers à soie, des Abeilles, de la Pomme de terre, de la Vigne, etc., ne permet plus de douter que la cause ne réside ici dans les Champignons et Infusoires dont on a reconnu l'existence constante dans ces cas. Ceci amene M. Hoffmann à rapporter les résultats de ses observations sur la cause et la propagation de la maladie de la Pomme de terre, observations qui confirment et complètent 184 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. entierement la belle découverte de M. Speerschneider au sujet de la propaga- tion du Peronospora Solani. Weher die Keizbarkeit der Blaetter von Droserea ro- tundifolia L. (Sur l'irritabilité des feuilles du Drosera rotundifo- lia L.); par M. Th. Nitschke (Boten. Zeit., n° 26, 27 et 28 de 1860, 29 juin, 6 et 13 juillet, pp. 229-234, 237-243, 245-250). Dans ce mémoire, M. Nitschke résume d'abord ce qui a été dit avant lui sur l'irritabilité des feuilles des Drosera indigènes, depuis Roth qui, en 1779, a fait à ce sujet les premieres et les meilleures observations, jusqu'à M. Trécul qui a contesté l'existence, dans ces organes, de cette curieuse propriété. Il expose ensuite en détail ses propres observations qui confirment la parfaite exactitude de celles de Roth ; aprés quoi il énonce, dans une série de proposi- tions, les résultats de ses recherches. Nous donnerons ici ce résumé de son travail. A. Les feuilles du Drosera rotundifolia possèdent une irritabilité lente, mais clairement manifestée par les mouvements des parties de la feuille. — 2. Cette irritabilité est mise en jeu par les corps solides de toute espéce, pourvu qu'ils restent longtemps en contact avec la feuille ; elle l'est aussi par les acides sul- furique, azotique et chlorhydrique étendus, et déposés en gouttes isolées sur cet organe. — 3. Le simple contact dela feuille, l'ébranlement de la plante entière ne produisent pas d'irritation appréciable. — 4. Toutes les parties de Ja feuille et ses appendices glanduleux peuvent subir l'irritation et la manifester. — 5. Cette irritation se propage dans la direction centrifuge et dans toutes les parties de la lame. — 6. Les mouvements de la feuille irritée ne sont pas dus à une organisation analogue à une articulation; ils ont toujours lieu par une flexion graduelle des parties. — 7. Les appendices glanduleux, ainsi que la surface de la feuille, aprés avoir été irrités, se meuvent toujours vers le corps irritant, ou plutót vers le point de départ de l'irritation. — 8. L'intensité de irritation de chaque partie et la rapidité du mouvement exécuté sont en raison inverse de la distance au point irrité directement et sont indépendants du vo- lume de la partie niotile. — 9. Le mouvement de la feuille et des glandes mar- ginales s'opére aussi vers la face foliaire inférieure, quand c'est celle-ci qui à été irritée. — 10. La feuille de Drosera irritée ne retourne pas à la disposi- tion qu'elle avait dans la préfoliation. —11. La manière dont la surface foliaire se meut vers le corps irritant dépend uniquement de la nature, de la forme et de la situation de celui-ci, et, d'ua autre côté, elle est déterminée par l'état de cette feuille elle-même. — 12. Les organes articulaires des plantes sensitives servent seulement à fixer le mouvement et en déterminer la direction, grâce à une structure cellulaire spéciale. — 13. La sensibilité de la feuille du Drosera s'affaiblit ou s'exalte selon l'activité de sécrétion de la feuille; elle dépend donc REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 185 de l'acte de l'assimilation. — 14. Les feuilles vieilles et celles qui ne sont pas encore bien développées ne sont pas irritables et ne sécrètent pas. — 15. Lorsque l'irritation est produite par un corps solide, son intensité est déter- minée par l'étendue de la surface de contact. — 16. La sensibilité à l'irritation dépend de la température seulement en tant que la chaleur augmente l'acti- vité vitale de la feuille développée. —17. Les mouvements de la feuille irritée s'opérent également sous l'eau. — 18. L'intensité de la lumière n'exerce pas d'influence irritante sur la feuille. Le Drosera ne montre pas de mouvements de sommeil. — 19. Les mouvements qui ont lieu à la suite d'une irritation se continuent pendant la nuit. — 20. La durée de l'irritation est en rapport avec son intensité, et elle est, comme celle-ci, sous l'influence de la tempéra- ture. — 21. La feuille énervée par l'effet d'une irritation et devenue insen- sible, devient de nouveau irritable avec le retour de la sécrétion. — 22. Une irritation faible n'augmente pas l'effet d'une irritation plus énergique. BOTANIQUE DESCRIPTIVE. Note sur le Scirpus Duvalii Hoppe, de Vayres (Gironde); par M. Ch. Des Moulins (Actes de la Société Linnéenne de Bordeauz, t. XXII, ou 3* série, t. II, pp. 205-213). C'est au mois de juillet 1854 que M. Ch. Des Moulins a découvert cette plante prés du château de Vayres, canton de Libourne, où elle croît abondam- ment sur la rive gauche de la Dordogne, sur le talus de vase que la marée couvre deux fois par jour. Les tiges qu'elle y développe atteignent jusqu'à 27.10 et méme un peu plus en hauteur ; elles sont gréles, d'un beau vert nul- lement glauque, cylindriques dans le bas; elles se compriment peu à peu dans leur milieu, et deviennent enfin trigones dans le haut avec leurs angles trés obtus, et deux de leurs faces un peu convexes, tandis que l'autre est plane ou méme un peu concave. Ce dernier caractère, joint à celui de l'achaine, dis- tingue essentiellement le Scirpus Duvalii Hoppe. C'est en considération de l'un et de l'autre que M. Des Moulins rapporte à cette espéce la plante de Vayres. Pour prouver l'exactitude de sa détermination, il entre dans des dé- tails circonstanciés. Le Scirpus de Vayres se rapproche du Sc. lacustris par l'apex cilié de ses anthères, par ses soies hypogynes blanches, par la forme (en plan) de son achaine, par ses stigmates souvent au nombre de trois; par ses gaines qui s'allongent fréquemment en pointe foliiforme ; et par sa couleur verte non glaucescente ; il s'en éloigne par son achaine comprimé, aplati au cóté interne, bombé, mais non caréné du côté du dos ; par la forme de sa tige non cylindrique sur toute sa longueur. Cette plante se rapproche, d'un autre cóté, du Sc. Taberncemontani : par l'apex cilié de ses antheres ; par ses stigmates 186 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. plus souvent au nombre de deux que de trois. Il s’en éloigne par son achaine non élargi au sommet, par ses gaînes à pointe foliiforme, par sa couleur verte non glaucescente, par la forme de sa tige. Enfin il répond aux descrip- tions du Sc. Duzalii par sa tige qui change de forme de la base au sommet, par sa couleur verte, par ses gaines à pointe foliiforme, par ses stigmates le plüs sonvent au nombre de deux, par son achaine non trigone et qui n'est pas très élargi au sommet ; mais il s'en éloigne par l'apex cilié de ses anthères. Ce dernier Caractère est le seul qui semble faire obstacle à la détermination ; mais l'auteur ne lui attribue pas une grande valeur ; ille regarde comme variable etsans importance, et, entreautres observations qu'il donne comme venant à l'ap- pui de cetteappréciation, se trouve ce fait que M. de Rieu a recu de Strasbourg, la principale localité classique francaise du Sc. Duvalii, un très bel échantillon dans lequel l'apex de Panthère est fortement cilié.— Généralisant ensuite les con- séquences de la discussion à laquelle il s'est livré pour apprécier la valeur des ca- ractères des trois espèces qu'il compare, M. Ch. Des Moulins pose les deux règles suivantes : 4° Dans ce groupe du genre Scirpus, on doit accorder les premiers rangs d'importance spécifique à la forme dela tige et à celle de l'achaine ; 2° il faut considérer comme variables et comme dépourvus de valeur spécifique, l'apex nu ou barbulé de l’anthère, le stigmate bi- ou trifide, les points rouges saillants sur les écailles florales, la présence ou l'absence de la terminaison foliiforme des gaines et le renflement basal des tiges. Note sur la durée ct la double époque de floraison du Carex cyperoides L.; par M. A. Warion. (Annotations aix cen- turies de M. Billot, 1859, pp. 178-180.) ` Les botanistes ne sont nullement d'accord relativement à la durée du Carët cyperoides L. La plupart l'indiquent comme annuel; c'est même cette durée exceptionnelle dans le genre qui détermina Moench à créer pour cette espèce son genre Schelhammeria, qui a été adopté dans le Flora excursoria de Reichenbach. D'autres le donnent, au contraire, comme vivace, tandis que quelques-uns sont restés, à cet égard, dans le doute, ou ont cru prudent dé garder le silence. Or M. Warion dit que ce Careg est vivace, ainsi qué tous ses congénères, et qu'il présente, dans sa végétation, les particularités suivantes : La plante exige, pour se développer, des conditions spéciales; elle ne croît en effet que dans le lit des étangs ou des marais, l'année méme de leur des- séchement. Dans ce cas, les individus nés au printemps fleurissent à l'automne, en aoüt-septembre, et ont tout à fait l'aspect d'une plante annuelle. Mais si par hasard l'étang n'est pas remis en eau ni cultivé l'année suivante, le Carex cyperoides persiste, et, se développant, forme des touffes qui grossisseht chaque année et qui fleurissent dés le mois de juin. C'est ce que l'auteur dit REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 187 avoir constaté sur la plante cultivée au Jardin botanique de Metz, où la même touffe persiste depuis plus de quatre ans, aussi bien que sur la plante spon- tanée à l'étang de Woippy prés de Metz, où il en existe des touffes volumi- neuses qui ont déjà vécu quatre années. — La note de M. Warion se termine par quelques citations d'auteurs qui ont parlé de la durée de ce Carez, et par l'indication des localités oà on l'a trouvé jusqu'à ce jour dans les départements de la Moselle, de la Meurthe, du Haut- et Bas-Rhin, du Jura, de la Cóte-d'Or, de Saône-et-Loire, de la Marne, de Seine-et-Marne, localités qui constituent une bande étroite à l'est de la France, limite extréme de l'aire de cette plante, essentiellement germanique. Two new diœcious Grasses of the United States (Deux nouvelles Graminées dioiques des États-Unis) ; par M. Georges Engelmann (Transactions of the Academy of Science of Saint-Louis, vol. I, pp. 431- ^42, planch. XII-XIV ; Saint-Louis, 1859). Les ouvrages de botanique ne citent que deux genres de Graminées dioiques; l'un, le genre Spinifez L., comprend six espéces des Indes orientales et de l'Australie, dans lesquelles on trouve sur quelques pieds des fleurs mâles et sur d'autres des fleurs complètes, et n'est donc qu'imparfaitement dioïque ; l'autre, Gynerium H. B. K., renferme cinq espèces de l'Amérique méridio- nale. On cite, en outre, quelques espèces dioiques dans des genres générale- ment hermaphrodites, comme le Calamagrostis dioica Lour. et le Guadua dioica Steud. Les Graminées unisexuées appartiennent surtout aux tribus des Oryzées, Phalaridées, Panicées ét Rottbælliées; on n'en connaît point parmi les Stipées, Agrostidées, Chloridées, Avénacées, Festucées et Hordéées. — Les deux nouvelles plantes dioiques qui fournissent à M. Engelmann le sujet de son mémoire, sont les types de deux geures trés distincts qui rentrent parmi les Chloridées. Le premier de ces genres ést nommé par M. Engelmann Buchloe, par abréviation de Zubalochloe, qui serait la traduction grecque de Zuffalogras, nom vulgaire de l'espéce typé. Celle-ci est lé B. dactyloides Engelm., plante remarquable, qui croit dans les prairies occidentales, à partir des possessions britanniques, dans les territoires de Missouri, Nebraska, Kansas, du nouveau Mexique jusqu'au Texas et au Mexique septentrional. Cette Graminée est parfaitement connue des chasseurs et traqueurs comme extrêmement nutritive pour les bestiaux et les bœufs sauvages, qui en vivent pendant une partie de l'année. La plante mâle avait été décrite sous le nom de Sesleria ductyloides, en 1818, par Nuttal, dans son Genera (t. T, p. 64), et, depuis cette époque, elle a été récoltée par presque tous les botanistes qui ont parcouru les prairies de l'Amérique septentrionale. Quant à la plante femelle, elle a été signalée pour la première fois en 1855, par Steudel, qui l'a nommée, dans son Synopsis 188 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. des Glumacées, An/ephora axilliflora, la rapportant à un autre genre et méme à une autre tribu que le mâle. M. Torrey avait émis, en 1848, l'idée que le Sesleria dactyloides Nutt. pourrait bien être une espèce dioique. De son cóté, M. G. Engelmaun a reconnu que ce Ses/eria et l'Antephora axilliflora Steud. étaient les deux sexes d'une seule et unique espèce, en les trouvant l'un et l'autre dans une collection formée par son frére, M. H. Engelmann, géologue attaché à l'armée de l'Utah, et en remarquant ainsi leur grande ressemblance. Ses conjectures à ce sujet sont devenues une certitude à la vue d'un échantillon monoique, dont il donne une trés jolie figure (pl. xit, fig. 3), qu'il a trouvé parmi une série de pieds mâles récoltés par A. Fendler, prés du fort Kearny. Voici les caractères de ce singulier genre: Fleurs dioiques, hétéromorphes. Pied mâle : Épillets 2-3-flores, distiques en épis unilatéraux ; 2 glumes 1-nervées, dont l'inférieure beaucoup plus petite; 2 paillettes ou glumelles d'égale longueur, dépassant les glumes, l'inférieure 3-nervée, mucronée, la supérieure 2-nervée, mutique;. 2 squa- mules ou glumellules tronquées, échancrées; 3 étamines; pas de rudiment d'ovaire. Pied femelle : Épillets 1-flores, réunis en épis courts, capituliformes, obliques, embrassés par les gaines des feuilles supérieures; fleur terminale rudimentaire, en écaille 3-fide involucriforme; 2 glumes, l'inférieure de l'épillet le plus bas 1-3-nervée, lancéolée-subulée ou 2-3-fide, adnée par son cóté inférieur au dos de la glume supérieure ; glumes inférieures des autres épillets (internes dans le capitule) libres, beaucoup plus petites, membraneuses, ovales-lancéolées, aiguës, 1-nervées; glumes supérieures (externes) soudées par leur base avec le rachis épais, simulant un involucre finalement ligneux et comme osseux, à sommet herbacé 3-fide; paillette inférieure 3-cuspidée, plus longue que la supérieure qui est 2-nervée; squamules comme dans les mâles; 3 rudiments d'étamines; ovaire lenticulaire, glabre; 2 styles surmontés de 2 stigmates plumeux, plus longs qu'eux et exsertes. Caryopse libre, plan à la face externe correspondant à l'embryon, convexe à l'interne, enfermé dans le capitule osseux, qui tombe enfin tout entier. — Le Zucloe dacty- loides Engelm. forme des touffes serrées; il est stolonifère, à stolons géné- ralement peu allongés. Ses feuilles ont la ligule barbue ; les tiges fleuries des pieds mâles atteignent seulement 12-15 centimètres de hauteur et dépassent les feuilles ; celles des pieds femelles sont beaucoup plus courtes que les feuilles et n'ont d'ordinaire que 4-5 centimètres de hauteur. Le deuxième des genres établis par M. Engelmann est nommé par lui Mo- nanthochloe, à cause de ses épillets solitaires. La plante qui en est le type croît dans les parties du Texas et de la Floride qui longent le golfe du Mexique; c'est le M. littoralis Engelm. Ce nouveau genre a les fleurs dioïques et les épillets solitaires, terminaux, sessiles, 3-5-flores, sans glumes. Pied mâle : Fleur inférieure neutre, réduite à une paillette inférieure foliacée, échancrée ou 2-partite; deuxième fleur quelquefois neutre, le plus souvent, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 189 ainsi que la troisième et la quatrième, cylindrique, allongée, staminifère ; fleur supérieure généralement imparfaite. Dans les fleurs staminifères, pail- lette inféricure ovale-lancéolée, convolutée, à sommet scarieux et obtus, multinervée; paillette supérieure un peu plus longue, convolutée, bica- rénée, à sommet scarieux et obtus; squamules 0; 3 étamines profondément 2-lobées aux deux bouts; pas de rudiment d'ovaire. Pied femelle : Épillets semblables aux mâles, fleurs généralement 2, plus rarement 4 ou 3 fertiles; paillette inférieure embrassant par sa base les fleurs supérieures; paillette supérieure carénée par deux ailes qui s'enroulent autour des fleurs su- périeures; squamules 0; 3 petits rudiments d'étamines; ovaire lancéolé- linéaire, trigone, glabre, à sommet aigu 2-fide; 2 styles terminaux dressés, portant 2 stigmates deux fois plus longs, plumeux, à poils simples. Caryopse libre, triangulaire. — Le M. littoralis Engelm. est une petite plante sous- frutescente, trés rameuse, stolonifère, à petites feuilles courtes, fasciculées, linéaires, roides, cartilagineuses; ses épillets isolés sont sessiles au sommet de la tige et des rameaux, entre les feuilles supérieures. La place de ce genre dans la série des Graminées est difficile à déterminer; M. Engelmann pense qu'il doit être rangé parmi les Chloridées, près du Cynodon et des Spartina. Le mémoire se termine par l'explication détaillée des 49 figures, constituant une analyse complète, gravées sur pierre avec beaucoup de netteté et de soin, que réunissent les trois planches. Die Agaveen (les Agavées); par M. Ch. Koch (Wochenschrift für Gaertnerei und Pflanzenkunde, n° 4, 2, 3, 4,5, 6, 7 et 8 de 1860, 5, 12, 19 et 26 janvier, 2, 9, 16 et 23 février). M. Ch. Koch qualifie son mémoire sur les Agavées d'esquisse monogra- phique. Il. commence par présenter des généralités sur ces plantes. Il indique d'abord le rôle qu'elles jouent dans les parties chaudes et très sèches de l'Amé- rique, où elles croissent naturellement, en compagnie d'autres plantes grasses, les Cactées, et la physionomie particulière qu'elles donnent au paysage. Tl signale le parti qu'on peut en tirer dans les jardins ; il résume ensuite la distri- bution géographique des Agavées. Ces remarquables Monocotylédons sont concentrés dans l'Amérique centrale, le Mexique et la Californie méridionale, ainsi que dans les Indes occidentales; à partir de ces pays, ils vont en diminuant, pour le nombre des espéces et des individus, vers le nord et vers le sud. Ceux qu'on trouve aujourd'hui dans les Indes orientales et dans les iles de l'océan Pacifique ne sont pas spontanés dans ces contrées. Il en est de méme pour l' Agave americana L. dans le midi de l'Europe et le nord de l'Afrique. Cette espèce est l'une de celles qui se sont naturalisées le plus aisément partout où l'homme les a transportées. — Diverses 190 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Agavées sont des plantes d'une utilité majeure. L'Agave americana et d'autres fournissent des fibres textiles excellentes, qui servent à la confection de filets, de cordes et de tissus divers. Dans les Antilles, ce sont les Furcræa qui ren- dent les mêmes services. En outre, l'A. americana fournit en abondance une séve sucrée qui se ramasse dans une cavité pratiquée artificiellement au cœur de la plante, et qui, par la fermentation, devient le Pulgue, boisson habituelle des Mexicains. La quantité de ce liquide que peut fournir un seul pied, pendant toute sa végétation, est évaluée en moyenne à 150 bouteilles, et peut s'élever à peu prés au double dans des circonstances favorables. — Quoique monocar- piques, les Agavées vivent longtemps avant de fleurir. Il leur faut 8, 10 et 15 années, dans leur patrie, pour acquérir le développement qui leur permet de former leur hampe gigantesque. 11 existe méme des espèces auxquelles il faut environ quatre cents ans pour atteindre les proportions considérables qui leur sont nécessaires pour fructifier. Tel est le Furcræa longæva.— Dans le Furcræa gigantea on voit quelquefois se développer des bulbilles en place de graines; sa hampe, .chargée de ces productions, peut acquérir un poids de 100 kilogrammes. L'accroissement en est si rapide, que M. de Martius en a vu une s'élever à 10 metres en vingt et un jours. La première espèce de ce groupe naturel qui ait été importée et cultivée en Europe est l'Agave americana L., que Clusius prit pour un Aloe. Ant. de Jussieu est le premier botaniste qui l'ait distinguée des A/oe; dès 1723, il la désigna sous le nom d' 4/oides, tandis que Linné y vit encore un Aloe jusqu'à l'année 1763, époque à laquelle il forma pour elle le genre Agave, dans lequel il rangea ^ espèces. En 1799, Willdenow en décrivit 7. En 1829, le Systema de Romer et Schultes en signala 21 espèces, dont 3 douteuses. A ce nombre le voyage de Karswinsky vint en ajouter 7. En 1840, l Znumeratio de Kunth indiqua 46 espèces de ce genre, auxquelles le savant botaniste en ajoutait une douteuse et 11 connues seulement de nom. Enfin aujourd'hui le nombre de celles qui ont été décrites ou qui existent dans les jardins est au moins de 70. — Dès 1788, Jacquin avait pensé que quelques Agave pouvaient être séparés génériquement. Cinq ans plus tard, Yentenat opéra cette séparation et créa le genre /'urcrea. De Candolle et Tussac modifierent ensuite ce nom en Furcræa. Schultes crut devoir rétablir l'orthographe primitive de ce mot et l'écrivit Fourcroya; enfin Endlicher a introduit encore une autre ortho- graphe en lui donnant la forme de Furcroya. Quant à M. Ch. Koch, il adopte le mot proposé par Ventenat, c’est-à-dire Fureræa. Ce genre ne lui parait pas naturel, et il doute qu'on doive le conserver, la division très profonde du périanthe, l'épigynie directe des étamines, et l'épaississement basilaire des filets ainsi que du style lui paraissant étre des caractéres d'assez faible valeur. H y verrait plus volontiers un sous-genre des Agave caractérisé encore parce que ses espéces croissent dans les iles réunies sous le nom commun d'Indes occidentales, tandis que les Agaves proprement dits viennent REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 191 sur le continent américain. — Le genre Littea Tagliab. (Bonapartea Willd.) ne lui semble pas assez distingué par son port et son périanthe révoluté. Quant au genre Zeschorneria dc Kunth, l'avenir, dit-il, apprendra s'il doit étre conservé. M. Ch. Koch admet les Agavées comme famille distincte et séparée. La place en est, selon lui, difficile à déterminer. L'ovaire infere a fait rattacher ce groupe aux Amaryllidées, desquelles l'éloigne nettement un port tout dif- férent. G énéralement, dit-il, chez les Monocotylédons, la situation supere ou infère de l'ovaire est un caractère de faible valeur; aussi voit-on, parmi les Broméliacées et les Hæmodoracées, des genres très voisins dont les uns ont l'ovaireinfere, tandis que les autres l'ont supere. Dans notre opinion, ajoute-t-il, ces plantes sont trés voisines des Broméliacées et des Aloinées; mais elles se rapprochent aussi des Yuccées et, par leurs espèces à périanthe révoluté, des Dracænées. Toutes ces familles forment un groupe naturel qu'il propose d'appeler Liliacées arborescentes (Baumlilien). — Parmi les Agavées, M. Ch. Koch distingue, afin de faciliter la détermination, différents groupes caracté- risés par leur port : 1° Les vraies Agavées, qui ont la forme de l’ Agave ameri- cana, sans axe manifeste et à grandes feuilles épaisses, dont les inférieures sont souvent un peu espacées, recourbées dans leur moitié supérieure ; leurs feuilles ont généralement de grosses dents brunes, séparées par un espace arqué. La plupart sont monocarpiques ; 2° les A/oidées, à tige manifeste, à feuilles plus petites mais également charnues, pourvues de petites dents, à port d'A/oe; elles ne sont pas monocarpiques ; 3° les Yuccoidées, plus nombreuses, à tige bien formée, à feuilles allongées, souvent étroites, droites, roides, peu char- nues ou méme coriaces; 4° les Bromélioïdées, ou espèces semblables aux Bromelia par leurs feuilles longues, dures, recourbées, bordées de dents épi- neuses ; 5? les Canaliculées, toujours sans tige, mais pourvues d'un rhizome souterrain, dont les feuilles en courroie et trés longues sont tantôt roides et recourbées, tantôt plus flasques, parfois méme s'étalent finalement sur le sol ; 6° enfin les Herbacées, qui ont un repos annuel régulier. — Aprés ces détails sur l’ensemble des Agavées, l'auteur passe à la revue de leurs genres et espèces. Nous nous bornerons à donner le relevé des uns et des autres. I. FURCRÆA Vent. Les espèces cultivées se distinguent à leurs feuilles étroites, assez charnues, allongées, peu espacées et roides, rudes particulière- ment au dos et vers le haut. Leurs fleurs sont pendantes avec un périanthe 6-phylle et plus ou moins campanulé. Toutes ne paraissent pas avoir une tige, Des contrées chaudes de l' Amérique centrale et des Indes occidentales. — 1. F. longæva Karw. et Zucc. 2. F. gigantea Vent. (Agave fetida L.). 5. F. tu- berosa Ait. 4. F. Sellou C, Koch. Espèce nouvelle établie sur un grand indi- vidu de 17,65 de diamètre, qui existe à Sans-Souci, près de Berlin ; elle parait acaule et se distingue ainsi des F. gigantea et tuberosa, dont elle est voisine, 5. F. cubensis Haw. (Agave odorata Pers.). 192 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. II. AGAVE L. — A. Vraies Agavées. — a. A larges feuilles. Leurs feuilles sont généralement quatre fois seulement plus longues que larges, bordées de très grosses dents courbes. — A. feroz €. Koch. Espèce nouvelle qui a les plus grosses dents connues. 2. 4. "Tehuacanensis Karw. 3. A. scabra Salm- Dick. 4. A. potatorum Zucc. 5. A. Scolymus Karw. 6. A. Jacobiana Salm- Dick. b. A grandes feuilles. Feuilles de fortes dimensions, beaucoup plus longues que larges, à bord sinué, pourvu d'assez fortes dents arquées. — 7. A. atro- virens Karw. 8. A. americana L. GB. intermedia. 9. A. Milleri Haw. (A. vir- ginica Mill.). 10. A. picta Hort. Par. 11. A. Antillarum Descourt. 12. A. mexi- cana L. 13. A. Salmiana Otto. 44. A. Celsiana Hook. 15. A. inæquidens C. Koch, très jolie espèce, qui a l'aspect de PA. americana, mais qui se dis- tingue très bien par ses dents assez irrégulières, cassantes, et par le bord de ses feuilles membraneux-ondulé vers le bas. c. A feuilles étroites. Feuilles encore plus allongées relativement à leur lar- geur, à dents plus larges que longues, assez petites. — 16. A. Veræ-crucis Mill. (A. larida Ait.). 17. A. Ixtli Karw. d. A petites dents. Feuilles généralement trés espacées, plus courtes que dans les deux sections précédentes, bordées de dents faibles. — 48. A. vivi- para L. 19. ^. sobolifera Salm-Dick. B. Aloidées. — 20. A. rupicola Regel. 21. A. mitis Hort. Mon. 22. A. Sar- torii €. Koch, espèce nouvelle, du Mexique, paraissant épiphyte; elle fait le passage aux espèces à feuilles étroites. canaliculées et herbacées. Elle a été trouvée par le voyageur Sartorius. — 23. A. chloracantha Salm-Dick. 24. A. aloina C. Koch. Espèce nouvelle, caulescente, voisine de PA. Sartorii, qui existe à Sans-Souci. 25. A. attenuata Hort. Ber. C. Yuccoidées. — a. A feuilles larges. Ces espèces ressemblent aux A gave ordinaires voisins de l'A. americana L. ; mais leurs feuilles sont plus nombreuses, moins épaisses, moins charnues et plus coriaces, bordées de dents plus nom- breuses et plus faibles. — 26. A. polyacantha Haw. 27. A. Martiana Hort. Ber. 28. A. polyphylla C. Koch. Espèce cultivée à Sans-Souci sous le nom faux d'A Milleri. Elle est facile à reconnaitre à ses feuilles serrées, planes, presque dressées. 29. A. micracantha Salm-Dick. 30. A. bromeliæfolia Salm- Dick. 31. A. Commelini Salm-Dick. (Furcræa Kunth). 32. A. bulbifera Salm-Dick. b. A feuilles entières. Plantes presque globuleuses, à causc de leurs feuilles trés nombreuses, épaisses, lancéolées, serrées et rayonnant de tous les cótés. — 33. A. filifera Salm-Dick. 34. A. filamentosa Salm-Dick. c. A. feuilles bordées. Plantes caractérisées par leurs feuilles allongées, dont le bord est coloré en brun, brun-jaune ou autrement et porte de petites dents distantes. — 35. A. Lophanta Schiede. 36. 4. heteracantha Zucc. 31. A. Funkiana C. Koch et Bouché. Jolie espèce intermédiaire aux deux sui- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 193 vantes. 38. A. cærulescens Salm-Dick. 39. A. univittata Haw. 40. A. Posel- geri Salm-Dick. 41. A. xylonacantha Salm-Dick. 42. A. vittata Regel. d. A feuilles étroites. Ce sont les espéces qui ressemblent essentiellement aux Yucca; feuilles un peu roides et assez coriaces, quoique parfois assez épaisses, peu dentées ; un petit nombre les ont flexibles. — 43. A. angusti- folia Haw. 44. A. rigida Haw. 45. A. Jacquiniana Schult. 46. A. laxa Karw. 47. A. Karwinskyi Zucc. 48. A. Karatto Salm-Dick. (non Mill.). 49. A. pu- gioniformis Zucc. 50. A. macroacantha Zucc. 54. A. flavescens Hort. Mon. 52. A serrulata Karw. 53. A. rubescens Salm-Dick. D. Bromélioidées. — 5h. A. Rumphii Hassk. E. Agave à feuilles de Jonc (Littæa). Les espèces de cette section sont peu nombreuses, et se distinguent par leurs feuilles longues, jonciformes, dures, trés serrées, retombantes en arc, non dentées. — 55. A. geminiflora Gawl. (Bonapartea juncea Willd. Littæa geminiflora Tagliab.). 56. A. striata Zucc. 97. A. recurva Zucc. (A. Hystrix Hort. Par.). F. Canaliculées. Leurs feuilles à peu prés herbacées, de largeur presque uniforme dans toute leur étendue, relèvent leurs bords de manière à former une large gouttière. — 58. A. yuccafolia Redou. 59. A. maculata Regel. G. Herbacées. Ces espèces ont un aspect tout particulier et se distinguent parce que leurs feuilles meurent chaque année, ce qui donne aux plantes une période de repos. — 60. A. brachystachys Cavan. 62. A. undulata Klotzsch. - 63. A. revoluta Klotzsch. 64. A virginica L. III. BESCHORNERIA Kunth. — 65. B. yuccoides Hort. 66. B. tubiflora Kunth. Pour toutes les espéces dont nous venons de relever les noms, M. Ch. Koch donne une diagnose et des observations souvent assez développées. Revue des Cucurbitacées cultivées au Muséum en 1859; par M. Ch. Naudin (Annales des Sciences naturelles, L° série, XII, 1859, pp. 79-164, pl. VII-X). Dans ce nouveau mémoire, M. Naudin donne une sorte de complément à ses monographies des Cucurbita et des Cucumis; en outre, il présente les résultats de ses observations sur plusieurs autres genres de la méme famille qui n'avaient pas encore trouvé place dans ses écrits antérieurs. La partie descriptive de ce travail est précédée de considérations sur la maniere dont ce botaniste croit pouvoir envisager quelques-unes des parties de la fleur des Cucurbitacées. Déjà, dans une note publiée en 1855 (Annales des Sciences naturelles, h* série, IV, p. 5 et suiv.), il avait cherché à démontrer que l'ovaire de ces plantes est simplement invaginé dans le pédoncule modifié en fruit, et non point embrassé par les bases soudées des trois verticilles extérieurs. Il étend maintenant cette idée aux fleurs mâles dans lesquelles, selon lui, le T. VII. 15 194 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tube du calice n'est qu'une dilatation campanuliforme ou tubuleuse de l'extré- mité du pédoncule, c'est-à-dire un vrai réceptacle comparable à celui de la rose, et dans la composition duquel les folioles calicinales n'entrent pour rien. Dans aucune Cucurbitacée connue ce tube ne présente à l'oeil de traces de soudures qui puissent le faire regarder comme résultant de l'union de plusieurs sépales. « Le vrai calice, dit-il, à mon sens, et les seules parties qui le con- stituent, sont ici les cinq folioles, tantót à l'état de denticules imperceptibles, tantôt au contraire fort développées. Il est des cas où elles manquent tota- lement, mais il en est d'autres où elles prennent tout à fait la forme des feuilles, ayant comme elles un pétiole et un limbe des mieux caractérisés. Si le tube du calice, dit-il plus loin, n'est qu'une dépendance du réceptacle de la fleur, n’en serait-il pas de méme aussi de la partie inférieure de la corolle, jusqu'au point où elle commence à se diviser en lobes? » Diverses raisons le portent à le penser; cependant il ne se prononce pas catégoriquement à cet égard. Quant aux étamines des mémes plantes, on sait que M. Naudin n'en admet que trois; il donne, en faveur de cette maniere de voir, de nouveaux argu- ments, dont le plus puissant, sans réplique, à son avis, est le fait de l'exis- tence d’espèces chez lesquelles les étamines sont au nombre de cinq, et alors décidément alternes avec les lobes de la corolle. Ainsi les Cucurbitacées ont ordinairement deux étamines complètes et biloculaires et une troisième réduite à une moitié, par conséquent uniloculaire. Assez souvent celle-ci devient complète et biloculaire ; ailleurs aussi, comme dans le genre Angurta, elle avorte totalement et disparait. Les genres dont M. Naudin s'occupe dans son mémoire sont au nombre de 19; il en donne les caractères et en énumère les espèces, au sujet des- quelles il entre souvent dans des détails circonstanciés, I. Cucurbita Ndn. (Cucurbitæ species auctorum). L'auteur décrit deux re- marquables variétés du Cucurbita moschata Duch. , l'une d'Algérie, à longs fruits claviformes, analogue pour son espèce au Melon serpent ou à la Gourde massue, l'autre du midi dela Chine, à fruits presque disciformes. Il donne quelques détails sur le Cucurbita digitata As. Gray, qui, cultivé depuis deux ans au Muséum, n'a pas encore fructifié. II. Benincasa Savi. Son espèce unique, le B. cerifera Savi, est l'un des légumes les plus estimés dans l'Asie sud-est, particulièrement dans la Chine. On s'explique difficilement l'oubli dans lequel on l'a laissé jusqu’à ce jour en Europe. III. Peponopsis Ndn. Genre nouveau, dioique, établi pour une plante qui est cultivée dans une serre du Muséum, où sa tige a pris 8 à 40 mètres de longueur. On n'en connait que les fleurs femelles, qui sont axillaires, solitaires, jaunes, et qui rappellent celles des Courges pour la forme et la grandeur. Le P. adhærens Ndn. est probablement venu des parties montagneuses et tem- pérées du Mexique ou de l'Amérique centrale; son nom lui vient de ce qué REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 195 ses vrilles multifides s'appliquent, par leurs extrémités, contre les murs, à l'aide d'une masse celluleuse, au point d'y adhérer assez fortement. IV. Lagenaria Seringe. Son espèce unique, le Z. vulgaris Seringe, pré- sente plusieurs variétés. M. Naudin en énumère et décrit 9. Elle est spontanée dans les parties chaudes de l'Asie. Elle est connue en Europe depuis une haute antiquité. M. Naudin prouve que Pline et Columelle entre autres en ont parlé. V. Citrullus Schrader. Des deux espèces de ce genre, C. colocynthis Schrad. et C. vulgaris Schrad., la plus intéressante est la dernière, dont M. Naudin s'occupe avec beaucoup de détails. Il y rattache comme synonymes les Citrullus amarus, cafer, amarissimus, le Cucumis laciniosus, etc. Il constate l'existence de Pastèques améres tout à côté de Pastèques douces et entièrement semblables extérieurement à celles-ci, méme à l'état spontané, dans le sud de l'Afrique. Il prouve que la Pastèque était connue des anciens. VI. Cucumis Ndn. (Cucumeris spec. L. et auct). Il ajoute quelques observations relatives aux C. Anguria L., trigonus Roxb., et Melo L. Pour ce dernier, il signale quelques variations curieuses observées par lui, en 1859, dans les cultures du Muséum. Un Melon rouge de Perse s'est changé en un gros Melon à côtes, à peau verruqueuse, à chair trés odorante et sucrée; un Melon sauvage de l'Inde a produit des fruits dix ou douze fois plus gros que ceux du type, sensiblement odorants et à chair rouge; le Melon de Figari a pris tout à coup Ja forme d'un Melon serpent, long de 0,55 à 0",40; le Melon serpent s'est changé en un Melon ovoide, à cótes, réticulé, semblable à certains Melons maraichers dégénérés. — L'auteur montre, par des passages de Columelle et de Pline, que le Melon était connu des anciens. Il décrit et figure, sous le nom de Cucumis Pancherianus, une curieuse petite espèce annuelle, de la Nouvelle-Calédonie, dont les graines ont été envoyées par M. Pancher, et qui donne des fruits gros, en moyenne, comme une belle olive, que mangent les enfants des indigènes. VII. Coccinia Wight et Arnt. M. Naudin en caractérise les deux espèces : C. indica Wight et Arnt. (Bryonia grandis L.), plante commune dans toute l'Inde et la Chine méridionale, et C. Schimperi Ndn., espèce commune dans la Nubie, l'Abyssinie et peut-étre dans tout l'est de l'Afrique. VII. Luffa Tourn. Genre monoique, bien caractérisé par sa corolle penta- pétale ou du moins profondément 5-lobée, par ses deux étamines bi-loculaires partagées jusqu'au milieu ou méme jusqu'au bas du filet, enfin par son fruit sec et filandreux intérieurement, lorsqu'il est mûr, qui a fait donner aux espéces les plus connues le nom populaire de Courges-torchons. L'auteur eu indique onze espèces, et il donne les caractères avec la synonymie de cinq d'entre elles. IX. Momordica Ndn. (Momordicæ et Cucumeris spec. L. et auct.). Genre remarquable par sa corolle presque ou tout à fait polypétale, par la bractée 196 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sessile que porte le pédoncule de l'inflorescence mâle, enfin par la rupture un peu élastique du fruit charnu. M. Naudin donne les caractéres qui le circonscrivent dans les limites qu'il lui assigne, et il présente la synonymie de sept espèces sur lesquelles il entre dans d'assez grands développements. X. Bryonia Arnott (Bryoniæ spec. auct.). L'auteur admet provisoire- ment ce genre tel que l'a circonscrit M. Arnott. Il donne la synonymie de cinq especes, avec des détails sur quatre d'entre elles. XI. Mukia Arnott (Bryoniæ et Cucumeris spec. auct.). Genre faiblement caractérisé, qui renferme une seule espèce, le M. scabrella Arnt. (Bryonia scabrella L. fil.), herbe annuelle de l'Inde et de la Chine méridionale. XII. Sicydium A. Gray. M. Naudin donne l'histoire du S. ZLindheimeri A. Gray, plante vivace de l'Amérique septentrionale, trés propre à orner les jardins et rustique sous le climat de Paris. XIII. Æhynchocarpa Schrad. (Trichosanthis, Melothriæ et Cyrtonematis spec. auct.). L'auteur décrit le RA. fœtida Schrad., plante vivace de l'Afrique tropicale, dont tous les ovaires ne lui ont offert que deux placentas, indiquant ainsi qu'ils sont formés seulement de deux carpelles et non de trois, comme l'a dit Schrader. XIV. Melothria Lin. La seule espèce de ce genre qui soit bien connue, M. pendula L., est commune dans l'Amérique du Nord, a été signalée à la Guyane et au Brésil, et existe également en Chine. Ce genre est faiblement caractérisé. | XV. Thladiantha Bunge. M. Naudin donne la description détaillée et la figure (planc. X) du pied mâle du 7h. dubia Bunge, plante du nord de la Chine, fort mal connue jusqu'à ce jour, qu'il a pu étudier vivante. Les fleurs mâles de cette plante sont extrêmement curieuses, parce qu'elles offrent cinq étamines uniloculaires, dont quatre forment deux paires opposées à deux pétales et représentent, d’après lui, deux étamines biloculaires, divisées jus- qu'à la base du filet; en outre, on y voit un singulier appendice membraneux, attaché à la base d’un des pétales, qui se projette horizontalement au-dessus de la cavité centrale et nectarifere de la fleur; le pétale qui le porte fait face à la demi-étamine isolée, qui est située sur le point opposé de la fleur, et qui, seule, alterne avec deux pièces de la corolle. Cet appendice n'a pas d'analogue connu dans les autres Cucurbitacées. Le 7Aladiantha a supporté en pleine terre les froids rigoureux de l'hiver dernier. XVI. Echinocystis Torr. et Gray. M. Naudin donne l'histoire et la figure de l'Z. fabacea Ndn., plante curieuse de la Californie, dont les graines envoyées à M. Boisduval ont été données par celui-ci au Muséum et à diverses personnes. Le pied qu'a ainsi obtenu M. le docteur Aubé, membre de la Société centrale d'Horticulture, s'est montré monoique et a trés bien fructifié. Ce sont les échantillons ainsi obtenus qui ont permis d'étudier la fructification de cette espèce. Ce fruit est une baie sèche, toute hérissée de fortes pointes, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 197 qui renferme une à quatre grosses graines obovées. L’Z£chinocystis fabacea a supporté les froids des deux derniers hivers sous un simple abri de paille. XVII. Cyclanthera Schrad. M. Naudin est porté à croire que ce genre doit être réuni à l'Z/aterium Jacq., l'un et l'autre monoiques, ayant les filets soudés en une colonne centrale, anthérifère au sommet, pourvus d'un ovaire uniloculaire à un seul placenta, et produisant un fruit qui se rompt avec élasticité quand il est mûr. Il en décrit une nouvelle espèce, des montagnes de la Nouvelle-Grenade, qu'il nomme Cyclanthera explodens, sans toutefois être bien certain qu'elle ne rentre pas dans une des espèces déjà décrites fort vaguement par divers auteurs. XVIII. Sicyos L. Ce genre nombreux n'est pas exclusivement américain, comme on l'a cru longtemps; il a quelques représentants dans certains des archipels de l'océan Pacifique. Son fruit uniloculaire, à une seule graine suspendue au sommet de la loge, le rattache au groupe dont le Sechium est le type. On en cultive, au Muséum, deux espèces : S. angulatus L., et S. Badaroa Hook. et Arnt., la premiere du nord de l'Amérique, la seconde du Chili. XIX. Sicyosperma À. Gray. M. Naudin donne les caractères de l’espèce connue, le S. gracile A. Gray, plante annuelle du Texas, qui, depuis trois ans, s'est à peu près naturalisée au Muséum, et s'y sème d'elle-méme. En terminant, il annonce que les nombreuses Cucurbitacées cultivées au Muséum, qui n'ont pas encore fleuri, lui fourniront, en temps convenable, la matiére d'un nouveau mémoire. Sulla Chrysothrix nolitangere Montg., nota del dott. A. B. Massalongo (Sur le Chrysothrix nolitangere Montg., note du docteur A. B. Massalongo (Atti dell'imp. reg. Istituto veneto di scienze, lettere ed arti, 3° série, vol. V, 6° cahier, pp. 499-504, planc. 111; Venise, 1859- 1860). Le Chrysothrix nolitangere est un Lichen singulier du nouveau monde, qui vit en parasite sur les ramuscules des arbres et sur les épines des Cactus. Il a été recueilli d'abord par Gaudichaud, à Coquimbo, dans l'Amérique du Sud, puis par Bertero, à Quillota, ensuite par d'autres botanistes. M. Montagne l'a fait connaitre le premier dans les Annales des sciences naturelles, en 1834, sous le nom de Cilicia nolitangere; mais cet éminent cryptogamiste a pensé plus tard que ce Lichen devait étre regardé comme un type générique distinct, et, dans sa Flore cryptogamique du Chili, il a créé pour lui le genre Chryso- thriz, qui a été adopté par la généralité des lichénologues. L'objet principal de la note de M. Massalongo est de montrer que l'autonomie de ce genre est incontestable, que la structure et la morphologie du thalle, la structure des apothécies et la forme des spores présentent des particularités assez impor- 198 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tantes pour faire de ce genre un des mieux caractérisés et des plus distincts que l’on connaisse. Afin de prouver la légitimité de cette opinion, il examine tous les caracteres du CArysothrix nolitangere, et il en expose l'anatomie, Il montre ensuite qu'il n'y a dès lors rien de commun entre ce genre et les Arthonia auxquels on a voulu le réunir. Prenant pour terme de comparaison les Arthonia dans lesquels M. Nylander voit les plus grandes analogies avec la plante qui est l'objet de cette note, comme PA. trachyloides et Y A. spilo- matoides, il dit que ni l'une ni l'autre de ces espèces n'ont des apothécies lécanorines, d'abord fermées et ensuite ouvertes, puisque, chez elles, ces organes sont toujours ouverts, comme dans tous les Arthonia. Le seul Tra- chylia chlorina Fries pourrait, dit-il ensuite, être cité comme analogue au Chrysothriz; mais son analogie n'est qu'extérieure. « Or, conclut-il, si la structure du thalle, celle des apothécies ainsi que leur morphologie sont si différentes dans les Arthonia et le Chrysothriz, comment peut-on confondre ces deux genres l'un avec l'autre? » Aprés avoir montré que ce genre ne peut étre rangé parmi les Graphidés, M. Massalongo cherche, en terminant, à reconnaitre la place qu'on peut lui donner dans la série des Lichens. Il arrive à cette conclusion que tous les caracteres du CArysothrix autorisent à le ranger parmi les Parméliacés, dans la nouvelle tribu des Crocyniés, qui comprendrait, outre le CArysothriz, les genres Crocynia (Ach.) Massal., Catarraphia, Byssiplaca, etc. La planche lithographiée et coloriée qui accompagne la note de M. Massa- longo présente, en 10 figures, les détails de la fructification et de l'anatomie du Chrysothrix nolitangere Montg. BOTANIQUE GÉOGRAPHIQUE ET GÉOLOGIQUE. Notice on the Discovery of Lastrea remota in England (Notice sur la découverte du Lastrea remota en Angleterre); par M. Th. Moore (Journal of the Proceedings of the Linnean Society, IV, cahier n° 16, 1860, pp. 102-104). L'objet principal de cette note est de signaler la découverte faite récemment par M. F. Clowes, à Windermere dans le Westmoreland, d'une Fougère que ce botaniste regardait comme une variété incisée du Lastrea Filiz-mas, et dans laquelle la comparaison avec un échantillon authentique a permis à M. Th. Moore de reconnaitre l Aspid?um remotum, signalé d'abord par M. Al. Braun dans le Rheinische Flora de M. Doell, comme une variété de l'Aspidium rigidum, et élevé ensuite par le savant professeur de Berlin au rang d’espèce, sous le nom d' Aspid?um remotum. Cette espèce a été admise comme légitime par Kunze, par Koch, par M. Fée et M. Mettenius. Jusqu'a ce jour, on ne REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 199 l'avait rencontrée que dans le midi de l'Allemagne ; la découverte faite par M. Clowes montre qu'elle croit également en Angleterre. M. Th. Moore donne une diagnose, la synonymie et une description détaillée de cette plante, qu'il a rapportée au genre Lastrea dans son /ndex F'ilicum, p. 102, et au sujet de laquelle il dit qu'elle semble avoir des titres suffisants à être regardée comme une espèce distincte et séparée, bien qu'il ne pense pas qu'il y ait unanimité d'opinions à ce sujet. On Cyclostigma, a new Genus of Fossil Plants from the Old Red Sandstone of Kiltorcan, co. Kilkenny; and on the General Law of Phyllotaxis in the Natural Orders Lycopodiaceæ, Equiseteacee, Filices, ete. (Sur le Cyclostigma, nouveau genre de plantes fossiles du vieux grès rouge de filtorcan, dans le comté de Kilkenny, et sur la loi naturelle de la Phyllotaxie dans les ordres naturels des Lycopodiacées, Equisétacées, Fougères, etc.); par M. Samuel Haughton (The Annals and Magazine of Natural History, cahier de juin 1860, 3* série, vol. V, n^ 30, pp. 433-445). l L'état fort imparfait dans lequel on trouve généralement les végétaux fos- siles oblige à donner une grande importance aux caractères que la fossilisation ne détruit pas. L'un des plus importants parmi ceux-ci est l'arrangement géo- métrique de leurs feuilles. En ayant fait une étude attentive, M. Haughton est arrivé à reconnaître que les feuilles des plantes fossiles sont arrangées d’après une loi différente de celle qui règne parmi les Dicotylédons et Monocotylédons ordinaires. Cette loi est trés simple, et il l'exprime de la manière suivante : « Les feuilles ou cicatrices de feuilles sont arrangées en verticilles disposés de telle sorte que chacune d'elles se trouve directement au-dessus ou au-dessous d'une feuille des verticilles alternes, et intermédiaire aux feuilles des verticilles adjacents. » Le développement des feuilles, suivant cette loi, peut être conçu facilement en supposant que le verticille monte en spirale sur la tige, en for- o 180 mant un angle de entre deux de ses points de repos consécutifs; n dé- signe le nombre de feuilles de chaque verticille. Ceci revient à supposer que chaque feuille a une loi indépendante de développement exprimée par la : 1 : : x divergence — ox Conformément à cette l'idée, les feuilles sont produites en verticilles simultanés, et ne peuvent étreregardées comme ayant été développées successivement, comme le sont les feuilles alternes. — Quelques Dicotylédons à feuilles verticillées peuvent être ramenésà cette loi, par exemple ceux à feuilles opposées, qu'on ne peut regarder comme produites l'une aprés l'autre dans chaque paire; mais la grande majorité suit une loi différente. — Les enve- 200 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. loppes florales de presque tous les Dicotylédons et Monocotylédons suivent la loi de la disposition verticillée. Il est donc évident, dit M. Haughton, qu'il doit exister quelque mode de transition d’une loi à l'autre, puisque toutes les deux se montrent sur la même plante. Comme il est impossible de réduire la loi du verticille à celle de l'alternance, l'auteur a fait des essais selon le sens contraire; mais il dit n'avoir pas encore réuni assez de faits pour en déduire ane conclu- sion générale ; il se contente de donner peu d'exemples. Les végétaux fossiles rentrent dans des ordres naturels qui ressemblent, sous plusieurs rapports, aux Lycopodiacées, Équisétacées et Fougères de l'époque actuelle. Or, dans tous ces ordres, c’est la loi phyllotaxique des verticilles qui est en vigueur. Pour le montrer, M. Haughton indique la disposition foliaire qu'il a observée sur les diverses Lycopodiacées, Équisétacées et Fougères dont des échantillons sont conservés dans l'herbier du Trinity College, à Dublin. Parmi les Phanérogames, il soumet au même examen les Casuarinées, les Protéacées et les Éricacées, familles qui présentent des exemples de feuilles verticillées. Il base sur les résultats de ces études une explication de la loi phyllotaxique qu'il pose, interprétation fondée sur l'idée que certains verticilles sont supprimés et que certaines feuilles manquent aussi quelquefois dans les verticilles qui sont restés. Tl s'occupe ensuite de l'ordre proposé par lui sous le nom de Cyclostigmatées. Les plantes fossiles du grés jaune du comté de Kilkenny se montrent, commé dans d'autres parties de l'Irlande, dans les grés immédiatement sous-jacents à la grande masse du calcaire carbonifére. On les trouve à Jerpoint, à un mille et demi de l'abbaye, à environ 30 métres au-dessous de l'assise inférieure du calcaire. On les observe aussi en trés grande abondance et dans le meilleur état de conservation sur le sommet du Kiltorcan Hill, pres de la station de Ballyhale. Les espèces fossiles qu'on rencontre là n'ont jamais été le sujet d'un travail spé- cial; ce sont : une grande Fougère nommée Cyclopteris hibernica par Forbes, des Lepidodendron, Knorria et une grande quantité de restes appartenant au groupe que l'auteur nomme Cyclostigma, type de son ordre des Cyclostigma- tées. Cet ordre est probablement trés voisin de ceux qui comprennent les Knorria, Lepidodendron et Sigillaria. On ne connait de ces fossiles que leurs feuilles et cicatrices de feuilles, qui sont disposées en verticilles alternes entre eux. Ces plantes ne sont pas articulées aux points oü se trouvent les ver- ticilles. Les cicatrices des feuilles sont parfaitement circulaires et présentent fréquemment à leur centre une petite tache bien marquée, qui coincide pro- bablement avec un faisceau central de tissu ligneux. Les individus les plus forts montrent souvent des traces d'un axe central ligneux épais, comme celui des Stigmaria ; les tiges sont fortement écrasées et aplaties, comme si elles n'avaient pas été bien lignifiées. Ces fossiles se rapprochent surtout des Stigmariacées. desquelles ils différent par leurs verticilles de feuilles plus séparés et plus distincts. — On trouve plusieurs variétés de ces fossiles remarquables ; aucun REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 201 n'offre de tige parfaite, mais tous paraissent être des fragments arrachés de l'écorce de plantes plus grandes, lesquels auraient subi une macération en flottant longtemps dans l'eau. A Kiltorcan, les Cyclostigma se trouvent dans des couches différentes de celles qui renferment le Cyclopteris hibernica. Certains échantillons présentent très nettement la disposition des feuilles par verticilles, dont chacun alterne avec celui qui est au-dessus et celui qui se trouve au-dessous. M. Haughton caractérise trois espèces de C'yclostigma, savoir : 4. C. Kil- torkense ; c’est le plus grand; 2. C. minutum, espèce que lui-même avait déjà figurée dans le Journal de la Société géologique de Dublin (vol. VI, p. 235), sous le nom de Lepidodendron minutum ; 3. C. Griffithii, dédié à sir Richard Griffith, sur la propriété de qui ce fossile se trouve en nombreux échantillons. BOTANIQUE APPLIQUÉE. Le Jardin fruitier du Muséum, ou /conographie de toutes les es- péces et variétés d'arbres fruitiers cultivés dans cet établissement, avec leur description, leur histoire, leur synonymie, etc. ; par M. J. Decaisne (3° volume, livr. 25-36. Gr. in-4°. Paris, 1859-1860. Chez Firmin Didot fréres, fils et compagnie, rue Jacob, 56). Nous avons déjà présenté, dans ce Bulletin, le relevé des variétés de fruits dont l'histoire et des figures supérieures à toutes celles qui existaient aupara- vant ont été publiées dans les deux premiers volumes de cet ouvrage : nous devons aujourd'hui donner de méme un relevé du troisiéme volume dont la publication vient d'étre terminée, en y faisant entrer, comme pour les deux premiers volumes, la phrase diagnostique des variétés décrites. Aucune classi- fication n'ayant été adoptée par M. Decaisne, nous ne pouvons suivre nous- méme d'autre ordre que celui des livraisons. 25* livraison. — Groseillier de Hollande à gros fruits blancs ; variété du Gr. à fruits rouges, à grappes plus allongées, en général moins serrées, moins acides, à feuillage plus pâle. — Gr. à fruits carnés ; intermédiaire entre le Gr. rouge et le blanc. M. de Bavay l'a vu rentrer dans le type rouge. — Poire Bon-Chrétien ; fruit d'hiver, gros, oblong, ordinairement en forme de cale- basse, jaune verdâtre lavé de rouge brun au soleil, ponctué de brun, à queue longue et grêle, enfoncée, à chair cassante, sucrée, peu parfumée 5 il commence à mürir en janvier et se conserve jusqu'à la fin d'avril. — P. crottée ; fruit d'automne (fin d'octobre), moyen, arrondi, à queue très courte, grosse, charnue, enfoncée, à peau jaune d'ocre, avec beaucoup de points fauves et des taches squameuses, dures et noires, à chair fine, ferme, trés juteuse et parfumée ; arbre trés productif. 202 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 26° livraison. — Poire royale d'hiver (P. Louis-Grégoire, P. Jean-Baptiste Bivort) ; fruit d'hiver (novembre à mars), ventru, plus ou moins jaune, avec beaucoup de points et taches fauves, à queue longue, gréle, arquée, épaissie à l'insertion, à chair ferme, juteuse, parfumée; arbre vigoureux et fertile. — P. Vermillon (Bellissime d'automne) ; fruit de fin d'été, moven, allongé, ver- dâtre du côté de l'ombre, rouge vers le soleil avec points grisâtres, à queue gréle et longue, renflée aux deux bouts, à chair demi-cassante, peu juteuse, peu parfumée; arbre trés productif. — P. Colmar d'été; fruit d'été (août, septembre), petit ou moyen, turbiné, jaune pàle ponctué, à queue droite, à chair peu juteuse, un peu musquée. — P. ZDonville; fruit d'hiver (à cuire), gros, oblong, bosselé, aplati vers l'eeil, jaunâtre et lavé de rouge brun vers le soleil, ponctué de brun, à queue grosse, presque droite ; arbre productif. 27° livraison. — Poire d'Arenberg (Colmar d'Arenberg); fruit d'hiver (novembre à janvier), gros, ventru, obtus, à queue courte et mince, oblique, à peau jaune, abondamment tachée et marbrée de fauve, lavée de rouge vers le soleil, à chair demi-fine, fondante, trés juteuse et parfumée, un peu astrin- gente; arbre fertile. — P. Bonne d' Ezée (P. Charles-Frédéric) ; fruit d'au- tomne (septembre et octobre), ovale, obtus, jaune pâle, lavé de rose vers le soleil, à queue droite ou oblique, grosse et charnue, à chair trés fine, fondante, sucrée, très parfumée ; arbre trés productif. — P. Léchasserie (P. Echassery Duham.) ; fruit d'hiver, moyen, ovoide ou pyriforme, obtus, à peau fine, vert jaunátre, taché de fauve, à queue droite, moyenne, en général plissée à l'in- sertion, à chair fine, fondante, juteuse, musquée; arbre trés productif. — P. des vétérans (P. Rameau, P. Bouvier Bourgmestre); fruit d'hiver, mé- diocre, pyriforme, ventru, assez gros, jaunátre ou jaune, à petites taches fauves, à trés longue queue, à chair demi-fondante, peu sapide ; arbre trés fertile. 28* livraison. — Poire de Hance (Beurré de Rance) ; trés bon fruit d'hi- ver, moyen ou gros, pyriforme ou presque cylindrique ou obtus aux deux bouts, à peau grossière, verte, ponctuée et tachée de brun, plus ou moins lavée de rouge, à queue assez longue, à chair ferme (non beurrée), très juteuse, su- crée, de saveur particulière ; arbre très productif. — P. de Chaumontel (Bezy de Chaumontel) ; fruit d'hiver (décembre-février), moyen ou gros, pyriforme, ventru, à peau grossière, jaunâtre ou rousse, lavée de rouge obscur, ponc- tuée et tachée de fauve, à queue assez grêle, à chair demi-cassante, granuleuse, juteuse, parfumée, de saveur particulière ; arbre irrégulier. — P. Duchesse de mars; fruit d'hiver, moyen, obtus, en forme de Doyenné, jaune et rouge, fauve autour de la queue qui est droite et assez courte; chair juteuse, trés musquée; arbre assez fertile, — P. Gros Certeau d'été; fruit d'été, moyen, allongé, jaunâtre ou lavé de roux vers le soleil, à queue longue et droite, à chair demi-cassante, sucrée, peu parfumée. 29° livraison. — Poire Naquette (P. d'oignon, Bergamotte Fiévée) ; fruit REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 203 d'été, maliforme, moyen, vert jaunâtre, parfois lavé de roux vers le soleil, semé de gros points fauves, à grosse queue courte et droite, à chair fine, fon- dante, peu parfumée. — P. de Parthenay (janvier-avril ou mai) ; de qualité médiocre ; fruit d'hiver, assez gros, ventru, jaune olivâtre, ponctué de fauve et marbré, à queue droite, moyenne, à chair ferme, sucrée, acidulée, parfu- mée ; arbre très fertile. — P. délices d'Angers (Délices d'Hardenpont d'An- gers) ; fruit d'automne (fin d'octobre et novembre), gros ou moyen, en forme de Doyenné ou arrondi, déprimé, à peau épaisse, jaune indien, pointillée et marbrée de fauve, rougeâtre vers le soleil, à queue assez courte, charnue, ren- flée à l'insertion, à chair ferme, sucrée, parfumée. — P. fusée; fruit d'au- tomne (à compote), petit ou moyen, généralement trés allongé, jaune et rouge vif, ponctué, à longue queue gréle, à chair cassante, sucrée, un peu astrin- gente et musquée. 30* livraison. — Poire Grésilier (Seigneur d'Espéren des Belges); excel- lent fruit d'automne, moyen, turbiné ou arrondi, en forme de Doyenné, vert jaunátre, pointillé et un peu marbré de fauve, à queue charnue, plissée, por- tant la trace de bractéoles, à chair trés fine, trés juteuse et parfumée ; arbre très productif. — P. d'Alençon ; trés bon fruit d'hiver (fin d'octobre à mars), en forme de Doyenné, olivâtre, avec de gros points et de nombreuses taches fauves ou bronzées, à queue assez courte, enfoncée, à chair fondante, sucrée, parfumée, légèrement astringente. — P. Æpine rose (Poire rose) ; fruit d'été, maliforme, petit ou moyen, vert ou jaune olivâtre, lavé de rouge vers le so- leil, ponctué, à trés longue queue droite et gréle, à chair ferme, sucrée, assez parfumée ; de deuxième qualité et ne se conservant pas. — P. Duval ; fruit d'automne (novembre), gros, pyriforme, oblong, vert ou verdâtre, ponctué, à queue droite ou oblongue, à chair ferme, trés juteuse, parfumée. 31* livraison. — Poire Oignonet de Provence; fruit d'été (aoüt), arrondi, vert, ponctué de fauve, à longue queue gréle, à chair fine, demi-fondante, juteuse, acidulée ; médiocre, mais l'arbre trés productif. — P. nain vert; fruit d'automne (commencement d'octobre), maliforme, petit ou moyen, jaune verdâtre, ponctué, à queue grêle, arquée ou droite, à chair ferme ou demi- fondante, et eau sucrée, peu parfumée, assez abondante ; médiocre, arbuste d’un mètre, à rameaux courts, charnus. — P. truitée (P. Forelle des Alle- mands) ; fruit d'hiver (décembre), moyen, oblong, obtus aux deux bouts, d'un beau jaune, carminé vers le sommet, à gros points rouges, a queue droite, assez longue, à peine enfoncée, à chair demi-fondante, très juteusé, sucrée, d'une saveur particulière ; arbre très fertile. — P. Bequesne; fruit d'automne (fin d'octobre), moyen, pyriforme ou oblong, jaune vif, lavé de rouge vers le soleil, ponctué, marqué de brun autour de la queue qui est assez longue, à chair demi-cassante, sucrée, peu parfumée ; fruit à cuire. 32* livraison. — Poire Saint-Germain panachée; sous-variété dont la pa- nachure se montre non-seulement sur les fruits, mais encore sur les jeunes 20^ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. scions. — Groseillier versaillais ; variété à très gros grains rouges, au nombre d'une quinzaine par grappe, qui mürissent tous en méme temps. — Groseillier Cassis (Ribes nigrum L.), var. Gros Cassis de Naples. L'article relatif au cassis renferme des détails précis et intéressants, communiqués à M. Decaisne par M. le docteur Maillard, sur l'extension considérable que la culture du Cassis a prise depuis peu d'années aux environs de Dijon, les fabricants de ratafia ou liqueur de cassis dans cette ville en versant aujourd'hui dans le commerce plus de 10 000 hectolitres, sans pouvoir encore suffire à toutes les demandes. — Groseillier rouge (Ribes rubrum L.). C'est le type spontané que M. Decaisne décrit et figure. Son article est suivi d'une note trés savante du docteur Roulin sur l'étymologie des mots Ribes et Groseillier. 33* livraison. — Poire Diel ; fruit aussi beau que bon de fin d'automne, turbiné ou oblong, gros, obtus, jaune verdâtre, plus ou moins marbré, mar- qué d'une large tache fauve autour de la queue qui est cylindracée, assez lon- gue, à chair demi-fondante, parfumée; arbre trés fertile, — P. du Tilloy; fruit d'automne (fin d'octobre à mi-novembre), excellent, petit ou moyen, oblong, obtus aux deux bouts, jaune olivâtre, plus ou moins recouvert de taches ferrugineuses, à queue droite, assez épaisse, à chair fondante, sucrée, acidulée, parfumée ; arbre trés fertile. — P. Henriette; trés bon fruit d'au- tomne (fin d'octobre), petit ou moyen, turbiné ou globuleux, à longue queue charnue et pourvue de gros plis à son insertion, jaune indien, ponctué et mar- bré de fauve, teinté de rouge obscur vers le soleil, à chair fondante, parfumée. — P. Muscat Lallemand ; fruit d'hiver (novembre à mars), turbiné, ventru, jaunâtre ou jaune verdâtre, ponctué et taché de fauve, à queue moyenne, arquée, renflée sur le fruit, à œil superficiel, à chair ferme demi-cassante, juteuse, parfumée, non musquée ; arbre fertile et vigoureux. 34° livraison. — Poire de Doyenné roux (Doyenné gris) ; fruit d'automne, moyen, arrondi, un peu oblong, obtus aux deux bouts, roux ou ocracé, pone- tué, à queue courte, enfoncée, à chair trés fondante, sucrée et parfumée. — P. Figue (Figue d'Alencon, Bonnissime de la Sarthe) ; fruit de fin d'automne, moyen ou gros, allongé, vert jaunâtre, plus ou moins couvert de taches oli- vâtres, bronzées ou fauves, à queue se continuant avec le fruit, très charnue d'un cóté, à chair demi-fondante, sucrée et un peu astringente ; arbre pro- ductif. — P. surpasse Meuris (P. Demeester de Van Mons) ; fruit d'automne (commençant à mûrir en août), gros, ventru, obtus, jaune verdâtre, taché et marbré de fauve, lavé de rouge brun vers le soleil, à queue courte, assez grêle, d'ordinaire insérée un peu au-dessous du sommet du fruit, à chair fondante, fine, très sucrée, mais souvent peu parfumée; arbre fertile. — P. Colmar; fruit d'hiver, gros, turbiné, ventru, un peu bosselé, jaune verdâtre parsemé de points, à queue insérée un peu en dehors de l'axe, un peu renflée sur le fruit et ordinairement accompagnée de petites bosses, à chair demi-fondante, fine, juteuse, sucrée légérement, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 205 35° livraison. — Poire de Beurré (Beurré gris) ; excellent fruit d'automne (septembre-octobre), arrondi ou ovale-arrondi, jaune olivâtre on fauve, semé de gros points et plus ou moins marbré, à queue assez courte, dilatée et char- nue à son insertion sur le fruit, avec lequel elle se confond, à chair très fon- dante, trés juteuse, sucrée et parfumée; arbre trés fertile. — P. d'Amboise (Beurré rouge) ; fruit d'automne (septembre et octobre), excellent, turbiné, déprimé du côté de l'oeil, vert jaunâtre à l'ombre, d'un beau rouge carminé au soleil, avec quelques marbrures fauves, à queue droite, cylindrique, un peu enfoncée, à chair fine, trés fondante, parfumée; arbre fertile. — P. cas- sante d' Hardenpont ; fruit de fin d'automne (à cuire), gros, ventru ou oblong, obtus, vert jaunâtre, ponctué et taché de fauve, un peu rougeâtre au soleil, à queue longue, droite ou un peu arquée, trés épaissie et plissée à l'insertion, à chair cassante, sucrée, peu parfumée ; arbre très productif. — P. belle de Thouars ; fruit d'hiver (à cuire), pyriforme ou trés allongé, obtus, d'abord bistre olivâtre, puis brun ferrugineux, à queue droite ou oblique, cylindracée, à chair ferme, sucrée, peu juteuse, arbre productif. 36* livraison. — Poire nonpareille; fruit d'hiver. précieux par sa longue conservation, moyen, arrondi ou en forme de Doyenné, jaune ou jaune ver- dàtre, teinté de rose du cóté du soleil, ponctué et tacheté de fauve, à queue droite, un peu verruqueuse, à chair ferme ou demi-fondante, très sucrée, parfumée, citronnée. — P. Belle Angevine (Poire d'amour) ; fruit d'hiver (d'ornement), trés gros, oblong, jaune citron ou doré, lavé de rouge carminé au soleil, à queue insérée obliquement, charnue, à chair fade, cassante ou spongieuse. — Æraisier Cuthill's black Prince; fruit trés précoce, moyen, allongé (presque arrondi sur la figure), d'un rouge presque noir, luisant, à chair rouge, de saveur assez agréable, mais peu sucrée. — Fraisier Stirling Castle Pine ; fruit gros, demi-tardif, allongé, renflé, d'un rouge orangé pâle, luisant, à chair pleine, beurrée, de saveur fine et délicieuse, contenant beau- coup d'eau fraiche et sucrée. Comme pour les deux premiers volumes, les figures, d'une perfection rare, ont été peintes par M. Riocreux et gravées par mademoiselle E. Taillant. Nous ne pouvons qu'applaudir à la régularité avec laquelle M. Decaisne est parvenu à faire paraître les livraisons de son ouvrage, malgré les nombreuses causes de retard que devait faire naitre l'exécution de nombreuses planches dessinées, gravées et coloriées (quant aux fruits et aux rameaux) avec un soin irrépro- chable. Nous faisons des vœux ardents pour que cette régularité puisse se soutenir jusqu'à la terminaison de ce travail vraiment monumental. MÉLANGES. Éloge historique de Jean-Francois Laterrade, fondateur et directeur de la Société Linnéenne de Bordeaux, professeur-directeur du 206 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Jardin des plantes de cette ville; par M. Ch. Des Moulins, président de la Société Linnéenne (Actes de ln Société Linn. de Bordeaux, tom. XXII, 5° livr. ; tirage à part en brochure in-8° de 18 pages, avec un portrait pho- tographié. Bordeaux, 1860). Cet éloge a été lu, le 44 novembre 1859, dans une séance publique de la Société Linnéenne de Bordeaux. Nous en extrairons les principaux détails de l'existence soit privée, soit scientifique de l'auteur de la Flore de la Gironde. Jean-François Laterrade naquit à Bordeaux, le 23 janvier 1784. Son père était maitre d'écriture. On lui fit d'abord essayer quelques professions ma- nuelles ; mais « une vocation qui tendait plus haut se fit écouter, » et il entra, bien jeune encore, à l'École centrale. Au sortir de l'École centrale, il entra comme professeur de latin dans une pension de Libourne; un peu plus tard, en 1804, il fut appelé, en qualité de maitre d'études, au lycée de Bordeaux. Ces fonctions lui permirent de suivre les cours d'histoire naturelle du profes- seur Villers, qui le remarqua parmi ses élèves, à cause de son application et de ses succès. A l’âge de vingt ans, sa faible constitution, des infirmités très prématurées et l'impossibilité où il était de manier le fusil, par suite d'une brûlure à la main dont la cicatrice resta toujours visible, le firent exempter de la conscription. Vers la méme époque, il commenca de donner des lecons sur les diverses branches des sciences naturelles, en méme temps qu'il enseignait la littérature et les mathématiques. Bientót ses études se con- centrèrent sur les plantes des environs de Bordeaux, dont il ne tarda pas à ac- quérir une connaissance approfondie, et, en 1811, il consigna les résultats de ses herborisations et de ses recherches dans l'ouvrage qu'il publia sous le titre de Flore bordelaise. Cet ouvrage a été le plus important de ses travaux, el, fait remarquable, quoique ayant pour objet une partie de la France où, d'a- prés M. Ch. Des Moulins, les botanistes sont peu nombreux, il à eu successi- vement quatre éditions et deux suppléments. Le supplément à la première édition ést de 1817 ; la seconde édition parut en 1821 ; la troisième porte la date de 1829 ; enfin il en fit paraître la quatrième édition en 1846, et un sup- plément à celle-ci en 1857. Dans ces éditions successives, le nombre des espèces indiquées augmenta dans une forte proportion ; en effet, il n’était que de 800 pour la première édition et son supplément, qui n'embrassaient qu'un rayon de 15 kilomètres; il s'éleva à 1611 dans la 2° édition qui porta sur le département de la Gironde tout entier ; il atteignit 2065, dans la 3° édition, et 2411 dans la 4° édition et le supplément qui la suivit. Les deux premières éditions de cet ouvrage furent disposées d’après le système de Linné; dans la troisiéme, Laterrade, tout en conservant le méme arrangement des plantes, forma des groupes de familles, de manière à en faire une sorte de transition à la méthode naturelle; il adopta enfin cette dernière méthode dans la 4° édition de sa Flore. Cet ouvrage écrit entierement en francais, sous la forme la plus REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 207 simple et a plus accessible à tout le monde, a eu le mérite de répandre à Bordeaux le goût de la botanique locale parmi les personnes qu'une étude ap- profondie des plantes aurait pu effrayer, ou à qui de nombreuses occupations ne permettaient pas de chercher dans cette science autre chose qu'un délasse- ment aussi agréable qu'instructif. — Les ouvrages publiés encore par le bota- niste bordelais sont peu nombreux. M. Ch. Des Moulins cite : 1? le Précis de l'histoire de la Botanique à Bordeaux, qui a paru, aprés la mort de sou au- teur, dans l'Annuaire de l’Institut des provinces et des congrès setentifiques pour l'année 1859 (tome XI, p. 356); 2° un Système périanthiel, ou une classification générale des végétaux d’après les enveloppes florales, travail dont Laterrade posa les bases dans un mémoire présenté par lui pour son admission dans l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Bordeaux, en 1821, mais qui n'a pas été publié ; 3° un manuscrit étendu, contenant le relevé de ses herborisations, de 1813 à 1856. Ce fut le 25 juin 1818 que Laterrade fonda la Société Linnéenne de Bor- deaux, conjointement avec le professeur Dargelas, qui en fut le premier pré- sident, avec le docteur Teulère et avec les élèves les plus avancés du cours de botanique qu'il faisait au Jardin des plantes dont il était directeur. Sous sa direction aussi sage qu'éclairée, cette Société prit bientót un important accrois- sement, et peu d'années après, elle établit, soit en France, soit à l'étranger, 12 sections que le ministre supprima en 1828, en lui interdisant de s'attacher désormais des collègues par des liens si directs. Pendant ses dernières années, ce zélé professeur, dont l'enseignement avait duré un demi-siècle entier, a été en proie à de nombreuses et cruelles infirmi- tés, qui successivement l'ont obligé à limiter ses herborisations à la belle sai- son, puis à l'enceinte du jardin botanique, qui enfin lui ont interdit toute course botanique et tout enseignement. A ces maux se joignaient les vives préoccupations causées par une position de fortune extrémement modeste et par la crainte de perdre la place qui lui fournissait tous ses moyens d'existence. Sa mort a eu lieu au mois de novembre 1858. La Société Linnéenne, dont il avait été directeur pendant quarante années et cinq mois, a fait poser sur sa tombe une inscription qui rappelle les titres qu'avait J.-F. Laterrade à sa re- connaissance. Suecédanées du tabac (Potanische Zeitung du 31 août 1860, p. 300). Marcy, dans son ouvrage intitulé: T'he prairie traveller (le Voyageur dans les prairies), dit que, pour remplacer le tabac, lorsqu'il vient à manquer, on se sert de l'écorce du saule rouge qui croit, dans les Montagnes-Rocheuses, sur les bords des torrents. Avec un couteau, on enlève l'écorce extérieure ; ensuite on détache l'écorce intérieure en lanières, sur tout le pourtour de la branche, et on la torréfie complétement, Cette écorce torréfiée est enfin pulvérisée à la 208 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. * main et, dès cet instant, elle est prête à être mise en usage. Elle possède la vertu narcotique du tabac ; méme l'odeur et la saveur en sont fort agréables. — Les Indiens préparent et emploient de la méme maniere les feuilles du sumac, qui acquierent une saveur toute semblable à celle de l'écorce du saule rouge. NOUVELLES. — Les directeurs de la Société micrographique qui réside à Giessen pu- blient, par la voie des journaux scientifiques, un avis qu'il nous semble bon de faire connaitre aux lecteurs de ce Bulletin. — Comme on le sait, cette Société répand, par voie d'échange, des préparations variées d'objets appartenant aux trois règnes de la nature; mais ses statuts lui interdisent tout commerce, et, par conséquent, toute vente, les échanges seuls lui étant.permis. Or, il est fa- cile de concevoir que beaucoup de personnes se trouvent ainsi dans l'impossi- bilité de se procurer des préparations quileur seraient trés utiles, mais en échange desquelles elles ne peuvent rien offrir. Pour lever cette difficulté, qui s'est présentée déjà bien souvent, la Société micrographique a déterminé un jeune docteur trés instruit et trés habile dans l'art de préparer des piéces pour le microscope, M. L. Mengel, à exécuter des préparations analogues aux siennes et à les mettre en vente. Les présidents de la Société, le docteur Buff etle doc- teur Rossmann recommandent aux amateurs de micrographie de s'adresser di- rectement à M. Mengel, à Giessen, et ils avertissent que celui-ci ne leur livrera que des préparations exécutées avec un soin particulier et assez bonnes pour justifier le patronage dont l'honore cette Société. — D'après le rapport qne le célèbre directeur du Jardin de Kew, sir Will- Hooker, a présenté derniérement au gouvernement anglais, le nombre des visi- teurs qui se sont présentés en 1859 dans ce magnifique établissement a été de 384 698. Tout considérable qu'il est, ce nombre est inférieur de 20 000 à celui qui avait été constaté en 1858. Cette diminution s'explique facilement, parce que le printemps et l'automne de 1859 ont été pluvieux, et que l'été, au con- traire, a été remarquable par sa chaleur extréme. — La ville de Saint-Gall (Suisse), qui possédait déjà l'herbier de Spenner et celui de Zollikofer, a joint derniérement à ses collections l'herbier composé d'environ 12 000 espéces qu'avait formé M. Rechsteiner, zélé botaniste, mort le 15 novembre 1858, qui avait étudié la flore de son pays pendant toute sa vie, et qui était regardé comme en ayant une parfaite connaissance. Paris, — Imprimerie de L, MARTINET, rue Mignon, 2 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SÉANCE DU 13 AVRIL 1860. , PRÉSIDENCE DE M. BOISDUVAL, VICE-PRÉSIDENT. M. Boisduval, en prenant place au fauteuil, présente les excuses de M. Decaisne, président de la Société, empêché de se rendre à la séance. M. de Scehoenefeld, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 23 mars, dont la rédaction est adoptée. Par suite de la présentation faite dans la derniére séance, M. le Président proclame l'admission de : M. Roux (Honoré), rue Sainte-Victoire, 41, à Marseille, présenté par MM. Derbés et Giraudy. M. le Président annonce ensuite la présentation de Madame Élisa de Vilmorin, veuve de M. Louis Lévéque de Vilmorin, notre regretté confrère, ainsi que celle de son fils, M. Henri de Vilmorin. M. J. Gay s'exprime en ces termes : Messieurs, vous savez quelle perte nous avons faite récemment dans la per- sonne de M. Louis de Vilmorin, cet agronome, à la fois chimiste, physicien et physiologiste, qui, n archant sur les traces paternelles, avait entrepris les belles expériences que vous connaissez, sur la Betterave, sur la Garance, sur la cou- leur variable des corolles dans certaines espèces végétales, etc. On pouvait craindre qu'inachevés, ces travaux importants ne fussent perdus pour la science. T. vh 14 210 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Mais M. de Vilmorin laisse une veuve, chez laquelle, aux plus nobles qualités du cœur, s’unissentune intelligence rare et un profond sentiment de la responsabilité qui pèse aujourd’hui sur elle, avec des enfants mineurs, comme héritière d’un nom si justement honoré. Depuis longtemps initiée aux savantes études de son mari, qui se développaient sous ses yeux et souvent avec sa coopération directe, Me de Vilmorin veut continuer les expériences commencées, et, pour ceux qui ont l'honneur de la connaître, il n'est aucun doute qu'elle ne réussisse à les mener à bonne fin. Il est certain, notamment, que les expériences sur la Bette- rave, plus avancées que les autres, parce qu'elles datent de plus loin, abouti- ront, sous sa direction, à une pleine solution du problème que s'était proposé M. de Vilmorin : développer le principe sucré de la Betterave jusqu'à faire rivaliser cette précieuse racine avec la Canne des Antilles, pour la production économique d'une denrée devenue indispensable à l'humanité. Avec les sentiments que je viens de vous dépeindre, et déjà honorée du titre de membre correspondant de la Société centrale d'agriculture, M'^* de Vilmorin devait tenir à continuer, avec la Société botanique de France, les rapports qui y rattachaient son mari. Mais sa modestie, autant que son deuil, l'empéchait d'en manifester le désir. Nous avons heureusement vaincu ses scrupules, et nous sommes autorisós, M. Decaisne et moi, à vous proposer d'admettre Madame de Vilmorin au nombre des membres de notre Société. L'exemple maternel est tout-puissant sur les cœurs bien nés, et voilà M. Henri de Vilmorin qui demande, lui aussi, à faire partie de notre Société. C'est le fils ainé de notre regrettable confrére, un jeune homme de dix-sept ans qui donne déjà les plus belles espérances, et dans lequel nous nous plaisons à voir d'a- vance un digne héritier du nom paternel. Vous l'admettrez aussi sur notre proposition, vivement appuyée par M. J. Grœnland qui a vu le candidat passer de l'enfance à l'adolescence, et qui s'y est attaché, comme on s'attache si facilement à tous les membres de cette famille patriarcale, pour peu qu'on ait le sentiment de ce qui est beau, honorable et bon. La Société accueille ces présentations avec un vif sentiment de satisfaction. Elle est heureuse de voir se perpétuer ainsi, sur la liste de ses membres, le nom si honorable de la famille Vilmorin qui, depuis plusieurs générations, a puissamment contribué aux progrès de la botanique horticole en France. Dons faits à la Société : 1° De la part de M. Durieu de Maisonneuve : " : D : Etude taxonomique de la ligule dans le genre Carex. Note sur le Sphæria militaris. SÉANCE DU 13 AVRIL 1860. 211 2 De la part de M. N. Kauffmann : Ueber die Natur der Stacheln. Zur Entwickelungsgeschichte der Cacteenstacheln. 3° De la part de M. Choulette : Observations pratiques de chimie, de pharmacie et de médecine légale, premier fascicule. h* De la part de M. Hasskarl : Bonplandia, plusieurs numéros. 5 De la part de M. Alph. Karr : Les Guépes, trois numéros. 6° De la part de M. de Grateloup : Essai sur la distribution géographique des mollusques dans le dépar- tement de la Gironde. 7° De la part de M. Guillory aîné : Les congrés des vignerons francais. 8* De la part de M. Hébert : Du terrain jurassique sur les cótes de la Manche. 9 De la part de la Société d'horticulture de la Haute-Garonne : Annales de cette Société, janvier et février 1860. 10^ De la part de la Société d'horticulture de Bergerac : Annales de cette Société, t. I, 1858-59. 11° En échange du Bulletin de la Société : Bulletin de la Société impériale des naturalistes de Moscou, 1859, n°2. Verhandlungen des Vereines zur Befærderung des Gartenbaues in den Preussischen Staaten, 1858 et 1859. Bulletin de la Société industrielle d'Angers, 1859. Pharmaceutical journal and transactions, mars et avril 1860. Atti dell. I. R. Istituto veneto, un numéro. Bulletin de la Société impériale zoologique d'acclimatation, mars 1860. L'Institut, avril 1860, deux numéros. M. le Président annonce que, par suite d’une décision du Conseil et en vertu d'une convention conclue avec la Société impériale et centrale d'Horticulture, le siége de la Société botanique de France 919 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sera transféré, à partir du 1% octobre prochain, dans l'hótel de la Société d'Horticulture, rue de Grenelle-Saint-Germain, n° 84. M. Cosson fait à la Société la communication suivante : NOTE SUR LE GAGEA BOHEMICA, par M. E. COSSON. Le 27 mars dernier, mon ami M. de Schenefeld et moi, nous avons réalis* un projet d'herborisation que nous avions formé depuis plusieurs années; grâce à l'obligeance de M. le docteur Devilliers, qui a bien voulu nous con- duire à la localité du Gagea bohemica, découverte par lui aux environs de Nemours, et unique pour les environs de Paris (1), nous avons pu voir en fleur sur place cette plante intéressante, dont la détermination nous laissait quelques doutes, et en recueillir plusieurs échantillons pour en faire une étude attentive. Le G. bohemica croit aux environs de Poligny prés Nemours, dans une dépres- sion sablonneuse humide pendant l'hiver, au milieu des bruyères et des rochers de grès; il n'en existait cette année qu'un petit nombre d'individus florifères, accompagnés d'un trés grand nombre d'individus jeunes nés des bulbilles qui surmontent les bulbes des plantes adultes et s’en détachent. Il est probable que la plante ne se multiplie guére à Poligny que par ces bulbilles, la fé- condation paraissant ne se faire que d'une mauiére imparfaite. En elfet, les anthéres nous ont présenté, méme aprés leur déhiscence, une forme oblongue, au lieu de se rétracter aprés l'émission du pollen et de devenir suborbiculaires comme dans les autres Gagea que nous avons été à méme d'observer; de plus, l'ovaire, un peu avancé, était flasque et ridé, et les ovules, en raison de leur faible volume et de leur nucelle trés saillant en dehors des téguments, parais- saient ne pas devoir se développer (2). L'ovaire, au moment de la floraison, était oblong, trigone à angles un peu saillants, à faces presque planes ou un peu convexes, et, à cette période de développement, il était arrondi au sommet ; à une période plus avancée, il était obovale, à angles saillants, à faces un peu concaves, et le sommet était plus ou moins déprimé en forme d'échancrure. Ces différences de forme tiennent exclusivement à l’âge, car nous les avons observées de méme chez le G. arvensis, et nous les avons retrouvées dans les échantillons du G. bohemica recueillis en Allemagne, aux localités classiques de cette espéce. Aussi ne pouvons-nous leur attribuer de valeur comme caractère spécifique. Nous croyons donc devoir rapporter notre plante, iden- tique du reste avec celles d'Allemagne, de Maine-et-Loire, de la Loire-Infé- (1) Le Gagea bohemica croit en Bohéme, en Moravie, en Silésie. En France il a été observé dans Maine-et-Loire aux environs d'Angers ; dans la Loire-Inférieure à Ancenis, à Varades et à la. Rouxiére; et dans les Deux-Sévres à Thouars et à Airvault, localités dont le climat est plus chaud que celui des environs de Paris. (2) M. Boreau (Cat. rais. Maine-et-Loire, 160) mentionne aussi l'avortement du fruit chez la plante des environs d'Angers. SÉANCE DU 13 AVRIL 1860. 213 rieure et des Deux-Sèvres, au G. bohemica, dont elle ne s'éloigne un peu que par l'ovaire à faces à peine concaves et à sommet seulement échancré et non pas obcordé, ces différences tenant très probablement au développement impar- fait de l'ovaire. En outre, l'examen d'un assez grand nombre d'échantillons reçus d'Allemagne du G. saxatilis Koch et du G. bohemica Schult., qui ne sont distingués par les auteurs que par ces mêmes différénces dans la forme de l'ovaire, nous a permis de nous assurer que ces deux plantes appartiennent à un méme type spécifique et ne peuvent étre distinguées méme comme variétés, A l'appui de l'assertion de M. Cosson sur le changement de forme des anthéres des Gagea, M. J. Gay dit qu'un phénomène analogue se présente chez les Amaryllidées, et notamment chez les Narcisses. Généralement, chez ces plantes, les anthéres sont linéaires et dix fois plus longues que larges avant la fécondation. Dés qu'elles s'ouvrent, elles se raccourcissent tout à coup de moitié et méme davantage, sans toutefois devenir globuleuses ni changer sensiblement de forme. M. Fermond cite un fait analogue à celui que M. Cosson a constaté sur l'ovaire des Gagea. Chez le Lis blanc, l'ovaire est allongé et elliptique avant la fécondation. S'il est fécondé, il devient claviforme et trés renflé au sommet. M. Boisduval rappelle que les ovaires du Lis blanc sont trés rare- ment fécondés. M. Fermond dit qu'on peut faire fructifier les Lis en coupant la tige et en la suspendant renversée. M. Chatin rappelle que la rétraction des anthéres aprés la sortie du pollen est un phénoméne trés commun chez un grand nombre de végétaux. Les cellules fibreuses qui entrent dans la constitution des anthéres, rendent cette rétraction trés facile. M. Chatin l'a con- statée notamment chez la Capucine, dont les étamines émettent suc- cessivement leur pollen, et où l'on peut remarquer une différence considérable de volume entre les anthéres encore pleines et les anthéres déjà vidées. M. Cosson fait remarquer qu'il n'a pas mentionné le changement de forme des anthéres des Gagea comme un phénomène exception- nel, mais seulement comme un fait qui permet de préciser âge de la fleur, et d'étudier l'ovaire chez les diverses espéces à une méme période de développement. 914 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. l'abhé Chaboisseau rappelle que, d'aprés M. Reichenbach, le style serait trisulqué dans le Gagea bohemica. M. Cosson répond qu'il a étudié comparativement le style et le stigmate dansles deux plantes (G. bohemica et G. saxatilis) et qu'il n'a pu y trouver de différences sensibles. M. Éd. Bureau dit qu'ila vu le G. bohemica prés d’Ancenis (Loire- Inférieure). La plante végéte là comme à Nemours : il y a un nombre considérable de bulbilles, mais trés peu de pieds portent des fleurs. M. l'abbé Chaboisseau dit qu'à Thouars (Deux-Sèvres) le G. bohe- mica croit sur des schistes et fleurit trés abondamment. M. de Schænefeld ajoute que, sous les quinconces de Marronniers et de Tilleuls plantés auprés du cháteau de Saint-Germain-en-Laye, on voit, au pied de presque tous les arbres, des quantités considéra- bles de bulbilles de Gagea villosa, qui végétent et persistent malgré le piétinement des promeneurs et le sarclage des allées, mais on ne rencontre que trés peu d'échantillons floriféres. M. Le Dien dit que, dans son jardin, à Asnières, le G. villosa croit au pied des Tilleuls. Le bouleversement du sol n'a pas détruit la plante qui, cette année, a porté une quantité exceptionnelle de fleurs. M. Fermond présente des fruits, des graines et des écorces de Sa- pindus divaricatus, et fait la communication suivante : NOTE SUR LES FRUITS ET L'ÉCORCE DU SAPINDUS DIVARICATUS DU BRÉSIL, par M. Ch. FERMOND. Un de nos amis, qui a visité le Brésil, nous a remis, il y a quelque temps; l'écorce d'un arbre, quelques fruits et quelques graines qu'il nous a dit être employés pour le savonnage du linge dans ce pays, où l'arbre qui les produit est appelé Savonnier ou Arbre-à-savon. Nous avions cru d'abord qu'il s'agissait du Quillai savonneux (Quillaj? Smegmadermos DC. ou Smegmadermos emarginatus R. et P.), dont l'écorce se trouve aujourd'hui dans le commerce de France; mais, en confrontant notre écorce et nos fruits avec la description que M. Guibourt en fait (1), il ne nous a pas été difficile de reconnaitre que nous n'avions sous les yeux ni l'écorce ni les fruits du Quillai savonneüx. Au contraire, nous avons pu nous assurer que les fruits étaient assez €xaC" tement ceux que ce professeur décrit sous le nom de Sapindus divaricatus, (1) Histoire naturelle des drogues simples, t. MI, p. 285. SÉANCE DU 13 AVRIL 1860. - 915 dit Pao-de-Sabao (1), et dont M. Gaëtano Ambrosioni lui a fourni quelques fruits. Voici la description de ce fruit : le plus fréquemment il consiste en une baie qui, à l'extérieur, est luisante, ridée par la dessiccation, par- courue par de petits points blanchátres, et qui, telle que nous l'avons sous les yeux, est encore de la grosseur d'une belle cerise. Sa couleur est roux jau- nâtre; elle porte à sa base une large cicatrice ovalaire, plus pâle et moins lui- sante que le reste du fruit. Cette cicatrice présente une sorte d'axe central qui la rend bombée longitudinalement, lequel axe est terminé d'un côté par uné pointe assez aiguë et de l'autre par une proéminence qui n'est que le prolon- gement de l'axe floral qui l'attachait au pédoncule. Les parties déclives de la cicatrice indiquent la place de deux autres carpelles bacciformes qui ont avorté, et dont on retrouve fréquemment les vestiges adhérents au carpelle qui s'est développé. Le péricarpe parait être formé par un tissu cellulaire charnu qui, en se desséchant, s'est considérablement aminci et contracté, de sorte que, lorsqu'on vient à le couper, on ne lui trouve plus qu'une épaisseur de 1 1/2 à 2 millimètres au plus. Sa surface interne est lisse et luisante, de méme cou- leur que l'externe, mais présente au-dessous de la cicatrice un large en- vahissement d'un tissu spongieux beaucoup plus pále. Vu par transparence, ce péricarpe offre des veines plus sombres, réticulées et donnant aux parties qu'elles circonscrivent l'apparence de grandes cellules. Desséché tel que nous l'avons entre les mains, on entend et sent résonner la graine qu'il contient, quand on vient à l'agiter. Celle-ci est noire, lisse, luisante, trés ronde, et pré- sente un hile un peu proéminent, affectant la forme d'une ligne droite de 3 à 4 millimètres de longueur et offrant un sillon longitudinal central. Le testa est trés dur, ligneux, épais d'un millimétre et demi dans sa plus grande étendue et de 2 millimètres et plus dans le voisinage du hile. L'amande est arrondie, déprimée du côté du hile, blanche, dure, huileuse, trés adhérente au testa par un épisperme presque ligneux. Sa saveur est douce, mais sans agrément. Quoique cette description semble se rapporter à celle que donne M. Gui- bourt du fruit du Sapindus divaricatus, cependant elle parait en différer en quelques points. Cet auteur, en effet, le dit être de la grosseur d’une petite cerise, et son amande serait jaune au lieu d’être blanche. Peut-être avons- nous affaire ici à une simple variété. Peut-étre aussi les fruits examinés pat M. Guibourt étaient-ils moins bien développés, et surtout plus vieux, ce qui expliquerait facilement les différences que nous venons de signaler. Quoi qu'il en soit, nous avons cru devoir donner une description détaillée de ce fruit, parce que, selon la personne qui nous les a remis, il est celui de l'arbre qui a fourni l'écorce dont nous allons nous occuper, et qu'il importait de faire con- naitre l'arbre qui les a fournis l'un et l'autre. (1) Guibourt, loc. cit., p. 543. 916 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. D'ailleurs, M. Guibourt, dans l'article cité, ne donne aucun caractère de l'écorce des Sapindus ; il dit seulement que « le Savonnier des Antilles est un grand arbre, dont le bois, la racine et le fruit sont empreints d'un principe amer qui communique à l'eau la propriété de mousser fortement et de produire sur le linge un effet analogue à celui du savon ». Il nous parait donc utile de donner ici la description de cette écorce. D'un autre côté, au point de vue botanique, elle présente une importance d'un autre ordre, en raison de sa struc- ture qui ne nous a pas paru être indiquée par Gaudichaud, qui a cependant si bien décrit et fait connaitre la singulière structure des tiges des Sapindacées. Cette écorce se présente sous forme de plaques de 3 à 4 millimètres d'épais- seur ; sa surface externe ? (1) est d'un blanc grisâtre, sale, lisse et terne ; sa surface interne ? présente des plaques ou couches blanches et des plaques ou couches plus jaunes. Les premières, que l'on serait tenté de croire amylacées, ne donnent, pas plus que les secondes, la moindre coloration bleue par l'iode. L'observation fait reconnaitre que ces deux parties sont dues à deux couches distinctes de liber, dont l'origine semble étre différente. En effet, examinée à la loupe, l'écorce laisse apercevoir, en partant de l'extérieur, d'abord une couche jaunâtre, puis une couche blanchâtre ; ensuite une couche jaunâtre suivie d'une couche blanchátre, et ainsi de suite jusqu'au centre où se trouve une couche blanchâtre. Dès que l'on regarde cette écorce, l'oeil est aussitôt saisi par le mi- roitement d'une foule de cristaux microscopiques qui la recouvrent et la pénètrent. Ces cristaux, examinés au microscope, nous ont paru être des prismes droits, quelquefois terminés par des sommets dièdres, mais n'ayant aucune analogie de forme avec les raphides. M. Bleekrode les considére comme du carbonate de chaux de la variété arragonite dont ils ont la forme. Cependant, une certaine quantité de l'écorce, traitée à chaud par de l'eau aci- dulée avec l'acide chlorhydrique, dans un appareil destiné à conduire les gaz, n'a fourni aucun trouble dans l'eau de chaux où ces gaz étaient reçus. IL est probable que ces cristaux ne sont que de l'oxalate de chaux. La saveur de cette écorce, d'abord nulle, ne tarde pas à devenir âcre et comme métallique, insupportable. Sa cassure, quand elle est sèche, dégage une poussière fine, trés àcre, qui excite violemment l'éternument et la rend dangereuse à pulvériser ; cette cassure, essentiellement fibreuse, ne se fait pas sans qu'immédiatement il y ait séparation entre les différentes couches qui composent cette écorce, mais on peut remarquer que la couche jaunátre se détache plus facilement des autres, parce qu'elle est plus fibreuse et plus tenace que la couche blanche qui se brise aisément et reste adhérente à la couche jaunátre supérieure ou inférieure. A quel phénomene physiologique doit-on attribuer cette disposition alterna- (1) Nous exprimons quelques doutes à l'occasion de cette surface, attendu que la surface de notre écorce qui nous parait étre l'externe a la plus grande analogie avec la surface interne des écorces de Quillai que nous avons entre les mains. SÉANCE DU 13 AVRIL 1860. 217 tive de couches blanches et de couches jaunâtres? Peut-être à une double formation de fibres annuelles s’effectuant en deux saisons : l’une, plus longue, plus chaude ou plus active, pendant laquelle se produirait la couche jaunâtre plus tenace ; l'autre, plus courte, moins chaude ou moins active, qui serait la cause de la production de la couche plus blanche et plus fragile. On sait, en effet, que certains arbres, dans certains climats, sont sans cesse en voie de vé- gétation, mais que cette végétation n'a pas le méme degré d'activité durant toute l'année; et la formation de la couche blanche pourrait bien correspondre à la saison la plus froide de l'année. Quoi qu'il en soit, chacune de ces couches, examinée au microscope, pré- sente des faisceaux de fibres assez régulièrement anastomosées, qui forment des espaces ovalaires, dans lesquels on voit de petites cellules assez régulières, avec cette différence, toutefois, que, dans la couche blanche, le tissu cellulaire l'emporte sur le tissu fibreux, tandis que, dans la couche jaunátre, le tissu fibreux l'emporte de beaucoup sur le tissu cellulaire. Dans le premier cas, les espaces intervasculaires sont complétement remplis de cellules, et, dans le second, ils sont quelquefois presque vides et forment aiusi des lacunes faciles à observer. Quoique cette disposition des fibres corticales soit tout à fait en rapport avec celle que Gaudichaud a figurée (1) et semble, par conséquent, confirmer jusqu'à un certain point l'idée que nous avons émise que cette écorce appartient bien à un arbre de la famille des Sapindacées ; cependant il ne faut pas oublier qu'elle n'est pas un caractère exceptionnel, puisque l'on retrouve cette contexture du liber dans uu grand nombre de plantes, et en particulier dans l'écorce de plusieurs Rosacées, famille à laquelle se rapporte le Quillaja Smegmadermos. Enfin, quand on vient à couper longitudinalement, et dans toute son épais- seur, une mince tranche de cette écorce, on voit au microscope comme un en- trecroisement des fibres qui viennent les unes et les autres se couper à angle droit ; mais une attention soutenue laisse reconnaitre que les prétendues fibres horizontales ne sont autre chose que des rangées de cellules muriformes con- tinuant les rayons médullaires du bois, lesquelles cellules sont ajoutées bout à bout et assez allongées pour offrir au premier abord l'apparence de fibres horizontales. Nous avons dû nous procurer des écorces dites de Quillai savonneux, afin de les comparer avec la nótre, et nous devons à l'obligeance de deux de nos amis, MM. Ducom et Rigollot, la possession de deux échantillons d'écorces qui, tout à fait semblables à celles qui se trouvent dans le commerce sous le nom d'écorces de Panama, se rapportent complétement à celle qui est dé- crite par M. Guibourt sous le nom de Quillai savonneux. Ces deux écorces, (1) Recherches générales sur l'organographie, la physiologie et l'organogénie des végétaur, pl. XIII. 218 ' SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. comparées en effet par le savant auteur que nous venons de nommer avec les échantillons qu'il possède, se sont trouvées être en tous points semblables. Mais toutes ces écorces différent de la nótre par l'absence de ces couches alter- nativement jaunâtres et blanches si distinctes. Malgré cette différence essen- tielle, le goüt est tellementle méme dans toutes ces écorces, que M. Guibourt est tenté de les regarder comme provenant toutes d'une méme espéce : le Quillai savonneux. En présence de l'opinion de ce savant, qui fait autorité en pareille matiere, et en admettant que l'existence des couches blanches et jaunâtres ne suffisé pas pour caractériser l'écorce que nous attribuons à un Sapindus, il y a lieu de se demander : 4° Pourquoi cette différence dans la structure de notre écorce comparée à celle du Quillai ? 2° Pourquoi la personne qui nous a remis l'écorce dont nous venons de tracer les caractères nous a-t-elle affirmé qu'elle provenait de l'arbre qui a produit les fruits, lesquels sont bien certainement ceux d'un Sapindus ? 3° Pourquoi cette extrême analogie dans le goût et très probablement dans la composition de toutes ces écorces qui, en outre, offrent toutes ces petits cristaux brillants et cette poussière si irritante ? On est ainsi conduit à ces deux idées : ou la personne qui nous a remis les fruits et l'écorce que nous avons attribués à un Sapindus s'est trompée en nous disant qu'ils provenaient tous deux du méme arbre; ou bien M. Au- guste Delondre a remis à M. Guibourt l'écorce du Sapindus en méme temps que les fruits du Quillai, en lui assurant que fruits et écorces provenaient aussi du méme arbre. Comment donc se prononcer entre ces deux faits? C'est, on le voit, chose assez difficile. Cependant les considérations tirées du goüt de toutes ces écorces pourraient peut-être jusqu'à un certain point contribuer à résoudre la question. En effet, nous avons dit que, peu de temps après avoir été mâchées, on leur trouvait un goût trés âcre et comme métallique qui devenait insupportable. En consultant nos souvenirs, nous avons pu le rapprocher assez exactement de celui de l'écorce de la racine du Polygala Senega L., qui se prononce après un goût fade et mucilagineux ; mais, abstraction faite de cette première sensation, on reconnait si bien, quelque temps après, ce goût âcre et métallique caractéristique de ces écorces savonneuses, que nous sommes tenté de l'attribuer à un méme prin- cipe. Or le principe âcre du Polygala a été isolé par Quevenne, qui lui à donné le nom d'acide polygalique, lequel aussi a la propriété de faire forte- ment mousser l'eau. Mais, comme l'acide polygalique est un acide organique qui ne s'est, jusqu'à ce jour, trouvé que dans la racine du Polygala, comme son goût est caractéristique, il est présumable que si l'on retrouve autre part cet acide, ce ne pourra étre que dans quelques plantes appartenant à quelque famille voisine de celle des Polvgalées. Donc, si l'analyse chimique venait à SÉANCE DU 13 AVRIL 1860. 319 démontrer dans les écorces en question ici ce même acide polvgalique, il y aurait une probabilité de plus en faveur de l'opinion qui attribuerait ces écorces à un Sapindus plutôt qu'à un Quillaja, car la famille des Polygalées est, dans la méthode naturelle, beaucoup plus voisine des Sapindacées qu'elle ne l'est des Rosacées. D'un autre cóté, alors méme que l'acide polygalique ne se retrouverait pas dans ces écorces, comme l'analyse qu'ont. faite MM. Boutron et O. Henry a démontré dans ces écorces la présence d'une substance particulière très pi- quante, ayant les propriétés générales de la saponine qui se retrouve dans plu- sieurs plantes de la famille des Caryophyllées, on peut supposer, avec quelque apparence de raison, que la plante qui fournit ces écorces appartient à une famille assez voisine des Caryophyllées. Or, ici encore, nous savons que les Sa- pindacées en sont bien plus voisines que les Rosacées. D'ailleurs De Candolle à surabondamment prouvé que, sauf quelques exceptions, les propriétés chi- miques et médicales sont souvent analogues dans un méme groupe de végétaux. C'est ainsi que l'acide kinique, la quinine et la cinchonine ne se trouvent que dans les espèces du genre Cinchona ; l'acide igasurique, la brucine et la strychnine, que dans les espèces du genre Strychnos, et ainsi de beaucoup d'autres principes végétaux. Espérons que l'analyse tentée sur ces écorces par M. Ducom viendra jeter quelque jour sur cette importante question d'histoire naturelle. Enfin la culture de divers Sapind us pourra un jour lever tous les doutes à ce sujet. On a annoncé que déjà M. Gustave de Lausanne a essayé, dans le Finistère, la culture du Sapindus emarginatus, remarquable, dit-on, par sa rusticité, et dont les graines, selon M. Aristide Dupuis, donnent une émulsion savonneuse ayant les propriétés du savon de Marseille le plus fin, sans en avoir la causticité (1). Nous cherchons en ce moment à faire germer les graines de Sapindus divaricatus qui nous ont été remises, mais le testa extrémement ligneux de ces graines nous fait craindre que cette germination, si elle s'effectue, ne soit du moins trés lente. M. Chatin demande à M. Fermond s'il. pense que la saponine et l'acide polygalique soient des substances distinctes. M. Fermond répond qu'il considère ces deux substances comme très analogues, et qu'il y aurait peut-être lieu de les réunir sous le méme nom. i M. Chatin confirme cette manière de voir. Il rappelle qu'il a écrit lui-méme que ces deux substances n'en font qu'une. Suivant lui, la salseparine, la saponine et la polygaline sont trés probablement (1) Moniteur des Comices, 1860, p. 104. 220 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. identiques. S'il en est ainsi, la présence de ces substances chez des végétaux très éloignés dans la série naturelle militerait contre les idées, émises par Linné et soutenues par De Candolle, sur les analogies des propriétés des plantes suivant leurs groupes naturels. M. Éd. Prillieux dit qu'on parait avoir exagéré la rusticité du Sapindus emarginatus, et que les tentatives faites en Bretagne par M. de Lausanne pour y introduire la culture de cet arbre n'ont pas répondu aux espérances qu'on avait d'abord conçues. M. Meniére dit qu'il a recu de Guayaquil des graines semblables à celles que M. Fermond vient de présenter. ll a publié, au com- mencement de cet hiver, dans la Gazette médicale, un mémoire sur ces graines, qui ont été étudiées au point de vue chimique par un pharmacien de Bayonne. — A propos de plantes saponiféres, M. Me- niére ajoute qu'on lui a parlé d'une Liliacée trés belle, haute d'un métre, à fleur blanche, qui croit abondamment sur la cóte occiden- tale de l'Amérique, depuis Panama jusqu'en Californie. Les bulbes écailleux de cette plante sont trés savonneux, et l'on s'en sert en Amérique pour laver la téte des négres. M. J. Gay dit qu'il connait cette plante; c'est, en effet, une Liliacée désignée sous le nom vulgaire d Herbe-au-savon du Mexique; peut-être le CAlorogalum pomeridianum Kth. M. de Schenefeld, en l'absence de M. Eug. Fournier, empêché d'assister à la séance, met à la disposition des membres présents un certain nombre de beaux échantillons, fraichement recueillis, de Tulipa Oculus solis. Ces échantillons proviennent de Paillet prés Cadillac (Gironde); ils ont été envoyés à M. Fournier par M. Fr. Ducot (de Bordeaux), avec priére de les offrir de sa part à la Société. M. Boisduval présente à la Société, en pleine fleur, diverses plantes qu'il cultive avec succès: Viola palustris, Androsace Chamæjasme, Saxifraga luteo-purpurea, Ranunculus rutæfolius, et un Iris nain qui provient de Sébastopol et parait étre une variété à petites fleurs de l Iris pumila. M. de Schænefeld, secrétaire, donne lecture de la communication suivante, adressée à la Société : SÉANCE DU 13 AVRIL 1860. 221 DIAGNOSES ET OBSERVATIONS CRITIQUES SUR QUELQUES PLANTES D'ESPAGNE MAL CONNUES OU NOUVELLES, par M. Léon DUFOUR (1). (Saint-Sever-sur-Adour, février 1860.) Ces descriptions sommaires ont été faites, il y a plus d'un demi-siècle, in loco natali, et sur les plantes vivantes, en sorte qu'elles offrent toutes les ga- ranties désirables quant à leur exactitude. Dans le but de satisfaire à la science et à l'amitié, et à une époque où la pratique médicale me laissait peu de loi- sirs, j'avais communiqué sans réserve des échantillons et souvent les diagnoses de la plupart de ces espèces à De Candolle, à Rœmer et Schultes, et à un grand nombre d'autres botanistes d'Europe. Plusieurs d'entre elles ont été publiées par ces savants, mais parfois incomplétement, faute de documents authentiques. J'ai moi-méme inséré les signalements de quelques-unes de ces plantes dans des recueils scientifiques de France ou de Belgique. Dès longtemps pénétré d'admiration et d'un véritable culte pour les ouvrages de Clusius et de Barrelier, qui ont herborisé dans les mémes contrées que moi, je me suis familiarisé avec la manière de voir et de faire de ces véné- rables auteurs, et j'ai attaché un intérét tout spécial à leur synonymie. Thalictrum glaucum Desf. Th. speciosum Poir. Erectum glabrum tripedale; caule striato; foliolis cuneatis trilobis, subtus glaucis, venoso-nervosis ; panicula erecta coarctata flava. — Hab. ad margines fossarum tarraconensium. — Junio. Les stries de la tige, très prononcées sur la plante fraîche, s'effacent presque entièrement par la dessiccation. Voilà sans doute pourquoi Poiret dit sa tige sillonnée, tandis que De Candolle lui refuse ce caractère. Thalictrum maritimum Duf. Erectum subtripedale gracile glaberrimum striatum; foliolis inferioribus ovato-cuneiformibus trilobis, superioribus lineari-acutis integris; stipulis petiolo cohærentibus, extus striatis, apice bifidis; corolla parva virescente ; staminibus sub-24; stylis 3-5. — Hab. in maritimis humidis, Dehesa de la Albufera Valentiæ. — Julio. Jele pris d'abord pour le 74. angustifolium, dont il diffère, puis pour le Th. simplex, à l'occasion des individus à panicule simple; mais il s'en dis- tingue par le nombre de ses étamines, par ses folioles et ses stipules. Ceratocephalus falcatus Pers. var. Barrelieri — Cratæeogonum | hispa- nicum Barr. ic. 376, 2. Les individus trouvés en abondance dans les terrains maigres et arides des (1) Ce travail sert de complément aux Souvenirs d'Espagne de M. Léon Dufour, déjà publiés dans notre Bulletin (voyez plus haut, p. 103, 146 et 169). 299 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. environs de Tudela ont à peine quelques lignes de hauteur. Ce fait vient à l'appui de ce que je dirai plus bas à l'occasion du Saxifraga veronicæfolia. Ranunculus gramineus L. var. //nearis DC. (var. luzulæfolius Boiss. Elench. p. 6). Hab. in collibus, Xativa, Vernisa, etiam prope Escorial et Cadiz. Malgré l'étroitesse de ses feuilles et les poils rares de leurs bords, ce n'est qu'une simple variation du type Linnéen. Arabis parvula Duf. in DC. Prodr. t. I, p. 145. J'avais jadis communiqué cette plante à De Candolle et à Rœmer, mais le signalement donné par le premier de ces auteurs est insuffisant. Je vais trans- crire, de mes anciens manuscrits, la description faite sur les lieux. Planta annua erecta subsimplex 4-7-pollicaris villoso-pubescens, pilis radia- tim multifidis. Folia ovato- oblonga, nunc integra, nunc utrinque 2-3 dentata, radicalia basi attenuata, caulina subamplexicaulia. Calyx erectus, sepalis duo- bus basi paululum gibbis, demum deciduis. Corolla candida, calyce duplo longior, erecta connivens; petalis oblongis, apice rotundato, subtruncatis. Sili- qua compressa, pedunculo brevissimo crasso. — Hab. in incultis saxosis Na- varræ (Tudela), Aragonie (Zaragoza). — Floret martio. Sinapis dissecta Lap. Cette plante a plus de rapports qu'on ne croit avec le S. alba L. Il se pour- rait méme qu'elle n'en fût qu'une variété ; elle a la silique ordinairement hé- rissée de poils blanchâtres, le plus souvent tétrasperme. — Je l'ai cueillie dans les moissons, à Tudela, en mai. Diplotaxis virgata DC. Sinapis virgata Cav. Hispido-aspera erecta ramosa 1-2-pedalis. Folia lyrato-pinnatifida rugosa dentata petiolata, caulina rara, summa interdum simplicia. Flores laxe race- mosi; calyx patulus, pallide flavus, sepalis dorso hispidis; petala flava ovata integra, unguibus rectis. Siliqua compressa glabra brevirostrata. — Frequens in agrorum versuris, muris, Tudela, Madrid, Valencia. — Floret primo vere. Diplotaxis erucoides DC. Sinapis erucoides L. — Eruca silvestris flore albo italica Barr. ic. 432 (bona). Les fleurs de cette espèce rappellent, par leur blancheur, leur grandeur, leur disposition et leur odeur, celles du Cardamine pratensis. — Elle est très commune dans les champs cultivés, de janvier à juin. Eruca Erucastram Duf. Brassica Erucastrum L. ! Plante annuelle, commune dans les champs pierreux de Tudela, Tarragone, Saint-Philippe, et mal étudiće par la plupart des botanistes de notre époque. Caulis erectus ramosus subbipedalis, basi præsertim piloso-hispidus. Folia SÉANCE DU 13 AVRIL 1860. 293 radicalia pinnatifido-runcinata dentata glabra, caulina raripilosa. Flores in racemos demum valde elongatos dispositi; petala ovato-spathulata integra al- bida, cum venis anastomosantibus violaceis ; staminum filamenta depressa ; antheræ violacea. Siliqua bilocularis glabra, primum compressa, demum elliptico-tetragona et erecto-adpressa ; stylo lanciformi siliqua breviori et illius fere latitudine. Notre espéce n'a aucun rapport avec la figure 262 de Fuchs, citée par Willdenow pour le Brassica Erucastrum L. Elle diffère surtout par ses pétales veinés de Eruca hispida Cav., qui m'est bien connu, ainsi que du Diplo- taxis Erucastrum Godr. et Gren., qui a pour synonyme le type Linnéen. — Elle commence à fleurir en février et fructifie en avril et mai. Iberis Lagascana DC. Prodr. t. I, p. 179. Z. spathulata Lag. Hab. in rupibus valentinis, Mozente. Crambe hispanica L. J'avais jadis publié (Ann. sc. phys. de Brux. 1820) cette espèce sous le nom de Cr. cordifolia, et De Candolle (Prodr.) la reproduisit sous celui de Cr. glabrata. Ces deux dénominations sont à rayer du catalogue. — Je n'ai rencontré cette plante que vers les bases ombreuses du rocher de Xativa, en avril ; elle y était rare. Cistus Clusii Dunal in DC. Prodr. t. I, p. 266. — Ledon VII Clus. p. 80, cum ic. Cet arbrisseau, haut de 3 pieds, a une telle ressemblance avec le Romarin, que lorsqu'il n'est point en fleur, il est presque impossible de les distinguer l'un de l'autre. Les sommités ont une viscosité aromatique analogue à celle du C. ladaniferus. La corolle est blanche et de moyenne dimension. — En avril, dans les collines pierreuses de Mora et les sables de la Dehesa de Valence. Helianthemum glutinosum Pers. Cistus glutinosus L. (excl syn.). — Chamecistus luteus Thymi folio polyanthos seu major Barr. ic. ^43, obs. 517. Stipulatum fruticulosum 6-8-pollicare viscidulo-pubescens ; foliis lineari- subulatis (interdum glabris), ramealibus alternis ; stipulis folio subaequalibus ; floribus racemosis ; corolla flava, calycis vix longitudine. — Frequens in colli- bus aridis Navarre, Aragonie, Catalauniæ, Valentie, etc. Malgré les travaux récents, ou peut-être à cause de ces travaux (sans en excepter celui de Dunal), il existe un chaos désespérant dans la détermination et la synonymie des espèces du genre Helianthemum. Cela tient surtout à ce que les descriptions ont été faites sur des échantillons d'herbier. Les individus frais et en bon état de l H. glutinosum ont le feuillage et les sommités viscidulo-pubescentes, mais ils ne sont jamais incani. Les stipules sont linéaires comme les feuilles et souvent de leur longueur, ce qui semble 32^ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. constituer un verticille. Ce trait, inapercu par la plupart des botanistes, n'avait point échappé à Barrelier, et la figure citée l'exprime. Linné, dans le signalement du Cistus glutinosus, se borne à dire peduncu- lis villosis glutinosis, parce que sans doute les individus qu'il avalt sous les yeux étaient par hasard glabres, ainsi que j'en ai moi-méme rencontré plu- sieurs exemples. Quant à la figure 415 de Barrelier citée par Linné, elle ne saurait, en aucune manière, convenir à l'H. glutinosum, puisque Barrelier dit la plante incana cunescens. Je ne vois pas pourquoi M. Spach, malgré toutes les régles admises, a changé le nom Linnéen en celui de viscidum. Helianthemum lineare Pers. Cistus linearis Cav. ic. 216. C. strictus Cav. ic. 263. — Chamæcistus incanus Tragorigani folio hispanicus Barr. ic. 415, obs. 512?. Stipulatum suffruticosum erectum ramosum incano-tomentosum ; foliis linearibus petiolatis, apice setaceo-pilosis ; stipulis parvis, ceterum folio simi- libus; floribus laxe racemoso-secundis, bracteatis ; calycis foliolis interioribus trinerviis dorso bulbo-pilosis, exterioribus oblongis obtusis, ad apicem cilia- tis; petalis calyce majoribus, albis, ungue flavo. — Hab. in collibus aridis Navarre, Valentie. — Floret aprili. La figure de Barrelier, mal à propos rapportée à P H. ylutinosum, exprime notre plante, mais comme, dans la description, l'auteur ne mentionne pas la couleur blanche de la corolle, j'ai dà y mettre le signe de doute. Les feuilles sont linéaires à cause de leurs bords enronlés, et elles sont blan- châtres sur les deux faces. Helianthemum calycinum Cis(us calycinus L. ! C. ericoides Cav. ic. 172. — Chamwcistus luteus vermiculato folio major Barr. ic. 445. Exstipulatum fruticulosum erectum rigidum pedale; foliis passim scabrius- culis; caulinis brevioribus crassis obtusis conferto-subimbricatis, rameis alternis longioribus; ramis paucifloris, pedunculis demum patulo-declinatis ; calyce glabro fulvo, sepalis externis patulis tandem deciduis ; corolla saturate flava. — Hab. in collibus aridis saxosis, Mora, Tarragona, Valencia. — Æstate, nec non aprili. Espèce mal connue par les botanistes postérieurs à Cavanilles. Tige nue dans le bas. Feuilles inférieures semi-cylindriques, fort courtes, formaut par leur rapprochement une colonne pentagone avec tendance à la spirale ; les su- périeures bien plus longues, plus planes, isolées, parfois munies de cils rares et courts. Fleurs solitaires, axillaires, à pédoncule rougeâtre pubescent finissant par se réfléchir en bas. Calice à sépales extérieurs libres, étalés après la déhis- cence des capsules; ces sépales sont exposés à se détacher par les outrages du temps. J’ai vu plusieurs fois, surtout à la fìn de la saison, des échantillons dans cet état justifiant l'expression de calycibus triphyllis de Linné. Les sépales SÉANCE DU 13 AVRIL 1860. 229 intérieurs, larges, ovales, pointus, sont sillonnés en dehors et tordus à leur pointe. Les valves de la capsule persistent étalées après l'émission des graines jusqu'à l'hiver. Helianthemum Izeve Pers. Cistus lœvis Cav. ic. 145, 2. C. thymifolius Pourr. (herb. Lorente). — Chamæcistus luteus toroso folio hispanicus Barr. ic. 439, obs. 520. C. angusto Thymi folio hispanicus Barr. ic. 416, obs. 513. Süpulatum fruticulosum, suberectum aut adscendens, Leve glabrum; foliis glaberrimis lineari-subulatis strictis fasciculatis, margine revolutis, in vivo supra lineolatis; stipulis folio brevioribus; ramis paucifloris ; pedun- culis tenuissimis, calyce triplo longioribus ; calyce glabro conico nervoso ; petalis saturate flavis. — Haud infrequens in arenosis maritimis Valentiæ ( Dehesa). Par l'expression de fo/iis fasciculatis, j'ai entendu dire que, dans les ais- selles des feuilles, se voient de nouvelles pousses. Ces feuilles, qui ont la roi- deur de celles du Romarin (stricta), présentent un curieux caractère sen- sible à l'état frais et qui ne s'efface pas tout à fait par la dessiccation : de chaque côté de la nervure médiane supérieure, il y a de petites lignes (/2neolæ) obliques, pàles, qui suivent le contour de la feuille. C'est sans nul doute ce trait que l'habile observateur Barrehier a exprimé par les mots £oroso folio et qu'il a rendu dans la figure, aussi bien qu'il était possible à une époque où l'art de la gravure était si peu perfectionné. Personne, que je sache, n'a fait cette remarque. Les stipules ont la roideur et la forme des feuilles, mais elles sont deux fois plus courtes et n’ont pas les //neole. Pédoncules au nombre de quatre ou cinq, avec une villosité à peine sensible à la loupe. Pédicelles naissant dans l'aisselle d'une feuille à deux stipules, ce qui parait propre à cette espèce. Cavanilles rapporte à sa plante (avec le signe du doute, il est vrai) la figure ^^3 de Barrelier. Si l'auteur espagnol ne se fût pas contenté, ainsi que le font beaucoup d'autres, de consulter seulement la figure, et s'il avait eu recours au texte de l'observation 517, il aurait reconnu qu'une plante à laquelle Bar- relier donne folia pubescentia et surculos brevi lanugine tectos, ne saurait appartenir à PH. /cve. Dunal, qui mérite le méme reproche que je viens d'adresser à Cavanilles, attribue à PÆ. Barrelieri Tenore la figure 416 de Barrelier, et, s'il avait lu l'observation 513 de celui-ci, il y aurait vu : folia glabra leto virore niten- tia, ce qui ne s'accorde guère avec les folia pubescentia margine ciliata, cal yces villoso-glutinosi de la diagnose du Prodromus. J'avais cru d'abord que le Cistus thymifolius L. pouvait bien être un Helianthemum glutinosum dépourvu de duvet par vétusté, comme j'en ai vu plusieurs pieds; mais aujourd'hui je suis porté à penser, peut-être avec T NL 15 296 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Pourret, que le C. thymifolius L. est surtout représenté par la figure 416 de Barrelier, dont le signalement porte cette épithéte. Helianthemum glaucum Pers. Cistus glaucus Cav. ic. 261. Stipulatum fruticulosum suberectum incano-pubescens ; foliis ovato-ellip- ticis, subtus incano-glaucescentibus ; floribus racemoso-subsecundis, demum retroflexis ; calyce ovoideo majusculo piloso pallescente; capsula pubescente ; petalis flavis, calyce duplo longioribus. — Hab. in collibus valentinis (Umbria e Bellus, Mozente). — Junio. Feuilles brièvement pétiolées, planes : poils en étoile. Grappes de quatre ou cinq fleurs. Calice tordu à sa pointe. Les grands sépales hérissés de poils blanchâtres, et non tomentos? comme le dit Cavanilles. Corolle un peu plus grande que celle de PAH. hirtum, et d'un jaune pâle. Helianthemum villosum Pers. /nchir. t. V, p. 78. Cistus imbricatus Poir. Encycl. suppl. p. 278. Stipulatum herbaceum cinereo-pubescens erectum rigidum, subsimplex aut e basi ramoso-adscendens; foliis petiolatis ovatis necnon oblongo-lanceo- latis; floribus subsessilibus secundis subimbricatis ; bracteis interjectis simpli- cibus; calyce oblongo acuminato incano-piloso ; petalis calyce brevioribus, flavo-pallidis ; capsula trigona, apice pilosa. — Hab. in campo matritense, Casa- de-Campo. — Junio. Espèce bien tranchée, peu connue méme des botanistes espagnols, quoique je laie cueillie en 1808 aux portes de Madrid. Parfaitement distincte de VH. salicifolium (1) commun partout, par les sépales longuement atténués, hérissés de poils blancs; par les calices brièvement pédonculés, rapprochés entre eux, comme imbriqués, un peu obliques ou tournés d'un seul côté, interposés à des bractées alternes ovales-oblongues et non opposés à une feuille munie de ses stipules comme dans lH. salicifolium. Capsule moins grosse que dans ce dernier, terminée par des poils moins apparents. L'épithéte de villosum donnée par Persoon est infidèle, toute la plante n'étant que pubescente ; celle d'imbricatus imposée par Poiret, qui n'a point connu l'espèce, est l'exagération d'un terme pris dans la diagnose de Persoon. Viola arborescens L. V. ispanica fruticans Barr. ic. 568. Respectons les noms spécifiques de nos devanciers, je le veux bien, surtout quand ils émanent des princes de la science, et méme quand ils choquent la vérité. Linné imposa l'épithéte exagérée d'arborescensà cette humble Violette , Desfontaines celle tout aussi 1nalsonnante de suberosa, tandis que Barrelier, (1) Les Cistus salicifolius, ledifolius, niloticus de Linné, les Helianthemum denticu- latum, intermedium de Persoon, ne sont à mes yeux que des modifications d’un seul et méme type. SÉANCE DU 13 AVRIL 1860. 27 qui le premier l'étudia vivante, lui avait déjà donné celle bien mieux adaptée de fruticans. Quoi qu'il en puisse étre, repose en paix, prétendu arbre de la Violette, repose à l'aise, avec racines, tronc, tiges, branches et fleurs, dans le format de mon herbier, sans en atteindre les limites ! Tu me rappelleras toujours, et l'il- iustre trio de savants dont je viens de citerles noms, et le rocher historique de Sagonte, et les catapultes d'Annibal qui ont meurtri tes ancétres, et le canon destructeur de Suchet, et la moisson que j'ai faite de ta pâle fleur, d'octobre en décembre, dans tes boudoirs rocheux de Pinel, Rapita, Almenara, Mur- viedro, Xativa, Moxente, etc. Tes petites graines m/iacées et luisantes sauve- ront ta race de tous les conquérants. (La suite à la prochaine séance.) M. Cosson rappelle que M. Bourgeau a recueilli le Crambe gla- brata DC. à la localité méme où cette plante a été découverte par M. Léon Dufour; il n'avait pu en trouver que deux ou trois indi- vidus, à fruits mûrs, dont les graines, confiées aux soins habiles de M. Durieu de Maisonneuve, ont fourni les échantillons qui ont été distribués par M..Bourgeau dans sa riche collection de plantes d'Espagne. M. À. Gris, vice-secrétaire, donne lecture de la communication suivante, adressée à la Société : NOTES SUR QUELQUES CRUCIFÈRES, par M. John BALL. (Londres, mars 1860.) J'ai l'honneur de soumettre à la Société botanique de France quelques notes sur certaines espèces de Crucifères, qui m'ont été suggérées par une récente révision de mon herbier, dans lequel est renfermée une série assez nom- breuse d'échantillons de la plupart des espéces européennes, pour faciliter l'étude des variations auxquelles tout organisme vivant est plus ou moins assujetti. Ce n'est qu'à titre d'apercus qui exigeraient des études ultérieures, que ces notes pourraient mériter l'attention de la Société. DRABA. Sect. LEUCODRABA DC. Syst. t. II, p. 342. De Candolle a décrit (Syst. nat. et Prodr.) six espèces de cette section comme habitant les hautes montagnes de l’Europe centrale ; cependant Koch (Syn. Fl. germ. et helv.) en a compté sept dans sa première édition, comme appartenant à l'aire plus restreinte de sa Flore. Dans la deuxième 228 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. édition du même ouvrage, le savant auteur a réduit deux de ces espèces au rang de variétés, mais il a admis le D. Traunsteineri comme une espèce distincte. En général, la synonymie de toutes ces espèces est singulièrement confuse, et, si je citais les Flores tant anciennes que récentes, j'aurais à constater autant d'opinions contraires sur l'identité de la plupart des plantes décrites par les auteurs qui leur ont donné les noms qu'elles portent dans nos herbiers. La difficulté ne naît pas seulement de l'insuffisance des caractères spécifiques proposés par les auteurs, mais surtout de l'extréme variabilité des espéces en question. La détermination de leur nomenclature et de leur synonymie exi- gerait l'examen des échantillons originaux, sur lesquels les descriptions sont fondées. Je me propose d'indiquer par de courtes phrases diagnostiques les caractères des trois plantes qui me paraissent dignes d'être distinguées comme espèces, en ajoutant, sous la réserve déjà indiquée, les synonymes les plus importants. 1. Draba tomentosa Wahlnb. — Scapis subbifoliis, adscendentibus erec- tisve, cum pedicellis pube ramosa adspersis ; foliis caudiculorum ellipticis basin versus attenuatis, caulinis late ovatis, omnibus pube ramosa tomen- tosis ; sepalis pilosis, lateralibus brevioribus basi gibbosis ; siliculis oblongo- ovalibus pedicellos erectos duplo vel triplo superantibus (rarius æquantibus), pilis brevibus plus minusve adspersis ; stylo brevi, sepius subnullo ; val- vulis siliculæ nervo centrali usque ad apicem praeditis. Var. o. Siliculis ciliatis, stylo brevissimo (D. tomentosa et D. stellata B DC. Syst.). — Depuis les Alpes du Dauphiné jusqu'aux Carpathes, dans Ja région alpine jusqu'à 9000 pieds (MontesPelmo !) et plus rarement dans la région subalpine (Sattel-Pass dans les Carpathes septentrionaux !, 4000 pieds environ). Var. B. Siliculis glabris, stylo brevissimo (D. frigida Saut. D. stellata a DC. Syst. non Jacq.). — Dans la région alpine de la chaine des Alpes, de- puis le Dauphiné jusqu'en Styrie et en Carniole, de 6500 à 8000 pieds. Sierra- Nevada (specim. haud visa). Selon Ledebour, cette variété se trouve en Asie, depuis les monts Altai et Baical jusqu'au. Kamtchatka, et dans l'Amérique russe, d'Unalaschka jusqu'à la Sonde de Kotzebue, tandis que l'on n'a trouvé aucune variété de l'espéce dans la Scandinavie. Var. y. Siliculis utrinque lanceolatis, stylo dimidiam siliculæ latitudinem subæquante (D. Traunsteineri Hoppe). — Koch avait adopté l'opinion de Traunsteiner, qui a pris la plante découverte par lui-méme et décrite par Hoppe pour un hybride des D. fomentosa et D. carinthiaca, hypothèse qui n'explique pas la longueur du style, double de celle qu'on trouve dans le D. tomentosa. Ce qui est positif, c'est que, dans la plante de Trauns- teiner, les graines ont avorté, et je citerai plus tard des faits qui indiquent une SÉANCE DU 13 AvRIL 1860. 229 relation entre cet avortement et la longueur du style. J'ai recu de M. Ambrosi, sous le nom de D. Traunsteineri, une plante provenant du Mont-Bondone dans le Tirol italien, qui répond assez bien à la description de Hoppe, et dont les graines semblent avortées. J'ai cueilli pourtant, sur des rochers, à environ 1000 pieds au-dessus de la maison de poste du Mont-Cenis, un échantillon avec des graines fertiles, qui appartient certainement à cette méme forme de D. tomentosa. Il est peut-être remarquable que, dans ces deux plantes, la nervure centrale des valves de la silicule se bifurque un peu avant l'extrémité supérieure, indiquant par là un passage vers l'espéce suivante. Il me semble impossible de séparer l'une ou l'autre de ces deux variétés comme espèce distincte, vu que leurs caractères ne sont nullement constants. On trouve la var. æ avec des silicules presque glabres, et dans la var. ($$ je n'ai pas encore vu un échantillon qui, à la loupe, ne montrât quelques poils épars sur les fruits. De méme la forme des silicules varie beaucoup, leur longueur égalant quelquefois 1 1/2, et quelquefois 3 fois leur largeur. Elles sont tou- jours plus grandes et surtout plus larges que dans les espèces voisines. 2. Draha stellata Jacq. (sec. Koch) non DC. — Scapis subbifoliis erectis, superne cum pedicellis glabris ; foliis caudiculorum lanceolatis ellipticisve, versus basin attenuatis, in pagina superiori pube ramosa plus minusve ob- tectis, inferne pilosis; sepalis pilis paucis rigidis ciliatis; siliculis ova- libus glabris, stylo sepius brevissimo ; valvularum siliculæ nervo centrali versus apicem bifurcato. Var. æ. Stylo longiore, foliis pube brevi canescentibus. — Cette variété, qui ne prend le rang de forme typique que parce qu'elle a été décrite la pre- mière, parait rare. Je ne la connais que dans la région glaciale des Alpes, prés de Zermatt. (Riffelhorn ! et côté nord du Mont-Cervin!, 10 000 pieds). J'ai trouvé une forme intermédiaire au Breven. Koch, en décrivant la plante autri- chienne, dit : stylo diametrum transversalem siliculæ subæquante. Je n'ai point vu d'échantillons possédant le style aussi long, et je serais tenté de douter que dans ce cas les graines soient développées. Var. G. Stylo subnullo, racemo elongato, foliis viridibus (D. carinthiaca Hoppe [1823]; D. Johannis Host [1831]; D. nivalis DC. ; D. nivalis et D. hirta Gaud. FI. helv.). — Cette variété n'est pas trés rare dans la région alpine de la chaine des Alpes, depuis le Mont-Cenis jusqu'en Transilvanie, mais elle ne descend guère au-dessous de la limite de 7000 pieds. En 1845, J'ai cueilli des échantillons de cette plante sur la crête de quartzite qui sépare les hautes vallées de Tourtemagne et d'Anniviers en Valais; ils étaient par- faitement pareils à la forme ordinaire dont M. Thomas a distribué des échan- tillons du Val-de-Bagnes sous le nom de D. nivalis. Huit ans plus tard, en 1853, j'ai retrouvé, sur les mémes rochers, la méme plante ; cette fois (saus doute par quelque circonstance accidentelle de la saison) les graines ne 230 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. s'étaient pas développées dans les silicules ; celles-ci sont un peu plus petites, et en méme temps le style, de presque nul qu'il était dans les échantillons de ma première récolte, s'est prolongé autant que dans le D. stellata typique. Cette plante est depuis longtemps connue au Mont-Cenis, d'où Willdenow a recu des échantillons qu'il a confondus avec le D. nivalis de Liljeblad , comme il a également confondu le D. fladnizensis Wulf. avec le D. ciliata Scop. , reporté avec raison par M. Boissier aux Arabis. Je ne sais si l'on doit distinguer comme variété le D. Johannis 8 glabrata Koch (D. Hoppeana Rudolphi) Les différences me semblent provenir uniquement de la station plus ou moins abritée oü se trouve la plante. Var. y. Stylo subnullo, pedicellis etiam fructiferis subcorymbosis, foliis viridibus margine ciliatis (D. lapponica Koch Syn. ed. 1, an DC.? an W.?; D. sclerophylla Thomas ezsiec. , an Gaud. ? ; D. Wahlenbergii B Koch Syn. ed. 2). -— Cette variété diffère peu de la précédente par les caractères essentiels, pourtant elle a tout à fait le port de l’espèce suivante, de sorte que l'on peut trés facilement les confondre. Elle se trouve en abondance sur les hautes Alpes, près de Zermatt, d’où M. Thomas en a distribué des échantillons sous le nom de D. sclerophylla Gaud. Je l'ai trouvée au passage du Stelvio, et dans les Alpes voisines, à la Forcella-di-Santa-Catarina, à 9500 pieds. On trouve, dans les herbiers, des échantillons nommés Ø. helvetica Schleicher, qui appartiennent tantót à celle-ci, tantót à la variété précédente, ou bien à quelque forme intermédiaire. Ces deux formes se tiennent constamment sur les roches cristallines, tandis que, selon Koch, la variété «œ préfère le calcaire. Ledebour rapporte au D. Johannis (notre var. B) une plante de la Russie arc- tique (pays des Samoyèdes), et la var. « se trouve au Labrador, mais je suis porté à croire que, comme l'espéce précédente, celle-ci manque entierement à la flore scandinave. 3. Draba fladnizensis Wulf. D. /actea Adams. D. helvetica Schlei- cher (sec. spec. herbarii Hooker ab auctore communicatum). — Scapis nudis seu unifoliis, cum pedicellis glaberrimis; foliis ellipticis lanceo- latisve, pilis simplicibus margine ciliatis ; sepalis glaberrimis, laterali- bus basi gibbosis ; siliculis ovatis glabris; stylo subnullo; valvulis silicu- larum obsolete nervosis, nervo centrali infra medium bifurcato ; pedicellis etiam fructiferis corymbosis. Var. à homotricha. Foliis margine ciliatis, ceterum glaberrimis. — Assez rare dans la région glaciale des Alpes, depuis le Mont-Vizo jusqu'en Carniole. Je l'ai trouvée au col du Clou entre la Savoie et le Piémont, sur le Mont- Cervin (environ 10 000 pieds), sur le sommet du Faulhorn, et sur le Todi (canton de Glaris) ; je l'ai eue du Tirol de M. Bentham et de M. Gerendny (de Pesth), et du mont Tavernaz prés Bex de M. Thomas. Var. B heterotricha. Foliis junioribus in pagina superiore pube ramosa rara SÉANCE DU 13 AVRIL 1860. 231 adspersis (D. Waklenbergii Hartm. non Koch) — Cette variété ne m'est connue en Europe qu'en Scandinavie, où elle ne parait pas être rare dans les montagnes de la Laponie et de la Norvége. Elle est tellement intermédiaire entre la variété typique et les variétés B et y de l'espece précédente, que je ne la reporte ici qu'avec doute. Je crois que le calice, parfaitement glabre et plus décidément bossu à la base, offre un caractère plus décisif que les poils rameux des jeunes feuilles. Autant que je peux en juger, la nervure des valves du fruit est plus conforme à celle du D. fladnizensis qu'à celle du D. stellata. En réduisant à trois espèces la série de formes que je viens de décrire, je me demande encore si les deux dernières sont assez distinctes pour conserver leur rang séparé. Je n'ose pas attacher une grande importance aux caractères tirés de la nervure des valves du fruit, lesquels cependant me semblent avoir été trop négligés jusqu'ici. On ne trouve pas deux valves où la disposition de la nervure soit exactement pareille. Cependant j'ai toujours trouvé la nervure médiane plus accusée chez le D. tomentosa (où elle cause une dépression qui a été remarquée par MM. Grenier et Godron) ; elle est moins visible dans le D. stellata, où pourtant elle est prolongée jusqu'auprés du bec, et à peine visible à la lumière transmise dans le 2. fladnizensis, dans lequel elle se divise en deux ou plusieurs branches près du centre de chaque valve. Malgré l'incertitude qui pèse sur la vraie position du D. Wahlenbergii, je crois que, dans l'état actuel de la science, on doit admettre les trois espèces telles que je les ai proposées. (La fin à la prochaine séance.) M. de Schœnefeld, secrétaire, donne lecture de la communica- tion suivante, adressée à la Société. ESSAI MONOGRAPHIQUE SUR LES ESPÈCES, VARIÉTÉS ET HYBRIDES DU GENRE MENTHA L. QUI SONT CULTIVÉES OU QUI CROISSENT SPONTANÉMENT DANS LES PYRÉNÉES CENTRALES ET DANS LA PARTIE SUPÉRIEURE DU BASSIN SOUS-PYRÉNÉEN (HAUTE- GARONNE), par M. Édouard TIMEBAE-LASGRAVE. (Toulouse, mars 1860.) INTRODUCTION. Les Menthes sont des plantes essentiellement aquatiques, qui se plaisent le long des cours d'eau, dans le bas des vallées; quelques-unes aiment les eaux vives et froides, tandis que d'autres préfèrent des eaux plus tranquilles et dont la température est plus élevée. Il en est, plus rarement, qui cherchent les champs cultivés, les lieux où la terre est meuble et très chargée d'humus. 232 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Plusieurs espèces croissent dans les mêmes lieux et fleurissent en même temps, ce qui détermine des croisements, d’où résultent des formes hybrides qui ont rendu jusqu'à présent la détermination de ce genre très difficile. Aussi les bo- tanistes phytographes en ont-ils diversement apprécié les espéces, et sont-ils tous d'accord pour proclamer que l'étude des Mentha demande des re- cherches dans la campague longues et minutieuses. On pourrait faire un livre trés curieux sur les phases diverses qu'a parcourues ce genre tant controversé, depuis les u»07 de Théophraste, 2350752» de Dioscoride, les Mentha et Men- thastrum de Pline, en poursuivant cette étude dans les livres de Dodoéns, Fuchs, Bauhin, etc., etc., jusqu'a l'établissement, par Tournefort, du genre Mentha, lequel fut adopté plus tard par Linné à l'époque de la grande réforme bota- nique. Une étude ainsi faite offrirait un grand intérêt botanique, surtout si on la continuait jusqu'à nos jours, en mettant en saillie les opinions que les auteurs avaient de l’espèce végétale, et la manière dont ils appréciaient les diverses formes observées par eux ; mais un pareil sujet embrasserait l'étude de la phy- tographie tout entiere. Il faudrait faire l'histoire de l'espéce polymorphe des anciens, et exposer les idées intermédiaires qui conduisirent graduellement à l'espéce absolue des modernes. Il n'est pas nécessaire, d'ailleurs, pour expliquer les faits que j'ai observés, de remonter aux botanistes anciens ; mon travail, purement phytographique, ne devra commencer qu'à l'époque Linnéenne. Ce fut alors, en effet, que l'espéce reçut une consécration universelle, en prenant un nom simple et caractéristique ; car c'est Linné qui, en généralisant la nomenclature binaire, fut le créateur des espéces seules adoptées pendant longtemps par tous les botanistes. Je ne veux pas dire pour cela que les anciens ne connussent pas les Mentha; loin de moi cette pensée : ils connaissaient, au contraire, toutes les espèces nommées plus tard par Linné, mais ce fut ce dernier botaniste «ui les carac- térisa par un nom simple et une diagnose claire et précise. Les botanistes qui ont écrit des Flores générales ou locales depuis l'établisse- ment de la nomenclature de Linné peuvent se ranger en trois catégories. Les premiers, fideles à l'école Linnéenne dont ils avaient adopté les principes, éta- blirent, comme leur maitre, quelques espèces parmi les formes qui leur paru- rent les plus tranchées, et groupèrent autour de ces prétendus types toutes les variétés ou hybrides qu'ils ne purent regarder comme de véritables espèces ; ils décrivirent ensuite les caractéres qui devaient distinguer ces prototypes, d'une maniere assez large pour que toutes les formes observées pussent rentrer dans cette description. Ils furent obligés d'admettre en méme temps, pour jus- tifier leur opinion, que ces plantes varient beaucoup : que la tige et surtout les feuilles peuvent être glabres, velues, hérissées , tomenteuses ou crépues ; les fleurs grandes ou petites ; les étamines exsertes ou incluses. Une fois dans SÉANCE DU 13 AVRIL 1860. 233 celte voie, il ne fut plus facile de s'arrêter, et Koch, un des meilleurs floristes allemands, n'hésite pas à dire que la même espèce peut être hermaphrodite ou dioique. Dans mes longues recherches, j'ai bien souvent vu varier dans cer- taines proportions le vestimentum de plusieurs Mentha, mais je n'ai jamais observé que ces plantes fussent dioiques, méme en cherchant dans les formes hybrides, qui donnent des graines mal développées ou avortées. Il n'en est pas de méme pour les feuilles, qui varient, en effet, quant à leur grandeur; et chaque espéce présente une forme ou variété à feuilles crépues, qui se perpétue par stolons. Les floristes dont je cherche à définir l'opinion furent obligés d'établir des variétés pour désigner ces formes moins tranchées que les types, en les ratta- chant à l'espèce à laquelle elles ressemblaient le plus; ils se servirent en- suite de l'abondauce ou de l'absence du vestimentum et de la forme des feuilles, pour indiquer les variations de chaque espèce par les surnoms de glabra, hirsuta, pubescens, tomentosa, mollissima, undulata ou crispa. Ce moyen était, comme on le voit, trés commode, et se pliait facilement à leur classifica- tion et à un certain parti pris d'avance de ne pas dépasser un nombre déter- miné de types ; aussi cette méthode trouva-t-elle de célèbres partisans parmi les botanistes qui avaient l'habitude d'étudier les plantes dans leur cabinet, au lieu de chercher dans la nature vivante les caractères spécifiques de toutes les formes affines ou ambigués de ce genre. On s'apercut bientót que cette méthode était défectueuse, et qu'on ne pou- vait pas se rendre compte d'une maniére assez exacte des faits observés; plu- sieurs botanistes s'occuperent de ce genre, et l'on ne tarda pas à voir surgir une opinion diamétralement opposée à celle des botanistes réducteurs de la période Linnéenne. Le nombre des espèces s'accrut, et, par une faiblesse naturelle à l'esprit humain qui souvent exagère les meilleures idées, on alla beaucoup trop loin, en établissant une foule d'espèces qui ne furent point adoptées et qui ne le seront peut-étre jamais. Ce fut surtout en Allemagne qu'on vit paraitre de nombreux botanistes partisans des idées dont nous venons de parler; en France méme il fut créé plusieurs espèces considérées aujourd'hui comme litigieuses, parce que les caractères sur lesquels reposent certaines distinctions sont varia- bles et dépourvus de toute fixité. Entre ces deux opinions extrémes, il y avait des botanistes partisans d'idées intermédiaires, ne pouvant le plus souvent s'entendre eux-mêmes sur les es- pèces qu'il convenait d'adopter, d'où était résultée une grande confusion qui avait fait revenir, dans ces derniers temps, aux idées réductrices préconisées par Linné. Toutefois, dés 1854, quelques botanistes reprirent l'étude de ce genre diffi- cile, non plus dans les herbiers, mais dans la campagne, sur les lieux mémes où ces plantes croissent naturellement, et l'on .est arrivé à établir aujourd'hui que les deux écoles dont je viens d'esquisser les opinions se trompent l'une et 934 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. l'autre, et que la vérité, comme il arrive le plus souvent, se trouve entre ces deux opinions extrémes. En effet, on a remarqué que des espéces bien caractérisées de ce genre, croissant péle-méle et en trés grande quantité dans certains lieux, donnent naissance, par de nombreux croisements, à des sujets hybrides; ces hy- brides sont méme trés fréquentes, et peuvent se maintenir plus ou moins longtemps sans offrir de grandes variations, ce qui les a fait considérer comme de véritables espèces par quelques botanistes. Cette troisième opinion, émise d'abord par MM. Dell, Braun et Lang, a été développée et soutenue avec succès, dans ces derniers temps, pour les Menthes rhénanes, par MM. Fr. Schultz et Wirtgen. Avant d'entreprendre l'étude du genre Mentha, j'ai dà me pénétrer de ces diverses opinions, vivement combattues ou défendues de part et d'autre par des botanistes du premier mérite; mais je ne me suis pas borné à lire leurs écrits, et j'ai encore étudié avec soin des échantillons authentiques des au- teurs qui se sont le plus occupés de ce genre difficile, afin qu'il n'y eût dans mon esprit aucune équivoque, et que mon jugement füt aussi éclairé que possible. vest aprés, avoir examiné tous ces documents que je commencai mes re- cherches, bien décidé à ne pas me laisser aller à une opinion plutót qu'à une autre, et à ne porter un jugement qu'en le puisant dans ma propre expérience et dans les faits que j'aurais moi-même observés. Apres cinq années d'études suivies dans la campagne, et aprés avoir repro- duit, soit par graines, soit par stolons, la plupart de ces plantes, je vais expo- ser quelle est, à mon avis, la maniere d'apprécier les diverses formes de ce genre si peu connu, et le plan que j'ai dû suivre dans la partie descriptive de ce travail. Je dois dire en commencant qu'il résulte de mes recherches que les formes- types sont plus nombreuses que ne l'ont pensé les botanistes Linnéens, mais qu'elles le sont bien moins que ne le croyaient les botanistes de la seconde catégorie ; ces espèces varient beaucoup sous certaines influences bien con- nues, influences qui donnent lieu à plusieurs variétés; enfin elles produisent, comme je l'ai dit, des formes hybrides, mais qui m'ont paru plus rares que l'on n'a bien voulu le dire dans ces dernières années. Dans mon travail, je considére comme espéces, celles représentées par un grand nombre d'individus, croissant dans plusieurs localités et se reproduisant indéfiniment de graines et de stolons sans offrir de notables variations ; tandis que je prends pour hybrides les formes qui offrent des caractères empruntés à deux espèces; ces hybrides sont caractérisées par des graines ordinairement avortées ou mal fécondées et par des stolons radicants, ne reproduisant, ni les unes ni les autres, aprés deux ou trois générations, des individus semblables aux premiers. SÉANCE DU 13 AVRIL 1860. 239 Outre ces deux catégories bien tranchées, il y a encore, j'en conviens, des formes intermédiaires ambigaës, qui viennent souvent augmenter la difficulté de bien déterminer les espèces et les hybrides. Quand ces espèces sont fé- condes, et que les caractères qu'elles présentent sont variables ou s’éloignent légèrement du type primitif, je considère ces formes intermédiaires et insolites comme des variétés. Les caracteres qui distinguent ces variétés disparaissent quand elles entrent dans des fécondations mixtes, et le sujet hybride qui en résulte présente les mêmes caractères que celui que produit l'espéce-type, comme je l'ai souvent observé pour les M. rotundifolia et rugosa, et pour les M. aquatica et hirsuta. — Quand, au contraire, elles sont infécondes et que les graines sont mal développées, je les range parmi les hybrides, car J'ai souvent observé que, quoique les hybrides produites par deux espèces légitimes aient généralement entre elles une grande ressemblance, il n'est pas rare de trouver quelques individus qui s'éloignent de la forme la plus commune, soit que l'action hybridante de l'un des parents ait été plus pro- noncée, soit que l'hybride qu'on a sous les yeux tende à se rapprocher peu à peu de l'une des espèces génératrices. Dans ce cas, j'ai pensé que la méthode suivie par MM. Schiede, Nægeli, Fr. Schultz, etc. , pourrait facilement indi- quer ces variations d'hybrides; et je me suis servi comme eux du mot recedens, qui me parait jusqu'à présent le mieux convenir à ce genre. Je ne me dissimule pas pourtant tout ce qu'a de disgracieux cette nomen- clature et toute la répugnance qu'elle inspire à plusieurs botanistes ; mais, quoi qu'on en dise, ces anomalies existent : elles sont même plus communes qu'on ne l'avait pensé, et, quelle que soit leur durée, il faut en tenir compte et les apprécier, car leur étude, loin d’être nuisible au progrès de la science, en facilitera, au contraire, le développement. N'est-ce pas le meilleur moyen de connaitre les véritables espéces, qui sont, il est vrai, quelquefois moins tran- chées entre elles que ne le sont les hybrides auxquelles elles donnent nais- sance? Ne perdons pas de vue, comme l'ont fait quelques botanistes, qu'il faut que nos classifications soient en harmonie avec les faits observés, et que nous ne devons pas plier la nature au niveau de nos méthodes et de nos systèmes. Dans ces derniers temps, M. Fr. Schultz a voulu obvier à tout ce qu'a de peu agréable et de malsonnant la nomenclature des hybrides adoptée par Schiede, et, au lieu de mettre en téte un nom composé de ceux des deux espèces qui avaient formé l'hybride, ce botaniste a préféré leur donner un nom comme aux véritables espèces; c'est ainsi qu'il donne le nom de M. Maximiliana au M. aquatico-rotundifolia, celui de M. Mulleriuna au M. arvensi-rotundifolia, etc. Ce système me paraît inadmissible, parce qu'il a le double défaut de surcharger la nomenclature de noms inutiles, et de donner à des formes bâtardes l'apparence d'espèces légitimes, au lieu de signaler, comme le système de Schiede, les deux espèces auxquelles ces formes doivent leur origine adultérine. 236 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. La circonscription que j'avais d'abord prise pour mes recherches était la portion du bassin sous-pyrénéen comprise dans le département de la Haute- Garonne ; mais, m'apercevant bientót que les cours d'eau comme la Garonne, l'Ariége et le Tarn amènent continuellement dans le bassin des espèces qui n'y végetent que temporairement, et qu'il faut remonter le cours de ces rivieres pour étre dans le véritable habitat de ces plantes, je pris le parti de comprendre dans mon travail les Pyrénées centrales, pour rendre mon essai plus complet. Malgré cela, je ne me dissimule point les quelques imperfections qu'on y remarquera, mais je prie mes lecteurs de considérer les difficultés que j'ai été obligé de surmonter, et de ne pas perdre de vue le titre de mon travail. Malgré ces quelques défauts, j'espére qu'il apportera quelques lu- miéres dans ce genre, qui a été de tout temps un écueil pour tous les floristes (1). SÉANCE DU 27 AVRIL 1860. PRÉSIDENCE DE M. DECAISNE. M. de Schœnefeld, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 43 avril, dont la rédaction est adoptée. A l'occasion du procès-verbal, M. le Président rappelle que la fécondation artificielle des Lis a déjà été indiquée par Gessner et par Du Petit-Thouars. Par suite des présentations faites dans la dernière séance, M. le Président proclame l'admission de : Mme veuve LÉVÊQUE DE ViLMORIN, à Paris, présentée par MM. De- caisne et J. Gay. M. LÉVÊÈQUE DE ViLmori (Henri), à Paris, présenté par MM. J. Gay et Greenland. Dons faits à la Société : 1* De la part de M. P. Savi: Sull' accrescimento dei cauli delle Palme. à (1) Voyez plus bas, à la séance suivante, le commencement de la partie descriptive de ce travail. SÉANCE DU 27 AVRIL 1860. 237 % De la part de M. Éd. Morren : Charles Morren, sa vie et ses œuvres. 3° De Ja part de M. Alph. Karr : Les Guépes, deux numéros. h° De la part de M. R. Le Roy: Relation médicale du voyage de la Persévérante dans l'océan Paci- fique. 9° De la part de M. Victor Chatel : Nouvelles observations sur la maladie de la Pomme-de-terre et sur celle de la Vigne. 6" De la part de l'Institut Smithsonien, de Washington : Agricultural report, 4858. 7* Il Nuovo cimento, giornale di fisica, etc., t. XI. 8 Bulletin de la Société d'études. scientifiques et archéologiques de Draguignan, t. I. 9% En échange du Bulletin de la Société : Atti del I. R. Istituto veneto, deux numéros. Journal de la Société impériale et centrale d'horticulture, mars 1860. L'Institut, avril 4860, deux numéros. M. A. Gris fait à la Société la communication suivante : ORIGINE ET MODE DE FORMATION DES CANAUX PÉRISPERMIQUES DANS LES MARANTÉES, par M. Arthur GRIS. À Les graines des genres appartenant à la tribu des Marantées, que nous avons pu étudier, renferment dans leur albumen, outre le canal embryonnaire, un ou deux canaux supplémentaires, dont la structure et l'origine avaient été jusqu'ici presque complétement négligées. Au mois d'octobre 1859, j'annoncais, dans les Comptes rendus de lIn- stitut, que ces canaux ne sont pas vides comme on l'avait cru, mais, au con- traire, occupés par un tissu dont l'élément essentiel est le vaisseau spiral. Il sembla à M. Brongniart, qui daigna s'intéresser à mes observations et m'aider de ses conseils, que ces canaux devaient appartenir à la chalaze. D'autres 238 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. savants, au contraire, voulant bien me faire part de leurs doutes à ce sujet, semblaient portés à admettre l'opinion de Robert Brown sur les canaux paral- lèles du Thalia dealbata (1). « Cum itaque structura, dit-il, huic omnino similis, hactenus absque » exemplo, nec ulla analoga (nempe embrvones plures in distinctis cavitatibus » ejusdem albuminis), nisi in Cycade et nonnunquam in Visco cognita sit, » rem memorari dignam esse credidi. » Mais, si les canaux parallèles du Talia dealbata sont des embryons avortés, il faut admettre qu'il y a aussi un embryon avorté dans les graines des genres Maranta, Stromanthe, Calathea, où il existe un canal dont la structure anato- mique est, à peu de chose près, identique avec celle des canaux parallèles du Thalia dealbata. Je vais montrer que cette opinion n'est point conforme à la vérité. Il m'a suffi d'agiter à plusieurs reprises l'inflorescence du Stromanthe san- guinea pour obtenir ainsi une sorte de fécondation artificielle indirecte, qui a provoqué, sinon la maturation complete de la graine, au moins un accroisse- ment de l'ovule suffisant pour me permettre d'assister au mode de formation du canal en question. Dans de jeunes boutons, j'ai trouvé des ovules chez lesquels le sommet du nucelle semblait avoir déjà décrit un arc de 90 degrés, son axe étant parallèle au plan horizontal mené par le point d'attache de l'ovule, et le micropyle étant par conséquent latéral. Bientôt le sommet du nucelle s'abaisse un peu, en méme temps que la chalaze (c’est-à-dire le point d'adhérence du nucelle avec les téguments) se relève dans la méme proportion ; l'axe du nucelle est alors oblique relativement au plan horizontal du point d'attache de l'ovule. Enfin, le sommet du nucelle continuant toujours son mouvement descendant, le micropyle se rapproche du hile en méme temps que la chalaze s'élève. L'axe du nucelle est encore un peu oblique relativement au plan du point d'attache de l'ovule; cependant l'ovule peut être considéré à cet âge comme anatrope. Quand la fleur est épanouie, le micropyle est trés voisin du hile, la secon- dine se prolonge en dehors de la primine, et la chalaze n'est point. placée dans le point diamétralement opposé au sommet du nucelle, mais un peu au-des- sous, sur le cóté. Un cordon trachéen s'éléve du hile à la chalaze. Ce n'est déjà plus un véritable ovule anatrope, mais il n'est pas non plus campy- lotrope. Dés que l'ovaire commence à se changer en fruit, l'ovule se développe trés inégalement. La base du nucelle se rapproche de plus en plis de son sommet ou du micropyle, en sorte que ce nucelle prend la forme d'un demi-cercle interrompu, environ vers sa partie moyenne, par une échancrure qui est le (1) Prodr. flor. Nov.-Holl., Scitamineæ, p. 307. SÉANCE DU 27 AVRIL 1860. 239 canal en question. La chalaze prend successivement, à mesure que le nucelle s'accroit, l'apparence d'une petite fossette, puis d'un cæcum qui se creuse de plus en plus, enfin d'un canal étroit terminé en cul-de-sac. Par suite du déve- loppement, l'ovule prend de plus en plus la forme campylotrope. Le raphé, trés court, s'étend depuis le hile jusqu'à l'origine du canal. — Les choses se passent d'une manière très analogue dans le Maranta indica, qui a donné spon- tanément des fruits dans les serres du Muséum. Ici la graine est en forme de prisme allongé, en sorte que le canal s'allonge dans le méme rapport et s'élève à une grande hauteur au sein méme de l'albumen qu'il divise sensible- ment en deux moitiés égales. Tels sont donc l'origine et le mode de formation du canal périspermique dans le Stromanthe sanguinea et le Maranta indica. Il n'y a point là d'em- bryon avorté ; il n'y a pas non plus lieu de s'étonner si l'on trouve des vaisseaux spiraux à l'intérieur méme de l'albumen, puisque ces vaisseaux appartiennent à la chalaze. Aussitôt que la saison le permettra, j'étudierai le mode de développement des canaux parallèles du Zhulia dealbata, qui présentent la méme structure vasculaire, et j'aurai l'honneur d'entretenir la Société du résultat de mes observations. M. Decaisne fait remarquer que le mode de développement indiqué par M. Gris s'observe dans des ovules campylotropes, chez des plantes appartenant à d'autres familles, notamment chez quel- ques Rhamnées, et qu'il n'est point encore démontré, par la pré- sence et la structure du canal unique des graines qui font l'objet de son travail, que les canaux paralléles du Thalia dealbata aient une origine semblable. M. Gris répond que la structure anatomique du canal unique des Maranta, Stromanthe et Calathea présentant l'analogie la plus frappante avec celle de chacun des deux canaux parallèles du Thalia dealbata, il est porté à attribuer à ces derniers la même origine chalazienne; que du reste le développement de l'ovule et de la graine, qu'il exposera prochainement à la Société, lévera tous les doutes à cet égard. : M. Garousse présente à la Société une collection d'Algues marines desséchées avec soin et fixées sur papier. M. de Schenefeld, secrétaire, donne lecture de la communication suivante, adressée à la Société : 2540 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. DIAGNOSES ET OBSERVATIONS CRITIQUES SUR QUELQUES PLANTES D'ESPAGNE MAL CONNUES OU NOUVELLES, p:r M. Léon DUFOUR (suite). Gypsophila arenicola Duf. — Lychnis fruticosa angustifolia minima flore albo hispanica Barr. ic. 997. Caules plurimi ex eadem radice perenni, glabri procumbentes 6 -10-pollica- res, ramis filiformibus. Folia lineari-subulata, internodiis breviora, margine brevi, ciliato-asperula. Flores terminales, longe pedunculati, solitarii; calycis glabri sepalis obtusiusculis, margine late membranaceis; squamis quaternis ovato-acutis scariosis, cum nervo dorsali; petalis ovatis integris aut. subtrun- catis, calyce longioribus, supra albidis, subtus subincarnatis, basi obsolete tristriatis. — Frequens in arena maritima valentina (Dehesa). — Junio. Le collet de la racine, rameux, noueux, dur, émettant plusieurs tiges, me fait penser que la plante est vivace, ce que confirme l'épithéte de fruticosa de Barrelier. La longueur des pédoncules uniflores est bien exprimée par la figure citée. Il est regrettable que ce savant botaniste n'ait rien consigné sur cette espèce dans ses observations. Comme il lui donne l'Espagne pour patrie, il est bien possible que, comme moi, il l'ait trouvée dans les sables maritimes de Valence. Je ne vois ce synonyme cité nulle part. Je suis loin de contester l'affinité de ma plante avec le Gypsophila saxi- fraga L. (Dianthus filiformis Lam.), mais la synonymie de cette dernière espéce est bien embrouillée, et l'habitat est bien différent. Seringe (in DC. Prodr.) rapporte le G. saxifraga à la figure 998 de Barrelier, en disant : dentes calycis obtusissimi, tandis que Barrelier dément cette assertion en re- présentant les dents du calice très pointues. Poiret, au contraire (Zncycl.), dit ces dents aigués. Voyez comme on s'entend. Silene stenophylla Duf. Glabra, superne viscosa, erecta, laxe ramoso-paniculata ; foliis caulinis an- guste linearibus longis, rameis brevioribus lineari-subulatis ; floribus omnibus pedunculatis, pedunculis gracilibus; calycibus glabris albido-virescentibus unicoloribus, dentibus brevibus triangularibus subacutis, margine nudis, in fructu basi coarctato subpedunculato 10-nervio ; corolla parva rubella, petalis bifidis; semine maturo reniformi, disco subtiliter radiatim striato, margine late canaliculato. — Planta pedalis sesquipedalisve. Radix albida ramosa. — Habitat in collibus aridis, Mora-de- Ebro. — Æstate. Soleirol m'envoya cette même espèce de Calvi (Corse), sous le nom de S. linoides DC. Lorsque je découvris mon S. stenophylla en 4810, je le pris d’abord, à cause de la viscosité de ses rameaux, pour le SS. muscipula L., dont il est très distinct. SÉANCE DU 27 AVRIL 1860. 241 La graine, examinée fraiche et dans l'état de maturité, au moyen d'une loupe bien éclairée, offre sur ses flancs de trés fines stries rayonnantes, qui deviennent plus difficiles à constater sur les échantillons conservés en herbier. Mes amis MM. Monard m'envoyérent jadis, de Chiclana près Cadix, un Silene voisin de celui-ci, mais qui s'en distingue surtout par les dents du ca- lice bordées d'un duvet blanc, court et fourni, et par les pétales blancs en dessus, d'un vert livide en dessous. Cette espèce de Cadix pourrait bien être le S. linifolia Willd. ; je l'ai cultivée dans mon jardin, de graines venues de Chiclana. Silene segetalis Duf. S. rubella plur. auct. non L. S. undulata Pourr. (in herb. Lorente ex ipso Pourret), non Ait. Pruinoso-pubescens, haud viscosa, dichotoma, nunc (in segetibus) erecta bipedalis, nunc (in saxosis) decumbens multicaulis vix sexpollicaris; foliis ovato-oblongis basi attenuatis, omnibus opposito-connatis margine undulatis ; floribus pedunculatis erectis; calycibus demum clavato-turbinatis, glabris 10-nerviis, dilute purpurascentibus, lobis ovatis obtusis margine ciliato- villosis ; petalis calyce longioribus, rosco-purpureis, obtuse emarginatis ; coro- nule appendicibus oblongis subcoadunatis ; staminibus inclusis, antheris flavescentibus ; capsula erecta ovato-oblonga, obtuse triquetra, pediculo in ca- lyce crasso subpentagono ; seminibus reniformibus fuscis, transversim subti- lissime striatis, margine canaliculatis ; radice albida ramosa annua. — Frequens in segetibus et collibus saxosis Navarræ (Tudela), Aragonie (Zaragoza), Ca- talauniæ (Tarragona, Mora), Valentiæ (Xativa), Bæticæ (Cadiz); etiam in Algeria nec non in regno tunetano. Je n'ai point rencontré cette espéce aux environs de Madrid, et M. Colmeiro, dans son catalogue des plantes des Castilles, ne mentionne pas le S. rubella. Voilà une plante connue de beaucoup de botanistes sous le nom de S. ru- bella L., mais dont la synonymie ne laisse pas que d'avoir encore des incerti- tudes. Remontons à la source. Silene rubella L. erecta lævis, calycibus subglobosis glabris venosis, co- rollis inapertis (Sp. pl. p. 600). Le fondateur dela nomenclature botanique, quand il donna le signalement de son S. rubella, avait sans doute sous les yeux des échantillons qui justi- fiaient les mots de calycibus subglobosis. Or notre diagnose du SS. segetalis à été faite /n vivo, sur des centaines d'individus, et ses calices ne sauraient inspirer à aucun botaniste l'épithéte de subglobosi. Le terme de venosus signifie, dans l'acception ordinaire, parcouru par des lignes super ficielles plus ou moins rameuses ; et, dans notre espèce, le calice à dix nervures simples. Enfin corollis inapertis est un caractère qui ne convient nullement au S. segetalis, dont les pétales dépassent. e calice et sont étalés. T. VII. 16 242 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Mon S. segetalis, que jadis j'envoyai à mon ami Soyer-Willemet, est bien l'espèce que ce savant a décrite, avec M. Godron, sous l'appellation de S. ru- bella L., dans leur Monographie des Silene de l'Algérie. Lagasca, sous les yeux duquel avait passé tout mon herbier valencien, a écrit sur l'étiquette de ma plante: « Hanc Silenen patulam diximus (Anal. cienc. nat. 1802), postea pro S. rubella L. habuimus. » Acharius m'envoya dans le temps, comme provenant du jardin botanique de Stockholm, un échantillon d'un Silene en tout identique avec mon S. sege- talis et qui portait l'étiquette de S. stricta L. Silene graveolens Duf. — Lychnis marina hirsuta purpurea Leucoii folio Barr. ic. 4010, obs. 658. Erecta subsesquipedalis ramosa glanduloso-viscida ; foliis opposito-connatis crassis enerviis, inferioribus spathulatis obtusis, superioribus lanceolatis sessi- libus ; floribus longe pedunculatis axillaribus solitariis erectis ; calycis villosi, demum conico-ventricosi, dentibus elongato-subulatis, basi membrana con- junctis ; petalis roseis lineari-bipartitis ; squamis coronulz albidis, acute bifi- dis ; staminibus omnibus inclusis, antheris obcordatis; capsula obtuse trigona; semine reniformi lævigato, margine canaliculato. ©. -— Frequens in arenosis maritimis valentinis (DeAesa) ; etiam prope Cadiz. — Junio. Dans leur Monographie des Silene de l'Algérie (4851), MM. Soyer-Wil- lemet et Godron regardent mon S. graveolens, dont j'avais communiqué des échantillons au premier de ces auteurs, comme identique avec le S. ramosis- sima Desf. Je ne saurais sanctionner ce rapprochement, que j'avais déjà tenté à l'époque où j'étudiais la plante vivante sur le littoral valencien. La science est devenue exigeante pour les diagnoses spécifiques comparatives. Pour peu que l'on ait manié notre Silene, soit en le cueillant, soit en le des- . séchant pour l'herbier, on sent à plein nez une forte odeur d'Ononis Natrix, qui n'aurait pas échappé à Desfontaines, si son ramosissima était mon gra- veolens. Sans attacher une grande valeur à cette odeur, bien qu'elle soit le produit d'une sécrétion glandulaire spéciale, je m'étonne néanmoins qu'elle ait éludé l'odorat de Desfontaines. Ce trait m'avait tellement frappé qu'il mo- tiva l’épithète nominative de l'espéce. Ma plante est annuelle, et Desfontaines marque la sienne du signe 24. Les fleurs du S. graveolens sont solitaires, et leur pédoncule a souvent un pouce de longueur. Dans le S. ramosissima, les pédoncules sont souvent triflores. Les dents du calice du S. graveolens, avant l'éclosion de la corolle, soft trés allongées et forment, par leur réunion, un bec pentagone ; mais leur lon- gueur réelle est diminuée par l'existence, à leur base seulement, d'une mem- brane blanchátre (non scarieuse) qui unit ces dents et qui a pres d'une ligne de hauteur. Ce trait organique n'est point mentionné par Desfontaines dans le S. ramosissima, mais il l'a été par les auteurs de la Monographie précitée, et SÉANCE DU 27 AVRIL 41860. 253 il se pourrait qu'ils l'eussent constaté sur mes échantillons de S, graveolens. Toutefois ils l'ont inexactement exprimé en disant : dentibus margine scario- sis. Cette membrane connective, non scarieuse, n'existe qu'à la base de ces dents qu'elle unit par une continuité circulaire. C'est ainsi que je l'ai vue in vivo, et qu'un dessin la représente dans mes vieilles notes. MM. Soyer-Willemet et Godron, sans doute par un lapsus calami, décla- rent les fleurs de leur S. ramosissima diurnes; celles du graveolens sont noc- turnes : elles ne s'épanouissent qu'aprés le coucher du soleil. Les pétales, petits et profondément bifides, sont roses dans le S. graveolens ; Desfontaines les dit blancs dans le ramosissima. Les auteurs de la Monogra- phie se taisent sur ce point. Étamines du S. graveolens toutes incluses et disposées sur deux rangées, dont une plus courte ; anthère cordiforme recevant le filament dans son échan- crure. Stigmate plus court que les étamines ; capsule brièvement pédiculée dans le calice, obscurément trigone, triloculaire, s'ouvrant par six dents poin- tues roides plus ou moins renversées en dehors. Les graines du S. ramosissima, dont Desfontaines ne parle point, ont été signalées par les auteurs dela Monographie telles que je les ai mentionnées dans la diagnose du graveolens, et il se pourrait encore que ces auteurs les eussent observées sur les échantillons de cette derniére espéce. C'est pour moi un véritable triomphe que de restituer leur droit de priorité aux anciens botanistes. Non-seulement la figure, mais la description de Barre- lier confirme la légitimité de mon espèce. Comme moi, il l'avait trouvée en juin sur la plage sableuse de Valence, et il avait noté la couleur purpurine de la corolle. Je conserve dans mon herbier un échantillon de petite taille, pris dans un lieu plus sec, qu'on dirait avoir servi de modèle au crayon du savant père, Sibthorp, au dire de Poiret (Encycl. suppl.), attribue la figure 1010 de Barrelier au Silene ciliata Willd.; mais la description de Willdenow ne cadre point avec notre plante, qui est positivement celle-de Barrelier. Silene italica Pers. Cucubalus italicus L. Brevissime incano-pubescens, erecta ramoso-paniculata, ramulis glutinosis ; foliis glaucescentibus, radicalibus cæspitosis spathulato-acuminatis, caulinis lineari-lanceolatis ; floribus haud nutantibus ; calycis elongati glabri, vix striati, dentibus obtusis, margine late membranaceis ; petalis bipartitis herbaceis. Ra- dix perennis. Caulis sesquipedalis. — Hab. in rupibus, Xativa. — Maio. Cette diagnose convientà ma plante, que je crois étre le type Linnéen ; elle n'est ni piloso-pubescens, car aucun poil n'est saillant, détaché ; ni molliter velutina, le duvet, seulement sensible à la loupe, étant couché, collé, comme dans la véritable pubescence. Les expressions /œvis pubescens, de Persoon, lu; conviennent parfaitement. 2AA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Silene ambigua Camb. in Soy.-Will et Godr. Monogr. p. 2^. S. Sapona- ria Cav. (sec. Lagasca). Folia lata elliptico-spathulata, basi attenuata, connata firmiuscula, nuda vel brevissime pubescentia, caulina oblongo-lanceolata, floralia sublinearia. Calyces secundi pubescentes, superiorum pedunculo ipsis breviore, 10-costati, costis purpurascentibus, subasperulis, apice venis interjectis anastomosantibus, den- tibus latiusculis acuminatis margine dense ciliatis. Corolla amcene rosea, noctu explicata, inodora. Calyx fructigerus erectus. — Hab. in rupe setabensi (Xativa). — Aprili, maio. Les côtes du calice, soit avant, soit après la floraison, sont purpurescentes et non vertes, et les dents du calice ont des cils serrés, dont ne parlent point MM. Soyer-Willemet et Godron (.Monogr.). La dénomination de Suponaria Cav. a été inscrite par Lagasca dans mon herbier. J'ignore dans quel ouvrage Cavanilles a publié cette plante. Je l'ai envoyée sous ce nom à bien des botanistes. Silene bipartita Desf. Le Silene que j'ai envoyé à mes amis avec l'épithète de tubiflora est une variété du S. bipartita, remarquable, non-seulement par le tube que forment en dehors du calice les onglets réunis des pétales, mais aussi par un calice beaucoup moins velu que celui de l’espèce-type. Je puis certifier, contraire- ment à l'assertion de Poiret, que les corolles, recoquillées sous l'influence du soleil, s'épanouissent au coucher de cet astre et exhalent alors un parfum agréable. — J'ai trouvé cette variété dans les lieux sablonneux, soit aux envi- rons de Madrid, soit à Xerta (royaume de Valence). Silene coarctata Lag. Gen. et Sp. p. 45 (et ex ipso). Planta annua 6-10-pollicaris erecta ramosa substricta piloso-pubescens sub- ncana. Flores interrupte spicati. Calyx subsessilis erectus rigidus solitarius villosulus, tandem globosus, 10-costatus, dentibus elongato-subulatis. Bracteæ neares, calyce longiores. Corolla minutissima, calyce brevior, petalis angustis emarginatis purpureis. Coronula albida bifida. Capsula globosa rostrata punc- tato-scabriuscula sessilis. Semina fusca scabrosa. Radix albida ramosa. — Habitat in collibus arenosis aridis, Xativa. — Maio. Cette espèce a été peu connue ou mal appréciée depuis Lagasca. Elle était dans mon herbier sous le nom de S. rostrata Duf., et ce fut Lagasca lui- méme qui y substitua celui de coarctata. Ainsi ces deux noms appartiennent à un seul et méme type. MM. Soyer-Willemet et Godron ont donc commis une erreur en attribuant le S. coarctata Lag. au cerastioides L., et mou S. rostrata au tridentota Desf. Ce dernier a des pétales tridentés, caractère qu'exprime la figure de Clusius (p. 290), tandis que les pétales du S. coarc- tata sont à peine échancrés. SÉANCE DU 27 AVRIL 1860. 245 Silene sclerocarpa Duf. Planta annua erecta virgata, pedalis sesquipedalisve, hirsuto-pubescens, habitu præcedenti similis. Caulis basi incano-hirsutus, apice pubescens. Folia pubes- centia hirsutaque, inferiora anguste spathulata, superiora lanceolato-linearia. Flores spicati subsecundi, sat distantes, erecti. Calyx globosus rigidus, utrinque attenuatus, parce hirsutus, brevissime pedunculatus, 40-costatus, costarum intervallis distiche venosis, dentibus subulatis. Corolla calyce major, rubro-pur- purea, petalis profunde bifidis, coronulæ dentibus tubum exsertum efforman- tibus. Capsula erecta, antice in rostrum conicum dentibus 6 acutis dehiscens attenuata. Semina parva ardesiaca scabriuscula, margine canaliculato. — Hab. in collibus saxosis Xativa, necnon in arena maritima Dehesa Valentia. — Maio. Lorsque Lagasca vit mon S. sclerocarpa, il se contenta d'inscrire : affinis S. cuarctatæ. Les veinures du calice le distinguent surtout de ce dernier. Lychnis diclinis Lag. Gen. et Sp. p. 15 (et ex ipso). Agrostemma dioica Duf. olim. Caules 6-10-pollicares plurimi diffusi incano-villosi. Folia molliter villosa. Flores suaveolentes. Petala purpurea plana obcordata, basi saepius utrinque uni- dentata, coronula minuta albida bipartita. Calyx, in mare subcylindricus, in femina pentagonus, incano-villosus. Capsula nutans ovato-conica glabra ses- silis 10-valvis. Semina globoso-reniformia scabroso-muricata, umbilico trans- verso. Radix elongata alba subsimplex perennis. — Hab. ad radices montis setabensis (Xativa). — Aprili, maio. Arenaria media L. C'est une conquête pour la science que de signaler et de dissiper une er- reur. En 1820, je publiai (Annal. sc. phys. Brux.), sous le nom d'Arenaria Spergula reproduit par De Candolle dans son Prodromus, une plante que plus tard j'ai reconnu, ainsi que je l'avais déjà soupçonné en 1820, n'étre que lA. media L. (A. marginata DC. FI. fr.), placée aujourd'hui dans le genre Spergularia. — Je l'ai trouvée en juin dans les lieux humides de la Navarre (Tudela) et du royaume de Valence (Xativa). Arenaria modesta Duf. in Ann. sc. phys. Brux. t. VII, p. 291; DC. Prodr. t. I, p- A10. Hab. in terra rupium, Xativa, Bisquert. — Aprili. — On a retrouvé cette espèce dans le midi de la France, à Perpignan. Arenaria procumbens Vahl. A. extensa Duf. l. c. A. herniariæfolia Dest. Hab. ibid. — Corolle variant du blanc au rose. Arenaria pentandra Duf. /. c. Glabra erecta gracilis 4-pollicaris annua ramoso-dichotoma, interdum sim- 256 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. plex; foliis lineari-subulatis, junioribus subciliatis; calycis sepalis acuminatis, dorso marginibusque glanduloso-pilosis, vix striatis ; petalis inclusis subabor- tivis ovatis obtusis ; staminibus tantum 5, cum antheris roseis crassis didymis ; stylis 3, intus pubescentibus ; capsula ovata triloculari, dentibus 6 dehiscente ; seminibus reniformibus subtilissime striato-asperulis. — Frequens in saxosis et campis incultis, Xativa. — Aprili. De Candolle (Prodr. t. 1, p. 406) n'a considéré cette plante que comme une variété de l'A. tenuifolia. Je lui crois des droits à être conservée comme espèce distincte. Cerastium gracile Duf. l. c. ; DC. Prodr. t. I, p. 416. Planta vix 6-pollicaris. Capsula calyce paulo longior, apice sursum incurva. — Hab. in terra rupium, Xativa, Bisquert. — Aprili. Malva trifida Cav. Diss. tab, 137, M. stipulacea ej. ibid. tab. 45. M. spi- thamea ej. ibid. tab. 18. M. œgyptia L. M. hispanica Asso Syn. p. 90, tab. V, fig. 4 (non L.). — M. foliis palmato-incisis, caule procumbente, calyce exteriore diphyllo Lol. It. p. 214 (non M. hispanica L.). Dans ce type, assez polymorphe, les poils des tiges, des pétioles et des pédoncules sont en navette, c'est-à-dire fixés par le centre, avec les deux extré- mités libres et celles-ci bifides. Des poils semblables, mais à pointes simples, se voient dans quelques Malpighia. Je suis surpris que ce trait si remarquable de configuration pileuse ait échappé aux botanistes. Stipules des feuilles infé- rieures ovales-aigués, celles des supérieures très étroites, linéaires, ciliées, et alors de la longueur des pétioles. Poils du calice insérés, par paires, sur un tubercule et droits. Graines de la forme de la coquille appelée nautile, avec le pourtour en gorge de poulie et les flancs à lignes saillantes rayonnantes. — Hab. les collines arides de Tudela, d'Aranjuez. — Juin. J'avais jadis envoyé à De Candolle ce Malva sous le nom de ciliata; il en a fait à tort, dans son Prodromus (t. Y, p. 432), une variété du M. Tour- nefortiana. Quelle synonymie désespérante! 1° Le M. trifida Cav. vient aux environs de Madrid, et je l'ai cueilli moi- méme à Aranjuez. Il est présumable que Loefling, qui a si longtemps herborisé autour de Madrid, a aussi rencontré cette espèce à Aranjuez. 2° Le M. hispanica Asso est certainement, et d’après sa description et d’après sa figure, la méme espèce que j'ai observée à Tudela (frontière d'Aragon); mais il ne saurait être le M. hispanica de Linné, qui a les feuilles arrondies et que j'ai fréquemment rencontré dans diverses provinces d'Espagne. Et n'est-il pas singulier qu'Asso, tout en émettant, et avec raison, des doutes sur la légitimité de la citation de Læfling par Linné pour le M. hispanica, commette lui-même l'erreur de cette dernière dénomination spécifique? SÉANCE DU 27 AVRIL 1860. 947 3^ Remarquez que Lamarck (Zncycl.) rapporte au M. stipulacea Cav., et le M. hispanica d'Asso, et le synonyme de Loefling. h? Asso, à l'article de son M. hispanica, parle d'une variété caule pollicari erecto, que j'ai aussi trouvée à Tudela pêle-mêle avec l'espèce typique. Cet auteur ne fait point mention de la petitesse de la corolle, qui dépasse à peine le calice. C'est ce trait qui a suffi à Linné pour constituer son M. ægyptia. Il est. plus que probable que c'est sur cette modification de stature (fort variable) que Cavanilles a fondé son M. spithamea. Observons que cette petite et grêle taille, ainsi que la brièveté des corolles, se rencontre dans des individus trés nombreux, fort rapprochés sur un méme point d'un sol maigre, où ils sont mal venus par défaut de nutrition, et qui, en un mot, sont des avortons. Malva althzeoides Cav. ic. 135. Caulis erectus hirsutus sesquipedalis; folia parce villosa, infima cordata rotundato-5-loba acute crenata, superiora 5-partita laciniis serratis, floralia 3-partita subsessilia. Stipulae lanceolata ciliatæ. Flores laterales terminalesque. Corolla calyce duplo major, albido-rosca, petalis subrotundatis. Antheræ albæ reniformes ; pollinis granula sphærica majuscula. Capsulæ 12 glabra. — Fre- quens in collibus, Xativa, Bellus. — Maio, junio. . M. A. Gris, vice-secrétaire, donne lecture de la communication suivante, adressée à la Société : NOTES SUR QUELQUES CRUCIFÈRES, par M. John BALL (fn). On remarquera sans doute que, dans l'énumération précédente (1), j'ai omis deux plantes qui ont été comptées comme espèces distinctes : le Draba levipes DC. et le D. lævigata Hoppe. Je n'ai pu les examiner vivantes, et je n'en ai vu que des échantillons sans fleurs; je n'ose donc pas en parler d'une manière positive. Le D. levipes a les feuilles et la manière de croître du D. tomentosa, mais la partie supérieure des tiges et les pédicelles sont glabres; les silicules, parfai- tementl isses, sont beaucoup plus étroites que dans toutes les formes de cette espéce, et les valves du fruit ne montrent qu'une légere trace de nervure mé- diane dans leur moitié inférieure. Dans tous les échantillons que j'ai pu exa- miner, on voit quelques poils à la base de chaque pédicelle, ce que l'on ne trouve ni dans le D. stellata ni dans le D. fladnizensis. En tenant compte uniquement des caracteres extérieurs, il y aurait, ce me semble, autant de motifs pour regarder le 2. lœvipes comme une bonne espéce, que pour (1) Voyez plus haut, p. 227 et suiv. 2h8 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. distinguer toute autre espèce de cette section. Voici pourtant des raisons que l'on peut opposer à cette décision. Cette plante n'est connue en Europe que dans les Pyrénées orientales, où elle est très rare. Elle a été trouvée plusieurs fois dans la vallée d'Eynes, mais toutes les autres plantes des Pyrénées que j'ai vues appartiennent au D. tomentosa ou à sa variété B (D. frigida). Cependant une plante exactement semblable à celle de la vallée d'Eynes a été cueillie par Drummond dans les Montagnes-Rocheuses. Il me paraît trés peu probable qu'une plante qui se montre seulement sur deux points du globe si éloignés l'un de l'autre, soit originairement distincte de ses congénères. Dans les Pyré" nées, du moins, il n'y a pas lieu desoupconner un cas d'hybridité, et il est plus probable qu'il faut regarder le D. lœvipes comme un lusus remarquable du D. tomentosa. L'autre plante omise est le D. lævigata Hoppe, admis par Koch comme espèce dans la première édition de son Synopsis, et comme variété du 2. Wahlenbergii dans la deuxième. Je n'en ai vu qu'un seul échantillon incom- plet envoyé par Hornschuch, qui fut le collaborateur de Hoppe. Cet échan- tillon est à la vérité parfaitement glabre dans toutes ses parties, mais, à cette exception près, il ne diffère en rien du D. carinthiaca (notre D. stellata B). Bien que les Alpes de Heiligenblut soient fréquemment visitées par les bota- nistes, personne, que je sache, n'a retrouvé le D. lœvigata dans la seule localité où il a été découvert. De ces faits, je tire la conclusion qu'il faudrait plutót considérer cette plante comme une forme exceptionnelle du D. carin- thiaca que comme une variété du D. fladnizensis. Qu'il me soit permis d'appeler un instant l'attention sur la distribution géographique de ces espèces. Parmi tant de formes appartenant à l'Europe centrale, je ne crois pas qu'une seule ait été trouvée dans les Alpes scandinaves ; elles manqueut également en Islande, aux iles Feroé, et dans les montagnes de l'Écosse, où pourtant on trouve le D. rupestris Br.; toutes, au contraire, ou presque toutes, se retrouvent en Asie et en Amérique, soit sur les hautes montagnes, soit dans les régions arctiques de ces deux parties du monde. J'ai vu un échantillon de Bæœverdal en Norvége, portant le nom de D. lactea Ad., qui n'avait ni fleur ni fruit, mais dont les feuilles ressemblaient effectivement à celles de cette plante (synonyme du D. fladnizensis), plutôt qu'à celles du D. Wahlenbergii Hartm. Tous les autres échantillons de Norvége que j'ai pu voir appartiennent à cette derniere forme, laquelle ne se trouve point dans les Alpes. Le tableau suivant montrera plus clairement la distribution des plantes en question. Je mets sur une méme ligne les plantes qui sont identiques dans les diverses régions, en ajoutant les synonymes qui me paraissent bien constatés, et je place lesigne ! dans les cas oü j'ai vérifié la plante sur des échantillons originaux. SÉANCE DU 27 AVRIL 1860. 2h9 EUROPE CENTRALE. SCANDINAVIE. ASIE ARCTIQUE et ALPINE. AMÉRIQUE ARCTIQUE et MONTAGNES - ROCHEUSES. D. tomentosa æ ? D. stellata B Torrey et Gray D. tomentosa f (D. frigida) D. frigida Led. ? D. stellata a Torrey et Gray D. tomentosa y (D. Traunsteineri) D. lævipes DC.! D. stellata a D. lævipes Torrey et Gray ! ? D. Wahlenbergii ò Led. ? Sonde de Kotzebue (visa specim.!) D. stellata B. (D. ca- rinthiaca) D. Johannis Led. lle Melville, etc. (visa specim.!) D. stellata + (D. lap- ponica Koch) D. Wahlenbergii D Led. D. pygmæa Turcz.! D. Wahlenbergii Turcz.! ? D. lapponica Torrey et Gray ||D. fladnizensis a ? Ð. lactea ? D. aretioides D. fladnizensis f D. lapponica Lindbl.! D. Wahlenbergii Harim. ! D. lactea Ad.! D. crassifolia Grah.! Mont.-Rocheuses. Amér. arctique (visa specim.!) D. lævigata Hoppe! ? p. Wahlenbergii y Led. Ce tableau ajoute aux preuves déjà assez nombreuses qui démontrent une relation entre la végétation des Alpes et celle de l'Amérique et de l'Asie 250 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. arctiques. En effet, nous retrouvons toutes les formes bien caractérisées de nos Alpes dans la région qui s'étend du Kamtchatka aux Montagnes-Rocheuses, Faut-il en conclure que nos espèces nous sont arrivées de ce point éloigné du globe, ou bien qu’elles existaient autrefois en Scandinavie, mais que, par des changements survenus dans le climat de cette région, elles en auraient disparu, pour n'y laisser qu'une variété qui n'existe pas dans les Alpes? On cherche généralement aujourd'hui à expliquer la présence simultanée de certaines espéces dans les Alpes et les régions arctiques par le mouvement des glaces flottantes, et l'on place toujours l'origine de ces espéces dans les montagnes de la Scandinavie. Mais, en admettant méme un changement consi- dérable de niveau, ce qui impliquerait la submersion de tout le pays situé entre les Carpathes et les monts Ourals, il devient difficile de concevoir les conditions physiques qui auraient permis le transport des espèces végétales depuis les montagnes de l'Asie centrale jusqu'à celles de l'Europe. Il reste une autre supposition, c'est que toutes ces formes que nous venons de passer en revue, ainsi que plusieurs autres espéces arctiques qui leur sont étroitement alliées, ne seraient que des modifications d'une seule espèce originaire, toutes, ou la plupart d'entre elles, produites depuis l'époque gla- ciaire, si récente dans les fastes géologiques, si éloignée quand on compte d'aprés la chronologie humaine. Je n'entreprends pas de discuter les raisons qu'on pourrait alléguer en faveur de chacune de ces hypothèses. Je constate seulement que le D. lœvipes DC. et le D. lœvigata Hoppe doivent faire supposer par ceux qui ne les admettent pas comme espèces, une puissance dans l'action des causes modificatrices qui rendrait la dernière conjecture possible, sinon probable. Ionopsidium albiflorum DR. Cette plante curieuse est, à la vérité, très rapprochée par sa structure du Cochlearia pusilla de Brotero (C. acaulis Desf.), sur lequel M. Reichen- bach a établi le genre Jonopsidium ; mais, d'un autre côté, je ne saurais la distinguer, méme spécifiquement, du Pastoræa precor de M. Todaro, très bien décrit dans son ouvrage : Nuovi generi e nuove specie di piante, etc. (Palermo, 1858). En comparant les échantillons recueillis à Oran avec le Pas- toræa precoz de la Ficuzza en Sicile, je trouve cette dernière plante un peu plus grande dans toutes ses parties, mais je ne vois absolument rien qui indique une différence spécifique. Dans les deux plantes, le nombre des graines dans les loges de la silicule varie de 6 à 10 pour chaque loge; les funicules sont latéraux et libres, et non soudés à la cloison comme dans le genre Bivoncæa. Il reste à savoir si l'on doit maintenir les deux genres /onopsidium et Pastoræa. On pourrait peut-être sans inconvénient réduire ce dernier au rang de section du premier; néanmoins je trouve des différences qui, dans l'état actuel de la classification des Crucifères, peuvent suffire pour les main- SÉANCE DU 27 AVRIL 1860. 251 tenir séparés. Dans l'Zonopsidium, les sépales sont décidément concaves; le style égale presque le quart de la longueur de la silicule ; celle-ci est turgide, à peine échancrée au sommet, ordinairement à quatre graines dans chaque loge; on y voit, surtout dans l’état jeune, un bord membraneux très étroit tout autour de la carène, ce qui contredit la phrase d'Endlicher : valvis dorso apteris. Dans le Pastoræa, les sépales sont presque plans; le style, à peu prés nul, ne dépasse pas l'échancrure du fruit; la silicule est comprimée latéralement, tout à fait sans ailes, et contient 6-10 graines dans chaque loge. Si l'on ajoute à ces différences structurales l'inflorescence singulière de 1'7o- nopsidium, on trouvera peut-étre qu'il faut le maintenir comme genre à part dans la section des Siliculosæ angustisepteæ. Erucastrum Zànonii Nob. sp. nov. Depuis longtemps on connait, dans les Apennins de l'Italie centrale, une plante qui a été reconnue par Bertoloni et par plusieurs autres botanistes modernes pour le Sisymbrium pinnatifidum DC. Avant l'ère de la science moderne, Zanoni l'avait trouvée sur le Corno-alla-Scala. C'est Eruca serpeggiante fruticosa alpina de son Zs{oria botanica. Il y aura bientôt dix- huit ans que j'ai recu cette plante provenant de l'Apennin près de Pistoja, trouvée par mon ami le professeur Parlatore, et nommée par lui S. pinnati- fidum, Plus tard j'ai retrouvé la méme plante dans plusieurs localités des Apennins toscans, et finalement à l'endroit classique, le Corno-alla-Scala. Cette plante me parut trés différente du Sisymbrium pinnatifidum que j'avais trouvé aux environs du Mont-Blanc ; mais je ne pouvais alors décider si elle méritait d’être distinguée comme espèce, d'autant plus que, sur une quinzaine d'échantillons provenant de quatre localités différentes, je n'ai pas trouvé une seule graine fertile : toutes, sans exception, étaient avortées. J'ai donc mis de cóté mes échautillons, qui sont restés bien longtemps dans un paquet de Cruciféres douteuses. Ce méme paquet renfermait une autre plante trouvée en 1842 à Valombrosa dans l'Apennin florentin. Celle-ci ressemble un peu au Sisymbrium Læselii L., mais elle en diffère trop pour qu'on pense à la réunir à cette espèce. Dernièrement j'ai étudié ces deux plantes, et, après un examen attentif, j'ai été amené à conclure qu'elles appartiennent à une seule et méme espèce non décrite du genre Erucastrum. Je dois dire que, méme quand la plante de Valombrosa a ses fruits parfaitement développés, elle conserve néanmoins la tendance à l'avortement qui caractérise la plante dans les autres stations où elle a été trouvée. Dans plusieurs siliques que j'ai ouvertes, je n'ai trouvé qu'une seule graine parfaite. Dans cette graine, que j'ai pu soumettre à mon éminent ami le docteur Joseph Hooker, nous avons parfaitement vu les cotylédons pliés (conduplicatæ), qui seuls séparent le genre Erucastrum des Sisymbrium. Tout en reconnaissant que les caractères tirés des cotylédons sont souvent purement artificiels, et que, dans le cas 252 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. actuel, les véritables affinités de notre plante sont avec le dernier plutôt qu'avec le premier de ces deux genres, je crois que les botanistes qui ne sont pas préts à proposer un systéme plus rationnel pour la classification. des Crucifères, doivent se tenir aux limites des genres telles qu'elles sont généra- lement reconnues. Voici une courte description de notre plante : ERUCASTRUM ZANONII Nob. Sisymbrium pinnatifidum Bertol. Fl. ital. (ex parte). Caule suffruticoso-procumDente, e basi ramos plurimos erectos inferne scabros foliosos emittente; foliis radicalibus lyrato-spathulatis fugacibus, caulinis crassiusculis pinnatipartitis, utrinque pilis stellatis obtectis, interdum subglaberrimis, basi auriculatis, laciniis ovato-acutis lanceolatisve, basilaribus minimis oblongo-cuneatis ; sepalis glabris, pedicellos subæquantibus; petalis parvis albis; siliquis subquadrangulis, cum pedicellis patentibus, maturis 1-1 1/2-pollicaribus rigidis arcuatis, valvularum nervo solitario prominulo; seminibus uniseriatis ; stigmate capitato. Habitat in Apennino florentino! pistoriensi! bononiensi! et (?) in Alpibus apuanis (Bertoloni). A Sisymbrio pinnatifido dignoscitur foliis profundius divisis, laciniis plus minusve lanceolatis, nec oblongo-linearibus obtusis, auriculis elongatis, nec brevissimis rotundatis ciliatis, siliqua angustiore subquadrangula, nec sub- compressa, stigmate capitato, demum cotyledonibus conduplicatis, nec planis. — In regione subalpina Apennini plerumque (ut videtur) abortivum, descendit in convalles umbrosas calidiores, ubi fructiferum (rarius?) occurrit. — Sisym- brium pinnatifidum, regionis alpinæ montium graniticorum incola, vix descendit infra 5000' sup. mar. La dernière espèce est rangée par Koch dans le genre Zraya (avec deux autres espèces pour lesquelles elle n’a aucune affinité spéciale), à cause des graines disposées en deux séries au dire de plusieurs auteurs. Je les trouve ordinairement rangées en une seule série; mais parfois la silique est légère- ment élargie, et alors les graines prennent un arrangement intermédiaire que quelques auteurs appellent semi-bisérié. — Plus on étudie les genres de la famille des Crucifères avec assez de matériaux pour donner quelque idée de la diversité de formes existant dans la nature, et moins on trouve possible d'établir la classification sur des caractères positifs. On finit par se convaincre que la plupart des genres ne sont que des assemblages de formes réunies arbitrairement par des caractères artificiels. A l'occasion de cette communication, M. Cosson fait remarquer que les caractéres tirés de la forme des cotylédons et de leur posi- tion‘ relativement à la radicule, qui servent de base à la classification adoptée dans la famille des Cruciféres, ont moins de stabilité qu'on SÉANCE DU 27 AVRIL 1860. 253 ne le croit généralement. Ainsi, dans les genres Moricandia et Erucaria, certaines espèces ont les cotylédons plans, tandis que d’autres les ont condupliqués. M. Chatin partage à cet égard l'opinion de M. Cosson. Les coty- lédons des Cruciféres n'ont pas, suivant lui, l'importance que De Candolle leur a attribuée. Il rappelle qu'il y a douze ans, il a lui- méme présenté à l'Académie des sciences une nouvelle classification des Cruciféres, dans laquelle les caractères tirés du fruit se trou- vent au premier rang, et ceux tirés des cotylédons au second rang seulement. M. Cosson dit que la forme du fruit est variable aussi dans cer- tains genres trés naturels (le genre Farsetia par exemple); mais que, puisque les cotylédons sont égalemeut sujets à varier, il serait peut-étre préférable, comme le propose M. Chatin, de prendre pour base de la classification les caractéres tirés du fruit, qui sont bien plus faciles à observer que les caractères tirés des cotylédons, dont l'étude ne peut étre faite que sur des graines müres ou presque müres. M. J. Gay rappelle que l’on ne doit pas méconnaitre pourtant les services importants que Gærtner, R. Brown et De Candolle ont rendus à la science, en observant avec précision la forme de l'em- bryon, et que ces auteurs se sont servis de la position des cotylédons plutót pour appuyer que pour caractériser réellement des genres. M. Cosson met sou: les yeux de la Société des échantillons vivants de Primula variabih Goupil. Ces échantillons, dit M. Cosson, ont été recueillis le 45 avril par M. H. de la Perraudière dans le Bai yeois (arrondissement de Baugé, Maine-et-Loire), Où la plante est abondante. Elle y croit en société des P. officinalis et grandi- l'ora, entre lesquels elle esi exactement intermédiaire par ses caractères; aussi M. de la Perraudière la considère-t-il comme une hybride de ces deux espèces, opinion déjà émise avec doute par MM. Grenier et Godron (Z7. de Fr. t. II, D. 447), qui avaient également remarqué que la plante croit toujours au mi- licu des P, grandiflora et officinalis. M. Cosson ajoute que M. de la Per- raudière a constaté l'absence du P. elatior dans le pays où il a trouvé sa plante. M. J. Gay dit qu'il a rencontré le Primula variabilis dans la forêt de Hallate (Oise), dans une localité où se trouvaient aussi les P. gran- 25A SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. diflora et officinalis, mais oü le P. elatior manquait complé- tement. M. l'abbé Chaboisseau fait remarquer que M. Cosson a présenté seulement la forme caulescente du P. variabilis, que l'on rencontre aussi quelquefois acaule. M. de Schoenefeld dit qu'aux environs de Paris, les P. elatior et grandiflora lui ont offert des formes intermédiaires difficiles à déterminer. Il serait porté à croire que ces deux espèces s'hybrident aussi entre elles. M. Eugène Fournier, vice-secrétaire, donne lecture de la commu- nication suivante, adressée à la Société : ESSAI MONOGRAPHIQUE SUR LES ESPÈCES, VARIÉTÉS ET HYBRIDES DU GENRE MENTHA L. QUI SONT CULTIVÉES OU QUI CROISSENT SPONTANÉMENT DANS LES PYRÉNÉES CEN- TRALES ET DANS LA PARTIE SUPÉRIEURE DU BASSIN SOUS-PYRÉNÉEN (HAUTE- GARONNE), par M. Édouard TIMBAL-LAGRAVE (1). MENTHA L. SECTION |. Plantes se reproduisant de graines sans variations notables (ESPÈCES). $ 1. Tube de la corolle sans poils en dedans (Silvestres). À. Stolons étalés sur le sol, feuillés. Mentha piperita Huds. Angl. p. 251; DC. FL. fr. t. III, p. 534; Duby Bot. p. 371; Noulet FI. Toul. p. 119; Bor. FI. centre, éd. 3, p. 506?; Wirtgen Herb. Menth. rh. ed. 1, n. 47 et ed. 2, n. 1. M. piperita a Langii Koch Syn. ed. 2, p. 633. M. viridi-aquatica Fr. Schultz in Flora et in 12° Jakresber. d. Pollichia (1854), p. 31. Tige dressée, de 4 à 6 décimétres, légèrement hérissée et pubescente à la base, rameuse au sommet ; rameaux étalés-ascendants, égalant l'axe primaire ; feuilles pétiolées, lancéolées-aigués, dentées en scie à dents égales, peu hé- rissées sur le pétiole et les nervures principales; bractées lancéolées, entières ou peu dentées, acuminées, hérissées ; fleurs lilacées, en épis droits coniques, longs de 3 centimètres sur 10 millimètres de largeur ; calice glabre, campanulé, parsemé de points brillants, à dents hérissées, ciliées, lancéolées-aiguës, égalant le tube; corolle deux fois grande comme le calice, à tube glabre en dedans ; étamines à anthères pourprées, exsertes ; nucules glabres. (1) Voyez F Introduction de ce travail, plus haut, p.234. SÉANCE DU 27 AVRIL 4860. 955 Plante à odeur suave caractéristique. — Fleurit en août. — Toujours cul- tivée dans les jardins pour les usages pharmaceutiques. Obs. Le M. piperita de Linné, comme l'ont prouvé De Candolle et plusieurs autres botanistes, parait être une variété du M. aquatica. La plante cultivée aux environs de Toulouse est exactement celle publiée par M. Wirtgen (/. c.) Elle répond aussi à la description que donne M. Boreau (/. c.) du M. pipe- rita, avec cette différence toutefois que ce savant dit sa plante à tige glabre, à feuilles courtement pétiolées, glabres; ce qui n'est pas parfaitement exact pour celle que je viens de décrire. Mentha viridis L. Sp. p. 804 (ex parte); Fr. Schultz, Z. c; Lap. Hist, abr. Pyr. p. 331; Wirigen Herb. Menth. rh. ed. 1, n. 15 et ed. 2, n. 3 (ex parte). M. quarta Dod. Pempt. p. 95. M. silvestris à glabra Koch Syn. ed. 2, p. 633. M. viridis a genuina G. G. ET. de Fr. t. IL, p. 649. Tige dressée, de 4 à 6 décimétres, hérissée surtout sous les entre-nœuds, rameuse au sommet; rameaux étalés, allongés, dressés, dépassant souvent l'axe primaire ; feuilles sessiles ou à peine pétiolées, un peu en cœur à la base, hérissées sur les nervures, couvertes en dessous de glandes jaunes brillantes trés odorantes, lancéolées, aiguës au sommet, dentées en scie à dents étalées très aiguës ; bractées lancéolées, entières, ciliées, trés acuminées, dépassant le calice ; fleurs lilacées, plus souvent blanches, en épis longs de 3 centimètres sur 6 à 8 millimetres de largeur, coniques, à glomérules nombreux, serrés au sommet, un peu espacés à la base; calice glabre, strié, campanulé, à tube court, à dents linéaires-subulées, hérissées, ciliées ; corolle double du calice, à tube glabre en dedans ; étamines à anthères rose foncé; stigmate bifide; nucules glabres, fauves, à peine chagrinées en dessus. Plante verte, glabrescente, à odeur de citron trés agréable, — Fleurit en septembre. Hab. Les prairies des vallées pyrénéennes, d’où elle descend quelquefois dans les bassins de la Garonne et de l'Ariége. Je l'ai vue dans les prairies de Bagnères-de-Luchon, à Saint-Mamet, à Juzet; et, dans le bassin, à Martres, sur les bords de la Garonne, près du village de Mauran. Mentha viridis B brevifolia DC. FT. fr. t. VIL, p. 534 (M. viridis Q culta Nob. (1857]. M. levigata Willd. ; Wirtgen Herb. Menth. rh. ed. 4,n. 37 et ed. 2, n. 3 [ex parte]). — Cette forme, due à la culture, diffère de la plante , SPontanée par ses feuilles un peu plus longuement pétiolées, en cœur à la base, celles des rameaux non florifères ovales-obtuses, hérissées sur les deux faces ; par ses fleurs en épis plus longs (6 à 7 centimètres), plus larges (12 à 45 millimètres) ; enfin par la pubescence de toute la plante, qüi est plus abondante, et par l'absence des glandes jaunes qui couvrent le calice et les feuilles du M. viridis type, ce qui donne à la plante cultivée une odeur sensi- blement plus faible, 256 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Hab. Les jardins, où on la cultive sous le nom de Baume. Obs. J'avais autrefois considéré cette variété comme étant une espèce, et je lui donnais le nom de M. lævigata Willd., parce qu'elle me paraissait mieux que toute autre convenir à la description de cet auteur. Aujourd'hui je crois devoir renoncer à cette premiere idée, parce que les caractéres que présente cette plante ne me paraissent pas assez importants. Un surtout m'avait frappé et m'a longtemps fait hésiter à prendre ce parti : j'avais remarqué que toutes les Menthes soumises à la culture perdent bientót une grande partie de leurs poils ; tandis qu'au contraire le M. viridis, qui est à peu prés glabre à l'état spontané, devient pubescent quand il est soumis à la culture; les jeunes feuilles méme sont trés velues; mais je suis persuadé, avec tous les auteurs, que les caractères tirés du vestimentum n'ont qu'une valeur relative, et qu'on doit les considérer comme des caracteres secondaires. Le M. viridis L, a quelques rapports avec le M. piperita Huds., mais il en differe sensiblement par sa tige à rameaux longs, ascendants ou dressés ; par ses feuilles sessiles, en cœur à la base; par ses fleurs en épis plus longs, plus étroits; enfin par son odeur plus faible. Mentha adspersa ^lcnch Meth. p. 379 ; Fr. Schultz Arch. de FL. p. 237. M. citrata Chevy FI. par. t. II, p. 483; G. G. Fl. de Fr. t. II, p. 651 (et auct. gall.), non Ehrh. M. aquatica y glabrata Koch Syn. ed. 2, p. 654. Tige de 5 à 6 décimètres, dressée, glabre, verte à la base, rougeûtre et rameuse au sommet ; rameaux allongés, étalés ; feuilles ovales, aiguës au- sommet, arrondies à la base, pétiolées, très glabres, dentées en scie à dents aigués à pointe un peu relevée; bractées linéaires-lancéolées, plus courtes que les fleurs ; celles-ci lilacées, en épis globuleux, terminaux et axillaires ; calice glabre, parsemé de points résineux trés odorants, à tube allongé, à dents lancéolées-subulées, moitié plus courtes que le tube ; corolle glabre en dedans, très peu hérissée en dehors, du double plus longue que le calice; étamines ?nc/uses ; nucules glabres, lisses. Plante complétement glabre, à odeur citronnée trés agréable. — Fleurit en septembre, un peu plus tard que les autres Menthes. Hab. Se trouve dans les jardins, où on la cultive sous le nom de Menthe citronnelle. Obs. Je crois devoir rapporter à notre plante le M. adspersa de M. Fr. Schultz, quoique celui-ci ait les feuilles ovales presque en cœur à la base, et la tige toujours verte, ce qui n'est pas exact pour la plante de nos jardins. Celle- ci ne pourrait-elle pas étre le M. piperata de Linné, caractérisé par la dia- gnose suivante : M. spicis capitatis, foliis ovatis serratis petiolatis, stam- nibus corolla brevioribus? Ce rapprochemen: me semble d'autant plus fondé que l'illustre botaniste suédois plaçait son M. piperita après son M. aqu tica, comme le font pour le M. adspersa tous les botanistes qui divisent e$ SÉANCE DU ?7 AVRIL 1860. 957 Menthes d'apres la disposition des fleurs, la forme et la position des feuilles. C'est encore, si je ne me trompe, cette ressemblance entre les M. piperita et aquatica qui a fait considérer le M. piperita L. comme une forme glabre de l'aquatica L. Mentha amaurophylla Nob. M. viridi-rotundifolia Nob.? Tige de 3 à 5 décimètres, tomenteuse et souvent rameuse vers la base; rameaux inégaux, étalés, atteignant souvent l'aze primaire; feuilles sessiles, petites, ovales-elliptiques, acuminées brusquement en pointe recourbée, épaisses, fortement réticulées en réseau, bosselées, hérissées sur les deux faces de poils courts et crépus, dentées à dents peu marquées ascendantes appliquées ; bractées ovales-lancéolées, acuminées, ciliées, égalant ou dépassant un peu les fleurs; celles-ci en épis ovales-obtus, compactes, longs de 2 à 3 cen- timètres sur 4 à 12 millimètres de largeur ; calice en entonnoir, couvert sur le tube de poils courts, et sur les dents de poils longs, à tube égalant Les dents, qui sont ciliées, aiguës non acuminées ; corolle blanche, glabre en dedans; étamines lilacées, égalant la corolle ou la dépassant à peine; style très long, exert; stigmate à peine bifide; nucules ovoïdes, roussátres, glabres, ternes. Toute la plante a une odeur désagréable qui rappelle celle du Mentha rotun- difolia L. Elle a, en outre, une couleur vert-noir très caractéristique ; cette couleur sombre augmente en séchant, et bientót la plaute prend une couleur vert-noir trés foncée. Hab. Les bords des chemins au-dessous du village de Juzet, dans la vallée de Luchon, non loin d'un petit moulin, en septembre 1856. Obs. Le M. amaurophylla se reproduit trés bien par graines et par stolons qui poussent du collet de la racine et s'étendent sur le sol ; sans cette circon- Stance, on aurait pu considérer cette plante comme une hybride du M. viri- dis L., dont elle a quelques caractères, et du M. rotundifolia, auquel elle emprunte aussi quelque chose. Mais elle diffère sensiblement du M. rotundi- folia par sa tige rameuse dés la base; par ses rameaux allongés, atteignant Souvent l'axe primaire; par ses feuilles petites, elliptiques, sessiles, nou en Cœur à la base, d'un vert sombre ; par ses fleurs en épis courts moins nom- breux, son calice en entonnoir, sa corolle plus courte ; enfin par sa pubescence trés différente. Elle se distingue du M. viridis L. et de sa variété cultivée, par sa tige rameuse dès la base, tomenteuse ; par ses rameaux atteignant l'axe pri- Maire; par ses feuilles ovales-elliptiques, moins dentées, moins aiguës, à pointe recourbée, réticulées en réseau, bosselées et trés hérissées sur les deux faces; par ses fleurs en épis plus couris, plus étroits; par son calice plus long et plus rétréci à la base, couvert de poils courts sur le tube, plus longs sur les dents, qui sont moins acuminées; enfin par la couleur vert sombre et l'odeur de toute la plante. E ‘a. 17 258 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Mentha rotundifolia L. Sp. p. 805; DC. Fl. fr. IU, p. 534; Duby Bot. p. 371; Noulet F}. bass. s.-pyr. p. 50^; G. G. Fl. de Fr. t. I, p. 648. M. rotundifolia a macrostachya Wirtgen Herb. Menth. rh, ed. 4, n. 4 et ed. 2, n. 7. — M. rotundifolia : Forma 1, Jegitina Nob. Tige dressée, (omenteuse, rameuse au sommet; rameaux courts, étalés, n'atteignant pas l'axe primaire, ceux du bas souvent non florifères ; feuilles sessiles, en cœur à la base, épaisses, fortement réticulées en réseau et bosse- lées, ovales-arrondies, mucronées, vertes et pubescentes en dessus, blanches et tomenteuses en dessous, dentées à dents aiguës étalées ; bractées ovales en cœur, brusquement acuminées, égalant les fleurs ; celles-ci disposées en épis compactes, longs de 4 à 6 centimètres sur 8 à 10 millimètres de largeur ; ca- lice campaniforme, ventru, un peu globuleux à la maturité, à dents courtes égalant à peine le tube, hérissé de poils blancs; corolle blanche ou lilacée, hérissée en dehors, glabre en dedans, trois fois plus longue que le calice ; éta- mines exsertes; anthères roses ; style plus long que les étamines ; stigmate bi- fide; nucules noires, ovoides, lisses. Toute la plante a une odeur forte, désagréable, qu'elle communique à toutes les hybrides dont clle est la mére, — Fleurit depuis aoüt jusqu'en novembre. Hab. Daus toutes les Pyrénées et le bassin, le long des fossés et dans tous les lieux humides, où elle présente plusieurs variations. Forma 2, clandestina Wirtgen Herb. Menth. rh. ed. 2, n. 8. (M. rotun- difolia parviflora Wirig. ed. 1, n. 3). — Différe de la précédente, que j'ai prise pour type, par ses fleurs en épis plus gréles; par ses glomérules à fleurs plus espacées; par sa corolle dépassant à peine le calice; par ses étamines incluses; par ses feuilles moins dentées, plus tomenteuses en dessous. Hab. Les mêmes lieux que le type, dont elle n'est qu'une variation due à des influences particulières. Forma 3, glabrescens Nob. — Forme offrant les caractères du type, mais qui en diffère par sa tige très élevée (7 à 40 décimètres) ; par ses feuilles du double plus grandes, à entre-nœuds très rapprochés, moins réticulées, à peine bosselées, glabrescentes sur les deux faces, inégalement dentées; enfin par ses fleurs en épis plus longs et plus gréles, Hab. Les fossés pleins d'eau au polygone, à Portet, à la Lande, dans les haies à Pechdavid, aux bords du Touch, ete., prés Toulouse. Obs. C'est à l'action prolongée de l'eau et à l'habitat particulier de cette forme qu'on doit attribuer les caractéres qui la séparent du type. Forma 4, rugosa Nob. (M. rugosa Lam. F7. fr. t. IE, p. 420). — Diffère du type par ses feuilles plus dures, plus ridées, plus réticulées et bosselées, d’un vert très foncé, moins pubescentes, non tomenteuses en dessous, þom- bées; par ses fleurs en épis plus courts, obtus au sommet, très compactes, longs de 2 à 3 centimètres sur 1 ou 2 millimètres de largeur ; par sa corolle SÉANCE DU 27 AVRIL 1860. 259 blanc jaunâtre, très décidue, enfin par ses bractées plus courtes que les fleurs. Hab. Avec la forme type, mais fleurit plus tard, en septembre; très com- mune sur les bords de l'Hers, prés du pont d'Aigua, à Toulouse Obs. Cette forme n'est pas celle publiée par M. Wirtgen (Herb. Menth. rh. ed. 1, n. 2et ed. 2, n. 9), qui me parait être un rotundifolia type. Forma 5, crispa Nob. (M. rotundifolia B crispa DC. FI. fr. t. TX. p. 535; M. crispa Chev. FT. par. t. II, p. ^82). — Cette forme, prise longtemps pour une espéce, se distingue du type par ses feuilles profon- dément dentées, incisées ou sinueuses au bord, à dents inégales, appliquées ou étalées, pubescentes en dessus, blanches ou cendrées-tomenteuses, forte- ment bosselées et ridées en dessous, et terminées par une dent trés aiguë, longue, souvent mucronées; enfin par ses bractées ovales-lancéolées, subu- lées, Fleurit comme le tvpe. Hab. N'est pas rare à Bagnères-de-Luchon, près de Saint- Aventin, aux bords du ruisseau, et, dans le bassin sous-pyrénéen, à la limite vers le Tarn, prés de Buzet. Obs. Soumise à la culture et reproduite de graines, cette forme, après quatre ou cinq générations, n'a pas tardé à reprendre les caractères du type ; mais elle se perpétue longtemps par les stolons, qui poussent du collet de la racine comme dans le rotundifolia type. B. Stolons souterrains, gros, à feuilles rudimentaires. Mentha Nouletiana Nob. M. silvestris y pubescens Koch Syn.ed. 2, p. 633?. M. viridis B pubescens G. G. FI. de Fr.t. II, p. 650? (ex parte). M. viridis Zetterst. PL vase. Pyr. p. 208. Tige de 3 à 5 décimètres, canescente et couverte de poils réfléchis dans toute sa longueur, dressée, rameuse vers le milieu ; rameaux étalés-ascen- dants, assez courts, »'atteignant pas l'axe primaire ; feuilles ovales-/ancéolées- obtuses, sessiles ou trés courtement pétiolées, non en cœur à [a base, cen- drées en dessus et canescentes en dessous, hérissées de poils blancs plus longs et appliqués sur les nervures, dentées à dents égales ascendantes; bractées lancéo- lées, cuspidées, entières, hérissées et canescentes : fleurs en épis longs de hà. 6 centimètres sur 12 millimètres de largeur, ovales-obtus, à glomérules /égé- rement espacés; calice campanulé, cendré, hérissé, canescent par de tout petits poils courts appliqués, à dents ciliées plus courtes que le tube ; corolle blanche, hérissée en dehors, glabre en dedans : étamines longuement exsertes ; anthères purpurines; stigmate à peine bifide ; nucules globuleuses, glabres, fauves, réticulées. Plante à odeur peu agréable, douce au toucher. — Fleurit en septembre. Hab. Environs de Toulouse : sur les bords d'un petit chemin, sous la vieille église de Balma. Dans les Pyrénées : dans une haie en face du pont sur la 260 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Pique, en allant à Montauban; en grande quantité dans /a vallée de Burbe. On la cultive aussi dans les jardins sous le nom de Menthe. Obs. Malgré des recherches réitérées, je n'ai pu trouver de description qui convienne à cette plante ; il parait que les auteurs l'ont confondue tantót avec le M. silvestris, tantôt avec le viridis. Je dédie cette espéce à M. le docteur Noulet, comme un témoignage de mon amitié et de ma vive reconnaissance. Les nombreux et savants travaux que M. Noulet a publiés sur l'histoire naturelle justifient d'ailleurs pleine- ment l'hommage que je suis heureux de lui rendre aujourd'hui. Le Mentha INouletiana Nob. doit être placé non loin des M. viridis et silvestris ; il a de très grands rapports avec ces deux espèces, et semble mar- quer le passage de l'une à l'autre. Mais il diffère : 1° Du MH. viridis L. et de toutes les espèces de cette section, par ses stolons ; par ses tiges rameuses vers le milieu; par ses rameaux n'atteignant jamais l'axe principal; par ses feuilles ovales-elliptiques, obtuses, canescentes et cendrées, à dents moins aiguës ; par ses fleurs blanches; enfin par une pubescence particu- lière qui couvre toute la plante et qu'une longue culture n'a pu lui enlever. 2» Du M. silvestris L. et des autres formes de ce groupe, par ses tiges rameuses vers le milieu, canescentes et non blanches-tomenteuses ; par ses feuilles ovales-elliptiques, obtuses, vert-cendré, pubescentes et non tomen- teuses; par ses bractées ovales-acuminées et non linéaires-cuspidées; par ses fleurs toujours blanches, en épis gréles, disposées en verticilles espacés et non compactes ; par son calice canescent, à dents plus courtes que le tube; par ses nucules globuleuses, lisses, et non ovoides verruqueuses comme dans le silvestris. Obs. Cette plante, cultivée de graines, se reproduit sans variation, ce qui prouve qu'elle est une bonne espèce. Mentha silvestris L. Sp. p. 804 (ex Fries) ; Willd. Sp. t MI p 14; DC. Fl. fr. t. III, p. 533; Koch Syn. ed. 2, p. 632; G. G. Fl. de Fr. t. I, p. 649 ; Billot E:sicc. n. 606. Tige de 4 à 6 décimètres, tomenteuse, r'ameuse au sommet ; rameaux courts, étalés, nombreux ; feuilles sessiles, ayant à leur aisselle un jeune rameau non floriflére (à moins que l'axe central ne vienne à se briser), épaisses, ridées en réseau en dessous, un peu bosselées, blanches et trés tomenteuses en dessous et méme en dessus, dentées à dents inégales ascendantes appliquées peu saillantes ; bractées trés étroites , linéaires, égalant les fleurs ; celles-ci en épis nombreux, longs de ^ ou 5 centimètres sur 12 à 44 millimètres de lar- geur; calice campanulé, un peu rétréci à la base, à dents étroites subulées égalant le tube, tout couvert de poils blancs crépus ; corolle blanche ou rose, à tube glabre à l'intérieur ; étamines frès saillantes hors de La corolle; nucules globuleuses, verruqueuses et légèrement jileuses aux extrémités. SÉANCE DU 27 AVRIL 4860. 261 Plante blanche-tomenteuse dans toutes ses parties, à odeur forte peu i agréable, munie de stolons gros, blanchâtres et souterrains. — Fleurit en août et septembre. Hab. Les eaux froides et vives des cours d’eau des montagnes; elle descend dans le bassin, où elle se maintient plus ou moins longtemps ; abonde dans toutes les vallées des environs de Luchon, sur les bords de la Garonne à Saint- Martory, à Martres, à Beauzelle prés Toulouse, sur les bords du Tarn à Buzet et à Saint-Sulpice. Mentha silvestris y glabrata Benth. in DC. Prodr. t. XI, p. 166; Wirtgen Herb. Menth. rh. ed. 4. n. 8 et ed. 2, n. 40 (M. silvestris spicis gracilibus Billot Æxsice. n. 1538). — Cette variété diffère du type par des caractères qui peuvent facilement varier. En effet, ses épis sont plus gréles, plus longs, à glomérules de fleurs plus espacés; ses feuilles sont encore plus grandes, lancéolées-ovales, non ridées, ni bosselées, ni feutrées en dessous, à dents égales; enfin elle présente un vestimentum particulier, qui donne à toute la plante un aspect verdátre, moius tomenteux. Elle habite les mêmes lieux que le type. Elle a été prise par M. Wirtgen pour le M. silvestris de Linné; mais elle nous parait constituer une variété de la forme que nous considérons, avec MM. Fries, Grenieret Godron, comme le type de l'espéce Linnéenne. , (La suite à la prochaine séance.) M. le Président annonce à la Société qu'il a recu de M. l'abbé Chaboisseau un exsiceata et des graines de diverses espèces ou variétés de Rubus du département de la Vienne, et donne lecture de la lettre suivante, qu'il a adressée à cette occasion à M. l'abbé Chaboisseau : LETTRE DE M. DECAISNE A M. L'ABBÉ CHABOISSEAU. Paris, avril 4860. J'ai lu avec le plus grand intérét la lettre que vous m'avez fait l'amitié de m'écrire, et j'v ai vu avec plaisir que nous sommes bien près de nous entendre au sujet des espèces, la plupart tout artificielles, que les botanistes accumulent dans ce malheureux genre des Rubus. Il y a peu de genres en botanique qui témoignent mieux de l'anarchie dans laquelle sont tombés les botanistes des- cripteurs, et qui prouvent mieux combien il importe de s'entendre sur ce qu'on doit considérer comme des caracteres spécifiques. Dans un sujet si embrouillé, le seul moyen, à mon avis, est d'expérimenter par la culture; mais ici encore il est essentiel de choisir le procédé. Beaucoup de personnes s'imaginent par- venir à reconnaitre ces caracteres spécifiques en cultivant quelques aunées de suite la p/ante vivante qui fait l'objet de leurs doutes, et, comme elle ne varie 262 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. pas sensiblement, ils la proclament espèce. Ge procédé est tout à fait mauvais, en ce qu'il suppose dans les individus une variabilité de formes qui n'existe pas, et dont la constance, par suite, ne prouve absolument rien pour la dé- termination de l'espéce. On arrive à des résultats tout autres quand on procède par la voie des semis, pendant plusieurs générations consécutives. — C'est là la pierre de touche des espèces, sauf les cas peu nombreux où les simples variétés se conservent elles-mêmes identiques dans une suite indéfinie de générations, comme, par exemple, la race nègre et la race blanche. Ici, la perpétuité des formes et la transmission constante des caractères ne sont plus une preuve que les espèces sont distinctes, et le doute subsisterait s’il n'existait pas un moyen de trancher la difficulté. Ce moyen, c'est le croisement. Les croisements sont-ils fertiles, et la fertilité se conserve-t-elle indéfiniment dans la variété mixte qui en est résultée : il v a alors identité spécifique absolue entre les deux races croisées, quelque différentes qu'elles soient. dans leurs appa- rences extérieures, quelque constants que paraissent leurs caracteres distinc- tifs. Au contraire, les croisements sont-ils inféconds, ou, s'ils sont féconds, la progéniture qui en résulte est-elle inféconde ou va-t-elle s’abâtardissant de plus en plus à chaque génération : affirmez hardiment, dans ce cas, que les formes croisées étaient de véritables espèces. C'est dans ce sens que l'on devrait dorénavant procéder pour mettre de l'ordre dans les Rubus, les Xosa, les Hieracium, les Narcissus et quelques autresgenres tout aussi inextricables. Je vous conseillerais donc, si toutefois vous le pouvez, de faire à l'avenir des semis de toutes vos races tranchées de Rubus, et des semis contenant plusieurs centaines d'individus de chaque race ou espèce supposée. Une expérience de ce genre, bien faite et suffisamment continue (trois ou quatre générations), résoudrait probablement et pour tou- jours toutes les difficultés. C'est ce que, du reste, je me propose de faire au Muséum, et ce que nous avons déjà fait, soit pour les Ronces, soit pour d'au- tres genres de plantes, où les espèces n'avaient guère été moins multipliées que dans les Rubus. Permettez-moi, Monsieur, d'espérer que vous entrerez dans mes vues et que vous essayerez l'expérience, d’ailleurs attrayante, que je vous propose. En attendant qu'elle ait produit des résultats entre vos mains, je veux aussi l'es- sayer; et, dans ce but, je vous prierai de m'envoyer, lorsque vous le pourrez, des pieds enracinés de vos quatre espèces de Cæsii (R. cæsius, serpens, ne- morosus, Wahlbergii) et des graines des Fruticosi. Je vous tiendrai au cou- rant des résultats qui seront obtenus ici. M. Decaisne ajoute ce qui suit : Afin de faire comprendre dans quel chaos on précipite aujourd'hui la SEANCE DU 27 AVRIL 1860. 263 botanique, je crois devoir mettre sons les veux de la Société quelques chiffres, qui dénotent assez ce qu'il y a d'absurde et de faux dans cet accroissement indéfini d'espèces qui nous inonde depuis une quarantaine d'années. Une fois qu'on est lancé sur cette pente, il n'y a plus de raison de s'arrêter, et Dieu sait où l'on ira chercher dorénavant des caractères spécifiques. Ainsi De Candolle (/7. fr.) comptait 7 espèces de Rubus; MM. Grenier et Godron en admettent 22; M. Boreau (47. du centre) en trouve 54; M. Mueller, de Wissembourg (Pollichia), en reconnaît 237, et il nous en promet encore d'autres; M. Bentham, tout au contraire, réduit ce genre à 5 espèces pour la Grande-Bretagne, et je crois qu'il a raison. D'autres genres ont quadruplé, quintuplé, sextuplé ou plus : ainsi les trois Thlaspi perfoliatum, montanum et alpestre forment aujourd'hui 45 espèces; quatre beris (T. linifolia, intermedia, amara, pinnata) en fournissent 16; notre ancien Viola tricolor arvensis est particulièrement favorisé d'un flo- riste: à lui seul il produit entre ses mains 26 espèces ; le Geranium Robertia- num n'en donne que 8, mais ce faible contingent est largement compensé par l'Erodium cicutarium qui en produit 20; les Potentilla opaca et verna se subdivisent en 12 espèces; M. Boreau compte 70 Rosa, que M. Bentham réduit, si je ne me trompe, à 7 pour la Grande-Bretagne. Daus sa Flore francaise, De Candolle énumère 38 Galium, dont plusieurs sont déjà difficiles à distinguer ; aujourd'hui, sous prétexte de rendre leur détermination plus facile, on a divisé les Galium de France en 70 espèces. Le vulgaire Pissenlit (Taraxacum Dens leonis), qu'en tous pays les bonnes gens savent reconnaitre pour le mettre en salade, fournit 42 bonnes espèces aux botanistes. Mais qu'est-ce que cela à côté de 60 noms spécifiques dont ils ont affublé les anciens Zieracium murorum et silvaticum? M. Bentham, traitant le genre entier des Menthes dans le Prodromus, en énumère 25 pour le monde entier, mais le centre de la France en compte à lui seul 54 pour nos floristes. Je pourrais continuer longtemps encore cet examen, faire voir, par exemple, ce qui est advenu des Fumaria, Capsella, Erophila, Linum, Thalictrum, Sempervivum, Dianthus, Scleranthus, Euphrasia, Aira, Chara, et de cent autres genres classiques, où les véritables espèces sont noyées dans la multitude des mauvaises ; mais je craindrais d'abuser des moments de la Société. Ce que je viens de dire suffira, je crois, pour justifier une réforme que tous les esprits droits appellent de leurs vœux. À quoi, je le demande, peut conduire un pareil système? A dégoûter de l'étude de la botanique beaucoup de personnes qui en feraient un utile et noble passe-temps. Il faut l'avouer, Clusius, Tournefort, Vaillant, Linné et Jussieu, ces pères de la science, avaient, pour reconnaitre les espèces, un tact qui semble être perdu aujourd'hui. Cependant, comme il est dans l'ordre des choses que tout excès amène une réaction qui en est le correctif, je ne déses- 26^ SOCIÉTÉ DOTANIQUE DE FRANCE. père pas de voir les esprits sérieux revenir à des appréciations plus saines des caractères spécifiques, et les Flores débarrassées de cette superfétation de noms qui surchargent la mémoire la mieux douée, sans qu'il en résulte le moindre bénéfice pour la science. M. Cosson s'associe de tout point à l'opinion de M. Decaisne sur les inconvénients que présente l'augmentation exagérée du nombre des espéces. M. Decaisne insiste sur la nécessité d'expérimenter pour arriver à la fixation rationnelle des espéces. La nature ne représente pas chacune des espéces par un type absolu, et l'on ne peut connaitre la valeur réelle d'une espéce que par des expériences de croisement. Les hybrides fertiles cessent de reproduire la forme intermédiaire au bout de quelques générations, et reviennent toujours à l'un des types qui leur ont donné naissance. Or le type auquel revient l'hybride est une véritable espéce. C'est là le meilleur critérium. M. Cosson fait remarquer que M. Decaisne présente ainsi une nouvelle définition de l'espéce. Il croit, quant à lui, que l'on peut admettre d'une maniére générale que les espéces produiront d'au- tant plus aisément des hybrides fertiles qu'elles sont plus voisines les unes des autres. Les espèces éloignées ne produisent que des hybrides stériles. M. Decaisne reconnait qu'effectivement ce principe tend à amener une nouvelle notion de l'espéce, assez différente de celle qui a régné jusqu'ici; c'est celle que M. Naudin a cherché à établir dans une note communiquée à l'Académie des sciences, et dont on peut prendre connaissance dans les Comptes rendus (année 1858, 1* se- mestre, p. 340). Dans cette note, M. Naudin rappelle que les espéces sont loin d'étre équivalentes; que chacune d'elles a un degré par- ticulier de spéciéité (c'est le mot dont il se sert), et qu'entre l'état d'espéce absolue et celui de simple variété, il y a tous les degrés intermédiaires. Il rattache cet état de choses à l'origine méme des formes spécifiques, qui, loin d’être contemporaines comme elles le seraient si elles avaient été créées tout d'un jet, sont au contraire nées successivement de formes déjà existantes par le seul fait de l'évolution. Sans se prononcer sur cet apercu théorique, qui lui parait cependant rationnel, M. Decaisne déclare avoir reconnu dans le genre Plantago, dont il s'est particulièrement occupé, trois formes principales, trois espèces majeures si on veut (P. major, SÉANCE DU 27 AVRIL 1860. 265 P. Psyllium, P. lanceolata), qui se résolvent en un certain nombre d'espéces secondaires plus ou moins stables, plus ou moins faciles à distinguer les unes des autres. M. l'abbé Chabolsseau fait à la Société la communication sui- vante : OBSERVATIONS SUR ROUZE ESPÈCES DE RUBUS DU DÉPARTEMENT DE LA VIENNE, pr M. l'abbé CHABOISSEAU. M. Decaisne a parfaitement établi, dans la lettre qu'il m'a adressée, que la culture et l'hybridation, convenablement pratiquées, peuvent seules décider la question de l'espèce dans les genres difficiles. Je me propose donc de passer encore du temps à l'étude des ubus, avant de me prononcer sur telle ou telle forme, et je sacrifie de bon cœur le facile mérite d'attacher mon nom à une espéce nouvelle, à la crainte d'augmenter l'anarchie des botanistes des- cripteurs. Mon unique pensée est celle-ci : il existe dans le genre Rubus des formes très distinctes au premier coup d'œil, occupant dans ma région une aire assez étendue, offrant des caracteres différentiels faciles à saisir, et par conséquent donnant à priori les garanties nécessaires pour étre considérées comme bonnes espèces. J'ai recueiMt les plus saillantes, et j'ai laissé à notre savant président le soin de les expérimenter par la culture et l'hybridation. — Dans l'impossi- bilité où je me trouve de donner à ces formes une synouymie de quelque valeur, j'ai adopté les noms imposés à mes plantes par M. Mueller (de Wissem- bourg), auteur d'une monographie publiée dans le Jahresbericht der Polli- chia de 1859. Je saisis avec bonheur cette occasion d'offrir à cet infatigable observateur mes plus sincéres remerciments pour ses conseils et pour les types dont il m'a fait présent. Je rappelle en méme temps qu'il va publier un Zzs?c- cata de Rubus (1), et je n'ai pas besoin de faire ressortir l'intérét qui s'atta- chera à cette publication, si l'on songe surtout que l'auteur a pu se procurer les types de Weihe et Nees. Je réserve pour des communications ultérieures le résultat de mes obser- vations faites sur le vif. Toutefois je crois devoir appeler l'attention sur les notes à prendre quand on recueille ces plantes, car la confusion qui existe dans ce genre provient de la difficulté de dessécher des échantillons complets ; de plus, certains caractéres sont insaisissables sur le sec, comme la direction du turion, la couleur des organes floraux et souvent l'attitude du calice fruc- tifère, Les Rubus doivent être observés à la floraison, à la maturité des fruits, et (1) Voyez plus haut, page 144, l'annonce détaillée de cette publication. 266 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. même à l'arriére-saison, pour savoir si le turion devient procombant et radi- cant : et l'on s'attachera d’abord aux formes bien distinctes par leur facies extérieur, en prenant pour devise ces paroles d'Elias Fries: « Nec magni » momenti censeo species quas peritus non primo obtutu discernere valet, » sine subtilissimi cujusdam characteris adminiculo. ....... Characteres magni » momenti censeo biologicos. » Les notes à prendre porteront principalement sur les caractères suivants : I. Turion. — 1° Sa direction à l'état libre et jusqu'à l'arriére-saison (couché-flagelliforme, arqué, dressé?). 2° Angulation (de la base au sommet). 3^ Aiguillons (leur forme et leur disposition à toutes les hauteurs ; sont-ils inégaux ou homogènes dans un même entre-nœud ?). 4° Glandes (nulles, ses- siles, stipitées?). 5° Pétiole et pétiolules (plans ou canaliculés?). 6° Stipules. U. Inflorescence. — 4^ Calice (vert ou uniformément grisàtre-feutré ?). 2 Couleur et forme des pétales. 3° Couleur des étamines et des styles avant l'anthése. ^? Jeunes carpelles (glabres, velus, ou bien d'abord pubescents et bientôt glabrescents ?). 5° Époque précise de floraison. HI. Fruits márs. — 1^ Calice fructifère (appliqué, étalé, réfléchi ?). 2° Acini (noirs ou glauques? leur nombre moyen et leur grosseur). 3° Goût (fade, sucré, acidule, spécial-parfumé ?). 4° Coupe verticale du orus. 5° Forme des akènes. 6° Époque précise de maturité. IV. Observations. — 1^ Habitat (bois, haies, etc.). 2° Terrain (géologie, altitude). 3° Diffusion (rare ou commune ?). Il est utile que chaque part recucillie offre: 1° Portions de turiou avec feuilles bien normales (du bas, du milieu, du sommet) ; 2? rameau florifere, avec section de la tige principale, s’il y a moyen; 3° pétales séparés, séchés en papier blanc ; h° quelques fruits mûrs et des akènes séparés, nettoyés. J'appelle spécialement l'attention sur la station géologique. Ce serait une grave erreur de croire que les Rubus ne sont pas exigeants sous ce rapport. On chercherait vainement dans les pays calcaires les X. nitidus, discerptus, etc., amis du silex et des granites, et l'on ne verra pas figurer dans ces derniers terrains le R. tomentosus, si répandu dans certaines régions calcaires. J'ai la conviction profonde qu'il y a dans ce genre d'excellentes espèces, et j'espere que les botanistes en rechercheront les caractères, tout en mettant une prudente réserve dans l'admission des formes comme espèces. Voici le synopsis des 12 espèces de Æubus que j'ai communiquées à M. Decaisne. SECTION I. — Aiguillons inégaux-inordinés, répandus irrégulièrement sur toute la surface du turion (au moins dans sa partie inférieure). Furion cylin- dracé ou à angles ordinairement peu prononcés, tombant ou méme couché - flageiliforme. SÉANCE DU 27 AVRIL 1860. 267 $1. Cæsii. — Folioles latérales (des feuilles du turion) subsessiles ; calice fructifére apprimé, étalé ou incomplétement réfléchi; turion non velu, quoique parfois glanduleux. 1. R. cæsius L. et auct. — Turion cylindrique, glauque, glabrescent; calice fructifère apprimé ; fruit glauque-pruineux. — Commun dans la Vienne. 2. R. serpens? Gren. et Godr. (2. adenoleucus Chaboisseau ad amicos). — Turion cylindracé, non glauque, trés glanduleux mais non velu; car- pelles noirs; calice fructifère d'abord appliqué sur le jeune fruit, puis s'éta- lant, — Pindray près Montmorillon (argilo-siliceux). — J'avais cru que cette espèce était celle de MM. Grenier et Godron; M. Mueller m'affirmant le contraire, je l'ai distribuée sous le nom de X. adenoleucus, c'est-à-dire blanchi par les glandes qui couvrent l'inflorescence. Je n'emploie ce nom que sous toutes réserves. 3. R. thamnocharis ! Ph. Mueller in Jahresb. Pollich. (R. nemorosus auct. saltem pro parte; an Hayne?). — Turion à angles très obtus vers son sommet, glauque, glabrescent; fruit noir; calice fructifère étalé; styles rose vif! (cf. Arrhenius, Rub. Suec. et Hayne, Arzneigew. t. III, tab. 10). — Cà et là, dans les haies, à Pindray (argilo-siliceux). — Les akènes de cette espèce me paraissent différents de ceux des espèces voisines : ils sont atténués vers le sommet, de sorte que le hile est oblique et l'apiculum (base du style) situé à l'extrémité du grand diamètre de l’akène; dans les autres, le sommet de l’akène s'arrondit, la face hilaire est presque droite, et l'apiculum est latéral. h. R. Holandrei! Ph. Mueller (R. Wahlbergii Godron, saltem pro parte!; non Arrhenius) — Turion anguleux à faces planes, glabrescent, non glauque; fruit noir; calice fructifère parfois appliqué sur le jeune fruit, puis étalé ou incomplétement réfléchi; fleurs toujours blanches. — Çà et là; précoce relativement à ses congéneres. — M. Mueller a nommé avec raison cette espèce 2. /Tolandrei, parce que c'est le R. plicatus de Holandre (non de Weihe et Nees) ; je ne puis y voir le X. WaAlbergii d'Arrhenius, lequel est une espèce tardive parmi ses congénères, maritime, et corolla magna rosea (cf. Arrhenius). $ 2. Vestiti. — Folioles latérales (des feuilles du turion) longuement pétiolulées ; turion presque toujours velu; calice fructifère réfléchi après l'anthése. A. Plantes trés glanduleuses. 5. R. discerptus! Ph. Mueller (R. Radula Boreau! et plurium, non W. et N. ex Mueller). — Panicule ramassée, courte, corymbiforme ; pétales oblongs, insensiblement atténués ; jeunes carpelles glabrescents ; fruit un peu acidule, 268 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. à styles caducs. — Assez commun autour de Montmorillon et dans la Haute- Vienne (région granitique). 6. R. Genevierii! Boreau F1. centre. — Inflorescence en longue grappe feuil- lée; pétales atténués en long onglet très étroit; jeunes carpelles très velus ; fruit parfumé, à longs styles persistants. — Pindray, dans les bois (argilo- siliceux et sablonneux). B. Plantes trés peu ou point glanduleuses. 7. R. Chaboissœæi! Ph. Mueller in Jahresb. Pollich. — Aiguillons étroits, faibles, espacés; panicule large, étalée-corymbiforme; folioles longuement cuspidées ; jeunes carpelles £rés velus; fruit très parfumé. — Çà et là, dans le silex et le diluvium sablonneux, à Pindray et à Montmorillon. 8. R. vestitus! Weihe et Nees Rub. germ.; Boreau Fl. centre! Mueller Monogr.! — Aiguillons forts et acérés; panicule ramassée et serrée ; folioles arrondies-obtuses; pétales arrondis; jeunes carpelles glabrescents; fruits fades; turion trés velu, à angles peu prononcés. — Çà et là, dans le terrain argilo-siliceux. — Juillet. 9. R. septorum ! Ph. Mueller. — Aiguillons forts; panicule ramassée; folioles ovales-cuspidées; pétales ovales-oblongs; jeunes carpelles ‘glabrescents; fruits fades ; turion anguleux, peu velu. — Précoce, dès le commencement de juin. — Commun. Ces deux dernières espèces ont les aiguillons disposés avec ordre dans la moitié supérieure du turion. Elles forment une transition de la premiere à la deuxième section. d SECTION H. — Aiguillons conformes, disposés sur le turion suivant un ordre quinaire. Turion anguleux, arqué ou dressé. S 1. Discolores. — Calice tomenteux-grisátre; feuilles drapées-blan- chátres en dessous. 10. R. discolor Weihe et Nees; Boreau. — Turion arqué-procombant; folioles brusquement cuspidées; jeunes fruits pubescents ou velus, perdant. bientôt leur indumentum; inflorescence en grappe non feuillée. — Cette espéce, vulgaire dans tous les terrains du centre et de l'ouest, parait rare dans l'est. La planche de Weihe et Nees s'y rapporte imparfaitement. 414. R. phyllostachys ! Ph. Mueller (R. thyrsoideus Wimmer et auct. pro parte). — Turion robuste, dressé, peu arqué; folioles insensiblement et longuement acuminées; panicule étalée et feuillée. — Pindray, çà et là (silex et calcaire). 8 2. Frutieosi. — Calice vert, bordé de blanc; feuilles vertes en dessous. SÉANCE DU 27 AVRIL 1860. 269 12. R. nitidus Weihe et Nees. — Turion dressé; folioles ovales, à grosses dents; pétales roses, obovales, — Montmorillon (région granitique). M. T. Puel présente à la Société le spécimen suivant d'un Catalogue des plantes vasculaires de France (1) : 1. RANUNCULACEK. 1. CLEMATIS. 4. CL. recta L. Sp. ed. 4, p. 544 (1753) et ed. 2, p. 767 (1762). CL erecta All. FT. ped. n. 1078 (4785); DC. et Duby! /DC. in h. Mus. p.). Cl. integrifolia Lap. Hist. pl. Pyr. p. 310 (1813) ; DC. FL. fr. suppl. (1815), non L. — Z'siccata..... FT. juin-juillet. Fr. juillet-août. Stations. Vignes, rochers escarpés, le long des ruisseaux. Géologie. Terrains calcaires (.....). Altitude. Région méditerranéenne montueuse : limite inférieure limite supérieure...... Géographie. — FLORE DU RHÔNE. ALPESs-Manir. : Nice (AlL). Van: Forêt des Maures (Lille ex Hanry Cat.). H.-ALres : Oze (Vill.); Manteyer près Gap! (Garnier, B. Blane, in b. Cosson). B.-ALPES : St-Donat près Sisteron (G. G.), sur les bords du Buech ! (Z. de Valon in h. Puel). Drome et Vaucz. : Entre Orange et Montélimart ( Vi//.). GARD : Bords du Gardon, à Alais, à Aigues-Mortes (Delavaux, de Pouzols). HÉR. : Castelnau près Montpellier (Gouan). AUDE : Ste-Lucie et Perpentous! (Pourret in h. Mus. p.). PYR.-OR, : Prats-de-Mollo (Lap.); Arles-sur-Tech! {/rat in h. Coss.); vallée d'Aude! (de Franqueville in h. Mus. p.); Graus-d'Olette et Font- pédrouse, sur la route de Mont-Louis (Companyo) ; Perpignan (Philippe). Obs. Espèce naturalisée dans plusieurs localités. — 748N-ET-GAR. : Mon- tauban (Galabert ex Lagréze F1.). SEINE : Bois de Vincennes, au carrefour de l'obélisque! (h. Mus. p., h. Puel, etc.). S.-£r-OtsE : St.-Cloud (Lois. -Desl.). 2. €). Flammula L. Sp. ed. 4, p. 544 (1753) et ed. 2, p. 766 (1762); DC. et Duby! (DC. in h. Mus. p.); G. G.! (Gren. in h. Mus. p.). — Ezsicc..... Fl. juin-juillet. Fr. aoüt-septembre. Stat. Haies, vignes, buissons, bois, coteaux, lieux incultés. Géol. Terrains calcaires et siliceux (alluvions, calc. tertiaire et jurassique, grès bigarré et houiller, granite). (1) Voyez plus haut, p. 94-102, 270 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Alt. Région médit. littorale et montueuse : Jim. inf. 0"; lim. sup..... (Espagne 1700" ex Boissier). Géogr. — FL. DU RHONE. ALPES-Manir. : Nice (ALl); Cannes! (Gren. in h. Mus. p.); Grasse! (Lenormand in h. Mus. p.). Van: Toulon! (Robert in h. Mus. p.), Clairet !, Cap-Brun! (Auzende in h. Coss.) ; Fréjus! (Perrey- mond in h. Mus. p.). B.-DU-RHONE : La Camargue! (Decaisne in h. Mus. p.) ; Marseille (Castagne). Vavct. : Orange (Vill.); fontaine de Vaucluse (Guérin). Droe : St-Paul-Trois-Chàteaux (Vill., Mut.); Montélimart, le Buis (Vill). RuoxE: Écully pr. Lyon! (Martin in herb. de Schenefeld). AIN : Balmont! (Guinand in herb. Soubeiran). ARDECHE : Cruas! (Tulasne in h. Mus. p.). GARD : Côte St-Pierre prés St-Jean-du-Gard, Bessèze, St-Ambroix, Anduze (Lec. et Lam.) ; le Vigan, Nimes (de Pouzols). Hér. : Montpellier! (DC., A. de St- Hilaire, in h. Mus. p.; Liendon in h. Puel); Castelnau, Lavérune, Celleneuve (Govan) ; Béziers ! (V. Personnat inb. Puel). AUDE : Quillan (Lap.); Ferrals près St-Papoul (Doumenjou); ile Ste-Lucie prés Nar- bonne! (/rat in h. Coss.). Prn.-On. : Estoher, Olette, Villefranche (Lap.) ; Mallola prés la Basse, Casas-de-Pena, à droite des Graus-d'Olette et à Fontpé- drouse, sur la route de Mont-I ouis (C'ompanyo) ; St-Martin-de-Fenouilla près le Boulou! (Soubeiran in h. Puel); entre le Vernet et Corneilla-de-Conflent ! (Soub. in h. Puel). War. B maritima DC. ! (h. Mus. p.) Syst, t. I, p. 134 (1818). CL maritima L. Sp. ed. 2, p. 767 (1762). Géogr. — KL. DU RHÔNE. Var: Hyères (Champagneuz) ; Toulon (/o- bert); Clairet!, Cap-Brun! (Auzende in h. Coss.). B.-DU-RHONE: Arles (DC. Fl fr. suppl.) ; Mazargues, Montredon (Castagne). GARD: Aigues- Mortes (DC. Fl. fr. suppl). Zn. : Montpellier! (DC. in h. Mus. p.) ; bois de Gramont, Castelnau (Magnol); Maguelonne! (Soubeiran herb.). AUDE : Fresquel! (Pourret in h. Mus. p.). 3. Cl. Vitalba L. Sp. ed. 4, p DC. et Duby! (DC. in h. Mus. p.) n. 1108, . 54h (1753) et ed. 2, p. 766 (1762; ; G. G.! (h. Mus. p.). — £zsicc. Billot, FT. juin-août. /7. juillet-septembre. Stat. Haies, bois, taillis, coteaux, buissons, bords des rivières, Géol. Sur tous les terrains. Alt. Régions des plaines, et dans les vallons des régions sous-alpines : lim. inf. 0"; lim. sup. 1000" (Auvergne ex Zecoq)..... Géogr. — Fr. DU RHÔNE!, DE LA GIRONDE!, DE LA LOIRE!, DE LA SEINE! ET bU RuiN!. Remonte daus les vallées des Pyrénées, de l'Auvergne; des Alpes, du Jura et des Vosges. SÉANCE DU 27 AVRIL 1860. 274 4. CI. cirrosa L. Sy. ed. 1, p. 544 (1753) et ed. 2, p. 766 (1762); DC. et Duby! (DC. in h. Mus. p.). CI. balearica Richard et Juss. Journ. phys. t. 13, p. 127, ic. (1779) ; DC. et Duby! (DC. in h. Mus. p.). CI. semitriloba Lagasca El. h. Matrit. add. p. 19 (1816). Cl. polymorpha Viviani Fi. cors. p. 9 (182^). — E»xsícc. Soleirol, n. 185^! (Cl. cirrosa), 185! (Cl. balearica), 4859 ! (CL. semitriloba); Kralik, n. 451! (CL. balearica); Billot n. 501! (CZ cirrosa), 501 bis! (CI. balca- rica). Fl. juillet-août, Zr. aoüt-septembre. Stat. Haies, buissons. Géol. Terr. calcaires (.....). Alt. Région médit. littorale et montueuse : lim. inf. 0^; lim. sup..... Géogr. — FL. DE LA CORSE : Bonifacio! (Requien, etc. in h. Mus. p. et in h. Moquin-Tandon, etc. ). 2. ATRAGENE. 5$. A. alpina L. Sp. ed. 4, p. 542 (1753) et ed. 2, p. 764 (1762) ; G. G.! (Gren. in h. Mus. p. etin h. Puel). Clematis alpina Mill. Dict. ed. 8 (1768); DC. et Duby! (DC. in h. Mus. p.). — Æ£zsice. Sieber, n. 2!; Schultz Kl. Gall. et Germ. n. 4004 !. FT, juin-juillet. Fr. juillet-août. Stat. Bois, rochers escarpés. Géol. Terr. calcaires (.....). Alt. Région alpine : lim. inf...... ; hm. SUP... Géogr. — FL. DES ALPES. SAVOIE : Mont-Cenis! (Chabert in h. Puel). Lanslebourg! (Bouvier in h. de Schenefeld); St.-Martin-de-Belleville ! (Nathalie B. in h. Puel) ; entre Tignes et Laval en Tarantaise (Dumont in Bull. Soc. hist. nat. Sav. 1850). ZsÈRE : St-Nizier ! (Clément in h. Mus. p., Lamotte in h. Pue?) ; lac du Crouzet près Revel (Mutel). H.-A Lpes : Montagne- des-Haies (Wa); Névache près Briançon! (Juillord in h. Coss.); glaciers du Bec prés Villar-d'Aréne! (Z. de Valon in h. Puel); Lautaret! (Gren. in. h. Mus. p.); le Noyer, Mont-Séuse, Manteyer, Charance ! (Garnier in h. Coss.) ; le Sapey près Gap! (Z. de Valon in h. Puel). B.-ALPES : Barcelonnette! (Aunier in h. Mus. p.); Colmars! (Jordan in h. Mus. p., Cosson herb.). Obs. Lapeyrouse a indiqué cette plante, d'aprés Pourret, au Canigou, au Roc-Blanc (Pyr.-Or.); mais aucun botaniste ne l'a retrouvée dans ces der- niers temps, et il n'y à aucun exemplaire provenant de cette localité dans l'herbier de Pourret, déposé au Muséum de Paris et intercalé dans l'herbier spécial de France. L’Afragene alpina n'ayant été trouvé d’ailleurs dans aucune partie des Pyrénées espagnoles, il est permis de considérer comme 2 SOCIÉTÉ DOTANIQUE DE FRANCE. peu probable l'existence de cette plante dans la localité signalée par Lapey- rouse et reproduite dans les ouvrages les plus récents (Gren. et Godr. F1. Fr. 4847, Philippe Fl. Pyr. 1859). 3. THALICTRUM. 6. Tb. aquilegifolium L. Sp. ed. 4, p. 547 (1753) et ed. 2, p. 770 (4762); DC. et Duby! (DC. in h. Mus. p.) ; G. G.! (Gren. in h. Mus. p.). — Exsice. Schultz Fl. Gall. et Germ. n. 1261! Fl. mai-juin. Fr. juillet-août. Stat. Bois, coteaux, lieux ombragés, bords des rivières et des ruisseaux. Géol. Terr. calcaires et marneux, quelquefois terr. siliceux humides (Auv. , Pyr.) ; alluv., calc. jurassique (Jura). Alt. Région sous-alpine : lim. inf. 600 à 700" (Auv.), 300 à 400" (Jura).....; lim. sup. 1600" (Pyr., Auv.), 1800" (Alp.), 1400" (Jura). Géogr. — FL. DES PYRÉNÉES. B.-PYR. : Mont-de-Gazis, dans la vallée d'Ossau (Bergeret); Mendibelza (Lap.); pic d'Anié, pig d'Amoulat, Pambé- cibé, vallée d'Aspe (Z. Dufour); St.-Jean-Pied-de-Port (Darracq). TE- PYR : Luz, St.-Sauveur (Lap.); Gédre (Zordére) ; pic de Lhiéris! (Philippe in h. Puel). H.-Gar. : Mont-de-Gisole, Melles (Zap.) ; pic de Gard, Super- bagnères (Zetterstedt); Esquierry ! (Soubeiran herb.) ; vallées de Burbe et de l'Hospice, au pied du port de Bénasque, port de la Fraiche, au pied du port de la Picade (Zett.). ARIÉGE : Mont-de-Tabe, Mont-de-Rabat (Lup.). PYn.- On. : Las Concas de Prats-de-Mollo, Madres (Lap.); dans une ile formée par la Tét, prés du moulin de Llagona, à Mont-Louis, Boucheville, vallées de Llo, Eyna, Fetges (Companyo). AUDE : Salvanaire (Zap.): FL. D'AUVERGNE. LOZÈRE : Mende! (DC., Prost, Boivin, in h. Mus. p.); le Born sur les bords du Lot, Hierles sur les bords du Béal (Bayle ex L. L.). IH.-LoIRE: Charentus, le Villard, etc. (Arnaud); bois de la Bajasse prés Brioude (Z. L.). (GARD: Gourdouse, Valat-de-Longues-Feuilles prés Con- coules (de Pouzols). — Localités douteuses. ZLoIRE: Mont-Pilat (La Tour- rette) CANTAL (Delarbre) ; Lor : La Capelle (Bladou in h. Puel). FL. DU JURA. DOUBS : Besancon! (Gren. in b. Mus. B Montbéliard ! (Kralik in bh. Gogot) ; côtes du Doubs (le Saut, la Grand-Combe-des-Bois, Blancheroche, Goumois, Saint-Ursanne, Bremoncourt, Vaufrey, St-Hippo- lyte, etc.); côtes du Dessoubre (Consolation, Laval, Rosureux, etc.); €n- traîné par le Doubs dans la plaine à Mandeure, à Belehamp, etc. (Conte- jean]. FL. DES ALPES. SAVOIE : St- Martin-de-Belleville ! (Nathalie B., Chabert, in h. Puel). ISÈRE : Grenoble! (Barnéoud in h. Mus. p., Lamotte in h. Puel): îles du Drac, St-Martin, la Grande-Chartreuse (Val), Seyssins ! SÉANCE DU 27 AVRIL 1860. 273 (Clément in h. Mus. p.) ; Beauregard, la Moucherolle (Mut.). H.-ALP. : Col de Bayard prés Gap! (£. de Valon in h. Puel). Obs. Cette plante est-elle spontanée dans les localités suivantes, qui appar- tiennent à des régions de plaines ? C’est ce que je ne saurais décider. FL. DU RHIN. Iles du Rhin (A?rscAleger). FL. DE LA GIRONDE. GIRONDE : Cestas ! (Laporte in h. Gogoë) ; Libourne et Coutras (Zussac ex Laterrade Fl. suppl. ). 7. Th. macrocarpum. Grenier! (h. Mus. p., h Puel, etc.) Obs. bot. in Mém. Ac. sc. Bes. t. 5, p. 119 et extr. p. 3, tab. 1 (1838). 74. majus Bentham! (h. Mus. p.); Grenier! (teste auct. loc. cit.) Souv. bot. des Eaux-Bonnes in Ann. Soc. Linn. Bord. t. 9, p. 24 (1837), non Jacquin. — £xsice. Bourgeau, n. 452! Fl. juin-juillet. Fr. aoüt-septembre. Stat. Rochers, le long des ruisseaux. Geol. Terr. calcaires (.....). | Alt. Région sous-alpine : lim. inf.....; lim. sup..... Géogr. — FL. DES PYRÉNÉES. B.-PYR. : Montagnes de la vallée d'Aspe (Darracq); Eaux-Bonnes! (Till. de Clermont in h. Puel); au col d'Arbas et le long du ruisseau qui descend de ce col sur le versant opposé, en longeant le chemin d'Arreus et d'Argelés! (Gren. loc. cit.); sur la montagne de Gourzy! (Cosson herb. et in Zourgeau Exsicc. n. 452, Ém. Desvaux iu h. Soubeiran) ; col de Tortes! (Bentham in h. Mus. p., Philippe in h. Puel). H.-Gan, : Esquierry (Philippe). 8. Th. alpinum L. Sy. ed. 1, p. 545 (1753) et ed. 2, p. 767 (1762); DC. et Duby! (DC. in h. Mus. p.); G. G.! (Gren. in h. Mus. p.). — E zsicc. Billot, n. 1601 !; collection d'un auteur inconnu, n. 3! (h. Mus. p.). Fl. juin-juillet. Fr. aoüt-septembre. Stat. Prairies tourbeuses, pelouses, pâturages. Géol. Terrains calcaires (Alp. Verlot, Pyr. de Franquevitle). Alt. Région alpine : lim. inf.....; lim. sup. 2500" (Pyr. au port de Ja Pinède de Frangueville), 4700" (Alp. Verlot)..... Géogr. — Ft. DES ALPES. H.-ALrP. : Larche! (Jordan in h. Mus. p.). B.-ALP. : Barcelonnette (Petit); lac d'Allos! (Coss. et Germ. in h. Mus p.). Drome : Col de Goubeyran (Nicolas ex G. G. FL). FL. DES PYRÉNÉES. PYn-On.: Val d'Eynes! (Gren. in h. Mus. p.); Cambre-d' Ases ! ( DC. in h. Mus. p.); Lhaurenti, port de Clarabide, glaciers de Taillon, d'Oo, entre le lac de Gaube et le port de la Hourquette (G. G.), H.-G^R. : Pic du midi de Bagnères ! (Philippe in h. Puel). H.-PYn. : Port de la Pinède! (de Franqueville in. h. Soubeiran et in Bourgeau Exsicc.) : Vignemale ! (/rat in h. Puel). T Uf 18 27h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Cossoh fait remarquer qu'il existe à Sion (Valais) un ilot de végétation méridionale, caractérisé non-seulement par la présence du Clematis recta, mais aussi par celle du Bulbocodium vernum et d'autres espéces. On rencontre également à Grenoble et aux envi- rons de Chambéry un certain nombre d'espéces de la région médi- lerranéenne, dont certainement les graines n'ont pu remonter jusque-là. Pour expliquer ces faits, il faut tenir compte de la répar- tition des végétaux à une époque antérieure à la période géologique actuelle, ainsi que l'a établi M. Alph. De Candolle. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. Notizen ueber den Bau des Holzkocrpers einiger Che- nopodiaceen (Note sur la structure du corps ligneux de quelques Chénopodiacées) ; par M. A.-C. de Gernet (Bulletin de la Société impé- riale des Naturalistes de Moscou, cahier n° 4 de 1859, pp. 164-188, planche 11). M. de Gernet commence par résumer ce qu'on sait aujourd'hui sur l'anatomie et le mode d'accroissement des Chénopodiacées, par suite des observations de M. Unger sur le Chenopodium viride, de M. Schacht sur la Betterave (1), et de M. Basiner sur l’Anabasis Ammodendron (Haloxylon Ammodendron Bunge). De cet exposé il tire cette conséquence que nos connaissances à ce sujet sont encore fort peu étendues, et que presque tout reste à apprendre. Lui-méme ne présente son mémoire que comme les premiers résultats des recherches étendues qu'il a entreprises et qu'il annonce devoir poursuivre avec persévérance. — Il expose en détail la structure de la portion ligneuse de la tige du Chenopodium album, du Salsola Kali. Les principales particularités que présentent ces deux plantes sont : 1° l'absence de zones ligneuses fermées ; 2° le manque de véritables rayons médullaires ; 3° l'existence de faisceaux de cambium entre les couches ligneuses ; 4° l'absence du liber. M. de Gernet étudie ensuite le bois du Saxoul ou Haloxylon Ammodendron, remarquable par la grande irrégularité de son contour, par la position excentrique et par l'extréme petitesse de sa moelle, qui pourraient faire prendre la tige de cette plante pour celle d'une liane des tropiques, ainsi que par des couches ligticuses d'épaisseur faible et presque partout égale, que sépare toujours nettement un tissu cellulaire plus clair, mais non une écorce fermée, et qui forment simple- ment des zones ondulées, enfin par l'hétéroxylité (2). Enfin il examine, afin (1) L'auteur paraît n'avoir pas connaissance du beau mémoire de M. Decalshe sur la Structure anatomique de la méme plante. 1 (2) M. de Gernet désigne ainsi la différence de couleur et de dureté qui existe entre 1^ bois de cœur et l'aubier ; les bois qui n'offreut pas celte différence sont nommés pat lui homozyles. 276 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de faciliter l'intelligence de la structure du bois du Saxoul, l'Afriplex Hali- mus et l Halostachys caspia C.-A. Meyer. Il termine son mémoire par quel- ques déductions et considérations générales que nous reproduirons en les abrégeant. 1. Comme la section transversale des tiges de Chenopodium d'un an montre plusieurs couches concentriques, que dans le Sa/su/a Kali plusieurs tours de spire se sont également formés pendant une seule période végétative, il parait vraisemblable que cette formation de plusieurs couches en un an est un phéno- mène d'accroissement propre aux Chénopodiacées en général. Faute d'obser- vations directes sur l' Haloxylon Ammodendron, on ne peut dire s'il en est de méme pour cette espèce. L'auteur est porté à croire que, dans le cours d'une seule période végétative, il se produit plusieurs couches ligneuses, 5 à 8 chez l'Zalostachys caspia, 8 à 12 chez l'Atriplez Halimus, 6 ou 7 chez l'Haloxylon Anunodendron. Seulement il fait observer que des recherches faites sur les plantes vivantes pourraient seules fournir la solution de cette question. 2. La zone d'épaississement, en supposant qu'elle existe généralement, parait n'avoir qu'une très faible importance dans lÆ/aloxylon, les Chenopodium et Salsola, et vraisemblablement aussi dans les autres genres de la famille. Cela pourrait déterminer l'inégalité d'épaisseur d'une méme couche ligneuse en différents points, l'excentricité de la moelle, l'extréme minceur de l'écorce et l'absence des rayons médullaires. D'un autre cóté, toute formation cellu- laire, dans ces végétaux, parait due à un cambium général qui se lignifie en partie ou se transforme en parenchyme ligneux, et qui se montre, sur.les coupes transversales, tantôt comme un cercle ondulé interrompu (Haloxylon, Chenopodium), tantôt en petites taches isolées, ou en courtes lignes ondulées et sinueuses (Halostachys, Atriplex), ou encore en spirale interrompue par places ; la couche la plus externe de ce cambium général, située entre le corps ligneux et l'écorce, se distingue seulement en cellules formant le bois et les vaisseaux et en cellules produisant l'écorce. 3. Si l'on désigne, dans les Dicotylédons, sous le nom de rayons médullaires, un ensemble de cellules qui proviennent de la zone d'épaississement, lesquels rayons sont les uns primaires, les autres secondaires, et affectent constam- ment certaines places sur les sections transversales et longitudinales, on peut en contester entièrement l'existence dans toutes les Chénopodiacées qui ont été citées plus haut. ^. Dans ces mêmes espèces, il n'existe pas non plus de faisceaux vasculaires analogues à ceux qu'offre le bois normal des Dicotylédons. 5. Le cambium général qui traverse le corps ligneux d'une maniére con- stamment différente pour chaque genre, établit parmi les bois des Chénopo- diacées une variété de types génériques qui ne parait se représenter dans aucune autre famille de plantes dicotylédones. EVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 277 Où the Torms and Structure of Fern-stems (Sur [es formes et la structure destiges de Fougères) : par M. George Ogilvie (The Annals and Magazine of Natural History, cahier de décembre 1859, pp. 401-544, pl. virr-x). Les observations de M. Ogilvie n'ont porté que sur les espèces de Fougères qui croissent naturellement dans les environs d'A berdeen. Il expose d'abord les caractères qu'offrent les tiges de ces plantes examinées à l'extérieur. — Sous ce rapport, elles rentrent toutes dans trois catégories, car elles constituent tantót un rhizome stolonifére, tantót un caudex, qui est simple dans les unes, rameux dans les autres. Dans la première catégorie, l'axe est allongé, grêle et trés rameux ; ses ramifications s'étendent horizontalement à la surface du sol ou fort peu au-dessous; il émet, à sa face inférieure, un grand nombre de radicelles noires et roides, et, à la supérieure, les pétioles épars. Considéré dans son ensemble, il permet de distinguer ses formations annuelles. On trouve cette sorte d'axe dans tous les Polypodium indigènes, dans l Hymenophyl- lum, probablement aussi dans les Trichomanes, Adiantum, Lastrea, Thelyp- teris. 'Toutefois le Polypode commun présente cette particularité, par laquelle il se distingue des autres Fougères indigènes, que ses pétioles se désarticulent nettement, ne laissant que des cicatrices d'insertion. — Le caudex simple offre un contraste des plus prononcés avec la première sorte de tige : ses caractères résultent du nombre et de l'arrangement en spirale des pétioles des feuilles ; l'axe lui-méme est quelquefois trés épais; mais son épaisseur réelle ne se reconnait pas au premier coup d'œil, parce qu'il est entièrement revêtu par les bases persistantes des feuilles. Il est tantót horizontal et tantót vertical : dans le premier cas, il rampe sur terre ou peu au-dessous de la surface, et il forme un angle plus ou moins prononcé avec la couronne de feuilles qui le ter- mine, laquelle est toujours dirigée verticalement; quand il est plus ou moins vertical, comme dans quelques espèces exotiques de Blechnun, le Struthio- pteris, etc. , il prend en petit les caractères de la tige des Fougères arborescentes. Dans cette forme, les racines sont aussi abondantes que dans la première. On voit des exemples de ce caudex simple dans les Lastrea Filix mas, dilatata, cris- fata, dans le Polystichum aculeatum et le P. Lonchitis. La troisième forme est intermédiaire entre la précédente et la première; ici l'axe se ramifie telle - ment par dichotomie que, dans son ensemble, il ressemble assez au rhizome stolonifére; mais, dans son état naturel, il est tellement chargé de pétioles et de radicelles, qu'on n'y distingue qu'une masse de racines entremélées, por- tant vers le haut une touffe plus ou moins serrée et en dessous des fibres en très grand nombre. Toutes les grandes Fougères indigènes, à l'exception du Pteris aquilina, possédent un caudex, qui est rameux dans la plupart d'entre elles ; tel est celui de ' AJlosurus crispus, du Blechnum boreale, de V Osmunda 278 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. regalis, des Lastrea Oreopteris et Filix famina et des Asplenium en général. — Parmi les Filicoïdées indigènes, la tige stolonifère est la plus com- mune de toutes. Ghez les Équisétacées, elle est souterraine, comme celle des Fougères ; mais celle du Pilularia etdes Lycopodium rampe à la surface du sol. L'/soetes présente une modification particulière du caudex simple. La seconde portion du mémoire de M. Ogilvie est consacrée à l'étude de la structure interne de la tige des Fougères indigènes. — Dans cette tige, l'élé- ment fibro-vasculaire est peu développé proportionnellement au tissu cellulaire, et la disposition des faisceaux prend, en conséquence, une apparence différente de celle que présentent les Phanérogames. Ces faisceaux sont bien développés dans les pétioles, mais ils n'entrent dans la composition des tiges uniquement que pour déterminer l'union avec les frondes des années antérieures; immé- diatement aprés leur entrée dans la tige, ils se ramifient et s'anastomosent avec ceux qui sont venus des pétioles plus âgés, et ils forment ainsi un beau cylindre réticulé, situé près de l'extérieur, analogue évidemment à la couche fibreuse des Monocotylédons. —Sur une coupe longitudinale menée par son axe, une tige de Fougère présente une expansion uniforme de tissu cellulaire, marquée seu- lement d'une ligne interrompue voisine des deux bords, qui indique la situation des faisceaux fibro-vasculaires du cylindre en réseau, et dont les intervalles répondent aux mailles de ce réseau. Sur la section transversale, ce méme cylindre se montre en un cercle interrompu qui sépare une grande masse cen- trale d'une zone corticale plus étroite, l'une et l'autre cellulaires et correspon- dantes, jusqu'à un certain point, l'une à la moelle, l'autre à l'écorce cellulaire d'une jeune tige de Dicotylédon ; les parties cellulaires qui occupent les mailles du réseau fibreux peuvent être regardées comme représentant les rayons médul- laires. Dans les Fougères indigènes, la tige n'est pas creuse, mais on peut voir déjà, dans les portions les plus vieilles des rhizomes, que le tissu cellulaire central est le premier à disparaître. — Lorsqu'on enlève la couche corticale externe, on voit que le cylindre fibro-vasculaire, ainsi mis à nu, présente deux ordres de faisceaux qui se relient à l'extérieur, dont l'un vient de la base des pétioles, dont l'autre est continu avec les racines. — Ces racines se développent successivement du bas vers le haut. Il y a tout lieu de penser que l'émis- sion des racines est une action purement locale. — Sans entrer dans de plus grands détails sur les faisceaux de la tige des Fougères, et en particulier sur la disposition de leur portion de couleur foncée, qu'on regarde habituellement comme étant de la nature du tissu ligneux, M. Ogilvie se contente de signaler les différentes dispositions qu'affectent ces faisceaux chez diverses espèces. Chez l'Osmunda, on voit une accumulation de tissu foncé vers l'extérieur du caudex ; au contraire, dans le Blechnum boreale, ce tissu occupe l'intérieur ; dans le Pferís aquilina il forme de larges bandes placées entre une couche externe et une couche interne de tissu vasculaire, tandis que, dans le Lastrea Filiz mas, il n'en existe qu'une assise mince engainant ce dernier tissu, et REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 279 que, dans le Z. dilatata, il se montre en masses isolées dans le tissu cellulaire du rhizome. Le mémoire de M. Ogilvie se termine par l'explication détaillée des douze figures, gravées pour la plupart d'aprés des photographies, qui sont réunies sur les trois planches. On the mode of branehing of some Amazon trees (Sur le mode de ramification de quelques arbres de l'Amazone) ; par M. Richard Spruce (Journal of the Proceedings of the Linnean Society, vol. V, n° 17, 1860, pp. 3-14). L'intrépide et savant voyageur anglais dépeint d'abord l'impression que pro- duisit sur lui la vue des immenses forêts de l'Amérique septentrionale et les difficultés immenses qu'il a éprouvées pour déméler, au milieu des masses de végétation qui frappaient ses regards, les formes qui appartenaient aux dif- férents arbres. Ce ne fut, dit-il, qu'au bout de dix-huit mois de voyages qu'il commenca d'analyser ses impressions; et, depuis cette époque, son atten- tion étant déjà éveillée, il a pu se rendre un compte de plus en plus exact de ces ramifications variées qui contribuent puissamment à donner aux arbres leur aspect caractéristique. La forme paraboloide des arbres de la famille des Myristicées est la pre- mière qu'il ait distinguée. Elle résulte de ce que les branches sont régulière- ment verticillées, étendues horizontalement, ramifiées d’après le type penné sur le méme plan, les inférieures ou les plus âgées étant les plus longues, et leur longueur diminuant graduellement du bas vers le sommet de l'arbre. Cette sorte de ramification se montre dans toutes les espèces de Myristica. Géné- ralement les branches sont verticillées par cinq, mais quelquefois deux d'entre elles sont plus petites que les autres; méme dans l'espéce nouvelle que M. Spruce nomme M. debilis, petit arbre de 4 à 3 mètres, les branches simples ne sont verticillées que par trois. Une modification remarquable de cette forme lui a été offerte par un Myristica des bords de l'Amazone, dans lequel les branches quinées se coudent brusquement vers le milieu de leur longueur pour se redresser presque verticalement. Dans les Laurinées, les branches tendent parfois à la disposition verticillée, et elles sont méme verticillées dans deux especes, par cinq dans l'une qui croit près de Tarapoto, par trois dans l'Oreodaphne. Cependant, chez la plupart des arbres de cette famille, elles ne sont qu'obscurément ou méme pas du tout verticillées, aussi est-il rare de les voir approcher de la régularité de contour qui distingue les Myristicées. Les Monimiacées, qui se rapprochent des Myristicées pour l'organi- sation et pour les propriétés aromatiques, leur ressemblent aussi quelque peu pour la ramification. Dans le Citrosma myristicoidea, les branches son, 280 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. verticillées par cinq. Dans un autre Citrosma, les jeunes pieds ont au sommet un verticille de cinq branches, au-dessus duquel nait une innovation verticale terminée par un verticille analogue, et ainsi de suite. Les autres Citrosma se rapprochent plus ou moins de ces deux modes. Les Anonacées, qui ont un port trés analogue à celui des Myristicées, dont les branches sont également pennées et les feuilles distiques coriaces, ne pré- sentent pas de verticilles. Les Guatteria, dont les branches varient, en général, de direction, forment des arbres de forme irrégulière ; mais quelques Xylopia, à branches paralléles et presque horizontales, s'éloignent peu de la forme des Myristicées ; ils sont cependant, la plupart, plus pyramidaux que celles-ci, dont la cime symétrique est plus ou moins arrondie au sommet. Les Bombacées et les Tiliacées, qui ont entre elles presque les mêmes rap- ports que les Myristicées et les Anonacées, se distinguent souvent par la méme différence dans la ramification, les branches étant verticillées dans les pre- mières, solitaires dans les dernières. Les grands Z'riodendron de l'Amazoue, les Samaiima des indigènes, sont remarquables par leur cime régulièrement en dôme, qui forme un peu moins qu'un hémisphère : leurs branches pri- maires sont horizontales, quinées, bipennées, et leurs branches secondaires sont horizontales, avec les ramules ascendants. Un Ochroma commun près de Huallaga a ses branches primaires quinées, exactement comme un Myristica; de plus, ses branches secondaires sont également verticillées par quatre ou par cinq, et ses feuilles ne sont pas distiques ; de là, quoique son contour général soit presque identique avec celui d'un Myristica, sa tête n'a pas la même apparence régulièrement imbriquée. — Beaucoup de Tiliacées, notamment les Mollia et genres voisins, qui ont les branches horizontales et pennées, les feuilles subligulées et l'inflorescence axillaire, ont une ressemblance générale trés prononcée avec les Anonacées. Les Mabea, genre d'Euphorbiacées qui abonde dans les foréts de l'Ama- zone, ont une ramification verticillée-prolifère semblable à celle des Citrosma. Les Sapins et Pins des climats tempérés et froids offrent des exemples encore plus frappants d'une ramification verticillée, combinée avec une cime pyramidale ou en dôme. M. Spruce n'a vu encore en Amérique, comme représentant de ce groupe, qu'un Podocarpus, qui croit sur le penchant occi- dental de la Cordillière, à 4000 mètres environ d'altitude, dont les branches primaires sont verticillées-rameuses, nombreuses, généralement indéfinies, inégales de grandeur, et non sur le méme plan, et dont les branches secon- daires simples ou rameuses, subpennées, ont les ramules rarement verticillés. Il est assez rare de trouver, dans la méme famille, des exemples de ramifica- tion solitaire et verticillée, et M. Spruce ne connaît qu'un genre qui offre à la fois ces deux modes ; c'est le genre Diospyros, dans lequel quatre espèces de l'Amazone, D. longifolia, glomerata, polyandra, et une qu'il n'a pas encore nommée, ont les branches verticillées par cinq, tandis que le D. Pæppigiana KEVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 281 DC. et deux autres inédits les ont alternes solitaires. — Une autre Ébénacée, le Maereightia myristicoides, a les branches ternées et un port très analogue à celui du Myristica debilis, qui croit près de lui. Plusieurs Artocarpées offrent une tendance à la ramification verticillée. Dans les Cecropia, les branches sont par cinq, et chacune se termine par trois ramules ou devient trichotome. Toutes les formes précédentes sont pyramidales ou paraboloides ; M. Spruce s'occupe ensuite de celles qui sont inverses, c'est-à-dire qui sont plus ou moins en cóne renversé ou en pyramide renversée. Les exemples les plus parfaits de ce mode se trouvent dans les arbres à feuilles opposées et inflorescence terminale, surtout dans l'£nkylista Spruceuna Benth., le Mulatto-tree, arbre de 26 à 33 mètres, commun sur toutes les rives, et que font remarquer promptement son tronc brun lustré et sa cime étroite, obconique. Dans cet arbre jeune, comme dans beaucoup de Psychotria, Cepheælis, etc. , la première inflores- cence termine l'axe primaire. Au- dessous de cette cime, naissent deux branches égales et opposées qui, à leur tour, se terminent par une inflorescence et donnent deux branches au-dessous. Il se forme ainsi une dichotomie régulière, et l'arbre continue son accroissement par le développement d'une série d'axes successifs et indépendants. — Dans les arbres à feuilles alternes et inflorescence terminale, il pent également exister une ramification dichotome; mais comme alors l'une des deux branches sort du tronc plus bas que l'autre, il y ainégalité de grosseur entre elles dans chaque paire. Ainsi une espèce de Ricinus, com- mune prés de Tarapoto, a une ramification dichotome à nombreux degrés, qui finit par en faire un arbre haut de 8 métres, à sommet plat ou peu convexe, Une ramification dichotome à sommet presque plat se montre aussi dans le Panax Morototoni Aubl., arbre abondant le long de: l'Amazone. Le genre voisin Hedera a souvent une ramification isochotome : l H. resinosa montre, Sur certains pieds, une trichotomie, sur d'autres, une pentachotomie ; VH. Maynensis a ses branches quaternées. En général, toute ramification isochotome (c’est-à-dire fasciculée, à branches naissant plusieurs ensemble du méme point et toujours sous le méme angle) peut étre regardée comme donnant à la plante un contour obconique ou en corymbe. Les exemples de ce mode se trouvent dans les espèces à feuilles verticillées et inflorescence terminale; seulement les branches, dans chaque fascicule, sont souvent moins nombreuses que les feuilles dans chaque verticille. Le Rauwol- fia, Apocynée à feuilles verticillées par quatre ou cinq, a une ramification régu- lièrement trichotome. Mais il y a beaucoup d'exemples de la ramification isochotome dans des arbres à feuilles alternes, comme, entre autres, dans la plupart des Croton, et dans plusieurs autres Euphorbiacées. — Plusieurs Éricacées, notamment certains Gaultheria, ont une ramification fasciculée par 3-5 (presque isochotome). 282 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. La ramification de quelques Teobroma est en partie verticillée, en partie isochotome. Le 7h. incanum Mart. a un gros tronc droit, terminé par un ver- ticille de branches di- ou trichotomes. — Les Cordia, surtout le C. umbracu- lifera, ont une tige prolifère et portent à chaque sommet successif un verticille de branches étalées, tri-dichotomes. — Dans quelques genres, les branches sont fasciculées partout, mais, dans chaque fascicule, elles varient en nombre, souvent aussi en grandeur, et ne naissent pas exactement du méme point ; cependant leur effet sur le port et le contour de l'arbre est le méme que si la ramification était régulièrement isochotome. C'est ce que l'on voit dans les Neea, Terminalia et Bucida. Dans ces cas, la principale croissance d'une branche est coutinuce par le ramule le plus extérieur de chaque faisceau, d’où résulte une courbure continuelle des axes secondaires, comparable à celle des cymes scorpioides. Une forme fort extraordinaire est celle que prend quelquefois le Bucida angustifolia DC., arbre commun au bord du Rio-Negro, où souvent il n'a que la tête hors de l'eau pendant plusieurs mois. Il a la forme d'un large cône renversé; or, comme son tronc court et épais produit souvent sous l'eau un cóne égal de racines, quand l'eau se retire, il ressemble à un gigantesque sablier. On peut conclure, dit M. Spruce, des exemples précédents que, là où la ramification primaire est isochotome, il y a ce que les botanistes nomment une tige déterminée ou déliquescente, et que là où elle est verticillée, opposée ou alterne, la tige est indéterminée ou excurrente. Une tige prolifère peut être regardée comme un agrégat de tiges annuelles déterminées, et le verticille de branches qui termine chacune d'elles est proprement un faisceau correspon- dant à ceux du Xauwol fia ou de toute autre plante ramifiée en cyme. Il existe une classe remarquable de végétaux, assez fréquente dans les forêts de l'Amazone, caractérisée par une tige simple, s'allongeant continuellement par le sommet, sans jamais se ramifier normalement. Ces arbres peuvent être nommés palmiformes. Leur forme tient à ce que tous leurs axes secondaires sont annuels et constituent des pédoncules axillaires. On en voit quelques exemples remarquables parmi les Cinchonées, notamment dans le Ztemijia lacunosa, dont le tronc grêle et sans branches s'élève à 11 mètres et se ter- mine par une couronne de grandes feuilles. Les Carica ou Papayers offrent aussi cette forme. Le Melia azedarach, qui s'est. propagé abondamment dans l'Amérique équinoxíale, s'y montre tout à fait sans branches, ou bien seule- ment avec quelques branches sorties des premières aisselles et simples elles- mêmes. M. Spruce dit qu'il ignore si cet arbre a le méme pert dans sa patrie. Les Jacaranda ressemblent à l'Azedarach pour leur mode de végé- tation. M. Spruce fait observer que, dans chacune des ramifications dont il s'est occupé, la régularité du développement et la symétrie du contour peuvent étre troublées par l'accroissement accidentel en branche feuillée de ce qui devait REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 283 n'être qu'un pédoncule florifère, ou par la sortie de branches prenant nais- sance dans de vieilles aisselles ou plus rarement sur la surface de la tige. Die Lostrennung der Blumenkrone bei den Rhinan- thaceen (Rupture de la corolle dans les Rhinanthacées) ; par M. J. Rossmann (Botanische Zeitung, n° 24 de 1860, p. 217). Les Rhinanthus major et minor laissent tomber leur corolle d'une manière très singulière, qui parait n'avoir jamais été signalée jusqu'à ce jour. Le tube de cette enveloppe florale est formé d'une membrane mince dans sa partie inférieure, et il se courbe assez brusquement prés de sa base, du cóté de son point d'insertion. L'effet de cette courbure est de le déchirer circulairement, de telle sorte que sa base méme reste autour de l'ovaire en forme de petit disque. Cette particularité rappelle tout à fait celle que présente le fond du calice des Datura, qui, comme on le sait, persiste aussi en forme de man- chette autour de l'ovaire, aprés que toute la portion supérieure de la méme enveloppe s'est détachée. M. Rossmann regarde comme vraisemblable que les choses se passent de méme chez tous les Rhinanthus, et il ajoute que, s'il en est ainsi, cette circonstance aura de l'importance, puisqu'elle servira à dis- tinguer ce genre des Melampyrum, Pedicularis, Euphrasia, etc., relati- vement auxquels il présente peu de caractères distinctifs. Physiolozisehe Mittheilungen verschiedenen Enbaltes (Notes physiologiques diverses) ; par M. Julius Sachs (Potanische Zeitung, n** 13 et 14 de 1860, 30 mars et 6 avril, pp. 113-119, 121-126). Sous ce titre commun sont réunis quatre mémoires différents, relatifs à autant de sujets dissemblables, et que nous analyserons dés lors séparément. I. Ueb:r die Erziehung von Landpflanzen in Wasser (Sur la culture dans l'eau des plantes terrestres; pp. 113-117). L'autear rappelle que Duhamel, Bonnet, Sénebier, Saussure, Spengel, etc. , pour leurs recherches sur la nutrition, ont fait végéter des plantes dans l'eau. Duhamel en particulier a élevé pendant longtemps des plantes par ce moyen ; entre autres il a conservé ainsi pendant huit ans un Chéne qui n'a péri que par accident. Les expériences du méme genre que M. J. Sachs a faites à Tharandt prouvent, d’après lui, d'un côté, que les plantes terrestres peuvent végéter normalement dans l'eau, d’un antre côté, que la culture dans l'eau multiplie beaucoup les moyens d'observation. Sa note sur ce sujet comprend cinq paragraphes. 1. Ha reconnu sur des pieds de Mais que des plantes terrestres peuvent végé- ter normalement dans de l'eau renfermant les matières qui leur conviennent, 285 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. en proportion convenable. Des grains de cette espèce ayant germé dans l'eau, ont été mis dans des vases remplis du méme liquide, dans lequel on avait dissous diverses matières salines dont la nature n'est pas indiquée. Deux des plantes ainsi obtenues ont pris un beau développement et ont fleuri. L'une a atteint une hau- teur de 1",65, sans compter les racines ; sa tige était très forte; ses feuilles avaient de 07,50 à 0,65. de longueur ; sa masse de racines a fini par remplir un vase de 5 litres. Toute la plante séchée a donné une quantité de matière organique 120 fois plus grande que celle de la graine; elle n'a pu étre fécon- dée. L'autre pied a pris moins de développement, et la matière sèche qu'elle a présentée ne s'est élevée qu'à 60 fois celle de la graine. Ses fleurs femelles, ayant pu être fécondées avec le pollen de la première, il s'est formé 4 grains parfaitement développés, dont le poids total était double de celui qu'avait la semence. Ces deux plantes étaient parfaitement comparables à celles qu'on avait obtenues en pots dans la même chambre. — 24 pieds de Phaseolus mul- tiflorus, élevés dans l'eau avec différents sels, ont présenté de grandes diflé- rences dans leur port, dans la grandeur et la coloration de leurs feuilles. Quel- ques-uns ont élevé leur tige jusqu’à 2 mètres, ont donné des feuilles grandes et nombreuses, des fleurs normales, mais qui sont tombées un ou deux jours après leur épanouissement. La matière sèche de ces plantes n’a surpassé que de 2 à 4 fois celle de la graine. Plusieurs Fèves se sont élevées de 07,65 à 1 métre, ont fleuri longtemps, mais n'ont pas donné de fruits. M. J. Sachs pense que les matières ajoutées à l'eau étaient avantageuses à la végétation de ces plantes, mais ne pouvaient en déterminer la fructification. 2. Les graines que l'on place dans l'eau distillée germent très bien, mais s'arrêtent tout à coup lorsqu'elles ont consommé les matières nutritives con- tenues dans leurs cotylédons ou leur albumen ; parfois les jeunes plantes ainsi formées donnent encore quelques pousses et quelques radicelles, mais c'est aux dépens des feuilles déjà développées, qui jaunissent, sèchent et tombent. La plante entière renferme moins de matière sèche que la graine, montrant ainsi qu'elle n'a rien assimilé. L'arrét de développement marque la fin de la période germinative qui, dans les conditions ordinaires, passe insensiblement à la période végétative. C’est le manque de matières salines qui empêche la suite des développements. Les choses se passent de même pour de jeunes plantes qu'on a fait germer et laissées ensuite à l'obscurité, et pour lesquelles le défaut de lumière empêche que la respiration et, par suite, l'assimilation n'aient lieu. Dans les deux cas, les radicelles et les feuilles qui sont produites ne le sont qu'aux dépens des matières nutritives contenues dans la graine. Ces expériences fournissent les moyens de déterminer, pour une plante quelconque, la fin de sa période germinative, c'est-à-dire le moment où elle commence à vivre par l'effet de l'assinilation qui s'opère en elle. Un autre moyen résulte de ce fait que la germination peut s'accomplir par une température inférieure à la plus basse à laquelle puisse avoir lieu la végétation. M. Sachs rapporte REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 285 en détail quelques observations qui lui semblent démontrer l'exactitude de ces principes généraux. 3. Les racines ont la faculté de s'accommoder au milieu dans lequel elles croissent, et de se développer de telle sorte qu'elles puissent remplir leurs fonctions sans entraves uniquement dans ce milieu. Celles qui se sont pro- duites dans la terre ne peuvent plus végéter dans l'eau ; elles ne tardent pas à y périr, et elles sont remplacées par d'autres qui, produites dans ce liquide, peuvent y végéter pendant longtemps. 1l en est de méme pour les racines for- mées dans l'eau et que l'on transporte ensuite dans la terre. Il résulte de là que toutes les expériences qu'on fait avec des plantes qui sont mises dans l'eau aprés avoir été arrachées de la terre où elles végétaient ne sont pas concluantes ; pour qu'elles le soient, il faut que les plantes soient élevées dans l'eau dés l'ori- gine. Il faut ajouter l'impossibilité d'arracher des racines saus en rompre, et la différence complète qui existe entre des racines rompues et celles qui sont entières. — Il est curieux de suivre cette faculté d'adaptation des racines dans des milieux différents. Ainsi, dans des solutions dont les degrés de concentra- tion sont comme 1, 2, 3, on voit, au bout de quelques semaines, que la masse des racines estla plus volumineuse dans la solution la plus faible et qu'elle est la plus petite dans la plus concentrée; au contraire, les organes verts ont pris le maximum de développement dans cette derniere. La concen- tration ne doit jamais dépasser 0,2 pour 100. h. Si l'on ajoute à l'eau dans laquelle les plantes végétent des sels représen- tant le besoin qu'elles ont en matieres solides, et si la quantité totale de ces sels ne dépasse pas 0,2 pour 100, la végétation est notablement accélérée; elle devient beaucoup plus forte que dans l'eau distillée, mais sans atteindre jamais la vigueur normale. Si l'on ajoute ensuite à ces sels des matières azotées, comme du sulfate d'ammoniaque, des azotates, de l'urée, etc. , les plantes pren- nent une force, des proportions, une beauté de coloration qu'elles n'auraient jamais eues sans cela. Cet effet a été frappant surtout pour le Mais; il a été moins prononcé pour les Haricots et les Féves. 9. Les racines formées dans l'eau, lorsqu'elles sont exposées à la lumiere solaire directe, se courbent fortement, en particulier au voisinage de l'ex- trémité. Leur courbe est tantôt concave, tantôt convexe vers la lumière, chez les Crucifères ; elle est toujours concave, comme celle des tiges, chez les Légumineuses, le Mais, la Courge, le Noyer, les Pistia, Lemna, Myosotis, le Chanvre, les Oignons, etc. Cette courbure n'a pas lieu à la lumière diffuse. L'héliotropisme des racines diffère donc de celui des tiges. IL Aufloesung des Marmors durch Mais - Wurzeln (Dissolution du marbre par les racines du Mais; pp. 117-119). Il n'est pas très rare de rencontrer des pierres sur lesquelles se montrent des empreintes qu'on regarde comme dues à des racines. Pour voir si telle est, 286 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. en effet, l'origine de ces empreintes, et, par conséquent, si les racines ont la faculté de corroder les pierres, M. Sachs a fait préparer et polir avec le plus grand soin cinq plaques de marbre parfaitement blanc; il les a réunies ensuite solidement en un vase qu'il a rempli de terre maigre, et il y a semé trois grains de Mais. Le tout est resté, de juillet à septembre, sous une sorte de hangar, à l'abri de la pluie, mais au soleil. Au mois de septembre, les plaques de marbre ont été détachées, et contre chacune d'elles on a vu appliquée une couche serrée de racines. On a lavé ces plaques avec soin dans un bassin, sans les frotter autrement qu'avec les doigts. Dès qu'elles ont été sèches, on à reconnu que le poli en avait disparu sur des lignes qui correspondaient aux racines et qui étaient le résultat d'une corrosion produite par celles-ci. — M. Sachs est porté à regarder ces corrosions comme dues à une excrétion d'acide carbonique. Il lui semble également possible que les couches superficielles des racines, se décomposant au contact de la pierre, laissent à nu un suc acide qui produise l'effet observé. II. Beitraege zur Lehre von der Transpiration der Gewaechse (Notes relatives à la doctrine de la transpiration des plantes; pp. 121-123). M. Jul. Sachs a publié, dans un recueil fort peu répandu et certainement inconnu de la généralité des botanistes, un mémoire relatif à l'influence que la nature chimique et physique du sol exerce sur la transpiration. C'est de ce tra- vail qu'il reproduit les parties les plus essentielles, — Il rappelle d'abord que Sénebier a fait des expériences qui ont quelque rapport avec les siennes; il passe ensuite aux résultats des recherches qu'il a faites dans le laboratoire de Tharandt, pendant l'été de 1859, et dont voici le résumé. 1. A égale humidité du sol, la transpiration est toujours plus faible quand les racines absorbent une eau qui renferme de petites. quantités de nitrate de potasse, de sulfate d'ammoniaque, de sel marin ou de plâtre. — 2. La présence d'une substance soluble dans le sol le maintient plus longtemps humide, parce que la plante absorbe moins d'eau. Par là s'explique ce fait que les champs restent humides pendant plus longtemps lorsqu'on y à mis pour engrais du nitrate de potasse, qui cependant n'est pas hygroscopique. — 3. La différence entre l'absorption et l'exhalation de l'eau est toujours plus grande quand la transpiration s'opère lentement que quand elle est rapide. — 4. Le phénomène le plus fécond en résultats pour la physiologie résulte de ce fait que deux plantes parfaitement semblables, dont les feuilles se trouvent dans le même air, à la méme température et la même lumière, peuvent transpirer des quantités d’eau fort différentes, sans que la turgescence ni la fraîcheur d’aucune d'elles en souffre. — 5. Des quantités très faibles d'un acide ajoutées à l'eau augmen- tent la transpiration, tandis que les alcalis la diminuent; toutefois ces deux actions se rattachent toujours à un état morbide des racines. — 6. Pour des branches coupées les phénomènes sont beaucoup plus compliqués. Au com- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 287 mencement, la transpiration est bien plus considérable dans l'eau pure que dans celle qui tient en solution du salpétre; plus tard, le rapport devient inverse, pour ce simple motif que, dans l'eau pure, la section pourrit bientôt et devient inactive, tandis qu'elle reste longtemps fraiche dans la solution. Les acides agissent ainsi sur la section de la tige en la conservant, et font que l'absorption d'eau par celle-ci a lieu beaucoup plus longtemps et avec plus d'énergie que dans l'eau pure. — 7. Des différences analogues, mais beau- coup plus faibles, se montrent pour des plantes égales plantées dans des sols différents. — 8. L'opinion selon laquelle la transpiration est une fonction de la plante elle-même qui est active dans ce phénomène, est démontrée exacte par une série d'expériences dans lesquelles les feuilles et la tige étaient soumises à la méme température et au méme éclairage, tandis que les racines subissaient une température variable. Les plantes expulsent l'eau de leurs feuilles avec d'autant plus d'énergie que l'absorption par les racines est. plus grande. IV. Das Erfrieren bei Temperaturen über 0° (La gelée par des températures au-dessus de 0°; pp. 123-126). On sait que certaines plantes peuvent étre tuées par des températures supé- rieures à zéro; d'un autre côté, nous voyons chaque jour des espèces indi- gènes supporter, sans en souffrir, des températures plus basses, certaines méme résister à des congélations et des dégels successifs et plusieurs fois répétés. Ces différences méritent de fixer toute l'attention des physiologistes ; cependant fort peu s'en sont occupés, et M. Sachs ne cite que deux observateurs qui aient recueilli et publié des faits sür ce sujet intéressant. On a proposé diverses explications de la destruction des plantes des contrées chaudes par des tem- pératures supérieures à 0°; mais aucune n'est basée sur des observations exactes. Quant à M. Sachs, il est parvenu à reconnaitre que, chez les plantes délicates qui souffrent et qui périssent méme à des températures allant de + 1 à + 5 degrés centigrades, ce phénomène est dû à ce que, par ces températures, les feuilles transpirent encore, tandis que les racines n'absor- bent plus. Il s'est assuré de l'exactittide de cette explication sur des Courges, des Tabacs, des Haricots, au moyen d'expériences variées dans lesquelles ces plantes ayant déjà leurs feuilles flétries et pendantes, parce qu'elles avaient subi l'influence de températures peu élevées au-dessus de zéro, il a suffi de chauffer les racines, en laissant tous les organes aériens dans une atmosphere non réchauffée, pour les voir reprendre leur fraîcheur. Dans l'ex- périence inverse, les feuilles étant réchauffées, tandis que les racines restaient froides comme auparavant, c'est-à-dire hors d'état d'absorber, la turgescence ne s'est pas reproduite, Enfin il a suffi de mettre les mêmes espèces sous une cloche de verre, c'est-à-dire en situation telle qu'elles ne transpiraient presque plus, pour qu'elles aient supporté satis paraître souffrir des températures plus basses que celles qui, à l'air libre, en déterminent la flaccidité. M. Sachs ne 288 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. veut cependant pas étendre son explication à d’autres espèces que celles sur lesquelles ont porté ses expériences ; et il pense que de nouvelles observations devront être faites à cet égard, particulièrement sur des végétaux ligneux. BOTANIQUE DESCRIPTIVE. Flore des Pyrénées ; par M. Philippe (2° volume ; in-8° de 505 pages. Bagnères-de-Bigorre, 1859. Chez P. Plassot). M. Philippe a maintenant terminé sa Flore des Pyrénées dont nous avons déjà annoncé le premier volume (voyez le Bulletin, VE, p. 240). Il ne s'est même écoulé que peu de mois entre la publication des deux volumes, qui por- tent également la date de 1859. Dans notre premier article sur cet ouvrage, nous en avons fait connaître le plan et nous avons indiqué les motifs qui ont engagé son auteur à le publier. Il nous suffira dès lors de dire aujourd'hui que le second volume est consacré à la série des familles, depuis les Ambro- siacées jusqu'aux Cryptogames vasculaires et aux Characées inclusivement ; qu'il comprend ainsi 56 familles, dans lesquelles rentrent 332 genres. Un sup- plément de deux pages ajoute 4 espèces à celles qui ont trouvé place dans le corps de la Flore. Enfin une table alphabétique des noms des familles et des .genres compris dans le second volume termine l'ouvrage. Ramilletes de plantas espamolas (Fascicules de plantes espa- gnoles) ; par M. Mariano de la Paz Graëlls (1** fascicule; in-4° de 35 pages et 9 planches gravées). L'auteur de cet ouvrage, qui semble destiné à faire connaitre un assez grand nombre d’espèces, soit nouvelles, soit rares ou critiques de la flore espagnole, est un zoologiste distingué, à qui la botanique est aussi familière. Dans le premier fascicule, qui n'a paru qu'en 1859, bien qu'il eût été présenté en 1854 à l'Académie des sciences de Madrid, il donne la description détaillée de 15 plantes, dont 9 sont figurées sur autant de planches gravées d'aprés les des- sins de M. Ortiz. Voici l'énumération de ces plantes et l'indication des plan- ches qui les représentent : 1. Genista Barnadesii Graëlls (pl. 1); 2. Cen- taurea amblensis Graëlls (pl. 2); 3. C. acaulis Lin. ; h. C. Cavanillestana Graélls; 5. C. Lagascana Graélls; 6. C. Janerii Graëlls; 7. Microlonchus Isernianus J. Gay et Webb, ined. (pl. 3) ; 8. Leuzea rhaponticoides Graélls; 9. Crocus carpetanus Roiss. et Reut. (pl. 4) ; 10. Narcissus Graellsit Webb, ined. (pl. 5); 44. JV. nivalis Graélls (pl. 6); 42. N. rupicola L. Dufour (pl. 7); 43. N. pallidulus Graells (pl. 8) ; 44. N. juncifolius Lag.; 15. Colchicum Clementei Graélls. — Parmi les espèces proposées comme nou- velles par M. Graëlls, huit avaient été déjà publiées par lui en 1854 ; deux REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 289 seulement sont décrites ici pour la première fois. Ce sont: 1? le Centaurea Janerii, qui croit dans la Sierra de Avila, et qui tire son nom de M. de Janer à qui elle est dédiée; 2° le Colchicum Clementei, trouvé d'abord. par Cle- mente dont il porte le nom, qui croit naturellement sur les collines gypseuses d'Aranjuez, Ocaña, etc. Cette espèce est voisine surtout du C. Bertoloni Stev. Elle fleurit de la mi-janvier à la mi-avril. Bemerkungen über kritische Pflanzen der Mediterran- flora (Remarques sur des plantes critiques de la Flore méditerranéenne); par M. M. Willkomm (Botanische Zeitung, n° 12 et 15 de 1860, 23 mars et 13 avril, pp. 101-104, 129-132). Ce mémoire fait suite à deux autres que M. Willkomm a publiés dans le méme journal en 1858 et 1859 (voy. Bullet., VI, p. 425). Í Narcissus juncifolius Lag. Il a régné, jusqu'a ces derniers temps, une extrême confusion relativement à cette plante ; on ne savait méme à quelle section du grand genre Narcissus on devait la rapporter, Sprengel et Schultes en ayant fait un Corbularia, tandis que Kunth en faisait un Quejtia. M. Graëlls a eu le mérite de débrouiller ce chaos. Ayant étudié attentivement l'échantillon original de l'herbier de Lagasca, il a prouvé que le Narcissus Juncifolius Lag. et le NÑ. Assoanus L. Dufour sont identiques, et que le N. rupicola V. Duf. est une plante entièrement différente, un vrai Queltia, qui a pour synonyme le N. apodanthus Boiss. et Reut. Mais M. Graélls a eu tort de croire que le JV. juncifolius Lag. etle N. juncifolius Req. sont deux espèces différentes. Quant au JV. jonquilloides Willd., dont M. Willkomm a vu l'échantillon original, il revient au JV. pallidulus Graélls, et constitue des lors un Ganymedes. Le N. juncifolius Lag. est voisin du N. Jonquilla L., duquel il a été bien distingué par Webb. M. Willkomm discute avec soin quel- ques autres synonymes de cette plante et de ses voisines; après quoi il présente la synonymie et la diagnose de cinq espèces de Narcissus à feuilles étroites, demi-cylindriques, jonciformes, qui composent la section /Zermione ; ce sont les suivantes : 1. Narcissus Jonquilla L. (N. juncifolius prior Clus., Hisp. 230; N. Juncifol ius Salisb.), fleurissant en mars et avril; 2. N. Jonquilloi- des Wk. non Willd. (N. juncifolius alter. Clus., Hisp. 249; N. juncifolius minor Clus. Hist.), fleurissant en janvier et février; 3. N. juncifolius Lag. (N. Jonquilla var. uniflora Asso; N. Assoanus. L. Duf.; Queltia juncifolia Herb.), fleurissant en mars et avril; 4. N. gaditanus Boiss. Reut. (N. Junci- folius Kunze in Flora 1846; N. juncifolius var. Coss. in Bourg. exsicc. , n. 2042), fleurissant en février et mars; 5. JV. minutiflorus Wk., nouvelle espèce trouvée dans les Algarbes, entre Monchique et Lagos, par M. Willkomm qui en donne la diagnose suivante : Gracillimus, 5-6-florus, bulbo parvo ovato, foliis subternis angustissime lineari-subulatis, scapo tenui 5-6-poll. longioribus, T UE | 19 290 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. pedicellis inæquilongis, omnibus sub anthesi in spatha inclusis, tubo gracili eximie curvato clavato 4-5 lin. longo, laciniis stellatim patentibus lanceolatis acuminato-apiculatis 2 lin. longis, exter. paulo latioribus apice fimbriolatis, omnibus flavis cum corona poculiformi ore subintegerrima 1 1/2 lin. longa concolore, stylo in tubo incluso. Festuca memphitica Boiss. M. Willkomm fait ressortir la difficulté extrême que tous les botanistes ont éprouvée pour limiter le genre Festuca; il approuve l'établissement des genres nombreux qui ont été formés aux dépens de celui-ci, et, suivant cet exemple, il propose pour le Festuca memphitica Boiss., dont, dit-il, la meilleure description récente est due à M. Cosson, l'établissement d'un genre nouveau qu'il dédie au botaniste espagnol Vicente Cutanda, sous le nom de Cutandia. Voici les caractères qu'il assigne à ce ganre : CUTANDIA Wk., nov. gen. e tribu Festucacearuni. Spiculie 3-A-flor compresse apice dilatatæ pedunculis crassis triquetris insi- dentes, articulato-fragiles, in paniculam di-trichotome ramosam, ramis crassis triquetris sub anthesi valde divaricatis munitam dispositæ. Glumæ inæquales late scariosæ uninerviæ acutæ mucronatæ, floribus breviores. Palea inferior trinervia valde carinata acuta ex apice bidentato breviter aristata (subulato- cuspidata), superior bifida. Caryopsis fusiformis, obtusa, facie interiore late canaliculata. — Species unica : Cutandia scleropoides Wk. (Festuca dicho- toma Forsk.; Dactylis memphitica Spreng.; Dineba divaricata Rœm. Sch.; Festuca memphitica Boiss. Scleropoa caspica C. Koch). Constantinople, mer Caspienne, Égypte, Algérie, Grenade. COSTIA, novum Iridearum genus. M. Willkomm avait proposé un genre Costia (dédié à M. Costa) pour l'Agro- pyrum cristatum Rom. Sch.; mais plus récemment il a appris que Ledebour avait formé pour cette Graminée le genre Zremopirum. Il déclare donc aban donner son Costia ; mais en même temps il reprend ce méme nom pour le donner à un nouveau genre qu'il propose pour l’/ris scorpioides Desf., qui à, dit-il, autant de droits à être séparé qu'en a l’ Hermodactylus. V assigne à ce genre les caractères suivants : Perigonium regulare iridaceum, tubo longis- simo scapiformi subradicali, segmentis exterioribus magnis divergentibus apice deflexis breviter unguiculatis, facie interna in costa media cristam carnosam gerentibus, segm. inter. minutis patentissimis, Stam. 3 basi segmentorum exteriorum adnata libera. Styli partitiones erecto-patulæ segmentorum exter. longitudine, petaloideæ, bilabiate, labio superiore elongato profunde bipar- tito, laciniis apice breviter bifidis, labio inferiore subnullo integro. Caps. char- lacea trigona ecostata 6-nervia 3 loc., placenta gracili triquetra, dehiscentia peracta a dissepimentis soluta. Semina ovoideo-globosa, epispermio crasso crus- taceo. — Herba bulbigere, caule abbreviato subterraneo,... foliis navicula- ribus canaliculatis non equitantibus confertissimis arcuatis... Species 1 : Cost! REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 2 scorpioides NK. (Iris scorpioides Desf.; I. microptera Vahl). — Portugal, sud de l'Espagne, nord de l'Afrique, Sicile et Sardaigne. Nachtrag zur lKKenníiniss einiger Avena-Arten (Supplément relatif à quelques espèces d' Avena) ; par M. Victor von Janka (Botanische Zeitung, n° 3 de 1860, pp. 23-24). Les études que l'auteur a faites du groupe des Avenastrum l'ont conduit à envisager l'Avena sempervirens Vill. autrement qu'on ne l'avait fait encore. Dans sa Flore d'Italie, M. Parlatore n'indique F Avena striata Lam. avec cer- titude que dans les Pyrénées occidentales, et il regarde l'A, sempervirens de la Flore francaise comme identique avec sa plante. Il révoque en doute les autres localités indiquées, pour cette plante, dans la Flore francaise. M. Godron regarde l'A. striata de Lamark et de Parlatore comme le véritable A. semper- virens. M. Parlatore, ayant recu de M. Jordan une plante du Dauphiné, qu'il détermine comme l'A. sempervirens Vill. , en a fait son A. Notarisi ; or cette plante est extraordinairement voisine de PA. striata Parlat., et les deux se distinguent fort bien de PA. sempervirens Host par la ligule très courte et tronquée; mais la première de celles-ci a l'axe de la fleur supérieure avortée très velu, tandis qu'il l'est peu dans PA. Nofarisii. M. Janka s'est assuré, sur des échantillons authentiques, que l'A. sempervirens de la Flore de France est VA. Notarisii. — Comme on ne peut laisser la dénomination de Villars à une plante qui se trouve seulement dans les Pyrénées, et que- l'A. striata Parlat. ne croit pas dans le Dauphiné, M. Janka regarde comme évident que le savant botaniste italien a nommé A. Notarisii un synonyme d'une espèce connue. Si on laisse à l'espèce de Host le nom que lui donnent les auteurs modernes : A. Hostii Boiss., ou celui moins récent d'A. Parla- lorii Woods, l’autre espèce (A. Notarisit Parlat.) gardera la dénomination d'A. sempervirens Vill. Quant à FA. striata Parlat., des Pyrénées, qui est tout à fait semblable à la plante de Transylvanie, il devrait, selon l'auteur, recevoir le nom d'A. Besseri Ledeb. Flora sardoa, seu Historia plantarum in Sardinia ct adjacentibus insulis vel sponte masccmiium vel ad utilitatem latius cxcultargzm; auctore Josepho Hyacintho Moris. (In-4°. Turin: 1" volume, 1837; x11-606 pages et 72 planches gravées ; 2" vol., 1840-1843, 562 pages, planches LXXII à XCHI avec une carte; 3° vol, 1858-1859, 564 pages, planches xctv à cxt). Ce grand et bel ouvrage est concu d’après le plan le plus large et réunit le mérite typographique à la valeur scientifique. Depuis l'année 1857 jusqu'à ce jour, il en a paru trois volumes qui renferment tous les Dicotylédons, de 292 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. telle sorte qu'il semble permis de présumer qu'un quatrième volume, consacré aux Monocotylédons, suffira pour le terminer, si, comme cela parait probable, son savant auteur ne comprend pas dans son cadre la vaste série des Crypto- games. La Flore de Sardaigne est dédiée au roi Charles-Albert. — Dans une préface de sept pages, M. Voris jette un coup d'œil rapide sur la Sardaigne et sur sa végétation. Cette grande ile, que sa fécondité rendait trés utile à la république romaine, est située entre le 39* et le 41* degré de latitude boréale, entre 5,45" et 7°35' de longitude orientale (méridien de Paris). C'est en 1824 que M. Moris a commencé de la parcourir pour en recueillir et en étudier les plantes; il était alors accompagné de B. Bertero, dont le nom est devenu plus tard célébre à cause de ses voyages et de ses travaux botaniques, et qui, au bout de trois mois d'exploration de cette ile, fut forcé, par des raisons de santé, de retourner sur le continent. Après Bertero, ce fut un jeune homme rempli d'ardeur, M. Dominique Lisa, qui devint le compagnon de voyage de notre auteur, à qui il procura la découverte de plusieurs espèces rares. Philippe Thomas et M. Francois Müller, qui ont exploré les portions méridionale et centrale de l'ile, ont aussi fourni beaucoup de plantes à M. Moris. Bien que certaines espéces communes se trouvent également sur les mon- tagnes les plus élevées et dans les plaines de Ja Sardaigne, cette grande ile peut cependant être divisée, au point de vue de sa végétation, en trois zones d'alti- tude. La zone inférieure, formée tantôt de plaines et tantôt de coteaux, doit à la température qui y règne constamment une succession de floraisons non interrompue pendant toute l’année. Cependant la sécheresse qui s'y fait sentir pendant l'été ne permet qu'à un petit nombre de plantes trés rustiques et très robustes de continuer à végéter pendant les fortes chaleurs; pendant cette por- tion de l'année, la plupart des végétaux herbacés sèchent et laissent la terre entierement nue et brülée. Les pluies de la fin d'octobre et de novembre réveillent les plantes herbacées vivaces de leur sommeil estival et déterminent la germination et bientôt aussi la floraison des espèces annuelles. C'est à partir de ce moment, et jusqu'au mois de mai, que s'accomplit le développement de presque toutes ; aprés quoi le retour des fortes chaleurs raméne l'aridité et la suspension ou la fin de la végétation. Malheureusement cette méme zone infé- rieure est, pendant l'été, le séjour désolé de fièvres dangereuses dues aux miasmes qui s'exhalent de la terre et des marais, ainsi qu’à l'extréme différence de température qui existe entre le jour et la nuit. Il faut ajouter que les cam- pagnes où règne la fièvre sont à peu près entièrement dépourvues d'arbres, €i ravagées par les torrents qui descendent des montagnes. — La zone intermé- diaire est formée en partie de plaines, en partie de collines plus ou moins hautes. Par sa végétation, elle ressemble beaucoup à la région inférieure de l'Europe tempérée. D’après les observations de trois années faites par M. de la Marmora à Carali, qui se trouve à 1017,42 au-dessus du niveau de la mer, la REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 293 température moyenne y est : en hiver, de 8°35; au printemps, de 11°65 ; en été, de 19°05 ; en automne, de 145,17 (thermomètre Réaumur). Cette zone est dans de bien meilleures conditions de salubrité quela précédente. — La zone des montagnes se subdivise en deux bandes, une inférieure et une supérieure. Elle n'atteint pas en Sardaigne une aussi grande hauteur qu'en Corse; en effet, dans cette dernière ile, le Monte-Rotondo s'éléve à 2672 mètres, le Monte- d'Oro atteint 2652 métres, tandis que le mont Genargenti, la plus haute som- mité de la Sardaigne, ne dépasse pas 1917 mètres d'altitude. Au sommet de cette montagne, la neige disparait dés le commencement de l'été, et les arbris- seaux, méme les arbres, végétent parfaitement; ainsi l'on y trouve en bon état de végétation l' A/nus glutinosa W., le Sorbus Aria Crantz, le Prunus pros- trata Bill., le Berberis œthnensis Presl, le Juniperus nana W. , etc. Il résulte de là que la Corse l'emporte sur la Sardaigne pour la richesse de la végétation sous-alpine et alpine. La Flore de la Sardaigne est disposée d’après l’ordre établi par De Candolle pour la série des familles. Le premier volume renferme les Thalamiflores et les quatre premières familles des Calvciflores, particulièrement les Légumi- neuses ; le second volume présente la suite et la fin des Calyciflores jusqu'aux "ricacées inclusivement ; enfin, dans le troisième volume se trouvent les Corolliflores et les Monochlamydées, c'est-à-dire les deux dernières divisions des Angiospermes, ainsi que la sous-classe des Gymnospermes. Les familles dont l'histoire est présentée dans les trois volumes sont au nombre de 84, savoir : 20 Thalamiflores, 27 Calyciflores, 18 Corolliflores, 15 Monochlamydées et ^ Gymnospermes. Dans ce nombre ne sont pas comprises les familles qui ne renferment que des espèces cultivées. Dans ces familles se rangent 426 genres Spontanés en Sardaigne et plusieurs autres qui n’y sont représentés que par des plantes cultivées. Quant au nombre des espèces spontanées qui ren- trent dans ces familles, il est de 1141 ; celles qui sont simplement cultivées ou qui ont été introduites ne portent pas de numéro dans la série et sont distin- guées par un signe particulier. Dans les deux premiers volumes, les caractères des genres étaient présentés succinctement, comme dans la plupart des ouvrages publiés à cette époque; l'exposé en est beaucoup plus développé dans le troisiéme volume. Quant aux espéces, leur histoire est donnée avec un soin particulier et avec beaucoup de développement. Elle comprend : 1°une diagnose; 2^ une synonymie étendue, dans laquelle l'indication des figures publiées forme une subdivision particulière; 3° une description détaillée; 4° l'énu- mération des localités dans lesquelles elle a été rencontrée ; 5° l'indication de l'époque à laquelle elle fleurit suivie du signe de la durée ; 6° le nom vulgaire. En téte de chacune des cinq grandes divisions de l'embranchement des Dico- tYlédons, M. Moris présente la série des familles qu'elle comprend avec les Caractères par lesquels elles se distinguent ; puis, en tête de chaque famille, il donne le tableau des genres qui la représentent en indiquant pour chacun ses 29A SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. caractères essentiels. Quant aux figures eu grand nombre, gravées sur cuivre et entiérement ombrées, qui soat jointes au texte, elles représentent les espéces ou variétés nouvelles et celles qui n'avaient pas été déjà figurées convenablement. Celles des deux premiers volumes ont été dessinées par madame Madeleine Lisa; celles du troisiéme volume sont dues à M. Heyland. Les analyses qui y sont jointes sont devenues de plus en plus détaillées depuis le commencement de l'ouvrage jusqu'à son troisième volume, dans lequel elles sont aussi com- plètes que l'exige l'état actuel de la science. — Chaque volume se termine par la table alphabétique des genres qui y figurent, soit qu'ils aient été adoptés par l'auteur, soit qu'ils soient relégués par lui au rang de synonymes. La publication récente du troisiéme volume de la Flore de Sardaigne, aprés une interruption de quinze années, nous fait espérer que la terminaison de ce grand ouvrage ne se fera pas longtemps attendre, et nous faisons des vœux ardents pour qu'il en soit ainsi. Flora of the southern United-States (Flore des États-Unis méridionaux, contenant les descriptions abrégées des Phanérogames et des Fougeres du Tennessee, des Carolines du Nord et du Sud, de la Géorgie, de l'Alabama, du Mississipi et de la Floride, arrangée selon le système naturel); par M. A. -W. Chapman ; les Fougères, par M. Daniel C. Eaton (in-8° de xxxvHi et 621 pages. New-York ; 1860. Chez Ivison, Phinney et Cie, h8 et 50 Walker street). Le titre de cet ouvrage indique les pays qui en ont fourni le sujet. Quant à l'objet que l'auteur s'est. proposé en le publiant, il est indiqué en téte de la préface : c’est de présenter aux étudiants et aux botanistes pratiques (practical) un arrangement systématique des Phanérogames et des Cryptogames supé- rieures qui croissent dans la portion méridionale des États-Unis. M. Chapman avait d'abord, dit-il, l'intention de se limiter aux Carolines, à la Géorgie et à la Floride, qui ont été le champ-principal de ses herborisations depuis une trentaine d'années; mais les conseils de plusieurs personnes l'ont déterminé à joindre à ces États tout le territoire qui s'étend au sud de la Virginie et du Kentucky, et à l'est du Mississipi. — Le plan de cette Flore est presque sem- blable à celui que M. Asa Gray a tracé pour son Manuel de la botanique daus les Etats-Unis du nord. — Dans une introduction de 29 pages se trouvent d'abord un exposé trés rapide des éléments de botanique destiné à donner les premières notions de cette science à ceux qui y sont encore tout à fait étran- gers; en second lieu, un glossaire explicatif des termes techniques ; en troi- sième lieu, l'explication des abréviations de noms d'auteurs et des signes em- ployés dans le corps de l'ouvrage ; en quatrième lieu, l'indication de la marche à suivre pour déterminer une plante ; enfin une clef analytique qui conduit à la détermination des familles. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 295 Le corps de cette Flore est écrit entièrement en anglais. Les plantes y sont divisées en deux grandes séries : les Phaenogames eu plantes à (leurs et les Cryptogames. Les premières sont divisées en deux classes : les Dicotylédons et les Monocotylédons ; et les Dicotylédons, à leur tour, forment d'abord les deux sous-classes des Angiospermes et Gymnospermes. Enfin, parmi les Angiospermes, l'auteur. n'établit que les trois divisions des Polypétales, Mono- pétales et Apétales. Pour chaque espèce, il donne, après le nom adopté, une diagnose et l'indication des localités où elle croit naturellement. Une table par ordre alphabétique termine le volume. Præcursores nd floram indicam. — Balsamines; par M. J.-D. Hooker et T. Thomson (Journal of the proceedings of the Lin- nean Society, cahier n° 15, vol. IV, 1859, pp. 106-156). C'est dans l'Inde que la famille des Balsaminées atteint son plus grand déve- loppement et présente des formes variées qui toutes, à l'exception d'une seule, rentrent dans le genre Zmpatiens. Souvent, quand un genre est essentiellement local, les espèces en sont bien tranchées; il en est tout autrement pour les Impatiens; car, disent MM. Hooker et Thomson, on citerait difficilement un autre genre dont les nombreuses espèces offrissent des variations d'organisation aussi nombreuses et aussi considérables. Deux divisions seulement s'y montrent bien tranchées : les espèces à hampe (scapigeræ) et à tige (caulescentes). Malheureusement la division des espèces à hampe est fort peu nombreuse (5 espéces), confinée dans les montagnes occidentales de la péninsule et à Ceylan, de manière à n'étre que d'un faible secours. Parmi les espèces caules- centes, les deux auteurs ont établi 6 sections basées principalement sur le port etla foliation ; mais ils se sont vus forcés par là de séparer des plantes réelle- ment trés voisines, et plus souvent encore de les ranger dans l'une ou l'autre de ces divisions d'une manière purement arbitraire. — Ils examinent les caracteres que leur ont fournis les différents organes. 4. Les graines sont nom- breuses ou non, et leur test est poli, granulé, réticulé, pustulé ou presque velu ; quelquefois des graines semblables se montrent daus des plantes trés différentes pour le port et pour la fleur. Cette partie donne des Caractères excellents ; mais elle manque fréquemment dans les herbiers. — 2. On tire aussi de bons caractères des capsules qui sont courtes, largement elliptiques, aiguës aux deux bouts, ou étroites, cylindriques, ou encore en massüé. — 3. La forme des deux pétales latéraux ou ailes est extrémement variable ; il en est de méme pour la longueur des lobes postérieurs de chaque aile. - h. Le pétale antérieur (Vexillum Edgw.) présente une grande diversité de direction et de forme. — 5. Le pétale postérieur ou éperonné, que les deux auteurs nomment labelle, présente également de nombreuses modifications ; méme dans une seule espèce il est très sujet à varier : ainsi, dans l Impatiens 296 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. longicornu, il varie depuis la forme d'un vrai cône jusqu'à celle d'un sac large et profond avec un éperon brusquement formé. Il parait même qu'il peut être éperonné ou mutique dans la même espèce. — 6. Les sépales latéraux peu- vent être au nombre de deux ou de quatre ; les deux postérieurs existent ton- jours et se montrent assez constants dans leur forme; les deux antérieurs peuvent exister ou manquer dans la même espèce, et ils se réduisent souvent à l’état de papilles ou glandes. Les sommets des sépales sont souvent glandu- leux. — 7. La forme de la fleur peut être aplatie ou concave. — 8. La cou- leur est très variable chez plusieurs espèces ; celles qui dominent sont le jaune et le rouge pourpre. Dans l’/mpatiens racemosa et les espèces voisines, le jaune et le pourpre pâle sont mélés, et l'on voit la même espèce à fleurs tout à fait jaunes ou pourpre terne. — 9. L'inflorescence est toujours latérale, bien qu'elle paraisse terminale dans les Scapigeræ et dans quelques-unes des Racemosæ. Les pédoncules sont solitaires dans plusieurs, fasciculés et axillaires dans la plupart des ZLaterifloræ. Les espèces à pédoncules normalement fasci- culés uniflores, ont quelquefois les fascicules réduits à un seul pédoncule, et les espéces à pédoncules fasciculés bi- ou pluriflores offrent parfois des pédon- cules fasciculés uniflores, ou méme des pédoncules solitaires uniflores. De là résulte beaucoup de confusion dans tous les groupes à feuilles alternes. Il faut toujours recourir aux bractées pour déterminer l'état réel de l'inflorescence. Une autre difficulté provient des variations qu'offre la ramification du pédon- cule dans une méme espéce, méme sur un seul échantillon, dans les groupes des Subverticillate, Umbellatæ et Racemoscæ. — 10. Les feuilles peuvent être toutes basilaires, comme dans les Scapigeræ ; opposées comme dans la plupart des Oppositifoliæ ; alternes, comme dans la plupart des Æacemose ; verticillées-ternées, comme dans les /mpatiens Griffithii et Gardneriana; opposées dans le bas et alternes dans le haut, comme dans les Z. amplexicaulis, latifolia et Thomsoni; opposées en bas et verticillées-ternées plus haut, comme dans l7. flavida; verticillées dans le milieu, opposées ou alternes plus haut et plus bas, comme dans l7. trilobata, VI. salicifolia, etc. Leur configuration diffère également. Aucune espèce n'a de stipules proprement dites ; mais plusieurs ont de grosses glandes solitaires ou fasciculées, sessiles ou stipulées à la base des pétioles sur la tige. — 11. Les tiges des Balsaminées sont annuelles ou vivaces ; plus souvent ces plantes ont un rhizome vivace et des branches annuelles ; peu sont sous-frutescentes, à tige ligneuse et branches annuelles. La morphologie de la fleur des /mpatiens a occupé plusieurs observateurs, particulièrement MM. Roeper, Edgeworth, Henfrey; MM. J.-D. Hooker et Thomson ont donné, de leur côté, toute leur attention à ce sujet. Tout leur semble prouver que, dans cette fleur, il existe un calice de trois (plus rarement cinq) sépales, dont les deux surnuméraires sont toujours les plus petits et les plus rapprochés de l'axe, une corolle formée d'un pétale dressé, placé REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. ` 297 vers l’axe, souvent échancré ou bifide, et de quatre autres pétales combinés en paires et irréguliers. La distribution géographique des Balsaminées est remarquable : à l'excep- tion du fort petit nombre d'espeéces qui appartiennent à la Sibérie et à l'Eu- rope, aucune n'arrive, vers le nord ou le nord-ouest, beaucoup au delà du Kashmir ; une seule se trouve dans l’Affghanistan (7. Lemann?). Elles augmen- tent graduellement en nombre vers le sud-est, et allant du Kashmir au Khasia et à la presqu'ile de l'Inde; dans la proportion suivante : Kashmir, Kishtwar et pays à l'ouest du Sutley. . . . . . .. 10 Du Sutley à la frontière du Népal — 2 0 a Népaul, Sikkim et/Bhotans — 295 500-0000 9s Monts Khasia . - - : ne A Ge 21 Prou Do malaise 2 2 a n Presquale occidentale 66 0 6 à 5 0 0 à 6 © à 4.0 4 0 0 0 © ch Ceylan. 0 & © à © 0 à à 0 0 0 à 0 6 0 0 0 à à 6 5 0 0 à 6 © 8 Parmi les espèces indiennes, on n’en retrouve que 3 dans le reste du monde. — En dehors de l'Inde, on en trouve : en Europe et en Sibérie, 5; dans l'Amérique du Nord, 2; dans les iles de la Malaisie, les Philippines et la Chine, 8? ; dans l'Afrique tropicale et à Madagascar, 8? ; dans l'Afrique aus- trale extra-tropicale, 1. Après les développements que nous venons de résumer, MM. Hooker ct Thomson exposent les 7 sections qu'ils établissent parmi les Zmpatiens et en donnent les caractères. Ces sections sont nommées par eux : 1. scapigere ; 2. oppositifolie; 3. subverticillatæ ; h. unifloreæ ; 5. lateriflore ; 6. umbel- late et capitatæ ; 1. racemosæ. Ils donnent ensuite un Conspectus des 96 es- pèces indiennes d’/mpatiens rangées d’après les pays où elles croissent, en faisant suivre le nom de chacune d'elles de leur caractère essentiellement dis- tinctif ; enfin la plus grande partie de leur mémoire est. consacrée à l'histoire de ces espèces pour chacune desquelles ils donnent une diagnose, la synonymie, l'habitat et des observations complémentaires ou une description succincte. Nous ne pouvons présenter ici que le relevé des espèces nouvelles. 1° section, Scapigeræ. Impatiens Stocksii. — 2° section, Oppositifolie . I. Griffithii; I. Lawii; I. setosa; I. Dallzellii ; I. salicifolia. — 3° section, Subverticillatæ : Y. flavida ; I. Thomsoni. — 4° section, Unifloræ : I. spiri- fer; I. capillipes. — 5° section, Laterifloræ : I. arguta ; I. bella ; I. latiflora ; I. pulchra. — 6° section, Umbellatæ et Capitatæ : 0. — 7° section, Race- mose : Y. longipes; I. Lemanni ; I. glauca; I. tuberculata. Bescription d'un nouveau genre de Floridées des côtes de France; par M. Ed. Bornet (Annales des sciences naturelles, h* série, tome XI, 1859, pp. 88-92, planc. 1 et 11). La petite Floridée que fait connaitre M. Bornet a été trouvée par lui au 298 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. mois de décembre 1858, croissant sur de vieux échantillons d’ Udotea Des- fontainii Dcne, que la drague retirait de la Méditerranée, le long de la pres- qu'ile d'Antibes; elle en bordait la fronde d'une frange rouge, haute à peine d'un millimètre à l'œil nu; cette petite plante ressemble aux Callithamnion Dawviesii, secundatum, etc. Elle forme de petits gazons ordinairement limités à la frange de l’ Udotea, mais s'étendant aussi quelquefois sur le reste de la fronde. Elle est formée de deux sortes de filaments articulés, dont les uns sont couchés, irrégulièrement ramifiés, fixés à F Udotea au moyen de cram- pons, dont les autres naissent du côté supérieur de ceux-ci et se montrent dressés et simples. C'est à la base de ces derniers filaments que se montrent les organes reproducteurs (tétraspores, capsules et anthéridies), portés sur de courts ramules qui naissent en général de la cellule inférieure du filament, et qui sont le plus souvent opposés. Les tétraspores sont ovoides, à division triangulaire. Le fruit capsulaire appartient à un type élevé, malgré la simpli- cité remarquable de structure de la plante; il offre la structure propre au fruit des Rhodomélées (céramide) ; la masse des spores y est renfermée dans une enveloppe composée de filaments articulés, insérés sur la cellule du pédicelle et reliés par une membrane gélatineuse épaisse. La capsule d'abord globuleuse devient ensuite urcéolée. Les spores sont insérées sur un petit mamelon celluleux conique, qui repose sur le sommet du pédicelle. Chacune d'elles est renfermée dans un sac transparent qui persiste après qu'elle est sortie. — Les anthéridies naissent sur les mêmes filaments que les capsules et sont insérées de méme que celles-ci; mais elles sortent plus souvent des filaments rampants que des filaments, dressés. Elles sont oblongues, un peu coniques, revétues d'une utricule générale et traversées par un axe de cellules irrégulières. Leur structure est d’ailleurs la méme que dans les autres Floridées. Chacune de leurs logettes paraît renfermer un seul cor- puscule. M. Bornet dédie le genre nouveau constitué par cette petite Algue à M. Lejolis, sous le nom de Zejolisia; il en nomme l'espèce unique Z. medi- ferranea. Les caractères du Lejolisia lui semblent autoriser la création, pour ce genre, d'une tribu particulière qui servirait, dit-il, comme de lien entre les Wrangéliées et les Rhodomélées. — Des deux planches qui accompagnent cette note, la première représente un individu tétrasporé, la seconde pré- sente, à côté de la figure d'un. individu pourvu à la fois de capsules et d'an- théridies, une capsule et une anthéridie isolées et portées chacune sur son pédicule. Ces planches sont trés bien gravées, d'aprés les dessins exécutés avec beaucoup d'élégance et avec un soin remarquable par l'auteur lui- méme. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 299 BOTANIQUE GÉOGRAPHIQUE ET GÉOLOGIQUE. Die Vegetations-Verhaeltnisse des bayerischen Waldes nach den Grundsaetzen der Pflanzengeographie (Les circonstances de la végétation du Bayerwald relevées d'après les prin- cipes de la géographie botanique ; par M. Otto Sendtner; ouvrage com- plété sur le manuscrit de l'auteur, par MM. W. Gümbel et L. Radikofer, | vol. in-8° de xit! et 505 pages avec 8 cartes ou tableaux, Munich, 1860). Cel ouvrage est concu et rédigé d'aprés le plan de celui que Sendtner à publié en 4854 au sujet de la végétation de la Bavière méridionale. Il forme la 2* partie du tableau général de l'histoire naturelle de la Baviére que l'Acadé- mie des sciences de Munich a commencé de tracer, à partir de l'année 1848, conformément à la demande du roi Maximilien II. Ce volume renferme les résultats d’une série de voyages d'exploration qui ont été exécutés par lau- teur de 1854 à 1857, aux frais et sous les auspices de l'Académie. Malheureu- sement Sendtner n'a pu terminer lui-méme son travail, et, depuis sa mort, ce sont ses amis, MM. W. Gümbel et L. Radlkofer qui ont complété son manu- scrit et en ont dirigé l'impression. Ce tableau de là végétation d'une portion de la Bavière se divise en trois par- ties, dont la première expose les conditions physiques qu'offre ce pays, dont la seconde contient le tableau de la végétation qui le couvre, dont la troisième et derniere est consacrée à l'examen des rapports qui existent entre cette Flore et les diverses conditions orographiques, atmosphériques, géologiques, etc., qui ont dû influer sur elle. — La première partie (pp. 1-167) a trois sections relatives, l'une à la géographie du pays, une autre à l'atmosphère, la dernière au sol. Dans la premiere section, l'auteur examine successivement, en quatre chapitres : 4° la situation, les limites, l'étendue de la portion de la Bavière qui forme l'objet de son travail, portion en majeure partie montagneuse, qui a pour limite méridionale le Danube, depuis avani Regensburg ou Ratisbonne jus- qu'au-dessous de Passau; 2° les conditions orographiques ; 3° les conditions hydrographiques; 4° le relief du pays rapporté au Danube comme niveau infé- rieur et comme terme de comparaison. Le résultat général du nivellement déve- loppé dans ce dernier chapitre est qu'un tiers du pays a une hauteur moyenne inférieure à 4500 pieds, qu'un second tiers est entre 1500 et 2000 pieds, que le troisième tiers s'éléve de 2000 à 4530 pieds. — La section suivante com- mence par une introduction consacrée à des généralités sur le climat et ses l'apports avec le règne végétal, ensuite à l'indication du tracé graphique des circonstances météorologiques ; il renferme ensuite un chapitre sur la chaleur envisagée dans ses relations avec la végétation, et un second relatif aux autres influences météorologiques, telles que l'intensité des rayons solaires, la direc D 300 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tion des vents dominants, l'humidité de l'air, les nuages et les résultats de la condensation des vapeurs atmosphériques. La troisième section, consacrée à l'étude du sol, traite, dans quatre chapitres suivis d'un appendice, du sous-sol géognostique, de la composition chimique du sol, des propriétés physiques de ce solet de leur influence sur la végétation, enfin de la chaleur déterminée principalement à l'aide des sources. Un appendice offre, en 28 pages, la liste de toutes les mesures de hauteur connues de l'auteur dans l'étendue de la contrée qu'il étudie. La seconde partie (pp. 168-396) est spécialement relative à l'énumération des plantes qui croissent dans le Bayerwald. Le nombre des espèces dont le nom y figure s'élève à 1121 Phanérogames et Cryptogames vasculaires. Chacune de ces plantes est accompagnée d'indications nombreuses et variées qui en com- plètent l’histoire au point de vue de la géographie botanique. Le nom méme des espèces est précédé d'un ou plus souvent de deux numéros d'ordre, dont l'un, en chiffres gras, montre que la plante se trouve dans le Bayerwald considéré dans son sens le plus restreint, c'est-à-dire limité au pays qui s'étend de la limite septentrionale et orientale et du Danube jusqu'au Chamb et au Regen, dont l'autre, en chiffres ordinaires, renfermé entre parenthèses, en indique la présence dans le Bayerwald compris dans le sens le plus large, c'est-à-dire s'étendant jusqu'à la Naab et au Schwarzach. Une croix distingue les espéces cultivées dans cet espace tout entier. Un signe particulier est joint au nom de celles qui sont naturalisées, et celles de ces deux dernières catégories ne sont pas accompagnées d'un numéro d'ordre. Un signe fait reconnaitre les hybrides. Des lettres, les unes capitales, les autres romaines, distinguent les principales divisions du pays, dans lesquelles on rencontre chaque espèce. L'altitude est indiquée en pieds de Paris, par ses limites supérieure et inférieure et en la ramenant à la situation moyenne par une correction faite en raison de l'exposi- tion. Enfin le degré de diffusion (commun, répandu, dispersé, rare, isolé) et celui d'abondance sont signalés par deux lettres pourvues ou non d'un expo- sant. Un astérisque est ajouté à ces nombreuses indications pour les espèces que l’auteur a observées lui-même. Enfin l'énumération des localités où l'on a vu chaque plante et de la nature du sol sur lequel elle croit complete l'alinéa consacré à chacune d'elles. Les espèces sont rangées d’après l'ordre établi pour les familles par De Candolle, c'est-à-dire en commencant par les Renoncu- lacées. La troisième partie (pp. 397-505) commence par une introduction dans laquelle l'auteur s'occupe des centres de création, des lignes de végétation et ensuite de la subdivision des flores de l'Allemagne moyenne. Elle est subdivi- sée en trois sections qui, à leur tour, comprennent huit chapitres. Dans la pre- miére section, Sendtner recherche les rapports réciproques des diverses flores de l'Allemagne moyenne; il examine successivement et en autant de chapitres séparés la composition générale des trois bassins occupés par ces flores, les REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 301 contrastes immédiats qu'elles présentent les unes par rapport aux autres, et leurs contrastes plus éloignés; dans la seconde section il s'occupe de la déter- mination de la place qui appartient au Bayerwald parmi les flores de l'Alle- magne moyenne ; enfin, dans la troisième section, il indique les lignes-limites de la diffusion géographique des plantes. Il examine successivement et avec tous les détails nécessaires, dans deux chapitres différents, les lignes de végéta- tion horizontales et les lignes de végétation considérées dans le sens vertical, c'est-à-dire les zones d'altitude. Entre autres données qu'il présente sous ce dernier rapport, i! donne d'abord la liste des plantes dont la limite supérieure se trouve : 1° entre 870 pieds et 1400 pieds; 2° entre 1400 et 3000 pieds; 3° entre 3000 et 4000 pieds; 4° au-dessus de 1000 pieds. Deux colonnes juxta- posées renferment pour chaque espéce le chiffre de ces limites pour le Baver- wald et pour les Alpes. Entre autres sujets traités dans ce chapitre important, nous mentionnerons la différence qui existe, relativement à la limite supérieure des espèces arborescentes entre le Bayerwald et les Alpes, la méme différence considérée dans les espèces herbacées, la différence «qu'on observe entre la limite inférieure des espèces herbacées dans le Bayerwald et les Alpes, enfin l'influence qu'exercent, pour déterminer ces différences, soit la température, soit la nature du sol. L'ouvrage se termine par l'examen comparatif des limites des diverses cultures dans le Bayerwald et dans les Alpes. — On voit, au total, que les faits abondent dans l'ouvrage posthume de Sendtner, dont la science doit l'achévement et la publication à MM. W. Gümbel et Radlkofer. — Le volume se termine par une longue liste de rectifications ou errata. Quant aux planches et cartes qui accompagnent le texte, en voici l'objet : La première donne le tracé des limitesdu Wald bavarois compris dans les accep- tions restreinte, large et la plus large de ce mot ; des teintes et désignations conventionnelles montrent l'étendue de ces trois surfaces. La deuxième repré- sente, grâce aux lignes d'altitude espacées de 500 mètres, le relief ou la hauteur des divers points et sommités du Bayerwald. La troisième est une grande carte qui présente à l'oeil, par des teintes conventionnelles, les altitudes rapportées à la projection horizontale; cette carte a été exécutée par M. W. Gümbel d'après l'esquisse laissée par Sendtner. La quatrième donne les courbes de tem- pérature pour Hof, Ratisbonne, Prague et Vienne. Les cinquième, sixième et septième réunies sur une même feuille offrent les courbes de température tra- cées d’après les idées de M. Lamont, c'est-à-dire, l'une la courbe des limites supérieure, inférieure et moyenne, celle-ci pour les altitudes de 1000-2000 pieds et pour 4000 pieds, pour les douze mois de l'année; la suivante, la courbe des moyennes arithmétiques pour les douze mois; la dernière, la courbe de durée des diverses températures, La huitième et dernière planche donne le tracé graphique de l'influence qu'exerce l'exposition sur la limite en altitude du Hêtre, soit dans les Alpes bavaroises, soit dans le Bayerwald. Une préface et la table des matièresse trouvent au commencement du volume. 302 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. MÉLANGES. Notice sur Jean-Juste-Voel-Antoine Aunier; par M. E. Mul- sant ( ^ nnales de la Société Linnéenne de Lyon, nouvelle série, t. VI, 1859; tirage à part en broch. gr. in-8 de 22 pages, avec un portrait lithogr.). M. Aunier, membre de la Société botanique de France, était un savant et zélé botaniste, qui a trouvé dans la recherche et l'étude des plantes le charme de son existence, mais à qui la science ne doit qu'un fort petit nombre d'écrits. Nous résumerons succinctement la notice biographique dont il a fourni le sujet à M. Mulsant. Aunier (Jean-Juste-Noél-Antoine) naquit à Lyon, le 25 décembre 1781. Son pere, Claude Aunier, occupait, dans cette ville, le premier rang parmi les marchands de vins en gros; il fut enlevé à sa famille en 1790. Son jeune fils subit, dans son éducatioù, des dérangements et méme des interruptions qui étaient la suite des événements amenés par la révolution. Il termina cependant ses études en partie chez des maîtres particuliers, en partie au collége de Lyon, après quoi il entra dans le commerce, et, devenu dès l’âge de vingt- cinq ans, l'un des chefs d'une maison importante, il se vit bientôt en position d'acquérir une fortune considérable. Mais à l'âge de trente-cinq ans, la retraite de son associé le détermina à renoncer lui-même au commerce et à profiter de l'hon?éte aisance qu'il possédait, pour consacrer le reste de ses jours à des occupations plus satisfaisantes pour son intelligence. Les conseils de sa sœur aînée le portèrent alors à se livrer à l'étude de la botanique, et dés cet instant, les plantes devinrent à la fois le charme de sa vie et l'objet habituel de ses travaux. Nous ne suivrons pas M. Mulsant dans le récit détaillé des nombreuses herborisations que fit Aunier sur des points très divers de la France, pour en étudier la végétation, mais nous rappellerons après lui qu'en 1822, ce botaniste devint l'un. des fondateurs de la Société Linnéenne de Lyon, qui fut créée la méme année que celle de Paris. Ses relations devinrent peu à peu trés étendues ; un grand nombre de botanistes francais et étrangers entretinrent avec lui une correspondance suivie,.ou reçurent de lui des plantes recueillies dans ses voyages annuels, qu'il préparait avec un soin exiréme et qu'il donnait avec une rare générosité. Le résultat principal de cette correspondance scientifique fut d'enrichir son herbier de beaucoup d’échantillons-types d'espèces rares où mal connues, et d'une multitude de notes qui en doublent la valeur. En 1836 et 1837, ce zélé botaniste à été président de la Société Linnéenne de Lyon, à laquelle il a toujours porté le plus vif intérét, et dont il suivait les séances avec la plus grande assiduité. Peu de jours avant sa mort, qui a eu lieu le 9 août 1859, il a légué son herbier au REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 303 lycée de Lyon et ses livres à la bibliothèque publique de cette ville. — Sur trois notices qu'il a publiées dans les Annales de la Société Linnéenne de Lyon, une seule a la botanique pour sujet, elle a pour titre: Notice sur un voyage botanique dans le Languedoc, fait en avril et en mai 1827. Il. est encore l'auteur de trois autres écrits qui ont été communiqués par lui à la Société Linnéenne de Lyon, mais qui sont restés manuscrits, ce sont : une Note sur le Peziza amplissima, une Promenade à la Grande-Chartreuse, et un Rapport sur un mémoire envoyé par MM. Chereau et Dechaleris, ayant pour titre : Zssat sur les Cryptogames utiles. NOUVELLES. — La Société de physique et d'histoire naturelle de Genève vient d'annoncer qu'elle décernera, l'année prochaine, le prix quinquennal de botanique, fondé par Auguste-Pyramus De Candolle. Voici les conditions du concours qu'elle ouvre pour cet objet : « Un prix de cinq cents francs sera décerné, le 9 septembre 1861, à l'auteur de la meilleure monographie d'un genre ou d'une famille de plantes. » Seront admis au concours les ouvrages inédits, rédigés en francais ou en latin, qui auront été envoyés au soussigné, francs de port avant le 4% juillet 1561. » Les membres ordinaires de la Société ne seront pas admis à concourir. » Les auteurs resteront propriétaires de leurs ouvrages. La Société ne s'engage pas à publier le mémoire couronné. Elle fera à cet égard ce qu'elle jugera convenable, en raison de l'étendue du travail et de l'état des fonds destinés aux publications. » Dun, Président. — Une Société d'horticulture a été créée récemment parmi les Mormons. Sa première séance a eu lieu au mois de septembre dernier, et elle a été mar- quée par une exposition de fruits dans laquelle on remarquait surtout. de magnifiques pêches obtenues de semis, à la troisième année de végétation. Celles qui étaient exposées par madame de Cott n'avaient pas moins de 7 pouces 1 [2 à 8 pouces 1/2 de circonférence. Au reste, le Journal d'horti- culture de Hambourg, qui donne ces détails, fait observer que nulle part au monde ]e Pécher ne réussit aussi bien que dans l'Amérique du Nord. Le pré- sident de la Société a décidé que les noyaux de ces péches seraient semés pour conserver vivant le souvenir du premier acte de la Société horticole des Mormons. — Le docteur Nathan Pringsheim, privatdocent de botanique à l'Université de Berlin, et dont tous les lecteurs de ce Bulletin connaissent les beaux tra- vaux, vient d’être nommé, quoique juif (circonstance remarquable pour l'Allemagne), membre ordinaire de la classe physico-mathématique de l'Aca- 304 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. démie des sciences de Berlin, et sa nomination a été confirmée par le prince régent de Prusse. — Un rapport récemment publié relativement aux cours de botanique de l'Université d'Édimbourg donne des détails statistiques d'un assez grand intérét pour que nous pensions devoir les reproduire. Dans la saison consacrée aux études botaniques, en 1860, le nombre des élèves qui ont suivi les leçons a été de 247, dont 207 suivaient en même temps les cours de médecine, et dont les 40 autres appartenaient à diverses catégories. Chaque élève paye de 3 livres 3 shellings à 4 livres 4 sheilings (78 fr. 75 c. à 105 francs). Le nombre des lecons a été de 64 ; celui des démonstrations pratiques et histologiques de 60. Il y a eu 3 examens mensuels, 11 examens de semaines, 41 excursions hebdomadaires. — Pendant ces excursions le nombre des espèces récoltées a été de 630 Phanérogames, 40 Fougères et autres Cryptogames vasculaires, 130 Cryptogames inférieures, total 800. Le nombre de milles parcourus à pied, ou par chemins de fer, ou par bateaux à vapeur a été d'environ 640 (environ 215 lieues). Le nombre le plus considé- rable d'éleves qui aient pris part à une méme herborisation a été de 160; le plus faible de 25. La plus grande distance franchie en un jour d'excursion a été de 120 milles (40 lieues) ; la plus longue marche en un jour a été de 25 milles (un peu plus de 8 lieues). Le total des dépenses pour chacun des élèves s'est élevé à 25 shellings 10 deniers (29 fr. 25 c.). Diverses récompenses ont été données aux élèves, et des prix ont été décernés à quelques-uns pour les travaux suivants : Essai sur les mouvements spontanés dans les plantes ; dissections de 10 variétés nommées d'Orges culti- vées ; échantillons et dissections montrant la structure de 10 espèces nommées de Graminées; collection d'Algues marines de la Grande-Bretagne, avec un essai sur leurs variétés; suite d'échantillons desséchés montrant les diverses inflorescences ; suite de 24 préparations microscopiques montrant la structure de diverses parties des plantes, exécutées par les élèves de la classe d'histologie. — Le Jardin botanique de Munich (Baviére) subit en ce moment des modifications importantes qui doivent en améliorer l'état d’une manière très notable. Il était méme question, pendant quelque temps, de le trausporter dans une autre partie. de la ville; mais, par suite d'une décision récente, il continuera d'occuper l'emplacement oü il se trouve. Cependant les grandes et belles serres qui vont y étre ajoutées et un nouvel édifice destiné à renfermer un musée botanique, seront placés dans le jardin actuel de l'Uni- versité, vis-à-vis de la Basilique. Paris. — Imprimerie de L. MARTINET, rue Mignon, 2 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE TRANE.: SÉANCE DU 11 MAI 1860. PRÉSIDENCE DE M. DECAISNE. M. de Schenefeld, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 27 avril, dont la rédaction est adoptée. M. le Président annonce deux nouvelles présentations. Dons faits à la Société : 1° De la part de M. Kirschleger : Flore d'Alsace, t. LIT, 2° partie. 2 De la part de M. G. Engelmann : Systematic arrangement of the genus Cuscuta. Two new diccious Grasses of the United-States. 3° De la part de M. Alph. Karr : Les Guépes, un numéro. h^ De la part de M. Fr.-W. Schultz : Commentationes botanica. Sechszehnter und siebenzehnter Jahresbericht der Pollichia. 5 En échange du Bulletin de la Société : Bulletin de la Société impériale zoologique d'acclimatation, avril 1860. Pharmaceutical journal and transactions, mai 1860. L'Institut, mai 1860, deux numéros. M.J. Gay présente des échantillons desséchés du Primula variabilis o VIE 20 306 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Goupil, qui offrent de l'intérêt comme constituant une nouvelle acquisition pour la flore des environs de Paris (1). Ces échantillons, dit M. Gay, ont été récoltés par moi le 26 avril 1835, dans la forêt de Hallate, au voisinage immédiat du village d' Aumont, arrondissement de Senlis (Oise), localité où la plante était fort rare, tandis que les Primula grandiflora et officinalis y étaient très communs, avec absence complète du Pr. elatior. Le Primula variabilis parait se montrer partout dans les mêmes circon- stances. Cela est au moins certain pour la vallée de Caudon prés Clermont (Dordogne), suivant le témoignage de M. Oscar de Lavernelle, pour les environs de Nancy, suivant M. Godron, et pour Montreux en Suisse, suivant M. Jean Muret. D'aprés les témoignages écrits ou imprimés que j'ai sous les yeux, la plante est rare dans ces trois localités, et elle y vit en com- pagnie des Pr. grandiflora et officinalis, à l'exclusion du Pr. elatior. Un autre fait qui ne paraît pas moins général, c'est que le Pr. variabilis est une plante stérile, dont les graines restent toujours imparfaites. M. Godron le dit positivement de la plante de Nancy, et M. de Lavernelle de celle de la Dordogne. J'ai eu moi-même sous les veux, ces jours derniers, un individu vivant de la méme plante, cultivé au jardin de la Faculté de médecine et provenant du département de la Dordogne, dont tous les ovaires étaient mani- festement avortés. Il n'est pas moins certain que, dans les individus rapportés de la forêt de Hallate, les anthères, méme vierges, sont presque entierement dépourvues de pollen, ce qui est un signe évident d'infécondité. Circonstances de voisinage, rareté, stérilité, tout annonce donc que le Pr. variabilis est un hybride des Pr. grandiflora et officinalis, fait qui déjà a élé positivement affirmé par M. Godron, lorsqu'il a désigné notre plante sous le nom de Pr. officinali-grandiflora (FI. de Lorr., 2° édit., 1857, t. H, p. 8) i Il est à remarquer cependant que les caractères des deux parents sont représentés dans l'hybride d'une manière bien inégale. Il semble que l'hybride ne tienne du Pr. officinalis que par un seul caractère, celui d'une ombelle florale supportée par une hampe, et non pas sessile. A tous les autres égards, sauf la grandeur un peu moindre des fleurs, c'est le Pr. grandiflora, carac- térisé par ses feuilles insensiblement et non abruptement amincies en pétiole (2), par ses pédicelles allongés, tous également dressés, à pubescence lanugineuse, non courts, unilatéraux et à fine pubescence, enfin par sa corolle (4) L'acquisition est nouvelle, quoique déjà vieille de date, puisqu'elle n'a pas encore été enregistrée dans la Flore parisienne. (Note de M. J. Gay.) : (2) Le caractère des feuilles insensiblement atténuées en pétiole est, dans cette section du genre Primula, particulier au Pr. grandiflora, au Pr. intricata Gren, et Godr., et au Pr. amona M.B. SÉANCE DU 14 Mar 1860. 307 comparativement grande et à limbe étalé, non dressé et campanulé. Au premier abord, on pourrait donc prendre notre plante pour une variété du Pr. grandiflora à hampe développée et à fleurs d'un tiers ou d'un quart plus petites. Ce n'est pourtant pas une descendance directe et légitime du Pr. grandiflora, puisque c'est une plante stérile. C'est donc un hybride, ayant pour mère le Pr. grandiflora, et pour père le Pr. officinalis qui lui a imprimé un seul de ses caractères principaux, celui d'une hampe florale très allongée, supportant l'ombelle. Je dois ajouter qu'il y a parfaite identité de forme entre tous les échantil- lons des localités citées plus haut, que j'ai sous les yeux, plus ceux que j'ai recus d'Angers, et que je n'ai encore vu aucun échantillon qui, par ses carac- tères, püt être supposé provenir du Pr. officinalis fécondé par le Pr. gran- diflora. Quoi qu'il en soit, il n'est pas douteux que les deux espèces n'aient une facilité particulière à s'hybrider; car M. Naudin a signalé un hybride qui, transporté de la campagne au Jardin-des-plantes, y a donné quelques graines, dont une a reproduit la plante-mère, avec stérilité, tandis que les autres sont retournées pour moitié, dès la première génération, au Pr. officinalis, et pour moitié à une variété pourpre du P». grandiflora, avec fertilité de l'une et de l'autre (Ann. des sc. nat., h° série, tom. IX, 1858, p. 258). La plante qui a douné lieu à cette expérience avait été rencontrée par M. le docteur Weddell, en 1853 et en un seul individu, dans un pré des environs de Chatenay prés Paris, Sa triple descendance a été conservée jusqu'à ce jour dans un des carrés d'expérimentation du Muséum d'histoire naturelle, où j'ai vu ces plantes, malheureusement aprés floraison. M. Gay donne ensuite lecture de la note suivante : LE PRINTEMPS DE 1860, COMPARÉ A CELUI DE 1859, DANS SON EFFET SUR LA FLORAISON DE QUELQUES PLANTES OBSERVÉES A PARIS, A L'APPARITION DE LEUR PREMIÈRE FLEUR, PRESQUE TOUJOURS A LA MÊME PLACE ET DANS LA MÉME TOUFFE, par M. J. GAY. Ajax Pseudonarcissus : Bois de Vincennes prés Paris, 1859, 10 mars; 1860, 29 mars (en retard de dix-neuf jours). — Bois de Laxou près Nancy, 5 avril 1860. — Rochers de la gorge de Sombacourt prés Goux, plateau de Pontarlier, alt. 800 mètres environ, 29 mars 1860 (docteur Renaud). — Falaises de Gréville prés Cherbourg, pleine floraison, 8 mai 1860 (Le Jolis). Ajaz minor : Carrés Chaptal du Jardin-des-plantes de Paris, 1859, 3 mars ; 1860, 28 mars (en retard de vingt-cinq jours). 308 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Narcissus odorus L. : Jardin de la Faculté de médecine de Paris, 1859, 7 mars; 1860, 7 avril (en retard de trente et un jours). Narcissus poéticus præcox : Jardin de la Fac. de méd., 1859, 28 mars ; 1860, 20 avril (en retard de vingt-trois jours). Syringa intermedia Pers. : Parterre du jardin du Luxembourg, 1859, 7 avril; 1860, 5 mai (en retard de vingt-huit jours). — Était en pleine fleur à Montpellier le 20 avril 1860. — Au parterre du Luxembourg, dans une période de quarante ans, à partir de 1820, floraison la plus précoce, 7 avril 1859 ; floraison la plus tardive, 25 mai 1837 (1). Narcissus biflorus L. : Jardin dela Fac. de méd., 1859, 8 avril; 1860, ^ mai (en retard de vingt-six jours). Ajax muticus N. (2) : Carrés Chaptal du Jardin-des-plantes, 1859, 9 avril ; 1860, 28 avril (en retard de dix-neuf jours). Narcissus Pseudonarcisso-poéticus Gren. (provenant du plateau de Pontar- lier, dans le Jura) : Jardin Vilmorin, à Verrières près Paris, 1859, 18 avril ; 1860, 1*' mai (en retard de treize jours). Narcissus intermedius Lois. : Carrés Chaptal du Jardin-des-plantes, 1859, 25 avril. — Jardin de la Faculté de méd., 1860, 7 mai (en retard de douze jours). Il résulte de ces faits qu'à Paris, le retard de la floraison, pour l'année 1860 comparée à 1859, a été au moins de douze et au plus de trente et un jours, suivant les espèces. Ce retard a été de vingt-huit jours pour le Syringa inter- media et de trente et un jours pour le Varcissus odorus. M. de Schenefeld dit : Qu'il a vu, le 26 mars dernier, le Narcissus Pseudonarcissus en pleine fleur aux environs de Paris, tandis que d’autres espèces vernales (Anemone nemo- rosa, Ficaria ranunculoides, Vinca minor, etc.) qui, dans les années pré- coces, fleurissent en méme temps que ce Narcisse, se trouvaient encore trés peu développées. Il paraitrait donc que certaines plantes bulbeuses n'offrent pas, entre leurs dates extrémes de floraison, le méme écart que les autres végétaux, suivant que le printemps est précoce ou tardif. Cette différence (1) Voyez le tableau de la floraison des Lilas au jardin du Luxembourg, inséré dans le Bulletin, t. VI, p. 267. (2) Je propose ce nom pour une plante depuis longtemps cultivée, sous le nom de Pseudonarcissus tardif, aux Carrés Chaptal du Jardin-des-plantes, que je n'ai pu rapporter à aucune des espèces décrites. Elle est voisine de l’Ajax Pseudonarcissus, mais elle s'en distingue nettement par plusieurs caractéres, notamment par ses graines (qu’elle produit en abondance) à sommet chalazaire très obtus, non prolongé en une sorte d'appendice vésiculaire, hémisphérique, ovoide ou rostriforme. J'espère trouver une prochaine occasion de faire mieux connaitre cette plante intéressante. SÉANCE DU 414 Mar 1860, 309 d'écart, ajoute M. de Scheen»feld, ne s'observe pas seulement entre une espèce et une autre espèce, mais semble exister aussi entre les divers organes d'un méme végétal. Ainsi, cette année, les Cerisiers se sont couverts de feuilles en méme temps que de fleurs, tandis que, dans les années précoces, les feuilles de ces arbres ne paraissent qu'aprés les fleurs. Le développement des feuilles sem- blerait donc moins variable quant à son époque, c'est-à-dire moins subordonné aux influences atmosphériques, que celui des fleurs. M. Menière rappelle, entre autres travaux, ceux de M. Gasparin, sur la quantité de chaleur nécessaire à la maturation des fruits, et dit que les observations faites sur la précocité de la végétation ainsi que sur les floraisons automnales, ne font qu'évaluer par une méthode particuliére les influences diverses de la chaleur, de la lumiére et des autres agents physiques, et résumer les données thermométriques. Si l'on a constaté, en 1859, un grand nombre de secondes floraisons, c'est que le sol avait recu pour ainsi dire une seconde dose de chaleur durant les mois de juillet et d'aoüt de cette année. M. J. Gay fait à la Société la communication suivante : NOUVELLES OBSERVATIONS SUR LA COURONNE DES NARCISSÉES, por M. J. GAY. J'ai publié l'année dernière un mémoire descriptif sur les Narcissées à cou- ronne rudimentaire, et, dans un appendice de ce mémoire, j'ai cherché à expliquer la signification morphologique de la couronne dans les Narcissées en général (Ann. sc. nat., h* série, tom. X, p. 102 ; Bull. Soc. bot. de France, t. VI, p. 131). Après avoir rapporté les opinions émises à ce sujet, et passant à l'examen des faits, j'ai montré que, dans les fleurs simples, et toutes les fois que les divisions de la couronne permettent de reconnaitre ses rapports avec les folioles du périgone, ces divisions sont opposées, une à une, ou deux à une, aux folioles intérieures (pétalines), et jamais aux folioles extérieures (sépa- lines) ; d’où il résultait que, l'alternance manquant aux divisions de la cou- ronne, celle-ci ne pouvait étre considérée comme une simple multiplication du périgone. Cherchant ensuite de nouvelles lumières dans les Varcissus Pseudo- narcissus et Tazetta à fleur double, j'ai trouvé cette fleur composée d'un nombre indéfini de folioles pétaloides, de nature absolument semblable aux folioles du périgone de la (leur simple, et distribuées en verticilles triméres, alternant réguliérement les uns avec les autres ; c'était le périgone normal régu- lièrement multiplié. Que devenait la couronne dans la fleur ainsi transformée? Elle n'était plus tubulée : elle était disloquée en autant d'éléments qu'il y avait > 340 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de folioles, et chaque foliole portait à sa base un de ces éléments, quelquefois partagé en deux par son milieu, de manière à montrer deux parties devant la même foliole. Je ne faisais alors aucune exception pour les folioles du verti- cille sépalin, à la base desquelles j'avais pourtant cru remarquer plusieurs fois l'absence de l'élément coronaire, A l'intérieur de la fleur ainsi multipliée, tout deyenait confus, et je n'y trouvais ni étamines bien conformées, ni passages de la foliole à l'étamine, ni style; l'ovaire méme était complétement avorté. Tels étant les faits observés, j'en concluais, avec Link, que la couronne des Narcissées était un appendice interne des folioles du périgone, chacune de ces folioles ayant son appendice, même les trois externes, au moins dans la fleur double. Cherchant ensuite à expliquer la nature de cet appendice et continuant à résister à la théorie du dédoublement qui semblait ici de mise, j'ai été amené à considérer chaque élément de la couronne tubulée comme quelque chose de trés analogue à une ligule intraire, ce qui n'avait rien de forcé, quoique ce füt attribuer à des parties de la (leur une formation jusqu'ici con- sidérée comme particulière aux feuilles de végétation. J'en étais là, lorsque dernièrement (26 avril 1860), MM. Barrandon et Rou- dier (de Montpellier) ont bien voulu, à la prière de M. Charles Martins, se transporter à Lattes et y récolter les matériaux frais dont j'avais besoin pour l'étude de l'hybride Narcissus Tazetto-poëticus. Deux jours après, je recevais non-seulement le N. Tazetta et le N. poëticus avec leur hybride (celui-ci et le IV. Tazetta très avancés, le N. poëticus en pleine floraison), mais encore plu- sieurs individus d'un N. poéticus à fleur semi-double. Je ne pouvais négliger cette occasion de contróler mes observations de l'année dernière par l'examen de cette dernière plante, et je me livrai à cette étude aussitót que je pus en trouver le loisir. Ce qui me frappa d'abord, c'est que j'avais affaire à un cas tératologique tout différent de ceux que j'avais précédemment examinés (1). Non-seulement l'ovaire était bien distinct du tube de la fleur, et celui-ci très allongé, ce qui permettait une vue plus nette de l'intérieur de l'appareil floral, resté jusqu'ici obscur pour moi, mais la composition florale était tout autre quant au nombre des parties : douze folioles, au lieu d'un nombre indéterminé, douze folioles distribuées en quatre verticilles trimeres, c'est-à-dire juste le nombre des éta- mines de la fleur normale, ajouté à celui des segments de son périgone. Bref, la fleur était doublée par l'effet d'une métamorphose, et non plus par multipli- (1) Y compris le N. poëticus à fleurs doubles, tel qu'il est communément cultivé à Paris. J'ai récemment étudié ce dernier, et je l'ai trouvé bien différent de celui de Montpellier. Les folioles y sont plus nombreuses, la couronne y est souvent mal chorisée ; rien n’y distingue des autres folioles les étamines métamorphosées, enfin le tube floral raccourci se confond avec un ovaire plein et sans ovules, ce qui jette de l'obscurité sur l'intérieur de l'appareil. Bref, c'est une monstruosité peu instructive et que je Suis pet à mettre ici de côté, puisque j'ai trouvé quelque chose de beaucoup meilleur à observer. SÉANCE DU 14 Mar 1860. 311 cation d'organes. L'alternance des parties était d'ailleurs la même que dans les autres Narcisses doubles précédemment analysés par moi, et l'appareil se terminait brusquement à l'intérieur, sans avoir donné naissance à aucune véri- table étamine. Passant ensuite à l'examen des folioles, je remarquai d'abord que les trois extérieures, celles du verticille sépalin, étaient absolument nues à la base, tan- dis que les neuf autres portaient à leur base intérieure l'appendice liguliforme dont j'ai parlé plus haut et qui représente les éléments disjoints de la cou- ronne ; indice certain qu'ici le verticille extérieur ne Juni point à la for- mation de cette couronne. . Ici donc, les neuf folioles intérieures sont toutes appendiculées, et, sauf les proportions qui diminuent de l'extérieur à l'intérieur, l'appendice est partout le méme, à quelques rares exceptions près dont je parlerai tout à l'heure, C'est une lame pétaloide, en forme de parallélogramme, qui, des deux tiers plus courte que la foliole, la dépasse souvent en largeur, de maniére à déborder sur les côtés, tantôt d'une seule pièce et irrégulierement incisée, tantôt fendue par son milieu jusqu'à sa base, de manière à montrer deux oreillettes devant chaque foliole. Sa couleur est tout entière d'un jaune pâle, qui tranche sur le blanc pur de la foliole, et l'on n'y voit point le liséré carmin qui orne la cou- ronne du JV. poëticus à fleur simple. L'appendice liguliforme est donc un attribut commun aux neuf folioles intérieures. Mais il y a d'ailleurs une différence notable entre les trois exté- rieures de ces folioles et les six autres. Les premières, qui représentent le verticille pétalin de la fleur simple, sont sessiles au sommet du tube floral et, comme celles du verticille sépalin qui les a précédées, elles semblent être une continuation directe, un simple épanouissement du tissu dont se compose le tube de la fleur, ici trés prononcé et long de 17 millimètres. Cette parenté se reconnait à l'extérieur du tube, à la surface duquel on remarque trois lignes saillantes qui vont aboutir aux folioles sépalines, et trois légers sillons qui répondent aux folioles pétalines. Il en est tout autrement des six folioles qui composent le troisième et le qua- trième verticille, c'est-à-dire les deux verticilles intérieurs. Ces six folioles sont brusquement rétrécies, immédiatement au-dessous de l'appendice liguli- forme, en un onglet linéaire, vert, de nature herbacée, dont la longueur varie de 3 1/2 à ^ 1/2 millimètres. Plus bas, l'onglet, qui était libre, se soude avec la paroi. intérieure du tube floral et continue à y adhérer jusqu'à la base de ce tube, mais d'une adhérence purement superficielle, car la décurrence des six onglets reste marquée sur la paroi intérieure du tube par six lignes longi- tudinales paralléles, saillantes et aplaties, de forme toute semblable à la partie supérieure libre des onglets. Or, c'est là exactement le propre des étamines du XW. poëticus normal, comme de tous les vrais Narcisses, où les filaments des étamines se soudent 34° SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de bas en haut avec le tube de la fleur, les sépalins jusqu'au sommet du tube, les pétalins jusqu'à une moindre distance, tous conservant une partie supé- rieure libre, plus courte dans les filaments longuement soudés, plus longue dans ceux qui le sont moins longuement. La conséquence de ces fails est facile à tirer. Les six folioles appendiculées qui composent les deux verticilles inté- rieurs de la fleur semi-double du JV. poëticus sont d'une autre nature que les précédentes, ou du moins elles sont moins éloignées de leur origine commune; ce ne sont ni des pétales comme les folioles du second verticille, ni des sépales comme celles du premier; ce sont évidemment des étamines transformées. Leur onglet, soudé inférieurement et libre dans le haut, est nécessairement le filament de l'étamine. Que sera leur limbe pétaloide, muni d'un appendice liguliforme intérieur? L'anthère, sans aucun doute. Mais quel partie de l'authére représente le limbe, et quelle autre l'appendice? Le limbe est-il une transformation du connectif, et l'appendice, souvent bilobé, une transfor- mation des deux sacs polliniques? L'appendice serait-il plutót comparable à la base plus ou moins échancrée de l'anthére normale, au-dessus de laquelle s'attache le filament, base qui se serait réfléchie brusquement, au lieu de conti- nuer en ligne droite l'axe de l’anthère ? La réponse à ces questions ressort sans difficulté de certains passages que j'ai observés dans la monstruosité qui m'occupe. Non-seulement l'appendice y est fréquemment bilobé ou bipartit, rappelant ainsi directement les deux sacs polliniques (fig. 5), mais il manque quelquefois, et il est alors remplacé par deux rudiments de loges polliniques adnées aux bords inférieurs de la foliole pétaloide et séparées par le diamètre entier de cette dernière (fig. 6). D'où la conséquence nécessaire qu'ici, dans l'anthére métamorphosée, c'est la foliole pétaloïde qui représente le connectif, tandis que l'appendice liguliforme repré- sente les deux bourses polliniques. Telle est la signification de l'appendice liguliforme dans les deux verticilles intérieurs, provenant d'étamines transformées. En est-il de méme du verticille pétalin qui a immédiatement précédé ? Sans doute ce verticille procède autre- ment du tube floral, puisqu'il semble lié à sa paroi extérieure, et non à l'inté- rieure, comme je le disais tout à l'heure. Sans doute les onglets qui distinguent les deux verticilles intérieurs y manquent complétement. Sans doute ce verti- cille, plus extérieur, est, par cela méme, moins sujet à transformation. Mais il ne faut pas oublier qu'en sa qualité de verticille pétaloide, il fait partie de l'androcée et que, comme tel, il est exposé à toutes les vicissitudes des éta- mines. Les folioles appendiculées dont il se compose, sont d'ailleurs, sauf leur taille plus grande et l'onglet qui leur manque, entièrement semblables à l'an- thère métamorphosée des verticilles staminaux. Mon avis est donc que les folioles du second verticille, composées de leur limbe et de leur appendice, proviennent, elles aussi, d'antheres transformées. Je veux bien que ce soit une transformation fixée et, par conséquent, devenue normale, mais je soutiens que SÉANCE DU 11 Mar 1860. 313 morphologiquement ces folioles ne peuvent pas être interprétées autrement que je ne le fais ici. Ce que je viens de dire a été vérifié sur plusieurs fleurs qui toutes m'ont offert la méme composition et la méme structure. Une seule m'a présenté un élément de plus, un treizième élément. C'était une étamine à filet grêle et à anthère peut-être uniloculaire, naissant sur la partie soudée d'une des éta- mines transformées et décurrentes du troisième ou du quatrième verticille, dont elle paraissait une partition. Pour étre complet, je cite ce fait, sans pou- voir l'expliquer. Au centre de l'appareil se trouvait le style, tantót en apparence bien con- formé, tantôt fendu jusqu'à la base en deux parties distinctes (il pourrait l'étre en trois parties, puisque le stigmate est trilobé), et avec sommet plutót anthé- riforme qu'en forme de stigmate. L'ovaire sous-jacent était trigone, trilo- culaire et multi-ovulé, exactement comme celui du A. poëticus à dcur simple. Tels étant les faits observés, mon opinion sur la couronne des Narcissées peut se résumer ainsi qu'il suit : 1° La couronne n'est point un organe d'une seule pièce, comparable aux folioles d'un périgone, comme elle le parait au premier abord : c'est un organe composé, comme une corolle gamopétale, de parties soudées entre elles par les bords, de manière à former un tube plus ou moins allongé. Cette compo- sition se révèle de trois manières : d'abord. par les lobes dont le bord du tube est marqué dans certaines espèces, telles que les Ajax, le Narcissus incompa- rabilis et le N. odorus; ensuite par le Narcissus serotinus et V Aurelia Broussonnetii, dans lesquels les parties de l'organe composé sont souvent entièrement disjointes ; enfin par les fleurs doubles de l’ Ajax Pseudonarcissus et du Narcissus Tazetta, où la complète disjonction des parties de la couronne accompagne toujours la multiplication des folioles du périgone. 2^ Disjointes ou seulement indiquées par des lobes, les parties de la cou- ronne sont opposées aux folioles intérieures du périgone, et à celles-là seule- ment. C'est un fait qui est hors de doute pour les fleurs simples, lorsque la cou- ronne y montre des divisions, et aussi pour la fleur semi-double du N. poéticus ci-dessus décrite, où les éléments de la couronne sont entièrement séparés et détachés jusqu’à la base. L'année dernière, les fleurs doubles de l'Ajax Pseu- donarcissus et du Narcissus Tazetta m'avaient paru échapper à cette règle, en ce sens que là j'avais cru voir la couronne disloquée opposer ses parties à toutes les folioles du périgone, méme aux extérieures. Mais je soupconne fort qu'il y a eu là quelque méprise de ma part, soit par suite de l'irrégularité d'une couronne mal chorisée, soit à cause de l'illusion que peut produire une partie de couronne opposée à une foliole intérieure et débordant à droite et à gauche devant une foliole extérieure. Les éléments de la couronne sont donc toujours, je le crois d:t moins, 314 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. opposés aux seules folioles intérieures du périgone (1), et cette circonstance montre bien qu'ils ne font point partie de la symétrie florale, puisque cette symétrie exigerait qu'ils fussent d'abord opposés aux folioles extérieures. L'opi- nion contraire, avancée par Auguste de Saint-Hilaire et reproduite par M. Ger- main de Saint-Pierre, me semble donc dépourvue de fondement. Opposées aux folioles intérieures du périgone, les parties de la couronne sont de plus dans une étroite dépendance de ces folioles, comme serait une ligule à la base interne de sa feuille. Ajoutons que, pour trois folioles intérieures du périgone, il v a ordinairement six parties a la couronne, six quelquefois réduites à trois par la fusion de deux en une. Dans le premier cas, les parties de la couronne sont opposées aux folioles deux à une; dans l'autre cas, elles sont solitaires devant chaque foliole, ce qu'on voit surtout dans la couronne démembrée à la suite de multiplication. 3° M. Louis Cagnat voyait, dans la couronne des Narcissées, un dédoublement des six folioles du périgone. Link en parlait comme d'un appendice de ces mémes folioles. L'année derniére, j'ai cru moi-méme y reconnaitre une ligule intraire qui pouvait appartenir aux deux verticilles, quoique plus particulière- ment affectée au verticille intérieur. Aujourd'hui que le verticille extérieur semble hors de cause, on pourrait se demander si la couronne est ou un dédou- blement, ou un appendice, ou une ligule des trois folioles intérieures. Mais toutes ces questions semblent devoir tomber devantles observations que m'a fournies le /V. poëticus flore semipleno de Lattes, et que plus haut j'ai rappor- tées tout au long. Là, en effet, j'ai vu les six étamines converties en autant de folioles pétaloides, dans chacune desquelles on retrouvait le filet et l’anthère. Or l'anthere était là transformée de maniere à reproduire exactement l'appareil d'une foliole périgoniale intérieure munie de son appendice liguliforme. De la l'opinion, que j'ai énoncée et développée plus haut, suivant laquelle le verticille périgonial intérieur d'une fleur de Narcisse à l'état simple, folioles et couronne comprises, peut et doit étre considéré comme composé des antheres de trois étamines métamorphosées. Paradoxe! dira-t-on. J'engage ceux qui douteront à bien étudier les faits, et aussi à considérer qu'il s'agit ici d'un verticille de l'an- drocée, c'est-à-dire de celui des trois appareils de la fleur où les parties ont le moins de fixité et passent le plus facilement les unes dans les autres. Le verti- cille calicinal étant plus extérieur, en méme temps qu'il est d'une autre nature, il n'est pas étonnant qu'il n'ait ni couronne, ni rien de ce qui pourrait rappeler une origine staminale. Quoique nouvelle dans son ensemble, l'opinion que je viens de formuler à (1) Il en est certainement de méme dans d'autres plantes de la méme famille, notamment dans les Ruminia hiemalis et rosea (tribu des Galanthées), où la couronne se présente sous la forme de six glandes placées sur le torus, à la base des six bords des trois folioles intérieures du périgone, montrant ainsi qu'elles alternent avec les {rois folioles extérieures et qu’elles ne sauraient être sous leur dépendance. SÉANCE DU 14 Mar 1860. 315 une véritable analogie avec celle que M. Lindley professait il y a vingt-cinq ans, une de celles que je repoussais le plus nettement dans mon mémoire de l'an dernier. M. Lindley considérait alors la couronne des Narcissées comme prove- nant d'un ou de plusieurs verticilles d'étamines surnuméraires, intercalés entre le périgone et les étamines parfaites. La pensée de l'auteur anglais n'est sans doute pas justifiée par les faits que je viens d'exposer, mais il est remarquable que, dans sa manière de voir comme dans la mienne, l'étamine métamorphosée entre comme élément essentiel dans la composition de la couronne. La diffé- rence entre les deux opinions est d'ailleurs sensible. Pour M, Lindley, la cou- ronne est exclusivement formée d'étamines surnuméraires fondues ensemble, filaments et antheres, dans un méme tissu. Pour moi, les éléments dont se com- pose la couronne ne sont ni des organes complets, comparables à une étamine, ni méme des parties d'organe comparables à une anthère. Pour qu'ils signifient quelque chose, il faut qu'ils soient considérés comme une partie intégrante, comme un simple repli de la foliole périgoniale à laquelle ils sont opposés, et alors ce n'est pas une étamine qu'ils reprégentent, mais seulement une anthère. Fig. 3. Fig. 4. Fig. 6. EXPLICATION DES FIGURES. Fig. 1. Diagramme de la fleur simple du Narcissus poéticus : s, verticille sépalin du périgone; p, verticille pétalin; c, la couronne, dont les éléments sont soudés en un seul corps tubulé ; e, les six étamines, sur deux rangs, opposées aux six folioles du périgone; o, ovaire, dont les trois loges sont opposées aux folioles extérieures du périgone. 316 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Fig. 2. Diagramme de la fleur semi-double du Narcissus poëlicus : s, verticille sépalin du périgone, ses folioles privées de tout appendice basilaire intérieur pro- venant de la couronne chorisée; p, verticille pétalin du périgone, chacune de ses trois folioles portant à sa base un appendice liguliforme qui est un des trois éléments de Ja couronne chorisée ; e, les six élamines converties en folioles pétaloïdes appendiculées, semblables aux folioles du verticille pétalin ; o, ovaire à trois loges, comme dans la fleur normale. Fig. 3. Une des trois folioles du verlicille pétalin de la figure 2, avec son appendice intérieur liguliforme, qui est ici quinquélobé, mais qui est bien plus souvent entier et tronqué, ou partagé par le milieu en deux lobes. Fig. 4, 5 et 6. Différentes formes sous lesquelles se présentent les étamines pétaloides de la figure 2. Toutes ont conservé leur filament, libre au sommet, soudé dans le bas avec le tube du calice, ce que montre bien la figure 5. Ce qui termine supérieurement le filament, c'est l'anthére métamorphosée. Le connectif s'est dilaté en lame pétaloide, et les sacs polliniques sont repré- sentés à la base du limbe par des appendices de forme diverse. Tantôt (fig. 4) c'est une lame continue et irréguliérement lobée, comme dans la fig. 3; tantôt (fig. 5) ce sont deux lobes bien circonscrits et répondant exactement aux deux saes; tantót enfin (fig. 6) toute saillie liguliforme disparait, pour faire place à deux petits renflements placés vis-à-vis l'un de l'autre, sur le bord inférieur du connectif pétaloïde, et dans lesquels il est impossible de méconnaitre les loges de l'anthére. Ces différentes formes de l'étamine métamorphosée montrent, suivant moi, avec toute évidence, que la couronne des Narcisses n'est point un organe particulier, ni méme un appendice comparable à des stipules, mais l'assemblage des connectifs dilatés de trois anthéres métamorphosées. M. Cosson admet l'explication de M. Gay, quant à la formation de la couronne des pétales supplémentaires de la fleur double; mais cette explication lui parait moins vraisemblable pour la fleur nor- male, où le nombre des étamines est égal à celui du périanthe, et où la symétrie est régulière. M. Fermond partage l'opinion de M. Cosson : il pense que la couronne est produite par le dédoublement des trois folioles internes du périanthe. M. Gay répond qu'il ne saurait admettre des dédoublements dans le règne végétal. Selon lui, une division du périanthe d'un Narcisse, doublée de sa portion de couronne, représente une anthére, le limbe et sa ligule répondant l'un au connectif et l'autre aux lobes de l'anthére. M. Decaisne fait remarquer que l'interprétation donnée par M. Gay suppose un androcée à neuf étamines, ce qui serait un type bien étrange dans les Monocotylédones. M. Eug. Fournier, vice-secrétaire, donne lecture de la communt- cation suivante, adressée à la Société : : SÉANCE DU 11 Mar 1860. 317 DE L'ANNENION DU COMTÉ DE NICE A LA FRANCE AU POINT DE VUE DE LA BOTANIQUE , par M. Honoré ARDOINO. (Menton, 4° mai 1860.) La réunion à la France d'une province si favorisée de la nature et si extraor- dinairement riche en plantes me fournit l'occasion d'adresser à mes confrères de la Société botanique de France quelques mots sur la flore de ce pays, avec prière d'accorder le droit de nationalité à une quarantaine d'espèces qui doi- vent figurer désormais daus la flore de France. Le comté de Nice est borné au sud par la mer, à l'ouest par le Var, au nord par la chaine centrale des Alpes maritimes depuis l'Enchastraye jusqu'au col de Tende, et à l'est par la chaine secondaire, quoique trés importante, depuis le col de Tende jusqu'à la mer. Sa superficie est d'environ 3000 kilomètres carrés. Cette étendue, bien qu'égalant à peine la moitié de la moyenne d'un départe- ment francais, est cependant située dans des conditions si favorables et si variées qu'elle ne présente pas moins de deux mille espèces phanérogames, chiffre qu'aucun département francais, même des plus riches, ne saurait attein- dre. Ce luxe prodigieux étonne moins quand on fait la remarque que les végé- tations les plus disparates semblent ici s'étre donné rendez-vous sur un terri- toire trés restreint. En effet, tandis que les sommets neigeux du Clapier nous offrent, à 3000 mètres d'élévation, le Silene acaulis, l’ Androsace car- nea et le Saxifraga retusa, il suffit de franchir une distance de dix lieues à vol d'oiseau pour trouver, au bord de la mer, le Siene nicæensis, le Tamarix africana et l Atractylis cancellata. Cependant, d’après le proverbe : On ne prête qu'aux riches, il faut avouer qu'on à un peu abusé de cette richesse. Allioni, Balbis, De Candolle et autres botanistes ont attribué au comté de Nice une foule de plantes qu'on y cher- cherait vainement aujourd'hui ; les unes, parce qu'elles ont disparu, d'autres, parce qu'elles étaient adventives ou cultivées; d'autres enfin, parce que leur indication était peut-étre le résultat d'une erreur de localité ou de déter- mination. Depuis vingt-trois ans, je m'occupe avec amour de la flore du comté de Nice et de la principauté de Monaco, et je dois déclarer qu'une centaine d'espéces indiquées dans ce pays méritent rigoureusement d'étre exclues de sa flore. Parmi les espèces qui lui appartiennent incontestablement, soit parce que je les ai cueillies moi-même, soit parce que j'en ai vu les échantillons dans des herbiers authentiques, je me bornerai aujourd'hui à signaler celles qui manquent dans la. Flore de France de MM. Grenier et Godron. 1. Helianthemum lunulatum DC. (Cistus lunulatus All.). — Dans les Alpes de Tende et de Limone; rare. 318 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 2 i" Helianthemum croceum Pers. — Trouvé par M. Moris dans le comté de Nice, sans indication plus précise. . Silene Campanula Pers. — Dans les Alpes de Tende. h. Silene cordifolia All. — Je l'ai cueilli abondamment aux eaux de Vinadio, sur le versant septentrional des Alpes maritimes; mais il se trouve aussi sur le versant méridional, c'est-à-dire dans le comté de Nice. . Geranium macrorrhizum L. — Dans les Alpes de Tende, et surtout prés des mines de plomb, au-dessus de Saint- Dalmas. . Medicago Echinus DC. — Rare dans les environs de Nice; c'est le Medi- cago intertexta de Gærtner et d'Allioni, mais non de De Candolle. . Potentilla valderia L. et All. — Habite non-seulement les Alpes de Vau- dier et de Vinadio où je l'ai récolté, mais toute la chaine centrale des Alpes maritimes, depuis l'Enchastraye jusqu'au col des Fenétres. . Potentilla saxifraga Ardoino in De Not. Ind. sem. hort. bot. gen. 4848; Ann. séienc. nat. 1849, p. 356 ; Lehmann Rev. Potent. 1856, p. 134, tab. A8. — J'ai découvert cette belle espèce au-dessus de Menton, entre Sainte-Agnés et Castillon, sur des rochers presque inaccessibles, à 870 mètres d'altitude; elle a été trouvée depuis en divers autres endroits du comté de Nice, notamment à Peille, au Ciaudan, aux Alpes de Raus, etc. , Paronychia arabica DC. — M. Moris a trouvé cette espèce aux environs de Nice; c'est I //lecebrum longisetum de Bertoloni. 10. Sedum alsinefoliuin Al. — Dans les Alpes de Tende. 14. Saxifraga cochlearis Rchb. — Alpes de Fontan, de Belvédère et de Tende ; il est voisin du S. lingulata Bell. 12. Saxifraga lantoscana Boiss. et Reut. 4856. — Autre espèce qui diffère à peine du S. lingulata Bell. ; elle a été découverte" par MM. Boissier et Reuter en 1852 près de Lantosca, et en 4856 entre Fontan et Belvédère ; c'est le Saxifraga florulenta Schott (non Moretti). 13. Saxifraga florulenta Moretti. — Deux exemplaires de cette magnifique Saxifrage à fleurs bleues furent trouvés par un touriste anglais, il y à une trentaine d'années, prés du col des Fenétres; l'un fut envoyé à M. Moretti qui en donna la description. Vainement cherchée depuis dans cette localité par plusieurs botanistes, elle commencait à étre regardée comme une plante fabuleuse, lorsque M. Lisa (de 'lurin) la retrouva en 1856 à la montagne de ‘Cavalletto prés du col des Fenêtres ; M. l'abbé Monto- livo la récolta abondamment l'année suivante dans la méme localité. 14. Peucedanum imperatorioides Link (Imperatoria angustifolia Be Dans les Alpes de Tende et de Limone. 15. Fœniculum piperitum DC. — Trouvé à Nice par M. Cesati. SÉANCE DU 11 war 1860, 319 16. Bupleurum neglectum Cesati in Linnæa 1837, p. 314. — Cette espèce, qui pourrait bien être le B. falcatum de plusieurs auteurs, a été trouvée par M. Cesati à Tende et à Limone. 11. Galium Tende Rchb. fil. — Découvert au col de Tende et de Frema- morta par MM. Reichenbach fils, Reuter et Lisa. 18. Asperula hexaphylla All. — Cette belle espèce habite toute la chaine secondaire des Alpes maritimes, depuis le col de Tende jusqu'au-dessus de Menton, où je l'ai cueillie à la montagne de Grammont, à 1350 mètres d'altitude et à 7 kilomètres du bord de la mer. 19. Carduus spinulosus Bert. — Trouvé à Lantosca par M. Moris. 20. Centaurea transalpina Schleich. — Se trouve dans la partie montagneuse du comté de Nice, au Fontan, aux mines de Tende, etc. 21. Centaurea procumbens Balb. — Cette plante de Corse n’est pas rare dans le comté de Nice, à Utelle, Torretta, Duranus, etc. 22. Centaurea Cineraria L. — Trouvé à Villefranche par M. l'abbé Montolivo. 25. Centaurea Reuteri Rchb. apud Boiss, et Reut. — Découvert au col de Braus par MM. Reichenbach et Reuter ; retrouvé à la colline de Cimiez par M. Barla. AR, Atractylis cancellata L. — J'ai cueilli cette plante remarquable à Nice, à Villefranche et à Menton. D'ailleurs M. Loret, mon excellent ami, a déjà signalé son existence à Cannes (voyez le Bulletin, t. VI, p. 338). 25. Crepis bursifolia L. — Trouvé à Nice, par M. Cesati, sur la colline de Montboron ; très rare. 26. Campanula macrorrhiza Gay. — Collines supérieures et montagnes du comté de Nice. 27. Campanula stenocodon Boiss. et Reut. — Autre espèce du groupe rotun- difolia, trouvée par MM. Boissier et Reuter aux mines de Tende et en diverses localités du Piémont. 28. Primula Allionii Lois. (P. glutinosa AM.). — Alpes de Fenêtres; rare. 29. Orobanche Satyrus De Not. Prosp. fl. lig. 4856. — Cette espèce, décou- verte à Gênes par M. De Notaris, a été ensuite retrouvée par moi à Nice, dans les bois, parasite sur les racines des Genista cinerea et tinctoria. 90. Tendia Piperella Rchb. (Thymus Piperella All. non L.). — Cette Curieuse Labiée, ainsi que l'Asperula hexaphylla, habite toute la chaîne secondaire des Alpes maritimes depuis Tende jusqu'au-dessus de Menton, où sa station la plus méridionale est à la montagne du Bres, à 1000 mètres d'altitude et à 4 kilomètres de la mer ; je l'ai rencontrée aussi dans les montagnes liguriennes, au-dessus d'Oneille et d’Albenga. 320 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 31. Salvia viridis L. — Indiqué à Oneille par Allioni, a été retrouvé à Nice par M. Cesati ; rare. 32. Rumex tuberosus Al. — Cette plante rare, signalée à Nice par Allioni, et inconnue à Bertoloni, a été retrouvée par M. Cesati au Baus-Rous, entre Villefranche et Monaco. 33. Polygonum crassinervium Cesati. — Espèce voisine du P. maritimum, découverte à Nice dans les sables maritimes. 3h. Chamærops humilis L. — Ce Palmier, seul en Europe, n'était pas rare autrefois entre Nice et Monaco, où il est aujourd'hui presque entièrement détruit. 35. Crocus medius Balb. — Dans les limites du comté de Nice, cette belle espèce a été trouvée par Balbis à Tende, et par moi entre Roquebrune et Gorbio, au-dessus de Menton, à 400 mètres d'élévation ; en Ligurie, je l'ai rencontrée à Perinaldo à 600 métres, et aux Ponti-di-Nava à 950 métres au-dessus d'Oneille. 36. Ruminia hiemalis Parl. (Leucoium hiemale DC.). — Cette plante, exclu- sivement nicoise, habite le massif de rochers qui constitue entre Nice et Menton le dernier échelon des Alpes maritimes, et n'y est pas trés commune. 37. Narcissus Barle Parl. — Espèce très voisine du N. niveus, découverte à Nice par mon ami M. Barla, et retrouvée par moi aux environs de Menton. 38. Luzula pedemontana Boiss. et Reut. — Non-seulement dans les Alpes de Tende, mais encore dans les Pyrénées et en Corse, où il a été confondu, selon M. Parlatore, avecle Z. albida. 39. Carex Grioleti Bert. (C. grisea Viv.). — J'ai trouvé et déterminé un échantillon de ce rare Carez dans l’herbier de M. l'abbé Montolivo, qui l'avait cueilli aux environs de Nice. M. J. Gay le rapporte au C. virescens Muehl., espéce américaine (voy. le Bulletin, t. IV, p. 166). 40. Avena Notarisii Parl. — Alpes de Tende et de la Briga; M. Jordan l'a trouvé aussi dans les Alpes du Dauphiné. M. A. Gris fait à la Société la communication suivante : NOTE SUR UNE PLANTE QUI CONSTITUE PROBABLEMENT UN NOUVEAU GENRE DE LA TRIBU DES MARANTÉES, por M. Arthur GRIS. Une Marantée, d'un port tres élégant et dont l'aspect rappelle assez celui d'un Maranta, a fleuri dernièrement dans les serres du Muséum. Cette pu a été envoyée de Mayotte par M. Richard, directeur du jardin botanique ce l'ile de la Réunion. On peut la caractériser ainsi : SÉANCE DU 41 war 1860. 321 Ovaire à trois loges fertiles; deux staminodes extérieurs (1); tube de la fleur assez court et assez large; anthère adnée environ dans sa moitié infé- rieure ; appendice de l'anthere pétaloide ; stigmate incomplétement recouvert par le cucullus ; inflorescence en épi allongé, grèle. Par la structure de l'ovaire et de l’anthère, cette plante diffère donc du genre Maranta. Ses caractères l'éloignent également des genres Thalia, Iseh- nosiphon, Monostiche, Calathea ; mais elle semble avoir quelque affinité avec les Phrynium. Ceux-ci ont, en effet, la même patrie, deux staminodes extérieurs et un ovaire qui peut être tri-ovulé. Mais, d'autre part, selon M. Kernicke, l’anthère dans les Phrynium est adnée sur toute sa longueur, et le tube de la fleur est droit et étroit. — Si, comme le pense M. Kærnicke, le caractere tiré del'anthere est invariable et essentiel, l'anthere n'étant adnée que dans sa moitié inférieure dans la plante qui uous occupe, cette seule différence, jointe à la forme du tube de la fleur, suffirait pour la séparer du. genre Phry- ntum. Cependant il faut avouer que la caractéristique de ce dernier genre, dont M. Kornicke ne cite que deux especes cultivées dans les jardins et que nous n'avons pas encore vues, est loin d’être fixée d'une manière certaine et définitive. L'avenir décidera de la valeur du genre que je vais décrire sous le nom de Marantochloa que lui a donné M. Ad. Brongniart. MARANTOCHLOA COMORENSIS Ad. Br. —Herba perennis, caulescens, erecta ; caulibus cylindricis, nodosis, ramosis, dichotomis, foliosis, vix puberulis, secundum nodos pubescentibus. Folia disticha, petiolata ; petioli tumore breviter villoso ; vagina extus pubes- cente; limbo ovato-lanceolato inæquilaterali, integro, supra vernicoso læte- que viridi, subtus pallidiore, penninervio (nervis lateralibus creberrimis ascendentibus), secundum costam mediam, præcipue pagina inferiore, pubes- cente, caeterum glabro. Spica gracilis, bracteis arcte rachim nodosam involventibus, distantibus, imbricatis, viridibus, glabris, flores geminos, altero sessili, altero pedicellato, s ipantibus. Sepala 3, erecta, lanceolata, 5-nervia, inaequalia, luteo-virentia. Petala 3, lutescentia, reflexa, oblonga, concava, apice rotundato, breviter e. obtuse cuspidato-replicata, tantum cum partibus interioribus floris ima basi concreta. Staminodia alba. Staminod ia verticilli exterioris duo, petaloidea, inaequalia, altero oblongo subobovato, altero latiore subrotundo valde concavo. (1) Nous profitons de l'occasion qui nous est offerte ici pour faire observer que, dans nos études sur la fleur des Marantées, nous avons adopté jusqu'ici l'opinion générale- ment admise de la disposition des staminodes en deux verticilles, sans avoir fait nous- méme une étude spéciale de leur développement. T. VIL 24 322 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Staminodium callosum callo cristato laterali secundum fere totam longitu- dinem adnato, basi piloso, vertice sensim in laminam plus minusve obtuse triangularem producto, instructum. Staminodium cucullatum oblongo-spathulatum, cucullo semi-aperto, auri- cula brevi, obtusa, vix concava, deorsum iuclinata. i Stamen fertile anthera semi-adnata, appendice petaloidea obovata. Ovarium trigonum, villosum, triloculare, tri-ovulatum, ovulis erectis. Stylus infra breviter attenuatus. Stigma deflexum, oblique truncatum, infundibuliforme, infundibulo obtuse trigono. M. Chatin, à l'occasion de l'herborisation qu'il doit diriger le dimanche 13 mai à la Roche-Guyon (Seine-et-Oise), appelle Pat- tention de la Société sur une colonie de plantes de montagnes, qui se rencontre entre cette petite ville et Vernon. Il cite les Hepatica triloba, Thlaspi montanum, Daphne Mezereum, Luzula maxima. Avec ces plantes croissent Arum italicum et quelques autres espèces qu’on trouve généralement dans des régions beaucoup plus chaudes. M. de Schœnefeld rappelle : 1^ Que le Thlaspi montanum, qui croit dans les bois de la Roche-Guyon, sur le versant de la vallée de l'Epte exposé au nord et abrité par des arbres, se trouve également à Saint-Adrien prés Rouen, sur un coteau aride exposé au midi. 2° Que le Luzula mazima et l'Arum italicum (méme forme que celle de Portvillez prés Vernon, et qui n'est peut-étre pas la méme plante que l'A. italicum de la région méditerranéenne) se rencontrent fréquemment dans la basse Normandie. Quelques-unes des plantes citées par M. Chatin lui paraissent donc devoir étre considérées plutót comme des représentants de la flore normande fran- chissant les limites de la flore parisienne, que comme des plantes descendues des montagnes ou s'étant propagées de la région chaude vers le nord. M. Cosson dit : Que d'une part le climat maritime de la Normandie, et d'autre part la latitude de cette province, font comprendre que l'on puisse y rencontrer à la fois des espèces méridionales, comme les Diotis candidissima, Lagurus ovatus, etc., et des espèces appartenant à la région montagneuse. M. Cosson pense que l'Arum italicum a pu remonter jusqu'à Portvillez, où on l'observe SÉANCE DU 14 mar 4860. 323 sur les coteaux élevés qui bordent la Seine. Cependant il n'est pas néces- saire, pour expliquer des faits de ce genre, de supposer toujours la migration des plantes, qui, en général, se sont développées là où elles ont trouvé des conditions favorables à leur existence. M. Cosson rappelle que, dans le dépar- tement de l'Oise, on a reconnu la présence des Aconztum Napellus, Carda- mine Impatiens, Impatiens Noli tangere, Rubus saxatilis, Vaccinium Vitis (diea, Cynoglossum montanum, Swertia perennis, Lycopodium Selago, Equisetum silvaticum, qui y croissent dans des marais tourbeux ou dans de grandes foréts, dont l'humidité peut compenser le défaut d'altitude. M, Chatin insiste sur les altitudes auxquelles croissent, dans les montagnes, les espèces dont il vient d’être question. Il a rencontré l'Hepatica triloba à 1000 mètres dans le Frankenthal (Vosges), le Luzula maxima dans les bois de pins les plus élevés du Hohneck, le Swertia perennis à la Croix-Morand (Mont-Dore),et à 2000 mètres dans les prairies du Lautaret (Hautes-Alpes). M. de Schenefeld fait observer que, dans le département de l'Oise, l'Aconitum Napellus et le Swertia perennis atteignent une taille démesurée, qui prouve que ces plantes n'y végétent pas dans leurs conditions normales. MM. les secrétaires donnent lecture des communications suivantes, adressées à la Société : DIAGNOSES ET OBSERVATIONS CRITIQUES SUR QUELQUES PLANTES D'ESPAGNE MAL CONNUES OU NOUVELLES, par M. Léon DUFOUR (suite). Hypericum éricoides L. Sp. p. 110^; Cav. Ze. tab. 122. — Coris lutea ericoides fruticans hispanica Barr. ic. 351 (bona). Corymborum bracteæ utrinque unidentatæ,. 2-3-striatæ. Calycis sepala nigro-glandulosa. Stamina sub-30, in fasciculos tres disposita, patentia. An- there flavae ovato-tetragonæ h-valves. Styli 3, divergentes. Capsula ovato- triquetra trilocularis polysperma, valvis extus striatis, intas albis levibus. Semen cylindricum gracile fuscum. — Hab. in rupium fissuris Valentiæ (Petres, Xativa, Moxente). — Septembri. — Ab incolis dicitur Pinillo- de-oro. Arbuscule gazonnant, digne de nos parterres par son joli feuillage glauque, ses fleurs nombreuses et l'odeur délicieuse qni s'exhale de glandules cristallines situées sur ses feuilles. Erodium laciniatum Willd. Procumbens ramosum, pilis retroversis brevibus passim scabriusculum; 324 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. foliis puberulis, radicalibus ovatis subcordatis lobato-pinnatifidis dentatis lon- gius petiolatis, caulinis bipinnatifidis argute serratis ; stipulis (majusculis) invo- lucrisque rufis scariosis ; pedunculo foliis duplo longiore, 7-8-floro ; calycis foliolis aristatis asperulis; petalis cæruleo-violaccis obtusis; fructus arista longissima. — Hab. in arenosis maritimis valentinis et tarraconensibus. Port de l'E. malacoides. Tiges de 1 à 2 pieds de longueur, à articula- . tions intumescentes. Racine pivotante, roussâtre, rameuse, annuelle. Ononis Barrelieri Duf. O. tridentata var. 2° Asso Syn. p. 95. — Cicer montanum fruticans incanum angustifolium serratum minus Barr. ic. 419 (et 299?). C. latifolium, etc. (haud floridum) Barr. ic. 420. Fruticosa erecta ramosa sesquipedalis ; ramis incano-tomentosis ; foliis ter- natis, foliolis carnosis glabris ovato-cuneiformibus, apice sub-5 -dentatis ; sti- pulis bipartitis acutis; pedunculis 4-2-floris; corolla purpurea; legumine cernuo oblongo pubescente subincano, semine reniformi. — Hab. in montibus aridis Navarræ ( Tudela, Peralta), Aragonie (Fuentes, Sanper, etc.). L'espèce décrite et figurée par Cavanilles (tab. 152) sous le nom d'O. tri- dentata L. diffère de celle-ci par ses feuilles linéaires, la plupart entières. — Stipule embrassant la moitié de la tige et adhérente, s'avancant-de chaque cóté en un lobe lancéolé-aigu entier, par conséquent bifide. Le pétiole s'unit par une articulation si faible à la feuille que celle-ci se détache trés facilement. Pédoncule tomenteux; calice velu, à dents aiguës; corolle de moyenne grandeur. La figure 420 de Barrelier représente un individu qui n’est ni fleuri ni à méme de fleurir, Les folioles y sont larges, arrondies. L'épithéte d'angusti- folium (fig. 419) est évidemment comparative avec la fig. 420; elle se rap- porte à un individu non-seulement en fleur, mais très avancé dans la fructi- fication; et, malgré l’épithète, les folioles sont ovalaires. J'ai rencontré ces modifications dans les mêmes montagnes, et Barrelier dit aussi les avoir trouvées ensemble. Anthyllis genistoides Duf. A. Genistæ DC. Prodr. t. V, p. 169. Genista terniflora Lag. Gen. et Sp. n. 290. Hab. in collibus saxosis valentinis (Paterna, Moncada). — Junio. J'ajouterai aux diagnoses de De Candolle et de Lagasca les traits suivants, pris in loco natali. Frutex sesquipedalis erectus, multicaulis vel e basi ramosus, glauco-incanus. Folia primaria ternata evanescentia, reliqua simplicia oblongo- lanceolata firma, superiora acuta, inferiora obtusa, omnia sub lente brevissime pubescentia. Flores in spicam elongatam laxam dispositi, parvi, 3-4 in codem pedunculo axillari. Calyx aequaliter 5- dentatus, oblongus nudus flavescens, dentibus seta- ceis villosis. Corolla lutea, vexillo lateribus reflexo, integro ; alis ovatis obtusis. Stamina omnia connata. SÉANCE DU 14 war 1860. 395 Je ne vois pas sur quels caractères a pu se fonder Lagasca pour faire de cette plante un Genista. Coronilla Clusii Duf. in Ann. sc. phys. Brux. 1820. C. minima Cav. (non L.). C. coronata L. (DC. Prodr. t. V, p. 310).—Polygala valentina Clus. Mist. p. 98, fig. 2. Au milieu de la perturbation synonymique de cette Coronille, je maintiens ma dédicace au célèbre Clusius, qui le premier signala, décrivit et figura cette espèce. Je l'ai cueillie et étudiée dans la méme localité où il la découvrit il v a plus de deux cent cinquante ans. Depuis ma publication de 1820, la science a marché, et j'ai modifié ma synonymie. J'ai eu tort de croire ma plante iden- tique avec le C. minima L. Cette dernière espèce habite une autre zone végé- tale que le C. Clusii, qui est bien plus grand, plus frutescent, plus redressé et avec des feuilles mucronées. Ervum nigricans Bieb. Z. /entoides Ten. Hab. in collibus aridis Xativa. — Maio. Depuis la communication que j'ai faite de cette espèce à quelques amis, sous le nom d' E. uniflorum, yai appris son véritable nom. Minuartia montana Lofl. ; Cav. /c. tab. 568. Viscidula erecta subrigida 1-3-pollicaris ; foliis opposito-connatis subulatis, basi dilatatis, bisulcatis; florum fasciculis subalternis ; petalis ovato-oblongis, calyce quadruplo brevioribus ; capsula ovato-acuta trigona. — Hab. in rupi- bus Tudela, loco dicto penuelas. — Junio. Cette plante, simple ou rameuse, a le port, non d'un Paronychia, mais d'un Arenaria de la section de l'A. fasciculata. Les sépales du calice sont subulés, connivents, blanchâtres sur les bords. Saxifraga veronicæfolia Pers. Syn. t. I, p. 489. Ce nom n'étant point mentionné dans les catalogues de MM. Colmeiro et Graélls sur les plantes des deux Castilles, il me reste des doutes sur la légiti- mité de cette espèce. A la première vue, je la pris pour une modification du S. granulata, et aujourd'hui encore j'incline vers cette idée. Je vais transcrire la diagnose que je formulai au moment où je venais de la cueillir. Mediocriter viscosa; caulis subsimplex 4-5-pollicaris erectus, ad basim tan- tum bulbosus, bulbis radicis nullis. Flores primum congesti, demum laxiores. Petala alba cum nervulis tribus roseis coeuntibus. Ce dernier trait, bien que non cité dans les espèces analogues, et qui aurait peut-étre besoin d'étre de nouveau vérifié, me frappa sans dissiper mes doutes. L'habitat de l'Espagne, indiqué par Persoon, me confirmait dans l'idée que C'était son S. veronicæfolia. Tous les botanistes savent combien l'altitude, l'exposition, la nature du sol modifient le développement et la physionomie des divers individus d'un 326 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. méme type. La localité de Boceguillas, où, le 9 avril 1808, je rencontrai ce Saxifraga, est un terrain sec et caillouteux, au pied de la chaine de Guadar- rama, dont la créte est le Port-de-Somosierra. Des graines ou des bulbilles se seront peut-être égarés de leur humide patrie du voisinage, pour trainer, dans ce nouvel habitat ingrat, une chétive existence. J'ai dit ailleurs (1) que, dans les sites ombreux et humides des pentes septentrionales du Port-de-Nava- cerrada de la méme chaine de Guadarrama, le Suzifraga carpetana Boiss., dont les tiges, à rameaux lâches et succulents, s'élèvent jusqu'à 2 pieds de hauteur, n'est que l'exagération, presque l'hypertrophie du S. granulata légi- time, puisqu'un jeune pied que je transportai en 1854 de cette localité dans mon jardin de Saint-Sever, ne me donna l'année suivante qu'un S. granulata pur sang. Je présume que le S. corsica des auteurs de la Flore de France rentre dans la méme catégorie que les modifications dont je viens de parler. Trinia Dufourii DC. Prodr. t. IV, p. 104. Caules sesquipedales erecti ramosi glabri striati, basi petiolis exsiccatis ob- vallati. Folia bipinnata, laciniis filiformi-linearibus, supra canaliculatis, in ramulis petiolis membranaceis integris. Umbella 5-8-radiata, absque involucris involucellisque. Flores parvi, petalis inflexis integris subacuminatis albidis cum linea violacea dorsali. Calyx ob brevitatem fere nullus. Fructus ovatus sub- gibbosus 10-sulcatus glaber aromaticus. Radix pollicis crassitie, fusiformis, apice 2-3-partita, albido-flavescens. Planta dioica. — Hab. in saxosis aridi: Navarra (Tudela), regni valentini (Xerta). — Floret maio, junio. J'avais jadis envoyé cette plante à De Candolle sous le nom de Seseli dioi- cum. Je pense que les détails descriptifs que je viens de donner pourront éclair- cir la classification de cette Ombellifére comme genre et comme espéce. Asperula maerorrhiza Link. A. scabra Presl in DC. Prodr. t. IV, p. 584. J'ai donné la description détaillée de cette espèce dans le Systema vegela- bilium de Rœmer et Schultes (t. TII, p. 529) auxquels je l'avais envoyée, ainsi qu'à De Candolle, sous le nom d'A. digyna, à cause de son double style. — Elle se trouve dans les lieux arides de Navarre (Tudela), de Catalogne (Mora), de Valence (Moxente). Crucianella patula L. C. pentandra Duf. olim. J'en ai inséré la description dans le Systema vegetabilium de Rœmer et Schultes (t. ITI, p. 533) ; je n'y reviendrai pas. — Cette plante est commune aux penuelas de Tudela ; je l'ai trouvée aussi à Moxente et à Aranjuez. Galium fruticescens Cav. Jc. tab. 206, lg 2 Aspect du G. Mollugo; souche frutescente ; tiges de 12 à 48 pouces, ta- lées ; feuilles des tiges à verticille de 8, celles des rameaux à verticille de 6, (1) Madrid en 1808 et Madrid en 1854. SÉANCE DU 14 Mar 1860. 827 roides mucronées luisantes, à bords aspérules; fleurs en grappes lâches ; corolle blanche ; graine g/abre luisante. — Croit dans les lieux pierreux et secs de Mora. — Août. Tripolium longicaule Duf. Caule glabro erecto virgato subsimplice bipedali ; foliis subbipollicaribus lineari-lanceolatis, haud carnosis, trinerviis integris, margine vix scabris ; corymbo paucifloro, ligulis cæruleis. — Hab. in paludibus maritimis, ad Rapita. — Octobri. J'envoyai jadis cette plante à De Candolle, qui l’a citée comme simple variété du 7r. vulgare (Prodr. t. V, p. 253). Je ne conteste point son affinité avec ce dernier, mais ses feuilles ne sont pas charnues et je crois l'espéce annuelle. Helichrysum angustifolium Lam. Encycl. n. 31. — Chrysocoma marina umbellata Barr. ic. 1125. Fruticosum subincanum erectum ; ramis simplicissimis elongatis; foliis lineari-filiformibus, margine revolutis ; floribus corymboso-capitatis ; squamis involucri flavis obtusissimis. — Hab. in collibus calcareis, Mora-de- Ebro. — Julio. Souche évidemment ligneuse, cassante, émettant plusieurs tiges, souvent de 2 pieds de longueur. Fleurs comme en ombelle très serrée. Peu de botanistes, depuis Lamarck, ont bien connu cette espèce. Les divers échantillons recus avec cette dénomination, soit de Corse, soit du midi de la France, n'étaient que des modifications de PH. Stæchas. Notre espèce, qui est bien celle de Barrelier, différe totalement de cette derniére. Chrysanthemum paludosum Desf. Chr. setabense Duf. in Ann. sc, phys. Brux. 4820. Hab. in collibus subhumidis, Xativa. — Martio, aprili. Erreur n'est pas compte, dit-on. J'avais jadis publié (/. c.) cette espèce sous le nom de Chr. setabense, mais j'ai reconnu depuis que c'est le Chr. paludo- sum de Desfontaines, bien que cet auteur l'eüt méconnu d'apres les échantil- lons consultatifs que je lui avais transmis. Senecio difficilis Duf. in Ann. sc. nat. t. V, p. ^29, tab. 44. S. gallicus Vill. in DC. Prodr. t. VI, p. 346. Erectus, pilis lanosis articulatis apice presertim obsitus ; foliis amplexicau- libus subcarnosis dentato-pinnatifidis ; calyce glabro ecalyculato ; ligulis revo- lutis patulisve ; receptaculo nudo; seminibus albido-pubescentibus. — Hab. in saxosis Navarrae (Tudela), necnon in arenosis valentinis. — Floret aprili. Il ressemble tellement au 5. vulgaris que, si on lui enlevait les sommités fleuries, il serait fort difficile de l'en distinguer. Il offre un aspect différent suivant la nature du sol : dans les lieux caillouteux, il s'éléve à 3 ou 5 pouces, et, sur les bords sablonneux du Turia à Valence, il atteint jusqu'à 1 pied 1/2 328 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de hauteur. Il exhale une odeur forte ; ses fleurs ont presque les dimensions de celles du S. Jacobæa, et ses fleurons sont trés hygrométriques. L'aigrette est simple et sessile. Dans ce Sénecon, comme dans les S. vulgaris et silvaticus, il existe une qualité de poils cloisonnés ou articulés analogues à ceux de certaines Conferves, et l'ensemble de ces poils constitue une sorte de bourre blanche abondante, surtout autour des feuilles tendres. Onopordon uniflorum Cav. Zc. tab. 88 (bona). Acaule uniflorum ; foliis dense tomentoso-bombycinis, margine sinuato- dentatis (pinnatifidis Cav.), spinosis; squamis calycinis angusto-lanceolatis acuminatis spinosis. — Hab. in aridis saxosis Valentie (Moncada), Aragonie (Batea, Mequinenza). — Julio. Serratula leucantha DC. Carduus leucanthos Cav. J'ai décrit à tort cette espèce (Ann. sc. nat. t. XXII, p. 156) sous le nom de S. flavescens. Les corolles sont, in vivo, d’un blanc pur, candide. L’aigrette est velue et non scabre. — Je l'ai trouvée sur les collines stériles de Tudela, en juin. Carduncellus tingitanus DC. et Duby Bot. p. 281. Carthamus tingitanus L. Sp. p. 4462; Cav. Jc. tab. 128. — Atractylis cerulea incisis foliis hispanica Barr. ic. 594 (bona). Caule unifloro erecto; foliis profunde pinnatifidis spinosis ; squamis calyci- nis exterioribus spinosis, interioribus apice orbiculatis scariosis; flore cæruleo. — Hab. in saxosis, Gandesa Catalauniæ, Porta- Celi Valentie. — Maio. La figure de Barrelier, négligée par les auteurs, est excellente. (La suile à la prochaine séance.) ESSAI MONOGRAPHIQUE SUR LES ESPÈCES, VARIÉTÉS ET HYBRIDES DU GENRE MENTHA L. QUI SONT CULTIVÉES OU QUI CROISSENT SPONTANÉMENT DANS LES PYRÉNÉES CENTRALES ET DANS LA PARTIE SUPÉRIEURE DU BASSIN SOUS-PYRÉNÉEN (HAUTE- GARONNE), par M. Edouard TIMBAL-LAGRAVE (sito). Mentha candicans Crantz Austr. p. 330. M. silvestris a DC. Fl. fr. t. II, p. 533. M. silvestris B candicans Benth. in DC. Prodr. t. XIL, p. 160. M. silvestris var. candicans Wirtgen Herb. Menth. rh. ed. 2, n. 15. — Forma 4 Nob. Tige dressée, tomenteuse, incane, rameuse; rameaux courts, peu étalés, flurifères, ceux du milieu et de la base encore plus courts non floriferes; feuilles lancéolées, arrondies, un peu en cœur à la base, brièvement pétiolées, très grandes, tomenteuses, blanches-argentées en dessous, pubescentes, vert cendré en dessus, dentées à dents égales peu saillantes très espacées ; brat- tées linéaires-subulées, égalant à peine les fleurs, trés Aérissées, cotonneuses : ` SÉANCE DU 14 Mar 1860. 399 fleurs en épis longs de 4 à 6 centimètres sur 10 millimètres de largeur, un peu interrompus à la base; calice blanc, tomenteux, un peu rosé sur les dents, à dents égalant le tube, ciliées par des poils blancs et brillants ; corolle légère- ment rosée, du double plus grande que le calice ; étamines exsertes ; nucules roussátres, ovoides, verruqueuses, atténuées aux deux bouts. — Fleurit en septembre, un peu plus tard que les autres. Hab. Les vallées pyrénéennes, sur les bords des eaux vives et froides des montagnes de Bagnères-de-Luchon. Obs. Cette espèce se distingue du M. silvestris L. par ses feuilles sensible- ment pétiolées, plus grandes, blanches-argentées en dessous; par ses calices couverts de poils blancs brillants ; par sa corolle grande, ses nucules ovoides très peu ridées. Elle est couverte, dans toutes ses parties, d’une pubescence blanche courte et serrée qui rend la plante douce au toucher. Mentha candicans Crantz Austr. p. 330. — Forma 2, angustifolia Nob. (M. silvestris y angustifolia Lap. Hist. abr. Pyr. p. 331). — Diffère du type par ses feuilles lancéolées-étroites et trés petites ; par sa tige rameuse au sommet, ses rameaux étalés ; plante plus basse, plus petite. Hab. Comme le type et les mêmes lieux. Mentha candicans Crantz Austr. p. 330. — Forma 3, ramosa Nob. — Cette forme différe des deux Lets par ses feuilles plus grandes, ses tiges tres rameuses au sommet, à rameaux dressés; par ses fleurs en épis longs courbés et divergents ; cette forme est un état luxuriant du type. Hab. Les mémes lieux que les deux précédentes. Mentha mollissima Borkh. in //. Wett. t. II, p. 348. M. incana Smith? M. silvestris a mollissima Benth. in DC. Prodr. t. XII, p. 166. M. sil- vestris Lap. Hist. abr. Pyr. p. 331 et herb. ! Tige dressée, de 7 à 10 décimétres, tomenteuse-/aineuse et rameuse dans ses trois quarts supérieurs. Tous les rameaux sont trés courts ; les supé- rieurs, seuls florifères, n'atteignent pas le milieu de la feuille. Feuilles trés longues, ovales-lancéolées ; celles du milieu des tiges longues de 10 à 11 centi- mètres sur 2 à 3 centimètres de largeur, atténuées aux deux bouts, très aiguës au sommet, sessiles à la base, blanches-cendrées en dessous, pubescentes en dessus, dentées en scie à dents égales et aiguës; bractées linéaires-subulées, plus courtes que les fleurs ; celles-ci en épis cylindriques, érès compactes même à la base, longs de 10 à 12 centimètres sur 2 de largeur; calice campanulé, tomenteux et hérissé, souvent coloré en rose ou pourpre, à dents plus courtes que le tube, linéaires-subulées ; corolle rose, deux fois plus grande que le calice; nucules ovoides, finement verruqueuses, glabres aux deux bouts. — Fleurit en septembre. Hab. Les eaux vives et froides des montagnes : vallées de Lys, de Luchon, bords de la Pique, etc. 330 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Obs. Voisine, quoique bien distincte, du M. candicans, cette espèce en diffère par ses grandes feuilles atténuées aux deux bouts, acuminées, sessiles, dentées en. scie à dents aigués ; par ses épis trés longs et trés épais, compactes ; par ses calices purpurins, à tube plus long que les dents ; par ses rameaux inférieurs plus courts.que les feuilles; enfin par son port et son facies, qui lui donnent l'aspect d'une espéce bien tranchée. La plante publiée par M. Wirtgen sous le nom de M. mollissima (ed. 2, n. 1^) diffère notablement de celle que je viens de décrire, et, si j'avais été sür que la plante de ce savant botaniste füt celle de Borkhausen, je n'aurais pas hésité à donner une autre dénomination à la forme pyrénéenne ; mais, pour éviter de créer un nom nouveau, je me contente provisoirement de la rapporter au M. mollissima Borkh. Ma plante se trouve dans l'herbier de Lapeyrouse sous le nom de Mentha sil- vestris L., et je considère le M. niliaca Willd. Sp. t. III, p.,76, comme une forme de cette espèce, commune dans les mêmes lieux que le type. Mentha nemorosa Willd. Sp. t. III, p. 75 ; Lois. Fl. gall. t. TI, p. 26. M. altera Dod. Pempt. p. 95. M. silvestris € nemorosa Benth. in DC. Prodr. t. XII, p. 167. Tige de 7 à 10 décimètres, pubescente, rameuse au sommet; rameaux très courts, dressés; feuilles sessiles, ovales-elliptiques, un peu en cœur à la base, très grandes et minces (6 à 7 centimètres de longueur sur 4 à 5 de largeur au milieu), glabrescentes et cendrées en dessous ; bractées ovales, en cœur à la base, acuminées, subulées au sommet, plus courtes que les fleurs; celles-ci en épis courts de 5 à 6 centimètres ; calice campanulé, à dents iné- gales, striées, ciliées; corolle blanche; nucules ovoïdes, finement verru- queuses. -— Fleurit en septembre. Hab. Les cours d’eau des grandes rivières, le Tarn à Saint-Sulpice, l'Ariége à la Croix-Falgarde ; le bas des vallées des montagnes, celles de Lys, de l'Hos- pice, d'Oo, prés Bagnéres-de-Luchon. Obs. Cette espèce s'éloigne du M. silvestris, à laquelle plusieurs auteurs l'ont réunie, par ses feuilles du double plus longues et plus larges, minces, pubescentes et non tomenteuses ; par ses fleurs disposées en épis courts ; par ses rameaux peu développés ; par son calice glabrescent, à dents inégales, $a corolle blanche, ses nucules allongées ovoides; enfin par son port, son facies et son vestimentum. Ces mêmes caractères la séparent également des M. candi- cans et mollissima. | Mentha nemorosa GB crispa Nob. (M. silvestris n crispa Benth. in DC. Prodr. t. XII, p. 167. M. silvestris B undulata Koch Syn. ed. 2, p. 632. M. undulata Willd. Enum. hort. ber. p. 608. M. crispa Gaud. Fl. helv. t. IY, p. 34). — Cette variété, qui se maintient en se reproduisant par sto- lons, se distingue du type par ses feuilles ondulées, incisées aux bords, Ires SÉANCE DU 14 Mar 1860. 331 inégalement dentées, sessiles, en cœur à la base ou embrassantes ; par ses fleurs en épis gréles allongés ; par ses fleurs un peu rosées. Hab. Les mêmes lieux que le type; commune aux environs de Luchon, principalement aux bords de la Pique, près du pont de Juzet. Obs. Je ne sais à quelle espèce doit être rapporté le W. crispa de Linné, toutes les espèces pouvant accidentellement présenter cette disposition dans les feuilles, disposition qui paraît se maintenir assez longtemps dans la variété dont nous venons de parler, quand clle se reproduit par ses stolons. Je considère comme espèces distinctes les M. candicans, mollissima et ne- morosa, quoique je sache très bien que plusieurs botanistes ne voient dans ces plantes que des variétés du M. silvestris ; j'aurais peut-être été entrainé comme eux vers cette opinion restrictive, si je n'avais cherché des preuves en dehors des caractères que ces botanistes ont l'habitude d'observer. Mais j'ai vu ces trois plantes, en se fécondant entre elles ou en fécondant d'autres especes voisines, donner naissance à des hybrides dans lesquelles on pouvait facilement reconnaitre la participation de chacune d'elles, et saisir sans peine les caractères qu'elles communiquaient à ces plantes bàtardes. J'ai cru, comme je l'ai dit, qu'une simple variété ne pouvait imprimer à une hybride les caracteres qui la distinguent d'un type primitif, quelque légers que soient ces caractères, et qu'une forme, déjà variable par sa nature, devait, par une génération croisée, varier davantage encore, loin de pouvoir se perpétuer. 8 2. Tube de la corolle velu intérieurement ( ZRICHOMENTIA), A. Nucules verruqueuses (Aquatic). Mentha aquatica L. Sp. p. 805; Noulet F/. bass. s.-pyr. p. 505. M. aqua- tica a G. G. Fl. de Fr. t. II, p. 651; Koch Syn. ed. 2, p. 63^ ; Wirtgen Herb. Menth. rh. ed. 2, n. 28. M. hirsuta Duby Bot. p. 371. Tige 4érissée, dressée, ordinairement rameuse dès la basé : rameaux très étalés, atteignant et dépassant même la hauteur de l'axe primaire; feuilles pétiolées, ovales, non en cœur à la base, aiguës au sommet, dentées en scie à dents égales, couvertes sur les deux faces de poils épars assez nombreux ; bractées ovales-lancéolées, plus courtes que le calice; fleurs en épis globuleux, terminaux, avec deux glomérules à l'aisselle des deux feuilles qui suivent l'épi; calice poilu à l'orifice, globuleux ou oblong, à dents triangulaires, subulées, plus courtes que le tube ; celui-ci hérissé ou cilié sur les côtes, glabrescent dans les intervalles qu'elles laissent entre elles; corolle velue en dedans ; nucules ylobuleuses et verruqueuses, — Fleurit en août et septembre. Hab. Toulouse, tous les lieux humides, les fossés, les flaques d'eau, les bords de nos rivieres. Mentha aquatica B hirsuta Koch Syn. ed. 2, p. 63^: Noulet FT. bass. 332 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. s.-pyr. p. 505; G. G. FL. de Fr. t. V, p. 651 (M. hirsuta L. Mant. p. 81). — Gette variété, considérée à tort comme espèce par plusieurs botanistes, n'est qu'un état particulier du .M. aquatica, dà surtout à la diminution subite de l'eau des marais où elle croit, ou bien à son exposition au soleil, sans être abritée par des arbres, des ronces, etc. Elle se distingue du type par ses tiges dressées, simples ou à rameaux courts, n'atteignant pas l'axe primaire; par ses feuilles plus petites, plus ovales, plus en cœur à la base; par ses fleurs en épis terminaux ; rarement on trouve des glomérules aux feuilles inférieures. La plante est en outre plus hérissée dans toutes ses parties. On la trouve, dans les conditions que j'ai indiquées, dans tout le bassin. Mentha aquatica y Chaizii Nob. (M. dubia Chaix in Vill. Dauph. t. J, p. 358 et in herb. v. 1,f. 199; Timb. -Lagr. Obs. crit. herb. Ch. in Mém. Acad. Toul. série 4, t. VI, p. 110). — Tige simple, dressée, longue de 5 à 10 déci- métres, hérissée dans toute sa longueur, mais beaucoup plus au sommet qu'à la base, rameuse au sommet seulement ; rameaux courts, étalés, les deux supérieurs dépassant l'axe primaire, les inférieurs non florifères ; feuilles ovales-allongées, pointues, un peu en cœur à la base, pétiolées (à pétioles très courts sur les rameaux, ailés par le limbe décurrent des feuilles), dentées à dents fines écartées inégales, couvertes surtout en dessous de poils blancs gros et brillants, ce qui n'a lieu ni dans l'Airsuta ni dans l'aquatica ; bractées ovales-lancéolées ; fleurs en épis globuleux et axillaires ; glomirules plus petits que ceux de l'aquatica ; calice allongé en entonnoir et nullement globuleux, très hérissé ainsi que le pédicule, à tube coloré en pourpre vif, à dents égalant le tube ; corolle purpurine, dépassant peu les dents du calice et non du double plus longues ; étamines à filets courts, incluses, atteignant à peine le milieu du tube; pistil inclus, quoique de la longueur de la corolle ; nucules ovoides, noires et verruqueuses. Hab. Cette variété est commune sur les bords du Tarn, entre Saint-Sulpice et Buzet (rive droite}. : Obs. Le caractère tiré des étamines incluses ou exsertes, dont quelques bota- nistes se sont servis pour distinguer certaines espéces, ne parait pas constant; aussi est-il à peu prés abandonné par les botanistes modernes. Pour ma part, la plante que je viens de décrire est la seule qui m'ait offert des étamines incluses. B. Nucules lisses (Arvenses). Mentha arvensis L. Sp. p. 806 ; Noulet F/. bass. s. -pyr. p. 505; Wirtgen Herb. Menth. rh. ed. 2, n. 43. — Forma legitima, Tige couchée-ascendante, hérissée, rameuse dès la base ; rameaux étalés sur le sol, ascendants, atteignant rarement la hauteur de l'axe primaire; feuilles hérissées sur toute leur surface, les inférieures presque rondes, créne- SÉANCE DU 11 Mar 1860. 333 lées, les supérieures ovales-obtuses, dentées, courtement pétiolées. (toutes vont en diminuant de la base au sommet, où les rameaux se terminent par un faisceau de feuilles); bractées courtes, ovales-lancéolées, acuminées ; fleurs en glomérules tous axillaires dépassant les pétioles; calice campanulé- urcéolé, glabre à l'orifice, à dents plus courtes que le tube, triangulaires, aiguës, hérissées et ciliées; corolle rose, velue intérieurement ; étamines exsertes ; nucules lisses, ovoides, roussâtres. — Fleurit en septembre. Hab. Les champs cultivés, les terres meubles, sur les bords dela Garonne, de l'Ariége, où elle est trés commune. Mentha arvensis L.B simplex Nob. — Variété qui diffère du type par sa tige simple dressée, sans aucune trace de rameaux; par ses feuilles plus petites, quoique de même forme. Hab. Les ramiers (1) de la Garonne, où elle abonde. Mentha parietarifolia Bech. in Boreau 7/7. du centre, éd. 3, p. 515. M. arvensis var. parietarifolia Wirtgen Herb. Menth. rh. ed. 2, n. 45. M. gentilis Noulet F1. Toul. p. 119? Tige couchée-ascendante, rameuse dès la base; rameaux érès faibles, étalés- ascendants, atteignant à peu près l'axe primaire, tous terminés par un fais- ceau de feuilles ; feuilles pétiolées, lancéolées-rhomboidales, atténuées en pétiole, hérissées sur les nervures, faiblement dentées à dents obtuses toutes égales ; bractées ovales, acuminées ; fleurs en glomérules tous axillaires, bien plus courts que le pétiole ; calice court, globuleux, aussi large que long, sans poils à l'orifice ; corolle rosée, velue intérieurement: nucules lisses, roussâtres, elliptiques. — Fleurit en aoüt et septembre. Hab. Toutes les prairies des environs de Bagnéres-de-Luchon, dans les vallées de Lys, de Burbe, de la Pique ; dans le bassin sous-pyrénéen, sur les bords de l'Ariége, près du moulin de Goyrans. Mentha Palegium L. Sp. p. 807; G. G. Fl. de Fr. t. II, p. 654. Pule- gium vulgare Mill. Dict. n. 1; Noulet F1. bass. s.-pyr. p. 506. Tige simple, dressée, portant des fleurs dès le milieu, à rameaux floriferes, émettant dès la base des stolons courts et filiformes; feuilles elliptiques Ou arrondies, obtuses, atténuées en court pétiole, velues, peu ou pas dentées; bractées égalant les fleurs; fleurs en glomérules nombreux, tous axillaires, régulièrement espacés sur les rameaux ; calice tubuleux, bilabié, velu à la gorge, resserré à la maturité, à dents égalant le tube, lancéolées-subulées ; étamines exsertes. — Fleurit en août et septembre. lab. Les fossés, les lieux humides, dans tout le bassin, où il abonde. (1) bans le midi de Ja France, on donne ce nom aux alluvions des rivières plantées de peupliers ou couvertes de saules. 334 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Mentha Pulegium L. B prostrata Nob. — Plante dépourvue de tige cen- trale, mais émettant des tiges nombreuses, couchées-ascendantes, blanches- tomenteuses, hérissées ainsi que les feuilles ; celles-ci entières, arrondies, atté- nuées en pétiole; fleurs plus grandes que dans le type; rose vif, à tube blanc. Hab. Le Lauraguais, à Nailloux, où elle abonde. Si les expériences de cul- ture prouvent, comme le dit M. Boreau, que cette forme ne varie pas, elle pourrait constituer une espèce (M. orci). Le M. Pulegium vient souvent péle-méle avec les M. aquatica L. et rotun- difolia L.; il fleurit en méme temps que ces dernières espèces. Malgré ces circonstances trés favorables à l’hybridation, je n'ai jamais pu rencontrer aucune forme ayant méme l'apparence d'une hybride. La résistance que présente le .M. Pulegium à l'action hybridante d'un pollen étranger, est d'autant plus remarquable que les M. aquatica et rotundifolia sont trés faciles à hybrider, comme le prouvent les hybrides que nous allons décrire ; cette circonstance, qui semble particulière au M. Pulegium, ne serait-elle pas une preuve nouvelle à ajouter à celles indiquées par Miller, quand il a voulu établir son genre Pulegium ? (La fin à la prochaine séance.) SUR LA CONSERVATION DANS LE SOL DES GRAINES DE DIVERSES PLANTES, pr M. Eugène MICHALET. T) (Dóle, 20 avril 1860.) La Sociéte botanique a, jusqu'à présent, accueilli avec quelque intérét les communications relatives à la durée de la faculté germinative des semences des plantes, ainsi qu'à l'apparition subite de certaines espèces dans des lieux où elles manquaient auparavant. J'en prends occasion pour lui soumettre quelques faits à ce sujet. Le premier de ces faits est relatif à ce qui se prodüit dans les étangs de la Bresse et de toute cette région d'alluvions qui sert de lisière aux montagnes du Jura. Ges étangs sont soumis à une alternance assez régulière de mise en can et d'assec ; ce régime a même été fixé autrefois par divers statuts de là coutume de Bresse, qui n'ont pas perdu toute vigueur, et il en est résulté, en quelques endroits, un démembrement assez curieux de la propriété, consistant en ce que la mise en eau (ott évolage) appartient à certains propriétaires, et l'assec à d'autres, Chacun de ces aménagements est accompagné de l'apparition con- stante de quelques espèces spéciales et, par la méme raison, amène la disparition, pendant un temps plus ou moins long, d’autres espèces. Ainsi les plantes aqua- tiques, telles que C hara, Potamogeton, Naias, Limnanthemum, manquent nécessairement pendant que l'étang est en culture. Réciproquement la remise en eau fait disparaitre toutes celles qui occupaient le lit de l'étang desséché. SÉANCE DU 11 wai 1860, 335 La réapparition périodique de ces espèces n'a rien de bien étonnant, lorsque la mise en eau ne dure que trois ou quatre ans et l'assec un ou deux, ce qui est le cas le plus fréquent. Mais, quand on maintient la mise en eau ou l'assec pen- dant douze ou quinze années consécutives, le fait est plus remarquable, sürtout si l'on considère que la profusion avec laquelle se montrent constamment ces espèces n'en diminue nullement. C'est précisément ce quiest arrivé l'an dernier pour deux de nos grands étangs, qu'on avait cultivés sans interrup- tion depuis au moins douze années. En les visitant, j'ai trouvé sur leurs bords le Seirpus supinus en touffes innombrab es, bien que je n'y en eusse pas ren- contré un seul pied jusqu'alors ; puis, dans l'eau et trés abondant, le Potamo- geton heterophyllus qui manque à tous nos autres étangs, et enfin "un tapis serré des Chara Braunit Gmel. et fragilis Desv. Comme, d’après la disposition des lieux, il est impossible d' admettre le transport par un moyen quelconque de toutes ces semences, il n'y a d'autre explication plausible que leur conser- vation sur place. Mais il faut noter que, pendant toute la durée de l'assec, les lits de ces étangs ont été labourés et retournés en tous sens, de sorte que les graines de ces plantes aquatiques ont dû, chaque année, subir un dérange- ment dans leur position, étant tantôt enfouies à un demi-pied, tantôt rame- nées à la surface, exposées par conséquent à toutes les influences de l'air et de la lumière, et dans les conditions qui semblaient devoir amener le plus tôt la perte de leur vitalité. Le fait inverse se produit, comme nous l'avons dit, lors de la mise à sec de l'étang ; mais on conçoit que, pour des plantes stagnales, le sol doit demeurer suffisamment humide. Or la culture a un effet tout contraire; aussi n'est-ce que la première année de l'assec, et bien rarement la seconde, que l'on voit apparaitre toute cette nouvelle végétation, d'autant plus curieuse qu'on y ren- contre à profusion des espèces dont autrement on trouve à peine dans nos contrées quelques individus isolés. Je signalerai Carex cyperoides, Scirpus Michelianus, Rumex maritimus, Potentilla supina, et surtout une nouvelle espèce du genre Bidens (B. fastigiata Michalet in Mém. Soc. d Émul. du Doubs, 4855), qui n'a pas encore été trouvée hors de la Bresse jürassienne, et quise montre avec une régularité et une abondance singulières datis presque tous les étangs de cette région, seulement l'année qui suit le retrait des eaux. Quand un étang est définitivement asséché, on le transforme em terres labourables ou en prairies, plus rarement en bois. Dans le prentier cas, la culture et le retournement du sol par la charrue finissent par occasionner la destruction de la faculté germinative, bien que cela n'arrive qu'au bout d’un temps assez long. Mais, s'il y a eu formation de prairies, les graines, se trotivant enterrées sous un lit assez épais de gazon et souvent de fotitbe, sé conservent Presque indéfiniment. Aussi ne manque-t-on pas de voir reparaitre ces plantes lorsque, par exemple, on ouvre un fossé d'assainissement. J'ai pii faire cette observation dans plusieurs anciens étangs des cantons de Chaussin et de Chau- 336 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. mergy (Jura), dont un notamment est desséché depuis une cinquantaine d'années. La plupart de nos autres plantes stagnales pourraient donner lieu à des observations semblables. Telles sont les E/atine triandra, hexandra, Alsinas- trum, Lindernia pyxidaria, Alisma Damasonium, Utricularia vulga- ris, etc. Comme les années ne sont pas toutes également propices à leur déve- loppement, on reste quelquefois longtemps sans les apercevoir, puis elles se montrent en quantité. Nos Nymphéacées sont dans le méme cas. J'ai récolté, dans un fossé qu'on venait d'ouvrir, au milieu du lit d'un ancien étang, un jeune pied de Nufar luteum, encore muni à sa base de la coque séminale qui n'avait été nullement altérée par un séjour de cinquante ans peut-étre sous la tourbe humide. Le Leonurus Marrubiastrum, peu répandu d'ailleurs en France, manquait complétement aux environs de Chaussin (Jura), ainsi que dans tout l'arrondis- sement de Dóle. En 1858, j'en ai trouvé plusieurs pieds sur les talus et au fond d'un petit fossé d'assainissement creusé au milieu de la campagne. Je l'ai vai- nement cherché ailleurs, et méme le semis que j'en avais fait pour le multi- plier a totalement manqué. Ces graines devaient se trouver là depuis un temps que je ne puis évaluer. Voici deux faits, à l'explication desquels on n'accordera, si l'on veut, qu'une valeur hypothétique, bien que les circonstances dans lesquelles ils se sont pro- duits ne me semblent pas permettre de leur assigner une autre cause. J'ai déja signalé le premier de ces faits (Mémoires de la Soc. d’ Émul. du Doubs, 1856, p. 5); j'y reviens en le complétant. Le Galium anglicum Huds. était si rare aux environs de Chaussin que je n'en avais pu trouver qu'un seul individu. 1l y a cinq ans, un chemin fut établi sur le territoire de cette commune, et, pour l'empierrer, on prit du gravier dans une sablière creusée au milieu d'un champ stérile. Ce Galium apparut aussitôt, en grande quantité, tout le long du chemin, aux places oü l'on avait déposé ce gravier. En visitant la sabliere, je l'y rencontrai également. Depuis, celle-ci a été abandonnée, et le Galium a dis- paru de tous les lieux où il s'était montré si abondamment, Ce qu'il faut encore noter, c'est qu'il ne croissait que sur le côté de la route où étaient déposés les tas de graviers. Ainsi, la première année les tas étaient à gauche, et la se conde année à droite; la plante passa avec eux du côté gauche sur le côté droit. Il est donc évident que les graines étaient mélées au gravier ; cela étant, elles doivent remonter à l'époque où s'est formé ce dépôt. Ce terrain, qui appartient à l'alluvion moderne de la vallée du Doubs, ne peut, à la vérité, étre fort ancien ; cependant il doit dater au moins de deux ou trois mille ans, Cat on a retrouvé, à peine à 100 mètres de là, des sépultures gallo-romaines situées à la profondeur ordinaire, ce qui prouve que le sol était déjà complétement affermi et sans doute cultivé. L'autre observation concerne une plante dont la présence dans nos contrées SÉANCE DU 14 mar 41860. 287 est beaucoup plus remarquable. I s'agit du Trifolium filiformeL. (T. mi- cranthum Viv.), espèce qui ne quitte guère les bords de la mer et les vallées des grands fleuves. C'est encore auprès des tas de graviers, destinés à l'empier- rement d'une route d'exploitation de la forét de Chaux prés Dóle, que je l'ai rencontré. 1l croissait par places assez restreintes, mais en quantité, et végétait vigoureusement. Plusieurs individus atteignaient 3 décimètres. Depuis, il a en grande partie disparu. Le dépôt de gravier exploité appartenant à l'alluvion ancienne, ou au moins aux temps diluviens, il est plus difficile ici d'admettre l'enfouissement des graines au moment de la formation du terrain. Cependant, comment expliquer par voie d'importation accidentelle la présence, au milieu de cette vaste forét, d'une plante dont les stations les plus voisines sont à 60 ou 80 lieues ? L'examen de la sablière ne m'a fourni aucune donnée; elle était complétement stérile. Je ne parlerai pas de la réapparition périodique de certaines espèces silvi- coles aussitót aprés la coupe ; ce fait est déja trop bien constaté pour qu'il y ait lieu d'y revenir. Jesignalerai seulement le Senecio silvaticus, comme obéissant chez nous avec assez de régularité à cette sorte de loi d'alternance dans la végétation. Dans le méme ordre de faits, il faut ranger la diffusion presque instantanée, dans une localité, de plantes qui y étaient rares auparavant. Le Phelipæa cerulea C.-A. Mey. m'en a offert un cas assez remarquable. On sait que cette Jolie Orobanchacée est d'ordinaire en très petite quantité, non que sa plante nourricière soit rare, mais parce que peu de stations lui conviennent. Or je lai rencontrée deux ans de suite, en 1851 et 1852, croissant par centaines et méme par milliers d'individus, dans des prés caillouteux des bords du Doubs, vis-à-vis de Parcey. L'année suivante, il n'y en avait plus un seul pied, et je n'ai pas encore pu la revoir en cet endroit, non plus qu'en un autre pré situé au bord de la méme rivière, où elle s'était aussi montrée en quantité. S'il n'y en avait eu que quelques touffes, on aurait pu les croire descendues des montagnes du Jura, oü cependant cette espèce est fort rare; mais, dans le cas présent, il s'agissait d'un véritable ensemencement sur prés d'un hectare, la plante man- quant absolument dans tous les lieux voisins. Enfin, ce qui me parait ne laisser aucun doute sur le fait de l'enfouissement des graines dans ce lit de cailloux roulés, c'est que cette diffusion si abondante a coincidé précisément avec la plantation de ces terrains ; la surface du sol a été remuée et fouillée plus ou moins profondément ; cette circonstance a. tout à la fois déterminé la germi- nation des semences de Phelipæa, et favorisé la multiplication de l Achillea Millefolium nécessaire à leur développement. En observant soigneusement sur place les faits de ce genre, et ils sont plus nombreux qu'on ne le croit, on arriverait certainement à des résultats impor- tants pour l'étude des causes physiques et extérieures de la dispersion des plantes. Par exemple, on pourrait savoir à quoi s'en tenir sur la légitimité T Xu 22 338 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. (qu'on me passe ce mot) de plusieurs localités qui créent pour certaines espèces des stations exceptionnelles, et modifient notablement les limites de leur aire normale. C'est ainsi que, malgré sa présence dans le Jura, le Trifolium filiforme L. continuera à être une espèce littorale, pouvant remonter les val- lées des grands fleuves, mais sans s'en écarter beaucoup. Peut-être devra-t-on aussi considérer comme introduites dans le bassin bressan bon nombre de plantes d'une physionomie plus ou moins occidentale, telles que Trifolium Michelianum, Genista anglica, Ornithopus perpusillus, Linaria Pellice- riana, Cyperus longus, Scirpus mucronatus, Crypsis alopecuroides, et sur- tout Adenocarpus complicatus. La dissémination de ces espèces n’a vraisem- blablement pas pu se faire de proche en proche, puisqu'il n'y a pas de stations intermédiaires, et que d'ailleurs notre bassin est entouré de montagnes de tous côtés. U parait donc qu'il faut remonter jusqu'aux temps géologiques ; mais, depuis cette époque, y a-t-il eu succession continue d'individus vivants, ou n'est-ce pas plutót une cause accidentelle, semblable à celles que nous venons de signaler, qui les a fait éclore? Ce sont là des questions qui échappent, quant à présent, à nos moyens de solution. M. Bergeron fait à la Société la communication suivante : SUR L'EXISTENCE DE TRACHÉES DANS LES FOUGÈRES, par M. Georges BERGERON. I. — En examinant au microscope une série de coupes faites sur des bul- billes de Diplazium proliferum, aux différentes périodes de leur dévelop- pement, j'apercus d'abord, au milieu du tissu utriculaire du bulbille, des cellules plus petites, allongées, disposées en série rectiligne, sur un, deux ou trois rangs, et renfermant dans leur intérieur des granules petits et nombreux. Cependant les points, par lesquels ces cellules se touchent, se détruisent; il se forme un canal à paroi propre, uu vaisseau ; les parois de ces cellules for- ment la membrane externe du vaisseau, et les granules qu'elles renfermaient sont le point de départ du fil spiral ou membrane interne de la trachée. II. — Ce sont, en effet, de véritables trachées déroulables qui constituent les premiers vaisseaux du bulbille : plus tard on ne les y retrouve plus; elles sont remplacées par des vaisseaux scalariformes, réticulés et ponctués. C'est en suivant attentivement les modifications successives que subit ce faisceau fibro-vasculaire formé d'abord par des trachées, plus tard par des tra- chées et des vaisseaux annulaires, puis par des vaisseaux scalariformes e réticulés, qu'on se trouve conduit à reconnaitre, dans ce cas du moins, toute la justesse de cette idée émise par Link, il y a plus de trente ans : « Les fausses » trachées, les vaisseaux ponctués, annulaires, les vaisseaux en chapelet, ne sont « que des modifications des trachées, produites par les changements que subit SÉANCE DU 14 Mar 1860. 339 » le tube spiral de ces derniers vaisseaux. » (Link, Sur les trachées des plantes, in Ann. sc. nat., 1"° série, t. XXIII, p. 153.) IH. — Ce n'est pas seulement dans le bulbille, mais aussi dans les trés jeunes feuilles du Diplazium proliferum qu'on trouve des trachées, Il en existe aussi dans les bulbilles des Cænopteris fœnicula, C. thalictroides, Asplenium proliferum, etc. IV. — Ach. Richard regarde l'existence des trachées dans les faisceaux fibro-vasculaires de la tige et de la racine comme un caractère essentiel, fon- damental, des végétaux phanérogames. Il en fait une loi qu'il regarde comme absolue, mais qui, comme on le voit, souffre de trop nombreuses exceptions pour pouvoir encore étre invoquée comme caractere différentiel des plantes avec et sans cotylédons. M. Payer, dans sa Botanique eryptogamique, ne mentionne dans les Fou- gères que des vaisseaux ponctués, scalariformes et réticulés. V. — Aucun botaniste, que je sache, n'a signalé jusqu'ici la présence de trachées dans les Fougères, non comme fait exceptionnel, mais comme un Caractère presque général, puisque, dans un grand nombre de cas, la trachée serait le point de départ de tous les autres vaisseaux de la plante. VI. — Que les spirales de la trachée se rapprochent et s'immobilisent, qu'elles se segmentent en anneau, qu'elles s'écartent et se distendent en s'élargissant, qu'elles se rompent et se fragmentent, et l'on aura toutes les formes de vaisseaux décrites dans les Fougères : fausses trachées, vaisseaux annulaires, vaisseaux scalariformes, vaisseaux réticulés et vaisseaux ponctués. M. le Président met sous les yeux de la Société des échantillons de Cheiranthus Cheiri var. fruticulosus, et de Brassica oleracea, et donne lecture de la lettre suivante, qui lui a été adressée par M. Ramond : LETTRE DE M. A. RAMOND A M. DECAISNE. Le Havre, 10 mai 1860. Cher maitre et ami, Vous avez bien voulu trouver quelque intérét aux indications que je vous ài données sur le Z/rassica qui croît dans les falaises de Normandie, et vous avez manifesté l'intention de les communiquer à la Société botanique. Je les résume et les complete aujourd'hui. Les fertiles plateaux du département de la Seine-Inférieure se terminent brusquement à la mer par des falaises crayeuses, tout à fait à pic, d'une hau- teur habituelle de 100 mètres. Ces falaises se retrouvent sur les deux rives de la Seine au-dessous de Quillebeuf, mais avec une moindre hauteur apparente, parce qu'il existe alors à leur sommet un talus gazonné trés rapide qui manque entièrement sur le littoral maritime, C’est dans ces murailles de roches nues 340 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. qu'habite notre Brassica. Il s’y développe avant toute autre plante, dés que la craie se désagrége par les influences atmosphériques. Sur quelques points, lest associé au Chetranthus Cheiri, à VEchium vulgare, au Fœniculum officinale. Plus tard, les éboulements successifs, l'action du temps, donnent au sol végétal un peu plus d'épaisseur, et les Graminées s'en emparent. Le Bras- sica disparait alors, soit que ses graines ne puissent plus germer, soit que la dent du mouton le détruise. Les floristes normands ont, depuis longtemps, sigualé l'existence de cette plante, et tous y ont vu le type du Chou cultivé. Voici comment s'exprime la Flore de Rouen, publiée en 1816 par Le Turquier-Delongchamp : « Brassica » oleracea, Chou commun..... Sur les rochers maritimes de la Normandie, à » Orcher prés Harfleur, au Tréport. » Le président Oursel, dans une liste des plantes de l'arrondissement du Havre, qu'il a donnée à M. Morlent en 1825 pour l'ouvrage intitulé : Le Havre et ses environs, dit, à l'article du Chou commun : « qu'on le trouve à l'herborisation d'Orcher. » M. de Brébisson, dans sa /ore de Normandie (3° édition), cite aussi, comme localités du Brassica oleracea, les falaises du Tréport, de Dieppe, du Havre et de Granville. I semble que, de leur côté, les anciens botanistes aient connu le Brassica de nos falaises. Lamarck, dans sa Flore francaise, admettait, pour le Brassica oleracea, neuf variétés. Les deux dernières, qu'il désignait, d’après Tournefort, sous les noms de 0 Brassica arvensis et de ı Brassica maritima arborea, seu procerior ramosa, étaient considérées par lui comme vivant encore à l'état spontané. « Ces plantes, dit-il de l'espèce entière, n'existent probablement » dans leur état actuel nulle part dans la nature; j'en excepte cependant » les deux dernières variétés 0 et ı, qui sont peut-être le type de toutes les » autres. » Mais, dans les ouvrages généraux postérieurs, la plante normande cesse d'étre mentionnée, ou n'est citée qu'avec doute et méme comme sub- spontanée. La Flore de De Candolle n'y fait nulle allusion. Dans le Pro- dromus, la variété A silvestris, qui correspond manifestement à la variété maritima arborea de Lamarck, n'est attribuée avec certitude qu'à l'Angleterre (habitat in rupibus maritimis Anglia, etc.). Telle est aussi l'opinion de M. Duby dans le Zotanicon gallicum. M ne cite qu'avec hésitation les rochers de Normandie pour sa variété œ silvestris, en rappelant que la plante se trouve en Angleterre (in rupibus maritimis NNormannic ? ( v. v. in littore Anglie DC. ]). Enfin MM. Grenier et Godron signalent, d'aprés M. de Brébisson qui a entendu certainement le contraire, le Brassica oleracea comme subspontané sur les falaises de Dieppe, du Havre et de Granville. Le Bon Jardinier, qui n’a pas la prétention d’être un manuel de botanique, quelque autorité que votre collaboration lui ait donnée, est seul resté fidèle aux anciennes traditions en décrivant le Chou comme indigène, Il ajoute, ce dont je vous apporte aussi la preuve, que le Chou peut étre bisannuel, trisannuel, et presque vivace. SÉANCE DU 11 mar 1860. 341 Vous avez déjà eu sous les veux des échantillons de notre plante. Je vais vous en envoyer de nouveaux. Ils vous convaincront, je crois; que le dédain avec lequel les grands ouvrages nous ont traités n'est nullement mérité, C'est bien le #rassiea oleracea que nous avons en Normandie, me paraît-il; et d'après l'identité de ses stations en France et en Angleterre, nous devons le rap- porter, sans contestation possible, à la variété stlvestris de De Candolle. Il a tous les caracteres essentiels du type des auteurs : les étamines presque égales, les sépales dressés aprés la floraison, les feuilles supérieures non amplexicaules. Il se distingue, en outre, à première vue, de ses congénères, le Colza et la Navette (B. campestris et B. Napus), par ses pétales allongés, presque linéaires, d'un jaune pâle, tandis que, dansles deux autres espèces, les pétales, plus courts, sont largement arrondis au sommet et d'un beau jaune d'or. Quant à la question d'/nd/génat, elle ne peut, à mon sens, laisser place au plus léger doute. Nous ne sommes pas réduits, comme les indications des floristes normands ont permis de le penser, à un petit nombre de localités circonscrites, où il puisse s'agir de plantes échappées des cultures. Notre localité, c'est la falaise tout entière du département de la Seine-Inférieure, sur une étendue de 30 lieues, de Tancarville au Tréport. On m'assure aussi que la plante existe abondamment sur les falaises du département de l'Eure, où je n'ai pu encore me rendre, mais où j'irai bientôt la chercher. Partout oü je l'ai vue, et toujours sur une longueur de plusieurs lieues (1), les stations qu'elle préfère sont les rochers les plus abrupts, les plus éloignés des rares cultures qui se trouvent au débouché des vallées ou dans quelques creux des falaises. Si une plante à ce point répandue et qui, plus que nulle autre, se plait dans cette rude et sauvage nature, n'était pas spontanée, en existerait- il une seule qu'on dût tenir pour telle? Remarquez, d'ailleurs, que le Chou commun ne monte que rarement en graine, tandis que le Colza et la Navette sont, en Normandie, cultivés exclusivement pour leurs graines sur d'immenses espaces. Dès que notre Brassica n'appartient ni à l'une ni à l'autre de ces deux espèces, n'est-il pas évident que l'action de l'homme n'a été pour rien dans sa propagation ? Mes nouveaux échantillons conservent tous, à cóté de tiges aujourd'hui en fleur, les vestiges de celles qui ont porté graine l'an dernier. Les Choux ne fleurissant que la seconde année, ceux-ci ont trois ans au moins. A cet égard (1) Voici les localités où j'ai trouvé abondamment le Brassica oleracea : Sur la basse Seine, les falaises du Hodde, de Sandouville, de Rogerville et d'Orcher (arrond. du Havre) ; Sur le littoral maritime, les falaises de Saint-Jouin, de Bruneval, d’Antifer et d'Étretat (arrond. du Havre); de Senneville, de Veulettes et de Saint-Valery-en-Caux (arrond, d'Yvetot); du Petit-Ailly, de Biville et de Criel (arrond. de Dieppe). Le Brassica ne disparait que là où les roches de la falaise sont recouvertes par les éboulements des terrains supérieurs. C'est ce qui a lieu notamment au cap do la Héve, pres du Havre, ^ ` 342 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. encore le Zon Jardinier a donc raison contre le Prodromus et les Flores, d’après lesquels le Brassica oleracea ne serait que bisannuel. A en juger par le grand nombre de plantes mortes que l'on trouve au pied des falaises, je ne crois pas cependant que notre Chou vive au delà de trois ou quatre ans. Vous recevrez quelques-uns de ces débris. Ce qui vous frappera sans doute dans les échantillons vivants, c'est leur haute stature et leur vigueur. Ils jus- tifient bien l’épithète de Lamarck : arborea, seu procerior ramosa. Ce sont presque des arbrisseaux, dont les grands Choux-verts mériteraient seuls d'étre issus, et auprès desquels les Choux de nos jardins ne sont que de modestes avortons. | J'ai joint à mes Choux deux pieds de Cheiranthus Cheiri, qui représentent la forme fruticulosus établie par M. de Brébisson. Ils viennent des falaises de Rogerville, loin de toute habitation. Comme le Chou, le CAeiranthus est pro- bablement originaire de nos falaises normandes, et il n'y a pas à s'étonner de le voir vivre si facilement sur les vieux murs, où il a de même le pied dans le calcaire. Quelque longue que soit cette lettre, j'ai encore une réflexion à vous sou- mettre. Le Brassica Robertiana, établi par M. J. Gay, notre vénéré et illustre confrère, pour une plante des environs de Toulon, n'est-il pas bien voisin du Brassica de Normandie? La différence essentielle résiderait, je crois, dans la pérennité du premier; et elle disparaît dès qu'il est certain que le Zrassica oleracea n'est pas normalement bisannuel. La méme observation s'appliquerait au B. balearica et au B. insularis. N'aurions-nous, sur les rochers des bords de l'Océan et de la Méditerranée, qu'une seule espèce, modifiée dans son port par le climat, et d’où seraient sorties les diverses races de Choux domes- tiques? C'est à vous surtout, cher maitre, qu'il peut appartenir de résoudre cette difficile question. Recevez, etc. M. J. Gay dit qu'il a vu le Chou indubitablement spontané à Granville (Manche), sur des falaises de 50 mètres d'élévation; la plante lui a paru y être bisannuelle. Il ajoute que le Raphanus maritimus peut aussi durcir à la base et durer plus d'une année, mais qu'i! ne fleurit jamais qu'une seule fois. M. Chatin dit qu'il a vu le Brassica sur les falaises du Havre; il l'y regarde comme spontané. M. Cosson dit : Que, dans les sables mobiles du Sahara algérien, on rencontre souvent des Cruciferes annuelles ou bisannuelles devenues pérennantes et ligneuses quand elles ont été enfouies par le sable. M. Cosson a notamment constaté ce SÉANCE DU 11 mar 1860. 343 fait sur le Malcolmia œgyptiaca Spreng. On voit aussi quelquefois, aux environs de Paris, le Cheïrantius Cheiri durer un grand nombre d'années en s'indurant à la base. H résulte de ces faits que la durée de la vie d'une plante" n'est pas toujours un caractère spécifique d'une grande valeur. M. de Schœænefeld cite, au nombre des Cruciféres monocarpiques devenant pérennantes, le Matthiola fenestralis DC., nommé Cocar- deau par les jardiniers. M. Decaisne se charge de faire cultiver les jeunes pieds de Brassica qui lui ont été envoyés du Havre par M. Ramond; il rappelle que M. de Vilmorin père s'est beaucoup occupé de l'origine du Chou potager. M. Cosson communique à la Société une intéressante collection d'hybrides faisant actuellement partie du riche herbier de M. le comte A. de Franqueville. Ces hybrides ont été obtenus artificiellement par M. K.-F. Gartner, auteur d'un important travail sur la fécondation naturelle et artificielle des végétaux (Beitræge zur Kenntniss der Befruchtungen, A8^hA, in-8°). L'intérêt qui s'attache à tous les documents qui peuvent jeter quelque lumière sur la ques- tion si controversée de l'hybridité, donnera une véritable importance à la reproduction textuelle des étiquettes qui accompagnent les échantillons de la collection soumise à la Société, et qui mériterait d'étre l'objet d'une étude attentive, Les hybrides obtenus par M. Gartner sont au nombre de 40, dont 9 Caryo- phyllées (Dianthus, Lychnis, Silene); 1 Onagrariée (OEnothera) ; 2 Lobélia- cées (Lobelia) ; 46 Solanées (Nicotiana), dont une suivie jusqu'à la troisième, et une autre jusqu'à la quatrième génération; 9 Verbascées ( Verbascum); 3 Scrofularinées (Digitalis). Ces plantes ont été croisées de la maniere suivante : FEMELLES, MALES. 1. Dianthus barbatus avec Dianthus Carthusianorum, 1832. 2. D. arenarius — D. superbus, 1832. 3. D. arenarius — D. hortensis, 1832. * 4. D. chinensis — D. Carthusianorum, 1832. 5. D. pulchellus — - D. Carthusianorum, 1832. 6. Cucubalus littoralis — Cucubalus Behen, 1832. T. Lychnis dioica rubra — C. viscosus, 1832. 8. L. dioica alba — C. viscosus, 1832. 9. L. dioica fl. albo — Lychnis Flos cuculi. 10. OEnothera noctnrna — OEnothera villosa, 1832. 11. Lobelia fulgens — Lobelia syphilitica, 1832 (nondum florens). 12. L. syphilitica = L. cardinalis, 1832, 13. Verbascum pyramidatum — Verbascum Thapsus, 1829. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 44. Verbascum pyramidatum avec Verbascum nigrum, 1829. 15. V. Thapsus — V. Lychuitis, 1828. 16. V. Lychnitis album — V. nigrum, 1828. 17. V. austriacum — V. phæniceum, 1832. 18. V. austriacum — V. Blattaria, 1832. 19. V. nigrum — V. Lychnitis luteum, 1328. 90. V. nigrum — V. Lychnitis luteum, 1829. = V thapsiforme -- V. austriacum, 1832. 22. Digitalis lutea — Lori purpurea, 1832. 23. D. ochroleuca — . lanata « flore majore rotundalo-tetra- gono, 1829. — D. lanata f flore minore tubuloso, 1829. Nicotiana quadrivalvis, 1827. . D. ochroleuca . Nicotiana paniculata 26. N. paniculata — N. rustica, 1827. 27. N. paniculata — N. Langsdorfii, 1827. 28. N. rustica — N. angustifolia seu lanceolata, 1827. 29. N. rustica — N. quadrivalvis, 1826. 30. N. quadrivalvis — N. angustifolia seu lanceolata, 1827. 31. N. suaveolens — N. macrophylla, 4828 (floribus monstruosis). 32. N. suaveolens — N. glutinosa, 1828. 33. N. suaveolens — N. quadrivalvis, 1828. 34. N. quadrivalvis — N. glutinosa, 1828. 35. N. quadrivalvis — N. Tabacum, 1826. 36. N. pumila — N. paniculata, 1826. 37. Nicotiana rustica..... 9 SM B nn N. paniculata...,.,.... 38. Nicotiana rustica... .. 9 N. paniculata. r e e- 8 N- paniculata. ......... o / + hun N. paniculata .. : N. paniculata... 39. Nicotiana rustica. ... N. paniculata... N: paniculata. ..,...... rel N. paniculata. s.s... . JM N° paniculata...........: sin 1828. 40. Nicotiana hybrida ex N, rustica Ọ et N. paniculata & ab experimentis Kælreuterii aborta. M. Eug. Fournier, vice-secrétaire, donne lecture de la communi- cation suivante, adressée à la Société : NOTE DE M. A. HUET SUR DIVERSES PLANTES DÉCOUVERTES PAR LUI ET PAR MM. HANRY ET JACQUIN, DANS LE DÉPARTEMENT DU VAR, EN 1859. (Toulon, 25 avril 1860.) I. — Une course botanique, faite dans les Maures le 27 avril 1859, nous a permis de constater dans ces montagnes l'existence. du Vicia tricolor Seb. et SÉANCE DU 11 mar 1860. 345 Maur., plante nouvelle pour la France. Nous l'avons d'abord trouvée à l'en- droit désigné dans le pavs sous le nom de Cros-de-Mouton, au bord des bois et des clairiéres; et le lendemain M. Jacquin nous l'a fait remarquer au Lavan- dou, dans des lieux analogues. Le 12 juin, nous l'avons retrouvée abondante sur un troisième point, au Mont-la-Sauvette, dans des champs fraichement défrichés. M. Hanry avait déjà signalé cette espèce dans son Prodrome du Var. IL. — Les environs du Luc nous ont offert quatre espèces fort intéres- santes : 1° Sur des rochers escarpés de calcaire oolithique, le C'achrys /evigata Lam., espèce rare en France et qui ne se trouve plus dans plusieurs localités où elle avait été signalée ; trouvée d'abord le 25 avril, elle a été prise par nous en fleur le 10 mai et en fruit le 41 juin. 2° Sur les talus des champs cultivés qui bordent les chemins, une Malvacée que nous avons reconnue pour l'A/thea pallida W. K., plante de Hongrie, assez commune au Luc et nouvelle póur la France; nous l'avons récoltée le 11 juin. 3° Au Cannet-du-Luc, dans les interstices des murailles en pierres sèches qui soutiennent les terres, le Capparis rupestris Sibth., essentiellement dis- tinct du C. spinosa par plusieurs caractères, mais surtout par l'absence des épines crochues à la base du pétiole. Cette espèce fleurit en juin et juillet, et ses fruits mürissent en septembre et octobre; elle est nouvelle pour la France, mais avait déjà été observée depuis plusieurs années par M. Hanry qui l'avait nommée C. inermis. M. Ch. Grenier, à qui nous avons soumis cette plante, l'a reconnue pour le C. rupestris Sibth. M. Hanry a constaté encore sa pré- sence à Fréjus sur les vieux murs. 4° Dans les champs des environs du Luc, le Carduus acicularis Bert. , qui y est abondant. M. Hanry avait observé cette plante depuis longtemps, et c'est aussi à l'obligeance de M. Grenier que nous devons cette dénomination de C. acicularis Bert. , qui en fait une espèce nouvelle pour la France. III. — Dans une herborisation à l'ile de Porquerolles, que nous avons faite les 29 et 30 avril, nous avons remarqué, parmi des touffes nombreuses de Cistus monspeliensis, deux autres Cistes qui, par leur port, se rapprochent de ce dernier, mais qui en différent essentiellement par plusieurs caractères spécifiques, L'un d'eux, que nous avons nommé CISTUS PORQUEROLLENSIS Hanry et Huet, se distingue du C. monspeliensis : par la disposition irrégulière de ses fleurs au sommet du pédoncule commun, tandis que les fleurs sont unilatérales dans le C, monspeliensis ; par leur dimension qui dépasse 3 centimétres, tandis qu'elle dépasse à peine 2 centimétres dans le C. monspeliensis ; par leur nombre, qui est de 2-4, tandis qu'il va jusqu’à 8 dans le C. monspeliensis ; par la longueur des pédicelles, qui dépasse toujours celle du calice; par les 346 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. feuilles uninervées et d'un aspect terne comme celles du C. salvifolius; et enfin par l'absence de toute viscosité, méme au soramet des rameaux. L'autre, auquel nous donnons le nom de CISTUS OLBIENSIS Huet et Hanry, diffère du C. monspeliensis : par ses fleurs beaucoup plus petites (de 10 à 45 millimètres) ; par leur nombre, qui n'est que de 2-4; par les étamines dont les filets sont beaucoup plus courts, ce qui les fait paraitre presque ses- siles; par les feuilles uninervées ; par l'absence de toute viscosité; et par les dimensions toujours plus exigués de la plante. — La petitesse des fleurs et la disposition des étamines ne permettent pas d'ailleurs de le confondre avec le C. porquerollensis, avec lequel il a plusieurs caractéres communs. Le C. porquerollensis est assez commun dans l'île de Porquerolles, surtout dans la partie orientale. Le C. olbiensis est plus rare et ne se rencontre guère que dans la partie méridionale. Nous avons retrouvé le premier dans la pres- qu'ile de Gien, et M. Hanry l'a retrouvé au Muy (Var). Tout nous porte à penser qu'il se trouve sur tout le littoral. Nous donnerons plus tard la description complète de ces deux espèces, quand nous les aurons de nouveau observées sur le vif, et que nous aurons pu étudier leurs fruits avec plus de précision. SÉANCE DU 25 MAI 1860. PRÉSIDENCE DE M. DECAISNE. M. Eug. Fournier, vice-secrétaire, donne lecture du procés- verbal de la séance du 41 mai, dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la derniére séance, M. le Président proclame l'admission de : MM. MÆDER (Albert) , négociant, à Kingersheim prés Mulhouse (Haut-Rhin), présenté par MM. Delbos et de Schœnefeld. Oprrn (Louis), à Genève, présenté par MM. Chatin et Bergeron. M. le Président fait connaitre à la Société la perte regrettable qu'elle a faite dans la personne de M. Louis de Brondeau, l'un de ses membres, décédé à Reignac prés Agen, le 24 décembre dernier. SÉANCE DU 25 MAI 1860. 947 Dons faits à la Société : 1* De la part de M. Grenier: Supplément à la florule exotique des environs de Montpellier. Recherches sur quelques Orchidées des environs de Toulon. 2° De la part de M. Godron : : Quelques notes sur la flore de Montpellier. 3° De la part de M. Alph. Gacogne : Excursion d'un botaniste dans le département des Hautes- Alpes. h° De la part de M. Th. Cuigneau: Catalogue de l'exposition de la Société d'horticulture de la Gironde, tenue à Bordeaux en mai 1860. 5° De la part de M. Alph. Karr : Les Guépes, un numéro. 6* En échange du Bulletin de la Société : Atti dell I. R. Istituto veneto, t. IV, n° 6-8 et t. V, n° 6. Journal de la Société impériale et centrale d'horticulture, avril 1860. L'Institut, mai 1860, deux numéros. M. le Président propose à la Société, au nom du Conseil, de fixer au jeudi 2 aoüt prochain l'ouverture de la session extraordinaire qui doit avoir lieu cette année à Grenoble. — Cette proposition est adoptée à l'unanimité. | M. de Scheenefeld, secrétaire, donne lecture des communications suivantes, adressées à la Société : DIAGNOSES ET OBSERVATIONS CRITIQUES SUR QUELQUES PLANTES D'ESPAGNE MAL CONNUES OU NOUVELLES, par M. Léon DUFOUR (suite). Centaurea linifolia Gouan ///. p. 73. C. linarifolia Lam. C. lithosper- mifolia Pourr. (herb.). — Jacea minima Globulariæ folio flore purpureo hispanica Barr. ic. 162. La figure 139 de Barrelier, citée par De Candolle (Prodr. t. VI, p. 574), ne lui convient pas. — Cette espéce n'est pas commune ; je l'ai trouvée, sur les collines arides, à Tudela, Mora-de-Ebro, Tarragone.et Valence. — Elle fleurit en juin. 348 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Centaurea tenuifolia Duf. in Ann. gén. Brux. 1820. — Jacea pumila incana cæspitosa tenuifolia Barr. ic. 178, 177 et 182. J'ajouterai : Radix nigrescens perennis; folia ramea simplicia linearia; sta- minum filamenta basi hispida; receptacuium villosum. — Hab. in collibus aridis et rupibus, Almenara, Xativa, etc. Centaurca stenophylla Duf. in Ann. sc. nat. t. XXIII, p. 162, et in DC. Prodr. t. VI, p. 600. Frequens in arena maritima Valentiae (Dehesa). — Maio. Espèce trés distincte, suffisamment décrite l. c. Centaurea dracunculifolia Duf. in Ann. sc. nat. t. XXII, p. 157. Frequens in humidis arenosis maritimis Valenti (Dehesa). — Junio. De Candolle a mal apprécié cette Centaurée en la donnant comme une variété du C. amara. — Je n'ai rien à ajouter à ce que j'ai imprimé sur cette espèce, que Desfontaines, à qui je la communiquai jadis, avait regardée comme inédite. Centaurea Jacobi Duf. — Jacea maritima incana folio integro caule folioso capite purpureo spinoso minor Barr. ic. 236, obs. 915. Incana lanoso-araneosa; caule erecto alato; foliis decurrentibus, inferio- ribus ovato-oblongis, subintegris vel rariter denticulatis; involucri squamis palmato-spinosis, spinis flavis; flosculis purpureis. Caulis 2-3 pedalis, superne ramosus. — Hab. in arena maritima Valentia (Grao). — Junio. J'avais pris d'abord cette plante pour le C. sonchifolia, dont elle diffère ainsi que du C. maritima Duf. — Elle est dédiée, de méme que la suivante, à la mémoire de Jacques Barrelier. Centaurea Barrelieri Duf. in Ann. sc. phys.: Brux. 1820. C. grana- tensis Boiss. in DC. Prodr, t. VII, p. 303. Serratula Barrelieri Duf. in Ann. sc. nat. t. XXIII. — Jacea hispanica latifolia nervis foliorum lanuginosis Barr. ic. 137. Hab. in collibus aridis, Mozente. Avant M. Boissier, j'avais publié (/. c.) la description de cette espèce, et cet auteur n'a point cité la figure de Barrelier, qui est parfaite (1). Apargia hispanica Willd. Zeontodon hispanicus Poir. Encycl. Asterothr ic hispanica Cass. in DC. Prodr. t. VII, p. 127. J'ai déjà décrit cette plante (Ann. sc. nat. 1831). J'ajouterai : 1° Aucun caractère solide ne justifie l'établissement, du moins pour cette espèce, du genre AsterotAriz créé par Cassini et adopté par De Candolle. (1) On peut voir, dans les recueils que j'ai cités, les diagnoses de plusieurs Centaurca et Serratula que j'ai trouvés en Espagne, SÉANCE DU 25 MAI 1860. 319 2 Ta plante est décidément vivace, car j'ai trouvé, sur la même racine, les tiges fraîches de l'année et les tiges desséchées de l'année précédente. 3° La graine est oblongue, atténuée en avant et marquée de rugosités trans- versales. he L'involucre est décidément caliculé. 5° La fleur est jaune-soufre, et nullement rouge comme l'avance Mérat (Ann. sc. nat. 4831) qui a été induit en erreur par la teinte purpurine du dos des demi-flearons extérieurs. Picris aspera Poir. Fncyel. suppl. P. integrifolia Desf. Erecta ramosa rigida sesquipedalis, pilis bihamatis aspera; foliis oblongis sinuato-dentatis, superioribus amplexicaulibas deflexis ; floribus subpaniculatis, calyce subfarinoso ; floscilis flavis, exterioribus subtus purpureis: pappo piloso sessili. — Hab. in collibus tarraconensibus, circa rivulum Francoli. — julio. Scorzonera hispanica L. var. crispatula Boiss. in DC. Prodr. t. VIT, p.421. Folia margine undulato crispa, nunc oblongo-lanceolata, nunc late ovata, interdum apice attenuato caudata. — Hab. in sterilibus saxosis, Tudela; in montibus, Porta-Cœli Valentia. Scorzoncra graminifolia L.; Jacq. Obs. tab. 100 (bona). S. pinifolia Gouan M. p. 53. — Tragopogon pinifolium h'spanicum Barr. ic. 496. Caulis subuniflorns erectus; folia lineari-angustissima longa conferta glabra ; calyces subfarinoso-tomentosi ; flos sulfureus ; radix tenuis. — Hab. in collibus aridis, Tudela, Tarragona, Valencia; Cordova (ex Barrelier). Plante peu ou mal connue, dont on a bien à tort deshérité Linué, et dont la synonymie est devenue litigieuse pour les botanistes qui ne l'ont pas vue 7n loco natali. Elle n'a aucun rapport avec le Podospermum laciniatum, dont j'ai si fréquemment observé la polymorphie en Espagne. Elle varie quant à la taille: tantót basse et uniflore dans les terrains maigres (c'est ainsi que l'a figurée Barrelier) ; tantôt, dans un sol substantiel, haute de 8 à 10 pouces, élancée, parfois fourchue. Feuilles caulinaires supérieures souvent horizontales. Zolikoferia pumila DC. Prodr. t. VII, p. 183. Scorzonera pumila Cav. J'ai longuement décrit cette curieuse Semi-flosculeuse (Ann. sc. nat. 1836). Elle à flotté entre les Scorzonera, Sonchus, Picridium, avant de se fixer au rude Zollikoferia. Pour moi, c'est un Picridium, — Elle est fréquente sur les montagnes arides de Navarre (Tudela, Peralta), de Valence (Paterna), de Murcie (Villena). Ambrosia maritima L. — A. vulgaris Barr. ic. 1144. Hab. in arena maritima valentina. — Æstate. Plante connue depuis des siècles, fidèlement représentée par Rarrelier, mais 350 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. imparfaitement décrite quant à sa fructification. Placée d'abord dans la famille des Urticées, elle a passé, dans ces derniers temps, dans les Composées, à la suite du genre Xanthium. Son facies, son feuillage, son odeur la rappro- . chent des Artemisia. Bien que l'étude attentive que j'en ai faite sur les lieux remonte à un demi- siècle, elle a encore assez de valeur scientifique pour qu'il me soit permis d'en reproduire ici les faits génériques. Plante mouoique. — FLEURS MALES disposées au sommet des épis, pédi- cellées, penchées, nues ou dépourvues de bractées. Calice commun ou involucre subhémisphérique, monophylle, divisé en son limbe en lobes obtus dont le nombre varie de 6 à 12. Corolles ou fleurons de 6 à 12, tubuleuses, subinfon- dibuliformes, divisées en 5 ou 6 lobes lancéolés. Æ'tamines 5 ou 6, à peine de la longueur de la corolle ; fi/aments courts cohérents en un tube; anthéres redressées, distinctes, terminées par une courte soie; pollen jaune. Les étamines entourent un corps blanchâtre, tubuleux, subinfondibuliforme, souvent plus long qu'elles, et dont le limbe est brièvement cilié. Jussieu désigne ce corps sous la dénomination de style et de stigmate, ce qui implique contradiction. Ce corps offre de l'analogie avec celui qu'on observe dans les fleurs de quelques Melica. C'est un vestige, un organe avorté, que l'on doit trouver, ou que l'on retrouvera plus parfait, dans des genres, connus ou inconnus, voisins de l' Ambrosia, FLEURS FEMELLES. l’érigone ou calice monophylle, uniflore, non entier (malgré l'assertion de Jussieu), ventru, muni à l'extérieur de 5 ou 6 tuber- cules, terminé par un rostre bifide dont les deux divisions s'entr'ouvrent avant la fécondation pour le passage du style, tandis qu'après l'anthése elles sont pressées l'une contre l’autre. Il n'existe donc qu'un seul style, profondément bifide. Corolle nulle. Graine ou noix ovoide, comme trièdre à sa base, arrondie au bout opposé, noire, dure, séche, cassante, presque osseuse. Ce n'est pas le calice induré qui lui donne, comme le disait Jussieu, le caractère de noix. Le calice, quoique enveloppant immédiatement celle-ci, ne lui est pas adhé- rent ; il demeure étranger à sa solidification, et conserve à la maturité de la graine la méme texture qu'au commencement de la floraison. Amande à deux cotylédons qui ne touchent point les parois de la noix ; elle est fixée au fond de celle-ci et recouverte d'une fine pellicule. Jasione foliosa Cav. ic. 148. Radix perennis multiceps crassa, foliorum petiolis exsiccatis vestita. Caulis (scapus foliosus) radicalis simplicissimus glaber 2-3-pollicaris. Folia in rosulam radicalem patulam disposita, lineari-spathulata glaberrima rigida, margine nunc integro nunc subdenticulato, caulina rara lanceolata sparsa. Flores in capitulum terminale aggregati, involucrati. Involucrum polyphyllum, foliolis lineari-lanceolatis integerrimis. Calyx turbinatus prismaticus subhexagonus SÉANCE DU 25 Mar 1860. 351 pedicellatus, limbo quinquefido, laciniis linearibus aequalibus. Corolla quinque- partita, laciniis linearibus calyce longioribus cærulescentibus. Stamina 5, cum laciniis alternantia. Stylus unus, staminibus longior, apice subincrassatus ; stigmate ovato-compresso bifido. Pericarpium calyce efformatum, apice com- presso acuminatum, bivalve polyspermum. Semina parva cylindrica nitidis- sima fuscescentia. — Hab. in rupium fissuris, prope Moxente regni valentini. Comme cette plante rare, que je n'ai trouvée que dans une seule localité, a été peu connue depuis Cavanilles, j'ai cru utile d'en transcrire ici la description prise sur les lieux, et qui, malgré sa date (1812), peut bien n'étre pas sans valeur. — Je ne serais pas surpris qu'elle püt constituer un genre nouveau. Sa racine, d'une saveur agréable, est lactescente quand on la coupe, comme celle de quelques Campanules. Lysimachia Ephemerum L. Quoi qu'en puisse penser notre savant collègue M. Loret (1), cette plante, que j'ai trouvée prés d'un cours d'eau, dans la région des Oliviers, à Tafalla, est parfaitement identique avec le Lysimachia Otani d'Asso. L'erreur d'Asso tient à ce qu'il a comparé sa plante spontanée des bords de la Guerba (prés de Saragosse) avec des individus cultivés, qu'il avait vus dans le jardin botanique d'Amsterdam. Erythrzea Barrelieri Duf. Æ. linarifolia Pourr. (in herb. Lorente). E. major Boiss? in DC. Prodr. t. IX, p. 58. — Centaurium minus purpureum angustifolium Barr. ic. 423, obs. 113. Hab. in collibus aridis et vineis incultis Catalauniæ (Mora, Tarragona) et regni valentini. Je suis surpris que la synonymie de Barrelier n'ait point été citée. Cet auteur dit que la fleur est trois fois plus grande que celle de l'£. Centaurium et que ses feuilles sont linéaires. Ces deux traits s'adaptent parfaitement à notre espèce, qui ne vient pas dans les lieux humides comme lÆ. /inarifolia Pers. (in DC. Prodr. t. IX, p. 59). Racine jaune, filiforme, rameuse. Plusieurs tiges d'un méme pied. Corolle d'un pourpre vif, à divisions ovales-oblongues. Anthères jaunes, linéaires, biloculaires. Style bifide, avec deux stigmates globuleux. Ipomæa sagittata Desf. ; Cav. ic. 107. Convolvulus Wheleri Vahl. Hab. in fossis maritimis Valentiæ (Dehesa). — Julio, augusto. C'est, je crois, la seule espéce européenne de ce genre ; je l'ai vue tapisser de ses tiges volubiles les cabanes des pécheurs pres du lac d'Albufera. Omphalodes linifolia Mœnch. Messersmidia cancellata Asso Syn. p. 21, tab. 1, f. 2. — Linum albo Blattariæ flore semine discoso Barr. ic. 123^. Hab. copiose in pehuelas (Tudela, Mallen). (1) Voyez le Bulletin, t. VI, p. 390. 352 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Asso, dont le synonyme est peu connu des botanistes, lui donne des fleurs bleues, tandis que je les ai toujours trouvées d’un blanc de lait comme celles de nos parterres. Du reste, Requien l'avait aussi observé à corolles bleues aux environs d'Avignon. A l'état frais, et surtout. chez les individus jeunes, les feuilles et méme les tiges ont des cils fort délicats et tendres qui s'évanouissent par la dessiccation. Onosma triccrospermum Lag. Gen. et Sp. n. 131. Frequens in collibus calcareis, Xativa. J'avais d'abord confondu cette espèce avec l'O. echioides, mais la forme de sa graine lisse et à trois angles prolongés en corne justifie Lagasca d'en avoir fait un type distinct. Lithospermum apulum Vahl; DC. Prodr. t. X, p. 75. — Echium lutcum minimum hispanicum Barr. ic. 1254 (bona). ` Hab. in arenosis aridis, Tudela, Valencia, Madrid. — Floret maio. Quoique fréquente en Espagne et ailleurs, cette plante a été mal étudiée sous le rapport de la synonymie. C'est à tort qu'on y a rapporté le Myosotis lutea Pers. (Anchusa lutea Cav.), qui est un véritable Myosotis et une simple variation du M. arvensis. Alkanna lutea DC. Prodr. t. X, p. 102. Aspero-hispida subprocumbens; foliis oblongo-lanceolatis integris ; floribus racemoso-subsecundis, tandem nutantibus; corolla ochraceo-albida obtuse quinquefida, fauce nuda ; seminibus villosis rugoso-insculptis. — Frequens in incultis, Tudela, Mora, Valencia. — Floret junio. J'avais, dans le temps, communiqué cette plante à Romer, sous le nom de Nonnea problematica, avec la diagnose précédente. Lagasca la rapportait (à tort) au Zycopsis vesicaria. Les carpelles, dont deux avortent souvent, sont subréniformes, velus à leur maturité et comme ciselés. Antheres linéaires, obtuses, violettes ; style plus court que les étamines ; stigmate bifide ; calice velu à pédoncule court, à divisions aiguës. (La suite à la prochaine séance.) ESSAI MONOGRAPHIQUE SUR LES ESPÉCES, VARIÉTÉS ET HYBRIDES DU GENRE MENTHA L- QUI SONT CULTIVÉES OU QUI CROISSENT SPONTANÉMENT DANS LES PYRÉNÉES CEN- TRALES ET DANS LA PARTIE SUPÉRIEURE DU BASSIN SOUS-PYRÉNÉEN (HAUTE- GARONNE), par M. Édouard TIMBAL-LAGRAVE (fn). SECTION II. Plantes se reproduisant de stolons, rarement de graines, en présentant de notables variations (HYBRIDES). Observaiion générale. — Les Mentha de la première subdivision (8 1, voy. p. 254), en s'hybridant entre eux, donnent des sujets croisés qu! ont SÉANCE DU 25 mar 4860. 353 la corolle glabre à l'intérieur; mais, si une plante de cette subdivision vient à hybrider une espèce de la seconde ($ 2, voy. p. 331) caractérisée par la corolle velue à l'intériéur, on remarquera que cet organe est glabre si le père appar- tient à la première, ou velu s'il a été compris dans la seconde, ce qui tend à prouver ce qui a été déjà établi pour d'autres hybrides, que généralement les hybrides empruntent au pére les organes de reproduction et leurs enveloppes, tandis qu’ils prennent à la mère ceux de nutrition ou de végétation. Mentha silvestri-rotuadifolia Nob.; non Wirtgen Herb. Menth. rh. ed. 2, n. 62; nec Billot Æ’xsice. n. 1290. Cette. hybride ressemble plus au M. rotundifolia qu'au silvestris. Elle différe de ces deux espéces par ses feuilles plus allongées, plus atténuées au sommet, et moins réticulées et bosselées que celles de la plante-mére, dentées à dents tantót égales comme dans le s//vestris, d'autres fois à dents dressées, inégales comme dans le rotundifolia (souvent les deux formes sur le méme individu); par ses épis plus courts, obtus. Cette hybride offre quelques graines fécondes qui m'ont donné des sujets revenant peu à peu au rotundifolia. Les tiges étaient ramifiées dés la base ; les rameaux sont courts, dépassant à peine les feuilles; ceux du sommet sont florifères dans cette forme ; les entre-nœuds des feuilles sont très rapprochés, ce qui rend la plante trapue. —— Hab. J'ai vu cette plante à Bagnéres-de- Luchon, devant la chapelle de Saint- Aventin, et sur les bords de la Garonne près de Beauzelle non loin du bac, avec le silvestris et le rotundifolia. Mentha rotundifolio-silvestris Wirtgen Herb, Menth. rh. ed. 2, n. 22. M. silvestris y DC. Fl. Fr. t ME, p. 533. M. gratissima Wigg. M. silvestri-rotundifolia Billot Exsicc. n. 1299. Cette hybride, véritable intermédiaire entre les M. rotundifolia et silves- tris, se distingue par ses feuilles non bosselées, mais cependant rugueuses, elliptiques, à dents égales non étalées, mais en forme de scie, égales comme dans le silvestris; elles sont en outre sessiles, un peu en cœur à la base, moins atténuées au sommet; les supérieures sont embrassantes comme dans le rotundifolia ; ses fleurs sont disposées en épis assez longs, moins atténués aux deux extrémités et plus renflés au centre. Cette plante a une odeur très agréable, qui n'est pas celle de ses parents présumés ; elle a en outre des graines en apparence bien conformées et d'autres qui semblent avortées : caracteres qui font considérer cette Menthe comme une véritable espèce par plusieurs botanistes. Hab. La vallée de Burbe aux environs de Bagnères-de-Luchon. Je n'ai pu soumettre cette hybride à la culture par graines. Mes premiers essais n'ayant pas réussi l'année dernière, je les répéterai cette année, et provi- T. vi: 23 35^ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. soirement je la range avec les hybrides, suivant en cela l'opinion de MM. Wirtgen, Schultz et Billot. j Mentha rotundifolio-candicans Wirtgen Merb. Menth. rh. ed. 2, n. 14. Cette hybride n'a pas de graines et ne peut se reproduire sans variations par des stolons; elle a le port du M. rotundifolia et le facies du M. «silvestris ; elle emprunte au rotundifolia le vestimentum des feuilles qui sont, comme dans ce dernier, réticulées et bosselées ; mais elles sont plus longues et moins arrondies au sommet ; elles offrent en outre des dents égales, en scie, carac- tère propre au silvestris ; les fleurs sont blanches, en épis courts, le calice est campanulé ; toute la plante a une odeur plus agréable que celle de ses parents. — Fleurit en septembre, Hab. Dans la vallée de Burbe prés Bagnères-de-Luchon, avec ses parents, où elle est assez commune, Mentha rotundifolio-nemorosa Wirtgen Merb. Menth. rh. ed. 2, n. 23. M. nemoroso-rotundifolia Fr. Schultz /. c. M. dumetorum Fr. Schultz. — Forma 1, farinosa Nob. Hybride? intermédiaire entre le rotundifolia et le nemorosa. Elle a les feuilles sessiles, en cœur, bosselées et ridées en dessous comme le rotundi- folia, mais elles sont plus allongées, à dents de scie, égales entre elles, ce qui la rapproche du silvestris; les fleurs sont en épis allongés, la corolle est grande et rosée, le calice est cilié, à dents égalant le tube ; toute la plante est couverte de poils nombreux, disposés comme dans le nemorosa, avec lequel cette hybride a de trés grands rapports. Mais ce qui lui donne un caractere particulier, ce sont les feuilles qui, outre les caracteres que nous avous décrits, sont couvertes de poils blancs, rameux, inégalement répandus sur les deux faces, ce qui donne à cette hybride l'aspect farineux. Ses épis sont trés grands et courbés ou divergents, ordinairement par trois, les rameaux latéraux dépassant l'axe primaire, ce qui donne à cette hybride un port particulier. Hab. Elle a été trouvée plusieurs fois sur les bords du Tarn, à Saint-Sulpice- de-la-Pointe, parmi ses parents. Obs. Plante trés remarquable, qui s'éloigne par son port des M. rotun- difolia, nemorosa et silvestris; elle donne des graines bien conformées et fécondes, ce qui me l'avait d'abord fait considérer comme une espéce (Mentha farinosa Nob.); mais, l'ayant soumise à la culture, elle nous a donné, la seconde année, la forme suivante : Forma 2, cinerea Wirtgen Herb. Menth. rh. ed. 2, n. 24. — Cette hybride ressemble à la précédente par tous les caractères que nous venons d'indiquer pour distinguer sa forme farinosa; mais, au lieu d'avoir les feuilles couvertes de poils courts et d'une poussière farineuse, elle a ces organes cendrés sur les deux faces, un peu tomenteux en dessous, surtout sur les nervures. SÉANCE DU 25 mar 1860. 355 Je l'ai souvent récoltée aux environs de Luchon ; dans cette localité elle n'a pas des graines bien conformées. Elle a encore beaucoup de ressemblance avec le M. silvestri-rotundifolia que M. Wirtgen a publié dans l'Zusiccata de M. Billot, n. 2118 et dans son Herb. Menth. rhen. ed. 2, n. 62. Ce dernier diffère cependant de notre rotundifolio-nemorosa par ses feuilles plus rappro- chées de celles que nous avons indiquées dans notre M. silvestris L., et par ses épis longs et plus dressés. Il m'a semblé aussi que la plante de M. Billot a pour père le M. silvestris et pour mère le rotundifolia, comme l'indique en effet le nom que M. Wirtgen lui a donné. Mais alors elle serait différente de celle que nous avons en vue, et que nous rapportons à celle publiée par M. Wirtgen Herb. Menth. rhen. ed. 2, n. 24, également publiée par M. Billot £zæsice. n. 1290 bis. Obs. Je dois dire à cette occasion que MM, Fr. Schultz et Wirtgen qui, à ma connaissance, parmi les botanistes modernes se sont le plus occupés du genre Mentha, ne s'accordent pas toujours sur le nom que la méme hybride doit porter. Il leur arrive souvent, quoique ayant en vue la méme hybride, de donner aux noms dés parents une place inverse, tandis que d'autres fois ils sont parfaitement d'accord ; cela tient sans doute à leur maniere d'apprécier le rôle du père et de la mère, dont la part, il faut le reconnaitre, est souvent difficile à déterminer. Mentha nemoroso-rotupdifolia Wirtgen Merb. Menth. rhen. ed. 2, n. 26. Mentha macrostachya Ten. Syll. p. 282; Guss. Fl. sic. t. IE, p. 69; non Wirtgen /. c. M. velutina Lej. M. rotundifolio-nemorosa forma velutina Fr. Schultz /. c. Ressemble aux hybrides que je viens de décrire, mais elle a les feuilles ovales plus grandes, plus obtuses, sessiles, en coeur à la base, inégalement dentées ; elle a en outre de plus grands rapports avec le M. rotundifolia L. qu'avec le nemorosa Willd. Mes échantillons ont tous des fruits avortés, rudimentaires. M. Wirtgen dit que quelquefois cette hybride donne de bons fruits, et qu'ils sont alors ponc- tués aux extrémités et non verruqueux, : Herb. J'ai vu cette hybride à Bagnères-de-Luchon, dans la vallée de Lys, çà et R, surtout aux environs de la cascade et près du pont dit de Richard. Mentha rotundifolio aquatica. Nob. ; non Fr. Schultz in Flora 1854 el Herb. norm, n. 115. M. incano-hirsuta Wirtgen Herb. Menth. rh. ed. 2, n. 3^. M. hirta Willd. ; Arrondeau Fl. Toul. p. 205. Cette hybride a une taille très élevée, de 4 à 6 décim. ; elle est rameuse dés la base, hérissée, Rameaux allongés, les supérieurs seulsa tteignant l'axe primaire . feuilles très grandes, deux fois comme celles de l'ag uatica, ovales-lancéolées, constamment pétiolées, atténuées et non en cœur à la base, aiguës au sommet, dentées à dents inégales étalées ; bractées ovales-lancéolées, acuminées ; fleurs 356 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. en épis longs, le principal ayant 10 centimètres, longuement interrompu à la base; calice campanulé, très hérissé; corolle glabre à la gorge, comme dans le rotundifolia L. ; nucules avortées. Toute la plante est plus hérissée que l'aguatica L. — Fleurit en septembre. Hab. Le grand ruisseau de Balma, à Nailloux prés Villefranche, avec les parents. Obs. Cette hybride se présente sous trois états : à Balma on trouve une forme rameuse, telle que nous venons de la décrire, mélée à une autre à tige simple, dressée, non rameuse; dans ces deux formes, les calices et les pédicelles sont glabrescents, tandis que dans l'hybride de Nailloux on remarque que les pédicelles et les calices sont couverts de poils blancs et les feuilles plus étroites et plus allongées; malgré cela, ces trois formes résultent des croise- ments des M. aquatica et rotundifolia, qui seuls croissent dans ces lieux. La forme de Nailloux peut se rapporter au M. pubescens de Willdenow et à la plante publiée par M. Billot, Zxsicc. n. 1292. Notre plante est exactement celle publiée par M. Wirtgen sous le nom de M. incano-hirsuta. Je ne sais si M. Wirtgen a fait confusion, mais toujours est-il que la plante de Toulouse, qui est la méme que celle du savant floriste de Coblentz, croit à plusieurs lieues de distance non-seulement du M. incana, mais encore de toutes les formes de la section du s/[vestris ; tandis qu'au contraire les rotundifolia ct aquatica types viennent pêle-mêle avec elle et sont tous en fleur en même temps. Mentha rotundifolio-aquatiea Vr. Schultz l. c. forma recedens ad M. rotundifoliam Nob. — M. Schultz a trouvé une forme de cette hybride qu'il a nommée M. rotundifolio- aquatica recedens ad M. aquaticam (Herb. norm. n. 116). Parmi plusieurs individus de l’hybride que je viens de décrire, j'ai trouvé un seul échantillon ayant une tendance manifeste à revenir au M. rotundifolia ; il a la tige simple, à peine rameuse au sommet, les feuilles ovales, un peu en cœur à la base, presque sessiles, atténuées un peu au sommet, profondément et inégalement dentées, sans cependant être crispées; les entre-neeuds sont très espacés, les fleurs en épis longs de 5 centim. , trés compactes. Hab. Balma, avec la forme précédente. Mentha rotundifolio-hirsuta Nob. M. Mazimiliana Fr. Schultz in Flora 1854 et Herb. norm. n. 115. M. pubescens Bor. FI. centre éd. 5, p. 507. Tige simple, dressée, de 6 à 8 décim., hérissée dans toute sa longueur, rameuse au sommet; rameaux Courts {4 centim.), n'atteignant pas l'axe pri- maire; feuilles ovales, celles de la tige principale pétiolées, toutes trés hérissées, bosselées et cendrées en dessous, vertes en dessus, dentées à dents grosses inégales à pointes étalées; bractées ovales-acuminées, en cœur à SÉANCE DU 29 MAI 1860, 307 la base; fleurs en épis longs de 5 centim. , compactes; calice hérissé, campa- nulé, à dents égalant le tube ; corolle rose, glabre à l’orifice ; étamines exsertes ; nucules avortées. — Fleurit en septembre. Hub. Le Lauraguais, à Nailloux (Haute-Garonne), dans les fossés, avec les M. rotundifolia eX hirsuta; trés commun. Obs. Cette hybride a été décrite par M. Schultz, qui lui donne pour parents les M. aquatica ct rotundifolia. La nôtre croit en société des rotundifolia et Airsuta, mais ce dernier, comme nous l'avons dit, n'est qu'une forme de laquatica. Dans cette hybride, les tiges feuillées stériles se changent en stolons radicants à leur extrémité, et se perpétuent ainsi plus ou moins longtemps. Mentha aquatico-rotundifolia Nob. M. Bosquetiana Nob. olim. Tige couchée-ascendante, hérissée et tomenteuse dans toute sa longueur, rameuse dès la base; rameaux étalés, longs, mais n'atteignant pas l'axe pri- maire qui se termine par 3 ou 4 rameaux courts (3 à 4 centim.) ; feuilles sessiles, atténuées à la base, ovales-elliptiques, obtuses, ridées et bosselées en dessous, tomenteuses, mucronées, dentées à dents égales appliquées (les feuilles sont trés petites, de 3 centim. de long sur 2 de large) ; bractées ovales-acu- minées; fleurs en épis obtus, arrondis, courts (2 à 3 centim.); ceux qui terminent les rameaux latéraux sont presque globuleux, compactes, quoique un peu espacés à la fin de la floraison; calice campanulé, à dents plus courtes que le tube, hérissées et ciliées; corolle velue à la gorge; étamines de la longueur de la corolle; pistil plus long; nucules avortées. — Fleurit en septembre. | Hab. Toulouse, près du village de Saint-Martin-de-las-Bordes, sur les bords du ruisseau qui vient de Balma, près du pont non loin du village, parmi un grand nombre d'individus appartenant aux MJ. aquatica et rotundifolia. Obs. Cette hybride, intermédiaire aux deux parents, est très bien carac- lérisée; elle offre, si on peut le dire, un mélange à parties égales de ses deux parerts; les organes de végétation appartiennent au M. rotundifolia, tandis que ceux de reproduction et leurs enveloppes reviennent au M. aquatica. Son port et son facies sont tellement changés que j'avais cru longtemps avoir sous les veux une espèce nouvelle. J'en ai donné méme plusieurs individus sous le nom de M, Bosquetiana, en l'honneur de M. Bosquet, botaniste distingué qui l'avait trouvée avec moi dans la localité que je viens de citer. Mentha rotundifolio-arvensis Nob. Cette hybride diffère du M. arvensis par ses feuilles qui vont en diminuant de bas en haut, où elles deviennent si petites qu'elles ne peuvent égaler les fleurs; elles prennent la forme arrondie en cœur à la base ; celles du sommet des rameaux sont tomenteuses, ridées en réseau et bosselées en dessous, tandis que celles du bas des tiges sont vertes et simplement hérissées comme dans 358 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. l'arvensis; elles prennent la méme forme, quoique plus ridées et bosselées. Les fleurs sont toutes en glomérules axillaires, mais on trouve des individus qui ont les glomérules si rapprochés qu'ils simulent un véritable épi ; cepen- dant tous les rameaux se terminent par un petit bouquet de feuilles qui sont souvent très petites, mais qui existent. Le calice est campanulé, très hérissé de poils blancs. La corolle avorte souvent ou elle égale le calice; sur certaines fleurs, elle est du double plus longue, glabre à l'intérieur. Les nucules avortent complétement. — Fleurit en septembre. Hab. Toulouse, les bords de la Garonne, au port Garand et ailleurs, avec les M. arvensis et rotundifolia. Obs. La paternité de cette hybride revient au M. rotundifolia. C'est ce dernier qui est venu modifier la disposition des fleurs et qui leur a donné cette tendance à prendre la forme rapprochée, ainsi que le tomentum abondant qui couvre les feuilles du sommet des rameaux, c'est lui enfin qui a généralement modifié les organes de reproduction ; mais les tiges rameuses dés la base, sou- vent couchées, les longs rameaux terminés par un faisceau de feuilles, la forme de ces dernières, la manière dont elles sont dentées, la station, etc., ne laissent aucun doute sur la maternité de l'arvensis. Obs. Le M. Mulleriana Fr. Sch. est bien voisin de notre hybride, mais il en est cependant sensiblement différent, parce qu'il a pour pere l'arvensis et pour mère le rofundifolia, ce qui modifie singulièrement les caractères de ces deux hybrides. Mentha arvensi-aquatica, forma asperata Nob. (M. sativa auct. mult.; an L.?). Cette hybride, formée par les M. arvensis et aquatica, fait partie d'un groupe de plantes bâtardes, dont plusieurs formes ont été déjà décrites par M. Wirtgen (7. c.) et distribuées sous les numéros 36 à 39 et 51 à 59. Cependant notre hybride diffère de toutes les formes signalées par M. Wirtgen, et se rapproche davantage du M. arvensi-hirsuta publié par M. Schultz dans son Herbier normal, n. 130. Notre hybride a les fleurs en verticilles courts, les feuilles hérissées de poils roides de l’arvensis, ainsi que la forme du calice et de la corolle; mais elle présente des feuilles ovales-acuminées, atténuées en pétiole, comme dans l'aguatica, auquel elle emprunte aussi la forme des tiges. Hab. Toulouse, sur les bords du canal latéral, J'ai encore observé plusieurs autres formes remarquables, qui doivent sans doute aussi leur origine à l'hybridation, mais les caractéres qui les dis- ünguent ne sont pas assez tranchés pour être signalés. On pourra d'ailleurs les réunir à l'une ou l'autre des hybrides que j'ai décrites dans le cours de ce travail, SÉANCE DU 25 MAI 1860. 359 M. Eug. Fournier donne lecture de l'extrait suivant d'une lettre qu'il a recue de M. Gacogne : LETTRE DE M. Alph. GACOGNE A M. EUG. FOURNIER. Lyon, 22 mai 1860. ..... Permettez-moi d'attirer votre attention sur une plante rare de nos Alpes francaises, exclue de la Flore de MM. Grenier et Godron ; je veux parler du Primula longiflora AN. Cette espéce n'est pas mentionnée dans mon excursion au mont Vizo, parce que je ne connaissais pas encore M. Lannes (1) qui l'a récoltée en grande quantité et m'en a si généreusement pourvu que j'ai pu la distribuer à tous mes amis et correspondants. Voici comment, dans une de ses lettres, il me raconta sa découverte : « Le 22 juin 1851, en revenant de faire un service de reconnaissance sur a le col de Saint-Véran, le hasard me faisant suivre un autre sentier que le chemin direct, j'apercus un pré littéralement couvert d'une belle plante que ` je pris d'abord pour le Primula farinosa L.; mais sa taille plus robuste, et surtout la longueur du tube de la corolle, me frappèrent et me firent penser que ce pouvait être une espèce que je ne possédais pas encore. En arrivant chez moi, je reconnus, en consultant la Flore française de M. Boisduval, que j'avais affaire au Primula tongiflora All. Je cherchai dans la Flore de Mutel, et je fus étonné de n'y pas voir ma plante décrite. Je compris alors qu'elle devait étre fort rare en France; mais, comme je n'avais alors aucun correspondant, je ne pus communiquer ma découverte à personne. » En 1853, M. Roux (de Guillestre) apprit de -mon capitaine que je m'occupais de botanique. Il vint un jour me voir à Saint-Véran. Après les premières paroles échangées, je n’empressai de lui montrer la plante qui m'intéressait beaucoup. Il en fut dans l'admiration, et me pria aussitôt de le conduire à la station de cette espèce précieuse, en me promettant de faire connaitre mon nom à MM. Grenier et Godron. En 1857, j'ai également indiqué cette plante à M. de Valon, qui l'a récoltée en centurie pour MM. Puel et Maille. » (Voyez le Bulletin, t. IV, p. 1007.) Après des détails aussi précis, j'espere que le Primula longiflora prendra place désormais parmi les espèces françaises, et que la découverte de M, Lannes lui sera attribuée comme de juste. Il me reste à vous préciser la station de ce Primula sur le territoire français. Il est extrêmement abondant sur la commune de Saint-Véran (Hautes- Alpes) à 2200 métres d'altitude, dans les prés de la Grangeasse ; on le trouve x x c v x x x z x > x = > x =x T ` (1) Actuellement lieutenant des douanes, au Monétier-de-Briancon. 360 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. aussi à la pierre de l'Ours, au vallon Agniel, près de Fontgaillarde, et, sur le territoire piémontais, en allant du col de Saint-Véran au village de la Chenal. M. Decaisne présente à la Société des fleurs monstrueuses de Ligeria speciosa. l Ces fleurs, dit M. Decaisne, proviennent d'un semis de la variété nommée par les jardiniers Zigeria Fyfiana, dont la corolle est dressée et régulière. Les fleurs de la variété nouvelle, semblables à celles du Z. Fyfiana, s'en distinguent néanmoins par la présence de cinq grands appendices pétaloïdes, en forme de capuchon, qui occupent la base du tube de la corolle, aux lobes de laquelle ils répondent exactement. Ces appendices ne peuvent être assimilés aux éperons que présentent d'autres Gesnériacées et qui sont identiques avec ceux des Linaires péloriées; mais ils paraissent former une sorte de duplicature analogue à celle de plusieurs Campanules à fleurs doubles. Les lobes supplémentaires apparaitraient ici à l'extérieur et non à l'intérieur du tube corollin. M. Decaisne donne ensuite lecture de l'extrait suivant. d'une lettre qu'il a reçue de M. Maugeret : Narbonne, 48 mai 1860. .....Je vous avais prié, il y a quelque temps, de faire consigner dans notre Bulletin, que j'avais trouvé, en avril 1857, prés de Narbonne, au lieu dit Pech de l'Agnelo, deux stations abondantes de Scorzonera crispa Bieb. ; je crois même vous en avoir envoyé des échantillons. Cette petite affaire a été oubliée. Si vous voulez avoir l'obligeance de faire réparer cette omission, vous pouvez annoncer en méme temps que j'ai trouvé aussi, en mai 1857, à la Clape, au ravin de Rouquette, une localité de Convolvulus lanuginosus Desr. , espèce qui n'avait encore été signalée en France qu'à Notre-Dame-de-Pena prés Perpignan. M. J. Gay fait à la Société la communication suivante : Les cultures des jardins Vilmorin, à Verrières prés Paris, offrent en ce moment deux faits dignes de la plus sérieuse attention. C'est d'abord un hybride artificiel de PÆ gilops ovata, croisé par M. Græn- land avec un Froment barbu, et qui, arrivé à sa quatrième génération, conserve encore aujourd'hui son caractère d' Æ gilops speltæformis, sans montrer aucun indice de retour vers l’un ou l’autre de ses parents. Il en est de même de la descendance d’une graine de r Æ gilops triticoides Req. , c'est-à-dire de l'hybride spontané de l Æ gilops ovata et d'un. Froment cultivé, qui me fut envoyée d'Agde en 1857 par MM. Fabre et Théveneau, SÉANCE DU 25 MAI 1860. 361 la seule que ces messieurs eussent pu découvrir après plusieurs semaines de recherches. Semée à Verrières par les soins de M. Grænland, cette graine a donné, en 1858, une plante sur laquelle on a pu récolter 3 graines. Une seule a germé et a produit, en 1859, un sujet qui a fourni 22 graines. De ces 22 graines, 12 seulement se sont montrées fécondes, etle 23 de ce mois (mai 1860), elles avaient donné autant de plantes, dont les épis com- mencent à sortir de leurs gaines, annoncant déjà une parfaite conformité avec ceux des générations précédentes, qui ne différaient en rien de Æ gilops spelte formis. Voilà donc un hybride spontané qui se comporte comme les hybrides artificiels expérimentés par M. Greenland, et qui arrive à sa troi- sième génération, en conservant exactement les formes mixtes qu'il avait originairement recues de ses deux parents (4). M. Gay donne ensuite lecture de l'extrait suivant d'une lettre adressée par M. Grenier à M. Contejean : Besancon, 45 mai 1860. ^. Je reçois à l'instant une lettre de M. Thion, qui habite prés de Cannes (Var). Cette lettre contient deux fruits du Cymodocea æœquorea, trouvés près de Cannes, où la plante n'est pas rare au mois de novembre. Cette découverte est intéressante, carla constatation de la présence de cette plante sur les cótes de France est un fait nouveau. (1) Note ajoutée par M. Gay au moment de l'impression (novembre 1860). — Tel élait ou paraissait étre l'état des choses au 23 mai dernier, alors que les plantes soumises à l'expérience commencaient à montrer leurs épis. Mais la suite n'a pas réalisé toutes ces apparences, et, à la maturité des plantes, M. Grænland a pu y remarquer les différences suivantes : L'hybride artificiel, mentionné en premier lieu, n'a point conservé son caractére d'Ægilops spellæformis : il est devenu un Blé non barbu (quoique provenant d’un Blé très barbu, le Poulard blanc, c'est-à-dire une des formes du Triticum turgidum), avec l'épi persistant des Blés; et, de plus, ses meilleurs ovaires s'étant tous transformés en ergot, il n'a pu fournir aucune bonne graine. Aiusi s'est éteinte, à la quatriéme géné- ration, la lignée de l’Ægilops ovata que M. Grænland avait artificiellement fécondé, en 1856, avec le pollen du Poulard blanc ; elle s'est éteinte dans une forme qui n'était ni celle du père, ni celle de la mère, ni celle de l'/Egilops spellæformis. i Quant à l'hybride spontané, provenant d'une graine accidentellement fertile de P Ægi- lops triticoides Req., il s’est partagé cette année en deux formes très distinctes, Deux des douze pieds ont pris le caractère d’un Blé sans barbe, avec persistance de l'épi et Stérilité des graines. Les dix autres pieds ont conservé intact le caractère de lÆgilops spelteformis qu'avaient leur mére et leur grand-mére, caractére signalé par leur haute taille, ainsi que par leur épi allongé, trés barbu et fragile à la base. Les dix pieds ont tous, ou presque tous, développé quelques graines qui paraissent devoir étre fertiles, et l'un de ces pieds en a méme fourni plus de 200, exemple remarquable de fertilité croissante dans un hybride arrivé à sa troisiéme génération. ee : . La forme de P Ægilops spelteformis parviendra-t-elle à se fixer d'une manière défi- nitive dans la descendance d'une de ces graines? C'est ce que pourra seule nous apprendre l'expérimentation continuée par M. Greenland avec le soin qu'il y a mis jusqu ici. 362 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Gay se félicite de cette acquisition, qui est nouvelle aussi pour lui. Ce n'est pas, ajoute M. Gay, que De Candolle et Delile n'aient étiqueté Zostera mediterranea (synonyme de Cymodocea æquorea) des échantillons par eux récoltés, soit à Frontignan, soit ailleurs sur la plage voisine de Montpellier, échantillons qu'on peut voir conservés dans les herbiers du Muséum, de Desfon- taines et de M. Delessert. Mais ces échantillons sont stériles : on n'y voit aucune trace de fructification, ct rien ne prouve qu'ils appartiennent réellement à la plante dont ils portent le nom. Bien plus, l'étude attentive de la nervation des feuilles m'a donné la presque certitude que les échantillons de De Candolle appartiennent à un Ruppia, et celui de Delile au Zostera marina. Dans de telles circonstances, le Cymodocea «quorea, acquis avec certitude à la côte francaise de la Méditerranée, doit étre considéré comme une véritable nou- veauté. Enfin M. Gay annonce que le Merendera filifolia Camb. (Bul- bocodium vernum Desf.) a été découvert par M. Derbés, aux envi- rons de Marseille, sur deux collines éloignées l'une de l'autre (1). M. Eug. Fournier, vice-secrétaire, donne lecture des commu- nications suivantes, adressées à la Société : RECHERCHES SUR LE POSIDONIA CAULINI Konig, par. M. Ch. GRENIER. (Besancon, mai 4860.) Le nombre des plantes connues des anciens et méme des savants du moyen âge était bien minime, si on le compare à celui des espèces actuellement décrites. Cette énorme disproportion numérique et cette indifférence des siècles passés pour une étude qui, dans nos temps modernes, a su captiver, à un si haut degré, les hommes les plus sérieux, s'expliquent par la pensée qui a d'abord présidé aux recherches des naturalistes. Exclusivement occupés du point de vue pratique, ils ne donnaient aucune place aux études purement scientifiques, et l'on ne trouye dans leurs livres que les plantes qui offraient à l'homme quelque élément utile ou agréable, ou mieux encore, qui, dans l'état de maladie, lui rendaient de plus importants services. On comprend dés lors qu'en suivant cette voie, ils n'aient arraché à l'oubli qu'une imperceptible partie du régne végétal. Le Posidonia Caulini n'a jamais eu l'avantage de fournir des produits de grande valeur; mais, sans cesse rejeté par la tempéte sur certains points du (4) Voy. Grenier, Suppl. à la florule exotique de Marseille (mai 1860), p. 19. SÉANCE DU 25 mar 1860. 363 rivage méditerranéen, il a de tout temps offert une sorte de fourrage abon- dant qui, n'exigeant des riverains aucune main-d'œuvre, était, par ce fait, recherché pour une foule de besoins domestiques. Ainsi, du temps d'Homere, et probablement plus anciennement encore, les Grecs en calfataient leurs navires, et l'employaient à d'autres usages analogues. Nous ne devons donc pas étre surpris de trouver dans Théophraste une description qui peint cette plante si exactement qu'il est impossible de la méconnaitre. Cette description est même si précise que je ne puis résister au désir d'en reproduire la traduction latine donnée par Cavolini : Jnter fucos est quidem ille folio lato, et vittæ instar distento, habens colorem herbidum, quem aliqui porrum (mpácov) appel- lant, alii cingulum (Ceoccnp) ; radicem quidem habet villosam, superne autem squamatam, valde quidem longam, ac bene compactam, similem crommygethi is. On voit que le disciple d'Aristote ne soupconnait nullement l'existence de la fleur du Posidonia. Il en fut de méme jusqu'à la fin du xvi’ siècle, et, comme nous le verrons en suivant pas à pas l'histoire de cette plante, la lumiere ne se fit que tardivement et incomplétement, puisque aujourd'hui méme la connaissance de ce végétal est encore, sur bien des points, entourée d'une obscurité profonde. En 1576, Lobel, dans un appendice à ses Adversaria, donne une figure fort médiocre des feuilles et de la souche du Posidonia; et il n'assigne à cette plante d'autre usage que de servir à l'emballage des glaces et de la verrerie de Venise, Dodonæus, en 1583, édite une nouvelle figure qui n'est pas meilleure que celle de son prédécesseur, et qui est également dépourvue de tout organe de reproduction. Daléchamp, en 1586, reproduit les figures de Lobel et de Dodonæus, sans renseignements nouveaux, sinon que les populations des rivages où cette plante abonde la ramassent pour servir de litière, pendant l'hiver, aux animaux domestiques. G. Bauhin, en 1623, dans son Pinax, J. Bauhin, en 1651, dans son Historia, Chabræus, en 1666, dans son Sciagraphia, n'ajoutent rien aux auteurs précités. Toutefois G. Bauhin, aprés avoir signalé la plante sous le nom d'A/ga marina vitrariorum, indique, sous le nom d'A/cyonium XIV et XV, ces boules feutrées qui se forment au détriment des feuilles et des rhizomes du Posidonia, et que la mer finit par rejeter sur ses bords; aban- donnant ainsi l'opinion qui tendait à faire regarder ces corps comme étant probablement le fruit de la plante. En 1700, Tournefort se borne à reproduire la dénomination de Bauhin, - y Joignant une figure au moins aussi mauvaise que celles de ses devan- ciers, Jusque-là la connaissance de la plante est restée aussi stationnaire qu'incom- 364 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. p'ète. Mais, en 1733, Vallisneri recoit des bords de l'Adriatique le fruit du Posidonia ; il le décrit et en donne une figure, sans songer à la fleur. En 1761, Gérard, daus sa Flore de Provence, mentionne la plante en ces termes : Zostera pericarpiis pedunculatis oliveformibus. Puis, dans le volume du fruit et dans la longueur du pédoncule, il cherche des caractères pour différencier son espèce du Zostera qui croit sur les rives de la Baltique et de l'Océan, tout en inscrivant sa plante parmi les Graminées. En 1767, Linné, dans son Wantissa prima, reproduit la diagnose de Gérard, et range la plante daus le genre Zostera, qui fait partie de sa Gynandrie-polyan- drie. Il mentionne, en outre, la synonymie de Bauhin : Alcyonium XIV; et, à cette occasion, il affirme que les boules feutrées dont nous avons parlé ne sont que les racines de la plante. En 1789, A.-L. de Jussieu, dans son Genera, classe le genre Zostera dans la famille des Aroides, sans toucher à la question litigieuse de l'espéce médi- Lerranéenne. En 1792, l'histoire du Posidonia va faire un grand pas. Cavolini, dans une dissertation spéciale, décrit et figure la fleur et le fruit du végétal sous-marin, qu'il place dans l'Hexandrie-monogynie ou dans les Calamariées de Linné. Il reconnait que sa plante diffère génériquement du Zostera marina, et il lui donne le nom de Z. oceanica, pendant qu'il crée, pour le Z. marina, le genre PAucagrostis. Mais, comme le fait judicieusement observer De Candolle, il est impossible d'enlever le nom de Zostera au Z. marina, qui a seul fourni primitivement les caractères du genre; et, pour cette raison, De Candolle substitue au nom de Z. oceanica celui de Caulinia oceanica. Cavolini a observé la plante à toutes les époques de sa végétation; la fleur et le fruit lui sont connus, et si, comme un grand nombre de naturalistes de son temps, il ne s'était point laissé entrainer par l'idée de ne chercher dans le Posidonia qu'un argument de plus en faveur de la thèse que, dans tous les étres organisés, la succession des individus s'accomplit par un mode de génération uniforme (generationis univocæ), Cavolini aurait certainement laissé un travail complet au point de vue botanique. Sans doute il a minu- tieusement décrit tout ce qui a trait à l'appareil reproducteur : étamines, pollen, pistil, ovules, embryon et même folioles qui le surmontent, rien ne lui a échappé. Mais tout cela est étudié au point de vue de sa thèse, et il ne cherche ni à aller au delà, ni à approfondir la valeur des organes qu'il décrit. Ainsi il considère chaque loge anthérifère comme une anthère, ce qui le conduit à ranger la plante dans l'Hexandrie-monogynie de Linné ; il prend les filets des étamines pour une corolle, et il place les étamines en dehors de cette corolle; il est vrai qu'il avoue naivement que la chose lui parait iusolite : quod insolens et novum in plantis. Aussi, pour les botanistes qui n'avaient point sous les yeux le Posidonia, le texte de Cavolini ne pouvait-il manquer SÉANCE DU 25 Mar 4860. ` 365 de paraître obscur, et méme devait-il les induire en erreur sur la véritable organisation de la plante. L'année 1805 est féconde en travaux sur le Posidonia. Trois auteurs érigent simultanément la plante en genre particulier : ce sont De Candolle, Willdenow et Konig, qui tous ne font que reproduire plus ou moins exactement la mono- graphie de Cavolini, en changeant le nom générique de l'espéce. De Candolle range la plante dans les Joncées et adopte le nom de Caulinia, déjà employé par Willdenow (Act. Acad. berol. p. 87, 1798) pour désigner le JVaias minor All. Le droit de priorité ne permet donc pas de conserver à la plante. de Cavolini le nom que De Candolle lui avait imposé. Willdenow, à son tour, classe la plante dans la Polygamie-monæcie et emploie le nom générique de Æernera, déjà admis par Medikus pour désigner le Wyagrum saxatile L. Ce nom ne peut donc pas plus être conservé que celui qu'avait choisi De Caadolle. Aux données empruntées à Cavolini, Will- denow en ajoute quelques autres qui ne sont pas heureuses. Ainsi il dit l'épi terminal, il prend le connectif des anthères pour un nectaire triphylle, il décrit le stigmate comme plan sans parler de ses nombreuses divisions. Enfin Konig, plus heureux que les deux auteurs précédents, établit, dans les Annals of Botany, le genre Posidonia qui, exempt des inconvénients attachés aux noms donnés par De Candolle et par Willdenow, doit rester dans à science. Je ne mentionncrais point l’article de Loiseleur dans le Dictionnaire des sciences naturelles, s'il n'était accompagné d'unc figure dessinée par Turpin. La plante est représentée en fleur ; mais cette image n'a que de faibles rapports avec la réalité, et les figures 2, 3, 4 sont presque imaginaires, ce qui n'a pas empéché M. Reichenbach de copier cette planche et de la redonner sans modification dans la septième centurie de ses cones, éditée en 1845. M. Reichenbach, dans cet ouvrage, décrit les éléments reproducteurs du Spadice comme ne formant tous ensemble qu'une fleur unique, à neuf éta- mines, dont six fertiles et trois stériles. Or les six étamines fertiles constituent deux fleurs complètes, munies chacune d'un pistil, pendant que les trois étamines plus ou moins avortées forment la fleur supérieure dans un état plus ou moins rudimentaire. 11 est impossible de trouver dans le Posidonia "ne disposition florale semblable à celle qui est représentée dans cette planche, figures B et G. — Dans notre Flore de France, nous avons adopté cette Opinion, et les caractères génériques et spécifiques donnés par nous doivent être radicalement modifiés. On voit que la lumière était loin d’être faite. Aussi Endlicher, dans son Genera publié en 1840, après avoir rangé avec raison la plante dans les Naïa- dées, trace une diagnose générique qui est loin d’être irréprochable. 1l admet qxatre étamines pour chaque fleur, ce qui n'existe jamais ; il dit le stigmate velu, tandis qu'il. est glabre, mais lacinié-fibrilleux ; il suppose que la fleur 366 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. supérieure est terminale, pendant qu'elle est toujours latérale; il décrit l'embryon, mais avec moins de précision que ne l'avait fait Adr. de Jussieu dans les Annales des sciences naturelles en 1839. Depuis Cavolini la question était donc restée à peu prés stationnaire, et ce n'est qu'en 1854 que nous voyons M. Gussone, dans son Flora inarimensis, donner, d’après les observations de M. G. Gasparrini, des caractères génériques plus exacts. Cependant là on lit: pedunculi terminales, subumbellati, etc. Je ne suppose pas que M. Gasparrini veuille désigner par ces mots la hampe, qui est visiblement latérale par rapport au rhizome, non plus que les supports des spathelles ou les spathelles elles-mémes qui sont évidemment axillaires. Serait-ce enfin aux axes anthérifères qu'il faudrait appliquer le mot terminales? Mais ces axes sont le prolongement d'un bourgeon latéral, né à l'aisselle d'une bractée, et leurs éléments floraux, toujours latéraux, se comportent à l'égard de leur axe comme les feuilles et les bourgeons par rapport à la souche. Je ne saisis donc ni le sens que l'auteur a attaché à ce mot, ni l'utilité de son emploi dans la diagnose. Je ne vois pas non plus comment on pourrait appliquer à ces organes l'épithète de subumbellati, car leur disposition est incontestablement distique. Enfin, pour clore la série des auteurs qui se sont occupés du Posidonia, disons qu'en 1857, dans le Bulletin de la Société botanique de France, M. Germain de Saint-Pierre a très bien décrit la déhiscence du fruit et quelques autres particularités de cette plante curieuse. Sans doute bien d'autres botanistes encore ont parlé du Posidonia; mais, comme ils n'ont fait que reproduire les textes et les idées des auteurs dont je viens de parler, je n'ai pas cru utile de les mentionner ici. Synonymie. Alga marina Lobel Adv. app. p. 474 (1576). Fucus marinus alter Dod. Pempt. p. KTh (1583). Fucus sive Alga marina graminea et Lobelii Dalech. p. 1373 (1586). Alga et Ulva Chabr. Sciagr.-p. 569 (1666). Alga angustifolia vitrariorum C. Bauh. Pin. p. 364, et Alcyonium XIV et X V, p. 368 (1623) ; J. Bauh. Hist. III, p. 79^ (1651); Tournef. /nsf. p. 569, t. 337 (1700). Zostera Vallisneri Oper. I, p. 215 (1733). Zostera pericarpiis pedunculatis olivæformibus Ger. Fl. gallo-prov. p. 121 (1161). Zostera oceanica Linn. Mant. p. 123 (1767) ; Cavol. De Zost. monogr. cum ic, (1792), et in Ann. Ust. VI, p. 66, t. ^ (1793). Zostera A.-L. de Jussieu Gen. pl. p. 24 (1789). SÉANCE DU ?5 MAI 1860. 367 Kernera oceanica Willd. Sp. IV, p. 947 (1805); Bertol. Fl. ital. X, p. 406 (1854). Caulinia oceanica DG. FT. fr. YII, p. 156 (1805) ; Pers. Syn. II, p. 562 (1807); Lois. in Dict. sc. nat. VIL, p. 226, cum. ic. (1817); Duby Bot. gall. p. ^41 (1828) ; Gasp. in Guss. Fl. inarim. p. 315 (1854). Posidonia Caulini Konig in Ann. of Bot. A, p. 96, t. 6 (1805); Rchb. Fl. exc. Y, p. 137 (1830), et Ze. Fl. germ. cent. VII, t. 5 (1855) ; Endl. Gen. p. 231, n. 1660 (1840); Adr. de Jussieu in Ann. sc. nat. 2* sér. vol. II, p. 354 (1839) ; Germ. de St-P. in Bull. Soc. bot. Fr. IV, p. 575. (La suite à la prochaine séance.) LISTE DES ALGUES MARINES DÉCOUVERTES DANS LE FINISTÈRE DEPUIS LA PUBLICATION DES ALGUES DE CE DÉPARTEMENT EN 1852, par MM. CROUAN frères. (En Lambézellec prés Brest, 28 avril 1860.) FUCOIDE.K. Ordo 1. — Ectocarpeæ. ELACHISTEA Duby. — clandestina Cr, ms. — Sur le Fucus ceranoides var. spiralis; riviére marine de Penfeld, Ectocarpus Lyngb. — reptans Cr. ms. — Sur le Chorda Filum; octobre. — macrocarpus Cr, ms, — Sur le Cystosira granulata ; septembre. — insignis var, minimus Cr. ms. (Ect. pulchellus olim). — Sur le Chorda lomentaria ; Brest. — amphibius Harv. — Flaques des prés salés de Landerneau; au printemps, — spinescens Harv. — Flaques des prés salés de Landerneau; au printemps. — scorpioides Harv. — Flaques des prés salés de Landerneau ; au printemps. — distortus Carm. — Sur le Desmarestia aculeata avec duvet; dragué rade de Brest. — littoralis Lyngb. — Riviére marine de Penfeld, au moulin à huile. Ordo Hl. — Sphacelarieæ, SPHACELARIA Lyngb. — Cæspitula Lyngb. — Sur le renflement du stipe du Saccorrhiza bulbosa; baie de Lanninon. — Bertiana De Not. Alg. ligust.; Desmaz. Pl. crypt. 2* sér. 535.— Sur le Cladostephus verticillatus dépouillé de ses ramilles. Ordo iil. — Chordarieæ. MYRIOCLADIA J. Ag. — Castagnei Cr. ms, — Banc de Saint-Marc, rade de Brest; sur les souches et feuilles mortes de Zostera. LIEBMANNIA J, Ag. — major Cr. ms. — Sur les pierres, au banc de Saint-Marc, dans les endroits qui ne se découvrent qu'aux plus grandes marées. De 10 à 50 centimétres de longueur. — gracilis Cr, ms. — Flaques du haut du rivage de la mer pic 368 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Rarrsia Berk. — disciformis Cr. ms. (Myrionema disciformis Cr. olim). — Dragut rade de Brest, sur les anomies, la faïence, l'enveloppe des œufs de squale, ete. — extensa Cr. ms. — Dragué sur les faiences, poteries, ardoises, rade de Brest. Cette espéce, trés remarquable, atteint 30 centimétres et plus de diamétre. Or:o IV. — Dictyotez, GiRAUDIA Derb. et Sol. — sphacelarioides Derb. et Sol, — Sur les souches et feuilles mortes de Zostera et sur diverses Algues; banc de Saint-Marc. PUNCTARIA Grev. — cæspitosa J. Ag.; Kuetz. Sp. — Sur les feuilles de Zostera; prés de Plouguerneau. — Jlaminarioides Cr. ms. — Rejeté dans l'anse de Tréménarc'h prés Plouguerneau. T.R. Cette espèce, très remarquable par son épaisseur et sa grandeur, atteint jusqu'à 34 centimètres de longueur et 21 centimètres de largeur. STRIARIA Grev. -— fragilis J. Ag. — Banc de Saint-Marc, T.R. TAONIA J. Ag. — Solierii J. Az. — Au Minou, à gauche du phare; en février. T.R. HALIDRYS Lyngb. — siliquosa (| denudata Lyngb.; Desmaz. PI. crypt. 9? scr. 205. — Rejeté des fonds vaseux de la rade de Brest par les coups de vents. FLORIDE X. SER. 1. — GONGYLOSPERMEÆ. Ordo I. — Ceramieæ, Trib. I. — CALLITHAMNIE JE. CALLITHAMNION Lyngb. — microscopicum Nægeli in Kuetz. Sp. — Sur l Enteromorpha compressa, au Minou; en hiver. — Hapalidii Cr. ms. — Dragué rade de Brest, sur des Hapalidium, sur lesquels il forme . de petits gazons. — Codii Cr. ms. — Sur le Codium elongalum, sur lequel il forme des gazons serrés, au Delec ; avril. — parvulum Cr. ms. — Sur le Codium polymorphum Cr. Cette espèce est voisine du Callith. strictum Ag. — fallax Cr. ms.— Draguć rade de Brest, sur faïence ct I/apalidium. Fronde, en grande partie, rampante. — serpens Cr. ms. — Dragué rade de Brest, sur verre. T.R. Fronde horizontalement appliquée, sans racine. Très curieuse espèce. — corymbosum var. byssoides Cr. ms. — Sur Zostera; banc de Saint-Marc. . Trib. LT, — CERAMIEZ. CERAMIUM Lyngb. . — diaphanum J. Ag. (type). — Saint-Mathieu près Brest. Ordo II. — Cryptonemeæ. Trib. I. — NEMASTOME. SCUIZYMENIA J. Ag. — minor J. Ag. — Sur les rochers; au Mengant. SÉANCE DU 25 MAI 1860. 369 GRATELOUPIA C. Ag. — minima Cr. ms, — Sur les pierres; banc de Saint-Marc et baie de Lanninon. DERMOCORYNUS Crouan in Ann. sc. nal. 4° sér. t. IX. — Montagnei Cr. 1. c. — Dragué rades de Brest et de Camaret et banc de Saint-Marc. Trib. V. — CRYPTONEMEÆ. CRYPTONEMA J. Ag. — nitophylloides Cr. ms. — Sur les lanières du Laminaria digitata, pointe de Corson ; octobre. T.R. Ordo III. — Gigartinez. GYMNOGONGRUS Mart. — minutus Cr. ms. — Sur pierres; dragué rade de Brest. Ordo VI. — Rhodymenicæ. RHODYMENIA Grev. — Palmetta var. Ellisio. — Implanté dans des Jlalispongia, contre les rochers, baie de Bertheaume. RHODOPHYLLIS Kuetz. . — circinans Cr. ms. — Rochers du Mengant, à trés basse mer. SER. II. — DESMIOSPERMEZÆ. Ordo XI. — Squamarieæ. Trib. I. — DERMOCARPE;E. ' DERMOCARPA Crouan in Ann. sc. nal. 4° sér. t. IX. — violacea Cr. 1. c. — Dragué rade de Brest, sur faïence et sur verre. Trib. H. — CRUORIEÆ. CoNTARINIA Zanard. — rosea Cr. in Ann. sc. nat. 4° sér. t. IX.— Dragué rade de Brest, sur faïence et verre. — cruoriæformis Cr. in Ann. sc. nal. 4° sér. t. IX. — Dragué rade de Brest, sur Spongites, Melobesia, et sur diverses coquilles. Trib. IIT. — SQUAMARIEÆ. RRODODISCUS Crouan ms. cum ic. (gen. nov.) — pulcherrimus Cr. ms. — Dragué rade de Brest, sur verre et porcelainc. CRUORIELLA Crouan ms. cum ic. (gen. nov.) — Armoricæ Cr. ms. — Dragué sur les Haliotis, les Melobesia, etc. , rade de Brest. HÆMATOCELLIS J. Ag. — fissurata Cr. ms. — Sur le Pecten maximus; dragué rade de Brest, Cette espéce se : fissure ou se fendille constamment par la dessiccation. — bifurcala Cr. ms, — Dragué rade de Brest, sur faience et coquilles, PEYSSONELIA Decne. — rupestris Cr. ms. — Sur les rochers battus par les vagues ; au Mengant. Ordo XII. — Corallineæ. Trib, I. — MELOBESIEÆ. HapALiIDIUM Kuetz. — Phyllactidium Kuelz. — Croît sur diverses Algues et sur Zoslera, porcelaine, faience et verre. T. VIL. 2h 370 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. — roseum Kuetz. — Dragué sur verre et porcelaine, rade de Brest. — zonale Cr. ms. — Dragué sur verre et porcelaine, rade de Brest. R. — coccineum Cr. ms. — Dragué sur porcelaine, rade de Brest. T.R. — hildenbrandtioides Cr. ms. — Sur des enveloppes d’œufs de squale, les racines des Laminaires, etc.; baie de Sainte-Anne et fort Mengant. — callithamnioides Cr. ms. — Dragué rade de Brest, sur verre. T.R. MELOBESIA Aresch. — farinosa Lamour. — Sur les Fucus. verrucata Lamour. — Sur les Fucus et les Floridées. Corallinæ Cr. ms. — Sur le Corallina officinalis ; goulet de la rade de Brest. confinis Cr. ms, — Sur Corallina; à la base des rochers, à la limite du flux. myriocarpa Cr. ms. — Dragué sur faience, rade de Brest. hapalidioides Cr. ms. — Sur des anomies et sur faience; dragué rade de Brest. simulans Cr, ms. — Dragué rade de Brest. LIBE LiTHOTHAMNION Phil. — depressum Cr. ms. — Banc de Saint-Marc et dragué rade de Brest. — purpureum Cr. ms. — Sur les rochers battus par les vagues ; batterie du Diable. — fallax Cr. ms. — Dragué sur verre, rade de Brest. CORALLINA Lamour. — compacta Cr. ms, — Batterie du Mengant. — Calvadosii Lamour. — Batterie du Diable. — elegans Lenorm. in J. Ag. — Anse Deolen prés Toulbroc’h. Ordo XIII, — Sphærococcoideæ. Trib. 1I. — DELESSERIEJE. NITOPHYLLUM Grev. — Sandrianum Cr. ms. (Phlebophyllum Sandrianum Zanard.). — Dragué rade de Brest. INOCHORION Kuetz. . — dichotomum Kuetz. Spec. — Dragué rade de Brest. Ordo XV. — Chondrieæ. Trib. III. — LOMENTARIEJE. LOMENTARIA Lyngb. — kaliformis var. f squarrosa J. Ag. Sp. (Lomentaria squarrosa Kuetz.; Lloyd Alg- de l'Ouest, 284). — — var. y torulosa J. Ag. Sp. Ordo XVI. — Rhodomeleæ. POLYSIPHONIA Grev. — bispora Cr. in Desmaz. Pl. crypt. 2° sér. 220. — Banc du Moulin-blanc. — Carmichæliana Harv. — Sur Desmarestia aculeata. — nigrella Cr. ms. — Sur Cystosira; rade de Brest. ZOOSPERME.E. Palmeileæ. PALMELLA Lyngb. — oceanica Cr. in Desmaz. PL. crypt. 2° sér. 535. — mediterranea Cr. ms. — A la base vaseuse de blocs de quartz; au banc de Saint- Marc. T.R. — submarina Cr. ms. — A la limite du flux, dans une flaque en face le banc du Moulin- blanc. SÉANCE DU 25 MAI 1860. 371 — littoralis Cr. ms. — Grève de Saint-Marc, au bas de la falaise, dans une cavité où entre la mer aux marées, Oscillatorieæ. SPIRULINA Link. — tenuissima Kuetz. — Prés salés de Landerneau. — Thuretii Cr. in Mém. Soc. imp. sc. nat. de Cherbourg, 2° vol. p. 39. — Contre les blocs vaseux de quartz; passage de Plougastel et rivière marine de Penfeld, OSCILLATORIA Vauch. — rosea Cr. ms. — Dragué rade de Camaret, sur un eschare fixé sur du verre. — Alcyonii Cr. ms. — Sur l'aleyon orange de mer; banc de Saint- Marc. — insidiosa Cr. ms. — Rivière marine de Penfeld. : — Bonnemaisonii Cr. in Desmaz. PI, crypt. 2° sér. 537. — Rivière marine de Penfeld, sur vase molle. — l&te-virens Cr. ms. — Bords de la rivière marine de Penfeld, sur les rochers et le Calenella. — insignis Thw. — Banc de Saint-Marc. — intermedia Cr. ms. — Bords de la riviére marine de Penfeld. — * violacea (1) Cr. ms. — Au banc de Saint-Marc, sur le Codium Bursa. MICROCOLEUS Desmaz. — Salinus Kuetz. — Sur le sable vaseux baigné par la mer aux grandes marées ; baie d'Audierne. Leptotricheæ. LEPTOTHRIX Kuetz. — rubra Cr. ms. — Sur des pierres recevant constamment des gouttes d'eau douce et baignées par la mer aux grandes marées. a — parietina Cr. ms. — Contre des parois en planches baignées par la mer haute ; rivière marine de Penfeld. : — tortuosa Cr. ms. — Forme des pellicules sur le Mesoglæa vermicularis; rade de Brest. Lyngbyeæ. LEIBLEINIA Endl. — purpurea Kuetz.; Desmaz. PI. crypt. 1973. — Sur les Codium Bursa et polymor- phum Cr. : | — &ruginea Kuelz.; Desmaz, Pl. crypt. 2° sér. 540. — Sur le Fucus vesiculosus; passage. de Plougastel. id — chalybea Kuetz.; Desmaz, Pl. crypt. 1974. — Sur le Fucus serratus var. latifolius ; banc de Saint-Marc. : — ? Mucor Kuetz Sp. (Calothriz Mucor C. Ag.). — Sur les anomies ; au banc de Saint- Marc. LYNGBYA Ag. — Juliana Menegh.; Desmaz. Pl. crypt. 2° sér. 542 (L, purpurascens Cr. ms.). — Sur pierre; bords de la riviére marine de Penfeld. | — luteo-fusca J. Ag. — Sur les pièces de bois de construction couvertes par la mer haute ; riviére marine de Penfeld. Nostochineæ. ! MERISMOPŒDIA Meyen. — glauca Kuetz,; Desmaz. Pl. crypt. 2° sér. 301. — Flaques des prés salés de Lan- derneau. (1) Les espèces dont le nom est précédé d'un astérisque ont été ajoutées sur celle liste par MM. Crouan au moment de l'impression (novembre 1860). 872 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SPHÆROZYGA C. Ag. — Thwaitesii Harv. Phyc. brit. — Bords non vaseux de la rivière marine de Penfeld. SPERMOSIRA Kuetz. — littorea Harv. Phyc. — Flaques des prés salés de Landerneau. Seytonemeæ. CALOTARIX C. Ag. — Agardhii Cr. ms. — Sur le Griffithsia corallina ; banc de Saint-Marc. — fusco-violacea Cr. ms. — Sur l’Aglaozonia reptans, le Pecten maximus, et sur verre avec Melobesia ; dragué rade de Brest. Mastigotricheæ. SCHIZOSIPHON Kuetz. — Sowerbyanus Cr, ms. (Conferva scopulorum Engl. Bot. non Dellw.). — Sur des pierres schisteuses qui ne se découvrent qu'aux grandes marées. — * cuspidatus Kuetz. — Sur des dromes (ou mats flottants); rivière marine de Penfeld. — crassus Kuetz. — Dragué rade de Brest, sur le Trochus Magus. — crustaceus (Carm. subrivularis Cr. ms.). — Sur les rochers à demi-marée; baie de Sainte-Anne. R. — PaysacTis Kuetz. — gracilis Cr. ms. — Parasite sur le Pa'mella oceanica Cr.; rivière marine de Penfeld. : Conferveæ. ULOTHRIX Kuetz. — marina Cr. ms.— Sur des Halispongia croissant sur des blocs de quartz vaseux, près du passage de Plougastel. HORMOTRICHUM Kuetz. — Cutleriæ Harv. Phyc. — Baie du Moulin-blanc, à demi-marée, sur les pierres où coule l'eau d'un ruisseau. L CHÆTOMORPHA Kuetz. — Cladophoræ Cr. ms. — Dragué rade de Brest, sur une variété du Cladophora pellucida. — tenella Cr. ms. — Dragué sur faïence et porcelaine, rade de Brest. — minuta Cr. ms. — Dragué sur porcelaine, rade de Brest. ; — gracilis Kuetz. — Rejeté avec les Zostera par les coups de vent; baie du Moulin- blanc. — arenicola Berk. — Bords de la rivière marine de Penfeld, jusque dans le gazon. CLADOPHORA Kuetz. — hirta Kuetz. — Flaques des rochers du rivage, sur les Corallina, etc.; rade de Brest. Cette espèce est trés voisine du Conf. glaucescens Griff. — pectinicornis Kuetz. — Baie du Moulin-blanc. — gracilis Harv. — Rejeté par les coups de vent, baie du Moulin-blanc, avec ct. Macallana. — trichocoma Kuetz. — Baie du Moulin-blane, parmi le Zosterd. — hormocladia Kuetz. — Baie du Moulin-blanc. — heterochloa Cr. ms. (Conferva heterochloa Ag.). — Banc de Saint-Marc. — Haligeniæ Cr. ms. — Sur les lanières de l’Haligenia bulbosa ; goulet de la rade de Brest. Ulvaceæ. ULVELLA Crouan ms. cum. ic. (gen. nov.) — Lens Cr. ms, — Dragué rade de Brest, sur faïence et porcelaine. SÉANCE DU 25 MAI 1860. 373 MoNoSTROMA Thuret. — orbiculare Thuret. — Flaques des prés salés de Landerneau. — laceratum Thuret. — Rivière marine de Loberlac'h et prés salés, — quaternarium Desmaz. PI. crypt. 2° sér. 603. — Dans un ruisseau où entre la mer aux marées ; au Canfrout prés Brest. -— parvulum Cr. ms. — Contre les pierres où suinte de l'eau douce ; rivière marine de Penfeld. Porphyreæ. PORPHYRA C. Ag. — minima Cr. in Desmaz. Pl, crypt. 619. — Dragué rade de Brest, sur Tubularia et diverses Algues. R. Siphoneæ. DERBESIA Solier. — repens Cr. ms. — Sur Polysiphonia et autres Algues; banc du Moulin-blanc. Port et aspect du Bryopsis tenuissima. Conium C. Ag. — polymorphum Cr. ms. — Draguć rade de Brest, avec le marle sur lequel croit cetto espèce trés remarquable qui acquiert un grand volume. VAUCHERIA DC. — * maritima Cr. ms. — Nous avons trouvé cette espèce dans les lieux baignés rarement par la mer. Elle est peu rameuse, cespiteuse; ses fruits, ronds et gros, sont subsessiles; à cóté d'eux se trouve toujours un appendice subclaviforme. M. Puel fait à la Société la communication suivante : REVUE CRITIQUE DE LA FLORE DU DÉPARTEMENT DU LOT, par M. T. PUEL. (Premiére partie.) Le mot critique, si dur en général dans la bouche d'autrui, méme dans celle d'un ami, mot que notre amour-propre supporte. difficilement quand il s'applique aux actes ordinaires de la vie sociale, ne doit jamais paraître blessant lorsqu'il est employé dans un intérét purement scientifique. Persuadé que, dans cette enceinte, il ne peut surgir que des discussions complétement désintéressées, j'appelle de tous mes vœux la critique éclairée de nos honorables confrères sur mes humbles travaux, et en particulier sur les idées de géographie botanique dont j'ai eu l'honneur d'entretenir la Société dans mes précédentes communications. Je viens toutefois réclamer aujourd'hui le privilége d'user le premier, vis-à-vis de moi-même, de ce droit de critique à la fois sévère et bienveillante dont je viens de parler. J'ai publié, dans l'Annuaire statistique du Lot, un catalogue des plantes vasculaires de ce département, qui a paru par livraisons successives pendant les années 1845 à 1853. Cet opuscule a été distribué à quelques amis, et ils Ont pu se convaincre que la végétation si peu connue des rives du Lot offre nn intérêt réel pour la flore francaise, surtout au point de vue de la géographie 374 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. botanique ; mais ils n'ont pas manqué d'élever des doutes sur l'authenticité de quelques espèces que j'ai signalées, soit d’après les auteurs qui m'ont précédé, soit d'aprés les communications de quelques amis, soit d'aprés mes propres recherches. En un mot, je le reconnais, il s'est glissé dans mon catalogue des erreurs nombreuses qui ne sont pas toujours des fautes typographiques, mais proviennent soit de quelque détermination spécifique inexacte, soit de natura- lisations accidentelles méconnues, soit de toute autre source. Ces critiques ne sont pas les seules qu'on pourrait adresser à ce petit travail, et mon but est de les signaler dans cette revue. On me permettra néanmoins, je l'espère, de chercher à me justifier dans quelques circonstances. Les rectifications de synonymie que j'aurai occasion de proposer auront quelquefois pour résultat de signaler à la Société certaines plantes intéres- santes pour la flore francaise, soit à cause de leur rareté, soit au point de vue géographique. Je demanderai à la Société la permission de citer un seul exemple à l'appui de cette assertion. J'ai admis dans mon catalogue, sous le nom de Festuca spadicea, une plante trouvée aux environs de Cahors, et j'avoue que ce n'est pas sans quelque hésitation que je me décidai à consi- dérer notre plante comme identique avec celle du Mont-Dore, que j'avais” récoltée au sommet du pic de Sancy, à 1800 mètres d'altitude et sur le terrain volcanique, tandis qu'à Cahors elle croit sur le calcaire jurassique, à 200 mètres au plus. Cette erreur paraîtra peut-être excusable à une époque où le Zofanicon de M. Duby constituait notre seul guide botanique en France et ne donnait aucune autre espèce que le F. spadicea à laquelle notre plante püt être rapportée. Plus tard, mes études de géographie botanique ayant augmenté mes doutes sur l'exactitude de cette détermination, je communiquai notre plante à M. le docteur Godron, qui y reconnut le F. spectabilis Jan, découvert par lui en mai 1853, au bois de Fontfroide, et signalé en 1854 dans ses Notes sur la flore de Montpellier, plus tard dans la Flore de France. Pour donner plus d'authenticité aux rectifications de synonymie que j'aurai quelquefois occasion de proposer, j'ai eu la pensée de joindre à cette revue une collection de plantes qui, sous le titre d’ Herbier du Lot, est destinée à mes amis et à ceux de nos honorables confréres qui voudront bien l'accepter en échange des espèces particulières aux régions botaniques explorées par chacun d'eux. J'ai l'honneur de placer aujourd'hui sous les yeux de la Société le premier fascicule de cet Herbier, qui comprend seulement vingt espèces, mais qui sera prochainement suivi de plusieurs autres livaisons dont j'ai les matériaux entre les mains. Quelques-unes de ces plantes présentent des faits intéressants de synonymie ou de géographie botanique, sur lesquels je me propose d'attirer l'attention de la Société; mais, pour ne pas empiéter sur ce qui devra être SÉANCE DU 25 mar 1860. 375 développé plus tard, je me contenterai de donner aujourd'hui la liste des vingt plantes qui composent le premier fascicule de l Herbier du Lot. HERBIER DU LOT. — Fascicule I. 1. Delphinium verdunense Balbis (D. car- | 11. Cineraria lanceolata Lamk (C. spa- diopetalum DC.). thulæfolia Gmel.). 9. Sisymbrium polyceratium L. 12. Inula spirzifolia L. (I. squarrosa L.). 3. Dentaria pinnata Lamk. 13. Helichrysum Stechas DC. 4. Lychnis coronaria Lamk. 14. Leuzea conifera DC. 5. Arenaria controversa Boiss. (A. Gouffeia | 45. Scrofularia canina L. Chaub.). 16. Linaria Pelliceriana Mill. 6. Linum tenuifolium L. 17. Scilla autumnalis L. 7. Hypericum linarifolium Vahl. 18. Erythronium Dens canis £L. 8. Coriaria myrtifolia L. 19. Narcissus juncifolius Lag. 9. Saxifraga hypnoides L. | 20. Tragus racemosus All. 10. Cephalaria leucantha Schrad. M. Cosson fait remarquer que le Linaria Pelliceriana est une plante trés inconstante, du moins aux environs de Paris, oü on la trouve parfois assez abondamment à certaines localités d’où elle semble disparaître complétement les années suivantes. M. Decaisne dit que d’autres plantes présentent des intermit- tences de végétation singulières. Il cite notamment le Carex cyperoides, qui paraît et disparaît alternativement au bord de quelques étangs en voie d’asséchement. M. de Schenefeld ajoute que la végétation des bords des étang varie souvent d'une année à l'autre, suivant la marche de la saison et suivant la hauteur des eaux à certains moments de l'année. Au Trou-Salé prés Versailles, on trouve parfois en grande abondance tantôt le Crypsis alopecuroides, tantôt le Scirpus ovatus, tantôt le Potentilla supina; puis, dans d'autres années, l'une ou l'autre de ces plantes manque complétement. M. de Schœnefeld, secrétaire, donne lecture de la communication suivante, adressée à la Société : OBSERVATIONS DE M. Fr. KIRSCHLEGER SUR LA DERNIÈRE LIVRAISON DES ANNOTATIONS A LA FLORE DE FRANCE ET D'ALLEMAGNE DE M. C. BILLOT. (Strasbourg, avril 1860.) M. Billot, notre savant confrere de Haguenau, vient de distribuer les 27* et 28° Centuries de son Flora Galli et Germanie exsiccata. Elles sont 376 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. accompagnées d'une nouvelle livraison de ses. Annotations à la Flore de France et d'Allemagne. Je vais rendre compte à la Société du contenu de cette livraison. I. Liste des plantes des 27° et 28° Centuries. — Parmi les espèces françaises nouvelles ou intéressantes, nous citerons : Z'anunculus lutulentus Song. et Perr. (Dauphiné); Thlaspi virens Jord. (Lyon); Aldrovanda vesiculosa L. (Bor- deaux}; Dianthus graniticus et D. collivagus Jord. (Lyon); Linum Leonii Sch. et L. Loreyi Jord. (très beaux) ; Oxalis Navieri Jord. ; Scabiosa alpes- tris, S. patens et S. Loretiana Jord. et Timb.; Carduus nutanti-crispus (1), entièrement conforme à celui que j'ai décrit dans ma Fore d'Alsace; Saus- surea depressa Gren. (Alpes); Gentiana Kochiana et G. Clusii Perr. et Song. (Dauphiné); Zuphrasia hirtella, E. cuprea, E. montana, E. ericetorum Jord.; Lavandula delphinensis Jord. (plante revendiquée comme bonne espèce, distincte du £L. vera); Corallorrhiza Halleri Rich. (Vosges); Equi- setum littorale Kuehlew et Rupr. (Arles, Duval-Jouve). II. Note sur le Brassica Erucastrum de Linné, par M. Al. Jordan. — Travail d'érudition botanique. Le Brassica Erucastrum L. correspond-il à l Erucastrum Pollichii Spenn. ou au Brassica Cheiranthus Vill.? M. Jordan opine en faveur de cette dernière espèce; quant à moi, je pense que ce nom linnéen renferme et embrasse les deux. Il me semble que M. Jordan rend son travail très facile. Comment fait-on pour savoir ce que Linné entendait par telle ou telle espèce décrite (c'est-à-dire munie d'une diagnose) dans son Species ? On confronte les figures citées, on remonte à l'herbier linnéen, qui souvent a été reconnu fautif (comme une foule d'autres herbiers de grands maîtres); on insiste sur les caractères dia- gnostiques, en apparence définis et trés concis, mais souvent, en réalité, fort vagues et indéterminés. Pour revenir à la notice sur le Zrassica Erucastrum, nous dirons que M. Jordan se borne à démontrer que Villars était mauvais logicien ou qu'il a été singuliérement illusionné, voulant et ne voulant pas que son Brassica Cheiranthus fût le B. Erucastrum de Linné. Néanmoins, si l'on examine les figures et les synonymes cités par Linné (notamment celui de G. Bauhin : Eruca silvestris major lutea, caule aspero), et si l'on compare les figures de Tabernæmontanus et de Jean Bauhin, il est évident que cette plante est notre Erucastrum Pollichii Spenn. (Diplotaxis bracteata G. G.). Gmelin (77. bad.) dit de son Brassica Erucastrum (qui est bien notre Erucas- trum Pollichii Spenn.) : cete Linnæo!. Pollich, trouvant les deux plantes dans le Palatinat, pensa que notre Brassica Cheiranthus était le Br. Erucas- trum de Linné; et fit, de l'Eruca silvestris major lutea de Bauhin, son (1) Je suis d'avis de ne pas faire suivre les noms des espéces hybrides (à double nom) d'un nom d'auteur. Il n'y a aucun mérite, ce me semble, à établir de pareilles espèces- Je crois avoir décrit cet hybride de C. nulans et C, crispus avant MM. Grenier et Godron, a SÉANCE DU 25 Mar 1860. 377 Sisymbrium Erucastrum. Quant à l'habitat que Linné donne à son Br. Eru- castrum (in Europe australioris ruderatis), il est sans valeur, puisque les deux plantes sont communes dans la région rhénane, jusqu'à Coblentz ou méme Cologne. Nous devons donc reconnaitre que Linné avait confondu ces deux plantes. Toutes ces questions d'érudition linnéenne n'ont d'ailleurs, à mon avis, qu'une mince importance. Il ne faut pas voir dans Linné une sorte de souve- rain pontife scientifique, impeccable et infaillible. Ses espéces sont presque toutes des espèces connues, décrites et figurées par ses prédécesseurs ; ses noms méme sont, la plupart, empruntés aux petites phrases des anciens botanistes. Linné est un grand arrangeur, un dispositor, un classificateur, un homme d'un grand bon sens, doué du génie de l'ordre, un législateur imposant et respectable ; mais prendre tous ses écrits pour des paroles d'évangile botanique me parait inadmissible. Toute érudition qui s'arréte à Linné est donc toujours très imparfaite : il faut remonter plus haut et commencer ab ovo. IH. Note de M. Billot sur la découverte du Linaria vulgaris à pélorie anectariée, — Cette curieuse anomalie a été observée en abondance par M. Billot, dans la vallée de la Bruche, en 1859. La plupart des pélories sont nectarifères ou à cinq éperons. C'est Gmelin qui a pour la première fois signalé (Fl. bad. t. II, p. 695, tab. 1V) le peloria anectaria. M. Billot suppose que ce mode de pélorie n'avait pas encore été trouvé en France (sauf à rechercher, dans les diverses Flores ou publications botaniques, l'annonce d'une trouvaille semblable). La pélorie à cinq nectaires ou éperons est assez fréquente ; on l'a observée en Alsace sur presque toutes nos Linaires (Z. vulgaris, Cymbalaria, Elatine, spuria); je ne l'ai pas encore vue sur les Z. minor et striata. Elle a déjà été observée sur le Z. spuria par Stzehelin (de Bâle), qui en à publié (Acta helvet. t. II, 4751) une figure et une longue description. De Candolle fut le premier qui osa hasarder une opinion philosophique à l'égard des pélories. Cet auteur prétend que les pélories des Linaires sont un retour vers le type régulier des Solanées, et qu'une pélorie (surtout anec- tariée) pourrait parfaitement passer pour une Solanée (ou une Verbascée). De là il conclut que les Personées ou Scrofalarinées ne sont que des anomalies irrégulières habituelles des Solanées, produites par des avortements et des métamorphoses ; que la nature, afin de multiplier les formes spécifiques, s'est amusée à rendre irrégulier (tout en conservant la symétrie) ce qu'en d'autres cas elle avait créé régulier ; que d'ailleurs, entre les Verbascum et les Linaires, 9n peut trouver tous les intermédiaires au point de vue de l'irrégularité des fleurs, aussi bien qu'entre une Linaire habituelle et les pélories les plus completes, M. Moquin-Tandon a posé en principe que toutes les anomalies florales (les anthol yses d'Engelmann) ne sont autre chose qu'un retour vers un état habi- tuel dans. d'autres genres ou familles. M. Billot semble vouloir railler cette 378 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. opinion, dans des termes qui ne sont que l'expression du simple bon sens: « Évidemment, dit-il, quand une chose ne ressemble plus à elle-même, elle » peut bien ressembler à une autre. » l Goethe s'est beaucoup occupé de cette question des antholyses normales et monstrueuses (1). Il admet une sorte de pouvoir discrétionnaire, dont il arme la nature qui, selon son caprice, produit tantót l'état régulier, tantót l'état irrégulier, tout en conservant la symétrie médiane, c'est-à-dire que le cóté droit et le cóté gauche peuvent, par plication sur la ligne médiane, se couvrir (1) En appréciant le livre de Vaucher intitulé : Histoire physiologique.des plantes d'Europe, 4°" volume, Genève 1830, Goethe s'exprime ainsi : : « L'auteur explique les phénoménes physiologiques d'aprés des vues téléologiques que nous ne partageons pas. M. Vaucher attaque les principes de De Candolle, qui, en général sont aussi les nótres. Nous devons certes beaucoup de reconnaissance à De Candolle (un des plus dignes botanistes) pour avoir reconnu l'identité originaire des organes foliacés des plantes, leur extréme mobilité, leur disposition à subir des métamorphoses proleptiques et rétrogrades, et pour avoir expliqué ainsi les formes si multiples et si variées que présente le régne végétal. Néanmoins nous ne pouvons applaudir à cette idée candol- léenne, qui considère la régularité et la symétrie (celles de De Candolle) comme la pensée primitive du Créateur ou comme le but intentionnel de la nature. De Candolle appelle déformation, dégénérescence tout ce qui n'est pas régulier; ce sont, d’après lui, des déviations, des masques, produits par des avortements, des soudures, des atrophies ou des hypertrophies. » C'est justement cette maniére de s'exprimer qui répugne à M. Vaucher, et nous ne saurions lui reprocher cette répugnance. Car, en admettant la maniére de voir de De Candolle, on arriverait à cette conclusion, que les vues (régulières) de la nature ne sont jamais entiérement réalisées ; nous serions renvoyés d'exception en exception, et nous ne trouverions oü fixer nos pas. L'idée dela Mélamorphose est une conception supérieure qui plane au-dessus du régulier et de l'irrégulier. C'est d’après elle que se forment ou se produisent la Rose simple comme la Rose double, la grave et régulière Tulipe comme la plus bizarre et la plus irréguliére Orchidée. Quand une plante modifie une ou plu- sieurs de ses parties, sans qu'il y ait eu influence de causes extérieures, il ne faut pas envisager ces modifications comme des anomalies ou comme des monstres; au con- traire, il faut les considérer comme conformes à la loi inhérente. » Qu'un organe végétal s'allonge ou se raccourcisse, qu'il se renfle ou qu'il se con- tracte, qu'il hàte ou qu'il retarde son développement, qu'il se cache ou qu'il se mant- feste; tout cela n'a lieu que d'aprés la loi de la Métamorphose, qui, par son action, peut produire l'irrégulier aussi bien que le régulier, le bizarre aussi bien que le normal, le stérile aussi bien que le fertile, le concevable aussi bien que l'incompréhensible, Le naturaliste se convaincra toujours davantage de cette vérité que l'Être éternel, l'Étre- principe (das ewige Urwesen), produit les effets les plus variés par les moyens les plus simples et les moins compliqués. » (Nous croyons devoir reproduire l'original de cette remarquable phrase, d'une concision admirable, difficile à rendre en francais : Der Fors- cher kann sich immer mehr ueberzeugen, wie Wenig und Einfaches, von dem ewigen Urwesen in Bewegung gesetzt, das Allermannigfaltigste hervorzubringen fæhig ist.) Ce chapitre se termine par quelques lignes où l'esprit religieux du vieux Geethe se manifeste d'une maniére éclatante : « L'observateur attentif peut, déjà par ses sens, apercevoir des choses qui paraissent impossibles à concevoir au vulgaire ; il y verra un résultat, que les uns appelleront but préétabli, que d'autres nommeront suite consé- quente; mais toujours ce résultat nous ordonnera, de la manière la plus impérieuse, de nous prosterner en adoration devant la mystérieuse cause qui a concu et créé tous les êtres. » (Extrait des OEuvres complètes de Gothe, t. LVIII, p. 240.) : Ces quelques mots d’un vieillard de quatre-vingt-deux ans nous montrent jusq peut mener la considération philosophique d'une pélorie. woù SÉANCE DU 25 MAI 1860. 379 exactement, comme les deux mains en pronation, opposées mais non super- posées. Je sais bien que le mot de caprice n'explique rien ; mais quand méme on remplacerait ce mot par ceux de liberté d'action, d'aberration du type congénital, etc., quoi qu'on fasse, la cause primitive, essentielle, qui produit l'aberration ou déviation sera toujours une sorte de caprice entrainant une modification du type habituel, un prodigium nature, comme s'exprime le grand Linné. Je sais aussi que les monstres contredisent singulièrement les Zois immuables que l’on prête à la nature. Par contre, les faits tératologiques plaisent beaucoup à ceux qui ne croient pas à l'espèce absolue. Ces faits, d'ailleurs, ont beaucoup éclairé la morphologie moderne que les amis de l'espéce absolue ne cultivent guère; ils militent en faveur des idées si chaleureusement exprimées en 1830, à l'adresse de Cuvier, en pleine Académie des sciences, par Étienne Geoffroy- Saint-Hilaire, idées que Gæthe s'est empressé de vulgariser encore en 1830 et 1831, peu de temps avant sa mort, et qui se résument en ces mots : « La » nature créatrice n'est pas liée à des formes absolues, qu'elle serait tenue » de reproduire toujours identiques, et dont elle ne pourrait s'écarter sans » forfaiture, » Pour revenir à la notice de M. Billot, nous en citerons un petit extrait qui doit pulvériser, par sa logique serrée, les opinions de De Candolle : «Ily a, dit M. Billot, deux sortes de pélories : la quinquénectariée et » l'anectariée, Or est-ce la premiere ou la seconde qui représente le retour » au type des Solanées? On ne connait pas de Solanée ayant la corolle à » cinq éperons! Est-ce la seconde (ce qui est plus acceptable), alors que » devient la pélorie quinquénectariée? Je ne sais méme si elle ressemble » à quelque chose, et je demande à de plus habiles que moi de lever mes » doutes, » Il nous semble que ces doutes ne sont pas si difficiles à lever. L'éperon n'est qu'un accident dans la chose, comme le prouve l'existence de deux sortes de pélories chez les Linaires. Les variétés ou anomalies pol ycentrées ou polynectariées, comme les acentrées ou anectariées, sont tres fréquentes chez les Delphinium et les Viola. L'acentrie ou anectarie des Aquilegia est une Variété fort habituelle dans nos jardins. Nous pouvons observer, chez les Orchidées, le retour à la fleur d'une Amaryllidée (six segments périanthiques épigynes et six étamines), ou bien nous pouvons avoir trois pétales éperonnés et trois étamines. Je le répéte avec M. Moquin-Tandon, on peutadmettre que toute antholyse (Engelmann) anomale, non habituelle, dite monstrueuse, représente, jusqu'à un certain point, une fleur à formes semblables habituelles dans des familles voisines. Enfin j'ajouterai un argument ad hominem. Je Suppose M. Billot (ou tout autre) au commencement de ses études botaniques, ne sachant absolument rien des pélories. On vient à trouver la pélorie anecta- riée en question, Qu'est-ce que ceci? se demande-t-on. On prend une clef 380 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. analytique quelconque, celle de De Candolle par exemple, et forcément on arrive aux Solanées. Quant au genre et à l'espèce, on reste dans l'ignorance, ou bien on croit avoir affaire à une espéce de Nicotiane. C'est ce qui est arrivé au grand Linné, quand il s'est écrié : ..... wf genus proprium constitueret et distinctissimum , nisi fructus semper abortiret ; nature prodigium! Eh biea! ce genus distinctissimum, Linné l'aurait placé dans la Pentandrie- monogynie, près de ses Luride. M. Billot prouve lui-même que la présence ou l'absence des éperons ne constitue qu'un accident, en disant, p. 20^ : « J'ai trouvé à Nancy, en com- » pagnie de M. Godron, un peloria Linariæ trinectaria. » Ces lusus ou caprices de la nature sont si fréquents et si communs, ces prétendus prodigia sont si vulgaires, qu'il n'y a là rien d'étonnant. Quant à la cause essentielle ou occasionnelle de ces prodigia naturg ou lusus naturæ, elle est difficile à trouver ; car la question des pélories et autres antholyses (telles que la dialypétalie dans les fleurs habituellement sympétales, la parfaite hypogynie dans les fleurs ordinairement épigynes, etc.) se rattache aux grands débats qui ont tant agité les naturalistes de ce siècle, les Goethe, les Geoffroy-Saint-Hilaire, les Turpin, les De Candolle, les Ch. Schimper, les Alex. Braun, les Kuetzing, etc., débats relatifs aux organes analogues, aux métamorphoses ou déyénérescences, à l'espèce absolue ou relative, à la natu- ralité des genres, etc., problèmes que le xvre siècle n'a. pas osé sonder, et qu'au XIX* encore la majorité des botanistes ne traite qu'avec crainte et hésitation. Il y a une trentaine d'années, on trouva en Suisse une Campanule dialypétale hypogyne. On s'empressa d'en faire un nouveau genre, de méme que Linné était trés enclin à faire un genre nouveau, nisi semper fructus abortiret, de son peloria. — On n'a pas encore recherché ce qui cause la stérilité des pélories. Est-ce l'imperfection du pollen, ou bien y a-t-il quelque obstacle du cóté de l'organe femelle? Quoi qu'il en soit, il est curieux, au point de vue philosophique, de voir que la nature ne tient pas à ce que ses caprices, lusus ou prodigia, se perpétuent par voie de génération. Je ne sais si les boutures en éclats perpétuent la pélorie, car fort souvent il n'y a qu'un seul axe, le central ou primaire, qui porte des fleurs péloriées, et les autres portent des fleurs habituelles. Willdenow prétend que, quand on les transplante dans un autre sol, les Linaires à fleurs péloriées ne produisent plus que des fleurs ordinaires. Gmelin dit qu'il a cultivé son peloria anectaria pendant dix ans au jardin de Carlsruhe, sans avoir pu jamais obtenir de graines mûres. Le pied a été perdu (nunquam satis deplorandum!). M. Billot cite avec raison tout le chapitre de Gmelin relatif à son peloria anectaria. — J'aime beaucoup aussi le passage cité des Ameænitates acade- mice. Linné crut d'abord qu'on lui avait joué un tour (alienos flores, data opera, adglutinatos fuisse), une sorte de mystification pareille à celle dont SÉANCE DU 25 MAI 41860. 381 parle le poëte Delille dans son récit d'une herborisation (1). Mais, après avoir ouvert la corolle avec un canif, il remarqua une structure à lui inconnue, et fut saisi d'un ardent désir de voir la plante vivante. Linné arrive à prouver, par la complète similitude des autres organes, quin ab illa (Linaria) hec (peloria) originem traxerit. — M. Billot relève aussi une erreur palpable de M. Raspail, et fait remarquer avec justesse que M. Chavannes avait mal com- pris Linné quand il lui fait dire que les pélories ont une odeur spéciale, différente de celle de la Linaire ordinaire. — Enfin M. Billot signale la notice de M. le baron de Mélicocq insérée dans le Bulletin (t. V, p. 700), et il n'y trouve pas la mention d'une pélorie anectariée. Il me semble que M. Billot n'aurait pas eu grand'peine à trouver la mention et la description d'une pélorie de ce genre dans la Flore de Gmelin, car il y:a neuf ans que j'en ai parlé dans ma Flore d'Alsace, et j'ai méme signalé verbalement à M. Billot l'existence de cette note de Gmelin. Pourquoi donc dire qu'on a vainement cherché dans l'article de M. de Mélicocq (2), ce que, depuis bien des années, on pouvait trouver signalé dans la Flore d' Alsace ? Je termine ce que j'avais à dire relativement à ces pélories, en faisant remarquer que les figures de la planche de M. Billot sont bonnes à consulter. (La fin à la prochaine séance.) M. Decaisne fait hommage à la Société, de la part de M. Naudin, d'un mémoire de ce botaniste, qui fait suite à ses précédentes communications sur les Cucurbitacées, et en fait l'analyse dans les lermes suivants : En présentant à la Société botanique un nouveau mémoire de M. Naudin sur les Cucurbitacées, je vous demanderai, Messieurs, la permission de résumer brièvement quelques-unes de ses idées sur la structure des fleurs dans cette famille, et d'appeler de nouveau votre attention sur la méthode qu'il a adoptée pour reconnaitre les espèces. Cette méthode est surtout expé- rimentale, et elle lui a donné de tels résultats que je ne désespére pas de la , Voir un jour appliquée à d'autres familles, où la détermination jusqu'ici tout arbitraire des espèces a enfanté un chaos déjà presque inextricable. Bien après le commencement de ce siècle, les botanistes hésitaient encore Sur la question de savoir si, dans les Cucurbitacées, il existait à la fois un calice et une corolle; la plupart cependant inclinaient à donner le nom de (1) Voyez Delille, L'Homme des champs, chant III. : , : (2) Je viens de relire la notice de M. de Mélicocq : elle est intéressante à plusieurs egards, Je ferai seulement observer que la pélorie n'est pas aussi rare que semble le croire M. de Mélicoeq, qui pourtant reconnaît lui-même qu'elle est fréquente chez le Linaria SPuria. Elle ne parait rare chez le L. vulgaris que parce qu'on ne l'a pas assez cherchée, 382 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. calice à l'enveloppe pétaloïde et colorée de la fleur, réservant le nom vague d'appendices aux lobes plus ou moins foliacés, quelquefois presque imper- ceptibles, qui, situés en dehors de cette enveloppe, alternent avec ses divisions. Dans cette maniere de voir, les Cucurbitacées auraient été privées de corolles véritables. Une observation plus attentive, et surtout aidée de la comparaison d'un plus grand nombre d’espèces, a définitivement fixé les idées à ce sujet. Tout le monde, ou à peu prés, est aujourd'hui d'accord pour reconnaitre à ces plantes une double enveloppe, dont l'intérieure est une vraie corolle, quoique, dans bien des cas, elle soit à peine plus colorée que l'extérieure. Mais voici un point sur lequel M. Naudin se sépare de la croyance com- mune : dans toutes les Cucurbitacées existe ce qu'on appelle un tube du calice, sorte de cupule tantót courte et presque rotacée, plus ordinairement campani- forme, quelquefois longuement tubuleuse. Pour la plupart des botanistes, sinon pour tous, ce tube calicinal est un assemblage de pièces soudées dans une partie quelconque de leur longueur, et c'est ce qu'on a voulu indiquer, dans la terminologie moderne, par l'expression de calices gamosépales, qui a géné- ralement remplacé celle de calices monophylles. Pour M. Naudin, au moins en ce qui concerne la famille qui nous occupe, ces deux expressions, el par suite les idées qu'elles expriment, sont également fausses. A ses yeux, le tube du calice des fleurs mâles, comme celui des fleurs femelles, n'est autre chose qu'une expansion réceptaculaire de l'axe de la fleur, c'est-à-dire du pédoncule lui-méme, absolument comme celle qui fait le fond du réceptacle dans le capitule des Composées. Il en apporte pour preuve que, dans aucune Cucurbitacée connue, on ne voit, sur ce prétendu tube calicinal, la moindre trace de soudure annoncant la présence d'éléments coalisés, et que, lorsque les folioles calici- nales se développent en feuilles complètes, c'est-à-dire ayant un pétiole et un limbe parfaitement distincts, ce qui est un cas assez fréquent et méme normal dans certaines espèces, le tube du calice n'en existe pas moins. Or il est bien clair que si la feuille calicinale se trouve tout entiére au sommet de ce tube, elle n'entre, à aucun degré, dans sa composition, pas plus que les sépales foliolés de la Rose dans celle du réceptacle qui est situé au-dessous, où les bractées involucrales d'un Helianthus dans celle du large plateau qui en soutient l'inflorescence entière: De cette nouvelle interprétation du tube calicinal dans les Gucurbitacées, à la croyance que la partie tubuleuse de la corolle de ces plantes est constituée de même par la dilatation du pédoncule, il n'y a qu'un pas; M. Naudin, tout en laissant la question indécise, fait cependant voir assez clairement quil considere le tube du calice et celui de la corolle, dans les Cucurbitacées, comme étant une seule et méme chose, c'est-à-dire une cupule réceptaculaire unique, portant à la fois, et en deux verticilles alternants, les folioles toujours libres du calice et les pièces également libres de la corolle. En deux mois, il n'y aurait ici ni sépales ni pétales soudés ; la partie tubuleuse de la fleur serait SÉANCE DU 25 MAI 1860. 383 simplement à ces deux ordres d'organes ce que le socle est à la statue qu'il soutient. . Si telle est la structure du tube commun du calice et de la corolle dans les Cucurbitacées, on est naturellement porté à se demander s’il n’en serait pas de méme dans d'autres familles où les calices réputés gamosépales et les corolles gamopétales ne présentent pas davantage de traces de soudures, et où ces der- nières, en particulier, sont staminifères, sans que pour cela les filets des étamines se prolongent, au-dessous de leur insertion, en cótes ou en nervures saillantes. L'auteur du mémoire en question pense, sans l'avouer explicitement, qu'il en est ainsi ; que, par exemple, dans les corolles longuement tubuleuses de beau- coup ‘de Rubiacées (Asperula, Putoria, Cephalanthus, Coffea, Psychotria, Pavetta, Morinda, Bouvardia, Cinchona, Coutarea, etc. , etc.), les étamines sont bien réellement insérées sur ce qu’on appelle le tube de la corolle, et non au-dessous de l'ovaire pour se souder avec ce tube par des filets dont on ne voit aucune trace et dont l'existence est purement imaginaire ; qu'en consé- quence les lobes de la corolle y constituent la corolle tout entière, et que la partie tubuleuse n’est encore que le réceptacle, devenu, il est vrai, plus péta- loide et plus prolongé. M. Naudin croit peu aux soudures auxquelles on fait jouer un si grand róle dans l'organographie de la fleur, mais il hésite à heurter de front des idées qui régnent à peu pres universellement ; il se borne donc à inviter les botanistes à examiner de nouveau jusqu'à quel point il est permis de faire intervenir ces soudures, sans ouvrir un trop large champ à l'hypothèse. Beaucoup de botanistes admettent encore que le verticille staminal des Cucurbitacées est composé de cinq pieces, dont quatre sont soudées deux à deux. M. Naudin soutient plus que jamais l'opinion qu'il a émise à ce sujet dans une note publiée il y a cinq ans. Pour lui, ce verticille est essentiellement asymétrique et ne comprend que trois étamines, ou plutót deux étamines et demie. Les deux étamines complètes et biloculaires peuvent être divisées lon- gitudinalement, jusqu'à la base, et figurer ainsi quatre étamines uniloculaires, comme on le voit si bien dans les fleurs mâles du Luffa et surtout du 7Ala- diantha ; mais ces appendices staminaux n'en sont pas moins insérés collaté- ralement par paires, et n'alternent pas davantage avec les lobes de la corolle ; de plus, dans une méme paire, ils sont symétriques l'un de l'autre et repré- sentent les deux moitiés d'un tout de forme binaire. D'ailleurs, combien n'y a-t-il pas de Cucurbitacées où ces étamines biloculaires n'offrent aucune trace de division et ne sont évidemment qu'un seul et méme organe? Enfin, comment expliquer, avec cette hypothèse d'étamines soudées deux à deux, le fait de l'existence de cinq étamines complétes et biloculaires, parfaitement alternes avec les lobes de la corolle, qui se rencontre de temps à autre sur les espèces classiques de nos jardins et très habituellement sur certaines autres ? Personne n oserait soutenir, je crois, qu'il y a ici dix étamines soudées deux à deux et qu! alternent par paires avec les pièces de la corolle, Ce serait un fait unique 38^ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dans l'organographie florale, et par cela méme extrêmement peu vraisemblable, La partie essentielle du mémoire de M. Naudin est monographique, et se rap- porte à 19 genres différents, comprenant plus de 40 espèces, toutes cultivées au Muséum en 1859, et dont quelques-unes sont entierement nouvelles. Au nombre de ces espèces, je vous signalerai le curieux 7//adiantha dubia, décou- vert en Chine, il y a bien des années, par M. Alex. de Bunge, et dont les fleurs mâles ont une structure si étrange au premier abord qu'Endlicher a été tenté d'y voir une monstruosité plutót qu'un type normal d'organisation. Toutefois ce à quoi M. Naudin attribue le plus d'importance dans son travail, et ce qui lui a coûté le plus d'efforts, c'est la reconnaissance exacte des espèces, opération des plus laborieuses dans la famille des Cucurbitacées, et dont la difficulté est encore accrue par la multiplicité des synonymes. Dans ses mémoires pré- cédents, il a considérablement diminué le nombre des espèces de Cucumis et de Cucurbita ; dans celui-ci, il réduit de méme celles des genres Lagenaria, Citrullus, Luffa et Momordica, où elles n'ont guère été moins multipliées, et ces réductions se motivent sur la variabilité de ces espèces, aujourd'hui bien constatée par plusieurs années de culture, et souvent aussi sur le croisement des espèces et des races. Cette manière de procéder est nécessairement fort lente, et c'est là le reproche qu'on peut lui faire ; mais il faut convenir aussi que, dans bien des cas, clle est la seule qui puisse donner des résultats certains et couper court aux incertitudes qui planent sur la qualité spécifique (M. Naudin dirait la spéciéité) d'un si grand nombre de formes qu'on qualifie arbitraire- ment du nom d'espèce ou de celui de variété. Il faut bien le reconnaitre, la spécification, si vous voulez me passer ce terme qui devrait étre admis puis- qu'il représente une idée, est encore entièrement livrée au sentiment indi- viduel, c'est-à-dire qu'elle est à l'état d'anarchie. Il est, en effet, tels genres de plantes oà il est à peu prés impossible que deux botanistes tombent d'accord sur la délimitation des espèces. Jetez les veux sur des collections tant soit peu nombreuses de Sempervivum, de Statice, de Plantago, de Dianthus, de Thalictrum, de Festuca et de mille autres genres riches en espèces, et vous comprendrez immédiatement la nécessité d'une régle uniforme, basée sur quelque chose de tangible, capable, en un mot, de modérer les écarts du sentiment dans l'appréciation des caractères spécifiques. Les preuves à l'appui pe manquent pas; il me suflira de citer les divers recensements qui ont été faits des espèces du genre Rubus, dans les flores locales ou dans des mono- graphies spéciales : M. Bentham, dans sa Flore des Iles-Britanniques en admet cinq; M. Babington en indique 41; pour M. Ph. Mueller, il n'y en a pas moins de 256 espèces gallo-germaniques (1). Au surplus, si cette anarchie existe, elle est l'indice d'un fait naturel dont (1) Voyez plus haut, ce que j'ai déjà dit sur ce sujet à la séance du 27 avril, p. 261-264. SÉANCE DU 25 mar 1860. 385 il faut tenir compte. On a supposé jusqu'ici, au moins dans la pratique, que toutes les espèces, méme celles que l'on appelle affines, devaient être nette- ment circonscrites, et qu'elles étaient autant d'unités équivalentes. C'est là une pure hypothése, tous les jours démentie par les discordances des nomencla- teurs, démentie encore par l'impossibilité où l'on s'est trouvé jusqu’à présent de donner une définition de l'espèce qui, s'appliquant à tous les phénomènes observés dans cet ordre de recherches, satisfasse en méme temps les esprits. S'il est incontestable que, dans beaucoup de cas, les espéces sont nettement tranchées, il ne l'est pas moins que, dans beaucoup d'autres, leurs limites sont absolument incertaines, et qu'on ne sait quelle qualification donner à ces formes indécises, trop voisines les unes des autres pour qu'on ose les séparer, assez distinctes cependant pour qu'on répugne à les réunir. Il y a donc, comme l'a dit M. Naudin, dans une note présentée, il y a deux ans, à l'Académie des sciences, des espèces de divers degrés ; il v a, pour mieux dire, tous les degrés entre l'espèce parfaite et absolue et la varié:é la plus légère; il y a enfin une limite où l'incertitude devient telle que, méme à l'aide des croisements, on ne réussira peut-étre pas à la faire disparaitre. Ces affinités tantót fortes, tantót faibles, ces degrés divers d'analogie constatés par tous les botanistes descripteurs, quel qu'ait été le principe qui les a dirigés, sont un de ces grands phénomènes qui appellent plus particulièrement l'atten- tion de cette classe de naturalistes généralisateurs que tente la recherche des causes premières, et qui ne craignent pas de s'aventurer, sur l'aile des hypo- thèses, dans des régions inconnues. Sans doute ce phénomène a une cause : pour le plus grand nombre, elle est immédiatement dans la volonté de l'Auteur de la nature, qui, des le principe, aurait créé simultanément, et sans autres connexions que son libre arbitre, les organismes, proches ou éloignés, qui peuplent ce globe ; mais pour quelques-uns qui n'admettent pas moins l'inter- vention de la puissance créatrice, les formes actuelles des étres vivants, des végétaux en particulier, ne seraient point primordiales ; elles seraient, au contraire, la conséquence d'un principe d'évolution introduit par le Créateur dans son œuvre, Je vous ai déjà entretenus des idées que professe M. Naudin à ce sujet (1) ; pour lui, les analogies sont l'indice d'une parenté primitive des êtres, et cette parenté est d'autant plus rapprochée que les analogies sont plus grandes. Par exemple, deux races bien distinctes de l'espèce botanique du Melon se rattachent l'une à l'autre par un aucétre commun ; elles sont encore proches parentes; mais il y a aussi une parenté entre deux espèces aujourd'hui distinctes du genre Cucumis, par exemple entre les C. Melo et C. trigonus, seulement leur ancêtre commun est plus éloigné. D'un genre à un autre, la Parenté est encore plus reculée, et ainsi de suite, jusqu'à ce qu'on arrive à une forme première qui est le type cucurbitacé lui-même, générateur de (1) Voyez le Bulletin, t. VI, p. 486. d. VIT 23 386 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. toutes les formes secondaires que nous classons actuellement en tribus, genres, espèces, races et variétés. Ce systeme de l'origine commune des êtres analogues, pour étre mis dans tout son jour, avec les preuves à l'appui, exigerait des développements que le temps ne me permet pas de donner ici; mais j'ai cru devoir vous rappeler les idées émises à ce sujet par M. Naudin, parce que, dans le courant de l'année derniére, un des plus savants observateurs de l'Angleterre, M. Darwin, les a également exposées, et à trés peu prés dans les mêmes termes, dans un livre remarquable intitulé : De l’origine des espèces (On the origin of species), et dont on s'occupe beaucoup en ce moment chez nos voisins. Afin de bien constater la part qui revient à notre confrère dans ce système qui a peut-étre de l'avenir, je reproduirai ici un passage de ce qu'il écrivait, il y a huit ans dans la Revue horticole. Get article a passé à peu près inaperçu à cette époque ; aujourd'hui il acquiert une véritable actualité. « Nous ne croyons pas, dit M. Naudin, que la nature ait procédé, pour former ses espèces, d'une autre manière que nous ne procédons nous-mêmes pour créer nos variétés; disons mieux: c'est son procédé méme que nous avons transporté dans notre pratique. Nous voulons, d'une espéce animale ou végétale, tirer une variété qui réponde à tel de nos besoins, et nous choisissons parmi le gragd nombre des individus de cette espèce, pour en faire le point de départ d'une nouvelle lignée, ceux qui nous paraissent s'écarter déjà du type spécifique dans le sens qui nous convient, et, par un triage rationnel et suivi des produits obtenus, nous arrivons, au bout d’un nombre indéterminé de générations, à créer des variétés ou espèces artificielles qui répondent plus ou moins bien au type idéal que nous nous étions formé, et qui transmettent d'autant mieux à leurs descendants les caractères acquis, que nos efforts ont porté sur un plus grand nombre de générations. Telle est, dans nos idées, la marche suivie par la nature; comme nous, elle a voulu former des races appropriées à ses besoins; et, avec un nombre relativement petit de types primordiaux, elle a fait naître successivement, et à des époques diverses, toutes les espèces végétales et animales qui peuplent le globe. Remarquons; tontefois, qu'indépendamment de sa puissance illimitée, la nature à opéré dans des conditions bien autrement favorables que celles oà nous nous trouvons aujourd'hui; elle a pris, pour les subdiviser en types secondaires, les types primitifs, en quelque sorte à l’état naissant, alors que les formes conservaient toute leur plasticité et qu'elles n'étaient pas ou n'étaient que faiblement enchainées par la force de l'atavisme, tandis que nous avons, nous, à lutter contre cette méme force invétérée, corroborée par le nombre prodigieux des générations qui se sont succédé depuis l'origine des espèces actuelles. La nature a opéré sur une immense échelle et avec d'immenses ressources; nous, au contraire, nous n'agissons qu'avec des moyens extrémement limités ; mais, entre ses procédés et les nótres, entre ses résultats et ceux que nous obtenons, SÉANCE DU 25 MAI 1860, 387 la différence est toute de quantité ; entre ses espèces et celles que nous créons, il n'y a que du plus et du moins. » Cette doctrine de la consanguinité des êtres organiques d'une même famille, d'une méme classe et peut-étre d'un méme régne, n'est pas nouvelle; des hommes de talent, tant en France qu'à l'étranger, et parmi eux notre savant Lamarck, l'ont soutenue de toute l'autorité de leur nom. Nous ne nions pas que, dans plus d'une circonstance, ils n'aient raisonné sur des hypothéses qui n'étaient pas suffisamment étayées par l'observation, qu'ils n'aient quelquefois donné aux faits des interprétations forcées, enfin qu'ils ne se soient laissé entrainer à des exagérations qui ont surtout contribué à faire repousser leurs idées. Mais ces vices de détail ne diminuent en rien la grandeur et la parfaite rationalité de l'ensemble d'un système qui seul rend compte, par la communauté d'origine, du grand fait de la communauté d'organisation des êtres vivants d'un méme régne, cette premiere base de nos classements des espéces en genres, familles, ordres et embranchements. Dans le système opposé aujour- d'hui en vogue, dans ce système qui suppose autant de créations partielles et indépendantes que nous reconnaissons ou croyons reconnaitre d'espèces distinctes, on est forcé, pour étre logique, d'admettre que les ressemblances présentées par ces espèces ne sont qu'une coincidence fortuite, c'est-à-dire un effet sans cause, conclusion que la raison ne saurait accepter. Dans le nótre, au contraire, ces ressemblances sont à la fois la conséquence et la preuve d'une parenté, non plus métaphorique, mais réelle, qu'elles tiennent d'un ancétre commun, dont elles sont sorties à des époques plus ou moins reculées, et par une série d'intermédiaires plus ou moins nombreux; de telle sorte qu'on exprimerait les véritables rapports des espèces entre elles en disant que la somme de leurs différences est celle de l'éloignement où elles sont de la souche commune dont elles tirent leur origine. » Envisagé à ce point de vue, le regne végétal se présenterait, non plus comme une série linéaire, dont les termes iraient croissant ou décroissant en complexité, suivant qu'on l'examinerait en commencant par une extrémité ou par l'autre ; ce ne serait pas davantage un enchevétrement désordonné de lignes €ntrecroisées, pas méme un plan géographique, dont les régions, différentes de forme et d'étendue, se toucheraient par un plus ou moins grand nombre de points; ce serait un arbre, dont les racines, mystérieusement cachées dans les profondeurs des temps cosmogoniques, auraient donné naissance à un nombre limité de tiges successivement divisées et subdivisées. Ces premières tiges représenteraient les types primordiaux du règne ; leurs dernières ramifications seraient les espèces actuelles. » Il résulterait de là qu'une classification parfaite et rigoureuse des êtres organisés d'un même règne, d'un même ordre, d'une même famille, ne serait autre chose que l'arbre généalogique même des espèces, indiquant l'ancienneté relative de chacune, son degré de spéciéité et la lignée d'ancétres dont elle est 388 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. descendue. Par là seraient représentés, d'une manière en quelque sorte pal- pable et matérielle, les différents degrés de parenté des espéces, comme aussi celle des groupes de divers degrés, en remontant jusqu'aux types primordiaux. Une pareille classification, résumée en un tableau graphique, serait saisie avec autant de facilité par l'esprit que par les yeux, et présenterait la plus belle application de ce principe généralement admis par les naturalistes : que la nature est avare de causes et prodigue d'effets. » Je m'arréte, Messieurs, car je craindrais d'abuser de votre attention. J'ai dà cependant vous signaler une doctrine qui semble devoir entrer en concur- rence sérieuse avec celle que nous professons encore aujourd'hui. De leur choc naîtra sans doute une lumière nouvelle. Quel que soit le résultat de la lutte, ceux qui s'intéressent au progrés des idées ne pourront qu'applaudir à ce combat pacifique dont le but est Ja découverte dela vérité. M. de Schœnefeld donne lecture de l'extrait suivant d'une lettre qu'il a recue de M. Durieu de Maisonneuve : LETTRE DE M. DURIEU DE WHAISONNEUYE A M. DE SCH(ENEFELD. Bordeaux, 93 mai 1860. ..... Dimanche dernier, nous étions à la Canau. J'avais moi-même deux buts à poursuivre en m'y rendant : observer la première montée de l'A/dro- vanda (1), et faire une ample provision du Chara fragifera (2) à l'époque où il montre en abondance ses anthéridies et ses nucules. Ce dernier but n'a pu étre atteint. La journée était superbe, mais le vent était vif et l'étang houleux par conséquent. Il nous fut impossible d'y entrer, et la récolte du Chara dut étre remise à une prochaine visite. Nous en apercümes cependant quelques rares touffes au fond d'une lagune très profonde, dont nous ne pümes extraire que quelques sommités. En cet état de fraîcheur et de riche floraison, la plante est merveilleuse dans l'eau. Nous fümes plus heureux pour l'A/drovanda, c'est-à-dire que nous arri- vâmes tout juste pour assister à la montée des premiers pieds. Nous cherchàmes longtemps avant d'en découvrir un seul. Enfin, il en fut aperçu un déjà flot- tant, monté peut-étre depuis un ou deux jours. A force de persévérance, nous finimes par en découvrir, de loin en loin, quelques individus entre deux eaux et montant peu à peu à la surface, encore munis d'une partie des restes du bourgeon hivernal qui, au moment de l'épanouissement, prend la forme d'un pavillon de trompe. Pour le bien voir en cet état, il faut saisir la plante avant (4) Voyez le Bulletin, t. VI, p. 399 et 617-618. (2) Voyez ibid., p. 119. SÉANCE DU 25 MAI 1860. 389 qu'elle se détache du limon sur lequel repose le pavillon. Mais nous n'avons pu en pécher une seule ainsi, ni en apercevoir au fond de ces chenaux trés pro- fonds, tandis que, l'année derniere, M. Motelay en ramena deux ou trois encore en place, au bout de la palette de son aviron. — Il résulte de notre excursion de dimanche dernier que l'on peut fixer environ au 20 mai l'époque de la montée de l’ Aldrovanda, au moins dans l'étang de la Canau. M. de Schenefeld fait ensuite à la Société la communication suivante : L4 SUR LE MODE DE VÉGÉTATION DE L'ALDROVANDA VESICULOSA EN HIVER ET AU PRINTEMPS, pr M. W. de SCHŒNEFELD. La lettre de notre savant confrère M. Durieu de Maisonneuve me donne l'occasion de dire encore quelques mots sur le mode de végétation de l’ A/dro- vanda. D'ailleurs, les moindres phénomènes que présente le développement de cette curieuse plante sont dignes, je crois, de l'attention de la Société. Depuis dix-huit mois, de nombreuses communications nous ont été faites par MM. Chatin, J. Gay, Caspary et Durieu de Maisonneuve, sur l'intéres- sante Droséracée si heureusement retrouvée à la Canau par l'habile direc- teur du Jardin de Bordeaux. La plupart des auteurs de ces savantes notices ont insisté sur ce fait que les bourgeons hivernaux de l'A/drovanda, aprés avoir flotté un certain temps à la surface de l'eau, finissent par tomber au fond (1), sans doute par suite de l'accroissement de leur pesanteur spécifique, €t ne remontent au printemps qu'aprés avoir commencé à se développer en tiges nouvelles M. Durieu de Maisonneuve m'a, en outre, assuré verbalement qu'il considérait la chute de ces bourgeons au fond de l'eau comme le critérium de leur faculté de développement, et qu'il croyait que ceux d'entre eux qui restent à la surface de l’eau pendant l'hiver ne sont pas aptes à reproduire la plante au printemps. Je viens de faire une expérience qui me semble prouver que cette théorie n'est pas absolument exacte, et pent, dans certaines circonstances du moins, se trouver en défaut. ‘Au commencement de novembre dernier, notre honorable et obligeant confrère M. Hacquin eut la bonté de me remettre, pour les cultiver, une vingtaine de pieds d' A/drovanda qu'il avait recueillis avec nous à la Canau, au mois d’août, pendant notre session de Bordeaux. Les tiges avaient déjà perdu plusieurs de leurs mérithalles inférieurs, mais paraissaient encore bien vertes et bien vivantes ; elles étaient contenues dans un petit bocal cylindrique de verre blanc. Je placai ce vase chez moi, à Saint-Germain-en-Laye , (1) Voyez le Bulletin, t. V, p. 720, et 726 (en note), et t. VI, p. 399. 390 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. et il a passé tout l'hiver dans une chambre bien éclairée, quoique exposée au nord (sans soleil par conséquent), et non chauffée, mais où, en raison du voisinage d’une autre pièce chauffée, la température n’est jamais descendue à zéro, même au moment des plus grands froids. Je n’en ai pris aucun autre soin, et je n'ai pas même renouvelé une seule fois l'eau qui le remplissait presque entièrement au mois de novembre et qui aujourd'hui se trouve réduite de plus d'un tiers, par suite de l'évaporation, le bocal étant demeuré constamment débouché. Peu à peu, j'ai vu tout ce qui restait des tiges de mes A/drovanda se détruire de bas en haut, et se dissoudre dans l'eau, qui n'en a été que très légèrement troublée et qui ne s'est colorée que vers le fond du vase d'une faible teinte jaune verdâtre. En méme temps, chaque rosette terminale se condensait en un bourgeon ovoide-globuleux, de la grosseur d'un petit pois et d'une belle nuance verte assez foncée. A la fin de décembre, il ne restait plus rien des tiges, et les bourgeons seuls flottaient à la surface de l'eau, qu'ils couvraient presque entièrement en raison du petit diamètre du bocal. Ces bourgeons ont ainsi passé tout le reste de l'hiver sans qu'aucun d'eux soit descendu au fond du vase, Vers la fin de mars, voyant encore tous les bourgeons flotter, et me rappe- lant surtout ce que m'avait dit M. Durieu de Maisonneuve, je désespérai com- plétement de les voir se développer au printemps, et j'oubliai à peu prés cette petite culture qui semblait ne plus devoir m'offrir le moindre intérét. Quelle fut ma surprise, il y a une dizaine de jours, en jetant par hasard les yeux sur mon pelit bocal, de constater que fous les bourgeons hivernaux, sans en excepter un seul, étaient en voie de développement. ` J'ai l'honneur de présenter à la Société quelques-unes de ces jeunes plantes. Les tiges nouvelles ont aujourd'hui 3 à 4 centimètres de longueur; elles sont déjà composées de plusieurs mérithalles, et l'on peut voir à leur extrémité inférieure le reste du bourgeon hivernal ayant pris cette forme de pavillon de trompe signalée par M. Durieu de Maisonneuve. Je vais essayer de cultiver maintenant en plein air ces petites pousses d'A/drovanda, et j'ai l'espoir de pouvoir leur faire achever leur évolution annuelle (1). Quoi qu'il en soit, il me parait dés à présent démontré par cette expérience (1) Cet espoir a malheureusement été déçu. J'ai placé mes jeunes Aldrovanda dans un endroit abrité de mon jardin, dans une terrine pleine d'eau avec un peu de terre au fond. Des pluies abondantes sont survenues, des Conferves ont envahi la terrine, et, au bout de trois semaines, il ne restait plus rien de mes plantes. Cet insuccés tient peut- étre à un manque de soins assez assidus; mais, quand méme ces plantes, en raison de la manière insolite et artificielle dont elles avaient passé l'hiver, n'eussent pas été assez robustes pour parcourir cette année les diverses phases de leur évolution, le fait du développement en tiges nouvelles des bourgeons hivernaux flottants n'en est pas moins avéré. (Note ajoutée pendant l'impression.) SÉANCE DU 29 MAI 1860. 391 que, dans certaines conditions, les bourgeons hivernaux d'A/drovanda peu- vent se développer au printemps sans avoir acquis pendant l'automne une pesanteur spécifique qui soit suffisante pour les faire tomber au fond de l’eau au commencement de l'hiver. Il serait même possible (mais ceci, je le reconnais, n’est qu’une simple hypothèse) que, dans les étangs où la plante végète spontanément, ce ne fût pas toujours la pesanteur spécifique des bourgeons hivernaux qui les fit tomber au fond de l’eau, mais surtout le mouvement même de l’eau fortement agitée par les tempêtes qui règnent souvent vers le commencement de l'hiver. Cette agitation de l'eau pourrait suffire, je crois, pour enfouir dans le limon la plupart des bourgeons flottant à cette époque. Ceux qui, au contraire, continueraient à flotter seraient saisis et détruits par la congélation de la sur- face de l'eau, et l'on s'expliquerait ainsi comment les bourgeons enfouis (lourds ou légers, mais préservés des grands froids) seraient seuls en état de se déve- lopper au printemps. M. J. Gay est d'avis qu'il faudrait attendre la floraison des bourgeons présentés par M. de Schænefeld pour se prononcer sur leur degré de vitalité. M. Ad. Brongniart ajoute que probablement ces bourgeons, se trouvant dans des conditions tout exceptionnelles, n'ont pu, comme dans leur station habituelle, développer dans leur intérieur des grains de fécule qui auraient augmenté leur densité. C'est là vrai- semblablement ce qui les a empéchés de tomber au fond de l'eau. M. de Schenefeld répond qu'il ne prétend point affirmer dés à présent la vitalité des pousses d'A/drovanda qu'il a présentées; il tient seulement à faire constater ce fait: c'est que des bourgeons hivernaux d'A/drovanda ont repris leur évolution au printemps sans étre tombés au fond de l'eau pendant l'hiver. M. Loysel fait remarquer que l'eau dans laquelle ont hiverné les pieds d' A/drovanda présentés, s'étant réduite, par évaporation, de près de moitié, ainsi que l'a dit M. de Schœnefeld, cette eau a dù augmenter de densité ; ce qui suffirait peut-étre pour expliquer la non-submersion des bourgeons. M. Cosson dit que, si les bourgeons hivernaux de l'A/drovanda enfoncent ordinairement dans la vase, comme ceux des Utricu- laires, c'est probablement pour se garantir du froid, dont ils n'ont pas eu à subir les atteintes dans l'expérience de M. de Schœnefeld. M. Chatin pense que le phénoméne, exceptionnellement observé, peut reconnaitre des causes diverses, et qu'il faut prendre en 392 . SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. considération chacune des opinions émises pour en donner l'expli- cation. M. le Président clôt le débat en disant qu'après les observations contradictoires de MM. Durieu de Maisonneuve et de Schænefeld, le sujet réclame de nouvelles expériences. M. Derouet dépose sur le bureau une panicule desséchée d' Arundo Donax. Cette inflorescence, dit M. Derouet, provient d'une touffe cultivée dans un jardin à Tours, et dont les tiges portaient, en 1859, 20 à 30 panicules pareilles. La floraison de cette Graminée essentiellement méridionale n'avait jamais été, que je sache, signalée dans le département d'Indre-et-Loire. Je regrette de n'avoir pu observer la touffe au moment de sa floraison, ne l'ayant vue que dans les premiers jours de décembre, alors que de fortes gelées en avaient déjà complétement arrété la végétation (1). M. Decaisne fait observer que la floraison exceptionnelle de l'Arundo Donax à Tours peut s'expliquer par les fortes et longues chaleurs de l'année 1859. (1) Note du Secrélariat, ajoutée pendant l'impression. — Dans une lettre en date du 28 septembre 1860, M. Derouet nous a annoncé qu'ayant voulu observer la méme plante dans le courant de cet été, il a reconnu que toute la touffe était morte, soit que la floraison de l'année précédente l'eüt épuisée, soit qu'elle eût péri par suite du froid trés vif qui a régné dans le nord et le centre de la France pendant quelques jours de l'hiver de 1859-60. La derniére de ces deux suppositions est celle qui nous parait la plus vraisemblable. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. Der Baum. Studien über Bau und Leben der hoehercn Gewaechse (L'arbre, Études sur la structure et la vie des végétaux supérieurs); par le docteur Hermann Schacht (2° édition; 1 vol. gr. in-8° de viII et 378 pages, avec 227 figures intercalées dans le texte et 4 planches in-4° gravées sur pierre. Berlin, 1860. Chez G.-W.-F. Müller). M. Schacht vient de publier une seconde édition de son important ouvrage dont nous avons reproduit le titre. La première édition, ayant paru antérieu- rement à la création de cette Revue bibliographique, n'a pu y être analysée ; nous croyons dés lors devoir nous occuper de la nouvelle comme si l'ouvrage lui-méme n'était point connu des lecteurs de ce Bulletin. Au reste, les chan- gements que ce livre a subis de la première à la seconde édition, sont assez importants pour en modifier notablement l'ensemble et les détails ; et l'auteur à pu dire avec raison dans sa préface « cette seconde édition, considéra- blement augmentée, peut être regardée comme une anatomie et une physio- logie aussi complètes que possible des végétaux supérieurs, et particulièrement des arbres forestiers. » Voici quelle est la division de l'ouvrage. Le volume commence par un avant-propos de deux pages, que suivent la table des chapitres et des principaux sujets traités dans chacun d'eux, ainsi qu'une introduction consacrée à des généralités sur les différents degrés de complication que peuvent offrir les organismes végétaux, sur les plantes anté- rieures à la végétation actuelle, sur les arbres, soit de nos contrées, soit des régions tropicales. Le corps de l'ouvrage, qui vient ensuite, est divisé en douze chapitres dont voici les sujets : Le premier chapitre (pp. 7-40) traite de l'ensemble de la structure inté- rieure et de la vie des végétaux. Il est accompagné de 37 figures intercalées. M. Schacht y examine surtout : les différences et les analogies entre les plantes t les animaux; la cellule étudiée soit en général, soit dans son contenu, ses formes, ses parois et les changements que celles-ci subissent par la lignifica- tion et la subérisation ; les faisceaux vasculaires considérés quant à leur origine, à leurs parties constituantes, à leur manière d’être; la reproduction sexuelle des Algues avec ses organes; enfin les principales substances contenues dans les cellules, telles que l'amidon, l'inuline, la chlorophylle, les cristaux, etc. — 394 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Le deuxième chapitre (pp. 41-66), auquel se rapportent 18 figures mélées au texte, est consacré spécialement à l'embryon et à la germination. L'auteur y étudie l'embryon, ses rapports avec l'albumen, le róle de ses parties, la germination relativement à ses causes et à sa durée, à la maniére dont elle a lieu dans les Conifères, les arbres feuillus, les Palmiers, les Graminées et les Cryptogames, à ses circonstances physiologiques ; enfin il jette un coup d'oeil sur les particularités individuelles qu'offrent les plantules naissantes. — Le troisième chapitre (pp. 67-89), auquel sont jointes 11 figures, traite des bour- geons caulinaires et radicaux. Comme il est aisé de le comprendre, les pre- miers sont examinés en détail, quant à leurs différentes sortes, aux feuilles qu'ils renferment, à la formation de leurs écailles et du germe qu'abritent celles-ci, à la forme sous laquelle ils s'offrent tant qu'ils sont fermés, à leur gonflement et à leur ouverture déterminés par le développement de la pousse, à la mortification du bourgeon terminal, enfin au bourgeon-fleur et à l'ovule. Quant aux bourgeons radicaux, aprés en avoir étudié les diverses sortes, savoir celui du pivot, ceux des racines adventives et ceux des racines latérales, l'auteur en expose la formation. Il jette ensuite un coup d'œil sur les bulbilles, les boutures, sur les tubercules des Orchis, dont il décrit et figure l'organisation complexe, les bulbes, etc. Il termine en mentionnant les cas rares dans les- quels le cóne végétatif terminal, soit caulinaire, soit radical, se divise pour produire deux ou plusieurs branches ou racines. — Le quatrième chapitre (pp. 90-129) a pour sujet la tige et les branches. On v trouve 27 figures intercalées, parmi lesquelles plusieurs représentent le tronc, la ramification de nos principaux arbres, l'effet général de l'ensemble de leur feuillage; pour le dessin comme pour la perfection de la gravure et pour la bonté du tirage, nous n'hésitons pas à les ranger parmi les plus remarquables que nous ayons encore vues. Quant au texte, on concoit qu'il doit traiter de sujets intéressants et variés, dans un livre qui traite spécialement de l'arbre ; ce sont particulière- ment : le port général, l'accroissement en longueur et en grosseur, la struc- ture et le développement du bois, ainsi que l'indication de l'influence que l'exposition exerce sur ce développement, les tiges anormales des Lianes, la ramification des Conifères et des arbres feuillus, les anomalies et défor- mations que celle-ci peut offrir, etc. — La feuille fournit la matiere du cin- quième chapitre (pp. 130-156) auquel sont jointes 19 figures : cet organe essentiel v est étudié au point de vue de ses parties, de sa forme, desa struc- ture anatomique et de son développement considéré d'abord selon qu'il est simple ou composé, ensuite chez les Palmiers, les Cycadées et les Fougeres, de son arrangement phyllotaxique, de sa coloration automnale et de sa chute, enfin des diverses périodes de son existence. — Dans le sixième chapitre (pp. 157-177), où sont intercalées 10 figures, M. Schacht s'occupe de la racine, dont il examine successivement les fonctions, les différentes espèces, l'accroissement, la marche dans le sol, la coiffe terminale ou piléorhize, les REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 395 excrétions ; il expose ensuite la disposition régulière des racines latérales, leur mode de formation, les conditions sous l'influence desquelles elles se pro- duisent, etc. — Le septième chapitre, l'un des plus étendus de tout l'ouvrage (pp. 178-237), et dans lequel se trouvent 23 figures, est consacré au bois et à l'écorce des arbres. C'est l'histoire détaillée de ces deux parties fondamen- tales de la charpente du végétal ligneux, à laquelle encore l'auteur a rattaché la marche de la séve, la formation de la résine, etc. — Le huitième chapitre (pp. 238-283), dont le texte est illustré de 44 figures, a pour objet la fleur et le fruit. Nous n'entrerons pas dans le détail des points qu'il traite, attendu qu'ils sont analogues à ce qu'on trouve dans tous les traités de botanique. Nous ferons seulement observer qu'après avoir été le défenseur le plus ardent et le plus persévérant de la théorie de la fécondation de MM. Horkel et Schleiden, M. Schacht a reconnu son erreur, et s'est rangé, sous presque tous les rapports, à la doctrine opposée, plus ancienne et aujourd'hui mise à l'abri de toute objec- tion par les beaux travaux de MM. Amici, Tulasne, Mohl, Hofmeister, etc. C'est donc conformément à cette dernière doctrine justifiée par les faits que notre auteur expose les phénomènes de la fécondation et de la formation pre- mière de l'embryon. — Le neuvième chapitre (pp. 284-320), qu'accompa- gnent 27 figures, a pour sujet l'arbre et sa vie. Les aliments que les arbres puisent dans le sol et dans l'air, les sécrétions qu'ils opèrent, les effets qu'ils éprouvent de la part de la gelée et des fortes chaleurs, de la lumière et de l'ombre, de la sécheresse et de l'humidité, les maladies qui les atteignent, les ennemis végétaux et animaux qui les attaquent, la diffusion géographique qu'offrent les essences forestiéres, sont les principaux sujets qu'on y trouve traités successivement. — Quant au dixième chapitre (pp. 321-344), où sont intercalées 3 figures, il a pour titre la forét et sa vie; on y trouve les carac- tères qui font distinguer plusieurs catégories de bois et de forêts, selon la taille et la nature des arbres qui les forment, selon qu'on les considère dans nos contrées, dans les pays subtropicaux et tropicaux. — Les deux derniers cha- pitres sont courts et consacrés à des généralités : le onziéme (pp. 345-352), sous le titre de « la forét et son importance, » traite de l'influence qu'exercent les foréts sur l'atmosphére, les sources et le sol, de leur diminution malheu- reusement progressive, enfin des soins qu'exigent les reboisements ; le dou- zième et dernier (pp. 353-356) renferme des considérations sur les lois qui régissent tous les phénomènes dans le règne végétal. Dans un appendice à son ouvrage, M. Schacht donne deux clefs analy- tiques pour la détermination à faire, avec le secours du microscope, des prin- cipales espèces de bois et d'écorces; il explique ensuite quelques expressions qui figurent dans son texte sans avoir été définies ; enfin il ajoute une table extrêmement utile dans laquelle, pour chaque espèce d'arbre, il donne le relevé de toutes les figures, éparses dans le texte ou. réunies sur les quatre planches finales, et des articles organogéniques, géographiques, etc., qui la 396 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. concernent dans l'ensemble de l'ouvrage. Le volume finit par une table alpha- bétique des noms des organes et des phénomènes. — Les quatre planches qui sont jointes à l'ouvrage de M. Schacht ont été gravées sur pierre avec un soin extrême d’après ses dessins; les figures s’y trouvent au nombre de près de 200. Enfin la couverture du volume elle-méme présente, autour du titre, un cadre charmant formé de rameaux des principales essences forestières de l'Europe. Ueber die Watitc aus der Bastfaser der Seidenpflanze (Asclepias syriaca L.) Sur la ouate préparée avec les fibres libériennes de l'Asclepias syriaca L.); par M. Théod. Basiner (Bulletin de la Société impériale des Naturalistes de Moscou, n° 4 de 1859, pp. 251-257, avec 12 fig. intercalées). On a plusieurs fois essayé d'utiliser l'aigrette des graines de l'Asclepias syriaca Lin. en la mélant à de la soie, de la laine ou du coton ; mais ces essais n'ont encore donné que des résultats d'une assez faible importance. Tout récemment on vient, en Russie, de tirer un meilleur parti des fibres du liber de la méme plante ; en effet, par un procédé qui leur est propre et qu'ils ont commencé de mettre en usage, il v a trois ans, MM. Piroschkoff et Hartmann (de Kiew) sont parvenus à préparer avec ces fibres une ouate entièrement semblable à celle de coton, et ils se proposent de cultiver trés en grand cet Asclepias pour obtenir la matière première de cette nouvelle industrie. M. Basiner a soumis la ouate d'Asc/epias à une étude attentive sous le micros- cope, et ce qui l'a frappé d’abord dans l'examen qu'il en a fait ç'a été une extrême ressemblance, ou plutôt une entière identité d'aspect entre les fila- ments qui composent cette ouate et ceux du coton. Il a soumis ensuite à une étude analogue les fibres libériennes de la même plante prises sur des pieds qui venaient de passer l'hiver en pleine terre et dont les tiges étaient sèches. Sur ces tiges l'écorce s'enleve et se désagrége facilement, et l'on voit alors que ses fibres constituent des filaments longs, étroits, en ruban dont les bords sont un peu épaissis. Dans un petit nombre de ces longues cellules libériennes, les couches d'épaississement de la paroi cellulaire n'ont pas entierement rempli la cavité qui se montre encore sous la forme d'un étroit canal médian; mais, dans la plupart, la cavité parait avoir été totalement comblée par la substance cellulaire. Ces fibres sont droites, rarement tordues sur elles-mémes. On retrouve une apparence toute pareille à celles qui ont été déja disposées en ouate ; seulement celles-ci, par l'effet de la dessiccation, se sont, pour la plu- part, tordues sur elles-mêmes, comme les filaments du coton dont elles ont absolument la largeur et l'épaisseur. Les poils de l'aigrette de la méme plante se présentent avec de tout autres caractéres : ils forment, en effet, des cellules déliées, cylindriques, à parois extrêmement minces; cette dernière circon- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 397 stance leur donne, pour la fabrication de la ouate, une valeur très inférieure à celle des fibres libériennes, de sorte que leur mélange à celles-ci ne pourrait qu'amoindrir la durée du produit. Dans un appendice à sa note, M. Basiner dit que l'emploi du réactif de M. Schweizer, c'est-à-dire de l'oxyde de cuivre ammoniacal, fournit un bon moyen pour distinguer la ouate libérienne d'Asc/epias syriaca de celle de coton. Sous l'action de cette substance, les filaments de coton gonflent leurs couches internes plus fortement que les externes qui sont déchirées par places, d'où il résulte que le filament tout entier prend une apparence de chapelet ; on distingue alors fort bien que les parois de ces filaments comprennent géné- ralement dix couches superposées. Traitées de méme, les fibres libériennes de l’ Asclepias se gonflent uniformément dans toute leur étendue et continuent ainsi de former un ruban assez uniforme, dans lequel on reconnait l'existence de cinq ou six couches d'épaississement. Nuovi principi di fisiologia vegetale applicati all agri- coltura (Nouveaux principes de physiologie végétale appliqués à l'agriculture) ; par le docteur Gaetano Cantoni (1 vol. in-8° de 240 pages. Milan, 1860). Les idées nouvelles qui servent de base à cet ouvrage avaient été exposées en partie dans un mémoire que M. Cantoni avait publié antérieurement. Ce mémoire, modifié à quelques égards, surtout étendu et complété, est devenu le volume dont nous venons de reproduire le titre. Fidèle à la réserve qui nous est imposée par le règlement de cette Revue bibliographique, nous n'exprimerons aucune opinion sur la valeur des principes certainement nou- veaux que l'auteur se propose d'exposer et de baser sur des faits; nous nous contenterons de traduire littéralement le résumé concis qu'il en donne lui- méme, aprés quoi nous indiquerons rapidement la division des matières trai- tées dans son livre. « Les feuilles absorbent et ne décomposent pas l'acide carbonique de l'atmosphére. L'acide carbonique absorbé par les feuilles se porte, par les fibres corticales de ce qu'on a nommé le liber, aux sucoirs des extrémités des racines. Les sucoirs des racines, par le moyen de l'acide carbonique, élaborent les matériaux du sol pour s'assimiler les substarices nutritives. L'action digestive de l'humeur émise par les racines sur les matériaux ter- restres, étant une véritable action chimique, varie selon la quantité et la qualité des matiéres avec lesquelles cette humeur vient en contact. L'énergie du suc émis par les racines varie en raison de la quantité d'acide carbonique qu'il contient. Cette quantité d'acide carbonique varie en raison des conditions dans 398 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. lesquelles se trouvent les organes destinés à l'absorber, c'est-à-dire en raison de la forme et de la structure de ces derniers, et du degré de la température de l'air. Les causes qui contrarient l'absorption de l'acide carbonique, ou qui en diminuent l'efficacité en le délayant trop, agissent défavorablement sur la végétation. | L'assimilation étant un procédé chimique, les matériaux terrestres ne se comportent pas tous de la méme manière vis-à-vis du suc émis par les sucoirs ; et la méme substance se comporte diversement en raison de ses divers états chimiques et physiques. ; Le terrain a besoin d’être préparé pour devenir apte à la nutrition des plantes. : L'air, l'humidité, la chaleur, la végétation, les substances organiques, et spécialement celles qui sont azotées, sont les principaux agents de cette pré- paration. Le volume présenté par les matériaux nutritifs à l'action des sucoirs doit étre en rapport avec celui du systéme assimilateur. Le choix est fait par les sucoirs en vertu d'une électivité chimique. Ces premiéres conclusions rendent incompatibles l'élaboration des matieres nutritives par les feuilles, et la plasticité de la séve descendante. La séve ascendante est la seule nutritive, parce qu'elle a déjà été élaborée par les racines. Les végétaux se nourrissent par intussusception, et ils gagnent simultané- ment tant à l'intérieur qu'à l'extérieur. Tout bourgeon d'un végétal doit être considéré comme végétant isolément. Le bourgeon à fleur est un étre parasite , puisqu'il ne sert pas à la nutrition. Les végétaux monocotylédons ne diffèrent des dicotylédons que par la distribution différente des parties. La durée des plantes peut étre déduite de la disposition des bourgeons. » Quant à l'ouvrage lui-méme de M. Cantoni, aprés une préface ou pour mieux dire un avant-propos d'une seuie page, il renferme une introduction de trois pages, dans laquelle l'auteur expose succinctement les erreurs dont étaient entachées les idées sur la nutrition des plantes, qui régnaient au siècle dernier, les changements qui eurent lieu à cet égard vers la fin du même siècle, enfin les immenses progrès qui ont été accomplis sous ce rapport depuis les premières années du siècle actuel. Le corps de son livre est divisé en 39 para- graphes suivis des conclusions que nous venons de reproduire et d'une table des matieres. Ne pouvant donner une analyse détaillée de cet ouvrage, nous indiquerons succinctement les principaux sujets qui y sont traités et les idées les plus importantes que l'auteur se propose d'y établir. Aprés avoir rapporté l'explication de la nutrition des plantes, telle qu'elle REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 399 est généralement admise aujourd'hui, pour montrer que ses propres idées ne sont pas isolées, il rapporte un article publié par M. Liebig dans le numéro du 21 juin 1857 de la Gazette universelle, dans lequel le célèbre chimiste de Giessen rétracte ses opinions antérieures sur la végétation et propose une théorie nouvelle dont la base est l'action qu'exerceraient sur les particules terreuses les racines, particulièrement l'acide carbonique émis par celles- ci. Cette théorie fait naitre celle de M. Cantoni comme conséquence ; en ellet, cet acide carbonique, qui joue un róle si important, semble à celui-ci ne pouvoir être que celui qui est absorbé dans l'atmosphère, lequel ne serait pas décomposé par les feuilles et passerait aux racines. Il cherche à prouver entre autres points : 1° que l'acide carbonique absorbé par les feuilles est en rapport avec la quantité des matières assimilées; 2° que les feuilles agissent comme les poumons des animaux, en communiquant à la séve descendante la faculté de servir de nouveau à la nutrition; 3? que l'acide carbonique contenu dans le sol est insuffisant pour expliquer la nutrition des plantes; 4° que, méme en supposant solubles toutes les substances contenues dans la terre, il résulte de faits nombreux que les solutions ne nourrissent pas les plantes, qu'elles leur sont même nuisibles et que la terre seule empêche qu'elles ne leur nuisent; 5° qu'en admettant que les solu- tions puissent nourrir les plantes, la terre les retient, ne les cède point, ou même les conserve énergiquement. M. Cantoni consacre un paragraphe à l'exposé des faits qui, suivant lui, démontrent dans le sol l'existence de sa puissance d'absorption. Il s'attache ensuite à montrer non-seulement la possi- bilité, mais encore l'importance de la nitrification s'opérant dans le sol, et il s'appuie, à ce sujet, sur les expériences de MM. Lawes et Gilbert, aiusi que sur celles de M. Boussingault. Il s'occupe en détail de la fertilité de la terre, et il attache à montrer que, dans l'état actuel de la science, les analyses chimiques sont impuissantes pour en rendre compte. Selon lui, dans la nutri- tion des plantes, aucune substance n'a une importance supérieure à celle des autres ; mais, parmi elles, les racines font un choix. Quant aux points parti- culiers traités en détail par l'auteur de cet ouvrage, ils sont indiqués en général dans ses conclusions que nous avons reproduites au commencement de cet article, Nozioni elementari per le scuole de comuni agricoli (Notions élémentaires de botanique destinées aux écoles des communes des campagnes) ; par M. T. Caruel (Journal : La Famiglia e la Scuola, 1** année, vol. TI, septembre et octobre 1860; tirage à part en brochure in-8° de 24 pages, avec des figures intercalées). Nous nous contenterons de signaler la publication de ce petit traité élémen- taire de botanique, dans lequel M. Caruel met à la portée des intelligences les A00 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. moins cultivéesles notions fondamentales de l'organisation des plantes : 8 figures au trait intercalées dans le texte rendent plus facilement intelligible la descrip- tion des parties de la fleur et de la graine. Des écrits de ce genre, s'ils ne contribuent pas à étendre le domaine de la science, n'en ont pas moins une grande utilité, puisqu'iis en répandent la connaissance et en propagent le goût. : Notice sur la germination: par M. André Békétoff (Bulletin de la Société impériale des Naturalistes de Moscou, cahier 1 de 1859, pp. 278-282). M. Békétoff ne fait connaitre dans cette note qu'un petit nombre de faits, et il se propose de publier plus tard en détail les résultats des expériences diverses qu'il poursuit au sujet de la germination. Il commence par faire observer, après d'autres savants, que les curieuses expériences sur lesquelles Knight s'est basé pour essayer d'expliquer par l'ac- tion de la pesanteur la direction descendante de la radicule, sont loin d'avoir la valeur qui leur a été attribuée ; que la pesanteur devrait attirer plus forte- ment la tigelle munie de ses cotylédons, et des lors plus lourde que la radicule. Il ajoute que, dans ces expériences, on avait anéanti non-seulement la pesan- teur, mais encore toutes les autres forces qui pouvaient agir en méme temps sur la radicule; dés lors on ne pouvait en tirer aucune conclusion. Quant à lui, il pense que la radicule tend vers l'obscurité et le sol, et non vers le centre de la terre. — Pour se fixer à cet égard, il a fait les expériences suivantes : ila pris deux caisses, dont il a remplacé le fond par une épaisse lame de feutre, dans laquelle il a pratiqué des ouvertures. Après avoir bien mouillé ce feutre, il a fixé à sa face inférieure des graines dont la radicule était dirigée en sens divers. Il a expérimenté sur celles d'Avoine, de Seigle, de Froment, d'Orge, de Cresson et de Pois. Ces dernières avaient été préalablement tenues dans l'eau, jusqu'à ce que leur tégument et leurs cotylédons se fussent ramollis. ll a rempli ensuite la caisse de terre qu'il a maintenue constamment humide, et il l'a fixée aux barreaux d'une fenêtre. — Une graine de Cresson, collée au bord d'une des ouvertures du feutre, et ayant l'extrémité radiculaire dirigée en haut, a d'abord engagé dans cette ouverture sa radicule, qui n'a pas tardé à revenir sur elle-même vers la surface du feutre contre lequel elle s'est appli- quée pour se diriger horizontalement, vers le côté opposé à la lumière. Les graines qui, en germant, n'ont pas rencontré d'ouverture, ont dirigé leur radicule comme la première, vers le côté opposé à la lumière. Celles qui avaient la radicule dirigée en bas, se sont dirigées obliquement vers l'obscurité et ont pris, dès le second jour, la direction de bas en haut, en se recourbant en crosse pour cela, La radicule du Pois s'est recourbée également en crosse, sa pointe en haut. Les racines nombreuses des céréales (radicules et racines REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, AOL adventives) se sont dirigées horizontalement vers l'obscurité, et quelques-unes ont tourné leur pointe en haut. — De ces faits, le savant russe tire la conclu- sion suivante : il y a plusieurs causes qoi sollicitent la radicule à se diriger vers le sol; l'une est générale, c'est la pesanteur, les autres sont spéciales. Celles-ci sont l'obscurité et les propriétés du sol, c'est-à-dire l'absence d'un air continuellement renouvelé et de la chaleur immédiate du soleil. Lorsque ces forces spéciales agissent dans un sens contraire à la pesanteur, elles se trouvent annulées. « Il s'ensuit que la cause spéciale qui détermine la radicule à se diriger vers le sol, git dans la propriété qu'ont les radicules de ne se développer que dans les ténèbres et dans un sol quelconque. » Recherches sur la matière sucrée contenue dans les fruits acides, son origine, sa nature et ses transfor- mations: par M. H. Buignet (Thèse pour le doctorat ès sciences physiques. Paris, 1860; in-4° de 59 pages). Au commencement de son mémoire, M. Buignet exprime son étonnement de ce que, malgré l'abondance du sucre dans les fruits, aucune étude n'a été entreprise en vue d'en déterminer la véritable nature. Dans l'origine on consi- dérait ce sucre comme identique avec celui de la Canne et de la Betterave ; mais bientôt on reconnut qu'avec la méme saveur que celui-ci, il s'en distinguait par les caracteres extérieurs et surtout par la forme cristalline. On a été con- duit ainsi, et par des observations subséquentes, à distinguer le sucre de canne à cristaux transparents, d'un volume et d'une régularité remarquables, et le glucose dont la saveur est beaucoup moins franche et qui ne forme que diffi- cilement des cristaux déterminables. Ce sont là deux genres qui se subdivisent en une multitude d'espèces. — L'auteur s'occupe, en trois paragraphes distincts : 4° de la nature et de la proportion des sucres qui existent dans les fruits; 2° de la séparation des sucres contenus dans les fruits acides ; 3° de l'origine et de la transformation de la matière sucrée dans les fruits acides. Il résume ensuite l'ensemble de ses recherches dans une série de propositions que nous reproduirons en majeure partie. 1. Le sucre qui se forme originairement dans les fruits acides est le sucre de canne C'2H!! 0t, identique, par ses propriétés et son pouvoir rotatoire, avec celui qu'on extrait de la Canne on de la Betterave. 2. Pendant la maturation des fruits, ce sucre subit une influence particu- lière et se change peu à peu en sucre interverti C'?2H'?0'??, identique, par ses Propriétés et son pouvoir rotatoire, avec celui qu'on obtient par l’action des acides ou du ferment glucosique sur le sucre de canne. 3. Lorsqu'on examine la matière sucrée à l'époque de la maturité complète, on la trouve différemment constituée, suivant les fruits où on l'observe. Tantôt elle se compose de sucre interverti pur et simple, comme dans le raisin, la T. T. 26 A02 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. groseille, la figue ; tantót elle renferme un mélange en proportions variables de sucre de canne et de sucre interverti, comme dans l'ananas, l'abricot, la péche, la prune, etc. ^. La cause qui préside à ces différences, n'est pas, comme on pourrait le croire, l'acidité des fruits. L'expérience montre que les acides organiques, en raison de leur proportion relative, de leur état de dilution, de la faible tempé- rature à laquelle ils agissent, n'ont qu'une légère action pour intervertir le sucre de canne en présence duquel ils se trouvent. Aussi n'existe-t-il aucun rapport entre l'acidité des fruits et l'altération que présente leur matière sucrée. Le citron, dont l'acidité est excessive, offre plus du quart de sa matière sucrée à l'état de sucre de canne, tandis que la figue, qui est à peine acide, présente la totalité de la sienne à l'état de sucre interverti. De méme, on trouve jusqu'à 70 pour 100 de sucre de canne dans la matière sucrée de l'abricot, de la pêche, de la prune de mirabelle, tandis qu'on n'en trouve pas trace dans le raisin et la cerise, où l'analyse constate une acidité beaucoup moindre. 5. Les différences que présente la proportion relative des deux sucres paraissent tenir à l'influence d'une matiere azotée, jouant le róle d'un ferment glucosique analogue à celui que M. Berthelot a extrait récemment de la levüre de biére. En écrasant la graine de groseilles et la traitant par l'eau froide, on obtient un liquide qui intervertit à froid le sucre de canne contenu dans les jus de fruits. 6. L'influence comparée de l'acide et du ferment se trouve rendue mani- feste par deux expériences paralléles faites sur un méme jus de fruit : l'une, dans laquelle on précipite le ferment par l'alcool; l'autre, dans laquelle on neutralise l'acide par le carbonate de chaux. Dans la première, la matière sucrée subsiste pendant un temps trés long sans modification sensible. Dans la seconde, au contraire, elle est totalement transformée, méme au bout de vingt-quatre heures. — La méme conséquence résulte encore des expériences faites sur le fruit du Bananier. A quelque période de la végétation qu'on exa- Ming son suc, on n'y trouve aucune trace d'acide libre. Et cependant on trouve, dans les bananes máries artificiellement, prés des deux tiers de la matière sucrée à l'état de sucre interverti. 7. L'abondance avec laquelle l'amidon se trouve répandu dans le régne végétal fait supposer qu'il est la véritable source de la matière sucrée dans les fruits. Cependant on ne peut déceler sa présence dans les fruits verts, ni par le microscope, ni par l’eau iodée. D'un autre côté, le sucre auquel donne lieu l'amidon, dans les transformations artificielles que nous pouvons lui faire subir, est un glucose dextrogyre à pouvoir rotatoire = + 53°, tandis qu’il résulte des expériences consignées dans cette thèse que celui que l'on trouve dans les fruits acides est du sucre de canne totalement ou partiellement interverti, 8. Il existe dans les fruits verts un principe particulier doué de la faculté REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. A03 d'absorber l'iode avec plus d'énergie encore que l'amidon, et de former avec ce métalloide un composé parfaitement incolore. Ce principe est de nature astringente et parait se rapprocher des tannins par la plupart de ses propriétés. Son dosage peut être établi avec tout autant de facilité que celui de la matière stcrée elle-même. On reconnait, en le pratiquant aux diverses époques de la maturité, que sa proportion diminue progressivement à mesure qu'augmente la proportion de la matière sucrée. 9. En ajoutant à un suc de fruit vert autant d'iode qu'il en peut absorber, on voit bientót se former un précipité par la combinaison de l'iode avec la matière astringente. Si on recueille ce précipité et si on le lave avec le plus grand soin pour le débarrasser de tout ce qu'il peut retenir de soluble, on constate qu'il produit du sucre sous l'influence des acides étendus et d'une température convenable. 10. Le sucre que fournit le tannin de la noix de galle par l'action de l'acide sulfurique moyennement concentré et d'une température convenable, est un glucose dextrogyre, ayant exactement le méme pouvoir rotatoire que le glucose d'amidon. Le sucre que fournit le tannin des fruits verts dans les mémes conditions, est également du glucose dextrogyre identique au sucre d'amidon. — Sous ce rapport, le tannin ne se préte donc pas mieux que l'amidon à une théorie satisfaisante sur l'origine du sucre dans les fruits. 11. Dans les bananes vertes, on trouve tout à la fois beaucoup d'amidon et beaucoup de tannin, et les deux principes diminuent progressivement et simultanément, de manière qu'on ne trouve plus trace de l'un ni de l'autre dans les bananes mûres. Le sucre que l'on trouve à leur place est du sucre de canne. 12. Il existe donc une différence essentielle entre les procédés de l'art et ceux dela nature, au point de vue de la transformation en sucre, soit du tannin, soit de l'amidon. — Il existe également une différence trés grande entre la matière sucrée des fruits, suivant qu'elle se produit soüs l'action des forces végétatives ou en dehors de leur influence. L'expérience montre que le sucre qui continue à se former dans les bananes aprés qu'elles ont été détachées de l'arbre n'est plus du sucre de canne, mais du sucre interverti. BOTANIQUE DESCRIPTIVE. Ueber Vicia sativa L. (Sur lc Vicia sativa L.); pâr M. Alefeld (Bota- nische Zeitung, n° 9 de 1860, 2 mars, pp. 11-81). En réunissant dans son jardin la plupart des Viciées cultivées, M. Alefeld à reconnu qu'il y a beaucoup à faire encore pour la détermination scientifique des formes de ces plantes, C'est ce qui lui a paru frappant surtout pour le AOA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Vicia angustifolia Roth. et pour le V. sativa L. Ainsi il s'est assuré que les ouvrages modernes et les catalogues assignent un grand nombre de noms spécifiques différents à des formes qu'il classe en 4 variétés du V. angustifolia et 45 variétés du V. sativa. Tandis que les variétés de la première de ces deux plantes ne se distinguent les unes des autres que par des caractères fort peu importants, celles de la dernière sont beaucoup plus nettement tran- chées et se conservent méme par le semis. — D'un autre côté, ces deux plantes elles-mêmes sont très difficiles à caractériser, de telle sorte que les caractères se rapportent à toutes les variétés, le Vicia sativa cornigera for- mant comme un chainon intermédiaire entre les deux, sans qu'on puisse toutefois le regarder comme un hybride, puisqu'il est fertile, méme trés fer- tile, que, en outre, il ne croit nulle part à l'état sauvage et qu'il est le produit de la culture. Rattachant cette plante ambigué comme variété au V. sativa, l'auteur présente comparativement le tableau des caractères des Vicia angustifolia Roth. et sativa L., et de cette comparaison il conclut que ces deux espèces se distinguent l'une de l'autre uniquement par des différences de proportions et de coloration. Il étudie ensuite en détail 19 variétés du V. sativa dont nous nous contenterons de reproduire les noms en les DUE: tant aux divisions établies par lui. A. Fleurs brun d'ombre. 1. Vicia sativa umbriflora, nov. var. B. Fleurs blanches (ou blanches avec les ailes d'un rouge très pâle). a. Graines marbrées, — 2. Vic. sat. hirsutissima (Vic. hirsutissima Cyr., Hort. Dresd.). b. Graines unicolores. — 3. Vic. sat. grisea (Vic. grisea Hort.). — h. Vic. sat. diploleuca, nov. var. — 5. Vic. sat. serotina (Vic. alba Hort. ). — 6. Vic. sat. elaiosperma. €. Fleurs normales : étendard bleu rougeâtre, ailes pourpre foncé. a. Graines marbrées, — 7. Vic. sat. macrocarpa (Vic. macrocarpa Hort. ). — 8. Vic. sat. vulgaris ; forma a fusca ; forma B lucida. — 9. Vic. sat. cordata (Vic. cordata Hort. berol.). — 10. Vic. sat. sardoa (Vic. sardoa Hort.). — 11. Vic. sat. persica (Vic. sat. var Boiss. ). b. Graines unicolores. — 12. Vic. sat. Baccla (Vic. Baccla Moe.). — 43. Vic. sat. ehlorosperma, nov. var. — 44. Vie. sat. leucosperma (Vic. leucosperma Moe.). — 15. Vic. sat. canadensis (Vic. canadensis Mort.).— 46. Vic. sat. ludoviciana (Vic. ludoviciana Hort.). — 17. Vic. sat. ery- throsperma Rchbc., Fl. exe. (Vic. graminea, amena, ferruginea, nodosa, triflora, grandiflora, etc., Hort.). — 48. Vic. sat. fuliginosa (Vic. grami- nea,amæna, ferruginea Hort.). — 19. Vic. sat. cornigera ( Vic. cornigera, cornigiea, globosa Hort. ). Dans la diagnose de ces variétés, M. Alefeld prend pour caractères prin- cipaux : 1* la configuration et la grandeur des folioles des premières feuilles de l'axe primaire, ces feuilles, dans les Viciées, représentant et méme rem- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. A05 plaçant les cotylédons des autres végétaux quant à leur importance physiolo- gique; 2° le nombre des graines comprises dans un poids donné, toujours le méme. — Sa note se termine par un conspectus analytique de ces variétés. Pugillus plantarum imprimis hispanicarum, quas in itinere 1851-52 legit Joh. Lange. I (Brochure in-8? de 82 pages. Copenhague, 1860, extrait des Vaturhist. Foren. Vidensk. Meddelelser, 1860). En 1851-1852, M. Lange a fait un voyage botanique dans le midi de la France, dans les Pyrénées centrales et en Espagne. Sa récolte de plantes espagnoles a été fort riche et, depuis son retour dans sa patrie, il a dû consa- crer plusieurs années à en faire la détermination. Son projet est de publier plus tard la description et la figure des espèces qu'il a reconnues comme nou- velles ; mais, en attendant, il a eu l'heureuse idée de publier un conspectus de l'ensemble de ses récoltes, pour signaler les localités où il a recueilli toutes ses plantes et pour caractériser brièvement celles qu'il regarde comme nouvelles. Le premier fascicule de ce travail d'ensemble a été publié récemment; il comprend les Acotylédons et les Monocotylédons. — Outre les indications relatives à ses propres herborisations, le savant botaniste danois en a consigné, dans son Pugillus, d'autres qui ont un grand intérêt. Il a pu examiner, au collége pharmaceutique de Madrid, l'herbier d'Espagne de Pourret, dans lequel un grand nombre de plantes, découvertes et reconnues pour nouvelles par cet excellent observateur, ont reca un nom qui n'a pas été publié; à Copenhague, il a journellement sous les yeux l'herbier de Schousboe qui est très riche en plantes espagnoles et portugaises. Il a le soin de citer, toutes les fois que l'occasion s'en présente, les données inédites que lui ont fournies ces deux précieuses collections. — Nous indiquerons succinctement les matières contenues dans ce premier fascicule et les espèces ou variétés dont on y trouve les caractères. A. ACOTYLÉDONS. — Les Algues, déterminées par M. J.-G. Agardh, comprennent 4 Confervacée, 6 Ulvacées, 41 Floridées et 14 Fucoïdées. Les Lichens, déterminés par M. W. Nylander, sont au nombre de 56. Les Hépatiques ont été déterminée; par M. E. Hampe; elles sont au nombre de 18. M. C. Müller a déterminé les Mousses dont le nombre s'élève à 77. M. A. Braun a nommé les 4 espèces de Characées, En fait de Cryptogames vasculaires, on trouve : 6 espèces d'Équisétacées, 4 Lycopodiacées, 2 Isoétées et 28 Fougères. B. MONOCOTYLÉDONS. — Elles comprennent 246 Graminées, 61 Cypé- racées, 6 Alismacées, 27 Joncacées, 4 Colchicacées, 42 Liliacées, 4 Aphyl- lanthée, 11 Smilacées, 4 Dioscorée, 15 Iridées, 9 Amarvllidées, 25 Orchidées, 11 Naiadées, 3 Typhacées, 2 Lemnacées, enfin 4 Aroïdées. Quant aux espèces ou variétés nouvelles, en voici le relevé : 406 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. EQUISETACEX : Equisetum Telmateja, var. minor Lge. — FILICES : Poly- podium vulgare, var. grandifrons Lge (P. majus viterbiense Barr.). — GRA- MINEE : Mibora Desvauxii Lge; Alopecurus nigricans, var. submuticus Lge. Agrostis maritima, var. pseudopungens Lge; A. vulgaris, var. frondosa Lge. A. adscendens Lge. Polypogon littoralis, var. brevisetus Lge. Stipa parviflora, var. contorta Lge. Airopsis agrostidea, var. ? A. involucrata, var. aristata Lge. Avena barbata, var. minor Lge; A. bromoides, var. straminea Lge; A. his- panica Lge. Trisetum hispidum Lge. Koeleria crassipes Lge. Poa alpina, var. involucrata Lge. Vulpia sciuroides, var. gracilis Lge. Festuca scaberrima Lge. Bromus mollis, var. contractus Lge. Hordeum pratense, var. annuum Lge. Agropyrum curvifolium Lge. Ægilops sp. forsan hybrida (Æ. vulgari-triun- cialis Lge). —CYPERACEÆ : Scirpus Savii, var. Vahlii Lge (S. cernuus Vahl. ). Carex leporina, var. subfestiva Lge. — ALISMACEÆ : Damasonium minimum Lge. — JUNCACEÆ : Juncus silvaticus, var. congestus Lge, et var. viviparus Lge.; J. elatior Lge. — COLCHICACEE : Erythrostictus europæus Lge. — LILIACEÆ : Gagea mauritanica, var. hispanica Lge. — IRIDEÆ : Trichonema Clusianum Lge. Iris albicans Lge. — AROIDEE : Biarum tenuifolium Schott ? var, ! Asie Mineure. Description physique, statistique et archéologique de cette contrée; par M. P. de Tchihatcheff ; 3° partie, BOTANIQUE. Eléments d'une Flore de l'Asie Mineure, de l'Arménie et des îles de l Archipel grec ; 2 vol. gr. in-8°, le premier de Lv1 et 484 pages, le second de xvr et 676 pages, avec un atlas in-folio de A3 planches gravées sur cuivre et une vue lithographiée. Paris, 1860. Chez Gide, rue Bonaparte, 5. Après avoir présenté, dans Ja deuxième partie de son grand ouvrage Sur l'Asie Mineure, les résultats de ses recherches et de ses observations sur la climatologie et la zoologie de cette vaste contrée, M. de Tchihatchelf vient de publier, comme formant la troisième partie du même ouvrage, les éléments d'une Flore de l'Asie Mineure, de l'Arménie et des iles de l'Archipel grec. Bien qu'il y ait encore certainement de nombreuses découvertes botaniques à faire dans les pays explorés par lui, depuis plusieurs années, avec un zèle et un courage au-dessus de tout éloge, nos connaissances sur cette yégétation intéressante à divers titres semblent être assez ayancées pour qu'il soit possible d'en tracer un tableau sans doute incomplet, mais néanmoins d'une utilité majeure pour la science. C'est ce qu'a pensé avec toute raison M. de TTchihat- cheff, et, réunissant aux nombreux matériaux qui ont été le fruit de ses voyages ceux dont quelques autres voyageurs ont enrichi les herbiers ou dont les bota- nistes ont consigné la description dans différents ouvrages, il a écrit le Pro- drome d'une Flore de l'Anatolie, de l'Arménie et de l'Archipel grec, aussi REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 407 complète qu'elle puisse l'être aujourd'hui. Voici le plan d’après lequel a été rédigé son grand et important travail. La partie botanique de l'Asie Mineure comprendra trois volumes dont les deux premiers, qui font l'objet de cet article, comprennent l'énumération méthodique des espèces, dont le troisième, encore inédit, sera consacré à la partie philosophique et à un Index détaillé des espéces et des synonymes, M. de Tchihatcheff dédie les deux volumes qu'il vient de publier aux mânes de Humboldt, le « créateur de la géographie botanique ». — Dans une pré- face étendue, il indique d'abord le but vers lequel ont. été dirigées ses études de.la Flore de l'Asie Mineure ; « c'est surtout, dit-il, sous le point de vue de la géographie botanique que j'ai étudié la végétation de l'Asie Mineure, car je suis de ceux qui ont foi dans l'avenir et dans les services que cette science, jeune encore, est appelée à rendre un jour à la botanique. » Il expose ensuite et développe ses idées sur l'espéce basées sur la définition que nous devons à M. I. Geoffroy Saint-Hilaire. Il se déclare ennemi de la multiplication exa- gérée des espèces qui entre dans les procédés usuels de divers botanistes de notre époque. Il trace ensuite les limites géographiques entre lesquelles il circonscrit le champ de ses travaux : « au. Nord, le littoral septentrional de l'Asie Mineure, compris entre Constantinople (inclusivement) et une bande étroite côtière (inclusivement) qui, sous le nom d’A whasie, forme une partie du littoral oriental du Pont-Euxin. Au sud, la limite est représentée par la côte méridionale de l'Asie Mineure depuis le cap Khrio jusqu'au golfe de Skanderun, d'oü cette ligne continue à l'est en passant par Marach et Nisib pour aboutir à Mossul ; là elle tourne sur un angle aigu au nord-ouest en for- mant une ligne droite entre Mossul et l'extrémité méridionale du lac Urumia. La limite orientale longe d'abord la cóte orientale du lac Urumia ainsi que la lisière orientale de l'Arménie russe jusqu'à l'extrémité nord-ouest du lac Goektchai, où elle tourne à l'ouest pour regagner la frontière turque dans les parages de la petite ville d'Alexandropol, qui marque la frontière entre les possessions russes et ottomanes ; de là la ligne continue la frontière orien- tale de ces dernières jusqu'aux parages du petit fort Saint-Nicolas, et tourne enfin au nord pour suivre la limite orientale de la bande côtière connue sous le nom d'Awhasie. Enfin, la limite occidentale est formée par le groupe des iles de l'Archipel, comprises entre le littoral occidental de l'Asie Mineure et le littoral oriental de la Grèce et de la Thessalie. » L'auteur entre dans des détails assez circonstanciés sur certains des pays compris entre ces limites, particu- lièrement sur ceux situés au nord-est, qu'il a explorés récemment et qu'il n'avait pas fait entrer dans son cadre à l'époque où il a publié sa Climato- logie. Yl finit en faisant connaitre le plan qu'il s'est tracé et les matériaux sur lesquels a porté son travail, matériaux dus à différents voyageurs modernes, surtout à MM. Kotschy, Balansa, Huet du Pavillon, etc., et auxquels ses propres voyages, poursuivis depuis douze années, ont ajouté un supplément 408 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. important (environ 4500 espèces, dont 70 nouvelles), et d'autant plus pré- cieux qu'il s'est attaché généralement à explorer les parties négligées par les autres botanistes. L'ouvrage de M. de Tchihatcheff est un intermédiaire entre les catalogues et les (lores, ces deux mots étant pris avec le sens qu'on leur donne habituel- lement ; en effet, il donne l'énumération simple des familles, des genres et des espèces, celles-ci étant accompagnées de leurs principaux synonymes et de l'indication détaillée des localités. Si le savant auteur a supprimé les dia- gnoses, il y a été déterminé par le désir de diminuer le volume de son ouvrage qui serait devenu très considérable, le nombre des espèces qui y figurent étant de 6805, distribuées en 131 familles et 967 genres. Toutefois, pour les espèces nouvelles et pour celles qui ont été décrites dans des ouvrages ou des recueils peu accessibles à la généralité des botanistes, il a donné des diagnoses. Le nombre de ces phrases descriptives est de 190 dans l'ensemble de son ouvrage ; celles qui se rapportent à des espèces nouvelles sont dues à MM. Fis- cher, Boissier et Fenzl. — L'ordre des familles suivi dans cet ouvrage est celui qui a été adopté par M. Grisebach dans son Spicilegium Flora rumelice et bithynicæ, c'est-à-dire qu'il commence par les Dicotylédons dialypétales, à la téte desquels se trouvent les Légumineuses et les Rosacées. Deux signes joints au nom de certaines espèces fournissent des indications géographiques utiles : ainsi une croix latine indique les espèces indigènes en Europe, abs- traction faite de la Crimée, de la Grèce et des provinces de la Turquie d'Eu- rope; un croissant désigne les espèces exclusivement propres'à l'Asie Mineure, à l'Arménie et à l'Archipel grec ; enfin l'absence de tout signe fait reconnaitre les plantes qui croissent à la fois dans l'Asie Mineure et dans des régions situées en dehors de l'Europe et qui manquent à l'Europe. Un atlas de 44 planches en format petit in-folio représente un assez grand nombre de plantes, dont les unes sont nouvelles, dont les autres n'avaient pas encore été figurées convenablement. Ces planches ont été remarquablement gravées par MM. Ph. Picart et Davesse, surtout par mademoiselle E. Taillant, d’après des dessins dont 15 ont été faits à Saint-Pétersbourg par M. Fischer et complétement retouchés à Paris par M. Riocreux, dont 21 sont entièrement dus à M. Riocreux, enfin dont les 5 derniers ont été exécutés à Genève par M. Heyland. Aux 43 planches botaniques est jointe une vue lithographiée d’après le dessin original de M. Laurens, qui représente le célèbre Platane de Godefroy, à Buyukdéré. Nous terminerons cet article par le relevé des espèces nouvelles qui sont carat- térisées pour la première fois dans l'ouvrage de M. de Tcbihatcheff. Premier volume. — PAPILIONACEÆ. Genista Tchihatchewi Boiss. Cytisus lasiosemius Boiss. Trifolium phlebocalyx Fenzl. Astragalus latebracteatus Boiss. ; À. dic- tyophysus Boiss. Hedysarum armenium Bois. — LiNEx. Linum cilicicum Fenzl. — CARYOPHYLLEE. Saponaria picta Boiss. Gypsophila sphærocephala REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 1409 Fenzl. Dianthus lactiflorus Fenzl. ; D. floribundus Boiss. ; D. quadrilobus Boiss. ; D. aristatus Boiss. Arenaria scariosa Boiss.; A. caricifolia Boiss. — CRUCI- FERÆ. Zchihatchewia Boiss. Genus curiosissimum Pleurorrhizearum, a Far- setia et Lunaria silicula eseptata indehiscenti disperma distinctum : T. isatidea Boiss.; in Armenia; alt. 1700-2000". Alyssum trochocarpum Fenzl.; A. mesopotamicum Fenzl. Physalidium Fenzl.; genus novum, persicum : P. stylosum Fenzl (Sololewskia stylosa Boiss. et Hohenack.). — UMBELLIFER K. Carum purpurascens Boiss. Bunium cilicicum Fenzl. Bupleurum setaceum Fenzl. Eriosynaphe Kotschyana Fenzl. Pastinaca zozimoides Fenzl. Polylo- phium thalictroides Fenz). Prangos platychlæna Boiss. Deuxième volume. — SCROFULARIACEÆ. Verbascum Mille lacuum Boiss. ; V. eriorrhabdon Boiss.; V. protractum Fenzl. Celsia pontica Boiss. Scrofu- laria cinerascens Boiss. Linaria polyclada Fenzl. — LABIATÆ. Salvia orygalis Fenzl. — DiPsACE. Cephalaria Tchihatchewi Boiss. — COMPOSITE. Inula discoidea Boiss. Chamaemelum Tchihatchewi Boiss. Pyrethrum Heldreichia- num Fenzl. Phæopappus microlophus Boiss. Centaurea taraxacifolia Boiss. Chartolepis cheirolopha Fenzl. Cirsium racemosum Boiss. Jurinea brevicaulis Boiss. — CAMPANULACEÆ. Campanula myosotidifolia Boiss; C. Radula Fisch. — CUPULIFERÆ. Quercus Tchihatchewi Kotschy. — IRIDEÆ. Gladiolus subbiflorus Boiss. — GRAMINE. Poa Paryadrica Boiss. Une table alphabétique des noms de genres se trouve au commencement de chaque volume. Un errata étendu permet de corriger des erreurs assez nombreuses qui s'étaient glissées à l'impression de l'ouvrage. Enfin l'explica- tion des planches se trouve à la fin du deuxiéme volume. Supplément au Zephyritis taitensis de Guillemin ; par M. Edel. Jardin ( Mémoires de la Société impériale des sciences natu- relles de Cherbourg, VIT, pp. 239-2^^. Cherbourg, 1860). Le Zephyritis taitensis que Guillemin a publié dans les Annales des sciences naturelles (2* série, vol. VI et VII, 1830 et 1837) réunissait toutes les plantes qui avaient été découvertes jusqu'alors dans l'ile de Taiti.Tl ne signalait cependant que 360 espèces. Aussi M. Jardin dit-il avec raison qu'on aurait une triste idée de la végétation de cette ile, si on la supposait bornée aux espèces qu'indique le Zephyritis. En attendant que justice pleine et entiére soit rendue à la flore taitienne par suite des recherches de MM. Panchet, Vieillard et Deplanche, M. Jardin a pensé qu'il serait bon de publier un supplément au seul catalogue spécial qu'on en possède. Celui qu'il a inséré dans les Mémoires de la Société des sciences naturelles de Cherbourg énumère 123 espèces indiquées seulement par leur nom et qui se divisent de la maniere suivante : Algues, 3^ espèces; Lichens, 18 esp.; Champignons, 1 esp.; Hépatiques, 7 esp.; Mousses, 19 esp.; Fougères, 13 esp. ; Phanérogames, 51 esp. 410 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Untersuchungen über die Hypneen Tirols (Recherches sur les Hypnées du Tyrol), par M. L. de Heufler (Verhandlungen der k. k. zoologisch-botanischen Gesellschaft in Wien, 1860, pp. 383-502 ; tirage à part en brochure in-8? de 120 pages ; Vienne, 1860). Dans une préface mise en téte de ce travail, M. de Heufler dit qu'au prin- temps de 1858, les matériaux qu'il avait réunis pour une Flore cryptogamique du Tyrol étaient assez complets pour qu'il püt commencer à s'occuper de la rédaction de ce travail destiné à compléter la Flore du Tyrol de M. Hausmann (Insbruck, 1851-1854) ; mais d'autres idées lui sont venues alors, et finale- ment il s'est décidé à publier séparément ses travaux sur chaque groupe de Cryptogames, en rédigeant chacun d'eux d'aprés un plan plus large, et particu- lierement en y donnant une place importante aux données géographiques. Son mémoire sur les Hypnées est disposé d'aprés ce nouveau plan. Ce travail est divisé en deux parties : la première toute de généralités, la seconde consacrée à l'histoire spéciale des espéces. — La premiere partie com- prend 12 paragraphes dont voici les sujets : 1. Délimitation des genres; 2. diagnoses des espèces ; 3. conséquences historiques ; 4. liaison aux divers terrains ; 5. lumière; 6. chaleur; 7. eau; 8. vents; 9. pression de l'air; 10. nord et sud du domaine de la Flore tyrolienne; 11. relation avec les autres Flores; 12. découvertes présumables pour l'avenir. Ne pouvant résumer les indications nombreuses qui sont consignées dans ces divers paragraphes, parmi lesquelles, du reste, beaucoup ont un intérét principalement ou méme entierement local, nous en extrairons seulement celles qui sont relatives à la liaison observée par l'auteur entre les espèces tyroliennes d'Hypnées et les différentes natures de sol. Une étude attentive apprend, dit M. de Heufler, que les Mousses s'attachent à telle ou telle nature de terre. Parmi ces plantes, la premiere distinction à établir est basée sur leur liaison à un sol organique ou inorganique. Les Hyp- nées aiment généralement un sol mélangé, mais dans lequel prédomine telle ou telle matiére; c'est dans ce sens qu'il faut comprendre les expressions d'espèces du calcaire, de la silice, de l'argile. Cette réserve une fois faite, voici comment l'auteur partage en catégories les 83 Hypnées du Tyrol : 4° Espèces du calcaire : Orthothecium rufescens; Homalothecium Philippeanum; Bra- chythecium rivulare, glaciale, glareosum ; Eurhynchium Vaucheri, striatulum; Rhynchostegium murale ; Thamnium alopecurum; Hypnum Halleri, chryso- phyllum, rugosum, fastigiatum, molluscum, molle, palustre, cuspidatum. — 2° Espèces des terres siliceuses : Brachythecium Starkii, Rutabulum, campes- tre, trachypodium, plumosum, albicans ; Eurhynchium strigosum ; Amblyste- gium riparium, irriguum, radicale; Hypnum fluitans, incurvatum, hamulosum, alpestre (avec doute), subenerve, trifarium, stramineum, sarmentosum. — REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. A14 3° Espèces de l'argile : Camptothecium lutescens; Eurhynchium prælongum ; Rhynchostegium rusciforme, avec doute; Hypnum filicinum. — Au sol végé- tal, sans mélange nécessaire de principes inorganiques, se rattachent les espèces suivantes : Isothecium myurum ; Orthothecium intricatum; Homalothecium sericeum ; Brachythecium velutinum, populeum ; Eurhynchium striatum ; Pla- giothecium undulatum, silvaticum, denticulatum, Mühlenbeckii, silesiacum, pulchellum, nitidulum, Müllerianum, celui-ci avec doute ; Amblystegium ser- pens, subtile ; Hypnum Sommerfeltii, uncinatum, cupressiforme, fertile, rep- tile, Haldanianum, Crista castrensis, Schreberi, purum; Hylocomium umbratum, Oakesii, brevirostrum, splendens, loreum, squarrosum, triquetrum. — L'état dans lequel doit être le sol végétal pour les différentes espèces varie beaucoup, depuisl'écorce fraiche et vivante jusqu'à l'humus pur. Certaines Mousses aiment les restes et détritus de catégories particulières de végétaux. Ainsi sur les détritus d'arbres feuillus on trouve l'Homalothecium sericeum; l'Eurhynchium stria- tum; l'Hypnum purum; sur ceux de Hétre vient essentiellement l'Ambly- stegium subtile, par préférence l'Isothecium myurum. — C'est aux débris d'Abiétinées que s'attachent les Hypnum uncinatum, Crista castrensis, l'Hylo- comium umbratum ; à ceux des Conifères en général ou d'Éricinées, l'Hypnum Schreberi. — Les débris animaux sont des poisons pour la plupart des Mousses, particulièrement pour les Hypnées ; aussi le meilleur moyen pour en purger les prairies est-il d'y répandre de l'engrais animal; toutefois il y a des exceptions à cette règle, en particulier pour l'Eurhynchium prælongum et l'Amblystegium serpens, qui accompagnent généralement l'homme dans ses lieux de station. Enfin quelques Splachnacées, comme le Splachnum ampul- laceum, viennent sur les excréments des animaux herbivores. Dans la partie spéciale de son travail sur les Hypnées tyroliennes, M. de Heu- fler donne, pour chacune de ses 83 espèces : 1° le nom adopté par lui avec les principaux synonymes, la citation d'une figure et d'un exsiccata dans lequel elle ait paru; 2° une courte diagnose rédigée par lui, que suit la diagnose origi- nale due à l'auteur qui a créé l'espéce; 3° un alinéa généralement assez étendu d'observations et de détails historiques; 4° des détails circonstanciés sur la station, sur la distribution géographique générale de l'espèce et sur les localités oit on la trouve dans le Tyrol divisé en partie septentrionale et en partie méri- dionale. Son mémoire est suivi d'un post-scriptum motivé surtout par la publication récente de la portion du Synopsis de M. Schimper relative aux Hypnées, de l'ouvrage de M. C. Müller, de Halle, sur les Alpes allemandes, et des recherches de M. Darwin sur l'origine des espèces. Il se termine par une table alphabétique des noms génériques et spécifiques adoptés, ainsi que des Synonymes. 4 h12 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. BOTANIQUE GÉOGRAPHIQUE ET GÉOLOGIQUE. Plantes vasculaires dcs environs de Cherbourg; par M. Aug. Le Jolis (Mémoires de la Société impériale des sciences natu- relles de Cherbourg, vol. VII, pour 1859, pp. 245-360 ; Cherbourg, 1860). Ce travail intéressant est le fruit de vingt-cinq années d'herborisatious aux environs de Cherbourg; toutefois son auteur ne le regarde pas encore comme complet ni définitif; il se propose de le compléter plus tard, s'il y a lieu; mais il a pensé, et certainement avec raison, que la publication en serait utile, puisqu'elle remplirait un point de plus dans le tableau général de la Géographie botanique de la France. — Avant de présenter l'énumération méthodique des plantes qui constituent la flore de Cherbourg, il présente des détails assez circonstanciés sur le climat essentiellement marin dont jouit cette ville, et sur les traits les plus saillants qui distinguent la végétation de ses environs. . Cherbourg est situé par 49° 38' de latitude nord et 3° 57' de longitude ouest, à l'extrémité de la presqu'île du Cotentin, qui s'avance au milieu de la Manche. Il doit à cette situation un climat essentiellement marin, c'est-à-dire uniforme, où le froid de l'hiver et la chaleur de l'été sont tempérés par l'influence de la masse de l'Océan. M. Liais exprime de la manière suivante la température moyeune des quatre saisons daus cette ville et à Paris. A Cherbourg. A Paris. Hiver .......,..... + 6° 06 + 3730 Printemps... .,.... + 10° 39 + 10° 20 Ei riso. «i. + 16°67 + 18°35 Automne... oa soo + 12°02 + 10°95 Moyennes.... -+ 11929 + 10° 70 A Cherbourg, le thermomètre descend rarement au-dessous de 0° et ne s'y maintient jamais pendant plusieurs jours de suite. Cette douceur de l'hiver exerce naturellement une puissante influence sur la végétation. Beaucoup de plantes fleurissent jusqu'à l'hiver et même pendant l'hiver ; les arbres et arbustes perdent leurs feuilles tardivement ou d'une manière incomplète, et un certain nombre de plantes vivaces conservent leurs feuilles radicales. Une autre conséquence en est qu'on peut y cultiver en pleine terre et à l'air libre un grand nombre de végétaux du Cap de Bonne-Espérance, de la Chine et du Japon, de la Nouvelle-Zélande et de l'Australie, de l'Amérique australe, etc. ; que les Lauriers et les Figuiers y atteignent 8 à 10 mètres de hauteur, et que les Myrtes s'y élévent à 2 ou 3 mètres. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. A13 L'influence de ce climat sur la végétation spontanée se traduit en traits for- tement accusés. Ainsi un assez grand nombre de plantes méridionales ou médi- terranéennes, remontant le long de nos cótes occidentales, viennent s'arréter à Cherbourg ou s'étendent à peine au delà. Telles sont notamment les sui- vantes : Lagurus ovatus, Romulea Columne, Matthiola sinuata, Trifolium angustifolium, Tr. Bocconi, Tr. suffocatum, Trigonella ornithopodioides, Scirpus Savii, Erodium maritimum, Phalaris minor, Cynosurus echinatus, Daucus gummifer, Lavatera arborea, Silene cretica, Lotus hispidus, L. angustissimus, Diotis candidissima. — D'autres plantes méridionales sont abondantes à Cherbourg, mais se trouvent aussi ailleurs en Normandie et dans le sud de l'Angleterre; quelques-unes même s'avancent jusque sur le littoral des Pays-Bas. Elles pourraient, au premier abord, étre attribuées à la Flore occidentale, si en méme temps elles n'habitaient la région méditerranéenne qui est le véritable centre de leur aire. Telles sont les suiyantes : Umbilicus pen- dulinus, Cyperus longus, Briza minor, Polypogon monspeliense, Inula crithmoides, Crithmum maritimum, Helminthia echioides, Trifolium glo- meratum, Tr. subterraneum, Linum angustifolium, etc. La flore occidentale ou atlantique a aussi de nombreux représentants à Cherbourg; tels sont les suivants : £rythræa diffusa, Lepidium Smithii, Ulex Galli, U. nanus, Batrachium Lenormandi, Sedum anglicum, Erica ciliaris, Statice occidentalis, Scrofularia Scorodonia, Linaria arenaria, Sibthorpia europæa, Pinguicula lusitanica, Euphorbia portlandica, Festuca sabulicola, Kæleria albescens, Rumex rupestris, Galium neglectum, Lobelia urens, Asplenium lanceolatum, A. marinum, Hymenophyllum Tunbrid- gense. — Au contraire les plantes septentrionales ne descendent à Cherbourg qu'en petit nombre, et toutes celles qu'on y trouve sont des espèces maritimes qui arrivent plus bas le long de l'Océan. M. Le Jolis ne voit dans cette caté- ^ gorie que les suivantes : Cochlearia anglica, C. danica, Raphanus mariti- mus, Crambe maritima, Atriplex crassifolia, Salicornia radicans, Arte- misia maritima. — Du reste, et dans son ensemble, la végétation des environs de cette ville appartient à la flore vulgaire de l'Europe tempérée. Le sol des environs de Cherbourg est très accidenté, mais sans grandes collines. On n'y trouve ni grands bois, ni grands marais, ni grandes rivières. La non-existence de ces stations, le peu d'étendue des terrains incultes, réduits à quelques landes et bruyéres, aux falaises et aux dunes du littoral, surtout l'absence des terrains calcaires rendent relativement restreint le nombre des espèces qui y croissent. — Dans son énumération méthodique de ces plantes, M. Le Jolis ne comprend que celles qui se trouvent dans l'arrondissement de Cherbourg. Bien que cette circonscription soit artificielle, il fait observer qu'elle devient en quelque sorte naturelle, parce que cet arrondissement est constitué par des roches siliceuses, tandis que celui qui lui est limitrophe repose en majeure partie sur des roches calcaires. Cependant la partie de ce dernier qui MAA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. est située entre Barfleur et Saint-Vaast appartenant naturellement à là contrée dont Cherbourg est le centre, une exception a été faite pour elle, mais les plantes, en petit nombre, qu'elle a fournies à la liste ont été distinguées par un signe particulier (+). — Un autre signe (*) désigne les espèces plüs ou moins complétement naturalisées, et celles qui, étant indigènes dans les autres parties de la Normandie, n'apparaissent qu'accidentellement prés de Cherbourg. — L'auteur termine cette intéressante préface de son catalogue, en citant les botanistes qui se sont déjà occupés de la végétation des environs de Cher- bourg et ceux qui l'ont aidé de maniere ou d'autre dans l'exécution de son œuvre. Le catalogue proprement dit des plantes vasculaires des environs de Cher- bourg est disposé selon l'ordre adopté dans la Flore de France de MM. Gre- nier et Godron. Pour chaque espèce, on y trouve le nom suivi souvent du principal synonyme, les lettres qui désignent son degré de fréquence ou de rareté, la station où elle croit, et plus rarement quelques localités. A ces indi- cations sont jointes des observations, dans un assez grand nombre de cas. Le nombre total des espèces qui y sont rapportées est de 954 rentrant dans 102 familles, et dont voici la subdivision par classes : 1° 7Aalamiflores : 20 familles, 175 espèces. — 2° Calyciflores : 33 familles, 322 espèces. — 3° Corolliflores : 15 familles, 138 espèces. — 4° Monochlamydées : 13 familles, 82 espèces. — Monocotylédons : 18 familles, 214 espèces. — Acotylédons vasculaires : 3 familles, 26 espèces. Les familles les plus riches en espèces sont les Graminées (98 esp.), les Synanthérées (96), les Rosacées (50), les Papillo- nacées (49), les Cruciféres (38), les Scrofulariacées (36), les Ombellifères (34), les Labiées (34), etc. Nous croyons devoir faire observer que, dans plusieurs genres, M. Le Jolis adopte un assez gr and nombre d'espéces conformément à la maniere de voir de certains botanistes de notre époque ; ainsi son catalogue indique 29 Rubus, 15 Viola, 5 Erophila, etc. BOTANIQUE APPLIQUÉE. Influenee des climats et de la culture sur les pro- priétés médicales des plantes. Thèse; par M. L.-C. Engel. Brochure in-4° de 35 pages. Strasbourg, 1860. Cette thèse est divisée en deux chapitres précédés d'un court avant-propos. Le premier chapitre traite de l'influence du climat. Il. comprend quatre para- graphes, relatifs : le premier, à l'influence dela température considérée succes sivement dans le sol et dans l'air ; le second, à l'action de la lumière ; le trot- siéme, à l'influence de l'eau et de l'électricité ; le quatrième, à la climatologie et à la géographie des plantes officinales. Dans les trois premiers paragraphes, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. A15 M. Engel présente un résumé de l'état actuel de nos connaissances sur les questions dont il s'occupe, tandis que, dans le quatrième, il donne le relevé des principales espèces médicinales en les rattachant aux 25 régions botaniques ou royaumes distingués par Schouw à la surface de la terre. De cette énumé- rationi découle la conséquence que la pharmacie européenne ne vient s'appro- visionner que dans un petit nombre de régions botaniques, et qne ce sont les contrées les plus chaudes de la terre, le Brésil, le Mexique, l'Arabie, surtout les Indes, qui nous fournissent le plus de plantes à propriétés médicales tran- chées. L'auteur fait observer que, à part quelques végétaux à alcaloides, qui sont localisés dans des régions restreintes (comme les Quinquinas), tous les autres, placés dans des pays différents et dans des climats divers, peuvent offrir des principes chimiques identiques, qui sont les produits de réactions chi- miques différentes. Cependant, ajoute-t-il, en comparant entre elles les diffé- rentes plantes d'une méme famille et qui sont originaires de pays différents, on peut y découvrir des différences sensibles produites par l'influence du climat. Nos Labiées indigenes, par exemple, sont beaucoup moins odorantes que celles qui viennent du midi de la France, de l'Espagne et de l'Afrique, et celles-ci le sont moins que le Pogostemon Patchouli de Y Inde. Le deuxième chapitre a pour titre : /nfluence de la culture sur les propriétés médicales des plantes. L'auteur rapporte d'abord que la culture des plantes médicinales remonte trés haut, mais que, depuis Hippocrate, on a regardé celles qui étaient le produit de la culture comme beaucoup moins efficaces que celles qui étaient venues à l'état spontané. Il ne pense pas que ce reproche soit fondé, ou du moins il le regarde comme trop général et trop exclusif. Selon lui, les plantes cultivées perdent de leur vertu, parce que la culture ne tient pas compte des conditions naturelles sous l'empire desquelles la nature les place. — I} divise le second chapitre de son mémoire en trois paragraphes qu'il consacre : le premier à l'énumération de quelques plantes cultivées en grand autre part qu'en France, savoir : la Canne à sucre, le Caféier, le Thé, le Cacaotier, la Vanille, le Poivre et la Cannelle; le deuxième aux plantes médi- Cinales cultivées en France; c'est surtout le Pavot, pour l'opium, le Tabac et la Rhubarbe ; enfin le troisième paragraphe de ce chapitre énumère les plantes dont l’acclimatation en France serait désirable et peut-être possible. Celles qu'il indique sont le Chenopodium anthelminthicum, le Lobelia inflata, le Cassia marylandica, Ye Polygala Senega, le Spigelia marylandica, le Populus balsamifera et le Laurus Benzoni. NOUVELLES. — Le dernier cahier des Atti dell’ imperiale reale Istituto veneto renferme une note du secrétaire de l'Institut vénitien au sujet de M. A.-B. Massalongo, ALG SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. professeur au Lycée de Vérone, qui a été enlevé à la science, au mois de mai dernier, à l’âge de trente-cinq ans. L'activité de ce jeune savant était telle, que, depuis l'année 1850, pendant laquelle il a publié son Esquisse géognostique de la vallée du Progno, il a fait paraître un grand nombre de mémoires de botanique et de géologie, qu'il a méme formé pour le Musée de Venise de magni- fiques collections d'ossements fossiles trouvés par lui dans le Véronais, et de fruits également fossiles modelés par lui en plàtre avec un art remarquable. 1l a laissé manuscrit un travail important intitulé : Musacearum, Palmorumque fossilium M. Vegroni sciagraphia, qui sera publié dans le neuvième volume des mémoires de l’/stituto veneto. Collections de plantes à vendre. Reliquie Chauvinianc, — Ves. Reliquiæ consistent d'abord en Hydro- phytes que Chauvin destinait à sa publication ayant pour titre : A/gues de la Normandie. Tous les échantillons sont magnifiques et préparés avec le plus grand soin sur fort papier vélin grand in-4°, sauf quelques-uns, qui sont étendus sur des lames de verre pour que les espèces, appartenant aux familles des Desmidiées et des Diatomées, puissent être examinées plus facilement au microscope. Elles se divisent en deux séries : la première comprend les Algues publiées daus les sept fascicules qui ont paru. Les échantillons sont accompagnés d'étiquettes imprimées, faisant connaitre les noms, la synonymie, les localités où elles se rencontrent et l'époque à laquelle elles ont été recueil- lies. Elles forment des collections de 130 (une ou deux), de 120 (trois ou quatre), de 110 (méme nombre), de 100, 80, 60 et 50 espèces. Dans la deuxieme série figurent les Algues qui devaient composer les fascicules aux- quels travaillait Chauvin, et que sa mort prématurée et si regrettable l'a empéché de publier. Elles ne porteront qu'une étiquette indiquant le nom et la localité, copiée sur celle écrite de la main de Chauvin. Ces plantes se divisent aussi en collections de 120 espèces (trois ou quatre), de 110 (méme nombre), de 100, 80, 60 et 50. Le prix de toutes ces collections est fixé sur le taux de 30 francs le cent. Ainsi celles de 120 espèces coûtent 26 fr. ; de 110, 35 fr. sde 80, 24 fr. ; de 60, 18 fr. et de 50, 15 fr. Chauvin avait encore préparé beaucoup d'autres Algues qui sont également mises en vente. Pour celles-ci, qui sont au moins aussi rares et aussi belles que celles qui étaient destinées à ses fascicules, il s'est servi de papiers de divers formats, selon la grandeur des-échantillons. Ces Algues sont réunies en collections de 100 à 240 espèces. Le prix de la centurie est de 25 fr. Paris. — [Imprimerie de L, MARTINET, rue Mignen, 2. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SÉANCE DU 8 JUIN 1860. PRÉSIDENCE DE M. DECAISNE. M. Eug. Fournier, vice-secrétaire, donne lecture du procés- verbal de la séance du 25 mai, dont la rédaction est adoptée. À l'occasion du procés-verbal, M. J. Gay rappelle que M. Caspary a observé quelquefois la non-submersion des bourgeons d'A/dro- vanda (voyez le Bulletin, t. V, p. 720 et 726 [en note ]). M. de Schœnefeld répond : Qu'en effet, M. Caspary, dans une lettre du 23 décembre 1858 (dont M. Gay a fait insérer un extrait dans notre Bulletin, t. V, p. 726, en note), parle de bourgeons d'A/drovanda conservés parlui dans un vase, et dont la plupart flottaient encore à cette époque à la surface de l'eau. Mais la date méme de cette lettre ne permettait pas à M. Caspary de se prononcer sur le dévelop- pement ou le non-développement ultérieur de ces bourgeons flottants. Or ce développement est précisément le seul fait nouveau que M. de Schenefeld croit avoir observé et qu'il a communiqué à la Société dans la dernière séance, — Quant au passage (que vient de rappeler aussi M. Gay) de la savante monographie de M. Caspary, voici dans quels termes il est concu (1) : « D'aprés les observations de M. Leybold, les bourgeons hivernaux tombent » normalement au fond des eaux ; mais ils ne se forment pas toujours, car la » plante peut aussi traverser l'hiver sans que rien de particulier se produise ; « cela dépend de la température du lieu. » Il n'est point question là non plus de bourgeons hivernaux flottants se développant au printemps, mais de la non-formation de ces bourgeons, sous l'influence d'une température élevée. Il est évident qu'au Bengale la plante doit se comporter pendant l'hiver tout autrement que dans les contrées plus ou moins froides de l'Europe oü on la rencontre. (1) Ibid., p. 720. T vi. ; 27 418 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. le Président annonce une nouvelle présentation : Dons faits à la Société: 4° Par M. Élias Durand : Memoir of the late Thomas Nuttal. Biographical memoir of the late Fr.- André Michaux. A sketch of the botany of the basin of the great Salt-lake of Utah. Explorations and surveys for a railroad-route from the Mississipi river to the pacific Ocean : Botanical report, by E. Durand and T.-C. Hilgard; Report of the botany of the expedition, by J. Torrey and A. Gray. 2^ De la part de M. le comte de Lambertye : Traité général de la culture, forcée par le thermosiphon, des fruits et légumes de primeur. 3* De la part de l'Institut Smithsonien, de Washington : Plante Fremontiane. Proceedings of the Academy of natural sciences of Philadelphia, 1850. First report of a geological reconnoissance of the northern countries of Arkansas. Smithsonian report, 1858. Zwælfter Jahresbericht des Ohio-staats-Ackerbaurathes, 1857. h° De la part de la Société d'horticulture de la Haute-Garonne : Annales de cette Société, mars et avril 1860. 5° Notices sur l'exposition de l'École impériale forestière au concours général et national de l'agriculture à Paris en 1860. 6° En échange du Bulletin de la Société : . Pharmaceutical journal and transactions, juin 1860. L'Institut, juin 1860, deux numéros, M. Élias Durand, en offrant à la Société ses travaux sur les plantes des environs du Lac-Salé, ajoute quelques détails sur la végétation de cette contrée de l'Amérique du Nord : Le Lac-Salé, dit M. Durand, est évidemment le reste d'une ancienne mer méditerranée; ses eaux renferment 22 pour 100 de chlorure de sodium, et SÉANCE DU 8 JUIN 1860. A19 leur niveau n'est pas inférieur d'un pied à celui de la plaine environnante, qui se couvre d’efflorescences salines dans les temps secs. Néanmoins, à l'exception d'une douzaine de plantes caractéristiques des terrains salés, le pays qui entoure le lac ne présente qu'une végétation analogue à celle des plaines de l'Orégon, des montagnes Bleues et des montagnes de Humboldt. On y rencontre notamment des Chénopodées, des Liliacées, des Légumineuses et des Rosacées. On y trouve aussi des Artemisia, une Rutacée aromatique (Haplophyllum ?), des Sarcobatus, etc. M. le Président fait remarquer qu'il existe quelque analogie entre cette végétation et celle de certaines parties de la Perse. M. Chatin met sous les yeux de la Société des échantillons de Valerianella eriocarpa quil a trouvés dans d'anciens. vignobles situés entre la forêt du Lys et celle de Chantilly (Oise). M. Chatin rappelle (1) qu'il avait déjà découvert à Auvers (Seine-et-Oise) cette espèce rare, dont la présence est ainsi maintenant constatée sur deux points de la vallée de l'Oise. Il a aussi rencontré aujourd'hui méme, outre le Valerianella cité, les Ophrys apifera, Anacamptis pyramidalis, Carex ericetorum, Scleranthus perennis, Veronica præcox et verna, Vicia lutea, etc. Il résulte des renseignements fournis par plusieurs des membres présents, que le Valerianella eriocarpa a été trouvé par M. Kralik dans Paris même, près de la barrière Saint-Jacques, par M. Sagot au bois de Boulogne, dans les fossés des fortifications, et par M. Vigineix à Bagnolet près Paris. M. J. Gay ajoute qu’il a vu cultiver cette espèce à Bouray près Lardy (Seine-et-Oise). MM. les Secrétaires donnent lecture des communications sui- vantes, adressées à la Société : RECHERCHES SUR LE POSIDONIA CAULINI Konig, par M. Ch. GRENIER (suite) (2). À Description. Systéme radical. — Rhizomes rampants, radicants, rameux, comprimés latéralement dans le jeune âge et couverts de feuilles distiques. Dans l'âge adulte, ces rhizomes sont obscurément trigones, d'abord entierement cachés (1) Voyez le Bulletin, t. V, p. 274. à (2) Voyez plus haut, p. 362. A920 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. par les débris des anciennes feuilles, puis, après leur dénudation, marqués de sillons transverses plus ou moins écartés et obliques, indices des insertions foliaires, irréguliérement espacés par suite de l'inégal accroissement de l'axe. Ces sillons simulent des articulations qui n'existent pas; aussi la tige n'est-elle point fragile et ne se brise-t-elle pas à ces apparentes articulations. La face inférieure du rhizome repose sur le sol, et cette face produit, par ses bords et de l'aisselle des feuilles, deux rangs de racines irrégulièrement distiques, c'est- à-dire disposées à peu prés comme les fleurs des Myosotis, si j'ose comparer un arrangement rhizomatique à une inflorescence. Ce rhizome portant à son sommet un bourgeon indéfini, on. comprend sans difficulté son allongement. Reste à apprécier sa ramification. Celle-ci se fait par des bourgeons qui naissent à l'aisselle des feuilles, ainsi que je l'ai constaté sur un bon nombre de souches. Sur un fragment de rhizome de 2 décimétres, je trouve vers le milieu deux rameaux courts (2 centimètres), presque opposés et paraissant naître de deux feuilles alternes et consécutives. Puis, à 2 centimétres en avant, je retrouve un rameau unique de méme longueur; enfin, à 3 centimètres plus en avant, l'axe se bifurque en deux rameaux toujours de méme dimension. Tous ces rameaux égaux, bien que situés à des distances très inégales du sommet de l'axe, ont dû apparaitre à la même époque, qu'ils soient normaux ou adventifs; et l'on ne pourrait les regarder tous comme normaux qu'en supposant que les gaines persis- tantes possédent longtemps la faculté de produire des bourgeons, ou mieux de les conserver stationnaires à leur aisselle, ce qui n'est pas improbable. Sur un autre fragment de rhizome d'environ 2 décimétres, je trouve tout prés dela base un rameau très court; puis, à 3 centimètres du sommet, trois rameaux alternes, tous de méme dimension et plus petits que l'axe, ter- miné comme eux par son faisceau de feuilles. Jusque-là, nous restons dans le cas précédent ; mais le bourgeon terminal m'a offert des faits importants à noter. En enlevant graduellement les gaines, de l'extérieur à l'intérieur, je suis arrivé à une gaine qui recouvrait un renflement elliptique couronné par des replis concentriques, semblables à ceux d'un jeune bourgeon dépouillé de ses feuilles ; la feuille suivante, alterne et située sur la face opposée de l'axe, recouvrait un semblable bourgeon. Donc la plante se serait trifurquée en ce point. Suppo- sons un bourgeon de moins, et l'axe se serait simplement bifurqué. Les rami- fications n'usurpent point la position de l'axe principal, qui se continue indéfi- niment; ce sont donc de véritables rameaux. Il n'y a pas non plus d'articulations, car on ne peut enlever un de ces rameaux sans emporter avec sa base une partie de la substance de l'axe principal, exactement comme s'il s'agissait d'un rameau de Chéne ou de tout autre arbre analogue. Les racines, toutes adventives, naissent, comme je l'ai dit, en ordre irréguliè- rement distique, de la face inférieure du rhizome. Elles sont toutes à peu près de même volume, et, au moment où elles percent les gaînes foliacées du milieu SÉANCE DU 8 JUIN 1860. h21 desquelles elles sortent, elles ont déjà presque le diamètre qu'elles conserve- ront, c'est-à-dire de 1 à 2 millimètres. Elles ne restent pas simples en s'allon- geant, mais se ramifient fréquemment, et ne dépassent guère 4 à 2 décimétres de longueur. Au moment où elles s'échappent du rhizome, elles rejettent l'écorce en tous sens autour d'elles, et elles se constituent ainsi une sorte de gaine qui a au moins un millimètre de hauteur. En les poursuivant avec le scalpel dans l'intérieur du rhizome, on voit que leurs fibres n'ont aucun rap- port avec la feuille au-dessus de laquelle elles ont pris naissance, bien qu'elles soient tangentes à la ligne d'insertion de cette feuille. Au contraire, les fibres qui les composent remontent du côté de la feuille supérieure, sans cependant naitre d'elle, puisque j'ai pu les suivre au delà de l'insertion de cette seconde feuille. Feuilles. — Les feuilles sont réunies au sommet des rameaux en faisceanx aplatis, d'un beau vert, linéaires trés allongées (environ 4 centimètre de lar- .geur sur 1 à 5 décimètres de longueur), très flexibles, trés obtuses et méme rétuses, entières, à nervures parallèles et rapprochées (1 millimètre), coupées par des lacunes qui vont d'une nervure à l'autre. Elles sont parfaitement distiques et amplexicaules ; leur base (pétiole), qui devient brune et parche- minée en vieillissant, porte à droite et à gauche deux lames triangulaires- allongées (stipules) qui, en se repliant en dessus, forment une gaine fendue dans toute sa longueur. Cette sorte de pétiole est limitée au sommet par un arc de cercle qui indique son union avec ce que l'on peut regarder comme le limbe de la feuille, c'est-à-dire la partie qui se détachera promptement selon cette ligne courbe, pendant que cette partie inférieure ou pétiolaire persistera extrémement longtemps sur la tige. Sur les jeunes feuilles, cette ligne est peu apparente et parfois à peine perceptible, tandis que sur les feuilles adultes elle s'aperçoit au premier coup d'œil. Si l'on enlève une à une les feuilles d'un faisceau, en procédant de l'exté- rieur à l'intérieur, on ne trouve d'abord que des filaments qui ne rappellent en rien l'organisation de la feuille. Puis, à mesure qu'on approche du centre, on voit ces fibres se réunir en membrane, et bientôt on n'a plus affaire qu'à une série de tuniques concentriques et distiques. Ces tuniques naissent sur l'axe par une ligne qui embrasse cet axe dans presque tout son pourtour ; on trouve méme des tuniques dont les bords sont contigus, mais plus ordinairement leurs bords sont écartés de 1 à 3 millimètres, et, vers le haut de la gaine, ces bords sont toujours trés distants. Les lames qui, en se repliant, forment la gaine, sont d'un tissu plus mince, trés homogène et sans lacunes transverses; leur forme est celle d'un triangle très allongé, dont la base étroite s'appuie sur la ligne d'insertion de la feuille, et dont le sommet aboutit à l'arc de cercle qui marque la terminaison de la gaine et son union avec lelimbe. On pourrait considérer ces lames comme des stipules adnées au pétiole dans toute leur longueur. En approchant du centre du faisceau, ces lames s'atténuent pour 422 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. disparaitre bientót dans les dernieres feuilles, dont les dimensions de plus en plus réduites finissent par égaler à peine les écailles situées à la base des pétales de certaines Renoncules. Voici les dimensions des trois dernières feuilles d'un faisceau : troisièmé feuille extérieure, longueur 5 millimetres, largeur ^ millimétres (cette feuille était contractée à sa base en un étranglement en forme de pétiole de 2 milli- mètres de largeur) ; deuxième feuille, longueur 1 millimètre 1/2, largeur 2 millimètres, l'étranglement pétioliforme égalant 4 millimètre; première feuille, la plus intérieure, 1 millimètre de longueur sur 4 millimètre de largeur, l'étranglement de la base trés prononcé. Sommet du bourgeon obscurément distinct. Hampe florale. — Hampe de 2-3 décimètres, linéaire, plane, un peu plus épaisse et un peu plus étroite que les feuilles, dont elle a le facies, portant sur sa face externe, c'est-à-dire opposée à l'axe, une nervure saillante, terminée par la spathe. Cette hampe est toujours latérale, jamais elle ne termine le rhizome, quoiqu'elle paraisse sortir du centre des faisceaux de feuilles; et, comme elle ne nait point à l'aisselle d'une feuille, sa position peut étre inter- prétée de deux maniéres : 1^ en admettant qu'elle n'est-qu'une feuille trans- formée ; 2° qu'elle est le produit d'un bourgeon axillaire né à la place d'une feuille ou bractée avortée. Si l'on admet que la hampe n'est qu'une feuille transformée, le développe- ment du bourgeon qui termine le rhizome est on ne peut plus normal ; l'ordre distique se conserve avec une régularité parfaite dans l'évolution de ses parties constituantes, la hampe ainsi substituée à une feuille reste comme elle latérale, pendant que le bourgeon terminal poursuit sa marche indéfinie. Si, au con- traire, l'on admet que le pédoncule est le produit d'un bourgeon axillaire, il faut admettre en méme temps que la feuille-mère a subi un avortement si complet qu'il n'en est pas resté de trace. Enfin il pourrait encore se produire une troisième hypothèse, qui consisterait à admettre que la hampe est une partition ou une division de la tige en deux parties inégales. Il est incontestable que le fait que nous discutons se préte indifféremment à toutes ces explications, et qu'il est parfaitement résumé dans cette phrase que M. Planchon à appliquée à l'inflorescence des Nympheæa : pedunculis soli- tariis, abortu bracteæ folii locum tenentibus (Ann. sc. nat. 3° sér. vol. XIX, p. 31). Mais nous n'avons là que l'expression du fait, et la question, pour - étre nettement posée, n'est point pour cela plus facile à résoudre. Dans les trois hypothèses précitées, le phénomène s'accomplit en vertu d'un principe général, qui consiste en ce que des éléments simples, et toujours les mémes au fond, produisent, en se modifiant, les tiges, les rameaux, les feuilles, les fleurs et les fruits. Ce sont donc des modifications ,et non des transforma- tions, que nous avons à étudier. De plus, ce principe supérieur, embrassant tout SÉANCE DU 8 JUIN 1860. A23 dans sa généralité, ne saurait nous fournir directement une solution, et c'est dans les lois qui régissent ses modifications que nous devons la chercher. A ce point de vue, lorsqu'un phénomène nouveau apparait, il n'est pas dans la logique des choses de recourir à un nouveau principe pour en rendre compte, et il est plus normal de chercher à le rattacher à quelque grande loi connue, incoutestée et incontestable; car, aprés les admirables travaux tératologiques de MM. Geoffroy Saint-Hilaire, qui pourrait croire encore à ces petites lois d'exception dérogeant aux grandes lois qui régissent le monde organique? Or, en botanique, la loi qui préside à l'immensité des cas analogues à celui qui nous occupe, c'est la loi de production axillaire des bourgeons. Il me semble donc que l’hypothèse qui considère la hampe du Posidonia comme le produit d'un bourgeon né à l'aisselle d'une bractée ou feuille avortée, est celle qui est la plus vraisemblable et le plus en harmonie avec les lois connues de la morphologie ; celle, en un mot, que je préfère. Inflorescence et fleur. — Spathe bivalve, foliacée, renfermant ordinai- rement plusieurs spathelles bivalves pourvues chacune d'un spadice. Valves de la spathe et des spathelles distiques. Valve inférieure de la spathe opposé et non adossée à l'axe, c'est-à-dire superposée à la feuille placée au-dessous de la hampe (ou, si l'on veut, à la feuille-mére supprimée) et faisant face à l'axe du rhizome, longue de 3 à 15 centimètres, portant à la base et sur ses bords deux lames (oreillettes) étroites, allongées, triangulaires, mem- braneuses, repliées sur la face opposée de la hampe, qu'elles embrassent dans les trois quarts au moins de son pourtour. A l'aisselle de la valve naît une spathelle également à deux valves plus courtes que les deux premiéres et de méme forme. La valve inférieure de la spathelle est opposée et paralléle à la valve-mère, de méme que la deuxième valve de la spathelle est opposée à la premiere, et continue le développement distique des valves. La hampe se prolonge de 5 à 12 millimètres au-dessus de la valve inférieure qui à produit à son aisselle la premiére spathelle, et donne naissance à une deuxième valve ; à l’aisselle de cette valve, qui est la deuxieme de l'inflores- cence générale, et qui est semblable à la premiere, mais plus courte, nait une deuxiéme spathelle. Souvent la deuxieme spathelle est surmontée d'une troisiéme, qui se comporte par rapport à elle comme cette deuxieme s'est comportée par rapport à la première, Dans ce cas, l'axe se prolonge et produit une troisième valve ou bractée, distique relativement à la deuxième, et qui émet à son aisselle cette troisième spathelle. J'ai vu même une quatrième spathelle succéder aux trois autres, et accuser ainsi une inflorescence distique des mieux prononcées. Chaque spathelle, naissant à l'aisselle d'une bractée et possédant, en outre, deux valves, peut étre considérée comme entourée à sa base par trois valves distiques. Mais assez souvent j'ai observé des spathelles qui semblaient pour- vues de cinq et non de trois valves. Dans ce cas, la valve inférieure, au lieu 424 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de produire une spathelle, est restée stérile et n'a donné qu'une petite valve parfois à peine visible ; l'axe, prolongé de quelques millimètres, a produit, sur la face opposée à la valve stérile, une autre valve qui a fourni une spathelle qui se trouve ainsi entourée à la base de quatre grandes bractées et d'une cin- quième rudimentaire ou nulle. La position de cette cinquième valve est facile à déterminer par la présence des replis membraneux qu'elle porte à sa base. Ces replis sont en contact avec la face interne de la valve stérile; ce qui prouve que ces deux valves se regardent par leurs faces internes et qu'elles sont bien disposées dans l'ordre distique. Dans l'intérieur de chaque spathelle se trouve un spadice (axe floral) ancipité, portant 2-3 fleurs alternes, et plus rarement 4 ou 4 fleurs. La fleur supérieure est ordinairement réduite aux organes mâles, ou seulement à des rudiments d'étamines plus ou moins squammiformes. Les deux fleurs inférieures sont hermaphrodites, distiques, mais placées presque à la méme hauteur, et tendent à simuler de cette facon une seule fleur à six étamines, ainsi que cela a été représenté dans les figures de Turpin et de M. Reichenbach; seulement, pour étre exact, il fallait donner deux pistils. Chaque fleur compléte est composée ainsi qu'il suit : Périgone nul. Étamines trois, hypogynes; filets (connectifs Gasp. l. c.) trés dilatés, ovales, à bords translucides, ordinairement denticulés, pliés en gouttière et embrassant au moins la moitié de l'ovaire en s'imbriquant; sommet du filet prolongé en corne épaisse, aussi longue que la partie dilatée, ou de moitié plus courte qu'elle; anthères fixées par le dos à la partie externe et dilatée du filet, biloculaires et à loges s'ouvrant chacune par une fente longitudinale située à leur face externe (extrorses), remplies de pollen cotonneux ou confervoide; pollen formé de cellules fusiformes ou cylindracées, droites ou flexueuses, contenant une substance mucoso-granuleuse. — On voit que ce pollen est admirablement conformé pour satisfaire aux conditions toutes spéciales dans lesquelles il doit opérer la fécondation; car c'est entièrement sous l'eau, souvent à de grandes profondeurs, et jamais à sa surface, que s'accomplit cet important phénomène de reproduction. Plus loin nous verrons que le stigmate, avec ses innombrables ramifications étalées en parasol au-dessus des étamines, possède une forme non moins favorable à l'accom- plissement de sa fonction, d’où dépend la conservation de l'espèce. — M. Gus- sone, ou plutôt M. Gasparrini, considère les fleurs comme polygames, don- nant ainsi à la fleur supérieure, qui est ordinairement incomplete par avorte- ment, une importance qu'elle ne saurait avoir. Cette fleur joue ici le méme rôle que la fleur terminale avortée de quelques Avena. Dans cette fleur, on voit naître prés du centre, au lieu de pistil, une corne dont M. Gasparrmi n'indique pas la nature, et qui n’est que le prolongement de l'axe, toutes les fleurs étant latérales. Cavolini, R. Brown et De Candolle étaient donc plus près SÉANCE DU S JUIN 1860. 495 de la vérité lorsqu'ils considéraient cette inflorescence comme composée d'épis triflores. Ovaire uniloculaire, uni-ovulé ; style court, épais, solide, cylindracé ; stig- mate étalé-disciforme, glabre, lacinié-fibrilleux dans son pourtour (crinitum Cavol. /. c.) ; ovule unique, droit et non recourbé, formé du nucelle enveloppé de deux membranes closes et sans micropyle (Gasp. l. c.), fixé latéralement ct presque dans toute sa longueur à la paroi interne de l'ovaire. Fruit et graine. — Fruit bacciforme, de la grosseur et de la forme d'une olive, lisse, apiculé, renfermant la graine dans sa cavité centrale. Péricarpe épais, charnu, résistant, et s'ouvrant à la fin par déchirures en lambeaux plus ou moins réguliers qui s'écartent de la base au sommet en se rejetant en dehors et en mettant la graine à nu ; ce qui donne à ce fruit, pendant cette période, quelque chose de l'aspect des Geaster (Germ. de St-P. l. c.). Graine oblongue, comprimée, convexe sur une de ses faces et creusée sur l'autre d'une gouttière superficielle. Cette dépression est remplie par une masse celluleuse (raphé, Germ. de St-P. /. c.) qui parait un placenta par lequel la graine est unie au péricarpe. Ce placenta remplit le sillon de la graine, puis il se prolonge au sommet en un appendice qui se glisse dans le style, pendant qu'inférieurement ce méme placenta s'atténue et s'allonge de manière à venir aboutir à la base de la graine, au point où se trouve une tache brune décrite par Adr. de Jussieu et déjà signalée par Cavolini. On pourrait donc admettre quele tissu conducteur du style se prolonge à travers le placenta pour se mettre en rapport avec la base de la graine, et conclure que la tache brune, si elle n'est point perforée, ainsi que l'affirme M. Gasparrini, n'en remplit pas moins les fonctions de micropyle, et que le tissu particulier qui remplit l'étroit canal parcourant de haut en bas la masse amylacée, n'est que la continuation du tissu conducteur. A mesure que le fruit approche de sa maturité, la graine tend à s'isoler du péricarpe, de sorte que, lors de la déhiscence, son adhérence est nulle, et elle se sépare spontanément du péricarpe. Toutefois je dois dire que je n'ai établi les détails relatifs au placenta que par la dissection de quelques fruits conservés dans l'alcool, que j'ai dus à l'extréme obligeance de M. Adolphe Brongniart, et que les faits ici relatés ont besoin d’être révisés sur le vif. Embryon vert, macropode, droit, à gemmule en rapport avec la naissance du style et diamétralement opposé à la tache brune basilaire (micropyle?), formé d'une énorme masse amylacée (tigelle, Adr. de Juss.; cotylédon, Germ. de St. -P.), irrégulièrement ovoide, convexe sur une face et déprimé en gouttiére sur l'autre, traversé dans son centre par un canal trés fin rempli d'un tissu particulier mélé de filaments et de granules d'une extréme ténuité ; ce canal se prolonge jusqu'a la base de la masse amylacée, où il se termine par une tache brune (micropyle des auteurs); la gemmule qui surmonte la masse amylacée se compose de folioles trés courtes, distiques, munies d'ap- h26 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. pendices latéraux qui embrassent les feuilles suivantes; par le fait de la germi- nation, les feuilles intérieures du bourgeon terminal allongent leur limbe, tandis que les extérieures restent à l'état de gaines. Immédiatement au-dessous d'elles naissent plusieurs racines, dont une, plus forte, traverse le canal central de la masse amylacée pour se prolonger au delà (voir Cavolini, Adr. de Juss. et Gasparr. /. c.). Je ne terminerai pas ce qui touche à la graine sans faire remarquer combien est étonnante cette disposition peut-étre unique d'un embryon monocotylédoné débutant dans son évolution par une gemmule polyphylle. Époque de la floraison. — Cavolini a signalé la première quinzaine d'octobre comme étant l'époque de la floraison du Posidonia, et c'est le 19 octobre 1859 que M. Huet, professeur de mathématiques au lycée de Toulon, a trouvé cette plante en fleur à Toulon, sur les bords de la mer, où elle avait été rejetée en immense quantité par une violente tempéte. Ce zélé botaniste, saisissant avec son obligeance ordinaire cette rare et heureuse occasion de satisfaire à mes demandes, s'est empressé de m'expédier une bannette pleine de fleurs et de rhizomes de Posidonia. Si j'ai ajouté quelque chose à l'histoire de cette espéce, c'est donc à M. Huet qu'il faut d'abord en rapporter l'honneur. M. Philippe, directeur du jardin botanique de Saint- Mandrier, m'a envoyé plus tard la méme plante desséchée et également récoltée en octobre. C'est donc en octobre qu'on doit fixer l'époque de floraison du Posidonia, et non en avril et mai comme cela est dit dans notre Flore de France; la maturité des fruits n'arrive qu'au mois d'avril de l'année suivante, époque à laquelle ils se détachent pour venir nager à la surface de l'eau (Cavol.). z (La fin à la prochaine séance.) DIAGNOSES ET OBSERVATIONS CRITIQUES SUR QUELQUES PLANTES D'ESPAGNE MAL CONNUES OU NOUVELLES, par M. Léon DUFOUR (suite). Antirrhinum tortuosum Bosc in Chav. Monogr. p. 87. — A. majus angus- tifolium amplo flore purpureo Barr. ic. 638 (bona). Ab A. majore distinctissimum, foliis linearibus, caulinis inferioribus oppo- sitis, rameis alternis; caulibus debilibus subsarmentosis 1-2-pedalibus, prope flores pubescentibus. — Haud rarum in collibus aridis rupibusque, Mora-de- Ebro. — Augusto. Espèce bien décrite et bien figurée par Barretier, qui l'avait trouvée a Rome; Tournefort l'avait citée d'Espagne. Linaria triphylla Mill Dict. n. 2. Antirrhinum triphyllum L., non Cav. — Linaria hispanica I. Clus. Hist. p. 320, ic. Hab. in segetibus tarraconensibus et valentinis. — Sesquipedalis. SÉANCE DU 8 JUIN 1860. h27 Fleurs en longs épis; corolle grande, d’un jaune pâle rayé de violacé ; palais d'un jaune d'or; éperon droit, long, violacé. Odeur agréable, analogue à celle de l’ Hyacinthus racemosus. — Je l'ai cueilli dans les mêmes localités que Clusius. Linaria crassifolia DC. FT fr. t. V, p. 410. Antirrhinum crassifolium Cav. Zc. tab. 444. — Orontium saxatile Thymi folio flore rubello Barr. ic. 1513, Glabra, caulibus adscendentibus 3-5-pollicaribus; foliis ovatis integerrimis crassis oppositis, superioribus alternis ; floribus laxe racemosis pubescentibus, pedunculis unifloris ; corolla labio superiore planiusculo emarginato purpureo- striato, inferiore aequaliter trilobato albido-purpureo venoso, palato flavescente, calcare brevi subventricoso obtuso; capsula pubescente biloculari univalvi polysperma; semine minutissimo ovato-oblongo nigro sulcato ; radice lignosa perenni. — Hab. in rupium fissuris Valentie, (Moxente, Xativa), Murcia (Villena). — Maio, junio. Je suis depuis longtemps familiarisé avec le Z. origanifolia, qui vient partout dans nos Pyrénées. Cavanilles a bien connu ce méme Z. origanifolia, qu'il a figuré dans ses /cones. Yl croyait, et je crois aussi, que le Z. crassifolia est un type distinct. Les feuilles des tiges sont parfois petites, turgescentes, rapprochées, sem- blables à celles du Sedum album. Des 5 lanières linéaires du calice, les 2 infé- rieures sont un peu plus courtes et l'intermédiaire des 3 supérieures est un peu plus large et comme spatulée. La corolle, dans son plus bel état de déve- loppement, rappelle celle de l' Usteria scandens. Les anthères, assez grosses, sont bilobées en fer à cheval, et le filament s'insére au milieu de la convexité de l'arc. Le stigmate est en bouton terminal, un peu latéral. Les corolles prennent une teinte bleuâtre par la dessiccation. Linaria Cavanillesii Chav. Monogr. p. 117; Benth. in DC. Prodr. t. X, p. 27h. Antirrhinum triphyllum Cav. (excl. synon.), non L. Radix crassa perennis. Tota planta villoso-viscidula. Caules sæpius plurimi ex eadem radice orti, procumbentes ramosi subpedales. Folia ovato-elliptica opposita ternata, nec non in ramulis sterilibus quaternata Valantiam Crucia- fam simulantia. Flores racemoso-spicati, breve pedunculati, terminales, cum bracteis ovato-attenuatis. Calyx laciniis oblongo-spathulatis obtusis villosis. Corolla magna ut in Linaria vulgari, pallide flava, extus villosa, palato inten- sius, flavo, calcare conico acuto recto corolla longitudine. Semina nigra subtriquetra, intervallis scabro-echinatis. — Hab. in rupium fissuris, Moxente et Ombria de Bellus. Voilà encore une plante rare, que peu de botanistes depuis Cavanilles ont étudiée vivante. Ma description faite in Loco natali prouvera, si on la compare à la diagnose du Prodromus, qu'elle a été imparfaitement connue. C'est une A28 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. espéce éminemment rupicole, dont la racine vivace s'enfonce dans les profon- deurs des fissures calcaires. En octobre 1812, je la rencontrai pour la premiere fois à Moxente, sur la tranche verticale d'un rocher prés d'une grotte, coinci- dence singulière avec une localité semblable, signalée pour cette méme espèce, par Cavanilles, dans les montagnes d'Ayora, distantes de quelques lieues seule- ment de celles de Moxente. A cette époque, la plante ne m'offrit que quelques fleurs tardives, peut-être d'une seconde floraison. En juin 1843, j'en retrouvai plusieurs touffes dans la chaine de rochers qui va de Xativa à Moxente et qu'on appelle Ombria de Bellus. La plante, quoique plus fraiche, n'avait déjà alors que des capsules, ce qui me fit présumer qu'elle doit fleurir (pour la première fois) eu avril et mai, Longtemps avant que M. Chavannes eût publié sa Monographie, j'avais dédié cette espèce à Cavanilles, et j'apprécie que nous ayons eu la méme idée. Linaria arvensis Desf., micrantha Cav., simplex Willd. M. Bentham (in DC. Prodr. t. X, p. 279 et 280) a admis ces trois dénomi- nations comme trois espèces distinctes. Aux yeux du botaniste qui a étudié ces formes ?n loco natali, elles ne constituent qu'un seul et même type. Satureia hyssopifolia Duf. — 7/ymum silvestre frondosum oblongis foliis hispanicum Barr. ic. 787, obs. 274. Fruticosa erecta ramosissima glabra, ramulis interdum pubescentibus; foliis lineari-spathulatis acuminatis firmis, nunc glabris, nunc junioribus marginibus carinaque hispido-ciliatis, punctato-glandulosis (et inde grate fragrantibus), inter- nodio longioribus, axillaribus minoribus fasciculatis opposito-cruciatis ; floribus axillaribus, in spicam foliosam congestis, pedunculis 2-3-(loris; calyce subcam- panulato 10-striato, dentibus subulatis subæqualibus, fauce alba subciliata; corolla albida aut vix dilute purpurascente, extus brevissime pubescente, labio inferiore regulariter rotundato-trilobo, fauce villosa, superiore ovato integer- rimo antheras includente ; antheris curvato-lunatis ; stylo apice fisso ; seminibus ovato-globosis. — Fruticulus 8-10-pollicaris, caulibus basi nudis, radice lignosa ramosa. — Frequens in sterilibus saxosis Valentie (Æspioja, C atarroja). — Augusto, septembri. Desfontaines, auquel j'en communiquai jadis des échantillons consultatifs, m'assura que cette espèce n'existait dans les herbiers du Muséum de Paris, n! parmi les Sature/a, ni parmi les Thymus, et qu'il la croyait nouvelle. Elle court aujourd'hui, sous le nom de S. hyssopifolia, beaucoup d'herbiers d'Europe. Quelle bonne foriune pour moi d'avoir tout récemment fait remonter " découverte à Barrelier! Ce vénérable botaniste l'avait pareillement trouvee tn aridis petrosis regni valentini, et il n'est pas improbable que ce füt dans la méme localité, car je ne l'ai pas vue ailleurs, et elle y était trés abondante. Il ne l'avait pas vue en fleur, et il dit que c'est en hiver qu'il la rencontra. SÉANCE DU 8 JUIN 1860. A99 La disposition fasciculée des jeunes feuilles axillaires ne lui avait point échappé, et voyez quelle justesse de comparaison, si nettement exprimée .par sa figure : Folia Laricis modo congesta et opposita, e singulis ramulorum germinantium ocellis erumpentia. Quoique plus que biséculaire, cette phrase est un modèle, une perfection de style botanique. Mais c'est à tort que le savant éditeur de Barrelier a rapporté à ce syno- nyme le Thymus lusitanicus cephalotos maritimus glaber et lucidus de Tour- nefort. Ce signalement ne saurait convenir à notre espéce. Nepeta longicaulis Duf. N. Nepetella Asso? non L. ! Tota incano-tomentosa, caulibus erectis elongatis subsimplicibus ; corymbis pedunculatis, laxe spicatis, oppositis ; foliis petiolatis lanceolatis crenato-den- tatis; calycibus villoso-tomentosis ; corolla subincarnata villosa. — Hab. in saxosis aridis Navarræ (Tudela). — Fl. junio. J'avais cru d'abord devoir rapporter cette espèce au NV. aragonensis Lam. ; mais Desfontaines, à qui je la communiquai, m'écrivit qu'elle en différait. Elle a le port et plusieurs détails du N. /Vepete/la All., dont j'ai des échan- tillons sous les yeux, mais elle en diffère par son duvet blanc répandu partout, et par des tiges de 2 à 3 pieds de haut très élancées. Feuilles inférieures ovales-oblongues, les autres lancéolées, les florales sessiles, toutes à dentelures obtuses, à nervures longitudinales qui les font paraitre ridées. Corymbes des fleurs en long épi pointu, à petites bractées pointues. Corolle d'un blanc un peu rosé à la lévre inférieure, avec des points violacés à la gorge. Racine vivace, émettant plusieurs tiges. Plante d'une odeur forte et désagréable. Marrubium acctabulosum Lam. Zncycl. n. 13. — Dictamnus falsus verticillatus pericarpio choanoide creticus Barr. ic. 129. Cinereo-tomentosum, foliis cordato-subrotundis crenatis ; calycibus folia- ceis pyxidatis, sub-20-dentatis, dentibus inaequalibus minutissime subulatis ; corolla galea dense villosa, bis bifida. — Hab. in incultis valentinis (Almenara, Murviedro, Xativa), etc. — La figure de Barrelier, que n'accompagne aucune description, exprime mal le port de la plante espagnole, et les feuilles y sont représentées d'une gran- deur démesurée; mais on voit que ce savant botaniste a pris soin de mettre en évidence les caractères essentiels de l'espèce, pris du calice et de la lèvre supérieure de la corolle. Cette lévre est trés velue, fendue à son extrémité, et chacune de ses divisions encore bifide. Les dents du calice, au nombre de 15 à 20, sont inégales entre elles et terminées par une petite spinule souvent cachée par les poils. Marrubium setaceum Desrouss Encycl. u. 8. — M. album hispanicum majus Barr. ic. 686. Erectum ramosum incano-tomentosum sesquipedale. Folia subrotunda 430 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. e rugoso-venosa crenata petiolata, subtus albidiora ; floralia subsessilia. Florum verticilli densissime villosi. Calycis dentes 5-7 subulato-setacei inermes erecti villosi. Corolla albido-violacea, galea profunde bifida. — Hab. in montibus, Porta-Cœli. — Maio. Phlomis Barrelieri Duf. PA. crinita Cav. le. tab. 247. — Stachys fruticans latifolia tomentosa flore ferrugineo Barr. ic. 1322, obs. 223. Tota planta dense candido-tomentosa. Caulis erectus 2-3-pedalis, obtuse tetragonus, simplex vel parce ramosus. Folia radicalia ovato-oblonga cordata petiolata ; caulina subsessilia ; floralia basi dilatata, (lores amplectantia. Florum verticilli sub-6-flori. Calyx pentagonus tomentosus villosusque, dentibus erectis subsetaceis; bracteis tribus filiformibus, calyce brevioribus. Corolla luteo-ferruginea pubescens, labio superiore brevissime tridentato, infe- riore trilobato subtus trinervio, lobo intermedio magno rotundato emar- ginato, lateralibus subsetaceis. Antheræ transversim ovatz obtuse emarginatz, transversim dehiscentes, Radix perennis. Caules annui. Tomentum foliorum pilis stellatis efformatum. — Hab. in montibus Xafiva, via que ducit ad fontem Bellus, ibi frequentissima. — Maio, junio. | La figure de Cavanilles est défectueuse, surtout quant aux bractées cali- cinales, à tort représentées comme ciliées. Le nom de crinita induit en erreur. Barrelier avait trouvé cette belle espèce dans la même contrée que moi, dans les montagnes qui conduisent de Xativa à Ayora. Sa figure est bonne, sa description excellente ; cependant ce synonyme n'a pas été cité par Cavanilles. Teucrium cæspitalosum Duf. — Polium montanum album non ser- ratum viride longis angustisque foliis caule incano Barr. ic. 1081, obs. 334. Fruticulosum pumilum cæspitosum ; caulibus tomentosis 2-3-pollicaribus ; floribus subterminalibus capitatis; foliis oblongo-linearibus firmis integris, breviter petiolatis, subtus incano-tomentosis; corolla albida. — In rupium calcarearum fissuris, Villena Murcie frequens, et in montibus valentinis (Mozente). Racine ligneuse, étroitement enfoncée dans les fentes du rocher. Souche à plusieurs tiges, la plupart couchées dés leur origine. Feuilles longues de 3 à ^ lignes, semblables en petit, par leur consistance, a celles du Romarin, glabres et canaliculées en dessus, à bords repliés en dessous. Calice briève- ment pédiculé, glabre, à 5 dents lancéolées, égales. Corolle dépassant le calice, blanchátre, pubescente, offrant à une loupe attentive quelques fines veinules purpurines. Étamines à anthéres ovales-réniformes, purpurines ainsi que le filament. X Je n'ai pu étudier ce Teucrium qu'en octobre 1812, lorsqu'il était déjà presque défleuri et d'une physionomie un peu altérée, Barrelier, qui à trouvé SÉANCE DU 8 jurn 1860. A34 cette méme espèce dans les rochers de Porta-Cœli, à quelques lieues de Valence, a dessiné un échantillon en parfait état de floraison et vraisemblable- ment une des branches centrales de la touffe. Comme moi, il comparait ses feuilles à celles du Romarin, La figure et la description de Barrelier ne me laissent aucun doute sur la légitimité de ce synonyme. Teucrium angustifolium Schreb. — Polium montanum album non ser- ratum longis angustisque foliis canescentibus Barr. ic. 1080. Fruticulosum erectum ramis gracilibus incanis ; foliis lineari-angustissimis integris obtusiusculis ; capitulis basi foliosis ; calyce albo ciliato ; corolla albida. — Hab. in montibus Porta-Celi. — Maio. Tige de 6 à 7 pouces de hauteur. Feuilles blanchâtres en dessous, nues ou grisâtres en dessus. Dents du calice aiguës, remarquables par leurs longs cils blancs, caractère tranchant. Corolle blanche ou à peine purpurine, velue en dehors et à la gorge. Filament des étamines velu. Anthéres fauves, Barrelier a trouvé cette espèce dans la méme localité que moi. Statice Dufourei Girard in Ann. se. nat. sér. 2, t. XVII, tab. 4. Scapo erecto ramoso pubescente, ramis florigeris stipulatis; foliis spathu- latis glabris enerviis, apice nunc rotundo, nunc subemarginatis, nec non subacuminatis; florum spicis densis secundis, sursum spectantibus, bifariam - imbricatis; calyce elongato villoso, apice scarioso, bractea oblonga obtusissima dorso hirsuta involuto; corolla cærulea, petalis ovatis emarginatis, basi in tubum coalitis. Radix nigrescens sublignosa ramosa. Scapus 8-pollicaris. — Hab. in aridis salsis maritimis Valentiae (Dehesa). — Junio. Comme j'ai étudié cette plante vivante in loco natali, j'ai cru opportun de reproduire ici ma diagnose toute quinquagénaire qu'elle est, vu qu'il y a des traits insaisis par M. de Girard. J'avais jadis envoyé cette espèce à mes amis sous le nom de St. Barrelieri (ic. 789), parce que j'avais tronvé des individus à feuilles pointues dans la localité citée par Barrelier. Plantago amplexicaulis Cav. 7c. tab. 125. Caule brevi; foliis lanceolatis integris pilosis amplexicauli-vaginantibus ; spica ovato-oblonga glabra, longe pedunculata ; petalis ovato-acutis ; bracteis latiusculis, dorso nigris; semine compresso-elliptico, uno latere concavo. — Hab. in muris saguntinis. Il semble former le passage des vrais Plantago aux Psyllium. Feuilles alternes engaînant la tige. C'est ici le véritable type de Cavanilles, que j'ai cueilli dans la localité où il le découvrit. Mon ami M. Letourneux m'a envoyé, sous ce nom, de l'Algérie, une espèce à duvet laineux blanc qui ne ressemble pas à la plante espagnole. A32 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Anabasis tamariscifolia L. Sp. p. 32h ; Cav. Je. tab. 283. — Kali vermi- culatum fruticans minori folio hispanicum Barr. ic. 216. Hab. in aridis Navarre ( Tudela), Aragonia (Zaragoza), Murciæ (Novelda). Ce synonyme de Barrelier n'a point été cité par les auteurs, et pourtant la figure est bonne. Arbuste de 3 à 4 pieds de hauteur. La figure de Cavanilles n'exprime la plante que dans la première phase de la floraison. Par les progrès de la fructification, elle subit une métamorphose fort singulière, par le déve- loppement d'une collerette membrano-scarieuse, rose ou pâle, divisée en cinq lobes étalés qui entourent la graine. Atriplex Assoi Duf. Fruticosa erecta incano-tomentosa; foliis oblongo-lanceolatis integerrimis alternis ; spicis axillaribus tomentosis. — Hab. in sterilibus, inter Fuentes et Zaragoza. Arbuste de 2 à 3 pieds de hauteur. Son duvet, formé de poils étoilés, roussit par la dessiccation. Rameaux gréles, simples, bien garnis de feuilles. Espèce que je n'ai jamais rencontrée que daus le lieu cité; je la dédie à la mémoire d'Asso. Atriplex verticillata Cav. (ex Lag. ). Blanchâtre, glabre, trés rameux, de 2 à 3 pieds de hauteur. — Commun aux bords sablonneux de l'Ebre, soit à Mora, soit à Tudela, et aussi à Cadix. Passerina tinctoria Pourr. Chl. narb. p. 27. — Sanamunda I. Clus, Hist. p. 88, ic. S. vermiculata rayvsrehsyns Barr. ic. 231. Fruticosa erecta ramosa, ramis firmis tenacibus; foliis confertis crassis oblongo-sublinearibus obtusis, parce pubescenti-lanosis nudisque, subtus con- vexiusculis ; floribus axillaribus sessilibus calyculatis ; nucibus ovato-pirifor- mibus rufis lævigatis nitidis; semine conoideo striato-scabriusculo. Frutex tripedalis, ramis haud fragilibus, apicibus tantum pubescenti-lanosis ; corollis glabris bibracteatis. — Hab. in montibus collibusque Aragoniæ, Catalauniæ, regni valentini. Clusius et Barrelier, qui ont très bien décrit et pas mal figuré cet arbrisseau, l'avaient trouvé comme moi dans le royaume de Valence. Il est si abondant dans les montagnes de la basse Catalogne, qu'on s'en sert pour chauffer le four, et qu'on en porte au marché d'énormes fagots. Passerina nitida Desf. In collibus aridis Valentiae (Paterna). — Maio. Passerina linarifolia Pourr. (ex herb. Lorente). Planta dioica. Caules erecti annui palmares simplices pubescentes, plures ex eadem radice perenni. Folia anguste linearia conferta glabra glauca. Flores in spicam foliosam conferti, 2-4 sessiles in eadem axilla. Corolla extus pubescens. SÉANCE DU 8 JUIN 1860. 133 — Mas: Corolla tubulosa flavo-virescens, subfiliformis, limbo quadrifido, laciniis linearibus. Stamina 8, tubo inclusa, antheris flavis. — Femina : Corolla ventricosa brevior et crassior. Stylus inclusus, stigmate capitato trans- versim impresso. Nux monosperma ovato-acuminata, extus subtiliter striata, — Interdum in eodem caule flores monoici. — Hab. in monte arido saxoso, Porta- Celi. — Maio. (La fin à la prochaine séance.) NOTE SUR QUELQUES MOUSSES RARES OU NOUVELLES, RÉCEMMENT TROUVÉES AUX ENVIRONS DE PARIS, par MM. Ernest ROZE et Émile BESCHERELLE. (Paris, 8 juin 1860.) M. Émile Le Dien, dans son Catalogue des Mousses observées aux environs de Paris (4), en rappelant que la Société botanique de France avait décidé qu'une Flore cryptogamique des environs de Paris serait publiée sous ses aus- pices, a exprimé le vœu que tous ses membres communiquassent à la Société les documents nouveaux qui pourraient enrichir la flore bryologique de nos environs. Nous croyons donc devoir rendre compte àla Société du résultat des recherches que nous avons faites en commun à ce sujet. Nous citerons d'abord, comme espéce nouvellement acquise à la flore pari- sienne, le Grimmia orbicularis Br. eur. (25-28, p. 13, t. 5). — Cette espèce, que M. Hampe a placée dans son genre Guembelia dédié à M. Guembel (l'un des collaborateurs du Zryologia europea) et dans lequel il a réuni tous les Grimmia à coiffe dimidiée, se distingue à première vue du G. pulvinata (avec lequel elle a été probablement confondue jusqu'ici) par sa coiffe dimi- diée, son urne presque sphérique, d'une belle couleur orangée à la maturité, et son opercule mamelonné conique. Nous avons trouvé cette Mousse à Sceaux et à Chaville, sur des murs exposés au sud-ouest. Comme variétés intéressantes qui ne figurent pas non plus dans le Cata- logue de M. Le Dien, nous signalerons : Atrichum undulatum Br. eur. var. abbreviatum. — Bois de Meudon (Trivaux). Brachythecium rutabulum Br. eur. var. longiselum. — Retrouvé par nous dans le marais de Trivaux prés Meudon, où M. Durieu de Maisonneuve l'avait déjà signalé. : Hypnum cupressiforme Br. eur. var. longisetum. — Meudon ; Montmorency. À cette occasion, nous joindrons nos regrets à ceux de M. Le Dien sur l'omission, dans son Catalogue, des Brachythecium rutabulum et glareosum. Nous citerons enfin les localités nouvelles qui viennent s'ajouter à celles (1) Voyez le Bulletin, t. V, p. 744 et suiv. X ur : 28 A34 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. déjà notées par M. Le Dien, pour quelques Mousses plus ou moins rares par elles-mémes ou fructifiant rarement dans nos environs : Ephemerum serratum Hampe. — Bois de Meudon (Trivaux). Phascum cuspidatum var. piliferum Br. eur. — Parc de Versailles (bords du canal). — curvicollum Hedw. — Bois de Meudon (vieux réservoir). Dicranum undulatum Turn. — Meudon; Louveciennes ; Montmorency. Campylopus flexuosus Brid. — Bois de Meudon (pavillon d'Ursine). Leucobryum glaucum Hampe (bien fructifié). — Bois de Meudon; bois des Camaldules. Pottia minutula Br. et Sch. — Bellevue ; parc de Versailles. Trichostomum pallidum Hedw. — Bois de Fausses-reposes (étangs de Ville-d'Avray). Barbula ambigua Br. eur. — Argenteuil; la Varenne-Saint-Maur. Tetraphis pellucida Hedw. (bien fructifié). — Bois de Verriéres; Meudon (Trivaux). Ulota crispa Br. et Sch. — Bois de Meudon. Orthotrichum pumilum Schw. — Bois de Meudon (prés du haras). Cinclidotus fontinaloides P. de B. — Joinville-le-pont (au dessous du barrage). Bryum atro-purpureum Web. et Mohr. — Bois de Meudon. — roseum Hedw. — Bois de Verrières. — pseudotriquetrum Schw. — Meudon (Trivaux); l'Isle-Adam. Mnium cuspidatum Hedw. (bien fructifió). — Parc de Saint-Cloud, prés de Ville-d'Avray. — undulatum Hedw. (bien fructifié). — Parc de Saint-Cloud ; bois de Meudon. — affine Bland. (bien fructifié). — Bois de Meudon (fontaine d'Ursine). — punctatum Hedw. (bien fructifié). — Ville-d'Avray; Montmorency. Aulacomnion androgynum Schw. (bien fructifié). — Fontainebleau (Franchart). Bartramia Halleriana Hedw. — Forêt de l'Isle-Adam. Buxbaumia aphylla Haller. — Cette singulière Mousse a été trouvée à deux reprises différentes, à un mois d'intervalle, aux mémes localités : bois de Meudon (prés de la fontaine d'Ursine), bois de Verrières (versant du côté de l’Abbaye-aux-hois), et une seule fois, en dernier lieu, dans le bois de Fausses-reposes (à droite, en sortant de Ville-d'Avray). Cryphæa heteromalla Brid. — Argenteuil. Neckera pennata Hedw. — Portvillez prés Bonniéres. Pylaisæa polyantha Br. et Sch. — Bois de Meudon; Argenteuil. Thuidium tamariscinum Br. eur. (bien fructifié). — Meudou (vieux réservoir). Climacium dendroides Web. et Mohr. — Fleury prés Meudon. Rhynchostegium tenellum Br. eur. — Parc de Saint-Cloud; Fontainebleau (Franchart). Isothecium myosuroides Brid. — Fontainebleau (Franchart). Brachythecium populeum Br. eur. — Bois de Meudon. Scleropodium illecebrum Br. eur. — Bois de Meudon (Fleury, Bellevue). Hypnum fluitans L. — Saint-Germain (marais du bas de la terrasse). — nitens Schreb. — Vallée de Chevreuse (Auffargis). — rugosum Ehrh. — Parc de Saint-Maur. — lycopodisides Schw. — Saint-Germain; Bonnières. Hylocomium triguetrum Br. eur. (trés bien fructifié). — Bois de Meudon (vieux réservoir); surtout dans la forêt de Montmorency, autour du Château de la Chasse. SÉANCE DU 8 JUIN 1860. A35 OBSERVATIONS DE M. Fr. KIRSCIHLEGER SUR LA DERNIÈRE LIVRAISON DES ANNOTATIONS A LA FLORE DE FRANCE ET D'ALLEMAGNE DE M. C. BILLOT (fin) (1). IV. Notice sur un Polypogon d'Algérie et sur les espèces méditerranéennes de ce genre, par M. Duval-Jouve. — L'auteur de cette notice admet deux groupes de Polypogon : les annuels et les vivaces. Parmi les annuels, il place les P. subspathaceum Req., maritimum Willd., et monspeliense Desf.; parmi les vivaces, le P. littorale Sm., et une espèce nouvelle dont voici la description : PoLYPOGON CLAUSONIS Duval-Jouve. Panicula elongata stricta subspiciformi densa, parce lobata; pedicellis inæqualibus, ad basim (nec versus medium) articulatis. Glumis parum inæqualibus, oblongis obtusissimis, dorso scabris, ad latera et margines glabris aut tenuissime pubescentibus, sub apice vix emarginato aristatis ; arista glumam adæquante, aut brevi, aut interdum nulla. Glumella inferiore glumarum dimidio breviore, aristata. Foliis planis linearibus acutis, pro ut in genere brevibus, utrinque scabris; vaginis adpressis aut vix dilatatis; ligula exserta lanceolata. Culmis geniculatis radicantibus adscendentibus. — Planta pedalis, Agrostidis verticillatæ Vill. faciem referens, perennis! — Hab. in provincia algeriensi, Bou-1smaël inter et Coleah, loco dicto le Caroubier, ubi invenit amicissimus mihi et botanica devotissimus D"* Clauson, in Beni-Mered (prope Blidah) scholæ praepositus. Cinq figures accompagnent la description de ces Polypogon. — M. Duval- Jouve termine sa notice par des considérations philologiqnes sur le genre gram- matical du mot Polypogon, qui lui parait devoir rester neutre, ainsi qu'An- dropogon et Geropogon, tandis que Tragopogon doit rester masculin. Cette distinction me parait bien subtile. V. Notes sur des plantes nouvelles ou peu connues de la Savoie, par MM. Songeon et Perrier. — Ces notes ont été déjà analysées dans la Revue bibliographique de notre Bulletin (voy. t. VI, p. 822). VI. De quelques espèces nouvelles pour la flore française, par M. Billot. Cheilanthes maderensis Lowe (Ch. fragrans Webb). — Corse, ex herb. Soleirol. Equisetum littorale Kuehlew. et Rupr. (E. inundatum Lasch) trouvé par M. Duval-Jouve aux environs d'Arles (voy. le Bulletin, t. VI, p. 602) et depuis dans une foule de localités des régions rhénanes. — I! serait bon d'élu - cider la question scabreuse de l'hybridité de cette Préle. Senecio subalpinus Koch, trouvé par MM. Perrin et Clément sur les (1) Voyez plus haut, p. 375. A436 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. bords du ruisseau de Xoult, prés de Cornimont (arrondissement de Remi- remont, Vosges). VII. Description des Hieracium Pollichiæ C. Schultz et H. vernum S, et M., par MM. Sauzé et Maillard. — Ces descriptions sont trop étendues pour étre reproduites ici. VIII. Observations de M. Grenier sur l'Hypericum quadrangulum Z. — Cette note sert de pendant à celle de M. Jordan sur le Brassica Erucastrum, L'auteur finit par conclure comme M. Fries, aprés avoir cherché à démolir les arguments de M. Babington qui prétend que lH. tetrapterum Fries est le vrai /7. quadrangulum L. Nous avons déjà fait sentir combien les discussions de ce genre nous paraissent avoir peu de valeur. Je sais bien qu'on appelle cela de l'érudition botanique. Fixer une douteuse espéce linnéenne, est-ce donc une chose bien importante? Passez outre, et partez de l'époque où il n'y a plus de doute dans la détermination des espèces ; ou bien, ce que je préfé- rerais, remontez aux temps antélinnéens, et faites-nous l'histoire littéraire de la plante ab ovo. IX. Note sur la durée et la double époque de floraison du Carex cype- roides Z., par M. Warion. — L'auteur prouve d'une manière évidente que cette espèce, comme ses congénères, est vivace, cespiteuse, et non annuelle comme beaucoup d'auteurs le croyaient d’après l'inspection des pieds d'une année, « Le C. cyperoides, dit M. Warion, exige pour se développer des » conditions spéciales; il ne croît que dans le lit des étangs ou des marais, » l'année méme de leur desséchement. Dans ce cas, les individus nés au > printemps fleurissent à l'automne en août-septembre, et ont tout à fait » l'aspect d'une plante annuelle. Mais si l'étang n'est pas remis en eau ou cultivé » l'année suivante, la plante persiste et, se développant, forme des touffes qui » grossissent chaque année et fleurissent dés le mois de juin. » Dans les jar- dins, la plante devient vivace comme à l'état spontané. Cette note se termine par l'énumération des localités françaises du C. cyperoides. Ila été trouvé seulement dans la partie orientale de la France (Moselle, Meurthe, Bas-Rhin, Haut-Rhin, Jura, Côte-d'Or, Saône-et-Loire, Marne, Seine-et-Marne). Nous remercions vivement M. Warion de cette intéressante communication. X. — Enfin nous avons à agiter une question de nomenclature, que la Société botanique, sur la proposition de M. l'abbé Questier, a déjà discutée, mais sans contradicteurs (1). M. Billot écrit ainsi les noms des plantes publiées dans ses centuries : COTA Gay altissima L. (sub : Anthemis). Ce mode de notation, M. Billot l'a emprunté à notre Flore d'Alsace, car avant 1853 il ne commettait pas ce péché phytonymique. Dans l'introduction (t) Voyez le Bulletin, t. V, p. 37. SÉANCE DU 8 JUIN 1860, A37 du premier volume de cette Flore, se trouve la défense de ce mode de nota- tion, emprunté lui-méme à une tentative, fort incomplete d'ailleurs, dans le Flora excursoria de M. Reichenbach. M. Reichenbach aurait écrit : Cota altissima (L, sub Anthemide). Dans la Flore d'Alsace, nous avons écrit comme M. Reichenbach père. Mais M. Billot n'est pas ami de l'ablatif; il fait suivre la préposition sub de deux points, et il croit qu'ils ont le pouvoir d'enlever à la préposition le droit d'exiger l’ablatif. Nous ne l'avons pas cru, et nous avons mis l'ancien nom de genre au sixième cas. Voilà donc la discorde dans le camp de l'hérésie ! Toutefois, si je ne crois pas à l'effet anti-ablatif des deux points, je crois à la nécessité de restituer une foule d'espèces à leurs véritables auteurs et pro- priétaires. Exemple : restons à notre Cota altissima ; on écrit selon l'ortho- doxie : Cota altissima Gay, et non Linné. Quel mérite a dans ce cas M. Gay? Il a fait le genre Cota (bon ou mauvais, n'importe). Eh bien! que les hon- neurs du genre lui restent intacts et glorieux. Mais quelle prétention peut-il avoir à l'épithète d’altissima ? Aucune; elle appartient à Linné ou à Tourne- fort, n'importe encore. C'est de l'espèce que je veux parler et non du genre. Respectons donc l'auteur de l'espéce; et si j'écris : COTA Gay altissima L. (sub Anthemide), j'ai contenté, à la fois, la justice et la gloire et le mérite de chacun. Vous direz : cette notation est un peu longue. Au besoin, abandonnez, dans les catalogues, le nom de l'auteur du nouveau genre et mettez le nom de l'auteur de l'espèce entre parenthése. Dans les catalogues méme le mode de notation orthodoxe a de grands inconvénients : on croit quelquefois avoir affaire à des espéces trés nouvelles, tandis que ce sont, sous des noms nouveaux, de fort anciennes connaissances. M. Fr. Schultz lui-méme a adopté notre notation, que depuis vingt ans on avait oubliée, et je défie de trouver, avant 1850, un auteur qui eüt osé faire autrement que Koch et tous les autres. La notation orthodoxe a toutefois l'immense avantage de favoriser des auto- rités (autorships) faciles. Exemple : Nasturtium pyrenaicum R. Br. Sisymbrium pyrenaicum L. Mais Rob. Brown ne conservera pas longtemps cet honneur. Moi, je dirai : Æoripa pyrenaica Mini (X ou Y), et mon nom, prononcé par tous les botanistes, gagnera en éclat et en mde quoique ni Roripa ni Pyrenaica ne m 'appartiennent, mais parce que j 'ai eu le courage et le mérite de joindre ce vieil adjectif à un vieux nom de genre, et cela suffit à ma gloire. Ces exemples, je pourrais les multiplier à l'infini, notamment dans les Grucifères, les Ombellifères et les Synanthérées. Par exemple : Crepis pre- morsa "Tausch, Geracium præmorsum Rchb. Au moins Geracium est un A38 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. genre fondé par M. Reichenbach; mais ni Crepis ni præmorsa n'appartiennent * à Tausch. Il en est de méme des noms de genres qui, tous les ans, pourraient être suivis d'une autre autorité. Il suffirait donc d'écrire: Crepis L. (emend. Tausch) ou bien : (addit. vel exclus. spp.). Ainsi Tausch aurait sa petite portion de gloire, qui lui revient de droit. Mais Monnier fait un Soyeria, et voilà les Crepis terriblement amendés ou amoindris. Puis viendront Z/omocline Monn., /ntybellia Cass., Phæcasium Cass., etc. — un gâchis inextricable ou plutót ridicule. Je persiste dans mon hérésie! (1). M. Eug. Fournier met sous les yeux de la Société un échantillon de Bellis perennis dont les capitules sont affectés d'une forme particuliére de chloranthie. Les fleurons tubuleux, dit M. Fournier, sont verdátres, et leurs styles font saillie au dehors; ces styles sont foliacés, profondément bifides et ont une hau- teur double de celle des fleurons. Quand le capitule est à peu près arrivé à la moitié de son épanouissement, il est jaune au centre (oü les fleurons ne sont pas ouverts) et présente de dedans en dehors une zone verte due au déve- loppement anomal des styles, puis une zone blanche formée par les fleurons ligulés atrophiés et réduits à la moitié de leur longueur ordinaire. C'est un (1) La Commission du Bulletin ne saurait partager, sur ce point, l'opinion de M. Kirs- chleger, et croit devoir maintenir pleinement, dans les publications de la Société, ce qu'il appelle la nolation orthodoxe. Cette manière régulière d'indiquer le nom des auteurs de familles, genres, espèces ou variétés (consacrée par les deux plus importants ouvrages systématiques de ce siècle, le Prodromus de De Candolle et le Genera d'End- licher) est à la fois la plus simple, la plus brève et Ja plus claire. C’est là son grand avan- tage, son principal mérite. Tout autre systéme, si équitable qu'il paraisse envers le pre- mier auteur de chaque groupe de formes végétales, aura toujours l'immense inconvénient de jeter, dans le dédale déjà si embrouillé de la synonymie, un nouvel élément de trouble, d'incertitude et de confusion. : C'est d'ailleurs, ce nous semble, une erreur, on au moins une exagération, que de const- dérer uniquement comme un hommage rendu au mérite et à la gloire de l'auteur cette sorte de signature que l'usage place à la suite du nom de chaque groupe de formes végétales établi, restreint, étendu, subdivisé ou transposé. Le nom de l'auteur, ainsi placé, n'est pas seulement la reconnaissance d'un droit que cet auteur exerce, mais est aussi la constatation d'une responsabilité qu'il doit nécessairement subir. La perfection de la méthode naturelle est (comme l'a dit Linné lui-méme) le but supréme de la botanique descriptive. Or toute innovation taxonomique (création, restriction, extension, subdivision, transposition, de famille, de genre, d'espéce ou de variété) est vraie ou fausse, bonne ou mauvatse. Est- elle bonne, elle perfectionne la méthode en un point quelconque, et il est juste que son auteur en soit honoré. Est-elle mauvaise, elle gâte la méthode en un point quelconque, et son auteur doit en porter la peine. Dans l'un et l'autre cas, le nom d'auteur, régu- lièrement placé, indique, pour chaque innovation, la part de mérite comme la part de responsabilité qui incombe à chacun : rien de moins, rien de plus. (Note de la Commission du Bulletin.) SÉANCE DU 22 Jurn 1860. h39 exemple de balancement organique. — Cette monstruosité affectait tous les capitules d’un même pied. M. J. Gay dit qu'il a observé un exemple analogue sur un Pyrethrum. M. Decaisne ajoute que cette monstruosité se remarque fréquem- ment chez les Pâquerettes à fleurs doubles. M. Chatin dit qu'il a trouvé, dans la forét de Chantilly, un pied de Boletus cyanescens qui portait deux chapeaux soudés ensemble par un point trés limité. Il ajoute qu'il a rencontré dans la même forêt une variété virescente du Phleum Bæhmeri. M. de Schenefeld dit qu'il pense que cette anomalie est la méme que celle qu'il a trouvée, plusieurs années de suite, dans le bois du Vésinet, et qui lui parait être une forme vivipare du PAleum Bohmeri. SÉANCE DU 22 JUIN 1860. PRÉSIDENCE DE M. DECAISNE. M. Eug. Fournier, vice-secrétaire, donne lecture du procés- verbal de la séance du 8 juin, dont la rédaction est adoptée. A l'occasion du procès-verbal, M. Fournier annonce que le 10 de ce mois, à l'herborisation dirigée par M. Chatin dans la forét de Ghantilly (Oise), on a recueilli, prés des étangs de Commelle, le Cine- raria spathulefolia, Y Orchis coriophora et le Veronica montana. Il ajoute que Mme Fournier, sa mère, a aussi trouvé l'Orchis corio- phora dans les fossés des fortifications de Paris, prés de Ja porte d'Auteuil, avec les Ophrys arachnites et apifera. Par suite de la présentation faite dans la dernière séance, M. le Président proclame l'admission de : M. Brioso (Miguel), docteur en droit, à San-Miguel (État de San- Salvador, Amérique centrale), présenté par MM. Duchartre et Decaisne. — Correspondant à Paris : M. le docteur Humbert, rue Saint-Martin, 5. M. le Président annonce en outre trois nouvelles présentations. AAO SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. J. Gay s'exprime en ces termes : M. de Bouis et moi avons l'honneur de proposer à la Société de s'adjoindre Madame veuve Ricard (de Rouen), qui remplacerait ainsi parmi nous un confrère que nous avons perdu l’année dernière, le digne et savant Auguste Le Prévost, avec lequel elle était, depuis longues années, liée d'une étroite amitié. L'extréme modestie de Madame Ricard s'effraie de toute association scien- tifique, mais elle aime notre Bulletin, qu'elle trouvait dans la bibliothèque de M. Le Prévost, et nous lui avons fait comprendre, M. de Bouis et moi, que le meilleur moyen de continuer à le recevoir c'est de se faire admettre elle- méme dans notre Société. Madame Ricard est, d'ailleurs, bien digne d'y prendre place, car la bota- nique a été de tout temps sa plus douce occupation : elle a créé de sa main un des herbiers phanérogamiques de France les plus complets qui existent en ce moment dans nos départements, et déjà son nom a échappé aux affections de la vie privée pour prendre une signification toute scientifique. C'est en son honneur qu'un genre monotype a été nommé ZÆicardia par MM. Derbès et Solier, genre fondé sur une miniature d'Algue, de la tribu des Floridées, qui habite les côtes de la Provence et qui s'appelle aujourd'hui Æicardia Montagnei (Voy. Ann. sc. nat. h* série, t. VI, 1856, p. 209-212, tab. 14, fig. 1-7). Je ne dois pas oublier de dire que Madame Ricard a une bonne part dans la découverte, faite aux Pyrénées, d'une plante qui n'avait été observée en France que dans les Alpes du Dauphiné. C'est elle qui, le 6 aoüt 1851, pre- nant les eaux à Cauterets avec M. Le Prévost, eut la bonne fortune de décou- vrir le Dracocephalum Ruyschiana dans un bouquet de fleurs qui lui avait été apporté des montagnes voisines. Je possède un des échantillons provenant de ce bouquet, et l'étiquette, écrite de la main de M. Le Prévost, témoigne que la plante a été cueillie par le berger La Carette, entre Poyer et les Turs?, dans la vallée de Luttours. M. Godron, qui a eu connaissance de ce fait, indique la localité en termes un peu différents, mais toujours dans la vallée de Luttours (Gren. et Godr. 77. de Fr. II, 1852, p. 677). Dons faits à la Société : 4 De la part de M. Éloy de Vicq: Bulletin de la Société Linnéenne du nord de la France, t. I, 1840. 2° De la part de M. Ch. Martins : Du froid thermométrique et de ses relations avec le froid physiolo- gique dans les plaines et sur les montagnes. SÉANCE DU 22 JUIN 1860. AA! 3° De la part de M. D. Clos : Du coussinet et des nœuds vitaux aans les plantes. h° De la part de M. Gustave Planchon : Les principes de la méthode naturelle appliqués comparativement à la classification des végétaux et des animaux. 9" De la part de M. Jules de Seynes : Du parasitisme dans le régne animal et dans le régne végétal. 6° De la part de M. Aug. Le Jolis : Plantes vasculaires des environs de Cherbourg. 7° De la part de M: Eug. Coomans : Notice sur le Pilobolus crystallinus. Recherches sur la genèse et les métamorphoses du Peziza Sclero- tiorum. 8" De la part de M. le docteur J. Gistel : Muenchshofen in Niederbaiern als Mineralbadekurort. 9 En échange du Bulletin de la Société : Proceedings of the Dublin university zoological and botanical Asso- ciation, t. I, 1859. Natural history review, t. IV à VI. Journal de la Société impériale et centrale d'horticulture, mai 1860. L'Institut, juin 1860, deux numéros. MM. les Secrétaires donnentlecture des communications suivantes, adressées à la Société : DIAGNOSES ET OBSERVATIONS CRITIQUES SUR QUELQUES PLANTES D'ESPAGNE MAL CONNUES OU NOUVELLES, par M. Léon DUFOUR (fn). Thesium humile Vahl. Herbaceum erectum ramoso-fastigiatum glabrum ; foliis lineari-subulatis Subcarnosis, supra planiusculis, subtus convexis ; floribus axillaribus sessilibus ; Corolla 5-fida albida bibracteata ; calyce contracto ; nuce ovoidea. — Hab. in aridis calcareis Catalauniæ (Mora), regni valentini (Zetera); etiam prope Cadiz, Plante annuelle, de 5 à 6 pouces de haut, que jadis j'ai envoyée à mes amie sous le nom de Th. fastigiatum. Ah? SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Andrachne Telephioides L. Cette plante, non mentionnée par Cavanilles, a été peu étudiée in loco natali. Lamarck (£ncycl.) a décrit les caractères génériques principaux sur des individus cultivés au Jardin-des-plantes de Paris. Il y a quelques rectifi- cations à faire, que je vais signaler en peu de mots. Fleur mâle : Pétales obovalaires, parfaitement enfiers et non échancrés. Anthères ovales, quadriloculaires (caractère inaperçu par Lamarck). — Fleur femelle : Calice non à cing feuilles (ainsi que le dit cet auteur), mais simple- ment quinquepartitus, avec les divisions ovales-pointues, à fine bordure membraneuse. Six styles, et non trois styles fourchus ; ces styles trés distincts jusqu'a leur insertion à l'ovaire, mais rapprochés par paires. Six stigmates globuleux et petits. Graine (inapercue par Lamarck) trièdre, avec quelques aspérités. : L'Andrachne Telephioides est propre aux terrains calcaires et secs de la Catalogne (Mora, Tarragone) et du royaume de Valence (Saint-Philippe). — Fleurit en juin. — Sa racine, souvent trés grosse et dure, pourrait bien étre vivace. Euphorbia pauciflora Duf. Parvula, basi lignosa, glaberrima ; caulibus simplicissimis erectis; foliis oblongis lanceolatis, acuminatis obtusisve, confertis ; umbella simplici vel bi- aut trifida; involucris involucellisque rotundato-rhomboidalibus ; petalis cordato-emarginatis; capsulis lævissimis; semine levissimo subtetragono. — Hab. in rupibus Navarre, loco dicto Cloquera prope Tudelam. — Floret februario. 2z. J'avais envoyé des échantillons de cette curieuse espéce à De Candolle, et, bien que cinquante années se soient écoulées depuis sa découverte, je la crois encore inédite. Je ne l'ai jamais retrouvée ailleurs qu'à la localité indiquée, où je la recueillis en 1809. — Racine cylindroïde, de la grosseur d'une plume de corbeau, grisâtre en dehors, blanchâtre en dedans, d'une saveur douceâtre. Tiges naissant plusieurs ensemble d'une méme souche, ayant tout au plus 3 pouces de hauteur, trés simples, parfois uniflores, sans ombelle. Feuilles glaucescentes, un peu épaisses. Euphorbia rubra Cav. Jc. tab. 34, fig. 1. Pumila glaberrima prostrata ; foliis imbricato-congestis ovato-cuneatis latius- culis, apice retuso-mucronatis ; umbella trifida brevissima subsimplici ; invo- lucris involucellisque (purpurascentibus) ovatis, apice mucronato-setace!s; petalis subintegris, longe bicarunculatis ; capsulis ovato-conoideis levibus ; semine transversim rugoso-impresso. — Hab. in saxosis arenosisque Navarr? (Tudela), Valentie. ©. Espèce bien distincte, inconnue à beaucoup de botanistes. Ce n’est point celle décrite ou mentionnée sous ce nom par MM. De Candolle, Ræper, Duby, etc. SÉANCE DU 22 JUIN 1860. | AA3 Euphorbia retusa Cav. /c. tab. 3^, fig. 3. Glabra; foliis confertis linearibus truncatis, retuso-tricuspidatis acuminatisve ; umbella 3-A-fida; involucris involucellisque folio subconformibus, sepius acuminatis ; petalis integris obtusis bicarunculatis ; capsulis globoso-triquetris levibus; semine punctato-scabroso submuricato. — Hab. in arenosis saxosis- que Navarræ et regni valentini. — Floret martio. ©. Espèce mal étudiée, méme par Cavanilles son auteur. Dans les lieux décou- verts et secs, elle a des tiges multiples, tout à fait couchées, souvent d'une teinte rougeâtre; dans les sites abrités, sa tige devient plus grêle, plus solitaire, redressée. Pétales le plus souvent au nombre de 4, parfois de 5 à 7; chaque pétale offre en dessous (et non à son limbe) deux caroncules oblongues, pen- dantes, appelées à tort glandes par M. Roper et d'autres botanistes. Cavanilles a bien mal saisi ce trait singulier, dont je reparlerai tout à l'heure, et, trompé par leur présence, il a représenté les pétales en forme de croissant, comme on les voit dans beaucoup d'autres Euphorbes. C'est encore une erreur flagrante de cet auteur que d'avoir dit la graine noirátre et sillonnée suivant sa longueur. Dans sa parfaite maturité, cette graine est grisâtre et hérissée de tous côtés de points tuberculeux blancs. L Euph. exigua, si commun en France et en Espagne dans les champs, fleurit en automne, tandis que lÆ. retusa est du premier printemps. - Observations sur les Euphorbia rubra, retusa et exigua. — De Candolle, dans le troisième volume de la Flore française (1805), avait fait de l’ Æ. retusa une simple variété de PÆ. exigua. Dans le Supplément de cette Flore (1815), il crut devoir le distinguer comme espèce, et lui assigna pour localités Mont- pellier et Avignon. Dans ce méme Supplément, il mentionne l' £. rubra aux environs de Béziers et d'Avignon, et lui donne pour synonyme I' £. tricuspi- data Lap. Lapeyrouse, dans son Supplément à l'histoire des plantes des Pyrénées (1818), plus flottant que jamais, rattache à l'H. exigua, comme variétés, les E. retusa, rubra et méme son propre Æ. tricuspidata. M. Reper (Znumeratio Euphorbiarum, 1824) confond les E. retusa et rubra avec I E... exigua. Loiseleur (F2. fr. éd. 2, 1828) indique lÆ. rubra en France, avec cet habitat vague : in regionibus australibus? M. Duby (Bot. gall. 4828) admet VE. retusa comme variété de PE. exi- va, et lui donne pour synonyme Æ. rubra FI. fr. non Cav. Enfin MM. Grenier et Godron (F/. de Fr. 1856) inscrivent un Æ. sulcata, avec le synonyme d’Z. retusa Cav.; mais leur description ne convient pas à ce dernier type hispanique, surtout quant à la graine. Je dois à mon ami M. Durieu de Maisonneuve des échantillons algériens de VE. sulcata, qui, à mes yeux, est distinct de PÆ. retusa. Voyez, pour la distinction de ces trois espèces, qui pour moi sont trois types Ahh SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. légitimes, que de vague, d'indécision, d'incertitudes et de pas rétrogrades ! C'est qu'on ne les a pas étudiées vivantes et dans les diverses phases de leur végétation. Ces trois espéces, et sans doute d'autres que je n'ai point soumises à la méme analyse, forment dans le genre £'uphorbia une petite section, un groupe naturel, distinct non-seulement par une physionomie identique, mais aussi par un trait éminemment organique qui leur est commun. Ce trait consiste dans l'existence, à chaque lobe de l'involucre floral ou pétale de Linné, de deux appendices caronculiformes oblongs, séparés, d'une texture fine un peu charnue et de couleur pâle. Ces appendices sont insérés, non pas sur le bord iuférieur du lobe, mais bien à sa base ou peut-être à cette partie que Smith appelle le calice. Ils existent positivement dans les Æ. rubra, retusa et exigua. Cavanilles, peu rigoureux sans doute dans la dissection de la fleur, ou trop confiant dans la loi de l'analogie, a pris ces caroncules pour les cornes d'un croissant qui n'existe point. Fuphorbia valentina Ortega (e specim. ab ipso misso). E. heterophylla Desf. Fl. atl. tab. 102 (non L.). Æ. affinis DC. Fl. fr. n. 2160°?. E. diversifolia Pers. — Tithymalus marinus acuto Lini folio Barr. ic. 831. Glabra glaucescens erecta multicaulis; foliis involucrisque lineari-lanceo- latis linearibusve, subtiliter calloso-denticulatis ; foliis inferioribus maxime diversis, modo retusis aut retuso-mucronatis, modo obtusis ; umbella 5-fida dichotoma ; involucellis deltoideis acutis; petalis lunato-bicornibus ; capsulis seminibusque lævissimis. — Frequens in arenosis ripariis Turiæ valentini et Ebri (Mora). Je possède un échantillon de cet Æ. valentina envoyé par Ortega lui-même au professeur Lorente, et je l'ai trouvé trés abondamment aux environs de Valence. Mais Ortega, dans ses Decades, ne donne que quatre rayons à son espèce, tandis que son échantillon et les nombreux individus que j'ai étudiés à Valence en ont cinq. Euphorbia linariæfolia Lam. Encycl. n. 91. Glaberrima erecta ; radice perenni; foliis linearibus acutissimis uniformibus, basi ad lucem utrinque univenosis; involucris oblongo-lanceolatis acutis ; umbella multifida dichotoma; involucellis late rotundato-rhomboideis mucro- natis; petalis integerrimis subtruncatis ; capsula seminibusque Jævissimis. — Frequens in arenosis, Mora-de- Ebro Catal. inf. MM. Grenier et Godron (Fl. de Fr.) rapportent IZ. linariæfolia Lam. al'E. Gerardiana Jacq. Sans nier l'analogie qui existe entre ces deux espèces qui me sont l'une et l'autre familières, je leur trouve un port différent avec quelques traits assez distinctifs. Ainsi Gérard dit que dans son espèce les feuilles supérieures sont plus larges que les autres, et je le constate, en effet, SÉANCE DU 22 Juin 1860. A45 dans VZ. Gerardiana du midi de la France, tandis que, dans le type de Lamarck et dans mes échantillons espagnols, les feuilles, bien plus étroites, plus rapprochées et semblables à celle de la Linaire, ont une largeur uniforme au haut et au bas dela plante. Au printemps, les tiges à fleurs, hautes d'un pied ou davantage et simples, se terminent par une ombelle ouverte à rayons deux ou trois fois fourchus. Aprés les chaleurs de l'été, ces tiges, plus ou moins dégarnies de feuilles, en poussent de nouvelles, bien plus longues, à feuilles plus linéaires encore, avec des ombelles courtes et ramassées. Euphorbia diffusa Duf. Æ. pungens Lam. Encycl. n. 68?. — E'sula fruticans seu Pithyusa Romanorum Barr. ic. 197. Fruticosa ramosa ; caulibus elongatis diffusis ; foliis glabris, obovatis oblon- gisve ; umbella quinquefida dichotoma ; involucris folio conformibus ; involu- cellis ovatis; petalis integris suborbiculatis; capsulis verrucoso-muricatis ; semine lævissimo. — Hab. in montibus regni valentini (Porta-Cœli, Xativa, Moxente). — Maio, junio. Tiges ligneuses, nues à leur origine, souvent longues de 2 à 3 pieds, trop faibles pour se soutenir d'elles-mêmes et s'engageant dans les buissons. Je n'ai jamais trouvé ses rameaux spinescents, ce qui me fait douter du syno- nyme de Lamarck. Pétales tantót jaunes, tantót orangés. Dans les montagnes nues de Moxente, les tiges, moins longues, sont plus buissonnantes, avec les feuilles plus larges et les involucelles pointus. La figure de Barrelier s'applique mieux aux individus de cette derniére localité, Ephedra Clusii Duf. — Polygonum quartum Plinii majus Clus. Hist. p. 92, ic. P. fruticans botryoides hispanicum medium I Clusii Barr. in 731, 1. Amentis masculis aggregatis sessilibus. — Frequens in maritimis Valentiæ ( Dehesa). Clusius et Barrelier, qui avaient l'œil exercé, avaient parfaitement reconnu que l'espèce espagnole était différente de celle de la Provence, qu'ils connais- saient aussi. Les auteurs modernes ont mal compris le tact exquis de ces habiles botanistes, en rapportant leurs figures à l'£p4. distachya L. Narcissus rupicola Duf. in Rem. et Schult. Syst. veg. t. VII; Graëlls Ramilletes (1859) p. 17, tab. 7. N. apodanthus Boiss. Diagn. (1842). Mon savant ami, le professeur Graëlls (de Madrid), vient enfin (l. c.) de juger définitivement le litige de propriété scientifique demeuré pendant depuis longues années. Il a tracé de main de maitre l'histoire critique de l'espèce et en a donné une iconographie parfaite. Depuis la découverte de ce Narcisse à Buytrago prés Somosierra en 1808, je l'ai retrouvé en 1854 au port de Nava- cerrada, en compagnie de MM. Graélls et Perris, mes amis intimes. De plus, j'apportai de cette dernière localité, dans mon parterre de Saint-Sever, des h46 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. bulbes de cette plante, et j'eus l'indicible satisfaction de les voir fleurir l’année suivante. Narcissus Graëllsii Webb in Graëlls Zamilletes, l. c. N. parvulus Duf. ad Rœmer (1815). — Pseudonarcissus juncifolius [I flavo flore Clus. Hist. p. 466, ic. Voilà encore un Narcisse que je communiquai à Reemer avec sa diagnose et la citation de Clusius qu'aujourd'hui encore je crois exacte. Lamarck et ses successeurs ont attribué à la figure précitée de Clusius le N. Pseudonarcissus de Linné, quoique l'auteur suédois dise, à l'occasion de celui-ci : petala ovata. Or, ces pétales sont ici lancéolés trés aigus, et c'est ainsi que les représentent Clusius et M. Graëlls. On ne s'est pas donné la peine de lire et de peser le texte du vieux botaniste ; on y aurait vu que sa plante lui venait d'Espagne et qu'il exprime par herbido-pallescens la raie inférieure verte de ces pétales, raie qui n'avait échappé ni à M. Graélls, ni à moi. Le terme de 7uncifolius exprime évidemment des feuilles fort étroites, tandis qu'elles sont comparativement larges dans le N. Pseudonarcissus. Je ne doute nullement de l'identité de ma vieille espéce avec celle tout récemment décrite et figurée par M. Graélls. Dans ce baptéme donné et accepté, je respecte la mémoire de mon ami Webb, et je rends un juste hom- mage au nom chéri qui vient d'illustrer l'espéce. En avril 1808, je trouvai abondamment ce petit Narcisse, de 2 à 3 pouces de hauteur, dans les pelouses de Castillero, sur le versant méridional de Somosierra. Cet habitat est le méme que l'Escurial et Guadarrama, assignés auJV. Graëllsii, et où je l'ai cueilli en 1854. Narcissus Assoi Duf. in Rœm. et Schult. Syst. veg. N. Jonquilla var. uniflorus Asso Syn. p. 40. N. juncifolius Lag. Gen. et sp. n. 176 ?. Spatha uniflora; flore parvo, horizontaliter nutante, flavo-jonquillaceo ; nectario concolore hypocrateriformi, petalis duplo breviore, eroso-lobulato antheris inclusis sessilibus; foliis semiteretibus patulis, haud glaucis. — Fre- quens in montibus Santa-Quiteria prope Tudelam, et in monte Torrero in Zaragoza. — Fl. martio. Malgré tout ce que mon savant ami Graëlls (Ramilletes, 1859) accumule de preuves en faveur de l'identité de mon espèce avec celle de Lagasca, j'ai cru prudent de mettre le signe de doute à ce dernier synonyme. Je ne connais aucun Narcisse avec des fleurs aussi petites que celui-ci, et je m'étonne que Lagasca n'ait pas signalé ce trait s'il a étudié la plante vivante. Feuilles au nombre de deux, rarement de trois, fort étroites, étalées. Hampe cylindrique et lisse, de 5-8 pouces de hauteur, terminée par une seule fleur, fort rarement par deux, d'une odeur agréable. Divisions de la corolle ovales- pointues, alternativement un peu plus grandes. Lagasca dit : necturio petalis subæquali, tandis qne, dans mon espèce, le nectaire est du double plus cour SÉANCE DU 22 JUIN 1860. AA7 que les pétales. Antheres sessiles par la cohérence intime du filament avec le tube de la corolle. Lapiedra Martinezii Lag. Gen. ef sp. p. 14. — Narcissus autumnalis albus latifolius Barr. ic. 993. Il est bien peu de botanistes, je crois, qui aient connu de visu ce genre de Lagasca et ses anthéres sagittées. Quant à moi, je n'ai pris en hiver, sur le rocher de Sagonte, qu'un pied défleuri de cette Amaryllidée. Gagea lutea Schult. Au train dont marche la botanique, avec la multiplication des genres, des espèces, des variétés et des hybrides si baroquement dénommées, il sera bientót impossible d'arriver aux types primitifs des législateurs de la science. Le genre Gagea en fournit un triste exemple ; sa synonymie est un fouillis désespérant. Le Gagea lutea, qu'en 1808 je trouvai abondamment à Somosierra, et en 1854 à Navacerrada à la méme altitude, a des feuilles, tant radicales que bractéales, étroitement linéaires, les pédoncules et les pétales glabres, ceux-ci oblongs et obtus. D'après des échantillons de Suede, communiqués par MM. Fries et Ol. Swartz, avec l'étiquette Ornithogalum luteum L. verum !, notre plante ne serait point l'espèce linnéenne, à cause surtout de la largeur des feuilles de cette dernière, laquelle se rapporte à l'O. silvaticum Pers., que Mougeot m'a envoyé des Vosges et que j'ai aussi trouvé dans nos Pyrénées. Gagea minima Schult. Ornithogalum minimum L.! — O. pannonicum luteo flore. Clus. Hist. p. 489, ic. Caule pedunculisque gracilibus glabris ; foliis radicalibus (binis) caulinisque lineari-filiformibus ; folio bracteali ad basim paulo latiore; pedunculis longis subumbellatis (quinis) ; petalis glabris elongatis acuminatis flavis, — Hab. in rupium fissuris, Buytrago, haud procul a Somosierra. — Aprili 1808. Tige de 4 à 5 pouces de hauteur. Une loupe scrupuleuse découvre quelque léger duvet à la base de la feuille bractéale. J'ai trouvé une variété à fleurs blanches dans la même localité. M. Fries m'a envoyé de Suède, sous le nom d’Ornithogalum minimum L.!, une plante en tout semblable à celle de Buytrago. Mon ami Monnier m'a donné un Gagea Sternbergii des Alpes piémontaises, qui se rapporte à celui de Suéde et d'Espagne. Allium capillare Cav. /c. tab. 206, fig. 1. Scapo nudo filiformi 6-10-pollicari; foliis capillaceis ; umbella 6-8-flora ; petalis lanceolatis subacutis albidis, linea dorsali purpureo-violacea ; spatha bifida subulata ; staminibus basi dilatatis, corolla brevioribus. — Hab. in mon- tibus, Mora, Moxente. — Septembri. i AAS SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Cette délicate espèce a sans doute des rapports avec l Allium moschatum L., mais elle en diffère essentiellement. Schœnus Mariscus L. Scirpus Martii Duf. in Rœm. et Schult. Syst. veg. Je ne balance point à confesser ici une erreur. Trompé par la taille gigan- tesque (8 à 10 pieds) d’une Cypéracée que je trouvai dans les fossés de Tarra- gone (aux bords du Francoli), pendant le célèbre siége de cette place, je la pris d'abord pour une espèce nouvelle du genre Scirpus, et je l'avais dédiée au savant botaniste Marti (de Tarragone). C'est ainsi que j'induisis en erreur Romer, à qui je la communiquai. C'est donc une espéce à rayer du cata- logue. Aristida ezrulescens Desf. F/. atl. tab. 21, fig. 2. A. elatior Cav. lc. tab. 589, fig. 1. Culmi bipedales, e basi ramosi. Panicula violaceo-vinosa, haud cærulescens. — Hab. in rupibus saguntinis. — Fl. decembri. Riccia Dufourii Nees v. Esenb. Europ. Leberm. vol. IV, p. 415. Fronde glauco-virente, radiatim orbiculata, lobis latiusculis, nunc obovatis integris, nunc dilatatis emarginato-subbifidis, marginibus demum involutis albidis; gemmulis minutis ovato-oblongis, duplici serie in canaliculo dorsali immersis. — Hab. in herbosis humidiusculis, ad ripas rivuli Guerba, circa Zaragoza. i J'avais, il y a quelque viugt-cinq ans, communiqué à mon savant ami Mon- tagne ce Æiccia avec l'épithète de /atifolia que je lui avais donnée lors de sa découverte en mars 1811. Il le fit connaitre à Nees d'Esenbeck, qui s'empressa de le publier sous le nom de À. Dufourii. La diagnose ci-dessus a été prise sur le vivant. Cette espéce a les frondes beaucoup plus larges que le R. crystallina. Je n'ai peut-être pas suffisamment étudié les organes que j'ai appelés des gemmules, et qui sont placés, sur la ligne médiane enfoncée des lobes de la fronde, en une double rangée. Il est possible que ce soient des organes de fructification. Ce Riccia a besoin d'être étudié. His utere, Lector benevole, usque dum meliora offeram. Saint-Sever (Landes), 15 décembre 1860 (1). RECHERCHES SUR LE POSIDONIA CAULINI Konig, par M. Ch. GRENIER (fn) (?). Ce long travail sur le Posidonia serait incomplet si je n'en donnais une synthèse qui permette de saisir d'un coup d'œil et la diagnose du genre et celle de l'espéce. (1) Date de l'achévement de l'impression du travail de M. Léon Dufour. (2) Voyez plus haut, p. 362 et 419. SÉANCE DU 22 JUIN 1860. A49 Dans ces derniers temps, plusieurs botanistes se sont notablement écartés du mode linnéen dans la formation des diagnoses génériques. A ces phrases aphoristiques, claires et concises de l'immortel Suédois, on a substitué des ensembles de caractères génériques qui occupent des pages entières et qui, cependant, ne s'appliquent souvent qu'a des genres ou groupes beaucoup plus restreints. Entre ces deux méthodes si radicalement opposées, nous ne pouvons choisir en connaissance de cause qu'en précisant d'abord la valeur du mot : GENRE. Mais le Genre est nécessairement solidaire de l'Zspéce. Me voilà donc forcément conduit à définir l'espéce, c'est-à-dire à résoudre une des questions les plus embarrassantes de la science. Si je tente quelques pas incertains dans cette voie périlleuse, c'est que j'ose compter sur la bienveillance qu'on accorde volontiers à ceux qui cherchent sincèrement la vérité. On peut admettre qu'une définition est une formule ou phrase synthétique qui ne peut s'appliquer qu'à la chose définie et qui doit servir à la distinguer de toute autre. Ainsi la définition du cercle ne permet pas de confondre cette figure avec aucune autre. Si l'on ne peut obtenir en botanique une semblable précision, on doit chercher à s'en rapprocher le plus possible; et c'est indu- bitablemet cette pensée qui a présidé à la composition de toutes les définitions de l'espéce. Mais, aprés les nombreuses définitions données par les naturalistes les plus éminents, et surtout aprés les remarquables études de M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire (1), il paraîtra peut-être téméraire et superflu d'en proposer une nouvelle; toutefois, puisque ma thèse m'y conduit, je hasarde la suivante : L'espèce est la collection de tous les individus formant une série indéfinie, dont un seul (hermaphrodite) ou un couple a pu (autrefois) produire et peut (maintenant) reproduire naturellement les formes revétues par tous les autres dans le passé, le présent et l'avenir, en tenant compte des milieux et du temps. Chaque espece est scientifiquement représentée par un type idéal. Le type de l'espèce est la synthèse des ressemblances essentielles de tous les individus passés et présents, synthèse prise ensuite pour commune mesure Où comme terme de comparaison de tous les individus passés, présents et futurs, Tous les éléments du type varient dans des limites que l'observation seule peut fixer (variétés, races, monstruosités). Négligeant les modifications légères et insignifiantes, il reste : 1° modifications non permanentes (variétés) ; 2° modifications permanentes par la génération (races); 3° modifications plus graves et dérogeant au type (monstruosités). Les mots espèce et type représentent donc deux choses parfaitement (1) Hisi. nat. gén., 1839, 11, p. 365-541. T. UL 29 450 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. distinctes, et il est à regretter que, dans la pratique, on n’ait pas conservé à ces mots le sens précis que nous leur assignons. 1l y a plus, l'un d'eux a été supprimé, et un seul, le mot espéce, est resté pour les représenter l'un et l'autre. 1l en est résulté un mot équivoque, à double sens, et par conséquent trés propre à produire des confusions et des discussions d'autant plus obscures que souvent les auteurs n'ont point en vue le méme objet et parlent de choses différentes. Dugès, cet esprit si fin et si philosophique, avait compris la valeur réelle des diagnoses d'histoire naturelle. Malheureusement il confondit le type avec l'espece, ou plutót il annihila le premier au profit de l'autre. De là cette curieuse définition, dans laquelle l’espèce n'est plus représentée par un ensemble d'individus, mais par un ensemble de caracteres, n'est plus une chose concréte, mais une chose abstraite, c'est-à-dire une négation de l'espéce. On comprend que du moment où Dugés prenait à la lettre le langage ordinaire et les expressions que nous appliquons aux diagnoses des Species, Flores et Faunes, la logique le conduisait fatalement à cette conclusion; car dans ces livres les diagnoses ne sont pas, comme on le dit ordinairement, des descrip- tions d’espèces, mais des formules de ces types créés par notre entendement. En un mot, Dugés a défini le type en croyant définir l'espéce. Ces erreurs sont sans importance dans l'étude purement spécifique des individus, parce que là on peut substituer le type à l'espèce; mais il n'en est plus de méme lorsqu'on veut philosophiquement étudier l'espéce, et c'est pour cette raison qu'il m'a paru utile de fixer rigoureusement la valeur de ces mots, si souvent employés dans des sens différents. Si maintenant nous envisageons les espèces uniquement dans leurs types, et si nous traitons ces types comme nous avons traité les individus dans l’Æspèce, nous produisons une nouvelle synthèse qui constituera le GENRE, synthèse dans laquelle nous condenserons toutes les autres, qui n'aura de réalité que dans notre esprit, et dont la caractéristique devra offrir presque à premiere vue un résumé concis et complet des rapports du genre aux espèces, c’est-à- dire des espèces entre elles. Le Genre est donc une pure création de notre intelligence, et il a pour but de grouper artificiellement des êtres qui Se présentent à nous avec un certain nombre de ressemblances ou caractères communs. C'est un instrument scientifique qui doit nous guider dans l'étude des innombrables espéces qui couvrent le globe. Donc, plus cet instrument sera simple, fort et facile à manier, mieux il répondra aux besoins de notre entendement pour lequel il a été créé. Sans doute, il sera plus difficile de fonder un bon genre en quelques lignes qu'en une page, mais le premier rendra plus de services que le second. ; Enfin, avant de tracer les caractères du genre Posidonia, disons encore qu 4 notre point de vue, dans la création des genres, on doit s'adresser aux -— tères qui, d'une part, sont les plus importants et les plus saillants des espèces à synthéser, et qui, d'autre part, sont assez généraux pour former, autant que SÉANCE DU 22 JUIN 1860. A451 possible, des groupes nombreux. Nous sommes ainsi conduits à préférer les diagnoses concises des grands genres linnéens, avec subdivisions, aux longues diagnoses des genres fragmentés qui, dans ces derniers temps, se sont si regrettablement multipliés dans la science. En effet, les grands genres subdi- visés ont l'immense avantage de montrer immédiatement les rapports des groupes secondaires, tandis que chaque groupe secondaire, une fois isolé, con- stitue une unité dont rien ne révèle plus les rapports avec les autres unités, je veux dire avec les groupes voisins transformés en genres. Ainsi il faut un travail assez long et presque difficile pour retrouver les rapports des genres Corynephorus, Aira, Deschampsia; tandis que, s'ils restent groupés dans le seul genre Aia, comportant trois divisions, qui conserveront, si l'on veut, les noms précédents, on verra tout de suite les liens qui unissent les groupes et les espèces, ainsi que les différences qui les séparent. De plus, le genre ainsi compris garde une certaine élasticité qui lui permet de s'élargir au besoin et de recevoir des espéces nouvelles qui exigeraient sans cela la création de genres nouveaux par trop restreints ; création qui pourrait flatter l'amour- propre des auteurs, mais qui ne saurait servir la science. POSIDONIA Konig (vid. syn. supr. allat. ). Inflorescentia spathacea, diphylla, spathellis distichis composita. Flores hermaphroditi, terni, rarius bini aut quaterni, irregulariter alterni in spadice valvulis spathellæ incluso ; flore superiore sæpe abortivo. Perigonium nullum. Stamina tria, hypogyna ; filamentis (connectivis) basi anteriore antheriferis. Antherz biloculares, extrorsæ, loculis discretis longitudinaliter dehiscentibus, pollineque gossypino fetis. Ovarium uniloculare. Ovulum unicum, laterale, rectum, micropyle (?) infera. Fructus baccatus monospermus. Semen lateraliter adnatum. Embryo exalbuminosus, macropodus, extremitate radiculari infera, gemmula supera, nuda, masse amylaceæ (cotyledoni) imposita, et foliolis pluribus constante. Plantae omnino submersæ, in crateribus et æstuariis maris mediterranei et indici vegetantes ; rhizomate repente; foliis lorato-linearibus, basi vaginan- bus; scapo laterali ; spatha diphylla, spathellas diphyllas et distichas fovente, POSIDONIA CAULINI Konig (vid. syn. supr. allat.). — Rhizoma repens et radicans, ramosum, compressum, nunc foliis et dein vaginaram fibrillis invo- lutum, denique nudum, et tunc sulcis transversis, post foliorum lapsum relictis, notatum ; facie inferiori radices adventitias, solitarias, irregulariter distichas, ex axilla foliorum ortas emittens; apice gemmam indefinitam gerens, et alias gemmas, ramorum rudimenta, in axillis foliorum fovens. Folia disticha, vaginato-amplexicaulia, in apice ramorum congesta, fasciculum 452 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. compressum efficientia, læte virentia, flexilia, obtusa et retusa, integra, nervis parallelis approximatis et lacunis transversis notata. Vaginæ in foliis adultis denique fusca, stipulis elongatis, triangularibus, a basi ad apicem adnatis, amplexicaulibus instructas. Scapus 2-3 decim. longus, lateralis, linearis, planus, extus tenuiter unicostatus, folium incrassatum simulans, superne spatha ter- minatus. Spatha bivalvis, foliacea, spathellas 2-4, distichas, bivalves includens. Spathella bivalvis, auriculata, intra valvas spadicem compressum includens; spadice trifloro, rarius 2- aut 4-floro. Flores inferiores triandri, monogyni ; flos superior sape abortivus. Stamina sessilia, antheris bilocularibus, connectivi dilatati apiceque cornuti basi dorsali affixis, extrorsis et longitudinaliter facie externa dehiscentibus; loculis polline gossypino fetis. Ovarium uniloculare, uni-ovulatum ; stylo brevi; stigmate patenti-disciformi, glabro, laciniato ; ovulo lateraliter affixo, recto. Fructus bacciformis, olivæformis, laevis, api- culatus, semen magnum includens; pericarpio carnoso, subcoriaceo, laci- niis irregularibus basi denique dehiscente. Germen magnum, amylaceum, oblongum, subcompressum, hinc convexum et illinc sulcatum, apice atte- nuatum et gemmula polyphylla coronatum, basi macula fusca (micropyle?) notatum. Habitat in arenosis scopulorum vadis et æstuariis maris mediterranei, in sinu galiico, haud procul a Telone (Toulon) et Olbia (Hyères); nec non in littoribus neapolitanis et maris adriatici ; etiam in Nova-Hollandia austra- liore et terra Van-Diemen, si quidem huc Caulinia oceanica R. Br. (Prodr. Fi. Nov. Holl. p. 339) re vera spectat; quod quidem neque negare neque affirmare velim. — Ineunte octobri mense planta nostras floret, et aprili mense sequentis anni fructus maturos profert. M. Decaisne fait remarquer que la définition de l'Espéce donnée par MM. Grenier et Isidore Geoffroy Saint-Hilaire est beaucoup trop large, et qu'elle embrasse des groupes d'un tout autre ordre. Elle peut en effet, dit-il, s'appliquer tout aussi bien au genre et méme à la famille qu'aux groupes inférieurs (races et variétés persis- tantes), puisque, pour ces savants, « l'Espéce est une collection où » une suite d'individus caractérisés par un ensemble de traits dis- » tinctifs dont la transmission est naturelle, régulière et indéfinie » dans l'ordre actuel des choses. » (Is. Geoffr. St-H. Hist. nat. gén- t. H, p. 437). — M. Decaisne croit qu'une définition absolue de l'Espèce est prématurée et méme impossible dans l'état actuel de nos eonnaissances, et que l'expérience seule sera appelée à la for- muler un jour. M. J. Gay présente les observations suivantes : SÉANCE DU 22 jury 4860. 453 OBSERVATIONS DE M. J. GAY SUR LE TRAVAIL DE M. GRENIER RELATIF AU POSIDONIA CAULINI. Adrien de Jussieu distinguait, dans les Monocotylédones aquatiques exalbu- minées apérianthées, les cinq familles des Naïadées, Potamées, Lemnacées, Zostéracées et Joncaginées, et il caractérisait les Zostéracées par leur embryon antitrope, macropode, à tigelle latéralement développée (Z/ém. de Bot., 1'* édit., 1843, p. 564). Il comprenait dans cette dernière famille les genres Thalassia, Posidonia, Cymodocea, Ruppia, Zostera et Phyllospadix (confidence faite par l'auteur, en novembre 1848, d’une classification restée inédite). De tous ces genres, le plus mal connu après le Thalassia, c'était incontes-- tablement le Posidonia, réduit à une seule espèce (P. Caulini), qui est trés répandue dans le bassin de la Méditerranée, mais qui est. d'ailleurs fort rare sur notre globe, puisqu'on ne lui connait d'autre domaine, en dehors de l'Europe méridionale, que les côtes méridionales de la. Nouvelle-Hollande et celles de la terre de Van-Diemen, où elle a été retrouvée par R. Brown. L'élément marin dans lequel vit le Posidonia, souvent à une grande pro- fondeur, était un premier obstacle à l'étude de cette plante, qu'on n'obtenait que mutilée et déchirée, à la suite de quelque tempête qui l'avait arrachée du fond de la mer et rejetée à la cóte. Une autre cause de l'obscurité qui a longtemps régné sur le Posidonia, c'est la singularité de sa structure, sans analogie prochaine avec celle des autres genres de la méme famille, la complication réelle ou apparente de ses divers organes, difficile à comprendre et à expliquer, surtout à une époque où les études morphologiques étaient encore dans l'enfance. De là l'insuffisance, je dirais presque le vide, du premier mémoire qui, en 1792, a ouvert la discussion sur ce sujet, et dont Cavolini, un savant napolitain, était l'auteur. Cavolini n'explique rien, quoiqu'il ait vu et décrit, les uns aprés les autres, à peu prés tous les organes que l'on connait aujour- d'hui dans le Posidonia. De là l'interprétation tout à fait imaginaire que plus tard Turpin a donnee de l’inflorescence de notre plante dans une planche de l'atlas du Dict. des sc. nat, de Levrault, planche reproduite par M. Reichenbach dans ses /cones F1. germ. et helv., et d'où M. Grenier avait lui-même, dans sa Flore de France, tiré le caractère générique du Posidonia. Depuis Turpin, Adr. de Jussieu avait fait connaitre plusieurs des caractères essentiels de la graine, y compris la germination et la singuliere plumule gem- miforme de son embryon. De son côté, M. Gasparrini avait récemment, dans le Flora inarimensis de M. Gussone, tracé un nouveau caractère du Posidonia, mais obscur quant à A5^ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. l'inflorescence et certainement fautif à d'autres égards, à l'égard du pédon- cule floral dit terminal, à l'égard du fruit pris pour un bulbe, à l'égard de l'embryon dont le canal longitudinal central était comparé à un filament destiné à se prolonger inférieurement en racine lors de la germination, etc. Plus récemment encore, M. Germain de Saint-Pierre (1), étudiant la struc- ture de la graine, avait été conduit à assimiler à l'hypoblaste des Graminées, dans lequel il voit un véritable cotylédon, la masse charnue qui compose presque toute la graine du Posidonia, cette masse qui, pour Adr. de Jussieu, était une tigelle. Les choses étaient en cet état, lorsque d’heureuses circonstances ont fourni à M. Grenier les moyens d'étudier à nouveau, avec des matériaux frais, les questions si litigieuses auxquelles donnait lieu, depuis soixante- huit ans, la structure du Posidonia. Vous avez entendu, Messieurs, le résultat de ses observations, et vous v aurez remarqué comme moi, j'espere, si ce n'est la solution de toutes les dif- cultés pendantes, au moins un pas fait en avant pour la meilleure connaissance de notre plante. Ce n'est pas que M. Grenier ait apporté aucun fait ni aucune vue nouvelle à la question du pistil. L'ovule reste avec son mystère de tégu- ments sans micropyle, etla graine avec sa plumule gemmiforme inexpliquée, comme l'est aussi son canal central. Mais le progrès se révèle sur deux points dont je veux dire quelques mots en négligeant tout le reste, sur quoi je n'ai pas encore de données suffisantes pour asseoir un jugement; je m'attache à deux points seulement, le systeme de l'inflorescence et les rapports de la hampe florale avec le rhizome qui lui donne naissance. Sur l'inflorescence du Posidonia, je n'avais rien lu qui me parüt satisfaisant. Ce qu'en dit M. Grenier, sauf peut-être les termes par lesquels il désigne les organes, me parait, au contraire, rendre un compte exact des choses. Sur un axe de 5 à 12 millimètres de longueur, se succèdent deux ou rarement trois feuilles qui se suivent dans l'ordre alterne-distique, ouvertes à la base, mais embrassantes. A l'aisselle de chaque feuille est un rameau pourvu de deux folioles basilaires, l'inférieure adossée à l'axe (c'est la préfeuille dans sa position normale pour les plantes monocotylédones), la supérieure adossée à la feuille- mère, et toutes deux plus courtes que cette dernière. Sur l'axe prolongé de ce méme rameau naissent alternativement, et dans l'ordre distique, deux ou trois, rarement une ou quatre fleurs sessiles et nues, c'est-à-dire dépour- vues de périgone. Les fleurs inférieures sont hermaphrodites et se composent d'un pistil central, entouré de trois étamines hypogynes, sans filament, à con- nectif trés dilaté qui se termine en rostre, et à anthères extrorses. Quant à la fleur supérieure de chaque rameau axillaire, elle est ordinairement réduite aux organes mâles. ‘Telle est, en pen de mots, et sauf les avortements qt! (4) Voy. le Bulletin, t. IV, p. 577. SÉANCE DU 22 JUIN 4860. A55 quelquefois modifient cet appareil, l'idée que je me fais, d'apres M. Grenier, de l'inflorescence du Posidonia. On voit que c'est une grappe très simple ou un épi légèrement composé, avec bractées foliacées, plus longues que les rameaux floraux. L'épi floral termine une hampe rubanée, provenant du rhizome très rameux que tout le monde connaît. M. Gasparrini avait dit cette hampe terminale, M. Grenier est le premier qui ait montré que non-seulement elle est latérale, mais qu'elle n'est point axillaire, quoique comprise dans l'ordre alterne- distique des feuilles ; et c'est là une autre observation toute nouvelle dont j'ai à féliciter notre honorable confrère. Une hampe latérale, qui n'est pas en méme temps axillaire! Cette particu- larité a beaucoup occupé M. Grenier, qui ne connaissait aucun fait analogue, si ce n'est une note de M. Planchon, où il est dit que, dans le genre Nym- phœæa, les pédoncules occupent la place d'une feuille, par suite de l'avorte- ment de la bractée florale. Pour expliquer ce phénomène, l'auteur du mémoire que vous venez d'en- tendre s'est posé trois questions : La hampe du Posidonia est-elle une feuille transformée? Faut-il y voir une partition du mérithalle qui lui a donné nais- sance ? La hampe n'est-elle extra-axillaire que par suite de l'avortement de sa feuille-mere? Aprés une longue discussion sur la valeur de ces trois suppositions, M. Grenier se décide pour la dernière : c'est celle qui est la plus vraisem- blable et celle qu'il préfère. Je suis complétement de son avis, et j'ai pour cela des raisons que l'auteur n'a pas données, raisons qui font que les deux premières suppositions ne méritent pas méme d'être discutées. En pareil cas, ce sont les analogies qui décident le plus sûrement les questions, et les analogies résultent de faits semblables dûment constatés, M. Planchon avait déjà signalé un de ces faits dans l'insertion du pédoncule floral des espèces du genre Nymphæa, où les feuilles se succèdent sur leur axe dans un ordre spiral. J'en ai moi-même fait connaître deux autres dans les Narcissus elegans et serotinus, où l'ordre phyllotaxique est le même que dans le Posidonia, c'est- à-dire alterne-distique, et où la feuille florale manque complétemeut (J. Gay, Premier mémoire sur les Amuryllidacées; dans Ann. des se. nat., h° série, t. X, 1859, p. 81 et 82), ce qui m'a fait introduire (ibid. , p. 90) les mots : Scapi floralis matriz folium nullum, dans le caractère du groupe auquel appartiennent les deux plantes (1). Le fait aurait-il été mal jugé par moi? Non, et cela pour deux raisons (1) La méme défectuosité se retrouve encore dans le Bravoa geminiflora , Ama- ryllidacée anomale, sur le bulbe de laquelle les feuilles sont disposées en spirale. 456 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. pérempioires. La première, c'est que l'absence de la feuille florale est icile seul désordre qu'on puisse remarquer sur l'axe qui porte la hampe. Supposez la feuille florale rétablie, et il n'y aura plus aucune interruption dans l'ordre alterne-distique qui relie les feuilles, tant au-dessus qu'au- dessous de la hampe. L'autre raison, c'est qu'ici l'absence de la feuille florale n'est que le maxi- mum d'un avortement que j'ai rencontré dans d'autres Narcissées, où la feuille florale, habituellement plus courte et plus faible que ses voisines, se raccourcit et s'atrophie fréquemment jusqu'à la proportion d'une écaille difficile à aper- cevoir, qui méme échapperait à l'œil le plus exercé, s'il n'avait précédemment observé à la même place une véritable feuille dont l'avortement était moins avancé. J'ai déjà indiqué l'Ajax Pseudonarcissus et le Narcissus Tazetta comme offrant des exemples de cet avortement, très voisin de l'entière extinc- tion de l'organe (mémoire précité, p. 82). Mais aujourd'hui je puis citer plusieurs autres Narcissées où il se montre plus ou moins fréquemment. Ce sont les Narcissus stellaris, Jonquilla et tenuior, et le Carregnoa humilis. On le trouvera presque constant, et pour ainsi dire passé à l'état normal, dans le Narcissus Tazetta, ainsi que dans toutes les prétendues espèces qui en ont été si mal à propos détachées par les auteurs modernes (1). Consulté sur ce point par M. Grenier dans le cours de son travail, et heu- reux de lui éviter, s'il était possible, quelques tàtonnements, j'avais appelé son attention sur les faits dont je viens de parler, ceux du moins qui étaient alors publiés, en lui indiquant la source où il les trouverait exposés. M. Gre- nier n'en a fait aucun usage, sans doute parce qu'il n'a pas bien saisi l'étroit rapport qu'ils avaient avec son sujet. Si je les rappelle ici, c'est sur- tout pour appuyer d'un nouvel argument l'opinion qu'il s'est faite à juste titre sur l'origine et la nature de la hampe florale du Posidonia. M. Duchartre fait à la Société la communication suivante : NOTE SUR UNE PARTICULARITÉ QUI S'EST MONTRÉE, EN 1860, DANS LA VÉGÉTATION DE LA POMME-DE-TERRE-MATUOLIN, par M. IP. DUCHARTRE. La végétation de la Pomme-de-terre-Marjolin a présenté, cette année, un fait remarquable, dans un grand nombre de localités différentes oü cetie pré- cieuse variété hátive est cultivée en plein air. Une quantité considérable de tubercules-semence n'ont pas donné de fanes, de telle sorte que les plantations laissaient voir de nombreuses lacunes. Cependant la plupart de ces mémes * (1) Je retrouve dans mes notes plusieurs autres Amaryllidées, dans lesquelles Ja feuille florale est ou habituellement ou fréquemment rudimentaire. Ce sont, entre autres, Phedranassa fuchsioides, Eucharis amazonica et Eurycles silvestris. SÉANCE DU 22 JUIN 1860. A57 tubercules ont développé en terre de nouveaux tubercules d'un volume par- fois à peu prés normal, souvent méme presque aussi nombreux qu'on les trouve habituellement au pied des plantes dont la tige s'est montrée et accrue comme de coutume. On voit donc que les productions souterraines de la Pomme-de-terre-Marjolin ont suivi la marche presque normale de leur formation en l'absence des parties aériennes qui concourent à leur développe- ment dans la marche normale de la végétation. Malheureusement on manque d'observations suffisantes pour établir comment s'est faite cette végétation anomale. — Il est connu que ce fait est assez fréquent dans les cultures de la Pomme-de-terre-Marjolin qui, dans un grand nombre de cas, lève inéga- lement et présente un. mélange de pieds pourvus de tige aérienne avec des pieds qui n'offrent que des rameaux souterrains tubériformes. — Les nom- breux documents qui ont été communiqués sur ce sujet à la Société impériale et centrale d'horticulture concordent presque tous sur ce point que les tuber- cules de Pomme-de-terre-Marjolin, ne portant qu'un petit nombre de bour- geons, ne remplacent que trés difficilement les germes provenus de ces bour- geons, lorsqu'ils ont été cassés ou détruits par l'effet d'une cause quelconque. Peut-être est-il permis de penser que, dans ce cas, la base des germes rom- pus peut encore émettre les Fourgeons qui donnent naissance aux tubercules, tandis que le prolongement méme des pousses, une fois détruit, n'est pas remplacé ou ne l'est que fort rarement. M. Decaisne rappelle que cette anomalie a été signalée déjà dans la Revue horticole. C'est surtout en hiver qu'elle se produit, et on ne l'a observée que sur la variété dite Pomme-de-terre- Marjolin. Elle est vraisemblablement causée par le défaut de chaleur et de lumiére. M. J. Gay présente plusieurs nouveaux exemples d'une végétation anomale du Leucoium æstivum, par suite de laquelle un méme individu porte plusieurs bulbes superposés sur un méme axe, et séparés par de longs entre-nœuds, anomalie dont M. Gay a déjà entretenu la Société (1). NOUVELLES OBSERVATIONS SUR UNE ANOMALIE BULDAIRE DU LEUCOIUM ÆSTIVUM, par M. J. GAY. Je n'ai rien à changer, dit M. Gay, à la description que, l'année derniere, J ai donnée de ce phénomène. Après nouvel examen, il est toujours certain pour moi que chaque bulbe superposé provient du bourgeon terminal du (1) Voyez le Bulletin, t, VT, p. 266. A58 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. bulbe sous-jacent, bourgeon dont le premier entre-nœud, sous la première feuille, s'est allongé de manière à exhausser considérablement le bulbe supé- rieur, au lieu de rester rudimentaire comme il l'est dans l'état normal. Le fait, donc, reste le méme, mais je puis aujourd'hui y ajouter quelques détails qui feront mieux connaitre et le phénoméne et ses causes probables dont, l'année derniére, je n'avais pas la moindre idée. Les échantillons à deux bulbes étaient les seuls que j'eusse alors à ma dis- position. Grâce au zèle et à l'obligeance de M. Charles Martins, je suis aujour- d'hui en mesure d'en produire quelques-uns qui montrent trois bulbes super- posés. Avec deux bulbes, l’entre-nœud varie de 4 à 41 centimètres de longueur. Avec trois bulbes, c'est tantôt l’entre-nœud inférieur qui est le plus long, tantôt le supérieur, sans que les deux entre-nœuds réunis soient nécessaire- ment plus longs que l'entre-neeud unique. Ce sont les bulbes adultes, et déjà àgés de deux ou trois ans, qui sont séparés par des entre-nœuds d'une longueur notable. Quant au bourgeon terminal du bulbe supérieur, bourgeon qui, deviendra bulbe l'année pro- chaine, je l'ai trouvé sessile dans les cinq bulbes que j'ai successivement analysés pendant que la plante était encore en végétation (80 mars 1859 et 19 juin 1860). Si l’entre-nœud rudimentaire qui précède ce bourgeon doit s'allonger, comme l'a fait celui des bourgeons précédents, ce ne sera que plus tard et lorsque la plante sera entrée dans sa période de repos estivale. Les bulbes superposés paraissent avoir végété sous des influences diffé- rentes et fàcheuses pour le bulbe ou les deux bulbes inférieurs. Pendant que le bulbe supérieur végète vigoureusement, accompagné de longues feuilles et quelquefois d’une inflorescence parfaite, on ne trouve, sous les tuniques des autres bulbes (qui ont été bases de feuilles en leur temps) qu'un rudiment complétement avorté d'inflorescence, qui méme y manque très souvent. Ces derniers bulbes ont tous été stériles, et il est évident qu'ils ont souffert dans leur développement, quoique souvent leur volume et leur apparence exté- rieure n’annoncent rien de semblable. D'où vient cette infirmité? Je ne m'en doutais pas l'année dernière, ef c'est à une communication toute récente de M. Charles Martins que je dois les premiers indices dela cause probable, cause qui détermine aussi la produc- tion de plusieurs bulbes sur un méme axe. Le Leucoium œstivum est assez répandu aux environs de Montpellier, mais les individus à plusieurs bulbes y sont comparativement trés rares, et les circonstances du terrain où ils se trouvent sont essentiellement différentes de celles qui accompagnent la plante unibulbée, Tandis que cette dernière vient dans les terrains compactes et depuis longtemps tassés, qu'elle se trouve dans les prairies et au bord des fossés, l'autre n'a été jusqu'ici rencontrée qu'en deux endroits, sur des terrains rapportés, là où des travaux de terrassement SÉANCE DU 29 Jurn 1860. A59 avaient recouvert l'ancien sol d'une couche nouvelle plus ou moins épaisse. Là est, selon toute apparence, l'explication du phénomène. Enfouie à un décimètre de profondeur daus l'ancien sol, la plante unibulbée aura, par des mouvements périodiques d'année en année, allongé successivement son axe au travers du remblai, pour amener enfin son bourgeon terminal à la méme distance de la surface de ce remblai qu'était le bulbe primitif de la surface de l'ancien sol, allongement qui est de 4 à 14 centimètres dans les cas que j'ai vus. En commençant ce mouvement, la plante a. dû souffrir, pour se remettre ensuite à mesure qu'elle se rapprochait davantage du milieu atmosphérique ; de là l'infirmité des bulbes inférieurs et la bonne végétation du. bulbe ter- minal. Aussi ai-je eu sous les yeux une plante à deux bulbes, dont le bulbe supérieur renfermait, sous ses tuniques extérieures, les restes évidents d'une inflorescence précédente. Ce bulbe avait donc deux années d'áge, et il se composait de deux générations, dont la seconde avait suivi la premiére sans aucun écartement, parce que cette derniere était depuis plus d'un an dans sa position normale relativement à la surface du sol et aux agents atmosphériques. Ici donc, comme le pense M. Ch. Martins, le remblai à percer a été très probablement cause de l'allongement de l'axe et de la production de plusieurs bulbes sur in méme axe. Une expérience bien conduite de bulbes enfouis à dessein à différentes profondeurs pourra convertir la conjecture en certitude. Cette expérience, M. Ch. Martins l'a déjà commencée. Les plantes qui m'ont fourni le sujet de cette nouvelle note ont été prises, par les soins de M. Charles Martins, en partie à Lattes, en majeure partie à la station de Villeneuve du chemin de fer de Montpellier à Cette. C'était le 15 de ce mois de juin, alors que la plante ne montrait plus que des feuilles flétries et des hampes fructifères desséchées, et lorsque le bourgeon terminal, destiné à l'an. prochain, mesurait déjà de 20 à 55 millimètres (au lieu de 9 millimètres qu'il mesurait au moment de la floraison, le 30 mars 1859, sur une autre plante à deux bulbes de la méme localité). M. J. Gay présente ensuite un pied, vivant et en fleur, de la plante qui a été récemment décrite et figurée par M. Duchartre (Journ. de la Soc. imp. et centr. d'hortic., 1859, t. V, p. 206-217, cum. ic.), sous le nom de Pyrethrum Willemoti, et ajoute ce qui suit : NOTE DE M. J. GAY SUR LA PLANTE DÉSIGNÉE SOUS LE NOM DE PYRETHRUM WILLEMOTI. L'individu que je présente provient de graines élevées au Jardin-des- plantes de Paris, et fournies par M. Willemot lui-même. Pas de doute, par conséquent, sur l'identité de l'échantillon avec la plante décrite par A460 SOCIÉTÉ DOTANIQUE DE FRANCE. M. Duchartre, qui la tenait de M. Willemot, à qui aussi il la dédiait par son nom spécifique. Mais il y a une double erreur à signaler dans l'histoire, pourtant toute récente, de cette plante, et je crois devoir la relever dans l'intérét de la géogra- phie botanique et de la synonymie. Les indications fournies par M. Willemot portant qu'il avait recu les graines de cette plante de Tiflis en Géorgie, M. Duchartre dut naturellement la chercher dans les Flores qui embrassent la végétation caucasienne, Engagé dans cette vole, et sur la foi d'un échantillon incomplet, conservé aux galeries de botanique du Muséum d'histoire naturelle, il crut d'abord l'avoir trouvée dans le Pyrethrum elongatum Fisch. et Mey. (DC. Prodr., VI, p. 56; Ledeb. FL. ross., I, p. 548), et c'est sous ce nom qu'il en a d'abord parlé (Journ. Soc. d'hort. IV, 1858, p. 658). Bientót pourtant M. Duchartre s'apercut que l'échantillon du Muséum, sans fruits, et d'ailleurs incomplet, répondait mal à sa plante. Il fut frappé, en outre, de cette circonstance que M. Boissier (Diagn. pl. or., X1, 1849, p.20) rapportait le Pyrethrum elongatum au genre Chamcæmelum de Visiani (F1. dalm., VÀ, 1847, p. 84), genre fondé sur des caractères carpiques tels que sa plante ne pouvait nullement y appartenir. C'est ainsi que notre honorable confrére, toujours persuadé qu'il avait affaire à une plante caucasienne, et ne la trouvant. clairement indiquée dans aucune Flore russe, fut conduit à la regarder comme nouvelle. De là le nom de Pyrethrum Willemoti qui lui fut donné par M. Duchartre, en l'honneur de l'horticulteur qui le premier l'avait introduite en France et déjà la culti- vait en grand pour l'usage économique dont je parlerai tout à l'heure. Mais, si les graines sont venues de Tiflis, si la plante y est cultivée, comme le dit M. Willemot, ce n'est point de là qu'elle est originaire, non plus que d'aucun autre point du vaste empire russe, du moins à en juger par tous les documents publiés jusqu'à ce jour. Sa véritable patrie est la Dalmatie, et c'est dans la Flore de cette contrée, où elle est connue depuis l'an 1694, qu'il fal- lait chercher son nom. Le Pyrethrum Willemoti n'est, en effet, autre chose que le Pyrethrum cinerariefolium "Yrevir. Ind. sem. hort. Vratisl. ann. 1820; DC. Prodr. VI, 1837, p. 55. — Chrysanthemum Turreanum Vis. Stirp. dalmat. specim. 1826, p. 19, tab. 8. — Chysanth. cinerariæfolium Vis. Fl. dalmat. H, 1847, p. 88, plante dont Visiani dit : Habitat in sazxosis, umbrosis, et apricis totius Dalmatie vulgare, et qui jusqu'ici n'a pas été observée ailleurs qu'en Dalmatie, si ce n'est dans un petit état limitrophe, le Montenegro. Le Pyrethrum Willemoti fait, depuis deux ans, quelque bruit dans le monde horticole de Paris, en raison de la propriété qu'ont ses feuilles et ses capitules pulvérisés de chasser ou détruire quelques-uns des insectes le plus incommodes à l'homme, les puces particulièrement, Or telle est aussi la pro- SÉANCE DU 22 Jurn 1860. 7 ^61 priété dès longtemps connue du Pyrethrum ou Chrysanthemum cineraric- folium, ainsi que Visiani le témoigne en ces termes : « Capitula hujus in pulverem trita pulices enecant tum hominis tum animalium, horumque stra- mini hac de causa immiscetur herba, nec Chrysanthemum Leucanthemum ut scripsit Cantraine (v. Bullet. de l'Acad. de Bruxelles, 4841, vol VIN, p. 234). Insuper pulveris ejusdem fumigationes culices obstupefaciunt et contra ipsos jamdiu in Dalmatia, et modo etiam in regno veneto usuve- niunt » Vis. Fl. dalm. II, p. 88. On voit par ce passage que la poudre de Pyrèthre peut être employée utile- ment, non-seulement contre les puces, mais aussi contre les cousins ou moustiques, ce qu'on ignore, je crois, encore à Paris, où heureusement les cousins sont bien moins redoutables que dans le midi de l'Europe. En méme temps que le Pyrethrum Willemoti cultivé, je présente des . échantillons desséchés, provenant directement de la Dalmatie, tels qu'ils ont été distribués en 1830 par la Société d'Esslingen sous le nom de Chrysanthe- mum Turreanum Vis., et en 1831 par M. Reichenbach (Zzsicc. n. 218) sous celui de Pyrethrum cinerariæfolium Trevir. I est facile de voir que les deux plantes sont parfaitement identiques. M. Duchartre fait observer que la détermination de la plante en question, sous le nom de Pyrethrum elongatum, était due à M. Decaisne. Quant à lui, depuis la publication de sa notice, il a eu trés imparfaitement connaissance de l'existence du P. cinerariæ- folium Trev., et il en est résulté dans son esprit quelques doutes sur la légitimité du P. Willemoti; mais il n'avait pas eu l'occasion de faire la vérification à laquelle M. Gay s'est livré. M. de Schenefeld rend compie, en quelques mots, des principaux résultats d'une excursion botanique de cinq jours, qu'il vient de faire dans l'arrondissement de Rambouillet (Seine-et-Oise), en compagnie de MM. Cosson et Kralik. — Ces messieurs se réservent de faire ultérieurement à la Société une communication plus étendue Sur l'asséchement des étangs et marécages qu'ils ont. explorés, et sur les changements de végétation qui en sont la conséquence. M. Decaisne présente à la Société des fleurs d'une variété de Melon, dite Sucrin-blanc, où se montre une anomalie qui offre de l'intérét pour la solution de la question, silongtemps controversée, de l'origine organique des vrilles de Cucurbitacées. Celle anomalie, dit M. Decaisne, consiste en ce que, dans la plupart des fleurs mâles de cette variété, une ou plusieurs folioles calicinales se pro- A6? SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. longent à leur sommet en une vrille ordinairement enroulée, ou sont elles- mêmes totalement transformées en vrilles. On se rappelle qu'en 1855, M. Naudin a publié sur ce sujet un mémoire (voyez Ann. sc. nat., h° série, t. IV, p. 5) dans lequel il cherche à démontrer, par des faits tératologiques, d'ailleurs figurés dans son mémoire, que la vrille des Cucurbitacées n'a rien de commun avec les stipules proprement dites, et qu'elle résulte des nervures d'une foliole, le plus souvent dépourvue de parenchyme, et qui appartient à un rameau atrophié dont elle est, sauf certaius cas d'anomalie, l'unique pro- duction. Cette interprétation, quoique basée sur des faits nombreux et fort remarquables, a été repoussée par M. le docteur Clos, qui maintient que la vrille, ici, est une dépendance de la feuille adjacente, et, pour nous servir de ses propres expressions, un organe appendiculaire em partie avorté, ana- logue à la vrille du Lathyrus Aphaca, mais provenant d'un dédoublement collatéral de la feuille normale (voyez Bulletin de la Soc. bot. de Fr. ,t. M, p. 546). Or, dans le nouvel exemple qui est mis sous les yeux de la Société, pas plus que dans ceux qui ont été signalés il y a cinq ans par M. Naudin, il n'est possible d'invoquer un dédoublement quelconque, puisque c'est la nervure médiane elle-même de la foliole du calice qui se transforme en vrille. Ainsi, daus les Cucurbitacées, les vrilles ne sont pas des dédoublements latéraux des feuilles ; elles ne sont pas davantage des axes divisés, ni des pédoncules atro- phiés, ni des stipules unilatérales, ni des racines. Devant les faits, toutes ces hypotheses, aussi gratuites qu'ingénieuses, doivent tomber. M. Duchartre fait à la Société la communication suivante : NOTE SUR UNE TULIPE A TIGE TRIPARTIE, par M. IP. DUCHARTRE. Les exemples de partition de la tige du Tulipa Gesneriana, donnant nais- sance à deux prolongements terminés chacun par une fleur, sont assez fré- quents dans les jardins; cette année une planche de Tulipes, d'une assez faible étendue, m'en a offert en méme temps trois; je crois donc inutile de m'en occuper. Mais je désire appeler un instant l'attention de la Société sur une partition plus complexe, à deux degrés, par suite de laquelle un pied de Tulipe, cultivé dans la méme planche, portait trois fleurs parfaitement dévelop- pées et à fort peu prés d'égales dimensions. Cette anomalie m'a semblé assez curieuse, soit sous ce rapport, soit par la disposition des feuilles situées au point où se faisait la première division. La tige de cette Tulipe était entièrement normale et cylindrique à sa base- A une faible hauteur au-dessus du sol, et à partir de la premiere feuille, elle se creusait latéralement de deux sillons opposés, dont un plus profond, qui venaient aboutir chacun à l'un des deux bords de la seconde feuille. L'entre- nœud intermédiaire à ces deux feuilles avait environ 0,06 de longueur. Le SÉANCE DU 22 JUIN 1860. 463 troisième entre-nœud avait 0",09 de longueur ; il montrait la. continuation des deux sillons latéraux, qui se creusaient de plus eu plus du bas vers le haut, et à son extrémité supérieure se faisait la première partition. Au niveau de cette division se trouvaient trois feuilles inégales en grandeur. La plus grande de ces feuilles (A) jouait le rôle de feuille-mère (ou axillante) relati- vement à la plus grosse des deux divisions de la tige ; mais sa moitié gauche était insérée dans la scissure méme, c’est-à-dire dans l'angle formé par la bifurcation. La deuxieme feuille (B), plus petite que la première, était en partie adossée dos à dos à celle-ci, mais son bord droit arrivait seul jusqu'à l'angle de bifurcation ; son insertion était trés oblique sur la tige, et méme sa portion inférieure était déchirée par l'effet de l'allengement qu'avait pris la tige dans l'étendue de la ligne oblique tracée par son insertion. La troisième feuille (C) avait une insertion symétrique à celle de A, c'est-à-dire qu'elle jouait relativement à la plus petite ramification le róle de feuille-mére (ou axillante), et avait une de ses moitiés insérée presque tout entière dans l'angle de la bifurcation. Ainsi les deux feuilles A et C, situées au niveau de la bifur- cation, étaient à moitié intérieures relativement aux deux ramificatious de la tige. La plus faible de ces ramifications ne formait qu'un prolongement nu, long de 0",30, que terminait une fleur parfaite. Quaut à la plus forte, elle portait, au bout d'une longueur de 0",02, une feuille (D) opposée à la feuille A et longue d'environ 0,15. Au-dessus de cette feuille D, cette demi-tige se creusait latéralement de deux sillons opposés qui devenaient de plus en plus prononcés du bas vers le haut, et qui lui donnaient l'apparence de deux cylindres inégaux d'épaisseur, soudés entre eux de maniere à se confondre de plus en plus. La division de cette demi-tige, ou la seconde partition, ne pré- sentait pas de feuille et s'opérait par une simple séparation des deux moitiés inégales qui étaient restées confondues jusque-là. Chacune des branches qui en provenait se terminait par une fleur trés bien organisée et aussi grande que celle des pieds de Tulipe voisins, dans lesquels rien de pareil ne s'était produit. Les particularités qu'offraient ces deux branches n'avaient rien de remarquable, si ce n'est peut-étre que l'une d'elles formait d'abord une spire sur elle-même dans un sens et plus haut dans un sens opposé. A64 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SÉANCE DU 13 JUILLET 18 60. PRÉSIDENCE DE M. DECAISNE. M. Eug. Fournier, vice-secrétaire, donne lecture du procès- verbal de la séance du 22 juin, dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la derniére séance, M. le Président proclame l'admission de : Me veuve Ricanp, au château du Parquet prés Maromme (Seine- Inférieure), présentée par MM. J. Gay et de Bouis. MM. AuLEIzZETTE (Charles d"), directeur des postes, à Nantua (Ain), présenté par MM. Duchartre et Decaisne. DaiLLE, pharmacien, à Périgueux (Dordogne), présenté par MM. Chatin et Goubert. M. le Président annonce en outre quatre nouvelles présentations. Dons faits à la Société : 1° De Ia part de M. Perrottet : Lettre sur l'introduction du Vanillier à l'ile de la Réunion. 2» De la part de M. Bernard Durand : Méthode et instructions pratiques pour l'extinction progressive de la gattine. 3 Boletin de la Societad de naturalistas neogranadinos, 2 feuilles, Bogota, 1860. h° En échange du Bulletin de la Société : Bulletin de la Société impériale zoologique d'acclimatation, juin 1860. Pharmaceutical journal and transactions, juillet 1860. L'Institut, juin et juillet 1860, trois numéros. M. de Schenefeld, secrétaire, annonce que la Société a obtenu de la bienveillance Gane de toutes les Compagnies de chemins de fer de France, pour son prochain voyage à Grenoble, les mêmes avantages qui lui ont été accordés pour ses précédents voyages SÉANCE DU 13 JUILLET 1860. A65 M. Eug. Fournier, vice-secrétaire, donne lecture de la communi- cation suivante, adressée à la Société : SUR LA FLORAISON DES VIOLA DE LA SECTION NOMIMIUM, DE L'OXALIS ACETOSELLA ET DU LINARIA SPURIA, par M. Eugène HECBHALET. (Dóle, 4 juillet 1800.) L'Oxalis Acctosella m'a fourni dernièrement l'occasion d'une observation dont je ne trouve aucune trace dans les diverses Flores que j'ai entre les mains, et que dés lors je me crois autorisé à considérer comme nouvelle; c'est le fait d'une seconde floraison en tout semblable à celle qui a lieu dans les Vio- lettes de la section Nomimium. Disons d'abord quelques mots de ces dernières. On à remarqué depuis longtemps que les fleurs pétalées de certaines espèces de Violettes, V. mirabilis entre autres, ne donnent pas, ou du moins ne donnent que rarement des capsules fertiles, et que les graines sont pro- duites par des fleurs privées de corolle. Bernardin de Saint-Pierre a trés bien connu cette singularité, qui a été consignéc, mais incidemment, par M. de Gingins dans son mémoire sur les Violariées, En 1823, M. Monnier (de Nancy) inséra dans les Archives de Botanique de Guillemin, t. I, p. 412, une Note Sur quelques espèces du genre Viola, spécialement consacrée à la description de ce phénomène, dont il avait constaté l'existence sur la plupart des espèces de la section Nomimium, excepté pourtant V. canina auct. vet. (V. silvestris Rchb.). Plus tard, Koch, dans son Synopsis, usa de ce caractère distinctif en l'appliquant à toutes les espèces de cette section : Flores seriores apetali. Enfin, en 1854, M. Timbal-Lagrave rappela encore ces particularités dans une étude sur les caractères spécifiques de quelques Viola (1). Aucun auteur, cependant, ne paraît avoir pris le soin de décrire avec quelques détails ces fleurs de seconde époque, qui sont vraiment remarquables par la petitesse de leurs organes. M. Monnier a dit seulement qu'elles sont "Sans corolle, à cinq étamines presque toujours libres et plus courtes que l'ovaire, » Cela est peu exact, surtout si on l'applique aux fleurs qui se mou- trent dans les mois de mai et juin. Ce sont principalement ces dernières que j'ai étudiées, en me servant de préférence de V. olba Bess., y compris V. sco- tophylla Jord., espéce qui, dans nos bois taillis, donne abondamment de ces sortes de fleurs. Je dois dire, toutefois, qu'une petite lacune pourrait exister dans mes observations relativement. aux premieres fleurs apétalées, à cause des transitions qu'elles offrent de temps en temps entre les deux états, et que je n'ai pas eu la facilité de suivre assez assidüment, (1) Extrait d'un mémoire lu à la Société de médecine et de pharmacie de Toulouse, le 21 mai 1853, et publié en 1854. kr VE 30 A66 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRAN&E. Les fleurs de seconde époque commencent à apparaitre à la fin de la flo- raison vernale, puis elles durent pendant une partie de l'été et méme jusqu'à l'automne. Elles naissent, comme les autres, aux aisselles des feuilles des rosettes et aussi quelquefois sur les jeunes stolons; on en peut observer sur une méme rosette trois ou quatre à des àges différents de développement équi- valant à des intervalles de douze à quinze jours. Les pédoncules en sont trés courts (1 ou 2 centimètres) au moment de la fécondation ; ils s'allongent un peu ensuite, mais restent toujours trés courbés, et s'enterrent méme souvent avec la capsule qu'ils portent. Les fleurs (prises en mai et juin) sont extrémement petites; elles n'ont que 2 à 3 millimètres de longueur sur 1 à 4 1/2 de largeur, c'est-à-dire le quart à peine des dimensions des fleurs corollées. On les prendrait pour des boutons encore bien éloignés de l'anthese, lorsque déjà celle-ci s'accomplit sous l'enve- loppe hermétiquement close du calice. Au sommet de celui-ci existe un vide relativement assez considérable, destiné, sans aucun doute, à favoriser l'opé- ration de la fécondation. Les sépales ne s'entr'ouvrent que plus tard, par le grossissement de la cap- sule; ils sont appendiculés à leur base comme ceux des fleurs vernales. Les pétales, de prés de moitié plus petits que les sépales (1 millim. au plus de longueur), sont ovales, hyalins-transparents. Quoique souvent il n'y en ait qu'un ou deux, je ne les ai pas vus avorter complétement ; c'est pourquoi il ne serait pas exact de dire : fleurs apétales. Les filets des étamines sont trés dilatés et tout à fait pétaliformes quand on les voit par le dos. Ils sont à peu près de la longueur des pétales et libres entre eux, comme l'a observé M. Monnier. Vus du côté interne, ils présentent sur leur milieu deux sacs allongés, parallèles, gros comme des ovules, et qui sont les loges pollinifères. La longueur de ces sacs est de 3 à 4 dixièmes de milli- mètre. A quelque époque que je les aie examinés, je n'ai pu les voir ouverts pour l'émission du pollen. Ils restaient encore intacts, quant à l'enveloppe, sur des fleurs évidemment déjà fécondées. La masse pollinique qu'ils contiennent est comme déliquescente. L'ovaire, de 0™™,7 environ de diamètre, est glabre lors de la fécondation, et se couvre ensuite de poils cellulaires. Les ovules sont normalement disposés sur les trois placentas pariétaux, mais le style et le stigmate offrent une Con- formation particulière. Le style est tellement accourci, qu'il semble manquer totalement. Quant au stigmate, au lieu d’être atténué en bec comme dans les fleurs corollées, il est obliquement tronqué et évasé en entonnoir à son Son met. La cavité de cet entonnoir communique directement avec l'intérieur de l'ovaire, ainsi qu'il est facile de s'en assurer en introduisant une fine aiguille par cette sorte de goulot. La surface stigmatique m'a paru lisse et non papil- leuse. La fécondation opérée, ce petit canal s'oblitére et se dessèche de facon à fermer l'ovaire, SÉANCE DU 13 JUILLET 1560. 167 Le mystère de cette fécondation reste donc assez obscur. A un moment donné, il parait bien qu'il y a eu contact organique entre le sommet des sacs polliniques et le stigmate ; mais comment a eu lieu la transmission du principe fécondant? C'est ce que mes observations, faites, il faut le dire, sans le secours d'instruments assez puissants, ne m'ont pas encore dévoilé, Les mêmes faits se passent dans les V. Airta et odorata. Quant aux espèces caulescentes, je n'ai été en mesure d'examiner que V. Æiviniana, et encore cette plante était-elle déjà bien avancée. A l'exception du stigmate, qui, tout en étant perforé comme dans V. alba, est plus recourbé en crochet et moins évasé au sommet, je n'ai pas constaté de différence importante (1). J'arrive aux fleurs de l'Uzalis Acetosella. Celles du printemps apparaissent toutes ensemble, avant ou avec les feuilles. Elles sont élégamment pétalées, et le limbe de la corolle atteint 12 à 15 milli- mètres. Le pédoncule est dressé, haut de 6 à 10 centimètres, et, comme celui des Violettes, muni vers le milieu de deux petites bractées souvent réunies en une seule qui est alors bifide. L'ovaire, longuement dépassé par les étamines, est surmonté de cinq styles persistants. Dans ces fleurs, et c'est en quoi elles different notablement de celles des Violettes, la fécondation s'opère parfaite- ment, et la maturité a lieu vers la fin de mai, époque à laquelle les graines se projettent au loin en vertu des singulières propriétés de déhiscence élastique de l'arille qui les enveloppe. A ces fleurs vernales en succèdent d’autres véritablement microscopiques, grosses comme une tête d'épiagle, souvent hypogées, à pédoncule très court et toujours courbé en crochet, à pétales inclus, se développant enfin dans de tout autres conditions. Elles naissent aux mêmes points du rhizome, mais non simultanément, et se continuent jusqu'en été et même en automne. La dissec- tion aussi attentive que possible de ces petites fleurs m'a révélé les faits suivants. : Les sépales sont étroitement appliqués pendant l'anthése et recouvrent her- métiquement les organes de la fécondation. Ils s’accroissent ensuite de plus du double, et cependant n'atteignent guère que la moitié de la capsule qui a pris alors un développement énorme eu égard à la petitesse de l'ovaire. (1) A l'occasion des Violettes, je consignerai ici une observation déjà faite par moi Puis plusieurs années, mais à laquelle je n'avais pas attaché une grande importance, ne croyant pas la chose aussi rare. Dans son beau travail sur les Fraisiers, M. J. Gay, expliquant le róle de la préfeuille, rappelait combien cet organe est peu fréquent dans les Dicotylédones, et déclarait (Annales des sciences naturelles, 1858, p. 190) ne pouvoit , €^ signaler qu'un exemple bien tranché, celui que fournit le coulant du Fraisier. Or la Préfeuille existe réguliérement à la base de tous les rameaux et stolons des Violettes de la section Nomimium, et probablement de quelques-unes des autres sections. Elle se montre sous l'apparence d'une stipule unique, trés rarement bifide au sommet, et edad ne porte pas de bourgeon à Vaisselle (dans le Fraisier, elle est imee E 3 X Slipules d'une feuille dont le pétiole manque ou est réduit à un simple filet;. ns préfeuille est située latéralement, et commence la spirale que décrivent ensuitc les tuilles complètes insérées plus haut sur le rauieau. de ^68 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Les pétales, d'ordinaire au nombre de cinq, sont un peu plus courts que les sépales; il est rare qu'ils manquent tous à la fois. L'androcée se cornpose des dix étamines normales, dont cinq plus grandes, toutes insérées sur un disque étroit qui entoure comme un anneau la base de l'ovaire. Les anthéres des petites étamines paraissent infertiles, ou méme avor- tent tout à fait. Les cinq étamines fertiles sont inclinées sur les stigmates et comme liées avec eux par de petits filaments très déliés. Ces filaments n'ont rien d'analogue avec les cils qui unissent les anthéres de certaines Scrofularia- cées ; ils ressembleraient plutót à ceux qu'on observe autour des pistils des Roses. Ils jouent certainement un rôle dans la fécondation, mais la nature de leurs fonctions est encore obscure pour moi. De méme que pour les Violettes, j'ai vainement cherché à surprendre l'émission du pollen des anthères sur les stigmates. Ce pollen est pareillement un peu déliquescent ; les loges qui le contiennent m'ont paru demeurer fer- mées et intactes après la fécondation déjà opérée et manifestée par le grossis- sement de la capsule. Dans l'ovaire très jeune, les cinq feuilles carpellaires sont presque libres, de sorte que cet ovaire ressemble à celui d'un Sedum. Plus tard, ces carpelles se soudent par leurs parois latérales, pour former une capsule à cinq cloisons. Les stigmates, qui, dans les fleurs vernales, sont portés sur des styles assez longs, demeurent sessiles dans les fleurs de seconde époque. La capsule est aussi dans ces dernières plus courte et surtout plus arrondie au sommet. Les graines ne m'ont semblé nullement différentes de celles produites par la première floraison. Mais, comme elles mürissent sous la mousse ou sous les détritus végétaux qui recouvrent le rhizome, elles ne peuvent se projeter autour de la plante-mère et restent en place. Les choses ne se passent pas autrement dans les fleurs hypogées les mieux caractérisées. Ceci m’amène à parler incidemment d'un fait qui paraît être resté inconnu jusqu'à ce jour, quoiqu'il concerne une de nos espéces messicoles les plus répandues, Linaria spuria Mill. Déjà des exemples de floraison hypogée ont été signalés dans la famille des Scrofulariacées, notamment Scrofularia arguta Ait. (Bull. Soc. bot. t. III, p. 569, obs. de MM. Durieu de Maisonneuve et J. Gay). Il faut y ajouter la Linaire bâtarde, qui présente aussi ce phénomène, méme avec quelque chose de plus, la production de bourgeons hypocotylés, ce qui n’est pas fréquent dans une plante annuelle. Les feuilles inférieures de cette espèce sont opposées et très rapprochées. De leurs aisselles naissent des rameaux de deux sortes : les uns, vigoureux et souvent très allongés, s'étendent à la surface du sol; les autres, courts, grêles, très contournés, blanchâtres ainsi que leurs feuilles qui restent petites et squammiformes, sont agglo nérés en paquet sur le collet de la racine et ont tous une tendance évidente à $ 'en- foncer dans la terre, surtout les petits rameaux hypocotylés qui se montrent quelquefois. Dans des circonstances convenables, ils pénètrent aisément à SÉANCE DU 13 JUILLET 1860. A69 2 centimètres de profondeur. Les fleurs qui naissent sur les tiges souterraines «ont mal développées à cause de la pression qui a agi sur elles ; pourtant elles n'offrent aucune particularité notable dans leur organisation. La corolle n'est que froissée et déformée ; elle conserve même sa couleur normale avec les deux taches brunes de la lèvre supérieure; le calice seul est décoloré comme le sont les parties des végétaux soustraites à l'action de la lumière. La fructifi - cation s'y opère régulièrement, Il est facile de produire artificiellement ce phénomène; il suffit d'amasser un peu de terre sur le pied de la plante, la floraison des parties recouvertes n'en est nullement interrompue. Le bétail, en parcourant les champs, les voitures qui transportent les récoltes, occasion - nent souvent ce résultat. Je n'ai rien rencontré de semblable dans Linaria Elatine, espèce pour- tant si voisine. Si, du domaine des plantes terrestres, nous descendions dans celui des plantes aquatiques, nous aurions encore à signaler des analogies et des rap- prochements instructifs. Là aussi, au fond des eaux et sous la vase, s'accom- plissent certaines fécondations mystérieuses. Ainsi j'ai vu, dans Zannichellia repens Benningh. (Z. brachystemon Gay) et dans Chara Braunii Gmel., cer- tains rameaux ramper dans la vase au lieu de se diriger vers la surface de l'eau, et cependant n'être pas moins pourvus de fructifications que les autres. Mais ceci rentre dans un ordre de faits trop complexes et trop en dehors de ceux qui sont l'objet de cette communication. M. Boisduval dit que le Viola palustris est souvent apétale dans les montagnes, notamment au Lautaret. Aux environs de Paris, celle espèce présente des fleurs pétalées qui fructifient trés bien, mais jamais de fleurs apétales. Il en est de méme du Viola biflora, plante essentiellement alpine. M. Boisduval ajoute que le Viola Ruppii, espèce du nord de l'Italie, ne donne jamais, chez nous, de fleurs bien apparentes, ce qui ne l'empéclie pas de fructifier. M. Brongniart cite les Prismatocarpus et quelques Campanules comme offrant un phénoméne analogue d'avortement de la corolle, qui ne nuit pas non plus à la fructification. M. Boisduval présente ensuite à la Société diverses plantes en lleur, qu'il cultive avec succès. Ce sont les Teucrium flavicans (de Montpellier), Alium narcissiflorum Vill., Umbilicus chrysanthus Boiss. (de l'Asie-Mineure), et un Sempervivum qu'il a recu de M. de Schenefeld sous le nom de S. hirtum, mais qui lui paraît être une espèce entièrement nouvelle. M. de Schæœnefeld répond qu'il a recu cette plante sous ce nom ^70 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. du jardin botanique de Berlin, et qu'il a lieu de croire que c'est bien l'espéce désignée par Koch, sinon par les autres auteurs, sous le nom de S. hirtum (section Jovisbarba). M. Ad. Brongniart fait à la Société la communication suivante : NOTE SUR LE SOMMEIL DES FEUILLES DANS UNE PLANTE DE LA FAMILLE DES GRAMINÉES , LE STREPHIUM GUIANENSE, par M. Ad. BRONGNIART, Le changement de position qu'affectent les feuilles de beaucoup de végé- taux pendant la nuit a été désigné sous le nom de sommeil par Linné, qui le premier en a fait une étude particulière, dans sa dissertation intitulée Somnus plantarum. Depuis lors, plusieurs physiologistes, et particulièrement De Can- dolle, ont étudié ce phénomène remarquable, soit au point de vue des diverses modifications qu'il présente dans les différents végétaux qui y sont sujets, soit sous le rapport des causes qui le déterminent. Mais tous les exemples de ces changements nocturnes de. position des feuilles sont signalés parmi les plantes dicotylédones de familles trés diverses, soit à feuilles simples, soit à feuilles composées ; les auteurs les plus récents qui ont parlé de ce phénomène me paraissent n'en pas citer d'autres. Depuis longtemps, cependant, j'avais constaté le changement de position des folioles des Marsilea pendant la nuit, et je serais bien étonné que ce fait n'eüt pas été observé et signalé dans quelqu'un de: nombreux mémoires dont ces plantes ont été l'objet depuis quelques années. Dans ces plantes, les folioles se redressent le soir et s'appliquent l'une contre l'autre deux par deux par leur face supérieure, comme deux paires d'une feuille pinnée dont les points d'insertion seraient trés rapprochés. Je l'ai observé également dans le Warsilea quadrifolia et dans le Marsilea pubescens. Voilà donc un exemple de sommeil des feuilles dans des Cryptogames. Les plantes monocotylédones, par suite du mode d'insertion presque tou- jours amplexicaule de leurs feuilles, par l'absence ou la rareté des feuilles réellement composées, paraissaient peu favorables à ces mouvements, et je n'en connaissais aucun exemple, lorsque, il y a peu de temps, M. Houllet, jardinier en chef des serres du Muséum, me signalait l'aspect. singulier que prenait, pendant la nuit et dés la fin de la journée, par le changement de posi- tion de ses feuilles, le Sfrephium guianense, petite Graminée trés élégante, cultivée en grande abondance dans les serres chaudes (1). En effet, cette Gra- (1) Le genre Strephium, établi par Schrader, a été décrit par Nees d'Esenbeck dans l'Agrostographia brasiliensis, p. 998; il diffère à peine de l'Olyra, mais forme cepen- dant un groupe assez distinct par la position inverse des fleurs mâles et femelles dans les deux genres. Dans les Strephium, les fleurs femelles forment de petites panicules axil- laires sortant des gaînes des feuilles inférieures, les panicules de fleurs màles sortent att contraire des aisselles des feuilles supérieures ou sont terminales; dans les vrais Olyrt; la SÉANCE DU 13 JUILLET 4860. A74 minée offre des chaumes gréles, courts (de 20 à 25 centimètres), tous à peu prés égaux, naissant en grand nombre d'une méme souche, s’étalant dans tous les sens et portant des feuilles distiques, également espacées, qui simulent une feuille pinnée. Ces feuilles, assez rapprochées, offrent une gaine exactement appliquée autour du chaume, striée et légèrement pubescente sur son côté extérieur. Elle est séparée du limbe par une sorte de bourrelet qui forme comme un trés court pétiole lisse, vert, charnu, arrondi en dessous, plat en dessus, rappelant le bourrelet qui est à la base des folioles de la Sensitive. Le limbe qui s'insère sur ce pétiole est oblong assez allongé, d'environ 4 à 5 centimètres de longueur sur 6 à 7 millimètres de largeur dans les feuilles les plus dévelop- pées (les feuilles du sommet et de la base sont plus petites); ce limbe est brus- quement contracté et un peu échancré en cœur à sa base, atténué insensible- ment vers l'extrémité, qui est tronquée avec une petite pointe au milieu. Les nervures sont nombreuses, parallèles entre elles, égales, celle du milieu étant à peine plus marquée vers la base de la feuille. Le limbe de la feuille, toujours parfaitement plan, est dirigé dans le même plan que le chaume pendant le jour, et, ce chaume étant étalé obliquement vers l'extérieur de la touffe formée par leur réunion, la surface supérieure de toutes les feuilles est en méme temps dirigée dans un méme plan et vers le ciel. Le chaume, avec ses feuilles distiques, ressemble alors complétement à une feuille pinnée à folioles alternes. Cette position du limbe des feuilles résulte d'une légère torsion de son bourrelet d'insertion ; lorsque l'influence de l'obscurité commence à se mani- fester, il s'opère d'abord un mouvement qui fait cesser cette torsion et ramène le limbe dans la position naturelle de la plupart des feuilles, c’est-à-dire que la tige qui les porte est placée dans un plan perpendiculaire à la surface du panicule est terminale et composée d'épillets mâles et femelles, ces derniers occupant les parties supérieures des rameaux de la panicule. Le Strephium distichophyllum de Nees, espéce type et seule espéce indiquée dans ce genre, n'existe pas dans les herbiers que j'ai pu consulter, mais, d’après la description de l'Agrostographia brasiliensis, elle paraît différer trés notablement de la plante de la Guyane; on peut établir leurs différences principales par les deux phrases suivantes : : Strephium distichophyllum Nees. — Culmis striatis glabris; foliis distichis, superio- ribus confertis, semi-pollicaribus, oblongis, basi subcordatis, obtusiusculis, pilosiusculis, vaginis striatis ore margineque pubescenti-hirtis ; racemis axillaribus confertis, paucifloris, pedicellis hispidulis, superioribus masculis, reliquis femineis. : ; Strephium guianense Ad. Br.— Culmis lævibus, uno latere lineola pubescenti notatis ; foliis distichis æquidistantibus et subpinnatim patentibus, sesquipollicaribus, oblongo- linearibus, basi subcordatis, apice truncatis, glabris, vaginis striatis puberulis ; racemis axillaribus, superioribus masculis confertis et subfastigiatis, inferioribus 2-3 distantibus femineis paucifloris, pedicellis glabriusculis. : La premiére espéce est originaire du Brésil (province de Bahía); la seconde de la Guyane francaise. À L'Olyra pauciflora de Swartz ou axillaris de Lamarck nous parait constituer une troisième espèce de ce genre. 472 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. limbe. Alors le limbe se rapproche peu à pen de la tige, se redresse et s'ap- plique contre elle de manière que, lorsque ce mouvement est complet, la face supérieure d'une feuille est exactement appliquée contre la face inférieure de la feuille placée au-dessus d'elle du mème côté. Toutes les feuilles s'imbriquent ainsi de bas en haut, et embrassent étroitement entre elles la tige et les gaines qui la recouvrent. Telle est la position que les feuilles affectent pendant la nuit, et qui diffère ainsi complétement de celle qu'elles ont pendant le jour. — Elles ressembient, pour leur position, aux folioles de la Sensitive et de plusieurs autres Mimosées. Ce mouvement commence à s'opérer longtemps avant la nuit close, et méme avant le coucher du soleil sur des plantes qui ne recevaient plus directement les rayons de cet astre ; ainsi, entre quatre heures et six heures du soir dans les plus longs jours d'été. Il était entierement accompli vers huit heures du soir. Il m'a paru commencer plus tôt et s'effectuer plus rapidement dans les jours très clairs, où la plante avait été exposée à l’action directe et intense du soleil, que dans les jours couverts, ce qui paraitrait en rapport avec la plus grande sensibilité que présentent les Sensitives lorsqu'elles sont exposées à une vive lumière, que lorsqu'elles sont maintenues à l'ombre. J'ai cherché inutilement à constater un phénomène semblable sur plusieurs autres Graminées dont les feuilles ont aussi un limbe contracté à sa base. M. Fermond fait remarquer que le phénoméne signalé par M. Brongniart n'est pas le méme que celui que présentent les plantes dont le limbe ou les folioles se fléchissent pendant la nuit. Chez la Graminée, au contraire, la turgidité de la plante devient plus grande le soir, et cet état détermine le relèvement du limbe qui s'était fléchi sous l'influence du soleil. M. Brongniart rend compte de la maniére suivante de nouvelles recherches qu'il a faites récemment, avec M. Arthur Gris, sur quelques points de l'organographie du Posidonia Caulini, au moyen d'échantillons de cette plante qui lui ont été communiqués par MM. Grenier, Huet et Germain de Saint-Pierre : OBSERVATIONS SUR L'OVULE ET LA GRAINE DU POSIDONIA CAULINI , pr MM. Ad. BRONGNIART ct Arthur GRIS. Les observations faites sur cette plante singulière par les savants botanistes qui s'en sont occupés depuis quelques années nous paraissant laisser des doutes sur plusieurs points de la structure de l'ovule ou de la graine, nous avons cherché à les résoudre. En effet, M. Gasparrini s'exprime ainsi au sujet SÉANCE DU 13 JUILLET 1860. A73 de l'ovule : Ovulum parieti ovarii lateraliter adficum, non curvatur, nucleo et duabus membranis undique clausis compositum ; mycropile nulla. — M. Germain de Saint-Pierre considère la dépression qui occupe la partie moyenne de l'une des deux faces de la graine et qui est remplie par une masse celluleuse, comme l'empreinte d'un raphé qui resterait souvent adhérent au péricarpe. — M. Grenier regarde cette masse, dite celluleuse, comme un placenta par lequel la graine est unie au péricarpe. Nous avons pu nous assurer «ue, dans de jeunes ovaires, l'ovule est ovoide et attaché latéralement à la paroi interne du péricarpe, presque dans toute sa longueur, un peu au-dessus du fond de la loge ovarienne. En ce point sont superposés et confondus le placenta et le hile, car il n'y a point de funicule. L'ovule ne nous a paru formé que d'uue seule membrane embrassant le nucelle qu'on voit parfois sortir au point où la membrane d'enveloppe est interrompue, point qu'on peut considérer comme le micropyle et qui corres- pond à l'extrémité inférieure de cet ovule. Quant à la graine, la dépression latérale, en forme de gouttière, qui corres- pond à son point d'attache sur la paroi de l'ovaire, est occupée par une masse celluleuse qui renferme de nombreux vaisseaux spiraux. ll nous semble donc qu'on doit considérer cette masse, non comme un raphé, cav l'ovule n'est pas réellement anatrope, ni uniquement comme un placenta, mais plutôt comme un ensemble qui représente en méme temps le placenta, le hile et la chalaze. M. Gasparrini dit que la masse amylacée est parcourue de haut en bas par un filament qui se termine en une tache brune, laquelle pourrait être le micropyle des auteurs. — Adr. de Jussieu dit à son tour que «la masse de l'embryon est traversée par un canal trés fin, rempli d'un tissu particulier, mêlé de filaments et de granules d'une extrême ténuité, et qui, partant de la base du bourgeon terminal, va se terminer et comme s'épanouir à l'extrémité opposée de l'embryon, qu'occupe une substance différente du reste. » — Enfin M. Grenier (1) dit que « le tissu particulier qui remplit l'étroit canal parcou- rant de haut en bas la masse amylacée, n’est que la continuation du tissu conducteur du style. » Les observations microscopiques, sur des graines conservées longtemps dans l'aleool, présentaient d'assez grandes difficultés; nous avions pu cependant nous assurer que ce prétendu canal est occupé par un tissu cellulaire plus on moins allongé dans le sens de l'axe longitudinal de la graine, et encore jeune (puisque les cellules sont munies d'uu nucléus trés développé), et qu'en outre ce tissu cellulaire est traversé par de nombreux vaisseaux spiraux se rappro- chant par leur structure des vaisseaux qu'on a nommés fausses trachées, et formant ainsi le faisceau vasculaire unique de cette singulière tigelle. Voyez plus haut, p. 423. A7^ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Des observations plus complétes sur des graines fraiches et dont plusieurs commencaient à germer, qui nous ont été adressées, avec un empressement dont nous sommes trés reconnaissants, par M. Huet, professeur au collége de Toulon, par M. Germain de Saint-Pierre et par M. Grenier, sont venues confirmer et donner plus de certitude à ces premieres études; elles nous ont montré, en outre, que la tache brune signalée par M. Gasparrini n'est pas le micropyle, mais le point d'origine de la radicule normale qui se développe souvent en une racine plus ou moins allongée, que cette tache appartient par conséquent à l'embryon et correspond en effet à son extrémité micro- pylaire. Quant au micropyle lui-méme, il n'est plus possible de le reconnaitre sur la graine, car les téguments de la graine sont presque entièrement détruits; dans les fruits mûrs, on n'en voit que des débris altérés, et l'embryon semble renfermé directement dans la cavité du péricarpe. On voit qu'en ce qui concerne l'embryon, nos observations s'accordent complétement avec celles d'Adr. de Jussieu. M. de Schœnefeld, secrétaire, donne lecture de la communication suivante, adressée à la Société : NOUVELLES OBSERVATIONS SUR LE POSIDONIA CAULINT, pr M. GERMAIN DE SAINT-PIERRE. (Saint-Pierre-des-Horts près Hyères, 1*' juillet 4860.) Il y a trois semaines environ, la côte de l'Almanarre et la plage de Giens (étroite bande de sable qui rattache l'ile à la côte) étaient couvertes des fruits mûrs du Posidonia Caulini ; comme le flot qui les apporte ne les enléve pas moins facilement lorsque le vent change de direction, et que, d'ailleurs, il suffit d'une journée de soleil pour les brüler lorsqu'ils sont à sec sur le sable, j'en ai fait une abondante récolte et je les ai déposés entre les rochers submer- gés d'une petite crique qui dépend de ma propriété de Saint-Pierre-des- Horts, en les maintenant sous des pierres et des galets. Au recu d'une lettre de notre savant confrère M. J. Gay, qui m'enga- geait à contribuer à l'enquéte actuelle relative au Posidonia par l'envoi de piéces vivantes et autres, je suis allé rendre visite à mon semis sous- marin que j'ai trouvé dans l'état le plus satisfaisant. Je viens d'expédier à MM. Gay et Brongniart des spécimens de ce semis en germination et aussi les fruits les plus attardés qu'il m'a été possible de rencontrer. J'y ai joint des sommités fleuries que j'ai recueillies en octobre dernier (également rejetées par les vagues sur la plage) et que j'ai laissées sécher à l'air libre pour ne pas les déformer; elles reprennent aisément leur forme, et presque leur fraicheur, par un séjour de quelques heures dans l'eau. SÉANCE DU 13 JUILLET 1860. A75 Dans ma note sur la germination et le mode de développement du Posi- donia Caulini, lue à la session de Montpellier (Bull. Soc. bot. de Fr. t. IV, p. 575), je témoignais de mon désir de me procurer la plante en fleur, pour compléter cette étude ; ce n'est qu'en octobre dernier (1859) qu'il n'a été possible de le faire, et, par un fâcheux hasard, un voyage indispensable i'ayant obligé de suspendre ce travail avant qu'il fût terminé, je l'ajournai à l'automne prochain. Sans la lettre de M. Gay, mon étude serait donc arrivée trop tard, puisque le Posidonia occupe en ce moment l'attention de la Société. Voici les résultats de mon examen fait en octobre dernier, et que je viens de compléter d’après les matériaux dont je dispose. INFLORESCENCE. — Les rameaux floriféres sont comprimés, presque plans, à bords tranchants, de consistance foliacée-coriace et de couleur verte comme les feuilles. Ces rameaux florifères se terminent par un bouquet de feuilles . foliacées, courtes si on les compare aux feuilles caulinaires, assez longues si on les considère comme des bractées. — Ces feuilles bractéales sont alternes sur les deux faces planes opposées du rameau (feuilles distiques). — Les deux ou trois feuilles bractéales inférieures sont les plus longues de l'inflorescence, dont elles dépassent le sommet ; chacune de ces deux ou trois feuilles présente un ramuscule florifère à son aisselle. Les feuilles bractéales supérieures (trois ou quatre) de ce méme axe sont stériles et réduites à de véritables bractées ; au delà, l'axe est nu et se termine en un épi de deux ou trois fleurs, plus rare- ment de quatre à six, espacées et alternes. Un épi semblable termine chacun des ramuscules axillaires ou latéraux. Les feuilles bractéales insérées sur l'axe principal et qui présentent les ramus- cules florifères à leur aisselle ont été mentionnées par plusieurs auteurs sous le nom de spathe ; elles présentent, dans leur partie inférieure, deux oreillettes, ou mieux stipules adnées, pliées à angle droit et qui donnent à la partie infé- ricure de la feuille l'apparence bicarénće ; ces stipules adnées constituent une gaine incomplète qui a de l'analogie avec la gaîne ouverte (dite fendue) de la feuille des Graminées. -— La base engainante des feuilles bractéales enveloppe les jeunes ramuscules latéraux durant la première période de leur développe- ment, mais, pendant la floraison, les ramuscules latéraux floriféres, munis de quelques bractées à leur base et nus dans leur partie supérieure, s'allongent au delà de la partie engainante des feuilles axillantes. — Quant à l'épi qui termine l'axe principal, on concoit qu'il ne peut jamais étre enfermé dans une gaine analogue à celle qui renferme les jeunes ramuscules florifères axillaires ; Cet épi terminal n'est protégé que par sa situation au centre de l'inflorescence. On voit que l'ensemble de cette inflorescence a beaucoup de rapports avec l'inflorescence des Potamogeton ; la différence essentielle est daus la disposi- tion des stipules qui, dans le Posidonia, sont adnées à la feuille et libres au bord externe, et qui, dans le genre Potamogeton, sont ordinairement libres du côté de la feuille et soudées entre elles par le bord opposé, de manière à 476 SOCIÉTÉ DOTANIQUE DE FRANCE. constituer, par leur réunion, la stipule dite intra-axillaire qui, dans ce genre, revêt la forme d’une spathe membraneuse (1). Il nous reste à dire quelques mots de la structure des ramuscules axillaires ou latéraux. Nous avons déjà dit qu'ils se terminent en épis nus, pauciflores, semblables à l'épi terminal, et sont munis de bractées à leur base. Ces brac- tées sont disposées ainsi qu'il suit: les deux premieres, celles qui occupent la base du ramuscule, sont petites, courtes et membraneuses ; elles sont placées l'une à droite, l'autre à gauche, et présentent une seule carène ; quelquefois il n'existe que l'une de ces deux petites bractées; assez fréquemment aussi, ces deux bractées sont soudées par leur bord interne et ont l'apparence d'une seule bractée large et bicarénée, située entre le ramuscule et la tige princi- pale (2). Au-dessus de ces bractées ou de cette bractée membraneuse, se trou- vent successivement deux bractées plus ou moins foliacées et emboitées l'une dans l'autre (la plus haute, et quelquefois l'une et l'autre, sont entièrement membraneuses). Cette disposition reste, comme on le voit, dans la loi générale d'aprés laquelle les feuilles ou bractées inférieures et supérieures sont les plus réduites, et celles de la partie moyenne de l'axe les plus développées. Enfin j'ajouterai que, l'axe du ramuscule ou épi florifere n'étant pas aplati comme l'axe principal, les bractées qu'il porte à sa base et que je viens de décrire sont disposées en spirale et non distiques. (1) Mon ami M. Cosson considère la stipule intra-axillaire des Polamogelon comme composée d'une seule piéce. J'admets moi-méme cette unité de composition, en faisant observer que, chez les plantes oü il existe deux stipules latérales, adnées ou non, et quel que soit l'état d'indépendance des faisceaux fibreux, chacune des deux stipules peut étre considérée comine une dépendance de l'une des moitiés latérales de la feuille, et par conséquent comme une demi-piéce, un demi-organe. Si celte maniére de- voir est exacte, la stipule, dans le genre Potamogeton, représente un organe complet et syme- trique, parce qu'elle correspond à l'ensemble de deux stipules latérales. (Note ajoutce pendant l'impression.) (2) Ce dernier cas, malgré sa fréquence, ne saurait étre considéré comme le cas normal, ou du moins la bractée bicarénée, dont il est ici question, ne saurait étre con- sidérée comme représentant une seule feuille, ni le cas où les deux écailles sont libres étre considéré comme un cas de division; en effet, la premiére feuille d'un rameau axillaire (feuille souvent squammiforme, ainsi que celle qui la suit) est située latéralement relativement à la feuille axillante (feuille de l'axe principal), et non située entre le ramesu axillaire et laxe principal. — M. Cosson pense au contraire que la bractée bicarénée dont il est ici question, étant analogue par sa structure à la valve biearénée de la fleur des Graminées, représente une seule bractée située normalement entre le rameau et la tige; M. J. Gay adopte la méme manière de voir. En présence de cette opinion qui diffère de celle que je viens d'émettre, et en raison des variations de disposition que J a! signalées dans le Posidonia, je me propose d'étudier de nouveau le fait sur la plante vivante. — A cette vérification doit se joindre un nouvel examen de l'ovule, que Je n E été à méme d'examiner que sur le sec, et qui (bien que je l'eusse fait ramollir dans l'eau chaude) a pu se présenter déformé. Il me reste enfin à étudier la période de transition de Fovaire au fruit et de l'ovule à la graine. Malheureusement il m'a été impossible celle aunce de ine procurer la plante vivante, ce qui m'oblige d'ajourner la publication des des- sins qui ont été présentés à la Société ; ces figures seront publiées avec une notice com- plémentaire sur la structure de l'ovule, du fruit jeune ct des bractées du Posidonta, or qu'un nouvel examen de la plante vivante m'aura permis d'achever l'étude des divers points incomplétement élucidés jusqu'ici. (Note ajoutée pendant l'impression.) SÉANCE DU 13 JUILLET 1860. A77 FLEUR. — Les fleurs semblent complétement dépourvues de bractée axil- lante, mais la forme anguleuse de l'axe de l'épi, dont chaque angle corres- pond à la base d'une fleur, nous permet d'admettre que les fleurs sont simplement extra-axillaires, par suité de l'allongement des pédicelles et de la fusion de ces pédicelles entre eux et avec l'axe central. — La fleur est com- plétement dépourvue de périanthe ; sa structure parait des plus simples ; elle se compose de trois étamines embrassant étroitement un ova?re uniloculaire, qui semble unicarpellaire. — Les étamines paraissent quelquefois insérécs à des niveaux un peu différents ; aussi pourrait-on envisager ces trois étamines comme autant de fleurs mâles groupé^s autour d'une fleur femelle. C'est. en quelque sorte une tentative de la nature pour passer des fleurs les plus simples à des fleurs plus complexes, des fleurs unisexuclles aux fleurs hermaphrodites, une sorte de transition entre l'inflorescence et la fleur, ainsi que cela est plus manifeste encore dans d'autres genres de groupes voisins. É'tamines. — La forme de l'étamine est des plus curieuses et des plus bizarres; étudiée sur des plantes sans doute mal conservées, clle a donné lieu, chez divers auteurs, à certaines erreurs d'observation que je crois inutile de relever autrement que par une description plus exacte. — Le filet est com- plétement nul, la partie de l'étamine qui porte les anthères (connectif) con- slitue une sorte de casque ou de capuchon charnu-membraneux qui embrasse l'ovaire (les trois étamines s'embrassant elles-mémes). Du dos de ce capuchon s'élève un appendice sous-apiculaire (prolongement de la nervure moyenne de la feuille staminale), long, plus ou moins flexueux, en forme d’arête; cette aréte du connectif dépasse le stigmate de toute sa longueur; chaque fleur parait ainsi surmontée de trois arêtes dressées et divergentes. Sur le dos de ce connectif en forme de capuchon (1), sont situés parallèlement et presque accolés les deux lobes de l'anthere. Ces lobes sont linéaires, souvent un peu flexueux et inégalement développés ; ils se prolongent librement au-dessous de leur insertion d'environ le tiers de leur longueur. Chaque lobe s'ouvre par une fente longitudinale située en dehors (anthére franchement extrorse), et met à nu un pollen d'un blanc jaunâtre, d'aspect cotonneux. Ce pollen étant placé sous le microscope, on voit que chaque grain est un tube assez long, souvent irrégulier et flexueux, laissant voir par transparence la matière granu - leuse; l'épithète de confervoïde, qui lui a été donnée, lui convient parfaitement. Ovaire. — L'ovaire est ovoïde-oblong, uniloculaire, et paraît constitué par "n seul carpelle; le stigmate s'évase en couronne irrégulièrement laciniée, à lanières denticulées étalées et rejetées en dehors. Une coupe longitudinale met à nu une cavité centrale unique ; au-dessus du fond de cette cavité (à son (1) On réserve ordinairement le nom de connectif à la partie de la feuille staminaie qui unit ou sépare les deux lobes de l'anthére; dans le cas dont il est ici question, où la feuille staminale est membraneuse et déborde la partie anthérifère, j'étends le nom de connectif à tout le limbe staminal au niveau de l’anthère. A78 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. angle interne), est inséré un ovule ordinairement unique ; cet ovule est ascen- dant, semi-réfléchi-courbé. L'inspection d'un grand nombre de fruits nous a montré la présence assez fréquente de deux graines, dont généralement l'une se développe incomplétement ; mais c'est là une exception, et l'ovaire doit étre considéré comme normalement uni-ovulé. FRUIT, GRAINE ET GERMINATION. — J'ai peu de chose à ajouter à ce que j'ai dit précédemment (séance du 10 juin 1857), du fruit et de la graine. On sait que je considere l'embryon des Monocotylées comme, en général, com- posé primordialement d'un organe foliaire, et secondairement d'un bourgeon né de cette feuille (structure qui est analogue à celle que je crois avoir démon- trée chez les bulbes dits pédicellés), mais je ne mentionne ici ce point de doctrine que pour mémoire. Que la masse charnue qui constitue l'embryon du Posidonia soit primordialement un organe foliaire, ou un organe axile, une sorte de gemme, il importe surtout à l'étude que nous faisons aujourd'hui que les faits qui résultent de l'observation directe soient clairement exposés. J'ai attribué la dépression longitudinale que l'embryon présente sur une de ses faces à la pression produite par le raphé qui, à la maturité, m'a semblé rester adhérent au péricarpe avec les enveloppes de l'embryon. Cette question serait facilement éclaircie par l'examen de fruits à demi mûrs que je ne me suis pas encore procurés (la mer ne les rejetant ordinairement sur la plage que lors- qu'ils se détachent aprés la maturité) ; néanmoins, l'embryon étant. courbé ou plié, Ja dépression centrale peut aussi étre le résultat de cette courbure. Le bourgeon primordial (plumule), qui se développe à la germination, nait de l'extrémité de l'un des côtés du fer-à-cheval qui résulte de la courbure de l'embryon (c'est-à-dire à son sommet réel). Quant à la radicule, elle nait assez peu régulièrement de la base apparente de l'embryon ou d'un point voisin de cette base (convexité du fer-à-cheval) D'autres racines (dites adventives) naissent, comme chez les autres Monocotylées, autour de la base de la gem- mule. J'ai rencontré un cas tératologique où l'embryon présentait deux gem- mules collatérales espacées et divergentes; cela pouvait être un de ces cas de dédoublement qui se rencontrent chez les embryons des Monocotylées comme chez ceux des Dicotylées (et que j'ai eu assez fréquemment occasion d'observer); néanmoins, bien que deux gemmules se fussent développées, le corps de l'embryon paraissait simple ei n'était pas modifié dans sa forme ; enfin j'ai rencontré un autre embryon dont l'unique gemmule, au lieu de naître à son extrémité supérieure, avait pris naissance sur sa partie latérale (1). Nous croyons devoir terminer cette étude par une description concise du genre Posidonia. (1) Ces derniers faits, bien qu'anomaux, viendraient à l'appui de l'opinion qui con- sidéverait cet embryon comme une sorte de gemme; néanmoins ils.n'excluent pas non plus l'opinion que cet embryon peut être de nature foliaire, puisque, dans certaines conditions tératologiques et pathologiques, une feuille ou une portion de feuille, comme SÉANCE DU 13 JUILLET 1860. A79 Fleurs hermaphrodites presque régulières, disposées en épis, — Périanthe nul — Étanines trois; filet nul; connectif en forme de capuchon mem- braneux, embrassant l'ovaire, surmonté d'une arête flexueuse sous-apicu- laire; loges de l'anthere linéaires, un peu flexueuses, souvent irrégulières, insérées sur le dos du capuchon et se prolongeant au-dessous du niveau de l'insertion de l'étamine ; po//en à grains de forme confervoide. — Ovaire constitué par un seul carpelle, sessile, uniloculaire, uni-ovulé ; ovule inséré au-dessus de la base de la loge, ascendant, d'abord semi-réfléchi puis courbé ; style charnu, résultant de l'atténuation de l'ovaire; stigmate en couronne laciniée à laciniures denticulées. — Fuit constitué par un seul carpelle, libre, sessile, drupacé, de forme ovoide, obtus, à péricarpe entièrement charnu, de couleur verte, volumineux, se déchirant vers la base, à la maturité, en lambeaux irréguliers dans la moitié de sa longueur. — Enveloppes de la graine confondues, à la maturité, avec le péricarpe. Périsperme nul. Embryon volumineux, charnu, de couleur verte, ovoide, marqué d'une dépression lon- gitudinale (embryon plié?); radicule paraissant se développer, non à l'extré- mité radiculaire de l'embryon (laquelle est rapprochée du hile), mais naissant sur la courbure de l'embryon, vers sa base apparente et en un point éloigné du hile. : Plante vivace, sous-marine; à rhizome ligneux, tracant, subdichotome, recouvert dans sa partie ancienne des débris filamenteux des bases de feuilles détruites; à rameaux herbacés, comprimés, foliacés; à feuilles linéaires- larges, distiques. — nflorescence en épis simples, pauciflores, axillaires et lerminaux, munis de bractées à leur base, nus dans leur partie supérieure. — Fleurit en octobre; márit en juin. M. Cosson fait à la Société la communication suivante : LISTES DES PLANTES OBSERVÉES AUX ENVIRONS DE THURELLES (LOIRET), SUR LES DÉBLAIS ET LES REMBLAIS RÉCENTS DU CHEMIN DE FER DE MORET A MONTARGIS , par M. E. COSSON. J'avais toujours regretté de n'avoir pas profité des grands travaux de ter- l'assement nécessités par les fortifications de Paris, pour étudier la premiere végétation qui se développe dans les terrains remués et les modifications suc- cessives que le temps y apporte. L'établissement du chemin de fer de Moret à Montargis, au voisinage immédiat de Thurelles (prés Dordives), où je passe habituellement plusieurs mois de la belle saison, me permet d'entreprendre du reste tout fragment de tissu végétal, peut donner naissance à un ou plusieurs bour- geons; il est vrai de dire que lorsqu'il s'agit d'un fragment, c'est sur la cicatrice que naissent les bourgeons, mais dans le cas présent il peut y avoir eu blessure ou déchirure accidentelle de l'embryon. 180 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cette étude dans les meilleures conditions, puisque je serai à même de visiter, plusieurs fois par an, les espaces circonscrits que j'explorerai à ce point de vue. La vallée du Loing, entre Dordives et la station de Ferrières, présente alter- nativement des terrains très arides, des prairies souvent marécageuses, et, dans les parties les plus déprimées, où l'eau séjourne plus ou moins longtemps chaque hiver, elle est méme uu peu tourbeuse. L'eau se trouve partout à une trés faible profondeur. Le sol est constitué essentiellement par du sable et des cailloux siliceux ; les alluvions terreuses ou l'humus sont assez rares. La voie du chemin de fer, vers Thurelles, est établie sur un remblai dont la hauteur moyenne est d'environ 2 mètres. Ce remblai court parallèlement à la direction de la vallée, et est formé de sable et de cailloux siliceux, comme le sol méme de la vallée, auquel les remblais ont été empruntés. Nous donnerons ici les listes des espèces observées en 1860, jusqu'au mois de juillet, sur quelques points des remblais et des déblais, représentant les par- ties sèches et les parties humides de la vallée. 4° Plantes observées sur le talus du passage-à-niveau en face de Thurelles. Le talus du passage-à-niveau en face de Thurelles a une longueur totale d'en- viron 100 mètres sur une largeur de 3 mètres et sur une hauteur d'environ 2 mètres au niveau de la voie. 11 est à deux pentes, et chaque pente a deux versants. Le terrain dont il est formé a été rapporté en 1859, d'aoüt à novembre. Voici la liste des plantes observées sur le talus : Papaver Argemone, — Rhœas, — dubium (abondant), Raphanus Raphanistrum (abondant), Sinapis Cheiranthus, —- arvensis, Erysimum cheiranthoides, Capsella Bursa pastoris, Stellaria media, Spergula arvensis, Arenaria serpyllifolia, Erodium cicutarium, Ononis repens, Medicago falcata (assez abondant), — lupulina, Vicia sativa var. angustifolia (abondant), — lutea, Trifolium procumbens (assez abondant), — arveuse, Poterium Sanguisorba (feuilles), Aphanes arvensis, Herniaria hirsuta, — glabra, Scleranthus annuus, Corrigiola littoralis (assez abondant), Valerianella olitoria, Erigeron canadensis, Achillea Millefolium, Filago montana, — spathulata, Senecio vulgaris, — erucifolius, Cirsium arvense (non fleuri), Centaurea Cyanus, Crepis virens, Hieracium Pilosella, Anagallis arvensis, Lycopsis arvensis, Myosotis hispida (abondant), — stricta (abondant), Echinm vulgare, Verbascum thapsiforme (une seule rosette), Veronica præcox, Linaria supina (assez abondant), Calamintha Acinos, Plantago major, — lanceolata (assez abondant), Polycnemum arvense, SÉANCE DU 13 JUILLET 1860. A81 Chenopodium album, Setaria viridis, Rumex Acetosella, Mibora verna, Polygonum Convolvulus, Corynephorus canescens (feuilles), — aviculare, Agrostis vulgaris, Euphorbia Cyparissias (feuilles), Poa compressa, Holeus mollis, Festuca duriuseula. Le nombre des espèces observées sur ce talus a été de 60. Sur ce nombre 43 espèces sont annuelles, 3 bisannuelles et 14 vivaces; en d'autres termes, les plantes annuelles représentent 72, les plantes bisannuelles 5, et les plantes vivaces 23 pour 100. Nous devons faire remarquer que la plupart des plantes vivaces ne se sont pas développées sur place, mais que leurs souches ont été apportées avec les remblais, comme nous avons pu nous en assurer. En faisant abstraction de cette cause d'erreur, les espèces annuelles formeraient presque exclusivement le fond de la végétation dans ce terrain rapporté pendant l'automne de l'année précédente. 2° Plantes observées dans le déblai, entre la route impériale et [e talus du chemin de fer. Ce terrain, auquel des emprunts assez considérables ont été faits, dépendait d'un bois taillis, et a été creusé, sur quelques points, à une profondeur de 1 mètre à 17,50. La surface a été grossièrement nivelée en juin et juillet 1859. Le sol en est généralement assez sec, excepté dans les parties un peu déprimées qui présen- tent une certaine humidité. Voici la liste des plantes observées dans ce déblai : Ranunculus bulbosus, Filago montana, Papaver Argemone, Onopordum Acanthium (rosettes de feuilles), Sinapis Cheiranthus, Cirsium lanceolatum (rosettes de feuilles, Arabis Thaliana, abondant), Capsella Bursa pastoris, Crepis virens, Viola arvensis, Campanula Rapunculus, Arenaria serpyllifolia, Specularia Speculum, Spergula arvensis, Jasione montana, Erodium cicutarium, Anagallis arvensis, Ononis repens, Echium vulgare, Medicago lupulina, Lycopsis arvensis, Trifolium repens, Myosotis hispida, zz JPYense. Verbascum thapsiforme (rosettes de feuilles, . 75 procumbens, trés abondant), Coronilla varia, Veronica arvensis, Vicia sativa var. angustifolia, Mentha rotundifolia (feuilles), Corrigiola littoralis, Lamium amplexicaule, Herniaria hirsuta, Plantago lanceolata, Sedum reflexum, Polycnemum arvense, Eryngium campestre (rosettes de feuilles), | Rumex Acelosella, Erigeron canadensis, 6 Polygonum Convolvulus, Filago Spathulata, — aviculare, T, VH. 31 482 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Euphorbia Cyparissias (feuilles), Agrostis vulgaris, Holcus mollis, Trisetum flavescens, Mibora verna, Festuca arundinacea. Poa compressa, Le nombre des espèces observées dans ce déblai a été de 49. Sur ce nombre, 27 espèces sont annuelles, 6 bisannuelles et 16 vivaces; en d’autres termes, les plantes annuelles représentent 55, les plantes bisannuelles 12, et les plantes vivaces 33 pour 400. Nous devons faire remarquer l'extrême abondance du Verbascum thapsiforme, qui n’était représenté que par un seul pied sur le talus du remblai, et du Cirsium lanceolatum qui n'y existait pas du tout. 3° Plantes observées dans les parties humides ou récemment desséchées et aux bords des [laques d'eau du méme déblai, prés de l'avenue de Thoury. Ce terrain a été creusé dés l'automne de 1858, mais sa surface a été nivelée partiellement l'année derniere. Voici la liste des plantes qui y ont été observées : Ranunculus Flammula, ! Plantago major, Sagina nodosa, ; Chenopodium album, Trifolium pratense, T Rumex crispus, xS repens, |^ — Acetosella, i — arvense, | Salix alba (jeunes individus nés de graines), — procumbens, | — caprea (idem), — filiforme, Juncus bufonius, Lathyrus angulatus (un seul pied), | — capitatus (un seul pied), Herniaria glabra, | — glaucus, Corrigiola littoralis (très abondant), | — acutiflorus (abondant), Achillea Ptarmica, | — lamprocarpus (abondant), Anthemis Cotula, — effusus, Filago spathulata, Carex hirta, Logfia gallica, Phleum pratense, Senecio vulgaris, Holeus lanatus, Hypochæris radicata, Aira caryophyllea, Taraxacum Dens leonis, Poa compressa, Thrincia hirta, Lolium perenne, Brunella vulgaris, Triticum repens. Le nombre des espèces observées dans cette partie du déblai, humide et même couverte par l’eau dans une assez grande étendue, a été de 38. Sur ce nombre, 14 espèces sont annuelles, 1 bisannuelle et 23 vivaces. En d’autres termes, les plantes annuelles représentent 37, les plantes bisannuelles 2 à 3 et les plantes vivaces 60 à 61 pour 100. Nous devons appeler l'attention sur le nombre des espèces vivaces, considé- rable relativement à celui des espèces annuelles. Cette prédominance tient non-seulement à l'époque à laquelle a été fait le déblai (automne de 1858), SÉANCE DU 13 JUILLET 1860. 483 mais aussi à l'extréme humidité du sol, qui, comme on le sait, favorise surtout le développement des plantes vivaces. Notons ici en passant que le Lathyrus angulatus, que j'avais trouvé très abondamment en 1847, dans de jeunes taillis dont le sol avait été labouré entre les lignes de plantation, et que je n'ai revu depuis que par pieds isolés dans les moissons ou les terrains remués, se rencontrait à cette station, qui paraissait devoir si peu lui convenir. : Les données que je viens d'avoir l'honneur de soumettre à la Société demandent à étre complétées par des observations ultérieures, qui seules per- mettront de constater les modifications qui se produiront successivement dans la végétation des terrains remués , objet de cette étude. M. J. Gay présente des échantillons vivants, mais défleuris, de Trientalis europea : Dans ces échantillons, dit M. Gay, on voit bien le caractére végétatif de cette plante, qui se propage par des stolons, aprés avoir épuisé son axe primaire, lequel n'a, par conséquent, qu'une durée annuelle; ce caractère a été géné- ralement méconnu jusqu'à ce jour. C'est M. Fr. Crepin (de Rochefort, Bel- gique) qui m'a envoyé ces échantillons, récoltés par M. le docteur Moreau, le 10 juillet, dans le bois de Billaude prés Saint-Hubert, dans la province belge de Luxembourg. M. Duchartre fait à la Société la communication suivante : SUR UNE MONSTRUOSITÉ DE DELPHINIUM AJACIS, par M. P. DUCHARTRE. Là monstruosité de Delphinium Ajacis que j'ai l'honneur de mettre sous les veux de la Société m'a été communiquée par M. Jacques, ancien jardinier- chef du parc de Neuilly et l'un des dovens de l'horticulture francaise. Elle me semble curieuse à plusieurs égards : d'abord, parce qu'elle affecte, non pas une fleur isolée ou plusieurs fleurs distinctes et séparées, mais bien une inflores- cence tout entière, qu'elle a transformée en un ensemble unique, composé de Plusieurs assises superposées de sépales et de carpelles ; en second lieu, parce que les nombreux carpelles qu'elle comprend offrent tous les passages entre de simples petites feuilles plus ou moins concaves et des carpelles clos, pour- vus de deux files longitudinales d'ovules; en troisième lieu, parce qu'on y voit des ovules à des degrés très divers de formation, depuis les simples den- telures épaissies des bords de la feuille carpellaire jusqu'a l'ovule parfait et normal sous tous les rapports. Une autre particularité qui me semble bonne à constater, c'est que cette monstruosité n'était pas isolée; la planche de jardin ASA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dans laquelle elle a été trouvée en présentait quelques autres exemples. Voici une description succincte de cette curicuse anomalie (1). Vers l'extrémité d'une tige qui est restée cylindrique, se montre une sorte de collerette rose, formée de quatre ou cinq cercles concentriques de folioles, comprenant chacun plusieurs sépales libres, ovales-lancéolés et onguiculés. Cette collerette semble résulter de la réunion des sépales supérieurs et latéraux de plusieurs fleurs. Immédiatement au-dessus d'elle se trouve, sans espace vide intermédiaire ct sans interposition de pétales ni d'étamines, une grande quantité de carpelles libres et distincts, disposés en deux ou trois rangées circulaires et toutes nombreuses. La plupart de ces carpelles sont normaux, fermés, à suture supérieure ou regardant l'axe, et ils renferment de nombreux ovules bien conformés, rangés en deux files longitudinales, le long des deux bords de la feuille carpellaire. Les intérieurs sont en général plus ou moins anomaux et passent graduellement à l'état de simples folioles. Les deux bords de ceux-ci restent distincts, soit en partie, soit entiérement, de telle sorte que la cavité ovarienne est béante ou méme largement ouverte. Lorsque la feuille carpellaire est ouverte, elle constitue une foliole concave, et ses bords for- ment des dentelures plus ou moins prolongées, renflées en petits corps, dont les uns sont des ovules réduits à un nucelle muni de deux téguments sensible- ment irréguliers, dont les autres constituent un corps assez épais, avec ou sans bourrelets obliques, simples ébauches des téguments. Les plus curieux de ces ovules imparfaits sont ceux dans lesquels la portion externe de ces corps, qui correspond à la face externe de la feuille carpellaire, a conservé une partie de la villosité qui distingue la face externe de cette feuille, tandis que leur por- tion interne, ou dirigée vers la concavité ovarienne, se montre entiérement glabre et même luisante, comme l'est toute la surface des ovules bien con- formés. Il semble donc évident que ce sont de simples processus des bords de la feuille carpellaire qui se sont conformés en ovules. — D'autres carpelles ont leurs bords dépourvus d'ovules, ou méme d'ébauches d'ovules; ils devien- nent ainsi de simples petites feuilles ouvertes, à bords irrégulièrement dentés ou même entiers. Ainsi s'établit une transition assez bien ménagée entre le cercle de carpelles et celui de folioles qui lui succéde immédiatement. Les dernières folioles sont moins nombreuses, moins colorées et moins pétaloides que celles qui forment la collerette déjà décrite; elles sont cependant, au total, analogues à ces dernières. Au-dessus de cette seconde collerette de folioles, se trouve encore un cercle de carpelles, mais heaucoup moins nom- breux que ceux qui forment la première rangée déjà décrite et, pour la plu- (1) Cette note n'était pas encore rédigée lorsque la communication qu'elle résume 2 été faite à la Société botanique de France. Malheureusement un accident m'a privé des notes détaillées et des dessins dont ce Delphinium m'avait fourni la matière ; de telle sorte que ma description de cette monstruosité n’est faite aujourd’hui (décembre 1860) que de souvenir. SÉANCE DU 13 JUILLET 1860. AS5 part, imparfaits. Enfin l'extrémité méme de la tige, c'est-à-dire le centre de cette agglomération d'organes, est occupée par une masse compacte de petites folioles linéaires, verdátres, qui n'offrent rien de particulier. Au total, on voit que le Delphinium Ajacis dont je viens d'essayer de donner une idée avait confondu toutes ses fleurs en un ensemble d'organes de deux sortes, sépales et carpelles, et que cet ensemble présentait successive- ment un cercle de sépales, un cercle de carpelles, un second cercle de sépales, un deuxieme cercle de carpelles, enfin une sorte de bourgeon foliacé central. M. le Président présente, au nom de M. Naudin, des hybrides de Linaria vulgaris fécondé par le Linaria purpurea en 1855. Ces hybrides, dit M. Decaisne, sont de troisième génération et issus de plantes fécondées par leur propre pollen. H y en a en environ 600 individus au Muséum en 1859. | Les plantes ici présentées ont fleuri une première fois en 1859, elles sont à leur deuxième année. Puisqu'elles sont des hybrides de troisième génération, le premier hybride obtenu (en 1856) est leur aïeul. On voit, par ces échan- tillons : 1° Que, dans certains genres, des hybrides de méme degré et de même génération n'ont aucune uniformité ; 2° Que la plupart s'éloignent du type rigoureusement intermédiaire, pour s'approcher plus ou moins des types spécifiques ascendants et souvent pour y rentrer en totalité. Un grand nombre de ces hybrides sont, dés la seconde génération, et à plus forte raison à la troisième, retournés au type du Linaria vulgaris (qui était la mère), et quelques-uns à celui du Linaria purpurea (qui était le pere). Outre ces plantes de troisième génération, M. Naudin a encore au Muséum une nombreuse collection d'hybrides de méme espèce, de quatrième généra- tion, qui fleuriront dans un mois d'ici. Cette quatrième génération hybride est lille de celle dont je mets quelques échantillons sous les veux de la Société. A86 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SÉANCE DU 27 JUILLET 1860. PRÉSIDENCE DE M. DECAISNE, M. de Schenefeld, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 43 juillet, dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la derniére séance, M. le Président proclame l'admission de : MM. CnÉnoN (Louis), docteur en médecine, médecin-adjoint à l'établissement de santé du Bouscat prés Bordeaux, pré- senté par MM. Motelay et Eug. Fournier; DUHAMEL, propriétaire, à Camembert, par Vimoutiers (Orne), présenté par MM. Boisduval et de Schoenefeld ; GERMA (Joseph), étudiant, rue Barralerie, 1, à Montpellier. présenté par MM. Martins et Parrandon ; MaGNAN (Jacques), ancien pasteur, à Montauban (Tarn-et- Garonne), présenté par MM. Peujade et T. Puel. M. le Président annonce en outre trois nouvelles présentations. Dons faits à la Société: 1* Par M. Arthur Gris : Observations sur la fleur des Marantées. 2 De la part de M. J. Lange, de Copenhague : Haandbog i den danske flora, 1556-59, 3° De la part de M. Gaston Genevier : Essai sur quelques espèces du genre Rubus de Maine-et-Loire et de la Vendée. 4° En échange du Bulletin de la Société : Atti del. I. R. Istituto veneto, t. V, n° 7. Journal de la Société impér iali et centrale d'horticulture, juin 1860. L'Institut, juillet 1860. M. Brice donne lecture du rapport de la Commission de compta- bilité, chargée de vérifier la gestion de M. le Trésorier pendant l'exercice 1859. Ce rapport est ainsi concu : SÉANCE DU 27 JUILLET 1860. 487 RAPPORT DE LA COMMISSION DE VÉRIFICATION DES COMPTES DU TRÉSORIER DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE POUR L'ANNÉE 1859. Messieurs, Votre Commission de comptabilité, pour obéir aux prescriptions du règle- ment, a dà procéder à la vérification annuelle du compte de gestion de M. le trésorier de la Société botanique de France, pour l'année 1859. Organe de cette Commission, je viens, Messieurs, vous demander la permission d'inter- rompre un instant vos doctes et intéressants travaux, pour soumettre à votre appréciation le compte rendu de la mission spéciale qui nous a été confiée, et qui, sous l’aridité inévitable d'une série de chiffres, cache néanmoins des faits également intéressants dans un autre ordre d'idées, car ils tendent à constater la situation financière de notre Société. Je serai d'ailleurs aussi bref que possible. Les dépenses afférentes à l'année 1859 ont été liquidées et complétement soldées vers le 12 juillet courant, et c'est à cette méme date que notre hono- rable trésorier a pu clore le compte de cet exercice. Ce compte, ainsi que les pièces justificatives qui l'accompagnent, a été l'objet de l'examen conscien- cieux de la Commission, rendu facile d'ailleurs par l'exactitude et la clarté qui régnent dans les écritures de M. Fr. Delessert. Nous en avons fait la véri- fication et le dépouillement général avec les mêmes soins, et je vais avoir l'honneur d'en placer le résumé sous les yeux de la Société. Actif de la Société au 1° janvier 1859. Solde en caisse au 31 décembre 1858. .. . . . . . . . . ÉD nM 22 Recettes de l'année 1859. Arriéré ( 1856. 1 cotisation à 30 fr. . 30 des exercices! 1857. 8 cotisations à 30 fr. 2^0 ;1,080 »\ antérieurs, (1858. 27 cotisations à 30 fr. 810 | Cotisations (233 Cotisations à 30 fr. . . 6,990 dise, | solde . : ....... 317,893 "Vous > 3 cotisations à vie à 300 fr. 900 / hands 5 omo EL EIE 526 » Subvention du Ministère de l'agricalure : : . 600 » Remboursement de frais de gravure . . . . . . . . 38 » Encaissement Un bon échéant au 18 juillet 1860 de 2 bons {intérêt compris). . . . 7.5 2,060 » du Trésor, | Un bon échéant au 30 août 1860 3,090 » PE (intérêt compris) 53 i.i ct he 1,030 » Total des recettes et de l'encaisse. . . . . . . 20,584 99 A88 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Dépenses. 1e Loyer. -= m l s 1 + ei bi ^00 2 T Chauffage eédarage..........-. 935 50 3° Impression du Bulletin. . . . . . . . . . : 612 DU he Revue bibliographique. . . . . . . . . . . . 956 25 52 Prais de grayure. à . 0... à. . . . | 62 90 62 Fort du Bulletin. ... .. . .—. ..- -- 595 75 Y 9,670 5h 7° Impression de lettres et circulaires . . . . . . 159 » 8° Ports de lettres et affranchissements . . . . . 125 05 9° Mobilier et bibliothèque . . . ........ 54 35 40° Dépenses diverses . . . s... s osson 256 15 41° Traitement de l’agent comptable . . . . . . . 500 » | 42° Gages du garçon de bureau. . . . . . . . . . 200 »} Versement au Trésor contre un bon échéant au 18 juillet 1860. 2,000 » Versement au Trésor contre un bon échéant au 30 août 4860. 1,000 . » Total des dépenses . . . . . . . .. bo a o IDE 5h Résumé. Recettes. o QM d 20,584 22 Dépenses 20 e: aa i M 12,670 54 Restant disponible au 31 décembre 1859 . . 1,913 68 Ce solde se composait comme suit : . i* Espèces: . |... . S. dodi de 1,823 68 2» Un récépissé de la Caisse des dépóts. . . 3,000 » 3° Un bon du Trésor au 48 juillet 4860. . 2,060 » h° Un bon du Trésor au 30 août 1860 . . 1,030 » Domme égale . : iz ars a oreina. 7,913 68 Telle était la situation financière de la Société au 1° janvier 1860. Ainsi que vous en pouvez juger, Messieurs, par ce simple résumé, notre réserve de fonds s'accroît chaque année d'une manière sensible. Toutefois, nous ne devons pas laisser ignorer à la Société que cette situation, évidem- ment prospère, aurait pu l'être davantage encore, si des recouvrements Ext gibles, et s'élevant à prés de 7500 fr., avaient eu lieu en temps utile, c'est à-dire avant la clôture récente de l'exercice 1859. Ainsi, ce n'est pas seulement 7900 fr. que nous devrions avoir en caisse, mais bien 45 A00 fr. environ, sans les causes que nous venons de signaler à la Société. Ce fait regrettable a été, nous le savons, l'objet de la sérieuse attention du Conseil, qui a dû prendre la résolution d'appliquer les dispositions sévères de SÉANCE DU 27 JUILLET 1860. AS9 l'article 65 de réglement aux membres de la Société, malheureusement trop nombreux, qui n'ont pas encore acquitté leurs cotisations de 1859 et de 1858. Quoi qu'il en soit, et abstraction faite de cette circonstance facheuse, nous devons regarder la situation de nos finances comme tout-à-fait satisfaisante : elle est telle, en effet, que nous pouvons étre assurés de faire face, sans aucun embarras, aux accroissements de dépense que doivent nécessairement entrai- ner, avant la fin de l'année courante, soit l'augmentation de loyer assez notable que nous aurons à supporter, soit les frais d'installation de la Société dans un nouveau local plus convenable et mieux approprié à ses besoins. Cette amélioration progressive de nos finances, si désirable et si importante pour l'avenir de notre Société, est due, vous le reconnaissez avec nous, Mes- sieurs, aux lumières et à la sage fermeté de votre Conseil d'administration, ainsi qu'au dévouement si complet et si constant de notre honorable trésorier. En terminant ici cet exposé, nous avons l'honneur de proposer à la Société de donner son approbation aux comptes de M. le Trésorier, pour l'année 1859, et de vouloir bien exprimer à l'honorable M. François Delessert tous nos sen- timents de gratitude pour l'ordre et la parfaite régularité qu'il apporte à la gestion de nos intéréts financiers. Les membres de la Commission, DE Bouis, A. PassY, G. BRICE, rapporteur. Paris, 27 juillet 1860. Les conclusions de ce rapport sont adoptées par la Société. M. Duchartre, secrétaire, donne lecture de la communication Suivante, adressée à la Société : SUR LA CULTURE DE LA GARANCE ET DU PASTEL DANS LE NORD DE LA FRANCE AU MOYEN AGE, par M. le baron de MÉLICOCQ. ( Raismes, 10 juillet 1860.) La Garance et le Pastel qui, aujourd'hui encore, figurent dans la plupart de nos flores locales, furent pour notre vieille agriculture des plantes bien plus précieuses que le Colza, l'OEillette, voire même la Betterave. Le Pastel surtout, connu alors sous le nom de waide, avait une importance commerciale telle que, dans une remontrance adressée à Charles-Quint (1530) par les riches cités flamandes, nous remarquons ce passage d'un haut intérêt : Sera trouvé que les franchois ont amené pour une feste d'Anvers, seulle- ment depuis certain brief temps, le nombre de LX" balles de ghaides et Plus, quy, à XX* de gros (1) chascune balle, pour le moins, a porté L.X" (1) En 1499, xxx l. de gros valaient (à Douai) 111 c. Lx I. A90 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. liv. de gros, sans:ce qu'ilz amaisnent journellement en grant. quantité en ce pays, hors temps de feste (4). Aux États-généraux de 1614, les cahiers du tiers-état prouvent que, même à cette époque, la culture du Pastel était encore considérée comme fort avan- tageuse, puisqu'ils représentent au roi que le blé, le vin, les toiles et le pastel sont quatre sources inépuisables de richesses (2). Vest encore aux archives de nos hótels-de-ville et de nos hospices que nous allons emprunter les documents les plus importants sur ces deux plantes. Frais de culture, procédés alors employés, constructions de moulins, peines infligées pour les contrefaçons, elles nous révèlent tout. Ainsi nous voyons (x1v° siècle) qu'auprès de Lille, les femmes qui plantent, sarquelent, couvrent, 77otenf, deffouient warance, ont deux gros par jour, méme prix pour la waide. Une ordonnance, publiée à Lille en 1382, veut que la waranche soit des- fouye dedens le my-avril, et qu'on ne commenche à la desfouyr qu'à la Nostre- Dame de septembre. Les quatre sortes de waranche : est assavoir boine waranche, courte waranche, ravenielle et paillin, doivent chascune avoir une ensengne diffé- rente. Défense de achater waranche courte, ne en croche, paillin, ne ravenielle, se elle n'est dou crut de la chastelerie; — de mieure (moudre) waranche que elle ne soit prumés cauffée de carbon. En 1397, les échevins de Lille envoient porter lettres aux loys des villes de Bruges et d’Ypres, et en pluiseurs autres lieux ou pays et conté de Flandres, pour certaine cause touchant l'artifice et marchandize de warance, dont on se uze tant en ceste ville de Lille, comme en ycelles villes et oudit pays. Au xvi° siècle, les ordonnances du magistrat nous fournissent des rensei- gnements encore plus curieux. Ainsi nous lisons dans celle de 1510 : « Que > tous ouvriers de garanche, ouvrans aux mollins, en et lez ceste ville de Lille, » si comme cauffeurs, emballeurs et le maistre de le batrye seront tenus, » ainchois que dés maintenant en avant ilz puissent ouvrer ladicte garanche, » en quelque sorte que ce soit, faire serment par devant eschevins de bien e! » léallement labourer et appointier ycelle garance, en gardant le droit des » labouriers et marchans, sans plus ou moings la chauffer, à l'appétit de ceulx » à qui elle appartiendroit, qui en la marchandise le requerra, sur Xl. de » fourfait, à preuve, sur le monnoyer (sic) et maistre dudict molin, en cas » que lesdis ouvriers fussent en faulte avoir faict ledict serment. « Que nul desdis ouvriers ou monniers de garanche ne chargent ou fachent » chargier, désormais, sur le chauffoir, pour une fois, plus grant quantité de (1) Arch. de l'hótel-de-ville de Béthune. (2) Voyez Aug. de Saint-Hilaire, in Ann. sc. nat., 2° série, t. VIT, p. 113. » » » » » » = z = =x = = s = LJ =x => =x =x Lj T =x > > E SÉANCE DU 27 JUILLET 1860. A91 garance que de LX à LXIII fais, mais trop bien moings se yceulx ouvriers perchevent la marchandise estre orde et terreuse, et par ce, désirant estre plus fort chauffée, pour estre labourée et bien appointiée du flayel, van et tamis. » Item, que on ne rechopve nulle, ne aucune garanche à miendre (à moins) que les labouriers, avant les deffouyr, ne ayent coppé, ou faict copper le gasis, nettement jusques à terre, d'un rufllet ferré, ainsy que anchienne- ment l'on a acoustumé faire, et que vl est requis pour avoir et livrer léalle marchandise, à péril de 11 gros de fourfait sur chascun fais de garance : lesquelx 11 gros se partiront vt d. aux cauffeurs, VI d. à l'esgard, et le résidu comme ban enfraint. Et, quant à l'intérest que en ce le marchant achateur pourroit avoir sur le vendeur, vcellui intérest se widera par ledit desdis esgardz, et que ledit vendeur sera tenu paier audit achatteur. » Item, que la garanche bien chauffée, yceulx ouvriers et monnyers le bat- tent, espoussent et tamisent, tant et sy bien que, en la crappe ne demeure la courte, ne terre, ne aultre ordure amendrissant ladicte crappe, ains la fachent sy bonne et sy léalle que la marchandise ne en perde son bon bruyt, et que les marchans estrangiers, ne autres, ne ayent cause de eulx dolloir ou délaissier à chargier garanche de ceste ville et environ. » Item, que yceulx monnoyers fachent de feu leur enseigne, comme ilz mettent sur leurs tonneaulx, avant que ilz partent du molin, laquelle ilz ont acoustumé faire de noir, et ce à la fin que l'on ne y fache fraulde, et qu'on ne le puist effacher, sur xx s. de fourfaict pour chascune pieche non enseignye, comme dit est (1). » L'année suivante, défense est faite « aux monnyers, ne aultres, quelz qu'ilz soient, eulx meslans de ouvrer et appointier garance, de rassembler ordures, ou terre, ayans prins aucune coulleur de garance esdis mollins de garance, pour ouvrer, ne faire ouvrer aucune sorte de garance, mais les jettent en voye, au fiens ou ailleurs, sans les garder, ne délaissier en leurs- dis mollins, ne ailleurs, sur xx l. (2). » En 1513, nous lisons dans une autre ordonnance : « Que nulz tainturiers ayant achaté et fait venir en ceste ville garanches estrangiéres, crappe courte, où boullon, ne se ingèrent les enclore, ou faire enclore en ceste ville, taille d'icelle que, préalablement, ilz les ayent amenés au lieu de l'es- gard, et que elles soient esgardées et marquées du fuzy de plomb, sur paine de dix livres d'amende. » Que, doresenavant, les monnoyers ne pourront chauffer et mouldre rachine de garanche estrangière, et non ayant creu en ceste chastellenie de Lille et enclavement d'icelle que, préalablement, toutte la rachine de (1) Arch. de l'hótel-de-ville de Lille, reg. aux ord., fol, xvit, r° et v°. (2) Ibid., fol. xiv v^. A492 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. » garanche de ceste dicte chastellenie et enclavement ne soit chauffée, sur » paine de x l. d'amende, saulf que se ilz n'avoient rachine de ladicte chas- » tellenie en leurs mollins ilz pourroient ouvrer ladicte garance estrangière » sans aucun fourfait (1). » En 1621, Jacques de Lattre présente supplique au magistrat, à l'effet d'obtenir concession du terrain nécessaire à l'établissement d'ung molin à garanche, lequel fonctionnera sans aide de chevaulx, d'eaulve, ny de vent, ains seullement en l'esmotion de certains instruments également propres à fouller draps et à faire élévation d'eauwe en grande quantité, à telle hauteur que sera trouvé convenir, pour les faire fluer par la ville, soit par ymaiges ou piromides (2). Pour le Pastel, les frais de culture sont les mêmes. Disons, toutefois, qu'en 1351, VIK rasières de wedielle (3) coûtent virt escus (^), tandis que le bari- siel de waide est payé XINI gros, en 1353, et que xvit bareaux et demy de waide sont vendus XLVI! escus. Le Pastel était aussi cultivé avec succès en Italie au xv° siècle, car, eu 1449, le messager de Bruges apporte à Lille, certaine wedde de Lombardie, affin qùe espreuve en fust faite (5). Les comptes des seigneuries de Gamans et d'Hulluch nous font con- naitre les droits exigés par les seigueurs qui possédaient des moulins à waide. A Gamans (1513), un bonnier (quatre mesures) mollu trois fois, paie XXXII $.; deux bonniers, deux cens, LXVII s. (6). A Hulluch, on donnait pour chaque mesure de wesdes, mollu trois fois, V S. UII d. (1) Ibid. (2) Ibid., fol. Lxxnur r° et v*. (3) La wedielle serait-elle une variété de la waide ? Ce document nous rappelle que. déjà nous avons signalé une plante, alors cultivée dans le nord de la France comme la Garance et le Pastel, et qui y est aujourd'hui complétement inconnue. Nous voulons parler du poivre blanc (voy. le Bull. de la Soc. botanique de France, t. IV, p. 192). Mentionné (à Lille) comme plante oléagineuse en 1380, nous le retrouvons encore an XvI* siècle, puisque nous voyons que celui qui enclot (1542) de la paille de poivre, sans congé de l'esgard, encourt amende de v1 1. (fol. XXXIX v?). (4) L'écu valait alors de 18 à 20 s. (3) En 1549, un marchand de garance est condamné à une amende de cent carollus, pour avoir embaslé des garanches de Zellande (l'abbé Rozier, Cours d'agriculture, t. » p. 235, dit que la garance de Zélande était fort estimée) qu'il avoit rappoinclie en ined ville au mollin, où il avoit part, en tonneaulx et fustailles de ce pays, et, en aprés, Mar” quiez lesdis tonneaulx de la marque de son mollin. (6) Il est encore question du molin à weddes de Gamans, en 1666 (quatre cents de terre font une mesure). — Dans la relation de son pélerinage à Jérusalem, fait e p Jehan de Fournai, bourgeois de Valenciennes, nous dit qu'à Rhodes les moulins à n ont chascun vi esles, et qu'il vit en Italie ung molin mu par des eaux chauldes, ow tourne beaucop plus fort que ne font ceulx de pardeca, et ce ad cause que leaut " beaucop plus pesante, ad cause qu'elle est chaulde (Ms. n° 453 de la bibl. de Valen ciennes, fol. 78 r°-129 v^), D] SÉANCE DU 27 JUILLET 1860. 493 En 1542, fl en fut moulu 114 mesures, 15 coupes, 4 havots, ce qui rap- porta au seigneur XX üt l. XVII s. VIH d. (1). On parle aussi des lavoirs des moulins. En 1474, le magistrat de Lille permet (moyennant une redevance annuelle de vis.) à un teinturier de weddes de faire au-dessus du pont de Maugré, une barbaquesne à mettre les pastées (2). Diverses condamnations, encourues par les waideurs, nous apprennent qu'en 1398 l'un d'eux dut payer une amende de xx s. pour deffaulte d'avotr laëssiet un piet entre deux pastés de wede. Eu 1418 et 1431, d'autres sont condamnés à des amendes de LX s. pour avoir fait les pastés de wedes, sans avoir un piet entre deux. La méme peine atteint celui qui, au flage de sa maison, conserve wede eu Sacs. N'oublions pas l'amende payée (1471) par chacun des couretiers de wedde qui avait frotté wede et l'avait mise à monstre avant leure à ce ordonnéc (Arch. de l'hótel-de-ville de Lille.) M. Decaisne rappelle que la Garance était cultivée dés le temps des Mérovingiens dans le nord de la France. Althen l'introduisit à Avignon au xvi siècle. — Le Pastel parait avoir été cultivé dans les Gaules, dont les anciens habitants employaient cette plante pour se peindre le corps et se tatouer. Il y avait au moyen àge un marché pour le Pastel à Saint-Denis prés Paris, oü une place sappelle encore Place aux Gueldres. — M. Decaisne ajoute que le Colza était aussi cultivé en Gaule à l'époque de la conquête romaine ; on l'employait pour faire du savon vert. | M. Cosson fait remarquer que M. Graves, dans son Catalogue des plantes de l'Oise, insiste sur ce fait, que toutes les localités actuelles de la Garance, aux environs de Paris, sont des restes d'anciennes .cultures. Le vrai Rubia tinctorum est abondant au chateau de Dreux (Eure-et-Loir), et la calture de cette plante parait s'être propagée successivement du nord vers le midi de la France. (1) Archives de feu M. le baron de Berthoult. (2) Les teinturiers du xv° siècle, pour baillier flerens aux draps, faisoient usage de claux de geroulfe avoec pourre de glay. — Ils ne pouvaient se servir de taintures de bel- lecquoir, de caudère, poupère, lecquemoulx, orseille, brésil, etc., lesquelles sont décla- rées faulses et desléalles, ni teindre leurs draps et leurs laines de waranche, prumiers qu'ilz eussent assis leur wedde, ni donner avantaige de waranche aux draps tains en prés; mais ils devaient assir leur wedde premier et tout pour une fois, sans retourner à wedde et sans les waranchier prumiers. — 1613. Accordé, pour le terme de XX ans, au comte de Bucquoy, qu'il puisse, à l'exclusion de tous aultres, mectre, ou faire mectre en œuvre invention qu'il dict avoir de faire et fabricquer la couleur bleue de Turquie, pour la- quelle invention il offre d'établir des moullins et fours (fol. CCCXXVIII r° à CCCNXX r°). A94 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. En Algérie, on trouve la plante à l'état subspontané, et la tradition de son ancienne culture s'est conservée parmi les indigénes. M. Fermond fait à la Société les communications suivantes : NOTE SUR LA GERMINATION DU SAPINDUS DIVARICATUS, par M. Ch. FERMOND. Ainsi que nous l'avions annoncé (1), nous avons cherché à faire germer quelques-unes des graines du Sapindus divaricatus que nous avons reçues du Brésil, et, comme cette germination nous a paru présenter quelques particu- larités de nature à intéresser la Société, nous avons été conduit à en faire le sujet de cette note. La dureté excessive du. testa de la graine nous ayant fait craindre que la germination ne füt trés lente, nous avons commencé par ramollir ce testa en plongeant cinq de ces graines dans de l'eau ordinaire où nous les avons lais- sées une semaine. Pendant ce temps, l'une d'elles a acquis un développement considérable, tandis que les autres ne nous ont pas paru avoir augmenté sen- siblement de volume, Alors nous les avons mises en terre ordinaire, dans trois pots, deux recevant chacun deux graines, le troisième n'en recevant qu'une, celle qui avait acquis le plus grand développement dans l'eau. Ces trois pots ont été recouverts par la méme cloche. Au bout d'un mois environ, c'est-à-dire le 12 mai (les graines ayant été mises en terre le 10 avril), l'une d'elles levait ; c'était, bien entendu, celle qui avait acquis dans l'eau le plus grand développement. La seconde n'a levé que le 30 mai, la troisième que le 14 juin, la quatrième que le 20 juin, et la cinquiéme que le 6 juillet. Comme on le voit, bien que toutes les circon- stances aient été autant que possible les mêmes, cependant il y a une grande différence dans le temps que chacune de ces graines a mis à germer, ce qu'il faut attribuer à leur état plus ou moins complet de maturité et de siccité. Les cotylédons sont hypogés, et comme le testa très dur les retient avec force accolés l’un à l’autre, voici alors de quelle façon se fait la germination. Sous l'influence de l'humidité, le testa et l'épisperme se gonflent et aug- mentent ainsi la capacité de la loge de l'amande, qui grossit elle-méme quelque temps aprés. Arrivé à la limite extréme de son extension, le testa se rompt , l'endroit méme où se trouve le micropyle, pressé qu'il est par la radicule qui grandit. Ce n'est pas seulement la radicule qui prend de l'accroissement, car on peut remarquer que les cotylédons, surtout par leur base, s'allongent con- sidérablement, à ce point qu'ils franchissent la déchirure qui s'est faite et viennent faire une hernie de 10 millimètres en dehors du périmètre de la graine gonflée. Alors la radicule s'allonge en méme temps qu'une fente supe (1) Voyez plus haut, p. 219. SÉANCE DU 27 JUILLET 1860. A95 rieure à la radicule se prononce, fente produite par la base des deux cotylé- dons qui s'écartent à mesure que la gemmule prend du développement. Enfin, bientót elle se montre au-dessus de la fente, constituée par une tigelle dressée portant des petites écailles allongées ayant la disposition représentée par 2/5 ou 3/8, et qui ne sont que des feuilles à l'état rudimentaire ; mais, à mesure que l'axe se développe, les feuilles prennent des dimensions de plus en plus grandes et arrivent à affecter la forme penninerve et lancéolée-oblongue des feuilles que la plante conservera probablement plus tard. Nous supposons que la plante conservera la forme de ses premières feuilles, parce que, d’après les études particulières sur la manière dont les feuilles se divisent pour 4ortner les feuilles disséquées ou composées, nous avons toujours vu cette division se faire dès les troisième et quatrième feuilles ; tandis qu'ici, après la seizième feuille, cette division ne s’est pas encore montrée, et l’on n'observe même aucune tendance à la composition. l S'il en était ainsi, nous ne comprendrions guère que l'on dût rapporter cette graine au fruit du Sapindus divaricatus décrit par Aug. de Saint-Hilaire, dans sa Flore du Brésil méridional, puisque cet auteur donne de sa feuille les carac- tères suivants : Aachi aptera; foliolis 2-5-jugis, lanceolatis, falcatis , inæquilateris, acutis, glabriusculis;..... A moins donc que les feuilles ne viennent plus tard à se composer, on voit que notre plante ne se rapporte nullement à l'espéce décrite par Aug. de Saint-Hilaire. Quoi qu'il en soit, nous devons appeler l'attention des botanistes sur la conformation de cette graine, conformation qui nous a été dévoilée par sa germination. | On se contente, en général, dans les cas de campylotropie, de décrire les &raines comme composées d'un embryon ayant sa radicule recourbée. Or il est sans doute important de bien distinguer le sens de cette récurvation, car il se peut, comme chez les Cruciféres, que la radicule se recourbe sur le dos des cotylédons ou sur leurs côtés. Dans le premier cas, on a affaire à unc campylotropie dorsale et, dans le second, à une campylotropie latérale. Chez les Crucifères, la campylotropie est donc à la fois latérale (cotylédons accom- bants) et dorsale (cotylédons incombants). Mais alors, comme en général les Cotylédons sont foliacés, il n'y a jamais une grande différence de grandeur entre les deux cotylédons. Dans notre Sapindus, les cotylédons sont très épais, et, comme la campylo- tropie est dorsale, il en résulte que l'un des cotylédons devrait prendre un développement. relativement beaucoup plus considérable, pour rapprocher le micropyle du hile et rendre la graine campylotrope. Or c'est ce qui n'est Pas, car la différence n'est que peu prononcée, surtout avant la germination. En effet. d'une part, les deux cotylédons sont à peu prés de méme largeur. Le cotylédon supérieur est un peu plus long, un peu enveloppant longitudina: lement, et a un peu plus d'épaisseur que le, cotylédon inférieur; il représente à 496 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. peu près les 5/9 de l'amande ; c'est-à-dire qu'il est de 1/5 plus gros que l'autre cotylédon. D'un autre côté, la radicule est si peu recourbée sur le cotylédon que, relativement au plan de séparation des cotylédons, sa direction est sensi- blement suivant un augle droit. Après la germination, la campylotropie s'est un peu plus fortement accusée, car la radicule s'est recourbée davantage sur les cotylédons, et le cotylédon supérieur, ou le plus grand, s'est accru de manière à envelopper le plus petit comme une calotte. La campsylotropie, commencée dans la graine, s'est donc continuée pendant la germination. Dans l'un et dans l'autre cas, elle s'est néanmoins assez prononcée pour rendre le micropyle voisin du hile, en laissant celui-ci entre la chalaze et le micropyle; mais elle est loin d'offrir, méme aprés la germination, la récurvation que présentent certaines campy- lotropies dorsales de Cruciferes, par exemple celle de I /satis tinctoria. NOTE SUR UNE TIGE FASCIÉE DU CUGURBITA PEPO ET SUR UNE PROLIFICATION DE L'AGARICUS EDULIS, pr M. Ch. FERMOND. Nous sommes persnadé que les monstruosités ont une signification souvent très importante dans l'explication des phénomènes physiologiques ; c'est pour- quoi nous avons cru devoir mettre sous les yeux de la Société les deux cas suivants de tératologie végétale. I. Fascic du Cucurbita Pepo. — Quoique cette sorte de monstruosité se rencontre assez fréquemment, cependant le volume considérable qu'elle offre nous a fait un devoir de la présenter ici et d'en donner une description succincte, Cette fascie, en effet, a une longueur de 1 mètre 92 centimètres, sur une largeur de 10 et 12 centimètres, Comme toutes les fascies, elle com- mence par une tige cylindrique qui s’aplatit de plus en plus, de façon à pré- senter une longue plaque plus ou moins épaisse, plus ou moins gondolée ou boursouflée. Sa base présente quelques feuilles solitaires. Un peu plus haut, on en trouve deux ou trois, puis un plus grand nombre assemblées ou grou- pées suivant des lignes transversales obliques, représentant les fragments interrompus d'une hélice. Nous.en avons compté jusqu'à douze et treize dis- posées ainsi sur une méme ligne, chaque feuille étant accompagnée de sa vrille latérale et, à son aisselle, d'une fleur soit mâle, soit femelle. L'extrémité supé- rieure est constituée par une multitude de bourgeons terminaux tous intime- ment soudés et formant un seul et même corps. A mesure que son développe- ment se prononce, on voit les feuilles porter à leur aisselle des boutons-fleurs, parmi lesquelles dominent les fleurs femelles, car nous comptons jusqu'a onze petits potirons bien formés. IL Champignons prolifères, — Les Champignons de la division des Agarics nous ont présenté quelquefois un phénomene que l'on retrouve souvent dans certaines fleurs et. dans certains fruits dits pro/iféres, et qui consiste SÉANCE DU 27 JUILLET 1860. 197 dans la présence d’un ou de plusieurs champignons surnuméraires paraissant émerger du chapeau du champignon-mère. Mais ce phénomène, toujours le méme en apparence, nous a montré trois origines différentes, ou plutôt il faut reconnaître que la prolification, si tant est que l’on doive considérer comme telle l'un de ces phénomènes, n'a véritablement lieu que dans un seul cas, et que, par conséquent, les deux autres ne doivent étre regardés que comme de fausses proli fications dont nous avons reconnu la formation. a. Nous avons plusieurs fois rencontré le Champignon de couches (Agaricus edulis) portant, sur son chapeau, un, deux et trois champignons plus petits, ct ayant une véritable apparence de prolification. Il n'en était cependant rien, car il était aisé de séparer les petits champignons du chapeau qui les portait, sans méme déterminer la moindre déchirure dela membrane qui le revétait. Il semble que, le premier se développant plus rapidement et ayant pris nais- sance sous de plus petits individus en voie de croissance, ceux-ci, soulevés et simplement collés sur le premier, aient continué à vivre d'une maniere tout à fait indépendante de lui. h. Nous avons bien souvent aussi trouvé une espece d'Agaric de la section des Cortinarius offrant une sorte de chapeau renversé, à peu prés au centre et au-dessus du chapeau principal. Au premier abord, on serait tenté d'attribuer ce phénomène à une prolification, mais qui offrirait cela de remar- quable que le petit chapeau surnuméraire serait complétement renversé, c'est- à-dire qu'au lieu d'avoir ses lamelles en dessous, il les présenterait en dessus ; d'un autre cóté, ce chapeau était complétement sessile, alors que le cham- pignon normal est assez hautement stipité. Nous avons voulu avoir la raison de cette sorte d'anomalie, et voir si réelle- ment il y avait prolification avec renversement du chapeau surnuméraire ; aprés quelques recherches, nous avons acquis la certitude que nous n'avions affaire qu'à une fausse prolification dont le mécanisme est des plus simples. Les bords du chapeau de ce Champignon sont souvent comme frisés par un excès d'accroissement, et quelquefois, quand l'individu est jeune, cet accroisse- ment est tel sur un point du bord que celui-ci se relève; le chapeau conti- huant à croître de chaque côté du bord relevé, il en résulte bientôt une soudure qui enferme, à peu près au centre du chapeau, une sorte de chapeau plus petit, mais dont les rayons sont rendus supérieurs par le fait méme de cette plicature. Mais en méme temps une soudure analogue se produit sur le petit chapeau, et, comme l'accroissement a lieu quelque temps encore dans les deux chapeaux superposés, les bords de nouvelle formation sont complétement Séparés et figurent ainsi une prolification qui, en réalité, n'existe pas. Eu cherchant sur un grand nombre d'individus, on trouve, en effet, tous les Passages entre le moment où ce point se relève et celui où les bords de chaque côté de ce point vont se souder. T. VIL 32 498 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. c. Enfin, le champignon que nous avons l'honneur de présenter à la Société semble étre un cas de véritable prolification, ce qui serait d'autant plus remarquable que l'on ne devait guère s'attendre à un phénomène de ce genre dans une espèce d'Agame où l'évolution ascendante de l'individu se termine d'ordinaire au chapeau. Cependant, ici, nous trouvons un chapeau de 55 à 60 millimètres de diamètre, porté par un stipe de 64 millimètres de hauteur. Au-dessus de ce premier chapeau, mais cette fois sortant véritablement de son centre, nous voyons deux autres champignons plus petits, d'inégales dimensions; l'un, ayant un chapeau de 38 millimètres de diamètre et un stipe de 36 millimètres de hauteur ; l'autre, offrant un chapeau de 30 millimètres de diamètre et un stipe de 24 millimètres de hauteur. Tous trois étaient accompagnés de leur ve/um, réduit en ce moment à un anneau qui entoure le haut de chaque stipe. Pour découvrir la cause de cette superfétation, nous avons dû rechercher si l'anatomie ne nous offrirait pas quelque moyen d'expliquer ce phénomène. Or, en coupant longitudinalement le stipe et le chapeau du champignon prin- cipal, mais en faisant passer la section entre les deux champignons surnumé- raires, on ne tarde pas à reconnaître que les champignons plus petits sem- blent, ainsi que le premier, émerger d'un mycelium commun. En effet, le stipe et la substance du chapeau sont longitudinalement traversés par un tissu cellulaire d'une nuance différente, en quelques endroits séparé du tissu général, et qui, partant de la base du stipe principal, se rend dans les deux champignous surnuméraires. Si l'on voulait chercher une explication à ce fait, on serait tenté de regarder les deux champignons surnuméraires comme la continuation d'une sorte d'axe représenté par le stipe, ce qui ferait admettre un bourgeonnement analogue à celui qui existe chez les végétaux phanérogames, bourgeonnement bien diffi- cile à admettre chez les Champignons. Il semble plus rationnel d'admettre une sorte d'enclavement de deux champignons dans un seul, qui aurait lieu de la manière suivante. On sait que le tissu cellulaire des Champignons est susceptible de soudures trés faciles. Supposons trois spores germant ensemble dans un espace fort étroit et confondant ensemble leur mycelium ; admettons, ce qui peut arriver, qu’il y ait un champignon qui grandisse plus vite que les deux autres, et que, tous trois soudésen un seul, le premier les enveloppe complétement comme dans un sac. Quand celui-ci aura terminé sa croissance, les deux autres reprendront unc croissance relativement plus grande, n'étant plus affamés par le premier, e: bientòt perceront la membrane du chapeau qui les porte et simuleront ainsi la continuation du stipe principal, avec une sorte de bifurcation. On peut encore admettre que l'enclavement n'a pas eu lieu d'une manière complète, à qu alors la base du stipe des deux petits champignons a été seule enveloppee pendant la croissance du plus grand. SÉANCE DU 27 JUILLET 4860. A99 M. J. Gay rappelle que M. Des Moulins a communiqué àla Société, il y a peu de temps (1), un exemple de prolification de Champi- enons semblable à celui que présente M. Fermond. Relativement à la germination du Sapindus, M. Decaisne fait observer que la plante peut changer d'aspect avec l'àge : une jeune plante peut avoir des feuilles simples d'abord et des feuilles composées plus tard. M. Puel fait à la Société la communication suivante : NOTE SUR L'HERBIER DE FEU M. CHAUBARD, par M. 'F. PUEL. Un savant, érudit non moins que modeste, et avant tout homme de bien, M. Chaubard, qui aurait certainement compté au nombre des membres fondateurs de la Société botanique, s'il avait vécu quelques mois de plus (2), a laissé un herbier précieux sur lequel je désire attirer l'attention de la Société. Par suite de circonstances imprévues, et grâce au désintéressement de la famille de M. Chaubard, ces collections se trouvent aujourd'hui placées entre mes mains. Le souvenir de.la bienveillante amitié dont m'honora constamment celui qui fut mon premier guide en botanique, m'impose la douce obligation de faire connaitre les types intéressants que renferme cet herbier, et surtout les notes manuscrites qui accompagnent plusieurs espèces. Les amis de M. Chaubard (et la Société en compte un grand nombre) savent avec quelle bonté, je dirais presque avec quelle ardeur, il accueillait les jeunes botanistes, encourageant leurs premiers essais et dirigeant leurs efforts vers un but scientifique : c'est à moi surtout qu'il appartient de proclamer ces rares qua- lités du cœur, alliées chez M. Chaubard à une vaste érudition, car nul, j'ose le dire, "n'a été plus à méme de les apprécier. Un jour, je l'espère, il me sera permis de dévoiler, dans une notice spéciale, quelques-uns de ces détails intimes d'une vie à la fois si simple et si bien remplie, dont sa famille et ses amis ont seuls aujourd'hui le secret; mais n'oublions pas en ce moment qu'il ne doit étre ici question que du mérite scientifique de M. Chaubard, au point de vue spécial de la botanique. Tout le monde sait que M. Chaubard fut le collaborateur le plus actif de Saint-Amans pour la rédaction de la Flore agenaise, et que la cryptogamie en particulier fut son œuvre spéciale : aussi peut-être y aurait-il quelque justice à associer constamment son nom à celui de Saint-Amans, lorsqu'on cite cet ouvrage. Quoi qu'il en soit, la Flore agenaise fit une véritable sensation à l'époque oü elle parut, surtout à cause de la cryptogamie, que (1) Voyez le Bulletin, t. V, p. 211. (2) M. Chaubard est décédé le 20 janvier 1854. 500 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. les Flores locales, même encore aujourd’hui, négligent le plus souvent. La réputation de M. Chaubard s’étendit rapidement, et bientôt il fut chargé de la rédaction de la partie phanérogamique de la Nouvelle Flore du Péloponèse par son ami et compatriote Bory de Saint-Vincent, qui se réserva la crypto- gamie. Ce n'est pas ici le lieu d'apprécier la valeur scientifique de ces deux ouvrages, mais je dois dire que l'herbier renferme heureusement la majeure partie des échantillons typiques qui ont servi aux descriptions des espèces inédites. Il en est de méme des types correspondant aux notes critiques publiées par M. Chaubard dans divers recueils, tels que les Annales des sciences d'observation (t. IV, 1830) et les Actes de la Société Linnéenne de Bordeaux (t. XIX [2* série, t. IX], 1853). Les relations de M. Chaubard avec un grand nombre de botanistes ont doté son herbier de plantes pré- cieuses : malheureusement l'origine en est quelquefois confuse, par suite de l'absence de signature sur les étiquettes, et, il faut bien le dire aussi, à cause de la regrettable habitude qu'il avait de placer dans la méme feuille plusieurs exemplaires provenant de localités différentes. Toutefois le soin particulier avec lequel j'ai remanié moi-même une grande partie, et je pourrai dire bientót la totalité, de cet herbier, dont je connais de longue date la disposition, et la connaissance que j'ai acquise de l'écriture des divers botanistes collecteurs, me permettront, je l'espere, de rétablir à cet égard un ordre qu'on rencontre rarement dans les herbiers des anciens botanistes : ceux-ci ne voyaient trop souvent, en effet, que de simples questions de taxonomie ou de synonymie dans l'étude des plantes, et se préoccupaient peu des questions de distribution géographique qui nous paraissent actuellement si intéressantes. Voici l'indication sommaire des principaux botanistes dont les récoltes ont contribué à former l'herbier de M. Chaubard. Tous les collaborateurs de Saint-Amans y sont représentés, et je citerai en particulier nos honorables confrères MM. Du Molin et L. de Brondeau, auxquels il faut joindre MM. de Pommaret et L. Amblard pour les espèces découvertes dans ces derniers temps. Parmi les botanistes qui faisaient partie de l'expédition de Morée, M. Git- tard est celui dont le nom revient le plus fréquemment dans l'herbier comme dans la Flore du Péloponése. Un grand nombre d’espèces nouvelles ont été décrites dans ce dernier ouvrage par M. Chaubard; quelques-unes resteront dans la science; d'autres, au contraire, doivent étre rapportées, en synonymes, à des plantes décrites antérieurement, soit par Sibthorp et Smith, soit par d'autres auteurs. I] serait extrêmement intéressant d'étudier à ce point de vue les types de l'herbier de M. Chaubard, en les comparant aux espèces récemment recueillies, dans les mêmes régions et dans d'autres parties de la Grèce, par MM. de Heldreich et Orphanidès, SÉANCE DU 27 JUILLET 1860. 501 Après les types de la Flore agenaise et ceux de la Flore de Moréë, les collec- tions les plus nombreuses et les plus importantes de l'herbier de M. Chaubard proviennent. de l'herbier de Fauché, ancien pharmacien militaire, qui était en rapport avec un grand nombre d'officiers de santé et de pharmaciens atta- chés aux divers corps des armées qui firent les campagnes d'Espagne et d'Algérie. C'est dans cet herbier qu'il faudrait chercher peut-étre la trace des pre- mières découvertes faites dans diverses régions de l'Espagne, si peu connue avant les explorations récentes de MM. Boissier, Reuter, Graëlls, Guirao, Bourgeau, etc.; et, dans tous les cas, le jour où l'on réunira dans un travail d'ensemble les matériaux épars de la flore d'Espagne, il sera juste de citer à l’occasion ,. aprés M. Léon Dufour, les noms de MM. Monard, Helyon, Pignant, etc. Quant à l'Algérie, M. Cosson, qui, pour chaque espèce, se propose de restituer au. premier explorateur le mérite de sa découverte, trouvera dans l'herbier de M. Chaubard une collection presque complète des belles récoltes faites autour d'Alger, en 1830 et 1831, par MM. Monard frères, Jourdain, Férat, de la Neuville, Rollin, etc., ainsi que les types précieux de Steinheil et Mutel, recueillis à Bone et sur les parties du littoral qui furent les premières soumises à notre domination. L'herbier de M. Chaubard renferme un certain nombre de collections parti- culiéres dignes d'intérét ; je placerai en première ligne une série de plantes pyrénéennes, généralement accompagnées de l'indication suivante : Herbier de Mme Allent. Véritable herbier de dame, cette collection n'offre au premier abord qu'un médiocre intérét, mais elle acquiert une véritable valeur scienti- fique quand on sait que l'illustre Ramond a tracé les noms des plantes sur les étiquettes. L'herbier présente aussi un grand nombre de plantes de M. Léon Dufour, recueillies soit pendant ses divers voyages, soit dans les Landes qu'il connaît si bien et qu'il nous a si bien fait connaitre : je citerai notamment les types du geure Opegrapha (Lichens) et les plantes récoltées dans les Pyrénées et en Espagne, auxquelles les intéressantes notices communiquées à la Société par l'auteur du Voyage dans les Montagnes-Maudites et de la Florule de Xativa Viennent d'ajouter un nouveau prix. Mutel, qui avait recu de M. Chaubard de nombreuses communications pour la rédaction de sa Flore de France, lui avait donné à son tour plusieurs plantes du Dauphiné, d'Alsace, etc. , devenues aujourd'hui des typés précieux * cause de leur rareté. Notre honorable confrère M. Lagrèze-Fossat, ainsi qu'il le dit dans le Préface de sa Flore de Tarn-et-Garonne, avait communiqué à M. Chaubard les plantes critiques ou rares de son département : elles se retrouvent toutes dans l'herbier, 502 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Parmi les autres types intéressants que renferme cet herbier, je citerai en particulier une des rares collections que M. Ch. Martins a rapportées de son voyage dans le nord de l'Europe, les plantes de Boivin pour la Lozère et les environs de Compiègne, de M. Montagne pour la région méditerranéenne et les Pyrénées orientales, de M. Bouvier pour quelques localités peu connues de la Savoie, etc. Enfin, pour la cryptogamie, qui n'est pas la partie la moins riche, je dois citer plus spécialement Lamouroux, Tillette de Clermont, ce confrère si regretté, MM. Roussel, Le Clerc (de Caen), etc. Voilà certes des collections précieuses pour la science, et je les considère comme un dépót sacré, placé momentanément entre mes maius; mais ce qui leur donne une valeur plus grande, ce sont les notes critiques qui accompa- gnent un grand nombre d'espèces. Je saisirai avec empressement les occasions qui pourront se présenter de faire connaitre quelques-unes de ces observations intéressantes, et peut-être quelque jour serai-je assez heureux pour publier une revue générale de cet herbier, et m'acquitter ainsi en partie de la dette de respectueuse gratitude que m'impose le souvenir des témoignages de bien- veillance que j'ai reçus de M. Chaubard. En attendant, je demande à la Société la permission de citer aujourd'hui quelques extraits des notes manu- scrites que je viens de signaler. _ERYTHRÆA SCILLOIDES Chaubard mss. Gentiana scilloides L. fil. suppl. p. 175 (1781) ; Masson ! (h. mus. P.), qui detexit in insulis Azoreis. Erythræa diffusa Woods ! L'échantillon recueilli par Masson aux Açores, et conservé dans l'herbier du Muséum, ne laisse aucun doute sur l'identité du Gentiana scilloides L. fil. avec la plante francaise décrite dans ces derniers temps par M. Woods. C'est donc avec juste raison que M. Chaubard a inscrit sur son étiquette Erythrea scilloides, et c'est sous ce nom que notre plante bretonne devra désormais étre désignée. THALICTRUM TUBEROSUM L. — Il v a, dans l'herbier de M. Chaubard, un échantillon de cette plante, avec une étiquette portant pour localité Saint-Jean- Pied-de-Port : il y en a un autre dont l'étiquette porte Pampelune ; le nom du collecteur n'est pas indiqué, et l'étiquette est de la main de M. Chaubard. Voilà donc une nouvelle localité francaise pour cette rare espéce, qu'on a été plus de trente ans à retrouver aprés les indications vagues de De Candolle. Je saisirai cette occasion pour signaler une autre localité francaise de la méme plante, que j'ai vue dans l'herbier de mon ami M. L. Soubeiran. La plante a été récoltée par M. Filhol aux environs de Bagnéres-de-Luchon, mais mal- heureusement l'auteur de la découverte, que j'ai spécialement interrogé à cet égard, n'a pu me donner aucune indication sur le point précis oü la plante 2 été trouvée, SÉANCE DU 27 JUILLET 1860. 503 La partie crvptogamique de la Flore agenaise n'est pas la moins intéressante de cet ouvrage, et tont le monde sait que M. Chaubard en est l'auteur, Saint-Amans lui en ayant lui-même attribué le mérite dans la préface de son livre. C'est donc spécialement dans son herbier qu'il fant rechercher les types des descriptions de la Flore, mais ce n'est pas un médiocre travail, car M. Chaubard à le plus souvent modifié les noms primitifs de la Flore agenaise. La confusion serait méme inévitable, si fort heureusement il n'avait conservé toutes les étiquettes intactes, se contentant de consigner ses rectifi- cations, de méme que ses observations critiques, au dos de la feuille d'enve- loppe. Cette étude de synonymie comparative de la Flore agenaise avec les noms modernes aurait un véritable intérét, non-seulement pour la flore du sud- ouest, mais aussi pour la flore francaise et méme pour la science en général, car on sait qu'un grand nombre d'espèces découvertes et nommées par M. Chaubard ont été maintenues. A l'appui de ce que j'avance, je demanderai la permission de citer spéciale- ment la classe des Lichens. Leséjour de M. W. Nylander parmi nous m'a fourni l'occasion de sou- mettre à ce savant lichénographe une notable partie des Lichens de M. Chau- bard, et, si je ne craignais de lui enlever une partie du temps précieux qu'il consacre si utilement à la rédaction de son grand ouvrage sur cette classe de végétaux, je le prierais de passer en revue au moins tous les Lichens de la Flore agenaise, ce qui nous permettrait d'en rectifier le catalogue d'après la nomen- clature méme de M. Nylander, la seule qu'on puisse admettre aujourd'hui. En attendant que ce travail devienne possible, je communiquerai à la Société quelques-unes des observations déjà faites par M. Nylander sur quelques Lichens de l'herbier de M. Chaubard, et je donnerai d'abord la description d'une espèce nouvelle de Lecidea, confondue par M. Chaubard avec le Zeci- dea fossarum, et provenant des environs d' Agen. LECIDEA ATHALLOIDES Nyl. (in herb. Puel). -—T'hallus tenuissimus, macula pallida vel pallide virescente indicatus; apothecia fusca vel fusco-nigricantia adpressa, fere mediocria (lati. circa 4 millim. vel minora), planiuscula, immarginata, intus carneo -pallescentia vel subincolora ; spore A^-8"*, ovoideæ vel altero sepe apice (infero) attenuatæ, intus varie divise (vel submurali- divise), longit. 0,020-30 millim. , crassit. 0,010-12 millim. ; paraphyses gra- cillimæ confertze (in gelatina hymenea immersæ nec ab ea discrete, nec Separandæ) et passim ramosa ; Aypothecium incolor ; gelatina hymenea iodo haud tincta; £Aecc vinose rubentes. — Subsimilis Zecidec fossarum, sed apotheciis fuscis et sporis dissimillimis. Sous le nom d’Arthonia dispersa (Fl. ag. p. 471), M. Nylander a trouvé le Mycoporum miserrimum, espèce nouvelle qu'il a décrite dans les Mémoires dela Sot. imp. des sc. nat. de Cherbourg (t. V, 1857), sur un échantillon 504 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. déposé dans l'herbier de M. Mougeot, sans indication de localité et provenant des collections de Ghevallier. La localité des environs d'Agen serait donc la première connue. Je citerai aussi une espèce rare en France, trouvée à Tibet près Agen, le Lecanora Lallavei Nyl. (Lecidea Lallavei Clem.). L'herbier de M. Chaubard renferme plusieurs beaux exemplaires du Leca- nora rubelliana Ach. (Lecanora Zenkeri Chaubard mss.), récoltés sur les cailloux de l’amphithéâtre romain de Blagnac, à Toulouse. M. Nylander, en voyant ce Lichen, affirma tout d'abord qu'il ne pouvait venir à Toulouse, attendu que c'est une espéce qui appartient aux régions élevées des Alpes et des Pyrénées. Mais, en réfléchissant à la nature siliceuse des pierres de l'amphithéàtre, qui proviennent évidemment des Pyrénées, il s'est. expliqué cette apparente anomalie. Toutefois, il reste à décider une question intéres- sante; c'est celle de savoir si les échantillons de Lecanora rubelliana, trouvés à Blagnac, se sont formés dans les Pyrénées avant l'époque de la construction de l’amphithéâtre et se sont conservés depuis lors sans végéter, ou s'ils ont pu * continuer à végéter à Toulouse, malgré la différence d'altitude. M. de Schœnefeld, secrétaire, donne lecture des communications suivantes, adressées à la Société : LETTRE DE M. Alphonse de ROCHEBRUNE A MM. LES SECRÉTAIRES DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Angoulême, 44 juillet 1860. Messieurs, Désirant, après quatorze années d'herborisations et d'études incessantes sur la flore charentaise, livrer au public un travail fait en collaboration avec M. le docteur A. Savatier, membre de la Société botanique; mais voulant con- server, dans le cas où une autre personne viendrait à publier un travail sur la flore de la Charente dans le peu de temps qui pourra s'écouler jusqu'a l'entière révision de notre manuscrit, une priorité que nous croyons avon légitimement acquise, je viens vous prier, Messieurs, de vouloir bien informer la Société à laquelle j'ai l'honneur d'appartenir, que nous comptons publier d'ici à peu de temps le Catalogue raisonné des Phanérogames de la Charente, et que nous la prions de vouloir bien nous donner acte de notre communication. Agréez, etc. " SUR LA PÉLORIE ANECTARIÉE DU LINARIA VULGARIS, par M. Ch. DES MOULINS. (Bordeaux, 23 juin 4860.) M. C. Billot a dit (en 1859, je crois) dans ses Annotations, que la pélorie SÉANCE DU 27 JUILLET 1860. 505 anectaria du Linaria vulgaris a été retrouvée en France (1). Cette perfection de monstruosité est si rare qu'il ne me semble pas superflu de faire connaître à la Société botanique que mon herbier en renferme deux échantillons, L'un d'eux n'est qu'un rameau portant quatre fleurs. Il a été recueilli à Fillé- Guécélard (Sarthe) et m'a été adressé, dans une lettre, le 4° septembre 1846, par M. Édouard Guéranger (du Mans), qui l'avait probablement trouvé lui-même, mais qui n'a pas inscrit sur l'étiquette la date de cette bonne fortune. L'autre échantillon, complet et d'une merveilleuse beauté, a été trouvé en ma présence, le 16 septembre 1840, par le jeune Antoine Dource, alors ado- lescent, et maintenant, je crois, substitut où méme procureur impérial, qui voulut bien m'en faire l'abandon. Nous ne trouvàmes pas d'autre pélorie anectaria dans le chaume qui nous avait fourni celle-là, mais seulement beau- coup de fleurs déformées à divers degrés, et entre autres plusieurs fleurs péloriées à trois, quatre et cinq éperons, éparses parmi des fleurs ordinaires ou monstrueuses. L'échantillon qui fait l'objet principal de ma communication a 24 centi- mètres de hauteur, plusieurs tiges gréles et stériles, et une seule tige fertile, terminée (sans compter les boutons encore incomplétement caractérisés) par un épi de VINGT-CINQ fleurs parfaitement régulières, sans éperon, et qui rappellent sensiblement la forme de celles du Bouvardia (le ci-devant Hous- tonia coccinea des jardiniers). Aucune fleur de cet échantillon n'est normale, ni méme déformée à un moindre degré. La localité précise est un champ situé sur la gauche de la grande route, en allant de Bagnères-de-Bigorre à Médoux, près d'une croix qui borde le chemin. Les champs qui s'étendent sur l'autre rive de l'Adour, entre Bagnères-de- Bigorre et Asté, m'ont offert en grand nombre, le 21 septembre de la méme année, les déformations moins précieuses dont j'ai parlé plus haut. N'est-il pas singulier que les échantillons très nombreux qui les offrent à tous les degrés n'aient pas une seule fleur anectariée ? Est-ce que le summum de l'anomalie serait exclusif des degrés intermédiaires de celle-ci? C'est à des faits plus nombreux qu'il appartiendra de répondre à cette derniere question. M. J. Gay présente à cette occasion les observations suivantes : J'ai deux observations à faire sur 11 communication que nous venons d'entendre, la premiere historique et géographique, la seconde relative au nom que doit porter la monstruosité en question. (1) Voyez plus haut, p. 377. 506 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Les textes à consulter au sujet de cette monstruosité sont jusqu'ici en très petit nombre. Je vais les citer dans l'ordre des dates : C.-C. Gmelin, Flora badensis, t. M, 1806, p. 694, tab. 4. Édouard Chavannes, Monographie des Antirrhinées, 1833, p. 68. Moquin-Tandon, Éléments de Tératologie végétale, 1841, p. 166. Boreau, /'/. du centre, 2° édit., 1849, t. II, p. 379; 3° édit., 1857, t. II, p. ^79. Decaisne, in /evue horticole, 3° série, t. V, 1851, p. 433, fig. 22, sinistr. C. Billot, Annotations à la Flore de France, p. 199-205, tab. 4, fig. 1-^ (feuille portant la date du 21 janvier 1860). On voit par ces textes que la premiere découverte du Linaria vulgaris peloria anectaria ne remonte qu'à l'année 1791, et qu'il s’est montré jusqu'ici fort rare, puisque les seules localités où il ait été observé avant M. Charles Des Moulins se réduisent aux suivantes : Grand duché de Bade entre Carlsruhe et Gottsau ; département des Vosges, entre Nothau et Nasswiller; département de la Sarthe, aux environs du Mans. Nons devons savoir gré à M. Des Moulins de nous avoir fait connaitre une quatrieme localité, qui donne une plus grande extension à l'aire dans laquelle on peut espérer de le retrouver, quoique toujours accidentellement, puisqu'il ne donne jamais de graines. C.-C. Gmelin donne à sa plante le nom de Linaria vulgaris anectaria où peloria anectaria, ce qui signifie pour lui sans éperon, parce que Linné éten- dait à l'éperon des corolles monopétales la signification du mot nectarium (Liun. Philos. bot. 1751, p. 73). Mais le sens de ce mot a depuis été consi- dérablement restreint, et il n'est plus possible de l'appliquer aujourd'hui aux prolongements calcariformes des corolles. La monstruosité dont il s'agit ici ne peut donc plus s'appeler anectaria, et je propose de la nommer ecal- carata, ce qui désigne clairement le caractére principal de la corolle sans éperon. A l'appui de cette propositiom, je ferai remarquer que si le mot anet- taria pouvait étre admis, ce ne serait pas comme légitimement dérivé du grec, puisque wezrégr est le nom d'une plante et n'a, par conséquent, rien à faire avec le nectarium de Linné, qui est le nom d'un organe (1). (1) Note ajoutée par M. Gay au moment de l'impression (janvier 1861).— Ii importe de remarquer que la pélorie dont nous parlons est une monstruosité purement indivi- duelle. Non-seulement elle est stérile par suite de l'avortement des anthères, mats l'expérience a prouvé qu'elle ne transmet pas sa forme à sa descendance lorsqu elle a été fécondée artificiellement par le pollen du Linaria vulgaris normal. M. Charles PARC din, qui a opéré ce croisement en 1858, a obtenu quelques bonnes graines qui, st l’année suivante, ont produit quatre beaux pieds dont toutes les fleurs avaient repris * forme normale (corolle en gueule, à un éperon), sans rien conserver de la forme pe lière et sans éperon qui était si caractéristique dans la mère pélorisée. Je tiens Ce fai encore inédit de la bouche de M. Naudin lui-méme. SÉANCE DU 27 JUILLET 1860. 507 M. Decaisne dit qu'on cultive cette monstruosité au Muséum; elle ne donne pas de graines, mais se propage par division de la touffe. M. Decaisne en a donné une description et une figure dans la Revue horticole. M. J. Gay recommande l'emploi du vinaigre de cuisine, comme un moyen de préparer les plantes grasses à la dessiccation, moyen qu'il a lui-même expérimenté récemment et dont il a reconnu l'efficacité. Le procédé consiste à plonger dans le vinaigre l'échantillon que l'on. veut sécher. On l'y maintient submergé pendant douze, vingt-quatre ou trente-six heures, suivant l'épaisseur des tissus. La plante étant ainsi mortifiée sans avoir perdu ni sa couleur ni ses formes, on la met en presse, comme tout autre échantillon, après l'avoir convenablement essuyée. Par ce moyen, M. Gay a obtenu en huit jours la dessiccation parfaite d'un. Sedum à larges feuilles et de deux Sempervivum dont, sans cela, il n'eüt pu vaincre la vitalité à moins d'un ou de deux mois de presse. M. Cosson dit qu'il a séché en trois jours des échantillons de Sedum dasyphyllum au moyen du procédé indiqué par M. Gay. L'action du vinaigre n'a pas altéré la nuance glauque de la plante. Il ne faut pas une macération de plus de trois à quatre heures pour les Sedum ordinaires. M. Fermond est d'avis qu'on obtiendrait le méme résultat avec de l'acide sulfurique trés étendu d'eau, qu tout autre acide qui détruirait la vie de la plante sans en altérer les tissus. M. A. Gris, vice-secrétaire, donne lecture de la communication suivante, adressée à la Société : NOTE SUR DEUX ÆPILOBIUM ET SUR UN FESTUCA CULTIVÉS AU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE DE PARIS, par M. Bernard VERLOT. (Paris, 27 juillet 4860.) Au mois de mars dernier, M. le professeur Decaisne me confia des graines de différentes espèces de plantes indigènes, nouvelles ou critiques, qui lui avaient été adressées par M. l'abbé Chaboisseau et parmi lesquelles se trou- vaient des Fumaria ainsi que plusieurs Epilobium. Les échantillons que j'ai l'honneur de mettre sous les veux de la Société appartiennent à l'A, tetragonum Linn. et à VE. Lamyi Fr. Schultz. Ces 508 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. plantes, qui faisaient partie de l'envoi, avaient été recueillies aux environs de Montmorillon (Vienne) et étudiées avec toute la sagacité qui distingue M. l'abbé Chaboisseau ; leur identité ne pouvait donc laisser aucun doute. Ces graines furent semées le 17 mars dernier et germèrent quelques jours aprés. Depuis cette époque jusqu'à ce jour, elles n'ont présenté aucune différence appréciable. Cette grande similitude de caractéres nous a engagé à mettre en regard la description de chacune de ces prétendues espèces. La Société jugera ainsi aisément du peu de valeur de UNIQUE CARACTÈRE qui distingue ces deux plantes. E. TETRAGONUM L.! (E. adnatum Grisebach). Tige de 4-5 décim., glabre, légérement pubescente au sommet, souvent teintée de violet rougeâtre, tétragone, à angles mem- braneux, supérieurement surtout. Feuilles étroitement lancéolées, glabres, d'un vert luisant, grisâtres au sommet, de 6-8 centim. de longueur sur 10-12 millim. de largeur, presque sessiles, atténuées et un peu décurrentes par le prolongement du limbe. Boutons dressés. Sépales de 3-4 millim. de longueur sur 1 millim. de largeur, s'atténuant réguliè- rement de la base au sommet, mollement pubescents, à bords membraneux, munis à leur base, ainsi que sur les sinus, d’une sorte de petit tubercule renflé. Pélales dépassant les sépales de 1 millim. 1/2 environ, d’une couleur purpurine. Capsule tétragone, ascendante, roide, d'un gris cendré par la pubescence et longue de 7-9 centim. environ. E. LAwvi Fr. Schultz (ipse vidit !). Tige de 4-5 décim., glabre, légérement pubescente au sommet, souvent teintée de violet rougeátre, tétragone, à angles mem- braneux, supérieurement surtout. Feuilles étroitement lancéolées, glabres, d'un vert luisant, grisátres au sommet, de 6-8 centim. de longueur sur 10-12 millim. de largeur, presque sessiles, atténuées el un peu décurrentes par l'élargissement du trés court pétiole. Boutôns dressés. Sépales de 3-4 millim. de longueur sur 1 millim. de largeur, s’atténuant réguliè- rement de la base au sommet, mollement pubescents, à bords membraneux, munis à leur base, ainsi que sur les sinus, d’une sorte de petit tubercule renflé. : Pétales dépassant les sépales de 1 millim. environ, d'une couleur purpurine. Capsule tétragone, ascendante, roide, d'un gris cendré par la pubescence et longue de 7-9 centim. environ. En résumé, nous n'avons trouvé aucune différence ni dans le port, ni dans les fleurs, ni dans les fruits. Une seule, et bien insignifiante, existe dans le mode de décurrence des feuilles : dans l' E. tetragonum, le limbe se prolonge sur la tige de manière à former souvent deux petites ailes qui constituent l'origine des angles de cette tige; tandis que, dans l' Z. Lamy, le limbe s'arréte avant le point d'insertion de la feuille, qui présente ainsi une sorte de pétiole excessivement court. Or cette différence est-elle suffisante pour constituer une espèce? * M. Schultz ajoute que sa plante est annuelle ou bisannuelle, tandis que l'E. tetragonum serait vivace. Une observation plus prolongée nous permettra d'apprécier la valeur de ce caractère. : Un autre fait assez curieux, et qui mérite d'étre signalé, se passe depuis SÉANCE DU 27 JUILLET 1860. 509 quelques années à notre école de botanique. Depuis 1856, je sème annuellement des graines de Festuca ciliata Danth. , et annuellement ces graines produisent des F. Myuros L. Voulant m'assurer si définitivement cette plante, que l'on trouve communément aux environs de Grenoble, sur les coteaux secs et. cal- caires, ainsi que dans beaucoup d'autres localités, conservait son caractère particulier, spécifique pour quelques auteurs, celui enfin d'avoir la glumelle inférieure toujours longuement ciliée, j'en semai une quatrième fois (inutile de dire que ces graines avaient été étudiées et qu'elles appartenaient bien au F. ciliata). Cette quatriéme expérience me donna les échantillons que j'ai l'honneur de mettre sous les yeux de la Société : ils appartiennent bien évi- demment au #. Myuros. Ce changement si manifeste n'est-il pas susceptible de donner lieu à quelques méditations, et d'apporter quelques entraves aux créations spécifiques ? Si nous avons avons pris la liberté d'entretenir la Société de ces prétendues espèces, c'est que la question de la valeur et du sens de ce mot occupe en ce moment uu grand nombre d'observateurs. Malheureusement très peu parais- sent étre dans le vrai : l'Espéce se comprend bien, mais se définit mal. Pour nous, nous nous rangeons du côté de ceux qui appellent la voie de l'expéri- mentation à l'appui de leur thèse, Ce n'est, en effet, qu'a l'aide de la culture qu'il sera possible de dire si telle plante est une espéce réelle, ou si elle ne serait pas une simple forme élevée à tort au rang d'espéce. Tel est le cas pour l'Epilobium Lamyi Schultz, le Festuca ciliata Danth., et aussi pour une infinité d'autres espèces créées depuis quelque temps et sur certaines des- quelles, si la Société veut bien le permettre, nous aurons à appeler quelquefois son attention, : M. Cosson rappelle que M. Michalet a déjà donné l Epilobium Lamyi comme synonyme de VE. tetragonum. Il a d'ailleurs lui- méme réuni et publié dans la Flore d'Algérie les Festuca ciliata et Myuros comme une seule espèce. M. Duchartre, secrétaire, donne lecture des communications suivantes, adressées à la Société : NOTE SUR UNE NOUVELLE ESPÈCE DU GENRE LINUM, par M. Édouard TIMBAL-LAGRAVE. ( Toulouse, 24 juillet 1860.) LINUM RUSCINONENSE Nob. L. alpinum Lap. Hist. abr. pl. Pyr. p. 172; DC. Fl. fr. suppl. p. 615 (non Fl. fr. t. IV, p. 799); Duchartre Fl. pyr. (esstec. ). Pédoncules placés au sommet des tiges, étalés-dressés, penchés avant lan- 510 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. thèse, plus courts que le calice, épaissis au sommet ; sépales ovales, acuminés, égaux ou à peu près, scarieux aux bords, non ciliés, avec cinq nervures sur le dos, dont trois érès saillantes qui atteignent les trois quarts de la longueur des sépales; pétales trois fois plus grands que le calice, étalés, un peu émar- ginés aux bords; étamines glabres; stigmate capité; capsule globuleuse, un peu atténuée au sommet, enveloppée jusqu'aux £ro/s quarts par le calice; graines elliptiques, obtuses, étroitement ailées, ternes ; feuilles linéaires-lan- céolées, très nombreuses, éparses, appliquées au milieu des tiges, un peu éta- lées au sommet, quelquefois renversées en bas, couvertes sur leur surface d'as- pérités cristallines visibles à la loupe ; souche vivace, dure, émettant plusieurs tiges floriféres et d'autres non florifères qui partent toutes de la souche. Les tiges florifères ont de 5 à 8 centimètres, sont décombantes et portent au sommet de 4 & ^ fleurs, sans trace de rameaux latéraux. Fleurs bleues moyennes; fleurit en mai. J'ai trouvé cette plante assez com- mune à la Font-de-Comps (Pyrénées-Orientales) en 1852. La plante que je viens de décrire fait partie du Z. alpinum des auteurs; elle a été confondue avec lui par tous les botanistes qui ont parcouru les Pyré- nées. Lapeyrouse a certainement notre plante en vue dans sa description du L. alpinum. De Candolle, dans la Flore francaise (/. c.), décrit, sous le nom de L. alpinum, probablement le L. montanum Schl. ; mais dans le supplément (Z. c.) il donne une nouvelle description qui semble se rapporter à notre plante. Enfin, M. Duchartre, dans sa Flore pyrénéenne (exsicc.), lui donne le nom de Z. alpinum. J'ai longtemps pensé que le Linum qui nous occupe pourrait bien étre le Linum pyrenaicum de Pourret (Mém. Acad. de Toulouse, 4"° série, t. HI, p. 322). Mais, après lavoir soumis à la culture et comparé à la courte descrip- tion qu'en donne Pourret, je ne puis croire à ce rapprochement. En effet, Pourret caractérise son Linum de la manière suivante : Floribus nutantibus, calycibus capsulisque inermibus, foliis pungentibus, caule brachiato, ramis lateralibus sterilibus. 24. Cette diagnose ne convient pas à mon Linum, qui n'est pas foliis pungen- tibus, caule brachiato, ramis lateralibus sterilibus ; les feuilles du Linum rus- cinonense sont éparses, trés nombreuses sur toute la longueur de la tige, ce qui fait qu'on ne voit pas cet organe ; elles sont lancéolées, aigués, chargées d'as- pérités cristallines visibles à la loupe; les tiges sont simples, les unes flori- feres et les autres non florifères, mais toutes partent de la base, et il n'y a pas de rameaux latéraux stériles, mais chaque tige est terminée par 2 à 4 fleurs; il n'y a donc aucun caractère qui puisse faire dire : caule brachiato, ramis lateralibus sterilibus. Il existe, au reste, une grande confusion dans les auteurs au sujet du L. pyrenaicum Pourret. Lapeyrouse (Hist. abr. pl. Pyr. p. 171) considère cette plante de Pourret SÉANCE DU 27 JUILLET 1860. 511 comme une variété brachiatum de son £L. viscosum. Plus tard (Suppl. p. 45), il la réunit à la plante qu'il prenait à tort pour le Z. grandiflorum Desf. et qui n'est que le L. montanum Schl., commun, comme il l'indique, à Bagnères- de-Luchon. Lamarck (Dict. t. IIT, p. 531) le réunit à son Z. alpinum, qu'il dit commun sur les montagnes de la France, de l'Autriche, de la Suisse, etc. Or la plante de Lamarck n'est encore que le L. montanum Schl., qui n'est, je crois, qu'une forme luxuriante du Z. alpinum Jacq. Enfin MM. Grenier et Godron réunissent le Z. pyrenaicum Pourret avec le L. angustifolium, qui vient aussi dans les mémes lieux ou non loin des loca- lités que préfère le ZL. ruscinonense.. Le L. ruscinonense diffère du L. crystallinum Gren. (L. provinciale Jord.) par tous les caractéres, et n'a de commun avec lui que les aspérités cristallines qu'on apercoit sur les feuilles. En effet, dans ce dernier, les tiges sont gréles, couchées, et le sommet se ramifie un peu; chaque rameau porte 2 ou 3 fleurs ; les feuilles sont étroites, linéaires, aigués, d'un vert clair; les fleurs sont plus petites ; enfin la racine est plus grêle et la souche est à peine . ligneuse. Je suis persuadé, avec MM. Grenier et Godron, que le Z. alpinum des auteurs est une espéce complexe, composée de plusieurs types qui ne tarde- deront pas à être connus, et qu'il en est de méme de plusieurs plantes françaises de ce genre, NOTE SUR UNE FORME INÉDITE DU CAPSELLA BURSA PASTORIS , par M. Victor PERSONNAT. (Marennes, 26 juillet 4860.) CAPSELLA RUBESCENS V. Pers. — Fleurs trés petites; sépales ovales- oblongs, rouges, surtout dans le bouton ; pétales blancs, dépassant à peine le calice; stigmate ordinairement velu, débordant un peu le diamétre du stvle; silicules triangulaires, longuement atténuées à la base, assez fortement échancrées en cœur au sommet, portant un style dépassé par les lobes de l'échancrure, et prenant, aussitôt l’anthèse, une teinte rougeâtre à la face Supérieure, vertes en dessous; feuilles inférieures en rosette, lyrées-pinnati- fides, les supérieures lancéolées-ondulées et auriculées-sagittées; tige de 9 à 25 centimètres, rameuse dès la base. Plante velue dans toutes ses parties. Cette espèce présente un facies bien tranché, et se distingue, au premier coup d'œil, du C. Bursa pastoris Mœnch, par sa grappe fleurie panachée de rouge et de blanc, et par la coloration rouge de la partie supérieure de ses silicules. Elle se sépare du C. gracilis Gren. (Florula mass. adv. et in Bull. Soc. 512 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. bot. t. IV, p. 1049) par ses sépales rougeâtres jusqu'à la base, ses silicules longuement atténuées, et son style dépassé par les lobes de l'échancrure. Elle habite les sables maritimes de l'embouchure de la Seudre, rive droite, et fait place au type linnéen (TAlaspi Bursa pastoris) dès qu'on s'éloigne de la cóte. Fleurit au printemps et disparait vers la mi-mai. J'ai l'honneur d'en adresser à la Société quelques échantillons qui lui per- mettront de l'examiner. Je lui fais parvenir, par la méme voie, un pied d'Z/onckenya peploides Ehrh., dont la racine ou plutôt la tige souterraine est traversée de part en part par une racine d' Agropiyrum acutum R. et S. J'ai, cette année, en récoltant la première de ces plantes pour les centuries de M. Billot, constaté deux fois le méme phénomène, qui me semble très remarquable, car on ne devrait guère s'attendre à voir l Agropyrum transpercer les tiges de l Honckenya, au lieu de les tourner, la déviation devant être très peu sensible. M. T. Puel annonce la découverte de l/soétes Hystrix, aux environs de Bordeaux, par M. Durieu de Maisonneuve. P. : : À IRO M. le Président déclare close la session ordinaire de 1859 60, et invite MM. les membres de la Société à se rendre à la session extraordinaire qui s’ouvrira à Grenoble le jeudi 2 août. Conformément au paragraphe 2 de l'art. 41 du règlement, d ù EN procès-verbal ci-dessus a été soumis, le 13 septembre, au Consel d'administration, qui en a approuvé la rédaction. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. De la production naturelle ct artificicile du liége dans le Chêne vert; par M. Casimir De Candolle (Mémoires de la Société de physique et d'histoire naturelle de Genève, vol. XVI; tirage à part en brochure in-4° de 13 pages et 3 planches). Le liége, dont l'existence dans l'écorce est un fait général, ne se développe en assez grande quantité pour être exploité que dans deux espèces de chênes : le Quercus Suber L., arbre du sud-est de la France, de l'Italie, de l'Algérie, et le Q. occidentalis J. Gay, qui se distingue du précédent parce que ses glands ne mürissent qu'en deux ans, et qui se trouve dans nos départements du sud-ouest ainsi que dans le Portugal. C'est sur le @. Suber et en Algérie que M. C. De Candolle a fait ses observations. — Il commence par rappeler les résultats des observations de M. H. Mohl (1) qui ont montré dans l'écorce des dicotylédons quatre couches superposées, savoir de dehors en dedans : l'épi- derme, l'enveloppe subéreuse, l'enveloppe cellulaire et le liber. Il indique ensuite l'évolution de ces quatre couches, et plus particuliérement celle de la couche subéreuse considérée à partir de la première année pendant laquelle, sous l'épiderme garni de poils étoilés, se montre le liége réduit à une couche de cellules incolores, un peu comprimées de dehors en dedans, qui recouvre l'enve- loppe cellulaire formée de cellules remplies de chlorophylle, entre lesquelles on voit des groupes de cellules plus grosses, incolores, sans granules, celle-ci entourant à son tour une mince couche de liber. Les deux années suivantes, l'enveloppe cellulaire est la seule qui s’accroisse sensiblement; elle prend une apparence marbrée, parce que ses groupes de cellules incolores s'encroütent et deviennent compactes, taudis que le tissu intermédiaire sèche et brunit. La troisième ou quatrième année, l'épiderme se fend longitudinalement et le liége (1) C'est sans doute parce qu'il a oublié la manière dont les thèses sont failes en Allemagne, qu'un botaniste français a réclamé dernièrement pour M. Huttensehmidt l'honneur qui revient légitimement à M. H. Mohl pour ce beau travail. On sait en elfet, que les thèses allemandes sont l’œuvre de celui qui est indiqué comme ayant présidé la séance dans laquelle elles ont été soutenues; aussi M. H. Mohl, le véritable auteur de celle qui a été soutenue par M. Huttenschmidt, n'a-t-il nullement hesité à comprendre $2 dissertation sur le liége et faux-liége dans la collection de ses mémoire:, qui a paru, en 1815, sous le titre de Vermischte Schriften. T. VII, 33 514 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. prend l'apparence qui le distingue ; ses couches externes, tout à fait mortes, se fendillent; les internes, c'est-à-dire les plus jeunes, restent vivantes et produisent de nouvelles cellules subéreuses. Les cellules jeunes ont des parois de cellulose, tandis que les externes, qui sont mortes, sont composées par de la matière subéreuse. A partir du moment où l'épiderme s'est fendu, le liége s'augmente chaque année d'une nouvelle couche dont la production est due aux cellules internes, à parois de cellulose. Chaque couche annuelle se ter- mine par une ou deux assises de cellules comprimées en table, à parois plus épaisses, qui tracent un cercle plus foncé sur la masse totale. Les assises- limites sont le périderme (Mohl), et tout le reste forme le /iége propre- ment dit. Le premier liége, qui s'est ainsi développé naturellement, est connu sous le nom vulgaire de liége mâle. L'opération du démasclage, par laquelle on l'en- lève, met à nu l'enveloppe cellulaire qui forme, avec le liber sous-jacent, ce que les ouvriers appellent la mère. En coupant transversalement un tronc démasclé, c'est-à-dire dénudé depuis quelques mois, on voit qu'une zone de liége s’est formée dans l’intérieur de la mère. Toute la portion de mère exté- rieure à cette nouvelle zone est morte et se fendille, tandis que la portion de mère intérieure à cette méme zone nouvelle continue son développement normal. Ce nouveau liége est qualifié de femelle ; il s'accroît comme le mâle, à l'intérieur, par couches annuelles; il est plus fin, plus élastique et entre seul dans le commerce. On l'enléve par un nouveau démasclage, au bout de sept ou huit ans; après quoi ils'en produit une nouvelle couche, et ainsi de suite. — Une étude attentive faite sous le microscope a montré à M. C. De Candolle que le liége femelle se produit à des distances trés variables de la sur- face du tronc démasclé, tantót dans l'intérieur de l'enveloppe cellulaire, tantót dans le liber; que, de plus, ce liége peut varier d'épaisseur aux différents points de la circonférence d'un méme tronc, et qu'il peut traverser à un endroit l'enveloppe cellulaire, tandis qu'il parcourt ailleurs le liber. Cette diversité s'explique, d'aprés lui, de la maniere suivante : d'abord le premier liége femelle se produit par formation libre de cellules, et non par multiplication de cellules existantes, En second lieu, la dénudation de la face externe de l'enveloppe cellulaire par l'effet du démasclage dessèche la mère jusqu'à une profondeur variable selon l'époque de l'année et selon les circonstances extérieures ; il est donc naturel de penser que le premier liége femelle se produit à la profondeur où la dessiccation cesse de se faire sentir, c'est-à dire plus ou moins intérieurement. Ainsi toute cause de dessiccation agissant sur la mère, soit directement, Soit indirectement, doit amener dans l'intérieur de celle-ci une production de liége. Or, c’est, en effet, ce que l’auteur a constaté, par exemple, lorsqu'un incendie carbonisant le liége a déterminé la production d'une nouvelle couche de Jiége dans l'intérieur de la mère, ou méme cell: de plusieurs couches dc liege sépa- rées par de petites zones de mère. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 515 M. C. De Candolle a cherché à reconnaitre les différences anatomiques qui peuvent exister entre le liége femelle et le liége mâle. 1} a reconnu que le liége mâle est caractérisé par le rapprochement remarquable des bandes de péri- derme, surtout pour celui des vieux troncs, lesquelles bandes consistent en cel- lules tabulaires sur un ou deux rangs, par le peu de compression de ses cellules et par son peu d'élasticité. Les tranches minces qu'on en fait se déchirent au lieu de s'étendre, lorsqu'on les tiraille, sur le porte-objet, et leurs déchirures ont lieu, en général, le long des bandes du périderme ; il renferme quelquefois des concrétions formées, absolument comme celles de l'enveloppe cellulaire, de groupes de cellules à parois trés épaisses et poreuses. Quant au liége femelle, le périderme y est moins abondant et, en outre, il est composé le plus souvent entiérement, ou presque complétement de celulles poreuses, identiques avec celles de la mère, disposées en trois ou quatre rangs; il est aussi remarquable parce qu'il offre, sur ses coupes transversales, des bandes plus foncées, qu'on pour- rait prendre, au premier abord, pour des zones de périderme, mais qui ne sont en réalité que du liége plus dense; aussi, lorsqu'on en étire des tranches sur le porte-objet, voit-on disparaitre la teinte foncée de ces bandes à mesure que le tissu s'étend, après quoi ces cellules, dilatées artificiellement, ne reviennent plus sur elles-mêmes. L'existence de ces zones plus denses rend le liége femelle susceptible d'augmenter de volume quand il est chauffé dans l’eau bouillante, sans perdre cette augmentation par le refroidissement. Aussi lui fait-on subir cette préparation quand on l'a détaché de l'arbre. I en résulte que le liége du commerce ne présente plus d'autres zones foncées que celles du périderme. M. C. De Candolle pense que ces lignes de plus grande densité sont dues à ce que le liége femelle, qui se produit par dépóts successifs, est recouvert d'une couche de mère qui le comprime fortement. Plusieurs faits lui semblent prou- ver l'exactitude de cette explication. — Non-seulement. une couche de liége se forme quelquefois dans l'intérieur de l'enveloppe cellulaire, dont elle isole une portion plus ou moins épaisse, mais encore le méme fait peut se reproduire plusieurs fois successivement sur le méme arbre, à des intervalles de temps variables. Un morceau plus ou moins gros ou unc plaque plus ou moins grande peuvent se trouver ainsi détachés de l'enveloppe cellulaire, fait analogue à celui qu'on observe chez les arbres dont l'écorce s'exfolie naturellement, L'auteur à observé une monstruosité d'écorce de Chéne-liége dont le liége était parcouru Par une si grande quantité de ces zones, détachées de l'enveloppe cellulaire, qu'elle ressemblait tout à fait aux écorces qui s'exfolient naturellement. Les trois planches qui accompagnent le mémoire de M. C. De Candolle réunissent 22 figares lithographiées, dont les unes représentent le liége entier ou l'écorce entière dans différents états, dont les autres montrent la structure anatomique du liége sous divers grossissements. Nous ne terminerons pas cette analyse du mémoire de M. C. De Candolle Sans exprimer la vive satisfaction que nous avons éprouvée à la lecture de ce 516 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. premier travail botanique d'un jeune homme qui se montre ainsi disposé à marcher sur les glorieuses traces de son grand-pére et de son pére, et qui, au milieu d'attractions diverses, a su comprendre que l'illustration botanique de sa famille était un dépót qu'il ne pouvait se contenter de conserver sans faire tous ses efforts pour l'enrichir encore. Untersuchungen über die Keimung der Pilzsporen (Recherches sur la germination des spores des Champignons); par M. Hermann Hoffmann (Jahrbücher für wissenschaftliche Botanik, 2* volume, 3* cahier, 1860, pp. 267-337, plan. XXVI-XXXII). Dans un avant-propos placé en téte de son mémoire, M. Hoffmann rappelle que des observations assez nombreuses touchant la germination des spores des Champignons ont été faites par MM. Ehrenberg, Nees d'Esenbeck, Fries, Prévost, Corda et, dans ces dernières années, par MM. Tulasne, Ch. Robin, de Bary, Fresenius, etc. ; toutefois ces recherches n'ayant jamais été rattachées à un plan général et ayant été faites presque toujours à l'occasion d'autres travaux, il reste encore à décider une foule de questions importantes que sou- léve cet intéressant sujet. Or, l'étude de la germination des spores des Cham- pignons, outre son immense intérét propre et scientifique, a une trés haute importance, à cause de la puissante influence que beaucoup de ces végétaux cryptogames exercent sur la santé des animaux et surtout des plantes. Dans ses observations, M. H. Hoffmann a embrassé la classe entiére des Champi- gnons; il divise l'exposé des résultats auxquels il est arrivé en deux parties, dont la première, toute spéciale, présente les détails, tandis que l'autre est géné- rale et renferme surtout les conséquences auxquelles conduit la premiere. I. PARTIE SPÉCIALE. — Elle comprend deux paragraphes, dont le premier offre la simple énumération des 48 espèces observées par l'auteur; ces espèces sont rangées d’après l'ordre adopté par M. Rabenhorst dans son Manuel. Ce sont : 4° parmi les CONIOMYCETES, 14 Uredo, À Puccinia, 2 Phragmidium, 1 Torula, 4 Melanconium et 4 Fusarium; 2 parmi les HYPHOMYCETES, A Trichothecium, 4 Oidium, 1 Peronospora, 2 Penicillium, 2 Botrytis, 4 Cladosporium, À Periconia, et 1 Ascophora ; 3° parmi les DERMATOMY- CETES, 1 Spheria, À Hymenogaster, À Stemonitis, À Exidia, 1 Bulgaria, 2 Peziza, 2 Thelephora, 2 Polyporus et 8 A garicus. Le second paragraphe renferme les détails de la germination des spores de toutes ces espèces, €n méme temps que l'explication des figures en grand nombre qui représentent ces spores et leur développement germinatif. On sent que toute cette portion du mémoire (pp. 270-297) n'est pas susceptible d'étre analysée ni résumée. IT. PARTIE GÉNÉRALE; RÉSULTATS. — La germination des spores s'opère en général trés facilement dans les circonstances convenables; il y a cepen- dant des exceptions encore inexpliquées. Ainsi M. H. Hoffmann n'a pu encore REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 517 faire germer un seul Lycoperdon, et il a échoué aussi dans 122 expériences faites par lui sur les spores de l'Uredo candida- — Pour les Champignons parasites, la germination n'est pas d'ordinaire sensiblement plus facile sur la plante mère que sar une lame de verre. L'auteur n'a jamais réussi à faire ger- mer ces parasites sur le suc exprimé de la plante mère. — Les différences qu'on observe quant au plus ou moins de facilité avec laquelle s'opere la ger- mination, ne tiennent pas aux conditions extérieures, mais à des circonstances internes propres aux spores. Aprés de nombreux essais et tàtonnements, le savant allemand a fini par s'ar- réter au petit appareil suivant, dans lequel il a vu les spores germer beaucoup mieux que dans tout autre, Sur une lame de verre semblable à tous les porte- objets ordinaires, il pose un morceau de carton de la méme grandeur, percé à son centre d'une sorte de fenêtre légèrement rectangulaire ou carrée, et qu'il à préalablement tenu dans l'eau froide pendant une demi-heure. Sur une autre lame de verre toute semblable il marque avec un diamant les deux diagonales dont le croisement indique le centre du rectangle. C'est à ce centre qu'il répand les spores mouillées avec une goutte d'eau. Il applique ensuite cette seconde lame, en la retournant, sur la première, de sorte que les spores se trouvent dés lors dans une petite chambre remplie d'air trés humide et dans laquelle on peut, sans la moindre difficulté, faire arriver de l'eau à volonté par l'intermédiaire du carton et par capillarité. —En faisant des marques à l'encre, on marque la spore ou les spores dont on se propose de suivre le développe- ment ou les modifications. M. H. Hoffmann signale en détail les erreurs et les confusions auxquelles on peut aisément être conduit dans des observations sur la germination des spores. Ainsi les spores du Penicillium glaucum viennent presque toujours se méler à celles qu'on met en expérience, et elles germent elles-mêmes. Il en est souvent de méme pour le Periconia hyalina, dont il arrive méme que le mycelium introduit ses filaments jusque dans les spores mises en obser- vation, de manière à paraitre en provenir. Souvent aussi on voit se pro- duire des Amibes. — Le temps nécessaire pour que la germination commence Varie peu ; il ne s'étend jamais guère au delà de deux jours. Schmitz avait vu un Mucor germer au bout de trois heures. M. H. Hoffmann a observé des germinations de divers Uredo s'opérant au bout de six, douze et treize heures. Les spores vieilles exigent plus de temps que les autres; ainsi celles de l redo destruens, âgées de quatre ans, ont mis quelques jours à entrer en germina- tion, tandis que celles qui avaient été récoltées depuis six mois au plus se sont développées au bout d'une journée. Le savant auteur s'occupe en détail du développement des spores, sujet sur lequel MM. Nægeli, Fresenius, Tulasne, de Barv, Schacht, ont déjà publié de beaux travaux. On trouve, sous ce rapport, un type fondamental qui subit diverses variations : les spores naissent, par l'effet d'une formation cellulaire 918 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. libre, dans l'intérieur de cellules mères qui tantôt se soudent avec elles (PArag- midium, Agaricus, Phallus), et qui tantôt enveloppent lâchement la spore ou les spores (Mucor, Peziza, Tuber et tous les Thécasporés). — Non-seulement le sporange, mais encore les spores elles-mêmes se recouvrent de substance cuti- culaire, qui forme souvent à leur surface des granules ou des épines, disposés tantôt sans ordre et tantôt avec régularité. — Dans les filaments du mycelium les cloisons paraissent prendre naissance uniquement par l'effet d'une contrac- tion de l'utricule primordiale. — L'auteur n'a jamais pu reconnaitre l'exis- tence d'un nucléus ou cytoblaste ; ce que M. Schacht et d'autres ont pris pour tel dans les spores des Champignons n'est pas autre chose que des gouttelettes d'huile ou de petits restes de protoplasma. — Les sporanges forment une con- tinuation du tissu cellulaire normal du corps du Champignon, qui tantôt se ramifie plus ou moins en filaments distincts (hypha), tantôt représente comme tout un système de filaments (stroma). On trouve dans les Sc/erotium une sorte de prostroma parenchymateux. — On observe assez souvent des forma- tions tératologiques dans les spores. M. H. Hoffmann consacre deux paragraphes assez étendus : 1° à l'examen de la structure des spores qu'il considére principalement au point de vue de l'analyse optique, secondairement à celui de l'analyse mécanique ; 2° à l'étude chimique de la spore. Il fait porter cette étude successivement sur la cuticule, sur le sporange, sur l'épispore et l’endospore. Il fait suivre ce dernier para- graphe d'un appendice qui occupe plus de huit pages. — Il passe ensuite à l'exposé des circonstances qui déterminent la germination. Ces circonstances sont les unes extérieures, les autres intérieures. Les circonstances extérieures sont physiques ou chimiques. Circonstances extérieures physiques. — 1. Lumière. — La germination des Champignons se fait généralement aussi bien à la lumière diffuse qu'à l'obscu- rité. Plusieurs jours de lumière solaire directe, avec ua degré convenable d'humidité, n'ont pas influé sur la germination des spores de divers Champi- gnons.—2. Gelée. —Des spores qui n'ont pas germé, étant soumises à la gelée dans une goutte d'eau, pendant une nuit, n'ont pas perdu la faculté germina- tive. Il en a été de méme pour celles qui ont été exposées au froid à sec. Au contraire, les spores qui avaient germé ont été tuées par la gelée. — 3. Tem- pérature fraiche. — Quelques spores germent à une température de trés peu supérieure à zéro ; mais la plupart ont besoin, pour se développer avec vigueur, d'une température de 15 à 19 degrés centigrades. A cette température toutes peuvent germer. L'auteur cite de nombreux exemples. — 4. Températures douces et chaudes. — Elles accélèrent le développement. — 5. Hautes tem- pératures. — M. M. Hoffmann consacre un paragraphe entier à ce sujet. Il rappelle, dans le titre même, que M. Payen a fait à cet égard des recherches spéciales. La chaleur sèche, même s'élevant fort au-dessus du point d'ébullition de l'eau, n’altère pas la faculté germinative chez diverses spores de Champi- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 519 gnous ; ainsi celles de l'Uredo segetum ont fort bien germé après avoir été chauffées, pendant une heure, de 104 à 128 degrés centigrades. Le résultat a été le méme pour lU. destruens. — Quant à la chaleur humide, elle détruit la faculté germinative des spores à une température notablement inférieure à 100 degrés centigrades, qui varie pour des espèces différentes, mais qui est fixe pour chaque espèce. Ge résultat s'est produit entre 585,5 et 62° C. pour les spores de l'Uredo segetum. Le savant auteur rapporte de nombreuses expériences sur ces spores. Pour l Uredo destruens, ces corps reproducteurs ont perdu la faculté germinative de 70 à 73 degrés centigrades, quand ils ont été chauffés pendant une heure, de 74 à 785,5 C., lorsqu'ils ont été chauffés seulement pendant une demi-heure. Le mémoire renferme l'exposé de plu- sieurs observations sur cette espèce. — Les différentes températures n'ont pas influé sur la conformation des filaments germinatifs. Circonstances extérieures chimiques. — L'humidité de l'air exerce une puissante influence sur la germination des spores. Si l'on soumet ces corps reproducteurs, d'un côté à l'action directe de l'eau, de l’autre à la seule influence de l'air humide, on voit qu'ils se comportent de manières diverses, soit pour des espèces différentes, soit quelquefois pour la méme espèce. Les unes germent mieux avec l'air humide qu'avec l'eau (Uredo segetum, U. des- iruens, Penicillium glaucum, Oidium monilioides) ; d'autres germent éga- lement dans ces deux circonstances (Uredo segetum, dans deux cas, U. miniata, U. Rose, U. fulva, Torula fructigena); d'autres enfin germent mieux sur l'eau que dans l'air humide (Vredo £ uphorbie, U. Campanularum, U. fulva, dans un cas). — Il existe aussi des différences selon que les spores nagent sur l'eau ou sont submergées; les unes ont mieux germé lorsqu'elles flottaient que quand elles étaient submergées; le contraire a eu lieu pour d'autres. — La submersion dans l'eau empéche les filaments de produire des corps repro- ducteurs, — De. nombreuses expériences ont montré qu'en desséchant les spores on ne les met pas hors d'état de germer plus tard; au contraire, quand elles ont germé, la dessiccation tue la jeune plante. — L'action d'acides faibles, comparée à celle de l'eau distillée, n'a nullement favorisé la germina- tion, M. H. Hoffmann rapporte les résultats des expériences qu'il a faites avec divers acides très affaiblis (acides oxalique, phosphorique, sulfurique), avec la bière, les poisons minéraux, l'alcool. Le résultat général de ses observations est que, d’après la résistance opposée par elles à l'action de ces substances, on pourrait diviser les spores en fortes et faibles, et que leurs différences à cet égard paraissent tenir. en partie à l'espèce, en partie à l’âge et au degré de maturité, Circonstances intérieures; état des spores elles-mêmes. — Même des spores déchirées peuvent germer, pourvu que la déchirure ne soit pas trop grande et qu'elles n'aient pas perdu une trop forte portion de leur contenu. — Les spores ne paraissent pas avoir besoin d'une période de repos; souvent 520 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. on les voit germer aussitôt qu’elles se détachent ou qu’elles sortent du spo- range ; souvent méme leur germination a lieu dans l'intérieur de celui-ci. Au contraire, certaines spores ne germent pas à l'état frais, mais seulement aprés quelques mois, comme l'avait déjà vu M. Tulasne. M. H. Hoffmann pense que, dans ce dernier cas, les spores n'ont pas continué de mûrir après s'être isolées, mais que leur épispore a pu perdre graduellement de sa consistance. — Dans certains cas, les spores germent aussi bien fraîches qu'après quel- ques jours, semaines ou même années. Il y a là de nombreuses différences spécifiques. — L'époque de l'année est sans influence sur la germination. — L'inoculation n'a jamais réussi à l'auteur sur les parties de plantes qui étaient adultes ; mais plusieurs fois il l'a produite sur de trés jeunes organes. — L'influence du Champignon parasite sur la plante nourricière se manifeste très fréquemment par l'atrophie de celle-ci; elle amène, au contraire, une hypertrophie de la part du Protomyces macrosporus et de l'Uredo. Maydis. Dans d'autres cas, la présence du mycelium du Champignon améne constam- ment la mortification des parties atteintes; il est bon de rappeler à cet égard les observations qui ont été faites sur la maladie de la Vigne et de la Pomme de terre, celles sur les Conifères (Stein, Willkomm), sur le Colza (Kühn), etc. M. H. Hoffmann termine son important mémoire par le résumé des observations en trés grand nombre par lesquelles il s'est assuré de la réalité de cette influence locale du mycelium des Champignons sur les tissus envahis. L'explication des nombreuses figures qui accompagnent le mémoire de M. H. Hoffmann se trouve dans le texte lui-même et, par suite, n'est pas présentée isolément. Sur le phénoméne dit fonction de la respiration des plantes; par M. Bergsma (Z Horticulteur universel, cahier de décembre 1860, pp. 278-281). Le professeur Bergsma dit, dans cette note, que, s'étant occupé depuis vingt-cinq ans de l'étude de tout ce qui se rattache à la respiration des plantes, il est arrivé, relativement à ce phénomène, à une opinion toute différente de celle qui a cours dans la science. « Je ne pourrais mettre d'accord, dit-il, la prétendue respiration des plantes (c'est-à-dire l'absorption de l'acide carbo- nique par les feuilles et la décomposition de cet acide par les parties vertes des plantes), ni avec la construction des plantes, ni avec leurs fonctions. Je puis supposer, au contraire, que toutes les fonctions vitales des plantes s'opérent sans que leurs feuilles ou leurs parties vertes absorbent l'acide carbonique de l'atmosphère. » Le sol fournit aux plantes de l'acide carbonique dissous dans l'eau ; or, le savant hollandais pense qu'il peut leur arriver par cette voie une quantité suffisante de cet acide, dont la formation a lieu constamment au REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 521 moyen du carbone contenu dans ce même sol. Selon lui, l'atmosphère rend à la terre tout l'acide carbonique qui ne peut y rester; il explique par là pour- quoi ce gaz n'existe jamais dans l'air qu'en très faible proportion comparative- ment à l'oxygene et à l'azote ; sa densité le maintenant en contact avec la terre et l'eau, l'absorption par l'une et l'autre en est facilitée. Divers phvsiologistes admettent que ce gaz acide pénètre dans les plantes par diffusion, et cela grâce aux stomates; « mais, dit M. Bergsma, oü est la preuve que les stomates entretiennent une communication ouverte avec l'atmosphére? La forme et la coupe de ces organes nous apprennent, au contraire, que probablement les sto- mates ne sont destinés qu'à la décharge quand il y a tension. intérieure; mais il n'est pas vraisemblable qu'ils servent en méme temps à l'absorption ; l'eau ou la vapeur d'eau est déchargée de la méme manière, mais non pas absorbée. .. Suivant les partisans de la théorie de la respiration, l'acide carbonique est décomposé sous l'influence des parties vertes de la plante, mais je n'ai trouvé nulle part une preuve suffisante à l'appui de cette opinion. En étudiant cette question, nous devons aboutir à la conviction que l'acide carbonique n'est pas facilement décomposé ; car on ne pourrait citer l'exemple d'une pareille décom- position, où l'acide carbonique s'unirait à d'autres liquides. L'opinion que l'organisme vivant pourrait produire une pareille décomposition est dénuée de tout fondement. Il n'y a donc pas de motif pour défendre cette maniere de voir quand on peut donner d'autres explications plus admissibles des fonctions vitales. » M. Bergsma pense queles démonstrations qui ont été données jusqu'à ce jour de la réalité de la respiration des plantes peuvent recevoir des explica- tions conformes à ses idées. Il cite comme exemple la célèbre expérience dans laquelle M. Boussingault a introduit un rameau feuillé de Vigne, tenant au pied, dans un ballon de verre, et a analysé comparativement l'air du ballon et celui de l'atmosphère, soit de jour, soit de nuit. Il est d'avis que les résultats de cette expérience s'expliquent tout autrement que ne l'a pensé ce chimiste. Ainsi, pendant le jour, la proportion d'acide carbonique, dans l'air qui entourait la plante, a dà diminuer, puisque les feuilles dégageaient beaucoup d'oxygene. D'ailleurs on ne doit pas oublier, dit-il, qu'alors ces organes produisent égale- ment de la vapeur d'eau, qui peut dissoudre l'acide carbonique, et qui reste dans les réservoirs. D'un autre côté, si la proportion d'acide carbonique a augmenté dans l'air de ces mêmes réservoirs, c'est que la plante a dégagé une quantité notable de ce gaz. BOTANIQUE DESCRIPTIVE. Manuel de la flore de Belgique, ou Description des familles et genres, accompagnée de tableaux analytiques destinés à faire parvenir aisément aux noms des espèces, suivi du Catalogue raisonne des plantes 522 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. qui croissent spontanément en Belgique et de celles qui y sont générale- ment cultivées ; par M. Francois Crepin (1 vol. grand in-18 de rxxxv et 236 pages. Bruxelles ; 1860. Librairie agricole d'Émile Tarlier, montagne de l'Oratoire, 5). Dans un avant-propos de trois pages, M. Crepin dit qu'en publiant son Manuel, il s'est proposé de venir en aide aux nombreux élèves des écoles et aux amateurs de botanique indigène, qui étaient réduits jusqu'à ce jour à se servir de livres étrangers dans lesquels on ne trouve qu'un tableau incomplet de la flore belge. « Notre faiblesse en phytographie phanérogamique ne peut, dit-il, étre dissimulée : elle saute aux yeux de quiconque parcourt notre modeste bagage scientifique. Nous devons tous travailler sans relâche, si nous voulons nous élever au niveau qu'ont atteint nos voisins. » Il dit aussi que, dans l'énumération des espèces, il a jugé prudent d'omettre cette foule de formes nouvelles dont la légitimité est loin d'étre établie, et que les savants eux-mêmes ne distinguent pas sans difficulté. Il mentionne les botanistes qui l'ont aidé daus l'exécution de son travail. L'introduction qui vient ensuite comprend divers chapitres destinés à l'édu- cation botanique des personnes qui sont restées à peu près étrangères à l'étude des plantes. Le premier est relatif aux Aerborisations : il renferme des indica- tions utiles à ceux qui veulent tirer le meilleur parti possible de leurs excur- sions. Le second chapitre traite de la récolte et préparation des plantes, ainsi que de la marche à suivre pour la confection et l'arrangement d'un herbier. Le troisiéme chapitre est intitulé : De /a bibliothéque du jeune botaniste; il renferme l'indication de divers ouvrages élémentaires et généraux, des princi- pales flores européennes et locales, etc. Le quatrième chapitre comprend un Aperçu sur la géographie botanique de la Belgique. M. Crepin fait d'abord observer que, dans l'état. actuel des connaissances relativement à la flore belge, il est difficile, si ce n'est méme impossible de saisir les traits caractéristiques de la végétation des différentes zones de ce pays. Aussi donne-t-il son travail à cet égard comme un ess destiné seulement à éveiller l'attention. des jeunes botanistes belges sur les rapports de la végétation avec la nature du sol. La majeure partie de la Bel- gique appartient à la grande plaine du nord de l'Europe et au versant de cette crête montagneuse qui, partant de la Gallicie, pénètre en Silésie, dans le royaume de Saxe, et gagne les bords du Rhin, qu'elle traverse entre Bonn e Coblentz, pour venir constituer l'Eifel, sur le territoire allemand, et enfin l'Ardenne sur le sol belge. — L'auteur a cru reconnaitre des rapports a5567 constants entre les grandes divisions géologiques et les plantes qu'on y trouve. Ainsi la Belgique étant divisée par lui en quatre régions qu'il nomme : 1. sep tentrionale, 2. méridionale, 3. ardennaise, h. jurassique, il a constaté que les terrains quaternaires formés d'alluvions et de sable campinien, constituent REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 523 la région septentrionale ; les terrains tertiaires, composés d’étages pliocènes, miocènes et éocènes, forment la zone argilo-sablonneuse, qui fait partie de la région méridionale ; celle-ci est complétée par la zone calcareuse, composée en grande partie des terrains primaires des étages anthraxifères ; les étages rhé- nans et ardennais des mémes terrains composent la région ardennaise ; enfin les terrains secondaires du Luxembourg, appartenant à l'étage jurassique, constituent la région jurassique. — La région septentrionale est divisée par M. Crepin en zone maritime et zone campinienne, celle-ci caractérisée par un petit nombre d'espèces qui méme se retrouvent, pour la plupart, sur quelques points des autres zones. — La région méridionale est subdivisée en zone argilo- sablonneuse et en zone calcareuse. — Quant aux deux autres zones, elles ne sont pas subdivisées. L'auteur donne, pour chacune de ces divisions, une liste de plantes plus ou moins caractéristiques. Le cinquième chapitre de l'introduction est consacré à l'espece végétale. La discussion étendue qu'il renferme ne peut guère être résumée. Nous nous contenterons de reproduire quelques-uns des passages dans lesquels M. Cre- pin exprime sa propre manière de voir: + J'admets, dit-il, que l'espèce est immuable quant à son essence ; qu'elle a dû et pu arriver jusqu'à nous, depuis l'origine des choses, par une suite non interrompue de générations et d'indi- vidus dans chacun desquels son essence se retrouve entière et inaltérée. D'autre part, j'admets que ces individus, tout en conservant le fond essentiel de leur espèce, ont subi, par la suite des temps et en présence de causes modificatrices diverses, des changements superficiels, » Un dictionnaire des principaux mots techniques employés dans les ouvrages de botanique descriptive forme le sixième chapitre que termine une liste de botanistes belges qui ont fourni des renseignements pour l'ouvrage, une énu- mération des ouvrages botaniques concernant la (lore de la Belgique, enfin l'explication des abréviations employées. L'introduction se termine par les tableaux analytiques destinés à permettre la détermination des familles, précédés des explications nécessaires pour en faciliter l'usage. Le corps de l'ouvrage lui-même forme, si on peut le dire, une flore ou plutót un synopsis analytique, analogue à celui de MM. Cosson et Germain; il renferme, en effet, l'exposé des caractères des familles et des genres. Pour chaque famille, une clef analytique conduit aux genres, et, dans chaque genre, une clef analogue conduit aux espèces. A la suite de ces dernières clefs analy- tiques, on trouve le catalogue des espèces du genre suivi de l'indication de leurs stations, du signe de fréquence ou de rareté, enfin de l'énumération des localités dans lesquelles chacune d'elles a été observée. Le volume se termine par deux tables alphabétiques, l'une des noms latin de familles et de genres, l'autre des noms francais de genres et des noms vul- gaires des espèces. 524 SOCIÉTÉ DOTANIQUE DE FRANCE. Flora italiana, ossia descrizionce delle piante che na- scono salvatiche o si sono insalvatiehite in'ltalia e nelle isole ad essa adiacenti (Flore italienne ou Description des plantes spontanées ou naturalisées en Italie et dans les iles adjacentes); par M. Ph. Parlatore (vol. IHM, 2° partie ; in-8° de 161-690 pages. Flo- rence, 1** mai 1860. Chez Le Monnier). Déjà nous avons appelé l'attention des lecteurs de ce Bulletin sur la pre- miere partie, publiée en 1858, du troisieme volume de la Flore italienne de M. Parlatore (1) ; aujourd'hui nous devons les entretenir de la seconde et dernière partie de ce méme volume, qui vient de paraître il y a peu de mois, et qui renferme la fin de l'histoire des végétaux monocotylédons. Le plan que s'était tracé M. Parlatore continue à être mis à exécution par lui dans toute son ampleur, s'il est permis de s'exprimer ainsi, de telle sorte que son important ouvrage est plutót une suite de monographies qu'une flore dans l'acception avec laquelle ce mot est généralement compris. — Voici le relevé des matières que renferme la seconde partie du troisième volume. La famille des AMARYLLIDÉES avait été traitée, quant aux espèces indigènes, dans la première partie du troisième volume ; mais il restait encore le groupe des Agavées, dont M. Parlatore fait la cinquième tribu de ce groupe naturel. Cette tribu est représentée en Italie par l’ Agave americana L., qui s'est natu- ralisé sur plusieurs points. — La famille suivante est celle des MÉLANTHACÉES dont le savant italien admet la division en trois tribus : Colchicées Nees, Tofieldiées Kunth, et Vératrées Kunth. Les Colchicées comprennent 10 Col- chicum et 1 Bulbocodium; les Tofieldiées renferment 2 Tofieldia; enfin dans les Vératrées se trouvent 2 Veratrum. Voici l'indication des espèces nouvelles de cette famille : Co!chzcum Tenorii Parl., plante confondue par M. Tenore, soit avec le C. byzantinum, soit avec le C. Bivone ; 2 C. Todarii Parl., espèce voisine de la précédente ; 3 C. Kochi Parl. La famille des IRIDÉES est richement représentée en Italie. M. Parlatore, aprés en avoir exposé les caracteres, entre dans des détails étendus sur l'orga- nographie de ces plantes. Il divise ce beau groupe naturel en 4 tribus dont les 3 premières ont des représentants en Italie, dont la dernière, celle des Sisyrinchiées, caractérisée par des fleurs généralement régulières et par des stigmates filiformes, entiers, ni épaissis ni pétaloides, est principalement amé- ricaine. Ces tribus sont celle des : 1° Crocées Parl., formée de 11 Crocus et 8 Romulea; X Gladiolées Parl., qui comprend 8 Gladiolus; 3° Aiphiées Parl., dans laquelle rentrent 12 /ris, 6 Xiphion Parl., 4 Gynandriris Parl., 4 Hermodactylus Tourn., et 4 Jhelysia Salisb. Les nouveautés signalées (4) Voy. le Bulletin, t. VI, p. 165. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 525 dans cette famille sont les suivantes : Crocus etruscus Parl., C. Orsinit Id.; Romulea Requienii Id. (Trichonema Linaresii Gren. et Godr.), R. ligus- tica Parl., 2. Rollii Id. ; Gladiolus Notarisii Id. (G. communis De Not.) ; G. spathaceus Parl. (G. dubius Id., Fl. panorm. ). La famille des CANNACÉEs n'est représentée en Italie que par le Canna indica L. naturalisé en Sicile. C'est aussi principalement au point de vue mor- phologique que M. Parlatore s'en occupe; il en examine avec attention la structure qui, comme on le sait, a été considérée de diverses manières par les auteurs, et dont il propose lui-méme une interprétation nouvelle que nous reproduirons. « Aujourd'hui, dit ce savant botaniste, par suite de l'étude que j'ai faite de la fleur des Canna et de celle de presque tous les genres de Can- nacées, je suis convaincu que l'explication de cette fleur qui a été donnée par R. Brown est erronée, et que celle que l'on doit à M. Lestiboudois n'est pas non plus entièrement exacte. Les Musacées, de même que les Scitaminées et les Cannacées, ont un méme plan de structure florale qui les fait rentrer dans la méme classe, et elles offrent un port à elles propre. J'y admets l'existence d'un double périgone composé de six pièces, trois externes généralement plus petites, et trois internes plus grandes; les pièces de chaque verticille sont presque égales dans les Cannacées et les Zingibéracées ; elles sont souvent inégales dans les Musacées. J'y admets 6 étamines qui sont toutes (Ravenala) ou presque toutes (5 dans les Musa, Heliconia et Strelitzia par suite de l'avortement de la sixième) fertiles chez les Musacées, et qui, chez les Canna- cées et les Zingibéracées, sont presque toutes converties en folioles pétaloides, une seule d'entre elles restant fertile entièrement chez les Zingibéracées, par moitié dans les Cannacées. Tl me parait certain que les six folioles pétaloides des Canna glauca et flaccida représentent six étamines métamorphosées en grande partie, tant par leur symétrie que par leur nature et par la structure de l'anthére. Toutes les folioles sont parfaitement symétriques par leur posi- tion, puisqu'elles alternent entre elles et avec les folioles du périgone ; elles sont semblables à la portion pétaloide de l'étamine en partie fertile... Il est certain que cette portion pétaloide ‘de l'étamine fertile est la moitié de l'étamine convertie en pétale, l'autre moitié étant représentée par l'anthere qui est, pour ce motif, uniloculaire... Il me semble donc que M. Lestiboudois s’est trompé lorsqu'il a supposé que l'étamine des Cannacées est composée de deux étamines soudées ensemble. » La famille des ORCHIDÉES occupe une forle portion du troisième volume (pp. 333-567). L'auteur admet, chez ces plantes, conformément à l'opinion de M. Brongniart, 3 étamines, dont l'antérieure est seule généralement fertile, et il ne voit dans leur capsule que 3 carpelles, non 6 comme l'a nes M. Lindley. Ce groupe naturel est divisé par lui en 6 tribus, de la maniere suivante : 1" tribu, Aréthusées Parl., correspondant seulement à la seconde division des Aréthusées de M. Lindley. Dans la flore italienne on. y trouve : 526 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 4 Limodorum et 5 Cephalanthera, dont 2 douteux. 2° tribu, /Véottiées Lindl.; elle comprend : 4 Epipactis, 4 Neottia, 2 Listera, 2 Spiranthes, et ^ Goo- dyera. 3° tribu, Malaxidées Lindl.; elle est représentée par 4 Microstylis, 4 Liparis, et 1 Corallorhiza. h° tribu, Æpipogonées Parl.; elle correspond à la première division des Aréthusées Lindl.; elle est réduite à l'Eprpogon. 5° tribu, Ophrydées Lindl.; c'est proprement la tribu indigène. M. Parlatore la subdivise en deux sous-tribus, de la manière suivante : 1° Gymnadéniées Parl., comprenant 4 Herminium, À Bicchia Parl., 2 Gymnadenia, 4 Gen- naria Parl., 4 Cæloglossum, 2 Platanthera, 4 Traunsteinera ; 2° Angiadé- niées, formée de 6 Serapias, 4 Chamæorchis, 4 Aceras, 1 Himantoglossum, 4 Barlia Parl., 4 Anacamptis, 1 Tinæa, 38 Orchis, À Nigritella, 15 Ophrys. 6° tribu, Cypripédiées Lindl. , comprenant le seul Cypripedium Calceolus L. Les nouveautés dans cette famille consistent presque uniquement dans des genres proposés par l'auteur; ce sont : un genre Zicchia formé pour le Satyrium albidum L., qui devient le B. albida Parl.; un genre Gennaria, qui a pour type le Satyrium diphyllum Link, appelé G. diphylla Parl. Une seule espèce est proposée comme nouvelle, c'est Ophrys neglecta Parl., plante qui a été confondue par divers auteurs avec l'O. tenthredinifera. En outre, on a vu que M. Parlatore adopte à peu prés tous les genres modernes qui ont été pro- posés parmi les Ophrydées européennes. La famille des HYDROCHARIDÉES est divisée par notre auteur en trois tribus: 4° les Vall isnériées Parl. , pour le genre Vallisneria ; 2° les Stratiotées Parl., pour le genre Stratiotes ; 3° les Hydrocharées Parl., pour le genre Hydro- charis. La famille des BUTOMACÉES a le genre Butomus. Celle des ALISMAGÉES est divisée en trois tribus : 4° les Alismées Parl., comprenant 4 Alisma, 1 Bal- dellia Parl., genre nouveau, formé pour l' A/isma ranunculoides L., 1 Cal- desia Parl., genre nouveau établi sur l'Alisma parnassifolia L.; 2° les Damasoniées Parl., avec 4 Damasonium ; 3° les Sagittariées Parl., compre- nant 1 Sagittaria. Les JUNCAGINÉES renferment 5 Triglochin et 1 Scheuchzeria. Pour les NAÏADACÉES, M. Parlatore adopte les six tribus établies par Kunth : 1° Potamogétonées, avec Ah Potamogeton; 2° Zannichelliées, pour 2 Zanni- chellia et 4 Althenia; 3° Ruppiées, où rentrent 4 Ruppia ; h? Posidoniées, comprenant 4 Posidonia; 5° Zostérées, dans laquelle se trouvent 3 Zostera, 1 Phucagrostis Cav.; 6° Naïadées, comprenant 4 JVaias et 2 Caulinia. La famille qui termine la série des Monocotylédons est celle des LEMNACÉES, qui renferme 3 Lemna, 1 Telmatophace et 1 Spirodela. L'ensemble des Monocotylédons dont l'histoire est exposée dans la Flore italienne consiste en 998 espèces qui se rapportent à 246 genres P 21 familles. La seconde partie du troisième volume se termine par la table alphabétique REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 527 des noms de familles, de genres, d'espèces et de synonymes qui figurent dans ce volume entier. Becas plantarum amiurensiam, sive Zabulæ botanicæ 10 ex itinerario D. Maack seorsum editæ a F.-J. Ruprecht (grand in-folio. Saint- Pétersbourg ; 1859). Ce fascicule comprend uniquement dix planches gravées sur pierre et l'ex- plication des figures. Nous devons nous borner à peu près à indiquer les espèces dont il renferme Ja figure. Plan. 4. Nymphæa Wenzelii Maack, in litt. Ce Nymphæa n'a été observé par le voyageur russe qu'en un seul point, dans la portion moyenne du fleuve Amour, à 50 werstes au-dessus de l'embouchure du Gorin, dans un petit lac d'une ile, du côté opposé au village nommé Pachale ; la plante s'y montrait fort abondante ainsi que le Trapa. L'espèce est très voisine du N. pygmæa Ait, à cause de ses séries de pétales trés nettement distinctes de celles des étamines, à cause aussi de ses pétales elliptiques, de son stigmate et du con- tour quadrangulaire que présente la base de la fleur, à son insertion sur le pédoncule ; ses feuilles sont, en outre, conformées comme celles du N. pyg- mæa du Kamtschatka, mais elles sont deux ou trois fois plus grandes. De plus, la plante de l'Amour a les séries externes de pétales presque égales; ces pétales sont elliptiques ; les stigmates sont renflés, raccourcis, arrondis (presque sans rayons), tres distincts des appendices radiiformes. Les feuilles rappellent celles des Nuphar, c'est-à-dire qu'elles sont ovales, avec les sinus basilaires, non- seulement distants, mais encore aigus, et nullement arrondis au sommet. Plan. II. CAloranthus mandshuricus Rupr. Ce Chloranthe a été trouvé en un petit nombre de pieds, en juillet 1855, sur un seul point, vers la portion moyenne du bassin de l'Amour, à 40 werstes environ au-dessus de l'embou- chure de l'Ussuri et un peu au-dessous du village de Nungja, parmi des rochers, Il parait trés voisin du CA/. serratus R. S., duquel il se distingue surtout par ses feuilles plus larges et par ses épis terminaux trés simples, non géminés, Plan. III. Acer Ginnala Rupr. Plan. IV. Celastrus flagellaris Rupr. Postérieurement au voyage de M. Maack, M. Radde a vu que cette espèce s'attache aux Araliacées, etc., au moyen de nombreuses racines aériennes. Plan. V. Lespedeza bibolor 'Turcz. Plan. VI. Panaz sessiliflorum Rupr. et Maxim. Plan. VIT. Zleutherococcus senticosus Maxim. Plan. VIT. Yy/osteum Maacki Rupr. Plan. IX. Zigustrina amurensis Rupr. M. Ruprecht élève ici au rang de genre distinct et sépare le sous-genre Ligustrina qui se distingue des vrais 528 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Syringa par sa corolle à tube court et à limbe presque irrégulier en raison de la profondeur plus grande qu'ont les deux fissures latérales, par les anthères portées sur un long filet et exsertes, enfin par les loges de la capsule généra- lement monospermes. Plan. X. Corylus mandshurica Maxim. in Rupr. Tahiti. Recherches sur les principales productions végétales de Vile: par M. G. Cuzent (1 vol in-8° de 275 pages, avec deux cartes. Rochefort, chez Théze; Paris, chez Victor Masson, place de l'École-de-Médecine ; 1860). L'ouvrage de M. Cuzent est le résultat des observations faites par lui pen- dant un séjour à Tahiti qui a duré du 29 novembre 1854 au 16 mai 1858. Les principaux éléments en avaient été publiés dans une série d'articles insérés dans le Journal de Tahiti et dans la Revue coloniale. Le but que ce savant pharmacien de la marine s'est proposé en l'écrivant a été non-seulement de faire connaître les productions végétales de cette ile et leur utilité, mais encore de rectifier de nombreuses erreurs qui se trouvent dans les écrits les plus estimés, et aussi de montrer qu'une exploitation intelligente et une culture facile de cette terre privilégiée auraient bientót pour effet de fournir des frets de retour aux navires qui vont dans ces parages et qui, le plus souvent, sont obligés de s'en revenir sur lest. Voici la division du volume qu'il a écrit à ce sujet. Une introduction de deux pages a pour objet d'indiquer le but qu'il s'est proposé et de signaler plusieurs erreurs grossières qui ont été publiées relativement aux plantes de Tahiti ainsi qu'à leurs usages, méme à la configu- ration du sol, etc. Aprés un chapitre peu étendu sur les iles de la Société en général, l'auteur aborde l'étude spéciale de l'ile qui lui fournit le sujet de son ouvrage. Il consacre un premier paragraphe à en faire connaitre la position géographique, la superficie et les récifs madréporiques; une coupe verticale montre la disposition et la formation de ces récifs ainsi que des iles madrépo- riques ; dans le second paragraphe du méme chapitre il retrace l'origine et l'aspect géologique de l'ile; il consacre le troisième paragraphe à l'indication des montagnes principales et de leur hauteur, à celle de la température de l'air ambiant, enfin aux eaux minérales; le quatrième paragraphe donne une idée des vallées et des plages de cette ile; le cinquième paragraphe indique d'abord la température, qui est telle que la moyenne diurne ne dépasse pas 2h degrés centigrades, et que celle des nuits est de 21 degrés centigrades, ensuite les climats et les saisons. Dans le sixième paragraphe se trouve un tableau abrégé de la végétation spontanée et de sa distribution géographique ; sous le titre de Zoologie, le septième paragraphe indique certaines des espèces les plus aedi quables de la faune tahitienne ; abordant ensuite l'examen de la population indigène, M. Cuzent s'occupe, dans autant de paragraphes successifs : 4° du REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 529 dénombrement des habitants qui peuplent aujourd'hui Tahiti et Moorea; il donne une carte de cette dernière ile; 2° des causes de la dépopulation gra- duelle de Tahiti; 3° de la théogonie tahitienne et de l'origine de la royauté actuelle; 4° de l'arrivée au pouvoir de la famille Pomaré ; 5° de Papéiti ; 6° de l’état moral actuel de la population indigène ; 7° des fêtes de famille et de districts; 8° il rapporte plusieurs traits de magnanimité de chefs tahitiens ; 9 il prouve, par le récit de quelques faits, l'horreur des Tahitiens pour l'an- thropophagie ; 10^ il termine cette portion de son livre par un paragraphe étendu intitulé : De la Tahitienne. Il nous suffira d’avoir indiqué les sujets traités par M. Cuzent dans toute cette premiere partie de son ouvrage (pp. 7-82), ces sujets ne rentrant pas dans l'ordre des matières qui peuvent trouver place dans ce Bulletin. La seconde partie de l'ouvrage est consacrée aux Productions végétales de l'ile. M. Cuzent commence par s'occuper spécialement et en détail de celles d'entre ces productions végétales qui fournissent ou peuvent fournir des matièresutiles. Le premier chapitre compris dans cette portion de son ouvrage est relatif au Kava ou Ava, Piper methysticum Forst. (Macropiper methysticum Miq.), duquel les indigènes retirent une boisson enivrante, qu'ils obtiennent en en inàchant la racine fraiche et en en délayant ensuite dans l'eau les tissus déchirés et imprégnés de salive. H donne une description de cet arbrisseau, et il en caractérise quatorze variétés distinguées par les Tahitiens. 1l décrit le mode de préparation de la liqueur de Kava, qui aujourd'hui a été à peu près entiérement remplacée par les boissons alcooliques ; il fait observer que cette boisson ne subit pas de fermentation, contrairement à ce qu'on lit partout. I en décrit avec soin les effets sur le physique et le moral, et il rapporte avec quelle sorte de cérémonial les Océaniens usent de cette liqueur. L'analyse chimique a montré à l'auteur, dans la racine de ce Piper, une huile essentielle, d'un jaune citron, unie à une résine balsamique ; une grande quantité de fécule à grains petits et arrondis; enfin un principe neutre particulier qu'il a isolé, au mois d'avril 1857, qu'il a nommé Kavahine, principe auquel il faut prob ble- ment attribuer les propriétés stupéfiantes et enivrantes du Kava, et dont il a fait connaitre la composition dans différentes publications, — Le second cha- pitre est relatif aux huiles. Il y examine en détail, au point de vue botanique et à celui de la matière oléagineuse, les espèces suivantes : 1° l'AZeurites tri- lobu Forst. , le Tiairiou Tutui des Tahitiens, arbre de la famille des Euphor- biacées, dont le fruit est connu sous le nom de Noix de Baneoul : 100 kilo- grammes de ces fruits donnent 33 kilogrammes d'amandes; 100 kilogrammes de celles-ci produisent 66 litres d'une huile connue dans le commerce sous le nom d'huile de Kukui, qui a des usages variés. L'auteur pense que l'exploita- tion de l' AZeurites serait très fructueuse pour Tahiti et Moorea. 2° Le Coco- lier, Cocos nucifera L., dont les nombreux usages sont bien connus. 3° Le Tamanu, Calophyllum inophyllum L. , grande Clusiacée arborescente, dont la T. VaL h 530 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. graine, quand elle a jauni en vieillissant, donne 81 pour 100 d'une huile aro- matique, grasse, d'un jaune verdàtre et alors translucide, quelquefois très verte, dont l'odeur est su? generis, dont la saveur est fade, peu agréable, qu'on peut employer pour la fabrication du savon, pour la peinture, etc. C'est certainement une faute typographique qui fait attribuer à cette matiére oléagi- neuse la densité impossible de 8,9347. Le Tamanu fournirait à l'industrie tahitienne des ressources précieuses. 4° Les Ricins, ///cinus communis L. et R. viridis Desf. — Le troisième chapitre a pour titre: Sucs résineux, gommes. Il y est d'abord question du suc du Mapé, Inocarpus edulis Forst., que l'auteur examine avec beaucoup de détail, surtont quant à ses propriétés chimiqueset qu'il regarde comme une matiére colorante d'un assez grand intérét, bien qu'elle ne soit pas encore employée. Ce suc devient rouge par la dessicca- tion à l'air et à la lumière; par l'action de divers agents chimiques, il fournit les nuances les plus vives et les plus variées. Il parait contenir deux principes, l'un rouge, qu'on pourrait nommer /nocarpine, l'autre jaune, qui pourrait étre appelé Xanthocarpine. M. Cuzent parle ensuite successivement : 1? du suc de l'Agati grandiflora, Légumineuse peu répandue à Tahiti ; 2° de la gomme du Spondias cytherea, de celles du Melia Azedarach, de V Aleurites triloba, du Cocotier et de l'Oranger ; 3° du caoutchouc ou Siphonia elastica Pers., qui a été introduit récemment; 4° de la séve colorée du Fei, Musa Fehii Bert., espèce spontanée, utile à divers titres, dont la fausse-tige renferme un suc rouge violacé qui tache le linge d'une maniere indélébile, et qu'on obtient en abondance en faisant une incision ; 5° de la matière colorante rouge qui se produit lorsqu'on mêle, à l'état frais, le suc verdâtre des fruits du Mati, ou Ficus tinctoria, avec le suc des feuilles du Cordia Sebestana (Tôu des indi- gènes), etc. — Le quatrième chapitre est consacré aux fécules et aux plantes qui les fournissent. Les végétaux que M. Cuzent y étudie avec le plus de soin et de développement sont les suivants : 4° le Taro, Colocasia esculenta Schott, Aroidée abondante à Tahiti, où elle vient trés bien, et où l'on en trouve un type sauvage, Ape des indigènes, qui est parfois cultivé, et un type unique- ment cultivé, le vrai Zaro, qui constitue un aliment de première nécessité. Les Tahitiens connaissent treize variétés de ce dernier. 2° Le Pia, Tacca pinnati fida Forst. , vient à l'état sauvage dans presque toutes les vallées, datis les endroits humides et ombragés; il est peu cultivé et seulement par quel- ques Européens. Ses tubercules pèsent de 300 à 500 grammes, et ressemblent à ceux de la Pomme de terre par leur forme irrégulièrement arrondie, comme par leurs yeux plus ou moins espacés. La fécule s'y montre de plus en plus vers le centre; sa proportion s'élève à 30-60 pour 100. On en con- somme une grande quantité. 3° Les Ignames, savoir le Dioscorea pentaphyll " nommé Patara ou Paauara, le D. alata, nommé Ufi ou Uhi, le D. bulbi- fera, appelé Ho. he L'arbre à pain, Artocarpus incisa Forst., dont il existe à Tahiti quatre variétés, et dont le fruit ne contient en moyenne que 17 pour 100 REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 531 de fécule, sans gluten ni substance analogue. Ces fruits servent surtout à la pré- paration d'une pâte fermentée appelée Popoi, dont il se consomme une grande quantité dans l'Océanie. — Le cinquième chapitre est consacré à des produits divers, parmi lesquels les plus importants sont les oranges dont on consomme des quantités immenses, le sucre, dont la culture, encouragée par le gouverne- ment français, est encore à peu près naissante, le coton, qu’on commence éga- lement à obtenir en proportion notable, etc. — Un chapitre spécial est con- sacré à l'indication des bois dont l'industrie pourrait tirer parti. Les espèces qui s'y trouvent signalées sont au nombre de 73. — Le dernier chapitre de l'ouvrage est relatif aux cultures des légumes, des fruits, des plantes fourra- géres et des fleurs. On y trouve des données intéressantes particulièrement sur les conditions désavantageuses que rencontre la culture de nos espèces euro- péennes dans les climats intertropicaux. L'ouvrage de M. Cuzent présente enfin un Conspectus de [a [lore de Tahiti, dont les éléments ont été réunis par M. Pancher. C'est le catalogue de plus de 300 espèces phanérogames et cryptogames vasculaires, dont prés de la moitié ont été introduites daus l'ile de Tahiti et y sont aujourd'hui plus ou moins naturalisées. Ces plantes se rapportent à 103 familles. Elles se divisent en 71 thalamiflores, 120 calyciflores, 99 corolliflores, 60 monochlamydées, 6 gymnospermes, 81 monocotylédones, 63 acotylédons vasculaires. Le volume se termine par un dictionnaire francais-tahitien, par quelques dialogues francais-tahitiens, enfin par une légende astronomique tahitienne. On the Tribe Colletiæ with some Observations on the Structure of the Sced in the Family of the Whamnaee:e (Sur la tribu des Collétiées avec quelques observations sur la structure de la graine dans la famille des Rhamnacées) ; par M. John Miers (The Annals and Magazine of natural History, cahiers de février, mars, avril, mai, juin et juillet 1860, 3* série, vol. V, pp. 76-95, 200-216, 267-273, 370-381, ^82-^92, vol. VI, pp. 5-14). Parmi toutes les Rhamnacées, les Collétiées se distinguent par leurs rameaux Opposés qui se terminent en épines, par l'insertion toujours périgyne des éta- mines et des pétales, qui s'attachent sur le tube du calice à quelque distance du disque, et cela sans autre exception connue que dans le genre Adolphia, dans lequel l'extrême brièveté du tube calicinal reporte les étamines près du disque. Leurs étamines sont opposées aux pétales, comme dans toute la famille ; méme elles sont généralement cachées dans la concavité de ceux-ci. — Dans son Genera, Jussieu ne caractérisait que le genre Colletia, qu'il pla- çait dans sa famille des Æhamni. En 1825, dans son excellente monographie des Rhamnacées, M. Brongniart sépara le genre Æetanilla des Colletia. On ne connaissait alors que sept espèces rentrant dans ces deux genres, Depuis 532 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cette époque, le nombre de ces plantes s’est beaucoup accru; plusieurs nou- veaux genres ont été créés ; de telle sorte qu'il est très important d’avoir une nouvelle monographie de la famille. M. Reissek en avait commencé une dès 1840 ; mais aujourd'hui encore il n'en a rien publié. Avant de présenter ses propres observations sur cette tribu, M. Miers commence par examiner divers points de leur organisation. Le fruit, dans tous les genres de Collétiées, est à plusieurs carpelles, nor- malement 3, rarement 4, quelquefois 2. S'il devient parfois monosperme, on voit toujours nettement les traces de la seconde loge. Chaque carpelle renferme constamment un seul ovule dressé, fixé au fond de la loge. Toujours aussi la radicule de l'embryon regarde le hile. — Dans toute la tribu, les graines offrent les mémes caractéres ; comme exemple, le savant anglais décrit celles du Colletia dumosa. Ces graines sont ovales, souvent munies, sur leur face ventrale, d'une légere cóte qu'on a prise pour un raphé ; leur surface est polie, finement granulée à la loupe. Le tégument externe est corné ; à sa base, dans une direction transversale relativement au fruit, se trouve un long sillon ou une entaille étroite, toujours ouverte ; il est d'épaisseur uniforme, de struc- ture homogène, composé de cylindres hyalins, étroits, égaux, tous rayonnants autour du centre dela graine, qui, par la macération, se séparent les uns des autres. Cette structure montre que cette couche n'est pas un des tégu- ments ordinaires provenant de l'une des tuniques de l'ovule, mais qu'elle s'est formée postérieurement, et que dés lors elle ne constitue pas un testa, comme on l'a pensé jusqu'à ce jour. Sous cette couche, il s'en trouve une seconde qui est membraneuse et collée à la première par l'intermé- diaire d'un dépôt celluleux de texture spongieuse, dont les cellules sont trés làchement unies entre elles et rouges. Dans la substance de cette seconde membrane se trouve un cordon blanc qui, partant de la base de la graine, en atteint le sommet pour redescendre le long de tout le côté opposé, décrivant ainsi un tour complet; ce cordon est composé de nombreux filaments spiraux délicats, qui peuvent étre facilement séparés les uns des autres. Un troisième tégument, libre et distinct, remplit l'espace qui existe dans la moitié supé- rieure du précédent ; un peu au-dessous du milieu, il devient graduellement plus étroit, plus opaque, de texture plus serrée, ct il finit en un filet court et épais qui se termine dans la perforation basilaire de la tunique externe. Son extrémité opposée ou son sommet offre un disque charnu et foncé comme une chalaze. Ces enveloppes entourent exactement l'albumen qui est charnu, homogene, trés épais aux faces ventrale et dorsale ; l'embryon a presque la longueur de l'albumen, et il est trés aplati, ses cotylédons étant ovales, foliacés, charnus, un antérieur et un postéricur relativement à l'axe du fruit. — La présence d'une tunique externe distincte, crustacée, toujours plus ou moins percée à l'extrémité basilaire, et la situation, dans le tégument moyen, d'un raphé qui forme un cercle presque complet, sont des caracteres REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 533 qu'on observe non-seulement chez toutes les Collétiées, mais encore dans tous les genres de Rhamnacées que l'auteur a examinés. — M. Bennett dit avoir reconnu que, dans toutes les Rhamnacées, les ovules jeunes offrent unifor- mément un raphé ventral ; d'où il conclut que tout changement ultérieur dans cette maniere d'étre doit tenir à une simple torsion du funicule qui fait tourner lovule sur son axe. Son opinion a été généralement adoptée. Cependant M. Clarke a dit avoir vu, dans la méme famille et sur des ovules jeunes, le raphé dorsal ou latéral, et M. Agardh s'exprime nettement de méme. M. Miers est du même avis: sur le Æhamnus chlorophorus, il a constaté que, la graine mûre ayant le raphé moitié latéral, moitié dorsal, il en est absolument de méme dans l'ovule. Dans les Rhamnus Alaternus et catharticus, le raphé est exac- tement dorsal, soit dans la graine, soit dans l'ovule. — Dans les Colletia, il a reconnu que le raphé se dirige selon la ligne médiane des cotylédons, vers l'une et l'autre face qu'il parcourt en entier. Il entre à ce sujet dans des détails circonstanciés. — Il lui semble très probable que la tunique crustacée externe de ces graines doit son origine à un accroissement et une expansion du support funiculaire, accroissement signalé d'abord par M. Brongniart. Dans quelques cas, on voit sur la graine une autre production encore plus externe que la tunique crustacée. Cette expansion, que M. Miers regarde comme provenant du point placentaire où s’attache le funicule, est rudimen- taire dans les Zizyphus, où elle se montre comme une petite coupe libre à bord crénelé, fixée au péricarpe, et dans laquelle repose la graine sessile. — Chez les Phylica, la graine est fixée dans une coupe stipitée, charnue, géné- ralement à quatre dents marginales, à laquelle elle tient. Elle prend tout son développement dans l'A/phitonia, où elle se montre comme une enve- loppe mince, presque membraneuse, làche, ouverte au sommet et quelquefois aussi le long de la face dorsale. Les auteurs ont varié d'opinion touchant sa nature. M. Miers n'a pu y découvrir de vaisseaux ; certainement, dit-il, cette tunique présente tous les caractères d'un arille. — Au total, de la discussion détaillée à laquelle il se livre, le savant botaniste anglais tire la conclusion que la tunique séminale crustacée qui forme l'enveloppe externe de la graine des Rhamnacées en général a une origine adventive, et un accroissement distinct, postérieur à la fécondation de l'ovule. Quant à l'enveloppe encore plus externe et fragile de la graine de l'A/phitonia, il est difficile d'en déterminer avec précision la nature; mais, comme l'a pensé M. Asa Gray, on peut en attri- buer la formation au péricarpe et non à la graine elle-méme. La fleur des Collétiées n'offre guère de particularités qui ne soient connues. Le savant auteur insiste sur un fait que présentent les stipules de ces végé- taux, et qui parait n'avoir pas été signalé. Sous chaque épine et à la base de chaque pétiole se trouve une large écaille rouge, qui embrasse un peu la tige ; elle est concave et terminée par deux dents courtes ou par deux segments allongés, linéaires et dressés, d'entre lesquels semble partir le pétiole. 534 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Quelquefois ses écailles stipulaires sont simplement amplexicaules; mais, dans d'autres cas (.Votophena, Betanilla, Ochetophila, Discaria), celles des ais- selles opposées s'unissent en une gaine courte, qui forme unc igne transver- sale autour de la tige et qui donne à chaque nœud l'aspect d'une articulation, comme dans les ZpAedra. Entre chaque écaille et son épine correspondante nait un renflement tuberculeux, portant feuilles et fleurs, et qui n'est qu'un rameau avorté. Ce caractère peut servir à distinguer certains genres. Après ces études qui occupent les vingt premières pages de son mémoire, M. Miers aborde l'examen détaillé des genres et espèces de la tribu des Collétiées. Nous ne pouvons présenter ici qu'un simple relevé des uns et des autres. Division I. EUCOLLÉTIÉES. Fleurs apétales ; fruit capsulaire, déhiscent. 1. Colletia Comm. — 4. C. spinosa Lamk.; 2. C. intricata, n. sp. ; 3. C. invicta, n. sp. ; 4. C. ferox Gill. et Hook. ; 5. C. atrox, n. sp.; 6. C. cru- ciata Gill. et Hook. ; 7. C. Weddelliana, n. sp.; 8. C. Kunthiana (C. spinosa A. B. K.); 9. C. tenuicula, n. sp.; 10. C. pungens, n. sp.; 11. C. spar- tioides Bert. ; 12. C. cataphracta, n. sp. ; 13. C. armata, n. sp.; 1^. C. dumosa, u. sp.; 15. C. veprecula, n. sp.; 16. C. aciculata, n. sp.; 17. C. hystrix Clos; 18. C. ulicina Gill. et Hook. 2. Notophæna, gen. nov. — 1. N. serratifolia Miers (Colletia serratifolia Vent. non Hook.); 2. N. foliosa Miers (Colletia serratifolia Hook. non Vent.); 3. N. cognata, n. sp.; 4. N. discolor (Colletia discolor Hook.) ; 5. N. magel- lanica, n. sp.; 6. N. tomentosa (Colletia tomentosa Philippi); 7. N. andina, n. sp.; 8. N. Toumatou (Discaria Toumatou Raoul). Division IL. CHOENOCARPÉES : Fleurs pétalées; fruit capsulaire, déhiscent. 3. Discaria Hook. — 1. D. americana Hook.; 2. D. lycioides, n. Sp-; 3, D. longispina Miers (Colletia longispina Hook. Arn.); 4. D. spiculata, n. Sp.; 5. D. australis Hook. h. Ochetophila Peepp. — 1. O. trinervis Peepp.; 2. O, prostrata, n. 8p.; 3. O. parvifolia, n. sp. 5. Adolphia Meisn. — 1. A. infesta Meisn. Division III. CLITHROCARPÉES : Fleurs pétalées; fruit nucamentacé et ligneux ou membraneux, presque toujours indéhiscent. 6. /?etamilia Brongn. (M. Miers modifie ainsi, conformément à l'étymolo- gie espagnole, le nom générique écrit à tort avant lui Betanilla). — 4. R. obcordata Brongn.; 2. R. Ephedra Brongn.; 3. R. stricta Hook. Arn. ; h. R. articulata, n. sp. 7. Trevoa Miers. — 1. T. trinervis Miers ; 2. T. tenuis, n. sp.; 3. T. Ber- teroana Miers (Retanilla spinifer Clos); 4. T. Weddelliana, n. sp.; 5- T. Clo- siana Miers (Colletia tetrandra Clos). 8. Talquenea Miers. — 1. T. costata Miers; 2. T. mollis, n. sp. 9. Scypharia Miers, nov. gen. — 4. Sc. guyaquilensis Miers (Rhamnus REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 535 guyaquilensis H. B. K.); 2. parviflora Miers (Discaria parviflora Hook, fil. ); 3. Sc. senticosa Miers (Rhamnus senticosa H. B. K.). — Spec. dubia: ^, Sc. tetragona Miers (Colletia tetragona Brong.). BOTANIQUE GÉOGRAPHIQUE ET GÉOLOGIQUE. Bemerkungen und Versuche zur Frage über den Lin- fluss des Bodens auf die Pflanzen (Remarques et recherches relatives à la question de l'influence du sol sur les plantes); par M. H. Trautschold (Bulletin de la Société impériale des naturalistes de Moscou, cahier n° 4 de 1858, pp. 329-394, avec 4 grands tableaux). Le mémoire étendu de M. Trautschold est divisé en quatre chapitres, dont les trois premiers sont consacrés à une discussion étendue des hypothéses publiées par Thurmann et Sendtner, ainsi qu'à l'exposé détaillé des observa- tions sur lesquelles le savant russe appuie sa propre manière de voir. Quant au quatrième chapitre, il renferme les conclusions déduites de l'ensemble de ce travail ; nous croyons dés lors devoir le reproduire. Le caractère d'une zone végétative, considéré en gros, dépend uniquement, dit M. Trauschold, des conditions de climat et d'humidité. Les seuls éléments de comparaison que présentent la végétation des plaines et celle des montagnes sont ceux qui résultent des degrés de la température. Les produits de la décomposition des substances organiques (humus) sont nécessaires pour le développement complet des plantes, telles qu'elles sont constituées dans la période actuelle ; en d'autres termes, un sol composé seu- lement de principes inorganiques ne peut fournir aux plantes les éléments qui leur sont indispensables pour parvenir à leur entière formation. L'action du sol sur les plantes est toujours physico-chimique, c'est-à-dire que le sol agit sur les plantes aussi bien en vertu de ses principes chimiques «qu'en raison de ses propriétés physiques ; en d'autres termes : toute végé- tation serait impossible sur un sol qui n'agirait que par ses propriétés physi- ques, et dont les constituants chimiques resteraient inactifs. Dans la terre des plaines, les principes constitutifs sont toujours plus mêlés que dans celle des montagnes. L'humus, base de toute végétation, égalise les différences qui résultent de la diversité de nature des détritus de roches. Dés lors, plus un sol est pauvre en humus, plus y sont restés sans mélange les détritus d'une sorte déterminée de roche, et plus doivent être caractéristiques les espèces végétales qui s'y développent, La composition des détritus minéraux et leur action soit physique, soit chimique, considérées en général, exercent une influence secondaire sur le 536 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tapis végétal du globe ; mais cette influence est accrue par certaines propriétés physiques des roches, telles que leur division en particules ténues, leur hygro- scopicité considérable, la grande mobilité de leurs particules, ainsi que la faci- lité avec laquelle s’opèrent leur solution et leur décomposition; toutefois cette influence ne va jamais jusqu'à altérer le caractère des zones végétatives. Les plantes communes qui, par leur multiplicité, contribuent puissamment à caractériser une zone végétative sont, en général, assez indifférentes à la diversité des principes constitutifs du sol, et présentent, sous ce rapport, une grande aptitude à s'y accommoder. D'un cóté, une surabondance d'humus, de l'autre un excés de substances minérales ont pour effet d'exclure plusieurs végétaux. Cela revient à dire que certaines plantes ont une préférence ou une répulsion pour certains sols. Certaines plantes se montrent dépendantes de propriétés physiques trés prononcées dans le sol ou de principes chimiques prédominants ; mais jamais la présence des plantes, considérée fort en général, ne se relie intimement à certaines propriétés physiques ni à certaines substances chimiques, encore moins à certaines proportions de ces dernières. Le sable et généralement les détritus minéraux pauvres en humus ne sont stériles que par suite de l'absence de cette dernière matière; il en résulte qu'une addition de substances minérales n'a pour effet que de les rendre plus stériles encore. Les matières minérales qui, mélangées à l'humus, agissent avantageusement sur la végétation, deviennent néanmoins nuisibles lorsqu'on les ajoute à une terre sans humus. Certaines substances favorisent l'accroissement des racines sans produire un efTet analogue sur les parties aériennes des plantes. Vergleichende Studien zur Lehre von der Bodenste- tigkeit der Pflanzen (Etudes comparées pour servir à la doctrine de la liaison des plantes au sol) ; par M. Herm. Hoffmann. M. H. Hoffmann commence par faire observer que toutes les fois qu'on fait une série d'herborisations dans une contrée, on reconnaît bientôt cer” taines natures de sol à ce que certaines plantes s'y montrent habituellement. Pour rendre compte de cette liaison des plantes avec telle ou telle terre, on a eu recours à diverses explications ; on a fait intervenir la nature géologique, la nature chimique et la nature physique du sol. On sait que la plupart des botanistes de notre époque ont adopté la théorie de Thurmann, qui repose Sur l'influence des propriétés physiques du sol. Toutefois la doctrine chimique compte encore de nombreux partisans. M. H. Hoffmann cite plusieurs exem- ples qui montrent que cette dernière doctrine peut expliquer plusieurs faits de distribution géographique, qui semblent inconciliables avec ses principes, et cela par des mélanges anormaux de substances constitutives des roches. C'est ainsi, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 537 dit-il, qu'il y a des granwacke qui renferment jusqu'à 10 pour 100 de chaux ou de sels calcaires. Pour lever les difficultés qui existent à cet égard, M. H. Hoffmann propose une nouvelle méthode qu'il nomme méthode topographique et statistique comparée. Elle consiste à poursuivre deux plantes calciphiles ou psammophiles dans une aire dont la base géologique soit connue, mais sujette à varier, et qui offre ainsi des contrastes bien tranchés. Pour l'appliquer on dresse la carte géologique et topographique de cette aire ; on désigne par un signe particulier (l'auteur adopte un petit rond plein et un petit cercle vide) chacun des points sur lesquels se présente l'une ou l'autre de ces plantes. Les espèces sur les- quelles M. H. Hoffmann fait l'application de sa méthode sont le Dianthus Carthusianorum et le Prunella grandiflora; comme aire de distribution, il prend une étendue de 20 kilométres autour de Giessen. Il a opéré de méme sur les environs de Kissingen. Ces deux aires ont été explorées par lui avec soin et dans tous leurs détails. Sur les deux cartes, les deux signes ont été marqués ; or, partout où ils se trouvent, ils correspondent à un sol calcaire ; partout où ils manquent, le sol est siliceux. Le savant allemand est conduit à conclure de là que certaines plantes oat besoin de calcaire, puisqu'on les ren- contre habituellement là où se trouve cette matière. BOTANIQUE APPLIQUÉE. Ueber den Soda-Gehalt der Asche von Schoberia acuminata (Sur (a quantité de soude contenue dans les cendres du Schoberia acuminata) , par M. R. Hermann (Bulletin de la Société impé- riale des naturalistes de Moscou, 4° cahier de 1858, pp. 540-541). M Becker (de Sarepta) s'est occupé, dans ces derniers temps, de la recherche de la quantité de soude contenue dans les plantes saliferes qui crois - sent dans les steppes dela Russie méridionale. C'est dans ce but qu'il a incinéré, après d’autres espèces, le Sehoberia acuminata dont les cendres ont pré- senté à M. R. Hermann la composition suivante : Substances insolubles.. ..... bsi.: 26119 Sulfate de potasse......,.....9. 2,11 Chlorure de potassium........... 3,69 EF de sodiims 11. 2. 00,00 Carbonate de soude. ....... esee 1,23 Phosphate de soude............ : 0,50 Hyposulfite de soude............ 0,42 Des traces de sulfure de sodium Perte par le feu... .. eere 3,00 Total... 100,00 538 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Il résulte de cette analyse que les cendres du Schoberia acuminata, ne con- tenant que 7,23 pour 100 de carbonate de soude, ne pourraient servir à la fabrication de la soude. Les plantes de la méme catégorie qui ont été recon- nues comme contenant la plus grande quantité de cette substance sont les suivantes : Salsola clavifolia........ - 49,99 pour 100 de carbonate de soude sec, = Sola. 40,95 — Halimocnemum caspicum... 36,79 — Salsola iathiaossoooooooc 34,00 — Kochia sedoides ...... e... 30,84 — Salsola brachiata......... 26,26 — MELANGES. La botanica y los botanicos de la peninsula hispano- lusitana (Za botanique et les botanistes de la péninsule ibérique) ; par Don Miguel Colmeiro (1 vol. grand in-8° de x et 216 pages. Madrid, 1858). Cet important ouvrage de M. Colmeiro a obtenu le prix, en janvier 1858, dans le concours qui avait été ouvert à la Bibliotheque nationale de Madrid; il a été ensuite imprimé aux frais du gouvernement espagnol. Il est divisé en deux parties, l'une bibliographique, l'autre biographique. Première partie. BIBLIOGRAPHIE. — Dans une préface de quatre pages mise par lui en téte de cette premiere partie, M. Colmeiro fait observer que les différentes bibliographies botaniques qui ont été publiées jusqu'à nos jours, ne donnent qu'une énumération fort incompléte des ouvrages publiés en Espagne sur les diverses branches de la science des plantes. Il y a prés d'un siecle que Quer publia son catalogue des auteurs espagnols qui ont écrit sur l'histoire naturelle. Quelques années plus tard, Capdevila, correspondant de Haller, avait fait un travail analogue, qui n'a pas été publié, mais dans lequel il ne comptait pas moins de 1149 naturalistes espagnols, nombre tellement exagéré, qu'il prouve avec quelle inconcevable facilité il admettait comme naturalistes une foule d'auteurs qui n'avaient aucun droit à cette qua lification. Asso avait formé le plan d'un ouvrage analogue, à la fin du siecle dernier ; mais il ne l'a pas mis à exécution. Il restait donc à cet égard une lacune que M. Calmeiro s'est attaché à combler. D'abord, dit-il, il se propo- sait d'écrire seulement une Zibliothèque botanique espagnole, de laquelle il aurait exclu les ouvrages relatifs aux plantes de l'Espagne dont les auteurs sont étrangers à ce pays ; mais il a modifié ensuite son premier projet en admettant dans son ouvrage les écrivains portugais, et même les auteurs étrangers qu se sont occupés de la flore de la péninsule ibérique. I] a de plus admis dans REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 539 son cadre les manuscrits dont il a pu connaître l'existence; et même il y a donné place à un certain nombre d'ouvrages qui ne renferment guère que la simple mention de quelques plantes. En somme, il est arrivé à un nombre total de 952 écrits, chiffre élevé qui tendrait à donner une idée trés haute, probablement méme un peu exagérée, de l'importance de la littérature bota- nique espagnole et portugaise. — Quoi qu'il en soit à cet égard, voici la divi- sion en sections adoptée par l'auteur, et le nombre d'écrits, livres, mémoires, simples notes et manuscrits qui rentrent dans chacune de ces sections. La première section comprend les interprétations, extraits, commentaires et éditions, espagnols et portugais, des auteurs grecs et latins, dont les ouvrages ont quelque rapport avec la botanique. On y trouve 21 ouvrages. — La seconde section (n° 22 à 27) énumère les ouvrages espagnols ou portugais qui ont pour objet l'étude des plantes mentionnées dans la Bible. — Dans la troi- sième section (n** 28 à 35) rentrent les ouvrages des Arabes d'Espagne et ceux des autres Arabes qui ont eu des traducteurs espagnols, et qui ont un intérêt botanique ou agronomique. — La quatrième section (n** 36 à 180 bis) reléve les ouvrages didactiques, les mémoires ou autres écrits espagnols qui traitent en entier ou partiellement des différentes branches de la botanique. À cóté des travaux originaux, nous y voyons figurer des traductious en espa- gnol de quelques ouvrages étrangers. — Un appendice à cette quatrième sec- tion (n° 484 à 206) réunit les ouvrages portugais de la méme catégorie. — La cinquième section (n° 207 à 414 bis) contient l'indication des ouvrages espa- gnols qui présentent la description de plantes exotiques, presque toutes appartenant à la flore des Indes soit occidentales soit orientales. Peut-être Sera-t-on étonné d'y voir figurer des ouvrages comme le poëme de Alonso Ercilla, la Araucana, à cause de la mention de quelques fleurs. — Ici encore un appendice (n° 415 à 466) est consacré aux ouvrages portugais de la même catégorie, — Dans la sixième section (n^* 467 à 808) sont rangés les ouvrages espagnols et étrangers qui renferment la description des plantes de la péninsule et des iles adjacentes, ainsi que ceux qui s'occupent de cette végétation en général. Plusieurs mémoires y sont mentionnés, parce qu'ils citent des loca- lités espagnoles des plantes qui en ont fourni le sujet, — La septième sec- tion (n°: 808 bis à 829) est consacrée aux catalogues et notices de plantes cultivées dans les jardins publics et quelquefois particuliers d'Espagne et de Portugal. — La huitième section (n** 830 à 892 bis) énumère les ouvrages et parties d'ouvrages où se trouvent des notices bibliographiques, biographiques ou historiques relatives à la botanique espaguole et portugaise. — La neuvième *t derniere section bibliographique (n** 893 à 932) relève les collections aca- démiques et périodiques espagnoles et portugaises. — Une dixième section a été ajoutée pour l'indication de 13 portraits, connus de l’auteur, de botanistes espagnols et portugais, dont 4 remontent aux XVI* et XVII" siècles, 2 au XVII® et 7 au XIX* siècle, Cette première partie de l'ouvrage de M. Colmeiro se 540 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. termine par la liste alphabétique des noms d'auteurs suivis du titre de leurs écrits, et, pour chacun de ceux-ci, du numéro qu'il porte dans la série géné- rale. Grâce à cette liste, il est facile de trouver un auteur quelconque dans la section dans laquelle il est classé. La seconde partie de l'ouvrage porte le titre suivant : ÉTUDES BIOGRA- PHIQUES. Notices biographiques des botanistes espagnols et portugais, ainsi que de quelques écrivains non botanistes qui ont contribué à faire connaitre les végétaux dans la péninsule ibérique et ses dépendances, disposées chronologi- quement depuis le 1*" siècle de notre ère jusqu'à nos jours. Il peut n'être pas inutile de relever ici le nombre des savants, dont la notice biographique, plus ou moins développée en raison de l'importance de leurs travaux, est donnée par l'auteur pour chaque siècle. 1** siècle. Un seul (Columelle). — vr° siècle. Un seul (saint Isidore). — Siècles x à xiv : 1° Juifs, 4 ; 2 Arabes, 26. — xv* siècle : 2. — XVI’ siecle : 40, parmi lesquels les plus remarquables sont : Laguna, Monardes, Hernan- dez. — xvit" siecle : 18. — xvin siècle : 92, parmi lesquels nous citerons comme occupant le plus haut rang : Quer (Joseph), né à Perpignan en 1695, mort à Madrid en 176^ ; Gomez Ortega (Casimir), né à Anoner de Tajo en 17h0, mort à Madrid en 1818 ; Asso (Ignace), né à Saragosse en 1742, mort dans la méme ville en 1814 ; Mutis (Joseph-Célestin), né à Cadix en 1132, mort à Santa-Fé-de- Bogota en 1808; Palau (Antoine), médecin catalan, né à Blanes ou à Tordera, selon d'autres, mort vers 1793 ; Cavanilles (Antoine- Joseph), né à Valence en 1745 et mort à Madrid en 1804 ; Lorente (Vincent- Alphonse), né à Jarafuel, dans le royaume de Valence, en 1758, mort à Valence en 1813 ; Avellar Brotero (Félix), né à San-Antonio de Tojal près de Lisbonne en 1744, mort en 1828 ; Loureiro (Jean), jésuite portugais, né à Lisbonne en 1715, mort en 1796 ; Ruiz (Hippolyte), né à Belerado en 1754, mort à Madrid en 1816 ; Pavon (Joseph), dont M. Colmeiro m'indique ni la naissance ni la mort arrivée, dit-il, seulement plus de vingt ans après celle de son compagnon de voyages et de travaux Ruiz (Hipp. ); Nee (Louis), Français naturalisé Espagnol, collecteur infatigable plus qu'écrivain, qui a accompagne Malaspina dans son voyage autour du monde, et dont M. Colmeiro n'indique ni la naissance ni la mort ; Correia da Serra (Joseph-Francois), Portugais, n€ à Serpa en 1750, mort à Caldas da Rainha en 1823. — xIx" siecle : 59. Dans ce nombre considérable de botanistes rattachés à ce siècle par la date de leurs travaux, ceux dont la biographie est écrite avec le plus de détails par M. Cal- meiro, en raison de l'importance du róle scientifique qu'ils ont joué, sont les suivants : Azara (Félix), né à Barbunales, dans l'Aragon, prés de Barbastro, en 1742, mort en 1821 ; Boutelou (Esteban), né à Aranjuez en 1716, mort à Madrid en 1813 ; Boutelou (Claude), né à Aranjuez en 1774, mort à Séville en 1842 ; Lagasca (Mariano), né à Encinacorva, dans l'Aragon, en 1776, mort à Barcelone en 1839 ; Clemente (Simon de Rojas), né à Titagnas, village de REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 541 Valence, en 1777, mort à Madrid en 1827 ; enfin divers savants qui concou- rent encore aujourd'hui par leurs travaux aux progres de la science, tels que MM. La Sagra (Ramon), né à la Corogne en 1798; Graëlls (Mariano de la Paz), professeur de zoologie et directeur du jardin botanique au Musée des sciences naturelles de Madrid ; Cutanda (Vincent), etc. La seconde partie de l'ouvrage de M. Calmeiro se termine par la liste alpha- bétique des genres de plantes qui ont été dédiés à des Espagnols ou à des Portugais. NOUVELLES. — On lit dans le journal l’/nstitut, numéro du 23 janvier 1861 : « L'Académie des sciences a élu aujourd'hui (21 janvier) M. Duchartre à la place laissée vacante, dans la section de botanique, parla mort de M. Payer, Sur 58 votants, M. Duchartre a obtenu 32 voix, contre 24 données à M. Pas- teur, 1 à M. Lestiboudois et 4 billet blanc. La section avait présenté, en comité secret, la liste suivante de candidats: en première ligne, M. Duchartre; en deuxième ligne, M. Trécul; en troisième ligne, ez (equo et par ordre alpha- bétique, M. Chatin et M. Lestiboudois. Comme le nom de M. Pasteur ne figurait pas sur cette liste, on ne comprendrait peut-étre pas pourquoi ce nom à réuni 24 voix, si nous ne disions que, dans le comité secret, un membre étranger à la section, usant de l'initiative qui appartient à tout membre de l'Académie, avait proposé d'adjoindre M. Pasteur à la liste de présentation, ainsi qae tout récemment avait été adjoint M. Longet à la liste présentée par la section de zoologie et d'anatomie ; mais cette proposition avait été repoussée (par 27 voix contre 23), après une très longue discussion dont nous n'avons le droit de rien dire ici, puisqu'elle a eu lieu en comité secret. » — M. Goeppert, le savant professeur de botanique de Breslau, ayant visité, il Y à peu de temps, le Jardin botanique de Christiania et les collections de l'Uni- versité de la méme ville, a publié à ce sujet des détails d'autant. plus intéres- Sants que ces deux établissements sont fort peu connus en Europe. — Le musée botanique est sous la direction du professeur Schübeler, tandis que le directeur du Jardin botanique est le professeur Blytt. Ce jardin est situé à une demi-heure de marche de l'édifice où siége l'Université ; il se trouve sur la pente douce du terrain qui entoure le Fjord de Christiania. Il y a quarante- cinq années environ qu'il a été disposé, comme il l'est encore aujourd'hui, en forme de carré qu'entourent de grands arbres. Son étendue est équivalente à 30 ou 40 arpents de Prusse. Le jardinier en chef est M. Moe. On y trouve un Peu plus de 15 000 espèces de plantes trés bien cultivées et disposées avec autant d'ordre que dans les jardins botaniques les mieux tenus. Une portion assez considérable du terrain occupé par ce remarquable établissement est consacrée aux essais de culture, dont l'objet principal est de tenter d'enrichir 542 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. la Norvége d'espèces utiles qui lui manquent, et qui pourraient y être cultivées soit dans les champs, soit dans les jardins ; on s'occupe également, dans cette partie du jardin, d'expériences de physiologie végétale. Cette portion expéri- mentale et physiologique du Jardin des plantes de Christiania est sous la direction de M. Schübéler, qui d'abord se livrait à la pratique de la médecine et qui ensuite s'est consacré exclusivement à la botanique appliquée, dans le domaine de laquelle il se propose de publier divers travaux, de méme que, de son côté, M. Blytt a l'intention de faire paraître une Flore de la Norvége, ainsi que des mémoires contenant. ses observations sur la maniére dont un grand nombre de plantes se comportent sous le climat de la Norvége. — D'après le Botanische Zeitung (n° 1 de 1861), on fait en Bohême un singulier usage des grandes espèces de Polypores, telles que les Polyporus igniarius et fomentarius; on s'en sert comme de vases à fleurs dans les appartements. Dans ce but on les applique, le cóté de la fructification en dessus, contre un mur ou un autre point d'appui quelconque en manière du cul-de- lampe, leur portion qui reposait contre l'écorce de l'arbre étant celle par laquelie on les fixe. On y plante ensuite des végétaux à branches retombantes, et qui peuvent végéter sans recevoir des arrosements abondants. On a ainsi des vases naturels dont, à la vérité, il est difficile d'apprécier le mérite. — Le 5 novembre dernier est mort à Berlin le docteur Jean-Frédéric Klotzsch, des suites d'un diabéte dont il souffrait depuis longtemps, et qui a fini par ruiner entierement sa constitution. Ce savant botaniste descripteur, dont les nombreux et importants travaux sont bien connus, était conservateur del'herbier royal de Berlin, professeur titulaire et membre de l'Académie royale des sciences de cette capitale, Il était né à Wittenberg. Il s'était destiné d'abord à la pharmacie ; mais son goût pour la botanique ayant bientôt pris le dessus, il se rendit à Berlin, afin de se livrer à l'étude de cette science. De là, il passa à Londres, où il resta, pendant quelques années, en qualité de conser- vateur de l'herbier de sir William Hooker. En 1833, il fut attaché à l'herbier de Berlin, dont il devint conservateur après la mort de Ad. de Chamisso. 1l à gardé ce même emploi jusqu’à sa mort. — La mort d'Ernest Meyer avait malheureusement arrêté la publication de sa belle histoire de la botanique, louvrage d'une haute importance, qui répondait à un besoin vivement senti dans la science. Aussi est-ce avec une vive satisfaction que nous apprenons, par une note de M. de Schlechtendal, publiée dans le Botanische Zeitung du 30 novembre 1860, qu'il y a tout lieu d'espérer la continuation de ce grand et utile travail. Le docteur Jessen a T le courage d'accepter cet héritage littéraire du savant professeur dé Kœnis- berg. Par l'intermédiaire du professeur Zaddach (de Kænigsberg), il a pis procurer tous les papiers laissés par E. Meyer, qui se rapportaient à l'histoire de la botanique; ces papiers comprenaient seulement quelques feuilles du manu- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 543 scrit prêtes à être imprimées, et, en outre, un tableau abrégé des périodes de celte histoire avec l'indication des savants qui appartiennent à chacune d'elles. M. Jessen est devenu, en outre, acquéreur d’une portion de la bibliothèque d'E. Meyer; enfin ses propres études le mettent parfaitement en état d'en- treprendre une œuvre de cette importance. Il semble donc permis d'espérer que, grâce à lui, l'histoire de la botanique pourra arriver à bonne fin. —Avant de s'occuper de cette importante continuation, M. Jessen se propose de publier, avant la fin de cet hiver, une sorte de résumé de l'histoire de la botanique, qui occupera environ une vingtaine de feuilles, et qui portera le titre suivant : Die Fortschritte der Botanik im Zusammenhange mit der Gesammtent- wickelung der europaeischen Voelker, c'est-à-dire Les progrès de la botanique en rapport avec le développement général des peuples de l'Europe. Dans le méme article, M. de Schlechtendal nous donne un autre renseigne- ment que nous croyons devoir mettre sous les yeux des lecteurs de ce Pulletin. E. Meyer se proposait de publier l'ouvrage du Grand Albert, De vegetabili- bus, et, dans ce but, il avait ouvert une souscription qui malheureusement avait donné des résultats peu encourageants. M. Jessen a voulu mettre à exécution ce projet du savant botaniste de Kænigsberg, et il a eu lheu- reuse idée de solliciter l'appui de l'Académie royale des sciences de Berlin. Son appel a été entendu, et, gráce aux secours tant littéraires que matériels que lui préte libéralement ce corps savant, il pourra mener à bonne fin cette publica- tion intéressante. Il lui importait, pour arriver à une correction parfaite du texte, d'avoir sous les yeux des manuscrits d'Albert qui setrouvent en partie à Oxford, en partie à Cambridge. Les démarches nécessaires ont été faites, et cette difficulté ne tardera pas à étre levée comme les autres. Collections de plantes à vendre. — Collections à vendre des plantes de l'Amérique équinoxiale de M. R. Spruce, en beaux échantillons déterminés par M. G. Bentham. 1* Plantes du Brésil septentrional et du Venezuela, récoltées aux environs du fleuve des Amazones, du Rio Negro et de ses affluents, du Casiquiare et de l'Orénoque. a. Collection complète (à l'exception d'un très petit nombre d'échantillons uniques déposés à Kew), les espèces souvent représentées par deux ou trois échantillons étant celles que M. Spruce s'était réservé pour son herbier, et qu'il ne s'est décidé à vendre que depuis qu'il s'est fixé en Amérique. Au- dessus de 3200 espèces, pour le prix de 80 liv. st., soit 2000 francs. b. Collection de 1140 esp. pour le prix de L. st. 22 16 0 soit 570 fr. Es = 1000 — 20 00 500 d — 725 a 45 00 362/fr. 50 c. == 630 — ,' 4242 0 315 94^ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 2» Plantes des environs de Tarapoto (Pérou oriental). a. Collection de 302 esp. pour le prix de L. st. 6 4 0 soit 151 fr. b. — 264 = 550 132 6 — 253 — h 13 0 166 fr. 50 d. — 212 — à 50 106 e. — 187 — 3.15 6 98 fr. 50 S'adresser à M. George Bentham, au Jardin royal à Kew prés Londres, à qui devront étre remis les envois d'argent, en effets payables à Londres. — M. le docteur Crouzet met en vente des centuries de plantes récoltées en Normandie. Chaque centurie est principalement composée de plantes médi- cinales ou rares; les plantes sont accompagnées d'étiquettes imprimées. Le prix de chaque centurie est de 15 fr. pour les plantes livrées sur papier gris et non fixées ; il est de 20 fr. pour celles qui sont fixées sur papier blanc. S'adresser à M. le docteur Crouzet, àla Neuve-Lyre (Eure). — Avis. — Dans le dernier cahier du Bulletin, l'annonce de la mise en vente des Zteliquie Chauviniane a été tronquée par l'effet d'une erreur com- mise dans la composition et la mise en pages. Cette annonce devait étre suivie d'un alinéa important que nous rétablissons ici : « S'adresser, pour se procurer ces collections (d'Algues), à M. René Lenor- mand, naturaliste à Vire (Calvados), età M. Buchinger, naturaliste à Stras- bourg, qui en sont dépositaires. » — Le docteur L. Raberhorst (de Dresde), à qui la science doit déjà la publi- cation de plusieurs collections de Cryptogames en échantillons secs, vient de mettre en vente une collection des Cladonia d'Europe, en échantillons accom- pagnés d'un texte. Pour réunir tous les Lichens nécessaires à cette utile publi- cation, il a recouru à divers cryptogamistes allemands, dont 31 lui ont donne leur utile concours. Cette collection est enfermée dans une boite dont un dessus et un cóté se rabattent. Le format en est assez grand pour que chaque feuille de papier réunisse plusieurs échantillons ; seulement chacun de ceux-ci porte b numéro qui en rend la recherche facile. L'ensemble des feuilles est de 49, et chaque feuille portant en moyenne 7 formes, on voit que le total de celles-ci est d'environ 343 que M. Raberhorst range sous 39 espèces ou types princi- paux, nombre supérieur à celui qu'admettent la plupart des lichénographes, mais que le savant allemand n'a admis que d'aprés les conseils de divers bota- nistes, tels que MM. Krempelhuber, Hepp et Lauzer, qui ont fait des Lichens l'objet principal de leurs études. Une table alphabétique est jointe à Ja collection et permet de trouver sans difficulté les espèces ainsi que leurs diverses formes. Nous regrettons de ne pas trouver l'indication du prix de cette collection. Paris. — Imprimerie de L. MARTINET, rue Mignon, 2. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. La Société, conformément aux décisions prises par elle dans ses séances des 23 mars et 25 mai derniers, s'est réunie en session extraordinaire à Grenoble le 2 aoüt. — Les séances de la session ont cu licu le 2 (à Grenoble), le 6 (à Grenoble), le 44 (au Bourg- d'Oisans) et le 13 août (à Grenoble). Durant sa session, la Société a visité les divers établissements scientifiques de Grenoble, notamment le Jardin-des-plantes et le Musée d'histoire naturelle de la ville. — Le 2 aoüt, la Société réunie à fait une herborisation au polygone de Grenoble; puis elle s'est divisée en plusieurs groupes qui sont allés explorer les montagnes de la Grande-Chartreuse, celles de l'Oisans et du Lautaret, le Mont- Viso, le pie de Belledonne, etc. Le Comité chargé d'organiser la session et nommé par le Conseil d'administration (conformément à l'art. 5 du règlement spécial des Sessions extraordinaires) se composait de MM. Boisduval, Cosson, Michalet, de Schoenefeld et Verlot. Les membres de la Société qui ont pris part aux diverses réu- nions et excursions sont : MM. Amblard. MM. Hacquin. MM. Pommaret (E. de). Boisduval. Basskarl. Roussel. Cosson, Jamin (Ferd.). Sahut. : Crévélier. Kralik. Schænefeld (W. de). Dufour (Léon). La Perraudière (H. de). Senot (Ch. de), Duhamel (de Camembert). La Savinierre (E. de). Songeon (A.). Durieu de Maisonneuve. Lefèvre (Éd.). Soubeiran (Léon). Duvergier de Hauranne (E.). Lespinasse. Soutés. Faivre. Lombard. Testenoire. Féraud. Magnan. Théveneau. Germain de Saint-Pierre. Maillard (Aug.). Thibesard. Gloria. Michalet. Vérignon, Gonod d'Artemare. Monard (P.). Verlot. (1.-B.). Cras (Auguste), Motelay. Guillon (A). Mougeot (Ant.). HU A d. VIE 546 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Un grand nombre de personnes étrangères à la Société ont pris part aux divers travaux de la session, et surtout aux séances qui ont eu lieu à Grenoble. Parmi elles nous citerons : M. le baron MASSY, préfet de l'Isère. MM. AUVERGNE (l'abbé), chanoine, secrétaire général de l'Évéché. BALME (l'abbé), curé d'Huez. BARONNAT, chef d'institution. BÉRANGER, directeur de l'Enseignement mutuel du second degré, BERTILLON (le docteur), de Paris. . BovGAULT, chef d'escadron d'artillerie. BOUTEILLE, conservateur du Musée d'histoire naturelle. BRAGARD, vétérinaire du département. BRETON, propriétaire, membre du bureau de la Société d'Agriculture. Buisson, ancien notaire, propriétaire sériciculteur, à la Tronche. CHABERT (Eugéne), avoué à la Cour impériale, CHAPER, ancien préfet. CHARRANSOL, conseiller honoraire à la Cour impériale. CHARVET, professeur à la Faculté des sciences. COTTAVE (l'abbé), curé-archiprétre du Bourg-d'Oisans. CoURET, secrétaire général de l'Académie. CRÉPU, ancien conseiller d'État, ancien représentant. DEMARCHI, opticien, membre du bureau de la Société d'Agriculture. DouwET (Napoléon) fils, de Cette. Duroun, chef d'institution, à Voiron. FAUCHÉ-PRUNELLE, conseiller à la Cour impériale, FAURE, chirurgien en chef de l'Hótel-des-Invalides de Paris. FAURE, payeur du département du Nord, GIRAUDY, juge de paix du canton de Sassenage. : GUEYMARD, ingénieur en chef des Mines en retraite, ancien doyen de la Faculté des sciences, IMBERT, avoué au Tribunal de première instance. JULRIET, trésorier de la Société zoologique d'Acclimatation des Alpes. LEFRANÇOIS, propriétaire, membre du bureau de la Société d’Agriculture, LESCOEUR, inspecteur de l'Académie. n MICHAL-LADICHÈRE, avocat à la Cour impériale, vice-président de la Société zoologique d'Acclimatation des Alpes. MILLARD, secrétaire général de la Préfecture. MovcEor (Anatole) fils, de Bruyères-en-Vosges, étudiant en médecine. NICOLLET, secrétaire de la Société d'Agriculture. NYLANDER (W.), professeur à l'Université d'Helsingfors. Nyman (C.-Fr.) (de Stockholm), botaniste. ) PAGANON, conseiller à la Cour impériale, président de la Société d'Agriculture. PENET, vice-président de la Société zoologique d'Acclimatation des Alpes. PERRET (l'abbé), professeur au petit Séminaire. PETIT, président de chambre à la Cour impériale. PETIT (Ferdinand), étudiant en droit. Société PIAT-DESVIAL, conseiller à la Cour impériale, vice-président de la 500% d'Agriculture. PicQUET-DAMESME, professeur à la Faculté de droit. PiLoT, archiviste du département, secrétaire de la Société l'Isère. Pix, directeur de l’École normale primaire de l'Isère. PONTRAMIER (l'abbé), curé-archiprétre du Monestier-de-Clermont, _., RavAUD (l'abbé, professeur au petit Séminaire. de Statistique de SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 547 MM. R£AL (Félix), ancien conseiller d'État, président de la Société zoologique d'Accli- matation des Alpes. REINAUD DE FONVERT, conseiller à la Cour impériale d'Aix. REYNAUD, premier adjoint au maire, membre du Conseil général de l'Isère. ROBERT, conservateur-adjoint de la Bibliothèque. ROBERT, trésorier de la Société d'Agriculture. SENOT (Joseph de), de Rosseau (Maine-et-Loire). SILVY (le docteur), directeur de l’École préparatoire de médecine et de pharmacie. ` VERLOT (Bernard), chef de l'école de botanique au Muséum d'histoire naturelle de Paris. Etc., etc. Réunion préparatoire du ? août 1560. La Société se réunit à Grenoble à huit heures et demie du matin, dans la salle des cours du Musée d'histoire. naturelle, au Jardin- des-plantes, gracieusement mise à sa disposition par M. le Maire de la ville, pour toute la durée de la session extraordinaire. En l'absence de M. Decaisne, président de la Société, retenu à Paris par d'impérieux devoirs, la réunion est présidée par M. Ernest Cosson, vice-président. M. Paganon, président de la Société d'Agriculture de l'arrondis- sement de Grenoble, est introduit dans l'assemblée avec plusieurs membres du Bureau de cette Société. M. Paganon prononce le discours suivant : DISCOURS DE M. PAGANON. Messieurs, Nous venons, en qualité de représentants de la Société d'Agriculture de Grenohle, vous souhaiter la bien-venue, vous dire que nous sommes heureux de vous posséder parmi nous. Les travaux des botanistes et ceux des agriculteurs n'ont-ils pas une grande analogie? Le but que les uns et les autres poursuivent n'est-il pas à peu prés le méme? Rechercher les plantes, les décrire avec soin, signaler celles qui Sont précieuses à l'homme pour lui servir d'aliments, pour enrichir. ses champs, Ses vergers, pour orner ses jardins, voilà la mission du botaniste. Etudier quelles cultures seront les plus profitables, montrer par l'expérience quels soins amèneront les meilleurs résultats, propager, multiplier les végétaux Précieux, les arbres utiles, émailler de fleurs nos jardins et nos serres, voilà où tendent les efforts des agriculteurs, des jardiniers. 548 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Les mêmes désirs nous agitent, les plaisirs de nos succès sont du méme genre: un nouvel aliment trouvé, un arbre précieux importé, des fleurs splendides ajoutées aux myriades de fleurs qui réjouissent nos regards, le bonheur, en un mot, d'étre utiles à la grande famille de l'humanité, voilà votre ambition ; c'est aussi la nótre. Dans le pays qui S'honore d'avoir donné le jour à Villars (1), vous trouverez des hommes pleins de zèle et de savoir; ils seront vos guides pour explorer la flore de nos montagnes. Nos vœux vous suivront dans vos courses ; nous vien- drons dans vos réunions publiques apprendre à aimer la science charmante qui délasse le promeneur, lui fait braver les fatigues et Je rend si heureux de la possession d'une plante nouvelle cu peu connue. Nous nous applaudirons, Messieurs, d'avoir fait la connaissance d'hommes que le désir de savoir rassemble; nous nous rappellerons cette bonne visite de l'élite des botanistes. Alors que rentrés dans vos demenres, vous parcourrez les richesses de vos herbiers, laissez-nous espérer que quelques fleurs de nos montagnes vous rappelleront notre Dauphiné, et que vous garderez aussi un bon souvenir des sympathies que nous sommes heureux de vous témoigner. M. Félix Réal, président de la Société zoologique d’Acclimatation des Alpes, adresse également quelques paroles au Bureau de la Société botanique de France, pour lui souhaiter la bien-venue dans les murs de Grenoble. M. Cosson, président de la réunion, exprime à MM. les délégués des Sociétés d'Agriculture et d' Redes la gratitude de la Société botanique pour leur bienveillant accueil. Conformément à l'art. 14 du réglement spécial des sessions extraordinaires, M. de Schoenefeld, secrétaire de la Société, donne lecture dudit réglement. En vertu de l'art. 11 des statuts, un Bureau spécial doit être organisé par les membres présents, pour la durée de la session extraordinaire. En conséquence, M. le Président propose à la Société de nommer pour faire partie dudit Bureau : (1) L'orthographe du nom de l'illustre auteur de l'Histoire des p'antes du pit m est trés controversée. Dans son acte de baptéme (reproduit dans le Bulletin de 4 Société de Statistique de l'Isère), son nom est écrit Vilar. Il signait lui-même habitur: lement Villar, mais son fils, mort depuis peu d’arinées, a toujours signé Villars. dis Prospectus de l'histoire des plantes du Dauphiné (1719) porte le nom de Villar, tan : que l'Histoire des plantes du Dauphiné (1186-89) porte celui de Villars. En pY eter ces divergences, la Commission du Bulletin a été d'avis de conserver l'orthographe ir e tuelle (Villars), consacrée par l'usage général, par l'ouvrage capital de l'auteur el p le nom du genre Fillarsia, irrévocablement admis dans la nomenelature scientifique (Note de la Commission du Dulletin-) SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. A Qt = Président : M. DURIEU DE MAISONNEUVE, directeur du Jardin-des-plantes de Bordeaux. Vice-présidents : MM. le docteur Léon Dufour, membre correspondant de l'Institut ; le docteur Ernest Faivre, professeur à la Faculté des sciences de Lyon; le docteur Germain de Saint-Pierre ; le docteur Hasskarl (de Kænigswinter, Prusse rhénanc), ancien inspecteur des cultures de Quinquinas de l'ile de Java ; le docteur P. Monard, ancien médecin en chef des armées, conser- vateur du jardin botanique de Metz ; J.-B. Verlot, jardinier en chef directeur du Jardin-des-plantes de Grenoble. Secrétaires : MM. le docteur Louis Amblard (d'Agen) ; Emmanuel Duvergier de Hauranne (de Paris) ; Auguste Gras, docteur en droit, attaché au secrétariat de l'Académie royale des sciences de Turin ; Édouard Lefèvre (de Chartres) ; Eugène Michalet (de Dôle), avocat, juge suppléant. Ces choix sont unanimement approuvés par la Société. L'installation de ce Bureau spécial aura lieu aujourd'hui même, à la séance publique d'ouverture, qui commencera à une heure. Sont désignés, pour faire partie d'une Commission chargée de visiter (avec les membres qui voudront se joindre à elle) les établis- sements scientifiques de Grenoble : MM. Léon Dufour, Durieu de Maisonneuve, Faivre, Germain de Saint-Pierre, Monard et Léon Soubeiran. M. le Président donne lecture du projet suivant de programme de la session extraordinaire : JEUDI 2 AOUT. — A 8 heures 1/2, réunion préparatoire. — A 1 heure, séance publique dans la salle des cours au Jardin-des-plantes. — A 4 heures, herborisation au polygone (rendez-vous à la porte de Bonne). Pour le groupe principal de la Société : VENDREDI 3. — A 5 heures 1/2 du matin, rendez-vous à la gare du 550 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. chemin de fer; départ pour Voiron. — De Voiron à Saint-Laurent-du-Pont (en omnibus). — Herborisation de Saint-Laurent à la Grande-Chartreuse (coucher à la Grande-Chartreuse). SAMEDI ^. — Herborisation aux environs de la Grande-Chartreuse : ber- gerie de Bovinant, au pied du Grand-Som (coucher à la Grande-Chartreuse). DIMANCHE 5. — A 5 heures du matin, départ de la Grande-Chartreuse; retour à Saint-Laurent-du-Pont. — De Saint-Laurent-du-Pont à Voiron (en omnibus). — Retour à Grenoble (en chemin de fer). — Visite du Jardin- des-plantes et des collections du Musée d'histoire naturelle de Grenoble. LUNDI 6. — À 9 heures du matin, séance publique. MARDI 7. — Départ à 5 heures du matin pour le Bourg-d'Oisans (en omnibus; rendez-vous place Grenette). — Herborisation le long de la route, notamment à Séchilienne. — Visite de la cascade du Bourg-d'Oisans (coucher au Bourg-d'Oisans). MERCREDI 8. — Départ (en omnibus) du Bourg-d'Oisans pour la Grave. — Herborisation en route et au glacier de la Grave (coucher, les uns à la Grave, les autres au Villard-d’Arène.) JEUDI 9. — Herborisation au Lautaret (coucher au Villard-d’Arène). VENDREDI 10. — Herborisation au Lautaret et ascension du Galibier (cou- cher au Villard-d'Arene). SAMEDI 11. — Retour du Villard-d’Arène au Bourg-d'Oisans. — Séance au Bourg-d'Oisans. — Retour du Bourg-d'Oisans à Grenoble. LUNDI 13. — A 9 heures du matin, séance publique de clôture. Pour les membres de la Société qui désirent faire l'excursion du Mont-Viso : JEUDI 2. — Départ de Grenoble à 8 heures du soir pour Briançon (en diligence). VENDREDI 3. — Herborisation rapide à la montée du Lautaret. — Arrivée à Briançon dans l'après-midi. — Herborisation sur les coteaux dominés par les forts (coucher à Briançon). SAMEDI 4. — Départ de Briançon à 6 heures du matin, pour se rendre à Abriès par le col d'Isoire et la vallée de Queyras (coucher à Abriès). DIMANCHE 5. — Herborisation aux environs d’Abriès et dans les pâturages au-dessus du village des Rousses (coucher à Abriès). LUNDI 6. — Départ d’Abriès pour le Mont-Viso. — Herborisation dans les pâturages du Mont-Viso et au col de la Traversette (coucher au chalet de la Tranchée). MARDI 7. — Herborisation, les uns dans les prairies des Grands-Chalets, les autres au col de Ruine, — Retour à Abriès (en voiture, à mulet, où 2 . ed; coucher à Abriès), | SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 551 MERCREDI 8. — Départ d'Abriés à 5 heures du matin, — Ascension de la montagne de Malrif. — Col de Malrif. — Plaine du Bourget. — Arrivée à Briancon le soir, avant la fermeture des portes (coucher à Briancon). JEUDI 9. — Départ de Briançon vers midi, pour se rendre (en voiture) au Lauzet, au pied sud du Lautaret (coucher au Lauzet). VENDREDI 10. — Ascension du Lautaret par la pente sud, et jonction avec le groupe principal de la Société à l'hospice du Lautaret. Ce programme, rédigé d'avance par MM. les membres du Comité chargé d'organiser la session, est unanimement adopté, et la Société se sépare vers dix heures. SÉANCE DU 2 AOUT 1560. La Société se réunit à Grenoble, à une heure, dans la salle des cours du Musée d'histoire naturelle, élégamment ornée par les soins de M. le directeur du Jardin-des-plantes. — Au-dessus de l'estrade destinée au Bureau, est placé un beau pied de Vi//arsia reniformis. M. Ernest Cosson, vice-président de la Société, occupe le fau- teuil ; il est assisté de MM. Boisduval, vice-président, et de Schoene- feld, secrétaire. Un grand nombre de personnes notables de Grenoble et des environs honorent la réunion de leur présence. Sur l'invitation de M. le Président, M. le baron Massy, préfet de l'Isère, M. Reynaud, premier adjoint au maire de Grenoble, et M. Lescœur, inspecteur de l'Académie, prennent place au bureau. M. Reynaud, au nom de l'Administration municipale de Grenoble, procède à l'installation de la Société en prononçant le discours suivant : DISCOURS DE M. REYNAUD. Messieurs, Je viens, au nom del'Administration municipale de la ville de Grenoble, vous remercier d'avoir désigné cette ville et nos contrées dauphinoises, pour Ja réunion de Ja Société botanique de France. Vous devez étre bien persuadés, Messieurs, que notre population intelligente apprécie l'importance de vos 552 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. travaux ; vous trouverez dans nos murs d'utiles auxiliaires, et partout un accueil sympathique et empressé. Je suis heureux d'étre auprés de vous l'organe de ces sentiments bien sincères, Nos contrées, Messieurs, sont heureusement situées pour vos explorations scientifiques. Nulle part, nous pouvons le dire, vous ne trouverez une moisson plus riche et plus variée. En arrivant dans cette. ville, vos regards ont sans doute été frappés à l'aspect des cimes de nos montagnes, au pied desquelles sont des terrains dont la merveilleuse fertilité semble donner un démenti aux neiges éternelles qui couronnent les sommets des Alpes. C'est qu'en effet, Messieurs, le Dauphiné se présente à vous orné, à des altitudes diverses, de toutes les productions de la nature. Ici, dans la belle vallée du Graisivaudan, nous pouvons vous offrir tout à la fois des arbres, des plantes qui appartiennent au climat du midi, et d'autres aux régions boréales : le Mürier, la Vigne, tous les arbres fruitiers, s'y montrent à vos regards avec une végétation vraiment luxuriante. Plus haut, de riches moissons attestent la fertilité du sol et les tra- vaux intelligents de nos cultivateurs. Plus haut encore, d'immenses foréts, trop souvent dévastées, mais que les soins et la vigilance de l'Administration s'ef- forcent de rétablir, vous offriront toutes les essences de la silviculture, depuis l'humble Bouleau jusqu'aux gigantesques Sapins qui sont aussi pour le pays une précieuse ressource ; plus haut encore, vous trouverez ces belles pelouses alpines, ces immenses pâturages qui reçoivent de nombreux troupeaux aux- quels ils donnent une nourriture savourcuse et abondante. C'est au sein de ces montagnes que l’homme est vraiment frappé de la toute-puissance de Dieu. Quel autre, en effet, aurait pu créer les brillantes fleurs dont ces pâturages sont émaillés? Leur aspect nous rappelle ce passage du livre divin, où il est écrit que Salomon, dans toute sa gloire, n’a jamais été vêtu avec autant de magnificence que ces fleurs des champs, qui aujourd’hui brillent de tout leur éclat, et demain tomberent sous la faux du moissonneur. ó Enfin, Messieurs, vous arriverez aux glaciers, aux neiges perpétuelles, à ces rochers nus, stériles, et où cependant végètent encore quelques plantes des contrées du nord, telles que la Suéde, la Norvége, la Laponie. En présence de toutes ces richesses, nos populations ne pouvaient rester indifférentes. Je le dis, Messieurs, avec un sentiment d'orgueil que j'appellerai légitime, notre pays du Dauphiné, riche en illustrations de tout genre, à donné le jourà des hommes dont le nom est cher à la science, et dont les remarquables travaux ont fait connaitre l'histoire naturelle de ces contrées. Qui de vous, Messieurs, ne connaît le savant botaniste Villars, dont toute l'existence a été vouée à l'étude de la botanique et des sciences médicales? Après lui, Albin Gras, enlevé par une mort prématurée à la science dont il était un des adeptes les plus fervents , Mutel, que son alliance avec une des familles les plus honorables du pays nous fait revendiquer comme un compatriote, ont publié des ouvrages remarquables et qui font bien connaître toutes les richesses de notre flore SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 553 dauphinoise. Enfin, Messieurs, nos contrées, considérées de tout temps comme une terre privilégiée pour la science des végétaux, ont été parcourues à ce titre par les plus savants botanistes de la France et de l'étranger. Votre place était bien marquée au milieu de ces illustrations, et nous nous félicitons de votre visite ; elle jettera un nouvel éclat sur notre pays, qui est fier de vous posséder. | Quant à nous, administrateurs de cette cité, nous avouons avec humilité que nous ne pouvons qu'admirer la science des naturalistes, Mais, s'il ne nous est pas permis de partager vos travaux, nous chercherons à nous y asso- cier autant. qu'il est en nous de le faire, en mettant à votre disposition nos établissements publics, nos Musées d'histoire naturelle et de peinture, notre Bibliothèque, notre Jardin-des-plantes. Partout, Messieurs, les chefs de service vous accueilleront avec empressement. Savants eux-mémes, ils sont parfai- tement à méme de signaler à votre attention les trésors scientifiques dont ils sont les intelligents et utiles dépositaires. Notre témoignage en votre présence sera pour eux, nous n'en doutons pas, une récompense qui est d'ailleurs méritée. En terminant, Messieurs, ces quelques paroles, pardonnez-moi de céder à un sentiment qui peut-être n'est qu'une vanité, mais qui cependant vous sera une preuve qu'à toutes les époques notre Administration a compris l'obli- gation qui lui était imposée de mettre à la portée de tous les richesses scientifiques que Dieu a données à notre pays. Grenoble est une ville oü l'instruction se distribue largement à tous les degrés, siége d'une académie composée de trois Facultés et d'une École secondaire de médecine et de phar- macie. Les savants professeurs chargés de l'enseignement nous offraient une ressource précieuse dont nous avons profité. Un professeur de la Faculté des sciences fait, au Jardin-des-plantes, un cours de botanique suivi par de nom- breux auditeurs. La botanique est enseignée dans les établissements d'instruc- tion secondaire. Enfin, dans nos écoles communales, à l'École normale du département, au jardin fruitier, notre jardinier en chef fait des cours de bota- nique pratique qui ajoutent aux titres incontestables qu'il a à prendre place au milieu de vous. La création de notre jardin botanique est due à M. de Marcheval, intendant de la province. Villars, déjà célèbre par ses travaux scientifiques, en fat le directeur. Son herbier a été acquis par la ville; il sera placé sous vos yeux. Nous avons cherché à perpétuer le souvenir de cette utile création, en don- nant les noms de ses fondateurs à deux des rues de notre ville. En 1843, le jardin fnt transféré dans l'emplacement qu'il occupe aujour- d'hui. Le Conseil municipal ne recula devant aucun sacrifice pour le consacrer tout à la fois à la science et à l'agrément de la population. Le Musée d'histoire naturelle a été installé dans le bâtiment construit de 1849 à 1851. Plus tard, un jardin fruitier a été annexé au jardin botanique, et dans ce moment on 554 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. achève des serres suffisantes pour la conservation et l'étude des végétaux exotiques que nous possédons. Je me reproche, Messieurs, de retarder aussi longtemps votre installation, Vos moments sont précieux, et il ne m'appartient pas de vous les dérober, Encore une fois, Messieurs, vous êtes ici chez vous. Acceptez l'hospitalité de notre ville, car elle est aussi cordiale que sincère. Puissiez-vous conserver un souvenir agréable de votre session à Grenoble! C’est là surtout le but que nous désirons atteindre, M. le Président remercie M. Reynaud, et exprime la reconnais- sance de la Société pour l'excellent accueil que l'Administration municipale de Grenoble a bien voulu lui faire. Les membres pré- sents confirment ces remerciments par des applaudissements una- nimes. M. le Président prononce ensuite le discours suivant : DISCOURS DE M. E. COSSON. Messieurs, En l'absence de notre honorable et savant Président, que des devoirs impé- rieux empéchent d'inaugurer les travaux de notre session, je me vois appelé par le réglement à occuper pendant quelques instants le fauteuil réservé jusqu'ici aux professeurs les plus distingués ou aux Mécenes de Ja science. Aussi, Mes- sieurs, réclamerai-je votre indulgence, la tâche étant rendue plus difficile en raison méme du talent avec lequel elle a toujours été remplie ; et serai-je heureux de remettre, dans cette séance méme, la direction des travaux de la session au. président que vous avez élu et que les services par lui rendus à la science désignaient d'avance à tous les suffrages. Sous son habile direction, et avec le concours dévoué des membres du Bureau que vous avez désignés, notre session des Alpes ne peut manquer d'avoir une véritable importance scientifique ; nous serons heureux d'explorer, sous de tels auspices, ces belles montagnes du Dauphiné illustrées par les travaux et les recherches de Villars et de Chaix, et dont toutes les richesses botaniques, constatées de notre temps par d'habiles et infatigables explorateurs, ont été mises en lumière par les consciencieux auteurs dela Flore de France. Le bienveillant accueil et la sollicitude généreuse de l'Administration muni- cipale de Grenoble contribueront puissamment à rendre faciles les travaux de notre session dans une ville qui, par la richesse de ses collections scientifiques et son zèle pour la science, peut être mise en parallèle avec les centres les plus importants. C'est pour moi un devoir bien agréable à remplir que celui d'exprimer, au nom de Ja Société botanique de France, à cette Adminis- SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860, 555 tration si éclairée, la reconnaissance de tous les amis de Ja science pour les importantes créations dues à sa généreuse initiative. Vous avez sans doute déjà remarqué, Messieurs, les belles constructions qui commencent à s'élever le long de la rue Villars, dont le nom est un hommage rendu à la mémoire vénérée du savant botaniste qui a si puissamment contribué à la gloire de cette patriotique cité. Vous avez admiré l'architecture monumen- tale du Musée d'histoire naturelle où nous sommes réunis. L'examen atten- tif que vous aurez à faire des richesses qu'il renferme vous permettra d'en apprécier l'heureuse disposition. Vous y trouverez une importante galerie de zoologie, de précieuses collections géologiques et minéralogiques, et vous aurez spécialement à porter votre attention sur les collections botaniques, composées principalement des herbiers de Villars, de Mutel, et d'un herbier général dont les premiers éléments sont dus au baron Mounier et qui s'est enrichi des dons faits au Musée et des plantes successivement cultivées dans le Jardin botanique, Ce jardin, fondé en 1781 par les soins de l'illustre auteur de l'Histoire des plantes du Dauphiné, transféré, en 1843, dans l'emplace- ment qu'il occupe aujourd'hui, et dirigé si habilement et d’une manière si profi- table pour la science, par notre honorable confrère M. Verlot, vous offrira, in- dépendamment de sa partie ornementale et de son école forestière, une école de botanique et des serres bien disposées, dans lesquelles sont groupés les princi- paux types de genres, représentés par un grand nombre d'espèces de la flore indigene et des flores exotiques. La ville de Grenoble, du reste, s'est toujours distinguée par son amour pour les sciences, les lettres et les arts ; sa Bibliothèque, déjà renommée dès le der- nier siècle, ses collections scientifiques qui prennent chaque jour de nouveaux développements , enfin la fondation récente et l'activité de sa Société zoologi- que d'Acclimatation, démontrent l'intérét que cette intelligente cité porte au développement de toutes les connaissances humaines. La Société botanique de France, aprés les sessions si utilement remplies qu'elle a successivement tenues à Clermont- Ferrand, Montpellier, Strasbourg et Bordeaux, où elle a étudié les caractères généraux de Ja végétation du centre, du midi, de l'est et du sud-ouest de la France, ne pouvait choisir un nouveau champ d'exploration plus favorable que les montagnes du Dauphiné, où nous trouverons un si grand nombre d'espéces de cette riche région alpine, dont les plus hautes cimes du Mont-Dore et des Vosges ne nous avaient offert que quelques rares représentants. Jusqu'à Villars et Chaix, c'est-à-dire jusque vers la fin du dernier siècle, l'exploration des Alpes du Dauphiné n'avait été exécutée que partiellement et d'une manière bien imparfaite, et les documents recueillis étaient épars dans les ouvrages généraux. Pena et Lobel, dans leur S/irpium adversaria nova (1570), sont les premiers auteurs qui aient. mentionné un petit nombre de plantes du Dauphiné. Dalechamp, dans son Historia generalis plantarum 556 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. (1587), cite le Berardia subacaulis, sous le nom d'Arctium quorumdam, et plusieurs autres espèces recueillies dans cette province. Richer de Belleval, professeur de médecine à l'université de Montpellier et fondateur du jardin botanique de cette ville, fit graver un certain nombre de plantes de la Graude-Chartreuse, de Barcelonnette, etc. ; mais ces planches restérent inédites. Pierre Bérard, maitre-apothicaire à Grenoble vers le milieu du XVII siècle, est l'un des anciens botanistes qui ont le plus étudié les plantes de la contrée ; les résultats de ses recherches ont été consignés par lui dans un manuscrit sur l'ensemble des végétaux connus, composé de sept volu- mes in-folio et intitulé Theatrum bofanicum. Ray, dans son Stirpium europæarum extra Britannias nascentium sylloge (1695), mentionne quelques plantes de la Grande-Chartreuse. Boccone, dans son Museo di piante (1697), parle du Potentilla nitida, du Betonica Alopecuros et de l Hype- ricum nummularium observés dans cette méme localité. L'important ouvrage du père Barrelier, Plantæ per Galliam, Hispaniam et Italiam observate, édité après sa mort par Antoine de Jussieu en 1714, mentionne un certain nombre d'espéces de la Grande-Chartreuse, des environs de Grenoble, de l'Oisans et des environs de Gap. Villars, auquel nous empruntons ces détails historiques, rappelle qu'Antoine de Jussieu avait visité le Dauphiné et que son frère Bernard avait rédigé une note où étaient indiquées les localités de plus de cinquante plantes des environs de Grenoble, et avait en outre publié, dans les Mémoires de l’Académie des sciences, la description de plusieurs espèces rares des Alpes francaises. Le Dauphiné ne parait plus avoir été l'objet de recherches botaniques dignes d'être mentionnées jusqu'aux premières herborisations de Villars en 1765; mais la flore du pays a enfin trouvé un investigateur digne de lui servir d'in- terprète. Pendant quatorze ans, Villars parcourt, avec l'abbé Chaix, d'abord vicaire à Gap, puis prieur-curé de Baux près Gap, ou avec Guettard ou Liottard, toutes les parties de cette riche contrée, et réunit les importants matériaux qui servirent de baseà la publication de son Prospectus de l'histoire des plantes du Dauphiné (4). Ce livre, comme il le dit lui-même, n'est ni une flore, ni un catalogue extrait des auteurs, mais a pour but d'énumérer les espèces dans un ordre rationnel, de fixer leurs caracteres étudiés d'apres nature et de les ex- poser avec clarté. Ce premier travail, pour lequei l'auteur avait comparé ses plantes dans les herbiers de Garidel, de Séguier, de Guettard, de Gouan, de Tournefort, de Vaillant, des Jussieu, d'Isnard, de Commerson, etc., et avait consulté les bibliothèques de Grenoble, de Montpellier, de Paris, etc., donne la liste des plantes les plus rares, ou nouvelles, ou particulières à la province. Les espèces y sont désignées par la nomenclature binaire, récemment établie (1) Villar (sic), Prospectus de l'histoire des plantes du Dauphiné et d'une nouvelle méthode de botanique, broch. in-8? avec planche. Grenoble, 1779. SESSION EXTRAORDINAIRE À GRENOBLE EN AOUT 1860. 557 par Linné, et sont réunies en groupes généralement naturels ; leurs phrases des- criptives sont, qualité bien rare à cette époque, le résultat des observations de l'auteur ou de son modeste et dévoué collaborateur Chaix. — En 1786 seule- ment, mettant en œuvre tous les documents laborieusement rassemblés par lui, Villars fit paraître le premier volume de son ouvrage capital, l’Æistoire des plantes du Dauphiné (1). Dans une préface étendue, il expose l'aspect topo- graphique et les divisions géographiques du pays, l'historique de ses nombreux voyages d'exploration, de ses relations et des recherches dont la flore du Dau- phiné avait été antérieurement l'objet; il termine par la définition de la méthode suivant laquelle les espèces sont classées dans son livre. On ne peut lire cette préface sans étre frappé du zéle de l'auteur pour la science, de son amour de la vérité et de sa persévérance dans ses études. Il se plaît à rendre hommage au concours que lui ont prêté les naturalistes contemporains, aux- quels, ainsi qu'à ses devanciers, il fait une large part; la manière dont il reconnaît les services que lui a rendus l'amitié dévouée de Chaix, ce com- pagnon de presque toutes ses recherches et le collaborateur dela plupart de ses travaux, est réellement touchante (2). Le reste du volume est con- sacré à un dictionnaire des termes de botanique, au tableau des classes et à des listes détaillées des herborisations les plus importantes de la contrée. L'auteur, subissant le prestige du système linnéen universellement admis alors, crut devoir donner au nombre des étamines une plus grande importance qu'a la subordination des caracteres essentiels, principe nouveau, dont la science doit aux Jussieu l'application si féconde; mais, tout en se laissant entrainer par les habitudes recues, négligeant les nombreuses exceptions que présente le nombre des étamines, il établit un système mixte qui lui permit d'admettre toutes les grandes familles naturelles. Malgré les imperfections inhérentes à ce systéme artificiel, ce n'en est pas moins pour Villars un titre glorieux que d'avoir su, l'un des premiers, comprendre toutela supériorité de la méthode naturelle. . (1) Villars (sic), flistoire des plantes du Dauphiné, contenant une préface historique ; un dictionnaire des termes de botanique ; les classes, les familles, les genres, et les herbori- sations des environs de Grenoble, de la Grande-Chartreuse, de Briancon, de Gap et de Montélimart, 3 vol. in-$? avec 55 pl. Grenoble, 1786-1789. (2) Dans la préface du premier volume, p. 10, Villars s'exprime ainsi : « Son premier abord ni'annonca un homme plein de mérite et de candeur, qui, sous un aspect extérieur pensif et froid, réunissait des talents distingués et un jugement solide, aux qualités du Cœur les plus rares et les plus estimables. M. Chaix avaitla méme passion que moi pour la botanique. Il était fait pour m'aider et m'encourager ; incapable de me faire éprouver le moindre mécontentement; au-dessus des faiblesses , des petites jalousies dont la botanique rend les hommes rarement susceptibles : il fallut nous lier par les goüts, par les sentiments ; partager nos peines, nos succés ; nous soutenir réciproquement. » : Dans la préface du troisième volume, p. 11, il ajoute : « M. Chaix ,... n'a connu d'autre délassement, pendant les fonctions pénibles de son minis!ére, que l'étude des plantes. Ses plus belles jouissances consistaient à faire le bien et à étudier les occasions de m'obliger en particulier. Combien de voyages mutuels, combien de lettres, d'envois réciprcques, Pour débrouiller les noms des plantes de notre Flore et la concilier avec celle des pays Voisins! » 558 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. L'un des premiers aussi, il a exposé les propriétés des plantes par familles naturelles, pressentant l'importance de la loi de l'analogie des formes et des propriétés, loi que De Candolle a plus tard si heureusement géné- ralisée. Les listes d'herborisations (1) sont encore pour le botaniste un guide pré- cieux, et seront toujours consultées avec fruit par tous les explorateurs des Alpes. La partie descriptive, à laquelle sont consacrés deux volumes, ne comprend pas moins de 274/4 espèces, dont 2095 phanérogames et 649 cryptogames, réparties en 551 genres. La délimitation des genres est généralement celle éta- blie par Linné, mais 10 sont nouveaux pour la science. Un grand nombre d'espèces sont nouvelles; pour les espèces déjà connues, la synonymie est établie avec soin; les phrases diagnostiques en latin, souvent comparatives, sont toujours originales et suivies de descriptions en français plus éten- dues, qui expriment ordinairement avec netteté et mettent en relief les carac- tères essentiels de la plante; la durée, ainsi que les stations générales et les localités particulieres, est indiquée avec soin. En un mot, l’Æistoire des plantes du Dauphiné, l'une des premières flores locales qui aient été publiées, est un des livres qui ont le plus contribué aux progrès de la science, en ouvrant une voie nouvelle à la botanique descriptive, qui jusque-là n'avait jamais atteint un tel degré de précision et d'exac- titude. Depuis Villars et Chaix, la flore du Dauphiné n'a pas cessé d’être l'objet d'études consciencieuses, et les auteurs des Flores de France ou des ouvrages généraux ont pu enregistrer un assez grand nombre d'especes nouvelles pour cette contrée si riche et si intéressante, mais ils n'ont eu généralement dans leurs travaux qu'à confirmer les données dues au coup d'oeil sûr et aux patientes recherches de Villars, qui avait consacré vingt-cinq années d'explo- ration et d'étude à l'eeuvre qu'il a si glorieusement réalisée. Je craindrais, Messieurs, d'abuser de votre bienveillante attention en conti- nuant à vous faire l'historique détaillé des explorations botaniques dont les riches montagnes du Dauphiné ont été incessamment le but ; mais je ne sau- rais quitter ce sujet sans rendre hommage à la mémoire des naturalistes qui ont le plus contribué par leurs recherches ou leurs publications à compléter l'œuvre de Villars. Il est à peine besoin de vous les signaler, car vous avez déjà nommé Requien, Honorat, Mathonnet, dont les herbiers étaient si géné- reusement ouverts à tous les amis de la science; Mutel, auteur d'une Flore (1) Ces listes comprennent les environs de Grenoble, la Grande-Chartreuse, les environs de Briançon, de Montélimart et d'Orange. Deux des plus importantes, rédigées par Chaix, contiennent l'indication de plus de 1600 espèces dont plusieurs nouvelles, renferment des notes importantes et donnent le tableau de la végétation des environs de Gap, de Sisteron, d'Embrun, etc. SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 559 du Dauphiné (1), et dont les importantes collections ont été données par sa famille au Musée d'histoire naturelle de Grenoble; Serres, qui a exploré avec tant de soin la flore de Gap; Huguenin, dont la perte toute récente est si regrettable, et qui, par ses herborisations et l'activité de ses relations, a, pendant longues années, contribué à répandre la connaissance de la végétation des Alpes et surtout de la Savoie, cette belle contrée aujourd'hui francaise. Donnons encore ici un souvenir et un regret à deux noms plus spécialement connus dans cette cité, à Albin Crépu, professeur municipal de botanique de 1827 à 1849, qui, par ses leçons et les herborisations hebdomadaires qu'il dirigeait, a répandu le goût de cette science, et à Albin Gras, qui, dans sa Sta- tistique botanique de l'Isère, énumère les richesses végétales de ce dépar- tement (2). Ces recherches sont heureusement continuées aujourd'hui par d'habiles et infatigables explorateurs, dont plusieurs préteront aux travaux de notre session l'utile concours de leur expérience. Je suis heureux d'avoir à rappeler les ser- vices qu'ont rendus et que rendent encore à la science, M. Baptiste Blanc, qui depuis longues années explore avec tant de succès les environs de Gap; M. le professeur Grenier, l'un des auteurs de la Flore de France, qui a fait de si fructueux voyages dans les localités les plus intéressantes, des Alpes du Dauphiné et en a publié une relation (3) réunissant au charme du récit les renseignements les plus précieux ; M. Verlot, qui connait si bien toutes les richesses végétales des Alpes de France; M. Lory, géologue distingué, auteur d'une carte géologique toute récente du Dauphiné, et professeur à la Faculté des sciences, qui, depuis 1850, fait le cours de botanique au J ardin-des-plantes et dirige les herborisations officielles; M. Fauché-Prunelle, conseiller à la Cour impériale de Grenoble, explorateur consciencieux et auteur d'une publi- Cation intéressante sur la végétation des Alpes (4); M. Antonin Macé, profes- seur à la Faculté des lettres, auquel on doit un ensemble de publications sur les environs de Grenoble (5), et en particulier sur les montagnes de Saint- Nizier; M. Ferdinand Clément, auquel la flore francaise doit des découvertes d'un haut intérét; M. Maurice Garnier qui, pendant plusieurs années, a (1) Mutel, Flore du Dauphiné, ou Description succincte des plantes croissant naturel- ement en Dauphiné ou cultivées pour l'usage de l'homme et des animaux : première édition, Grenoble et Paris, 1830, 2 vol. in-8° ; deuxième édition, en partie posthume, Grenoble et Paris, 1848, 1 vol. in-12 en deux parties. ODE (2) Albin Gras, Statistique botanique du département de l'Isère, brochure in-8*, 1844, Publiée dans la Statistique générale du département de l'Isère. : : (3) Ch. Grenier, Discours de réception à l'Académie de Besançon dans le Recueil de l'Académie de Besançon, séance du 30 janvier 1849. : (4) Fauché-Prunelle, Coup d’œil sur la végétation des Alpes considérée dans son rap- Port avec le climat, publié dans le Congrès scientifique de France, 24* session tenue à Grenoble en 1857, t. I, p. 311-351. į vaste : (5) A. Macé, Excursions dans les environs de Grenoble: description pittoresque, histoire et archéologie, botanique, géologie, etc. 560 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. consacré ses loisirs à l'étude de la flore des environs de Gap; M. l'abbé Ravaud, qui s'occupe surtout avec autant de zèle que de succès de la famille des Mousses; M. Benoit Jayet, qui explore avec persévérance les parties du Dauphiné les moins connues ou de l’accès le plus difficile. Ont également bien mérité de la science: MM. de Valon (de Gap), Alexandre Crépu, ancien représentant, l'abbé David, ancien professeur de botanique au petit sémi- naire, Alfred Chabert, l'abbé Boullu, l'abbé Pontramier, Flandrin, Dufour, dont les études et les consciencieuses recherches sont si généralement appré- ciées. Pour les courses que nous devons exécuter pendant notre session, nous trouverons surtout en M. Verlot un guide aussi obligeant qu'éclairé et possé- dant une connaissance approfondie du pays. Avec lui, nous serons heureux de visiter les riches pàturages du Lautaret, qui nous offriront les plantes les plus rares formant souvent le fond même de cette végétation luxuriante. Au voisinage de la cabane qui porte le titre trop pompeux d'hospice, et qui va bientót étre remplacée par le Refuge impérial, au pied des neiges perpé- tuelles, nous recueillerons l’ Artemisia tanacetifolia à la localité même signalée par Villars et presque la seule connue dans le monde, ainsi que l Oxytropis lapponica, nouvelle plante pour la flore de France. Au voisinage immédiat des neiges, nous arriverons à cette végétation si caractéristique de la région alpine supérieure, et nous verrons succéder aux riches pâturages les pelouses rases où se montrent, en forme de touffes déprimées, les Saxifrages, les Gentianes, le Siene acaulis, les Saules nains à tige enfoncée dans le sol, et tous ces végétaux à port spécial qu'il suffit d'avoir vus une fois pour que le sou- venir ne s'en e/face jamais de la mémoire. Les rochers et les pics les plus élevés, au voisinage des glaciers, offriront aux recherches des plus intrépides plusieurs espèces intéressantes, telles que l’£ritrichium nanum, l'Androsace pubescens, le Potentilla frigida, V Artemisia Villarsii, etc., mais ces plantes seront la récompense de pénibles efforts. Les vives et agréables impressions qu'éprouve tout botaniste en abordant la région alpine ont été trop bien rendues par Villars pour que je résiste au plaisir de reproduire les termes dans lesquels il dépeint, avec autant de senti- ment que de simplicité, l'enthousiasme dont il fut saisi, lorsque, avec l'abbé Chaix, fidèle compagnon de ses voyages, il vit pour la première fois toutes les richesses de cette curieuse région végétale : « Quel dut être le plaisir de deux » botanistes commencants, ayant peu de livres, peu d'autres ressources, livrés » aux mêmes impulsions, les yeux ouverts sur la briilante parure des mon- » tagnes, de trouver sous leurs pas des Gentianes d'un azur de ciel, un Swer- » tia, un Anthericum calyculatum, les Saules des Alpes, les Véroniques, les » Pédiculaires ; toutes plantes rares et trop variées, trop singulières, pour ne ^ pas frapper des veux neufs qui les cherchaient avidement! » Il y a vingt-deux ans, Messieurs, que mon excellent ami et dévoué = SESSION EXTRAORDINAIRE À GRENOBLE EN Aout 1860. 561 collaborateur M. Germain de Saint-Pierre et moi, nous avons fait notre première course dans les Alpes du Valais, sous la direction du digne abbé Dænen, l'un des doyens de la botanique suisse et l'un des explorateurs les plus zélés de la flore des environs de Paris; et je ne saurais vous exprimer toutes nos joies botaniques, alors que nous recueillions, pour la première fois, les Astrantia, les Saxifraga, les Soldanella, et la plante dédiée au grand naturaliste du xvir1° siècle, le Linnea borealis, ce gracieux ornement de la vallée de Saas. Notre ardeur était telle que, deux fois, malgré les avis de notre sage mentor, nous nous laissàmes entraîner à des courses au-dessus de nos forces, et qu'étant séparés de toute habitation par une distance de plusieurs lieues, nous dümes subir un jeûne infiniment trop prolongé. — Deux ans plus tard, un nouveau voyage botanique nous amenait au Lautaret, après avoir parcouru à pied toute la chaîne des Alpes depuis Nice. La belle route qui conduit maintenant de Grenoble à Briançon, et dont l'établissement a été l'œuvre de deux générations, n'existait encore que sur quelques points. Après nous étre égarés dans la montagne, nous trouvions, au milieu de la nuit, à l'hospice, un abri dont, aprés toutes les fatigues de la journée, nous avions le plus grand besoin. Le lendemain, au lever du soleil, nous recueillions l Arte- misia tanacetifolia, et, à la vue de cette belle espèce et des autres plantes rares-qui l'accompagnaient, toutes les privations de notre rude voyage étaient oubliées. Depuis, en Italie, en Sicile, en Algérie, j'ai vu bien des sites impo- sants par leur majesté, mais aucun ne m'a laissé une impression aussi vive et aussi durable que les aspects grandioses des Alpes du Dauphiné. C'est qu'en effet, Messieurs, nos Alpes de France offrent à l'admiration du Vayageur des montagnes assez élevées (1), des glaciers assez étendus, pour être mis en parallèle avec ceux de la Suisse. La flore helvétique, malgré sa richesse, ne présente pas, d'ailleurs, les mémes contrastes de végétation que la chaine des Alpes de France parcourue en visitant successivement Entrevaux, Digne, Sisteron, Colmars, Allos, les riches vallées de Larche et de Barcelonnette, Gap, le Mont-Viso, Briancon et le vaste massif du Lautaret, etc. (2). Quelle description (1) Consulter, pour la topographie du pays et sa constitution géologique , la carte publiée par le général Bourcet, et la carte géologique du Dauphiné par M. Lory ; — Con- sulter, pour les altitudes, le Tableau des positions géographiques et des hauteurs absolues du département de l'Isère, publié dans le Bulletin de la Société de statistique de l'Isère, 2* série, 9* volume, et le tableau donné dans la Description pittoresque de la Grande- Chartreuse par M. Bourne. i i (2) L'indication des plantes les plus rares ou les plus intéressantes croissant a quelques- unes des localités que nous venons d'énumérer donnera une idée de la richesse et de la variété de la belle flore du Dauphiné. Entrevaux : Moluccella frutescens L., Teucrium lucidum L, — Colmars : Bupleurum petræum L., Berardia subacaulis Vill., Potamogeton marinus L. (lac de Ligny). — Allos : Thalictrum alpinum L. (bords du lac). — Vallée de Larche prés Barcelonnette X Delphinium elatum L., Cardamine asarifolia L., Sempervivum hirtum L., Eryngium alpinum L., Chrysanthemum coronopifolium Vill. — Monts-Bayards pres Gap : Eryn- gium Spina alba Vill., Serratula heterophylla Desf., Carex Buxbaumii Whlbg., Danthonia T VIE $56 562 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. pourrait donner une idée même affaiblie de la sauvage grandeur du Désert, des forêts de la Grande-Chartreuse et des âpres rochers du Grand Som, sur lesquels se rencontrent les élégantes touffes de I Hypericum nummularium et du Potentilla nitida! ' Les richesses végétales de nos Alpes sont aujourd'hui d'autant mieux appré- ciées que, gráce à l'établissement des chemins de fer et à la création de voies de grande communication, les voyages qui, du temps de Villars et de Chaix, et méme à une époque plus récente, ne pouvaient étre exécutés qu'au prix de mille fatigues et de dures privations, sont presque devenus maintenant de simples excursions. Le botaniste peut facilement explorer toute la chaine des Alpes, depuis la région de l’Olivier, riche en plantes méditerranéennes, jus- qu'aux extrêmes sommités de la région alpine, où la végétation est réduite à de rares Phanérogames et à quelques Cryptogames. Dans cette belle exploration, en traversant presque toutes les zones végétales du climat de l'Europe, il pourra en étudier les étages successifs, reconnaitre les grandes lois qui président à la distribution des végétaux, lois dont les Humboldt, les Schouw, les De Cam- dolle et notre savant confrère M. Lecoq ont formulé les bases. Il pourra rechercher les limites réelles des espèces, apprécier les causes de leur extension en dehors de leur aire habituelle, examiner les rapports qui existent entre la composition du sol ou son état d'agrégation et les caractères généraux de la végétation, analyser les influences de température, d'humidité et de lumière, qui permettent à un certain nombre de plantes de nos plaines de s'élever jusqu'aux plus hautes sommités et à d'autres de descendre de la provincialis DC. — Mont Seüse prés Gap : Ranunculus aduncus Gren. el Godr., Lepi- dium pratense Serres, Geum heterocarpum Boiss. (nouveau pour la flore de France, d’abord découvert en Espagne, puis retrouvé en Orient), Artemisia chamæmelifolia vill., Centaurea seusana Chaix, Serratula nudicaulis DC., Plantago argentea Chaix, Avena setacea Vill. — Mont-Aurouse près Gap : Ranunculus Seguierii Vill., Iberis aurosica Vill., - Silene paradoxa L., Heracleum pumilum Vill., Carduus aurosicus Vill., Berardia sub- acaulis Vill., Campanula Allionii Vill.— Bois de la Grangette prés Gap : Lactuca Chaixil Vill. — Là Garde prés Gap : Delphinium fissum Waldst. et Kit. — Boscodon pres Embrun : Astragalus alopecuroides L. — Mont-Viso : Cardamine Plumieri Vill., Isatis alpina All., Geranium aconitifolium L'Hérit., Saxifraga valdensis DC., S. diapensioides Bell., Achillea Herba rota All., Cineraria aurantiaca Hoppe, Centaurea axillaris Willd., Juncus arcticus Willd., Carex bicolor All. — Briançon : Astragalus austriacus L., Prunus brigantiaca Vill., Telephium Imperati L., Anchusa angustifolia Vill. — Laularet : Thalictrum simplex L., Ranunculus Villarsii DC., Sisymbrium tanacetifolium L., Brassica Richerii Vill., B. repanda DC., Erysimum helveticum DC., Draba incana L., Dianthus neglectus Lois., Oxytropis lapponica Gaud., Lathyrus heterophyllus L., Potentilla multi- fida L., P. nivea L., P. delphinensis Gren, et Godr., Saxifraga retusa Gouan, Artemisia tanacetifolia All., Centaurea uniflora L., Cirsium autareticum Mutel, Androsace septen- trionalis L., Eritrichium nanum Schrad., Linaria italica Trev., Veronica Allionii Vill., Dracocephalum Ruyschiana L., Daphne striata Tratt., Salix cæsia Vill., Carex rupestris All., C. hispidula Gaud. — Montagne des Trois-Évéchés prés le Villard-d' Arène : Oxy- tropis lapponica Gaud., Astragalus depressus L., Saussurea depressa Gren., Avena sub” spicata Sut. — Montagne de la Bérarde près le Bourg-d'Oisans : Trifolium thymiflorum Vill., Carex bicolor All. — Grande-Charlreuse: Hypericum nummularium L., Poten- tila nitida L., Betonica Alopecuros L., Cystopteris montana Link. SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 563 région alpine dans les vallées, et enfin déterminer les circonstances particulières en vertu desquelles certaines plantes ont la méme date de floraison dans les plaines et sur les hautes montagnes, tandis que, comme on le sait, la floraison des végétaux est habituellement d'autant plus tardive qu'ils croissent à une plus grande altitude. Pendant noire courte session, nous ne pourrons embrasser qu'une faible partie d'un si vaste programme, mais le concours de tous les hommes distingués qui prennent part à nos travaux, et la variété de leurs connaissances, nous permettront, il n'en faut pas douter, de réaliser un ensemble d'utiles observa- tions dans les belles localités que nous devons visiter et dont l'exploration nous laissera des souvenirs non moins agréables que ceux de nos autres sessions départementales. Par suite des présentations faites dans la dernière séance ordi- naire, tenue à Paris le 27 juillet, M. le Président proclame l'admis- sion de : E MM. Guérin (Ange-Victor), docteur en médecine, cours de Tournon, 17, à Bordeaux, présenté par MM. A. Jamain et Viaud-Grandmarais ; Piman pu KEILLAY, interne des hôpitaux, rue du Château- d'Eau, 38, à Paris, présenté par MM. A. Jamain et Viaud- Grandmarais; SENor (Charles de), à Rosseau, commune de Brain-sur- lAuthion, par Corné (Maine-et-Loire), présenté par MM. de la Perraudiére et Kralik. M. de Schœnefeld, secrétaire de la Société, donne lecture de la lettre suivante, adressée à M. le Président : Grenoble, 30 juillet 1860. Monsieur le Président, J'ai l'honneur de vous informer que la Société de Statistique et des Sciences naturelles de l'Isère, dans sa séance du 23 courant, a désigné trois de ses membres pour la représenter à la session de la Société botanique de France. Ce sont : MM. Charvet, professeur de zoologie à la Faculté des sciences ; Bouteille, conservateur du Musée d'histoire naturelle : Verlot, conservateur du jardin botanique. Agréez, etc. SÉGUIN, vice-président. 505 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Cosson procède ensuite à l'installation du Bureau spécial de là session, nommé dans la réunion préparatoire de ce jour. M. Durieu de Maisonneuve, président de la session, prend place au fauteuil. MM. Léon Dufour, Faivre, Germain de Saint-Pierre, Hasskarl, Monard, Verlot, vice-présidents; Amblard, Emm. Duver- gier de Hauranne, Aug. Gras, Éd. Lefévre et Eug. Michalet, secré- taires, s'asseyent au bureau. M. le Président s'exprime en ces termes : DISCOURS DE M. DURIEU DE MAISONNEUVE. Messieurs, Venu à Grenoble en simple amateur de botanique, heureux de saisir enfin l'occasion si longtemps attendue de visiter cette belle cité et de parcourir les splendides et riches montagnes qui l'environnent, j'étais bien loin de supposer que mes confrères penseraient à jeter les yeux sur moi pour présider la session extraordinaire que la Société botanique de France vient tenir cette année dans la capitale du Dauphiné, quand je voyais autour de moi tant d'éminents con- frères à qui cet honneur semblait appartenir de droit et à qui, je me permets de le dire, il aurait dà étre réservé. Surpris à l'improviste par un honneur aussi inattendu, vous voudrez m'ex- cuser, j'en ai la confiance, si, en ouvrant la session, je me borne simplement à vous remercier avec effusion de votre bienveillance trop aveugle sans doute, mais qui me touche au-dessus de toute expression, et dont l'effet restera comme l'un des plus chers souvenirs de ma vie. Mais ce n'est pas à moi seul que je deis rapporter cet éclatant témoignage de votre bienveillance, En me conférant le titre de président de votre session extraordinaire, ce n'est pas à moi précisément que s'adresse cet insigne hon- neur. Je le sens, et chacun le comprendra, vous avez voulu exprimer à la ville de Bordeaux, dans ma personne, le bon souvenir que vous conservez de l'accueil empressé et vraiment fraternel que vous en recütes il y a un an, tant des autorités que de vos confréres bordelais et méme de la population tout entière, ajoutant ainsi quelque chose, si c'était possible, aux souvenirs que nous conservons nous-mêmes si précieusement de votre court séjour parmi nous. Aussi, Messieurs, vais-je m'empresser de rapporter cet honneur à qui de droit, heureux et fier pourtant d'avoir été choisi par vous pour vous servir d'inter- médiaire. En rappelant les souvenirs de l'accueil que la Société botanique de France a recu à Bordeaux, je puis déjà, au nom de nos confrères étrangers à Gre- noble, me faire l'interprète des sentiments qui nous animent tous, en présence SESSION EXTRAORDINAIRE À GRENOBLE EN AOUT 1860. — 565 de la réception pleine de cordiale bienveillance qui nous est. faite ici, et expri- mer hautement aux autorités départementales et municipales, et particulière- ment à M. le préfet de l'Isère ainsi qu'à M. le premier adjoint au maire de Grenoble, les remerciments de la Société pour avoir bien voulu honorer de leur présence la séance d'ouverture de sa session et donner de l'éclat à l'inau- guration de ses travaux. Je suis certain aussi d’être l'interprète du vœu de tous en exprimant à MM. les membres du Bureau permanent et du Comité d'organisation de la session la gratitude de leurs confréres pour les soins et les peines qu'ils se sont donnés dans les travaux préparatoires de la session. Je les supplie de me continuer leurs avis et leur bienveillant concours dans les fonctions toutes nouvelles pour moi dont il a plu à la Société de m'investir. M. le Président donne ensuite lécture du programme de la ses- sion, arrété dans la réunion préparatoire, et annonce quatre nou- velles présentations. — I! signale aussi à l'attention de la Société le Villarsia reniformis Labill., plante de la Nouvelle-Hollande, placée au-dessus du bureau, et remercie M. Verlot de ce touchant hom- mage rendu à la mémoire de Villars, le grand botaniste dontle Dau- phiné s'enorgueillit à juste titre. M. Emm. Duvergier de Hauranne, secrétaire, communique à la Société des lettres de MM. Leroy, doyen de la Faculté des sciences de Grenoble, de Valon et Blanc (de Gap), qui expriment leurs regrets de ne pouvoir assister à la session extraordinaire de la Société. — M. Charles Lory, professeur d'histoire naturelle à la Faculté des Sciences, que d'impérieux devoirs retiennent momentanément éloigné de Grenoble, a aussi fait parvenir au Bureau de la Société l'expression de ses regrets. M. de Scheenefeld donne lecture de la communication suivante, adressée à la Société : ESQUISSE DE LA VÉGÉTATION DE LA SAVOIE, par M. Alfred CHABERT. (Lyon, 98 juillet 4860.) Les barrières élevées entre la France et la Savoie sont enfin tombées pour ne plus reparaitre. Ce fait, impatiemment attendu depuis longues années, ne saurait passer inapercu des botanistes francais. Leur réunion à quelques lieues de nos anciennes frontières m'engage à appeler leur attention sur les nouveaux et riches domaines qui leur appartiennent aujourd'hui. 566 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. La flore savoisienne est encore peu connue et mal appréciée. Ses. richesses ont été effleurées cà et là, à des époques diverses, par des autcurs plus oa moins répandus. Il faut arriver à Haller pour trouver sur notre flore quelques détails un peu variés, quoique limités aux régions voisines de la Suisse. Allioni, De Candolle, puis M. Reichenbach nous tirèrent momentanément de l'oubli. Ce n'étaient là toutefois que des lueurs impuissantes à dissiper d'une manière compléte l'obscurité dont nous étions enveloppés. Les botanistes de Savoie auraient dû assumer la tâche dont la partie brillante et facile était devenue le monopole des savants étrangers ; mais, heureux de répandre avec profusion dans les collections particulières et les herbiers publics les échantillons de leur flore locale, ils laissaient à d'autres le soin de faire connaitre au monde scien- tifique les résultats de leurs travaux et de leurs recherches. Plus d'une fois, la chose n'est pas nouvelle dans les annales de la science, ils virent des amis indiscrets leur ravir le fruit de leurs études et attacher leurs propres noms aux découvertes qu'ils leur avaient communiquées. Malgré ces petits mécomptes, au sujet desquels il n'y eut jamais de réclamations, nos botanistes de ce siècle, pionniers toujours hardis et infatigables, ne se lassèrent pas de parcourir nos vallées et nos montagnes, encouragés à chaque instant par des trouvailles nouvelles. Citons seulement le nom de Bonjean et celui du professeur d'his- toire naturelle de Chambéry, M. Huguenin, dont les fréquentes excursions dans nos Alpes ont amené la découverte de beaucoup d'espéces rares et curieuses. Personne encore n’a voulu reconnaître à la végétation de la Savoie un cachet spécial, une autonomie véritable. On croit généralement que, présentant çà et là quelques reflets de la flore francaise, elle emprunte ses caractères à celle du Piémont et surtout à celle de la Suisse. On la confond avec les flores des contrées voisines, et tout est dit. Cette opinion n'est pas exacte, La flore savoisienne offre une physionomie nette et distincte; elle est bien caractérisée par une foule de plantes, dont les unes lui sont particulières et les autres pos- sedent chez elle leur centre de végétation. Elle ne doit rien à l'Italie; la chaine des Alpes les a rendues de tout temps étrangères l'une à l'autre. Elle n'est guère plus redevable envers la Suisse, dont les cantons limitrophes, séparés par le lac Léman et par une série de montagnes élevées, appartien- nent d'ailleurs au même bassin. De la France seule, elle a reçu une colonie de végétaux remarquables; mais c'est en échange de plusieurs plantes qu'elle lui avait envoyées auparavant. Les causes qui ont amené ces échanges n'ont pas cessé d'agir; elles en provoquent constamment, nous ne pou- vons en douter, et c'est là, pour les deux pays, une source de richesses croissantes. Il nous suffira d'esquisser à grands traits la physionomie de notre flore, pour mettre en évidence ses caractéres véritables. Considérée d'une manière générale, la végétation de la Savoie présente trois aspects bien distincts, selon qu'on l'étudie dans les Alpes, sur les basses montagnes, ou dans les val- SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 567 lées. Cette division, indiquée par la nature et proposée par moi dans un autre travail (1), sera mon guide aujourd'hui. Les Alpes savoisiennes, confondues par quelques auteurs parmi celles d'Italie, mises par d'autres au. nombre des montagnes de la Suisse, constituent pour- tant un groupe facile à distinguer de tout autre. Elles jaillissent au milieu de celles du Dauphiné, de la Suisse et du Piémont, et les dominent de leur téte majestueuse ; elles les ont appelées à un libre partage des richesses de leur sol, et elles ont envoyé de nombreuses colonies peupler leurs déserts, en acceptant à peine quelques fleurs en retour. Car, s'il est vrai que Dieu a placé les centres de végétation auprès des masses les plus grandioses et les plus impo- santes, nos Alpes, les plus élevées du continent, doivent étre regardées comme l'un des principaux centres de végétation de l'Europe. De leur sein, une foule de plantes auraient rayonné dans les monts d'alentour, en quéte de sites hos- pitaliers, et fixant leurs demeures partout où se trouvaient réunies les condi- tions favorables à leur existence. Trois grandes chaines, séparées par le Mont-Cenis et le Mont-Blanc, con- courent à former les Alpes de la Savoie. Ce sont les Alpes cottiennes, les Alpes grecques et les Alpes pennines. Admise par les géographes, cette distinction doit l'étre aussi par les botanistes, car elle trouve dans notre flore une juste application. On remarque, en effet, de notables différences entre les plantes que nourrissent ces trois chaines; de méme, en France, les Alpes provencales, versant occidental des Alpes maritimes, ont une végétation difficile à confondre avec celle des montagnes du Dauphiné. Les Alpes cottiennes et les Alpes pennines fournissent les unes et les autres à la Savoie une ramification considérable; la chaine des Alpes grecques lui appartient presque en entier. Plus tard, dans la suite de mes Z/tudes sur la géographie botanique de la Savoie, j'exposerai en détail les caracteres botaniques de chacune de ces chaines; je dois me borner maintenant à en signaler quelques traits généraux. C'est par les Alpes cottiennes que notre florule alpine présente le plus de ressemblance avec celle du Dauphiné. La raison en est toute simple. Un seul contrefort est leur représentant en Savoie; c'est celui qui se détache au Mont-Cenis et se prolonge jusqu'à Grenoble, entre le Brianconnais, la Mau- rienne et le Graisivaudan. Vous retrouverez sur le versant savoisien presque toutes les plantes du versant français; vous y remarquerez, au milieu d'une foule de végétaux répandus partout, quelques espéces trés localisées, telles que le Prunus brigantiaca Vill., le Cirsium autareticum Mutel, etc. Les plantes qui se plaisent sur les crêtes et auprès des glaciers sont communes aux deux pays. Notez, en outre, que plusieurs localités classiques et célebres de la flore de France sont en partie savoisiennes : le Lautaret, le Galibier, par exemple. Il est méme un certain nombre d'espèces rares, dont la France (1) Etudes sur la géographie botanique de la Savoie (voy. le Bulletin, t. VI, p. 295). 268 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. s'enorgueillit, et qui n'ont encore été rencontrées chez elle que sur ces Alpes frontières ; tels sont les Potentilla multifida L. et nivea L., Artemisia nana Gaud., Achillea tanacetifolia All., Plantago brutia Ten., Kæleria alpicola Gr. et Godr., etc. Du Mont-Cenis au Mont-Blanc s'étendent les Alpes grecques. En vain pré- tendrait-on que par elles nous dépendons du Piémont. Leur versant oriental n’a que des contreforts courts, abrupts et généralement d'une hauteur médiocre ; la partie occidentale, au contraire, désignée fréquemment sous le nom d'Alpes de Savoie, hérisse de ses pics toujours blanchis par la neige une vaste étendue de notre territoire ; elle en bouleverse le sol par ses ramifica- tions entremélées et prolongées au loin ; ses dernières saillies viennent toucher au Jura, et s'avancent méme jusqu'en Dauphiné par les monts de la Grande- Chartreuse. En outre, le versant italien, privé de beaucoup de nos plantes, en possède à peine quelques-unes dont le nôtre soit dépourvu. La florule alpine de la Savoig, et méme sa flore en général, doivent aux Alpes grecques la plupart de leurs caractères les plus saillants. Le vaste groupe, dominé par le Mont- Blanc et formé par ces montagnes entre l'Arc et l'Arve, étant trés distinct des groupes voisins, le botaniste ne peut s'étonner d'y rencontrer une végétation différente. Sans parler des fleurs qui émaillent en abondance les tapis qu'il foule aux pieds, il y verra, arrivées à l'extrémité méridionale de leur aire de végéta- tion, des plantes du nord de l'Europe, telles que le Linnca borealis L., etc. Il y recueillera le Cortusa Matthioli L., regardé à tort par les botanistes comme plante piémontaise ; le Potentilla multifida L., qui s'avance à peine assez vers l'Italie pour pouvoir être compris dans la flore de ce pays; le Saxifraga mu- tata L., dont le sol de l'ancienne France paraît être dépourvu. Il y;reconnaitra le Carlina nebrodensis Guss. , manquant à la Suisse, et qu'il aura pu recueillir en France, au Mont-Dore et dans les Vosges, en Allemagne, sur quelques montagnes du Tirol, etc., etc. Enfin il ne devra pas étre surpris d'y voir ca et là s'épanouir des espèces très localisées, manquant au reste des Alpes et aux autres montagnes européennes : le Meum adonidifolium J. Gay (secundum Huguenin); le Centaurea cirrata Rchb., plante méconnue ; l'Oxytropis Parvopassuæ Parl. , joli petit végétal aux fleurs bleues, aux légumes pendants, qui s'écarte à peine dans les montagnes du val d’Aoste, etc. Aux Alpes pennines se rattachent les autres Alpes de la Savoie. Une seule chaine les constitue. Riche en pâturages et offrant une végétation remarquable par sa variété et son abondance, elle s'étend du Mont-Blanc au lac de Geneve et sépare la Suisse de la Savoie. On affirme souvent que cette chaine est hel- vétique, ainsi que le sol qu'elle parcourt. Si cela était, elle devrait étre rejetée du domaine de la flore francaise, et celle-ci perdrait un des plus beaux fleu- rons de sa nouvelle couronne. Mais une telle hypothèse ne peut être soutenue, car la chaine dans nous parlons n'envoie dans le Valais que des rameaux peu nombreux, fort courts et tronqués, tandis qu'elle surcharge le Chablais et une SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860, 560 grande partie du Faucigny de ramifications fréquentes et prolongées jusqu'au- près du Léman, du Jura et de l'Arve. De plus, le Valais, creusé dans toute sa longueur par un fleuve francais (le Rhóne), appartient au bassin de ce fleuve. La végétation de sa vallée ne peut donc être considérée que comme une dépendance de la flore francaise, de méme que celle des vallées de la Savoie. Les plantes des Alpes pennines nous sont offertes par ces montagnes, et, parmi la foule des espèces rares, je citerai les Androsace pennina Gaud., Carex hispidula Gaud., Phyteuma humile Schleich., Achillea alpina L., Gen- tiana purpurea L., Scirpus alpinus Schleich. , etc. , etc. Parmi les richesses de sa flore, la France étalait avec orgueil ses plantes des Alpes; ses domaines sur ces montagnes n'étaient pourtant pas considérables. Leur étendue s'étant beaucoup augmentée aujourd'hui, peu de contrées pour- ront désormais rivaliser avec elle, et la nouvelle flore française prendra le premier rang parmi celles de l'Europe. Des sommités des Alpes, descendons maintenant vers les plaines, et vous verrez se modifier peu à peu le caractère de la flore savoisienne ; vous la verrez, perdant graduellement son individualité, revétir peu à peu une livrée analogue à celle des pays voisins et particulièrement de la France, avec laquelle elle finit par se confondre et s'identifier; vous la verrez envoyer quelques plantes au sol de l'ancienne France, puis en recevoir en échange des colonies de végétaux venant à pas lents se fixer dans nos vallées les plus chaudes. Plusieurs groupes de montagnes dépendant des Alpes nous fournissent une transition naturelle entre la florule alpine de la Savoie et sa florule des montagnes basses. Dans l'impossibilité où nous sommes de les passer tous en revue, nous dirons quelques mots des deux plus remarquables : les Bauges et la Grande- Chartreuse. Les Bauges, massif de montagnes hautes et éscarpées, sillonné de vallées peu profondes, dominent Chambéry au nord-est. Leur végétation, d'une richesse peu commune, change rapidement de caractére; le botaniste qui les parcourt voit en peu de temps se dérouler devant ses yeux les tableaux variés des végétations alpine, subalpine, alpestre et montueuse; il peut y recueillir déjà quelques plantes manquant à la flore de France, les Polygala alpestris Rchb., Saxifraga mutata L., etc.; enfin, sur les basses montagnes voisines de la chaine jurassique, il reconnaitra plusieurs espèces familiéres au Jura. Les monts réunis autour de la Grande-Chartreuse forment, à juste titre, un des groupes les plus célebres et le plus anciennement connus dans la botanique francaise; mais généralement on ignore que ce groupe appartient à la Savoie en grande partie, et qu'il lui fournit quelques-unes de ses plantes les plus curieuses. Regardé par les uns comme la terminaison du Jura, par les autres comme dépendant des Alpes cottiennes, par d'autres comme faisant partie des Alpes grecques, sa position au milieu de ces trois systémes et les caracteres variés qu'il leur emprunte ont laissé la question indécise ; mais, par sa végéta- 570 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tion, où brillent çà et là des reflets de la flore jurassique, nous croyons qu'il appartient aux Alpes grecques. Nous lui reconnaissons, en outre, une physio- nomie spéciale, due à diverses plantes également répandues dans ses régions savoisienne et dauphinoise. La réunion des membres de la Société botanique à Grenoble m'engage à appeler leur attention sur les plus remarquables d'entre elles, qu'ils n'oublieront pas dans leurs excursions : Gentiana angustifolia Vill., excellente espèce prise pour le G. Frælichii Hladn. par beaucoup de botanistes francais et étrangers; limitée exclusivement au massif de la Grande- Chartreuse, elle en habite les pentes dénudées et les pelouses séches, entre 2000 mètres (le Grand-Som), 1930 mètres (Mont-Granier) et 400 mètres (Apre- mont, Pas de la Coche, etc., près de Chambéry) (1). — Potentilla nitida L., espèce disjointe, n'a encore été retrouvée nulle part ailleurs dans les Alpes de Savoie, de France et de Suisse; elle argente les rochers dans une zone com- prise entre 1550 et 2040 mètres. — Hypericum nummularium L., manque au reste dela Savoie, à la Suisse, à l'Allemagne, et ne se retrouve en France que dans les Pyrénées; il végète entre 2000 et 400 mètres, où il est ordinaire- ment amené par les eaux des torrents. — Pedicularis Barrelierii Rchb. , arrive, dans les montagnes du groupe de la Grande-Chartreuse, à l'extrémité méridio- nale de son aire de végétation. — Coronilla montana Scop., plante regardée en France comme jurassique, est indiquée par Mutel au Saint-Eynard prés Grenoble, et se trouve assez répandue depuis Apremont jusqu'au col du Fréne prés Chambéry ; ces localités nous offrent donc l'extrémité méridionale de son aire de végétation. Etc. , etc. Les basses montagnes de la Savoie appartiennent en majeure partie au Jura; car c'est chez nous que vient mourir ce système de montagnes longues et étroites, généralement peu élevées ei arides, qui, en Savoie, présentent une stérilité plus grande qu'ailleurs, à cause de la nature du sol. Nos autres basses montagnes, peu nombreuses, sont presque toutes voisines du Jura ; ce voisinage, trés influent sur leurs produits végétaux, leur imprime une grande ressemblance. Le Jura savoisien offre, dans sa végétation, .une analogie frappante avec la partie du Jura francais dont il est proche. En effet, aprés le Salève, dont les plantes, particulières aux basses montagnes, forment un contraste remarquable avec la végétation luxuriante des Alpes situées tout auprés, le Jura se prolonge (1) J'ai publié cette plante dans l’Herbier des Flores européennes de MM. Puel et Maille, MM. Perrier et Songeon (Ind. de quelques plant., p. 36; Chambéry, 185) sont les premiers qui aient fait connaître les vrais caractères de cette Gentiane, oubliée de- puis Villars, ou confondue avec les espèces voisines. Plus tard, MM. Boissier et Reuter l'ont nommée Gentiana sabauda; mais cette nouvelle dénomination me parait — la priorité de l'épithéte angustifolia appartenant réellement à Villars, puisque ce n es qu'en 1803 que Michaux {Flora boreali-americana, t. I, p. 177) a donné le nom d'an- gustifolia à une Gentiane (de la section Pneumonanthe) originaire de l'Amérique sep- tentrionale. | SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 41860. 574 dans notre province par des chaînes parallèles à celles qui surgissent dans le : département de l'Ain. On trouve peu de différence entre les plantes qu'elles nourrissent. Les deux dernières montagnes encaissent entre leurs rochers le lac du Bourget, et leurs versants, baignés par ses eaux bleues et limpides, abritent, au milieu de certaines plantes rares, des espèces habituées aux tièdes brises de la Méditerranée. La plus longue de ces deux montagnes vient ensuite limiter la plaine de Chambéry, puis se prolonge en mourant jusqu'au - prés des monts dela Grande-Chartreuse. Le lieu pittoresque connu sous le nom de Grotte-des-Échelles, visité par plusieurs botanistes anciens (La Tourrette, Allioni, etc.) et cité dans leurs ouvrages, constitue, à mon avis, l'extréme terminaison méridionale des montagnes jurassiques. Le Jura de la Savoie est bien caractérisé par la nature de son sol, qui est calcaire dysgéogène ; aussi les monts dont il est formé, fournissant peu de détritus au sol superficiel, attristent le regard par leurs roches grisátres et dénudées; ils sont desséchés, arides, stériles, couronnés cà et là de bois de sapins et parsemés d'une végétation pauvre et rare. Du reste, les plantes indiquées par Thurmann comme essentiellement caractéristiques de la chaine du Jura, vivent en abondance dans la partie savoisienne de cette chaine. La zone inférieure vous offrira communément les Buxus sempervirens, Helle- borus feetidus, Daphne Laureola, F'agus silvatica, et vous trouverez fréquem- ment, dans la zone moyenne, les Arabis alpina, Draba aizoides, Gentiana lutea, Abies pectinata. Quant à la zone supérieure, elle existe à peine sur notre Jura, dont les pics n'atteignent qu'une médiocre hauteur; vous y ren- contrerez rarement les Poa alpina et Alchemilla alpina, mais vous ne pourrez y recueillir ni l Heracleum alpinum, ni l'Androsace alpina, plantes qui habi- tent exclusivement les sommités élevées. Il nous reste à examiner la. végétation des plaines et des vallées de la Savoie. Plus que celles que nous venons de passer en revue, celle-ci posséde avec la flore francaise d'intimes rapports. Elle est méme, nous devons le dire, identifiée avec elle; car les espèces qui la caractérisent leur sont communes à toutes deux. Il ne pousait en être autrement, toutes nos vallées étant reliées avec le principal bassin de la France, celui du Rhóne, dont elles sont les ori- gines. Nous n'avons pas un cours d'eau qui n'aille plus ou moins directement se jeter dans ce fleuve, pas un lac dont il n'emporte les eaux limpides ; des flancs de nos montagnes et des vastes glaciers gisant entre les sommités de nos Alpes, jaillissent à chaque pas des sources abondantes : bientót réunies, elles forment des torrents impétueux, sillonnent les pentes de ravins escarpés, mettent les rochers à nu, creusent le fond des vallées, et viennent enfin se pré- cipiter dans le Rhône ou se jeter dans les lacs du Bourget, d'Annecy ou de Genève, auxquels ce fleuve sert de débouché. Les vallées et les plaines de la Savoie dépendent donc du bassin du Rhône, et l'on ne pourra se faire une idée juste ct complète de la géographie des plantes de ce bassin et des 572 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. autres plaines de la France, qu'en en poursuivant l'étude jusque dans la pro- vince récemment devenue française. Tous les cours d’eau de la Savoie, se dirigeant vers le bassin du Rhône, y transportent continuellement des graines de nos montagnes et de nos vallées. Parmi elles, il s’en est certainement trouvé quelques-unes, originaires de notre sol et manquant d'abord au territoire francais, qui, rencontrant sur les bords des rivières et du fleuve où elles flottaient toutes les conditions favorables à leur existence, s'y sont développées et reproduites. Ces plantes font aujourd'hui partie dela flore de France. Mes recherches, pour déterminer quelles elles sont, ne m'ont pas donné de résultat certain. A peine oserai-je citer le Cam- panula gracilis Jord. à Lyon. La proximité des deux pays, la similitude de leur sol et de leur climat rendent très difficile et très hasardée l'appréciation de ces faits de naturalisation à petite distance; il est impossible pourtant de ne pas les admettre. + Nous croyons inutile de passer en revue les espèces communes dans nos plaines et dans nos vallées ; l'énumération en serait trop longue ; elle sortirait du cadre de ce travail, sans procurer au lecteur aucune notion nouvelle; il lui suffira de savoir qu'elles sont toutes fort répandues dans les plaines de la plus grande partie dela France. Nous dirons seulement quelques mots de cer- taines plantes, dont la présence chez nous a donné lieu à une tradition curieuse. On trouve, plus ou moins abondants, dans certaines localités des vallées de la Maurienne et de la Tarantaise, les Tulipa Gesneriana L., T. Didieri Jord., T. Billetiana Jord. (1), Crocus sativus, etc., remarqués déjà par des bota- nistes du dernier siècle, Allioni, Bellardi, etc. Une croyance fort accréditée en Maurienne est que ces plantes ont été apportées par les Sarrasins, dont l'armée, défaite en 732 auprès de Poitiers par Charles-Martel, se débanda et s'enfuit en diverses directions. Une de ces bandes se réfugia en Maurienne (2) ct en Taran- taise. Elle y aurait cultivé plusieurs végétaux apportés des régions étrangères, conformément à l'habitude bien connue qu'avaient les peuples envahisseurs de la première moitié de l’ère chrétienne, de se munir des graines de leur pays natal, pour les répandre plus tard dans les contrées où ils fixaient leurs nouvelles demeures. Quelques-unes de ces plantes se seraient naturalisées et perpétuées ainsi jusqu'à nos jours. En serait il de méme pour le 7 ulipa pla- tystigma Jord. (T. Didieri Gr. et Godr. non Jord.), qui habite les environs de Guillestre en Dauphiné ? (1) Le Tulipa Billetiana Jord. a été découvert par un botaniste d'une vaste science, Mgr Billet, archevéque de Chambéry, qui le distinguait, dans son herbier, sous le nom de T. mauriannensis. C'est une bonne espèce, de méme que le T. Didieri. Leurs carat- tères ne sont pas altérés par la culture. (2) Les habitants de Bessan (partie supérieure de la Maurienne) passent ] descendants directs des Sarrasins; et en effet, dans leur langage presque inin é fort distinct des patois des communes voisines, des linguistes ont reconnu des racin beaucoup de mots dégénérés des dialectes arabes. pour étre les telligible et es et SESSION. EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 48060. — 573 Nous devons encore signaler l'analogie remarquable de la plupart de nos vallées et de nos coteaux avec ceux du Dauphiné qui, avec la Savoie, concourt a'la formation du bassin du Rhône. Ainsi vous rencontrerez fréquemment, sur les bords de nos torrents et de nos rivières, les Hieracium staticefolium Vill., Zippophaé rhamnoides L., Myricaria germanica Desv., etc.; vous y verrez souvent, entraînés loin de leurs stations alpines, les Linaria alpina DC., Gypsophila repens L., et d'autres plantes que vous offrira le Dauphiné dans les stations analogues. Parcourez nos coteaux et nos collines, vous serez éton- nés d'y voir cà et là s'épanouir en abondance des plantes délicates, sensibles aux variations atmosphériques, ne pouvant se développer et fleurir qu'à l'aide d'une lumière vive et des chauds rayons du soleil. Tels sont les Vesicaria utriculata Lam., Dictamnus albus L., Dorycnium herbaceum Vill., Colutea arborescens L., Coronilla Emerus L., Potentilla inclinata Vill., P. recta L., P. intermedia L., Linosyris vulgaris Cass., Inula montana L., Centau- rea paniculata L., Leontodon crispus Vill, Campanula bononiensis L., C. Medium L., Euphrasia lutea L., E. lanceolata Gaud., Hyssopus offici- nalis L., Lavandula Spica L., etc., etc., que vous pouvez recueillir sur les coteaux secs du Dauphiné (1). Comme là, existent aussi en Savoie quelques plantes fort répandues dans les régions chaudes et tempérées de la France, qui remontent par nos vallées jusqu’à une grande altitude. Ainsi le Crepis pulchra L. se trouve en Dauphiné jusque vers le point le plus élevé de la vallée dela Vallouise (Grenier), et se ren- contre chez nous jusque dans la partie supérieure de la vallée de la Tarantaise, L'Astragalus monspessulanus L. monte jusque sur le plateau du Mont-Cenis (2000 mètres), où je l'ai récolté dans les lieux abrités par les rochers gypseux prés du lac, en méme temps que l'Ornithogalum tenuifolium Guss. — Un des savants auteurs de la Flore de France, M. Grenier, a constaté l'existence de ces plantes dans une station semblable, au Mont-Sevne pres Gap. Il serait facile de multiplier les exemples de ce genre; mais ils seront l'objet d'un autre travail. Enfin la flore savoisienne a recu de la France une colonie, peu nom- breuse il est vrai, mais fort stable, de plantes méditerranéennes, et ce ne Sont pas là ses moindres richesses. Ces plantes, sur lesquelles j'ai publié une étude dans le Bulletin de la Société botanique (2), ont remonté le bassin du Rhône, le long de ce fleuve ou de ses aflluents, depuis Lyon et depuis Grenoble. Elles sont venues s'établir dans les localités sèches et chaudes € la Savoie, oà la température peu variable leur a permis de se développer et (1) On s'étonnera peut-étre que je ne range pas beaucoup de ces plantes dans la flo- rule méditerranéenne de la Savoie ; mais, pour moi, elles constituent un groupe caracte- Frais des coteaux chauds et secs et des pentes bien exposées : idée que je développerai Plus tard, (2) Voyez le Bulletin, t. VI, p. 291. 57A SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ` de se propager en abondance. C'est, à mon avis, pendant l'époque écoulée depuis le soulèvement des Alpes, que notre flore a été embellie par ces acqui sitions (1). : Nous possédons, en outre, quelques plantes méridionales, dont nous ne pouvons déterminer l'origine. Telles sont V Erodium ciconium Willd., aux environs de Moutiers, le Bupleurum Gerardi L., à Saint-Jean et à Saint- Michel-en-Maurienne, etc. Ces plantes sont en trés petit nombre; elles sont bien localisées et apparaissent cà et là en Savoie, comme les oasis dans le dé- sert. Il n'est guère possible qu'elles nous soient venues de la France, car on n'en connait pas de stations intermédiaires. Peut-étre leur existence dans notre province a-t-elle précédé le soulévement des Alpes. Peut-étre sont-elles de- meurées dans les coins reculés de nos vallées, comme un témoignage vivant des bouleversements du globe. On aura remarqué, parmi les plantes citées dans le cours de ce travail, qu'il en est plusieurs étrangéres au sol de l'ancienne France. Elles ne sont pas les seules qui viennent enrichir sa flore. Je voudrais pouvoir énumérer toutes ses acquisitions nouvelles, mais le défaut d'espace me contraint à ne citer que les plus rares. J'en ai récolté la plupart, guidé par les écrits d'Allioni, de Bellardi, etc. , et dirigé plus particuliérement par les indications de M. Hugue- nin, auquel je me plais à en exprimer publiquement ma reconnaissance (2). Thalictrum exaltatum Gaud. — Lieux pierreux, à Saint-Pierre-d'Albigny. Arabis pedemontana Boiss. Matthiola varia DC. — Terrains anthraciferes et gypseux à Villarodin (Mau- rienne). Polygala alpestris Rchb. (1) M. Cosson a fait observer, à la suite de la lecture de mon travail sur ces plantes, que je regarde comme méditerranéennes, « qu'il y a une grande différence entre la station de Grenoble, où les espèces méditerranéennes remontent depuis Valence, en suivant sans interruption la vallée de l'Isère, et la station de Chambéry, où les mêmes espèces forment en quelque sorte un îlot enclavé au milieu d’une végétation toute différente. » Cette différence n’existe pas en réalité, car la station de Chambéry est limitée par la vallée de l'Isère au sud-est, et par le Rhône au nord. Or c'est en continuant à remonter sans inter” ruption la vallée de l'Isère, que sont venues se fixer chez nous quelques-unes des plantes arrivées de Valence à Grenoble, en suivant les bords de cette rivière ; les Osyris alba, Tragopogon crocifolius, Sedum altissimum, Aphyllanthes monspeliensis, en sont des exemples. D'autre part, plusieurs de ces espèces sont venues directement en Savoie, comme dans le département de l'Ain, par la vallée du Rhône, en remontant les rives de ce fleuve lui-même ; tels sont les Rhus Cotinus, Pistacia Terebinthus, Osyris alba, ele, que l'on trouve aussi dans les environs de Belley (Ain). Quelques-unes de nos plantes méditerranéennes ont donc suivi deux routes différentes depuis Valence jusqu'en Savoie ; et, si la station de Chambéry en offre plus que toute autre, elle le doit à sa position entre le Rhône et l'Isère. Des végétaux arrivés par ces deux voies, je citerai les Acer Ta pessulanum, Tunica saxifraga, Aëthionema saxatile, Saponaria ocimoides, Lonicera elrusca, etc. (2) Je fais suivre le nom de ces plantes de l'indication de leurs localités , quand elles ne sont pas encore connues. SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN Aour 1860. 575 Saponaria lutea L. ç — Les localités admises pour ces deux plantes dans Saxifraga mutatu L. | la flore francaise sont au moins douteuses. Oxytropis lapponica Gaud. 0. Parvopassuc Parl. — Bonne espèce, découverte, en août 4849, au Cra- mont (val d’Aoste) et au col de la Seigne (Savoie) par M. le professeur Parlatore. Meum adonidifolium J. Gay (secundum Huguenin in litt. et exsicc. h— M. Huguenin a découvert cette belle plante dans les Alpes de Tignes et de la Val en Tarantaise, puis ill 'a retrouvée en abondance au Mont-Cenis, où je l'ai recueillie d'aprés ses indications. La description n'en ayant pas encore été publiée, j'en inscris ici une diagnose différentielle : MEUM ADONIDIFOLIUM, Meo Mutellinæ Gærtn. affinis species, digno- scitur : stylopodio breviore et magis depresso; stylo robusto et dimidio bre- viore; umbellz radiis lævigatis ! non margine interno scabris ; caule altiore et robustiore ; foliis radicalibus majoribus, longiusque petiolatis, multo magis tenuiter dissectis! et, in ambitu, forma late ovata vel elliptica praeditis! — Je n'ai pas vu le fruit mür (1). Linnea borealis L. Asperula Jordani Perr. et Song. Valeriana celtica L. Senecio cordatus Koch. | S. uniflorus All. et var. multiflorus. Doronicum scorpioides Willd. Achillea atrata L. (1) Note de M. J. Gay. — Je n'ai qu'une observation à faire sur l'article qui, dans à communieation de M. Chabert, se rapporte au Meum adonidifolium. C'est moi, et non feu Huguenin, qui ai le premier recueilli cette plante, et voici dans quelles cir- constances je l'ai découverte. C'était le 3 juin 1830. J'avais remonté la vallée de l'Isère, et je me trouvais à la Val, qui est, je crois, le dernier lieu habité de cette vallée, prét à franchir le Mont-Iseran (alors encore couvert de neige dans son tiers Supérieur) pour passer dans la Maurienne. L'altitude de la Val ne doit pas étre moindre de 1400 métres. Le Mélèze est la seule essence forestière du voisinage. Le Seigle, l'Orge et l'Avoine sont ici à leur dernière limite de culture, et, pour qui a remonté la vallée, les arbres fruitiers ont disparu depuis longtemps, ainsi que les champs de Froment. Bref, on est. ici en pleine zone subalpine, et au 3 juin, pour la Val, c'était le premier printemps, Beaucoup de plantes ne montraient encore que leurs feuilles ou leurs boutons. Une seule, le Draba aizoides var. brachycarpa, avait déjà noué ses fruits. La prairie était pourtant déjà émaillée de fleurs, au nombre desquelles figuraient Carex aterrima Hopp., Pedicularis foliosa L., Phaca astragalina DC., Viola calcarata L., Sisymbrium tanacetifolium L., Arabis bellidifolia Jacg., Thlaspi alpestre L., Ranun- Culus aconitifolius et pyrenœus L., avec les feuilles et les fruits naissants d une plante a floraison automnale, le Colchicum alpinum DC. C’est au milieu de cette végétation que, venant de Tignes et arrivant à la Val, je remarquai dans les prairies l'Ombellifére dont il est ici question. Elle me frappa tout d'abord par son port, et, quoique trés voisine du Meum Mutellina, je ne doutai pas qu'elle ne constituât une espèce distincte. Mais elle n'était qu'en fleurs, même peu avancées, c'est-à-dire dans un état où aucune Om- bellifère ne peut être déterminée avec quelque certitude. Il me fallait des fruits. Trois 576 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. A. moschuta Jacq. A. alpina L. Saussurea alpina L. Centaurea cirrata Rchb. C. vallesiaca Jord. Gentiana purpurea L. Onosma helveticum Boiss. — L'Échaillon, Saint-Julien-en-Maurienne. Pedicularis Bonjeanii Colla, Bert. Fl. it. (P. cenisia Gaud.). P. recutita L. Androsace pennina Gaud. Cortusa Matthioli L. — Cette belle plante, que l'on trouve dans les Alpes de Tarantaise, à la Val et à Tignes (Allioni, Huguenin), est signalée au Mont- Cenis par M. Grenier, dans la Flore de France, t. M, p. ^68. Il importe de savoir qu'elle n'y existe pas spontanément, mais qu'elle y a été semée par un botaniste piémontais, Molineri, il y a plus d'un demi-siècle. Primula graveolens Heg. — Sources de l'Arc en Maurienne et les Allues prés Moutiers (Huguenin). P. pedemontana Thomas. — Mont-Cenis (Bonjean) ; Bessans, près dela carrière de marbre (Huguenin). Observée par Bonjean au Mont-Cenis en 1805 et 1806, cette espèce a été publiée par lui dans les centuries de Seringe, sous le nom de P. Airsuta var. glandulosa. M. Huguenin l'a distribuée long- temps sous le nom inédit de P. Bonjeanii. jours aprés, en passant à Chambéry, je signalai cette lacune à M. Huguenin, à qui la plante était tout à fait inconnue. ll me promit de s'en occuper, mais c'est seulement vingt et un ans plus tard que j'ai pu recevoir des échantillons fructifères qu'il avait recueillis à Tignes en juillet 1850. Alors seulement, une différence notable, recounue dans la longueur et l'épaisseur des styles, confirma pour moi la légitimité de l'espéce, qui pourtant est restée inédite jusqu'à ce jour, où M. Chabert est venu la remettre en lumière. Pour compléter ce qui vient d'en être dit par l'auteur de la communication, je reproduis ici textuellement (plus l'addition relative aux styles), une uote conservée dans mon herbier, avec la date du 16 octobre 1830, dans laquelle je résumais les ca- ractéres de la plante et ses différences spécifiques. MEUM ADONIDIFOLIUM J. Gay. Radicis collo fibroso-tunicato; caule ramulum unum alterumve emittente; foliis glaberrimis, radicalibus erectis, longe petiolatis, circum- scriptione generali rhomboideis, bipinnatis, pinnis verticalibus, petiolatis, duabus infe- rioribus longioribus, pinnulis pinnatifidis, laciniis lineari-lanceolatis, acutis; umbellæ conglobatæ radiis lævissimis ; involucellis 5-8-phyllis ; stylis brevibus crassiusculis. Habitat in Tarantasiæ superioris pratis subalpinis circa Tignes, circ. 1120 metr. s. m., julio 1850 fructiferum (Huguenin!), et circa la Val, circ. 1400 metr. s$- m., ann. 1830, die junii 3° floriferum (ipsi nos !). eu Differt a proximo Meo Mulellina : 1) caule altiore et crassiore ; 2) foliis radicalibus erectis non divaricatis, petiolo multo longiore, caulem florentem non raro subeequante, limbo latiore rhomboidali tenuius dissecto et Adonidis pyrenaicæ folia æmulante ; 3) foliorum caulinorum vagina petiolari ampla limboque magis evoluto, nunquam TU a mentali; 4) umbellis ob radios breviores magis conglobatis et pro plantæ modulo pe vioribus ; 5) umbellæ radiis lævissimis, latere interiore non scabris ; 6) involucellis 5-8- non 3-3-foliolatis ; 7) fructu distincte minore ; 8) stylis crassioribus, dimidio bros 2/3 mm. non 1 1/4 longis.— Mericarpiorum valleculæ in utraque specie 3- rarius 4- Vl tatæ, commissura 6-vittata. SL I b! SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. Alnus pubescens Tausch. — Les Contamines (Parlatore). Scirpus alpinus Schleich. Kobresia caricina Willd. Carex juncifolia AM. C. microglochin Nahlenberg. Sesleria sphærocephala Ard. , etc. Cette esquisse rapide de la végétation de la Savoie peut suffire pour en faire connaitre les caracteres. véritables. Douée d'une autonomie compléte pour ses plantes alpines, elle est parfaitement indépendante des flores du Piémont et de la Suisse ; elle n'a avec ces contrées que des rapports insignifiants, de simples relations de voisinage. Avec la France seule, elle a fait quelques échanges ; avec elle elle finit par s'identifier. Aussi, par l'union de la Savoie à la France, la lore de l'une devient-elle facile à expliquer et à comprendre, et celle de l'autre se trouve-t-elle complétée dans plusieurs lacunes importantes. De l'annexion datera une ére nouvelle pour le progrés des sciences dans notre pays. Ce progrès sera d'autant plus facile que nos tendances scienti- fiques, dirigées de tout temps vers la France, l'étaient peu vers l'Italie et le seront moins de jour en jour. Avec celle-ci, la haute barrière des Alpes et la différence des langages établissaient un continuel obstacle à un échange suivi des idées ; nous prenions part surtout au mouvement scientifique de Paris, ct souvent les découvertes faites en Italie demeuraient inapercues pour nous, jusqu'à ce que Paris nous les eût fait connaitre. Au reste, durant ce siècle, la Savoie fut constamment laissée de côté par les botanistes italiens ; les auteurs des Flores d'Italie se sont tous arrétés au Mont-Cenis. On ne saurait leur en faire un reproche. Les belles contrées dont ils étudient les produits leur offrent une végétation trop riche et trop variée pour qu'ils ne dédaiguent pas de fran- chir les limites imposées par la nature à la péninsule italique. Délaissés par nos voisins du midi, nous trouvions plus de sympathie en France et en Suisse. Mais les Suisses ne parlaient guère de nos richesses que pour les attribuer à leur propre (lore; les Francais, plus équitables, ne proclamaient pas nos raretés comme leurs, mais ils s'occupaient peu de notre province et n'apportaient à son investigation qu'un intérét relatif de curiosité et de comparaison. Désormais, nous l'espérons, il n'en sera plus de méme. La Savoie partici- pera aux nombreux avantages que produit l'activité fécondante de la France, Partout où elle pénètre. Nos vallées et nos montagnes ne seront plus une terre étrangère, une sorte de pays perdu pour les naturalistes francais; aujourd'hui nos compatriotes, ils viendront prendre part à nos découvertes qui, seront aussi les leurs. Ainsi, pourquoi MM. Grenier et Godron hésiteraient-ils à enrichir le Supplément de leur Flore des plantes remarquables de notre contrée? Je nc saurais de méme trop insister auprès de l'auteur des Etudes sur les divisions géographiques de La flore française, M. Puel, pour qu'il ne laisse pas de coté la Savoie dans la continuation de ce travail. Sur les dix groupes, ou flores spé- rum 37 978 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ciales, qu'il a admis en France, il en est trois auxquels notre province participe largement et qui ne pourraient étre nettement dessinés sans elle: ce sont les flores du bassin du Rhône, du Jura et des Alpes. Ne regretterait-il pas d'abandonner sur les rives de l'Isère et du Rhône les plantes méditerra- néennes que leur humeur vagabonde entraine dans nos vallées? Sa flore jurassique serait-elle complète, s'il laissait de côté cette terminaison extrême du Jura oubliée sur notre sol? Enfin donnerait-il un aperçu suffisant de la flore alpine de la France, s’il omettait de comparer à nos Alpes, surtout à celles qui se groupent autour du Mont-Blanc, les Alpes du Dauphiné et de la Provence? Que l'on me permette, en terminant, d'exprimer l'espoir que la Société botanique de France ne sera pas la derniére à venir prendre possession de ses nouveaux domaines, et à y raviver par sa présence l'amour des sciences natu- relles. Gràce à son initiative, nous verrions accourir une foule de naturalistes désireux de comparer aux productions de nos Alpes celles des Alpes voisines, celles des Vosges, des Pvrénées, de l'Auvergne, etc. Cette année, la Société a choisi Grenoble pour siége de sa session extraordinaire ; pourquoi, l'une des années prochaines, ne désignerait- elle pas Chambéry, dont la végétation riche et variée offrirait aux collecteurs d'amples moissons, et procurerait à ceux qui s'occupent spécialement de géographie botanique l'occasion d'en constater plu- sieurs phénomènes remarquables? De Chambéry, les botanistes pourraient, en rayonnant en divers sens et sans s'écarter beaucoup, recueillir, sur les bords du lac du Bourget et sur les coteaux de la rive droite de l'Isére, diverses plantes méditerranéennes arrivées là à leur limite extrême de végétation. Ils reconnaitraient les plantes jurassiques sur la chaîne qui borde à l'ouest la vallée de Chambéry; une pointe dans les montagnes de la Grande-Chartreuse leur fournirait plusieurs espèces typiques de Villars; en parcourant celles des Bauges, ils trouveraient diverses plantes inconnues au sol de l’ancienne France, et ils verraient se succéder sous leurs pas les espèces caractéristiques des basses et des hautes montagnes ainsi que celles de la région alpine; enfin ils pourraient s'enrichir des espèces nivicoles et glaciales dans une courte excursion à Saint- Hugon ou en Maurienne. P. S. — Au moment où je termine cette étude, une triste nouvelle m'est donnée ; MM. les membres de la Société botanique partageront mes regrets, car il s’agit d'un savant botaniste, d'un de leurs nouveaux compatriotes. M. Huguenin (de Chambéry) vient de décéder presque subitement à un âge avancé. Dès les premières années de ce siècle, il consacrait tous ses instants ä la science qui nous est chère; il parcourait la Savoie dans tous les sens, et l’âge n'avait pu mettre un frein à son humeur voyageuse. Beaucoup de ses découvertes furent consignées dans le Flora excursoria de M. Reichenbach; l’époque de la publication de cet ouvrage marque le commencement de la SESSION EXTRAORDINAIRE À GRENOBLE EN AOUT 1860. 579 vaste renommée qu'il a acquise en Europe. Depuis une dizaine d'années, il occupait avec succes la chaire d'histoire naturelle de Chambéry, et sa parole donnait à l'étude des sciences un charme toujours nouveau. M. Huguenin était un de ces hommes modestes, moins désireux de propager la connaissance des plantes par des écrits que par des exemplaires recueillis avec soin. 1l les distri- buait avec une libéralité rare, et tous les grands herbiers européens en renfer- ment de nombreux. La mort l'a surpris au moment où il s'occupait de classer les résultats de ses observations ; c'est là pour la flore de Savoie une perte irré- parable. Il sera regretté de tous ceux qui l'ont connu, car on ne pouvait le connaitre sans devenir son ami. M. A. Gras, secrétaire, fait à la Société la communication sui- vante : CORRESPONDANCE INÉDITE DE VILLARS AVEC ALCIONT, par MI, Auguste GRAS. Messieurs, Étranger parmi vous, dans ce beau pays de France, et encouragé par la bienveillante hospitalité qui m'y est accordée, j'ose réclamer en ma faveur quelques moments d'indulgente attention. Je tâcherai de ne point abuser de vos précieux instants, et à ce compte-là vous me permettrez de rappeler à mon tour quelques détails sur la vie scientifique de Villars, dans une enceinte où tout nous parle de ses glorieux travaux, et dans une circonstance solennelle où son souvenir est présent à tous les esprits. Je viens vous annoncer, Messieurs, que j'ai eu l'heureuse chance de ren contrer, parmi les manuscrits conservés à l’Académie royale des. sciences de Turin, dix-sept lettres inédites de Villars à Allioni, lettres simples et naives, écrites par un homme dont la plume ne flatta personne, et dont le noble Caractère se trouve fidèlement retracé dans ce beau vers de Stace : Ingenium probitas, artemque modestia vincit. C'est donc sur quelques passages de ces lettres que je vais avoir l'houneur d'attirer votre attention, car je suis convaincu que tout ce qui touche à ces deux éminents botanistes, dont les noms sont inséparables, ne peut manquer d'exciter votre intérét. Ce fut d'abord Allioni qui fit à Villars la proposition d’une correspondance épistolaire. Un jardinier piémontais, voyageant dans les Alpes pour le Jardin- des-plantes de Turin, reçut la mission de s'entendre avec le botaniste de Gre- noble, Villars, qui, depuis quelques années, désirait vivement ce qu'on venait lui offrir, mais qui n'avait osé prendre l'initiative, accueillit avec une très grande joie cette heureuse ouverture, et répondant (le 28 cctobre 1779) à une première lettre d'Allioni par l'envoi du Prospectus de l'histoire des plantes du 280 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Dauphiné, « si je vous eusse connu plus tôt, lui dit-il modestement, ce livre eüt été mieux fait. » C'est encore dans cette première lettre que, subordonnant ses vues au jugement d'un savant qu'il reconnait pour son maitre, il met à sa merci le genre Zerardia qu'il vient d'établir. « Si vous jugez à propos de changer le nom que je lui ai donné, dit-il, je souscrirai à vos décisions dans mon ouvrage, malgré l’empressement que j'ai toujours eu de célébrer la mémoire de Bérard, botaniste de Grenoble, à laquelle j'ai consacré cette plante. » Je me hâte de le rappeler, à la gloire de Villars, le genre Zerardia a survécu, en dépit du sévère rejet du botaniste piémontais. Six mois plus tard, Villars se plaint fort poliment du silence d'Allioni. « Je n'ignore pas, lui écrit-il, les devoirs de votre charge, et le temps que vous dérobe votre nombreuse correspondance... , mais comme vos lettres me sont aussi chères par le plaisir que j'ai à les lire que par l'utilité que j'en retire..., . je crois devoir me rappeler auprés de vous, dans l'espoir que vous voudrez bien me procurer la satisfaction de savoir de vos nouvelles. » Absorbé dans ses occupations, distrait par ses voyages, Allioni garde un silence obstiné que Villars ne peut s'expliquer. Aussi « je ne vous parlerai plus de botanique, lui dit-il (le 29 mai 1780), jusqu'à ce que je sache si vous avez le temps de me satisfaire dans mes demandes. » L'interpellant ensuite sur le Flora pedemontana, il ajoute : « Où en êtes-vous, Monsieur, sur l'ouvrage que nous attendons de vous avec impatience? Le Piémont, ainsi que le Dau- phiné, abonde de curiosités naturelles, mais votre pays a sur le nótre plusieurs avantages; celui de vous posséder et de le faire connaitre n'est pas des moindres. » Toute l'année 1780 s'écoule sans un mot d’Allioni, et, le 12 juin 1781, Villars écrit sa quatrième lettre. Il n'y trace aucune plainte, aucun reproche, et voici en quels termes il trahit son désappointement : « Je ne sais que penser ; je suis plus en peine sur votre santé que sur les instructions que vos lettres m'au- raient procurées, et, quoiqu'elles soient pour moi trés précieuses, je m'en con- solerai si j'apprends que vous vous portez bien. » Dans la lettre suivante (30 novembre 1781), il s'agit d'une affaire fort simple, mais que l'extréme délicatesse et les scrupules de Villars exagéraient étrangement. Prenant son courage à deux mains, Villars demande à Allioni la liste et les noms triviaux de toutes les plantes que celui-ci avait fait graver pour son ouvrage; mais voilà qu'après avoir laissé échapper l'expression de son désir, il craint d'en avoir trop dit, et, pour prouver à son confrère la pureté de ses intentions, il a recours à toutes les ressources de sa naive et charmante rhéto- rique. La proximité des deux pays, la quantité des espéces communes aux deux régions, l'époque à peu prés contemporaine des deux publications, tout devait amener les deux savants, qui n'apportaient aucune personnalité dans leurs études, à s'entendre à l'amiable et à se communiquer loyalement Lasers travaux. Comment, d'ailleurs, Allioni aurait-il pu concevoir la moindre SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOÛT 1860. 581 défiance à l'égard du plus honnéte de ses correspondants? « Si j'avais le malheur, écrit Villars, d'étre soupconné de vouloir user de cette liste con- trairement à votre volonté, il suffirait de vous faire observer que j'aime trop ma tranquillité et la franchise, pour pouvoir m'exposer vis-à-vis d'un savant dont je respecte le mérite autant que je crains ma disgráce auprés de lui. » Inutile d'ajouter, Messieurs, qu'Allioni s'empressa d'envoyer, sans réserve aucune, la liste demandée. Dans la lettre que je viens de rappeler, Villars émet sur le compte de Haller un jugement fort équitable : « Je fais, dit-il, le plus grand cas de tous les écrits de ce grand homme. J'ai autant moins de peine à lui passer quelques petites fautes, qu'il a immensément travaillé, et que ses erreurs mêmes ont souvent un motif qui instruit et fait voir que des circonstances inévitables l'ont quelquefois forcé de tomber dans des erreurs légères. » « Nous sommes, écrit Villars en terminant sa lettre, à la veille d'établir un jardin de botanique à Grenoble. » Et, pour induire Allioni à concourir à l'embellissement du jardin projeté, «il ne végètera que pour notre instruc- tion, lui dit-il, et pour nous procurer le plaisir de vous offrir ce que nous pourrons avoir de digne de vous. » A l'époque où la Société royale de Turin fut érigée en Académie royale des sciences, Allioni en fit nommer Villars associé correspondant. Celui-ci, par une lettre du 18 octobre 1784, lui en témoigna sa reconnaissance dans des termes qui trahissent la plus douce émotion et sont empreints de la plus vive sensibilité. Et, comme Allioni lui avait adressé une observation concernant les plantes du Prospectus, « elle me prouve de plus en plus, lui dit Villars, votre délicatesse et votre générosité. Dussiez-vous en agir tout autrement, je n'ai pas lieu de m'en plaindre ; je vous regarde comme mon maitre et je respec- lerai toujours vos volontés. » Donnant ensuite quelques détails sur la publica- tion de son ouvrage, il ajoute : « Je n'ai rien de prêt pour l'histoire des plantes de cette province, que le manuscrit de deux volumes de descriptions et qua- rante planches de dessins. Mon intention est de faire précéder ces deux volumes par les éléments de la science, les herborisations des environs de Grenoble, celles de la Grande-Chartreuse, les familles, leurs vertus géné- rales, etc. J'ai un peu travaillé les Graminées et les Lichens, Je sens la supé- riorité de votre ouvrage partout ailleurs. » Du couvent du Graud-Saint-Bernard, Villars annonce, le 31 juillet 1785, qu'il a rencontré à Chambéry « le beau présent » du Flora pedemontana. * Je le verrai, dit-il, avec une impatience mêlée de plaisir et de passion à mon retour, » Vingt jours après, Villars, de retour à Grenoble, reprend la plume pour Complimenter Allioni. Cette lettre est trop flatteuse à l'égard du savant pić- montais pour que j'hésite à en transcrire une partie. On rencontre rarement, méme chez les âmes les plus honnêtes, une expansion si tendre, une bonhomie 582 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. si touchante, une vivacité de lonanges si franche et si cordiale devant le chef- d'œuvre d'un confrère. « Cet excellent livre, lui dit-il, aurait immortalisé son auteur, s'il ne l'eüt déjà été par d'autres excellents ouvrages. Je l'attendais avec une grande impatience depuis que vous aviez daigné nous l'annoncer. Devant entrer moi-même dans la méme carrière, j'avoue que j'avais besoin d'y être encouragé par votre exemple, par votre modestie, et soutenu par vos lumières, Je voudrais vivre assez pour vous témoigner toute l'étendue de mon estime et de ma reconnaissance. Vous avez égalé Haller et Linné, et vous surpassez tous les autres. Votre travail n'a pas besoin d'indulgence. S'il était francais, moins cher et moins volumineux, il me dispenserait de publier le mien. Vous ne me laissez l'espoir de quelque succès qu'en me mettant à la portée du peuple, du commun des lecteurs, en décrivant plus souvent les espèces, en m'étendant un peu sur quelques espèces qui nous sont particulières, et en don- nant plus d'extension aux éléments dans mon premier volume. J'ai parcouru votre ouvrage avec un empressement qui tenait de la passion, et si j'avais pu étre auprés de vous dans ces moments, vous auriez loué mon zele dicté par la confiance. » Un dernier aveu vient clore cette lettre fort remarquable : « On commence seulement, dit-il, à imprimer mon premier volume. M. de Jussieu, qui m'honore de son amitié, a voulu lire et corriger mes cahiers; il est d'ail- leurs mon censeur. » La lettre suivante porte la date du Mont-Cenis (28 juillet 1787). Elle est pleine d'un aimable désordre, et les citations un peu décousues que je vais en extraire serviront à faire ressortir davantage l'excellent caractère de notre aimable et loyal naturaliste. Allioni, aprés avoir recu les deux premiers volumes de l'Histoire des plantes du Dauphiné, avait adressé à son tour ses compli- ments à l'auteur. « Je suis très sensible, répond Villars, à tout ce que vous me dites de très honnête concernant mon ouvrage. Il est un peu le vôtre par les secours que vous m'avez donnés et par l'aménité et la générosité ater lesquelles vous avez toujours daigné mencourager. » — « Le Mont-Cenis, dit plus loin, est un théâtre qui exigerait trois mois de séjour pour le connaitre. » Et il reprend encore : « Veuillez me continuer votre bienveillance et yw amitié. J'irai vous voir un jour avec tout l'empressement d'un vrai disciple pour un bon maitre. Nous avons perdu Haller; vous êtes le seul qui aye dai- gné m'accueillir avec la méme générosité. » — « TI n'est pas de défaut parm les hommes, dit-il enfin, que je déteste autant que l'ingratitude. » Voici une lettre qui n'est pas moins courtoise envers Allioni, et par laquelle Villars annonce (le 1** avril 1789) là réception de F Auctuarium flore pedemon- tant : « C'est un nouveau gage de votre amitié généreuse, une nouvelle preuve de votre zèle et de vos rares talents pour le progrès de l'histoire naturelle... Je l'ai lu en une heure... Votre grand travail n'a pu être perfectionné ^ premier coup, mais, si de nouvelles espèces, de nouveaux auteurs el de ond velles observations acquises ou communiquées, vous ont fait faire quelques SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 583 additions, je puis et je dois vous protester que votre ouvrage est le meilleur de tous ceux qui sont venus à ma connaissance pour les vertus des plantes. J'au- rais désiré pouvoir vous imiter de ce cóté-là et de bien d'autres; il ne m'a pas été possible ; mais au moins j'ai pu admirer votre vertu et l'ensemble de vos excellentes qualités morales, réunies à des connaissances très étendues. Votre modestie, votre désintéressement m'ont attendri, Sans avoir pu me procurer l'honneur de vous voir personnellement, j'ai vu avec étonnement et avec une trés grande satisfaction que vous m'honoriez de votre confiance. Linné donna ainsi son amitié à Sauvages, et en même temps une vive impulsion à son génie : vous ressemblez beaucoup à Linné par les vertus et par les talents, mais je ne serai jamais que l'écolier de Sauvages et le vôtre. Je ne pourrai vous ressem- bler que du côté du zèle et des sentiments purs et entièrement dévoués aux sciences et à ceux qui les cultivent. » Avant de terminer mon analyse, je dois mentionner un petit nombre de lettres de recommandation en faveur de quelques personnes que le goût des voyages ou le besoin des affaires amenait à Turin. Le docteur Allioni fut un de ces hommes rares qui passent bene faciendo; la bonté de son cœur est encore aujourd'hui proverbiale dans notre pays, et Villars, excellent homme lui-même, savait fort bien à quelles nobles mains il confiait ses recommandés. Parmi ceux-ci, je ne rappellerai que deux personnes: l'une, M. l'abbé Blanc, professeur de philosophie au collége d'Embrun, « devenu, ce sont les termes de Villars, malgré ses occupations sérieuses, un amateur zélé de botanique, et auquel, dit-il, je dois la découverte de l'Astragalus alopecuroides près d'Embrun »; l'autre, le jeune Viborg, qui devint dans la suite un des plus illustres savants du Danemark, et dont Villars avait su prédire le brillant avenir. « C'est un savant botaniste, dit-il, en qui j'ai trouvé des connais- sances réelles, fortes méme relativement à son âge (Viborg, né en 1759, avait alors trente ans), mais surtout de trés grandes dispositions, un zèle linnéen, c'est-à-dire à toute épreuve, pour devenir un botaniste de grand mérite, » Dans les derniéres années de sa vie, Allioni, sans négliger les sciences natu- relles, se voua avec un soin particulier à la pratique de la médecine. La fai- blesse de sa vue, l’âge, les infirmités causées par des excès de travail, les troubles des temps révolutionnaires, réduisirent dans de justes bornes sa vaste correspondance scientifique, et Villars, sans se rendre coupable d'oubli, se laissa lui-méme distraire par les événements. J'ai achevé ma tàche, Messieurs, et je crains méme que ma communication ne pèche déjà par excès de longueur. Le puissant Empereur qui gouverne la France vient de lui donner, du côté des Alpes, une magnifique frontière; et comme, en général, les natura- ralistes ne sont entachés ni d'envie ni d'égoisme, les botanistes d'Italie ont subi sans rancune cette mémorable rectification de confins, qui leur enlève, 584 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. au profit de la flore francaise, d'admirables espèces végétales. Vous trouverez donc tout naturel, Messicurs, que, dans ce jour solennel, j'aie saisi avec bon- heur l'occasion de faire valoir, devant cette Société d'élite, le souvenir de l'il- lustre historien de ces Alpes superbes qui viennent de vous être cédées. C'est en Savoie que notre Allioni avait fait son premier voyage scientifique ; il avait foulé, dans l'ivresse du début, tous les pâturages de cette féconde région; il en avait gravi les pics, sondé les lacs, franchi les abimes; il avait récolté, classé, décrit et surtout aimé les précieux végétaux croissant dans cette noble contrée qui a commencé d’être pour nous la terre étrangère, et aux enfants de laquelle, en dépit des droits austéres qui sont venus nous séparer, nous resterons, de notre cóté, perpétuellement attachés par les plus doux souvenirs d'une fra- ternité politique huit fois séculaire. Vous comprendrez ma réserve sur ce point, Messieurs, et peut-étre me saurez-vous gré d'avoir réuni, dans une méme appréciation, la mémoire du premier botaniste du pays d’où je viens, à celle du premier botaniste du pays qui m'accueille. Ainsi s'aimaient nos aïeux! Rien n'arrétait l'effusion de leur âme ; une amitié vive et sincére bravait les distances et se jouait des difficultés. Ferions-nous en cela moins que nos peres? Refuserions-nous de profiter à cette fin des bien- faits d'une civilisation envahissante qui travaille chaque jour à nous rappro- cher et à nous rendre de plus en plus maîtres du temps et des obstacles ? Quant à moi, si j'ai pris un si grand plaisir à évoquer ces deux portraits sou- riants de la génération qui nous a précédés, c'est que j'ai reconnu en ces deux cœurs honnêtes un exemple salutaire pour l'époque si pleine de passions et de préjugés que nous traversons. Serrez cordialement la main que nous vous tendons, Messieurs, et veuillez vous convaincre que, soit dans les rudes labeurs de la guerre, soit dans les calmes travaux de la paix, la France et l'Italie ne peuvent être que deux nations de frères, et que les savants surtout des deux contrées doivent, sans envie et sans amertume, s'entendre, s'honorer et s'aimer mutuellement, ainsi que n'ont cessé de le faire pendant toute leur existence Villars et Allioni, dont les noms sympathiques seront cités de tout temps parmi les gloires les plus pures des deux pays. : M. Germain de Saint-Pierre, vice-président, fait à la Société les communications suivantes : PHÉNOMÈNE DE L'EXPANSIVITÉ DANS LES AXES ET DANS LES FEUILLES, OBSERVÉ SUR UN MÉME RAMEAU D'OLIVIER. — CARACTÉRES QUI DISTINGUENT LES RAMEAUX D'UNE PARTITION DES RAMEAUX NORMAUX NÉS SUR UNE TIGE FASCIÉE, par M. GERMAIN DE SAINT-PICRRE, Je me suis plusieurs fois efforcé de démontrer que le phénomène térato- : r " e , » ^ ene logique du dédoublement, ou partition, n'est autre chose que M phénomeé SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 585 de la fasciation porté à son degré le plus élevé, à son expression la plus com- plète. L'ensemble des phénomènes que j'ai réunis sous la dénomination gé- nérale d'ezpansivité, et qui se manifestent tant chez les organes foliaires que chez les organes axiles, me fournit aujourd'hui un exemple des plus intéres- sants et des plus complets, qui peut donner lieu à quelques considérations nouvelles. Le dédoublement dans les organes foliaires, et notamment dans les feuilles caulinaires foliacées, se manifeste, soit parallèlement, ce qui est assez rare, soit latéralement, et, dans ce dernier cas, la feuille semble devenir bifide ou bipartite, trifide ou tripartite, plurifide ou pluripartite ; la séparation est sou- vent méme complète, et une seule feuille est alors représentée par plusieurs feuilles placées latéralement et décrivant un cercle ou une spirale. Je mets sous les yeux de la Société, comme exemple du phénoméne de l'ex- pansivité par dédoublement latéral, une branche d'Olivier (Olea europea), qui présente des dédoublements axiles paralléles multiples et des feuilles bifides ou bipartites. — Dans les tiges, le phénomène commence générale- ment par une simple fasciation de l'axe du bourgeon; ce bourgeon, à son origine, est élargi et aplati, et c'est à mesure qu'il s'allonge que l'on voit son extrémité antérieure se prolonger en plusieurs rameaux paralleles résul- tant du partage de l'axe principal lui-méme, aplati en forme de ruban. — Les feuilles, ordinairement disposées en spirale, que portent le rameau et ses divisions, émettent des bourgeons à leur aisselle. Ces bourgeons, bien que nés à l'aisselle de feuilles résultant d'une partition, se développent généralement en rameaux normaux; ces rameaux ne font donc pas partie de l'anomalie dont ils sont cependant un. résultat, et ils ne doivent pas étre confondus avec les rameaux qui appartiennent à la partition et qui terminent l'axe principal. La confusion est quelquefois possible, au premier aspect, lorsque des ra- meaux axillaires naissent sur les cótés étroits de la tige fasciée, comme cela a lieu dans l'exemple que je présente à la Société; ces rameaux, qui se trou- vent sur le méme plan que les rameaux de la partition, semblent en effet en faire partie, mais on les reconnait à ce qu'ils naissent à l'aisselle d'une feuille, et aussi à leur direction : ils sont écartés de la tige, tandis que les rameaux qui résultent du phénomène de l'expansivité sont au contraire rapprochés et presque parallèles entre eux, dans la direction de l'axe principal. La méme branche qui nous fournit ce bel exemple de fasciation et de parti- tion chez les axes, présente en méme temps sur ses diverses divisions plu- sieurs feuilles modifiées sous l'influence de l’expansivité : il y en a d'émarginées, de bifides et de bipartites, qui sont la transition évidente entre une feuille unique et plusieurs feuilles distinctes. — Cette réunion de toutes les phases du phénoméne de l'expansivité, se manifestant sous toutes ses formes sur un méme rameau, s'est déjà présentée à mon observation chez plusieurs plantes, et notamment chez des Valeriana et des Lonicera. 586 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. CARACTÈRES DES FEUILLES ANOMALES FRONDIPARES. FEUILLE FRONDIPARE CHEZ LE MURIER, par M. GERMAIN DE SAINT-PIERRE. Une feuille de Morus nigra (recueillie, comme l'exemple qui fait l'objet de la communication précédente, dans mon parc de Saint-Pierre-des-Horts près Hyères), présente une autre forme plus rare, et par conséquent plus curieuse encore, du phénomène de l'expansivité. Il s'agit d'un dédoublement parallèle ou antéro-postérieur. Un méme pétiole se termine au méme niveau par deux folioles stipulaires latérales et par un limbe d'aspect presque normal; de la base de ce limbe part une ample expansion foliacée, divisée en deux expan- sions distinctes ayant chacune la forme d'un large cornet dont le bord est lobé. Enfin une nervure filiforme libre, qui semble étre la nervure terminale de cette expansion, s'éléve entre les deux cornets et se termine par un trés petit limbe de forme bilabiée, derniére manifestation du dédoublement au ni- veau où la force végétative finit par s'épuiser dans un suprême effort. Je viens de dire que cette manifestation du phénomène de l'expansivité par dédoublement parallèle se rencontre assez rarement; j'en possède cepen- dant, et j'en ai décrit déjà plusieurs exemples ; une variété du Chou commun, trés répandue depuis quelques années comme plante curieuse d'ornement, en fournit, en outre, un exemple devenu vulgaire aujourd'hui. La dénomination de feuilles prolifères donnée à ces feuilles anomales ne leur convient nulle- ment, et je propose pour elles celle de feuilles frondipares. En effet, le nom de feuilles prolifères doit être réservé aux feuilles qui, sur un point de leur face interne, présentent un bourgeon extra-axillaire, ou méme non-axillaire, susceptible de continuer ou de propager la plante. Ces bourgeons émis au ni- veau du limbe des feuilles peuvent étre normaux, ce sont ceux que j'ai fait connaitre dans mon travail sur les bulbes pédicellés des Allium, des Tu- lipes, etc.; ils peuvent aussi étre accidentels comme dans les feuilles radicales de certaines Crucifères, du Cardamine pratensis par exemple. Les fenilles frondipares, au contraire, sont des feuilles qui, par dédouble- ment, présentent à leur surface des expansions foliacées, lesquelles se dédou- blent quelquefois indéfiniment elles-mêmes en nouvelles expansions secondaires. Mais, bien que ces expansions ou frondes irrégulières offrent quelquefois la forme de ramuscules irréguliérement feuillés, ces faux ramuscules ne présen- tent rien d'analogue à un bourgeon ; aussi ces feuilles frondipares se dessèchent- elles complétement avec leurs appendices, tandis que les bourgeons véritables, nés des feuilles réellement prolifères, continuent au contraire à végéter e! reproduisent la plante. í J'ai tenté de planter comme des boutures les expansions des feuilles frondi- pares charnues du Brassica oleracea qui ont la forme de ramuscules : Ces fragments de feuilles ont produit des racines et méme quelquefois des bour- SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860, 587 geons, mais ces bourgeons étaient simplement des bourgeons adventifs, nés à leur base au niveau de la cicatrice dela partie coupée. La feuille frondipare elle-méme cessait bientót de croitre et ne tardait pas à se flétrir, comme dans le cas de bouture d'une feuille ordinaire. De ces observations, nous avons une conclusion tele à tirer, à savoir le seul caractère absolu qui distingue l'axe caulinaire de la feuille : Ya feuille émet le bourgeon de son aisselle, quelquefois même de sa face antérieure ou de ses bords (les bourgeons ovulaires des feuilles carpellaires), mais jamais une feuille ne se termine par un bourgeon; au contraire, le caractère essentiel d'une tige ou d'un rameau, qu'il présente ou non des bourgeons latéraux, est de se terminer par un bourgeon qui s'allonge indéfiniment s'il est foliaire, et qui s'épuise s'il est floral. Ajoutons que le caractère essentiel négatif que nous attribuons aux feuilles est plus absolu que le caractère essentiel positif que nous attribuons aux tiges ou rameaux. Il y a en effet des rameaux dont le bourgeon terminal parait dévié et nait au-dessous du sommet du rameau, lequel se termine alors en pointe par épuisement : tels sont les ramus- cules en forme de feuille piquante des Ruscus ; tels sont les rameaux aériens cylindriques et terminés en pointe des Juncus. — Je ne parle pas ici des organes que je considère comme des tiges incomplètes ou ébauchées, des tran- sitions entre les feuilles et les rameaux, organes que je n'ai que signalés et sur lesquels je reviendrai plus tard. M. Germain de Saint-Pierre présente ensuite à la Société des épreuves photographiques des plus beaux végétaux exotiques natu- ralisés à Hyéres, et ajoute ce qui suit : Ces épreuves photographiques, (dont les principales et les plus belles out été obtenues par notre nouveau confrère, M. Vérignon, pharmacien à Hyères, et dont quelques autres ont été obtenues par moi-même), représentent exac- tement plusieurs belles espèces végétales naturalisées à Hyères, entre autres le Palmier- Dattier ( PAeniz dactylifera), le Chamwrops humilis, le Latanier (Latania borbonica) et l' Agave americana. Un grand. nombre de Dattiers font l'ornement de la ville et des villas en- vironnantes. Ces arbres prennent rapidement, sur ce point du littoral de la Provence, un développement presque aussi complet qu’en Afrique, et y mû- rissent méme leurs fruits dans les années les plus favorables. — L'A gave esi naturalisé, non-seulement dans les jardins, mais sur la lisière des terres cultivées où il forme des clôtures impénétrables, et sur les escarpements des collines. Au nombre des naturalisations les plus remarquables, je citérai le Zatania borbonica. Une des photographies placées sous les yeux de la Société, repré- sentant une vue générale du beau et intéressant jardin de M. Denis, reproduit 588 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. l'image de ce magnifique Palmier, qui a supporté sans abri les rigueurs inac- coutumées de l'hiver dernier. Vous remarquerez aussi, Messieurs, de beaux Chamærops humilis, le Cierge du Pérou (Cereus peruvianus), qui se couvre de fleurs en pleine terre, divers Opuntia, etc. Quelques vues, prises dans ma propriété de Saint-Pierre-des-Horts et dans la presqu'ile de Giens, présentent divers spécimens de la belle végétation indi- gene d'Hyères, végétation tout orientale, On y voit le Pin d'Italie (Pinus Pinea), dont quelques individus offrent des dimensions colossales, le Pin d'Alep (Pinus halepensis), qui couvre les collines, et quelques massifs formées par des buissons de Myrte, de Pistacia Lentiscus, de Juniperus lycia, de Quercus coccifera, etc. Ges beaux végétaux indigènes n’ont éprouvé aucun dommage des froids de l'hiver dernier. Nos plantes naturalisées en ont elles-mêmes peu souffert. J'ai remarqué néanmoins dans mes cultures que les jeunes individus (déjà li- gneux cependant) de certaines espèces (l'Acacia lophantha par exemple) ont péri, tandis que les plus forts ont résisté sans que leurs jeunes rameaux her- bacés et les feuilles dont ces rameaux étaient garnis eussent subi la moindre atteinte, — Quelques plantes grasses non abritées ont également bien sup- porté ces froids. Je mentionnerai l Zuphorbia officinarum, qui est considéré comme plante de serre tempérée ou méme de serre chaude. Les Opuntia ont en général résisté ; néanmoins quelques individus, récemment plantés et encore mal enracinés, ont été plus ou moins endommagés. Dautres, plantés depuis plus longtemps, n'ont éprouvé aucune altération dans leurs parties anciennes et déjà ligneuses, tandis que les rameaux développés dans le courant de l'année précédente ont été gelés. Un Cactus m'a présenté un phénomène inverse : la tige-mère enracinée a été frappée par la gelée, tandis que des rameaux nou- veaux, mais trés vigoureux, se sont désarticulés sans avoir été atteints par le froid. Les Cereus peruvianus, que je n'avais pas abrités, n'ont pas souffert, el sont actuellement couverts de leurs belles fleurs. i Et la séance est levée à trois heures. Le méme jour (2 août), à quatre heures, la Société a fait une herborisation sur les bords du Drac et au polygone de Grenoble.— Dans la séance du 6 (voyez plus bas), M. J.-B. Verlot a lui-même rendu compte de cette herborisation, qu’il avait bien voulu diriger. Le soir, à neuf heures, une dizaine de membres de la Société sont partis pour Briancon, afin d'explorer les montagnes du Brian- connais, et en particulier le Mont-Viso. — Dans la séance du 13 (voyez plus bas), M. Léon Soubeiran a rendu compte de cette inté- SESSION, EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN Aout 1860. — 589 ressante et laborieuse excursion, dirigée par MM. Cosson, Maillard et Bernard Verlot. Le lendemain (3 août), la plupart des membres présents à la ses- sion sont partis, à cinq heures du matin, pour se rendre, par Voiron et Saint-Laurent-du-Pont, à la Grande-Chartreuse. — Le 4, après avoir visité le couvent, ils ont fait l’ascension du col de Bovinant, et sont rentrés à Grenoble le 5 dans la matinée. — Dans la séance du 6 (voyez plus bas), M. Emu. Duvergier de Hauranne a rendu compte de cette course, dirigée par M. J.-B. Verlot. Le 5, dans l'aprés-midi, a eu lieu la visite, par la Commission et plusieurs des membres présents à Grenoble, du jardin botanique et des collections du Musée d'histoire naturelle de la ville (voyez plus bas les rapports sur ces deux établissements, rédigés par MM. Faivre et Léon Dufour). SÉANCE DU G AOÛT 1560. PRÉSIDENCE DE M. DURIEU DE MAISONNEUVE. La séance est ouverte, à neuf heures et demie du matin, dans la salle des cours du Musée d'histoire naturelle de Grenoble. M. Emm. Duvergier de Hauranne, secrétaire, donne lecture des procés-verbaux de la réunion préparatoire et de la séance du 2 août, dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la derniére séance, M. le Président proclame l'admission de : ` MM. LarERRADE (Charles), professeur de botanique, de littérature et d'histoire, Allées Damour, 27, à Bordeaux, présenté par MM. Durieu de Maisonneuve et de Schœnefeld ; ; SoxcEoN (André), rue de la Roche, à Chambéry (Savoie), présenté par MM. Verlot et Cosson ; TEsTENOIRE (Victor), quai de Pierre-Scize, 72, à Lyon, présenté par MM. Boisduval et de Schoenefeld , | VÉRIGNON, pharmacien, à Hyères (Var), presente par MM. Germain ‘de Saint-Pierre et de Schæneteld. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. . Qt © o Dons faits à la Societé: 1° Par M. Fauché-Prunelle : Coup d'œil sur (a végétation des Alpes considérée dans son rapport avec le climat. Observations sur [a limite des neiges perpétuelles duns les Alpes dauphinoises. 2° Par M. W. Nylander : Analyses mycologice. M. Germain de Saint-Pierre, vice-président, fait à la Société les communications suivantes : STRUCTURE ET MODE DE DÉVELOPPEMENT DE LA SOUCHE BULBIFORME DU GORYDALIS SOLIDA, par M. GERMAIN DE SAINT-PIERRE. Dans les séances de la Société du 9 et du 23 décembre dernier, auxquelles mon éloignement de Paris ne me permettait pas d'assister, et dont le compte rendu a été récemment publié, il a été donné lecture d'un travail de M. Eugene Michalet sur le développement et la végétation des Corydalis solida et cava (1). Dans cet article, écrit avec beaucoup de méthode et de clarté, notre honorable confrère expose successivement les résultats des observations de Bischoff d'une part, et de mes observations d'autre part, résultats diamétralement opposés, et présente les faits en raison desquels il se prononce en faveur de l'opinion de Bischoff. Je vais vous soumettre, Messieurs, ma réponse aux objections de - M. Michalet, et revenir sur l'analyse de la plante, faite par moi de 1850 à 1832, et dont je mets les figures sous vos yeux. Je ne puis mieux faire, pour établir l'état de la question, que de rapporter le résumé parfaitement exact qu'en a donné M. Michalet : : « Bischoff pense que le point de départ de la formation du renflement bul- » biforme se trouve à-la base de celui-ci, au niveau du point d'oü partent les » fibres radicales, ce qui implique: 4° que la tige intérieure appartient au » système ascendant, et qu'ainsi le collet de la plante serait situé à la base de » cette tige intérieure ; 2° que le bourgeon reproducteur sur lequel reposent » en définitive l'existence et la formation de la masse cellulaire, naît à l'inté- » rieur du tubercule et trés prés de sa base. » M. Germain de Saint-Pierre veut, au contraire, que les bourgeons » reproducteurs soient placés au sommet du tubercule, aux aisselles des fevilles (1) Voyez le Bulletin, t. VI, p. 779 et 804. SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN Aour 1860. 591 » écailleuses (squammiformes) qui le couronnent. Dans ce système, les bour- » geons envoient perpendiculairement, à travers la masse cellulaire lors » existante, des corps radiculaires, renfermés dans une gaine qui descend avec » eux, et dont ils percent à la fin l'extrémité pour s'épanouir en ce faisceau » de fibres qui occupe la base de la souche. Cette gaîne, cette sorte d'étui, » n'est ainsi qu'une coléorhize qui devient peu à peu charnue, globuleuse, et » joue le simple rôle d'enveloppe vis-à-vis du pivot central, qui se renouvelle » chaque année de cette façon. D'où il suit que la partie souterraine du Cory- » dalis solida n'est ni un rhizome ni un bulbe, mais une véritable racine » pivotante coléorhizée ; cette colonne centrale qui en occupe le milieu est le » pivot, la masse charnue en est l'écorce. Le collet se trouve alors évidemment » au sommet du tubercule, lequel appartient ainsi au systéme descendant... » Voilà deux manières de voir complétement en opposition..... » « Le système adopté par M. Germain de Saint-Pierre, continue M. Micha- » let, est assurément assez ingénieux. Pourquoi, en effet, le róle que joue la » coléorhize après la germination ne se renouvellerait-il pas chaque année » pour la formation de la masse cellulaire ? Ce nesont pas là toutefois les résul- » tats auxquels j'ai été conduit, et il y a, ce me semble, de graves objections » à faire à cette opinion, » Si, comme le dit M. Michalet, mon systeme est ingénieux, je me gar- derai bien d'en tirer vanité ; j'espere, en effet, démontrer que tout l'honneur en revient à la nature elle-méme, à cette nature si ingénieuse, il est vrai, à multiplier sous des formes merveilleuses et infiniment variées les applications des lois au fond desquelles nous retrouvons invariablement, quand nous avons su les comprendre, la sagesse immuable de l'éternel Législateur. Les objections de M. Michalet sont les suivantes : « Et d'abord, dit-il, il » est facile de constater que le bourgeon reproducteur ne naît pas à l'aisselle » de l'une des feuilles écailleuses (squammiformes) qui surmontent le tuber- » cule. » — C'est précisément l'existence du bourgeon à l'aisselle de l'une des feuilles squammiformes que je suis en mesure de faire constater à la Société ; seulement cette recherche ne doit pas étre faite lorsque la plante-mere est trop avancée dans son évolution, et quand ses feuilles squammiformes sont al- térées ou détruites ; la recherche doit avoir lieu lorsque le bourgeon commence à se développer à l'aisselle de la feuille squammiforme axillante. On le voit poindre déjà au mois de mai, pendant la maturation de la grappe fructifere ; rien n'est plus facile alors, en pratiquant une coupe verticale de la souche, que de reconnaitre la position de ce bourgeon (indiqué dans les figures qui sont sous les yeux de la Société) ; au mois de juin, le bourgeon est un peu plus déve- loppé, et les feuilles squammiformes du bulbe-mére peuvent encore étre bien Conservées ; trois mois plus tard, vers la fin de septembre, le bourgeon a pris beaucoup de développement, mais les feuilles squammiformes de la plante-mère Sont souvent desséchées, et il serait, par conséquent, difficile alors de démon- 592 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. trer que le bourgeon est axillaire.. C'est sans doute à cet état que M. Micha- let a dà l'examiner; il indique, en effet, les mois de juillet et d'août comme l'époque à laquelle le bourgeon commence à se montrer ; on vient de voir qu'il n'est déjà plus temps de constater le point où il a pris naissance. Le corps radiculaire de ce bourgeon est alors cylindrique et descend entre l'axe spongieux de la plante-mère et l'écorce charnue (jouant le rôle de coléorhize), de cette plante-mère, dont la tige et les fibres radicales sont alors détruites. — M. Michalet admet, du reste, plus loin que le bourgeon est axillaire, mais qu'il naît à la base du tubercule, dans l'épaisseur de l'écorce charnue re- gardée par lui comme composée de gaines soudées, et que je considère comme des décurrences des feuilles squammiformes insérées au sommet de la souche. J'ajouterai que, dans les cas normaux ou anomaux de soudures de feuilles entre elles ou avec l'axe, j'ai toujours vu les bourgeons axillaires naître à l'aisselle apparente, c'est-à-dire au point où cesse la soudure et jamais dans l'étendue où la soudure existe. La seconde objection de M. Michalet est la suivante : « Si, dit-il, la forma- tion de la masse charnue résultait du renflement d'une gaine ou coléorhize » qui envelopperait la fibre radicale émise par le bourgeon reproducteur, cette » formation ne devrait avoir lieu que de haut en bas, et le nouveau tubercule » ainsi produit serait attaché à l'ancien par son sommet, non par sa partie » inférieure. J'ai vu le contraire..... Je signalerai deux observations pour dé- » montrer ce point. » Les deux observations citées par M. Michalet présentent deux exemples d'un méme fait : dans un cas, il s'agit d'une plante florifère dont la souche a con- tinué à vivre dans l'herbier pendant un certain temps; dans l'autre cas, unc autre souche gemmifére a commencé à sécher abandonnée à l'air libre ; dans l'un et l'autre cas, les tiges florifères et les bourgeons s'étant flétris et dessé - chés, il est né postérieurement, vers la base de la souche, un bourgeon qui s'est frayé un passage au dehors; les bourgeons naissent donc, dit M. Michalet, de la base et non. du sommet de la souche bulbiforme. — Volc! ma réponse: Le bourgeon supérieur déjà développé, et qui s'est forcément desséché par suite du séjour prolongé de la plante à l'air libre, était le bour- geon normal et axillaire; les bourgeons qui se sont développés plus bas pe suite de la destruction du bourgeon normal, sont des bourgeons adventifs, susceptibles, chez cette plante comme dans beaucoup d'autres, de se déve- lopper sur différents points de la racine. — Jci encore mes observations et les figures à l'appui viennent éclairer la question. J'ai coupé en piuse tranches horizontales des souches du Corydalis solida, j'ai subdivisé ces tranches par une coupe verticale passant par l'axe du bourgeon, et ja plante les fragments appartenant à la partie moyenne du tubercule. Ges fragments ont constitué des boutures ; un bourgeon est né de la face supérieure de " tranche au point corespondant à la décurrence ou racine du bourgeon m SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 593 mal détruit, et une ou plusieurs racines sont nées du point analogue sur la face inférieure dela méme tranche. Dans ces expériences de boutures, comme daus les cas signalés par M. Michalet, il s'agit simplement de bourgeons adventifs supplémentaires dont l'apparition est déterminée par la destruction du bourgeon normal. Mais, dit M. Michalet, le bourgeon normal lui-même naît d'en bas, car il est attaché à l'ancien tubercule par sa partie inférieure et non par sou som- met. — En démontrant que le bourgeon est axillaire, j'ai démontré, par ce fait même, qu'à l'époque de sa formation il est attaché à la partie supé- rieure de la plante- mere; plus tard, quand la plante-mère est résorbée et tend à se détruire, il devient libre et il n'est pas plus attaché alors à la partie inférieure qu'à la partie supérieure; il y à plus, la déchirure de la plante- mère, lors du grossissement des parties nouvellement formées, s'opère de bas en haut, et non de haut en bas. — Trés fréquemment, surtout chez la plante cultivée et devenue plus robuste, au lieu d'un seul bourgeon axillaire, la plante en émet deux, trois et méme un plus grand nombre. M. Michalet a signalé ce cas, seulement il n'a rencontré que deux bourgeons, ce qui le porte à admettre deux feuilles contribuant à la formation de la masse charnue; je pense, au contraire, que le nombre des bourgeons qui peuvent naître à l'ais- selle des feuilles, et j'en ai rencontré deux, trois et un plus grand nombre, n'influe en rien sur le nombre des feuilles dont les décurrences constituent la masse charnue. — Lorsque la plante mère des nouveaux bourgeons, alors vo- lumineux et pourvus eux-mémes de leur souche ou racine globuleuse, est résorbée et détruite, il arrive naturellement que ces bourgeons, devenus bulbi- formes à leur tour, sont libres dans toute leur étendue ; mais fréquemment aussi leurs racines, qui se sont développées dans le méme étui, ont contracté en descendant des adhérences entre elles et se sont réunies par leurs bases en un seul corps. Je ne pense pas que M. Michalet ait pu confondre cette fu- sion de racines de bourgeons jumeaux avec la continuité qui présenterait un bourgeon né sur la base d'une plante-mére. La troisième et dernière objection de M. Michalet consiste à faire remar- quer « que le faux-bulbe en question, est composé d’un axe qui continue la » lige aérienne et est enveloppé de couches concentriques qui sont (selon lui) » les gaines agglutinées des feuilles insérées sur la tige. » — A cette assertion, je répondrai : 4° que l'axe qui continue une tige aérienne au-dessous du collet appartient à la racine et non à la tige ; 2° que le collet, dans les plantes renou- velées par bourgeons radicaux, est limité par l'insertion de la première feuille ; 3° que l'insertion d'une feuille est limitée supérieurement par le point au niveau duquel elle se sépare de la tige, c’est-à-diré son aisselle; 4° que la Partie de la feuille qui se prolonge au-dessous de l'insertion appartient à la décurrence, tandis que la gaine d'une feuille appartient à sa partie libre; 5° que les bourgeons axillaires se développent au niveau de l'aisselle de la T. VII. 35 594 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. feuille, quelquefois plus haut, par soudure avec la tige, mais jamais plus bas, et que, dans les plantes même où les feuilles sont manifestement soudées entre elles, ce n’est pas au niveau de la soudure, mais au niveau où cesse la sou- dure que se développe le bourgeon axillaire, ainsi que je l'ai démontré à l'occasion de la structure du bulbe de l’Agraphis campanulata (1) ; — que, par conséquent, l'appareil bulbiforme du Corydalis solida appartient à l'axe des- cendant, c'est-à-dire à la racine de la plante, que l'écorce de cette racine est le résultat dela décurrence des feuilles squammiformes, et que cette écorce charnue de la souche-mère, se déchirant inférieurement pour livrer passage aux racines des nouveaux bourgeons, joue, relativement à ces racines, ainsi que je l'avais indiqué, le rôle de coléorhize. Je résume en quelques mots la série de modifications qu'éprouve la souche dans l'évolution qui se renouvelle annuellement : au mois d'avril. (époque de la floraison), bourgeons reproducteurs non encore visibles ; vers la fin de mai (aprés la dessiccation de la tige fructifère), apparition des bourgeons axillaires reproducteurs ; en juin et juillet, état stationnaire ; en aoüt, développement du bourgeon; vers la fin de septembre, le bourgeon est déja volumineux, son corps radiculaire est alors cylindrique et perce la coléorhize ou écorce épaisse et charnue du bulbe-mére qui a fleuri au printemps précédent; pendant les mois suivants, d'octobre à février, grossissement de la racine ; vers la fin de mars, commencement de la floraison du bourgeon, dont la racine est devenue charnue, globuleuse, tandis que la coléorhize épuisée de la souche-mère est réduite à une mince tunique déchirée; en avril, floraison du bourgeon dont la racine bulbiforme est adulte à son tour, la plante devant produire le mois suivant de nouveaux bourgeons dont la racine percera en septembre la not- velle coléorhize. ANOMALIES DE LA RACINE BULBIFORME DU CORYDALIS SOLIDA, ET PRODUCTION EXCEPTIONNELLE ANALOGUE CHEZ UN DAUCUS CAROTA, pr M. GERMAIN DE SAINT-PIERRE. Une curieuse anomalie de forme que j'ai observée dans une racine bulbi- forme du Corydalis solida, dont j'ai l'honneur de présenter le dessin à là Société, achèvera, je crois, de mettre en évidence la véritable structure de la plante normale. — Cette souche bulbiforme est constituée par deux racines de volume inégal et adhérentes entre elles par le sommet et par la base l'ensemble a l'aspect d'une masse subglobuleuse, perforée latéralement. Le dessin en a été fait à la fin de novembre, c'est-à-dire à l'époque où la tige flo rifère qui a mûri ses fihits en mai étant détruite, les bourgeons axillaires qui doivent fleurir au printemps suivant sont déjà très gros, et où leurs racines (1) Voyoz le Bulletin, t. 1, p. 165. SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 595 alors cylindriques pénètrent entre la colonne centrale fibro-vasculaire de la ra- cine et son enveloppe corticale charnue qui joue le róle de coléorhize. La racine bilobée fructifère et gemmipare s’est formée elle-même dans la coléorhize de l'année précédente, maintenant tout à fait détruite. Elle est le résultat de deux bourgeons axillaires voisins, unis à leur naissance par du tissu cellulaire, et à racines d'abord libres ; ces deux racines se sont rencon - trées et confondues dans leur partie inférieure avant de se faite jour hors de la coléorhize, — Les deux bourgeons, au lieu de se séparer au niveau de lcur insertion, ont conservé leurs adhérences entre eux; l'un d'eux, plus vigoureux, à produit une racine globuleuse, l'autre une racine grêle restée cylindrique. Dans le dernier état figuré, la souche globuleuse a donné naissance à quatre bourgeons axillaires normaux dont les. racines pénètrent dans la nouvelle coléorhize; la souche grêle soudée à la souche globuleuse n'a donné naissance qu'à un seul bourgeon qui s’est développé également d'une manière normale. On le voit, dans cette forme insolite de la souche bulbiforme, la structure est plus facile encore à 'comprendre que dans la forme normale, puisque les bourgeons qui ont constitué la plante-mére sont restés adhérents au point oü ils sont nés, au lieu de devenir libres en se soudant par leur base. J'ai représenté sur une autre planche, également sous vos yeux, des sou- ches observées à la même période, dont les racines-mères sont séparées par leur partie supérieure et sont soudées par leurs bases; c'est probablement celte forme de la plante qui a pu induire en erreur des observateurs, et leur faire regarder la base de la racine comme le point de départ des bourgeons. Enfin, comme exemple d'une structure analogue dans une racine plus Simple, une racine pivotante ordinaire, je mets sous vos yeux, Messieurs, la figure d'un Daucus Carota qui a fleuri, par exception, pendant deux années consécutives. Les tiges de seconde année sont dues au développement de bour- geons nés au collet, à l'aisselle des feuilles radicales. — Ayant fait macérer cette racine aprés la maturation des nouvelles tiges et la mort de la plante, j'ai déterminé la destruction du tissu cellulaire, et j'ai mis à découvert la char- pente fibro-vasculaire de la racine; j'ai vu alors que chacune des tiges axillaires de seconde année émettait trois racines cylindriques divergentes et libres entre elles, puis, que ces racines, dont les axes fibreux étaient d'abord isolés, ällaient se confondre plus bas avec le pivot de la racine-mère dont ils ont renforcé la couche fibreuse externe. Ces racines, devenues libres supérieure - ment par suite de la destruction du tissu cellulaire au niveau où les bourgeons àxillaires qui les ont produites ont pris naissance, et confondues plus bas entre elles et avec la racine-mére, ne sont-elles pas analogues à celles du Corydal is solida devenant libres (par la destruction de la plante-mère) au niveau où elles ont pris naissance, et restant soudées à leur base? La seule différence est que dans le Daucus les racines nouvelles sont soudées avec la racine-riere dont la charpente se conserve, tandis que dans le Corydalis la soudure ne 596 SOCIETÉ BOTANIQUE DE FRANCE. peut- avoir lieu qu'entre les racines jumelles, la racine-mére les laissant libres de son adhérence par une compléte destruction. Je me suis étendu assez longuement sur l'étude de la structure de la souche du Corydalis et de ses anomalies, parce que, à part l'intérét que présente en elle-méme la structure curieuse de cette racine bulbiforme, il importait de rétablir l'exactitude des faits énoncés par moi et de les démontrer avec la plus rigoureuse précision, ces faits n'étant pas sans importance pour l'établissement de lois fondamentales sur la structure générale des tiges et des racines. A la suite de ces communications, M. Eug. Michalet présente les observations suivantes : La Société voudra bien m'excuser si je ne puis discuter immédiatement les faits que M. Germain de Saint-Pierre vient d'énoncer à l'appui de son opinion. J'attends d'ailleurs le résultat des expériences que j'ai commencées à ce sujet. Je me bornerai donc à prier notre honorable confrère de s'expliquer davantage sur quelques points que, par ma faute sans doute, je n'ai pas suffisamment saisis dans sa lecture. M. Germain de Saint-Pierre reconnait que la vitalité de la partie souter- raine du Corydalis solida est assez énergique pour résister à des mutilations, méme à des sections faites par le milieu du bulbe. Des individus coupés, pour ainsi dire, en tranches, ont continué à végéter et à donner des bourgeons. J'ai fait précisément des essais semblables. Voulant m'assurer si les bourgeons reproducteurs naissaient au sommet du bulbe, ainsi qu'on vient de chercher à le démontrer, j'ai enlevé au printemps, sur plusieurs individus, toute la partie supérieure, de manière à ne rien laisser de la rosette écailleuse qu'on y observe. Tous ces tubercules ont continué à végéter comme s'ils n'eussent souffert aucune mutilation, et, à la fin de juillet de cette année, le bourgeon floral fai- sait déjà une saillie prononcée sur le plan dela section que j'avais pratiquée. Le point d'origine de ces bourgeons se trouve bien évidemment au-dessous de la rosette qui, pour M. Germain de Saint-Pierre, représente le collet. Faut-il en expliquer la présence et la formation en les qualifiant d'adven- tifs? Est-ce bien ainsi que l'entend notre confrère? Cependant, d’après $2 théorie, il y aurait la plus grande analogie entre la partie renflée du Corydalis solida et la racine du Daucus, du Cherophyllum bulbosum, etc.; or, si l'on enlevait sur ces plantes toute la partie supérieure du pivot radical, elles péri- raient bien certainement, faute de bourgeon adventif pour continuer leur existence. '- Dans l'autre théorie, au contraire, il n'est pas besoin de recourir à l'hypo” thèse de bourgeons adventifs. Si la plante continue à végéter et à produire de nouvelles pousses aprés qu'on lui a enlevé la partie inférieure, c'est à cause du développement des bourgeons situés aux aisselles des feuilles écailleuses SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1850. 597 insérées sur la colonne centrale. Il peut très bien arriver que ceux de ces bourgeons qui accompagnent les écailles insérées au sommet du bulbe se développent, et peut-être M. Germain de Saint-Pierre en a-t-il observé de semblables. Si maintenant on doit admettre que les bourgeons qui se montrent dans le cas de l’expérience ci-dessus mentionnée sont adventifs, comment se fait-il que leur évolution ait lieu si promptement, puisqu'ils étaient déjà aussi avancés au mois de juillet que les bourgeons normaux? On sait cependant que les bourgeons adventifs sont, surtout dans les premiers temps de leur formation, assez chétifs, lents à se perfectionner, et d'ordinaire restent moins vigoureux que les autres. M. Germain de Saint-Pierre répond : Je ne saurais admettre, avec M. Michalet, que lorsque la rosette écailleuse d'un faux-bulbe de Corydalis a été complétement retranchée, le faux-bulbe continue à végéter comme s'il n'avait souffert aucune mutilation ; je regarde, au contraire, les bourgeons normaux enlevés comme alors complétement détruits, et les bourgeons qui naissent sur la cicatrice comme étant des bour- geons adventifs qui ne sauraient étre la continuation ou la dépendance des bourgeons normaux. Les bourgeons adventifs ont pour caractères de se développer accidentelle- ment, sur un point quelconque du végétal, sans connexion avec l'aisselle des feuilles, dans quelques cas spontanément, ordinairement à la surface des cicatrices occasionnées par des pertes de substance, et trés généralement comme compensation dans le cas où, une partie importante de la plante étant détruite, les bourgeons axillaires manquent pour la renouveler. — Ces carac- léres se trouvent réunis dans le cas dont il s'agit; nous n'avons donc à recou- rir à aucune hypothèse. — Dans le Corydalis, les bourgeons adventifs naissent non sur l'écorce ou coléorhize déjà plus ou moins épuisée et où la force végétative a peu d'activité, ils naissent sur le jeune faux-bulbe renfermé dans la coléorhize, ce qu'il m'a été facile de constater sur les fragments ou boutures où je les ai vus se développer ; ils devaient donc, dans le cas cité par M. Michalet (où la plante était en partie desséchée, mais n'avait subi aucune perte de substance), se faire jour au dehors en traversant la coléorhize comme un corps inerte. — La production de bourgeons adventifs, bien que plus fré- quente sur les tiges, soit aériennes, soit souterraines (rhizomes), que sur les racines, n'est pas un caractère essentiel de la tige, et non-seulement j'ai observé des bourgeons adventifs nés accidentellement sur de véritables racines (par exemple chez le Silene inflata), mais d'autres plantes produisent nor- malement une quantité considérable de bourgeons adventifs épars sur leurs racines et méme leurs fibres radicales. Tels sont notamment l’£uphorhia 598 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Cyparissias et le Linaria vulgaris, qui se reproduisent ainsi par le moindre fragment de leurs racines. Ces bourgeons sont si nombreux qu'ils pourraient, au premier aspect, faire prendre ces racines pour des rhizomes. M. Michalet se demande comment (si l'on admet que les bourgeons nés sur les fragments du faux-bulbe soient adventifs) il se fait que leur évolution soit si rapide, les bourgeons adventifs étant, dit-il, d'ordinaire chétifs et lents à se perfectionner. — Je répondrai que les bourgeons adventifs ne sont pas nécessairement chétifs, et que, lorsqu'ils suppléent à des bourgeons normaux, ils en ont toute la vigueur; ainsi qu'on le voit journellement sur les troncs d'arbres recépés, dont les nouvelles tiges, en général trés vigoureuses, sont presque toujours le résaltat du développement de bourgeons adventifs. J'admets, comme le dit notre honorable confrére, une certaine analogie entre le faux-bulbe du Corydalis et la racine pivotante d'un Daucus, en ce sens que le faux-bulbe du Corydalis et le pivot du Daucus sont également de véritables racines; mais en reconnaissant que ces deux sortes de racines présentent de très notables différences de structure : la racine pivotante du Daucus est annuelle et n'est pas coléorhizée ; la racine bulbiforme du Cory: dalis est vivace (par succession de bourgeons) et est coléorhizée; enfin les fragments du faux-bulbe du Corydalis émettent des bourgeons adventifs, et les fragments de la racine pivotante du Daucus, pris au-dessous du collet, n'en émettent pas. S'il est, en effet, des tiges et des racines qui produisent aisément des bourgeons adventifs, il en est d'autres, surtout chez les plantes annuelles, qui n’en produisent jamais. De ce que la racine du Daucus ne produit pas de bourgeons adventifs, on ne saurait donc conclure que la racine du Corydalis n'en puisse produire. Je ferai observer maintenant que la question relative aux bourgeons adven- tifs accidentels du Corydalis n’est pas le point essentiel dans le débat qui a été soulevé ; il s'agissait, avant tout, de reconnaitre l'origine des bourgeons normaux, et de décider si, comme le veulent Bischoff (et M. Michalet, les bourgeons normaux naissent de la base du faux-bulbe, ou si, comme je le pense, ces bourgeons normaux sont simplement axillaires des feuilles squam- miformes qui couronnent le faux-bulbe (comme cela a lieu généralement dans les cas normaux, et par exemple pour les ophrydo-bulbes). — M. Michalet admet actuellement que les feuilles squammiformes peuvent, en effet, émettre des bourgeons à leur aisselle; cette opinion, qui est la mienne, ne paraît pas pouvoir se concilier avec l'opinion de Bischoff et de M. Michalet sur le point de départ des bourgeons normaux, puisque ces bourgeons nai- traient, d'aprés eux, vers la base des mémes feuilles, mais au niveau où ces feuilles seraient (également d’après leur hypothèse) soudées entre elles pour constituer la masse charnue. — Quant à moi, je ne puis que répéter que j'ai vu naître les bourgeons normaux à l'aisselle des feuilles squammiformes, dans tous les cas où j'en ai suivi le développement, et que je n'en al pas SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 599 rencontré d'autres, sinon les bourgeons adventifs qui n'existent qu'accidentel- ` lement. M. l'abbé Auvergne, chanoine du diocèse de Grenoble, fait à la Société la communication suivante : SUR LA FLORE DE MORESTEL (ISÈRE), par M. l'abbé AUVERGNE. Messieurs, Permettez-moi de vous donner lecture de deux ou trois pages écrites, il y a trente ans, sur la flore d'une petite localité de ce département. Le petit sémi- naire de Grenoble avait alors pour professeur de botanique M. Guillaud, aujourd'hui curé de Chatte près Saint-Marcellin. Je le nomme à dessein, et suis heureux de lui rendre un témoignage public de la reconnaissance que lui doivent ses anciens élèves et tous les amis de la botanique. C'est lui qui, le premier, a enseigné cette branche attrayante de l'histoire naturelle au petit séminaire de Grenoble. Il en rendit l'étude obligatoire, comme elle l'est encore aujourd'hui, dans cet établissement, oü il a laissé d'ailleurs des successeurs aussi savants que modestes. — M. Guillaud comprenait tous les avantages qu'il y a à faire naître chez les jeunes gens le goût de l'étude des végétaux, et il sa- vait leur communiquer l'ardeur dont il était lui-méme animé pour cette étude, Quand l'époque des vacances était arrivée, il leur disait: « Messieurs, vous m'apporterez à la rentrée un apercu de la végétation de votre pays natal, » Au risque d'omettre beaucoup d'espèces précieuses, je vais répéter ici la ré- ponse que fit à l'appel de cet excellent maitre un séminariste de Morestel, arrondissement de la Tour-du-Pin. : La flore de Morestel est riche, surtout en plantes aquatiques. Allons seule- ment au petit étang de la Levaz, situé à un quart d'heure de marche du bourg : nous y trouverons réunies des plantes qui ailleurs sont rares ou presque tou- jours disséminées. Dans tous les fossés qui entourent cet étang, le printemps fait éclore l’ Hottonia palustris, avec ses feuilles laciniées et ses verticilles de fleurs blanches ou rosées qui, comme de petits et délicats clochetons, attirent et charment la vue du passant. Plus humble que son voisin, I Hydrocharis Morsus ranæ laisse lHottonia recueillir les premiers suffrages ; mais attendez un peu : quand son orgueil- leux rival sera défleuri, l Hydrocharis étalera à la surface des eaux ses petites feuilles orbiculaires et réniformes, et dressera ses fleurs blanches, dont la grâce a mérité à cette plante le nom qu’elle porte. Les unes, que vous voyez élevées sur un support plus grêle, sont des fleurs staminées ; tout près de celles-ci, vous reconnaîtrez les fleurs pistillées à leurs pédoncules plus renflés et plus colorés, A quelques pas de là, sur le bord de l'étang, vous apercevrez les touffes du 600 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Marsilea quadrifoliata, à côté desquelles s'élèvent, comme de tout petits pins, les tiges de l’ Hippuris vulgaris, dont la base est presque toujours embar- . rassée dans les rameaux tracants de l’/snardia. Sur les étangs voisins, à Mépieu, à la Morte, etc., flotte le Trapa natans. Il faut monter sur une barque pour l'aborder. Sa tige part du fond de l'étang et vient étendre sur les eaux une large rosace de feuilles entassées et rougeâtres, triangulaires comme celles du Peuplier. Elles ont toutes, au milieu de leur pétiole, un renflement particulier, une vésicule remplie d'air, qui maintient la rosette à fleur d'eau. Si l'on regarde entre les feuilles, on y voit de petites fleurs blanches, à quatre sépales et à quatre pétales. Quand la fleur se fane et que les pétales tombent, le calice soudé avec la base de l'ovaire persiste et suit. le développement du fruit qui, avant de parvenir à sa maturité, courbe son pé- doncule, se plonge dans l'eau et se forme en une grosse noix d'un noir d'ébene. Et, si votre main ose pénétrer sous les feuilles pour l’y chercher, ce fruit lui présentera quatre cornes trés aigués qui sont les quatre sépales métamor- phosés; autrefois de niveau entre eux, ils sont maintenant placés, deux au sommet du fruit et deux à la base, se croisant à angle droit. La jeune plante sort de cette espéce de coquille, sans la fendre, par un tout petit orifice rond, situé au sommet du fruit, et fermé par une haie de poils. Une fois vidée de toute la substance qu'elle contenait, cette petite boite noire et piquante re- monte à la surface de l'eau et est poussée par le vent vers les bords de l'étang, où les enfants’ du village viennent la recueillir pour leur amusement (1). Revenons à l'étang de la Levaz. Je ne m'arréterai pas à décrire ici ce gigan- tesque Typha qui balance, au milieu des roseaux et des joncs, ses grosses et noires massues, ni le Sparganium, aux feuilles en glaive et aux fruits ramas- sés en chatons globuleux, ni le Sagittaria aux feuilles en fer de flèche, ni le Menianthes ou Tréfle-d'eau. Notre célèbre Villars, qui a visité nos ma- rais, y a encore trouvé l'Osmunda regalis, cette reine des Fougères, P Alisma ranunculoides et enfin l Alisma parnassifolium, l'une des grandes raretés de la flore francaise. Mais voici encore des végétaux flottants qui réclament notre attention : c'est le Nufar luteum et le Nymphæa alba, qui couvrent la surface de l'eau des larges plateaux de leurs feuilles arrondies, semblables à d'épais parche- mins, de leurs belles fleurs que le vulgaire a surnommées roses-d étang, et de leurs fruits, en forme de bouteilles renflées, qui font les délices de la sarcelle, dela morelle et du canard sauvage. Quand l'époque de la péche est arrivée, et que le propriétaire de l'étang en a fait écouler toutes les eaux, les puissants rhizomes du Nénufar, semblables à d'énormes serpents jaunátres et à cicatrices (1) J'étais encore élève du petit séminaire, lorsque j'envoyai à notre professeur de botanique une certaine provision de fruits du Trapa natans, dont la maturité me parais- sait assez avaucée pour espérer de pouvoir les faire germer aux environs de Grenoble. M. Guillaud les jeta dans une mare, mais la plante ne s'y développa point. SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 601 brunes, entrelacés au-dessus d’une boue profonde, prêtent un appui assuré aux pieds des pêcheurs. J'oubliais, au milieu des Carex qui le cachent, l'humble Hydrocotyle, ou F'cuelle-d'eau, ainsi nommé à cause de sa feuille orbiculaire, crénelée, et qui repose comme un bouclier renversé sur un pétiole fixé au milieu de sa face in- férieure. J'oubliais encore, dans le fossé obscur, l Utricularia aux fleurs jaunes et tendres, à la corolle éperonnée, à la hampenue, aux feuilles submergées, fines, formant un réseau transparent, et munies de petites vésicules remplies d'air. Abordons maintenant les marais du Bouchage. Quelle est cette Liliacée ? On la prendrait de loin pour une Tulipe. Mais sa tige et ses feuilles fluettes, sa fleur penchée, purpurine et tigrée, la font bientôt reconnaitre pour le Zriti/- laria Meleagris. Cependant, avec ces belles fleurs, nos marais nous fournissent des plantes redoutées du vulgaire, et à juste titre, mais que le botaniste chérit également. Tels sont entre autres l'ŒÆnranthe Phellandrium et le Cicuta virosa. La flore de Morestel ne brille pas seulement par les plantes marécageuses, et la contrée est admirablement mélangée d'étangs et de lacs, de plaines et de coteaux. Autour des étangs s'élévent de charmants monticules, tapissés de Mousses, de Lichens et de Serpolet, qui se couvrent au printemps des fleurs velues et foncées de l Anemone montana, puis des fleurs de Ophrys apifera, d'une multitude d’Orchis, et qui se parent en automne des grappes bleues et délicates du Scilla autumnalis, et des épis torses, blanchâtres et parfumés du Neottia spiralis. Si je descends dans la plaine, je rencontre quantité de Labiées, parmi les- quelles je citerai le Leonurus; quantité de Gentianes, de Renoncules, qu'il serait trop long d'énumérer. Je vois cette plaine plantée de Müriers, de Noyers et de tous les arbres fruitiers. Si je porte mes regards vers la tour qui domine Morestel, je vois à ses pieds les flancs du rocher couverts des touffes de l'/ris germanica, dont la fleur bleue et superbe contraste singulierement au printemps avec la nudité de la roche qui lui sert de fond. Si je tourne enfin mes veux vers les coteaux élevés qui bornent ma vue à l'horizon, je les vois chargés d'arbres touffus. C'est le Chêne, roi des forêts ; c'est le Châtaignier, nourricier des campagnes ; c'est le Charme et les autres bois de construction ; enfin, dans le marais qui s'étend jusqu'au Rhóne, C'est le Peuplier, qui semble vouloir porter sa téte aussi haut que les robustes enfants des monts. On ne peut parler de la flore de Morestel sans dire un mot des végétaux fos- siles qu'on a trouvés enfouis dans sa carrière de pierres calcaires de l'époque jurassique. On y a recueilli des feuilles de Zamia en abondance, accompagnées de quelques fruits en forme de cónes à écailles saillantes ; on y a trouvé des 602 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tiges carbonisées de la même plante. En frappant sur la pierre qui les conte- nait, le charbon tombait en fragments noirs et plus ou moins brillants et laissait dans la pierre un trou vide en forme de gaîne très lisse. On y a trouvé diverses sortes de Fougères. Outre de nombreuses virgules et d'autres coquillages, on y a aussi constaté des empreintes de poissons trés bien conservées. Voilà, Messieurs, un aperçu bien incomplet et déjà vieux de la flore de Morestel ; mais c'en est assez sans doute pour montrer que cette localité est une des plus intéressantes et des plus riches de ce département, et pour enga- ger les botanistes à faire quelques excursions de ce cóté. La chose sera facile, lorsque le chemin de fer pourra nous conduire jusqu'à Saint-André-le-Gua ou à la Tour-du-Pin. M. J.-B. Verlot, vice-président, rend compte de l'herborisation faite le 2 aoüt au polygone de Grenoble : RAPPORT DE M. J.-B. VERLOT SUR L'HERBORISATION DIRIGÉE PAR LUI, LE 2 AOUT, AU POLYGONE DE GRENOBLE. Conformément à son programme, la Société botanique de France a fait une herborisation au polygone de Grenoble après la séance publique du 2 août. Le rendez-vous avait été fixé à quatre heures du soir à la porte de Bonne. La plupart des membres de la Société présents à la session s’y étaient rendus, ainsi que plusieurs botanistes et amateurs de la ville. Cette herborisation est l'une des plus faciles à faire aux environs immédiats de Grenoble. Elle consiste dans l'exploration de la partie de la vallée du Graisivaudan située au confluent de l'Isére et du Drac, et dont le sol, formé surtout de cailloux roulés et de terrains d'alluvion déposés par ces rivières, est entrecoupé de quelques ma- rais. Ces conditions en font une localité riche en espèces, méme des hautes montagnes, qui y ont été apportées par les grandes crues des rivières, et qui s’y sont parfaitement naturalisées. Aprés le quart d'heure d'attente obligé, nous nous sommes mis en marche, en suivant la jolie promenade nommée le cours Berriat, et au bout d'une demi- heure, nous arrivions au pont suspendu jeté sur le Drac, en face du village de Fontaine. Bientôt, à environ 200 mètres en amont du pont, sur la digue du Drac, nous recucillimes en fruit le Dorycnium herbaceum, plante rare dans nos environs. Nous avons vainement cherché au méme endroit l'Astra- galus purpureus, qu'on y trouve quelquefois, mais toujours en trés peut nombre d'échantillons. Nous revinmes ensuite prés du pont et nous nous dirigeámes sur le poly- gone en suivant la digue en aval du torrent, et nous recueillimes sur celte digue ou sur la contre-digue les espèces suivantes: Cirsium feroz, plante. rare à Grenoble qui probablement est son point de végétation le plus septen- SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 603 trional , Calamagrostis littorea et Epigeios, Agropyrum campestre, Linum angustifolium, Chlora perfoliata, Tetragonolobus siliquosus, Artemisia campestris, Melilotus alba, Centaurea paniculata, Phleum asperum, Lasia- grostis Calamagrostis, Vulpia Myuros, Saponaria ocimoides, Dianthus saxifragus, Plantago Cynops, Melica nebrodensis, Equisetum variegatum et ramosum, etc. Parvenus à l'endroit où commence à droite le polygone proprement dit, quelques-uns d’entre nous suivirent les bords du ruisseau qui se trouve à la base du talus oriental de la contre-digue, et récoltèrent les Melilotus altis- sima Thuill. (M. macrorrhiza Gr. et Godr. an W. et K.?), Stenactis annua, Senecio Fuchsii Gmel. , Molinia cœrulea var. altissima, etc. D'autres s'avan- cerent près des bâtiments où se trouve le parc d'artillerie et recueillirent sur les graviers les espèces suivantes : Eragrostis poæoides et pilosa, Tragus racemo- sus, Erucastrum Pollichii Spenn. et obtusangulum Rchb. , Diplotaxis muralis, Chenopodium ficifolium, etc. Nous pénétrâmes ensuite dans l'intérieur du pare, limité du côté de l'est et de l'ouest par deux lignes de Peupliers d'Italie, et nous y pümes circuler librement, grâce à l'autorisation que l'Admini- stration militaire de Grenoble s'était empressée d'accorder à la Société bota- nique; nous trouvàmes du cóté de l'ouest l'Artemisia camphorata, V [nula Vaillantii et le Vincetoxicum laxzum. Le polygone de Grenoble est la localité française classique de cette dernière espèce; j'ai eu le plaisir de Py récolter, le 28 aoüt 1847, en compagnie du savant professeur Bartling (de Geettingen), auteur de l'espèce, auquel je dois sa détermination. Ces récoltes faites, nous revinmes sur la contre-digue du Drac, que nous parcourümes jusqu'en face de l'ancienne vernaie (ou aunaie) de la ville, et nous observàmes sur ses bords, outre la plupart des espèces citées au début de l'herborisation, les Coronilla Emerus, Calamintha nepetoides, Scabiosa patens Jord., Laserpitium gallicum, Populus alba, Hippophaë rhamnoides, Astragalus Cicer, Kœleria phleoides, Pastinaca opaca, Lactuca flavida Jord. , Epilobium rosmarinifolium, Linaria striata var. ochroleuca, Ptychotis heterophylla, Ononis Natrix, etc. Parvenus en face de la vernaie, nous quit- tàmes une seconde fois la digue du Drac, et nous visitâmes les parties princi- pales de cette vernaie. Les endroits caillouteux ou sablonneux nous présen- tèrent un contingent assez nombreux de plantes alpines; tels sont : Oxytropis pilosa, en grande abondance, espèce rare des montagnes du Champsaur et dont les graines ont été amenées par le Drac; Astragalus Onobrychis, des montagnes de l'Oisans, amené par la Romanche qui en a charrié les graines dans le Drac; Gypsophila repens, Hieracium florentinum et staticifolium, Plantago serpentina, Sedum altissimum et anopetalum, Laserpitium Siler, Astragalus monspessulanus; Oxytropis campestris, Ononis rotundifolia, Juniperus alpina, Astragalus aristatus, Lavandula delphinensis Jord., Arctostaphylos officinalis, mais ces dernières espèces en très petit nombre 604 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 'échantillons, etc. Les parties humides de cette méme vernaie nous présen- térent, comme le nom l'indique, les deux Vernes : A/nus incana et glutinosa, le premier surtout y est trés abondant et donnait lieu, il y a quelques années encore, avant la cession du polygone par la Ville à l'État, à une exploitation régulière et quinquennale. Nous y trouvàmes aussi différentes espèces de Saules, entre autres les Salix incana, daphnoides, philycifolia et amygda- lina ; et, de plus, quelques espèces vivant dans les marais proprement dits, telles que Zypha minima et angustifolia , Senecio paludosus, Cirsium monspessulanum, Epipactis palustris, OEnanthe Lachenalii, Polygala austriaca, etc. Après quelques instants consacrés à la récolte des plantes qui précèdent, nous revinmes de nouveau sur la contre-digue du Drac, que nous suivimes cette fois jusqu'à son extrémité située à la jonction des deux rivières. La derniére partie de cette contre-digue et de la digue méme ne nous présenta aucune espéce que nous n'eussions déjà observée. Arrivés sur les sables placés au confluent des rivières, nous récoltàmes les Myricaria germanica et Sero- fularia juratensis Schleich. (S. Hoppii Gr. et Godr.) ; nous cherchâmes, mais inutilement, quelques espéces que d'habitude on rencontre sur les graviers, telles que Galium tenue, Saxifraga aizoides, Brassica repanda DC. , Linaria alpina, toutes espèces des hautes montagnes, amenées par les eaux ; mais, la grande crue de novembre 1859 ayant bouleversé tous les graviers, ces plantes avaient disparu. Le soleil baissant, et nos boîtes commençant à se remplir, nous quittâmes ` cette extrémité du polygone, qui forme un angle presque aigu, pour revenir à Grenoble en suivant les bords de l’Isère et en cheminant par un sentier tracé dans la vernaie dite du Syndicat, qui nous conduisit au chemin Bressand. Cette localité offre une végétation luxuriante résultant de la couche épaisse et de la fertililé du sablon que l'Isère y dépose périodiquement. Outre un certain nombre d'espéces déjà citées, nous y avons rencontré les suivantes: Œnothera biennis, Juncus alpinus et compressus, Scirpus Pollichii et mu- cronatus, Cyperus longus, Festuca arundinacea, Lotus tenuis, Valeriana officinalis, variété à folioles trés étroites et à fleurs trés petites et tres tar- dives, etc. Arrivés sur le chemin Bressand, qui limite le polygone du cóté de l'Isère, nous jetàmes un coup d'œil sur les pelouses situées à droite et qui servent aux manœuvres militaires. Elles nous présentèrent quelques nouvelles espèces pour l'herborisation, mais qui étaient dans un état de végétation trop avancé ; c'étaient les Carex obesa, Alsine Jacquini et hybrida Jord., Cerastium obscurum Chaub. (C. glutinosum Gr. et Godr.) et pallens F. Schultz, Gau- dinia fragilis, Erophila glabrescens Jord., Primula grandiflora et ela- tior, etc. Dans ces pelouses, naturellement sèches en été en raison du sol graveleux, se trouvent quelques parties plus humides : elles nous offrirent les SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 605 Schænus nigricans, Scirpus Holoschenus, Spiranthes æstivalis, Taraxacum palustre, etc. Nous regagnâmes ensuite le chemin Bressand, que nous suivimes jusqu'à son extrémité sud; arrivés là, nous primes le chemin de hallage qui borde l'Isère, et, vers sept heures du soir, nous rentrions à Grenoble par la porte Créqui, nommée autrefois porte de la Graille. M. Eug. Michalet, secrétaire, donne lecture de la communication suivante, adressée à la Société : QUELQUES MOTS SUR LE GERANIUM PURPUREUM Vill, SUIVIS DE LA DESCRIPTION DE DEUX PLANTES NOUVELLES DES ENVIRONS DE GRENOBLE, par M, Alexis JORDAN. (Lyon, juillet 4860.) Geranium purpurcum Vill. Le G. purpureum Vill., du Pont-de-Claix près Grenoble, paraît avoir été confondu par Villars, d'abord dans son Flora delphinalis, ensuite dans son Histoire des plantes du Dauphiné publiée postérieurement, avec une autre espèce du bas Dauphiné qui se reconnaît trés facilement à sa taille plus basse, ses feuilles plus petites et d'un vert plus foncé, ses fleurs de moitié plus grandes et son calice muni de poils du double plus allongés. C'est donc bien à tort que M. Godron, dans ses Quelques notes sur la flore de Montpellier, à prétendu que c'était dans le premier volume de l'Z/istoire des plantes du Dauphiné, où Villars donne la liste des plantes qu'on trouve aux alentours de Grenoble, qu'il avait parlé pour la première fois de son G. purpureum, en ne l'indiquant pas ailleurs qu'au Pont-de-Claix. Mais, quelque confusion que Villars ait pu faire de sa plante avec une autre, on peut, je crois, sans inconvénient, laisser le nom de G. purpureum à l'espèce du Pont-de-Claix, d'autant mieux qu'étant distincte de toutes celles qu'on a observées jusqu'ici ailleurs, elle doit nécessairement porter un nom particulier. Le G. purpureum a les fleurs rosées-purpurines comme celles du G. minu- tiflorum Jord. et à peu prés aussi petites, mais constamment à demi ouvertes. Le calice est d'un vert un peu grisâtre ; le mucron des sépales est plus court ; les stigmates sont plus pâles et moins saillants; les carpelles ont une couleur d'un rouge un peu fauve, qui est particulière à cette espèce et qui la dis- tingue de toutes: celles que j'ai observées. Les feuilles sont d'un vert moins foncé et sont plus arrondies dans leur pourtour que celles du 6 i minuti florum, leurs divisions principales étant plus courtes et plus élargies relativement à leur longueur ; le lobe terminal présente ordinairement trois dents courtes ; les latéraux n'en ont qu'une ou sont entiers. Son port est aussi plus étalé. Son odeur est moins forte et bien moins fétide. Il s'éloigne davantage du G. modestum Jord., dont la taille est plus élevée, 606 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. le port dressé, et dont les pétales sont de forme oblongue et d’un pourpre vif. Le G. simile Jord., du Gard et de l'Hérault, a les fleurs notablement plus grandes, les pétales obovales, manifestement tronqués au sommet. Sedum Verloti Jord. S. cymæ ramis erecto-patulis, subrecurvatis; calycis dentibus viridibus, anguste lanceolatis, subacuminatis, dorso impressis ; petalis ochroleucis, linea- ribus, compresso-plicatis, acutis, erecto-subpatulis, calyce longioribus; stylis antheras subæquantibus petalisque paululum brevioribus: foliis viridibus, linearibus, apice attenuatis, acutis, mucronatis, inferne subaequalibus, caulinis erecto-patulis, surculorum laxe erectis vel patulis flexuosis subsecundis; cau- libus basi diffusis, tortuosis, ascendentibus, superne erectis, flexuosis. Cette plante, qui croit au Mont-Rachet prés Grenoble, ainsi que dans d'autres localités du Dauphiné, est complétement distincte des formes les plus ordinaires du S. anopetalum DC., type multiple, qui comprend, aussi bien que le S. reflexum L., beaucoup de formes spécifiques méconnues. Elle est surtout remarquable par son feuillage, qui lui donne, au premier aspect, plus d'analogie avec le S. reflexum, quoiqu'elle en soit cependant bien plus éloi- gnée que de l'anopetalum par l'ensemble des caractéres, notamment par ses pétales toujours plus ou moins dressés et par ses tiges qui ne sont jamais réflé- chies au sommet avant la floraison. Galeopsis Verloti Jord. in Billot Flora Gallice et Germanic exsiccata, n? 1946 (décembre 1856). j G. verticillis in summo caule approximatis, dense multifloris ; calycis denti- bus anguste lanceolatis, subulatis; corollæ (albidæ) hispidæ tubo calycem superante; labio superiore ovato, concavo, apice crenulato ; labii inferioris lobis rotundato-obovatis, margine integriusculis ; intermedio paulo longiore, vix latiore, basi area pallide citrina lineolis purpureis paucis obsoletis passim circumdata prædito ; carpellis (parvis) anguste ovatis ; foliis intense viridibus, subadpresse pubescentibus, anguste ovato-lanceolatis, longe acuminatis, basi in petiolum limbi dimidiam latitudinem fere superantem paulo angustalis, margine serrato-dentatis, dentibus crebris anguste ovatis valde acutatis semi- apertis; caule hispido, süb geniculis incrassato. Cette espèce, qui croit à Saint-Nizier prés Grenoble, se distingue du 6. præcox Jord. par ses fleurs plus petites, d'un blanc qui n'est pas lavé de rose, par la lévre inférieure de la corolle dont les lobes ont la marge presque entière, dont la tache citrine est très pâle et dont les lignes purpurines sont très peu marquées; par ses carpelles tres différents de forme et de grosseur, étant de moitié plus petits, presque ovales-oblongs et non presque aussi larges que longs, de couleur trés rembrunie et non grisâtre ; par ses feuilles d'un vert plus foncé, généralement plus petites et plus étroites, à pointe encore plus longue, à dents plus étroites, plus nombreuses et bien moius ouvertes. SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 607 Sa floraison est plus tardive d'environ quinze jours à trois semaines dans un même lieu. Elle fleurit, dans la plaine, vers la fin de juin ou dès les premiers jours de juillet, en méme temps que les G. bifida Bœnn. et versicolor Curt., et près de deux mois avant les G. sulfurea Jord. et leucantha Jord. Une autre espèce à fleurs blanches, G. a/picola Jord. , qui croit au Villard- d'Aréne, ainsi que dans d'autres localités des Alpes du Dauphiné, et qui fleurit en méme temps que le G. precoz dans un méme lieu, se distingue facilement du G. Verloti par ses feuilles moins pointues, à dents plus larges, plus courtes et un peu obtuses ; par la corolle plus grande, dont la lèvre supé- rieure est un peu contractée vers le haut, et dont la lévre inférieure est à lobes ovales, presque carrés, denticulés à la marge, et ordinairement dépourvue de tache citrine et de Jinéoles purpurines; par les dents du calice bien plus larges, par ses carpelles de forme plus élargie, également de couleur rembrunie, mais plus marbrés. i Une autre, également à fleurs blanches, des environs de Briancon, G. Gaco- gnei Jord. , qui fleurit après les G. præcox et alpicola, à peu près en même temps que le G. Verloti ou quelques jours auparavant, se reconnaît tout de suite à la forme de ses feuilles qui sont, pour la plupart, arrondies à la base et assez brusquement contractées en pétiole, à leur couleur qui est d’un vert jaunâtre très clair, à leurs dents nombreuses, assez courtes, plus petites que dans le G. precoz, bien moins aiguës que dans le G. Verloti. Son calice est à dents plus allongées que dans les G. alpicola et Verloti ; sa corolle est blanche, un peu lavée de rose, à lèvre inférieure marquée d’une tache jaune et parfois de linéoles purpurines, à lobes obovales-arrondis presque entiers; ses carpelles sont d'une couleur grisâtre, plus claire que dans le G. alpicola, et sont inter- médiaires pour la grosseur et la forme à ceux des G. Verloti et precoz. Ces quatre espèces à fleurs blanches, qui sont des plantes de juin et juillet dans la plaine, sont souvent confondues dans les herbiers, et prises pour une simple variation à fleurs blanches d'un seul et même type, G. 7etrahit L. On doit les confondre également avec d'autres espèces dont la fleur est pareille- ment blanche, mais dont la floraison a lieu en août et septembre, telles que les G. leucantha Jord., Navieri Jord. et cerino-alba Jord. Le G. leucantha, qui est des environs de Lyon, se reconnaît à sa corolle d'un blanc pur, avec les lobes de la lèvre inférieure marqués d'une tache pur- purine. La tache du lobe médian est formée de lignes purpurines élégamment ünastomosées en réseau et souvent confluentes, sur un fond blanc rarement un peu teinté de jaune ; elle est souvent divisée en deux par un sillon blanc intermé- diaire : la lèvre supérieure est ovale-arrondie; les lobes de la lèvre inférieure Sont obovales-arrondis, peu inégaux, souvent émarginulés ; les carpelles sont ovales, fort petits, de couleur brune ; les feuilles sont ovales-lancéolées, d'un Vert gai, à surface unie peu rugueuse; faiblement pubescentes, à dents courtes, ovales et un peu obtuses. 608 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Le G. Navieri, qui croît dans les bois du Jura, a les fleurs plus grandes que celles du G. leucantha, d’un blanc parfois lavé de rose. Les lobes laté- raux de la lèvre inférieure sont de même un peu tachés de pourpre à la base ; le lobe médian est marqué d’une tache d’un jaune prononcé, parcourue par des points ou des lignes purpurines interrompues, non confluentes ni anastomo- sées extérieurement comme dans le G. leucantha ; le tube de la corolle dépasse notablement le calice ; la lèvre supérieure est rétrécie vers la base, élargie vers le haut, contractée prés du sommet ; les carpelles sont grisâtres et rappellent pour la forme et la grosseur ceux du G. Gacognei ; les feuilles sont ovales-lan- céolées, assez étroites, d'un vert clair un peu jaunâtre, à surface très rugueuse, assez hispides, à dents ovales courtes et trés nombreuses. Le G. cerino-alba, qui est des environs de Rouen, est fort distinct par ses fleurs tout à fait petites, d'un blanc jaunâtre, à lobes latéraux de la lèvre infé- rieure constamment dépourvus de tache ; le lobe médian est marqué à sa base d'une tache jaune bordée latéralement de quelques lignes purpurines, et au sommet d'un réseau fin et peu marqué de lignes également purpurines. La lèvre supérieure de la corolle cst ovale, élargie inférieurement et rétrécie au sommet, les lobes latéraux de la lèvre inférieure sont obscurément denticulés; le lobe médian est presque constamment déjeté et tout à fait appliqué sur le tube ; les graines sont ovales, très rembrunies, rappelant celles du G. alpicola pour la grosseur et l'aspect. À la suite de cette lecture, M. Verlot présente des échantillons frais de Sedum Verloti et des échantillons desséchés des Geranium et des Galeopsis décrits par M. Jordan. M. G. Lespinasse annonce son intention de faire avec M. Motelay l'ascension du pic de Belledonne, et demande à la Société l'autorisa- sation de lui présenter un rapport sur cette excursion et de le faire insérer dans le Bulletin. Cette autorisation est accordée. M. Emm. Duvergier de Hauranne, secrétaire, rend compte de l'excursion faite, du 3 au 5 aoüt, à la Grande-Chartreuse et au col de Bovinant : RAPPORT DE M. Emmanuel DUVERGIER DE HAURANNE SUR L'EXCURSION FAITE LES 3, 4 ET 5 AOUT A LA GRANDE-CHARTREUSE, ET DIRIGÉE PAR M. J.-B. VERLOT. Jeudi dernier s'ouvrait à Grenoble la session départementale de la ies i He e botanique de France, dont les membres étaient accourus en grand nombr ° 5 . , "01 y r- de tous les points de la France, comme pour témoigner de l'attrait qu exe SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 609 cent nos belles montagnes du Dauphiné sur tous les adeptes de la science et les amateurs des beautés de la nature. Quels sites, en effet, que ceux de la Chartreuse et du Lautaret ! Quelles herborisations que celles qui ont été illustrées par un Villars, un J.-J. Rousseau (1) ! Quel spectacle enfin que celui de l'oeuvre du Créateur dans ce qu'elle a de plus grandiose et dans ses détails les plus parfaits, dans l'infiniment grand et dans l'infiniment petit ! C'est là surtout qu'il est bon d'oublier les préoccupations du moment , et de poursuivre de roche en roche, parmi des aspects toujours divers, cette conquéte toute pacifique et jamais terminée des secrets de la nature; c'est là que peuvent se développer, dans un cadre digne d'elles, ces nobles aspirations vers l'inconnu, si bien décrites par le poéte : DoDoc Juvat integros accedere fontes, Atque haurire ; juvatque novos decerpere flores, Insignemque meo capiti petere inde coronam ! (Lucret. De rerum nat. IV, 2.) Jouissances saines, jouissances élevées, et cependant faciles, accessibles à tous ceux qui ont recu le sens de l'admiration (2); heureux ceux qui n'en dédaignent pas la simplicité ! C'est dans l'attente de ces plaisirs si purs que nous nous trouvions réunis à la séance préparatoire : là, d'une voix unanime, on décida qu'il fallait inau- gurer la session par la visite de la Grande-Chartreuse, où tous les voyageurs se succèdent comme en pèlerinage depuis plusieurs siècles; cette excursion fut inscrite en tête de notre programme, et le départ fut fixé au lendemain matin. Mais, avant de suivre la Société botanique dans ses explorations, il faut con- naitre les montagnes que nous devons parcourir. Profitons de la soirée qui nous reste, et déployons une carte générale des Alpes, ou mieux l'excellente carte (1) On a beaucoup parlé de Villars dans notre session, et c'était justice; mais les environs de Grenoble sont pleins aussi des souvenirs de J.-J, Rousseau. On a donné le nom de Désert de Jean-Jacques ou de Salon de Jean-Jacques à une gorge étroite et pittoresque qui s’onvre dans la montagne de Saint-Nizier, prés de Beauregard, et où, en 1768, il a souvent herborisé. Le Désert est aujourd'hui la propriété de M. Félix Réal, ancien conseiller d'État, dont la Société botanique ne saurait oublier l'accueil plein de bienveillance, et à l'obligeance duquel je dois ces renseignements. : (2) « Je donnerais tout au monde pour savoir la botanique ; c'est la véritable occupation d'un Corps ambulant et d'un esprit paresseux. » (J.-J. Rousseau, Lettre à la comtesse de B..., 96 août 1764.) — Le dernier trait serait cruel pour les botanistes, si J.-J. Rous- seau n'avait entendu se l'appliquer à lui-même. Ailleurs, il rend mieux justice à la botanique, mais cette fois aux dépens des Français : « Il est étonnant à quel point de crasse ignorance et de barbarie on reste en France sur cette belle et ravissante étude, que l'illustre Linnæus a mise à la mode dans le reste de l'Europe. » — Nous pourrions multiplier les citations,-mais à quoi bon? Quelle cause plaidons-nous, et devant quels juges ? T: VIT 39 610 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. géologique du Dauphiné, de M. Lory, le savant professeur de la Faculté de Grenoble, dont les Alpes françaises peuvent passer à bon droit pour le domaine scientifique (1). Le massif de la Grande-Chartreuse forme un parallélogramme irrégulier d'environ 120 kilomètres de périmètre, et dont les quatre angles sont à Grenoble, à Voreppe, à Chapareillan et à Chambéry ; deux de ses côtés sont inclinés du nord est au sud-ouest, et les deux autres du nord- ouest au sud-est. Ses crêtes versent leurs eaux, partie dans le Rhône, vers le nord et l'ouest, où elles s'échelonnent en ^tages et contreforts successifs, partie dans l'Isère, vers le sud, où elles se dressent en escarpe- ments gigante«ques et forment une muraille presque continue. Pour le géo- graphe, ce massif est une avant-garde des Alpes, auxquelles il se rattache sans solution de continuité par le plateau peu élevé qui sépare Chambéry de Cha- pareillan; pour le géologue, c'est le trait d'union entre le Jura et les Alpes, auxquels il se relie à travers le Rhône et l'Isère. Par sa formation géologique, c'e.t encore au Jura qu'il se rattache. Sur ses flancs sont des gradins de mo- lasse qui s'élévent à des hauteurs trés variables ; la masse, le noyau principal, se compose de calcaire oxfordien. Immédiatement au-dessus, s'élèvent les dive:s étages de la craie, le néocomien inférieur, le néocomien supérieur, et enfin, sur beaucoup de points, le terrain crétacé supérieur, et la craie blanche, la craie à silex et à fossile: du Bas-Meudon prés Paris (2). Cependant c'est le ` terrain néocomien qui constitue la plupart des sommets élevés, parmi lesquels nous citerons Chamechaude (2087 mètres), et le Grand-Som (2030 mètres) moins élevé, malgré son nom, que le Petit-Som (2066 mètres). Aucun d'entre eux n'atteint 2100 mètres; et, sous cette latitude, c'est beaucoup plus haut, à 2700 mètres, que se place la limite moyenne des glaciers et des neiges perpétuelles. N'en cherchons donc pas dans ces montagnes; en revanche nous y rencontrerons de vastes et magnifiques foréts, propriété de l'Etat, dominées par des rochers abrupts et des escarpements formidables, ou formant une ceinture de couleur sombre autour de la verdure plus riante des gras pâturages alpestres. : Tel est, Messieurs, le théâtre de nos explorations; telles sont les idées géné- rales qu'il est bon de se former d'avance, et tel est le léger bagage scientifique dont vous me pardonnerez de vous avoir munis avant de vous conduire Sur les traces de la Société botanique. (1) Voyez: Essai géologique sur les montagnes de la Grande-Chartreuse, par M. e (Bulletin de la S: cié ae statistique de Grenoble, t. M, p. 51-1 30) — Gare a cts des chemins de fer du Dauphine, par M. Antonin Macé, professeur à la Faculté des le is de Grenoble, part. VI. Voiron et la Grande-Chartreuse. — Voy. aussi le rapport VI M. Ém. Goubert dans le Bu lel. Soc. bot. de France, t. V, p. 694-700, 134-139; et t. TP p. 20-24, 50-54, 106-109, 132-135, 203-207, 224 230. 973-276. (2) Nous trouvons le terrain crélacé supérieur à la combe de devenue classique. Bovinant, localité SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 611 Vendredi 3 aout. Nous devions, dans cette première journée, nous rendre de Grenoble à la Grande-Chai:treuse, Deux routes s'offraient à nous : celle de Voreppe, plus courte, celle de Voiron, plus fréquen ée. Cette dernière obtint la préf rence de notre honorable vice président, M. Verlot, qui voulait bien diriger l'ex- cursion. Mais 26 kilometres séparent Grenoble de Voiron : c'était en chemin de fer que nous devions les franchir, faisant ainsi tour à tour, dans la méme journée, l'épreuve de tous les moyens de transport, depuis le plus savaminent compliqué jusqu au plus primitif. Dès cinq heures et demie du matin, nous nous réunissions à la gare, accu- mulant pêle-mêle dans la salle d'attente toutes les espèces. toutes les variétés possibles de boites et de cartables. Chacun ‘interroge avec anxiété l'horizon, car les rigueurs de l'année 1860 nous défendent d'ambitieuses espérances, Spem nos vetat inchoare longam : (Horat. Od. T, 4, 15.) et aujourd'hui méme de gros nuages menacants se balancent sur le penchant des montagnes. Mais le sort en est jeté; nous voici en route... et, pour notre malheur, la pluie se met de la partie. Tout à l'heure, les sommets nous étaient cachés ; C'est bien pis maintenant : un épais rideau nous entoure de toutes parts, et nous prive du plaisir d'admirer le pavsage. Traversons donc avec une indifférence forcée Saint-Robert, Voreppe, Moi- rans enfin, où le chemin de fer quitte la vallée de l'Isére; déjà nous touchons à Voiron; nous y sommes, et là se termine notre première étape. Nous étions annoncés, attendus, et trois diligences stationnaient sur la place. Seize kilomètres nous séparaient encore du déjenner et du commencement de notre herborisation. Les bagages sont chargés, les prix débattus, le dénombrement fait sur place par.M. Verlot avec l'aide des secrétaires, et les voitures s'ébranlent, emportant à travers Voiron, vers Saint-Laurent-du- Pont, trente et un botanistes avides de contempler les merveilleux sites de la Grande- Chartreuse. La route s'élève rapidement sur la montagne. Bientôt nous dominons à droite le verdoyant plateau de Coublevie, au delà duquel la vue plonge sur la vallée de l'Isère et se heurte aux escarpements de l'Échaillon, de là Dent- de-Moirans. du Bec d'Orient et du Pic-de Naves. En avant, l'a»jl se repose agréablement sur les chaînons de Raz et sur la chartreuse de Beauregard, — At premier détour vers la gauche, tout le paysage disparait Plus loin se présente une descente assez rapide, et, le cocher de notre voiture témoignant 612 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. peu de confiance en ses chevaux, dans leur intérêt et surtout dans le nôtre, nous mettons pied à terre. Grâce à cet heureux contre-temps, deux Melam- pyrum sont signalés dans les prairies des bords de la route : le M. arvense, si commun dans le nord et le centre de la France; le M. nemorosum, espèce plus rare et bien remarquable par ses belles bractées violettes. Remontons en voiture; traversons rapidement Saint-Étienne-de-Crossey, village bâti en demi-lune sur le sommet d’un coteau; contournons, par une nouvelle cor- niche, les marais qui occupent le fond de la vallée ; jetons un dernier coup d'ail derriere nous, car le tableau va changer complétement; et ne nous arrétons qu'au point culminant de la route, au milieu du défilé du Grand- Crossey. Ce ne sont de tous côtés que déchirures colossales sur le flanc des mon- tagnes, escarpements qui surplomblent et précipices qu'on domine; ce ne sont qu’entassements de rochers gigantesques, que blocs immenses détachés des sommets et précipités péle-méle dans un pittoresque chaos. Au milieu de ces abîmes, la route est un fil, et le voyageur qui s’y trouve suspendu s'étonne de pouvoir braver impunément tant de dangers apparents. Mais la nature à semé de ses plus brillantes fleurs ces terribles solitudes; et, comme pour changer le cours de nos impressions, ou du moins en adoucir la nature, plusieurs charmantes espéces subalpines s'offrent à nos regards : les convoiter et escalader le rocher qui les enchâsse, c'est tout un, et nos boites se rem- plissent de Potentilla petiolulata Gaud. (P. caulescens G. G. ex parte), Teucrium montanum, Laserpitium Siler, Hieracium pulmonarioides, Sedum altissimum, Saponaria ocimoides et Buphthalmum grandiflorum. Après de telles magnificences, tout doit nous paraître mesquin ; la route a triomphé de tous les obstacles, c’est avec une sorte d'indifférence que nous descendons dans la vallée de l'Hérétang ; au bout de cette vallée est Saint-Laurent-du-Pont, où nous avons hâte d'arriver. Citons, pour mémoire, les escarpements arides de la Sûre, les marécages bourbeux de la Villette, COU- verts d' Eriophorum, de Lythrum Sualicaria et de Lysimachia vulgaris, enfin le village de Saint-Joseph-de-Rivière, et, sans tarder davantage, faisons notre entrée à Saint-Laurent-du-Pont. : Qu'il me suffise de vous rappeler, Messieurs, le désordre de notre arrivée, sous une pluie battante, dans les hôtels les plus divers de la petite ville; notre séparation momentanée, incident inattendu dont le dénouement ne nous à laissé que de joyeux souvenirs; le déjeuner colossal qui nous rassemble enfin à l'hôtel Cognin, dont les hôtesses nous accueillent de leur plus gracieux 500- rire. Nous prenons place à table avec l'appétit le plus ouvert, plaignant du fond du cœur ceyx qui cherchent la bonne chère dans les raffinements de la cuisine: Les raffinements d'esprit n'ont pas cours non plus : c'est la gaîté qui préside au repas, franche, cordiale, expansive; la grosse plaisanterie, tout comme les mets communs, n'est pas la moins bien venue : et, quand SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 613 Dulce est desipere in loco. (Horat. Od. IV, 12, 28.) Mais j'ai hâte, Messieurs, de vous introduire dans les gorges de la Grande- Chartreuse. C'est ici, en effet, que nous quittons la route de Voiron à Chambéry pour suivre la vallée du Guiers-mort. Nous touchons à ces grandioses solitudes, le but et l'attrait de notre voyage; Saint-Laurent en est le seuil, où viennent expirer tous les bruits du monde. il y a peu d'années encore, la Chartreuse était d'un accès difficile; aujourd'hui une excellente route, construite par M. Viaud, sous-inspecteur des foréts (1), conduit jusqu'aux murs du mona- stere. Si elle peut étre accusée de nuire à l'effet général du paysage, si quel- ques romantiques à tout prix regrettent les fatigues et les obstacles d'autrefois, elle permet du moins à quelques-uns d'entre nous de prendre les devants en voiture, et de ménager leurs forces pour la course du lendemain. Les autres, et c'est le plus grand nombre, se préparent pour cette admirable promenade de 13 kilométres. Nous sommes servis à souhait; car, à peine sommes-nous munis de bàtons ferrés et avons-nous endossé nos boites, que les pessi- mistes ont tort, que la pluie s'arrête; les nuages s'entr'ouvrent, le soleil se montre, et rien ne manque à notre bonne fortune, pas méme le charme de l'imprévu. Nous suivons la rive gauche du torrent qui coule sur des bancs de molasse marine. L'aspect de la gorge n'a rien encore de bien frappant; de maigres prairies, des plantations d'arbres fruitiers s'échelonnent de la montagne à la route, dont les bords nous offrent déjà quelques espéces dignes d'étre men- tionnées : sous les murs mémes de Saint-Laurent, M. Verlot nous a fait remarquer l Zpilobium. roseum, le Melilotus virescens Jord., le Galeopsis sulfurea Jord., espèce voisine du G. Tetrahit, et le Lychnis diurna Sibth. Près de ces rochers où l’eau suinte sans cesse, croît le Parnassia palustris, non loin du Petasites pratensis Jord. (P. officinalis auct. partim). Ces gazons sont émaillés des corolles azurées de deux charmantes Campanules (C. Tra- chelium et C. rotundifolia). Ce grand bâtiment, que nous laissons à notre droite, et au pied duquel nous cueillons le Sa/via glutinosa, est l'entrepót d’où s'expédient les caisses de liqueurs et d'élixir de la Chartreuse. Privée de ses biens par les révolutions, la maison de prière a ouvert ses portes à l'in- dustrie, afin de ne jamais les fermer à aucune misère; et les gourmets du monde entier alimentent, sans le savoir, la source des charités abondantes que les Chartreux répandent à pleines mains. Mais bientôt la gorge se resserre, et à la molasse succèdent de puissantes assises de calcaire oxfordien, qui s'élévent à une hauteur considérable de l'un (1) M. Viaud est aujourd'hui bénédictin à l'abbaye de Solesmes. 614 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. et de l'autre côté du Guiers. Le torrent bondit et précipite son cours; la route, pour se frayer un passage, lui dispute déjà une pariie de son lit, Ne nous laissons pas détourner par la majesté du paysage, et récoltons les Digi- talis grandi flora All. , Cheerophyllum hirsutum (Ch. Cicutaria Vil), Festuca gigantea, Deyeuxia varia Kunth; et maintenant arrétons-nous un instant sur le pont de Fourvoirie. Devant nous s'ouvre le Désert. Il faut renoncer, Messieurs, à. décrire ce spectacle admirable, toutes ces beautés accumulées avec profusion, si diverses, et cependant si bien en harmonie dans le cadre général du paysage: deux parois de rochers escarpés, dont l'une est percée à jour ; des eaux contenues et frémissantes, domptées un instant, mais pour reprendre bientót leur cours plus furieux encore; un double pont, un barrage, une scierie mécanique. Mais hélas ! à ce tableau si souvent reproduit par la plume et par le pinceau, il manque un trait: le haut-fournçeau qui s'était emparé des chutes du Guiers, qui disciplinait au passage les forces brutales de la nature, n'est plus qu'un amas de cendres et de débris calcinés. L'incendie a consumé ce qu'avait épargné le torrent... Pouvons-nous nous étonner que les établi-sements des hommes soient instables, entourés, comme nous le sommes de toutes parts, des ruines qu'ont laissées derrière eux les grands bouleversements du globe ? Nous cueillons, comme souvenir, sur le pont mème, le Campanula rotun- difol ia, le Polypodium calcareum et l Arabis muralis. Eugageons nous maintenant dans la gorge par la porte de Fourvoirie, limite à tont jamais infranchissable aux Chartreux, barrière éternelle qu'ils ont mise entre eux et le monde, Jusqu'au couvent, sur une longueur de deux lieues, se déroule une suite de tableaux merveilleux qui ne laissent pas un instant de repos à notre admiration. Ici la route serpente, le long du torrent, entre deux murailles parallèles dont on aperçoit à peine le sommet, entamées, l'une par la main des hommes, l'autre par l'action plus lente des eaux. Plus loin eile s'écarte de son dangereux voisin, et s’elève, par une pente graduelle, sur le flanc de l'escaipen.ent, perçant les saillies de rochers, suspendue aux moindres corniches, dominant le Guiers dont on voit par échappées bouillonner les eaux à ses pieds, dominée par des pics dentelés et irrégulièrement couronnés de bouquets d’Ahies excelsa. Ail eurs, ce sont des foréts qui, des plus hauts sommets, descendent jusqu'au fond de la gorge: sombres, mystérieuses, variées des essences les plus belles : le Fagus sil- vatira, VAcer platanoides, le Fraxinus excelsior, Y Ulmus montana 8c tonchent, s'entremélent, et leurs troncs lisses rivalisent de hauteur, avides d'air et de limiére; sous lenrs ombrages, l Alnus incana plonge ses racines dans les eaux du torrent, et le Tasus baccuta étale ses rameaux noirâtres ; dans les endroits découverts, le Sambucus racemosa et le Cytisus Laburnum suspe dent aux parois des rochers leurs capricieux festons. Et quile abon- dance de fleurs sous nos pas! Dans l'embarras des richesses, chacun de nous SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN aour 1860. 645 doit se résigner à faire un choix : les uns se laissent attirer par l’/mpatriens Noli tangere, V Arabis muralis, le Kernera saxatilis, le Mæhringia mus- cosa et le Valeriana tripteris; les autres recueillent le Bellidiustrum Michelii, le Dentaria digitata, quoique passé fleurs, le Lappa mjor, le Rubus glandulosus Bell., et deux espèces d’Æieracium : l'une consacrée d'ancienne date, lA. saxatile Vill., l'autre de création assez récente, lH. nemorense Jord. (démembré de l'ancien Z. murorum). Voici mieux encore : l'Androsginum officinale, signalé dans cette localité par Villars, et qui n'y avait point été retrouvé depuis, à la connaissance de M. Verlot. On se presse autour des heureux possesseurs de cette rareté ; mais il n'y en a que deux échantillons : respect au droit du premier occupant. — Voici de quoi nous dédommager : les Calamintha grandiflora, Trollius europœus ; l Asplenium viride à côté de PA. Trichomanes ; le Circæa intermedia qui croît pêle- mêle avec le C. {utetiann ; les Saxi fraya Aizoon, Galium myrianthum Jord. , Euphrasia salishurgensis, Gentiana angustifolia Vill. (4) (G. acaulis auct. ex parte), Luzula maxima, Knautia cuspidata Jord. (K. dipsacifolia Gr. et Godr. ex parte), Adenostyles alpina, Hieracium Jacquini Vill., Carduus defloratus, enfin Prenanthes tenuifolia L., qui n'est peut-être qu'une variété du P. purpurea. Nous étions arrivés à 700 mètres environ d'élévation, à moitié chemin du monastère : ici la nouveile route abandonne la rive gauche du Guiers, et fran- chit ce torrent sur un pont d'une seule arche, hardi et élégant à la fois, soli- dement assis sur deux blocs de néocomien inférieur, le pont Saint-Bruno. Cette route est douce, unie, parcourue chaque jour par des voitures : à notre droite s'ouvre l'ancien sentier, plus difficile, plus escarpé, peut-être plus pit- loresque. Une partie de la troupe s'y engage, joyeuse d'échapper pendant quelques instants aux chaussées empierrées, aux pentes uniformes, aux bornes alignées, à tout l'appareil du progrès et de la civilisation. A cette heureuse iuspiration nous dümes, dès nos premiers pas, la récolte de l Atropa Bel- ladonna et du Carex maxima. En un instant, le sentier nous conduisit, par une suite de gradins rapides, jusqu'au fond du ravin. Ce fut alors notre (1) No'e de M. J.-R. Verlot. — C'est sans doute à cette espèce que doit se rapporter le Gentiana Frœhlichii indiqué à la Grande-Chartreuse par M. Grisebach (in DC Prodr. t. IX, p. 115) sur la foi de Guillemin. L'herbier de ce regrettable botaniste, enlevé pré- maturément à la science et à ses nombreux amis, a été donné à la ville de Dijon par son frère, M. l'abbé Guillemin, et il est déposé au jardin botanique de cette ville, où je l'ai maintes fois consulté. I y existe quare échantitlons de la Gentiane en quesiion, ré- coltés à la Grande-Charireuse en 1849 et donnés à Guillemin par Thomas. Ces échan- lillons, étiquetés G. caue cens Lam. (le plus ancien nom de l'espece et antérieur d'un an à celui donné par Villars), sont dans un état de floraison trés avancé ; la corolle est presque lermée à la gorge et a une teinte bleu pâle Ce sont probablement ers carac- tères, qui s'observent habituellement chez notre plante lor-qu'«lle achève sa floraison et que l'ovaire commence à se développer, mais qui rappellent la fleur du G. Frahiichi (espèce de la Carinthie), qui ont indmt M. Grisebach en erreur, s'il a vu les échantiilone dont nous venons de parler, 616 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tour de franchir le Guiers-mort sur le pont Pérant, ancien et vénérable édifice, parcouru naguère vingt fois le jour par des caravanes de voya- geurs ou de mulets, mais aujourd'hui relégué dans l'oubli et abandonné aux outrages du temps ; le torrent le bat incessamment de ses eaux mugissantes, et des ombrages séculaires forment tout autour un dóme impénétrable aux rayons du soleil : Arboribus elausam circum atque horrentibus umbris. (Virg. Æn. I, 311.) C'est là vraiment le Désert, nom qu'a recu par extension la gorge tout entière; c'est là que l'homme se sent comme écrasé des sublimes magnifi- cences de la nature. L'art n'a pas encore pénétré dans cette solitude, mais l'industrie ne la respecte guère : là, comme ailleurs, la hache du bücheron exécute les arréts de l'administration des foréts, les plus beaux arbres sont sacrifiés tour à tour au vandalisme de la coupe réglée, et la main de l'homme défait en un jour l’œuvre de plusieurs siècles. Il fallut bientót, cependant, nous arracher à cet admirable spectacle : nos compagnons, moins aventureux, nous attendaient un peu plus haut, àla jonc- tion des deux routes, inpatients d'échanger avec nous une partie de leur récolte : le Petasites albus et l'Athamanta cretensis contre le Festuca sil- vatica et le Senecio Fuchsii que nous rapportions de notre expédition. Nous avions trouvé aussi quelques nouveaux pieds d’ Epilobium roseum et de Laserpitium Siler. Non loin de là, voici Aconitum Anthora, puis le Lunaria rediviva, presque au pied du gigantesque rocher de l'OEillette. C'est un bloc de néocomien supérieur qui se dresse entre la route et le torrent, suspendu sur labime et surmonté d'une croix de bois. Ici se trouvait jadis la seconde porte du Désert, flanquée de quelques fortifications. La route, s'élevant de plus en. plus au-dessus du Guiers, dont le grondement se perd dans l'éloi- gnement, traverse successivement quatre tunnels modernes, où les géologues peuvent étudier la formation du sol et chercher des fossiles. Pour nous, ajoutons à notre récolte le Campanula latifolia et le Sedum maximum. Mais la pluie se dispose à revenir à la charge. Nous pressons le pas p arriver au monastère; nous arrachons à la hâte quelques touffes de Vicia dumetorum et de Lathyrus silvestris ; nous laissons derrière nous la grande faille de ce massif, et, revenus sur le calcaire oxfordien, nous quittons défi- nitivement le ravin du Guiers. La route incline sensiblement vers le nord; notons ici en passant le Stachys alpina, le Carduus Personata Jacq., P Hes- peris matronalis, le Ribes alpinum, le Thalictrum aquilegifolium j le Carex sempervirens. Encore une courte montée dans la forêt, le long d'un ruisseau où se déverse le vivier des Chartreux, et nous sommes sous les murs SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 617 du couvent, au milieu des prairies, au pied du Grand-Som, dans le séjour du silence et du recueillement éternel. De l’autre côté de ces murailles austères nous attend une hospitalité cordiale et empressée, bien différente de la réception intéressée à laquelle est habitué le voyageur. On a pu priver les Chartreux de leurs biens; ce qu'on ne leur a pas enlevé, ce qu'on ne leur enlévera jamais, c'est l'esprit hospitalier, c'est cet art d'accueillir, inspiré par la charité chrétienne, simple et modeste comme elle. Nous nous abandonnons aux soins du révérend père-Coadjuteur et du frère Gérasime ; grâce à eux, chacun est bientôt en possession d'une cellule ou au moins d'un lit dans un dortoir, et nous pouvons commencer l'inventaire et le classement de nos richesses : elles s'augmentent encore du Cephalaria alpina et du Myrrhis odorata; ces belles espèces croissent derriere le couvent, et un des nótres nous les rapporte triomphalement. — Enfin, tous nos devoirs de botaniste accomplis, nous pouvons nous réunir dans une salle du rez-de-chaussée, où nous attend le souper frugal mais appétissant qui doit clore cette journée si bien remplie. Il faut que l'horloge du couvent sonne neuf heures pour nous rappeler qu'il est temps de gagner nos cellules, si nous voulons assister aux offices de nuit et cependant étre debout le lendemain de bonne heure. Samedi 4 aout. Cette journée est consacrée tout entiére par le programme à diverses her- borisations autour de la Grande-Chartreuse, et en particulier au col de Bovinant et au Grand-Som. Mais le programme avait compté sans la pluie qui persiste. Le soleil s'est levé ce matin sur un océan de nuages et de brouillards ; nos plus fàcheuses prévisions de la veille se trouvent ainsi justifiées, et nous acquérons à notre réveil la triste conviction que toute course est impossible, au moins pour quelques heures. La paresse n'y trouve méme pas son compte, car nous sommes bientôt sur pied, et la grande salle du rez-de-chaussée nous rassemble tous autour d'un bon feu. Je vous fais gráce, Messieurs, du récit de toutes nos incertitudes, de tous nos plans aussitót abandonnés que concus, de tous nos projets morts-nés, de toutes les modifications au programme soumises aux membres du Bureau et rejetées par eux. Quoi qu'il arrive, il faut prendre des forces et nous tenir préts à tout événement ; nous nous mettons donc à table, bien que le proverbe ne dise pas que le déjeuner porte conseil. Pour égayer notre réclusion forcée et combattre le découragement toujours trop prompt à venir, Fortiaque adversis opponere pectora rebus, (Horat. Sat. M, 2, 136.) chacun déploie toutes les ressources de son esprit ou de sa mémoire : c'est 615 SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE. l'occasion ou jamais de tirer de l'oubli, d'un oubli vraiment injuste, les beaux vers de Ducis sur la Grande-Chartreuse : Vous qui, vivant pour Dieu, mourez dans ces retraites, Heureux qui vient vous voir dans le port où vous êtes, Mais plus heureux cent fois celui qui n'en sort plus! La proposition de visiter le monastère, que nous fait le révérend père-Coad- juteur, est acceptée avec reconnaissance. Le récit de cette visite ne saurait trouver place dans ce rapport; mais chacun de nous, Messieurs, peut se reporter à ses propres impressions : elles sont du nombre de celles qui ne s'effacent jamais. Cependant il s'était produit une légère amélioration dans l'état du ciel. Les montagnes étaient encore invisibles, mais du moins le déluge s'était ralenti. Chacun en profita pour explorer les abords du monastère. — De la lisière d'un bois qu. le domine du cóté de l'est, la vue embrasse l'ensemble irrégulier et majestueux de tous les bâtiments avec leurs longs toits d'ardoises et leurs nombreux clochers. Fondé vers le x1° siècle par saint Bruno, dans la partie la plus sauvage de ces montagnes, là où subsistent encore aujourd’hui la cha- pelle de saint Bruno et celle de Notre-Dame-de-Casalibus, le couvent fut presque entiérement détruit par une avalanche de Sapins et de rochers entrainés des montagnes voisines. Transporté plus bas et rebâti sur son emplacement actuel, au milieu des prairies (1), il eut plus d’une fois encore à subir les ra- vages du feu et des armes des huguenots, et ce n'est qu'au XVII siecle qu'il fut rétabli en l'état où nous le voyons aujourd'hui. Son mur d'enceinte suit toutes les sinuosités de la prairie, s'élève, s'iucline, se replie, se con- tourne, comme le terrain lui-méme. Il est dominé au sud par une partie de la chaine du Charmant-Som, au nord par une forêt que nous devons visiter tout à l'heure, à l'est enfin, il s'adosse aux escarpements tourmentés du Grand-Som, qui semble l'écraser de sa masse. La vue qui cherche à percer ceite enceinte grandiose ne trouve d'issue que vers le sud-ouest, où elle se repose, de l'autre cóté du Guiers, sur les vertes prairies du Valombré Ms uns se livrent à ces observations, que permettent à peine quelques fugitives éclaircies; d’autres vont, pendant ce temps, visiter de nouveau la localité du Cephalaria alpina; tandis que noire vénérable doyen, M. Léon Dufour, dont le zèle scientifique ne souffre point un moment d'oisiveté, porte le marteau au sein d'un vieux Hêtre pourri, et sacrifie un flacon de chartreuse à la co servation de ses insectes. Tout à coup la nuée se déchire comme par enchantement; un rayon de soleil vient tom er à nos pieds : tout s'écaire, tout s'illumine. Si le beau temps est subit, il ne nous prend pas par surprise; il nous trouve SOUS a , (4) À 977 mètres d'altitude. SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN Aour 1860. 619 armes et prêts à nous mettre en marche. Sans d ute les forêts seront humides, le sol détrempé ; peut-être aurous-nous des nuages à traverser, des averses à essuyer. Mais il faut risquer quelque chose : Audentes fortuna juvat. M. Verlot nous montre le chemin. Le sentier battu est délaissé; quelques minutes suffisent pour nous mouiller jusqu'aux genoux, mais, dans la prairie voisine du monastére, nous recueillons : Rumex arifolius, Astrantia major, Orchis globosa, Trifolium montanum, Campa ula rhomboidalis, Polygonum viviparum, Carex sempervirens, une forme de Renunculus acris (R. Friesanus Jord., souvent décrite aussi sous le nom de /. lanuginosus), Centaurea montana, enfin Geranium silvaticum et Globularia nudicaulis, plantes presque toutes caractéristiques de la région alpestre. Quelques-uns saluent avec joie une vieille connaissance du Hohneck, la grande Gentiane jaune (£ entiana lutea) qui, par bonheur, a encore échappé dans ces montagnes à l'exploitation des distillateurs (1). D’autres font main basse sur l'élégant Thesium »ratense Ehrh., dont M. Mitten a fait connaître, en 1847, le parasitisme et les sucoirs. Vers le hut de la prairie, sur la lisière de la forêt, un sentier va nous ramener au chemin dont nous nous sommes un instant écartés. A l'ombre des grands Sapins croit le Polygonatum verticillatum ; Y Elymus europæus, le Luzula nivea, le Carex silvatica balancent leurs tiges flexibles; du sein des tapis de mousse s'élève le charmant Pirola secunda; tout auprès serpente le Lysimachia nemorum ; les buissons renferment le Æosa o£pine, le Lonicera nigra et le Daphne Laureola; le Polystichum aculeatum étale ses frondes aiguës; le Veronica urticifolia dresse ses panicules surmontées de ses corolles si délicates, et V Usnea barbata se suspend capricieusement à toutes les branches. Dans cette forêt, P Abies pectinata croit à côté de l'A. excelsa, et nous remarquons ceite déformation originale des rameaux déjà observée au Mont-Dore, et qui a recu le nom plus original encore de Balai du Diable (2). De trouvaille en trouvaille, nous arrivons à une clairiere au milieu de la forêt, où s'élève, sur l'emplacement du monastère primitif, la chapelle dont nous avons déjà fait mention : Surellum Sancte? Mariæ de f asalihus. On se sent ému de respect à l'abord de ce modeste édifice, d'une architecture sévère et presque pauvre, resté debout au milien de ces solitudes, parmi les débris entassés par les avalanches et les éboulements, comme un muet témoin de l'impuissance naturelle de l'homme et de la force qu'il puise dans la prière. Nous faisons halte quelques instants sous le porche, pour laisser passer une (1) Elle a presque entièrement disparu de certaines localités de la Suisse. Dans le val Bevers (Grisons), on ne retrouverait plus, par la méme raison, un pied d'une curieuse hybride autrefois fort abondante : Gentiana Charpentieri Thom. (6. punctato-lutea Grisebaeh). (2) Voyez le Bulletin, t. TII, p. 482. 620 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ondée ; quelques-uns en profitent pour aller visiter la seconde chapelle, celle de saint Bruno, située un peu au delà, sur la gauche de la route que nous devons suivre. Ils nous rapportent plusieurs pieds de Dentaria digitata. Les abords immédiats de Notre-Dame-de-Casalibus nous offrent l Epilobium tri- gonum Schrank, le Veronica montana, V Anthriscus abortivus Jordan, les Adenostyles albifrons et alpina; plusieurs espèces enfin déjà observées la veille : Campanula latifolia, Carduus Personata et Vicia dumetorum; et de plus les Hypericum quadrangulum (H. delphinense Vill.) et Ranunculus aconitifolius. Mais il est temps de nous remettre en marche. Enfonçons-nous dans la forêt derrière la chapelle. Il y a là un chemin fort rude et fort rocailleux, et même plutôt un escalier qu'un chemin. Il faut escalader des gradins taillés grossièrement dans le néocomien inférieur (connu dans le pays sous le nom de pierre de Fontanil), brisés, dégradés par les troncs d'arbres que les bücherons y trainent du haut de la montagne, encombrés des nombreuses racines des Sapins et des Hétres qui les ombragent, défoncés de place en place par les eaux qui s'en font un lit improvisé. C'est la partie la plus pénible de notre course ; c'est peut-étre aussi la plus pittoresque. Nous sommes entourés de toutes parts d'un véritable chaos de rochers entassés les uns contre les autres, comme les matériaux gigantesques d'un édifice écroulé. On frémit en songeant au temps où, arrachés du sommet de la montagne, ils roulaient avec fracas sur la pente. Quelle puissance les à arrétés dans leur chute et comme scellés sur le flanc de l'escarpement? Quel- ques graines sont tombées des foréts voisines, quelques germes renfermés dans le sol se sont fait jour à travers les fissures. Et maintenant les Hétres ont pris pied parmi ces débris ; les Sapins les enserrent de leurs puissantes racines; à leur pied s'étalent une végétation luxuriante, un fouillis de plantes et d'ar- bustes de toute espèce, qui comblent tous les vides, pénètrent dans tous les interstices. Merveilleux bienfaits de la végétation, qu'un botaniste, moins que tout autre, ne saurait voir avec indifférence ! Aussi gravissons-nous cette pente lentement, nous arrétant à chaque pas; tantôt c’est pour recueillir les Ranunculus lanuginosus, Stellaria nemorum, Cardamine silvatica et, dans les endroits humides, le Chrysosplenium alter- nifolium; tantôt c'est pour admirer les beaux épis bleuâtres du Phyteuma spicatum var. cæruleum, ou les corymbes roses des Adenostyles et les grappes élégantes du Spiræa Aruncus.. Plusieurs arbres ou arbustes attirent pen notre attention : tels sont le Taxus baccata, déjà observé hier, le Lontctre - alpigena, le Sorbus Chamæmespilus et le Sorbus Aucuparia (en fruit); environ 100 mètres plus haut, nous le trouverons de nouveau, mais en fiar. Ne dédaignons pas non plus le Ptarmica macrophylla DC., P Arabis alpina, l Aconitum Anthora (récolté près du rocher de l'OEillette), le Melampyrum silvaticum, le Geum rivale, le Petasites albus etle Ranunculus platanifol sus. SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 621 Enfin, dans une dernière clairière, nous trouvons réunis l'admirable Lilium Martagon, une des plus belles plantes des montagnes, le Viola biflora, le Galium anisophyllon Vill. et le Cerinthe minor. Cependant nous avons dépassé 1500 mètres, et nous quittons la région des foréts, qui cessent non pas brusquement, mais comme par dégrada- tions successives. Aux grands Sapins succèdent quelques misérables Épicéas étiolés, rabougris, restes épargnés par la tourmente et les avalanches ; après ces avortons, quelques arbustes clairsemés, quelques touffes déjetées de Juniperus communis, de Sorbus aucuparia (en fleur cette fois), de Sorbus Mougeoti Soy.-Will. et Godr.; aprés les arbustes, les Fougéres alpestres, Polystichum rigidum, Aspidium | Lonchitis, entremélées de Geranium phœum avec sa variété lividum ; puis rien que des pans de rochers nus, pelés, blanchátres, rochers de néocomien supérieur, qui forme, on le sait, presque tous les sommets de ces montagnes. Le long de ces escarpements abrupts, le sentier serpente en lacet, et ses bords nous offrent quelques petites plantes couchées, rampantes, modestes, mais qui n'en ont pas moins leur prix: Saxifraga muscoides, Veronica aphylla, Alchemilla alpina, Sedum atratum, Vaccinium Vitis idwa, Arenaria ciliata, Calamintha alpina, Plantago montana, Erinus alpinus, Viola calcarata, Primula Auricula, Kernera saxatilis, etc. Elles nous annoncent la transition entre la région alpestre et la région alpine proprement dite. À Bientôt, en effet, nous touchons au but : encore quelques efforts, et le sen- tier s’aplanit devant nous; voici le col ou la combe qui sépare les rochers d'Aliénard de la cime du Grand-Som, voici de vertes prairies pour faire diversion à l'aridité des rochers: au milieu d'elles est situé le chalet de Bovinant, qui donne son nom à ce passage, à 1812 mètres au-dessus du niveau de la mer. De l'autre cóté, sur l'autre versant, s'ouvrent la vallée des Eparres et le chemin de Saint-Pierre-d'Entremont. C'est ici que M. Lory a découvert, il y a quelques années, la craie blanche resserrée en bande étroite, presque enveloppée par un contournement du néocomien supérieur ; de là la célébrité de cette combe qui attire surtout les géologues ; de là aussi la fraicheur de la verdure qui revêt le fond humide de ce vallon. Le chalet était désert, et les aboiements d'un chien renfermé à l'intérieur répondaient seuls au tumulte de nos voix. Le mieux était de ne point nous arréter, pour n'étre pas gagnés par le froid et envahis par le brouillard. Non pas que nous voulussions tourner bride et revenir au couvent : c'était bien de cela qu'il s'agissait maintenant! M. Verlot avait prononcé, parmi bien d'autres noms appétissants, ceux de Zetonica Alopecuros et de Potentilla nitida ; et l'ardeur de nos botanistes s'était réveillée plus vive que jamais. Nous reprenons notre course, non sans avoir remarqué, tout autour du chalet, le litum Bonus Henricus, une des espèces qui semblent aimer 622 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. l'homme et le suivre partout; non sans avoir jeté un regard aux pâturages du fond de la gorge, couverts de Caltha palustris, de Ranunculus spretus Jord., de Myosotis alpestris et de Trifolium Thalii Vill. Un Galeopsis devient l’objet de nos observations attentives, et M. Verlot le salue du nom de G. Heichenbachiana Reut. , espèce nouvel e pour la flore francaise. Mais ces plantes n'ont pas le don de nous arréter longtemps. emportés que nous sommes par la promesse qui nous a été fai e. Gravissons donc 'a pente, moitié gazonnée, moitié rocailleuse, qui s'étend à notre gauche, et mettons-nous en quéte chacun de notre cóté, sans cependant nous perdre trop longtemps de vue, sans nous mettre hors de la portée de la voix; car, dans ces montagnes dangereuses, au milieu de ces brouillards, le moindre écart serait fatal. Ce n'est point encore le Ze/onica si cherché, mais c'est le Grum monta- num, c'est le Globularia cordifolia, c'est le Scabiosa lucida Vill., qui suf- fisent à entretenir notre ardeur... Tout à coup, tandis que nous dévastons de charmantes touffes de Cystopteris alpina, un cri joyeux nous annonce qu'un de nos compagnons a eu la main plus heureuse; sa voix nous rallie tous autour de lui; mais il y a beaucoup d'appelés, peu d'élus; les échantillons sont rares et en fort mauvais état, broutés, arrachés par les moutons; peu d'entre nous peuvent recueillir la précieuse Labiée ; les autres l'auront au moins contemplée. Pour les dédommager, se rencontrent, à point nommé, et en grande abon- dance, le Sedum Rhodiola, puis la Rose-des-Alpes (Rhododendron ferru- gineum), de tous les arbrisseaux de montagne le plus apprécié des touristes (1). Ces brillantes espèces ne nous font pas dédaigner le Juniperus nana Willd. , le Plantago alpina, le Bartsia alpina, le Valeriana montana et le Nigritella angustifolia. C'est de l'autre côté du col, sur le revers exposé au nord, dans des rochers trés escarpés, que croît le Potentilla nitida; ce sera notre dernière conquête. Le moment est venu de déployer à la fois de la vigueur et de l'agilité ; le terrain cède sous nos pieds ; les pierres se détachent et roulent en bondissant. Mais Voici qui soutient notre courage: Bellidiastrum Michel, Hieracrum villosum, Saxifraga oppositifolia et Aizoon, Gentiana angustifolia Vill, Salix retusa, Ranunculus alpestris et Astrantia minor. Nous n'avons garde de nous arréter pour recueillir les baies du Vaccinium Myrtillus (2); mêlé ici avec ses deux congénères, V. uliginosum et V. Vitis iden. L'heure avancée nous rend chaque minute précieuse. Nous sommes enfin au pied de l'escarpement classique du Potentillu nitida ; le voici dans le terreau qui se forme dans les fissures, et, à côté de lui, le Primula Auricula, le Draba aizoides, Y Hypericum nummularium et le Silene bryoides Jord. — En déta- (1) Les montagnards l’arrachent pour se chauffer dans les chalets élevés. (2) Elles se vendent à Grenoble sous le nom de brimbelles et d’azeraies. SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 623 cher de nombreuses touffes avec nos bâtons est l'affaire d'un instant, et nous rede-cendons rapidement au fond du vallon, auprès de nos confrères moins hardis, pour partager avec eux cette charmante Rosacée, dont la récolte cou- ronne dignement notre be'le herborisation. Cepe. dant le brouillard s'épaissit, la nuit approche. Bon gré mal gré, il nous faut renoncer à l'ascension du point culminant du Grand-Som, que nous aurions pu facilement atteindre, si la pluie ne nous avait empéchés de quitter la Chartreuse de bonne heure. Le signal du retour est donné, et toute la troupe reprend le chemin du couvent. Autant la montée avait été lente, autant fut rapide la descente. Une heure et demie à peine après avoir quitté Bovinant, nous déposions soigne:ssement notre riche récolte dans nos cel- lules, et alors seulement chacun se rappela qu'il avait déjeuné de fort grand matin. Je vous laisse à penser, Messieurs, si le souper dut étre gai, et si personne put se plaindre d'avoir perdu sa journée. Dimanche 5 août. Nous devions regagner au plus tôt Grenoble pour y préparer nos plantes; mais les membres du Bureau n'avaient point encore été admis à présenter au pére- Général de l'Ordre les respects et les remerciments de tous leurs confréres; c'était pour eux un honneur bien précieux en méme temps qu'un devoir de reconnaissance. La cellule du père-Général s'ouvrit pour eux le 5 août de grand matin; et, lorsqu'ils en sortirent, pénétrés de la plus vive gratitude pour l'accueil qu'ils avaient recu, ce fut pour trouver toute leur troupe sous les armes. Six heures venaient de sonner lorsque nous perdimes de vue le monastère et ses murs hospitaliers. Un temps admirab!e favorisait notre retour et faisait merveilleusement valoir les moindres accidents du paysage, comme pour exciter nos regrets de le quitter sitôt. Mais, vous le savez, Messieurs, jamais le retour ne ressemble au commen- cement d'un voyage. A l'ardeur fiévreuse, aux espérances sans bornes, ont suc- cédé je ne sais quel sentiment plus calme et plus conten, le charme des Souvenirs qui se mêle à la joie de la possession toujours moins enivrante que le désir, parfois méme certaine tristesse vague, pareille à celle du vieillard qui regarde en arrière. De là l'empressement. d'arriver au terme dès qu'on s'est mis à rétrograder : les dernières heares ne comptent plus dans le voyage, et Chacun voudrait les abréger. A ce sentiment habituel venait se joindre chez nous un motif plus grave de précipiter notre course ; nos plantes, voyageant dans leurs boites, se perdraient si nous ne rentrions à Grenoble de bonne heure. — Je me hàte donc, Messieurs, pour suivre l'exemple de la Société botanique, d'arriver aussi au terme de ce rapport, déjà, je le crains, trop long pour votre patience. 62^ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Tous les sites qui nous ont tant frappés avant-hier, nous les passons en revue de nouveau, mais sous un aspect différent : le rocher de l'OEillette, le pont Saint-Bruno, la porte et le moulin de Fourvoirie, où nous admirons la transparence et la couleur des eaux. Voici bientôt les prairies, les vergers ; voici le bourg de Saint-Laurent, et ses mendiants et ses cafés... et la Char- treuse n'est plus qu'un réve de l'autre nuit. Il se fait tard : abrégeons le déjeuner ; précipitons notre retour jusqu'à Voiron, où le train de Saint-Rambert nous recueille en passant; et maintenant, mollement étendus dans de bons wagons, laissons-nous emporter vers Grenoble, sans autre souci que celui d'admirer le panorama qui semble défiler pour notre plaisir le long du chemin de fer. Nous nous rappelons alors avec complaisance les contre-temps de l'avant-veille, justifiant ainsi la parole du poéte : n Forsan et hæc olim meminisse juvabit ; (Virg. Æn. I, 203.) car tout a pour nous l'attrait du nouveau. Nous n'avions vu ni ces travaux d'art de toute espèce, remblais, tranchées, viaducs, qui se succèdent avec pro- fusion à la sortie de Voiron, jusqu'à ce que la voie se soit abaissée au niveau de la vallée de l'Isère ; ni Moirans, ses toits rouges et son aspect tout méridio- nal ; ni Voreppe, à l'entrée de la gorge de la Roise; ni Saint-Robert, que les inondations tiennent dans une terreur perpétuelle... Mais déja nous avons laissé derriere nous Saint-Nizier et le Casque-de-Néron : le Mont-Rachet se rapproche sensiblement ; l'Isère est traversée, et nous abordons, midi sonnant, à Grenoble, où nous touchons barre pour reprendre des forces avant la grande excursion du Lautaret. Il me reste, Messieurs, un devoir bien doux à remplir, et sans lequel je croirais ce rapport incomplet. Vous-mémes m'accuseriez, j'en suis sür, d'avoir failli à ma mission, si je n'adressais à notre honorable président, M. Durieu de Maisonneuve, et à notre honorable vice-président, M. Verlot, les remerci- ments de la Société tout entiére; c'est à leur zèle infatigable, c'est à leur dévouement si éclairé qu'est dà le succés de cette excursion; comme à notre vénérable doyen, M. Léon Dufour, nous avons dü l'exemple éloquent d'une activité admirable soutenue par l'amour de la science, et consacrée tout entière à son service. M. Eug. Michalet, secrétaire, met sous les yeux de la Société des fleurs péloriées de Betonica Alopecuros, ainsi que des échantillons de Viola biflora, récoltés pendant l'herborisation au col de Bovinant, et présente les observations suivantes : I. Pélorisation des fleurs du Betonica Alopecuros L. — Les quatre fleurs péloriées que j'ai recueillies au col de Bovinant sur quatre individus différents, SESSION EXTRAORDINAIRE À GRENOBLE EN AOUT 1860. 625 sont toutes terminales de l'axe; c'est par elles qu'a commencé l'inflorescence qui est basipete dans cette espèce. 1° Calice A-fide, régulier; corolle également 4-fide et régulière. Étamines 4, saillantes, égales, insérées presque au sommet du tube et alternant avec les lobes de la corolle. Style bifide ; 4 carpe'les. 2° Calice 4-fide; corolle 4-fide, mais à lobes de largeur inégale. Éta- mines 6, égales, saillantes, adhérentes jusqu'aux deux tiers du tube, insérées à des distances inégales, savoir deux de chaque cóté du lobe le plus large de la corolle, les deux autres alternes avec les autres lobes. Style bifide ; 4 carpelles. 3° Calice 10-fide, muni, en outre, de dents sétacées insérées au fond de plusieurs des sinus qui séparent les lobes. Corolle 6-fide, régulière, sauf pour les deux lobes correspondant à la lèvre supérieure, qui sont soudés un peu plus haut que les autres. Étamines 6, toutes égales, saillantes hors du tube auquel elles adhèrent dans toute sa longueur par leurs filets. Style bifide; ^ carpelles ; gynobase dilaté en un plateau qui déborde légèrement autour des ovaires. 4° Cette fleur présente une soudure assez bizarre avec une fleur voisine appartenant à un axe secondaire d'inflorescence et, par conséquent, non encore épanouie. Cette dernière n'a pas de calice; à la place on voit trois bractées qui entourent la corolle. C'est celle-ci qui est soudée au calice de la fleur péloriée, mais non point dos à dos. Qu'on suppose les limbes de ce calice et de cette corolle développés, puis joints ensemble de maniére à ne former qu'un seul tube ; telle est la soudure singulière qui s'est produite. Il n'est pas très rare de rencontrer deux corolles enfermées dans un méme calice, qui est alors à 10 dents (j'ai observé ce cas dans Pedicularis silvatica, Ballota nigra); mais je n'avais pas encore vu une pareille soudure de calice et de corolle entre deux fleurs appartenant à des axes différents. Le calice de la fleur péloriée est 5-fide; la corolle est de méme 5-fide, régu- lière. Les étamines, au nombre de 5, sont, comme dans les autres fleurs, égales, saillantes, insérées au sommet du tube, alternes avec les lobes. Mais une de ces étamines porte 4 loges, une autre 3 loges. Par compensation, le style est indivis, et il n'y a que 3 carpelles, dont un rudimentaire. Quant à la corolle soudée au calice, elle est toute déformée et en partie virescente ; ses 5 étamines sont réunies en 2 faisceaux de 3 et 2 filets munis d'anthéres également soudées. Le style et l'ovaire paraissent normaux. Ces cas de pélorisation peuvent servir à l'étude de certains points de l'or- Sanogénie florale des Labiées. On voit, par exemple, que ces fleurs péloriées sont toutes terminales de l'épi et tendent à adopter un nombre binaire comme type de celui des pièces de leurs verticilles; ce nombre est d'ailleurs en rap- port direct avec l'arrangement des feuilles sur la tige. On sait déjà que, dans plusieurs espèces, la fleur terminale offre un nombre de parties différent de E XIE 40 626 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. celui des autres fleurs (ex. Adoxa Moschatellina). On remarquera encore qu'il y a un rapport assez constant entre les deux verticilles calicinal et corol- lin, puis entre ceux-ci et l'androcée, tandis que le gynécée parait en être tout à fait indépendant. Je me propose, au surplus, de décrire, dans une commu- nication ultérieure, d'autres déformations que j'ai rencontrées dans diverses Labiées et Scrofulariacées, notamment Zamium incisum, Ballota, Sta- chys, etc. : II. Fleurs apétalées du Viola biflora Z. — Dans une récente commnnica- tion, et à l'occasion des fleurs apétalées de l'O.cal/s Acetosella, j'ai parlé des fleurs de méme nature qu'on observe dans les Violettes de la section Nomi- mium (1), ajoutant qu'elles n'avaient pas encore été signalées dans d'autres sec- tions du genre. Mais, dans notre excursion au col de Bovinant, j'ai pu recueillir. quelques vigoureux échantillons de Viola biflora pourvus de deux cap.ules déjà assez grosses, tandis que des boutons se montrent encore aux aisselles des feuilles supérieures. Or ces boutons n'offrent pas trace de pétales, ou ceux-ci, s'ils existent, doivent être bien petits. La structure extérieure des tiges et l'inflorescence de cette espèce sont d'ailleurs si semblables à celles des Viola silvestris, Riviniana, canina, etc. , que ce fait pouvait se présumer facilement. Il y a donc lieu de rectifier ce que dit Koch dans son Synopsis, en indiquant les caractères de la section Dischidium : Flores omnes perfecti (2). M. Germain de Saint-Pierre dit qu'il a remarqué, sur un Lemtum, une anomalie analogue à celle que M. Michalet a observée sur le Betonica Alopecuros. | M. le Président met sous les yeux de la Société un dessin à l'aqua- relle, représentant des individus complets et des deux sexes du Chara fragifera DR., de grandeur naturelle, et les diverses parties essen- tielles de la plante figurées à un fort grossissement : Ce beau dessin se compose des figures suivantes : 1^ individu mâle, de grandeur naturelle; 2 individu femelle, id.; 3° un verticille mâle, grossi; ° un verticille femelle, grossi; 5° une anthéridie en place, très fortement grossie; 6° nucule et braciées, trés fortement grossies; 7° et 7° bis nucule avant la maturité et nucule mûre; 8° deux des huit valves de l'anthéridie, très fortement grossies ; 9° bulbille, grossi ; 10° groupe de cinq mamelons du bul- bille de la figure précédente, trés fortement grossis, mamelonnés de méme; 11° coupe transversale de la tige, grossie ; 12° coupe transversale d'un rayon ; (1) Voyez plus haut, p. 465. : Y (2) Au moment oü j'ai fait cette communication, j'ignorais que M. Boisduval 95 déjà signalé l'existence de fleurs apétalées dans le Viola biflora (voyez plus haut, p. #07 séance du 13 juillet 1860). (Note ajoutée pendant l'impression.) SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 4860. 627 43° coupe transversale d'un tube radicellaire. Il est le spécimen d'un Atlas des Characées du sud-ouest de la France qui sera composé d'environ vingt- cinq planches in-folio, L'exécution de ce dessin n'est pas moins remarquable par l'effet. de l'ensemble que par l'exactitude et la perfection avec lesqueltes sont rendus tous les détails d'analyse; elle excite l'admiration des membres de l'assemblée ; plusieurs d'entre eux félicitent M. Durieu de Maisonneuve d'avoir pour collaborateur un artiste aussi distingué, auquel son talent promet un brillant avenir comme dessinateur- naturaliste. M. le Président fait à la Société la communication suivante : NOUVELLES OBSERVATIONS SUR LES BULBILLES DES CHARACÉES, par M. DURIEU DE MAISONNEUVE. Le 11 mars 1859, j'avais l'honneur de lire à la Société une notice (1) sur la belle Characée dont vous venez d'admirer la fidèle reproduction. Je me croyais alors suffisamment fondé à proclamer l'invariabilité, sinon de forme, au moins de structure, des bulbilles normaux des Characées chez les espèces qui en sont pourvues, et j'insistais sur l'exce.lence et la commodité des caracteres qu'on en peut tirer pour distinguer celles-ci entre elles. Je ne viens poigt rétracter ma premiere assertion, que je crois toujours fondée, du moins en partie, mais seulement exposer un fait singulièrement exceptionnel. Sur un trés petit nombre d'individus de Chara fragifera (six seulement sur des milliers exami- nés peudant ces dernières années), les bulbilles multicellulaires normaux sont remplacés ou accompagnés par des corps de méme nature, mais de forme et de structure bien différentes. Je mets sous les yeux de l'assemblée cinq échantil- lons qui ont été successivement trouvés munis de ces corps particuliers : quatre viennent de l'étang de la Canau, le cinquième a été rencontré dans l'étang de Cazau; un sixième a été envoyé à M. le professeur Al. Braun. Toute description de ces corps devient superflue quand on a fait remarquer leur ressemblance parfaite avec les bulbilles unicellulaires du CA. aspera. De méme que ces derniers, ils consistent en une sorte de vésicule sphérique ou rarement ovoide, très lisse, solide, quoique parfois un peu affaissée, remplie de fécule, et simulant à s'y méprendre certains œufs d'insectes ou de mollus- ques. Il n'existe réellement entre ces corps d'autre différence appréciable que celle que l'on remarque dans la forme et le volume de leurs grains de fécule. Les bulbilles adventifs du CA. fragiferu n'étant point traversés par le tube, (1) Voy. le Bulletin, t. VI, p. 179. 628 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ne peuvent, par conséquent, être considérés comme constitués par le nœud lui-même. Ils adhèrent simplement au nœud par un point de leur périphérie, disposés en verticille de trois ou quatre globules au plus, bien que souvent il ne s'en développe qu'un seul. Il n'est pas inutile de noter aussi que les nœuds . porteurs de globules ne prennent aucune sorte d'accroissement : l'articulation, dans ce cas, esi si peu apparente que le tube parait continu. Si, au premier abord, on était porté à considérer les corps dont il s'agit comme une simplification des bu!billes multicellulaires normaux, on reconnai- trait bientót qu'ils ne sauraient représenter une cellule isolée de ceux-ci, puisque leur surface est unie et lisse, quand, au contraire, les mamelons, ou cellules périphériques des bulbilles composés, sont couverts de saillies hémisphériques microscopiquement semblables à celles du bulbille lui-même, de telle sorte que, vu à un grossissement suílisant, chacun de ces mamelons reproduit exactement le bulbille entier. Il suffit également d'un peu d'attention pour bien s'assurer que les bulbilles adventifs du CA. fragifera ne peuvent être regardés comme l'état initial des bulbilles normaux : leur position latérale suffit senle pour le démontrer. De plus, si l'on suit attentivement le développement des bulbilles composés, on remarque qu'il y en a constamment en voie de formation, depuis le premier âge de la plante jusqu'aux approches de sa destruction. Or il est facile de s'assurer que, dés le principe, les bulbilles composés se montrent déjà avec tous les caractéres des bulbilles adultes. Je n’ajouterai rien, pas même une conjecture, sur ces corps exceptionnels que je me borne aujourd'hui à signaler, sur ces bulbilles de second ordre qui, de loin en loin, apparaissent ea grand nombre, mais non pas exclusivement, sur certains individus de CA. fragifera, corps si différents, par leur forme, leur position et leur structure, des bulbilles composés. Ceux-ci, on le sait, ne manquent jamais complétement sur le Ch. fragifera, et c'est par cette raison, comme aussi à cause de leur structure plus compliquée, que j'ai cru devoir les qualifier de normauz. Je dirai seulement qu'il ne parait pas douteux que les premiers concourent à la reproduction de la plante de la méme manière que ceux chez qui cette faculté est parfaitement constatée; néanmoins il n'est pas probable que l'expérience en ait jamais été faite. Je noterai encore, en passant, que les bulbilles normaux du Ch. fragifera, et probablement ceux de toutes les espèces qui en présentent de tels, ne paraissent pas conserver longtemps, à l'état sec, la faculté de donner naissance à un nouvel individu. J'ai déjà dit ailleurs (Bull. VI, p. 182) que j'avais obtenu une réussite complète en plan- tant des bulbilles de Ch. fragifera récoltés seulement depuis une dizaine de jours. Cette année j'en ai planté des centaines, d'un an environ de cueillette, avec les mêmes précautions et dans des conditions pareilles : je n'ai pas obtenu un seul pied de Chara. | r . A outes, On observe fréquemment sur plusieurs Characées, peut-être sur 1 SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 629 d'autres productions qui semblent avoir plus d'analogie avec les bulbilles simples que je viens de montrer que ceux-ci n'en ont avec les bulbilles composés. Je mets également sous les yeux de l'assemblée de nombreux exemples du fait que j'avance. On y verra que ces productions ne sont aucunement des corps particuliers, mais bien une simple anamorphose des nucules. La transformation de celles-ci est tantôt complète, tantôt incomplète à des degrés divers. Le plus grand nombre des nucules cn voie de modi-. fication s'arrétent à une sorte d'état intermédiaire; quelques-unes seulement subissent une transformation compléte et prennent en petit l'apparence des bulbilles radicaux dont il vient d'étre question. Longtemps avant la maturité des nucules, on distingue trés bien celles qui ne sont point destinées à atteindre l'état de fruit parfait. On les voit d'abord se raccourcir et gagner en largeur ce qu'elles perdent en longueur ; elles ne participent plus aux changements succes- sifs de nuance par où passent les nucules destinées à mûrir, et elles revétent une teinte uniforme d'un roux clair ou d'un blanc sale. Bientót elles ne tardent pas à se dépouiller de la membrane ténue qui les revêt à l'extérieur; l'enveloppe interne à son tour se déforme et se détruit plus ou moins, tantôt conservant ses tubes spiraux et sa coronule plus ou moins déformés, tantôt s'en dépouil- laut en grande partie. Enfin, lorsque la transformation atteint son terme le plus avancé, toute trace de tégument disparaît ; la spore brune qui devrait se trou- ver sous les deux enveloppes disparues est remplacée par un globule lisse, très blanc, gorgé de fécule à grains plus gros et plus sphériques que dans les nucules aoûtées, et ne différant en réalité des globules adventifs des tubes radicellaires que par un volume deux ou trois fois moindre. Ni le rameau qui porte la nucule ainsi transformée, ni les bractées qui l'accompagnent, n'ont subi d'alté- ration, C'est sur le CA. fragifera, où elles ne sont pas rares, que j'ai d'abord étudié ces nucules-bulbilles ; je les ai ensuite retrouvées sur bien d'autres espèces, et Souvent en quantité. Elles abondent parfois sur le C^. fragilis; on les ren- contre aussi en grand nombre sur le CA. coronata, tant algérien qu'européen. On peut les voir aussi chez quelques espèces de Nitella, notamment sur le N. tenuissima et sur le N. gracilis, où elles sont sphériques et sensiblement plus grosses que les nucules normales. Depuis la publication de ma notice sur le Ch. fragifera, j'ai eu occasion d'observer les bulbilles de quelques espèces qui n'ont pas été mentionnées dans mon travail. C'est ainsi que je viens de les constater sur le Chara Baueri Al. Br. Les échantillons que j'ai eus sous les yeux, peu nombreux et en mauvais état, n'avaient certes pas été récoltés en vue de l'observation des bulbilles, aussi wen ai-je aperçu que quelques vestiges, dans lesquels il m'a semblé recon- naître une certaine analogie de structure avec ceux du Ch. fragifera. Les échantillons de Chara baltica Fr. , donnés sous le n° 44 dans la belle publica- tion des Characées européennes de MM. Al. Braun, Rabenhorst et Stizenber- 630 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ger, sont évidemment munis de bulbilles (1). Enfin, le CA. fœtida lui-même, qui, de toutes les Characées, semble le moins apte à en produire, m'en a mon- tré quelques indices, assez peu marqués il est vrai, sur un échantillon récolté à Metz par M. Monard, accompagné d'autres échantillons de la méme prove- nance, qui en étaient, comme d'habitude, complétement dépourvus. Depuis longtemps déjà les admirables bulbilles étoilés du Nitella stelligera ont attiré l'attention. des botanistes, mais on n'a pas jusqu'à ce jour men- tionné la présence de ces corps sur d'autres espèces du genre Nitella. Or je suis porté à croire aujourd'hui que la plupart d'entre elles, si ce n'est toutes, en sont pourvues ; je les ai observés, en effet, sur toutes celles que j'ai récem- ment examinées, En général, ce ne sont point des bulbilles pareils à ceux des vrais CAara, c'est-à-dire nus et disséminés en plus ou moins grand nombre sur les tubes radicellaires ; ils se présentent, au contraire, comme une sorte de bulbe radical, le plus souvent unique, d’où partent les tiges nombreuses qui constituent l'individu. Ce bulbe est quelquefois assez volumineux ; il est sur- tout trés gros chez le Nitella opaca, où, à première vue, il semble n'être formé que par un plexus de tiges et de racines partant de tous les points de sa périphérie. Il ne manque jamais dans cette espèce, et son volume excep- tionnel permet de reconnaitre le X. opaca au fond de l'eau, par le simple tact, avant méme que l'œil lait aperçu, et de ne point le confondre avec le N. capi- tata, dont le bulbe radical est bien plus petit et quelquefois peu apparent. Les tiges du JV. /rans/ucens, comme celles du AN. tenuissima, partent également d'un balbe radical plus ou moins visible. Le bulbe devient très évident chez le V. gracilis; en outre, dans cette espèce, on voit un tube unicellulé, sen- (1) Ur examen postérieur et plus attentif du petit nombre d'échantillons de Ch. bal- tica qu'il wa été permis d'étudier, m'a fait reconnaître également dans cette espèce la présence simullanée de deux sortes de bulbilles : les uns, semblables aux bultilles vésiculeux que nous connaissons déjà, c'est-à-dire sphériques, unicellulaires, lisses et adhérant par vn point de leur périphérie aux tubes radicellaires; les autres, beaucoup plus gros, composés, formés par le nœud lui-même, tout différents enfin des prémiers, bien quil ne wait été possible de préciser ni leur relief ni leur structure, à cause de leur état peu avancé. Comme chez le Ch. f'agifera, les bulbilles unicellulaires du Ch. baltica rappellent tout à fait ceux du Ch, aspera; il y a même entre eux i denti complete de forme extéri-ure. Or il ne faudrait pas conclure de ce fait l'identité spécifique de deux plantes dont la ressemblance apparente est d'ailleurs très grande : l'une, en effet, est divique, comme on sait, tandis que le Ch. baltica est monoique. Mais, dés à présent, il fiut bien reconnaitre que la présence de deux sortes de bulbilles sur un mémé ple de Chara n'est pas un fait aussi exceptionnel qu'il avait d'abord semblé l'étre, lorsqu'il n'avait encore été observé que trés rarement sur une espèce unique. On peut méme présumer d'avance que le même fait se montrera chez d'autres espèces; il est même encore permis de supposer que, sur toutes les espèces où l'on rencontrera des bulbilles de second ordre, ceux-ci se présenteront constamment sous la forme où nous rent © les voir dans les trois espèces citées, tandis que les bulbilles normaux, les bulbilles multicellulaires constitués par les nœuds, donneront seuls des différences essentielles: On est justement fondé à supposer encore que les bulbilles unicellulaires, Jatéraux " verticillés, que nous connaissons dans le Ch. aspera, ne sont que les bulbilles de jene ordre de cette espéce, et que les bulbilles normaux, s'ils existent, nous sont anco inconnus. (Note ajoutée au moment de l'impression.) SESSION EXTRAORDINAIRE À GRENOBLE EN AOUT 1860. 631 siblement plus gros que les tubes radicellaires, partir du bulbe radical, se renfler à son extrémité en bulbe secondaire, qui bientôt émet des racines et donne naissance à un nouvel individu : c’est un véritable stolon. Je dois me borner ici à faire connaître l'existence de ces bulbes radicaux dans ceriaines espèces de Vitella. I reste maintenant à étudier la formation, le développement et la structure de ces corps : c est ce dont il ne m'a pas été encore possible de m'occuper. Cette importante question mérite bien d'appe- ler l'attention de nos habiles organographes : c'est par eux seulement qu'elle peut étre convenablement et utilement traitée. Plus fréquemment, j'ai rencontré de simples renflements charnus aux nœuds inférieurs des tiges de diverses Characées, renflements qui per- mettent toujours de supposer l'existence ou la possibilité de bulbilles nor- maux, c'est-à-dire solides et amylacés, aux nœuds des tubes radicellaires. Ces nœuds charnus étaient surtout trés abondants sur les échantillons de Ch. Baueri dont il vient d'étre question. J'en ai observé de méme sur bien d'autres espèces de Chara et de Nitella qu'il importe peu de nommer ici. M. Clavaud, savant et ingénieux observateur, qu'il est regrettable de ne plus compter au nombre de nos confrères, forcé qu'il est, par les exigences d'autres travaux, de délaisser la botanique, M. Clavaud m'a méme fait remarquer ces nœuds renflés jusque chez le Ch. fragilis, où je n'avais pas cru d'abord qu'on pût les rencontrer (1). Parmi les espèces de Chara qui viennent d’être mentionnées, il en est trois, regardées comme assez rares, dont on n'a indiqué encore en France qu'un petit nombre de localités ; je profiterai de l'occasion qui se présente pour en faire connaître de nouvelles. Je rappellerai d'abord que le Ch. Baueri n'est acquis que nouvellement à la flore française, par la découverte qu'en fit, il y à pen d'années, notre zélé confrère M, E. Michalet, dans certains étangs du Jura francais. Mais il paraît que cette intéressante espèce a aussi été trouvée ailleurs. En effet, les échantillons cités plus haut, ceux où j'ai pu reconnaitre l'existence des bulbilles, m'ont. été envoyés par M. l'abbé Cliaboisseau, qui est (4) J'étais dans une bien grande erreur lorsque je supposai que le Chara fragilis n'est Point apte à produire des bulbilles (voyez Bull. VI. p. 185), parce que les nœuds infé- rieurs de ses tiges ne m'avaient jamais paru tuméfiés et charnus. On vient de voir que M. Clavaud m'en fit remarquer de tels. Or, tout récemment, le 25 avril dernier, ayant fait une échappée dans le but de colliger des matériaux pour l'Atlas des Characées de la Gironde, je recueillis, non loin de la Teste, une Characée basse et touffue que je ne pou- vais bien distinguer dans l'eau ; mais, sentant sous mes doigts un gros bulbe radical, je né doutai point d'avoir affaire au Nitella opaca, et je logeai l'échantillon dans mia boite sans autre examen. Rentré chez moi, je reconnus bien vite ma méprise : j'avais devant les yeux un vrai Chara, le Ch. fragilis en un mot. L'échantillon, encore jeune quoique très touffu, commençait à peine à fructifier ; il était muni d'un bulbe radical du volume de celui du N. opaca. De ce bulbe partaient les innombrables tiges de la touffe et des tubes radicellaires dont quelques nœuds s'étaient transformés en bulbilles parfaits, blancs èt multicellulés comme ceux du Ch. fragifera, mais très irréguliers et profondément lobés. (Note ajoutée au moment de l'impression, mai 1861.) 632 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. certain de leur provenance. Il est positif qu'ils ont été récoltés dans le bas Languedoc, à Narbonne, Agde, Cette ou Montpellier ; mais la localité précise n'a malheureusement pas été notée sur l'étiquette. Espérons que cette petite lacune sera bientót comblée par les recherches de nos confréres du midi. Si je ne me trompe, ce fut M. E. Martin, juge au tribunal de Romorantin, qui fit connaitre le premier la présence en France du Chara coronata Ziz, découvert par lui dans les étangs de la Sologne, il y a une douzaine d'années. Pendant longtemps cette espéce n'a pas eu chez nous d'autre localité connue, mais depuis elle a été rencontrée par feu Chantelat une seule fois dans les eaux de la Teste, et, plus récemment encore, M. l'abbé Chaboisseau la récoltait en abondance dans ce méme étang de Riz-Chauveron (Haute-Vienne), oü déjà il avait eu l'heureuse chance de découvrir une espèce nouvelle d’/soêtes. Enfin, pour le Chara frag' fera, je ferai connaître trois localités nouvelles, dont deux rétrospectives et l'autre toute récente. La plus ancienne date de 1817. Elle est constatée par un échantillon récolté à cette époque par Degland dans le canal de Hédé (Ille-et-Vilaine). C'est à notre excellent confrère M. le docteur Monard que je dois la communication de ce précieux échantillon, où adhérent encore deux ou trois bulbilles parfaits. Du reste, j'ai déjà dit ailleurs que tout ce qui a été indiqué dans l'ouest de la France comme CA. galioides, connivens ou capillacea doit probablement se rapporter au Ch. fragifera. J'a cité particuliérement l'étang de Grandlieu, dans la Loire-Inférieure (1). L'échan- tillon de cette localité, que je reçus autrefois de M. Hectot (de Nantes), a été par malheur égaré, mais le souvenir qui m'en est resté ne me laisse guere de doute. J'intervertis ici l'ordre de date, ne voulant pas abandonner l'ouest avant d'avoir signalé les nouvelles localités de CA. fragifera venues à ma connais- sance. C'est encore à notre confrére M. E. Martin que sont dues celles qu'il me reste à faire connaître, et qui peuvent se résumer en une seule : plusieurs étangs des landes de la Sologne et la petite rivière de Rère qui coule dans la contrée. M. Martin, d'ailleurs, ne s’est point trompé dans sa détermination ; il a parfaitement reconnu le CA. fragifera dans la plante sécalaunienne, et c'est bien sous son vrai nom qu'il vient de me la communiquer avec une obligeance empressée. Enfin, je possède un échantillon de la même plante, recueilli par moi-même à Metz en mai 1830, dans certaines lagunes dont j'ai complétement oublié l'emplacement. Je faisais, en compagnie de quelques amis, une promenade en bateau, m'occupant ce jour-là bien plus de chasse que de botanique. Mais, apercevant tout à coup un beau Chara dont les touffes é'incelaient d'anthéri- dies, j'en enlevai rapidement quelques brins que je logeai dans mon carnet de (4) Je saisis cette occasion pour relever un lapsus calami qui m'échappa dans là A au net de ma copie, en me faisant écrire Seine-Inférieure pour Loire-Inférieure (voy Bull. Soc. bot. t. VI, p. 180). SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 633 poche. Je ne vis la plante qu'en un seul endroit, et elle y abondait. Elle n'a pas été retrouvée depuis, que je sache, dans les environs de Metz, mais deux de nos confréres de la Moselle, M. le docteur Monard et M. le commandant Taillefert, prévenus du fait, se sont déjà mis à la recherche de cette Characée, toute nouvelle pour le nord-est de la France, et ils finiront certainement par la retrouver. Le Ch. fragifera ne serait donc pas une espèce exclusivement occidentale, comme il était pourtant permis de le supposer à l'époque où je la fis con- naître. Et la séance est levée vers onze heures et demie. Le lendemain (7 août), une grande partie des membres de la Société sont partis, à six heures du matin, pour la grande excursion du Lautaret, et ont couché au Bourg-d'Oisans. — Le 8, on a fait le trajet du Bourg-d'Oisans au Villard-d'Aréne, et herborisé au glacier dela Grave. — Les journées du 9 et du 10 ont été consacrées à l'exploration des riches prairies du Lautaret et à l'ascension du Galibier. — Le 11 au soir, on est rentré à Grenoble, aprés un arrêt de quelques heures au Bourg-d'Oisans, oü une séance a été tenue. — Dans la séance du 13 (voyez plus bas), M. de Schonefeld a rendu compte de cette longue et fructueuse excursion. SÉANCE DU 11 AOUT 1860. PRÉSIDENCE DE M. DURIEU DE MAISONNEUVE. La Société se réunit au Bourg-d'Oisans (Isére), à onze heures et demie du matin, dans la principale salle de l'hôtel de Milan. Assistent à cette réunion : MM. les abbés Cottave, curé-archipré- tre du Bourg-d’Oisans ; Cottave et André, vicaires au méme lieu; Balme, curé d'Huez, et Perret, professeur au petit séminaire de Grenoble (qui avait accompagné la Société dans son excursion au Lautaret). M. le Président, en ouvrant la séance, remercie M. le curé du Bourg-d’Oisans et les ecclésiastiques qui se sont joints à lui de l'em- 634 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. pressement qu'ils ont bien voulu mettre à se rendre à l'invitation de la Société. M. Louis Amblard, secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la séance du 6 aoüt, dont la rédaction est adoptée. M. Verlot, vice-président, fait à la Société la communication suivante : LES HERBORISATIONS DES ENVIRONS DE GRENOBLE, par M. J.-B. VERLOT. La Société botanique de France ne pouvant, pendant la courte session qu'elle tient ici cette année, visiter que quelques-unes des localités des plus importantes de nos Alpes dauphinoises, telles que la Grande-Chartreuse et le Lautaret, localités assez éloignées de Grenoble, il ne me paraît pas inutile, pour compléter les documents que la Société est à méme de recueillir, de signaler les espèces les plus intéressantes qui croissent dans les localités les plus riches situées dans uu rayon de 25 à 30 kilométres environ de cette ville. Deux auteurs dauphinois, Villars et Albin Gras, ont déjà publié des listes d'herborisations aux environs de Grenoble, l'un dans le premier volume de son Histoire des plantes du Dauphiné (1186), l'autre dans la Statistique bota- nique du département de l'Isère (4844). C'est presque dire que les plantes grenobloises sont connues; cependant, depusis les publications de ces antews, bien que l'une soit assez récen'e, beaucoup d'espéces ont été découvertes où mieux déterminées; leurs listes, d'ailleurs, sont disposées en suivant, pour chaque localité, l'ordre alphabétique des espèces, ce qui est incommode pour le botaniste qui recherche les plantes sur place. Un autre botaniste grenoblois, M. Antonin Macé, professeur d'histoire à la Faculté des lettres, a aussi écrit dans ces dernières années sur les plantes des environs de Grenoble, soit dans le Guide-itinéraire des chemins de fer du Dauphiné, soit dans des articles spéciaux sur le Pic de Belledonne, le Col de l Arce et Saint-Nizier; mais les publications de cet auteur étant faites surtout pour le voyageur touriste, ^ embrassant à la fois, pour chaque localité, l'archéologie, l'histoire, la zoologie, et la géologie, ses citations botaniques n'ont porté que sur un petit nombre d'espèces les plus importantes de quelques localités. Le petit travail que J à! l'honneur de soumettre à mes confréres est rédigé par ordre de localités; les espèces y sont citées suivant l'ordre où elles se rencontrent dans chaque her- borisation; il pourra guider pas à pas le botaniste qui visitera les environs de Grenoble, si variés et si riches. J'aurai soin aussi d'ajouter les observations personnelles que j'ai été à méme de faire sur certaines espèces. Pour le botaniste qui se propose de parcourir les environs de Grenoble dans un rayon de 25 à 30 kilométres environ autour de cette ville, onze localités SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 635 méritent surtout d'étre explorées, ce sont : le polygone, placé au confluent de l'Isère et du Drac, au nord de la ville; la Bastille et le Mont-Rachet, le Saint- Eynard et Chamechaude, au nord-est; Sassenage, Comboire, Saint-Nizier et le col de l'Arc, à l'ouest et au sud-ouest ; les rochers du pont de Claix et de Rochefort, au sud; Prémol et Chanrousse, Revel et Belledonne, au sud-est. 1. Herborisation au polygone. Les renseignements topographiques sur cette herborisation, ainsi que la citation des principales espèces que l’on y trouve ayant été donnés dans le rapport que nous avons eu l'honneur de présenter sur l'herborisation que la Société botanique a faite au polygone dans la journée du 2 août, nous nous abstiendrons de nouveaux détails pour éviter des répétitions, et nous ren- voyons à notre rapport imprimé ci-dessus, page 602. 2. Herborisation à la Bastille et au Mont-Rachet. Cette herborisation est la plus rapprochée de la ville avec celle qui pré- cède; elle comprend un ensemble de mamelons calcaires échelonnés à la suite les uns des autres en s'élevant et se dirigeant de l'ouest à l'est. La plus grande partie de la surface de ce massif montagneux se trouve inclinée soit au midi, soit au nord. Le mamelon inférieur, dit la Bastille, où sont construites les fortifications de Grenoble, présente des rochers escarpés, des pelouses ou des broussailles reposant sur le roc. Il en est à peu prés de méme des autres mamelons, sauf cependant certaines parties du Mont-Rachet qui forme le point culminant : celles-ci sont plus boisées et présentent, à l'exposition du midi, quelques cultures. On monte ordinairement par le cóté nord de la Bastille, en suivant un chemin qui passe près des carrières de Guy-Pape et sur les bords duquel se trouvent quelques espèces particulières à cet endroit : Fæniculum vulgare (1), Bupleurum junceum, Calepina Corvini, Chenopodium opulifolium, Rumex pulcher, Galeopsis angustifolia, etc. Ce chemin traverse ensuite quelques vignobles de la commune de Saint-Martin-le- Vinoux. Le cóté nord de la Bastille offre aux botanistes un certain nombre d'espéces intéressantes, dont quelques-unes ont un caractère tout méridional ; les prin- cipales sont : Osyris alba, Pistacia Terebinthus, Jasminum fruticans, Ono- nis minutissima, Acer monspessulanum, Campanula Medium, Rhamnus Alaternus, Lonicera etrusca, C ytisus sessilifolius, Coronilla Emerus, Se- dum altissimum et anopetalum, Serrafalcus squarrosus, Seseli coloratum, Arabis stricta et muralis, Convoluulus Cantabrica, Lathyrus latifolius et (1) Pour la plupart des espèces que nous aurons à citer dans ce travail, nous n'indi- Tuerons pas les noms d'auteurs, ayant généralement adopté la nomenclature de la Flore de France de MM. Grenier et Godron. 656 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sphæricus, Odontites lutea, Asplenium Halleri, etc.; on y rencontre aussi quelques espèces réputées critiques: Geranium purpureum (que M. Jor- dan (1) considère comme distinct de ses Geranium modestum, minutiflorum et Villarsianum, plantes confondues autrefois et décrites sous le seul nom de G. purpureum par Villars), Silene Pseudotites Bess. (plante que je crois avoir signalée le premier à l'attention des botanistes francais, daus une note placée à la fin du Catalogue des graines du jardin botanique de Grenoble de 1852, et qui me parait représenter la variété latifolia du Silene Otites du Prodromus de De Candolle), Galium myrianthum, Lactuca flavida Jord., Hieracium gallicum Jord., Verbascum pulverulentum et Chaixii, Semper- vivum tectorum (plante assez abondante, qui ne laisse aucun doute sur sa spontanéité), Rubus nemorosus et discolor, Rosa ramulosa Godr. et agrestis Savi, etc. Le côté sud de la Rastille présente à peu près les mêmes espèces, mais, pour le parcourir, il faut avoir l'autorisation de l'administration militaire, attendu qu'il forme une enceinte close de murailles, occupée presque en entier par les fortifications de la ville. Pour visiter cette partie, on prend sur le quai Perrière la montée de Cha!emont, et l'on entre dans les fortifications par la porte de Rabot. A cette station on trouve les Linaria origanifolia et Cymbalaria, Medicago cinerescens et ambigua Jord., Allium polyanthum, etc. Au sommet de la Bastille, élevé de 500 métres au-dessus du niveau de la mer, une esplanade, faisant suite aux fortifications de Grenoble, offre, indé- pendamment de quelques-unes des espèces ci-dessus citées, A éhronema saxa- tile, Trigonella monspeliaca, Astragalus monspessulanus, Crupina vulgaris, Ptychotis heterophylla, Artemisia camphorata, Saponaria ocimoides, Antir- rhinum latifolium, Tragopogon crocifolius, Rubus collinus, Epilobium rosmarinifolium, Melilotus alba, etc. Du sommet de la Bastille, on gagne le Mont-Rachet; en traversant succes- sivement des pelouses, des broussailles et franchissant quelques rochers, on parvient à un sentier qui suit à peu près l'aréte de la montagne; ce sentier, vers les deux tiers environ de son parcours, se bifurque en deux ramifications, l'une se dirigeant vers le nord, l'autre vers le midi. Cette derniere direction, quoique plus longue que l'autre pour arriver au terme de la course, "t cependant celle qu'il convient de prendre : elle est plus commode à parcourir et offre un plus grand nombre d'espèces intéressantes ; nous la suivrons donc. Les espèces principales, non encore.citées, que l'on rencontre successivement dans le trajet sont: Cynoglossum Dioscoridis (plante rare de nos environs et peu abondante), Orobanche amethystea (parasite sur les racines del Eryn gium campestre), Leontodon crispus, Argyrolobium Linnganum, Inula squarrosa var. latifolia DC. (Prodr.), Catananche cœrulea, Cytisus La- (1) Voyez plus haut, p. 605. SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 657 burnum et supinus, Rhus Cotinus, Laserpitium Siler, Buphthalmum gran- diflorum, Melampyrum nemorosum, Scorzonera hispanica var. glastifo- lia; sur les rochers croissent les Hieracium Jacquini, Anthyllis montana, Globularia cordifolia, Erinus alpinus, Saxifraga Aizoon. Je dois men- tionner spécialement encore trois plantes critiques de cette localité : 4° Un Centaurea appartenant au groupe du montana, découvert en 1854 ou 1855 sur le second mamelon, dit plateau de Jallat, par deux botanistes lyonnais, MM. Chavanis et Cornet; cette plante est très voisine du Centaurea lugdu- nensis Jord. ; ses feuilles étroites, mais moins vertes, sont un peu plus larges et plus laineuses sur les bords et en dessous; elle paraît se rapporter assez bien au Centaurea intermedia, décrit par M. l'abbé Cariot dans la dernière édition de sa Flore lyonnaise ou Étude des fleurs. — 2 Le Gentiana angus- tifolia Vill. (Dauph. 1787), qui, d’après les règles de l'antériorité, devrait prendre le nom, assez impropre d'ailleurs, de G. caulescens Lam , à cause de la date (1786) du volume du Dictionnaire encyclopédique où il a été décrit. — 3° L'Asphodelus Villarsii mihi, plante voisine de l'A. cerasiferus J. Gay (du littoral méditerranéen), mais qui en diffère par ses principaux organes. Aprés avoir suivi la ramification méridionale du sentier dont j'ai parlé, on arrive devant le Mont-Rachet, dont le sommet n'est plus éloigné que d'environ 300 mètres. Dans la dernière partie de l'ascension, on rencontre quelques champs cultivés, avec des pelouses et des broussailles, et l'on trouve quelques espèces à récolter : Biscutella cichorifolia, Orobanche Picridis et cruenta (parasites, l'un sur les racines du Picris hieracioides, l'autre sur celles de V Hippocrepis comosa), Vicia incana Vill. (plante rapportée par les auteurs au j. Gerardi DC. non Jacq., et qui n'est peut-être pas identique avec l'espèce décrite et figurée par Gérard dans son Flora gallo-provincialis), Carlina acanthifolia, Hieracium | Verloti Jord., Sedum Verloti Jord. (1), Crepis niccensis, Tragopogon dubius, Prunus fruticans, Rosa mollissima Fries, Thesium pratense, etc. On arrive ensuite sur le sommet du Mont- Rachet, élevé de 1053 mètres au-dessus du niveau de la mer, d’après la carte du Dépôt de la guerre; les rochers, les pentes herbeuses ou les taillis de ce sommet offrent les espèces suivantes non encore citées : Hieracium lanatum, Sedum maximum, Lilium Martagon, Leuzea conifera, Cerastium arvense Var. strictum, Evonymus latifolius, Rosa alpina et rubrifolia, Luzula silvatica, Doronicum Pardalianches, Aconitum Anthora, Thalictrum aqui- legifolium, Thlaspi virgatum, Orchis pallens, Tulipa Celsiana, Crocus vernus, Orobanche Laserpitii-Sileris et Cervariæ (parasites, l'un sur les racines du Laserpitium Siler, l'autre sur celles des Seseli Libanotis et Peucedanum C ervaria), Arabis brassiciformis, Viola mirabilis, Galium lævigatum, Calamintha grandiflora, Valeriana tuberosa; et parmi les 1) Voyez plus haut, p- 606, la description de cette espèce, donnée par M. Jordan. 638 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. espèces réputées critiques : Galium commutatum, Scabiosa glabrescens Jord., Rubus glandulosus et hirtus, Hieracium præaltum, Pulmonaria affinis Jord., etc. Pour le retour, plusieurs voies se présentent: on peut, et c'est le plus court, revenir sur ses pas en suivant ls sentiers par lesquels on est monté; on peut aussi descendre à travers les taill s du versant sud-est de la montagne, où se trouvent divers chemins d'exploitation, et par là ariiver à Chañte- merle, partie supérieure du village de la Tronche. Enfin, en appuyant plus à l'est, on peut rejoindre le grand chemin qui descend du Sappey à Grenoble. Cette derniere route est la plus longue, mais elle permet de récolter encore quelques espèces contre le flanc occidental du mont Saint-Eynard. 3. Herborisation au Saint-Eynard. La montagne de Saint-Eynard présente la plupart des espèces précédemment indiquées au Mont-Rachet, son sol étant de méme composé de calcaire juras- sique oxfordien ; mais elle doit à son altitude plus considérable (1347 metres), quelques espèces particulières. Elle est formée par un ensemble de ro- chers qui s'étendent de l'ouest à l'est sur environ 6 kilomètres de longueur; les parties les p'us riches pour le botaniste et le plus souvent visitées sont celles de l'extrémité occidentale. On y parvient en suivant le chemin du Sappey. Le versant ouest, qui regarde Grenoble, est fortement incliné et couvert en presque totalité de bois taillis tantót herbeux, tantót mélés de rocailles et de graviers; il offre, à sa base, Ononis fruticosa, Daphne Verloti, Epilobium rosmarinifolium, Carex Halleriana et montana, Orchis odorotissima, Hip- pophaë rhamnoides, Hieracium statici folium, Centranthus angustifolius, etc. Sa partie supérieure présente les Lilium croceum, Calamintha alpina et grandiflora, Cerex divulsa, Arenaria ciliata, Knautia silvatica, Asphodelus Villarsii Verl., Arabis stricta, Dianthus monspessulanus , Cotoneaster tomentosa, Orobanche Laserpitii- Sileris, etc. à Le versant sud, qui regarde la vallée de l'Isère, est presque entiérement formé de bancs de rochers calcaires presque nus, disposés verticalement, et offrant une végétation en partie méridionale; on y rencontre notamment, sur les points accessibles, vers le sommet, Clypeola Jonthlaspt, Astragalus depressus, Arabis sazatilis (plante peu abondante et qui ne croit, à ma connaissance, prés de Grenoble, que dans cet endroit), Arabis auriculata, Hieracium andrialoides ct pulmonarioides, Helianthemum alpestre Dunal, Valeriana Phu (maturalisé seulement sur un bloc de rocher, et ayant été planté jadis par les habitants d’un chalet qui y existe encore), Viola alpestris Jord., Silene sazifraga, etc. La base de ce versant ne peut être explorée avec succès qu'en en faisant l'objet d'une course spéciale, en raison de la dispositio" du terrain. SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 639 On peut visiter le versant nord en suivant le chemin du Sappey, d'abord jusqu'en face du hameau de Vence, où commence l'exploration de la partie inférieure, et ensuite jusqu'aux premières maisons du Sappev, pour gagner, en prenant à droite, la partie supérieure, partie qui permet seule l'ascension des points les plus élevés de la montagne, et qui forme une aréte vive de rochers avec les sommets des côtés exposés à l'ouest et au midi. On observe, dans la partie inférieure de ce côté nord, Gagea lut«a (au bord des prairies du côté de Vence), Dentaria digitata et pinnata, Senecio Jacquinianvs Rchb. , Hieracium nemorense, Luzula nivea et silvstica, Spiræa Aruncus, Sambucus racemosa, Rosa rubrifolia, Cytisus Laburnum, Melampyrum nemorosum, Pirola secunda, Phyteuma spicatum var. cæruleum (1), Calamagrostis varia, Artemisia Absinthium, Saponaria ocimoides, Saxifraga Aizoon, Allium fallax, Polygonatum verticillatum, etc. Sa partie supérieure, cou- verte de bois taillis ou de gazons, présente la plupart des espèces des mon- tagnes calcaires d'élévation moyenne; tels sont principalement : Antennaria dioica, Crocus vernus, Pinus Picea, Ranunculus montanus, Viola calca- rata, Luzula flavescens, Gentiana verna, Orchis sambucina, Geum montanum, Rhododendron ferrugineum, Soldanella alpina, Alchemilla alpina, Plan- tago alpina et montana, Homogyne alpina, Daphne Mezereum, lubus glan- dulosus, Thlaspi virgatum, Prenanthes purpurea, Juniperus alpina, Hi» racium cymosum (sur un des points près du sommet, au bord de l'aréte de rochers dont j'ai parlé), etc. Après l'herborisation du versant nord du Saint-Eynard, on revient sur ses pas au village du Sappev; il est d'usage d'explorer les prairies humides et les champs culüvés de ce village, qui sont situés à environ 1000 metres au- dessus du niveau de la mer, et présentent quelques espèces assez intéressantes ; on trouve, dans les prairies, Carex Hornschuchiana, leporina et panicu- lata, Trollius europæus, Ranunculus aconitifolius, Astrantia major, Cir- stum rivulare, Polygonum Bistorta, Narcissus poëticus, Eriophorum angus- tifolium, etc.; les champs cultivés offrent les Odontites lanceolata et verna Rchb., /beris pinnata, Carum Bulbocastanum, Reseda Phyteuma, etc. Autour des maisons se rencontrent les Chærophyllum aureum, Rosa psilo- phylla Rau. Une fois, en 1845, j'ai trouvé, sur une pelouse assez sèche, deux échantillons ( parasites sur les racines de l Achillea Millefolium) du Ph:lipæa C@rulea, plante très rare et que depuis je n'ai jamais rencontrée près de Grenoble, Du Sappey on revient à Grenoble par le chemin que l'on a suivi en montant, et l'on ne doit point négliger, en traversant le village de la Tronche, de récolter sur les murs le Linaria origanifolia, l'une des especes les plus intéressantes de notre contrée. . (1) Cette plante est beaucoup plus répandue autour de Grenoble que le type, qui est a fleurs blanches; rarement on trouve ce dernier. 640 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 4. Herborisation à Chamechaude. La montagne de Chamechaude est l'une des plus riches de nos environs ; elle est aussi l'une des plus élevées (2089 mètres au-dessus du niveau de la mer). Pour s'y rendre on suit le chemin du Sappey à la Grande-Chartreuse, jusqu'à la forét de Porte, située à la base de la montagne. Chamechaude se compose d'un assez vaste massif calcaire, couvert soit de gazons reposant sur le roc, soit de rochers ou de débris de rochers, fortement inclinés à l'exposition du nord; un banc de rochers existe aussi du cóté du midi, mais il est à pic et, par conséquent, iuexplorable. Dans l'excursion précédente, nous avons signalé les principales espèces que présente la base du Saint-Eynard du cóté de l'ouest et du nord, oü se trouve la rou:e du Sappey, que le botaniste doit parcourir de nouveau pour se rendre à Chamechaude; nous nous abstiendrons donc de répétitions, et nous com- mencerons nos citations d'espèces à la forêt de Porte qui fait suite zux champs cultivés du Sappey. En montant de la forét de Porte au sommet de Chamechaude, on traverse d'abord des bois taillis et des clairières. Là doivent être signalés : Ranunculus lanuginosus et platanifolius, Epilobium alsinifolium (sur des points humides) E. trigonum, Campanula rhomboidalis, Geranium silvaticum, Hieracium nemorense Jord., Bellidiastrum Michelii, Chærophyllum aureum, Sagina Linnæi, Pirola minor, etc. Au-dessus des bois, dans des lieux arides, sablon- neux et sur les premiers rochers, on trouve: Arabis arcuata Shuttlew var. hirsuta (A. ciliata var. hirsuta auct. non R. Br.) (1), Trifolium Thalit, Arenaria ciliata, Sideritis hyssopifolia, Calamintha alpina, Poa alpina, Adenostyles alpina, Scrofularia juratensis Schleich., Linum salsoloides Lam., Phleum Michelii (plante rare dans nos environs), Hieracium €y- mosum, Primula Auricula, Salix retusa, Silene quadrifida, ces trois der- nières espèces contre les rochers, etc. Dans le voisinage immédiat de ces rochers, croît un Primula à feuilles hérissées fortement nervées, qui semble se rapporter exactement au Primula acauli-elatior Muret. Plus haut, les prairies alpines et les rochers du sommet offrent un assez grand nombre d'espèces; les principales, pour les prairies, sont : Leontodon pyrenaicus, Vaccinium uliginosum, Avena montana, Anenome alpina, Phleum alpinum, Potentilla aurea (plantes qui croissent indifféremment sur le calcaire et sur le granite), Polygonum viviparum, Vaccinium Vitis idæa, Orchis globose, O. viridis var. alpina, O. albida, Nigritella angustifolia, Pedicularis (1) M. Godet, dans sa Flore du Jura, 1832, p. 38, a démontré que rA. ciliala d R. Brown, dont il a pu étudier des échantillons authentiques, est une plante tres férente de celle qui nous occupe, et que De Candolle, Koch et beaucoup d'auteur eu tort de les confondre l’une avec l’autre. s ont SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 641 gyroflexa, Aster alpinus, Festuca pumila, Senecio Doronicum, Bupleurum longifolium, Alnus viridis, Paradisia Liliastrum, Ranunculus montanus, Sorbus Chamæmespilus, Campanula thyrsoidea, Rhododendron ferrugineum (très abondant), etc. Sur les rochers on trouve les Coronilla vaginalis (plante rare et peu abondante), Silene bryoides Jord., Oxytropis montana, Poten- tilla nitida, Saxifraga muscoides, etc. Les débris mouvants de rochers présentent les Thlaspi rotundifolium, Petrocallis pyrenaica (plantes qui croissent ici sur le calcaire et que l'on retrouve dans l'herborisation de Re- vel sur le granite), Erysimum ochroleucum, Galium anisophyllon, Lina- ria alpina, Saxifraga oppositifolia, Ranunculus Seguieri, Poa disticho- phylla, etc. Le retour de l'herborisation de Chamechaude doit se faire par le méme chemin qu'on a suivi pour s'y rendre. — La course, l'une des plus longues de notre circonscription, exige une journée complète. 5. Herborisation à Sassenage. Sassenage est à 6 kilométres environ de Grenoble. On peut s'y rendre en suivant la route départementale du Villard-de-Lans, mais, pour le botaniste, la course est plus fructueuse en passant par les Balmes de Fontaine et en lon- geant la base des rochers ou des bois. Cette localité, étant exposée au levant, doit être visitée au printemps ou au commencement de l'été. Le versant de la Montagne au pied de laquelle est situé Sassenage se compose de rochers cal- caires (craie ou néocomien supérieur) presque nus ou recouverts de bois- taillis. Aux Balmes de Fontaine, on trouve, dès le premier printemps ; Leucoium vernum, Corydalis solida, Isopyrum thalictroides, Viola scotophylla Jord. ; un peu plus tard : Ornithogalum nutans, Arabis alpina, Valeriana tuberosa, Carex maxima, Pol ygonatum multiflorum; et en été: Carpesium cernuum, (plante assez rare), Festuca giyantea, Physalis Alkekengi, etc. Des Balmes de Fontaine à Sassenage, les débris de rochers calcaires offrent : Lactuca flavida Jord. (plante fort distincte du Z. virosa, auquel MM. Grenier et Godron l'ont rapportée comme variété), Vulpia Myuros, Epilobium rosmarinifolium, Verbascum Chaizii, Silene Pseudotites et saxifraga, Lasiagrostis Calamc- ÿrostis, Melica nebrodensis, etc. A Sassenage, en allant aux grottes dites les Cuves, on rencontre les Cytisus Laburnum et sessilifolius, Rubus thyrsoideus, Acer opulifolium, Coronilla Emerus, Asplenium Halleri, Buphthalmum grandiflorum, Mahringia mus- cosa, Erinus alpinus, Saxifraga Aizoon et rotundifolia, Hieracium pul- monarioides, etc. ; parmi les blocs de pierres ou de rochers d'où s'écoulent les Eaux des Cuves, se trouve assez abondamment le Chærophyllum Cicutaria Vill., plante qui a été considérée par les auteurs modernes comme étant le T. VIL W1 642 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Ch. hirsutum L. , et à laquelle il conviendrait, je crois, de laisser, à l'exemple de M. Jordan, le nom que lui a donné l'auteur dauphinois, en appliquant celui de CA. hirsutum à la plante de nos Alpes granitiques, nommée Ch. Vil- larsii par Koch et par MM. Grenier et Godron. Le long des rochers d’où sortent les eaux des Cuves, se trouvent deux plantes importantes, le Phyteuma Charmelii et le Potentilla petiolulata Gaud. (confondu par MM. Grenier et Godron, sous le nom de P. caulescens, avec une autre espèce des Alpes gra- nitiques de l'Oisans, qui en est différente). Du côté opposé aux Cuves, parmi des blocs de pierres et des débris de ro- chers qui sont tantôt couverts de broussailles, tantôt nus, on trouve : Vinca major, Saponaria ocimoides, Silene Pseudotites Bess., Rosa agrestis Savi, Alsine rostrata Koch (A. mucronata Gr. et Godr. an L.?), Lasiagrostis Cala- magrostis, Erinus alpinus, Aéthionema saxatile, Cephalanthera ensifolia, Hieracium Jacquini, Orobanche Hederæ (parasite sur les racines du Lierre), etc. Au bord de la route du Villard-de-Lans, au lieu dit les Côtes, croissent deux espèces rares qui y sont peu abondantes, Cynoglossum Dios- coridis et Hieracium farinulentum Jord. Dans un pré marécageux, près de la chute du torrent dit le Furon, qui descend d'Engins, se rencontrent assez abondamment les Cirsium rivulare et Crepis paludosa, près desquels croit , sur quelques pierres ou débris de rochers humides, le Saxifraga rotundi- folia. Sur les rochers qui bordent la route et le Furon, on peut recueillir : Kernera saxatilis, Globularia cordifolia, Rhamnus alpinus, Potentilla petiolulata Gaud. avec quelques pieds du Dianthus cæsius, à tiges et à feuilles assez longues, constituant, je crois, la forme qué Villars a appelée Dianthus gratianopolitanus. En suivant la route et le Furon sur une longueur de quelques centaines de mètres, les débris de rochers offrent l’ Artemisia Absin- thium etle Leucanthemum Parthenium, etc. En franchissant le premier pont jeté sur le torrent, dit pont Charvet, et en s'avancant de quelques mètres, on rencontre, le long des rochers, les Phyteuma Charmelii, Gentiana angustifolia Vill., Hieracium andrialoides, avec encore quelques touffes de la forme du Dianthus cæsius dont nous venons de parler, etc. Ici nous terminerons notre course de Sassenagé, mais, si le tegaps permet- tait de suivre la route jusqu'aux gorges d'Engins, éloignées encore d'une heure à une heure et demie de marche, l'herborisation s'enrichirait d'une plante de plus, Alyssum montanum, espèce rare dans nos environs, et qui ne croit, à notre connaissance, autour de Grenoble, que dans cette unique localité, En poussant la course jusqu’à Lans, éloigné encore d'une heure à delà des gorges d'Engins, et en tout de 21 kilomètres de Grenoble, 9f trouverait de plus le Senecio spathulifolius (Cineraria campestris Motd, Fl. du Dauph.), qui croit dans les prairies humides, où il atteint pret d mètre, et qui, datis nos environs, n'a été observé, à ma connaissance, qu'à cette unique station. SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 643 6. filcrborisation à Comboire. La montagne de Comboire, située prés du village de Seyssins et des bords du Drac, n'a qu'une petite étendue et une médiocre altitude (500 mètres en- viron); son sol est composé de calcaire jurassique oxfordien, et elle offrira au botaniste quelques espéces tout à fait méridionales. Elle est rapprochée de Grenoble et peut étre visitée dans une demi-journée, l'aller et le retour compris. Pour s'y rendre, on suit la route de Seyssins jusque dans ce village, et, de ce point, la première partie de la montagne n'est plus qu'à quelques centaines de mètres. Pour visiter Comboire avec succés, il convient de parcourir d'abord la par- tie supérieure de la montagne jusqu'à son extrémité du cóté de Claix, et, en revenant, de passer devant les Balmes de Claix, pour visiter la partie inférieure, située prés du Drac. Ce détour est absolument nécessaire, attendu qu'entre la base et le sommet de la montagne il existe des rochers tout à fait abrupts et infranchissables. La partie supérieure de Comboire présente alternativement des rochers presque nus, des bois-taillis et des gazons, qui, pour la plupart, sont exposés au levant. On y trouve les Osyris alba, Gentiana angustifolia Vill. et ciliata, Rhus Cotinus, Thesium divaricatum, Leontodon crispus, Arabis stricta, Campanula Medium (très abondant), Carlina acanthifolia, Asparagus tenui- folius, Asphodelus Villarsii Verlot, Cytisus sessilifolius, Argyrolobium Linnæanum, Allium fallax, Dianthus saxicola Jord. et monspessulanus, Valeriana tuberosa, Orchis purpurea et Simia, Seseli coloratum, Acer monspessulanum, Carex montana, Halleriana et humilis, ete., et deux es- pèces critiques, l Onobrychis collina Jord. et V Euphrasia cuprea Jord. — Eu s'avançant du côté de Claix, l'aréte vive des rochers exposés au midi offre quelques pieds du Juniperus phonicea var. lycra ; cette localité est la seule de nos environs où j'aie observé cette année cette forie tout à fait méridionale et non signalée dans la Flore de France de MM. Grenier et Godron; on y trouve aussi les Rhamnus Alaternus, Fumana Spachit, Helianthemum velutinum Jord., etc. — Les bois-taillis les plus voisins présentent au printemps le rare Crocus versicolor, autre espèce méridionale, découverte dans cette localité par notre excellent ami M. B. Jayet, et publiée dans l’£xsiccata de M. Billot sous le n° 2372. Sur le plateau, dans quelques champs de seigle, on trouve les Biscutella cichorifolia, Xeranthemum inaperlum, Gladiolus segetum, Co- ronilla scorpioides, etc. — Descendant ensuite du sommet de Comboire du côté de Claix, pour venir explorer la partie inférieure de la montagne, on trouve, dans les champs cultivés qui avoisinent les Balmes de Claix, ou aux bords de ces champs, les Vicia tenuifolia et peregrina, Thalictrum angus- tifolium, Papaver Lecokii Lamotte, etc. —- Les terrains d'alluvions des bords 644 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. du Drac présentent : Cirsium monspessulanum, Senecio Doria, Schænus nigricans, Epilobium rosmarinifolium, Calamagrostis littorea, Myricaria germanica, etc. Aprés un petit détour qu'on est obligé de faire par suite de la nature des lieux, on arrive à la base de Comboire, où des rochers ou dé- bris de rochers offrent les ZJieracium Jacquini, staticifolium et pulmona- rioides, Centranthus angustifolius, Lasiagrostis Calamagrostis, Melica nebrodensis, Senecio gallicus (plante très rare autour de Grenoble, et que je n'ai trouvée qu'une seule fois là en 1847), Sedum altissimum et anopeta- lum, Buphthalmum grandiflorum, Rubus collinus, etc. On observe aussi, le long des bancs de rochers, dans un espace trés restreint et sur un point presque inaccessible, quelques pieds de Lilium candidum, qui acquièrent une belle végétation ; mais la plante est-elle bien spontanée ? MM. Grenier et Godron, dans leur Flore de France, doutent de sa spontanéité, tandis que Mutel et Albin Gras, dans leurs ouvrages sur les plantes du Dauphiné, l'indiquent comme réellement indigène; dans tous les cas, la plante s'est main- tenue à cette station depuis longtemps, mais sans se propager dans le voisi- nage. On ne la rencontre dans aucune autre localité autour de Grenoble, ce qui permet bien de soupconner qu'elle n'est là que subspontanée et que les bulbes primitifs y ont été introduits. *. Herborisation à Saint-Nizier. L'excursion de Saint-Nizier est sans contredit l'une des plus importantes des environs de Grenoble. Les localités si variées qu'elle présente demandent une journée entière pour leur exploration, car, en allant, on visite Pariset et le Désert, et on revient ordinairement par Vouillant et Fontaine ou par Sassenage. Le terrain à parcourir dans cette herborisation est de nature calcaire, avec une zone de molasse qui se trouve sur le territoire du hameau de Saint-Nizier méme, élevé de 1171 métres au-dessus du niveau de la mer. On y rencontre des bois taillis reposant sur le roc, des rochers, des débris mouvants de rochers, des foréts de Sapins et des champs cultivés. Les trois quarts environ de la surface à visiter sont exposés au levant, l'autre partie est exposée au nord ou forme une sorte de plateau. Pour se rendre à Saint-Nizier, après avoir franchi le Drac sur le pont sus- pendu, on suit l'allée des Balmes de Fontaine, et l'on trouve, sur le terram d'alluvion, quelques espèces intéressantes : Linum angustifolium, Equisetum variegatum, Vulpia Myuros, Senecio Doria, etc. Arrivé au château de Balmes, on prend à gauche le chemin de Seyssinet que l'on suit environ 200 mètres, et immédiatement après on s'engage à travers les bois et les prés pour gagner le chemin de Pariset. Dans le premier parcours, on rencontre : Pistacia Terebinthus, Rhus Cotinus, Lathyrus sphericus, Lonicera etrusca, Buphthalmum grandiflorum, Galium myrianthum, Genista germanica, Rosa SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN Aour 4860. 645 nemorosa Libert, Rubus collinus, etc. Un peu plus haut, et avant d'arriver à la propriété dite de Beauregard, les lieux arides présentent : Anchusa italica, Onobrychis collina Jord., Thesium divaricatum, Gladiolus segetum, Leon- todon crispus, Catananche cærulea, Limodorum abortivum, Aceras pyrami- dalis, Orobanche Epithymum, Campanula Rapunculus, etc. — Au bord d'un ruisseau, contre la propriété de Beauregard, du côté de l'ouest, se trouve une rareté de nos environs, c'est le Serofularia Ehrharti. Au Désert ou vallon de Jean-Jacques Rousseau, si célèbre par ses souvenirs et par ses jolis sites, on trouve, au pied des rochers : Laserpitium Siler, Vincetoxicum laxum, Geranium lucidum, Acer monspessulanum, Campa- nula Medium, Buphthalmum grandiflorum, Aconitum Anthora, Rosa Klukii Bess., Doronicum Pardalianches, etc. — Contre ces mêmes rochers, se pré- sentent les Hieracium Kochianum et pulmonarioides, Potentilla petiolulata Gaud., Saxifraga Aizoon, Asplenium Halleri, etc. A la sortie du vallon, à quelques pas de la porte par où l'on est entré, se trouve le Rubus nemorosus, plante assez rare daus nos environs. En montant du Désert à Pariset, on gravit le mamelon rocheux sur lequel s'élève la Tour-sans- Venin ; chemin faisant, à travers le bois, sur les rochers ou dans un pré, on rencontre : A/sine rostrata Koch, Veronica Teucrium, Mespilus germanica, Dianthus monspessulanus, Helianthemum italicum, Aceras hircina, Silene Pseudotites Bess., Verbascum Chaixii, Hyssopus officinalis, Thesium pratense, Crepis nicæensis, etc. Au-dessus des maisons de Pariset, sur la craie proprement dite, les bois- taillis qui bordent le chemin de Saint-Nizier présentent aux botanistes quelques bonnes espèces, tels sont : Ranunculus aduncus et Friesanus, Avena bro- moides, Rosa mollissima Fries, R. ramulosa Godr., Gentiana angustifolia Vill., Sorbus Mougeoti (que, pendant plusieurs années, j'ai cru être le Sorbus scandica Fries, et qui se rapporte identiquement à l'espèce vosgienne, dédiée à M. Mougeot par MM. Soyer-Willemet et Godron, et publiée dans le Bulletin de la Société botanique de France, t. V, p. hh7), Veronica urticifolia, Calamagrostis varia, Galium levigatum, Carex montana, Luzula nivea, Acer opulifolium, Cytisus sessilifolius et Laburnum, Melampyrum nemo- rosum, Spiræa Aruncus, Vaccinium Vitis idæa, Rubus tomentosus et vestitus, Prenanthes purpurea, Dianthus vaginatus Chaix (plante critique, très voisine du D. Carthusianorum L. et probablement identique avec le D. congestus Bor.), Herminium clandestinum, Scirpus pauciflorus (ces deux dernières espèces dans un lieu humide sur les bords du chemin au-dessous de la maison Sappey). Arrivé en face ou près de cette maison (où existe une belle fontaine), on quitte le chemin de Saint-Nizier et on se dirige à gauche, dans des bois-taillis arides, jusqu'au pied des grands rochers, dont trois pointes portent le nom particulier de rochers des Trois-Pucelles. Dans ce trajet, on rencontrera un 646 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. certain nombre de plantes intéressantes : Rubus saxatilis, Scrofularia jura- tensis Schleich. , Arenaria ciliata, Arabis alpina, stricta et auriculata, Dryas octopetala, Mahringia muscosa, Pirola secunda, Digitalis grandiflora, D. media Roth (fort rare dans nos environs), Galium commutatum, Globularia nudicaulis, Cotoneaster tomentosa, Pinus uncinata, Thesium alpinum, Po- lypodium calcareum, Avena setacea, Salix cinereu, etc. Sur des blocs de rochers épars, on pourra recueillir aussi les Bupleurum petreum, Silene saxifraga et Coronilla vaginalis. Lorsqu’on est arrivé au pied des grands rochers qui forment le commen- cement d'une assez longue chaîne calcaire de néocomien supérieur, s'étendant au sud à plus de 45 lieues, il convient de visiter la partie exposée au levant et qui est formée presque entièrement de débris de rochers ; on y trouve, comme nouveautés pour la course : Petasites niveus, Poa alpina, Polygala Chame- buxus, Carex sempervirens, Hieracium prealtum, politum et staticifolium, Galium anisophyllon, Agrostis Schleicheri Jord. et Verlot (plante litigieuse, que peut-être on doit rapporter à Agr. filiformis Vill., mais à racine vivace et non pas annuelle comme dit Villars, et qui, dans tous les cas, est fort distincte de l'Agr. alpina Scop., avec lequel elle a été réunie à tort par plusieurs auteurs, notamment par MM. Grenier et Godron) Ranunculus Thora, Atra- gene alpina, Adenostyles alpina, Arenaria grandiflora (forme qui, d’après Mutel, Fl. du Dauph., serait V'A. stolonifera Vill. mss.), Draba aizoides, Saxifraga muscoides, Linaria alpina, Lonicera alpigena, Valeriana montana et tripteris, Arctostaphylos officinalis, etc. Après avoir visité cette localité sur une longueur d'environ ! kilomètre, on revient sur ses pas et on explore ensuite le versant nord des grands rochers, fortement incliné et composé presque uniquement de débris mouvants. On y trouve: Ranunculus Seguieri, Allium narcissiflorum (espèces des plus inté- ressantes de nos Alpes), Hutchinsia alpina, Euphrasia cuprea Jord., Cam- panula pusilla, Pedicularis gyroflexa, Carex tenuis, Linaria supiná var. pyrenaica, Silene quadrifida, Poa distichophylla, Good yera repens, Silene glareosa Jord. , Betula pubescens var. denudata (1), Asplenium viride, Sazt- fraga aizoides, Doronicum Pordalianches, Polypodium Dryopteris var. cal- careum, etc. . Quand on a exploré le versant nord, on gravit le sommet de la montagne, dont le point voisin le plus élevé, nommé le Moucherotte, atteint 1905 mètres au-dessus du niveau de la mer. Une heure au moins doit être consacrée à visiter (1) MM. Grenier et Godron, ainsi que divers autres auteurs, indiquent ce Bouleau dans les tourbières ou autres lieux humides, ce qui est loin d’être exact pour notre arbris- seau, attendu que la station qu'il occupe ici est formée entiérement de débris de rochers calcaires presque nus, naturellement trés secs. Ces conditions conviendraient-elles seu- lement à la var. denudata (B. carpatica W. et K.), tandis que l'autre variélé veslila, qui se trouve aussi dans nos Alpes, mais sur les terrains granitiques, croitrait dans les tourbiéres? SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 647 ce sommet, qui présente des rochers arides, des débris rocailleux, quelques pelouses et des Sapins formant de petites foréts. On doit de préférence suivre d'abord l'aréte des rochers qui, du cóté du levant, font face à Grenoble, en s'avançant jusqu'au Moucherotte, et revenir ensuite du côté des Sapins, à cause de la facilité des chemins pour la descente. On y trouve, comme espéces prin- cipales : Coronilla vaginalis, Bupleurum petrœum, Saxifraga muscoides et oppositifolia, Ranunculus pyrenœus et montanus, Pinguicula alpina, Ane- mone alpina, A. Halleri (découvert ici par M. l'abbé Ravaud, professeur au petit séminaire du Rondeau et botaniste très instruit), Zaxus baccata, Rho- dodendron ferrugineum (peu abondant), Primula Auricula, Oxytropis mon- tana, Soldanella alpina, Hieracium villosum et saxatile, Bartsia alpina, Sedum atratum, Aposeris fœtida, Viola calcarata (forme à grandes fleurs quelquefois jaunâtres, prise à tort par Mutel, Fl. du Dauph., pour le Viola lutea qui ne croît pas dans nos environs), Androsace villosa, Veronica aphylla et bellidioides, Arenaria grandiflora var. stolonifera, Pedicularis gyro- flexa, Epilobium alpinum, etc. En descendant pour gagner le village de Saint-Nizier, on ne doit pas né- gliger d'explorer une petite forêt de Sapins (Abies Picea) qui se trouve sur le passage et qui se voit de Grenoble ; son sol est formé de molasse et offre une série de plantes précieuses : Pirola chlorantha, P. minor, P. media Swartz (nouveau pour la flore francaise, et que j'ai découvert ici en 1855), Potentilla xerophila Jord. (plante qui sans doute représente le P. opaca indiqué par Mutel, Fl. du Dauph., à Saint-Nizier), Luzula Forsteri et fla- vescens, Corallorrhiza innata (peu abondant), Genista germanica, Galium ro- tundifolium, Viola silvatica, Lonicera nigra, Hypericum quadrangulum, Polygala Lejeunei Bor., Rubus glandulosus, etc. Dans les champs autour du village de Saint-Nizier, également sur la molasse, croissent les Barbarea patula et intermedia, Galeopsis intermedia Vill., G. Verloti Jord. (trés voisin du G. Tetrahit, mais distinct surtout par ses feuilles tachées, la villosité de ses tiges plus abondantes et ses fleurs d'un blanc jaunâtre, ayant une floraison beaucoup plus hâtive) (1), Arnoseris pusilla, Teesdalia nudicaulis, Erophila majuscula; Cynosurus echinatus, Matricaria inodora, etc. Dans les marais ou les prairies humides, près du village, on trouve encore quelques espèces nouvelles pour la course : Carex Goodenowit, Hornschuchiana, pallescens, pa- niculata et Davalliana, Cirsium rivulare, Soyeria paludosa, Chærophyllum Cicutaria Vill., Trollius europeus, Narcissus poéticus, Ranunculus aconi- tifolius, Tul ipa Celsiana, Polygonum Bistorta, Nardus stricta, Campanula rhomboidalis, Veratrum album, etc. Dans une petite forêt de Sapins située à l'ouest, à environ 200 mètres des prairies humides qui précèdent, on trouve, (1) Voyez plus haut, page 606, la deseription de cette plante, donnée par M. Jordan. 648 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. parmi une foule d'espèces déjà citées, le Pirola uniflora, espèce rare et l'une des plus intéressantes de nos environs. Pour le retour, on a à choisir entre trois itinéraires. On peut : 1^ Revenir par Pariset et suivre par conséquent le méme chemin qu'en allant ; c'est le plus court. 2° Ou bien descendre par les bois de Vouillant et par Fontaine, et arriver à la route de Sassenage. Cet itinéraire, à peine plus long que le premier, permet de récolter encore quelques espèces, telles que les Geranium purpureum Vill. (dans les débris calcaires, prés de l'extrémité nord du vallon de Jean- Jacques), Centranthus Calcitrapa (dans les lieux arides près de la ferme de Vouillant), Seseli coloratum, etc. 3° Ou bien enfin gagner directement Sassenage et revenir ensuite par la grande route du Villard-de-Lans. Cet itinéraire est le plus long, mais il fournit l'occasion de récolter les espéces que nous avons indiquées à Sassenage, et, de plus, entre Saint-Nizier et Sassenage, on rencontre, dans les bois situés au-dessus du Furon, les Cypripedium Calceolus, Cephalanthera rubra, etc. 8. Herborisation au col de l'Arc. La course du col de l'Arc est l'une des plus fructueuses des environs de Grenoble, mais elle est aussi l'une des plus longues. On peut la faire en passant soit par Claix et Saint-Ange, soit par Engins et le Villard-de-Lans. Le trajet est moins long par Claix, mais il est plus pénible, parce qu'il doit étre fait en grande partie à pied, tandis que, par l'autre voie, on peut prendre la voiture publique jusqu'au Villard ; ce bourg est à 29 kilometres de Grenoble. En passant par Claix et en partant de trés grand matin, la course peut étre faite dans une seule journée. En passant par le Villard-de-Lans, il faut un jour et demi; on va coucher dans ce dernier bourg, et on fait l'herborisation le lendemain en revenant par Claix. Nous allons indiquer l'itinéraire pour faire la course en passant par ce dernier village ; pour les personnes qui préféreraient l'autre route, cet itinéraire devrait étre pris en sens inverse à partir du col de l'Arc. Dans cette herborisation, le botaniste explorera des terrains montueux, calcaires, exposés au levant, où se trouve le néocomien inférieur, et parviendra à des rochers durs de néocomien supérieur et de craie (continuation de ceux que nons avons trouvés à Saint-Nizier), élevés d'environ 1900 mètres au- dessus du niveau de la mer, et recouverts, sur leurs versants nord et ouest, de gazons alpins ou de débris mouvants. Le trajet de Grenoble à Claix étant fait le plus rapidement possible (11 kilo- mètres), on trouve, au-dessus du village, en gagnant Saint-Ange, dans les lieux secs ou sur de petits rochers, l' Artemisia camphorata, le Fumana Spachii (plante méridionale, et à ajouter à la flore du Dauphiné), les Rhus Cotinus, Cytisus supinus et Laburnum, Leontodon crispus, etc. Les bords du SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 649 chemin, avant de franchir le ruisseau qui descend de Saint-Ange, offrent les Plantago serpentina, Lactuca flavida Jord., Melica nebrodensis, Dianthus saxicola Jord., Campanula Medium, etc. Arrivé au hameau de Saint- Ange, on se trouve sur un terrain particulier, de calcaire argileux, et l'on peut récolter, parmi les haies et les pierrailles au voisinage des maisons, le Campanula latifolia (en petite quantité) et les Rubus Lejeunei et Menkei Weihe et Nees, espèces voisines, mais distinctes, du Æ. glandulosus, qui croit dans les mémes lieux, Au-dessus de Saint-Ange, les bois taillis, les lieux secs et les prairies offrent les Cypripedium Calceolus, Pirola minor et rotundi- folia, Genista germanica et tinctoria, Luzula nivea, Globularia nudicaulis, Trifolium Thalii, Poa alpina, Orchis globosa, etc. Vers les Sapins, on trouve, dans le bois à droite du chemin au-dessous des grands rochers, une plante fort rare dans nos environs, le 7ozzia alpina ; le méme bois offre aussi Festuca silvatica, Calamagrostis varia, Homogyne alpina, Poa su- detica, Valeriana montana et tripteris, Epilobium spicatum, Adenostyles albifrons, Ranunculus platanifolius, etc. Au-dessus des Sapins, sur une sorte de plateau où se trouvent des bois- taillis, dans une prairie nommée la prairie du Four, abondent sur l'argile sablonneuse une quantité de plantes précieuses : Cerinthe minor, Anemone narcissiflora et alpina, Lathyrus heterophyllus, Knautia subcanescens Jord., K. silvatica, Arnica montana, Hypochæris maculata, Serratula Vulpii Fisch.-Ost., espèce voisine du S. tinctoria, mais à capitules plus gros et à floraison beaucoup plus précoce (elle était en fleur ici le 47 juillet 1858), Crepis blattarioides, etc. Les bois-taillis des alentours présentent en outre les Galium lævigatum, Cherophyllum aureum, Acer opulifolium, Epilobium trigonum, Knautia cuspidata Jord., plante identique avec celle de la Grande-Chartreuse, etc. Gagnant ensuite, à travers bois, -la base des rochers pour monter au col de l'Arc, situé sur la face méridionale, on quitte le terrain argileux, et l'on trouve des pelouses sèches et des débris calcaires, où existent plusieurs espèces intéressantes, dont les principales Sont: Campanula pusilla, Linum salsoloides Lam., Bupleurum petreum, Calamintha alpina et grandiflora, Helianthemum alpestre Dun., Galium anisophyllon, luteolum et myrianthum, Alsine verna var. viscida, Arenaria ciliata, Veronica fruticulosa, Dianthus monspessulanus, Ononis fruticosa et rotundifolia, Sideritis hyssopifolia, Bellidiastrum Michelii, Rosa alpina var. pyrenaica, Hieracium nemorense et Kochianum Jord. (ce dernier sur un mamelon de rochers), Carduus defloratus, Cirsium bulbosum (plante plus grande, à feuilles plus larges et qui croît ici dans une station bien différente de celle des prairies humides du centre et du nord de la France), Adenosty- les alpina, Scabiosa lucida, etc. Enfin, en gravissant la dernière partie très rapide des débris calcaires pour arriver au col, on trouve les Cephalaria 650 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. alpina, Carex sempervirens, Myosotis alpestris, Paradisia Liliastrum, Avena montana, Senecio Doronicum, Hutchinsia alpina, etc. Au col de l'Arc, qui sert de passage aux piétons se rendant de diverses communes du canton de Vif au Villard-de-Lans, les arétes des rochers voisins présentent les Avena setacea, Carex mucronata (trés rare en Dauphiné et qui n'occupe ici que quelques mètres carrés de surface), C. rupestris (très rare sur le calcaire), Oxytropis montana, Androsace villosa, Anthyllis mon- tana, Sempervivum | arachnoideum, Potentilla nivalis (peu abondant), Dianthus cœsius, Aster alpinus, Arabis serpyllifolia, etc. Dans les gazons, on trouve les Linum alpinum (ou montanum Schleich.), Rhododendron ferrugineum, Leontodon pyrenaicus, Aposeris fœtidu, Bartsia alpina, Juni- perus alpina, Vaccinium Vitis idæa, Nigritella angustifolia, Orchis viridis et albida, Plantago alpina, Thlaspi Villarsianum Jord. (plante rapportée à tort par MM. Grenier et Godron, Fl. Fr., au Th. virens du mont Pilat, et confondue jadis par Villars avec le vrai Thlaspi montanum qui croît aussi aux environs de Grenoble, mais dans des régions plus basses), Hypericum Richeri, Alchemilla montana W. , Polystichum rigidum, Ranunculus spretus Jord., Festuca pumila et violacea, Helianthemum ælandicum, Sorbus Cha- mæmespilus, Leucanthemum vulgare var. atratum (Chrys. atratum Gaud. , plante à feuilles épaisses, presque charnues, glabres, peu dentées et qui garde sa petite taille même par la culture), Ærigeron alpinus et glabratus, Pedicu- laris gyroflexa, Bupleurum ranunculoides, Cystopteris alpina (plante rare et peu abondante qui croît dans les fissures de quelques petits rochers), Hieracium villosum et glabratum, Veronica bellidioides et aphylla, Silene bryoides Jord. , etc. Parmi les espèces qui précèdent, à deux dates succes- sives, les 26 juin 1845 et 13 juillet 1849, j'ai trouvé un Potentilla du groupe de l'a/pestris, à feuilles assez larges et trés velues, que M. Jordan a nommé, en 1856, Potentilla Verloti; cette plante était peu abondante et je n'ai pu la retrouver le 17 juillet 1859. Les débris mouvants, placés au-dessous des gazons alpins ou mélangés parmi eux, présentent quelques espéces particu- lières : Erysimum ochroleucum, Aronicum scorpioides, Hypericum Ri- cheri var. androsæmifolium, Ranunculus Seguieri, Thalictrum minus (forme à racine très traçante, à feuilles très glauques et très fétides, à pani- cule très divariquée, à filets des étamines violacés, qui constitue peut-être une espèce particulière), etc. En descendant par le sentier qui conduit au Villard- de-Lans, on trouve encore, à quelques centaines de mètres du col, plusieurs espèces nouvelles pour la course, qui croissent à l'ombre des rochers ou à leur pied : ce sont les Geranium phœum, Agrostis Schleicheri, Sedum atra- tum, etc. : Ici se termine l'herborisation. Deux variantes, comme nous l'avons déjà dit pour l'aller, se présentent aussi pour le retour: l'une consiste à revenir sur SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 654 ses pas en suivant à peu prés les sentiers et les chemins parcourus en mon- tant ; l'autre consiste à gagner le Villard-de-Lans, ou bien le village de Lans, et à revenir par la route départementale qui passe à Sassenage. Le trajet par cette dernière voie est beaucoup plus long, et nous ne le conseillerons qu'aux bons marcheurs et à ceux qui voudraient profiter le lendemain de la voiture publique qui fait le service du Villard-de-Lans à Grenoble. 9. Herborisation aux rochers du Pont-de-Claix et de Rochefort. Cette excursion est l'une des plus faciles et des plus courtes de nos envi- rons ; on peut la faire en quatre heures, si l'on veut, en se servant des voi- tures publiques qui se rendent de Grenoble au Pont-de-Claix; en faisant tout le trajet à pied par les belles allées du cours Saint-André, qui ont 8 kilo- mètres de longueur, il faut six à sept heures, Nous supposons la course faite de cette manière. Pour le botaniste, les allées du cours, les champs cultivés et les prés qui les bordent n'offrent que quelques espèces intéressantes. Au printemps, on y trouve près de la ville les Cerastium brachypetalum, Erophila glabrescens Jord., et sur les bords des fossés le Primula grandiflora. En face du petit séminaire, dans les terrains cultivés, se rencontrent à la méme époqueles Vero- nica persica et Lamium hybridum. Un peu plus haut, près de l'ancienne prise d'eau des fontaines de la ville, sur les bords des fossés, se trouve le Viola scotophylla Jord. var. à fleurs blanches, etc. Plus tard, en été, les champs cultivés offrent les beris pinnata, Vicia varia, Erucastrum Pollichii, Rapistrum rugosum, Reseda Phyteuma, Medicago apiculata, etc. Au delà du Rondeau, les allées de la promenade présentent les 74rincia hirta, Vulpia Myuros et Pseudomyuros, Agrostis interrupta, Filago spa- thulata, Polycnemum majus, Sagina apetala, Alsine laxa Jord. (plante trés voisine de l' A/sine tenuifolia, avec laquelle elle croît quelquefois), Solanum miniatum Willd, (dans les décombres, près des maisons du Pont-de-Claix). On traverse le pont remarquable jeté sur le Drac et l'on arrive aussitót sur la gauche aux rochers calcaires que l'on doit explorer. Pour éviter les difficultés qui pourraient se présenter en les abordant prés du pont, en rai- son des cultures, on suit la route de Vif environ pendant 1 kilomètre, et là on trouve des chemins qui y conduisent directement. Sur ces rochers exposés au couchant, on observe, en s'avançant du côté du midi, les Æhamnus Alaternus, Rhus Cotinus, Cytisus sessilifolius, Coronilla Emerus, Melica nebrodensis, etc. Les débris des rochers offrent les Geranium purpureum Vill. (à sa localité classique), Campanula Medium, Lactuca virosa (espèce très distincte et qui se reconnait à première vue du L. flavida Jord. , trouvé dans d'autres herborisations), Zavandula delphinensis Jord. ( espèce récem- ment décrite et très voisine du Z. officinalis Chaix [L. vera DC.]), Vince- 652 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. toxicum laxum, Malva cannabina (plante décrite dans le Bulletin de la So- ciété botanique de France en 1856, t. HI, p. 276, par notre regrettable confrère M. le colonel Serres, mais qui, je crois, n'est que le Malva italica Poll.), etc. En face du hameau de Rochefort, qui dépend de la commune d’Allières- et-Risset, on appuie à gauche, en suivant pendant quelques métres un che- min d'exploitation, et l'on explore les rochers à l'exposition du midi; là existent quelques espèces méridionales des plus intéressantes : Melilotus neapolitana, Stipa capillata, Diplachne serotina, Fumana Spachii, Leuzea conifera, Crupina vulgaris, Osyris alba, Scorzonera austriaca, Catananche cærulea, Leontodon crispus, Argyrolobium Linnæanum, Trigonella monspe- liaca, Pistacia Terebinthus, Lonicera etrusca, Acer monspessulanum, etc. Jetant ensuite un coup d'œil sur les bords des marais et sur les lieux cultivés qui avoisinent les rochers du côté du Drac, on trouve les Senecio Doria, Cirsium monspessulanum, Utricularia vulgaris, Carex lepidocarpaTausch, Echinops Ritro, Coronilla scorpioides, Dipsacus laciniatus, etc. Il ne s’agit plus que de retourner au Pont-de-Claix pour terminer la course, ce que l'on fait en suivant un chemin qui passe sur la montagne non loin des bords du Drac; les pelouses et les bois-taillis qui bordent ce chemin pré- sentent encore quelques espèces non observées, telles que : Crepis nicæensis, Tragopogon dubius, Campanula Rapunculus, Orchis purpurea et mascula, Physalis Alkekengi, Vicia tenuifolia Roth. , etc. 10. Herborisation à Prémol et à Chanrousse. Les localités dont la végétation nous a occupés jusqu'ici sont presque exclu- sivement calcaires. A Prémol et à Chanrousse, au contraire, le sol est surtout granitique, et nous y rencontrerons des espèces trés différentes. Dans cette course, on a à explorer des schistes argilo-calcaires, des prairies maréca- geuses à 1100 mètres, un lac et des marais tourbeux à plus de 1250 mètres, des bois de Sapins, des rochers, et enfin des gazons alpins à plus de 2200 mè- tres d'altitude. Si on limite l'herborisation aux alentours de Prémol, elle demande une journée ; mais, si on la prolonge jusqu'à Chanrousse, il faut un jour et demi pour la faire. Dans ce dernier cas, on va coucher le soir à Pré- mol et l'on fait l'excursion de Chanrousse le lendemain. Pour se rendre à Prémol, on prend les voitures publiques qui desservent l'établissement thermal d'Uriage en traversant le village de Gières, ct qui, pendant la belle saison, ont six à huit départs par jour. Ce trajet se fait ordinairement en une heure et demie à deux heures. De Giéres à Uriage, le terrain est formé de schistes argilo-calcaires, et le botaniste qui voudrait faire le trajet à pied récolterait quelques espéces particulieres, dont les princi- pales sont : Salvia glutinosa, Spiræa Aruncus, Orchis maculata, Digitalis SESSION EXTRAORDINAIRE À GRENOBLE EN AOUT 1860. 653 grandiflora, Melampyrum nemorosum, Lychnis silvestris Hoppe, Cala- magrostis varia, Alnus incana, Leucanthemum Parthenium, Malva Alcea, Lysimachia nemorum, Geranium nodosum, Carex paniculata, etc. En quit- tant l'établissement d'Uriage, on suit la route de Vizille jusqu’à Vaulnaveys, et chemin faisant, on trouve, sur la route méme, ou dans les terrains qui la bordent, les Vulpia Myuros et Pseudomyuros, Lotus uliginosus, Sarotha- mnus vulgaris, Campanula patula, Filago spathulata, Arenaria leptoclados, Sison Amomum, Hieracium florentinum, Bunias Erucago, Reseda Phyteuma, Rubus nemorosus et nitidus Weihe et Nees (qui serpentent aux bords de la route dans les débris de rochers humides), Orobanche minor (parasite sur les racines du Zrifolium pratense), etc. Arrivé au village de Vaulnaveys, on prend, près de l’église, un chemin qui se dirige directement, en montant, sur Prémol ; le long de ce chemin, parmi les broussailles ou dans les pierrailles, on rencontre : Sedum Cepea et ru- bens, Epilobium lanceolatum (plante à ajouter à la flore du Dauphiné et que jai découverte ici en 1855), Arabis perfoliata, Serrafalcus squarrosus, Potentilla Fragariastrum, Aira cariophyllea, etc. Un peu plus haut, commence le terrain granitique, et les lieux, quelquefois humides, qui bor- dent le méme chemin, tantót couverts de débris de rochers, tantót de champs cultivés, présentent les espèces suivantes : Filago minima, Artemisia Absin- thium, Impatiens Noli tangere (prés d'une source), Rubus vestitus, glandulosus, Lejeunei et rosaceus W. et N. (ces trois Ronces à tige lon- guement rampante), Barbarea patula et intermedia, Cynosurus echinatus, Galeopsis Verloti Jord., Lonicera Periclymenum, Thlaspi virgatum, Draba muralis, Trifolium Schreberi Jord., etc. Vers les premiers Sapins, dans un petit bois à droite du chemin, au-dessus d’une scierie, on observe : Vicia dumetorum (plante rare et peu abondante autour de Grenoble), Geranium nodosum, Calamintha grandiflora, Hyperi- cum quadrangulum, Melampyrum nemorosum, etc.; dans la forêt de Sapins, formée en presque totalité de l’ Abies vulgaris Poir. (Pinus Picea L.), les bords du chemin, rendus en grande partie humides par les eaux d'une belle source, présentent : Chrysosplenium oppositifolium, Saxifraga rotundifo- lia, Chærophyllum Cicutaria Vill., Hieracium nemorense Jord. , Spiræa Aruncus, Veronica urticifolia, Pirola minor, Melampyrum silvaticum, Carex remota, silvatica et lepidocarpa Tausch, Epilobium roseum et colli- num Gmel. , etc. A Prémol, (1095 mètres d'altitude), autour des ruines de l'ancienne abbaye, dont il ne reste que le portail d'entrée et quelques bâtiments contigus qui servent de logement à un garde-forestier de l'État, on trouve l Ulmus mon- fana aux larges feuilles, avec les Acer Pseudoplatanus et Sambucus race- mosa ; on y rencontre aussi le Myrrhis odorata. Les prairies, qui, autour des ruines, occupent une clairiere au milieu de la forét de Sapins, présentent une 65^ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. foule d'espèces intéressantes et qui varient suivant que la station est sèche ou inondée. Dans les parties sèches, on remarque surtout les Dianthus deltoides, Thlaspi virgatum, Geranium silvaticum, Senecio Jacquinianus, Hypericum quadrangulum, Meum athamanticum, Chærophyllum hirsutum L. (Ch. Vil- larsii Koch), Sedum annuum, Lilium croceum, Hemerocallis flava (ces deux espèces peut-être seulement naturalisées ici et provenant des anciennes cul- tures des religieux), Viola canina, Veratrum album, Gentiana Kochiana Perr. et Song. (plante abondante ici, qui croît toujours sur le terrain grani- tique et qui est très distincte du G. angustifolia Vill. qui ne vient que sur le calcaire), etc. Les parties inondées ou humides de ces mêmes prairies pré- sentent les Carex leporina, pallescens, echinata et stricta, Juncus filifor- mis, Crepis paludosa, Ranunculus aconitifolius, Pinguicula vulgaris, Tofieldia calyculata, Epilobium palustre, Geum rivale, Eriophorum vaginotum, Trollius europæus, Equisetum silvaticum, Viola palustris, etc. A environ trois quarts d'heure de marche au-dessus des prairies de Prémol, en s'avançant du côté du sud-ouest, on arrive à un lac ou marais tourbeux, nommé le lac de Luitel, où croissent plusieurs espèces des plus importantes ; pour s'y rendre, on suit un chemin tracé par l'administration forestiére au milieu des Sapins pour l'exploitation de ces arbres. Dans cette partie de la forêt qui est assez montueuse, on rencontre les espèces suivantes : Poa sudetica, Stellaria nemorum, Lonicera nigra, Saxifraga cuneifolia, Lycopodium annotinum, Polypodium Phegopteris et Dryopteris, Alnus viridis, Impatiens Noli tangere, Mæhringia muscosa, Ranunculus platantfolius, Polygonatum verticillatum, Festuca silvätica, Sorbus aucuparia, Ribes petræum, Luzula flavescens, Asplenium Filix femina, Polystichum spinulosum, etc. ; on voit aussi sur les rochers le Silene rupestris etle Primula viscosa. Le lac de Luitel se compose de deux bassins de peu d'étendue : l'un, qui constitue le lac proprement dit, est entièrement rempli d’eau et on ne peut en explorer que les bords ; l'autre, à l'état tourbeux, peut être facilement par- couru dans tous les sens. Sur les bords du lac proprement ‘dit, on rencontre les Comarum palustre, Menianthes trifoliata, Eriophorum vaginatum, N ufar luteum, Carex echinata, limosa, canescens, vesicaria, ampullacea et riparta, Lycopodium inundutum, Oxycoccos vulgaris, Drosera rotundifolia (ces trois dernières espèces sur les touffes de Sphagnum ), Pinus Pumilio, Veronica scutellata, Stellaria uliginosa, Salix ambigua (espèce rare, que je ne connais aux environs de Grenoble que dans cette localité). L'autre bas- sin, sans eau pendant l'été, offre la plupart des espèces déjà mentionnées, mais on y trouve en outre : Carex pilulifera, C. pauciflora (fort peu aboti- dant et qui, à ma connaissance, ne vient qu'à cet endroit dans nos environs); Scheuchzeria palustris, Listera cordata, Scirpus cœæspitosus, Rhododendron ferrugineum, Betula pubescens var. vestita, Arnica montana, Juniperus alpina (ces deux dernières éspèces sur les pelouses tourbeuses les plus sèches, SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 655 en compagnie du Nardus stricta), etc. Les parties arides autour du lac de Luitel, couvertes de gazons reposant sur la roche granitique, présentent en abondance le Viola alpestris Jord., à grandes fleurs jaunes, que les paysans récoltent pour l'usage médicinal ; on y trouve aussi un Scleranthus, qui peut- être est le S. biennis décrit par M. Reuter dans le Bulletin de la Société Hallérienne, un Polygala vivace de la section du vulgaris, à fleur petite d'un bleu foncé ou d'un blanc jaunátre, et à fruit ne débordant pas les ailes du calice; le Veronica saxatilis Jacq., le Galium montanum, etc. En redescen- dant vers Prémol par un petit sentier qui conduit en ligne droite, à travers la forêt, aux prairies dont nous avons déjà parlé, quelques espèces viennent s'ajouter à celles observées en montant, ce sont entre autres : Phleum Mi- chelii (plante rare et peu abondante), Cardamine silvatica, Rumex arifo- lius, Adenostyles albifrons, etc. Ici se termine l'herborisation si on la limite seulement à Prémol, mais, si on veut la pousser jusqu'à Chanrousse, localité élevée de 2247 métres, et d'oü l'on jouit d'un coup d'œil magnifique, on doit prendre un chemin tracé par l'administration forestière à travers les Sapins, et dont le commencement se trouve près des ruines de Prémol du côté de l’est. Il faut, ensuivant ce chemin, environ trois à quatre heures de marche pour atteindre le sommet de Chan- rousse, où se trouve une croix. La forêt que l'on traverse pour atteindre les prairies alpines est formée des Abies excelsa et vulgaris ; le sommet est un immense mamelon entouré de rochers sur trois faces, et couvert de gazons fius qui reposent sur la roche dure. La végétation de la partie de la forét que l'on doit traverser est à peu pres la méme qu'entre Prémol et le lac de Luitel. On y trouve cependant er outre : Viola biflora, Achillea macrophylla, Mulgedium alpinum, Ajuga pyrami- dalis, Phleum alpinum, etc. Dès qu'on a atteint les gazons alpins, on ren- contre : Pedicularis tuberosa, Gentiana punctata, Rhododendron ferrugi- neum, Campanula barbata, Nigritella angustifolia, Orchis globosa et viridis, Trifolium alpinum, Anemone alpina, avec sa variété à fleur jaunâtre (A. sulfurea L.), A. vernalis, Aster alpinus; Potentilla grandiflora, Ranunculus Pyrenœus, Paradisia Liliastrum, Tulipa Celsiana (peu abondant), Biscu+ tella lævigata, Selaginella spinulosa, etc. Les rochers offrent : Sazifraga "Spera (plante rare, dont je ne connais, dans nos environs, que cette unique localité), S. androsacea, Bupleurum stellatum, Sisymbrium pinnatifidum, Cardamine resedifolia, Phyteuma hemispluericum, Juncus trifidus, Linum alpinum, Armeria alpina, Aronicum scorpioides, Primula viscosa, Loi- seleuria procumbens, Sempervivum arachnoideum et montanum, Lonicera cærulea;, Erigeron uniflorus, Hieracium piliferum et glanduliferum, etc. Sur le versant méridional et près de l'aréte des rochers escarpés situés de ce còté, se trouvent quelques pieds du Pinus Cembra; cette localité est la seule que je connaisse près de Grenoble pour cette espèce. Arrivé au point culmi- 656 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. nant de Chanrousse, on ne rencontre plus qu'une végétation naine; on y remarque : A/sine Cherleri et verna, Agrostis alpina et rupestris, Gaya simplex, Polygonum viviparum, Androsace carnea et obtusifolia, Carex firma, Luzula spicata, Sedum atratum et alpestre, Senecio incanus, Vac- cinium uliginosum, Potentilla aurea, Leucanthemum alpinum, etc. Dans le voisinage immédiat de Chanrousse, existe, du côté de l’est, le lac Robert dont les environs méritent d’être visités. On y trouve, en effet, sur les gazons, quelques espèces rares non encore citées; tels sont, en première ligne, le Viola Thomasiana (plante récemment décrite par MM. Songeon et Perrier, dans les Annotations à la flore de France et d'Allemagne publiées par M. Billot), les Gagea Liottardi, Pinguicula alpina, Thlaspi rotundifo- lium, Lloydia serotina, etc. Pour descendre de Chanrousse et revenir à Grenoble, on peut retourner sur ses pas à Prémol, mais il est beaucoup plus court de descendre directement sur Uriage par la forêt de Sapins ; la pente est d'abord trés roide, mais l'on marche le plus souvent sur des gazons, et l'on ne tarde pas à rencontrer des chemins d'exploitation facilement praticables, tracés par l'administration forestière. 11. Herborisation à Revel et jusqu'aux lacs de Doménon. Les montagnes de Revel, à sol granitique comme celles de Chanrousse, offrent l'une des plus importantes et des plus fructueuses herborisations que le botaniste puisse faire aux environs de Grenoble, mais cette course est auss! l'une des plus longues. Il s’agit d'explorer des bois de Sapins, des rochers arides (tantôt exposés à l'action directe du soleil et des vents, tantôt ombragés, humides et couverts d'un épais tapis de mousses), des débris mouvants de rochers, les bords fangeux de plusieurs lacs, des gazons ou pelouses alpines qui, pendant huit mois environ de l'année, sont couverts de neige, et enfin des pics ou des rochers nus situés à une altitude de près de 2800 mètres. L'excur- sion de Revel, telle que nous entendons la décrire, s'arréte aux lacs de Doménon, ce qui permet de revenir dans la méme journée jusqu'à ce village. Elle pourrait se prolonger bien au delà de ces lacs et s'étendre jusqu'au sommet du pic de Belledonne, élevé, suivant la carte du Dépôt de la guerre, de 2981 métres, mais elle se trouverait allongée de trois à quatre henra, et l'on serait obligé de coucher dans la montagne, ce qui n'est pas toujours sans danger, méme en été, à cause du froid de la nuit; du reste, le — d'ail magnifique réservé au voyageur qui peut atteindre le sommet du pic de Belledonne serait le principal attrait de cette partie de la course, la récolte à faire pour le botaniste entre les lacs de Doménon et ce pic étant limitée à fort peu d'espèces de plus. Pour faire l'herborisation des montagnes au-dessus de Revel, le mieux est SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 657 de partir de Grenoble, dans l'après-midi, par les voitures publiques qui font le service de Domêne, et d'aller coucher au village de Revel méme, éloigné d'environ 15 kilometres de la ville. De là, on part le lendemain de grand matin, et l'on ne rentre que le soir pour coucher une seconde nuit au méme endroit ; ce n'est qu'en mettant un peu de célérité dans la course, qu'il est possible d'être de retour à Revel de bonne heure et de gagner Doméne vers six à sept heures du soir, pour prendre les dernières voitures publiques qui passent par ce village et qui vont à Grenoble. Du centre du village de Revel, pour atteindre les dernières maisons, on suit en montant des chemins pierreux, entourés de champs cultivés, dans lesquels se présentent entre autres les espèces suivantes : Zpilob?um roseum (près des sources) et collinum Gmel., Arenaria leptoclados Guss. , Galeopsis intermedia et Verloti, Filago minima, Orobanche apum (parasite sur les racines du Sarothamnus vulgaris), Jasione montana, Cynosurus cchina- fus, etc. Arrivé à la hauteur des dernières granges dites des Replats, au-des- sous des Sapins, sur les gazons et parmi les bruyères, on trouve : Vaccinium Myrtillus, Trifolium aureum, Carex leporina, Euphrasia cuprea Jord., Solix aurita, Hypericum quadrangulum, Ophioglossum vulgatum, Gentiana Kochiana Perr. et Song., Alnus viridis, Juniperus alpina, Polygala Le- Jeunei Bor. , Lycopodium clavatum, Polypodium Dryopteris, Allosorus crispus, Asplenium septentrionale (ces trois dernières plantes parmi des blocs ou débris de rochers épars), etc. En traversant ensuite la première partie de la forêt de Sapins, à peu près également formée des Pinus Picea et P. Abies, on observe : Homogyne alpina, Monotropa Hypopitys, Pirola secunda, Campanula rhomboidalis, Hieracium nemorense Jord. , Galium rotundifolium, Luzula flavescens, ete. Arrivé au lieu dit le pré Rémond, en face la combe de Lancey, on trouve les Gentiana campestris, Alchemilla elpina, Nardus stricta, etc. A partir de là, il y a deux manières de continuer la course : on peut prendre immédiate- ment, au milieu des Sapins, un petit chemin à gauche, d'abord à peu près horizontal, auprès duquel se trouve une fontaine et qui conduit à un chalet nommé Pierre- Péguay; ou bien, on peut au contraire monter, pendant un quart d'heure environ, la montagne dite Colon, et prendre ensuite à gauche un petit sentier bien frayé à travers la forêt. Ce dernier chemin est le plus fréquenté par les bergers et par les personnes qui vont au lac du Crouzet et à la Pra, lieux qu'on doit visiter; c'est aussi le plus court et le plus commode, mais il n'offre au botaniste qu'un nombre de plantes assez restreint, tandis que l'autre le dédommage amplement de Ja plus grande longueur du trajet par une abondante récolte. Nous adopterons donc la première des deux routes (jue nous venons d'indiquer. En quittant le pré Rémond et en gagnant le chalet dit Pierre-Peguay, on rencontre une foule d'espèces, la plupart très intéressantes ; les principales T ub n2 698 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sont: Polystichum spinulosum, Rumex arifolius, Phleum alpinum, Saxi- fraga cuneifolia et stellaris, Lonicera nigra, Ranunculus platantfolius, Adenostyles albifrons, Rosa alpina, Luzula nivea, Thalictrum aquilegifo- lium, Calamintha grandiflora, Sedum Anacampseros et alpestre, Ribes pe- trium, Epilobium alpinum et trigonum, Achillea macrophylla, Euphrasia minima Schleich., Polypodium Phegopteris, Viola biflora, Cardamine sil- vatica, Mulgedium alpinum, Sorbus aucuparia, Astrantia minor, Veronica bellidioides, etc. Après avoir franchi, près du chalet Pierre-Péguay, le tor- rent dont les eaux proviennent du lac du Crouzet, on trouve autour de ce chalet : Rumez alpinus, Galeopsis Reichenbachii Reut. (plante à ajouter à la flore française, et que j'ai découverte ici en 1857), Chærophyllum hir- sutum L. (Ch. Villarsit Koch), Peucedanum Ostruthium, Lycopodium Se- lago, Lonicera cœærulea, Hieracium alpinum, Gentiana punctata, Silene rupestris, Viola arenaria, Sempervivum montanum, Aspidium Lonchitis, Phyteuma hemisphæricum, Sibbaldia procumbens, Primula viscosa, Agros- tis alpina et rupestris, Leontodon pyrenaicus, Veronica saxatilis Jacq. , Phyteuma betonicifolium, Potentilla grandiflora, etc. En s'avançant en- suite dans la direction de l'est, on traverse un col pour gagner un petit cha- let (ou habert, en Dauphiné) dit Jasse-viéille, près duquel, dans des lieux découverts, arides, à sol constitué principalement par des débris granitiques provenant sans doute des grands rochers placés en face au midi, on peut recueillir : Gnaphalium norvegicum, Gentiana lutea (à une station remar- quable pour cette espèce, en raison de l'altitude et de la nature chimique du sol), Linaria alpina, Artemisia Mutellina, Cardamine Plumieri (1), Alsine Cherleri, Selaginella spinulosa, Biscutella levigata, Luzula lutea, Linum alpinum, Agrostis canina, Avena montana, Solidago minuta vill., Scutel- laria alpina, Senecio incanus et Doronicum, Scabiosa lucida, etc. Non loin da habert dit Jasse-vieille, on trouve un petit tertre ou monticule formé de blocs granitiques détachés des grands rochers environnants; là existe le Lycopodium alpinum, espèce rare pour nos environs; on y observe aussi, près de sources d'eaux provenant de la fonte des neiges et filtrant à travers ces blocs, les Saxifraga bryoides, aizoides et stellaris, Epilobium alsinifol ium, Vaccinium uliginosum, Gentiana Kochiana Perr. et Song. (peu aboï- dant), etc. Les parties rocailleuses humides du voisinage présentent : A//oso- rus crispus, Luzula spadicea, Oi yria digyna, Aronicum scorpioides, Ve- ronica alpina, Ranunculus Grenierianus Jord., Carex ferruginea et atrata, Calamagrostis tenella, etc. En parcourant ensuite rapidement, vers la droite, les parties boisées ou couvertes d'arbustes, on rencontre une végétation trës luxuriante, et, parmi de magnifiques échantillons d’ Adenostyles albifrons; | ee ca vol (1) C'est l'unique localité de cette plante que je connaisse dans nos environs; jp découverte en 1845. SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN Aour 4860. 659 de Peucedanum Ostruthium , etc., on trouve le Streptopus amplexifolius , plante trés rare dans nos environs et dont je ne connais que cette unique localité. Aprés avoir recueilli cette belle plante, il convient de ne pas s'avancer davantage dans cette direction, mais de revenir sur ses pas un moment, pour explorer à gauche la base des grands rochers situés à l'exposition nord-ouest ; on y trouve successivement, en montant, les especes suivantes : Saussurea discolor, l'otentilla nivalis, Phaca alpina, Scrofularia juratensis Schleich. (forme glabre), Artemisia Villarsii, Aquilegia alpina, Silene bryoides Jord., Armeria alpina, Allium sibiricum, etc. Arrivé sur le plateau situé devant le lac du Crouzet, où vient aboutir lautre chemin dont j'ai parlé et dont l'amorce se trouve un peu au-dessus du pré Rémond, on trouve dans les pierres, sur les rochers ou prés des sources: Loiseleuria procumbens, Bupleurum stellatum, Agrostis alpina et rupestris, Avena, Scheuchzeri, Sempervivum arachnoideum et montanum, Ajuga pyra- midalis, Trifolium alpinum, Aster alpinus, Salix retusa et reticulata, Leon- todon pyrenaicus, Juncus trifidus, Hieracium piliferum et glanduliferum, Gnaphalium supinum, Chæerophyllum hirsutum L. (Ch. Villarsii Koch), Cirsium spinosissimum, Hutchinsia alpina, Epilobium alsinifolium, etc. Sur les bords du lac du Crouzet, aux eaux d'un bleu d'azur en raison de leur limpidité et de leur profondeur, on rencontre, parmi les débris granitiques, quelques nouvelles espèces pour la course : Juncus filiformis, Callitriche ha- mulata var. minima, Carex canescens, Hieracium incisum Hoppe et alpinum, Hypericum Richeri var. androsæmifolium, Erigeron alpinus, Campanula barbata, Gaya simplex, Avena montana, Pedicularis tuberosa, Adenostyles leucophylla, etc. Au delà du lac du Crouzet, on s'avance du côté du sud-est par un petit sen- tier, à travers des débris de rochers, pour gagner le fond d’une vallée nom- mée la combe de la Lance; dans ces débris de rochers croissent plusieurs plantes non observées encore dans la journée: Atragene alpina (quelques pieds), Trifolium glareosum Schleich. (Tr. pallescens Gr. et Godr. an Schreb. ?), Thlaspi rotundifolium, Cardamine resedifolia, Galium helveti- cum, Athamanta cretensis var. viridis, Leucanthemum alpinum, Poa disti- chophylla, etc. En montant ensuite un peu pour redescendre aussitôt, la base des grands rochers situés à l’est du lac du Crouzet présente, à l'exposition du midi, quelques pieds de plusieurs plantes précieuses : Androsace imbricata, Woodsia hyperborea, Draba tomentosa, Brassica montana DC. Etant revenu à la combe de la Lance, on suit à peu près le fond de la vallée, où l'on ren- contre de petits rochers et des lieux humides; le long des rochers croissent le Phaca australis (forme très glabre, appelée jadis PA. glabra par Clarion) etles Festuca pumila et varia Hænke; les lieux aquatiques offrent les Eriophorum angustifolium et Scheuchzeri, Scirpus caspitosus, Carex frigida et echinata ; les endroits frais, Cerastium trigynum, Poa supina Schrad. (espèce bisan- 660 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. nuelle ou vivace, voisine mais distincte du Poa annua), Veronica serpyllifo- Lia var. tenella, etc. Quittant ensuite le fond de la vallée, on gravit à gauche les débris de rochers, on traverse les pelouses, pour gagner le sommet de la grande Lance, et, chemin faisant, on rencontre : Betonica hirsuta, Sisym- brium pinnatifidum, Androsace carnea, Polygonum viviparum, Cardamine alpina, Carex fætida et nigra, Anemone vernalis, Alsine verna, Gentiana alpina, Luzula spicata et pediformis, Sibbaldia procumbens, Antennaria carpatica, Pedicularis incarnata, Sagina glabra et Linnæi, Thesium al- pinum, etc. Au sommet de la grande Lance, élevé de 2843 mètres au-dessus de la mer suivant la carte du Dépôt de la guerre, l'aréte des rochers et leurs débris sur le versant du midi présentent quelques espèces non encore citées : ruri- chium nanum, Saxifraga muscoides (variété en touffes compactes, rappelant le S. /ratiana F. Schultz (1), des Pyrénées), S. androsacea, Achillea nano, Ranunculus glacialis, etc. En descendant de ce sommet et en longeant les rochers très escarpés du côté gauche, un de nos amis, M. Chavanis (de Lyon) y a trouvé, le 48 août 1854, quelques pieds du Cerastium alpinum, plante des plus rares de nos environs. Après être descendu de la grande Lance, pour se diriger vers les lacs de Doménon, on suit à peu près le fond de la vallée en s'avancant vers l'est, et l'on trouve à l'exposition du midi, contre les rochers, sur les pelouses et daus les lieux humides, quelques nouvelles espèces pour l'herborisation : Centaurea nervosa, Arnica montana, Pedicularis rostrata, Empetrum nigrum, Para- disia Liliastrum, Cerastium trigynum var. pedunculatum, etc. Enfin, près des deux lacs portant les noms de petit et de grand Doménon, point extrême et le plus éloigné de la course, on rencontre, dans les sables qui bordent ces lacs, l’ Arenaria biflora et le Paronychia polygonifolia, et, parmi les débris des rochers humides, le Gentiana brachyphylla. Nous avons déjà exposé les raisons qui nous décidaient à ne pas continuer la course au delà des lacs de Doménon : la principale, nous le répétons, est la possibilité de revenir, dans la même journée, coucher, soit à Revel, soit méme à Grenoble au besoin. Mais les personnes d’une santé assez robuste pour ne point craindre de passer Ja nuit dans les montagnes pourraient pousser leur excursion jusqu'au sommet du pic de Belledonne, élevé de 2981 métres au- dessus du niveau de la mer, et éloigné de deux à trois heures de marche des lacs de Doménon; les sentiers à parcourir pour y arriver sont presque tou- jours couverts de neige, et leur sol est formé de débris de rochers assez forte- ment inclinés pour rendre la marche difficile. La végétation de ces hautes gronlandica 1) C’est à cette for je crois, q it être rapporté vifraga (1) C’est à cette forme, je crois, que doit être rapporté le Sacifrag odron (Fl. de indiqué aux envirous de Grenoble, sur la foi de Mutel, par MM. Grenter et € Fr. t. I, p. 649). SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 661 régions arides et battues des vents est fort pauvre, mais les espèces qu'on y rencontre ont un cachet spécial de rareté: ce sont, entre autres plantes non encore citées, les Potentilla frigida, Geum reptans, Draba tomentosa var. frigida, etc. En quittant les lacs de Doménon, on revient sur ses pas en suivant à peu près le torrent qu descend de ces lacs, et l'on se trouve dans la partie haute de la vallée, dite La Pra ou Preleprat, et dirigée de l'est à l'ouest ; c'est vers le centre de cette vallée qu'aboutit l'extrémité méridionale de la combe de la Lance. Arrivé à ce point, situé à 2253 mètres d'altitude (où le torrent se bifurque pour verser une partie de ses eaux dans le lac du Crouzet en sui- vant la combe de la Lance, tandis que l'autre continue son cours par la vallée de la Pra), une espèce nouvelle pour la coürse se rencontre sur les petits rochers herbeux : c'est le Lloydia serotina, plante rare de nos environs, qui en août, époque ordinaire où se fait l'herborisation de Revel, se trouve pres- que toujours en fruit. Ce point de partage des eaux est aussi le lieu où le bota- niste doit choisir une direction pour le retour à Revel, qui peut s'effectuer de trois manières différentes. On peut : 1? passer près du lac du Crouzet et suivre ensuite le chemin d'en haut qui, passant prés de la Pierre du Mercier, aboutit à quelques centaines de mètres à la base de Colon au-dessus du pré Rémond pour venir à ce pré ; 2^ monter sur le sommet de Colon, qui s'éléve à 2393 mètres, et rejoindre le chemin qui précède, un peu avant le pré Rémond ; 3° suivre la vallée de la Pra jusqu'à son. extrémité ouest, et se diriger ensuite vers la cascade de l'Orciére. La première route est la plus courte, mais elle n'offre aucune nouvelle plante intéressante ; la seconde, difficile et assez longue, per- met de récolter quelques espéces importantes, qu'on ne rencontre pas ailleurs, dans cette course, à notre connaissance : Petrocallis pyrenaica, Laserpitium Panax, Carex sempervirens et Alchemilla pyrenaica. La troisième est plus longue encore, mais elle permet la récolte d’un plus grand nombre d'espèces intéressantes; aussi est-ce elle que nous choisirons. En continuant l'exploration de la vallée de la Pra dans la direction de l'ouest, on trouve à droite deux misérables chalets qui sont adossés contre les rochers à l'exposition du midi, et qui servent d'abri aux bergers pendant la nuit. C'est là que le botaniste qui voudra aller au pic de Belledonne devra passer la nuit. A côté de ces chalets croissent, sur les rochers, l' Artemisia Mutellina, l Her- niaria alpina et V Hypericum Richeri var. androsæmifolium. Sur les bords du torrent ou de ses ramifications, on trouve, sur les sables humides, P Arabis bellidifolia, avec une foule d'autres espèces déjà citées. Un petit sentier con- dnit aux rochers qui s'élèvent au sud et que traverse le col de la grande Vau- daine ; sur ces rochers croissent l'£lyna spicata et le Carex curvula; cette localité est la plus rapprochée de Grenoble que je connaisse pour ces espèces. Au fond de la vallée de la Pra, les bords tourbeux et humides des lacs Merlat, Claret, Longuet et David, recèlent encore quelques espèces intéressantes ; le 662 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. lac Merlat offre surtout de l'intérêt en raison de la présence da Sparganium affine Schnizl., du Viola palustris, etc. A la vallée de la Pra succèdent des rochers et des débris de rochers qui n'offrent rien de particulier, puis on arrive dans une vallée étroite assez om- bragée, par laquelle s'écoulent les eaux qui descendent du lac Robert ; c'est là qu'existe la plus belle Synanthérée de nos Alpes, le rare Rhaponticum scario- sum, très facile à reconnaître à sa taille élevée, à ses grosses calathides et à ses larges feuilles radicales. Sur les bords du torrent, près de la passerelle que tra- versent les voyageurs qui vont au lac Robert, se trouve l Aconitum panicula- tum, plante assez rare aux environs de Grenoble. On ne tarde pas, en suivant un chemin bien tracé, à gagner la forét de Sapins et à arriver à la magnifique cascade de l'Orcière fournie par le torrent dont nous venons de parler, qui se précipite avec fracas sur des rochers et des débris de rochers, couverts de mousses et de plantes à végétation luxuriante, mais dont les noms ont déjà été cités dans la première partie de notre herborisation. En descendant toujours à travers la forét par un chemin souvent rapide , on rencontre encore, parmi les débris de rochers au-dessous de la cascade et dans le voisinage du chemin, trois plantes rares, dont deux nouvelles pour la course : Zactuca Plumieri, Tozzia alpina et Pinguicula grandiflora (sur des mousses tenues humides par quelques filets d'eau et par le sol tourbeux). Il ne s'agit plus que de gagner Revel le plus lestement possible, car la dis- tance à parcourir est encore assez longue. On continue à descendre à travers la forêt ; puis, à sa lisière, on suit un chemin d'exploitation qui longe le tor- rent, d’abord sur sa rive gauche, ensuite sur sa rive droite; et enfin on prend un chemin vicinal qui conduit au village, Les herborisations dont nous avons donné ici le rapide exposé sont les plus fructueuses des environs de Grenoble, et nous avons tâché de dresser l'inven- taire des principales richesses botaniques qu’elles présentent ; toutefois, nous croyons devoir ajouter aux nombreuses citations déjà faites, les noms de quel- ques espèces importantes, disséminées dans d’autres localités moins intéres- santes et qui se trouvent aussi dans le rayon que nous avons pris pour limite. Nous signalerons donc encore les espèces suivantes : Ranunculus alpestris, sur les sommités des rochers de Charmant-Som. Helleborus viridis, sur la commune de Quaix, dans les broussailles bordant le chemin qui, partant de Saint-Marün-le-Vinoux, aboutit à celui du Sappey à Vence en longeant la base du Mont-Rachet du côté du nord et passant au hameau de la Frette. Corydalis lutea, sur les murs da village de Meylan, pres de l'église. Corydalis cava, dans les bois de Voreppe et de Saint-Quentin-sur-Isère. SESSION EXTRAORDINAIRE À GRENOBLE EN AOUT 1860. 693 Dentaria bulbifera, dans les bois couverts du parc de Vizille. Vesicaria utriculata, sur les rochers granitiques à Séchilienne, près de la route du Bourg-d'Oisans. Erophila brachycarpa Jord., dans les allées du jardin du maréchal Randon à Saint-Ismier. Thlaspi montanum, snr le pic le plus élevé de la montagne de Chalais, près de Voreppe. Hesperis matronalis, dans les bois du mont Saint-Eynard, au-dessus de Saint-Ismier. Silene Armeria, dans les graviers à Séchilienne. Ruta graveolens, sur les rochers au-dessus de Varces, entre ce village et Vif. Dictamnus albus, bois-taillis au-dessus des vignes, à Vif, en allant aux Sail- lants. Dorycnium suffruticosum, sur les coteaux secs en allant à Saint-Bąrthélemy par les Saillants, au-dessus de Vif, sur la commune du Gua (découvert par MM. les professeurs du petit séminaire de Grenoble). Coronilla montana, dans les bois exposés au midi à la base du Saint-Eynard, en face de Saint-Ismier. Potentilla delphinensis, sur les rochers de Charmant-Som. Potentilla rupestris, sur les coteaux d'Échirolles, observé par M. l'abbé Ravaud. Inula bifrons, sur les pelouses des coteaux au-dessus de Varces, notamment près du cimetière. Inula montana, parmi les pelouses sur les graviers, prés du pont de Champ, sur la Romanche. Achillea tomentosa, à la méme localité que l'espèce précédente; les deux plantes vivant en société. Crepis setosa, dans le village de Tencin, notamment le long des murs de la propriété de M. de Monteynard. Arctostaphylos alpina, point culminant des rochers de Charmant-Som. Linaria simplex , champs sablonneux de € ‘hampagnier, à gauche de la route de Vizille. Nepeta lanceolata, lieux secs aux bords des champs et parmi les graviers à Champagnier, à côté de l'espèce précédente. Cyclamen europæum, lieux pierreux au-dessous des rochers et jusque dans les vignes au Touvet. Erythronium Dens canis, prairies de l'Échaillon, au-dessus des Saillants près Vif. Allium acutangulum Schrad., dans les marais près de Domêne. Adiantum C apillus Veneris, dans les grottes de l'ermitage de Saint-Martin- le-Vinoux, près du hameau de Narbonne. 664 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Liste systématique des espèces citées dans les onze herborisations qui pré- cèdent, avec l'indication, par des chiffres, des herborisations où elles sont citées (1). Renonculzicées. Atragene alpina L., 7, 11. Thalictrum aquilegifolium L., 2, 11. — minus L., 8. — angustifolium L., 6. Anemone vernalis L., 10, 11. — Halleri All, 7. — alpina L.,4, 8, 10. — — B. sulfurea, 10. — narcissiflora L., 8. Ranunculus Thora L., 7. alpestris L., à Charmant-Som. — glacialis L., 11. — Seguieri L., 4, 7, 8. — acbnitifolius L., 3, 7, 10. platanifolius L., 4, 8, 10, 11. pyrenæus L., 7, 10. montanus Willd., 3, 4, T. — Grenierianus Jord., 41. — aduncus G.G., T. — Friesanus Jord., 7. — lanuginosus L., 4. Trollias europæus L., 3, 7, 10. Helleborus viridis L., à Quaix. Isopyrum thalictroides L., 5. Aquilegia alpina L., 11. Aconitum Anthora L., 2, 7. — paniculatum Lam., 41. Nymphéacées, Nufar luteum Smith, 11. Papavéracées. Papaver Lecokii Lamotte, 6. Fumariacées, Corydalis cava Schweigg., à Voreppe. — solida Smith, 5. — lutea DC., à Meylan. Crucifères, Brassica montana DC. (non Rajin.), 11. — . repanda DC., 1. Diplotaxis muralis DC., 1. Erucastrum Pollichii Spenn., 4, 9. — Oobtusangulum Rchb., 1. Hesperis matronalis L., à Saint-Ismier. Erysimum ochroleucum DC., 4, 8. Barbarea intermedia Boreau, 7, 10. — patula Fries, 7, 10. Sisymbrium pinnatifidum DC., 10, 11. Arabis brassiciformis Wallr., 2. — saxatilis All., 3. — auriculata Lam., 3, 7. -— stricta Huds., 2, 3, 6, 7. — serpyllifolia Vill., 8. — arcuata Shuttlew., 4. — muralis Beriol., 2. — perfoliata Lam., 10. — alpina L., 5, 7. — bellidifolia Jacq., 11. Cardamine Plumieri Viil., 11. — silvatica Link, 10, 11. — alpina Willd., 11. — resedifolia L., 10, 11, Dentaria digilata Lam., 3. — pinnata L., 3. — bulbifera L., à Vizille. Vesicaria utriculata Lam., à Séchilienne. Alyssum montanum L., 5. | Clypeola Jonthlaspi L., 3. Petrocallis pyrenaica R. Br., 4, 11. Draba aizoides L., 7. — tomentosa DC., 11. B. frigida, 11. — muralis L., 10. Erophila majuscula Jord., T — glabrescens Jord., 4, 9. k — brachycarpa Jord., à Saint-Ismier. Kernera saxatilis Rchb., 5. Bunias Erucago L., 10. — —- (1) Le n* 1 indique l'herborisation du Polygone ; le n? 2 celle de la Bastille et de Mont-Rachet; le n? 3 celle du Saint-Eynard et du Sappey ; le n? 4 celle de Chamechaude ; le n^ 5 celle des Balmes de Fontaine et de Sassenage ; le n? 6 celle de Comboire ; » n? 7 celle de Pariset et de Saint-Nizier ; le n? 8 celle de Saint-Ange et du col de l'Arc ; le n° 9 celle du Pont-de-Claix et de Rochefort ; le n? 10 celle d'Uriage, Vaulnaveys. Prémol et Chanrousse ; le n° 11 celle de Revel et Belledonne. — Les plantes mentionnées dans ces herborisations représentent, comme je l'ai dit au début de cet article, un choix des espèces les plus importantes des localités qui viennent d’être citées, et non la flore complète. . SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 665 Biscutella cichorifolia Lois., 2, 6. — lævigata L., 10, 11. Iberis pinnata Gouan, 3, 9. Teesdalia nudicaulis R. Br., 7. Aëthionema saxatile R. Br., 2. 5. Thlaspi montanum L., à Chalais. — Villarsianunm Jord., 8. — virgatum G. G., 2, 3, 10. — rotundifolium Gaud., 4, 10, 11. Hutchinsia alpina R. Br., 7, 8, 11. Calepina Corvini Desv., 1. Rapistrum rugosum All., 9. Cistinées, Helianthemum elaudicum DC., 4, 8. — alpestre DC., 3, 7, 8. — velutinum Jord., 6. Fumana Spachii G. G., 6, 8, 9. Violariées. Viola palustris L., 10, 11. — scotophylla Jord., 5. — Thomasiana Song. et Perr., 10. — silvatica Fries, 1. — arenaria DC., 11. — mirabilis L., 9. — canina L., 10. — biflora L., 10, 11. — alpestris Jord., 3, 10. == Calcarata L, 3, 7. Résédacées. Reseda Phyteuma L., 9, 10. Droséracées. Drosera rotundifolia L- 40: Polygolées. Polygala Lejeunei Bor., 7, 11. — austriaca Crantz, 1. — Chamæbuxus L., 7. Silénées, Silene glareosa Jord., 7. — Armeria L., à Séchilienne. Ss Artiaga L., 355 1. =- quadrifida L., 4, 7. ~= "rupestris L, 10, 11. = Dryoides Jord., 4, 8, 11, — Pseudotites Bess., 2, 5, 7. Lychnis silvestris Hoppe, 10, Saponaria ocimoides Da 47, 2,3, 5. Gypsoph:la repens L., 1. Dianthus saxifragus L., 1. — vaginatus Chaix, 7. Dianthus deltoides L., 10. — cæsius Smith, 5, 8. — saxicola Jord., 6, 8. — monspessulanus L., 3, 6, 7, 8. Alsinées. Sagina apetala L., 9. — Linnei Presl, 4, 11. '— glabra Willd., 41. Alsine hybrida Jord., 1. — laxa Jord., 9. — Jacquini Koch, 1. — rostrata Koch, 5, 7. — verna Baril., 10, 11. f. viscida, S. -—— Cherleri Fenzl, 10, 11. Moehringia muscosa L., 5, 7, 10. Arenaria biflora L., 11. — ciliata L., 3, 4, 7, 8. — leptoclados Guss., 10, 11. — grandiflora All., T. Stellaria nemorum L., 10. — uliginosa Murr., 10. Cerastium trigynum Vill., 11. 6. pedunculatum, 11. — pallens F. Schuliz, 1. — obscurum Chaub., 1. -—— brachypetalum Desp., 9. — alpinum L., 11. — arvense L. var. strictum, 2. Linées. Linum salsoloides Lam., 4, 8. — angustifolium Huds., 1, 7. — alpinum L., 8, 10,114. Malvacées. Malva Alcea L., 10. — cannabina Serres, 9. Géraniacées. Geranium silvaticum L., 4, 10. — nodosum L., 10. — phæum LZ., 8. — lucidum L., 7. — purpureum Fill., 2, 7, 9. Hypéricinées. Hypericum quadrangulum L., 7, 10, 11. — Richeri Vill., 8. B. androsæmifolium, 8, 11. Acérinées. Acer Pseudoplatanus L., 10, 11. — opulifolium Vill., 5, 7, 8. — monspessulanum L., 2, 6, 7, 9. 666 Balsaminées. Impatiens Noli tangere L., 10, Rutacées. Ruta graveolens L., à Varces. Dictamnus albus L., à Vif. Célastrinées. Evonymus latifolius Scop., 2, Rhamnées. Rhamnus alpinus L., 2. Alaternus L., 2, 6, 9. Térébinthacées, Pistacia Terebinthus L., 2,7, 9. Rhus Cotinus L., 2, 6, 1,8, 9. Papilionacées. Sarothamnus vulgaris Wimmer, 10, 11. Genista tinctoria L., 8. cinerea DC., à Champagnier. germanica L., 7, 8. Laburnum Z., 2, 3, 5, 7, 8. sessilifolius L., 2, 5, 6, 7, 9. supinus L., 2, 8. Argyrolobium Linnæanum VWalpers, 9, 6,9. Ononis rotundifolia L., 1, 8. fruticosa E. 3. 8 Nattis Lo 1. minutissima L., 2. Anthyllis montana L., 2, 8. Medicago ambigua Jord., 2. cinerescens Jord., 2. apiculata Willd., 9. Trigonella monspeliaca L., 2, 9. Melilotus neapolitana Ten., 9. alba Lam., 1, 2. altissima Thuill., 1. Trifolium alpinum L., 40, 11. Thalii Vill., 4, 8. glareosum Schleich. , 41. aureum Poll., 11. Schreberi Jord., 10. Dorycnium suffruticosum Vill., au Gua. herbaceum Vill., 4. Tetragonolobus siliquosus Roth, 1. Lotus tenuis Kil., 1. uliginosus Schkuhr, 10. Astragalus purpureus Lam., 4. Onobrychis L., 1. monspessulanus L., 1, 2. depressus L., 3. Cicer L., 1. aristatus L' Héril., 1. — SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, Oxytropis campestris DC., 1. montana DC., 4, 7, 8, pilosa DC., 1. Phaca alpina Wulf., 11. australis L., 11. Vicia peregrina L., 6. dumetorum L., 10. incana Vill., 2. tenuifolia Roth, 6, 9. varia Host, 9. Lathyrus heterophyllus L., 8. latifolius L., 2. sphæricus Retz., 2, 7. Coronilla Emerus L., 4, 2, 5, 9. montana Scop., à Saint-Ismier. vaginalis Lam., 4, 7. scorpioides Koch, 6, Onobrychis collina Jord., 6, 9. T. Amygdalées, Prunus fruticans Weihe, 2. Rosacées, Spiræa Aruncus L., 3, 7, 10, Dryas octopetala L., 4, 7. Geum rivale Z., 10. montanum L., 3. . reptans L., 11. Sibbaldia procumbens L., 11. Potentilla Fragariastrum Ehrh., 10. nitida L., 4. petiolulata Gaud., 5, 1. nivalis Lap., 8, 11. frigida Vill., 41. grandiflora L., 10, 11. xerophila Jord., T. Verloti Jord., S. aurea L., 4, 10. delphinensis G.G., à Charmant-Som. rupestris L., à Echirolles. Comarum palustre L., 10. Rubus saxatilis L., 7. nemorosus Hayne, 2, T, 10. vestitus W. et N., 7, 10. Lejeunei W. et N., 8, 10. glandulosus Bell., 2, 3, 7, 8, 10. rosaceus W. et N., 10. Menkei W. et N., 8. hirtus W. et N., 2. nitidus, W. et N., 10. tomentosus Borkh., T. collinus DC., 2, 6, T. discolor W. et N., 2. thyrsoideus Wimm., 5. alpina L., 2, 41. B. pyrenaica, 8. rubrifolia Vill., 2, 3. psilophylla Rau, 3. — SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860, Rosa ramulosa Godr., 2, 7. Klukii Bess., 7. agrestis Savi, 2, 5. nemorosa Libert, T mollissima Fries, 9, 7. Alchemilla alpina L., 3, 11. montana W., 8. pyrenaica L. Dufour, 11. Pomacées. Mespilus germanica L., 7. Cotoneaster tomentosa Lindl., 3, 7. Sorbus aucuparia L., 10, 11. Mougeoti Soy- Will. et Godr., 1. Chamæmespilus Crantz, 4, 8. Onagrariées, Epilobium alsinifolium Vill., 4, 11. alpinum L., 7,11. palustre L., 10. roseum Schreb., 40, 11. trigonum Schrank, 4, 8, 11. collinum Gmel., 10,41. — —. spicatum Lam., 8. Œnothera biennis 1 1: Haloragées, Callitriche hamulata Kuetz. var. minima, 11. Tamariscinées. Myriearia germanica Desv., 1, 6. Paronychices. Paronychia polygonifolia DC., 11. Herniaria alpina Vill., 11. Scleranthus biennis ? Reut., 10. Crassulacées. Sedum maximum Suter, 2. Anacampseros L., 11. Cepæa L., 10. rubens L., 10. atratum L., 7, 8,10. : annuum L., 10, alpestre Vill., 107 1T. Verloti Jord:, 9: altissimum Poir., 1, 2, 6. anopetalum DC., 1. 9, 6. Sempervivum tectorum L., 2. 77 montanum L., 10, 11. 77 arachnoideum L., 8, 10, 11. LIE ESERS Grossulariées. Ribes petræum Wulf., 10, 11. lanceolatum Sebast, et Maur., 10. rosmarinifolium Hænke, 1, 3, 5, 6. Saxifragées. Saxifraga stellaris L., 11. cuneifolia L., 10, 11. rotundifolia L., 5, 10. aspera L., 10. bryoides L., 11. aizoides L., 4, 11. granulata L., 1. muscoides Wulf., 4, 1, 11. androsacea L., 10, 11. Aizoon Jacq., 2, 3, 5, 7. oppositifolia L., 4, 7. Chrysosplenium oppositifolium L., 10. Ombellifères. Laserpitium gallicum L., 1. Sier Le. 1, 2. 1: Panax Gouan, 11. Peucedanum Cervaria Lap., 2. Ostruthium Koch, 11. Pastinaca opaca Bernh., 4. Gaya simplex Gaud., 10, 11. Meum athamanticum Jacq., 10. Athamanta cretensis L., 7. 1 — B. viridis, 41. Seseli coloratum Ehrh., 2, 6, T. Libanotis Koch, 2. Fœniculum vulgare Gærtn., 2. OEnanthe Lachenalii Gmel., 1. Bupleurum longifolium L., 4. stellatum Z., 10, 11. ranunculoides L., 8. petræum L., 7° junceum L., 2. Bunium Bulbocastanum L., 3. Sison Amomum L., 10. Ptychotis heterophylla Koch, 1, Chærophyllum aureum L., 3, 4, hirsutum Vill., 10, 11. Cicutaria Vill., 5, 7, 10. Myrrhis odorata Scop., 10. Astrantia major L., 3. minor L., 11. 2. 8. — Caprifoliacées. Sambucus racemosa L., 3, 10. Lonicera etrusca Santi, 2, 7, 9. Periclymenum L., 10. nigra L., 7, 10, 11. alpigena L., T. cærulea L., 10, 11. Rubiacées. Galium rotundifolium L., 7, 11. lævigatum L., 2, 1, 8. myrianthum L., 2, 7 8 667 668 Galium luteolum L., 8. commutatum Jord., 9. montanum Vill., 10. anisophyllon Vill., 4, 7, 8. tenue Vill., 1. helveticum Weig., 11. Valérianées, Centranthus angustifolius DC., 3, 6. Calcitrapa Dufr., 7. Valeriana officinalis L. var., 4. Phu L., 8. tuberosa L., 2, 5, 6 tripteris L., 7, 8. montana L.,T. — Dipsacées. Dipsacus laciniatus L., 9. Cephalaria alpina Schrad., 8. Knautia subcanescens Jord., 8. silvatica Duby (ex parte), 3, 8. cuspidata Jord., 8. Scabiosa patens Jord., 4. — glabrescens Jord., 2. lucida Vill., 8, 11. » Composées. Adenostyles albifrons Rchb., 8, 10, 11. alpina Bluff et Fing., 4, 7, S. leucophylla Rchb., 11. Homogyne alpina Cass., 3, 8, 41. Petasites niveus Baumg., T7. Solidago minuta Vill., 41. Erigeron alpinus L., 8, 11. glabratus Hoppe, 8. uniflorus L., 10. Stenactis annua Nees, 1. Aster alpinus L., 4, $, 10, 41. Bellidiastrum Michelii Cass., 4, 8. Doronicum Pardalianches Willd., 2, 7. Aron:cum scorpioides DC., 8, 10, 11. Arnica montana L., 8, 40. 11. Senecio gallicus Chaix, 6. ineanus L., 10, 11. paludosus L., 1. Fuchsii Gmel., 1. Jacquinianus Rchb., 3, 10. Doria L°,16, 1, 9. Doronicum L., 4, 8, 11. spathulifolius DC., 5. Artemisia Absinthium L., 3. 5, camphorata Vill., 1, 2, 8. Mutellina Vill., 41. Millarsit G: G., 41. campestris L., 1. Leucanthemum vulgare Lam.var.atratum, 8. alpinum Lam., 10, 41. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Leucanthemum Parthenium G. G., 5, 10. Matricaria nodosa L., 7. Achillea tomentosa L., à Champ. macrophylla L., 10, 11. nana L., 11. Buphthalmum grandiflorum L., 2, 5, 6, 7. Inula bifrons L., à Varces. squarrosa B. latifolia DC., 2. Vaillantii Vill., 4. montana L., à Champ. Gnaphalium norvegieum Gunn., 11. supinum L., 11. Antennaria carpatica Puff et Fing., 11. dioica Gærtn., 3. Filago spathulata Presl, 9, 10. minima Fries, 10, 11. Carpesium cernuum L., 5. Echinops Ritro L., 9. Cirsium ferox DC., 1. monspesçulanum All., 1, 6, 9. bulbosum DC., 8. rivulare Link, 3, 5, 7. spinosissimum Scop., 11. Carduus defloratus L., 8. Rhaponticum scariosum Lam., 11. Centaurea nervosa Willd., 11. intermedia Cariot, 2. paniculata L., 1. Crupina vulgaris Cass., 2, 9. Serratula Vulpii Fisch-Ost., 8. Leuzea conifera DC., 2, 9. Saussurea discolor DC., 11. Carlina acanthifolia All., 2, 5. Xeranthemum inapertum Willd., 6. Catananche cærulea L., 2, 7, 9. Arnoseris pusilla Gærtn., T. Aposeris fœtida Less., 7, 8. Hypocheris maculata L., 8. Thrincia hirta Roth, 9. Leontodon pyrenaicus Gouan, 4, 8, 11. crispus Vill., 2, 6,7, 8. Scorzonera austriaca Willd., 9- — hispanica L. f. glastifolia, 2. Tragopogon crocifolius L., 2. dubius Fili., 2, 9. Taraxaeum palustre DC., 1. Lactuca virosa L., 9. flavida Jord., 1, 2, 5, 8. Plumieri G. G., 11. Prenanthes purpurea L., 3, 7. Mulgedium alpinum Less., 10, 1t. Crepis setosa Hall. f., à Tencin. nicæensis Balb., 7, 9. blattarioides Vill., 8. 1, 10. T Soyeria paludosa Godr., 5, Hieracium præaltum Vill., 2, florentinum All., 1. 10. cymosum L., 3, 4. staticifolium Vill., 1, 3, ô; d. SESSION EXTRAORDINAIRE A Hieracium politum Fries, T. glanduliferum Hoppe, 10,11. piliferum Hoppe, 10, 43. villosum L., 7, 8. glabratum Hoppe, 8. saxalile Vill., 7. alpinum L., 11. pulmonarioides Vill., 3, 5, 6, 7. lanatum Vill., 2. andrialoides Vill., 3, 5. Kochianum Jord., T, 8. farinulentum Jord., 5. Verloti Jord., 2. incisum Hoppe, 11. nemorense Jord., 3, 4, 8, 10. Jacquini Vill., 2, 5, 6. gallicum Jord., 2. Campanulacées. Jasione montana L., 11. Phyteuma hemisphæricum L., 10, 11. Charmelii Vill., 5. betonicifolium Vill., 11. spicatum L. var. cæruleum, 3. Campanula Medium L., 2, 6, 7, 8. barbata L., 10, 11. thyrsoides L., 4. latifolia L., 8. rhomboidalis L., 4, 7, 11. pusilla Hænke, 7, 8. Rapunculus L., 7, 9. patula L., 40. Vacciniées. Vaccinium Myrtillus L., 11. uliginosum L., 4, 10, 11. Vitis idæa L., 4, 7, S. Oxycoccos vulgaris Pers., 10. — Éricinćes. Arctostaphylos alpina Spreng , à Charmant- Som. officinalis Wimm. et Grab., 1, 7, Loiseleuria procumbens Desv., 10, 11. Rhododendron ferrugineum L., 3, 4, 7, 8. 10, 11. Pirolacées. Pirola rotundifolia L., 8. media Swartz, 7. minor £., 4, 7. 8, 10. chlorantha Swartz, 7. secunda L., 3, 1, 11. uniflora L., 7. Monotropées. Monotropa Hypopitys L., 11. GRENOBLE EN Aour 1860. 669 Lentibulariées, Pinguicula vulgaris L., 10. grandiflora Lam., 11. alpina L., 7, 10. Utricularia vulgaris L., 9. Primulacées. Primula grandiflora Lam., 4, 9. acauli-elatior Muret, 4. elatior Jacq., 1. Auricula L.. 4, T. viscosa Vill., 10, 11. Androsace imbricata Lam., 11. villosa L., 7, 8. . carnea L., 10, 11. obtusifolia Ail., 40. Cyclamen europæum L., au Touvet, Soldanella alpina L., 3, T. Lysimachia nemorum L., 10. Jasminées. Jasminum fruticans L., 2. Apocynacées. Vinca major L., 5. Aselépladées. Vincetoxicum laxum G. G., 1, 7, 9. Gentianacées. Chlora perfoliata L., 1. Gentiana lutea L., 11. punctata L., 11. Kochiana Perr.et Song., 10, 11. angustifolia Vill. (non Micha), 2, 5, 6, 1. alpina Vill., 11. verna L., 5. brachyphylla Vill., 11. campestris L., 11. ciliata L., 6. Menianthes trifoliata L., 10. Convoivulacées. Convolvulus Cantabrica L., 2. Borraginces. Cerinthe minor L., 8. Anchusa italica Retz., 7. Pulmonaria affinis Jord., 2. Myosotis alpestris Schmidt, 8. | Eritrichium nanum Schrad., t1. | Cynoglossum Dioscoridis Vill., 2, 5. 670 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Solanées. Solanum miniatum Bernh., 9. Physalis Alkekengi L., 5, 9. Verbascées. Verbascum pulverulentum Vill., 2. — Chaixii Vill., 2,5, 7. Scrofulariacées. Scrofularia Ehrharti C.-A. Stev., T. — juratensis Schleich., 1, 4, 7. — — var. glabra. 11. Antirrhinum latifolium DC., 2. Linaria Cymbalaria Mill., 2. — simplex DC., à Champagnier. — striata DC. var. ochroleuca, 1, — alpina DC., 1, 4, 7 11. — supina Desf. var. pyrenaica, 7. — origanifolia DC., 2, Veronica Teucrium L., 7. — urticifolia L., 7, 10. — scutellata L., 10. — aphylla L., 7, 8. — fruticulosa L., 8. — saxalilis Jacq., 10, 11. — bellidioides L., 7, 8, 11. — alpina L., 11. — serpyllifolia, L, var. tenella, 11. — persica Poir., 9. Erinus alpinus L., 2, 5. Digitalis media Roth, 7. — grandiflora Al., 7 ,10. Euphrasia cuprea Jord., 6, 7, 41. — minima Schleich., 41. Odontites rubra Pers., 3. — lutea Rchb., 2. — lanceolata Rchb., 3, Bartsia alpina L., 7, 8. Pedicularis incarnata Jacq., 11. — gyroflexa Vill., 4, 7, 8. — rostrata L., 11. — tuberosa L., 10, 11, Melampyrum nemorosum L., 2, 3, 7,10. Tozzia alpina L., 8, 44. Orobanchées. Phelipæa ewrulea C.-A. Meyer, 3. Orobanche Rapum Thuill., 41. — cruenta Bertol., 2. — Epithymum DC., 7. — Laserpitii-Sileris Rapin, 2, 3. — Cervariæ Suard, 2. — Picridis Vauch., 2. — Hederæ Duby, 5. — mifor Sutton, 10. — amethystea Thuill., 2. Labiées. Lavandula delphinensis Jord., 1, 9. Hyssopus officinalis L., 7. Calamintha grandiflora Mæœnch, 2, 3, 8,10. — nepetoides Jord., 1, — alpina Lam., 3, 4, 8. Salvia glutinosa L., 10. Nepeta lanceolata Lam., à Champagnier. Lamium hybridum Vill., 9. Galeopsis angustifolia Ehrh., 2. — intermedia Vill., 7, 11. — Verloti Jord., 1,40, 11. — Reichenbachii Reut., 41. Betonica hirsuta L., 11. Sideritis hyssopifolia L., 4, 8. Scutellaria alpina L., 41. Ajuga pyramidalis L., 10, 11. Plantaginées. Plantago serpentina Vill., 1, 8. — alpina L., 3, 8. — montana Lam., 3. — Cynops L., 1. Plombaginées. Armeria alpina Willd., 10, 11. Globulariées. Globularia nudicaulis L., T, 8. — cordifolia L., 2, 5. Amarantacées. Polyenemum majus Al. Braun, 9. Salsolacées. Chenopodium ficifolium Smith, 1. — opulifolium Schrad., 2. Poiygonées. Oxyria digyna Campd., 11. Rumex pulcher L., 2. — alpinus L., 11. — arifolius All., 10, 11. Polygonum Bistorta L., 3, T. — viviparum Z., 4, 10, 11. Dapnhnoidées. Daphne Mezereum L:, 3. — Verloli G. G., 3. Santalacées. Thesium alpinum L., 7, 1t. — pratense Ehrh., 2, T. — divaricatum Jan, 6; 7; Osyris alba L., 2, 6, 9. SESSION. EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. Éléagnées. Hippophaë rhamnoides L., 1, 3. Empétrées. Empetrum nigrum L., 10. Uimacées. Ulmus montana Smith, 10. Salicinées, Salix amygdalina L., 1, incana Schrank, 1. daphnoides Vill., 1. cinerea L., 7. aunta L 447 ambigua Ehrh., 10. philycifolia L., 4. reticulata L., 44. retusa L., 4, 11. Populus alba L., 4. — — — — Bétulacées. Betula pubescens Ehrh. var. denudata, 7. — c var. vestita, 10. Alnus viridis DC., 4, 10, 11. glutinosa Gærin., 1. incana DC., 1, 10. — Abiétinées. Pinus Pumilio Hænke, 10. uncinata Ram.,-7. Cembra L., 10. Picea L., 3, 10, 41. Abies L., 10, 11. — — — — Cupressinées. Juniperus alpina Clus., 4, 3, 8, 10, 11. — phœnicea L. var. lycia, 6. Taxus baccata L., 7. Colchicacées. Veratrum album L., 7, 10: Tofieldia calyculata Whinb., 10. Liliacées. Tulipa Celsiana DC , 2, 7, 10. Lilium croceum Chaix, 3, 10. candidum L., 6. Martagon L., 2. Lloydia serotina Rchb., 10, 11. Ornithogalum nutans L., 5. Gagea lutea Schultes, 3. — Liottardi Séhultes, 10. — — | 671 Allium polyanthum Item. et Schult., 2, sibiricum L., 41. narcissiflorum Vill. , 7. fallax Don, 3, 6. acutangulum Schrad., à Domène. Erythronium Dens canis L., à Vif. Hemerocallis flava L., 10. Paradisia Liliastrum Bertol., 4, 8, 10,11. Asphodelus Villarsii Verl., 2, 3, 6. — Smilacinées. Streptopus amplexifolius DC., 11. Polygonatum multiflorum All., 5. verticillatum All., 3, 10. Asparagus tenuifolius Lam., 6. — Iridées. Crocus vernus Áll., 9, 3. versicolor Gawl., 6. Gladiolus segetum Gawl., 6, 7. Amaryllidées. Leucoium vernum Z., 5. Narcissus poéticus L., 3, 7. Orchidées. Cypripedium Calceolus L., 7, 8. Spiranthes æstivalis Rich., 4. Goodyera repens R. Br., 7. Cephalanthera ensifolia Rich., 5. rubra Rich., 7. Epipactis palustris Crantz, 1. Listera cordata R. Br., 10. Limodorum abortivum Swartz, 7. Corallorrhiza innata R. Br., 7. Aceras hircina Lindl., 7. pyramidalis Rchb., 7, Orchis Simia Lam., G. purpurea Huds,, 6, 9. globosa L., 4, 8, 10, mascula L., 9. pallens L., 2. sambucina L., 3, maculata L., 10. odoratissima L., 3, viridis Crantz, 4, 8, 10, albida Scop., 4, 8, Herminium clandestinum G. G., 7. Nigritella angustifolia Rich., 4, 8, 10. Joncaginées. Scheuchzeria palustris L., 10. Typhacées. Typha angustifolia L., 1. minima Hoppe, 1. Sparganium affine Schnizl., 11. 672 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Joncées. Juncus filiformis L., 10, 11. — trifidus L.. 10, 41. — alpinus Vill., 1. — compressus Jacq., 4. Luzula Forsteri DC., 7. flavescens Gaud., 3, 7, 10, 11. silvatica Gaud., 2, 3. spadicea DC., 41. nivea DC, 3,158; IL lutea DC., 11. spicata DC., 10, 11. pediformis DC., 11. LEM 1101 Cypéracées. Cyperus longus L., 1. Schænus nigricans L., 1, 6. Eriophorum Scheuchzeri Hoppe, 11. — vaginatum L., 10. — angustifolium Roth, 3, 11. Scirpus Holoscheenus L., 1. — Pollichii G. G., 4. — mucronatus L., 1. -— pauciflorus Lightf., 7. — cæspitosus L., 10, 11. Elyna spicata Schrad., 11. Carex Davalliana Smith, 7. pauciflora Lightf., 40. rupestris All., 8. fætida Vill., 11. divulsa Good , 3. paniculata L., 3, 10. leporina L., 3, 10, 11. echinala Murr., 10, 11. canescens L., 10, 11. remota L., 10. curvula AU., 41. Goodenowii Gay, 7. stricta Good. , 10. maxima Scop., 5. pallescens L., 7, 10. obesa All., 1. atrata L., 11- nigra All., 11. limosa L., 10. pilulifera L., 10. montana L., 3, 6, T. Halleriana Asso, 3, 6. humilis Leyss., 6. mucronata All., 8. frigida All., 11. ferruginea Scop., 11. sempervirens Vill., 7, 8, 41. firma Host, 10. tenuis Host, T. silvatica Huds., 10. P STITT IFF E Hip) [1 Carex lepidocarpa Tausch, 9, 10. — Hornschuchiana Hoppe, 3, 7. — ampullacea Good., 10. — vesicaria L.. 10. — riparia Curt., 10. Graminées. Phleum asperum Jacq., 1. — alpinum Z., 4, 10, 11. — Micheiii All., 4,10. Tragus racemosus Haller, 1. Calamagrostis Epigeios Roth, 1. — littorea DC., 1, 6. — tenella Host, 11 — varia Schrad., 5, 7, 8, 10. Agrostis canina L., 11. — alpina Scop., 10, 11. — Schleicheri Jord, et Verl., 7, 8. —- rupestris All., 10, i1. — interrupta L., 9. Stipa capillata L., 9. Lasiagrostis Calamagrostis Link, 1, 5, 6. Aira caryophyllea L., 10. Avena setacea Vill., 7, 8. — montana Vill., 4, 8,11. — Scheuchzeri All., 11. — bromoides Gouan, T. Kæleria phleoides Pers., 1. Poa supina Schrad., 41. — alpina L., 4, 7, 8. — distichophylla Gaud., 4, T, 11- — sudetica. Hanke, S, 10. Eragrostis poæoides P. Beauv., 1. — pilosa P. Beauv., 1. Melica nebrodensis Parl., 1, 5,6, 8- Diplachne serotina Link, 9. UT Molinia cærulea Mœnch, var. altissima, 1. Cynosurus echinatus L., 7, 10, 11. Vulpia Pseudomyuros Soy.- Willm., 9, 10. — Myuros Rchb., 1, 5, 7, 9, 10, Festuca violacea Gaud., S. — pumila Chaix, 4, 11. — varia Henke, 11. — silvatica Vill., 8, 10. — arundinacea Schreb., 4. — gigantea Vill., 5. Serrafalcus squarrosus Bab., 2. Agropyrum campestre G. G., t. Gaudinia fragilis P. Beauv., 1, Nardus stricta L., 7, 10, 11. ES Fougeres. Botrychium Lunaria Swartz, 8. Ophioglossum vulgatum L., 11: Polypodium Phegopteris L., 10, 11. — Dryopteris L., 10, 11. SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 673 Polypodium Dryopteris var. calcareum, 7. A Woodsia hyperborea R. Br., 11. ranae iind Aspidium Lonchitis Swartz, 11. Equisetum silvaticum L., 10. Polystichum spinulosum DC., 10, 11. — ramosum Schleich., 1. — rigidum DC., 8. — variegatum Schleich., 1, 7. Cystopteris alpina Link, 8. Asplenium Filix femina Bernh., 40. Lycopodiacées. — Halleri DC., 2,5, 7. Lycopodium Selago L., 11. — viride Huds., 7. — inundatum L., 10. — septentrionale Sw., 11. — annotinum L., 10. Adiantum Capillus Veneris L., à St-Martin- | — alpinum L., 11. le-Vinoux. — clavatum L., 11. Allosorus crispus Bernh., 11. Selaginella spinulosa Al. Braun, 10, 11. M. L. Amblard, secrétaire, donne lecture de la lettre suivante, adressée à M. Cosson par M. Reboud : NOTE SUR L'ANCIENNE FORÉT DE BIÈVRE, par M. REBOUD. (Djelfa, 20 juillet 1860.) Pendant les quelques jours de congé que j'ai passés dernièrement à Izeaux (1), petit bourg du département de l'Isère, situé à mi-côte sur la limite méridionale de la plaine de Bièvre, j'ai retrouvé, dans quelques mémoires peu répandus, l'histoire de l'ancienne forêt de Bièvre, foresta aut nemus de Bievre. J'ai extrait du mémoire de M. de Lagrée, procureur-général à la cour des comptes de Dauphiné (2), les notes suivantes qui compléteront, tout en le rectifiant sur plusieurs points, le passage du rapport de M. Émile Goubert (3) concernant cette ancienne forét delphinale. La forêt de Bièvre, une des plus belles forêts du Dauphiné, avait deux lieues de longueur sur une de largeur. On disait d’elle : est magna in longitudine et in latitudine. Ses limites étaient au nord: Lemps, Bevenais, Colombe; à l'ouest: la Frette, Saint-Hilaire, Gillonnay ; au midi : Saint-Étienne-de-Saint-Geoirs, Sillans, Izeaux ; à l'est : Beaucroissant, le Rivier, Apprieu, la Contamine. L'essence principale de la forét était ce méme Chéne qui constitue encore en ce moment la plus grande partie des bois-taillis qui forment au nord et au midi la limite de la plaine. On en trouve d'assez nombreux bouquets épars çà et là le long des anciennes routes et sur quelques talus. Ces bosquets, plus ou (1) Izeaux, autrefois Castellum de Izellis, était le lieu de résidence du châtelain et des officiers delphinaux chargés de percevoir les droits dus au Dauphin pour les usages qu'il avait concédés dans la forét aux habitants des communautés voisines. — L'enceinte de l'ancien Castellum de Izellis existe encore en très grande partie. 2 (2) Mémoire sur la concession de la plaine, anciennement forét, de Bièvre, par M. de Lagrée, procureur-général du roi en la chambre de la cour des comptes de Dauphiné, a Grenoble, imprimerie royale, 1780. (3) Voyez le Bulletin, t. V, p. 635. de VIE ^3 67h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. moins variables de forme et de grandeur, portent le nom de revola, du vieux mot revol (1) qui lui-même vient de robur. Dans quelques parties de la forêt, et particulièrement vers Sillans, il exis- tait un mas dit des grandes bruyères : « Ibidem erant broheriæ et vocaban- tur magnae broheriæ. » Elles étaient une dépendance de la forêt : « Jpsæ broheriz sunt infra confines de Bievre. » Il est dit quelque part, dans le volumineux mémoire cité : « Il (le Dau- phin) se contenta d'acquérir la juridiction sur les brosses et bruyères (2). » Ailleurs, il est fait mention d'un chemin des Cerisiers. La forêt de Bièvre était-elle de haute futaie? Il est dit, dans une pièce de procédure de vérification de 1531 , qu'en laissant croître les bois, Bièvre serait, dans dix ou douze ans, une forêt de haute futaie, que le roi François I” y étant allé à la chasse peu de temps auparavant, avait recommandé de la garder soi- gneusement, « parce qu'il n'avait eu, en nulle forét de Dauphiné, si beau passe- temps ni plus aise chasse » (p. 46). Les anciens princes Dauphins concédèrent des portions d’un vaste terrain, les unes en roture sous une redevance annuelle, les autres en fiefs avec justice, aux gentilshommes qu'ils voulurent récompenser ou attacher à leur service. De là, des terres de fiefs et des terres domaniales. | Les premières causes de destruction de la forêt furent ces concessions mêmes. Les habitants des communautés situées sur la lisière et ceux que l'on appela pour les fixer dans les points choisis comme nouveaux centres de popu- lation, furent autorisés à couper du bois dans la forêt, soit pour le chauffage, soit pour des constructions, à recueillir les glands, les feuilles, et à y faire paitre leurs troüpeaux. Ils payaient généralement une redevance variable selon l'étendue des usages concédés par le Dauphin (3). Les premiers défrichements commencèrent par la partie méridionale, c'est- à-dire par Beaucroissant (4), Izeaux, Sillans et Saint-Étienne. La partie nord fut respectée plus longtemps, parce qu'elle servait de barriere entre les terres du Dauphin et celles du comte de Savoie. (1) Revol branchu, qui est un Chéne situé sur le gros Molard (page 412). (2) L'expression de brosse est encore usitée; il existe peut-être toujours, entre Sillans et Izeaux , un pelit bois de trés vieux chénes connu sous le nom de bois de la Brosse. Il m'a été impossible de trouver le sens vrai de cette expression. + (3) Les habitants d'Izeaux étaient libres de toute redevance , ainsi que ceux de Sillans et de Saint-Étienne. — Par acte du 27 septembre 1314, le dauphin Jean promet aux habitants du mandamentum de Izellis « sufficiens bochagium ubi possint accipere chal- fagium in dicto loco necessarium, et mayerias sibi ad ædificandum infra eodem loco jai cessarias ; quod bochagium habeant sine aliqua prestatione census vel alicujus alterius servitutis. » — Ailleurs on lit : « Nemus de Bievre est commune universitatum Sandti- Stephani, Isellis et Sillanis, et debent et possunt pasquare et ligna percipere absque ju servitute domino delphino præstanda, quia taliter dominus concessit eis in libertatibu eisdem datis et concessis. (10 mai 1357.) int (4) En 1312, lorsque Guy de Tullins fit construire son cháteau sur le Molard-de-Poinl. Il céda plus tard sa terre au Dauphin. SESSION. EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN Aour 1860. 075 Le voisinage de la Fure, sur les bords de laquelle s'élevaient des forges, ne contribua pas peu à encourager les tentatives de défrichement. Les bois trans- formés en charbon donnaient de bons produits, et les espaces défrichés ou essarts étaient livrés à la culture (1). Les seigneurs ne furent pas les derniers à opérer de vastes défricheinents. Celui de Sillans entre autres figure dans de nombreuses piéces comme cou- pable de délits de ce genre. C'est en 1479 qu'apparait la première opposition aux dévastations des habi- tants et des seigneurs. Le 26 février, à la requête du procureur-général, le premier arrêt du parlement et de la cour des comptes est prononcé contre les usurpations et les défrichements de la forêt de Bièvre. De là un long procès, qui a pour résultat la défense de défricher, le paiement de la tâche des fonds défrichés précédemment, et l'établissement de limites entre les terres doma- niales et les terres patrimoniales. 1530. — François I‘ ordonne la réunion au domaine des différentes terres du Dauphiné dont font partie Saint-Étienne-de-Saint-Geoirs et Izeaux. — Ou constate à cette époque que la forét de Biévre est journellement dévastée par les habitants de Brezins, Lemps, la Frette, Gillonnay, Saint-Hilaire et Beve- nais. Un seul mandamentum en avait tiré cent charges de bois dans un mois. — Plaintes du procureur-général sur les déprédations commises par les habi- tants du mandamentum de Clermont, 1534. — Le seigneur de Sillans, déjà inculpé dans la grande affaire de 1479, commet de nouveaux défrichements. — Plainte du procureur-général. 1569. — Procédure au sujet des usurpations et des défrichements opérés au préjudice du roi sur les bois de Bièvre, requise par le vice-châtelain d'eaux. — Le revenu annuel de la forêt, payable au roi entre les mains du châtelain d'Izeaux, est presque entièrement perdu par suite des défrichements. Les habitants, usagers de la forêt, se plaignent d’être grandement endommagés parce qu'ils sont obligés d'envoyer paître leur bétail à une grande distance, et que les étrangers viennent prendre les feuilles, le bois, etc. 1581-1582. — Arrét qui ordonne de nouvelles instructions sur le défri- chement. 1640. — Madame de Sassenage, dame de Sillans, est engagiste des terres domaniales de Saint-Étienne et d'Izeaux. 1668. — TI résulte de la procédure du 19 décembre, qu'à cette époque la forêt de Bièvre était entièrement ruinée, que sur 8752 sétérées qu'elle conte- nait, 6151 avaient été défrichées et labourées, et 2601 restaient en bois et broussailles séparées ën petits morceaux, (1) En 1331; Humbert ÍI ordünna la destruction des forges et martinels des environs de Grenoble, afin de sauver les bois menacés d'une ruine totale (Statistique générale de "sre, t. 1, p. 450). 676 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 1699. — La forêt est presque entièrement défrichée. Les communautés ne peuvent plus user de leurs droits qui leur sont devenus inutiles par la ruine totale des bois; la forét ne mérite plus ce nom. 1727. — Ilreste 196 arpents de bois, suivant le procès-verbal d'arpentage du 28 juin. 1738. — Un arrêt du conseil porte que la partie de Bièvre existant encore en bois sera séparée par des terres vaines et vagues, par des bornes et des fossés ; qu'elle sera réglée en 25 coupes dont le produit sera versé dans la caisse du domaine ; rétablissement d'un garde. 1773. — Le roi, informé que le sol de cette forét ne pouvait plus étre rétabli en nature de bois, l'a concédé, par arrét de son conseil du 23 mai 1773, à perpétuité et à titre d'inféodation, avec justice haute, moyenne et basse, sous une redevance annuelle et autres charges. — Opposition de la part du duc de Penthiévre, seigneur de Rives, de M. de Frunier, seigueur de Lemps, des communautés de Sillans, Izeaux, Saint-Étienne, etc. — Cette opposition donne lieu à la publication de plusieurs mémoires, dont le plus important est celui de M. de Lagrée, procureur-général. Quelques années plus tard, et avant la fin du procès, les biens domaniaux étaient vendus, les habitants des communes devenaient propriétaires de ce sol que leurs péres avaient défriché malgré les arréts du parlement, et l'ancienne forêt de Bièvre devenait tout à fait la plaine de ce nom. M. de Schenefeld, à l'occasion du nom de Bièvre, donné à la forét dont M. Reboud s'est occupé dans sa lettre, rappelle que ce nom était celui par lequel on désignait anciennement le castor, autrefois assez répandu en France, et qui aujourd'hui a presque compléte- ment disparu. La présence de cet animal dans cette forét peut avoir motivé la dénomination qu'elle porte, et qui est aussi celle de plu- sieurs autres localités en France, telles que la vallée de Bièvre pres Paris, etc. — M. de Schœnefeld ajoute que le nom de bois de la Brosse lui parait provenir du mot (de basse latinité) óruscus où bruscum, qui signifie nœud du bois ou bois noueuz, et d'où sont probablement aussi dérivés les mots, encore en usage, de broussin et broussailles. |; M. Michalet fait à la Société la communication suivante : SUR LA VÉGÉTATION ET LA STRUCTURE DU LLOYDIA SEROTINA Salisb., pr M. Eugéne MICHALET. : AREE PTT. ure Parmi les espèces intéressantes que nous avons récoltées au Lautaret, fig ; : 2 MR : . : rà le Lloydia serotina Salisb. (Anthericum L.), qui n'était plus en fien SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 677 vérité, mais, ce qui valait tout autant, portait des capsules trés avancées et presque müres. En recueillant cette plante, j'ai observé sur certains individus des stolons plus ou moins allongés, terminés par un renflement oblong, et tout à fait analogues à ceux que l'on voit sur différentes autres Liliacées. Ce fait m'a inspiré le désir d'étudier de plus près cette espèce, dont la structure ne parait pas avoir été jusqu'à présent décrite en détail. Voici donc ce que m'a révélé la dissection des organes souterrains. Extérieurement, le bulbe du Z/oyd:?a est recouvert des débris des anciennes tuniques ou feuilles entrelacées en réseau, ce qui lui donne l'aspect d'une souche chevelue. Les parties aériennes consistent en une tige florale munie de plusieurs petites feuilles caulinaires, et en deux longues feuilles linéaires par- tant du bulbe. Mais, en écartant ces tuniques, on reconnait que ces deux feuilles radicales ne sont point une dépendance de la tige florale qu'elles semblent accompagner, car elles appartiennent à un bourgeon latéral inséré à la base de cette tige qui n'est déjà plus entourée que de tuniques desséchées. Ce bour- geon latéral est revétu à sa base d'une écaille-préfeuille ordinairement aussi desséchée à cette époque, plus ou moins longuement engainante, et embrassant à partie inférieure des deux feuilles aériennes. Celles-ci, qui sont opposées et dilatées en une gaine incomplétement fermée, abritent dans la cavité qu'elles forment, d'abord le rudiment de la tige qui doit fleurir l'année suivante, puis le caïeu ou bourgeon reproducteur qui est le plus souvent unique et inséré entre la tige rudimentaire et l'aisselle d'une des feuilles. Ce caieu, qui au bout d'un an se sera transformé en un bourgeon foliaire pareil à celui que nous venons de décrire, présente alors un aspect conique; son enveloppe extérieure consiste en une écaille-préfeuille blanche, charnue, hermétiquement close, à l'intérieur de laquelle se trouvent les rudiments des deux feuilles de l'année suivante, On voit par là qu'il faut trois ans pour l'évolution complete d'un bulbe, et que les trois sortes d'organes dont il se compose accomplissent suc- cessivement leurs fonctions en trois années différentes. A la premiere, c'est l'écaille-préfeuille qui sera desséchée, ou à peu prés, lors de l'apparition des deux feuilles radicales ; à la seconde, c'est le tour de celles-ci dont il ne res- tera bientôt plus que des tuniques sèches ; à la troisième enfin, la fleur vien- dra terminer la végétation de l'axe. La lenteur de ce développement justifierait donc à certains égards le nom spécifique de serotinum, et l'on pourrait croire que cette structure a été connue des anciens botanistes; mais il parait cepen- dant que ce nom a été donné uniquement par suite d'une fausse application d'un synonyme de Clusius (1). Il résulte de ce qui précède que le bulbe du Lloydia, analogue en cela à (4) La plante de Clusius est un vrai Narcisse, car il parle d'un pelit calice au milieu dela fleur (couronne). Dodoéns, qui s'est servi des bois de Clusius pour les figures de son ouvrage, reproduit cette planche, p. 228, sous le nom de Narcissus autumnalis minor. 678 . SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ceux de la Tulipe et du Colchique, se continue par voie de reproduction laté- rale, de sorte que toutes ces générations successives constituent un sympode dont les divers axes sont extrêmement courts et sessiles l'un sur l'autre. Cepen- dant il n'en est pas toujours ainsi, puisque l'on voit, dans certains cas, des stolons plus ou moins allongés. Voici quelle est la structure de ceux que j'ai observés. Le bourgeon ou caieu reproducteur est, disons-nous, inséré à l'aisselle d'une des feuilles radicales, et se présente sous la forme d'une écaille charnue à bords intimement soudés. Lorsqu'il doit se produire un stolon, ce dont nous appré- cierons la cause un peu plus bas, on voit cette écaille se dilater à sa base en un éperon ou sac d'abord conique, puis cylindrique, et enfin terminé par un ren. flement oblong à l'extrémité duquel on ne tarde pas à voir naître un cercle de radicelles. Remarquons, avant d'aller plus loin, que la feuille adulte qui abri- tait le caïeu, au lieu de se diviser pour donner passage à l'éperon, comme cela arrive dans plusieurs cas analogues, céde et se distend en un nouveau sac qui enveloppe le premier d'une pellicule trés fine. Si l'on pratique une section longitudinale sur ce stolon, dont la longueur varie de 5 à 30 millimétres, on reconnait que la gemmule foliacée enfermée dans l'écaille s'est déplacée et est descendue au fond de l'éperon ou de la gaine ainsi produite, et que les pointes des deux petites feuilles de cette gemmule sont dirigées, non vers l'extrémité du stolon, mais du cóté du point d'insertion ; d'ou il suit que ces deux feuilles, en se développant pour arriver à la surface du sol, remontent par cette gaine au lieu de percer latéralement les tissus qui les recouvrent. Il est aisé de voir par là que cet allongement stoloniforme est le résultat de l'expansion d'un organe appendiculaire ; seulement l'axe qui supporte la gemmule s'est soudé si intimement à cette sorte d'étui ou de sac formé aux dépens de l'écaille, que celle-ci joue réellement le rôle de pédicelle. On retrouve, au reste, une orga- nisation analogue, sinon identique, dans les stolons de plusieurs Liliacées et méme de certaines Orchidées. Dans les individus stolonifères que j'ai recueillis, cet organe était toujours dirigé en bas, soit verticalement, soit obliquement. Cette direction provenait sans nul doute du besoin qu'avait le bulbe de trouver un niveau plus conve- nable en s'enfoncant davantage. Le cas contraire pouvant également se présen- ter à la suite des exhaussements que la surface du sol éprouve si facilement dans les montagnes, il est probable que cet allongement a lieu aussi de bas en haut et qu'alors le bulbe devient pédicellé comme, par exemple, les bulbilles radicaux de certains Allium ; mais je n'ai pas observé de faits de ce genre. La décomposition des tissus végétaux se faisant fort lentement dans les régions glaciales, et les divers organes du Lloydia étant d'ailleurs d'une consis- tance membraneuse ou filamenteuse, les débris des végétations antérieures se conservent presque intacts et adhérents pendant plusieurs années, ce qui per- met d'étudier avec assez de facilité ces développements successifs. J'ai pu con- SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 679 stater par ce moyen que plusieurs de mes échantillons étaient âgés de dix à douze ans au moins. Mais tout cela est tellement enchevétré qu'il faut beaucoup d'attention ; car, d’après ce que nous venons de dire de la manière dont se comportent les stolons, il arrive souvent que la dépouille afférente à la végéta- tion d'une année se trouve dans la souche mélée aux débris de floraisons bien antérieures. En disséquant avec précaution, on constate encore quelquefois la présence du pédicelle ou stolon qui unissait deux bulbes placés l'un au-dessous de l'autre. On voit que l'écaille charnue qui enveloppe le bulbe, et qui n'est en réalité qu'une préfeuille, joue un rôle important dans la structure du Lloydia. Ses fonctions sont tantót celles d'un organe purement appendiculaire, tantót celles d'un organe axile. Le caieu doit-il rester sessile, c'est alors une simple écaille dont la substance épaissie et dilatée sert de réservoir aux sucs nourriciers. Ce caieu doit-il se déplacer, descendre à un autre niveau, le support se soude intimement à l'écaille, et celle-ci en s'allongeant devient un pédicelle qui porte la gemmule au lieu où elle doit vivre: En résumé, l'étude du Zlojydia ne révèle aucun fait d'organisation qui soit, à proprement parler, nouveau pour l'histoire des bulbes et souches souterraines, puisque tout cela se retrouve avec plusou moins de modifications dans d'autres espèces déjà étudiées et décrites. Cependant la conservation presque indéfinie des débris appartenant aux anciennes végétations, leur entrelacement en forme de rhizome, l'apparition des feuilles radicales précédant d'un an celle de la tige florale, la durée de l'évolution du bulbe, la faculté pour le bourgeon repro- ducteur de demeurer sessile ou de s'allonger dans diverses directions, la dispo- sition de l'appareil qui lui sert d'enveloppe dans ce dernier cas, enfin la sim- plicité méme de cette structure constituent un ensemble de particularités qui ne sont peut-être pas sans intérêt pour l'histoire de cette jolie petite Liliacée, assez rare d'ailleurs pour que peu de botanistes aient eu l'occasion de la voir sur place. Et la séance est levée vers une heure. 680 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SÉANCE DU 13 AOUT 1860. PRÉSIDENCE DE M. DURIEU DE MAISONNEUVE. La Société se réunit encore une fois à Grenoble, dans la salle des cours du Musée d'histoire naturelle. M. le Président ouvre la séance à neuf heures du matin. M. Eug. Michalet, secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la séance du 41 août, dont la rédaction est adoptée. M. le Président annonce une nouvelle présentation, et donne lecture d'une lettre de M. Aug. Gras, l'un des secrétaires de la session, qui exprime à la Société le vif regret qu'il éprouve d'avoir dà la quitter avant la clóture de la session, pour retourner à Turin, oü il a été inopinément rappelé par un devoir impérieux. M. L. Amblard, secrétaire, donne lecture de la communication suivante, adressée à la Société : VILLARS ET LAPEYROUSE. EXTRAIT DE LEUR CORRESPONDANCE, pr M. Éd. TIMBAL-LAGRAVE. (Toulouse, 31 juillet 1860.) Au moment oü la Société botanique de France va explorer une partie de l'ancien Dauphiné, j'ai pensé qu'elle serait bien aise de recueillir tous les do- cuments qui se rapportent à son histoire botanique; c'est à ce titre que j'ose présenter ces notes à l'appréciation des membres de la Société qui, plus heu- reux que moi, peuvent assister à cette session. Je dois à l'obligeance de M. le docteur Judan la communication d'une série de lettres que Villars écrivit à Lapeyrouse; ces lettres, trés curieuses à plus d'un titre, contiennent cependant beaucoup de notes et de détails qui n'offrent aujourd'hui aucun intérêt; mais çà et là on remarque des observations inté- ressantes sur plusieurs plantes qui étaient critiques à l'époque oü ces botanistes écrivirent leurs Flores, et qu'ils contribuèrent à élucider. On y trouve aussi des appréciations intimes sur leurs travaux. J'ai pensé qu'en réunissant dans une note tout ce qu'il y avait encore d'in- téressant dans cette correspondance, longtemps enfouie dans le riche cabinet d'histoire naturelle de M. Judan, je pourrais étre encore utile à la science, et dans tous les cas rendre un hommage public à deux hommes de talent, qui, quoique diversement appréciés par les botanistes modernes, ont rendu de grands services à la botanique phytographique. Ce qui m'a surtout porté à SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 681 prendre cette détermination, c'est la note suivante, écrite par Lapeyrouse sur la feuille qui sert d'enveloppe à ces lettres; elle est ainsi concue : « Ces lettres » sont extrémement curieuses, par les anecdotes, les observations fines, les » critiques judicieuses, les discussions inédites qu'elles renferment. Elles se- » ront bien accueillies du public et pourront étre imprimées aprés notre » mort. » Je ne me dissimule pas la difficulté que présentent des travaux de ce genre, aussi dois-je demander l'indulgence du lecteur; si je n'ai pu atteindre le but que j'ai voulu me proposer, l'intéresser, j'aurai toujours eu la satisfaction qu'on éprouve quand on a fait une bonne action. La premiere lettre de Villars que renferme cette collection est de l'année 1786. Il l'écrivit à l'époque où parut le Prospectus de son Histoire des plantes du Dauphiné ; Villars disait alors à Lapeyrouse : « Mon Prospectus est » un simple catalogue de 150 espéces rares ou nouvelles que j'ai données » uniquement parce que M. Faujas avait donné les mêmes plantes et d'autres » que je n'avais pu lui refuser, à M. le chevalier de Lamarck, qui les a insérées » quelquefois d'une manière peu avantageuse pour lui et pour moi dans sa » Flore de France. Comme vous avez pu vous en apercevoir, ce Prospectus » sert à appuyer une réforme du système de Linné que j'ai faite en Dauphiné, » en 1775, pendant que Thunberg la faisait au Japon, réforme qui n'a » d'autre importance que parce que M. de Jussieu l'a attaquée dans son » rapport. » La seconde lettre que nous offre cette collection est de 1788 (1). Dans celle- ci, Villars fait une appréciation remarquable de ses ouvrages, de ses talents bota- niques et des matériaux dont il disposait pour la rédaction de son livre. « Vous » voulez, dit-il, me faire dire qui je suis et ce que je pense. Vous n'aurez pas » de la peine, je suis un naïf campagnard livré depuis l’âge de seize ans à » l'étude des plantes ; il n'est pas surprenant qu'une coquette aussi séduisante » et aussi généreuse que la botanique m'ait parfois accordé quelques faveurs. » Elle eût été bien ingrate, si elle en eût agi autrement; mais vous avez dû » voir, dans la dédicace de mon premier volume et encore mieux dans ma » précédente lettre, que l'aménité qu'elle inspire à ses amants n'a pas pris chez » moi. Il est une marche dans l'étude des sciences comme dans la formation » des caractères, qu'on ne saurait troubler impunément. Ma première édu- » cation n'a pas été assez soignée, et je suis loin du courant du monde; j'ai » tâché de remplir rigoureusement les devoirs d'honnéte homme en suivant » mon étoile, désespérant de réussir de toute autre manière. » Dans cette méme lettre, Villars dit un mot sur la synonymie qu'il avait adoptée dans son Histoire des plantes du Dauphiné. « J'aurais pu, dit-il, mettre : (1) Il est probable que nos deux bolanistes ont échangé quelques lettres dans cet intervalle de deux ans, mais elles ne se trouvent pas dans la collection. 682 . SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. » plus d'ordre dans mes synonymes et à mes descriptions, mais comme j'ai » recueilli les premiers dans les herbiers et pendant des lectures, sur autant de » cartes séparées, je m'en suis parfois trouvé beaucoup et d'autres fois peu. » Rejeter ceux que ma mémoire, une forte impression de l'objet m'avait rap- » pelés dans l’occasion, ou adopter, copier d’après les autres auteurs, ceux » dont je n'étais pas sür, répugnait également à ma délicatesse et à ma mau- » vaise tête, » Cette lettre n'est pas la seule où Villars parle de la synonymie de son livre; dans une autre, datée de 1789, il dit à Lapeyrouse : « La partie qui m'a le » plus flatt& dans mon ouvrage, c'est le rapprochement des synonymes que » j'ai faits neufs. Elle flattait mon amour-propre à cause de sa difficulté; ce » sera peut-étre celle dont le public me saura moins de gré. Il faut, pour bien » juger les auteurs, étre bien pénétré de son objet, l'avoir vu sous plusieurs » rapports, joindre un peu de défiance à beaucoup de sagacité, Or la mé- » moire suffit rarement à ces objets, lorsqu'elle est déjà chargée de beaucoup » d'autres; la mienne s'était munie de l'habitat des plantes depuis l’âge de » douze ans jusqu'à celui de vingt-cinq. A cette époque, j'y joignis l'étude » de la médecine et des études réglées de botanique. D’après cette marche, » j'ai pu inculquer dans ma téte les plantes de la province; aussi pouvais-je » les reconnaitre à Paris venant de Russie, du Levant, des Pyrénées, de l'Au- » vergne, etc., sous tous les aspects possibles. » Cette facilité et la grande habitude qu'avait Villars pour la détermination des espèces de sa province, quelque étendues qu'elles fussent, ne permettent pas de penser que Villars ait tout connu, car il l'avoue lui-méme à plus d'un endroit ; mais il doit avoir mieux jugé certaines espèces que bien d'autres botanistes qui se sont bornés à copier les autres, sans prendre la peine de vérifier la jus- tesse de certains rapprochements. Les études synonymiques sont en effet très difficiles, et offrent un grand intérêt pour l'histoire des espèces; mais leur importance est relative et dépend du point de vue où l'on se place pour délimiter les espèces; aussi est-il une école de botanistes qui attache à cette partie de la botanique une grande impor- tance, tandis qu'une autre école pense que, sous un nom commun, les auteurs anciens ont confondu plusieurs espéces ensemble. Il devient alors difficile d'attribuer le nom ancien à l’une ou l'autre des espèces de nouvelle création; et cette école considère dès lors la synonymie de ces plantes comme dépourvue de valeur. Quoi qu'il en soit, tel n'était pas l'avis de Villars, et pour terminer avec la question des synonymes, je citerai encore un passage d'une lettre datée du 27 janvier 1793, oü Villars disait à notre compatriote : « Vous avez bien des » précautions à prendre pour łe choix de votre synonymie; lorsque l'on a, il » est vrai, comme vous, Jacquin, qui a l'avantage de graver et de peindre » parfaitement les espèces et leurs caractères, la synonymie devient nulle SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 683 » après (s?c), mais il n'est pas moins vrai qu'elle fait un travail que j'ai cru » nécessaire ainsi que Haller; j'ai osé croire méme que la synonymie était la » partie la plus difficile, peut-étre la plus utile de la botanique, car elle est » aussi importante que la détermination des espèces d’après un seul auteur tel » que Linné, par la raison que ceux qui s'en tiennent à lui ont sous leurs pas » deux piéges, dont l'un est inévitable: ou ils croient que Linné a tout » connu, et rapportent les espéces disparates qu'il ne connut jamais; ou ils » les croient neuves, tandis que la plupart sont connues par d'autres auteurs : » ils tombent eux-mémes dans le néologisme de Lamarck. » Laissons là les synonymes, et passons à une lettre du 24 juin 1788, où Villars fait un tableau saisissant de sa vocation botanique : « Tout auteur, dit-il, doit, à ce que je crois, chérir son ouvrage comme » son enfant; mais peut-il l'aimer même‘en connaissant ses défauts? Telle » est ma position: j'étais moins fait que tout autre pour être auteur; mon goüt, je puis dire ma passion pour la botanique, m'a fait franchir tous les obstacles; une éducation trés médiocre, une fortune de talents plus mé- diocre encore n'ont pu me retenir. Je ne me dissimule pas les difficultés de » notre siècle : un raffinement de goût, un égoisme fatal. Des modèles du pre- » mier mérite, des Linné, des Haller, que j'avais sous les veux et que je crois » avoir bien étudiés, telles sont les barrières que j'ai d'abord élevées à l'amour- » propre qui cherche à nous tromper. » Et plus bas : « J'ai parfois pensé qu'un travail opiniâtre de plus de vingt » ans à courir les montagnes, à observer les plantes aprés les avoir détermi- » nées, pourrait avoir quelque mérite; mais je m'en suis toujours référé à ma » mauvaise étoile qui m'entrainait, à mon penchant décidé et irrésistible vers » l'objet de mes amours, la botanique. D’après cette fatalité qui certainement » est bien éloignée de nous dispenser des égards que l'on doit au public, je » nai pu me mettre beaucoup en peine sur le sort de mon livre, ni sur ma » réputation. Aujourd'hui vous venez courir la méme carrière, sans doute avec bien plus d'avantage, mais vous n'avez vu que la moitié de mon ouvrage; » vous m'en faites des éloges outrés; peu de moments après, il est vrai, vos » lumières et votre justice vous obligent à mettre des bornes à ces éloges, » qui sont exagérés; je les crois tels. Vous m'annoncez que nous ne serons » pas d'accord sur les espéces; tant pis pour moi et pour les lecteurs. Nous ^ sommes hommes, nous n'avons pu nous engager à leur promettre des » Ouvrages divins. » Rien n'est vrai comme cette page où Villars se peint lui-même avec tant de Vérité, Que de botanistes anciens et modernes, poussés par leur penchant, leur goüt pour la botanique, sont devenus auteurs à leur insu! Dans ces diverses lettres on remarquera que Villars montre une grandre déférence pour Lapey- rouse, et qu'en général il s'incline devant ses opinions. Quoique les botanistes modernes donnent raison à Villars, qui réellement connaissait mieux les plantes z > 684 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. que Lapeyrouse, je ferai observer une fois pour toutes que je n'ai sous les yeux que les lettres écrites par Villars, et qu'il devait cette déférence à Lapeyrouse, ne füt-ce que par politesse et à cause de la position honorable qu'occupait à 'Toulouse notre compatriote. Villars savait que son livre n'était pas parfait, et il connaissait trop sa flore pour ne pas savoir que ceux qui viendraient aprés lui trouveraient encore à étudier; il exprime méme une semblable pensée dans une lettre datée du 21 décembre 1791 : « Je m'apercois, dit-il, chaque jour de quelques » défauts; c'est que j'ai trop circonscrit mon travail aux espèces de mon » pays; je veux dire que, ne connaissant pas les espéces des autres, ne voulant » méme pas en parler, il est arrivé que les botanistes qui ont d'autres espéces » sans avoir les miennes, n'y font pas assez attention. Allioni m'en offre un exemple pour son Sazifraga exarata, en donnant sous ce nom une espèce qui en diffère totalement. Peut-être n'étes-vous pas éloigné d'en faire autant ; faites attention. Je n’ai pas plus de confiance en mes lumières que de raison; » mais, outre que j'ai vu et revu nombre de fois mes espèces dans divers sites, » j'en ai gravé quelques-unes, je les ai bien connues, mais pas toujours si » bien décrites, par la raison que je viens de vous donner. Aussi, pour bien » me juger, il faudrait qu'un botaniste vienne parcourir de nouveau le Dau- » phiné ; il sera souvent étonné de ne pas trouver toutes mes espèces; et » lorsqu'il en découvrira de nouvelles, il le sera encore de ce que je les ai » vues presque toutes. » Certainement Villars se trompait dans cette lettre, et ce qu’il reprochait à Allioni est arrivé à lui-même; il est certain aussi que, quelque soin qu'on se donne en parcourant une contrée si petite qu’elle soit, on laisse encore après soi bien des plantes à étudier. Pour ne citer qu'un exemple, je dirai que la flore de Paris a été explorée depuis Vaillant par une foule de bons botanistes, et qu'encore depuis peu MM. Cosson et Germain de Saint-Pierre y ont fait une riche moisson. Villars avait des qualités précieuses. Tous ceux qui ont parcouru le Dauphiné ont rendu justice à son mérite et à ses qualités. Mais l'étude et la rédaction d'une Flore peuvent varier beaucoup ; l'appréciation des faits qu'on observe et la conséquence qu'on doit en tirer dépendent du point de départ où l'on se place et de la méthode qui sert de base à vos obser- vations. Or, sans entrer dans le fond de la question, il est facile de voir, en parcourant les ouvrages de nos deux auteurs, que leur méthode ne reposait pas sur des bases bien assurées, qu'elle était méme inconstante, variable, souvent tout à fait incertaine; ils accordaient, en effet, une grande importance à quelques caracteres de nature variable et fugace, tandis qu'ils n'attachaient aucune valeur à d'autres qui sont, au contraire, fixes et invariables. i» Villars avait de nombreux amis parmi les botanistes de son époque, mais il dut avoir aussi ses ennemis ; parmi ces derniers, sa correspondance ne cite que le chevalier de Lamarck. x x SESSION EXTRAORDINAIRE À GRENOBLE EN AOUT 1860. 685 Dans une lettre du 21 avril 1794, Villars, en parlant de la jalousie entre les médecins, dit entre autres choses : « À propos de jaloux, cher et digne ami, je ne connais que Lamarck, et vous me feriez plaisir de me dire si j'en ai d'autres; ce n'est pas que ces pré- tentions me fâchent, je vous assure qu'elles n'effleurent pas mon cœur ni méme mon amour-propre; et qu'importent les opinions des naturalistes quant aux systémes? Les faits seuls et les bonnes observations restent à la postérité. Ayons donc le courage de considérer l'avenir et la mort méme, plutót que des rivaux qui, en cherchant à nous surpasser, s'y précipiteront plutôt eux-mêmes. » Il ajoute à la fin de sa lettre : « Si j'ai eu des torts, c'est ma méthode, c'est le manque d'uniformité dans mes descriptions; quant aux travaux, est-il un seul botaniste qui, dans un premier essai, sur 2744 espèces décrites, en ait vu 2732 de ses propres yeux et recueilli de sa propre main? Qu'il réponde. Ils diront que j'en ai de mal vues; mais je dirai que je n'ai prétendu ni à Pin- faillibilité, ni à la perfection; j'étais sans fortune, sans moyens, presque sans éducation première. Qu'ils viennent se heurter contre vous qui êtes supérieur par vos talents autant que par votre aisance, à la bonne heure; vous avez dû, mon brave et généreux ami, exciter la jalousie. Quant à moi, je ne veux que » rire et m'amuser de ceux qui seront assez dupes pour me prendre pour un » homme digne d'exciter la jalousie. » Lapeyrouse avait poussé un peu loin cette idée de Villars; il avait vu un jaloux partout où il trouvait un contradic- teur. Le supplément à son ouvrage nous montre Lapeyrouse complétement dans cette voie funeste qui, sans utilité pour la science, à rendu ce botaniste malheureux à la fin de sa carrière. Villars avait recu de Lapeyrouse trois paquets de plantes, dont deux appar- tenaient à des amis de Lapeyrouse. Sur le troisième, il y avait inscrit : A l'usage de M. de Lapeyrouse. Villars dit à cette occasion, dans unc lettre du 27 jan- vier 1793 : « Je ne toucherai pas aux plantes; c'est un dépôt, il est sacré. » Quoique hotaniste parfois enthousiaste, jamais l'injustice n'entra dans mon ^ Cœur, jamais l'amour des plantes ne troubla le calme inséparable d'une » âme honnête. » Beaucoup de botanistes n'ont pas eu les mémes scrupules : nos collections classiques en offrent la trace évidente. 1l est bien à regretter que ceux qui se livrent à de semblables soustractions ne réfléchissent pas; comme dans toutes les mauvaises actions, ils ne peuvent jouir paisiblement de leur larcin, et il faut qu'ils tiennent caché l'objet de leur convoitise. Les personnes qui se rendent coupables de semblables fautes sont d'autant plus à plaindre qu'elles ont la plupart du temps des documents à leur disposition, dont elles peuvent se servir quand il leur plait, sans que personne ait rien à leur dire; tandis que, après avoir dérobé une plante, il leur est impossible de s'en servir sans crainte de dévoiler leur fâcheuse soustraction. Aussi suis-je bien persuadé pour ma part =x > = s E = = > v =z zx = x x > 686 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. que ceux qui s’en sont rendus coupables ne sont pas de vrais botanistes, mais tout simplement des collecteurs de plantes, et rien de plus. Villars avait été victime de pareilles soustractions, et voici la manière dont il raconte comment on lui avait enlevé deux échantillons de Satyrium Epipogium (A4 avril 1800) : « Je n'ai pas besoin de vous répéter ma profession de foi, que, préférant le » dernier des hommes à nos chères plantes, j'ai respecté la propriété d'un ami, » d'un collégue qui m'est cher sous tous les rapports; vous m'avez, d'ailleurs, » autrefois confié des herbiers, je n'en ai pas abusé. Vous le dirai-je? J'avais » deux échantillons de Satyrium Epipogium dans mon herbier, sur lesquels » j'avais dessiné cette plante; ils ont disparu depuis six ans sans que j'aie eu » le courage de soupconner ceux de mes amis en qui j'ai toute confiance: » eh bien! je viens de les voir chez l'un d'eux et les ai reconnus, mais je n'ai » pas eu le courage de lui faire le moindre reproche, comme c'est un homme » de premier mérite, qui est plus jeune que moi, plus fort méme sur certaines » parties. J'ai été un moment suffoqué; je n'en ai pas dormi la premiere » nuit Le lendemain, j'ai repris courage, disant : il est inutile de se » brouiller pour une plante sèche. C'est une leçon; me rendra-t-elle méfiant? » Non! il m'en coüterait et la science y perdrait. Jussieu, Desfontaines ont » confié leurs herbiers à Vahl, à moi et à d'autres ; il faut au moins les imiter » en cela. » A cette époque de révolutions, on s'occupait beaucoup moins de botanique que de politique. Les relations entre botanistes étaient rares, et d'ailleurs on n'herborisait pas beaucoup; aussi les botanistes de cette époque ne connais- saient que les plantes de leur pays; ils ne se doutaient pas des nombreuses différences que présentaient les espèces des autres. D'un autre côté, ils avaient souvent en vue sous le méme nom deux plantes différentes; il s’ensuivait qu'ils ne pouvaient pas s'entendre entre eux, ce qui leur faisait vivement désirer des échantillons authentiques; mais, soit par suite d'occupations impérieuses, soit que ce ne füt pas l'usage, on n'échangeait pas beaucoup de plantes. A plusieurs reprises, Villars s’excuse de ne pouvoir envoyer des plantes à Lapey- rouse, et, quand il en envoyait, ce n'étaient que des fragments, le plus souvent dans une lettre; d'autres fois c'étaient des dessins, comme nous en trouvons souvent dans ces lettres. A l'occasion des dessins de Villars, Lapeyrouse lui disait daus une lettre ! « Vos dessins ne répondent pas à votre ouvrage. » Villars qui avait, au con- traire, dessiné aussi consciencieusement que possible ses figures, lui répondit : « Mes figures ne répondent pas à mon ouvrage, me dites-vous ; je les ai dessinées + moi-même sur les lieux dans mon journal, et refaites dans mon cabinet et » sur mes herbiers d’après les jardins, mes descriptions, etc. J'ai dit dans mà » préface, p. XXXV, que j'avais comparé mes dessins avec les plantes et les des- » sins de la capitale; j'avoue qu'elles n'approchent pas de la beauté de celles SESSION EXTRAORDINAIRE À GRENOBLE EN AOUT 1860. 687 » de Jacquin, mais personne autre n’en a donné, que je sache, de mieux » caractérisées et plus expressives que les miennes. » Villars savait aussi que quelques genres laissaient à désirer, même à son point de vue, car il disait à Lapeyrouse, qui lui avait envoyé la monographie des Saxifrages : « Si j'eusse pris à partie les Graminées, les Astragales, les » Hieracium, les Galium, les Saules, les Mousses et les Lichens, mon travail » eût été moins imparfait, » Dans une lettre du 22 août 1788, Villars dit : « Quant aux Ombellécs, » je suis parti du fruit, des genres et des synonymes; les descriptions ne font » que suppléer à ce qui manque à ces bases que j'ai prises sans les croire fon- » damentales. Mon ouvrage n'est ni purement savant, ni purement élémen- » taire; j'ai parlé aux élèves dans le premier volume, et dans les deux autres, » je les ai crus en état de me suivre; et pour me rendre supportable aux » savants, j'ai quelquefois abrégé mes descriptions, excepté pour les plantes » ares. » Villars avait étudié quelques genres avec une certaine prédilection. Dans une lettre du 2 juin 1793, il dit, entre autres choses, en parlant des Saxi- frages : « Je crois vous avoir marqué que vous me paraissez avoir eu autant » d'avantages aux Pyrénées pour les especes et les variétés intermédiaires qui » les rapprochent, que j'en ai eu en Dauphiné pour les Hieracium ; je devrais, » à votre exemple, si j'en avais les talents et les moyens, donner aussi ma » monographie d’ Zieracia. » À mesure que nous avancerons dans cette correspondance, nous nous aper- cevrons que l'amitié qui unissait nos deux botanistes deviendra plus intime; nous l'observerons facilement, surtout dans la deuxieme partie de ces notes. Mais, déjà en 1795, Villars, ayant terminé son ouvrage, s'occupait d'autres travaux; il en faisait part en ces termes à Lapeyrouse : « Je m'occupe dans ce » moment à intercaler les genres et les espéces nouvelles dans un catalogue » alphabétique de Jacquin; je vais envoyer à Paris dans un journal une invita- » tion aux botanistes de la capitale, possesseurs de talents, de bibliothèques, » d’herbiers et autres richesses, et un mémoire sur les genres et les espèces, » et mes vœux pour un Pinax. Je propose d'abord mon plan alphabétique ; » j'attaque le crédit des genres outré par Linné; je le donne aux espèces, » J'invoque la réalité de la prophétie de Cliffort, où ce grand homme a dit que, » dans un siècle, nous pourrons tout au plus avancer les espèces au point où » sont aujourd'hui (1737) les genres, etc., etc. » Dans une autre lettre, du 8 septembre 1796, Villars revient sur ce travail que je ne connais pas, et qui, je crois, n'a jamais vu le jour : « Je fais des » notes alphabétiques très courtes des espèces et des genres qui ne sont pas » connus de Linné, pour avoir une idée fidèle des auteurs qui vraiment les ^ ont décrites; mais c'est un travail particulier, qui peut-être ne s'achèvera 688 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. » pas ; cependant il m'amuse, et, aprés m'avoir été utile, il le sera aux autres » quelque peu. » Cette lettre contient quelques détails curieux sur un des derniers voyages de Villars dans les montagnes du Dauphiné ; je crois qu'on lira ce passage avec intérét : « J'arrive, cher et célèbre ami, des hautes Alpes, où j'ai voyagé avec Fran- » cois (de Nantes), ex-législateur, ami de Ramond, et M. Forbin, capitaine de » vaisseau ; nous avons franchi quatorze cols de 1500 à 4600 toises d'élévation, » en commencant par l'Oisans, le Brianconnais, le Queyras, Barcelonnette; » nous avons fini par Allos prés Colmars. Mon objet était de vérifier mes » doutes, ceux que m'avaient fait naitre Tournefort, Bérard, Darrelier, Jus- » sieu, et surtout Belleval; j'imaginais bien ne pas tous les résoudre, mais » j'espérais me dédommager par dix ou douze espéces nouvelles. Pas du » tout, mes doutes restent, et mes nouvelles espèces se bornent à une » Potentilla, voisine de l'aurea, et à un Orobus ruscifolius, voisin de ro. » ternus. » En mars 1799, Lapeyrouse voulait aller voir Villars, et demandait a celui-ci les moyens faciles pour visiter les montagnes. Aprés quelques détails sur les lieux et les distances à parcourir, Villars disait: « Si vous pouviez ou » saviez aller à cheval, votre malle en avant, oh! le bon moyen d’être libre » et de voir une infinité de choses dans cette saison, dussiez-vous avoir un » domestique pour le soigner ; c'est là ma méthode ; on est indépendant, ou » part, on s'arréte à volonté ; un habit de drap, une canne à parapluie ou un » surtout de taffetas gommé pour la pluie. » A cette époque, Villars n'herborisait que très rarement. Dès le commence- ment de 1800, il fut atteint d’une fièvre qui sévissait alors à Grenoble, et qui ébranla pour quelque temps sa santé. En mars 4800, il disait à Lapey- rouse : « Cette maudite fièvre et la quantité de kina rouge qu'on m'a fait » prendre m'ont laissé une faiblesse aux jambes avec fourmillement doulou- » reux très opiniâtre. » ' Dès le mois d'avril suivant, il écrivait à Lapeyrouse qu'il avait passé huit jours à Lyon et qu'il était bien rétabli. Cependant on remarque dans son écri- ture un changement notable. Son style a aussi changé. Villars s’y montre plus absolu, parfois colère, etc. Lapeyrouse avait été nommé maire de Tou- louse ; il l'avait écrit à Villars, qui lui répondit ceci dans une lettre datée du 19 juin 1800 : « C'est un larcin fait à la chose publique que de vous déro- » ber quelques instants ; mais, comme l'esprit ne pourrait s'occuper sans » relâche des mêmes objets, je me permettrai quelquefois de vous délasser au » nom de la botanique. Les naturalistes comme vous doivent être regardés » comme fonctionnaires et laissés à leurs occupations; ils ne sont déjà pas trop » communs pour les attacher à d'autres fonctions. Ce serait assez, geme » semble, d'exiger de nous ou l’enseignement de la science ou son applica- SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 689 » tion aux arts, àla médecine et à l'agriculture : on n'en sent pas encore assez » l'utilité. » L'année suivante, Villars fit un voyage à Paris, oü il resta cinq mois; il publia un mémoire sur les moyens d'accélérer les progrés de la botanique, et le dédia à Jussieu et à Desfontaines, qu'il estimait beaucoup et qu'il visita sou- vent ; dans ce voyage, il reçut les justes éloges que méritaient ses travaux. Aussi disait-il dans une lettre du 3 août 1801 : « Mon supplément ne serait rien à » côté de vos Saxifrages; je n'ai pas trente plantes à ajouter, mais j'aurais à » corriger quelques espéces et beaucoup de synonymes. Linné s'est trompé » quelquefois. Actuellement que mon ouvrage est estimé en Angleterre, en » Allemagne, en Suède, en Danemark, j'oserai le dire concernant les Son- » chus, les Arenaria, etc. » La botanique ne fut pas la seule occupation de Villars: il était aussi médecin, €t il le fallait bien; car, comme il nous le dit lui-même, il était sans fortune, et s'il n'avait fait que de la botanique, il n'aurait pu vivre et nourrir sa famille. Les vastes connaissances de Villars le firent nommer directeur de l'hópital de Gre- noble et professeur d'histoire naturelle à l'École centrale. Dans plusieurs lettres, Villars dépeint à Lapeyrouse la difficulté qu'il a de concilier ses occupations salariées avec son goüt, et le temps que la médecine dérobe à la botanique. Daus une lettre de mars 1802, Villars raconte à Lapeyrouse la suppression des écoles centrales et la crainte qu'il a d'étre mis à la retraite : « Les écoles centrales vont être supprimées; ma retraite commencera, à a moins que Fourcroy, qui aime la science et qui en est le favori, ne me » place ailleurs. Je pourrais bien encore travailler dix ans, mais d'un autre » côté ma galère de médecine m'a tenu en arrière, mes herbiers, mes jour- » naux et mes notes sont peu en ordre, et je serais plus utile à la science » botanique par une revue des plantes des Alpes qui m'occupe, qu'en me * transportant à Marseille ou à Strasbourg, où je suis demandé. ; Dans une autre lettre, du 16 octobre 1803, Villars est trés découragé, et l'on voit, par la négligence encore plus grande de son style et méme de son écriture, qu'il devait étre trés préoccupé sur sa future position : « L'hópital » de Grenoble a été supprimé, et les malades militaires réunis à l'hópital civil; » le lycée va être organisé, point de professeur d'histoire naturelle. Les trois » premières places sont hors de mes goûts et de mes facultés; les autres à » côté sont au-dessous de mes besoins ; de deux places, il n'en restera plus; je » me verrai peut-être réduit à rentrer dans nos montagnes des hautes Alpes, » pour y végéter. Mes livres, mes seules épargnes, vont être un embrraas : il a faudra les vendre ou les donner en partie. » Enfin, dans une lettre du 18 janvier 1805, Villars dit à Lapeyrouse qu'il Va à Strasbourg, ct il s'exprime en ces termes : « Oui, monsieur et cher ami, » Je vais à ise à cinquante-huit ans. La ville de Grenoble, aprés trente * ans de séjour, m'a laissé sans hôpital et sans logement. J'avais créé l’ École T. VIL hh 690 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. » de chirurgie et de botanique, j'avais acheté mon petit logement en le fai- » sant réparer. Cela me détache de mes habitudes, de mes amis et de mes » chères plantes; » et plus bas : « J'ai la folie de croire que j'ai été utile; les » plantes me venaient de Suisse, d'Allemagne, mais déjà, comme Séguin, »» j'étais gêné pour payer les ports de lettres et paquets ; que les botanistes trop » actifs et peu fortunés apprennent à se méfier de leur maitresse, la bota- » nique! » La première lettre datée de Strasbourg, que contient la collection que nous avons sous les veux, est datée du 12 décembre 1808. Dans cette lettre, Villars dit qu'il est très satisfait de sa nouvelle position; il annonce à Lapeyrouse qu'il a passé trois mois à Paris et qu'il a été nommé directeur de l'École, que Pn- stitut lui conserve sa bienveillance, et que ce corps savant avait favorablement accueilli un mémoire qu'il lui avait présenté sur la structure des nerfs. En 1809, le 21 mai, Villars écrivit à Lapeyrouse unc lettre sur plusieurs plantes critiques, dont quelques fragments trouveront place dans la suite de ce travail Cette lettre commence ainsi: « Je suis trés charmé que » Votre Synopsis vous occupe enfin sérieusement, et ce sera pour moi une » Consolation de l'avoir lu avant de nous séparer pour toujours, avani de » mourir. » L'écriture de cette lettre est toute tremblante, très difficile à lire, et prouve bien, quoiqu'il n'en dise rien, que Villars était malade. Enfin, dans sa dernière lettre, datée de novembre 1809, Villars, alors doyen de la Faculté de médecine, paraît content de sa position, mais il avait considérablement vieilli, et dit, entre autres choses, à Lapeyrouse : « M. Ziz et son camarade ne pouvaient » mieux s'adresser pour vérifier et baptiser leurs collections ; le premier se loue » infiniment de vous et de vos vastes connaissances, et j'ai un grand plaisir de » l'entendre, malgré le froid du nord et de l'âge; j'aurais grand plaisir aussi » de vous voir. Le sort m'a jeté sur le Rhin : j'eusse préféré l'Hérault, sur- » tout pour nous. Je n'ai qu'à me louer des Strasbourgeois; ils sont Alle- » mands, et n'aiment pas les Francais ; ils me craignent moins à cause de mon » caractère et de ma bonhomie; ils voudraient me voir recteur; quant 4 » moi, je ne crains ni ne désire l'étre, et je suis bien content. d'étre à la tête » d'une Faculté dont je suis le dernier-venu, jouissant de la tranquillité et de » l'estime de mes collégues à soixante-quatre ans; et, dans ces conditions, ON » ne devient pas ambitieux. » (La suite prochainement.) M. Cosson dit . Je suis heureux de voir les deux intéressantes communications qui 1005 ont été faites sur la correspondance de Villars avec Allioni et Lapeyrouse, e qui ont vivement captivé l'attention de la Société, apporter de nouvelles preuves de l'extréme modestie, de l'amour de la vérité et de la justice; de la SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN Aour 1860. 691 bienveillance et de l'impartialité de l'illustre auteur de l’Æistoire des plantes du Dauphiné. M. Léon Soubeiran dit qu’il possède un autographe de Villars, et qu'il se propose d’en faire hommage à la Société. M. le Président remercie M. Soubeiran. M. de Schenefeld donne lecture de la communication suivante, adressée à la Société : DE LA PRODUCTION ET DE LA DÉLiMITATION DES ESPÈCES VÉGÉTALES, pr M. GERMAIN DE SAINT-PIERRE. (Dieppe, 10 aoüt 1860.) Messieurs, notre savant et honorable confrére, M. le comte Jaubert, daus le discours d'inauguration qu'il a prononcé le 15 janvier 1858 (1), en qualité de président de la Société, avec l'autorité qui s'attache à sa parole éloquente, à son sens exquis de naturaliste, et à ses travaux toujours marqués au coin de l'esprit du progrès, uni au sentiment conservateur des vérités acquises et des bonnes traditions, appelait votre attention sur une question d'un bien haut intérét, car de sa solution. dépend en quelque sorte l'avenir de la science des plantes. Cette question, vous ne l'avez pas oubliée, Messieurs, est celle de la délimitation des espèces ; l'écueil que signalait M. le comte Jaubert est « l'accroissement démesuré de la nomenclature ». Je ne reviendrai pas sur les considérations empreintes du sentiment du vrai, si habilement exposées dans ces pages que vous avez présentes à la mémoire. M. le comte Jaubert se demande, avec M. Decaisne, si la voie fatale dans laquelle des hommes, d'un mérite d'ailleurs incontestable, ont pu se laisser entraîner, ne nous conduirait pas au chaos, et espère néanmoins, avec M. Al- phonse De Candolle, que le danger sera écarté « par la force des choses, qui ramènera à comprendre les espèces comme Linné, les genres comme Tourne- fort, et les familles comme Robert Brown », M. le comte Jaubert agite ensuite la question de savoir si la reproduction par des semis successifs, qui constate la persistance ou la variabilité des caracteres, impossible à pratiquer pour un nombre considérable d'espèces, est d'ailleurs un criterium infaillible, dans les circonstances trop ráres où le temps, qui nous échappe, hélas! si rapide- ment, nous permet de faire usage de ce mode d'expérimentation. La conclusion de M. le comte Jaubert est « que la délimitation des espèces réstera toujours une affaire de tact, de goût, ce bon sens délicat, apauage du vrai naturaliste, et que, si la notion de l'espéce doit être considérée comme une (1) Voyez le Bulletin, t. V, p. 6 et suiv. 692 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. pure abstraction de notre esprit, la fabrication des espèces doit être propor- tionnée à la nature de l'esprit humain, à sa capacité, » et non consister dans les distinctions fugitives, et souvent méme insaisissables, auxquelles on arrive nécessairement en subdivisant en plusieurs espèces, par des caractères sans valeur, une espèce bien délimitée. Me sera-!-il permis, Messieurs, après cette protestation d'un maitre émi- nent, dont je partage les vœux sans restriction, de vous présenter rapidement aujourd'hui, sur un point d'une si haute importance, le résultat de mes médi- tations? — Dans l'étude d'une question difficile, on ne saurait se borner, nous le savons tous, à l'examen de l'état actuel, et les premières recherches doivent, il me le semble, dans le cas dont il s'agit, avoir pour objet un des points regardés jusqu'à ce jour comme à peu prés insoluble, à savoir, selon quelles lois de son immuable sagesse, le Créateur a manifesté sa toute-puis- sance dans la production originelle des étres vivants à la surface du globe; et je me suis efforcé, soit par abstraction, soit surtout par la voie de l'analogie, d'entrevoir ces premiers éléments d'étude. J'oserai donc, dans toute ma sincé- rité de naturaliste, toucher à une question si délicate, qui d'ailleurs a déja exercé la sagacité de bien des observateurs. C'est ici ou nulle part, Messieurs, le cas, non pas de passer au déluge, mais de remonter bien en decà du déluge: qu'il me soit donc permis de résumer en quelques lignes des faits dont quelques-uns sont élémentaires. L'apparition successive de nouvelles séries d'especes animales et végétales, après chacune des grandes convulsions de la nature, est aujourd'hui un fait des moins contestés, et les premières paroles de la Genèse, qui retentissent à travers les siècles, ont trouvé dans les découvertes de la science moderne une merveilleuse confirmation, sans qu'il soit nécessaire d'en forcer l'interpréta- tion. La création a donc été successive, elle n'a pas été simultanée ; on le constate, vous le savez, par l'examen et l'étude des couches superposées de l'écorce de notre globe, qui nous conservent, comme entre les feuillets d'un gigantesque herbier, des spécimens sans nombre des antiques productious animales et végétales de la terre. — La durée de chacune des périodes qui ont séparé ces grandes révolutions terrestres parait avoir été d'une immense durée: telles sont les journées du Créateur, car l'espace, pour lui, c'est l'infini, et le temps, c'est l'éternité. Daus les grands cataclysmes éprouvés par le globe terrestre, le nombre des individus vivants engloutis et frappés de mort presque instantanément, fut immense : certaines espèces disparurent peut-être complétement; d'autres, et sans doute en très grand nombre, survécurent à ces bouleversements plus ou moins étendus, mais partiels dans leur succession, bien que généraux dans leur ensemble. — Ces êtres, animaux ou végétaux, qui purent survivre, se pid vaient dans des conditions d'existence nouvelles, et nous ne devons pas xdi étonnés qu'ils aient pu douner naissance, par une suite de générations d'un SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 693 nombre indéterminé, à des variétés de races en rapport avec la nouvelle con- stitution physique du globe, sous l'influence de laquelle ils étaient appelés à vivre et à se développer. — Tellement qu'aprés bien des siècles écoulés, et lorsque, de variétés en variétés, les types anciens avaient pu grandement être modifiés, il n'existait sans doute plus rien à la surface de la terre des dépouilles des premiers ancêtres de ces générations nouvelles et des premières races aux- quelles ils avaient pu donner naissance; et, lorsqu'un cataclysme nouveau venait anéantir partiellement ces générations, en nous en conservant les der- nières dépouilles, la chaine semblait s'étre interrompue et brisée sur certains points, entre les espèces de l'époque précédente, et les espèces de l'époque actuelle, englouties partiellement à leur tour, pour être remplacées pendant la durée d'une nouvelle période par des espéces nouvelles encore et en vertu des mémes lois. Si ces considérations sont l'expression de la vérité, cette question, jusqu'à ce jour si embarrassante : lequel a dû précéder l'autre, l'eeuf ou l'oiseau, la graine ou la plante? cette question, dis-je, doit rentrer dans le néant : ni graines ni plantes n'ont dà nécessairement apparaitre spontanément. Lorsque l'écorce du globe fut assez refroidie pour que de l'eau püt se déposer à sa surface, des organismes de l'ordre le plus élémentaire, de simples vési- cules plus ou moins vivantes, plus ou moins animées, et selon l'intensité de l'impulsion sous l'influence de laquelle elles s'étaient constituées, soit inertes, soit mobiles par des mouvements plus ou moins spontanés, se développèrent dans les premières gouttes d'eau de la première rosée. — Ges merveilles d'une création vivante premiére, admirable dans sa simplicité, n'ont depuis lors jamais discontinué, et, sous des influences analogues, dans de l'eau privée par l'ébullition de tout germe organique qui aurait pu v être antérieu- rement déposé, nous voyons apparaitre des étres qui ne vivent que dans un milieu liquide, et que l'air, par conséquent, ne saurait y avoir trans- portés, Une génération élémentaire ou primitive de l'ordre le plus simple est donc la première manifestation de la création des êtres vivants végétaux ou animés. Un mot a pu nuire pendant longtemps à l'examen et à l'adoption de ces idées (qui sont actuellement en voie d'étre mathématiquement démontrées) : le mot de génération spontanée, qui ressemblait en effet à une négation inintelligente de l'intervention du Créateur des mondes dans ce point fondamental, où, au fond de l'infiniment petit, éclate sous nos yeux la toute-puissance de sa sagesse et de sa volonté. Mais comment, de ces organismes primitifs si simples, passer aux organismes complexes de l'ordre le plus élevé ? Certes, la perfection Ja plus absolue réside dans les productions les plus simples comme dans les productions les plus com- plexes que nous présente l'ensemble de la nature, et, si la toute-puissance du Créateur eût décrété l'apparition spontanée et sans ancêtres des types modernes 694 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. les plus élevés, elle l'eüt, saus efforts, réalisée, Mais, ce que l'observation nous révèle des voies suivies par cette toute-puissance, qui est aussi toute-consé- quence et toute-sagesse, toute-grandeur et {oute-unité!, nous conduit à penser qu'elle n'a interverti, à aucune époque de la création, les lois si merveilleuses que dès l'origine du monde elle a manifestées. Descendons de ces hauteurs, pour jeter un simple coup d'œil sur ce que nous foulons tous les jours sous nos pieds. Ne voyons-nous pas, dans nos plus humbles cultures, parmi les plantes provenant du semis des graines d'une méme plante-mére, des différences de forme, de couleur, de saveur, de con- sistance, de durée, d'aspect, de taille relative des organes et de taille absolue Qu de grandeur? Ne voyons-nous pas méme souvent, sur un méme individu, presque sur une méme tige, des différences presque aussi grandes que sur ces individus distincts ? Une méme espèce varie donc sous nos yeux dans d'assez grandes limites : que la nature fasse un effort de plus dans le même sens, et nous aurons franchi la distance qui sépare une espèce des espèces voisines. Que si nous faisons intervenir les croisements des races entre elles, les croise- ments des espèces voisines ou hybridations, le champ des formations nouvelles sera presque illimité; et, si ces produits hybrides, au lieu de s'éteindre aprés quelques générations comme ils le font généralement sous nos yeux, se perpé- tuent indéfiniment, comme ils ont pu le faire dans des circonstances données, des espèces nouvelles seront constituées. Ces modifications, qui nous étonnent et déconcertent nos classifications et nos méthodes si utiles pour notre esprit si faible, si indispensables pour notre mémoire si limitée, ne sont-elles pas encore bien plus prodigieusement éton- nantes dans les transformations successives ou métamorphoses de l'individu pour une espèce donnée? Quand, de la coquille de l'œuf d'un insecte, nous voyons sortir une larve vivant, selon l'espèce, soit dans l'air, soit dans l’eau ; quand, de la peau de la larve ou chenille, nous voyons sortir une chrysalide; quand, de la peau de cette chrysalide immobile, nous voyons sortir un insecte ailé, à peine songeons-nous à nous en étonner; ces merveilles, comme le lever du soleil, ne sont, à nos yeux, que des choses ordinaires, Et les espèces animales ou végétales qui se reproduisent à la fois par divers organes propaga- teurs, par dédoublement ou fractionnement, par boutures, par gemmes, par embryons! Et les espèces dont les transformations successives constituent autant d'états complets, sous chacun desquels elles peuvent successivement se repro- duire! Toutes ces merveilles ne sont-elles pas de la méme nature, ne révélent- elles pas la même puissance? Pourquoi donc cette puissance ne saurait-elle, par une série indéfinie de modifications produites de génération en géne- ration, faire passer l'organisme le plus simple à un état de plus en plus com- plexe, tellement. que les arbres de nos foréts eussent pour premiers ancétres de simples utricules nés au sein d'une matière inorganisée? L'embryon qui donne naissauce à l'arbre lui-méme n'est-il pas, à son origine, composé de simples SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 695 cellules juxtaposées, et les états simples primitifs ne sont-ils pas en définitive les éléments des états composés ? Si l'on admet les organismes simples comme ancêtres des organismes com- posés, il nous reste à expliquer comment ces premiers organismes, si simples et presque semblables au voisinage de la forme utriculaire primordiale, ont pu donner naissance à des types si variés. La réponse ne nous semble pas mainte- nant de nature à embarrasser. Les types simples primordiaux, nés à la fois et par myriades, sur tous les points humides de la surface du globe, ont dû, selon les conditions variées où ils étaient placés, donner lieu à des produits égale- ment variés et en rapport avec les lieux plus ou moins chauds ou humides et les substances diverses dont les eaux ou les premiers terrains pouvaient étre mélés, Ges types déjà variés se sont eux-mêmes diversement modifiés, soit selon les modifications extérieures et successives dont nous avons parlé, soit par le mélange et le croisement des races et des espèces. Une multitude de points de départ ont donc pu, dès l'origine, produire tantôt des types semblables dans des circonstances analogues, tantót des types différents daus des circonstances variées, et cela en vertu des mêmes lois et des mêmes règles. De là l'envahis- sement plus ou moins simultané de tous les terrains des surfaces successives de la terre par des espèces descendant les unes des autres, tantôt analogues, tantót diverses, et toujours en rapport, toujours en harmonie avec les res- sources nutritives et conservatrices des lieux oü elles avaient pu s'établir. Chaque latitude a dû, par conséquent, voir se développer des espèces dont le tempérament était susceptible de s'accommoder de sa température, celles qui n'auraient pu la supporter n'ayant pu, parla méme raison, s'y déve- lopper. | Si les choses se sont ainsi passées, et l'immuabilité des grandes lois natu- relles semble nous l'attester, nous ne devons pas être étonnés de la vague déli- ^ mitation des espéces. La nature a procédé et procéde par des transitions si multiples et si bien ménagées, que le contraire (c'est-à-dire des espèces tou- jours nettement délimitées) devrait, s'il existait, plutót nous étonner. Les groupes d'espèces que, dans nos livres, nous nous efforçons d'esquisser, ne sont pas d'ailleurs plus faciles à nettement délimiter que les espèces ne le sont entre elles; et cependant, ordres ou familles, genres et espèces, c'est-à-dire division et subdivision par groupes naturels de tous les étres créés, sont pour notre esprit le fil qui nous permet de parcourir le labyrinthe sans trop nous y égarer, la clef qui ouvre la porte de cette grande étude de la science de la Nature, et nous permet, autant du moins que notre faible vue a le pouvoir de s'étendre, de l'embrasser. Si donc la nature, dans sa munificence, a voulu franchir tous les espaces et ne mettre nulle part de borne à son expansion, à son inépuisable fécondité ; Si ses grands procédés écrasent nos méthodes, si nos classifications sont tou- 696 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. jours dépassées par son immense libéralité, sachons sagement nous y résigner ; mais n’ajoutons pas volontairement à ces inévitables difficultés de nouvelles et volontaires difficultés. Si les plantes polymorphes, c'est-à-dire les espèces le moins nettement déli- mitées et dont les individus présentent des différences de forme très notables, passent de l’une à l’autre de ces formes par d’insensibles transitions, et forment dans la nature des créations non rigoureusement définies, nous ne saurions dans nos classifications les limiter plus rigoureusement. Nous avons cependant le choix entre deux procédés, qui tous les deux peut-être sont en harmonie avec la nature, mais dont un seul est en harmonie avec nos facultés et rend l'étude non pas facile mais possible. Le premier procédé consiste à considérer comme espèce distincte chaque modification de la plante, et l'on est amené pour ainsi dire, en suivant ce système, à élever au rang d'espéce tous les indi- vidus qui se présentent, quelquefois méme les diverses branches ou rameaux isolés d'un méme individu ; on arrive naturellement ainsi, et par amour de la précision en matiere de délimination des espéces, à la négation la plus com- plète de cette même délimitation. Si le naturaliste consent, au contraire, à réunir sous un méme nom spécifique ce petit groupe d'unités voisines incom- plétement délimitées, il lui sera facile ensuite de distinguer entre elles les unités de second ordre dont se compose l'espéce, et de décrire et de désigner, tout en les rattachant à un méme type, ces formes secondaires sous le titre de variétés : nous aurons ainsi respecté par notre exactitude l’œuvre de la nature, nous aurons non pas rendu mais laissé l'étude possible, et la science sera sauvée. L'idée-mére que je viens d'exposer paraît avoir rayonné d'abord dans l'esprit de M. Naudin. Que la gloire lui en soit attribuée. J'ignore si je différe ou non de son sentiment sur les différents points secondaires (1); plusieurs esprits "lucides et méditatifs paraissent disposés à l'adopter, et notre confrère M. de Schenefeld m'a dit poursuivre de son côté les conséquences de cette grande (1) Les idées de M. Naudin, présentées sommairement à la Société par M. Decaisne (voyez le Bulletin, t. VI, p. 481 et t. VII, p. 385; voyez aussil'article de M. Naudin intitulé : Considérations philosophiques sur l'Espèce et la Variété, et publié dans la Revue horticole, année 1852, p. 402), ont beaucoup d'analogie avec celles que je viens d'exposer. Je ne saurais que m'en féliciter. Loin de moi la pensée, s'il y a similitude, de contester sur la priorité. Heureux d'étre l'un des premiers à plaider cette grande cause, et persuadé que ce n'est pas trop des efforts réunis de naturalistes convaincus et dévoués pour faire passer à l'état de vérité démontrée une théorie encore si nouvelle, et appelée à porter la lumière dans des questions fondamentales restées jusqu à I jour dans une si grande obscurité. — Cette grande question a été aussi abordée et traitée dans le méme sens par M. P. de Jouvencel, dans une publication remarquable intitulée : Genèse selon ia science (1859). Les conclusions de l'auteur nous paraissent aller au delà des nôtres. — Un travail important de M. Godron a été publié récemment sur lespéce végétale; je m'abstiendrai d'exposer et de discuter ici les conclusions de ce botaniste distingué, qui admet la fixité originelle des caractéres spécifiques ; cet. exames dépasserait les bornes de cette communication; je me contente aujourd'hui d'exposer simplement mes propres idées. SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 697 idée. Je m'engage résolüment dans cette route peu frayée, mais à l'extrémité lointaine encore de laquelle brille déjà la vérité. M. de Schenefeld dit qu'il ne saurait partager entiérement la maniére de voir de M. Germain de Saint-Pierre sur l'origine des espèces. Il se réserve de présenter ultérieurement à la Société quelques observations sur ce sujet. M. Cosson fait les mêmes réserves. M. Fauché-Prunelle, conseiller à la Cour impériale de Grenoble, fait à la Société la communication suivante : | COUP D'ŒIL SUR LA VÉGÉTATION DES ENVIRONS DE BRIANÇON, par M. FAUCHÉ-PRUNELLE, J'ai habité six aus la ville de Briançon, et, pendant cette période de temps, j'ai beaucoup parcouru les environs de cette ville, qui est située à plus de 1300 mètres au-dessus du niveau des mers, au centre des grandes chaines des Alpes, de ces montagnes qui étaient les plus hautes de France, à cette époque où le Mont-Blanc n'était point encore redevenu français. Pendant tout ce temps, j'ai eu souvent occasion d'examiner la végétation de ces trés froides montagnes, et j'ai consigné le résultat de mes principales observations dans un mémoire que j'ai lu au congrès scientifique de France, tenu à Grenoble en 1857, et qui est intitulé : Coup d'œil sur la végétation des Alpes considérée dans son rapport avec le climat ; c'est ce mémoire dont j'ai offert un exemplaire à la Société botanique. Ces observations avaient surtout pour but de faire connaitre les particula- rités qui me paraissent caractériser principalement la végétation alpine des grandes hauteurs et la distinguer de celle des hauteurs moindres ou des plaines, Placées sur les sommités plus ou moins froides et souvent glaciales des Alpes, les plantes alpines, se trouvant plus exposées au froid que les plantes des plaines, ne doivent-elles pas s'en distinguer par une organisation toute Particulière, par des préservatifs contre le froid ? Parmi ces préservatifs, l'un des plus fréquents et des plus apparents n'est-il pas une sorte de vétement? La nature n'a-t-elle pas donné à la plupart des plantes alpines des vêtements velus, soyeux, cotonneux ou laineux, le plus ordinairement blancs ? Aussi, me disait un botaniste, en remarquant la teinte blanchâtre d'un grand nombre des plantes de mon herbier, avant que la lotion mercurielle que j'ai été obligé de leur faire subir eût roussi la plupart d'entre elles, « j'admire 698 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. » cette neige et ces frimas qui persistent et ne sont point encore fondus sur » vos plantes desséchées. » Je pourrais cependant montrer encore à la Société ce vêtement blanc, ou ses traces, sur beaucoup de plantes, notamment sur la plupart des Gnaphalium, des Artemisia, des Achillea, etc. Il y a méme quelques plantes, parfaitement glabres ou nues dans les plaines, qui deviennent plus ou moins velues, laineuses ou cotonneuses à mesure qu'elles s'élevent vers les sommités, et dont les botanistes ont fait, tantót des variétés, tantót méme des espéces distinctes. Qutre cette sorte de vétement extérieur, ce premier et plus apparent pré- servatif du froid, il y en a encore plusieurs autres, dont l'un surtout m'a paru le principal et le plus efficace : c'est une matière visqueuse, gluante ou résineuse, qui se développe tantót à l'extérieur des végétaux, comme dans les Grassettes, les bulbes des Orchidées et des Liliacées, tantót, et le plus souvent, à l'intérieur, pénétrant alors dans leurs organes et s'unissant à leur séve pour la rendre moins aqueuse, moins facilement congelable. C'est surtout dans les arbres-verts, dans les Coniféres, que ces matiéres résineuses produisent leurs effets d'une manière beaucoup plus sensible et plus apparente ; ces matières, unies ou combinées avec la séve, et pénétrant jusque dans le bois et surtout dans l'écorce, forment un suc assez épais, capable de supporter un trés grand froid sans se congeler; aussi ces arbres, qui couronnent les hauteurs des Alpes, résistent-ils trés bien aux plus grands froids de ces montagnes, tellement que leur séve ne cesse pas d'étre en mou- vement, méme pendant l'hiver, quoique, à cette époque, l'effet de son action ascendante, trés peu active et presque nulle, se borne ordinairement au main- tien des feuilles sans développement ni accroissement sensible du végétal. Je n'entrerai pas dans de plus grands détails sur l'organisation plus ou moins spéciale de la haute végétation alpine, m'en référant, pour le surplus de mes observations à ce sujet, au mémoire dont je vous ai parlé. Ma communication d'aujourd'hui a principalement pour but de vous mon- trer, Messieurs, des échantillons remarquables de la végétation subalpine, en vous faisant connaître les localités où j'ai trouvé quelques-unes de ces plantes les plus rares, ainsi que quelques particularités relatives à plusieurs d'entre elles; et, à cette occasion, je serai quelquefois conduit à parler de notre botaniste Villars, dont le nom est comme lié et en quelque sorte greffé et écussonné à notre belle flore dauphinoise. Je vais donc, avant de montrer des échantillons de mon herbier, vous parler, sans suivre d'ordre déterminé, de quelques-unes de ces plantes, en petit nombre, qui viennent dans le voisinage de Briançon. Une des plus remarquables est le Ze/ephium Imperati, que Villars indique sur un rocher à 200 pas de Briançon, sur la route du Mont-Genèvre, loca- lité que j'ai vainement parcourue et explorée dans tous les sens pendant quatre SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 690 années consécutives, parce que j'ai pleine confiance dans la véracité de Villars. Après m'être bien convaincu que le Zelephium n'existait pas dans cette localité, je pensai qu'il pouvait ne plus s'y trouver, parce que, à cause de la proximité de Briancon, les botanistes pouvaient l'avoir totalement détruit sur la portion de rocher qui borde la rive droite de la Durance au nord de la ville; mais un jour, en examinant cette localité et remarquant qu'elle se pré- sentait au sud avec la méme exposition, je me rendis sur ce prolongement qui était enclavé dans des propriétés particulieres et closes, et j'y trouvai, dans les fentes du rocher, un assez grand nombre de Felephium. Quatre autres plantes très rares se trouvent encore tout prés de Briançon : l' Anchusa angustifolia, qui croit en abondance au bord des chemins ; le Pru- nus ou Armeniaca brigantiaca, dont on fait une huile employée à quelques usages domestiques ; l’ Androsace septentrionalis, que j'ai trouvé au bord du sentier qui est sous le côté nord du fort des Têtes; et l'Astragalus aus- triacus, qui vient au bord du méme sentier et sur les rochers voisins, où il parait que les membres de la Société qui sont allés à Briancon ne l'ont pas pu retrouver, probablement parce qu'il en a été trop cueilli et que les derniers restes ont été détruits par les nouveaux travaux des fortifications. Mais ce n'est pas la seule localité où cette plante existe; j'en ai cueilli quelques échantillons dans la forét de la Pinée, au-dessus de Briancon, et sur les bords de quelques sen- tiers de la commune du Grand-Villard. Quant au Prunus brigantiaca, jadis très commun dans les haies du chemin qui conduit de Briancon au Monestier, il en a à peu prés disparu, parce qu'on a arraché ces haies pour transformer ce chemin en route impériale; cependant je l'ai encore retrouvé dans les haies de plusieurs autres chemins voisins de la ville, notamment prés de la Ribière. Il est une autre plante rare, trés voisine de Briançon, l’ Astragalus vesi- carius, que j'ai vainement cherchée, pendant deux ou trois ans, sur les bords de la route du Mont-Genèvre, localité indiquée par Villars; et, en effet, on ne l'apercoit pas de cette route, quoiqu'elle en soit peu éloignée. Mais, un jour, ayant réfléchi que la route actuelle, étant nouvelle, ne devait pas étre la méme que celle indiquée par Villars, je pris la direction de l'ancienne route, en suivant le chemin qui descend du Champ-de-Mars vers les bords de la Durance; je suivis ce chemin, et, à environ 500 mètres, j'apercus - quelques pieds chétifs de cet Astragale vers l'extrémité du rocher que j'avais à ma gauche; je m'approchai de ce rocher, et, après l'avoir gravi pendant deux à trois minutes, j'arrivai à un trés petit champ qui était presque couvert de cette plante dont les champs voisins ne présentaient presque pas de trace. Le Phaca Gerardi, espèce très rare et de l'existence de laquelle on a douté pendant quelque temps, croit aussi sur plusieurs montagnes du Briançon- nais, sans que je puisse me rappeler celle où je l'ai cueillie. L'Orytropis uralensis existe également au commencement de la descente 700 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. du Gondran vers Cervières, où il est indiqué par Villars; cependant, comme cet auteur donne à la fleur de cette plante une couleur d'un blanc jaunátre, tandis qu'elle est purpurine, quelques botanistes en ont conclu qu'il ne la con- naissait pas, et c'est ce que me soutenait un botaniste qui explorait avec moi cette localité; mais, au moment méme de sa dénégation, je lui dis : La voilà, avec sa fleur de couleur purpurine, d’où je conclus que l'erreur commise par Villars doit être attribuée à un lapsus calami ou à une faute typographique. Cependant les Oxytropis de cette localité, qui est séche et aride, sont extré- mement chétifs; pour en avoir de beaux, il faut les cueillir au Mont-Viso ou au col du Bourget. On trouve encore, dans les Alpes brianconnaises, un grand nombre de Légumineuses belles et rares ; j'ai appris notamment que la section de la So- ciété qui est allée au Mont-Viso a rapporté du Queyras une magnifique et trés rare espèce, l’ Astragalus alopecuroides, qui n'avait été indiquée jusqu'à pré- sent que dans les pâturages communaux de Boscodon ; je crois que Mathonnet l'avait aussi cueillie en cette localité, car il m'en a donné deux fois des échan- tillons, les premiers provenant de Boscodon, et les derniers d'une autre loca: lité qu'il me nomma et que je crois me souvenir étre le Queyras, sans que je puisse néanmoins le certifier d'une maniére positive. Presque toutes les Légumineuses des Alpes ont des racines fortes et pro- fondes, ce qui les rend difficiles à arracher, et beaucoup de ces racines, celles surtout qui sont grosses et scarieuses, ont une odeur plus ou moins forte ou fétide; celte circonstance est surtout très remarquable dans J'Oxytropis fætida, dont l'odeur, que Villars compare à celle d'un rat mort, est extrême- ment forte et infecte. Je serais très porté à attribuer cette odeur à un déga- gement d'hydrogène sulfuré, provoqué par l'action de ces racines sur le sulfate de chaux qu'elles attaquent et décomposent, car cette plante ne prospère, dans nos Alpes, que sur des bancs de sulfate de chaux, que ses grosses et lon- gues racines vont chercher et pénètrent plus ou moins profondément ; € 'est ce que j'ai remarqué sur la gypsière du Galibier, dont un de ces Oxytropis avait une trés grosse racine engagée dans le banc de sulfate. Les montagnes du Brianconnais renferment aussi de nombreuses et belles Violettes; je ne vous parlerai que du Vio/a arenaria, qui croit sur les pelouses sèches et arides qui sont au nord du fort des Têtes, et du Viola cenisia, que, comme le Zelephium Imperati et l'Astragalus vesicarius, j'ai longtemps cherché inutilement sur les pelouses ou les prairies de ces montagnes ; mais un jour, le hasard m'ayant conduit dans un lit de torrent sec et extrémement pierreux, et y ayant apercu plusieurs de ces Violettes, j'ai continué depuis lors à en trouver dans les lits des torrents rocailleux et élevés, ainsi que dans les débris mouvants des rochers. Parmi les plantes rares qu'on trouve autour de Briancon, je citerai, au nord de la ville, dans les rochers qui avoisinent le fort des Salettes, la belle Cam- SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 701 panule en épi (Campanula spicata), haute quelquefois de près d'un mètre ; et, en montant de ce fort à la croix de Toulouse, le magnifique Rhaponticum helenifolium qui élève presque à hauteur d'homme sa belle et grosse cala- thide, plante dont j'ai été obligé de raccourcir la tige et la racine, pour qu'elle n'occupát pas plus de trois feuilles de mon herbier ; au levant, le Phyteuma Charmelii dans les fentes des rochers; autour du fort de l'Infernet et au- dessus du col des Hayes, le Zerardia subacaulis; prés de ce col, le Draba stellata et Hieracium brunellifolium ; en montant à ce col, le Æanuncu- lus pyrenœus, le Pinus Cembra, le Brassica repanda, et le Geum reptans contre les rochers ; le Brassica repanda couvre, en outre, le sol de la forêt qui descend du Gondran au bord de la Durance; le Pinus Cembra produit des fruits que l'on mange comme des noisettes. Le Mont-Genèvre et le Gondran , toujours à l'est, ont plusieurs belles et rares Pédiculaires ; le Pirola chlorantha se trouve dans les petits bois qui sont sur le versant occidental du Genévre, au-dessus du chemin qui conduit dela Vachette à Briançon par la rive gauche de la Durance. Enfin la montagne de Praurelle à l'ouest (car il n'y a pas de montagne au midi) compte un trés grand nombre de jolies plantes plus ou moins rares, notamment les Anemone Halleri, vernalis, baldensis, le Bulbocodium vernum et l Hepatica triloba, On trouve également cette dernière plante au pied de la montagne du Grand-Villard et jusque sur les bords des chemins inférieurs. Villars s'est étonné de ce que, dans ses herborisations briancon- naises, il n'avait pas trouvé ce Bulbocode, et de ce qu'il n'avait pu découvrir qu'un seul pied d'Hépatique, en ajoutant que, l'année suivante, le chirurgien Charmeil lui a envoyé du Queyras plusieurs échantillons de Bulbocode. Il n'est nullement étonnant que Villars n'ait pas trouvé ces deux plantes, dont la première descend jusque dans les prairies de Briançon, et dont la Seconde (l'Hépatique) n'est pas rare au pied des montagnes voisines de cette ville, parce que ce sont deux plantes extrémement précoces, dont les fleurs devaient étre passées déjà depuis longtemps lors des herborisations de Villars en juin et juillet; et, si le hasard lui a fait rencontrer un pied d'Hépatique encore en fleur à cette époque, c'était un retardataire qu'il n'a dù trouver qu'à une grande hauteur, comme cela m'est aussi arrivé une fois. Cette plante fleurit à la neige fondante, en février, mars ou avril au plus tard, et j'en ai méme cueilli, dés la fin de décembre et en janvier, à la suite de quelques jour- nées de vent du midi. Les belles Hépatiques que je vais vous montrer ont pu, grâce à la neige qui les recouvrait en majeure partie, conserver leurs an- ciennes feuilles, car les feuilles nouvelles ne se développent qu'un mois ou deux après la fin de la floraison, en sorte que les échantillons avec feuilles ct lleurs sont trés rares. Au reste, il y a beaucoup de plantes qui sont tantôt rares, tantôt communes, suivant les circonstances ; ainsi quelquefois le Zerardia subacaulis, le Senecio 702 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. incanus, le Gentiana lutea, et beaucoup d'autres semblent rares, parce que, l'année n'ayant pas été favorable à leur végétation, beaucoup de pieds sont demeurés stériles, tandis que d'autres fois la floraison est extrémement abon- dante. En vous montrant l’ Anemone narcissiflora cueilli au Lautaret et au Mont- Viso, je vous ferai remarquer combien la végétation de cette derniere mon- tagne est plus belle et plus riche que celle du Lautaret. Je pourrais encore vous indiquer les localités brianconnaises de plusieurs autres plantes alpines plus ou moins rares ; mais je ne veux pas trop prolonger celte communication, et je terminerai en vous faisant l'historique de la dé- couverte de I /satis alpina, plante trés rare qui, je crois, ne se trouve en France qu'au Mont-Viso. Villars, en explorant cette montagne, y a découvert l’/satis alpina; mais les botanistes qui sont allés l'explorer aprés lui ne l'ayant pu trouver, et Ma- thonnet qui allait fréquemment herboriser au Mont-Viso n'ayant pas été plus heureux, on recourut à la description que Villars a donnée de cette plante dans sa Flore, description que MM. De Candolle, Duby, Grenier et Godron, etc., ont jugée ne pouvoir s'appliquer qu’à une forme hérissée de l’/satis tinctoria, quoiqu'il soit certain que l’/satis cueilli par Villars au Mont-Viso est bien l'espèce 7. alpina d'Allioni ; puisqu'il en existe encore dans son herbier un échantillon qui ne peut étre confondu avec aucune variété ou forme hérissée de l7. tinctoria. Cependant, sur les invitations pressantes et réitérées de plusieurs botanistes de Paris, Mathonnet, cet infatigable explorateur des Alpes brianconnaises où il était né (au Villard-d'Aréne), et des Alpes embrunaises où il avait longtemps rempli les fonctions actives de capitaine des douanes, Mathonnet qui jusqu alors avait vainement cherché, et qui, comme il me l'a dit, redoutait presque aussi une erreur de Villars, sans être cependant entièrement découragé parce qu'il était plein de confiance en cet auteur, Mathonnet, dis-je, se décida à recom- mencer ses recherches, et se rendit à cet effet au Mont-Viso, avec la ferme intention d'y rester huit ou dix jours, s'il le fallait, de le parcourir dans toutes ses parties, et de n'en revenir qu'après avoir trouvé cet /sa/zs, ou s'être assuré qu'il n'y était pas. Mathonnet se mit donc à faire une exploration soignée et minutieuse ; et, aprés quatre jours de recherches inutiles, il commencait à désespérer, lorsque, le cinquième jour, la plante si désirée se présenta inopinément à sa vue et lui arracha cette exclamation de joie : « Ah ! je la tiens, je la tiens enfin! » Depuis lors, il l’a encore retrouvée dans plusieurs autres localités de cette vaste Mon- tagne, et il en a fait de nombreux envois aux botanistes francais et étrangers. en sorte qu'aujourd'hui cette plante, dont l'existence en France a été révo- quée en doute pendant plus d'un quart de siecle, figure dans un grand nombre d'herbiers. SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN Aour 1860. 703 Voilà ce que j'ai plusieurs fois entendu raconter lorsque j'étais dans le Brianconnais, et ce qui m'a été confirmé par Mathonnet lui-méme. J'ai fait également deux premières herborisations au Mont-Vise sans décou- vrir cet /satis; je l'ai cherché inutilement pendant six ou sept heures sur les rochers et les crêtes voisines de la Traversette, où Mutel l'indique; mais je l'ai ensuite trouvé très facilement, lors d'une troisième herborisation, sur une indi- cation de Mathonnet, indication sans laquelle j'aurais probablement fait encore une exploration inutile; car, comme les botanistes qui m’avaient précédé, comme Mathonnet dans ses premières herborisations, j'avais dirigé mes recherches vers les plus hautes pelouses, vers les sommités et les crêtes les plus élevées, tandis que cette plante croit dans les ravins. C'est en effet dans un ravin que je l'ai cueillie, sur la rive gauche du Guil, presque au pied du Mont-Viso ; aujourd'hui que je connais les endroits qui lui conviennent, je suis convaincu que je la trouverais dans d'autres localités de cette montagne. A la suite de cette communication, M. Fauché -Prunelle présente à la Société une collection de plantes alpines desséchées avec le plus grand soin, et remarquable par la rare beauté des échantillons. M. Michalet fait à la Société la communication suivante : SUR LA VÉGÉTATION DU JURA, par M. Eugène MICHALET. La région dont je viens entretenir la Société ne lui offrira sans doute qu’un médiocre intérêt après la visite de cette admirable chaîne des Alpes, si curieuse par le nombre et la rareté des espèces, si féconde en scènes et en contrastes de tout genre. Le Jura cependant se recommande à plusieurs égards aux bota- nistes géographes et collecteurs. Sa flore phanérogamique est incontestablement plus riche que celle des Vosges ; elle l'est autant que celle du plateau central de la France, et elle offre bien plus d'unité et d'homogénéité dans la distribution des espèces végétales. Toutefois le Jura semble être demeuré jusqu’à ce jour dans une certaine infériorité, malgré les importants travaux dont il a été l'objet depuis une quin- Zaine d'années. Les botanistes voyageurs le prennent bien rarement pour but de leurs excursions, les plantes qu'il renferme sont peu répandues dans les herbiers, en un mot ce n'est pas à proprement parler une région classique, Afin d'arriver à ce résultat, il faudrait, ce que nous espérons bien, que la Société botanique le choisit une fois pour y tenir sa session extraordinaire. Mais notre tour viendra un peu trop tard ; car, si nos plantes subalpines valent celles des Vosges et de l'Auvergue, elles feront mince figure aprés celles des Alpes et du littoral méditerranéen. Nous avons bien nos Carez, nos Sasi fraga Hirculus et sponhemica, nos Betula nana et Pinus Pumilio, les Poa hybrida 704 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. et Festuca Scheuchzeri, le Potamogeton marinus et quelques autres raretés que je signalerai tout à l'heure; mais que signifie ce modeste bouquet à côté de ces splendides faisceaux de plantes alpines dont nous revenions chargés ces jours derniers, à côté de toute cette moisson de plantes méridionales qu'on nous fait espérer pour l’année prochaine ? Ce qui rend surtout le Jura intéressant, c'est la distribution de sa végétation, dont les diverses zones ne sont point, comme dans la plupart des autres chaines, restreintes à d'étroites bandes irrégulièrement suspendues aux flancs des montagnes, mais se développent au contraire avec ampleur sur des plateaux qui se succèdent avec autant de régularité qu'on peut en trouver dans un sou- lévement aussi étendu. Vu dans son ensemble, le massif du Jura présente la forme d'un croissant long d'une centaine de lieues, large de vingt-cinq au plus, et dont la face con- cave regarde la Suisse, qu'elle borne complétement du cóté de l'ouest. Ce massif offre, surtout dans sa partie centrale, des plateaux assez vastes, dominant de 300 à 1000 métresles plaines environnantes. Ces plateaux se relèvent sen- siblement du côté de la Suisse, où ils sont limités par une suite de crétes beau- coup plus hautes que partout ailleurs et atteignant 1700 mètres ; ils s'abaissent au contraire fortement du cóté de la France, oà cependant ils sont dessinés par une falaise presque partout abrupte et fortement accentuée. Par suite de cette disposition des lieux, il y a une inégalité très grande entre les deux versants de la chaine. Tandis que le versant suisse se dresse brusquement comme unc immense muraille, le versant francais s'abaisse doucement en gradins largement espacés sur lesquels se développent à l'aise, sans se confondre nulle part, les différentes zones d'une luxuriante végétation. Ne pouvant entrer dans aucun détail en ce qui concerne la constitution géologique, le climat, les cours d'eau, etc.,-je suis obligé de renvoyer au savant ouvrage de Thurmann sur la Phytostatique du Jura. Dans le tableau sommaire que je vais chercher à esquisser, en me bornant surtout au versant français et plus spécialement même au département du Jura, il y aura assuré- ment peu de faits qui ne soient déjà signalés parmi ceux que cet ingénieux observateur a accumulés en si grand nombre pour servir à l'exposition de sa théorie sur la dispersion des végétaux ; cependant l'étude assidue que j'ai faite dela flore de certaines parties m'a permis de combler quelques lacunes et d'ajouter à notre circonscription plusieurs especes nouvelles. Je vais donc prendre successivement, en commencant par la plaine, chacune des quatre régions d'altitude généralement adoptées pour la distribution des plantes de nos montagues, et, tout en indiquant les espéces les plus caractéristiques, Je ferai connaitre brièvement les localités les plus intéressantes. I. Région de la plaine. -— Nous comprenons sous ce nom, ou sous celui de région basse, une zone de cinq à six lieues de largeur, qui ceint le pied du Jura et dont la végétation est plus ou moins sous la dépendance du relief de la SESSION EXTRAORDINAIRE À GRENOBLE EN AOUT 1860. 705 chaine. Cette zone renferme deux sortes de terrains bien distincts : les uns calcaires, et qui ne sont en réalité que le prolongement des assises inférieures ; les autres siliceux, formés de dépôts tertiaires et diluviens qui sont venus recouvrir une partie de ces mêmes assises et s'étendent jusqu'au pied de la falaise jurassique. Nous nous occuperons d’abord de ces derniers, que nous désignerons sous le nom commun de Bresse, quoiqu'ils s'étendent plus loin que les limites de l'ancienne province de ce nom. Le sol dela Bresse, formé principalement de limons argileux et graveleux mélés en proportions variables à des sables siliceux, présente dans sa végétation tous les caractères des terrains de ce genre, et offre sous ce rapport des faits remarquables de similitude avec la Sologne, la Brenne et méme le Bocage, abstraction faite, bien entendu, des plantes occidentales, qui oni d’ailleurs leurs équivalents chez nous et dont plusieurs méme pénétrent d'une facon tout à fait inattendue. Telles sont, pour les signaler tout de suite: Genista anglica, Tri- folium Michelianum, parisiense, micranthum, Ornithopus perpusillus, Vicia. lathyroides, Lathyrus angulatus, Linaria Pelliceriana, Senecio adonidi- folius, Cyperus longus, Scirpus triqueter et fluitans, Carex nutans, etc. Le Carex brizoides est une des plantes les plus caractéristiques de ces ter- rains, avec F Alopecurus utriculatus, car tous deux y croissent en grande abondance. L'AHeleocharis ovata, le Trifolium elegans, Sont aussi fort ré- pandus. Les Sarothamnus scoparius, Hypericum pulchrum, Ranunculus Philonotis, Epilobium obscurum, Senecio silvaticus, Filago gallica, Cen- taurea nemoralis Jord., Galeopsis dubia, Betula alba, Luzula albida, Aira flexuosa, à peine aperçus ou nuls dans la chaîne jurassique, se montrent là presque partout. La plupart des plantes des moissons, des bois, et surtout des marais et étangs, sont de méme étrangères à la région des montagnes. Les localités les plus riches en plantes aquatiques sont surtout les prés marécageux de Pleurre, Sergenon, Rye et Chaumergy (cantons de Chaussin et Chaumergy), ainsi que les étangs avoisinants, y compris ceux de Fays, Tassenières et Neu- blaus. Nous sigualerons, parmi les espèces les plus intéressantes qui y croissent : Ranunculus hederaceus, Polygala depressa, Stellaria glauca, Elatine Alsi- nastrum, hexandra, triandra, Linum gallicum, Potentilla supina et mista, Epilobium lanceolatum et de curieuses formes hybrides de ce genre, Trapa natans, Isnardia palustris, Corrigiola littoralis, Illecebrum verticillatum, Laserpitium prutenicum, Bidens fastigiata, Senecio erraticus, Arnoseris pusilla, Hypochæris glabra, Cicendia pusilla et filiformis, Limnanthemum Nymphoides, Lindernia pyxidaria, Rumex maritimus, Euphorbia palus- tris, Alisma arcuatum, Damasonium stellatum, Liparis Læselii, Epipactis palustris, Potamogeton fluitans, heterophyllus, acutifolius, trichoides, Naias major, Caulinia fragilis, Juncus diffusus, Scirpus supinus, mucro- natus, Michelianus, Eriophorum gracile, Carex cyperoides, elongata, teretiuscula, paradoxa, limosa, Pseudocyperus, Calamagrostis lanceolata, T Ut 45 706 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Polystichum Oreopteris et Thelypteris, Marsilea quadrifoliata, Pilularia globulifera, Nitella tenuissima et glomerata, Chara Braunii, etc. Parmi les espèces les plus spéciales de cette liste, on aura remarqué Æ latine triandra, Chara Braunii et notre Bidens fastigiata Michalet (1), type très distinct, jusqu'a présent propre à cette région. Il faut y joindre le Carex Moniezi Lagr., autre type non moins remarquable, découvert par M. Moniez entre Louhans et Lons-le-Saunier, mais en petite quantité. Il existe, entre les dépóts dela Bresse et les terrains calcaires de la plaine, des alluvions importantes qui occupent le fond des vallées de la Loue et du Doubs. Ces deux rivières assez torrentielles amènent du haut des montagnes, avec l'humus et le limon fertilisants, des détritus calcaires, des cailloux roulés et du sable, qui constituent pour la flore de ces terrains un sol très différent de celui de la Bresse : c'est ce qui se voit nettement au contact de deux champs cul- tivés, dont l'un est situé sur l'alluvion moderne, l'autre sur les dépôts diluviens. Les espéces les plus remarquables des saussaies et des prairies qui bordent ces rivières sont : Thalictrum angustifolium, galioides, flavum, Braya supina, Erysimum cheiranthoides, Erucastrum Pollichii, Nasturtium anceps, Epilobium rosmarinifolium, [nula Britanica, Senecio paludosus, Rumes Hydrolapathum, Gratiola officinalis, Euphorbia Esula. et Gerardiana, Salix incana, hippophaëfolia, fragilis, Butomus umbellatus, Alisma arcuatum, Leersia oryzoides, Alopecurus utriculatus, Crypsis alopecuroides, Poa serotina, etc., toutes assez répandues. Dans les moissons se trouvent fréquemment : Adonis flammea et æstivalis, Silene noctiflora, Vicia varia, Euphorbia falcata, etc. Les contrées dont nous venons de parler occupent le niveau le plus bas de toute la lisière sous-jurassique, c’est-à-dire 190 à 240 mètres au-dessus du niveau de la mer. Ce niveau se relève sur les terrains calcaires qui forment le prolongement des assises inférieures de la chaîne ; il est en moyenne de 250 à 350 mètres dans l'arrondissement de Dôle, et de 300 à 400 mètres dans le département du Doubs, où ces terrains forment comme un plateau allongé et étroit entre les vailées du Doubs et de l'Ognon. La végétation y présente le contraste le plus frappant avec celle de la Bresse; mais elle offre bien moins de plantes rares, et sous ce rapport ressemble beaucoup à celle de la plupart des collines calcaires. Aussi n'y mentionnerons-nous que peu d'espèces, et seule- ment les plus caractéristiques pour les plaines orientales de la France: Corydalis cava, Arabis arenosa, Viola alba, Polygala comosa, Genista pro- strata, Cytisus capitatus, Coronilla Emerus, Vicia tenuifolia, Lathyrus sphæricus (pâturages buissonneux, jamais dans les moissons), € entranthus ae: gustifolius, Inula salicina, Hieracium prealtum, Campanula persicifolia, (1) Cette espèce doit reprendre le nom de B. radiata Thuill., ainsi que Pont démontre MM. J. Gay et 6. Schweinfurth. (Note ajoutée pendant l'impression.) SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN Aour 1860. 707 Digitalis grandiflora, Veronica prostrata, Thesium humifusum, Aristolochia Clematitis, Buxus sempervirens, Quercus pubescens ét Cerris, Leucoium vernum, Muscari botryoides, Phleum Bæhmeri, Avena pratensis, Melica nebrodensis, Cystopteris fragilis, Ceterach officinarum, etc. Plusieurs de ces espèces se retrouvent au reste dans la région moyenne et même montagneuse du Jura. Nous devons une mention spéciale à une petite chaine de collines graniti- ques qui surgit comme un îlot du milieu de la formation calcaire : c'est la forêt de la Serre, située au N.-E. de Dóle, à deux lieues de cette ville. Ce petit relief, qui semble se rattacher par sa structure à la formation du Morvan et du Charolais, suit la direction du nord au sud; du côté de l'est, il est en contact immé- diat avec l'oolithe parune ligne continue de failles; mais, sur le versant opposé, on observe une succession curieuse de plusieurs des étages primitifs jusqu'au lias, n'apparaissant toutefois que sur des zones trés étroites. La végétation de cette forêt est très différente de celle des sols calcaires Voisins, et présente au contraire de l’analogie avec celle de la Bresse; on y trouve plusieurs espèces qui ne croissent pas ailleurs dans notre circonscrip- tion, Tels sont notamment : Potentilla collina, Epilobium collinum, Sele- ranthus perennis, Spiranthes cestivalis, Asplenium septentrionale et Breynii, et surtout Adenocarpus complicatus, qui a là une station tout à fait excen- trique et où cependant il se montre en quantité. Nous y ajouterons, en fait de raretés jurassiques : Potentilla micrantha, Saxifraga granulata, Herniaria hirsuta, E pilobium lanceolatum, Orobanche Rapum, Castanea vulgaris, Osmunda regalis, Lycopodium inundatum et clavatum. Le fond de la végé- tation y est formé par les Cardamine silvatica, Stellaria uliginosa, Genista pilosa et germanica, Cytisus capitatus, Sarothamnus scoparius, Sedum elegans, Senecio silvaticus, les deux Chrysosplenium, Luzula albida et muxima, Carex elongata, brizoides, maxima, etc. Le défaut d'espace m'oblige à passer sous silence la lisière vogéso-jurassique, dont le sol revêt une flore qui n’est pas sans ressemblance avec celle de la Bresse. M. Contejean en a parlé avec de grands détails dans son É numération des plantes des environs de Montbéliard. J'arrive donc sans tarder à la chaine proprement dite du Jura. HI. Région moyenne ou des basses montagnes. — Cette région comprend tout l'espace situé entre la plaine et la zone des Sapins, c’est-à-dire une bande de 25 à 30 kilomètres de largeur moyenne et d'une altitude habituelle de 300 à 600 mètres. Les chainons secondaires qui la parcourent longitudinalement Offrent cà et là quelques sommets d'une hauteur supérieure, comme le Poupet Près Salins (850 metres); on observe aussi des déchirures et des dislocations plus ou moins profondes, qui sillonnent les plateaux, et dont les parois coupées à pic donnent un aspect particulierà ces montagnes. Les espèces qui comptent le plus grand nombre d'individus sont à peu près 708 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. les mêmes que celles des collines calcaires de la plaine ; mais les espèces spé- ciales, celles qui pour le botaniste sont comme la broderie et l'émail qui scin- tillent sur le fond monotone du tapis végétal, apparaissent déjà en quantité. On peut les répartir en trois catégories : celles qui appartiennent à toute la chaîne et s'élèvent depuis le vignoble jusqu'aux sommités; celles qui sont propres aux plateaux inférieurs et ne pénètrent qu'à peine dans la région des Sapins ; enfin celles qui recherchent surtout les escarpements, les lieux chauds et abrités des basses vallées et du pied des montagnes. Ces derniéres, sans étre précisément des plantes méridionales, ont néan- moins un cachet spécial qui décéle leur origine, et en effet on les retrouve presque toutes dans les vallées des Alpes, notamment sur le flanc des mon- tagnes calcaires qui entourent Grenoble. C'est du centre de ce grand massif qu'elles semblent avoir rayonné et s'étre avancées jusqu'au milieu de la chaine jurassique. Comme ces espéces n'appartiennent, à proprement parler, ni à la plaine ni à la région des montagnes, on pourrait peut-être les grouper dans une zone particulière, qui serait celle du vignoble et qui servirait ainsi de transition; mais, comme il y faudrait comprendre plusieurs vallées intérieures, il serait difficile de la constituer d'une facon une et homogène. Voici cependant quelles en seraient les espèces les plus caractéristiques par leur abondance, surtout dans le département du Jura, car dans celui du Doubs cette zone offre des accidents de terrain moins favorablement disposés, et dans l'Ain, qui est encore assez mal exploré, la flore se modifie sensiblement aux approches de la végétation rhodanienne : Arabis arenosa, Hutchinsia petræa, Viola alba, Saponaria ocimoides, Geranium nodosum, Acer opulifolium, Cytisus La- burnum etcapitatus, Coronilla Emerus, Vicia dumetorum, Gentiana ciliata, Euphrasia lutea, Buxus sempervirens, Allium carinatum, Luzula nivea, [ris fœtidissima, Carex humilis, Halleriana, pilosa, Asplenium Halleri, etc. Mais, à côté de ces espèces qui ne sont ni très rares, ni particulières au vignoble, nous avons à en signaler un certain nombre cantonnées dans des localités privilégiées. La plus intéressante est sans contredit le Saxifraga sponhemica, qui se trouve abondamment sur divers points de la lisière juras- sique, à Salins, Arbois, Baume-les-Messieurs, et ne croît pas ailleurs en France. Viennent ensuite T'elephium Imperati, Sisymbrium acutangulum, Hieracium lanatum à Arbois, Geranium pratense et palustre, Doronicum Pardalianches, Daphne alpina, Allium pulchellum à Salins, Hieracium glaucum à Baume, el beaucoup d'autres qu'il serait trop long d'énumérer. Nous y rattacherons les plantes disséminées dans diverses vallées intérieures, qui ont pénétré eu remontant le cours de l'Ain et de ses affluents, et qui 5 é -èvent de là jusque dans la région des Sapins : Arabis muralis, Reseda Phyteuma, Buphthalmum salicifolium, Sedum unopetalum, Hieracium staticifolium, Cyclamen europæum, Carex alba, etc. Les environs de Thoirette constituent à cet égard une station intéressante ; on y trouve : Tha- SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860, 709 lictrum majus et medium, Coronilla minima, Ononis Natrix, Ptychotis heterophylla, Serofularia canina, Thesium divaricatum, Euphorbia Gerar- diana, Glaucium luteum, etc. Toutes les plantes énumérées jusqu'ici appartiennent à la végétation ascen- dante, c’est-à-dire que leur aire de dispersion, leur station vraiment normale, se trouvent dans les lieux inférieurs; nous allons maintenant parler de celles dont le centre de dissémination, au moins pour notre Jura, doit être recherché dans la région élevée ou moyenne des montagnes. Et d'abord, nous aurions à dresser une première liste de toutes les espèces montagneuses qui se trouvent répandues depuis le vignoble jusqu'aux som- mités, et qui se montrent avec une certaine abondance dans toutes les stations qui leur conviennent ; le nombre em est d'environ 80, et, comme il est trop considérable pour permettre de les citer toutes, nous en extrairons seulement celles qui par leur large diffusion contrastent le plus avec les autres chaines, et donnent par conséquent à notre Jura son cachet le plus spécial : Arabis alpina, Draba aizoides, Kernera saxatilis, Helianthemum canum, Dianthus silvestris (saxicola Jord. ), Mæhringia muscosa, Rhamnus alpinus , Cytisus alpinus, Saxifraga Aizoon, Athamanta cretensis, Laserpitium Siler, Chero- phyllum aureum, Valeriana montana, Carduus defloratus, Carlina acaulis, Hieracium Jacquini, Gentiana lutea, Scrofularia Hoppii, Sideritis hyssc- pifolia, Rumex scutatus, Thesium pratense, Carex ornithopoda, Sesleria cerulea, Polypodium calcareum, Asplenium viride. En ajoutant les espèces caractéristiques de la région des Sapins, dont nous parlerons tout à l'heure, on aura un groupe de plantes représentant assez exactement la physionomie propre du Jura. A côté de ces espèces montagneuses, qui par leur nombre ornent déjà suffi- samment la zone des premiers plateaux pour que le botaniste les parcoure avec un intérêt réel, il n’y a pas, il faut le dire, beaucoup d'espèces spéciales qui y soient cantonnées exclusivement. Nous pouvons cependant citer : Anemone Pulsatilla, Polygala calcarea, Alsine Jacquini, Potentilla micrantha, Cirsium bulbosum, Veronica spicata, assez répandus, Plantago serpentina (Amancey), P. Cynops (Doucier), Iberis saxatilis et Coronilla montana (Pont-de-Roide), Primula Auricula (Baume-les-Dames), Erythronium Dens canis (Arinthod), etc. La flore aquatique y est assez mal représentée, à cause de la sécheresse ha- bituelle du sol. Pourtant on voit déjà apparaître Parnassia palustris, Pinguicula vul garis, Schænus nigricans et ferrugineus, Scirpus pauciflorus, Carex Davalliana et plusieurs autres. UL. Région des Sapins. — Quand on aborde la zone des Sapins, on est tout frappé du nouvel aspect que revêt alors la végétation. Indépendamment des différences produites par l'altitude, on ne saurait méconnaitre le rôle domi- nateur que le Sapin exerce sur la foule des humbles végétaux dont il est comme 710 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. le protecteur et le roi. C’est ce que Linné a exprimé dans son langage si précis en disant de lui: frigoris comes et causa. Et ce n’est pas seulement par la com- position de la flore luxuriante qui habite sous le couvert de ces majestueuses foréts que se manifeste cette influence, c'est encore par celle du tapis végétal qui recouvre les prairies et les pâturages. On s'étonnera peu de ce résultat si l'on songe aux conditions biologiques toutes spéciales que crée la présence du Sapin, conditions dont l'effet est encore doublé par les aménagements de l'homme. Ainsi la culture, en ouvrant et en assainissant le sol, en hátant l'évaporation et l'écoulement des eaux, en multipliant par les engrais l'énergie des orga- nismes végétants et l'action de leurs forces vitales, amène un accroissement sensible de température, Partout où les pâturages dominent, le sol demeure humide, le ciel brumeux, les rosées toujours trés abondantes mouillent les plantes pendant plus de la moitié de la journée, en un mot les conditions cli- matériques et surtout biologiques sont notablement modifiées. Le régime auquel sont soumises les forêts amène des résultats analogues, qui fortifient les effets dela culture. Quand les bois sont exploités périodiquement par le moyen des coupes blanches, le soleil, l'air, la lumière y pénètrent au moins pendant quelques années; le so! se réchauffe et s'assainit d'autant, comme on le voit d'ailleurs par l'exubérance de végétation qui se manifeste aprés la coupe. Mais les forêts d'arbres résineux ne se peuvent exploiter ainsi sous peine de ruine totale; la conservation et la multiplication des jeunes plants exigent que le convert du bois soit maintenu avec soin. Dès lors, jamais d'alternative d'ombre et de lumière ; toujours le méme ombrage, la méme humidité. Si maintenant la zone des Sapins se trouve limitée avec tant de précision dans notre Jura, il est certain que l'action graduelle et incessante de l'homme a contribué pour beaucoup à la fixer et à la maintenir. Il fut un temps sans doute où les Sapins descendaient plus bas et croissaient péle-méle avec d'autres essences forestières. La mise en coupe réglée des bois où dominaient les essences feuillues a amené peu à peu la destruction du Sapin, qui ne se con- serve plus que dans quelques bouquets isolés. Les défrichements y ont aussi puissamment contribué. Tant que les pentes et les escarpements n'ont pas opposé un obstacle insurmontable au nivellement par la charrue, là culture des céréales s'est progressivement étendue, et elle a abattu autour d'elle ces foréts qui l'enveloppaient comme d'un sombre rideau. C’est seulement lorsque le climat est devenu l'allié trop fidèle du Sapin que l'homme a cessé une lutte devenue trop inégale. On ne peut vraiment se faire une idée de la beauté de ces foréts qu'en visi- tant celles du Jura. Partout ailleurs, notamment dans les Alpes, elles sont comme suspendues aux flancs de montagnes peu accessibles, hérissées de rochers et de précipices, le plus souvent d'une faible étendue et d'une vigueur très inégale, Celles du Jura s'étendent au contraire sur des plateaux doucement SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 711 accidentés, dans un sol où l'humus s’est accumulé pendant des siècles. Tous les arbres y croissent serrés et vigoureux, balançant leurs têtes chenues à 30 et hO mètres de hauteur. Quelques forêts mélangées de Hétres offrent un aspect moins sévère et plus pittoresque, et les cimes de ceux-ci, portées par des troncs dont la hauteur et la régularité ne le cèdent point à celle des Sapins, tranchent heureusement avec le noir feuillage qui les environne. Thurmann a trés bien exposé les róles différents que jouent dans nos montagnes le Sapin et l'Épicéa (Abies pectinata et A. excelsa). Le pre- mier commence vers 700 metres, et domine exclusivement jusqu'à 900 ou 1000 métres d'altitude; mais le second l'emporte à partir de cette hauteur. Cette distribution ne modifie du reste en rien: la flore herbacée, l'influence exercée par ces deux arbres sur la végétation qu'ils abritent étant exactement la méme. La limite inférieure des Sapins est aussi celle où s'arrétent bon nombre des espèces ascendantes des régions basse et moyenne ; mais leur disparition est bien compensée par la présence de toutes celles qui se montrent alors et dont le nombre dépasse 120. Nous nous contenterons d'indiquer celles qui, par leur abondance, sont les plus caractéristiques comparativement aux autres chaines : Thalictrum aquilegifolium, Ranunculus gracilis et lanuginosus, Aconitum Anthora, Arabis ciliata, Alsine verna, H ypericum quad rangulum, Coronilla vaginalis, Alchemilla alpina, Sorbus scandica, Saxifraga rotundifolia, Lonicera alpigena, Adenostyles alpina, Petasites albus, Bellidiastrum Michelii, Cirsium rivulare, Crepis succisifolia, Campanula rhomboidalis, Primula farinosa, Gentiara acaulis et verna, Veronica urticifolia, Erinus alpinus, Globularia cordifolia, Rumex arifolius, Tofieldia calyculata, Crocus vernus, Luzula flavescens, Carex tenuis, Calamagrostis montana, Poa alpina, Festuca silvatica, A spidium Lonchitis. Certaines plantes de cette zone ont une distribution particulière, ou sont confinées sur quelques points seulement. Ainsi le Fritillaria Meleagris est assez répandu dans la haute vallée du Doubs; le Lathyrus ensifolius (Orobus canescens L. fil.) est abondant dans les pâturages de Boujeailles et se retrouve à la Brevine; le Poa sudetica est disséminé par places plus ou moins étendues, ainsi que Circæa alpina, Galium rotundifolium, Goodyera repens et quel- ques autres. Le Jura suisse, et spécialement le canton de Neuchâtel, renferme aussi Plusieurs espèces des plus intéressantes : Polemonium cæruleum, Cerinthe alpina, Sorbus hybrida qui appartient aussi, mais comme arbuste rare, au versant français, Lilium bulbiferum, et d’autres encore. Un fait qui n'est pas sans quelque intérêt, c'est de retrouver sous l'ombrage des Sapins plusieurs végétaux des bois et terrains siliceux de la plaine , qui admettent sans difficulté le calcaire dès qu'il y a le contre-poids du climat. Tels sont : Rubus idæus, Sorbus aucuparia, Epilobium angustifolium, Sambucus 749 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. racemosa, Phyteuma nigrum, Lysimachia nemorum, Veronica montana, Carex maxima, Polystichum Oreopteris. Malgré la richesse des bois de Sapins, les surprises les plus agréables pour le botaniste seront sans contredit celles que lui offrira la visite des tourbieres. Ces stations, depuis longtemps déjà célèbres pour les raretés qu'elles produi- sent, ont un aspect des plus tranchés, méme lorsqu'elles ne sont pas inondées ou spongieuses. Elles sont surtout caractérisées dans le Jura par la présence habituelle des Eriophorum alpinum et vaginatum, Swertia perennis, Andro- meda polifolia, Vaccinium uliginosum, Oxycoccos palustris, Scirpus c«spi- tosus, Carex dioica, pauciflora, canescens, teretiuscula, filiformis. Celles de la région centrale sont les plus riches en Saxifraga Hirculus, Alsine stricta, Salix ambigua, Carex chordorrhiza et Heleonastes. Le Pinus Pumilio forme en plusieurs endroits de petits bois avec le Betula pubescens, le Salix grandifolia, le Lonicera cœærulea. Le Betula nana abonde dans plusieurs tourbières du Jura suisse, et, par une singulière bizarrerie, suit de tout prés, sans y pénétrer nulle part, la frontiére francaise, oü il est mal à propos indiqué, de méme que le Zetula intermedia. On trouve encore cà et là Scheuchzeria palustris, Empetrum nigrum, Allium Schanoprasum, Potamogeton rufescens, Pinguicula leptoceras Rchb. Enfin l'exploration des lacs nombreux du Jura complétera ce qui concerne la végétation aquatique de cette contrée, en fournissant une récolte fructueuse de Characées et surtout de Potamogeton. Parmi les espèces de ce genre, nous signalerons les P. compressus, prælonqus, Zizii et surtout marinus L. !, dont j'ai découvert une seconde localité francaise dans le lac des Rousses. On sait que cette rare espèce, mal connue de plusieurs botanistes qui ont pris pour elle la forme marine du P. pectinatus, n'est encore indiquée en France avec certi- tude qu’au lac de Ligny (Hautes-Alpes), où notre habile confrère M. Cosson l'a recueillie le premier en 1840 (1). Ajoutons l’/ris sibirica des bords du lac de Joux, et nous aurons mentionné à peu prés ce que cette région offre de plus remarquable. IV. Région alpestre. — Cette zone n'occupe dans le Jura qu'un espace assez limité, à cause de la faible altitude de nos sommets, dont les plus élevés ne dépassent pas 1720 métres. Elle commence chez nous un peu plus haut que dans les Vosges, où la végétation arborescente disparait en partie vers 1200 ou 1300 métres, tandis que dans nos montagnes, les foréts montent souvent jusqu’à 1500 et 1600 mètres, notamment sur la Dole, le Noirmont, le Mon- tendre. Comparés à ceux du plateau central de la France, nos sommets ont (1) Une troisième localité francaise de Potamogeton marinus a été constatée ces années dernières par MM. Ozanon et Mathonnet. C'est au Lautaret, prés du Villard- d'Aréne, dans le petit lac ou étang de Ravichon, que se trouve cette rare espèce, don! M. Ozanon a bien voulu me communiquer quelques beaux échantillons en décembre 1860. (Note ajoutée pendant l'impression.) SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 743 160 mètres de moins que le point culminant du Mont-Dore, et cependant notre flore alpestre est bien aussi riche. Le voisinage des Alpes explique en partie ce fait, quoique les chainons les plus rapprochés de ce grand massif soient géné- ralement plus stériles et plus dépouillés que les autres. On fixe ordinairement à 1200 mètres la limite inférieure de cette région. Ce qui la caractérise principalement, c'est l'absence de toute culture de céréales, encore que certaines plantes potagéres, le Chou, la Laitue, la Pomme-de-terre, puissent végéter plus haut autour de quelques chalets. Les foréts deviennent moins touffues et sont entremélées de nombreux pâturages. L'Épicéa, le Hêtre qui n'est le plus souvent que buissonnant, et l'Érable-Sycomore qui à cette altitude acquiert parfois de gigantesques proportions (1), constituent la végé- tation ligneuse avec les Sorbiers, le Cytise-des-Alpes, le Tilleul, le Saule-à- grandes-feuilles, qui restent arborescents. Le Pinus uncinata Ram. est fré- quent sur les sommités du Reculet et se trouve à la Faucille mélé aux Sapins. Cet arbre, que les botanistes jurassiens ont réuni au P. Pumilio, est identique avec celui qui couvre la montagne de Saint-Nizier prés Grenoble. Enfin la végétation frutescente est représentée par divers Rosiers, des Zoni- cera, le Ribes petrœum, quelques Saules nains, le Juniperus nana et le Rhododendron ferrugineum souvent assez abondant. Rien n'est plus admirable que l'horizon qui se déroule du haut de ces sommets verdoyants. D'aucun autre point peut-étre on n'embrasse aussi bien l'immense étendue de la chaine des Alpes, et surtout le massif du Mont-Blanc dont les flancs neigeux étincellent au loin d'un lumineux reflet. En abaissant ses regards, on contemple presque à ses pieds les nappes d'un bleu d'azur des lacs de Genéve et de Neuchátel, et les luxuriantes campagnes du canton de Vaud. Du cóté de France, c'est un horizon sans bornes qui s'étend jusqu'aux cóteaux de la Bourgogne et dans lequel on voit s'abaisser graduellement les Chaînons et les plateaux du Jura qui semblent ne plus étre qu'une surface mollement ondulée. Mais, aprés ce tribut donné à l'admiration, le botaniste, rendu à la contemplation d'une nature moins grandiose quoique non moins splendide dans ses détails, pourra complétement satisfaire sa passion en recueil- lant les belles et nombreuses espéces dont se pare le tapis végétal. On en observe plus de 130 spéciales à cette région, les unes communes et abon- dantes, les autres propres à certaines parties de la chaîne ou à quelques Soramets. Nous indiquerons, comme plus caractéristiques, parmi les premières : Anemone alpina et narcissiflora, Dentaria digitata, Thlaspi alpestre, Viola biflora, Polygala alpestris, Sagina Linnwi, Linum montanum, Hypericum Richeri, Trifolium cœspitosum, Dryas octopetala, Potentilla alpestris et (1) Sur la chaîne du Colombier de Gex, vers 1400 mètres et au-dessus de la limite où s'arrête une forêt de Sapins, il en existe un dont le tronc, mesuré à hauteur d'homme, a 6 mètres de tour, et dont l'ombrage s'étend sur un espace de 60 mètres au moins de circonférence. : 714 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. aurea, Sorbus Chamæmespilus, Epilobium alsinifolium, trigonum, Duriæi, Sedum atratum, Heracleum Panaces, Homogyne alpina, Erigeron alpinus, Cirsium Erisithales, Hieracium villosum, glabratum, vogesiacum, pre- nanthoides, Campanula thyrsoides, Rhododendron ferrugineum, Soldanella alpina, Myosotis alpestris, Veronica aphylla et fruticulosa, Bartsia alpina, Tozzia alpina, Plantago montana, Polygonum viviparum, Salix grandi- folia et retusa, Juniperus nana, Orchis nigra, Listera cordata, Corallor- rhiza innata, Luzula spicata, Carex sempervirens, Phleum alpinum, Poa hybrida, Lycopodium selaginoides. La partie de la haute chaîne où l’on trouve le plus de plantes intéressantes est assurément le massif du Reculet et du Colombier (1720 et 1690 mètres), long de 20 kilomètres et fort escarpé en maints endroits, quoique partout d'un accès facile; viennent ensuite la Dole (1680 mètres) depuis longtemps célébrée par Bauhin, Ray, Haller, puis le Montendre (1690 mètres) dont la surface trop herbeuse n'offre pas des accidents aussi favorables, le Mont-d'Or gigan- tesque rocher mais d'une altitude inférieure (1460 mètres), le Suchet (1570 mètres), le Chasseron (1610 mètres), le Creux-du-Van (1470 mètres) vaste entonnoir poétiquement décrit par Haller, enfin plus au nord le Chasseral (1620 mètres. ) Voici l'indication des principales raretés de tous ces sommets : Sur toute la chaine du Reculet et du Colombier : Oxytropis montana, Saxifraga oppositifolia, Alchemilla pyrenaica, Ranunculus Thora, Orobus luteus, Viola calcarata, Cephalaria alpina, Gypsophila repens, Alsine Bauhinorum, Dianthus monspessulanus, Epilobium anagallidifo(ium, Para- disia Liliastrum, Carex ferruginea, Agrostis alpina, Festuca Scheuchzeri et pumila, Erigeron glabratus, Ligusticum ferulaceum, Cystopteris alpina. Plus spécialement au Reculet d'Allamogne et de Thoiry : Viola alpestris, Gnaphalium supinum, Potentilla minima, Sibbaldia procumbens, Saxifraga muscoides, Pedicularis foliosa, Veronica alpina, Pinguicula alpina, Hie- racium porrectum, Polystichum rigidum, Silene quadrifida. Sur le Colombier de Gex, qui, malgré l'opinion de Gaudin, me semble bien aussi riche que lé Reculet : Aconitum paniculatum, Arenaria ciliata, Lathyrus heterophyllus, Petasites niveus, Saxifraga aizoides, Geum mon“ tanum, et probablement encore Eryngium alpinum. Dans les bois et autour du col de la Faucille : Pinguicula grandiflora (à fleurs violettes et lilacées, très distinct de la forme à grandes fleurs du P. vulgaris qui est le P. leptoceras Rchb.), Orobanche Scabiosæ et Laser- pitii-Sileris, Campanula latifolia, Hutchinsia alpina, le rare Epipogium Gmelini, une belle variété de Cirsium Erisithales à fleurs rouges, et enfin de beaux hybrides de Cirsium et de Carduus. A la Dole : Androsace villosa, Soyeria montana, Leontopodium alpinum, Plantago alpina, Arbutus alpina, Arabis brassiciformis et serpyllifolia, SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 715 Salix reticulata, Hieracium glaucum, Lycopodium annotinum, Orchis sam- bucina, et surtout des formes rares et curieuses de Sorbus. Sur le Montendre et le Noirmont : Gentiana nivalis, Cineraria campestris Retz , Daphne Cneorum, Trifolium badium, Crepis aurea, Euphrasia minima et, selon le témoignage de Gaudin, Calla palustris. Au Mont-d'Or : Rhamnus pumilus, Cynoglossum montanum, Androsace lactea qui de là est assez répandu sur les sommets du Jura neuchâtelois et se retrouve en outre près de Saint-Claude, Thalictrum majus, etc. Au Suchet et au Chasseron : Arenaria grandiflora, Ranunculus alpestris, Phleum Michelii, Festuca pumila. Au Creux-du-Van : Poa cæsia, Potentilla caulescens, Erysimum strictum qui semble avoir disparu, et plusieurs espèces déjà nommées, Nous nous arrêtons ici dans le tableau énumératif que nous avons essay d'esquisser. Bien des espèces auraient pu être mentionnées encore ; mais, en général, ce sont des plantes erratiques qui peuvent indifféremment se ren- contrer sur un point ou sur un autre. Comme je l'ai dit en commencant, je souhaiterais que cet apercu sommaire servit à populariser un peu plus la con- naissance de notre flore et de nos pittoresques montagnes. Une fois que l'on aura pris le chemin du Jura, on y reviendra, sans nul doute, avec plaisir, comme on retourne dans un pays où la nature donne de douces émotions, au milieu de populations industrieuses et hospitalières, aux mœurs religieuses et paisibles. M. Cosson fait à la Société la communication suivante : NOTE SUR LA STIPULE ET LA PRÉFEUILLE DANS LE GENRE POTAMOGETON, ET QUELQUES CONSIDÉRATIONS SUR CES ORGANES DANS LES AUTRES MONOCOTYLÉES, par M. E. COSSON. Le genre Potamogeton est, dans l'embranchement des Monocotylées, l'un de ceux chez lesquels la stipule et la préfeuille présentent les modifications les plus remarquables. Une description de ces organes, chez quelques espèces qui peuvent étre prises pour types des formes les plus différentes, permettra d'en déterminer les caracteres essentiels et d'établir les causes de leurs modifi- cations principales. La stipule, dans la plupart des Potamogeton, est constituée par un organe indivis, membraneux, libre, de forme et de longueur variables, inséré à l'aisselle de la feuille, à face supérieure regardant du méme cóté que la face Supérieure de la feuille correspondante, et entourant d'une manière plus ou moins complète la base de l’entre-nœud de la tige ou celle du rameau né à l'aisselle de la méme feuille, Cette stipule axillaire présente, surtout dans les espèces à feuilles pétiolées, deux nervures presque paralléles, saillantes , 716 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. généralement en forme de carène, placées exactement à la limite du point de contact du pétiole. Assez souvent cette stipule n'est binerviée et bicarénée que dans sa partie inférieure, et quelquefois méme elle n'est nullement binerviée. Dans le Potamogeton pectinatus, elle offre une disposition toute particuliére : elle se soude avec la partie pétiolaire de la feuille à laquelle elle adhére par sa face externe et avec laquelle elle s'enroule pour former une gaine embrassant la tige ou le rameau; elle n'est libre qu'au sommet, où elle fait saillie sous forme d'une membrane au-dessus de la gaine de la feuille. Il est impossible de ne pas étre frappé de l'extréme analogie de cette dispo- sition avec celle de la ligule des Graminées. Cette analogie, le peu de constance de la présence des deux nervures saillantes, et surtout la conformité que présentent chez la plupart des Potamogeton leur stipule et leur préfeuille, nous amènent à considérer la stipule des Potamogeton, de méme que celle des Graminées et des Cypéracées, comme formée par un organe unique el non par deux organes soudés par leurs bords internes. La stipule des Potamogeton, lorsqu'elle est binerviée, présente si exacte- ment chacune de ses deux nervures sur les points situés à la limite de son contact avec le pétiole qu'on ne saurait révoquer en doute l'influence exercée par ce contact. Les tissus, en raison de la pression plus ou moins forte qu'ils ont eu à subir, au moins dans le bourgeon, pression qui les a soustraits pen- dant un temps plus ou moins long à l'action du milieu dans lequel vit la plante, ne développent de nervure que là où cette cause d'atrophie cesse de se produire. Sous le nom de préfeuille ou de Vorblatt, les botanistes désignent les pre- miéres feuilles des rameaux, qui, par leur consistance ordinairement mince, membraneuse, l'absence de coloration verte et leur développement imparfait, se distinguent des autres feuilles. Des travaux modernes (1) ont mis en évidence le rôle important que joue, chez un grand nombre de Monocotylées, la préfeuille proprement dite (première feuille du rameau), comme organe protecteur du bourgeon ou des parties florales. En effet, il est établi maintenant que la glu- melle supérieure des Graminées, que le faux-utricule des Carez, que la gaine qui entoure la base des rameaux des Joncées et des Cypéracées, etc., ne sont que de véritables préfeuilles, se comportant comme celle des bourgeons mémes. Les caractéres généraux de cette préfeuille, ou premiére feuille rudimentaire du rameau, sont : son insertion sur la face du rameau opposée à celle qui regarde la feuille à l'aisselle de laquelle est né le rameau lui-même, et par conséquent sa position entre l'axe primaire et l'axe secondaire entouré généralement par elle à sa base, et la présence habituelle de deux nervures parallèles, plus ou moins espacées, plus ou moins développées, et souvent saillantes en forme de (1) La préfeuille a été surtout étudiée par MM, Al. Braun, Th. Irmisch, J. Gay, et par le jeune et regrettable Émile Desvaux. m SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN Aour 1860. — 717 carène. Mais, de ces deux caractères, celui tiré de la position de l'organe est le seul qui ait une importance réelle, les deux nervures pouvant manquer en partie ou méme entièrement chez la préfeuille et dans quelques cas être remplacées par une nervure moyenne. | Turpin (1), qui l'un des premiers s'est occupé de l'étude de la préfeuille chez les Monocotylées, avait déjà nettement indiqué la position remarquable de l'écaille inférieure des bourgeons (préfeuille) dans la famille des Graminées et dans un grand nombre d'autres Monocotylées, et en avait formulé ainsi avec exactitude les caractères : « Cette écaille, ou feuille rudimentaire extérieure, est interposée entre le bourgeon qui la porte et la tige de la plante à laquelle elle s'adosse.... ». Il avait fait remarquer, en outre, que dans la famille des Gra- minées cette écaille est bicarénée, que ses carènes sont ordinairement munies de longs poils, que ses bords sont rentrants, et qu'enfin elle a tous les carac- tères de la glumelle supérieure ; mais il considérait l'écaille inférieure du bour- geon et la glumelle supérieure comme formées de deux pièces soudées latéra- lement et dont les nervures moyennes constitueraient les carenes latérales. L'étude de la préfeuille chez les Potamogeton démontre manifestement l'inexac- Utude de cette manière de voir, inexactitude que nous avons déjà relevée dans un article sur la composition et la structure de l'épillet dans la famille des Gra- minées (2). Dans cette étude, on trouvera de nouvelles preuves à l'appui de l'opinion déjà exprimée par nous que la glumelle, l'écaille inférieure des bour- geous et la préfeuille ne sont que de véritables feuilles modifiées dans leur Structure, surtout en raison du contact des organes voisins et de leur position qui les soustraient, au moins dans leur jeunesse, à l'action de deux des agents principaux de la végétation, l'air et la lumiére. Chez les Graminées, les deux nervures de la glumelle supérieure (préfeuille) sont généralement déterminées par le contact de l'axe, ainsi que Kunth l'avait déjà noté (Enum. plant. I, 3), Ou se produisent aussi habituellement vers les points où cesse le contact des bords de la glumelle inférieure avec la glumelle supérieure; mais, méme dans la famille des Graminées, cette préfeuille n'est souvent bicarénée qu'a la base seulement. Elle est trinerviée dans les Zeersia, où, en raison de l'absence de glumes, elle ne subit d'autre pression que celle des bords de la glumelle inférieure. Elle est uninerviée dans les Anthoxanthum, les Alopecurus et le Crypsis aculeata, oü, au contraire, elle subit, de la part de la glumelle infé- rieure, une pression sur toute sa surface, à l'exception de sa partie moyenne. Dans les Aristida et les Arthratherum, où elle est enfermée complétement Par la glumelle inférieure, elle est dépourvue de nervure. Dans cette même famille des Graminées, d’autres organes que la préfeuille peuvent pré- (1) Mémoire sur l'inflorescence des Graminées et des Cypéracées, dans les Mémoires du Muséum, t. V. (2) Voyez le Bulletin, t. 1, p. 18. 718 SOCIETÉ BOTANIQUE DE FRANCE. senter deux nervures latérales : le Lolium temulentum offre quelquefois une glume inférieure rudimentaire, qui se trouve serrée entre l'axe et l'épillet, cette glume est souvent échancrée comme l'est habituellement la glumelle supé- rieure, et présente de chaque côté une nervure saillante (1) ; P Holcus setiger, dont M. Groenland (Bull. Soc. bot. 1T, 175) a décrit et figuré l'épillet; présente souvent une fleur supplémentaire dont la glumelle inférieure est munie de deux nervures carénées, tandis que la supérieure est uninerviée. La description de quelques espèces de Potamogeton, représentant les types les plus tranchés, confirmera ce que nous venons de dire sur les causes habi- tuelles de la nervation latérale des stipules et des préfeuilles, et démontrera que le caractére distinctif de la préfeuille doit étre déduit surtout de sa position. Potamogeton natans. — Feuilles pétiolées, à pétiole plan en dessus, coi- vexe en dessous. Stipule libre, membraneuse, oblongue-lancéolée, à dos forte- ment binervié dans la plus grande partie de sa longueur. Préfeuille semblable à la stipule, mais à nervures carénées moins saillantes et souvent ne dépassant pas la moitié de sa longueur. P. lucens. — Feuilles pétiolées, les supérieures à pétiole court, à nervure moyenne faisant saillie sur chaque face. Stipulelibre, membraneuse, oblongue- lancéolée, à dos fortement binervié dans sa partie inférieure. Préfeuille presque semblable à la stipule. | P. crispus. — Feuilles sessiles, à neryure moyenne large déprimée. Stipule libre, membraneuse, très mince, ordinairement tronquée ou échancrée au som- met et souvent lacérée en fibrilles avec l'àge, sans nervures latérales. Préfeuille semblable à la stipule, et également sans nervures latérales. P. pectinatus. — Feuilles étroitement linéaires, enroulées dans leur partie inférieure en gaîne entourant la base du rameau. Stipule soudée par sa face externe avec la gaîne, à partie supérieure libre faisant saillie au-dessus de la gaine non binerviée lancéolée-oblongue ord. bipartite. Rameau portant à sa base la préfeuille trés petite, membraneuse, trés mince, lancéolée-linéaire non biner- viée, et souvent une deuxieme feuille rudimentaire (insérée du côté opposé, émettant quelquefois un ramule à son aisselle) semblable à la préfeuille mais’ plus longue et également enfermée dans la gaine. : En résumé : 1? La stipule des Potamogeton, comme celle des Graminées et des Cypéracées, parait constituée par un seul organe, et non par deux organes soudés bord à bord; 2° cette stipule est binerviée ou non, Su!” vant qu’elle subit ou non une pression exercée de dehors en dedans ds de dedans en dehors; 3° le caractère essentiel de la préfeuille est sa position ; (4) La présence de cette double carène avait fait prendre cette glume rudimentaire ient dà admettre pouf pour une préfeuille par quelques auteurs qui, par suite, aval l'épillet du Lolium une structure tout à fait anomale. SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 719 4° la préfeuille est d'autant plus développée que son rôle, comme organe de protection, est plus important (1). M. Michalet présente, au sujet de cette communication, les obser- vations suivantes : Les faits que vient d'exposer M. Cosson et les conséquences qu'il en déduit sont une nouvelle et solide démonstration de la théorie qui considere l'enve- loppe supérieure du périanthe des Glumacées comme formée d'une seule pièce, et non de deux ainsi que continuent à l'admettre encore plusieurs savants, entre autres M. le professeur Parlatore dans son Flora italiana. Mais faut-il toujours et dans tous les cas considérer la compression comme la véritable cause de la présence des deuxnervures, soit dans la glumelle bicarénée des Graminées, soit dans l'utricule des Carez qui est bien évidemment l'organe analogue à cette glumelle? J'ai étudié principalement à ce point de vue la préfeuille de plusieurs espèces de Carex, ainsi que beaucoup d'inflorescences rameuses d'épis mâles et femelles. Or on voit des nervures latérales trés développées dans des espèces où l'utricule est bien moins comprimé dans sa jeunesse que dans d’autres où ces nervures apparaissent à peine. D'autre part, il se trouve souvent une nervure médiane dans des espèces où cette compression a dû agir fortement. Je citerai, par exemple, le Carez tomentosa, dont les utricules sont presque polyédriques, tant ils sont pressés les uns contre les autres, et chez lesquels cependant on observe fréquemment une nervure médiane bien accu- sée. Le C. panicea, où les utricules sont moins serrés, offre souvent aussi trois nervures ; mais la médiane est presque toujours à droite ou à gauche, rare- ment au milieu. Je ne crois pas non plus qu'on puisse expliquer, par le seul phénoméne de la compression, les modifications successives de la préfeuille qui , dans les espèces à bec de l'utricule bidenté, est d'abord arrondie au sommet, puis tronquée-émarginée, et enfin bidentée ou bifide, de manière à se rapprocher autant que possible d'une glumelle bicarénée. Au surplus, je ne prétends pas étendre ces observations au delà du genre Carez, qui a été de ma part l'objet d'études attentives. M. Cosson fait remarquer : Que la compression n'est pas pour lui la cause de la formation des nervures, Mais bien la cause de l'atrophie de ces nervures dans les parties comprimées, au moins dans leur jeunesse, par les organes voisins. Ces nervures peuvent donc se développer, aussi bien sur la ligne médiane que sur les autres points, chez (1) La préfeuille, presque aussi développée que la stipule chez les Potamogeton à feuilles non engainantes, est trés petite chez le P. pectinatus, dont la gaine protége suffisamment le bourgeon. 720 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. les faux-utricules des espèces du genre Carez, qui, en raison de leur consis- tance assez ferme et de leur position, ne sont pas aussi profondément modifiés par la compression que la glumelle supérieure des Graminées et la préfeuille des Potamogeton, ordinairement à consistance membraneuse trés mince et étroitement embrassées par les organes voisins. M. Cosson ajoute que le con- tact des organes intérieurs à la préfeuille n'exerce pas une moins grande influence sur son mode de nervation que celui des organes placés à l'extérieur. M. Verlot, vice-président, fait à la Société la communication suivante : QUELQUES MOTS SUR L'ALLIUM STRICTUM Schrad., par MI. J.-B. VERLOT. Dans les herborisations que vient de faire la Société botanique de France, le 8 et le 9 de ce mois, aux glaciers de la Grave et au Lautaret (Hautes- Alpes), une plante a été trouvée sans que son nom püt immédiatement étre précisé sur place, faute des livres nécessaires. Cette plante, je l'ai étudiée ce matin, à l'aide de mon herbier et des ouvrages que je possede, et j'ai reconnu que c'est l'A/Iium strictum Schrad., espèce nouvelle pour la France, car elle ne figure pas dans la Flore de MM. Grenier et Godron. Je m'empresse donc d'indiquer cette bonne trouvaille à mes honorables confréres, qui pour la plupart en ont récolté des échantillons, soit dans les prairies à fond schisteux qui se trouvent au-dessous des glaciers de la Grave, où la plante croît en très petit nombre d'individus, soit au Lautaret, à la localité dite rime- Messe, formée également de prairies, où nous l'avons trouvée abondamment en fleur. L' Allium strictum Schrad. appartient à la section Scorodon de Koch (Sy. Fl. germ.) et de MM. Grenier et Godron (F1. de Fr.), et doit être placé prés de lA. ochroleucum W. et K. de l'ouest et des frontières des Pyrénées, dont il est trés distinct. Il habite, en Suisse, la vallée de Zermatt (Valais), d’où j'en possède des échantillons récoltés par M. Emm. Thomas et que je dois à l'obli- geance d'un botaniste de Bâle, M. Allioth. Il existe aussi, suivant M. Nyman (Sylloge Flore europe), dans le Tirol, la Bohême et la Russie méridionale. Ses fleurs sont roses, disposées en capitules serrés. Les étamines, à anthères jaune pâle et à filets dentés à la base, font saillie hors du périgone qui est petit; sa racine porte une tunique composée de fibres noirátres, fortement entrelacées, qui rappellent la structure de celles de l'A. ochroleucum W. et K. Les feuilles sont engainantes, étroites et marquées d'un sillon longitudinal sur la face supérieure, La synonymie de l'A . strictum est assez compliquée : Gaudin (Flora hel- vetica) a décrit la plante sous le nom d'A. suaveolens, mais par confusion, car l'espèce qui porte ce nom, créé par Jacquin, est différente. Presl la nomme A. reticulatum, sans doute à cause de la tunique de sa racine. Besser, dans SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 721 son Catalogus plantarum horti Cremeneci, la nomme A. volhynicum. C'est aussi, suivant Kunth (Enumeratio plantarum, t. IV, p. 419) l'A. Zineare Willd. herb. Kunth cite encore, d'aprés Reichenbach, comme synonymes de l'A. strictum Schrad., les A. ericetorum Thore et A. appendiculatum Ramond; mais MM. Grenier et Godron n'ont point partagé cet avis et ont rapporté ces deux noms, qui appartiennent à des auteurs francais, à l'A. ochro- leucum W. et K., dont j'ai parlé ci-dessus (1). À la suite de cette communication, M. Verlot distribue quelques échantillons d' A//ium strictum aux membres de la Société qui n'ont pas pris part à l'excursion du Lautaret. (1) Depuis la lecture de cette petite notice, ayant remarqué, dans les ouvrages de Mutel (Fl. du Dauph. et F1. fr.), la description d'un Allium suaveolens, avec une variété strictum indiquée au Lautaret, j'ai recherché dans l'herbier de cet auteur ce qu'il avait désigné sous ce nom. J'ai trouvé, réunis dans une feuille double, trois échantillons ayant chacun une origine différente : 1? le premier, à fleurs jaunâtres, étiqueté Allium suaveo- lens Jacq., donné à Mutel par Chaubard et provenant des Landes; 2° un autre échan- lillon, également à fleurs jaunâtres, étiqueté All. ambiguum DC. (et en synonyme, All. suaveolens Jacq. et Duby), donné à Mutel par Endress et récolté en octobre ou novembre 1830, sur les collines au-dessus de la Chambre-d'amour prés Biarrits (cet échantillon n'est pas semblable au précédent, car sa racine n'est pas tuniquée) ; 3° le troisième échantillon, récolté au Lautaret le 14 août 1829, porte sur l'étiquette All. sua- veolens Mutel, et en synonymes, All. strictum Schrad. et all. parviflorum Vill. Les mots suaveolens et parviflorum sont anciennement écrits ; celui de strictum paraît plus récent par la teinte de l'encre. Cet échantillon semble bien étre la plante trouvée par la Société botanique et qui fait l'objet de cette notice : sa racine et sa fleur ne laissent point de doute sur son identité. On se demande seulement comment Mutel, qui a herborisé sans doute plusieurs fois au Lautaret, n'a qu'un seul échantillon d'une espéce aussi importante, lui qui d'ordinaire a en herbier de nombreux échantillons d'espéces rares. On voit aussi, par les échantillons qui l'accompagnent et par les noms qu'il a placés sur l'étiquette, qu'il n'était pas bien fixé sur sa véritable dénomination. Quant au synonyme d' Allium parvi- florum rapporté par Villars à l'échantillon en question, ce synonyme est doutcux, car il n'existe dans l'herbier de Villars qu'un seul échantillon de sa plante, qui est sans racine, en fruit avancé, et par conséquent impossible à déterminer d'une maniére certaine. Il résulte de ce que je viens d'exposer que l'on doit ajouter aux synonymes que j'ai déjà indiqués pour l Allium strictum Schrad. celui d'All. suaveolens Mutel var. strictum. M. Reuter, à qui j'ai communiqué des échantillons de notre Allium du Lautaret, a bien voulu me répondre ce qui suit (en date de Genève, 22 mars 1861),:.« 3 J'ai ? comparé votre Allium avec l’herbier de M. Boissier et avec le mien; il en résulte que » c’est indubitablement l'All. strictum Schrad., d’après des échantillons des environs » de Geettingen (où habitait Schrader), envoyés par M. Grisebach à M. Boissier. C'est » bien aussi la plante de M. Reichenbach (Fi. germ. exsivc. n. 824, ex agro Pragensi A » et Ic. germ. n. 1018). Presque tous nos échantillons viennent de Zermatt, en Valais, » où je l'ai aussi recueilli, mais je n'ai jamais vu provenant de Suisse le véritable » All. suaveolens de Jacquin, que nous avons de Vienne, Munich, Trieste, etc. , et qui est ? trés distinct du strictum. Sa racine est bien différente par les tuniques scarieuses, » lacérées au sommet, et non fibreuses réticulées; les fleurs sont d'un carné trés pâle, » les filets des étamines non dentés à la base. La description que donne Gaudin » (FL. helv ) de l'Ail. suaveolens convient de tout point à PAL. strictum, et je ne crois ? pas, malgré les assertions de Koch et de M. Reichenbach, que le véritable Al. suaveolens * se trouve à Zermatt. Le synonyme de Gaudin a été probablement cause d'une con- » fusion, » (Note ajoutée pendant l'impression.) 4 VIE ^6 722 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Emm. Duvergier de Hauranne, secrétaire, donne lecture de la communication suivante, adressée à la Société : NOTICE SUR DIVERSES ESPÈCES NÉGLIGÉES DU GENRE ASPHODELUS, COMPRISES DANS LE TYPE DE L'ASPHODELUS RAMOSUS DE LINNÉ , par M. Alexis JORDAN. ( Lyon, juillet 1860.) L’ Asphodelus ramosus de Linné n'est pas, à proprement parler, une véri- table espèce; c'est, comme la plupart des espèces linnéennes, un type de con- vention, délimité d'une manière arbitraire ou hypothétique, et embrassant, d’après l'extension qu'on lui prête, un assez grand nombre de formes dis- tinctes négligées, qui sont elles-mêmes les vrais types spécifiques. On a longtemps distingué, comme variétés, dans l Asphodelus ramosus, deux ou trois formes principales, que plusieurs auteurs ont ensuite élevées au rang d'espèces. Tels sont les Asphodelus albus, ramosus et microcarpus de nos Flores. M. Grenier, ayant remarqué que l'AspAodelus albus des Deux- Sèvres avait le fruit d'une forme arrondie-subsphérique, tandis que l’Aspho- delus albus du Lautaret (Hautes-Alpes) avait, au contraire, le sien d'une forme ovale-ellipsoide, en a conclu avec raison que ces deux plantes formaient deux espèces et devaient être distinguées comme telles. Il a donc établi ces deux espèces, qu'il a désignées, la première sous le nom d’A. spheerocarpus et la seconde sous le nom d' A. delphinensis, remplacé depuis, dans la Flore de France, par celui d'A. subalpinus. Après avoir ainsi démembré l'ancienne variété albus de l'Asphodelus ramosus de Linné, M. Grenier a voulu con- server néanmoins ce nom d'a/bus, en l'appliquant, mal à propos selon moi, au type méme de l'ancien ramosus de nos Flores. Les faits sont venus s'opposer à la réunion des formes de l'A sphodelus albus de nos Flores, sous deux types, qu'avait opérée M. Grenier, et l'observation " montré depuis que plusieurs Asphodelus albus des plaines, rapportés par lui hypothétiquement à lA. sphærocarpus, avaient le fruit tout à fait ellipsoïde, tandis qu'on trouvait, au contraire, dans les hautes montagnes, des Asphodelus albus à fruit à peu prés rond. : On pouvait trés bien conclure de ces faits qu'il existait probablement, dans nos contrées, plus de deux espèces confondues sous le nom d’Asphodelus albus, surtout si l’on n’avait pas acquis la certitude quele fruit était variable de forme dans la même espèce, et que des plantes, dont le fruit paraissait différent, étaient identiques sous tous les autres rapports. Cependant M. J. Gay, dans m notice sur les Asphodèles publiée, en 1857, dans le Bulletin de la Sociéte botanique de France (t. YV, p. 607 et suiv.), a cru pouvoir tirer d là une conclusion tout opposée; il a donc admis que les Asphodelus sphæro- carpus et subalpinus de la Flore de France de MM. Grenier et Godron SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 723 étaient identiquement la méme plante; et, sans apporter aucune preuve, sans citer aucune expérience à l'appui de cette opinion, il les a réunis comme identiques sous le nom d' AspAodelus albus, tout en attribuant, pour carac- tère spécifique, à cet albus, un fruit de forme ellipsoïde évidemment plus long que large. Il me semble que cette réunion, opérée dans de telles con- ditions par M. Gay, doit paraitre fort surprenante; car, si la forme du fruit est un caractère essentiel, on ne voit pas bien comment l’ Asphodelus sphæ- rocarpus à fruit rond peut être la méme plante que l’Asphodelus subalpinus à fruit ellipsoide; ou si, dans l'opinion de M. Gay, cette forme du fruit est variable dans la même espèce, on ne s'explique pas comment elle peut être conservée par lui au nombre des attributs essentiels du type qu'il admet. Si je croyais, comme quelques personnes, que la distinction des espèces est uniquement une affaire de tact et d'appréciation individuelle, dans laquelle l'expérience ne peut servir à rien ou n'a qu'une importance fort secondaire, je me garderais bien de combattre ici l'opinion d'un homme aussi éminent dans la science et de la contredire en aucune maniére ; je serais, au contraire, heu- reux de m'incliner devant son autorité personnelle et de rendre ainsi hommage à sen mérite. Mais, comme l'espèce n'est nullement, à mes yeux, une créatior. laissée à l'arbitraire et au bon plaisir du savant, qu'elle est simplement un fait à constater, je demeure trés persuadé que le plus humble observateur peut, à l'aide d'une expérimentation trés simple, arriver à résoudre bien plus sûrement une question quelconque d’espèce que le savant le plus distingué et méme que tout un aréopage de botanistes trés érudits, qui, en portant leur jugement sur la méme question, seraient disposés à ne tenir aucun compte de l'expérience. . Dans le travail où il a opéré la réunion que je viens d'indiquer, M. Gay n'a signalé aucun fait nouveau ; il s'est borné à maintenir et à caractériser comme espèces les trois formes anciennement é!ablies comme telles aux dépens de l'Asphodelus ramosus de Linné, en changeant seulement le nom de ramosus, conservé jusque-là à l'une de ces trois formes, contre celui de cerasiferus, et en faisant connaître en méme temps la distribution géographique des espèces qu'il admet. Parmi les caractères assignés par M. Gay à chacun de ses trois types, les uns présentent, selon moi, trop de généralité, et peuvent convenir à des plantes fort différentes ; les autres me paraissent offrir, au contraire, trop de précision, et, ne convenant exactement qu'a la forme qui, pour tel ou tel organe, a été particulièrement l'objet de son analyse, ils sont, par cela méme, exclusifs des autres formes que leur type commun doit embrasser ; ils deviennent donc des caracteres tout à fait inexacts ou erronés, si l'on veut s'en servir pour l'étude de ces formes. Ainsi, pour citer un exemple, de méme que l'A sphodelus albus Gay, des Deux-Sèvres, n'est pas à fruit ellipsoïde, l’Asphodelus cerasiferus 72h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Gay, de Grenoble, n'est pas bracteis novellis pallidis fulvescentibus, mais plutôt bracteis atro-fuscis comme dans l'albus. Je pourrais montrer qu'il en est de méme de la plupart des autres caractères dont M. Gay se sert pour caractériser ses divers types, soit qu'une seule forme de chacun de ces types ait été, de la part de ce savant, l'objet d'une analyse rigoureuse, soit, ce qui est plus probable, que les caractères qu'il leur attribue aient été pris sur des plantes différentes, supposées identiques comme le seraient des individus d'une méme espéce. On peut remarquer qu'en général ce genre de suppositions est tout à fait dans la tendance de ceux qui étudient les plantes principalement dans les her- biers, et qui se ivrent peu à l'expérimentation ; ils sont très portés à ne con- sidérer que comme de simples états individuels les formes de diverses localités, dont les différences paraissent légères et dont les ressemblances sont très frappantes ; ils trouvent aussi beaucoup plus simple de les réunir que de les séparer en leur assignant des caractéres distinctifs ; ce qui, pour eux, serait souvent fort difficile. Je ne les blàme pas de chercher à se tirer d'embarras par ces réunions en un seul type de formes peu caractérisées; je les blàme uni- quement de soutenir que ces réunions sont l'expression exacte de la réalité des choses, et de ne pas voir que, étant basées sur des jugements tout à fait hypothétiques, elles n'ont qu'une valeur provisoire et ne peuvent recevoir leur confirmation que de l'expérience. Quelle que soit l'autorité de ceux qui ont établi ces types artificiels, elle ne doit jamais être substituée à l'expérience, encore moins lui étre opposée, quand ses résultats viennent la contredire. Je crois donc pouvoir dire des trois types de M. Gay ce que j'ai dit en commençant de l'Asphodelus ramosus de Linné : ce ne sont pas des espèces, et les caractères qu'il leur assigne ou ne sont pas spécifiques, ou, dans un sens, le sont trop pour étre exacts, quand on se place à son point de vue. Ces types étant établis arbitrairement, il en résulte, comme conséquence rigou- reuse, que les indications données sur leur distribution géographique sont purement arbitraires comme eux. On comprend très bien qne la délimitation exacte des espèces doit être le premier fondement de la géographie botanique, et que, si cette base essentielle lui manque, ce n'est plus qu'une science toute de conjectures et de bien peu de valeur. Pour arriver à une détermination exacte et rigoureuse des espéces du genre Asphodelus, pour savoir quel est le nombre de celles qui existent dans nos contrées et quels en sont les caractéres distinctifs, il faut, comme dans tout autre genre de plantes, recourir à la méthode d'observation et d'expérimenta- tion, sans trop se préoccuper des jugements de beaucoup d'auteurs anté - rieurs, qui n'avaient fait aucune observation complète, et dont les opinions ne reposent généralement que sur des hypothèses. Étant entré dans cette vole, et ayant rapproché dans mes cultures toutes les formes que j'ai pu me pro- SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOÛT 1860. 725 curer, alin de les comparer vivantes et de les suivre dans tout leur dévelop- pement, je suis bientót arrivé à reconnaitre qu'il existait beaucoup plus de vraies espéces qu'on ne l'avait d'abord supposé; ce qui ne doit pas surprendre, puisque, dans les divers genres de plantes, l'observation sérieuse des faits conduit presque toujours à des résultats analogues. On a dit quelquefois que la multiplication des espèces était la perte de la science, tandis que c'est plutót le contraire qu'il faudrait dire, si ces nom- breuses espèces existent bien positivement. A part quelques réveurs imbus d'idées systématiques et fausses, tous les botanistes vraiment praticiens croient aux espèces ; ils croient que notre tâche est de les reconnaitre, de constater leur existence comme un fait, et non d'accorder ou de refuser, selon notre caprice, le droit d’être une espèce à telle ou telle forme reconnaissable et per- manente, en supposant, contrairement aux faits les mieux établis, que tout rapport d'affinité entre deux formes végétales est nécessairement un lien d'identité spécifique. Il m'a toujours paru que la délimitation systématiquement arbitraire des espèces équivalait, en bonne logique, à la négation méme de l'espèce et con- duisait ainsi à la destruction de la science. Car la science fondée sur l'arbi- traire devient un mensonge ; ce n'est plus la vraie science, qui a pour fin la connaissance de ce qui est, dans la réalité des choses. Étudier les plantes pour arriver à distinguer et à séparer tout ce que la nature elle-méme a séparé, en observant en méme temps tous les points de contact qu'ont entre elles les diverses espèces, c'est ramener la science à son but; ce n'est donc pas la perdre, mais plutôt la sauver. Tous ses amis sincères doivent donc, sans hésiter, tendre à ce but, lors méme que, par suite de cette tendance, ils ne pourraient se Soustraire à l'inconvénient, fort regrettable sans doute, de contrarier quelques savants. Je possède dans mes cultures, depuis quinze années, diverses espèces T Asphodelus qui, presque chaque année, fleurissent et fructifient parfaite- ment. J'ai augmenté successivement ma collection, soit par mes récoltes, soit par les envois de mes correspondants. M. Verlot, depuis longtemps, a eu l'ex- trême obligeance de m'envoyer chaque année des exemplaires frais de tous les Asphodelus cultivés au jardin botanique de Grenoble, qui n'avaient pas fleuri chez moi. J'ai donc pu observer un grand nombre de formes et répéter sou- vent mes observations. Mais elles sont loin d'étre complétes, à beaucoup prés, pour toutes les formes qui existent en France; car plusieurs des espéces que je possède vivantes dans mes cultures n'ont pas encore fleuri; d'autres ont fleuri, mais n'ont pas fructifié. Je n'ai vu ni les souches ni les tuber^ules de plusieurs de celles que j'ai recues de M. Verlot. D'autres enfin ne sont repré- sentées que dans mon herbier, et seulement par des exemplaires incomplets. Cependant, quoique les renseignements que je possède sur diverses espèces soient insuffisants, il en est plusieurs que je crois bien connaitre et sur les- 726 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. quelles j'ai pu, par une étude sérieuse, me former une opinion bien arrêtée. Je peuse donc qu'il pourra étre utile à d'autres, ainsi qu'à moi-méme, de faire connaitre ici le résultat actuel de mes observations. Je vais donc donner un simple apercu des espèces Œ’ Asphodelus que j'ai appris à distinguer, en signalant leurs principaux caractères. Mais je veux d'abord appeler l'attention, d'une manière générale, sur les caractères qui m'ont paru servir le plus utilement pour la distinction des espèces de ce genre, caractéres qui doivent toujours étre étudiés sur les individus dont le dévelop- pement parait trés normal, et surtout lorsque ce développement s'est effectué dans des conditions identiques ou tout à fait analogues, afin d'étre plus en garde contre les modifications qui pourraient tenir à des circonstances acciden- telles ou locales. Les caractères tirés du fruit, dont je parle en premier lieu, sont excellents. Cependant on observe quelques légères variations dans sa grosseur et méme dans sa forme qui est plus ou moins renflée, selon le plus ou moins de vigueur de la plante ; ce qui change jusqu'à un certain point le rapport qui existe entre sa hauteur et sa largeur. Les notes vraiment caractéristiques sont tirées de sa forme trés précise, qui résulte surtout de sa terminaison aux deux extrémités. En comparant certaines espèces dont le fruit paraît à peu prés de méme gros- - seur et de méme forme générale, on voit, soit à la base du fruit, soit à son sommet, un rétrécissement trés marqué chez les unes, qui n'existe pas chez les autres. La base du fruit est rétrécie ou régulièrement arrondie, subtron- quée et parfois ombiliquée, bosselée ou non vers l'ombilic ; l'ombilic du sommet se présente tantôt comme une petite fossette arrondie, tantôt comme formé par trois sillons plus ou moins larges. Le fruit est obtusément anguleux ou presque téret, d'un vert clair ou foncé, quelquefois d'une couleur fauve, opaque ou luisant; ses valves desséchées offrent, à la maturité, des rides ou cótes trans- versales plus ou moins nombreuses; elles s'écartent diversement et se replient plus ou moins sur leurs bords latéraux. Les graines présentent quelques diflérences dans leur couleur et leur grosseur, ainsi que dans leur forme, qui est plus ou moins allongée; elles sont d'un gris cendré ou noirátres, souvent ponctuées et comme marbrées. Les différences tirées de la fleur sont fort légères, et ne consistent que dans des nuances, pour la forme, la grandeur et la couleur; mais ces nuances, qui ne peuvent guère être utilisées sur le sec, présentent un bon appoint aux autres caractéres, quand on étudie la plante fraiche. Les divisions du périgone sont de couleur blanche ou teintée de rose, avec une nervure dorsale verte ou subcarnée, atteignant leur sommet ou s'arrétant un peu ât- dessous. Les filets des étamines ont élargis à leur base, qui est obovale, oblongue ou lancéolée, rétrécie plus ou moins brusquement à son extrémité supérieure, SESSION EXTRAORDINAIRE À GRENOBLE EN AOUT 1860. 727 bordée de cils ou papilles qui se montrent aussi quelquefois un peu au- dessus; sa couleur varie par des nuances suivant les espèces. Les anthèr : sont d'une couleur fauve, tirant sur le jaune, le rouge ou le vert, selon les espèces ; leur grosseur et leur forme exacte sont également caractéristiques sur le vif. Le style dépasse en. général les étamines et le périgone; il ne présente pas de différences. bien sensibles. Les bractées sont trés importantes par leur couleur, ainsi que par leur forme plus ou moins acuminée, à oreilles de la base plus ou moins dentées et embrassantes; elles doivent être observées principalement sur l'épi très jeune et avant l'épanouissement des premières fleurs, car elles se déforment promp- tement à l'époque de la floraison. Tantót elles se montrent très appliquées et ne dépassent pas l'épi, tantót elles le dépassent longuement et le rendent chevelu au sommet. Ces différences, qui se voient dans des espéces d'ailleurs très voisines, sont quelquefois très tranchées. Le pédoncule fournit de bonnes notes spécifiques, selon que son articulation est nette ou obscure, et selon la hauteur à laquelle elle est située. Comme la partie inférieure, qui est le pédoncule proprement dit, est sujette à varier dans sa longueur, quelquefois sur un même individu, et selon l'état de la plante, on est quelquefois embarrassé pour fixer la hauteur relative de l'arti- culation. Cependant il est certain que c'est là une note spécifique qu'il ne faut pas négliger, car elle est trés utile en herbier et se voit inieux sur le sec qu'à l'état frais. La partie supérieure du pédoncule qui est le stipe ou le support du tube, dont elle n'est que le prolongement, est tantôt colorée comme ce dernier, tantót de la méme couleur que le reste du pédoncule; elle est ou presque égale au sommet, ou insensiblement épaissie vers le haut et se confondant presque avec le tube ; quelquefois elle se montre brusquement dilatée supérieurement. L'articulation est tantót trés nette et indiquée par un bourrelet saillant, tantót tout à fait obscure et à peine visible. Les feuilles different par leur forme plus ou moins atténuée au sommet, leur carène dorsale trés saillante ou parfois presque nulle; elles sont de dimensions différentes, plus ou moins dressées, ondulées ou non, d'un vert clair foncé ou glauque. La tige présente des différences assez notables dans sa grosseur et sa couleur : elle est trés arrondie ou obtusément anguleuse, plus ou moins sillonnée dans l'axe des fleurs, tantôt simple, tantôt rameuse, à rameaux plus ou moins étalés. Chez les espèces à tige ramifiée surtout, la grappe très jeune se montre, avant le développement des rameaux, sous des formes plus ou moins caractéristiques, qui permettent déjà de les distinguer dans cet état. Ainsi elle présente une forme ovale ou oblongue, obtuse ou atténuée du haut, quelquefois apiculée, lâche ou très dense; elle offre aussi une couleur particulière. La souche donne souvent de très bons caractères; elle est nue ou couverte 728 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. des vestiges filamenteux des feuilles détruites, tantôt tout à fait verticale et fort écourtée, tantôt très épaissie latéralement, quelquefois prémorse ou hori- zontale; elle émet des bourgeons qui varient un peu de forme et surtout de grosseur, et qui se développent à l'automne, aussitót aprés les premiéres pluies, chez certaines espéces, et seulement au printemps chez d'autres. Les tubercules de la racine varient un peu de forme ou de grosseur, et ne doivent pas être négligés dans la comparaison des divers types spéci- fiques. L'époque de floraison, ainsi que celle du développement des feuilles, est un caractére trés important et trés constant, qui me parait bien suffisant, à lui seul, pour rendre évidente à tous l'erreur de ceux qui ne veulent reconnaitre qu'une seule espèce, ou tout au plus deux ou trois, parmi les Asphodelus qu'on trouve en France. M. Gay, dans ses remarques de 1858 (1) sur l’ Asphodelus Villarsii Verlot, des environs de Grenoble, dont les feuilles ne paraissent qu'au printemps, et que dans l'article antérieur, cité précédemment, il a rapporté, comme iden- tique, à son Asphodelus cerasiferus, a prétendu que, si le développement des feuilles de cette plante n'avait lieu qu'au printemps, cela tenait sans doute à ce que le climat de Grenoble était moins chaud que celui du midi. Je crois cette opinion complétement erronée et contraire aux faits les plus positifs. Tous ceux qui ont observé des Asphodelus, type ramosus, dans le midi de la France, savent parfaitement qu'il s'en trouve dans des localités trés chaudes, où l'on ne rencontre, à l'automne et pendant l'hiver, que des tiges desséchées et pas de traces de feuilles vivantes, tandis que, dans d'autres localités analogues, on les trouve tout feuillés et en pleine végétation des l'automne. Je cultive des pieds apportés de Narbonne, de Nismes, de Toulon, qui ne végètent à Lyon qu'au printemps, de méme que dans leur lieu natal; tandis que d'autres, appartenant au méme type ramosus (cerasiferus Gay) et provenant de Marseille et de Toulon, végétent chez moi dés l'automne. Les pieds obtenus de semis présentent ces mêmes différences. L' Asphodelus Villarsii Verl. est un de ceux dontles bourgeons se développent le plus tard, au printemps, et cependant c'est un des premiers fleuris. L' Asphodelus erinipes N., qui végéte, au contraire, dés les premieres pluies d'automne, n'est en fleur à Lyon que vers la fin de mai ou au commencement de juin, aprés tous les autres. Il résulte de là bien clairement que toutes ces différences ne sont pas simplement accidentelles ou individuelles, comme on s'est plu à le dire, qu'elles tiennent à la nature méme des plantes, et qu'ainsi il y a un plus grand nombre d’espèces qu'on ne l'a d'abord supposé. J'arrive à l'énumération des espèces que j'ai à faire connaitre, et à l'indication succincte de leurs principaux caracteres, (1) Voyez le Bulletin, t, V, p. 250. SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 729 Espèces du genre ASPHODELUS (type ramosus L.). I. — Type A. microcarpus des auteurs francais, ramosus des auteurs italiens, — Caulis paniculato-ramosus ; fructus parvus, basi angustatus, ASPHODELUS CRINIPES N. A. caule superne ramosissimo, thyrsoideo; ramis ascendentibus modice apertis, dense racemosis ; bracteis pallidis, griseis vel subcarneo-rufis, lanceo- latis, basi dilatatis, longe acuminato-subulatis, infimis imis longissimis racemum virgineum superantibus ; pedunculis in medio circiter articulatis, apice paulo incrassatis; perigonii laciniis (carneo-albidis) exterioribus lineari-oblongis , interioribus ovato-oblongis ; filamentorum basi carnea, anguste ovato-oblonga ; antheris rubello-fulvis, ovatis, valde exsertis, stylo brevioribus ; capsula anguste obovata, apice obtusissimæ subtruncato-umbilicatæ (8 mill. longæ, 6 mill. late), valvis siccatis dorso rugis 5-6 transversim notatis; foliis autumno vegetis, leviter glaucescentibus, firmis, suberectis, linearibus, valde apice attenuatis, subcanaliculatis, dorso acute carinatis ; caudice demum cras- sissimo, polycephalo, superne vestigiis foliorum filamentosis tenuibus rufis elongatis densis obtecto; tuberibus radicalibus numerosis, oblongis, longe infra medium subito et tenuiter angustatis, apice breviter et abrupte acutatis. Cette espéce habiteles environs de Toulon, d'oü jen ai recu des souches vivantes de M. Chambeiron, à qui je suis redevable de plusieurs autres formes intéressantes d'Asphodéles. Elle est une des premières dont les feuilles parais- sent à l'automne et la dernière dont les fleurs s'ouvrent au printemps, parmi toutes celles que j'ai pu observer jusqu'à présent. Elle est remarquable par l'abondance, la longueur, la ténuité et la couleur rousse des vestiges filamen- teux des anciennes feuilles, dont la souche est recouverte. La fleur est assez petite et de forme écourtée, à divisions intérieures assez larges. ASPHODELUS LITTORALIS N. A. caule superne ramosissimo, subthyrsoideo; ramis erecto- patulis, Virgatis, dense racemosis; bracteis lanceolatis, basi auriculato-dilatatis, acumi- natis; pedunculis infra medium in tertia parte inferiore circiter articulatis, apice sensim incrassatis; perigonii laciniis (rosello-albidis) exterioribus lineari-oblongis, interioribus oblongis; filamentorum basi carneo-rosea, ovato- oblonga; antheris luteo-fulvis, ovato-oblongis; capsulæ obovatæ, apice trun- Cato-umbilicatæ, basi paulisper angustatæ (7 mill. long., 6 mill. lat.), valvis denique dorso rugis 7-8 transversim notatis ; foliis autumno vegetis, viridibus, lato-linearibus, valde apice attenuatis, subcanaliculatis, dorso acute carinatis ; caudice superne vestigiis foliorum filamentosis griseo-fuscis obtecto ; tuberibus radicalibus oblongis, in stipitem angustatis. Cette espèce, dont M. Verlot m'a communiqué des exemplaires frais, cultivés 730 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. au jardin botanique de Grenoble, provenant les uns d'Hyeéres, les autres de Collioure, est trés voisine de la précédente et en présente les principaux carac- tères; mais elle en diffère cependant par ses rameaux plus allongés et plus ouverts, par ses bractées plus courtes, par ses .pédoncules articulés bien au- dessous du milieu, par ses anthères de couleur moins rougeátre, de forme plus allongée, moins saillantes hors de la corolle et à peine dépassées par le style, par le stigmate plus petit, par ses graines d'un tiers au moins plus petites, par les filaments de la souche plus courts, moins fins et d'une couleur différente, par sa floraison plus précoce de quinze jours environ. Je possède en herbier des exemplaires secs de cette plaute rapportés des localités citées et d'autres points du littoral méditerranéen. L'Asphodelus microcarpus des auteurs francais est certainement formé de plusieurs espèces ; il en est de méme de celui des auteurs italiens, c'est- à-dire de leur ramosus. M. Parlatore en a déjà séparé l Asphodelus affinis dans son Flora italiana; mais l'AspAodelus microcarpus qu'il conserve parait encore une plante multiple. Selon lui, il n'est pas méme certain que ce soit le vrai microcarpus de Viviani, qui serait peut-être la méme chose que PA. fistulosus L. Viviani indique sa plante en Corse, où l'on trouve l'A. fistulosus et en méme temps l'A. microcarpus sous plusieurs formes. M. E. Revelière m'a envoyé, du sud de la Corse, des souches vivantes que je n'ai pas encore vues fleurir, mais qui, d’après l'aspect du feuillage, me paraissent appartenir à deux espèces distinctes, dont l'une serait la méme que l'A. littoralis N. , et dont l'autre, à feuilles peu atténuées supérieurement, presque arrondies sur le dos et nullement carénées-subtriquètres vers la pointe, se rapporterait probablement à la forme de l'A. microcarpus auctor. qui abonde dans l'Algérie orientale et que je désigne sous le nom d'A. africanus N. J'ai reçu de cet A. africanus N. diverses souches qui m'ont été apportées vivantes soit de la Calle, sur la frontière tunisienne, par M. le professeur Fournet, soit dé Bóne, par M. A. Joannon. Je n'en ai pas encore observé la fleur, mais il me parait certainement très distinct des deux espèces que je viens de décrire par la seule différence du feuillage, qui est fort tranchée, les feuilles de la plante d'Afrique n'offrant pas de carène dorsale saillante et ayant méme le dos presque arrondi vers l'extrémité supérieure, tandis qu'elles sont au contraire fortement carénées et méme presque triquétres au sommet dans les deux autres. La tige est ramifiée au sommet en panicule oblongue, à rameaux ascendants, à pédoncules articulés vers leur milieu, comme dans lA. crinipes; mais les filaments de la souche sont d'un gris noirâtre, bien moins fins et plus courts. Les graines sont de moitié environ plus grosses que dans l'A. littoralis N. Je possede des pieds vivants ou des exemplaires secs de plusieurs formes de ce méme petit groupe, sur lesquelles je n'ai pas présentement de renseigne- ments à donner. Il me parait probable que les A. microcarpus de Grèce, de SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 4860. 731 Dalmatie, de Sicile, d'Espagne et des îles Canaries, dont j'ai vu des échantil- lons secs, fourniront matière à quelques distinctions nouvelles, lorsqu'on pourra les étudier sur le vif ou sur des exemplaires complets et instructifs ; car ils m'ont paru loin d’être identiques. II. — Type A. albus des auteurs. — Caulis simplex; fructus mediocris, subrotundus vel ellipsoideus, basi paulisper angustatus. ASPHODELUS SPHÆROCARPUS Gren. et Godr. FZ. de Fr. t. III, p. 223. A. caule erecto, simplici; racemo denso ; bracteis fuscescentibus, peduncu- lum in tertia parte inferiore circiter articulatum apice abrupte dilatatum superantibus ; filamentorum basi lanceolata; stylo staminibus longiore; cap- sulæ pedunculo paulo brevioris, subglobosæ, valvis demum rugis 4-5 transver- sim notatis; foliis viridibus, linearibus, superne angustatis, acute carinatis ; caudice verticali apice paulisper filamentoso ; tuberibus radicalibus oblongis, sensim inferne in stipitem angustatis. J'ai recu de M. Sauzé des échantillons secs de cette plante, provenant du bois de l'Hermitain (Deux-Sèvres). Je l'ai élevée de graines; mais je ne l'ai pas encore vue fleurir. Elle est surtout remarquable par son épi de fleurs assez dense et à axe sillonné, ses bractées allongées, ses fruits petits, ronds et portés sur un court pédoncule. M. Déséglise m'a envoyé de la forêt de Vierzon (Cher), un Asphodelus très rapproché du sphærocarpus, mais qui me parait en différer par ses fruits notablement plus gros et moins globuleux, par ses graines également plus grosses et d'un gris ferrugineux plus clair, par l'articulation du pédoncule qui est située moins bas et par ses fleurs un peu plus grandes J'incline à croire qu'il pourra faire une espèce particulière; mais je n'ai pas une entière certitude à cet égard, ne l'ayant vu fleurir qu'une fois, sans pouvoir le com- parer frais avec la plante des Deux-Sèvres et sans le voir fructifier, Les Asphodelus de Lailly et d'Issoudun, rapportés au sphærocarpus dans la Flore de France de MM. Grenier et Godron, ne me paraissent pas différents de la plante de Vierzon, d’après les exemplaires secs que je possede en herbier. ASPHODELUS OCCIDENTALIS N., A. caule erecto simplici; racemo laxiusculo ; bracteis fuscescentibus, pedun- culo elongato infra medium articulato, superne sensim dilatato, sæpe brevio- ribus; perigonii laciniis (subrosello-albidis) lineari-oblongis; filamentorum basi carneo-rosea, ovato-lanceolata; antheris fulvo-rubellis, valde exsertis, Stylo brevioribus; capsule pedunculo valde brevioris, ovato-ellipsoidez , teretiusculæ, apice obtuso truncato-umbilicate basi paululum angustata (12-13 mill. long., 9-40 lat.), valvis demum rugis 5-6 transversim notatis ; foliis læte viridibus, erectis, linearibus, superne attenuatis, acute carinatis; 732 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. caudice verticali apice vestigiis foliorum filamentosis parce obsito ; tuberibus radicalibus oblongis, sensim in stipitem angustatis. Cette plante m'a été envoyée par M. Verlot, qui l'avait recue vivante de M. l'abbé Lelièvre, provenant des rochers du Theil, prés de Redon (Ille-et- Vilaine). Je l'ai vue fleurir et fructifier chez moi, et j'ai aussi examiné d'autres exemplaires frais que j'ai reçus de M. Verlot. Elle s'éloigne de l'Asphodelus spharocarpus par son épi plus lâche, dont l'axe est bien moins sillonné, par ses pédoncules plus allongés et moins épaissis à leur sommet, surtout par son fruit qui est de forme ellipsoïde, évidemment plus long que large. Elle diffère éga- lement de la plante du Cher, dont je vieus de parler. Ses bourgeons se déve- loppent plus tardivement au printemps que dans celle-ci et le feuillage a un autre aspect ; l'épi est plus lâche, les fleurs sont d'un blanc un peu lavé de rose; les anthères sont d'une couleur un peu rougeâtre et non jaunâtre, et de forme plus étroite; la capsule est de forme plus allongée. ASPHODELUS PYRENAICUS N. A. caule erecto simplici ; racemo mox laxiusculo ; bracteis fuscescentibus ; pedunculis in medio circiter articulatis, apice eximie dilatatis; perigonii laci- niis lineari-oblongis, diutius in fructu persistentibus; filamentis staminum inferne fere ad medium usque papilloso-scabris, basi lanceolata præditis ; cap- sule subelliptico-rotundatæ valvis demum rugis 5-6 transversim notatis ; caudice verticali, apice vestigiis foliorum filamentosis parce obsito. Cette plante habite les pâturages élevés des hautes Pyrénées. Elle me parait s'éloigner des Asphodelus sphærocarpus et occidentalis par ses fleurs bien plus longtemps persistantes et par l'articulation du pédoncule située plus haut. M. Grenier l'a rapportée, comme identique, à son Asphodelus delphinensis; mais je crois qu'elle en differe par son épi moins dense, par ses pédoncules moins serrés contre l'axe qui est faiblement sillonné, par ses bractées plus lon- guement acuminées, par l'articulation du pédoncule qui est trés nette et située plus haut, par sa capsule plus arrondie et moins rétrécie à la base, enfin par ses graines plus petites. Je ne la propose pas néanmoins comme espèce avec une certitude bien complète, n'ayant pas encore pu relever ses caractères Sur le vif. ASPHODELUS DELPHINENSIS Gren. et Godr. in Mém. de la Soc. d'émul. du Doubs (A. subalpinus Gren. et Godr. Fl. de Fr. t. HI, p. 22h, ex parte). A. caule erecto simplici; racemo densissimo ; bracteis atro-fuscis, breviter acuminatis; pedunculis viridibus, erectis, adpressis, infra medium obscure articulatis, apice dilatatis, sensim in perigonii tubum abeuntibus; perigonil laciniis (albidis) diutius in fructu persistentibus, subæqualiter oblongo-linea- ribus, nervo dorsali viridi ante apicem evanido praeditis, interioribus apice leviter erosulo-denticulatis ; filamentorum basi albo-virente, lanceolata ; antheris SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 733 pallide croceo-fulvis, oblongis, perigonium subæquantibus, stylo brevioribus ; capsule ovato-ellipsoideæ, obscure angulate, apice subtruncatæ, trisulcato- umbilicatæ, basi angustatæ (12 mill. long., 9-10 lat.), valvis demum rugis 1-8 sæpe ramulosis transversim notatis ; foliis viridibus lato-linearibus, apice attenuatis, acute carinatis; caudice verticali, apice filamentoso ; tuberibus radicalibus oblongis, sensim inferne angustatis. Il croit sur le Lautaret (Hautes-Alpes). J'en ai vu des exemplaires provenant de Larche (Basses-Alpes), de la Savoie et d'autres localités alpines. C'est un des plus précoces; et, lorsque ses premieres fleurs commencent à s'ouvrir, la tige de l'Asphodelus occidentalis cultivé dans le méme lieu commence à peine à sortir de terre. Ce seul fait prouve que la réunion en une seule espéce de la plante alpine avec la plante occidentale, qu'a proposée M. Gay, n'est pas admissible. Je cultive des pieds d'une sorte d'AspAodelus delphinensis récoltée à la Salette, prés de Corps (Isère), qui sont peut-être d'une autre espèce trés voi- sine. La plante est plus gréle et un peu plus tardive. Ses fleurs, plus petites, sont un peu teintées de rose et non trés blanches; les filets des étamines ont leur base d'une couleur subcarnée et non d'un blanc verdâtre; le pédoncule est nettement articulé vers le tiers inférieur ; le fruit présente à peu prés la méme forme, mais la graine est plus petite et plus noirátre. Une autre plante, l'Asphodelus monticola N., que j'ai rapportée vivante de Séuse prés de Gap, mais que je n'ai pas encore observée en fleur, est trés voisine de l'A. delphinensis. Elle me parait s'en distinguer par son fruit qui est plus petit, de forme arrondie, à valves plus élargies relativement à leur longueur, trés peu ou point rétréci à la base, par le pédoncule à articulation plus nette et située vers le milieu, à sommet moins dilaté. L'aspect du feuil- lage est très différent sur le vif, les feuilles étant, dans la plante de Séuse, d'un vert bien plus clair, notablement plus étroites, plus régulièrement linéaires et beaucoup moins atténuées au sommet. Je rapproche des espèces de ce groupe un Asphodelus fort remarquable, À. Ozanoni N. , découvert cette année par M. C. Ozanon, dans la Montagne- Noire, près de Mas-Cabardès (Aude), et dont je n'ai pas vu la fleur. Sa tige simple, son épi assez dense, ainsi que la petitesse de ses fruits, me paraissent l'éloigner des groupes qui suivent, dont il se rapproche par la forme de la Capsule, Celle-ci est petite, régulièrement arrondie-globuleuse, haute à son entier développement de 12 millimetres, large de 13 millimétres, presque térète, d'un vert tirant un peu sur le fauve, assez luisante, un peu tronquée au sommet, avec une fossette arrondie, point rétrécie ni bosselée à la base. Le pédoncule est nettement articulé vers le tiers supérieur; ce qui la distingue trés bién de l’ Asphodelus sphærocarpus Gr. et Godr. Les feuilles sont vertes, étroites et carénées. La souche est verticale, munie au sommet de quelques filaments épars. Les tubercules sont longs de 3-6 centimètres sur un centimètre 73h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. et demi de largeur, retrécis longuement et insensiblement vers la base, presque arrondis au sommet. HI. — Type A4. Villarsii Verlot. — Caulis simplex vel subramosus; fructus major, viridis, rotundato-ovoideus, subæqualis. (Espèces à floraison précoce.) ASPHODELUS VILLARSII Verlot. A. caule simplici vel passim ramuloso ; racemo denso, mox laxiusculo, elon- gato; bracteis atro-fuscis, racemum virgineum ovato-oblongum obtusum pau- lisper cingentibus ; pedunculis in medio vel paulo infra articulatis, imo apice tantum abrupte incrassatis; perigonii laciniis (subrosello-albidis) oblongis, obtusis, nervo dorsali subfulvo-viridi praeditis, satis persistentibus; filamen- torum basi subcarnea, ovata ; antheris fulvo-rubellis, oblongis, perigonio lon- gioribus, stylo brevioribus; capsule intense viridis globoso-ovoideæ, sque longa ac latae (17-19 millim.), valvis demum rugis 7-8 transversim notatis; foliis viridibus, lato-linearibus, apice valde attenuatis, acute carinatis ; caudice crasso, apice nudiusculo, vestigiis foliorum vix filamentosis brevibus fuscis parce obtecto; tuberibus radicalibus oblongis, sensim inferne in stipitem angustatis, apice haud abrupte acutatis. Cette espéce croit aux environs de Grenoble, oü elle a été signalée par M. Verlot. Je l'ai rapportée vivante, en 1845, de Laragne (Hautes-Alpes) et je l'ai conservée dans mes cultures depuis cette époque. C'est la plante de Laragne dont j'ai relevé les caracteres, n'ayant pas encore vu fraiche celle de Grenoble. Elle s'éloigne des espèces du groupe précédent par son fruit bien plus gros; mais elle s'en rapproche sous d'autres rapports, notamment par ses tiges ordi- nairement simples, ses bractées trés rembrunies et la couleur de ses fruits qui est d'un vert foncé. Elle me parait s'éloigner davantage des espéces du groupe ramosus (cerasiferus Gay), par tout l'ensemble de ses caractères et par son faciès. M. Verlot m'a envoyé des exemplaires frais d'un Asphodelus provenant des environs de Grenoble, qui m'a paru distinct de PA. Vi//arsii et qui devra ere l'objet d'un examen ultérieur, ainsi que de nouvelles recherches dans son lieu natal. Sa tige est plus basse et plus ramifiée; ses grappes sont bien plus denses, à fleurs blanches comme dans l'A. delphinensis et persistant trés longtemps pendant la maturation des fruits; les pédoncules sont articulés vers le tiers inférieur ; la base des filets des étamines est blanchâtre et non de couleur de chair ; les anthères sont plus grosses et de couleur plus pâle, la capsule ed peu différente, mais de forme plutôt ovoide et subtérete ; les feuilles sont légè- rement glaucescentes. Je cultiveun Asphodelus de ce groupe, provenant de Crémieu, prés de Lyon, où il croît sur le terrain granitique. Je présume qu'il pourra être distingué; b cause de la forme de la capsule qui est ovoide, un peu rétrécie au sommet, et SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 735 des pédoncules qui sont articulés un peu au-dessus du milieu ; mais je n'ai pas relevé ses autres caractéres. J'ai récolté, en 1841, dans les páturages subalpins de la montagne granitique de la Lozère, au-dessus de Viala, un Asphodelus à gros fruit, tout à fait voisin de l’ Asphodelus Villarsii, et qui me semble ne pas différer de la plante de Crémieu. J'ai vu des exemplaires secs et en fleur d'un Asphodelus albus provenant des Apennins, prés de Lucques, qui me parait appartenir à ce groupe. C'est, je pense, en partie la plante qui a été décrite par M. Parlatore, dans son Flora italiana, vol. II, p. 601, sous le nom d'Asphodelus albus, et à laquelle il attribue des feuilles glauques, et en partie celle qu'il signale sous le nom d'Asphodelus macrocarpus et dont il n'a vu que les fruits. L'Asphodelus delphinensis, que M. Parlatore rapporte en synonyme à son albus, n'a pas les feuilles glauques. mais il a de petits fruits. 11 me parait donc probable que M. Parlatore, dont VA. macrocarpus, incomplétement décrit, ne peut être qu'une forme appartenant au groupe Vil/ars?i, aura compris dans son Aspho- delus albus des échantillons en fleur de ce méme macrocarpus provenant d'autres localités, dont il n'avait pas vu les fruits. L'Asphodelus spicatus de Robert, Catal. de Toulon, qui est peut-étre le méme que le vrai spicatus Desf., se rapproche beaucoup de l'AspAodelus Villarsii Verlot, et appartient certainement au méme groupe, si toutefois il est vrai qu'il en diffère spécifiquement; ce que je ne puis encore affirmer. Je n'en ai vu que des exemplaires secs trés imparfaits ; mais j'en possède de belles souches vivantes, que M. Chambeiron m'a. envoyées de la localité citée dans le catalogue de Robert, et dont j'attends la floraison. IV. — Type A. Chambeironi N. — Caulis ‘ramosus; fructus mediocris, subrotundato- ovoideus, basi subimpressus. (Espéces à floraison assez tardive.) ASPHODELUS AMBIGENS N. À. caule superne parce ramoso; ramis dense racemosis; bracteis fuscis; pedunculis infra medium articulatis, apice dilatatis; perigonii laciniis (subal- bidis) oblongis, obtusis, nervo dorsali fusco-viridi ante apicem evanido præ- ditis; filamentorum basi carnea, lanceolata; antheris exsertis, stylo paulo brevioribus ; capsule subrotundo-obovoide, basi rotundatæ, apice valde obtuse, subtruncato-umbilicatæ (15-16 millim. longe, 13-14 mill. latæ), valvis denique rugis 7-8 ramulosis, transversim exquisiteque notatis; foliis pallide virentibus, lato-linearibus, longe acuminatis, acute carinatis ; caudice... Cette espèce m'a été communiquée par M. Verlot, qui l'avait recue vivante du jardin botanique de Génes. Elle offre un certain rapport avec Y Asphodelus Villarsii Verlot, mais elle en différe trés certainement par sa tige plus rami- fiée, par ses grappes plus denses, ses fleurs plus petites, par la base des filets des étamines plus étroite, par ses anthères plus petites, surtout par la forme 736 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de la capsule qui est plus petite, plus étroite et presque obovale. Sa floraison est aussi plus tardive. ASPHODELUS TARDIFLORUS N. A. caule superne ramoso; ramis modice apertis, dense racemosis, apice comosulis ; bracteis pallidis, vix fulvescentibus, elongatis, lanceolatis, acumi- nato-subulatis, basi modice dilatatis; pedunculis in medio circiter articulatis, apice haud incrassatis et in perigonii basim explanatam abrupte desinentibus ; perigonii laciniis brevibus (rosello-albidis), interioribus ovato-oblongis obtusis ; filamentorum basi carnea, ovato-lanceolata, apice sensim attenuata; antheris fulvo-rubellis, ovatis, exsertis, stylo brevioribus; capsule subrotundæ, sub- æqualis, apice trisulcato-umbilicatæ, basi rotundatze, paulisper impressæ, valvis demum rugis 7-8 transversim notatis; foliis lato-linearibus, apice attenuatis ; caudice..... Je tiens cette plante de M. Verlot, qui l'a élevée de graines recues du jardin botanique d'Upsal sous le nom d’Asphodelus «stivus Brot. ; mais je regarde cette détermination comme inexacte, l'A. æstivus Brot. me paraissant appar- tenir au groupe microcarpus d’après les caractères qu'on lui assigne. ASPHODELUS CHAMBEIRONI N. A. caule superne ramoso ; ramis brevibus ; racemis densiusculis, mox laxis; bracteis sordide griseo-fuscescentibus, lanceolatis, acuminatis, basi auriculis rotundatis præditis ; pedunculis abbreviatis, in medio articulatis, apice incras- satis; perigonii laciniis brevibus (rosello-albidis), interioribus ovato-oblongis, satis persistentibus; filamentorum basi intense carneo-subflavida, ovata, apice abrupte attenuata ; antheris pallide fulvis, parvis, oblongis, paulo exsertis, stylo valde brevioribus ; capsulæ rotundatæ, obtuse trigonæ, apice obtusissimo sub- truncato late umbilicatæ, basi rotundatæ (12 mill. longæ, æque lat), valvis demum rugis 4-6 transversim notatis; foliis ultimo autumno vegetis, viridibus, lato-linearibus, elongatis, apice attenuatis, acute carinatis; caudice brevi, ver- ticali, vestigiis foliorum filamentosis densis fuscis obtecto ; tuberibus radica- libus griseo-fuscis, oblongis, paulo compressis, sensim inferne angustatis. r Cette espèce remarquable croit à l'ile de Port-Cros, près d’Hyères, d'où Je l'ai reçue vivante de M. Chambeiron. J'ai pu la voir fleurir et fructifier deux années de suite dans mes cultures. La tige offre, à l’état frais, une teinte légè- rement rembrunie ou subviolacée qui est peu ordinaire dans les autres espèces. La grappe, avant son développement, est ovale, épaisse, d’un fauve livide. Les fleurs sont assez petites, d'un blanc rosé, à divisions courtes et assez larges. Cette espèce est fort distincte des deux précédentes, dont j'ai cru cependant devoir la rapprocher ; elle s'éloigne complétement de toutes celles des autres groupes. Elle me paraît, ainsi que l’A. tardiflorus N., tenir le milieu, à cer- tains égards, entre le groupe qui correspond au type microcarpus auct. gall et celui qui correspond au type ramosus auct. gall. (cerasiferus Gay). SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 737 L'Asphodelus Morisianus Parlat., signalé dans le Flora italiana de cet auteur et décrit d'aprés des exemplaires incomplets, me parait appartenir à ce groupe, mais différer spécifiquement, d’après les caractères indiqués, des trois espèces que je viens de faire connaitre. V. — Type 4. ramosus des auteurs français, cerasiferus J. Gay. — Caulis plerumque ramosus; fructus pallide virens vel fulvescens, major, globosus, . basi rotundatus, sepe umbilicatus. ASPHODELUS PROTEROPHYLLUS N. A. caule parce ramoso ; racemis densiusculis ; bracteis aurato-fulvis, brevi- bus adpressis, pedunculo brevioribus; pedunculis valde infra medium obscure articulatis ; perigonii laciniis (roseo-albidis) apice minute subdenticulatis, nervo dorsali fulvo ante apicem. evanido præditis ; filamentorum basi carnea, ovata, abrupte in filamentum abeunte; antheris fulvo-rubellis, oblongis, paulo exsertis, stylo longe brevioribus ; capsulæ subfulvescentis, globoso-rotundatæ, basi quidquam gibbosulæ et pautisper umbilicatæ, apice subtrisulcato-foveo- lata (17 mill. altæ, 49 mill. latæ), valvis denique tenuiter rugulosis rugis- que 7-8 transversim notatis; foliis primo autumno vegetis, haud intense viridibus, lato-linearibus, valde apice attenuatis, subarcuatis, acute carinatis ; caudice superne vestigiis foliorum subfilamentosis, brevibus, fuscis, parce obtecto ; tuberibus radicalibus oblongis, sensim inferne in stipitem angustatis. Cette espèce croit à Toulon, d’où j'en ai recu plusieurs souches vivantes de M. Chambeiron. Elle entre en végétation, dans mes cultures, à la fin de l'été, aussitót aprés les premieres pluies. Hl en est de méme à Toulon, d'apres l'ob- servation de M. Chambeiron. Sa floraison est précoce. La grappe, avant son développement, est de forme ovale et de couleur rousse. Les bractées, qui sont courtes et trés appliquées, ne surmontent pas la grappe vierge comme dans l'espèce suivante, qui végete aussi à l'automne et fleurit à peu près à la méme époque au printemps. ASPHODELUS COMOSUS N. A. caule superne parce ramoso; racemis mox laxiusculis; bracteis pallide rufo- fulvescentibus, lanceolatis, acuminatissimis, dorso valde carinatis, apice laxis, subflexis, racemum virgineum haud evolutum eximie cingentibus et apice comosulum efficientibus ; pedunculis supra medium articulatis, apice fere abrupte in perigonium abeuntibus; perigonii laciniis (roseo-albidis) oblongis, Obtusis, nervo dorsali valido fulvo præditis ; filamentorum basi subcarnea, 9vato-lanceolata ; antheris fulvo-rubellis, oblongis, vix exsertis, stylo brevio- ribus ; capsula fulvescentis, nitidule, globoso-rotundatæ, subæqualis, basi paulisper umbilicatæ, apice foveola subrotundata præditæ (16-18 mill. altæ, 17-20 mill. lat»), valvis siccatis, rugulosis rugisque 7-8 crassis transversim notatis, inferne margine subrevolnto tandem sejunctis ; foliis ultimo autumno To uL ^1 738 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. vegetis, glaucescentibus, linearibus, apice attenuatis, acute carinatis; caudice crasso, apice nudiusculo; tuberibus radicalibus oblongis, sensim inferne angustatis. Il habite les environs de Marseille et de Toulon. J'en ai recu de M. Verlot des pieds vivants, obtenus des graines de la plante de Marseille. Sa floraison est assez précoce. Il est surtout remarquable par ses bractées qui rendent le sommet de l'épi un peu chevelu, comme cela se voit dans le Polygala comosa Schk. et dans d'autres plantes. ASPHODELUS ROUXII N. A. caule subramoso; racemis mox laxiusculis; bracteis fuscis, lanceolatis ; pedunculis in medio vel supra articulatis, apice abrupte desinentibus; perigonii laciniis (subalbidis) oblongis, obtusis, nervo fulvescente praeditis ; filamentorum basi læte carneo-rosea, ovata, apice in filamentum sensim atte- nuata ; antheris fulvo-rubellis, brevibus, ovatis, exsertis, stylum subæquan- tibus; capsule pallide virentis, globoso-rotundatæ, basi umbilicatæ, apice depresso trisulcato-foveolatæ (16-17 mill. altae, 18-19 mill. latæ), valvis deni- que rugis 7-8 notatis ; foliis (haud autumno vegetis) glaucescentibus, linea- ribus, apice attenuatis, acute carinatis; caudice apice nudiusculo; tuberibus oblongis, sensim inferne angustatis. Cette plante m'a été envoyée de Marseille par M. H. Roux ; je l'ai vue fleu- rir cette année dans mes cultures. La couleur trés rembrunie de ses bractées, ses fleurs presque entierement blanches, ses anthéres courtes et larges, ainsi que le développement bien plus tardif de ses feuilles, me paraissent la distinguer suffisamment des deux précédentes espèces. ASPHODELUS VIRGATUS N. À. caule parce ramoso, virgato; ramis lateralibus gracilibus, brevibus, erectis, passim subnullis; racemis laxifloris; bracteis pallide fulvescentibus; lanceolatis, acuminatissimis, racemum juniorem flavescenti-rufum, lanceo- latum, apice comosulum efficientibus; pedunculis supra medium articulatis, tantulum apice dilatatis, primum erecto-patulis, tandem subincurvato-dscen- dentibus; perigonii laciniis (subalbidis vix rosello tinctis) oblongis, nervo fulvo praeditis; filamentorum basi subcarnea, ovato-lanceolata ; antheris fulvis, Ovatis, paulo exsertis, stylo brevioribus; capsula pallide virentis, rotundatæ, sque longe ac late (17-19 millim.), utroque apice tantülum angustatæ, apice planiusculo, foveola parva subrotundata præditæ, valvis dorso rugulosis rugisque 8-10 transversim notatis, tandem apice apertis, a tertia parte supe- riore ad basim margine eximie disjunctis revolutisque; foliis (haud autumno vegetis) viridibus, linearibus, angustatis, dorso carinatis; caudice apice nado, vestigiis foliorum brevibus haud filamentosis atro-fuscis mox destituto ; gemmis novellis ovatis, parvis; tuberibus rufescentibus oblongis, sensim inferne in stipitem angustatis. SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 41860. 739 ` Cette espèce croit aux environs de Nismes, d’où je l'ai rapportée vivante. Elle fleurit un peu aprés les trois précédentes. Elle s'en distingue à ses rameaux effilés très peu étalés, à la forme de sa capsule, à ses feuilles point glauques, ne se développant qu'au printemps et assez tard, ASPHODELUS CORSICUS N. À. caule parce ramoso; racemis junioribus lete rufis, mox laxiusculis; bracteis fuscis, acuminatis, brevibus, adpressis, basi in auriculas latissime rotundatas integriusculas dilatatis; pedunculis brevibus in medio articulatis, apice abrupte desinentibus; perigonii laciniis (roseo-albidis) oblongis, obtusis, nervo læte fulvo praeditis; filamentorum basi subfuscescente, ovata; antheris luteo-rubellis ovatis, paülo exsertis, stylo brevioribus; capsule fulvescentis, globosæ, basi paulisper umbilicatæ (16-17 millim. alte, 18-20 millim. lata), valvis dorso rugis 7-8 transversim notalis, preter stricturam supra medium .margine et apice aperte tandem sejunctis ; foliis (haud autumno vegetis) viri- dibus, lato-linearibus, attenuato-acutis, dorso carinatis? caudice pramorso, horizontali, apice nudo; tuberibus oblongis, longe inferne attenuatis, breviter apice acutatis. Il habite l'intérieur de la Corse. J'en ai récolté quelques exemplaires au Monte-Coscione, en 1840. M. Reveliere me l'a envoyé vivant de Bastelica, et je l'ai vu fleurir en 1859. Sa souche prémorse m'à paru remarquable. La grappe, avant son développement, se présente sous une forme ovale-oblongue, trés obtuse, et n'est aucunement chevelue au sommet cotnme dans quelques- unes des précédentes espèces, les bractées étant courtes et trés appliquées. ASPHODELUS GLAUCESCENS N. A. caule subramoso; racemis demum laxis; bracteis pallidissimis, brevibus, basi in auriculas integriusculas dilatatis; pedunculis in medio vel paulo infra medium articulatis, apice abrüpte desinentibus; perigonii laciniis subalbidis, ovato-oblongis, obtusis, nervo fulvescente præditis; filamentorum basi pallide carnea, ovata; antheris fulvo-rubellis, subexsertis, stylo brevioribus ; capsula máxima (18-20 tillit. alite, 20-22 willim. latæ), pallide virentis, globoso- rotundate, teretiuscule, basi timbilicatæ, apice trisulcato-fovéolatæ, vülvis . dorso plicato-rugulosis rugisque 7-8 transversim obscure notatis; foliis ultimo autumno sape vegetis, glaucis, angustis; caudice apice vestigiis foliorum subfilamentosis subfuscis parce obtecto; tuberibus radicalibus oblongis, in Stipitem breviusculum attenuatis. Il habite les coteaux secs des bords du Gardot, prés de Nismës; d'où je l'ai rec vivant de M. l'abbé Gonnet. 1l se reconnait surtout à ses fleurs presque blanches, à ses bractées assez courtes et pâles, à ses fruits trés gros et nette- ment otübiliqués à la base, à ses feuilles glauqttes et assez étroites. Sa floraison est précoce. 7^0 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ASPHODELUS VALIDUS XN. A. caule crasso plerumque ramoso; ramis brevibus, erecto-patulis, dense racemosis; bracteis pallidis, subfulvescentibus, ovato-acuminatis, brevibus, adpressis, racemum juniorem flavescentem ovatum sepe rostello terminatum haud apice cingentibus ; pedunculis supra medium articulatis, superne incras- satis et sensim in perigonii tubum abeuntibus ; perigonii laciniis (subalbidis) oblongis, nervo dorsali subfulvescente ante apicem evanido percursis ; fila- mentorum basi albo-viridi ovata; antheris pallide fulvo-lutescentibus, ovatis, vix subexsertis stylumque subæquantibus ; capsula pallide viridis, nitidæ, glo- bosæ, inferne tantulum angustatæ, basi rotundatæ, umbilicatæ et quidquam gibbosule, apice haud truncato trisulcato-foveolatæ (17-18 mill. altae, 20-21 mill. lata), valvis dorso rugis 7-8 transversim notatis, tandem margine late- rali vix sejunctis ; foliis (haud autumno vegetis) pallide virentibus, linearibus, latis, valde apice attenuatis, dorso carinatis; caudice crasso, apice vestigiis foliorum brevissimis subfilamentosis pallidis parce obsito, vel subnudo; tube-, ribus radicalibus pallide rufis, oblongis, crassis, valde inferne in stipitem atte- nuatis, apice abrupte acutatis. Cette espéce m'a été envoyée de Narbonne, par le regrettable Delort, en A84h. Je la cultive depuis cette époque, et je ne l'ai jamais vue développer ses feuilles avant le printemps. C'est une des plus robustes. Sa floraison pré- cède de quelques jours celle de l Asphodelus virgatus N., et est plus retardée que celle de lA. comosus N. Son port robuste, ses feuilles assez larges, la forme de sa capsule, ses pédoncules toujours articulés au-dessus du milieu et dilatés insensiblement jusqu'au sommet, la distinguent suffisamment des précédentes espèces. Je termine ici cette revue, en passant suus silence plusieurs autres formes que je n'ai pas encore suffisamment étudiées, appartenant pour la plupart à ce dernier groupe, lequel parait trés largement représenté dans le midi de la France, tandis qu'il manquerait à peu près à l'Italie ainsi qu'à d'autres con- trées méridionales. M. l'abbé Ravaud, professeur au petit séminaire de Grenoble, fait à la Société les communications suivantes : L'HERBORISATION A LA MOUCHEROLLE ET DANS SES ALENTOURS, pr M. l'abbé RAVAUD. Comme les sommets les plus élevés des montagnes de la Grande-Chartreuse, tels que le Grand-Som (2030 mètres), Charmant-Som (1871) et Chame- chaude (2089), la chaine de montagnes qui s'étend au sud-ouest de Grenoble, depuis Sassenage et Saint-Nizier jusqu'à la Croix-Haute, à l'extrémité du département de l'Isère, est tout entière composée de puissantes couches de SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN Aour 1860. 7M calcaire compacte appartenant à l'étage néocomien supérieur des terrains crétacés. Cette chaine produit donc une foule de plantes qui sont spéciales à la nature de son terrain, et que l'on chercherait vainement sur lesol granitique de nos grandes Alpes. Toutefois, parmi les sommets qui dominent la. chaine calcaire dont je viens de parler, il en est un qui, par le nombre et la rareté des espéces qu'on y trouve, mérite plus que les autres de fixer l'attention des botanistes, je veux dire la Moucherolle, dont le pic et les environs ont été plu- sieurs fois visités par des hommes célèbres dans la science, tels que les Bernard de Jussieu, les Villars, les De Candolle, les Mutel et beaucoup d'autres. La Moucherolle, d'une altitude de 2290 mètres, élève sa masse triangulaire entre le Villard-de-Lans au nord-ouest, et le Monestier-de-Clermont au sud-est. Taillée à pic et tout à fait inaccessible du côté du Monestier, elle présente du cóté du Villard deux pentes fort roides, il est vrai, mais que l'on peut gravir, sinon sans peine, du moins sans danger. C'est pour rendre plus utile à ceux qui désireraient faire l'excursion de la Moucherolle, et leur faciliter quelques recherches, que je leur donnerai les indications rapides auxquelles doit me limiter ce court exposé. Si ces quelques pages peuvent servir de supplément aux herborisations que les membres distingués de la Société botanique de France ont faites cette année dans le département de l'I1sére et dans celui des Hautes-Alpes, je serai flatté d'avoir ajouté un petit nombre de renseigne- ments à ceux qu'ils ont donnés sur cette flore si riche de nos environs de Gre- noble. Mes indications feront suite à celles que M. Verlot a présentées, d'une manière si précise, sur les plantes de Saint-Nizier et du col de l'Arc. Pour le botaniste qui veut aller explorer la Moucherolle, l'itinéraire le plus facile et le plus court, c'est, en partant de Grenoble, de se rendre par la route départementale au Villard-de-Lans. Ce chef-lieu de canton peut d'ailleurs être choisi comme un centre commode d'utiles et agréables herborisations. Sillonné par une foule de petits ruisseaux qui traversent de grandes et belles prairies, entrecoupé de rochers, limité d'un cóté par de hautes montagnes, mais d'une ascension peu difficile, et, de l’autre, par de vastes forêts, le canton du Villard- de-Lans offre,dans un espace peu étendu, les expositions, les sites les plus divers, €t par cela même les plantes les plus variées. La Grande-Chartreuse si vantée est moins riche peut-être; il est fort peu d'espèces de la Grande-Chartreuse appartenant aux régions alpestre et subalpine que je n'aie également obser- Vées au Villard-de-Lans. Je ne m'arréterai point à signaler les plantes de cette importante localité, je ne parlerai que d'une seule, parce que c'est une espèce qui me paraît critique, et que peut être il faudrait considérer seulement comme une forme de l Hieracium lanatum Vill. : c'est VH. Liottardi Villars. Cette espèce si légitime créée par Villars, et dont il ne cite pas de localité précise, croit au Villard-de- Lans, sur les rochers calcaires qui bordent le sen- lier conduisant au hameau dit de la Bonnetière, Mes quelques exemplaires d' Z/. Liottardi provenant de ce lieu, où ils ont été récoltés par M. l'abbé Thomas, 7h2 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FPANCE. ` me semblent parfaitement répondre, soit à la figure que Villars a fait graver dans sa Flore du Dauphiné, planche 29, soit à la description écourtée qu'il a faite de sa plante. Dans la diagnose de son 77. Liottardi, Villars dit d'abord: H. foliis lanceolatis dentatis, caule erecto bifloro; puis, développant dans une glose francaise ce texte latin si vague, et établissant les rapports qui exis- tent entre cette espèce et les H. /anatum et andrialoides Vill., il ajoute que son Æ. Liottardi est cotonneux comme les deux espèces précédentes, mais petit comme l’. audrialoides et relevé comme lH. [anatum. Mes échan- tillons eux aussi sont cotonneux ou plutôt laineux-crépus comme les espèces dont il s'agit, mais bien plus courts et bien moins feuillés que lH. /anatum, à feuilles presque de moitié plus petites, lancéolées, dentées, aigués, à tiges redressées et non presque décombantes-redressées comme le sont ordinaire- ment celles de PH. /anatum, enfin d'une hauteur de 4 à 5 centimètres au plus, et terminées par deux ou trois calathides de grandeur moyenne avec pédoncules d'un centimétre de longueur. Tout en concluant à l'identité de l'espéce trouvée à la Bonnetière avec l'A. Liottardi, je ne puis cependant affirmer d'une manière absolue cette identité, la diagnose de Villars étant par trop incomplète, et tout exemplaire authentique ayant disparu de son herbier conservé au musée d'histoire naturelle de Grenoble. Mais, cette identité sup- posée, je ne regarderais l’ H. Lioftardi que comme une forme amoindrie de PH. lanatum. Quant à l H. Liottardi Gren. et Godr., il ne me semble avoir que des rapports assez éloignés avec l'espece décrite par Villars. Prenons le chemin de la Moucherolle, en passant par Corencon, et de Corencon suivons le sentier de Combové jusqu'au pied méme de la montagne que nous avons à gravir : cet itinéraire est tout à la fois celui qui nous abrége la route, nous la rend moins pénible et nous promet plus de richesses sur notre passage. Au sortir du Villard-de-Lans, on voit, au bord de prairies un peu tourbeuses, une plante qui n'est pas commune dans notre département, c'est I Epilobium palustre L. Il ne vaut point la peine de ralentir sa marche pour étudier le long des ruisseaux les différents Saules qui les bordent presque partout comme d'une double haie : on n'aurait à observer que des espèces communes, telles que le Salig incana Schrank, le S. pur- purea L. , le S. amygdalina L. et le S. pentandra L.; mais, en approchant de Corencon, ou à Corencon méme, on pourra ne pas négliger un Salix d'une taille plus élevée que celle des espèces ici mentionnées, intermédiaire aux S. pentandra et S. fragilis, qui se distingue du premier par ses feuilles plus étroites, plus allongées, et ses stipules en demi-cœur, et du second par ses feuilles plus épaisses, d'une consistance plus ferme, dentées dans tout leur pourtour, à dents régulières et peu obtuses : c'est le S. cuspidata de Schultz, considéré par Koch comme une bonne espéce, et par M. Wimmer comme un hybride des S. pentandra et fragilis. Sur notre chemin, n'oublions pas non plus de jeter au moins un coup d'œil sur de magnifiques touffes de Veronica SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 743 fruticulosa L., sur le Nepeta graveolens Vill. , et de cueillir deux ou trois pieds de l'une de nos plus rares Orchidées de France, l Epipogium Gmelini Rich. C'est à peu de distance de Corençon, dont l'église n'est éloignée du Villard-de-Lans que d'une heure de marche, que commence à se montrer, à drcite du chemin, le long d'une colline rocailleuse de terrain crétacé, le Veronica fruticulosa : cette espèce apparait ici avec une souche ligneuse, d'où partent une foule de tiges, d'abord un peu diffuses, puis redressées en touffes compactes et roides, avec des grappes de fleurs rose tendre ou couleur de chair, et non bleu foncé, à pédicelles couverts, ainsi que les calices et les capsules, de poils courts, glanduleux, Je l'ai également observée à la Mouche- rolle, dans une station bien plus élevée, et là elle est beaucoup moins rameuse et plus diffuse, mais les fleurs sont les mémes. Cela dit, faut-il considérer, ains que le font plusieurs auteurs, le V. saxatilis Jacq. comme une simple variété du V. fruticulosa L.? Le Veronica saxatilis, que je n'ai jamais vu que sur les terrains granitiques, tandis que je n'ai jamais vu l'autre que sur les ter- rains calcaires, se présente avec un faciès général qui engage tout d'abord à le séparer du V, fruticulosa. V est plus ligneux dans l'ensemble de ses parties que ce dernier; toujours moins rameux, à tiges non maintenues dans leur grosseur, mais gréles-filiformes à leur extrémité, décombantes et à peine redressées ; ses feuilles sont plus charnues-épaisses et souvent arrondies, d'un vert plus foncé ; ses grappes sont moins régulières, ses fleurs moins grandes et constamment d'un bleu de ciel, à pédicelles, à calices et à capsules couverts de poils articulés non glanduleux. Toutes ces différences, qui, prises à part, parais- sent peu importantes, mais dont l'ensemble peut bien avoir sa valeur, ne sont- elles qu'un effet dû à la nature du terrain dans lequel à crû la méme plante qui s'est accidentellement modifiée, ou bien ces différences suffisent-elles pour faire des V. fruticulasa et saxatilis deux espèces distinctes (1)? Je ne parlerai pas du Dianthus silvestris Wulf. , ni du D. monspessulanus L. , qui croissent aux mêmes lieux que le Veronica fruticulosa, mais j'annoncerai à quelques pas de là le Peucedanum carvifolium Vill., qui reparait ensuite à peu prés dans tous les sentiers de Corencon. L’ Epipogium Gmelint est loin d’être aussi commun que cette Ombellifère : je l'ai récolté deux fois, (1) Sans doute il est bien de simplifier la science et de ne pas élever au rang d'espéce une simple variété ; mais le système qui tendrait à ne voir presque partout que des modir fications plus ou moins frappantes dans les différences qui existent entre les plantes, qui lendrait à faire croire à leur transformation successive, à méconnaître la limitation et l'immutabilité des espèces, enfin à confondre sous un méme nom deux plantes d'une distinction spécifique permanente, ce système serait ennemi de la vraie science. Le reproche que l'on ferait à un observateur consciencieux, pour ne prendre ici que le point secondaire de la question, ce reproche qu'on lui ferait de séparer ce qu! est réellement distinct, parce qu'en étendant la nomenclature scientifique, il rendra la science moins accessible au grand nombre, serait un reproche peu fondé et méme puéril, Il est plus facile, j'en conviens, de retenir un seul nom que d'en retenir deux, mais en confondant Sous un méme nom deux espèces qui ont droit chacune à $a dénomination propre, on ne 7A^ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. mais toujours en petite quautité : c'est dans une petite forét de Pins appelée bois de la Traverse, et que l'on voit à sa droite, sur le bord du chemin, au moment où l'on atteint le premier hameau de Corencon, que croit l’ Epipogium Gmelini. Wl est facile de reconnaitre cette élégante et délicate Orchidée à sa tige blanchâtre et sans feuilles, à belles fleurs d'un rose tendre, formant autour de leur axe une grappe peu fournie et peu allongée. Dans la partie supérieure de la méme forét, on voit, rangés en petits groupes, de nombreux pieds de Goodyera repens R. Br., et cà et là d'autres groupes de Wonotropa Hypopitys L., de Corallorrhiza innata R. Rr., de Pirola chlorantha Sw. et de Luzula flavescens Gaud. Le Goodyera repens et le Zuzula flavescens ue sont point rares dans les forêts qui s'étendent à la base de la Moucherolle; le Pirola chlorantha et le Corallorrhiza le sont davantage, mais ils s'y montrent cependant de distance en distance, ainsi que le Listera cordata R. Br. et le Cypripedium Calceolus L. En sortant de la forét de la Traverse, si l'on se dirige à l'ouest vers les prairies humides du hameau de la Narce, on récoltera l'Aerminium clandestinum G.G., le Sedum villosum L. et le Juncus squarrosus L. Cette dernière espèce est rare en Dauphiné. Si, au lieu de suivre la direction des prairies que je signale, on redescend au chemin que l'on avait quitté pour, récolter Il'Eprpogtum, on découvre à sa gauche l' Aconitum vulgare DC. Syst. (A. Napellus G. G. ex parte), avec ses tiges élevées et ses grappes d'un bleu foncé : il abonde au pied du rocher qui domine la route. Lorsque je récoltai, il y a quelques années, cette belle espèce dans le lieu où je la signale, elle venait de donner une nou- velle preuve de ses propriétés toxiques; des chévres, trompées cette fois par leur instinct ordinairementsi sür, avaient mangé de cette plante et plu- sieurs avaient péri empoisonnées. Négligeons, si l'on veut, le Dianthus atro-rubens Loisel. (non AIL), bien qu'il soit une variété assez remarquable du D. Carthusianorum L. et que Chaix en ait fait son D. vaginatus, et, sans nous arrêter davantage à Corencon où cette variété croit en abondance au milieu des ruines d'un vieux cháteau -fort, pre- nons le sentier de Combové pour aller de là immédiatement à la Moucherolle; mais jetons au moins un rapide coup d'œil sur les espèces qui s'offriront à nous sur notre passage. A l'entrée du bois et dans une des localités citées par villars fera point que, dans la réalité, ces deux espéces n'en soient qu'une seule, et c'est vraiment errer et entrainer dans l'erreur que de ne pas les séparer. Que l'on demande à l'observateur des faits contrôlés par l'expérience ; qu'on exige que ces faits se présentent avec les conditions voulues par une saine critique pour faire autorité ; mais, ces conditions remplies, il ne faut plus en récuser la valeur. Si je fais en passant ces quelques S vations au sujet d'une espéce critique, c'est pour dire que la limitation des espéces im un principe qu'il est nécessaire de ne point abandonner, et que le principe opposé, te qu'on a déjà cherché à le faire prévaloir dans quelques écrits, non-seulement est Mirta aux faits constatés par l'expérienee et ennemi de la science véritable, mais encore peu entrainer, dans des questions d'un ordre supérieur, les conséquences les plus fàcheuses, en favorisant de funestes tendances. SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN Aour 1860. 745 lui-même, apparaissent de magnifiques pieds d’ Hieracium cydonifolium, l'une des espéces de ce beau genre créées par cet auteur. Comme on s'est mépris plusieurs fois sur l'espèce de Villars, peut-être n'est-il pas hors de propos de rappeler ici la diagnose qu'il en donne lui-même (Histoire des plantes du Dauphiné, t. MI, p. 107): Hieracium caule recto, ex axillis ramoso, foliis oblongo-ellipticis semi-amplexicaulibus dentatis, calycibus hispidis nigrescentibus. Cette diagnose est complétée par Koch dans la deuxième édition de son Synopsis, et par MM. Grenier et Godron dans leur Flore de France ; mais ces derniers auteurs me paraissent n'avoir eu que des exemplaires peu développés de cette plante lorsqu'ils en ont fait la description. On n'aura qu'à regarder autour de soi le long du sentier qui conduit à travers les bois de Combové, pour découvrir une foule de plantes qui ne sont point sans intérêt, et parmi lesquelles je me contenterai de mentionner le Sagina Linnwi Presl, P/nula Vaillantii Vill. (que l'on voit également sur la lisière des bois et dans les lieux humides des environs de Grenoble), l’ Achillea macrophylla L., le Soyeria blattarioides Monn. et l'Aposeris fœtida Less. (excellente espèce qui compte peu de localités en France), le Bupleurum longifolium L. (espèce qui préfère les terrains calcaires et découverts, mais que j'ai observée quel- quefois aussi sur les terrains granitiques et dans des lieux ombragés), une foule d'espéces de Fougeres, communes pour la plupart, accompagnées d'autres un peu plus rares, telles que le Botrychium Lunaria Sw., les Polypodium Phegopteris L., rheticum L. et Dryopteris L., les Aspidium Lonchitis Sw. et aculeatum Dœll, le Polystichum rigidum DC. , l'Asplenium viride Huds., et surtout le Cystopteris regia Koch, que l'on aurait tort, ce me semble, de ne considérer que comme une simple variété du Cystopteris fragilis Bernh. En se détournant dans la forêt un peu à gauche et du côté du nord, on trouve réunis ensemble, et en compagnie du Melampyrum silvaticum L. , les Lycopo- dium clavatum L., annotinum L., Selago L., et méme le Selaginella spi- nulosa A. Braun ; mais ce dernier est bien plus abondant sur les sommets her - beux dela Moucherolle. Nous sommes sortis de la forêt, et, à travers des rochers où nous pouvons récolter l'ZZieracium glabratum Hoppe, lH. villosum L. sous toutes ses formes, nous allons, vers le nord-ouest, nous reposer un instant au pied méme de la Grande-Moucherolle que nous gravirons bientót, et nous désaltérer à une petite fontaine d'une eau délicieuse. D'ailleurs, autour de cette fontaine aussi bien que sur les rochers qui l'encadrent et la dominent, sont des espèces que l'on revoit encore avec plaisir, alors méme que déjà on les posséde, et d'autres qu'on est heureux de pouvoir cueillir : on trouve là rassemblés, dans un espace de peu d'étendue, le Ranunculus alpestris L. (qui remplace ici, avec le R. Seguieri Vill. qui croit à ses côtés, le R. glacialis L. des hautes Alpes granitiques), l Zutchinsia alpina R. Br., l Erysimum ochroleucum DC., le Silene quadrifida L. ,le Potentilla nivalis Lap., le Saxifraga androsacea L., 746 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. le Bupleurum petræum L. (qui reparait de distance en distance sur toute la chaine de Saint-Nizier au Grand-Veymont), l’ Arctostaphylos alpina Spreng., rare en Dauphiné, et l’ Avena setacea Vill., espèce rare non-seulement pour la France, mais, d'aprés le Sy//oge de M. Nyman, pour l'Europe méme. Veut-on récolter de beaux pieds d'Aronicum scorpioides DC., on n'a qu'à s'avancer de quelques pas le long de la montagne, et on les atteint aussitót. Mais en allant, on voit tout à coup, fixée dans le rocher quisurplombe au-dessus de votre téte, une plaque de marbre noir, surmontée d'une croix de fer, indiquant au voya- geur qu'à l'endroit même où il pose le pied en ce moment, vint tomber, il y a peu d'années, un infortuné précipité de la montagne. C'est là sans doute un avertissement sérieux qui nous invite à la prudence, mais qui ne doit pas nous détourner de notre ascension à la Moucherolle. L'exploratear imprévoyant dont il s'agit avait conduit un chien avec lui, et l'animal, en le précédant, avail détaché une pierre qui, dans ses bonds successifs où elle prenait toujours une nouvelle vitesse et une nouvelle force, était venue frapper au front le malheu- reux, et l'avait fait rouler dans le précipice avant que les amis qui l'accom- pagnaient eussent pu le secourir et arréter sa chute. Nous quittons la fontaine, et, revenant un peu vers le sud-ouest, nous longeons les flancs de la montagne jusqu'au sommet, pour redescendre par le passage qui conduit entre les deux Moucherolles. Chemin faisant, nous obser- verons, au milieu de graviers mouvants que nous traversons, tout d'abord, le Biscutella coronopifolia Vill. Cette plante, dont les feuilles, presque toutes radi- cales, s'étalent en demi-rosette, et sont trés profondément incisces-pinnatifides, à lobes aigus et divariqués, est au moins une variété bien tranchée du B. [evi- gata L., si elle ne doit pas être considérée comme une bonne espèce : elle est bien plus rare que les autres variétés du B. lœvigata ; je ne l'ai vue qu'à la Moucherolle età Cornafion au milieu de débris calcaires, et toujours j'ai été frappé de son faciès particulier et constant. Parmi les mêmes rocailles, on trouve le Galium megalospermum Vill., que l'on distingue aisément à ses feuilles lisses et charnues, à ses fruits trés gros relativement à ceux des autres espèces dont il a la taille, tels quele G. saza- tile L. ; il est difficile d'en obtenir quelques pieds en bon état, parce que non seulement il est trés fragile, mais que ses tiges sont trés souvent stériles et que la plupart des fleurs avortent et ne produisent pas de fruits. Un peu plus loin, 8€ présentent, l'un à cóté de l'autre, deux A//ium qui méritent d'étre signalés, l'A. narcissiflorum Vill., qui n'habite en France que dans les Alpes calcaires du Dauphiné, et l'A. foliosum Clar., variété de l'A. Schænoprasum L, d’après la plupart des auteurs, mais dont le faciès est, à première vue, telle- ment distinct et toujours si constant, qu'il me semble préférable de le consir -dérer comme une véritable espèce. Le Soyeria montana Monn. commence à se montrer avec ses grosses calathides, pour reparaître bientôt plus ahon- dant ; à ses côtés, on voit un Primula que j'ai observé depuis plusieurs SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 7h7 années déjà sur la Moucherolle et ses environs, et dont ni Villars, ni Mutel n'ont parlé dans leurs Flores du Dauphiné. Ce Primula, dont les fleurs sont à odeur très suave, et non inodores comme celles du P. variabilis Goupil, me semble tout à fait identique avec le P. intricata de MM. Grenier et Godron. J'en ai aussi observé un autre, dans les prairies et les broussailles de la base de Chamechaude, que j'ai pris pour le P. Tommasinii G. G. (1). À chaque pas désormais nous allons rencontrer le Linum montanum Schleich., que l'on aurait tort de confondre encore avec les Z. alpinum L. et austriacum b., car il en est véritablement distinct. Nous ne sommes encore qu'au milieu de notre ascension, et nous entrons dans un petit vallon étroit et d'une pente trés roide, mais que l'on gravit avec plaisir, tant le gazon qui le tapisse, tant les rochers qui forment son berceau sont émaillés des plus belles fleurs. Là croissent en foule les Anemone alpina L. et baldénsis L., le Ranunculus alpestris L., les Adenostyles alpina Bl. et F. et albifrons Rchb., le Solda- nella alpina L.; les fissures des rochers sont remplies de Viola biflora L., de Saxifraga oppositifolia L., de S. Aizoon Jacq. el aizoides L.; on trouve aussi sur ces rochers, mais en plus petite quantité, le plus rare de nos Arabis de France, l'A. pumila Jacq. , l'Oxytropis montana DC., un Poa très élé- gant, et dont les épillets, panachés de vert, de violet et de blanc, composent une panicule oblongue et contractée, penchée mollement au sommet, c'est le Poa minor Gaud.; une autre Graminée, dont les épillets bleu d'azur se font remarquer aisément, le Festuca violacea, vit à la Moucherolle en compagnie des F. Halleri All. et pumila Chaix. Au sortir de ce charmant vallon que nous avons rapidement parcouru, on se voit au milieu de fines pelouses entrecoupées de rochers peu élevés qui varient le site et fournissent aux plantes les expositions les plus différentes. Les espèces qui nous frappent d’abord la vue sont le Viola calearata L., l'Aster alpinus L., le Myosotis alpestris Schw, et le Gentiana verna L, avec plusieurs de ses variétés; le G. nivalis L. n'est point rare dans ces pelouses, mais cette plante est si petite qu'elle vous échappe facilement, si vous ne la cherchez pas avec une attention minutieuse. Le Gentiana brachy- phylla Vill. est indiqué à la Moucherolle par Mutel, mais je n'ai pu y consta- ter sa présence, malgré mes nombreuses excursions sur celte montagne; au contraire, je l'ai cueilli trés abondamment aux bords du lac du Crouzet, à Belle- donne. Pour le dire en passant, cette espèce, comparée avec le G. verna, en dif- fere trop sensiblement, et ses feuilles surtout ont une forme trop particulière et trop constante, pour qu'on la considére comme n'en étant qu'une simple (1) M. Grenier, à qui j'ai communiqué ces deux Primula, m'a répondu que le pre- Tier était hien son Primula intricata; mais il regarde mon prétendu Pr. Tommasinii comme une forme du Pr. elatior, sans toutefois se prononcer définitivement. Cette forme est assez commune à la Grande-Chartreuse ; M. l'abbé Faure m'en a communiqué de cette localité, où il a découvert cette année le Geum intermedium Ehrh. 7^8 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. variété. Je crois que l'espèce de Villars est vraiment bonne. Mutel signale encore à la Moucherolle les Saxifraga pubescens Pourr. et exarata Vill., mais on ne doit pas se donner la peine de les y chercher, car ils ne s'y trouvent point. Mutel parait avoir pris pour tels deux variétés du S. muscoides Wulf., espèce qui prend ici les aspects et les formes les plus divers, mais sans se confondre cependant, ni par ses pétales, ni par les nervures de ses feuilles, avec les deux espèces dont je viens de parler. Le Saxifraga pubescens n'a pas été trouvé d'une manière authentique dans le Dauphiné : quant au S. exarata Vill., il est assez commun au Mont-Viso où je l'ai récolté, et particulièrement en mon- tant à la Traversette. Encore quelques pas, et nous sommes au sommet de la Moucherolle ; nous retrouvons les mêmes espèces que je viens de citer, mais, en outre, le Dian- thus cæsius Sm. qui est ici commun, les A/sine verna Bártl. et Cherler! Fenzl ; cette dernière espèce ne vient que sur les sommets très élevés, mais l'A. verna préfère des stations moins alpines, ainsi que l'Arenaria ciliata L. que l'on rencontre tout à la fois sur les basses et hautes montagnes de la chaine de Saint-Nizier. Enfin la subite apparition du Carex nigra All., de l'Elyna spicata Schrad., et surtout de l Androsace pubescens DC. , nous annonce que nous sommes au terme de notre ascension. Une fois que, sur le sommet de la Moucherolle, on domine de ce pic isolé toutes les montegnes d'alentour, on oublie un instant les plantes pour jouir du magnifique spectacle qui vient s'of- frir à vos regards, et ce n'est qu'aprés avoir contemplé tour à tour les Cévennes qui fuient dans le lointain, le Rhône qui étincelle des feux du soleil, les âpres sommets du Diois et du Gapencais, ceux de la Grande-Chartreuse et de Cha- mechaude, mais surtout les Alpes avec leurs immenses glaciers, que l'on con- sent à revenir à la botanique et à cueillir encore des fleurs. A peine montés, il nous faut penser à descendre, si nous voulons compléter notre excursion et nous rendre par la Petite-Moucherolle au Grand-Arc. À ceux qui désireraient visiter le flanc nord-est de la Moucherolle, je dirai qu'ils y trouveraient peu de profit et de sérieux dangers. En effet, on est obligé, pour descendre du sommet de la Moucherolle sur le flanc dont je parle, de franchir la crête de la montagne à un endroit si étroit que vous êtes comme suspendu entre deux profonds abimes, et qu'un faux pas suffirait pour vous y précipiter. Je n'ai fait qu'une fois ce court trajet, mais je ne le conseillerai jamais à personne. La seule espèce particulière que j'aie vue sur ce flanc nord-est de la Moucherolle est le Sibbaldia procumbens L. : cette plante prê- fère nos Alpes granitiques, et je ne l'ai rencontrée sur un terrain calcaire que dans le lieu que je signale. En descendant par le passage qui conduit entre la Grande et la Petite-Mou- cherolle, on n’a point un chemin aisé, mais il est du moins sans péril, et l'on aboutit à des graviers mouvants où l’on peut récolter en quantité le Ranun- culus Seguieri Vill. et le Thlaspi rotundifolium Gaud. Le Papaver alpinum L., SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1560. 7^9 à fleurs orangées, croit dans le méme lieu, mais il y est rare : la variété à fleurs blanches n'y a jamais été vue, mais elle habite le département de l'Isere(1). N'oublions pas de chercher, à côté du R. Seguieri et du Th. rotundifolium, une plante bien moins apparente, mais plus rare, le Mæhringia polygonoides M. et K. Je l'ai cueilli deux fois dans les débris calcaires qui s'étendent immé- diatement au bord des pelouses formant berceau entre les deux Moucherolles. Pour monter sur la Petite-Moucherolle, nous ne descendrons point jusqu'à la base, trois heures de temps ne suffiraient pas à ce pénible trajet : nous avons un moyen d'abréger notre chemin, et de parvenir en un quart d'heure au but souhaité. Rapprochons-nous du pic le plus élevé de la Petite-Moucherolle, et là nous verrons, dans les flancs de la montagne, une anfractuosité qui la tra- verse du pied au sommet : c'estle chemin ou plutót le sentier de chamois qu'il faut suivre, mais un botaniste ne craint pas de s'y aventurer, d'autant plus que le Draba tomentosa Whlnbg, qu'il n'a point encore vu dans son excur- sion, l’ Androsace pubescens plus abondant que sur la Grande-Moucherolle, et l'Arabis pumila qui se présente à lui de nouveau, viennent le distraire et l'em- pêcher de prendre le vertige, en voyant d’un côté la pente et l'étroitesse du sentier qu'il gravit, et de l'autre la distance qui le sépare du bas de la mon- tagne. S'il est vrai que le contraste est souvent pour beaucoup dans nos jouissances, on goûte un plaisir tout particulier, lorsque, parvenu à l'extrémité supérieure de cet escalier taillé dans le roc, on arrive au milieu des vertes et vastes pelouses, dont la pente doucement inclinée va nous donner un chemin facile jusqu'au Grand-Arc. Nous remarquerons, en parcourant ces pelouses ou en passant auprés des rochers qui les dominent de distance en distance, de char- mants bouquets d’ Armeria alpina Willd. et de Myosotis alpestris Schm. , de larges tapis de Potentilla aurea L. et de P. alpestris Hall., des touffes com- pactes de Dryas octopetala L., de petits groupes moins visibles de Veronica alpina L., de V. aphylla L., d' Erigeron alpinus L. , de Gnaphalium supinum L., de Leontopodium alpinum Cass. et d’ Androsace lactea L., l'une des plus rares et des plus jolies espèces de la famille des Primulacées. A chaque pas on foule le Carex sempervirens Vill., qui forme ici, en société avec le Nardus stricta L., la base du gazon ; le Carex rupestris All. vient sur les rochers de la Petite-Moucherolle, mais en petite quantité : il préfère les terrains graniti- ques, et nulle part je ne l'ai vu plus abondant qu'au pic du Bec, au Lautaret et sur la montagne des Selles, à Saint-Christophe, en Oisans. Nous touchons au sentier qui coupe en deux parties égales le Grand-Arc, comme une fléche tendue sur sa corde : d'abord nous longeons, à droite du sentier, l'aréte de la montagne pour y prendre l'Á /s?ne Bauhinorum Gay, le (1) Cette variété a été récoltée sur le Mont-Obiou par M. B. Jayet, il y a trois ans, et Cette année par M. l'abbé Debut. Au Mont-Obiou vient aussi le Viola cenisia L. 750 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Coronilla vaginalis Lam. et le Rhamnus pumilus L. qui se cramponne comme un lierre au flanc du rocher ; ensuite nous revenons au sentier de la Balme, et, tournant à gauche le col du Grand-Arc, nous explorons à leur base les rochers abrupts de la Petite-Moucherolle, sur le versant de la Gresse. Là semblent s'être donné, pour ainsi dire, rendez-vous plusieurs espèces très intéressantes, entre autres plusieurs Hieracium ; les H. Jacquini Vill. et vil- losum L., ces deux espéces si polymorphes, se montrent ici sous toutes leurs formes et y sont communs : on trouve à côté d'eux, mais rares, les 77. Pseu- docerinthe Koch, glabratum Hoppe, saxatile Vill. et glaucopsis ? G. G. (1). Cà et là apparaissent quelques pieds stériles d'Eryngium Spina alba Vill. : je l'ai cueilli en bon état sous la Grande-Moücherolle du côté de Prélanfrey, localité où j'ai découvert le Carex mucronata All., espèce trés rare en France, et que l'on n'avait encore signalée qu'au col de l'Arc. Mais, pour le moment, ne nous éloignons pas de la Petite-Moucherolle; car, outre les plantes déjà citées, nous y trouverons encore l'Arabis serpyllifolia Vill. (qui préfère ordinairement des stations moins élevées, telles que le Villard-de-Lans, par exemple), quelques pieds d'A/sime Villarsii M. et K. (à feuilles un peu plus larges, à fleurs moins nombreuses que la plante du Mont-Viso, ce qui ne suffit point pour qu'on sépare les deux formes comme espèces distinctes, ainsi que l'a fait Mutel dans la seconde édition de sa Flore du Dauphiné), le Bupieurum ranunculoides L. (forme peu élevée, mais robuste, et différant en cela de celle qu'on voit au Lautaret), le Serratula tinctoria L. (forme à grosses calathides, et désignée dans la derniere édition de la Flore de M. Boreau sous le nom de S. montana ; on a raison, je crois, de la considérer comme espèce), les Linaria supina Desf. et alpina DC., le Primula sua- veolens Bertol., à feuilles blanches tomenteuses, surtout à la face inférieure, à tube de la corolle à peine exsert du calice, à limbe nullement étalé, mais concave-arrondi, en forme de godet. Koch considère ce Primula comme une bonne espèce, mais j'ai observé dans les bois-taillis des environs de Grenoble des formes intermédiaires entre le P. suaveolens et le P. offici- nalis Jacq., qui me portent à ne considérer la premiere que comine une variété de la seconde, ainsi que le font Mutel et MM. Grenier et Godron. Enfin terminons notre excursion en récoltant encore une forme particulière du Linum suffruticosum L., plus ligneuse et plus diffuse que celle du midi de la France, et dont Lamarck avait fait son Z. salsoloides , le Teucrium pyre naicum L., belle espèce à odeur balsamique, que, pendant longtemps 0n n'avait vue que dans les Pyrénées, et le Carez tenuis de Host. Si, avant de reprendre le chemin du Villard-de-Lans, ou de suivre, par la Balme, celui qu (1) M. Grenier, à qui j'ai fait examiner mes échantillons, croit que cette espèce, que je lui avais présentée comme étant probablement son Hieracium leucopheum, nest qu'une fofme amoirdrie de son H. glaucopsis, mais il me parait assez différer de la plante de la Grave désignée sons ce nom. SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 751 mene au Monestier-de-Clermont, on veut se reposer un instant et réparer ün peu ses forces par un modeste repas, je m'empresse d'avertir qu'au lieu méme où nous venons de terminer notre herborisation, il y a une charmante et excel- lente fontaine au bord de laquelle les mets les plus ordinaires prennent une saveur et un goüt exquis. Nous avons pu, en explorant la Moucherolle et ses environs, apprécier le caractère de la végétation particulière à la chaine de Saint-Nizier et juger de son ensemble : je n'ai plus qu'à signaler quelques plantes spéciales au Grand- Veymont , au col de Menée et à la forêt d'Esparon, aux montagnes de la Croix- Haute, du col de Lus et de la Chartreuse de Durbon, pour donner une idée complète de l'herborisation de cette longue arête de rochers calcaires qui sil- lonne à l'est, en ligne parallèle avec nos grandes Alpes, le département de l'Isere. On peut aller au Grand-Veymont en s'v rendant par la route impériale de là Croix: Haute, que l'on abandonne en face de Chichiliane, ou bien encore par le sentier de Corencon à la Grand'Cabane : cette dernière voie est la plus agréable et la plus intéressante pour le botaniste, attendu qu'elle le conduit pendant quatre heures à travers des forêts ou des clairières qui ne sont pas sans richesses pour la science. Le Grand-Veymont, plus élevé que la Mouclie- rolle, est d'une altitude de 2345 mètres. J'ai trouvé sur son sommet deux plantes qui ne sont point à la Moucherolle, le Draba pyrenaica L. et le Saxifraga muscoides Wulf. var. compacta (1), forme rare en Dauphiné et qui se plait au bord des abimes sur les crétes battues des vents. A l'est de la méme montagne, l Androsace villosa L, et le Silene acaulis L. tapissent le gazon de leurs jolies touffes roses et purpurines. Pour récolter le Zerardia subacaulis Vill. , cette Synanthérée à feuilles larges, oblongues, blanchâtres, aranéeuses, et à calathide solitaire, grande et jaunâtre, il faut descendre du nord à l'est du Veymont sur le col des Portes, au lieu dit les Bachats, où cette belle plante est abondante, Le Mont-Aiguille, que l'on domine de la cime du Veymont, est entouré à sa base aride et pierreuse d' A//um narcissiflorum Vill., et produit, outre le Galium megalospermum Vill. et l'A/sine Villarsii M. et K., une rare Ombellifere, l Heracleum pumilum Vill. De la base du Mont-Aiguille, on va prendre la route itnpériale, pour la stivre pendant quelques kilomètres jusqu’à l'entrée de la forêt d’Espäron en face du Monestier-du- Percy. Nous trouvons ici, à l'ombre des Sapins, l Asperula taurina L., la plus remarquable espèce du genre, et qui n'a en France que très peu de localités. C'est au sud de cette forêt que s'allonge, à travers de grandes prairies, le chemin qui conduit au col de Menée. Ce chemin est, à sa base, bordé de deux haies formées d'énormes pieds d' Atropa Belladonna L. Je n'ai (1) Cette variété a été prise à tort pour le S. graemlandica L. 752 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. vu nulle part ailleurs cette plante narcotique aussi commune. En quittant le chemin pour explorer à gauche les prairies dont je viens de parler, on ren- contre d’abord abondamment sous ses pas le Veratrum album L., le Trifo- lium alpestre L., le Trifolium Thalii Vill., V Arnica montana L. ; puis, un peu plus rares, le Campanula thyrsoides L., le Scorzonera hispanica L., V Hieracium aurantiacum L. au milieu de gazons composés presque en entier d'Aira flexuosa L., les Plantago alpina L. et montana Lam. et le Potentilla grandiflora L. à tiges bien plus grêles et moins grand dans toutes ses par- ties que la forme de la même espèce qui croît sur les terrains granitiques ; enfin on y voit aussi les Orchis albida Scop. et viridis Crantz, et ce joli Nigri- tella angustifolia Rchb., dont les fleurs pourpre-noir exhalent un parfum si délicat. Du col de Menée, nous revenons à la route impériale, et, sans nous arrêter au Monestier-du-Percy, où j'ai cueilli cependant le Bupleurum protractum Link, espèce méridionale, le Sa/via Sclarea L. et le Xeranthemum erectum Presl, nous nous rendons directement à la Croix-Haute : franchissant ensuite de quelques pas les limites du département de l’Isère, nous prenons, au nord-ouest du village des Lussettes, le chemin qui conduit au sommet de la montagne. Jamais je n'ai vu de prairies émaillées de plus de fleurs que les pelouses qui s'étendent à l'est de la partie supérieure des montagnes de la Croix-Haute, limitrophe des départements de l'Isère et de la Drôme. Mais, pour ne parler que des espéces que je n'ai point encore mentionnées, je me contenterai de citer le Thlaspi virgatum G. G., le Potentilla gentilis Jord., le Leonto- don pyrenaicus Gouan, les Hieracium alpinum L. et aurantiacum L., le Phyteuma Halleri Al., le Daphne Verloti G.G., les Pedicularis verticillata L. , foliosa L., comosa L. et gyroflexa Vill. Cette dernière espèce est celle que MM. Grenier et Godron avaient prise à tort pour le Pedicularis fasciculata Bel- lardi, erreur rectifiée dans les Archives de Flore publiées par M. Fr. Schultz, p. 233. Le P. gyroflexa est commun sur toute la chaine de Saint-Nizier ; quoique rapproché du P. cenisia Gaud., il s'en distingue facilement par son casque insensiblement terminé en un bec tronqué échancré, et non subitement acuminé, allongé, comme dans le P. cenisia, qui vient au Galibier où je l'ai récolté. A cette énumération des plantes de la montagne des Lussettes, je dois ajouter l Anemone Halleri AlL, l Astragalus depressus L., le Saxifraga mus- coides Wulf. var compacta, plus abondant ici que sur le Veymont, le Campa- nula Allionii Vill. et l’Arenariastolonifera (Villars, ined.), variété trés remar- quable de l’ Arenaria grandiflora L. : celui-ci, que j'ai cueilli sous le fort des Têtes à Briançon, a les tiges courtes ascendantes réunies en une touffe roide et compacte ; la variété dont je parle, au contraire, étend sur la terre ses tiges lougues et stolonifères. Toutes les plantes que je viens de signaler en dernier lieu habitent la crête méme de la montagne à une hauteur d'environ 2200 metres. De cette cime élevée, nous voyons serpenter à nos pieds Ja route de Lus à Die: SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 758 c'est là que nous alions descendre par une pente fort inclinée, après avoir tra- versé, à la base de la montagne, un champ pierreux tout hérissé d Eryngium Spina alba. Nous laisserons derrière nous le village de Grimone, et, franchissant la route au premier hameau que nous verrons sur notre droite, nous irons cueil- lir, dans la forét qui l'avoisine, un Androsace dont les petites fleurs bleuátres, supportées par de longs pédoncules, s'arrondissent en une gracieuse ombelle ; on a reconnu l'Androsace Chaizii G. G., rare espèce bien distincte de l’ An- drosace septentrionalis L., avec lequel on l'avait confondue. Au méme lieu croissent l'Arabis brassiciformis Wallr., l Asperula taurina L. en larges touffes, et le Carduus Personata Jacq. Au sortir de la forêt par le côté sud, nous entrons au milieu de prairies relevées en amphithéâtre : c'est là qu'il faut chercher le Fritillaria delphinensis Gren., que l'on voit de loin en loin détacher du gazon sa belle fleur d'un brun pourpré ; il est ici beaucoup plus rare qu'au Mont-Viso. . Dans l'excursion que nous venons de faire, nous avons décrit une circonfé- rence dont le premier point de compas, si je puis ainsi dire, nous a éloignés du village des Lussettes par le nord, et dont le dernier nous y ramène par le sud. Mais, si nous voulons faire une visite aux prairies de ia Chartreuse de Durbou, au lieu de retourner aux Lussettes, il vaut mieux, après avoir pris une dizaine de pieds d'Zieracium politum Fries contre les rochers qui bordent le che- min à notre gauche, nous rendre à Lus, et abréger ainsi d'une heure au moins la course que nous aurons à faire le lendemain. La Chartreuse de Durbon est un des lieux où Villars aimait le plus à her- boriser : aussi en parle-t-il souvent dans son Zistoire des plantes du Dau- phiné. C'est par le sentier qui conduit à Ja forêt de Lus au sud-est que nous irons à la Chartreuse de Durbon; ce n’est pas le chemin le plus direct ni le plus facile, mais le seul intéressant pour le botaniste. Au sortir de Lus, la pre- mière plante qui fixe notre attention est l’£rysimum virgatum Roth, qui borde la route l'espace d’un kilomètre. On entre bientôt dans la forêt, et, pen- dant qu'on la traverse, on n'a guère autre chose à observer qu'une variété du Phyteuma orbiculare L., le Ph. fistulosum de Mutel, considéré par cet au- teur, soit dans sa Flore de France, soit dans la seconde édition de sa Flore du Dauphiné, comme une espéce trés distincte. De la forét, on débouche au milieu de graudes prairies d'une riche végétation : on y remarque un Potentilla démembré du P. intermedia L. (espèce multiple), qui n'a point ici l'aspect de la plante du Mont-de-Laus, en Oisans : aussi M. Jordan a-t-il séparé les deux formes qu'il a considérées comme espéces distinctes, donnant à la premiere le nom de P. autaretica, et à la seconde celui de P. Grenieriana. On voit, dans ces mémes prairies, un Centaurea qui a un faciès particulier, semblable d'un côté, par ses feuilles lancéolées-étroites, blanches, lanugineuses sur les deux faces, au Centaurea axillaris Willd., tel qu'on le rencontre au Mont- Viso, et de l'autre, semblable au C. montana L. paz les écailles du péricline, T. VIL 48 754 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. munies d’une large bordure noire incisée-ciliée, à cils plans, rapprochés, noirs et égalant la largeur de la bordure. Mutel le considère comme étant le C. mollis W. et Kit. Du milieu de ces prairies s'élévent cà et là des groupes de Rosa, composés tantôt d'une seule et méme espèce, et tantôt de plusieurs réunies, parmi lesquelles on compte surtout le Rosa tomentosa Sm. , le À. ru- brifolia Vill., eten moindre quantité le X. montana Chaix. Nous quittons cette enceinte de prairies pour traverser une nouvelle forét et descendre jusqu'à Durbon ; à peine a-t-on franchi la lisiére du bois que l'on rencontre le Pirola uniflora L., et un peu plus loin le Seseli montanum L. Les alentours des ruines de la Chartreuse de Durbon ne nous offrent que des plantes que j'ai déjà mentionnées ailleurs; la seule espèce particulière à cette localité est le Potentilla recta L., à laquelle je joindrai encore le Malva alceoides Ten., forme bien particulière du M. Alcea, et le Myrrhis odorata Scop. On voit cette dernière espèce auprès de tous les couvents qui sont ou qui ont été sous la dépendance des Chartreux dans le Dauphiné. Si l'on prend la tige ou les pétioles du M. odorata, et que, les brisant sous la dent, on en goüte le suc, on y trouve un arome agréable et trés prononcé, qui est le méme que celui de la liqueur si connue sous le nom de chartreuse, ce qui donne à présumer que cette Ombellifère entre dans la composition de la liqueur fabriquée par les cénobites de la Grande-Chartreuse, et dont eux seuls pos- sèdent encore le secret. En achevant cette herborisation du Villard-de-Lans à la Moucherolle et de la Moucherolle au Grand-Veymont, à la Croix-Haute et à la Chartreuse de Durbon, je reconnais tout ce qu'on aurait pu y répandre de charmes; mais, si aride que soit la simple énumération que je viens de faire des principales espèces de l'une de nos plus importantes localités de l'Isère et méme de tout le Dauphiné, peut-être ne sera-t-elle pas sans quelque intérêt pour les bota- nistes qui désirent avoir une idée de la végétation de la chaine de Saint- Nizier : elle pourra du moins leur fournir les éléments d'un tableau comparatif à éta- blir entre les plantes plus ou moins spéciales aux terrains calcaires et aux ter- rains granitiques de nos Alpes du Dauphiné. MOUSSES, HÉPATIQUES ET LICHENS DE L'ARRONDISSEMENT DE GRENOBLE ET DES MONTAGNES QUI L'AVOISINENT, par ME. l'abhé RAVAUD. La flore générale de la France renferme environ 4200 espèces de enr phanérogames, et, sur ce nombre, le Dauphiné en compte à lui seul prés de 3000; mais il n'est pas moins riche en Cryptogames, et, pour ne parler 101 que des intéressantes familles des Mousses, des Hépatiques et des Lichens, ces plantes cellulaires y abondent. Les environs de Grenoble surtout, les monta- gnes de l'Oisans et des Hautes-Alpes, par la variété de leurs sites, de leurs terrains, et par la gradation de leur altitude qui s'élève successivement SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN aour 4860. 755 de la hauteur de 220 mètres (1) à celle de 4200 et plus (2), se prêtent à toutes les exigences de ces petites plantes si délicates quelquefois, et souvent si capricieuses : aussi, dans nos plaines, sur nos coteaux, dans nos foréts, au milieu de nos pelouses, au bord de nos lacs, sur les crétes les plus arides et les plus élevées de nos montagnes, soit calcaires, soit granitiques, jusqu'au pied des glaciers et des neiges éternelles, on en trouve partout et ordinairement en abondance. Peut-être la liste systématique des espèces que j'ai récoltées dans l'arrondissement de Grenoble en particulier, ne sera-t-elle pas sans intérét pour les cryptogamistes ; ils jugeront, par ce que j'ai recueilli moi-même en quelques années, des richesses que pourrait découvrir un œil plus exercé et plus habile. Je suivrai, pour les Mousses, la synonymie de M. Schimper dans son excellent ouvrage récemment publié sous le titre de Synopsis Muscorum europæorum ; pour les Lichens, j'adopterai en général la classification proposée par M. Montagne dans le Dictionnaire des sciences naturelles publié sous la direction de M. d'Orbigny, classification qui, du reste, est celle de M. Fries; enfia je conserverai quelques genres créés par De Candolle, négligés par M. Fries dans son ZLichenographia europa, et rétablis par M. W. Nylander. MOUSSES. Hypnacées. HyLocomium Schimp. — triquetrum Schimp. — Bois des environs de Grenoble, etc. — squarrosum Schimp. — Forêts du Villard-de-Lans, etc. — brevirostrum Schimp. — Forêt du Vallon en Valbonnais. — umbratum Schimp. — Forêts de Saint-Nizier, etc. — splendens Schimp. — Foréts de Prémol, etc. HypNuw Dill. ; scorpioides Dill. — Les Cuves de Sassenage, au pied des arbres. purum L. — Bois de Fontaine, etc., sur la terre et au pied des arbres. Schreberi Willd. — Foréts du Villard-de-Lans, de Prémol, etc. cuspidatum L. — Hameau de Rochefort prés du Pont-de-Claix, Allevard, etc. var. pungens. si molle Dicks. — Taillefer, au bord des lacs (stérile). palustre L. — Les Cuves de Sassenage, Rochefort, etc. var. hamulosum. : - : E Crista castrensis L. — Foréts de Prémol, de Revel, lieux ombragés et humides. molluscum Hedw. — Les Cuves de Sassenage, etc., lieux secs, ombragés. var. condensatum. Ya T" — pratense Koch. — Prés humides, à Grenoble. : — cupressiforme L, — Sassenage, etc., au pied des arbres et sur les rochers. var. uncinatulum Schimp. — Ibid. — var. filiforme. — Échirolles, ete., ibid. ; — incurvatum Schrad. — Bois d'Échirolles, au pied des vieux arbres. E. — rugosum Éhrh. — Balmes de Fontaine, etc., pelouses des lieux arides (stérile): ki III pi (1) Grenoble. (2) La chaîne du Pelvoux. 756 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Hypnum filicinum L. — Sassenage, au bord des fossés, etc. var. trichodes Brid. — Ibid. — commutatum Hedw. — Engins, dans les lieux humides, etc. — uncinatum Hedw. — Forêt des Touches, au Villard-de-Lans, etc., au pied des arbres. var. Clementinæ Nobis (1). — Forêt des Touches, lieux humides, spongieux. var. gracilescens. — Forét du Villard-d'Aréne (Hautes-Alpes), lieux humides. var. subjulaceum. — Le Pic-du-Bec, au Villard-d'Aréne, le long des ruisseaux. — revolvens Swartz. — Marais de Rochefort, etc. — fluitans Dill. — Lacs de Chanrousse, de Taillefer. — lycopodioides Schw:egr. — Marais de Rochefort prés du Pont-de-Claix. — aduncum Hedw. — Chamechaude, au bord des fontaines, etc. var. gracilescens. — Lautaret (Hautes-Alpes). — stellatum Schreb. — Allevard, marais de Rochefort. — Halleri L. f. — Le Pic-du-Bec (Hautes-Alpes), le Vallon en Valbonuais. AMBLYSTEGIUM Schimp. — riparium Br. et Sch. — Grenoble, le long des ruisseaux, efc. var. elongatum. — fluviatile Schimp. — Fontaine, au bord des eaux, etc. — irriguum Schimp. — Engins, sur les pierres, au bord des ruisseaux. — serpens Schimp. — Grenoble, au pied des Saules, etc. var. tenue. PLAGIOTHECIUM Schimp. — denticulatum Schimp. — Bois de Prémol, sur les troncs décomposés, elc var. laxum. var. densum. — silesiacum Br. et Sch. — Forêts de Chanrousse, de la Grande-Charlreuse, elc. — nitidulum Br. et Sch. — Forêts de la Moucherolle, au pied des arbres. — pulchellum Schimp. — Chamechaude, sur des rochers humides. RHYNCHOSTEGIUM Schimp. — rusciforme Br. et Sch. — Les Cuves de Sassenage, etc., au bord des eaux. var. inundatum. var. prolixum, — murale Schimp. — Fontaine, au pied des murs, etc. — megapolitanum Br. et Sch. — Grenoble, sur les murs, etc. — confertum Br. et Sch. — Bois d'Échirolles, sur les pierres, etc. — tenellum Br, et Sch. — Rochers de Sassenage. EURYNCHIUM Schimp. : ^ — pumilum Schimp. — A l'entrée des Cuves de Sassenage, sur les rochers inondés. — prælongum Schimp. — Échirolles, etc., lieux secs, au bord des bois. — striatum Schimp. — Forêts du Vallon en Valbonnais, etc., sur la terre. — strigosum Schimp. — Forêts de Chanrousse, etc., au pied des arbres. — myosuroides Schimp. — Bois d'Échirolles, etc., au pied des arbres. BRACHYTHECIUM Schimp. ‘ — plumosum Br. et Sch. — Allevard, Uriage, sur les rochers humides. 7 — populeum Schimp. — Bois d'Échirolles, de Saint-Nizier, etc., au pied des arbres. var. majus. var. longisetum. (1) Var. trunco elongato, ascendente erecto, pinnatim ramoso ; foliis bas praed ribus, lanceolato-longioribus, profunde sulcatis, apice serrulatis, caulinis à ni secundis vix falcatis, terminalibus eleganter incurvis, omnibus nitore argenteo s fip fructibus numerosis; capsula subincurva ; operculo conico-acuto. — À vei enter uncinati varietatibus differt imprimis foliis lanceolato-longioribus, terminalibus e pene incurvis, caulinis adpressis secundis vix falcatis, omnibus nitore albescenti- conspicuis. SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 757 Brachythecium rivulare Br. et Sch. — Sassenage, sur les pierres souvent inondées. — rutabulum Br. et Sch. — Bois de Seyssinet. — velutinum Br. et Sch. — Prés secs, à Grenoble, etc. var. intricatum. — salicinum Br. et Sch. — Grenoble, dans les cavités des vieux Saules. — albicans Schimp. — Échirolles, dans des pâturages secs. — salebrosum Schimp. — Valjouffrey, au Valsenestre, etc., sur les pierres. CAMPTOTHECIUM Schimp. — lutescens Br. et Sch. — Bois de Seyssinet, etc., dans les lieux pierreux et arides. — nitens Schimp. — Les Cuves de Sassenage, sur les pierres jadis inondées. HowALoTHECIUM Schimp. — sericeum Br. et Sch, — Grenoble, Fontaine, etc., sur les murs, les rochers, les troncs d'arbres. var. gracilescens. ISOTHECIUM Brid. — myurum Brid. — Bois du Moutaret, d'Allevard, etc., sur la terre, dans les lieux ombragés. var. elongatum. PYLAISIA Schimp. — polyantha Schimp. — Grenoble, sur le tronc des Saules, etc. CriMACIUM Web. et Mohr. — dendroides W. et M. — Bords du lac de Prémol. PLATYGYRIUM Br. et Sch. — repens Br. et Sch. — Foréts de la Grande-Chartreuse, sur les pierres, etc. LESCURÆA Schimp. — striata Br. et Sch. — Chamechaude, au pied des Hétres. PTERIGYNANDRUM Hedw. — filiforme Hedw. — Forêts de Chanrousse, au pied des arbres, etc. var. heteropterum. Fabroniacées. FABRONIA Raddi. ; — pusilla Raddi. — Trouvé à Romans par M. Ferd, Clément. Leskéacées. TnUIDIUM Schimp. — abietinum Br. et Sch. — Grenoble, etc. (stérile). — delicatulum Schimp. — Bois d'Échirolles, sur la terre un peu aride. — tamariscinum Br. et Sch, — Bois d'Échirolles, etc. HETEROCLADIUM Br. et Sch. : Js — heteropterum Br. et Sch. — Taillefer, sur des rochers à l'ombre (stérile). — dimorphum Br. et Sch. — Foréts de Chanrousse, sur la terre (stérile). PSEUDOLESKEA Br. et Sch. : — catenulata Br. et Sch. — Gorges d'Engins (stérile). ANOMODON Hook. et Tayl. : — vitieulosus Schimp. — Balmes de Fontaine, au pied des arbre — attenuatus Hartm. — Bois d'Échirolles, etc. (stérile). LESKEA Hedw. — polycarpa Ehrh. — Grenoble, etc. MYURELLA Schimp. — apiculata Schimp. — julacea Br. et Sch. — Autrefois trouvé par | Gap, mais stérile; gorges d’Engins, sur la terre, dans les creux de rochers. s, Grenoble, etc. Villars sur la montagne de Séuse prés 758 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, Neckéracées. ANTITRICHIA Brid. : — curtipendula Brid, — Forêt de Chanrousse, sur les branches des Sapins. LEUCODON Schwægr. — sciuroides Schwægr. — Grenoble, etc. var. morensis, — Bourgoin. HOMALIA Brid. — trichomanoides Br. et Sch. — Grenoble, Échirolles, etc, NECKERA Hedw. — crispa Hedw. — Sassenage, etc. — complanata Br. et Sch, — Balmes de Fontaine, etc. LEPTODON Mohr. — Smithii Mohr. — Bois des Cuves, à Sassenage, sur les vieux Chénes, Fontinales. FoNTINALIS Dill. — squamosa Dill. — Ruisseaux de Chanrousse et de Prémol. — antipyretica L. — Lacs de Taillefer. Buxbaumiacées. BuxBAUMIA Haller. — aphylla Haller. — Bois de Prémol et forêt des Touches, sur les troncs décom- posés. DiPHYsCIUM Mohr. — foliosum Mohr. — La Cóte-Saint-André, sur la terre. Polytrichacées. POLYTRICHUM Dill. — commune L. — Bois d'Échirolles, etc. — strictum Menzies. — Chanrousse, etc. — juniperinum Hedw. — Le Grand-Som, la Moucherolle, etc. — piliferum Schreb. — Bois de Valjouffrey, etc. — formosum Hedw. — Forêts du Villard-de-Lans, etc. PocoNATUM P. de Beauv, à — alpinum Rehl. — Belledonne, le Pic-du-Bec (Hautes-Alpes), etc. var. simplex. — urnigerum Schimp. — Foréts de Chanrousse, etc. var. humile, var. crassum. — aloides P. de Beauv, — Prémol, etc. — nanum P. de Beauv. — Bois de Parmenie. ATRICRUM P. de Beauv. — undulatum P. de Beauv, — Grenoble, etc. Bryacées. TiMMIA Hedw. st sot dá — megapolitana Hedw. — La Moucherolle, etc., dans les creux de rochers terre. à l'ombre des — austriaca Hedw. -— Chamechaude, le Pic-du-Bec (Hautes-Alpes), à 10 rochers. PHILONOTIS Brid. — calcarea Schimp. — Engins, lieux humides. SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 759 Philonotis fontana Brid, — Le Valsencstre, le Lautaret (Hautes-Alpes), etc., bords des ruisseaux et des fontaines. var. alpina. var. falcata. — marchica Schimp. — Grenoble, prairies humides. CoNosToMUM Swartz, — boreale Swartz. — Trouvé par Villars à Chaillot-le-Vieux (Hautes-Alpes), BanrRAMIA Hedw. — Œderi Swartz. — Taillefer, le Pic-du-Bec, sur la terre et parmi les rochers. — Halleriana Hedw. — Allevard, Prémol, etc., dans les bois sur la terre, etc, — pomiformis Hedw. — Saint. Nizier, etc., dans les creux de rochers. var. crispa. — ithyphylla Brid. — Prémol, le Lautaret, etc., sur la terre, dans les lieux om- bragés. — stricta? Brid, — La Moucherolle, AULACOMNIUM Schwægr, — androgynum Schwægr.— Taillefer, sur la terre. — palustre Sechwegr, — Marais de Rochefort. MzESsIA Hedw, à — uliginosa Hedw, — Taillefer, le Villard-d'Aréne, le Pic-du-Bec, lieux humides, var. minor. AMBLYODON P. de Beauv. — dealbatus P. de Beauv. — Valjouffrey, lieux humides, CATOSCOPIUM Brid. — nigritum Schimp. — Lieux humides, à Taillefer, etc. MNIUM L. — punctatum Hedw. — Forêts de la Grande-Chartreuse, etc., lieux humides. stellare Hedw. — Balmes de Fontaine, etc., lieux ombragés (stérile). serratum Brid. — Saint-Nizier, Engins, sur la terre. spinosum Schwægr. — Valjouffrey, dans la forêt du Vallon, sur la terre. hornum L. — Forét des Touches, au Villard-de-Lans. rostratum Schwægr. — Grenoble, les Cuves de Sassenage, lisux ombragés et humides, — undulatum Hedw. — Allevard, ete. — affine Schwægr. — Bois d'Échirolles, sur la terre. — cuspidatum Hedw. — Bois d'Échirolles, etc. Bryum Dill. — roseum Schreb, — Valjouffrey, dans la forêt du Vallon, sur la terre à l'ombre, — turbinatum Schwægr. — Valjouffrey, etc., sur la terre humide. : — pseudotriquetrum Schwægr, — Le Lautaret, etc,, sur la terre humide. — capillare L. — Grenoble, dans les saulaies, — argenteum L, — Grenoble, etc., sur les murs, — cæspiticium L. — Échirolles, etc., sur les murs, var, badium. var. imbricatum. à — alpinum L. — Chamechaude, le Lautaret, etc., sur les rochers humides. WEBERA Hedw. — carnea Schimp. — Grenoble, etc., bords des fossés. — annotina Schwægr. — Marais de Rochefort. — cruda Schimp. — Prémol, etc., dans le ereux des arbres. — nutans Hedw. — Prémol, sur la terre humide, j — longicolla Hedw. — Valjouffrey, au Vallon, dans les lieux omhragés, — elongata Schwægr. — Prémol, lieux ombragés. LEPTOBRYUM Schimp. — piriforme Schimp. — Prémol, lieux humides. DET CA 760 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Funariacées. ENTOSTHODON Schwægr. — ericetorum Schimp. — Les Balmes de Fontaine, etc., lieux ombragés et arides, — fascicularis Schimp. — Échirolles, lieux arides. FUNARIA Schreb. — hygrometrica Hedw. — Grenoble, etc., bords des chemins. — convexa R. Spruce, — Le Pont-de-Claix, etc., sur les pelouses sèches. PHYSCOMITRIUM Brid. — piriforme Brid. — Grenoble, etc., bords des fossés. Splachnacées. SPLACHNUM L. — ampullaceum L. — Marais de Prémol, de Chanrousse, — sphæricum L. f. — Trouvé par Villars à Taillefer. Dissopon Grev. et W.-Arnott. — Frœlichianus Grev. et W.-Arnott. — Forêt du Villard-d’Arène, le Pic-du-Bec (Hautes-Alpes), sur les gazons humides. Grimmiacées. ENCALYPTA Schreb. — ciliata Hedw. — Saint-Nizier, etc., bords des bois, etc. — rhabdocarpa Schwægr. — Le Pic-du-Bec, la Moucherolle, parmi les gazons secs. — vulgaris Hedw. — Sassenage, etc., sur les rochers, elc. — commutata Nees et Hornsch. — La Moucherolle, sur les rochers. TETRAPHIS Hedw. — pellucida Hedw. — Forêts de la Grande-Chartreuse, etc., sur les troncs décomposés. ORTHOTRICHUM Hedw. Lyellii H. et T. — Foréts de Saint-Nizier, aux branches des Sapius, etc. leiocarpum Br. et Sch. — Grenoble, sur le tronc des Peupliers, etc. diaphanum Schrad. — Grenoble, sur le trone des arbres, etc. rivulare Turn. — Prémol, sur les rochers, au bord des eaux. rupestre Schl. — Taillefer, etc., sur les rochers arides. speciosum Nees. — Forêts de la Moucherolle, sur le trone des Sapins. affine Schrad. — Grenoble, etc., sur le tronc des arbres. pumilum Swartz. — Grenoble, etc., sur le tronc des arbres. anomalum Hedw. — Allées des Balmes, etc. cupulatum Hoffm. — Sassenage, rochers des Cuves, etc. ULoTA Mohr. — crispa Brid. — La Moucherolle, la Grande-Chartreuse, sur les Hêtres. — Ludwigii Brid. — La Grande-Chartreuse, sur le tronc des arbres. AMPHORIDIUM Schimp. — lapponicum Schimp. — Taillefer, dans les creux de rochers. HEDWIGIA Ehrh. — ciliata Hedw. — Seyssinet, etc., sur les rochers. var. leucophæa, var. viridis, RHACOMITRIUM Brid. — canescens Brid. — Échirolles, lieux arides. — heterostichum Brid. — Belledonne, Prémol, etc. (stérile). — patens Schimp. — Rochers du lac du Crouzet, Chanrousse. GRIMMIA Ehrh. — alpestris Schl. — Rochers du lac du Crouzet. — montana Br. et Sch. — Rochers de Chanrousse. BELL PRET SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 764 Grimmia ovata Web. et M, — Rochers de l'Alpe, au Mont-de-Lans, etc, var. affinis. var. obliqua. — Donnianna Smith. — Rochers du Pic-du-Bec (Hautes-Alpes). — funalis Schimp. — Chanrousse, sur les rochers. — pulvinata Smith. — Grenoble, etc., sur les rochers, sur les murs, etc. var. obtusa. — crinita Brid. — Vieux murs, à Grenoble, etc. — apocarpa Hedw. — Grenoble, etc. var. gracilis. var. rivularis. — FPrémol, etc. var. alpicola. — Le Pic-du-Bec (Hautes-Alpes). CiNCLIDOTUS P. de Beauv. — fontinaloides P. de Beauv, — Les Cuves de Sassenage, etc., sur les rochers inondés. Pottiacées. BARBULA Hedw. — ruralis Hedw. — Grenoble, etc., sur les murs, les toits de chaume., var. rupestris. — Seyssinet, etc. lævipila Brid. — Grenoble, etc., sur les troncs des arbres. mucronifolia Br. et Sch. — Le Mont-Aiguille, parmi les gazons, etc, subulata Brid. — Sassenage, etc., lieux ombragés, au bord des bois. inermis Bruch. — Sassenage, Fontaine, dans les creux de rochers. muralis Hedw. — Grenoble, etc. cuneifolia Brid. — Grenob!e. tortuosa Web. et Mohr. — Foréts de la Moucherolle, etc., sur la terre et les rochers. inclinata Schwægr. — Grenoble, aux bords du Drac, sur les graviers. convoluta Hedw. — Grenoble, etc., sur la terre. revoluta Schwegr. — Grenoble, etc., sur les murs. paludosa Schwægr. — Prémol, Taillefer, lieux humides. fallax Hedw. — Grenoble, etc., sur la terre argileuse. unguiculata Hedw. — Grenoble, etc., sur les murs. rigida Schultz. — Grenoble, etc., sur les murs, etc. var. mucronulata. DESMATODON Brid. — latifolius Br. et Sch. — Le Valsenestre, Chanrousse, gazons humides. TnicHosTOMUM Hedw. — rigidulum Smith. — Proveysieux, etc., sur les rochers ombragés. LEPTOTRICHUM Hampe. à — glaucescens Hampe. — Bois d'Entraigues, sur la terre, au pied des arbres. — flexicaule? Hampe. — La Moucherolle, sur les rochers. CERATODON Brid. — purpureus Brid. — Grenoble, etc., sur la terre, sur les murs, etc, Disricaium Br. et Sch. — capillaceum Br, et Sch. — Grenoble, la Moucherolle, etc., sur la terre et les rochers. var. brevifolium. EUCLADIUM Br. et Sch. ; — verticillatum Br. et Sch, — Prémol, etc., contre les rochers humides. Dibymonon Hedw. — rubellus Br. et Sch. — Valjouffrey, sur les rochers. — luridus Hornsch. — Allevard, sur les rochers arénacés. ANACALYPTA Rœhl. ; — lanceolata Rœhl. — Grenoble, ete., bords des sentiers, etc. var. angustata. PRIT PE LEE 762 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. PorTIA Ehrh. — minutula Br. et Sch. — Sassenage, dans les champs. — truncata Br. et Sch. — Grenoble, etc., dans les jardins. var, major. ; Séligériacées. SELIGERIA Br. et Sch. — recurvata Br. et Sch. — Parménie, sur les pierres qui bordent le chemin. — pusilla Br, et Sch. —- La Grande-Chartreuse, au Grand-Som, sur les rochers. Fissidentacées. FissiDENS Hedw. — adiantoides Hedw. — Balmes de Fontaine, etc., dans les creux de rochers. — taxifolius Hedw. — Bois de Seyssinet, etc., sur la terre, au pied des arbres. — bryoides Hedw. — Échirolles, au bord des bois, dans les lieux ombragés. — exilis Hedw. — Échirolles, etc., ibidem. Leucobryacées. LEUCOBRYUM Hampe. : — glaucum Schimp. — Bois de Parménie, etc., au pied des arbres (stérile). Dicranées. CAMPYLOPUS Brid. — flexuosus Brid, — Chanrousse, sur les rochers. DICRANUM Hedw. — undulatum Br. et Sch. — Bois d'Échirolles, etc., dans les lieux secs. — Schraderi Schwægr. — Prémol, le long des ruisseaux. — scoparium Hedw. — Bois des environs de Grenoble, etc. var. orthophyllum. var. recurvatum. — fuscescens Turn. — Bois de la Moucherolle , etc., au pied des arbres. — elongatum Schwægr. — Le Pic-du-Bec (Hautes-Alpes), rochers ombragés. — flagellare Hedw. — Forêts de Chamechaude, etc., sur les trones décomposés. — montanum Hedw. — Forêt des Touches, au Villard-de-Lans, sur les troncs décomposés. — Starkii Web. et M, — Mont-Viso, dans les creux de rochers. DICRANELLA Schimp. — heteromalla Schimp.— La Grande-Chartreuse, etc., sur la terre, etc. — varia Schimp. — Grenoble, etc., sur la terre, au bord des fossés, TREMATODON Richard. — ambiguus Hornsch. — Trouvé par Villars sur les vieux remparts de Grenoble ? DICHODONTIUM Schimp. — pellucidum Schimp. — Forêt des Touches, au Villard-de-Lans, sur la terre humide, etc. CYNODONTIUM Schimp. — polycarpum Schimp. — Taillefer, etc., parmi les gazons humides. : — virens Schimp. — Le Lautaret, le Villard-d'Aréne, etc., dans les bois ombragés. var. serratum. var. compactum, Weisiées. WEIsIA Hedw. : — cirrata Hedw. — Grenoble, etc., sur les rochers, parmi les pelouses arides, etc. — crispula Hedw. — Belledonne, etc., sur les rochers, etc. — denticulata Brid. — Prémol, etc., sur les rochers. — fugax Hedw. — Chanrousse, dans les creux de rochers. SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE BN AOUT 1860. 763 Weisia viridula Brid, — Sassenage, etc., sur la terre, sur les rochers, etc, var. stenocarpa. var. densifolia, ANOECTANGIUM Schwægr, — compactum Schwiegr. — Rochers humides, au Valsenestre, etc, GYMNOSTOMUM Hedw. — rupestre Schwægr. —— Rochers des Balmes de Fontaine. — tortile Schwægr. — Grenoble, etc., sur les murs, — microstomum Hedw. — Grenoble, etc., au bord des sentiers. Phascacées. PLEURIDIUM Brid. — subulatum Br. et Sch. — Échirolles, etc,, gazons arides, lieux incultes. PHASCUM L. — cuspidatum Schreb. — Grenoble, etc., dans les jardins, var. macrophyllum. var. piliferum. PHYSCOMITRELLA Schimp. — patens Schimp. — Grenoble, etc., dans les prairies, etc, Andrééacées. ANDREÆA Ehrh. 1 . — petrophila Ehrh. — Chanrousse, Taillefer, etc., sur les rochers humides. var. alpicola. — rupestris Schimp. — Le Pic-du-Bec (Hautes-Alpes), la Bérarde, sur les rochers. Sphagnacées. SPHAGNUM Dill. — cymbifolium Ehrh. — Marais de Chambaraud, etc. var. congestum. ; — squarrosum Pers. — Marais de Saint-Laurent-du-Pont, ete. (stérile). ; — cuspidatum Ehrh, — Forêt des Touches, au Villard-de-Lans, etc., lieux humides et ombragés, HÉPATIQUES. Jongermanniées. JUNGERMANNIA L. — tríchophylla L. — Forêts de Chanrousse, sur les troncs décomposés. julacea L. — Foréts de Chanrousse, sur les troncs décomposés. asplenioides L. — Bois de Sassenage, etc., dans les lieux ombragés et humides. lanceolata L. — Charmant-Som, sur les rochers ombragés et humides. emarginata Ehrh. — Taillefer, sur la terre et sur les rochers ombragés. concinnata Lightf. — Le Lautaret, wn les Sensi humides, inflata Huds, — Prémol, dans les prairies marécageuses. : 4 excisa ees — Forét du Vallon, bois de Prémol, lieux humides, parmi les mousses. ventricosa Dicks. — Forêts de Revel, dans les lieux ombragés, parmi les mousses. bicuspidata L. — Chanrousse, parmi les mousses, dans les forêts. curvifolia Dicks. — Forêts de la Grande-Chartreuse, etc., au pied des arbres, incisa Schrad, — Prémol, etc., parmi les mousses, dans les forêts, j nemorosa L. — Foréts de Revel, etc., lieux ombragés, sur la terre humide, umbrosa Schrad. — La Grande-Chartreuse. undulata L. — Prémol, dans les ruisseaux ; Taillefer, dans les lacs. resupinata L. — Taillefer, dans les creux des rochers humides. albicans L. — Proveysieux, dans les lieux ombragés et humides. minuta Dicks. — Belledonne, parmi les mousses, sur les rochers ombragés. I EELTEPEEEFETEEDITI 76^ SOCIÉTÉ DOTANIQUE DE FRANCE. Jungermannia fissa Scop. — Bois d'Engins, etc., sur la terre humide, parmi les mousses. reptans L. — Foréts de la Grande-Chartreuse, sur les troncs décomposés. trilobata L. — Saint-Nizier, dans les foréts, parmi les mousses, platyphylla L. — Échirolles, etc., sur le tronc des Pins, etc. lævigata Schrad. — Bois de Fontaine, etc., au pied des arbres, etc. complanata L. — Grenoble, etc., sur le tronc des Saules, etc. Tamarisci L. — Grenoble, Sassenage, etc. ANEURA Dumort. — multifida Dumort. — Bois d'Allevard, etc., sur les troncs décomposés. — pinguis Dumort. — Les Cuves de Sassenage, rochers humides. PELLIA Raddi. — Fabroniana Raddi. — Grenoble, Proveysieux. METZGERIA Raddi. — glabra Raddi. — Bois de Saint-Nizier, etc., surla terre, à l'ombre, etc. FIEL UI Marchantiées. MARCHANTIA Micheli. — polymorpha L. — Sassenage, etc., au bord des fontaines. — hemisphærica L. — Engins, etc., dans les lieux ombragés. — conica L. — Bois d’Allevard, etc., aux bords des fontaines et des ruisseaux ombragés. — cruciata L, — Les Cuves de Sassenage, sur les rochers humides, ANTHOCEROS Micheli. — lævis L. — Sassenage, au bord des fossés. LICHENS. Parméliacées. UsNEA Hoffm. — plicata Hoffm. — Forêts du Villard-de-Lans, etc., pend aux branches des Pins, etc. — florida Hoffm. — Foréts de Prémol, etc., sur les branches des Pins, etc. EVERNIA Ach. — divaricata Ach. — Forêt des Touches, au Villard-de-Lans, etc., sur les branches des Pins. — Prunastri Ach. — Saint-Nizier, etc. — furfuracea Delise. — Saint-Nizier, etc., sur les branches des Pins. — vulpina Ach. — Le Mélézet prés Guillestre, au Villard-d'Aréne (Hautes-Alpes), sur les Mélèzes. RAMALINA Ach. — fraxinea Ach. — Grenoble, Prémol, etc., sur les troncs des Frénes, des Hétres, etc. — polymorpha Ach. — L'Alpe, au Mont-de-Lans, Taillefer, etc., sur les rochers granitiques. — pollinaria Ach. — Forêt du Vallon, à Valjouffrey, sur les branches des Pins. — fastigiata Ach. — Foréts de Charmant-Som, etc., sur les branches des Hétres. — farinacea Ach. — Prémol, etc., sur les branches des Pins. CORNICULARIA Ach. ochroleuca DC. — Belledonne, Taillefer, sur les rochers et les gazons découverts, lanata Ach. — L’Alpe, au Mont-de-Lans, etc., sur les rochers granitiques. — alpicola Ach. — Le Pic-du-Bec, Belledonne, sur les rochers granitiques. — aculeata Ach. — Taillefer, sur les rochers, parmi les Mousses. d — tristis Hoffm. — Le Valsenestre, Taillefer, Belledonne, sur les rochers granitiques. ALECTORIA Ach. — jubata Ach. — Forêts du Villard-de-Lans, pend aux branches des Pins. — — SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 765 CETRARIA Ach. — nivalis Ach. — Grenoble, Taillefer, etc., sur les coteaux arides. — islandica Ach. — Pariset, Belledonne, etc., parmi les pelouses des coteaux. — juniperina Ach. — Pariset, etc., sur le tronc des Pins, etc. — glauca Ach. — Foréts de Saint-Nizier, etc., sur le tronc des Pins, elc. STICTA Ach. — pulmonacea Ach. — Sur les troncs d'arbres, à la Grande-Chartreuse, etc. — herbacea Ach. — Sur les vieux troncs, à la Moucherolle, etc. PARMELIA Ach. ex parte. — perlata Ach. — Sur les Sapins, à Saint-Nizier, etc. — Acetabulum Duby. — Sur les arbres et sur les rochers, à Grenoble, etc. — caperata Ach. — Sur les arbres et sur les rochers, à Grenoble, etc. — tiliacea Ach. — Sur les arbres, à Proveysieux, etc. — saxalilis Ach. — Sur les rochers et sur les arbres, à Seyssinet, etc. — olivacea Ach. — Sur les arbres du Cours Saint-André, à Grenoble, etc. — conspersa Ach. — Sur les rochers, à Seyssinet, etc. — encausta Ach. — Sur les rochers granitiques, à Belledonne, etc. — fahlunensis Ach. — Sur les rochers granitiques, à Belledonne, à Taillefer, etc. stygia Ach. — Sur les rochers granitiques, au Pic-du-Bec, à Taillefer, etc. ciliaris auct. rec. — Sur les arbres et sur les rochers, à Grenoble, etc. — tenella auct. rec. — Sur les Müriers, etc., à Grenoble, elc. var. leptalea. pulverulenta Ach. — Sur les arbres du Cours Saint-André, à Grenoble, etc. aipolia Ach. — Sur les arbres, à Grenoble, etc. stellaris Ach. — Sur les arbres et sur les rochers, à Grenoble, etc. cæsia Ach, — Sur les Mélèzes, au Villard-d'Aréne (Hautes-Alpes). parietina Ach. — Sur les arbres et sur les rochers, à Grenoble, etc. PLACODIUM DC., Nyland. ochroleucum DC. — Ordinairement sur les rochers granitiques, à Chanrousse, etc. versicolor Delise. — Sur les rochers granitiques, à Taillefer. oreinum Duby. — Sur les rochers micacés, au Pic-du-Bec (Hautes-Alpes). radiosum DC. — Sur les rochers, à Proveysieux, etc. fulgens DC. — Ordinairement sur la terre, à Proveysieux, à Sassenage. murorum DC. — Sur les rochers et sur les murs, à Grenoble, etc. elegans DC. — Sur les rochers, à Grenoble, au Galibier (Hautes-Alpes), etc. LECANORA Ach. — vitellina Ach. — Sur les arbres, à Grenoble, elc. salicina Ach. — Sur les Saules, les Peupliers, à Grenoble, etc. citrina Ach. — Sur les rochers, à Sassenage, etc. cerina Ach. — Sur les arbres, à Grenoble, etc. subfusca Ach. — Sur les arbres, à Grenoble, etc. Epibryon Ach. — Sur les mousses, à Chanrousse, au Pic-du-Bec. badia Ach. — Sur les rochers granitiques et calcaires, à Taillefer, au Galibier. ventosa Ach. — Sur les rochers granitiques, au-dessous des glaciers de la Grave, elc. cupularis Duby. — Sur les rochers, à Sassenage. lepidora Ach. — Sur les mousses, à Belledonne. Turneri Ach. — Sur l'écorce des vieux Sapins, à la Moucherolle. Villarsii Ach. — Sur les rochers calcaires, à Varces, etc, tartarea Ach, — Sur l'écorce des Frénes, à Saint-Nizier. frigida Ach. — Sur les mousses, au Pic-du-Bec (Hautes-Alpes). glaucoma Ach. — Sur les rochers, à Taillefer, à Chanrousse. subcarnea Ach. — Sur les rochers, à Taillefer. incrustans Ach. — Sur les rochers calcaires,:à Sassenage. atra Ach. — Sur les rochers calcaires et granitiques, à Prémol, etc. Id TA TT, IETELLEEELIEECITLELI SQuAMARIA DC., Nyland, j — electrina DC. — Sur les rochers granitiques, au Pic-du-Bec. — insulata DC. — Sur les rochers granitiques, au Villard-d'Arene. 766 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Squamaria cervina Duby. — Taillefer, sur les rochers, le Pic-du-Bec, etc. — rubina Hoffm. — Sur les rochers granitiques, à l'Alpe, au Mont-de-Lans, etc. var. liparia Duby. — chrysoleuca Duby. — Sur les rochers, au Galibier. — crassa DC. — Sur les rochers, à Fontaine, à Proveysieux, etc. — Smithii DC. — Sur les rochers et sur la terre, à la Moucherolle, etc. — cartilaginea DC. — Sur les rochers, à Sassenage, au Galibier, etc. — lentigera DC. — Sur la terre et sur les rochers, à Proveysieux, etc. IsibiuM Ach. — melanochlorum DC. — Sur des rochers schisteux, à la Grave (Hautes-Alpes). — corallinum Ach. — Sur les rochers, à Prémol, elc. URCEOLARIA Ach. — mutabilis Ach. — Sur les arbres du Cours Saint-André, à Grenoble. =— scruposa Ach, — Sur les rochers, à Prémol, au Pic-du-Bec, etc. var. bryophila Ach, — Sur les rochers, au Valsenestre, etc. var. cretacea Schær. -— calcarea Ach. — Sur la terre et sur les rochers calcaires, à Proveysieux, etc. Peltigérées. PELTIGERA Hoffm. — venosa Hoffm. — Forêt des Touches, au Villard-de-Lans, etc., sur la terre ombragée. — horizontalis Hoffm. — Forêts de Charmant-Som, sur la terre, parmi les mousses. — aphthosa Hoffm.— Forêts de Proveysieux, etc., sur la terre, etc. — canina Hoffm, — Bois d'Échirolles, etc. — malacea Duby. — Foréts de Proveysieux, sur la terre. — polydactyla Hoffm. — Forêts de la Grande-Chartreuse, etc., sur la terre. NEPHROMA Ach. — resupinatum Ach. — Sur les Sapins et sur la terre, à la Moucherolle, etc. SOLORINA Ach. — saccata Ach, — Proveysieux, etc., sur la terre ombragée, etc. — crocea Ach. — Le Valsenestre, dans les creux des rochers ombragés. Cladoniées. STEREOCAULON Schreb. — paschale Ach. — Lieux stériles, à Revel, etc. — botryosum Ach. — Sables du Vénéon, à la Bérarde, etc. CLADONIA Hoffm. — vermicularis DC. — Sur la terre et sur les rochers, à la Moucherolle, elc. — taurica Hoffm. — Sur les rochers granitiques, à la Bérarde. : — uncialis Hoffm. — Environs du lac du Crouzet, etc., dans les lieux arides. — silvatica Flerke, — Forêts du Villard-de-Lans, ete., sur la terre. var. alpestris. : — rangiferina Hoffm. — Forêts de Revel, Taillefer, etc., dans les lieux arides. — furcata Hoffm. — Forêts de Saint-Nizier, etc., sur la terre ombragée. var. scabriuscula. — racemosa Hoffm. — Revel, etc., sur la terre ombragée, dans les forêts. var. foliosa. — Seyssinet, Revel, etc. — squamosa Hoffm. — Chanrousse, etc., sur les troncs décomposés. i — parasitica Hofím. — Forêts de Charmant-Som, sur les troncs décomposes. — pityrea Spreng. — Forêts du Villard-de-Lans, etc., au pied des arbres. — cornuta Hoffm. — Corençon, Revel, ete., sur les troncs décomposés. var. radiata. — Valjouffrey. É = pyxidata Spreng. — Forêts de Proveysieux, etc., sur les troncs décomposes. — a — symphycarpa Spreng. — Forêts de Prémol, etc., sur la terre et les rochers ombrag y — botrytes Hoffm. — Forêts de Charmant-Som, eté., sur les troncs décomposes- SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 767 Cladonia coccifera Baumg. — Chanrousse, Belledonne, etc., sur les troncs décomposés. — deformis Hoffm. — Belledonne, Taillefer, etc., sur les vieux troncs. — digitata Hoffm. — Chanrousse, etc., sur les troncs décomposés, parmi les mousses. — polydactyla Spreng. — Valjouffrey, sur les troncs décomposés. BÆOMYCEs Pers. — roseus Pers. — Sur la terre argileuse (très commun), Lécidéinées. LECIDEA Ach. — petræa Ach. — Sassenage, etc. — fumosa Ach. — Sur les rochers, à Rochefort près du Pont-de-Claix, etc. — parasema Ach.— Sur les arbres, à Grenoble, etc. var. punctata, var. myriocarpa. — sabuletorum Ach, — Parmi les pelouses, à Belledonne, à Grenoble, etc. confluens Ach. — Sur les granites, au Lautaret, etc. immersa Ach. — Sassenage, etc., sur les rochers calcaires. var. emergens Ach. — Sur les rochers calcaires, à Fontaine, etc. Wulfenii Ach, — Sur les rochers calcaires, à Beauregard, etc. biformis Fée. — Sur les rochers, au Galibier. elata Schaer. — Sur les rochers, au Galibier. albo-cærulescens Ach. — Sur les rochers, au lac du Crouzet, etc. silacea Ach. — Sur les rochers calcaires, à Sassenage. speirea Ach. — Sur les rochers, au Galibier, etc. var. cretacea. — Sur les rochers, à Prémol, etc. epipolia Ach, — Sur les rochers, à Sassenage, etc. sanguineo-atra Ach. — Sur les mousses, au lac du Crouzet. icmadophila Ach. — Sur les troncs décomposés, à la Grande-Chartreuse, etc. elveloides Web, — Sur la terre, au Valsenestre. rupestris Ach. — Sur les rochers, à Sassenage, etc. pineti Ach. — Sur l'écorce des Mélèzes, au Villard-d’Arène, atro-virens Ach. — Grenoble, Taillefer, etc., sur les rochers. Morio Schær, — Sur les granites, à Taillefer, au Pic-du-Bec. armeniaca Scheer, — Sur les rochers, au Galibier. atro-brunnea Scheer. — Sur les granites, à Taillefer, etc. tabacina Schær. — Sur les rochers calcaires, à Sassenage. Wahlenbergii Ach. — Sur la terre humide, à Chanrousse. vesicularis Ach, — Grenoble, etc. candida Ach. — Sur les rochers et sur la terre, à Seyssinet, etc. lurida Ach. — Sur les rochers, à Sassenage, au Valsenestre, etc. decipiens Ach. — Sur la terre, à Rochefort, au Valsenestre, etc, ET LUE PFEREREITERTLTFELITEI Gyrophorées. UuBiLICARIA Hoffm. : ird — polymorpha Schzr.— Sur les granites, à Prémol, à Taillefer, etc. var. deusta Schær. var. cylindrica Scheer. — erosa Hoffm. — Sur les granites, au Valsenestre, etc. — tessellata Duby., — Sur les granites, au Pic-du-Bec. — — polyphylla Hoffm, — Sur les granites, à la Grave, à Puits-Vacher, elc. — depressa Schær. — Au Valsenestre, etc., sur les granites. var. pellita. — Prémol. Graphidées. OPEGRAPHA Pers, : — verruearioides Ach. — Sur l'écorce des Peupliers, à Grenoble, etc. — radiata Pers. — Sur l'écorce des arbres, à Grenoble, ele. PIT — obscura Pers. — Sur l'écorce des arbres du Cours Saint-André, à Grenoble. 768 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Opegrapha cymbiformis Schær. — Sur l'écorce des arbres, à Grenoble, etc. — macularis Ach. — Sur l'écorce des Hétres, à Échirolles, etc. — herpetica Ach. — Sur l'écorce des arbres, à Grenoble, etc. — atra Pers. — Sur l'écorce des arbres, à Grenoble. var. denigrata. — calcaria Ach. — Sur les rochers calcaires, à Rochefort, etc. — sulcata Pers. — Sur l'écorce des Hétres, à Échirolles, etc. — scripta Ach. — Sur l'écorce des arbres, à Échirolles, etc. var. pulverulenta. var. serpentina. — dendritica Ach. — Sur l'écorce des arbres, à Proveysieux, etc. Caliciées. CALICIUM Pers, — hyperellum Ach. — Sur le tronc dénudé des arbres, à Saint-Nizier. Endocarpées. ENDOCARPON Fries. — miniatum Ach. — Sur les rochers, aux Balmes de Fontaine, etc. — complicatum Ach. — Sur les rochers, à Chanrousse, à la Moucherolle, eic. PERTUSARIA DC., Nyland. — communis DC. — Sur l'écorce des arbres, à Proveysieux. Verrucariées. VERRUCARIA Pers. — galactites DC. — Le Rondeau prés Grenoble, sur l'écorce des Peupliers, etc. — epidermidis Ach. — Sur l'écorce des Bouleaux, à Corencon, etc. var. Cerasi Ach, — Sur l'écorce des Cerisiers, à Grenoble, etc. punetiformis Pers. — Sur l'écorce des arbres, à Proveysieux, etc. var. atomaria Ach. nitida Schrad. — Sur l'écorce des Hétres, à Proveysieux, etc. melaleuca Ach, — Sur l'écorce des Saules, à Fontaine. leucocephala Ach. — Sur l'écorce des Hétres, à Proveysieux, elc. rupestris Schrad. — Rochers calcaires, aux Cuves de Sassenage, etc. var. Schraderi Scheer. var. calciseda Schær, VARIOLARIA Pers. — communis Ach. — Sur l'écorce des arbres du Cours Saint-André, à Grenoble, PA elc. Coltémacées. COLLEMA Hoffm. — saturninum Ach. — Sur l'écorce des Noyers, etc., à Grenoble, etc. — nigrescens DC. — Sur l'écorce des arbres, à Grenoble, etc. — melenum Ach. — Sur les rochers. à Fontaine, etc. — furvum DC. — Sur l'écorce des arbres, à Grenoble, etc. — fimbriatum Hoffm. — Sur les rochers, aux Balmes de Fontaine, etc. — lacerum DC. — Sur les rochers, à Seyssinet, etc. — pulvinatum Hoffm, — Sur les rochers, à Seyssinet. — crispum Hoffm. — Sur la terre, parmi les mousses, à Fontaine, cic. — nigrum Ach. — Sur les pierres, à Grenoble, etc. — synalyssum Ach. — Sur les rochers, à Fontaine. — stygium Schær. — Sur les rochers des Balmes de Fontaine. — fasciculare DC, — Sur l'écorce des Peupliers, à Grenoble, etc. M. Gonod d'Artemare présente à la Société un manuscrit qu! contient des aquarelles de plantes. SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 769 NOTE SUR UN ALBUM DE FLEURS PRÉSENTÉ A LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, pr M. E. GONOD D'ARTEMARE. Cet album appartient à M. Laurent, inspecteur de l'Académie de Clermont- Ferrand, et a pour titre : Fleurs champêtres dessinées et coloriées par M. Pi- cardet , conseiller à la Table-de-marbre de Dijon (1). Ce travail doit remonter environ à l'année 1780, car on y trouve une date de 1784, qui parait avoir été écrite aprés le premier texte. L'auteur s'y montre tour à tour botaniste, poëte et peintre habile; il se plait, comme il le dit lui-même, « à parcourir le domaine de Flore, simul poeta et amans pictura. » Toutes les plantes dessinées et coloriées, au nombre de 140, sont des envi- rons de Dijon, et portent, pour la plupart, le nom linnéen. Je citerai parmi elles : Acta spicata (Christophoriane), Epilobium alpinum (Chamænerion), Ornithogale à fleurs vertes, Campanula persicifolia et graminifolia, Aconi- tum Napellus, Lilium Martagon, Fraxinelle, Orchis-oiseau, Thymelæa, Gentiana pumila, etc. Le recueil de M. Picardet est moins remarquable au point de vue botanique qu'il ne l'est sous le rapport du dessin et du coloris. Les plantes y sont parfai- tement représentées quant à leur port et à leur couleur; mais le reproche sérieux que l'on pourrait faire à l'artiste, c'est d'avoir trop sacrifié au goût de son époque pour l'ornement, en exagérant quelquefois les contours des feuilles et des fleurs, et de s'étre éloigné ainsi de la vraie nature. J'ai dit que, dans le travail de M. Picardet, la poésie accompagnait la pein- ture. En effet, sous chaque dessin est inscrit un distique latin rappelant les habitudes, le port, la station, l'époque de floraison ou l'histoire mythologique de la plante. Voici quelques-uns de ces distiques : Hellébore. Et quoque flos suus est hiemi : natura docet nos, Frigescente etiam vita, vitæ decerpere flores. Ornithogale bleue. O tu, vallis honos ! cum valles solus oberro, Tu mihi, tu solus, floscule, gratus ades. Polygala. Hæc prior herba fuit quae vaccam nutriit lo; Floribus inde suis copia lactis inest, Scabiosa. Te petit impatiens, te verni sub primula solis Lumina cum blando murmure libat apis. (1) La Table-de-marbre de Dijon était une des dix-huit grandes-mailrises qui com- posai ent l'administration forestière du royaume de France, et qui ont disparu en 1789. T. VIL 49 770 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Myosotis scorpioides. Et rosa pulchra nitet, formosa et lilia fulgent, Ast ego bellula sum, decorat sua quemque venustas Glaucium corniculatum. Cornu prolixo, croceo velamine, quis non Me censet miserum quondam vixisse maritum? Adonis flammea. Me prope cæsus apro cecidit formosus Adonis; Sanguine effundor, nomen et inde meum. Berberis. Quot juvenes novi, lascivas quotque puellas, Queis flos ingratus grata momenta refert? Linum montanum. Nais eram, Zephyrum fugiens crudelis amantem ; Oro deos, vertunt, et flos in collibus hasi. Aconitum Napellus. Floribus et foliis formosa, sed acre venenum ; Qui fit quod forme juncta sit improbitas? Trifolium montanum majus. Humilia humilibus ; sociis sunt pratula grata ; Ast ego præcelsus præcelsos incolo montes. Crategus oxyacantha. Grata, venusta, sed immiti me cuspide cingo, Victa tamen ; vestras sic exoptate puellas. Le conseiller à la Table-de-marbre de Dijon a ajouté apres coup, en téte de son album, une assez longue série de passages des auteurs anciens et modernes qui ont trait à la botanique. Cette sorte de préface à son œuvre, où l'érudition joue un grand rôle, est bien dans le goût de l'époque où le moindre ouvrage n'était pas exempt d'un peu de pédanterie. Avouons cependant qu'il est assez curieux de trouver rapprochés des morceaux, d'époques trés différentes, d'auteurs latins, francais, italiens, etc. L'inégalité méme de leur mérite ne manque pas de piquant. M. Picardet rappelle tous les traits mythologiques qui ont rapport à quelque fleur : il cite Ovide et Tibulle, passe de là à la iari tion donnée par Arioste des jardins de Logistille ; Properce vient ensuite, € l'on trouve méme cà et là des vers du cru de l'érudit conseiller. Peintre habile de fleurs, il les chante assez mal ; Pégase lui est un peu rétif, et la poć- sie francaise lui réussit moins bien que la poésie latine. Il n'est pas d'ailleurs très difficile dans le choix de ses citations, car on y trouve jusqu "à des vers de ballet, tels que ceux-ci : Enchantez mes regards, objets délicieux, Vous me dédommagez du séjour du tonnerre; Brillez, naissantes fleurs, vous étes à la terre Ce que les astres sont aux cieux. SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 774 Enfin une main autre que celle de M. Picardet, et beaucoup plus récente, a ajouté à la fin ce distique si connu sur les sépales de la rose, lequel termine ce recueil : Quinque sumus fratres, unus barbatus et alter, Imberbesque duo, sum semiberbis ego. M. Gonod d'Artemare met ensuite sous les yeux de la Société des échantillons de l'ergot de Froment. NOTE SUR L'ERGOT DE FROMENT, par MI. E. GONOD D'ARTEMARE. L'existence de cet ergot, indiquée vaguement par plusieurs auteurs. et con- nue seulement de quelques rares botanistes, fut démontrée en 1855 par M. le docteur Grandclément. L'ergot de Fromeng est le produit perdu d'une grande industrie de Cler- mont. Dans les fabriques de pàtes alimentaires dites d'Auvergne, les femmes chargées de trier à la main le froment mettent à part l'ergot qu'elles vendent aux pharmaciens. L'ergot du Froment diffère sensiblement de celui du Seigle par ses pro- priétés physiques ; il s'en distingue par la forme, la longueur, la grosseur et méme l'odeur, l'ergot du Blé étant moins nauséabond que celui du Seigle. Si l'on considère en masse le blé et le seigle ergotés, la différence est impossible à méconnaitre; si on les compare grain à grain, on les reconnait aussi facile- ment. Les études microscopiques qu'a faites M. Grandclément établissent aussi des différences entre les sporules des deux ergots. Sous le rapport médical, l'ergot du Froment présente plusieurs avantages sur celui du Seigle. Celui-ci s’altère avec beaucoup de facilité, et perd toute action médicamenteuse. L'ergot de Froment résiste beaucoup plus à l'action du temps, et sa poudre se conserve. pendant longtemps sans rien perdre de ses propriétés, Je pense que l'ergot de Froment doit cette inaltérabilité à la nature du Froment dur et glacé qui le produit. De plus, l'ergot du Froment, tout en possédant les propriétés thérapeutiques de celui du Seigle, parait, d'apres plusieurs observations, ne pas avoir au méme degré les propriétés toxiques, L'ergot du Froment est plus rare que celui du Seigle ; il est fort difficile de trouver le Froment ergoté sur pied, Si l’on interroge les cultivateurs sur la production de ces ergots, ils vous diront que ces mauvais grains se forment dans les meules de blé mal faites et peu serrées, et que ces ergots se trouvent aux deuxième et troisième rangs, rarement au premier, et toujours du côté où règnent les vents humides. M. Henri de la Perraudiére appelle l'attention de la Société sur 7/2 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. deux anomalies végétales rencontrées au Lautaret pendant les herborisations des jours précédents; ce sont : 4° Un Polygonum viviparum, à épi complétement vivipare (monstruosité déjà signalée par Linné, mais fort rare dans les Alpes françaises ) ; 2° Un Phyteuma betonicifolium présentant un phénomène de dédouble- ment remarquable. M. Faivre, vice-président, fait à la Société la communication suivante : NOTE SUR LE POLLEN ET LE MÉCANISME DE LA FÉCONDATION CHEZ LES GLOXINIA, par M. Ernest FAIVRE, Le grain de pollen du Gloxinia erecta, vu à un grossissement de 500 dia- mètres, est constitué par une membrane d'enveloppe, un amas de matière gra- nuleuse, et au centre un noyau dont l'existence n'est pas constante dans tous les grains : ce noyau, dont le diamètre est d'environ 0"",01, est surtout visible à l'intérieur des grains les moins développés. Les réactifs ont. donné les caractéres suivants. La teinture d'iode colore en jaune clair la membrane d'enveloppe, en jaune rougeâtre le contenu qui est fortement rétracté et privé de son mouvement moléculaire : en ajoutant un peu d'acide sulfurique à froid ou à chaud, la coloration jaune devient plus vive. Le liquide cupro-ammoniacal, préparé et employé comme l'indique M. Frémy, pâlit l'enveloppe et le contenu, sans les dissoudre et sans produire la coloration caractéristique de la cellulose ; les mouvements de la fovilla ne sont pas abolis. L'acide acétique cristallisable pâlit fortement l'ensemble du grain, que les acides sulfurique et nitrique dilués colorent en jaune. En définitive, l'enve- loppe et le contenu du grain n'offrent pas les caracteres tranchés des substances amylacées, bien qu'il existe dans la fovilla quelques grains d'amidon. Le mouvement brownien est bien facile à observer dans le pollen des G/ozt- nia : il est particuliérement marqué dans les grains noirs, ovalaires, jaunissant sous l'influence des réactifs, qui forment, par leur accumulation, la masse de la fovilla. Le mouvement de chaque grain est complexe : en l'étudiant attenti- vement, nous y avons remarqué une rotation autour de l'axe du grain, un balancement latéral, une progression des grains les uns par rapport aux autres; nous avons également reconnu que le volume et la forme des grains n'ont aucune constance, et que les grains, lorsqu'ils viennent à se rencontrer, 5€ conjuguent, se réunissent souvent en une seule masse. Ce phénomène de con- jugaison mériterait d'étre mieux étudié. Le mouvement brownien continue à s'accomplir dans la fovilla bien long- temps après que le pollen a été séparé de la plante, pourvu qu'on ait pris SOIN SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 773 de le conserver à l'abri de l'humidité ; pour y parvenir, nous l'avons simple- ment enveloppé dans du papier sans colle, et placé dans un lieu sec. Une année aprés notre première récolte, les grains de pollen conservés avaient encore le méme caractère au microscope, et l'on provoquait le mouvement moléculaire en humectant le grain à l'aide d'une goutte d'eau. Ces grains de pollen n'ayant point perdu leurs propriétés essentielles, nous avons dà penser qu'ils étaient encore aptes, méme apres une année, à déterminer la fécondation, et l'expé- rience a confirmé cette supposition. En juillet 1860, des fleurs de Gloxinia erecta dont on avait préalablement enlevé les étamines, ont été fécondées arti- ficiellement à l'aide de grains de pollen conservés depuis l'année précédente, et la fécondation a réussi. La fécondation s'accomplit chez les Gloxinia au moyen d'un mécanisme qui consiste essentiellement dans le rapide accroissement du style. Si l'on examine une fleur au moment de son épanouissement, on constate que les quatre éta- mines, adhérentes par les anthères, forment un arceau allongé, au-dessous et en arriére duquel on apercoit le style encore peu développé. En mesurant dans ces conditions, sur plusieurs fleurs, la distance comprise entre le stigmate et les anthères, nous l'avons trouvée de 13 millimètres en moyenne. Les rapports des parties sont différents lorsque la fécondation s'accomplit. Le style s'est beaucoup allongé et le stigmate s'arc-boute contre la face posté- rieure des anthéres ; l'arceau staminal est surbaissé. Enlin, lorsque la fécondetion est accomplie, le style a presque doublé de longueur ; il s'est détaché des anthéres et projeté en haut et en avant, l'arceau staminal est entièrement surbaissé. Les observations suivantes, faites sur quatre pieds de Gloxinia, indique- ront avec plus de précision le mécanisme dont nous venons d'indiquer l'en- semble. Le 25 juin, on met en observation quatre boutons, dont l'épanouissement a lieu le 26 à quatre heures du soir. — Le 27, à sept heures du matin, le style offre une longueur de 10 millimètres ; le méme jour, à sept heures du soir, le style a atteint 16 millimètres. — Le 28, à sept heures du matin, le style a 22 millimètres; le méme jour, à trois heures, le stigmate est en contact avec les anthéres, et il s'est notablement recourbé. — Le contact du stigmate et des anthères se maintient pendant prés de quatre jours, du 29 juin au 2 juillet. — A partir de ce moment, le style s'éloigne des antheres, se redresse et s'al- longe encore pendant vingt-quatre heures ; il atteint la longueur définitive de 33 millimétres, et sa croissance s'arréte alors, bien que la chute des enve- loppes florales n'aitlieu que le 7 juillet. — Les filets des étamines se sont d'abord allongés, mais bien plus lentement que le style, et ils se sont ensuite fortement recourbés aprés la fécondation. : On voit par ces observations que dans sept jours qu'a mis à s'accomplir l'évolution du style, la dimension de cet organe a été portée de 40 à 33 milli 774 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. mètres, c’est-à-dire que le style a atteint plus de trois fois sa longueur primi- tive. Depuis l'épanouissement, le style est resté environ trente-deux heures avant d'atteindre les anthéres, et, dans ce laps de temps, il s'est allongé de plus de 12 millimètres ; l'allongement a été un peu moindre à partir de la fécon- dation. Sur les quatre fleurs observées, deux seulement ont été fertiles. Le mécanisme dont il vient d’être question, et qui consiste surtout dans un rapide allongement du style se portant à la rencontre des anthéres, n'est pas spécial aux Gloxinia; nous l'avons observé également, avec certaines modi- fications, sur les fleurs qui couvrent les hampes si remarquables de lA gave densiflora et du Bonapartea juncea. M. Lespinasse rend compte de ses excursions au Mont-Rachet et au pic de Belledonne : RAPPORT DE M. Gustave LESPINASSE SUR DEUX HERBORISATIONS FAITES LES 7, 8 ET 9 AOUT AU MONT-RACHET ET AU PIC DE BELLEDONNE. Pendant que la Société botanique de France parcourait les sites si riches du Lautaret, deux de ses membres, M. Léonce Motelay et votre rapporteur, retenus à Grenoble par des causes étrangères à la botanique, exploraient quel- ques montagnes voisines, dont la végétation, moins intéressante sans doute, pouvait toutefois ajouter quelques bonnes observations à celles si nombreuses déjà recueillies. Le Mont-Rachet et le pic de Belledonne, deux montagnes de nature géolo- gique et de hauteur très différentes, furentle but des deux courses dont je vais rendre compte. Excursion au Mont-Rachet. Le chaînon secondaire de montagnes calcaires, dont le massif de la Grande- Chartreuse forme le centre, se détache de la chaîne principale des Alpes fran- caises au voisinage du Mont-Blanc, se dirige vers l'ouest, et vient se terminer sur la rive droite de l'Isére, en face de Grenoble, par le Mont-Rachet ou Mont- flachais. Le Mont-Rachet, ceint dans sa partie inférieure par les murs de la citadelle qui domine Grenoble, est une petite montagne élevée seulement de 1053 métres au-dessus du niveau de la mer, c'est-à-dire à un peu plus de 800 metres au-dessus de Grenoble, dont l'altitude est fixée, d'après la statistique du département de l'Isère, par M. Gueymard, à 216 mètres. Cette montagne ne pouvait donc nous offrir que des plantes sous-alpines; tel a été, en effet, en grande partie, le fond de notre récolte. Une demi-journée suffit amplement pour la course que nous allons entre- SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN aour 4860. 775 prendre. Partis le 7 aoüt à dix heures du matin, nous arrivons, aprés un trajet de trois quarts d'heure environ, au pied de la montagne que l'on franchit habituellement par son côté oriental, en raison des obstacles qu'offrent les murs de la citadelle dans la partie qui fait face à la ville. La région basse, que nous traversons d'abord en suivant un assez mauvais chemin, est entièrement couverte de cultures et de villas entourées de murs et conséquemment sans intérêt botanique. Au-dessus du tiers inférieur apparaissent quelques terrains incultes, et immé- diatement se montrent aussi quelques bonnes plantes. Là nous récoltons Hip- pophaë rhamnoides aux grappes orangées, Laserpitium Siler et latifolium, Buphthalmum salicifolium où grandiflorum (deux espèces bien difficiles à distinguer et qui n'en font peut-être qu'une), Cirsium monspessulanum et tuberosum, et, sur le Teucrium Chamædrys et quelques autres basses plantes, Cusucta Kotschyi de mon savant ami M. Ch. Des Moulins. Cette dernière espèce est bien certainement nouvelle pour le département de l'Isère et proba - blement aussi pour toute la chaine des Alpes, où elle a dû être, comme partout ailleurs, de tout temps confondue avec Cuscuta Epithymum. Quelques pieds de Catananche cœærulea, dans sa station la plus septentrionale connue, attirent l'attention de mon intelligent compagnon, peu familiarisé encore avec cette élé- gante Chicoracée, qui appartient exclusivement aux terrains calcaires. Un peu plus haut, dans des moissons maigres, devenues plus abordables, nous trouvons Bupleurum rotundifolium, Odontites linifolia, forme à feuilles toutes entières de l'Odontites lutea. Cette dernière plante m'a paru se ren- contrer presque toujours dans les moissons ou dans les champs, et non sur les coteaux arides, comme l'indiquent MM. Grenier et Godron. Aux deux tiers à peu prés de notre ascension, nous arrivons dans de grands bois qui se continuent, entrecoupés de quelques champs maigres et de pâtu- rages abrupts, presque inabordables en raison de la déclivité, jusqu'au sommet de la montagne. Au bord de ces bois où le Hêtre domine, apparaît le Melampyrum nemo- rosum en touffes splendides, ayant jusqu'à 1 mètre de hauteur. Ces touffes, couronnées par les panaches élégants du Rhus Cotinus auxquels viennent se mêler les grappes de fruits du Cytisus Laburnum, forment un ensemble de végétation de l'aspect le plus gracieux. D'énormes coussins de Cytisus supinus couvrent entièrement la terre de leurs rameaux inextricables dans les endroits un peu ravinés. Çà et Ià dans les clairières végètent quelques Pinus silvestris, à forme rabougrie, désignée par Villars comme étant le Pinus Mughus de Scopoli. Dans ces mêmes bois abondent Epipactis atro-rubens et Cephalan- thera rubra. Sur les bordures, le Limodorum abortivum est assez commun. Dans les fourrés, Convallaria maialis et Polygonatum verticillatum montrent leurs jolies baies rouges et violettes. Nous montons toujours, et nous pouvons récolter encore, dans un champ de blé, Melampyrum arvense, Odontites lini- 776 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. folia et Alyssum calycinum, plus abondants peut-être que la moisson elle- méme. Le Medicago falcata se trouve partout au bord du petit chemin que nous suivons. Le Mont-Rachet est abondamment pourvu du Cerisier (Cerasus caproniana DC.?) à demi sauvage, avec le fruit duquel se fait le célebre ratafia de Grenoble. Au bord d'un champ inculte, presque au sommet de la montagne, se trouvent aussi les deux formes de Sedum anopetalum, dont M. Jordan a fait deux espéces, l'une dédiée à notre excellent confrére, le modeste et habile directeur du jardin botanique de Grenoble, sous le nom de Sedum Verloti, et l'autre conservant le nom de Sedum anopetalum. Ces deux plantes, récoltées à cette localité, vous ont été montrées par M. Verlot lui-méme dans votre séance du 6 de ce mois (1) Le Sedum altissimum est également commun sur ces hauteurs. Le Campanula persicifolia se montre dans quelques haies, ainsi que le Pyrethrum corymbosum. L'Orobanche Laserpitii- Sileris nous avait été signalé par M. Verlot sur le Mont-Rachet, mais nous n'avons pu, ou plutót nous n'avons pas su l'y trouver. Il n'en a pas été de méme du Thlaspi virgatum G. G. (T. brachypetalum Jord.), qui abondait dans les broussailles dont est couvert le sommet de la montagne. Les tiges étaient desséchées, mais nous avons pu en récolter, dans cette localité classique, quel- ques pieds dont les capsules renfermaient encore des graines, au moyen des- quelles cette rare espéce se trouvera représentée au jardin botanique de Bor- deaux. Les bois que nous avons explorés renferment quelques Acer opuli- folium, dont les feuilles sont toutes envahies par le Rhytisma acerinum. Ces bois, où abonde l'Arabis brassiciformis, sont ceints d'une sorte de haie de Melittis Melissophyllum que je n'ai vu nulle part aussi abondant. Toutes les feuilles de cette plante étaient couvertes de taches produites par un Asteroma de couleur violacée, dont l'aspect général était des plus bizarres. Là nous trouvons aussi, desséché il est vrai, mais parfaitement reconnaissable, l’ Ophrys anthropophora. La montagne se termine par une sorte de plateau formé de gros blocs cal- caires bouleversés et répandus péle-méle, qui rendent le terrain d'autant plus difficile à parcourir, que tout cela est envahi par de grandes herbes cachant d'énormes trous où il est facile de faire des chutes dangereuses. Sur un de ces blocs s'étalait le plus beau Sempervivum tectorum? qu'il fût possible de voir. Quelques rosettes de feuilles mesuraient plus de 10 centimètres de diamètre. L'espèce sera cultivée au Jardin de Bordeaux. La végétation de ce plateau offre, dans son périmètre restreint, une réu- nion de très belles plantes. Plusieurs gros buissons de Cotoneaster vulgaris sont entièrement couverts de leurs baies couleur de sang, et tout à côté le Ribes alpinum (9) étale ses belles perles rouges; un peu plus loin, le Rosa (1) Voyez plus haut, p. 606 et 608. SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 797 pimpinellifolia nous montre ses fruits globuleux et ses petites folioles si élé- gantes, D'énormes pieds de Trifolium rubens, le plus beau assurément de nos Tréfles européens, attirent de loin les regards sur leurs magnifiques épis pourprés se détachant gracieusement des touffes soyeuses et argentées du Melica Magnolii. Beaucoup plus modeste, l' Asplenium Halleri, humblement cramponné aux fentes des rochers, contribue, par ses frondes si élégamment découpées et du vert le plus tendre, à embellir ce site charmant. Mais l'heure du retour approche, et, aprés avoir enlevé rapidement quelques capsules fructifiées du Lilium Martagon, nous redescendons en moins d'une heure la montagne dont l'ascension nous en avait pris plus de trois. A sept heures, mon zélé compagnon et moi nous nous mettions à table, pourvus d'un excellent appétit et faisant déjà nos plans pour la course du lendemain. Ascension du pic de Belledonne. Quand on arrive à Grenoble par la porte de France, on est surtout frappé de l'aspect imposant et grandiose que présentent les magnifiques montagnes que l'on a en face de soi et au pied desquelles la ville semble assise. Ges montagnes, des plus élevées du département, font partie des Alpes fran- caises dont le Mont-Thabor est le point de départ et qui viennent se terminer sur la rive gauche de l'Isére. Leur constitution géologique ignée, tout à fait différente de celle des montagnes de la rive droite qui sont toutes calcaires,” donne à leur végétation un caractère sévère et triste. Des forêts de Hétres et de Sapins, avec leur sombre verdure, les enveloppent presque entiérement, et leurs sommets nus et déchirés, ou couverts de neiges éternelles, font d'avance pressentir leur hauteur. De ces montagnes, la plus élevée, le pic de Belle- donne, est celle que nous avons choisie pour but de notre seconde excursion. On y arrive par plusieurs routes offrant chacune un intérêt différent. Celle qui nous a été indiquée, et qui nous a paru la plus facile et surtout la plus directe, consiste à prendre la voiture allant à Doméne, gros bourg situé à 10 kilomètres de Grenoble, près de l'Isère. De là, on franchit à pied les quelques kilometres qui séparent Doméne du petit village de Revel, et l'on commence immédiatement l'ascension par le cóté nord de la montagne. C'est le trajet et le programme que nous avons suivis, mais malheureusement nous n'avons pas procédé aussi lestement. Partis de Grenoble par la voiture de dix heures, nous arrivons à onze à Doméne, Là, aprés avoir déposé nos bagages, nous franchissons sur une excel- lente route, dont la rampe est trés douce, la distance qui nous sépare de Revel. Le pays cultivé que l'on traverse n'offre d'intéressant que de magnifiques points de vue. Cependant, à mi-cóte, sur une petite friche exposée au midi, nous récoltons, comme souvenir de ce commencement d'ascension, Zeuzea conifera, assez remarquable ici par ses tiges d'au moins 20 centimètres. 778 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Arrivés à Revel, notre premier soin est de nous mettre à la recherche du guide qui doit nous accompagner dans notre ascension et que nous n'avons point trouvé à Doméne à l'arrivée de la voiture, ainsi que cela avait été con- venu. Ge brave homme, nommé Marquet, n'était pourtant pas coupable de négligence. La lettre qui lui avait été écrite deux jours auparavant pour l'avertir de notre départ, lui arrivait en méme temps que nous, par le facteur qui nous avait servi de compagnon de route depuis Doméne. Ce contre-temps, en apparence insignifiant, a eu pour nous des conséquences dont s'est ressentie l'excursion, Le guide avait ordre de se procurer un mulet ou un âne pour porter les bagages de Domêne à Revel et de Revel aux pâturages de la Pra, où nous devions coucher. La lettre n'étant pas parvenue à temps, il a fallu d'abord s'occuper de se procurer la bête, première difficulté, les meuniers auxquels il fallait s'adresser étant tous retenus par une foire ou un marché qui devait avoir lieu le lendemain. Après beaucoup de temps perdu, on trouve enfin un âne, avec lequel le fils de notre guide part immédiatement pour Doméne où sont restés nos bagages. La course n'est pas longue, mais il faut cependant une heure et demie pour le trajet, aller et retour. Pendant ce temps nous préparons nos vivres, car il n'y a rien là-haut, et nous prenons un repas plus solide que succulent pour attendre l'heure du souper dans la montagne. Vers deux heures _ et demie nous sommes prêts; mais, autre difficulté, le propriétaire de lâne déclare que sa béte n'est pas assez forte pour porter nos lourds colis dans l'ascension pénible que nous allons entreprendre, et refuse net de nous la livrer. TI faut donc en chercher une autre, ce qui prend encore une heure... Enfin, à quatre heures, nous partons avec un retard de prés de cinq heures. Aprés avoir marché deux heures environ à travers des champs cultivés et des bruyéres couvertes de Digitalis grandiflora, on atteint une belle forêt de Sapins, entrecoupée de clairières où abonde Platanthera bifolia et où nous récoltons aussi Botrychium Lunaria et Ophioglossum vulgatum, deux Fou- gères très voisines qui, comme deux membres de la même famille, semblaient s'être donné rendez-vous dans ce lieu élevé. Par un sentier très rapide, glis- sant et boueux, piétiné par les bœufs, on arrive, non sans quelque fatigue, sur une crête gazonnée à laquelle les habitants du pays donnent le nom de pré Rémond. Cette crête est le point de jonction de deux chemins différents conduisant au pic de Belledonne. Ici le touriste devra s'arrêter pour jouir d'un trés beau spectacle. Au nord, il aura en face le massif imposant de la Grande-Chartreuse; à sa gauche, le cours du Drac, l'Isère, les montagnes de Saint-Nizier, et Grenoble pittoresque- ment plongée dans une vapeur transparente; autour de lui, les montagues décharnées de la combe de Lancey, du Grand-Charnier et des Sept-Laus. Forcés nous-mêmes de faire halte pour prendre quelques instants de repos, nous nous dirigeons bientót de nouveau vers le but, encore fort éloigné, de SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860, 779 notre excursion. Après avoir suivi pendant quelque temps le flanc d'une mon- tagne, nous arrivons à la limite supérieure des Sapins; nous nous sommes élevés jusqu'à 1500 mètres. Ici pourrait commencer une herborisation assez fructueuse, mais le temps énorme perdu à Revel pour nous procurer la bête de somme dont nous comprenons un peu tard l'inutilité et l'embarras, nous force de hâter le pas pour éviter de coucher à la belle étoile au milieu de la montagne. Nous ramassons donc rapidement Gnaphalium dioicum, Alchemilla alpina, Homogyne alpina, Adenostyles alpina, et constatons la présence des premiers buissons de Rhododendron ferrugineum et des premiers gazons de Silene acaulis. Nous montons ainsi jusque vers 1800 mètres. Le jour commencait déjà à baisser, quand nos guides s'arrétant tout à coup, ramassent chacun une pierre qu'ils jettent, avec une certaine gravité, dans un ravin, à notre droite, en nous engageant à en faire autant. Nos pierres vont rejoindre un tas considérable qui prouve qu'il en a été jeté déjà beaucoup d'autres... A cette singulière cérémonie se rattache toute une légende, dont nous allons en peu de mots raconter ce que nous savons. Cet endroit s'appelle la Pierre-du- Mercier. Au dire des guides, à une époque qu'ils ne peuvent préciser, un pauvre mercier de l'Oisans traversait ces solitudes dans les derniers jours du printemps ; selon les uns, il fut surpris par une avalanche qui l'em- porta dans le précipice, où il périt; mais, selon le plus grand nombre, l'acci- dent fut plus tragique : le mercier aurait été victime de la cupidité de quelques compagnons de voyage qui l'auraient précipité dans le ravin, aprés l'avoir assassiné pour s'emparer de la petite fortune qu'il rapportait dans sa famille. C'est donc pour élever en quelque sorte un tombeau à cet infortuné compa- triote que les guides et les bergers jettent sans cesse de nouvelles pierres à l'endroit où ils supposent qu'est enseveli le malheureux mercier. Cet hommage pieux et naif rendu à une victime inconnue, dans un pareil lieu et en un pareil moment, impressionne très vivement et répand sur le site sauvage qu'on tra- verse une tristesse lugubre dont on est péniblement affecté et qu'on a quelque peine à dissiper. Il est à peu près nuit quand nous arrivons au premier habert. Nos guides, qui craignent de s'engager aussi tard dans la partie la plus difficile et Ja plus dangereuse de la montagne, nous proposent de coucher ici pour reprendre notre course le lendemain matin au point du jour. La proposition est acceptée; mais, à la vue de l'affreuse hutte qui doit nous servir d'abri, nous changeons d'avis et, après quelque hésitation, nos guides se décident à nous conduire sans désemparer au habert de la Pra, où nous arrivons à onze heures ct demie, non sans beaucoup de peines et d'ennuis dus en grande partie à notre béte que nous avons toutes les peines du monde à conduire sans accident dans le chaos de rochers et au bord des lacs profonds que nous suivons presque à tâtons. I L'étonnement de nos Aótes de nous voir arriver à pareille heure fait bientôt place à l'accueil le plus empressé. Ces braves bergers mettent bien vite leur 780 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cabane et tout ce qu'elle contient à notre disposition. Malheureusement le loca et son mobilier sont aussi misérables que ceux du précédent Aahert et nous le font presque regretter. Une hutte de 3 métres carrés, dont la toiture, à deux versants, couverte de mauvaises herbes, descend au niveau du sol; à droite de l'ouverture sans porte qui sert d'entrée, une sorte de lit de camp, composé de cinq ou six planches nues; à gauche, un foyer formé de quelques grosses pierres, au-dessus duquel est suspendue, accrochée aux chevrons de la toiture, une marmite de fer; point de cheminée, la porte seule donnant issue à la fumée : voilà le bouge où nous allons passer le reste de la nuit au nombre de huit personnes : les deux bergers, deux chasseurs de chamois, nos deux guides et nous!... Aprés avoir posé cà et là quelques büches sur un sol rendu boueux par la pluie qui s'est introduite la veille dans la cabane, nous faisons cercle autour d'un feu d'autant plus agréable que tout notre trajet de nuit s'est fait par un froid trés vif. Au bout de quelques instants, un potage nous est pom- peusement annoncé, mais quel potage, grands dieux! De l'eau, du lait et du beurre fort, dans lesquels baignent quelques tranches d'un pain dont l'acte de naissance date du mois précédent. Nos provisions, fort heureu- sement, viennent donner du ton à ce trop maigre repas, qui doit remplir le vide d'un jeüne de dix heures, rendu plus sensible encore par l'air vif de la montagne. Un peu de café et quelques gouttes de rhum nous servent de des- sert, et bientôt après, couchés sur notre lit de camp et ayant pour oreillers nos cartables et nos valises, nous prenons quelques heures d'un sommeil que nous eussions certainement appelé en vain si la fatigue de la journée ne nous fût venue en aide. ; Le lendemain, à cinq heures, nous sommes sur pied. Le lieu où nous nous trouvons, appelé páturages de la Pra, est élevé, d’après la carte du Dépôt de la guerre, de 2253 métres au-dessus du niveau de la mer. C'est une sorte de cirque, sans issue apparente, traversé par un ruisseau alimenté par les glaciers qui le dominent. Les pelouses et les rochers qui nous entourent sont couverts de plantes alpines ; nous y récoltons : C. hrysanthemum alpinum, Erigeron alpi- nus, Aster alpinus, Sempervivum arachnoideum et montanum, Pedicularis gyroflexa et incarnata, Antennaria carpatica, Hutchinsia alpina, Carda- mine resedifolia, Vaccinium uliginosum, Arabis alpina, Gentiana verna et alpina, Homogyne alpina, Viola calcarata, Soldanella alpina encore en leur, Polygonum viviparum, Saxifraga muscoides, la variété B alpina de l'A/sine verna (A. Gerardi Willd.), le rare Geum reptans et la forme alpine du Taraxacum officinale, à feuilles lancéolées à peine dentées, dont MM. Huet du Pavillon ont cru devoir faire une espèce sous le nom de 7. glaciale (Plant. neap. n° 377), Juncus trifidus et sa variété Hostu (J. Hostii Tausch), ct enfin Adenostyles leucophylla étalant çà et là ses feuilles cotonneuses et ses élégants corymbes pourprés. SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 784 Nous franchissons une des parois du cirque et nous nous dirigeons, en sui- vant le ruisseau qui sort des lacs toujours glacés de Doménon, vers la base du pic, dont une des aiguilles, surmontée d'une grande croix de bois, semble étre à quelques pas de nous. Arrivés à la hauteur de 2700 mètres, nous faisons halte à la limite inférieure des neiges, après avoir recueilli autour de nous bon nombre d'excellentes plantes dont voici l'énumération : Carex nigra et atrata, £lyna spicata, Luzula lutea, Saxifraga bryoides, S. muscoides var. a com- pacta (S. acaulis Gaud.), Nigritella angustifolia, Saxifraga oppositifolia, Cherleria sedoides, Achillea nana, et en abondance le fameux Génépi des Alpes (Artemisia Villarsii G. G.), Azalea procumbens, Salix retusa forme A (1) et forme B de Villars, Phaca australis, Geum reptans, très abondant à cette hauteur, Anthyllis Vulneraria, var. « Koch (A. alpestris Hegestsch.), et enfin deux excellentes et rares plantes : Zritrichiun nanum (Myosotis nana Vill.) couvrant des rochers entiers de ses coussins soyeux, émaillés de milliers de fleurs du bleu le plus éblouissant, et tout à côté Draba Wah- lenbergii Koch (non Hartm.), plante rare, signalée en France au Mont-Viso seulement. Il est dix heures, et nous faisons, au pied d'un rocher qui nous abrite d'un soleil radieux, un peu fatigant méme à cette hauteur, un frugal déjeuner avant de franchir les neiges qu'il nous faut traverser pour arriver au sommet du pic. Aprés le déjeuner, notre guide, voulant nous donner un dessert de sa facon, pousse quelques cris percants répétés par les échos de ces solitudes, qui font aussitót sortir de leur retraite un troupeau de chamois fuyant épouvantés. Ces charmants animaux, traversant d'un trot rapide, à son extrémité opposée, l'immense tapis de neige qui commence à nos pieds, semblent défiler [à pour le plaisir de nos yeux et pour nous montrer leurs formes gracieuses et leur prodigieuse agilité. Avant de déposer nos cartables et tout ce qui pourrait nous embarrasser dans notre ascension, nous cueillons, presque sous la neige, Ranunculus gla- cialis et Thlaspi rotundifolium, celui-ci en fleur et en fruit, chose remar- quable à une telle hauteur. i À Munis seulement de nos bâtons ferrés, nous commençons une ascension où il ne peut être question de botanique, nous marchons dans la neige. Au bout d'une heure, nous atteignons le sommet du pic. Là s'offre à nos yeux un spectacle incomparable. Le sommet où nous nous trouvons étant plus élevé que tous ceux qui nous entourent, la vue peut s'étendre jusqu'a l'horizon, où elle est arrêtée à l'est par le Mont-Blanc, qui semble à quelques lieues seulement, quoique l'espace qui nous en sépare soit de plus de 100 kilo- mètres. L'aspect grandiose de cette montagne à une telle distance fait facile- * (1) La forme A du Saliz retusa est, d'après Villars, le Saliz serpyllifolia de Scopoli. 782 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ment comprendre sa masse énorme et son immense hauteur; tout près du Mont-Blanc est le Mont-Rose, son rival ; à droite, apparaît, à une distance à peu près égale et au milieu d'innombrables montagnes toutes couvertes de neige, une vaste coupure sombre, c'est le célébre col du Mont-Cenis; sur la gauche, le grand et le petit Saint-Bernard, et jusqu'à nos pieds, sans inter- ruption, un nombre incalculable de pics neigeux ; enfin au-dessous de nous et paraissant descendre jusque dans la plaine, les immenses glaciers connus sous le nom de glaciers de Freydane. Voulant emporter un souvenir palpable de l'étroit plateau où nous sommes et où quatre personnes à peine peuvent se mouvoir, nous enlevons à la pointe du couteau, d'un rocher schisteux mille fois frappé par la foudre, un modeste Lichen, Umbilicaria cylindrica, seul représentant de la végétation à cette énorme hauteur, qu n est pas moindre de 2981 mètres. Le temps nécessaire pour redescendre la montagne et arriver à Grenoble avant la fermeture des portes de la ville nous force de couper court à notre admiration et d'abandonner trop vite ce merveilleux spectacle qui, malgré sa splendeur, n'est qu'un accessoire de notre ascension. Quelques glissades, à l'aide de nos bâtons ferrés, nous ont bientôt ramenés au pied des neiges. A la Pra nous reprenons un des guides resté pour garder nos bagages, nous rechargeons sur notre bête les lourds colis que nous avons fort inutilement apportés, et après avoir cordialement serré la main aux bonnes gens qui nous ont à la fois sz bien et sí mal reçus, nous partons, glanant çà et là en plus grand nombre les plantes déjà signalées. Nous arrivons bientót au beau lac du Crouzet, réservoir de toutes les neiges des montagnes voisines. Ses bords, sans cesse disloqués par les avalanches, t'offrent prés de nous aucune trace de végétation, et l'extréme mobilité des débris granitiques dont ils sont formés explique suffisamment les inquiétudes et les précautions minutieuses des guides, lors de notre passage à cet endroit la nuit précédente. Nous arrivons, quelques instants aprés, à une fontaine à laquelle on a donné, on ne sait pourquoi, le nom de Cul-de-[a- Vieille; nom ignoble, mais trés beau site, oü nous faisons une courte halte. Outre plusieurs espéces déjà nommées, nous récoltons Gentiana punctata L. (G. purpurea Vill.), Silene quadrifida et Veratrum album. Arrivés à la Pierre- du-Mercier, un gros rocher isolé au bord du sentier nous offre encore quelques bonnes espèces que nous n'avions pu cueillir, ce sont: Afragene alpina, Anemone vernalis, Sedum alpestre Vill. (S. sazatile AM.), Bupleurum stellatum, Astrantia minor, Globularia cordifolia var. bellidifolia, Juni- perus nana, Phleum alpinum et Poa alpina. Ici se termine l'excursion botanique ; il ne nous reste plus qu'à descendre „ péniblement par de mauvais chemins couverts de pierres roulantes, pour franchir la distance encore considérable qui nous sépare de Revel, oü nous n'arrivons qu'à sept heures. Depuis quelques heures déja, le ciel s'est couvert SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 783 de nuages menacants qui nous font hàter la marche. Sans nous arréter à Revel, nous descendons à Doméne, saisis en route par la pluie. A notre arrivée seulement, nous nous reposons, attablés avec nos guides, pendaut qu'on attelle la voiture à laquelle nous aspirons. Enfin, à neuf heures, nous disons adieu au brave Marquet et à son fils, et une heure apres nous rentrons à Grenoble, accompagnés depuis Doméne par une pluie battante, dont cette fois heureu- sement nous étions à l'abri. Nous nous couchons bientót, vaincus par la fatigue, mais l'esprit encore tout rempli des impressions de cette journée où la nature nous a montré à la fois ses plus majestueuses et ses plus sauvages beautés. M. Léon Soubeiran rend compte de l'excursion faite du 2 au 9 aoüt, par une fraction de la Société, dans les montagnes de Briançon et au Mont-Viso : RAPPORT DE MM. Léon SOUBEIRAN ET Bernard VEROT SUR L'EX- CURSION FAITE DU 2 AU 9 AOUT, AU MONT-VISO ET DANS LES ALPES DU BRIAN- CONNAIS, ET DIRIGÉE PAR MM. COSSON, AUG. MAILLARD ET BERNARD VERLOT. Dans la séance préparatoire de la session extraordinaire de notre Société à Grenoble, quelques-uns des botanistes présents (1) se décidèrent, avec l'agrément de la Société, à faire une excursion au Mont-Viso, si remarquable par ses richesses végétales. En conséquence, le 2 aoüt, vers dix heures du soir, nous nous casons tant bien que mal dans une petite voiture qui doit nous conduire jusqu'à Briancon. L'espace est resserré, surtout sur les hauteurs de l'impériale, oà les paquets de papier disputent aux botanistes une place qui ne leur est accordée qu'avec parcimonie : mais nous passons par-dessus ces inconvénients, car tous nous voulons arriver au Viso, et, après avoir gaiement parcouru l'espace qui sépare Grenoble du Bourg-d'Oisans, nous faisons une premiére halte vers quatre heures du matin. A partir de ce moment, nous commencons l'ascension de la route qui se dirige vers le col du Lautaret, plus souvent à pied qu'en voiture; car, bien que, dans quelques jours, nous devions retrouver nos compagnons au Villard- d'Aréne, nous nous laissons fasciner par les plantes intéressantes que nous apercevons presque à chaque pas : Vesicaria utriculata Lam. (fruits) Phyteuma Charmelii Vill. Woodsia hyperborea L. Inula montana L. Brassica montana DC. Epilobium Fleischeri Hochst, Lavandula vera DC. Alsine striata Gren. Echinops sphærocephalus L. i (1) MM. E. Cosson, N. Doümet, E. Gonod d’Artemare, L. Kralik, H. de la Perraudièré, id; Lefèvre, Aug. Maillard, Ch. de Senot, Léon Soubeiran et Bernard Verlot. 78h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Notons en passant que le Chenopodium ficifolium Sm. est plus commun que le Ch. album, dans les terrains incultes et au bord des champs au Bourg- d'Oisans. Le Stenactis annua Nees est également trés abondant dans les lieux humides et un peu boisés de la vallée. Bien que nous répétions à chaque pas que nous devons attendre, pour y faire notre récolte, le moment de notre jonction avec le gros de l'armée phytophile, nous ne pouvons résister; aussi tout le monde sucombe-t-il à la tentation, méme certain d'entre nous qui s'était juré de ne rien récolter, mais 5600€ l'oecasion, l'herbe tendre, et il est aussi ardent qu'aucun autre. Aprés avoir tout organisé au village de la Grave (alt. 1460 m. environ) pour que nos confrères puissent y trouver gite et nourriture à leur arrivée, nous atteignons le Villard-d’Arène (alt. 1651 m.) (1), où nous trouvons, chez M. Clot, un déjeuner que l'air vif de la montagne et la course matinale nous font accueillir avec enthousiasme. Heureusement nous n'en sommes pas réduits au pain noir et dur (à couper à la hache), qui sert de nourriture habituelle dans ce pays déshérité, où pendant cent jours de l'année ne par- viennent jamais les rayons du soleil (2). Sur notre table, M"* Clot met un bouquet cueilli dans la montagne par les bergers, et nous y remarquons le Narcissus stellaris Haw. Dès que le repas est achevé, nous montons vers le col du Lautaret, en glanant quelques-unes des belles plantes que nous rencontrons : Odontites lanceolata Rchb. (moissons) Trifolium Thalii Vill. Centaurea uniflora L. — badium L. Astragalus Cicer L. Brassica Richerii Vill. Cerinthe alpina Kit. Sisymbrium austriacum Jaeq. Thalictrum odoratum Gren. Hieracium multiflorum Schl. Epilobium gemmascens C.-A. Mey. Phyteuma betonicifolium Vill. Asphodelus subalpinus G.G. (A. albus — scorzonerifolium Vill. ex parte) Soyeria grandiflora Monn. Campanula barbata L. -— montana Monn. — rhomboidalis L. Swertia perennis L. — thyrsoides L. Dracocephalum Ruyschiana L. Cirsium spinosissimum Scop. (1) Les altitudes indiquées dans ce rapport sans être suivies du mot environ sont empruntées aux nivellements trigonométriques exécutés pour la nouvelle carte de France. Les altitudes suivies du mot environ ont été déterminées par MM. Cosson et Kralik au moyen d'un baromètre anéroïde et calculées d’après la moyenne des observations faites par eux à Briançon et à Abriès; ces dernières indications, en raison du petit nombre d'observations prises à chaque station et de l'absence d'observations simultanées aux stations inférieures, n'offrent pas le méme degré d'exactitude, mais seront suffisantes au point de vue de la détermination des zones végétales. ibl (2) Ce pain se cuit au four banal et seulement deux fois par an, car le combustib e est extrêmement rare dans toute la vallée, ct l'on en use avec les plus grands ména- gements SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 785 Nous sommes plus discrets pour l'Arfemisia tanacetifolia All., et, quand nous reviendrons quelques jours plus tard, le groupe principal des botanistes y aura passé, mais nous nous procurerons encore le plaisir de recueillir plusieurs échantillons de cette bonne et rare espéce. Du col du Lautaret (hospice, alt. 2050 m. environ) nous descendons dans la vallée de la Guisanne, que nous devons suivre jusqu’à Briançon. Le temps nous presse et ne nous permet pas de suivre quelques limites des terrains dans leurs rapports avec la végétation. La route que nous suivons est extré- mement rapide, et offre, dans ses sinuosités, des coudes trés brusques qui nécessitent un habile automédon. Heureusement le nôtre, a le coup d'œil sûr ct la main ferme, et il nous amène sans encombre au village du Lauzet, Les rochers qui sont à notre gauche sont des calcaires noirátres, du terrain liasique, analogues à ceux que nous avons trouvés de l'autre cóté du col; quelquefois, sur la pelouse verte, apparaissent des blocs erratiques d'un granite à beaux cristaux de feldspath rose. Nous apercevons, en passant, l Herniaria alpina Vill. dans les graviers du ruisseau, et dans les haies le Vicia Gerardi Jacq. el le V. onobrychioides L. : A l'entrée du Monestier-de-Briancon (alt. 1543 m.), joli village encore trop élevé au-dessus du niveau de la mer pour que les arbres à feuillage annuel puissent y prospérer, nous voyons à gauche une source gazeuse, ferru- gineuse, trés abondante, et dont le trop-plein met en mouvement la roue d'une clouterie. Cette source (temp. + 30 degrés), abritée sous un toit conique de chaume, est visitée par quelques malades du pays, ainsi qu'une autre (temp. + 32 degrés), de même nature, plus rapprochée des bords de la Guisanne. La limite du calcaire liasique, renfermant des amas de gypse et de grés à anthracites (terrain qui fournit en partie le combustible principal du département des Hautes-Alpes), se trouve au Monestier. Depuis ce village, la vallée est remarquable par les forêts de Mélèzes qui couvrent les montagnes à droite, et par les glaciers qui descendent presque jusqu'au niveau des cultures : le sol est extrêmement fertile, et les champs nous ont paru couverts de riches moissons. Danus tout ce pays, la végétation, bien qu'assez peu hátive, marche trés rapidement; aussi les Brianconnais disent-ils : Zn quarante jours le seigle márit. — Sur les bords de la route nous recueillons quelques pieds du Scandix hispanica Boiss., qui n'avait encore été indiqué en France qu'à un petit nombre de localités de la Provence. A Saint-Chaffrey nous quittons les grès à anthracites pour le calcaire lia- sique, qui se prolonge jusqu’à Briançon (alt. 1321 m.), où nous arrivons à quatre heures. Nous nous mettons immédiatement en quête d'un gîte, et nous descendons à l'Aótel. de l'Ours (nous allions dire la tanière, nous souvenant de la propreté de l'endroit, du caractère sociable de l'hôte, et surtout de la manière dont nous fümes écorchés). Ayant pu obtenir du commandant de place l'autorisation de T. VIL 50 786 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. parcourir les pentes qui sont situées au-dessous du fort des Trois- Tetes, et qui sont comprises dans l'enceinte des fortifications, nous nous empressons de franchir le beau pont jeté sur la Durance. L'ouverture de l'arche unique de ce monument, élevé en 1734, est de 40 mètres; sa hauteur au-dessus du torrent est de 65 mètres. Nous jetons un rapide coup d'œil sur l'abîme, et nous profitons des quelques instants de jour qui nous restent, pour chercher l'Astragalus austriacus L.; mais c'est inutilement, la plante ayant probable- ment disparu par suite des travaux que nécessitèrent les nombreux zigzags de la route qui monte au fort des Trois-Tétes. Sur la montagne au-dessous du fort, nous observons une association assez intéressante de plantes alpines et méridionales : Erysimum helveticum DC. Rhamnus alpinus L. Alsine mucronata L. Valeriana montana L.. Rumex scutatus L. Saxifraga Aizoon L. Hieracium amplexicaule L. — præaltum Vill. — andrialoides Vili, — staticifolium Al, Carlina vulgaris L. — acaulis L. Polypodium Phegopteris L. Thalictrum fœtidum L. Saxifraga muscoides Wulf. Biscutella lævigata L. Dianthus silvestris Jacg. Atriplex microtheca Moq.-Tand. Pedicularis gyroflexa Vill. Ptychotis heterophylla L, Senecio Doronicum L. Artemisia Absinthium L. Draba aizoides L. Cotoneaster vulgaris Lindl. Bupleurum ranunculoides L. Herniaria incana Lam. Inula montana L. Anthyllis montana L. Oxytropis pilosa DC. Daphne alpina L. Astragalus Onobrychis L. — monspessulanus L. — purpureus Lam. — aristatus L'Hér. Lactuca perennis L. Arenaria grandiflora All. Laserpitium gallicum £L. Lavandula vera L. Botrychium Lunaria L. Sempervivum tectorum L. Ononis cenisia L. — rotundifolia L. Chrysanthemum montanum L. Rosa alpina Z. Helianthemum œlandicum Pers. Epipactis atro-rubens All. Anemone alpina L. Globularia cordifolia L. Dryas octopetala L. Berberis vulgaris L. Kernera saxatilis Rchb. Anthriscus silvestris Hoffm. Asperugo procumbens L. Amelanchier vulgaris Mænvh Echinops Ritro L. Stipa pennata L. Thymus Serpyllum Z. var, villosum Orobanche Artemisiæ Vauch. — Ritro G.G. Le lendemain, 4 août, la course doit être très pénible; aussi partons-nous de bonne heure de Briançon, pour nous rendre à Abriès, où nous devons établir notre quartier général. Pendant que nous ferons la route à pied, une voiture, passant par Guillestre, transportera nos bagages, presses et papiers. En sortant de Briancon, nous suivons la route du Grand-Villard jusqu au ruisseau de Cerviéres; nous récoltons les Vicia onobrychioides L., Mentha silvestris L. var. glabra, Anchusa officinalis L., et le Viscum laxum Boiss. et Reut., trouvé sur les Pins par M. Doûmet, SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 787 Pendant deux heures environ, nous cótoyons le ruisseau de Cervières, par une route assez belle. Les rochers qui la bordent sont des calcaires bleus, plus ou moins saccharoïdes, appartenant au second étage du calcaire à gry- phées, tandis que le lit du ruisseau nous offre des blocs plus ou moins gros d'euphotide, de serpentine et de variolite (dite de la Durance). En cheminant, nous récoltons les plantes suivantes : Xeranthemum inapertum L. Ononis cenisia L. Rumex scutatus L. Centranthus angustifolius DC. Alsine mucronata L. Buffonia tenuifolia L. Scutellaria alpina L. Kæleria valesiaca Gaud. Ribes Uva crispa L. Hippophaë rhamnoides L. Nepeta lanceolata Lam. Androsace maxima L, Lavandula vera DC. Rosa rubiginosa L. Astragalus aristatus L’ Hér. Ononis Natrix L. Galeopsis intermedia Vill. Thalictrum fætidum L. Pinus silvestris L. — uncináta Ram. Hieracium saxatile Vill, — Jlanatum Vill. Avena distichophylla Vill, Senecio Doronicum L. Cotoneaster vulgaris Lindl. Myricaria germanica Desv. Epilobium Fleischeri Hochst. Potentilla caulescens L.; et enfin, un peu avant d'arriver à Cerviéres, quelques beaux pieds d'Ziera- cium glaucum All. Les champs de Pommes-de-terre, que nous avons vus en passant, nous ont paru en belle végétation; presque tous les pieds étaient à fleurs blanches. Une particularité que nous devons signaler, et que nous avons notée dans toute notre excursion, est que, pour éviter l’action fâcheuse d’une trop grande humi- dité, les habitants ont la coutume de planter ce végétal sur des élévations séparées par des sillons assez profonds. Après quelques instants de repos au village de Cervières, nous nous diri- geons vers les granges d'Isoire, en récoltant les Gentiana campestris L., Geranium pyrenaicum L, et Euphrasia viscosa L. Autour des granges d'Isoire, où le terrain de grès blanc est recouvert en partie par les calcaires bleus, nous trouvons : Aspérugo procumbens L. Carum Bulbocastanum Koch Ononis cenisia L. Alchemilla alpina]. Sedum atratum £L. Arenaria;verna L. Dryas octopetala L. Trifolium Thalii Vill. Aéthionema saxatile R. Br. Globularia cordifolia L. Kernera saxatilis Rchb. Li Nous continuons à monter vers un beau bois de Pinus silvestris L., en recueillant : Veronica fruticulosa L. Salix retusa L. Silene acaulis L. Astragalus aristatus L’ Hér. Hepatica triloba Chais Draba aizoides L, 788 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Antennaria dioica Gaertn. Selaginella spinulosa A. Braun Adenostyles alpina Bl. et Fing. Aspidium Lonchitis Sw. Salix reticulata L. Rhododendron ferrugineum L. Juniperus nana Willd. Arabis alpina L. Veronica aphylla L. Cirsium spinosissimum Scop. Arenaria ciliata L. Dianthus negleclus Lois. Viola biflora L. Polygonum viviparum L. Soldanella alpina L. Anthyllis Vulneraria L. Saxifraga muscoides Wulf. Enfin nous atteignons un beau bois de Mélèzes (1), où, sous des pieds de Pinus uncinata Ram. mélés au Pinus silvestris L., nous recueillons le Daphne Verloti G.G. aux fleurs roses et parfumées; nous trouvons aussi : Arabis ciliata R. Br. Polygala vulgaris L. var. alpestris Koch Carex digitata L. Cotoneaster vulgaris Lindl, Aspidium Lonchitis Sw. Oxytropis montana DC. Gentiana verna L. Androsace obtusifolia L. Myosotis alpestris L. Viola calcarata L. Carduus defloratus L. — biflora L. Saxifraga oppositifolia L. » Arenaria ciliata L. Selaginella spinulosa A. Br. Anemone alpina L. Sesleria cærulea. Ard. Pirola secunda L. Veronica Allionii Vill. Soldanella alpina L. Sagina glabra L. Bellidiastrum Michelij Cass. En quittant la forêt, nous trouvons : Apargia Taraxaci Willd. Silene acaulis L. var. elongata Salix retusa L. Helianthemum œlandicum Pers. — serpyllifolia Scop. Agrostis alpina Scop. — reticulata L. Enfin, un peu au-dessous du col d'Isoire, nous arrivons à l'hospice ou refuge (alt. 2330 m. environ), édifié par ordre de S. M. l'Empereur, et bientót la bande affamée fait honneur à un modeste repas. Nous pensons qu'il vaut mieux s'arrêter pour déjeuner ici qu'au village de Cerviéres, car on à l'avantage de couper mieux la course en deux parties presque égales, Cerviéres étant trop rapproché de Briancon. Autour du refuge, nous recueillons : Homalotheca supina Cass. | Cirsium spinosissimum Scop. Erigeron alpinus L. Carex rupestris All. Anemone baldensis L. | Hutchinsia alpina R. Br.; Myosotis alpestris Schm. | (4) Malgré notre désir et le soin que nous mettons dans notre recherche, nous ne pouvons trouver trace d'un produit curieux qui se trouve quelquefois sur le Mélèze, et qui était compté au nombre des merveilles du Dauphiné, la manne de Briançon; cela tient sans doute aux pluies abondantes de cette année. SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 789 et, derrière le refuge, sur des vieux troncs de Mélèzes ou sur des rochers, l’un de nous recueille les Lichens suivants : Usnea barbata DC. var. plicata Ach. Endocarpon miniatum var. complica- — florida Hoffm. tum Ach. (rochers) Evernia furfuracea Mann. Chlorea vulpina Nyl. Vers deux heures, nous atteignons le col d'Isoire (alt. 2430 m. environ), constitué par du calcaire liasique ne présentant plus aucune apparence d'eu- photide ni de variolite, mais offrant de belles masses de gypse; nous y ren- controns, dans les éboulis : Potentilla minima Hall. f. Homalotheca supina Cass. Saxifraga muscoides Wulf. Cherleria sedoides L. Petrocallis pyrenaica R. Br. Herniaria alpina Vill. Viola cenisia L. Phaca australis L. Arenaria biflora L. Galium tenue Vill. — anisophyllon Fill. — helveticum Weig. Saxifraga oppositifolia L. Campanula Allionii Vill. Brassica repanda Vill. Berardia subacaulis Vill. Cardamine resedifolia L. Pyrethrum alpinum Willd. En descendant du col vers le village de Brunissard par un chemin assez diffi- cile, un de nos compagnons pose le pied sur des éboulis mouvants et glisse assez loin sur une pente rapide, à notre grand effroi; mais nous sommes bientôt ras- surés, car dès qu'il peut s'arrêter, il nous jette un cri de triomphe : Ze buro- mètre n'a rien! Quelques instants après, nous trouvons l’Æutchinsia rotundi- folia R. Br., au milieu des débris de rochers qui avoisinent un amas de neige, le premier que nous rencontrions depuis que nous sommes en route : nous en profitons pour donner un baptême alpestre à notre plus jeune confrère, qui fait en ce moment avec nous sa première herborisation dans la montagne, et dont l'ardeur n'a pas encore été tempérée par une longue glissade, résultat de son violent désir de s'emparer de quelques échantillons fleuris du Campanula A llionii Vill. Le long du chemin qui, jusqu'au village de Brunissard, se déroule sur des calcaires bleus, du deuxième étage du lias, nous récoltons sur des rochers les Sazifraga cæsia L., Valeriana montana L. et Cystopteris alpina Link. Autour de Brunissard (alt. 1780 m. environ), nous prenons : Rosa pomifera Herm. Rhamnus pumilus L. Vesbascum nigrum L. Veronica alpina L. Hieracium glaucum All. Carduus defloratus L. Bupleurum ranunculoides L. Après avoir traversé Arvieux (alt. 1572 m.), village assez rapproché du précédent, qui nous offre : Epilobium collinum Gmel. Lonicera Xylosteum L. Rosa pomifera Herm. | Erysimum virgatum Roth, 790 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, nous arrivons au point où la vallée débouche dans celle du Guil, qui porte en cet endroit le nom de gorge de la Chapelue; nous y recueillons les Prunus brigantiaca Vill., Juniperus. Sabina L. et Centaurea leucophea Jord. ; Sur la route qui va au Château-Queyras, nous voyons l’ Hyssopus offici- nalis L. et le Satureia montana L. L'aspect de la vallée du Guil jusqu’au Château-Queyras (alt. 1450 m. environ) est sauvage et grandiose; les montagnes sont assez boisées depuis leur base jusqu'à une hauteur d'environ 450 m., mais leurs sommets sont nus, escarpés et couverts de neiges et de glaciers; des rochers abrupts encaissent profondément le torrent qui mugit à leur base. Ici commencent les schistes talqueux, plus ou moins quartzeux, que nous devons toujours rencontrer jusque sur les hauteurs du Viso : ces schistes appartiennent, d’après M. le professeur Gueymard, aux terrains primitifs, et, d’après M. Élie de Beaumont, aux terrains du lias, Devant nous, au milieu de la vallée, se dresse le Château-Queyras, assis sur un rocher escarpé (schiste talqueux, quartzifère et calcarifère) fendu par une profonde et sinueuse crevasse où serpente le Guil, sur lequel on a jeté deux ponts hardis. La nuit nous surprend pendant que nous traversons Villevieille et Aiguilles, et nous arrivons à dix heures et demie à Abriés, trés fatigués de notre journée, car nous avons fait prés de 60 kilométres dans des chemins souvent trés difficiles. Nous pensons qu'un botaniste aurait grand avantage à scinder la course en deux journées, car la fatigue serait moindre, et il aurait la faculté de parcourir de jour le chemin du Château-Queyras à Abriés, qui doit offrir de bonnes espéces, Dans ce cas il faudrait s'arréter le premier soir au refuge du col d'Isoire, et sans se presser on pourrait arriver le lendemain d'assez bonne heure à Abriès. Rappelons qu'en traversant le village d'Aiguilles, nous rencontrons un jeune ecclésiastique, M. l'abbé Guérin, qui nous indique une localité nouvelle, décou- verte par lui aux environs de Villevieille, de l’ Astragalus alopecuroides L. (1), qu'on ne connaissait encore qu'aux environs de Boscodon près Embrun. Outre plusieurs échantillons que nous dümes à l'obligeance de M. Guérin, quelques jours plus tard nous pümes en avoir d'autres qui furent distribués à nos collègues, lorsque nous les retrouvâmes au Lautaret. Ces derniers échantillons furent récoltés par M. Lefèvre, qui, pour vérifier la localité et augmenter nos richesses, consentit à se séparer de nous et à passer par Guillestre, lors de notre retour à Briancon. ètre environ du. (4) L Astragalus alopecuroides L. se trouve abondamment à un kilom De e. Château-Queyras, à gauche du chemin, dans une anfractuosité de la montagn l’autre côté du Guil, M. Guérin a trouvé le Primula longiflora All., plante très rare, non encore signalée dans ces riches montagnes. SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860, 791 5 août, — Après avoir consacré toute notre matinée à préparer et mettre en „papier notre récolte d'hier, nous suivons le ruisseau qui descend des Rousses à Abriès, Au sortir même du village (alt. 1600 m. environ), nous récoltons : Erysimum virgatum Roth Atragene alpina L. Artemisia Absinthium ZŁ. Thalictrum fœtidum L. Epilobium origanifolium Lam. Leucanthemum coronopifolium 6.6. Pedicularis verticillata L, Adenostyles albifrons Rchb, Hippophaë rhamnoides L. Oxytropis montana DC. Adenostyles leucophylla Rchb, Carum Carvi L. Saxifraga aizoides L. Rumex scutatus L. Hieracium villosum L. Laserpitium gallicum L, Epilobium Fleischeri Hochst. Valeriana tripteris L. Salix nigricans Sm. Saxifraga oppositifolia Z. — purpurea L. Trifolium montanum L, — Helix L. Ononis rotundifolia L. Alchemilla alpina L. Sempervivum arachnoideum L, Bellidiastrum Michelii Cass, = Silene vallesia L. Primula marginata Curt. Adenostyles alpina Bl, et Fing. Dans des prairies sur la rive droite du ruisseau croissent : Parnassia palustris L. Centaurea montana L., Berberis vulgaris L. Colchicum alpinum L., Salix alba £. Rosa pimpinellifolia L., puis, le long de la route qui conduit aux Rousses, dans des terrains secs et au milieu d'éboulis, nous trouvons : Odontites lanceolata Rchb. Rhamnus alpinus L. Arabis ciliata R. Br. Hieracium villosum L. Alsine mucronata L, Ononis cenisia L. Sedum dasyphyllum Z. Cirsium eriophorum DC. Nepeta lanceolata Lam. Euphorbia Cyparissias L. Geranium pyrenaicum L. Herniaria alpina Vill. Le long d'un ruisseau qui coule sur un rocher au bord de la route, croissent : Pinguicula vulgaris L. | Tofieldia calyculata Wahlenb, Arabis bellidifolia Jacq. Primula farinosa L. Les bords du chemin qui côtoie le torrent nous offrent : Hieracium glaucum All. | Myricaria germanica Desv. Centaurea Kotschyana G.G. non Heu]. Sisymbrium austriacum Jacq. Ptychotis heterophylla Koch Astragalus Onobrychis L. Hieracium staticifolium AI. Silene alpina Thom. Scabiosa lucida Vill, Epilobium Fleischeri Hochst. Carduus defloratus L. Saxifraga aizoides L. Hieracium piloselloides Vill. | — Janatum Vill. A l'entrée du village des Rousses (alt. 1800 m. environ), nous trouvons les Colchicum alpinum L., Alsine striata Gren. et Asperugo procumbens L. 292 SOCIÉTÉ DOTANIQUE DE FRANCE. Nous remarquons le magnifique état dans lequel se trouvent les Seigles, malgré la saison défavorable cette année et le peu de temps pendant lequel la plante trouve, dans ces contrées élevées, des conditions normales pour sa végétation. Il est vrai que, pour hâter le moment où le terrain sera débarrassé de la neige qui le recouvre pendant de longs mois, le paysan des Hautes-Alpes a le soin de jeter sur cette neige une légère couche de terre, dont la couleur noire ou brune, absorbant plus facilement le calorique des rayons solaires, opère une fusion plus rapide. Mais que devons-nous croire de l'assertion de quelques écrivains briançonnais, qui ont prétendu « que » des Seigles recouverts par des neiges trop précoces et arrétés ainsi dans » leur maturation, auraient été préservés du gel sous ces neiges, continuant » de vivre dans un état de torpeur et d'engourdissement jusqu'à l'année » suivante, où ils auraient repris leur existence végétale aérienne, suspendue » par six ou huit mois d'hiver, et donnant ensuite une belle et abondante » récolte »? Pendant que nous faisons une station devant l'église des Rousses, pour prendre l'observation barométrique, nous assistons à un jeu qui remonte à la plus haute antiquité, la mourre, que jouaient les Romains au temps d'Auguste, et qui aujourd'hui charme encore les loisirs des paysans d'Italie et des contrées voisines. ` Au sortir du village, nous montons dans des prairies, qui nous offrent : Cerinthe alpina Kit. Phyteuma Halleri AU. Veronica urticifolia L. ` Rumex arifolius All. — serpyllifolia L. — alpinus L. Polygonum Bistorta L. Trollius europæus L., — alpinum L. puis sur des coteaux arides, où se trouvent : Dianthus neglectus Lois. Veronica Allionii Vill. Homalotheca supina Cass. Herniaria alpina Vill. Bupleurum ranunculoides L. Hieracium lanatum Vill. Alsine Bauhinorum J. Gay Nous gagnons un bois de Mélèzes, à l'ombre desquels croissent : Pinguicula vulgaris L. Anemone alpina L. Luzula spicata Desv. Geranium silvaticum L. — nivea DC, Orchis albida Scop. — multiflora Lej. — viridis Crantz Trifolium badium Schreb. Vaccinium Myrtillus L. Gentiana campestris L. Homogyne alpina Cass. ; — nivalis L. et enfin nous nous arrêtons, vers le fond de la vallée, dans une magnifique prairie où foisonnent : SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 793 Ranunculus aduncus Gren. Campanula rhomboidalis L. — aconitifolius L. | Polygonum viviparum L. — acris L. | — alpinum L. Bartsia alpina L. Alchemilla vulgaris L. Nigritella angustifolia Rich. Trifolium alpinum L. Laserpitium ferulaceum All. — montanum L. — latifolium L. | Lilium Martagon L. Centaurea montana L. | Crepis blattarioides Vill. — nervosa Willd. Pimpinella magna L. (flore roseo) Crepis aurea Cass. Orchis conopea L. Phyteuma Halleri All. Erigeron Villarsii Bell. Pour donner une idée de la vigucur de la végétation des plantes qui croissent dans cette belle localité, nous devons mentionner un pied admirable de Lilium Martagon 1L., dont la hampe, haute de plus d’un mètre et demi, supporte vingt-quatre fleurs parfaitement épanouies. Le retour vers Abriès s'effectue par le chemin que nous avons pris en venant, et nous rentrons de bonne heure à l'hótel pour nous préparer à la course du lendemain. Nous allons cependant, avant le diner, visiter l'église, à la porte de laquelle sont deux lions byzantins assez bien conservés, comme nous le fait remarquer le curé (M. l'abbé Buès), qui est aussi un adepte en botanique. Nous noterons en passant que toutes les églises que nous avons vues dans notre excursion portaient sur leur clocher un cadran solaire, orné d'une devise latine, quelquefois assez singulièrement choisie (Nunc hora bibendi, par exemple). A l'hótel, nous retrouvons M. de Senot, qui s'est rendu dans la journée à Ristolas, où, sur le plan cadastral, il a, pour nous guider dans nos excursions, relevé la partie concernant le Mont-Viso, qui dépend de cette communc. 6 août, — Nous quittons Abriès de bon matin, aprés avoir chargé sur une petite voiture nos papiers et nos provisious de bouche, car nous partons pour deux jours, et il est essentiel de tout transporter avec soi, si l'on ne veut manquer de rien. Une partie d'entre nous se juchent sur les bagages pendant la première moitié du chemin, et sont remplacés alors par les piétons qui, à leur tour, se font voiturer. Nous passons ainsi devant Ristolas, traversons la Monta (alt. 1730 m. environ) et la Chalp, et nous arrivons au pied du Àocher-croulé, bloc énorme qui s'est détaché de la montagne, pour rouler dans la vallée, marquant sa place primitive par une tache claire qui se détache sur le fond sombre des rochers. La voiture ne pou- vant aller plus loin, le mulet, de béte de trait, devient béte de somme et transporte nos provisions au chalet de Ruine, où nous devons établir notre campement. 1 Tout en suivant le sentier qui cótoie la rive droite du torrent, et qui longe une prairie alpestre trés riche, nous récoltons : 794 ! SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Silene vallesia L. Potentilla rupestris L. Lychnis Flos Jovis Link Veratrum album Z, Trifolium montanum Z. — Lobelianum Bernh, Leucanthemum coronopifolium G.G. Orchis globosa L. Linaria alpina. Mill. Nigritella angustifolia Rich. Polygonum alpinum L. Tragopogon major Jacq. — Bistorta L. Fritillaria delphinensis G.G. Centaurea montana L, Salix glauca L. — axillaris Willd. Pedicularis foliosa L. — Kotschyana G.G. non Heuff, ` — incarnata Jacq. Dianthus neglectus Lois, Campanula spicata L. Phyteuma betonicifolium Vill. — thyrsoides L, Centaurea nervosa Willd. Saxifraga Aizoon Jacq. Plantago fuscescens Jord. — aizoides L. Paradisia Liliastrum Bertol. Delphinium montanum DC. Sempervivum arachnoideum L. Anemone alpina L. Trollius europæus L. — Halleri All. Linaria italica Trev. — narcissiflora L. Lilium croceum Chaix (RRR.) Thalictrum odoratum Gren. Phaca alpina Wulf. Aconitum lycoctonum L. Potentilla grandiflora L. Geranium aconitifolium L. — aurea L. Hugueninia tanacetifolia Rchb. — alpestris Hall. f. En nous rapprochant du torrent et prés d'un pont de neige, au point méme où la neige se fond, nous récoltons en fleur les Bulbocodium vernum V. et Crocus vernus All. A ce moment, indefessus Verlot, qui nous a quittés pour chercher, dans les escarpements à gauche du Zlocher-croulé (1), une localité indiquée de l’/satrs alpina et qui ne l'a pas pu trouver, revient nous rejoindre avec une ample provision de Gentiana Burseri Lap., d'Zugueninia tanacetifolia Rchb. et d'Artemisia glacialis L. Nous continuons à remonter la rive droite du torrent, en récoltant : Ranunculus pyrenæus L., Carex sempervirens Vill. — Villarsii DC. — ferruginea Scop. Fritillaria delphinensis G.G. Pinguicula grandiflora Lam. Gentiana verna L. Arabis bellidifolia Jacq. — bavarica L. Hedysarum obscurum L. — campestris L. Enfin nous arrivons à un point où la vallée s'élargit; nous traversons le ruisseau, et nous nous installons au chalet de Ruine (2) (alt. 2050 m. environ), habité en ce moment par des pasteurs de la Camargue, «ui viennent y nourrir un de ces immenses troupeaux dits transhumants. Sur le rocher méme auquel est adossé le chalet, nous récoltons les Viola biflora L., (1) L'Isatis alpina a été en effet trouvé en 1853 dans les prairies au-dessous de Glos de Vassarouet, à gauche du Rocher-croulé , par MM. le docteur Auguste Maillard e Th. Delacour. (2) Ce chalet est aussi appelé par les habitants chalet de la Tranchée. SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 795 Erigeron Villarsii Bell., Atragene alpina L, Nous découvrons, sur les pierres mêmes qui forment le tuyau de la cheminée du chalet, quelques beaux échantillons de l'A/sine Villarsii Mert. et Koch. A deux heures, malgré une pluié assez forte, nous nous mettons en marche vers le col de la Traversette, et nous traversons une magnifique prairie qui nous offre : Veronica fruticulosa L. —- Allionii Vill. Sempervivum montanum L, — arachnoideum L, Poa supina Schrad. Saxifraga muscoides Wulf. — bryoides L. Hypochæris uniflora Vill. Crepis grandiflora Tausch — aurea Cass. Trifolium badium L. — Thalii Vill. Oxytropis lapponica Gaud. Pedicularis incarnata Jacq. — rostrata L. — foliosa L. — tuberosa L. — fasciculata Bell. Silene alpina Thom. — vallesia L. Phyteuma betonicifolium Vill, — Halleri All. Isatis -alpina All. Gypsophila repens L. Thlaspi alpinum Jacq. Aquilegia alpina L. Salix cæsia Vill. Festuca spadicea L. Poa cæsia Sm, Luzula lutea DC. Agrostis rupestris All. Hieracium glanduliferum Hoppe — cymosum L. — multiflorum Schleich, — villosum L. Gentiana punctata L. Oxytropis cyanea G.G. an et Bieb.? — campestris DC. Veratrum album L. Linum alpinum L. Hypericum Richerii Vill. Brassica Richerii Vill. Armeria alpina Willd. Thalictrum minus L. Hedysarum obscurum L. Senecio incanus L. Aronicum scorpioides DC. Juncus trifidus L. — Jacquini L. — triglumis L. Juncus alpinus Vill. Carex sempervirens Vill, — capillaris L. — leporina L. — Davalliana Sm, Scirpus Bæothryon Ehrh, Orchis conopea L. ` — latifolia L. Euphrasia minima Schleich, — alpina Lam. Myosotis alpestris Schm. Silene acaulis L. Sagina glabra L. : Alsine lanceolata M. et K. Arabis alpina L. var. crispata Hugueninia tanacetifolia Rchb, Geum montanum Ł. Viola calcarata L. Orobus luteus L. Draba aizoides L. — tomentosa Wahlenb, Nigritella angustifolia Rich. Cardamine resedifolia 7.. - Phaca alpina Wulf. Delphinium montanum DC. Anemone alpina L. — narcissiflora L. — Halleri All. Lychnis Flos Jovis Link Erysimum helveticum DC. Geranium aconitifolium L. Polygonum alpinum L. Carex nigra All. Campanula spicata L, Saponaria ocimoides L. Alsine Villarsii M. et K. Erigeron Villarsii Bell. Sisymbrium acutangulum DC. Sedum Rhodiola DC, Adenostyles leucophylla Rchb. Soldanella alpina L, Phleum alpinum L, Alopecurus Gerardi Vil. Chrysanthemum alpinum L. Trifolium alpinum L. Alchemilla pyrenaica L. Duf. Silene exscapa All. Petrocallis pyrenaica R. Br. Bartsia alpina L. Plantago fuscescens Jord. 796 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Alchemilla alpina L. Centaurea uniflora L. Arnica montana L. Artemisia glacialis L. Centaurea axillaris Willd. Hieracium Camerarii Callay (1). — nervosa Willd. A la partie supérieure de cette prairie, nous récoltons, près d'un petit ruis- seau qui vient de la Traversette, les : Saxifraga stellaris L. Viola calcarata L. — aizoides L. Sagina glabra L. Sibbaldia procumbens L. Gagea Liottardi Schult. Alchemilla vulgaris L, Carex foetida Vill.; — pyrenaica L. Duf. quelques Mousses, notamment les : Gymnostomum rupestre Schwægr. Neckera crispa Hedw. Distichium capillaceum Br. et Sch. — complanata Br. et Sch. Barbula ruralis Hedw. var. major. Camptothecium lutescens Br. et Sch. Bartramia ithyphylla Brid. Hypnum aduncum Hedw. Timmia megapolitana Hedw. — uncinatum Hedw.; Philonotis fontana Brid. E et nous arrivons aux Grands-Chalets, autour desquels croit en grande abon- dance le Chenopodium Bonus Henricus L. que nous avons trouvé déjà autour du chalet de Ruine, et que nous rencontrerons partout dans la montagne, où l'homme a fait un séjour un peu prolongé. Les Grands-Chalets formaient, il y a quelques années encore, un lieu de halte extrêmement commode pour le botaniste, qui y trouvait un abri suffisant, à la condition d'y faire porter quelques bottes de paille pour son coucher, et qui de là pouvait, en rayonnant, faire quelques belles et fructueuses herbo- (1) Nous devons à l'obligeance de M. Callay, membre de notre Société, la description de cé nouvel Hieracium, recueilli, dans la méme localité, par M. Bernard Verlot, qui en avait envoyé quelques pieds à M. Callay pour les cultiver, en méme temps que lui- même en cultivait d'autres pieds au Muséum: HIERACIUM CAMERARII Nob. H. Pilosella var. majus Villars Dauph. t. I, p. 307, et t. IHI, p. 98. : : Calathides 2-3, portées par la tige monophylle à la base, une ou deux fois bifurquée ; bifurcations distantes, munies d'une feuille bractéiforme, la premiére naissant un peu au- dessus de la rosette radicale, la suivante un peu plus haut; pédoncules trés allongés, dressés ; péricline brusquement tronqué à la base; ligules un peu rougeátres en dehors ; akènes avortés. Feuilles spatulées, nombreuses ; stolons nombreux, étalés en tous sens à la fin, radicants au sommet. — A l'automne la souche se détruit, et la plante se repro- duit l'année suivante par les rosettes des stolons. Plante couverte, sur toutes ses parties, de poils blanes simples longs, de duvet blanc abondant, comme feutré, surtout sur la face inférieure des feuilles, et de petits poils glanduleux sur le péricline et vers la partie supérieure des pédoncules. Trés distincte de toules les espèces de la section Piloselloideæ par son indumentum, les espèces auxquelles elle ressemble le plus sont les Hieracium Pilosella et Peleterianum. * SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 797 risations. Mais aujourd'hui les bergers ont laissé tout tomber dans un tel état de ruine qu'il serait impossible, méme au botaniste le moins soucieux de ses aises, d'y séjourner une seule nuit. Les rochers éboulés, que nous rencontrons immédiatement au-dessus des Grands-Chalets, nous offrent : Asplenium viride Huds. Gregoria Vitaliana Duby Sibbaldia procumbens L. Cardamine resedifolia L. Allosorus crispus Bernh. Thlaspi alpinum Jacq. (R.) Draba aizoides L. Gagea Liottardi Schu!t. Quant à l’Achillea Herbarota All. , nous n'en trouvons que quelques jeunes pieds non encre fleuris, ce qui tient au retard qu'a éprouvé toute la végétation par suite des pluies et du peu de chaleur de l'année. A ce moment, nous nous séparons en deux groupes, dont l'un, plus nom- breux, suit le sentier mal tracé qui monte au col de la Traversette et de là descend vers le Piémont. Tout eu gravissant des pentes escarpées, ou en cheminant sur la neige, on rencontre : Cherleria sedoides L. Alchemilla pentaphylla L. Saxifraga retusa Gouan — oppositifolia L. — androsacea L. Erigeron uniflorus L. Veronica alpina L. Oxyria digyna Campd. Geum replans L. Aronicum scorpioides DC. Petrocallis pyrenaica R. Br. Hutchinsia rotundifolia R, Br. — alpina R. Br. Campanula Allionii Vill. Achillea Herbarota All. (non fleuri) Sisymbrium pinnatifidum DC. Enfin la bande atteint le souterrain de la Traversette (1), que dans le pays on attribue aux Sarrasins, et par lequel, au xvi* siècle, les troupes et l'artillerie de Francois I** entrèrent en Italie, et elle ne s'arréte qu'à quelques mètres du col (alt. 3000 m. environ). Pendant cette ascension, on voit et l'on entend rouler une pluie de pierres, qui se sont détachées sous les pieds d'un troupeau de chamois courant sur les rochers qui dominent. De loin, MM. Maillard, Soubeiran et Verlot, qui se sont séparés du gros de la troupe pour prendre à gauche du col, entendent aussi ce bruit que répercute l'écho, et qui d'abord leur semble dà aux roulements du tonnerre. (1) M. l'abbé Bués, curé d'Abriés, a eu l'obligeance de nous communiquer la copie d'un acte passé à Arles le 22 septembre 1478, dont nous reproduisons le fragment sui- vant et d'aprés lequel le passage de la Traversette a été ouvert par les soins du marquis de Saluces: « Monsieur le marquis de Saluces, désirant eschiver les dangiers occurents » pour passer par les détroits de Mont-Saint- Bernard, Montcenis et Mont-Genevre, a mis » en practique de trouver maniére de percer la montaigne du Mont-Viseul. Et pour faire » la despense de percer la dicte montaigne ont ensemble conférence le Roi Dauphin et le » dict Marquis, lesquels, par suite de la relation de gens experts et cognoissans envoyés » sur les lieux, espèrent la chose venir à bon effect. » 798 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. L'ascension que font en ce moment les trois botanistes est extrêmement pénible, et, pendant deux heures, ils gravissent des débris de rocs, en suivant une aréte immense formée par une roche talqueuse de couleur vert clair et blanc nacré ; mais ils sont dédommagés de leurs peines par une belle localité de Cardamine Plumieri Vill., dont ils font une ample provision; ils trouvent en outre : Thlaspi alpinum Jacq. Geum montanum L. Alsine lanceolata M. et K. : Primula viscosa Vill. Saxifraga androsacea L. Viola calcarata L. — aizoides L. Senecio incanus L. — stellaris L. Veronica Allionii Vill, Cardamine resedifolia L. Sibbaldia procumbens L. Androsace carnea L. Ranunculus glacialis L. Petrocallis pyrenaica R. Br. Hutchinsia rotundifolia R. Br. Gregoria Vitaliana Duby Saxifraga oppositifolia L. Draba aizoides L. — bryoides L. La descente n'est pas moins difficile que la montée, mais elle s'opère sans accident, et bientót nous nous trouvons tous réunis. Nous nous dirigeons alors vers le ruisseau qui descend au chalet de Ruine, et, un peu au-dessus de sa jonction avec celui qui vient de Val- lente, nous trouvons une localité extrêmement belle d’/satis alpina All., dont chacun de nous fait ample provision. Mélés avec cette belle plante, croissent en abondance le Senecio Doronicum L. et l'Aronicum scor- pioides DC. A huit heures nous sommes de retour au chalet de Ruine, et, après avoir réparé nos forces par un souper que nos estomacs réclament avec impatience, nous faisons irruption dans la grange qui doit nous servir de dortoir. Des bottes de paille nous promettent un moelleux coucher, et nous invitent à dormir; mais nous ne cédons au repos qu'après nous être assurés de la disposition des issues de notre chambre à coucher, car nous sommes peu édifiés sur ce qui peut advenir du mode d'éclairage employé: en effet, on à tout simplement posé, sur une pierre qui fait saillie sur le mur, une poignée de copeaux de Mélèze qui dardent leur flamme presque jusqu'au toit de chaume qui nous abrite, tandis qu'à tout instant la térébenthine coule enflammée sur la paille qui jonche le sol; mais heureusement elle s'éteint vite, et nous en sommes quittes pour la peur. Aussi bientót des sons, d'une harmonie contestable, nous apprennent-ils qu'il n'est si mauvais lit où l'on ne dorme, surtout aprés une longue et belle herborisation. 7 août. — Aprés avoir consacré la matinée entière à mettre en papier ur récoltes de la veille, nous laissons au chalet de Ruine MM. Cosson, Fu t à í : : : : GU SES. S Lefèvre et Gonod, qui doivent remonter jusqu’at ravin situé au-dessous de SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 799 Grands-Chalets, pour récolter le Juncus arcticus Willd. etle Carex bicolor AI. , qui nous ont échappé hier (1). Immédiatement derrière le chalet, nous prenons le chemin aux Moutons, chemin rude et difficile, moins cependant que celui que nous avons suivi hier en allant recueillir le Cardamine Plumteri Vill. Nous recueillons : Senecio aurantiacus DC. Delphinium montanum DC. Sedum atratum L, Saxifraga petræa L. Erigeron Villarsii Bell. — drœbachensis Muell. Atragene alpina L. Bupleurum gramineum Vill, Presque au sortir du chalet de Ruine, nous prenons un très bel individu du Vipera Aspis. La présence de ce reptile sur des schistes talqueux vient à l'appui d'une observation déjà faite par M. Soubeiran, que cette espèce serait plus spéciale aux terrains anciens et granitiques, tandis que le Vipera Pelias habiterait exclusivement les terrains calcaires. . Tout en continuant notre ascension sur une peute extrémement rapide, et en entendant presque à chaque pas les longs sifflements d'alarme des marmottes, que nous troublons dans leurs jeux, nous voyons : Veronica fruticulosa L. — aphylla Z. — tenella All. — Allionii Vill. Campanula Allionii Vill. Ranunculus glacialis L. Artemisia glacialis L. Homalotheca supina Cass. Phyteuma pauciflorum L. Après deux heures de marche, nous atteignons la limite inférieure des neiges, et, sur les rochers qui font saillie au dehors des névés, nous récoltons : Oxytropis cyanea G.G. an et Bieb.? Erysimum helveticum DC. Leontopodium alpinum Cass. Gregoria Vitaliana Duby Anemone baldensis L. Phyteuma pauciflorum Z. Geum reptans L. Chrysanthemum alpinum L, Achillea nana L. Campanula Allionii Vill. Primula viscosa Vill. Arabis cærulea Wulf. Paronychia polygonifolia DC. Enfin nous franchissons le col de Ruine, sans pouvoir trouver les Saxifraga (1) Ces messieurs, outre ces deux plantes, objet principal de leur course, et qu'ils ont trouvées en abondance, ont observé à la méme station, dans les lieux humides, à environ 2200 m. d'altitude, les Carex capillaris L., Juncus triglumis L., Equisetum variegatum Schleich., et quelques individus seulement de l Herminium alpinum Lindl, Dans les rocailles du même ravin, ils ont rencontré Oxytropis lapponica Gaud., ainsi que l Achillea nana L., qui y croissaient en abondance, avec les Artemisia glacialis et A. Mutellina Vill. Sur les pentes du ravin et au bord du ruisseau se trouvaient réunies les espèces suivantes du genre Salix, qui formaient de nombreux buissons : S. glauca L. var. (S. helvetica Vill.), S. nigricans Sm., S. hastata L., S. cæsia Vill., 8. arbuscula L. 800 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. valdensis DC. et diapensioides Bell., car la neige recouvre encore les points où d'ordinaire on les rencontre. Du reste, de l'avis de ceux de nos confrères qui ont déjà exploré le Viso, la végétation.de cette année est en retard d'une quinzaine de jours sur celle des années ordinaires. Du col de Ruine nous descendons dans une vallée située au-dessous de la Taillante, et qui est connue sous le nom de vallon des Vaches. Tout en nous dirigeant vers les deux lacs que présente la partie supérieure de cette vallée, nous récoltons : Arabis cærulea Wulf. Gentiana brachyphylla Vill. Androsace carnea L. Luzula lutea DC. Pedicularis tuberosa L. Ranunculus glacialis L. (CCC.) — rosea Wulf. — pyreneus L. (CC.) — rostra!a L. Saxifraga aizoides L. Geum reptans L. (CCC.) — oppositifolia L. Adenostyles leucophylla Rchb. — bryoides L, Après avoir dépassé les deux lacs, nous traversons une sorte de plaine maré- cageuse où croissent en abondance : Eriophorum angustifolium Roth var. al- Phleum alpinum L. pinum Gaud. Aronicum Doronicum Rchb. — Scheuchzeri Hoppe Armeria alpina Willd. Carex bicolor All. Homalotheca supina Cass. — atrata L. Bellidiastrum Michelii Cass. — capillaris L. Aspidium Lonchitis Sw. — fœtida Vill. Asplenium viride Huds. — frigida All. — Halleri DC. — panicea L. Gentiana punctata L. Cystopteris alpina Link — Burseri Lap. Vaccinium uliginosum L, — Kochiana Perr. et Song. Soldanella alpina £. Sempervivum montanum L, Anemone baldensis L. — arachnoideum L. Sedum Rhodiola DC. Nous continuons à descendre la vallée, en passant près du troisième lac, beaucoup plus petit que les deux autres, et au milieu de riches prairies qui nous présentent la même végétation luxuriante que celles de la vallée qui monte au chalet de Ruine; enfin, à six heures, nous retrouvons, a pied du ZXocher-croulé, nos compagnons avec lesquels nous rentrons à Abriès, où nous nous empressons de mettre en papier toutes nos plantes, et de préparer nos paquets, car demain, de grand matin, nous devons reprendre la route de Briançon, et nous savons qu'elle est longue et fati- gante. Notons que, sur le bord du ruisseau d’Abriès, M. Verlot, en allant cher- cher de la mousse pour empaqueter les plantes fraîches qu'il doit cultiver au Muséum, trouve une belle localité d'Oxytropis Halleri Burge. * SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 801 8 août. — A six heures du matin, nous quittons Abriés, et l'hótel de M. Borme, où nous avons trouvé bon gite et beaucoup de complaisance, et nous nous dirigeons vers le col de Malrif, que nous devons traverser pour regagner Briancon. Nous montons par une route trés sinueuse, sur les bords de laquelle nous trouvons, outre le Prunus brigantiaca Vill., très abondant dans cet endroit, quelques beaux pieds de Rosa montana Chaix, Scutellaria alpina L., Buxus sempervirens L., et, après trois heures de marche, nous traversons le dernier village que nous devons rencontrer jusqu'au delà du col. Un guide que nous prenons pour nous diriger daus ce passage nous apprend qu'à gauche il existe un lac, et ce renseignement nous détermine à nous détourner un peu, Du village jusqu'au poste des douaniers, qui est situé à peu prés à mi- chemin du col, nous trouvons : Salix cæsia Vill. — reticulata L. — retusa L, — serpyllifolia Scop. Rosa alpina L. Herniaria alpina Vill, Erigeron Villarsii Bell. Primula farinosa L. Carex glauca L. — nigra All. — foetida Vill. —. bicolor Al. — frigida All. Juncus triglumis L. Salix sericea Vill. Du poste des douaniers au lac, nous rencontrons : Carex bicolor All. Chrysanthemum alpinum L. Phyteuma hemisphæricum L. Crepis aurea Cass. Hieracium villosum L. Campanula Allionii Vill. Scabiosa Columbaria L. Gentiana bavarica L. Oxytropis campestris DC. Armeria alpina Willd. Phleum alpinum L. Ranunculus pyrenæus L. Botrychium Lunaria Sw. (CC.) Luzula lutea DC. Alyssum alpestre L. Erigeron Villarsii Bell. Oxytropis montana DC. Loiseleuria procumbens Desv, Veronica fruticulosa L. — Allionii Vill, — betonicifolium Vill. Arabis alpina L. Gagea Liottardi Schult. Bartsia alpina L. Leontopodium alpinum Cass. Sagina glabra Willd. Pinguicula alpina L. Sedum atratum ZL. Empetrum nigrum L. Phaca australis L. Pedicularis rosea Wulf. Soldanella alpina L. Festuca violacea Gaud. Avena Scheuchzeri Ail. — montana Vill. Non loin de la crête des rochers qui séparent la vallée de Cervières de celle du Queyras, à environ 3 kilomètres du lac, l'un de nous récolta l'Orytropis fœtida DC., le Phaca australis L. et l Hedysarum obscurum L. Ce dernier Y était rare et bien moins beau que dans les prairies du Viso où nous l'avions précédemment rencontré, + VIL 51 802 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Autour du lac (alt. 2600 m. environ), nous trouvons : Carex bicolor All. (quelques pieds) Gregoria Vitaliana Duby — fœtida All. Oxytropis cyanea G.G. an et Bicb.? Loiseleuria procumbens Desv. (rochers, CCC.) Après une halte assez longue sur les bords du lac (1), où, tout en déjeunant, nous admirons les changements de couleur que présentent incessamment ses eaux, nous recommencons à gravir la montagne pour atteindre le col, et nous recueillons : Geum reptans L. (CCC.) Galium tenue Vill. Hutchinsia alpina R. Br. Artemisia glacialis L. Chrysanthemum alpinum L. — spicata Wulf. (RR.) Pedicularis rosea Wulf. Arabis cærulea Wulf. (RR R.) — rostrata L. Achillea nana L. Saxifraga oppositifolia L. Erysimum helveticum DC. Homalotheca supina Cass. Cerastium latifolium L, (non fleuri) Gaya simplex Gaui. Cherleria sedoides L., Gregoria Vitaliana Duby Draba aizoides L. Carex rupestris All. Ranunculus glacialis L, (C.) — curvula All. A deux heures, nous sommes sur la crête da Malrif (alt. 2980 m. environ), au point de jonction des schistes talqueux et des calcaires liasiques. Une vue splendide de sommets frappe nos yeux : d'un côté les masses du Viso, que nous parcourions hier encore, de l'autre le Pelvoux et les autres cimes qui avoisinent Briançon et le Lautaret. La créte, qui a à peu près 200 mètres de longueur, nous fournit quelques bonnes plantes : Draba Wahlenbergii Hartm. (R RR.) Artemisia spicata Wulf. (RR.) Petrocallis pyrenaica R. Br. Androsace glacialis Hoppe Chrysanthemum alpinum Z. Silene exscapa All. Après avoir donné quelque temps à la recherche de ces plantes, nous com: mencons à descendre l'autre versant du Malrif, et, pendant une demi-heure, nous traversons des débris mouvants de rochers, où nous trouvons : Hutchinsia rotundifolia R. Br; Arabis cærulea Wulf. Cerastium latifolinm L. Saxifraga oppositifolia L. — biflora All. Campanula cenisia L. (RRR.) Nous traversons rapidement une série de pâturages élevés qui nous offren les plantes habituelles de la région alpine, et à quatre heures nous arrivons (1) Dans les marécages, au-dessous du lac, notre zélé confrère H. de la Perraudiėre; dont nous déplorons si vivement la perte récente, a découvert le Scirpus alpinus Schleich., espèce nouvelle pour la flore de France et qui, dans l’Europe centrale, n’était connue qu'en Suisse à Zermatten, et en Piémont au Mont-Cenis. — (Note ajoutée pendant l'impression.) SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 803 au village du Fond (alt. 2080 m. environ). Là, dans des pâturages alpestres d'une végétation luxuriante, nous retrouvons la plupart des espèces que nous avons déjà signalées au Mont-Viso, prés du Zocher-croulé, entre autres le Geranium aconitifolium Willd. Le temps nous presse, et nous franchissons d'un pas rapide la plaine marécageuse du Bourget (alt. 1920 m. environ), qui est trés probablement le lit d'un ancien lac dont les eaux se seront écoulées par la vallée de Cervieres. Malgré l'accélération de notre marche, l'un de nous reconnait en passant une plante trés rare, qui n'a pas encore été indiquée dans cette localité, le Juncus arcticus Willd. Au sortir de la plaine du Bourget, la vallée se resserre, et, sur le talus de la route, nous voyons : Avena distichophylla Vili. Astragalus aristatus L’ Hér. Biscutella lævigata L., Scutellaria alpina L. Gypsophila repens L. Dix minutes à peu près avant d'arriver à Cervières, nous trouvons, dans des éboulis qui sont à gauche de la route, une très riche localité de Saxifraga cœæsia L. Nous nous arrêtons quelques minutes au village, et nous reprenons le che- min qui conduit à Briançon ; il fait nuit, et malgré notre fatigue, nous devons presser le pas, courir méme, pour arriver avant la fermeture des portes, Heu- reusement nous entrons en ville cinq minutes avant l'heure fatale, et bientót, aprés un frugal souper, chacun cherche dans son lit à se reposer de ses fatigues. 9 aoüt. — Malgré notre projet bien arrété de quitter Briancon de bonne heure, pour rejoindre la Société au Lautaret, nous ne pouvons, grâce à nos nombreuses récoltes, et surtout à notre hótelier, partir avant trois heures de l'après-midi, et nous nous estimons très heureux de pouvoir faire porter nos boites sur une voiture qui remonte la vallée de la Guisanne. Nous arpentons pédestrement le. chemin que nous faisions, il y a quelques jours, en voiture, rencontrant sur notre passage la plupart des plantes méridionales de Briançon (indiquées plus haut). A onze heures du soir nous arrivons au Lauzet (alt. 1700 m. environ), où la pluie nous force à passer la nuit, et le lendemain (10 août), de grand matin, nous faisons notre entrée à l'hospice du Lautaret. La pluie qui est tombée toute la nuit, et qui tombe encore, a retardé la Société : en l'attendant, nous gravissons la montagne qui fait face à l'hospice, et nous recueillons quelques pieds des rares Carex hispidula Gaud. , Daphne striata Tratt. et Sazifraga retusa Vill. Vers onze heures, toujours mouillés et désespérant de voir cesser la pluie, nous retournons à l'hospice. A midi le temps se lève un peu, et quelques instants aprés nous apercevons dans le S04 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. brouillard la Société qui s'est décidée à tenter l'ascension du Galibier, et nous opérons notre jonction avec nos confrères. À partir de ce moment, notre rôle de narrateur cesse, et tout au plus pouvons-nous ajouter que la pluie avait eu pour tous des rigueurs pareilles; et qu'après comme avant notre réunion, elle continua de nous inonder de ses faveurs. M. de Schœnefeld rend compte des herborisations faites les 7, 8, 9 et 10 août au Bourg-d'Oisans, à la Grave, au Lautaret et au Galibier : RAPPORT DE M. WW. de SCHŒNEFELD SUR L'EXCURSION FAITE DU 7 AU 10 AOÛT AU BOURG-D'OISANS, A LA GRAVE, AU LAUTARET ET AU GALIBIER, ET DIRIGÉE PAR M. J.-B. VERLOT. Messieurs, Notre grande course au Lautaret, bien qu'un peu contrariée par le temps, a eu un plein succès, grâce à l'habile direction ct au dévouement de notre honorable vice-président M. Verlot. Toutefois, le grand nombre et l'étendue des savantes communications faites à la Société dans le cours de cette session, et surtout pendant cette dernière séance, m'imposent le devoir de rendre aussi bref que possible le rapport que je suis chargé de vous présenter sur nos fructueuses herborisations. Je me bornerai donc à résumer rapidement l'em- ploi de chacune des quatre journées consacrées à cette importante excursion, et à mentionner les principales plantes recueillies. Journée du $3 aoùt. Partis de Grenoble, vers six heures du matin, dans deux petites diligences frétées ad hoc, nous avons franchi rapidement la distance qui sépare cette ville de Vizille, oà une halte de quelques instants nous a permis de recueillir (dans le parc de l'ancien château féodal aujourd'hui transformé en usine) deux Graminées, les Eragrostis poæoides P. B. et pilosa P. B. Bientôt aprés, à Séchilienne, nous avons quitté les calcaires des environs de Grenoble, pour pénétrer entre les rochers granitiques qui bordent les rives de la Romanche, dont la route longe le cours depuis Vizille jusqu'au Bourg- d'Oisans. Devant des fils du Dauphiné, je n'ai pas besoin de vanter les beautés pittoresques de ce trajet qui, pour les enfants des plaines du nord, sont un objet constant de surprise et d'admiration. Tout le long de la route, des plantes nouvelles pour nous s'offraient successivement à nos regards, et la p'upart d'entre elles prenaient place dans nos cartons, car nous profitions de chaque rampe à monter pour mettre pied à terre et pour herboriser en sui- vant nos véhicules. Vers quatre heures, nous atteignions le Bourg-d'Oisans SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOÛT 1860. 80b (alt. env. 700 m.) et nous courions à la célèbre cascade située en face de la petite ville. Sur les rochers voisins de cette magnifique chute d’eau, une foule d'espèces intéressantes nous faisaient oublier l'heure du souper. Parmi ce; plantes, je dois signaler surtout le Woodsia hyperborea, humble et gracieu ; : Fougère, à peine perceptible dans les fentes des rochers, et que l'oeil perspi- cace de notre savant confrère M. Michalet a su y découvrir le premier, Plantes recueillies le 1 août (1). A Séchilienne, sur les rochers ou dans les taillis, prés de la propriété de M. le conseiller Bonnard, et le long de la route: Silene Armeria L. Peucedanum Oreoselinum Mænch — rupestris L. Viola alpestris Jord. Galeopsis angustifolia Ehrh. Asplenium septentrionale L. Pyrethrum Parthenium Sm. Sedum maximum Bertol. Vesicaria utriculata Lam. Epilobium lanceolatum Seb. et M. Sedum alpestre Vill. — roseum Schreb. Scleranthus perennis L. Sempervivum arachnoideum L. De Séchilienne au Bourg-d'Oisans par Livet, sur les rochers ou débris de rochers granitiques qui bordent la route : Epilobium rosmarinifolium Hænke Hippophaë rhamnoides L. Primula viscosa Vill. Lavandula vera DC. Bellidiastrum Michelii Cass. Galium alpicola Jord. Potentilla petiolulata Gaud. Erucastrum Pollichii Sch. et Sp. Hieracium piloselloides Vill. Veronica spicata L. Alsine striata Gren. Au Bourg-d'Oisans, dans la ville méme ou près de la ville, dans les marais ou les lieux cultivés : Ranunculus Lingua L. Scrofularia Ehrharti C.-A. Stev. Nymphæa alba L. Juncus bulbosus L. Equisetum limosum L. Chenopodium ficifolium Sm. (abondant) Carex ampullacea Good. Galeopsis alpicola Jord. A la cascade du Bourg-d'Oisans, le long des rochers qui l'avoisinent ou dans les sables amenés par la Romanche près de cette cascade : Woodsia hyperborea R. Br. Erigeron drœbachensis Mill. Alsine mucronata L. (G.G.) Hyssopus officinalis L. Lycopsis arvensis L. Artemisia inclinata Jord. Hieracium piloselloides Vill. Silene Pseudotites Bess. — staticifolium Vill. Artemisia camphorata Vill. Lactuca chondrilliflora Bor. Stipa capillata L. s Calamintha nepetoides Jord. Lasiagrostis Calamagrostis Link Teucrium lanuginosum Hoffm. Aëthionema saxatile R. Br. (1) Je dois cette liste et les suivantes à l'inépuisable obligeance de M. Verlot, qui, bien que chargé des soins multipliés de l'organisation et de la direction de nos courses, à encore eu la bonté de noter les espéces recueillies. 806 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Journée du 9 août. Le lendemain, nous avons fait le trajet du Bourg-d'Oisans à la Grave; nos voitures montant presque toujours au pas de leurs maigres chevaux, et nous suivant le plus souvent chevaux et voitures, passu licet non equo, et toujours butinant le long des rochers. Le temps, incertain la veille, était devenu splendide, et doublait nos jouissances en favorisant nos récoltes. Après avoir traversé la gorge sauvage et sévèrement belle, connue sous le nom peu poétique de Rampe des Commères, et aprés une petite halte et un frugal déjeuner au village du Fréney, nous avons pénétré dans le département des Hautes-Alpes, en remontant toujours la vallée de la Romanche, et nous avons fait vers trois heures notre entrée au village de la Grave (alt. env. 1460 m.), pauvre chef-lieu d'un des plus pauvres cantons de France, mais perché et groupé sur le flanc de la montagne dans une situation ravissante. A peine descendus de voiture, nous escaladions le superbe glacier qui domine majes- tueusement la vallée vis-à-vis du village, et où enfin, pour la premiere fois dans notre excursion, nous trouvions réunis d'innombrables représentants de la végétation alpine proprement dite. La nuit tombait quand nous rentràmes à la Grave, mais le glacier, merveilleusement encadré par les sombres rochers qu'il domine et que couvraient déjà les ombres du soir, étincelait comme un dôme de feu sous les derniers rayons du soleil couchant. C'est un des plus admirables spectacles que j'aie vus de ma vie. Un joyeux souper termina cette belle journée, aprés quoi plusieurs d'entre nous durent, faute de place à l'auberge, aller coucher au Villard-d'Aréne. Les autres restèrent à la Grave. Plantes recueillies le 8 août. Aprés avoir franchi le pont jeté sur la Romanche, à l'extrémité de la plaine du Bourg-d'Oisans, sur les rochers qui bordent la route, en allant au Fréney : : Paronychia serpyllifolia DC. Hieracium glaucum All. Artemisia inclinata Jord. Sorbus Mougeoti Soy.- Will. et Godr. Peucedanum Oreoselinum Mænch Colchicum alpinum DC. Calamintha nepetoides Jord., r Potentilla caulescens L. Epilobium collinum Gmel. Lactuca chondrilliflora Bor. Sur les berges de la route, près du Fréney : Podospermum laciniatum DC. var. su- Filago arvensis L. bulatum. Après avoir traversé le village du Fréney, jusqu'au pont du Dauphin (à demi emporté par l'inondation de 1856), dans les sables de la Romanche, les lieux humides ou sur les rochers’qui bordent la route : SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 807 Galium alpicola Jord. Phyteuma Charmelii Vill. Thesium pratense Ehrh. Potentilla caulescens L. Artemisia Mutellina Vill. Typha gracilis Jord. Scutellaria alpina L. Juncus alpinus Vill. Brassica montana DC. Glyceria distans Wahlenb. var. B. tenui- Hieracium glaucum All. flora G.G. Après avoir franchi le pont du Dauphin, jusqu’à la Grave, sur les rochers ou débris de rochers qui bordent la route (rive droite de la Romanche) : Astragalus Onobrychis L. Athamanta cretensis L. — monspessulanus L. Lavandula vera DC. Petasites niveus Baumg. Ononis cenisia L. Biscutella lævigata L. — rotundifolia L. Campanula pusilla Hænke Herniaria alpina Vill. Echinops sphærocephalus L. Linaria alpina DC. Silene vallesia L. A la Grave, en allant jusqu’au glacier, à travers les débris schisteux, les prairies et les débris mouvants granitiques : Dans les débris schisteux : Trifolium pallescens Schreb. Galium tenue Vill. Oxytropis campestris DC. Trisetum distichophyllum P. B. Silene alpina Thom. Hieracium glaucopsis G. G. Ononis cenisia L. — farinulentum Jord. m Pedicularis gyrotlexa Vill. — scorzonerifolium Vill. Dans les prairies : Trifolium badium L. Centaurea montana L. — Thalii Vill. Soyeria grandiflora Monn. Leontopodium alpinum Cass. — montana Monn. Alsine verna Bartl. Anemone narcissiflora L. Linaria alpina DC. Adenostyles leucophylla Rchb. Carduus medius Gouan Androsace septentrionalis L. (2) Poa distichophylla Gaud. Scirpus pauciflorus Lightf. Gentiana campestris L. Allium strictum Schrad. (3) Centaurea uniflora L. Rosa coriifolia Fr. Sur les débris de rochers granitiques, entre les prairies et le glacier : Agrostis rupestris All. Hieracium Schraderi DC. Chærophyllum hirsutum L. (Ch. Vil- Ptarmica nana DC. larsii Koch) Gentiana nivalis L. Geum reptans L. — tenella Rottb. Saxifraga bryoides L. Allosorus crispus Bernh, Erigeron glabratus Hoppe Bartsia alpina L. Juncus trifidus L. Poa minor Gaud. Agrostis alpina Scop. Hieracium glaciale Lachn. Luzula lutea DC. Pedicularis rostrata L. Hieracium glanduliferum Hoppe Calamagrostis tenella Host (4) Ces trois Hieracium croissent ensemble sur les schistes. (2) Trouvé par M. Michalet. (3) Quelques pieds trouvés par M. Michalet. 808 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Betonica hirsuta L. Alsine striata Gren. Colchicum alpinum DC. Ranunculus glacialis L. Saxifraga exarata Vill. Androsace carnea L. Linum alpinum Z. Alchimilla ambigens Jord. Galium tenue Vill. Journée du 9 août. A neuf heures, nous étions tous réunis sur la place du Villard-d'Aréne (alt. env. 1650 m.) et nous commencions, les uns en voiture, les autres à pied, l'ascension du col du Lautaret (alt. env. 2070 m.). Je renonce, Messieurs, à dépeindre l'enthousiasme et l'ardeur qui nous entrainaient vers cette localité privilégiée, vers ce paradis de la flore des Alpes francaises. Il n'est pas possible d'imaginer, pour un botaniste étranger aux pays de montagnes, une plus grande réunion de richesses de tout genre. Malgré l'uniformité apparente de ces immenses prairies, entourées de rochers d'une âpreté sauvage et monotone, à chaque pas une conquéte inattendue faisait pousser des cris de joie à l'heureux chercheur et attirait autour de lui un groupe de confrères jaloux de partager son butin. Notre excellent guide, M. Verlot, qui connait si bien les localités et les plantes des montagnes dauphinoises, ne pou- vait, malgré son zèle à toute épreuve et son incessante obligeance, répondre à toutes les demandes qui s'entre-croisaient autour de lui. Enfin, à une heure avancée de la soirée, lassati, sed non satiati, nous rentrions au Villard, litté- ralement écrasés sous une avalanche de plantes à préparer. Plantes recueillies le 9 août. Au village du Villard-d'Aréne, à la sortie du second tunnel du côté de la Grave, sur les schistes, avant de nous diriger vers le Lautaret : Fumaria Laggeri Jord. Glyceria distans Wahlenb. var. B. tenui- flora. En partant du Villard et en suivant la nouvelle route jusqu'aux premieres prairies du Lautaret : Odontites lanceolata Rchb. Rosa Grenieri Déségl. (R. pomifera G.G. Galeopsis intermedia Vill. ex part.) — alpicola Jord. — spinosissima L, (2) n Asperugo procumbens L. (1) Epilobium gemmascens C.-A. Mey. (3) Lathyrus heterophyllus L. Armeniaca brigantiaca Pers. (4) (1) Ces quatre espèces dans les champs du Villard. (2) Ces trois espèces sur les tertres qui bordent la route près du Villard. (3) Près d’une fontaine au bord de la route, à gauche. Espèce très intéressante et nouvelle pour la France. (^) Quelques pieds dans des rocailles, sur la droite. — Persoon (Syn. T, PI 36) ájoute ces mots à la diagnose de cet arbrisseau : « Ex nucibus oleum, huile de mar- » molle, exprimitur, quod optimum. » SESSION EXTRAORDINAIRE À GRENOBLE EN AOUT 1860. 809 Knaulia carpophylax Jord. Laserpitium gallicum L., Chærophyllum aureum Z. Brassica repanda DC. Isatis tinctoria L. var. hirsuta (I. Vil- Saxifraga aizoides L. larsii Gaud.) Campanula pusilla Hænke Sisymbrium austriacum Jacq. Galium tenue Vill. Trisetum distichophyllum P. B. (4) Linaria alpina DC. (2). En entrant dans ļes prairies du Lautaret et nous dirigeant immédiatement vers la droite (localité connue sous le nom de Prime-messe), jusqu'à la rencontre d'un torrent dont les eaux proviennent des glaciers situés en face de l'hospice : Astragalus aristatus L'Hér. Erysimum helveticum DC. Galium alpicola Jord. Dianthus orophilus Jord. Juncus arcticus Willd. (rare) Juncus alpinus Vill. Salix hastata Willd. Scirpus pauciflorus Lightf. — cæsia Vill. — cæspitosus L. Sanguisorba montana Jord . Elyna spicata Schrad. Meum athamanticum Jacq. Cirsium autareticum Mul. (prés du tor- Allium Schoenoprasum L. rent, rare) Thalictrum simplex L. Kæleria alpicola G.G. — saxatile Chaix (Th. odoratum G.G.) Gentiana Kochiana Perr. et Song. Orobus luteus L. Potentilla delphinensis G.G. Rupleurum ranunculoides L. Linaria italica Trev. Draba incana L. Sempervivum piliferum Jord. Potentilla nivea L. Asphodelus subalpinus G.G. — multifida L. Paradisia Liliastrum Bert. Allium strictum Schrad. (3) Campanula barbata L. Artemisia tanacetifolia All. Carex capillaris L. Après avoir traversé le torrent, en cheminant à travers les prairies un peu humides, exposées au nord et assez fortement inclinées : Gentiana nivalis L. Pedicularis foliosa L. — tenella Rottb. (G. glacialis Vill.) Alnus viridis DC. Swertia perennis L. Betula pubescens Ehrh. Vicia silvatica L. Carex atrata L. Cirsium heterophyllum All. Pedicularis incarnata Jacq, Aquilegia alpina L. Vaccinium uliginosum L. Trifolium pallescens Schreb, i Arnica montana L. — alpinum Z. Dianthus orophilus Jord. Pedicularis verticillata L. Nigritella angustifolia Rich. Gentiana Kochiana Perr. et Song. Viola calcarata L. — asclepiadea L. Phaca astragalina DC. Polygala alpestris Rchb. Soldanella alpina L. Potentilla Tormentilla Nestl. (4) Ptarmica macrophylla DC. Dans les parties les plus sèches de cette localité : (4) Ces cinq plantes sur les talus qui bordent la route. : (2) Ces six plantes sur des débris schisteux, après avoir franchi sur un pont un torrent souvent à sec. (3) Trouvé par M. J.-B. Verlot, en assez grande abondance. (4) Variété trés glabre, à feuilles luisantes. 810 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Hieracium glaciale Lachn. Dracocephalum Ruyschiana L. Aster alpinus L. Dianthus neglectus Lois, Hieracium prenanthoides Vill. Hugueninia tanacetifolia Rcho. Ribes rubrum LZ. Sedum Anacampseros L. Campanula barbata L. Carex sempervirens Vill. Androsace carnea L. Après avoir repassé le torrent, et en nous dirigeant à travers les prairies du Lautaret, toujours du côté droit de la route, pour gagner l'hospice : Campanula spicata L. — thyrsoidea L. Erigeron Villarsii Bell. Sempervivum arachnoideum L., — tectorum L. Phyteuma betonicifolium Vill, Phyteuma Halleri All. Festuca spadicea Gouan Hieracium monticola Jord. — villosum Z. — prenanthoides Vill. ~ Près de la route, sur les déclivités du talus : Alsine brevifolia Jord. Koeleria alpicola G.G. Brassica Richerii Vill. Tragopogon orientalis L. Onobrychis montana DC. Erysimum helveticum DC. Oxytropis campestris DC. Centaurea uniflora L. Laserpitium Panax Gouan Potentilla rupestris L. Gypsophila repens L. Leontodon alpinus Vill, Dans la partie humide, prés de l'hospice, du côté de l'ouest : Rumex alpinus L. Ranunculus aconitifolius L. (1) Epilobium origanifolium Lam. Saxifraga aizoides L, Swertia perennis L. Juncus diffusus Hoppe Juncus triglumis L. Gentiana bavarica L. Primula farinosa L. Tofieldia calyculata Wahlenb. Astragalus Hypoglottis L. (2) Gaya simplex Gaud. Sur les bords de la route, en face de l’hospice : i Phaca astragalina DC. Oxytropis lapponica Gaud. Trifolium badium ZL. Sagina glabra Willd. Potentilla alpestris All. Trifolium Thalii Vill. Veronica Allionii Vill. Artemisia tanacetifolia All. Dans la partie sèche, formée d’abord de prairies, ensuite de débris de rochers granitiques, en face de l'hospice, du côté de l'ouest ou du Pelvoux, jusqu'aux grands rochers : Empetrum nigrum L. Lloydia serotina Rchb. Draba nivalis DC. Festuca Halleri All. Senecio incanus L. Avena Scheuchzeri All. (1) Variété à petites fleurs. Sisymbrium pinnatifidum DC. Gentiana punctata L. Veronica bellidioides L. Pedicularis incarnata Jacq. Agrostis alpina Scop. Primula graveolens Hegetschw. (2) Sur un point assez sec de la localité, avec l'espéce suivante. SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860, 811 Phaca astragalina DC. Thesium alpinum L. Oxytropis lapponica Gaud. Dianthus neglectus Lois. Potentilla alpestris Hall. Chrysanthemum alpinum L. Carex rupestris All. Daphne striata Tratt. (1) Gaya simplex Gaud. Cirsium spinosissimum Scop. Androsace carnea L. Adenostyles leucophylla Rchb. Leontodon pyrenaicus Gouan Artemisia Mutellina Vill. Carex ornithopoda Willd. Juncus trifidus L. — hispidula Gaud. Atragene alpina L. — membranacea Hoppe Salix retusa L. Saxifraga retusa Gouan — reticulata L. Armeria alpina Willd. Bartsia alpina L. Phyteuma hemisphæricum L. Aster alpinus L, Au pied ou le long des grands rochers : Artemisia Villarsii G.G. Potentilla aurea L, Silene exscapa All. Carex ferruginea Scop. — acaulis L, — nigra All. Potentilla nivalis Lap. . Oxyria digyna Campd. Aronicum scorpioides DC. Journée du 10 août. Dès la veille au soir, les nuages qui s'amoncelaient au sud-ouest et les vapeurs qui s'élevaient le long des rochers nous avaient présagé une mauvaise journée. Mais, dans une riche contrée, quelque temps qu'il fasse, toutes les journées peuvent devenir bonnes pour de zélés botanistes. Aussi le matin, malgré une pluie battante, malgré la brume qui masquait tous les pics, après nous être séparés à regret de quelques confrères pressés de rentrer à Grenoble, nous retournions hardiment au Lautaret. Une charmante surprise nous y attendait. A peine sommes-nous en vue de l'hospice (2) que de joyeux hourras nous accueillent. A travers le brouillard, sur le dos de quelques hommes groupés au seuil de la cabane, nous voyons briller la boite de fer-blanc, et quelques instants aprés nous serrons cordialement les mains de nos intrépides amis descendus des flancs du Mont-Viso et arrivés au Lautaret quelques heures avant nous. Bientót nos deux petites troupes n'en font plus qu'une seule. Cependant le brouillard s'épaississait, la pluie tombait, tombait toujours. Mais les plantes n'en étaient pas moins séduisantes, quoique plus difficiles à récolter, D'ailleurs il fallait, coûte que coûte, que notre programme fût accompli; il fallait que quelques membres de la Société botanique de France plantassent, sinon leur drapeau, du moins leurs bâtons ferrés sur le col du (1) Ce gracieux petit arbuste n'a été encore retrouvé nulle part ailleurs en France. (2) Cet hospice (alt. 2050 m.) n'était, en 1860, qu'une humble cabane enfumée et humide, aujourd'hui remplacée, gráce à la sollicitude de S. M. l'Empereur, par un bel édifice où les voyageurs peuvent trouver un gîte confortable et qui porte le nom de Refuge impérial. (Note ajoutée au moment de l'impression, mars 1863.) 812 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Galibier, sur la frontière de France et Savoie, frontière aujourd'hui heureuse- ment passée à l'état de souvenir historique. MM. Durieu de Maisonneuve et Verlot prennent les devants, nous les suivons avec ardeur, nous franchissons à gué deux torrents rapides, et nous montons sans hésiter vers le col, où enfin nous parvenons vers cinq heures du soir, récompensés par un rayon de soleil au-dessus des nuages, par une échappée de vue sur les pics neigeux qui nous environnent (que surmonte le Pelvoux, ce majestueux titan des Alpes fran- caises), et surtout par une abondante moisson de ces délicieuses petites plantes alpines qui ne hantent que les sommets les plus élevés au voisinage immédiat des neiges perpétuelles (1). Là, à prés de 2800 métres d'altitude, nous ne trouvons plus qu'un seul monument du passage des hommes. C'est une borne de granite, portant encore d'un cóté la fleur de lis de la vieille monarchie francaise, et de l'autre la croix de l'antique maison de Savoie. Ces emblémes héraldiques, vénérables symboles du passé, ne semblent-ils pas nous dire que ni le flot des révolutions, ni le bruit des batailles n'ont pu monter jusqu'à cette région sereine qui domine les nuages, et où l'on ne rencontre que des chamois, des marmottes, et parfois quelques naturalistes comme nous, non moins insoucieux des orages politiques que des intempéries de l'atmosphère? Deux heures aprés, à la nuit tombante, nous étions revenus à l'hospice, d'où notre voiture nous ramena promptement au Villard. Je dois reconnaitre que la pluie battante, qui nous avait accueillis le matin, ne fit pas faute de nous reconduire jusqu'à notre gite. Plantes recueillies le 10 août. En partant de l’hospice du Lautaret et en nous dirigeant à travers les prairies du côté de l’est, pour aller au Galibier, jusqu’à la traversée du pre- mier torrent : Lieux secs : Gregoria Vitaliana Duby Ranunculus Grenierianus Jord. (R. Vil- Alchimilla montana Willd. larsii G.G. ex part. non DC.) i Androsace carnea L. Narcissus poëticus L. var. (N. stellaris Haw.). Lieux humides : Adenostyles albifrons Rchb. Salix glauca L. Ranunculus aconitifolius L, — cæsia Vill. Imperatoria Ostruthium ZL. — arbuscula Wahlenb. Allium Schænoprasum L. — hastata Willd. (4) Les dix botanistes qui ont eu la persévérance d'exécuter ce jour-là l'ascension du Galibier sont MM. L. Amblard, Durieu de Maisonneuve, Ferd. Jamin, Eug. Mie. ye Perret, E. de Pommaret, E. de la Savinierre, de Schœnefeld, Ch. de Senot € .-B. Verlot. SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 813 Arabis bellidifolia Jacq. Juncus alpinus Vill. Scirpus cæspitosus L. Saxifraga aizoides L. Gentiana bavarica L. Gentiana asclepiadea L. Carex frigida All. — Goodenowii J. Gay Primula farinosa L. Pedicularis verticillata L. Lieux herbeux, ni trés secs ni trés humides : Pedicularis tuberosa L. Gymnadenia albida Rich. Nigritella angustifolia Rich. Leontodon pyrenaicus Gouan Bartsia alpina L. Alopecurus Gerardi Vill. Ranunculus pyrenæus L. Soyeria montana Monn. Hieracium villosum L. — sabinum Seb. et M. Euphrasia hirtella Reut. Gentiana Kochiana Perr. et Song. Hieracium glaciale Lachn. — Schraderi Schleich. Phyteuma scorzonerifolium Vill. Ajuga pyramidalis L. Daphne striata Tratt. Pirus Chamæmespilus Lindl. Vaccinium uliginosum L. — Vitis idæa L. . Thlaspi virgatum G.G. Orchis globosa L. Après avoir franchi le premier torrent, en traversant les prairies, jusqu'au second torrent : Phaca alpina Jacq. Leontodon alpinus Vill. Hieracium lanatum Vill. — cydonifolium Vill. Pedicularis comosa L. Hugueninia tanacetifolia Rchb. Brassica Richerii Vill. Soyeria grandiflora Monn. Luzula pediformis DC. Senecio Doronicum £L. Anemone alpina L. Paradisia Liliastrum Bert. Festuca spadicea L. Pedicularis tuberosa L. — cenisia Gaud. Sedum Anacampseros L., Après avoir traversé le second torrent, jusqu’aux deux chalets (1) : Centaurea uniflora L. Oxytropis lapponica Gaud. Oxytropis campestris DC. Senecio Doronicum L., etc. En partant du chalet le plus élevé, jusqu’au pied du Galibier, dans les lieux humides, sur. les débris de rochers et les schistes : Carex Goodenowii J. Gay — dioica L. Sagina glabra Willd. Paronychia polygonifolia DC. Cirsium spinosissimum Scop. Carex fœtida Vill. Sibbaldia procumbens L. Homalotheca supina Cass. Festuca Halleri All. Epilobium alpinum L. Silene acaulis L. Adenostyles leucophylla Rchb. Potentilla minima Hall. Cardamine alpina Willd. Androsace carnea L. — obtusifolia All. Cherleria sedoides L. (à fleurs vertes) Juncus triglumis L. Gentiana bavarica L. — tenella Rottb. — nivalis L. Gregoria Vitaliana Duby Polygala alpestris Rchb. Carex curvula All. (1) Cette partie est la plus élevée des prairies : c’est là surlout que la végétation était luxuriante et en pleine floraison. 814 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Dans les débris schisteux, en gravissant le Galibier : Geum reptans L. Aronicum scorpioides DC. Crepis pygmæa L. Cerastium latifolium L. Apargia Taraxaci Willd. Ranunculus glacialis L. Campanula cenisia L. Gentiana brachyphylla Vill. Saussurea depressa Gren. Anemone baldensis L, (1). Sur le sommet du Galibier, nommé /a Gypière : Valeriana saliunca All. Brassica repanda DC. Artemisia spicata Wulf. Gentiana brachyphylla Vill. Oxytropis fœtida DC. Salix herbacea L. Galium helveticum Weig. — serpyllifolia Scop. Draba nivalis DC. — reticulata L. Hutchinsia affinis Gren. Cherleria sedoides L. (à fleurs jaunes). Luzula spicata DC. Dans les débris granitiques, sur le versant méridional (savoisien) du Gali- bier, à quelques métres au-dessous du sommet : Saxifraga biflora All. (2). Au-dessous du sommet du Galibier, sur le versant septentrional (dauphinois) : Alchimilla pentaphyllea L. Hutchinsia affinis Gren. (3). Cardamine alpina Willd. Enfin, avant-hier 14 août, notre journée fut consacrée au retour du Villard- d'Aréne à Grenoble. La route descendant toujours, il nous fut facile de faire en une seule étape et méme sans relayer, un trajet de 84 kilomètres, el d'échanger rapidement les pics sauvages des Hautes-Alpes contre les aspects non moins imposants, mais plus gais, de la fertile vallée du Graisivaudan. — Une halte de quelques heures au Bourg-d'Oisans fut utilisée pour la tenue d'une séance improvisée dont il a été rendu compte plus haut (voy. p. 633). Ce voyage de cinq jours dans les hautes montagnes nous laissera d'ineffacables souvenirs. La végétation alpine attire l'attention du touriste le plus indifférent; elle charme les yeux de tous par ses formes gracieuses, ses vives couleurs, e$ contrastes fréquents et inattendus. Mais, pour le naturaliste, elle a un attrait plus grand et plus sérieux. Son étude soulève les questions les plus impor- tantes de taxonomie, de phytostatique et même de philosophie naturelle. Ces plantes orophiles, qui semblent s'écarter de leurs congénères des plaines, tout (4) Nous n'avons pas rencontré cette année l’Arabis cærulea Jacq., qui, d'ordinaire, est assez abondant dans cette localité. (2) Se rencontre aussi quelquefois sur le versant dauphinois. - (3) L'Oxytropis Jacquini Bunge (O. cyanea G. G. non Bieb.) et le Ranunculus ruli- folius L., assez abondants dans cette localité les années précédentes, n'ont pu, cette fois, être recueillis par nous, le lieu où ils croissent étant encore couvert de neige. SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 815 en s'y rattachant quelquefois par des intermédiaires insensibles, et qui se retrou- vent sur presque tous les points élevés de notre globe bien que séparées souvent par d'immenses distances, ces plantes sont-elles réellement toutes des espéces distinctes, permanentes, immuables? Ne sont-ce pas le plus souvent des formes, temporairement modifiées par l'altitude, de types primitifs peut- être perdus à la suite des cataclysmes qui ont changé la surface de la terre? La stabilité relative de ces formes, sous l'influence d'une culture de quelques aunées, est-elle une preuve convaincante de leur autonomie et de leur identité perpétuelle? Questions insolubles, Messieurs, dans l'état actuel de nos con- naissances, mais sur lesquelles de patientes. observations, des expériences consciencieuses, poursuivies par plusieurs générations, réussiront peut-être à jeter quelque lumière. Puisse la Société botanique de France y contribuer pour sa part, en con- tinuant d'explorer avec un soin minutieux tous les points intéressants du vaste domaine si riche et si varié qu'elle a le bonheur de posséder, et dont Hugo Grotius pouvait déjà dire il y a plus de deux siècles : La France, le plus beau des royaumes après celui du ciel! NOTES COMMUNIQUÉES PAR M. EUGÈNE MICHALET (1). Liste de plantes à ajouter au compte rendu de l'excursion au. Lautaret. 1° Au Bourg-d'Oisans : Viola sciaphila Koch, qui se retrouve à la Grande-Chartreuse, et que j'avais d'abord pris à tort pour le V. collina Bess. 2* Entre le Bourg-d'Oisans et la Grave : Calamintha nepetoides Jord. 3° Au glacier de la Grave : Androsace septentrionalis L. Allium strictum Schrad. (A. suaveolens Jacq. GB. strictum Mutel, Fl. du Dauph. et FI. fr. atlas, tab. LXXIV, fig. 560). Mutel indique cette plante au Lautaret (FI. fr. VIT, p. 306-307). Elle n'est donc que restituée à la flore de France et non nouvelle. Je crois être le seul qui l'aie rencontrée au glacier de la Grave le 8 août (2). Allium oleraceum L., forme alpine très grêle (1 à 2 décim. ). Hieracium glaucopsis G. G. (1) M. Michalet a bien voulu m'envoyer ces notes peu de temps après notre session à Grenoble. Depuis lors, une mort prématurée nous a ravi ce savant et regrelté confrère, et je remplis aujourd'hui un devoir de respect envers sa mémoire, en plaçant, suivant Son désir, ces notes à la suite de mon rapport. Je les publie textuellement et inté- gralement, bien que quelques-unes des plantes citées forment double emploi avée les listes que je dois à l'obligeance de M. Verlot. (Note de M. de Schamefeld, mars 1863;) (2) Voyez plus haut, p. 720, un article de M. Verlot sur l' Allium strictum. 816 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. h? Au Lautaret : Androsace septentrionalis L., avec les Potentilla nivea et multifida, Carex capillaris L., de l'autre côté du ravin. Carex membranacea Hoppe, au-dessous du glacier, en face de la cabane, avec le Lloydia serotina et les Carex rupestris et hispidula. Gette espèce, voisine du C. ericetorum Poll., sinon identique avec lui, n'est indiquée en France ni par Mutel ni par MM. Grenier ct Godron. Elle se distingue par un habitat exclusivement alpin. Potentilla delphinensis Gren., pâtnrages au-dessous de la cabane. 5° Au Galibier : Quelques pieds fleuris de Campanula Allionii Vill. M. le Président termine la séance par le discours suivant : DISCOURS DE M. DURIEU DE MAISONNEUVE. Messieurs, Arrivés au terme de la plus active comme de la plus fructueuse de nos sessions extraordinaires, il ne m'est pas permis d'abuser de ce dernier moment. Et pourtant, avant de prononcer le mot bien triste qui va clore cette belle session, et qui sera, hélas! le signal de notre séparation, je cède au désir de vous exprimer les sentiments de profonde gratitude dont je me sens pénétré au souvenir de la bienveillance affectueuse dont vous n'avez cessé de m'entourer, bienveillance qui m'a rendu faciles, et, je puis le dire, bien douces, les hautes fonctions de la présidence. C'est de toute mon àme que je vous remercie, Messieurs, de votre indulgente bonté. Je remercie également MM. les membres du Bureau de la session et M. le secrétaire du Bureau permanent du concours qu'ils m'ont prété avec tant d'empressement, en aplanissant devant moi les difficultés qui auraient pu embarrasser mon inex- périence. Je dois aussi exprimer les remerciments de la Société aux personnes qui ont bien voulu assister à ses séances ou partager les fatigues de ses lointaines excursions. J'ai la satisfaction de vous annoncer que le programme arrété à l'avance a été rempli en entier et méme dépassé : nos séances ont eu lieu aux jours déterminés, et d'importantes communications vous y ont été faites; les riches établisserhents scientifiques de la ville vous ont été ouverts à toute heure p" ordre de M. le Maire; ni le mauvais temps ni les fatigues ne nous ont arrêtés dans nos excursions : les sommets alpins indiqués au programme ont été atteints, pendant que deux sections, avouées par la Société, exploraient le Viso et gravissaient le pic de Belledonne. Les plantes les plus intéressantes des Alpes ont été vues sur place, grâce au zèle et au dévouement de notre honorable vice-président, M. Verlot, qui nous a servi de guide dans ces m N- SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 817 tagnes qu'il connait si bien, avec une complaisance dont nous ne perdrons jamais le souvenir. Vous avez entendu, Messieurs, les rapports brillants et rapides qui vous ont été faits sur ces riches herborisations : ils nous promettent de belles pages pour notre Bulletin. Quel est celui d'entre nous qui n'a vu avec émotion et bonheur notre vénéré et bien-aimé vice-président, M. Léon Dufour, nous accompagner et quelquefois nous devancer dans nos plus rudes ascensions, avec toute l'ardeur, l'entrain et méme la vigueur de la jeunesse? Qu'il sache combien sa présence a donné de charme et de relief à notre session! Enfin, Messieurs, je le redis avec bonheur : la session des Alpes a pleine- ment réussi; elle ne nous laisse d'autre regret que celui de nous séparer et de quitter une ville où nous avons été si cordialement reçus. La clóture de la session extraordinaire de 1860 est prononcée. Sur la proposition de M. Cosson, vice-président de la Société, portant la parole au nom du Bureau permanent, la Société vote des remerciments unanimes à M. le Président et à MM. les membres du Bureau de la session. extraordinaire, ainsi quà MM. les membres du Comité chargé d'organiser ladite session, et à la municipalité de Grenoble. M. Cosson exprime surtout la vive gratitude de la Société à M. J.-B. Verlot, pour le zéle et le dévouement avec lesquels il a dirigé les fructucuses herborisations faites durant la session de Grenoble. Et la séance est levée à midi. Conformément au paragraphe 2 de l'art. 41 du réglement, le procés-verbal ci-dessus a été soumis, le 19 octobre, au Conseil d'administration, qui en a approuvé la rédaction. ERRATA. — Page 700, ligne 30 : au lieu de la gypsière, lisez la Gypière. — Page 721, ligne 21 de la note : au lieu de rapporté par Villars, lisez rapporté par Mutel. RAPPORTS SUR LES VISITES FAITES PAR LA SOCIÉTÉ A DIVERS ÉTABLISSEMENTS SCIENTIFIQUES. Musée d'histoire naturelle de Grenobie. Le 5 août, la Société, obéissant à son programme, eut à visiter le Musée d'histoire naturelle de Grenoble. Ce Musée est un grand et bel édifice tout neuf, à peine achevé, situé à l'entrée du jardin botanique de cette cité. Un botaniste fort instruit, qui fut longtemps maire de Grenoble, feu M. de Miribel, n'a pas peu contribué à fonder cet établissement. Notre visite ne fut qu'une promenade rapide dans les galeries de zoologie et de minéralogie, sous la direction éclairée de M. Bouteille, conservateur. Le choix des sujets, leur parfaite conservation, la propreté, la classification, nous saisirent d'étonnement. Cette habile disposition eüt seule suffi pour proclamer bien haut le nom de M. Bouteille, si nous n'avions pas déjà été à méme d'apprécier son grand savoir et ses éminentes qualités. Dans cette inspection à la course, c'est à peine si l'on peut signaler les spécimens saillants qui arrétent le regard et provoquent l'admiration. Dans la salle de zoologie, les mammifères comptent près de deux cents espéces à sujets d'élite. Nous nous bornerons à citer, parmi les exotiques : Colobus Guerreza, | Canis Lagopus, Gulo arcticus, Bos grunniens ; d'intéressants marsupiaux, des genres : Didelphis, | Perameles, Dasyurus, Phalangista ; parmi les indigènes, üne curieuse série de Chauves-souris, surtout la rare Barbastelle, le Loup noir (Canis Lycaon), tué aux environs de Grenoble; quelle fut notre surprise en voyant un Castor pris sur les bords du Rhône! Le Lepus alpinus habite les hautes montagnes du Dauphiné et diffère peut- être de celui de la Russie. Une belle suite de Campagnols (arvicola) suspendit un instant la rapidité de notre marche, et nous constatàmes que plusieurs des espèces du Dauphiné se retrouvaient aussi dans nos Pyrénées. Nous fimes la méme remarque pour l'habitat de l Hermine. SESSION EXTRAORDINAIRE À GRENOBLE EN AOUT 1860. 819 L'ornithologie du Musée nous étala aussi ses richesses, M. Bouteille appela notre attention sur un oiseau exotique des plus rares et des plus singuliers, constituant un type de transition, le Strigops habroptylus de la Nouvelle- Hollande. Il a quelque chose du Hibou, et c'est un Psittacus. Le beau Paradisier (Epimachus magnus), le Syrrhaptes heteroclites de la Russie asiatique, deux splendides gallinacés de l'Himalaya (Satyrus Lathami, Im- peyanus refulgens), une belle série d’/bis, plusieurs Canards du Kamtchatka, le Phalacrocorax bicristatus de cette méme région, et un magnifique exem- plaire de l’ Aptenodytes patagonica, furent les notabilités ornithologiques des pays étrangers qui nous frappèrent le plus. Nous accordions toujours une station de faveur aux oiseaux indigènes. Le Gypaétes barbatus nous sembla le méme que celui de nos Pyrénées, quoique M. Bouteille prétendit y trouver une différence. Ce savant nous exhiba un Aquila nevia des plus hautes montagnes des Alpes. Le Percnoptère et le Grand-Duc figurent comme habitants du Dauphiné, ainsi que la Gélinotte, toutes les mues du Zagopède et la Perdrix rochassière, qui s'offrait à nous pour la première fois, et qui a été récemment décrite par M. le professeur Charvet (de Grenoble). Le temps nous manquait pour inscrire les noms de la populeuse famille des Silvia et des Chouettes. Le Bombycivora Garrula à été pris dans l'Isère, ainsi que les Ardea alba et Ciconia nigra. Celui-ci vient aussi dans notre sud-ouest. Enfin le Zestris pomarina, avec toutes ses morphoses d'âge et de sexe, vint clore notre tournée ornithologique. Il y a bien dans le Musée deux cents espèces de reptiles; mais nous citerons seulement, dans les indigènes, le Coluber Esculapit et le Vipera Prester. M. Bouteille parait croire que cette derniere espèce diffère de celle de Linné. Les poissons des lacs et riviéres du Dauphiné, ainsi que ceux de la Médi- terranée, sont préparés et classés avec les mêmes soins intelligents que les animaux dont nous venons de parler. Quant aux mollusques et à la prodigieuse entomologie de l'Isère, ils occupent dans le Musée une honorable place et ne déméritent point par leur bonne classificatíon des animaux de l'ordre supérieur. Le cabinet de minéralogie, placé au-dessus de celui de zoologie, dans une galerie en fer à cheval, est d'une somptuosité qui approche du luxe. Il ferait honneur aux plus opulentes collections des capitales. Ce précieux et savant dépôt des fragments grandiosement caractérisés des métaux et pierres des Alpes dauphinoises, est surtout dü à l'infatigable dévouement et à la science spéciale de deux illustres ingénieurs, MM. Héricart de Thury et Gueymard. Or, argent, nickel, plomb, fer, cuivre, etc., s’y voient sous les formes les plus variées, sous l'aspect le plus éclatant. Chaux carbonatée, quartz cristal- lisé, granite, schiste, feldspath, titane avec ses cristaux, épidote, prehnite, axinite, etc., etc., témoignent largement de la richesse de ces monts. Enfin les fossiles du Dauphiné, acquis par les largesses du savant docteur 820 SOCIÉTÉ DOTANIQUE DE FRANCE. Gras, complètent la géologie de l'Isére, et nous disent toujours le goût exquis et les persévérantes sollicitudes du conservateur. Mais Grenoble a aussi sa basse-cour d'acclimatation, dirigée par M. Bou- teille, et la Société n'a pas manqué de lui rendre hommage. Nous avons vu et touché ces CAevres d'Angora à la laine soyeuse et brillante, ces Chèvres de Nubie aux oreilles longues et pendantes, les Yacks de Chine nés à Gre- noble, le Cerf Axis, la Gazelle, le Lama, Y Alpaca, quatre races de Lapins, des variétés sans nombre de Poules des quatre coins du monde, des Canards de la Caroline, du Labrador, etc., etc., enfin une colonie multiple d'animaux exotiques acclimatés et se reproduisant presque tous. Au nom de la Commission : LÉON DUFOUR, rapporteur. Jardin=-des-plantes et herbiers de Grenoble. La Commission nommée par la Société botanique de France a examiné avec soin les diverses écoles et collections dont se compose le Jardin-des- plantes de la ville, ainsi que les herbiers du Musée d'histoire naturelle. Le premier jardin botanique fut fondé à Grenoble, en 1782, sous l'im- pulsion de M. de Marcheval, intendant de la province de Dauphiné, et par les soins du docteur Villars, professeur d'histoire naturelle à l'École de chirurgie. Transporté en l'an 11 au faubourg Saint-Joseph, le nouveau jardin est resté, jusque vers l'année 1835, tel que Villars l'avait établi; à cette époque, l'État, voulant donner plus d'étendue à la ville et établir de nouveaux remparts, réduisit ce jardin à un quart de sa surface, en n'y laissant subsister qu'un bàtiment délabré, une orangerie et quelques plates-bandes. Cet état de choses dura dix ans; l'Administration n'y mit fin qu'en achetant, en 1843, pour y établir le jardin actuel, la propriété dite le Zois-Æolland. L'organisation des cultures a eu lieu en 1845, sous la direction de M. J.-B. Verlot, nommé (à la suite d'un concours) jardinier en chef et directeur du Jardin-des-plantes de la ville, et chargé en outre de diriger les cultures d'un autre jardin public (dit le Jardin-de-ville) et du soin des arbres des promenades publiques de Grenoble. Le Jardin-des-plantes actuel, dont la surface est de 2 hectares, 32 ares; h1 centiares, se compose de deux parties. Un jardin paysager, dessiné avec goût, occupe les trois cinquièmes de la surface : là sont disposés avec ordre, par familles el par genres, des arbres de graude et de moyenne taille, formant une école forestiére et de végétaux ligaeux d'ornement; on a réservé particulièrement aux Conifères un monticule dont les pentes sont exposées au nord et au nord-ouest. Tous ces arbres portent des étiquettes. SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860. 821 Aux extrémités de cette portion du jardin, on a disposé une collection de Vignes, comprenant plus particulièrement les cépages des environs de Gre- noble. Un petit cours d’eau, où sont cultivées les plantes aquatiques, sépare le jardin ornemental de l'école de botanique et des serres. L'école de botanique comprend quatre parallélogrammes, composés chacun de 23 plates-bandes; chaque plate-bande contient en moyenne 51 espéces, espacées de 66 centimètres et disposées sur deux rangs; l'école, plantée d'apres la classification de De Candolle, ne renferme que des plantes herbacées et des arbustes. Elle est entourée de plates-bandes exclusivement consacrées à la floriculture. Le catalogue des graines, publié chaque année par le savant directeur, M. Verlot, permet d'apprécier le choix et l'importance des espéces qui sont cultivées dans l'école générale, et nous dispensera d'entrer dans plus de détails sur ce point. Toutes les plantes de l'école sont pourvues d'étiquettes de fer avec plaques de tóle; ces étiquettes, placées depuis 1848, n'ont pas tres bien résisté à l'épreuve du temps et nécessitent de fréquentes réparations. A l'extrémité du jardin botanique, M. Verlot a fait disposer un emplace- ment spécial pour la culture difficile des plantes alpines; aucun Jardin fran- cais ne nous a semblé aussi important à cet égard que celui de Grenoble. La culture des plantes alpines se fait sur des rocailles disposées en neuf rangées, dont quatre tournées au nord et quatre à l'exposition du midi : les tufs dont les rocailles sont formées sont couverts de terres végétales en rapport avec le besoin des espèces; les espèces essentiellement alpines sont cultivées en pots et rentrées pendant l'hiver dans l'orangerie; la plupart des plantes appar- tiennent à la flore locale. Nous croyons devoir donner les noms de celles qui présentent le plus d'intérét : Aubrietia erubescens, Iberis garrexiana, Cerastium Boissieri, Papaver rupifragum, Saxifraga sarmentosa, hypnoides, palmata, cuneifolia, Aizoon, Ranunculus Thora et Seguieri, Epimedium alpinum, Daphne Verloti, Potentilla alpestris et aurea, Globularia cordifolia et nudicaulis, Arabis alpina, procurrens, Silene saxifraga et Schafta, Corydalis ochroleuca, Armeria alpina, un assez grand nombre d'espèces de Sedum, de Semper- vivum, de Viola, d’Alyssum, etc. Ces plantes, cultivées dans les rocailles, réussissent bien si l’on a soin, lorsque la saison est sèche, de les arroser à la fin de l'été. On trouverait difficilement, ailleurs que dans les Jardins de Genève et de Zurich, une culture de plantes alpines mieux dirigée que celle de Grenoble Il serait à désirer qu'elle pût s'étendre et comprendre une quantité plus considérable des espéces spéciales de la flore si riche du Dauphiné. . L'insuffisance du jardin a décidé l'Administration à établir dans le voisinage 822 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. une école d'arbres fruitiers, Cette école, dont la surface est de 22 ares, com- prend onze plates-bandes occupées par 180 variétés de Poiriers, sept par des Pommiers, Cerisiers et Abricotiers, deux par des Framboisiers. Ces arbres, auxquels on donne, par la taille, des formes diverses, servent aux démonstrations pratiques du cours d'arboriculture, et contribuent à répandre dans le pays, par les dons de greffes et de boutures, les bonnes variétés de fruits. Les serres sont placées au nord de l'école de botanique; elles se composent d'une serre chaude et d'une serre tempérée à toit curviligne vitré, ayant chacune 18 mètres de long sur 5 mètres de haut, réunies par un pavillon central de 10 métres dont la hauteur est de 8 métres environ. Le chauffage de la serre chaude laisse beaucoup à désirer; il n'a été établi que d'une manière provisoire. La serre chaude renferme des espèces intéressantes, parmi lesquelles nous citerons volontiers : le Ravenala madagascariensis, plusieurs pieds de Bam- busa arundinacea, un remarquable individu de Dombeya Amelie, huit espèces de Dracæna et de Cordyline, vingt espèces de Palmiers, et en particulier le Zhapis flabelliformis, le Chamædorea elegans; cinq espèces de Bananiers, des pieds de Ficus elastica, Jambosa australis, ftoyena lucida, un bel exemplaire de Dattier, concourent à la décoration de la serre tempérée. Devant les serres chaude et tempérée doivent exister deux bâches ayant la même longueur que les serres elles-mêmes; l’une de ces bâches a déjà été construite; l'autre s'exécutera certainement plus tard. Une orangerie, de 42 mètres sur 6, occupe le rez-de-chaussée du pavillon ouest du Musée d'histoire naturelle. Il est bien regrettable qu'un vaste bàtiment, servant de magasin à fourrage, ait été établi au sud, sur un terrain qui, loué par la ville, formait naguère une annexe du jardin; non-seulement ce bâtiment indique d'une manière trop tranchée l'étendue restreinte du jardin, mais encore masque en grande partie la belle perspective des montagnes qui se dessinent à l'horizon, et surtout, en raison de sa masse, donne un ombrage trés nuisible au développement dun grand nombre d'espéces. Mais le terrain sur lequel cet édifice a été bàti appartient à l'administration de la guerre, et la ville n'a pu s'opposer à sa construction. Les herbiers de la ville de Grenoble (qui sont placés dans une des salles du Musée d'histoire naturelle, et dont M. Bouteille est le conservateur) devaient avoir pour nous un intérét particulier; ils sont le résultat des longues recher- ches, des travaux importants de deux botanistes dont les noms appartiennent aujourd'hui à l'histoire de la science, Villars et Mutel. : L'herbier de Villars se compose de vingt-deux cartons, contenant environ deux mille espéces. Cet herbier, dont la ville a fait l'acquisition en 1837, SESSION EXTRAORDINAIRE A GRENOBLE EN AOUT 1860, 823 est loin d'étre complet, et beaucoup d'échantillons n'ont pas une authenticité suffisante; il serait difficile de prouver qu'ils ont été recueillis par Villars. Une lettre de Villars fils, imprimée dans le quatrième volume du Bulletin de la Société de statistique de l'Isère (2° série), nous fait connaitre avec détails les richesses de l'herbier, d'aprés lequel a été composée la Flore du Dauphiné. Villars y avait réuni quatre mille plantes, et, sur deux mille sept cent quarante-quatre espèces dont se compose sa Flore, il en avait recueilli lui- méme plus de deux mille six cents. L'herbier de la ville est bien loin de posséder toutes ces plantes. Aprés la mort de Villars, de 1814 à 1827, l'herbier a donc été décomplété. L'herbier de Mutel a pour titre : Herbier de France ; il a été donné à la ville, en 1849, par M. Félix Réal, ancien conseiller d'État, parent par alliance du botaniste. — Cet herbier se compose d'environ cinq mille plantes, conservées avec soin, et renfermées dans soixante cartons. Outre les espèces de la flore française, recueillies en partie par Mutel lui-même, l'herbier renferme des espèces d'Algérie récoltées par Mutel aux environs de Bône, en 1852 et 1833; des espéces de Gréce envoyées par M. Chaubard, etc. Un troisième herbier, Herbier général, comprend à la fois des plantes spontanées et des espèces cultivées; il a pour origine une collection du baron Mounier, ancien pair de France. Parmi les sept mille espèces environ qui forment cet herbier, figurent des plantes d'Algérie, de Corse, et la plupart de celles du Dauphiné; il renferme aussi les espèces qui ont fleuri au jardin botanique depuis l'année 1845. Cette collection est en trés bon état. Ces plantes, toutes empoisonnées, sont préparées avec soin. On a attaché les espèces françaises sur des feuilles de papier blanc; on a fixé sur des feuilles de papier rose les espéces exotiques. M. Crépu, ancien conseiller d'État, a coopéré avec beaucoup de zèle à la mise en ordre de cet herbier. Tel est dans son ensemble l'état du jardin botanique et des herbiers de la ville de Grenoble; plus de six mille plantes sont cultivées dans cet établis- sement important; on en trouvera la liste dans le catalogue général que le directeur, M. Verlot, a fait imprimer en 1856. L'enseignement de la botanique a son siége dans l'une des salles du Musée d'histoire naturelle; pendant la belle saison, deux cours y sont professés : un cours de botanique proprement dite par le professeur de la Faculté des sciences, un cours d'arboriculture fruitiére par le directeur du jardin. La ville de Grenoble a déjà fait beaucoup pour son jardin botanique; elle se montrera disposée, nous n'en doutons pas, à développer un établissement qui, par sa position au centre d'une des flores les plus riches de France, et par l'importance de ses collections, a rendu d'incontestables services à la botanique. 824 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. La Commission de la Société botanique de France remplit un devoir en appelant toute l'attention de l'Administration sur le zèle aussi intelligent que dévoué de l'habile directeur du jardin, qui, avec des ressources souvent trop modiques, a su donner à l'établissement confié à ses soins une haute impor- tance scientifique. Au nom de la Commission : ERNEST FAIVRE, rapporteur. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. Sur la composition et le mode de production des sommes dans l'organisation végétale; par M. E. Frémy (Comptes rendus, t. L, pp. 124-131). Des observations intéressantes, dues à M. Decaisne, démontrent que la production de la gomme, dans certains arbres, coincide avec l'époque de la formation des parties ligneuses et qu'elle se fait à leurs dépens; mais jus- qu'à présent on connaissait mal la composition chimique de la gomme. M. Frémy a reconnu qu'une solution aqueuse trés concentrée de gomme, mise au contact de l'acide sulfurique également concentré, se transforme en une membrane insoluble dans l'eau bouillante, et à laquelle M. Frémy donne le nom d'acide métagummique. Ce dernier corps, chauffé avec des bases telles que la potasse ou la chaux, se dissout immédiatement et se modifie, car les acides ne le précipitent plus de la dissolution alcaline; il se change alors en un acide soluble, qui est pour M. Frémy l'acide gummique. Les composés obtenus avec cet acide présentent tous les caractères de la gomme arabique. Cette substance dériverait donc d'un principe insoluble dans l'eau, qui, perdant son caractére sous l'influence des bases, donnerait lieu, par com- binaison, à de véritables sels constituant les gommes neutres, Pour vérifier ces hypothèses, M. Frémy a repris l'examen chimique de la gomme, qui, soumise à la calcination, laisse 3 pour 100 de cendres calcaires, et précipite d'ailleurs par l'oxalate d'ammoniaque et le sous-acétate de plomb. Une expé- rience trés concluante a permis à M. Frémy de reproduire l'acide métagum- mique insoluble, aux dépens de la gomme, en employant l'acide oxalique, qui sépare la chaux, et une légère torréfaction. D'après l'auteur, la gomme n'est donc qu'un gummate de chaux qui dérive d’une substance insoluble, l'acide métagummique, comme les corps gélatineux des végétaux, dérive d'une matière insoluble qui est la pectose. M. Frémy termine cette note en rappelant certaines expériences de MM. Gélis et Guérin-Vary, et en faisant connaitre la composition élémentaire de l'acide métagummique. Il espère que, profitant de la facilité avec laquelle la gomme se transforme en substance insoluble par modification isomérique, on pourra un jour l'appliquer comme l'albumine à la fixation des couleurs insolubles, 826 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Mémoire sur la composition élémentaire des fais- ceaux fibro-vasculaires des Fougères; par M. le docteur Garreau (Comptes rendus, t. L, p. 85^). Nos lecteurs ont déjà eu connaissance de la découverte faite de trachées dans les Fougères par MM. Paul Bert et Georges Bergeron. M. Garreau a aussi trouvé de véritables trachées dans ces plantes, mais non plus seule- ment dans les bourgeons. Ses observations ont été faites sur l'Atlantodia australis. En ramollissant un pétiole de cette Fougére par la coction dans l'eau alcalinisée, on y observe, de dedans en dehors, des trachées déroula- bles et non déroulables; des vaisseaux réticulés à réseau fin et serré, faciles à confondre avec les trachées; enfin des vaisseaux ponctués et scalariformes, relativement trés nombreux. M. Garreau a constaté que les frondes des Fou- gères où ces trachées ont disparu à l'état adulte, ne renferment que ces vais- seaux lorsqu'on les examine à l'état rudimentaire. Il pense que les trachées occupent dans les Fougères une position semblable à celle qu'on leur a recon- nue dans les Monocotylés. Sur la composition chimique de lArbautfus Unedo ; par M. Filhol (Comptes rendus, t. L, 1860, 1° semestre, p. 1185). M. Filhol a trouvé dans les fruits mûrs de l Arbutus une quantité de sucre incristallisable, lévogyre; de la parapectine, qui est précipitée en entier de ses dissolutions par l'acétate neutre de plomb ; une matière jaune très analogue à de la cire; et enfin une matière colorante qui prend, au contact de la potasse caustique, une teinte d'un beau violet, et, au contact des acides, une couleur jaune. Recherches organogéniques sur la fleur des Coni- féres; par M. le docteur H. Baillon (Comptes rendus, t. L, pp. 808-810 ; Adansonia, Recueil d'observations botaniques, t. I, pp. 1-16). On sait que des interprétations trés diverses ont été proposées relativement à la fleur des Conifères. Réduit à deux loges étalées pour A.-L. de Jussieu, l'ovaire de ces arbres est normal pour M. Blume, du moins dans les Taxinees et les Gnétacées, béant et contenant un nucelle conique d’après MM. de Mirbel et Spach, complet et méme environné d'un périanthe pour L. -C. Ri- chard et A. Richard, enfin étalé et livrant un ovule nu à l'impression directe du pollen, pour Robert Brown. Tout en admettant la gymnospermie des Conifères, M. Schleiden regarde l'organe qui en porte les ovules comme le bourgeon axillaire de la feuille carpellaire. M. Baillon, aprés avoir examiné plusieurs des genres de celte famille, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 827 arrive à des conclusions contraires à l'opinion de Rob. Brown, généralement admise et professée aujourd'hui. Dans le développement du 7azus baccata, M. Baillon a observé deux petits mamelons courbés en fer-à-cheval, qui s'unissent pour constituer une sorte d'anneau horizontal, et qu'il regarde comme le rudiment d'un ovaire. Dans le Phyllocladus rhomboidalis Rich., il a vu un petit réceptacle en dóme portant deux feuilles carpellaires latérales connées, en tout semblables à celles du Saule ou de l'If, et du fond desquelles naît plus tard un ovule dressé. Chez le Torreya nucifera Sieb., paraît à l'aisselle des feuilles intermédiaires du rameau un gros mamelon entier et arrondi, qui bientôt se déprime et se dédouble en deux axes collatéraux ; ceux-ci produisent deux paires de petites bractées décussées, et au-dessus d'elles deux feuilles carpellaires qui deviennent rapidement connées. Dans les Thuja, l'axe de l'inflorescence produit encore deux petites fleurs dicarpellées, et le fruit est muni d'appendices qui sont des expansions de la nervure dorsale des deux carpelles. Dans l'aisselle des bractées qui entourent le cóne des Pins, se produit un petit rameau représenté par un mamelon celluleux dont le sommet se partage en trois lobes. Les deux lobes latéraux s'élargissent en forme d'auricules, et portent chacun une paire de feuilles carpellaires ne regardant pas leur concavité. Le lobe moyen se soude à la bractée et forme comme le support axile de tout l'appareil. Le Salisburia Ginkgo et les Cupressus présentent des faits analogues. L'auteur en conclut que la fleur des Coniféres n'est point gvmnosperme, mais posséde un pistil dicarpellé, inséré sur l'axe, dépourvu d'enveloppes florales, contenant un ovule orthotrope et dressé sur un placenta basilaire. D'aprés M. Baillon, on le voit, ce n'est pas un ovule naissant d'un carpelle étalé, mais un pistil naissant sur l'axe, qu'il faut admettre dans les Conifères. Ce travail est accompagné d'une planche qui représente le résultat des observations organogéniques de l'auteur. Le mémoire de M. Baillon, lu à l'Académie des sciences le 30 avril 1860, a été l'objet d'un rapport approba- teur présenté à cette compagnie le 9 juillet 1860 par MM. Brongniart, Cl, Gay et Payer, rapporteur (Comptes rendus, 1. LI, p. 49). De Abietinearum Carr. floris feminei structura mor- phologica; par M. R. Caspary. Brochure in-4°, Kænigsberg, 1861. Dans ce travail, qui est en grande partie la critique du précédent, M. Cas- pary décrit d'abord une anomalie qu'il a observée sur des cônes de Mélèze. A l'instar d'autres inflorescences monstrueuses figurées par Richard, Seringe et De Candolle, ces cónes se continuaient au delà des écailles florales ordi- naires en un rameau muni de feuilles, et les écailles se nuancaient sur quel- ques échantillons, par transitions ménagées, avec les feuilles primordiales du bourgeon développé à l'aisselle des feuilles; raméales. Les écailles commen- 828 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. caient, dans ce cas, par s'échancrer au sommet, puis elles devenaient de plus en plus profondément bifides, tandis que chacun de leurs lobes supportait le rudiment d'un ovule avorté; plus haut un bourgeon se développait entre l'axe et la base de ces écailles et les rejetait sur le cóté. Il ressort de ce fait, pour M. Caspary, que l'écaille ligneuse du cône du Mélèze, et par conséquent de tous les Conifères, est composée des deux premières feuilles squamiformes et latérales d'un bourgeon axillaire qui avorte constamment. Toutes les opinions produites sur la structure des Conifères sont d'avance rejetées par lui, et notamment celle de M. Baillon, qu'il s'attache longuement à réfuter. Il a examiné les fleurs femelles des Thuja orientalis, Taxus baccata, Cupressus sempervirens, Callitris montana, Juniperus communis, J. spherica, J. Sa- bina, J. virginiana et Larix europea, et n'a pas trouvé dans ces fleurs le bourrelet constamment bilobé et en fer-à-cheval, dont M. Baillon affirme l'existence; cet organe lui a méme présenté des formes assez variables. D'ailleurs il rappelle que le tégument extérieur de l'ovule est quelquefois bilobé pendant une des phases de son évolution, par exemple dans le Polygala comosa et le Tremandra verticillata, et que d'autres organes simples subis- sent une évolution analogue, comme les stipules de certaines Nymphéacées, et la paillette supérieure des Graminées. Il fait aussi remarquer que, dans certaines plantes (Zerteroa incana, Thlaspi arvense), on trouve quelquefois que l'anneau élevé autour du nucelle par le développement des téguments extérieurs de l'ovule est loin de présenter une forme identique, méme sur tous les ovules d'un seul ovaire, et qu'il peut étre circulaire ou développé davantage d'un seul côté. Relativement au second point développé par M. Baillon, savoir la naissance des fleurs sur les lobes latéraux d'un bourgeon axillaire, M. Cas- pary soutient que ces lobes représentent, non des digitations de l'axe, mais des feuilles. En résumé, pour l'auteur, les fleurs des Abiétinées sont consti- tuées non par des pistils naissant sur un axe, mais par deux ovules naissant chacun sur un carpelle. Il annonce des travaux ultérieurs sur la morphologie des autres tribus des Conifères. Mémoires sur la fleur des Coniféres; par M. le docteur A. Dickson (Adansonia, Recueil d'observations botaniques, t. IT, pp. 65-80). Les mémoires de M. Dickson sur la structure florale des Conifères, tra- duits et publiés dans le Recueil de M. Baillon, ont été lus par leur auteur à la Société botanique d'Édimbourg les 12 juillet 1860, 10 janvier et 11 juil- let 1861. M. Dickson a rencontré, au commencement du mois de juin 1860, des cônes bisexués de jeunes Sapins ; la partie inférieure du cône était chargée d'étamines, et la partie supérieure d'écailles. A un point intermédiaire, les étamines altérées offraient une transition évidente entre les étamines nor- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 829 males et les écailles qui portent les ovules à leur aisselle. M. Dickson étudie et apprécie cette monstruosité ; ensuite il cherche à définir la nature de ces écailles. Il rappelle les observations de Griffith, d’après lesquelles la plus intérieure des enveloppes de l'ovule du Gnetum ne se développe qu'après les deux extérieures, et fait remarquer que l'ovule des Conifères n'est peut- être pas l'analogue de celui des Phanérogames angiospermes. Plus :loin, M. Dickson, ayant traduit en anglais le mémoire de M. Baillon analysé ci- dessus, adopte les opinions de cet auteur. Il examine les Araucaria, sur le cóne desquels les écailles continuent la spirale offerte sur la tige par les feuilles, et il appelle l'attention sur un petit corps squamiforme situé prés du sommet de ces écailles, et qu'il regarde comme représentant les bractées des cônes des Sapins. La troisième note de M. Dickson est relative à quelques phases du développement des fleurs femelles du Dammara australis. 1 a vu dans ces fleurs se former primitivement un mamelon qui, plus tard, se charge de deux saillies semi-lunaires, d'abord presque libres et plus tard connées inférieurement. L'auteur finit par rechercher quel est le cóté du fruit qui se développe en une aile membraneuse. Ce côté, d’après lui, dépend du sens dans lequel tourne la spire génératrice du cóne. BOTANIQUE DESCRIPTIVE. Characters of new Algee, chiefly from Japan and adjacent regions, collected by Charles Wright in the north Pacific exploring expedition under captain John Rodgers (Caractères des Alques nouvelles récoltées princi- palement dans le Japon et les pays voisins par M. Ch. Wright, pendant l'expédition dirigée dans le nord de l'océan Pacifique sous le commande- : ment du capitaine John Rodgers); par M. le professeur William-H. Harvey, de l'Université de Dublin (Extrait des Proceedings of the American Academy, vol. IV, octobre 1859). Tirage à part en brochure in-8^ de 8 pages. Ce travail est une énumération de 54 espèces d'Algues, peu ou point con- nues encore, dont le titre précédent indique l'origine; on remarque parmi elles! un genre nouveau, voisin par son port du genre Dasycladus, et dont voici la diagnose : Halycorine Harv. — Frons calcareo-incrustata, claviformis, simplex, ex axi tubuliformi monosiphonio continuo ramulisque verticillatis saccatis unicel- lulosis demum sporiferis constituta. Spore ex materia viridi ramulorum vetustorum formata, numerosa, sphæricæ, nucleo denso viridi in perider- mide hyalino membranaceo incluso. Les espéces nouvelles, trop nombreuses pour que nous puissions en retra- cer ici les caractères, sont les suivantes : 830 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Sargassum (Schizophylla) pinnatifidum, S. (Holophylla) filicinum, S. (Holophylla) Ringgoldianum, S. (Holophylla) Rodgersianum, S. (Holo- phylla) corynecarpum, S. (Carpophylla) assimile ; Cystophyllum fusiforme; Fucus (Fucodium) Wrightit , F. (Fucodium) Babingtonii; Ecklonia Wrightii ; Alaria pinnatifida ; Dictyota obtusangula; Odonthalia obtusan- gula; Chondria crassicaulis; Polysiphonia Stimpsoni, P. calacantha, P. flabellulata, P. Harlandii ; Wrangelia? Tanegana ; Desmia japonica, Gracilaria gigas, Gr. eucheumioides; Suhria japonica; Caulacanthus compressus; Galaxaura distenta; Gymnogongrus ligulatus, var. angustus; Gigartina lancifolia, G. affinis, G. tenella; Halosaccion (Halocæliu) Wrightü, H. (Halocælia) intestinalis; Gloiopeltis coliformis; Endocladia complanata; Caulerpa Amicorum, C. brachypus; Halicoryne Wrightii ; Valonia Forbesii ; Enteromorpha cærulescens ; Cladophora Wrightiana, C. Stimpsoni, C. densa, C. fastigiata, C. oligoclada, C. uncinella, C. polaris; Rivularia opaca; Lyngbya atrovirens, L. effusa, L. atropur- purea; Chroolipus chinensis. Toutes ces espèces doivent porter le nom de M. Harvey. Prodromus systematis Aroidearum; par M. H.-G. Schott. 1 vol, in-8° de 602 pages. Vienne, 1860. Nos lecteurs connaissent déjà les nombreux travaux publiés par M. Schott sur la famille des Aroidées (Genera Aroidearum, Jcones Aroidearum, etc. ). La plupart de ces ouvrages, qui paraissent par livraisons, sont actuellement en cours de publication, tandis que celui dont nous rendons compte aujour- d'hui est une œuvre complète, embrassant dans son ensemble le groupe étudié depuis une quarantaine d'années avec tant de prédilection par l'auteur. Le Prodromus. Aroidearum comprend un tableau de la classification adoptée par M. Schott, une introduction où il expose les caractères organo- graphiques de la famille, enfin l'énumération et la description des espèces. L'auteur divise les Aroidées en diclines et monoclines; parmi les premieres sont les tribus des Altéluchiées, Arisarées, Dracunculées, Zomicarpées, Pythoniées, Caladiées, Philodendrées, Richardiées, Astérostigmées et Stylo- chétonées; parmi les secondes on trouve les Callées et Orontiées. Les genres les plus nombreux en espèces dans le Prodromus de M. Schott sont les genres Spathiphyllum, qui en présente jusqu’à 183, Philodendron avec 185, Arum avec 43, Pothos avec 3h, Caladium et Monstera avec 29, etc, L'ouvrage se termine par la description d'une Aroidée douteuse, le Thaumatophyllum Spruceanum Schott, par une table des espèces qu'il renferme et par uné table des synonymes; KEVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 831 BOTANIQUE GÉOGRAPHIQUE. Impressions d'un voyage botanique aux Alpes du Dau- phiné; par M. Léon Dufour (Actes de la Société Linnéenne de Bor- deaux, 3° série, t. III, pp. 225-246). Nous n'avons pas l'intention d'analyser la narration pittoresque que notre vénérable confrère M. Léon Dufour a publiée dans les Actes de la Société Lin- néenne de Bordeaux, sur la session de Grenoble à laquelle il venait d'assister, et dont nos lecteurs trouvent dans ce numéro le compte rendu détaillé. Mais nous ne voulons pas laisser échapper l'occasion de signaler à nos confrères le récit de M. Léon Dufour, plein de cœur et de charmants souvenirs, dont nous recommandons la lecture surtout à ceux qui ont assisté à la session de Gre- noble. En outre, il y a dans le travail que nous citons quelques points scien- tifiques que nous devons faire connaitre. M. Dufour émet des doutes sur la légitimité spécifique de l’ Alchemilla pyrenaica qu'il a jadis ainsi nommé et qu'il est porté à regarder aujourd'hui, avec De Candolle, comme une simple variété de l’Alchemilla vulgaris L. Il signale des différences entre le Galium boreale L., qui a les fruits hispides, et habite la région alpine des montagnes du Dauphiné, et le Galium orbibracteatus: Chaub., qui a les fruits glabres et vit dans le sable aux environs d'Agen ; on sait que ces espéces ont été réu- nies par les auteurs de la Flore de France. V cite encore les E rysimum helve- ticum DC. et Allium strictum Schrad. trouvés dans les herborisations au Lautaret, et qui n'y sont pas signalés dans les ouvrages les plus récents. Il donne ensuite la liste des plantes qu'il a récoltées à cette derniere station. Souvenir d'une herborisation au Mont-Viso; Supplé- ment au Souvenir, ete.; par M. N. Doümet (Annales de la Société d'horticulture et de botanique de l'Hérault, t. 1, pp. 35-53 et pp. 108-115). Nous nous étions promis de rassembler ici tous les travaux auxquels la ses- sion de Grenoble avait donné lieu. Aussi nous ne pouvions manquer de faire connaitre avec empressement le travail de M. N. Doümet, qui complete celui de M. L. Dufour par quelques détails relatifs à l'herborisation du Viso, et témoigne une fois de plus du plaisir que trouvent nos confréres de province dans les sessions départementales de la Société. Nous ne saurions cependant analyser le récit de M. Doümet, dont toute la substance se trouve dans le rapport de MM. L. Soubeiran et B. Verlot (voy. plus haut, p. 780). Nous nous bornerons à en conseiller la lecture à ceux de nos confrères qui aiment les descriptions pittoresques et élégantes. Le supplément contient la liste des plantes. recueillies pendant l'excursion au col d'Isoire, au Mont-Viso, au col de Malrif et dans la plaine du Bourget. 832 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Excursion d’un naturaliste dans Res Hautes-Alpes; par M. Alph. Gacogne. Brochure in-8° de 22 pages. Lyon, 1856. Bien qu'imprimée il y a quelques années, la brochure de M. Gacogne n'ayant été envoyée à la Société qu'au mois de mai 1860, n’a pas encore été ana- lysée dans cette Revue, et sera sans doute indiquée avec avantage dans le numéro qui contient déjà tant de détails sur la végétation des Alpes. Le tra- vail de M. Gacogne n'est, d'ailleurs, qu'un récit de ses herborisations, accom- pagné de la liste des plantes les plus intéressantes qu'il a recueillies, et de renseignements donnés d'avance à ceux qui voudraient herboriser dans les mémes régions. Some account of a botanical tour in the mountains of Auvergne and Switzerland (Compte rendu d'une excur- sion botanique dans les montagnes d' Auvergne et de Suisse) ; par M. David Ross. In-8° de 60 pages. Édimbourg, chez R. Grant et fils, 1861. Notre honorable confrère M. D. Ross était au Mont-Blanc avec M. Chatin pendant que la Société tenait sa session extraordinaire à Grenoble, et, avant de se rendre dans les Alpes, il avait herborisé pendant quelque temps dans les lieux mémes oü la Société s'était transportée quatre ans auparavant aux environs de Clermont-Ferrand. Le travail de M. Ross est un récit de son voyage, accompagné de la liste des plantes qu'il a récoltées sur le Puy-de- Pariou, au Puy-de-Dôme, au pic de Sancy dans les Monts-Dores, puis sur le Brévent et la Flégère, le Montanvert, le col de Balme, dans les Alpes aujour- d'hui francaises, enfin sur la Gemmi, à Interlaken, et aux environs de Soleure en Suisse. Dans chacune de ces listes, les plantes sont énumérées simplement dans l'ordre de leur récolte ; mais à la fin de l'ouvrage elles sont réunies dans une liste générale dressée suivant la classification de M. Lindley. Un appen- dice contient une communication faite à la Société littéraire et philosophique de Sheffield par M. Joseph Kirk sur les terrains volcaniques de l'Auvergne. NOUVELLES. — 8 avril 1863. — M. Bourgeau, l'habile et zélé collecteur, vient de partir pour une excursion botanique en Espagne. Ses recherches doivent comprendre la plus grande partie de l'Estramadure, notamment les environs d'Avila, de Placensia, Coria, les Sierras de Avila et de Gata, et le massif montagneux compris entre Gata, Avila et Salamanque, c'est-à-dire une des parties les moins connues de l'Espagne, et que M. Bourgeau n'avait pas visitée dans pi voyages antérieurs. Les plantes récoltées par M. Bourgeau seront déterminées par M. Cosson. Paris, — Imprimerie de L. ManTINET, rue Mignon, 2. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 1860. PRÉSIDENCE DE M. DECAISNE. La Société se réunit à sept heures et demie du soir, pour la premiére fois dans le nouveau local de ses séances, rue de Grenelle- Saint-Germain, 84. M. le Président déclare ouverte la session ordinaire de 1860-61, et, par suite de la présentation faite à Grenoble, dans la séance de clóture de la session extraordinaire, proclame l'admission de : M. Pix, directeur de l'École normale primaire de l'Isére, à Gre- noble, présenté par MM. Verlot et de Schoenefeld. M. le Président annonce en outre trois nouvelles présentations. M. le Président annonce la mort regrettable de M. Auguste Huguenin, membre de la Société, décédé à Chambéry, en juillet dernier. Lecture est donnée de lettres de MM. Pihan-Dufeillav, Teste- noire et Laterrade, qui remercient la Société de les avoir admis au nombre de ses membres. Dons faits à la Société : 1° De la part de M. Pierre de Tchihatchef : Description de l' Asie- Mineure, troisième partie (Botanique), 2 vol. et atlas. 2° De la part de M. Parlatore : Flora italiana, t. VII, 2° partie. 3° De la part de M. Th. Caruel : Observations sur l' Heterotoma lobelioides. T VIL 53 834 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. h° De la part de M. Delbos : Rapport sur.un catalogue des plantes de l'arrondissement de Colmar. 5" De la part de MM. Songeon et Perrier : Notes sur des plantes nouvelles ou peu connues de la Savoie. 6° De la part de M. le docteur Baillon : Nouveau recueil d'observations botaniques, livr. 4 à 3. 7° De la part de M. le chevalier Louis de Heufler : Untersuchungen ueber die Hypnecn Tirols. 8° De la part de M. Ferdinand Cohn : Rapport sur les travaux de la Société botanique de Breslau, aun. 1859. 9° De la part de MM. Vilmorin, Andrieux et Cie: Catalogue de leur établissement. 10° De la part de M. André Leroy, pépiniériste à Angers : Catalogue de son établissement. 11* De la part de M. Ch. Laterrade : L'Ami des champs, octobre 1860. 12° De la part de la Société Smithsonienne : Ohio Ackerbau- Bericht, 1859. Patent office Report (deux exemplaires), 1859. Proceedings of the Academy of natural sciences of Philadelphia, 1859. 13° De la part de la Société d'Horticulture de la Haute-Garonne : Annales de cette Société, mai-aoüt 1860. 14° En échange du Bulletin de la Société : Bulletin de la Société impériale des naturalistes de Moscou, 1859, t. III et IV; 1860, t. I. Nouveaux mémoires de la Société impériale des naturalistes de Moscou, E XHE hvr. 4. Mémoires de la Société impériale des Sciences naturelles de Cherbourg, t. VII, 1859. Atti dell I. R. Istituto veneto, t. V, n° 8. Pharmaceutical journal and transactions, aoüt-novembre 1860. Journal de la Société impériale et centrale d' Horticulture, juillet- septembre 1860. : Bulletin de la Société imperiale $oologique d'Acclimatation, juillet: septembre 1860. L'Institut, aoüt-novembre 1860, quinze numéros. SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 1960. $35 M. de Schonefeld, secrétaire, donne lecture des communications suivantes adressées à la Société : LETTRE DE MI. Victor PERSONNA'T A M. DE SCHŒNEFELD. Marennes, 98 juillet 1860. Le ^ avril 1859, j'ai adressé à la Société une note sur les Zris Chamiris Bertol. et lufescens Lam. , note qui a été publiée dans le Bulletin (t. VI, p. 271). Cette année, en réponse aux observations dont elle contenait l'exposé, j'ai recu de M. Godron une lettre dont quelques passages me semblent devoir étre portés à la connaissance de ceux de nos confréres qui ont pu étre induits en erreur par ma note, comme il paraitrait que je l'ai été moi-même dans mes herborisations du mois d'avril 1854. Voici un extrait de la lettre de M. Godron : « J'ai lu, dans le Bulletin de la Société botanique, la note que vous » avez publiée sur l’/ris lutescens. Il résulte, avec évidence pour moi, des » faits que vous avez observés, que vous n'avez eu sous les yeux que des » échantillons d' Zris Chamiris à fleurs jaunes, et je comprends dès lors qu'il > Vous ait paru impossible de trouver des caractères suffisants pour caractériser » deux espèces. Que l'7ris C'hamiris varie quant à la taille, cela n'a rien » d'étonnant, mais c'est un fait qu'il était utile de signaler; la taille, du reste, » constitue presque toujours un mauvais caractère spécifique. Le point capital » de la question, c'est que, dans l’/ris lutescens Lam., la fleur est portée sur » un pédoncule égalant l'ovaire. Ce caractère est indiqué dans le consciencieux » travail de M. Spach sur les Zris, et j'ai pu en constater l'exactitude sur des » échantillons d’/ris lutescens étiquetés de sa main, et que possède mon ami » M. Soyer-Willemet; ces échantillons proviennent des cultures du Jardin- » des-plantes de Paris, et l'étiquette porte la date de 1845. Or je possède » de Béziers, et M. Soyer-Willemet a reçu également des environs de cette » Ville, des échantillons semblables (autant qu'on peut en juger sur le sec) » à ceux qui, en 1845, étaient cultivés au Jardin de Paris sous le nom d’Z. » lutescens, et qui proviennent peut-être des pieds observés dans ce méme » jardin par Lamarck. » Depuis la publication du volume de notre Flore qui renferme les 77's, j'ai » recu du colonel Blanc, à deux reprises différentes et péle-méle, des /ris » lutescens et des ris Chamiris à leurs jaunes, ce qui prouve que mon » excellent ami les confond et que, bien involontairement sans aucun doute, » il vous a induit en erreur sur ce point. » Tous les échantillons d'/ris que j'ai pris aux Bréginnes ont en effet, ainsi que le signale ma note du 4 avril, les pédoncules beaucoup plus courts que l'ovaire, d’où il résulterait que je n'ai pas rencontré le véritable 7. lutescens , 836 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. mais aussi il reste de mes observations, faites sur le vif, que la longueur du pédoncule est le seul caractère distinctif entre les deux espèces, car tous les autres appartiennent indistinctement à l'une et à l'autre des deux formes d’/ris Chamiris que j'ai recueillies à Béziers. SUITE DES ALGUES MARINES ET LISTE DES DIATOMÉES MARINES RECUEILLIES DANS LE FINISTÈRE, par MM. CROUAN frères (1). (En Lambézellec près Brest, 22 septembre 1860.) FUCOIDE Æ. ELACHISTEA Areschongii Cr. ms. (E. reflexa Cr. in herb.). — Très voisin de l'Elachistea clandestina ; sur l Himanthalia lorea, à l'entrée du port de Brest. , EcTOCARPUS Lebelii (Areschong) Cr. ms. (Elachistea Lebelii Aresch. ms.). — Sur le Cystosira ericoides; goulet de la rade de Brest. — Codii (Lloyd) Cr. ms. (Elachistea Codii Lloyd ms.). — Sur le Codium elongatum, rivage de la mer ouverte (Morbihan); sans doute se trouve à Melon (Finistére), sur le méme Codium. j — multicarpus Cr. ms, — Sur le Fucus vesiculosus var. evesiculosus ; rivière marine de Penfeld. LAMINARIA (digitata) stenophylla Harv. Phyc. — Rivage de la mer ouverte. C. FLOIZIDE/E. GRACILARIA duriuscula Cr. ms. — Anse du Minou!, dans les flaques, sur les pierres couvertes de sable coquillier. à Cette espèce a le facies du Plocaria confervoides, avec lequel nous l'avions confondue; sa couleur est rouge à l'état vivant; elle est voisine du Gracilaria dura J. Ag. LOOSPERMEX. ScuizosiPHON littoralis Cr. ms. — Couleur vert noir, sur le sable vaseux près de Laber- Ildut. RIVULARIA applanata Carm. (Evactis Kuetz.). — Sur coquilles et pierres ; rade de Brest. — confinis Cr. ms. — Sur la vase à la limite du flux, bords des rivières marines et parmi le Fucus balticus; sa coupe perpendiculaire ne présente pas de zone, comme dans les Evactis, auxquels il ressemble. ? — investiens Cr. ms. — Baie de Lanninon. Cetle curieuse espèce enveloppe les rameaux des Laurencia et autres Algues, de la même manière que le Myrionema strangulans. PnysACTIS Lloydii Cr. ms. (Rivularia Balani Lloyd in litt.). — Sur les balanes, rivage de la mer ouverte (Morbihan) ; devra se retrouver dans le Finistère. RHIZOCLONIUM salinum Kuelz. — Bords des rivières marines, jusque dans le gazon; Penfeld, etc. Conium elongatum Ag. — Rivage de la mer ouverte ; à Melon, Portzpoder, elc. DIATOMEZÆ. AMPHORA ovalis Kuetz. Bacill.; W. Smith Brit. Diat. t. Il, f. 26, P. — Sur la vase de coquilles mortes draguées. — hyalina Kuelz. — Sur la vase de coquilles mortes. (4) Voyez plus haut, p. 367. SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 18060. 837 CoccoNEis diaphana var. cruciata W, Sm. I. c. t. XXX, f. 254. -— Dragué rade de Brest, sur faience. CAMPYLODISCUS Hodgsonii W. Sm. — Dragué rade de Brest, sur faïence. SURIRELLA Gemma Ehrb.; Desmaz. Pl. crypt. 2° série, n° 502. — Sur la vase des coquilles. — minuta Bréb. in Kuetz. Sp.; Desmaz. Pl. crypt. n° 1456. — Rivières marines, sur des pierres vaseuses à Penfeld. i TRYBLIONELLA marginata W. Sm.? — Dragué sur faïence. NıtzscHIA dubia W. Sm. — Sur coquilles vaseuses. — Sigma W. Sm. — Sur la vase des rivières marines, Penfeld. — reversa W. Sm. — Sur la vase des rivières marines, Penfeld. — Closterium (Kuetz. Bacill. sub Ceratoneis) W. Smith. — Sur la vase, à Penfeld. — birostrata W. Sm. (Ceraloneis longissima Kuetz. Bacill.). — Sur l'Ulva Lactuca, rivière marine de Penfeld. AMPHIPRORA alata Kuetz. — Sur la vase des pierres et coquilles. AMPHIPLEURA inflexa Dréb. in Kuelz. Sp. — Sur la vase des pierres, à Penfeld. NAVICULA Smithii Bréb. Mém. Soc. imp. sc. nat. de Cherbourg (N. elliptica W. Sm.). — Sur la vase argileuse, qui ne se découvre qu'aux marées. -— affinis Ehrb. — Sur la vase. —- didyma Kuetz. — Sur la vase des rivières marines. — Cyprinus (Ehrb.) Kuetz. (Pinnularia Cyprinus Ehrb.). — Vase des rivières marines. PLEUROSIGMA balticum W. Sm. — Vase des rivières marines. — distortum W. Sm. — Vase des rivières marines. — Fasciola W. Sm. — Vase des rivières marines. SYNEDRA acicularis W, Sm. — Sur Schizonema. — tabulata Kuetz.; Desmaz. Pl. crypt. n? 1458.— Sur Polysiphonia variegata et autres Algues. — affinis Kuetz. — Sur Ceramium Deslongchampsii. — crystallina Kuetz. — Sur Callithamnion Hookeri. — superba Kuetz. — Sur Ceramium diaphanum var. minus. — fulgens W. Sm. — Sur Wrangelia mullifida. TOXARIUM undulatum Bailey (Synedra gigantea Desmaz. Pl. crypt. 2° sér. n° 107) (non Lobarzewsky). — Dragué sur le Solieria chordalis Ag., rade de Brest. PODOSPHENIA clavata Cr. ms. — Sur Schizonema Grevillii. — gracilis Ehrb.; Desmaz. Pl. crypt. 2° sér. n? 445. — Sur Ectocarpus siliculosus. — Lyngbyei Kuetz.; Desmaz. l. c. 2° sér. n° 116.— Sur Sertularia et Algues filiformes, — ovata Kuetz.?. — Sur de petites Algues, riviéres marines. RHIPIDOPRORA tenella Kuetz.; Desmaz. |. c. n? 1470. — Sur Callithamnion gracil- limum. — paradoxa Kuetz. — Sur Ceramium, Polysiphonia, etc. — superba Kuetz.; Desmaz. l. c. n° 1471. — Sur Dumontia filiformis. L'cMoPHORA splendida Grev. (Licmophora flabellata Kuetz.). — Sur Lomentaria, Poly- siphonia, elc. : — flabellata Ag. (Licmophora radians Kuetz.). — Sur Ceramium, Lomentaria, Deles- seria, etc. BACILLARIA paradoxa Mull. Enc. méthod. (Diatoma Lazilliferum Bréb. Consid.). — Sur Ectocarpus et Dudresnaya, mais non fixé ; rade de Brest. Cette singuliére production est trés remarquable, ses mouvements sont trés curieux; les bagueltes qui la forment et qui se tiennent par les extrémités comme des Biphores ou Salpa se contractent les unes contre les autres avec promptitude et forment une série comme une flûte de Pan ; elles se séparent avec la méme célérité pour former une seule ligne. Ce mouvement se continue longtemps. FRAGILARIA striatula Lyngb. (Grammonema striatulum Ag.) ; Desmaz. Pl. crypt. n? 1453. — Sur les Polysiphonia et Cladophora, à l'entrée du port de Brest. 838 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. GRAMMATONEMA striatulum Kuetz. Bacill. — Sur des Enteromorpha et Ulva, à l'entrée du port de Brest. Cette Diatomée, confondue avec la précédente, nous paraît presque dépourvue de silice ; elle adhère fortement au papier et se colore en vert par la dessiccation, ce qui aura fait croire à M. Kuetzing que c'était une Desmidiée; ses filaments sont atténués en pointe fine. ACHNANTES longipes Ag. Consp.; Desmaz. Pl. crypt. n? 1460. — Sur Polysiphonia, Ceramium, etc., rade de Brest. — — var. B (Ach. Carmichælii Grev.; Ach. brevipes Kuetz.). — Sur Polysiphonia, etc. — ramosa Cr. ms. — Riviére marine de Penfeld. — brevipes Ag. (Ach. salina Kuetz.). — Sur Rhizoclonium salinum Kuetz. et Entero- morpha, ete., rivière marine de Penfeld. — subsessilis Kuetz. — Sur Enteromorpha et Rhizoclonium. — — var. B multiarticulata. — Bords des rivières marines. RHABDONEMA arcuatum Kuetz.; Desmaz. PI. crypt. 2° sér. n° 117. — Sur diverses Algues et la Zostère. — minutum Kuetz. — Sur Cladophora, etc., bane de Saint-Marc. STRIATELLA unipunctata Ag. — Sur Callithamnion, Ceramium, etc. DiATOMA elongatum Ag.— Sur Enteromorpha, Cladophora, etc. — melobesicola Cr. ms. — Forme des couches verdâtres sur les Melobesia et Litho- thamnion polymorphum ! ; il est peu siliceux et adhère assez fortement au papier. Goulet de la rade de Brest. GRAMMATOPHORA marina Kuetz. (Dialoma marinum Ag.); Desmaz. Pl. crypt. 2* sér. n? 118. — Sur diverses Algues. BIDDULPHIA pulchella Gray. — Sur Ptilota elegans et autres Algues. i — aurita Bréb. Consid. (Odontella aurita Ag., Kuetz.).— Rivières marines, sur petites Algues ; passage de Plougastel. IsrHMIA enervis Ehrb.; Desmaz. Pl. crypt. n° 4474. — Sur diverses Algues. PoposiRA Montagnei Kuetz. (Melosira lentigera Harv. Man.). — Sur le Callithamnion barbatum ! ; passage de Plougastel. MELOsIRA numuloides Kuetz. — Sous le quai des vivres, sur diverses Algues. — Borrerii Grev. — Embouchure du port de Brest, sur diverses Algues. — salina Kuetz.; Desmaz. Pl. crypt. n° 106. 2 — — var. B concatenata Kuetz. (Rosaria globifera Carm.).— Sur des filaments d' Ecto- carpus, à Penfeld, MASTOGLOIA apiculata W. Sm. Brit. Diat. suppl. t. LXII, fig. 387. — Sur les pièces de bois de construction couvertes de vase; rivière marine de Penfeld. BERKELEYA fragilis Grev.; Desmaz. Pl. crypt. n? 1468. — Sur diverses Algues et la Zostère. A — adriatica Kuetz. — Sur la marge des feuilles du Zostera marina var. angustifolia ; riviére marine de Landerneau. SCRIZONEMA lutescens Kuetz.? (Oscill. majuscula Jurg.). — Sur l'Aleyon orange de mer; banc de Saint-Marc. i — rutilans Ag. (Conf. rutilans Trentepohl). — Sur le sable vaseux, rivière marine de Loberlach. : -— — var. amplius Kuetz.; Desmaz. Pl. crypt. 2° sér. n° 411. — Sur les pierres Cour vertes de sable vaseux, anse des gardes marines. — tortuosum Cr. ms. — Filaments simples, tortueux, formant strat À quadriponctuées ressemblant beaucoup à celles du Schiz. Grevillii, mais plus petites. Croît contre les parois des rochers vaseux, sur les Algues filiformes ; riviére marine de Penfeld. — implicatum Harv. — Sur les pierres couvertes de sable vaseux où coulent de pe ruisseaux d'eau douce; gréve du Canfrout. ina 2 — Grevillii Ag. (Schiz. quadripunclatum et Grevillii Harv.!; Schiz. Ehrenbergu Kuetz.*). — Sur les pierres couvertes de vase; banc de Saint-Marc, Postrein, Lanninon: um; navicules tits SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 1860. 839 ScHIZONEMA Dillwynii Ag.; Desmaz. PL. crypt. 2° sér. n° 113. — Sur les pierres vaseuses, à l'entrée du port de Brest. — — var. $ dubium Harv. — Même localité que le type. — sordidum Kuetz.; Desmaz. Pl. crypt. 2* sér. n? 509, — Rejeté, avec la Zostére, sur la gréve de Postrein et Lanninon. — flavum Kuetz.? — Sur le Calliblepharis jubata. — confertum W. $m. Brit. Diat, t. LVII, fig. 359. — Sur Corallina solenia, etc., baie de Lanninon. — obtusum Grev, — Sur le Rhytiphlæa pinastroides, etc. Dans les lieux vaseux, banc du Moulin-blanc. — helminthosum Chauv. — Sur les pierres vaseuses, gréve du Canfrout. — comoides Ag. — Sur les pierres vaseuses, Postrein. — Smithii Ag. (Ulva fœtida, Engl. Bot.). — Sur les pierres vaseuses et les Algues. — laciniatum Harv. Man.! (Schiz. scoparium Kuetz.).— Sur les rochers qui ne se décou- vrent qu'aux marées ; rivage de la mer ouverte, baie de Bertheaume. MICROMEGA gracillimum (W. Sm. l. c. t. LIX, f. 372!, sub Schizonema) Cr. ms. — Sur diverses Algues, baie de Lanninon. — parasiticum (Griff. sub Schizonema) Kuetz. — Sur diverses Algues, anse du Delec. — lineatum Kuetz.; Desmaz. Pl. crypt. 2° sér. n° 114. — Sur les roches couvertes de sable fin ; rivage de la mer onverte, baie de Bertheaume. — hyalinum Kuetz.; Desmaz, Pl. crypt. 2° sér. n? 510.-— Sur le Ceramium rubrum, baie de Lanninon. — molle (W. Sm. l. c. t. LVIII, f. 365, sub Schizonema) Cr. ms. — Sur les pierres vaseuses, à Péstrein et à l'entrée du port de Brest. — ramosissimum Ag. — Sur les pierres couvertes de sable fin, anse du Douric. — torquatum (Harv. sub Schizonema) Cr. ms. (Micromega setaceum Kuetz. Bacill.).— Sur les pierres vaseuses, à Postrein, et banc du Moulin-blanc. — corymbosum (Ag. sub Schizonema) Kuetz. — Sur les pierres vaseuses, banc de Saint- Marc. HowogocLADiA Martiana Ag. — Bancs de Saint-Marc et du Moulin-blane, sur les pierres vaseuses et les petites Algues. : — filiformis W. Sm. l. c. t. LV, f. 348. — Sur les pierres vaseuses, banc du Moulin- blanc. Ce nombre (88), par des recherches minutieuses des petites espèces, devra être beaucoup augmenté, vu que nous nous en sommes peu occupés. M. Achille Bourgeois fait hommage à la Société, au nom de M. le docteur H. Baillon, des trois premiers numéros du Journal d'obser- vations botaniques publié par M. Baillon. M. Eug. Fournier, vice-secrétaire, donne lecture de la communi- cation suivante, adressée à la Sociélé : NOTE SUR LA GEMMATION SURNUMÉRAIRE DU CARPINUS BETULUS L., par M. A. VIAUD-GRAND-HARAIS. (Nantes, 18 octobre 1860.) L'intéressant travail de MM. Damaskinos et Bourgeois sur les bourgeons axillaires multiples des Dicotylédones (Bull. V. V, p. 598), et les recherches de M. Guillard sur le méme sujet (Bull. t. IV, p. 937), nous ont fait suivre 840 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. avec le plus grand soin depuis deux ans le bourgeonnement de diverses plantes, en particulier celui du Carpinus Betulus. Toutes nos observations sont conformes à celles des auteurs que nous venons de citer, et nous ont démontré que l’anomalie du bourgeonne- ment surnuméraire peut se montrer chez un nombre considérable de végétaux. Nous admettons, pour les avoir rencontrées dans la nature, les trois dispositions indiquées par ces observateurs dans la réduplication des bour- geons, en nous permettant de leur donner les noms suivants : 1° gemmation surnuméraire par Subterposition ; 2° gemmation surnuméraire par super- position; 3° gemmation surnuméraire par juxtaposition, ou réduplication latérale, suivant que le bourgeon récent est inférieur ou supérieur au bour- geon primitif, ou bien suivant qu'il se trouve placé à côté de lui et à la même hauteur. Le point important, qui semble avoir été négligé jusqu'à ce jour, est celui-ci. Malgré sa fréquence, la présence de bourgeons multiples à une seule aisselle de feuille est une exception, une anomalie, dans la plupart des exemples cités, sauf pour le Noyer, le Figuier-élastique et quelques autres plantes. La règle générale doit donc être maintenue avec ces réserves, et les lois de la fasciation restent toujours, dans la majorité des plantes, celles de la phyl- lotaxie; tandis que d'autre part la présence d'un bourgeon axillaire sert, dans un verticille d'organes foliacés, à distinguer les vraies feuilles des stipules. f Nos observations sur les bourgeons du Carpinus Betulus ont été faites aux Couéts prés Nantes, dans des conditions fort différentes : les unes, sur une trés vieille charmille, offrant de nombreuses greffes naturelles par approche, mais qui, malgré la décrépitude de ses troncs, est assez bien entretenue et taillée régulièrement tous les ans; les autres, sur de grands Charmes du méme âge que la charmille, mais beaucoup mieux conservés qu'elle, et poussant à tout bois; ces derniers, libres dans leur végétation, donnent des fleurs et des fruits. Dans la vieille charmille, des branches nombreuses offrent des bourgeons doubles, quelquefois méme triples, à l'aisselle de quelques feuilles. Cette disposition se présente surtout pour les bourgeons rapprochés de l'extré- mité des rameaux diminués par la taille. Toujours le bourgeon récent est situé au-dessous de l'ancien ; ainsi, dans un échantillon, le bourgeon supéricur est entièrement développé, l'inférieur étant bien moins considérable ; dans un second, la méme disposition existe encore, le bourgeon supérieur volumineux est pédicellé, l'inférieur est maigre et sessile. La gemmation surnuméraire du Charme rentre donc dans les cas, du reste les plus ids Lee de tous, de gemmation surnuméraire par subterposition, SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 1860. 841 Un troisième échantillon présente un fait plus complexe, mais dont il est cependant facile de se rendre compte. La spire réguliére des feuilles semble étre détruite au sommet du rameau par la présence de deux feuilles naissant l'une à côté de l’autre au méme nœud; au-dessus d'elles est un gros bourgeon unique ; de plus, à l'aisselle de chacune de ces feuilles, entre elles et le bour- geon primitif, existe un petit bourgeon surnuméraire; l'explication de ces deux feuilles et de ces trois bourgeons nous paraît simple. Au nœud séparant deux mérithalles devait, suivant l'ordre régulier de la phyllotaxie, naître une seule feuille; la réduplication de cet organe ayant eu lieu, la loi d'unité a été observée par le bourgeon primitif, tandis que la gemmation surnuméraire a suivi l'évolution anomale du système foliacé. Dans tous ces cas, le bourgeon inférieur ou récent ne donne lieu qu'à un axe rudimentaire, se traduisant au printemps par un pinceau de feuilles. Nous avons vainement cherché les phénoménes de réduplication des bour- geons dans les Charmes dont les branches avaient poussé librement ; sans en nier la possibilité, nous sommes en droit d'en admettre l'extréme rareté, et nous considérons ces phénomènes, si fréquents au contraire dans les charmilles, comme étant le résultat des tailles qui, diminuant le mouvement de dévelop- pement des branches dans le seus du bourgeon terminal, favorisent le déve- loppement dans le sens des bourgeons axillaires, au point d'y amener une sorte de superfétation. Sur la vieille charmille, se montre en abondance le Z'ubercularia vulgaris Duby; nous l'avons observé sur des branches encore vivantes, mais pour lesquelles il est un signe de mort prochaine, car il n'apparait que là oü la vie de l'arbre est éteinte ou s'éteint. Il appartient en effet, avec divers Oïdiums, celui du muguet par exemple, Oidium albicans Robin, à cette classe de parasites qui semblent ne se produire sur les êtres organisés que parce que ceux-ci sont primitivement troublés dans leur mouvement nutritif. 1l est d'autres Cryptogames, la plupart des Uredo, l Achoríon Schænteinii Remack, 7 par exemple, dont l'apparition, loin d’être un épiphénomène dans la maladie d'un étre vivant, en est bien manifestement la cause. M. Bourgeois fait observer qu'on trouve deux bourgeons super- posés dans le Cercis et dans une espèce de Sambucus, trois ou quatre dans le G/editschia. M. Bourgeois ajoute que si M. Damaskinos et lui n'ont pas cité le Figuier dans leur travail, c'est parce que les deux bourgeons axillaires du Figuier naissent l'un sur l'autre et non point sur un axe commun. M. de Schœnefeld, secrétaire, donne lecture de la communication suivante, adressée à la Société : 842 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. LETTRE A M. DECAISNE SUR LES VERBASCUM DE LA FLORE DE CHAMBÉRY, pr M, E-G. PARIS. Chambéry, 4°" novembre 1860. Monsieur le Président, Le supplément auquel les auteurs de la Flore de France travaillent depuis la publication de cet ouvrage va prendre des proportions tout à fait inatten- dues, par suite de l'intention où sont nos savants collègues d'y faire figurer les plantes de Nice et de la Savoie. C'est donc un devoir pour les botanistes savoisiens, ainsi que pour ceux d'entre nous que leur bonne fortune appelle à herboriser dans ces contrées nouvellement françaises, de leur adresser tous les matériaux qui leur seront nécessaires pour mener à bonne fin cet important travail; je suis de ces derniers, et je n'ai eu garde de manquer à ce que je considére comme une obligation. M. le docteur Grenier a déjà recu, en plantes et en renseignements, tout ce qui, dans mes trop rares herborisations autour d'Annecy et de Chambéry, m'a paru offrir quelque intérét pour lui. Malheureusement, par cela méme que ce supplément sera une Flore tout entière, nous sommes destinés, je le crains bien, à le désirer longtemps. J'ai donc pensé que quelques notes sur une végétation hier encore étrangère à la France, insérées de temps à autre dans le Bulletin, pourraient intéresser nos collègues et étre en quelque sorte une modeste introduction à cette partie du travail des maîtres, C'est dans cette intention, et avec l'espérance d’être imité par de plus experts, que j'adresse, en sollicitant son indulgence, cette premiere notice à la Société. Ainsi que l'indique son titre, je n'y parlerai que des Verbascum de la flore de Chambéry. Ce genre est riche en espèces aux environs de la ville et y abonde en individus ; c'est certainement, dans la végétation estivo-automnale des environs, celui qui tient le premier rang. Répandus tout autour de la ville, les Verbascum ont cependant une localité de prédilection. Entre la route qui, de Chambéry, conduit à Genéve par Aix-les-Bains et le chemin qui descend sur la commune de Basseins, s'étendent des coteaux calcaires, rocheux, arides, portant le nom de collines de Lémenc. C'est sur ces roches qui, aprés le premier printemps, n'admettent d'autre végétation que celle des Helianthemum vulgare, Carduus nutans, Cirsium acaule, Centaurea Cal- citrapa, Carlina vulgaris, Veronica spicata, etc., etc., que les Verbascum se développent luxuriants comme nombre et comme individus. On y trouve six espèces légitimes énumérées dans la Flore de France : ce sont les E Thapsus L. (A. C.), montanum Schrad. (C C.), thapsiforme Schrad. (C-); pulverulentum Vill. (CC C.), Lychnitis I. (flore luteo — V. micranthum Moretti ex Gren. et Godr. C € C.), et Chaizii Vill. (C C C.). SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 4860. 843 Du côté opposé par rapport à la ville, entre le chemin qui conduit aux Charmettes et celui qui se dirige sur la cascade de Jacob, se trouvent d'autres coteaux couverts aussi de Verbascum; mais leur étendue bien plus restreinte ne permet pas d'y faire des récoltes aussi variées que sur ceux de Lémenc. La facilité avec laquelle les diverses espèces de Verbascum peuvent s'hy- brider entre elles est bien connue; elle dépasse peut-étre la faculté d'hybridation des Salix, des Cirsium et de certaines Cucurbitacées. En explorant de véritables champs de Verbascum parmi lesquels croissaient péle-méle les six espèces que je viens d'énumérer, j'étais donc, à priori, en droit de supposer que j'y rencontrerais cà et là quelques hybrides. Mes conjectures ont été amplement réalisées : j'y ai recueilli trois de ceux décrits dans la Flore de France, plus un certain nombre de nouveaux dont je me propose de donner ici la description. Les pluies torrentielles de cet été ayant mis presque complétement obstacle à mes excursions dans la montagne, j'ai consacré pendant les mois d'aoüt et de septembre les loisirs que me laissaient les devoirs du service militaire à rechercher avec soin, à analyser avec conscience les différents hybrides de Verbascum dont je veux entretenir aujourd'hui la Société. Je ne sais si, de l'étude minutieuse des produits hybrides observés par moi à Chambéry dans le genre Verbascum, età Strasbourg dans le genre Cirsium, et des conséquences auxquelles m'a conduit cette étude, il m'est permis de tirer une règle générale ; mais ce que je puis au moins affirmer, c'est que, dans ces deux genres, le produit hybride révèle immédiatement son origine à l'observateur qui connaît bien les espèces-types, et que le plus souvent à première vue, et toujours dans quelques cas plus difficiles aprés un court examen, on peut dire nettement quelles sont celles qui lui ont donné naissance. Je parle, bien entendu, de la plante vivante, sur pied ; la chose n'est plus aussi simple lorsqu'il s'agit d'une plante sèche, plus ou moins défigurée pour l'herbier, dans un de ses caractères essentiels, le port, Plus que presque toutes les autres plantes, les Verbascum refusent trop souvent à nos collections des échantillons bien caractérisés; tout chez eux s'y oppose : leur station, car ils affectionnent les terrains vagues, le bord des routes, où les passants les frappent ou les décapitent, où les animaux les froissent ou les écrasent, si bien qu'on n'en rencontre trop généralement que des individus mutilés ; leur grande taille qui, en éloignant quelquefois de plus d'un métre, sur la méme plante, les caracteres indispensables pour la spécifica- tion, ne permet d'avoir sur une méme feuille d'herbier que des fragments d'un méme individu; leurs fleurs, qui présentent toujours des caractéres nets, tranchés, constants, indiquent plus que toute autre partie de la plante, dans les hybrides, latrace de leur double origine, sont remplies d'un mucilage abondant, se dessèchent mal ou plutôt pourrissent habituellement sous la presse, lors- qu'elles restent fixées au rameau, et il est absolument nécessaire d'en préparer Shh SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. quelques-unes à part (1). Mais, si l’on étudie la plante vivante, presque tous ces inconvénients disparaissent, et, à moins qu'elle ne soit complétement défigurée par quelque pied vandale ou quelque roue maladroite, on peut presque immédiatement deviner, je le répète, quand c'est un hybride, quelles sont les espéces qui lui ont servi de parents. La nature n'est point une sibylle; c'est nous qui le plus souvent obscurcissons comme à plaisir ses œuvres en cherchant des subtilités et des mystères là où il n'y a qu'une magnifique unité de plan et de création. Il fallait bien toutefois qu'elle laissàt quelque chose à faire à l'intelligence et à l'esprit d'analyse de l'observateur. C'est dans la discussion du róle qu'ont pu jouer les parents que l'un et l'autre trouvent à s'exercer. Cette seconde partie de la recherche est loin d'être aussi simple que la première; elle n'offre pas de difficultés trop sérieuses lorsque l'union s'est faite entre les extrêmes de Ja série, comme entre un V. Thapsus et un V. Chaizii par exemple; mais qu'il s'agisse d'espéces rap- prochées, comme les V. pulverulentum et Lychnitis, alors la question se hérisse d'épines, et la déterminatien, pour être consciencieusement faite, demande de longues investigations dont on ne sort pas toujours à son honneur, à moins d'avoir une grande habitude de ces sortes de recherches. Je me suis livré, pour me rendre un compte aussi exact que possible du róle qu'avaient pu jouer les parents dans la formation des différents hybrides que j'ai rencontrés, à une étude minuticuse des espèces légitimes que j'ai énumérées plus haut; j'ai méme soumis les différentes parties de la fleur à une analyse microscopique. Cette étude m'a permis de relever, dans les descriptions que j'ai eues sous les yeux, différentes erreurs de détail, le plus souvent insiguifiantes quand il s'agit de distinguer deux espèces généralement séparées par une somme suffisante de caractéres plus évidents, mais acquérant tout de suite une certaine importance quand on se propose de déterminer un hybride avec précision et dans la forme généralement adoptée. Je m'oc- cuperai donc dans ce travail non-seulement des hybrides, mais encore de leurs parents, disant pour chacun d'eux ce que j'ai vu, lorsque mes observations ne concordent pas avec la description des Flores les plus usitées, ou me paraissent de nature à les compléter. Je citerai les espéces légitimes dans l'ordre adopté par M. le docteur Godron dans la Flore de France, mais je décrirai les produits hybrides entre leurs parents, ordre qui me parait le plus logique et plus naturel. Mais auparavant je dois prémunir contre une trop légitime défiance ceux de nos collègues qui pourraient être tentés de s'effrayer à la vue d'une pareille avalanche d'hybrides. Je puis leur assurer que je ne suis nullement partisan quand méme de la théorie de l'hybridité, bien au contraire. Les (4) « Genus ex iis est quibus in vivo studeas, ne confusiones oriantur, neque studium » e sicco reducendi negligentiam gignat. » (Rchb, Fl. eæcurs. 385). SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 1860. 845 caractères remarquables consignés dans mes descriptions lèveront, je l'espère, leurs doutes, et si cela ne suffisait point et qu'on désirât, ce qui est très naturel, la sanction d'une autorité plus compétente, je leur dirai qu'allant au au-devant de scrupules que j'ai ressentis le premier, j'ai communiqué mes plantes au savant docteur Grenier, d'une part, et de l'autre à M. Buchinger, dont le coup d'oeil infaillible est proverbial parmi les botanistes; l'un et l'autre ont confirmé mes déterminations, et je ferai mention en leur place des observations bienveillantes qu'ils m'ont adressées. Verbascum Thapsus L. M. Godron dit de cette espèce (Fl. de Fr. I, 548): « Étamines supé- » rieures munies sur leurs filets de poils laineux, blancs, non épaissis en » massue... » Ce caractère de poils épaissis en massue est donné comme différentiel des V, Thapsus et montanum d'avec les autres espèces de la sect. Thapsus. On ne le trouve ni dans Koch (Syn. 587), ni dans Reichenbach (Fl. excurs. 385), ouvrages oü sont d'ailleurs décrites les espéces du geure qui nous occupe avec moins de détails que dans la Flore de France, puisqu'il n'y est point fait mention d'un caractère important, la forme du stigmate. Enfin, il n'a pas été cité non plus par M. Boreau (Fl. du Centre, ^70). ll ne m'a point paru être exact. Sur six espèces françaises (trois de la sect. Zhapsus et trois de la sect. Zychnitis) et sur tous leurs hybrides que j'ai vus, j'ai rencontré les poils staminaux conformés de la méme facon. La base de la partie laineuse, sur une longueur qui varie selon les espèces, est garnie de poils très courts, cylindriques, point épaissis au sommet. Ges poils, en se rapprochant de l'anthére, augmentent progressivement et plus ou moins rapi- dement de longueur, et ce n'est que lorsque cette longueur est arrivée au maximum qu'elle doit atteindre, qu'on les voit se renfler au sommet. A partir de ce point jusqu'à celui où se termine la partie feutrée, ils conservent dans toutes les espèces cette méme longueur et ce méme épaississement, Ceci s'applique, bien entendu, aux trois étamines intérieures ; nous verrons en effet, comme on le sait, que les deux étamines extérieures présentent généralement dans toutes leurs parties des différences notables avec les trois intérieures (de toutes les espèces que j'ai observées, le seul V. Charz?i m'a constamment présenté cinq étamines parfaitement identiques). Dans le V. Thapsus, les filets des trois étamines intérieures commencent à se couvrir de poils à partir du point où ils cessent d’être soudés à la corolle. Ces poils atteignent leur maximum de longueur vers le tiers du filet; ils sont plus longs, leur épaississement est un peu plus faible, mais le feutrage qu'ils forment est beaucoup moins épais que dans le V. &hapsiforme Schrad. Ils cessent brusquement à quelque distance du connectif, de sorte que Panthère 846 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. se découvre généralement avec facilité au milieu d'eux. Les filets des deux étamines extérieures sont toujours glabres à leur partie externe et garnis de quelques poils clair-semés à la partie interne. Ces poils sont sensiblement plus longs que ceux des trois étamines intérieures. Verbascum Thapsos-fioecosum G. ct G. J'en ai trouvé le 3 septembre 1860, sur les collines de Lémenc, un seul pied, mais gigantesque, si bien qu'il a pu me fournir prés de quarante échantillons. M. Godron n'indique cette plante en France qu'à Provins, d’où il l'a vue dans l'herbier de M. Soyer-Willemet, Il y a lieu de supposer, d'apres cela, qu'il a fait sa description sur le sec, et je aurais pensé à priori en constatant dans sa diagnose une erreur qui n'eüt certes pas échappé à cet observateur émi- nent s'il eût été à même d'étudier la plante vivante. M. Godron dit en effet : « Étamines à filets fous pourvus de poils blancs, toutes les anthères iusérées » transversalement. » C'est un caractère à corriger, comme ont pu le constater les botanistes auxquels j'ai adressé des échantillons de cct hybride avec des fleurs préparées isolément; les anthères des deux étamines extérieures sont insérées oblique- ment, leurs filets sont glabres extéricurement ct velus du cóté interne dans leur moitié inférieure. A cette dernière et très légère exception près, la fleur est complétement celle du V. Thapsus, seulement elle est un peu moins gran. Comme elle, elle est aussi couverte extérieurement de poils étoilés. M. Godron dit de la plante que sa tige est « simple ». La vue d'un seul pied ne me permet guére de contróler cette opinion; je dois cependant dire que celui que j'ai rencontré était excessivement rameux dés la base. A cela prés, la description de M. Godron s'applique exactement à ce que jai recueilli. M. Grenier, auquel j'ai communiqué ma plante, l'a tout. de suite reconnue comme celle de la Flore. Il ne me paraît pas probable que ce soit cette même plante qu'a décrite M. Boreau (71. du Centre, 3° éd. p. 472) sous le nom de V. Godronii, nom à cóté duquel celui de l'auteur de l'espece est donné en simple synonyme. M. Boreau dit en effet de sa plante: « Étamines à filets tous pourvus de poils » blanchátres, quelques-uns violacés... » M. Boreau a admis la dénomination de V. 7hapso-floccosum, imposée par MM. Lecoq et Lamotte à une plante de l'Auvergne, et qui serait, suivant M. Godron, le V. floccoso-thapsiforme Wirtg. On est donc en droit de sup- poser que M. Boreau voit, par exception, dans la plante de MM. Lecoq et Lamotte un hybride, et, j'insiste sur ce point, un hybride qui aurait pour père le V. Thapsus et pour mère le V. pulverulentum de la Flore de France; autrement il est à présumer que ce botaniste, qui dans son avant-propos SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 1860. 847 (p. x11) combat avec une grande chaleur la théorie de l'hybridité, et surtout la nomenclature « barbare » à laquelle elle a donné lieu, n'aurait pas manqué, pour étre conséquent avec ses principes, de changer le nom de cette plante, s’il y eût vu une espèce légitime. Ceci posé, on en doit conclure que si M. Boreau eût vu dans le V. Thapso-floccosum G. et G. un hybride, en changeant son nom, il lui en aurait donné un autre rappelant son origine et formulé comme celui de MM. Lecoq et Lamotte; il ne l'a pas fait, c'est donc pour lui une espéce légitime. C'est alors une découverte fort intéressante, car ce serait, à ma connais- sance, la première espèce légitime de Verbascum dans laquelle se serait manifesté ce mélange de poils de deux couleurs sur les mémes filets. Mais puisque c'est une espèce, M. Boreau a dû trouver sur le V. Godronti des capsules développées et des graines bien conformées. Ce ne peut donc être ni la plante de M. Godron, ni la mienne, qui, sur des milliers de capsules, ne m'en a pas offert une qui ne fût avortée, et dans la fleur de laquelle on ne remarque jamais le moindre poil violet. Si, contre mes prévisions, le V. Godronii était un hybride pour M. Bo- reau, qui aurait reculé devant la nomenclature de Schiede, tolérée plutót qu'admise à propos du V. 7Aapso-floccosum Lecoq et Lamotte, c'est alors bien moins encore la plante de Provins et de Chambéry. En effet, il est aisé de voir, d'aprés l'énumération que j'ai donnée plus haut des espéces légitimes croissant daus nos envirous, «que nous ne pouvons avoir ici, l'hybridité de la plänte étant admise, qu'un produit hybride du V. Thapsus et du V. pulveru- lentum ou du V. Lychnitis. Or M. Boreau a décrit le V. Thapso-Lychnitis M. et K., sous le nom de V. spurium K.; le produit du V. Thapsus et du V. pul- verulentum est pour lui la plante de MM. Lecoq et Lamotte. Que reste-t-il pour le V. Godronii, saus parler encore de ces poils violets qui, dans un produit hybride, dénoncent la participation forcée d'une espèce à étamines couvertes de ces mémes poils? Donc, espèce légitime ou hybride, le V. Godronii Bor. est tout autre chose que le V. Zhapso-floccosum G. et G., et la synonymie donnée dans la Flore du Centre doit étre écartée. Je n'ai pas voulu m'appuyer, pour mieux différencier encore les deux plantes, sur ce qui suit dans la description de M. Boreau : « Trois étamines à » anthères plus grandes. » Il y a là probablement une faute d'impression, car, dans tous les Verbascum à moi connus, lorsqu'il y a disproportion entre les anthéres, il n'y en a jamais que deux de plus grandes, celles des deux étamines extérieures. J'ai dit plus haut qu'il serait important de savoir si le V. Godronii Bor. présente des capsules développées et des graines bien conformées. En effet, M. Godrón dit dans une observation, après la description du V. Chaizii Vill. : 848 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. « Nous avons toujours observé que dans les Verbascum hybrides les graines » avortent. » Ceci est rigoureusement exact, autant que j'ai pu le constater sur de nombreux exemplaires de divers hybrides. Il l'est un peu moins de caraciériser ces derniers par « capsules avortées », car, bien que cela soit trés vrai en principe, on trouve quelquefois des fruits qui ont tout à fait la forme et l'aspect des capsules normales, mais les graines qu'ils renferment sont, elies, complétement avortées. Il faut bien se garder de croire que la réciproque soit vraie. Soit que les pluies torrentielles de cette année, en entraînant le pollen, aient empêché la fructification sur les individus tardifs, soit en raison de toute autre cause, j'ai récolté le 12 septembre des échantillons de V. pulverulentum et de V. Lychnitis qui n'offraient pas une seule capsule développée, et qui cependant ne présentaient aucune trace d'hybridation. Je me permettrai, en terminant ce qui est relatif au V. T'hapso-floccosum G. et G. , d'exprimer le regret que M. Godron ne l'ait point appelé V. Thapso- pulverulentum. Cette dénomination eût été plus conséquente avec celles qu'il a employées pour les parents de cet hybride, et il me semble aussi qu'elle aurait eu l'avantage de mieux distinguer cette plante de celle de MM. Lecoq et Lamotte. : Verbaseum Æhapso-Lychnitis M, et K. J'ai trouvé trois pieds de cet hybride, l'un en trés mauvais état, sans fleurs, sur les coteaux de Lémenc, le 3 septembre ; deux autres magnifiques derriére les Charmettes, le 28 du méme mois. Je n'avais pu déterminer le premier, et je l'avais soumis à M. le docteur Grenier. Lorsque je recueillis les autres, que je reconnus de suite pour ce qu'ils étaient, il me sembla que ce n'était pas la premiere fois que cette forme S'offraità mes yeux, et j'arrivai bientôt à songer à la plante de Lémenc. De retour chez moi, je m'empressai de comparer mes deux plantes et je constatar immédiatement qu'elles sont identiques. Deux jours après je reccvais une lettre du docteur Grenier; plus exercé que moi, mon savant ami n'avait pas eu besoin de fleurs pour reconnaitre Ja plante, et il me disait: « C'est le > V. Thapso- Lychnitis de notre Flore. » J'ai à faire, au sujet des anthéres de cette plante, exactement la méme remarque que pour l'hybride précédent. Je me trouve en contradiction Sur ce point non-seulement avec M. Godron, mais encore avec la description que Koch donne de sa plante (Syn. 589). Dans cet hybride, comme dans tous ceux que j'ai étudiés, Ja fleur ne diffère que très peu de celle de la plante qui a fourni le pollen, ou du moins elle ne perd jamais le caractère essenticl qui distingue cette dernière. Donc, dans le V. ZAapso-Lychnitis, comme dans le V. Thapso-floccosum, c'est la fleur du V. Thapsus, un peu moins grande, moins concave, et avec un peu plus de poils à la partie interne des filets SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 1860. 849 extérieurs. L'obliquité des anthéres de ces deux derniers est moins forte, mais toutefois parfaitement évidente, même à l'œil nu. Le reste de la description concorde parfaitement avec ce que j'ai sous les yeux. Verbascum montanum Schrad. Cette plante, qui abonde aux environs de Chambéry, est bien celle de la Flore de France, ainsi que M. Grenier l'a constaté d’après mes échantillons; c'est bien aussi, à ce que je crois, la plante de Schrader dont j'ai sous les yeux la description originale; mais est-ce une bonne espèce? Jai remarqué que lorsqu'une tige de V. Thapsus est coupée près de terre au printemps, le troncon émet de fausses tiges sur lesquelles la décurrence des feuilles est bien moins prononcée que sur les tiges normales; elles ont complétement l'aspect que doit présenter, d’après la description que l'on en donne, le V. montanum. Si l'on examine des pieds complets, c'est-à-dire des tiges véritables, on trouve pour la décurrence des feuilles tous les intermé- diaires entre celle du V. Zhapsus et celle que doit avoir le V. montanum; si bien qu'en partant de la plante qui se rapporte à la description de cette derniere, on peut arriver insensiblement, par une série d'individus, à un V. Thapsus type, toujours au seul point de vue de cette décurrence, bieu entendu; car il est deux caractères qui restent propres au V. montanum, par lesquels je l'ai toujours distingué du V. Thapsus ordinaire, et dont on appré- ciera la valeur: c'est que la tige cst un peu moins grosse que dans ce dernier, et que les feuilles radicales sont plus longuement pétiolées, eL ont un limbe relativement beaucoup plus petit et largement ovale. Quant à la taille, on rencontre des Verbascum de 25 centimètres de haut, dont la foliaison est franchement celle du V. Thapsus, et d'autres de 80 et 90, dont les feuilles sont à peine semi-décurrentes et dont la tige n'est pas plus grosse que celle des premiers. Or Schrader dit de sa plante : Caulis 1-2 pedalis... Tout ceci m'avait frappé dès le premier jour et avait fait naître dans mon esprit, sur la validité de l'espèce, les doutes que j'ai émis plus haut. J'en avais fait part à M. Buchinger, et cet obligeant ami, après avoir compulsé dans son importante bibliotheque tous les livres oü il pensait rencontrer un passage relatif à ce que je lui signalais, n'a en définitive trouvé que ces quelques inots de M. Dentham (dans le Prodromus, X, 226) : « V. montanum Schrad. » (V. erassifolium, DC.Y)... a V. Thapso vix differt foliis breviter nec longe » decurrentibus... » J'ai donc eu l'honneur de me rencontrer sur ce point avec le savant monographe. Je dois ajouter que j'ai fait, sur le V. thapsiforme, Schrad., la méme remarque que sur le V. Thapsus L. Les rameaux émis par les tiges coupées au printemps présentent des feuilles dont la décurrence atteint à peine la T. VE 54 850 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. moitié du mérithalle inférieur; j'ai même vu quelquefois sur le même pied des rameaux à feuilles semi-décurrentes et d'autres à feuilles simplement sessiles et embrassantes. — Je n'ai jamais rencontré vivants les V. phlomoides et australe ; mais n'y aurait-il point, par analogie, licu d'élever sur leur différence spécifique les mêmes doutes que sur celle des V. Thapsus et montanum? En ce qui concerne ces deux dernieres plantes, qui seules m'occupent pour l'instant, il est plus que probable qu'une culture par semis éluciderait promptement la question. Pour moi, je ne saurais, jusqu'à plus ample informé, voir dans la seconde qu'une variété gracilis de la premiere. M. Godron dit que la fleur du V. montanum est identique avec celle du V. Thapsus, ce qui est parfaitement exact, quelle que soit d'ailleurs la taille des individus; il s'ensuit que ce que j'ai dit plus haut de la fleur de cette dernière espèce s'applique entièrement à celle du V. montanum. Verbascum thapsiforme Schrad. Dans cette espèce, les filets des trois étamines intérieures sont complétement glabres dans leur moitié inférieure, puis les poils apparaissent, augmentent rapidement de longueur, atteignent leur maximum vers le point où le filet s'élargit pour former le connectif, et dès ce point sont tous, comme je l'ai dit à l'occasion du V. Thapsus, épaissis au sommet. Mais, au lieu de s'arrêter à la base du connectif, comme cela a lieu dans les espèces précédentes et dans les autres que j'ai observées, ils le recouvrent en entier, envahissent méme la surface de l'anthere et ne s'arrétent guère qu'au bord de la ligne de déhi- scence, au-dessus de laquelle ils s'entrecroisent méme souvent et forment un feutrage trés épais. Les filets des deux étamines extérieures sont complétement glabres; mais on remarque encore sur le connectif quelques poils (5-10), dont la longueur est à peu près égale au diamètre du filet staminal, Ils ne sont ni cylindriques, ni renflés, mais trés effilés et comme aciculaires. Verbascum thapsiformi-pulverulentum Mihi. Caulis 4-5-pedalis, simplex, violascens, teres, dense pruinosus, versus apicem pyramidato-ramosus, ramis paucis, incurvato-erectis, valde elongatis, foliosus. Folia radicalia et caulina infima grosse crenata, abrupte et oblique acuminata : illa amplissima, elliptica, petiolata, limbo in petiolum breviorem alatum decurrente, haec ampla, longe quadrato-ovata, sessilia; caulina media vix minora, sepius integra, ad medium duabus auriculis rotundis decurrentia ; superiora late ovata, acuta, etiam decurrentia ; ramealia bracteæque cordato- ovata, amplectentia, rarius paulo decurrentia, longe magis magisque abrupte acuminata, dentictlata; omnia superne virescentia, tomento stellato brevi obtecta, inferne presertim in nervis cinerascente, pruinosa, Flores illis SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 1860. 851 V. thapsiformis paulo minores; racemorum fasciculi 3-7-flori; pedicelli ut plurimum fere nulli, rarius calyce sesqui-breviores. Sepala lanceolata, ut pedicelli dense pruinosa. Corolla pallide aurea, rotacea. Filamenta 3 interiora iis V. thapstformis similia, sepe tamen jam ab insertione pilosa, antheris reniformibus; filamenta 2 exteriora in dimidio latere interno inferiore pilosa, ceterum glaberrima, antheris obliquis, vel etiam una obliqua, altera potius lateraliter inserta tunc autem antheræ V. thapstformis fere dimidia. Stigma in stylo decurrens, decurrentia tertiam partem styli æquante. Semina abortiva. Hab. cum parentibus, in collibus calcareis apricis Zémenc dictis, et juxta villam /es Charmettes dictam, prope Chambéry Sabaudiæ. Floret sep- tembri. Rien de plus beau ct en méme temps de mieux caractérisé que cet hybride. Pour bien en retracer le facies, je demanderai à la Société la permission d'user d'un terme de comparaison bien étranger à coup sür à la botanique, mais qui me semble donner mieux que toute autre chose une idée parfaitement exacte du port de cette plante. Qu'on se représente un gigantesque candé- labre qui, à un mètre environ du sol, émettrait à peu de distance l’une de l'autre cinq ou six branches, lesquelles se couronneraient de bougies de 0,75 à 07,90, celle du centre restant plus courte, et l'on aura une parfaite idée de l'aspect du V. thapsiformi-pulverulentum. C'est en grand, comme on voit, le port d'un V. pulverulentum peu rameux, et l'influence de cette plante se fait encore sentir dans la forme des feuilles raméales et des bractées ainsi que dans la couleur rougeátre de la tige, et dans le tomentum poudreux qui se rencontre dans toutes ses parties, en abondant sur certaines d'entre elles. La grandeur de la corolle, sa couleur, la décurrence du stigmate, la forme des feuilles radicales et des caulinaires, et enfin la demi-décurrence de celles-ci révèlent immédiatement la paternité du V. thapsiforme. Comme l'indique la description, les anthéres des deux étamines extérieures sont obliques, ainsi qu'on était à priori en droit de le supposer, puisque cet hybride est le produit de deux espèces, dans l'une desquelles ces deux anthères sont insérées latéralement, tandis que dans l'autre elles sont réniformes. On trouve cependant quelquefois, comme je l'ai dit, tendance dans l'une des deux anthères à retourner au type paternel, mais je ne l'ai jamais observée sur les deux. Verbascum pulverulentum Vill. Les deux filets staminaux extérieurs sont complétetnent glabres extérieu- rement; leur face interne n'est recouverte de poils que dans les deux tiers ou les trois quarts inférieurs. Les trois autres filets sont couverts de poils depuis leur insertion jusqu'au counectif ou à peu prés. La gorge de la corolle est généralement maculée de violet, surtout sur les nervures des pétales, 852 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. J'ai remarqué souvent dans les fleurs de cette espèce un phénomène téra- tologique assez curieux, et dont il ne me souvient d'avoir trouvé aucune mention dans mes lectures. Ce phénomène est la facilité avec laquelle les éta - mines, tout en conservant leur forme normale et leurs fonctions, prennent une apparence pétaloide. Je m'explique: le filet, Panthère, le pollen restent exactement ce qu'ils sont d'habitude ; mais, sur le dos du filet, et envahis- sant méme le connectif, se développe une lame foliacée, de la méme consi- stance et de la méme couleur que les pétales, et dont la dimension, comparée à celle d'une des divisions de la corolle, varie du quart aux deux tiers et méme davantage de celle-ci. Les fleurs où ce phénomène, que je n'ai constaté sur aucune autre espèce, se présente ont, vues de près, un aspect semi- double des plus curieux. Verbascum pulverulento-Lyehnitis Mihi (V. Lychnitidi-floccosum Ziz). Cet hybride est presque aussi abondant, sur les coteaux de Lémenc, que les deux espèces dont il-est le produit; j'ai pu l'y récolter pour les centuries de M. Billot, pour celles de M. Fr. Schultz, et le communiquer encore à de nombreux correspondants, H pourrait à lui seul, par son abondance et les conditions dans lesquelles il se présente, étre un argument décisif contre les adversaires quand méme de l'hybridité, Pourquoi, sommes-nous en droit de leur demander, pourquoi cette plante, qui croit constamment au milieu de V. pulverulentum et Lychnitis couverts de capsules parfaitement déve- loppées, lesquelles renferment des graines normalement conformées, pour- quoi, leur dirons-nous, cette plante, dont les caractéres sont tout à fait intermédiaires à ceux de ces deux espèces-types, est-elle invariablement frappée, elle, d'une complète stérilité? Pas de stolons d'ailleurs, on le sait ; de bulbilles, encore moins; aucun, en un mot, de ces moyens secondaires de propagation que possèdent certaines plantes spéciales. Si donc celle-ci constitue pour vous une espèce légitime, se reproduisant par elle-même apprenez-nous par quels moyens s'effectue cette reproduction. Ainsi que le constate le nouveau nom que je propose pour cette plante, je ne me trouve point d'accord avec Ziz et la plupart des botanistes sur le róle qu'ont dà jouer dans sa création les deux espèces qui l'ont produite. M. le docteur Grenier, de son cóté, auquel j'avais fait part de mes observations, ne parait pas les avoir trouvées concluantes. Voilà, certes, contre moi, des autorités considérables, et j'avoue que l'on serait en droit de rn'accuser d'une ténacité exagérée, si je ne fournissais à l'appui de l'opinion dans laquelle je persévère néanmoins, des arguments bien clairs et bien décisifs. J'ai F espoir que la Société portera ce jugement sur les considérations que je vais avoir l'honneur de lui exposer. Il n'est personne d'entre nous qui n'ait remarqué le feuillage trés caracté- ` ! SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 1860, 853 ristique du V. Zychnilis. Dans cette espèce, les feuilles radicales sont très grandes; cctte ampleur existe encore, mais pas toujours, dans les feuilles caulinaires inféricures. A partir de ce point, et sans aucune transition, les feuilles diminuent brusquement de grandeur, à ce point de n'étre plus tout d'un coup que la sixième ou huitième partie des feuilles caulinaires inférieures ou des feuilles radicales; cette décroissance continue, mais alors graduelle- ment, jusqu'au haut de la tige, dont les feuilles supéricures diffèrent à peine des bractées; les unes et les autres sont, j'insiste sur ce point, lancéolées- linéaires; de plus, les feuilles caulinaires sont^presque appliquées contre la tige. Rien de tout cela dans le V. pulverulentum ; les feuilles radicales sont aussi très grandes, mais elles ne décroissent point aussi brusquement; de plus, outre que les feuilles caulinaires moyennes ct supérieures s'écartent de la tige à angle presque droit, elles ont une forme toute particulière, ovale en cœur, et sont de plus en plus acuminées; les bractées n'ont plus qu'un limbe trés court mais relativement très large, affectant toujours cette méme forme ovale en cœur; leur acumen est très considérable. Cette forme des feuilles caulinaires et des bractées est tellement dans l'essence du V. pulve- rulentum qu'elle laisse des traces plus ou moins profondes, toujours parfaite- ment évidentes dès le premier coup d'œil dans les hybrides pour la formation desquels cette espèce a recu le pollen. J'en dirai autant de la consistance des feuilles, qui sont ici épaisses et coriaces, tandis que dans le V. Zychnitis elles sont le plus souvent minces et papyracées. J'ai dit plus haut que le V. pulverulento-Lychnitis était abondant ; j'en ai effectivement récolté de soixante-dix à quatre-vingts pieds. La partie des collines de Lémenc oü il se rencontre surtout est la plus tourmentée, la plus aride. Les animaux n'y trouveraient rien à paitre; point de sentiers d’ailleurs, de sorie que cette Thébaide en miniature n'est foulée de temps à autre que par le pied de quelque botaniste, Donc, non-seulement j'en ai pu examiner de nombreux individus, mais encore, chose rare, ces individus n'avaient subi aucune mutilation, si bien que l'étude de toutes les parties de la plante a pu étre complete. Eh bien! j'affirme que si l'on eût coupé à un centimètre au-dessous du premier rameau tous ces individus, il n'est pas un botaniste qui eüt songé à voir, dans le tronçon restant debout, autre chose que du. V. Zychnitis pur; prévenu de l'hybridation, peut-être eüt-il constaté une décroissance un peu moins brusque des feuilles de la tige, à partir des caulinaires inférieures; mais là se seraient forcément arrétées ses remarques, car forme, consistance, direction des feuilles, tout rappelle le V. Zychnitis; du V. pulverulentum il n'existe aucun vestige. Je ferai voir, à propos de quelques autres hybrides, comment il arrive parfois que les deux influences alternent pour ainsi dire de la base au sommet de la plante, si bien qu'alors il est fort difficile de savoir quelle est l'espèce qui a fourni le pollen, quelle est celle qui l'a recu. Mais, 854 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ici, point d'hésitation possible; la tige est celle du V. Zychnitis, purement et simplement. Prend-on maintenant la partie supérieure de la plante, C'est tout autre chose : rameaux allongés, flexueux, étalés, et non pas courts, roides, presque appliqués contre l'axe, ainsi que cela se présente chez le V. Zychnitis; bractées cordiformes longuement acuminées, et non pas lancéolées-linéaires ; un peu plus de fomentum sur cette inflorescence, des capsules développées, et il ne viendra à l'esprit de personne que ce puisse étre autre chose que du V. pulverulentum. : J'ose dire que plus d'un observateur se füt contenté, pour asseoir une opinion définitive, de la permanence de caractères ainsi tranchés; je ne l'ai point fait, ou du moins j'ai gardé pour moi cette conviction, retenu par une hésitation bien légitime, et que ne saurait trop fortement ressentir un bota- niste, surtout à son début, lorsque ses observations ne sont pas d'accord avec celles des maitres de la science. Mais, le 10 septembre, je trouvai le V. Lychnitidi-pulverulentum, le vrai, cette fois-ci! On comprendra, je l'espére, qu'armé de cette confirmation matérielle de mes idées, j'aie été en droit de faire taire mes hésitations et de dire tout haut ce que je pensais. Je renvoie pour les détails à la description de cet hybride, que je donne plus loin; qu’il me suffise de dire maintenant, pour achever d'éclairer nos collègues sur les raisons qui m'ont décidé à persévérer dans ma maniére de voir, qu'en répétant sur cette seconde plante l'opération que je supposais sur l'hybride inverse, on arrive au résultat diamétralement opposé; tige et feuillage du V. pulverulentum, inflorescence, un peu plus poudreuse toutefois que dans le type, du V. Lychnitis. Je n'ai rien à ajouter à la description remarquablement exacte que M. Godron donne de cette plante, si ce n'est que, comme dans les parents, les filets staminaux extérieurs sont généralement glabres à leur partie externe. Verbascum pulverulentosChaixii Mihi. Caulis sesqui-bipedalis, inferne violascenti- superne cinerascenti-pruinosus, versus apicem flexuosus, in tertia parte superiore ramosus, ramis incurvato- adscendentibus, gracilibus, foliosus. Folia radicalia petiolata, petiolo quartam vel quintam partem longitudinis limbi æquante, oblongo-lanceolata, acuta, forma et magnitudine eis V. Chaixii simillima, etiam toto ambitu crenata sæpeque basi lyrata, utraque pagina inferiore tamen pallidiore obscure viridia, stellato- tomentosa, subtus ferruginea, nervis omnibus et præsertim medio dense pulverulenta; caulina infima brevissime petiolata, ovato-lanceolata ; media sessilia, ovata; superiora bracteæque caulem amplectentia late cordato-ovatà, longe magis magisque abrupte acuminata; omnia minute crenata, coriacea, SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 1860. 855 superne obscure virescentia, subtus incana, utrinque tomento stellato in pagina superiore sparso in inferiore densissimo obtecta. Flores parvi; racemorum fasciculi 8-12-flori; pedicelli nunc calycem æquantes, nunc et sepius bre- viores. Sepala late lanceolata, ut pedicelli dense tomentosa. Corolla pallide aurea, rotacea, fauce, prasertim in venis petalorum, violacea. Filamenta fere tota longitudine pilosa, attamen 2 exteriora in dimidio superiore haud raro glaberrima; pili violacei et albi in omnibus filamentis intermixti, violacei in 3-4 exterioribus numerosiores, in 1-2 interioribus rarissimi. Antherae omnes reniformes. Stigma capitatum. Semina abortiva. Hab. cum parentibus, in collibus calcareis apricis Zémenc dictis, prope Chambéry Sabaudiæ. Floret augusto ineunteque septembri. Cet hybride est rare; je n'en ai trouvé que trois pieds. Comme on le verra tout à l'heure, j'ai aussi rencontré l'hybride inverse, c'est-à-dire le V. Chaixii- pulverulentum, qui est beaucoup plus répandu. La discussion du róle qu'avaient dû jouer les parents dans la formation de ces deux hybrides a été pour moi la source d'incertitudes incrovables, plus d'une fois suivies d'un complet décou- ragement, En effet, si l'on se reporte à la description de cette plante, on voit qu'en l'examinant à partir de la base, c'est d'abord le V. Chaíz?i qui domine, et cela d'une facon trés marquée. Les feuilles radicales n'ont en effet du V. pulverulentum que le tissu, si bien qu'en prenant une des grandes et épaisses feuilles de ce dernier, et en y découpant avec des ciseaux une feuille radicale de V. Chaixii, on. a exactement les feuilles radicales de notre hybride. Au-dessus de ces dernières, le feuillage passe brusquement à celui du V. pulverulentum ; l'inflorescence est complétement intermédiaire, pour la dispo- sition, la forme et la longueur des rameaux, à celle des parents; les bractées sont celles du V. pulverulentum, dont l'influence se fait encore sentir dans le tomentum poudreux qui recouvre le haut aussi bien que le bas de la plante ; enfin, dans la fleur, on trouve complet le mélange de l'influence paternelle et maternelle. Dès lors, puisqu'il est admis que la premiere se manifeste surtout dans les fleurs et aussi dans l'inflorescence, tandis que la seconde se révéle principale- ment dans le feuillage et la tige, auquel des deux parents attribuer l'influence paternelle, puisqu'une partie du feuillage ressemble à celui du V. Chaizii, tandis que l'autre se rapproche pour le moins autant du V. pulverulentum? J'ai, je le répète, passé de longues heures devant les deux hybrides avant de parvenir à me faire une opinion nette et arrêtée, et si maintenant la lumière s'est faite dans mon esprit, je le dois à la lecture des ouvrages de M. Nægeli, le botaniste qui, à ma connaissance, a le mieux étudié l'hybridité dans les plantes, et a fourni à l'appui de ses belles théories les faits les plus curieux et les plus caractéristiques. Dans le Dispositio specierum generis Cirsii, qui fait suite au Synopsis de Koch, entre autres, ce célèbre observateur dit, à propos du C. heterophyllo-spinosissimum (p. 1006) : « Folia radicalia 856 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. » lis C. spinosissimi valde similia...; folia caulina eadem ratione qua apici » propinquant, iis C. spinosissimi minus, C. heterophylli magis similia... ; » bracteæ intermediæ ; capitula propius ad C. heterophyllum accedunt... » Changez, dans cette brèxe et élégante description, Cirsivm spinosissimum en Verbascum Chaizii, C. heterophyllum en V. pulverulentum, et je n'ai rien à y ajouter. Je veux répondre de suite à une objection que pourraient me fáire quel- ques botanistes aprés avoir lu la description que je donnerai plus loin du V. Chaizii-pulverulentum. Dans ce dernier hybride, un ou deux filets staminaux intérieurs étant couverts de poils exclusivement blancs, taudis que dans celui que je viens de décrire tous sont couverts de poils blancs mélangés à des poils violets, on pourrait être tenté de voir entre cette dernière fleur ct celle du V. Chaixii un rapprochement plus grand que celui présenté par les fleurs de l'hybride inverse, et penser que je me suis mépris sur le róle des parents. Je ne le crois pas; on verra que dans le V. Chaixii-Lychnitis, le feuillage est complétement celui du V. Lychnitis, à ce point qu'on se méprendrait sur la plante si elle n'avait pas de fleurs; celles-ci présentent constamment trois étamines intérieures couvertes de poils exclusivement blancs , et deux étamines extérieures couvertes de poils exclusivement violets. Voilà, ce me semble, un caractère bien tranché; j'ajouterai que la gorge de la corolle est largement violacée. Dans le V. Zychnitidi-Chaizii, au contraire, qui est infi- niment plus rare, on trouve un feuillage qui se rapproche d'une manière remar- quable de celui du V. Chaixii, tandis que trois et méme quatre étamines sont couvertes de poils violets mélangés à des poils blancs, ces derniers existaut sans mélange sur le seul filet intérieur. La gorge est bien moins fortement maculée. L'étude de ces deux hybrides si distincts m'a d'autant mieux permis de me rendre bien compte du rôle que joue le V. Chaizii dans les différents produits qu'il peut former avec d'autres especes, suivant qu'il fournit ou recoit le pollen, qu'il est le seul Verbascum à étamines violettes de nos environs immédiats. Le V. nigrum ne vient que dans les Bauges, à 16 ou 17 kilomètres de Chambéry, et celte ville en est séparée par une énorme chaine de mon- tagnes. Le V. Blattaria est ici une haute rareté. M. A. Songeon, auquel on doit quelques pages du plus haut intérét sur la végétation de la Savoie, qu'il a explorée avec un zèle infatigable, et qui connait toutes les localités des environs de Chambéry, l'a quelquefois rencontré du côté de Saint-Cassin, c'est-à-dire à plus d'une demi-licue des Charmettes, dont il est séparé par des collines et par des bois auxquels s'ajoutent, pour la station de Lémenc, la distance qui sépare les Charmettes de la ville, et toute l'étendue de cette dernière, ce qui, en tout, fait au moins 4 kilomètres. J'ai donc pu constater aisément, et sans crainte d'erreur, la manière dont le V. Chaixii se comporte dans l'un et SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 1860. 857 l'autre des cas énoncés plus haut, et il est acquis pour moi que, lorsqu'il reçoit le pollen, trois ou quatre filets staminaux, sinon tous, offrent le mélange des poils blancs et violacés; que, au contraire, lorsqu'il le donne, les deux ou trois filets staminaux extérieurs seuls offrent la trace de son passage, mais alors beaucoup plus évidente, à ce point que quelquefois ils sont absolument dépourvus de poils blancs. Verbascum Lyehnitidi-pulverulentum Mihi (non Ziz!). Caulis bipedalis, strictus, violascens, teres, pruinosus, inferne densissime pul- verulentus, e tertia parte inferiore ramosissimus, ramis erectis, axi adpressis, elongatis, gracilibus, foliosus. Folia radicalia...; caulina infima oblongo-lanceo- lata, brevissime petiolata, in petiolum late alatum decurrentia, acuta; media lanceolata, sessilia, acuminata; superiora late ovata, ut ramealia cordato-ovata longe abrupteque acuminata (bracteze triangulares, demum lincari-lanceolatz) ; omnia integerrima vel minutissime crenata, coriacea, supra sordide vires- centia, subtus incano-pulverulenta. Flores parvi ; racemorum fasciculi 6-12- llori, congesti ; pedicelli nunc calycem æquantes vel eo breviores, etiam fere nulli, nunc duplo longiores. Sepala lanceolata, ad apicem virescentia, ceterum ut pedicelli pruinoso-tomentosa, Corolla pallide aurea, rotacea. Filamenta omnia pilis albis dense obtecta, 2 exteriora tamen antice glabra. Antherze transverse, Stigma capitatum. Semina abortiva. Hab. cum parentibus, in collibus calcareis apricis ZLémenc dictis, prope Chambéry Sabaudiæ. Floret augusto ineunteque septembri. Je n'ai trouvé qu'un pied de cet hybride, le 10 septembre, J'en ai parlé assez longuement à l'occasion du V. pulverulento- Lychnitis Mihi, pour qu'il me semble inutile de rien ajouter à la description que je viens d'en donner. M. le docteur Grenier, comme je l'ai dit, voit dans cette plante un V. pulve- rulento-Lychnitis, et conserve pour l'hybride inverse le nom de Ziz. La discussion que j'ai faite de l'un et de l'autre me permet, je le répète, d'espérer que l'on comprendra pourquoi, quelque grande que soit la confiance que j'ai dans les lumières de ce savant ami, quelque profonde que soit la déférence avec laquelle je reçois les conseils qu'il veut bien me donner, pourquoi, dis-je, j'ai cru devoir, en cette occasion, persévérer dans une opinion contraire à la sienne. On remarquera peut-étre que cet hybride est le seul dans lequel j'aie signalé, comme caractère différentiel, le rapprochement des glomérules de fleurs. C'est qu'en effet les auteurs me semblent s'étre mépris sur la valeur de ce caractère, que l'on voit apparaitre dans leurs descriptions d'une manière constamment uniforme : « glomerulis inferioribus (plus minus) remotis... Superioribus » (plus minus) congestis... » Cela vient, me semble-t-il, de ce qu'ils n'ont pas tenu compte de l'allongement du rameau pendant l'évolution florale, Avant 858 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. l'apparition de la première fleur, l'écartement ou mieux le rapprochement des glomérules est sensiblement le méme sur toute la longueur du rameau; mais, pendant l'anthése, ce rameau s'allonge, et précisément dans la partie oü s'épanouissent les fleurs. Il s'ensuit que, lorsque l'évolution florale est arrivée à un certain degré, tous les glomérules situés au-dessous de ceux qui sont en fleur ont augmenté leur écartement, tandis que ceux qui sont au- dessus sont toujours rapprochés. J'ai dû en conséquence supprimer ce caractère, qui n'en est pas un, comme je l'ai constaté sur toutes les espèces de la section Zychnitis et sur tous les hybrides qu'elles forment entre elles ou avec les espéces des sections voisines; et, si je l'indique pour celui qui nous occupe en ce moment, c'est que je l'ai récolté complétement passé de fleurs, et qu'à cet état méme, les 8-10 glomérules inférieurs seuls étaient à peine plus écartés que tous les autres qui se touchaient. Peut-être devra-t-il disparaitre méme de cette description, puisqu'elle a été faite sur un exem- plaire unique. Ce que je viens de dire ne s'applique évidemment pas aux especes de la section Thapsus, dont les glomérules sont tellement empilés, si je puis m'exprimer ainsi, les uns 'sur les autres, avant l'anthese, que, celle-ci complétement terminée, ils restent encore contigus. Mais cela est vrai pour les hybrides qu'elles forment avec les espèces des autres sections. Verbascum Lychnitis (flore luteo) L. Mémes remarques sur les étamines de cette espéce que sur celles du V. pulverulentum. L'intérieur du tube de la corolle est largement violacé, non d'une maniere continue, mais par plaques correspondant aux principales nervures des pétales. Verbascum LyehnitidieChaixii Mihi. Caulis bi-tripedalis, inferne teres violascens, superne angulatus cinerascenti- pollinarius, fere e medio flexuoso-ramosus, ramis strictis, erectis, brevibus, foliosus. Folia radicalia oblongo-lanceolata, sat longe petiolata, in petiolum sub- decurrentia, grosse crenata; caulina infima in petiolum brevissimum alatum late decurrentia, ut intermedia sessilia oblonga dupliciterque crenata ; superiora bracteæque denticulata, illa lanceolata, hæ lanceolato-lineares ; omnia supra obscure virescentia, subtus tomento stellato, radicalium ferrugineo, caulinarum bractearumque cinerascente, obtecta. Flores parvi; racemorum fasciculi 3-8-flori ; pedicelli calyce sesqui-duplo longiores. Sepala lanceolata, demum ad apicem virescenti-glabrescentia, ceterum ut pedicelli incano-tomentosa. Corolla pallide aurea, rotacea, fauce violacea. Filamenta tota longitudine (2 exteriora tamen antice glaberrima) pilosa, pili filamenti interioris omnino albi, 2 exte- riorum in dimidio inferiore albi, superiore violacei, 2 reliquorum albi, non- SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 1860. 859 nullis violaceis ad apicem intermixtis. Antheræ transverse. Stigma capitatum, Semina abortiva. Hab. cum parentibus, in collibus calcareis apricis Zémenc dictis, prope Chambéry Sabaudiæ. Floret augusto ineunteque septembri. Je n'ai trouvé que trois pieds de cet bybride, qui, abstraction faite des caractéres tirés de l'inflorescence et de la fleur, se distingue nettement du V. Chaixii-Lychnitis par son feuillage, dont la forme se rapproche beaucoup de celle du V. Chaixii ; comme dans cette dernière espèce aussi, les feuilles, au lieu de diminuer brusquement au-dessus des feuilles radicales, ou tout au plus des caulinaires inférieures, comme cela a lieu dans le V. ZLychnitis, ne décroissent qu'insensiblement, en gardant toujours une certaine largeur. Les feuilles inférieures ont en dessus le tomentum ferrugineux de la mère; mais, en remontant, on trouve d'une facon de plus en plus accusée la couleur blan- châtre qui caractérise cet organe chez le père. C'est toujours, on le voit, la confirmation des théories de M. Nægeli. Verbascum Chaixiiemontanum Mihi. Caulis 4-pedalis, pruinosus, superne ramosus, ramis mediocribus, strictis, angulatis, axi subadpressis, foliosus. Folia radicalia...; caulina infima oblongo- lanceolata, obtusa, petiolata, in petiolum late alatum decurrentia, petiolo duabus lineis fere ad medium decurrente; media et superiora duabus auri- culis rotundatis ad medium decurrentia (bracteæ triangulares, sessiles, amplectentes, acuminata); omnia supra obscure virescentia, subtus flavo- incana, tomento stellato supra sparsim subtus densissime obtecta, toto ambitu crenata. Flores mediocres (fere ut in V. montano); racemorum fasciculi 5-8-flori; pedicelli calyce multo breviores, sepe subnulli. Sepala late lan- ceolata, ut pedicelli incano-stellato-tomentosa. Corolla pallide aurca, rotacea, fauce violacea. Filamenta (2 exteriora tamen in solo dimidio infero posteriore) omnia pilis albis et violaceis, his in 2-3 exterioribus numerosis, in 3-2 inte- rioribus rarioribus, prædita. Antheræ omnes reniformes, vel 2 anticæ sub- obliquæ, majores. Stigma capitatum. Semina abortiva. Hab. cum parentibus, in collibus calcareis apricis Zémene dictis, prope Chambéry Sabaudiæ. Floret augusto ineunteque septembri. le n'ai rencontré qu'un seul pied de cet hybride, le 3 septembre. Il a un grand air de famille avec le V. Chaïxii-thapsiforme, tant par la demi- décurrence des feuilles que par la couleur jaunátre de la plante. Toutefois ses rameaux, bien moins longs et presque appliqués contre l'axe, au lieu d'étre étalés, dénoncent dès le premier coup d'œil tout autre chose que ce dernier hybride; et lorsqu'on étudie la plante avec détail, les caractères de la fleur, et notamment le stigmate capité, éloignent définitivement l'idée d'une influence autre que celle du V. Thapsus ou du V. montanum. 860 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. On s'étonnera peut être qu'après avoir révoqué en doute la valeur spéci- fique de cette derniere plante, j'en fasse intervenir le nom dans l'appellation de l'hybride que je viens de décrire. J'ai agi ainsi par déférence pour M. le docteur Grenier. En lui soumettant cette plante, je lui écrivais : « Si vous » pensez que le V. montanum soit une bonne espèce, il faudra appeler cette » plante V. Chaixii-montanum, car l'espèce de Schrader est comme semée » aux environs immédiats du lieu où,je l'ai cueillie, tandis que le plus prochain » pied du V. Thapsus type en est distant d'environ 150 mètres... » M. le docteur Grenier m'a répondu : « Je préférerais la voir appeler V. Chaixii- » montanum... » Je me suis donc fait un devoir de lui laisser ce nom, qu'elle devra échanger contre celui de V. Chaizii- Thapsus, si les doutes que j'ai manifestés sur la valeur spécifique du V. montanum sont sanctionnés par l'expérience. Verbascum €Chaixiiethapsiforme Mihi (V. nothum Koch [e descriptione! non e loco na'oli]). Caulis 3-4-pedalis, teres, inferne violascenti- superne cinerascenti-pruinosps, fere e medio ramosus, ramis paucis, divaricatis, valde elongatis, gracilibus, foliosus. Folia radicalia... ; caulina inferiora et intermedia ampla, late quadrato- ovata, subacuininata, minute crenata, ad medium duabus auriculis cuneifor- mibus decurrentia; superiora oblonga vel oblongo-lanceolata, vix decurrentia : ramealia bracteæque sessilia, illa caulinis superioribus similia, sed minora, hæ cordato-ovatæ, acuminatæ ; omnia tomento stellato superne cinerascente, subtus flavescente obtecta. Flores mediocres; racemorum fasciculi 4-12-flori ; pedicelli calyce breviores, rarius longiores. Sepala late lanceolata, ut pedicelli flavo-tomentosa. Corolla pallide aurea, rotacea. Filamenta 2 exteriora autice glaberrima, in tertia media parte posteriore pilis violaceis prædita, antheris obliquis; 3 interiora pilis albis tota longitudine obtecta, antheris transversis. Stigma in stylo decurrens, decurrentia quartam partem styli æquante. Semina abortiva. Hab. cum parentibus, secus vias, juxta villam les Charmettes dictam, prope Chambéry Sabaudia. Floret septembri. Je wai rencontré qu'un seul pied de cet hybride, à moins qu'un autre individu, que j'avais d'abord pris pour l'hybride inverse, ne soit la méme chose. Daus l'un ou l'autre cas, ce produit, comme on le voit, est fort rare. M. le docteur Grenier, auquel j'avais soumis cet hybride et le nom que je lui donne, me répondit : « Ne serait-ce point le V. thapsiformi- floccosum » Koch? » Au premier moment je crus, je le confesse, à un Zapsus calam. Outre que j'avais trouvé déjà le V. #kapsiformi-pulverulentum, lequel, comme on l'a vu, est une plante essentiellement différente de celle que Je viens de décrire, comment aller remonter aux V. thapsiforme et pulveri- lentum à propos d'un hybride dont les étamines présentent des poils violets! SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 1860, 861 Le bagage botanique que me permet ma vie errante est tellement réduit que j'ai dû me séparer même du Synopsis de Koch. Je m'en procurai immédiatement un, et une fois de plus je reconnus la justesse du coup d'œil de notre savant confrére. — La plante que je décris est bien le V. nothum de Koch, ainsi que le constate toute la description du célèbre botaniste, notam- ment le caractere suivant qu'il donne comme propre à cet hybride : Fila- mentis lana alba vel longioribus lana purpurascente preditis, antheris filamentorum longiorum subdecurrentibus, et qui est tout simplement celui sur lequel, sans me douter qu'il eût jamais été décrit, j'avais établi la parenté de mon hybride. Aussi n'est-ce pas Koch qui a voulu voir, dans son V. nothum, un produit des V. thapsiforme et pulverulentum, mais Ziz, et Koch se refusait à admettre cette généalogie, se fondant précisément sur les raisons qui s'étaient présentées à mon esprit, et que j'ai exposées à la Société, à propos du V. Godronii Bor., et ajoutait : Amicus b. Ziz suspica- batur hybridum esse ez V. thapsiformi et floccoso, sed huic opinioni obstat lana filamentorum violacea. L'exacte concordance de tous les caractères que Koch a signalés pour son V. nothum, avec ceux de la plante que j'ai sous les yeux et que je viens de décrire, me parait donc hors de toute contestation. Mais ceci ne suffit point, daus ce cas particulier, pour établir l'identité des deux plantes; il faut encore, puisqu'il s'agit d'un hybride, que la présence des espèces que j'ai reconnues en être les parents soit également constatée dans les environs de la localité "que Koch assigne à son V. nothum. Par mallieur, cette seconde condition est bien loin d'être remplie; et toutes les recherches que j'ai faites pour arriver à une solution satisfaisante ont été infructueuses. Koch donne comme localité de son V. nothum, Mayence, en compagnie du V. floccosum et d'autres espèces (bei Mainz in Gesellschaft von V. floc- cosum und anderen Arten). Or il me paraît résulter des Flores de ce pays que j'ai eues à ma disposition, que les seuls Verbascum à étamines munies de poils violets qui s'avancent vers ce point septentrional, sont les V. nigrum et Blattaria. Il ne faut pas songer, pour la plante du Synopsis, à un V. thopsiformi-nigrum, décrit, à la suite du V. nothum, par Koch, qui n'était certes pas homme à décrire la méme plante sous deux noms différents; elles s'éloignent d'ailleurs l'une de l'autre par de nombreux caractères. — Serait - ce un V. thapsiformi- Blattaria G. G.? Ce n'est évidemment pas l'opinion de M. Grenier : ce botaniste connait en effet parfaitement le V. thapsi- formi- Blattaria, puisque j'en dois à son obligeance un maguifique exem- plaire recueilli par lui aux environs de Besançon, et qu'au lieu de comparer à cette plante celle que je lui ai soumise, il est tenté d'y voir le V. norAvun Koch! Le V. Chaiziia &té troayé à Gaebwillezs, ea Alsace, par le regrettable docteur Muchlenbeck; mais de Guebwiller à Mayence il v a loin, et je ne 862 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sache pas qu'il ait jamais été signalé entre ces deux villes. M. Reichenbach ne l'indique même pas sur la rive droite du Rbin, et ne le connaît, dans le domaine de sa Flore, qu'en Piémont, d'oü il n'a méme pas pu se le procurer; si bien qu'il a fait sa description sur un exemplaire envoyé de Montpellier. — Le V. orientale, dont bien des botanistes regardent le V. C haczii comme une simple variété, n'est indiqué par Koch et M. Reichenbach qu'à des distances encore plus grandes de Mayence. Quant aux V. sinuatum, vir- gatum, etc., et autres espèces méridionales, il n'y faut pas songer. Quelle est donc la généalogie du V. nothum ? Si M. Wirtgen, que ses beaux travaux surles Verbascum et son séjour à quelques lieues de Mayence désignaient tout naturellement pour élucider cette question obscure, et auquel j'ai soumis le V. Chaizii-thapsiforme Mihi, constate son identité avec le V. nothum Koch, il faudra bien, en vérité, quoique je ne hasarde cette hypo- thèse qu'avec une grande circonspection, admettre la culture du V. Chairi ou du V. orientale dans quelque jardin des environs de Mayence : autre- ment on serait fatalement amené à révoquer en doute la localité du Synopsis. J'ai dit plus haut que je croyais avoir trouvé l'hybride inverse; il me paraissait distinct de celui que je viens de décrire par ses trois étamines internes, dont les poils étaient violets inférieurement et blancs supérieure- ment ; les feuilles étaient un peu moins décurrrentes. Mais comme les hybrides n'offrent jamais dans leurs caracteres cette fixité que l'on rencontre dans les espèces-types, et que d'ailleurs le pied que j'en avais recueilli était en fort mauvais état, je n'avais soumis cette détermination à M. Grenier qu'avec un point de doute; et, en effet, M. Grenier n'a pas jugé cette plante différente du V. Chaixii-thapsiforme. C'est toutefois une question que je ne considère pas comme définitivement résolue, et que je compte bien revoir de plus prés l'année prochaine. M. Boreau a décrit (p. 471), sous le nom de V. nothum Koch, une plante du domaine de sa Flore. La confrontation du V. Chaizii-thapsiforme avec la plante de Koch nous permettra probablement de savoir ce qu'est la plante de M. Doreau, ou du moins ce qu'elle n'est pas, si la plante de Chambéry et celle de Mayence sont identiques. En effet, le trés consciencieux auteur de la Flore du Centre ne fait mention du V. Chaizii ni comme plante spontanée, ni comme plante généralement cultivée. L'identité dont je parle, dûment constatée, établirait donc péremptoirement la différence complete de la plante de Koch et de celle de M. Boreau. Je ne manquerai pas d'informer la Société du résultat de ma communication à M. Wirtgen. Verbaseium Chaixii-pulveruléntum Mili. Caulis 2 1-3-pedalis, vel paulo altior, teres, rubro-pruinosus, fere e medio ramosissimus, ramis incurvato-adscendentibus, gracilibus, angulatis, valde SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 1860. 863 elongatis, foliosus. Folia radicalia ainplissima, oblonga, acuminata, in petiolum mediocrem decurrentia; caulina inferiora ovalia, brevissime petiolata; supe- riora sessilia, demum late ovata amplectentia, breviter abrupteque acuminata (bracteae cordiformes, longius acuminatæ) ; omnia radicalia caulinaque sæpe dupliciter crenata, valde coriacea, supra intense viridia vix velutina, subtus incano- vel ferrugineo-stellato-tomentosa. Flores mediocres; racemoruin fasci- culi 5-9-flori ; pedicelli per anthesin calycem æquantes, postea nunc æquantes, nunc eo longiores, rarius breviores. Sepala anguste lanceolata, demum ad apicem virescenti-glabrescentia, ceterum ut pedicelli dense prüinoso-tomen- tosa. Corolla pallide aurea, rotacea, fauce, presertim in venis petalorum, violacea. Filamenta omnia fere tota longitudine pilosa (attamen 2 exteriora sepius in dimidio superiore glaberrima); pili staminum 3-4 exteriorum inferne albi brevissimi haud clavati, superne violacei, longi, nonnullis albis intermixtis; pili staminum 1-2 interiorum omnino albi. Antherae omnes transverse. Stigma capitatum. Semina abortiva. Hab. cum parentibus, in collibus calcareis apricis Lémenc dictis, prope Chambéry Sabaudiæ, frequens. Floret augusto. C'est, après les V. pulverulento- Lychnitis Mihi, et Chaizit- Lychnitis, l'hybride le plus répandu : j'en ai trouvé une quinzaine de pieds. — Ce que J'ai dit du produit inverse me dispense de m'étendre plus longuement sur celui-ci. Je ne dois pas cependant passer sous silence une forme remar- quable que j'en ai recueillie, et qui m'a été présentée par cinq ou six pieds que j'ai rencontrés le long d'un mur, oü ils étaient presque complé- tement soustraits à l'action du soleil par des noyers centenaires. Par suite de cette station tout exceptionnelle, la plante avait subi les modifications suivantes : chacune de ses parties avait conservé sa forme normale; mais toutes, et notamment les feuilles, avaient perdu presque entierement leur vestimentum ; ces dernieres, d'ailleurs plus grandes que dans le type, étaient devenues minces, molles, d'un beau vert sur l'une et l'autre face, l'inférieure seulement un peu plus pâle; le tomentum, qui ne fait jamais complétement défaut dans les Verbascum, n'était représenté sur les feuilles de cette forme que par quelques trés rares poils étoilés. Je n'ai naturellement pas dû tenir compte, dans la description du V. Chairii- pulverulentum, de ce fait qui ne constitue pour moi qu'un état tout à fait anomal de la plante. Verbaseum Chaixii-Lychnitis Mihi. Caulis sesqui-bipedalis, inferne virescenti-prüinosus, superne rubro-gla- brescens, striatus, fere e medio ramosissimus, ramis erecto-adscendentibus axi subadpressis, plus minus gracilibus, elongatis; foliosus. Folia radicalia oblongo- lanceolata, obtusa, in petiolum primum longitudinem limbi æquantem, mox valde breviorem decurrentia; caulina inferiora et media breviter petiolata, 864 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. lanceolata, subacuminata, superiora bracteæque sessilia, anguste lanceolata, ha longe acuminatæ; omnia (superiora vix) crenata, supra virescenti- glabrescentia, subtus radicalia ferrugineo- reliqua incano-stellato-tomentosa. Flores parvi; racemorum fasciculi 3-10-flori; pedicelli per anthesin calycem vix æquantes, post anthesin 2-3-plo longiores. Sepala lanceolata, ad apicem demum virescenti-glabrescentia, ceterum ut pedicelli tomentosa. Corolla pallide aurea, rotacca, fauce, prasertim in venis petalorum, violacea. Fila- menta 2 exteriora intense purpurea, ab insertione usque ad tertiam partem superiorem pilis violaceis, 3 interiora flavo-viridia, tota longitudine pilis albis dense obtecta. Antheræ omues transverse. Stigma capitatum. Semina abortiva. Hab. cum parentibus, in collibus calcareis apricis Lémenc dictis, prope Chambéry Sabaudiæ, frequens. Floret augusto. Cet hybride est abondant : j'ai pu le récolter pour les centuries de M. Fr. Schultz. Il est, je le répète, un des plus caractéristiques que j'aie rencontrés. Il avait été le point de départ de mes études sur le rôle que joue le V. Chaixii dans son mode actif et passif d'hybridation avec les autres espèces, et la découverte du V. Lychnitidi-Chaizii, que je n'ai faite que plus d'un mois après, est venue confirmer la justesse de mes conjectures. : J'ai dit dans la description que les deux filets extérieurs sont garnis de poils exclusivement violets; je dois ajouter maintenant ce que je n'ai pas cru devoir faire figurer dans une diaguose : ces filets, à partir du point où ils se séparent de la corolle, sont couverts, sur ua espace qui égale environ le hui- tième de leur longueur totale, de poils blancs, dont la dimension est égale à une fois ou une fois et demie le diametre du filet. Ces poils sont cylindriques, nou renflés, et ne s'apercoivent qu'au microscope. C'est au-dessus de ce feu- trage blanchâtre, presque imperceptible même à la loupe, que se développent subitement les beaux poils violacés du V. Chaïxii, dont on ne voit jamas de trace sur les trois filets intérieurs. Peut-être, ainsi que moi, trouvera-t-on trés remarquable la différence de coloration entre les filets extérieurs et intérieurs, différence qui, sur la plante vivante, est des plus tranchées. Ce caractère, joint à ce que je viens de dire des poils de ces filets, permet de caractériser ainsi le verticille staminal du V. Chotzi- Lychnitis : deux étamines extérieures du V. Caii, trois étamines intérieures du V. Lychnitis. Cette couleur purpurine des filets se retrouve sur les deux étamines exte- rieures du V. Chaïxii-thapsiforme. Verbascum Chaixii Vill. De tous les Verbascum que j'ai étudiés celui-ci est le seul dans lequel j ate constamment trouvé les cinq étamines parfaitement identiques. Si l'on sup- pose le filet divisé en huit parties égales, la. premiere de ces parties, en SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 1860. 865 partant de l'insertion, et la dernière avant d'arriver au connectif, sont glabres : tout le reste est couvert de poils violacés. C'est ici que trouve naturellement sa place une observation qui n'est peut- étre pas nouvelle, mais qu'en tout cas je n'ai vue consignée nulle part : il s'agit d'une monstruosité que j'ai constatée sur toutes les espèces ou hybrides dont il a été question dans cette lettre, à l'exception des V. Thapsus, montanum et {hapsiforme. 1| ne me souvient pas de l'avoir remarquée antérieurement, ct peut-étre est-elle due aux pluies diluviennes de cette année. Dans ce cas tératologique il y a avortement des deux verticilles floraux intérieurs : le calice ne change point, mais la corolle, ou, pour parler plus exactement, son tube, en méme temps qu'il modifie son tissu, qui devient épais, coriace et d'un gris blanchâtre, prend un développement extraordi- naire. Il se renfle, et offre l'aspect d'une sphère irrégulière, dont la grosseur varie de celle d'un pois à celle d'une cerise. Les quatre ou cinq divisions de la corolle sont parfaitement distinctes au sommet de ce corps globuleux ; elles gardent très souvent leur couleur jaunâtre; mais, au lieu de s'étaler en roue, elles restent imbriquées comme à l'état de préfloraison ; si bien que l’ensemble n'est pas sans avoir une grande analogie avec une grosse fleur de Scrofularia, avant son épanouissement. En ouvrant une de ces fleurs anomales, on peut se convaincre immédiate- ment que cette monstruosité de la fleur est due à la présence d'un iusecte, dont en effet la larve se retrouve presque toujours. On a donc là quelque chose d'analogue à ce qui se passe dans les Carex syciocarpés. Ici se termine la communication que j'avais a faire à la Société. Je crains bien que les faits qu'elle renferme ne soient pas tous nouveaux, et je n'ose espérer qu'ils aient intéressé nos collégues aussi vivement que je l'eusse souhaité. Dans le premier cas on m'absoudra, en songeant à l'insuffisance des moyens d'étude et de contróle dont je dispose; et j'aurai pour excuse, dans le second, mon inexpérience, et le désir évident d'étre agréable à la Société. — Si cette modeste notice eüt été digne de recevoir une épigraphe, je n'en aurais pas voulu d'autre que le vieil adage latin : Etiam in pessimo libro semper aliquid reperitur utile. M. Decaisne rappelle les travaux de Delile et de Schrader sur le genre Verbascum, ct fait observer que ce genre est un de ceux dont les espéces se prétentle mieux à l'hybridation artificielle. M. Decaisne met ensuite sous les yeux de la Société une tige de Seigle qui se divise à sa partie supérieure et porte deux épis. Cette tige lui a été envoyée par M. Sacc, de Wesserling (Haut-Rhin). T VIE 25 866 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1860. PRÉSIDENCE DE M. DECAISNE. M. Eug. Fournier, vice-secrétaire, donne lecture du procés- verbal de la séance du 9 novembre, dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la derniére séance, M. le Président proclame l'admission de : MM. Moni£ERE, professeur à la Faculté des sciences de Caen, pré- senté par MM. Chatin et Roze; WALKER (Arthur), docteur en médecine, Melville-street, 32, à Édimbourg, présenté par MM. Chatin et Gontier; Ross (David), Parksede-street, 14, à Édimbourg, présenté par MM. Chatin et Eug. Fournier. M. le Président annonce en outre deux nouvelles présentations. Dons faits à la Société : 1* Par M. A. Duchartre : Recherches expérimentales sur l'absorption directe de l'eau de phi par les organes extérieurs des plantes. Note supplémentaire sur le Pyrèthre dit du Caucase. Notice sur la vie et les travaux de Louis de Vilmorin. 2 De la part de M. Th. Caruel : Nozioni elementari di Botanica. æ De la part de M. Lange : Pugillus plantarum. imprimis. hispanicarum, ín itinere 1851-1852 lectarum. ^^ De la part de M. Wydler : Ueber die Bluethenstellung und die W ibn Iupltnisse von Vinca, Beschreibung einiger Antholysen von Althea officinalis. Ueber die Versteubungsfolge der Antheren von Lychnis vespertina. 5° De la part de M. Engel : De l'influence des climats et de La culture sur les propriétés médicales des plantes, SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1860, 867 6^ Lo la part de la Société d'Horticulture et d'Arboriculture de la Cóte-d'Or : Bulletin de cette Société, 1859. 4° En échange du Bulletin de la Société : Linnæa, Journal fuer die Botanik, t. XIV, livr. 4. Flora oder allgemeine botanische Zeitung, 1860, 1° semestre. Botanische Zeitung, 1860, 1°* semestre. Journal de [a Société impériale et centrale d’ Horticulture, octobre 1860. Bulletin de la Société impériale zoologique d’Acclimatation, octo- bre 1860. L'Institut, novembre 1860, deux numéros. M. Gustave Maugin fait à la Société la communication suivante : SUR QUELQUES FAITS DE TÉRATOLOGIE VÉGÉTALE, par M. Gustave MAUGIN. La trifoliation anomale a déjà été l'objet de communications faites à la Société botanique (1); les exemples cités précédemment se rapportent l'un au Lonicera Xylosteum cultivé, l'autre au Lonicera chinensis. Aujourd'hui il s'agit de la trifoliation du Syringa vulgaris (Lilas-commun). Les pieds ayant fourni cette monstruosité sont plantés, depuis longues années sans doute, daus un petit enclos dépendant de l'hópital Saint-Louis et servant de jardin particulier aux iuternes en médecine. Cette portion de terrain, de 4 à 5 métres de large sur 15 mètres de long environ, est close du côté de la cour par un treillage doublé d'une haie, du côté nord-est où se trouve un quinconce de Tilleuls par un simple treillage, au sud-ouest elle est close par un mur de 2^,50 environ de hauteur, enfin la quatrième face est formée par un mur de 2^,50 de hauteur pendant les trois quarts de la longueur, et vers la cour par le pignon d'un bátiment à un seul étage. Presque tout ce terrain est planté de buissons de Lilas et de Noisetiers, assez touffus pour empécher l'herbe de croitre sous leur ombre, J'ai remarqué les exemples de trifoliation dans la partie située prés de la cour et à l'ombre du bátiment, je n'ai pu arriver à en découvrir sur les autres pieds, enfin je ne l'ai rencontrée que sur des rameaux de l'année, et n'ai pu en retrouver des traces sur les vieux troncs. Presque tous ces rameaux étaient des rejets sortant directement de terre au pied des vieilles souches, et on les rencontrait cà et là, un, deux ou trois auprès de quelques-uns, mais non pas de tous les arbustes. Le genre de culture adopté pour le Lilas et le changement annuel des internes n'ont pas laissé subsister de ces branches ni de ces rejets assez long- (1) Voyez le Bulletin, t. V, p. 759, et t. VI, p. 397. 868 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. temps pour me permettre de voir se développer les bourgeons placés à lais- selle de chacune des feuilles ternées. Je n'ai pu que recueillir les quelques échantillons, en mauvais état, que je dépose sur le bureau de la Société. Les bourgeons nés à l'aisselle des feuilles ternées ont la méme apparence que ceux placés à l'aisselle des feuilles opposées, et il est probable qu'ils s'épanouiraient tous aussi aisément ; mais, d’une part, donneraient-ils naissance à des rameaux trifoliés? d'autre part, si l’on éclatait quelqu'un de ces rejets, ou si l'on boutu- rait, greffait, ou marcottait quelqu'une de ces branches, la trifoliation persis- terait-elle et persisterait-elle aussi bien daus d'autres conditions de terrain et d'insolation que dans celles où je l'ai observée? Dans la méme portion des jardins de l'hópital Saint-Louis, existait un Sureau (Sambucus racemosa) qui devait être assez âgé et avait une singulière physio- nomie : il était tordu sur lui-même depuis la base, et présentait dans ses rameaux, ses bourgeons, ses corymbes de fleurs, les plus singuliers phéno- mènes d'aplatissement et de soudure. Il était planté contre le mur sud-est à 2 mètres du pignon du bâtiment, et à 1 mètre d'un tonneau d'arrosage presque toujours rempli d'eau. Je n'ai pu en sauver que les mauvais échan- tillons que je soumets à la Société; il était pourri, il a été cassé et a disparv. M. Mauvezin, actuellement interne à l'hôpital Lariboisière, avait, pendant son séjour à l'hópital Saint-Louis, pris quelques notes au sujet de cet arbre curieux, et m'avait promis d'en faire profiter la Société botanique. J'espère que ce rappel stimulera son courage et qu'il voudra bien un jour nous faire part de ses observations, qui ont l'avantage et le mérite d'avoir été continuées pendant une année entière. Voici maintenant deux anomalies du méme genre : il s'agit, dans le premier cas, d'une Páquerette (Bellis perennis) double, c'est-à-dire dont tous les fleu- rons ont été, par la culture, développés en languettes. Cette plante est, en cet état, habituellement cultivée dans les jardins; elle l'est, entre autres, dans le jardin de Douai que j'ai déjà cité à propos d'exemples de floraison intempes- tive (1). Dernièrement, dans l'angle le plus insolé de tout le jardin, puisque sa bissectrice serait presque exactement dirigée du nord au sud, le nord étant au sommet de l'angle, je remarquai, au milieu d'une bordure formée de ces Pâquerettes, une tête prolifère. Le temps était beau, je la laissai sur pied, espérant pouvoir l'observer à loisir; j'avais compté sans la voracité d'un limaçon attardé qui une belle nuit vint ronger la hampe de ma pâquerette, en fit trois morceaux, ruina mon espoir, et dépara l'échantillon que je destinais à la Société botanique. Au-dessus des Pâquerettes dont il s'agit, est un Poirier en espalier à haute tige, appuyé au mur qui fait face au sud-ouest. Get arbre, dit Poire- mons(rueuse dans la langue des horticulteurs, et qui réellement produit de (1) Voyez le Bulletin, t. VI, p. 465. SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1860. 869 fort beaux fruits, a cette année enfanté un véritable monstre. C’est une poire prolifère, une poire qui en porte une autre enchâssée dans la première comme un œuf dans un coquetier. L'on distingue parfaitement la première floraison qui à noué, ainsi que le développement de la deuxième floraison entre les sépales du calice qui formaient la couronne de la première poire, deuxième floraison qui a noué, elle aussi, et s'est développée en se soudant intimement avec la poire de première floraison. Voici cette poire telle que je l'ai recueillie ; mais il me paraitrait curieux, d'une part, de la mouler à cause de l'étrangeté de sa forme, d'autre part, de la disséquer afin de se rendre compte du rapport des tissus des deux poires ; malheureusement c'est à de plus habiles que je suis obligé d'abandonner ce travail et ces recherches. M. Decaisne dit qu'il n'est pas trés rare de rencontrer des po res anomales semblables à celle que vient de présenter M. Maugin, et que Duhamel en a figuré un exemple. M. Duchartre présente les observations suivantes : L'intéressante communication que vient de faire M. Maugin me rappelle un fait assez curieux que j'ai eu occasion d'observer cette année. M. le docteur Aubé a bien voulu me remettre une prolification de Poirier fort remarquable, parce que l'axe y avait pris un développement extréme relativement à celui de la portion charnue. Cet axe était un vigoureux rameau qui se prolongeait lon- guement au delà du fruit, et sur les deux tiers de la circonférence duquel un renflement charnu, haut et épais d'environ 15 millimètres, était tout ce qui représentait le fruit proprement dit. Lorsque cette singulière monstruosité m'a été remise, cette poire rudimentaire était déjà blette, et l'état de son tissu ne me permettait pas de méconnaitre en elle l'analogue fort réduit du fruit ordinaire du Poirier. Toutes les poires proliferes que j'ai vues ou dont j'ai lu la description étaient des fruits bien caractérisés par leur configuration, que surmontait un rameau plus ou moins développé sortant de leur œil ou ombilic ; au contraire, celle «ue j'ai l'honneur de signaler à la Société pourrait étre décrite comme un fort rameau sur un point duquel s'était produit un faible renflement charnu qui n'en embrassait pas méme toute la circonférence, de telle sorte que, du cóté oà manquait ce renflement, le rameau se montrait parfaitement continu. C'était donc le rameau qui constituait ici la formation principale, tandis que, dans la presque universalité des cas, c'est le contraire qui a lieu. M. Moquin-Tandon dit : Qu'il a observé, sur une poire, une monstruosité encore plus remarquable. Dans ce cas, qui lui a été communiqué par M. Pernolet, ingénieur, de l'œil de la poire- mere sortait une deuxième poire, très irrégulière, et de la deuxième 870 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. poire une troisième dont les lobes calicinaux étaient foliacés, M. Moquin- Tandon ajoute que ces modifications tératologiques sont parfois trés fréquentes sur un méme individu; il a vu notamment, au jardin de l'hópital militaire de Toulouse, un Figuier qui portait des figues superposées, en quelque sorte prolifères. A la vérité, il s'agissait là d'une inflorescence et non plus d'un fruit. M. J. Gay fait remarquer que les poires proliféres offrent une certaine analogie avec la pomme dite de Saint- Valery, qui, figurée déjà par J. Bauhin, a été décrite par Willdenow, en 1799, sous le nom de Pirus dioica. Seulement, dans la pomme de Saint-Valery, le second verticille carpellaire est inclus dans le premier, et l'on ne peut constater la monstruosité qu'en comptant sur la coupe le nombre des loges. Plusieurs membres rappellent que, chez le Pommier de Saint- Valery, les étamines avortent, et qu'il y a non pas addition, mais transformation d'un verticille floral. M. Ad. Brongniart demande à M. Maugin s'il a trouvé à la fois des feuilles ternées et des feuilles opposées sur les branches de Lilas dont il a présenté des échantillons à la Société. M. Maugin répond que cela était fort rare. M. Brongniart ajoute qu'il a vu, sur une Scabieuse, les paires de feuilles se transformer graduellement en verticilles ternaires, par le dédoublement de plus en plus profond d'une des deux feuilles opposées. M. Decaisne dit que la variété monstrueuse de Sureau présentée par M. Maugin se maintient quand on la multiplie par boutures. M. Gubler fait à la Société les communications suivantes : FASCIATION DU CYTISUS LABURNUM, AVEC INFLORESCENCE ACROGÈNE ET FLORAISON AUTOMNALE, par Mi, Adolphe GUBLER. M. Carnot possède à Presles près La Ferté-Aleps, commune de Cerny (Seine-et-Oise), deux curiosités végétales appartenant au genre Cytisus. L'une nous offre un exemple du dédoublement d'un hybride en ses deux espèces originelles; je veux parler d'un arbre portant à la fois les feuilles et les fleurs du Cytisus Adami, ainsi que celles des Cytisus Laburnum et purpureus qui lui ont donné naissance par le moyen de la greffe. A la demande de M. Carnot, M. Decaisne a rédigé autrefois une note sur cet arbre composé; il serait à désirer que les réflexions de notre savant pré- sident fussent consignées dans le Bulletin de la Société, Pour ma part, je me SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1860. 871 contenterai d'appeler l'attention de mes collègues sur un phénomène d’une autre sorte, mais non moins digne d'intérêt, offert également par un pied de Faux-Ébénier. Cet arbuste, de 3 à 4 mètres de hauteur, placé sur la lisière d'un bois, porte, du cóté découvert, une branche relativement énorme, et dont le port différe tellement de cclui des autres divisions de la plante qu'on la pren- drait au premier abord pour une greffe d'une aütre espéce, insérée sur le Cytisus Laburnum. D'abord tombante et comme pleureuse, elle porte vers son extrémité des rameaux qui se redressent presque verticalement pour soutenir, soit simplement des feuilles, soit de longues grappes terminales. L'angle obtus, ouvert en haut, qu'elle forme avec le tronc, approche de 130 degrés. Cette branche, de 3 centimètres de diamètre à son origine, ne tarde pas à se renfler en fuseau dont le plein a bien 4 centimètres d'épaisseur ; elle émet alors plusieurs rameaux vigoureux dont l'ensemble surpasse de beaucoup le volume de la branche principale et desquels se séparent d'autres rameaux secondaires affectant une disposition fastigiée, également trés forts et très longs, et remarquables sous plusieurs rapports. Trois ou quatre d'entre eux, fasciés à la base, sont constitués par la réunion de cinq, six, huit rameaux de troisième ordre, soudés latéralement (1); les autres sont simples. Ceux-ci, comme ceux-là, sont robustes, trés chargés de feuilles, surtout au niveau de certains épaississements, eL ne donnent aucunes branches collatérales. Les feuilles y sont plus serrées que sur le reste de l'arbre, par suite du rap- prochement des tours de spire et aussi par l'augmentation du nombre de ces appendices dans chaque cycle foliacé. On en compte six, huit, neuf et méme davantage, pour faire une fois le tour de l'axe. Les bourgeons terminaux, également munis d'un trés grand nombre d'écailles, qui leur donnent quelque ressemblance avec lesgalles en artichaut du Chéne, portent chacun trois feuilles sensiblement égales : l'une extérieure, faisant face au rameau, deux autres intérieures, posées de champ et affectant, par rapport à la première, à peu prés la position de stipules. D'ailleurs, feuilles et écorce ont la forme et l'aspect du type, si ce n'est que les premières restent d'un vert beaucoup plus clair jusqu'à l'arrière- saison, ce qui tient à l'activité non interrompue de la végétation dans cette partie modifiée de l'arbre. Des feuilles, en effet, ne cessent de se développer jusqu'à la fin de l'été et au delà; les fleurs ne commencent à paraître que dans la seconde moitié de septembre à l'extrémité des dernières ramifi- cations qui, comine nous l'avons dit, sont isolées et non fasciées. Il n'y a pas plus de grappes axillaires que de rameaux latéraux. Toutes les grappes sont terminales, comme celle que je présente à la Société; elles sont trés (1) Ces rameaux sont trés fragiles à la base; plusieurs gisent à terre, arrachés par le vent, 872 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. allongées (2 à 3 décimètres de long) et entremélées de feuilles dont les infé- rieures sont quelquefois bien développées. En tout cas, cnaque fleur est isolée dans l’aisselle d'une feuille rudimentaire trifoliolée; par conséquent l'on peut dire que les inflorescences partielles sont axillaires et monanthiques, tandis que l'inflorescence générale est, comme je proposerai de l'appeler, acro- gène (4), c'est-à-dire indéfinie pour les auteurs. En résumé, dans toutes ces modifications du type spécifique, la particula- rité dominante me parait étre le phénomene de la fasciation, et ce phénomene dérive à son tour d'une exubérance dans le système végétatif de la branche monstrueuse, exubérance attestée par le volume des rameaux et des bour- geons, ainsi que par la multiplicité des feuilles. Comme dans toutes les fascia- tions, les bourgeons terminaux se développent aux dépens des latéraux ; le développement est acrogéne ‘au lieu d’être mixte, c'est-à-dire acropleuro- gène, et ce qui a lieu pour les rameaux se reproduit également pour les fleurs. A mon avis, la prédominance excessive du système végétatif peut aussi rendre compte de la floraison tardive observée tous les ans sur la branche fasciée, tandis que le reste de l'arbre fleurit, comme tous ceux de son espèce, dès le premier printemps. On sait, en effet, qae les plantes qui, dans un ter- rain gras, dans l'humidité et à l'ombre, poussent un feuillage abondant, sont trés peu fertiles, et que, d'autre part, pour exciter nos arbres fruitiers à pousser des boutons de fleurs, il suffit d'en pincer les branches, de les tordre ou, par un procédé quelconque, de mettre obstacle à l'afflux de la séve. En définitive, une seule circonstance du fait complexe que j'expose à la Société suffit à expliquer toutes les autres. Je dois dire, en terminant, que M. Carnot se propose de multiplier par la greffe cette variété de Faux-Ébénier à floraison tardive. J'aurai l'honneur de tenir la Société au courant des tentatives qui seront faites dans ce but. - NOTE SUR UN HYBRIDE DES PRIMULA OFFICINALIS ET ELATIOR (PRIMULA ELA TIORI- OFFICINALIS), px MI. Adolphe GUBLER. Nos savants collègues, MM. J. Gay et Cosson, ont à plusieurs reprises appelé l'attention de la Société sur une forme intermédiaire entre les Pri- mula officinalis et grandiflora, que M. Goupil a désignée sous le nom de Primula variabilis, et que M. Godron a décrite sous le nom Primula offi- cinali-grandiflora. Après avoir fait remarquer par quels caractères la plante (1) Dans un travail inédit, je divise les inflorescences suivant qu'elles se développent par le bourgeon terminal ou sommet (inflorescences acrogènes), ou bien par les bour- geons latéraux, c’est-à-dire par les côtés (inflorescences pleurogènes, mono-di-pleuro- gènes, amphigènes). Quand elles sont mixtes, on peut les nommer acro- ou pleurody- names, selon la prédominance de l'un ou de l'autre mode. SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1860. $73 dont il s'agit se rattache à chacune des espéces entre lesquelles elle se place naturellement au point de vue morphologique, aprés avoir constaté que, comme les hybrides en général, elle offre des imperfections manifestes dans ses moyens de reproduction, MM. Cosson ct J. Gay insistent pour établir, d'aprés leur propre expérience et d'aprés les indications d'autres observateurs distingués, que le Primula variabilis se rencontre constamment avec les Primula officinalis et grandiflora dans des localités où manque au contraire le Primula elatior. Or je puis fournir la contre-partie de cette donnée expérimentale. Le 2^ avril 1859, j'ai cueilli dans un endroit ombragé du parc de Mille- mont près Montfort-l'Amaury (Seine-et-Oise), appartenant à M. Maurice Richard, au milieu d'une grande abondance de P. officinalis et de quelques touffes de P. elatior, des pieds d'une Primevère qui m'a paru participer à la fois des caractères de l'un et de l'autre de ces types spécifiques (1). Ces ` formes intermédiaires se rencontraient parmi un grand nombre de touffes de P. officinalis d'une taille exceptionnellement élevée et robuste, entremélées d'individus plus rares de P. e/atior. Les représentants-types de ces deux espèces étaient d'ailleurs parfaitement conformes aux descriptions classiques. Quant aux variations sur lesquelles j'attire en ce moment les regards de mes collégues, elles se montraient cà et là, péle-méle au milieu des deux types spécifiques dont elles réunissaient une partie des caractères différentiels. Elles se rapprochent de la Primevère-élevée par leur hampe plus grêle, leur ombelle pauciflore, 3-4-flore seulement; par leur corolle plus grande, à limbe moins concave ou presque plan. Mais leurs calices sont pubescents- blanchâtres-tomenteux, à peu près unicolores, grands et largement ouverts comme dans la Primevère-officinale. Ainsi le verticille interne du périanthe rappelle le P. elatior, tandis que le verticille externe, plus voisin des feuilles, est semblable au verticille homologue dans le P. officinalis. Les feuilles elles- mémes ne différent point de la forme commune aux deux espéces voisines. En présence de ces caracteres, trois hypotheses sont admissibles. Ou bien, les modifications morphologiques dont il s'agit marquent le trait d'union entre deux races fixées d'un méme type primitif dont nous saisissons ainsi les pas- sages accidentels de l'une à l’autre forme. Ou bien, ce sont des métis entre ces deux variétés spéciéisées. Ou bieu enfin, ce sont plutôt des hybrides entre deux véritables espèces. Je m'arrête à cette dernière interprétation pour plu- sieurs raisons également péremptoires. D'abord, parce que les P. officinalis et elatior paraissent fondamentalement distincts par la valeur de leurs carac- tères, par la permanence de leur type morphologique et par l'absence habituelle de toute forme transitoire ; ensuite parce que les variations inter- (4) J'ai donné communication de ce fait à la Société de Biologie, dans la séance du 30 avril 1859. 87h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. médiaires que j'ai rencontrées dans le parc de Millemont offrent bien certains traits de la physionomie des hybrides. On sait, en effet, que, dans l'immense majorité des cas, les véritables hybrides sont tout à fait stériles ou que, du moins, ils présentent les plus graves imperfections de leurs organes reproducteurs. Or, bien que je ne me sois pas assuré du défaut de développement des étamines et des ovaires chez les sujets ambigus dont je donne la description, et quoique je n'aie pas expérimenté surles graines pour m'assurer qu'elles ne sont pas fertiles, je crois pouvoir induire la stérilité de ces individus d’après un caractère de coloration auquel peut-étre on n'a pas accordé jusqu'ici toute l'attention qu'il mérite. Les (leurs infécondes sont douées souvent d'une couleur beaucoup plus intense et plus foncée que les autres, témoin la fleur centrale des ombelles de la plupart des Daucus, et notamment de certaines espéces algériennes, qui est d'un pourpre noir, tandis que le reste de l'inflorescence est d'un blanc pur ou à peine rosé. Les botanistes sauront certainement ajouter d'autres exemples à celui-là. Eh bien ! les fleurs des sujets intermédiaires entre les types des deux Primula elatior et officinalis nous offrent précisément des fleurs plus riche- ment colorées que celles des especes qu'ils semblent réunir. Ces fleurs sont d'un jaune rouge où d'un rouge jaunâtre intense, analogue à la rouille , au lieu d'étre simplement d'un jaune serin ou méme d'un jaune soufre. De tout cela, je conclus que les formes ambigués observées dans les Prime- vères du parc de Millemont appartiennent à des hybrides provenant de la fécon- dation réciproque des P. officinalis et elatior qui vivent socialement dans cette localité. Conformément à la nomenclature généralement adoptée en pareil cas, je propose en conséquence de désigner ces hybrides sous le nom de Primula ela- tiori-officinalis. Mais c'est évidemment la méme forme qui se trouve décrite sous la dénomination de P. Tommasinii par MM. Grenier et Godron dans la Flore de France, et sous celle de P. Columnæ par M. Reichenbach dans ses exsiccata. Jusqu'ici cet hybride n'avait été rencontré encore que sur le pic de l'Hié- ris. Il est probable qu'il se retrouvera ailleurs dans des localités où les deux espèces génératrices vivent réunies. J'ai cueilli également dans la propriété de M. Maurice Richard une ano- malie curieuse , colorée à là manière de l'hybride décrit ci-dessus, ayant la taille, le port, les ombelles terminales nombreuses du P. officinalis, mais remarquable par le développement corolliforme de tous les calices. Ceux-ci, parfois à peine plus longs que dans le P. elatior, sont évasés en entonnoir ou en cloche, d'un vert blanchàtre, tomenteux sur les cótes saillantes, rouges ou d'un jaune rougeâtre dans les intervalles et sur les extrémités du limbe, dont les divisions toujours trés obtuses sont quelquefois tronquées comme les lobes de la corolle. Les fleurs sont, du reste, un peu plus grandes et le limbe corollaire SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1860. 875 est plus plan que dans le P. officinalis. Cette particularité, jointe à la vive coloration des enveloppes florales, me porte à croire que l'anomalie en question est, aussi bien que l'hybride précédemment caractérisé, le résultat d'une fécondation mutuelle opérée entre les P. officinalis et elatior. Une semblable anomalie de P. acaulis ou grandiflora n'est pas très rare dans les jardins. Ici, au contraire, la culture n'est entrée pour rien dans la production du phénomène, la nature seule en a fait tous les frais. M. A. Gris fait à la Société les communications suivantes : ORIGINE DES CANAUX PÉRISPERMIQUES DANS LE THALIA DEALBATA, par ME, Arthur GRIS, Dans la séance du 27 avril 1860 (1), j'ai eu l'honneur d'exposer devant la Société le mode de développement du canal supplémentaire qui s'élève dans l'albumeu des graines du Stromanthe sanguinea et du Maranta indica. J'ai observé depuis que le canal périspermique de la graine de l’/schnosi- phon surinamensis (var. farinosa Ad. Br.) cultivé dans les serres du Muséum se développe de la méme manière. Le Thalia dealbata présente deux canaux supplémentaires parallèles , et, comme la structure anatomique de chacun de ces canaux est à peu de chose près identique avec celle du canal unique des espèces mentionnées plus haut, j'en avais conclu que les canaux périspermiques du Thalia dealbata avaient également une origine chalazienne et n'étaient point des embryons avortés comme le supposait Robert Brown. Je m'engageais du reste, dans cette séance du 27 avril, à faire part à la Société du résultat de mes observations sur l'ovule et la graine de la plante en question aussitôt que la saison me le permettrait. A cause de l'inclémence de l'été dernier, les ovules du Thalia dealbata n'ont pas accompli leur entiere transformation en graines, mais ont suffisam- ment grossi pour me permettre d'assister au développement des canaux paral- lèles. — Voici ce que j'ai vu : la chalaze se développe en deux prolongements latéraux, en méme temps que le cordon trachéen se divise en deux branches : chacun de ces prolongements ne forme d'abord qu'une petite anse, puis se creuse en cœcum; ce cæcum, en recourbant de plus en plus son extrémité, ressemble bientót à une sorte de corne et finalement à un crochet. Telle est la forme de chaque branche ou de chacun des canaux parallèles de la chala ze dans la graine adulte, (1) Voyez plus haut, p. 237. 876 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. NOTE SUR LA FÉCULE DU RIZ, par 8M. Arthur GRIS, Dans l'albumen du Riz sec, on trouve des grains dits composés dont le contour est arrondi ou ovale, et de petits éléments amvlacés simples, polyé- driques. Chose singuliére! sous l'influence du chloro-iodure de ziuc les réactions ne sont pas identiques sur des échantillons de Riz de provenance différente. Ainsi, chez celui du commerce qui est débarrassé de ses enveloppes, les grains d'amidon bleuissent d'une manière très sensible et uniforme, méme sous l'action d'une très faible solution du réactif. J'ai observé les mêmes effets sur des échantillons de Riz de la Camargue remis par M. Vilmorin à M. Bron- gniart, qui a eu la bonté de me les communiquer. Il n'en fut pas de méme d'une espèce de Riz cultivée dans les serres du Muséum, qui y a donné des fruits mûrs, et dont les graines ont germé. Une petite quantité de l'albumen de ces graines, agitée dans de l'eau sur une lame de verre et traitée par une dissolution convenable de chloro-iodure de zinc, donne une préparation qui, regardée à l'œil nu par transparence, n'offre point une teinte noirâtre comme on aurait pu s'y attendre, et comme cela se passe dans les deux cas précédem- ment cités; cette teinte est au contraire d'un rouge brun. Ces grains d'ami- don qui, vus en masse, font comme une poussière rouge, observés isolément sous le microscope, présentent l'organisation suivante : les uns ont un contour rougeàtre et un noyau d'une couleur foncée plus ou moins noiràtre homogène; les autres présentent sur un fond brun des figures foncées plus ou moins irré- guliéres ; chez d'autres encore ces parties qui se détachent par l'inteusité de leur coloration sur le fond rougeâtre du grain affectent des formes régulières souvent trés élégantes. C'est fréquemment une sorte d'étoile à quatre ou six rayons, dont les branches reposent sur les bords du grain qui, dans ce cas, sont en général dénués de contour. Du Riz de Chine, envoyé par M. de Montigny et que je dois à l'obligeance de M. Grænland, m'a présenté les mêmes phénomènes. Je compte multiplier mes observations afin de tâcher de me rendre compte de ces effets si divers. Y aurait-il des variétés de Riz chez lesquelles la matière qui bleuit dans le grain de fécule serait en quantité variable? Cette composition chimique différente n'entrainerait-elle pas des équivalents nutritifs différents aussi ? Sous l'influence de la germination, les grains de fécule du Riz müri à l'aquarium et ceux du Riz de Chine communiqué par M. Groenland m'ont offert des résultats semblables. Ces grains m'ont semblé soumis au mode de résorption locale. On les voit échancrés sur les bords, fréquemment grume- leux, comme si la résorption se faisait suivant des lignes plus ou moins circu- laires isolant de petits îlots de matière préservée. Il ne parait pas en être ainsi dans le Riz de la Camargue, qui bleuit nettement à sec et dont les grains d'ami- SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1860. 877 don m'ont semblé, sous l'influence d'un commencement de germination , se détruire d'une manière uniforme et égale. M. le docteur Sagot rappelle qu'il y a aussi dans le Mais deux variétés, l'une à grains trés durs à broyer, l'autre à grains trés tendres qui est cultivée à la Guyane. Il ajoute que les observations faites par M. Gris sur le Riz s'appliqueraient peut-étre également au Mais. Il désirerait encore savoir si les deux variéiés de Riz ren- ferment chacune la méme quantité de matiére azotée. M. Gubler fait remarquer que les réactions signalées par M. Gris indiquent des matiéres albuminoides. Il rappelle que Blondlot avait cru observer quelquefois une couche de matiére albuminoide pré- servant la fécule de l'action de l'iode. M. Chatin pense que la coloration obtenue par M. Gris est due à la dextrine. M. Brongniart fait observer que le Riz contient trés peu de maliéres azotées, et que le changement de coloration résulte peut-étre d'une altération isomérique de la fécule. Il rappelle en outre que M. Nægeli à démontré, dans son dernier ouvrage, que la fécule contient des couches différentes, différemment colorables par l'iode. M. Moquin-Tandon appelle l'attention de la Société sur une monstruosité de Pin, assez curieuse, qu'il a reçue de M. Ad. de Barrau (de Carcenac), membre de la Société. C'est une. branche, d'environ 2 centimètres d'épaisseur, terminée par quatre rameaux inégaux, non horizontaux, mais fortement arqués de dehors en dedans, d'abord réunis de deux en deux, puis formant un seul corps. A partir de ce corps, la branche n'est plus monstrueuse; elle se continue en un axe régulier, mais petit, portant à la base trois rameaux verticillés. M. Moquin-Tandon essaie d'expliquer ce phénoméne de diverses manières; il rencontre toujours des objections difficiles à surmonter, et finit par conclure qu'il ne comprend pas comment l'union de ces rameaux a pu s'opérer. i M. Duval-Jouve fait remarquer que, parmi ces rameaux, il s'en trouve un beaucoup plus fort que les autres; que celui-là repré- sente l'axe principal dévié, probablement par la piqüre d'un insecte; et que cette déviation, qu'il a déjà signalée à la Société lors de la 878 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. session tenue à Strasbourg en juillet 1858 (1), est suffisante pour expliquer la cohérence monstrueuse dont il s'agit. M. Moquin-Tandon répond que le rameau principal parait repré- senter, en effet, l'axe de la branche, comme le dit M. Duval-Jouve, que cet axe a changé de direction, et ne donne, en aucune maniére, la clef de la soudure des quatre rameaux (ou, pour mieux dire, de la branche et de ses trois rameaux), cette soudure étant manifeste- ment congénitale. Rien n'indique que ces axes soient nés distincts les uns des autres, et rien n'explique pourquoi les trois rameaux, qui n'ont pas été piqués par un insecte, sont soudés, avec fuston, à l'extrémité de la branche déviée, soit entre eux, soit avec cette derniére. MM. Brongniart et Decaisne partagent la manière de voir de M. Moquin-Tandon. M. Brongniart ajoute qu'il a vu beaucoup de faits analogues dans une plantation qu'il posséde en Normandie ; il les regarde comme l'effet de deux blessures faites, à des époques différentes, par quelque insecte sur des tissus trés jeunes, blessures dont l'une a détruit l'axe principal, et dont l'autre a attaqué à sa partie interne le rameau latéral, incurvé consécutivement. M. J. Gay fait à la Société la communication suivante : NOTE SUR L'ERUCASTRUM ZANONII J. Ball, par ME, JJ. GAY (2). i] Dans ses Votes sur quelques Crucifères, récemment publiées dans notre Bulletin (t. VII, p. 251), M. John Ball a eu à s'occuper d'une plante que les auteurs italiens, y compris Bertoloni (FZ, ital. VII, 1847, p. 51), ont jusqu'ici confondue avec le Sisymbrium pinnatifidum DC., mais qui a ses caractères propres , avec son rôle géographique particulier, et qui mérite à tous égards de figurer comme espèce distincte, quoique très voisine par le port de celle dont il faut la détacher. L'auteur en donne une description qui, (1) Voyez le Bulletin, t. V, p. 510, et t. VI, p. 221 et 270. (2) Dans une lettre à moi adressée sous la date du 10 juillet 1861, par M. John Ball, notre honorable confrére convient de l'erreur que j'ai voulu relever dans cette Note, et qu! lui avait déjà été signalée par M. Caruel (de Florence). Il est convaincu que cette erreur provient, non d'une fausse observation (les cotylédons qu'il a vus étant certainement condupliqués), mais de ce que, par une cause inexpliquée, la graine unique qui fut analysée par lui n’appartenait pas à la plante qu'il décrivait. Cela prouve bien qu'on ne saurait apporter trop de prudence dans ces sortes de recherches, et qu'il faut toujours se réserver la faculté de contrôler une observation par une ou plusieurs autres. (Note ajoutée par M. J. Gay au moment de l'impression.) SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1860. 879 généralement, rend un compte satisfaisant de ses caractères spécifiques , mais qui pèche, je crois, en un point essentiel, d’où résulterait une différence gé- nérique qui, suivant moi, n'existe pas. Pour se prononcer sur le genre auquel devait être rapportée sa plante, M. Ball avait surtout à étudier l'embryon. Mais il n'avait à sa disposition qu'une graine, une seule graine provenant d'un échantillon récolté par lui en 1842, à Valombrosa, dans l'Apennin toscan. Faute de mieux, il fallait s'en contenter et l'analyser avec soin. C'est ce que fit M. Ball, avec le concours et avec l'aide du docteur Joseph-D. Hooker. Quel fut le résultat de cette analyse? Les deux observateurs jugèrent l'embryon condupliqué, d’où il résultait que la plante n'était pas méme congénere du Sisymbrium pinnatifidum, et qu'il fallait la transporter dans la tribu des Brassicées. De là, le nom d' Erucastrum Zanonti qui lui a été donné par M. Ball dans les Notes que j'ai citées plus haut, trés proprement quant à l'épithète spécifique, puisque Zanoni est le premier auteur qui a signalé ct figuré cette plante dans l'autre siecle. J'ai toute confiance dans les deux observateurs , et pourtant je crains qu'ils n'aient été induits en erreur sur le véritable caractère de l'embryon, par suite de ce fait qu'ils ont opéré sur une seule graine, et que, par conséquent, leur observation n'a pu étre contrólée, comme cela était nécessaire: pour une recherche aussi délicate dans une graine qui mesure à peine un millimètre de longueur. Je connais depuis longtemps la plante en question; j'ai plusieurs fois étudié les problémes, tant générique que spécifique, qui pouvaient s'y ratta- cher, et j'ai particulièrement donné une grande attention à l'embryon, étant mieux poürvu pour cette dernière étude que ne l'a été M. Ball, grâce à un échantillon parfaitement fructifié que je dois à la libéralité de M. Ernest Cosson et qui avait été récolté par lui, le 30 août 1846, dans l'Apennin de Valombrosa, c'est-à-dire au même lieu d’où provenait la graine unique de M. Ball. J'aurais pu y trouver une douzaine de graines parfaitement mûres, si ce n'est davantage. Je me suis borné à en extraire cinq, que j'ai successi- vement soumises à l'analyse la plus scrupuleuse , et voici ce que j'en disais dans une note qui porte la date du 22 février 1851, et que je reproduis ici textuellement : Des cing embryons que j'ai examinés, et dont les cotylédons linéaires étaient parfaitement plans , je n'en ai trouvé aucun à radicule exactement. accombante, Tous mes cing embryons ont la radicule latérale- ment incombante, c’est-à-dire appliquée sur le dos du cotylédon tout près de l'un des bords ° ||, et pouvant devenir accombante par le plus léger mouvement que pourtant je n'ai vu réalisé dans aucun des cinq embryons. Il faut remarquer que la radicule quittant le milieu du cotylédon pour se rapprocher d'un des bords est une dévietion très fréquente dans les embryons de Cruciferes les plus normalement notorrhizés, de sorte qu'ici la radicule doit être tenue pour incombante, comme est celle du Sisymbrium pinnatifidum, 880 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. où je l'ai trouvée très ordinairement appliquée sur le milieu du cotyledon o || (six fois sur dix). Elle peut y être exactement accombante o—, ce que j'ai vu une fois sur dix, et j'ai tout lieu de croire que c'est une anomalie de ce genre qui a donné naissance à l Arabis Boryi de Boissier (Elenchus , 1838, p. 9 ; Voy. bot. Esp. 1839, p. 26, tabl. 5, fig. A), plante espagnole dont je n'ai pas vu les fruits, mais qui, à tous les autres égards, me parait tout à fait semblable au Sisymbrium pinnatifidum. Non-seulement, donc, la nouvelle espèce n'est point une Brassicée, non- seulement c'est une Sisymbriée, mais elle a sa plus étroite affinité avec le Sisymbrium pinnatifidum dont elle a jusqu'ici porté le nom en Italie. Toutes deux ont la pubescence fine et étoilée, et rentrent par là dans la sec- tion Zescurea (c'est le nom que Guettard donnait au Sisymbrium Sophia), où elles forment un groupe d'espèces naines, vivaces et à fleurs blanches. Quant aux caracteres qui distinguent la nouvelle espéce de l'ancienne, ils peuvent étre résumés ainsi qu'il suit : Tiges beaucoup plus rameuses; pédicelles fructifères deux ou trois fois plus longs, étalés non dressés ; siliques de moitié plus étroites et toujours plus ou moins arquées , trés arquées méme, avant la maturité, non parfaitement droites à tout âge : stigmate globuleux, terminant un style grêle, filiforme, ayant jusqu'à un millimètre de longueur, non sessile et sans tête. A ces caractères, qu'on retrouvera pour la plupart dans la description de M. Ball, j'ajoute que la nouvelle espèce diffère encore de l'ancienne par ses valves tri- non uninerviées et par sa cloison sans nervure, non uninerviée. Mais j'avoue que j'attache peu d'importance à ces dernieres différences, qui ne sont pas toujours aussi évidentes qu'on le désirerait, quoiqu'elles aient souvent été employées pour appuyer des distinctions sectionnaires ou méme génériques. Ce qui, ici, donne un meilleur appui aux deux espèces, c'est leur distribu- tion géographique. Le Sisymbrium Zanoni est jusqu'ici confiné à l'Italie centrale, entre le Pô et la frontière sud-ouest de la Toscane , dans l'Apennin de Lucques, de Pistoja !, de Modéne, de Bologne !, de Florence, de Valom- brosa !, et au mont Amiata. Tout autre est le rôle du Sisymbrium pinnatifi- dum qui, très répandu dans les montagnes d'Espagne (Sierra Nevada !, Sierra de Guadarrama !, alpes d'Asturie !, sous le nom d' Arabis Boryi Boiss.), des Pyrénées ! et de l'Auvergne !, semble n'aborder qu'à regret la grande chaine des Alpes, dont il ne dépasse pas la partie la plus occidentale. 11 se trouve en Dauphiné, en Savoie ct dans le bas Valais, où il parait s'arréter dans sa marche vers l'est, inconnu qu'il est jusqu'ici dans le reste des Alpes suisses, ainsi que dans les Alpes allemandes. 1l y aurait une exception à cet arrét si la plante venait réellement au mont Braulio , dans la Valtelline , comme le dit Bertoloni (F/. it. VII, 1847), mais le fait me paraît si extraordinaire que JC ne saurais l'admettre sans confirmation ultérieure, 1l est certain que M. Jean SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1560. 881 Muret, un des botanistes suisses qui ont le mieux exploré la Suisse orientale, n'a jamais rencontré le aisymbrium pinnatifidum ni au mont Umbrail (lc Br 'aulio des Italiens), ni sur aucun autre point des Alpes grisonnes, ce dont il'in'a informé par une lettre postérieure de quelques jours à la lecture de cette note. Dans mes notes manuscrites de l’année 1851, j'avais donné à la nouvelle espèce le nom de Sisymbrium apenninum. Ce nom n'est plus de mise, aujour- d'hui que M. Ball a pris les devants par une autre épithète spécifique. Pour ceux qui y reconnaitront un Sisymbrium, la plante devra donc s'appeler à l'avenir SISYMBRIUM ZANONH, et elle sera ainsi très bien nommée, puisque c'est indubitablement l’ ERUCA SERPEGGIANTE FRUTICOSA ALPINA Zanoni Zs£. bot. 1675, p. 88, tab. 3^ (trouvé par l'auteur su’ monti del territorio bolognese e modenese, massime su quelli delle Scale, e sul monte Cimone, ove nasce fra balzi e sassi). ERUCA FRUTESCENS ALPINA REPTANTE RADICE Zanoni Æar. pl. Hist. edit. Mont. 4742, p. 104, tab. 73, où il est dit : Bononienses incolit montes rara hec et perelegans Eruce species, eamque primus in summo Appenino invenit Zanonius, prope eum locum quem vulgo Scalarum jugum appellant ; deinde etiam juxta Cimonem, qui omnium .celsissimus inter ceteros montes muti- nensis ditionis eminet. Il doit être bien entendu que les mots serpeggiante et reptante radice ne doivent pas étre pris au sérieux, car la racine de notre plante est simplement vivace, saus avoir rien de rampant, comme c'est aussi le cas du Sisymbrium pinnatifidum. " M. J. Gay présente ensuite à la Société le dessin d'une monstruo- sité observée sur une grappe de raisin par M. Durieu de Maison- neuve. M. Moquin-Tandon fait les remarques suivantes sur cette mon- struosité : Cette anomalie est fort intéressante et probablement peu commune , car je n'en ai jamais trouvé de semblable ou d'analogue, soit dans la nature, soit daus les divers ouvrages. Dans ce phénomene, les sépales, les pétales, les étamines et l'ovaire d'une fleur ont avorté, tandis que le réceptacle, par balancement orgontque, s'est accru outre mesure , hypertrophié et fascié. La fasciation a grandi pendant la fructification ; elle serait probablement devenue encore plus forte si l'on n'avait pas cueilli la grappe. Cette expansion est longue d'environ 6 centimètres ct large de 7 à 13 mil- limètres, arquéc et cannelée. Des bourgeons adventifs s v sont formés sur un T. VIL 56 882 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. côté et à l'extrémité. Ces bourgeons sont revétus d'écailles rousses. Trois ou quatre, vers la partie inférieure, ont donné des ovules filiformes: un autre, vers le sommet, a produit une petite feuille. EJ M. J. Gay annonce deux découvertes faites cette année par M. Durieu de Maisonneuve : L'{soëtes Hystrix n'était connu en France qu’à Belle-Ke , à l'ile d'Houat età Antibes. M. Durieu de Maisonneuve l'a découvert le 3 juin 1860 sur les rives gazonnées et les petites dunes herbeuses«lu bord de l'étang de Cazau, prés du village de ce nom (Gironde), imparfait le 3 juin, bien fructifié le 23 juillet. Au méme lieu, mais dans les eaux mémes de l'étang, jusqu'à 5 pieds de profondeur, et prés du hameau de Sanguinet, M. Durieu a, le 23 sep- tembre 1860, découvert un autre Zsoétes, qu'il croit entièrement nouveau et qu'il propose de nommer Z, Boryana. M. Chatin fait à la Société la communication suivante : ÉTUDES ANATOMIQUES ET PHYSIOLOGIQUES SUR LES SUCS NOURRICIERS DES VÉGÉTAUX. — DE L'EXISTENCE, DANS TOUS LES TISSUS EN VOIE DE FORMATION OU DE VÉGÉ- TATION ACTIVE, D'UN PRINCIPE IMMÉDIAT NEUTRE, AZOTÉ, NON COAGULABLE ET D'ABORD INCOLORE, MAIS SE COLORANT EN BRUN DANS LA PLANTE MORTE OU AFFAIBLIE, pr M. Ad. CH ATTEN. Aprés aŸoir fait, d'accord avec le savant Hugo de Mohl, la critique du latex proprement dit, c'est-à-dire de ces sucs laiteux, à base de caoutchouc, de cire, d'huile, de résine, etc., auxquels plusieurs botanistes ont attribué, dans les plantes, le róle si grand du sang chez les animaux, M. Frémy pose ainsi la question des sucs nourriciers : « En présence de ces difficultés et de ces incertitudes qui ont fait donner le nom de latex à tout liquide qui n'est pas de la séve, je me suis demandé s'il n'existerait pas, dans les parties actives de l'organisation végétale et chez tous les végétaux, un liquide réellement orga- nisateur, se rapprochant par sa composition des organes qui sont en voie de formation et présentant jusqu’à un certain point cette constance de composi- tion, cette marque d'origine et de fonction, que l'on trouve dans l'alpumine de l'œuf et dans le sérum du sang (1). » Ces idées ont dirigé M. Frémy dans la découverte d'un suc intéressant par sa nature alcaline etsa richesse en albumine; elles l'auraient sans doute cón- duit bientót à reconnaitre le suc acide qui tient en dissolution la matière provisoirement désignée par A, sur laquelle j'appelle l'attention de la Société. (1) Frémy, Comptes rendus de l'Académie des sciences; t: LI, p: 648 (1860). SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1860, 883 E FJ. — Comment lanatomie n mis sur les (races du príncipe immédiat A. J'avais remarqué, mais sans y accorder d'abord beaucoup d'attention, que certains tissus végétaux, incolores dans les plantes fraiches, étaient trés sou- vent colorés en brun sur les plantes sèches ou mortes depuis quelque temps. Une fois mon attention éveillée sur ce point, je fus vivement frappé par cette circonstance : que ce sont toujours les tissus en voie de formatiou et ceux qui prennent la part la plus active aux phénomenes de la végétation qui offrent la coloration observée. Tels sont les jeunes tissus de la zone dite génératrice ou cambiale des arbres de nos climats, certaines couches ligneuses de nou- velle formation, la portion fibro-celluleuse encore délicate du stipe des Mono- cotylédons et du squelette des feuilles; tels sont le parenchyme cortical her- bacé des tiges, le parenchyme des feuilles, l'extréimnité des racines et des sucoirs. Souvent on peut suivre, à la teinte brune qui la signale, la matière À épanchée de la zone génératrice dans les tissus voisins, notamment dans la portion contigué des rayons médullaires. Lorsque les tissus herbacés des végétaux se colorent ainsi aprés leur mort, on remarque que ce sont, en général, d'une part, les plus superficiels ou les plus exposés aux agents extérieurs, d'autre part, les plus voisins de la zone cambiale, qui, à l'exclusion des tissus intermédiaires, se colorent le plus. Dans quelques plantes, un certain nombre de cellules, le plus souvent dis- posées dans une espèce donnée avec symétrie, offrent les teintes de la zone cambiale avec laquelle on peut quelquefois constater leurs anastomoses, ou trouver des tissus intermédiaires. M. — Premières études, au seln méme des tissus, de la matière A. Rapprochant les faits qui précédent de ceux de méme ordre que j'avais observés il y a bientôt vingt ans, à l'occasion de mes études chimiques rela- tives aux fonctions excrétoires des racines, sur la Balsamine et sur quelques autres plantes tuées par l'acide arsénieux, je fus naturellement conduit à sup- poser l'existence, dans les sucs nourriciers des végétaux, d'une matière qui y existerait a l'état incolore, mais qui subirait, aprés la mort des organes, soit spontanément, soit par la réaction de substances coexistant avec elle, soit enfin sous l'influence des agents extérieurs contre lesquels la vie ne la protége plus, l’altération dont la coloration des tissus est le signe. Je viens de faire trois hypotheses. La dessiccation et la longue exposition comparatives de portions des mêmes plantes dans le vide et à l'air, ne laissent debout que la troisième : la présence de l'air est nécessaire pour que la colo- ration se produise ; elle en est la cause. Voilà un premier point établi. Rap- pelons que le phénomène se présente dans les tissus où, suivant l'opinion 884 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. commune, très fondée, se forment et existent les sucs essentiellement nourri- ciers, et poursuivons. La recherche de la matière elle-même, sur la trace de laquelle l'anatomie m'avait mis, devint dès lors le but de mes efforts. Je savais où la trouver. Avant d'aller plus loin, je constatai, par quelques-unes de ces observations de chimie microscopique dont les phénoménes se passent et se voient au sein des tissus eux-mémes : 4° Que la substance A existe chez tous les végétaux (1) en dissolution dans un suc faiblement, mais trés nettement acide (ce qui ne veut pas dire qu'elle ne se trouve pas, en outre, dans certains liquides alcalins) ; 2° Qu'elle est préservée de toute altération par la plupart des acides végé- taux (2) et par les acides minéraux (3) étendus ; 3° Qu'elle brunit rapidement sous l'influence des alcalis, Une autre série d'observations va me ramener sur ce dernier fait. Je placai sur le mercure, sous trois cloches (de 250 centimétres cubes) pleines d'air, une quantité égale pour chacune d'elles (20 grammes) de lames de tissu rapidement taillées dans les jeunes tissus de la tige et dans les feuilles du Lilas (Syringa vulgaris). Les tissus de la cloche 4 furent laissés à l'état naturel; j'imprégnai ceux de la cloche 2 d'une solution (a 4/100) d'acide citrique, dans laquelle on les faisait tomber à mesure de leur séparation de la plante ; le contenu de la cloche 3 fut mouillé d'une solution de potasse caus- tique (à 1/100). J'exposai le tout à la lumiere directe pendant vingt heures (A). Alors il fut constaté que dans la cloche 4 une portion (4 c. c.) de l'oxygène avait été absorbée et remplacée par du gaz carbonique ; que dans la cloche 2 il ne s'était produit que des traces douteuses d'acide carbonique, gaz dont 22 c. c. avaient au contraire pris naissance sous la cloche 3, où ils avaient été absorbés au fur et à mesure de leur formation par la potasse caustique employée pour l'expérience. -— Deux autres séries d'expériences, toutes avec les feuilles con- pées du Lierre (Hedera) et les feuilles entières de l'If (Taxus), donnèrent des résultats analogues. L'alcali avait, comme l'a formulé il v a longtemps en termes généraux M. Chevreul, favorisé [a coloration (qui avait marché parallèlement à la pro- duction d'acide carbonique) par l'oxydation. ; Quant à la préservation par les acides de la coloration du tissu herbacé, elle explique très bien pourquoi les feuilles acides de l’ Oxalis Acetosella et . (t) J'ai examiné des plantes appartenant à plus de 40 familles trés diverses, évitant a dessein, pour l'objet présentement en vue, les espèces à suc laiteux. : (2) Acides citrique, tartrique, oxalique; des réserves doivent étre faites quant à l'acide acétique. (3) Acides sulfurique, azotique, chlorhydrique. s (^) L'expérience eut lieule 30 juillet 1860, par une température qui varia de == 13 à + 20°,5. Le cicl était nuageux, Le baromètre se maintint sensiblement à 764 millim. SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1860. 885 de la Joubarbe-des-toits (Sempervivum tectorum) conservent assez longtemps leur couleur verte dans les herbiers, où d'ailleurs elles finissent par jaunir plutôt que de brunir. Je reviens sur l’un des trois points acquis par les observations de chimie microscopique, afin de fixer l’attention sur ce fait, qui me paraît très impor- tant pour l'histoire et le rôle de la substance que j'étudie, savoir : qu'elle est renfermée dans nn suc acide, On sait en effet que c'est un grand caractère des végétaux d’avoir la masse (et quand je dis la masse, il est bien entendu que j'admets l'existence de sucs alcalins dans certains tissus ou organes spé- ciaux) de leurs sucs acide (1). ; Nous savons maintenant par l'anatomie où existe, où nous pourrons cher- cher la matière A; nous connaissons déjà de celle-ci quelques propriétés, véritables caractéres qui seront les premiers guides dans les recherches qui doivent la dégager, par des éliminations successives, des sucs complexes dont elle parait étre l'un des éléments les plus essentiels. Mais avant de passer à l'étude plus compléte de cette substance, je dois aborder un sujet qui importe beaucoup à son histoire, sujet jusqu'ici obscur, sur lequel elle jette une nou- vel'e, et si je ne m'abuse, une vive lumiere. IH, — Rapports de la matière A avec la coloration automnale des feuilles. L'anatomie, qui m'avait fait reconnaître que les tissus en voie de formation contiennent une substance incolore qui brunit aprés la mort, et se fixe sur leurs tissus, m'avait aussi appris que les feuilles qui ont perdu leur couleur verte dans les herbiers (comme celles atteintes par la gelée), ne montrent le plus souvent, sous le microscope, que des parties colorées eu brun. Les grains de chlorophylle ont conservé leur forme, mais ils participent à la teinte géné- rale. Frappé de la ressemblance de coloration qu'ont entre elles les vieilles feuilles des herbiers et celles qui se détachent en automne de la plupart des arbres, je fus naturellement conduit à poser la question de l'identité d'origine de phénomènes en apparence semblables. N'était-il pas possible en effet que la modification qu'éprouve la matière A aprés la mort de la plante, se manifestát déjà dans des organes insuffisamment défendus des agents extérieurs par une vie qui les abandonne? Et ce reste de vitalité qu'ont pour quelques jours encore les feuilles d'automne, ne préci- pite-t-il méme pas les effets de l'air, en favorisant son accès et son renouvel- lement jusqu'au sein des cavités pneumatophores de la feuille? Je me hátai de soumettre cet apercu au contróle du microscope et de la chimie. Le microscope montra bien vite que la seule différence entre les feuilles (1) A leur tour, les animaux ont la masse de leurs sucs (le sang) alcaline, sans préjudice de quelques sécrétions acides. 886 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, automnales brunies du Poirier (Pirus), du Marronnier (Æsculus), du Tilleul (Tilia), du Noyer (Juglans), etc., et les mêmes feuilles brunies dans l'herbier, consiste en ce que les tissus et les grains de chlorophylle sont plus complétement teints en brun dans les premières que dans les secondes (1). La chimie permettait deux hypothèses : ou la matière verte persistait et elle était recouverte, comme les tissus du parenchyme et méme ceux du pétiole, par un dépôt de la matière A altérée; ou elle était détruite et rem- placée par la nouvelle matière brune. La première de ces deux hypothèses pouvait se vérifier par deux ordres de moyens, savoir: ou en essavant d'enlever la matiére brune pour mettre à nu la chlorophylle, ou en arrachant, par des véhicules appropriés, cette chloro- phylle à la substance fixée sur elle. Les alcalis, que je savais avoir la propriété de favoriser la dissolution des dérivés de A, furent employés sans succés. Ils entrainaient bien la plus grande partie de A, mais les tissus restaient colorés en brun, ainsi que les grains de chlorophylle. Donc, si celle-ci n'était pas transformée, elle retenait avec opi- niâtreté, comme la fibre végétale, les dernières portions de A. Ne pouvant détacher À de la chlorophylle, je cherchai à enlever celle-ci à la premiére, L'éther et l'alcool, l'éther surtout, m'ont donné avec la plus grande facilité le résultat cherché. A peine les feuilles d'automne les plus bru- nies du Marronnier, du Poirier, du Noyer, etc. , ont-elles été mises en contact avec l'éther, que celui-ci frappe la vue par la belle teinte verte dont il se charge, la teinte brune ne subissant alors aucun changement. Le tabac lui- - méme, quoique bruni et altéré par de longues manipulations en présence des alcalis, cède encore à l'éther une quantité appréciable de matière verte. Ici je m'empresse d'ajouter que ce dernier résultat, rendu probable par les vues qui me dirigent ici, avait été anciennement constaté par le célèbre chimiste Macquer. Les feuilles jaunies d'automne de l'Abricotier ont fourni, comme les feuilles brunies de la plupart des arbres, une solution éthérée d'un beau vert. Les feuilles, jaunes aussi, du Peuplier-blanc ( Populus alba) et les feuilles rougies des Rheum et de l'Zvonymus europæus, ont donné une couleur jaune vert. Mais les faits de cette nature sont rares et secondaires au point de vue présent, et il me parait acquis que la coloration en brun des feuilles d'automne est due uniquement à l'action de l'air sur la matière A. Une expérience aussi élégante que simple permet d’ailleurs de retirer d’un méme coup des feuilles d'automne la chlorophylle et cette matière A que l'air a altérée. Que l'on (1) La teinte des feuilles automnales, chez plusieurs variétés du Poirier, atteint Jus- qu'au rouge violet rabattu de 9/10 de noir (40° cercle chromatique de M. Chevreul) . En général, les feuilles mortes ou feuilles d'automne ont des teintes comprises entre le jaune et le rouge violet ternis ou rabattus par six à neuf parties de noir. SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1860. 887 traite ces feuilles, non par l'éther pur, mais par l'éther aqueux, et l'on aura, au fond du vase, une solution aqueuse brune sur laquelle nagera la solution éthérée verte de la chlorophylle. Le méme résultat est obtenu en substi- tuant à l'éther aqueux et aux feuilles sèches de l'éther sec et des feuilles qui, au moment de leur chute, retiennent encore une notable proportion d'humidité, Ce que j'ai dit suffit pour établir le rôle de la matière A dans la coloration automnale des feuilles. Je laisse donc ici, pour la reprendre ailleurs en parti- culier, cette question qui a tant occupé les physiciens (Newton et M. Biot), les chimistes (Macquer, Davy, etc.), et un grand nombre de botanistes. Alors j'aurai à exposer les principales opinions successivement émises, et à apprécier quelle part doit être faite, à côté du phénomène général, aux phénomènes secondaires offerts par quelques espèces végétales. Il me reste, pour compléter l'étude de la matière A, à faire une étude sommaire des sucs nourriciers de nature acide (la question des sucs alcalins étant réservée), en ayant spécialement égard aux principes tanniques; à en retirer la matière A à l'état de pureté, et à fixer la proportion trés notable pour laquelle elle entre dans les sucs nourriciers; à étudier les caractères optiques et chimiques de ce corps isolé et pur, et à donner son analyse élémentaire; enfin, à le suivre dans les principaux de ses dérivés, et à constater expérimentalement les qualités, comme principes alimentaires, de ces produits sur la végétation. Ce sera l'objet de la seconde partie de ces recherches. Pour aujourd'hui nous nous résumons, en concluant à l'existence, dans les tissus en voie de formation et parenchymateux , d'un suc acide tenant en solution une matière qui compte parmi ses propriétés : a, D'être incolore dans les tissus vivants ; b. De brunir, sous l'influence de l'oxygène atmosphérique, dans les plantes mortes ; c. De donner de l'acide carbonique en même temps qu'elle se colore ; d. D'étre préservée de l'action de l'air par les acides minéraux et par la plupart des acides végétaux ; e. De brunir et de former très rapidement du gaz carbonique au contagt de l'air et des alcalis; f. D'étre, par son altération, la cause de la coloration en brun des feuilles d'automne et des feuilles mortes ; g. D'entrer comme élément dans les phénomènes complexes de coloration en jaune et en rouge de quelques feuilles d'automne. Pendant sa communication, M. Chatin fait passer sous les yeux de la Société les produits de la plupart des expériences men- tionnées. 888 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Duchartre fait remarquer que la présence du tannin peut expliquer la coloration brune observée par M. Chatin. M. Chatin répond qu'il s'est mis à l'abri de cette cause d'erreur en séparant préalablement le tannin. M. Decaisne fait observer qu'il est fort difficile d'isoler, à l'état de pureté, une matiére contenue dans les cellules végétales, à cause du liquide que renferment les utricules voisins et les vaisseaux eux-mémes. M. Duchartre fait à la Société la communication suivante : NOTE DE M. IP. DUCHARTRE SUR LA DÉCOUVERTE DU CYMODOCEA -EQUOREA Konig, SUR LES COTES DE PROVENCE. Dans la séance tenue par la Société botanique de France, le 25 mai 1860, M. J. Gay a communiqué un passage d'ane lettre dans laquelle M. Grenier annonçait à M. Contejean que le Cymodocea «equorea venait d’être découvert par M. Thion, sur les côtes de la Provence (1). Ce passage étant trés succinct, je demande à la Société la permission de le compléter par quelques indi- cations que je tiens de l'auteur de cette découverte. C'est le 24 décembre1859 que M. Thion, directeur-adjoint du Musée d'his- toire naturelle d'Orléans, qui habite Cannes (Alpes-Maritimes) pendant l'hiver, trouva sur le rivaze de la presqu'ile de la Croisette, prés de Caunes, des fruits qu'il remarqua en raison de la singularité de leur forme, et qu'il recueillit dans l'espoir de déterminer la plante de laquelle ils provenaient. Les uns tenaient encore au pied qui les avait produits, tandis que d'autres étaient détachés et se trouvaient sur leur pédoncule. La détermination en fut faite, quelques jour plus tard, par M. G. Thuret. La présence de cesfruits sur le rivage était due à ce que, la veille, la Méditerranée avait été profondément agitée par une affreuse tempête. Plus récemment M. Thion a recherché avec soin des fruits de la méme plante sur le sable de la plage, et il a été assez heureux pour en découvrir encore quelques échantillons. Il en a méme trouvé quelques-uns enfouis dans le sable, et ceux-là lui ont paru être constamment plus petits que ceux qui venaient d’être rejetés par la mer. Ses recherches et ses obser- vations lui ont donné la conviction que le Cymodocea doit être abondant sur les cótes de la Provence, mais qu'il croit plus au large ou dans des parties plus profondes que celle où se trouve le Posidonia. La date à laquelle M. Thion a découvert les fruits frais du €. ymodocea «equorea me semble remarquable. En effet, dans son mémoire célèbre sur cette plante, Cavolini dit qu'elle était en pleine floraison le 9 juin 1792; le 24 juin, (4) Voyez plus haut, p. 361, SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1860, 889 les ovaires fécondés avaient déjà grossi notablement; enfin, dans les derniers jours du mois de juillet suivant, les fruits parfaitement mûrs se détachaient de la plante et tombaient dans la vase où ils ne tardaient pas à donner de nouveaux picds. Les dates de la floraison et de la fructification sont les mêmes pour les cótes de l'Asie-Mineure que pour celles de Naples. En effet, je dois à M. Balansa une belle série d'échantillons de Cymodocea æquorea recueillis par cet habile et zélé botaniste-collecteur sur la plage de Smyrne. La note qui les accompagne m'apprend que la floraison avait lieu le 6 juin 1854, et que les fruits étaient mürs le 8 aoüt suivant. Or c'est seulement le 24 décembre, c'est-à-dire environ cinq mois plus tard, que M. Thion a trouvé des fruits mûrs de la même espèce sur la plage de Cannes. Il faut donc, ou que la floraison de cette plante soit beaucoup plus tardive sur les cótes du nord de la Méditerranée, dont la température est moins haute, ou, ce qui semble plus vraisemblable, que le Cymodocea fleurisse pendant assez longtemps, peut- être pendant cinq ou six mois de suite. Puisque j'ai occasion de parler du Cymodocea «equorea, qu'il me soit permis de rectifier quelques erreurs, principalement bibliographiques, qui ont été commises à son sujet : 4° De Candolle, dans la Flore française (IM, p. 154), en parlant de son Zostera mediterranea, c'est-à-dire du Cymodocea, cite Usteri (Annalen der Botanik), cahier 10, p. 42, tab. 5, et cette citation a été trop fidèlement copiée par Loiseleur, dans le Flora gallica, M, p. 280, et par M. Duby, dans le Botanicon gallicum, p. 4h14. Or il faut substituer à ces chiffres, cahier 11. tab. 4. — 2° M. Grenier, dans la Flore de France (III, p. 326), nomme notre plante Cymodocea æquorea DC. ; or l'espèce a été proposée sous ce nom par Konig, et non par De Candolle. — 3° Cavolini, dans le texte de son mémoire, attribue aux fleurs mâles de cette espèce quatre anthères biloculaires (antheræ ^.. , bilorulares), tandis que la figure qu'il en donne rectifie cette erreur, et montre simplement deux anthères bilo- culaires adnées, c'est-à-dire quatre loges (et non huit), que, de son cóté, De Candolle (Fl. fr. III, p. 155) regarde comme quatre anthères uniloculaires soudées entre elles. M. Cosson appelle l'attention de la Société sur des fruits rejetés sur le littoral algérien, qui ont été recueillis par M. Balansa et sont conservés dans l'herbier de M. J. Gay. Ces fruits doivent trés pro- bablement être rapportés à une espèce nouvelle du genre Cymo- docea. — M. Cosson invite instamment les botanistes qui habitent le voisinage de la Méditerranée à rechercher avec soin la plante qu'il signale et qui est trés caractérisée par les fruits composés de deux carpelles soudés. M. Fermond fait à la Société la communication suivante : 890 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ÉTUDES COMPARÉES DES FEUILLES DANS LES TROIS GRANDS EMBRANCHEMENTS DU RÈGNE VÉGÉTAL, par M. Ch. FERMOND. i En considérant la prodigieuse qnantité de formes régulières ou anomales qu'affectent les feuilles, on doit se demander si la nature, qui ne fait rien sans procéder d'aprés des principes ou des lois, n'aurait pas aussi assnjetti les diverses feuilles à des lois simples, desquelles on pourrait faire dériver toutes les feuilles connues, et de manière en méme temps à pouvoir en déduire une classification méthodique. Persuadé que ce genre de recherches ne serait pas dépourvu d'intérét, nous nous sommes constamment livré depuis plusieurs années à l'étude comparée des feuilles, et nous croyons avoir été assez heureux pour décou- vrir les lois de leur formation, et surtout le principe unique, général, en vertu duquel, sauf exceptions explicables, les limbes se diviseraient pour former les fenilles plas ou moins composées ou découpées. Ces recherches ayaut demandé beaucoup de temps, les résultats obtenus étant de natures fort diverses et leur exposition exigeant une certaine éten- due, nous avons dà diviser ce travail en plusieurs parties que successivement nous ferons connaitre à la Société, PREMIERE PARTIE. Principe de la trisection ou tripartition, et lois qui président aux découpures ou à la composition des feuilles. Nous donnons le nom de principe dela trisection à cette cause occulte, qui fait que la composition se produit d’après les règles énoncées dans les deux propositions suivantes : 1° Les feuilles, les folioles, les lobes ou autres parties simples des feuilles ont une tendance marquée à se triséquer, c'est-à-dire à se diviser en trois parties. 2° Quand un limbe se divise, c'est toujours suivant un multiple de trois, sauf les cas où la trisection est dissimulée ou limitée à une seule des dimen- sions de la feuille, longueur ou largeur. C'est daus l'examen des feuilles de Dicotylédones qu'il est le plus facile d'étudier le principe et les lois dont il s'agit ici. C'est donc par elles que nous commencerons ce genre de recherches, puis nous les poursuivrons dans les Monocotylédones et les Acotylédones. Quand on observe un grand nombre de feuilles simples et entières, comme celles de Pommier, Poirier, Prunier, Pêcher, Cerisier, Tabac, Topinam- bour, etc., on en trouve qui sont véritablement à 2 et 3 lobes. Les cotylédons de la Carotte, du Persil, du Cerfeuil, de l'Épinard, du SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1860. 891 Souci , de la Tomate , etc., nous ont offert aussi des cas de trifidation assez fréquents pour nous avoir donné l'idée qu'il y avait dans ce fait mieux qu'un simple accident de végétation. Les plantes spécifiées par le mot héférophylle (Bidens, Cissus, Rhus, etc.) présentent des feuilles où l'état précédent se rencontre beaucoup plus fré- quemment, ainsi que certaines plantes non moins hétérophylles où la trifida- tion est trés fréquente aussi; tels sont les Syringa persica et laciniata ; Abelmoschus palustris et roseus; Morus alba, italica, intermedia, etc.; Broussonnetia papyrifera; etc. Enfin, d'autres plantes offrent l'état de trifidation d'une manière plus géné- rale, et, dans ce cas, les feuilles sont alors plutôt considérées comme trilobées (Hedera Helix, Ribes, Vitis, Cucurbita, Acer, etc.), quoiqu'il ne faille pas chercher longtemps pour trouver des feuilles simples et entières. Si maintenant nous choisissons une série de feuilles de Morus alba, de Broussonnetia papyrifera, de Figuier, etc., nous pouvons observer que les unes sont entières, que les autres portent un lobe, soit à droite, soit à gauche (trisection imparfaite), que d'autres sont parfaitement trilobées. En poursui- vant ce genre de recherches, on voit des feuilles plus lobées encore, et, dans ce cas, on reconnait que c'est chacun des lobes de la feuille trilobée qui subit l'influence du principe de la trisection, d’où résulte un lobe supérieur lobé d'un cóté ou de l'autre, ou méme trilobé, tandis que les lobes inférieurs ou latéraux portent un lobe supplémentaire extérieur, parce que chez eux le principe de la trisection est dissimulé, ainsi que nous le démontrerons dans la seconde partie de ce travail. Toutefois, il est des cas où les lobes latéraux se trisèquent complétement, comme nous allons le voir. Dans nos idées, nous devons donner une plus grande extension au mot fenille composée. Nous regardons, par conséquent, comme feuilles composées, certaines feuilles d'Ombelliféres, de Crucifères, de Renonculacées, etc., bien qu'elles ne soient nullement articulées sur le rachis. Nous allons voir méme que les feuilles d'Ombelliféres sont plus composées que beaucoup d'autres qui portent ce nom. Ceci posé, l'étude de la feuille du Clematis Vitalba démontre qu'à la base des rameaux la feuille est simple; un peu plus haut, elle se trilobe; plus haut encore , elle se trisèque et l'on a une feuille à 3 folioles. En observant une série de feuilles, on voit que chacune de ces folioles se triséque à son tour pour former une feuille plus composée que la feuille trifoliólée. Pour rendre les divers degrés de composition faciles à exprimer, nous faisons précéder les mots composé ou composition des mots bi, tri, quadri, quinti, etc.; le mot composé ou composition exprimant toujours le premier degré de composition. Donc la feuille composée par trisection du Clematis tend à la bicomposition, c'est-à-dire à une trisection de chacune de ses folioles, accusée par une foliole terminale frifo/iolulée et par 3 lobes plus ou moins prononcés sur chaque 892 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. foliole latérale, lobes arrivant quelquefois jusqu'à la formation de foliolules. Enfin, chaque foliolule subit souvent l'influence du principe de la trisection en se trilobant de nouveau. Les planches qui accompagnent le mémoire entier font bien mieux comprendre ce système de division par trisection suc- cessive se répélant trois fois. Dans un examen minatieux du développement des feuilles de l’ Heracleum Sphondylium, de l'Angélique ct du Persil, on reconnaît que cette succession de division par trisection est poussée jusqu'à la quatrième et cinquième puis- sance, si bien que l'on arrive à reconnaitre que la composition de la feuille des Ombellifères, par exemple, appartenant à uu système spécial de formation, comme nous le verrons plus tard, donne lieu à trois lois d'une exac- titude trés rigoureuse, dans la démonstration desquelles nous ne pouvons entrer ici, savoir : PREMIERE LOI. — Dans les feuilles lobées ou composées dont le symbole de formation est L — 1, la profondeur des sinus, les distances qui séparent les folioles, la longueur des pétioles et des pétiolules sont en raison directe de la plus ancienne formation des lobes ou des éléments foliaires. Les feuilles chez lesquellesla génération longitudinale est égale à la géné- ration latérale, ce que nous exprimons par le symbole L — 1, sont les seules chez lesquelles le principe dela trisection se laisse le mieux apercevoir et chez lesquelles aussi on arrive à un degré de composition très élevé. Ainsi, on peut avoir la série suivante à partir de la feuille simple que nous exprimerons par 1 : 1 x 3 = 3 feuille composée (Trifolium, Fragaria, Melilotus, etc.). 3 X 3 = 9 feuille bicomposée (Imperatoria, Æyopodium Podagraria). 9 x 3 = 27 feuille tricomposée (Actea spicata, Aquilegia vulgaris). 27 x 3 — 81 feuille quadricomposée (Laserpitium Siler, Peucedanum involucratum, Silaus pratensis, etc. 81 x 3 — 243 feuille quinticomposée (Ligusticum pyrenœum, Ferula tingitana, etc.). D'où cette deuxième loi : DEUXIÈME LOI. — La division des di multiséquées de la formel: se fait par trisections multipliées par 3 De ce que la feuille composée 1 X 3, en se composant, n ne peut le faire que de facon que chaque foliole se compose toujours de plus en plus et de la méme facon, on déduit cette troisième loi : TROISIÈME LOI. — Dans la division des feuilles multiséquées de la forme L=, chaque système composé, pris sur le rachis ou sur l'une de ses divi- sions, est représenté par l'ensemble de tous les systèmes pris plus haut sur le rachis ou sur l'une de ses divisions. Faisons observer qu'à mesure quela composition des feuilles se complique, * on doit s'attendre à trouver des perturbations dans l'ordre d'après lequel SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1860, 893 doivent se former les diverses parties de la feuille composée et, partant, le principe de la trisection doit être plus ou moins dissimulé; mais, dans les trois premières compositions, il se montre de la manière la plus rigoureuse. Quelquefois aussi la trisection ne se fait que longitudinalement, c’est-à-dire que la foliole terminale seule subit successivement l'influence du principe; c'est là une cause d'exception à notre deuxième proposition de l'énoncé du principe de la trisection, et c'est de cette facon que se forment les feuilles composées des Légumineuses, Rosacées et quelques autres. C'est en exami- nant une série de certaines feuilles (Rubus idœus), comme nous le verrons dans notre deuxième partie, ou organogéniquement en suivant le développe- ment des feuilles du Jasminum officinale ou du Cobæa scandens, que l'on arrive à trouver la preuve du fait que nous avancons. Les preuves du principe de la trisection, que nous avons dù considérable- ment restrcindre ici, se tirent de cinq ordres d'observations, savoir : 1° Prendre sur un méme individu une série de feuilles déjà développées, mais offrant toutes les formes possibles, comme pour les Morus, Rubus, Clematis, etc. ; 2° Suivre le développement organogénique des feuilles ; 3° Suivre les progrès de la composition croissante des feuilles à partir de la germination ; h^ Suivre la marche croissante de la composition des feuilles à partir du bourgeon ; 5° Suivre la décroissance de la composition des feuilles: à partir de la plus composée jusqu'au fruit. En procédant ainsi, l'existence du priucipe de la trisection ne laisse plus de doutes, et l'on est conduit à trois nouvelles lois générales d'organogénie foliaire : 1^ Les feuilles les plus composées représentent dans leurs divers états d'évolution organogénique toutes les feuilles qui dérivent du système où l'on observe cette évolution. 2» Dans la méme espéce à feuilles composées et souvent sur le méme indi- vidu, à partir des cotylédons ou de l'origine d'un bourgeon jusqu'au moment où [a feuille est le plus composée, on péut trouver des feuilles représentant tous les états d'évolution organogénique. 3° Dans la méme espèce à feuilles composées, à partir des feuilles les plus composées jusqu'au fruit, les feuilles présentent, en sens inverse de la lor précédente, tous les états d'évolution organogénique. Un corollaire des deux dernières lois peut être exprimé ainsi : ConoLLAIRE. — Dans la méme espèce à feuilles composées, à partir de la racine jusqu'au fruit, les divers degrés de composition des feuilles sont comme les ordonnées d'une courbe qui aurait pour limites les dens extre- 894 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. mités de la tige, pour points principaux l'extrémité des feuilles, et pour abscisses la tige ou l'axe principal. Car, non-seulement la feuille va se composant de plus en plus à partir du cotylédon , mais aussi elle se simplifie de plus en plus jusqu'au moinent oü dans la bractée, le sépale, le pétale, etc., elle redevient à l'état de simplicité qu'elle a daus son premier état organogénique, c'est-à-dire que l'on peut trouver dans une série d'individus de même espèce toutes les compositions intermédiaires entre la feuille la plus simple et la feuille la plus composée. Nous avons dü nous borner à reproduire ici seulement les faits les plus généraux de notre mémoire, les faits de détail exigeant l'emploi d'un grand nombre de figures qui accompagueront le travail entier. Nous dirons seule- ment, pour terminer, que le principe de la trisection offre des traces de son influence dans les Monocotylédones, que cette influence est très sensible dans les frondes des Acotylédones et qu'elle est surtout remarquable daus les Dico- tylédones. (La suile à la prochaine séance.) M. Moquin-Tandon fait remarquer qu'il y a dans les feuilles observées par M. Fermond trois lobes, mais non trois sections, et que le terme de /rilobation lui paraitrait convenir mieux que celui de trisection. M. Fermond répond qu'il ne tient pas au terme dont il s'est servi; il insiste seulement sur le fait : selon lui, dans les feuilles composées, la multiplication des lobes a toujours lieu organogéni- quement par trifurcation du lobe terminal, à moins qu'il n'y ait eu génération latérale. SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1860. PRÉSIDENCE DE M. DECAISNE. M. Eug. Fournier, vice-secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la séance du 23 novembre, dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la derniére séance, M. le Président proclame l'admission de : M. Le Sourn-Dussipces (Ernest), élève des hôpitaux de Paris, rue Bonaparte, 31, à Paris, présenté par MM. Chatin et de Schoenefeld ; SÉANCE DU 1/4 DÉCEMBRE 1860, 895 M. GuERLAIN (Maxime), interne des hôpitaux, rue des Francs- Bourgeois, 4, à Paris, présenté par MM. Bergeron et Eug. Fournier. M. Gustave Maugin, membre de la Société, est proclamé membre à vie, sur la déclaration faite par M. le Trésorier, qu'il a rempli la condition à laquelle l'art. 14 des statuts soumet l'obtention de ce titre. Dons faits à la Société : 1* Par M. A. Gris: Note sur l'origine des canaux périspermiques des Marantées. 2° Par M. G. Maugin : Catalogue des plantes cultivées dans les jardins de la Société d'Agri- culture, Sciences et Arts du département du Nord, par Pothiez- Defroom, 1835. 3° De la part de MM. Crouan frères : Notice sur le genre Hapalidium. Notice sur quelques espèces et genres nouveaux d’ Algues marines. h° De la part de M. Casimir De Candolle : De la production naturelle ct artificielle du liége dans le Chêne- Liége. 5° De la part de M. le docteur Baillon : Recueil d'observations botaniques, livr, 4. 6° De la part de M"* veuve Monin : Notice biographique sur M. le docteur Monin. 7° De la part de la Société impériale d'Horticulture pratique du département du Rhóne : Bulletin de cette Société, 1860, n°° 9 et 10. 8° En échange du Bulletin de la Société : Nouveaux mémoires de la Société impériale des naturalistes de Moscou, t. XI et XII. Pharmaceutical Journal and. transactions, décembre 1860. Bulletin de la Société impériale zoologique d' Acclimatation, novem- bre 1860. L'Institut, décembre 1860, deux numéros. 896 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. de Schenefeld, secrétaire, donne lecture de l'extrait suivant d'une lettre qui lui a été adressée par M. Mæder. (Cette lettre est accompagnée d'un flacon contenant des échantillons fructifiés de Lemna minor.) / LETTRE DE M. Albert M ÆDER A M. DE SCH(ENEFELD. Kingersheim prés Mulhouse, 4 décembre 1860. …… L'attention particulière avec laquelle j'ai examiné depuis quelques années tous les marais de nos environs où il y a des Lemnacées, et beaucoup de bonheur dans ces recherches, me permettent de vous faire une petite com- munication sur le Lemna minor fructifié, dont je vous envoie dans un flacon quelques échantillons vivants. Veuillez, je vous prie, les présenter de ma pert à la Société. Il y a quelques semaines (à la fin d'octobre), en cherchant à découvrir au bord d'une mare le Sagina patula Jord. (qui est abondant ici), je vis, tout au bord de l'eau, déposés en partie sur la vase hors de l'eau, de petits granules verts. En remuant l'eau, je parvins à mettre à flot quelques-uns de ces petits corps, dont je m'emparai immédiatement et que je reconnus pour des Lemna. Leur extrême petitesse (0",001 de diamètre), et dans quelques exemplaires l'absence de fibres radicales me firent penser d'abord que j'avais affaire au Lemna arrhiza. Mais ce qui me fit plus de plaisir encore, ce fut la présence de la capsule que je remarquai chez tous les échantillons petits, et je con- statai bientôt que c'étaient des Lemna minor fructifiés. Cette plante est généralement composée de deux frondes, dont l'une, plus grande, réniforme, est stérile, et dont l'autre, arrondie, trés pelite, est fertile. La plus grande porte la fibre radicale qui, chez quelques individus, est dans un état rudimentaire, en forme de petit mamelon. Le fruit est une capsule ovoide, comprimée, grise, cannelée, marquée de quelques points d'un violet pourpre foncé dans les cannelures et d’un gros point de méme couleur au sommet. La coupe présente une seule loge ne renfermant qu'une seule graine (1). "La plante est encore aujourd'hui parfaitement vivante dans le bocal où je la conserve afin de l'étudier pendant l'hiver. J'ai eu l'heureuse chance de trouver, il v a quelques mois, la méme espèce en fleur, et j'espère en retrouver pour vous en donner une description détaillée. . (1) Les graines des Lemna sont trop petites pour qu'au moyen de ma simple loupe, je puisse eu étudier la structure. * SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1860. 897 M. Bourgeau met sous les yeux de la Société une racine de Gyp- sophila paniculata et donne lecture de la note suivante : NOTE SUR LE GYPSOPHILA PANICULATA, par M, Émile BOURGEAU. Le Gypsophila paniculata L. est appelé par les Turcs Cheven. Cette plante est un objet de commerce en Turquie; on l'emploie surtout pour en faire une sorte de nougat que les Turcs nomment Aa/va. Pour le préparer, on coupe en morceaux et l'on réduit en poudre la racine de la plante, puis on la fait bouillir et on la remue jusqu'à ce que la décoction ait pris la consistance de la gélatine. On y ajoute alors ordinairement une petite quantité de miel, puis on vide la chaudière dans un vase de forme ovale ou autre. Le halva, en se refroidissant, prend la forme du vase dans lequel il a été versé et devient plus ferme que du pain d'épice. On vend cette substance sur les marchés de toutes les villes; son prix varie suivant la distance oü l'on se trouve des localités où croit la plante. La Lycie cst un pays qui la produit en abondance. La racine brute est vendue dans les campagnes 25 centimes le kilogramme, à Smyrne 45 centimes, et séche 60 centimes. Cette racine est en outre trés savonneuse, et les habitants s'en servent pour dégraisser le linge; quelques morceaux mis dans de l'eau et bien agités font mousser immédiatement cette eau. (Note prise à Elmalu, le 27 juin 1860.) Plusieurs membres reconnaissent dans la racine présentée par M. Bourgeau celle qu'on trouve dans le commerce sous le nom de Saponaire-d' Egypte. M. J. Gay présente les observations suivantes : La racine que vient de nous présenter M. Bourgeau est indubitablement ce que M. Guibourt appelle Racine de Saponaire-d' Orient, dans son Histoire naturelle des drogues simples, h° édit. 1856, t. III, p. 602. Déjà Théodore Martius, cité par M. Guibourt, avait attribué cette racine à une Gypsophile, mais il ne se prononçait pas sur l'espéce, qui pouvait être ou le G. Séruthium, ou le G., paniculata, ou le G. altissima, ou quelque autre. Ce sont des espèces d'un méme groupe naturel, et il serait bien possible que leurs racines eussent toutes le même volume et les mêmes propriétés. Il est néanmoins intéressant de savoir que la racine ici présente ne provient ni du G. S'ru/Aium espagnol, ni du G. altissima, mais du G. paniculata. C'est ainsi du moins que M. Boissier a déterminé, dans la collection de M. Bourgeau, la plante qui a fourni cette racine. M. Ad. Brongniart fait à la Société la communication suivante : T VIF 27 $08 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. NOTICE DE M. Adolphe BRONGNIARÆ SUR LES RÉSULTATS RELATIFS A LA BOTANIQUE OBTENUS PAR M. LE DOCTEUR ALFRED COURBON, PENDANT LE COURS D'UNE EXPLORATION DE LA MER ROUGE EXÉCUTÉE EN 1859-60. M. Courbon s'est appliqué avec autant de soin et de persévérance aux recherches botaniques qu'aux études géologiques. Sur tous les points qu'il a parcourus, il a recueilli avec beaucoup d'attention tous les végétaux qu'il ren- contrait en fleur ou en fruit, en notant les localités ct les faits qui pouvaient offrir de l'intérét. Ces échantillons, bien recueillis et bien conservés, peuvent étre étudiés avec succés et fournir des résultats précieux pour la connaissance de la végétation des lieux que ce zélé voyageur a visités. Pour quelques points se rattachant à des flores bien connues, ses herbiers n'auront qu'un intérét de localités: telles sont les parties parcourues par lui de la basse Égypte et de l'isthme de Suez, dont la végétation locale peut être curieuse à bien déterminer; mais ces herbiers n'ajouteront probablement rieu à l'ensemble de cette flore, généralement bien étudiée, des régions qui bor- dent la Méditerrauée. Il n'en est pas de méme de l'exploration botanique des parties plus méri- dionales des bords de la mer Rouge: l'Abyssinie, soit en dedans, soit en dehors du détroit de Bal-el-Mandeb, les iles qui l'avoisinent dans cette région, Pile d'Aden sur la côte d'Arabie, nous présentent une flore beaucoup plus remarquable, et d'autant plus intéressante que M. Courbon a fait une excur- sion assez étendue dans l'intérieur de l'Abyssinie et dans des régions où des plateaux élevés modifient notablement la végétation. Sans doute la flore d'Abyssinie ne nous est pas actuellement inconnue comme à l'époque où Bruce signalait dans son voyage quelques-unes des plantes les plus remarquables de ce pays : les voyages de nos malheureux com- patriotes, Petit et Quartin-Dillon, qui ont succombé au milieu de leurs explo- rations, les recherches de M. W. Schimper, qui, depuis bien des années, recueille les productions naturelles de plusieurs des provinces les plus inté- ressantes de cette région, ont surtout ajouté à nos connaissances sur la végéta- tion de cette contrée et fourni les principaux matériaux de la Flore d'Abys- sinie publiée il y a dix ans par Achille Richard. On pouvait donc craindre que l'exploration rapide de M. Courbon n'ajou- tât que quelques localités nouvelles aux plantes déjà connues de la flore d'A- byssinie et d'Arabie. C'eüt été déjà un résultat utile, car on ne saurait croire combien, pour la distinction précise des espèces, seule base solide de toutes les considérations de géographie botanique, il est nécessaire d’avoir dans les collections des échantillons nombreux, recucillis dans tous leurs états de développement et dans les stations les plus variées. SÉANCE DU 1/4 DÉCEMBRE 1860. 899 L'herbier formé par M. Courbon et offert par lui au Muséum d'histoire naturelle sera à ce point de vue utile dans toutes ses parties; mais l'explora- . ion de plusieurs localités qui n'avaient pas été visitées par les voyageurs- botanistes précédents, celle des iles de la mer Rouge qui paraissent avoir été négligées assez généralement, lui ont en outre fourni plusieurs espèces nou- velles, dont une étude complète de ses herbiers, qui exigerait trop de temps pour étre terminée en ce moment, pourra seule signaler l'ensemble. Nous nous bornerons à citer à cet égard quelques faits seulement qui ont pu être constatés immédiatement et qui suffiront pour montrer l'intérêt des collections formées par ce voyageur. Le premier se rapporte à la flore de l'ile d'Aden, si voisine de la cóte méri- dionale de l'Arabie, et dont la flore doit différer bien peu de celle del'Yémen. M. Courbon y a recueilli 35 espèces de plantes, dont une fut rapportée par lui à la famille des Loasées, détermination qui pouvait d'abord paraitre hasar- dée, puisque toutes les autres plantes de cette famille croissent en Amérique, mais qui s'est trouvée parfaitement justifiée par sa détermination exacte. Cette plante appartient en effet à un genre indiqué par R. Brown sous le nom de Kissenia, et par E. Meyer sous celui de Cnidome, mais par tous deux dans des notes manuscrites ; Endlicher seul a décrit le genre sous le nom de Fisse- nia, par suite d'une erreur d'écriture, d'apres des échantillons de l'Afrique australe, et signale soa existence dans cette région et en Arabie. Les plantes de ces deux localités, qui manquent daus la plupart des collections, étaient-elles identiques, ou ce genre, déjà si remarquable par son „habitat dans l'ancien continent, avait-il deux représentants, l’un en Arabie et l'autre au Cap de Bonne-Espérance ? Les échantillons de Æissenia rapportés d'Aden par M. Courbon permet- tront de résoudre cette question et de mieux étudier cette plante intéressante. Déjà M. Joseph Hooker, qui l'a comparée, sur notre demande, avec un échan- tillon de l'Afrique australe, nous annonce qu'il ne voit aucune différence entre les deux plautes (1). Si ce fait se confirme, ce sera un exemple des plus remarquables, non-seulement de l'extension d'une méme espèce à de grandes distances, ce dont on a de fréquents exemples dans des contrées situées sous une méme latitude, ou plutót dans des conditions climatériques semblables, (1) M. Anderson, dans un Florula adenensis qu'il vient de publier dans le Journal de la Société Linnéenne de Londres, a inséré dans un supplément le Kissenia, d’après les échantillons de M. Courbon communiqués à M. J. Hooker; il indique que le genre a été établi par R. Brown sous le nom de Kissenia, et consacré par lui à M. Kissen, voyageur en Arabie, qui y avait découvert la plante. $ Il confirme l'identité de la plante d'Aden et de l'Arabie avec celle de l'Afrique australe, et adopte le nom spécifique de Kissenia spathulata, donné à cette plante par R. Brown dans herbier du Muséum britannique. Le nom de mentzelioides de Meyer, déjà publié par Presl et qui signale analogie de cette plante avec les Mentzelia, serait peut-être préférable et plus conforme aux lois de l'antériorité. 900 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. mais de la diversité d'habitation d'une méme plante sous des climats qui doi- vent être très différents. En effet, la plante de l'Afrique australe, examinée par M. J. Hooker, provient du pays des Namaquas, entre 28° et 30? de latitude australe, par conséquent au delà du tropique et dans une région assez tempérée ; l'ile d'Aden, située sur la côte sud d'Arabie, vers 12° de latitude boréale, correspond, au contraire, à la zone la plus chaude de l'ancien continent. L'identité des espèces est bien plus fréquente dans des régions situées sous la méme latitude ; plusieurs des plantes recueillies par M. Courbon pourront ajouter de nouveaux exemples à ceux déjà connus, qui établissent l'identité de beaucoup de plantes de l'Abyssinie avec celles de la Sénégambie sur la côte occidentale d'Afrique. Quelques plantes qui nous paraissent tout à fait nouvelles se font remarquer dans cette collection ; de ce nombre sont deux Asclépiadées à tiges charnues et sans feuilles, voisines des Stapelia et appartenant au genre Boucerosia, dont les espèces connues sont réparties entre l'Inde, l'Arabie et le Sénégal. L'une de ces espèces, remarquable par ses fleurs réunies en tête en grand nombre, et par ses corolles pourpres hérissées de longs poils, a recu de M. Courbon le nom de Boucerosia Russeliana en l'honneur du commandant de la mission d'exploration dont il faisait partie; l'autre, qui se distingue de toutes les plantes de ce groupe par ses tiges qui ne sont pas quadrangulaires, mais cylindriques à huit rangées de tubercules, portera le nom de Zoucerosia cylindrica. On peut caractériser ainsi ces deux espèces : BOUCEROSIA RUSSELIANA Courb. Ramis robustis erectis quadrangularibus angulis acutis dentatis, dentibus retrorsis apice cartilagineis; floribus apice ramorum numerosissimis, dense congestis, pedicellis pollicaribus simplicibus, basi squamulis intermixtis; corolla campanulato-rotata (atro-purpurea), lobis ovatis obtusis, superficie superiori pilis numerosis longis rubicundis hirsuta, coronæ exterioris lobis bicornibus, processubus subulatis arcuatis, interioris ligulis angustis dorso staminum adpressis. Hab. in Abyssinia inter Sero et Mequedel, locis rupestribus. BOUCEROSIA CYLINDRICA Ad. Br. Ramis repentibus radicantibus et ascendentibus, gracilibus, cylindricis, tuberculis (foliorum pulvinis) cartilagineis, octoseriatis, sulcis longitudina- libus ct transversis distinctis, areolas efformantibus; floribus solitariis vel rarius geminatis vel ternis, e tuberculis partis superioris ramorum nascentibus, parvis, corolla campanulato-rotata, lobis ovato-lanceolatis acutis glabris, coronæ exterioris lobis ovatis obtusis carnosis, minutis dentiformibus interpositis, interioris squamis distinctis ovatis acutis antheras aequantibus. Hab. in Abyssinia prope Halay. SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1860. 901 Dans la famille des Capparidées, remarquable par le nombre considérable d'espèces propres à cette région, outre deux espèces de l'Afrique occidentale qui n'y étaient pas encore signalées (Merua senegalensis et Mærua rigida), il se trouve dans la collection de M. Courbon une plante nouvelle voisine du genre AM/erua, et qui doit constituer, à ce que nous pensons, un genre nou- veau qui comprendra une seconde espéce trouvée précédemment en Abys- sinie, dans la haute Nubie et au Sénégal. Ce genre, auquel nous donnerons le nom du voyageur plein de zèle et de savoir auquel nous le devons (Cour- bonia) , se distingue facilement du Mærua par son ovaire divisé supérieure- ment en deux loges, qui ne renferment chacune que deux ovules, et par son fruit sphéroidal ressemblant à une petite orange, ne contenant qu'une ou deux graines. Nous pouvons le caractériser ainsi : COURBONIA. Calyx bo cylindrico vel campanulato persistente, laciniis 4 acutis in præfloratione valvatis, deciduis. Petala nulla; corona lacerata vel squamulosa. Stamina plurima, toro elongato inserta. Ovarium ovatum gynophoro gracili impositum, inferius uniloculare, superius biloculare, ovulis 2 in utroque loculo ; stylus brevis, stigna subsessile integrum. Fructus carnosus indehiscens, cortice duro, pulpa molli, seminibus 1-2 complanatis. Suffrutices glabri, foliis simplicibus integerrimis glaucescentibus, floribus axillaribus solitariis. 1. COURBONIA DECUMBENS. Caulibus decumbentibus, ramulis ascendentibus cylindricis; foliis ovato- lanceolatis triplinerviis acutis, brevi petiolatis, integerrimis mucronatis, cras- siusculis rigidis, glabris, utrinque glaucis; fructibus sphæricis, stipiti pollicari rigido impositis. Hab. Galeta in Abyssinia (Courbon). 2. COURBONIA VIRGATA. Ramis erectis fastigiatis virgatis angulatis lævibus ; foliis lanceolatis sessilibus acutis integerrimis, obscure triplinerviis, utrinque plerumque glaucescen- tibus; floribus axillaribus solitariis, pedunculis folia æquantibus; fructibus ovatis apice acuminatis, stipite bipollicari incurvo sustentis. Mærua virgata Dene. mss. in herb. Mus. Par. Variat foliis plus minusve glaucis et floribus gynophoro stamina paulo superaute vel gracili et longiori. Hab. Nubia superior seu australis (d Arnaud, 1840, Sabatier, 1842, in herb. Mus. Par.). — Abyssinia prope Marrossewa (Schimper, 1858, n° 1658). — Senegambia ad Ferlo in locis aridis (Heudelot, 1836, n° 158). 902 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Enfin, parmi les plantes recueillies par M. Courbon, nous devons en signaler une également intéressante par sa nouveauté ct par ses usages théra- peutiques. Ach. Richard avait indiqué dans sa Flore d'Abyssinie, sous le nom de Besenna anthelminthica, un arbre dont il n'avait vu que les rameaux et les feuilles sans fleur ni fruit, et qui est employé avec succés contre le ténia, cette maladie si répandue dans l'Abyssinie ; d’après ses caractères de végé- tation, il rapportait avec raison cette plante à la famille des Légumineuses. Les échantillons en fleur et en fruit recueillis par M. Courbon confirment ce rapprochement, mais établissent que le Mesenna ou Musenna (Besenna dans le Tigré) ne doit pas former un genre spécial, mais qu'il se rapproche beaucoup de l'Acacia Lebbeck Willd. (Mimosa Lebbeck L.), et doit rentrer comme lui dans le genre Albizzia, où il constituera une espèce bien distincte sous le nom d’A/bizzia anthelminthica. Le Mesenna est un arbre de petite taille (de 4 à 6 mètres d'élévation), qui croit dans les parties de l'Absssinie de moyenne altitude ; M. Courbon l'a ob- servé entre Massawa et Halay et sur plusieurs autres points de cette contrée. L'écorce seule de l'arbre est employée contre le ténia : on la prend en poudre, à la dose de 30 à 60 grammes, mélée à diverses liqueurs fermentées ( sortes d'hydromel ou de bière), ou à une pâte formée de farine, de beurre et d'autres substances alimentaires. Son ingestion n'amene aucun trouble dans les fonc- tions, et au bout de vingt-quatre heures environ le ténia est expulsé trés altéré et comme broyé. Sous ce rapport, ce médicament parait très préférable au Cousso et aux autres anthelminthiques employés contre le ténia. I| est probable que le Mesenna pourrait être cultivé sans difficulté dans les parties chaudes de lAl- gérie ou dans nos colonies; enfin, on peut se demander si P Albizzia Lebbeck, qui en est si voisin par ses caractères botaniques , ne participerait pas aux mémes propriétés, d'autant plus que les recherches faites au Caire par M. Gas- tinel, professeür de chimie à l'École de médecine de cette ville, signalent la présence dans cette écorce d'un principe particulier qu'il considére comme analogue aux alcaloides, auquel le Mesenna doit probablement ses propriétés, et qui pourrait, s’il était renfermé méme à moindre dose dans le Lebbeck, être extrait de l'écorce de cet arbre, l'un des plus répandus dans l'Orient et en Égypte (1). (1) Nous croyons utile de rapporter iei la note méme de M. Courbon sur cette plante intéressante : « Le Mesenna, généralement appelé Musenna, est nommé par Aubert-Roche (dans son Mémoire sur les ténifuges d' Abyssinie qu'il a présenté à l'Académie de médecine en 1841) Bisenna, et Besenna par Antoine Petit, ainsi que par Ach. Richard dans la Flore d'Abys- sinie. Mais son nom véritable est Mesenna dans l'idiome de l'Amhara, et Besenna dans celui du Tigré. » C'est un arbre de 4 à 6 mètres, ordinairement de Ja grosseur de la cuisse ou un peu SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1860. 903 Il résulte de ces exemples, puisés dans une collection qui comprend prés de 800 espèces de plantes différentes, que les recherches bien dirigées de M. Courbon pendant un voyage qui n'a duré que quelques mois, fourniront des résultats trés intéressants pour la botanique, et qu'il serait à désirer qu'ils fussent publiés par ce voyageur, qui a fait preuve, pendant ce voyage, non- seulement d'un zèle pour les sciences naturelles bien digne d'encouragement, mais de connaissances très étendues. Nous ajouterons que le succès de ses recherches est en partie dà à l'appui et au concours efficace qu'il a recus du chef de la mission à laquelle il était attaché , M. le capitaine de vaisseau de Russel, qui a donné au jeune naturaliste toutes les facilités qu'il pouvait dési- rer, pour rendre utile aux sciences cette rapide exploration. plus, mais atteignant rarement celle du corps, à écorce de moyenne épaisseur et trós rugueuse, à feuilles composées bipinnées, les pennes au nombre de une ou deux paires seulement, à folioles peu nombreuses, de deux à quatre paires, obovales, obtuses, un peu mucronées, glabres; les fleurs verdátres sont en ombelles à pédicelles très courts, formant des capitules arrondis, géminées et portées sur de courts pédoncules communs ; le calice et la corolle sont trés glabres. Le fruit ressemble à celui du Lebbeck, mais il est beaucoup plus petit et renferme rarement plus de deux graines. » L'écorce de la plante est la seule partie usitée. Elle est jaunátre, trés granuleuse, recouverte d'un épiderme se détachant par petites écailles grisàtres. M. Gastinel, professeur de chimie à la Faculté de médecine du Caire, m'a dit avoir reconnu qu'elle contient, entre autres substances, une grande quantité de gomme et un principe par- ticulier, analogue aux alcaloides, se présentant en poudre blanchâtre, amorphe et se combinant avec la plupart des acides. » J'ai trouvé cet arbre à Mahiyo, dans le Tarenta, sur la route de Halay à Massawa. Il est trés commun autour de Dixah et de Hébo. On le rencontre surtout dans le Samen et en général sur tous les points de l'Abyssinie d'une moyenne élévation. : » Les Abyssiniens prennent le Mesenna de plusieurs manières; mais c'est toujours l'écorce en poudre qu'ils emploient à la dose de deux poignées, environ 60 grammes. Ils la délaient dans un liquide quelconque, taidje (liqueur fermentée faite avec du miel, de l'eau et la racine du Rhamnus Taddo Ach. Richard), thalla (sorte de bière faite avec les grains de diverses céréales et le Taddo) ou eau; ils la mélangent aussi avec de la farine et en font du pain ; ils l'incorporent au beurre, au miel et surtout au cheuro (purée faite avec divers légumes et force épices), de manière à former des espèces de boulettes qu'ils avalent. » Le Mesenna est entièrement insipide; il ne détermine aucun dégoût, ne produit aucune douleur et n'améne aucun trouble dans les diverses fonctions. Ce n'est ordinai- rement que le lendemain de l'ingestion du reméde, soit le matin, soit le Soir, que le ténia est expulsé et comme broyé, tandis que lorsqu'on emploie le Cousso, il est rendu sous la forme d'un peloton blanchátre et sans avoir subi d'altération. : j » Le Mesenna est peut-être le meilleur ténifuge; il débarrasserait complétement du ver solitaire. On peut le considérer comme un véritable spécifique, sans aucune action sur les organes de l'homme, agissant seulement sur le ténia et d'une maniére particuliére, puisque celui-ci, sous l'influence du Mesenna, est toujours rendu comme broyé. | » Ce ténifuge a été employé plusieurs fois en dehors de l'Abyssinie et toujours avec succès lorsque la dose a été suffisamment élevée de 30 grammes au moins à 60 grammes. Il n'a échoué que lorsque les doses ont été insuffisantes, de 15 à 20 grammes. — » La dose considérable à laquelle on est obligé d'avoir recours pour que le médicament réussisse pourra être regardée comme un obstacle à sa vulgarisation en Europe. Mais il est probable que le principe actif du remède réside dans l'alcaloide que M. Gastinel a découvert dans l'écorce d'Abyssinie, et, si l'on trouve le moyen d'extraire facilement ce principe, l'inconvénient précité aura disparu. » 904 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Moquin-Tandon présente les observations suivantes relative- ment au végétal anthelminthique signalé par M. Brongniart : Cette plante, d’après le témoignage de M. d'Abbadie, est désignée en Abyssinie sous le nom de Mussenna (1). La connaissance en est due à M. G. Schimper; elle a été importée en Europe par MM. d'Abbadie et F. Pruner. C'est en 1846 que l'on a commencé à l'employer; mais elle est encore peu répandue, surtout en France. Le Mussenna a été rapporté dernièrement par un botaniste éminent au Brucea antidysenterica; mais M. d'Abbadie, qui connait cette derniére plante, laquelle est un arbrisseau de la famille des Térébinthacées, m'a certifié que le Mussenna est un grand arbre de la famille des Légumineuses. Un morceau d'écorce de Mussenna, donné par M. le docteur Pruner à M. le professeur Guibourt, mesurait une vingtaine de centimétres de lon- gueur, sur une épaisseur assez considérable. On emploie l'écorce du trouc et celle des branches; M. Gastinel, pharmacien au Caire, en a retiré un extrait qui est cristallisé. En Abyssinie, le Mussenna est d'un usage popu- laire. Lorsqu'un Éthiopien veut se faire moine, il s'y prépare en prenant pendant trois jours la décoction de Mussenna à dose ordinaire. C'est d'ailleurs un médicament regardé dans le pays comme supérieur au Cousso (Brayera anthelminthica) pour l'expulsion du ténia; à faible dose, il ne cause ni purgation ni tranchées, et guérit radicalement; mais, à dose trop forte, il agit comme purgalif et peut causer des accidents. Ses effets thérapeutiques ont été décrits par M. Pruner dans son ouvrage sur les maladies de l'Orient. À Paris, M. Rayer a expérimenté le Mussenna comme anthelminthique; il ne lui accorde que peu de confiance. M. J. Gay dit qu'Ach. Richard avait copié le nom de Besenna sur les étiquettes de M. Schimper. Plusieurs membres citent des exemples qui concordent avec ceux que vient d'indiquer M. Brongniart, sur l'extension géographique de certaines plantes à travers le centre de l'Afrique. M. Bureau dit que le Strychnos innocua Delile, si remarquable dans le genre par son fruit comestible, se trouve à la fois au Sénégal et en Abyssinie. M. Decaisne mentionne une Algue (Caulerpa) qui vit à la fois dans la mer Rouge et sur les cótes occidentales de l'Afrique, sousla méme latitude. M. J. Gay dit que beaucoup de végétaux de la zone intertropicale (1) Ou bien encore Muscena, Moussenna, Busenna, Abousenna. SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 14860. 905 passent de l'Afrique dans l'Inde, à travers l'Arabie, la Perse et le Béloutchistan. M. Cosson confirme la remarque de M. Gay. Il cite, comme fait de géographie botanique plus rare, l'existence de plantes du Cap dans l'Afrique du nord : le Pennisetum scabrum du Cap se retrouve à Biskra (Algérie); le Digitaria commutata croit au Cap, aux Canaries et en Algérie, etc. M. Brongniart fait observer qu'il existe en Abyssinie un Protea du Cap. M. J. Gay ajoute que l’Aalleria lucida croit aussi dans ces deux contrées. M. Decaisne rappelle l'exemple si connu du Pelargonium Endli- cherianum qui représente dansl'Asie-Mineure ce genre appartenant presque exclusivement au Cap de Bonne-Espérance. M. Eug. Fournier, vice-secrétaire , donne lecture d'une lettre adressée au secrétariat de la Société par M. Ch. Royer. Dans cette lettre (datée de Saint-Remy prés Montbard, 30 novembre 1860), M. Royer annonce qu'il a trouvé le Gui sur le Noisetier et sur le Cerasus Mahaleb. M. Moquin-Tandon présente à la Société une grande fascie de Cichorium Intybus. Cette fascie lui a été adressée de Carcenac prés Rodez (Aveyron), par M. Adolphe de Barrau, membre de la Société. M. Moquin-Tandon fait remarquer que le Cichorium Intybus est une des plantes qui offrent le plus souvent le genre de monstruosité dont il s'agit. — Gesner (Epis. p. 86) a parlé de cette fascie (Cichorium caule complanato). — De Candolle, dans la Flore francaise (t. 1V, p. 68), l'admet comme une variété de l'espèce. M. de Schœnefeld dit que, dans une herborisation dirigée par M. Chatin aux environs de Saint-Germain-en-Laye, il a vu, sur un petit espace, une cinquantaine de pieds de Cichorium Intybus, non cultivés, offrant tous divers degrés de fasciation. M. Decaisne dit que les jardiniers qui cultivent la Chicorée- sauvage voient souvent leurs plantes devenir fasciées quand la germination en a été hátée par une chaleur de 30 à 33 degrés. M. Moquin-Tandon ajoute que la fasciation est une hypertrophie qui suppose une nutrition abondante. M. Alph. De Candolle fait hommage à la Société du mémoire de 906 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. son fils, M. Casimir De Candolle, intitulé : De la production natu- relle et artificielle du liége dans le Chéne-Liége (1), et ajoute ce qui suit: Jusqu'à présent on s'était occupé du liége au point de vue agricole, ou d'une manière générale et insuffisante au point de vue botanique. Il était conve- nable de lier ces deux points de vue et d'étudier de plus prés la formation subéreuse dans le Quercus Suber, qui fournit au commerce la plus grande partie du liége. L'auteur a suivi les opérations d'une forét des environs de Philippeville, en Algérie, où il s'était fait préparer d'avance des échantillons propres à faciliter l'intelligence des phénomènes. La première opération des exploitants est d'enlever la partie extérieure de l'écorce naturelle de l'arbre; c'est ce qu'on nomme le démasclage, le liége inutile qu'on rejette dans ce travail étant appelé liége mále. Le liége du commerce, dit liége femelle, doit se former au-dessous pendant les aunées qui suivent, et il se produit à une profondeur variable dans l'intérieur de la partie de l'ancienne écorce qu'on a laissée adhérente à l'arbre. L'auteur a constaté des diversités dans la profon- deur à laquelle se forme le nouveau liége, et il a examiné les différences anato- miques qui existent entre les liéges mâle et femelle. Voici les principaux faits qu'il a observés : 1° Le liége femelle se produit tantôt dans l'enveloppe cellu- laire et assez prés de la surface dénudée, tantót dans le liber et quelquefois à une assez grande profondeur dans cette couche ; 2° la dessiccation plus ou moins grande, amenée par le démasclage, paraît être ce qui détermine cette profondeur ; 3° le liége femelle offre beaucoup moins de périderme que le liége mâle; 4° les parois de ses cellules sont élastiques ; 5? il est parcouru par des zones de plus grande densité, semblables au premier abord à des zones de périderme, et qui lui donnent la propriété d'augmenter de volume lorsqu'on les chauffe dans de l'eau bouillante. La plus grande élasticité des cellules, ainsi que la présence des zones, semble provenir dela pression sous laquelle le liége femelle se produit, car le liége mâle, abandonné à lui-même (sans démasclage), offre la méme structure anatomique quand il s'est développé dans l'intérieur de l'enveloppe cellulaire. t M. Eug. Fournier, vice-secrétaire, donne lecture de la commu- nication suivante, adressée à la Société : SUR L'ORTHOGRAPHE DE QUELQUES NOMS DE PLANTES, pr M. Auguste GRAS. (Turin, décembre 1860.) Les noms des végétaux ont fourni de tout temps aux botanistes des sujets (1) Brochure in-4? avec trois planches. Extrait des Mémoires de la Société de Physique el d'Histoire naturelle de Genève, t. XV. SÉANCE DU 1/4 DÉCEMBRE 1860. 907 d'intéressantes remarques, et le Bulletin de la Société botanique de France contient à cet égard d'heureuses rectifications, dues surtout à l'initiative de M. de Schonefeld, et qui ont été généralement agréées avec le plus louable empressement. Dans le simple but de signaler certaines anomalies d'ortho- graphe dont les floristes n'ont peut-étre jamais cherché à se rendre compte, je viens soumettre à l'appréciation de mes savants confrères quelques obser- vations sur un petit nombre de noms linnéens, choisis au hasard dans la flore de nos environs, et dont l'orthographe primitive a été légèrement altérée, I. — Atragene L. Gen, n. 615. Au livre V, chap. 10, de son Histoire des plantes, Théophraste donne le nom d'A022y4; à une Clématite dans laquelle, d’après les synonymes de Gaspard Bauhin, on peut reconnaitre le Clematis Vitalba, ou, selon Sprengel, le Clematis cirrosa L. L'orthographe du mot grec est confirmée par nos meilleurs lexiques; mais, bien qu'elle eût été scrupuleusement respectée par quelques-uns des prédécesseurs de Linné, tels qu'Anguillara, Césalpin, John Ray, chez lesquels on lit lenom Af/ragene, d'autres écrivains moins soigneux, méconnaissant l'aspiration de la consonne 0, supprimèrent en latin la lettre À, et la forme incorrecte qui en résulta fut adoptée par l'immortel auteur du Genera plantarum. Le nom de la plante de Théophraste fut d'abord rattaché par Linné, comme nom de genre monotype, à une élégante espèce originaire de l'ile de Ceylan, laquelle devint plus tard le Varavelia zeylanica DC. L'élève Charles- Magnus Dassow fut chargé d'ébaucher les caractères du nouveau genre, dans une thèse destinée au premier volume des Amænitates academica, et ce petit travail, qui porte la date du 15 juin 1747, ne précéda que de quelques jours la publication du Flora zeylanica, dans lequel Linné remanie et complète les caractères de son Atragene. L'auteur de la thèse, qui écrivit sous l'inspiration immédiate du maître, est à peu près hors de cause, et Linné est seul respon- sable de la faute d'orthographe. Or, puisqu'on n'est nullement tenu de rester fidéle à une erreur reconnue, füt-ce celle d'un grand homme, on pourra bien se demander, je pense, pourquoi le trait de plume qui, dans certains genres adoptés par Linné, fit assez promptement justice d'une distraction de l'éminent botaniste, n'a point encore consacré les droits orthographiques du vieux terme de Théophraste. Au reste, remarquons-le en passant, ce n'est pas la première fois que la lettre 7 a failli, par sa présence ou son absence, compromettre la régularité de nos dénominations. On se souvient des observations toutes récentes concernant les genres Amarantus, Ailantus, Adiantum (Bullet. V, 217, 220), et le reproche que Séguier (Suppl. p. 58) adressait à ceux qui supprimaient l'A du mot Lapathum n'a sans doute pas échappé à nos érudits. 908 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Je n'ai rencontré nulle part dans nos glossaires l'étymologie du nom Athra- gene, et j'en ai du regret, car c'est à la signification du mot qu'il appartient spécialement d'en fixer l'orthographe. Faute d'explication, et désirant malgré tout mythologiser (1) cette agréable dénomination générique, j'ai cru pouvoir supposer, à l'exemple de Platon, qui, dans son Cratyle, suppose de si jolies choses sur la provenance des noms, que ce mot dérivait d'a02;, arête, et de yes, duvet, par rapport au prolongement des styles persistants et plumeux de la plante, comme si l'on disait arêtes à duvet, arêtes lanugineuses ; ou, si l'on préfère une plus simple dérivation, du verbe yc», je produis, c'est- à-dire plante produisant des arétes. Peut-étre trouvera-t-on ces inductions un peu hasardées, et je n'ose y attacher moi-méme une fort grande importance. Je vais toutefois les abriter provisoirement sous l'indulgente autorité de Linné qui, dans la recherche des étymologies difficiles, nous encourage aux conjectures : Etymologia greca, dit-il, difficillime eruitur in plerisque plantis, adeoque conjecture sepius satisfaciunt. (Phil. bot. 176.) II. — Alchemilla L. Gen. n. 153. Tous les auteurs qui firent mention de ce nom de plante avant la publica- tion des premiers ouvrages de Linné écrivirent A /chimilla. Anguillara seul, dans son petit traité des Simples, adopta le mot Alchemilla; mais cet écri- vain publia son livre en langue italienne, et la modification. d'orthographe qu'il y fait subir à ce mot est aussi inexacte qu'inopportune d’après le mot primitif italien alchimia, auquel il aurait dû iconformer le nom du genre dérivé. Linné changea à son tour le mot latin A/chzmilla en Alchemilla, et cette variante fut généralement reçue; il y eut pourtant quelques botanistes moins condescendants, qui s'en tinrent à l'aucienne orthographe, parmi lesquels j'ai rencontré avec plaisir des écrivains d'une trés grande autorité, tels que Pierre-Antoine Micheli, dont un illustre philologue retoucha soigneusement les écrits, Antoine-Laurent de Jussieu, et surtout le digne émule de Linné, l'illustre Haller, qui, dans son Ænumeratio methodica des plantes de Suisse, publié en 1742, cite avec une pointe de malice la modification linnéenne comme simple synonyme du vieux nom du genre. Pour justifier le changement qu'il adopte, Linné nous rappelle que le genre en question, ayant servi aux expériences des alchimistes, devait leur emprun- ter son nom et s'appeler Achemilla ab alchemistis (Phil. bot. 166). J'avoue que le mot a/chemista me parut d'une latinité suspecte; et, après avoir soi- gneusement examiné les pièces du petit procès littéraire, je crus être parvenu à me rendre compte de la question orthographique. (4) Essais de Montaigne, liv. II, chap. 10. SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1860. 909 Il est hors de doute que les Grecs reçurent des Arabes le nom et la chose; or le mot grec qui, d'après Suidas, désignait l'art de fondre et de transmuer les métaux, s'écrivait de plusieurs manières : yttptta, yoputa, et plus fré- quemment ynpeiz; mais on chercherait en vain un terme équivalent dans nos classiques latins. C'est dans Firmicus, écrivain de la basse latinité, qu'on crut lire le mot alchimia, mot que la plupart des lexiques n'admettent qu'avec la plus grande réserve, et que Vossius (Etym. 20) conteste, en assu- rant que les manuscrits de Firmicus portaient le nom dépouillé de l'article arabe. Quelle que soit la valeur philologique du mot alchimia (ou chimia), c'est de lui que procèdent les mots alchimista et Alchimilla , et nous devons probablement à Tragus l'introduction de ce dernier nom dans la science, Fuchs qui, d’après les herboristes du temps, donne à l' A/chimille vulgaire le nom de Pes leonis, écrivait encore en 1542 : Sunt ex barbaris qui ALCHIMILLAM nominant. Quant au mot alchemia, d'où Linné a dà dériver son Alchemilla, on ne le rencontre dans aucun lexique : le mot chemia est en cffet d'une date beau- coup plus récente. Ce fut en vue des adinirables progrès des études physiques et dans le but expres de séparer la chimie de l'alchimie, qu'il fallut demander à la langue latine un nouveau terme qui, sans trop altérer la forme primitive, süt modifier convenablement le sens du substantif. Nos latinistes adoptèrent donc le mot chemia, du grec ynusix, troisième forme du nom primitif; | mais l’arrivée tardive de cette innovation dans le champ de la philologie aurait dû prévenir tout danger de confusion, car si PAlchimilla de nos aieux éveille en nous l'idée de manipulations souvent cabalistiques contre lesquelles on dut précisément former le mot chemia, aucune des espèces du genre n'entre plus dans les cornues des chimistes (chemistæ) de la nouvelle époque. Puis donc que les mots chimia et chemia devaient, du temps méme de Linné, signifier deux choses fort différentes, on a droit de s'étonner que ce prince des botanistes ait, à bon escient et en dépit de la vérité historique, introduit une modification qui, sous sa frivole apparence, est venue renverser les róles et produire dans la série des faits un singulier anachronisme, III. — Echinops Ritro L. Sp. ed. 1, p. 815. Théophraste, au livre VI, chap. 3, de son Histoire des plantes, donne à une Carduacée le nom de Porpss. Ce mot fut transcrit en italien par Anguillara (1561) qui, voulant en reproduire fidèlement l'orthographe et ne trouvant dans l'alphabet italien aucun signe qui rendit intégralement la valeur de la voyelle grecque v, écrivit les deux mots Ritro et Ztutro. Voilà donc deux formes italiennes du nom grec d’une ancienne plante, ce que Lobel ne releva point en adoptant dans ses Adversaria (1576) les deux 910 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. mots d'Anguillara, sans y apporter aucune modification. Or, c'est précisément de Lobel, cité dans le Species, que Linné prit le nom de tro, terme classé parmi les noms triviaux, dont l'office, depuis l'adoption de [a nomenclature binaire, consiste le plus souvent à représenter la dénomination unique sous laquelle la plante était antérieurement connue, et qui, tout en se trouvant dans les conditions des noms génériques, sont employés en sous-ordre à la désignation des espèces. Ainsi le genre £chinops, qui porte un nom composé entièrement grec, tracé en caracteres latins, se trouve dans l’espèce linnéenne accompagné d'un nom trivial italien, ce qui range l'espèce en question parmi les plantes le plus bizarrement nommées de notre flore, à côté de l’Afropa BELLADONNA, du Daucus CAROTA, du Crate gus. AMELANCHIER, et du joli Gramen AMOURETTES, par lequel nos anciens auteurs désignaient le genre Briza. Linné; qui se montra si difficile sur la terminaison de certains noms géné- riques, fit preuve d'une grande condescendance en adoptant la finale de Zetro, dont toute déclinaison paraîtra monstrueuse aux yeux de ceux qui se rappellent la forme purement italienne du mot. Cela est si vrai que MM. Grenier et Godron, ayant eu à nommer un Orobanche qui croit sur l’£chinops Ritro, n'oserent toucher au mot ////ro qui aurait dû être mis au génitif, et que le nom qu'ils choisirent pour leur espéce, ayant malheureusement conservé forme et aspect de nom £r?vial, amena ces savants auteurs à dire tout autre chose que ce qu'ils voulaient exprimer (/7. de Fr. 1I, 635). Quelques écrivains du xv1* siècle avaient pourtant modifié fort à propos, en le transcrivant à leur guise, le mot puisé dans Théophraste. Il y en eut qui écrivirent Æuthrum avec déplacement de la lettre A, et, plus tard, Gaspard Bauhin (Pin. 381), après avoir mis P0co; en grec, supprime en latin l'aspiration et écrit Æitrum et Rutrum. Il faut constater à ce propos que l'autorité la plus ancienne est aussi la plus fidéle, car nous trouvons dans Théodore Gaza, premier traducteur de Théophraste, ce nom exactement rendu par Æhutrum. C'est donc à ce mot, légèrement modifié en Rhytrum, qu'aurait dû appartenir le droit de nommer en latin, comme vrai nom trivial, la plante dans laquelle on a voulu faire revivre le souvenir de la Carduacée de Théophraste. Quant à l'étymologie du mot, je ne sache pas qu'elle ait été donnée. En supposant que ce nom soit dérivé, on pourrait peut-étre lui trouver pour racine le verbe $$», pris dans le sens d’éloigner, se défendre, en raison des feuilles épincuses et de la tête globuleuse et hérissée, formée par les calathides de l'Echinops. En admettant une telle origine (comme ailleurs de Xo on avait fait 120755), on arriverait naturellement à voir dans le mot 22075; un équivalent de ruade, et le verbe ruer, dérivé, ainsi que le ruere des latins, du grec 69v» nous rappellerait opportunément que, dans les abords du végétal, comme dans ceux de certains quadrupedes, les importuns sont tenus à distance. On SÉANCE DU 1^4 DÉCEMBRE 1860. 911 n'a pas oublié ce qu'écrit Horace en comparant un peu familièrement son empereur à un cheval : 368oc RECALCITRAT undique tutus. Mais je n'insiste point sur ce qui pourrait ne pas étre sérieux; avec une si faible donnée, il ne nous est point permis de nous livrer aux conjectures, car on nous accuserait avec raison de nous amuser à défendre les subtilités de la botanique par les arguties de la philologie. IV. — Catananehe L. Gen. n. 824. Depuis Dioscoride jusqu'à Vaillant, ce mot fut écrit Karavæyxn en grec, et Catanance en latin. Les deux espèces auxquelles Dioscoride (livre IV, chap. 134) applique ce nom, appartiennent, suivant les commentateurs, aux Papilionacées. Pline en parle au livre XX VIT, chap. 8, et, d’après le récit des anciens, c'étaient des plantes à vertus aphrodisiaques dont se servaient dans leurs débauches les femmes de Thessalie. Cette propriété fabuleuse m'appartient nullement à l'histoire de la Chicoracée que Daléchamp désigne par le nom de Catanance, et que les Francais appellent Cupidone, nom gracieux qui laisse peser sur ce genre un lointain souvenir de volupté, dont il est sans doute fort innocent. Il arrive souvent en botanique, dit Linné (Crit. bot. 117), qu'une plante des auteurs modernes n'ait rien de commun avec la plante des anciens dont elle emprunte ou, pour mieux dire, usurpe le nom; et les botanistes, ajoute-t-il ailleurs (Phil. bot. 497), qui, au xvi siècle, cherchaient les plantes des anciens sous les noms antiques, faillirent perdre la science. Le premier auteur qui se soit écarté de l'orthographe de Dioscoride et de Pline est probablement Sébastien Vaillant qui, dans les Mémoires de l'Aca- démie des sciences de Paris (année 1721, p. 215), écrit Catananche et cite à tort, car il le reproduit infidèlement, le nom textuel de Tournefort. Voici d'ailleurs comment Vaillant explique d'aprés les anciens l'étymologie de ce joli nom de plante : « Catananche, dit-il, est composé des mots grecs xara, » préposition qui, dans la composition où elle entre, signifie perfection, con- » sommation, et ày&ygn, vis, force, violence, comme si on disait : Plante » qui force, ou met dans la nécessité d'aimer. » Je n'ai point à discuter cette explication, mais ce qui me parait beaucoup moins heureux que l'étymologie, c'est l'orthographe du mot &zyxo, que l'on n'écrit point avec la consonne aspirée y, mais avec le simple x. J'en appelle aux textes grecs, aux lexiques, entre autres à celui de Henri Estienne (vol. I, publié par MM. Hase et Dindorf, pars a/t. 324). , Linné, dés ses premiers ouvrages, adopta l'orthographe du botaniste pari. sien; ses successeurs le suivirent presque tous daus la modification erronée, 912 |. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. et à peine faut-il, que je sache, excepter Lamarck, qui, malgré Linné, persiste quelque part dans la vieille orthographe de C'atanance. L'altération commise par Vaillant en rappelle une plus ancienne et de méme valeur qui fut essayée sur le genre Statice, du grec Xcaco, dont on voulut faire Statiche. Non-seulement cette modification ne fut pas adoptée, mais elle passa presque inapercue, et l'on ne saurait comprendre comment, de deux faits conformes, on ait voulu tirer des conséquences différentes. V. — Ballota L. Gen. n. 639. Le nom grec de ce genre est B322o7, tel qu'on le lit au livre III, chap. 117, de Dioscoride. Pline le latinisa littéralement, en lui conservant la terminaison grecque, et c'est en ce même état que la botanique renaissante le reçut des Commentaires de Fuchs. Linné manifesta plus d'une fois, en dehors du Genera plantarum, son antipathie pour le mot Ballote, et, dans sa Critique botanique (p. 133), en parlant des noms qui méritent d’être marqués d'un charbon noir, afro carbone notanda, il le relègue dans la troisième catégorie réservée aux noms dégoütants. Le sévère réformateur appelle dégoütants, nauseusa, les noms qui ne conservent en botanique aucune ressemblance avec les autres nois, et qui parfois s'en écartent au point de nous paraitre barbares. L'oreille du maitre était surtout. choquée par la finale de ce pauvre mot, qui ne cessa d'être harcelé que lorsqu'il fut définitivement réduit à l'état de Ballota. Les étymologistes nous donnent du (2222: plusieurs dérivations. Pour quelques-uns, c'est l'odeur fétide qu'elle exhale qui, par le verbe Géhw, Je Jette, a fait nommer la plante; pour d'autres, le nom serait déduit de Baie et óza, oreilles, parce que, dit-on, la plante porte des fleurs disposées en verticilles et se projetant comme des oreilles. Galien nous en fournit à son tour une explication plus sérieuse. Cet auteur, en admettant les mêmes racines, nous enseigne au livre VII des Simples, que la plante était recherchée pour la guérison des maux d'oreilles, « parce qu'elie renverse les obstacles » qui obstruent les canaux de l'ouie ». Cette propriété médicinale du Ballote est rappelée fort à propos par Dorstenius (1540), auteur que Linné (CHE bot. 19) appelle vieilli et oublié, et c'est d’après cette même vertu attribuée à la plante dans la citation de Galien, que le plus ancien commentateur de Théophraste, Jean Bodée de Stapel, nous déclare enfin que « le Zallote cst » ainsi nommé parce qu'il ouvre les oreilles obstruées en pénétrant au travers » comme un trait perce le corps contre lequel il est lancé. » Pour un nom dont le sens est si vigoureusement expressif, la physionomie grecque était, pour ainsi dire, un complément nécessaire, et en le rhabillant à la latine n'a-t-en pas craint de le déformer et de lui enlever la meilleure partie de sa valeur? Les Grecs, pour se réserver l'avantage de décliner leur SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1860. 913 mot composé, en avaient sagement modifié la désinence, et, à la voir rétablie en caractères latins, il se pourrait qu'on ne trouvât pas exactement grammi- tical de trainer ainsi le pluriel d'un nom grec par toutes les finales d'une déclinaison latine. Au reste, on aurait bien pu dire du Zallote et d'une foule d'autres noms de plantes placés dans les mémes conditions d'orthographe et de dérivation, ce que Pline (livre XXI, chap. 8) nous dit du Chrysocome, qu'il n'y a pas en latin de mot qui le rende, non habet latinam appellationem. Encore faut- il observer qu'entre Zallote et Chrysocome l'analogie n'est pas aussi parfaite qu'on pourrait d'abord le supposer. Le mot xá»» est un terme transfuge qui, aprés avoir subi une simple modification de finale, est venu s'installer dans le vocabulaire des Latins, tandis que le num (20227 est composé de deux mots qui sont restés exclusivement grecs. Et d'ailleurs, combien d'autres mots pris de la langue grecque n'ont-ils pas sauvé leur finale? Ajoutez à cela que pas un des auteurs qui écrivirent avant Linné ne songea à cette bizarre et inutile altération, et que Linné lui-méme n'a pas été si absolu dans son arrét de réforme, qu'il n'ait laissé échapper le mot Ballote décliné à la grecque. On surprendra ce mot dans la première édition du Species (p. 587), où il est dit que la rare espèce Moluccella frutescens est media inter BALLOTEN, Leonurum et Moluccellam. 1] n'aurait donc pas été hors de propos que dans les premiers temps de la modification linnéenne on eût imité l'exemple donné en 1754 par le savant Séguier dans son supplément aux Plantes véronaises, p. 133. Les scrupules de Linné ne l'ont point touché, et «^j'ai retenu, dit-il brave- » ment, l'ancienne dénomination (Za//ote), quoique la plupart des botanistes » préfèrent aujourd'hui le nom de Ballota ». V. — Tamus L. Gen. n. 994. Linné classe le mot Zamus parmi les noms qui nous viennent des Grecs, mais dont la dérivation est trés obscure. Je ne dois pas, dit-il, le rejeter parce que j'en ignore le sens; quelqu'un de mieux informé le saura peut-étre (Crit: bot. 96). Sans prétendre savoir ce que Linné croit ignorer, je vais recourir à maintes conjectures qui nous fourniront peut-étre quelques éclair- cissements sur la forme et le fond de la question orthographique. Aucune plante du nom de Tamus n'est mentionnée dans les ouvrages d' Hip- pocrate, de Théophraste, de Dioscoride ; Pline et Columelle nous ont transmis le nom déjà latinisé, et leur orthographe a été fort controversée. Les différentes éditions de Pline que j'ai pu consulter, antérieures à celles du père Hardouin, portaient au livre XXI, chap. 15, les mots Zamus et Tanus. Dans l'édition du savant jésuite qui put s'aider d'une foule de rares et précieux manuscrits, on imprima Tamnus, et les éditions suivantes ont toutes, que je sache, adopté cette variante. T. vh. 58 914 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Le texte de Columelle, à son tour, a été sujet à bien des variations. Aux endroits où il est fait mention de la plante dont nous discutons le nom, on lui a fait dire tantôt Tannus et tantôt ZAamus; et, dans le Rhamnus du livre X (373) porté par quelques éditions, Jules Pontedera (Antiq. gr. et lat. 511) n'apercoit qu'une corruption de Z'annus. Une circonstance singuliére a pu faire croire un instant que la véritable orthographe du nom de la plante fût Tamus. On sait que la grappe formée par le fruit du Zaminier portait anciennement le nom d'uva taminia, et voici ce que Matthiole rapporte à ce sujet: « Les Toscans appellent Zamaro » le Tamnus des anciens ; quelques-uns disent Tamus au lieu de Zamnus, et » C'est de là qu'est venu le nom d'uva taminia. » Daléchamp, qui commente Pline, est du méme avis, et Schneider lui-méme, qui commente Columelle, s'y laisse entraîner jusqu'à un certain point, et dit dans ses Notes que si le mot Zamnia vient de Jamus, il vaut mieux lire Zamus que Zamnus. Nous possédons différentes étymologies du mot éaminia, par lesquelles on a tâché de prouver que ce terme ne dérive nullement de Tamus. On peut consulter à cet égard Vossius (Zum. 590) et André Dacier dans ses Com- mentaires à Festus. Je ne citerai qu'une dérivation assez curieuse qui se trouve dans les Fragments de ce dernier (De Verb. signif. edente Linde- manno; Lipsie, 1832, p, 273): « Verrius croit, dit Festus, que l'on appelle » ainsi ce raisin (uva) parce qu'il est aussi rouge que le vermillon, tam (rubra » quam) minium. » Quoi qu'il soit du /aminia, qui après tout est un dérivé dont l'orthographe a pu facilement s'altérer, c'est au mot Zamus que la discussion doit être rame- née. Les manuscrits cités par le père Hardouin prouvent assez que notre plante était plus généralement connue sous le nom de Z'amnus. Linné l'avoue lui-même en déclarant qu'il se décide à opérer sur ce mot la coupe du nom- bril, detruncationem umbilici, pour cause d'euphonie, sans nous avertir toutefois que cette mutilation remonte bien plus haut que son temps, et que nousla devons à Conrad Gesner qui, le premier , rappela dans la science le vieux terme ainsi déformé. Or, dés que Linné crut pouvoir nous livrer le genre Rhamnus gàté par la méme cacophonie, quel prétexte put-il avoir pour persister à éventrer l'ancien Z'amnus ? Et pourquoi les modernes qui, par un zèle si scrupuleux, avaient cru devoir rendre au genre Lampsana la consome m que l'on accusait Linné d'avoir supprimée à tort, n'ont-ils pas rendu au Tamnus la consonne n à tort enlevée , surtout aprés qu'ils eurent accepté de Wimmer le genre Sarothamnus, et qu'ils eurent recu de Linné lui-méme le Smilax tamnoides (Sp. pl. ed. 4, p. 1030) et l'Zpomaa tamnifolia (ibid. p. 162)? Le nombre est fort limité des écrivains qui suivirent la vieille orthographe, mais il suffira de citer Antoine-Laurent de Jussieu, « dont le nom vaut une » armée », et qui place le Zamus de Linné comme synonyme à côté du SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1860. 915 Tamnus qu'il préfère. En supposant que telle doive être la forme de notre mot, l'étymologie nous en serait naturellement fournie par le verbe tépve OÙ Tauve, Je coupe, soit à cause de la vertu extrêmement incisive du Zaminter, soit qu’on eût attribué à la plante un certain pouvoir dans la guérison des coupures et des meurtrissures, d’où serait dérivé le nom populaire d’ Herbe- aux-femmes-battues, soit enfin qu'on eût eu l'intention de rappeler par ce verbe le travail qu'elle impose au bücheron, vu que, pour débarrasser les végétaux des étreintes de l'envahissante Dioscorée, il faut parfois en venir à un pénible élagage (1). Cependant le savant Schneider, dans l'édition du texte de Columelle, adopte un changement plus notable, et il perd de vue l'orthographe simplifiée à laquelle il avait à demi consenti dans ses notes précédentes. Ce docte commen- tateur suit l'orthographe spéciale d'un précieux manuscrit du x* siècle, qui, après avoir appartenu à la bibliothèque de Corbeil, avait passé dans celle de Saint-Germain-des-Prés. Conformément aux fouanges que Schneider décerne dans sa préface à l'excellence de ce texte, il n'y aurait qu'à l'accepter les yeux fermés, et le texte dit Zhamnus : Cette forme, il est vrai, ne fut adoptée que par un nombre minime d'écrivains, mais peut-être, en cherchant ailleurs la dérivation du imot, en viendrait-on à conclure qu'elle aurait pu obtenir la préférence. A l'appui de cette double modification d'orthographe à laquelle on aurait dà, dans ce sens, ramener le Tamus actuel, je rappellerai encore un bon mot de Tertullien (Anim. 32) contre un quidam qui se vantait d’être un dieu, et qui se souvenait d'avoir été jadis Thamnus et poisson; j'invoquerai le témoi- gnage de Jean-Baptiste Pius, célèbre commentateur, qui, d’après les plus anciennes éditions de Columelle, écrivit à son tour ZAamnus au lieu de Rhamnus; et j'en appellerai en dernier ressort au docte Saumaise qui, à la page 225 de ses Zxercitationes plinianæ, condamne d'un ton trés absolu, ex more suo, toutes les variantes et nous impose l'orthographe de Thamnus. Quant à la nouvelle dérivation du mot, qu'il me soit permis, après les grandes autorités que je viens de citer, d'aventurer une dernière induction dont je garde toute la responsabilité, et sur laquelle j'ose invoquer un peu de l'indulgente facilité, si naturelle aux maitres en étymologies. Les Grecs don- naient au frutex des Latins le nom synthétique de 05o;, comme ils appe- laient tout gramen du nom commun de za. Ils allaient méme plus loin; ils (1) lest curieux de remarquer à ce sujet que plusieurs mots composés du méme verbe grec ont perdu cette méme consonne n en passant dans la langue francaise, comme on peut le voir dans maint terme de chirurgie, ainsi que dans le verbe des Provencaux entamenar, dont les Francais, par une suppression qui efface ou tout au moins masque l'étymologie, ont fait entamer. (Voy. Fauriel, Histoire de la poésie provençale 1, 498.) 916 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. appelaient du même nom de Géuvos l'endroit où les frutices déploient leur végétation sarmenteuse, et que nos classiques désignent par le nom de frutice- tum. Or rien, ce nous semble, n’empêcherait de croire que, par une synec- doque hardie, on eût spécifiquement compris sous le collectif 045;o; une plante qui, pourvue de tiges faibles et volubiles, ne peut végéter isolément et recherche le voisinage d'arbrisseaux amis qui lui prétent leur soutien. La séparation des végétaux en raison de leur consistance n'avait point encore été assez scientifiquement arrêtée (1) et, sans que rien eût à blesser trop griè- vement la théorie assez vague de cette division, que Théophraste nous expose au chap. V du livre I** de l’ Histoire des plantes, le nom en question se serait ainsi trouvé ingénieusement accolé à un végétal qui, malgré sa consistance herbacée, aurait rappelé jusqu'à un certain point, par son port et par ses stations, les deux idées de frutex et de fruticetum, tandis que le mot Thamnus, forme correcte du grec Gauvos, serait ensuite descendu, comme le Poa, de la classe des noms vaguement synthétiques à la désignation concrete du genre. Enfin, pour l'acquit de ma conscience de chroniste, je dois ajouter que l'on a cru pouvoir dériver le mot Tamus de la racine celtique tam, qui signifie rouge, ou, plus probablement, du sanscrit tamas, obscur, ce qui nous donne- rait une explication inattendue de la dénomination du Vitis nigra citée parmi les synonymes de notre plante. Je prends un véritable plaisir à rappeler ces doctes hypotheses, pour qu'on puisse prouver, au besoin, qu'on ne doit pas jeter à la face de tous nos étymologistes les sanglants reproches dont Voltaire accabla Larcher, à propos de la dérivation du mot dynastes, d'être, c'est-à- dire, des ignorants qui ne savent ni le phénicien, ni le syriaque, ni le cophte. Dans cette longue discussion qu'il est temps de clore, c'est contre l'ortho- graphe de Linné que j'ai dà rassembler mes preuves, et j'espére avoir accom- pli ma tâche avec tous les égards que méritait une telle autorité, car personne plus que moi ne vénère la mémoire du grand homme et ne lui a voué au fond de son cœur une plus sincère et plus respectueuse admiration. Peut-étre trouvera-t-on que j'ai voulu grossir outre mesure des choses essentiellement trop petites, et qu'en m'occupant de telles minuties j'aurais été sous les lois romaines un fort mauvais préteur. Je n'ose donner tout à fait tort aux personnes qui m'adresseront un tel reproche ; seulement, ce que je voudrais bien invoquer en ma faveur et comme circonstance très atténuante de l'inopportunité de ma communication, c'est que mes remarques viennent de se produire sans prétention et sans arrière-peusée. Je me suis borné à la naive exposition de quelques faits qui m'ont paru assez curieux pour être (4) Voy. les observations de J.-C. Scaliger sur le texte de Théophraste (édit. de l'année 1644, p. 11), ainsi que le commentaire de Bodée de Stapel (ibid. p. 12-13). SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1860. 917 rappelés, et qui, s'ils ne peuvent servir directement aux progrès de la science que nous aimons de notre meilleur amour, ne sauraient étre dépourvus de tout intérêt pour la connaissance historique des plantes sur lesquelles j'ai eu l'honneur d'appeler l'attention de mes confrères. M. Fermond fait à la Société la communication suivante : ÉTUDES COMPARÉES DES FEUILLES DANS LES TROIS GRANDS EMBRANCHEMENTS DU RÈGNE VÉGÉTAL, par M. Ch. FERMOND, DEUXIÈME PARTIE. Recherches du principe de la trisection dans les feuilles où il est le mieux dissimulé, Dans la première partie de ce travail, nous nous sommes particulièrement étendu sur le principe de la trisection ou de la triplasie (1), en le démon- trant là où il est le plus apparent. Dans cette seconde partie, nous nous pro- posons de chercher à le faire retrouver là où il n'est pas visible, ou plutôt de faire comprendre les raisons pour lesquelles il ne saurait se produire. C'est ce que nous désignerons sous le nom de principe dissimulé. Mais auparavant, nous devons bien poser les bases de notre classification méthodique des feuilles, en établissant nettement l'existence de deux générations-types : la génération longitudinale et la génération latérale, qui, en se combinant de diverses manières, permettent de distinguer plusieurs systèmes dans la formation des feuilles. - Nous avons dit et démontré de plusieurs facons que la génération longitu- dinale se faisait par une suite de triplasies toujours exercées sur la foliole ter- minale, dans le Jasmin et le Cobæa scandens. On peut aisément, sans avoir recours aux recherches minutieuses de l'organogénie, arriver à se convaincre que la composition longitudinale se fait bien ainsi. En effet, si nous exami- nons une série de feuilles de Framboisier, nous voyons qu'il existe des feuilles à peu prés simples, ou offrant un lobe, soit à droite, soit à gauche. Ici le principe est dissimulé sans doute, mais il est si facile de deviner son existence que nous ne ferons que le signaler; d'autres feuilles sont trilobées et con- duisent ainsi aux feuilles trifoliolées, qui sont en assez grand nombre. Une (1) Les observations que nous a faites M. Moquin-Tandon à la suite de notre première communication sur le mot triseclion, nous ont paru si justes que nous n'avons pas hésité à lui chercher un équivalent qui ne fût pas exposé au méme reproche, et nous avons adopté le mot triplasie, du mot rotraaotss, triple. Cependant, sans chercher ailleurs que dans l'ordre d'idées qui nous oceupe, la botanique présente des expressions fautives à l'égal du mot trisection, dans les mots bifides, trifides, puisqu'il n'y a qu'une fente dans le premier cas, deux dans le second, etc.; mais nous croyons qu'il importe de changer les expressions qui peuvent fausser les idées sur ja nature aes phenomenes naturels. 918 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, plus grande proportion de ces feuilles se montrent avec deux folioles latérale et une foliole terminale trilobée, laquelle dans d’autres feuilles se trouve réel- lement trifoliolée, de sorte que la feuille est /ongitudinalement quintifolio- lée. Enfin il est d'autres feuilles (Rubus biflorus) chez lesquelles la cinquième foliole terminale présente elle-même un commencement de triplasie. 11 est impossible que dans un ensemble de feuilles ainsi conformées, on ne devine pas le mode de génération qui les a produites. C'est exactement ce mode de formation qui fait les feuilles longicomposées des Rosacées, Légumineuses, etc. Au contraire, il y a des feuilles chez lesquelles la génération longitudinale se borne à la production d'une foliole coutinuant le pétiole, tandis que les fo- lioles qui viennent composer la feuille se forment de plus en plus sur le cóté. En d'autres termes, la foliole primaire qui est centrale subit une seule fois l'influence du principe de la triplasie; mais une fois les deux folioles secon- daires ou latérales formées, elle ne présente plus de tendance à la composi- tion, tandis que c'est à la foliole secondaire qu'est départi le soin de produire une foliole tertiaire qui devra produire, à son tour, une foliole quaternaire, laquelle en produira une autre d'un ordre plus élevé encore, et ainsi de suite. 1l ne faudrait donc pas croire qu'il suffit à la foliole latérale de se composer longitudinalement, comme cela arrive à certaines feuilles bicomposées de Légumineuses (Acacia lophantha), pour prendre une idée de ce que nous entendons par génération latérale; car nous comprenons par cette dénomina- tion une succession de folioles toujours plus latérales, d'un ordre de plus en plus élevé, et dans la formation desquelles le principe de la triplasie est com- plétement dissimulé. L'organogénie des feuilles des Lupins, des Quintefeuilles, de la Capucine et des Ricins prouve que les éléments foliaires se produisent exactement comme nous venons de l'indiquer, et les feuilles Zatéricomposées des Pavia, Cannabis, etc., n'ont pas d'autre mode de formation, lequel peut se lire sur la feuille des Helleborus fœtidus, niger, etc., et celle de l'Arum Dracuncu- lus, absolument comme nous avons pu lire la génération longitudinale sur les feuilles des Rubus. Si l'on suppose une ligne courbe partant du sommet du pétiole et passant par toutes les extrémités des folioles des feuilles latéricomposées, on arrive à concevoir la figure d'une feuille plus ou moins arrondie, réniforme ou cordi- forme, dans laquelle on reconnait en général plus de largeur que de longueur. Les feuilles du Cercis Siliquastrum et celles du Petasites hybrida peuvent donner une idée de ces formes. Les feuilles longicomposées sont donc très faciles à distinguer des feuilles latéricomposées, mais il faut pour cela qu'elles aient cinq folioles ; car si elles n'en ont que trois, il est assez difficile de reconnaitre le système de formation auquel elles appartiennent. Ce n'est que par des considérations, d'ailleurs souvent incertaines, que l'on pent arriver à dire à quel système appartient la SÉANCE DU 14 DÉGEMBRE 1860. 919 feuille trifoliolée que l'on a en vue. C'est ainsi que l'on peut presque assurer que les feuilles des Fragaria et Trifolium sont latéricomposées, puisque l'on trouve accidentellement des feuilles de cinq ou sept folioles composées dans le système latéral, pendant que les feuilles trifoliolées des Jasminum azoricum, mauritianum, fruticans sont longicomposées par une considération analogue; mais il nous serait infiniment difficile de dire à quel système il faut rapporter les feuilles trifoliolées des Rubus occidentalis, hispidus, cte., car on trouve les feuilles de ce genre se composant d’après les deux systèmes. Heureuse- ment que ces distinctions ne sont utiles qu'au point de vue philosophique de la science. Mais si la génération est essentiellement latérale, nous n'avons plus une composition analogue à celle des feuilles des Ombelliféres dont la forme est L = l, et dans ce cas comment découvrir l'influence du principe de la tri- plasie? Quoique ce soit difficile à démontrer, nous espérons néanmoins y étre arrivé de maniere à faire passer nos convictions dans tous les esprits, et cela à l'aide de deux méthodes différentes. 4° Nous avons dit (premiere partie, feuilles de l Heracleum) qu'il y avait des systèmes ou ensembles de parties qui pouvaient être regardés comme liés entre eux beaucoup plus que certains autres, et qu'en établissant des comparaisons entre les divers ensembles ou svstémes de plus en plus ou de moins en moins composés, on arrivait à concevoir une suite de triplasies ou trisections qui confirmait de plus en plus le principe. Nous avons encore vu que, dans la génération longitudinale, le prineipe de la triplasie ne portant son influence que sur la foliole terminale, l'ordre de la formation des éléments foliaires suivait une marche ascendante, si bien que les nouvelles formations se trouvaient au-dessus des plus anciennes. Or, en admettant que ces deux ordres de phénoménes soient applicables à la généra- tion latérale, on arrive, sans trop forcer la logique, à concevoir que le prin- cipe de la triplasie peut suivre une marche en quelque sorte inverse dans la composition ou génération latérale des feuilles. On peut, en effet, admettre qu'un mamelen organogénique simple — a se triplaste pour former trois mamelons — a -]- b + b; que ce mamelon tri- plasié, constituant un systéme entier, se triplasie à son tour au-dessous des formations b + b, pour donner lieu à deux autres mamelons c + c, ce qui fait cinq mamelons — a -+ b? + c?; que ce nouveau système, regardé comme entier Ini-même, se triplasie toujours inférieurement, de facon à fournir encore deux nouveaux mamelons d + d, ce qui en fait un système encore plus com- posé — a -+ b? + c? -- d?, lequel, à son tour, regardé de nouveau comme entier, se triplasiera par sa base pour former de nouveaux éléments foliolaires. Quoiquell'ordre de formation des parties soit plutôt latéral que descendant, on n'en, conçoit pas moins une marche pour ainsi dire contraire (centrifuge) à celle que nous a donnée la génération longitudinale (centripéte). Et comme le 920 ` SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. principe de la triplasie est évidemment moins facile à saisir que dans les feuilles L = l, c'est pour cela que nous disons qu'il est dissimulé, 2» Pour bien comprendre la deuxième manière de découvrir le principe de la triplasie dissimulée, il faut raisonner sur les nervures des feuilles considérées comme centre des éléments foliaires. Si nous examinons la nervation d'une feuille de Platane, nous voyons une nervure primaire continuant le pétiole; puis deux nervures latérales ou secondaires opposées partant du sommet du pétiole et émanant de la nervure primaire ; ces nervures secondaires émettent extérieurement chacune une nervure tertiaire, Ici les nervures sortent évi- demment les unes des autres; mais il est un grand nombre de feuilles chez lesquelles l'émersion de toutes ces nervures semble se faire au sommet du pétiole. Or la uervure primaire qui donne naissance à une secondaire, droite par exemple, doit, en vertu de notre loi de symétrie par rapport à une ligne (1), fournir une secondaire gauche, et, dans ce cas, le principe de la triplasie avoir toute son influence, car les conditions sont exactement les mémes à gauche comme à droite : donc rien ne doit s'opposer à la formation d'une nervure, lobe ou foliole d'un cóté quand elle se forme de l'autre. Si nous appliquons ce raisonnement à une nervure secondaire, les conditions sont changées, car l'un des cótés est parfaitement libre, tandis que l'autre trouve la nervure primaire plus ou moins entourée de tissu cellulaire, et s'il arrivait que la symétrie produisit, de chaque cóté de cette secondaire, une tertiaire (uervure ou foliole), on voit que celle-ci serait apparente du cóté libre ou extérieur, et que son opposée symétrique serait comprise ou fondue dans la nervure ou la foliole primaire ; par conséquent le principe de la triplasie pourrait encore avoir exercé son influence sans qu'il nous fût donné de l'apercevoir. Maintenant, supposons une feuille chez laquelle le principe de la triplasie, aprés l'avoir trilobée, vient à agir sur le lobe latéral, il se formera un lobe surnuméraire extérieur visible, tandis que son opposé symétrique ne pourra l'étre, puisque, s'il s'est formé, il se trouvera compris dans le limbe ou absorbé au profit du parenchyme général de la feuille. Donc le principe de la triplasie doit être dissimulé. Toutefois, si le principe de la triplasie peut être reconnu malgré sa dissimu- lation, il faut convenir que les générations purement longitudinales ou laté- rales font exception à la deuxiéme proposition de l'énoncé du principe, car il est clair que les nombres 5, 7, 44, etc., qui peuvent résulter de la triplasie ascendante ou descendante, ne sauraient ‘être des multiples de 3. Donc les générations longitudinale et latérale font exception à cette proposition. (La suite à la prochaine séance.) (1) Études sur la symétrie considérée dans les trois règnes de la nature. Broch. in-8°, avec 29 figures ; Paris, 1855. SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE 1860. 991 SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE 1860. PRÉSIDENCE DE M. DECAISNE. M. Eug. Fournier, vice-secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 14 décembre, dont la rédaction est adoptée. M. le Président annonce deux nouvelles présentations. Dons faits à la Société : 4° Par M. Al. Jamain : Flos medicina scholæ Salerni. 2° De la part de M. W.-Ph. Schimper : Synopsis Muscorum europæorum. 3° De la part de MM. Alph. de Rochebrune et Al. Savatier : Catalogue raisonné des Phanérogames du département de la Charente. h° En échange du Bulletin de la Société : Journal de la Société impériale et centrale d' Horticulture, novem- bre 1860. L'Institut, décembre 1860, deux numéros. M. de Schœnefeld, secrétaire, donne lecture de l'extrait suivant d'une lettre qui lui a été adressée par M. Durieu de Maisonneuve : LETTRE DE M. DURIEU DE MAISONNEUVE A M. DE SCHŒNEFELD. Bordeaux, 24 novembre 1860. .... Je viens de lire dans notre Bulletin (p. 389 de ce volume) votre article sur la végétation hivernale de l'AZdrovanda. Le fait dont vous avez rendu compte s'est passé et se passe encore sous mes yeux tel que vous l'avez observé. Le petit nombre d'individus que je rapportai le 20 mai dernier de la Canau furent placés vivants dans un baquet où ils prirent durant l'été leur dévelop- pement à peu prés normal. Plus tard, les tiges se détruisirent successivement de bas en haut et, à l'arrivée des fraicheurs de l'automne, chacune d'elles se trouvait réduite au bourgeon terminal condensé et d'un vert intense, tel que vous le connaissez. Jl faut excepter cependant quelques rares sujets qui con- servérent et conservent encore quelques mérithalles vivants, dont le bourgeon terminal ne s'est ni accru ni condensé, et est resté pâle comme les verticilles 922 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, inférieurs. Il y a deux mois, voulant utiliser le même baquet pour y planter I'/soétes de l'étang de Cazau, je le rentrai dans une serre tempérée pour faci- liter la reprise de mes plantes. Il y a une quinzaine de jours, lorsque la reprise m'a paru assurée, j'ai replacé le baquet dehors, enfoncé dans une plate-blande de l'École. Or, pendant plus d'un mois et demi que les bour- geons d'A/drovanda ont été abrilés sous une température constamment douce, tous ont surnagé sans exception, sans tendance à gagner le fond du vase, car, lorsque je les y plongeais à l'aide d'une baguette, ils remontaient rapidement. Depuis qu'ils sont exposés à l'air libre, la température a sensi- blement baissé ; il y a eu méme des gelées matinales, Eh bien ! pendant cette quinzaine les bourgeons se sont notablement endurcis et leur tendanee à s'immerger, c'est-à-dire leur pesanteur spécifique, s'est accrue. Aucun d'eux pourtant n'est descendu spontanément, mais un léger coup frappé sur eux avec une petite baguette a suffi pour les précipiter au fond ; tous ont subi cette opération. Le plus grand nombre remontait lentement apres un petit temps d'arrét sur le sable du fond; d'autres restaient au fond et ne sont point remontés. Tous, probablement, finiront par descendre tôt ou tard. Mais je ne doute pas que dans un vase bien abrité tous Jes bourgeons hivernaux d'A/dro- vanda ne surnagent franchement jusqu'à l'époque du retour de la végétation. Quant aux individus dont le bourgeon hivernal ne s'est pas formé, il est évi- dent qu'ils sont condamnés à surnager pendant le peu de vie qui leur reste, car je ne les crois pas aptes à reproduire une plante nouvelle. Je vais intro- duire dans cette lettre une couple de ces derniers. Peut-étre les recevrez vous encore frais. Vous vous étonnerez sans doute de ce que, disposant d'un vaste jardin et de masses d'eaux considérables, je cultive mes plantes aquatiques, l'A/dro- vanda surtout, dans d'aussi minces proportions. Hélas! ces eaux sur les- quelles, lorsque je les vis arriver, je fondais de bien grandes espérances pour la culture de nombreuses plantes aquatiques , tuent sans reméde toutes les plantes un peu délicates que je leur livre. On m'assure qu'elles s'amélioreront avecle temps, mais jusqu'à présent je n'ai point remarqué d'amélioration sensible. Ces eaux nous arrivent d'une quinzaine de kilometres par un canal d'amenée souterrain tout construit en béton, On espère que lorsque les eaux auront à la longue tapissé les parois du canal d’un enduit onctueux, elles n'enleveront plus au béton ces substances incrustantes qui revêtent et tuent mes plantes en moins d'une semaine. Donc, pour la culture des plantes aqua- tiques, j'en suis réduit à un petit nombre de terrines ou baquets que j'ali- mente avec l'eau de pluie que je recueille dans un seau au coin de mon logement. : En résumé, votre observation concorde parfaitement avec celles que ys moi-méme faites, non pas seulement cette année, mais l'année derniére, ou je vis aussi, mais sans en tenir grand compte, à peu prés les mêmes faits se SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE 1860, 993 produire sous mes yeux. Mais, si les bourgeons hivernaux de l'A/drovanda, abrités d'une facon quelconque , soustraits ainsi aux rudes influences atmos- phériques de l'arriére-saison et à d'autres causes d'affaiblissement peut-étre que je ne saurais déterminer, n'atteignent pas, dans les conditions exception- nelles qu'on leur fait subir, la pesanteur spécifique nécessaire pour descendre au fond du vase qui les emprisonne, j'ai d'autre part la certitude qu'à l'état spontané ces mêmes bourgeons ne surnagent jamais durant l'hiver, et que tous, moius peut-étre un certain nombre inhabiles à perpétuer l'espéce, c'est- à-dire non condensés, descendent au fond des eaux pour hiverner. Les recher- ches que j'ai faites, soit en hiver, soit au printemps à l'époque de la montée, ne me laissent aucun doute à ce sujet. Je vois qu'à la suite de votre communication plusieurs confréres ont pris la parole pour chercher à expliquer là non-immersion de vos bourgeons hiver- naux. Les diverses hypothéses présentées par ces messieurs semblent toutes rationnelles et probables; comme M. Chatin, je crois que toutes les causes supposées peuvent trés bien avoir contribué chacune pour une plus ou moins grande part. Mon fils, qui a lu votre article avec un vif intérét, est du méme avis. J'excepte pourtant votre hypothèse. Je ne crois pas à la possibilité de l'enfouissement dans le limon , au fond d'eaux profondes et toujours tran- quilles, des bourgeons de l' A/drovanda par le fait des tempêtes. M. Moquin-Tandon présente à la Société une belle fascie de Car- lina vulgaris qui lui a été envoyée de Carcenac prés Rodez (Avey- ron), par M. Ad. de Barrau. Cette expansion anomale offre environ 07,17 dans la plus grande largeur ; elle est mince, fortement striée, couverte de feuilles et à peine divisée supérieurement; elle porte un assez grand nombre de fleurs. M. Moquin-Tandon ajoute qu'il a observé à Toulouse, sur un Cirsium, une fascie trés remarquable. Les graines de cette plante ont veproduit des individus tous fasciés. M. Fermond dit qu'il a fait une observation analogue sur un Helianthus tuberosus fascié qui s'est reproduit plusieurs années de suite à la méme place oü l'on avait laissé ses tubercules. M. Chatin cite de nouveau les fascies de Cichorium Intybus dont M. de Schenefeld a parlé dans la dernière séance (1). Les pieds fasciés, dit-il, étaient trés rapprochés et provenaient probablement des graines d'un pied unique. M. Cosson fait remarquer que, si une monstruosité peut se trans- (1) Voyez plus haut, p. 905. 924 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. mettre par graines, à plus forte raison en serait-il de méme d'une race ou d'une variété, et que dés lors on a tort de donner la culture comme le meilleur critérium de la délimitation des espéces. M. Decaisne rappelle les exemples si fréquents dans la culture, où une monstruosité est à dessein propagée par un choix convenable de graines et d'individus. M. Moquin-Tandon ajoute aux exemples cités par M. Decaisne, celui du Celosia cristata qui, à l'état spontané, présente une tige cylindrique et un épi allongé; chez cette plante encore la fasciation se transmet par le semis. M. Moquin-Tandon fait en outre observer que l'état monstrueux d'un végétal reproduit toujours l'état normal de quelque autre plante; il rappelle que plusieurs Euphorbiacées exotiques sont constamment fasciées à l'état normal. Ces plantes seraient monstrueuses si elles avaient par accident une tige cylin- drique. M. Eug. Fournier, vice-secrétaire , met sous les yeux de la Société des échantillons de Chara fragifera DR., qui ont été trou- vés par M. Ém. Martin aux environs immédiats de Romorantin (Loir- et-Cher). Des échantillons provenant de la méme localité ont été envoyés par M. Martin à M. Durieu de Maisonneuve, qui les a reconnus semblables à ceux de la Canau (Gironde). MM. les Secrétaires donnent lecture des communications suivantes adressées à la Société : SUR LE SOMMEIL DES FLEURS, par M. Charles ROYER, A MM. les Secrétaires de la Société botanique de France. Saint-Remy près Montbard, 19 décembre 1860. Messieurs et chers confrères, J'ai l'honneur de vous envoyer le résultat d'observations que j'ai faites pen- dant le printemps de 1860, sur l'épanouissement et l'occlusion des corolles, en un mot sur le phénomène qu'on est convenu d'appeler le sommeil des fleurs. Elle n'allait que de travers la fameuse Horloge de Flore, car l'épanouisse- ment des mêmes espèces de fleurs varie d'heure, suivant l'orientation, le mois de l'année et l'état atmosphérique. Le méme jour un Stellaria media exposé au levant s'est épanoui trois ou quatre heures plus tót qu'un autre exposé au couchant, et dont les fleurs avaient le méme âge. SÉANCE DU 98 DÉCEMBRE 18060. 925 Les mêmes espèces qui en avril s'épanouissent à neuf ou dix heures, et se ferment à trois heures, s'ouvrent en mai dès sept ou huit heures et se ferment à une heure; car chaque fleur ne s'ouvre par jour qu'un nombre fixe d'heures. La pluie est une condition atmosphérirue très défavorable à l'épanouisse- ment : le poids de l’eau devrait cependant plutôt rabattre que relever les corolles. Les fleurs sommeillent par la pluie, alors même que le moment de veiller serait arrivé pour elles; elles se ferment si elles avaient déjà commencé à s'épanouir. Cependant j'ai vu des Draba verna, des Stellaria media, etc., s'épanouir par une petite pluie; mais cela n'arrive que si la plante est à l'apo- gée de sa floraison ; il faut de plus que le ciel ne soit pas trés couvert, en un mot que la pluie doive cesser bientót pour faire place aux rayons du soleil. On dirait que la plante prévoit qu'elle peut sans grand danger épanouir sa corolle. Ainsi une fleur de Draba verna s'ouvre pendant six ou sept jours : le troisième jour j'en ai vu s'ouvrir par une petite pluie, qui restaient fermées le cinquième jour par le méme temps. Plus les fleurs s'éloignent donc de l'apogée de la floraison, plus elles ont de disposition à l'occlusion. Un grand vent, un temps sombre, un abaissement de température sont encore des conditions mauvaises pour l'épanouissement, ou, si l'on aime mieux, favorables au sommeil. Une autre cause puissante de sommeil sont les troubles apportés à la végé- tation. Un Draba verna élevé en pot se fermait si je désorientais le pot. Des Capsella Bursa pastoris, des Stellaria media, en pleine terre et en pleine floraison, ayant été mis en pot, puis portés en une chambre, ont fermé leurs fleurs et ne les ont plus ouvertes. Les fleurs que ces mémes pieds ont produites en cette chambre s'épanouissaient moins complétement, moins de temps et à une heure moins avancée que celles qui fleurissaient à l'air libre. Les feuilles sommeillantes m'ont paru obéir aux mémes influences que les fleurs : seulement les heures de sommeil ne sont pas les mémes pour les unes et pour les autres. Ainsi le 12 juin, à six heures du matin, les fleurs de l'óxalis rosea sommeillaient, mais non les feuilles. Chez l Oxalis Acetosella, les feuilles de l'année précédente sont beaucoup moins soumises aux influences atmosphériques que les feuilles qui sont de l'année. C'est ainsi que l'homme a des impressions moins vives en avancant en âge. Je choisissais pour mes observations des fleurs ni trop jeunes, ni trop vieilles : trop jeune, la fleur est mal épanouie; on la dirait sommeillante, quand souvent il n'en est rien; trop vieille, la corolle a presque toujours coutume de rester contractée, absolument comme une corolle trop jeune : c'est une vieille fleur tombée en enfance. Voici les familles et les espéces sur lesquelles ont porté mes observations ; ces espèces sont presque toutes des plantes de la campagne. Un très grand nombre de familles et de genres n'ont pas encore été étudiés, et beaucoup de genres l'ont été seulement dans une ou deux de leurs espèces : 926 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Fleurs sommeillantes, FAMILLES A FLEURS RÉGULIÈRES, ESPÈCES. RENONCULACÉES à fleurs régulières. ' Anemone nemorosa, Ranunculus bulbosus, R. re- pens, Ficaria ranunculoides. (Le Caltha palustris ne sommeille pas.) CARYOPHYLLÉES (Alsinées)..... .. ' Alsine tenuifolia, Holosteum umbellatum, Stellaria | media, Cerastium arvense. OYXALIDERS nee ent | Oxalis Acetosella, 0. rosea. GÉRANIACÉES . ...........,..., | Erodium cicutarium, Geranium molle. (Le G. Ro- bertianum ne sommeille pas.) CRUCIFÈRES siliculeuses. ........ Alyssum calycinum, Draba verna, Thlaspi perfo- liatum, Capsella Bursa pastoris. CISTINEES it ... ... | Helianthemum vulgare, H. Fumana. CONYOLVULACÉES.. ...,......... Convolvulus arvensis, C. tricolor, Calystegia sepium. LILIACÉES, .....,....,..,.., .. | Tulipa Gesneriana, Nothoscordum fragrans. (Les Lilium candidum et bulbiferum ne sommeillent pas.) FAMILLES A FLEURS IRRÉGULIÉRES. EsPÉCES. PAPILIONACÉES. . ... niet .. | Medicago Lupulina, M. maculata. SCROFULARINÉES. ,.,,.,.,... ... | Veronica hederifolia, V. agrestis, V. Chamædrys, | V. Teucrium, V. serpyllifolia. Toute fleur sommeillante est donc régulière : les seules exceptions sont fournies par les genres Medicago et Veronica ; encore les Véroniques sont- elles à peine irrégulières. Mais si toute fleur sommeillante est régulière, toute fleur régulière est loin d’être sommeillante. Fleurs nón sommeiliantes. FAMILLES A FLEURS RÉGULIÈRES. ESPÈCES, BERBÉRIDÉES . ..,..,...,,. a.. | Mahonia Aquifolium. : CARYOPHYLLÉES (Silénées)....... | Dianthus Carthusianorum, Silene inflata, Lychnis Flos cuculi. PAPAVÉRACÉES, .........,...., | Papaver Rhœas, Chelidonium majus. CRUCIFÈRES siliqueuses. ; ., .... . | Cheiranthus Cheiri, Arabis arenosa, Dentaria pinnata. (Le Cardamine pratensis, le Sinapis arvensis som- meillent un peu.) AXYGDALÉES. .........., vs... {Cerasus avium, €. vulgaris, C. Mahaleb, Prunus spinosa, P. domestica, P. Armeniaca, Amygdalus Persica. sesse... | Rubus cæsius, R. fruticosus, R. idæus, R. odo- ratus, Fragaria collina, Rosa arvensis, R. canina, R. rubiginosa. Kesaefza; 0s vul. POMACÉES....,,.....,.,,..,., | Cratægus Oxyacantha, Mespilus germanica, Cydonia vulgaris, C. japonica, Pirus communis, Malus communis. SAXIFRAGÉES .......... iss as: | Saxifraga tridactylites, PRIMULACÉES . ..., ss... | Primula officinalis. PLANTAGINÉES . ..... 2s sss. | Plantago lanceolata, P. major, Los oi aa -ay ss... | Syringa vulgaris, Jasminum nudiflorum, APOCYNÉES..,,.., eios sis. su | VINCA minor. BORRAGIBEES | Luv lulu Myosotis intermedia, Heliotropium europætim: SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE 1860. 927 FAMILLES A FLEURS RÉGULIÈRES. ESPÈCES. BONHAOEERD Q0 o n Galium verum, G. cruciatum, G. Mollugo, 6, tri- corne. VALÉMANÉBSG duo v ess C. | Valeriana officinalis, Valerianella olitoria. RADIÉES (fleurons tubuleux seule- DD Chrysanthemum Leucanthemum, Tussilago fragrans. IBIBRES, ni, a nOoopoc Iris germanica, I. fœtidissima. AMARYLLIDÉES ca duwa ced ... | Narcissus poéticus. . FAMILLES A FLEURS IRRÉGULIERES. | Ne sommeillent pas, sauf les deux exceptions indi- quées précédemment. C'est bien à tort qu'on a toujours cité les Gomposées quand il s'agit du som- meil des fleurs. Ce qui se ferme dans un TZarazacum Dens leonis, dans un Bellis perennis, ce sont les folioles de l'involucre, et, en se contractant, elles forcent les fleurs à se serrer les unes contre les autres; mais les corolles ne sommeillent en rien; d'ailleurs, quand les fleurons sont ligulés, ils sont par cela irréguliers, et rentrent dans la règle établie pour les fleurs irrégulières. L'heure, l'état atmosphérique ont une graude influence sur l'épanouissement de l'involucre des Chicoracées. L'action du soleil est encore toute-puissante : j'ai vu souvent des Taraxacum Dens leonis, des Tragopogon pratensis dont les involucres étaient seulement épanouis dans la moitié du capitule qui regar- dait le soleil. Chez les Radiées, l'involucre du Bellis perennis s'ouvre et se ferme chaque jour : celui du CArysanthemum Leucanthemum reste toujours ouvert. Les fleurs des Composées ne sont pas plus héliotropes que sommeillantes : de méme que les folioles de l'involucre seules sont sommeillantes, de méme la hampe ou le pédoncule est seul héliotrope; mais les fleurs n'ont par elles- mémes aucun mouvement. Dans la méme famille, dans le méme genre, on trouve des espéces som- meillantes et d'autres non sommeillantes : le Capsella Bursa pastoris, le Stellaria media sont trés sommeillants; le Cheiranthus Cheiri, le Silene inflata, ne le sont pas du tout. Le Geranium molle l'est, mais non le G, Ro- bertianum. Quelles sont les causes de l'épanouissement? La chaleur et la lumière? Mais en été presque toutes les fleurs s'ouvrent des le matin et se ferment à une, à deux heures, c'est-à-dire à l'heure où les rayons du soleil ont le plus de chaleur et d'éclat. Ne faut-il donc aux plantes qu'une certaine somme de chaleur, au delà et en deçà de laquelle leurs fleurs restent fermées ? Pour expliquer l'occlusion, attribuera-t-on au calice une compression sur la corolle? Il resterait toujours à savoir comment se meut ce calice. D'ailleurs, dans les Véroniques, les Convolvulus, etc., la corolle déborde beaucoup le calice, et évidemment elle a un mouvement qui lui est propre. Ces observations sont encore bien incomplètes ; peut-être mème ont-elles 928 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. été déjà faites; mais il me semble qu’on peut dire qu’en général ne sont par sommeillantes : 1? Les fleurs irrégulières ; 2° Les fleurs régulières dont le limbe de la corolle, en s'étalant pour pro- ]onger le tube ou l'onglet, forme avec lui une ligne brisée : ainsi le Vinca minor. Le limbe alors ne pourrait guère se fermer sans se déchirer en partie. Quand la corolle a cette forme, le tube ou l'onglet est souvent trés allongé : Lychnis Flos cuculi, Primula officinalis, Narcissus poëticus, etc. Cette regle est utile pour expliquer pourquoi, dans une méme famille, dans un méme genre, se trouvent des espèces sommeillantes et d'autres non sommeil- lantes : ainsi Draba verna et Cheiranthus Cheiri, Stellaria media et Lych- nis Flos cuculi, Geranium molle et G. Robertianum. Mais il n'en faudrait cependant pas conclure que des corolles qui n'auraient pas cette forme devraient nécessairement sommeiller, car on a de nombreuses exceptions présentées par les Berbéridées, les Amygdalces et plusieurs autres familles. ARBRES, ARBRISSEAUX ET PLANTES OBSERVÉS ET DÉCRITS PAR DES VOYAGEURS DU XVe SIÈCLE, par M. le baron de MÉLEICOCQ. (Raismes, 25 décembre 1860.) Le manuscrit n? 453 de la bibliothéque de Valenciennes contient la relation de trois voyageurs des dernières années du xv^ siècle, qui y décrivent à leur maniere les arbres, les arbrisseaux, les plantes par eux observés, soit en Afrique, soit en Palestine, etc. Ainsi Eustache de la Fosse, Tournaisien, nous a laissé (1579) la descrip- tion suivante dela Melequette, ou graine de paradis (1) : « Après le chief (cap) vert et chief Lyonné, on vient aux Basses-Sainte-Anne, » quy est mer, plain de rochiers et bien dangereux à passer, quy dure large- » ment 20 lieues. Et puis, par plusieurs journées, nous arrivasmes oü se ved » la graine de paradys, quy est bien belle choze à veoir, comme elle croist » tant beau. Yl croist comme faict le houblon en nostre pais sur longues har- » celles, et les focilles sont aussy grandes comme foeilles de docgs (2), et le » fruict en quoy il croist est gros et rouge, comme une pomme rouge de reu- » byn, et la coste de lad. pomme est espes comme ung gros reul d'ung » cousteau, et, au tailler, blanc comme la moulle de ung jong, ou de sehue » (sureau). Et sy font des fardeaux de lad. graine, empacquez desd. foeilles » et cordeletz de leurs d. harcelles, pesant 10 lib., 20 lib., 30 lib., et bien (4) Nous avons vu figurer les grains de paradis parmi les épices fournies au XVI" siècle eux moines de Saint-Bertin. (Voy. le Bulletin, t. V, p. 357.) i (2) Les docques figuraient aussi parmi les mauvaises herbes qui envahissaient les prairies de cette abbaye. (Ibid. t. IV, p. 792.) SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE 1860, 929 » faict quarez. C'est une fort plaisant choze à veoir. — J'avois ung cornet » de vache à mettre de la pouldre de graine de paradys, (graine de paradys » estampez en pouldre, fol. 137 r^) que nous mettions sur noz viandes, à la » fachon des cornetz à y mettre pouldre de canon. — Nous vinsmes à la Main- » ghette, qui est la cotte de la graine de paradys, où nous achaptâmes de » rechief de lad. graine (1). » Empruntons maintenant à Georges Lenguerant, bourgeois de Mons (en Hainaut), les diverses descriptions des arbres et des arbrisseaux qu'il avait observés pendant son voyage à Jérusalem (1485). « Nous allasmes loger et coucher à environ vI ou x milles de Gazera » (Gaza) lez ung villaige, soubz aulcuns arbres, grandz, portans figues par les » gro$ses branches, comme en trousses, et non pas par les branchettes, comme » en nostre quartier tous fruictz se portent (2). » Nous trouvasmes (à Matharie, où les eaux du Nil fertilisent les jardins) » ung grand et gros figuier, que l'on appelle figuier de Pharaon, pareil à » ceulx dont dessus ay dict que trouvasmes à Carpha, prés de Gazera. Auquel » on dict que la benoiste Vierge Marie, avec Jésus, son enffant, se cacha et » mucha pour la crainte des gens d'Hérode : et se ouvrist le fighier par le » millieu et se recloit, puis après se ouvry de recief, quand voulut sortir, et » encoires est-il creux de deux costés, et y tiennent les mores une lampe » devant (3). » Puis entrâmes en ung aultre jardyn auquel est le balme, quy est à » manière d'ung arbre portant petites fueilles, où en a cincq quy s'entre- » tiennent, où allefois herable, ou herele, de la grandeur ‘d'ung moien » pommier de paradis. Entre la première escorce et le bois y a ung ver- » dillon tendre, où se tient le balme, et, quant on tire une fueille, ou » ensisse l'on la première escorce, yncontinent le balme en sorte. Ce balme » vint, comme l'on dict, que comme Nostre-Dame lavast les drappeles de » Nostre-Seigneur en la fontaine susd., et les euist espars et estendus sur » led. bois, quy pour lors ne sentoit riens, yncontinent print ceste odeur, ef » n'y a lieu au monde où il venist, que là, et contient bien ung journel et « plus (4). » A l'hostel du consul de Venise, à Damiette, nous vidmes grand force » d'arbres, portant casse, fistule, et d'aultres quy portent une grande fueille, » longue comme une aulne et large comme ung chou, et porte une maniere » de fruict quy vient par trousses, loing et tendre, aiant la pel doulce, appel- » lée muse, et dict l'on que telle estoit la pomme que Dieu deffendit à Adam rz (1) Fol. 133 v°, 434 r°, 136 v^. — Fol. 140 r°, il parle des oiseaux qui se nourrissent dans ces isles de la joncsiane, qui y croist. (2) Fol. 92 v^. (3) Fol. 108 v^, (4) Ibid. T uu 59 930 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. » de manger en paradis terrestre, et, par quelque endroict que l'on coppe » par le travers void l'on dudens comme ung crucifix (1). » Auprés du Sinay y avoit arbres, grandz comme grandes aubespines, por- » tant espines samblables à celles de quoy Nostre-Seigneur fut coronné. Ces » arbres gectent gomme, dicte gomme arrabicque, que les Arrables mengent » très-volentiers (2). » Si nous consultons actuellement Jehan de Tournay, bourgeois de Valen- ciennes, qui visita les lieux saints en 1487, il nous apprendra que « l'église » des Fréres Mineurs de Ragouze n'est point trop belle, mais yl y a troys » fortz beaux jardins, l'ung deseure l'aultre, et de l'ung à l'aultre on y monte » bien à xxx dégrez de hault, et sont lesd. 1; gardins contre lad. roche, » dont yl y a de divers arbres, l'ung à l'aultre, dont, entre les aultres, y en a » ung que on me monstra pour chose fort nouvelle et me dict-on que c'esfoit » ung pommier, pareil à celluy lequel estoit au paradis terrestre, que Dieu » avoit deffendu à Adam, nostre premier père, qu'il n'en mengeast point. » Lequel est de telles foeilles larges, sentantz et odorans, comme font foeilles » de laurier, et sont les fleurs telles comme ont par deça les pommiers de » paradis. À mon retour, en Rhodes, je vidz la pomme toutte meure, laquelle » avoit crut sur ung tel pommier et fut donnée par monseigneur le trésorier » de Rhodes à ceste abbé d'Auvergne, duquel abbé, de sa gráce, j'estois de » sa compaignie, comme devant a esté dict; mais lad. pomme estoit longue ». et droicte, et assez sur [a fachon de une grosse poire de Myllon, sinon que » yl estoit aux deux deboutz ung petit plus de le longueur que sur la gros- » seur ; car poires sont sur l'ung des deboutz assès grosses. Aud. gardyn yl » y a des pommiers d'orengers (3), des pommiers de grenade, des pal- » miers (4) : ce sont dadiers, figuiers et plusieurs aultres fruictz, et est ung » fort plaisir que d'y estre (5). » « La ville de Rames (Rama) est asses belle ville, et principallement elle » siet en fort bon pais. Le cucre y croist, comme on diroit en grandz gla- ». gios (6); le riz y croist, comme vous diriés oignelette (1), en long bourdon; (4) Ibid. fol. 415 r^. (2) lbid. fol. 97 vo. ^ (3) Parlant d'un jardin de la ville de Molle (sans doute Nolef), il dit : 11 y avoit la pomme d'orenger venue, la pomme à demy meure, la pomme verde, la pomme en fleur, (Fol. 263 v?.) | (4) Aulcuns dient que l'arbre de la croix estoit ung palmier et les aultres main que e'estoit ung olivier. (Fol. 494 v9.) — Suivant G. Lenguerant, ces oliviers, : verdz en tout tampz, ont les fueilles comme sauz-salengues, un peu plus espesses. 19 v9. (5) s 110 ro et vo (6) Nous savons déjà que cette plante, nommée à Lille glani (Voy. le Bulletin, t. IV, p. 791.) (7) Nous avions d'abord émis avec doute l'opinion qu'au xiv? siècle, la pre d'oignoulleles était notre semence d'oignon. (Ibid. p. 792.) L'oignelette de Jehan ce Tournay ne serait-elle pas le Colza? Dans cette hypothèse, quelle plante oléagineuse tiennent ui sont (Fol. on, est l Iris PseudacorusL. SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE 1860. 931 » aussy le cotton (4) croist comme une ancolye (2). — Je passay (en » décembre), auprés d'Arles, plusieurs bois, lesquelz estoient plains de » rommarins, lavende, cyprés et mariolaines, rendant grandes odeurs, le » chemin plein de pierres et cailloux (3). » « Nous partismes de Bayonne, et, à l'issue de lad. ville, nous entrasmes en » ung petit bateau, et puis nous montasmes en une estroicte ruielle et pas- » sàmes emprès ung vignoble, et puis nous entrasmes ès landes de Bourdeaux » quy est ung périlleux passaige; car yl y a IMI petittes journées de lad. » ville de Bayonne jusques à la ville de Bourdeaux, et sont très-fort grand » foinmarins (L) ens ésd. landes, et n'y trouverez nulles bonnes villes, sinon » de iH lieues en Iur lieues une bourgade, quy sont IH où IJI maisons » enssamble, et sont les hostes très-maulyais, villains et mourdreurs. Nous » passâmes le villaige de Saint-Vinchant et vinsmes coucher au villaige de » l'Esporon (5). » P.-S. — Je joins à mon bulletin de vote ces quelques notes, empruntées à un manuscrit du Xv* siècle, Elles m'ont paru intéressantes pour l'histoire de la botanique à cette époque reculée. Au moment où j'allais clore cette lettre, je reçois le n° 5 du Bulletin de 1860, et j'y trouve le savant article que notre honorable confrére, M. Kirschleger, y consacre aux Annotations de M. Billot (dont j'ai l'honneur d'étre le correspondant), article dans lequel il veut bien me citer (t. VII, p. 381). Qu'il me soit donc permis de faire observer ici que je n'ai jamais considéré comme fort rare la pélorie du Zénaria vulgaris, lorsque les tiges qui la pro- duisaient portaient aussi des fleurs irrégulières ; mais que je pensais et que je pense encore que celles sur lesquelles on ne remarque que des fleurs complé- tement péloriées n'ont été observées que fort rarement. Au reste, ces tiges à fleurs péloriées, si nombreuses en 1858 et 1859 dans la localité que j'ai eu l'honneur de signaler à la Société, n'ont plus reparn représenterait aujourd'hui le Ulanc poivre mentionné ibid.? Ce dernier était encore cultivé sous ce nom au xyi° siècle, puisque le magistrat de Lille déclare, eu 1542, que celui qui enclot de la paille de poivre, sans congié de l'esgard, encourt amende de vt 1. í (4) Le coton croist enthour Hiérusalem et s'en font beaucop de fort fines toilles, £l 6° Génération longitudinale plus grande placée au-dessus d'une gé- Ll nération latérale plus grande. . . . . . . . . . . . . i ak = 7° Génération latérale plus grande, placée au-dessus d’une géné- L«1 ration longitudinale plus prononcée, . . . . . . . . . . . . == Premier système. — Symbole = L. Ici les feuilles seraient réduites à une simple nervure médiane, faisant suite au pétiole et plus ou moins revêtue de tissu cellulaire. La vrille du Zathyrus Aphaca en serait un exemple, auquel on pourrait peut-être ajouter les filets grêles qui naissent à l’aisselle des cotylédons et le long de la tige submergée du Trapa natans. Les feuilles cylindriques, allongées, épaisses, charnues, du Sarcophyllum carnosum , les feuilles cylindriques et subulées de quelques Sedum, celles de beaucoup de Conifères, doivent sans doute aussi être rangées dans ce système. à Deuxième système. — Symbole = 1. Si l’on suppose une feuille réduite à ses deux nervures secondaires, la pri- maire ayant avorté, on aura une idée exacte de ce système. En admettant que la feuille du Smilax aspera vint à avorter, les deux vrilles latérales représen- 93^ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. teraient exactement notre second système. Nous n'avons pas en mémoire l'eteinple d'utié semblable simplicité de feuilles. Cependant De Candolle a figuré (1) la tige submérgée du Träpa natans comme présetitant de distance en distance deux filets séparés qui pourraient bien résulter du développement de deux nervures latérales d'une feuille sans parenchyme et constituer un exemple de ce second systéme dans toute sa simplicité. Dans tous les cas, on trouve une feuille offrant un état trés voisin de ce systéme daus les cotylédons du Quamoclit (/pomæa Quamoclit), et les feuilles unijuguées de quelques Lathy- rus sans vrilles, des Zygophyllum; de F Hymenæa Courbaril, sont dans le même cas. Troisième système. — Symbole = L = 1. Une nervure longitudinale et deux latérales, plus ou moins revétues de tissu cellulaire, formeraient le type le plus simple de cette feuille. Les feuilles trifo- liolées viennent se placer dans ce système, et certaines feuilles plus ou moins triangulaires (Rumex abyssinicus) ou cordiformes, ct toutes les feuilles dont nous avons longuement parlé daris la premiere partie de ce travail, vietinent se classer dans ce système. Quatrième système. — Symbole = L < 1. Ne pouvant fournir d'exemples de feuilles de ce système réduites à leurs simples nervures, nous donnerons celui des feuilles des Helleborus, où il est aisé de voir que la génération des folioles se fait toujours de plus en plus laté- ralement (feuilles latéricomposées); celui des feuilles des Cannabis, du Mar- ronnier-d'Inde, des Potentilles-Quintefeuilles, etc. , qui appartiennent aussi à ce système. La foliole médiane existant, il y à évidemment génération longitu- dinale, mais se bornant à la production des deux folioles secondaires, tandis qu'une suite de folioles, se forthañt de plus en plus sut le côté, rend évidente la génération latérale plus grande que la longitudinale, et c'est ce qu'exprime le symbole L < l. Les feuilles simples chez lesquelles la nervation est dispo- sée comme les folioles des feuilles latéricomposées font évidemment partie de ce système (Petasites hybrida, vulgaris, ete., Nardosmia fragrans, Al- thæa rosea, etc.). On peut remarquer que, puisque la génération latérale est plus grande que la longitudinale, si l'on fait passer une courbe par toutes les . extrémités des folioles et se rejoignant au sommet du pétiele, on doit én-. ceindre très sensiblement une figure réniforme, par conséquent plus large que longue. C'est en général le cas des feuilles du Cercis Siliquastrum, qui serait la feuille simple de ce système, tandis que la feuille ou fronde de l'Adiantum pedatum en serait une des feuilles composées. ` (4) Organogénie végétale, pl. LV, fig. 4. SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE 1860. 935 C'est à ce système qu'appartient la feuille simple dite peltée (Capucine), qui se lobe dans le Ricin et se compose dans les Lupins. Pour comprendre cela, il faut remarquer que lorsque les éléments foliaires qui se forment latéralement sont en petit nombre, ils peuvent se placer tous sur la demi-circonférence que forme l'extrémité du pétiole, et alors. chaque foliole et le pétiole se trouvent compris dans un méme plan. Mais si le nombre de ces éléments devient trop grand pour s'y placer, ¿l y a obligation orga- nogénique pour eux de se disposer suivant un plan dans lequel ne peut être compris le pétiole. Alors le plan de la feuille incline. plus ou moins sur le pétiole, selon le moins ou le plus d'éléments foliaires ou de parenchyme. De ces observations, on peut, ce nous semble, établir cette première loi : PREMIERE LOI. — Za perpendicularité du limbe d'une feuille de la forme L < l sur le pétiole paraît être en raison directe du nombre de folioles . ou de nervures qui partent simultanément du sommet du pétiole. i Nous avons cru remarquer aussi que plus le nombre des éléments était grand, plus les éléments foliaires arrivent à être de la même grandeur. Les feuilles des Lupins en sont un exemple. C'est à ce genre de formation qu'il . convient de rapporter les feuilles concaves ou en cornet de l'Écuelle-d'eau ou du Nelumbo lutea, chez lesquelles la perpendicularité du plan du limbe sur le pétiole est assez manifeste. Or on remarquera que les éléments circulaires . de ce limbe sont à peu prés de méme grandeur, et que conséquemment, comme dans les Lupins, il y a une relation non équivoque entre la grandeur des élé- ments et la perpendicularité du limbe sur Je pétiole, d'où cette deuxième loi : DEUXIÈME LOL — Dans une feuille simple ou composée de la forme L < I, linégalité des divers éléments qui composent le limbe est en raison inverse de sa perpendicularité sur le pétiole. De l'examen des nervures d'une feuille de ce système, on peut tirer deux nouvelles lois qui souffrent peu d'exceptions, savoir : TROISIÈME LOI. — Dans une feuille de la forme L < l, dont le plan du. limbe n'est pas perpendiculaire au pétiole, la longueur des nervures. laté- rales est en raison inverse de l'ordre de leur génération, COROLLAIRE. — Chaque nervure pouvant devenir le centre d'une foliola, il s'ensuit que la loi est applicable aux feuilles composées de ce système. QUATRIÈME LOI. — Dans une feuille de la forme L « l, dont le plan du limbe n’est pas perpendiculaire au pétiole, l'ouverture des angles que forme chaque nervure de nouvelle génération avec celle qui la précède, est en rai~.. son inverse.de l'ordre de leur génération. Enfin, de tout ce qui précède, on peut encore déduire la conséquence sui- vante : à COROLLAIRE GÉNÉRAL pour toutes les feuilles de ce système : L'ouverture des angles que forment entre elles les nervures des feuilles de la forme L < l, est en raison directe de leur longueur. 936 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Il est facile de reconnaître que c’est à ce système que se rapportent toutes les feuilles dites palminerves, peltinerves et pédalinerves, qui toutes ont une génération latérale plus grande que la génération longitudinale. Cinquième système. — Symbole = L > 1. Le type de cette génération semble exister dans les feuilles submergées du Trapa natans, figurées par Turpin (1), qui seraient réduites à leur nervure. Les vrilles des Viciées, particulièrement celles des Zathyrus odoratus et . platyphyllus, à part les deux folioles inférieures, réalisent ce type jusqu'à un certain point. C'est uniquement la nervure primaire portant de chaque cóté une série paralléle de nervures secondaires. Ces nervures peuvent devenir le centre d'une foliole, et alors on a la feuille composée des Galega, Glycyr- rhiza, Robinia, etc. En les soudant plus ou moins par leur base, ces folioles formeraient les feuilles dites pinnatiséquées, pinnatipartites, pinnatifides, qui conduisent à la feuille penninerve. Une courbe passant par l'extrémité de toutes ces nervures ou de ces folioles enceindrait une figure elliptique- oblongue, plus ou moins allongée, dont la feuille de Pécher peut donner l'idée. C'est particulièrement dans ce système que doivent se classer les feuilles composées, articulées, et offrant parfois des bourrelets dans lesquels parait résider la cause des mouvements remarquables que présentent toutes leurs parties. La forme elliptique est tellement prononcée qu'elle se conserve jusque méme dans la bicomposition de ces feuilles (Acacia lophantha, Julibris- sin, etc.). Il en est de méme de la génération longitudinale, qui est tellement prononcée que dans l' Acacia dealbata le nombre considérable des folioles qui devrait porter la composition à la septième ou huitième puissance, comme dans le système L — 1, ne la porte jamais au delà de la bicomposition. L'ensemble des observations faites sur ce systeme conduit aux deux lois suivantes : PREMIERE LOL — Dans les feuilles simples ou composées du système L 7» l, les nervures ou les folioles sont généralement entre elles comme les ordonnées d’une courbe sensiblement elliptique, qui aurait pour limites les deux extrémités du limbe et pour abscisses la nervure principale ou rachis. COROLLAIRE. — Dans une feuille simple ou dans une feuille composée, les plus grandes nervures secondaires ou les plus grandes folioles sont trés sen- siblement vers le milieu de la feuille. DEUXIÈME LOI. — Dans les feuilles composées du système L >> l, les fo- lioles composées sont entre elles comme les ordonnées|d'une courbe à peu prés elliptique dont le grand axe serait le rachis lui-même. (4) Iconographic végétale, tab. XII, fig. 5. SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE 1860. .937 La feuille de l’ Achillea Millefolium, dont la composition s'élève à la qua- trième puissance, peut servir de preuve à cette deuxième loi. am L > 1. Sixiéme systéme. — Symbole — y yma L 1 qui semble se composer, tandis que le système L< 1 reste le plus souvent entier, ou tout au plus lobé. Dans ce système la foliole terminale est trés largement développée, tandis que les folioles inférieures plus ou moins nombreuses sont fort souvent réduites. Des considérations, que nous ne pou- vons développer ici, nous ont fait penser que c'était à ce systéme qu'il fallait rapporter les feuilles dites roncinées, en lyre, les feuilles ai/ées des Agri- monia ou celles ailées par interruption (folia interrupte pinnata) de quelques Spirées (Spiræa Ulmaria, Filipendula, etc.) REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. Mémoire sur la structure des Cyceadées ; par M. Th. Lesti- boudois (Comptes rendus, t. LI, pp. 651-655, 1860, 2° semestre). On sait qu'à plusieurs égards les Cycadées paraissent réunir les trois grands etibranchetnents du règne végétal, leurs fruits les reliant aux Coniféres, la longdeur de leur filament suspenseur et la vernation circinale de leurs feuilles les rapprochant des Fougères, leurs cotylédons inégaux et l'aboundancé - de la fécule qui remplit leurs tiges les placant au voisinage des Palmiers. M. Lestiboudois fournit, aprés un examen approfondi de la tige de ces végétaux, des faits. qui fortifient encore l'idée de ces relations multiples. Il a reconnu ' que d'une maniere générale le développement ligneux des Cycadées procéde, comme dans les Dicotylédones ordinaires , par formation annuelle d'aubier et d'écorce aux dépens d'une zone génératrice ; mais d'une part les couches. ligneuses d’ancienne formation ne peuvent être distinguées les unes des autres, parce qu'elles ne contiennent exclusivement que des tubes vasculaires, et que le commencement d'une couche est absolument semblable à la fin de la précédente; d'autre part, dans les vieux troncs l'accroissement s'arréte entre le système ligneux et le système cortical, et il se forme dans la couche herbacée, en dehors des zones fibreuses de l'écorce, de nouveaux faisceaux fibro-vasculaires et une nouvelle couche génératrice enveloppant la premiere ainsi que le liber de celle-là, Plus tard le développement s'arréte encore dans cette deuxième couche de cambium et il s'en forme plus extérieurement une. troisióme, et ainsi de suite. Dans le Cycas, ces faisceaux de superfétation ne se produisent que dans la médulle corticale; dans le Dioon; ils apparaissent seulement dans la médulle interne; tandis que dans le Zamia on les trouve dans les deux systémes médullaires. Ainsi, d'une part, les Cycadées se relient par leur développement ligneux aux Dicotylédones ordinaires ; d'autre part, elles se rattachent aux Palmiers par l'homogénéité de leur bois ainsi que par la cylindricité de leur tronc ; ce bois est d'ailleurs uniformément formé de vaisseaux poreux auréolés semblables à ceux des Coniferes , et les deux mé- dulles présentent des lacunes arrondies, pleines d'un suc gommeux, comme les lacunes des Conifères sont remplies d'un suc résineux. En outre, les Cycadées se spécialisent tout à fait par le développement des faisceaux fibro- vasculaires en déhors de la zone génératrice normale, ainsi que par deux REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 939 autres faits : les utricules de la moelle contiennent dés grains très petits, ut peu grisâtres, souvent animés d’un mouvement de trépidation qui est parfois très vif ; et les fibres destinées aux feuilles se ramifient au lieu de se rendré directement dans les pétioles; ensuite elles se courbent en décrivant dé nombreuses anastomoses à la périphérie de la tige, et c'est de ce réseau exté- rieur que sortent les fibrilles dont la réunion va constituer les faisceaux pétiolaires. Rapport des laticifères avec le système fibro-vaseu- laire; par M. À. Trécul (Comptes rendus, 1860, 2* semestre, t. LI, pp. 871-874). Il faudrait lire cette note en entier pour se rendre bien compte des dispo- sitions anatomiques signalées par M. Trécul, Ses études ont porté sur le Chelidonium, le Sanguinaria canadensis, le Carica Papaya et le Vascon- cella quercifolia, les Ficus repens et Carica, le Morus constantinopolitana, ét les Z’uphorbia splendens, orientalis, pilosa , F sula et silvatica. M insiste surtout sur Ce que dans ces plantes les laticifères sont accompagnés de fibres ligneuses et dé vaisseaux, et se ramifient, par anastomoses, du système cor- tical jusque dans la moelle, en passant par les rayons médullaires, I} termine sa communication par la description d'un vaisseau d'un genre.tout nouveau, observé dans l’£’uphorbia silvatica , et qui ressemble à un organe excréteur. Il va de la moelle, en traversant le bois et l'écorce, jusqu'à l'épiderme, sous, lequel il se cloisonne à son extrémité; ensuite il se rétrécit subitement en ufi court tube extrémement étroit, dont l'auteur n'a pu voir nettement l'orifice au dehors; cependant cet orifice lui a semblé être au fond d'une petite exca- vation creusée entre les cellules épidermiques. Recherches chimiques sur ie latex et sur le cam- bium; par M. E. Frémy (Comptes rendus, V. LI, pp. 647-651, 1860, 2* semestre). M. Frémy fait connaitré dans ce mémoire un fait extrêmement intóres- satit. Il a extrait de végétaux fort divers (Arum, Coloensia odora, Stepha notis, Tanghinia, Bananier, Potiron), un liquide présentant des caractères communs, alcalin et trés albumineux, puisqu'il à obteüu uhe fois un résidu de 13 pour 100 constitué presque exclusivement par de l'albumine. Il se pro- cutait cé liquide en pratiquant tine légère incision dans le tissu sous-épiderz mique et qui paraît, dit-il, être en voie de formation ; il avait 8oin de mettre de côté la première goutte qui s'écoulait, car la deuxième ne présentait pas toujours les caractères du latex albumineux. Ce latex, dit-il, extrait du tissu et conservé à l'air pendant quelque-temps, peut éprouver une véritable coagu- lation et former une espèce de membrane. 1l faut rapprocher ces observations 940 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de celles de M. Gulliver. Pour M. Frémy, cette coagulation est produite par le tannin qui se trouve dans le tissu organique, et dont il se méle des traces au liquide extrait des vaisseaux laticiferes. Il ne doute pas, en effet, que son latex albumineux ne soit le contenu de ces vaisseaux. M. Decaisne a, dit-il, constaté la présence des laticifères dans les parenchymes qui ont fourni le liquide examiné; quant aux produits végétaux, tels que le suc opiacé du Pavot ou la liqueur laiteuse du caoutchouc, qu'en a appelés du nom de latex, M. Frémy est disposé à les regarder comme de véritables excrétions végétales. Il ajoute encore que la gelée qui constitue le cambium lui parait devoir étre regardée comme un état que prend le latex sorti de ses vaisseaux. Il se fonde, pour émettre cette opinion, sur l'état gélatineux que prend le latex abandonné à lui-méme, sur l'existence de nombreux laticiféres au voisinage de la zone génératrice , et sur la composition chimique des premières membranes d'un tissu en voie de formation, lesquelles, d'aprés M. Payen, sont toujours forte- ment azotées. On the temperature of the flowers and leaves of plants (Sur la température des fleurs et des feuilles des plantes); par M. E.-L. Lowe (Proceedings of the royal Society, vol. X, n° h0, pp. 534-538). Cet article n'est qu'un résumé du travail de M. Lowe. On voit que cet auteur avait institué des observations pour connaitre la chaleur dégagée par les plantes. Il plaçait des thermomètres au-dessus du gazon, qu'il prenait toujours pour terme de comparaison, ou au-dessus des autres plantes, qu'il laissa d'abord en place, et qu'il placa plus tard dans des vases enfoncés dans le sol jusqu'à niveau. On voit que les résultats accusés par les thermo- metres ont été d'autant plus élevés que l'observation avait lieu dans un ciel plus serein, et plus prés de l'heure de midi. Dans ces cas, les thermomètres placés au-dessus de pieds de Tulipe ont donné jusqu'à 12 degrés Fahrenheit de plus que ceux qui étaient suspendus au-dessus ‘du gazon. D'autres plantes, les Daphne curiosum, Eschscholtzia crocea, Alyssum tortuosum, etc. , ont fourni une somme de chaleur moins considérable, mais toujours plus considé- rable que celle du gazon. M. Lowe ne parait pas s'étre préoccupé du pouvoir émissif du sol. D'ailleurs nous rapportons simplement ici ses opinions sans avoir l'intention de les apprécier. Recherches sur la matière colorante verte des feuilles; par M. E. Frémy (Comptes rendus, t. L, pp. 405-412). M. Frémy, pensant que dans les expériences faites sur la constitution de la chlorophylle, et qui ont donné des résultats trés différents, cette substance n'avait pas été analysée à l'état de pureté, s'est préoccupé du méme sujet et REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 941 a eu recours à l’alumine hydratée pour séparer les diverses matières colo- rantes contenues dans une solution alcoolique de chlorophylle. En faisant varier le degré d'hydratation de cette solution et de l'alumine employée, il a obtenu des laques différemment colorées, et enlevé une certaine partie de la matière jaune contenue dans la chlorophylle, mais sans arriver à produire la teinte bleue. En traitant ces laques par les dissolvants neutres, il a obtenu des teintes plus voisines encore de la série cyanique. Enfin il a pu réaliser la séparation de la matiére verte et de la matiére bleue des feuilles. La chloro- phylle, sous l'influence des bases, se décolore, et elle reprend sa coloration par l'action des acides. En agitant de la chlorophylle ainsi décolorée dans un mélange d'éther et d'acide chlorhydrique, il a séparé la matière jaune qui est restée dissoute dans l'éther, de la matière bleue, qui, aussitôt aprés sa formation, est demeurée unie à l'acide chlorhydrique. M. Frémy a déposé sur le bureau de l'Académie des flacons contenant la substance bleue, qu'il nomme phyllocyanine, et la jaune qu'il nomme phylloxanthine. Il donne le nom de phylloxanthéine au corps jaune qui résulte de l'altération de la phyllocyanine et peut la reproduire sous l'influence des acides. La phylloxanthine, plus stable que la phyllocyanine, existe dans les feuilles avant et aprés elle; cette persistance empéche qu'on puisse jamais voir de feuilles bleues, bien que la teinte verte résulte du mélange des deux autres. M. Frémy se propose de rechercher ultérieurement si les substances végé- tales qu'il a étudiées n'ont pas été altérées par les réactifs qu'il a employés. Note relative au Penicillium glaucum et à la dissymétrie moléculaire des produits organiques naturels ; par M. L. Pasteur (Comptes rendus, 1860, 2° semestre, pp. 298-299). Nos lecteurs connaissent cette expérience de M. Pasteur, dans laquelle la levüre de bière, semée dans de l'eau sucrée en présence de phosphates et de sels d'ammoniaque, se multiplie et fait fermenter le sucre. Des spores de Penicillium glaucum, semées pareillement dans de l'eau où étaient dissous du paratarirate acide d'ammoniaque pur et des quantités fort minimes de phos- phates, ont reproduit la plante-mére, et en se développant ont fait disparaître l'acide tartrique droit, tandis que l'acide tartrique gauche est resté dans la liqueur. Sur la présence de laniline dans certains Champi- gnons; par M. T. L. Phipson (Comptes rendus, 1860, 2° semestre, t. LI, p. 107). Nous transcrivons la note suivante. On sait que plusieurs Champignons, appartenant au genre Boletus, ont la remarquable propriété de changer de couleur quand on entame leur chair, 942 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Leur tissu intérieur, d’abord incolore, prend dans ce cas une vive coloration, qui cependant n’est que passagère et qui diffère selon les espèces. Ce phéno- mène est surtout remarquable chez le Boletus cyanescens et le B. luridus, dont la chair intérieure exposée à l'air devient d'une belle teinte d’indigo. La matière colorante qui existe dans ces Bolets à l'état incolore est soluble dans l'alcool, difficilement miscible avec l'eau et se résinifie à l'air. Elle pos- sède les propriétés de l’aniline et donne lieu avec les agents oxydanis aux mêmes colorations que l'aniline et ses combinaisons salines. Formation du genre Dwfrenoyea et rétablissement du genre Sphærocaryga; par M. Ad, Ghatin (Comptes rendus, 1860, 2* semestre, t. LI, pp. 657-659), On sait que M. Chatin a établi dans les Thésiacées l'existence de caractères anatomiques parallèles aux caractères morphologiques. Comme preuve spé- ciale de l'appui que l'anatomie est appelée à prêter à la morphologie dans la distinction spécifique, M. Chatin vient aujourd'hui constituer sur des carac- téres anatomiques d'une valeur non douteuse, deux genres déjà presque admis sur les données morphologiques par M. Alph. De Candolle. Ce sont les genres Dufrenoya et Spluerocarya. Voici les caractères anatomiques du premier : Tige : Faisceaux corticaux nombreux, disposés sur une ligne circulaire contigué à la couche périxyle ; cellules scléreuses existant en grand nombre et situées pour la plupart dans l'intervalle des faisceaux corticaux, avec lesquels elles complètent le cercle; fibres ligneuses ponctuées: vaisseaux du bois 'rayonnants et assez courts. F'euilles : Systéme fibro-vasculaire des pétioles disposé e en un anneau com- plet, pourvu dé nombreux rayons médullaires à utricules ponctués ; fibres de l'anneau épaisses, finement ponctuées, et ordonnées avec les vaisseaux en séries rayonnantes autour d'une moelle centrale ; lame à épidermes sem- blables et à parenchyme symétrique, Ce genre est établi pour ]'Zlens/owia heterantha, qui s'éloigne des vrais Henslowia non-seulement par l'organisation du système fibro-vasculaire de sa feuille, mais encore par son habitat terrestre et non parasite (?), et par la disposition de ses fleurs máles. La structure de la tige identique dans les deux genres, retient d'ailleurs le Dufrenoya près des ZZenslowia. On peut consulter à ce sujet l Anatomie comparée des Végétaux de M. Chatin, p. 359, pl. 67. i Le genre Sphærocarya, supprimé par M. Alph. De Candolle, dans le Pro- dromus, doit être, d'après M. Chatin, rétabli pour le S. leprosa, qui croit dans le nord de l’Inde, dont la tige présente des fibres corticales en cercle presque complet, non groupées en faisceaux, et dont les feuilles ont un REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 943 système fibro-cortical disposé en un cercle brisé, et un système fibro-vascu- laire composé de deux faisceaux superposés, formés presque entièrement de vaisseaux. Le Sphærocarya ainsi reconstitué est encore mal connu au point morphologique, et, d'aprés M. Chatin, parait devoir former le passage des Combrétacées anx Thésiacées. Maladie de la gomme chez les Cerisiers, les Pruniers, les Abricotiers, les Amandiers; par M. A. Trécul (Comptes rendus, 1860, 2° semestre, t. LT, pp. 621-624 ; P Institut, 2h octobre 1860). Les anatomistes, dit M. Trécul, croient généralement aujourd'hui que chez les Amygdalées la gomme est sécrétée par les cellules de l'écorce interne, qui la déposeraient dans les méats intercellulaires, où elle s'aceumulerait en si grande quantité, sous l'influence de certaines circonstances, qu'à la fin elle déchirerait l'écorce et s'écoulerait au dehors. Pour lui, il n'en est rien ; la gomme est un produit pathologique, qui s'extravase dans des cavités également pathologiques. Sous l'influence d'une nutrition trop abondante, dit-il, par exemple à la suite de pluies nouvelles, les jeunes cellules de la couche génératrice, principale- ment aux endroits oà devraient apparaitre les vaisseaux, sont résorbées, et selon l'étendue de cette résoption il se produit une cavité plus on moins con- sidérable. Quelquefois l'altération envahit un tissu déjà formé et commence alors par la destruction des vaisseaux ; en tout cas, ce n'est qu'assez longtemps après la résorption que la gomine fait sa premiere. apparition , généralement au pourtour des lacunes ainsi créées, et sous forme de productions incolores, souvent mamelonnées , et qui se colorent plus tard. Ensuite elle s'extrayase dans toutes les anfractuosités qu'elle rencontre, pénètre faciiement dans l'écorce interne, grâce aux accidents qui en interrompent souvent le tissu, et dans les espaces dont la vacuité résulte elle-même de la résorption des cellules généra- trices et conséquemment d'uu défaut de nutrition, M. Trécu! explique ensuite , à son point de vue , l'erreur des anatomistes qui ont décrit des méats ou canaux gommeux dans ]'écorce. Il reconnait que cette formation a, méme pour l'œil le plus exercé, toute l'apparence de cou- rants de gomme; mais il soutient que les stries qui ont fait croire à la pré- sence de la gomme dans les méats sont dues à la compression de ces méats et à la plicature des membranes qui les constituent. On the species and genera of plants, considered with refe- rence to their practical application to systematic botany (Sur les espèces et les genres de plantes, considérés relativement à leur application pra- tique à la botanique systématique); par M. George Bentham (The natural history review, avril 4861, pp. 133-151). Ce travail, lu antérieurement à la Société Linnéenne de Londres par son 9AA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. auteur, avant la publication du livre de M. Darwin, était resté inédit. On y trouve encore aujourd'hui, au milieu d'apercus généraux et presque classi- ques, des appréciations particulières que nos lecteurs nous sauront gré de leur faire connaître. Le but de M. Bentham, en écrivant ces lignes, était de définir l'espèce en étudiant ses nombreuses variations, et de tracer les règles qui doivent, l'espèce une fois bien comprise, présider à l’établissement des genres et des classes. La définition de l'illustre botaniste anglais, quelque peu différente de celles qui ont cours dans la science, est la suivante : l'espéce est l'ensemble de tous les individus qui se ressemblent assez les uns aux autres pour nous faire conclure qu'ils sont tous, ou qu'ils peuvent étre tous, descendus d'un parent commun. Quant aux variations de l'espéce, M. Bentham les regarde comme tres éten- dues et les range en deux classes, les unes déterminées par l'influence du sol, du climat, ou d'autres circonstances extérieures et relatives à la richesse de la végétation, à la taille des individus, etc., les autres plus profondes, affectant la couleur de la fleur, la forme de certains organes, la présence d'ailes ou autres appendices sur le fruit, les graines, les pédoncules, etc. L'auteur pense que la fécondation croisée entre individus de la méme espéce est la source de certaines de ces variétés. Selon l'opinion générale, il décide de l'affinité ou de la différence spécifiques de deux plantes voisines en considérant la présence ou l'absence de formes intermédiaires. Comme exemple de ces dernières, il cite des passages observés par lui entre le Bellis perennis, le B. silvestris et le B. intermedia Guss. Relativement aux hybrides, M. Bentham pense qu'on en a beaucoup exagéré le nombre; il croit que les prétendus hybrides observés dans les genres Viola, Medicago et Primula, ne sont que des variétés spécifiques, et regarde comme trés douteux les hybrides décrits dans les genres Dianthus, Galium, Hieracium ev Stachys. Mais il s'attache d'une manière particulière à réfuter une opinion admise comme principe par plu- sieurs botanistes, qui accorde à la culture le pouvoir de décider de la légiti- mité spécifique d'une forme conservée pendant plusieurs années sans varier dans un jardin. Il rappelle que la culture est précisément le moyen employé par les jardiniers pour perpétuer des races de végétaux d'ornement, por les maraichers pour garder des variétés potagères ; il faudrait, selon lui, placer le végétal cultivé dans des conditions si différentes et si multipliées qu'elles sont irréalisables, pour pouvoir affirmer qu'il ne changera pas de type et ne reviendra pas à une forme connue. Prenant encore un exemple, il explique pourquoi le Galium spurium, bien que se reproduisant invariablement de graines sans perdre aucun de ses caractères spécifiques, lui parait une simple forme du G. Aparine. Abordant ensuite la question des genres et des classes, M. Bentham s'étend longuement sur la manière de déterminer la subordination des caractères, prenant en général pour guide la Z'héorie élémentaire de De Candolle; il pense REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 945 que pour reconnaître la valeur d’un organe au point de vue de la classifica- tion, on doit en considérer la généralité dans le règne végétal plutôt que l'importance physiologique dans la plante. Il expose encore quelques idées qui ont généralement cours dans la science, et termine en faisant observer qu'un genre doit étre fondé sur un ensemble de caracteres aussi nombreux el aussi constants que possible, du moins dans une méthode fondée sur l'examen de la nature. BOTANIQUE DESCRIPTIVE. Catalogue des Fougères, Préles et Lycopodiacées des environs du Mont-Blanc, ou énumération détaillée des plantes acotylédones vasculaires qui naissent dans les vallées de Sixt, Servoz, Diozaz, Bérard, Valorsine, Trient, Champé, Essert, Fervet, Allée-Blanche, Chapin et Mont-Joie , comprises dans un rayon de 20 kilomètres autour de celle de Chamounix, suivi d'un Catalogue des Mousses et des Lichens des mémes localités, par M. V. Payot, naturaliste à Chamounix. In-8? de 70 pages, avec une carte géographique. Paris et Genève, chez Joël Cher- buliez, 1860. Ce petit ouvrage débute par une introduction oü l'auteur esquisse rapide- ment le théâtre de ses diverses explorations. Il donne ensuite le vocabulaire des localités qu'il a citées, et dont plusieurs ne se trouvent pas sur les cartes. Le catalogue qui forme la principale partie de son travail renferme de nom- breuses indications relatives à l'habitat , à la station, au terrain où croissent les plantes, à la température des eaux qui en baignent les racines, à l'époque de leur fructification, aux noms vulgaires qu'on leur donne et aux propriétés médicinales qu'on leur attribue. On y remarque les Botrychium rutæfolium A. Braun et Z. Reuteri Payot, caractérisé par un limbe pinnatifide formé de 3 à 5 lobes incisés-lobés , et un pétiole ailé; Æquisetum umbrosum Meyer, E. trachyodon A. Braun, et E. variegatum Schleich.; l'auteur n'a pas rencontré de Rhizocarpées dans ses herborisations. Le Catalogue des Mousses, borné à une simple énumération comme les suivants, comprend 330 espèces ; celui des Hépatiques eu mentionne 90 ; celui des Lichens n'en offre pas moius de 394. L'auteur a été aidé, pour la détermination des espèces difficiles, par MM. Reuter et Mueller (de Genève). Il fournira avec plaisir aux personnes qui lui en feraient la demande, les espéces phanérogames ou cryptogames qui croissent dans le rayon de ses excursions. La petite carte géographique jointe à cette brochure, représente les divers bassins hydrographiques des cours d'eau qui descendent des flancs du Mont- Blanc. T UL 60 946 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Illustrations of the genus Carex (Illustrations du genre Carex); par M. Francis Boott, docteur en médecine, trésorier et vice-président de la Société Linnéenne de Londres. Un volume in-4°, comprenant 200 pl. gravées ou lithographiées. Londres, chez W. Pamplin, 1858-1860. Nos lecteurs ont déjà sans doute eu connaissance du magnifique ouvrage consacré par M. Boott à l'illustration du genre Cares, et qui n'est pas encore terminé, bien que le troisiéme volume ait paru récemment, et que le nombre des planches publiées s'étende aujourd'hui à 410. Nous nous faisons un devoir de placer dans notre Bulletin le relevé des figures de ce grand ouvrage que son prix élevé écarte malheureusement de la plupart des bibliothéques, afin de faciliter les recherches de nos confréres. 4° Volume. Tab. I. Carex Thomsoni Boott. Tab. 1T. €. nubigena Don. Tab. III. C. foliosa Don. Tab. IV. C. Walkeri Arn. Tab. V. C. curvata Boott. Tab. VI. C. setigera 8. minor Don. Tab. VII. C. spiculata Boott. Tab. VIII. C. composita Boott. Tab. IX, X et XI. C. nobilis Boott. et var. Tab. XII. C. polycephala Boott. Tab. XIII. C. pulchra Boott. Tab. XIV. C. insignis Boott. Tab. XV. C. decora Boott. Tab. XVI. €. Daltoni Boott. Tab. XVII. C. cardiolepis Nees. Tab. XVIII. C. Wallichiana Prescott. Tab. XIX. C. Royleana Nees. Tab. XX. C. munda Boott. Tab. XXI. €. fragilis Boott. Tab. XXII. C. macrogyna Turcz. Tab. XXIII. €. uncinoides Boott. Tab. XXIV. C. notha Kunth, Tab. XXY. C. Jackiana Boott. Tab. XXVI. C. ma- culata Boott. Tab. XXVII. C. Moorcroftii Falconer. Tab. XXVIII. C. leucan- tha Arn. Tab, XXIX. C. spicigera Nees, Tab. XXX. C. Wightiana Nees. Tab. XXXI. C. hirletta Drejer. Tab. XXXII. C. Horsfieldii Boott. Tab. XXXIII. G. Rafllesiana Boott. Tab. XXXIV. C. thyrsiflora Boott. Tab. XXXV. C. nivalis Boott. Tab. XXXVI. C. chinensis Retz, Tab. XXXVII. C. filifolia Nutt. Tab. XXXVIII. C. comosa Boott. Tab. XXXIX. C. utriculata Boott, Tab. XL. C. Tuckermani Boott. Tab. XLI. C. bullata Schkuhr. Tab. XLH. €. Olneyi Boott. Tab. XLII. C. Baltzellii Chapman. Tab. XLIV. C. Boottiana Benth. Tab. XLV. C. marcida Boott. Tab. XLVI. C. Hoodii Boott, Tab. XLVII. C. exilis Dewey. Tab. XLVIII. C. amplifolia Boott. Tab. XLIX. C. crinita Lam. Tab. L. C. gynandra Schweinitz. Tab. LI. C. Houghtonii Torr. Tab. LII. G. siccata Dewey. Tab. LII. €. Liddoni Boott. Tab. LIV. C. arida Schw. et Torr. Tab. LV. C. decomposita Muehlb. Tab. LVL fig. 4. C. Torreyi Tuckerm.; fig. 2. C. alveata Boott. Tab. LVII. C. polymorpha Mueblb. Tab. LVIII. C. dasycarpa Muehlb. Tab. LIX. C. aristata R. Br. Tab. LX. C. tenax Chapm. Tab. LXI. C. pubescens Muehlb. Tab. LXIL C. cæspitosa L. Tab. LXIII. C. oligosperma Michx. Tab. LXIV. €. Ræana Boott. Tab. LXV. C. Crus-corvi Shuttl. Tab. LXVI. C. festiva Dewey. Tab. LXVII. C. Purdiet Boott. Tab. LXVIII C. alopecuroidea Tuckerm, Tab. LXIX. C. macroce- phala Willd. Tab. LXX. C. Deweyana Schw. Tah. LXXI. C. Parryana Dewey. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 947 Tab. LXXII. C. monile Tuckerm, Tab. LXXII. C. virescens Muehlb. Tab. LXXIV. C. trisperma Dewey. Tab. LXXV. C. scabrella Wahlb. Tab. LXXVI. C. aurea Nutt Tab. LXXVII, C. lenticularis Michx. Tab, LXXVIIT. C. longirostris Torr. Tab. LXXIX. C. Cherokeensis Schw. Tab, LXXX. C. flexilis Rudge. Tab. LXXXI. C. Crawei Dewey. Tab, LXXXII, C. conoidea Schkuhr. Tab. LXXXII, C. Meadii Dewey. Tab, LXXXIV. C, tetanica Schkuhr. Tab. LXXXV. C, granularis Muehlb. Tab. LXXXVI, C. grisea Wahlb. Tab. LXXXVII. C. grisea, var. angustifolia. Tab. LX XXVIII. C. flaccosperma Dewey. Tab. LXXXIX-XCIII. C. laxiflora Lam. Tab. XCIV. C. plantaginea Lam. Tab, XCV. C. Careyana Torr. Tab, XCVI. C. platyphylla Carey. Tab. XCVII. C. retrocurva Dewey. Tab. XCVIII, C, digitalis Willd. Tab, XCIX, C. oligocarpa Schkuhr. Tab. C. C. Hitchcockiana Dewey. Tab. CI-CIL C. Willdenowii Schkuhr. Tab. CII. C. Steudelii Kunth., Tab. CIV. C. Backii Boott. Tab. CV. C. Geyeri Boott, Tab. GVI. C. phyllostachys Mey. Tab. CVIT. C. concinna R. Br, Tab. CVIII. C. Spachiana Boott. Tab. CIX, C. rara Boott, Tab. CX. C. capillacea Boott, Tab. CXI. C. fusiformis Nees. Tab. CXII. C. finitima Boott. Tab. CXII. C. ligulata Nees. Tab, CXIV. C. Maubertiana Boott, Tab, CXY. C. Prescottiana Boott. Tab. CXVI. C. paleata Boott. Tab, CXVIT, €. sororia Kunth, Tab. CXVIII. C. sychnocephala Carey. Tab. CXIX-CXX. C. appressa R. Br. Tab. CXXI- CXXIL C. virgata Soland, Tab. CXXIILI-CXXIV. C. recta Boott. Tab, CXXV-CXXVI. C. tenella Schkuhr. Tab. CXXVII. C, loliacea L. Tab, CXXVIII. C. triceps Michx. Tab. CXXIX. C. lanuginosa Michx. Tab. CXXX, C. evoluta Hartm. Tab. CXXXI. C. vestita Willd. Tab, CXXXII, C. filiformis L. Tab. CXXXIII. C. Sullivantii Boott. Tab. CXXXIV, C. ve- nusta Dewey. Tab. CXXXV. C. arctata Boott. Tab. CXXXVI. C. linearis Boott. Tab. CXXXVII. C. Forsteri Wahlb. Tab. CXXXVIII. C. Courtallensis Nees, Tab. CXXXIX-CXL. C. fascicularis Soland. Tab. CXLI. C. formosa Dewey. Tab. CXLIH. C. oxylepis Torr. Tab. CXLHI. C. Davisii Torr. Tab. CXLIV. C. æstivalis Curt, Tab. CXLV, C. gracillima Schw. Tab. CXLVI. C. sterilis Willd, C. stellulata Good. Tab. CXLVII. C. radicalis Boott, Tab. CXLVIII. C. parva Nees. Tab. CXLIX. C. olivacea Boott, Tab. CL. C. excur- va Boott, Tab. GLI. C, striata Michx. Tab. CLII. C. trichocarpa Muehlb, Tab. CLII. C. alta Booth Tab. CLIV-CLVI. C. gracilis R. Br. Tab. CLVII. C. longicruris Nees. Tab. CLVII, C. teinogyna Boott. Tab. CLIX-CLX. C. intumescens Rudge. Tab. CLXI. C. Grayi Carey. Tab. CLXII. C. lupulina Muehlb. Tab. CLXIII. C. lupuliformis Sartw. Tab. CLXIV. C. gigantea Rudge, Tab. CLXY. C. hystricina Muehlb, Tab. CLXVI. C. echinochloé Kunze. Tab. CLXVII. C. teres Boott. Tab. CLXVIIL. C. phacota Spreng. Tab. CLXIX, C. torta Boot. Tab. CLXX. C. decidua Boott. Tab. CLXXI. C. cryptocarpa Meyer. Tab. CLXXII. C. ambusta Boott. Tab. CLXXIII. C. lucida Boott. Tab. CLXXIV. C. pruinosa Boott, Tab, CLXXV. C. Solandri Boott. Tab, 948 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. CLXXVI. C. dissita Soland. Tab. CLXXVII. C. Lambertiana Boott. Tab. CLXXVIII. C. æquabilis Boot. Tab. CLXXIX-CLXXX. C. præalta Boott. Tab. CLXXXI. C. tumida Boott. Tab. CLXXXII. C. Beecheyana Boott. CLXXXIII. fig. 1. C. hematorhyncha Ém. Desv., fig. 2. C. verticillata Boott. Tab. CLXXXIV. C. indecora Kunth. Tab. CLXXXV. C. Gunniana Boott. Tab. CLXXXVJ]. C. Preissii Nees. Tab. CLXXXVII. C. barbata Boott. Tab. CLXXXVIII. C. læta Boott. Tab. CLXXXIX. C. Barrattii Torr. Tab. CXC. C. elata Lowe. Tab. CXCI. C. psychrophila Nees. Tab. CXCII. C. obscura Nees. Tab. CXCIII-CXCIV, fig. 1. C. ustulata Wahlb. Tab. CXCIV, fig. 2, C. alpina Wahlb. Tab. CXCV. C. Banksii Boott. Tab. CXCVI. C. haematostoma Nees. Tab. CXCVII. C. eburnea Boott. Tab. CXCVIII. C. Lemanniana Boott. Tab. CXCIX-CC, fig. 1. C. pichinchensis Kunth., fig. 2. C. miliaris Michx. i Toutes ces espèces sont l’objet de diagnoses et de longues descriptions, ainsi que d’études précieuses sur leur synonymie. Nous citerons spécialement les articles consacrés aux Carex setigera Don, C. cæspitosa L. (non Good. nec Sm. nec Hook. nec Gay), C. laxiflora Lam. Les descriptions occupent 7h pages de texte in-4° sur deux colonnes. Les planches font connaître non- seulement le port des espèces qu’elles représentent, mais encore les écailles, la forme des utricules et de leur bec, l’aspect des akènes et la forme des tiges, le tout notablement amplifié. Nous rendrons compte ultérieurement de la suite de cet important ouvrage. Description d'une Flacouríianée nouvelle; par M. le doc- teur H. Baillon (Adansonia, Recueil d'observations botaniques, t. I, pp. 120-123). Ce travail renferme la description d’une plante qu’on rencontre dans le commerce sous le nom de Sapium Drummondi, et dans laquelle M. Baillon a reconnu une Flacourtianée du genre Æ£riodaphnus. Il l'a dédiée à notre honorable confrère M. le professeur Clos, qui s'est occupé avec beaucoup de succes de cette famille. Voici la diagnose de la plante. Eriodaphnus Clossianus. — E. foliis petiolatis ovato- vel rhomboidali- oblongis, paucicrenatis, glaberrimis, basi cuneatis, apice acutiusculis; stipulis minutissimis caducis; floribus racemosis, calyce corollaque trimeris, ovario plerumque dimero. Notice sur une planie femelle dc Cycas inermis Lour. qui à fleuri dans le jardin botanique d'Amsterdam ; par M. C.-A.-J.-A. Oudemans. Amsterdam, juin 1861. Gette note a pour but de faire connaitre les ovules mürs d'une plante REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 949 figurée par M. Miquel dans les Analecta botanica indica, pars II, p. 28, le Cycas inermis Lour. Le pied observé par M. Oudemans avait produit environ 200 carpelles, dont chacun portait de 4 à 6 ovules en moyenne; ils étaient recouverts d'un duvet ocreux, et les ovules d'un duvet gris sous lequel se voyait à la maturité un épiderme d'un jaune orangé. Il leur avait fallu un an pour acquérir une maturité parfaite ; ils renfermaient un albumen bien déve- loppé et 2 ou trois embryons. Some account of the Chaparro of Fuerteventura, a new species of Convoleulus (Étude du Chaparro de Forta- venture, nouvelle espéce de Convolvulus); par le révérend R.-T. Lowe (The Annals and Magazine of natural history, vol. VI, n° 33, septembre 1860, pp. 153-156). Pendant son séjour dans les Canaries, M. Lowe enteudit parler d'un petit arbrisseau épineux croissant dans l'une de ces iles, à Fortaventure, ‘sur un promontoire désert et aride qu'il couvrait presque entièrement. Cette plante était devenue pour les habitants un objet de commerce à cause du suave parfum qu'elle exhalait, comme le Convolvulus scoparius ou bois de rose. M. Lowe ayant pu se transporter à la localité indiquée, y reconnut une nou- velle espèce de Convolvulus, appartenant au groupe des C. spinosus Desf., C. Hystrix Vahl., etc., groupe jusqu'à présent particulier aux déserts de la Syrie, de la Perse et de l'Arabie. Mais il ne put reconnaitre le moindre par- fum à la racine, au bois, aux feuilles ni aux fleurs de cette plante, dont la seule propriété remarquable lui parut être de prendre feu trés aisément, méme quand elle est fraiche et verte, ce qui semble dénoter la présence d'une résine ou de quelque huile essentielle. Voici les caractéres de la nouvelle espéce découverte par M. Lowe : Convolvulus Caput Medusæ. — C. dumosus, humilis, nanus, pulvinate cæspitosus, ramosissimus, durissimus, spinosus, cinereus; ramulis abbre- viatis, lignosis, densissime glomerato-intertextis ; novellis strictis, rigidis, acu- tis, spinescentibus ; foliis parvis lineari-oblongis v. anguste spathulatis, obtusis, crassiusculis, sericeo-cinereis; floribus axillaribus solitariis, breviter pedi- cellatis, parvis, extus sericeis, antheris (purpureo-lilacinis) in fauce appa- rentibus subexsertis; stylis 2 distinctis filiformibus antheras paulo exceden- tibus. Hab. in sterilibus insulae Fuertaventuræ, ad alt. 200-500 fere ped., aprili florens. L'auteur ajoute en terminant qu'il ne faudrait pas, relativement à cette espèce, s'en laisser imposer par le nom vulgaire de Chaparro qui, en Espagne, désigne un Chêne nain et buissonnant, 950 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Botanical contributions (Contributions botaniques); par M. Asa Gray (Extrait des Proceedings of the american Academy of arts and sciences, vol. V). Tirage à part en brochure in-8° de 78 pages, sans cou- verture ni pagination spéciale, Janvier 1861. Cette brochure contient une série de communications faites à l’Académie américaine par M. Asa Gray dans le commencement de l'année 1861, dont les titres sont les suivants : 1° Caractères des Composées renfermées dans la collection recueillie pen- dant l'exploration dirigée par les États-Unis dans l'Océan Pacifique, sous le commandement du capitaine Wilkes, avec des observations, etc. 2° Notes sur les Lobéliacées, (s00déniacées, etc., de la méme collection. 39 Énumération d'une collection de plantes sèches faite par L.-J. Xan- tus au cap San-Lucas et dans la Californie inférieure, d'août 1859 à février 1860, et communiquée à l Institution Smithsonienne. h° Examen rapide d'une collection de plantes sèches faite par L.-C. Er- vendberg aux environs de Wartenberg près Tantoyuca, dans l'ancienne province de Huasteca, au Mexique, en 1858 et 1859. 4 5° Note sur le genre Graphephorum Ém. Desv. et ses synonymes. Le premier de ces travaux est une série de notes sur diverses espèces mal connues ou nouvelles; on y trouve encore des détails sur certains genres réformés par l'auteur, par exemple les genres Vittodinia A. Rich., Lipo- cheta DC., Raillardia Gaud., Dubautia Gaud., Wilkesia Asa Gray, Argy- roxiphium DC. et Antennaria sect. Mniodes Gray (plantae musciformes). Les plantes étudiées dans ce travail appartiennent, soit aux Andes du Pérou, soit aux environs de Rio de Janeiro, soit à différentes iles de la Polynésie. Les espèces nouvelles décrites par M. Gray sont les suivantes : Monosis insularum Gray; Liabum lyratum Gray (Vernoniacées) ; Conoclinium subglutinosum Gray (Eupatoriacées); Vittadinia humilis Gray, V. Hemyi Gray, V. con- sanguinea Gray, V. arenaria Gray, V. conyzoides Gray; Calotis palmata Gray; Lagenophora Pickeringii Gray; Baccharis Gilliesii Gray (Astéroidées); Tithonia pusilla Gray; Viguiera peruviana Gray; Coreopsis Pickeringit Gray, C. foliosa Gray, C. spectabilis Gray, C. Mauiensis Gray, C. macro- carpa Gray, C. Macræi Gray, C. cosmoides Gray, C. Menziesii Gray; Bidens Hawaiensis Gray, B. lantanoides Gray; Lipochæta subcordata Gray, L. calycosa Gray, L. heterophylla Gray, L. tenuifolia Gray, L. Remyt Gray; Raillardia latifolia Gray, R. scabra, R. Menziesit Gray, À. platy- phylla Gray, R. arborea Gray, R. struthioloides Gray; Dubautia lævigata, D. paleata Gray; Abrotanella submarginata Gray, A. linearifolia Gray; Lucilio Pickeringit ; Antennaria andina Gray; Werneria villosa Gray, W. carnulosa Gray, W. strigosissima Gray, W. ciliolata Gray; Senecio leuco- mallus Gray, S. subcandidus Gray, S. gracilipes Gray, S. Richii Gray, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 951 S. Pickeringii Gray, S. Danai Gray, S. pellitus Gray (Sénécionidées) ; Chœtanthera peruviana Gray; Oriastrum cochlearifolium Gray (Bilabia- tiflores). : TT Le second travail de M. Asa Gray, relatif aux Lobéliacées, Goodéniacées et Campanulacées récoltées dans la méme expédition, est concu sur le méme plan que le précédent. Les espèces nouvelles décrites par l'auteur sont les suivantes : Delissea coriacea Gray, D. obtusa Gray, D.? platyphylla Gray; Cyanea aspera Gray, C.? pilosa Gray, C. tritomantha Gray, C. leptostegia Gray; Lobelia variifolia Gray (Lobéliacées) ; Scævola floribunda Gray (Goodéniacées) ; Wahlenbergia peruviana Gray (Campanulacées). Le troisième mémoire de M. Asa Gray concerne des plantes de la Cali- fornie. Il sera sans doute plus curieux que les précédents à consulter pour les personnes qui s'occupent de géographie botanique, à cause de la présence en Californie d'espèces qui ont une aire fort étendue (Argemone mexicana L., Acacia Farnesiana Willd., Heliotropium curassavicum L., Dactyloctenium ægyptiacum Willd. , etc. ). Les espèces nouvelles signalées dans ce pays par M. Gray sont les suivantes : Polygala Xanti Gray, Hibiscus ribifolius Gray, Bursera microphylla Gray, Dalea chrysorhiza Gray, Coursetia? glandu- losa Gray, Cæsalpinia mexicana Gray, Mimosa Xanti Gray, Carphephorus atriplicifolius Gray, Viguiera deltoidea Gray, V. tomentosa Gray, Coreo- carpus heterocarpus Gray, Heterospermum Xanti Gray, Dysodia speciosa Gray, Macreightia intricata Gray, Hyptis tephrodes Gray, Buddleia cro- tonoides Gray, Celosia floribunda Gray, Euphorbia gymnoclada Gray. Les collections recueillies par M. Xantus et déterminées par M. Asa Gray compléteront fort utilement pour la science celles qu'avait rapportées de la Californie M. Hinds, pendant le voyage du vaisseau /e Su/phur, et qu'avait étudiées M. Bentham. Plusieurs des espéces de la Californie croissant également dans le baut Mexique et aux États-Unis, le travail de M. Asa Gray intéresse encore les botanistes qui étudient la végétation de ces deux pays. C'est la végétation mexicaine que concerne exclusivement le quatrième mémoire de M. Asa Gray. L'auteur cite, avec leurs numéros d'ordre, un certain nombre de plantes recueillies par M. Ervendberg, sur lesquelles il donne des détails particuliers ou qu'il décrit comme nouvelles. Ces dernières sont les suivantes : Banara mexicana Gray, Abutilon notolophium Gray, Acer mexicanum Gray, Dalea thyrsiflora Gray, D. Berlandieri Gray, Harpalyce arborescens Gray, Mimosa Ervendbergii Gray, Exostemma mexicanum Gray, Gymnolomia ? patens Gray, Oyedæa ovalifolia Gray, Bahia? nepetifolia Gray. Un grand nombre des citations de M. Asa Gray se rapportent aux ezsic- cata de Berlandier qui sont placés soit dans l'herbier de l'Institution Smith- sonienne, soit dans celui de M. De Candolle, 952 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Enfin la dernière note de M. Asa Gray comprend seulement l'étude syno- nymique du genre Graphephorum d'Ém. Desvaux (Graminées) et des cinq espèces qui le composent. Systematie arrangement of the species of the zenus Cuscuta, with critical remarks on old species and description of new ones (Distribution systématique des espèces du genre Cuscuta, avec des remarques critiques sur les espèces anciennes et la description de quelques espèces nouvelles); par M. George Engel- mann (Extrait des Transactions of the Academy of sciences of St. Louis, vol. T, n? 5). — Generis Cuscufæ species secundum ordi- nem systematieum disposito, adjectis in prius jam notas observationibus criticis nec non novarum des- eriptionibus, auctore G. Engelmann, latine vertit Paulus Ascherson, prefatus est Al. Braun. Berlin, 1860. La monographie des Cuscutes de M. Engelmann, qui n'a pas encore été analysée dans cette, Revue, traduite en latin par M. Ascherson, est précédée dans la traduction d'une préface de huit pages rédigée par M. Al. Braun, et dont nous devons rendre compte à nos lecteurs, ainsi que de l'ouvrage lui- méme. M. Al. Braun a voulu, en peu de mots, exposer aux botanistes ce que vaut, pour la physiologie comme pour la morphologie végétale, ainsi que pour la classification, la géographie botanique et méme pour l'agriculture, une étude soignée de la tribu des Cuscutes. Il rappelle le mode de végétation de ces plantes, la loi qui préside à l'enroulement de leurs tiges volubiles et de leurs embryons, et la véritable nature de leur inflorescence, laquelle a recu plusieurs noms de M. Engelmann, et n'est généralement, dit-il, qu'une pani- cule. Il voit dans les écailles que l'on rencontre sur les filaments staminaux des Cuscutes des organes analogues aux stipules, et voisins des prétendus sta- minodes que l'on a décrits dans beaucoup d'Amarantacées, mais complétement différents des appendices corollins qui se trouvent dans les Hydrophyllées, les Silénées, les Sapindacées et les Narcissées. Aprés avoir analysé la monogra- phie de M. Engelmann elle-méme, M. Al. Braun s'étend sur le parasitisme des Cuscutes, etsurtout des Cuscuta Epithymum et C. monogyna que l'on trouve fréquemment appendus à des grappes de raisin. Il cite un grand nombre de documents intéressants relatifs à ce fait, qui était connu méme de John Gerarde (1). Le travail de M. Engelmann se compose d'une courte introduction où l'au- teur expose les caractères généraux des Cuscutes et les raisons pour lesquelle (1) Herba! or generall historie of plantes, 1597. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 953 il a cru devoir conserver le genre Cuscuta, au lieu de le démembrer à l'exem- ple de M. Des Moulins (1). Il n'a pas trouvé les caractères différentiels qu'on indique assez importants ni assez constants. En effet, dit-il, ceux que fournis- sent la forme des graines et celle du hile varient dans certaines espèces appar- tenant au sous-genre (zrammica; les premiers varient encore quand un certain nombre de graines ont avorté dans le fruit. Dans la monographie elle-même, M. Engelmann établit trois sous-genres et neuf sections, Il a été trés sobre dans l'admission des types spécifiques, relé- guant à l'état de variétés beaucoup de formes déterminées quelquefois par l'influence dela plante nourricière, si bien que, d’après M. Al. Braun, le nombre des espèces décrites par M. Engelmann pourrait facilement être dou- blé. Cependant il y en a encore 77 dans la monographie, et 23 d'entre elles sont nouvelles. L'ouvrage est terminé par une table alphabétique des sous-genres, des sec- tions et des espéces admises par l'auteur. Florwula adenensis, a systematic account, with descri- ptions, of the flowering plants hitherto found at Aden (F/orule d' Aden, ou énumération méthodique des végétaux phané- rogames trouvés jusqu'à ce jour dans cette localité, accompagnée de descriptions) ; par M. Thomas Anderson, médecin attaché au service du Bengale (Journal of the proceedings of the Linnean Society, t. V, 1° suppl. , de 48 pages, avec 6 planches lithographiées. 1860). Ce travail est une flore de la presqu'ile d'Aden, située, comme on sait, sur la cóte méridionale de l'Arabie, à l'entrée de la mer Rouge, dont elle com- mande l'entrée comme Gibraltar commande celle de la Méditerranée. D'une trés médiocre étendue, composée presque entièrement de rochers stériles que découpent des vallées profondes, elle ne présente qu'une végétation trés restreinte, rattachée à celle de l'Arabie Pétrée par ses principaux caractéres. M. Anderson expose avec soin les documents sur lesquels il a fait son travail, les circonstances atmosphériques, géologiques et climatériques qui ont influé sur cette flore, et les points de contact qu'elle présente avec celle des pays voisins. Les familles représentées à Aden s'élévent à 41, les genres à 79 et les espèces à 94; bien entendu en s'arrétant aux Phanérogames auxquelles s'est borné l'auteur. Il donne séparément le conspectus des genres et celui des espèces. Nous remarquons parmi ces dernières, comme créées par l'auteur, les Capparis pruinosa, Merua Thomsoni, Spherocoma Hookeri, Hibiscus Welshii, Sterculia arabica, Ptychotis arabica, Oldenlandia Schimperi, Brachyramphus lactucoides, Convolvulus sericophyllus, Cressa latifolia, (1) Études organiques sur les Cuscutes, Toulouse, 1853, et Bull. Soc, bot. de Fr., t. 1, p. 295. 954 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Anarrhinum pedicellatum et Lavandula setifera. Une addition est relative à une Loasée dont il est question dans ce numéro (1), le Æissenia rapporté de l'ile d'Aden par M. Courbon, et que l'auteur désigne sous le nom de A'/ssenia spathulata, que Rob. Brown lui avait assigné, mais qui était resté inédit dans l'herbier de M. Hooker. M. Anderson ne voit d'ailleurs aucune différence entre cette plante et celle du Cap. Les six planches lithographiées qui accompagnent ce numéro du Journal of the proceedings représentent les Hibiscus Welshii, Sterculia arabica, S. abyssinica R. Br., Saltia papposa Moq., Euphorbia cuneata Vahl, E. systyla Edgew. et Jatropha spinosa Vahl. Prodromus systematis Cycadacearum; par M. F.-A.-G. Miquel. In-4° de 36 pages. Utrecht et Amsterdam, 1861, chez Van der Post. Ce travail a été publić par M. Miquel à loccasion du quarante-cinquième anniversaire de la fondation de l'université d'Utrecht. Il est divisé en deux parties : la première traite des Cycadées de l’époque actuelle; la seconde des Cycadées fossiles. M. Miquel reconnaît dans les Cycadées actuelles quatre tribus : Cycadinées (Cycas L.), Strangériées (Strangeria Th. Moore), Encé- phalartées (Macrozamia Miq., Encephalartos Lehm. , Lepidozamia Regel) et Zamiées (Dioon. Lindl., Ceratozamia Brongn., Zamia L.). Il expose ensuite les caractères essentiels des espèces et des genres; puis viennent des notes sur la synonymie et quelques autres détails. Nous ne remarquons dans ce travail qu'une espèce nouvelle ( Zamia americana Miq.) imparfaitement connue, et qui paraît la méme que l £riozamia americana indiqué sur les catalogues des horticulteurs. La seconde partie contient l'énumération des Cycadées fossiles, distribuées selon les périodes géologiques auxquelles elles appartiennent. fconographia phycoloziea adriatiea, ossia scelta di Ficee nuove o più rare del mare adriatico, figurate, descritte ed illustrate (Jconogra- phia phycologica adriatica, ou étude des algues nouvelles ou rares de la mer Adriatique, figurées et décrites); par G. Zanardini. 1** volume in-A”, fasc. I et Il, tab. 9-16. Venise, chez G. Antonelli, 1860. L'auteur commence par rappeler, dans une courte préface, l'intérét que les découvertes récentes de divers savants ont donné à l'étude de la cryptogamie, et surtout à celle des Algues. Il entre ensuite immédiatement dans la descrip- tion des plantes qu'il figure, et qui sont les suivantes : Choristocarpus tenellus Zanard., Stilophora calcifera Zanard., Callitham- (1) Voyez plus haut, p. 899. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 955 nion cladodermuin Zanard., C. fragilissimum Zanard., Gloiochladia furcata J. Ag., Halodictyon mirabile Zanard., Chondrymenia lobata Zanard., Por- phyra microphylla Zanard., P. autumnalis Zanard., P. Boryana Migne, Sporochnus pedunculatus Ag. , Sp. dichotomus Zanard. , Callithamnion grani- ferum Meneghini, Contarinia Peyssoneliformis Zanard., Delesseria penicillata Zanard., Polysiphonia biformis Zanard., Valonia cæspitula Zanard., V. con- fervacea Zanard., Lyngbya miniata Zanard., et L. flocculosa Zanard. Le genre Choristocarpus a été créé par M. Zanardini pour l Ectocarpus tenellus Kuetz.; il se distingue par les caractères suivants : Frons filiformis, dichotome ramosa, monosiphonia, articulata. Articuli hyalini elongati, subinanes. Fructus duplex, dioicus?; capsule laterales, pedicellatæ, obovoideæ, septo transversali bipartitz ; siliquæ in ramulis late- rales, sessiles, minutæ, ovoideæ. Le Chondrymenta lobata Zanard. est l Halymenia lobata Menegh. Les caractères du genre nouveau Chondrymenta sont résumés par l’auteur de la maniére suivante : Frons plana, carnoso-cartilaginea, stratis tribus contexta ; medullari ex filis articulatis, densissime intertextis; intermedio ex filis laxe reticulato-anastomo- santibus ; corticali ex filis moniliformibus, stipatissimis , muco solidescente formatis, constituto. Fruct. 1. Cystocarpia in utraque pagina hemisphærice prominentia, mamillata, carpostomio demum pertusa, sporas rotundatas in filis moniliformibus pluriseriatas, e placenta basali radiantibus evolutas , fo- ventia. 2. Sphærosporæ nondum detecta. Nous transcrirons brièvement les caractères des espèces complétement nou- velles signalées par l'auteur, et qui sont les suivantes : Stilophora calcifera Zanard. : Fronde crassa, cylindracea, calce carbonica leviter suffusa, a basi ad apicem fere itidem crassa, inordinate dichotomo- ramosa, apicibus brevissime filamentosis, filis clavato-torulosis, articulis dia- metro longioribus : soris magnis undique confluentibus. Porphyra microphylla Zanard. : Fronde minuta, ovali, substipitato-callosa, basi leviter excavata, margine integra, plana; gonidiis inferne piriformibus, longe filamentoso-caudatis, caeteris angulosis, nucleolos minutissimos puncti- formes includentibus, Sporochnus dichotomus Zanard. : Fronde subcompressa dichotoma, axidiis oblongis in ramis terminalibus. Delesseria penicillata Zanard. : Fronde inferne longissime caulescente, caule tereti ramoso, superne penicillatim foliosa, ramosissima, foliolis a costa prorumpentibus, anguste linearibus, subfiliformibus, maxime elongatis, apice acutis, margine integris ; fructibus ?... Valonia confervacea Zanard. : Fronde gracillima, tubulosa, cylindracea, ramosissimà, ramis conformibus in cæspitem globosum arctissime implicatis. Lyngbya miniata Zanard, : Fronde pilis valde flexilibus, flexuosis consti- 956 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tuta, tubo inconspicuo, articulis diametro sextuplo brevioribus ; filis in stra- tum mucosum rubrum implicatis. L. flocculosa Zanard. : Fronde pilis erectis constituta, tubo laevi tenerrimo superne vacuo, vitreo-hyalino , articulis diametro duplo brevioribus transver- sim dimidiatis ; filis in cæspitem globoso-floccosum, glauco-viridem excres- centibus. Callithamnion fragilissimum Zanard. : Fronde filiformi capillari, parcis- sime ramosa ; filis primariis tenuissimis, ramulis brevissimis erecto-appressis, imbricatis, tetrastiche oppositis, densissime vestitis ; ramulis flexuoso-pinnatis, pinnis simplicibus alternis, distichis ; articulis primariis diametro duplo lon- gioribus ; sphærosporis cruciatim divisis. Le Porphyra autumnalis Zanard. est l'ancien P. laciniata, var. umbel- lata du méme auteur. Quant aux autres espèces figurées par M. Zanardini, elles ont déjà été dé- crites antérieurement par lui ou d'autres auteurs. Les diagnoses des genres et des espèces ont été données en latin par M. Zanardini; les détails descriptifs et historiques sont rédigés en langue italienne. Les planches lithographiées en couleur qui accompagnent son ouvrage représentent le port et divers détails anatomiques des espéces étudiées par l'auteur. Descriptions of Desmidiaceæ from lower Bengal (Description de Desmidiacées du Bengale inférieur) ; par M. le docteur G.-C. Wallich (The Annals and Magazine of natural history, vol. V, n° 27, mars 1860, pp. 184-196; n° 28, avril 1860, pp. 273-285, avec f planches). Ce travail contient la description des Desmidiacées recueillies par M. Wallich dans le voisinage de Raneegunge, à 40 lieues environ au nord-ouest de Cal- cutta. Malgré l'aire géographique trés vaste qu'occupent en général les Cryp- togames inférieures, il s'est rencontré daus les récoltes de M. Wallich des types inconnus jusqu'à présent dans l'ancien comme dans le nouveau continent. En les étudiant et en les classant, M. Wallich a été amené à modifier en quelque point l'arrangement suivi par M. Ralf dans sa monographie des Des- midiacées., Cet auteur a, selon lui, employé deux ou trois caractères dont la varia- bilité s'oppose à ce qu'ils passent dans les diagnoses, tels que la disposition de l'endochrome en masses de diverses formes, et le nombre des articles compris dans chaque tour de spire des filaments. M. Wallich est, en effet, disposé à croire que la torsion de ces filaments résulte de la compression qu'ils subissent entre deux lames de verre pour l'examen microscopique. L'auteur expose ensuite la série qu'il a cru devoir adopter pour le classe- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 957 ment des divers genres de Desmidiacées. Parmi ces 24 genres, on en remar- que de nouveaux qui sont les suivants : Leuronema. — Filaments comprimés ou triangulaires; bords incisés ou sinués ; articulations profondément étranglées ; pas de processus intermédiaires. Onychonema. — Filaments comprimés ; bords incisés-dentés ; articulations profondément étranglées, réunies par des cornes divergentes subcapitées. Streptonema. — Filaments interrompus, triangulaires, profondément pin- natifides; articulations profondément étranglées, et munies de trois bandes connectives, cylindriques, hyalines qui partent de la base de chaque lobe pour se réunir; segments profondément trilobés. Les espéces nouvellement décrites par M. Wallich sont les suivants : Leuroneme nitens. — Filament pinnatifide. Articulations comprimées, profondément étranglées, arrondies. Onychonema uncinatum. — Articulations quadrangulaires, profondément étranglées; segments munis de deux cornes placées obliquement à leur sur- face et d'un appendice à chacune de leurs extrémités. Streptonema trilobatum. — Articulations trés profondément étranglées ; bandes connectives très fortes; segments à faces parallèles. Micrasterias alata. — Fronde plus longue que large ; segments profondé- ment trilobés; lobes latéraux, profondément et également tripartitits; lobe terminal fourchu, exsert. M. cruciata. — Fronde cruciforme, divisée à chacune de ses quatre extré- mités en deux lobules séparés par une échancrure. Æuastrum orbiculare. — Fronde orbiculaire ; segments latéraux divisés en deux parties égales par une échancrure profonde ; lobes et lobules en éventail. E. turgidum. — Fronde large ; segments largement cunéiformes, tronqués, gonflés au centre; bord extréme droit. E. Clepsydra. — Fronde quadrangulaire; segments élargis à leurs extré- mités, resserrés sur les cótés; angles arrondis. BOTANIQUE APPLIQUÉE. Mémoire sur la culture d'une nouvelle plante oléagi- meuse dans les terrains incultes des bords de la mer; par M. L. Cloez (Ann. de chimie et de physique, t. LIX, pp. 129-160; 1860). La plante que M. Cloez engage à cultiver dans les dunes est le Glaucium flavum qui croit, comme on sait, naturellement sur toutes les cótes de France. Les graines de cette plante peuvent fournir, comme celles du pavot somnifère ou æillette, et par la simple pression, une huile douce, comestible, saponifiable et propre à l'éclairage. La plante est vivace et ne fleurit qu'à Ja seconde année ; on peut la semer à la volée et éclaircir plus tard, ou seule- 958 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ment repiquer les plants ; sur le sable, le sarclage ne serait pas nécessaire, les mauvaises herbes n'étant pas à craindre. Le mémoire de M. Cloez contient des détails très précis sur le Glau- cium, sur son mode de végétation, sur la récolte de ses fruits, difficile à cause de leur déhiscence singuliére et de leur élasticité, et sur le rendement que donnerait un champ de Glaucium. L'auteur parle d'apres des expériences qui ont été tentées en petit au Muséum. Cependant il faut noter que des essais tentés prés de l'embouchure de la Somme ont été peu satisfaisants ; l'auteur croit que les sables où l'on a cette fois semé le Glaucium étaient trop secs. Il pense que la culture du pavot ,cornu pourrait encore être tentée avec succes dans les terrains incultes et notamment dans la Cham- pagne. La seconde partie du travail de M. Cloez est relative à l'examen chimique du Glaucium. L'huile extraite par la pression des graines de cette plante est un corps gras neutre, inodore, insipide, d'une couleur jaune clair, de la den- sité de 0,913; cette huile peut être employée dans l'économie domestique comme comestible ou pour l'éclairage; dans les arts, elle peut être utilisée pour la fabrication des savons, ou bien encore pour délayer les couleurs dans la peinture; un kilogramme de graines sèches renferme 425 grammes d'huile. En terminant, M. Cloez croit devoir appeler sérieusement l'attention des mé- decins sur les propriétés thérapeutiques du Glaucium. Études sur le Colza, considéré dans ses différentes parties, à diverses époques de son développement ; par M. J.-Isidore Pierre (Ann. de chimie et de physique, t. LX. pp. 129-203; 1860). Ces études avaient été présentées à l'Académie des sciences dans sa séance du 5 mars 1860. L'auteur s'est proposé dans ce travail de suivre, à diverses époques du développement du Colza, la production et la répartition dans cette plante de la matière organique, des substances azotées et des principes minéraux les plus importants. Les quarante pieds choisis pour les expériences présen- taient toutes les conditions d'égalité requises; c'est parmi eux qu étaient prises, à chaque époque d'observation, les quatre plantes sur lesquelles devaient porter les analyses : c'est-à-dire peu de temps avant l'épanouisse- ment des fleurs, pendant la floraison, quand la plante était défleurie complé- tement, puis un mois aprés cette troisieme époque, et enfin quinze jours encore aprés, quand les siliques jaunissaient et que les dernieres feuilles avaient entièrement disparu. Les échantillons destinés aux expériences étaient eux- mémes divisés en racines, tiges et rameaux, extrémités des rameaux munies de leurs fleurs ou de leurs siliques pleines, feuilles vertes et feuilles jaunes tombantes ou tombées. Les résultats obtenus par l'auteur sont exposés par lui sous forme de tableau. Le premier chapitre de son travail est relatif à la REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 959 distribution de la matière organique sèche dans les différentes parties de la plante, ainsi qu’à la proportion de matière sèche produite par un hectare, Le deuxième chapitre traite de la production des principes azotés dans le Colza et de la distribution de ces principes dans les différentes parties de la plante, à diverses époques de son développement, ainsi que de la proportion d'azote combiné produit par un hectare dans une récolte de Colza. L'azote contenu dans le Colza étant toujours, à part quelques traces de nitrates, engagé dans des combinaisons organiques, l'auteur a fait usage, pour le doser, du procédé de M. Péligot. Il résulte des observations de l'auteur que la proportion d'azote contenue dans une récolte de Colza peut s'évaluer à l'énorme proportion de plus de 500 kilogrammes par hectare. Le chapitre troisième est relatif à la nature et aux proportions des principes minéraux les plus importants dans le Colza. Le quatriéme traite de l'influence de la mise en javelle sur le transport ultime des matières azotées dans la plante. Cette influence, d’après l'auteur, parait presque nulle. Enfin le chapitre cinquième s'occupe de l'analyse du plant de Colza, pris au moment du repiquage ; on y voit que la proportion d'oxyde de fer augmente assez régulièrement avec la proportion de matière verte, Le chapitre sixième contient l'examen des résidus des récoltes de Colza qu'on laisse habituellement dans le sol, et qui ont une influence fertilisante. Le septième contient l'analyse des siliques sèches qu'on broie ordinairement sur place aprés le battage, et qui sont riches en azote et en acide phospho- rique. Enfin, dans le huitième, l'auteur étudie la paille ordinaire de Colza. Vient ensuite le résumé de son mémoire. Le point sur lequel il insiste davan- tage, c'est que c'est surtout à l'époque de la formation de la graine du Colza que s'effectue avec le plus d'énergie, de la tige de la plante vers sa partie supérieure, le transport des matiéres azotées, des substances minérales, de l'acide phosphorique cu des phosphates de chaux, et des sels alcalins. Des ténifuges employés en Abyssinie; thèse pour le doctorat en médecine , par M. Eug. Fournier (in-4° de 68 pages, avec une planche gravée). Paris, 1864. ` Nos lecteurs ont trouvé dans ce numéro un travail spécial de M. Bron- gniart sur les plantes rapportées d'Abyssinie par M. Courbon (1), travail dans lequel est décrit pour la première fois le Moucenna, arbre dont l'écorce est réputée en Abyssinie pour un anthelminthique puissant, M. Fournier s'est pro- posé d'étudier dans sa thése les caractéres botaniques et les vertus thérapeu- tiques du Moucenna et des autres ténifuges végétaux employés eu Abyssinie, dont la liste s'élève à dix-neuf. Ce sont les suivants , désignés par leur nom abyssinien et leur nom botanique : Cousso (Zrayera abyssinica Moq.), Mou- (4) Voyez plus haut, p. 898 et suiv. 960 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cenna (Albizzia anthelminthica Ad. Br.), Soaria (Mesa lanceolata Forsk.), Tatzé (Myrsine africana L.), Habbi-tchogo (Oxalis anthelminthica A. Rich.), Habbi-tsalim (Jasminum floribundum R. Br.), Belbelta (Celosia trigyna L., C. populifolia Moq.), Tambuk (Croton macrostachys Hochst.), Waggart (Silene macrosolen Steud.), Schebti (Pircunia abyssinica Moq.), Tirnaha ( Verbascum Ternacha Hochst.), Inqoqqo, Schimpala, Maëteri; il faut y joindre le Grenadier et la Citrouille. La plupart des détails originaux que fait connaître M. Fournier sur ces plantes et la manière dont on les emploie en Abyssinie, lui ont été fournis par MM. d'Abbadie, Pruner-Bey et Courbon. L'article le plus important de son travail est relatif au Moucenna; il expose les renseignements donnés sur cet arbre par MM. Aubert-Roche, Petit, W. Schimper, Pruner-Bey, d'Abbadie, Gastinel, Burguières, Schnepp et d'autres observateurs; il le décrit ensuite, età l'occasion de cette description, donne un tableau de la distribution générique des Acaciées et un autre des espèces du genre Albizzia ; viennent ensuite des détails nouveaux sur la structure anatomique de l'écorce de Moucenna, puis sur sa constitution chimique ; ces derniers sont dus à M. Eug. Caventou. L'auteur étudie ensuite les effets thérapeutiques de ce nouvel agent qui, prescrit avec succès en Égypte, n'a pas réussi aussi bien dans les hópitaux de Paris, oü du reste il a été seulement essayé. Dans le résumé qui termine sa thèse, M. Fournier fait remarquer que le principe actif des végétaux anthelminthiques qu'il vient d'étudier est en général une résine. La planche jointe à son travail représente l'Albizzia anthelminthica Ad. Br. NOUVELLES. Mai 1863. — M. le docteur Rostan offre aux botanistes une collection de 200 espèces rares, recueillies dans les Alpes Cottiennes. Ce botaniste à retrouvé plusieurs des espèces décrites par Allioni, et qui n'avaient pas été reconnues par les auteurs récents; il a, en outre, enrichi la flore du pays qu'il explore de plusieurs espéces nouvelles intéressantes. La collection ren- ferme, entre autres raretés, les Arabis pedemontana Boiss. , Isatis alpina All., Dianthus furcatus Balb., Cerastium lineare All., Trifolium pannonicum L., Ribes purpureum Rostan, Saxifraga valdensis DC., Centaurea Kots- chyana Heuff., Campanula Elatines L., Veronica succulenta AM. , Gentianu Rostani Reut., Allium Valdensium Reut., etc. Les échantillons sont bien préparés, et les petites espèces seront représentées par plusieurs exemplaires. Le prix des deux centuries est de 40 francs. — S'adresser à M. le docteur Rostan, à Perrier prés Pignerol (Piémont). Paris. — Imprimerie de E. MARTINET, rue Mignon, 2. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE TOME SEPTIÈME. N.-B. — Les numéros indiquent les pages. — Tous les noms de genre ou d'espèce rangés par ordre alphabétique sont les noms latins des plantes, Ainsi, pour trouver Riz, cherchez Oryza, etc. — —— A Absorption (Sur la non-) de l'eau de pluie par les organes extérieurs des plan- tes, 86. Acclimatation du Nerium Oleander dans le dép. du Lot, 23. . Achillea aipina L. trouvé en Savoie, 576. — airata L. trouvé en Savoie, 575. — moschata Jacq. trouvé en Savoie, 576. — tanacetifolia All. trouvé dans le dép. du Lot, 24. Acrogène (Inflorescence) du Cytisus Labur- num, 870. Aden (Presqu'ile d’), voy. Kissenia. Adventives (Plantes) trouv. à Cette, 174. Æjgilops hybrides, 360. Agaricus edulis Bull. Champignons pro- liféres, 496. Agave L. sp. div., 192. Agropyrum Rouxii Gren.et Duv. sp. nov. naturalisé à Marseille, 126. Akènes du Ximenesia encelioides, 151. Albizzia anthelminthica Ad. Br., 902-904. Album de fleurs présenté à la Société, 769. Alchemilla ou Alchimilla. Orthographe de ce mot, 908. Aldrovanda vesiculosa L. (Végétation hi- vernale de l'), 388-392, 417-921. Algérie (Flore de l’); Campanula fasti- giata, 109. — Prunus prostrata, 30, — Polypogon Clausonis Duv.-J., 435. Algues marines et Diatomées marines dé- couv, dans le dép. du Finistère, 367,836. Alkanna lutea L. 352. Allioni (Correspondance inédite de Villars avec), 579. Allium capillare Cav. 447. — strictum Schrad. trouvé dans les Hautes-Alpes , 120. Alnus pubescens Tausch, trouvé en Savoie, 511. Alopecurus fallacinus Gren. sp. nov. na- turalisé à Marseille, 126. T. VII. | Alpes du Dauphiné et du Brianconnais, voy. Herborisations.— (Allium strictum trouvé dans les Hautes-), 720, Althæa pallida W. K. trouvé dans le dép. du Var, 345. Ambrosia maritima L., 349. — tenui- folia Spr. naturalisé à Cette, 174. Anabasis tamariscifolia L., 432. Andrachne Telephioides L., 442. Androsace diapensioides Lap. 22. — pen- nina Gaud. trouvé en Savoie, 576. Anectariée (Pélorie) du Linaria vulgaris, 377, 504-506. Annexion (De l’) du comté de Nice à la France, au point de vue botanique, 317. Annonces, voy. Mélanges. Annotations de M, Billot. Observations de M. Kirschleger sur la derniére livraison publiée, 375, 435. Anomalies, voy. Monstruosités. Anthyllis genistoides Duf., 324. Antirrhinum tortuosum Bosc, 426. | Apargia hispanica Willd., 348. Apétalées (Fleurs) du Viola biflora, 626. Arabis parvula Duf., 222. — pedemon- tana Boiss. trouvé en Savoie, 574. Arc (Col de l') pr. Grenoble, voy. Herbori- sations. Anporvo (H.). De l'annexion du comté de Nice à la France, au point de vue bo- tanique, 317. Arenaria sp. div., 67. — media L., 245. — modesta Duf., 245. — pentandra Duf., 245. — procumbens Vahl, 245. Aristida cgrulescens Desf., 448. Arles (Equisetum litlorale trouvé près d') 435. Armeniaca vulgaris Lam. Le Prunus pros- trata pris, en Algérie, pour l’ Abricotier sauvage, 30. Arundo Donax L. Sa floraison à Tours,392. Ascension au pic de Belledonne, voy. Lespi- nasse. — au glacier de la Grave et au Galibie:, voy. Herborisations. 61 962 Asperula hexaphylla All. trouvé près de Nice, 319. — Jordani Perr. et Song. trouvé en Savoie, 575. — macrorrhiza Link, 326. Asphodelus (Sur diverses espéces du genre) comprises dans le type de A. ramosus de Linné, 722. — ambigens Jord. sp. nov., 735. — Chambeironii Jord. sp. nov., 736. — comosus Jord. sp. nov., 131. — corsicus Jord. sp. nov. 739. — crinipes Jord. sp. nov. 729. — delphi- nensis G.G., 132. — glaucescens Jord. sp. nov., 739. — littoralis Jord. sp. nov. 729. — occidentalis Jord. sp. nov., 734. — proterophyllus Jord. sp. nov., 737. — pyrenaicus Jord.sp. nov., 732. — Rouxii Jord. sp. nov., 738. — sphæ- rocarpus G.G., 731, — tardiflorus Jord. sp. nov., 736. — validus Jord. sp. nov., 740. — Villarsii Verlot, sp. nov., 134. — virgatus Jord. sp. nov., 138. Ásplenium Seelosii Leyb., 72, 82. Atractylis cancellata L. trouvé prés de Nice, 319. Atragene ou Athragene, Orthographe de €e mot, 907. — alpina L. Ses localités en France, 271. Atripleæ Assoi Duf., 432. — verticillata Cav., 432. Auteuil (Ophrys trouvés pr. d’), 439. Automnale (Floraison) du Cytisus Labur- num, 870. AvvEnGsE (l'abbé). Sur la flore deMorestal (Isère), 599. Avena sp. div., 291. — Notarisii Parl. trouvé pr. de Nice, 320. Axes (Phénomènes de l'expansivité dans les), etc., 584. Azoté (De l'existence d'un principe), etc, , dans les tissus végétaux, 889. B Bart (J.). Notes sur quelques Crucifères, 227, 247. Ballota ou Ballote. Orthographe de ce mot, 912. Barfleur, voy. Cherbourg. Bastille pr. Grenoble, voy. Herborisations, Baugé (Primula variabilis trouvé prés de), 253. Belledonne (Pic de), voy Lespinasse, Bellis perennis L. (Chloranthie des capitules du), 438. — prolifére, 868. Benincasa Savi, 194. Bergeron (G.). Sur l'existence de trachées dans les Fougères, 338, Bescarrezce (E.), voy. Roze. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Beschorneria Kunth, sp. div., 193. Besenna anthelminthica Rich., voy. Me- senna. Betonica Alopecuros L. (Pélorie des fleurs du), 624. Béziers (Sur la station de quelques plantes de la flore de), 8. Bibliographique (Revue), 32, 118, 176, 275, 393, 513,825, 938. Biévre (Ancienne forét de), 673. Billot (Obs. de M. Kirschleger sur la der- niére livraison publiée des Annotations de), 375, 435. Blanches ( Digitalis purpurea et autres plantes à fleurs), 22. Blanchi (Lilas) par la culture forcée, 152. Bois de la Guyane présentés par M. Sa- got, 16. BoispuvAL présente des plantes qu'il cul- tive, 220, 469. — Obs., 154, 155, 211, 213, 469. Boletus cyanescens Bull. anomal, 439. Bote (C.). Note sur l'Asplenium Seelosii, 72, 82. Bordeaux (Isoëtes Hystriz trouvé près de), 512. Botanique (Laboratoire de), voy. Labora- toire. i Botrychium Reuteri Payot, sp. nov. 945. Boucerosia cylindrica Ad. Br. sp. nov., 900. — Russeliana Courbon , sp. nov., 900. Bouis (de) présente une noisette proli- fère, 31. — Obs., 15. : Bourg-d'Oisans (Le), voy. Herborisations. — (Séance de la Société au), 633. BouncEAU (E.). Sur le Gypsophila pani- culata et son emploi, 897. BounckEois (A.). Obs., 839, 841. Bourgeons foliaires du Furcræa gigan- tea, 151. Brassica Erucastrum L., 127, 576. 7 oleracea L. des falaises de Normandie, 339. Briançon (Végétation des env. de), voy. Fauché-Prunelle et Herborisations, Brice (G.). Rapport de la Commission de comptabilité, 487. Brondeau (L. de). Sa mort, 346. Brongniart (Ad.). Sur le sommeil des feuilles dans une Graminée (Strephium guianense), 470. — Sur les résultats relatifs à la botanique, obtenus par M. le docteur Courbon, pendant le cours d'une exploration dela mer Rouge, 898. — Obs. 168, 174, 391, 469, 870, 877,878, 905. — et Gris. Observations sur l'ovule et la graine du Posidonta Caulini, 472. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. Brun (Existence dans les tissus végétaux d’un principe, etc., d'abord incolore, mais se colorant en) dans la plante morte ou affaiblie, 882. Bryonia Arn., 196. Buchloë Engelm. gen. nov., 487. Bulbaire (Anomalie) du Leucoium wæsli- vum, 457. Bulbe du Lloydia serotina, 676, Bulbiforme (Souche et racine) du Cory- dalis solida, 590, 594. Bulbilles des Characées, 627. Bunce (A. de). Lettre à M. Decaisne sur son voyage en Perse, 29. Bupleurum sp. div,, 66. — neglectum Cesati, trouvé pr. de Nice, 319. Bureau (Éd.). Lettre sur le laboratoire botanique institué par M. Payer, 5. — Obs., 214, 904. Bureau dela Société pour 1860, 3. — de la session extraordinaire, 549. C Cachrys lævigaia Lam. trouvé dans le dép. du Var, 345. Catar. Sur l'Hieracium Camerarii sp. nov., 796 (en note), Callithamnion fragilissimum Zanard. sp. noy., 956. Campanula fasiigiaia Duf., 108, 109. — macrorrhiza J. Gay, trouvé pr. de Nice, 3149. — stenocodon B. R. trouvé pr. de Nice, 319, Canaux périspermiques (Origine et mode de formation des) dans les Maran- tées, 237. — (Origine des) dans le Thalia dealbata, 815. Cannes (Cymodocea æquorea découvert à), 361, 888. Capitules du Bellis perennis (Chloranthie des), 438. Capparis rupestris Sibth. trouvé dans le dép. du Var, 345. Capsella rubescens V. Pers. sp. nov., 511. Caracteres des feuilles anomales frondi- pares, 586. — spécifiques (Sur les), 261, 385. Carduncellus tingitanus DC., 328. Carduus acicularis Bert. trouvé dans le dép. du Var, 345. — spinulosus Bert, trouvé pr. de Nice, 319. Carex cyperoides L., 186, 436.— furcata Lap.? et sp. div., 71. — Grioleti Bert. trouvé près de Nice, 320. — juncifolia All. trouvé en Savoie, 577. — micro- glochin Wahlenb. trouvé en Savoie, 577. Carlina vulgaris L. (Fascie du), 923. 968 Carpinus Belulus L. (Gemmation surnu- méraire du) 839. Catalogue (Spécimen d’un) des plantes de France, 269. Calananche ou Catanance. Orthographe de ce mot,911. Cattleya Forbesii Link (Fleurs monstrueu- ses du), 25. Cazau (/soëtes découverts dans l'étang de), 882. Celastrus flagellaris Rupr. sp. nov., 527. Centaurea Barrelieri Duf., 348. — Cine- raria L. trouvé près de Nice, 319. — cirraia Rchb. trouvé en Savoie, 376. — dracunculifolia Duf., 348. — Jacobi Duf., 348. — linifolla Gouan, 347. — procumbens Balb. trouvé pr. de Nice, 319. — Reuteri Rchb. trouvé pr. de Nice, 319. — stenophylla Duf., 348. — ienuifolia Duf., 348. — transalpina Schl, trouvé pr. de Nice, 319. — val- lesiaca Jord. trouvé en Savoie, 576. Cerastium gracile Duf., 246. Cerasus Mahaleb Mill. (Gui trouvé sur le), 905. Ceratocephalus faicalus Pers. var. Barre- Weri, 2214. — Cette (Plantes advent. recueillies à), 174. CHaBerT (A.). Esquisse de la végétation de la Savoie, 565. CnuapoissEAU (l'abbé). Sur douze espèces de Rubus du dép. de la Vienne, 265. — Obs., 214, 254. Chamærops humilis L. trouvé pr. de Nice, 320. Chambéry (Verbascum de la flore de), 842. Chamechaude pr. Grenoble, voy. Herbo- risations. ' Champignons proliferes, 496. Changement de coloration de certaiues plantes, 152-155. Chanrousse pr. Grenoble, voy. Herborisa- tions. Chantilly (Plantes trouvées dans la forét de), 439. Chara fragifera DR. trouvé à div. loca- lités, 632, 924, — (Dessin de), 626. — (Bulbilles du), 626-627. Characées (Bulbilles des), 627. Chartreuse (Grande-), voy. Herborisations. Cuarix (Ad.). Sur un cas tératologique of- fert par l'Henophyton Deserti, 10. — mentionne quelques plantes des env. de la Roche-Guyon, 322. — annonce di- verses découvertes faites par lui dans le dép. de l'Oise ( Valerianella erio - carpa, etc.), 419. — Études avatomi- ques et physiologiques sur les sucs nourriciers des végétaux ; de l'existencc 964 dans les tissus d'un principe immédiat, d'abord incolore, mais se colorant en brun dans la plante morte ou affaiblie, 882. — Obs., 11, 155, 213,219,253, 323, 342, 391, 439, 877, 888, 923, 932. Chaubard (Sur l'herbier de feu M.), 499. Cheilanthes maderensis Lowe, trouvé en Corse, 435. Chemin de fer (Plantes obs. pr. de Thu- relles, sur les déblais et les remblais récents d'un), 479. Cherbourg (Rapport sur l'excursion de l'Ecole de pharmacie de Paris aux env. de), 157: Cherbourg et mont. du Roule, 159. Barfleur, 460. Mare de Tourlaville, 162. Jobourg, 163. Chimiques (Sur les transformations) dans les végétaux, 94. Chloranthie des capitules du Bellis pe- rennis, 438. Chloranthus nov., 527. Chlorogalum pomeridianum Kunth? Herbe- au-savon du Mexique, 220. Choisy (J.-D.). Sa mort, 4. — Notice né- crologique, 140. Chondrymenia Zanard. gen. nov. 955. — lobata Zanard., 955. Choristocarpus Zanard. gen. nov., 955. Chrysanthemum paludosum Duf., 327. Chrysothriz Nolitangere, 197. Cichorium Intybus L. (Fascie du), 905, 923. Cineraria spathulifolia Gmel. trouvé daus la forêt de Chantilly, 439. Cistus Clusii Dunal, 223.— olbiensis Huet et Hanry, sp. nov., 346. — porqueroi- lensis Huet et Hanry, sp. nov., 345. Citrullus Schrad., 195. Claix (Pont de) pr. Grenoble, voy. Herbo- risations. Classification méthodique des fegi]les, 933. Clauson (Th.). Sa mort, 145. Clematis cirrosa L. Ses localités en France, 271. —Flammula L. et var, maritima. Leurs localités en France, 269-270. — recta L. Ses localités en France, 269. — Vitalba L. Seslocal. en France, 270. CLEMENT voy. Perrin, Coccinia W. A., 195. Col de l'Arc pr. Grenoble, voy. Herborisa- tions. Collétiées (Classification de la tribu des), 534. Colorant (De l'existence dans les tissus végétaux d'un principe immédiat se)-en brun dans la plante morte ou affai- blie, 882. mandshuricus Rupr. sp. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Coloration (Changement de) de div. plantes, 22, 152-155. Comboire pr. Grenoble, voy. Herborisa- tions. Combretum butyrosum Cav., 49. Comité de la session extraordinaire, 545. Commission des archives, 2. — du Bulle- tin pour 4860, 2, 81. — de comptabi- lité, 2. — Son rapport, 487. — des gravures pour 4860, 2, — pour le choix du lieu de la session extraordinaire , 2. — chargée de visiter les établissements scientifiques de Grenoble, 549. — Ses rapports, 818,820. Conseil d'administration de la Société pour 1860, 4. Conservation dans le sol des graines de div. plantes, 334. Convolvulus Caput Medusae Lowe, sp. nov., 949. — lanuginosus Desr. trouvé pr de Narboune, 360. Coronilla Clusii Desf., 325. ] Correspondance de Villars avec Allioni, 579.— de Villars avec Lapeyrouse, 680. Corse (Cheilanthes maderensis trouvé en), 435. — (Flore de), voy. France. Cortusa MatthioliL. trouvé en Savoie, 576. Corydalis solida Sm. (Structure et mode de développement de la souche bulbi- forme du), 590. — (Anomalies de la racine bulbiforme du), 594. Corylus Avellana L. Noisette prolifère, 31. — (Gui trouvé sur le), 905. Cosson (E.). Sur le Gagea bohemica, 212. — communique une collection d'hybri- des de l'herbier de M. de Franqueville, 343. — Liste des plantes obs. pr. de Thurelles, sur les déblais et remblais récents d'un chemin de fer, 479. — Discours d'ouverture de la session ex- traordinaire, 554. — Sur la stipule et la préfeuille dans le genre Potamogeton et quelques autres Monocotylédones , 745. — Obs., 30, 31,109, 152, 153,157, 164, 174, 213, 214, 227 , 252, 253, 264, 274, 316, 322, 342, 343, 315, 391, 493, 507, 509, 548, 554, 690, 697, 719, 817, 889, 905, 923. Costia Willk. g. nov., 290. : Courson (A.). Sur les résultats botaniques de son voyage sur les bords de la mer Rouge, 898. — Note sur le Mesenna, 902 (en note). Courbonia Ad. Br. g. nov., 901. — decum- bens Ad. Br., 901. — virgata Ad. Br., 901. Couronne des Narcissées, 309. Crambe hispanica L., 223, 227. — Crepis bursifolia L. trouvé pr. de Nice, 319. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. CrocaarD (I.). Obs., 155. Crocus medius Balb. trouvé pr. de Nice, 320. Crouax frères. Listes des Algues marines et des Diatomées marines découvertes dans le dép. du Finistère depuis 1852, 367, 836. Crucianella patula L., 326. Crucifères (Notes sur quelques), 227, 247. Cucumis Ndn, 195. — africanus L. f., 130. — Anguria L., 129. — dipsaceus Ehrb., 130. — dissectifolius Ndn, sp. nov., 130. — Figarei Delile, 130. — Hardwickii Royle, 131. — heptodac- tylus Ndn, sp. nov., 130. — Melo L. et var., 131. — Anomalie des fleurs du Melon-sucrin-blanc, 461. — metuliferus E. May., 129.— myriocarpus Ndn, sp. nov., 130. — prophetarum L., 199. — sativus L., 131.—trigonus Roxb., 131. Cucurbita Ndn, 194. — Pepo L. (A noma lie d'un fruit de), 23. — (Tige fasciée de), 496. Cucurbitacées ( Analyse du mémoire de M. Naudin sur les), 381. — (Vrilles des), 461. Cultivées (Sur la spontanéité de div. es- pèces), 29-31. Culture de la Garance et du Pastel dans le nord de la France au moyen âge. 489. — forcée (Lilas blanchi par la), 152. Cutandia Willk. gen. nov., 290. Cyclanthera Schrad., 197. Cyclostigma Haughton gen. nov. foss., 199. Cymodocea cquorea Konig, trouvé près de Cannes, 361, 888. Cytisus Laburnum (Fasciation du), avec inflorescence acrogéne et floraison au- tomnale, 870. D Daucus Carota L. ( Production exception- nelle chez un), 595. Dauphiné, voy: Grenoble, Herborisations et Session extraordinaire, Decaisne (J.), président de la Société, 3. — Lettre à M. de Bunge: conseils pour son voyage en Perse, 27. — présente des fruits de Noyer de grosseurs très- diverses, 102. — Lettre à M. Chabois- seau et obs. sur les caractéres spécifi- ques, 261-264. — présente des fleurs monstrueuses de Ligeria speciosa, 360. — Analyse du mémoire de M. Naudin sur les Cucurbitacées, et obs. sur ]es caractères spécifiques, 381.— présente des fleurs anomales de Melon-sucrin- 965 blanc, 461. — présente des hybrides de Linaria vulgaris et purpurea, 485. — Obs., 14, 17, 24, 30, 31, 72, 93, 152, 154, 155, 168, 174, 236, 239, 264, 316, 343, 375, 392, 419, 439, 452, 457, 493, 499, 507, 865, 869, 870, 878, 888, 904, 905, 924. De CaNpoLrE (A.). Obs., 905. DE CaNpoLLE (C.). Ses recherches sur la formation du liége, 513, 906. Décoloration des fleurs, 22, 152-155. Dédoublement du Phyteuma belonicifo- lium, 772. Déformations, voy. Monstruosités. Decavaup (C.). Fleurs soudées et péloriées de Linaria striata, 114. Delesseria penicillata Zanard, sp.nov., 955. Délimitation (De la production et de la) des espèces végétales, 691, Delphinium Ajacis L. (Monstruosité du), 483. ; Dersës (A.) a trouvé à Marseille Te Meren- dera filifolia, 362. DEnouET présente une panicule d'Arundo Donax qui a fleuri à Tours, 392, Drs Mourns (Ch.). Sur la pélorie anecta- riée du Linaria vulgaris, 504. Dessiccation (De l'emploi du vinaigre pour la) des plantes grasses, 507. Dessin de Chara fragifera présenté à la Société, 626, Développement (Mode de) de la squche bulbiforme du Corydalis solida, 590. Diagnoses et obs. critiques sur quelques plantes d'Espagne, 221, 240, 323,347, 426, 441. Dianthus hybrides, 343. Diatomées marines recueillies dans le dép. du Finistère, 836. Digitalis hybrides, 344. — purpurea L. et autres plantes à fleurs blanches, 22. Diplotaxis erucoides DC., 222, — virgata DC., 222. Discours de M. Cosson à l'ouverture de la session extraordinaire , 554. — de M. Durieu de Maisonneuve à l'ouverture et à la clóture de la session extraordi- naire , 564, 816. — de M. Paganon, président de la Société d'agriculture de Grenoble, 547. — de M. Reynaud, ad- joint au maire de Grenoble, 551: Divisions géographiques (Etudes sur les) de la flore francaise (fin), 94. Doménon (Lacs de) pr. Grenoble, voy. Herborisations. Dons faits à la Société, 1, 4, 15, 65, 81, 82, 145, 156, 210, 236, 305, 347, 418, 440, 464, 486, 590, 833, 839, 866, 895,905, 921. 966 Doronicum scorpioides Willd. trouvé en Savoie. 575. Double floraison du Carex cyperoides, 186, 436. Dovuwer (N.) présente l’ Ambrosia tenuifolia, recueilli à Cette, 174. — Obs. 154. Draba sect. Leucodraba, 227. — fladni- zensis Wulf. et var., 230. — levigala Hoppe, 248. — lœvipes DC., 247. — stellata Jacq. et var., 2999. — tomentosa Wahlenb. et var., 228. DucmanTRE (P.). Sur deux fleurs monstr. de Cattleya Forbesii, 25. — L'eau de la pluie, qui mouille et lave les organes extérieurs des plantes, est-elle absorbée directement ?, 86. — Sur le Lilas blan- chi par la culture forcée, 152. — Sur une particularité de la végétation de la Pomme-de-terre-Marjolin, 456. — Sur une Tulipe à tige tripartite, 462. — Sur une monstruosité du Delphinium Ajacis, 483. — Sur là découverte du Cymodocea œquorea sur les côtes de Provence, 888, — Obs. relatives à une note de M. Bergeron sur les trachées des Fougéres, 932, — Obs., 10, 93, 461, 869, 888. ; Docor (Fr.) envoie des fruits de Pirus com- munis var. azarolifera, 31. — envoie des échant. de Tulipa Oculus Solis, 220. Dorour (Léon). De la valeur historique et sentimentale d'uu herbier (2* partie, souvenirs d'Espagne), 103, 146, 169. —Diagnoseset obs. sur quelques plantes d'Espagne mal connues ou nouvelles, 221, 240, 323, 341, 426,441. — Rap- port sur le Musée d'histoire naturelle de Grenoble, 818. Dufrenoya Chatin, gen. nov., 942, Durand (Élias). Sur la végétation du Lac- Salé, 418. Durée du Carez cyperoides, 186, 436. DuntEU DE MAISONNEUVE, président de la session extraordinaire, 549.— Discours d'ouverture et de clôture de la session, 564, 816. — Rectification d'une erreur sur des stolons attribués au Lobelia Dortmanna, 151. — Sur les bourgeons foliaires du Furcrœa gigantea, 151. — Sur les akénes du Ximenesia ence- lioides, 151. — Lettres sur le mode de végétation de l'Aldrovanda vesiculosa , 388, 921. — Découverte des Jsoétes Hystrix et Boryana à l'étang de Cazau, 512, 882. — présente un dessin de Chara fragifera, 626. — Nouvelles obs. sur les bulbilles des Characées, 627. — — envoie le dessin d'une grappe de rai- SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sin monstrueuse, 881. — Obs., 152, 154, 155, 565, 633, 691. Dovar-Jovvg (J.). Sur une particularité que présente l'Equisetum hiemale, 164. — Lettre sur la persistance de végétabilité dcs souches d'/soéles setacea, 168. — Découverte del Equisetum littorale près d'Arles, 433. — Sur un Polypogon d'Algérie et les espèces méditerranéen- nes de ce genre, 435. — Obs. 877, DuverGiEr DE HauRANNE (Emm.). Rapport sur l’excursion de la Société à la Grande- Chartreuse, 608. E Eau (L') de la pluie qui mouille et lave les organes extérieurs des plantes est-elle absorbée directement ?, 86. Echinocystis Torr. et Gray, 196. Echinops Ritro ou Rhytrum. Orthographe de ce mot, 909. École de pharmacie de Paris (Rapport sur l'excursion de l’) aux env. de Cherbourg, 457. Écorce (Sur l’) du Sapindus divaricatus 214. Elections pour 1860, 3. Ephedra Clusii Duf., 445. Epilobium Lamyi Schultz et tetragonum L, , cult. au Muséum, 508. Epis (Tige de Seigle à deux), 865. Equisetum hiemale L. (Sur une particula- rité que présente l), 164. — littorale Kuehlw. et Rupr. trouvé près d'Arles, 435. Ergot (Sur l’) de Froment, 771. Eriodaphnus Clossianus Baillon, sp. nov., 948. : Erodium Ballii Jord., 162-164. — laci- niatum Willd., 323. Eruca Erucastrum Duf., 222. Erucastrum Zanonii J. Ball, sp. nov., 251, 878. Ervum nigricans Bieb., 325. Erythræa Barrelieri Duf., 351, — scil- loides Chaub., 502. , i Espagne (Diagnoses et obs. critiques sur quelques plantes d') mal connues où nouvelles, 221, 240, 323, 347, 426, 441. — (Souvenirs d'), 103, 146, 169. Espéces végétales ( Production et délimi - tation. des), 691. — (Sur les caractéres des), 261, 385. Études sur les divis. géogr. de la flore francaise (fin), 94, — anatomiques et physiologiques sur les sucs noutriciers des végétaux, 882. — comparées des feuilles dans les trois embranchements du règne végétal, 890, 917, 933. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. Euastrum Clepsydra Wall. sp. nov, 957, — orbiculare Wall, sp. nov., 957. — turgidum Wall. sp. nov., 957. Euphorbia diffusa Duf., 445. — linarifolia Lam., 444. — pauciftora Duf., 442. — retusa Cay., 443. — rubra Cay., 442. valentina Ortega, 444. : Excursion (Rapport sur 1°) de l'Ecole de pharmacie de Paris aux env. de Cher- bourg, 157. Excursions et voyages de la Société pen- dant sa session extraord., voy. Herbori- sations. Exotiques (Végétaux) naturalisés à Hyéres, 587. Expansivité (Phénomène de 1) dans les axes et les feuilles, obs. sur un rameau d'Olivier, 584. F Faivre (E.). Sur le pollen et le mécanisme de la fécondation chez les Gloxinia, 772. — Rapport sur le Jardin-des-plantes et les herbiers de Grenoble, 820. Fasciation du Cytisus Laburnum, 870. Fascie du Cucurbita Pepo, 496, — du Car- lina. vulgaris, etc., 923. — du Cicho- rium Intyhus, etċ.. 905, 923, — d'un rameau d'Olivier, 585. FAvCHÉ-PnuNELLE. Coup d'œil sur la végét. des env. deë Briançon, 697. Fécondation (Sur le mécanisme de la) chez les Gloxinia, 772. Fécule du Riz (Sur la), 876. FEnMoND (Ch.). Sur les fruits et l'écorce du Sapindus divaricatus, 214. — Sur la germination du Sapindus divaricatus, 494, — Sur une tige fasciée du Cucur- bita Pepo et sur une prolification de l' Agaricus edulis, 496. — Études com- parées des feuilles dans les trois em- branchements du régne végétal, 890, 917, 933. — Obs., 213, 219, 316, 412, 507, 894, 993. Feéstuca ciliata Danth, cult, au Muséum, 509. — memphilica Boiss., 290. Feuille frondipare de Mürier, 586. Feuilles ( Classification méthodique des ) , 933. — (Études có nparées des) dans les trois embranchements du règne végétal, 890, 917, 933. — Phénomène de l'ex- pansivité dans les), 584. — (Sommeil des) dans une Graminée ( Strephium guianense), 470. — (Trisection des), 890, 917. Finistére (Algues marines et Diatomées marines trouvées dans le dép. du), 367, 836. 967 Fleurs (Sommeil des), 924, — anomales ' de Melon, 461. — apétalées du Viola biflora. 626. — blanches (Digitalis pur- purea et autres plantes à), 99. — blanchies du Lilas par la culture forcée, 152, — monstrueuses de Cattleya For- besii, 25. — monstrueuses de Ligéria speciosa, 360. — péloriées de Betonica Alopecuros, 624. — péloriées de Linaria vulgaris, 311, 504-506, 931.— soudées et péloriées de Linaria striata, 174. Floraison de l'Arundo Dòna à Tours, 392. — automnale du Cytisus Labur- num, 870. — (Double) du Careæ type- roides, 186, 436. — des Narcisses et du Lilas-Varin en 1859 et 1860, 307. — des Viola de la section Nominium, de l'Oxalis Acetosella et du Linaria spu- ria, 465. Flore d'Algérie, voy. Algérie. — deCorse, voy. France. — du Dauphiné, voy.'Her- borisations, — de France, voy. France, de Paris, voy. Paris. — de Savoie, voy. Chabert et France, — du Jura, voy. Michalet, — de Moreste] (Isère), 559. — francaise (Études sur les div. géogr. de la) (fin), 94. Fœniculum piperitum DC. trouvé pr. de Nice, 318. Foliaires (Bourgeons) du Furcraa gigan- tea, 151. Forcée (Culture) du Lilas, 152. Forét (Ancienne) de Biévre, 613. Forêts du nord de la France, aux xv*, tve et xvii? siècles, 11. Formation du liége, 513, 906. Fossiles (Plantes), voy. Cyclostigma. Fougères (Existence de trachées dans les), 338, 932. ‘Fotanien (Eug.) présente une chloranthie des capitüles d'un Bellis perennis, 438. — annonce div. plantés trouv. dans le dép. de l'Oise, etc., 439, — Obs,, 24, 31, 154, 439, 924, Francaise (Études sur les divis. géogr. de la flore) (fin), 94. France {Spécimen d'un catalogue des plantes de), 269. — (Cultute de la Ga- raüce et du Pastel daus le nord de la), 489. — (Forêts du nord de la)aux xv*, xyi? et xvne siècles, 41. France (Flore de), y compris les départe- ments annexés et la Corse : Herborísa- tions de la Société pendant sâ session extraord. à Grenoble, 602, 608, 783, 804. — Les herborisations des env. de Grenoble, 634. — Études sur les di- vis. géogr. de la flore francaise (fin), 94. — Spécimen d'un catalogue des 968 plantes de France, 269. — De quelques nouy. esp. pour la flore de France, 435. — Sur la végétation du Jura, 703. — Esquisse de la végét, de la Savoie, 565. — Sur les Verbascum de la flure de Chambéry, 842. — L'herborisation à la Moucherolle et aux alentours, 740. — Coup d'œil sur la végét. des environs de Briangon, 697. — Sur la flore de Mo- restel (Isére), 599. — Rapport sur deux herborisations au Mont-Rachet et au pic de Belledonne, 774. — Rapport sur l'excursion de l'École de pharmacie aux environs de Cherbourg, 157. — Revue critique de la flore du dép. du Lot, 373. — Obs. sur quelques plantes du dép. du Lot, 22. — Plantes trouv. dans la vallée et dàns le dép. de l'Oise, 419, 439. — De l'annexion du comté de Nice à la France, au point de vue botanique, 317. — Plantes découv. dans le dép. du Var, 344. — Surla station de quelques plantes de la flore de Béziers, 8. — Plantes trouvées aux env, de la Roche- Guyon, 322, — Plantes obs, prés de Thurelles, dans les déblais et remblais d'un chemin de fer, 479. — Rubus du dép. de la Vienne, 265. — Essai mo- nographique sur les espéces, variétés et hybrides du genre Mentha, qui croissent spontanément dans les Pyrénées cen- trales et dans le bassin sous-pyrénéen, 234, 254, 328, 352. — Des variations des esp. du genre Orchis, et surtout de l'O. Tenoreana, 109.— Sur diverses esp, né- gligées du genre Asphodelus, 722. — Mousses trouv. aux env, de Paris, 433. — Mousses, Hépatiques et Lichens de l'arrond. de Grenoble et des montagnes voisines, 754. — Algues marines et Dia- tomées marines recueil. dans le Fini- stére, 367, 836. — De la valeur histo- rique et sentimentale d'un herbier (plantes de France), 172, 173.— L'her- bier de Marchand et Lapeyrouse, 17, 66. — Sur l'herbier de feu M. Chau- bard, 499. — Plantes adventives recueil, à Cette, 174. — Végét. exot. naturalisés à Hyères, 587. — Culture de la Ga- rance et du Pastel dans le nord de la France, au moyen âge, 489. — Les forêts du nord de la France aux xv*, xvi* et xvii? siècles, 11. — Sur l'an- cienne forêt de Bièvre, 673. — Espèces décrites ou signalées : Achillea alpina, 576. — À. atrata, 515. — À. moschata, 516. — A. tana- celifolia, 24, — Agropyrum Rouxii Gren. et Duy., 126. — Allium strictum, 720. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Alnus pubescens, 577, — Alopecurus fallacinus Gren., 126.—A lthæa pallida, ‘345. — Ambrosia tanacetifolia, 174. Androsace diapensioides, 22. — A. pen- nina, 576.— Arabis pedemontana, 574. — Arenaria, 67. — Asperula hexa- phylla, 319. — A. Jordani, 515. — Asphodelus ambigens Jord., 735. — A. Chambeironi Jord., 736. — A. como- sus Jord., 737. — A. corsicus Jord., 139. — A. crinipes Jord., 729. — A. delphinensis G.G., 732. — A. glauces- cens Jord., 739. — 4A. littoralis Jord., 729. — A. occidentalis Jord. , 731. — A. proterophyllus Jord., 737. — A. py- renaicus Jord., 732.— A. Rouzii Jord., 738. — A. sphærocarpus G.G., 1231. — A. tardiflorus Jord., 7136. — A. validus Jord., 740. — 4. Villarsii Verlot, 734. A. virgatus Jord., 738. — Atractylis cancellata, 319. — Atragene alpina, 271. — Avena Notarisii, 319. Botrychium Reuteri Payot, 945. — Brassica Erucastrum, 125, 376. — B. oleracea, 339. — Bupleurum, 66. — B. neglectum, 31h. Cachrys levigata, 345. — Campa- nula macrorhiza, 319.— C. stenocodon, 319, — Capparis rupestris, 345.— Capsella rubescens V. Pers., 511. — Carduus acicularis, 345. — C. spinulo- sus, 319. — Carex. cyperoides, 186, 436. — C. furcata et sp. div., 71. — C. Grioleti, 320. — C. juncifolia, 577. — C. microglochin, 577. — Centaurea Cineraria, 319. — C. cirrata, 516. — C. procumbens, 319. — C. Reuteri, 319. — C. transalpina, 319. — C. valle- siaca, 576.— Chamærops humilis, 320. — Chara fragifera, 632, 924, — Chei- lanthes maderensis, 435. — Cineraria spathulifolia, 439. — Cistus olbiensis H.H., 346. — C. porquerollensis H.H., 345. — Clematis cirrosa , 271. — C. Flammula et var. maritima, 269, 270. — C. recla, 269. — C. Vitalba, 270. — Convolvulus lanuginosus, 360. — Corthusa Matthioli, 576. — Crepis bursifolia, 319. — Crocus medius, 320. — Cymodocea æquorea, 361, 888. Doronicum scorpioides, 575. Epilobium Lamyi, 508. — E. tetra- gonum, 508.—Equisetum litlorale, 435. — Erodium Ballii, 162-164. Festuca ciliata, 509. — Foniculum piperitum, 318. Gagea bohemica, 219. — Galeopsis Verloti Jord., 606. — Galium sp. div., 20. — G, Tendæ, 319. — Gentiana TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. purpurea , 576. — Geranium macror- rhizum, 318. — G. purpureum, 605. — Grimmia orbicularis, 433. Helianthemum croceum, 348. — H. lunulatum, 317. — Heliotropium curas- savicum, 174. — Hieracium sp. div., 70. — H. Camerarii Callay, 796 (en note), — Hypericum quadrangulum , 436. Iris Chamiris et lulescens, 835, — Isatis alpina, 102. — I. tinctoria, 489. — Isoétes Boryana, 882. — I. Hystrix, 512, 882. Kobresia caricina, 577. Lecanora Lallavei, 504. — L. rubel- liana, 504. — Lecidea athalloides Nyl., 503. — Lejolisia Bornet, 298. — L. mediterranea, 298. — Lemna minor, 896,— Linnaa borealis, 515. — Linum ruscinonense Timb., 509. — Luzula pedemontana, 320. Malva moschata var., 69.— Matthiola varia, 574. — Medicago Echinus, 318. — Mentha adspersa, 256. — M. amau- rophylla Timb., 257. — M. aquatica et var. , 331-332. — M. aquatico-rotun- difolia Timb. , 357.— M. arvensi-aqua- tica Timb., 358. — M. arvensis et var., 332-333.— M. candicans et var., 328. — M. mollissima, 329.— M. nemorosa et var., 330. — M. nemoroso-rotundi- folia, 355. — M. Nouletiana Timb., 259. — M. parietarifolia, 333. — M. piperila, 254. — M. Pulegium et var., 333-334. — M. rotundifolia et var. , 258. — M. rotundifolia-aquatica Timb., 355. — M. rotundifolio-arvensis Timb., 357. — M. rotundifolio-candicans, 354. — M. rotundifolio-hirsuta Timb., 356.— M. rotundifolio-nemorosa, 354. — M. ro- tundifolio-silvestris , 333. — M. silves- tri-rotundifolia Timb., 353. — M. sil- vestris et var., 260-261. — M. viridis etvar., 255.— Merendera filifolia, 362. — Meum adonidifolium J. Gay, 575- 576. — Mycoporum miserrimum, 503. Narcissus Barle , 320. — Nerium Oleander, 23. Onosma helveticum, 516. — Ophrys apifera, 439, —.0. arachniles, 439. — O. arachnitiformis Gr. et Ph. et var., 45. — OQ. aranifera et var., 44. — 0. atrata et var., 45. — O. Bertolonii, 45. — 0. bombylifera, 46. — 0. exal- lata et var., 45. — O. Philippi Gr., 46. — Orchis Champagneuœii, 46. — O. co- riophora, 439. — O. mascula vať., 4T. — 0. Tenoreana, etc.. 109. — O. tri- dentata, 46. — O, variegata, 46. — 969 Orobanche Satyrus , 319, — Oxytropis lapponica, 515. —O0. Parvopassue, 575. Paronychia arabica, 318. — Pedicu- laris Bonjeani , 576. — P. recutita, 576. — Peucedanum imperalorioides, 318. — Phillyrea sp. div., 18. — Phy- salis fusco-maculata , 114.— Phyteuma Charmelii, 92. — Pirus communis var. azarolifera, 34. — Polygala alpestris, 514. — Polygonum crassinervium, 320. — Posidonia Caulini, 362, 419, 448, 453, 472-474. — Potamogeton crispus, 718. — P. lucens, 148. — P. natans, 118. — P. pectinatus, 718.— Potentilla saxifraga, 348. — P. valderia, 318.— Primula Allionii, 319. — P. elatiori- officinalis, 812. — P. graveolens, 576. — P. longiflora, 359. — P. pedemon- lana, 516. — P. variabilis, 253, 306. Rubia tinctorum. 489. — Rubus cæ- sius, 267. — R. Chaboissei, 268. — R. discerptus, 267. — R. discolor, 268. — R. Genevierii, 268. — R. Holandrei, 267. — R. nitidus, 269. — R. phyllo- stachys, 268. — R. septorum , 268. — R. serpens , 267. — R. thamnocharis, 967. — R. vestitus, 268, — Rumex tu- berosus, 320. — Ruminia hiemalis, 320. Salvia pyrenaica? (S. pallidifloro- pratensis Timb.), 20. — S. viridis, 320. — Saponaria lutea, 55. — Saus- surea alpina, 516. — Saxifraga co- chlearis, 348. — S. florulenta, 318. — S. lantoscana, 348. — S. mutata, 575. — S. recta, 67. — Scirpus alpinus, 577. — S. Duvalii, 185.— Scorzonera crispa, 360. — Sedum alsinifolium, 318. S. Verloti Jord., 606. — Senecio cor- datus, 575. — S. subalpinus, 435. — S. uniflorus et var., 575. — Sesleria sphærocephala, 517. — Silene Campa- nula, 318. — S. cordifolia, 318. — Sphæria militaris , 43. Tendia Piperella, 319. — Thalictrum alpinum, 273. — Th. aquilegifolium, 272. — Th. exaltatum, 514. — Th. macrocarpum, 213. — Th. tuberosum, 502. — Tulipa Oculus solis, 220. Valeriana celtica, 515. — Valeria- nella eriocarpa , 449. — Verbascum Chaizii, 864. — V. Chaixii-Lychnitis Pâris, 863. — V. Chaizii-montanum Pâris, 859. — V. Chaizii-pulverulentum Pâris, 862. — V. Chaizii-thapsiforme Pâris, 860. — V. Lychnitidi-Chaizii Páris, 858. — V. Lychnitidi-pulveru- lentum Páris, 857. — V. Lychnitis, 858. — V. montanum, 849. — V. pul- verulento-Chaizii Pàris, 854. — V.pul- 970 verulento-Lychnitis Pâris, 852. — V. pulverulentum, 851. — V. thapsiforme, 850. — V. thapsiformi-pulverulentum Páris, 850. — V. Thapso-floccosum, 846. — V. Thapso-Lychnitis, 848. — V. Thapsus, 845. — Veronica sp. div., 419. — V. montana, 439. — Vicia tri- color, 344. — Viscum album , 905. — Voyez (dans la table de la Revue bi- bliogr.) : Bornet, Des Moulins, Doümet, Dufour, Durieu de Maisonneuve, Ga- cogne, Grenier, Le Jolis, Payot, Phi- lippe, Ross, Warion. Franqueville (le comte A. de). Hybrides de son herbier, 343. Froid (Influence du) sur quelques végé- taux, 588. Frondipare (Feuille) de Mürier, 586. Fructification du Lemna minor, 896. Fruit (Anomalie d'un) de Cucurbita Pepo, 23. Fruits de Noyer de div. grosseurs, 102. — (Sur les) du Sapindus dívaricatus, 214. Furcroa Vent. sp. div., 191. — gigantea (Bourgeons foliaires du), 151. G GacocGNE. Lettre sur la découverte par M. Lannes du Primula longiflora à Saint- Véran, 359. Gagea bohemica Schult., 219. — lutea Schult., 447. — minima Schult., 447. Galeopsis Verloli Jord, sp. nov., 606. Galibier (Le), voy. Herborisations, Galium sp. div., 20. — fruticescens Cav., 326. — Tendæ Rchb. f. trouvé pr. de Nice, 319- GanoussE. Obs. , 236. Gay (J.). Présentation de M"* Lévêque de Vilmorin et de M. Henri de Vilmorin, 209. — présente le Primula variabilis de la forêt de Hallatte, 305. — Le prin- temps de 1860 comparé à celui de 1859, dans son effet sur la floraison de quel- ques plantes à Paris, 307. — Nou- velles obs. sur !a couronne des Narcis- sées, 309. — Sur des Ægilops hybrides, 360. — Présentation de M"'* Ricard, 440. — Obs. sur le travail de M. Gre- nier, relatif au Posidonia Caulini, 453. — Nouvelles obs. sur une anomalie bul- baire du Leucoium cslivum , 457. — Sur la plante désignée sous le nom de Pyrethrum Willemotii (P. cinerarifo- lium), 459. — présente le Trientalis europæa trouvé à Saint-Hubert (Bel- gique), 483. — Sur la pélorie anectariée du Linaria vulgaris, 505. — Sur l'em- SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ploi du vinaigre pour la dessiccation des plantes grasses, 507.—Surle Meum ado- nidifolium sp. nov., 575 (en note). — Sur l'Erucastrum Zanonii (Sisymbrium Zanonii), 878.— Obs.,25, 30,152,174, 913, 220, 253, 316, 342, 362, 391, 417, 419, 439, 499, 870, 881, 882, 897, 904, 905. Gemmation surnuméraire du Carpinus Betulus, 839. Gentiana purpureaL.trouvé en Savoie,576. Géographiques (Études sur les divisions) de la flore francaise (fin), 94. Geranium macrorrhizum L. trouvé pr. de Nice, 318. — purpureum Vill., 605. GERMAIN DE Sainr-Pirnre, Nouvelles obs. sur le Posidonia Caulini, 474. — Phé- nomène de l'expansivité dans les axes et dans les feuilles obs. sur un rameau d'Olivier ; caractéres qui distinguent Ies rameaux d'une partition des rameaux normaux nés sur une tige fasciée, 584. — Caractére des feuilles anomales fron- dipares ; feuille frondipare de Mürier, 586. — présente des épreuves photogr. de végétaux cultivés à Hyères, 587. — Influence de l'hiver sur ces végétaux, 588. — Structure et mode de dévelop- pement de la souche bulbiforme du Co- rydalis solida, 590. — Anomalies de la racine bulbiforme du Corydalis solida, 594. — Production exceptionnelle ana- logue chez un Daucus Carota, 595. — De la production et de la délimitation des espèces végétales, 691. — Obs., 597, 626. Germination du Sapindus divaricatus,494. — d'unegraine dans un fruit de Cucur- bita Pepo, 23. Gironde (Fruits de Pirus communis var. azarolifera récoltés dans le dép. de la), 31. Gloxinia (Sur le pollen et le mécanisme de Ja fécondation chez les), 772. Goxop n'Antemare (E.). Sur un album de fleurs présenté à la Société, 769. — Sur l'ergot de Froment, 771. Graine germant daus un fruit de Cucur- bita Pepo, 23. — (Sur la) du Posidonia Caulini, 412. Graines (Conservation dans le sol des) de div. plantes, 334. Graminée (Sur le sommeil des feuilles dans une), Strephium guianense, 470. Grande-Chartreuse, voy. Herborisations, Grappe de raisin monstrueuse, 881. Gras (Aug.). Correspondance inédite de Villars avec Allioni, 579.— De l'orthogr. de quelques noms de plantes, 906. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. Grasses ( De l'emploi du vinaigre pour la préparation des plantes). 507. Grave (La), voy. Herborisations. GRENIER (Ch.). Lettre annonçant la découv. à Cannes du Cymodocea equorea, 361. — Sur le Posidonia Caulini, 362, 419, 448. — Obs. sur l'Hypericum quadran- gulum, 436. Grenoble, voy. Discours, Herborisations, Rapport, Ravaud, Session extaordinaire, Verlot, Visite. — (Polygone de), voy. Herborisations. Grimmia orbicularis Br. eur. trouvé aux env. de Paris, 433. Gris (A.). Origine et mode de formation des canaux périspermiques dans les Maran- tées, 237. — Sur une plante qui con- stitue probablement un genre nouveau dans la tribu des Marantacées (Maran- tochloa), 390. — Origine des canaux périspermiques dans le Thalia dealbata, 815. — Sur la fécule du Riz, 876, — Obs., 239. — Voy. Brongniart. Gugler (Ad.). Fasciation du Cytisus Labur- hum, avec inflorescence acrogène et flo- raison automnale, 870. — Sur un Pri- mula hybride (P. elatiori - officinalis), S12, —- Obs., 877. Guyane (Bois dela), 16. Gypsophila arenicola Desf., 240, — pani- culata L. Emploi de sa racine, 897. H Hallate (Forêt de), voy. Primula varia- bilis. Halycorine Harv. gen. nov., 829. Hanry, voy. Huet. Helianthemum calycinum Duf., 224, — ċroceum Pers. trouvé pr. de Nice, 318. — glaucum Pers., 226. — glutinosum Pers. , 223. — lœvé Pers., 225, — lineare Pers. , 224. — lunulatum DC, trouvé pr. de Nice, 317. — villosum Pers., 226. Helichrysum angustifolium Lam. , 327. Heliotropium curassavicum L. trouvé à Cette, 174. Henophyton Deserti C. DR. (Cas tératolo- gique offert par I), 16. Hépatiques de l’arrondissement de Gre- noble et des montagnes voisines, 763. Hérault (Phyteuma Charmelii trouvé dans le dép. de l’), 22. Herbe-au-savon du Mexique, voy. Chloro- galum. Herbier (De la valeur historique et senti- mentale d'un), 2* partie, 103, 146, 169, — (L' de Marchand et Lapey- 971 rouse, 17, 66,— (Sur 1’) de feu M. Chau- bard, 499. Herbiers dela ville de Grenoble, 822. Herborisation (L"), à la Moucherolle et dans ses alentours, 740. Herborisations de la Société pendant sa session à Grenoble (Rapports sur les) : Polygone de Grenoble, 602. Grande- Chartreuse, 608. Mont-Viso et Alpesdu Brianconnais, 783. Séchilienne, le Bourg- d'Oisans, la Grave, le Lautaret et leGa- libier, 804. Herborisations (Les) des env. de Grenoble: Polygone, 635. Bastille et Mont-Rachet, 635. Saint- Eynard, 638. Chamechaude, 640. Sassenage, 641. Comboire, 643. Saint-Nizier, 644. Col de l'Arc, 648. Pont-de-Claix et Rochefort, 651. Prémol et Chanrousse, 632. Revel et lacs de Do- ménon, 656. Autres localités diverses, 662. Liste générale systématique , 664. Herborisations (Rapport sur deux) au Mont- Rachet et au pic de Belledonne, 714. Hieracium Sp. div., 70. — Camerarii Callay, sp. nov., 796 (en note). Hiver (Influence de l') sur quelques végé- taux naturalisés à Hyéres, 588. Hivernale (Végétation) de l'Aldrovanda, 388-392, 417, 921. Hortensia opuloides Lam. ( Changement de coloration des fleurs de l'), 154-155. Huer (A.). Sur div. plantes découv. par lui et par MM. Hanry et Jacquin dans le dép. du Var, 344. Huguenin (Aug.). Sa mort, 578, 833. Hybrides : ZEgilops, 360. — Dianthus, 343. — Digitalis, 344.— Linaria, 485. — Lobelia, 343. — Lychnis, 343. — Mentha, 352-358. — Nicotiana, 344.— Œnothera, 343. — Primula, 819. — Salvia, 20. — Silene, 343, — Verbas- cum, 343-344, 849-864. Hyères ( Végétaux exotiques naturalisés à), 587. Hypericum ericoides L., 323. — quadran- gulum L,, 436. I Iberis Lagascana DC., 223. Inflorescence acrogène du Cylisus Labur- num, 870. Influence du froid sur quelques végétaux naturalisés à Hyères, 588. Ionopsidium albiflorum DR., 250. Ipomaa sagittata Desf., 351. Iris Chamiris Bert. et lutescens Lam., 835. Isatis alpina All., 702. — tinctoria L. Sa 972 culture dans le nord de la France au moyen âge, 489. Isoëtes Hystrix DR. et Boryana DR, sp. nov. découverts dans l’étang de Cazau, 512, 882. — setacea Delile (Persistance de la végétabilité des souches d"), 168. J JacQuis, voy. Huet. Jawai (A.). Rapport sur une excursion de l'École de pharmacie de Paris aux env. de Cherbourg, 157. Jardin-des-plantes de Grenoble (Rapport sur le), 820. Jasione foliosa Cav., 350. JaunEnr (le comte). Obs., 5, 17. Jobourg, voy. Cherbourg. JonpAN (Al.). Quelques mots sur le Gera- nium purpureum, suivis de la descrip- tion de deux plantes nouv. des environs de Grenoble (Sedum Verloti, Galeopsis Verloti), 605. — Sur quelques espéces négligées du genre Asphodelus , 129. Juglans regia L. Fruits de Noyer remar- quables par la diversité de leurs formes et de leur grosseur, 102. Jura (Sur la végétation du), 703. K KırscuLeGeR (Fr.). Sur la dernière livr. des Annotations de M. Billot, 375, 435. Kissenia recueilli à Aden par M. Cour- bon, 899, Klotzsch (J.-Fr.). Sa mort, 542. Kobresia caricina Willd. trouvé en Sa- voie, 577. L Laboratoire de botanique de M. Payer (Lettre sur le), 5. Laboratoires de botanique, 15. Lac-Salé (Végétation du), 418. Lacs de Doménon pr. Grenoble, voy. Her- borisations. Lagenaria Ser., 195. Lannes a découv. le Primula longiflora à Saint-Véran, 359. La PEerRAUDIÈRE (H. de) envoie le Primula variabilis récolté à Baugé, 253. — pré- sente deux anomalies végétales, 771. Lapeyrouse ( L'herbier de Marchand et), 17, 66. — (Correspondance de Villars avec), 680. Lapiedra Martinezii Lag., 447. Lastrea remota, 198. Lautaret, voy. Herborisations. Lecanora Lallavei Nyl., 504. — rubel- liana Ach., 504. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Lecidea athalloides Nyl. sp. nov., 503. Le Dien (Em. ). Obs., 214. Lejolisia Bornet, gen. nov., 298. — medi- terranea Bornet, 298. Lemna minor L., fructifié, 896. LresPiNAssE (G.). Rapport sur deux herbori- sations au Mont- Rachet et au pic de : Belledonne, 774. — Obs., 608. Lettres de MM. de Bunge, Bureau, De- caisne, Durieu de Maisonneuve, Duval- Jouve, Gacogne, Grenier, Mæder, Mau- geret, Páris, Personnat, Ramond, de Rochebrune (voy. ces noms). Leucoium œstivum L. (Anomalie bulbaire du), 457. Leuronema Wall. gen. nov., 957. — ni- tens Wall., 957. Lévéque de Vilmorin (Louis). Sa mort, 156. Lichens de l'arrondissement de Grenoble et des montagnes voisines, 764. Liége (Formation du), 513, 906. Ligeria speciosa Dene (Fleurs monstr. de), 360. Ligustrina amurensis Rupr. sp. nov., 527. Linaria arvensis Desf., 428.— Cavanillesii Chav., 427.— crassifolia DC., 427. — micrantha Cav. , 428.— simplex Willd., 428. — spuria Mill. (Floraison du), 465. — striata DC. (Fleurs soudées et pélo- riées du), 174. — triphylla Mill., 426. — vulgaris Mœnch (Pélories du), 377, 504-506, 931. — hybrides, 485. Linnca borealis L. trouvé en Savoie, 575. Linum ruscinonense T.-L. sp. nov., 509. Lithospermum apulum V ahl, 352. Littea Tagliab., 191. Lloydia serotina Salisb. (Mode de végét. et structure du), 676. Lobelia Dortmanna, voy. Stolons. — by- brides, 343. Lorer (H.), voy. Timbal-Lagrave. Lot (Obs. sur quelques plantes du dép. du), 22. — (Revue critique de la flore du dép. du), 373. — (Achillea tanaceti- folia trouvé dans le dép. du), 24. — (Acclimatation du Nerium Oleander dans le dép. du), 23. Loysez (Ch.). Obs. , 391. Luffa Tourn., 195. Luzula pedemontana R. B. trouvé pr. de Nice, 320. ; Lychnis diclinis Lag., 245. — hybrides, 343. Lyngbya flocculosa Zanard. sp. nov., 956 — miniata Zanard. sp. nov., 955. Lysimachia Ephemerum L., 351. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. M Mzper (L.). Lettre sur le Lemna minor fructifié, 896. Malva althæoïdes Cav., 247.— moschata L. var., 69. — trifida Cav., 246. Marantées ( Origine et mode de formation des canaux périspermiques dans les), 237. — (Sur une plante constituant probablement un nouv. genre dans la tribu des), 320. Marantochloa Brongn. gen. nov., 321. — comorensis Brongn. , 321. Marchand (L'herbier de) et Lapeyrouse, 17, 66. Marrubium acetabulosum Lam., 429. — setaceum Desrouss., 429. Marseille (Merendera filifolia trouvé à), 362. — ( Plantes naturalisées à), 124- 126. Martın /Em.) envoie des échantillons de Chara fragifera trouvés en Sologne,924. Massalongo (A.-B.). Sa mort, 415. Matthiola varia DC. trouvé en Savoie,574. MaucEnET (A.). Lettre sur la découy. pr. de Narbonne du Scorzonera crispa et du Convolvulus lanuginosus, 360. MaveiN (G.) membre à vie, 895. — Sur quelques faits de tératologie végétale, 867. — Obs., 870. Mécanisme de la fécondation chez les Gloxinia, 112. Medicago Echinus DC. trouvé pr. de Nice, 318. Mélanges, Nouvelles, Annonces, Nécro- logie, 60, 140, 205, 302, 415, 538, 832, 960. MéLicoco (le baron de). Les forêts du nord de la France aux xv*, xvi* et xvii? siècles, 11. — Sur la culture de la Garance et du Pastel dans le nord de la France au moyen âge, 489. — Végétaux obs. et décrits par des voyageurs au xv* siècle, 928. — Sur la pélorie du Linaria vul- garis, 931. Melothria L., 196. MEnière (P.). Obs., 220, 309. Mentha (Essai sur les espéces, variétés et hybrides du genre) qui sont cultivées ou spontanées dans les Pyrénées centrales et dans la partie supérieure du bassin sous-pyrénéen, 231, 254, 328, 352. — adspersa Mench, 256. — amauro- phulla T.-L. sp. nov., 257.— aquatica L. et var., 331-332. — aquatico-rotun- difolia T.-L. hybr., 357. — arvensi- aquatica T.-L. hybr. , 358. — arvensis L. et var. simplex, 332-333. — candicans 973 Cr. et var., 328. — mollissima Borkh. , 329.— nemorosa Willd. et var. crispa, 330. — nemoroso-rotundifolia Wirtg. hybr., 355.— Nouletiana T.-L. sp. nov., 259. —parietarifolia Bech., 333.—pipe- rita Huds.,254. —Pulegiwm L.et var. pro- strata T.-L., 333-334. — rotundifolia L. et var., 258, — rotundifolio-aqua- tica T.-L. hybr., 355. — rotundifolio- arvensis T.-L. hybr., 357. — rotundi- folio-candicans * Wirtg. hybr., 354. — rotundifolio-hirsuta T.-L. hybr., 356. — rotundifolio-nemorosa Wirtg. hybr. 354.— rotundifolio - silvestris Wirtg. hybr., 353. — silvestri-rotundifolia T.-L. hybr., 353. — silvestris L. et var. gla- brata Benth., 260-261. — viridis L. et var. brevifolia DC., 955. Mer Rouge (Exploration de la), voy. Cour- bon. Merendera filifolia Camb. trouvé à Mar- seille, 362. Mesenna ou Musenna, voy. Albizzia an- thelminthica et Moquin-Tandon. Meum adonidifolium J. Gay, sp. nov., 575- 576. Micuacer (Eug.). Sur la conservation dans le sol des graines de div. plantes, 334. — Sur la floraison des Viola de lasection No- minium, de l'Oxalis Acetosella et du Li- naria spuria, 465.—Réponse aux objec- tions de M. Germain de Saint-Pierre sur la partie souterraine du Corydalis so- lida, 596. — Sur la pélorisation des fleurs du Betonica Alopecuros , 624. — Fleurs apétalées du Viola biflora, 626. — Sur le mode de végétation et la structure du Lloydía serotina, 616. — Sur la végétation du Jura, 703. — Liste de quelques plantes trouvées au Lau- taret, etc., 815, — Obs., 719, Micrasterias alata Wall. sp. nov., 957.— cruciala Wall. sp. nov., 957. Micrococos chilensis Phil., 128. Minuartia montana Lœfl., 425. Momordica Naud., 195. Monanthochloé Engelm. gen. nov., 188. Monstruosités, déformations , anomalies, tératologie: 4garicus edulis, 496. — Bellis perennis, 438,868. — Betonica Alopecuros, 624. — Boletus cyanescens, 439.— Carez cyperoides, 486, 436.— Carlina vulgaris, 923. — Carpinus Betu- lus, 839.— Cattleya Forbesii, 25.— Ci- chorium Intybus, 905, 923.— Corydalis solida, 594. — Corylus Avellana, 31. — Cucumis Melo, 461. — Cucurbita Pepo, 23,496.—Cytisus Laburnum, 870. — Daucus Carota, 595. — Delphinium 974 Ajacis 483. — Digitalis purpurea, 22. — Henophyton Deserli, 10, — Horten- sia, 184-155. — Juglans regia, 102. — Leucoium œstivum, 457, — Ligeria speciosa, 360. — Linaria striata, 174. — L. vulgaris, 311, 504-506, 931. — Morus nigra, 586.—Olea europea, 384. — Phieum Bahmeri, 439. — Phyteuma betonicifolium, 112. — Pinus, 877, — Pirus, 868. — Polygonum viviparum, 712. — Pyrelhrum, 439. — Sambucus racemosa , 868. — Secale cereale, 865. — Solanum tuberosum, 456. — Syringa vulgaris, 152, 867. — Tulipa Gesne- riana, 462. — Viola biflora, 626. — Vitis vinifera, 881. — Anomalie bul- baire, 457. — Chloranthie, 438. — Décoloration des fleurs, 22, 152, 154- 155. — Dédoublement, 772.— Expan- sivité, 584. — Fascies, 496 , 585 , 870, 905, 923. — Feuille frondipare, 586. — Fleurs apétalées, 626. — Fleurs soudées, 174. — Fleurs anomales di- verses, 25, 360, 461.— Floraison (Dou- ble), 186, 436, — Floraison automnale, 870.— Gemmation surnuméraire, 839. ~- Graine germant dans un fruit, 23, — Inflorescence acrogène, 870. — Farti- tion, 584, — Pélories, 174, 377, 504- 506, 624, 931. — Prolifications, 31, 496, 868, 870. — Tige à deux épis, 865. — Tige tripartite, 462. — Trifo- liation, 867. — Virescence, 439. — Viviparité, 439, 772. Mont-Rachet pr. Grenoble, voy. Herborisa - tions, Lespinasse. Mont-Viso, voy. Herborisations. Montagnes du Dauphiné (Végétation des), voy. Herborisations, Lespinasse, Verlot, Ravaud. Moquis-Tanpox (À.) présente une mons- iruosité du Pin, 877, — Sur le Mu- senna ou Mesenna, 904. — présente une fascie de Cichorium Intybus, 905. =— présente une fascie de Carlina vul- garis, 923. — Obs., 15, 31, 869, 877, 878, 881, 894, 905, 924, Morgau a trouvé le Trientalis à Saint- Hubert (Belgique). 483. Morestal (Sur la flore de) (Isère), 599. Morus nigra L. (Feuille frondipare de ), 586. Moucherolle (La) pr. Grenoble, voy. Ra- vaud, Mousses trouvées aux env. de Paris, 433. — de l'arrondissement de Grenoble et des montagnes voisines, 755. Moyen âge (Culture de la Garance et du Pastel au) dans le nord de la France,:89. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, Mukia Arn., 196. Musée d'histoire naturelle de Grenoble (Rapport sur le), 818. Musenna, voy. Mesenna. Muséum d'histoire naturelle de Paris (Di- verses plantes cult. au), 508. Mycoporum miserrimum Nyl., 503. N Narbonne (Découverte pr. de) du Scorzo- nera crispa et du Convolvulus lanugi- nosus, 360. Narcissées (Couronne des), 309. Narcissus (Floraison de quelques) en 1859 et 1860, 307. — Assoi Duf., 446. — Barlæ Pari, trouvé pr. de Nice, 320. — Graellsii Webb, 446, — juncifolius Lap., 289. — rupicola Duf., 445. Naturalisation de végétaux exotiques à Hyères, 587. Naturalisées (Plantes) à Marseille, 124-126. Naumin (Ch.) fait présenter des hybrides de Linaria vulgaris et de L. purpurea, 485. — Analyse de son mémoire sur les Cucurbitacées, 381. Nécrologie, voy. Mélanges. Nepeta longicaulis Duf., 429. Nerium Oleander , acclimaté dans le dép. du Lot. 23. Nice (De l'annexion du comté de) à la France, au point de vue de la botani- que, 317. Nicotiana hybrides, 344. Nomenclature botanique (Question relative à la), 436. Nominium (Floraison des Viola de la sec- tion), 465. Noms de plantes (Sur l'orthographe de quelques) , 906. Nord de la France (Les forêts du) aux xv^, xvi® et xvii? siècles, 11. — (Culture de la Garance et du Pastel dans le) au moyen âge, 489. : Normandie (Brassica oleracea des falaises de), 339. Nourriciers (Études anat. et physiolog. sur les sucs) des végétaux, 882. Nouvelles , voy. Mélanges. Nymphea Wenselii Maack, sp. nov., 527. 0 Œdogonium, 122. Œnothera hybrides, 343. Oise (Plantes trouv. dans la vallée ou le dép. de), 419, 439. - Olea europæa L. (Phénomène de l'expanst- vité obs. chez un), 584. Omphalodes linifolia Mench, 351. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. Ononis Barrelieri Duf., 324, Onopordon unifiorum Cav., 328. Onosma tricerospermum Lag., 352. — helveiicum Boiss. trouvé en Savoie, 576. Onychonema Wal. gen. nov., 957. — uncinatum Wall., 957, Ophrys trouvés pr. d'Auteuil, 439, — arachnitiformis Gr. et Ph. sp. nov, et var., 45, — aranifera Huds, et var., 44. — atraia Lindl. et var., 45, — Bertolonii Mor., 45, — bombylifera Link, 46. — exaltata Ten. et var., 45. — Philippi Gr. sp. nov., 46. Orchis (Variations des) et surtout de l'O. Tenoreana , 1409. — Champagneuii Barn., 46, — coriophora L, trouvé à Auteuil et dans la forêt de Chantilly, 439, — mascu'a L. var, olivelorum, 4T. — Tenoreana Guss, (Variations de P), 109. — tridentata Scop., 46, — variegata All., 46. Origine et mode de formation des canaux périspermiques dans les Marantées,237. -— des canaux périspermiques dans le Thalia dealóata, 815. Orobanche Satyrus De Not. trouvé pr. de Nice, 319. Orthographe de quelques noms de plantes, 906. Oryza sativa, Sur ja fécule du Riz, 876. Ovule (Sur l’) du Posidonia Caulini, 412. Oxalis Acetosella L. (Floraison de l'), 465. Oxytropis lapponica: Gaud. trouvé en Sa- voie, 575, — Parvopassuæ Parl. trouvé en Savoie, 575. P PacANON, président de la Société d’Agricul- ture de Grenoble. Son discours, 547. Paris (E.-G.). Lettre à M, Decaisne sur les Verbascum dela flore de Chambéry, 842. Paris (Flore des env. de), voy. Auteuil, Gagea bohemica , la Roche - Guyon, Mousses, Oise, Primula elatiori-offici- nalis et variabilis, Thurelles, Valeria- nella eriocarpa. Paronychia arabica DG. trouvé pr. de Nice, 318. Partition, voy. Germain de Saint-Pierre. Passerina linarifolia Pourr, , 432. — ni- tida Desf., 432.— tinctoria Pourr, , 432. Payer. Lettre sur son laboratoire de bota- nique, 5, — Sa mort., 144. Pedicularis Bonjeanii Colla trouvé en Sa- voie, 576. — recutita L. trouvé en Sa- voie, 576. . Pélories du Linaria vulgaris, 317, 504- 506, 931, — du L. stria(a, 474. 975 Pélorisation des fleurs du Betonica Alope- curos, 624. Peponopsis Ndn, gen. nov., 194. Périspermiques (Canaux) des Marantées, 231. — du Thalia dealbata, 815. PERRIN et CLÉMENT ont trouvé dans les Vosges le Senecio subalpinus, 435. Perse (Lettre de M, de Bunge sur son voyage en), 29. Persistance de la végétabilité des souches d'Isoétes, 168. PErsonnar (V.). Sur la station de quelques plantes de la flore de Béziers, 8. — Sur une forme inédite du Capsella Bursa pastoris (C. rubescens), 511. — Obser- vations sur quelques plantes du dép. du Lot, 22. — Lettre sur les /ris Chamiris et lutescens, 835. Peucedanum imperaiorioides Link, trouvé pr. de Nice, 318. Pharmacie (Rapport sur l'excursion de l'École de) de Paris aux env. de Cher- bourg, 157. Phaseolus Pallar Molina, 128. Phillyrea L, sp. div., 18. Phleum Bæhmeri Wib, virescent ou vivi- pare, 439. Phlomis Barrelieri Duf., 430. Photographiques (Épreuves) de végétaux cultivés à Hyères, 587. Physalis fusco-maculata recueilli à Cette, 174. Phyteuma betonicifolium Vill, (Dédouble- ment du) , 772. — Charmelii Vill, dé- couvert dans le dép. de l'Hérault, 22. Pic de Belledonne, voy. Lespinásse. PicanpET, Album de fleurs présenté à la Société, 769, Picris aspera Poir., 349. Pinus monstrueux, 877. Pirus communis var, azarolifera recueilli dans le dép. de la Gironde, 31.—- poire prolifere, 868. — dioica, Poirier de Saint-Valery, 870, Plantago amplexicaulis Cav., 431. Plantes observées pr. de Thurelles, dans les déblais et remblais d’un chemin de fer, 479. — ndyentives recueillies à Cette, 174. — grasses (De l'emploi du vinaigre pour la dessiccation des), 507. — saponiferes, 219-220, Pluie (L'eau de la) qui mouille et lave les organes extérieurs des plantes est-elle absorbée directement ?, 86. Pollen des Glozinia, 772. Polygala alpestris Rchb. trouvé en Sa- voie, 574. Polygone de Grenoble, voy. Hérborisations, Polygonum crassinervium Cesati, trouvé pr. 976 de Nice, 320. — viviparum L. complé- tement vivipare, 772. Polypogon Clausonis Duval-Jouve, sp. nov., 435. Pont-de-Claix pr. Grenoble, voy. Herbori- sations. Porphyra autumnalis Zanard. sp. nov., 956. — microphylla Zanard. sp. nov., 955. Posidonia Caulini Konig, 362, 419, 148, 453, 412, 474. Potamogeton (Stipules et préfeuille des), 715. — crispus L., 118. — lucens L., 718. — natans L., 718. — pectinatus E. H8. Potentilla saxifraga Ard. trouvé pr. de Nice, 318. — valderia L. trouvé pr. de Nice, 318. Préfeuille et stipules des Potamogelon et de quelques autres Monocotylédones;, 115. , Prémol pr. Grenoble, voy. Herborisations. PRILLIEUX (Éd.). Obs., 220. Primula Allionii Lois. trouvé prés de Nice, 319.— elatiori-officinalis hybr., 872.— graveolens Heg. trouvé en Savoie, 576. — longiflora All. trouvé à Saint-Véran, 359. — pedemontana Thomas, trouvé en Savoie, 576. — variabilis Goup. , 253, 306. Principe azoté (De l'existence d'un), etc., dans les tissus végétaux, 882. Printemps (Le) de 1860 comparé à celui de 1859, 307-309. Production (De la) et de la délimitation des espèces végétales, 691.— exception- nelle chez un Daucus Carota, 595. Programme de la session extraord., 549. Prolifère (Noisette), 31. — (Poires), 869- 810. Prolification de l'Agaricus edulis, 496. — du Bellis perennis, 868. Provence (Découverte du Cymodocea æquo- rea sur les cótes de), 361, 888. Prunus prostrata pris en Algérie pour l'Abricotier sau vage, 30. Puer (T.). Études sur les divisions géogr. de la flore francaise (fin), 94. — Spé- cimeu d'un catalogue des plantes de France, 269. — Revue critique de la flore du dép. du Lot, 373. — Sur l'herbier de feu M. Chaubard, 499. — Obs., 512. Í Pyrénées centrales et le bassin sous-pyré- néen (Espèces, variétés et hybrides du genre Mentha cult. ou spont. dans les); 231, 254, 328, 352. Pyrethrum anomal, 439,— Willemotii Du- chartre (P. cinerarifolium Trev.), 460, SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. R Rachet (Mont-), voy, Herborisations et Les- pinasse. Racine du Gypsophila paniculata. Son em- ploi, 897. — bulbiforme du Corydalis solida (Anomalies de la), 594. RawoxD (A.). Lettre sur le Brassica. olera- cea des falaises de Normandie, 339. Ranunculus gramineus L. var. linearis DC., 222. Rapport sur! le Musée d'histoire naturelle de Grenoble, 818. — sur le Jardin-des- plantes et les herbiers de Grenoble,820. — sur deux herborisations au Mont- Rachet et au pic de Belladone, 774. — sur l'excursion de l'École de pharmacie de Paris aux env. de Cherbourg, 157. — de la Commission de comptabilité, 487. Rapports sur les herborisations de la So- ciété, voy. Herborisations. Ravaun (l'abbé). L'herborisation à la Mou- cherolle et dans ses alentours, 740. — Mousses, Hépatiques et Lichens de l'ar- dissement de Grenoble et des montagues voisines, 754. ipe rua RéaL (F.), président de la Société d'accli- matation des Alpes. Obs., 548, : Regroup a trouvé le Campanula fastigiata en Algérie, 109. — Sur l'ancienne forét de Bièvre, 673. : ReveiL (0.). Sur les transformations chi- miques qui s’opèrent dans les végétaux, 94. — Obs., 93. sis Revel pr. Grenoble, voy. Herborisations. Revue bibliographique, v. Bibliographique. Revue critique dela flore du dép. du Lot, 313. REYNAUD, adjoint au maire de Grenoble. Son discours, 551. Rhynchocarpa Schrad. , 196. Riccia Dufourii Nees, 448. RocHEBRUNE (A. de). Lettre à MM. les Se- crétaires, 504. : Rochefort pr. Grenoble, voy. Herbori- sations. Roche-Guyon (Plantes des env. de la), 322. Romorantin (Découverte du Chara fragt- fera pr. de), 632, 924. Roule (Montagne du), voy. Cherbourg. Royer (Ch.) a trouvé le Gui sur le Noise- setier et sur le Cerasus Mahaleb, 905. — Sur le sommeil des fleurs, 924. Roze (E.) et BescmereLLe. Sur quelques Moussés trouvées aux env. de Paris, 433. Rubia tinctorum L. Cultüre de la Garance dans le nord de la France au moyen âge, 489. : TABLE . ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. Rubus (Sur douze espèces de) du dép. de la Vienne, 265. — cœsius L., 267. — Cha- boissœi Muell., 268.— discerptus Muell., 267. — discolor W. N., 268. — Gene- vierii Bor., 268. — Holandrei Muell., 267. — nitidus W. N., 269. — phyllo- stachys Muell., 268. — septorum Muell., 268. — serpens G.G., 267. — thamno- charis Muell. , 267. — vestitus W. N., 268. Rumex tuberosus All. Nice, 320. Ruminia hiemalis Parl, trouvé pr. de Nice, 320, trouvé pr. de S Sacc envoie une tige de Seigle à deux épis, 865. SAGQT (P.) présente une collection de bois dela Guyane, 16. — Obs., 877. Saint-Eynard (Mont-) pr. Grenoble, voy. Herborisations. Saint-Hubert, en Belgique (Trientalis eu- ropæa trouvé à), 483. Saint-Nizier pr. Grenoble, voy. Herbori- sations. Saint-Véran (Découverte du Primula lon- giflora à), 359. Salvia pyrenaica L.? ( S. pallidifloro-pra- lensis Timb. ) , 20. — viridis L. trouvé pr.de Nice, 320. Sambucus racemosa L. déformé, 868. Sapindus divaricatus (Sur les fruits et l'écorce du), 214. — (Germination du), 494. Saponaria lutea L. trouvé en Savoie, 575. Saponiféres (Plantes), 219-220. Sassenage pr. Grenoble, voy. Herborisa- tions. Satureia hyssopifolia Duf., 428. Saussurea alpina DC. trouvé en Savoie, 516. Savoie (Esquisse de la végétation de la), 565. — Voy. Verbascum de la flore de Chambéry. Saxifraga cochlearis Rchb. trouvé pr. de Nice, 318. — florulenta Mor. trouvé pr. de Nice, 318. — lantoscana B. R. trouvé pr. de Nice, 318. — mutata L. trouvé en Savoie, 575. —- recla Lap., 67. — veronicæfolia Pers., 325. ScmoeNEFELD (W. de). Sur le mode de vé- gétation de l’ Aldrovanda vesiculosa, 389. 417. -— Rapport sur l'excursion de la Société à Séchilienne, au Bourg-d'Oisans, à la Grave, au Lautaret et au Galibier, 804. — Obs., 2, 25 , 168, 214, 254, 308, 322, 323, 343, 375, 391, 439, 461, 464, 469, 676, 697, 905. T. VII. 977 Schœnus Mariscus L., 448. Scirpus alpinus Schleich. trouvé en Savoie, 571. — Duvalii Hoppe, trouvé à Vayres, 185. Scorzonera crispa Bieb. trouvé pr. de Narbonne, 360. — graminifolia L., 349. — hispanica L. var. crispatula Boiss., 349. Secale cereale L. Tige de Seigle à deux épis, 865. Séchilienne pr. Grenoble, voy. Herborisa- tions. Sedum alsinifolium All. trouvé pr. de Nice, 318. — Verloti Jord. sp. nov., 666. Senecio cordatus Koch, trouvé en Savoie, 575. — difficilis Duf., 327. — subal- pinus Koch, trouvé dans les Vosges, 435. — uniflorus All. et var. multiflorus trouvés en Savoie, 575. Serratula leucantha DC., 328. Sesleria sphærocephala Ard. trouvé en Sa- voie, 577. Session extraordinaire à Grenoble, 545- 824. — (Fixation de la), 157, 347. — (Avantages obtenus pour la), 464. — (Comité de la), 545. — (Bureau de la), 349. — (Membres qui ont assisté à la), 545. — (Autres personnes qui ont pris part à Ja), 546. — (Programme de 1a), 549. — (Séances de la), 551, 589, 633, 680. — (Correspondance de la), 563, 565, 680. — (Herborisations, excur- sions et voyages de la), voy. Herborisa- tions. Sicydium A. Gray, 196. Sicyos L., 197. Sicyosperma A. Gray, 197. Silene hybrides, 343. — ambigua Camb., 244, — bipartita Desf., 244.— Campa- nula Pers. trouvé pr. de Nice, 318. — coarctata Lag., 244. — cordifolia All. trouvé pr. de Nice, 348. — gra- veolens Duf., 242. — italica Pers. , 243. —- sclerocarpa Duf., 245. — segelaks Duf., 241. — stenophylla Duf,, 240. Sinapis dissecia Lag., 222, : Sisymbrium Zanonii J. Gay, 881. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, Composition du Bureau et du Conseil pour 1860, 3. — Commissions pour 1860, voy. Com- mission. — ( Translation du siége de la), 211. Solanum tuberosum L. Pomme-de-terre- Marjolin, 456. Sommeil des feuilles dans une Graminée (Strephium guianense), 410. — des fleurs, 924. Souveinan (Léon) et B. VgnLor. Rapport sur l'excursion de la Société au Mont-Viso 62 978 et dans les Alpes du Briançonnais, 783. "— Obs., 691. Souche bulbiforme du Corydalis solida, 590. Soudées (Fleurs) et péloriées de Linaria striata, 174. Sparganium (Espèces div. du'genre), 47. Spécifiques (Sur les caractères), 261, 385. Spécimen d'un catalogue des plantes de France, 269. Sphæria militaris Ehrh., 43. Sphærocarya Wall.,942. Spontanéité (Sur la) de div. plantes culti- vées, 29-31. Sporochnus dichotomus Zanard. sp. nov., 955. Statice Dufourei Gir., 431. Stilophora calcifera Zanard. sp. nov., 955. Stipule et préfeuille des Potamogeton et de quelques autres Monocotylédones, 715. Stolons (Prétendus) du Lobelia Dortmanna. Rectification à leur égard, 151. Strephium distichophyllum Nees, 471 (en note). — guianense Ad. Br., 471 (en note). — Sommeil de ses feuilles. 470. Streptonema Wall. gen, nov., 957, — tri- lobatum Wall., 957. Structure du Lloydia serolina, 676 — de la souche bulbifére du Corydalis solida , 590. Sucs nourriciers des végétaux (Études ana- tomiques et physiologiques sur les),882. Surnuméraire (Gemmation) du Carpinus Betulus, 839, Syringa intermedia Pers. (Floraison du) en 1859 et 1860, 308.— vulgaris L, Lilas blanchi par la culture forcée, 1452, — (Trifoliation du), 867. T Tamus ou Thamnus. Orthographe de ce mot, 913. Tendia Piperella Rchb. Nice, 319. Tératologie végétale (Sur quelques faits de), 867. — Voy. Monstruosités. Teucrium angustifolium Schreb., 431, — cæspitulosum Duf., 430. Thalia dealbata ( Origine des canaux périspermiques du), 875. Thalictrum alpinum L. Ses localités en France, 273. — aquilegifolium L, Ses localités en France, 272. — exaltatum Gaud. trouvé en Savoie, 574.— glaucum Desf., 221. — macrocarpum Gren. Ses localités en France, 273. — maritimum Duf., 221. — tuberosum L. (Nouvelles localités en France du), 502, Thesium humile Vahl 441. trouvé pr. de SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. TnuioN a trouvé le Cymodocea æquorea à Cannes, 361, 888. Thladiantha Bunge, 196, Thurelles (Plantes obs. Cosson. Tige de Seigle à deux épis, 865. — fasciée de Cucurbita Pepo, 496. — tripartite de Tulipa Gesneriana, 462. TimBaL-LAGRAVE (Ed.). Des variations des espèces d'Orchis et surtout de l'O. Te- noreana, 109. —Sur les espèces, varié- tés et hybrides du genre Mentha cult. ou spont. dans les Pyrénées centrales et le bassin sous-pyrénéen, 231, 254, 328, 352. — Sur un nouveau Linum (L. rus- cinonense, 509). — Villars et Lapey- rouse, Extrait de leur correspondance, 680.— et Lorer. L'herbier de Marchand et Lapeyrouse, 17-66. Tissus (De l'existence dans les) d'un prin- cipe se colorant en brun, etc., 882. Tourlaville (Mare dej, voy. Cherbourg. Tours (Floraison de l'Arundo Donas à), 392. Trachées (Existence de) dans les Fougéres, 338, 932. Transformations chimiques qui s’opèrent dans les végétaux, 94. Trientalis europea L. trouvé à Saint Hu- bert en Belgique, 483. Trifoliation du Lilas, 867. Trinia Dufourii DC. , 326. Tripartite (Tige) de Tulipa Gesneriana, 462. Tripartition, voy. Trisection. Triplasie, vog. Trisection, Tripolium longicaule Duf., 327. pr. de), voy. "Trisection,tripartition ou triplasie des feuil- les, 890, 917. Triticum, Ergot de Froment, 771, Tubercules des Zsoëtes. Persistance de leur végétabilité, 168, Tulipa Gesneriana L. à tige tripartite,462. — Oculus solis St-Am.. 220. M Valeriana celiica L. trouvé en Savoie, 515. Valerianetla eriocarpa Duv. trouvé dans div. localités pr. de Paris, 419. Valeur (De la) historique et sentimentale d'un herbier (2* partie), 103, 146, 169. Valonia confervacea Zanard, sp. BOV., 958. Var (Plantes découvertes dans le dép. du), 344. Variations des Orchis et surtout de l'O. Te- noreana, 109. Vayres (Scirpus Duvalii trouvé à), 185. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES, Végétabilité (Persistance de la) des tuber- cules d’Jsoëtes), 168. Végétation du Dauphiné, 561 (en note). — Voy. Herborisations, — des env. de Briançon, 697. — de la Savoie, 565. — des env. de Nice, 317.— du Jura, 703, — des env. de Béziers, 8. — du Lac- Salé, 418. Végétation (Mode de) de l'Aldrovanda vesiculosa, 388-399, 417, 921. — du Lloydia serotina, 616. — de la Pomme- de-terre-Marjolin. 456. Végétaux décrits par des voyageurs au xv* siècle, 928. Verbascum de la flore de Chambéry, 842. — hybrides, 343314, 842-864. — Chairii Vill., 864. — Chaixü-Lychni- tis Pâris, sp. nov. hybr., 863.—Chaixii- montanum Pâris, sp. nov. hybr., 859.— Chaicii-pulverulentum Pâris, sp. nov. hybr , 862, — Chaizii-lhapsiforme Pris, sp. nov. hybr., 860.—ZLychnitidi-Chaixii Páris, sp. nov. hybr., 858. — Lychnitidi- pulverulentum Páris, sp. nov.hybr., 857. — Lychnitis L. (fl. luteo), 858. — mon- tanum Schrad., 849. — pulverulento- Chaixii Páris, sp. nov. hybr., 854. — pulverulento - Lychnitis Pàris, sp. nov. hybr., 852.— pulverulentum Vill.,851. — thapsiforme Schrad., 850. — thapsi- formi - pulverulentum Páris, sp. nov. hybr., 850. — Thapso-fioccosum G,G. hybr., 846. — Thapso-Lychnitis M. K. hybr., 848. — Thapsus L., S45. VerLor (J.-B.). Rapport sur l'herborisation dela Société au Polygone de Grenoble, 602, — Les herborisations des env de Grenoble, voy, Herborisations. — Sur l'Allium strictum, 120. — Obs., 608. VerLor (Bernard). Sur deux Epilobium et un Festuca cult. au Muséum, 507. — Voy. Soubeiran. 079 Veronica sp. div., 19. — montana L. trouvé dans le dép. de l'Oise, 439. ViaUD-GnRaAND-Manais (A.). Gemmation sur- numéraire du Charme, 839, Vicia sativa L. et var., 403. — tricolor Seb. et Maur. trouvé dans le départe- ment du Var. 344. Vienne (Rubus du dép. de la), 265. Villars ( Correspondance de) avec Allioni, 579.— avec Lapeyrouse, 680. — Voy. Discours de M, Cosson à Grenoble. Vinaigre ( Emploi du) pour la dessiccation des plantes , 507. Viola arborescens L., 226. — biflora L. (Fleurs apétalées du), 626. — de la sec- tion Nominium (Floraison des), 468. Virescent ou vivipare (Phleum Bohmeri), 439. Viscum album L. trouvé sur le Noisetier et le Cerasus Mahaleb, 905. Visite de la Société au Musée d'hist. nat. de Grenoble, 818. — au Jardin-des- plantes et aux herbiers de Grenoble, 820. Viso (Mont-), voy. Herborisations. Vitis. Grappe de raisin monstr., 881. Vivipare ( Polygonum viviparum compléte- ment), 772. — (Phleum Bœhmeri) ou virescent, 439. Vosges (Senecio subalpinus trouvé dans les), 435. Voyage en Perse (Lettre de M. de Bunge sur son), 29. Voyages de la Société, voy. Herborisations, Vrilles des Cucurbitacées, 461. YV A A Warion. Sur la durée et la double florai- son du Carex cyperoides, 436, Ximenesia encelioides (Akènes du), 151. Zollikoferia pumila DC., 349. TABLE PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE DES NOMS D'AUTEURS DES PUBLICATIONS ANALYSÉES DANS LA REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. (TOME SEPTIÈME.) N. B. — Cette table ne contient que les titres des ouvrages analysés et les noms de leurs auteurs. Tous.les noms de plantes dont les descriptions ou les diagnoses se trouvent reproduites dans la Revue bibliographique, ainsi que les articles nécrologiques, etc., doivent être cherchés dans la table générale qui précède celle-ci, ALEFELD. Sur le Vicia sativa L., 403. AnDErsON (Th.). Florula adenensis, 953. ASCHERSON (P.), voy. Engelmann. Bacon (H.) Recherches organogéniques sur la fleur des Conifères, 826. — Des- cription d'une Flaecourtianée nouvelle (Eriodaphnus Clossianus), 918. BasmgR (Th.). Sur l'ouate préparée avec les fibres libériennes de l'Asclepias sy- riaca, 396. Bérérorr (A.). Notice sur la germination, 400. BexTHAM (G.). Sur les espèces et les genres de plantes considérés relativementà leur application pratique à la botanique sys- tématique, 943. Bergema. Sur le phénomène dit fonction de la respiration des plantes, 520 Boissier (E.). Diagnoses plantarum nova- rum præsertim orientalium nonnullis eu- ropæis boreali-africanisque additis (ser. 2, fasc. 4 et 6), 48. Boorr (Fr.). Illustrations du genre Carex (t. 1), 946. Borxer (Ed.). Description d'un nouveau genre de Floridées des cótes de France (Lejolisia), 297. Braun (Al.) , voy. Engelmann. Buiexer (H.). Recherches sur la matière sucrée contenue dans les fruits acides, 401. Cawrowt (G.). Nouveaux principes de phy- siologie végétale appliqués à l'agricul- ture, 397. CanüEL (Th.). Sur le Combretum butyro- sum, 49. — Notions élémentaires debo- tanique, 399. uM Caspary (R.). De Abietinearum floris femi- nei structura morphologica, 827. : CHapman (A. W.). Flore des États-Unis méridionaux (les Fougères, par M. D.-C. Eaton), 294. Cmarix (G.-A.). Anatomie comparée des végétaux, 32. — Formation du genre Dufrenoya et rétablissement du genre Sphærocarya, 942. CLoez. Mémoire sur la culture d'une nou- velle plante oléagineuse (Glaucium fla- vum), 951. k Cros (D.). Du coussinet et des nœuds vi- taux dans les plantes, spécialement dans les Cactées, 39. Cocks (J.). Obs. sur la végétation et sur l'époque d'apparition de quelques Algues marines, 57. CoLweiro (M.). La botanique et les bota- nistes de la péninsule ibérique, 538. Corexwinper. Sur la migration du phos- phore dans les végétaux, 41. Crerin (Fr.). Manuel de la flore de Bel- gique, 521. Cuzenr (G.). Tahiti. Recherches sur les principaux produits végétaux de l'ile, 528. Drcaisxz (J.). Le Jardin fruitier du Muséum (suite), 201. : De Cannole (C.). De la production natu- relle et artificielle du liége dans le Chène-vert, 513. 2 Des Mouuins (Ch.). Sur le Scirpus Duvalii Hoppe, de Vayres, 185. — Eloge histo- rique de J.-Fr. Laterrade, 205. TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS. Dicksox (A.).Mémoires sur la fleur des Co- nifères, 828. Douuer (N.). Souvenir d'une herborisation au Mont-Viso (et supplément), 831. Durovn (Léon). Impressions d'un voyage bo- tanique aux Alpes du Dauphiné, 831. DoREU DE Maisonneuve, Sur le Sphæria militaris Ehrh., 43. EATON (D.-C.), voy. Chapman. ENcEL (L.-C.). Influence des climats et de la culture sur les propriétés médicales des plantes, 414, ENGELMANN (G.). Deux nouvelles Graminées dioiques des États-Unis (Buchloë, Mo- nantochloë), 487. — Generis Cusculæ species secundum ordinem systemalicum dispositæ (laiine vertit P. Ascherson, prefatus est Al. Braun), 952, EnvENbBERG (L.-C.), voy. Gray. Fizmo, Sur la composition chimique de l'Arbutus Unedo, 826. Fournier (Eug.). Des ténifuges employés en Abyssinie, 959. Frémy (E.). Sur la composition et le mode de production des gommes dans l'organi- sation végétale, 825. — Recherches chi- miques sur le latex et sur le cambium, 939. — Sur la matiére colorante verte des feuilles, 940. GacoGNE (A.). Excursion d'un naturaliste dans les Hautes-Alpes, 832. GannEAU. Sur la composition élémentaire des faisceaux fibro-vasculaires des Fou- gères, 826. Gerner (A.-C. de). Sur la struct. du corps ligneux de quelques Chénopodiacées , 275. . GoeePEnT, De l'influence des plantes sur les roches qui les supportent, 55. GraEuLs (M. de la Paz). Fascicules de - plantes espagnoles (fasc. I), 288. Gray- (A.). Contributions botaniques, 950- 952: Caractères des Composées recueillies pendant l'exploration de l'Océan Pacifique par M. Wilkes. — Notes sur les Lobéliacées, Goodéniacées, etc., de la méme collection. — E ration de plant recueillies par M. Xantus au cap San-Lucas et dans la Californie inférieure. — Examen d'une collection de plantes faite au Mexique par M. Ervendberg. — Note sur le genre Graphephorum. 981 GRENIER (Ch.). Sur quelques Orchidées des env. de Toulon, communiquées par M. Philippe. 44. — Florula massiliensis advena (supplément), 124. GuEMBEL (W.), voy. Sendtner. GuiLLEMIN, voy. Jardin. GULLIVER. Sur les granules sclérogènes des baies de l'Arbousier, 39. Harvey (W.-H.). Caractères des Algues nouvelles récoltées au Japon, etc., par M. Ch. Wright, 829: HauGaron (S.). Sur le Cyclostigma , nouv. genre de plantes fossiles, et sur la phyl- lotaxie dans les Équisétacées, Lycopo- diacées, Fougères, etc., 199. Hermann (R.). Sur la quantité de soude contenue dans la cendre du Schoberia acuminata, 537. HavrLER (L. de). Sur les Hypnées du Tirol, 410. Horrwanx (H.). Études mycologiques sur la fermentation, 180. — Sur la germina- tion des spores des Champignons, 516.— Études comparatives pour servir à la doctrine de la liaison des plantes au sol, 536. Hooker (J.-D.) et Taousox. Præcursores ad floram indicam (Balsamineæ), 295. Jaxka (V. de). Supplément relatif à quel- ques espéces d'Avena, 291. JanpiN (E.). Supplément au Zephyritis tai- tensis de Guillemin, 409. Jonpaw (A.), Sur le Brassica Erucastrum de Linné, 127. KavrFMANN (N.). Organogénie des épines des Cactées, 176. Kocu (Ch.). Les Agavées, 189. LANGE )J.). Pugillus plantarum imprimis hispanicarum (fasc. Y), 405. LE Jous (Aug.). Plantes vasculaires des env. de Cherbourg, 412. LexorwanD (R.). Notice biographique sur M. Chauvin, 140. Lrsrmougpor (Th.). Sur la structure des Cycadées, 938. Lowe (E.-L.). Sur la température des fleurs et des feuilles, 940. Lowe (L.-T.). Etude du Chaparro de For- taventure (nouv. esp. de Convolvulus), 949, 982 | Maacx (D.), voy. Ruprecht. Marcy., Succédanées du Tabac, 207. Massatowco (A.-B.). Sur le Chrysothrix nolitangere, 197. MzrrENivs (G.). Sur les bourgeons latéraux dans les Fougères, 119. Miss (J.). Sur Ja tribu des Collétiées, avec quelques obs. sur la structure de la graine dans la fam. des Rhamnacées, 531. Miquez (F.-A.-G.). Prodromus systematis . Cycadacearum, 954. Mon. (H. pe). Sur les modifications anato- miques qui s'opérent dans l'articulation . des feuilles, et qui déterminent la chute de ces organes, 34. — Sur la maniére dont se détachent les organes frais des plantes, 178. Moore (Th.). Sur la découv. du Lastrea remota en Angleterre, 198. Monis (J -H.). Flora sardoa (t. Là III), 291. Morren (Éd.). Notice sur Ch. Morren, 60. Muence. Remarques sur quelques Sparga- nium , 47. Muzsanr. Notice sur Aunier, 302. Naunix (Ch.) Essai d'une monographie des espéces et variétés du genre Cucu- mis. 128. — Revue des Cucurbitacées cult. au Muséum en 1859, 193. Nirscuxe (Th.). Sur l'irritabilité des feuilles du Drosera rotundifolia, 184, NyLawpER (W.). Synopsis methodica Li- chenum omnium hucusque cognitorum (fasc. 4 et 2), 50. OeiLvig (G.). Sur les formes et la structure des tiges des Fougéres, 277. OcsroN (E.-H.). Effet de l'arsenic sur la végétation, 40. OupEMANs (C.-A.-J.-A.). Sur une plante femelle de Cycas inermis, 948. PARLATORE (Ph.). Flora italiana (t. III, 2° partie), 524. PasrEUR (L.). Note relative au Penicillium glaucum et à la dyssimétrie moléculaire des produits organiques naturels , 941. Pavor (V.). Catalogue des Fougères, Préles et Lycopodiacées des env. du Mont- Blane, 945. P&iLiPpe, voy. Grenier. PuiLiPPE. Flore des Pyrénées, t. II, 288. Puiupet (R.-A.). Sur le Palmier du Chili et le Pallar de Molina, 127. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. PuiPsox(T.-L.). Sur la présence de l'aniline dans div. Champignons, 941. Pierre (J.-1.). Études sur le Colza, 958. RADLKOFER (L.) , voy. Sendtner. REmscH (P.-Fr.). Fragments anatomico- physiologiques 118 : 1. Développement des spores et des élatéres du Jungermannia pusilla. — Structure et genése des propagules du Jungermannia undulata. RirrBAUsEN (H.). Analyses de plantes four- ragères, 137. Ross (D.). Compte rendu d'une excursion botanique dansles montagnes d'Auvergne et de Suisse, 832. Rossmann (J.). Rupture de la corolle dans les Rhinanthacées, 283. RuenEcur (F.-I.). Decas plantarum amu- rensium, sive tabulæ (decem) botanicæ ez itinerario D. Maack seorsum edite, 527. Sacs (J.). Notes physiologiques, 283-288 : 1. Sur la culture dans l'eau des plantes terrestres. — 2. Dissolution du marbre par les racines du Mais. -— 3. Notes relatives à la doctrine de la transpi- ration des plantes. — 4. La gelée par des tempéra- ratures au-dessus de zéro. Scuacar (H.). L'arbre; études sur la struc- ture et la vie des végétaux supérieurs, 393. ScHmper (W.-Ph.) Synopsis Muscorum eu- ropæorum, 133. ScaniZLEIN (A.). Tableaux pour l'étude de la botanique systématique et appliquée, particulièrement medico- pharmaceuti- .que, 58. ; Scmorr (H.-G.). Prodromus systematis Aroidearum, 830. SewprNER (O.). Les circonstances de la vé- gétation du Bayerwald (Bavière), compl. par MM. Guembel et Radlkofer, 299. — Spruce (R.). Sur une visite aux forêts de Quinquinas, sur le versant occidental des Andes de Quito, 134. — Sur le mode de ramification de quelques arbres de l'Amazone, 279. TcumarcBErF (P. de). Asie-Mineure; des : cript. physique, statistique et archéolo- gique de cette contrée (3° partie. Bota- nique ; éléments d'une flore de l'Asie- Mineure, de l'Arménie et des iles de l'archipel grec), 406. Tnowsox (T.), voy. Hooker. TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS. ` TaíaurscHotp (H.). Remarques et recher- ches relatives à la question del'influence du sol sur les plantes, 535. TrécuL (A.). Rapport des laticifères avec le système fibro-vasculaire, 939. — Mala- die de la gomme chez les Cerisiers, Pru- niers, Abricotiers et Amandiers, 943. VavPELL (Ch ). Sur la reproduction et la fécondation du genre OEdogonium, 122. WaLuica (G.-C.). Descript. des Desmidia- cées du Bengale inférieur, 956. 3 983 Wanion (A.). Sur la durée et la double époque de floraison du Carex cyperoides, 186. WirkEs, voy. Gray. WiLLkoww (M.). Remarques sur des plantes critiques de la flore méditerranéenne, 289. Wicar (Ch.), voy. Harvey. Xantus (L.-I.), voy. Gray. ZANARDINI. (G.). Jconographia phycologica adriatica (t. I), 954, Avis. — Íl n'y a pas dans ce volume de planches séparées du texte. Paris, — Imprimerie de E. MARTINET, rue Mignon, A