SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE PARIS, — IMPRIMERIE DE E. MARTINET, RUE MIGNON, È BULLETIN SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE FONDÉE LE 23 AVRIL 1854 ET RECONNUE COMME ÉTABLISSEMENT D'UTILITÉ PUBLIQUE PAR DÉCRET DU 17 AOUT 1875 TOME VINGT-TROISIÉME PARIS AU BUREAU DE LA SOCIÉTÉ RUE DE GRENELLE, 84 1876 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE 14 CRT M SÉANCE DU 14 JANVIER 1876. PRÉSIDENCE DE M. DUCHARTRE. M. Duchartre, en prenant place au fauteuil, adresse des remerci- ments à la Société pour lui avoir fait l'honneur de lui confier les fonctions de Président pour l'année 1876. M. Roze, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 17 décembre 1875, dont la rédaction est adoptée. M. le Président annonce une nouvelle présentation. Dons faits à la Société : Eug. Warming, Symbole ad floram Brasilie centralis cognoscendam , partie XX, pp. 529-590. G. Thuret, Essai de classification des Nostochinées. Pasquale, Marsilia quadrifoliata. Pasquale, Su di una nuova specie di Lonicera. J.-B. Verlot, Catalogue des graines récoltées en 1875 à Grenoble. Hoffmann, Zur Species-frage. Haarlem, 1875. Grisebach et de Tchihatchef, la Végétation du globe, t. I" (2° partie). M. le Président donne lecture de la liste des membres des diverses commissions pour l'année 1876, telle qu'elle a été arrétée par le Conseil d'administration, dans sa séance de ce jour. 4° Commission de Comptabilité : MM. Maurice Bonnet, E.. Cosson et E. Roze. 2 Commission des Archives : MM. Eug. Fournier, Gaudefroy, E. Mer, P. Petit et de Seynes. T. XXII. (SÉANCES) 1 3 . SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 3» Commission du Bulletin : MM. Bescherelle, Ed. Bureau, M. Cornu, E. Cosson, Eug. Fournier, G. Planchon, Prillieux, de Seynes, Van Tieghem et MM. les membres du Secrétariat. 4° Commission des Gravures : MM. Decaisne, Prilheux, de Seynes et Van Tieghem. 5° Commission chargée de formuler une proposition sur le lieu et l'époque de la prochaine session extraordinaire : MM. Bureau, l'abbé Chaboisseau, E. Cosson, E. Duvergier de Hauranne et H. Vilmorin. 6° Comité consultatif, chargé de la détermination des plantes de France et d'Algérie, soumises à l'examen de la Société : MM. Bescherelle, M. Cornu, E. Cosson, Gaudefroy, Poisson et de Seynes. . "I? Commission chargée d'organiser une session mycologique, en oc- tobre prochain, à Paris : MM. Bureau, M. Cornu, E. Roze, de Seynes et Van Tieghem. M. Ph. Van Tieghem fait à la Société la communication suivante : SUR LES ABSIDIA, GENRE NOUVEAU DE LÀ FAMILLE DES MUCORINÉES, par Mi. Ph, VAN TIEGHEM, Les trois Mucorinées dont je vais avoir l'honneur d'entretenir la Société constituent dans la famille un genre nouveau, très-nettement caractérisé, qui tient à la fois du Rhizopus par l'organisation et le développement indéfini de l'appareil reproducteur asexué, et du Phycomyces par la struc- ture de l'appareil reproducteur sexué. Je les ai rencontrées dans le cou- rant de l'année 1875, à diverses époques et à plusieurs reprises, sur le erottin de. eheval, souree d'organismes fongiques extraordinairement fé- conde, comme on sait, et dont la fécondité s'explique aisément, puisqu'elle renferme, condensés sous un petit volume et amenés par l'action des sucs digestifs dans l'étatle plus favorableàleur prompte germination, tous ceux des germes produits dans la nature qui se sont trouvés déposés dans le cours de la période végétative sur les plantes dont l'animal s'est nourri. Je les ai semées ensuite et cultivées dans les milieux nutritifs les plus différents, tant en grand sur pain, orange, crottin bouilli, qu'en cellule sur jus d'orange, décoction de crottin, solution minérale, de maniére à les suivre dans les diverses phases de leur développement végétatif et repro- ducteur, et dans la succession régulière de leurs générations. Ayant trouvé les zygospores de l'une de ces espéces et observé sur place leurs divers modes de germination, ayant en outre été mis à méme d'étudier les Zygo- spores d'une seconde espèce, grâce à l'obligeance de M. M. Cornu, qui les a décrites dans notre séance du 26 novembre 1875 en les attribuant à l'un des petits Rhizopus nouveaux publiés dans mon récent mémoire Haras D aa PE S SÉANCE DU 14 JANVIER 1870. 3 (Rh. minimus) (1), je me vois en mesure de tracer aujourd’hui, dans ses lignes principales, l'histoire de ce genre de plantes. I Caractères et mode de développement de l'appareil reproducteur asexué produit par le mycélium adulte. L'appareil végétatif est un mycélium rameux et unicellulaire, qui rampe à l'intérieur du milieu nutritif. Nous verrons tout à l'heure comment il se constitue aux dépens, soit d'une spore, soit d'une zygospore ; prenons-le pour le moment tout formé, et voyons comment, parvenu àl'état adulte et placé dans les conditions normales de végétation, il produit dans leur plein développement ses fructifications asexuées. A cet effet, sur un tube mycélien ordinaire naît une branche qui s'éléve obliquement dans l'air en faisant avec la surface du milieu nutritif un angle d'au moins 45 degrés. A mesure qu'elle s'allonge en montant, son extrémité s'abaisse lentement, devient horizontale, puis s'incline vers le bas, redescend aussi rapidement qu'elle est montée, et vient enfin ren- contrer le sol sous l'angle de départ; elle s'y enfonce un peu, s'y enracine en se divisant en pinceau, et épuise ainsi son accroissement terminal. Pareil à un projectile obliquement laneé dans l'air, le sommet du tube fructifère décrit donc une parabole, et, comme sa membrane se cuticula- rise presque aussitót, l'arc parabolique, solidement fixé à ses deux bouts et devenu rigide, conserve désormais indéfiniment sa position et sa cour- bure. Au sommet de la parabole et sur son côté convexe, le tube ne tarde pas à produire un bouquet de un à cinq rameaux assez courts, roides et divergents, terminés chacun par un sporange piriforme. Puis, à quelque distance du pinceau de racines, vers le milieu ou les deux tiers de la moitié descendante de Parc, il naît une branche puissante, qui se dirige d'abord perpendiculairement au tube dont elle procéde, en faisant avec la surface du sol un angle d'au moins 45 degrés. Mais à mesure qu'elle s'accroit, son extrémité s'incline, devient horizontale, puis s'abaisse vers le sol, qu'elle ne tarde pas à rencontrer et où elle s'enracine en s'épui- sant. Comme le premier, ce nouvel arc parabolique forme à son sommet un faisceau de rameaux sporangifères, puis il produit de méme un troi- sième arc, celui-ci un quatrième et ainsi de suite. L'appareil fructifère se développe done progressivement en une suite d'élégantes arcades, couronnées chacune par un bouquet de sporanges. En général, cette chaine d'arcades ne se continue pas longtemps dans un méme plan, mais elle projette des arceaux en divers sens et décrit à la (1) Ph. Van Tieghem, Nouvelles Recherches sur les Mucorinées (Ann. des sc. nat., 6* série, 1875, t. I, p. 84). 4 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. surface du milieu nutritif les courbes les plus gracieuses. Çà et là elle se ramifie, soit parce que deux branches prennent naissance l’une au-dessous de l'autre sur la moitié descendante d'un méme arc pour se diriger en- suite et s'infléchir vers le sol dans des plans différents, soit parce qu'il se fait une branche surnuméraire sur la moitié ascendante d'un arc. Aprés avoir ainsi poussé une plus ou moins longue série de jets paraboliques, nés l'un de l'autre en sympode, le filament fructifère termine son développe- ment. Avant d'atteindre le sol, le dernier arc formé renfle alors son sommet en un sporange piriforme, ce qui ne l'empéche pas de produire sur sa convexité un bouquet de deux ou trois rameaux sporangifères. C'est de ce développement en arcades de l'appareil fructifére asexué que j'aitirélenom générique Absidia (1). Les stolons paraboliques étant, aussi bien que leurs rameaux sporangiféres, dépourvus de géotropisme et d'hé- liotropisme, il y a lieu de rechercher à quelle cause il faut attribuer leur courbure. Ce sera l'objet d'une prochaine communication. Prenons maintenant, pour l'étudier de plus prés, quelqu'un de ces ra- meaux sporangiféres que l'on voit, groupés en faisceau, au sommet de chaque arcade. Dépourvu d’accroissement intercalaire et cuticularisant de bonne heure sa membrane, ce rameau se termine par un renflement piriforme. Dans la région supérieure de ce renflement, vient s'aceumuler peu à peu un protoplasma spécial (protoplasma sporigène), bientôt séparé du proto- plasma général du tube par une large cloison insérée assez haut dans le renflement et relevée dés l'origine en un cóne plus ou moins effilé au sommet (columelle). Chez deux des espéces connues, il ne se fait pas d'autre cloison dans le rameau ; chez la troisième (Absidia septata), il s'en produit constamment une à peu de distance du sporange. Dans le proto- plasma du tube j'ai réussi, aprés bien des recherches, à apercevoir quel- ques cristalloides octaédriques de mucorine ; ils sont trés-petits et parais- sent rares. Une fois retranché dans le sporange au-dessus de la cloison columellaire, le protoplasma sporigène ne tarde pas à se séparer en deux substances : l'une, finement granuleuse (protoplasma sporaire), se con- dense en petites portions ovales ou sphériques qui, bientót revétues d'une membrane de cellulose, deviennent autant de spores; l'autre, hyaline, peu ` développée et de consistance mucilagineuse (protoplasma intersporaire, épiplasma), occupe tous les interstices des spores. Pendant ce temps, la membrane du sporange, c'est-à-dire de la portion du renflement située au-dessus de la columelle, ni ne s'incruste d'aiguilles d'oxalate de chaux, ni ne se cuticularise, mais se transforme au contraire en une matière solu- ble dans l'eau. Elle se dissout donc à la maturité dans la goutte d'eau que le sporange sécrèle à ce moment, totalement ou en laissant parfois une collerette plus ou moins large autour du cercle d'insertion de la columelle. (1) De àyiz, arcade. D: SÉANCE DU 14 JANVIER 1876. 5 Le sporange est alors ouvert, et les spores, d'abord retenues entre elles et à la columelle par la matière interstitielle, puis par la goutte d’eau qui a dissous cette maliere, ne tardent pas à tomber quand elle se dessèche, et à se disséminer. Du sporange primitif il ne reste plus alors que la colu- melle cuticularisée et colorée en noir bleu, portée par la partie supérieure du tube dilatée en apophyse, et elle-méme cuticularisée et colorée. La cuticularisalion envahit, nous le savons, non-seulement tout le rameau sporangifére, mais encore le stolon parabolique dans toute son étendue. La coloration noirâtre est plus limitée. Sur le rameau, elle ne s'étend qu'à une petite distance au-dessous de l'apophyse et s'arréte brusquement à la cloison chez l'Absidia septata. Sur le stolon, elle se manifeste surtout aux extrémités enracinées el s'atténue à mesure qu'on s'en éloigne. La colu- melle conique est moins fortement cuticularisée que l'apophyse qu'elle surmonte et sa région supérieure est plus molle que sa base ; il en résulte qu'une fois dépouillée, elle s'affaisse assez souvent et rentre en quelque sorte dans l'apophyse, qu'elle vient doubler en forme de cupule, entrainant avec elle les quelques spores qui lui étaient demeurées adhérentes. On sait qu'un effet de méme nature se produit, mais en sens inverse, chez les Rhizopus. Là, la columelle globuleuse est au contraire plus fortement cuticularisée et plus rigide en haut qu'en bas ; une fois qu'elle est débar- rassée des spores, c'est donc la zone inférieure qui se reploie en dedans, et rentre dans la calotte supérieure, laquelle s'abaisse en méme temps en forme de cloche. Les spores sont trés-petites, ovales ou sphériques, suivant l'espèce ; elles ont toujours leur membrane très-mince, sans contour interne distinct du contenu, incolore et dépourvue d’exospore cuticularisée. Leur protoplasma est incolore, finement granuleux quand elles sont très-jeunes, homogène et brillant à l’état de maturité. Il Germination des spores. Deux modes : 1° en mycélium ; caractères de ses premières et de ses dernières fructifications asexuées ; 2° en tube sporangifère. Aussitôt après leur émission, les spores germent, aussi bien dans le jus d'orange ou de raisin que dans la décoction de erottin ou de bouse. Elles deviennent d'abord sphériques, si elles ne l'étaient pas, puis grossissent jusqu'à acquérir de trois à cinq fois leur taille primitive. Alors seulement, si elles continuent à pouvoir puiser dans le milieu nutritif, elles poussent un tube qui se ramifie à plusieurs degrés à mesure qu'il s'allonge. Le my- célium unicellulaire ainsi formé ne présente d'ailleurs pas de caractères bien intéressants ; il ne produit pas de chlamydospores. Une fois constitué, s'il est placé dans les conditions normales d'aération et de nutrition, il commence, et cela dès le cinquième jour après le semis, à former des 6 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. fructifications asexuées. Les premières sont très-simples : une branche mycélienne se dresse dans l'air et se termine directement par un sporange. Plus tard, la branche plus développée prend une direction oblique et commence à s'incurver vers le substratum ; elle finit encore par un spo- range, mais.forme sur sa convexité un rameau terminé par un sporange plus petit. Dans l'état suivant, la branche se courbe plus fortement, se ter- mine toujours par un sporange, mais porte au sommet de l'arc un faisceau de deux à quatre rameaux sporangifères. Enfin le tube, s'allongeant davan- tage, arrive à toucher le substratum par son sommet; au lieu de sporange, il y forme alors des crampons rameux; après quoi, il pousse un stolon parabolique, et l’on arrive au plein développement que nous avons exposé plus haut comme caractérisant l’état adulte du mycélium. A mesure que le protoplasma mycélien est consommé par la formation des spores et par sa propre respiration, les fructifications dégénèrent, et elles redescendent un à un tous les degrés qu’elles ont montés, pour finir par où elles ont commencé, c’est-à-dire par un petit tube dressé, directe- ment terminé par un petit sporange. Ces fructifications simples et dégra- dées prennent naissance, non-seulement sur le mycélium épuisé, mais aussi cà et là sur les stolons paraboliques, partout où il y subsiste un peu de protoplasma non encore employé. Par cette formation surnuméraire et adventive de rameaux isolés, la disposition régulière des sporanges en bouquets couronnant les arcades se trouve donc un peu dissimulée vers la fin de la végétation. Si, aprés leur nutrition préalable, on retire les spores de la goutte nu- tritive pour les placer dans une atmosphère humide, il arrive souvent que le tube qu'elles poussent se dresse aussitót et se termine directement par un petit sporange normal, à columelle peu relevée, et ne renfermant que quelques spores. Tout le protoplasma contenu dans la spore primitive et celui qu'elle a acquis dans les premiers temps de sa nutrition se trouvent par là méme épuisés, et il ne se forme pas trace de mycélium. J'ai obtenu, et à diverses reprises, le méme résultat avec d'autres Mucorinées, en par- ticulier avec plusieurs Mortierella, et surtout avec les grosses spores réticulées du M. reticulata, qui n'ont méme pas besoin de nutrition préalable (1). Si donc, en germant, la spore asexuée donne ordinairement l'appareil végétatif, le mycélium, elle ne le donne pas nécessairement. La chose varie suivant les conditions de nutrition où la spore est placée. Plongée dans le milieu nutritif, elle produit un mycélium ; placée dans une atmosphère humide, à cette seule condition d'étre déjà ou d'étre devenue par une nu- trition préalable suffisamment grosse, elle pousse directement, sans mycé- (1) Un cas trés-voisin a. été figuré par moi chez cette plante il y a plusieurs années (Ann. des sc. nat., 5° série, 1872, t. XVII, pl. 24). - p* SÉANCE DU 14 JANVIER 1876. 7 lium, un appareil fructifère, un sporange, et sa substance se résout aussitôt en spores nouvelles. Nous verrons tout à l'heure que la spore sexuée, l'œuf ou zygospore, se comporte absolument de la méme manière. TIT Caractères et mode de développement de l'appareil reproducteur sexué, Parthénogenèse, Quand le mycélium, issu d'une spore, d'une zygospore ou d'une azygo- spore, se trouve placé dans de certaines conditions de milieu que nous cher- cherons tout à l'heure à préciser, ses fructifications asexuées deviennent de plus en plus simples, de plus en plus petites, et enfin il produit des fruc- lifications sexuées que nous allons maintenant étudier, Dans les mémes conditions de milieu, ces fructifications sexuées peuvent aussi prendre naissance directement sur les stolons paraboliques, toutà cóté des derniers sporanges formés. Deux branches voisines, issues assez souvent d'un méme tronc, forment sur deux points en regard et projettent l'un vers l'autre deux renflements latéraux, au-dessus desquels elles ne tardent pas en général à se terminer en pointe mousse. Les deux rameaux renflés se rencontrent bientôt, et leurs sommets, pressés l'un contre l'autre, se séparent du reste par une cloison en devenant deux cellules distinctes. Dans les quelques états jeunes que j'ai pu observer, ces deux cellules se sont montrées inégales, l'une d'elles étant constamment de moitié ou d'un tiers plus longue que l'autre. Puis, sur la face de contact, les deux membranes se résorbent; les deux corps protoplasmiques se pénètrent et se fusionnent en une zygospore. Comme chez toutes les autres Mucorinées, celle-ci se nourrit pendant quelque temps par afflux latéral de protoplasma et grossit en conséquence. Elle se revét d'une membrane propre de cellulose, qui s'épaissit peu à peu et se sépare en deux couches : une endospore mince et molle, et une exospore épaisse, cartilagineuse, hérissée de petits tubercules coniques, mais parfai- tement incolore. Pendant tout son développement, elle demeure revétue par la membrane primitive des deux cellules conjuguées, qui se dilate à mesure en se moulant sur les aspérités de l'exospore et qui brunit de plus en plus fortement. La zygospore müre est pleine d'un protoplasma très- oléagineux ; elle est petite, et mesure en moyenne, chez l'Absidia capil- lata 077,080, chez l Absidia septata 077,050. Mais voici peut-être le caractère le plus singulier des plantes de ce genre. Peu aprés la fusion des deux corps protoplasmiques, on voit naitre sur chaque renflement, immédiatement au-dessous de la cloison qui le sépare de la zygospore, un verticille de rameaux gréles ou de poils qui se cuticu- larisent et brunissent de plus en plus par les progrès de l’âge. Dans l' Absi- dia capillata où j'ai trouvé pour la première fois ces zygospores, les poils 8 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sont trés-fins ettrés-nombreux dans chaque verticille, longs, flexueux, et cou- chés à la surface de la zygospore; ils se cuticularisent bientôt, brunissent, puis noircissent et deviennent cassants. Ils [sont dépourvus de cloisons et simples; mais j'y ai vu quelquefois de petites dents latérales qui parais- saient indiquer une tendance à la ramification pennée. Ceux d'un verti- cille se mélent et s'enchevétrent avec ceux du verticille opposé, envelop- pant ainsi la zygospore d'un épais chevelu qui la protége et la dissimule complétement aux regards. Dans l’Absidia septata, auquel appartiennent les zygospores décrites par M. M. Cornu, dans notre séance du 26 novembre 4815, comme étant celles du Rhizopus minimus, les poils sont plus gros, au nombre de huit à douze seulement dans chaque verticille ; d'abord di- rigés perpendiculairement au renflement qui les porte, ils se recourbent en crosse vers la zygospore, qu'ils touchent par leurs extrémités crochues, mais qui demeure facile à voir dans leurs intervalles. Simples et dé- pourvus de cloisons, ils se cuticularisent aussi, brunissent et deviennent cassants. Par la présence de ces poils verticillés autour de la zygospore, ces plantes se rapprochent des Phycomyces. Les espèces citées plus haut m'ont présenté l'une et l’autre quelques azygospores. En ces points, bien que privé de congénère auquel il puisse s'unir, le renflement primitif ne s'en comporte pas moins comme dans le cas normal. Il sépare en effet son extrémité par une cloison ; puisle corps protoplasmique de la cellule ainsi détachée s'individualise, et bientót se rajeuniten une cellule nouvelle. Celle-ci se nourrit etgrossit pendant quel- que temps par un afflux unilatéral de protoplasma, puis s'enveloppe d'une membrane carlilagineuse hérissée de petits tubercules coniques et revétue par la membrane noirâtre de la cellule primitive. Elle devient, en un met, une spore douée de la méme résistance aux agents extérieurs et dela méine faculté germinative que la zygospore elle-méme, et protégée comme elle par un verticille de poils, qui viennent rejoindre et méler leurs extrémités sur sa face convexe de manière à l'envelopper complétement. Dans les Absidia, comme dans les Sporodinia et Spinellus, la fécondation, c'est-à-dire ici la fusion de deux corps protoplasmiques à peine différents, avec nutrition subséquente du produit, n'est donc pas absolument néces- saire à la formation d'une spore durable, bien que ce soit là le mode habi- tuel de constitution de ce genre de spores. C'est ici que la parthénogenése s'offre à nous sous sa forme la plus simple et dans les conditions où elle doit le moins nous surprendre. La différence sexuelle étant en effet trés- faible, si petite qu'à peine se traduit-elle au dehors par quelque marque apparente, on doit admettre qu'il manque bien peu de chose à chacune des deux cellules en présence pour qu'elle se suffise à elle-méme. Ce peu qui lui manque, quoi d'étonnant qu'elle puisse le tirer à la rigueur directe- ment de l'appareil végétatif par voie d'osmose et de nutrition, bien qu'elle SÉANCE DU 14 JANVIER 1876. 9 le reçoive ordinairement par voie de fusion avec un autre corps protoplas- mique doué de propriétés complémentaires des siennes? Cherchons maintenant à nous rendre compte des conditions de milieu qui provoquent chez ces plantes la formation des zygospores. J'ai rencontré les zygospores de l Absidia capillata à l'intérieur méme du crottin de cheval et sur la faceinférieure du substratum, en contact avec le fond del'assiette qui le contenait. M. Cornu a trouvé celles del’ A. septata sur la face inférieure d'un bouchon de liége qui fermait hermétiquement un flacon où étaient conservées des racines de Vigne phylloxérées. Dans les deux cas, elles ont pris naissance au sein d'une atmosphère appauvrie en oxygène, quand la végétation a été suffisamment ralentie et la formation des tubes sporangiféres complétement supprimée par cet appauvrissement. Aprés avoir rappelé que les zygospores du Rhizopus nigricans se forment précisément dans ces mémes conditions et qu'on peut les obtenir à volonté par la culture en vase clos (1), qu'il me soit permis d'ajouter que j'ai eu l'automne dernier l'occasion d'étudier de nouveau les circonstances de production des zygospores du Sporodinia grandis, et de réaliser sur ce sujet quelques expériences comparatives. Elles démontrent, ce que j'avais déjà nettement indiqué dans mon second mémoire (2), que c'est aussi à la raréfaction de l'oxygéne dans l'atmosphére ambiante que les zygospores de cette plante doivent leur formation. Trois chapeaux d' Agaricus campestris ensemencés de Sporodinia gran- dis sont placés, l'un dans un flacon traversé de bas en haut par un cou- rant d'air humide, le second dans un flacon bouché, le troisiéme sur un verre de montre au fond d'une soucoupe de porcelaine couverte d'un dis- que de verre. Sur le premier, il ne se forme que des sporanges, sans zygospores; sur le second, que des zygospores, sans sporanges. Dans la troisième culture, le chapeau ne porte que des zygospores, mais de sa périphérie rayonnent en tous sens de longs filaments simples qui viennent ramper sur le bord de la soucoupe et s'y élévent jusque vers le disque de verre pour venir en quelque sorte humer l'air qui passe par l'interstice ; là ils se bifurquent plusieurs fois de suite dans des plans rectangulaires et terminent chacune de leurs branches par un sporange bleu ardoisé. Il se fait donc ainsi tout autour du bord blanc de la soucoupe, là méme où l'air y pénètre sous le disque de verre, une couronne bleuâtre continue, exclu- sivement formée de touffes de sporanges serrés ; un large espace, vide de fructifications, sépare cette couronne de la région centrale occupée par la plante nourriciére couverte de zygospores. Dans cette troisième culture, comme dans les deux premières, la dissociation des deux sortes de corps reproducteurs est compléte et l'expérience aussi frappante que possible. Appuyé sur ces expériences comparatives et sur les exemples qui pré- (1) Voyez Ann. des sc. nat., 5* série, t. XVII, p. 81. (2) Lac. cit, p. 89. 10 | SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cèdent, je crois pouvoir conclure que, sur une plante d’ailleurs abondam- ment nourrie, c'est l'appauvrissement de l'oxygène de l'air, et le ralentisse- ment qui en résulte dans la combustion respiratoire , qui détermine l'ap- parition des zygospores ou des azygospores. Dans ces conditions de nutri- tion complète, tant que l'air ambiant conserve sa composition normale, la plante ne forme que des sporanges et des spores ; elle se multiplie avec profusion. A mesure que la proportion d'oxygène diminue, la production des sporanges se ralentit. Enfin quand la pression de l'oxygène dans lat- mosphère arrive à descendre au-dessous d'une certaine valeur qu'il serait important de déterminer avec précision, la plante, supposée encore abon- damment pourvue de protoplasma, ne peut plus former de sporanges ; elle consacre alors tout son protoplasma à produire des zygospores ou azygo- spores ; elle se conserve (1). On dirait que, se sentant menacée et sur le point de périr étouffée, la plante tient à assurer la conservation de son espéce en formant des spores durables, capables de résisler aux condi- tions nuisibles qui vont l'anéantir elle-même et d'attendre des jours meilleurs. L'oxygéne n'étant d'ailleurs, à: tont. prendre, que l'un des éléments constituants du milieu nutritif nécessaire à la vie dela plante, il se peut que le méme résultat puisse étre amené par la diminution en decà d'une certaine limite de l'un quelconque des autres éléments essentiels de ce milieu. De sorte que la conclusion précédente pourrait peut-étre s'énoncer sous une forme plus générale en disant : Ce qui détermine la formation des zygospores sur un mycélium encore pourvu d'une suffisante quantité de protoplasma assimilé, c'est l'appauvrissement du milieu nutritif en un ou plusieurs de ses éléments, appauvrissement qui met en danger l'existence méme de Ja plante. Mais je n'indique cette généralisation que sous toutes réserves, IV Germination des zygospores. Deux modes : 1? en tube sporangifère ; 2» en mycélium. La germination des zygospores de l'Absidia capillata a eu lieu, aprés dix jours de dessiccation, sur le crottin méme où elles avaient pris nais- sance, et de plusieurs maniéres suivant les conditions oü elles s'y trou- vaient placées. (1) Les expériences de M. P. Bert permettent de penser que le méme résultat serait amené si la pression de l'oxygène dans l'air ambiant allait croissant à partir de 1/5 d'at- mosphère. La production des sporanges irait d'abord diminuant jusqu'à cesser tout à fait; après quoi, quand la pression de l'oxygène aurait dépassé une certaine limite, la plante, sur le point de périr, formerait des zygospores. Dans son action sur ]e développement des fructifications des Mucorinées, comme dans toutes les autres influences qu'il exerce sur les êtres vivants, l'oxygène offrirait donc trois pressions à considérer : une limite infé- rieure, un optimum de pression qui correspond sans doute à 1/5 d'atmosphère, et une limite supérieure. Autour de l'optimum, se développent les fructifications asexuées, les spores; au voisinage des deux limites, les fructifications sexuées, les Zygospores. SÉANCE DU {14 JANVIER 1876. 41 Celles qui, posées à la surface même des fragments de crottin retournés et arrosés, étaient simplement exposées à une atmosphère humide, ont pro- duit un gros tube, d'abord dirigé obliquement dans l'air, bientôt recourbé vers le substratum qu'il rencontre et où il enracine son extrémité en for- mant au sommet de sa courbure un bouquet de deux ou trois rameaux sporangiféres. Puis, nourri sans doute par son pinceau de racines, il forme un nouveau stolon parabolique qui se comporte dela méme ma- nière. Les zygospores, situées à l’intérieur du crottin, mais à peu de distance de la surface, ont produit aussi un tube ; mais celui-ci, trouvant abondam- ment à se nourrir autour de lui, s’est aussitôt développé en un mycélium rameux qui, plus tard, ne manquant pas d'oxygène, projette dans l'atmos- phère des arcades paraboliques couronnées par des bouquets de sporanges. La zygospore se comporte alors comme une simple sporangiospore placée dans les mêmes conditions. Enfin, plusieurs zygospores profondément enfoncées dans le substratum ont formé aussi un mycélium ; mais il s'y est trouvé bientôt étouffé, et, sans produire de tubes sporangifères, il a formé tout de suite quelques nou- velles zygospores. Ainsi, comme nous l'avons vu plus haut pour la spore, la zygospore peut produire, suivant les conditions de nutrition où elle est. placée, soit un tube sporangifère, soit un mycélium, et ce dernier, à son tour, peut donner naissance, selon les circonstances, soit à des sporanges, soit à de nouvelles zygospores. Danstous les cas de germination connus jusqu’à présent (Sporodinia, Spi- nellus, Phycomyces, Mucor, Chetocladium, Piptocephalis, Syncephalis), la zygospore a toujours produit directement un appareil sporangifère, sans doute parce qu'elle a toujours été simplement placée dans de l'air hu- mide, On a vu dans ce fait constant, et il était assez naturel d'y voir, l'expression d'une alternance de générations. Cette interprétation ne peut plus subsister aujourd'hui, puisque nous voyons que ce sont les conditions de milieu, et ces conditions seules, qui déterminent le mode de germination des deux corps reproducteurs, la zygospore ne se comportant pas autre- ment sous ce rapport que la spore elle-même ; puisque nous savons áussi que ce sont les conditions de milieu, et ces conditions seules, qui détermi- nent sur le mycélium, qu'il provienne d'ailleurs d'une spore ou d'une zygo- spore, la formation de l'une ou de l'autre espèce de corps reproducteurs. La zygospore ne parait done différer de la spore que par la masse plus grande de protoplasma qu'elle enferme et par la maniere dont ce proto- plasma y est protégé contre les influences nuisibles du milieu extérieur, ce qui lui permet de traverser impunément une beaucoup plus longue période de repos. 19 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. V Caractères et affinités du genre. Caractères de trois espèces. En résumé, les Absidia sont caractérisés vis-à-vis de toutes les autres Mucorinées : 4° par le développement de leur appareil sporangial en ar- cades paraboliques, issues l'une de l'autre en sympode et couronnées chacune par un bouquet de sporanges piriformes ; 2° par les deux verti- cilles de poils simples et rigides qui viennent envelopper et protéger la zygospore. Ces caractères placent ce genre entre le Rhizopus et le Phycomyces, mais plus prés du premier. Par la végétation indéfinie et sympodique de l'appareil sporangial et les crampons radiciformes qui à chaque pas nouveau le fixent au substratum ; par le groupement en faisceau des pédicelles des sporanges et l'insertion apophysaire de leur columelle; par l'absence complète d'accroissement intercalaire et de géotropisme ou d'héliotropisme dans les filaments fruc- tifères, leur cuticularisation et leur coloration; enfin par le défaut de courbure des rameaux sexués et l'inégalité des deux cellules copulatrices, l Absidia se rapproche du Rhizopus. Il s'en éloigne par la courbure para- bolique des stolons et leur entière cuticularisation ; par le mode d'inser- tion des bouquets desporanges, qui y sont précisément aussi éloignés que possible des pinceaux de racines, tandis qu'ils leur sont exactement super- posés dans le Rhizopus ; par le sporange piriforme et non sphérique ; par la forme conique effilée et non globuleuse de la columelle et la facon inverse dont elle se cuticularise et plus lard s'infléchit; par l'absence d'aiguilles d'oxalate de chaux dans la membrane du sporange qui difflue totalement ; par l'absence de cuticularisation et de coloration de la mem- brane des $pores ; enfin par la présence aux zygospores de deux verticilles de poils cuticularisés et colorés qui la recouvrent et la protégent. Précisément par ce dernier caractère, les Absidia se rapprochent des Phycomyces où, comme on sait, la zygospore est aussi enveloppée par deux verticilles de poils rigides et noirs qui s'enchevétrent pour la protéger. Mais ces poils sont rameux dichotomes dans les Phycomyces, et les ra- meaux conjugués y sont arqués en mors de pince. Je connais actuellement trois espèces d'Absidia, dont voici, pour ter- miner, la bréve description. Absidia capillata. — Arcades en plein cintre ou un peu surbaissées, l'amplitude du jet égalant au moins deux fois sa hauteur. Tubes sporangi- féres groupés ordinairement par 3 (le nombre variant entre 2 et 5), droits et dépourvus de cloisons. Spores ovales-allongées, mesurant 0"",004 à 0"",005 de long sur 0"",002 à 0"",0025 de large. Zygospores en forme de SÉANCE DU 14 JANVIER 18706. 13 tonneau, noires, à surface hérissée de petits tubercules coniques, mesurant en moyenne 0"^,080, complétement enveloppées et cachées à l’œil par un chevelu noirâtre formé de poils enchevêtrés, longs et gréles, flexueux, cassants, insérés en grand nombre et suivant un verticille sur chacun des deux courts renflements brunâtres qui portent la zygospore. Azygospores presque sphériques, plus petites, ayant la méme structure et enveloppées aussi, mais par un seul verticille de poils. Absidia septata.— Arcades en ogive large, l'amplitude du jet égalant environ sà hauteur. Tubes sporangiféres groupés par 2-5, droits, pourvus à petite distance du sporange d’une cloison unique où s'arréte en descen- dant la coloration noire de la membrane. Spores sphériques mesurant 0"",0025 à 0"",0030. Zygospores en forme de tonneau très-rebondi, presque sphériques, brunes, à surface hérissée de petits tubercules coni- ques, mesurant en moyenne 0"",050, enveloppées, mais non cachées, par des poils plus gros, moins nombreux, recourbés en crosse vers la zygo- spore, non enchevétrés, brunâtres, roides et cassants, insérés au nombre de 8-12 et suivant un verticille sur chacun des deux renflements brunátres qui portent la zygospore. Azygospores presque sphériques, ayant la méme structure et enveloppées aussi, mais par un seul verticille de rameaux crochus. Absidia reflexa.— Arcades en ogive élancée, l'amplitude du jet n'égalant guère que la moitié de la hauteur ou moins encore. Tubes sporangifères isolés, ayant autour de leur base quelques petits renflements en doigt de gant, plus courts que dans les espéces précédentes, recourbés en crosse au-dessous du sporange piriforme qui se trouve ainsi réfléchi vers le bas, pourvus d'une cloison unique à peu de distance du sporange. Spores sphé- riques mesurant 0", 006. Zygospores inconnues. Au sujet de la communication qui précéde, M. Cornu présente les observations suivantes : Il semble que M. Van Tieghem combat une manière de voir qui n'a été Soutenue par personne ; je ne pense pas qu'on ait formulé une loi posant la nécessité d'une formation de sporange sans mycélium. M. Tulasne, dans son mémoire sur le Mucor fusiger, a montré que la germination de la zygospore pourait donner un pareil développement ; il l'indique comme un fait curieux, mais nullement nécessaire. Quant aux divers produits de la germination des zygospores, on ne peut pas en tirer de conclusions bien générales. Les Saprolegniées montrent des differences considérables dans la germination de leurs oospores ou de leurs zoospores, placées dans des conditions semblables : c'est ainsi qu'il y a production, soit de zoospores directement, soit de mycélium, soit de tube terminé par un sporange. Je suis méme heureux de saisir cette occa- 14 . SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sion pour combattre une assertion que M. Pringsheim m'attribue relati- vement à la germination des oospores des Saprolegniées. - Relativement aux conditions nécessaires pour la formation des zygo- spores des Mucorinées, M. Van Tieghem y voit principalement la diminu- tion de tension de l'oxygène impossible à l'air libre; ses expériences pourraient s'expliquer par la dessiccation du substratum. Dans des cultures diverses faites à la (in de l'année 1868, j'ai pu voir des quantités nombreuses de pulvinules du Sporodinia grandis dévelop- pées sur l Agaricus (Mycena) purus ; le substratum tombait en deliquium et les zygospores ne se formaient pas. Sur l'Agaricus (Collybia) fusipes, au contraire, plus ferme et plus sec, les zygospores étaient bien plus fré- quentes; il en était de méme sur le Boletus aurantiacus, dont le pied présente un substratum trés-favorable; en deux jours la plante semée à l'état de spores donnait naissance aux zygospores. Avec le Mucor fusiger Lk, semé sur l'Agaricus fusipes, des résullats analogues furent obtenus : il eh a été question dans le Bulletin. En résu- mé, c'est lorsque le substratum devient de plus en plus sec que la conju- gation se montre. [i faut certainement aussi faire entrer en ligne de compte l'affaiblissement des propriétés nutritives qui, sans le concours de la dessiceation, lorsque les plantes vivent dans l’eau, doit avoir une grande influence. M, Van Tieghem fait à ces observations la réponse qui suit : Dans ce fait que la zygospore en germant donnait toujours jusqu'ici non le mycélium, mais directement un sporange, fait qui n'est pas sans analogie avec le développement du sporogone des Mousses et du périthéce des Ascomycètes (supposé produit par sexualité), il était naturel, ai-je dit, de voir une expression. de la loi des générations alternantes. Et en effet, contrairement à ce que pense M. Cornu, là chose a été envisagée ainsi par tous les auteurs qui se sont occupés de la question. En étudiant aprés Schacht, sur le Sporodinia grandis, le premier exemple de germination de zygospores, M. de Bary y constate une succes- sion régulière de générations (1), et M. J. Sachs, dans la troisième édition de son Traité de botanique, dit formellement à propos dela méme plante : « Il y a ici une alternance de générations (2). » M. Tulasne , qui a observé sur le Mucor fusigerla seconde germination de zygospores, n'est pas moins explicite : « De ce fait, dit-il, il résulterait que les zygospores des Muco- rinées représentent une vie incapable de se continuer sans changer de forme, au moins à la première génération, et que les Mucor possèdent (1) De Bary, Beiträge, 1864, t. I, p. 87. (2) J. Sachs, Lehrbuch der Botanik, 1868, p.226,'et Traduction française, 1872, p. 339. SÉANCE DU 14 JANVIER 1876, 15 au moins deux modes alternatifs de reproduction (1). » M. Brefeld partage la méme opinion, puisqu'il compare ce mode de germination en appareil fructifere, étudié par lui chez les Mucor Mucedo, Chetocladiwum Brefeldii et Piptocephalis Freseniana, au développement du périthéce des Ascomy- cétes (2). Appuyé sur ces nouveaux exemples, M. J. Sachs, dans la qua- triéme édition de son Traité de botanique, affirme que l'on peut regarder la zygospore, avec le fruit qu'elle donne toujours en germant, comme une seconde génération asexuée alternant avec le mycélium sexué qui lui a donné naissance (3). Enfin, dans notre premier Mémoire sur les Mucorinées, nous avons, M. G. Le Monnier et moi, interprété les choses de la méme facon (4). Je n'ai donc pas tout à fait « combattu une opinion qui n'a été soutenue par personne ». C'est cette interprétation, généralement admise comme on voit, que les faits nouveaux que je viens de faire connaitre à la Société rendent inadmissible désormais, et qui doit disparaitre de la science. Aussi bien, comme elle était mystérieuse et n'expliquait rien, je pense qu'il n'y a qu'à s'en féliciter. Ce sont, je le répète, les conditions de milieu, el ces conditions seules, qui réglent le mode de germination tant des spores que des zygospores, ainsi que la production, sur un mycélium donné, de l'un ou de l'autre de ces corps reproducteurs. Ceci m'améne à la seconde remarque qui m'est faite. La condition de milieu qui détermine la formation des zygospores, c'est pour M. Cornu, non le manque d'oxygène, mais le manque d'eau. Cette cause, dont je ne nie pas l'efficacité dans certains cas, n'a certainement pas pu agir dans mes expériences. En vase clos, où j'ai obtenu les zygo- spores du Rhizopus nigricans et du Sporodinia grandis, la substance nu- trilive était assurément à l'abri de toute dessiccation, et de fait elle n'a pas cessé d'étre fortement humide. Quand le chapeau d'Agarie ensemencé de Sporodinia est placé au milieu d'une soucoupe recouverte d'un disque, c'est précisément à l'endroit le plus sec, c'est-à-dire au bord de la sou- coupe, que se forment les sporanges, à l'endroit le plus humide, c'est-à- dire sur le chapeau, que se produisent les zygospores. Enfin, si l'une des cultures a été exposée à quelque chance de dessiccation, c'est celle où le flacon était traversé par un courant d'air continu, toujours humide il est vrai ; or, il ne s'y est précisément développé que des sporanges. La seule conclusion autorisée par mes expériences est donc celle que j'ai formulée tout à l'heure en disant : La raréfaction de l'oxygéne, quand elle atteint une certaine limite, suffit à provoquer l'apparition des zygospores. (1) Tulasne, Ann. des sc. nat., 5° série, 1866, t. VI, p. 214. (2) Brefeld, Botanische Untersuchungen über Schimmelpilze, 1872, t. I, p. 55. (3) J. Sachs, Lehrbuch der Botanik, 1874, p. 270. o d Van Tieghem et G. Le Monnier, Ann. des sc. nal., 5° série, 1872, t. XVII, p. 202. 16 "SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Loin de nier d’ailleurs que d’autres causes ne puissent produire le méme effet, je suis porté à croire, comme je l'ai dit plus haut, et sur ce point je me retrouve d'accord avec M. Cornu, que tout appauvrissement des qualités nutritives du milieu (une insuffisance d'eau, par exemple) est capable d'amener le méme résultat que la diminution d'oxygéne. Ce n'est là toutefois qu'une hypothése, assez probable, il est vrai, mais qu'il est nécessaire de vérifier par l'expérience. M. Cornu fait à cette réponse la remarque suivante : ^ M. Van Tieghem cite l'opinion d'auteurs qui signalent une alternance de générations; mais cela n'exclut pas la formation possible d'un mycé- lium. Ce terme d'alternance n'a pas en cela le sens étroit que lui donne la comparaison, d'ailleurs discutable, avec le pédicelle des Mousses, par exemple, et s'il est employé dans un sens rigoureux quand on parle du Sphæroplea et des Mousses, il n'en est plus de méme lorsqu'on parle des Vaucheria et des Saprolégniées où une alternance peut se produire, sans être nécessaire. D'un autre côté, il faut se garder de croire que des plantes placées dans un espace confiné soient soustraites à l'influence de la dessiccation. J'en ai pu faire fréquemment l'expérience pendant ces dernières années, à propos de l'étude du Phylloxera. Les racines phyl- loxérées placées dans des flacons se desséchent rapidement, à cause d'une buée qui se dépose invariablement au point le plus froid de la paroi; l'eau se dépose à l'état liquide en vertu du principe de physique dit: Principe de la paroi froide; il y a une véritable distillation. L'analyse exacte de ce qui se passe dans chaque cas est trés-délicate; on ne peut dire à l'avance quel point sera plus soumis à la dessiccation que tout autre, mais le fait général est trés-net. M. Van Tieghem répond en ces termes : La remarque de M. Cornu, exacte dans de certaines conditions, ne s'applique pas à mes cultures en vase clos, et le « principe de la paroi froide » n'a assurément rien à y voir. Les flacons à large col sont petits et placés dans une chambre à température sensiblement constante; la matiére nutritive (pain mouillé, par exemple) les remplit aux trois quarts et se trouve appliquée, moulée pour ainsi dire, contre le fond et les parois latérales. Dans ces conditions, il n'y a de dessiccation possible, à la rigueur, qu'à la surface supérieure libre. Or, c'est précisément le plus loin possible de cette surface libre, contre lefond et les côtés du flacon, là où la substance nutritive est appliquée contre la paroi mouillée, que se sont formées les zygospores du Rhizopus. Il ne s'est fait sur la face supé- rieure du substratum que des tubes sporangifères, nés dans les premiers jours du développement. SÉANCE DU 14 JANVIER 1876. 17 M. Duchartre cite, à l'appui de l'opinion exprimée par M. Cornu, une observation qu'il a eu l'occasion de faire autrefois, dansle cours de ses recherches sur l'absorption de l'eau par les feuilles. Les parois internes des cloches dont il se servait ruisselaient souvent de l'eau qu'elles avaient condensée, tandis que la terre des pots où se trou- vaient les plantes en expérience s'était desséchée et durcie. M. Van Tieghem répond que c'est précisément contre les parois humides du vase: de verre que se formaient les zygospores, dans ses expériences. | M. le Président dit, en terminant cette discussion, qu'il est néces- saire de faire de nouvelles expériences pour savoir si toutes ces modifications dans la reproduction des Champignons inférieurs sont dues aux variations de constitution de l'air ambiant, ainsi que le croit M. Van Tieghem, ou bien à des différences dans le degré d'hu- midité, suivant l'opinion de M. Cornu. M. Daveau fait à la Société la communication suivante : EXCURSION A MALTE ET EN CYRÉNAIQUE, par M. J. DAVEAU. Au mois de mai de l'année dernière, ayant été chargé d'une mission en Cyrénaique, je me rendis à Malte où je devais trouver un bâtiment en partance, soit directement pour le port de Benghazi (Cyrénaique), soit pour Tripoli, d’où les communications pour Benghazi sont beaucoup mieux établies et surtout plus fréquentes. Quelques jours de station à Malte me permirent d'explorer les environs de la ville au point de vue botanique. Je donne ici la liste des végétaux que j'y ai rencontrés; à part quelques plantes spéciales, on verra qu’elles appartiennent toutes à la région méridionale de la France. J'ai trouvé dans les endroits humides : Andropogon hirtus L. | Fumaria macrocarpa. — distachyon L. Linum strictum L. var. spicatum Lamk. Adiantum Capillus-Veneris L. — gallicum L. Chlora perfoliata L. . Mentha Pulegium L. var. Eufragia viscosa Benth. Pimpinella peregrina L. Erythræa pulchella Hrne. Urtica pilulifera L. Dans les murs, les rochers ; en un mot, les lieux secs et pierreux : Allium tenuiflorum Ten. Convolvulus siculus L. Ajuga Iva Schreb. Capparis spinosa L. Antirrhinum angustifolium L. Cynodon Dactylon L. Cichorium spinosum L. Euphorbia alepica L. Convolvulus tenuissimus Sibth. — segetalis L. T. XXIII, (SÉANCES) 2 18 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Evax pygmæa Pers. Senecio Cineraria DC. Hippocrepis unisiliquosa L. Satureia Thymbra. Hypericum tomentosum L. Silene bipartita Desf. Linaria greca Chav. Theligonum Cynocrambe L. Micromeria microphylla Bnth. Trifolium suffocatum L. Phagnalon rupestre DC. Teucrium fruticans L. Prasium majus L. — flavum L. Plantago macrorhiza Poir. Vaillantia muralis L. Sideritis romana L. Verbascum sinuatum L. Scabiosa maritima L. Dans les champs incultes et laissés en jachéres : Ægilops ovata L. Kentrophyllum lanatum DC Antirrhinum Orontium L. Lathyrus ochrus DC. Bromus distachyos L. Lotus ornithopodioides L. Bartsia Trixago L. Ptychotis verticillata Dub. Delphinium peregrinum L. Piptatherum multiflorum Beauv. Gastridium australe P. Beauv. Rumex Bucephalophorus L. Heliotropium europæum L. Tordylium apulum L. Hypericum crispum L. J'observai aussi dans les jardins quelques végétaux remarquables par leur taille et leur beauté. Je citerai par exemple : Bougainvillea specta- bilis Willd., Adhatoda vasica Nees, Schinus Molle L., Lantana Ca- mara L., Araucaria excelsa Ait. Les promenades sont ornées par le Phytolacca dioica L., l'Aiantus glandulosa Desf., et le Melia Azeda- rach L. Les cultures avoisinant la ville sont défendues par des haies de gigan- tesques Opuntia (0.Ficus indica). Ces haies protégent le plus souvent des cultures de Grenadiers, d'Orangers et de Citronniers. Quant aux produc- tions du pays, elles consistent en Figues, Maïs, Coton (1), Sarrasin, Sé- same, Orge, etc. Le seul fourrage de l'ile est fourni par Hedysarum coro- narium L. Le sol est en grande partie formé d'un calcaire marneux ; on rencontre cependant, dans certaines parties de l'ile, cette même argile ferrugineuse qu'on retrouve au Maroc, en Algérie, en Cyrénaique. En quittant Malte, je me rendis à Tripoli, d’où je m'embarquai bientót sur un voilier ottoman, qui me déposa à Benghazi aprés dix jours de traversée. | Benghazi (2) est située au milieu d'une plaine sablonneuse au trois quarts envahie par la mer. Celle-ci y forme de vastes salines qui ne rap- portent pas moins de 20 millions de kilogrammes de sel par an. Le port, admirablement situé, est défendu par une ceinture de rochers ; malheu- (1) Les cultures de Coton sont envahies par le Crosophora tinctoria A. Juss (2) Benghazi, autrefois Bérénice ou Hesperis, est la capitale de la province de ce nom; elle dépend de la régence de Tripoli. (Voyez la Curte jointe à cette communication.) SÉANCE DU JA JANVIER 1876. 19 reusement les Tures l'ont tellement laissé s'ensabler, qu'il ne peut plus recevoir que des navires d'un faible tonnage. Quoique capitale de la province, la ville est d'un aspect misérable ; elle offre peu d'étendue (et surtout peu de ressources au voyageur, qui devra s'approvisionner d'avance à Tripoli ou à Malte). Comme dans la plupart des villages arabes, les maisons, qui ressemblent extérieurement à un dé à jouer, ne se composent que d'un rez-de-chaussée dont les différentes pièces sont éclairées par des fenétres fort étroites. Ce qui donne surtout un aspect triste à ces cases, c'est qu'elles sont construites avec cette terre rouge qui forme la composition du sol. Les maisons des consuls et des franciscains sont cependant construites à l'européenne, en pierre et en plàtre, ainsi que celles de quelques négo- ciants maltais qui représentent la population européenne de la cité. Ces derniers, et surtout les franciscains, ont tenté d'établir des jardins du cólé de l'est; mais les irrigations étant insuffisantes ou ne pouvant se faire qu'avec l'eau saumátre des citernes, les plantes n'y viennent qu'avec une extrême difficulté. On y cultive cependant avec assez de succès le Gom- baud, la Tomate, le Coton, la Vigne, la Pastèque, le Concombre et le Melon. A quelques kilomètres de Benghazi commencent les grandes cultures d'Orge et de Blé dont la moisson se fait en juin. L'orge est la base de la nourriture des habitants, et le blé est exporté en Europe. Cette dernière céréale est d'une étonnante fertilité, surtout quand les pluies árrivent à propos au moment de la germination. J'ai pu compter plus de 30 épis sur un seul pied. Il ne faut pas s'étonner outre mesure de cette fertilité excep- tionnelle, puisque l'on séme presque toujours dans un sol vierge qui est fort riche par sa composition méme. Cependant l'insouciance des habitants, qui ne font aucune réserve de grains, les expose à de grandes famines lorsque l'année a été sèche à l'époque des semis. Les terres arables ne sont jamais entièrement occupées par la culture ; la population, méme nomade, qui est la plus nombreuse, n'étant pas en rap- port avec l'étendue de ces terres, la plus grande partie reste en jachères. Ces nomades lèvent leurs tentes aprés la récolte et vont camper sur un sol vierge qui par la conformation du terrain leur parait de culture facile. Malgré ces conditions relativement avantageuses, la Cyrénaique tend à se dépeupler d'une facon remarquable. Cette contrée, qui était autrefois commandée par cinq villes principales trés-importantes et quelques autres petites villes secondaires, n'en possède plus que deux à l'époque actuelle, Benghazi et Dernah. Cyrene, la plus importante de ces antiques cités et l'ancienne capitale de la Pentapole libyque, n'existe plus que par ses vastes ruines qui en indiquent l'importance passée. [9 UD Ü SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Les différentes localités que j'ai rencontrées sur le trajet de Benghazi à Dernah sont les suivantes : Labiar, Benieh, Zardés, Meraouah, Sirah Se- Jontah, El Amri, Koubbah, et enfin Dernah. Ces noms ne signifient pas, ainsi qu'on pourrait croire, des villes habitées, mais ils indiquent toujours des endroits où l'on trouve de l'eau (à Labiar les puits ont une profondeur de 80 pieds); ils désignent pour la plupart des tombeaux de marabouts, comme à El Amri, Benieh ; des cavernes sépulerales, comme à Sirah ; des débris d'aqueduc, comme à Saf-Saf; et enfin des ruines d'anciens thermes et anciennes villes, comme à Koubbah, Selontah, Lamloudèh (Limniade), Grennah (Cyréne), Marsa Souza (Apollonia), etc. C'est à 15 ou 20 kilomètres de Benghazi que commence la végétation propre aux régions montagneuses. Cette végétation africaine diffère de la nôtre par l'étendue considérable de terrain occupé par une seule espèce, tandis que nos garigues nourrissent une population trés-variée. C'est alors que des portions de terrain qu'on peut évaluer à des lieues carrées sont couvertes par une seule et méme espèce de plantes. Il en est ainsi pour les Kentrophyllum lanatum DC. et Seseli tortuosum à Labiar ; les Satureia Thymbra, Phlomis Samia L., Passerina hirsuta L., à Be- nieh; les Artenesia herba-alba (1), Juniperus Lycia L., Pistacia Len- tiscus L., à Zardés; Ballota pseudo-Dictamnus Benth. et Artemisia herba-alba à Meraouah ; les Poterium spinosum L., à Sirah ; les Arbutus à Lamloudèh, ete. | C'est aux Pistacia, Ceratonia, Passerina, Arbutus, Juniperus et autres plantes toujours vertes, qui couvrent les hauteurs, que ces dernieres doivent leur nom de Djebel Akdar (montagnes vertes) ; quant à ces mon- tagnes elles-mémes, elles sont constituées par un nombre illimité de mame- lons qui, multipliant les croupes et les thalwegs, allongent considérablement la route. | Entre Meraouah et Dernah croît le Thapsia Silphium de Viviani, signalé dans c?s derniers temps comme étant le silphion des Grecs (2). J'ai pu remarquer, sur la route qui réunit Meraouah à Dernah, huit ou dix formes de fruits différant entre elles par la longueur et la largeur, et le plus ou moins de largeur et d'ondulation des ailes. Le nombre de formes de ces fruits aurait été fort augmenté sans doute, si j'avais eu le temps nécessaire pour explorer les parties nord et sud de la contrée, que je traversais de l'ouest à l'est. Ces diverses formes sont probablement dues à l'altitude, qui varie de 300 à 800 mètres pour cette plante, ainsi qu'aux différentes expo- sitions où se trouve ce Thapsia, qui est répandu sur la moitié de la Pentapole. En sortant de la dernière forêt du Djebel Akdar, je me trouvai à l'extré- (4) Artemisia pyromacha Viv. (2) Voyez Revue horticole du 1° pctobre 1879. . SÉANCE DU 14 JANVIER 1876. 91 mité des montagnes, qui en cet endroit descendent à pie jusqu'à la mer, et du haut desquelles on apercoit Dernah. Un sentier à peine tracé sur le flanc de cette montagne me conduisit après une laborieuse descente à quelques lieues de cette ville. Dernah, placée au milieu d'une magnifique oasis, est sans contredit le point le plus séduisant que je connaisse de la Cyrénaique. Située à quelques centaines de mètres de la mer, elle s'élève en amphithéâtre sur le flane de la montagne. Une partie de la ville moderne appelée aujourd'hui les Ca- vernes était l'ancienne Darnis, et quelques-unes de ces cryptes, comblées en partie par les sables, portent encore une croix sur les colonnes qui en soutiennent la voüte, ce qui ferait eroire qu'elles étaient affectées au culte. Les maisons y sont mieux construites qu'à Benghazi et l'architecture con- serve encore quelque chose de celle des Grecs. Les portes ont presque toutes un arceau supporté par deux colonnes basses et trapues, rappelant à la fois le sévére dorique et le styleégyptien. Des treilles, toujours abandonnées à elles-mêmes, garnissent des espèces de verandahs placées devant les maisons ; enfin des ruisseaux d’eau claire coulent dans la plupart des rues et sont alimentés par un aqueduc de con- struction romaine qu'on peut encore voir dans le vallon de Dernah. Après avoir traversé la ville, ces ruisseaux vont porter la fertilité dans la cam- pagne. Aussi rencontre-t-on, au voisinage de ces cours d'eau, des jardins où poussent des Bananiers magnifiques et des Dattiers chargés de fruits. On cultive à Benghazi les mêmes plantes qu'à Dernah, en y ajoutant toutefois l Eleusine, le Maïs, le Penicillaria. Les arbres fruitiers sont : le Poirier, le Pécher, l'Abricotier, la Vigne, le Bananier, le Dattier, le Mürier et le Prunier. Parmi les plantes qui croissent dans les sables aux environs de Dernah, je citerai : Atriplex Halimus L. Limoniastrum monopetalum Mœnch. Cichorium spinosum L. Lotus cytisoides L. Dorycnium argenteum Del. Statice Thouini Viv. Euphorbia Chamæsyce L.8. canescens L. | Silene succulenta Forsk. Fagonia cretica L. Tribulus terrestris L, Helianthemum Lippii Pers. Dans les rochers : Nothochlæna Vellæ. | Spartium monospermum L. Reaumuria stenophylla Spach. | Telephium sphærospermum Boiss. Dans les lieux sees : Anthyllis tetraphylla L. Hymenocarpus circinatus Willd. Amberboa crupinoides DC. Helianthemum ledifolium Pers. Evax pygmia Pers. | Ranunculus asiaticus L. (flor. pall.) 99 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Enfin sur les bords des ruisseaux de l'oasis : Cyperus junciformis Desf. Withania somnifera Dun. Heliotropium supinum L. Samolus Valerandi L. — villosum Willd. . Smyrnium Olusatrum L. Après une station de quelques jours à Dernah, je revins sur Benghazi en déviant un peu de mon premier itinéraire pour voir la station du Tha- psia, au Guegueb et aux ruines de Cyrène. De Dernah, je me rendis done à Lamloudèh (Limniade), ruines d'une ancienne et assez importante ville qui se trouve sur la direction de Cyréne. Quelques heures aprés avoir laissé derrière soi les ruines de Lamloudéh, on pénètre dans un bois d'Ar- ` butus Unedo qui ne dépassent pas une hauteur de 2»,50à 3 mètres, tandis que j'ai pu voir un de ces arbres qui à Saint-Malo atteignait 10 métres de hauteur. Quelques rares Cistus se montrent des deux cótés de la route, qui est une chaussée romaine parfaitement conservée; la végétation ayant eu peu de prise sur ces pierres polies comme du marbre, les sillons parallèles creusés dans la dalle et où s’enrayaient les roues des chars, sont encore en assez bon état de conservalion. A quelques kilomètres de ce bois, on commence à apercevoir de rares sarcophages qui annoncent l'approche de la nécropole. En effet, le soir méme, aprés avoir suivi une chaussée antique littéralement bordée de quatre ou cinq rangs de ces tombeaux dont la plupart étaient fort curieux, je pé- nétrai dans les ruines de Cyréne. Alors ce ne sont plus de tous côtés que pans de murs informes, demi-cintres encore debouts, füts de colonnes renversés el laissés là où le temps les a fait tomber ; plusieurs de ces an- tiques débris barrent la route si bien déterminée entre les rangées de sar- cophages qui lui font face. Trois kilométres dans ces ruines me conduisirent à la fontaine d'Apol- lon, aujourd'hui Chahat. Cette fontaine, dontles eaux alimentaient Cyréne, sort d'une caverne consacrée autrefois à Apollon. Enfin des dépendances de la vaste nécropole, creusées dans les flanes de la montagne, existent encore à quelques kilomètres de Cyrène, sur le versant nord de la Cyré- naique. À peu de distance, au sud des mémes ruines, on voit des restes d'aque- duc assez bien conservés. Cet aqueduc, qui avait 5 mètres de largeur et 2 mètres de hauteur du sol à la clef de voûte, se nomme Saf-Saf, nom arabe du Saule : le Salix babylonica croit en effet dans le voisinage et l'on en rencontre encore quelques sujets au Guegueb, petit fortin occupé par les Turcs et situé à peu de distance de Saf-Saf. Du Guegueb, je me rendis à El Amri pour reprendre le chemin de Ben- ghazi, où j'arrivai quatre jours après. Y compris un séjour d'une semaine à Dernah, mon excursion avait duré seulement vingt jours. Voici la liste de quelques plantes des sables de Benghazi : SÉANCE DU 14 JANVIER 1876. 23 Alsine marina Roth. Frankenia thymifolia Desf. Æluropus repens Parl. (Dactylis re- | Glaucium corniculatum Curt. pens Desf.). Hyoscyamus albus L. Cakile ægyptiaca Willd. Juncus maritimus Lamk. Cynodon Dactylon L. Mesembrianthemum cristallinum L. Cressa cretica L. Pancratium maritimum L. Euphorbia Peplis L. Salicornia radicans Smith. — Paralias L. Salsola Kali L. Plantes qui croissent dans le trajet de Benghazi à Dernah : Atractvlis cancellata (Labiar). Marrubium Alysson L. (Labiar). Ballota pseudo-Dictamnus Benth. (Me- | Paronychia argentea Lamk (Benieh). raouah). Phlomis Samia L. (Benieh). Ceratonia Siliqua L. (Meraouah). Passerina hirsuta L. (Benieh). Carrichtera Vellæ DC. (Seloutah). Pistacia Lentiscus L. (Zardes, Dernah). Cupressus sempervirens L. (Cyréne). | Quercus Ilex L. (Dernah). Didesmus ægyptius Desv. (Koubbah). | Reaumuria stenophylla Spach (Sirah, Ephedra altissima Desf. (Zardes). Dernah). Enarthrocarpus pterocarpus DC. (le |Satureia Thymbra L. (Benieh). Guegueb). Stipa tortilis L. (Labiar). Hypericum crispum L. (Aïn Chahat). Statice Thouini Viv. (Sirah, Dernah). Haplophyllum tuberculatum Juss. (La- | Smyrnium Olusatrum L. (Koubbah). biar). Thapsia garganica L. (Th. Silphium Juniperus Lycia L. (Zardes). Viv.). kentrophyllum lanatum DC. (Labiar). | Trifolium suffocatum Smith. (Sirah). Lagæcia cuminoides L. (El Amri). Zizyphus Lotus Lamk. (Benghazi). La végétation, fort avancée à l'époque de mon arrivée, ne m'a pas permis de déterminer un assez grand nombre de plantes. J'ai recueilli les graines d'environ 250 espéces, qui, semées au Muséum, viendront apporter leur complément à ces trop faibles listes de la flore eyrénéenne. Une chaine de montagnes côtoie la partie septentrionale de la Cyré- naique et se maintient à peu de distance de la mer, à laquelle elle semble se relier par de nombreux contre-forts. Voici pourquoi je signale ce fait qui m'a semblé trés-important. Le versant de cette chaîne, qui regarde le nord, est complétement à l'abri des effets désastreux des vents du dé- sert; de plus les contre-forts signalés plus haut protégent encore certaines parties à l'ouest, de sorte que ces espèces de vallons peuvent abriter une luxuriante végétation. Mon temps, fort limité, ne m'a pas permis d'explorer cette partie qni, je n'en doute pas, doit offrir au botaniste une large rému- nération de ses fatigues. J'ai trouvé aux environs de Dernah quelques plantes nouvelles qu'un botaniste aussi compétent qu'obligeant, M. Cosson, a bien voulu se charger de déterminer. Les descriptions en seront publiées ultérieurement, ainsi que le catalogue des espéces récoltées dans la Cyrénaique. Je me plais à rappeler ici l'aide qu'ont bien voulu me procurer, pendant mon voyage, les consuls et les agents consulaires frangais résidant à Tri- 94 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. poli de Barbarie, et e'est avec la plus vive reconnaissance que je cite ici leurs noms : MM. Delaporte, consul général de France, Ledoulx, 1° drog- man, et Mure de Pelanne, chancelier. M. Michel Vidal, consul des États- Unis, qui avait fait l'année précédente, et en compagnie du docteur Laval, une exeursion en Cyrénaique, voulut bien m'honorer de ses conseils et de son amitié. Enfin à Benghazi, M. Ricard, vice-consul de France dans cette ville, joignit à de précieux renseignements l'appui de son influence, indis- pensable aux voyageurs qui tentent de s'enfoncer dans cette contrée hantée par les Bédouins nomades. M. Petit demande à M. Daveau si les racines du Thapsia sont tra- cantes et drageonnantes, ainsi que l'a dit M. Laval. M. Daveau répond qu'elles ne le sont certainement pas, les pieds étant généralement assez éloignés les uns des autres, et la végé- tation dans les rochers s'opposant à une trop grande élongation de ces organes souterrains. D'ailleurs, il s'en est assuré directement en en déterrant une assez grande quantité de pieds. Quant aux graines que M. Laval regarde comme impuissantes à germer, parce qu'elles sont attaquées par des insectes, M. Daveau a constaté que si parfois elles sont envahies par un Pentatome, ce n'est que sur les cótes. . La reproduction des T'hapsia ne peut donc se faire qu'à l'aide des graines. Des semis exécutés au Muséum ont du reste parfaitement réussi. Lecture est ensuite donnée d'une lettre de M. Paul Brunaud fils, accompagnée de quelques échantillons de Cryptogames, dont il demande la détermination. Le renvoi en est fait au Comité consultatif, qui est chargé de la réponse à faire à la lettre de M. Paul Brunaud fils. SÉANCE DU 28 JANVIER 1876. PRÉSIDENCE DE M. DUCHARTRE. M. Mer, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance précédente, dont la rédaction est adoptée. Pa: suite de la présentation faite dans la dernière séance, M. le Président proclame membre de la Société : M. DARBAUMONT, membre de l'Académie de Dijon, correspondant du Ministère de l'instruction publique pour les travaux his- toriques, à Dijon, présenté par MM. Bureau et de Seynes, SÉANCE DU 28 JANVIER 1876. 95 M. le Président annonce en outre deux nouvelles présentations, et fait connaitre la perte regrettable que la Société vient de faire en la personne de M. Lespinasse, décédé récemment à Bordeaux. Il fait part de la création d'une Société d'histoire naturelle à Bé- ziers (Hérault), présidée par M. Thévenot, et donne ensuite lecture de l'invitation adressée à la Société par la Fédération des Sociétés horticoles de Belgique pour un congrès de botanique horticole dont l'ouverture est fixée au 41°% mai 1876 ; il insiste à cette occasion sur les liens qu'il serait désirable de voir se resserrer entre la bota- nique et l'horticulture. Lecture est donnée d'une lettre de M. le Ministre de l'instruction publique, annoncant la remise à la Société des mémoires publiés par la Société royale de la Nouvelle-Galles, qui demande à recevoir en échange le Bulletin de la Société. Dons faits à la Société : L. Quélet, Les Champignons du Jura et des Vosges (3* partie). Ch. Martins, Index seminum horti monspeliensis, anno 1876. Aza Gray, Botanical Contributions. Conspectus... (Hydrophyllacées). — Æstivation and its terminology. De Candolle, Sur les causes de l'inégale distribution des plantes rares, etc. M. Cornu fait à la Société la communication suivante : NOTE SUR DIVERS MOYENS DE CONSERVER LES PRÉPARATIONS MICROSCOPIQUES, par M. Maxime CORNU. L'un des liquides les plus employés pour conserver les préparations d'étude est la glycérine ; mais cette substance a le grave inconvénient de produire, dans un grand nombre de cas, la contraction de la membrane cellulaire. L'acide acétique, proscrit par Schacht dans son Traité du microscope, est loin de mériter la défaveur que jette sur lui le botaniste allemand. L'acide acétique concentré, au lieu d'être sans utilité, peut en avoir une très-grande ; il clarifie les tissus, dissout les substances opaques, et peut être avantageusement employé dans les cas où l'on se sert de la potasse caustique, car il n'attaque pas la paroi cellulaire et ne brunit pas le con- tenu. De plus, il s'étale sur le porte-objet en chassant devant lui les pous- sières et les impuretés et mouille complétement les parties où l'air se réfugie, ce qui permet dans un certain nombre de cas de rendre clairs 26 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. les tissus trés-opaques. Mais l'un des avantages considérables de ce liquide est de permettre l'addition de la glycérine le plus souvent sans contraction de la membrane cellulaire. Les tissus jeunes, les ovules, les extrémités radicellaires (point végétatif), les grains de pollen, peuvent en général demeurer avec leur forme dans la glycérine, à condition d'avoir fait agir au préalable l'acide acétique concentré. L'action endosmotique n'est plus la méme entre la cellule qui a absorbé l'acide acétique et le liquide qui baigne cette cellule; la glycérine y pénètre peu à peu et la remplit sans en modifier la forme. Il faut se garder d'ajouter trop vite la glycérine ; au contact de cette dernière substance il y aurait (comme avec l'eau additionnée d'alcool con- centré) production de petites bulles gazeuses; si l'acide s'est suffisam- ment évaporé, c'est-à-dire si ce qui reste à la surface de la préparation est assez peu concentré, le dégagement de bulles n'a pas lieu. — On pourra, en recouvrant la préparation d'une lamelle, la conserver aussi longtemps que cette lamelle ne sera pas déplacée ; l'emploi d'étiquettes saillantes per- met d'empiler des préparations obtenues par ce procédé et de les garder sans qu'elles occupent un volume trop considérable. L'acide acétique décolore assez rapidement les tissus : c'est un incon- vénient dans beaucoup de cas, mais un avantage dans d'autres ; il est à peine besoin de dire que le contenu de la cellule subit alors des modifi- cations extrémement profondes, mais le contour reste inaltéré. I] est fré- quent de rencontrer du fannin dans les plantes dont on étudie la structure anatomique ; le métal du rasoir. produit un composé noir, le tannate de fer, qui par sa couleur gêne beaucoup l'observation ; l'acide. acétique le fait complétement disparaitre : c'est encore là une propriété précieuse. Les Mucédinées, qui présentent souvent un nombre énorme de spores, sont difficilement mouillées sur une grande étendue, pour peu qu'elles soient adultes et non très-jeunes. Les substances desséchées depuis long- temps, bois, écorce, ete..., sont bien plus faciles à étudier après l'emploi de l'acide acétique : mon ami M. le docteur Rostafinski en a tiré, m'a-t-il dit, pour l'observation des Myxomycètes desséchés des herbiers, le meil- leur parti,'depuis plusieurs années; je lui avais indiqué cette recette, et il l'emploie maintenant avec succès. Les préparations obtenues par le moyen de la glycérine succédant à l'acide acétique dans une préparation, ont le grave inconvénient d'exiger une fermeture ultérieure ou fixation de la lamelle : dans un petit livre sur les préparations microscopiques publié en collaboration avec MM. Rivet et Groenland, ce dernier avait donné une méthode pour obtenir un liquide siccatif donnant le méme résultat que le baume du Canada, mais à base d'eau et pouvant s'employer à froid. Ce liquide siccatif était formé de gomme, de glycérine et d'alcool ; toutefois, à cause de la glycérine, il ne pouvait servir que pour les objets qu'on prépare d'ordinaire à sec. SÉANCE DU 28 JANVIER 1876. 97 Aprés avoir reconnu la propriété si avantageuse de l'acide acétique dont il a été question plus haut, j'ai cherché à me servir d'un liquide analogue que j'ai préparé de la manière suivante : une solution de gomme très- pure est obtenue en laissant déposer pendant un mois une solution trés- étendue, mélée avec un antiseptique pour empécher les moisissures ; on la laisse épaissir à l'abri de la poussière, puis on la mélange avec un quart ou un cinquième de glycérine. S'il n'y a pas assez de glycérine, une goutte étalée sur une lame de verre desséchée à une douce chaleur devient eassante; s'il y en a trop, au contraire, cette goutte ne séche pas complétement. On arrive à trouver par ce moyen une proportion conve- nable des deux matiéres. On est de la sorte en possession d'une substance qui, employée aprés l'acide acétique, devient solide et laisse la prépa- ration définitivement close. Si la préparation doit être rejetée, il suffit de la plonger dans l’eau pour détacher après plusieurs heures la lame et la lamelle. Les préparations ainsi obtenues ressemblent à celles qu'on obtient avec le baume du Canada. J'ai pu à l'aide de ce procédé conserver un grand nombre de prépara- tions d'études dont je posséde aujourd'hui plusieurs centaines, faites prin- cipalement sur des Pyrénomycètes, Urédinées et Ustilaginées. M. Mer dit qu'aux avantages que M. Cornu vient de reconnaitre dans l'emploi de l'acide acétique pour les préparations microsco- piques, il faut ajouter celui de faire disparaitre, au moins en grande partie, la matière colorante brune ou jaune-brun que renferment les feuilles de certaines plantes en automne ou en hiver (A Inus gluti- nosa, Quercus Kermes, Vaccinium M yrtillus, Rhododendron, etc.), et beaucoup de jeunes feuilles au printemps. Cette matière colo- rante, insoluble dans l'alcool et souvent trés-peu soluble dans la potasse, gêne beaucoup dans la recherche de l'amidon. Une im- mersion plus ou moins prolongée dans l'acide acétique en atténue beaucoup l'intensité, probablement par suite d'une combinaison, car l'effet persiste malgré l'agitation dans l'eau, tandis quela couleur réapparait sous l'influence de la potasse ou de l'ammoniaque. Au contraire, l'acide acétique, agissant directement sur la chlorophylle, la jaunit avant de la décolorer, en paraissant détruire le principe bleu qui entre probablement dans la composition de cette substance, car l'action subséquente des alcalis ne régénère pasla matière verte. Relativement à l'origine de la matière colorante brune dont vient de parler M. Mer, M. Chatin est d'avis qu'elle est due à l'oxydation de la matière extractive, d'abord incolore, que tient en dissolution le suc cellulaire. Protégée contre cette oxydation dans les tissus 98 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. vivants, cette matière brunit rapidement quand les tissus qui la renferment sont atteints dans leur vitalité; le tannin, lui-même trés-oxydable, hâte l'altération des matières extractives dont l'aloes n'est qu'une des formes. Les alcalis, favorisant l’action de l'air, pré- cipitent le phénomène de coloration que les acides, au contraire, retardent ou empêchent. Cet oxygène ainsi absorbé par les sucs qui se colorent, retourne à l'air sous forme d'acide carbonique. Qu'une plante soit broyée dans de l'acide acétique ou de l'acide sulfu- rique étendu, le suc extrait restera incolore ; que l'acide soit sa- turé par un excès d'alcali, et le méme suc brunira à l'instant méme. Si l'opération a lieu dans un tube barométrique contenant un volume d'air déterminé, ce volume restera invariable, tant que le liquide ne sera pas alealin ; mais une addition de potasse détermi- nera l'absorption de l'acide carbonique formé, dont le volume pourra être égal à celui de tout l'oxygène confiné. M. Van Tieghem confirme cette remarque d'aprés ses propres observations, Il rappelle qu'une solution de tannin abandonnée, méme dans un ballon fermé, se transforme peu à peu en acide ella- gique, par oxydation. Lecture est ensuite donnée de la communication suivante : ÉTUDE SUR LES CHAMPIGNONS CONSOMMÉS A NANTES SOUS LE NOM DE CHAM- PIGNON ROSE OU DE COUCHE (AGARICUS CAMPESTRIS L.), par M, Gaston GENEVIER. (Nantes, 17 novembre 1875.) La quantité de Champignons roses consommés à Nantes chaque année, et présentés à la vérification, s'élève à près de 2000 kilos, auxquels il con- vient d'ajouter ceux que des marchands, plus soucieux de leur intérêt que de la santé publique, vendent en fraude, pour éviter une surveillance qui leur ferait rejeter des échantillons avariés ou suspects. On comprend qu'il est impossible de fixer une quantité exacte pour ces derniers ; cepen- dant on peut, sans exagération, la porter à 500 kilos. Les Champignons conservés, vendus en boîtes, atteignent approximativement le même chiffre. Il faut encore ajouter les Champignons de couche, qui, exempts de con- trôle, se vendent toute l'année chez les traiteurs et les marchands de comestibles, et dont la quantité consommée est au moins de 3000 à 4000 kilos. Ceux que les amateurs récoltent pour leur propre compte, et con- somment sans qu'ils soient soumis à la vérification préalable, donnent un total certainement aussi élevé que ceux présentés à la halle, soit donc, au minimum, 2000 kilos; ce qui nous fait en tout, pour le seul Champignon rose, une moyenne annuelle de 9000 à 10000 kilos. SÉANCE DU 28 JANVIER 1876. 29 Deux autres espèces forment encore ici une branche de commerce assez importante : ce sont les Lepiota procera, vulgairement Potiron, et Boletus edulis et cereus, vulgairement Cep. La quantité de ces Champignons con- sommés chaque année, n'est pas inférieure à celle accusée pour le Champi- gnon rose, et encore le Cep, en raison de sa pesanteur, fournirait-il peut- étre à notre statistique un chiffre plus élevé. Parmi les espéces dont la vente est tolérée à la halle de Nantes, nous citerons en plus les Lepiota rachodes, naucina et excoriata ; Marasmius oreades, vulgairement Mousseron ; Clitocybe Auricula, vulgairement Oreil- lette ou Langue-de-carpe ; Cantharellus cibarius; Hydnum repandum ; Fistulina hepatica; très-rarement Morchella esculenta; Amanita cæ- sarea et Pleurotus Eryngii, ct quelques autres espèces qui ne parais- sent qu'aceidentellement. Le tout réuni doit donner un total d'environ 30 000 à 40000 kilos. Nous ne nous occuperons, quant à présent, que des différentes formes de Champignons roses observées sur nos marchés. Jadis les botanistes groupaient volontiers, autour d'un type hypothé- tique quelconque, toutes les formes qu'ils rencontraient et qui leur parais- saient plus ou moins affines, sous le nom de variétés, terme élastique et arbitraire qui a donné lieu à des rapprochements parfois assez bizarres. Il ne pouvait guère en être autrement, si l'on considère que la plupart des diagnoses publiées par les pères de la science avaient une concision telle, qu'avec le moindre effort, on pouvait y faire entrer facilement une foule de formes plus ou moins distinctes, qui n'avaient souvent de commun entre elles qu'un ou deux caractères très-apparents, lesquels, plus tard, ont permis de faire passer ces prétendues espèces polymorphes à l'état de genres ou de coupes génériques. La Phanérogamie pourrait fournir de nombreuses preuves à l'appui de cette thèse ; il serait tout aussi facile d'en rencontrer dans la Cryptogamie. Cependant nous devons avouer que si beaucoup d'auteurs ont largement groupé, sous le méme nom, tous les Cham- pignons à feuillels roses et à stipe muni d'un anneau, un certain nombre d'autres cryptogamistes, au contraire, ont, avec le plus grand soin, décrit et classé Séparément toutes les formes de ce groupe qui leur paraissaient distinctes. Mais, soit que quelques-unes de ces espèces aient été mal com- prises ou mal définies par leurs auteurs, soit que les naturalistes qui sont venus aprés eux n'aient pas su les comprendre, la plupart d'entre elles Sont plus ou moins tombées dans l'oubli. Ainsi notre savant et regretté collègue, M. le docteur Cordier, dans ses Champignons de France, n'admet comme espèce que PAg. arvensis Schæff. et Ag. campestris L., et à la suite de ce dernier place comme variétés : les Ag. praticola Vittad., tillaticus Brond., vaporarius Krombh., silvicola Vittad., elongatus Berkl. ct setiger Paulet. Il ne les considère, du reste, que comme des modifications dues à l'influence de la culture et de l'habitat. Quelques-unes de ces 30 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. variétés nous étant inconnues, nous nous abstiendrons d’en parler, et nous ne discuterons la valeur spécifique que de celles que nous avons pu observer. Abstraction faite du Champignon de couche, qui n'est point soumis à la vérification, les espéces vendues sur les marchés se rapportent à cinq types príncipaux que nous allons successivement examiner. 4° Le Champignon rose type est l'Agaricus campestris L. [Vries, Hym. eur. p. 219. — Gréville, t. 161.— Cord. tab. 20, f. 1.— Ag. edulis Bull. tab. 134 et 514, excl. N et O.] Chapeau d'abord globuleux, blane, à écailles fibrilleuses, apprimées, facile- ment visibles, surtout en approchant des bords, qui sont lisses, peu amincis, tomenteux dans leur jeunesse. Chair blanche, épaisse au plus de 6 à 8 millim., devenant vineuse ou un peu rosée quand on l'entame, surtout dans les temps humides. Feuillets d'abord d'un joli rose tendre, bientôt d'un brun noiràtre. Anneau simple, persistant longtemps. Spores d'un brun violet, trés-fines, avec un nucléus punctiforme, ovales, arrondies à une extrémité, plus aigués à l'autre. Stipe blanc, plein, de 10 à 15 millim. de diamètre et de 3 à 5 centim. de hauteur, non renflé à la base. — Assez commun toute l'année, dans les temps humides, excepté pendant les gelées, mais surtout abondant de septembre à novembre. Espéce délicieuse. Malgré ses grandes proportions et un aspect très-différent, nous rappor- tons comme simple variété, au précédent, le Champignon désigné à la halle sous le nom de Champignon de vignes. Son chapeau est blanc, convexe, puis plan, étalé, sinueux, bossuó, souvent satiné, à fibrilles fines, apprimées, ayaut généralement de 8 à 12 centimétres de diamétre, à bords peu amincis. Chair blanche devenant un peu vineuse quand on l'entame, épaisse au plus de 15 à 13 millim. Feuillets d'un beau rose, devenant promptement noirs. Spores semblables à celles du type. Stipe plus allongé, blanc, égal, plein, à la fin fistuleux, un peu renflé à la base, de 15 à 20 millim. de diamétre et de 6 à 9 centim. de hauteur. Anneau assez large, bientót éva- nescent et ne laissant que des débris sur le stipe. La chair est ferme, agréable au goüt, mais trés-rapidement attaquée par les vers, méme dans sa jeunesse.— Cette plante, commune dans les vignes, se plait surtout dans les terres fortes ; la terre qui y adhère fréquemment lui donne un aspect peu flatteur. Elleest très-bonne à manger. 5i l'on recouvre de terreau et de sable un espace oü croit ce Champi- gnon, on ne tarde pas à le voir paraitre avec tous les caractéres du type. 2° Une seconde espèce, très-appréciée des amateurs, appartient sans doute à l'Agaricus silvaticus Schæff. tab. 242! — (Krombh. tab. 23, fig. 9 et 10? — Fries, Hym. europ. p. 280.] Chapeau d’abord globuleux ou convexe, ensuite étalé, de 4 à 7 centim. de diamètre, recouvert de nombreuses écailles fibrilleuses, violettes, apprimées, à bords peu amineis. Chair blanche de 1 à 1. centim. 1/4 d'épaisseur, devenant rose sale ou vineuse quand on la coupe. Feuillets violets, bientôt noirs, aigus au sommet, arrondis à la base. Stipe de 2 centim. de diamétre environ d'abord plein, puis fistuleux, fibrilleux, presque égal. Anneau blane, étroit, persistant. SÉANCE DU 98 JANVIER 18706. 3l Spores d'un brun violet, ovales, courtes, obtuses à chaque extrémité, munies d'un ou deux nucléus punctiformes. — Cette espèce est connue à Nantes sous le nom de Champignon rose des landes. Elle est trés-répandue dans les bruyères; sa consistance est ferme, son goût fin et délicat, ce qui la fait rechercher des gourmets, qui en général la préfèrent au véritable Agaricus campestris. 3° Sous le nom d'Agaricus leimophilus Genev., nous désignons une espèce qui parait distincte des deux précédentes. Son port rappelle très- exactement la figure de l'Ag. attenuatus dela planche 632 de Letellier, espéce avec laquelle d'ailleurs elle n'a aucun autre rapport. Son chapeau, d'abord convexe, devient plan; il est blane, lisse, à peluchures fibrilleuses trés-apprimées, de 4 à 6 centim. de diamétre, à bords trés-minces, teinté au centre d'un jaune assez vif. Chair blanche, ne dépassant pas 5 millim. d'épaisseur. Feuillets d'un rose pâle, noircissant promptement. Spores brunes, ovales, munies d'un large nucléus transparent, quelques-unes finement apiculées, d'autres obtuses. Stipe blanc, lisse, plein, courbé et atténué à la base, de 5 à 10 millim. de diamètre, de 3 à 4 centim. de hauteur. Anneau mince, très-rapi- dement évanescent, de sorte que tous les individus développés en paraissent dépourvus. — Il croit dans les prairies et les pâturages, et son port trés-spécial le distingue, à première vue, des précédents. Il est plus précoce et dure moins longtemps que l'Agaricus campestris ; chaque année il en est vendu d'assez grandes quantités sur nos marchés, mais il est ordinairement passé à la mi-oc- tobre. Quoique sa chair soit mince et molle, il jouit d'une grande vogue auprès des amateurs, qui le nomment le petit Champignon des pâturages. 4 La quatrième forme apportée à la halle est, pro parte, l'Agaricus arvensis Schoeff. tab. CCCXI (non tab. CCCX).— [Bull. tab. 514, t. N. O.] — L'Ag. arvensis Cord. [Champ. de Fr. p. 88, tab. XX, f. 2] est une plante différente qui appartient à l'espéce suivante.— Fries [Hym. europ. p. 278] a compris dans son Ag. arvensis la plante de Scheffer et Ag. xanthodermus dont nous nous occuperons bientôt; la preuve en sera fournie par les figures qu'il cite, et par la description qu'il en donne. Champignon compacte, d'abord globuleur, d'une forme phalloide, à stipe aussi gros que le chapeau, puis convexe, étalé, de 10 à 15 centimètres de dia- mètre, blanc, à fibrilles fines, peu visibles. Chair blanche, ferme, immuable, de 2 à 3 centimètres d'épaisseur. Feuillets étroits, d'un rose trés-pàle ou carnés, égalant à peine la moitié de l'épaisseur de la chair. Anneau large, blanc, persis- lant. Stipe blanc, ferme, plein, finement écailleux, gros, épais de 3 à 4 centim. de diamètre et 9 à 11 de hauteur. Spores d'un brun violet, ovales, légérement échancrées d'un côté ; nucléus bien prononcé. La forme spéciale des spores, un peu en croissant, est un caractére important qui éloigne complétement cette plante des précédentes. — Ce Champignon assez répandu aux environs de Nantes, est connu ici sous le nom d'anisé ; il est comestible, mais lourd et de digestion difficile, et ne saurait, comme goüt, supporter aucune comparaison avec les trois esp?ces précédentes. Sa chair est tellemeut ferme, qu'il n'est que bien rarement attaqué par les vers. 5 Une cinquième espèce enfin, trés-répandue dans tout le département de la Loire-Inférieure, et que, malgré des qualités peu recommandables, 32 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. son aspect séduisant fait souvent employer comme aliment, est l'Agaricus xanthodermus Genev. C'est, pro parte, l'Ag. arvensis Schoeff., et quoique la description de l'A. silvicola Vittad. ne lui convienne pas en tout point, il est trés- possible cependant que ce soit la méme plante. Mais pour éviter une identification aventurée, il parait prudent de conserver le nom de xan- thodermus que nous lui avons imposé il y a plus de dix ans, sous lequel elle est connue des botanistes nantais et qui rappelle un de ses caractères les plus remarquables. Voici sa synonymie : Agaricus æanthodermus Genev. —[Ag. arvensis Schoeff. (pro parte), tab. CCCX, non tab. CCCXI. — Ag. edulis Krombh., tab. 23, fig. 11 à 14 ; id., tab. 26 fig. 9 à 13.— Ag. arvensis Cord., Champ de Fr. p. 88,tab. XX, fig.2 (optima !).— Ag. cam- pestris silvicola Rabenh., fasc. II, fig. 1. — Ag. silvicola Fries, Hym. europ. p. 280? (caro demum tanto rufescens) : dans notre plante la chair est immuable. — Roques, Hist. des Champignons comestibles, p. 208 : Ag. edulis, 2* variété (qui jaunit au plus léger attouchement)]. — Lé- veillé (Jconogr. des Champignons de Paris, p. 12) dit au sujet de cette espèce : « Chair blanche prenant quelquefois une teinte rouge ou jaune. » On n'observe rien de semblable dans le xanthodermus. Chapeau d'abord arrondi, globuleux, lobulé, d'un blanc pur, puis étalé, con- vexe, lisse, peu fibrilleux, à bords peu amincis. Chair blanche, immuable, de 10 à 15 millimètres environ d'épaisseur. Feuillets ordinairement d'un rose pâle, inégaux, subaigus au sommet, arrondis à la base et laissant un collarium autour du stipe. Spores d'un brun violet, ovales, trés-fines, avec un nucléus transpa- rent, bien détaché; immergées, elles ne changent pas sensiblement de forme. Stipe d'abord plein, puis fistuleux, blanc, lisse, long, flexueux, à base bulbeuse jaunissant quand on la coupe. Froissé avec l'ongle, l'épiderme jaunit, surtout dans les temps humides, mais la chair reste blanche. Odeur assez prononcée, peu agréable. Le goût est plus fort que dans l'Agaricus campestris, et lorsqu'il est cuit, il rappelle un peu celui de l'infusion de feuilles de noyer. Cette plante ne doit étre employée comme aliment qu'avec une grande réserve, elle est d'une digestion difficile et peu agréable au goût. Certaines personnes, il est vrai, en font usage impunément, mais elle occasionne fréquemment des indigestions. L'automne dernier, il y en a eu, à notre connaissance, trois cas à Nantes, dont un a présenté de sérieux accidents. Cordier dans ses Champignons de France, pl. XX, représente, sous le nom d'Ag. arvensis, une plante qui est trés-certainement notre xantho- dermus ; mais la description ne s'y adapte pas complétement : d'abord l'odeur et le goùt sont loin d’être agréables ; ensuite il n'est nullement fait mention de la propriété qu'ont le bulbe et l'épiderme de jaunir, et ce caractere a une telle importance, qu'il n'eüt certainement pas échappé à un observateur aussi sagace que Cordier. L’Ag. silvicola Vittad. dessiné dans Paulet, pl. CXXXII et décrit page 73, rappelle bien le xanthodermus: mais Paulet dit qu'il n'est pas rare, quand on le froisse, de lui voir prendre une légère teinte jaune, qu'il est aussi agréable au goût que le Champi- SÉANCE DU 28 JANVIER 18706. 33 gnon rose ordinaire, que cependant son odeur est plus pénétrante et qu'il lui arrive parfois d'avoir un goüt d'àcreté si prononcé, que ce n'est plus un bon aliment! Que penser de ces hésitations dans l'exposition des carac- téres de cette plante, si ce n'est que, par confusion, Paulet a eu en vue, tantôt le véritable æanthodermus, tantôt un autre bon Agaric du même groupe ? Il ressort clairement des divergences d'opinions de la plupart des auteurs qui se sont occupés de ce Champignon, qu'aucun n'a su le com- prendre et qu'il a toujours été pris pour une simple forme del Ag. arven- sis, dont il diffère complétement. Vittadini est peut-être le seul qui ait su le distinguer; mais son Ag. silvicola ne paraissant pas tout à fait iden- tique à notre plante, nous nous sommes décidé à lui imposer un nom nou- veau et à le publier. Ce Champignon constitue une espèce dans l’acception la plus rigoureuse du mot. Son long stipe flexueux, son chapeau trés-blane, d'abord globu- leux et lobulé, son goût spécial, la singulière propriété qu'a l'épiderme de jaunir, donnent un ensemble de caractères très-suffisants pour le distinguer des autres espèces de ce groupe. La couleur jaune se fonce beaucoup sous l'influence des alcalis (ammo- niaque, potasse, ete.). Elle disparait instantanément sous l'action de l'acide acétique ; l'acide ehlorhydrique la fait d'abord légérement passer au violet, puis la détruit. L'aeide azotique décolore rapidement les bords de la tache, mais la couleur jaune persiste longtemps au centre; sous son influence le permanganate de potasse passe au brun. Le corps qui produit ces diverses réactions est soluble dans l'eau, puisque daus une décoction de cet Agaric on les obtient identiquement semblables ; cette décoction ne réduit pas la liqueur cupro-potassique de Fehling. L'Agaricus arvensis constitue également une espéce parfaitement tran- chée; son port spécial, la chair non rougissante, la forme si caractéris- lique de ses spores, ne permettent pas d'en faire une simple variété. Quant aux Ag. campestris, silvaticus et leimophilus, bien qu'ils n'aient pas de caractères si accusés pour les séparer, il est cependant facile de les distinguer les uns des autres. : 1° l'Ag. campestris, par son chapeau blanc, peu écailleux, ses spores fines, aigués à une extrémité, obtuses à l'autre; 2^ l'Ag. silvaticus, par son chapeau tout couvert d'écailles violacées, ses feuillets violets, les spores ordinairement à deux nucléus, obtuses à chaque extrémité ; 3° l'Ag. leimophilus, par son chapeau mince, blane, peu ou point écailleux, nuancé de jaune au centre, à bords amineis, à chair peu épaisse ; par son stipe mince, atténué à la base, très-promplement privé de son anneau ; les spores ont le nucléus plus prononcé que dans les deux autres espèces, elles sont ovales, apiculées en partie. Les dimensions assignées aux divers Champignons dont nous venons de parler sont celles que l'on rencontre habituellement, mais tous sont sus- T. NUL. (SÉANCES) 3 34 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ceptibles de grandes variations. Ainsi, dans les temps humides, on trouve quelquefois l Ag. campestris huit à dix fois plus grand qu'il ne l'est nor- malement : ce sont là des proportions exceptionnelles qu'il suffit de si- gnaler. De ce qui précéde, nous concluons que einq Champignons différents sont vendus et consommés à Nantes sous le nom de Champignon rose ; trois sont excellents, et deux, d'un goüt peu agréable, sont indigestes et ne doivent étre employés qu'avec une grande prudence. Les personnes déli- cates ou dont l'estomac fonctionne mal, agiront sagement en s'abstenant complétement de l'Ag. xanthodermus, dont l'usage a maintes fois occa- sionné des accidents. Le tableau synoptique suivant permettra de saisir d'un seul coup d'œil les différences qui séparent nos cinq espèces. i [chai devenant rose sale ou vineuse quand on l’entame................ 2 Chair ne changeant pas de couleur....................... TOPPED 4 Chapeau blanc ou violeté.......,..,,.,.... EEE "ED: Chapeau jaune au sommet .......... ..... MEE A. leimophilus. Chapeau blanc, plus ou moins pelucheux......,.... .... A. campestris. Chapeau couvert d'écailles violettes.......,.....,........ A. silvaticus. pi | j l ana lisse, blanc, à épiderme jaunissant par le frottement. Spores € e Ovales...,...,...,.....,.......,,,..... ... .. A. æanthodermus. Chapeau gros, compacte, à épiderme ne jaunissant pas. Spores légèrement en forme de croissant ,.,...,,,.,.,,............... .. Å. arvensis. : M. Chatin cite, comme trés-abondant et très-estimé dans le centre de la France, le Pleurotus Eryngii qui croit sur les Eryngium. ll ne l'a jamais trouvé aux environs de Paris. M. Cornu cite Chàteauneuf-sur-Loire (Loiret) comme une des localités septentrionales de ce Pleurotus. M. Chatin dit qu'il a récolté de nouveau, cette année, l'Óronge dans les bois des Essarts. Il en avait trouvé jadis, trois années de suite, un certain nombre d'échantillons au pied du même Chène. Il ajoute que l'Oronge blanche est commune à Poitiers. M. Duchartre cite le haut Agenais comme une localité où l'Oronge est abondante. M. de Sotomayor dit l'avoir trouvée à Bar-le-Duc (Meuse). M. Cornu fait connaitre que MM. Poisson et Ch. Brongniart ont rencontré, en septembre 1874, dans la forét de Gisors, une Oronge à chapeau brun, à lames jaunes, sans anneau, mais avec une volva nettement caractérisée, et qui est probablement l'A manita prato- ria, espèce trés-rare. Il ajoute avoir trouvé avec M. Roze, à Fontai- nebieau, l'Agaricus hemorrhoidarius Kalchb., espèce trés-voisine SÉANCE DU 28 JANVIER 1876. Jo de l'Agaricus campestris L., qui vougit-immédiatement à l'air quand on la coupe. M. Chatin rappelle, à propos d'espèces 'suspectes, qu'on mange les fausses Oronges dans la Haute-Savoie. M. de Seynes ajoute que, dans une localité du département. de la Lozère, on les mange également, mais après les avoir fait bouillir et les avoir bien égouttées pour les débarrasser de l'eau de cuisson. M. Van Tieghem fait à la Société la communication suivante : OBSERVATIONS AU SUJET D'UN NOUVEAU TRAVAIL DE M. BREFELD SUR LES MUCORINÉES ET EN PARTICULIER SUR LES PILOBOLUS, par M. Ph. VAN TIEGHEM. La Société se souvient peut-être que dans la séance du 26 novembre 1875, j'eus l'honneur de lui présenter un mémoire intitulé : Nouvelles Re- cherches sur les Mucorinées, inséré au tome I de la 6° série des Annales des sciences naturelles. Ce travail, de quelque étendue, puisqu'il comprend 118 pages de texte et 177 figures groupées en 4 planches, et qu'outre plu- sieurs questions générales on y étudie 12 genres dont 4 nouveaux et 32 espèces dont 23 nouvelles, a paru en deux fois : la première partie, con- tenant l'Introduetion, les questions générales et la tribu des Pilobolées, le 13 mars 1875; la seconde renfermant les Mucorées, les Mortiérellées, les Syncéphalidées et les parasites étrangers, le 15 juillet 1875. Dans cette méme séance du 14 novembre, j'ai communiqué ensuite à la Société de nouvelles observations : Sur la structure et le mode de déhiscence du spo- range des Pilobolées et sur deux espèces nouvelles de Pilobolus (P. Klein el P. longipes). Un mois plus tard, par la Botanische Zeitung des 17 et 24 décembre 1875, où elle occupe douze colonnes, j'ai eu connaissance d'une communi- cation sur les Mucorinées et en particulier sur les Pilobolus, présentée le 20 juillet 1875 à la Société des naturalistes de Berlin par M. Brefeld (1). Je voudrais d'abord vous présenter un court résumé du travail de M. Bre- feld, pour le faire suivre de quelques observations critiques. L'auteur traite d'abord brièvement plusieurs questions générales inté- ressant toutes les Mucorinées, tous les Zygomycétes comme il les appelle, Savoir : le développement du mycélium issu d'une spore primitive; com- ment le protoplasma se déplace ensuite dans les tubes mycéliens pour se (4) Sitzungsberichte der Gesellschaft naturforschender Freunde zu Berlin. Sitzung am 20 Juli 1875 (Bolanische Zeitung, p. 834 et 845, 17 et 21 décembre 1875). Par suite d'une négligence du libraire, le second de ces numéros (n° 52) ne m'est même parvenu qu'après notre séance du 14 janvier dernier avec les premiers numéros de 1876 ; la men tion de cette circonstance offre un certain intérét, comme on le verra tout à l'heur^ 3t SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. rendre aux fructifications, en se séparant par des cloisons de toutes les parties devenues inactives ; la nature des spores, extérieures et simples dans les Chætocladium, extérieures aussi mais découpées en articles dans les Piptocephalis, intérieures, au contraire, nées dans un sporange chez les Mucor, d'où une division de la classe des Zygomycètes en trois fa- milles : Chætocladiacées, Piptocéphalidées et Mucorinées ; dans ces der- nières, le mode de formation des spores par genèse libre et le rôle de la matière interstitielle, la déhiscence du sporange et enfin l'élongation du tube sporangifère. Puis il dit quelques mots des chlamydospores et arrive enfin à l'appareil sexué, aux zygospores. Aprés avoir rappelé que celles du Piptocephalis différent de toutes les autres par leur division en trois cel- lules, deux latérales stériles et une médiane, qui est une spore durable, il traite de leur germination, et c'est ici seulement que commence la partie neuve de son travail. Ordinairement, on le sait, la zygospore germe en donnant un tube spo- rangifère, d'ou résulte l'apparence d'une alternance de générations. Mais l'identité du fruit ainsi produit avec ceux qui naissent directement du mycélium a conduit M. Brefeld à se demander si la zygospore ne pourrait pas aussi, dans de certaines conditions, produire un mycélium. Il y a réussi pour le Sporodinia grandis ; faisant d'abord germer la zygospore dans l'air humide, puis au moment où le tube s'en échappe, la plaçant dans un liquide nutritif, il a vu ce tube s'allonger et se ramifier en un mycélium. Ce mycé- lium, transplanté sur du pain imbibé de moüt de bière, s'y est développé et a produit de nouvelles zygospores et aussi quelques fructifications sporan- giales. Il en conclut que la zygospore, non le sporange, estle terme simple et dernier de la sexualité, et qu'il n'y a pas d’alternance nécessaire dans les deux modes de reproduction. Il cherche ensuite les conditions qui déterminent la formation des zygospores. Ce n'est ni une certaine loi d'alternance qui, aprés un nombre plus ou moins grand de générations asexuées, ramènerait fatalement le retour d'une génération sexuée, ni l’âge du mycélium dans une généra- tion donnée, ni l'époque de l'année. Ce n'est pas non plus le mode de nutrition seul, dit l'auteur; car d'une part, c'est en vain. qu'il a introduit toutes les modifications imaginables dans le milieu nutritif, et d'un autre côté, sur le méme substratum (du pain imbibé de moût de bière, par exemple), le Sporodinia et le Piptocephalis forment régulièrement des zygospores, pendant que les Mucor n'y développent que des sporanges. Je reviendrai tout à l'heure sur ce point intéressant. Toutes ces circon- stances écartées, l'auteur conclut en disant : «Nous devons admettre pour le moment que, chez la plupart des Champignons conjugués, la formation des zygospores dépend de conditions internes encore inconnues» (loc. cit. p. 819). C'est au hasard seul, par conséquent, qu'il faut s'en rapporter pour leur découverte. En attendant, la classification doit être établie sur la fruc- SÉANCE DU 28 JANVIER 18706. 37 tification asexuée. Pour les Mucorinées, la structure du sporange et des spores, ainsi que le mode de ramification du filament, fourniront les prin- cipaux caractères, et ces caractères ne permettent d'y tracer que deux genres : Mucor et Pilobolus. Après ces considérations générales, l’auteur arrive à étudier de plus près ce dernier genre. Il y décrit en quelques mots le mycélium, la struc- ture et le mode de déhiscence du sporange. Il signale ensuite les zygo- spores d'un Pilobolus que, dans son premier mémoire, il avait décritcomme nouveau sous le nom de P. Mucedo, et qu'il reconnait aujourd'hui n'être pas autre chose que le P. anomalus publié par M. de Cesati dés l'année 1851. Enfin, il décrit briévement un Pilobolus trés-élevé, atteignant jus- qu'à 9 centimètres de hauteur, à spores jaunes, très-régulières, à peine ovales, mesurant 0"",012 sur 0"",010, qu'il a rencontré sur le crottin de cheval et qu'il identifie avec le P. roridus. Tels sont les divers points étudiés dans ce travail. Je me sens, faut-il le dire, assez mal à l'aise pour vous présenter les quelques remarques que la lecture de cette communication m'a suggérées. L'auteur y garde, en effet, un silence absolu sur les travaux, déjà quelque peu étendus, que j'ai consacrés à la famille des Mucorinées, et. cependant à la date du 20 juillet 1875, tout au moins pour ce qui concerne les ques- tions générales et la tribu des Pilobolées, mon second mémoire, paru le 13 mai, ne pouvait assurément lui étre demeuré inconnu. A vrai dire, je ne sais s'il faut me plaindre de cet oubli où m'en féliciter, M. Brefeld m'ayant donné il y a quelque temps un avant-goüt de la maniére peu cour- loise et peu respectueuse de la vérité dont il traite les auteurs quand il daigne les honorer de ses citations (1). Estimant ce genre de conflits peu digne de la science, j'ai eru pouvoir m'abstenir dans mon second mémoire de mentionner cette revendication de priorité aussi peu exacte dans le fond que peu convenable dans la forme, à laquelle je me trouvais d'ailleurs avoir répondu par avance (2). Ainsi eussé-je fait aujourd'hui de ce dé- daigneux silence, s’il ne m'avait paru nécessaire de redresser quelques inexactitudes et de dissiper quelques confusions. Dans la partie générale de la communication de M. Brefeld, tout ce qui précéde la germination des zygospores est bien connu, ces diverses questions et plusieurs autres ayant été longuement étudiées dans mes deux mémoires. Je n'aurais donc rien à en dire si l'auteur n'y reproduisait de nouveau plusieurs assertions que je crois avoir démontrées inexactes. Les corps reproducteurs asexués des Chætocladium sont, en effet, des sporanges monospermes, non des conidies exogènes. Ce genre doit donc être placé dans la tribu des Mucorées, à côté du Thamnidium ; il ne peut en aucune (1) Verhandlungen der phys. medic. Gesellschaft in Würzburg, février 1874, VII, p. 94, en note. (2) Annales des sc. nat. 5* série, 1873, XVII, p. 275. 38 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. façon être considéré comme le type d'une tribu distincte. Les spores des Piptocephalis, comme celles des Syncephalis, naissent en chainettes à l'intérieur de sporanges en doigts de gant, non par fractionnement de rameaux exogènes. Enfin les zygospores de ces mêmes plantes ne différent pas de celles des autres Mucorinées par leur structure et leur valeur mor- phologique, mais seulement par la manière dont s'y effectue la pénétration réciproque des deux corps protoplasmiques, et par la position culminante qu'y occupe plus tard le produit de cette pénétration. La germination des zygospores en mycélium, quand elle a lieu à l'inté- rieur du milieu nutritif, et les conséquences que ce fait entraine au point de vue de la prétendue alternance des générations, ont été, la Société s'en souvient peut-être, exposées par moi sur l Absidia capillata, dans notre séance du 14 janvier dernier. C'est quelques jours plus tard seulement, que j'ai eu connaissance, par la Botanische Zeitung du 24 décembre 1875, du résultat analogue obtenu par M. Brefeld surle Sporodinia grandis. Gomme j'aurais pu à la rigueur, sans le retard éprouvé par le numéro en question. me trouver à cette date informé des observations faites par M. Brefeld, je tiens à dire à la Société que je me serais dans ce cas empressé de les citer en méme temps que les miennes, et que j'aurais été heureux de rendre ainsi la démonstration des faits plus complète, l'unique intérêt de la science étant, à mon avis, non pas que telle ou telle personne ait fait la chose, mais que la chose soit faite. En méme temps j'ai essayé de montrer que la formation des zygospores est liée non pas, comme le pense aujourd'hui M. Brefeld, à des propriétés internes encore inconnues, mais à des conditions de milieu qu'on doit s'ef- forcer de déterminer avec précision. D'une facon générale, avons-nous dit, les zygospores se produisent quand il y a appauvrissement du milieu nutritif dans quelqu'une des substances qui le composent. Or on peut, en première analyse, distinguer trois choses dans tout milieu nutritif, savoir : 4° l'air, c'est-à-dire de l'oxygène à la pression de £ d’atmosphère ; 2 l'eau; 3° l'en- semble des matières solubles qui sont les aliments proprement dits. Si l'oxygène diminue au delà d'une certaine limite, malgré l'abondance d'eau et d'aliments, il se forme des zygospores, comme nous l'avons montré. par l'expérience surles Sporodinia et Rhizopus. Si l'eau diminue au delà d'une certaine. limite, malgré l'abondance d'air et. d'aliments, il pourra s'en produire aussi, et c'est ainsi sans doute que s'explique l'influence de la dessiccation sur ce phénomène, signalée par M. Cornu à la suite de ma précédente communication. Enfin, si quelqu'un des aliments solubles essentiels diminue au delà d'une certaine limite, malgré l'abondanee d'air et d'eau, des zygospores prendront encore naissance, et c'est précisément ce qui arrive pour les Sporodinia et Piplocephalis, cultivés sur du pain imbibé de moüt de bière dans les observations de M. Brefeld. Ces deux plantes sont en effet parasites, la première des grands Champignons, la SÉANCE DU 28 JANVIER 1876. 39 seconde des Mucorées et Pilobolées. Outre l'oxygène et l'eau, elles exi- gent donc une certaine combinaison d'aliments solubles que du pain im- bibé de moüt de bière, ou tout autre milieu non vivant convenablement préparé, peut bien leur offrir en partie, mais non certainement en totalité, sans quoi elles ne seraient pas parasites. Au point de vue de quelqu'un tout au moins de ces aliments solubles, elles se trouvent donc placées dans un milieu pauvre, bientót appauvri au delà d'une certaine limite, et c'est alors qu'y apparaissent les zygospores ; tandis que les Mucor, trouvant labon- dance de toutes choses dans le méme milieu, n'y forment pas de zygospores. Je crois done que cette observation de M. Brefeld, loin de démontrer que le milieu nutritif est sans influence sur la production des zygospores, comme nous avons dit plus haut qu'il le pense, vient apporter au contraire à la ma- niére de voir que j'expose un nouvel appui. Assurément cette première analyse ne suffit pas; il faudra préciser davantage et chercher à déterminer dans chaque cas particulier le genre d'appauvrissement qui se montrera le plus efficace. Tout au moins voit-on par là s'ouvrir aux recherches une voie rationnelle, et ce n'est peut-étre pas le moment de jeter un cri désespéré, en déclarant qu'il faut s'en remettre au hasard pour la découverte des zygospores. Dans les Mucorinées à sporange sphérique et polysperme, M. Brefeld n'admet toujours que deux genres : Mucor et Pilobolus. Il avoue par là ne pas connaitre tout au moins les Mortierella, qui certainement different beaucoup plus des Mucor et des Pilobolus que ceux-ci ne different entre eux. J'arrive enfin aux Pilobolus. Attribuant maintenant la faculté de segon- fler, non plus comme autrefois au cercle d'insertion de la membrane, mais bien à la substance interstitielle, M. Brefeld se rend mieux compte aujour- d'hui de la structure et du mode de déhiscenee du sporange qu'il n'a fait dans son premier mémoire, comme j'ai du le faire remarquer dans ma communieation du 26 novembre 1875. Mais il admet encore, avec M. Klein, que la membrane se cuticularise et persiste dans toute son étendue, ce qui est inexaet, comme nous l'avons vu. Je constate aussi que M. Drefeld reconnait aujourd'hui l'identité du Pilobolus Mucedo de son premier mémoire avec le Pilobolus anomalus de M. de Cesati, sur lequel j'ai beau- coup insisté trois mois auparavant, et dont j'ai fait le type d'un genre nouveau sous le nom de Pilaira Cesatii. ll a trouvé et fait germer les #ygospores de cette plante. Je les avais décrites et figurées dans mon mémoire, sans en observer, il est vrai, la germination, mais par contre en en suivant en cellule tous les premiers développements. Enfin, pour ce qui est de ce grand Pilobolus signalé aujourd'hui par M. Brefeld et qu'il iden- lifie avec le P. roridus, je crois pouvoir affirmer que ce n'est pas le Mucor roridus de Bolton (Pilobolus roridus de Persoon, de Fries et peut-ètre aussi de Léveillé), dont le tube fructifère est moins élevé, plus délicat, AQ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. parfaitement incolore, terminé par un renflement presque sphérique et couronné par un sporange punctiforme. Le vrai P. roridus a été décrit et étudié avec soin dans mon mémoire, et j'ai montré qu'il est identique avec le P. microsporus de M. Klein. Dans l'espèce actuellement signalée par M. Brefeld, je reconnais, à la dimension du tube, à la forme et à la gran- deur des spores, le Pilobolus nouveau que jai décrit devant la Société, dans la séance du 26 novembre dernier, sous le nom de P. longipes. Lecture est ensuite donnée de la communication suivante adressée à la Société : L'ÉPIGENÈSE DE LA TIGE ET LE SOULÈVEMENT DU PÉDONCULE, par M, Francois LECLERC. Seurre, le 28 décembre 1875. Nous avons à exposer ici deux procédés qu'emploie la séve, pour déve- lopper d'un cóté la tige, de l'autre le pédoncule; ces deux procédés pré- sentent une différence trés-remarquable. Dans nos mémoires sur l'ana- phytose (1), nous avions insisté avec Schultz-Schultzenstein sur l'importance de cet organe comme l'un des caractères les plus tranchés de la forme végétale. Si bientót, dans cette note, nousavons à signaler l'indépendance du pédoncule, c’est qu'en effet son mode de croissance, loin de commencer par le sommet, s'effectue au contraire par la base, de manière qu'au lieu de se former par bourgeons et articles, comme la tige normale, il s'élève tout d'un jet, de bas én haut, sans se garnir d'aucune production appendiculaire, et nous n'avons en vue que le pédoncule simple et nu. Ces deux propositions deviennent pour nous l’énoncé d'une nouvelle théorie en botanique. Des considérations d'un ordre élevé ont conduit un trés-savant bota- niste, M. Naudin, à voir dans la marche de la séve un rhythme, qui, dans l'ordre physique, est déterminé par le mouvement. Le mouvement, en méme temps qu'il résulte d'un équilibre rompu, n'est lui-méme qu'un acheminement vers un nouvel équilibre, qui, détruit à son tour, donnera lieu à un nouveau dégagement de forces, d’où résultent des séries plus ou moins longues d'alternance d'activité dynamique et de repos statique (2), et ce sont, dit ailleurs (3) M. Naudin, ces alternances à longues ou courtes périodes qui constituent les rhythmes visibles ou invisibles de la végéta- tion, et ces alternances sont la condition méme de la vie des plantes. Pour nous, sans distraire notre attention des phénoménes qu'offre la plante, nous avons déduit ce rhythme de la séve d'un aperçu sur des (1) Mém. Soc. d'émul. du Doubs, 1869 ; ibid., 1874. (2) Voyez le Bulletin, t. XXI, 1874. (3) Revue hort, novembre 1872. SÉANCE DU 28 JANVIER 1876. A moments de ralentissement de son mouvement (1). La segmentation, qui est le fait général de la végétation dans la formation de la tige, présente néanmoins -une exception dans Ja croissance particulière du pédoncule. Cette différence nous avait frappés dès l'époque où nous commentions le mémoire du botaniste allemand sur lanaphytose; le pédoncule ne nous présentait pas le caractère qui dénote la tige, c'est-à-dire la formation de celle-ci par la partie supérieure, au moyen d'articles empilés, ou sa seg- mentation. Or le pédoncule et la hampe ne sont point formés d'articles, ce sont des supports ou pousses d'un seul jet. Nous avions, dés l'abord, attribué ce manque d'articulation à la vivacité de la végétation, mais cet état étant habituel pour le pédoncule et la hampe, nous avons dù aban- donner cette opinion, et chercher dans une autre cause la constance de ce fait. On le voit, le pédoncule et la hampe sont des supports nus, puisqu'ils n'émettent point de bourgeons sur leur longueur. — « La hampe, dit » Achille Richard, est un support qui part du collet de la racine, et qui se » termine par une ou plusieurs fleurs, comme la Jacinthe. » Le pédoncule radical diffère, selon lui, de la hampe, en ce que, au lieu de naître du centre d'un assemblage de feuilles radicales, il sort de l'aisselle d'une de ces feuilles, par exemple dans les Plantago lanceolata et media, les Pri- mula (2). Il ne dit rien du pédoncule qui naît sur la racine : ex. Centau- rea nudicaulis, Allium moschatum. Alexandre Bautier définit la hampe, un pédoncule radical, qui ressembie à une tige, mais ne porte pas de feuilles (3) : cette. définition est plus explicite que la précédente en ce qu'elle marque la distinction naturelle qu'il faut faire entre la hampe et la tige proprement dite. Certain nombre de pédoncules ont de la tendance à s'arliculer : ex. Geranium sanguineum, Scandix odorata, Sanicula eu- ropea, Seseli Carvi, Pirola rotundifolia, Sedum reflexum, Cineraria sibirica, etc. Le bourgeon radical qui développe le pédoncule donne im- médiatement le support de la fleur, lequel n'est autre que ce pédoncule. Nous voyons, chaque année, les rameaux articulés porter à leur extrémité des pédoneules et des pédicelles sans articles. Toutefois on ne pourrait soupconner la séve d'abandonner son rhythme habituel, pour donner lieu à des organes au moins imparfaits comme tiges; et pourtant nous les voyons, malgré cela, occuper la place de la tige. De là l'usage d'attribuer les noms de hampe ou de pédoneule, et indifféremment celui de tige à ces supports. Le bourgeon qui donne lieu à une tige serait-il done autre- ment constitué que celui qui développe le pédoncule ou la hampe, et laxe serait-il, par ce fait différentiel, dépossédé de la propriété de produire la fleur ? C'est en nous faisant ces questions que nous arrivions à l'idée qu'à ces ) De la segmentation dans les végét. Besangon, 1873. (í (2) Eléments de botanique. (3) Tableau de la flore parisienne. 49 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. supports était attribuée une destination spéciale, nous voulons dire de deve- nir les vrais organes de la fleuraison. En outre, d'autres indices de végé- tation anormale, pour ainsi dire, nous conduisent à avancer que les supports dont nous parlons sont déterminés, en ce qu'ils portent à leur extrémité les rudiments d'une ou de plusieurs fleurs : ex. Hyoseris minima, Hypo- choris radicata, Butomus umbellatus, Agapanthus umbellatus ; que, dans certains organes des végétaux, la croissance a lieu par exhaussement de bas en haut, par un soulèvement partant du collet de la racine, et qui se propage jusqu'au sommet. Telle est la manière de s'aceroitre de l'ovaire ou péricarpe de la Rose, du calice monophylle, de la corolle monopétale, du réceptacle de la Figue, de l'utricule des Carex, ete. En regard de ces faits, la croissance du pédoncule est-elle achevée, la plante reprend sa marche verticillaire ordinaire pour la formation de la fleur. On voit que ce phénomène d'accroissement est tout autre que celui de la tige articu- lée, puisque celle-ci ne s'accroit que par sa partie supérieure. L'ovaire de la Rose a démontré que l'axe peut, par exception, porter le fruit; le pé- doncule, de son cóté, développe d'ordinaire la fleur et le fruit. Le pédon- cule et la hampe peuvent être distingués en organes tantôt basilaires ou radicaux, tantót appendiculaires ou secondaires, lorsqu'ils sont portés par un rameau. On distinguerait aussi un bourgeon caulinaire et un bourgeon pédoneulaire. Mais le fait de la Rose est un cas particulier qu'elle partage avec les Cucurbitacées et ses congénères les Rosacées; nous tenons à établir l'indépendance du pédoncule dans la formation de la fleur, comme fonetion à lui seul dévolue. Ainsi, selon nous, le pédoncule est toujours un support floral (1) ; s'il naît de la souche, de la racine ou de l'aisselle d'une feuille, il peut, tout en étant simple et nu, s'aecompagner d'autres pédoncules qui, ainsi, tiennent lieu de tiges. Un pédoncule simple peut porter une ou plusieurs fleurs, ou méme plusieurs ombelles. Ce qui dis- tingue tout pédoncule de la tige, c'est sa non-articulation et son accrois- sement par la base, ou par soulèvement, pour nous servir de l'expression de M. Ch. Koch, à l'égard de la Rose. Eu égard à la théorie que nous pré- sentons, le langage des livres est fautif, ainsi que nous l'avons fait remar- quer, puisqu'ils ne distinguent pas la tige du pédoncule proprement dit, par leurs caractères classiques ; d’où il suit que la tige n'est jamais ie pédoncule, et réciproquement, et que dans un trés-grand nombre de plantes le pédoncule prend la place de la tige. Parmi les pédoneules et les hampes, les uns sont médulleux : Plantago lanceolata, Libanotis montana, Agapanthus umbellatus ; les autres sont fistuleux : Taraxa- cum Di us-leonis, Allium Cepa. Nous rapportons les pédoncules munis de feuilles et de fleurs au bourgeon mixte, et chez les Graminées en gé- (lj Le pédoncule est, pour Auguste de Saint-Hilaire, une feuille dégénérée, et pour d'autres une feuille transformée (A. de St-Hil. Leçons de bot.; M. Duchartre, Élém. de bolanique). SÉANCE DU 14 FÉVRIER 1876. 43 néral le pédoncule est un rachis ou un axe. Nous voyons done que les pédoncules, les pédicelles et les hampes croissent en s'élevant de la base, et sans émettre ni bourgeons, ni feuilles, ni par conséquent d'articula- tions, tandis que les tiges s'accroissent par leur sommité et par la mul- tiplication successive des bourgeons'et des articles. Telle est, croyons-nous, la solution pratique de la question entre la tige et le pédoncule ; il y a là évidemment, pour ce dernier, une dérogation à la loi générale de la seg- mentation. Nous avons fait senlir que le pédoncule, soit qu'il procéde de l'aisselle d'une feuille, de la souche ou de la racine, soit qu'il se montre sur le rameau, donne toujours naissance à un bourgeon floral. Cette propriété n'appartient done pas à l'axe, mais au pédoneule, par le fait d'un. bour- geon floral: cela nous semble exact, au point de pouvoir dire que la vertu de fleuraison appartient au seul pédoncule. En effet, toute fleur a son pédoncule, quelque réduit qu'il soit. Les bractées sont, en principe, la foliation du pédoncule : on les a désignées, avec à-propos, sous le nom de feuilles florales; quant à Fin- florescence extra-axillaire, elle nous fait voir qué le pédoncule peut se montrer adhérent au rameau (1). Enfin, ce qui établit une différence radi- cale entre la tige ou le rameau et le pédoncule, c'est le mode spécial de végétation de ce dernier. SÉANCE DU 11 FÉVRIER 1876. PRÉSIDENCE DE M. DUCHARTRE. —— M. Mer, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 28 janvier, dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la dernière séance, M. le Président proclame membres de la Société : MM. GurLLoTEAUX-BovnowN (Joannès), banquier, rue Drouot, 8, présenté par MM. Ad. et J. Chatin ; DREVAULT, jardinier-chef à l'École supérieure de pharmacie de Paris, présenté par MM. Petit et Larcher. M. le Président annonce ensuite une nouvelle présentation, Dons faits à lu Société : Nordsted, Desmidiee. Parlatore, Flora italiana, vol. V, 2° partie. (1) M Duchartre, Élém. de botanique, p. 485. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. AS ~ Ferd. Cohn, Beiträge zur Biologie der Pflanzen. A. Gray, Botanical Contributions. Godron, Observations sur le Ranunculus auricomus L. — Notice sur les explorations botaniques. Ed. Morren, Note sur le Drosera binata. Bellynck, Les plantes carnivores. Malbranche, Lichens de la Normandie, fasc. VIII. Lecture est donnée de la note suivante, adressée à la Société par M. Ernest Malinvaud. NOTE RELATIVE AUX PUBLICATIONS DE M. LE DOCTEUR F. SCHULTZ, DE WISSEMBOURG, par M. Ernest MALINVAUD. De mauvaises nouvelles me sont parvenues de Wissembourg : M. 1 docteur F. Schultz, malade depuis dix mois et ne pouvant méme pas ré- pondre aux nombreuses lettres de ses correspondants, prie ceux-ci de ne plus lui envoyer de plantes pour l'Herbarium normale ; celles qu'il a recues sans pouvoir les utiliser jusqu'à ce jour formeraient plusieurs cen- turies, et, si sa santé s'améliorait, il en publierait encore tout au plus deux, pour cesser enfin définitivement ce travail que son âge avancé et son état maladif ne lui permettent pas de continuer. Il est décidé à vendre son herbier qui remplit quatre chambres, avec les matériaux de toutes les centuries de l'Herbariwm normale, dont l'acqué- reur pourrait poursuivre la publication. — Pour prendre des arrangements avec M. Schultz, au sujet de la cession de ces précieuses collections, il serait à désirer qu'on püt aller les voir à Wissembourg (Alsace). Dans la séance du 25 avril 1862, un de nos confrères les plus compé- tents en cette malière, M. l'abbé Chaboisseau, a fait un éloge mérité des exsiccata typiques de M. F. Schultz et de l'infatigable persévérance avec laquelle cet éminent botaniste, malgré bien des épreuves et des difficultés, a publié des séries considérables de plantes toutes rares ou critiques dont le nombre total s'éléve aujourd'hui à 3300. Les nombreux botanistes qui ont pu apprécier la valeur de ces collections et les services qu'elles ont rendus au point de vue de la détermination exacte des espéces litigieuses, formeront des vœux pour que leur savant éditeur revienne à la santé et qu'il puisse rencontrer un coopérateur ou un successeur capable de con- tinuer son œuvre avec le méme esprit de patiente critique et le méme dévouement à la science. M. Roze fait à la Société la communication suivante : LA SÉANCE DU 11 FÉVRIER 18706. 45 ESSAI D'UNE NOUVELLE CLASSIFICATION DES AGARICINÉES, par M. Ernest ROZE. En rassemblant les matériaux nécessaires à la confection d’un catalogue des Agaricinées des environs de Paris, et en cherchant à grouper les espèces d’après les systèmes des mycologues les plus accrédités dans ces derniers temps, je me trouvai conduit à étudier les bases de ces systèmes, puis à les comparer les uns aux autres, enfin à esquisser une nouvelle clas- sification de ces Agaricinées d’après les résultats mêmes de ce travail com- paratif. Tel est le sujet dont je demande la permission d'entretenir pendant quelques instants la Société. Les mycologues qui ont précédé Persoon comprennent, pour ainsi dire sans exception, dans un genre unique, le genre Agaricus, toutes les nom- breuses formes déjà connues de ce type si varié, qui, selon E. Fries, n'a pas son égal, sous ce rapport, dans tout le règne végélal. Persoon est le premier qui distingue, avec une sagacité rare, dans ce vaste ensemble, un cerlain nombre de séries de formes similaires qu'il trouve naturel de sépa- rer les unes des autres sous des dénominations particulières. C'est ainsi qu'aprés une premiére tentative (1), en 1797, dont il poursuit la réalisa- tion définitive, quatre ans après (2), il établit trois grandes divisions dans les espèces alors connues du genre Agaricus : ce sont ses genres Ama- nita, Agaricus et Merulius. Son nouveau genre Agaricus se subdivise lui-même en plusieurs sous-genres qu'il appelle : Lepiota, Cortinaria, Gymnopus, Mycena, Coprinus, Pratella, Lactifluus, Russula, Omphalia et Pleuropus. La création de ces groupes esl à ce point remarquable que la plupart d'entre eux ont été conservés jusqu'ici, et que ceux qui ont été modifiés ont servi eux-mémes de point de départ à des sections nouvelles. Mais un caractére de réelle importance avail échappé à ce grand myco- logue. Il était réservé à l'illustre Elias Fries d'en reconnaitre la valeur, et tout d'abord méme de se l'exagérer. En effet, dans son Systema mycolo- ficum. (Gryphiswaldiæ, 1821), ou il fait connaitre sa nouvelle classifica- tion des Champignons, et en particulier celle des Agaricinées, il subor- donne tous les caractères, méme ceux déjà signalés par Persoon (3), à un caractére unique, celui de la coloration des spores. H établit de la sorte ses deux genres Agaricus et Cantharellus, et subdivise le premier en trois sous-genres : Agaricus, Coprinus et Gomphus. Sou sous-genre Aga- ricus comprend à lui seul presque toutes les espèces d'Agaracinées con- nues : ces espèces sont réparties en plusieurs groupes ou sous-genres (1) Tentamen dispositionis methodicæ Fungorum. Lipsiæ, 1797. (2) Synopsis methodica Fungorum. Gottingie, 1801. (3) Fries dit, en effet : « E tribubus Persoonii Galorrheus, Russula et tad partem Ama- nila naturales : reliquie mixte et artificiales ; nostras vere esse absolutas speramus. » , (Loc., cit., p. 11.) 46 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANUE. secondaires dans les sections suivantes, d'après la coloration de leurs spores : I. Leucosrorus (sporidia alba). — Amanita, Lepiota, Armillaria, Limacium, Tricholoma, Russula, Galorrheus, Clitocybe, Collybia, Mycena, Omphalia, Pleu- rotus. Il. HyronuopIUs (spor. rosea). — Mouceron, Clitopilus, Leptonia, Nolonea, Eccilia. III. CORTINARIA (spor. ochracea). — Telamonia, Inoloma, Phlegmacium, Der- mocybe. IV. DERMINUS (spor. ferruginea). — Pholiota, Myxacium, Hebeloma, Flam- mula, Inocybe, Naucoria, Galera, Tapinia, Crepidotus. V. PRATELLA (spor. fusco-purpurea). — Volvaria, Psalliota, Hypholoma, Psi- locybe, Psathyra et Coprinarius (spor. nigric.). On reconnaitra sans peine que ces groupes nouveaux étaient tout au moins l’œuvre d'un esprit véritablement classificateur, et qui avait réussi, à l'exemple de Linné, à créer un trés-utile et très- ingénieux système arti- ficiel, lequel n'a pas cessé, en effet, de rendre les plus grands services. Toutefois Elias Fries ne devait pas s'en tenir là. Assez heureux pour con- sacrer une longue et studieuse existence à des recherches persévérantes sur les Hyménomycètes, cet illustre maitre se sent conduit, comme Linné lui-méme, à rapprocher de plus en plus sa classification de la méthode naturelle, et ces tendances, qui s'accentuent de plus en plus dans la suite de ses ouvrages, s'accusent nettement dans le dernier volume qu'il vient de faire paraitre (1) et qui résume toutes les modifications qu'il avait déjà adoptées daus les précédents, en profitant, soit des découvertes nouvelles, soit des résultats de ses propres travaux. L'exposé suivant de sa nouvelle classification de 1874, comparée à celle de 1821, fera comprendre les innovations importantes qu'il n'avait cessé d'y introduire successivement, dans un intervalle de cinquante-trois ans. II divise les Agaricinées en vingt genres, et subdivise son genre Agaricus en trente-cinq genres, rassemblés en cinq sections d'aprés la coloration des spores. AGARICINI : 1. Agaricus ; 2. Montagnites ; 3. Coprinus; 4. Bolbitius; 5. Cortinarius; 6. Gom- phidius ; 7. Paxillus; 8. Hygrophorus; 9. Lactarius; 10. Russula; 11. Cantha- rellus; 12. Arrhenia; 13. Nyctalis ; 14. Marasmius ; 15. Lentinus; 16. Panus; 17. Xerotus ; 18. Trogia ; 19. Schizophyllum; 20. Lenzites. AGARICUS : A. Leucosrori (sporis albis) : Amanita, Lepiota, Armillaria, a: i Tricholoma, Clitoeyhe, Collybia, Mycena, Omphalia, Pleurotus. - (1) Hymenomyceles europei, sive Epicriseos systematis mycologici editio altera. Upsa- liæ, 1874. SÉANCE DU 11 FÉVRIER 1876. 47 B. Hvronrmopr (sporis roseis) : Volvaria, Annularia, Pluteus, Entoloma, Cli- topilus, Leptonia, Nolanea, Eccilia, Claudopus. C. DERMINI (sporis ochraceis) : Pholiota, Inocybe, Hebeloma, Flammula, Nau- coria, Pluteolus, Galera, Tubaria, Crepidotus. D. PRATELLI (sporis atro-purpureis) : Chitonia, Psalliota, Stropharia, Hypho- loma, Psilocybe, Psathyra. E. COPRINARI (sporis alris) : Panæolus, Psathyrella. En résumé, l'illustre E. Fries, dans cette nouvelle classification, dégage, de son ancien genre Agaricus, des groupes indépendants (Cortinarius, Hygrophorus, Gomphidius, Russula, Lactarius, ete.) qu'il soustrait ainsi à la caractéristique primordiale de la coloration des spores, bien qu'ils appartinssent en réalité à des sections différentes (Leucospori, Dermini, Coprinarii), et il wapplique ce caractère qu'à un groupe particulier qui porte encore le nom d' Agaricus, mais que les disciples du maitre (1) ne vont pas tarder eux-mémes à abandonner, pour en constituer une sorte de fainille dont les sous-genres de Fries deviendront les genres principaux. Il en résulte qu'aujourd'hui, par suite d'une sorte de nécessité à laquelle obéissent les esprits qui aiment la clarté et la simplicité des méthodes et des dénominations, les genres secondaires prenant la place des genres primaires, on peut dire qu'il n'existe plus en réalité qu'une seule grande classe, les Agaricinées, dont le nom typique Agaricus n'a plus besoin d’être accouplé avec un nom générique de section, suivi d'un terme spéci- fique, pour désigner l'une de ses 1860 espéces connues en Europe(2). Mais il en résulte aussi que cette disposition nouvelle tend à placer sur le méme rang tous les genres, qu'ils aient été créés par le maitre ou par ses disci- ples, et qu'il ne reste plus qu'à grouper ces genres dans un ordre systéma- tique où l'importance de tous les caractères différentiels soit prise en consi- dération, le caractère de la coloration des spores, devenu de valeur secon- daire, cessant par suite de primer tous les autres. Un mycologue anglais fort distingué, M. Worthington G. Smith, eut l'heureuse idée (3), dans des tableaux synoptiques, de rapprocher en alliances naturelles les divers sous-genres du genre Agaricus de Fries, en se contentant de les grouper d’après deux nouveaux caractères dont l'illustre mycologue suédois a reconnu lui-même l'importance dans son dernier ouvrage, savoir : 1° la complète indépendance ou la dépendance réelle du stipe vis-à-vis des lamelles ; 2* la nature cartilagineuse ou char- nue du stipe. Voici le tableau synoptique de ces différentes sections du genre Agd- ricus d'après M. W. G. Smith : (1) M. Quélet, Les Champignons du Jura et des Vosges, 1872-1876 (pro parte), et M. Gillet, Les Hyménomycetes de France, 1874-1876 (en cours de publication). (2) Cest le nombre des espèces d'Agaricinées décrites dans le dernier ouvrage de E. Fries. | _ (3) Voyez Journal of Botany, et Cooke, Handbook of British Fungi. London, 1871. 48 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. | LEUCOSPORI. | HYPORHODIL. | DERMINI. | PRATELLÆ. | COPRINARII. ; Hyménophore( Amanita. Volvaria. » » » | distinct du Lepiota. Chamæota. » Psallicta. » stipe. Pluteus. » Pilosace. » | Stipe ‘mé : charnu. Hyménophore ( Armillaria. » Pholiota. |Stropharia. » do pend y Tricholoma.| Entoloma. |Hebeloma. |Hypholoma.|Panæolus. f sent! co c Clitocybe. | Clitopilus. |Flammula. » » le stipes Pleurotus. | Claudopus. |Crepidotus. » » . | Stipe cartilagineux : | hyménophore con- | Collybia. Leptonia. [Naucoria. |Psilocybe. » fluent avec le stipe, { Mycena. Nolanea. |Galera. Psathyra. |Psathyrella mais de structure f Omphalia. | Eccilia. Tubaria. Deconica. » différente. Ce qui me semble particuliérement remarquable dans ce tableau, c'est le groupement de certains sous-genres placés sur la méme ligne horizon- tale, qui ont effectivement entre eux des rapports trés-naturels, et qui n'ont été éloignés les uns des autres dans la classification du mycologue suédois que par suite de la coloration différente des spores, différen- ciation qui me parait beaucoup trop absolue au point de vue de la mé- thode naturelle. Un autre ouvrage que je ne veux pas oublier de citer ici, c'est le volume, intitulé : Les Champignons de France (Paris, 1869), qu'a publié, avant sa mort, notre regretté confrère M. Cordier, et dans lequel il a cherché, en fervent. disciple de Persoon, à subordonner le systéme de Fries à celui de son savant maitre. Or, il m'a paru ressorlir aussi de ce dernier ouvrage qui reproduisait, sous une autre forme, d'anciens groupes naturels, que l'on pouvait chercher tout. d'abord à distinguer, sous le rapport de leur valeur propre, les genres ou sous-genres établis par Fries; puis essayer, en les considérant comme des sections naturelles plus ou moins définies, de les grouper systématiquement, ce qu'il était possible de faire en se basant sur quelques vues nouvelles, et en profitant surtout des observa- tions critiques et comparatives si savamment exposées dans les Hymeno- nycetes european. Si l'on embrasse d'un coup d'oeil l'ensemble des Agaricinées, on est frappé de ce fait, qu'il comprend à la fois des formes trés-simples (mem- branes à peine lamellées et sessiles) et des formes très-complexes (cha- peaux volvacés et stipités à lamelles voilé es). Entre ces deux extrémes, on ne tarde pas à distinguer des formes intermédiaires qui semblent se suc- céder les unes aux autres et relier ainsi les points opposés. Il en résulte que s'il était possible d'établir une série non interrompue de types définis, on obtiendrait par cela méme une classification logique et parfaite. Mais les variations des types des végétaux ne peuvent, pour une cause ou pour SÉANCE DU 11 FÉVRIER 18706. 49 une autre, soit par la disparition des types successifs, soit par le degré trés-inconstant de la variabilité des types primordiaux, se ramener à cette série unique et complète, purement théorique. On constate, en effet, que les types actuellement connus, pour avoir eu probablement une origine commune, n'en constituent pas moins des séries très-divergentes et très- indépendantes les unes des autres, C'est en procédant d'après ces idées que je ferai remarquer que le genre Schizophyllum, à lamelles fendues, est le seul représentant de ce type chez les Agaricinées, dont les lamelles restent toujours entières avant leur destruction totale; que toutes les autres Agaricinées me paraissent pouvoir se diviser en deux embranchements assez distincts, dans l'un desquels le stipe est toujours cartilagitieux ou fibroso-cartilagineux, alors que le clia- peau présente une strueture d'ordinaire parenchymateuse (Chondropodées), tandis que dans l'autre, le stipe est charnu, c'est-à-dire fibroso-parenchy- mateux, et ne diffère plus sensiblement du tissu du chapeau (Sarcopodées). Dans ce dernier embranchement qui est à lui seul trés-considérable, j'ai cru pouvoir établir deux divisions nouvelles, fondées sur la nature de l'hyménium qui, dans la premiere, est relativement et souvent plus épais et s'étend sur le stipe ou le jbord du chapeau, sous lequel ses lamelles se soudent fréquemment et parfois méme s'anastomosent (Crassilamellées), el qui dans la seconde, devenant plus restreint et plus nettement défini, s'épanouit en lamelles plus minces, toujours séparées distinctement les unes des autres (Ténuilamellées). Une première section de ce dernier groupe (celle des Cinctostipitées) représente le mieux la. série non inter- rompue des variations des Agaricinées. En effet, la membrane primordiale lamellée, à peine stipitée (Pleuropodées), commence à revêtir la forme pilophore en conservant aux lamelles leur décurrence sur le stipe (Clito- cybées) ; puis les lamelles cessent d'être décurrentes sur le stipe encor nu et l'on voit apparaitre les premières traces de la volva (Tricholomées) ; dés lors on distingue les premiers linéaments du voile, et la volva devient plus consistante (Cortinariées) ; après quoi le voile, dépendance de la volva, se caractérise d'abord plus nettement (Armillariées), pour prendre bientôt la consistance d'une membrane distincte (Psalliotées) ; enfin la volva devient une enveloppe indépendante du chapeau pendant que le voile lui- méme conserve la forme d'une membrane protectrice de l'hyménophore (Amanitées). Une seconde section du groupe des Ténuilamellées, celle des Libéro- stipitées, semble se détacher de la première à partir de la famille des Tri- cholomées : elle est représentée par Ies familles des Plutéinées, Coprinidées, Lépiotées et Volvariées, d'organisation plus simple, où la non-adhérence du stipe aux lamelles et l'absence du voile contrastent avec un développe- ment suecessif de la volva, assez nettement accuse. La seconde division fondée sur la nature parlculierement. épaisse et T. XXII. (SEANCES) 4 OÙ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cireuse de Fhyménium (Crassilamellées), comprend les groupes incerte sedis des Cantharellidées (y compris le genre Paxillus), des Hygrophorées (les genres Nyctalis et Gomphidius compris) et des Russulariées (Russula et Lactarius). Ge sous-embranchement ne présente pas un ensemble de types successifs, mais une série de variations alternativement divergentes. C'est ainsi que le genre Cantharellus se termine d’un cóté au genre Paxillus, repasse au genre Lepista qui se relie au genre Hygrophorus, lequel aboutit diversement, soit au genre Gomphidius, soit au genre Nyctalis, soit enfin à la famille des Russulariées. Quant à l'embranchement des Chondropodées, il comprend seulement deux groupes : l'un, fondé sur la famille des Marasmiées, réduit au groupe des Rotulæ ; l'autre, constitué par les familles des Omphaliées, des Mycé- nées et des Collybiées. Le tabieau qui suit fera mieux comprendre l'ensemble du système et le groupement des genres qui a servi de base à la création des familles. On y retrouvera tous les genres établis ou acceptés par E. Fries, moins le genre Lenzites, considéré comme le représentant du développement extrême des Polyporées. Deux nouveaux genres appelleront seulement l'attention : le genre Amanitopsis, ou section des Volvariées à spores blanches constituée par les Amanite vaginale des auteurs, et le genre Cortinellus, où section des Cortinariées à spores blanches fondée sur l'Agaricus (Tricholoma) vaccinus de Fries. CLEF DU SYSTEME: AGARICINÉES. o Schizophyllées. Holophyllées. | Lamelles fendues.) (Lamelles enti?res.) ——— p —— | Chondropodées. Sarcopodées. (Stipe cartilagineux ; tissu (Tissu du stipe et du chapeau du chapeau hétérogène.) homogène.) Crassilamellées. Ténuilamellées. (Lamelles épaisses, soudées ou (Lamelles minces, libres.) anastomosées.) ————— ———— Libérostipitées. Cinctostipitées. (Lamelles sans adhérence avec le (Lamelles adhérentes au stipe et dépourvues de voile.) stipeet sans voile, ou libres, mais voilées.) .SÉANCE DU 11 FÉVRIER 1870. Əl Tableau indicatif de la répartition des genres dans les familles, d'après la coloration des spores. SPORES SPORES SPORES SPORES SPORES FAMILLES. blanches, roses. ochracées. brun pourpre. noires. t SCHIZOPHYLLÉES, Schizophyllacées . . | Schizophyllum. » » » » tt HOLOPHYLLÉES. A. Chondropodées. &Marasmiées. . ... ». | Marasmius. » » » » Omphaliées. ..... . Omphalia. Eccilia. — |Tubaria. Deconica. » Mveénées Mv Nolanea \Galera. Psathvra (Panirolus. “JCUNCES.........|Mycena. Aotanea. Bolbitius. šatayra. (psathyrella, Collybiées .. . ... .. [Collybia Leplonia. |Naucoria. |Psilocybe. » B. Sarcopodées. z. Grassilamellées. 'Arrhenia. Mrogia. Cantharellidées....: lus. » Paxillus. » » Lepista, Lentinus. n Hygrophorées. .. .. | Hygrophorus. » Nyctalis. » Gomphidius. lanig í Russula. Russulariées, ..... ! Lactarius. » » » » 8. Ténuilamellées. a. Libérostipitées. Plutéinées,....... » Pluteus. |Pluteolus. » » 2. Coprinus. Coprinidées....... » » » , Montagnites. Lépiotées,. ......|Lepiota. Annularia? » 2». » Volvariées ,... ... Amanitopsis (n. g.). | Volvaria. » Chitonia. » b. Cinclostipitées. Pleuropodées. ipieurotus. Claudopus. | Crepidotus. » » Clitocybées ...... . |Clitocybe. Clitopilus. | Flammula. » » Tricholomées.. . .. . | Tricholoma. Entoloma. |Hebeloma. » » inarié i Inocybe. Hypholoma » Cortinariées ... .. . |Cortinellus (n. g.). » (Cortinarius, |'"3P vt Armillariées . ... . . |Armillaria. » Pholiota. Stropharia. » Psalliotées........ » » Psalliota. , Amanilées,.... .. |Amanita. » » ? Je me permettrai de faire encore remarquer que la différenciation éta- blie entre les deux groupes des Ténuilamellées, et qui provient en grande partie de la présence ou de l'absence du voile, me tique. Il ne faut pas confondre, en effet, le voile restes du voile, désignés sous le nom de cortine ou constitue l'anneau chez les Lepiota et les Coprins. indirecte de Ia volva (1), s'insère à la fois sur le bord extérieur du chapeau parait trés-caractéris- proprement dit et les de collier, avec ce qui Le voile, dépendance (1) Voyez aussi sur ce sujet : Bertillon, Dict.) encyclopédique des sciences médicales, p. 130 (art. GHAMPIGNONS). 52 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. et sur le point de soudure du stipe et du chapeau, au sommet même du stipe. Quand il se détache du chapeau, il retombe sur le stipe auquel il adhère plus ou moins fortement et toujours dans sa partie supérieure. C'est ce que l'on appelle le collier, la cortine désignant plutót les rudiments du collier. Chez les Lepiota et les Coprins (cela se voit très-bien sur le Lepiota procera et e Coprinus comatus), on constate la présence, au lieu d'un collier adhérent, d'une sorte de bague mobile ou d'anneau, comme on le nomme, qui glisse parfois le long du stipe dans toute sa hauteur. Cet anneau a une tout autre origine que le collier, car il provient directe- ment de la volva : ce n'est pas autre chose, en effet, que la base de la volva, d'abord comprimée et feutrée en quelque sorte par la pression directe du stipe, puis perforée par celui-ci et enfin détachée par une pression inverse de ce méme stipe ; car cette pression, aprés s'étre exercée sur la base, se fait encore plus fortement sentir dans le sens contraire en raison de l'al- longement très-rapide du stipe, de bas en haut. Il ne sera pas difficile d'expliquer par cela méme l'absence ou la présence de l'anneau chez les Coprins : ainsi, lorsque le stipe ne peut perforer complétement la base de la volva, il s'aplatit avec elle sur le substratum et souléve ensuite si forte- ment le chapeau que la base de la volva se détache et reste alors adhérente autour du pied du stipe. Cela s'observe très-nettement chez le Coprinus sterquilinus. Quoi qu'il en soit, la réunion des Lepiota au groupe des Coprins se trouve tout naturellement expliquée par les observations précé- dentes. En somme, si l'on jette un regard sur ce nouveau mode de groupement des nombreuses espèces de l'ancien genre Agaricus, on ne pourra s'em- pêcher de reconnaitre que toutes les sections de l’illustre Elias Fries (sous- genres ou genres), acceptées généralement aujourd'hui, ont été conservées à trés-peu d'exceptions prés dans leur intégrité, et qu'il n'a été question dans ce travail que d'un remaniement dans l'ensemble du systéme, de facon à rapprocher autant que possible, les unes des autres, les alliances naturelles d'espèces, et cela d’après le principe de la subordination des caractères, Cet essai de classification ne réussit-il qu'à appeler l'attention sur le méme sujet et à provoquer de semblables tentatives de la part de mycologues plus autorisés, je n'aurais qu'à me louer de ce premier résul- tats, dans l'espoir de voir bientôt la méthode naturelle s'introduire dans la classification des Agaricinées. M. Cornu dit que Fries avait déjà en grande partie indiqué, par le nom méme donné à chacune des tribus, la correspondance exis- tant entre elles. C'est ainsi que les Tubaria correspondent aux Om- phalia, que les Pholiota, Psalliota, cte., correspondent aux À mda- nile. M y à de méme une désinence commune pour les tribus SÉANCE DU 11 FÉVRIER 1870. 53 analogues qui différent par la couleur des spores : Pleurotus, Cre- pidotus, ete. Mais un des points par lesquels se recommande la méthode de M. W. G. Smith est, comme l'a fait remarquer M. Roze, d'avoir distingué la confluence ou la non-confluence du stipe avec le chapeau. Il reste bien entendu que Fries avait avant lui fait de la couleur des spores un caractère distinctif du premier ordre. M. Cornu ajoute que tout en reconnaissant. que la couleur des spores est en apparence un caractère de faible valeur, puisqu'il cor- respond seulement à une épaisseur plus ou moins grande de la membrane externe, on ne peut nier que les spores de méme couleur aient généralement une structure analogue. C’est ainsi que les Rho- dospores ont les spores pentagonales, les Cortinaires ont les spores scabres, ete. De méme, parmi les Leucospores, certains groupes natu- rels sont bien caractérisés par la nature des spores : ainsi les Lac- taires et les Russules ont des spores échinulées. M. Roze répond que les spores blanches ou incolores ont des formes quelquefois bien variables, et que pour ne citer que le genre Agaricus de Fries, l'examen des spores des sous-genres A manila, Lepiota, Tricholoma, Collybia, permet de constater des formes trés-diverses dans chacun de ces groupes. M. de Seynes croit toutefois devoir recommander le caractère de la coloration des spores comme très-pratique et très-utile surtout pour les débutants. Quant à la classification de M. W. G. Smith, il lui reproche d'avoir donné une importance égale aux diverses sec- tions. M. Duchartre demande à M. Roze quelques explications sur la valeur que les ervptogamistes attachent au mot famille. M. Roze répond que ce terme, en Cryptogamie, n'a évidemment pas d'autre valeur que celle qu'on lui attache. en Phanérogamie. La création nouvelle de familles dans des groupes nombreux s'explique par la connaissance plus approfondie des espéces qui les composent, ce qui a grandi l'importance de certains caractères distinctifs, Jus- que-là méconnus. Pour les premiers ervptogamistes, un Champi- 8non, quel qu'il soit, était un Fungus, comme toute Mousse, un Muscus. On peut voir aujourd'hui dans le remarquable Synopsis de M. Schimper, par exemple, ce qu'est devenu le genre Muscus. ll est certain que le genre linnéen Agaricus, qui comprend déjà plus de 1860 espèces européennes, est appelé à subir la méme transfor- mation, 54 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, M. Duchartre croit que l'importance nouvellement attribuée aux caractères distinctifs tient surtout à l'emploi du microscope, qui per- met de reconnaitre les différences. Si un genre est trop abondant en espèces, il admet fort bien qu'on le divise en sections de deuxième et troisième ordre, mais il trouve que l'on crée trop de familles. Ainsi, le genre Solanum contient beaucoup d'espèces : on n'a pas cru cependant devoir, pour ce motif, en faire une famille séparée. M. Bureau rappelle que, suivant Geoffroy Saint-Hilaire, ce n'est pas parce qu'un grand nombre d'espéces possèdent un caractère commun que celui-ci prend de l'importance. M. Cornu dit que, dans les Agaries, certaines espèces doivent être rapprochées et d'autres écartées. Ainsi, dans certains cas, le stipe est très-grand, tandis que le chapeau est encore rudimentaire. Il est juste que les espèces auxquelles appartient ce caractère reçoivent une place à part dans une classification; car ce caractère, comme tous ceux qui s'appuient sur le développement, a une grande valeur, quoiqu'il puisse n'étre plus apparent une fois l'évolution terminée. M. Magnin fait à la Société la communication suivante : SUR LES MOUSSES ET LES LICHENS DE LA PARTIE SUPÉRIEURE DE LA VALLÉE DE L'UBAYE (BASSES-ALPES), par M. Antoine MAGNIN. M. Boudeille, officier de douanes à la Condamine-Châtelard (Basses- Alpes), membre correspondant de la Société botanique de Lyon, m'a envoyé, il y a quelques mois, une collection de Mousses et de Lichens récoltés par lui dans les montagnes qui avoisinent sa résidence. Les Mousses ont été déterminées par M. Debat; dans une note qui a paru dans le dernier numéro des Annales de la Société lyonnaise (1), notre savant bryologue étudie la dispersion géographique des espéces les plus remarquables, Myurella apiculata , Plagiothecium pulchellum , Ambly- odon dealbatus , Polytrichum sexangulare, Trichostomum subulatum, Mnium orthorhynchum, et autres espèces alpestres qui croissent dans les environs de la Condamine, aux altitudes de 2000 à 2600 mètres; une autre série, formée de plantes exclusivement méridionales, telles que : Syntrichia inermis, S. princeps, Weisia mucronata, Trichostomum to- phaceum, etc., a été récoltée plus bas, aux environs mêmes de la Conda- mine, c'est-à-dire à l'altitude de 1300 mètres. L'espéce la plus intéres- sante est, sans contredit, le Desmatodon systilius, qui n'avait été signalé Jusqu à présent que dans les monts de la Norvége. M. Boudeille l'a trouvé au sommet des rochers de Saint-Ours, à 3000 métres d'altitude. L'existence (1) Ann. de la Soc. bot. de Lyon, t. V, n° 1, p. 53. SÉANCE DU 1l FÉVRIER 1870. 55 de cette espèce dans le versant méridional du mont Viso fournit un nou- vel argument aux botanistes pour qui la flore alpestre n'est qu'un prolon- gement de la flore scandinave. Chargé de déterminer les Lichens du méme envoi, j'ai attendu, pour le faire d'une facon définitive, qu'un voyage à Paris me permit de vérifier, dans les collections du Muséum, certaines déterminations embarras- santes. Les Lichens, comme les Mousses de la vallée de l'Ubaye, m'ont fourni des espèces remarquables. Je citerai parmi les formes alpines : Alectoria ochroleuca, Platysma nivale, P. juniperinum, P. Pinastri, Cetraria spa- dicea, Thamnolia vermicularis, Chlorea vulpina, Squammaria rubina, provenant des rochers ou vallons de Meyronnes, Fouillouse, Mirandole, de 2000 à 2600 mètres d'altitude; le rocher de Saint-Ours (3004 mètres) a fourni le Lecidea geographica var. alpicola, et le rare Squammaria chrysoleuca. Les espèces méridionales suivantes : Omphalaria pulvinata, Squammaria Lagascæ, Urceolaria ocellata, trouvées aux environs mêmes de la Condamine, prouvent, comme l'étude des Mousses de la même localité l'avait fait voir à M. Debat, que la flore méridionale remonte le long de la allée de l'Ubaye, jusqu'au village de la Condamine, soit à 1300 mètres d'altitude. Les deux Lichens les plus intéressants sont les deux espèces suivantes, nouvelles, je crois, pour la flore de France. La première est ce joli thalle blanc bleuàtre, découpé en dents à sa périphérie, ce qui lui a valu la déno- mination spécifique d'astericus, donnée par Anzi; il est muni d'une apothéeie centrale noire, immergée comme dans les Solorina, d'où son nom générique de Solorinella. Cette espèce a été signalée par Anzi, son auteur, sur les rochers calcaires, à Ja partie supérieure de la région du Mugho, c'est-à-dire de 1500 à 2000 metres, pres de Medesimo (1). L'échantillon de M. Boudeille provient des environs de la Condamine, à 1400 mètres environ d'altitude. La deuxième espèce est le Gyalolechia Schistidii, établi aussi par Anzi (2) pour ce Lichen à thalle jaune, quelquefois nul, croissant sur le Schistidium apocarpum. Anzi Va signalé dans tout le district de Bormio, sur le calcaire, dans la vallée de l'Adda, à l'altitude de 1223 mètres. M. Boudeille l'a récolté sur la méme Mousse couvrant des roches cal- cures aux environs de Chàtelard-Condamine, par 1400 metres d'altitude. Je termine iei cet extrait de la note complète qui revient de droit à la Société botanique de Lyon et qui paraitra incessamment dans ses Annales M. Van Tieghem fait à la Societé la communication suivante : (1) Anzi, Catalogus Lichenum quos in prov. Sondriensi...... collegit, 1860, p. 37. (2) Anzi, ibid. p. 38. 56 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SUR LE ROLE PHYSIOLOGIQUE ET LA CAUSE DÉTERMINANTE DE LA COURBURE EN ARCADES DES STOLONS FRUCTIFÈRES DANS LES ABSIDIA, par M, Ph. VAN TIEGHENS. Dans la séance du 14 janvier dernier, j'ai communiqué à la Société une étude du genre Absidia, type nouveau de la famille des Mucorinées. Pour ne pas trop étendre ce petit mémoire, j'ai dù ce jour-là laisser de côté plusieurs questions d'ordre physiologique présentées par ces élégantes moisissures. Je voudrais aujourd'hui examiner brièvement deux de ces questions, en recherchant d'abord de quelle utilité peut bien être pour la plante la courbure parabolique de ses stolons fructifères, etensuite quelle est la eause déterminante de cette courbure en arcades. 1. Rôle physiologique de la courbure en arcades.— Le ròle de la conr- bure est évidemment de favoriser la dissémination des spores en exhaus- sant le plus possible la base commune des rameaux sporangifères et en élevant d'autant les sporanges dans l'atmosphère. Aussi, d'une espèce à l'autre, toutes choses égales d'ailleurs, la hauteur normale du jet parabo- lique ou de l'areade varic-t-elle en raison inverse de la longueur des pédi- celles fructifères. Dans une espèce donnée, ce but sera d'autant mieux atteint que l'ar- cade aura son sommet plus élevé. Mais l'amplitude du jet parabolique a aussi son importance; car plus elle est grande, plus les bouquets de sporanges sont espacés et plus la dissémination des spores est efficace. On doit done s'attendre à ne rencontrer dans la nature que les arcades qui, avec une amplitude suffisante, s'élévent à une assez grande hau- teur. En admettant une poussée initiale constante, c'est sous l'inclinai- son de 45 degrés que le jet parabolique acquiert, on le sait, sa plus grande amplitude, mais sa hauteur n'est alors que le quart de cette amplitude. Toute portée plus petite peut être atteinte, on le sait encore, sous deux angles complémentaires, par deux paraboles, l'une surélevée, l'autre sur- baissée ; mais la première satisfaisant mieux les besoins de la plante, on peut prévoir qu'elle sera seule réalisée. Et en effet, comme nous l'avons vu dans la précédente étude, l'inclinaison au départ est toujours supé- rieure, ou tout au moins égale à 45 degrés. Parmi ces hautes paraboles dont l'amplitude diminue à mesure que s'élève leur sommet, chaque espèce en affecte une de préférence, celle où se trouvent conciliées le mieux possible ses exigences contradictoires de portée et de hauteur; c'est ce qu'on peut appeler son are normal. Tantôt, par exemple, la hauteur est environ la moitié de l'amplitude, et l'arc nər- mal simule un plein cintre (Absidia capillata). Hl prend déjà une forme plus relevée quand la hauteur égale l'amplitude (A. septata). Enfin si la hauteur atteint et dépasse le. double de l'amplitude, l'areade s'élance en une sorte d'élégante ogive (A. reflexa). SÉANCE DU 114 FÉVRIER 1876. 57 2. Cause déterminante de la courbure en arcades. — Quelle est main- tenant la cause déterminante de cette courbure parabolique des stolons, dont nous connaissons à la fois le róle et les meilleures conditions d'uti- lité? Évidemment il entre ici en jeu une force spéciale, émanée du sub- stratum, continue dans son action, et sensiblement constante dans son intensité; elle sollicite le tube fructifère, en modifie à tout instant la direction primitivement rectiligne et oblique, et impose à son sommet une trajectoire parabolique. Ce changement de direction résulte certainement d'une modification dans l'aceroissement, la. force en question diminuant l'allongement normal du tube sur la face tournée vers le substratum et l'augmentant au contraire sur la face opposée. Ce qu'il s'agit de détermi- ner, c'est précisément la nature de cette force. A la voir dirigée vers le bas dans les circonstances ordinaires et pro- duire une courbure parabolique, on pense tout d'abord à l'identifier avec la pesanteur et à expliquer la flexion progressive du tube par un géotro- pisme positif dont il serait énergiquement doué. Mais si, imitant l'expé- rience du pot renversé, on tourne vers le bas la surface du substratum, on voit les arcades descendre dans l'air en forme de dents de feston où pendent les bouquets de sporanges. Il ne peut done être ici question de géotropisme. D'une manière générale, je n'ai d'ailleurs jamais observé jusqu'ici de courbure géotropique dans les tubes des Phycomveètes (1). On sait, au contraire, que le pied des Agaries, et notamment des espèces lignicoles [ Ag. (Collybia) relutipes, par exemple], jouit d'un géotropisme positif très-prononcé. Les arcades des Absidia se développant à l'obscurité aussi bien qu'à la lumière, il n'y a pas davantage lieu d’invoquer comme cause déterminante de Ja courbure un héliotropisme négatif du filament. C'est done le substratum lui-même, masse humide et nutritive, qui exerce l'action fléchissante. En quelle qualité agit-il? Est-ce comme milieu nutritif, ou comme source d'humidité, ou simplement comme mass? ? C^ n'est certainement pas comme corps nutritif, ear quand les stolons vien- nent à franchir les limites du milieu nourricier pour ramper sur les bords de la soucoupe poreuse qui le renferme ou sur l'eau qui la baigne, ils ne (1) M. J. Sachs assigne, il est vrai, aux tubes sporangifères des Mucorinées un géo- tropisme négatif et à leurs filaments radicellaires un géotropisme positif (Lehrbuch der Botanik, 3° édition, 1873, p. 750, et 4° édition, 1874, p. 812). Mais j'ai déjà eu l'occasion de montrer que si, dans les conditions ordinaires, les filaments radicaux des Mucorimées se dirigent vers le bas dans le milieu nutritif et leurs tubes sporangifères vers le haut dans l'air, ce n'est point là du géotropisme, positif dans le premier cas, négatif dans le second. On en a la preuve en semant les spores à la surface d'une goutte liquide appen- due au plafond d'une petite chambre humide ; les filaments radicaux se dirigent alors dans la goutte, c'est-à-dire vers le haut, et les tubes sporangiféres dans l'air, c'est-à-dire vers le bas. Il en est de mème pour les filaments fructiferes des autres moississures, pour les pédicelles plus ou moins massifs des fruits des Myxomycetes, ete. (J. Sachs, Traité de botanique, traduction francaise, 1874, p. 995.) D8 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cessent pas pour cela de se développer en arcades. Mais ce pourrait bien être comme source d'humidité. On sait, en effet, que l'humidité, quand elle agit inégalement sur les deux faces opposées d’une racine en voie d'al- longement, change la direction primitive de cette racine, qui s'infléchit vers le corps humide et y enfonce bientót son extrémité. Les expériences anciennes de Knight (1811) et Johnson (1829), si heureusement remises en lumiére par notre président M. Duchartre, qui y a ajouté des observations nouvelles (1), ainsi que les recherches faites récemment sur le méme sujet par M. J. Sachs (2), ne laissent aucun doute à cet égard. Les racines sont donc positivement hydrotropiques, et leur hydrotropisme positif est assez énergique pour triompher de leur géotropisme positif, quand elles en sont douées, comme c'est le cas pour les racines principales. Ce n'est pas cependant de cette maniere, c'est-à-dire par un hydrotropisme positif des stolons, que peut s'expliquer la courbure en arcades des Absidia, car elle se produit tout aussi bien dans une atmosphère saturée d'humidité, c'est-à-dire dans des conditions où l'hydrotropisme n'a plus de raison d’être. On s'en assure par des cultures en cellule et par des cultures en grand oü le substratum est recouvert d'un disque de verre posé à quelques milli- métres seulement de sa surface. Dans ce dernier cas, si la lame de verre n'est mise en place que pendant le cours du développement des arcades et à une distance de la surface du substratum plus petite que deux fois la hauteur moyenne des ares déjà produits, il arrive que le sommet de chaque stolon actuellement en voie d'allongement se trouve bientôt, lorsqu'il est parvenu au point eulminant de sa course, plus rapproché du disque de verre. que du substratum. Plus fortement attiré désormais par le verre, il change de courbure et continue de monter en. s'infléchissant vers lui; ille touche bientôt, s'y ramifie et y applique son pinceau. de crampons. C'est au point où il change de courbure, que le filament produit son faisceau de tubes sporangifères. A partir de ce moment, le développement des sto- lons se poursuit sur le plafond de verre en une série de dents de feston ou pendent autant de bouquets de sporanges. Ce n'est done, on le voit, ni comme milieu nutritif, ni comme source d'humidité, mais simplement comme masse, que le substratum agit sur le tube fructifere des Absidia, pour diminuer son allongement sur la face la plus rapprochée, pour l'augmenter au contraire sur la face la plus éloi- gnée, et pour l'infléchir ainsi vers lui en forme de parabole. De même nature que l'influence de la pesanteur sur une racine principale, cette action de masse en diffère parce qu'elle ne s'exerce qu'à petite distance, qu'elle est limitée par conséquent à la couche superficielle du sol et qu'elle , PTAA ts de l'humidité sur la direction des racines (voyez le Bullelin, 240) J. Sachs, Ablenkung der Wurzeln von ihrer normalen. Wachsthum durch feuchte Noi per (Arbeiten des botanischen Instituts in Würzburg, I Heft, 1872, p. 209). SÉANCE DU 11 FÉVRIER 1876. 59 peut être combattue, équilibrée, ou méme dominée et remplacée par Vin- fluence d'un corps quelconque amené dans une direction opposée plus près du filament fructifère, Si nous appelons somatotropisme, la propriété que possède ainsi une cellule ou un groupe de cellules d'avoir son accrois- sement modifié, et par conséquent sa direction infléchie, sous l'influence d'un corps quelconque placè à petite distance, nous dirons que les stolons fructiféres des Absidia sont positivement somaltotropiques, et que c'est par cette propriété que s'explique leur courbure en arcades. Cestau contraire en vertu d'un somatotropisme négatif que les tubes fruc- tifères de beaucoup de Mucorinées, les filaments sporifères de beaucoup d'autres moisissures, les pédicelles plus ou moins massifs du fruit de beau- coup de Myxomycétes, ete., développés dans l'obscurité et dans une atmo- sphère saturée d'humidité, se dressent toujours perpendiculairement au substratum, quelque position que l'on donne à ce dernier. Il est bien évident d'ailleurs que pour qu'un organe en voie d'accroisse- ment se montre somaltotropique, il est nécessaire qu'il soit dépourvu de eéotropisme, car dans les organes géotropiques le somatotropisme, ou bien se confond avec le géotropisme, s'il agit dans le méme sens, ou bien est annulé par lui, s'il agit en sens contraire. Mais le somatolropisme est inde- pendant de l'héliotropisme ; il peut exister sans lui (Circinella, Mortie- rella, etc.) ; il peut aussi coexister avec lui (beaucoup de Mucor, Pilo- bolus, Phycomyces, ete.), et ces deux causes combinent alors leurs effets. M. Duchartre demande ce qui arriverait si Absidia, végétant entre deux lames de verre de méme épaisseur, amenait l'extrémité d'une de ses arcades jusqu'à une distance rigoureusement égale de chacune des lames. M. Van Tieghem répond que, dans ce cas, de deux choses l'une. Ou bien l'extrémité du stolon arrive à égale distance des deux lames avec une certaine obliquité; alors, continuant à se développer dans sa direction actuelle, elle tombe dans la sphère d'attraction de la lame supérieure, vers laquelle elle s'infléchit. Ou bien, au moment où elle rencontre la ligne neutre, l'extrémité du stolon se trouve précisément au point le plus élevé de sa course et horizontale; elle continue alors à s'allonger en ligne droite à égale distance des deux lames. M. Roze rappelle que, dans des cultures de Rhizopus nigricans faites sous cloche, il à vu de mème les. filaments. s'appliquer à la fois sur la cloche et sur la soucoupe au milieu de laquelle était dis- posé le substratum. 60 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SÉANCE DU 25 FÉVRIER 1876. PRÉSIDENCE DE M. DUCHARTRE. M. Mer, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 41 février, dont la rédaction est adoptée, Par suite de la présentation faite dans la dernière séance, M. le Président proclame membre de la Société : M. Dorrrrs (Adrien), avenue Montaigne, 29, à Paris, présenté par MM. Burnat et Kralik. Dons faits à la Société : Ed. Morren, La théorie des plantes carnivores et irritables. H. Jouan, Les plantes alimentaires de l'Océanie. Schomburgk, The Flora of South Australia. Sars, Bidrag til Kundskaben om Norges Hydroider. Hayden, Report of the U. S. Geological Survey of the Territories. M. le Président annonce à la Société la perte très-regrettable qu'elle vient de faire de deux de ses membres fondateurs : MM. Achille Guillard et Adolphe Brongniart. M. Prillieux, présent aux obsèques de M. Guillard, a prononcé quelques paroles d'adieu sur sa tombe et a. rappelé- que c'est à ce botaniste que l'on doit le. premier mémoire sur l'organogénie florale. Lecture est ensuite donnée des différents discours qui ont été prononcés aux obsèques de M. Brongniart. DISCOURS PRONONCÉ AU NOM DE L'INSTITUT, par M. P. DUCHARTRE. MESSIEURS, M. Ad. Brongniart, le regretté confrère sur qui cette tombe va se fermer, était l'un des membres les plus éminents de notre Académie, l'une de ses gloires les plus pures, et, je n'hésite pas à le dire, l'une des plus hautes illustrations scientifiques de notre siècle. Fils du digne collaborateur de Vinmortel Cuvier, il a su jeter un nouvel et plus vif éelat sur un nom déjà justement célèbre. Doué de toutes les qualités de l'esprit qui font l'homme supérieur, il n'a pas connu les tàtonnements qui marquent presque tou- jours l'entrée dans une carrière, et, à l'âge où tant d'autres, même appe- lés à un brillant avenir, ne sont encore que des jeunes gens cherchant leur voie, lui s'était. déjà illustré dans celle qu'il avait choisie, et y avait mar- SÉANCE DU 29 FÉVRIER 1876. 61 qué ses premiers pas par des découvertes qui ouvraient à la science des plantes de vastes et lumineux horizons. Commencée de bonne heure, sa vie scientifique a été longue, et, pendant son cours, il a touché avec la méme supériorité à toutes les branches de la botanique, les dotant toutes de travaux du premier ordre, et conquérant ainsi glorieusement sa place à la tète des botanistes de notre époque. Il n'a méme pas connu cet affais- sement des facultés intellectuelles qu'amene trop souvent la vieillesse, et la mort l'a surpris poursuivant ses études des plantes fossiles avec une ardeur presque juvénile, sans que l'àge eùt affaibli en lui ni la rigoureuse exactitude dans l'observation. des faits, ni la merveilleuse sagacité dans l'art de les expliquer, qui ont été les caractères essentiels de tous ses travaux. | Né à Paris, le 44 janvier 1801, M. Adolphe-Théodore Brongniart puisa de bonne heure un goût prononcé pour les sciences naturelles dans l'exemple et, sans doute aussi, dans les conseils de son illustre père, M. Alexandre Brongniart. Sous cette impulsion, en méme temps qu'il se préparait à prendre le grade de docteur en médecine, il s'abandonnait avec bonheur à cet amour de la nature qui devait faire sa gloire, et culti- vait avec un succès presque égal la Botanique et la Géologie. Dès 1822, il publiait un bon mémoire sur Ja classification et la distribution des végé- taux fossiles ; trois ans plus tard il embrassait l'ensemble de la famille des Champignons dans une classification naturelle des genres qui la composent ; et en méme temps il se livrait à une longue série de recherches d'une extrême délicatesse, qui devaient lui fournir les matériaux d'un travail du premier ordre. Il préparait, en effet, son célèbre mémoire sur la généra- tion et le développement de l'embryon végétal qui, présenté à l'Académie des sciences, le 26 décembre 1826, lui valut, en 1827, le grand prix de physiologie expérimentale. Dans cette œuvre devenue aussitôt classique, il jeta un jour tout nouveau sur le fait le plus important dela vie des plantes, et, s'il ne déchira pas entièrement le voile qui avait caché jusqu'alors le mystère de la fécondation, il n'en laissa du moins subsister que la faible portion qui couvrait les dernières phases de ce phénomène. On a peine à comprendre l'activité scientifique que déployait alors M. Brongniart; l'histoire de la science ne nous présenterait peut-être pas l'exemple d'un autre savant qui, sous ce rapport, püt lui être comparé, et cette activité s'exprimait par des ouvrages dont aucun ne portait l'empreinte de la pré- cipitation, qui tous, au contraire, élaient remplis d'observations aussi exactes que délicates, de déductions logiques, de généralisations inspirées par ce que je ne crains pas d'appeler le génie de la nature. C'est, en effet, dans le court espace de six années qu'il a publié non-seulement les travaux que je viens de rappeler, mais encore une bonne monographie des genres qui composent une grande famille de plantes dicotylédones (Rhamnées), des considérations fécondes en résultats importants sur la nature de la 62 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. végétation qui couvrait la surface de la terre aux diverses périodes de la formation de son écorce, un Prodrome ou relevé descriptif complet des végétaux connus comme existant à l'état fossile ; enfin c'est encore alors qu'il faisait paraître la premiere livraison de sa grande Histoire des végétaux fossiles, ouvrage fondamental pour cette branche importante de la science, qui a éclairé d'un jour également vif la Botanique et la Géologie, qui, à lui seul, aurait assuré à son auteur une gloire durable, et qui, bien que malheu- reusement inachevé, est resté le modèle et le point de départ de tous les ouvrages et mémoires publiés ultérieurement sur la Paléontologie végétale. Grâce à tant et de si beaux travaux, M. Ad. Brongniart occupait, à l'âge de vingt-six ans, une place non contestée à côté des plus illustres bota- nistes de cette époque ; aussi, lorsque l'Académie des sciences l'admit dans sa section de Dotanique, le 20 janvier 1834, en remplacement de Desfontaines dont il continuait déjà l'enseignement au Jardin des plantes, cette élection eut le rare privilége de ne soulever ni contestation sérieuse, ni critique ayant la moindre apparence de légitimité. Dés ce moment, notre illustre confrére participa aux travaux de notre Compagnie avec un zele et une exactitude qui n'ont pas failli un seul instant ; les nombreux et remarquables rapports qu'il luia présentés en sontla preuve durable. Il eut l'honneur de la présider en 1847, et montra méme, à l'occasion, pendant sa présidence, une fermeté que sa modestie mélée d'un peu de timidité ne faisait pas attendre de lui. Devenu de bonne heure doyen de la section de Botanique, lorsque de trop nombreux malheurs amenèrent pour elle, en peu d'années, un renouvellement complet, il lui transmit fidèlement la tradition qu'il avait reçue de savants illustres dont s'hnonore notre pays ; privés aujourd'hui de celui dont la science profonde, l'esprit lucide et méthodique éclairaient et dirigeaient nos délibérations, puissions-nous maintenant, à notre tour, conserver intact le précieux dépót de cette tra- dition ! La suite de la carrière scientifique de M. Ad. Brongniart a été à la hau- teur de ses glorieux commencements. Absorbé en grande partie par le pro- fessorat, dans lequel il mettait une remarquable facilité d'élocution au ser- vice de sa parfaite connaissance des plantes et de sa profonde érudition, par l'étude et le classement des immenses collections vivantes, sèches et fos- siles du Muséum, dont il s'est occupé jusqu'à la veille de sa mort avec un zèle certainement nuisible à sa santé, par de hautes fonctions universitaires qu'il a remplies pendant plusieurs années, enfin par la longue et doulou- reuse maladie qui lui a ravi l'excellente et digne compagne de sa vie, ila pu livrer alors à la publicité un nombre moins considérable d'ouvrages sans être pour cela moins laborieux D'ailleurs ceux de ses ouvrages qui datent de cette seconde partie de son existence scientifique sont empreints d'une largeur de vues au moins égale, d'une précision et d'une finesse peut-être encore supérieures d'observation, soit que, à l'occasion d'une SÉANCE DU 29 FÉVRIER 1876. 63 replantation de l'École de Botanique du Muséum, il ait montré sa profonde connaissance du Règne végétal tout entier et une juste appréciation des affi- nilés dans les heureuses modifications qu'il a fait subir à la méthode natu- relle ; soit que, prenant à son origine méme l'anatomie de divers organes, notamment des feuilles, il lait amenée immédiatement à un développe- ment à peu près complet ; soit qu'il ait fait connaitre dans toute sa richesse et ses remarquables spécialités la flore jusqu'alors inconnue de notre colo- nie néo-calédonienne ; soit enfin que, donnant un exemple sans précédent, une surprenante découverte sur des échantillons fossiles lait conduit à faire présumer l'existence d'uu eurieux détail d'organisation dans l'ovule de certains végétaux (Gymnospermes) vivants. Mais, Messieurs, ce serait mal connaitre M. Ad. Brongniart que de voir en lui seulement les mérites du savant, quelque éminents qu'ils aient été ; les qualités du cœur n'étaient pas moins précieuses en lui que celles de lesprit. Bon et affectueux sous des dehors un peu réservés, aimant à rendre service et n'en laissant jamais perdre l'occasion, rizide observateur du devoir et portant dans toutes ses actions une conscience scrupuleuse avec une rigoureuse honnêteté, il se faisait aimer autant qu'admirer ; aussi pour moi qui, en plusieurs circonstances, ai ressenti les effets de son inal- térable bonté et qui éprouvais pour lui une vive reconnaissance, est-ce avec une profonde douleur que je viens, au nom de la section de Bota- nique et de l'Académie, dire à cet excellent et illustre confrére un éterncl adieu et déposer sur sa tombe l'expression de regrets qui ne s'affaibliront jamais. Adieu, cher confrère, adieu ! DISCOURS PRONONCÉ AU NOM DU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE par M. DECAISNE. MESSIEURS, Quand un savant éminent disparait, au terme d’une vie dont tous les instants ont été consacrés à l'étude et à d'importantes publications ; quand il nous est enlevé alors qu'en possession d'un repos légitime, il jouissait, dans la sérénité de la vieillesse, d'une grande renommée acquise par de nombreux travaux, il semble que la science, qu'il a servie avec tant de dévouement et d'éclat, n'avait plus rien à lui demander, et que l'amitié et le respect seuls ont lieu de déplorer sa perte. Nous pleurons en effet le collégue et le maitre excellent ravi à notre affection ; toutefois ceux que les sentiments d'une respectueuse amitié réunissent autour de sa tombe por- tent aussi le deuil de la science, qui doil tant à ses travaux et qu'il a hono- rée jusqu'à ses derniers moments. M. Brongniart est entré fort jeune dans la carrière où il a rencontré les savants les plus illustres, au milieu desquels il a vécu. Ce commerce jour- 64 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. nalier avait donné à son esprit une rectitude et une probité scientifique qui furent les traits saillants de son caractère. Il y a puisé ce double amour du bien et de la science qui se partagèrent sa vie. En fréquentant, en effet, des maitres illustres, en profitant de leurs conseils, un disciple stu- dieux rectifie son jugement, et n'est pas exposé à recevoir de ces vagues encouragements qui fourvoient l'activité sans expérience, et trop souvent l'entrainent sans lui montrer le but. Encore adolescent, M. Brongniart publiait ses observations sur un petit Crustacé qu'il avait découvert, et auquel il avait donné le nom de Lim- nadie, bientôt adopté par les zoologistes. A vingt-trois ans, il fondait avec deux amis qui furent bientôt ses frères, MM. Audouin et Dumas, notre illustre secrétaire perpétuel, le recueil devenu célèbre sous le nom d'An- nales des sciences naturelles. C'était l'époque des grands progrès réalisés dans la construction du microscope par Amici et Selligue. Une fois en pos- session de ce précieux moyen d'investigation, et puissam'nent armé pour la recherche de la vérité, M. Brongniart donna à ses travaux une direction scientifique toute nouvelle pour la France. Il publia successivement : en 1821, son mémoire classique Sur la génération et le développement de l'em- bryon dans les végétaux phanérogames ; en 1830, ses Recherches sur la structure et sur les fonctions des feuilles. Bientôt après parurent ses travaux sur le groupe des Conifères, auquel il appliqua le nom de Gymnospermes, travaux qui montrent la même sûreté de méthode, la même sagacité d'in- vestigation, la même sobriété d'hypothèses, et lui ont permis d'asseoir sur des bases inébranlables ce groupe naturel de plantes, dont il n'a cessé de s'occuper jusqu'à sa dernière heure. Vers la méme époque, il jetait les fondements d'un édifice scientifique sous le nom d'Histoire des végétaux fossiles (1828). Le lecteur, en étu- diant l'introduction de ce bel ouvrage, reste émerveillé de la multitude des faits rassemblés, de la clarté et de la précision de leur coordination, et de la sagacilé avec laquelle le jeune savant a su éviter les écueils où d'habiles maîtres étaient venus échouer. M. Brongniart a résumé cet immense travail par de belles Considérations sur la nature des végétaux qui ont couvert la surface du globe aux diverses époques de ses révolutions, et il les a fait suivre de son important travail sur les Végétaux fossiles, où il à examiné en détail les Familles, les Genres et les Espèces, à partir de l'époque houillére jusqu'à nos jours : tra- vail immense reposant sur l'incomparable collection qu'il a créée au Muséum. Ne jamais rien laisser à l'interprétation, c'est ainsi que se formule sa méthode ; procédé lent, minutieux, nécessitant des observations multiplices par le secours desquelles il a pu faire de Ja Paléontologie végétale une science s'élevant, pour ainsi dire, à la rigueur mathématique ; c'est ce que prouvent ses derniers mémoires sur les graines fossiles SÉANCE DU 25 FÉVRIER 1870. 65 des Conifères et des Cycadées récemment présentés à l'Académie. Ami du vrai en toutes choses, M. Brongniart ne faisait aucune part à la vanité, à l'ambition de briller, aux succès faciles. Nommé, en 1832, pro- fesseur de Botanique au Muséum, il exposa pendant plus de quarante ans, avec une science profonde et une rare netteté d'expression, toutes les par- ties de ce vaste ensemble du Règne végétal. Augmenter la somme de nos connaissances sur les chapitres les plus importants de l'histoire de la Bota- nique, tel a été le but de sa carrière professorale. Il y a merveilleusement réussi, et ses travaux nous laissent de précieux modèles, et le souvenir ineffacable de solides et brillantes découvertes. La mort est venue l'atteindre au milieu d'études de prédilection, qu'il poursuivait avec l'ardeur de ses jeunes années, et au moment où il éclai- rait d'un jour tout nouveau l'histoire mystérieuse des premiers végétaux qui ont peuplé notre globe. Tous les botanistes sont donc, à des degrés divers, les obligés et débi- teurs de M. Brongniart. Quelques-uns de ses éléves (el je m'honore d'étre de ce nombre) ont vu s'étendre sur eux, pendant de longues années, à tra- vers tous les incidents de la vie, sa sollicitude et ses affections. Cet hommage, douloureux et sincère, adoucira-t-il le chagrin de ses nombreux amis, et l'afflietion des parents qui se voient privés d'un frère si tendrement aimé ? Sera-t-il un allégement à la douleur de deux fils dont il était l'idole, à celle d'une fille qu'il s'était choisie, et qui fut la consola- tion de ses dernières années aprés la perte d'une compagne chérie? Nous n'osons l'espérer ; mais nos regrets perdront de leur amertume, en voyant s'attacher à cette famille, autant qu'au nom illustre qu'elle porte, la sym- pathie de tous les amis de la science. Au nom du Muséum d'Histoire naturelle, dont M. Brongniart a. été la gloire, au nom d'une amitié commencée il y a cinquante ans, et qui ne s'est jamais démentie, je dépose sur cette tombe un dernier adieu au collègue vénéré et au meilleur ami. DISCOURS PRONONCÉ AU NOM DU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE (BOTANIQUE), pw M. BUREAU. MESSIEURS, Sile Muséum d'Histoire naturelle tout entier est douloureusement atteint par la perte du savant illustre auquel nous rendons les derniers hommages, il est une partie de notre grand établissement national qui se trouve plus directement et plus eruellement frappée. Pour celui qui eut l'honneur insigne d'être son collègue, pour les aides-naturalistes qui nous secon- daient dans nos travaux avee tant d'intelligence, pour les employés si dévoués attachés à ce laboratoire de botanique dans lequel M. Brongniart a vécu, ce deuil est véritablement un deuil de famille. Nous formions, en T. XXII. (SÉANCES) 9 66 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. effet, pour lui comme une famille scientifique, au milieu de laquelle il aimait à se trouver et où il était entouré du plus affectueux respect. Cette entente complète et en quelque sorte traditionnelle, qui avait tou- jours existé jusqu'à la mort d'Adrien de Jussieu, entre les deux profes- scurs chargés de l'enseignement du Règne végétal, se retrouva sans peine entre M. Brongniart et moi, lorsque le Muséum fut de nouveau pourvu de deux. chaires de Botanique, et je puis compter les années que j'ai pas- sées dans l'intimité de ce grand naturaliste et de cet homme de bien parmi les plus heureuses de ma vie. Une telle union ne pouvait manquer de tourner au profit de la science et de l'important service qui nous était confié. Pendant plus de vingt ans, M. Brongniart, surchargé d'occupations par l'administration de collections immenses et la nécessité de traiter dans ses cours toutes les branches de la Botanique, avait dà renoncer à son étude la plus chére, celle de la science qu'il avait créée : la Paléontologie végétale. Devenu un peu plus libre par l'adjonction d'un collègue et le partage de l'ensei- gnement; de plus, pourvu bientôt, par une nouvelle décision de lAs- semblée nationale, d'un aide-naturaliste destiné à le seconder spéciale- ment dans l'étude de cette collection de plantes fossiles qu'il avait faite la première du monde et qui renferme d'incomparables richesses, M. Bron- gniart se livra avec une ardeur nouvelle à ces recherches de paléontologie dans lesquelles il avait débuté avec tant d'éclat. Il put s'y adonner teut entier et sans crainte que la partie de la Botanique vivante qu'il s'était ré- servée en souffrit en aucune manière. M. Bronguiart, en effet, avait su distinguer, depuis plusieurs années, un jeune savant auquel il. n'hésita pas à confier, non-seulement la direction des productions eryplogamiques du Muséum, mais eucore la charge si lourde de l'enseignement. Le succès le plus complet justifia ce choix. En méme temps M. Brongniart attirait à Paris et attachait au Muséum, d'abord à titre provisoire, puis à titre définitif, un professeur de l'École de Cluny, qui s'était fait connaitre par des communications à l'Académie des sciences sur les plantes fossiles d'Autun, et il commençait, avec son con- cours, un admirable ouvrage sur les végétaux silicifiés de Saint-Étienne. Une activité plus grande se montrait donc dans toutes les parties du département botanique du Muséum, grâce à cette heureuse division du tra- vail et à cette réunion de spécialités différentes, Ce petit groupe d'hommes de science agissait avec ensemble et avec méthode, sous l'inspiration du savant éminent dont les conseils étaient suivis comme ceux d'un pere. Déjà nous remarquions que des travailleurs plus nombreux, la plupart formés dans nos laboratoires d'étude, fréquentaient nos galeries. Divers mémoires étaient eommeneés sur des sujets que nous indiquions, et nous sentions que la Botanique française allait entrer dans une période plus féconde. SÉANCE DU 29 FÉVRIER 18706. 67 Tout nous faisait espérer que nous pourrions garder quelques années celui qui était le centre et l'âme de ce mouvement. Mais la santé de M. Brongniart avait été sérieusement atteinte par les souffrances du siége. La science et l'affection d'un fils avaient pu arrêter les premiers effets d'une grave maladie; mais le germe de ce mal incurable était resté, M. Brongniart, cependant, avait repris régulièrement ses Lra- vaux. D'une ponctualité exemplaire, il arrivait avant midi au laboratoire et passait des journées entières l'œil au microscope, découvrant sans cesse des faits nouveaux dans ces merveilleux fossiles à tissu conservé, dont il poursuivait l'étude. l L'année dernière, tout d'un coup, il éprouva une déviation des veux. Il ne méconnut probablement pas la gravité du symptôme ; mais il avait un tel désir de poursuivre les recherches entreprises, qu'au bout de quelques semaines il revenaità ses habitudes de travail. Nous ne le voyions pas sans inquiétude s'imposer une telle fatigue, alors que le repos du corps et de l'esprit lui eussent été si nécessaires. Parfois, dans le seul but de le dé- tourner un peu d'une application qui pouvait lui être nuisible, nous l'in- terrogions sur ses dernières découvertes, et alors, dans une eauserie pleine de charme, il nous exposait des vues dont l'élévation, la clarté et la jus- tesse rappelaient les admirables pages de son Introduction à l'Histoire des végétaux fossiles. Sa grande intelligence, en effet, ne faillit jamais un instant. Les genres de fruits du terrain houiller reconnus ainsi par M. Dron- gniart depuis quelques années et analysés par lui dans tous les détails de leur structure s'élèvent aujourd'hui à plus de 40. La main méme du créateur de la Paléontologie végétale, qui jadis avait tracé le tableau de la végéta- tion houillére avec une précision qui semblait ne rien devoir laisser à ajouter, arrachait aujourd'hui les derniers voiles, et, pénétrant au plus intime de l'organisation de ces formes perdues, semblait nous ouvrir un monde nouveau. M. Brongniart avait marqué par un chef-d'œuvre le début de sa carrière scientifique ; c'est par un chef-d'œuvre qu'il devait la terminer. Ce travail, hélas ! reste inachevé. Une aggravation rapide du mal dont il souffrait depuis longtemps nous a enlevé, d'une manière presque fou- droyante, celui en qui nous vénérions le plus éminent représentant de la Botanique française. En voyant sa place vide, ses préparations rangées sur sa table, ses notes tracées tout récemment, sa plume à peine séchée, nous ne pouvons croire au malheur qui vient de frapper la science et le pays. La seule eonsolation qui puisse nous rester, c'est d'avoir pu contribuer à rendre calmes et douces les dernières années de sa vieillesse; c'est d'avoir pu reeueillir de sa bouche les traditions d'une époque giorieuse, traditions qui n'excluent pas le progrés et qui sont la force d'un établisse- 68 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ment comme le nôtre, dont l'histoire forme une des belles pages de notre histoire nationale ; c’est enfin d'avoir vécu avec lui dans un contact assez intime pour mieux comprendre aujourd'hui toute la grandeur d’une vie consacrée à la science et au bien. DISCOURS PRONONCÉ AU NOM DU MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE, par M. JOURDAIN. MESSIEURS, Je ne me croyais pas appelé à prendre la parole dans cette triste céré- monie, etje ne m'y étais pas préparé. Cependant je ne voudrais pas laisser se fermer cette tombe sans adresser, au nom de M. le Ministre de l Instruc - tion publique et au nom de l'Université tout entiére, quelques paroles d'adieu à l'homme de bien, au maitre vénéré, au confrère éminent dont elle vient de recevoir la dépouille mortelle. A l'Académie des sciences etau Muséum d'Histoire naturelle, qui conser- veront toujours le souvenir des admirables travaux de son père, M. Adolphe Brongniart a recueilli dés sa jeunesse l'héritage paternel, et, comme des voix autorisées vous le rappelaient tout à l'heure, il a continué et agrandi l'illustration de sa famille. Mais ce titre, quelque brillant qu'il soit, n'est pas le seul qui recommande le nom de M. Brongniart à la reconnaissance du monde savant, à l'estime du pays, à celle de la postérité. Comment oublier qu'il a siégé durant plusieurs années au Conseil supérieur de l'in- struction publique? Là il apportait les lumières d'un esprit éclairé, là délicatesse de la conscience la plus honnéte, les vues pratiques d'une expérience consommée. Par ses précieuses qualités, il a rendu à l'enseigne- ment nalional des services importants qui ne sortiront pas de la mémoire de ceux qui en furent les témoins. Naturaliste du premier ordre, les sciences naturelles trouvérent toujours en lui un défenseur convaincu : il voulait que la jeunesse fût initiée à leurs beautés instructives ; mais il avait trop de sens pour ne pas faire en méme temps une suffisante part aux autres études qui sont nécessaires pour former le cœur et l'esprit du jeune homme. M. Brongniart a figuré aussi dans les rangs de l'Inspection générale, et ses collègues ont pu apprécier la rectitude de ses jugements comme l'aménité de son commerce. Il montrait dans toutes les affaires cet esprit de fermeté et de modération sans lequel l'administration s'égare si aisément ; ii y joi- gnait le sentiment le plus exact de la justice et de l'équité, sentiment vivifié sans cesse dans son àme vraiment chrétienne par les saintes croyances qui ont adouci l'amertume de ses derniers moments, et qui, aux regrets les plus douloureux, mélent aujourd'hui, pour sa famille et pour ses amis, de sublimes consolations et de solides espérances. Puisse-t-il, ce maitre et ce confrére aimé et vénéré, puisse-t-il, loin des agitations du monde, loin des tristesses du présent el des préoccupations de l'avenir, trouver, sous SÉANCE DU 25 FÉVRIER 1876. 69 l'œil de Dieu, dans un monde meilleur, la récompense due à une vie de labeur et de vertu ! DISCOURS PRONONCÉ AU NOM DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, par M. CHATIN. MESSIEURS, Je viens, au nom de la Société botanique de France, rendre un dernier hommage à notre éminent et vénéré collègue M. Brongniart. Des voix éloquentes viennent de vous retracer par quelle suite de tra- vaux demeurés justement célèbres M. Brongniart s'était placé, dès sa jeu- nesse, au premierrang de celte forte génération dans laquelle nous saluons respectueusement nos maitres, et qui sera l'éternel honneur de la science française. Mon róle est plus modeste, et je dois me borner à rappeler lesnombreux Litres qu'il s'était acquis à la gratitude de notre Compagnie. Nous ne sau- rious oublier que M. Brongniart fut de ce petit groupe de savants qui, sou- cieux d'entretenir et de développer le goùt de la Botanique dans la patrie des Tournefort et des Jussieu, se réunirent, il y à vingt-deux ans, chez M. A. Passy, pour y jeter les bases de la Société que j'ai la triste mission de représenter en ce jour de deuil. M. Brongniart en fut le premier président, et ses collègues voulurent lui témoigner ainsi et l'universelle estime que leur inspiraient ses travaux, et la reconnaissance qu'ils éprouvaient envers celui qui, selon son heu- reuse expression, avait cherché à « rassembler le faisceau dispersé des amis de notre science » (1). Toujours assidu à nos séances, M. Brongniart les remplit bien souvent de ses savantes communications que je ne saurais énumérer ici, mais dont plusieurs, relatives aux glandes nectarifères, à la symétrie florale, à la fécondation des Orchidées, à la flore de la Nouvelle-Calédonie, sont encore présentes au souvenir de chacun de nous. Les nombreux mémoires lus devant la Société par le maitre regretté que nous pleurons aujourd'hui, ne sauraient d’ailleurs donner qu'une idée bien incomplète de la part qu'il a prise à ses travaux. Pour l'apprécier convenablement, il faudrait se reporter à chacune de nos réunions et se rappeler les fréquentes et précieuses observations que lui suggéraient les communications de ses collégues. Toutes les branches de la Dotanique étaient en effet familières à M. Brongniart, qui discutait, avec une égale et légitime autorité, les travaux de physiologie générale, de taxonomie et de paléontologie végétales. On s'inclinait d'autant plus volontiers devant ses décisions, que la vérité (1) Ad. Brongniart, discours prononcé à la première séance de la Société botanique de France, le 24 mars 1854. 70 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. n'y apparaissait jamais qu'accompagnée de la courtoisie la plus exquise et de la modestie la plus délicate. Aussi devrait-on le proposer comme un modèle à tous les savants, el surtout à ces prétendus réformateurs qui, regardant de simples hypothèses comme autant de lois immuables, proclament sans nulle hésitation qu'en leurs recherches se résume la science, et que hors de leur enseignement tout n'est qu'erreur. Combien ceux-ci eussent appris et gagné auprès de l'aimable président dont tous nous avons pu apprécier si souvent les formes constamment affables, les relations hautement bienveillantes ! Si quelque chose, Messieurs, pouvait diminuer l'amertume de nos regrets, ce serait l'unanimité des sympathies qui s'attachent à la mémoire de M. Brongniart. Notre Société le vénérera comme son fondateur ; nous nous honorerons toujours d'avoir été ses éléves, et nous nous efforcerons d'imiter le glorieux exemple qu'il laisse, en marchant comme lui dans la voie de l'honneur et du progrès. Adolphe Brongniart, maitre honoré, collègue aimé, notre douleur devant ta tombe n'est pas un éternel adieu. Ta mémoire reste dans nos cœurs et ton nom vivra autant que la science des hommes. DISCOURS PRONONCÉ AU NOM DE LA SOCIÉTÉ CENTRALE D'AGRICULTURE DE FRANCE, par M. BARRAL. MESSIEURS, La Société centrale d'Agriculture a possédé dans son sein, durant prés de quarante années, le savant qu'elle vient de perdre, aprés que la veille elle venait déjà de conduire à la dernière demeure et M. Pépin et M. Séguier. En quelques jours la mort n'a pas cessé de frapper parmi nous, et ses coups ont porté successivement sur des tétes plus hautes. Aujourd'hui c'est un homme illustre que nous pleurons. Aussi le deuil est-il grand dans notre Compagnie, car les agriculteurs aiment les chefs qui les ont longtemps guidés dans les conquétes si difficiles à faire sur les secrels de la nature pour accroitre le rendement de la terre et surtout pour en varier les productions végétales. M. Adolphe Brongniart fut parmi nous un guide sûr dans l'étude des plantes nouvelles. Esprit sagace et prudent, il savait arréter les enthou- siasmes irréfléchis, mais sans empêcher, au contraire, en encourageant les expériences dont l'agriculture a besoin, soit pour perfectionner les méthodes anciennes, soit pour essayer d'entrer dans des voies non encore parcourues. Aussi vous avez voulu qu'il siégeàt pendant trente aus à votre Bureau et qu'il fit constamment partie de la Commission chargée de la sur- veillance de votre domaine d'Harcourt. A ces deux titres, il a rendu à notre Compagnie des services qui ne sauraient jamais étre oubliés. On lui doit un grand nombre de rapports sur les plantes dont l'essai pouvait faire espérer des résultats avantageux, et dont la. culture devait SÉANCE DU 29 FÉVRIER 1876. 71 être encouragée, tant sur le continent qu'aux colonies. Ses rapports ont servi à diriger les efforts, soit des savants, soit des cultivateurs, pour obtenir de nouvelles richesses. C'est ainsi, pour n'en citer qu'un seul, que son rapport sur les Arbres à quinquina a montré tout le parli que l'agricul- ture pourrait tirer de cet arbre merveilleux dont la propagation importe à un si haut degré à la santé des hommes. Comme membre de la Commission d'Harcourt, il a tracé les règles à suivre pour l'exploitation la plus avantageuse des belles plantations de M. Delamarre, et ensuite pour remplacer par de nouvelles essences les arbres abattus. On lui devra, comme à Michaux, comme plus tard à Pépin, ces magnifiques arbres rares et majestueux qui forment du parc d'Har- court le séjour des plus admirables végétaux de l'Europe et qui permettent d'apprécier comparativement les produits que peuvent donner sous nos climats toutes les essenees résineuses. Les expériences en agriculture sont toujours longues : le temps doit les consacrer. Mais celles-là ont besoin d'une durée plus grande encore qui portent sur les questions de culture forestiére. L'homme qui plante un arbre a rarement l'espoir de faire la récolte : il travaille pour la postérité. C'est bien ainsi que M. Adolphe Brongniart entendait le concours précieux qu'il donnait à Harcourt et à nos Compagnies. En aidant à la création de ces beaux massifs de toute espèce d'arbres résineux susceptibles de croître en pleine terre sous le climat de la Normandie, il disait : «Votre propriété aura doublé de valeur dans quarante ans, et vous aurez donné un des plus beaux exemples de création forestiére que l'Europe pourra citer. » Un corps savant tel que le nôtre est une famille qui dure et qui, par conséquent, peut compter sur l'avenir. Les nouveaux venus augmentent ]a force du tronc commun ; ce sont comme les couches qui s'ajoutent les unes aux autres dans les arbres séculaires. Ses membres ont donc le droit de concevoir de lointains espoirs, et ils lèguent à leurs prédécesseurs le mérite des faits dont ils perçoivent les bénéfices. C'est ainsi que notre Compagnie conservera la mémoire de M. Adolphe Brongniart, car ses tra- aux ont servi à former une couche solide de l'édifice des connaissances humaines. En venant le saluer au bord de cette tombe, pour la dernière fois, nous pouvons affirmer en son nom que le respect éternel de la Société centrale d'Agriculture est acquis à un savant qui aconstamment cherché le bien et qui souvent a eu le bonheur de déchirer le voile qui cachait le vrai. DISCOURS PRONONCÉ AU NOM DE LA SOCIÉTE CENTRALE D'HORTICULTURE DE FRANCE, par M. HARDY Ui. MESSIEURS, Si la science, en perdant M. Adolphe Brongniart est privée d'un de ses plus illustres représentants, l'Horticulture perd en lui un de ses soutiens les plus fermes, un de ses maitres les plus vénérés. 72 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Appelé en 1863 à la présidence effective de la Société centrale d'Horti- culture de France, M. Brongniart imprima, jusqu'à ces derniers temps, à notre Compagnie, une direction dont ses travaux se sont heureusement ressentis. Appliquant de profondes connaissances scientifiques à tout ce qui se rapportait à la culture des jardins, il donnait à nos séances un intérêt sérieux, encourageant ainsi un art pour lequel il avait une réelle prédi- lection. Chacun écoutait sa parole avec un respectueux empressement, et les applaudissements de collègues qui l'aimaient étaient pour lui ùne preuve du bien qu'il faisait. Que dire, Messieurs, de l'aménité de caractère de notre ancien prési- dent? tous ici nous savons avec quelle bienveillance on était accueilli par lui. Quant à la Société d'Horticulture, elle pouvait compter sur son entier dévouement. Aussi, lorsque dans le courant de l'année dernière, M. Bron- gniart parla de ne plus continuer ses fonctions de président, sa santé ne lui permettant. plus d'étre au milieu de nous aussi souvent. qu'il l'aurait voulu, ce fut pour les membres de notre Association le sujet de véritables regrets. Cependant la Société d'Horticulture ne voulut pas voir M. Bron- gniart se séparer d'elle; le titre de président honoraire que le vote una- nime de ses collégues lui conféra nous assurait encore sa précieuse coopé- ration. Pourquoi faut-il que la mort soit venue si tôt nous l'enlever? Messieurs, les associations qui savent mettre et maintenir à leur tête les illustrations de notre pays s'honorent autant que rejaillit sur elles l'éclat du nom du président qu'elles ont choisi. La Société d'Horticulture de France n’accomplit donc, en ce triste moment, que son devoir, en assu- rant à la mémoire de M. Brongniart, son bien regretté président honoraire, une éternelle reconnaissance. Liste des travaux publiés par M. Adolphe Brongniart. 1820. Mémoire sur le Limnadia, nouveau genre de Crustacés. (Mém. Mus. Hist. nat., 1820, VI, pp. 83-02 ; Oken, Isis, 1822, col. 212-218.) 22, 1821. Description d'un nouveau genre de Fougére nommé Ceratopteris. (Paris, Bull. Soc. philom., 1821, pp. 181-187.) 1822. Sur ia classification et la distribution des Végétaux fossiles en général, et sur ceux des terrains de sédiment supérieur en particulier. (Paris, Soc. philom., Bull., 1822, pp. 25-28; Paris, Mém. Mus. Hist. nat., 1829, VII, pp. 203-210, 297-318 ; Froriep's Notizen, 1829, II, col. 289-292.) Description des Végétaux fossiles du terrain de sédiment supérieur cités dans la description géologique du bassin de Paris. 1823 23. Pllanzenversteinerungen aus den jüngsten Flotzgebirgen der Pariser Gegend: (Psallentedt Archiv, 1823, V, pp. 41-63.) Sur la structure des fleurs femelles du Zea Mais. (Paris, Soc. philom., Bull., 1823, pp. 26-27.) Observations sur les Fucoïdes et sur quelques autres plantes marines fossiles. (Paris, Mém. Soc. Hist. nat., 1823, pp. 1-62.) SÉANCE DU 25 FÉVRIER 1876. 73 1824. Observations sur les genres Cytinus et Nepenthes. (Ann. Sc. nat., 1824, i, pp. 19-52; Oken, Isis, 1825, col. 1296-1315.) Observations sur les Végétaux fossiles renfermés dans les grès de Hoer en Sen (Paris, Soc. philom., Bull., 1824, pp. 166-168 ; Ann. Sc. nat., 1825, VI, pp. 200-221.) 1825. Essai d'une classification naturelle des Champignons, ou Tableau métho- dique des genres rappor tés jusqu’ à présentà cette famille. (Paris, 1825, in-8, 99 p., 8 pl.) Note sur les Végétaux fossiles de l'oolithe à Fougères de Mamers. (Ann. Sc. nat., 1825, IV, pp. 417-423.) Observations sur quelques Végétaux fossiles du terrain houiller et sur leurs rapports avec les Végétaux vivants. (Ann. Sc. nat., 1825, IN, pp. 23-22 ; Edinb. new Phil. Journ., 1826, pp. 282-289. 1826. Mémoire sur la famille des Bruniacées. (Ann. Sc. nat., 1826, VIII, pp. 357- 410.) Recherches sur la génération et le développement de l'embrvon dans les Végétaux phanérogames. (Paris, Soc. philom., Bull., 1826, pp. 170- 175 ; Ann. Sc. nat., 1827, XII, pp. 14-55, 145-172, 225-296 ; Froriep's Notizen, 1827, XVI, col. 310-314 Trad. dans Rob. Brown’s verm. botan. Schrift., IV, pp. 167-326, pl. 1-3.) (Memoire lu à l'Acad. des Sciences, le 26 nov. 1826, et auquel a été décerné, en 1827, le prix de physiologie expérimentale fondé par M. de Monthyon.) 1827. Mémoire sur la famille des Rhamnées. (Ann. Sc. nat., 1827, X, pp. 320- 386.) Thèse pour le doctorat en médecine. An diverse variorum entium organicorum facultates ab organismi diffe- rentia pendeant? (Thése pour l'agrégation soutenue à la Faculté de médecine de Paris, in- 4, 1827, 40 p.) Nouvelles Observations sur les granules spermatiques des Végétaux. (Lues à l'Acad. des Sc., le 4 nov. 1827.) 1828. Prodrome d'une histoire des Végétaux fossiles. (Paris, 1828, in-8, VIII, 223 p. — Extrait du Grand Dictionnaire d'Hist. nat., 1828, t. LVI, pp. 170-212.) Note sur la présence du Pecopteris reticulata dans des couches de forma- tion contemporaine en Angleterre et en France. (Ann. Sc. nat., XII, 828, pp. 335-336.) Observations sur les Végétaux fossiles des terrains d'anthracite des Alpes. (Ann. Sc. nat., 1828, XIV, pp. 127-136.) Notice sur les plantes d'Armissan, prés Narbonne. (Ann. Sc. nat., 1828, XV, pp. 43-51.) Histoire des Végétaux fossiles, ou Recherches botaniques et géologiques sur les Végétaux renfermés dans les diverses couches du globe. (Tome I, 488 p., 160 pl., in-4°.) Considérations générales sur la nature de la végétation qui couvrait Ja surface de la terre aux diverses époques de la formation de son écorce. (Ann. Sc. nat., 1828, XV, pp. 225-258; Edinb. new Phil. Journ., 1829, VI, pp. 249-371 ; Froriep's Notizen, 1829, XML, col. 97-104; Poggend. Ann., 1829, XV, pp. 385-414.) Nouvelles Recherches sur le MM n et les granules. spermatiques des Végétaux. (Ann. Sc. nat., 1828, XV, pp. 381-401). Essai d'une flore dugrés bigarré. (Ann. Sc. nat., 1828, XV, pp. 435-400.) ‘1829. 1830. 1831. 1833. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Observations on the arborizations in Dendritic Calcedony or Mocha stone. (Transl. Edinb. new Phil. Journ., 1828, V, pp. 268-212. Dotanique du Voyage de la Coquille pendant les années 1822-1825, publié par L.-J. Duperrey. (Phanérogamie. Paris, 1829, 1 vol. in-8, 232 p., et atlas in-fol. de 78 pl.) Recherches sur l'organisation des tiges des Cycadées. (Ann. Sc. nat., 1829, XVI, pp. 389-102.) Ueber den Zustand der Atmosphäre während der verschiedenen Zeiträume der vorweltlichen Schöpfung. (Transl. Froriep's Notizen, 1820, XXIII, eol. 183-185.) Réponse de M. Ad. Brongniart aux observations faites sur ses travaux de physiologie végétale. (Séance de l'Acad. des Sciences, 1'r mars 1830.) Observations sur le développement du charbon dans les Graminées, et sur les modifications qu'il détermine dans les parties de ces plantes qu'il attaque. (Ann. Sc. nat., 1830, NX, pp. 171-176 ; Hoy. Inst. Journ., 1851, I, pp. 420-421.) | Note sur la composition de l'atmosphére à diverses époques de la forma- tion de la terre, et sur l'opinion de M. Parrot relative à ce sujet. (Ann. Sc. nal., 1830, XX, pp. 421-441.) Végétaux fossiles. (Article du Dictionnaire classique d'Hist. nat. de Bory Saint-Vincent, 1830, t. XVI, p. 531 à 539.) Recherches sur la structure et les fonctions des feuilles (Ann. Sc. nat., 1830, XXI, pp. 420-458; Roy. Inst. Journ., 1831, I, pp. 421-422, 636- 637.) Observations sur la structure et le mode d’accroissement des tiges dans quelques familles de plantes dieotylédones. (Présentées à l'Acad. des Se. le 4 juillet 1831.) Nouvelles Observations sur les diverses périodes de végétation de l'an- cien monde. Sur l'insertion relative des diverses piéces de chaque verticille floral, et de son influence sur la régularité et l'irrégularité des fleurs. (Ann. Sc. nat., 1831, XXII, pp. 225-244.) Observations sur le mode de fécondation des Orchidées et des Cistinées (Ann. Sc. nat., 1831, XXIV, pp. 113-130. Trad. dans Rob. Brown's verm. bot. Schrift., V, pp. 207-221.) Quelques observations sur la maniére dont s'op?re la fécondation dans les Asclépiadées. (Ann. Sc. nat., 1831, XXIV, pp. 263-280. Trad. dans Rob. Browws verm. bot. Schrifl., V, pp. 222-241.) Description des deux nouveaux genres Becquerelia et Pleurostachys, de is aille des Cypéracées. (Ann. Sc. nat., 1822, XXVII, pp. 419- A28.) Note sur quelques Euphorbiacées de la Nouvelle-Hollande. (Ann. Sc. nat., XXIX, pp. 382-388 ; Cattaneo, Bibl. di Farm., 1825, I, pp 97-102) . Note sur un nouveau genre de Légumineuses de la tribu des Swartziées. (Ann. Sc. nat., 1833, XXX, pp. 108-113.) Notice sur une Conifère fossile du terrain d'eau douce de l'ile d'lliodroma. PA Sc. nat., 1853, XXX, pp. 168-176 ; l'Institut, 1833, 1, pp. 151- 00, Note sur quelques Coniféres de la tribu des Cupressinées. (Ann. Sc. nat., 1833, XXX, pp. 176-191.) | SÉANCE DU 25 FÉVRIER 1876. 75 Note sur la structure du fruit des Lemna. (Guillemin, Archives Bot., 1833, Il, pp. 97-104.) 1834. Nouvelles Recherches sur la structure de l'épiderme des Végétaux. (Ann. Sc. nat., Bot., 1851, I, pp. 65-11.) Note sur un cas de monstruosité des fleurs du Primula sinensis. (Ann. Sc. nat., Bot, 1824, I, pp. 207-210.) Note sur le Colocasia odora, et sur PM de température de ses fleurs. (Paris, Mus. Hist. Nat., Nouv. Ann., 1834, HI, pp. 115-160.) 1835. Description d'une nouvelle espèce de draps des parties les plus éle- vées des Andes. (Ann. Sc. nat., Bot., 1825, HI, pp. 48-59.) Ueher die Circulation in den Pflanzen. (Transl. Froriep's Notizen, 1835, XLIII, col. 225-229.) 1837. Rapport sur un mémoire de MM. Louis et Auguste Dravais, intitulé: « Es- sai sur Ja symétrie des feuilles curvisériées et rectisériées. » Commis- saires : MM. Turpin ; Brongniart, rapporteur, (Comptes rendus, 1837, 1V, p. 611.) Note sur le ne Stephanotis, de Ja famille des Aselépiadées. (Ann. Se. nat., Bot., 1837, VIL pp. 28-31.) Rapport sur ua mémoire de M. Léveillé intitulé : « Recherches sur l'hymé- nium des Champignons. » (Ann. Sc. nat., Bot., 1837, VHI, pp 338- 315.) Considérations sur la nature des Végétaux qui ont convert la surface de la terre aux diverses époques de sa formation. (Paris, Comptes rendus, 1831,V, pp. 403-415 ; Paris, Acad. Sc., Mém., 1838, XVI, pp. 097-125; Froriep's Notizen, 1838, V, col. 113-118, 119-131; Mag. nat. list., 1838, II, pp. 1-12; Silliman’s Journ., 1838, XNMV, m 315-329.) Sur la structure des tiges pétrifices désignées sous les noms de Psarolithes, d'Astérolithes et d'Helmintholithes. (Paris s, Soc. philom., Bull., 1851, pp. 99-101.) Histoire des Végétaux fossiles, ou Recherches botanique: et géologiques sur les Végétaux renfermés dans les diverses couches du globe. (Tome II, 72 p., 30 Pl, in-4°.) 1838. Rapport sur un mémoire de M. le docteur Montagne « sur l'organisation et le mode de reproduction des Caulerpées, et en particulier du Ceulerpa Webbiana. » Commissaires : MM. Bory Saint-Vincent; Ad. Brongniart, rapporteur. (Comptes rendus, 1838, V l, p. 269.) Recherches sur les Lepidodendron et sur les affinités de ces arbres fossiles, précédées d'un examen des principaux caractéves des Lycopodiacées. (Paris, Comples rendus, 1838, VI, pp. 872-879.) Instructions pour l'expédition scientifique qui se rend dans le nord de l'Europe (Instructions concernant la botanique, par M. Ad. Brongniart). (Comptes rendus, 1838, VI, p. 515.) Rapport de la commission chargée, sur l'invitation de M. le Ministre de la guerre, de rédiger des instructions pour une exploration scientifique de l'Algérie. (Instructions sur la. botanique, par M. Ad. Brongniart.) (Comptes rendus, 1838, VI, p. 129.) 1839. Rapport sur un mémoire de M. J. Decaisne, intitulé : « Recherches sur l'organisation anatomique de la Detterave. » (Ann. Sc. nal., Bot., 1839, NI, pp. 49-54.) Rapport sur un mémoire de M. J. Decaisne, relatif à la famille des Lardizabalées, et précédé de Remarques sur Panatomie comparée de 76 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. quelques tiges de Végétaux dicotylédonés. (Ann. Sc. nat., Bot., 1839, XII, pp. 92-99.) . 1839. Note sur les poils collecteurs des Campanules et sur le mode de féconda- tion de ces plantes. (Ann. Sc. nat., Bot., 1839, XII, pp. 244-247 ; Ann. natur. Hist., 1840, V, pp. 380-382; Microscopical Journal, 1842, 41-43.) Observations sur la structure intérieure du Sígillaria elegans, comparée à celle des Lepidodendron et des Stigmaria, et à celle des végétaux vivants. (Paris, Mus. Hist. nat., Archives, 1839, I, pp. 405-460.) 1840. Rapport sur un mémoire de M. Payen, intitulé : « Complément d'un mémoire sur la composition chimique du tissu propre des Végétaux, et sur les différents états d'agrégation de ce tissu. » (Paris, Comptes rendus, 1810, X, pp. 941-945 ; Ann. Sc. nat., Bot., 1840, NIH, pp. 305-318 ; Froriep's Notizen, 1840, XIV, col. 321-323.) Description du Roulinia, nouveau genre de plantes du Mexique, apparte- nant à la famille des Liliacées. (Ann. Sc. nat., Bot., 1840, XIV, pp. 319- 320.) 1841. Note sur un nouveau genre d'Orchidées. (Ann. Sc. nat., Bot., 1841, XV, pp. 36-37.) Description de quelques Broméliacées nouvelles qui ont fleuri dans les serres du Muséum d'Histoire naturelle. (Ann. Sc. nat., 1841, XV, pp. 369-372.) 1842. Description de deux genres d'Orchidées du Mexique. (Ann. Sc. nat., Bot., 1842, XVII, pp. 43-45.) 1943. Rapport sur un mémoire de M. Léveillé sur le genre Sclerotium. Commis- saires : MM. Mirbel, Richard; Ad. Brongniart, rapporteur. (Comptes rendus, 1843, XVII, p. 1263.) Énumération des genres de plantes cultivées au Muséum d'Histoire natu- relle de Paris, suivant l’ordre établi dans l'École de botanique en 1843. (Paris, 1843, XXXI-136 p., in-12; 2° édit. in-12, 1850, 237 p.) 1844. Rapport au Ministre de l'Instruction publique sur sa mission scientifique dans le midi de la France, relative à l'étude des principaux gisements de Végétaux fossiles de la France méridionale. (In-8, Paris, 1844, 7 p.) Examen de quelques cas de monstruosités végétales propres à éclairer la structure du pistil et l'origine des ovules. (Paris, Comptes rendus, 1844, XVIII, pp. 513-523 ; Ann. nat. Hist., 1844, XIII, pp. 994-998; Ann. Sc. nat., Bot., 1844, IL, pp. 20-32; Froriep's Notizen, 1844, XXXI, col. 49- 54; Paris, Mus. Hist. nat., Archives, 1844, IV, pp. 43-64.) Rapport sur un mémoire de M. Montagne, intitulé : « Quelques observa- lions touchant la structure et la fructification des genres Ctenodus, Delisea et Lenormandia, de la famille des Floridées. » (Paris, Comptes rendus, 1844, XVII, p. 614.) Rapport sur un tableau des limites de la végétation de quelques plantes sur le versant occidental du Canigou, présenté par M. Aimé Massot. (Paris, Comptes rendus, 1844, XVIII, p. 647.) 1815. Rapport sur un mémoire de M. Duchartre intitulé : « Recherches anato- miques et organogéniques sur la Clandestine. » (Comptes rendus, 1845, XX, p. 1268.) Rapport sur un mémoire de M. Eugène Chevandier, intitulé : «Recherches sur la composition élémentaire des différents bois, et sur le rendement SÉANCE DU 25 FÉVRIER 1870. 77 annuel d'un hectare de forèts. » (Paris, Comptes rendus, 1845, XXI, p. 1273.) 1845. Sur les relations du genre Noggerathia avec les piantes vivantes. (Paris, Comptes rendus, NNI, pp. 1392-1401; Ann. nat. Hist., 1846, XVII, pp. 100-108 ; Ann. Sc. nat., Bot., V, pp. 50-61.) 1816. Rapport sur les prix proposés pour la culture des arbres résineux. (Paris, Bull. Soc. encour., 1846, XLV, p. 691.) Rapport sur un mémoire de M. Eugène Chevandier sur les quantités d'eau contenues dans les bois de chauffage à différentes époques aprés la coupe. (Paris, Comptes rendus, 1816, XXII, p. 863 ) Note sur un nouveau genre de Cycadées du Mexique, Ceratozamia. (Ann. Sc. nat., Bot., 1846, V, pp. 5-9.) Rapport sur un mémoire de M. Darnéoud, ayant pour objet le développe- ment de l'ovule et de l'embryon dans les Renonculacées et les Violariées et celui de la corolle dans ces familles et dans plusieurs autres à corolle irrégulière, (Ann. Sc. nat., Bot., 1816, VI, pp. 297-303.) On the great divisions of the Vegetable Kingdom occurring in the different geological formations. (Edinb. new Phil. Journ., 1846, XL, pp. 285- 287.) 1817. Sur les changements du Règne végétal aux diverses époques géologiques. (Lu dans la séance publique annuelle des cinq. Académies, du lundi 3 mai 1847.) 1818. On the changes of the Vegetable Kingdom in the different geological Epochs. (Transl. Edinb. new Phil. Journ., 1818, NLIV, pp. 97-101.) Instructions demandées par M. A. Louis Duplessis pour son voyage dans le Texas. Botanique. Rapporteur, M. Ad. Brongniart. (Comptes rendus, 1818, XXVII, p. 44.) Recherches sur l'origine des diverses dispositions spirales des feuilles. (Paris, Comptes rendus, 1818, XXVII, pp. 68-76; Froriep's Notizen, VII, col. 97-104.) 1819. Exposition chronologique des périodes de végétation et des flores diverses qui se sont succédé à la surface de la terre. (Ann. Sc. nat., Bot., 1849, XI, pp. 285-358 ; Ann. nat. Hist., 1850, VI, pp. 73-85, 192-203, 948-970 ; Edinb. new Phil. Journ., 1850, XLVIII, pp. 320-330 ; XLIX, 92-97.) Tableau des genres de Végétaux fossiles considérés sous le point de vue de leur classification botanique et de leur distribution géologique. (Extrait du Dict. univ. d' Hist. nat., in-8, 126 p.) 1850. Sur les plantes fossiles recueillies dans les mines d'anthracite de Poillé, près Sablé (Sarthe). (Bull. Soc. géol., 1850, p. 767.) Note sur le genre Uropedium. (Ann. Sc. nat., Bot., 1850, XII. pp. 113- 118.) On the different states in which Fossil Vegetables are found. (Transl. Edinb. new Phil. Journ., t850, XLVI, pp. 99-101.) l'apport sur un mémoire de MM. L. R. et Ch. Tulasne, intitulé : « Histoire des Champignons hypogés, suivie de leur monographie » [1850]. (Ann. Sc. nat., Bot., 1851, XV, pp. 266-275; Ann. nat. Hist., 1851, VIII, pp. 19-25 ) 1851. Description d'un nouveau genre de Graminées du Brésil, Anomochloa. (Ann. Sc. nat., Bot, 1841, XVI, pp. 268-272.) 78 1852. 1853. 1859. 1860. 1861. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Note sur la formation des nouvelles couches ligneuses dans les tiges des arbres dicotylédonés. (Paris, Comptes rendus, 1852, XXXIV, p. 983- 941 ; Ann. Sc. nat., Bot., 1852, XVIII, pp. 56-64.) | Rapport sur les plantations forestières dans la Sologne et sur leur impor- tance pour l'avenir de cette contrée. (Ce rapport est le résultat d'une mission dont l'auteur avait été chargé par le Ministre de l'agriculture et du commerce en 1850 ; il a été remis en 1852 à M. le Ministre de l'in- térieur, de l'agriculture et du commerce.) Rapport sur un mémoire de M. Trécul sur la formation des feuilles. Com- missaires : MM. Decaisne, Montagne; Drongniart, rapporteur. (Comptes rendus, 1853, XXXVII, p. 647.) Vapport sur les mémoires de M. Payer relatifs à l'organisation de la fleur dans diverses familles de plantes. Commissaires : MM. Gaudichaud, Montagne ; Brongniart, rapporteur. (Comptes rendus, 1853, XXXVII, p. 970.) . Mémoire sur les glandes nectariféres de l'ovaire dans diverses familles de plantes monocotylédones. (Paris, Bull. Soc. bot., 1854, I, pp. 75-19; Ann. Sc. nat., Bot., 1854, IT, pp. 5-21, 4 pl.) Note sur l'existence d'un arille dans quelques genres de Liliacées. (Paris, Bull. Soc. bot., 185^, I, pp. 128-129.) Rapport verbal sur un ouvrage de M. Gay (Claude), intitulé : « Historia fisica y politica de Chile. » Botanique, par Ad. Bronguiart. (Comptes rendus, 1855, XL, p. T59.) | Note sur la symétrie florale des Rosacées. (Paris, Bull. Soc. bot., 1856, HI, pp. 170-173.) . Rapport sur le grand prix des sciences physiques pour l’année 1856, rela- tif aux changements des êtres vivants à la surface de la terre pendant les diverses époques géologiques. (Paris, Comptes rendus, 1857, XLIV, pp. 200-228.) Réflexions à l’occasion du jugement porté sur la méthode naturelle et la classification de Jussieu. (Comptes rendus, 1857, NLIV, p. 649.) Letter from M. Adolphe Brongniart to M. Griffith on the Fossil Plants which have been discovered in the bocks at the base of the carboni- ferous System in Ireland ; communicated to the Geological Society of Dublin by the latter. (The Natural History Rewiew London, 1857, n? IV, October, pp. 214-219.) Rapport sur un mémoire de M. Hétet, intitulé : « Recherches expérimen- tales d'organogénie végétale. » (Ann. Sc. nat., Bot., 1859, XI, pp. 183- 191.) De la détermination des organes des plantes. (Paris, Comptes rendus, 1859, XLIX, pp. 183-191.) Note sur le sommeil des feuilles dans une plante de la famille des Grami- nées, le Strephium guianense. (Bull. Soc.-bot., 1860, VII, pp. 470-472.) Notice sur les résultats relatifs à la Botanique, obtenus par M. le docteur Alfred Courbon, pendant le cours d'une exploration de la mer Rouge exécutée en 1859-1860. (Paris, Bull. Soc. bot., 1860, VII, pp. 898-905 ; Comptes rendus, 1861, LII, p. 421.) Sur un nouveau genre de la famille des Cyclantliées. (Ann. Sc. ndt., Bot. 1861, XV, p. 360.) | 2 1861. 1863. 1864. 1866. 1868. 1870. 1871. SÉANCE DU 29 FÉVRIER 1876. 19 Note sur une collection de plantes fossiles recueillies en Grèce par M. Gaudry. (Paris, Comptes rendus, 1861, LI, pp. 1232-1239.) Observations sur un genre remarquable de Violacées de la Nouvelle-Calé- donie (Agation). (Paris, Bull. Soc. bot., 1861, VIT, pp. 77-80.) happort fait au nom de la commission chargée de proposer la question pour sujet du prix Bordin de 1863. (Comptes rendus, 1861, LI, p. 1185.) Sur quelques cas de transformation des étamines en carpelles. (Paris, Bull. Soc. bot., 1861, VIH, pp. 4523-450.) Rapport sur un mémoire de M. Duval-Jouve, intitulé : « Histoire natu- relle des Equisetum. » (Paris, Comptes rendus, 1863, LVL, p. 518.) Note sur les fonctions des vaisseaux des plantes. (Paris, Comptes rendus, 1863, LVII, pp. 5-6.) Sur le météore lumineux et la chute des pierges météoriques du 14 mai. (Paris, Comptes rendus, 1864, LYI, p. 932.) Description de plusieurs espèces de Pittosporum. (Ann. Sc. nat., Bot., 1805, Il, p. 141.) Sur les Épacridées de la Nouvelle-Calédonie. (Ann. Sc. nat., Bot., 1864, II, p. 151.) Note sur un nouveau genre de la famille des Broméliacées. (Ann. Sc. nat., Bot., 1864, I, p. 325.) Notice sur le Hohenbergia erythrostachys. (Bull. Soc. bot., 1865, NI, p. 165; Journ. Soc. centr. Hort., 1864, X, p. 385.) . Description des Protéacées de la Nouvelle-Calédonie. (Ann. Sc. nat., Bot., 1865, HI, p. 145.) Considérations sur la flore de la Nouvelle-Calédonie. (Ann. Sc. nat., Bot., 1865, HI, p. 187; Comptes rendus, 1865, LN, p. 641; Bull. Soc. bot., 1865, MI, p. 105.) Symplocos de la Nouvelle-Calédonie. (Ann. Sc. nat., Bot., 1860, VI, p. 246.) Notes sur quelques Rubiacées de la Nouvelle-Calédonie et des iles voi- sines. (Ann. Sc. nat., Bot., 1866, VI, p. 250; Bull. Soc. bot., 1865, NII, p. 402, et 1866, XIII, p. 40.) Rapport sur les Mémoires relatifs aux vaisseaux laticiféres, présentés par M. Tréeul pendant l’année 1865. (Paris, Comptes rendus, LXII, p. 416.) Lettre adressée au Ministre de l'Agriculture pour demander au Gouver- nement une loi sur le hannetonnage. (Rev. Hort., 1868, p. 125.) Notice sur un fruit de Lycopodiacées fossiles. (Paris, Comptes rendus, 1868, LXVII, p. 421; Bull. Soc. bot., 1868, XV, p. 170.) Rapport sur les progrès de la botanique phytographique. (Paris, Impri- merie impér.; 1 vol. grand in-8, 216 p., 1868.) Observations sur l'importance de la bibliothéque fondée par MM. Deles- sert et donnée par sa famille à l'Académie. (Paris, Comples rendus, 1868, LXVII, p. 1235.) Rapport sur un mémoire de M. B. Renault, intitulé : « Études sur quel- ques Végétaux silicifiés des environs d'Autun. (Paris, Comptes rendus, 1870, LNN, p. 1070.) Rapport sur un mémoire de M. A. Gris, intitulé : « Recherches sur la r 80 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. moelle des Végétaux. (Ann. Sc. nat., Bot , 1871, XIV, p. 26; Comptes rendus, 1871, LXXIII, p. 319.) 1872. Notice sur le Psaronius brasiliensis. (Bull. Soc. bol., 1872, XIX, p. 3.) Rapport sur un mémoire de M. Grand'Eury, intitulé : « Flore carbonifére du département de la Loire. » (Ann. Sc. nat., Bot., 1872, XVI, p. 202; Comptes rendus, 1872, LNNV, p. 391; Bull. Soc. bot., 1872, XIX, p. 241.) Note sur une Fougère arborescente du genre Lastrea. (Bull. Soc. bot., 1872, XIX, p. 225.) Observations sur la nervation considérée comme caractére générique dans les Fougéres. (Bull. Soc. bot., 1872, XIX, p. 262.) Observations relatives à une communication de M. de Saporta sur les plantes fossiles de l'époque jurassique. (Paris, Compt:s rendus, 1872, LXXIV, p. 262.) . 1873. Rapport sur les études faites sur les Quinquinas par M. Triana. (Mem. Svc- centr. Agr., 1873, p. 119.) Notice sur les Palmiers de la Nouvelle-Calédonie. (Comptes rendus, 1873, * LXXVII, p. 296 ; Buil. Soc. bot., 1873, XX, p. 135.) Rapport sur deux mémoires de M. B. Renault, relatifs à des Végétaux sili- cifiés du terrain houiller supérieur des environs d'Autun. (Paris, Comptes rendus, 1872, LXXVI, p. 811.) 1874. Rapport sur un mémoire de M. B. Renault, intitulé : « Étude du genre Mye- lopteris. » (Paris, Comptes rendus, 1874, LXXVIII, p. 879.) Note sur de nouvelles études relatives à des graines fossiles. (Bull. Soc. bot., 1874, XXI, p. 126.) Etudes sur les graines fossiles trouvées à l'état silicifié dans le terrain houiller de Saint-Etienne. (Ann. Sc. nat., Bot., 1874, XX, p. 231; Comptes rendus, 187%, LXXIX, p. 243, 427 et 497 ; Bull. Soc. bot., 1874, NNI, p. 222.) Nouveaux documents sur la flore dela Nouvelle-Calédonie. (Paris, Comptes rendus, 1874, LXXIX, p. 1442.) 1875. Sur la structure de l'ovule et de la graine des Cycadées, comparée à celle de diverses graines fossiles du terrain houiller. (Comptes rendus, 1875, LXXXI, p. 305.) Observations relatives à une communication de M. de Saporta sur deux types nouveaux de Coniféres dans les schistes permiens de Lodéve (Hérault). (Paris, Comptes rendus, 1875, LXXX, p. 1020.) Observations sur les Pandanées de la Nouvelle-Calédonie. (Ann. Sc. nat., Bot., 1875, I, p. 262; Comples rendus, 1875, LXXX, p. 1192; Bull. Soc. bot., 1875, XXII, p. 76.) TRAVAUX EN COLLABORATION. 1839. DRONGNIART et MinnEL. Remarques sur la communication de M. Wydler sur la formation de l'embryon. (Ann. Sc. nat., Bot., 1839, XI, pp. 141- 148.) 1860. — et ARTHUR GRIS. Observations sur l'ovule et la graine du Posidonia Caulini. (Paris, Bull. Soc. bot., 1860, VII, pp. 472-474.) 1861. — -— Note sur un genre nouveau d'Ombelliféres de la Nouvelle-Calé- 1861. 1862. 1863. 1861. 1865. 1868. 1871. 1872. SÉANCE DU 29 FÉVRIER 1870. 81 donie (Myodocarpus). (Paris, Bull. Soc. bot., 1861, VIII, pp. 121-123.) — — Description de quelques Éléocarpées de la Nouvelle-Calédonie. (Paris, Bull. Soc. bot., 1861, pp. 198-203.) — — Note sur le genre Joinvillea de Gaudichaud et sur la famille des Flagellariées. (Paris, Bull. Soc. bot., 1861, pp. 268-269.) — — Note sur un nouveau genre de Nyctaginées de la Nouvelle- Calédonie (Vieillardia). (Paris, Bull. Soc. bot., 1861, VIII, pp. 474-476.) — — Note sur le genre Crossostylis de Forster. (Bull. Soc. bot., 1861, VII, pp. 376-378.) — — Notice sur les Saxifragées-Cunoniées de la Nouvelle-Calédonie. (Paris, Bull. Soc. bot., 1862, IX, pp. 67-78.) — — Note sur quelques Protéacées de la Nouvelle-Calédonie. (Paris, Bull. Soc. bot., 1863, X, pp. 226-229.) — — Note sur deux genres nouveaux de Myrtacées de la Nouvelle- Calédonie (Tristaniopsis et Fremya). (Paris, Bull. Soc. bot., 1863, X, pp. 369-374.) — — Description de quelques espèces d'Éléocarpées de la Nouvelle- Calédonie. (Paris, Bull. Soc. bot., 1863, X, pp. 475-477.) — — Description de deux nouveaux genres de Myrtacées de la Nou- velle-Calédonie (Cloézia et Spermolepis). (Paris, Bull. Soc. bot., 1863, X, pp. 574-579.) Observations sur diverses plantes nouvelles ou peu connues de la Nouvelle-Calédonie. (Ann. Sc. nat., Bot., 1864, I, pp.330-381 ; Ann. Sc. nat., Bot., 1864, II, pp. 124-168.) — — Observations sur diverses plantes nouvelles ou peu connues dela Nouvelle-Calédonie. (Ann.Sc. nat., Bot. 1865, Ill, pp.197-238.) DRONGNIART et A. GRIS. Description de quelques plantes remarquables de la Nouvelle-Calédonie. (Nouv. Archiv. Mus. Hist. nat., 1868, IV, p. 15 1871, VII, p. 203; Bull. Soc. bot., 1868, XV, p. 197.) -— — Observations sur diverses plantes nouvelles ou peu connues de la Nouvelle-Calédonie. (Ann. Sc. nat., Bot., 1871, XII, p. 340.) — — Fragments d'une Flore dela Nouvelle-Calédonie. (Bull. Soc. bot., 1872, XIX, p. 28.) — -— Révision des Cunonia de la Nouvelle-Calédonie. (Bull. Soc. bot., 1872, XIX, p. 145.) Discours et Notices biographiques. . Notice historique sur ANTOINE LAURENT DE JUSSIEU. (Ann. des Sc. nat., 2e série, t. VIT, 1837.) . Notice sur AUG. PYR. DE CANDOLLE. (Lue à la Société royale et centrale d'Agriculture, dans sa séance publique du 19 avril 1846.) . Notice sur OSCAR LECLERC-THOUIN. . Notice sur HENRI DuTROCHET. . Discours prononcé aux funérailles d'ACHILLE RICHARD. . Discours prononcé aux funérailles d'ADRIEN DE JUSSIEU. 4. Discours prononcé aux funérailles de GAUDICHAUD. T. NNI. (SEANCES) 6 82 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 1854. Discours prononcé aux funérailles de MIRBEL. 1860. Notice sur Lours VILMORIN. 1866. Discours prononcé aux funérailles de MONTAGNE. 1867. Discours prononcé à la distribution solennelle des prix du lycée impérial Louis le Grand, le 8 août 1867. M. Bureau donne ensuite quelques explications relatives áu der- nier travail dont s'occupait M. Ad. Brongniart sur les végétaux fos- siles du bassin houiller de Saint-Étienne, travail qui reste malheu- reusement inachevé. Puis il met sous les yeux de la Société des planches gravées et divers dessins qui témoignent de la difficulté de ce travail et en méme temps des soins minutieux que faisait apporter M. Ad. Brongniart à son exécution. M. le Président léve la séance en signe de deuil. SÉANCE DU 10 MARS 1876. PRÉSIDENCE DE M. DUCHARTRE. M. Mer, secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la derniére séauce dont la rédaction est adoptée. Dons faits à la Société : Hoffmann, Physiologische Beobachtungen in Giessen. Ed. Morren, Choix des graines du Jardin botanique de Liége en 1875. Debeaux, Algues marines récoltées en Chine (1860-1862), et Florule de Shang-haï. Durieu de Maisonneuve, Catalogue des graines récoltées dans le Jardin botanique de Bordeaux en 1875. Gillet, Les Hyménomycètes de France (suite). Engler, Zur Morphologie der Araceæ. Vorlaüfige Mittheilung, et Bei- träge zur Kenntniss der Antherenbildung der Melaspermeeæ. Clos, Notice sur ses travaux scientifiques. Lecture est donnée de la communication suivante adressée à la Société : NOTICE MONOGRAPHIQUE SUR LES AMPHILOMA DE LA FLORE FRANÇAISE, par H. A. WEDDELL. Une des sections les plus importantes du genre Lecanora comprend, sous le nom de Caloplaca (Th. Fr.), les espèces caractérisées par des SÉANCE DU 10 MARS 1870. 83 spores incolores, uniseptées et normalement polariloculaires (1). La plu- part des Lichens qui composent ce groupe ont des apothécies jaunes, orangées ou rouges. Un certain nombre d'entre eux se font remarquer, en outre, par un thalle de méme couleur, à pourtour plus ou moins lobé ou laemié (thallus effiguratus), et assez souvent orné de plis radiés ; ils constituent un groupe spécial, ou sous-section des Caloplaca, et, pour quelques auteurs, un genre, qui a reçu de M. Kerber le nom d'inphi- loma, celui de Placodium (DC.), sous lequel il a été décrit également, étant appliqué par lui, ainsi que par la plupart des lichénographes d'au- jourd'hui, aux espèces à spores non cloisonnées du genre Candolléen. Nos flores ne mentionnent qu'un assez petit nombre de types apparte- nant au groupe dont il s'agit, mais il n'en est pas moins un des plus con- nus, par suite de l'extréme fréquence d'un ou deux de ces types : du Le- canora callopisma, par exemple, dont aucun vieux mur n'est, pour ainsi dire, dépourvu, et dont les thalles jaunes ou orangés appellent l'attention des plus indifférents. Mes excursions n'ayant mis à même de recueillir la plupart des formes d'Amphiloma signalées en France, je n'ai pas tardé, en les étudiant, à m'apercevoir que plusieurs d'entre elles avaient été l'objet de quel- que confusion ; et il m'a paru qu'il. pourrait être utile de donner la des- cription de celles que j'ai été à méme d'observer, d'autant que parmi elles il s'en trouve plusieurs qui m'ont semblé mériter d’être considérées comme types autonomes. La plus belle de ces espèces, à laquelle j'ai donné le nom de Lecan. Arnoldi, habite les rochers calcaires et dolomitiques de l'Eu- rope centrale. Les deux autres n'ont été reeueillies, si je ne me trompe, que sur les roches siliceuses de la région maritime, et présentent quelques particularités intéressantes à noter au point de vue de cet habitat. Elles appartiennent à une catégorie de Lichens à laquelle j'applique la désigna- tion de Lichens « surmarins », Lichens qui occupent, dans la région ma- ritime, une station intermédiaire entre celle des Lichens marins propre- ment dits, et celle des Lichens littoraux (2). Croissant, en effet, sur les rochers de la plage, à un niveau suffisamment élevé pour être à l'abri d'une submersion réguliére, les Lichens surmarins n'en subissent pas moins, à chaque marée, le contact direct de l'eau salée, par suite de l'aspersion qu'ils recoivent de l'embrun des vagues qui se brisent à leur proximité. L'une de ces plantes (Lecan. microthallina Wedd.) offre, dans sa maniere de vivre, une autre singularité. Au lieu d’être implantée directement sur (1) Dans la spore polariloculaire typique, la cloison très-épaissie repousse les loges, proportionnellement réduites, vers les extrémités de l'organe; mais, entre cette forme et la spore biloculaire ordinaire, on observe parfois tous les intermédiaires, entremélés assez souvent de spores simples, dans une méme apothécie. Un canal, traversant la cloi- son, fait communiquer les loges entre elles, mais ce canal ne se voit pas toujours. —— (2) Vid. Excursion lichénologique dans lile d'Yeu, sur la cote de la Vendée, in Mém. Soc. des sc. nat. de Gherbourg, t. XIX, 1875, p. 255. 84 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. lerocher, elle se développe assez constamment sur le thalle du Verrucaria maura, où elle est habituellement associée à une forme du L. murorum. Il n'y a cependant rien ici qui doive être assimilé à du parasitisme ; la Verrucaire y joue simplement le róle d'un substratum organique quel- conque, d'une écorce, par exemple, ou d'une feuille persistante. Il me serait méme facile de citer, parmi les Lichens qui vivent éloignés de la mer, un assez grand nombre d'autres espéces, dont plusieurs Caloplaca, qui végètent comme ceux-ci sur des thalles étrangers, et où l'idée du pa- rasitisme doit d'autant moins se présenter à l'esprit, que la plupart se rencontrent aussi bien sur des substratums inorganiques. On remarquera que, dans la revue des Amphiloma de France, donnée ci-dessous, j'ai attaché moins d'importance aux dimensions des spores qu'il ne leur en a été accordé par M. Arnold, dans l'énumération qu'il a publiée de ces plantes dans le Flora (ann. 1815, p. 150). Les nombreuses observations que j'ai pu faire sur ces organes m'ont en effet. convaincu que leur grandeur est sujette à trop de variations dans une seule et méme forme, pour qu'on puisse lui attribuer une valeur capitale dans la distinc- tion des espèces. C'est ce qui m'a porté, notamment, à ne pas regarder comme des types distincts du Lecan. murorum, les L. decipiens et L. pusilla, que l'auteur cité n'en a guére tenus séparés qu'à ce titre. — La forme et les dimensions des spermaties, dans ce petit groupe, ne m'ont pas paru non plus fournir des caractères spécifiques de première valeur. Ce qui peut le démontrer, c'est qu'une seule espèce, le L. murorum, offre à elle seule, dans les différentes variétés qui la constituent, à peu prés toutes les variantes de contour ou de grandeur que ces petits organes sont susceptibles de présenter chez les Amphiloma ; les formes extrêmes se reliant entre elles par d'autres, intermédiaires (1). Je ferai remarquer, à ce sujet, que l'étude des spermaties, bien que n'étant pas plus difficile que celle des spores, si l'on a à sa disposition un bon microscope, exige néanmoins parfois une assez grande patience, par suite de l'extréme rareté des spermogonies dans quelques espéces ou sur certains échantillons. Un lichénographe célébre m'a assuré qu'il lui était arrivé de passer deux journées à chercher les spermaties d'un Lichen, avant d'en rencontrer. Jai passé aussi de longues heures avant d'en découvrir chez quelques Amphiloma ; et il y en a deux ou trois espèces, chez lesquelles jai dû, de guerre lasse, en abandonner la recherche. il) Les dimensions que je donne des spermaties sont celles que j'ai eu occasion de noter moi-même; la plupart offrant la moyenne de plusieurs observations. Un nombre , 1 ^ , plus grand d'observations eût peut-être donné une moyenne un peu différente. SÉANCE DU 10 Mars 18706. 85 Gen. LECANORA Ach. Sect. CALOPLACA (Th. Fr.). Subseet. Amphiloma (Korb.). LECcANOn.£ sect. PrAcopmuw Ach., L. univ. 422; Syn. 179, excl. spec. plerisque. — PLaconrum DC. Fl. Fr. Hl, 317, excl. spec. — PARMELLE spec. Fr. L. eur. — Puysciæ et CaLLopiswaris spec. DN. Nuov. Carat. Parm.— Ampnizomaris spec. (Fr.) Korb. Syst. 140. — AmpniLoma (Fr.) Korb. Parerg. 41. 1. L. elegans (Link). L. thallo radiato, intense rubro-aurantiaco (K + purp.), nudo : laciniis dis- cretis v. subdiscretis, dichotome divisis, toruloso-cylindricis rariusve depressis, substrato applicitis v. subadnatis ; apotheciis centripetis v. sepe sparsis, thallo concoloribus, sessilibus, margine plerumque integro; paraphysibus apice toru- loso-clavulatis; sporis ellipsoideis, 10- 16 X 5-8 mm. (1); spermatiis oblon- go-ellipsoideis oblongisve. — Hab. imprimis ad substrata silicea, rarius ad rupes calcareas, rarissime ad ligna fabrefacta vetusta. SYN. — Lichen elegans Link, Ann. bot. 1794, p. 37. — Lecanora Ach. Vet. Ak. Handl. 1810, p. 158; L. univ. 435 ; Nyl. Lapp. 126. — Placodium DC. FL. fr. M, 379 ; Nyl. Enum. 111; L. Sc. 136 ; Mudd. Man. 131; Leight. L. fI. 178 ; Malbr. Cat. L. Norm. 135. — Parmelia Fr. L. eur. 144; Scheer. Enum. 51 ; exs. n. 338; Physcia DN. Nuov. carat. Parm. 24; Mass. Monogr. Blast. 50; exs. It. n. 104 ; Arn. in Flora, 1875, p. 151, t. v, f. 6 (sperm.). — Amphiloma Koerb. Syst. 110; Mull, Arg. Princip. 39. — Aglaopisma Bagl. Enum. L. Ligur. 26. — Caloplaca Th. Fr. L. Sc. 168. a. orbicularis (Schær. l. c.). Thallus mediocris v. majusculus, typice orbicularis, at sæpe rosulis pluri- bus confluentibus irregulariter expansus, laciniis lineari-cylindricis substrato parum hærentibus. Apothecia sæpius parca, centripeta. Spermatia oblongo- ellipsoidea, 2-3 x 1-1: mm. — subvar. confusa Wedd. : laciniis thalli ut in typo v. plus minus depressis s. plano-convexis, absque ordine dispositis, centro nullo definito ; apothe- ciis sparsis. var. compacta (Arn.) Nyl. in Flora, 1872, p. 549. — Physcia Arn. Retlenstein, 535. Thallus expansus s. subeffusus, laciniis abbreviatis, non aut vix radianti- bus. Apothecia numerosa, thallum pro maxime parte velantia. var. tenuis (Wahlenb.) Nyl. L. Sc. 137; Th:Fr. l. c.; Hepp, exs. n. 906. Thallus minor, laciniis ut in « radiatim dispositis, sed dimidio tenuioribus et minus discretis. Spermatia anguste oblonga. 22-37; X 1 mm. — subvar. discreta Scheer. Enum. 52; exs. n. 481 : laciniis thalli ut in præce- dente, at inordinatim sparsis. Oss. — Cette espèce, la plus belle du genre, ne se montre avec fré- (1) C'est-à-dire : 10-16 mm. long., 5-8 mm. lat. — Un micromillimètre (mm.) = un millieme de millimètre (millim.). 86 © SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. quence qu'à une certaine élévation dans les montagnes, où elle couvre parfois Ia surface des rochers, et se reconnait de loin à la belle couleur rouge-orange de son thalle. Dans la plaine elle se rencontre cà et là sur les ardoises des toitures exposées, ainsi que sur divers autres substratums, mais rarement à profusion ; je l'ai cependant vue croitre en assez grande abondance sur les rochers exposés des iles qui avoisinent les côtes de la Provence. . A l'état typique, le thalle du L. elegans est formé de laniéres étroites, dichotomes, rayonnantes et cylindriques ou plus ou moins toruleuses, n'adhérant habituellement au substratum que par une portion trés-étroite de leur surface inférieure, et s'en détachent enfin quelquefois assez facile- ment pour que la plante ait une certaine ressemblance avec la forme du Parmelia (Xanthoria) parietina, connue sous le nom de rutilans. Quel- ques lichénographes se sont méme prévalus de ce caractère pour faire de l'Amphiloma elegans une espéce de Xanthoría. Dans la variété compacta, assez comparable à la forme du L. murorum décrite plus loin sous le nom de var. lobulata, les apothécies se dévelop- pent en bien plus grand nombre que dans la forme typique et, en quelque sorte, au préjudice du thalle, qui est alors imparfaitement caractérisé. Cette forme, que l'on ne rencontre que rarement, passe, parune foule d'in- termédiaires, à la forme «.— La variété tenuis est moins fréquente que le type, et se trouve dans les mémes lieux. Lorsque, par suite de circonstances accidentelles, le L. elegans croît avec lenteur, les laciniures du thalle, au li: de présenter une forme cylindrique, s'aplatissent plus ou moins, en adhérant au substratum par une plus large surface, et en s'élargissant en méme temps à leur extré- mité. Il peut être difficile quelquefois de distinguer un échantillon ainsi caractérisé, de formes analogues du L. murorum ; aussi pourra-t-on, dans ce cas, recourir utilement à l'examen des spermaties, qui sont con- stamment plus ou moins ellipsoides dans le L. elegans, tandis qu'elles sont linéaires ou bacillaires dans les formes du L. murorum, avec les- quelles une confusion serait possible. 2. L. murorum (Hoffm.). L. thallo typice orbiculari et radiato-plicato, nonnunquam valde diminuto, e flavo magis minusve intense aurantiaco v. rubro-aurantiaco rariusve roseolo etiamque viridulo v. albescente (cum K plus minus intense purpurascens), ad- nato, nudo v. pruinoso, centro verrucoso-areolato, ambitu lobato v. crenato, laciniis (plicis) connatis ; apotheciis vulgo centripetis, fulvo-aurantiaeis rariusve miniatis, disco convexo, margine integro aut demum crenato pallidiore interdum fere excluso; paraphysibus apice submoniliformi-articulatis s. toruloso-clavu- latis; sporis ellipsoideis v. oblongo-ellipsoideis, 10-18 x 5-8 mm.: spermatiis oblongis v. lineari-oblongis bacillaribusve. — Typus ad substrata silicea præ- sertim obvius est; varietates autem plures calcarea prædiligunt, SÉANCE DU 10 mars 1876. 87 Syn. — Lichen murorum Hoffm. Enum. Lich. 63, t. IX, f. 2. — Lecanora Ach. Vet. Ak. Handl. 1810, p. 157; L. univ. 433; Scheer. Enum. 63, excl. varr. Bet y; Nyl. Lapp. 126.— Placodium DC. l. c. 378 ; Nyl. L. Sc. 136 ; Mudd. l. c. 132, excl. var. £; Leight. l. c. 175. — Parmelia Fr. L. eur. 115. — Phys- cia Mass. l c. 54, excl. varr.; Arn. l. c. 153, p. p. — Amphiloma Korb. Syst. 111 ; Mull. Arg. l. c.; Bagl. Prosp. L. Tosc. 232. — Caloplaca Th. Fr. l. c. 170. «. major (Wahlenb., Th. Fr.). Thallus mediocris v. parvus, orbicularis, opacus, ambitu latiuscule radioso- plicatus, plicis apice inciso-crenatis. Spermatia oblonga, 22- 4 x 1-1 2mm — à. vulgaris (Kerb.) : thallo flavo-vitellino v. subaurantiaco, nudo v. tenuis- sime pulverulento, plicis vulgo subdiscretis et magis minusve turgidis ; apotheciis margine integro v. tandem crenato; sporis sepius latiuscule ellipsoideis, 10-16 x 5-8 mm. . — Subvar. decipiens (Arnold). — Physcia Arnold, in Flora, 1866, p. 530 ; exs. nn. 222, b. et 445, a, b, c., non Wedd. Nouv. Rev. L. Bloss. nec Leight. l. c. 176 : thallo ut plurimum flavo et tenuissime pulverulento, nec non siepe in soredia ejusdem coloris fatiscente, plicis vulgo connatis ; apotheciis rariusculis, margine integro aut tandem subcrenato ; sporis ellipsoideis v. oblongo-ellipsoideis, 10 - 16 (- 18) X 4-8 mm. (1). var, pulvinata (Mass.) — Physcia Mass. Sym. 13 ; exs. It., nn. 97 et 98; Arn. in Flora, l. c. — Lecan. murorum var. decipiens Wedd. L. prom. publ. p. 200; Nouv. Rev. L. Blos. 12, non Arn.; Leight. l. c. 176? — Placodium murorum y pusillum, ò pulvinatum Malbr. Cat. L. Norm. 133. — Pl. obliteratum ejusd. exs. n. 126. Thallus parvus, orbicularis, ambitu radiato-plicatus (lobis sepius coadunatis) lobatusque, albido-lutescens v. viridulus v. cinnabaroscens, plus minus prui- nosus, s. pulverulentus, lohis rarius evanidis et nonnunquam flavo-sorediosis. Apothecia conferta, disco aurantiaco v. fulvo-vitellino, margine thallo conco- lore, raro lobos thallinos omnino tegentia. Spore 8-12 X 5-7 mm. Spermatia oblonga 2:-5»€1-1;(-2) mm. — Ad muros caleareos precipue frequens. — subvar. gyalolechioides (Mull.). — Amphiloma murorum. var. Mull. Arg. in Flora, 1867, p. 434; Arn. l. c. 153 : thallo fulvo-albescente v. subochraceo, e pulvinulis primitus discretis at mox confluentibus confusisque constante ; sporis oblongo-ellipsoideis 10- 14 X 5- 7 mm. — subvar. corticicola (Nyl.). — L. murorum, var. corticicola, f. contracta Nyl. Bull. Soc. bot. Fr. 1866, p. 366. — Physcia decipiens, f. corticicola (Nyl.) Arn. l. c. 153 : thallo virescenti-cinereo, contracto s. parum evoluto ; apotheciis congestis; sporis (siepe subsimplicibus) 11 - 15 X 5- 7 mm. — Ad corticem Æsculorum in hort. publ. Luxembourg Parisiensium (Nyl.). var. lobulata (Sommerf.). — Lecanora Sommerf. Suppl. 87; Schær. l. c. 64. — Parmelia murorum var. lobulata Fr. l. c. — Amphiloma Kerb. l. c. — Pla- codium Hepp, exs. 71 ; Anzi, exs. Lomb. 275. — Caloplaca Th. Fr. l. c. (1) Un des caractères sur lesquels on s'était appuyé, dans le principe, pour admettre l'autonomie du L. decipiens, était puisé dans l'apparence que présentaient les spores de ce Lichen sous le microscope ; elles ne semblaient pas posséder la conformation polari- loculaire si facile à observer chez la plupart des formes du L. murorum. Cela dépendait de ce qu'elles n'étaient pas encore arrivées à une maturité suffisante. Mais M. Nylander a montré (in Flora, 1869, p. 81) qu'on pouvait souvent obvier à cet état de choses, en mouillant les spores avec une solution de potasse. Traitées de la sorte, un grand nombre d'entre elles prennent en effet, dans le L. decipiens, la forme caractéristique des spores des autres espèces de ce groupe, si elles ne l'ont déjà acquise par les progrès mêmes de la végétation. NN SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Thallus subobliteratus v. parum evolutus, e lobulis paucis varie coloratis constante, hisce apotheciis numerosis congestis obtectis. Spermatia lineari- oblonga, 31-4 X 1 mm. — Planta potissimum silicicola. var. miniata (Hoffm.).— Lichen miniatus Hoffm. l. c. 62. — Lecanora Ach. Vet. Ak. Handl. l. c. 1498; L. univ. 434. — Parmelia murorum 8 miniata Fr. l. c. 146. — Amphiloma Kærb. Syst. 111. — Placodium Nyl. L. Sc. 146; Mudd. l. c. ; Leight. l. c. 175. — Caloplaca Th. Fr. l. c. — Physcia Arn. l. c. 154. Thallus orbicularis, rubro-aurantiacus, rosulas multo minores quam apud typum conficiens, laciniis tenuibus. Apothecia thallo concolora, minora quoque quam in «. — Rupes duriores apricas incolit. — subvar. obliterata (Pers.). — Lichen obliteratus Pers. Ust. Ann. II, 15. —. Lecanora miniata var. obliterata Ach. ll. cc. — Amphiloma Korb. l. c. — Placodium Nyl. l. c. — Caloplaca Th. Fr. l. c. 171 : thallo ut in præce- dente læte rubro-aurantiaco, centro verrucoso, ambitu evanescente s. vage effigurato ; apotheciis numerosis, confertis, concoloribus. var. pusilla (Mass.). — Physcia Mass. l. c. 59; Syn. L. Blast. 1; Sched. crit. 61; Arn. l. c. 153; exs. 383 et 489. — Placodium murorum var. microsporum Hepp, Fl. Eur. n. 397. — Pl. murorum var. steropeum Le Jolis, L. Cherb. 46. — Pl. murorum var. pusillum Malbr. exs. n. 377. — Pl. pusillum Anzi, Cat. 40; exs. Venet. n. 29.— Amphiloma Korb. Parerg. 48; Mull. Arg. l. c. Thallus parvus, nudus v. pruinosus, flavidus v. albido-flavescens v. roseolus, lypice orbicularis, sed delapsu partis centralis demum centrifugus, ambitu plicato-lobulatus, lobis brevibus convexiusculis. Apothecia minora quam in typo. Spore ellipsoideæ, 9- 12 (rarius - 15). X 4-5 (-6) mm. Spermatia bacil- laria, 4-6 x ;-1 mm. x 5-4 mm. — Ad rupes calcareas necnon siliceas viget. -- a. calcicola : thallo albido-flavescente v. roseolo, vulgo pruinoso, sepe de- lapsu partis centralis demum centrifugo. — subvar. silicicola : thallo flavido, nudo, orbiculari, rarius centrifugo. var. thallincola Wedd. L. ile d Yeu, 214. —? L. murorum, B. flavescens Wah- lenb. Suec. 844, non Sw. — ? [Caloplaca murorum f. scopulorum Th. Fr. l. c. 171. Thallus mediocris, vulgo-orbicularis, ambitu radiato-plicatus lobulatusque, flavo-vitellinus, epruinosus, nitidiusculus, subceraceus. Apothecia disco fulvo- aurantiaco convexo, margine subintegerrimo. Sporæ pleræque ellipsoideæ, 12-15 X 6-7 mm., paucæ medio nonnihil inflatæ s. subcitriformes inter-mixtæ. Spermatia bacillaria, 4-6 x ł-1 mm.— Crescit in Galliæ occidentalis maritimis supra thallum Verrucarie mauræ, rarius ad ipsum scopulum. Ops. — Quoique la forme typique de cette espèce ne soit pas bien rare, elle est cependant beaucoup moins répandue qu'on ne serait tenté de le supposer d'après quelques flores. On a en effet assez généralement pris pour elle une plante qui lui ressemble extrémement par ses caractères extérieurs, mais qui en est botaniquement trés-distincte. C'est la variété Heppiana du L. callopisma, si abondante sur nos calcaires. La forme qui me semble le mieux représenter chez nous le type du L. murorum est celle qui se rencontre sur les ardoises des vieilles toitures. Les plautes données par M. Arnold dans son exsiccata, sous les numéros 222 b et 445 a, b, c, ne me paraissent être également que des modifications peu SÉANCE DU 10 Mars 1876. N!) importantes du méme type. Il suffira, je pense, pour s'en convaincre, de comparer les formes en question avec l'excellente figure que Hoffmann nous a laissée de son Lichen murorum (Enum. Lich. t. IX, f. 2). En réalité, le L. murorum lype est une plante des substratums siliceux, et s'il se trouve sur les murs, ce ne peut guère être que sur des murs de cette nature. En fait il ne s'y rencontre presque jamais; aussi n'est-ce pas sans raison que Massalongo a pu dire (Sym. L. nov., p. 14) : « E' poiben » singolare che la vera forma di questo Lichene, quasi non mai si ritrovi » sui muri, in onta al nome specifico... » Or, si le fait est vrai, n'y a-t-il pas lieu d'en conclure que la confusion que je signalais plus haut entre le L. murorum etle L. callopisma Heppiana a dù exister dés l'établisse- ment méme de l'espéce, et que, dés lors, le nom de L. murorum appar- tient pour le moins autant au L. callopisma qu'à la plante à laquelle on le donne aujourd'hui (1). Il est d'ailleurs tout à fait superflu de faire remarquer qu'une confusion semblable était pour ainsi dire impossible à éviter, à cette époque, entre des plantes qui ne diffèrent guère que par des caractères microscopiques. Ce qui doit nous étonner le plus, c'est que les erreurs de ce genre n'aient pas été plus fréquentes. La forme la plus répandue du L. murorum est peut-être la variété pul- vinata, chez laquelle le thalle prend beaucoup moins d'extension. que dans le type, et se fait reconnaitre non-seulement pár un certain aspect poudreux, mais aussi par sa couleur qui varie du jaune pàle ou blanc sale au jaune ochracé et au vert plus ou moins mélé de rouge ou de fauve. Cette variété pulvinata est pour ainsi dire propre aux substratums calcaires ; mais elle a présque son équivalent sur les murs et les rochers siliceux, dans la variété lobulata, chez laquelle les apothécies, multipliées aux dépens du thalle, masquent plus ou moins complétement les rosettes peu apparentes auxquelles celui-ci se trouve réduit. La variété miniata, qui vient ensuite, se fait remarquer aussi bien par les plus faibles dimensions de toutes ses parties, que par le rouge vif de son thalle, rappelant celui du L. elegans. Il est cependant des échantillons qu'il est difficile de dis- tinguer de la variété lobulata, oà la couleur rouge domine aussi assez souvent. Une sous-variété du miniata, ayant avec lui les mêmes rapports que le lobulata avec le pulvinata, caractérisée, en un mot, par l'abondance relative de ses apothécies, est ordinairement décrite sous le nom de var. obliterata Pers. C'est, je crois, avec cette dernière forme qu'on a souvent confondu le L. marina. La variété pusilla, reconnaissable également aux dimensions réduites de son thalle, dont la couleur rappelle d'ailleurs celle du murorum type, se distinguera assez sûrement de celui-ci par ses sper- (1) Hoffmann signale (l. c.) son Lichen murorum : in Europe muris et tectis ; la pre- mière de ces stations se rapportant sans doute au L. callopisma et la sec nds au L. mu- rorum. 90 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. maties bacillaires (1), caractère qui le rapproche du lobulatwm d'une part et de la variété suivante de l’autre. Dans le type, ces petits organes sont constamment oblongs, tandis que dans la variété pulvinata les formes extrêmes et d'autres intermédiaires se trouvent réunies. La forme à laquelle j'ai donné le nom de var. thallincola clôt la série des variétés de cette espéce polymorphe. Elle se rapproche beaucoup plus du type par le facies qu'aucune des autres formes, en en différant cepen- dant par plusieurs caractéres morphologiques importants, non moins que par son habitat ; aussi peu s'en est fallu que je ne me décidasse à l'élever au rang d'espéce. La forme un peu variable de ses spores indique chez elle quelque tendance vers le L. callopisma, dont elle a aussi les sperma- ties, en commun avec plusieurs des formes précédentes. Le L. citrina a été considéré, on le sait, comme variété du L. murorum par un assez grand nombre de lichénographes, ou, tout au moins, comme une espéce de Placodium ou d'Amphiloma ; mais je dois dire que les observations que j'ai été à méme de faire sur ce Lichen, si abondant sur nos murs calcaires, n'ont pas été de nature à confirmer cette opinion. M. Muller (de Genève) dit, à la vérité, que le thalle du L. citrina offre, dans son jeune âge, les caractères d'un Amphiloma, mais, moins heureux que cet observateur, je n'ai jamais rien vu qui püt me confirmer dans l'idée qu'il méritàt d'étre placé ailleurs que parmiles Callopismella (2). Il ne me parait pas, du reste, que l'on ait encore dit le dernier mot sur l'espéce que nous avons en vue. Le Lichen donné par M. Nylander, dans ses L. exs. par. sous le n* 35, n'est certainement pas celle que l'on désigne habituel- lement sous le nom de L. citrina (3), et a été rapporté par moi, comme on a pu le voir plus haut, à la variété pulvinata du L. murorum, dont elle constitue une sous-variété granosa. Je puis ajouter que la plante publiée par M. Arnold, dans son splendide eæsiccata (n. 257), sous le nom de citrina (Callopisma), bien que se rapportant mieux que celle de M. Nylander aux descriptions classiques de l'espéce, ne me parait pas néanmoins représenter le type véritable, et la couleur de son thalle étant spécialement propre à faciliter la distinction de ce nouveau type, je pro- pose de le désigner sous le nom de L. (Caloplaca) chrysolepra. 9. L. eirrochroa Ach. L. thallo submediocri v. parvo, primitus orbiculari, flavo-vitellino v. sub- aurantiaco (K + purp.), centro areolato-verrucoso et in soredia flava-efflores- cente, ambitu tenuiter radiato-lacinioso, laciniis convexis nudis v. pulvere flavo (1) Dans l'échantillon de pusilla de mon exsicc. L. It. de Massalongo, les spermaties atteignent une longueur de 8 mm.; mais j'ai lieu de croire que cette dimension est excep- tionnelle. (3) Vid. Lichens de l'ile d'Yeu, p. 276. (3) Par exemple dans les Stirp. Vog. Rhen, de Mougeot et Nestler (n° 742 dans l'exsicc. L. Norm. de M. Malbranche (n° 378), ( ) et SÉANCE DU 10 mars 1876. 91 suffusis; apotheciis raris, sparsis, aurantiacis ; sporis oblongis, 43-18 x 5-6 mm. — Hab. ad saxa silicea et calcarea duriora. SYN.— L.cirrochroa Ach. Syn. 181; Nyl. Lapp. 126.— L. murorum 8 cirro- chroa Schær. Enum. 164; exs. 480. — Parmelia murorum Fr. l. c. 145. — Placodium cirrhochroum Hepp, exs. 398 ; Anzi, Cat. 41; exs. 31 et 316 ; Nyl. L. Sc. 137; Malbr. l. c. 134 ; exs. 321.— Physcia callopisma 8? cirrochroa Mass. Syn. L. Blast. 6. — Ph. cirrochroa Arn. l. c. 154; exs. 1606. — Amphiloma cirrochroum Korb. Parerg. 40. Os. — Cet Amphiloma a une physionomie particulière qu'il doit d'une part à l'étroitesse des laciniures de son thalle et de l'autreà la conversion partielle de ce thalle en une poussiére sorédieuse jaune. Ce caractére n'est cependant pas confiné à l'espéce qui nous occupe, car il se retrouve à un degré plus ou moins marqué chez une ou deux formes du L. murorum, espèce à laquelle le L. cirrochroa a déjà été uni par plusieurs auteurs, et avec laquelle elle a des affinités non douteuses. Ces plantes ont entre elles à peu près les mêmes rapports que celles qui existent entre le Parmelia (Physcia) pulverulenta et sa variété pityrea. Les remarques présentées au sujet des spores du L. murorum decipiens sont également applicables aux spores du L. cirrochrou, chez lequel on ne me parait pas avoir encore vu ces organes arrivés à perfection, 4. L. callopisma Ach. L. thallo ut plurimum amplitudinis mediocris, s. 2-4 centim. lat., orbiculari, intense luteo rariusve citrino (K -+ purp.), centro areolato, ambitu latius- eule radioso-lobato, lobis planis aut magis minusve pliciformibus s. convexis ; apotheciis vulgo crebris confertisque, centripetis, disco aurantiaco, margine dilutiore ; paraphysibus apice toruloso-clavulatis subarticulatisque ; sporis late citriformi-ellipsoideis s. medio inflatis et ultra septum utrinque plus minus ahrupte augustatis, 10-16 X< 7-9 mm. ; spermatiis bacillaribus, 3-6 X 7-1 mm. — Ad rupes murosque calcareos frequentissimus. SYN. — L. callopisma Ach. L. univ. 437; Syn. 184; Scheer. Enum. 63; exs. n. 337. — Parmelia murorum var. callopisma Fr. L. eur. 116. — Placo- dium callopismum Mér. Fl. par. ed. 2, p. 184; Nyl. L. par. exs. n. 36; L. Sc. 137; Anzi, Cat. 40; Malbr. L. Norm. 135; exs. n. 124 ; Mudd, Man. 135 ; Leight. L. fl. 176 (a). — Callopisma vulgare DN. Nuov. carat. Parm. 25. — Physcia callopisma Mass. Monogr. L. Blast. 54; Arn. l. c. 151. — Amphiloma Korb. Syst. 112; Mull. Arg. Princip. 39; Bagl. Prosp. L. Tosc. 231. — Caloplaca Th. Fr. L. sc. 169. a. explanata Wedd. Thallus vulgo luteus et opacus, lohis dilatatis planis planiusculisve donatus. Spermatia 3 2-5 X 1 mm. — subvar. aurantia (Pers.). Schær. l. c. — Lichen aurantius Pers. l. c. 14. — L. callopisma var. sympagea Ach. L. univ. 427 : thallo aurantiaco. var. Heppiana (Mull.) Wedd. L. Agd. 15. — Lecanora murorum pr. p. Auct. plur. — L. callopisma var. plicata Wedd. L. prom. publ. T. — Placodium murorum pr. p. Auct.; Nyl. L. par. exs., n. 119; Malbr. exs. n. 125. — PI. callopismum Hepp, exs. 197. — Pl. callopismum var. plicatum (Wedd.) 92 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Leight L. Fl. 177. — Amphiloma Heppianum Mull. Princip. 39. — Physcia Heppiana (Mull.) Arn. l. c. 152. Thallus flavo-vitellinus v. subaurantiacus, interdum nitidiusculus, centro rugoso v. verrucoso-areolatus, ambitu radioso-plicatus, margine inciso-loba- tus, plicis ut in L. murorum plus minus convexis s. turgidis. Spermatia. 3-6 X 4-1 mm. — subvar. centrifuga (Mass.). — Physcia murorum var. centrifuga Mass. Sched. p. 66; L. It. exs. n. 94. — Physcia Heppiana var. Arn. in Flora, l. c. 561; ers. n. 381 : thallo orbiculari, subradioso, centrifugo, pallide vitellino v. citrino, eleganter plicato, centro mox albescente tandemque omnino des- tructo ; apotheciis initio frequentibus demumque ob occasum partis centra- .lis thalli raris v. subnullis. — subvar. detrita (Mass.). — Physcia murorum var. detrita Mass. Monogr. L. Blast. 55 ; Sched. 66 : thallo suborbiculari v. irregulari, ambitu breviter plicato-lobato, sulphureo v. subviridulo v. subaurantiaco, plicis convexis planiusculisve irregularibus ; apotheciis crehis magis minusve difformibus, margine demum pr. p. excluso. var. microsporella Wedd. Pusilla; thallo orbiculari, flavo-vitellino, ambitu pulehre lobulato, lobulis planiusculis subimbricatis; apotheciis (0,02-5 millim. latis) haud numerosis, obscure vitellinis, margine mox excluso ; sporis medio inflatis, 10-12 x 5-7 mm. — Ad lateres vetustos in Gallia meridionali. Ogs. — Le L. callopisma est un des Lichens les plus répandus dans les régions calcaires des parties tempérées de l'Europe, où il habite indiffé- remment les rochers et les vieux murs, surtout dans le voisinage des lieux habités. Le type se fait remarquer par la forme des lobes du thalle qui sont élargis et plans, mais on trouve tous les passages entre cette forme et la variété Heppiana, dont les laciniures représentent des bourrelets plus ou moins convexes. Ainsi que je l'ai déjà dit, cette variété Heppiana a une extrême ressemblance avec la forme typique du L. murorum, ct il y a toute apparence que les anciens auteurs, ainsi que beaucoup de mo- dernes, ont confondu les deux plantes sous une méme détermination. Ce n'est que lorsque l'emploi du microscope a permis d'étudier les organes de la fructification d'une manière plus approfondie, qu'il a été possible de distinguer à coup sür les échantillons similaires. En général, l'examen des spores ne laisse alors aucun doute sur le type auquel on a affaire. Celles-ci ont, en effet, dans le L. callopisma, une forme qui est souvent parfaite- ment comparable à celle d'un citron, c'est-à-dire qu'elles sont trés-larges, et un peu pointues aux extrémités ; tandis que, dans les espèces voisines, elles sont ellipsoides à extrémités trés-obtuses ou arrondies. Le L. callopisma est une plante éminemment calcicole ; la var. Heppiana se rencontre néanmoins exceptionnellement sur des roches siliceuses, en particulier sur celles qui sont imprégnées, si l'on peut ainsi dire, de pous- sière calcaire. C'est ainsi,par exemple, qu'il s'est présenté à moi sur les laves d'Agde. Les modifications qu'il subit par suite de son im- plantation sur des calcaires friables ou sur des vieux mortiers, souvent SÉANCE DU 10 mars 1876. 93 imbibés d'humidité ou de matières salines, aussi bien que par l'action con- tinue du soleil, impriment au thalle un changement de physionomie assez sensible pour que l'on ait parfois été tenté de décrire les individus ainsi affectés comme des formes botaniques. Les variétés detrita et centroleuca Mass., le dernier en particulier, appartiennent à cette catégorie. La forme centrifuga des rochers compactes el exposés est d'un peu meilleur aloi. La variété du L. callopisma que je signale sous le nom de microsporella parait avoir avec son lype les mêmes rapports, quant au développement, que la variété pusilla du L. murorum avec le sien. Je l'ai trouvée aux environs de Collioure, dans les Pyrénées-Orientales, et ne l'ai rencontrée nulle part ailleurs. Une autre forme du L. callopisma, décrite par M. Ar- nold (in Flora, l. c. 152), sous la désignation de pumila, se rattache à la variété Heppiana : elle diffère du microsporella par son thalle plissé et ses spores de mémes dimensions que dans le type. On trouve enfin assez fréquemment sur les murs et les rochers une forme du L. callopisma, qui, bien qu'anomale, ne doit pas étre passée sous silence. Je l'appellerai refecta. Ele résulte du rebourgeonnement, si jc puis ainsi dire, d'un thalle rasé par la dent des mollusques, et ressemble assez exactement, avec ses nouvelles fructifications, au L. ochracea. 9. L. medians Nyl. L. thallo orbiculari, mediocri v. demum (rosulis pluribus coalescentibus) la- tiuscule expanso, centro granulato cinerascente v. citrino-cinerascente (K — ), ambitu sat inæqualiter radioso-plicato (plicis convexiusculis) citrino ac sæpissime citrine suffuso ; apotheciis (1 millim. lat. v. paullo minoribus) sessilibus, vitel- linis, margine citrino integro aut crenulato nudo v. pulvereo ; paraphysibus clavato-filiformibus; sporis oblongo-ellipsoideis rariusve ellipsoideis, 10-17 X 5 -3 mm. ; spermatiis oblongis v. oblongo-ellipsoideis, 3-4 X 1-1; mm. — Crescit ad rupes et lapides calcareos præcipue strustiles, ad saxa silicea rarior. SYN. — L. medians Nyl. in Bull. Soc. bot. Fr. 1856, p. 367; Wedd. L. prom. publ. 200; Nouv. Rev. L. Bloss. 13. — Placodium Nyl. l. c. 1862, p. 262. — Pl. murorum var. citrinum Hepp, exs. n. 72, p. p. — Amphiloma medians Bagl. Prosp. L. Tosc. 232. — Physcia Arn. in Flora, 1862, p. 306, tab. v, f. 7 (spermatia) ; ers. n. 222, a, c, d; ers. Lomb. n. 444 b. Os. — C'est à M. Nylander que l'on doit la découverte de cette espèce, confondue jusque-là avec les L. murorum, L. callopisma et L. citrina. Le thalle est d'un beau jaune-citron, et lobé à son pourtour, tandis que, vers son centre, il est granuleux et ordinairement de couleur grise ou gri- sátre. Il se distingue d'ailleurs nettement et facilement de toutes les autres espèces du groupe Amphiloma par l'insensibilité du thalle à l'action de la potasse. Disons-le en passant, c'est surtout à l'emploi de ce réactif que nous devons la séparation de ce type parfaitement autonome, et je crois que cet exemple peut étre cité au nombre des plus heureuses applications que M. Nylander ait fait de ce mode de diagnostic. 94 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Dans les deux diagnoses que l'auteur a présentées (Il. cc.) de son espèce, les spores sont décrites comme simples; et dans les divers échantillons examinés par moi, à ce point de vue, j'ai trouvé également des spores ayant cette apparence, mais les spores biloculaires y étaient néanmoins tou- jours en nombre plus considérable, et il se trouvait parmi elles tous les élats intermédiaires entre les spores uniloculaires et celles plus ou moins caractéristiques des Amphiloma. La forme des paraphyses s'éloigue par contre de celle que l'on rencontre assez constamment chez ces organes, dans les types avec lesquels le L. medians pourrait être confondu. 6. L. marina Wedd. L. thallo parvo, adnato, vitellino rariusve flavo v. flavo-vitellino (K + purp.), nudo, opaco, bene evoluto orbiculari, sed haud raro (rosulis pluribus confluenti- bus) irregulari et varie expanso, centro verrucoso, ambitu subeffigurato s. bre- viter plicato-lobulato, lobulis extus s. peripherice abrupte depresso-attenuatis velutique diffluentibus, hypothallo nullo visibili; apotheciis (4-1 millim. lat.) sparsis, rotundatis aut passim confertis angulatisque, sessilibus, disco mox con- vexo quam thallus nonnihil intensius colorato, margine (thallo concolore) integro vel suberenulato demum excluso ; paraphysibus apice toruloso-clavulatis ; sporis oblongo-ellipsoideis 10-15 x 4-7 mm. ; spermatiis oblongis 2-3 X 1 mm. — Ad rupes graniticas et alias siliceas mare proxime adjacentes et pleno æstu rore fluctuum aspersus, in Gallia occidentali. Syn. — L. marina Wedd. L. ile d'Yeu, 275. — Placodium murorum var. lobulatum Le Jolis, Lich. Gherb. 46.— Pl. murorum var. obliteratum quorumd. a. subeffigurata : Thallus limitatus, orbicularis v. (rosulis confluentibus) irregularis, vitelli- nus rariusve flavo-vitellinus, centro verrucoso-areolato, ambitu lobulato-efli- gurato ; apotheciis vulgo sat crebris. var. effusa Wedd. l. c. Thallus vage limitatus s. effusus, flavo-vitellinus vitellinusve, e granulis siepe minutis passim discretis lobulisque oblongis et altero apice depresso- attenuatis intermixtis constante ; apotheciis raris. var. flavogranulata Wedd. l. c. Thallus subeffusus, flavicans v. sordide citrinus, undique granulato-verru- cosus et saepissime inter verrucas nigro-conspurcatus. Apothecia sparsa, figura et colore ut in typo aut margine in vetustioribus extus granulis crenisve citri- nis aucto. Oss. — Si l'on réfléchit à la confusion qui a existé parmi les espèces les plus répandues de ce groupe, il n'y aura pas lieu de s'étonner qu'il en ait été de méme pour celle-ci qui semble étre propre à la région maritime. Rien de surprenant, d'un autre côté, qu'elle ait été rapportée comme va- riété au L. murorum, puisqu'il en a été de méme de presque toutes ses congénères. Je ferai d'ailleurs remarquer que le L. marina ne se présen- tant. pas constamment à l'état typique, il peut être difficile parfois de se prononcer sur son identité. Son caractère le plus essentiel, celui qui est üré de la forme particulière des lobes périphériques du thalle, dont le SÉANCE bv 10 Mans 1876. 95 bord extréme semble avoir coulé sur le substratum, ne fait cependant presque jamais défaut ; et si, en l'absence de celui-ci, on a égard à la forme et aux dimensions de ses spermaties et à l'ensemble des autres caractères, joint à ce qu'il y a de spécial dans son habitat, il sera difficile, je pense, d'hésiter longtemps quant à sa détermination. C'est sur les rochers siliceux et surtout granitiques qui bordent les plages de la côte occidentale de la France que le L. marina se fait surtout remar- quer ; on ly voit souvent associé au Verrucaria maura, mais, particula- rité à noter, au lieu de croître sur le thalle même de cette dernière, comme le font habituellement les L. murorum (var. thallincola) et L. microthal- lina, il occupe presque uniquement les points du rocher sur lesquels la Verrucaire ne s'est pas étendue. Après les côtes de la Vendée, de la Bre- tagne et de la Normandie, je puis encore signaler comme stations de cet Amphiloma plusieurs points de la côte d'Angleterre, et les iles Normandes. ll me semble aussi fort probable qu'il se rencontre également dans le nord de l'Europe, mais n'en ayant pas encore vu «de spécimens rapportés de là, je ne puis rien affirmer à cet égard. L'une et l'autre des variétés du L. marina se relient au type par de nombreux intermédiaires. La premiére que j'ai trouvée tapissantla surface de quelques grands rochers, dans l'ile d'Yeu, a ordinairement la méme coloration que le type. La variété flavogranulata en diffère au contraire par la couleur, autant que par la configuration méme du thalle. Peut étre cette forme n'est-elle aprés tout que le résultat d'un arrét de développe- ment. Son aspect porterait assez à le supposer. J'ai reçu un échantillon du L. marina du regretté M. Lenormand, sous le nom de Parmelia murorum var. steropea Ach.; ce qui m'a porté à rechercher dans les livres ce que pouvait être cette variété steropea : mais je dois avouer que je n'ai pas eu la satisfaction de voir mes recher- ches aboutir. D'après M. Nylander (L. Sc. 136), elle aurait quelque parenté avec le L. citrina (1), opinion que je serais assez disposé à adopter, autant à cause des caractéres qu'Acharius attribue aux apothécies de sa plante, que de sa station sur le calcaire. Selon M. Th. Fries, la forme steropea ne différerait pas de la forme obliterata (Pers.) de son Caloplaca murorum. Je ne connais pas l'Amphiloma silicicole décrit par M. Kærber, sous le nom d'A. steropeum, plante caractérisée, d’après son auteur, par son thalle d'un jaune pàle ou soufre, et, en particulier, par la présence d'un hypothalle blanc et vernissé. Ce ne peut être, en tout cas, la plante à laquelle Acharius a tout d'abord appliqué le nom de steropea. Pour éviter toute confusion, il serait donc opportun de modifier quelque peu le nom employé par M. Kærber en donnant à son Amphiloma le nom spécifique de substeropeum, au lieu de celui de steropeum. (1) « Accedit var. steropeum (Ach. sub Lecan. vitellina) quasi intermedium inter oblite- ratum et citrinum; ad caloem in Suecia. » (Nyl. l. c. sub Placod. murorum.) 96 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 7. L. Arnoldi Wedd. L. pusillima, thallo lepide cinnabarino (K + purp.), omnino nudo, primitus minute rosulato, sed denique rosulis creberrimis confluentibus faciem effusam induente, rosulis singulis (1-3 millim. latis) e lobulis brevibus radiantibus extus parce crenatis centro mox albicantibus detritisque constantibus ; apothe- ciis sat crebris, 0,02-4 millim. latis, sessilibus, disco plano, margine nonnihil pallidiore persistente ; paraphysibus fere liberis crassiuscule clavatis; sporis ellipsoideis, 10-12 X 5 mm.; spermatiis oblongis 2-9 X 1 mm. Syn. — Physcia pusilla var. lobulata, f. minor Arn. exs. n. 384.— Ph. pusilla f. turgida ejusd. l. c. 383, b. Ops. — Une des plus jolies espèces du groupe et une des plus faciles à reconnaitre, tant par sa couleur d'un beau vermillon clair, que par l'exi- guité des apothécies et des lobules du thalle. Les rosettes qui constituent celui-ci, d'abord isolées, deviennent assez promptement confluentes, et, leur centre venant à se détruire, l'ensemble ne parait plus se composer que d'éléments confus, et assez souvent méme décolorés, par suite de leur exposition au soleil. Les seuls échantillons bien caractérisés de cet Amphiloma que je pos- sede d'une localité française proviennent des roches de calcaire jurassique du Poitou ; mais, bien avant moi, M. Arnold d’Eichstädt l'avait recueilli sur les dolomites d'Oberfranken ; et j'ai été heureux, en donnant à celte charmante miniature le nom de son premier inventeur, dela rattacher, par la méme occasion, à un des genres dont cet habile lichénographe a con- tribué à éclaircir la synonymie. Les spermaties de ce Lichen n'avaient pas été vues par M. Arnold ; c'est pour cela qu'il a pu la regarder comme une forme de son Physcia pusilla. 8. L. rubelliana Ach. L. thallo parvo, typice orbiculari, miniato-pallido (K + purp.), centro tenuiter areolato-rimoso, ambitu (saltem in speciminibus bene evolutis) subradioso et lobulato-effigurato, lobulis apice truncatis crenulatisve; apotheciis minutis, sæpius confertis, junioribus innatis minia'o-ferrugineis margine tenui pallidiore, adultis subelevatis coacervatis et plus minus angulatis planiusculis v. convexius- culis margine excluso; paraphysibus toruloso-clavulatis, facile liberis; sporis ellipsoideis, 7-9 X 4-6 mm.-- Ad saxa silicea varia et tecta argillaceo-schistosa, in Gallia merid. imprimis obvia. Syx. — L. rubelliana Ach. L. univ. 316; Syn. 4785 Nyl. Prodr. T7. — Le- cidea Schær. Enum. 144; exs. 542 (sub Parmelia). — Callopisma aurantiacum v. rubescens Mass. Monog. L. Blast. 72, f. 12; exs. It. n. 249.— C. rubellianum Kerb. Syst. 190; Arn. exs. n. 431. a. effigurata Wedd. Thallus ambitu tenuiter lobulato-effiguratus. — Ad saxa silicea læviora. var. areolata Wedd. Thallus undique areolatus, vage limitatus. — Ad saxa silicea scabrosa. SÉANCE DU 10 Mans LS7U. 97 Ogs. — Les lichénographes se sont accordés jusqu'ici pour placer cette plante dans le groupe qui a pour type le L. aurantiaca, c'est-à-dire dans les Callopismella : et les premiers échantillons que j'en aj eus en ma pos- session étaient bien de nature à confirmer cette manière de voir. Ce n'est qu'en ces derniers temps que, ayant rencontré le Lichen dans des condi- tions de développement et de fraicheur où il semblerait qu'on ne l'eüt pas vu auparavant, j'ai pu me convaincre que les descriptions publiées jus- qu'ici n'en donnaient qu'une idée incomplète, toutes ayant apparemment été faites sur des échantillons qui laissaient à désirer, soit par suite de l'irrégularité de la surface sur laquelle la plante s'était développée, soit à cause de leur vétusté méme (1). Toujours est-il que dans ceux, en grand nombre, que j'ai été à méme d'étudier récemment, el qui croissaient sur la surface lisse de tranches de silex, il ne m'a pas été difficile de voir que le thalle présentait des caractères qui lui donnaient droit à une autre place que celle qu'on lui a attribuée jusqu'à ce jour. Je ferai remarquer à cette occasion que Schærer (l. c.) et, après lui, M. Kærber (l. c.) ont noté dans leur description du L. rubelliana que le thalle était dendritice effiguratus ; et le dernier de ces auteurs ajoute entre parenthèses : prothallo albido ?. Or, à l'état frais, la partie prise ici pour un prothalle est rouge, et ne dif- fére d'ailleurs sous aucun autre rapport des parties voisines. C'est, en uu mot, le bord effiguré du thalle lui-méme. 9. L. microthallina Wedd. L. thallo minimo, adnato, colore læte citrino (K + purp.), rosulato v. omnino irregulari, 1-3 millim. lato, thallum Verrucarie maure incolente : rosulis dis- crelis, centro minute granuloso v. squamuloso, squamulis periphericis majori- bus radiatim lobulatis s. effiguratis (lobulis rotundatis); apotheciis sepissime supra thallum Verrucarie fere absque thallo proprio nascentibus, 0,5-0,8 millim. latis, disco depresso v. convexiusculo vitellino ; margine crassiusculo, pulchre crenulato; paraphysibus clavatis, laxe cohærentibus; sporis octonis, oblongo- ellipsoideis, 12-18 x 6-8 mm., polarilocularibus. — Ad rupes graniticas Galliae occidentalis aqua maris frequenter aspersas cum L. murorum var. thallincola promiscue crescit. Sy. — L. microthallina Wedd. L. ile d'Yeu, 276. Ons. — Cette petite plante a complétement échappé, si je ne me trompe, aux recherches des lichénologistes qui ont visité notre cóte occidentale, ce qui peut étre attribué, au moins en partie, à son extréme exiguité. Elle a du reste un facies qui ne permet de la confondre avec aucune autre. Le seul Lichen auquel je pourrais la comparer, pour donner quelque idée de sa physionomie, serait un Parmelia (Xanthoria) concolor (Phys- (1) Comme preuve de l'insuffisance des matériaux qui ont servi parfois à l'étude du L. rubelliana, je pourrais rappeler ici que le vénérable doyen des lichénographes d'Eu- rope, El. Fries, a rapporté ce nom en synonyme à l'Aspicilia cinerea var. lacustris (sub Parmelia), T. XXIII. (SÉANCES) 7 98 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cia candelaris Nyl.) très-réduit ; mais le thalle de ma plante est plus réduit encore. Ce qui en rend néanmoins l'observation relativement facile, c'est sa localisation sur le thalle du Verrucaria maura qui lui sert en quelque sorte de repoussoir. l Je wai encore recueilli cet Amphiloma que dans un seul point de la Vendée, mais je ne doute guère, maintenant qu'il se trouve signalé à lat- tention des botanistes, qu'on ne constate sa présence dans d'autres loca- lités, et peut-être à un état de développement plus considérable que celui où il m'a été donné de l'observer. 10. E. subsoluta Nyl. L. pusilla, thallo diffracto-areolato s. subsquamuloso, vitellino (K + purp.), nudo, areolis inordinatis, nonnullis crenato-subeffiguratis ; apotheciis sparsis, sessilibus, disco subminiato, margine integro pallidiore; paraphysibus apice toruloso-clavatis parceque articulatis ; sporis ellipticis, 10-15 X 7-8 mm. v. non- nunquam (teste cl. Nylandro) etiam majoribus (14-18 X 7-8 mm.) ; spermatiis bacillaribus, 3-4 X 1 mm. — Hab. ad saxa presertim silacea Galliæ meridionalis. SyN. — L. murorum * subsoluta Nyl. in Flora, 1873, p. 197.— L. murorum var. Wedd. L. Agd. 15. — Physcia Arn. l. c. 154. Oss. — J'ai recueilli ce Lichen à la localité méme où M. Nylander a pris les spécimens qui ont servi à sa description, et j'en ai trouvé ensuite de nouveaux échantillons, tout à fait semblables aux premiers, sur les laves d'Agde. L'étude de ces matériaux réunis, provenant de sites trés-dissem- blables, m'a donné lieu de croire que j'avais affaire à une fort bonne espèce, différant par l'ensemble de ses caractères de tous les autres types du groupe. 11. L. granulosa Mull. Arg. L. thallo vulgo flavo-vitellino (K -+ purp.), pro maxima parte minute diffracto- granuloso, at ambitu hine inde squamulis adnatis angulato-rotundatis v. cunea- tis planiusculis turgidulisve subradiosis crenatis nudis aucto, granulis ipsis etiam persæpe crenulatis ; apotheciis (0,5-1 millim. lat.) sessilibus, disco vitel- lino, margine coloris thalli primum integro dein interrupte crenato s. pr. p. evanido; paraphysibus apice submoniliformi-articulatis ; sporis ellipsoideis, 10-16 X 6-8 mm. ; spermatiis oblongo-ellipsoideis, 22-31 X 1-1 + mm. — Hab. ad rupes calcareas ; ad siliceas autem etiam obvia. Syn. — L. granulosa (Mull. Arg.) Wedd. L. Agd. 15. — Amphiloma granu- losum Mull. Arg. Princip. 40. — Placodium Hepp, Fl. Eur. n. 908. — Physcia Arn. l. c. 151 ; exs. n. 340 a, b. Oss. — Le L. granulosa peut être considéré comme formant une transition entre les sous-sections Amphiloma et Callopismella de la section Caloplaca ; Ya portion lobulée du thalle s'y trouvant extrémement réduite, mais n'y faisant cependant jamais complétement défaut. Elle n'en est pas moins assez peu développée, dans la plupart des cas, pour que l'on puisse facilement prendre, à première vue, cette plante pour quelque forme des SÉANCE DU 10 mars 1876. 99 L. citrina, L. aurantiaca ou de quelque autre espèce de Callopismella. Je ne pense pas qu'elle ait été signalée autre part en France que sur les laves d'Agde, où je lai rencontrée en 1874. Depuis lors j'ai constaté sa pré- sence sur le granite dans le Poitou; et il est plus que probable qu'on l'observera dans bien d’autres localités où elle n'a pas encore éveillé l'at- tention, à cause de la ressemblance dont j'ai parlé. M. Van Tieghem fait à la Société la communication suivante : NOUVELLES OBSERVATIONS SUR LE DÉVELOPPEMENT DU FRUIT ET SUR LA PRÉTENDUE SEXUALITÉ DES BASIDIOMYCETES ET DES ASCOMYCETES, par M. Ph. VAN TIEGIIEM. La classe des Champignons se divise en deux groupes : les Carpomy- cétes, qui n'ont que des spores, quelquefois de plusieurs sortes, dont les principales tout au moins prennent naissance dans un fruit, et les Oomy- cètes, qui ont à la fois des spores et des œufs formés soit par conjugaison (zygospores), soit par fécondation sexuée (oospores). D'après la nature de leur mycélium, unicellulaire dans sa période de constitution, et d'aprés le mode de fécondation qui y préside à la forma- tion de l’œuf, on peut grouper de la manière suivante les diverses familles d’Oomycètes. SECTION I.— Mycélium revêtu par une membrane et immobile... CHITOOMYCÈTES. | A. Œuf formé dans un oogone par la fécondation sexuée d'une oosphére (oospore). 1. L'anthéridie produit des anthérozoïdes à un cil postérieur, qui fécondent l'oosphére. Zoosporange formant des zoospores à un cil postérieur............ TTD Monoblépharidées. 2. L'anthéridie est une branche latérale qui se copule avec l'oogone et, sans produire d'anthérozoides, déverse directement son corps protoplasmique dans l'oosphére. a. Zoosporange formant des zoospores à deux cils..... ss sso soso .. Saprolegniées. b. Spores formées en chapelet ou isolément au sommet de filaments simples ou rameux, et germant tantót en mycélium, tantót en un zoosporange produisant des zoospores à deux cils............. Péronosporees. B. Œuf formé par conjugaison (zygospore). Spores dans un sporange. TM een Mucorinées. SECTION II. — Mycélium nu et mobile..................... GYMNOOMYCÈTES. A. Œuf formé par conjugaison (zygospore). 1. La conjugaison est inégale, l’un des deux corps protoplasmi- ques faisant tout le chemin pour s'unir à l'autre. Zoospores à deux cils.................,............. Ancylistees. 2. La conjugaison est égale, les deux corps protoplasmiques fai- sant chacun pour s'unir la moitié du chemin. Zoospores à un cil postérieur. .......................... Zygochytriées. B. Spore durable formée sans fécondation sexuée ni conjugaison. Zoospores à un cil postérieur. .............:.. Chytridinees. 100 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. On voit, par ce groupement, que la fécondation présente dans les Oomy- cètes une série de gradations très-instructives, s'élevant progressivement, depuis les Chytridinées, où elle parait manquer, jusqu'aux Monobléphari- dées, où elle atteint son plus haut degré de perfection. On y voit aussi que, des deux sections parallèles qui composent ce groupe, la première com- mence moins bas et s'éléve plus haut que la seconde; sous le rapport de la fécondation, comme par la structure plus compliquée de l'appareil végé- tatif, les Chitoomycétes se montrent done supérieurs aux Gymnoomycétes. Ainsi constitué, le groupe des Oomycétes est-il supérieur ou inférieur à celui des Carpomycétes ? La réponse dépend évidemment de la solution qui sera donnée à la question de savoir si le fruit des Carpomycètes se forme ou non à la suite d’une fécondation. C’est précisément le résumé de mes dernières recherches sur cette question que je désire communi- quer aujourd'hui à la Société. Remarquons d'abord que, comme les Oomycétes, les Carpomycètes se divisent en deux sections d’après la nature du mycélium, pluricellulaire dans sa période de constitution. Tantót, en effet, le mycélium a ses élé- ments revétus d'une membrane, unis et immobiles ; ce sont les Chitocar- pomycètes. Tantót, au contraire, il a, pendant sa période végétative, ses éléments nus, désunis et mobiles : ce sont les Gymnocarpomycètes, ou, comme on les appelle d'ordinaire, les Myxomycétes. Réservant ces der- niers pour une communication ultérieure, je n'étudierai aujourd'hui que les Chitocarpomycétes, et méme, des trois ordres qu'ils comprennent, je laisserai de côté les Hypodermées, pour ne parler que des Basidiomycetes et des Ascomycétes. I. BASIDIOMYCÈTES. Dans un précédent travail (Comptes rendus, 15 novembre 1875), j'ai montré que les bàtonnets produits en chainettes sur le mycélium des Coprins sont, non des corpuscules mâles, comme j'avais cru pouvoir le conclure d'observations antérieures, mais de simples conidies. Ils ger- ment, en effet, et, dans des conditions convenables, reproduisent le mycé- lium. Depuis, j'ai obtenu le méme résultat, non-seulement avec d'autres Coprins, mais avec plusieurs Agarics, notamment F Ag. (Galera) tener, où les chaines de conidies sont enroulées en spirale comme dans plusieurs autres Dermini et Pratellæ (1), et Y Ag. (Collybia) velutipes, où elles sont droites comme dans plusieurs autres Leucospori. Partout la formation de ces conidies est simultanée et endogène ; elles sont mises en liberté par la résorption de la membrane du rameau qui les a produites. Ce mode de développement est particulièrement net dans l'Ag. velutipes et les espèces d) Cette forme a déjà été décrite par M. Eidam dans les Ag. (Deconica) coprophilus, Ag. (Hypholoma) fascicularis et Ag. (Pholiota) mutabilis (Botanische Zeitung, 1875, pp. 649-731). SÉANCE DU 40 mars 1876. 101 voisines ; plus diffieile à suivre, il n'est pas moins certain dans les au- tres cas. Dans le méme travail j'ai montré que le fruit basidiosporé des Coprins naît sur le mycélium par la ramification condensée et enchevétrée d'un filament plus ou moins renflé, c'est-à-dire par bourgeonnement, sans intervention ni des bàtonnets, ni d'un phénomène quelconque auquel on puisse reconnaitre le caractére d'un acte sexuel. Depuis, tout en confir- mant ce résultat par la culture de plusieurs autres Coprins et des deux Agarics cités plus haut, je me suis appliqué à suivre pas à pas en cellule, dans le Copr. sclerotipus (1), le développement du sclérote sur le mycé- lium. Il y naît, comme le fruit, par la ramification condensée et enche- vétrée d'un filament, c'est-à-dire par bourgeonnement, et la sexualité n'a rien à voir daus sa formation. Ces deux ordres de faits étant bien établis, j'ai repris la question par un autre côté, dans le but de donner à la démonstration une forme diffé- rente. Partant, non plus du mycélium, mais du sclérote et du fruit pri- maire, dont le développement sur ce mycélium est désormais bien connu, je les ai placés successivement l'un et l'autre dans les conditions où ils produisent à leur surface des fruits secondaires. Puis, tout en faisant va- rier par l'expérience les conditions où ils prennent naissance, j'ai suivi par l'observation le mode de formation de ces fruits secondaires. Considérons d'abord le sclérote. Laissé en place sur le substratum ou il est né et a müri, ou bien enlevé et placé simplement dans une atmosphere humide, le sclérote du C. sclerotipus ne tarde pas à fructifier. À cet effet, une cellule superficielle se développe, se ramifie, et ses branches, elles- mêmes ramifiées et enchevétrées, forment bientôt un petit noyau blanc, début d'un fruit basidiosporé. Ces petits noyaux blancs prennent nais- sauce en des points quelconques et en nombre indéterminé à la surface d'un méme sclérote, mais le plus souvent l'un d'eux, prenant pour lui toute la provision de nourriture du tubercule, se développe seul enun fruit mür, dont la dimension est proportionnée à celle du sclérote. Vient-on à les enlever, et il suffit pour cela de les toucher, car ils tiennent à peine, il s’en fait d'autres à côté ; ceux-ci détachés à leur tour, il en nait de nou- veaux en d'autres points, et ainsi de suite. Coupe-t-on le sclérote en tranches en plaçant les morceaux sur de la ouate humide, chaque tranche (1) J'appelle ainsi un Coprin dont les sclérotes noirs se forment très-fréquemment sur la bouse de vache, où plus tard ils développent leurs fruits. IL est bien différent du C. stercorarius de Bulliard (Champ. pl. 542), avec lequel il parait avoir été identifié, d'abord par Léveillé, puis par MM. de Bary et Tulasne. Comme plusieurs autres espèces intéres- santes de ce genre, il n'est pas mentionné dans les Hymenomycetes europæi de M. Fries. Semé sur erottin de cheval bouilli, il donne aussi d'abord des selérotes et plus tard des fruits sur ces sclírotes. Cà et là, surtout au début des cultures, on voit cependant quelques fruits assez peu développés, parfois mème avortés, naître directement du mycélium sans sclérote, 109 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. développe et ramifie quelqu'une de ses cellules superficielles et produit un fruit mür de taille proportionnée à la grosseur du fragment. Les fruits nés des sclérotes sont donc des formations adventives, que toute cellule de la surface du tubercule est apte à produire, à la seule condition de recevoir du dedans une nourriture suffisante. En outre c'est par simple bourgeonnement que cette cellule produit ce fruit. Partons maintenant du fruit primaire. Des fruits bien mürs d'Ag. (Col- lybia) velutipes sont détachés du tronc de Robinia sur l'écorce duquel ils ont pris naissance, et placés horizontalement dans une atmosphére hu- mide à la température d'environ 15 degrés. Deux ou trois jours aprés, de petits mamelons coniques s'y montrent en divers points de la surface, tant sur la face supérieure du chapeau visqueux que sur le pied velouté. Déjà reconnaissables comme les débuts d'autant de fruits secondaires, ces ma- melons proviennent, comme il est facile de s'en assurer par l'étude des sections longitudinales, d'une abondante ramification locale des filaments colorés qui forment la couche corticale du fruit primaire; ce sont donc encore des productions superficielles, issues d'un simple bourgeonnement. Les jours suivants, ils grandissent par accroissement terminal et le cha- peau commence à paraître. Là où ils sont serrés côte à côte en grand nombre, ils demeurent bientôt stationnaires ; là où ils sont peu nombreux et espacés, ils continuent leur développement et quelques-uns arrivent au bout de dix à douze jours à l'état de maturité complète. Je m'en suis assuré en cultivant leurs spores en cellule où elles ont donné, dans la décoction de crottin, un mycélium conidifère. Dans quelques cas, où il ne s'en était formé que deux ou trois sur un grand fruit primitif, ces fruits secondaires ont atteint 7 à 8 centimétres de hauteur et leur chapeau 2 centimétres de diamètre. Au lieu de laisser le fruit intact, si l'on sépare le chapeau du pied, bien mieux si l'on taillele chapeau et le pied en plusieurs fragments, le résultat est le méme. Chaque partie donne un ou plusieurs fruits secon- daires de dimension proportionnée inversement à leur nombre, directe- ment au volume du fragment qui les nourrit. En piquant ou fendant le chapeau ou le pied, j'ai quelquefois, pas toujours cependant, réussi à gdé- terminer en ces points la production de jeunes fruits qui, dans le second cas, sont disposés en série linéaire tout le long des lévres de la blessure. Comme ceux qui naissent sur un sclérote, les fruits secondaires issus . d'un fruit primaire dans les conditions qui précèdent sont done des forma- tions adventives, que tout groupe de filaments appartenant à la couche corticale est apte à produire, à la seule condition de recevoir du dedans une nourriture suffisante. Le fruit primaire se comporte comme un sclérote vis-à-vis du fruit secondaire. En outre, c’est par simple bourgeonnement que ce groupe de filaments produit ce fruit. Le fait seul de cette formation adventive et indifférente des fruits secon- daires, tant sur un sclérote que sur un fruit primaire, exclut évidemment SÉANCE DU 10 mars 1876. 103 de prime abord l'idée même d’une sexualité présidant au développement de ces fruits secondaires. L'observation directe de ce développement à ses premiers débuts vient d’ailleurs confirmer cette exclusion, en montrant que le fruit secondaire, comme nous le savions déjà pour le fruit pri- maire, procède d'un simple bourgeonnement. Les observations et les expériences que je viens de résumer constituent done une seconde démonstration du résultat déjà obtenu par mon précé- dent travail et qui peut désormais étre exprimé en ces termes. Qu'il naisse directement sur le mycélium, ou bien indirectement soit sur un sclérote, soit sur un fruit préformé, le (ruit des Agaricinées, et sans doute de tous les Basidiomycétes, se forme toujours de la méme maniére; il procéde toujours d'un filament ou d'un groupe de filaments par voie de bourgeon- nement adventif. Suivant le mode d’accroissement des éléments de ce bour- geon, suivant que leur différenciation est plus ou moins précoce et atteint plus tard un degré plus ou moins élevé, on obtient les divers types de fruits basidiosporés, si variés dans leur forme, leur développement et leur Structure. Ni sur le myeélium, à la base du fruit primaire ou du sclérote, ni sur le fruit primaire ou sur le sclérote, à la base du fruit secondaire, on n'observe un phénomène quelconque auquel on puisse reconnaître les caractères d'un acte sexuel. Il faut bien admettre par conséquent que les Agaricinées et sans doute avec elles tous les Basidiomycètes sont dépour- vus de sexualité, JT. ASCOMYCÈTES. Quant aux Ascomycétes, dont je poursuis actuellement l'étude au même point de vue, je n’en puis dire ici que quelques mots. Dans un précédent travail (Comptes rendus, 6 décembre 1875), j'ai montré que le fruit des Chætomium et des Sordaria se développe sur le mycélium par la ramification condensée d'un filament (carpogone), c'est-à-dire par voie de bourgeonnement, sans intervention d'un phénomène quelconque auquel on puisse reconnaitre les caractères d'un acte sexuel. Ce que ce bour- geona de trés-remarquable ici, c'est sa trés-précoce différenciation. Ses deux premiers éléments, en effet, l'extrémité de la branche primitive et son rameau, se trouvent déjà appelés à des róles différents et frappés d'une différence morphologique correspondante. En bourgeonnant, le premier (ascogone) développe l'ensemble des asques, le second (périascogone, pollinode des auteurs) produit la paroi du fruit et ses dépendances. Il en est de méme, à des différences secondaires prés, dans plusieurs exemples déjà connus (Eurotium, Hypocopra, Ascobolus). Ailleurs, la différenciation du bour- geon est un peu moins précoce et s'établit d'une manière un peu différente (Penicillium, Erysiphe, Podosphera, Gymnoascus). Enfin, et c'est. ici le point important où j'insiste aujourd'hui, dans les Helvella (H. lacunosa), et certaines espèces de Peziza à fruit stipité (P. macropus, var. hirta 104 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Fries et P. bulbosa Fries), la ramification condensée qui produit le fruit est homogène ; en d'autres termes, la différenciation est nulle dans le bour- geon et ne s'introduit que plus tard dans le développement ultérieur du fruit. On rentre alors dans le cas présenté par beaucoup d'Agaricinées. C'est également par un bourgeonnement non différencié au début, mais qui, en outre, ne se différencie pas plus tard et se développe de moins en moins, que se forme le fruit des Ascomycètes les plus simples (Taphrina, Endomyces, Saccharomyces ?). D'autre part, en suivant pas à pas en cellule le développement du sclé- rote des Peziza (P. Fuckeliana), on le voit naitre sur le mycélium par la ramification condensée et homogène d'un filament primitif, c'est-à-dire par voie de bourgeonnement non différencié. Aucun phénoméne sexuel n'intervient dans sa formation, comme je l'ai indiqué déjà il y a. plusieurs aunées (1). Plus tard, quand ce sclérote, entier ou fragmenté, produit des fruits indirects en des points quelconques deson tissu interne et en nombre indéterminé, c'est encore par voie de bourgeonnement adventif non diffé- rencié que ces fruits indirects prennent naissance. Nous arrivons donc, en somme, pour les Ascomycétes, à la méme con- clusion que pour les Basidiomycètes. Qu'il naisse directement sur le mycé- lium, ou indirectement sur un sclérote (ou sur un fruit préformé?), le fruit des Ascomycétes procéde toujours d'un filament ou d'un groupe de filaments par voie de bourgeonnement adventif. Suivant le mode d'accrois- sement des éléments de ce bourgeon, suivant que leur différenciation est plus ou moins précoce et atteint plus tard un degré plus ou moins élevé, on obtientles divers types de fruits ascosporés, si variés de forme, de déve- loppement et de structure. Ni sur le mycélium, à la base du fruit direct ou du sclérote, ni sur le sclérote, à la base du fruit indirect, on n'observe un phénomène quelconque auquel on puisse reconnaitre les caractères d'un acte sexuel; seulement, dans le cas d'une différenciation trés-précoce et binaire du bourgeon, l'arrangement des choses préte évidemment à illu- sion. Il faut donc bien admettre que, tout comme les Basidiomycètes, les Ascomycètes sont dépourvus de sexualité. Les conséquences importantes qui découlent de ces faits au point de vue de l'édification du système naturel des Thallophytes et les graves modifi- cations qu'elles apportent à la construction proposée par M. J. Sachs, dans la quatriéme édition de son Lehrbuch der Botanik, se déduisent d'elles- mêmes, et cè n'est pas ici le lieu de les développer. Je lis dans la Botanische Zeitung du 28 janvier dernier un article de M. Brefeld sur le développement des Basidiomycètes. L'auteur y annonce des résultats, partie conformes à ceux que j'ai fait connaitre le 15 no- vembre 1875, partie de l'ordre de ceux que je viens d'exposer, et il (1) J. Sachs, Lehrbuch der Botanik, 3* édiüon. Traduction francaise, p. 361, SÉANCE DU 10 Mars 1876. 10» formule en conséquence des conclusions semblables aux miennes. Je suis trés-heureux de constater que les idées auxquelles, aprés plusieurs années de travail, je suis parvenu aujourd'hui sur ce sujet important, et que j'ai développées le premier, aient rencontré aussitôt dans M. Brefeld un défenseur habile et autorisé. Ainsi appuyées, elles ne peuvent manquer de rencontrer la prompte adhésion des botanistes et de devenir bientôt clas- siques, au grand avantage de la science. Ce n'est malheureusement pas ainsi, je le constate à regret, que M. Brefeld comprend les choses. Il re- vendique amérement une priorité que les dates de nos publications lui refusent et que d'inqualifiables insinuations ne suffiront pas à lui faire accorder. En terminant, M. Van Tieghem met sous les yeux de la Société un certain nombre de dessins et d'échantillons à l'appui de cette com- munication. M. de Seynes demande à M. Van Tieghem s'il a observé que dans beaucoup d'espéces le réceptacle prit naissance des cellules épider- miques du sclérote. M. Van Tieghem répond qu'il n'a observé ce fait que dans quel- ques espéces, parmi lesquelles le Coprinus sclerotipus. M. Roze rappelle que le sclérote de l'ergot du seigle donne égale- ment naissance à des Claviceps purpurea, quand on le brise en fragments et qu'on met ces fragments en culture. Il ajoute que bien que l'on ne connaisse pas encore le mode de fécondation des Agari- cinées, le fait déduit par M. Van Tieghem de l'Ag. velutipes, comme une preuve définitive de l'absence de la fécondation chez ces Cham- pignons, lui parait étre le résultat d'une trop prompte généralisation, d'autant que le fait, quien lui-méme est des plus intéressants, pour- rait être susceptible de diverses interprétations. ll y aurait lieu de s'assurer en effet que la production des nouveaux Champignons n'est pas due à la continuation de la vitalité des cellules de la volva ou méme de celles du mycélium qui resteraient adhérentes à la volva ou au Champignon-mére. M. de Seynes demande à M. Van Tieghem si ces nouveaux Cham- pignons, qui ont poussé soit sur le stipe, soit sur le chapeau des pré- cédents, sont bien conformés. M. Van Tieghem répond que ces nouveaux Champignons sont bien constitués et portent des spores müres, toutes les fois qu'ils ne sont pas trop pressés les uns contre les autres. Lecture est donnée de la communication suivante adressée à la Société : | 106 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. AFFINITÉ RÉCIPROQUE DES GENRES RUBUS ET ROSA, par M. D, CLOS, Toulouse, janvier 1876, A ne se guider que d'après les caractères de végétation, l'affinité réci- proque de ces deux genres appartenant l'un et l'autre à la famille des Rosacées ne saurait être contestée : méme consistance, méme mode de végétation et méme vigueur de croissance, méme assemhlage de rameaux fertiles et de stériles ou gourmands, mêmes aiguillons, pouvant accidentel- lement disparaitre, mémes stipules pétiolaires. Les différences dans la composition des feuilles, le plus souvent digitées dans les Ronces, pinnées dans les Rosiers, sont sans valeur, car une section du genre Rubus, à laquelle appartient le joli R. rosæfolius cultivé dans tant de jardins, est caractérisée par ses feuilles ailées ; et l’un et l'autre genre ont quelques espéces aux feuilles simples. L'inflorescence est terminée et varie de la méme facon dans les deux. Le ealice, dépourvu de stipulium, offre des modi- fications identiques ; pétales semblables, étamines de méme forme, à an- theres dorsifixes, et, d’après Payer, de méme position : indéfinies dans les deux, s'y développant également de l'extérieur vers l'intérieur par verticilles alternes et disparaissant en tout ou en partie par l'effet de la duplicature ; carpelles en nombre variable, à style terminal avec l'extrémité plus ou moins renflée ; ovules à une seule enveloppe. Voilà certes entre ces deux beaux groupes génériques des liens, non pas d'analogie, mais bien d'une étroite parenté. I] n'est pas jusqu'à la consis- tance des carpelles mûrs, caractère semblant établir une limite infranchis- sable entre les deux, qui ne se trouve parfois en défaut. « Le mésocarpe (du Rosier), écrit M. Baillon, entièrement desséché à la maturité, est charnu dans plusieurs espèces, et assez épais pendant presque tout le temps de la maturation. Le fruit est plutót alors une drupe (Hist. des plantes, t. I, p. 248, n° 4). » D'un autre côté, MM. E. Fournier et M. Bonnet ont décrit et figuré dans ce Bulletin (t. IX, p. 36, pl. I) un cas de virescence de Rubus hirtus avec transformation des drupéoles en follicules. Enfin le genre Dalibarda, composé en quelque sorte de petits Rubus aux carpelles presque secs, vient contribuer encore à combler cette lacune. Tl ne reste donc plus comme signe absolument distinctif que la forme du réceptacle, urcéolé dans le Rosier, convexe dans la Ronce. Quel en est le degré de valeur? Si le Rosier forme le passage le plus naturel des Rosées aux Pomacées, la cohésion poussée jusqu'à la fusion intime des carpelles avec la coupe réceptaculaire chez celles-ci établit entre elles et le genre Rosa une distinction tranchée. Cette cohésion extrême justifie, liée à d'autres caractères, la séparation, en familles ou tribus dis- tinctes, des Pomacées, des Vacciniées, des Amaryllidées, ete.; mais lors- SÉANCE DU 10 Mans 1876, 107 qu'elle fait défaut et que tout se réduit à une différence de forme du récep- taele, elle ne saurait avoir tout au plus qu'une valeur générique, comme c'est le cas pour le réceptacle commun des Composées, concave dans les Carlines et plusieurs Centaurées, plan dans les Asters, convexe jusqu'à devenir conique et cylindrique, suivant les espèces, dans les Anthemis. Et quel botaniste n'a eu l’occasion de voir des Roses accidentellement dépour- vues d'urcéole ? I] me parait ressortir de la discussion précédente que les deux genres Rosa et Rubus ont entre eux la plus grande affinité et qu'ils doivent être placés dans la méme trihu, en téte ou à la fin des Rosées, immédiatement avant ou aprés les Pomacées, suivant l'ordre que l'on adoptera. Un rapide coup d'oeil des opinions des auteurs à l'égard de la position relative de ces deux genres n'est peut-étre pas inutile, comme complément de cette note. Linné, dans son Genera, met en téte de l'Icosandrie polygynie le genre Rosa, immédiatement suivi du genre Rubus, et dans ses Ordines natu- rales le trente-cinquième ordre (Senticosæ) est terminé par le genre Rosa, que précède sans intermédiaire le genre Rubus. Tous deux se trouvent encore rapprochés dans les Familles d'Adanson, t. IT, p. 294. Mais cette affinité échappe à Bernard de Jussieu, qui, dans son Catalogue du jardin de Trianon (1159), les sépare par ceux qui constituent aujourd'hui la tribu des Drya- dées (in A.-L. Jussieu Genera plant.). Cette scission est encore plus accentuée dans l'œuvre immortelle du neveu, où les Rose, figurant à bon droit à titre de tribu à la suite de la tribu des Pomacées, sont suivies des tribus des Sanguisorbæ et des Poten- lille, le Rubus formant le dernier genre de celle-ci (l. e. pp. 335-338). Dès ce moment — et nonobstant les nombreux travaux phytographiques et en quelque sorte paralléles dont ces deux genres également polymorphes sont l'objet et qui semblent témoigner de leur affinité, — les Rubus vont être toujours tenus éloignés des Rosa et presque toujours aussi compris dans la tribu tour à tour appelée des Potentillées, des Dryadées ou des Fraga- liées; et comme le genre Rubus n'a d'affinité directe avec aucun des senres de ce petit groupe, on l'y voit placé tantôt en tête (Bartling, Spach, Endlicher, Lindley, Le Maout et Decaisne), tantôt au milieu (de Candolle, A. Richard), tantòt à la fin (A.-L. Jussieu). Et cependant l'affinité des genres Rosa et Rubus avait été bien sentie en 1774 par le même Jussieu, Car ils figurent l'un à côté de l'autre, dans ses Ordinesnaturales, in horto parisiensi primum dispositi, p. 110 (1). Comment la méconnut-il plus lard ? Frappés du peu de rapports du genre Rubus avec les autres Potentillées, quelques taxinomistes ont eu l'idée d'élever ce genre (en compagnie du (1) Voyez Antonii Laurentii de Jussieu Introductio in historiam plantarum, éd. posth. Publiée par Adrien de Jussieu, p. 110. 108 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Dalibarda) an rang de tribu : tels M. Du Mortier, M. Brongniart, MM. Ben- tham et Hooker, M. Boissier; mais tous, à l'exception de M. Brongniart (Énumération des genres de plantes, p. 126), ont méconnu l'étroite. pa- renté des Ronces et des Roses, car on voit intercaler entre elles, soit les tribus des Agrimoniées et des Fragariées (Du Mortier, Analyse des Fa- milles, p. 39), soit les tribus des Potentillées et des Potériées (Bentham et D. Hooker, Genera plant. t. I, pp. 616-625), soit plus récemment la tribu des Spirées (Boissier, Flora orient. t. II, pp. 668, 689 et 691). L'absence d'aiguillons chez les Spirées, la petitesse habituelle de leurs fleurs souvent polygames, le nombre ordinairement défini de leurs étamines, leurs car- pelles polyspermes, tous caractères en désaccord avec ceux des genres Rosa et Rubus, ne sauraient autoriser à voir dans les Spirées le lien d'union de ces deux genres. Quant à M. Baillon, si dans son Histoire des plantes il laisse le genre Rubus au milieu de sa série des Fraisiers, séparé de celle des Rosiers par celle des Aigremoines (t. I, pp. 345-374), il n'en écrit pas moins en note, à propos des Rosiers, cette phrase que j'accepte à titre de conclusion de la discussion précédente : leur « organisation florale est tout à fait celle des Ronces, à part la forme du réceptacle » (l. c., p. 373). M. Roze fait à la Société la communication suivante : CATALOGUE DES AGARICINÉES OBSERVÉES AUX ENVIRONS DE PARIS, par M. E. ROZE. SCHIZOPHYLLÉES. Omphalia setipes, A. C. — vulgaris (Mycena Fr.), A.R. Vin- I. — Schizophyllacées. cennes (Loc.) ; Fontainebleau ! (Lamelles fendues, dédoublées.) — umbratilis, R. (Fl. par.). 1. Schizophyllum commune, C. — i» (Mycena Fr.), R. Ecouen . joud.). HOLOPHYLLEES. — pseudo-androsacea (Fl. par. ?). — umibellifera, C. CHONDROPODEES. — Epichysium, R. (Chev.). I[. — Marasmiées. — pyxidata, C. n" "" os . — umbilicata, A. C. (Boud.). (Mycélium capillaire, rhizoide; lamelles simples, PR égales ou formant collerette autour du stipe qui m hydrogramma, A. R. (Chev.). est filiforme et corné.) Ecouen (Boud.). — chrysoleuca, R. (Fl. par.). 2. Marasmius epiphyllus, A. C. 4. Eccilia atropuncta, R. R. Compiègne — epichloe, R. (Ag. gramineus Lév.). PRIM ; — androsaceus, C. C. (Grav.); Chaville! En . , — polita, A. C. = EU Ce R. (Boud.). 5. Tubaria inquilina, C. — Muscorum, R. (Grav.). — pellucida, A. R. (Fl. par.). Ill. — emphatiées. — furfuracea, A. C. — cupularis, R. (Fl. par.). 6. Deconica atrorufa, A.R. (Fl. par. ; — torquatus, A. C. (Fl. par.). (Lamelles inégales, décurrentes.) 3. Omphalia integrella, R. (Chev.). Boud.). — gracillima, R. (Vaill.). — physaloides, R. (Mér.). — Fibula, C. — coprophila, C. SÉANCE DU 10 Mars 1876. 109 IV. — mycénées. (Lamelles adhérentes au stipe, nou décurrent®s ; chapcau conique, rarement orbiforme.) 7. Mycena juncicola, A. C. (Boud.). — capillaris, A. R. Compiègne (Grav.) — hiemalis, A. R. (Fl. par.; Boud.). — corticola, A. C. — pterigena, R. (Fl. par. ; Boud.). — Mucor, R. (Grav.). — Discopus, R.R. (Lév.). — dilatata, C. — stylobates, A. R. (Fl. par.). — citrinella, R. (Chev.). — epipterygia, C. C. — galopus, C. C. — erocata, A. C. (FL par.). — sanguinolenta, R. (Boud.). — acicula, A. R. (Boud.). — supina, R. (Grav.). — cladophylla, R. (Lév.). — filopes, C. €. — slannea, R. R. (Vaill.). — alcalina, A. C. — atrocyanea, R. (Chev.). — polygramma, A. C. — plexipes (Collybia Fr.), A. R. (Fl. par.). — galericulata, C. C. — rugosa, A. C. (Boud.). — prolifera, R. (Vaill.). — cohwrens, R. (Boud.). Vincennes (Ler.) ; Chaville ! — lactea, A. C. — ]uteo-alba, R. Fontainebleau (Cornu). — lineata, A. R. (Fl. par.). — chlorantha, R. (Chev.). — Adonis, R. (Fl. par.). — pura, C. C. — strobilina, A. R. (Fl. par.; Lév.). — pelianthina, A. R. (Fl. par.). 8. Nolanea pleopodia, R. (Fl. par.). — juncea, R. (Grav.). — mammosa, À. R. £couen (Boud.). — pascua, C. 9. Galera hypnorum, €. C. — ovalis, A. C. (Boud.). — tenera, C, C. 10. Bolbitius titubans, R. (Fl. par.; Boud.). — conocephalus, A. €. — Boltonii, A. R. (Fl. par.; Boud.). — vitellinus, A.R. (Fl. par.; Ler.). 1. Psathyra obtusata, R. (Vaill.). — spadiceo-grisea, A. €. Meudon! . — gyroflexa, A. €. (FI. par.). 12. Psathyrella subtilis, R. (Chev.). — disseminata, C. — hydrophora, C. — gracilis, C. 13. Panœolus fimieota, A. C. (FL par |. — papilionaceus, C. — campanulatus, C. — sphinctrinus, A. C. (Boud.). — fimiputris, C. — separatus, A. C. (Fl. par.). V. — Collyhiées. (LamelMes libres; chapeau horizontal ou orbiforme.) 14. Collybia ramealis (Marasmius Fr.), C. C. — amadelpha (Marasmius Fr.), R. (Fl. par.). — fetida (Marasmius Vr.), R. (Fl. par.). Ecouen (Boud.). — Vailantii (Marasmius Fr.), R. (Vaill.; Fl. par.). — erythropus (Marasmius Fr.), A. C. — fuscopurpurea (Marasmius Fr.), R. (Fl. par.). — prasiosmus (Marasmius Fr.), A. C. (Ag. porreus Fl. par. ?). — oreades (Marasmius Fr.), C. C. —- Mulleus (Marasmius Fr.), R. ( Vaill.). — peronata (Marasmius Fr.), C. — urens (Marasmius Fr.) R. (FL par ? Boud. !). — muscigena, R. (Fl. par.). — ocellata, R. (Fl. par.). — Clavus, C. — aquosa, R. (Fl. par.). — dryophila, C. C. — acervata, R. (Fl. par.?). — esculenta, R. (Vaill.; Fl. par.). — collina, A. R. (Fl. par.). — racemosa, R. (Lév.) ; Chaville! — tuberosa, C. C. — conigena, A. C. — hariolorum, R. (Fl. par ). — slüipitaria, A. R. (Fl. par.). — velutipes, A. C. — longipes, A. R. (Fl. par.). — ramosa, R.R. (Chev.). — phæopodia, A. R. (Fl. par.; Boud.). — butyracea, C. C. — maculata, R. (Boud.) ; Fontaine- bleau ! — fusipes, C. C. — platyphylla, A. C. — radicata, A. R. (Fl. par.). 15. Leptonia euchlora, R. R. (Boud.). — lazulina, R. (Grav. ?). — ehalybiea, A, R. (Fl. par.). — serrulata, A. R. (Fl. par.). — euchroa, R. (Boud.). — lampropus, R. (Grav. ?). — Linkii, R.R. (Boud.). 16. Naucoria arvalis, A. R. (Boud.). — semiorbicularis, C. 110 Naucoria pediades, A. C. (Boud.). melinoides, A. R. (Fl. par.). pygmæa, R. (Fl. par.?). horizontalis, R. (Grav. ?). . Cucumis, A. R. (Fl. par.). 17. Psilocybe spadicea, A. C. (Boud.). cernua, C. — uda, A.R. (Fl. par.). — ericæa, R. (Chev.). SARCOPODÉES. CRASSILAMELLÉES. VI. — Cantharellidées. (Stipe fibroso-parenchymateux ; lamelles anastomosées, décurrentes.) 18. Xerotus degener, R.R. Fontainebleau (Cornu). 19. Cantharellus applicatus, R. R. (Lév.). Muscorum, A. R. (Boud.). lobatus, R. Compiegne (Grav.). retirugus, R. (Fl. par.). bryophilus, R. (Mérat ?). muscigenus, A. R. (Fl. par.). cupulatus, R. R. (Boud.). leucophæus, R. R. (Grav.). cinereus, A. R. (Chev.;. Boud.). infundibuliformis, R. R. (Boud.). tubæformis A. C. umbonatus, A. R. (Boud.). carbonarius, R. (Lév.). brachypodes, R. (Chev.). cibarius, C. C. aurantiacus, A. C. 20. Paxillus panuoides, A. R. (Let.; Boud.). atrotomentosus, A. R. Vincennes (Ler.) ; Fontainebleau ! — involutus, C. C. 21 .Lepista gilva [Ag. (Glytocybe) gilvus Fr.], R. (Fl. par.). — gigantea, R. (Grav.). Fontaine- bleau ! 22. Lentinus tumescens (?), R. R. (Lév.). — cochleatus, A. C. (Fl. par.). lepideus, R. (Boud.). — tigrinus, A. R. (Fl. par.). VII. — mygrophorées. (Stipe fibreux ; lamelles libres entre elles, adnées, rarement décurrentes.) 23. Hygrophorus psittacinus, A. R. (FL. par.; Lév.). chlorophanus, R. (Fl. par. ?), conicus, €. obrusseus, R. R. Ecouen (Boud.). puniceus, A. R. (Fl. par.). laccatus (Clitocybe Fr.), C. C. miniatus, A. R. (Chev.); Forét d'Armainvilliers ! SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Hygrophorus coccineus, A. R. (Fl. par.). ceraceus, A. R. (Fl. par.; Lév.). letus, R. (Chev.). ovinus, R. (Fl. par.). niveus, A. C. (Boud.). virgineus, C. pratensis, A. R. (Fl. par.; Lév.). var. cinereus, R. Ecouen (Boud.). hypothejus, A. R. (Ler.; Boud.). limacinus, A. R. (Boud.) ; Fontai- nebleau ! discoideus, A. R. (Fl. par.). arbustivus, A. R. (Boud.). glutinifer var. leucophæus, R. (Fl. par.). erubescens, R. (Fl. par.). cossus, A. R. Ecouen (Boud.). —— eburneus, C. chrysodon, R. (Fl. par.). 24. Gomphidius viscidus, A. C. — glutinosus, A. R. (Boud.); Grelz ! 25. Nyctalis parasitica, A. C. VIII. — Russulariées. (Stipe parenchymaleux.) 26. Russula lutea, A. R. (Fl. par.). ochracea, A. R. (Boud.). alutacea, A. C. nitida, A. R. (Fl. par.). integra, A. R. (Boud.). fragilis, C. ochroleuca, A. C. pectinata, €. emetica, C. C. fœtens, €. heterophylla, C. vesca, A. C. (Boud.). xerampelina, R. (Boud.). rubra, A. C. (Fl. par.). lepida, A. C. (Boud.). virescens, A. C. furcata, C. elephantina, A. R. (Boud.). delica, R. (Vaill.). adusta, C. nigricans, €. 21. Lactarius obnubilus, R. (Boud.). camphoratus, A. C. subdulcis, C. C. mitissimus, A. R. (Fl.£par.). serifluus, A. C. volemus, A. R. (Mér.; Boud.). fuliginosus, A. C. glyciosmus, R. (Fl. par.). rufus, A. €. —- theiogalus, €. C. quietus, A. C. (Fl. par.). deliciosus, C. SÉANCE DU 10 Mars 1876. Lactarius vellereus, C. piperatus, C. pargamenus, A. R. (Fl. par., Boud.) plumbeus, R. (Fl. par.; Lév.). acris, A. C. (Fl. par.). pyrogalus, A. C. flexuosus, A. R. (Boud.). luridus, A. R. (Fl. par.). — hysginus, A. R. (Boud.). blennius, A. R. (Fl. par.). zonarius, A. R. (Fl. par.; Vaill.). insulsus, R. Ecouen (Boud.). controversus, C. turpis, A. C. (Boud.). torminosus, C. C. scrobiculatus, R. (Mér.; Boud.). TENUILAMELLÉES, LIBÉROSTIPITÉES. IX. — Plutéinées. (Volva peu visible ou nulle.) 28. Pluteus phlebophorus, R. R. (Boud.). leoninus, R. (Fl. par.). Foret d Ar- mainvilliers ! semibulbosus, R. R. (Boud.). nanus, R. R. Ecouen (Boud.). pellitus, R. Chaville ! salicinus, R. (Fl. par.; Boud.). ephebeus, R. R. (Fl. par.). umbrosus, R. (Fl. par.; Boud.). cervinus, A. C. 29. Pluteolus destrictus (/nocybe Fr.). Fon- tainebleau ! — rimosus (Inocybe Fr.), C. C. — fastigiatus (Inocybe Fr.), A. R. Ecouen (Boud.). — phaeocephalus (Inocybe Fr.), A. R. (Fl. par.; Lév.). | ILEETL IG 1g X. — Coprinidées. (Volva visible, adhérente au chapeau qui se liquéfie en un suc noirâtre.) 90. Coprinus velaris, G. = plicatilis, A. C. ephemerus, À. R. (Fl. par.). stercorarius, A. R. (Chev.). domesticus, A. C. radiatus, A. €. (Fl. par.). nycthemerus, R. (Vaill.). lagopus, A. R. (Boud.). Hendersonii, R. R. (Boud.). ephemeroides, A. €. (Fl. par.). deliquescens, A. R. (Fl. par). — ' erythrocephalus, R. R. (Lév.). micaceus, C. C. i niveus, A. R, (Fl. par.). | tomentosus, A. R. (Fl. par.; Lév.). fimetarius, C. | PIRE HI 141 exstinctorius, A. R. (Grav.; Boud.). picaceus, R. (Fl. par.). atramentarius, A. C. (Fl. par.). oblectus, R. R. (Lév. d’après Boud.). sterquilinus, R. (Grav.). ovatus, C. comatus, C. Coprinus XI. — Lépiotées. (Volva visible, adhérente au chapeau, qui est persistant.) 31. Lepiota mesomorpha, R. (Fl. par.?). amianthina, C. granulosa, R. (Fl. par.; Lév.). Carcharias, R. (Boud.). Pauletii (?), R. (Paulet d’après Fries). cepæstipes (?), R. [dans les serres (Boud.)]. holosericea, R. (Boud.). furnacea, R. R. (Let.). cristata, C. clypeolaria, A. C. hispida, R. R. Ecouen (Boud.). Badhami, R. R. Sous les ifs de Trianon (Def.). Friesii, R. R. Mail de Henri IV! mastoidea, R. R. (Boud.). excoriata, A. R. (Fl. par.). Rhacodes, A. R. (Boud.). procera, C. XII. — votvariées. (Volva indépendante, formant une enveloppe istincte du chapeau.) 32. Amanitopsis vaginata (Amanita Fr.), C. — pretoria (Amanita Fr.), R. R. Forét de Gisors (Poisson et Cli. Brongniart). 33. Volvaria parvula, R. (Fl. par.). Trappes ! gloiocephala, R. (Boud.). speciosa, R. (Boud.). volvacea, R. R. (Fl. par.). A. C. dans les serres chaudes (Boud.). bombycina, R. R. (Grav.; Lév. d'après Boud.). CINCTOSTIPITÉES. XIII. — Pieuropodées. (Stipe nul ou non défini; lamelles décurrentes.) 34. Pleurotus chioneus, R. R. (Grav.). applicatus, A. R. (Fl. par.). fluxilis, R. R. (Grav.). — algidus, R. (Fl. par.). nidulans, R. (Grav.). pinsitus, R. R. (Boud.). acerosus, R. (Boud.). — tremulus, R. (Grav.). 112 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Pleurotus petaloides, R. (Fl. par.). — salignus, A. R. (Fl. par.). Meudon! — ostreatus, C. — pometi, R. R. (Lév. d’après Boud.). — Eryngii, R. R. (Fl. par.)... (?) — lignatilis, R. (Fl. par.; Boud.). — fimbriatus, R. R. (Fl. par.). —- tessulatus, R. (Fl. par.). — ulmarius, A. R. (Fl. par.). — dryinus, R. (Fl. par.). 35. Panus stipticus, C. C. — torulosus R. (Grav.). — conchatus, R. (Fl. par.; Boud.). 36. Claudopus byssisedus, R. (Fl. par.). — depluens, R. (Grav.). — variabilis, C. C. 37. Crepidotus epibryus, R. R. (Grav.). — mollis, A.C. — palmatus, R. (Fl. par.; Boud.). XIV. — Clitocybées. (Stipe défini; lamelles décurrentes.) 9 38. Clitocybe fragrans, C. — metachroa, A. C. (Fl. par.). — suaveolens, A. R. Chaville ! — oblata, A. C. — expallens, R. (Fl. par.). — cyathiformis, C. — ericetorum, A. R. (Chev.; Lév.). — catinus, A. R. (Boud.). — cervina, R. (Fl. par.). — inversa, A. R. (Boud.); Fontaine- bleau ! — goeotropus, A. C. — squamulosa, R. (Fl. par.). — infundibuliformis, C. C. — opaca, R. (Boud.). — fumosa, R. (Fl. par.; Lév.). — hortensis, R. (Fl. par.). — molybdina, R. (Fl. par.). Saint- Germain (Ler.). — dealbata, R. (Grav.). — candicans, A. C. — phyllophila, A. R. (Fl. par.; Lév.). — odora, A. €. — hirneola, A. C. — Auricula, R. R. (Fl. par.?). — clavipes, A. C. — nebularis, C. 39. Clitopilus carneoalbus, R. (Vaill.; Boud.). — orcella, €. €. — prunulus, C. 40. Flammula vinosa, R. (Grav.). — gymnopodia, R. (Boud. ). XV. — Tricholomées. (Lamelles adnées, sinućes; cortine nulle ou indistincte.) 41. Tricholoma sordidum, A.C. (Boud.) ; Fontainebleau ! Tricholoma humile, A. R. (Grav.). — brevipes, A. R. (Grav.; Lév.). — melaleucum, A. C. — grammopodíum, A. R. (FI. par.). -- cinerascens, A.R.(Boud.);Chaville! — nudum, C. — personatum, A.C. — acerbum, A. C. — Jeucocephalum, R. (Boud.). — album, R.? — arcuatum, A.R. (Fl. par.; Lév.). — Schumacheri, R. (Fl. par.). — graveolens, R. (Fl. par.) ; [Ag. grossus Lév.?]. — albellum, R. Versailles (Def.). — Georgii, R. Meudon et St-Cloud (Quélet) ; Chaville ! — gambosum, R. Ecouen (Boud.). .— carneum, R. (Fl. par.; Lév.). — ionides, R. (Fl. par.). — chrysenterum, R.R. (Fl. par.). — Jascivum, R. (Fl. par.). — bufonium, R. (Boud.). — sulphureum, C. — mwrinaceum, R. (Fl. par.; Boud.). — tumidum, R. (Fl. par.; Lév.). — cuneifolium, A. R. (Fl. par.). — cartilagineum, R. (Fl. par.). — saponaceum, À. C. — terreum, C. ` — imbricatum, R. Versailles (Def.). — Columbetta, A. C. — rutilans, A. C. — frumentaceum, R. (Fl. par.). — Russula, R. (Fl. par.; Lév.). — pessundatum, A. C... (?) — ustale, R. (Boud.). — albobrunneum, A. R. (Boud.). — flavobrunneum, A. €. — nictitans var. fulvellum, R. (Fl. par.; Boud.). — spermaticum, R. (Grav.). — sejunctum, A. R. (Boud.). — equestre, R. (Fl. par.). Versailles (Def.). .| 42. Entoloma sericeum, A. C.. — rhodopolius, €. — clypeatum, A. C. — sericellum, A. R. (Boud.). — griseocyaneum, R. (Fl. par.). — ardosiacum, R. (Fl. par.; Boud.). — repandum, R.R. (Fl. par.?). — lividum, A. R. (Boud.). — sinuatum, A. R. (Fl. par.). Ecouen (Boud.); Gisors ! HJ. Hebeloma petiginosum, R. (Fl. par.). — erustuliniforme, C. C. — sambucinum (/nocybe Fr.), R. (Grav.). SÉANCE DU 10 Mans 1876. XVI. — Cortinariées. (Lamelles adnées ou sinuées, non voilées ; cortine distincte.) 44. Cortinellus vaccinus (Tricholoma Fr.), R. (Grav.). 45. Inocybe graminicola (Naucoria Fr.), A. R. (Boud.). conspersa (Naucoria Fr.), R. (Fl. par.). siparia (Naucoria Fr.), R. (Chev.; Let.). apicrea (Flammula Fr.), R. (Chev). conissans (Flammula Fr.), R. (Boud.). fusa (Flammula Fr.), R. (Boud.). carbonaria (Flammula Fr. , A. C. lubrica (Flammula Fr.), R. (Mér.). lenta (Flammula Fr.), R. (Fl. par.). fastibilis (Hebeloma Fr.), A. R. (Boud.). geophylla, C. pyriodora, A. R. (Fl. par.; Boud.). lanuginosa, C. 46. Cortinarius acutus, R. (Grav.). — leucopus, R. (Fl. par.). castaneus, C. C. — armeniacus, A. R. (Fl. par.; Saint- Germain (Ler.). hemitrichus, A. C. iliopodius, A. C. psammocephalus, A. R. (Fl. par.). gentilis, A. R: (Grav.), hæmatochelis, A. C. torvus, A. C. bivelus, A. C. raphanoides, A. R. (Grav.). orellanus, A. C. . cinnamomeus, C. C. — anomalus, A.R. (Fl. par.). — bolaris, R. (Lév.). — Bulliardi, A. R. (Fl. par.). alboviolaceus, C. cinereo-violaceus, A. R. (Fl. par.). violaceus A. C. argentatus, R. R. (Grav.). — turgidus, R. Ecouen (Boud.). elatior, A. C. collinitus, C. — arvinaceus, R. R. (Boud.). maculosus, R. R. (Lév.). croceocæruleus, R. (Grav.). — cumatilis, R. R. (Vaill.). — scaurus, A. R. Ecouen (Boud.). prasinus, R. (Boud.). — fulmineus, R. (Boud.). fulgens, A. R. (Lév.); Ecouen (Boud.). Fontainebleau ! T. NNIIL. — — 4 — — 113 Cortinarius turbinatus, A. C. purpurascens, R. (Fl. par.). cærulescens, A. R. (Boud.). calochrous, R. (Fl. par.). glaucopus, A. C. multiformis, A. R. (Boud.). infractus, R. (Fl. par.). varius, R. (Fl. par.). 47. Hypholoma appendiculatum, C. — piluleforme, R. (Grav.). Candolleanum, A. C. velutinum, €, lacrymabundum, C. fasciculare, C. C. elæodes, R. (Boud.). sublateritium, C. C. hydrophilum (Bolbitius Fr.), C. XVII. — Armillariées. (Lamel]les adnées, voilées; volva adhérente au chapeau ou nulle.) 48. Armillaria mucida, R. (Fl. par.; Lév.). — denigrata, R. (Fl. par.). mellea, C. C. ramentacea, R. R. (Fl. par.). robusta, R. Fontainebleau ! 49. Pholiota mycenoides, R. R. (Mér.). mutabilis, C. muricata, R. (Fl. par.). adiposa, R. Versailles (Def.) ; Fon- tainebleau (Ler.). spectabilis, R. Fontainebleau ! squarrosa, A. R. (Fl. par.; Lév.). aurivella, R. (Mér.; Boud). Fon- tainebleau ! destruens, A. C. pudica, R. (Fl. par.). radicosa, A. €. sphaleromorpha, A. R. (Fl. par.; Boud.). praecox, A. C. blattaria, R. (Mér.). togularis, A. R. (Fl. par.). caperata, A. C. aurea, R. (Fl. par.; Lév.). 90. Stropharia semiglobata, C. stercoraria, €. merdaria, A. R. (Fl. par.). squamosa, R. (Fl. par.). St-Ger- main (Ler.). melasperma, A.R. (Fl.par.; Boud.). coronilla, A. C. æruginosa, C. XVIII. — Psattiotées. (Lamelles libres, voilées; volva adhérente au chapeau.) 91. Psalliota echinata, R. R. (Grav.). — hæmatosperma, R. (Fl. par.). (SÉANCES) 8 114 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, Psalliota hæmorrhoidaria, A. R. Chaville! Fontainebleau ! — silvatica, A. R. (Boud.). —- campestris, C. C. — cretacea, A. R. (Fl. par.). — arvensis, C. C. — elvensis, R. R. Versailles (Def.). — augusta, R. (Boud.). XIX. — Amanitées. (Lamelles libres, voilées; volva indépendante formant une enveloppe distincte du chapeau.) 52. Amanita aspera, R. (Fl. par.). — nitida, R. R. (Boud.). — spissa, A. R. (Boud.). — rubescens, C. C. Amanita, 52, Amanitopsis (n. g.), 32. Armillaria, 48. Bolbitius, 10. Cantharellus, 19. Claudopus, 36. Clitocybe, 38. Clitopilus, 39. Collybia, 14. Coprinus, 30. Cortinarius, 46. Amanita echinocephala, R. R. (Boud. ) solitaria, R. R. (Fl. par.; Boud.). strobiliformis, R. R. (Boud.). excelsa, A. R. (Grav.; Lév.). pantherina, C. muscaria, €. C. recutita, R. (Boud.). porphyria, R. R. (Boud.). Mappa, C. C. phalloides, C. — var. verna R. (Chev.). virosa, R. (Boud.). ovoidea, R. R. (Fl. par.; Lév.). cæsarea, R. (FL par.; Lév., Sicard, Chatin, Petit, ete.). TABLE DES GENRES. Gomphidius, 24. Hebeloma, 43. Hygrophorus, 23. Hypholoma, 47. Inocybe, 45. Lactarius, 27. Lentinus, 22. Lepiota, 51. Lepista, 21. Panus, 35. Paxillus, 20. Pholiota, 49. Pleurotus, 34. Pluteolus, 29. Pluteus, 28. Psalliota, 54. Psathyra, 11. Psathyrella, 12. Psilocybe, 17. Russula, 26. Leptonia, 15. Gortinellus (n. g.), 44. . Crepidotus, 37. Schizophyllum, 4. Marasmius, 2. Stropharia, 50. Mycena, 7. Deconica, 6. Tricholoma, 41. Naucoria, 16. Tubaria, 5. Nolanea, 8. Nyctalis, 25. Eccilia, 4. Entoloma, 42. Volvaria, 33. Flammula, 40. Omphalia, 3. Xerotus, 18. Galera, 9. Panoolus, 13. (On retrouvera certaines espèces des genres suivants de E. Fries, aux numéros qui les accompa- gnent : Amanita, 32; Clitocybe, 21, 23; Collybia, 7; Flammula, 45; Hebeloma, 45; Inocybe, 29, 43; Marasmius, 14; Mycena, 3; Naucoria, 45; Tricholoma, 44.) Les abréviations employées dans cé Catalogue sont les suivantes : Vaill. (Séb. Vaillant, cité d’après Fries). — Fl. par. (Flores de Mérat et de Chevallier) — Mér. (Mérat). — Chev. (Chevallier). — Grav. (Graves, d'aprés son Catalogne des plantes du département de l'Oise). — Let. (M. Letellier, cité d'après Fries). — Lév. (Léveillé, d'aprés les listes publiées d'après cet auteur dans le botaniste herborisant de M. B. Verlot). — Ler. (M. Locré, à qui je dois d'assez nombreux renseignements et qui a conservé le souvenir et la tradition des excur- sions mycologiques de Léveillé). — Boud. (M. Boudier, qui a bien voulu me laisser extraire de précieuses indications dans son Catalogue inédit des Champi- SÉANCE DU 10 mars 1876. 115 gnons observés par lui aux environs de Montmorency). — Def. (M. Defurnes, cité d'aprés M. Boudier). — Le signe (!) sert à désigner les espéces que j'ai récoltées moi-méme, soit seul, soit en compagnie de M. Maxime Cornu. Les noms spécifiques ont été reproduits d’après l'ouvrage de E. Fries : Hyme- nomycetes europei, etc., 1874; les changements dans les noms génériques, qui ne concordent pas avec cet ouvrage, ont toujours été indiqués. MM. Roze et Cornu déposent sur le bureau des échantillons d'Elaphomyces appartenant à cinq espèces différentes qu'ils ont eu l'occasion de récolter, en compagnie de MM. E. et G. Planchon, dans une excursion dirigée par M. Boudier, aux environs de Mont- morency. ` . M. Roze donne ensuite lecture de la note suivante : DU PARASITISME PROBABLE DE QUELQUES ESPÈCES DU GENRE ELAPHOMYCES ET DE LA RECHERCHE DE CES TUBÉRACÉS, par M. BOUDIER. Derniérement, dans une excursion mycologique spécialement destinée à la recherche des Elaphomyces, que je faisais aux environs de Montmo- rency, en compagnie de plusieurs de nos confréres de la Société, MM. E. et G. Planchon, Roze et Max. Cornu, j'ai pu renouveler quelques obser- vations antérieures relativement au parasitisme de ces Tubéracés et à leur récolte. Ces observations pouvant offrir dc l'intérét à plusieurs de nos col- légues, je demanderai à la Société la permission de les lui faire connaitre. Disons d'abord que nous avons pu récolter en assez grand nombre cinq espèces : les Elaphomyces variegatus, asperulus, echinatus, Leveillei et Cyanosporus. Tous les mycologues qui ont récolté des Elaphoniyees à péridium jaune, tels que variegatus, granulatus et sa variété asperulus Tul., ont dû remar- quer que la fossette dans laquelle se trouve enchàssé le Champignon est tapissée d'un réseau rougeâtre imitant très-bien un mycélium, mais formé par les radicelles des arbres et arbrisseaux voisins (Douleaux, Chênes et Châtaigniers). Toutefois ils n’ont peut-être pas remarqué que ce réseau, si visible dans ces espèces, manque dans beaucoup d'autres, PEL Leveillei, par exemple. Ce n'est done pas à l'obstacle que présente le péridium au déve- loppement des radicelles qu'il faut en attribuer la cause, car on l'observe- rait alors tout aussi bien sur cette espéce que sur des corps étrangers; C'est plutôt à un effet spécial du mycélium sur les racines. Si on les exa- mine, en effet, avec attention, on voit qu'elles sont turgescentes, irrégu- lières et ramifiées d'une manière anormale ; leur couleur est moins rouge, plus jaune qu'elles ne le sont généralement. De plus elles sont si nom- breuses, si pressées et enchevétrées les unes dans les autres, qu'elles garnissent tous les intervalles que laissent entre elles les petites verrues 116 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. qui couvrent le cortex. Si l'on se sert de la loupe, on peut remarquer que ce réseau, surtout s'il n'y a pas trop d'humidité, est couvert d'une légère couche de filaments orangés ou jaunàtres; enfin si l'on porte sous le mi- croscope une parcelle, ou mieux une coupe très-mince de ces radicelles, on reconnait tout d'abord que l'extérieur est envahi par des filaments my- céliens trés-déliés, eloisonnés et d'une couleur jaunàtre. D'un autre côté, si l'on examine le terreau qui environne le réseau en question, on le trouve peu riche en ces filaments. Le mycélium de cet Elaphomyces se trouve done principalement sur ces radicelles et probablement en parasite, puis- qu'il les modifie, les force à se développer d'une manière anormale et à s'appliquer contre le péridium qui doit en tirer par son intermédiaire les principes nécessaires à son développement. Dien que ce mycélium enva- hisse la surface des radicelles, il ne les pénétre pas. La premiére couche de cellules seule parait attaquée et l'intérieur est sain : aussi ne détruit-il pas la vitalité de la racine, au contraire il l'active en déterminant l'affluence des sues nourriciers. On voit des tuméfactions, qui ont quelque chose d'analogue, déterminées chez certains végétaux par des Urédinées. Je ferai remarquer en outre qu'il n'est pas trés-rare de rencontrer, en fouillant la terre, dans les endroits où croissent ces Tubéracés, de petits paquets de radicelles d'un jaune rosé, trés-ramifiés et de méme nature que ceux qui forment le réseau. Ces petits amas ou faisceaux sont peut-étre le berceau où se développera plus tard de nouveaux Champignons ; mais jusqu'à pré- sent je n'ai pu le vérifier. Je n'ai rien vu de semblable pour les Elaphomyces noirs, PEL Leceillei, entre autres, dont le mycélium, généralement beaucoup plus développé, se montre vivement coloré en jaune verdàtre, ce qui le fait découvrir facilement. Ce mycélium forme une croûte fort épaisse par son mélange avec l'humus dans lequel il végéte et au milieu duquel il est enchàssé ; il est adhérent d'ordinaire à la partie supérieure du péridium, et alors la tache basilaire est en dessus. Rien dans les racines environnantes ne se trouve modifié : celles qui traversent la eruste ne sont altérées, ni dans leur forme, ni dans leur couleur; le mycélium verdàtre les entoure sans les déformer, et si dans leur croissauce elles rencontrent le péridium, elles dévient simplement comme elles le feraient devant tout autre corps étranger. Rien, en un mot, ne rappelle la ramification si remarquable qu'elles éprouvent par le fait des espèces citées plus haut. Une tranche mince mise sous le microscope montre les cellules superficielles intactes et avec leur couleur habituelle. Cependant j'ai rencontré assez souvent, sur des radicelles prises dans ce mycélium, d'autres filaments mycéliens plus obseurs, plus roides et d'un aspect plus fragile, qui, je crois, doivent se rapporter au Cenococcum geophilum, si commun dans ces mémes loca- lités. Ces filaments sont tout à fait distincts de ceux de PEL. Leveillei, généralement moins roides, plus pàles et d'ordinaire couverts de granula- SÉANCE DU 10 mars 1876. 117 tions verdàtres, quelquefois trés-abondantes et qui leur donnent en grande partie leur couleur et leur épaisseur. Il ne faudrait pas conclure de là d'une manière absolue que ce Champi- gnon ne soit pas également parasite, car le mycélium peut parfaitement se développer sur les radicelles, les détruire, puis végéter par lui-méme. Toutefois, bien que de nouvelles observations, spécialement dirigées sur le jeune àge du mycélium, soient encore nécessaires pour prouver avec certitude le parasitisme, le fait de l'altóration des radicelles est un signe puissant en sa faveur, et je ne doute pas qu'on arrive un jour à éclaircir ce sujet. » Il ne faut pas croire que les espèces de ce genre soient peu répandues ou difficiles à trouver : beaucoup sont au contraire très-communes et avec un peu d'habitude et de connaissance des terrains qu'elles affectionnent, on arrive facilement à les rencontrer, malgré leur station hypogée. Dans l'excursion dont j'ai parlé, c’est par centaines que nous aurions pu récol- ter plusieurs de ces espéces. Le point le plus essentiel est de se munir d'un instrument convenable : une petite raclette qui puisse se mettre faci- lement dans la poche est suffisante. Un autre point est de faire les recher- ches exclusivement sur les collines sablonneuses, les espèces étant essen- tiellement silicicoles et rares dans les terrains calcaires, qui par contre sont plus riches en autres Tubéracés. Je n'ai jamais trouvé d Elaphomyces dans les endroits, argileux où ils paraissent remplacés par les Hymeno- gaster, toujours plus abondants dans les calcaires proprement dits. Les Elaphomyces préfèrent les terres sableuses, surtout quand elles sont noircies par l'humus qu'elles contiennent, telles que les terres de Bruyére. On commence à les rencontrer au-dessus des marais tourbeux, ou méme dans ces marais, quand ils ne sont ni trop humides ni trop éclairés. Ces Champignons aiment une ombre légére et abondent dans le voisinage des Bouleaux, près des Bruyères, sur les pentes des collines. Les espèces sont inégalement répandues : ainsi, l'El. cyanosporus Tul. est plus abondant dans la partie inférieure des sables où croît le Molinia cerulea, bien connu des mycologues pour la recherche de l'ergot du Cla- viceps microcephala ; il devient rare dans les déclivités plus élevées, et trés-rare sur le sommet, où je ne l'ai encore rencontré qu'une fois. Au-dessus de la région de cette espèce, sur les collines couvertes de Bruyères, on rencontre l El. Leveillei Tul., qui ne se distingue pas nettement de l'El. maculatus Vitt. dont il n'est probablement qu'une variété. Dans cette méme région, se trouve déjà l'El. granulatus var. asperulus Tul. qui y est commun, lEl. granulatus type se trouvant plus haut. En montant toujours, dans Ja région où abonde le Leucobryum glaucum, on récolte VEI. ech inatus, que son odeur alliacée, faible lorsqu'il est jeune, trés-intense au contraire lorsqu'il est mûr, fait facilement reconnaitre. Cette espèce aime le voisinage des Bruyères, prés desquelles on la rencontre avec plus 118 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de sûreté, et seulement dans les taillis, les Bruyères arides n'en contenant que fort peu. Plus haut encore, on trouve la zone des El. variegatus et granulatus type; mais ces espèces se rencontrent aussi çà et là dans les régions inférieures. Je ferai remarquer, en outre, que ces Champignons sont cantonnés, c'est-à-dire qu'ils sont trés-nombreux en de certains endroits et qu'ils manquent en d'autres. J'ai constaté aussi que les pentes exposées au midi et à l'ouest sont plus riches que celles qui sont exposées au nord et surtout à l'est. Quand on recherche ces Tubéracés, il est bon de gratter la terre et non de la piocher ; en raclant le sol on met à nu immédiatement les péri- diums ; en piochant au contraire, on les soulève avec la motte de terre qui les entoure et ils passent souvent inapercus. Ils sont généralement à peu de profondeur, de 1 à 5 centimètres, rarement davantage, de sorte qu'ils sont souvent dévorés par les petits rongeurs; les sangliers en sont égale- ment trés-friands. Des gardes et des chasseurs m'ont plusieurs fois ap- porté des alvéoles d'El. granulatus et variegatus qui avaient été dévorés par ces animaux, me demandant ce qu'elles avaient pu contenir. Presque toutes ces espéces d' Elaphomyces sont hypogées ; mais quelques- unes ont le sommet émergent, VEL. cyanosporus, par exemple, qui est souvent visible lorsqu'on écarte les feuilles qui couvrent la terre. Beau- coup sont hivernales; mais on peut généralement les rencontrer toute l'année, la dureté des péridiums les préservant de la destruction. Les meilleurs mois pour leur recherche sont janvier, février et mars; avant cette époque ils sont trop jeunes ; plus tard, ils sont trop avancés, à moins que la température ne leur soit pas propice, comme il arrive dans les hivers trop rigoureux. Toutes les espèces vivent en société : aussi, quand on en a trouvé un échantillon, on peut être à peu près sûr d'en rencontrer d'autres dans le voisinage, sauf dans les terrains peu convenables où, par exemple, l'humus fait défaut. Généralement il ne faut pas que le terrain soit trop meuble, ni envahi ou sillonné par les taupes et les mulots. I]ne faut pas non plus qu'il soit pierreux. Les taillis des Bruyéres non labourés, battus par la pluie et plantés de Bouleaux et de Chàtaigniers, sont les meilleures localités. Il faut également rechercher de préférence ces espèces dans le voisinage des jeunes arbres dont les racines ont un chevelu abondant. La coupe d'un taillis arréte le développement de ces Champignons ou tout au moins en diminue le nombre. Jusqu'à présent les espéces ou variétés que j'ai rencontrées à Montmo- rency sont au nombre de neuf. Ce sont les El. variegatus Vitt. etvariega- tus var. celatus Vitt., qui est peut-être une espèce distincte et dont je n'ai recueilli qu'une seule fois six échantillons ; granulatus Fr., et granulatus var. asperulus Tul., qui n'est peut-être pas le méme que asperulus Vitt.; echinatus Vitt; maculatus Vitt.; Leveillei Tul., qui n'en est probable- SÉANCE DU 10 mars 1876, 119 ment qu'une variété peu distincte ; anthracinus Vitt., dont je n'ai récolté qu'une fois une vingtaine d'échantillons, et eyanosporus Tul. Je wai pas encore rencontré d'Élaphomyces à péridium mou ; mais je crois ces espèces plutót estivales. J'ai l'espoir que ces observations pourront étre de quelque utilité, pour la recherche et l'étude de ces intéressants Tubéracés. M. Chatin demande si les Elaphomyces se trouvent dans des ter- rains dénudés, privés de toute autre végétation basse, ainsi que cela a lieu pour les Truffes, qui semblent faire le vide autour d'elles, ct ameublir le sol où elles croissent, . M. Roze répond qu'il ne parait pas en être de méme pour les Ela- phomyces, car on en trouve sous les herbes et les Mousses vivantes et dans des terrains assez compactes. M, Malinvaud annonce à la Société, au nom de M* veuve Boreau, que l'herbier de feu Boreau a été acheté par la ville d'Angers, et qu'il restera déposé au Jardin botanique de cette ville, où les per- sonnes qui désireraient le visiter pourraient en obtenir l'autorisa- tion, en s'adressant au directeur actuel, M. le docteur Lieutaud. Il renferme, avec un nombre incaleulable de notes précieuses et iné- dites, tous les types dela Flore du centre de la France et du bassin de la Loire, ainsi qu'une collection considérable d'échantillons authentiques envoyés à Boreau par MM. Jordan, Déséglise, Ge- nevier et autres. monographes contemporains. Il s'y trouve aussi une fort belle et trés-compléte collection de Salicinées et beau- coup d'autres richesses botaniques; en tout, 20 000 espèces environ. M. Malinvaud ajoute qu'ainsi sera réalisé le vœu du regretté Boreau, qui désirait que cet herbier formé avec tant de soins et enrichi des dons accumulés pendant un demi-siècle, fût conservé intact et restàt dans son pays. M. Duchartre répond qu'il est heureux pour la science qu'une collection aussi précieuse n'ait pas été dispersée. M. Dureau dit à ce propos que le Muséum d'histoire naturelle de Paris a fait l'acquisition de l'herbier de M. Grenier, qui ne comprend pas moins de 10 000 espèces. 120 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SÉANCE DU 24 MARS 1876. PRÉSIDENCE DE M, DUCHARTRE, M. Mer, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la dernière séance, dont la rédaction est adoptée. M. le Président annonce deux nouvelles présentations. Dons faits à la Société : Alfred Cogniaux, Diagnoses de Cucurbitacées nouvelles et observations sur les espèces critiques (1° fasc.). Parlatore, Cenno necrologico di Adolfo Brongniart. Ch. Martins, La théorie de l'évolution en histoire naturelle. A. Pomel, Nouveaux matériaux pour la flore atlantique. Sur la proposition faite au nom du Conseil par M. le Président, relativement à la prochaine session extraordinaire, la Société décide successivement que cette session se tiendra, cette année, à Lvon, et que le jour d'ouverture en sera fixé au 26 juin. La nomination des membres du Comité d'organisation sera soumise ultérieurement à la Société, M. l'abbé Chaboisseau entretient la Société de quelques observa- tions sur un point d'histoire botanique, relatives à l'orthographe du nom de Villars, le botaniste dauphinois du dernier siécle. On trou- vera, du reste, cette question traitée avec détail dans le compte rendu de la session extraordinaire tenue par la Société à Gap, en 1874. M, Cornu fait à la Société la communication suivante : OU DOIT-ON CHERCHER LES ORGANES FÉCONDATEURS CHEZ LES URÉDINÉES ET USTILAGINÉES ? par M. Maxime CORNU, Dans un mémoire présenté au mois de juin 1873, à l'Académie des sciences en collaboration avec mon ami M. E. Roze, mémoire auquel l'Aca- démie a bien voulu aceorder un encouragement (1), j'ai donné quelques détails sur la germination des spermaties des Urédinées. Ces petits corps peuvent émettre des sporidies secondaires et ne doivent plus étre tenus, comme le voulait M. Tulasne, pour des corpuseules fécondateurs. Où doivent se passer les phénomènes de la fécondation, s'ils existent? En (1) Comptes rendus de l'Académie des sciences du ?1 juin 1875. Rapport de M. Bron- gniart, p. 1468. SÉANGE DU 24 MARS 1876. 121 admettant l'existence d'une forme sexuée parmi les quatre formes reproduc- trices que possèdent les Urédinées, on ne fait qu'émettre une hypothèse trés-admissible; il nous reste à rechercher parmi celles-ci la forme sexuée. Les spermaties et les urédospores sont de simples conidies et peuvent être immédiatement écartées. Il reste en présence l'ZEcidium et la téleutospore. Quelques botanistes, ct notamment M. Sachs (1), voient dans l’Æcidium, muni d'un conceptacle et renfermant une couche prolifère, la forme où la fécondation a dü se pré- senter. La présence du conceptacle particulier ne caractérise cependant pas les /Ecidium, car quelques autres formes en possèdent de semblables ; on peut citer l'Uredo du Melampsora betulina et du Cronartium Ascle- piadeum ; Y Uromyces scutellatus et la curieuse Puccinie échinée du Podo- phyllum peltatum, le Puccinia Sonchi, sont entourés de paraphyses par- liculiéres simulant une cupule spéciale. La manière dont les spores d'/Ecidium naissent disposées en file, aux dépens d'un tissu prolifère, se retrouve chez certains Uredo (U. pinguis, U. Rhinanthacearum), et sont une forme, le premier d'un Phragmidium, le second d'un Coleosporium ; il y a plus d'une analogie entre les Uredo vrais et les Æcidium ; ils peuvent méme manquer tous les deux, comme cela se présente chez le Puccinia Malvacearum, sans que pour cela la diffusion de l'espéce soit entravée. La forme qui probablement est en relation avec la fécondation serait la léleutospore à germination le plus souvent tardive, comme cela se pré- sente chez les spores sexuées des Algues, sans que je préjuge rien cepen- dant sur son origine. La comparaison des Urédinées et des Ustilaginées montre que dans les Ustilaginées la forme qui seule se montre dans le plus grand nombre des cás est l'analogue de la téleutospore, accompa- gnée quelquefois de conidies; c'est donc dans le développement de la téleutospore ou des produits de sa germination qu'il parait convenable de chercher les phénomènes fécondateurs plutôt qu'ailleurs. Nous serions éclairés sur ce sujet important si nous connaissions la véritable place dans la série et les affinités des Urédinées et des Ustilagi- nées, qui jusqu’à présent forment un groupe distinct dont on ignore les analogies. On a essayé de comparer les téleutospores cloisonnées à des théques épaissies ; mais cette comparaison devrait être soutenue par de bonnes raisons et ne peut établir encore avec certitude le lien des Hypo- dermés et des Ascomycétes. M. Chaboisseau rappelle que dans l'excursion de Gap en 1874, il a été assez heureux pour récolter le Geum Aeterocarpum, plante rare, qu'on n'avait encore trouvée que dans la Sierra Nevada. Elle (1) Manuel de botanique, 3° éd. (trad. francaise, Paris, 1873, p. 343). 122 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. est hétéropédicellée et non hétérocarpe, comme le ferait croire son nom, A propos de végétaux rares, M. Duchartre cite Alyssum pyre- naicum qui a disparu des Pyrénées durant plusieurs années ; sa station était prés d’un rocher à pic à la Font-de-Comps. Un bota- niste du nom d'Andrés, dans l'espoir que cette plante ne serait plus récoltée, se fit attacher par une corde et racla le rocher sur lequel elle se développait, afin de la détruire complétement. Au bout de quelques années cependant, elle réapparut. De méme l'Aster py- renœus fut longtemps exploité par un guide de Luchon, qui seul con- naissait la localité où il croissait. | M. Petit dit à ce sujet qu'il. vient de retrouver sur le plateau de Romainville une Algue également fort rare, le Sphæroplea annu- lina qui avait disparu de cette station depuis 1872. SÉANCE DU 24 AVRIL 1876, PRÉSIDENCE DE M, DUCHARTRE. M. Mer, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 24 mars, dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la dernière séance, M. le Président proclame membres de la Société : MM. FourNEREAU (l'abbé), professeur à l'institution des Chartreux à Lyon, présenté par MM. Chaboisseau et Magnin. Messine (Marcel), étudiant en pharmacie, 83, quai de la Fosse, à Nantes, présenté par MM. Coquet et Génevier. M. le Président fait ensuite connaitre deux nouvelles présentations. M. le Président annonce à la Société la perte trés-regrettable qu'elle vient de faire dans la personne de l'un de ses membres, M. de Parseval Grandmaison, décédé récemment dans sa propriété des Perrières, prés Mâcon. Lecture est donnée de la note suivante, adressée à la Société par M. Mouillefarine : NOTE DE M. MOUILLEFARINE. Une société d'échange se fonde à Pesth (Hongrie), et fait appel au con- cours des botanistes du monde entier, Elle offre les plantes de Hongrie, SÉANCE DU 21 AVRIL 1876. 193 Transylvanie, Croatie et Esclavonie, et espère pouvoir étendre ses rela- tions en Turquie et en Russie. Son fondateur est M. Richter Lajos (Marie Valérie Gasse), à Buda-Pesth Erzherzogin, collecteur infatigable qui a ré- pandu les plantes rares de Hongrie par sa collaboration à la Société Helvé- tique et à l'Herbarium normale de M. Schultz. Il n'existe en ce moment de sociétés semblables qu'en Allemagne, et les botanistes francais ne sauraient faire mieux que d'apporter leur concours à la Société nouvelle, dont le siége est parfaitement choisi, en rapports directs avec le reste de l'Europe et à la frontiére de pays à peine explorés. M. le Président donne lecture des lettres suivantes : LETTRE DE M. DURIEU DE MAISONNEUVE. A M. le Président de la Société botanique de France. . Bordeaux, le 19 avril 1876. Monsieur le Président, Depuis plusieurs mois je n'avais plus de nouvelles de M. Balansa, notre infatigable, habile et heureux explorateur. Sa dernière lettre m'apprenait qu'il était alors un peu souffrant. Il se plaignait de certaines difficultés que lui suscitait le gouvernement paraguayen, en lui supprimant les sub- sides promis. Ce fàcheux état de choses avait déterminé les autres mem- bres de la commission scientifique du Paraguay à retourner en Europe. M. Balansa seul résolut de remplir sa tâche jusqu'au bout. J'avoue que son silence prolongé dans de telles circonstances m'inquiétait beaucoup, d'au- lant plus qu'il écrivait aussi qu'il avait été atteint de la fièvre. Enfin, il y a quelque temps, je recus de lui la lettre rassurante ci-in- cluse, dont je vous prie de vouloir bien donner connaissance à la Société. Empéché, à mon grand regret et aprés de longues hésitations, de me rendre à Paris, pendant les vacances de Pàques, par l'effet du poids de plus en plus lourd des années qui s'aceumulent sur ma téte, j'ai la dou- leur de voir échapper l'occasion, la derniére sans doute, de me retrouver au milieu de mes anciens et chers collègues, de leur serrer affectueuse- ment la main et de leur redire encore que le souvenir des témoignages de bonté et de bienveillance que j'ai reçus d'eux en toute circonstance vit et Vivrà toujours dans mon cœur comme un des plus doux et. des plus conso- lants sentiments de ma vie. Veuillez agréer, ete., DuniEU DE MAISONNEUVE. EXTRAIT D'UNE LETTRE DE M. B. BALANSA, membre de la Commission scien- tifique du Paraguay, à M. DURIEU DE MAISONNEUVE, Assomption, 8 février 1876. « Demain matin je quitte l Assomption pour entreprendre un grand voyage dexploration dans l'intérieur de la République. Le gouvernement para- 124 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. guayen a enfin compris que le pays a tout intérét à étre connu; aprés m'avoir laissé pendant prés de deux ans livré à mes propres ressources, il s'est enfin ravisé, et il fait mine de vouloir sérieusement me seconder. » Il peut se faire que les circonstances me forcent à modifier mon itiné- raire. Mon intention serait de parcourir de nouveau quelques-unes des localités déjà visitées l'année passée, telles que Villa-Rica et Coaguaza. De ce point je me dirigerais vers les yerbales situés entre cette dernière localité et le Parana. De là je me rendrais à San-Joaquin et Curaguaty. Je visite- rais les yerbales du Rio-Carrientes et de Santani, et je retournerais à PAs- somption, soit par San-Pedro, soit par el Puerto del Rosario. Cet itinéraire n'a pas moins de 250 lieues; je mettrai deux ou trois mois pour le par- courir, si je suis favorisé par le temps. » Ce voyage effectué et afin de connaitre l'ensemble de la flore para- guayenne, je désirerais, avant de retourner en Europe, visiter l'extréme nord de la République. Les bords du rio Apa (22* de latitude) doivent être d'une trés-grande richesse ; la végétation arborescente y serait diffé- rente, m'a-t-on dit, de celle de l'Assomption. Encarnacion et Villa Azara, dans le sud, sur les bords du Parana, seront peut-être aussi visités. Si les circonstances me permettent d'effectuer ces divers voyages, j'aurai réuni, pour faire la flore du Paraguay, un ensemble de matériaux tel que peu de pays dans l'Amérique du Sud en auront de semblables. » J'ai publié dans ces derniers temps sur Je Paraguay, un petit travail (texte espagnol) qui en est à sa seconde édition. Au retour de mon voyage, je tàcherai de le compléter, et d'en faire faire une édition française à Buenos-Ayres, » M. le Président donne ensuite lecture de la lettre suivante que lui a adressée M. Parlatore, président de la Société d'horticulture de Toscane : Florence, ce 26 mars 1876, Monsieur le Président, C'est avec une bien vive douleur que la Société royale toscane d'horti- culture a appris la perte irréparable faite en la personne de lillustre botaniste, M. Adolphe Brongniart. Aprés les paroles d'éloge consacrées à sa mémoire que j'ai prononcées dans notre conférence horticole du 19 courant, tous les membres de la Société m'ont chargé de vous exprimer leur profond regret pour la perte de cet homme éminent qui a présidé votre Société lors de sa fondation, et depuis en a été toujours un des membres les plus distingués. J'ose me flatter, monsieur le Président, que vous voudrez bien étre l'interpréte des sentiments de la Société royale toscane d'horticulture auprés de la Société botanique de France, que vous présidez. Je vous prie d'accepter ce sincère hommage rendu à la mémoire d'un aussi illustre SÉANCE DU 24 AVRIL 18706. 125 savant, qui par ses nombreux travaux a puissamment contribué au progrès de toutes les branches de la botanique. Veuillez agréer, etc. Le Président, PH. PARLATORE. M. Duval-Jouve, au nom des membres résidant en province, exprime avec émotion les sentiments de vifs regrets qu'ils ont éprou- vés à l'annonce des pertes aussi sensibles pour la Société que celles de MM. de Schoenefeld et Brongniart. Dons faits à la Société : Gourdon et Fourcade, Principes de botanique avec atlas naturel. Thomas, Beschreibung never..,.. Acaracecidium. Condamy, Étude sur l'histoire naturelle de la Truffe. Hérineq, La vérité sur le prétendu Silphion de la Cyrénaique. Humnicki, Catalogue des plantes des environs d'Orléans. Gandoger, Observations sur les Centaurea decipiens et transalpina. Celakowsky, Das Stellung der Placenten. De Saporta, Paléontologie française (20° livr.). Contejean, 3* Supplément à la flore de Montbéliard. Rexès, Le Phylloxera détruit. Grandjean, Mémoire sur la décroissance de la population francaise. M. de Saporta fait hommage à la Société de l'intéressant et splen- dide ouvrage qu'il vient de publier sur les Végétaux fossiles de Meximieux, et s'exprime en ces termes : NOTE DE M. de SAPORTA sur son ouvrage intitulé : Recherches sur les vegétuux | fossiles des tufs de Meximieux. L'ouvrage que je présente aujourd'hui à la Société, en mon nom et au hom de mes collaborateurs, n’est pas un inconnu pour elle. Un premier résumé des faits qui y sont développés a été inséré, en 1869, dans le Bulletin de nos séances (voy. t. XVI, p. 117, séance du 2 avril 1869). La nécessité d'aller plusieurs fois sur les lieux et de réunir des matériaux encombrants, l'incertitude de la date relative à laquelle il fallait rattacher le dépôt, enfin les difficultés toujours inhérentes à l'exacte détermination d'espèces végétales dont les empreintes sont trop souvent incomplètes, tou- les ces circonstances expliquent comment des années et le patronage bien- veillant du Muséum de la ville de Lyon, dirigé par M. le professeur Lortet, m'ont été nécessaires pour achever de mettre au jour les Recherches sur les végétaux fossiles des tufs de Meximieux. Je dois de plus la possession "une série d'échantillons remarquables à M. Gustave Planchon, profes- 196 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. seur à l'École de pharmacie de Paris; je dois encore des conseils auto- risés et la communication d'un grand nombre d'objets de comparaison à M. le professeur Decaisne ; enfin, l'aide active de M. Albert Falsan, ses connaissances de la stratigraphie locale condensées dans une exposition lumineusé placée en tète de l'ouvrage, ont facilité grandement ma tâche et celle de mon collaborateur et ami, M. le professeur Marion, qui a bien voulu joindre ses efforts aux miens pour atteindre en commun le but pro- posé. Après avoir ainsi satisfait au devoir d'une stricte reconnaissance, je voudrais donner à la Société une idée de l'oeuvre elle-méme. — Le dépót de Meximieux, absolument pareil par la structure concrétionnée caver- neuse de la roche, à celui de Sézanne, date pourtant d'un àge bien plus récent que ce dernier. On l'avait méme d'abord rajeuni outre mesure en le reportant à la base du quaternaire ; mais toutes les recherches d'un ordre purement géologique sont venues confirmer mes vues précédentes en le rangeant d'une manière précise vers la base du pliocène. La formation de Meximieux, comme la plupart de celles des environs de Lyon que ca- raclérise la présence d'un mollusque terrestre de grande taille, le Clausilia Terveri, appartient à l'horizon du Mastodon dissimilis de Jourdan, variété ou race liée de prés au Mastodon arvernensis. Yl s'agit donc d'une époque, encore assez peu explorée au point de vue des plantes, et qui constitue un trait d'union et une transition éloignée entre la végétation tertiaire et celle de nos jours. Celle-ci a-t-elle pris naissance brusquement ou bien s’est- elle substituée graduellement à sa devanciére, et comment cette dernière a-t-elle fini? — Quelles sont les formes miocénes qui ont disparu les pre- mières de notre sol et celles qui ont montré le plus de persistance et de ténacité ? — Les espèces actuelles se sont-elles montrées en Europe, alors qu'une partie des espéces franchement miocénes occupaient encore notre sol, et leur physionomie a-t-elle varié depuis cette premiére époque? — Enfin, l'Europe pliocène, à côté d'espéces plus tard éteintes et d'espèces demeurées depuis indigènes, n'en a-t-elle pas possédé qui sont ensuite de- venues exotiques, et jusqu'oü s'étend cette ancienne communauté de formes en notre continent et les contrées situées en dehors de ses limites? — Telles sont les questions auxquelles l'étude de la flore de Meximieux est venue apporter une solution, malgré le nombre, relativement restreint, d'espèces déterminées, recueillies dans la localité, et qui ne dépasse pas 32. Ce nombre fait ressortir d'ailleurs l'appauvrissement graduel de la végé- lation. européenne, corrélatif de l'abaissement calorique. On n'a, pour le constater qu'à placer en regard de ce chiffre les 80 à 100 espèces que les tufs de Sézanne, placés dans des conditions d'exploitation et de dépôt abso- lument semblables, ont fournies aux explorateurs. Le nombre des espèces esl plus restreint encore dans les tufs quaternaires de Moret, prés de Fon- tainebleau, et des Aygalades, prés de Marseille, où il se réduit à n'étre SÉANCE DU 21 AVRIL 1876. 197 plus que d'une vingtaine. La végétation qui nourrissait les Mastodontes, déjà inférieure en opulence et en variété à celle de l'âge des Coryphodon, était encore cependant riche et puissante, si on la rapproche de celle des temps actuels. Meximieux représente une station pleine de fraicheur, en- tourée d'arbres, d'arbustes et de plantes, amis du bord des eaux, et située à l'entrée d'une grande forét. Je renvoie pour le détail des espèces à l'ouvrage même où elles ont été décrites et figurées avec un soin particulier, Les organes actuels, corres- pondant aux fossiles, ont été constamment reproduits à côté de ceux-ci, dans le but de justifier, à l'aide d'une comparaison minutieuse, les juge- ments que nous avons formulés. On peut distinguer, dans l'ensemble des espèces, trois catégories princi- pales, donnant lieu chacune à des considérations d'un ordre particulier. La premiére de ces catégories comprend des formes réellement éteintes, dont l'analogie avec celles de nos jours qui font partie des mêmes genres esl plus ou moins frappante, mais qu'il est pourtant difficile.de ne pas séparer spécifiquement de leurs homologues actuels. De ces espèces, les unes sont miocènes et signalées depuis longtemps comme telles; je citerai, comme exemple, le Glyptostrobus europeus Hr., le Liquidambar euro- peum Al. Br., le Platanus aceroides Gœpp., le Liriodendron Procac- cinii Ung. — D'autres n'avaient pas encore été signalées à l'état fossile; ce sont en première ligne : le Bambusa lugdunensis Sap., Y Anona Lorteti Sap. et Mar., le Magnolia fraterna Sap., le Cocculus latifolius Sap. et Mar., le Tilia expansa Sap., le Juglans minor Sap. et Mar., enfin. le Punica Planchoni Sap. et Mar. En regard de chacune de ces espéces, on peut placer, dans tous les cas, des formes vivantes dont l'affinité plus ou moins étroite côtoie l'identité pour quelques-unes d'entre elles. Il existe pourtant toujours quelques nuances différentielles que nous avons tàché de rendre saisissables à l'aide de nos figures. Nous avons considéré ces formes lerliaires européennes, auxquelles il faut encore adjoindre l'Oreodaphne Heeri Gaud., comme des sœurs ainées de celles que nous leur comparons, disparues de bonne heure de notre sol, mais qui, si elles y avaient persisté, auraient plus tard constitué des formes spécifiques, distinctes de celles qui leur ont survécu, au méme titre que le Liquidambar et le Platane d'Orient different. du Liquidambar et du Platane d'Amérique, le Hétre d'Europe du Fagus ferruginea Michx ou le Diospyros lotus du Diospyros virginiana. C'est ce ròle qui aurait été certainement dévolu au Tulipier européen, Liriodendron Procaccinii Ung., vis-à-vis de celui d'Amérique, Si les événements postérieurs n'étaient venus éliminer de notre sol l'un des lermes jumeaux compris originairement dans ce type. ll nous a. été possible, non-seulement de saisir le degré d'affinité de la plupart de ces espèces avec celles qui leur correspondent dans l'ordre actuel, mais encore d'esquisser, pour certaines d'entre elles, les traits de 128 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. leur histoire et de leurs migrations présumées, à partir de leur patrie d’origine et de leur point de départ, qui nous a paru devoir être placé au sein des régions polaires. Le problème, souvent agité, des espèces dis- jointes et des genres à aire fractionnée nous a paru singulièrement éclairci par cette maniere de voir, à laquelle les découvertes récentes des Suédois dans l'extréme nord et les publications de M. Heer sont venues préter un solide appui. La même marche, le méme mode de diffusion par rayonne- ment vers le sud se trouvent applicables à plusieurs espéces des deux autres catégories dont il me reste à parler. L'une d'elles se compose d'espéces identiques ou subidentiques à celles de l'ordre contemporain, mais devenues exotiques. Cette catégorie se par- tage inégalement entre l'Asie, y compris le Japon, les iles Canaries et l'Amérique du Nord. Cinq espèces des Canaries : Adiantum reniforme L., Apollonias cana- riensis Nees, Laurus canariensis Webb, Viburnum rugosum Pers., Ilex canariensis Webb et Berth., nous ont paru se retrouver à Meximieux sans changement bien appréciable. Une seule espèce, le Persea carolinensis Nees, serait américaine, mais donnerait lieu à une variété nommée par nous assimilis. Les espèces asiatiques, alors indigènes près de Lyon, sont le Torreya nucifera Sieb. et Zucc. et l'Acer letum C. A. Mey. Ces identifications n'ont pour base, il est vrai, que l'examen de certains organes, particulierement des feuilles; mais elles paraissent confirinées, non-seulement par la précision des caractères connus, mais encore par la présence dans la méme localité des plantes qui forment la dernière de nos trois catégories, celles qui sont demeurées indigènes et dont les unes ont émigré des environs de Lyon, comme le Nerium Oleander L. et le Wood- wardia radicans Cav., tandis que d'autres persistent encore aux mêmes lieux. Ce sont le Populus alba L. et Acer opulifolium Vill. — Il faut citer un Buis, Buxus pliocenica, qui n'est au plus qu'une sous-espèce de notre B. sempervirens L, dont il diffère à peine par des feuilles plus larges, munies d'un pétiole un peu plus long, le fruit présentant d'ailleurs la mème forme et la méme structure. Alors même que l'identité ne serait pas absolue entre les formes an- ciennes que nous venons de citer et celles de nos jours ; quand même, à travers l'extréme similitude qui porte à les rapprocher, on pourrait saisir quelques nuances différentielles très-légères, serait-on fondé à maintenir entre les deux séries une distance plus marquée que celle qui existe entre les diverses races ou sous-espèces qui dépendent d'une méme souche typique et en sont visiblement issues ? Nous l'avons d'autant moins pensé que toutes nos observations et nos plus récentes découvertes témoignent d'un. lien intime entre la flore de la dernière des périodes tertiaires et la nótre. Les combinaisons qui nous ont frappé dans la flore de Meximieux SÉANCE DU 21 AVRIL 1876. 129 se sont également montrées à nous dans les cinérites du Cantal, à Vaquières, comme aussi dans l'Hérault, et plus loin dansle val d'Arno et à Sinigaglia, en Italie. Partout, à cette époque, les espéces actuelles se font reconnaitre au milieu de la foule encore épaisse des espèces vraiment tertiaires ; les premières s'introduisent au milieu des autres et les pénètrent pour ainsi dire graduellement avant de les éliminer, ou du moins de s'accommoder plus facilement des nouvelles conditions d'existence qui tendent à préva- loir. Ces espéces apparaissent le plus souvent alors, non pas simplement revétues des caractéres les plus tranchés qui servent à les distinguer maintenant; elles n’accusent pas non plus une moyenne des variations extrémes dont elles paraissent actuellement susceptibles ; mais elles pré- sentent plus ordinairement les traits de certaines de nos races locales qui se groupent avec plus ou moins de confusion autour de chaque type spéci- fique un peu important, dés qu'il occupe une aire spacieuse. Ce qui nous semble l'effet d'une déviation accidentelle se montre ici sous l'apparence d'un phénomène initial; au lieu d’être un résultat de la plasticité de l'espéce, ce phénoméne aurait accompagné sa naissance, et présidé à son expansion originaire. Dans un assez bon nombre de cas, il nous faudrait effectivement interroger les variétés locales, les races restreintes et ambi- guës pour reconstruire plus fidèlement l'aspect sous lequel les espèces européennes actuelles se montrent à nous pour la première fois. Il en est ainsi, à Meximieux, du Laurus canariensis, qui, méme de nos jours, ne constitue guère qu'une race reliée au Laurus nobilis par une série d'in- termédiaires; du Nerium Oleander, dont la forme pliocéne portait des feuilles ayant une tendance plus prononcée que celles de notre Nerium Oleander à se terminer par un sommet obtus. L'Acer opulifolium pliocene est représenté par deux r races, dont l'une rappelle sensiblement notre érable de Naples (Acer neapolitanum Ten.), tandis que l'autre confine aux variétés d'Algérie et du midi de l'Espagne. Le Quercus precursor Sap., avec ses feuilles inermes, reproduit l'aspect bien connu de l'une des variétés de notre Quercus Ilex L., propre à cer- laines localités de Provence. Je pourrais aisément multiplier ces exemples, en mentionnant le Hétre pliocène (Fagus silvatica pliocenica), plus polymorphe que le nôtre, plus rapproché des variétés àfeuilles dentées sur les bords, et en méme temps du Fagus ferruginea Michx, d'Amérique. Il me faudrait encore citer le Populus canescens Sm. dés lors interposé entre les Populus alba. et tre- mula, l Alnus glutinosa ; scindé à ce premier moment en plusieurs races, et bien d'autres faits du méme ordre, qui témoignent du róle important dévolu à la race dans cet àge où s'effectue l'élaboration. et la diffusion expansive des espéces que nous avons encore sous les yeux. Il était digne d'intérét de saisir ce moment, dont l'étude peut jeter tant de clarté sur la T. XXIII. (sÉANCES) 9 130 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. distribution géographique actuelle des espèces, et de noter les phénomènes décisifs de cette phase primitive. A l'époque de Meximieux, la flore européenne était loin d'être soumise encore aux conditions de climat, aux lois relatives au partage des terres et des mers qui ont depuis prévalu; le bassin du Rhône n'avait ni les mêmes limites, ni la méme configuration ; la mer venait à peine de délais- ser les environs de Lyon ; elle remontait encore à plus de 40 lieues au- dessus de l'embouchure actuelle du fleuve. Le climat, plus tempéré et plus chaud, rappelait celui des iles Canaries; le retrait vers le sud de plusieurs espèces, comme le Nerium Oleander L., diverses Lauriuées, le Woodwardia radicans,V Adiantum reniforme, etc., donne la mesure exacte de l'abaissement de la température. : Le tableau des zones végétales qui s'élevaient en gradins successifs du bord de la mer jusqu'au sommet des montagnes, alors en ignition, qui bornent à l'ouest la vallée du Rhône, termine l'ouvrage; nous l'avons tracé d'aprés les données les plus sérieuses, en nous aidant de documents dont l'importance ne saurait étre révoquée en doute, et que des recherches dues à nous et à d'autres ont placés entre nos mains, comme une mine féconde susceptible d’être longtemps exploitée. M. J. Duval-Jouve fait à la Société la communication suivante : NOTE SUR QUELQUES PLANTES DITES INSECTIVORES, par M. DUVAL-JOUVE. Depuis quelque temps l'attention à été attirée sur les plantes que l'on a appelées carnivores ou insectivores. Comme j'ai dans mon voisinage et toujours à ma disposition quelques-unes des plantes comprises dans cette " K 5 uA M. . A , . . D catégorie, l'Utricularia vulgaris, VU. minor et l'Aldrovandia vesiculosa, Jai, comme tant d'autres, cédé à l'envie de les examiner, et le hasard des recherches a placé sous mes yeux et sous mon microscope quelques détails que je désire signaler aux naturalistes qui s'occupent des phénomènes de ce; ordre. Où sail que l'Aldrorandia et les Utricularia, comme les Ceratophyl- lum, forment en automne, à l'extrémité de leurs tiges, des masses ovoïdes ou globuleuses, d'un vert foncé, consistant en petites feuilles très-serrées les unes contre les autres; comme ces masses sont très-denses, elles se portent vers le fond de l'eau, et, quand la partie la plus ancienne des tiges se pourrit aux premiers. froids d'automne, ces sortes de bourgeons tom- D nt au fond et y passent] hiver à l'abri de la gelée; puis aux premiers jours du printemps, leurs feuilles se développent, s'éeartent, prennent de l'air dans les lacunes de leur Ussu, remontent plus ou moins près de la surface du liquide, et finalement s'y développent en belles plantes nou- velles. Les bourgeons de Ceratophyllum sont gros Comme une olive et SÉANCE DU 21 AVRIL 1876. 131 s'altachent souvent dans la vase par quelques racines; ceux des Aldro- vandia sont gros comme un pelit pois, ceux des Utricularia comme une lentille ; ni les uns ni les autres ne prennent racine dans la vase. Le 4 mars dernier, j'ai pu récolter dans les marais de Raphèle, près d'Arles, une certaine quantité de ces bourgeons flottants d’ Aldrorandia et de deux espéces d'Utricularia (U. vulgaris et U. minor), et j'ai pu non- seulement les étudier dans cet état, mais suivre leur développement, qui se fait facilement et rapidement dans un aquarium (1). Les feuilles d'hiver de l' Aldrovandia sont réduites à un large pétiole, que terminent quatre laniéres filiformes semblables à celles que l'on a décrites sur la plante complétement développée, mais un peu plus larges toutefois. Le limbe élargi et replié, le piége, comme on l'a appelé, manque complétement et n'est représenté que par une petite saillie médiane. Sur les premiers verticilles de feuilles qui se développérent très-rapi- dement, le limbe-piége apparut d'abord sous forme de petite languette pliée, puis atteignit par degrés sa forme normale sur le quatrième ou le cinquième verticille. En se développant, la plupart de ces bourgeons, huit ou neuf sur dix, se doublaient et donnaient naissance à deux tiges ; ils sont donc ainsi des organes de propagation et de multiplication. Il en est de méme sur les Utricularia : les feuilles des bourgeons d'hiver y sont de vraies feuilles à divisions larges et courtes, et non li- néaires et rameuses, simulant une série de petits rameaux, comme sur les grandes feuilles d'été. Elles ne portent aucune ascidie à leur aisselle, ni à l'aisselle de leurs divisions. Les premiéres ascidies qui apparaissent sont trés-petites, mais bientót celles qui les suivent sont complétement développées, et à mesure les divisions de la feuille deviennent plus étroites; on voit très-bien que les ascidies naissent sur une vraie feuille à divisions réduites comme celles de certains Ranunculus, comme une feuille inférieure de Trapa, et qu'elles ne sont pas de nature axile, comme M. Pringsheim le pense. L'Aldrovandia et Y Utricularia ont été considérés comme plantes in- sectivores. Le fait de la capture de petits animaux aquatiques est de toute évidence, et l'appareil qui sert à l'aecomplir est bien déterminé et a été décrit dans tous ses détails; la décomposition des étres capturés cst presque aussi évidente, et l’on est à peu prés d'accord sur les organes sécré- (1) En cherchant ces bourgeons, je vis flotter à la surface de l'eau de petits corps res- semblant exactement à une petite fleur composée de trois divisions membraneuses, lon- gues d'un centimètre, avec deux ou trois grandes étamines très-étalées. En examinant de plus près, ils furent bientôt reconnus pour des bourgeons flottants d'Hydrocharis. li n'y avait aucune racine et l'on voyait trés-nettement marquée la surface de la séparation d'avec la plante-mère ; les premières feuilles, réduites à des expansions membraneuses, simulaient les divisions d'un périgone, et les feuilles qui les suivaient consistaient en un long pétiole terminé par un limbe rudimentaire replié sur chacun de ses cótés et simulant ainsides étamines. Six jours aprés, ils avaient donné naissance à des feuilles de forme normale, J'ignore si ce mode de propagation de l'Hydrocharis a déjà été signalé. 132 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. teurs du liquide. Mais pour plusieurs l'absorption a paru moins démontrée, et méme les naturalistes qui l'admettent ne s'accordent pas encore sur le point de savoir par quels organes elle s'accomplit. Ainsi, M. Ch. Darwin, comme il résulte des pages 17, 299, 330 et 394, de son savant ouvrage, Insectivorous Plants, parait ne pas douter que l'absorption ne se fasse par les mémes glandes que la sécrétion des liquides engluants et dissolvants, et l'illustre observateur en voit la preuve dans ce fait que les substances ammoniacales déterminent l'état d'agrégation du protoplasma (1). D'autre part, M. Edouard Morren, en premier lieu dans sa Note sur le Drosera binata, p. 12, et plus tard, dans sa Théorie des plantes carnivores et irritables, p. 115, objecte d'abord € qu'il y aurait » quelque chose d'insolite à ce qu'une glande fùt en méme temps un » organe d'absorption, d'autant plus que son activité sécrétoire est ici » périodique » (p. 12), et ajoute ensuite : « Il nous semble que le róle de » l'absorption est dévolu aux énormes stomates (dont toules les plantes » insecticides sont munies (p. 13), et de préférence aux singulières papilles » stomatiques que nous avons constatées chez le Drosera et qui nous ont » paru étre perforées au sommet » (p. 115). Toutefois le savant botaniste belge n'émet cette opinion qu'avec doute et en prévenant qu'avant de rien affirmer sur cette belle et difficile ques- tion, il se propose de se livrer à de nouvelles investigations (p. 13). J'ignore la fonction que remplissent les stomates sur les feuilles du Pinguicula et du Drosera binata ; mais, en ce qui concerne les deux Utricularia précités et l'Aldrovandia vesiculosa, l'absorption ne peut leur être attribuée, attendu que ces organes n'existent point sur ces plantes. Mais on y trouve en abondance ces petits groupes qui, formés de 2,4,6, 8 cellules, à disposition radiante, s'élévent au-dessus de l'épi- derme et de la cellule épidermique sur laquelle ils reposent. Ils ont été figurés par M. Morren sur le Pinguicula longifolia DC., fig. 5, 6, 8, et sur le Drosera binata Labill., fig. 10, a et b. Schacht, qui les a figurés depuis longtemps (Die Pflanzenzelle, tab. vit, fig. 14), les avait men- tionnés comme appartenant à la face supérieure des feuilles du Pingui- cula, où ils se trouvent en effet et où sur quelques-uns la cellule de sup- port (Stiel) prend un développement extréme qui la fait ressembler à un petit balustre (Schacht, l. c., fig. 16, et Ed. Morren, l. c., fig. 1 à 4). Mais Schacht croyait les uns et les autres, les longs et les courts, propres à la face supérieure seulement, et il regardait les plus courts comme le pre- mier état des plus grands, tandis qu'au contraire ils demeurent constam- ment à cet état, et de plus sont: tout aussi nombreux à la face inférieure de la feuille qu'à sa face supérieure. M. Darwin (p. 325 et 326) les men- (1) En outre. M. Darwin considère comme organe d'absorption les poils glanduleux des autres plantes (p. 344 et suiv). 'SÉANCE DU 21 AVRIL 1876. 133 tionne sur la face supérieure des Aldrovandia comme glandes de sécrétion ; M. Ed. Morren les croit, sur le Drosera binata, des organes d'absorption. Or, il est évident que, sur la face inférieure, qui n'est jamais visqueuse, ils ne sécrétent point de liquide engluant, et, d'autre part, ne peuvent y servir à l'absorption des substances animales emprisonnées et décom- posées sur l'autre face. De méme, en examinant la surface externe des ascidies et les divisions de la feuille des Utricularia, ou voit qu'elles sont absolument couvertes de ces petits groupes exodermiques. En faisant le méme examen sur les laniéres ou divisions filiformes (Rigid projections de Ch. Darwin, p. 322) qui s'étendent à l'extrémité du large pétiole et de chaque côté du limbe formant le piége de l'Aldrocan- dia, on les trouve, ainsi que le pétiole, toutes couvertes de ces exodermies de deux à quatre cellules hyalines que M. Darwin a appelées des processus quadrifides (quadrifid processes), lesquels se retrouvent trés-nombreux et plus développés dans l’ascidie des Utricularia, et auxquels il attribue pour fonction l'absorption des matiéres animales excrémentitielles ou corrompues (p. 326 et 330). Cela est possible ; mais, en tout cas, il est évident que tout ce qui est placé sur l Utricularia à l'extérieur de ses ascidies et contre les divisions des feuilles, et sur l'Aldrovandia, à la face extérieure de son piége, à la surface du pétiole et des lanières filiformes qui le terminent, ne peut servir ni à la capture, ni à la sécrétion d'un liquide digestif, ni à l'absorp- lion des résultats de la décomposition des proies capturées (1). Ce n'est pas tout : si l'on examine des feuilles de Callitriche, on trouve que leur face supérieure porte, parmi de nombreux stomates, quelques exodermies identiques à celles des Aldrorandia, Utricularia, Genlisia, Pinguicula, etc., et que la face inférieure, privée de stomates, est toute couverte de ces exodermies. Il en est de méme à la face inférieure. des feuilles du Nuphar luteum et du Nymphæa cerulea. M. Trécul, dans son savant mémoire sur cette Nymphéacée a constaté la présence de ces peti's organes, qu'il a considérés comme la base persistante de poils caducs (Ann. sc. nat. 3* série, Bot., IV, p. 308, pl. 12, fig. 25, p). Richard les a également distingués et parait les avoir considérés comme des stomates d'une forme différente (Élém. bot. p. 40). Là le rôle de l'absorption d'une proie capturée et décomposée est absolument impossible ; et, si ces organes y remplissent la fonction d'organes d'absorption, ce que, dans mon igno- rance, je suis très-loin de nier ou d'affirmer, il faut alors reconnaitre que (t) M. Darwin a signalé la présence de processus sur les pétioles de l'Aldrovandia, et aussi, sur les pédoncules floraux et les pétales du Pinguicula, la présence de glandes semblables d'aspect à celles des feuilles insectivores; mais comme l'illustre savant les a vues se comporter différemment dans une solution de carbonate d’ammoniaque et rester inertes envers l'albumine qu'on leur offrait, il en conclut « qu'il parait y avoir une dif- férence considérable entre leur fonction et celle des glandes des feuilles » (p. 394). 134 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cette absorption doit s'exercer sur les gaz dégagés dans le milieu où vivent ces plantes aquatiques, C’est alors une autre question à examiner, et que, pour de bonnes raisons, je me borne à signaler : videant peritiores. Ce que j'ai exposé se réduit à affirmer que les exodermies signalées à l'intérieur des piéges des plantes insecticides, se retrouvent à l'extérieur des feuilles de ces mémes plantes et sur des feuilles de plantes aquatiques réputées jusqu'ici innocentes de tout attentat contre lerégne animal, et que, par conséquent, si ce sont des organes d' absorption, ce qui est à étudier, leur fonction a une tout autre étendue que celle qu'on leur attribuait. A l'appui de l'énonciation des faits, j'apporte des sujets vivants dAl- drovandia et d' Utricularia, et des préparations qui demeureront déposées au Muséum d'histoire naturelle. M. Duchartre rappelle que lesglandes dont il vient d'étre question, et que quelques auteurs regardent comme organes d'absorplion, ont été vues non-seulement dans les plantes que M. Duval-Jouve vient de citer, mais encore dans les cavités de la feuille de la Clandestine. Du reste, ajoute-t-il, il existe de grandes contradictions dans les divers écrits qui ont été publiés sur cette théorie. Ainsi M. Morren, aprés l'avoir soutenue, en est venu toutefois à dire que personne n'avait démontré l'utilité pour la plante de cette digestion; que du reste, d’après des observations faites sur le Dionæa, eell en profite si peu, qu'elle périt à la troisième digestion. M. Heckel, interrogé par M. le Président, répond qu'il a constaté que les feuilles pourvues de ces appareils glandulaires conservaient la viande mieux que les autres. Il ne s'est pas du reste assuré si le suc qu'ils sécrétent est acide ou alcalin. M. Prillieux ajoute qu'on a récemment attribué au suc de Carica Papaya la faculté de digérer la viande. En faisant bouillir de la chair musculaire pendant einq minutes avec ce suc, on aurait obtenu sa désagrégation, M. Duchartre rappelle que, suivant le professeur Nadstedt, quand on met sur une plante carnivore un morceau de viande fraîche préparée avec de la cétine (matière qui conserve la viande), le mor- ceau ne se putréfiait pas. M. de Seynes présente à la Société des empreintes de plantes obte- nues par M. Bertot de Bayeux, à l’aide d’un procédé spécial qu'il se propose de faire connaître ultérieurement. Il fait remarquer que ces empreintes déjà satisfaisantes, à l'aide de quelque amélioration dans le procédé, pourraient étre encore aisément plus parfaites. SÉANCE DU 2] avri 1876. 135 Lecture est donnée de la communication suivante adressée à la Société : OBSERVATIONS SUR LE RUDUS PLICA TUS WEIHE ET NEFS, par M. LEFEVRE. Guvergnon, 13 avril 1876, Les célébres auteurs du Rubi Germanici, MM. Weihe et Nees d'Esenbeck, en établissant leur Rubus fruticosus qui diffère essentiellement de leur Rubus plicatus rapporté par MM. Dietrich, Arrhenius, Godron, Boreau et G. Genevier, au R. fruticosus Lin., ont eu cependant en vue de se rappro- cher de l'espéce linnéenne qu'ils donnent pour synonyme à leur plante ; € Rubus fruticosus, tige aiguillonnée, feuilles ternées et quinées. » (Linné, H. Cliff., p. 446.) Ts ajoutent : « Les figures citées de Lohel, de Dodo- » næus, de Jean Bauhin, qui toutes rendent évidemment notre espèce, nous » ont servi de bases pour sa détermination. Dans la Flore de Suéde, on » prend pour cette espèce le Rubus que nous appelons affinis, qui, avec » celui-ci et d'autres pareils, est caractérisé par ces paroles du Systema » plantarum : « Feuilles quinées, digitées et ternées ; tige et pétiole » aiguillonnés », qui en donnent le caractère le plus ordinaire ; ce qui, à » défaut de figures, ou avee des figures imparfaites, a fait régner pendant » longtemps la confusion entre ces espèces. Il faut dire aussi que nous » avons vu des échantillons secs recueillis dans la Suède qui convenaient » presque entièrement à notre Rubus fruticosus. » M. De Candolle (Prodr. 2° partie, p. 560) rapporte au R. fruticosus de Linné celui de W. et N. de méme nom, et admet comme espèce très-différente le R. plicatus W. et N. Steudel (Nomenclator botanicus, 1840, 2° partie, p. 477) partage le méme sentiment. J'ai vu dans l'herbier du Muséum d'histoire naturelle de Paris un échan- tillon du R. discolor W. et N. (R. fruticosus Smith), donné par M. de Brebisson de Falaise, je crois, avec la note suivante de M. Reichenbach sur l'étiquette : « Cette espèce est le véritable Rubus fruticosus de Linné; Smith l'a comparé avec l'échantillon de l'herbier de Linné méme. » . D'ailleurs l'espèce de Linné, qui dit la tige de son R. fruticosus très- longue, ne peut pas se rapporter au R. plicatus, qui est assez délicat et qui ne dépasse guère dans les plus fortes tiges la longueur de 2 à 3 mètres, Le R. plicatus W. et N. vient rarement dans les haies, mais presque toujours dans les bois sablonneux; tandis que les robustes R. fruticosus et discolor W.et N. se trouvent aussi souvent dans les haies que dans les bois, surtout le R. discolor. Linné dit que son À. fruticosus habite les haies principalement des contrées maritimes de l'Europe. Lorsque ce prince de la botanique rapporte à son R. fruticosus une variété f trés-grande et à fruit blanc, il est impossible que ce ne soit pas 430 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. une forme du R. fruticosus W. et N.; il en est de même pour sa variété y, qu'il dit à fleurs blanches pleines. D'ailleurs Arrhenius a récolté à Wes- terwick, dans le Smaland, le R. thyrsoideus Wimm, qui est une forme du Rubus fruticosus W. et N., et le R. affinis de ces auteurs que l'on pour- rait confondre au premier aspect avec le R. fruticosus W. et N. Or, puis- que ces deux Ronces croissent en Suède, elles n'ont pu échapper à Linné. Je crois du reste qu'Arrhenius n'était pas bien fixé sur le R. fruticosus de Linné. J'ai eu sous les yeux un échantillon récolté parlui, à Mitterhult Skarén, dans le Smaland oriental, qu'il nomme R. fruticosus Linné : cet échantillon est évidemment le R. nitidus W. et N., et non le R. plicatus des mémes auteurs. Toutes ces considérations nous obligent à conserver le nom de R. pli- catus à la plante que MM. Weihe et Nees appellent ainsi, et de rapporter à leur R. fruticosus l'espèce linnéenne de méme nom. M, Cauvet fait à la Société la communication suivante : SUR LA DIRECTION DES RACINES, par M. CAUVET. Il est aujourd'hui une école qui tend à expliquer, au moyen de lois purement matérielles, tous les faits relatifs à l'organisation et à la vie. Dans les phénoménes si merveilleux des mouvements protoplasmiques, dans les fonctions accomplies par un faible amas de matière albuminoide vivante, on veut voir de simples réactions chimiques, de simples mises en œuvre des propriétés physiques de la matière. On compare la production de la matiére vivante à la production des cristaux : l'intussusception n'est qu'une forme à peine modifiée de la juxtaposition, La différence entre ces deux modes d'accroissement est due exclusivement aux propriétés des matériaux mis en œuvre, surtout à celles du carbone, regardé comme le deus ex machind de la formation organique. De la fabrication artificielle de l'urée et de l'aleool, on a conclu à la possibilité de la création artifi- cielle de la matière organisée. Dès lors tout devient possible ; l'autogonie c'est-à-dire, la génération vraiment spontanée, devient une question de temps, de composition chimique et de milieu. Aussi un auteur justement célèbre, d'ailleurs, a-t-il pu dire : « C'est uniquement dans les propriétés » spéciales chimico-physiques du carbone, surtout dans la semi-fluidité et » l'instabilité des composés carbonés albuminoides, qu'il faut. voir les » causes mécaniques des phénomènes de mouvements particuliers, par » lesquels les organismes et les inorganismes se différencient, et qu'on » appelle, dans un sens plus restreint, la vie. » Si les fonctions exécutées par la matière vivante étaient uniquement déterminées par des réactions physiques ou chimiques, pourquoi cette matière morte perdrait-elle ses propriétés ? Si le composé carboné-albumi- SÉANCE DU 21 AVRIL 1876. 137 noide se meut sous l'influence de ses propriétés physico-chimiques, de sa semi-fluidité, de son instabilité, pourquoi ce composé ne conserve-t-il pas ses propriétés d'une manière permanente ? Il ne me semble pas que, jusqu'à ce jour, les opinions de ce genre aient fait en France beaucoup de prosélytes. Néanmoins, depuis que les phy- siologistes se sont, pour la plupart, désintéressés de l'étude immédiate des problémes de la nutrition végétale, on a vu les physiciens et les chi- mistes s'en emparer, et prétendre y porter la lumiére en s'appuyant sur des expériences de laboratoire. Mais ces expériences ont-elles été bien démonstratives? Pour ma part, j'avoue qu'elles ne m'ont rien appris, rien qui ne püt étre tiré à priori de la connaissance des lois élémentaires, qui régissent les rapports ou les réactions des corps les uns sur les autres. Croit-on que la transpiration végétale ait été complétement expliquée par la superposi- tion de deux alcarazas remplis de plâtre maintenu humide? Pense-t-on que les phénoménes de l'assimilation aient pu être élucidés au moyen dc vases poreux ou de bandes de tulle? Qu'ont enseigné ces expériences? 1° Que l’eau peut s'élever, par capillarité, à travers des substances poreuses et s'évaporer avec une rapidité réglée par l'étendue de la surface évaporante et par l'état de l'air ambiant! Ne le savait-on pas? Nous ont- elles expliqué pourquoi les plantes ne transpirent presque pas la nuit? 2^ Que des réactions peuvent se produire entre deux liquides de com- position différente, séparés par une cloison poreuse! Mais les lois de la diffusion ne sont-elles pas connues? Que des phénoménes identiques se montrent, quand on réunit ces liquides par un corps dont les éléments sont capables de capillarité! Mais les expériences de Braconnot et les miennes, à propos des expériences de Macaire avec la Mercuriale, n'ont- elles pas prouvé que les résultats obtenus par Macaire étaient exclusive- ment dus à la capillarité? Au delà des phénomènes physiques ou chimiques et des réactions qui peuvent en résulter, il existe un élément insaisissable, dont il faut tenir grand compte dans l'étude des corps organisés : c'est la vie. La matière brute, toujours soumise aux mémes lois, produit toujours les mémes effets, sous les mémes influences. Quelle que soit la nature, la consistance de la matiére observée, on ne la voit jamais, comme le pro- toplasma vivant, repousser une substance que, mort, il absorbera. Quand 9n examine la facon dont se produisent les expansions de cette substance artificielle qu’on a nommée myéline, par analogie, se laisse-t-on aller à l'idée que ses tubes sont dus à autre chose qu'à l'imbibition de l'eau ambiante? Voyons-nous un corps liquide ou mucilagineux s'élever, comme les plas- modies de l'ZEthalium septicum, le long de parois verticales contraire- ment aux lois de la pesanteur? Je ne crois pas qu'on arrive jamais à expli- quer scientifiquement et sans doute possible le pourquoi de ces phénomènes. C'est que, si la science peut trouver la raison ou, si l'on veut, la cause de 138 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. beaucoup d'effets, il en est de plus délicats qu'elle ne pent ni définir ni reproduire. Je m'arrête ici. J'ai voulu montrer seulement que, dans l'étude des étres organisés, il y avait à considérer quelque chose de plus que les propriétés de la matiére inerte. La communication suivante en est la preuve. On sait que les racines primaires, lorsqu'elles sont placées en direction horizontale, se recourbent vers le sol et que la courbure s'établit au point où s'effectue la croissance. J. Sachs dit, à ce sujet, que les racines secon- daires ne s'incurvent pas ou s'incurvent à peine, et que la tendance à l'in- curvation diminue, au fur et à mesure que la racine est d'ordre de plus en plus élevé. La cause de cette incurvation est encore inconnue ; mais on lui a donné le nom de géotropisme. Hofmeister l'avait attribuée à la pesanteur agissant sur la pointe de la racine et déterminant la flexion des parties en voie d’accroissement. Franck a toutefois démontré que l'incurvation se produit aussi quand on maintient la racine sur une surface plane et méme quand on contre-balance, par un poids, l'effet de la pesanteur. Il attribue ce phénomène à un excès d'accroissement de la face supérieure. Mais pourquoi cet accroissement plus fort d'un côté que de l'autre? Cela me parait déplacer la question, sans la résoudre. — En traitant des pro- priétés inverses de la racine et de la tige, Müller rapporte ces propriétés à des différences de tension, Nulle ou négative dans la racine, la tension serait très-posilive dans la tige. Mais qu'est-ce qu'une tension négative, et comment la tension, si elle explique le géotropisme positif, peut-elle expliquer le géotropisme négatif? — Sachs se demande alors si le géotro- pisme ne serait pas dà à ce que, sous l'influence de la pesanteur, le proto- plasma prendrait, dans les cellules, certaines positions qui favorisent ou gênent l'accroissement des membranes cellulaires. En émettant cette hy- pothése, Sachs pensait peut-être au mouvement observé dans la chloro- phylle, sous l'influence de la lumière, ou bien encore à cette singulière théorie qui attribue à la pesanteur la montée de l'ZEthaliwm septicum sur des parois verticales. Il avoue, d'ailleurs, qu'on ne sait rien à cet égard. Tout ce qu'on peut dire, c'est que le géotropisme est provoqué par l'inégal allongement des membranes cellulaires, sur les faces supérieure et infé- rieure des organes géotropiques, Voilà donc un phénomène pour lequel on a créé un nom spécial et dont la cause est restée inconnue, bien qu'on ait fabriqué à ce sujet plusieurs théories exclusivement fondées sur les propriétés de la matiére, Sachs, comme heaucoup d'autres observateurs, attribue à l'influence de l'humidité les faits de géotropisme qu'il a observés dans des circonstances spéciales. En faisant germer des graines dans un tamis de tulle et à direction oblique, il a vu quesi, en sortant des mailles du tamis, les racines se trouvent à l'obseurité et dans un air sec, elles se recourbent vers le tamis et s'appliquent contre sa face inférieure. Si l'air est humide, les racines obéissent exclusivement à l'action de la pesanteur, SÉANCE DU 21 AVRIL 1876. 139 quelle que soit la direction du tamis. Ainsi, les racines sont influencées par l'humidité, et c’est à elle que souvent est due leur courbure, Voici les expériences que j'ai faites : J'ai perforé, puis fendu dans toute sa longueur un bouchon s'adaptant bien à la douille d'un entonnoir de verre. Dans l'ouverture ainsi faite, jai mis la tige d'une jeune plante venue de graine, et qui s'était dévelop- pée au-dessus d'un vase plein d'eau. Les racines de ma plante ayant été introduites dans l'entonnoir, par la douille, celle-ci a été fermée exacte- ment avec le bouchon. Redressant alors l'entonnoir, j'y ai versé d'abord une bouillie épaisse d'argile et j'ai ensuite achevé de le remplir d'eau. Ma plante avait ainsi la tête en bas et les pieds en haut ; ses racines étaient plongées dans l'eau; ses feuilles s'étalaient à l'air libre. Elle était donc dans les meilleures conditions pour que les deux sortes de géotropisme pussent se manifester. Dans tous les cas, la tige s'est redressée rapidement, Quant aux racines, placées au sein de l'eau, elles n'avaient à subir d'autre influence que celle de la pesanteur ou mieux de leur géotropisme négatif. Mes observations ont porté sur des plantes de Haricot, de Mais, de Ricin, de Citrouille, de Marronnier d'Inde, de Chéne, d'Érable, Dans le Mais, le Ricin, la Citrouille, la racine primaire s'est toujours infléchie, en formant un crochet à court rayon. Celle des Haricots tantôt S'est recourbée et tantôt est restée droite. Sauf dans un cas, celle des Mar- ronniers d'Inde s'est infléchie. Chez ces diverses plantes, les racines secondaires ont semblé indifférentes, les unes s'infléchissant, les autres non, sans cause appréciable. Sur trois Chénes, deux fois la racine pri- maire est restée droite, tandis que les racines secondaires se courbaient. Enfin, sur les Érables, ces dernières se sont recourbées, dans un cas où la racine primaire s'était détruite. Dans plusieurs plantes ligneuses (Chéne, Marronnier), une fois la courbure effectuée, la pointe de la racine ne s'est pas allongée vers le bas et l'accroissement s'est effectué en ligne presque horizontale. | À quoi doit-on attribuer la flexion? est-ce à la pesanteur? Non sans doute, car la flexion commencée ne s'est pas toujours continuée. Sachs dit que la flexion ne se produit pas dans l'air humide. Mais ici la racine etait dans l’eau et la flexion a eu lieu, Si l'humidité entre pour quelque chose dans le géotropisme, elle n'en est pas la seule cause. Sachs dit encore que les racines d'ordre élevé, lorsqu'elles arrivent accidentellement à la surface du sol, s'y dressent perpendiculairement et se dessèchent. Ceei tiendrait à montrer que les racines indifférentes ne sont pas influencées par l'humidité. J'ai voulu savoir à quoi m'en tenir. Placant comme ci-dessus de jeunes plantes de Haricots dans un enton- noir, j'ai mis dans celui-ci un diaphragme que venaient effleurer les pointes des racines ; puis j'ai rempli de terre toute la partie de l'entonnoir située au-dessus du diaphragme, et j'ai abondamment arrosé le tout. Les racines, 140 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. se trouvant dans un air humide, ne devaient passe dessécher ; leur accrois- sement pouvait se continuer et, selon que le géotropisme s'exercerait ou non, elles se recourberaient vers le bas ou pénétreraient dans la terre, à travers les trous du diaphragme. Dans ces conditions, toutes les racines se sont dirigées vers la terre ; la plante a fleuri et fructifié. Quelques racines sont arrivées à l'air, se sont infléchies et ont rampé à la surface du sol. Voilà done encore une expérience peu favorable aux théories émises. Si le géotropisme est soumis à d'aussi nombreuses exceptions ; si les obser- vations peuvent, selon le cas, élayer ou combattre les hypothèses depuis longtemps énoncées, que peut-on conclure? Qu'on ne sait rien et que les phénoménes qui président à la vie des plantes sont, dans ce cas comme dans bien d'autres, aussi mystérieux qu'inexpliqués. M. Mer demande à M. Cauvet s'il a répété l'expérience de M. Sachs destinée à démontrer l'attraction des racines pour l'eau, ou leur hydrotropisme, et, dans ce cas, s'il s'est servi d'un tamis incliné. M. Cauvet répond qu'il n'a essayé de la réaliser qu'à l'aide d'un tamis horizontal, et qu'il n'a pas vu alors les racines dévier sensible- ment de la direction verticale. M. Mer répond que cette déviation est bien plus appréciable, si l'on dispose obliquement le tamis, parce que les angles formés par les racines avec la surface du tamis étant aigus, l'attraction de ces organes vers l'eau s'exerce plus facilement que lorsque ces angles sont droits : ce qui a lieu dansle cas d'un tamis horizontal. Cette dif- férence dans les effets est trés-frappante, si l'on emploie un tamis de fil de fer auquel on donne la forme d'une nacelle et qu'on remplit de Sphagnum comme substratum. Les racines qui sortent à l'avant et à l'arriére étant plus rapprochées du tamis que celles qui émer- gent du milieu, rampent à la surface, tandis que les autres, quoique paraissant déviées également de la verticale, se tiennent cependant à une certaine distance des mailles. De plus, on remarque que lors- qu'une racine, au moment de se faire jour, fróle l'une de ces mailles, elle s’incurve brusquement autour d'elle; fait qui, du reste, a été signalé dans d'autres circonstances. Lecture est donnée de la communication suivante : SUR LA CLASSIFICATION ET LA NOMENCLATURE DES HYMÉNIÉS, par M. L. QUÉLET. Hérimoncourt, 15 avril 1876. De tous côtés, d'habiles cryptogamistes examinent ces êtres ambigus (1) (1) Regnum mesymale de Necker, Traité sur la mycétologie, 1783. SÉANCE DU 21 AVRIL 1876. | Al et prolifiques que les anciens disaient « nés d'un mélange de sues pituiteux des plantes », avec plus de méthode et d'attention que du xvi* au xvin’ siécle (1), époque de leur étude initiale : le moment semble donc propice pour perfectionner leur classification en établissant des divisions plus naturelles et en exigeant plus d'affinité entre les espèces d'un méme groupe, el pour rendre plus claire leur nomenclature en rectifiant rigou- reusement la synonymie et en fixant plus exactement l'espéce. Ce sont là deux points dont les mycologues doivent s'occuper à la fin de ce siècle, et sur lesquels je désirerais attirer un instant l'attention de la Société. I. — Formation des groupes. La classification des Hyméniés lamellés (2), basée, d'une part sur le déve- loppement, la texture et la forme du réceptacle, et de l'autre sur la couleur desspores, — ce moyen si ingénieux trouvé par E. Fries et entrevu par Albertini et Schweinitz, — est une heureuse application de la méthode naturelle. Mais cet excellent systéme a fait négliger un moyen d'investiga- tion inductive d'une importance capitale et mis à profit dans la taxinomie des Péridiés, des Cupulés et surtout des Nucléés : c'est l'étude de la spore (3) dans sa structure, dans sa grandeur, et encore plus dans sa forme. Cet organe change d'aspect et grossit en mürissant; de nébuleux, il devient transparent ou opaque; de lisse, il devient plissé ou chagriné et se couvre souvent de pointes; ordinairement il est formé d'une cellule simple, obscurément striée (Pleurotus, Panus) ou loculaire (Femsonia, Clavaria grisea). Le noyau, formé de globules hyalins ou colorés, est d'abord trouble, puis granulé, guttulé ou ocellé. Un autre organe qu'après Bulliard et Corda, je soupconnais, en 1869, d'étre l'analogue de l'anthére, me parait devoir fournir un nouveau moyen d'investigation : c'est le pollinaire (4), dont la fonction est aussi précoce que fugace et qui précède l'évolution des basides et disparaît avant la ma- turité des spores. Il affecte souvent la forme méme des sporophores ou celle des théques — c'est alors une paraphyse (?), — et il doit être dis- (1) J. Bauhin, 1562; Césalpin, 1582; J. Ray, 1683; Sterbeck, 1712; Tournefort, 1719; Micheli, 1729, (2) « Agaricos rite nosse est dimidia mycologia. » (Fries, Syst. veg. Scand., conclusio.) (3) « Meum erat sporarum colorem attendere et explorare. » (E. Fries, Hym. eur. 1874, préface.) . . 4) Une fàcheuse hétéronymie (Montagne, Crypt., 1843) résulte des divers noms donnés à un méme organe ou à des organes analogues : Pollinaire, cystide, anthéridie, anthéride, spermogonie....., Spermatie, spermatozoïde, bàtonnet, pollinide, anthérozolde..... . Dogone, gonospore, gonosphère, oocyste, carpogone, scolécite, oosporange, oosphére..... _Loospore, oospore, stylospore, téleutospore ou chronispore, acrospore, hypospore, cli- Mspore, chlamydospore, céphalospore, stéphanospore, spore, sporidie, conidie...... 142 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tingué du vrai cystide (Lév.) dont M. de Seynes (Fl. myc., 1863) me pa- rait avoir bien compris le rôle. Dansle Tricholoma albellum, j'ai vu sortir du sommet des pollinaires, des granules hyalins qui s'étalaient en forme de processus cylindriques sur les jeunes sporophores non encore couron- nés parles spores. J'ai vu également, sur le pollinaire claviforme de l'Hyg. cossus, l'ouverture du sommet livrant passage à des sphérules obscuré- ment hérissées de soies, douées de la trépidation circulaire et mesurant au plus 4 millième de millimètre (spermatozoides?). Je regrette de n'avoir pu les mieux décrire, manquant des moyens amplifiants nécessaires (1). La couleur des spores, qui seule.joue un róle dans l'arrangement du . professeur d'Upsal, ne concorde pas toujours avec les autres éléments de détermination ; elle change souvent, soit par vétusté, soit par l'effet. d'un certain état de l'atmosphère. Dans le Lepiota naucina, elle devient légé- rement rosée comme les lamelles ; il en est de méme dans le Pleurotus ostreatus (2) ; elle est couleur crème dans le Tricholoma albobrunneum ; grisàtre dans le Tr. Pancolus ; ochracée dans le Collybia nitellina ; ìn- carnale dans le Pleurotus nidulans : verdàtre dans le Psalliota echi- nata, ete. (3). Cette séminule invisible à l'osil nu est insuffisante, même avec tous ses caractères de structure, de couleur, de grandeur et de forme, pour distin- guer des espéces affines (4); mais elle est indispensable pour délimiter différents groupes naturels si heureusement formés par le professeur Fries et que l'analyse microscopique confirme chaque jour davantage. Lesgenres issus de ces groupes sont la plupart distincts et homogènes; tels sont : Amanita, Mycena, Volvaria, Inocybe, Cortinarius, Coprinus, Lactarius, Russula, Marasmius, Lentinus, Cantharellus, Craterellus, Lenzites, etc. Quelques-uns sont un peu trop hétérogènes, tels sont : Lepiota, Armil- laria, Clitocybe, Collybia, Paxillus, Hygrophorus, ete. D'autres enfin reposent sur des caractères si subtils — je parle des groupes que j'ai con- sidérés comme genres — qu'ils échappent quelquefois à l'œil le plus exercé (5) : comme la décurrence des lamelles, Clitocybe (nebularis, ft- mosa), Flammula (sapinea); la consistance du stipe, Entoloma, Collybia, Omphalia et Clitocybe (0. hydrogramma et Cl. pruinosa); la rectitude (1) Je n'ai pu de même constater si ces spermatozoïdes (?) avaient avec les spores la relation fécondatrice que leur attribue M. Worthington G. Smith (Grevillea, 1875, p. 53). ais certains Champignons font si subitement apparition (Pleurotus striatulus, Schizo- Pebble qu da qu'en ne peut assister à la formation de leur mycélium et qu'il est 3 qu'aucune fécondation n’a pu y avoir lieu préalablement : la spore parait alors produire le Champignon par l'intermédiaire seul d'un mycélium fugace ou invisible. (2) Constitue le Pl. euosmus Berk. ? (3) Voyez, sur la couleur des spores l'excellent uti ti vj A *, , H XIGNO? N . ) tillon (Dict. enc. des sc. iéd. 187 , ticle CHAMPIGNO N, de M ] ert (4) M. Tulasne pense qu'on peut, chez les Hypogés, disti 1 après le , es Hypoges, distinguer ces d'après le noyau de la spore. lilii Hague Jes espose 01 . (5) La séparation, par déhiscence, du stipe d'avec l'hyménophore (énucléation de M. Bertillon), ne s'obtient que si le Champignon est arrivé à une maturité normale. SÉANCE DU 94 Avril 1876. 143 ou la courbure de la marge, Leptonia et Nolanea, Collybia et Mycena (C. floridula et M. Adonis); la coloration des spores, allant du brun au noir par l'intermédiaire du brun violet ou pourpré, Psilocybe, Psathyrella, ete. Le double examen dela texture du réceptacle et de la forme de la spore — auquel il faut joindre celui du mycélium, autre élément essentiel et pourtant négligé — m'a conduit à transposer plusieurs espéces à travers les genres du Synopsis de Fries. C'est ainsi que dans les Lepiota Vittadinii (1) Mor. et echinocephala (2) Vitt., j'ai reconnu des Amanita ; Dans le L. glioderma Fr., un Armillaria ; Dans leTricholoma Russula Sch., un Hygrophorus : Dans le Tr. Colossus F., section des Rigida, une espèce de la section des Limacina ; Dans le Clitocybe amarella P., un Clitopilus ; Dans le Collybia semitalis Fr., un Tricholoma, ainsi que dans les C. platy- phylla (2) et stridula ; Dans l'Angularia levis Kr., un Lepiota? Dans le Pholiota coronilla Bull., un Stropharia ; Dans l'Hebeloma petiginosum Fr., un Inocybe ; Dans le Pleurotus nidulans P., un Crepidotus, malgré ses spores inear- nates ; Dans le Crepidotus violaceo-fulvus Fr., un Pleurotus (Omphalaria) ; Dans le Psalliota hematosperma Bull., un Lepiota? ; Dans le Dædalea quercina Fr., un Lenzites; Dans le Polyporus biennis Bull., un Trametes, etc. Dans ]a classification que j'ai adoptée, je me propose de faire quelques remaniements, Ainsi dans le genre Lepiota, certaines espèces dont l'hymé- nium n'est pas séparé du stipe seront placées parmi les Armillaria, : ex. L. granulata Batsch., L. polysticta Berk., L. seminuda Fr. Le genre Ar- millaria Fr, , ne présentant pas non plus une cohésion suffisante, plusieurs de ses espèces retourneront aux genres voisins, ex.: Arm. aurantia, luteo- virens, cingulata, subannulata, ete. Plusieurs Collybia sembleraient, par leur forme et leur consistance, plus voisins des Marasmius que des autres leucospores fongueux-charnus : ex. C. confluens P., G. caulicinalis Bull., C. tenacella P., ete. Par sa spore sphérique (0,01) et aculéolée, semblable à celle des Russula, Y Ag. (Collybia) laccatus ne rentrerait dans aucun groupe connu. Le genre Pleurotus sera placé en tête des Lamellins marcescents, à côté des Lentinus, parce qu'il est aussi épixyle, qu'il a une texture peu différente, et que sa spore est elliptique, incurvée et subeylindrique. (1) Cette espèce a été récoltée aux environs de Paris, par M. Bertillon, qui l'a réconnué Pour un Amanita. O re fnt " , à ` , (2) Vittadini en avait fait aussi un Amanita; M. de Seynes également: 144 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Je réunirai dans un genre unique les groupes Entoloma, Leplonia, Eccilia, Nolanea et Crepidotus (à spores rougeàtres), qui, tous formés du même tissu, présentent la même spore (0,01) ovoïde pentagone. La nature du réceptacle, sa consistance et sa coloration, ainsi que la forme et la couleur des spores, me feront rapprocher immédiatement les Coprinus des Pratella, comme genres affines partageant d'ailleurs les mêmes stations. Le genre Coprinarius me parait devoir rentrer dans celui des Pratella, comme sous-genre. Parmi les DERMINI, un grand genre pourra se former aux dépens des Flammula (pour partie), des Naucoria, des Tubaria (W. Smith) et des Galera, avec le petit groupe Pluteolus Fr., que je ne serais même pas éloigné d'annexer au groupe des Bolbitius, avec lequel il a quelques caractères communs : la consistance, la forme et les spores. Je supprimerai en partie le genre Paxillus, l'un des plus hétérogènes ; Je replacerai certaines espèces parmi les Tricholoma : ex. P. cinerascens Dull., nudus Bull. et personatus Fr. qui forment le nouveau genre Lepista W. Smith (1), et d'autres parmi les Clitocybe : ex. P. giganteus Fr., gilvus P., etc., dont ils ont respectivement les caractères distinctifs. Je séparerai enfin les genres à hyménium plissé ou nervé, Nyctalis, Arrhenia, Cantharellus, Merulius et Trogia, des genres à hyménium lamellé ; je rapprocherai du genre Cantharellus le genre Craterellus, qui se fond avec lui (Cantharellus cinereus et Craterellus lutescens) et les relie aux Hyméniés membraniformes : Phlebia, Auricularia, Thele- phora, etc. Quant aux PoLYPORES, qui ne forment encore qu'un genre (!) renfermant plus de 200 espéces européennes, ils ne peuvent tarder à fournir plusieurs nouveaux genres. Le genre Jrpex me parait aussi devoir être plus voisin des Polyporus, avec lesquels il est parfois difficile de le distinguer : par ex. I. violaceo-fulvus Fr. Certains Polyporus arrivés à l'état de vétusté offrent aussi l'aspect des Irpex : P. versicolor, P. biennis, etc. Le De- dalea unicolor Fr. présente aussi beaucoup d'affinité avec le méme groupe. Le genre Solenia a sa place naturelle aprés le genre Cyphella, dont il gardera deux espéces (Cyph. digitalis et cruciformis). Il. — Simplification des espèces. Il subsiste encore daus la nomenclature des grands Champignons, arri- vée cependant àune phase de perfection, deux abus regrettables : le double emploi dans les noms spécifiques et — ce qui semble être la tendance du moment — l'élévation au rang d'espèce des nombreuses variétés, voire (1) Dans Cooke, Handbook of British Fungi, 1871. SÉANCE bU 21 AviuL 18706. 145 méme des formes accidentelles (1) qui fourmillent dans la race fongine. Double emploi dans les noms spécifiques. — Malgré l'immense et fruc- tueux travail de réduction et d'élimination par lequel l'illustre mycologue suédois a fondé la synonymie et la taxonomie mycologiques, plusieurs noms sont encore appliqués à une seule et méme espèce, et encombrent parfois les ouvrages descriptifs de maintes diagnoses prétendues spécifiques. Cette revue critique des espèces litigieuses concerne, à peu d'exceptions près, celles qui ont survécu au récent dénombrement qu'il vient de faire dans son dernier et incomparable ouvrage (2), et qui ont, la plupart, surpris sa sagacité si éprouvée, par des indications au moins incomplètes. Cette imperfection de la fongologie provient de ce que les auteurs, outre qu'ils ne rencontrent pas toujours certains Champignons météoriques (3) dont l'apparition capricieuse n'a pas lieu chaque année, ne disposent pas non plus des ouvrages spéciaux aussi rares que dispendieux et qu'ils sont abso- lument privés de l'aide des herbiers (4) : deux conditions pourtant néces- saires pour s'entendre et se comprendre dans ce dédale de formes, de variétés et d'espéces si changeantes. Plusieurs Champignons bien décrits ou habilement figurés par Scheffer, Scopoli, Jacquin, Bulliard, Batsch, Bolton, etc., se retrouvent sous d'autres noms dans les ouvrages ou dans les planches d'auteurs non moins sérieux, comme Sowerby, Persoon, Albertini et Schweinitz, Lasch, Vittadini, Gre- ville, Krombohlz, Trog, Léveillé, Berkeley, Fries, Kalchbrenner, ete., et placés tantôt dans un méme genre, comme espèces affines, tantôt dans des genres éloignés l'un de l'autre : en voici des exemples : Amanita solitaria Bull. me parait identique avec À. nitida Fr.; A. verna Bull., avec A. rirosa Fr.? Lepiota hematosperma Bull., avec L. meleagris Sow., et L. Badhami Berk.; L. mesomorpha Bull., avec L. amianthina Scop.; Tricholoma Russula Sch., avec Tr. frumentaceum Bull.? et Hygropho- rus erubescens Fr.; Tr. multiforme Sch., avec Tr. portentosum Fr.?; Tr. cinerascens Bull., avec Tr. irinum Fr.?, et avec Tr. boreale Fr. (du moins d'après Icones selectæ, t. 41, fig. 1). ° Tr. murinaceum Bull., avec Tr. gausapatum Fr.; Tr. argyraceum Bull., avec Tr. scalpturatum Fr.; Clitocybe gilva P., avec Paxillus Alexandri Fr.; Cl. molybdina Bull., avec Cl. ampla P.; (1) Collybia tortilis Bolt.; Galera sphærobasis Post.; Cantharellus ramosus Schulz, ete. (2) Elias Fries, Hymenomycetes Europei. Upsaliæ, 1874. D. u . 09) Mice species, ecque nobilissima, meleoricæ sunt, annis valde pluviosis et calidis sinul tantum emergentes. (Fries, Syst. veg. Scand., p. 210.) (4) Quand ils ne sont ni subéreux, ni coriaces, les Champignons conservés ne sont que d'un faible secours. T. NNI. (SÉANCES) 10 146 SUCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Cl. Auricula (1) DC. (non Fr.), avec Glitopilus Orcella Bull.? Cl. geotropus Bull., avec CI. subinvolute Batsch. et maxima Fr.; CL. amarella P., avec Clitopilus popinalis Fr.; CI. conglobata Vitt., avec Cl. humosa Fr.; CL. coffeata Fr., avec Cl. anapacta Let. Cl. aggregata Sch., avec Cl. hortensis P. et Cl. adunata sec (état sé- nile); Cl. viridis Bolt., avec Cl. odora Bull.; CL. cyathiformis Bull., avec Cl. Hoffmanni Vr.; Collybia semitalis Fr., avec Tricholoma immundum Berk. et peut-être Clitocybe gangrænosa Fr.? . socialis DC., avec Flammula gymnopodia Bull.? . hariolorum (2) Bull., avec C. confluens P. et C. dispar Datsch.; . floridula Fr., avec Mycena Adonis Dull.; Entoloma ardosiacum Bull., avec E. madidum Fr.; Nolanea hirtipes Bull., avec N. nigripes Trog et N. picea Kalch.; Pholiota destruens Brond., avec P. heteroclita Fr. et peut-ètre aussi avec P. comosa Fr.? ; Naucoria horizontalis Bull., avec N. rimulincola (3) Rab.; Galera Spiculus Bull., avec Naucoria carpophila Vr.; Hypholoma lacrymabundum Bull., avec H. velutinum P.; Stropharia Coronilla Bull., avec S. obturata Fr.; Lactarius azonites Bull., avec L. fuliginosus Fr.; L. theiogalus Bull., avec L. chrysorheus Fr.; Marasmius globularis Fr., avec M. carpathicus Kalch.; M. angulatus P., avec M. graminum Lib.; Lentinus adhærens A. S., avec L. resinaceus Trog ; Panus hirtus Secr., avec P. rudis Fr. et P. Sainsonii Lev.; ete. Multiplication des espèces. — Une pratique sérieuse démêle aisément chez les Fonginés, des types (4) spécifiques clairs et constants, malgré la mobilité de la forme et l'inconstance de l'aspect. « Ayant voyagé davantage, dit mon ami M. le professeur Contejean (5), j'ai été plus à méme de con- stater les modifications capitales que font subir à la méme plante les in- fluences si puissantes du sol et du climat. » Le plus léger accident de la lumière, de l'humus ou de l'atmosphère, peut rendre un Champignon mé- connaissable. De là le désordre et la confusion qui semblent troubler l'harmonie naturelle et ont favorisé, outre quelques déterminations erronées, cette trop grande multiplication des espèces, source de difficultés presque CC OY (1) Méme doute dans : Léveillé, Notice sur le genre Agaric. 1940. (2) Celui de Persoon est l'état adolescent, celui de Bulliard l'état de vétusté. (3) C'est lc méme déerit à la loupe. (4) Inter nobdiores fungos species adeo nobiles et definite, ut viv in ulla orbis vege- tabilis regione insigniores. (Vries, Syst. veg. Scand., p. 261.) (5) Flore de Montbéliard, 2 supp., 1864, p. 3. | SÉANCE DU 21 AVRIL 1876. 147 insurmontables dans l'étude dela mycologie ; aussi trouve-t-on ordinaire dans nos catalogues plus d'une espéce étrangére et beaucoup plus de noms qu'il n'existe d'espéces. Je regarde done l'Amanita echinocephala Vitt., comme uue variété ou une sous-espèce de lA. strobiliformis Vitt. (1) ; L'A. coccola Fr., de l'A. ovoidea Bull.; L'A. gemmata Paul., de l'A. muscaria L.; Le Lepiota rachodes Vitt., et le L. colubrina Kr. comme des variétés du L. procera Scop.?; L'Armillaria cingulata Fr., comme une variété de l'Arm. ramentacea Bull. ; L'Arm. griseo-fusca DC., de l'Arm. mellea Vahl (?) ; Les Tricholoma Georgii L., albellum DC., graveolens P. et gambo- sum Fr. comme des sous-espèces de l’Ag. Prunulus (2) de Cés. et des an- ciens (Mousseron J. Bauh. et Bull.) ; Les Tr. ustale, stans et pessundatum Fr., comme des variétés du Tr. fulvum Bull.; Le Tr. subannulatum Batsch., comme une variété du Tr. albobrun- neum P.; Le Tr. triste Scop., du Tr. terreum (3) Sch.; Le Tr. bufonium P., du Tr. sulfureum Bull.; Les Tr. exscissum Fr. et subpulverulentum P., comme des variétés du Tr. humile P.; Le Tr. turritum Fr., comme une variété du Tr. grammopodium Bull; Le Clitocybe opaca With., du Cl. cerussata P.; Le Cl. pithyophila Sec., du Cl. phyllophila Fr.; Le Cl. tornata Fr., du Cl. rivulosa P.; Le Cl. olorina Fr., du Gl. candicans P.?; Le Cl. gentianea Q., du Cl. amara P.; Le Cl. squamulosa P., du Cl. infundibuliformis Sch.; * Le Cl. expallens P., du Cl. cyathiformis Bull.; Le Cl. obbata Fr., du Cl. pruinosa Bull.; Le CI. tortilis Bolt., comme une forme du Cl. laccata Scop.; Le Collybia pheopodia Bull., du C. butyracea Bull.; Le C. aquosa Bull., du C. dryophila Bull.; Le C. plumipes Kalch., du C. conigena P.; Les C. stolonifera Jungh., tenacella P. (Ag. perpendicularis Bull.), es- (1) Bulliard parait en avoir fait deux variétés, et Vittadini les a données comme syno- nymes. (2) Transposé par Fries à l'Ag. prunulus Scop. et réservé au Mousseron par Badham et Vittadini qui lui ajoutaient encore comme variété l'Ag. amethystinus Scop. (Palumbi- num Paul., t. XCV, fig. 9-11). (3) Tr. orirubens Q. en est peut-être une forme accidentélle. 148 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. culenta (1) Wulf, comme des formes très-voisines du type du C. (Ag.) Clarus Sch.; Le C. fuliginuria Wein., comme une variété du C. atrata Fr.; L'Omphalia Lestadii Fr., du Collybia nitellina Fr.; L'Omphalia Hepatica Batsch., de l'O. muralis Sow.; Le Mycena cæsiella Kaleh., du M. pura P.; Les M. acicula Jungh. et pythia Fr., et le Collybia Ludius comme des variétés du Mycena lactea P. | Le M. Tintinnabulum Fr., comme une variété du M. galericulata Sch.: — Le M. Iris Berk., du M. amicta Fr.; Le M. corticola Bull., du M. hiemalis Osb.; Le Pleurotus corticatus Fr., du P. dryinus P.: Les Volraria gloiocephala DC. et speciosa Fr. comme des variétés du V. media Schum ?; Le Pluteus chrysopheus P., comme une variété du Pl. leoninus Sch.; Le Clitopilus Orcella Bull., du Cl. Prunulus (2) Scop.; Le Leptonia placida Fr.; du L. dichroa P.; Les Pholiota attenuata et cylindracea DC., comme des variétés du Ph. Ægerita Fr.; Les Hebeloma elatum Batsch et longicaudum P., de VH. crustulini- forme Bull.; Les H. senescens Batsch et capniocephalum Bull., de PH. sinuosum Bull.; Le Naucoria pediades Fr., comme une variété du N. semiorbicularis Bull.; Le N. furfuracea P., du N. pellucida Bull. ; Le Pluteolus aleuriatus Fr., du Pl. reticulatus P.; Les Galera siliginea P., ct tener Sch.; comme des variétés du G. ovalis Fr. (Ag. campanulatus Bull.) ; Le G. antipus Lasch., comme une variété du G. conocephala Bull. Le Crepidotus alveolus Lasch., du C. mollis Sch.; Le Psalliota dulcidula Schulz, du Stropharia melasperma Bul.; Les Ps. h»morrhoidaria Kalch. et setiger Paul. du Ps. sylvatica Sch.; L'Hypholoma piluliforme Bull., de PH. hydrophilum Bull.; LH. eleodes Bull., de PH. fasciculare Huds.; Le Psathyra pennata Fr., du Ps. gossypina Bull.; Les Ps. oblusata et fatua Fr. comme des variétés du Ps. spadiceo- grisea Sch.; Le Psathyrella caudata Vr., comme une variété du Ps. gracilis P.; (I) Appelé ainsi par confusion avec les Ag. caryophylleus Sc "S » t Oreades Bolt. (Vitt. Mang. p. 61). yop^y "eus Sch. (Nágelschwümmgen) c (2) Est-ce bien le Clitopilus que Scopoli a désigné nommé albellus Sch. ? sous ce nom et qui serait justement ü C DEN m SÉANCE DU 21 AvRIL 1876. 149 Les Panæolus retirugis et sphinctrinus Fr., comme des variétés du P. campanulatus L.; Le Coprinus clavatus Fr., comme une variété du C. comatus Fr.; Le C. macrocephalus Berk., du C. lagopus Fr.; Le C. atramentarius Dull., du C. fuscescens Sch.; Le C. congregatus B., du C. micaceus Bull.; Le C. erythrocephalus Lév. (et C. dilectus Vr.?), du C. oblectus Bolt.; L'Inocybe strigiceps Fr., de VI. tricholoma A. et S. (Ag. gnaphalioce- phalus Bull.) ; Les 1. Bongardii, grata et Trinii Weinm., comme des variétés de l'T. hiulca Fr.? Les Gomphidius gracilis Berk. et maculatus Scop., du G. glutinosus Fr.?; L'Hygrophorus erubescens Vr. (rubescens P.), comme une variété de VH. purpurascens À. et S.; Le Lactarius insulsus Fr., du L. zonarius Bull.; Le L. turpis Fr., du L. plumbeus Bull.? ; Le L. argematus Fr., du L. azonites Bull.; Le L. pargamenus Sow., du L. piperatus Sch.; Le L. cimicarius Batsch., du L. camphoratus Bull.; Le Russula (1) albonigra Kromb., du R. adusta P.; Le R. nauseosa P., du R. nitida P.; Le Cantharellus ramosus Schulz., du C. infundibuliformis Scop.; Le Marasmius peronatus Bolt., du M. urens Dull.; Le M. schenopus Kalch.; du M. alliaceus Jacq.; Le Lentinus Dunalii DC., du L. tigrinus Bull.; Le Lenzites flaccida Fr., du L. variegata Fr.; Le Boletus floccopus Wahl., du B. strobilaceus Scop.; Le B. mitis Kromb., du B. bovinus L.; Le B. fulvidus Fr., du B. castaneus Bull.; Le Polyporus pinicola Sow., du P. marginatus Fr.; Les P. Loniceræ Weinm. et Evonymi Kalch., comme des variétés du P. ribis Schum.; Le P. heteroporus Fr., comme une variété du P. biennis Bull.; Le P. crispus Fr., du P. adustus Fr.; L'Hydnum Queletii Fr., de VH. zonatum Batsch.? et peut-être de TH. scrobiculatum Fr. (cyathiforme Bull.); Le Clavaria lilacina P., du Cl. amethystina Fr.; Le Pezizavenosa P., du P. repanda Vahl, etc. On pourra aussi, je crois, réduire les 234 Cortinarius (selon Fries), Souvent peu distinets à cause de leurs couleurs changeantes, et dont Bul- liard réunissait un grand nombre sous le nom d'Agaricus araneosus. (1) Les espèces de ce genre sont excellentes, quoique des plus difficiles à déterminer. 150 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Les premières sections offrent de trés-belles et trés-bonnes espéces ; mais dans les dernières divisions, la notion de l'espéce est moins nette et rap- pelle le fertile genre Rubus. | Il y aurait également à réduire les espèces des Péridiés, dans certains genres ; | Ainsi les Lycoperdon depressum et muricatum Bon., sont des variétés du L. pratense Pers.; Les L. pistilliforme, rusticum et cinereum Bon., du L. saccatum (1) Vahl.; Le L. laxum Bon., est une variété du L. velatum Vitt.; Le L. ericeum et estivale Bon., sont des variétés du L. furfuraceum Sch.; | Le L. cupricum Bon., est une variété du L. atropurpureum Vitt.; Les L. fuscum et serotinum Bon. (2), sont des variétés du L. pyri- forme Sch.; | Les Hymenogaster tener et pusillus Berk., de l'H. viveus Vitt.; L'H. lilacinus Tul., n'est qu'une variété de lH. griseus Vitt, Pour obvier à ce double inconvénient de noms multiples et d’espèces critiques, le moyen le plus efficace serait d'échanger, entre observateurs des diverses régions de l'Europe, des spécimens vivants, accompagnés de descriptions complétes et de figures coloriées (3). Chaque espéce fongine étant ainsi observée et réunie à ses congénères avec lesquelles elle dof former un faisceau naturel, l'on serait bientót fixé sur la valeur de celles qui, échappant à un contróle scientifique nécessaire, sont proposées chaque jour comme nouvelles, et ont fait craindre, un moment, que la mycologie ne périt accablée sous le poids de ses richesses. Quoi qu'il en soit, je serais heureux de voir la Société se pénétrer de l'esprit de ces utiles réformes et convier les mycologues à entrer dans cette voie nouvelle, en consacrant l'une de ses sessions extraordinaires à parcou- rir dans les beaux jours d'automne, ces forêts « où la nature, dit Bul- liard (4), régne en souveraine libre et indépendante » : la bizarrerie des formes, le contraste des couleurs, la finesse des parfums et parfois égale- ment les mystères de la vie des espèces fongines, persuaderont, je l'es- père, à quelques-uns de nos collègues d'apporter de nombreux matériaux à l'édifice de la flore mycologique française, qui montrera quelles mer- veilles et quelles ressources, souvent méconnues, peuvent éclore sous les différents climats et sur le sol si varié de notre patrie. (1) Ce dernier n'est peut-être pas autre chose que le L. excipuliforme Scop. (2) Bonorden, Handbuch allgemeinen mycologie, 1851, et Botanische Zeitung, 1857. (3) Icones et descriptiones modo fallunt, nisi species ex intima sua affinitate conso- ciat et dispose. (Fries, Syst. veg. Scand., p. 240.) (4 Herbier de la France, París, 1780, p. 63. SÉANCE DU 12 war 1876. - 4M SÉANCE DU 12 MAI 1876. PRÉSIDENCE DE M, DUCHARTRE, M. Roze, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 21 avril 1876, dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la derniére séance, M. le Président proclame membres de la Société : MM. DucnENE, sous-inspecteur des forêts à Roanne (Loire), DUBREUIL, garde-général des forêts à Epernay (Marne), présentés par MM. Roze et Mer. Il annonce ensuite une nouvelle présentation. Dons faits à la Société : Éloi de Vieq, De la végétation sur le littoral du département de la Somme. Filhol, Le massif d Arbas (Haute-Garonne). Edelstan Jardin, Énumération de nouvelles plantes phanérogames et cryptogames. Ch. Martins, La méthode naturelle et le principe de l'évolution. Gillet, Les Hyménomycètes de France (suite). Veiteh, Catalogue of new plants. M. le Président dépose sur le bureau des empreintes de plantes sur papier, d'après un procédé dont M. Bertot est l'auteur et qui est décrit dans la note suivante : PROCÉDÉ POUR PRENDRE L'EMPREINTE DES PLANTES, par M. BERTOT. L'étude de la botanique exige ou la possession de la plante décrite, ou une représentation assez exacte qui permette de la reconnaitre. En effet, le langage descriptif n'a qu'une précision relative; on peut dire une grosse pomme et une petite maison sans que les deux termes de Srosseur et de petitesse correspondent à quelque chose qui soit absolu- ment gros ou absolument petit. Il en est de méme de presque tous les qualificatifs employés pour dé- peindre les plantes ou leurs parties; une feuille pourra être lancéolée, aiguë, pointue, apiculée, mucronée, muriquée, cuspidée, subulée sans 152 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, qu'aucune de ces expressions soit rigoureuse et ne puisse être substituée à l'autre avec quelque vraisemblance. Il en résulte qu'on ne peut proposer la lecture d'une flore pour ap- prendre la botanique, le vague des expressions laissant l'esprit flottant et indécis. Mais, si dans les flores toute description était accompagnée d'une représentation de la plante ou de l'une de ses parties principales pouvant en faire saisir l'aspect et la physionomie, la lumière se ferait pour une infinité de personnes. Beaucoup d'entre elles qui traitent nos expressions de barbares parce qu'elles ne les comprennent pas, faute de pouvoir les appliquer, verraient qu'il a fallu nécessairement employer des mots spé- ciaux pour décrire des formes particuliéres. La gravure, la photographie, etc., seraient des auxiliaires qui pourraient permettre de satisfaire à la condition indiquée. Mais le graveur et le pho- tographe opérent avec un outillage et un matériel considérables : les pro- duits qui sortent de leurs mains, quand ils sont d'une bonne exécution, atteignent des prix élevés, peu accessibles par conséquent au plus grand nombre. L'instituteur primaire, les enfants des campagnes, le simple jardinier, ceux qui vivent au milieu des choses de la nature dans une humble con- dition et qu'un penchant instinctif attire vers la plus aimable des sciences, la connaissance des fleurs et des plantes, trouveraient-ils un aide et un secours pour satisfaire leurs aspirations ou élever un peu le niveau de leur instruction, si on leur indiquait un moyen d'obtenir, sans frais, sans appareils, rapidement, chez soi et avec une suffisante exactitude le fac- simile des plantes qu'ils voudraient étudier? C'est ce procédé que je vais décrire; j'estime qu'il pourra rendre aussi quelques services aux botanistes. Une anomalie instructive, quelque acci- dent de végétation pourront être reproduits sans perte de temps. Le voya- geur dans les contrées lointaines est obligé de limiter ses collections, il pourra désormais avoir recours à un moyen sür et expéditif pour prendre une empreinte fidéle, par impression directe, de la plante ou des parties de plante qu'il ne pourrait emporter. « Les substances nécessaires à l'emploi de ce procédé sont simple- ment : une grande feuille de papier; de l'huile d'olives (ou autre), de la plombagine, de la cendre, de la résine ou colophane. » Le papier, après avoir été légèrement huilé d'un côté seulement, est plié de facon que le corps gras soit renfermé dans les plis, c'est-à-dire plié en quatre : cette disposition a pour but de laisser filtrer l'huile trés- également à travers les pores du papier et d'éviter que la plante ne soit en contact direct avec elle. » La plante ou la partie de plante dont on veut obtenir l'empreinte est alors déposée entre les rectos du dernier pli fait, sur le papier huilé, qui SÉANCE DU 12 Mar 1876. 153 lui-même peut être renfermé dans quelques feuilles de papier ordinaire et de même dimension que lui, afin d’être toujours disponible au moment où l'on en a besoin. Par la seule pression de la main passée à plusieurs reprises et dans tous les sens, on parvient à faire adhérer une très-petite quantité d'huile à la surface du végétal : celui-ci est alors prét à donner son impression. » La plante retirée du papier huilé est disposée avec quelques précau- tions sur du papier blanc. Comme elle a recu le corps gras sur ses deux faces, elle est apte à donner deux épreuves; il y a donc avantage à la placer entre deux feuilles de papier. On répéte la pression avec la main passée à plat comme précédemment, en ayant soin toutefois de maintenir la fixité la plus complète. a » Quand on vient à ôter la plante, son image existe sur le papier, mais elle est invisible : pour la faire apparaître, on saupoudre le papier avec une quantité convenable de plombagine, puis on promène celle-ci en tous sens, comme on le fait quand on veut sabler l'écriture. Le dessin se révèle alors dans toutes ses parties. On peut se rendre compte de l'effet obtenu, le modifier au besoin, selon son goüt et sa fantaisie en augmentant ou diminuant l'huile dans le papier huilé. » Le charbon, le noir de fumée pourraient étre employés comme la plombagine ; mais certains papiers les retiennent opiniàtrément autour du dessin, et le nettoyage complet en devient alors assez difficile. » Avec un assortiment de couleurs, avec des pastels en poudre par exemple, on peut reproduire les couleurs aux places convenables. » Pour óter l'excés de plombagine qui salit quelquefois le papier, j'em- ploie simplement la cendre du foyer : promenée à son tour sur le papier, elle respecte les traits du dessin et emporte avec elle tout ce qui est nui- sible, laissant au papier sa blancheur premiére. » Il restait une condition à remplir, c'était de donner au dessin la soli- dité et la fixité afin de l'empécher de disparaitre ou d'étre effacé au moindre frottement. Ce résultat a été obtenu par l'addition à la plombagine et aux autres couleurs de résine en poudre, en poids égal. La résine ou colo- phane est une substance de très-peu de valeur, j'ai aussi pu m'en servir trés-utilement pour le nettoyage et pour remplacer la cendre, surtout avec les poudres colorées. » Le dessin est fixé quand il a été exposé à une chaleur suffisante pour faire fondre la résine soit devant un foyer, soit par l'application d'un fer chaud, l'huile, la plombagine et la résine formant alors un seul tout capable de résistance par suite de leur union intime. » Sans doute les empreintes ne sont pas toujours d'un dessin correct et accompli ; mais elles ont le mérite de l'exactitude : le dessinateur qui vou- drait les compléter trouverait sa tâche singulièrement abrégée ; cependant il est des cas où une empreinte naturelle, sans retouches, quoique impar- faite, est préférable à un dessin terminé. » 154 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. le Président dépose sur le bureau un exemplaire qu'il a recu pour la Société d'une nouvelle édition des Eléments de botanique de Richard, continuée par MM. Martins et de Seynes ainsi qu'une notice biographique sur M. le comte Jaubert, par M. l'abbé Tobra de Dordas. M. Bainier fait connaitre à la Société un procédé qu'il a imaginé pour conserver aux végétaux destinés aux herbiers leurs couleurs naturelles et dépose sur le bureau quelques échantillons de plantes préparées d'aprés ce procédé, NOTE POUR SERVIR A LA RECHERCHE DU MOYEN DE CONSERVER LA COULEUR DES PLANTES, par M. Georges BAINIER. Le procédé que j'ai employé pour préparer les échantillons que j'ai l'honneur de vous présenter est trés-simple. Je choisis mes sujets dans leur parfait état de fraicheur et les emprisonne immédiatement entre deux feuilles de papier enduites d'une solution de gomme arabique. Cette solu- tion en s'évaporant rapproche les surfaces et la pression est suffisante. De ces deux papiers l'un sert de support et est résistant, l'autre mince et transparent permet de distinguer les nervures des feuilles, les étamines et tous les petits détails utiles pour déterminer les espéces. C'est un linge doux ou bien un tampon de coton cardé qui suffit pour coller. On aban- donne à l'air soit sur une corde, soit sur unetable, et gràce au peu d'épais- seur de l'ensemble tout est sec en une nuit quand il s'agit de plantes non gorgées de sucs. C'est ainsi que j'ai pu préparer le Polygala amara, le Viola tricolor, etc. Les plantes plus épaisses doivent rester plus longtemps. Pour un herbier de luxe, on peut se servir du moyen employé pour sécher rapidement un précipité sur un filtre, soit en faisant le vide par un aspi- rateur ou par une trompe, soit par l'usage du chlorure de calcium. Car ainsi maintenue, la plante peut être roulée et mise dans uñ flacon. Je n'ai, pour les préparations que voici, rien employé de toutes ces choses, toute- fois le résultat obtenu est suffisant. Par suite de la dessiccation il se produit des rides, des boursouflures, d'oà résultent des décollements partiels qui génent la transparence. Cet inconvénient est facile à éviter ; on humecte légèrement la face supérieure de l'échantillon et on met sous presse entre deux morceaux de taffetas gommé. On retire et quelques instants d'exposition à l'air chassent le peu d'humidité qui reste. Une fois la préparation bien séche, on la vernit pour donner du relief, augmenter la transparence, empécher l'humidité. La plante conserve son port naturel et garde ses organes les plus fragiles malgré les frottements extérieurs. Les Graminées surtout peuvent gagner à ce procédé. Avec de la précaution on peut en étaler les épillets de manière à permettre de voir les glumelles, glumellules, aigrettes et étamines. SÉANCE DU 12 mar 1876. 155 Je crois qu'il est bon d'appeler l'attention sur ce fait, que ce moyen de dessécher les plantes parait mieux que tous les autres conserver les couleurs. Sur des échantillons que j'ai préparés il y a cinq ou six ans, le vernis a jauni, mais les fleurs bleues ou violettes sont restées intactes. Je ne prétends pas que ce résultat sera obtenu indistinctement pour toutes les plantes, bien que je n'aie pas encore trouvé de sérieuses diffi- cultés. J'ai remarqué que les couleurs sont d'autant plus vives que les plantes sont plus fraichement cueillies et qu'on a mis plus de soin à ne: pas en froisser les pétales ou les feuilles, avant qu'elles ne soient bien sèches. Tout le monde sait en effet qu'il suffit de presser légèrement du doigt sur certains fruits mürs pour produire sous l'épiderme une meur- trissure noirâtre ; il en est de méme pour les fleurs tant qu'elles renferment de l'eau de végétation, mais dés qu'elles sont séches on peut les mettre sous presse impunément. Je n'emploie pas l'étuve pour obtenir une évaporation rapide, car la chaleur aide à la fermentation et certains sucs incolores noircissent à ce point que je me souviens de les avoir employés comme encre sympathique. Tel est le mode opératoire que j'ai suivi; on voit qu'il est rapide, n'obligeant pas à avoir une presse, n'obligeant pas à changer de papier buvard tous les jours, conservant mieux les formes, protégeant les organes fragiles et les pétales caducs des fleurs. Le touriste peut partir pour la montagne sans autre bagage qu'une boite, de la gomme arabique et du papier. Quelques heures lui suffiront pour coller sa riche moisson et le lendemain, quand tout sera sec, il pourra remplir son carnet. Les dimensions ne sont pas fatalement déterminées par la grandeur d'une presse, si on veut conserver une plante grimpante : un Volubilis, une Bryone, etc.; on n'est plus arrêté que par les dimensions du papier et méme on pourrait remplacer ce dernier par deux morceaux de mousse- line claire. M. le Président donne lecture à la Société de la lettre suivante que lui a adressée M. Heckel, relativement à quelques observations nouvelles sur les plantes carnivores. Montpellier, le 6 mai 1876. Monsieur, Le lendemain de la séance du 21 avril dernier, je faisais route pour Montpellier où j'ai pu visiter de nouveau mon champ de recherches sur les plantes carnivores, et voir ce qu'étaient devenues quelques expériences à longue échéance entreprises en septembre 1875, peu avant mon départ pour Naney. Je crois avoir observé quelques faits intéressants et je me permets de venir, par votre bienveillant intermédiaire, en faire part à la Société. J'ai revu, en arrivant à Montpellier, mes notes parmi celles qui étaient 156 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. encore bien fraîches à ma mémoire, quand j'ai eu l'honneur de vous écrire de Nancy, et je trouve qu'elles sont plus concluantes que je ne le pensais. Je constate en effet : 1° qu'en juillet et août 1875, du papier tournesol appliqué sur les feuilles glanduleuses de Pelargonium zonale et de Spar- mannia africana, a rougi manifestement dès 9 heures du matin, et que pendant tout le jour la réaction était constante : la nuit, au contraire, elle ne se produisait pas; 2 que de la viande de bœuf (muscles) appliquée comparativement sur les susdites feuilles (en enroulant les unes et les autres sur la chair musculaire) et sur des feuilles glabres d’ Arum dra- cunculus, de Hedera- helix, Cochlearia armoracia, ou pourvues de poils simples comme Viola tricolor, Glechoma hederacea, a présenté la manière d'étre suivante : au contact des poils glanduleux, la chair offrait une sur- face blanchàtre, recouverte d'un liquide gluant et visqueux ressemblant entièrement à celui qui résulte de l'action des glandes des Pinguicula et des Drosera sur la méme chair musculaire. Dans ces dernières plantes, ainsi que je l'ai observé bien des fois et dans les meilleures conditions pos- sibles, le liquide sécrété en plus grande abondance que dans les Spar- mannia et Pelargonium décolore la chair et enveloppe très-rapidement le fragment soumis à l'expérience d'un produit de dissolution qui ne se constate sur les Sparmannia et les Pelargonium qu'au bout de huit à dix heures. Mais le produit est de méme nature. — Pendant ce temps (en juillet et août, temps sec) la chair enveloppée dans des feuilles glabres ou à poils simples se desséchait seulement sans changer de couleur ou en passant légèrement au noir: si le temps était humide la putréfaction com- mençait rapidement à se produire. Rien de semblable dans les feuilles glanduleuses ci-dessus : la chair est attaquée, le liquide visqueux a une légère réaction acide, mais pas d'odeur désagréable. Il est impossible de ne pas faire de rapprochement entre ces faits et ceux qui existent dans les plantes dites carnivores : si on veut, du reste, trouver un point de transilion entre ce minimum d'action des feuilles glanduleuses ordinaires et le maximum présenté par les Pinguicula, Drosera et autres, je renvoie à mon observation sur les glandes florales de Parnassia palustris (1), qui sécrètent trés-abondamment et d'une maniére trés-visible, dés qu'elles ont recu un insecte sur leur surface et qui sécrétent non moins activement un liquide acide quand on les met en contact avec un morceau de chair musculaire. Ce liquide décolore et attaque manifestement la viande. Avons-nous là encore une plante carni- vore? C'est ce que je me propose de rechercher prochainement. J'arrive maintenant aux faits peut-être plus importants que j'ai observés sur des Pinguicula rapportés du Cantal, depuis septembre 1875 et que j'ai pu conserver en vases, après avoir pris la précaution de les laisser dans leur (1) Comptes rendus de l'Acad. des sciences, novembre 1875. SÉANCE DU 12 Mar 1876. 157 propre terre tourbeuse. — Ces vases toujours maintenus très-humides renferment des Pinguicula vulgaris qui fleurissent en ce moment et qui sont dans un état trés-prospére sans avoir jamais consommé de viande. Quand je les ai recueillis, leurs feuilles en rosettes étaient couvertes de débris d'insectes : aujourd'hui elles n'en présentent pas trace et ne parais- sent pas souffrir (bien au contraire!) de ce jeùne prolongé. Fait singulier : l'an dernier, dans les montagnes du Cantal, j'avais constaté que le liquide gluant qui est sécrété par la face supérieure des feuilles, quoique dou- ceàtre, avail au papier tournesol une réaction légèrement acide ; aujour- d'hui il n'y a plus la moindre trace de cette acidité et j'ai expérimenté cependant plus de dix fois par jour, depuis le 23 avril. Le goüt douceàtre persiste, mais sans attirer les insectes, qui cependant ne manquent pas aux alentours du vase. J'ai précipité des fourmis trés-vivantes sur ces feuilles, elles se sont engluées et sont restées sur place. Ayant placé de pelils morceaux de viande sur ces mêmes feuilles, j'ai constaté des mou- vements d'incurvation marginale (M. Duval-Jouve assistait à ces expé- riences), quand le fragment de muscle était près de leur bord. Quoique très-lents, ils arrivaient à permettre l'occlusion complète de la matière azotée. — Tous ces faits sont connus ou à peu près, mais j'ai tenu à les confirmer et surtout à constater, avec M. Ed. Morren, que ladite carnivo- rité n'est pas nécessaire ; bien plus j'ai remarqué sur plusieurs feuilles une vraie eschare, après la dissolution de la viande sur la partie où cette derniére avait porté, et cependant la chair était fraiche et sans réaction acide. Les feuiiles qui ont souffert étaient jeunes et je penche à croire qu'elles se sont épuisées localement par une sécrétion trop abondante...... En examinant les fleurs trés-attentivement, j'ai vu que le stigmate est irritable. Je me propose de faire de ce phénomène l'objet d'une communication spéciale, car il sort complétement du cadre que je me suis tracé pour cette lettre. Jai eu l'honneur de vous dire, après la dernière séance de la Société, que j'avais en septembre dernier constaté l'absence de poils sur les ra- cines de Pinguicula. Je viens de soumettre (sous le contrôle éclairé de M. Duval-Jouve) ces organes à de nouvelles recherches et voici ce que J'ai pu constater. Le fait que j'ai remarqué en Auvergne se retrouve dans les Pinguicula que j'ai eus sous la main, mais seulement pour des racines vieilles qui perdent en méme temps toute l'enveloppe entourant le fais- ceau fibro-vasculaire. C'est à ce faisceau que sont réduites ces racines anciennes et il n'est pas étonnant qu'elles n'aient point de poils radicu- laires, Ce qui me parait devoir être observé de nouveau, c'est le fait que J'ai trouvé presque exclusivement des racines vieilles en Auvergne et qu'ici au contraire, je n'en trouve qu'un très-petit nombre (1). (1) Ces vieilles racines que j'observais à la simple loupe m'ont induit en erreur. 158 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Je me propose cette année, sur les lieux mêmes, d'éclaircir cette ques- tion : mais déjà il me répugne dé croire (comme semble l'admettre Dar- win, sans avoir cherché à savoir si les poils radiculaires existent ou non), que ces organes radiculaires très-réduits ne servent à la plante que de point d'attache à la terre ou aux mousses. En terminant je me demande aussi pourquoi ces glandes innombrables sur le pédoncule et sur le calice de la fleur : je ne vois dans la forme de ces organes rien qui ressemble à un piége et je pense que les faits peuvent étre rapprochés de ceux qu'a observés récemment M. Duval-Jouve sur les Utricularia munis hors de leurs ampoules comme au dedans, d'appareils semblables. Agréez, etc., E. HECKEL. Lecture est donnée de la communication suivante adressée à la Socièté : NOTICE SUR QUELQUES ESPÈCES RARES OU NOUVELLES DE LA FLORE CRYPTO- GAMIQUE DU CENTRE DE LA FRANCE, par M. RIPART. ALGUES. |. Chamæsiphon confervicola Al. Br., var. major. Un des derniers numéros des Annales des sciences naturelles contient un Essai de la classification des Nostochinées, par M. Gustave Thuret, dont la mort récente nous a tous profondément attristés. Dans ce travail posthume publié par les soins de son collaborateur et ami M. le docteur Bornet, notre illustre algologue expose les vrais principes qui doivent servir de guide pour l'établissement des familles et des genres en se fon- dant sur l'organisation de ces plantes qu'il connaissait si bien. Il est regret- table pour la science qu'il n'ait pas eu le temps de réviser de la méme maniére plusieurs autres parties de l'algologie. Heureusement, nous espé- rons que M. le docteur Bornet, depuis longtemps associé à ses travaux, possesseur de nombreux et précieux. matériaux, ainsi que de magnifiques dessins fruits de leurs recherches communes, nous donnera bientôt un traité plus important et plus complet sur cette partie de la science encore si peu connue. Le genre Chamesiphon ne figure pas dans la classification de M. Thuret. ll appartient certainement à la famille des Lyngbyées et est trés-voisin du genre Lyngbya. Cependant, le parasitisme de toutes les espéces qui le composent, la forme particuliére de leur gaine et de leur trichome, pour ine servir de l'expression proposée par MM. Thuret et Bornet, ainsi que le mode d'émission des spores autorisent, je crois, à le conserver tel que l'ont établi, en 1864, MM. Alex. Braun et Grunow. C'est sur le Cladophora glomeratà Kg:, plante commune dans nos SÉANCE DU 12 Mar 1876. 159 rivières et nos ruisseaux, que l'Algue dont je m'occupe ici vit en parasite ordinairement mêlée à un grand nombre de Diatomées diverses. Ses fila- ments extrêmement petits ne sont jamais disposés en touffes ou par groupes, mais eroissent isolément. Chaque filament est constitué par un trichome d'un vert érugineux contenu dans une gaine mince et transparente. Cette gaine cylindrique est atténuée d’un côté en une sorte de pédicule au moyen duquel elle est implantée sur la paroi d'une cellule de Cladophora. La partie supérieure ou libre est au contraire arrondie et légèrement dilatée, de telle sorte que la plante en cet état représente assez bien une petite massue. Arrivé à l'état adulte, le trichome qui jusqu'alors n'avait paru composé que d'une matière finement granuleuse présente quelques cloi- sons vers sa parlie supérieure ; puis les parties du trichome ainsi divisées par ces cloisons finissent par se séparer tout à fait et prennent l'apparence de petites sphéres toujours contenues dans la cavité de la gaine qui est restée simple et est encore fermée. Avec un peu d'attention, on remarque tout prés de son extrémité libre une ligne transversale très-fine qui indique le lieu où la déhiscence ne tardera pas à se produire par la chute d'un opercule ou d'une sorte de calotte hémisphérique. La gaiue ainsi large- ment ouverte laisse échapper les petites sphéres ou spores qui se répan- dent dans l'eau. La production des spores continue de la méme maniere lant que la matière du trichome n'a pas été entièrement épuisée. Les spores ne sont douées d'aucun mouvement propre et ne présentent aucun appendice ni cils. Quand elles rencontrent une cellule de Cladophora, elles s'y fixent au moyen d'un petit filament transparent qui se développe vers le point de contact en guise de racine : c'est le commencement du pédicule ; puis la spore s'allonge et prend peu à peu la forme de la plante adulte que j'ai décrite ci-dessus. Ces Algues sont fort petites. M. Rabenhorst indique pour le Chamesi- phon confervicola une longueur variant de 0"",025 à 0"",034 avec le pédicule et une largeur de 0"",0032. Il admet aussi une variété qu'il nomme forma elongata et qui atteint une longueur de 0"",045 : l'Algue que j'ai observée et que je viens de décrire a des dimensions beaucoup plus grandes puisque sa longueur moyenne est de 0"",08 et son diamètre transversal de 07,006. C'est peut-étre une espéce différente; mais en attendant que la question soit tranchée, je propose de la désigner sous le nom de Chamæsiphon confervicola Al. Br. var. major. 9. Sphserozyga fallax, NOV. sp. Cette Algue se compose comme ses congénères de filaments ou tri- chomes simples d'une belle couleur verte érugineuse plongés dans une Sorte de mucus ou gelée amorphe incolore. Les trichomes ont un diamètre Moyen de 0"",008 et sont composés de plusiéurs sortes de cellules, la 160 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. plupart sphériques et disposées sur un seul rang comme les grains d'un chapelet. Quoiqu'ils n'aient pas de gaine à proprement parler, cependant, outre la couche gélatiniforme générale dans laquelle ils sont plongés, chacun d'eux est pourvu d'un mucus propre qui le suit lorsqu'on l'isole, servant à retenir en place les différentes cellules qui le constituent en for- mant autour d'elles un cylindre. incolore dont les limites sont un peu dif- fluentes et non nettement circonscrites comme celles d'une véritable gaine. Mesuré avec cette sorte de fausse gaine, le trichome a 0"",012 de diamètre. On y remarque trois sortes d'organes : 1? les cellules végétatives sphériques dont le contenu d'un beau vert érugineux est homogéne ou à peine et très-finement granuleux ; 2° d'autres cellules également sphériques en moins grand nombre que les premiéres, d'une nuance plus claire, d'un diamètre un peu plus grand et, en outre, présentant à deux points opposés suivant lase du trichome deux surfaces articulaires : ce sont les cellule perdurantes des auteurs allemands, auxquelles MM. Thuret et Bornet don- nent le nom d'hétérocystes; 3° enfin les spores qui sont formées par des cellules cylindriques dont le diamétre transversal est le méme que celui du trichome et dont la longueur varie de 0"",016 à 0"",036 : il y ena ordi- nairement une de chaque côté de l'hétéroeyste articulée avec lui par un bout et par l'autre bout avec la file des cellules végétatives ; elles sont d'un vert plus foncé que ces derniéres et leur contenu est fortement granuleux. C'est là la disposition la plus habituelle; cependant on voit quelquefois deux hétérocystes entre deux spores; d'autres fois il existe deux spores se suivant de chaque cóté de l'hétérocyste. Les trichomes de toutes les espèces de Spherozyga sont organisés de la méme manière : mais voici ce qui distingue particulièrement cette espèce de toutes les autres : ses trichomes au lieu d'être disposés sans ordre au milieu de la gelée qui les entoure sont réunis en faisceaux aplatis, rubanés. Ces faisceaux, surtout les principaux, sont composés d'un nombre considérable de trichomes, souvent de plusieurs centaines. De distance en distance, mais d'une ma- nière irrégulière, des faisceaux secondaires se détachent du premier à angle droit ou presque droit; des faisceaux secondaires naissent aussi quelques faisceaux tertiaires ; rarement la division va au delà. Dans l'angle de bifurcation il existe souvent des trichomes enroulés sur eux-mêmes et formant un disque aplati. De cette disposition en groupes. inégaux, les plus petits se détachant cà et là des plus grands, il résulte une apparence de ramification, et quand la plante est desséchée sur papier on croirait véritablement voir une Algue ramifice. J'ai rencontré cette espèce au printemps dans l'eau stagnante d'une mare couvrant les feuilles pourres, les débris de toutes sortes plongés dans l'eau, les Graminées et les Mousses aquatiques en compagnie des Nostoc minutum Dwz., N. glomeratum Kg., Conferva bombycina Ag., Mischococcus confervicola Næg., ŒEdogonium pulchellum Kg., Chlorococ- cus infusionum Menegh., ete. SÉANCE DU 12 Mar 1870. 161 3. Schyzochlamys gelatinosa Al. Br. Je ne crois pas que cette Algue ait jamais été signalée en France, Je l'ai trouvée en grande quantité, au mois de juin 1873, dans l'eau stagnante d'une mare au milieu de Druyéres, dans un terrain argilo-siliceux. Dans la méme mare se trouvaient les Hyalotheca dissiliens Breb., OEdogonium echinospermum Al. Br., OEdog. tenellum Kg., Bulbochete crenulata Pringsh., ete. Elle se présente sous la forme d'une substance gélatineuse transparente, incolore, flottant librement à la surface de l'eau ou recouvrant les feuilles de Graminées ou autres plantes contenues dans l'eau. A l'exa- men microscopique, on distingue au milieu de cette gelée un grand nombre de cellules sphériques dont le contenu est d'un vert pàle et légérement granuieux. Elles ont en moyenne un diamètre de 077,012 et sont ordinai- rement disposées quatre par quatre, comme dans les Tetraspora ; cepen- dant il y en a aussi qui sont isolées ou disposées deux par deux; mais au lieu. d'étre simplement placées à nu dans leur gangue muqueuse comme les cellules des Tetraspora, chacune d'elles est munie d'une membrane hyaline qui l'entoure et l'isole complétement du mucus ambiant. Au bout d'un certain temps, le contenu des cellules se divise en quatre ou plus rarement en deux parties, dont chacune prend peu à peu en grossissant une forme sphérique ; puis la membrane d'enveloppe se fend en deux valves égales, s'entr'ouvre et laisse échapper les cellules de nouvelle for- mation qui ressemblent tout à fait à leur cellule-mére. Parfois aussi l'en- veloppe commune se divise en quatre; mais je l'ai vue presque toujours se diviser en deux, et ses valves adhèrent plus ou moins longtemps aux cel- lules-filles, puis deviennent tout à fait libres. De sorte qu'on distingue dans la substance gélatineuse ci-dessus indiquée non-seulement des cel- lules vertes à tous les degrés de développement, mais encore un trés-grand nombre de débris de leurs enveloppes qui ont la forme de demi-sphères transparentes et vides. Voilà done un des modes de développement et d'aeeroissement de cette Algue, mais ce n'est pas le seul. Aprés avoir éprouvé une ou deux fois la division quaternaire ci-dessus décrite, certaines cellules, en apparence lout à fait semblables aux premières, émettent des zoospores de forme presque sphérique, d'une couleur vert clair, avec un rostre incolore muni de quatre cils vibratiles. Leur diamètre est. de 0"",0065 chaque cellule en émet de deux à quatre. En raison de la transparence de toutes les parties de cette Algue, on distingue les cils des zoospores encore con- tenues dans leur enveloppe, comme, du reste, chez les Tetraspora. Apres voir vivement nagé dans l'eau pendant quelques heures, les zoospores se lixent, perdent leurs cils, et se transforment en une cellule tout à fait sem- blable à celle qui leur a donné naissance. T. XXIIL. (SÉANCES) 11 162 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Qu'il me soit permis de faire ici une observation dans l'intérêt des bota- nistes qui font des préparations mieroscopiques. Dans un ouvrage récem- ment publié sur ce sujet (1), on donne, page 72, la composition du liquide conservateur que j'emploie pour la plupart des Algues d'eau douce, mais c'est une formule moyenne qui a besoin d'étre modifiée quelquefois, sur- tout pour la proportion d'acide acétique ; les objets trés-délicats en exigent une quantité moindre : ainsi, par exemple, pour l'Algue dont je m'occupe ici, la quantité d'acide acétique a été diminuée de moitié, et les préparations de cette Algue que je conserve depuis plus de deux ans n'ont éprouvé aucune altération. Dans le cas, au contraire, où les plantes sont plus épaisses, et surtout présentent des concrétions calcaires, la proportion d'acide acétique doit être augmentée. 4. Spirogyra ternata, nov. Sp. J'ai recueilli cette espèce dans des fossés de prés tourbeux, flottant à la surface de l'eau, dans les environs de Bourges. Ses filaments ont un diamètre moyen de 0"",07. Les cellules dont ils sont composés ont une largeur à peu prés égale à leur longueur : elles sont un peu resserrées vers leur articulation et dilatées au milieu ; en mesurant leur largeur vers la partie dilatée, elles seraient méme un peu plus larges que longues. La membrane qui les constitue ne présente aucun repli interne quand elles sont arliculées, ni aucune saillie extérieure lorsqu'elles sont libres et isolées. Chacune d'elles contient trois bandelettes de chlorophylle libres entre elles et disposées trés-réguliérement en formant à peine un demi- tour de spirale : elles sont donc presque droites et placées prés des parois de la cellule; elles sont finement festonnées sur leurs bords, assez étroites, n'ayant que 077,007 de largeur, et parcourues vers leur milieu par un épaississement imitant une nervure. On y distingue aussi quelques granu- lations, mais en petite quantité; la membrane de la cellule est diaphane et très-mince : elle n'a que 0"",003 d'épaisseur. Lorsque la conjugaison a eu lieu, la zygospore qui en résulte est d'abord assez réguliérement sphérique et tient facilement dans la cellule où elle est née; mais bientôt, en s'accrois- sant, la zygospore prend une forme ovale, et son diamètre en longueur étant alors plus grand que la largeur de la cellule, elle est obligée de se placer en diagonale ; il arrive méme un moment où la zygospore, croissant tou- jours, tiraille et déforme la cellule pour se loger ; tout à fait mûre, elle est brune et son grand diamètre est de 0"",077. Gette espèce se rapproche du Spirogyra neglecta (Hass.) Kg., que je ne connais que par les descriptions assez incomplètes de Kützing et de Ra- (1) Des préparations microscopiques tiré ré fré cm4 "Y prei piques tirées du règne végétal, et des différents procédés à employer pour en assurer la conservation, par MM. Grónland, Maxime Cornu et Gabriel Rivet (Paris, 1872, Savy, éditeur). SÉANCE DU 19 mar 1876. 163 benhorst; mais elle en diffère par plusieurs caractères, surtout par ses dimensions presque d'un tiers plus considérables, par la disposition et la forme de ses bandelettes. Les phénomènes de conjugaison, qui n'étaient connus d'abord que dans un certain nombre d'Algues, ont été observés depuis quelques années dans la classe des Champignons, et les faits de cette nature deviennent de jour en jour plus nombreux. Beaucoup de botanistes y voient une veritable fécondation sexuelle ; pour mon compte, je suis porté à admettre cette opi- nion par suite d'une observation que j'ai faite depuis longtemps et que voici : quand deux filaments de Spirogyra ou de Zygnema sont conjugués ensemble, quels que soient leur étendue etle nombre de leurs cellules, c'est toujours le méme filament qui donne le contenu de ses cellules et toujours le méme qui le reçoit; le premier joue donc le rôle de mâle et le deuxième celui de femelle, quoiqu'il n'y ail pas entre eux de différence appréciable avec nos moyens d'investigalion. Les Spirogyra et les Zygnema seraient done des Algues dioiques. Jusqu'à présent je n'ai pas trouvé d'exception à cette règle, et j'ai entre les mains un grand nombre de dessins faits à la chambre claire, qui vieanent à l'appui du fait que je signale. Je sais bien qu'il existe beaucoup de figures publiées par différents auteurs représen- tant le contraire; mais je ne les crois pas conformes à la nature. Ainsi, par exemple, dans un ouvrage élémentaire publié depuis peu d'années et d'ailleurs trés-bien fait, il se trouve une figure montrant la. conjugaison du Spirogyra quinina, et chacun des filaments conjugués a des cellules munies de zygospores; mais cette figure, faite pour les besoins d'une théorie, a été certainement dessinée sans consulter la nature, car elle n'a du Spirogyra quinina que le nom. Si j'appelle l'attention sur ce sujet, C'est afin qu'il puisse être vérifié sur üne plus grande échelle. ~ 5. Zygnema biturigense, nov. Sp. C'est daus un ruisseau à cours peu rapide que j'ai récolté cette espéce ; elle s'y trouvait en. trés-grande quantité, formant de longues trainées du plus beau vert flottant dans le courant de l'eau, mêlée au Rhynchonema Woodsii Kg. Ses filaments ont un diamétre plus considérable qu'aucun autre Zygnema déjà observé, puisqu'ils atteignent 0"",06. Les cellules qui les coustituent sont à peu prés aussi longues que larges ; leurs parois sont épaisses de 0". 004, et leur épaisseur est encore augmentée par une couche de mucus qui enveloppe le filament tout entier et le rend trés-gluant au toucher. La matière verte ou chromule de l'intérieur de la cellule. est d'abord disposée en deux grosses étoiles réunies entre elles par une ban- delette médiane ; mais cette disposition ne tarde pas à changer, et peu à peu, en se développant, la chromule envahit toute la cavité de la cellule, comme cela a lieu aussi dans le Zygogonium pectinatum (Vauch.) Kg. 164 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Dans cet état, on aurait de la peine à distinguer ces deux plantes l'uue de l'autre, s'il n'existait pas de filaments conjugués. Le résultat de la copula- tion est une grosse zygospore brune sphérique, ayant un diamètre de 0"",058, remplissant la cellule carrée dans laquelle elle est née et la déformant par son volume. mE Ainsi cetie espèce ne diffère pas seulement par ses dimensions des autres Zygnema connus, mais encore par la disposition de la chromule contenue dans ses cellules, qui rappelle plutót le Zygogonium pectinatum qu'un Zygnema. Cette particularité la distingue également du Z. crucia- tum 6. crassius Kg, qui s'en rapproche par ses dimensions el se trouve dans nos mares. Ses filaments desséchés sur papier prennent une couleur brun foncé presque noir comme tous les autres Zygnena. 6. Hydrogastrum Wallrothii (Kg) Rabenh. L'Hydrogastrum granulatum Desv. (Ulva granulata L.) est trés-coni- mun dans nos environs, sur les boues autour des mares, sur le limon des rivières; mais VH. Wallrothii parait au contraire extrèmement rare : je ne l'ai rencontrée qu'une seule fois dans la forêt d'Allogny (Cher). Il crois- sait sur un humus formé de sable et de débris d'anciens laitiers que la tradition fait remonter à l'époque gallo-romaine, dans des trous humides et ombragés. Tandis que les frondes de l'Hydrogastrum granulatum ont une largeur variant depuis un demi-millimètre jusqu'à 1 millimètre et méme davantage, celles de PH. Wallrothii n'ont environ que 0"",3 : elles sont donc beaucoup plus petites. Elles ont la forme d'une sphère un peu aplatie située à la surface du sol, munie en dessous d'un prolongement évasé dans le haut, puis cylindrique et enfin dans sa partie inférieure divisé en un grand nombre de ramifications radiciformes qui pénètrent dans la terre et y fixent la plante. La sphère et ses prolongements ne sont composés que d'une seule et méme cellule, sans traces de cloisons. La surface extérieure de la fronde est d'un vert glauque, finement ponctuée, ce qui permet, outre la différence de dimension, de la distinguer facile- ment de FA. granulatum, mème sur les échantillons secs d'herbier. 1. «Edogonium calcareum, NOV. Sp. Bien que je n'aie pas pu étudier dans tous leurs détails, comme je auras voulu, les organes sexuels de cette espèce, cependant certaines particularités de sa structure et la germination de ses zoospores présente- ront, je crois, de l'intérêt et serviront à la faire reconnaitre facilement. Elle croit dans l'eau stagnante des marais, attachée aux tiges des Grami- nées, aux Lenticules, aux Mousses aquatiques, ete. Ses filaments à l'état humide sont d'un vert pàle, et quand ils sont desséchés prennent une cou- SÉANCE DU 12 Mar 1876. 165 leur d'un blane grisàtre comme les Chara, ce qui tient aux inerustations calcaires dont ils sont revêtus à la manière des Psichohor mium, genre qui, d'aprés M. Pringsheim, doit rentrer dans les OEdogonium. Lu ‘tude de notre espèce vient tont à fait à l'appui de cette opinion du célèbre algo- logue prussien. Ses filaments sont composés de plusieurs sortes de cel- lules; occupons-nous d'abord des cellules végétatives, qui sont les plus nombreuses : elles sont un pea plus longues que larges et par leur dispo- sition rappellent tout à fait les filaments des Psichohormium. M ya en effet alternativement une cellule plus large et opaque et une autre moins grande et transparente. Les premiéres sont couvertes de concrétions cal- eaires mamelonnées et ont la forme d'un cylindre opaque brusquement terminé à ses deux extrémilés; leur diamètre en moyenne est de 0,030. Les cellules transparentes, au contraire, représentent uu cylindre légère- ment arrondi à ses deux extrémités articulaires; elles ne sont pas d'une transparence parfaite, car elles sont aussi munies de granulations cal- caires, mais moins épaisses et en moins grande quantité. Leur membrane constituante, qui par cette raison est finement ponctuée, a une épaisseur de 0"",002 et la cellule elle-même un diamètre moyen de 0"",022: il v a done entre les deux sortes de cellules une différence de ("008 qui repré- sente l'épaisseur de l'encroütement calcaire. Elles sont disposées de ma- niére qu'entre deux cellules opaques existe une cellule transparente dans toute la longueur du filament. C'estla règle générale, qui cependant souffre quelques exceptions. On voit en effet quelquefois deux cellules opaques ou deux cellules transparentes qui se suivent. Cette disposition alternative prouve déjà que la présence de l'enduit calcaire est dù à un phénomène vital, une sécrétion de la surface extérieure de la membrane cellulaire et non un simple encroütement occasionné par leau ambiante, comme on en voit souvent des exemples dans les Algues. Dans les cellules qui ne sont pas tout à fait opaques on distingue la masse plasmatique interne, qui se présente à l'œil de l'observateur sous la forme de chromule composée de fines granulations vertes disposées en lignes suivant l'axe du filament, avec un ou plusieurs globules verts dans le milieu. Une cellule isolée artificiel- lement a la forme d'un cylindre dont le bout inférieur est droit et le supé- rieur terminé par une sorte de chapiteau muni de trois ou quatre lignes transversales très-fines : c'est par une de ces lignes que se fait la déhis- cence pour la sortie de la zoospore, qui a lieu de la manière ordinaire et qu'il est inutile de décrire. La zoospore est grosse, d'un beau vert; son rostre est indiqué par une partie claire, transparente et un mamelon obtus peu saillant, autour duquel se trouve la couronne des cils comme dans tous les OEdogonium : son diamètre est de 077,026; sa surface est unie; la matiére plasmatique intérieure est granuleuse et d'autant plus foncée en couleur qu'elle est plus près du rostre; la partie opposée au rostre est aussi presque incolore. Après s'être délivrée de la matière muqueuse qui 166 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. l'emprisonne à sa sortie de la cellule-mère, elle prend son essor et nage vivement dans l'eau. Au bout d'un certain temps, quand elle a trouvé un point d'appui convenable, elle s'y fixe au moyen de son rostre, les cils tom- bent et la germination commence. Il se fait une sécrétion de matière cal- caire sur toute sa surface extérieure ; grâce à la couleur verte de la zoo- spore, on l'apercoit encore pendant quelque temps à travers cet enduit qui, devenant de plus en plus épais, finit par la dérober entiérement aux regards ; enfin, une nouvelle cellule se développe vers sa partie supérieure et l'aceroissement continue à la manière ordinaire. La production de la couche ealcaire dés le commencement de la germination de la zoospore prouve, à mon avis, d'une manière très-nette, que e'est un acte vital et non une incrustation produite par l'eau. Les filaments composés uniquement de cellules végélatives étaient de beaucoup les plus nombreux. J'ai cependant trouvé d'autres filameuts d'un diamètre un peu moindre, qui, outre les cellules végétatives, contenaient d'autres cellules plus petites disposées ordinairement par séries de quatre ou six, dont la longueur était deux ou trois fois moindre que la largeur, transparentes, et dont le contenu était de couleur plus påle ; je doute que ce soient des cellules à androspores, car je n'ai trouvé aucune trace de ces plantules màles naines auxquelles elles donnent naissance. Je crois plutôt que ce sont des cellules anthéridiennes. J'ai observé aussi quelques fila- ments avec des oogones, mais trop avancés pour laisser voir l'ouverture qui sert à la fécondation : celle-ci avait eu lieu, et les oogones étaient trans- formés en oosporanges sphériques, opaques, incrustés de calcaire, d'un diamètre de 0"7,04. En les écrasant, je me suis assuré que l'oospore était entourée d'une membrane de couleur rouge-brun foncé. D'aprés tous ces détails, quoique encore incomplets, il est incontestable que notre plante dont les cellules végétatives sont disposées comme celles des Psichohor- mium, appartient cependant au genre OEdogonium. 8. Bulbochæte crenulata Pringsh, Les filaments de cette espéce sont beaucoup plus ténus que ceux du B. setigera Ag.: ils ont un diamètre de 0"",015. Leur oogone est sphérique el séparé par une ligne transversale en deux parties inégales, une supé- rieure plus grande et une inférieure plus petite. Dans la partie supérieure existe une ouverture arrondie à travers laquelle la gonosphérie envoie un prolongement sous forme d'une papille incolore, arrondie, réfraetant for- tement la lumière. C'est là que la fécondation a lieu quand un anthéro- zoïde arrive à son contact, comme j'ai eu le plaisir de l'observer. Les anthéridies sont fixées sur l'oogone méme ou dans son voisinage, elles sont pédiculées et n'ont qu'une seule cellule qui s'ouvre par un petit oper- cule. A la maturité, l'oospore est d'un beau rouge de sang et fortement LI SÉANCE DU 19 wai 1876. 167 erénelée sur sa surface extérieure. On y remarque aussi la ligne transver- sale de séparation située au-dessous du milieu. J'ai recueilli cette Algue dans une mare, prés de Marmagne (Cher). Ses filaments, d'un gris jaunâtre, étaient fixés sur les feuilles des plantes aqua- tiques et chargés de leurs jolis fruits rouges le 16 juin 1873. 9. Bulbochzete minor Al. Br. Cette espèce, qui est fort petite, formait de légères touffes grises ayant environ 4 à 5 millimètres de longueur sur les feuilles de Hypnum flui- tans, dans une mare servant à laver du minerai de fer. On la distingue facilement des B. setigera etcrenulata par ses oospores qui sont ovales au lieu d’être sphériques, fortement striées en long sur toute leur surface exté- rieure et d'une belle nuance rouge orangée quand elles sont müres; les anthéridies sont munies de trois ou quatre cellules. 10. Chroolepus capitellatum, nov. sp. C'est dans la cavité d'un vieux Salix alba L. que j'ai eu occasion d'ob- server plusieurs fois cette petite Algue aérienne, dans les environs de Bourges. Elle croissait avec le thalle pulvérulent du Cladonia pyxidata L., sur le bois à demi pourri du Saule, formant une couche veloutée de cou- leur jaunàtre tirant un peu sur le roux et dépourvue d'odeur. La partie inférieure de cette Algue est composée de cellules irrégulières, polygonales ou arrondies, diversement groupées ensemble, et donnant naissance à des filaments assez irréguliers eux-mêmes et composés d'un petit nombre de cellules de diverses grandeurs, ayant en moyenne 077,01 7 de diamètre. La dernière cellule, celle qui se trouve à l'extrémité supé- rieure du filament et dans laquelle se produisent les zoospores, grossit davantage que les autres, devient sphérique, tandis que celle qui la sup- porte immédiatement s'allonge, prend une forme cylindrique et a un dia- mètre un peu moindre. Au niveau de leur articulation, la paroi correspon- dante de chacune d'elles s'épaissit de manière à former deux rebords saillants séparés par l'interligne articulaire. Le tout représente assez bien une colonne munie d'un petit chapiteau. A un certain moment, les deux cellules sont làchement unies entre elles, et le moindre contact fait tomber la cellule terminale munie de son rebord, souvent méme avant la produc- lion des zoospores, qui n'en a pas moins lieu aprés sa chute. Leur sortie se fait non pas au sommet, mais sur une parlie latérale de la cellule, au moyen d'une ouverture arrondie qui s'y forme et dont la largeur ne leur permet de sortir qu'une à une, ce qui en rend l'observation facile. Les zoospores sont ovales-allongées, pointues aux deux extrémités, longues de 0,005 et larges de 077,0013. Le rostre est incolore et porte deux cils 168 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ayant une longueur double de la zoospore elle-méme ; l'extrémité opposée est aussi incolore et finement granuleuse ; la partie médiane au contraire est formée de gros grains saillants d'un beau rouge-brun réfractant forle- ment la lumière. Quand les zoospores sont en mouvement, on ne distingue pas les parties iucolores ; mais c’est un trés-joli spectacle microscopique de voir tous ces grains rouges, brillants comme des rubis, nager dans l'eau avec vivacité. Je n'ai pas observé leur germination. La forme particulière des cellules-mères ci-dessus décrite permet de distinguer facilement cette espèce des Chroolepus irregulare Kiz. el umbrinum Kiz., avec lesquels elle a le plus de rapports par ses cellules végétatives ; son thalle ne se décolore pas par la dessiccation, comme celui de la plupart des autres Chroolepus. Au sujet de cette communication, M. Cornu présente les observa- tions suivantes : J'ai récolté en abondance le Schizochlamys gelatinosa dans l'étang de Trivaux, près de Meudon, au mois d'avril, il y a deux ans. Je l'avais pris pour un Tetraspora dontil a tout à fait l'aspect, mais le microscope montra bientôt la différence. Cette Algue est fort remarquable par l'exfoliation successive de segments de la paroi qui se coupe en portions, lesquelles demeurent en place aux quatre coins du nouveau groupe formé aux dépens de la cellule primitive unique. Chaque cellule porte deux longs cils aux- quels il faut attribuer la nature gélatineuse de la plante. Elle possede des maerogonidies et des microgonidies (zoospores grosses et petites) que j'ai vuesse former en grande abondance au bout de quelques jours; je n'ai pas vu l'origine des spores immobiles qu'on aperçoit cà etl là parmi les autres et n'ai pu distinguer comment les cils des quatre cellules-filles procédaient des deux primitifs. C'est pour cela que je n'avais pas jugé à propos d'en entretenir la Société. Des préparations nombreuses de cette espèce rare furent faites et offertes à plusieurs de nos confrères, il y a déjà longtemps. Je ne sache pas que cette espèce ait été récoltée ail- leurs en France. M. Poisson donne lecture à la Société de la notice suivante : NOTICE NÉCROLOGIQUE SUR M. GRENIER, par M. POISSON. La Société botanique de France a été depuis un an cruellement éprouvée par la perte de plusieurs de ses membres les plus distingués : M. A. Passy, M. Boreau, puis notre regretté secrétaire général, M. de Schænefeld, et tout dernièrement notre vénéré maître, M. Ad. Brongniart. Des voix autorisées ont éloquemment exprimé les regrets que ces savants ont laissés dans le cœur des membres de la Société, et si je me permets SÉANCE DU 12 Mar 1876. 169 de revenir sur ce triste sujet, c’est que la nouvelle de la mort de l'un des auteurs de la Flore de France s'étant répandue au milieu méme de l'émotion. causée par celle de M. de Schænefeld, il m'a semblé que la perte de M. Grenier avait été moins remarquée peut-être qu'elle ne l'eüt été en toute autre circonstance. M. Charles Grenier, doyen de la Faculté des sciences de Besancon, chevalier de la Légion d'honneur, est décédé le 9 novembre dernier. Cette mort a été l'objet des vifs regrets de la plupart de nos confrères de pro- vince qui s'occupent plus particulièrement de botanique phytographique, à cause non-seulement de la contribution de ce savant à l'unique Flore francaise publiée de nos jours, mais encore par le commerce agréable qu'un grand nombre d'entre eux entretenaient avec M. Grenier. Ces rela- tions, auxquelles son étonnante activité lui permettait de donner une grande extension, n’ont été ralenties dans ces dernières années que par une longue et douloureuse maladie dont il prévoyait depuis longtemps, hélas! l'issue fatale. M. Grenier était né à Besançon le 4 novembre 1808. Doué d'une ima- gination vive, associée à un remarquable esprit d'observation, il avait fait des études médicales sérieuses qui avaient paru d'abord lui préparer un véritable succès dans l'exercice de la médecine ; mais quoiqu'il fùt souvent sollicité d'embrasser la profession médicale, il ne céda pas aux instances de ses amis, attiré qu'il était vers l'étude des sciences naturelles, pour laquelle il devint plus tard passionné. C'est tout à la fois comme botaniste et comme zoologiste que M. Grenier débuta. Reçu docteur en médecine en 1836, il fut nommé l'année suivante professeur provisoire d'histoire naturelle à l'École de médecine de Besancon, et il publiait peu de temps aprés son premier mémoire de botanique dans le Bulletin de la Société Linnéenne de Bordeaux. En 1844, il recevait le grade de docteur és sciences à Strasbourg en prenant pour sujet de thèse : La géographie botanique du département du Doubs. Il fit paraître succes- sivement, de 1838 à 1815, dans différents recueils de la localité (les Comptes rendus de l'Académie de Besancon, les Mémoires de la Société T'émulation du Doubs, etc.) plusieurs mémoires, et notamment une mono- graphie du genre Cerastium. Ces travaux semblaient désigner M. Grenier pour un centre scientifique plus important, et il eût été infailliblement appelé dans une des trois Facultés de France d'alors, si son attachement pour le pays ou il naquit et. qui lui était cher à plus d'un titre, liens de famille, champs fructueux d'explorations botaniques, ete., n'avaient. été des motifs puissants d'attraction pour cet ardent naturaliste. En 1843, M. Grenier était nommé professeur titulaire à la ehaire qu'il occupait à titre provisoire. Cet acheminement encourageait ses efforts, car il publiait sans relàche des notes intéressantes sur les résultats de ses Voyages botaniques, tout en préparant déjà les matériaux de la Flore de France, qu'il devait publier en collaboration avec M. Godron. 170 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Deux ans plus tard, la création à Besançon d'une Facuité des sciences dont les portes lui furent toutes grandes ouvertes, lui permit d'étendre un enseignement jusqu'alors trop restreint pour ses connaissances. C'était fait de la destinée de M. Grenier : il était fixé en Franche-Comté pour tou- jours, et l'année suivante il épousait M" Demesmay, fille d'un avocat dis- tingué qui devint conseiller à la Cour de Besancon. Le temps que prenait au savant le ‘double enseignement de la zoologie et de la botanique, ainsi que le soin qu'il apportait à la formation d'un cabinet d'histoire naturelle, ne nuisait nullement aux études du botaniste, car Cest vers cette époque que parut le premier volume de la Flore de France. Un travail aussi considérable ne pouvait être entrepris que par des hommes déterminés à le mener à bonne fin, et le dernier volume était publié sept ans aprés, en 1855. La première édition de cet ouvrage élait à peine épuisée, que les auteurs en préparaient une nouvelle édition avec des modifications que de récentes découvertes avaient rendues nécessaires. Cette réédition fut interrompue par la maladie de M. Grenier. On peut dire que depuis la Flore francaise de Lamarck et de Candolle et le Botanicon gallicum de Duby, la Flore de MM. Grenier et Godron est lelivre indispensable à tout botaniste herborisant. Mais M. Grenier ne devait pas s'en tenir à cet ouvrage général : dix ans plus tard, sa Flore de la chaine jurassique, travail qui valut à son auteur une médaille d'argent du Ministre de l'instruction publique, devait donner la mesure complète de son talent. M. Grenier était là du reste sur son propre terrain, et le champ bien exploré et plus limité lui permit de perfectionner cette œuvre. Dans ce pays oü tout respire la liberté, parmi cette population au carac- tére indépendant, au milieu de l'air vif des montagnes, dans le voisinage d'une nation jalouse de ses prérogatives, on comprend, pour qui connais- sait M. Grenier, qu'il se trouvait dans un milieu en rapport avec sa géné- reuse nature. Mais les événements politiques font souvent changer la fortune, méme des savants, et il parait que le professeur de Faculté n'é- chappa pas à cette influence, car le décanat, auquel il avait droit depuis longtemps, ne lui fut confié que vingt-cinq ans aprés son entrée à la Faculté. Heureusement que cette indifférence de l'administration à son égard n'arrétait pas son ardeur, et la Société d'émulation du Doubs, dont il fut un des fondateurs, était constamment entretenue de ses communicalions, en méme temps que ses relations avec les savants les plus estimés de là botanique se multipliaient successivement. Toutefois une justice tardive devait être rendue à l'universitaire et au savant, En 1869, M. Grenier recevait sa nomination de doyen, et il lui était décerné, en 1872, une grande médaille d’or à la réunion des Sociétés savantes, pour l'ensemble de ses travaux. La dernière apparition de M. Grenier au milieu de ses confrères de la So- ciété botanique eut lieu en 1869, à la session extraordinaire de Pontarlier, SÉANCE DU 12 mar 1876. 171 dont la présidence lui était dévolue. La terrible maladie qui devait l'em- porter surprit ses forces pendant la session même: aussi, contraint de rester en arrière, sa douleur fut-elle poignante de se séparer de ses disciples, de ses amis. Il n'est pas sans opportunité de reproduire ici le passage suivant d'une lettre qui est plus éloquent que tout ce qu'on pourrait ajouter sur ce sujet (1) : « Lorsque le mal, brisant mes forces et trahissant mes désirs, me mil, arrivé au village de Pont, dans l'impossibilité d'accompagner la Société aux Rousses, je la regardai tristement partir, et je suivis longtemps des yeux la caravane qui s'éloignait. Lorsque tout eut disparu mes yeux retombérent sur ces beaux lacs, dont les eaux limpides et tranquilles, bai- gnent ces rives verdoyantes, où j'ai fait, il y a plus de trente ans, de si fructueuses récoltes ; et passant ainsi en revue mes vieux souvenirs, je me laissai aller peu à peu à réver de nouvelles excursions. Mais la réalité, cet impiloyable maitre, me fit promptement rentrer en moi-même. Je deman- dai donc une voiture que je dus attendre deux heures. Que faire de ces deux heures d'attente? J'étais au bord du lac ; je songeai à chercher de- rechef l'Arenaria gothica, une espèce qui, dans les régions tourbeuses de nos hautes montagnes, appartient à la colonie scandinave, et qui nous avail échappé la veille. Il y avait à peine une demi-heure que je marchais, que je commençai à apercevoir de superbes et nombreux exemplaires de l'Arenaria ; rien n'aurait manqué à ma satisfaction, si j'avais pu les par- lager avec les excellents collégues que je venais de quitter. » € Et», dit un écrivain qui publiait ces lignes dans une feuille de la localité, « cette page était à son insu les adieux de Grenier à la vie active ? .... Aussi grande fut sa douleur quand il sut qu'il devait quitter la vie au moment où tout semblait lui sourire, au moment où il allait reprendre avec une nouvelle activité ses recherches scientifiques, au moment enfin où il allait se consacrer à sa famille et assurer dans le monde les premiers pas de ses enfants. » Depuis 1869, cette vigoureuse nature luttait avec la mort. Les alterna- tives od le mieux se manifestait laissaient une lueur d'espoir au malade et à sa famille, qui l'entourait de soins vigilants et dévoués. Il s'y dérobait alors pour aller gouter dans son cabinet, littéralement tapissé de son immense herbier, quelques heures des derniéres jouissances permises, puisqu'il lui était à tout jamais interdit de cueillir fraiches les plantes chéries qu'il avait sous la main et auxquelles il avait consacré sa vie. Sentant sa fin prochaine, M. Grenier pensa que son herbier serait plus à sa place dans un grand centre, et qu'il y rendrait plus de service : aussi se détermina-t-il à l'offrir de son vivant au Jardin des plantes de Paris. C'est cet herbier dont je vais essayer d'énumérer sommairement les richesses. (1) Bull. Soc. bot., 1869, p. xcu. 172 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. L'herbier Grenier ne comprend pas seulement des plantes de France; c'est un véritable herbier d'Europe, utile pour la comparaison des espèces francaises. Les échantillons sont classés avec soin et les étiquettes d'origine les accompagnent ; ces plantes sont dans un état parfait de conservation. On aura quelque idée de l'importance de cette collection quand on saura qu'elle ne forme pas moins de 225 paquets, lesquels contiennent en moyenne des échantillons de 150 à 200 localités différentes. La formation de l'herbier de France du Muséum date des années 1822 et suivantes. Desfontaines, comprenant le besoin et l'importance de la création d'un herbier francais au Jardin des plantes de Paris, fit adresser administrativement un appel à toutes les notoriétés botaniques de notre pays. Les lettres en réponse à cette requête et les envois nombreux d'échantillons prouvent avec quel empressement et avec quel dévouement les botanistes d’alors mirent leurs connaissances et leurs collections au service d'une cause éminemment utile : l'herbier de France était fondé. Une lettre de Pyrame De Candolle accompagnant les types du Botanicon gallicum est des plus remarquables et écrite en termes flatteurs pour notre établissement national. Depuis cette époque, Lejeune, Desvaux, Léon Dufour, Requien, le docteur Mougeot, Bastard, Montagne, Boivin, Buchinger, MM. Bentham, Godron, etc., ont contribué dans une large mesure à la formation de cet herbier de France. Delise, dans une lettre datée de 1825, propose de dédoubler entièrement son herbier, s'offrant à ranger tout ce que le Muséum possède de Cryptogames et ne deman- dant que le remboursement de ses frais de voyage. Cette abnégation, ce dévouement à la science, le Muséum les a toujours rencontrés, méme lors- qu'il s'est adressé aux botanistes éloignés de Paris ; il les trouvera certai- nement chaque fois qu'il fera appel à leur généreuse intervention. L'herbier Grenier, s'il ne contient pas les vieux types, n'en est pas moins pour cela d'une richesse incomparable, et, ajouté à l'ancien herbier, il formera la réunion la plus complète qui soit connue de plantes de France. Les plantes européennes en seront extraites avec soin et placées dans l'herbier général, le Muséum ayant renoncé depuis plusieurs années à conserver des herbiers géographiques pour ne plus avoir, en dehors des herbiers des maîtres, tels que Tournefort, A.-L. de Jussieu, Desfontaines, Humboldt, Bonpland et Kunth, Michaux, etc., qu'un herbier général, un herbier de France, un herbier des environs de Paris et un herbier de chacune de nos colonies françaises. Voici la liste des principaux collecteurs résultant du dépouillement de quelques paquets de l'herbier Grenier. Pour la France : Arrondeau, plantes de Toulouse ; — Auzendre, plantes de Toulon; — Ardoino, plantes des Alpes-Maritimes; — Billot, Plante gallie ; — Bourgeau, plantes diverses ; — Barthès, plantes de l'Hérault ; — Barrandon, plantes de l'Hérault; — SÉANCE DU 12 Mar 1876. 173 Blanche, plantes du Jura; — Bonhomme, plantes de l'Aveyron; — Blaise et Roux, plantes de Marseille; — Boreau, plantes du Centre; — Burle, plantes de Gap; —- Blanc, plantes des Hautes-Alpes; — Bordère, plantes des Pyrénées; -— Bernard, plantes de Corse et des Pyrénées; — Boutigny, plantes d'Évreux; — Buchinger, plantes de Strasbourg; — Contejean, plantes de Montbéliard ; — Cavalier, plantes de Toulon; — Clément, plantes de Vaucluse et du Dauphiné; — Castagne, plantes de Marseille; — Chevignard, plantes de Beaune; — de Brute- lette, plantes de la Somme; — de Valon, plantes des Hautes-Alpes; — de La- rambergue, plantes du Tarn; — Delort, plantes de Narbonne ; — de Martrin- Donos, types de sa flore; — de Pouzols, plantes de l'Hérault; — de Lacroix, plantes de la Haute-Vienne; — Dufour (Léon), plantes des Hautes-Pyrénées ; — de Vieq (Eloy), plantes de la Somme ; — Duval-Jouve, plantes de l'Hérault et de Strasbourg ; — Fleurot, plantes de la Cóte-d'Or ; — Genevier, plantes de l'Ouest ; — Gay (J.), plantes critiques; — Godron, plantes diverses ; — Girod de Chantrans, plantes diverses; — Guépin, plantes de Maine-et-Loire; — Garnier, plantes de Salins; — Huet et Jacquin, plantes du Var; — Irat, plantes diverses ; — Jor- dan, plantes de Lyon, ete.; — Jayet, plantes de l'Isère et Hautes-Alpes; — Kralik, plantes de Corse; — Kampmann, plantes diverses; — Lecoq et Lamotte, plantes du Plateau central; — Lamy, plantes de la Haute-Vienne ; — Loret, plantes de l'Hérault ; — Lebel, plantes de Normandie ; — Legrand, plautes de la Loire; — Le Jolis, plantes des environs de Cherbourg ; — Lenormand, plantes de Nor- mandie ; —— Lloyd, plantes de la Loire-Inférieure; — Maillard, plantes de la Côte-d'Or; — Mutel, plantes diverses; — Martin (B.), plantes du Gard; — Martin (E.), plantes de la Sologne; — Michalet, plantes du Jura ; — Mabille (P.), plantes de Corse ; — Massot, plantes des Pyrénées-Orientales ; — Noulet, plantes de Toulouse ; — Ozanon, plantes du Rhône ; — Pailloux, plantes de la Creuse ; — Pérard; plantes de l'Allier; — Perris, plantes des Landes; — Philippe, plantes de Saint-Mandrier; — Pontarlier, plantes de Vendée; — Parseval, plantes de Mâcon; — Puiseux, plantes de Grasse et Vallais ; — Penchinat, plantes des Pyrénées-Orientales ; — Perreymond, plantes de Fréjus ; — Puel et Maille, llores locales; — Puget, plantes de Savoie ; — Perrier et Songeon, plantes de Savoie ; — Pére Eugène, plantes de la Drôme ; — Reuter, plantes de Genève ; ~ Requien, plantes d'Avignon et de Corse ; — abbé Ravaud, plantes des Alpes; — Revelière, plantes de Maine-et-Loire etde Corse ; — Roffavier, pl. des Bouches- du-Rhône ; — Reverchon, pl. des Hautes et Basses-Alpes; — Reboud, plantes des Pyrénées-Orientales ; — Royer, plantes de la Cóte-d'Or; — Rochebrune, Plantes de la Charente; — Sagot, plantes de l'Yonne ; — Schultz (exsicc.); — Soleirol, plantes de Corse ; — Sauzé, plantes des Deux-Sèvres; — Soyer-Wille- Met, plantes diverses; — l'abbé Tabar, plantes de la Manche; — Tuezkiewiez (Diomède), plantes de l'Hérault; — Timbal-Lagrave, plantes de Toulouse ; — l'imeroy, plantes de Lyon; — Verlot (J.-B.), plantes de Grenoble ; — Vignard, plantes de Bayonne ; — Villars, plantes du Dauphiné; — Warion, plantes de Nancy ; etc. ) DA s, Pour 1 Europe et l'étranger : Ball (J.), plantes d'Italie ; — Boissier et Reuter, plantes d'Orient; — Bern- hardi, plantes d'Autriche ; — Botanical Society of London, plantes diverses ; — Bourgeau, plantes diverses; — Choulette, plantes d'Algérie; — Clauson, Plantes d'Algérie ; — Chavin, plantes de Genève ; — Cosson, plantes d'Algérie ; ~ Durando, plantes d'Algérie; — de Notaris, plantes d'Italie, Genes, etc. ; — Fischer, plantes de Daourie; — Godet, plantes du Jura suisse; — 174 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Gussone, plantes de Sicile, Ischia, etc.; — Hardy, plantes de Belgique ; — Heldreich, plantes de Grèce, Orient; — Heuffel, plantes du Banat; — Huter, plantes de Venise, Dalmatie; — Janka, plantes de Hongrie, ete.; — Kotschy, plantes de Perse, du Taurus, etc.; — Kulslwein, plantes de Russie méridionale ; — Lejeune, plantes de Spa; — Lorinser, plantes de Bohême ; — Mass (G.), plantes d'Angleterre; — Moggridge, plantes de Menton, Monaco, ete.; — (Enicke, plantes d'Allemagne; — Pak, plantes d'Allemagne; — Pittoni, plantes d'Autriche ; — Petter, plantes de Dalmatie ; — Paris, plantes d'Algérie; — Prescott, plantes du Caucase; — Puel et Maille (flores européennes) ; — Riehl, plantes du Missouri; — Rostan, plantes du Piémont; — Roussel, plantes d'Algérie; — Schelle, plantes du Texas; — Steven, plantes de Russie méri- dionale ; — Sauter, plantes d'Allemagne; — Schimper, plantes d’Abyssinie; — Sonder, plantes de Hambourg ; — Todaro, plantes de Sicile; — Thielens (A.), plantes de Belgique; — Thomas (E.), plantes du Valais; — Warion, plantes d'Algérie ; — Zetterstædt, plantes de Suède ; etc. Liste des travaux publiés par M. Grenier. 1837. — Souvenirs botaniques des environs des Eaux-Bonnes (Actes de la Soc. Linn. de Bordeaux, 1X, p. 11). 1838.— Observations botaniques sur des plantes diverses de France (Comples , rendus de l'Acad. des sc. et arts de Besançon, p. 117). 1839. — Etude sur les genres Menchia et Malachium (ibid. p. 47). 1839. — Fragment d'une monographie des Cerastium (ibid. p. 28). 1841. — Monographie de Cerastio (Mém. de la Soc. d'émul. du Doubs, 1, p. 1)- I811. — Sur les genres Alsine, Arenaria, Mehringia (ibid. 1, p. 31). 1842. — Note sur quelques Violettes critiques de la Flore de France (Congres scientifique, p. 173). 1842-43. — Recherches géologiques sur la disposition de la Chapelle-des-Buis, prés Besancon (Mém. de la Soc. d'émul. Wl, p. 19). 1812-43. — Sur le Cerastium Fischeri (bid. p. 31). | 1843-43. — Catalogue des plantes phanérogames du départ. du Doubs (ibid. p. 37). 1844. — Géographie botanique du départ. du Doubs (Thèse du doctorat ès sciences, Strasbourg). 18416-47. — Note sur les Polygala de France (Revue botan. 11, p. 417). 1819. — Notice botanique sur diverses plantes de France (Mém. Soc. d'émul. HI, p. 15). 1850. — Voyage botanique dans les Alpes du Dauphiné (Comptes rendus de l'Acad. de Besançon, pp. 12, 43). 1853. — De l’hybridité et de quelques hybrides (Ann. sc. nat. 3° sér. XIX, p.14). 1855. — Considérations sur les axes primaires et secondaires dans quelques espèces radicantes (Bull. Soc. bot. de Fr. p. 346). 1855. — Recherches sur la formation du bulbe du Ranunculus bulbosus (ibid. p. 369). 1857. — Florula massiliensis advena (Mém. de la Soc. d'émul. M, p. 381). 1859. — Note sur le Tragopogon hirsutus (Bull. Soc. bot. de Fr. VÀ, p. 705). INGU. — Recherches sur le Posidonia Caulini (ibid. VH, p. 362) 1863. — Annot. sur quelques Sedum de France (ibid. X, p. 250). 1865-69. — Flore de la chaine jurassique, (2 vol. in-80, Besançon). 1869. — Notes critiques sur quelques plantes jurassiques (Session de Pontarlier, Bull. Soc. bot. de Fr. XVI). | SÉANCE DU 26 mar 1876. 175 1873. — Tableau analytique des familles de la Flore de France (Mem. de la Soc. d'émul. 17 mai; tirage à part, 1874, Savy). Travaux en collaboration : 1818-55. — Grenier et Godron, Flore de France (Paris, 3 vol. in-8°, Savy). 1851. — Grenier et Godron, Notices botaniques (Mém. de la Soc. d'émul. du Doubs, Vl, p. 12). 1855. — Grenier et Loret, Note sur un essai d'hybridation dans les Graminées, et hybridation réciproque du Primula elatior et du Primula gran- diflora (ibid. VII, p. 87). M. Roze fait connaitre la liste des membres de la Commission chargée de l'organisation de la session extraordinaire, telle que celte liste a été arrêtée par le Conseil d'administration. Elle est ainsi composée : MM. Borel, l'abbé Chaboisseau, Cuzin, Faivre, Jordan, Lortet, Magnin, Méhu et Saint-Lager. SÉANCE DU 26 MAI 1876. PRÉSIDENCE DE M. DUCHARTRE. M. Mer, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la dernière Séance, dont Ja rédaction est adoptée. Par suite de la présentation faite dans la séance précédente, M. le Président proclame membre de la Société : M. Barnier (Georges), pharmacien, membre du Conseil d'hygiène du 20° arrondissement, 44, rue de Belleville, présenté par MM. Roze et Poisson. M. le Président fait ensuite connaitre une nouvelle présentation, *t donne lecture d'une lettre de M. d'Arbaumont, qui remercie la Société de l'avoir admis parmi ses membres. Dons fails à la Société : Eloy de Vicq, De la végétation sur le littoral du département de la Somme. Filhol, Le massif d Arbas (Haute-Garonne). Edelstan Jardin, Énumération de nouvelles plantes phanérogames et 'yplogames. Ch. Martins, La méthode naturelle et le principe de l'évolution. Gillet, Les Hyménomycètes de France (suite). Veitch, Catalogue of new Plants. 176 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. le Président fait hommage à la Société de la 1^ partie de la 2' édition de son ouvrage, intitulé : Éléments de Botanique, puis d'un exemplaire du travail qu'il a publié sur l'Organisation des bulbes des Lis, dans les Annales des sciences naturelles. M. Mer fait à la Société la communication suivante : DES PHÉNOMENES VÉGÉTATIFS QUI PRÉCÉDENT OU ACCOMPAGNENT LE DÉPÉRISSEMENT ET LA CHUTE DES FEUILLES, par M. E. MER. Les phénomènes précurseurs du dépérissement des feuilles en automne ont une grande analogie avec ceux qui se manifestent quand on soustrait ces organes à l'influence de la lumière. Si l'étude en est plus difficile, par suite de la complexité des influences extérieures auxquelles ils sont sou- mis, ils offrent en revanche l'avantage de se succéder avec plus de lenteur ct surtout plus de variété : conditions qui fournissent au physiologiste de précieux éléments pour leur interprétation. Aussi, dans ce qui va suivre, m'attacherai-je principalement à la description de ces phénomènes, tels que je les ai observés à l'arriére-saison. Plusieurs points de cette question ont déjà été traités par des auteurs éminents, parmi lesquels je citerai MM. H. Mohl, Kraus et surtout M. Sachs, qu'on doit s'attendre à reucon- trer dans la plupart des sujets de physiologie que l'on aborde. La disparition graduelle de l'amidon des divers tissus d'une feuille est le premier symptóme de son prochain dépérissement. Cette substance abandonne d'abord les cellules hypodermiques de la face supérieure, puis celles de la face inférieure du limbe, pour s'accumuler dans toute l'épais- seur du parenehyme lacuneux et finalement à la limite de celui-ci et du tissu palissadiforme, dans le plan des nervures. Quelque temps après, on n'en trouve méme plus que dans le voisinage de ces derniéres. Enfin vient un moment où elle a entièrement disparu du limbe, à l'exception des sto- mates. Parfois, eependant, quelques cellules éparses conservent un amas de grains amylacés, méme quand la feuille commence à dépérir. Ces grains n'ont pas participé à la migration générale, probablement par suite d une insuffisance d'activité du plasma cellulaire ou même de sa mort. L'automne de 1875 ayant généralement été pluvieux, je n'ai plus ren- contré d'amidon, dès le milieu d'octobre, dans les feuilles des espèces sui- vantes : Abies pectinata et excelsa, Pinus silvestris, Quercus Robur, Fagus silvatica, ete., non plus que dans les diverses Mousses , Hépatiques et Fougères que j'ai examinées, ainsi que dans les feuilles flottantes de Nuphar puli. Les feuilles submergées de cette dernière plante n'en contenaient SÉANCE DU 96 Mar 1876. 171 pas davantage ; mais j'en ai trouvé dans celles d'/soetes lacustris et de Lit- torella lacustris jusqu'au commencement de novembre, époque où j'ai cessé mes observations. L'amidon émigre moins rapidement en automne qu'il ne le fait généra- lement à l'ebscurité, parce que les jours sombres sont entremélés de jours plus lumineux, pendant lesquels il se reforme. Sa disparition subit donc des oscillations variables suivant l'état de l'atmosphère. Mais enfin vient un moment où la cellule assimilatrice, atteinte défini- tivement dans sa vitalité, entre dans la phase de dépérissement que carac- térise la dégradation de la chlorophylle. Ce phénomène a été très-exacte- ment décrit par M. Sachs. J'en rappellerai brièvement les principales phases en insistant sur quelques particularités qui, je crois, n'ont pas encore été signalées. Les grains verts privés de leur amidon et incapables d'en refaire, dimi- nuent de grosseur et s'écartent des parois pour se placer tantót sans ordre et isolés les uns des autres, dans l'intérieur de la cellule, le plus souvent pour se rassembler en une ou plusieurs masses. Il arrive assez fréquem- ment, dans les cellules palissadiformes, que ces masses s'accumulent à leur partie profonde. Parfois la chlorophylle granuleuse devient partielle- ment amorphe. Peu après, la teinte verte pàlitet passe au jaune. En méme lemps apparaissent dans les cellules, principalement du parenchyme supérieur, des globules sphériques, réfringents, d'abord trés-petits, mais qui grossissent peu à peu. Les uns sont presque incolores, d'autres sont ambrés, suivant qu'ils se trouvent plus ou moins plongés dans le plasma qui s'est coloré par suite de la désagrégation du grain chlorophyllien. Ces globules, insolubles dans l'eau et la potasse, sont solubles dans l'alcool, l'éther et surtout. l'acide acétique. La benzine les enlève au bout d'un certain temps, mais sans décoloration. En se servant d'acide acétique faible, 9n peut parfois faire disparaitre la matiére colorante qui les imprégne, avant les globules eux-mêmes, dont les dimensions sont alors seulement réduites, Enfin l'acide osmique les noircit. Toutes ces réactions doivent les faire regarder comme de nature oléagineuse. Ils semblent retenir la chlorophylle avec une certaine énergie : ainsi en traitant par l'acide acétique faible une section de feuille dépérissante, mais encore un peu verte, il arrive un moment où le contenu des cellules se décolore, à l'exception des globules oléagineux qui s'y trouvent. Il faut faire agir plus longtemps le réactif pour les décolorer complétement (1). Quelle est leur origine? Ils deviennent plus gros et plus abondants, pendant que les grains chlorophylliens diminuent en nombre et en dimens sions. Doit-on en conclure que les uns dérivent directement des autres ? (1) Parfois méme il y a fixation de Ía matière colorante par ces globules. Ainsi ceux que renferment en tout temps, les stomates des feuilles de Buis verdissent quand on les Immerge dans de l'acide acétique qui a dissous auparavant de la chlorophylle. T. XXIII. (SÉANCES) 12 178 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Doit-on au contraire admettre, ainsi qu'on l'a fait, qu'ils proviennent de l'amidon disparu ? Il semble d'abord que cette dernière opinion doive être rejetée, puisque les globules en question ne se montrent qu'assez longtemps après la disparition de la matière amylacée et seulement quand la chloro- phylle commence à se dégrader. Mais on aurait tort de eroire que l'amidon a complétement abandonné le grain chlorophyllien, dés qu'on ne l'aper- coit plus. Tl est trés-probable qu'il y reste encore pendant quelque temps, sous forme de granules imperceptibles, de même qu'il y existe déjà certaine- ment avant que les réactifs aient pul'y déceler. On ne doit donc pas affirmer qu'il ne peut donner naissance aux globules oléagineux. Mais nous n'avons pas de preuve directe à l'appui de cette opinion. Il est impossible méme d'assurer que ces globules se forment toujours dans l'intérieur du grain chlorophyllien, bien qu'on en trouve seulement à cette place dans beau- coup de végétaux (Algues d'eau douce, Mousses, etc.). Il est probable toutefois que tel est généralement leur lieu de naissance; mais comme on en observe qui sont complétement incolores, on peut aussi penser qu'il s'en forme dans le suc cellulaire, d'autant plus qu'on en trouve de sem- blables, à l'état normal, dans l'épiderme de beaucoup de feuilles, lequel est généralement trés-pauvre en matière verte. Les globules oléagineux des feuilles dépérissantes sont généralement : associés à de petits granules azotés, plus faiblement colorés, solubles dans la potasse, s'imprégnant de carmin, tantôt isolés, tantôt réunis en grou- pes et qui s'apercoivent trés-neltement, quand on a enlevé les premiers par l'acide acétique. Ce sont les derniers restes des grains chlorophylliens. Parfois ils prédominent (Acanthe), parfois ils sont assez rares (Capucine). A mesure que les cellules perdent leur contenu, elles s'affaissent et ne se tiennent plus serrées les unes contre les autres. De l'air alors s'inter- pose entre elles, entre les cellules palissadiformes principalement, ou méme y pénètre parfois. Pendant que l'amidon et la chlorophylle disparaissent peu à peu de la feuille, ils n'abandonnent pas les stomates : nouvelle preuve que la persis- tance du premier de ces corps entraine celle de l'autre. Comme complé- ment à ajouter aux faits déjà établis et destinés à faire connaitre les fonc- tions des cellules stomatiques, je dirai seulement que, d’après de nouvelles observations, elles me paraissent constituer dans bien des cas un appareil de dépôt plutôt qu'un appareil d'assimilation. D'abord la chlorophylle y est souvent amorphe et peu abondante. On sait en outre qu'elles peuvent se remplir d'amidon à l'obscurité. Enfin, dans certaines plantes, elles con- tiennent à l'état normal de gros globules oléagineux (Buis, Troéne, Lierre) entre lesquels se placent de fins granules amylacés. Dans les cellules épi- dermiques voisines, on trouve souvent de semblables globules, mais plus petits, ainsi que des grains d’amidon et parfois de Ja chlorophylle amorphe. Les fonctions de ces deux sortes de cellules semblent être analogues, du SÉANCE DU 96 Mar 1876. 179 moins sous ce rapport. Mais on ne peut encore expliquer pourquoi l'amidon n'abandonne pas les stomates. Il est évident que si une partie seulement du contenu plasmatique des cellules est convertie en matière oléagineuse qui souvent est entrainée par la feuille dans sa chute, la plus grande partie retourne à la plante. Si l'on suit pas à pas les phases de cette dégradation, on observe un moment où les cellules du parenchyme lacuneux sont parfois aussi et méme plus remplies que celles du parenchyme supérieur, ce qui est le contraire de l'état normal. De plus, ainsi que le dit fort exactement M. Sachs, les tissus conducteurs des pétioles sont, à cette époque, gorgés de matières azotées. Les globules oléagineux semblent émigrer également. On les apercoit, en effet, plus nombreux et surtout plus gros autour des nervures. Ce qui parait le prouver en outre, c'est qu'une feuille qui vient de tomber en ren- ferme beaucoup moins qu'elle n'en contenait quelques jours auparavant, quand elle était déjà aussi jaune. Et méme, si avant sa chute elle est à l'abri de la dessiccation, elle peut arriver à se vider complétement. C'est ce que j'ai observé sur des frondes de Fougére végétant sous un ombrage épais et dans un air humide. Elles étaient blanches et ne contenaient plus que de l'air, tandis que celles qui se trouvaient à découvert, dessé- chées avant d'avoir pu écouler entiérement leur contenu, avaient revétu une teinte brune. J'ai dit que généralement la dégradation de la chlorophylle est précédée de la retraite de l'amidon. Parfois cependant on trouve cette matière in- cluse dans la chlorophylle dégradée et jaunie. C'est ce que j'ai remarqué en automne dans des feuilles de Capucine détachées depuis quelque temps et dont le pétiole était immergé. Ailleurs la chlorophylle disparait avant les derniéres traces d'amidon (Begonia). Ces faits, trés-rares, doivent étre attribués au peu d'activité de la cellule, qui dépérit, avant que la matière amylacée ait pu émigrer. La dégradation de la chlorophylle suit une marche analogue à la dis- parition de l'amidon : il y a ici relation de cause à effet. C’est surtout parce que la partie centrale de l'épaisseur du limbe est nourrie la derniére par la matiére amylacée en retraite que sa chlorophylle persiste plus long- temps. Mais il faut aussi tenir compte de la position du parenchyme super- ficiel, plus exposé aux influences atmosphériques qui, à cette époque de l'année, ne peuvent qu'activer son dépérissement. De méme, si le paren- chyme avoisinant les nervures demeure vert, alors que le reste du limbe est déjà jaune, c'est qu'il est alimenté en dernier lieu par l'amidon. Les jeunes feuilles subsistent aprés les vieilles, pour une cause analogue. Etant plus actives, elles peuvent assimiler plus longtemps que celles-ci, ou du moins attirer plus énergiquement les principes nutritifs contenus dans les rameaux. S'il y a entre les feuilles une grande différence d'àge, ainsi que cela a lieu, quand les unes appartiennent aux pousses du printemps 180 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. et les autres aux pousses d'automne, il s'écoule souvent un mois d'inter- valle entre leur mort. D'autres éléments interviennent encore dans le dépérissement de cer- taines feuilles. Ainsi les rameaux supérieurs d'un arbre élevé se dépouil- lent les premiers; et, à un méme niveau, ceux qui sont à découvert per- dent leurs feuilles avant ceux qui sont protégés. De méme les arbres situés à l'intérieur d’un massif se dégarnissent plus tard que ceux qui se trou- vent sur la lisière ou qui sont isolés. Ces différences sont dues à deux causes : 1° D'abord à la situation du rameau. Une feuille à découvert subit bien plus facilement les variations de tem- pérature que celle qui est protégée par quelque abri. Elle est surtout sou- mise à un rayonnement énergique qui ralentit ses fonctions. 2^ A la distance des racines. Une feuille ne recevant de l'eau que par ces organes peut s'alimenter d'autant moins facilement qu'elle en est plus éloignée. Cette influence est surtout sensible en automne et en hiver, car l'ascension de l'eau est con- sidérablement ralentie par l'abaissement de la température. On peut dé- montrer expérimentalement,ce fait de la manière suivante. Un Haricol suffisamment arrosé est maintenu dans une chambre sans feu. Dès que surviennent les premiers froids, les feuilles et les entre-nœuds les plus jeunes se fanent avant les autres. C'est le contraire qui a lieu en été, de méme que lorsqu'on arrose insuffisamment une plante, parce que les jeunes organes attirent l'eau avec plus d'énergie que les anciens et peuvent méme s'emparer de celle que possèdent ces derniers. Mais quand la tem- pérature s'abaisse, cette attraction diminue et l'influence de la distance des racines reparait. Cependant, lorsque les entre-nœuds sont trés-courts, que les feuilles s'insérent non loin les unes des autres, ce sont les jeunes qui, méme à l’arrière-saison, se flétrissent les dernières et précipitent; par leur présence, le dépérissement des vieilles. ("est ce qui arrive dans les Begonia. L'influence de l'eau y est telle que si l'on supprime à l'au- tomne toutes les feuilles à l'exception d'une ou deux choisies méme parmi les plus âgées, celles-ci peuvent parfois vivre pendant tout l'hiver. D'autres causes interviennent encore pour précipiter ou retarder la chute des feuilles. Je citerai d'abord l'exposition. Les feuilles placées au sud ou à l'ouest. dépérissent plus tôt que celles qui sont exposées à l'est ou au nord, parce que leur précocité a été plus grande, et ensuite parce que ayant recu une plus grande quantité de chaleur et de lumière, elles accomplissent le cycle de leur végétation en un temps plus court, enfin parce qu'elles sont exposées, dans les dernières phases de leur existence, à une dessiccation qui précipite leur mort. La nature du sol joue aussi un róle dans le phénoméne. Les feuilles vivent moins longtemps quand il est see et aride : car l'eau leur parvient -SÉANCE DU 26 Mat 1876. 181 insuffisamment, et leur végétation étant moins vigoureuse, elles l'attirent avec peu d'énergie. On voit donc que toutes les influences qui diminuent l'énergie fonc- tiopnelle des feuilles activent leur dépérissement. Mais elles peuvent se combiner de diverses manières, et le résultat final est dù à la résultante des effets produits. Ainsi j'ai dit que la situation à découvert d'une feuille hàte sa mort. Or celles qui se trouvent insérées à l'extrémité des rameaux sont souvent dans ce cas, et néanmoins elles vivent généralement plus longtemps que les autres. Cela tient à ce qu'il y a iei deux effets agissant inégalement en sens contraires. Ces feuilles sont, il est vrai, plus éloi- gnées des racines et exposées à un plus vif rayonnement; mais d'autre part elles sont plus jeunes, et cette dernière cause peut l'emporter. Tou- tefois si la différence d'àge des feuilles est faible, l'influence atmosphé- rique prédominera et le dépérissement, au lieu d'étre basifuge, sera basi- pète. De même on a vu plus haut que, par suite. de leur situation à découvert et leur éloignement des racines, les feuilles qui se trouvent au sommet d'un arbre tombent plus tót que celles qui oceupent un niveau inférieur. Cependant quand les rameaux du sommet ont une plus grande vitalité que ceux de la base, ainsi que cela arrive dans certains Peupliers où la croissance de la cime est si active, on voit celle-ci rester verte, lorsque les branches plus basses sont déjà effeuillées. Mais toutes ces influences qui ne peuvent que hàter ou retarder de quel- ques semaines la mort des feuilles caduques, acquièrent une grande importance quand elles s'appliquent à certains végétaux dont il sera ques- lion plus loin, qui perdent leurs feuilles successivement, ei qui établissent un passage entre les groupes, en apparence si tranchés, des plantes à feuilles caduques et à feuilles persistantes. Il semble qu'il y ait dans la Constitution interne et les fonctions des feuilles appartenant à ces deux sroupes des différences bien considérables, dans nos climats du moins, pour que les unes meurent fatalement à l'automne, tandis que les autres peuvent persister pendant l'hiver. Je vais essayer de démontrer -que cette différence tient parfois à de faibles causes. La diminution de cha- leur et de lumière amène un ralentissement sensible dans leurs fonc- tions; d'où résulte un état maladif et une altération plus ou moins Profonde du contenu cellulaire. Mais, tandis que chez les unes cette alté- ration ne dépasse pas une certaine limite, elle s'aggrave sans cesse chez les autres. Jen vois la raison dans la dessiceation spéciale, mais toujours croissante, dont ces dernières sont le siége, par suite du faible obstacle qU'opposent leurs tissus à l'évaporation. De méme qu'une feuille trans- portée à Pobseurité vit moins longtemps à l'air libre que si elle est übritée sous une cloche humide, parce qu'il arrive un moment eu ses fonctions ne sont plus assez actives pour qu'elle puisse résister à la des- Siccation dont elle est le siége; de méme, à l'automne, une feuille mince 182 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. et pourvue d’une cuticule peu épaisse, dont les tissus, par suite de l'a- baissement de la température, ont perdu beaucoup de leur vitalité et wat- tirent plus l'eau que faiblement, souffrira assez de l'évaporation pour en mourir. Aussi toutes les causes qui contribuent, soit à ralentir cette évapo- ration, soit à faciliter l'absorption de l'eau, prolongent-elles son existence. En ne laissant qu'une feuille sur un Begonia, j'ai pu lui faire traverser tout l'hiver, tandis que celles qui étaient restées sur un pied semblable oü elles se disputaient la faible quantité d'eau puisée par les racines se fa- naient en décembre. C'est pour le méme motif que les feuilles submer- gées dépérissent moins à l’arrière-saison que les feuilles aériennes et conservent plus longtemps leurs fonctions. Cette idée puiserait une certaine valeur dans ce seul fait que les feuilles persistantes sont, ou épaisses et pourvues d'une forte cuticule (Coniféres, Lierre, Duis, Rhododendron, ete.), ou si elles sont minces, se trouvent très-rapprochées du sol, et peuvent par conséquent s'alimenter facilement (Graminées et Composées de petite taille). Mais elle est confirmée par l'observation de végétaux qui ne perdent leurs feuilles que successivement, suivant les conditions dans lesquelles elles sont placées. Il en est ainsi dans le Ligustrum californicum élevé en massif, où elles mettent six à sept mois à tomber. Au début de l'hiver, cet arbuste perd d'abord celles qui se trouvent à une distance assez grande du sol, à l'exception des feuilles qui garnissent les rameaux du sommet et qui sont les plus jeunes. Mais celles-ci disparaissent dans le courant de janvier, et il ne reste plus alors que les feuilles situées à l'extrémité des branches basses, qui, en- fouies dans le massif, persistent, malgré de fortes gelées, jusqu'au mois d'avril et de mai. Un autre exemple de méme nature nous est fourni par le Mahonia, dont les rameaux supérieurs se dépouillent lentement pen- dant toute la durée de l'hiver, tandis que les branches basses restent vertes, parfois jusqu'à l'automne suivant. Ainsi voilà des feuilles sensiblement de méme àge dont les unes péris- sent plusieurs mois souvent avant les autres, uniquement parce qu'elles occupent sur le végétal des positions qui les empéchent de conserver ou d'attirer l’eau nécessaire à l'accomplissement de leurs fonctions. On ne saurait donc voir entre les propriétés cellulaires des feuilles caduques et persistantes des différences fondamentales, et la différence de consistance des tissus suffit, il me semble, d’après ce qui précède, à rendre compte de Ja durée des unes et du dépérissement des autres. Il La dégradation de la chlorophylle est souvent accompagnée de l'appa- rition de diverses matières colorantes qui communiquent aux feuilles automnales les nuances les plus variées. Certaines d’entre elles revétent SÉANCE DU 20 MAI 1876. 183 une teinte brune due à l'apparition dans les cellules d’une matière amor- phe. Gette matière provient probablement d’une décomposition particu- liére du suc cellulaire et non de la ehlorophylle, car elle apparait souvent dans l’épiderme, et si elle se trouve surtout distribuée dans les cellules où la matière verte est le plus abondante, celle-ci néanmoins persiste en grains verts ou à l'état amorphe(Alnus glutinosa), ou méme subit la dégra- dation ordinaire (Vaccinium Myrtillus). Cette substance se voit d'une manière trés-nette dans une préparation qui a été traitée par l'alcool ou l'acide acétique, dans lesquels elle est insoluble, et qui dissolvent la chlo- rophylle. La potasse en avive lateinte et la fait même apparaitre, quand, par suite de sa faible intensité, «lle était d'abord peu visible. Ce réactif l'enléve en partie, mais ce n’est que par une action prolongée qu'il peut parfois la faire complétement disparaitre. L'intensité de cette matière colo- rante s'affaiblit par l'acide acétique, qui forme avec elle probablement quelque combinaison de nature mal définie, car en agitant dans l'eau la prépamation, de manière à enlever l'excès d'acide, elle reste aussi påle qu'auparavant, pour s'aviver de nouveau par l'action de la potasse. Les feuilles de certains végétaux rougissent en automne. L'apparition de la substance qui les colore a été de ma part l'objet de recherches que . je vais exposer en détail. J'ai choisi pour cette étude le Cissus quinque- folia. Je passerai successivement en revue : $ 1. L'ordre d'apparition de la matière colorante dans les divers tissus de la feuille. $ 2. La manière dont elle se comporte avec les divers réactifs, S 3. Les circonstances dans lesquelles elle se développe. $1. — La matière colorante se montre d'abord dans le haut et le bas du péliole commun ainsi qu'à la naissance des pétioles secondaires, souvent dés le commencement d'aoüt, assez longtemps par conséquent avant d'ap- paraitre dans le limbe. Elle envahit ensuite le pétiole principal sur toute la longueur, ainsi que l'extrémité des pétioles secondaires. Un certain nom- bre de cellules de la première assise hypodermique se remplissent d'un liquide rouge qui apparait d'abord dans celles où se trouve de la chloro- phylle : quelques-unes contiennent en outre un ou deux globules sembla- blement colorés, sphériques et assez volumineux ; d'autres enfin. peu nombreuses, renferment des granules violets. Plus tard, le liquide rouge sane l'épiderme ; mais je n'ai jamais observé dans ce dernier tissu de globules colorés, En méme temps quelques rares cellules de la deu- Xiéme assise hypodermique se colorent comme la première. Quand la substance colorante envahit les limbes, elle débute par la face Supérieure, qui est d'ordinaire la plus exposée au jour. Elle se montre 184 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. d'abord dans les cellules de la couche palissadiforme, en commençant par les plus rapprochées des nervures, ensuite dans l'épiderme correspon- dant, enfin dans l'épiderme de la face inférieure et dans l'assise hypoder- mique de celle-ci. Généralement les rangées supérieures du parenchyme lacuneux restent incolores. Cependant la matière rouge les envahit quel- quefois, mais seulement en dernier lieu, et la teinte y est toujours moins intense que dans les cellules superficielles de la face supérieure surtout. C'est ce qu'on met facilement en évidence en traitant de minces sections par un dissolvant quelconque de la substance colorante, pendant un temps assez court pour que la décoloration soit incompléte. On remarque alors que le parenchyme inférieur pâlit avant le supérieur, et que, dans celui- ci, les cellules situées à une certaine distance des nervures ont perdu leur couleur, tandis que celles qui en sont voisines demeurent un peu rougeàtres, ce qui indique que la teinte y était plus intense. Dans le limbe, je n'ai jamais trouvé de globules colorés. L'ordre d'apparition de la ma- tiére rouge peut différer légèrement de celui qui vient d’être décrit. $ 2. Eau. — Quand on coupe un pétiole de Cissus, on remarque que les bords de la surface entaillée deviennent violets, parce que le liquide rouge se méle au tannin des cellules voisines qui bleuit par le contact passager du rasoir. Cet effet se produit plus complétement encore quand on plonge une mince section dans l'eau, car la diffusion du contenu des cellules s'effectue alors trés-facilement. Si l'on prolonge l'action de ce liquide, la substance rouge se dissout d'abord, le tannate de fer disparait ensuite. De sorte qu'une section de pétiole plongée dans l'eau devient d'abord violette, puis bleuàtre avant de se décolorer. C'est ce qui arrive en traitant par l'eau une mince section dulimbe. Au bout d'un certain temps, la préparation. bleuit, et si la feuille contenait encore de la chlorophylle, la teinte bleue est nuancée de vert. Toutes ces réactions se produisent plus rapidement dans l'eau chaude. Acide acétique. — Ce réactif est celui de tous ceux que j'ai essayés, qui fait disparaître le plus facilement la matière colorante dont je m'occupe. Quand on emploie l'acide dilué, la préparation passe au brun orangé, parce que certaines cellules renferment cette matière amorphe brune dont jai parlé plus haut. Dans l'acide acétique cristallisable, la préparation se décolore en quelques minutes. Alcool. — L'alcool au tiers a une action moins énergique que l'acide acétique. Comme l'eau, mais plus rapidement toutefois, il fait disparaitre la couleur rouge. Au bout de quelques heures d'immersion, la prépa- ration revêt, comme dans l'acide acétique faible, une teinte brun orangé, qui est plus vive dans les cellules en palissade, parce que la chlorophylle y était plus abondante. Si l'on prolonge l'action de l'alcool, la décoloration finit par être à peu prés complète. Traite-t-on par l'acide acétique une préparation qui a été immergée pen- SÉANCE DU 26 war 1876. 185 dant vingt-quatre heures dans l'aleool, elle s'éelaireit. La plonge-t-on ensuite dans la potasse, la teinte brun orangé reparait plus intense. L'action de l'éther est analogue à celle de l'alcool. Potasse. — Une section de feuille rougie placée dans une solulion de potasse verdit, mais reprend ensuite partiellement sa couleur, si on la traite par l'acide acétique faible. La matière colorante se comporte done, dans ce cas, comme la teinture de violette. $3. — Toutes les feuilles d'une tige de Cissus ne rougissent pas à un égal degré. Ce fait a déjà été signalé par M. Kraus. Ainsi celles qui sont enfouies dans le massif restent vertes plus longtemps, puis jaunissent. Quand un peu plus tard les feuilles qui les recouvraient sont tombées, elles rougis- sent légérement sur toute leur surface ou seulement à la partie supérieure dulimbe; parfois méme elles tombent sans avoir rougi. Enfin il suffit qu'une feuille soit cachée en partie par une autre, pour que cette partie demeure verte, quand le reste du limbe s'est coloré. L'exposition exerce aussi une influence remarquable. Les pieds exposés au sud et à l'ouest rougissent plus tôt et plus complétement que ceux qui le sont au nord ou à l'est. J'ai même vu, quand le mois d'octobre était pluvieux, des feuilles de Cissus tournées vers ces dernières expositions tomber presque entièrement vertes, tandis que celles qui regardaient les premières avaient rougi pour la plupart. La nature du sol joue enfin un certain róle dans le phénoméne. Les feuilles vigoureuses de plantes situées dans un terrain fertile se colorent moins vite et vivent plus longtemps. Gràce au concours de ces diverses CIrconstances, il peut arriver que des pieds rapprochés, mais placés à des expositions et dans des sols différents, rougissent six semaines les uns avant les autres. Les feuilles àgées se colorent avant celles qui viennent d'atteindre l'état adulte. Tl en est de méme pour les plus jeunes, ainsi que pour les vrilles et les rameaux en voie de développement; de sorte que, à un certain moment, les feuilles sont rouges à la base et au sommet des branches, tandis qu'elles demeurent vertes dans la partie intermédiaire. Généralement la face supérieure du limbe rougit avant l'inférieure. Ce- pendant quand, par une cause quelconque, celle-ci se trouve plus exposée au jour, elle se colore non-seulement la première, mais souvent même vant toutes les autres feuilles du méme pied. C'est ce qui arrive, quand on dispose un limbe, de manière à lui faire présenter au soleil la face inférieure. Celle-ci rougit alors rapidement, en commençant par l'extré- mité. J'avais déjà remarqué ce fait, il y a plusieurs années, sur des feuilles de Chénes d'Amérique. Il était intéressant de s'assurer si la lumière et la température intervien- nent dans le phénomène. Pour cela, je détachai, en octobre, des feuilles de Cissus encore vertes et les transportai dans une chambre chauffée. J'en 186 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. fis trois lots. Le premier fut exposé à l'obscurité, le second à une lumiére faible, le troisième enfin à une lumière diffuse plus vive. Les feuilles des deux premiers lots se flétrirent, aprés avoir plus ou moins rougi (1). La plupart des feuilles du troisieme se colorérent, surtout celles qui, avant d’être mises en expérience, avaient déjà commencé à le faire : quelques-unes cependant restèrent vertes, jusqu'au milieu de novembre, époque où je cessai mes observations. Ces derniéres ne présentaient aucun indice d'altération, étaient remplies d'amidon, et certainement leur existence aurait pu étre encore prolongée. Pendant ce temps, celles qui étaient restées sur la tige, exposées à des pluies persistantes, ne rougirent qu'imparfaitement, et tom- bérent dés les premières gelées. L'immersion pouvant exercer quelque effet sur l'apparition de la matière colorante, je détachai plusieurs feuilles qui furent plongées soit en tota- lité, soit en partie dans de l'eau fréquemment renouvelée, Les folioles immergées restérent vertes pendant plus d'un mois que dura l'expérience, tandis que celles qui étaient hors de l'eau rougirent toutes à différents degrés. Ce résultat semblerait prouver que la dessiccation joue ici un certain róle. L'examen analytique des faits qui précédent permet de se former sur les causes de la rubéfaction des feuilles automnales des idées plus exactes ` que celles qui ont eu cours jusqu'ici, mais je renverrai cet examen à une communication ultérieure, désirant faire auparavant de nouvelles observa- tions sur ce sujet. IH Quand les feuilles ont traversé les phases de dépérissement que j'ai décrites, elles ne tardent pas à tomber. Le mécanisme de cette chute a été très-bien observé par M. Mohl. Aussi ai-je peu de chose à y ajouter et n'en parlerai-je que pour mieux faire comprendre ce que j'ai à dire de ses causes, point sur lequel ont porté spécialement mes recherches. Quand on examine une feuille qui vient de tomber (de Cissus, par exemple), on remarque à la base du pétiole deux ou trois assises de cellules à parois minces, plus ou moins sphériques. Celles du dernier raug tiennent fort peuaux autres et s'en détachent souvent. Ces cellules sont riches en ma- tières albumineuse et amylacée : on y apercoit méme de légers nuages de chlo- rophylle. Parfoisil se produit dans leur voisinage un dépôt abondant de cris- taux agglomérés. Une section longitudinale faite à travers le coussinet per- met de voir à la surface de celui-ci des cellules semblables. L'amidon étant (D La coloration était toujours moins vive à l'obscurité qu'à la lumière, Dans une ex- périence semblable faite à la fin d'aoüt, je vis les feuilles soustraites à la lumiere jaunir dans toute leur étendue et rougir à peine sur quelques points de leur face inférieure tandis que celles qui étaient au jour revétirent une teinte pourpre trés-vive. SÉANCE DU 26 Mar 1876. 187 surtout concentré dans celles qui sont tout à fait superficielles, on doit en conclure que ce sont les plus jeunes et que la désarticulation s’est produite à leur niveau. Aussi constituent-elles la couche séparatrice. On voit du reste les faisceaux fibro-vasculaires affleurer à l'extrémité du pétiole tombé ainsi qu'à celle du coussinet; ce qui prouve qu'ils n'ont pas pris part au développement et que leur rupture s'est produite, parce que, isolés au milieu des cellules dissociées, ils se sont trouvés trop faibles pour relier le pétiole au coussinet. Avant méme que les feuilles aient atteint l'état adulte, l'assise qui don- nera naissance à la couche séparatrice se distingue déjà du tissu avoisi- nant par ses cellules plus petites, plus riches en matiéres azotées et en amidon. Parfois méme elle se montre à l'extérieur sous la forme d’une ligne un peu plus pâle, traversant obliquement le coussinet (Fusain, Lilas, Troéne ete.) (1). C'est une zone génératrice dont l'activité, latente pendant la vie de la feuille, se réveille au moment de son dépérissement, parce que la nourriture qui s'accumule à sa portée permet à ses cellules de se multiplier, de méme que lorsqu'elle s'amasse à la base d'une bouture ou à la lévre supérieure d'une décortication, elle y occasionne la formation de bourrelets. Mais provient-elle de la feuille ou du rameau? Ici deux hypothèses se présentent. En s'appuyant sur ce fait que les substances nutritives, descendant d’une feuille par la voie des faisceaux et rencontrant près du coussinet un courant semblable qui chemine le long du rameau, s'amasssent au point d'insertion de cette feuille sur sa branche, on serait d'abord tenté d'admettre que telle est l'origine des matériaux aux dépens desquels se forme la couche séparatrice. Leur accumulation serait favorisée par la faible activité dont sont douées les cellules à l'arriére-saison. On trouve, en effet, à cette époque, plus d'amidon au niveau des nœuds que dans les entre-nœuds ou les pétioles, Mais on peut supposer aussi que la feuille, n'ayant plus assez de vitalité pendant son dépérissement pour attirer les matières nutritives qu'elle pui- sait dans la tige, est remplacée en partie dans cette fonction par l'assise génératrice située dans le coussinet, qui jouerait ainsi un rôle plus actif que dans le premier cas. L'expérience démontre que cette hypothèse est vraie. Ayant supprimé, en effet, sur quelques feuilles d'un rameau de Troéne ou de Fusain placé à l'obscurité, une parlie notable du limbe, et sur d'autres la totalité de cet organe, en ne laissant que les pétioles, je ne tardai pas à voir ceux-ci tomber en entrainant les portions des limbes jaunis qui les surmontaient, et d'autant plus rapidement, que ces derniers avaient des dimensions plus restreintes. Ce ne fut que longtemps aprés que les feuilles intactes se décolorérent et tombèrent à leur tour. Dans le cas (1) Chaque fois que, dans ce qui suivra, je citerai le Fusain et le Troëne, c'est de l'Evonymus japonicus et du Ligustrum californicum qu'il sera question, 188 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. où les pétioles seuls avaient été conservés, aucune nourriture ne pouvait venir du limbe à la zone génératrice qui puisait alors son alimentation soi dans le coussinet, soit dans le rameau. De méme, quand les limbes étaient entamés, il ne restaitde ces organes qu'une trop faible portion pour attirer Teau et les principes nutritifs : aussi jaunissaient-ils bientôt. Cette désarticulation peut du reste se produire à tout àge et succède toujours au dépérissement de la feuille. C'est ainsi qu'ayant transporté à l'obscurité, au mois d'avril, de jeunes rameaux de Troéne immergés par la base, je vis leurs feuilles tomber successivement, les plus âgées d'abord, parce qu'elles attiraient moins la nourriture que les plus jeunes. Les choses peuvent se passer un peu différemment quand il y a deux générations de feuilles, car ayant placé dans les mêmes conditions un rameau de Fusain encore couvert de celles de l'année précédente, pourvu en outre d'un rameau terminal et d'un rameau latéral, chargés tous deux de très-jeunes feuilles, je vis ce dernier perdre d'abord les siennes ; les plus anciennes du rameau terminal tombérent ensuite, puis ce fut le tour de celles qui étaient àgées d'un an; les plus jeunes du rameau terminal se flétrirent les dernières, parce qu'il exerce sur les matières nutritives, ainsi que des observations directes me l'ont démontré, une attraction plus énergique que les autres rameaux, > Mais ce west pas seulement quand une assise spéciale de cellules pré- existe, que la désarticulation peut avoir lieu. Il suffit parfois pour cela que des matières nutritives s'accumulent dans un tissu dont les éléments peuvent encore se multiplier. Ainsi les très-jeunes rameaux de Fusain qu'on met à l'obseurité se détachent. quelquefois de ceux plus àgés sur lesquels ils sont insérés. On trouve également dans ce cas, au voi- sinage du plan de séparation, des cellules peu adhérentes entre elles; disposées sans ordre comme dans les tissus de bourrelets, et renfermaut de l'amidon et des matières azotées. Pour reproduire ce phénomène, on place à l'obscurité une branche de Fusain chargée de plusieurs jeunes rameaux, aprés avoir enlevé les feuilles de quelques-uns. Ceux qui n'ont pas été dépouillés continuent à végéter, tandis que les autres se désarti- culent bientót. Dans ce cas, les substances plastiques n'étant plus appelées dans le rameau, s'accumulent à sa base, et, comme elles y rencontrent de jeunes cellules, elles provoquent leur multiplication. J'ai vu le méme fait se produire sur un jeuue rameau terminal de Fusain qui s'était déve- loppé entièrement à l'obscurité. Il n'est méme pas toujours indispensable que le tissu où s'accumulent les matières nutritives soit jeune. Ainsi ayant cueilli dans le courant de février deux feuilles de Mahonia, dont l'une fut mise sous cloche dans: un milieu saturé de vapeur d'eau et l'autre laissée à l'air libre, le pétiole dans l'eau, je vis, au bout de six semaines, les folioles de la seconde se dessécher pour la plupart sans tomber, tandis que non-seulement celles SÉANCE DU 26 MA1 1876. 189 de la première se désarticulèrent toutes, mais encore que la nervure mé- diane se divisa en plusieurs fragments, au niveau de l'insertion des folioles, chacun d'eux présentant, au point de rupture, un tissu de bourrelet. De méme un rameau de Fusain âgé de plusieurs mois se désarticula à la hau- teur d’un nœud, aprés avoir perdu toutes ses feuilles par un long séjour à l'obscurité. Dans les deux cas, les matières nutritives qui s'étaient amassées au niveau de l'insertion des feuilles avaient permis aux cellules voisines de se multiplier. Mais ces désarticulations produites sans la préexistence d'une couche génératrice sont relativement rares, et l'on comprend qu'un phénoméne aussi général que celui de la chute des feuilles doive étre mieux assuré. J'ai dit ci-dessus que les feuilles aériennes restent plus longtemps vertes à l'obscurité, quand on les immerge. J'ajouterai qu'elles se détachent aussi plus difficilement (Ligustrum, Evonymus, Buxus, Cissus, etc.). Quelle en est la raison ? Afin de m'assurer si la dessiccalion joue ici quelque rôle, je plongeai sous l'eau la base de rameaux de Troëne et de Fusain, en ayant soin d'enlever tous les limbes immergés. J'en fis autant sur plusieurs feuilles émergées. Les pétioles de ces dernières se désarticulèrent au bout de quelques jours, bien avant ceux qui avaient conservé leurs limbes. Les pé- tioles immergés au contraire n'étaient pas tombés, mais il suffisait du plus léger choc pouramener leur chute, qui ne tarda pas du reste à se produire spontanément. Dans d'autres expériences, la base du pétiole seule était im- mergée, la partie supérieure ainsi que le limbe restant hors de l'eau. Tei encore la désarticulation avait lieu presque en méme temps que celle des feuilles complétement émergées. La couche séparatrice peut done aussi prendre naissance sous l'eau, mais la dessiccation rend la chute plus précoce, en provoquant mécaniquement la dissociation des cellules. D'autres causes encore, telles qu'un vent violent et surtout la gelée, peuvent concourir à celte chute. Il suffit souvent d'une nuit de gelée pour faire perdre à un arbre presque toutes ses feuilles qui, saus cet accident, ne seraient tombées que plus tard. Si les feuilles immergées, avant leur dépé- rissement, se détachent avec plus de difficulté, c'est que n'étant pas exposées une dessiccation prématurée, elles vivent plus longtemps que lorsqu'elles se trouvent à l'air libre. Il peut méme arriver qu'elles épuisent toute la nourriture du rameau et qu'il n’en reste plus pour la formation de la couche séparatrice. J'ai vu des feuilles de Troëne pourrir complétement sous l'eau, sans s'être détachées. Généralement; quand une feuille composée tombe à l'automne, ses folioles ne se désarticulent, pas (Cissus, Fraxinus, ete.). Au contraire, quand on détache ces feuilles avant leur dépérissement, pour les mainte- nir dans un appartement, le pétiole dans l'eau, on voit les folioles se déta- cher. Ce n'est plus alors dans le rameau, mais dans le pétiole commun, que s'amassent les substances nutritives provenant des limbes, et quand 190 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ceux-ci ne les attirent plus, elles fournissent à chaque pétiole secondaire les matériaux nécessaires à la formation d’une couche séparatrice. Je dois maintenant expliquer pourquoi certaines feuilles ne tombent pas en automne, bien qu'étant flétries. Ce sont elles qui ont reçu le nom de marcescentes. Elles ne sont pas aussi particulières à telle ou telle plante qu'on le croit généralement, et leur persistance sur le rameau dépend souvent des circonstances dans lesquelles elles ont végété. Ainsi les feuilles dont la vitalité persiste longtemps dans l'arriére-saison, parce qu'elles ont apparu tardivement ou pour toute autre cause, ne se désarticulent pas avant l'hiver. Il est facile d'en comprendre la raison, d’après ce qui précède. On a vu que la couche séparatrice se forme à la base d'une feuille, parce que celle-ci n'attire plus les ma- tières nutritives que renfermait la tige. Or, les feuilles qui sont encore jeunes à cette époque, ou dont la vitalité persiste grâce à l'épaisseur de leurs tissus qui les protégent contre une évaporation relativement trop grande, continuent à s'alimenter aux dépens du rameau. Plus tard cepen- dant, la saison devenant de plus en plus rigoureuse, elles dépérissent à leur tour, mais la température est alors trop basse pour que la couche séparatrice puisse se former ; elles se dessèchent alors et restent parfois pendant tout l'hiver sur la branche, ou ne s'en détachent que par l'effet de la gelée ou celui du vent. C'est ce qui arrive à bien des arbustes et méme à des arbres, entre autres au Platane, dont les rameaux produisent pendant tout l'été de nouvelles feuilles. Celles qui sont apparues les dernières ne tombent pas à l'automne, et on les voite ncore à l'extrémité des branches dans le courant de janvier, D'autres feuilles dont les tissus plus lignifiés résistent davantage aux effets mécaniques persistent pendant tout l'hiver. C'est ce qui arrive, dans les taillis, aux jeunes Chênes et Hétres, tandis que les frbres plus élevés des mémes essences se dénudent dés l'automne. Les feuilles de ceux-ci dépérissent les premières, ainsi que je l'ai déjà dit, parce qu'elles sont plus précoces, plus exposées par leur situation aux influences atmosphériques, et plus éloignées du sol. D'autres, telles que celles du Troéne tombent successivement, pendant toute la durée de l'hiver, car leur végétation se poursuit avec peu d'activité, il est vrai, mais Sans interruption. Quand elle finit par s'arréter dans lune d'elles, là couche séparatrice se forme, mais avec une lenteur extrême, car des limbes- même desséchés sur leurs bords peuvent subsister encore plusieurs mois avant de dépérir complétement et de tomber. Aussi la gelée d'hiver n'active-t-elle pas leur chute, comme elle le fait en automne pour d'autres feuilles, parce que les couches séparatrices ne sont pas encore formées. Les feuilles marcescentes tombent au printemps, quand la couche sépa- ratrice peut se constituer, gràce au retour de la chaleur et aux matières SÉANCE DU 96 war 1876. 491 nutritives qui, attirées par les jeunes bourgeons, se répandent en méme temps dans les coussinets. Elles cèdent alors à un léger effort, et l'on aperçoit, au point où elles se sont détachées, un tissu jeune, assez riche en chlorophylle, qui parfois cependant ne s'étend qu'à une partie de la surface de rupture, le reste étant occupé par un tissu desséché. Aussi, dans ce eas, les feuilles tombent-elles moins facilement, et souvent on les voit persister méme à la fin de mai, quand déjà les nouveaux bourgeons situés à leur aisselle se sont développés en rameaux. La désarticulation d'une feuille ne se produit done que grâce au concours de certaines causes anatomiques et physiologiques. Il faut d'abord qu'il y ait à la base une assise de cellules suffisamment actives pour donner nais- sance à une couche séparatrice, ensuite qu'il s'aecumule à sa portée les matériaux indispensables à la formation de cette couche. Il est de plus nécessaire qu'une température trop rigoureuse ne paralyse pas l'activité cel- lulaire, enfin que les faisceaux fibro-vasculaires ne soient ni trop nombreux, ni trop résistants : sans quoi ils pourraient retenir la feuille en place, méme aprés la formation d'une couche séparatrice. C'est faute de remplir quelques-unes de ces conditions, que certaines feuilles ne tombent pas. Ainsi elles persistent dans bien des plantes bulbeuses, quoique flétries sur presque toute leur longueur et desséchées, parce que leur base reste constituée par un tissu jeune et turgescent où s'emmagasine l'amidon. Les branches du Taxodium distichum, qui ont apparu au printemps, tombent à l'automne. La pousse terminale de chaque rameau subsiste seule. Méme avant la fin de l'été, elle se distingue des autres par une lignification et une subérisationplus complètes qui s'étendent probable- ment à l'assise cellulaire destinée à produire la couche séparatrice el portent atteinte à sa vitalité. Après la chute des feuilles, le contenu de leurs cellules se rétracte par suite de la dessiccation dont elles sont le siége, et se rassemble à leur centre, englobant les granules de toute nature qui s'y trouvaient encore; ces petites masses communiquent aux feuilles la teinte feuille- morte, due à une altération post mortem du suc cellulaire. Elles persistent longtemps, et l'on y distingue encore, plusieurs mois aprés la chute, quel- ques rares globules oléagineux qui ent résisté à la décomposition (1). En faisant alors subir un traitement prolongé par l'aleool et la potasse à de minces sections pratiquées dans ces feuilles, on arrive à dissoudre com- plétement les derniers débris du contenu de leurs cellules, qui apparais- sen alors vides et décolorées. (1) Les globules oléagineux des feuilles s’altèrent difficilement. Des aiguilles de Coni- fères qui ont macéré dans l'eau, jusqu'à ce que la putréfaction soit avancée, renferment Encore les grosses gouttelettes huileuses et ambrées qui se trouvent principalement dans les cellules de la face supérieure. 199 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SÉANCE DU 9 JUIN 1876. PRÉSIDENCE DE M. DUCHARTRE. M. Mer, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 26 mai, dont la rédaction est adoptée. Par suite de la présentation faite dans la derniére séance, M. le Président proclame membre de la Société : M. Sancxox, président de la Société botanique de Lyon, quai de Tilsitt, 45, à Lyon, présenté par MM. Saint-Lager et Magnin. M. le Président fait ensuite connaitre deux nouvelles présenta- tions. Dons faits à la Société : Bellinck, Catalogue des plantes observées en Belgique. Rover, Flore de la Cüte-d'Or, avec application des organes souterrains à la détermination des espèces de ce département. Giraudias, Coup d'œil sur la végétation des environs de Livragne (Lot). C. De Candolle, Sur la structure et les mouvements des feuilles du Dionæa Muscipula. M. De Candolle fait à la Société la communication suivante : SUR LA DÉSIGNATION DE LA DIRECTION DES SPIRES DANS LES PLANTES, par Ml. A. DE CANDOLLE. Les botanistes ont deux maniéres de décrire la direction d'une spire ou de feuilles, ou d'estivation. Les uns regardent l'objet en face et décrivent la courbe comme avan- cant de leur gauche à leur droite, ou vice versá. Les autres se supposent au centre de la tige ou de la fleur, et décrivent la méme courbe comme allant de leur droite à leur gauche, ou vice versd. Le fait d'étre hors de l'objet ou dans son milieu détermine une opposition dans la manière de s'exprimer qui ne laisse pas d'avoir de l'inconvénient. C'est à peu prés comme si, dans les livres de géographie, les uns appelaient rive droite d'une rivière ce que les autres appellent rive gauche. Ayant eu l'habitude de décrire les torsions en me supposant au centre et voyant que des auteurs trés-nombreux et trés-estimables font le contraire, jai voulu scruter les motifs de l'un et de l'autre procédé. Dans ce but, j'ai cherché quelle a été la régle la plus ancienne, c'est-à-dire celle de Linné, car en fait de style on ne remonte guère au delà. Je me suis demandé ensuite quel est l'usage dans d'autres sciences, et enfin s'il y a des raisons positives en faveur de l'une ou de l'autre des deux méthodes. SÉANCE DU 9 JUIN 1876. 193 Linné prescrit, d'une manière positive, de se représenter comme étant au centre pour indiquer une direction. Dans son Philosophia botanica, édition de 1751, p. 103, il dit, en parlant des tiges volubles et de l'estiva- tion des corolles : « Sinistrorsum hoc est quod respicit. sinistrum, si ponas te ipsum in centro constitutum. Dextrorsum itaque contrarium. » Même phrase dans les éditions de 1755 et 1763. Willdenow, dans son édition de 1790, s'est permis de la changer, sans dire pourquoi. Il copie la phrase de Linné à l'exception d'un mot qui fait dire précisément le contraire : € Sinistrorsum hoc est quod respicit dextram, si ponas te ipsum in centro constitutum. Dextrorsum itaque contrarium (p. 106). » Tel est saus doute l'origine de l'usage suivi par un grand nombre de botanistes modernes. C'est Willdenow qui a changé, de sa propre autorité, la règle de Linné, tout en ayant l'air de la suivre. Le droit de priorité est donc en faveur du système de se meltre au centre pour observer une torsion spirale. Linné ajoutait une condition tout à fait inutile. Selon lui il faut, en se supposant au centre, « meridiem adspicere. » Pour montrer combien cette position de l'observateur est superflue, voici une démonstration qui n'est point géométrique, mais pratique. Enroulez autour de votre corps, depuis les jambes jusqu'à la téte, un cordon en spirale qui s'éléve, devant vous, de votre droite à votre gauche. Tournez-vous ensuite vers les quatre points de l'horizon, la spirale montera toujours de droite à gauche. De Candolle a supprimé cette partie de la définition de Linné dans son Organographie (V, p. 156), mais d'ailleurs il n'a jamais cessé de recom- mander et d'employer le procédé de Linné (Théorie élém., éd. 1, p. 441 ; Prodromus, etc.). H. Mohl et Palm, dans leurs dissertations de 1827, sur l'enroulement des tiges volubles, suivent la méme règle (Mohl, p. 125, Palm, p. 4). Pour la phyllotaxie j'ai cherché ce qui s'est fait à l'origine, et plus tard quand celte branche de la botanique est devenue importante. Le premier obser- vateur qui ait parlé de la spirale des feuilles est, si je ne me trompe, Calandrini, professeur de géométrie à Genève. Charles Donnet a publié ses remarques, alors trés-nouvelles, dans le volume sur L'usage des feuilles, de 1754, p. 166 et 188. Les spires y sont mentionnées comme multiples, mais leurs directions relatives ne sont pas spécifiées. Il faut arriver à l'époque où la phyllotaxie s'est. développée. On trouve alors que M. Alex. Braun, dans son mémoire classique de 1831 (Nora Act. Acad. nat. eur. XV, part. 1, p. 208), recommande la règle de Linné. H regrette que plu- sieurs des exemples donnés dans le Philosophia botanica, pour des tiges ou des estivations tournant à droite ou à gauche, soient. erronés, mais le principe lui parait juste et conforme fà la nature. Lorsqu'il s'agit d'une gauche ou d'une droite et d'une marche ascendante d'un côté ou de l'autre, le mieux est de suivre l'objet en lui-méme. C'est l'animal ou le végétal qui doit indiquer ce qui est dessus ou dessous, à droite ou à gauche, avançani T. XXIII. (SÉANCES) 13 19% SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dans une direction ou dans une autre ; sans quoi on tombe dans des pro- cédés arbitraires contestables. Ces réflexions me paraissent justes, et il est aisé de voir que, dans plu- sieurs branches des connaissances, on à spontanément suivi la règle de se placer au centre d'un objet pour expliquer sa gauche ou sa droite et comment il avance. Ainsi, pour un animal, ce n'est pas la position de Fobservateur qui décide quels sont les membres de gauche ou de droite, antérieurs ou pos- térieurs. On se suppose à la place de l'être animé, regardant comme lui et marchant avec lui. De méme pour l'homme. Jamais un sergent instruc- teur enseignant l'exercice ou faisant tourner un peloton n'a appelé gauche ce qui est à sa gauche à lui. H s'exprime comme s'il était à la place de chaque homme. On fait de méme pour une armée, car on se suppose tou~ jours en marche avec elle, pour dire où est l'aile gauche et l'aile droite. Dans quelle confusion ne seraient pas les livres de stralégie si les uns appelaient aite droite ce que les autres appellent aile gauche ! Quand il s'agit d'une rivière, on suit sa marche pour dire ce qui est sa gauche et sa droite. Tous les géographes se sont accordés là-dessus. Les architectes n'hésitent pas sur ce qui est aile gauche ou droite dans un bàtiment. Ce n'est pas Faile placée à gauche du spectateur regardant l'édi- fice qui est l'aile gauche, mais celle qui se trouve à gauche lorsqu'on se place au centre. Un escalier tournant est tout à fait analogue à une spire de feuilles. Qui aura l'idée d'expliquer s'il tourne à droite ou à gauche autrement qu'en se supposant dans l'escalier lui-mème et montant comme il monte ! En résumé, la méthode qui consiste à se placer au centre d'un. objet pour indiquer comment il tourne ou comment il s'élève a en sa faveur : 1° V'ancienneté, ear nous faisons dater, en général, nos règles de bota- nique descriptive de Linné, dont l'esprit était clair et les termes ordinai- rement précis. Il faut des motifs bien péremptoires pour les repousser. 7 L'exemple de botanistes qui ont perfectionné les descriptions, ou marqué comme fondateurs de la branche importante appelée phyllolaxie. 3° L'accord de tous les peuples lorsqu'ils ont eu à distinguer un côté gauche ou un cóté droit daus un objet ou animé, ou doué de mouvement, ou comparable à un étre organisé. Je conviens que d'excellents descripteurs ont suivi la méthode contraire en botanique. Peut-étre, si l'on comptait les auteurs, en trouverait-on un plus grand nombre ne suivant pas la règle de Linné, mais je doute qu'ils aient réfléchi suftisamment à la question, S'ils ont un motif à alléguer, c est probablement d'éviter le petit effort d'imagination qu'il faut faire pour se représenter qu'on est au centre d'un objet. L'objeetion nest pas forte, et à supposer qu'il y eùt des arguments de même valeur pour chacun des deux systèmes, comment obtiendra-t-on le mieux l'uniformité dési- SÉANCE DU 9 JUIN 1876. 195 rable, si ce n'est en appliquant la loi de priorité, la. plus simple, la plus juste et la plus facilement admise parmi les botanistes. M. Cornu fait à la Société la communication suivante : NOTE SUR UNE CULTURE DE MELAMPYRUM ARVENSE A L'AIDE DU BLÉ, pr M. CORNU. Le Melampyrum arvense, si commun dans les moissons où il est difficile à détruire, se cultive mal dans les jardins botaniques, et si l'on obtient un premier développement, la plante meurt souvent sans avoir fleuri. J'ai l'honneur de mettre sous les yeux de la Société un vase contenant deux pieds de Melampyrum arvense fleuris et bien développés quoiqu'un peu gréles. Des graines recueillies à l'École d'agriculture de Grignon par les soins de mon ami M. Mouillefert furent immédiatement confiées au sol dans le cours de l'été. Elles sont ovoides-cylindriques, munies d'une tache noire ; l'albumen est charnu ou corné et épais. La graine desséchée se contracte et devient un peu translucide. Aprés les froids assez considérables du mois de décembre, les graines présentèrent la. première phase de leur développement, la radicule faisait saillie de quelques millimètres du côté opposé à la tache noire. Vers la fin du mois de février de cette année, la radicule s'était nota- blement allongée, était devenue longue de 6 à-8 centimètres, et présentait des radicelles secondaires au nombre d'une dizaine environ. Les graines, déposées primitivement sur du sable, avaient été placées à la fin de dé- cembre dans des conditions nouvelles. Dans six pots fut déposée de la terre franche, mélangée avec du calcaire réduit en poudre fine; deux à trois plants de Blé empruntés aux cultures de saison furent repiqués et les graines mises dans le voisinage des radicelles du Blé. Un pied de Seigle fut cultivé à part dans un pot semblable, en vue d'autres études, et en méme temps fut destiné à voir si les conditions de culture lui seraient favorables : il arriva rapidement à fleurir, son développement fut rapide; quoique cultivé dans une serre, il se comporta comme dans la nature. Les conditions étaient done suffisamment comparables à celles que le Melam- pyrum rencontre dans les diverses expositions où il peut croitre. Quelques graines de Melampyrum furent laissées sans Graminée à leur portée, et l'une des plus vigoureuses germinations fut mise à part dans un pot semblable aux autres pour être suivie plus particulièrement. Du 20 février au 19 mars suivant, le développement des plantules fut assez rapide; les cotylédons encore renfermés dans l'albumen corné lé- puisérent, s'acerurent un peu en surface et en volume, et finalement la coque fut rejetée. Le bourgeon terminal laissa voir plusieurs paires de pelites feuilles aiguës. 196 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Le pivot central s'allongea beaucoup et émit un grand nombre de radi- celles nouvelles ; c'est à cet instant qu'on. put voir des nœuds spéciaux, reconnaissables par leur taille et leur grosseur de plus du double de celle de la radicelle, et formés sur le pivot ou les radicelles latérales. A ces nœuds se rencontre le tissu des radicelles des deux plantes, du Blé et de son parasite, profondément modifiées dans leur structure ; je ne puis ici entrer dans les détails sur lesquels je me propose de revenir ultérieurement. Les renflements étaient encore peu nombreux à cette époque, les plants de Blé ne paraissaient pas encore en souffrir. Le pied isolé s'allongea d'abord comme les autres en offrant un développement semblable ; il resta stationnaire pendant une ou deux semaines avec une ou deux paires de feuilles et les cotylédons, puis se mit à dépérir, et finalement se courba et mourut. Les autres sujets s'accrurent de plus en plus. La serre a ses vitres badi- geonnées àla craie pour éviter les rayons trop ardents du soleil : les plantes sont un peu plus gréles que celles qui viendraient en plein air, mais elles sont cependant en bonne santé ; la couleur des bractées est bien plus pàle que dans la nature: doit-on y voir une sorte d'étiolement portant sur la matiére colorante rouge comme sur la chlorophylle ? En ce moment les pieds de Blé semblent souffrir d'épuisement par le fait des Melampyrum ; ce sol a cependant été à plusieurs reprises arrosé avec de l'eau nutritive qui n'a pas suffi pour leur rendre un peu de vigueur. L'un d'eux, haut de 2 décimétres environ, a formé un épi trés-maigre et très-rabougri. Il y a un indice de souffrance très-évident. Toutes les graines n'ont pas germé cette année, quoique semées dans les mêmes conditions et provenant de la méme origine : cela explique comment les plantes qui sont annuelles peuvent résister au sarclage des cultures qui en sont infestées. M. Duchartre a déjà depuis longtemps sur ce fait cité des chiffres trés-curieux. Les graines qui n'ont pas germé étaient semblables aux autres et ne sont pas décomposées ; elles paraissent attendre les conditions du développe- ment qui se présenteront probablement cette année dans la saison froide. Le fait du parasitisme des Rhinanthacées a été découvert il y a long- temps déjà par M. Decaisne ; on voit que ces plantes ont besoin pour vivre d'emprunter à un certain instant un surcroît de nourriture à d'autres plantes, en dehors de celle qui leur est fournie par le sol et lorsque celle de leurs cotylédons épuisée ne leur suffit plus (1). M. Chatin dit qu'aucune Pédieulariée ou Rhinanthaece ne pourrait | (1) » ote coulée au moment de l'impression (15 juillet 1876). — Depuis plus de quinze jours les pieds de Blé sont tous morts; le Melampyrum es i i 2 E Met 1 es e ` rueur e résente quelques fleurs plus colorées” ! pyr t encore rempli de vigue I Jueiques r$ plus colorées que les précédentes. |l semble qu'il trouve dans le sol des éléments suffisants pour continuer à vivre et à se développer SÉANCE DU 9 JUIN 1876. 197 probablement vivre sans étre plus ou moins parasite sur des Grami- nées, M. Duchartre, aprés avoir fait remarquer qu'il serait intéressant de voir comment s'opère la soudure d'une racine de Dicotylédone sur une autre de Monocotylédone, demande à M. Cornu si le para- sitisme commence immédiatement aprés l'épuisement de la graine. M. Cornu répond qu'il peut parfois s'écouler trois semaines entre le moment où la graine est épuisée et celui où la plante enfonce sa racine dans celle de la Graminée. M. Chatin ajoute que les Pédiculariées ou Rhinanthacées doivent être considérées comme demi-parasites seulement; car, en outre des racines qui pénètrent dans celles des Graminées, elles en possè- dent d'autres qui s'enfoncent dans le sol. M. Cauvet présente à la Société des cellules d'oranges qui ont traversé l'intestin d’un malade sans avoir été altérées dans leur forme, M. Chatin ajoute que le méme fait a été récemment constaté dans le laboratoire de l'École de pharmacie. Lecture est donnée de la communication suivante : NOTE SUR QUELQUES MONSTRUOSITÉS DU TULIPA GESNERIANA L., par M. X. GILLOT. (Autun, 28 mai 1876.) Les Tulipes offrent de fréquentes anomalies qui portent principalement sur les organes floraux, et dont un grand nombre ont été déjà remarquées et décrites (1). Je viens d'avoir l'occasion d'observer chez le Tulipa ges- neriana L. une monstruosité qui me parait mériter d’être signalée, non- seulement à cause de ses caractéres, mais aussi à cause de sa répétition et de sa persistance. Mes observations ont porté sur six fleurs appartenant à des Tulipes trés- ordinaires, de couleur purpurine au dehors et d'un jaune chamois à l'inté- rieur, à étamines et anthéres d'un pourpre noir. Voici en quoi consistaient leurs particularités tératologiques : 1° Dans deux de ces fleurs, le filet d'une des étamines était soudé sur loute sa longueur à la base de la division périgonale interne correspon- dante : au niveau du point où finissait l'adhérence, c'est-à-dire vers le quart inférieur de la division du périgone, celle-ci se partageait en deux lobes écartés, et de l'angle de division émergeait l'anthere libre, saillante, (1) €f. Moquin-Tandon, Tératologie végétale, 1841, et Bull. de la Soc. bot. de France. passim, 198 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dont les loges encore distinctes étaient aplaties, élargies, et stériles. Dans ces deux fleurs une seconde étamine était avortée : dans l'une, elle manquait complétement ; dans l'autre, elle était réduite à uir filet grèle et noiràtre. 2» Dans un second groupe de trois fleurs, l'adhérence d'une des éta- mines à la division périgonale correspondante était plus complete : le filet était toujours soudé en entier avec la nervure médiane de cette division, et celle-ci divisée en deux lobes profonds ; chacun de ces lobes avait emporté sur son bord interne une des loges de l'anthére, qui étaient ainsi complétement séparées, mais qui, tout en étant déformées, conservaient encore sur le bord de la lame pétaloide à laquelle elles étaient soudées une partie de leur caractère et leur coloration. Dans les trois fleurs, on observait également l'absence compléte d'une seconde étamine. 9" Enfin la sixième fleur présentait une soudure absolument complète de l'étamine entière (filet, connectif et anthères) avec la division périgo- nale : i! en résultait un épaississement notable de la nervure médiane de cette dernière, et sur sa face interne une bande centrale d'un pourpre noir marquait évidemment la trace des anthéres. (Le sommet de la drvi- sion périgonale était simplement bilobé.) Une seconde étamine manquait exactement comme dans les groupes précédents. Le gynécée présentait aussi des anomalies. Dans une fleur du premier groupe et dans une fleur du second, l'ovaire comprimé, à deux angles seu- lement, ne renfermait que deux loges surmontées de deux stigmates : il y avail done avortement d'une loge et du stigmate correspondant. Dans la sixième fleur (3°), l'ovaire au contraire offrait une coupe à peu prés régu- lièrement pentagonale, et renfermait cinq loges dont quatre bien dévelop- pées avec leurs deux rangées d'ovules, et la cinquième plus étroite et vide ; à ces cinq loges correspondaient cinq stigmates, dont un peu développé. Dans les trois autres Tulipes l'ovaire était régulièrement conforiné à trois loges et à trois stigmates. Mais dans les six fleurs sans exception, les stig- mates étaient monstrueusement développés, plissés, ondulés et hérissés de papilles hypertrophiées, rappelant l'aspect de certaines crétes ondulées du Celosia cristata L. Mes six Tulipes offraient donc toutes à des degrés plus ou moins pro- noncés les mémes anomalies (1) : adhérence d'une étamine avec une divi- sion du périgone, division de celle-ci en deux lobes plus ou moins profonds suivant le degré de l'adhérence, atrophie ou absence d'une seconde éta- mine et hypertrophie papillaire des stigmates. Mais ce qu'il y a de remar- quable, c'est la symétrie avec laquelle cette anomalie s'est reproduite. Eu (1) Ce sont des monstruosités de disposition (Moquin-Tandon, Térat. végét., p. 239) de deux ordres : les unes par soudure entre les organes de deux verticilles dissembiables ou adhérence (Moq.-Tand., loc. cit., p. 254), les autres par disjonction divisant les or- ganes (loc. cil., p. 295). SÉANCE DU 9 Juin 1876. 199 effet, dans les six fleurs que j'ai étudiées, c'était constamment la première des pièces du verticille périzonal interne, c'est-à-dire celle qui venait la quatrième dans la spire décrite par les verticilles floraux, et l'étamine correspondante, opposée à un des angles de l'ovaire, qui était le siége du phénomène {ératologique. Dans toutes les fleurs également la seconde étamine avortée ou complétement supprimée a toujours été, non pas la voisine immédiate de l'étamine soudée, mais séparée de celle-ci par une étamine normale : elle était située indifféremment à droite ou à gauche par rapport à la première, mais elle était comme celle-ci opposée à un des angles de l'ovaire, et par conséquent appartenant au même verticille staminal. Les Tulipes dont je viens de décrire les particularités tératologiques existent à Autun dans un jardin, où il ne restait que ces six fleurs quand je les ai remarquées. Toutes les Tulipes de ce jardin sont identiques comme forme et comme couleur, et proviennent toutes par multiplication d'une origine unique. Le propriétaire, qui de temps à autre arrache ses Tulipes, en sépare les bulbes et les replante, m'a affirmé qu'il avait déjà observé les mêmes irrégularités dans leurs fleurs, les années précédentes, mais sans en pouvoir préciser la fréquence ni la durée. l semble done que cette anomalie se perpétue avec une grande fixité dans cette colonie de Tulipes. Il faut sans doute en rechercher la cause dans une disposition anormale des faisceaux vasculaires de la tige et du bulbe, que la plante-mère a trans- mise aux bulbes secondaires auxquels elle a donné naissance. Mais il n’en est pas moins curieux de constater la reproduction de sem- blables anomalies et leur persistance par la culture. Il semble y avoir tendance à la formation d'une race monstrueuse. M. Godron à déjà signalé des races végétales qui doivent leur origine à une monstruosité (1). ll est vrai que, dans les cas cités par lui, la reproduction avait lieu par graines; mais la reproduction par bulbilles ou caieux n'estelle pas analogue, et west-elle pas même le mode de multiplication le plus efficace pour bon nombre d'espèces, notamment de la famille des Liliacées? Je ne puis m'empécher d'ajouter que la fixité relative de ces caractéres purement tératologiques ou accidentels est bien faite pour infirmer le criterium infaillible que l'on a eru trouver dans la culture, corame pierre de touche de la valeur spécifique des espèces affines ou litigieuses. Je citerai, en terminant cette note, deux autres faits tératologiques éga- lement observés chez des Tulipes, et depuis longtemps connus, mais qu'il west peut-être pas sans intérêt de rappeler : l^ Dans une plantation d'une soixantaine de Tulipes (Tulipa Gesne- riana L.), plusieurs d’entre elles portaient des feuilles pétaloides. Chez (1) Mém. de l'Académie de Stanislas pour 1871, in Bull. Soc. bot. de France, t. XXI (Revue bibliogr., p. 158). 200 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. les unes, ces feuilles, situées à 3 ou 4 centimétres au-dessous de la fleur, étaient un peu plus allongées que les divisions périgonales, mais colorées comme elles, excepté à leur base, qui restait plus ou moins verdàtre ; elles ċiaient ordinairement uniques et bien évidemment supplémentaires : j'en ai cependant observé deux chez un individu, et l'une d'elles, située vers le milieu de la tige, occupait la position d'une feuille normale. Chez d'autres, les feuilles pétaloides étaient immédiatement insérées au-dessous de la fleur, et offraient la forme, la dimension et la coloration des divisions périgonales. Ces faits sont du reste assez fréquents et out depuis longtemps été signalés par M. Duchartre (1). 2° Enfin, une autre Tulipe présentait une tige fasciée terminée par deux fleurs distinctes, très-régulières, dont l'une, un peu latérale et inférieure, offrait des dimensions légèrement moindres que l'autre. Ce fait doit ren- trer dans les cas nombreux de Tulipes dont les tiges portent plusieurs fleurs (2), tantôt réunies au. sommet de la méme hampe, tantôt sur des tiges distinctes, et qui ont donné lieu à la variété horticole des Tulipes dites pluriflores (3). M. Duchartre trouve hasardée l'opinion de M. Gillot, sur la pro- duction des races à l'aide de bulbes. La multiplication par bulbilles à beaucoup d'analogie avec la multiplication ‘par boutures. Or, par ces dernières, les caractères de variations se transmettent bien, mais ne peuvent se fixer et donner naissance à des races. M. Roze fait à la Société la communication suivante : COMPTE RENDU D'UNE HERBORISATION CRYPTOGAMIQUE DIRIGÉE PAR M. MAXIME CORNU, LE 4 JUIN 1876, DANS LES BOIS DE MEUDON, par M. E. ROZE. M. Maxime Cornu, chargé du cours de botanique (physiologie) au Mu- séum d'histoire naturelle, inaugurait, le 4 juin 1876, la série de quelques- unes de ses herborisations publiques, spécialement consacrées à la recher- che et à l'étude des plantes eryptogames, par une exploration, dans les bois de Meudon, des environs de la porte de Fleury, de l'étang et du marais de Trivaux, et de l'étang de Villebon. | Cette herborisation à laquelle j'ai eu le plaisir d'assister a obtenu tout le succes désirable : j'ai pensé qu'il y aurait intérét à en conserver le souve- nir en en publiant les résultats. Dans le but de donner à ses éléves une idée générale de la eryptogamie, M. Maxime Cornu avait, dans une excursion préparatoire, étudié la loca- (1) Duchartre, Sur les diverses monstruosités du Tulipa Gesneriana, in Bull. Soc. bot. de France, t. IV, p. 509. (2) Duchartre, Bull. de la Soc. bot. de France, t. VU p. 462 (3) Boissin, Plantes bulbeuses. Paris, 1879, p. 269. | - SÉANCE DU 9 JUIN 1876. 201 lité qu'il s'était choisie. Il avait trouvé, aux portes de Meudon, tout ce qu'il était nécessaire de faire recueillir, pendant une herborisation de {quelques heures, de représentants vulgaires ou rares pour la saison, mais suffisam- ment typiques, des principales classes de Cryptogames : Champignons et Lichens, Algues, Characées, Hépatiques, Mousses, Équisétacées et Fou- gères. Cette exploration, véritablement didactique, s’est faite lentement : les échantillons signalés n'étaient pas seulement l'objet d'une récolte empres- sée ; ils devenaient le sujet de dissertations instructives, relatives soit à la place qu'ils occupent dans le système, soit aux fonctions de leur repro- duction, soit méme aux organes de fécondation qu'on y discernait. M. Maxime Cornu a réussi dela sorte à faire, quelquefois sommairement, le plus souvent avec détail, l'histoire des végétaux que l'on recueillait sur ses indications. Et pour se faire mieux comprendre de ses auditeurs, il accompagnait ses explications, soit de dessins qu'il exécutait sur une petite ardoise portative, soit de préparations microscopiques que l'on observait tour à tour au moyen d’une loupe Stanhope. Ces deux procédés m'ont paru rendre de très-bons services; et si j'ajoute qu'une conférence spéciale doit, à l'aide de microscopes, faire repasser devant les veux des assistants tous les exemples déjà étudiés sommaire- ment sur le terrain, je crois qu'une pareille lecon, par sa pratique méme, ne doit plus rien laisser à désirer. Les points sur lesquels M. Maxime Cornu a plus particulièrement insisté sont les suivants : la reproduction et la fécondation chez les Vaucheria ; l'affinité des Algues d'eau douce à plasma rouge avec les Rhodophycées marines ; le mouvement de translation des Myxomycètes ; certaines mala- dies des végétaux cultivés causées par les Champignons parasites (la cloque, la rouille, le blanc, etc.); la génération alternante des Urédinées; les divers phénomènes biologiques des Péronosporées et des Ascomycètes; la fécondation chez les Mousses, les Marchantiées et le Pellia epiphylla; la structure des spores des Equisetum, la reproduction des Fougères; etc. On ne peut se dissimuler que l'étude des Cryptogames ne soit environ- née de grandes difficultés, qui ne consistent pas seulement dans la multi- plicité de leurs types génériques ou spécifiques. Ceux qui ont débuté dans cette étude le savent en effet mieux que personne : l'époque favorable pour la récolte, le substratum, la station, la préparation des échantillons, leur conservation, etc., sont autant de connaissances indispensables qu'il faut acquérir longuement et patiemment, par la lecture d'auteurs souvent peu explicites. C’est en cela aussi que la tradition peut rendre de grands ser- vices, en méme temps qu'elle aide aux difficultés mémes des détermina- tions; et c'est ce qui ne s'apprend guère encore aujourd'hui que par des communications particuliéres et isolées. Ce qui revient à dire qu'une lacune existe dans l'enseignement public de la botanique : c'est cette lacune que 202 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. pourra essayer de combler la partie du cours de M. Maxime Cornu, em- ployée à des herborisations eryptogamiques, et c'est ce dont le féliciteront les véritables amis de la science et de ses futurs progrés. Voici la liste des espèces, disposées par classes, qui ont été récoltées pendant cette excursion. Champignons. Agaricus (Hypholoma) fascicularis. — (Galera) Hypnorum. — (Russula) pectinaceus. — (Collybia) dryophilus. Æthalium septicum. Synchitrium Anemones. Achlya lignicola. Cystopus candidus sur Capsella Bursa- Lichens. pastoris. Peronospora alta sur Plantago major. — effusa sur Chenopodium album. — calotheca sur Galium Aparine. — Ficarie sur Ranunculus acris. Cladonia furcata. — pyxidata. Ramalina pollinaria. Parmelia parietina. — Viciæ sur Vicia sativa. Algues. — conglomerata (?) sur Geranium | Melosira varians. pusillum. rotomyces microsporus sur Ficaria ranunculoides. Puccinia Graminis (forma Uredo rubigo- vera). — suaveolens sur Cirsium arvense. — striola sur chaumes desséchés d'A- rundo Phragmites. Characées. Uredo du Melampsora betulina. - du Triphragnuun Ulmarie (Uredo Navicula lanceolata. Phormidium vulgare. Porphyridium cruentum. Batrachospermum moniliforme. Cladophora glomerata. Vaucheria terrestris. Chara hispida. pinguis). Hépatiques. (Ecidium Vioke. Fegatella coniea (stér.). — Rhamni. Aneura pinguis (stér.). = sorplaginis. Pellia epiphylla (avec anthéridies et — Ribis. archégones). , Calypogeia Trichomanes (avec bulbilles) Trichocolea tomentella (stér.). Frullania dilatata (fr.). Lophocolea bidentata (stér.). Taphrina deformans (cloque du Pécher). Dacrymyces Urticæ. Sphæria coniformis. Sügmaria Ranunculi. - Violæ. Jungermannia albicans (stér.). Phacidium dentatum. Stereum hirsutum. Mousses. Diatrype quercina. Sphæria hypoxylon. — concentrica. — Anemones. Coniosporium circinans. Erysiphe Graminis. — vulgaris. Rhizomorpha subcorticalis. Polyporus versicolor. — fomentarius. Lenzites betulina. Fissidens bryoides (fr.). — taxifolius (fr.). — adiantoides (stér.). Barbula muralis (fv.). Ceratodon purpureus (fr.). Grimmia pulvinata (fr.). Mnium punctatum (stér.). — undulatum (stér.). Aulacomnium androgynum (bulbilli- fére). Funaria hygrometrica (fr.). SÉANCE DU Q guix 1876. 203 Mrichum undulatum (fr. ^ Équisétacées. Polytrichum formosum (fr.). Thuidium tamariseinum (stér.). Equisetum arvense (stér.) rachytheciuin rutabulum (fr.). — Telmateia (stér.). — albicans (stér.). — palustre (fr.). — velutinum (fr.). — limosum (fr.). Eurhynchium striatum (fr.). | —- Stockesii (stér.). Fougères. Scleropodium illecebrum (stér.). Pteris aquilina. Hypnum aduncum (stér.). Polystichum dilatatum. — fluitans (stér.). — Filix mas. — filicinum (stér.). Cystopteris Filix foemina. — cuspidatum (stér.) M. le Président transmet à la Société le désir témoigné par M. Raffray, naturaliste, de trouver un compagnon de voyage pour une exploration qu'il est sur le point d'entreprendre en Nouvelle- Guinée, Lecture est donnée de la communication suivante adressée à la Société : NOTES SUR QUELQUES PLANTES INTÉRESSANTES, par M. Sj. DES ÉTANGS. I Espèce nouvelle de Galeopsis. -Il y a quelques années, j'ai trouvé dans les champs de la ferme de Méline, commune d'Argentolles (Haute-Marne), prés de Rouvres (Aube), un Ga- leopsis tout à fait glabre, mêlé au Galeopsis angustifolia Ehrh., Lada- num L.? Depuis cette époque il n'a nullement varié, méme par le semis; d’où il résulte que cet état est permanent, et non accidentel, comme on pourrait le supposer. Aussi, un honorable membre de la Société botanique, dont la mort récente est une perte trés-regrettable pour la science, M. Grenier, auquel j'en ai adressé des exemplaires vivants qu'il a vus se développer sous ses yeux, n’a-t-il pas hésité à le considérer comme une espèce nou- velle et distincte du G. angustifolia Ehrh., avec lequel il a beaucoup de rapports. M. J. Paillot, de Besancon, qui avait d'abord eru qu'il se confondait avec celui qu'il a publié sous le n° 240 de ses exsiecata, a reconnu, à la vue des échantillons que je lui ai adressés, et aprés les avoir comparés l'un à l'autre, qu'ils différaient essentiellement : il m'a engagé à le publier comme espèce distincte. Encouragé par des autorités aussi compétentes, je n'hésite plus à le signaler à l'attention. et aux recherches des botanistes. En raison de sa 204 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. glabriété, je crois devoir lui imposer le nom de G. glabra. Voici sa des- cription : Galeopsis glabra Nob. Assez semblable au G. angustifolia Ehrh. Il en diffère par les carac- tères suivants : Plante entièrement glabre, méme à l'état naissant, Tige atteignant de 40 à 60 centimètres, rameuse; feuilles d'un vert métallique cuivré, luisantes. Corolle très-petite, dépourvue de poils, méme sur la lèvre supérieure, couleur d'un pourpre foncé. Faux verticilles tous espacés au nombre de deux à trois sur l'ase et sur les rameaux qui sont ouverts, Graine un peu moins grosse que celle du G. angustifolia et d'une nuance plus foncée. Feuilles cotylédonaires munies à la base. d'appendices aigus trés-prononcés. On ne peut le confondre avec le G. Ladanum var. angustifolia parvi- flora Koch. (Syn. fl. Germ. p. 651), qui n'est nullement glabre. Un seul pied de G. glabra croissant au milieu d'un groupe de G. angusti- folia s'en distingue à premiére vue et à distance. La différence est encore plus sensible si on le compare au G. canescens Schult., qui est tout couvert de poils blanchâtres ou légèrement jaunátres non appliqués. Ce dernier a jusqu'à trois et quatre verticilles, dont les supérieurs sont presque contigus. Enfin notre plante ne se relie avec les autres espéces par aucun inter- médiaire, elle n'est nullement gonflée sous les nœuds. Ceux qui trouveraient ces différences de trop peu de valeur pour consti- tuer une espèce, ne pourront se refuser de admettre comme une variété constante. | Plusieurs botanistes très-recommandables pensent que le Galeopsis Si commun dans les champs à la fin de l'été n’est pas le G. Ladanum de Linné. Cependant je dois faire observer que cet auteur, qui estvenu en France, après un séjour de deux à trois ans en Hollande, a certainement dù l'y voir. On doit méme supposer que c'est lui qu'il aeu en vue et qu'il a admis dans son Species, p. 810, car il cite parmi ses synonymes, le G. ramis summis pubescentibus du Prodromus Flore parisiensis p. 181, de Dalibard (1749), qui, lui-même, avait emprunté cette diagnose au Flora suecica de Linné, n° 492, publié en 1745. Peut-être Linné a-t-il compris sous cette dénomination les diverses espéces créées par les botanistes qui lui ont succédé; il est à remarquer qu'il ne mentionne pas le G. dubia Leers, qui cependant west pas rare en France. II Découverte d'une nouvelle localité du Lepidium majus Darraeq ; longue durée de sa faculté germinative, En 1868, le 9 aoüt, me rendant à la session de la Société botanique de France à Pau, je profitai d'un court instant d'arrét à Laluque (Landes) SÉANCE DU 9 jviN 1876. 205 du train venant de Bordeaux, pour explorer rapidement le voisinage de la gare. Je ne trouvai d'intéressantà constater que les Eragrostis pilosa P. B. et megastachya Link, et une Crucifere, en fruits, qui me parut être un Lepidium voisin du L. ruderale L., mais beaucoup plus développé : c'était à l'entrée méme de la gare. A la séance du 10 août de celte méme session, M. Darracq, pharmacien à Saint-Esprit, prés Bayonne, fit à la Société une communication relative à une espèce nouvelle de Lepidium trouvée à Bayonne, qu'il nomma L. ma- jus, distincte du L. virgineum L., Gr. Godr. Fl. de Fr. (voy. le compte rendu de cette session, p. xr). Il en distribua quelques exemplaires. L'un d'eux me fut attribué. Après la session je me rendis à Bayonne, accompagné de MM. les abbés Faure, Sauzet et Perret, et nous allàmes faire visite à notre honorable con- frère M. Darraeq, qui nous accueillit trés-cordialement et voulut nous faire recueillir son Lepidium. Conduits par son élève au lieu où il l'avait découvert, nous ne trouvàmes absolument quele L. ruderale. L'année dernière, en visitant mes plantes de la session de Pau, je revis l'échantillon que j'avais recu de la main de M. Darraeq ; c'est alors seule- ment que la pensée me vint de le confronter avec celui de Laluque. Je reconnus tout de suite qu'il y avait entre eux une identité parfaite, J'étais donc en possession d'une nouvelle station de cette espèce à ajouter à celle de Bayonne, la seule qui fût mentionnée dans la Flore de France de MM. Gre- nier et Godron. C'est pourquoi je la signale à l'attention des botanistes. Au printemps de 1875, je m'avisai d'en semer quelques graines prises dans mon herbier. L'une d'elles a levé de bonne heure et m'a donné une très-belle tige de 0",60 de haut, garnie de rameaux à sa partie supérieure. Il est à noter qu'elle était dépourvue de rosette de feuilles à sa base. Elle a lrès-bien fleuri ; ses pétales, d'un beau blanc, ont plus de deux fois la lon- gueur des sépales. Cette plante n'a pas l'odeur pénétrante des L. sativum et ruderale. Une seconde graine a germé dans le cours de l'été. Ses premières feuilles étaient ovales-elliptiques, crénelées, et semblaient appartenir au Viola arvensis ; puis il s'est formé une rosette composée de nombreuses feuilles pinnatifides qui ont persisté pendant tout l'hiver. Du centre de cette rosette il est sorti au printemps une tige garnie de feuilles longues, dentées- incisées, les inférieures portant à leur aisselle des rameaux naissants. Elle est droite, haute de près d’un mètre. Plusieurs rameaux se sont déve- loppés à la partie supérieure, ils surpassent la grappe qui termine l'axe, et sont en ce moment, 6 juin, en pleine floraison, avant deux ou trois éta- mines (1). Une troisième graine du méme semis n'a germé que ce printemps: (1) Au 20 août, il atteignait 1",20 (Note ajoutée pendant l'impression.) 206 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. celle-ci n'a pas produit de rosette de feuilles; sa tige, qui est grêle, n'a encore que 12 centimètres de haut. Il est présumable qu'elle ne tardera pas à fleurir. Ainsi, d'aprés ce qui vient d'étre dit, il me parait établi que le Lepi- dium majus est annuel ou bisannuel, selon que ses graines germent de bonne heure ou sur l'arriére-saison. Dans le premier cas, il est dépourvu de rosette et fructifie dans l'année ; dans le second, il en produit une avant l'hiver et ne fructifie que la seconde année. On peut aussi noter avec certitude que les graines de cette espèce con- servent leur faculté germinalive pendant au moins huit ans. Le sol de Laluque est, comme celui de Dayonne, composé de sable siliceux. Ce Lepidium aurait-il été transporté, comme plusieurs autres plantes, par les convois qui circulent sur les voies de fer? Je ne saurais le dire; c'est ce que des recherches faites dans le voisinage de Laluque pourraient élucider. IJ Poa pratensis L. var. longifolia Nob. Cette variété se distingue par les feuilles planes et étroites de ses fascicules stériles, et dont quelques-unes atteignent 1",40 de long. Ses chaumes s'élèvent de 07,90 à 1",05. Elle croît depuis quelques années sur la pelouse de mon jardin, à Dar-sur-Aube, et dans une bordure d'Iris. Il se peut qu'elle ait été introduite avec la graine du Lolium perenne L. Fumaria parviflora Lmk var. scandens Nob. Na tige prend un grand développement; elle se soutient sur les plantes voisines, telles que la Vigne et la Luzerne, et méme s'y accroche au moyen de ses pétioles, qui deviennent tortiles. C'est l'analogue du Fumaria media Loisel. Si celui-ci croit sur un sol entierement nu, il s'y étale longuement, et, dans ee cas, ses pétioles ne sont pas fortiles, n'ayant rien pour s'accrocher, ainsi que j'en ai eu un exemple sous les yeux ; un seul pied couvrait une surface nue de plus d'un metre de diamètre. V Filago spathulata Presl. (forme très-développée). Fai trouvé au mois d'octobre dernier, dans un champ non cultivé, lou- ecant la voie de fer, territoire de Bayel, près Bar-sur-Aube, une forme de celle espèce dont les rameaux partaient de la base de la lige, qui était assez courte, et s'étendaient sur le sol en s'y enracinant ; ils avaient de 40 à 50 centimètres de long. Le champ en était tout couvert. SÉANCE DU 9 jtiN 1876. 207 VI Potentilla argentea L. var. dentata DC. Prodi. t. M, p. 577. Le 8 octobre 1839, j'ai trouvé à Vosnon (Aube), sur le mur d'un jardin, un seul exemplaire de cette variété qui a été déterminé par M. Godron. Plus tard, en 1844, j'en ai trouvé un second exemplaire à Villenauxe (Aube). Enfin, l'année dernière seulement, je l'ai rencontrée le 26 octobre, dans les champs cultivés de Bailly-lez-Chauffour (Aube); elle y était abon- dante. Cette variété n'a pas, que je sache, été signalée en France. MM. Grenier et Godron ne l'ont pas mentionnée dans leur florc. VII Hydrodichpon pentagonum Voucher (Histoire des Gonferves d'eau douce, p. 82, pl. 9). Pendant que je demeurais à Troyes, je voyais chaque année cette espèce se développer dans le canal qui traverse le marais tourbeux de Villechétif, prés de cette ville; je ly ai encore vue l'année dernière. On la ditrare en France, c'est pourquoi je la signale. VHI Cylisus Laburnum L. (faux Ebénier); longueur anormal d'une grappe de cette espèce, Pai recueilli le 30 août 1875, une grappe de fleur de cette espèce ayant la longueur extraordinaire de 07,70, portant encore quelques fleurs à son extrémité ; elle en avait produit une centaine dont une seule avait fourni une gousse qui était peu développée. Cette longueur anormale était due à la situation de cet arbre dans un lieu ombragé. Des grappes de moindre dimension étaient encore fleuries à cette époque tardive de l'année. Dans l'état normal, on ne compte guère que de 30 à 35 fleurs sur chaque grappe. Lecture est donnée de la communication suivante adressée à la Société : DE QUELQUES ÉTYMOLOGIES (suite) (1) : REDOUL, MICOCOULIER, PANICAUT, TRENTANELLE, par M. D. CLOS. (Toulouse, 20 mai 1876.) I. REporr. — Ce nom figure aujourd'hui comme dénomination fran- çaise générique du Coriaria myrtifolia, notamment dans les divers die- tionnaires de la langue. française, dans les Flores et autres ouvrages de botanique descriptive éerits en frangais. (1) Voyez le Bull, t. XX, p. 124; t. XXH, p. NI. 208 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Mais on en cherche vainement l'étymologie dans les auteurs, méme dans les dictionnaires les plus récents. Quand donc ce mot ou ceux dont il dérive apparaissent-ils dans la science? Quelles transformations y subissent-ils? Ce nom se montre, mais sous une forme particulière, dans une Instruction générale pour la teinture, du 18 mars 1671, art. 219, où on lit : « Et le rodoul et le fovie. » Bientôt après, il entre dans la botanique descriptive, mais d'abord uniquement à titre de vernaculaire. C'est dans le Botanicum monspeliense de Magnol (1676) que se trouve, du moins à ma connaissance, la première indication ; on y lit, page 222, à la suite de la description du Rhus myrtifolia..... « vulgo Roudou. » Il manque dans la première édition de la Flore francaise de La- marck (1794), où la plante est appelée Corroyére myrtine (t. IT, p. 236) ; dans la seconde, due à de Candolle, cette dénomination est maintenue, mais la description se termine par cette remarque : « En Languedoe, où elle porte le nom de Rédoux, on l'emploie comme astringent dans la tein- ture et la tannerie (t. IV, p. 921). » Cependant à cette méme époque (1804) Poiret substituait le nom générique de Redoul à celui de Corroyère (En- cyclopédie méthod. Botan. t. VI, p. 86). Et depuis lors ce nom figure dans | presque tous les ouvrages descriptifs écrits en français, où il est question des plantes du midi de la France, soit comme nom générique (voy. Dumont de Courset, le Botan. cultiv. t. VI, p.490, où ce nom est admis concurrem- ment avec Fustet : Nouveau Diction. d' hist. nat. t. XXIX, p. 112 [1819], Dictionnaire des sciences naturelles, t. XLV, p. 11 [1827] ; Jacques et Hérineq, Manuel gén. des pl. t. I, p. 332), soit comme vernaculaire, avec les variations de Radou, Rondou, Rondor (Pyrénées-Orientales), Redoux (Avignon), Roudou (Saint-Pons de l'Hérault), Redou (Tarn, Haute-Ga- ronne, Aude, Gard), Rédou (Hautes-Pyrénées), Rodou (Lot), Roldo (Cata- logne) (1), auxquels il faut ajouter Rouado donné par Honnorat (Dict. prov.-fr., p. 1096). Vignore pourquoi M. Littré a eru devoir adopter dans son Dictionnaire le mot Rodou (suivi, il est vrai, des mots Rodoul, Redoul), de préférence à ce dernier que l'usage me semble avoir sanctionné. Quant à l'étymologie, d'Hombre Firmas a écrit : « Rédou francisé, ne viendrait-il pas de rëdé, roide?» Rien ne me parait justifier cette hypothèse. Duchesne, Thiébaut de Bernéaud, appliquent au Rhus coriaria, entre autres dénominations vulgaires, celle de Roux, qui se trouve déjà dans les Adver- saria de Lobel (2) et représente le génitif de ez, sumac. Or, les mots Redou, Redoul, Rondou, n'indiqueraient-ils pas, comme celui de Coriaria, que la plante est une répétition du Sumac, et qu'elle représente un petit Roux, un petit Sumac ? l (D) Le Coriaria est encore appelé Ubriaga à Grasse, Mortella à Naples, noms qu'il doit a ses proprietes enivrantes, (2) On y lit en effet, à propos du Rhus obsoniorum : Roux vulgo Gallorum, p. 412. SÉANCE DU 9 JUIN 1876. 09 UM. MicocovLiER. — M. Littré écrit à propos de l'étymologie de ce mot : « origine inconnue ». Ce nom figure avec cette orthographe dans l'Histoire générale des plantes de Daléchamps (1587), qui seul, si je ne me trompe, a essayé d'en donner l'étymologie. On y lit: « Galli, Micocoulier qui et fructum micocoules, quasi purpèy Vou xapròv », et dans l'édition francaise : « En francais, Micocoulier etson fruit micocoule, d'un nom dérivé de Lotus, comme qui dirait petit (ruit de Lotus. » C'est qu'en effet, le Celtis est inserit dans les anciens auteurs sous la dénomination de Lotus arbor el sous celle, soit de Micacoulier (Olivier de Serres, Magnol), soit de Mico- coulier (Jean Bauhin, Rai, Tournefort, Gouan). Duhamel, dans son Traité des arbres (1755), admet ces deux variantes; mais la dernière seule a prévalu. t£ Il]. Paxicaur. — Encore un mot francais désignant une des plantes les plus communes, l'Eryngium campestre L., mot employé d'abord par Rabe- lais, qui écrit Panicault (liv. II, chap. 33), mais dont on cherche en vain l'étymologie dans les plus récents et les meilleurs dictionnaires de la langue francaise (Poitevin, Littré, Larousse, Bescherelle). Je relève la première mention de ce mot, en botanique, dans l'édition latine des six livres de Dioscoride, due au commentateur Ruellius (1550), mais avec la forme Panicault. Puis, on le retrouve avec l'orthographe actuelle : en 1605, dans la traduction des Commentaires de Mathiole sur Dioscoride, par du Pinet; en 1675, dans le Botanicum monspeliense de Magnol; en 1715, dans l'Histoire des plantes d'Aix, par Garidel; en 1719, dans les Institutiones de Tournefort; en 1727, dans le Dictionnaire des drogues de Leymerie; enfin dans les Observations de Guettard, dans la Flore francaise de Lamarck, etc. Quant à l'étymologie du mot Panicaut, on n'a eru devoir admettre ni celle de Callard dela Ducquerie, écrivant que le Centum. capita est appelé panicaulis, quod panos discutiat (Lexicon medic. etymol.); ni celle de Martinius, disant : « Gallis panicaule. An a panis caulium ? »; ni celle de Ménage qui, rapportant les deux premières, est tenté « de croire que le mot Panicault aurait été fait de spanicaldus, dit, par corruption, au lieu de Spanicus Cardus, c'est-à-dire Chardon d'Espagne » (Dict. étym., p. 990). M. Barthez me parait avoir été mieux inspiré en traduisant Pani- caut par pain chaud (Gloss. étymol.). En effet : 4°on fait cuire les racines de cette Ombellifère sous la cendre, de manière à en former une sorte de pain chaud; 2^ cette étymologie semble confirmée par les dénominations patoises ou triviales de la plante : Panicaou (Tarn, Tarn-et-Garonne, Gard, Arles), Panecaou (Provence), Paniscaut (Saint-Pons), Pancaout (Gir.), Panicaudu (VEryngium mari- timum en Sicile); 3° elle justifie l'orthographe primitive de Panicault (Panis calidus ou caldus). IV. « TRENTANELLE, nom vulgaire du Sumac fustet » (Bescherelle, Dict. T. XXIII. (SÉANCES) 14 210 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sans étymologie): « TRENTANEL, voy. TRANTANEL, nom languedocien du Passerina tinctoria» (Littré, Dict.). Et ce dernier eite cette phrase de FIn- struction générale pour la teinture de 1671, art. 315 : « Nous avons la Malherbe et le Trantanel, qui sont deux plantes d'une odeuf forte dans leur emploi, qui croissent dans le Languedoc et dans la Provence. » Je crois que c'est par erreur que M. Bescherelle applique le nom de Treiitanelle aù Fustet (Rhus Cotinus) ; il doit l'étre à une Thymélée, et peut-être à la fois, à un Passerina et à un Daphne. En ce qui concerne le Passerina tineto- ria, les noms. triviaux font défaut; mais il en est autrement du P. Tarton- raira. D'une part, Duchesne, dans son Répertoire des plantes utiles (p. 54), fait suivre cette espèce du mot Trintanelle-malherbe ; elle porte aussi en Provence les dénominations de Trintaneilla, Trintanela, et Duchesne ajoute qu'à Samos la décoction de ce Passerina sert à teindre ét jtune. D'autre part, le Daphne Gnidium, ou Garou, est appelé Tintarell dans les Pyrénées-Orientales, Trintanel, Trintanèla dans l'Hérault, Trintanella dans le Gard, Trentanel dans le Tarn. Ce mot, signifiant trente anneaux, fait allusion, comme le dit M. Barthez (loc. cit.), aux nombreux anneaux que forment sur les tiges les cicatrices trés-multipliées et rapprochées des feuilles tombées. Lecture est donnée de la communication suivante : NOTICE SUR QUELQUES ESPÈCES RARES OU NOUVELLES DE LA FLORE CRYPTO- GAMIQUE DU CENTRE DE LA FRANCE (suite), par MI, RIP ART. CHAMPIGNONS. 11. Thecaphoraá déformans Dür. et Mont. Ce Champignon; qui n'a encore jamais été trouvé en France, a été décrit pour la première fois par M. Tulasne; d’après des échantillons récoltés par M. Durieu de Maisonneuve en Algérie, sur les légumes du Medicago tri- buloides Lam. Je lai trouvé aux environs de Bourges, sur les légumes de l'Astragalus glycyphyllos L., il y a quelques années, au mois d'aoüt, dans un bois taillis du terrain. calcaire. Il. mérite bien le nom qui lui a été imposé, car les fruits de l'Astragalus étaient méconnaissables : ils étaient courts, ramassés, arrondis, gonflés, sans traces du sillon profond qui les parcourt dans toute leur longueur. Les légumes sains ont à cette époque de l'année environ 3 centimètres à 3 centimètres et demi de longueur; ceux-ci avaient à peine un centimètre. Ils étaient, du teste, entiers, satis fissure, crevasse ou ouverture d'aueune sorte, La planté qui les portait he présentait aucune autre lésion apparente et semblait végéter avec vigueur. En brisant les légumes, j'ai constaté que tout leur intérieur était rempli d'une poussière d'un brun ferrugineux et qu'il n'y avait aucuné tracé de séance DU 9 aux 1876. 311 graines. À l'examén microscopique, je fus étonné de troiver, äu Heil dës spores simples qui existent dans toutes les Ustilagittées que jë éotihaissais, des spores composées de six à douze cellules ou spores simplés dgglüli- nées ensemble (spofoides; Tul.). Ces sporoides ont en inoyenne dé Of“ 035 à 0"7,040 de diamètre ; leur couleur est brune ferrugitiéuse foncée, Les spores simples qui entrent dans leur composition ont des facettés polyiü- nales lisses au moyen desquelles elles sont réunies ensemble : leüt facette externe seule est couverte de granulations saillantes; de matièté (té les sporoides entières paraissent tuberculetises sur toute leüt surfäcé, ełëepté au niveau des lignes polygonales indiquant les sutures des spores simples qui les composent. Les dimensions, la forme des spores et des sporoides étant les mèriies que dans la plante d'Afrique, je crois qu'il ne peut y avoir de doute sur leur identité. Je suis reiourné plusieurs fois dans la méme localité, exaiiti- rnt avec soin un grand nombre de pieds de l'Astragalus glycyphyilos ; niais je n'ai jamais pu retrouver, ni là ni ailleurs, cette espèce intéres- sante (1). 12. Ustilago Montagnei Tul. C'est eteare sur tte plante d'Afrique, an Schænus récolté à la Calle, par M. Durieu dé Maisonneuve, que M. Tulasne a étudié et constitué tette espèce : je l'ai trouvée eti abondance dans un marais tourbeux des environs de Bourges, sur le Hhynthospora alb Wahl. Au milieu des pieds sains, on ne distinguait ceux qui étaient atteints par l'Ustilago qu'à la teinte un peu plus brune de leur paniculé. Tois les épillets d'une plante malade sans exception sont envahis par le Champignon, qui occupe l'intérieür des utri- cüles et les remplit de sa poussière noire. Îl n'y a plus aucune trace de graines. Les écailles ne sont pas altérées et conservent la forme qu'elles (4) Noté ajouté& pendant l'impression. — Le 95 juillet dernier, j'ai été plus heureux que les années précédentes, et, dans tine de mes herborisations, jäi trouvé de tiouvédti celle rare et intéressante espèce sur l'Astragalus glycyphyllos. La défotthation si tarat- téristique des légümies m'a permis de la reconnaitre tout de suite. Comme je l'avais téniar- qué la première fois, toutes les gousses des plintes attaquées étaient énvahiés par le Champignon parasite : il y avait cependant quelques excepfiotis, tar sur lé gtañd nôthbté de pieds que jai observés, il y avait, cà et là, quelques fruits à l'état normal. En exami- naht ad microscope de très-jeunes gousses, j'ai constaté que le Champignon était consti- tué d'abord pat une substance müqueuse um peu grdititleuse, blanche ou plutót presque incolore par transparence ; on voyait, par places, au milieu de cette substarite, dès gta- nülations qui, d'abord peu distinctes, finissaient par prehdre une forme tout à fait sphé- rique : c’est là le coniinencement des sporoides. Peu à peu, er $e développant, ces petites sphères prenaient une teinte jaunàtre, puis d'un brimi elair, et j'ai pu obsttver toütes les nuances intermédiaires jusqu'à la couleur brune ferrugineuse foncée ; je n'ai pas vi la teinte violette «que M. Tulasne indique dans la plante d'Afrique. Aucun des légumes ehvahis ne contettait de traces de graines. Dans les gowsses arrivées à un degré plus avancé de maturité, il se formait cà et là, à l'extérieur, des fentés ow crevasses irrégii- liéres à travers lesquelles on distinguait la couleur brune de la poussière de l'entophyte : alors les sporoides présentaient les formes ét les dimensions qui ont été indiquées ci- dessus. 219 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANGE. ont dans les plantes saines au moment de la floraison. La poussière noire dont les utricules sont pleines est constituée par une immense quantité de spores noires, sphériques et un peu anguleuses, sans doute par l'effet de leur pression mutuelle, étant serrées les unes contre les autres dans une cavité sans ouverture. Leur surface est unie, et l'on distingue par transpa- rence qu'elles sont pourvues d'un noyau central. Leur diamètre moyen est de 077,01. D’après MM. Berkeley et Cooke, cette espèce a été trouvée en Angléterre, également sur le Rhynchospora alba. 13. Puccinia Malvacearum Mont. La brochure de M. Durieu de Maisonneuve, qui signale l'apparition nou- velle de cette espèce en France, m'est parvenue pendant l'hiver de 1873 à 1874. J'ai cherché immédiatement dans mes collections sans en trouver trace, ni parmi mes Cryptogames, ni sur les feuilles des Malvacées conser- vées dans mon herbier. Mais dés le mois de mai 1874, je l'ai recueillie en abondance sur les feuilles des Malvacées sauvages ou cultivées dans les jardins. Mes échantillons sont sur Malva silvestris, Malva rotundifolia et Althea rosea. En 1815, elle a pullulé avec encore plus d'abondance. Je n'ai rien de particulier à en dire : je me borne à constater sa présence dans le centre de la France. C'est une réponse à la question posée par M. Durieu de Maisonneuve, pour étudier sa marche si rapidement enva- hissante. l4. Bariuca filum Cast. À la fin de l'été et pendant l'automne, les feuilles de divers Salix sont fréquemment couvertes de petites taches couleur de rouille occasionnées par une Urédinée, le Lecythea epitea Lév. (Uredo vitellinæet U. SalicisDG.), fructification estivale du Melampsora salicina Tul. Ces taches sont con- stituées par un amas de spores orangées entourées d'une collerette blanche de cellules stériles ou eystides : c'est là l'état normal. Mais quelquefois l'Urédinée est attaquée par le petit Champignon parasite dont je veux parler, et alors, au lieu des spores orangées, on ne distingue plus qu "un point noir au milieu de la collerette blanche. Ce Champignon, fort petit, vit aux dépens des spores du Lecythea epitea, qu'il détruit sans altérer les cys- tides qui l'entourent. Son périthécium est noir, sphérique et percé à son sommet d'un pore extrêmement fin par lequel s'échappent ses spores, qui sont. ovales-oblongues, simples, incolores, longues de 0"",016 et larges seulement de 0" 005. Ces spores ne sont pas contenues dans des thèques, mais portées isolément par des pédicules nés du tissu cellulaire de l'inté- rieur du périthécium. Ce petit parasite attaque les Urédinées des feuilles de plusieurs espèces de plantes : dans nos environs, je ne l'ai rencontré que sur celles des Saules. SÉANCE DU 9 JUIN 1870. 213 15. Polyporus Inzengæ Ces. et de Nol. C'est un des plus grands et plus beaux Polypores qui existent. Il a une forme demi-orbiculaire avec un rayon de 17 à 18 centimètres: sa plus grande épaisseur, prés du eóté par lequel il adhére à l'arbre, est de 11 cen- ümètres. Toute sa surface supérieure est d'un beau blane de lait luisante, comme vernie, trés-unie et trés-glabre. Elle présente des sillons concen- tiques qui ne sont indiqués que par des dépressions et des saillies de grandeur inégale, sans trace d'écailles, de peluches ou de poils. Les plus fortes saillies concentriques se trouvent prés de son insertion et sont elles- mêmes arrondies. La surface inférieure est d’une couleur fauve ferrugi- neuse, couverte d'une innombrable quantité de petits pores qui ont à peine un demi-millimètre de diamètre. Le bord libre du chapeau est régulière- ment arrondi et son épaisseur réduite à 1 centimètre au lieu de 41, qu'elle à au niveau du côté adhérent. La surface inférieure étant parfaitement horizontale, c'est la supérieure qui présente une obliquité exprimée par cette différence d'épaisseur, avec des ondulations dues aux saillies et dé- pressions déjà signalées plus haut. Dans mon échantillon, qui était jeune, l'hyménium était composé d'une seule couche de tubes dontla plus grande hauteur, mesurée vers la partie moyenne, était d'environ 2 centimètres et demi. Les tubes sont très-fins et constituent par leur ensemble une couche compacte, dure et serrée. Le diamètre de leur cavité est seulement d'un demi-millimètre. Une coupe verticale montre bien la texture interne de ce Champignon. J'ai été obligé de me servir d'une scie, vu la dureté de l'écorce, qui a 1 millimètre d'épaisseur. La surface seule de cette écorce est blanche ; elle est d'un brun foncé dans toute son épaisseur, d'une consis- lance cornée et à cassure vitrée. En régularisant la coupe au moyen d'un instrument bien tranchant, on voit que toute la chair du chapeau située entre l'écorce et la couche des tubes est d'une couleur fauve ferrugineuse et al'apparence de l'amadou, mais d'une texture plus serrée. Elle est dis- posée par nombreuses couches concentriques dont les principales corres- pondent aux ondulations de la surface supérieure. Je n'ai pas recherché les spores tout de suite, lors de la récolte, comme j'ai l'habitude dele faire. Je les ai étudiées plus tard sur l'échantillon depuis longtemps desséché, et je n’en ai trouvé qu'un petit nombre. Elles m'ont paru aussi de couleur ferrugineuse, très-petites et tout à fait sphériques, avec un diamètre de 0™ 0035. C'est sur le trone d'un Peuplier d'Italie que j'ai recueilli ce Polypore, il Y à déjà un certain nombre d'années ; je ne lai jamais retrouvé depuis. Je l'avais pris d'abord pour une variété du Polyporus fomentarius L. 214 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 16. Boletus sanguineus With. Ce Bolet n'atteint pas ordinairement de grandes dimensions : le cha- peau des échantillons que j'ai recueillis variait de 4 à 5 centimètres et demi de largeur. Sa surface supérieure est d'un roux clair avec une teinte chaude composé de tubes larges, grands, à ouverture inégale, anguleuse et de cou- leur ronge orangée. Le pédicule est d'un brun rouge comme le chapeau, cylindrique, égal, uni. La chair du chapeau a, dans sa plus grande épais- seur, 1 centimètre et demi; elle est de couleur jaunátre, avec une légère teinle rouge près de la pellicule et prés de la surface hyméniale. La chair dy pédicule est d'un jaune plus décidé. Les spores, qui sont d'une couleur brune ferrugineuse trés-vive, ont une forme ovale-allongée, étroite, avec un noyau intérieur de méme forme. Leur longueur est de 0"",007 et leur largeur de Q"",003. C'est sur la terre sahlonneuse d'un petit bois taillis, au milieu des herbes et des feuilles martes, que je l'ai trouvé en assez grande quantité. Je n'ai pas eu l'occasion de le rencontrer ailleurs. 11. Boletus Satanas Lenz. Cette espèce a beaucoup de rapports avec le Boletus luridus Schiff. dont il se distingue par la couleur de son chapeau et surtout l'absence de tamentum syr sa surface supérieure. Il est ordinairement trés-gros, quel- quefois énorme. C'est sur un échantillon de moyenne taille que je vais le décrire. Le chapeau est épais, régulièrement arrondi, de couleur gris hlane, sur sa surface supérieure, qui est unie, lisse et un peu visqueuse. Sa largeur est de 12 centimètres. L'épaisseur de sa chair au niveau de l'insertion du pédicule est de 4 centimètres. L'hyménium, qui a environ 2 centimètres d'épaisseur et se détache facilement de la chair du chapeau, est composé de tuhes fins agglutinés ensemble, de couleur jaune et dont l'orifice est d'un rouge vermillon très-vif : toute la surface inférieure de l'hyménium est done rouge. Le pédicule est très-gros, surtout à sa base, qui est très-dilatée en forme de bulbe épais, ovale, mesurant 6 centimètres de diamètre sur une hauteur totale de 14 centimètres. Il va en s'amincis- sant un peu vers san insertion, où il n'a plus que 3 centimètres. Toute sa surface est d'un beau rouge et ornée d'un joli réseau saillant de méme couleur, surtout vers le haut. La chair de ce Champignon est molle, spon- giguse, Jannátre, avec une teinte rouge prés de la peau du chapeau ; mais, à la section, elle devient entièrement bleue. Je n'ai observé les spores que sur des échantillons desséchés, et je ne puis par conséquent en indiquer SÉANGE pU 9 juIN 1876. M5 avec certitude la couleur, qui m'a paru brune ; elles sont ovales, longues de 077,014 sur une largeur de 0"",007. Chaque année, je retrouve pendant l'automne ce beau Champignon sur des pelouses du terrain calcaire, dans un bois taillis des environs de Bourges. Il est ordinairement rempli d'une innombrable quantité de larves qui le dévorent; rarement on en rencontre de tout à fait sains. D’après plusieurs auteurs, il serait trés-vénéneux. 18. Cantharellus leucophæus Nouel. Le chapeau de ce Champignon est mince, membraneux, réguliérement infundibuliforme, mais non percé au centre et formant une cavité conti- nue avec celle du pédicule, comme dans le C. cinereus Fr. Ses bords sont un peu crispés et réfléchis en dehors ; sa surface supérieure est d'un brun foncé, glabre, striée, et présente quelques zones concentriques. Sa surface inférieure, qui porte l'hyménium, est blanche, garnie de lames arrondies ou veines également blanches, assez écartées, simples ou bifurquées, dé- currentes sur le pédicule ; il y en a aussi qui ne partent que du milieu de la surface hyméniale. Le pédicule est plein, fibreux, ferme, de couleur brune, un peu évasé vers le haut, cylindrique et un peu atténué vers le bas. La hauteur totale de ce petit Champignon varie de 2 à 5 centimétres ; la largeur du chapeau vers la partie évasée est de 1 centimétre et demi à 3 et méme quelquefois 4 centimètres. Le pédicule n'a guère qu'un demi- centimétre de diamétre dans sa partie la plus large. Les spores sont blan- ches, ovales, avec un gros noyau sphérique, longues de 0"",01 et larges de 077,005. Je n'ai jamais trouvé cette espéce que sur les vieilles places à charbon dans nos bois. 19. Cortinarius sanguineus Fr. La surface supérieure du chapeau de ce Champignon est d'un brun rouge et recouyerte de fibrilleset de petites écailles qui ne font pas saillie, mais sont plutót logées dans l'épaisseur de la peau et ne se distinguent que par une eouleur un peu plus foncée. Le chapeau a environ 6 centi- mètres de diamètre ; il est horizontal, avec une légère proéminence vers le centre et les bords d'ahord rabattus et ensuite souvent relevés, Il a très- peu de chair ; les feuillets rapprochés du pédicule sont larges d'environ un demi-centimètre, et ont une belle couleur rouge de sang, ainsi que les filaments de la cortine. Le pédicule, large de 6à 7 millimétres, est d'abord plein, puis un peu creux au centre, cylindrique et légèrement atténué vers le bas ; il a une couleur jaunâtre dans le haut et sa partie inférieure est rouge. En pressant entre les doigts les différentes parties de ee Champi- gnon, on en fait sortir un suc rouge. Les spores sont de couleur ferrugi- 216 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. neuse-ovales, arrondies, avec un noyau central, longues de 0"",007, larges le 0,005. Cette espèce paraît rare dans notre région : d’après les auteurs, elle vient principalement dans les forêts de Sapins. C’est dans un bois de Chênes, sur un terrain sablonneux, que je l'ai trouvée. 20. Cortinarius olidissimus, nov. Sp. J'appelle l'attention des mycologues sur l'organisation remarquable de cette espèce qui mériterait peut-être d’être considérée comme le type d'un nouveau genre ou sous-genre. En effet, son chapeau se sépare facilement du pédicule, à la manière des Amanites ; je ne crois pas qu'on ait encore fait mention d’un Cortinarius, ni même d'un Agaric à spores ferrugi- neuses, présentant ce caractere. En outre, il est muni d'une sorte particu- lière de collarium, ou plutôt d'une membrane trés-mince qui, partant de la ligne d'insertion du pédicule sur le chapeau, vient s'appliquer circulai- rement sur les feuillets, dans une étendue de 2 millimètres et demi. Cette membrane adhère aux bords des feuillets, et comme dans leur intervalle elle est libre et moins tendue, sa grande circonférence paraît frangée, denticulée, chaque dent correspondant à un feuillet. Sa direction est obli- que de haut en bas et de dedans en dehors ; elle est séparée du pédicule par un sinus qui a environ 1 millimètre de largeur. Quand on détache le. pédieule avec précaution, elle reste adhérente au chapeau et aux feuillets. On remarque cependant quelques fils qui vont cà et là de ce collarium au pédicule. Le chapeau, qui a 5 à 6 centimètres de diamètre, est régulièrement ar- rondi, avec le centre légèrement proéminent. Sa surface est d'un brun tirant un peu sur le jaune, et couvert de fibrilles brunes qui partent du centre et arrivent jusqu'aux bords en formant quelquefois par leur accumulation à certaines places des espèces d'écailles irrégulières. La chair est peu épaisse et n'a guére qu'une hauteur d'un demi-centimétre au niveau de l'insertion du pédicule. A partir de ce point, elle va toujours en diminuant jusqu'aux bords, où elle se confond avec la peau. Les lamelles ont une disposition inverse ; leur partie la plus large, qui est d'un demi-centimétre, se trouve prés du bord, et elles vont en s'amincissaut du cóté interne, ou elles se ter- minent en pointe à une certaine distance du pédicule, et c'est cette pointe qui s'appuie sur la partie supérieure de la membrane dont j'ai parlé tout à l'heure. Dans les espéces pourvues d'un véritable collarium, les feuillets au contraire s’insèrent sur son pourtour. Ceux-ci sont de couleur ferrugi- neuse ; leur bord libre est légérement ondulé et présente quelques créne- lures de couleur plus claire, presque blanche. Ils sont inégaux, peu serrés el, comme je l'ai déjà dit, éloignés du pédicule. Celui-ci, qui a5 centimètres de hauteur et 6 à 7 millimètres d'épaisseur vers sa partie moyenne, se SÉANCE DU 9 Juin 1876. 19 217 dilate un peu en haut, prés de son insertion, et se termine aussi en bas par un léger renflement. Sa surface extérieure est d'un blane un peu jaunátre, et porte quelques traces d'une cortine formée de filaments colorés par les spores eu jaune ferrugineux. Une coupe perpendiculaire, comprenant le chapeau, le collarium et le pédicule, fait trés-bien voir la connexion et les rapports de ces différents organes. Les fibres paralléles dont le pédicule est composé arrivent toutes en haut au méme niveau, où elles s'arrêtent suivant une ligne horizontale, légèrement courbe et parailéle à la surface supérieure du chapeau. C'est de cette ligne que part le collarium. La différence entre la chair fibreuse du pédicule et la chair spongieuse du chapeau est trés-marquée. Une tranche très-mince de la chair prise au niveau de cette ligne de démarca- tion, examinée au microscope, nous montre que le tissu du chapeau est composé de cellules arrondies-polygonales, et celui du pédicule de cellules allongées, pressées parallèlement les unes contre les autres. La texture du collarium est la méme que celle du pédicule, seulement les cellules sont plus minces et plus délicates. Les spores sont de couleur ferrugineuse, ovales, assez grandes. Leur longueur est de 0"",01 et leur largeur de 0"",006. La chair de ce Champignon est blanche, mais à la section elle finit par prendre une couleur vineuse ou violacée. Il a une odeur extrémement forte et pénétrante, sui generis ; je ne sais trop à quoi la comparer. Au fond, elle n'a rien de désagréable, mais elle incommode par son intensité ; elle a quelque chose de la cannelle. C'est le 20 octobre que je l'ai recueilli dans un bois des environs de Bourges, parmi la Mousse et les feuilles tombées à terre. 21. Agaricus Cardarella Datt. Cet Agaric appartient au sous-genre Clitocybe, section des Difformes de Fries. Il n'a encore été signalé qu'en Italie : je ne crois pas que méme depuis ces dernières années, où les études mycologiques sont plus en faveur qu'autrefois, il ait été trouvé en France. C'est un Champignon trés-grand et trés-charnu. Son chapeau, mesuré sur un individu de moyenne taille, a 12 centimètres de largeur ; il est d'un blanc grisàtre plus foncé au centre, brillant, un peu gluant au toucher, horizontal, non déprimé au milieu, plutót méme un peu bombé et couvert d'une peau épaisse visqueuse qui s'enléve et se détache trés-facilement de la chair. Les feuillets sont blancs, ayant environ 1 centimètre dans leur plus grande hauteur, fortement et également décurrents sur le pédicule. Celui-ci est blane, fort, plein, charnu et bulbeux dans le bas; sa hauteur totale est de 11 centimètres. Son bulbe est entouré d'un mycélium blanc très-abondant. Ses spores sont blanches, ovales, lisses, longues de 0"",007 218 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. et larges de 0™ 0035. Sa chair est blanche, fine, épaisse, surtout vers la uaissance du pédicule ; il exhale une odeur des plus agréables. Je l'ai trouvé pendant le mois de novembre, au bord et dans les elai- riéres d'un bois nouvellement coupé, croissant isolément ou par groupes de quatre à six individus sur une pelouse du calcaire jurassique. ll. est comestible. 22. Agaricus Russula Schæff. Cette espéee assez rare est placée dans le sous-genre Tricholoma, sec- tion des Limacina, par Fries. Son chapeau est régulier, charnu, d'abord plan ou un peu bombé au centre, puis légérement déprimé, à peine vis- queux, rouge, tacheté de petites écailles d'un rouge plus foncé à peine saillantes; sa couleur devient plus påle vers les bords, qui sont presque blanes, non striés. Le diamètre du chapeau est en moyenne de 8 à 10 cen- timètres. Les feuillets sont blanes, épais, écartés, inégaux, devenant un peu rougeátres par places en vieillissant ou lorsqu'ils ont été froissés; ils ont rarement plus d'un demi-centimètre de hauteur et adhèrent au pédi- eule, sur lequel méme ils sont un peu décurrents. Le pédicule est gros, charnu, cylindrique, et n'a qu'environ § centimètres de hauteur. Sa sur- face est d'un blanc rosé et est ornée dans sa partie supérieure de petites écailles rouges. La chair est blanche et ne change pas de couleur quand on la coupe ; cependant elle prend une teinte rosée autour des parties qui ont été lésées, soit par les vers, soit accidentellement. Les spores sont blanches, ovales-arrondies, unies, ayant une longueur de 0#",007 sur 0,004 de largeur. Il n'a pas d'odeur notable. Il vient en automne dans nos bois. Il est comestible. 23. Polysaccum crassipes DC. Cette espèce a la forme d'une grosse massue ayant 7 centimètres de hau- teur et 6 centimètres dans sa plus grande largeur. Le péridium qui se trouve en haut dans la partie la plus large, soutenu par le pédicule, est d'une forme irréguliérement ovoide, et son plus grand diamètre, qui est de 6 centimè- tres, est transversal : en hauteur il n'a qu'environ 4 centimètres, et se moule sur un gros pédicule charnu, ayant la forme d'un cóne évasé en haut et se terminant par une poinfe obtuse qui a encore une épaisseur de 2 centimé- tres à 2 centimétres et demi prés de son extrémité inférieure. La couleur de ce Champignon est d'un brun plus ou moins foncé. En pratiquant une coupe perpendiculaire, on remarque que le pédicule est composé d'une chair jaunâtre assez compacte, tandis que le péridium a une texture entié- rement celluleuse. Les cellules qu'il contient en immense quantité sont d'autant plus développées qu'elles sont situées plus haut. Ainsi, tandis que celles qui avoisinent le pédicule n'ont guère qu'un millimétre de SÉANCE DU 9 Juin 4876. 219 diamètre, celles de la partie supérieure ont environ un demi-centimétre de largeur ; ce sont aussi celles dont la maturité est le plus avancée : elles sont remplies de spores d'une couleur jaune ferrugineuse. Au bout d'un certain temps, toute la partie supérieure du Champignon se erevasse, se détruit à la manière des Lycoperdon, et les spores sont mises en liberté. La maturité et l'émission des spores ont donc lieu de haut en bas, et conti- nuent jusqu'à ce que les dernières cellules situées près du pédicule soient muüres à leur tour et aient répandu leurs spores au dehors. Chaque cellule est indépendante de ses voisines et doit être considérée comme un péri- dium secondaire. Les spores sont sphériques, brunes, entourées par une membrane assez épaisse et couvertes de granulations d'un brun plus foncé, mais dont la saillie est peu considérable. Elles sont trés-ténues : leur dia- mètre est de 07,009. Ce Champignon paraît être rare dans le centre de la France. Je ne l'ai trouvé qu'une seule fois dans les allées d'une forét à fond sablonneux. De Candolle l'avait décrit d'aprés un échantillon venant du Mans et envoyé par Desportes. M. Martial Lamotte m'a assuré récemment qu'il n'est pas rare dans le Puy-de-Dôme, mais je n'en ai pas vu d'échantillons, 24. Elaphomyces variegatus Vitt. J'ai trouvé ce Champignon dans de la terre de Bruyères à Allogny (Cher). Les échantillons que j'ai récoltés étaient au nombre de trois : deux dont le volume égalait celui d'une noix et un celui d'une noisette, à peu prés sphériques, de couleur brune tirant sur le j jaune, et ne présentant aucune racine. Leur surface extérieure était couverte d'aspérités ou ver- rues ayant la forme de pyramides à quatre ou cinq faces, terminées par un sommet aigu. Je n'ai pas observé de mycélium. Leur enveloppe était très- épaisse et trés-dure; l'intérieur était pulvérulent, d'un brun presque noir, sans traces de cloisons, les échantillons étant déjà avancés en àge. Les spores, au nombre de trois ou quatre dans chaque thèque, étaient d'un noir opaque; leur centre ou noyau seul paraissait brun par transparence ; leur surface extérieure m'a paru unie; leur diamétre moyen était de On 02. 25. Peziza difformis Fr. Au premier aspect, les cupules de cette Pezize, de couleur noire avec les bords un peu saillants, surtout quand elles sont jeunes, ont tout à fait l'apparence de scutelles de certains Lichens ; mais l'absence de croûte, et par conséquent de gonidies, les distingue suffisamment. Quand elles sont plus âgées, elles ont une forme moins régulière et la surface supérieure de l'hyménium est rugueuse, hosselée, ce qui tient à la présence d'un épithécium relativement épais et dur. Une coupe perpendiculaire montre 220 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. bien sa disposition : les théques et les paraphyses se terminent à leur sommet par un épaississement de couleur noire, opaque, tandis qu'elles- mémes sont transparentes. C'est cet épaississement qui forme, par la réu- nion des thèques et des paraphyses, l'épithécium dont j'ai parlé plus haut. Les théques sont claviformes et paraissent composées de deux membranes: l'intérieure était remplie de granulations fines légèrement colorées en brun; mais comme les échantillons que j'ai examinés n'étaient. point arrivés à maturité, je n'ai pu observer les spores. C'est sur un enduit de résine desséché sur le bois d'un Pin dont l'écorce avait été enlevée que j'ai trouvé cette espèce, nouvelle, je erois, pour la flore française. Les eupules sont peu adhérentes à leur support et se déta- chent facilement au moindre contact. Les plus grandes avaient environ un demi-millimètre de diamètre. 26. Peziza brevipila Rob. Les cupules de cette Pezize ont une grandeur qui varie depuis un quart jusqu'à un demi-millimètre. Elles sont d'une couleur grise et deviennent presque tout à fait noires par la dessiccation. Elles sont pourvues à leur base d'un mycélium abondant, composé de filaments trés-fins qu'on ne peut bien distinguer qu'au microscope. Leur surface extérieure est glabre, si ce n'est en haut et autour du disque, où il existe une rangée de poils courts composés d'une seule cellule et formant comme une sorte de collerette d'un noir vif, tranchant sur la couleur grise de la cupule et du disque. L'hyménium est composé de théques claviformes, longues de 0"",05 et larges de 0"",008, entourées de paraphyses linéaires, simples, non arti- eulées. Chaque thèque renferme huit spores fusiformes allongées, très- étroites, transparentes et munies de cinq ou six petits noyaux ou sporules. Leur longueur est de 0"",026 et leur largeur de 0"",002. C'est au mois de juin que j'ai trouvé cette petite Pezize sur de vieilles tiges desséchées de Centaurea Jacea L. C'est également sur le même support qu'elle a été publiée dans l'exsiccata de Desmazières, sous le n° 1742. 217. Nectria flavida (Cda) Fr. Je n'ai trouvé qu'une seule fois ce petit Champignon sur des branches mortes de Frêne, tombées à terre et à demi pourries. Au premier abord, on aurait pu croire qu'il était situé sur l'écorce méme ; mais en y regar- dant de plus près, j'ai vu qu'il n'en était rien et qu'il vivait en parasite sur le Spheria Fraxini Fr., que les branches contenaient en grande quan- tité el dont les périthéciums venaient faire une légère saillie à travers une fente de l'épiderme : c'était justement sur cette partie dénudée des péri- théciums qu'il était fixé. Les conceptacles de ce Nectria sont aplatis SÉANCE DU 9 JUIN 1876. 221 en bas et puis en forme de cône muni à sa partie supérieure d'une sorte de papille. Is sont d'une couleur rouge orangée assez vive, mais couverts sur toute leur surface, à l'exception de la papille, d'un tomentum blane qui masque leur couleur. Ils sont disposés par groupes de deux à douze et méme davantage, agelutinés les uns contre les autres; de sorte qu'en exa- minant à la loupe un de ces groupes, on ne voit qu'un seul coussinet blance et cà et là quelques points rouges dus aux ostioles. Avec la pointe d'une aiguille on isole sans peine les sphéries, qui n'ont aucune connexion entre elles. Leur nucléus est rouge, de la consistance de la cire et formé par des thèques longues de 0"",1, munies de spores fusiformes droites ou un peu arquées, longues de 0"",028 et contenant quatre ou cinq noyaux ou spo- rules d'apparence oléagineuse. Je n'ai pas noté la présence de paraphyses et mes dessins faits à la chambre claire n'en figurent pas. La détermination de cette espéce m'a beaucoup embarrassé ; malgré quelques différences dans les couleurs du périthécium et du nucléus, son organisation la rapproche tout à fait du Spheria flavida Cda. C'était aussi l'avis de mon vieil ami le docteur Roussel à qui je l'avais commu- niquée. 28. Leptosphzeria helminthospora (le Not. C'est au mois d'août, sur des tiges sèches Y Artemisia campestris L., que j'ai recueilli cette espèce ; c'est également sur la méme plante que M. de Notaris l'a observée. Ses périthéciums étaient fort nombreux et dis- posés en longues lignes suivant les fibres de la tige. Ils ont la forme d'une petite sphére un peu aplatie et sont d'abord situés sous l'épiderme. Par suite de leur développement, celui-ci se rompt et ils deviennent libres. Leur sommet offre une petite saillie peu prononcée, au milieu de laquelle se trouve l'orifice qui doit donner issue aux spores. Les théques qui les contiennent sont claviformes, longues de 0"",08 et larges de 0"",014. I y a ordinairement dans chaque thèque de quatre à six spores qui ont la forme particuliére à ce genre : elles sont cylindriques, allongées, arrondies à leur extrémité supérieure et amincies dans le bas ; des cloisons transver- sales les divisent en six ou huit loges ou articles. Leur couleur est brune, surtout dans le haut; leur extrémité amincie est à peine colorée. Leur longueur est de 0"".038 et leur largeur moyenne de Or", 007. 29. Raphidophora herpotricha (Fr.) Tul. Cette petite Sphérie eroit sur les ehaumes de Blé restés en terre et on la trouve en bon état de fructification après l'hiver, vers le mois de mars. Ses conceptacles sont entourés d'un mycélium abondant d'un brun noir, à filaments cloisonnés qui rampent sous l'épiderme. et s'échappent méme à travers les stomates. Les conceptacles sont couverts de poils de la méme 222 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. couleur que le mycélium, qui forment sur toute leur surface un tomentum brun masquant la couleur noire de leurs parois. Ils out une forme sphé- rique un peu aplatie vers le bas et conique dans leur partie supérieure: D'abord situés sous l'épiderme de la Graminée, les cols ue tardent pas à le percer ; puis, le développement continuant toujours, les périthéciums le déchirent de maniére à en emporter un fragment qui entoure la base du col en lui formant une petite collerette irrégulière. Les cols sont percés d'un orifice très-fin. Le noyau intérieur est composé de théques clavifor- mes, cylindriques, allongées et amincies à la base, entourées de paraphyses filiformes. Leur longueur est de 0"",18 et leur largeur moyenne est dé 0"",015. Elles contiennent huit spores cylindriques, filiformes, agglomé- rées ensemble et disposées parallèlement dans le milieu des théques, dont elles occupent toute la longueur. Ces spores contiennent uh grand nombre de cloisons transversales (trente et méme plus), qui les divisent en autant d'articles. Elles sont d'abord incolores, puis elles deviennent brunes à la maturité. | Les Ruphidophoru Carduorum Wallr. et R. Rubella Pers. se trouvent assez communément dans nos environs. 30. Pleospora pellita Fr. M. Tulastie, dans son magnifique ouvrage, a décrit et figuré sous ce nom le Sphæria Brachycladii de Lacr., dont les périthéciums sont glabres et placés au milieu des filaments du Brachycladium penicillatum Cda. Je doute que ce soit le Sphæria pellita Fr., car l'illustre mycologue suédois dit que les périthéciums de son espéce sont couverts de poils mous, minces, trés-nombreux, surtout à la base, et le nom spécifique qu'il lui a donné vient à l'appui de sa description. Du reste, M. Tulasne lui-méme ne fait ce rapprochement qu'avec ün point de doute. L'espèce dont je vais parler me parait se rapporter tout à fait à la description de Fries. Je l'ai recueillie au bord d’un fossé marécageux vers la fin de l'hiver; sur des tiges à demi pourries d'une grande plante herbacée que je n'ai pu reconnaitre avec certitude, mais que je crois être cependant une Betterave. Ses périthéciums, d'abord situés au-dessous de l'épiderme, qui ne tarde pas à être détruit par eux, croissent isolément ou disposés par groupes peu nombreux ; ils sont sphériques, munis d'une papille conique, saillante, nue, tandis que tout le reste de leur surface extérieure est couvert d'une grande quantité de poils noirs qui lui forment comme une sorte de feutre ou fourrure d'autant plus épaisse qu'on l'examine plus prés de leur base. Ce diamètre moyen des périthéciums est de 0"",25 et celui de l'ouverture de la papille de 0"",03. Les thèques sont cylindriques, arrondies en haut, amincies el un peu recourbées dans le bas, longues de 07",18 et larges de 0"",2. Elles sont entourées de paraphyses articulées simples ou ra- SÉANCE DU 9 stin 1876. 393 meuses. Ghaque thèque contient huit spores ovales, brunes, disposées sur un seul rang, longues de 0"",024, larges de 0"",010, cotiiposées otdinai- rement de six cellules, une à chaque extrémité et quatre dans la partie inédiane. Les espèces du genre Pleosporu ont toutes des spores multicellulaires, mais le nombre des cellules ou loges varie beaucotip. Nous venons de voir que dans le Pleospora pellita i| y en a six; le Pl. culmicola en a dix : le Pl. herbárum, la plus commune de toutes, en à vingt environ. Une autre espèce inédite; qui en a plus de trerite, à été recueillie par moi sur le sominet des Pyrénées pendatit la session de Pau, et comme je ne Vai pas comprise, par oubli; dans la listé des Cryptogames que j'ai publiée dans le compte rendu de la session, je deriande la permission d'en donner ici une courte description. Pleospora Timbali, nov. sp. — Les périthéciums ont la forme d’une petite sphère aplatie, glabre sur toute sa surface, excepté vers l'orifice qui est entouré d'une seule rangée de poils tioií's articulés. Les thèques com- posées de deux membranes, surtout bien visibles avant la maturité, ont la forme de celles du Pl. herbarum, et comine celles-ci elles contiennent huit spores disposées sur deux rangs. Ces spores, longues de 0™ O4 sur 0"",02 de largeur, sont d'un noir brun, presque opaques et entourées par une membrane externe hyaline, transparente; elles sont divisées en un grand nombre de loges par des cloisons longitudinales parallèles, coupées par d'autres cloisons transversales. Vu leur opacité presque complète, il est difficile d'apprécier au juste le nombre des loges : j'en ai compté vingt-huit sur une face, et il est probable qu'il y en a beaucoup plus. C'est dans le salon du pie du Gers, à 2600 mètres d'altitude, que j'ai trouvé cette espèce sur les feuilles de l'Arenaria purpurascens Ram., qui étaient jaunies, desséchées et couvertes de petits points noirs dus à la Sphérie. Mon ami Timbal-Lagrave, à qui la flore des Pyrénées doit tant de précieuses découvertes, était à côté de moi au moment de la récolte, et me fit observer avec juste raison que toutes les touffes d' Arenaria ainsi altaquées étaient stériles. 91; Sphéeria diplospora Cooke. Cette espèce, que je connais depuis trés-longtemps et que j'ai souvent observée sur les tiges desséchiées des Rubus de la section Discolores, est une de celles qui étaient désignées sous le nom collectif de Spheria Ru- borum, qu'il était indispensable de changer. Ses périthéciums noirs, sphé- riques, sont logés sous l'épiderme, qui se fend à leur niveau et en laisse apercevoir le sommet percé d'un pore arrondi, Leur diamètre est de 0,35 et celui de l'orifice de 0"",04. Le tiucléus est composé de thèques octo- spores litiéaires-cylindriques, longues de 0"",11 et larges de 0"",01. Les 9294 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. huit spores qu'elles contiennent sont disposées en série linéaire les unes au-dessus des autres sur un seul rang. Elles sont d'une couleur brune- noire, ovales, opaques et séparées en deux loges égales par une cloison médiane transversale; leur longueur est de 0"",008 et leur, largeur de 0"",005. Elles sont entourées d'une membrane épaisse et leur contenu est finement granuleux. Les paraphyses sont articulées, ramifiées et anasto- mosées entre elles à angle droit ou trés-ouvert. Les tiges qui portaient cette Sphérie, et qui ont été recueillies au milieu de l'hiver, ne contenaient aucun autre Champignon parasite. Pycnides. — Diplodia Rubi Fr. — D'autres tiges de Rubus discolor également récoltées en hiver étaient couverles de petits points noirs isolés ou diversement groupés et disposés suivant les fibres du bois. Ces points noirs n'étaient autre chose que des périthéciums ; il y en avait de deux sortes que l'on distinguait facilement par une coupe : les uns plus grands, ayant un nucléus noir ; l'intérieur des autres, au contraire, était blanc. Ils n'étaient pas placés indifféremment péle-méle, mais par groupes. Cer- taines faces des tiges pentagones étaient uniquement occupées par des périthéciums à nucléus noir, d'autres ne contenaient que des conceptacles à nucléus blanc. Occupons-nous d'abord des premiers. Ceux-ci ont la méme grandeur, la même forme et la méme disposition que les périthé- ciums ascophores dont nous avons parlé plus haut; seulement ils sont entourés à la base d'un mycélium beaucoup plus développé, composé de filaments d'un brun noir cloisonnés, s'étendant sur la surface de l'écorce au-dessous de l'épiderme, pénétrant dans le bois et méme dans la moelle, où j'en ai observé un grand nombre. Leur nucléus est composé d'une couche de tissu cellulaire trés-fin, dont les cellules les plus internes émet- lent un petit prolongement cylindrique trés-court (baside), hyalin, portant à son extrémité une spore (stylospore), biloculaire, d'un brun noir opaque et tout à fait semblable aux spores endothéques ci-dessus décrites, mais cependant trois fois plus grandes, puisqu'elles sont longues de 0"",026 et larges de 0"",01. D'après cette description, que j'ai cherché à rendre aussi exacte que possible, on reconnait facilement, je crois, un type du genre Diplodia des auteurs, et l'espèce est certainement le D. Rubi Fr. Suivant l'opinion de M. Tulasne, ces périthéciums devraient étre considérés comme des py- cnides contenant des stylospores, mode de fructification secondaire dont les spores endothèques seraient ie type le plus élevé. Spermogonies. — Les périthéciums à nucléus blane déjà signalés plus haut et croissant sur le méme mycélium ont une organisation tout à fait différente. Ils ont un volume plus de moitié moindre que les premiers, quelquefois isolés, mais le plus souvent par groupes de six à neuf, dont un ceutral et les autres disposés en cercle autour de lui. Leur partie supé- rieure est amincie en un col percé d'un pore trés-fin et ressemble à une SÉANCE DU 9 Juis 18706. 925 petite bouteille. Leur nucléus est composé d'un tissu filamenteux blane, transparent, d'une excessive délicatesse, reposant sur une base celluleuse appliquée contre la paroi interne du périthécium. Les dernières ramifica- tions des filaments se lerminent par des pointes très-ténues portant à leurs extrémités de petits corpuscules cylindriques extrêmement minces, droits ou légèrement arqués, sans aucune organisation appréciable méme aux plus forts grossissements, longs de 077,007 et larges seulement de 07,001. I! y en avait une immense quantité, et ils étaient tous agités par le mouve- ment brownien : ee sont des spermaties portées sur leurs stérigmates, et l'on doit, je crois, considérer ce petit Pyrénomycéte, qui croît sur le méme mycélium que le Diplodia Rubi, comme une spermogonie de cette derniere espèce el, par suite, du Spheria diplospora. 22. Sphæria dichætospora, nov. sp. C'est aussi sur des tiges de Rubus de la section des Discolores, que j'ai trouvé cette espèce. Ses périthéciums sont trés-petits, et leur partie supé- rieure, percée d'un pore arrondi, déchire l'épiderme du support et alors devient visible. Le diamètre du pore est de 0"",02. Les thèques n'ont en longueur que 0"",0£ et en largeur que 0"",006. Elles sont elaviformes et contiennent huit spores disposées sur deux rangs, ovales, séparées en deux loges égales par une cloison transversale, au niveau de laquelle elles éprouvent une légère constriction ; elles sont incolores, transparentes, et dans chaque compartiment il existe un granule vert ou sporule qui ne le remplit pas complétement, A chaque extrémité de leur grand diamètre, elles sont pourvues d'un cil excessivement ténu et de la longueur environ de la loge sur laquelle il est implanté. La longueur des spores sans leur cil est de 077,006 et avec leur cil de 07,012 ; leur largeur, de 0"",003. Pycnide. — Ce Pyrénomycéte doit être rapporté au genre Phoma des auteurs (Ph. rubicola nob. in herb.). Je l'ai observé sur les tiges dessé- chées d'un Rubus cæsius, qui en étaient couvertes sans présenter aucune trace de conceptacles ascophores ni de Diplodia. Ses périthéciums sont semblables à eeux de la Sphérie précédente, mais encore plus petits : ils croissent isolément et sont percés d'un pore trés-fin qui donne issue à unc immense quantité de stylospores cylindriques munies à chaque extrémité d'un granule ou sporule. Leur longueur est de 0"7,007 et leur largeur de 0"".002. Elles étaient agitées par le mouvement brownien. La présence des deux sporules et leur largeur plus grande que celle des spermaties m'engagent à les considérer comme des stylospores. Le Sphæria appendiculosa Berk., qui a été trouvé dans notre région par M. l'abbé de Lacroix, a aussi des spores munies d'un appendice à chaque bout; mais elles sont uniloculaires et du double plus grandes que celles du Sph. dichetospora. T. XNIII. (SÉANCES) 15 226 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Cornu fait part à la Société de la perte regrettable que vient de faire la science en la personne de M. Fuckel, connu par divers travaux et publications cryptogamiques et décédé le 8 mai dernier. SÉANCE DU 23 JUIN 1876. PRÉSIDENCE DE M. DUCHARTRE. M. Mer, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la dernière séance, dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la dernière séance, M. le Président proclame membres de la Société : MM. BERNARD, pharmacien, à Montbéliard ; PELLETIER (Horace), avocat à la Cour de Paris, demeurant à Madon, par Blois ; présentés tous deux par MM. Duchartre et Dollfus. Lecture est donnée d’une lettre de M. Sargnon qui remercie la Société de l'avoir admis au nombre de ses membres. Dons faits à la Société : Ed. Morren, Mathias de Lobel, sa vie et ses œuvres., Malbranche, Plantes critiques de la flore de Normandie. Cohn, Bericht über die Thätigkeit der botanischen Section der Schle- sischen Gesellschaft im Jahre 1815. Kny, Botanische Wandtafeln mit Erläuternden. E. Planchon, les Plantes carnivores. E. Planchon et Lichtenstein, le Phylloxera. E. Planchon, les Vignes américaines. M. le Président attire. l'attention des membres présents sur les cartes murales d'anatomie végétale que M. Kny a. publiées, et dont il vient d'adresser à la Société quelques spécimens. M. Prillieux fait à la Société la communication suivante : ÉTUDE SUR LA FORMATION ET LE DÉVELOPPEMENT DE QUELQUES GALLES, par M. Ed. PRILLIEUX. Les galles qui naissent sur les plantes à la suite des piqures des insectes ont élé depuis longtemps l'objet d'excellents travaux. Elles ont été étudiées = SÉANCE DU 23 JUIN 1876. 97 19 par Malpighi (1), par Réaumur (2), et à une époque plus récente, par M. Lacaze Duthiers (3), qui, abordant à l'aide des puissants moyens d'in- vesligation dont nous disposons l'observation de ces productions, en a fait l'anatomie comparée, a décrit les éléments histologiques qui les com- posent et a montré les curieuses relations qui existent entre l'organisation des galles et les conditions de la vie du petit parasite qu'elles abritent et nourrissent. Il est toutefois un côté plus particulièrement botanique de l'histoire des galles qui n'a pas, à ma connaissance, été traité jusqu'ici : c'est la forma- tion méme de ces productions, ce sont les relations d'origine qui existeut entre les tissus de la galle et ceux de l'organe normal sur lequel ou, plus exactement, dans lequel elle s'est développée. J'ai, durant le printemps de cette année, suivile développement de trois sorles de galles communes sur les feuilles de chéne aux environs de Paris. Cette étude, portant sur des types différents d'organisation, permet de reconnaitre la loi générale suivant laquelle le tissu morbide émane du tissu normal. La première galle dont j'ai suivi la formation est petite, herbacée et lentieulaire. Elle forme un petit renflement de la feuille d'environ 3 mil- limétres de diamètre, qui fait à peu prés également saillie sur la face inférieure et sur la face supérieure, et qui est marqué de stries blanches, rayonnant autour d'un point central. saillant. Quand on étudie le développement de cette petite galle, on voit que sous l'influence irritante de la blessure, l'activité formatrice de tous les éléments cellulaires de la feuille est surexcitée ; qu'ils s'hypertrophient et se multi- plient, tantót en conservant les principaux traits du tissu originel, tantôt en se développant sous des formes différentes et nouvelles. Dans les cellules épidermiques, il se forme, au voisinage de la piqüre, des cloisons parallèles à la surface aussi bien que perpendiculaires et par- fois obliques, de telle facon qu'au lieu d'une couche unique, on trouve deux ou trois assises d'origine épidermique. La couche en palissade est aussi le siége d'un travail organique ana- logue; les cellules allongées se cloisonnent transversalement et se chan- gent en files de cellules courtes et isodiamétriques. Mais c'est surtout dans la couche médiane que l'hypertrophie et la pro- lifération des cellules atteignent leur maximum. Elles se cloisonnent dans des sens divers, mais surtout obliquement, et suivant un rayon partant de la cavité ou a été placé l'œuf et où vit la larve. (1) Marcelti Malpighii Opera omnid, t. 1, p. 17, de Gallis. Londini, 1686. (2) Réaumur, Mémoire pour. servir à l'histoire des Insectes, E Ill, xi^. Mémoire des galles, des plantes et des arbres. Paris, 1737. (3) Lacaze Duthiers, Recherches pour servir à l'histoire des galles (Ann. sc. nal., 3 série, 1853. t. XIX. 298 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Les jeunes cellules ainsi produites ont tous les caractères des éléments des tissus en voie de formation ; elles constituent une sorte de parenchyme primordial morbide, assez làche, dans lequel les couches profondes seules se différencient nettement et prennent un caractère spécial. Elles se ren- flent, deviennentovoides ou globuleuses, et se remplissent d'une substance très-finement granuleuse, opaque, qui présente les réactions ordinaires des matières albuminoides et au milieu de laquelle on distingue dans chaque cellule un trés-gros noyau muni de nucléole. Ce tissu, qui se forme exclusivement au voisinage immédiat de la cavité où est l'insecte, se retrouve, à ma connaissance, dans une semblable situation dans toutes les galles. Il sert à la nourriture de l'insecte parasite. Dans les galles que Réaumur a désignées sous le nom de galles en gro- seilles, j'ai constaté un mode tout analogue de formation des tissus mor- bides qui constituent la tumeur globuleuse ; seulement, la multiplication des cellules s'y produit avec une intensité bien plus grande que dans la petite galle lenticulaire herbacée. Le cloisonnement et l'hypertrophie des cellules épidermiques y sont si grands, que la couche émanée de l'épiderine peut atteindre trente fois celle de l'assise primitive. Les autres couches de la feuille se multiplient au moins dans la méme proportion. Il se forme également un tissu homogène trés-volumineux, composé de cellules à parois minces remplies de plasma transparent et contenant de gros noyaux. Vers l'intérieur de la galle une assise de ce tissu se différencie en se remplissant de plasma finement gra- nuleux et prend le caractère de couche alimentaire : à la partie moyenne s'organisent des cordons vasculaires dont les éléments sont assez sem- blables aux vaisseaux normaux, bien que les cellules vasculaires se ren- flent davantage et soient notablement hypertrophiées. Dans certaines galles en groseilles dures, autour de la zone alimentaire se différencie une couche plus ou moins épaisse de cellules à parois dur- cies et ponctuces, semblables à celles que M. Lacaze Duthiers a signalées dans un grand nombre d'autres galles dont elle forment ce qu'il nomme la couche protectrice. Ces cellules, bien que lignifiées et épaissies déjà, présentent encore souvent à leur intérieur des noyaux trés-apparents. L'étude du développement de la galle en groseille, qui est une galle externe, montre en somme la plus grande analogie avec celui de la galle lentieulaire herbacée, qui est une galle interne, et. prouve par conséquent qu'il n'y a pas de différence fondamentale entre ces deux catégories de galles. La troisième galle dont j'ai étudié la formation n'avait été observée jus- quici qu'à l'état de complet développement. Réaumur lavait signalée comme offrant une “structure tout à fait exceptionnelle. Elle nait sur le bord des nervures des feuilles de Chêne et forme une sorte d'ampoule SÉANCE DU 93 JUIN 1876. 299 assez irrégulière qui fait à peu près également saillie sur les deux faces. Elle est creuse; à son intérieur est une grande loge dans laquelle on trouve un petit corps dur en forme de haricoi court et. renflé, qui est entièrement libre dans la cavité et dans l'intérieur duquel est niché un insecte. Réaumur pensait que Cest « une coque que le ver se fabrique de fibres qu'il a détachées de la surface intérieure de la galle ». Quand on suit le développement de cette galle dés son origine, on voit qu'elle est d'abord tout à fait identique à la petite galle lentieulaire. nais- sante ; mais la différenciation des tissus morbides y est. bien plus grande et les diverses assises qui se caractérisent ont une croissance inégale. La couche alimentaire à plasma granuleux et opaque s'entoure d'une couche protectrice à cellules très-épaissies percées de nombreuses ponctuations, puis le long de cette paroi résistante se dépose en abondance de la féeule. A l'extérieur de celte sorte de noyau qui ne grandit plus, le tissu de la galle continue à croitre énergiquement et, par suite de l'inégalité du déve- loppement des parties profondes et superficielles, il se fait entre elles une lacune : le tissu se déchire au bord de la coque dure qui contient la réserve alimentaire, et l'insecte et les débris des cellules de la couche moyenne sont emportés au loin par le développement excessif du tissu externe. Dans cette partie externe encore en croissance active une nouvelle assise se différencie : c'est une couche de cellules dures et ponctuées qui limite vers le cóté intérieur la grande cavité de la galle. En outre, en un point de la paroi on peut encore distinguer la place de la piqûre de l'insecte. La blessure a été comblée par un tissu particulier formé de cellules irrégulières à parois épaissies identiques au tissu eicatri- ciel qui comble d'ordinaire les blessures faites aux plantes. Dans la galle herbacée lenticulaire parvenue à son entier développement, on peut de méme reconnaitre un semblable mamelon de tissu cicatriciel, qui marque le point où l'insecte a piqué la feuille pour y déposer son œuf. Si l'on ouvre la eoque intérieure à différents moments du développement de l'insecte, on voit que Ia fécule déposée le long de la. paroi de la coque disparait à mesure que la larve ronge la partie interne composée de cel- lules gonflées par le plasma granuleux. La fécule ne se trouve pas à la portée de la larve, elle n'est pas consommée directement par elle, mais elle se transforme en matiére grasse, dont on voit de nombreuses gout- lelettes apparaitre dans le plasma à mesure que ha fécule se résorbe, On peut, de l'étude de ces quelques cas particuliers, tirer des données générales sur le mode de production. des tissus morbides des galles aux dépens du tissu normal de la plante. Au point où le végétal est blessé par l'insecte qui y dépose son œuf, il se manifeste une surexcitation formatrice considérable. Les cellules voi- sines de la blessure grandissent et se multiplient par cloisonnement. 230 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Dans certains cas ou peut assez nettement distinguer dans le travail organique qui se manifeste à la suite de la piqüre les effets différents des deux ordres distincts d'action de cette piqüre, la lésion mécanique et lir- ritation spécifique qui produit une tumeur différente selon la nature de l'insecte. Les suites de la lésion mécanique sont identiques à celles que causerait la piqûre d'un instrument tranchant quelconque : il se forme une petite quantité d'un tissu particulier, identique à celui qui se produit sur les plaies des organes végétaux où la vie est active. Ce tissu cicatriciel, formé par le cloisonnement des cellules voisines de la blessure, ferme la plaie; son développement est trés-limité. Il n'en est pas de méme pour l'irritation spécifique qui accompagne le dépôt de l'eeuf et que cause probablement une sorte de venin que l'insecte verse dans la plaie. Sous son action, l'hypertrophie et le cloisonnement répété des cellules enlèvent au tissu normal sa consistance et sa structure. Les cellules, qui étaient parvenues à la forme particulière qui devait nor- malement étre définitive pour elles, se transforment en se divisant en un tissu homogène à cellules isodiamétriques n'ayant d'autres caractères que ceux que présentent les tissus naissants et en voie de multiplication et d'accroissement trés-intense : elles sont remplies de protoplasma et mon- trent des noyaux qui se multiplient rapidement. Telle est là première phase de l'action spécifique de la piqüre : c'est la formation, aux dépens du tissu normal de la plante, d'un tissu primordial morbide qui entoure l'œuf du parasite. Puis ce parenchyme se différencie de façon spéciale, donnant naissance à des couches celluleuses caractérisées d'une façon particulière et sans analogies avec les tissifs que l'on observe dans la plante normale. La diffé- renciation des tissus se prononce à des degrés divers dans les diverses galles : plus elle est eompléte, plusla différence est tranchée entre les tissus normaux. Au voisinage immédiat de l'œuf se forme une couche remarquable par sa composition et qui offre un aspect fort différent de celui des autres tissus. Elle est formée de cellules à parois minces, à peu prés sphériques, munies de noyaux trés-gros et que remplit une substance finement granu- leuse, opaque et de nature azotée. Elle sert à l'alimentation de la larve. Dans cette couche se dépose en outre très-souvent de l'amidon, mais seu- lement dans les parties extérieures. Cet amidon n'est pas directement rongé par linseete; il se résorbe avant que la dent de la larve puisse l'atteindre et est remplacé par des gouttes de matière grasse qui apparais- sent au milieu du plasma granuleux. A l'extérieur de cet amas de matière alimentaire s'organisent des cou- ches de consistance et de structure diverses. Elles ont été, à l’état de déve- SÉANCE DU 253 JUIN 18706. 2:4 loppement complet, très-bien étudiées comparativement par M. Lacaze Duthiers (1). Selon le degré de multiplieation de croissance et d'expansion des diverses couches qui forment les galles, elles paraissent placées sur la surface extérieure du végétal ou demeurent engagées à l'intérieur de ses tissus. Qu'elles soient ainsi externes ou internes, elles ne sont pas essentiellement différentes, elles ont une semblable origine et se développent d'une facon tout à fait analogue. M. Mer fait à la Société la communication suivante : DE LA CONSTITUTION ET DES FONCTIONS DES FEUILLES HIVERNALES, par M. E. MER. Dans un précédent mémoire, j'ai décrit les altérations profondes que l'abaissement de température et la diminution de lumière déterminent à l'automne dans les feuilles caduques. Il était naturel de penser que les feuilles hivernales, bien que continuant à végéter, doivent. cependant étre plus ou moins atteintes dans leur constitution et leurs fonctions par la prolongation de conditions extérieures aussi défavorables, C'est. l'examen de ces modifications qui fait l'objet de ce travail. I Les plantes sur lesquelles ont porté mes recherches sont les suivantes : Hedera Helix, Buxus sempervirens, Eronymus japonicus, Quercus Ker- mes, Rhododendron, Sequoia sempervirens, Taxus baccata, Abies Pinsapo et excelsa, Cryptomeria japonica. Suivant M. Kraus, les feuilles hivernales deviennent généralement brunâtres en hiver. A l'exception de celles du Q. Kermes, dont la teinte verte est, dans cette saison, manifestement nuan- cée de brun, et de celles de H. Helix qui rougissent quelquefois, toutes les autres ne m'ont pas paru présenter, à simple vue, de modification de cou- leur appréciable, analogue à celle que l’on constate souvent en automne sur les feuilles V Alnus glutinosa et de V. Myrtillus, et cependant l'hiver de 1875-76, pendant lequel je les ai surtout examinées, a été relativement rigoureux à Paris. Cette différence est due probablement à ce que la saison hivernale étant plus rude encore à Erlangen, les altérations des feuilles doivent y être plus profondes. Mais si l'on examine de minces sections au Microscope, on remarque que la ehlorophylle est d'un vert plus jaune qu'en été. Les grains en sont plus petits, plus vaguement délimités et souvent détachés des parois cellulaires. On en rencontre moins dans les cellules hypodermiques, et principalement dans celles de la face supérieure, Ainsi (1) Op. cit. 239 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. la troisième rangée de la couche palissadiforme en contient plus que la seconde et surtout que la première, où on les voit souvent entassés au fond des cellules. Hs sont mélangés à de la ehlorophylle amorphe qui parfois existe seule. On trouve souvent Interposés entre eux des globules sphériques, réfringents, tantôt incolores, tautót ambrés ou verdis par la substance daus laquelle ils sont immergés. De plus, dans quelques cellules, on remarque mélangée à la matière verte une substance bru- nàtre, mais trop peu répandue pour être visible à l'extérieur. Ces diverses modifications sont plus accentuées aprés quelques jours de gelée. L'emploi des réactifs peut seul fournir des connaissances plus appro- fondies sur le contenu cellulaire des feuilles hivernales, Ainsi, la matière brune dont je viens de parler apparait avec plus de netteté, quand on a enlevé la ehlorophylle par laleool ou léther. Elle est principalement répandue dans les cellules de la face supérieure (Thuia, A. Pinsapo, S. sempervirens, Cr. japonica). Dans les Rhododendron, je Vai rencontrée en outre dans l'épiderme. Ailleurs, c'est dans le parenchyme lacuneux qu'elle existe surtout (Er. japonicus, T. baccata). Enfin le Lierre et le Buis n'en renferment pas. Elle semble identique, par ses caractères mi- crochimiques, à la matière brune dont j'ai signalé la présence chez quel- ques feuilles en automne. Elle est insoluble dans l'alcool, l'éther, la. gly- cérine, mais assez soluble généralement dans la potasse caustique; elle pàlit par l'acide acétique, avec lequel elle forme probablement quelque combinaison, ear elle se ravive ensuite par les alcalis. Elle disparait par le retour de la chaleur, ainsi que l'a constaté M. Kraus. Cependant il en subsiste encore des traces en été (T. baccata, E. japonicus). Les jeu- nes feuilles de cette dernière plante, qui apparaissent au printemps, en contiennent. provisoirement, méme quand elles se développent à l'obscu- rité. Mais, en général, les feuilles n'en renferment pas avant d'avoir tra- versé l'hiver. J'ai dit plus haut que dans une section de feuille hivernale on aperçoit des globules sphériques, réfringents. Pour les bien distinguer et étudier leurs réactions, il convient de les débarrasser de la matière verte dans la- quelle ils sont immergés. Je me sers pour cela de la méthode suivante : Je plonge la section dans de l'acide acétique eristallisable, jusqu'à ce qu'elle soit entièrement décolorée, puis, aprés l'avoir lavée, je la fais séjourner pendant quelques minutes dans la potasse caustique. La chlorophylle est par ce moyen détruite, et les grains amylaeés, s'il y en a, sont gonflés et rendus presque invisibles. Les globules, ainsi isolés, apparaissent inco- lores. On constate qu'ils se dissolvent dans l'alcool, l'éther, la benzine (1), qu'ils noircissent par l'acide osmique et ne se colorent ni par la teinture (1) Après qu'on a retiré la préparation de ce dernier réactif, il convient de l'examiner dans l'acide acétique, qui dissout tout de suite les globules de benzine encore adhérents. SÉANCE DU 23 JUIN 1876. 233 d'iode, ni par le carmin ammoniacal (1). Ces réactions montrent qu'ils sont de nature oléagineuse, et analogues à ceux qu'on observe dans les feuilles jaunissantes. On ne doit pas trop prolonger l'action. de l'acide acétique, car ils finiraient par s'y dissoudre. Si au contraire le traitement par ce réactif n'a pas été suffisant, ils conservent à leur surface une légère teinte verte on ambrée, tandis que le reste dela cellule est décoloré. On a ainsi un moyen rapide de les apercevoir. Il est alors plus sür de se servir d'acide acétique affaibli (2). Les globules oléagineux existent surtout dits les cellules palissadiformes et, en général, partout où la chlorophylle est abondante. Ils sont très- volumineux dans les Coniféres, mais chaque cellule n'en contient en revanche qu'un petit nombre, et leur forme n'y est pas toujours sphérique. Ils se retrouvent méme en été dans les feuilles qui ont traversé l'hiver, mais plus petits et moins nombreux (Cr. japonica, Seq. sempervirens, T. baccata, A. excelsa). Ces globules, qui semblent être, comme la matière brune, des produits de dégradation du plasma cellulaire dus à l'abais- sement de température, ne peuvent donc pas plus qu'elle disparaitre com- plétement par le retour de la chaleur. Quelquefois on en trouve dans les aiguilles de l'année, mais ils sont alors plus petits. Les feuilles de FE. japonicus renferment en hiver des globules qui paraissent d'abord analogues à ceux dont il vient d’être question, mais qui en différent par leurs réactions microchimiques. Ainsi ils sont insc- lubles dans l'alcool, l'éther et la benzine, méme aprés qu'on les a traités par l'acide acétique et la potasse. L’acide osmique les noireit cependant. De forme généralement sphérique, ils affectent des dimensions variables et présentent parfois un double contour. Iis sont incolores ou légèrement verdis par la chloropüylle qui les recouvre, et ne semblent absorber ni (1) En faisant macérer des coupes de ces feuilles dans l'alcool, l'éther ou la beuziue, sans les avoir auparavant traitées par l'acide acétique et la potasse, on n'arrive que très- difficilement à dissoudre les globules qu'elles renferment, probablement parce que le plasma coagulé les soustrait à l'action des réactifs. (2) L'acide acétique eristallisable est un excellent réactif pour étudier le contenu eellu- laire des feuilles. Je n'en connais pas qui dissolve aussi rapidement la matière verte qu'il à commencé par jaunir. Il désagrége le grain de chlorophylle, en étalant d'abord sur place, puis dans toute la cellule, les corpuscules qu'il contenait : eristaux, granules azotés, amylacés et oléagineux. Il permet de les bien voir, probablement en clarifiant le plasma cellulaire. Son emploi rend de grands services, quand la cellule contient la matière brune dont il a été question ; il en affaiblit sensiblement la teinte et permet d'étudier les sub- stances qu'elle masquait. Grâce à son emploi, quelques minutes suffisent pour mettre en évi- denee l'amidon des grains chlorophylliens. Pour cela, on doit faire suivre son action de celle de la potasse caustique. On lave ensuite dans l'acide acétique pour éclaireir, neutraliser et faire disparaitre les cristaux, surtout ceux qu'agglomere une gingue organisée. Ces derniers troublent les préparations et ne se dissolsent dans les acides qu'après avoir été traités par les alcalis. Enfin on examine dans la solution d'iode. ll est nécessaire d'at- tendre que la matière verte ait entièrement disparu : s'il en restait des traces, la potasse en aviverait la teinte et la répandrait mème sur toute la préparation. H serait alors assez difficile de s'en débarrasser, car si ce réactif jaunit assez rapidement la chlorophylle, il ne la décolore complétement qu'au bout d'un temps assez long. 234 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Piode, ni le carmin aminoniacal. J'ignore complétement quelle peut être leur nature. Is sont abondants dans les cetlules palissadiformes, rares au contraire dans celles du pareuchyme lacuneux. On les rencontre encore, pendant l'été, dans les feuilles de l'année précédente, mais non dans celles qui se sont développées au printemps. Enfin, les feuilles de Lierre ne contiennent aucun globule analogue à ceux dont je viens de parler. Les stomates des feuilles persistantes ne renferment généralement ni chlorophylle, ni amidon en hiver. On y trouve de gros globules oléagi- neux, incolores (Buxus, Hedera, Mahonia); les cellules épidermiques en renferment aussi, mais de moindres dimensions. Ces globules, ren- contrant également dans les nouvelles feuilles, ne sauraient être consi- dérés comme dus à l'abaissement de la température. Il n'y a donc pas lieu de s'en occuper ici plus longtemps. En résumé, on voit que la dégradation de la chlorophylle qui, dans les feuilles caduques, se poursuit jusqu'à entrainer leur dépérissement, ne dépasse pas une certaine limite dans les feuilles hivernales. Cette substance abandonne généralement la place qu'elle occupe ordinairement dans les cel- lules douées d'une active végétation, sa forme granuleuse s'altére plus ou moins, des globules oléagineux apparaissent dans sa masse; mais toutes ces modifications sont provisoires et ne vont pas jusqu'à arréter compléte- ment son fonctionnement. Cette différence dans l'intensité de la dégrada- tion semble étre principalement due, ainsi que je l'ai déjà dit, à l'épais- seur des feuilles hivernales, à la solidité de leurs parois cellulaires, au développement considérable de leur cuticule. Gràce à ces conditions, elles se trouvent protégées contre un refroidissement excessif et une trop grande évaporation, d'autant plus dangereuse à une époque où l’activité des tissus est trés-ralentie. Cette opinion est confirmée par ce fait sur lequel jai déjà appelé l'attention, que certains végétaux, tels que le Mahonia e le Ligustrum californicum, semblent établir un passage entre les plantes à feuilles caduques et celles à feuilles persistantes ; car si certaines d'entre elles tombent à l'automne, d'autres au contraire continuent à végéter, jusque dans le courant. de l'été suivant, uniquement parce qu'elles se trou- vent mieux garanties, soit contre l'évaporation, soit contre les influences extérieures. Les feuilles de quelques plantes rougissent pendant l'hiver, surtout s'il est rigoureux. Il en est ainsi de celles de Lierre et de Mahonia (1). Mais de méme qu'en automne, ce phénoméne ne se produit que dans de certaines condi- (1) M. Kraus range les Vaccinium dans le groupe des végétaux dont les feuilles rou- gissent en hiver, sans citer les espèces auxquelles il fait allusion, Or le V. Vitis-idæa es le seul qui conserve ses feuilles pendant cette saison et elles demeurent vertes. Celles des V. Myrlillus et uliginosum rougissent ou brunissent, mais elles tombent toutes en automne. Les premières seules sont donc persistantes. C'est pour éviter cette confusion, SÉANCE DU 93 jurs 1876. 235 tions. Ce sont toujours les feuilles les moins abritées qui se colorent les pre- mières. Ainsi celles qui sont situées au sommet d'un. Mahonia rougissent plus tôt que celles de la partie moyenne et surtout de la base. Ces dernières méme restent généralement vertes (1). Hl en est encore ainsi des pieds isolés, comparativement à ceux qui sont groupés en massif ou qui se trouvent sous le couvert d'autres arbres. Dans les feuilles de Lierre, la rubéfaction, le plus souvent peu intense, ne se produit que par taches, et épargne une certaine zone de parenehyme autour des nervures, Elle est plus vive dans celles de Mahonia, dont elle finit par envahir tout le limbe, après avoir d'abord apparu au sommet. C'est généralement la première rangée de cel- lules palissadiformes qui se colore, et parfois quelques cellules hypoder- miques de la face inférieure : mais cette derniére ne rougit sensiblement que si, par une circonstance quelconque, la feuille vient à être retournée, La couleur disparait entiérement des feuilles de Lierre au printemps; cependant si l'hiver a été rude, on voit les limbes se dessécher, soit en totalité, soit en partie. Mais le dépérissement des feuilles de Mahonia, dans le courant de Phiver, succède toujours à l'apparition de la matière colorante. L'extrémité du limbe se flétrit quand la base est encore rouge. Je n'ai jamais vu les feuilles de cette plante reverdir au printemps et con- tinuer à végéter. L'opinion de M. Kraus, d’après laquelle la couleur rouge disparait sous l'influence de la chaleur, n'est donc applicable qu'aux feuilles dans lesquelles cette couleur est encore peu développée. IT Parmi toutes les fonctions des feuilles hivernales, j'ai étudié prineipa- lement celle qui a pour résultat la production de la matière amylacée, parce qu'elle me semble fournir le eriterium le plus propre à donner une idée exacte de l'état végétatif. de ces organes. C'est d'elle uniquement qu'il va étre question. L'amidon disparait généralement de ces feuilles vers la fin d'octobre, pour n'y reparaitre que dans le courant de mars. Cependant elles peuvent en renfermer par intervalles, quand la température s'adoucit, ce qui est surtout frappant dans PE. japonicus, où la matière amylacée se montre qui règne du reste aussi dans d'autres ouvrages allemands, que j'ai eu soin de distinguer les feuilles caduques ou automnales des feuilles persistantes où hivernales, et. que jai tenu à décrire séparément les altérations dont elles sont le siége: car, bien que ces alté- rations soient dues de part et d'autres à des causes de même ordre, les. conséquences qu'elles entrainent sont si différentes, que cette distinction est bien justifiée. (1) I ne faut pas perdre de vue que Feau parvient d'autant motus facilement aux feuilles qu'elles sont plus éloignées des racines, Or une certaine dessiecation favorise le développement de la couleur rouge et. précipite la dégradation de la chlorophylle. Dans les étés sees et chauds, les feuilles du Cissus quinquefolia commencent souvent a rougir dès le mois d'août, et, méme avant cette époque, on voit beaucoup de feuilles jaunir sur les arbres isolés, surtout quand ils sont exposés au sud ou à l'ouest. 236 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. définitivement à partir du mois de février. Aussi les jeunes rameaux de cette plante sont-ils trés-précoces. De ce que l'amidon est invisible pen- dant prés de cinq mois dans les feuilles hivernales, on aurait tort de con- clure qu'il ne s'y produit pas; ear peut-être est-il formé seulement en trop faible quantité pour s'accumuler dans les limbes (1). Afin de vérifier l'exactitude de cette hypothèse et en envisageant la question à un point de vue plus général, afin de voir si les feuilles ont besoin de créer de l'amidon en hiver, ou peuvent vivre uniquement à l'aide des substances que leur fournit la tige, j'ai entrepris sur des Lierres les expériences suivantes : A la fin de décembre, cinq feuilles furent enveloppées d'étoffe noire, tant sur un pied placé au dehors (lot A) que sur un autre maintenu dans une chambre chauffée (lot B). La méme opération fut faite sur des feuilles détachées dont les pétioles plongeaient en partie dans de l'eau nutritive. Les unes restèrent à l'extérieur, sauf pendant les jours de gelée, où je les rentrai, afin que la glace n'endommageát par leurs pétioles (lot C) ; les autres furent mises sous cloche dans une chambre chauffée (lot D). Enfin des feuilles détachées et dont les pétioles étaient immergés furent placées, les limbes à découvert, à côté des lots A et C (lot E^. Il en fut de méme d'autres feuilles qui avaient pu s'enraciner, parce qu'elles étaient coupées depuis plusieurs mois (lot F). Au commencement d'avril, les feuilles du lot A, à l'exception d'une seule qui jaunissait, étaient encore vertes et renfermaient de la glycose. L'amidon y apparut aprés six jours d'exposition à la lumière. A la même époque, trois feuilles du lot B avaient jauni et commençaient à se dessé- cher : les deux autres étaient encore vertes, mais ne contenaient plus de glycose. L'air sec de la chambre avait-il provoqué en elles une transpira- tion trop abondante ? La température assez élevée qui y régnait activa-t-elle la consommation des matières nutritives qu’elles contenaient? Le déve- loppement précoce des feuilles nouvelles les épuisa-t-il? Il est probable que le concours de ces diverses causes précipita leur dépérissement. Les feuilles du lot C moururent teutes, au bout de six semaines, aprés s'étre desséchées sans jaunir. Elles furent remplacées par d'autres, qui subirent à leur tour le méme sort. Deux des feuilles du lot D jaunirent dans le courant de mars, mais les deux autres étaient encore vertes à la fin. d'avril. Dans l'une, je recherchai et trouvai de la glycose; l'autre. fut exposée à la lu- miére, mais l'amidon n'y apparut que douze jours plus tard. J'attribue la persistance des feuilles du lot D à ce qu'elles se trouvaient dans un alr humide, circonstance qui, ainsi que je l'ai fait remarquer ailleurs, pro- longe sensiblement la longévité des feuilles végétant à l'obscurité. Les feuilles du lot E vécurent pendant tout l'hiver, mais sans que j'aie pu y découvrir de l'amidon. Ce ne fut qu'au mois d'avril que ee corps y appa- (1) M. Boussingault nous a appris, en effet, que l'assimilation persiste, trés-ralentie, il est vrai, quand la lumiere est faible et la température voisine de 0°. SÉANCE DU 23 JUIN 1870. 237 rut. Dans le courant de l'été, le bas de leurs pétioles se garnit de racines et elles purent être transplantées. La matière amylacée se montra constam- ment, en proportions variables suivant la température, dans les feuilles du lot F. S'il n'en fut pas de méme de celles du lot E, cela tient probable- ment à ce que l'eau. ne leur parvenait pas suffisamment, parce qu'elles élaient détachées de la tige depuis trop peu de temps. J'ai montré que, dans ce eas, une feuille éprouve toujours une certaine souffrance qui retentit plus ou moins longtemps sur sa faculté assimilatrice. L'examen comparatif de ces diverses expériences conduit aux résultats suivants : 1° Si, pendant l'hiver, des feuilles de Lierre peuvent vivre à l'extérieur, uniquement aux dépens de la tige, sansavoir besoin de fonctionner (lot A), elles sont néanmoins capables de se suffire à elles-mêmes (lot E) et meu- rent rapidement si elles sont privées à la fois de la lumiere et de l'alimen- tation qu'elles puisent daus les tissus de réserve. 2° Elles créent incontestablement de la matière amylacée (lot F), et si on ne l'y rencontre pas dans les conditions normales, c'est qu'elle est entrainée dans les tissus de réserve à mesure qu'elle se produit. D'autres expériences ont prouvé que l'écoulement de l'amidon est bien entravé pendant l'hiver, mais celles-ci montrent que la formation en est encore plus ralentie. Lorsque cette migration est rendue impossible, ainsi que cela a lieu dans les feuilles détachées, on le voit apparaitre dans les limbes. Dien que les feuilles composant le lot E n'aient jamais contenu d'ami- don, pendant toute la durée de l'expérience, j'en ai cependant rencontré plusieurs fois dans le voisinage des faisceaux de leurs pétioles. Hs y étaient enveloppés d'une couche verte qui non-seulement était plus visible que dans le pareuchyme cortical, ce qui a également lieu en toute autre saison, mais qui semblait même plus épaisse qu'en été. Pour faire comprendre la raison de cette différence, j'ai besoin d'entrer dans quelques détails. J'ai dit ailleurs que l'amidon, en parcourant les tissus conducteurs, s'accuimule de préférence dans la chlorophylle qu'il rencontre. Celui que renferment les grains verts situés autour des faisceaux des pétioles et des tiges pro- vient donc généralement d'une autre source. C'est ce que démontrent les expériences dans lesquelles on entoure d’étoffe noire des pétioles, de Lierre par exemple. Au bout de plusieurs mois, les grains chlorophylliens de l'écorce, qui généralement ne contiennent pas d'amidon, ont en partie disparu faute de nourriture, puisqu'ils ne pouvaient plus fonctionner, mais ceux qui se trouvent dans le voisinage des faisceaux sont demeurés aussi verts qu'à l'état normal et aussi riches en matière amylacce. Celle-ci n'ayant pu être formée par eux sans le concours de la lumiere, sa présence ne peut s'expliquer que par une migration incessante, suivie d'une accu- mulation graduelle dans leur masse. Cependant, quand elle se trouve en trop grande abondance, elle se dépose en outre, dans leur intervalle, sous 938 - SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. forme de granules incolores. Lorsque les grains ehlorophylliens sont ainsi gonflés d'amidon, leur enveloppe colorée se dilate, devient plus mince et plus transparente. Voilà pourquoi, dans les tissus conducteurs, ils sont plus volumineux et plus pâles en été qu'en hiver (1). Mais leur amidon se résorbe-t-il par un séjour suffisant à l'obscurité, ils deviennent plus petits et plus colorés, parce que leur enveloppe, n'étant pas dilatée, revient sur elle-méme et reprend plus d'épaisseur. Transporte-t-on la plante à la lumière, l'amidon reparait dans les grains chlorophylliens qui se gonflent de nouveau en pàlissant. Parfois même, ils sont si distendus par la substance amylacée s’accumulant inégalement dans leur intérieur, qu'ilsse divisent en plusieurs lobes contenant chacun un gros grain d'amidon recouvert d'une couche légèrement verte, laquelle peut faire défaut sur la plus grande partie de sa surface. Ces lobes se séparent quelquefois : mais on les reconnait à l'aplatissement de leurs anciennes faces de contact, qui persiste encore pendant quelque temps. C'est ainsi que les grains clilorophylliens peuvent augmenter de nombre d'une manière toute passive (2). Les observations précédentes ont été principalement faites sur le parenchyme lacuneux des frondes de Lemna et des feuilles d Hydrocharis ; mais beaucoup d'autres plantes aquatiques peuvent être étudiées dans ce but. En les transportant à l'obscurité, j'ai vu, au bout de quelques jours, les grains chlorophylliens diminuer et revêtir une teinte plus vive pour redevenir plus volumineux, plus nombreux et plus pâles sous l'influence du jour. Les faits précédents montrent qu'une feuille possède deux sortes de tissus dont les rôles physiologiques sont différents : Pun essentiellement assimilateur, constitué par le parenchyme en palissade, et généralement aussi la première rangée de cellules hypodermiques de la face inférieure l'autre plus spécialement destiné à emmagasiner l'amidon créé par le pre- mier: c'est le parenchyme lacuneux, auquel on devrait réserver le nom de mésophylle, que la plupart des auteurs appliquent à tout le tissu. compris entre les deux épidermes. Si l'on ne voit généralement pas d'amidon dans les feuilles pendant l'hiver, la glyeose m'a paru cependant y être permanente. J'en ai trouvé en effet en quantité sensible, méme aprés huit jours de gelée continue, dans les feuilles des plantes suivantes : E. japonicus, Buxus semperti- rens, Rhododendron (3). (1) C'est pour la méme raison que la chlorophylle amorphe qu'on rencontre dans les rayons médullaires, et surtout dans les petites cellules situées à la périphérie de la moelle des jeunes tiges de l'année, est plus visible en hiver. Pendant cette saison, où elle est généralement dépourvue d'amidon, car ce corps s'aceumule surtout dans le bois plus âgé, elle apparait plus condensée et plus verte. (2) Dans la communication que j'ai faite à la Société, le 23 août 1875 (tome XXII, p. 162), j'ai signalé ces faits, mais en les interprétant mal. Depuis cette époque, je les ai étudiés de nouveau avec beaucoup de soin et l'explication que j'en donne est, je le pense, exacte cette fois. (3) M. Haberland vient de présenter à l'Université de Vienne un mémoire sur les cou- SÉANCE DU 14 JUILLET 1876. 9:0 SÉANCE DU 14 JUILLET 18706. PRÉSIDENCE DE M. DUCHARTRE. M. Mer, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la derniére séance, dont la rédaction est adoptée. M. le Président fait connaitre une nouvelle présentation. Sur l'invitation de M. le Président et à la demande des membres de Paris qui n'ont pu se rendre à Lyon, M. de Seynes donne des détails intéressants sur la session extraordinaire qui s'est ouverte dans cette ville, le 19 juin dernier. M. le Président fait part à la Société de la regrettable perte que viennent de faire l'horticulture et la botanique, en la personne de M. Louis Van Houtte, décédé récemment à Gand. ll annonce en méme temps qu'on vient d'ouvrir une souscription publique dans le but de lui élever un monument funèbre. Dons faits & la Société : T. Caruel, L'Erborista toscana. Weddell, Excursion lichénologique dans l'ile € Yeu. Ed. Bornet, Notice biographique sur G.-A. Thuret. Méhu, Saint-Lager et Cuzin, Herborisations dans les montagnes t Hau- teville, du Colombier, du Bugey et du Pilat. Licopoli, Sul frutto del Melarancio et del Limone. — — Sul frutto dell Uva, etc. G. Hentzel, Sur la morphologie des Coniféres. Après quelques explications données par M. Roze sur la manière dont s'organisent les sessions ou expositions mycologiques en Angle- terre, en Écosse et en Belgique, M. de Seynes fait connaitre à la Société les principales dispositions du programme qui a été préparé par la Commission chargée de l'organisation de la prochaine session mycologique. Cette Commission propose d'ouvrir la session à Paris, le 23 octobre prochain. La Société accepte cette proposition, ainsi que les dispositions du Programme dont il vient de lui être donné connaissance, leurs des feuilles hivernales, Je n'en ai lu que Je compte rendu tresesommaire qu'en a publié la Bolanische Zeitung, le mémoire in evtenso ébantencore sous presse. J'aurai du reste l’occasion d'en parler, lors de la communication que Jai annoncée sur les causes de la coloration automnale des feuilles. 940 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Rouy fait à la Société la communication suivante : NOTE SUR QUELQUES LOCALITÉS FRANÇAISES NOUVELLES DE PLANTES RARES OU PEU COMMUNES (1), par M. ROU%. Barbarea intermedia Boreau. — Corlon, près Saint-Lager sur Deuvray (Saóne-et-Loire) : Docteur Gillot. — Pauvret, près Autun. Nasturtium anceps DC. — Andilly, près Montmorency. — Gournay, prés Chelles (Seine-et-Marne). Cardamine hirsuta L. — Marais d'Horiy, prés Saint-Quentin. Dentaria bulbifera L. — Forèt de Thelle, près Sérifontaine (Oise). Viola. lancifolia Thore. — Coteaux près Nemours, au-dessus de la route de Sens et de celle de Montargis. Polygala comosa Schf. — Route de Beauvais à la Chapelle-aux-Pots. — Pare à Curgy (Saône-et-Loire). Poiygala oxyptera Rehb, — Bruyères de mont Saint-Aignan, près Rouen. — Montfort-'Amaury (Seine-et-Oisc). Bufonia perennis Pourr. — Commune de Seillans (Var) : M. H. Pellat. Stellaria glauca With. — Marais d'Harly, prés Saint-Quentin. Acer monspessulanum L. — bois de Bouzeron (Saône-et-Loire ) : M. le docteur Gillot. Orobus vernus L. — Bois d'Holnon, près Saint-Quentin (M. Petermann). Gomariim: palustre L. — Marais de Gouchy, près Saint-Quentin (M. Petermaun). Myriophyllum alterniflorun DU. — Forèt de Fontainebleau (mare aux Lées). Sedum mieranthum Base Prés entre Saint-Remy et Chevreuse (Seine- et-Oise). — Bords des chemins à Ville-d'Avray. — Très-abondant aux environs de Nemours et dans la. forêt de Fontainebleau, sur les rochers, au-dessus de Bourron. Ons. — Coite espèce, nouvelle pour la Flore parisienne, a du être prise souvent pour une variété à petites fleurs de Sedum album L., dont elle se distingue par ses fleurs de moitié plus petites, par ses feuilles très-char- nues, oblongues, renflées, plus nombreuses sur les tiges fleuries, dressées sur les tiges stériles, enfin par ses proportions qui sont. presque. de moitié plus petites, Sison amomum L. — Fossés autour de Foëey (Cher). Cicuta virosa L. — Marais de Gauchy, près Saint-Quentin (M. Peter- mann). . Carduus acanthoides L. — Coleau des Célestins, prés Mantes (Neine- et-Üise). (1) Voyez Bulletin, t. XXI, pp. 77 et 210. SÉANCE DU 14 JUILLET 1876. 241 Centaurea microplilon ren. et Godr. — Coteau des Célestins, prés Mantes. Os. — Cette espèce est bien caractérisée par ses calathides petites, à écailles non cachées par les appendices : ceux-ci presque arqués en dehors, linéaires-lancéolés ow lancéolés-qeumninés, bordés de cils plus longs que la largeur de appendice ; par ses feuilles supérieures linéaires : par ses akènes dépourvus d'aigrette et par sa floraison tardive (aoüt-seplembre). Scorzonera austriaca Willd. var, graminifolia Nob. (Scorzonera an- qustifolia Rehb ? 2 Calathides petites, d'un tiers environ moins grandes que dans le type ; feuilles allongées, linéaires, presque semblables à celles du Scorzonera aristata Ram.). — Coteau de Nanteau, près Malesherbes (Loiret), Vincetoxicum laxum Gren. et Godr. — Bois de Ville-d'Avray. — Roches de Girev, près Nolay (Côte-d'Or). Cynoglossum pictum. — Nemours; cà et là dans les fossés des routes de Sens ef de Montargis, et sur les talus qui bordent ces routes. Oss. — Celle espèce avait été indiquée non loin des limites de la Flore parisienne, mais n'avall pas encore, à ma connaissance, été rencontrée dans le rayon de cette flore. Solanum villosum Lamk. — Sables du Cher à Vierzon. Verbaseum virgatum With. — Foécy, Barangeon (Cher). Veronica Persiea Voir. — Saint-Quentin (Aisne). Salvia glutinosa L. — Bois de Satory, prés Versailles. Ogs. — Cette plante, quoique assez abondante à la localité indiquée, doit y èlre vraisemblablement naturalisée, Orchis simio-militaris Wedd. — Gren. et God. FE fr., — Environs de Nemours, bords de la route de Sens. Potamogeton acutifolius Link. — Marais d'Harly, près Saint-Quentin, Potamogeton rufescens Schrad. — Marais de Gauchy, près Samt-Quen- tin (M. Petermann), et prairies près la gare de Saint-Quentin. Sparganium minimum Fries. — Marais d'Harly, près Saint-Quentin (M. Petermann). Carex dioiea L.—Marais de Rouvray, près Saint-Quentin (M. Petermann). Carex paradoxa Willd. -— Marais d'Harly, près Saint-Quentin, — Très- abondant dans les marais de Malesherbes. Carex Pseudocyperus U. — Marais d'Harly, près Saint-Quentin. Carex extensa Good. — Sables maritimes humides près te phare de Gatteville (Manche). Carex filiformis t — Marais d Marly, près Saint-Quentin, Levrsia oryzoides Soland. in Sm. — Bords de Ia Seine, dans Je bois de Boulogne, près fe pont de Suresnes. Deschampsia Thüillierii Gren. et Godr. Fl. fr. — Bords du grand étang du pare de Montjeu, près Autan. T. XXI (SEANCES) 16 949 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Agropyrum campestre Gren. et Godr. (Triticum intermedium Wost.). — Pentes du eoteau de Beauté, prés Nogent (Seine). — Trés-abondant à la gare de Courbevoie. Ops. — Cette espèce, nouvelle pour la Flore parisienne, se distingue très-nettement de l'Agropyrum repens P. B.: parles glumes presque de moitié moins longues que l'épillet, linéaires-oblongues, mucronées ou rare- ment très-brièvement aristées ; par la glumelle inférieure obtuse, non ou très-brièvement mucronées par les feuilles glauques, planes, mais s'en- roulant le plus souvent rapidement après la récolte de la plante, munies a la face supérieure de nervures seillantes, rapprochées, ne laissant pas voir entre elles le parenchyme : enfin par la glaucescence de toute la plante. l A la suite de cette communication, M. Cornu signale la présence dans les environs de Paris, d'un parasite assez rare, l'zeidium Villarsiæ sur le Villarsia nymphoides, qui a été trouvé récemment par M™ Récipon. Il appelle ensuite l'attention de la Société sur une nouvelle espèce de Peronospora qu'il a observée avee M. Roze, au commencement du mois de juillet, sur d'assez nombreux pieds de Fragaria vesca, dans une localité de la forêt de Montmorency. l ajoute que l'étude qu'il en a faite avec M. Roze lui permet d'en donner la diagnose suivante : Peronospora Fragariæ Roze et Cornu (n. Sp.). Stipites conidiophori graciles 1-3 ciespitosi, 4-6 ies dichotomi (1 millim. altit.), ramis ultimis subulatis arcuatis. Conidia ovoidea, subglobosa, apice obtusa; 1/45-1/50 millim. longa, 1/55-1/60 millim. lata. Oosporæ ignotæ. In Fragariæ vesci pagina inferiore foliorum.— Montmorency prope Pari- sios, 2 juillet 1876 ! M. Cornu dit qu'il serait également intéressant de mentionner la récolte que M. Roze et lui ont faite dans les environs de Montmo- rency, sur les indications de M. Boudier, du rare Peronospora Radii sur les capitules du Pyrethrum inodorum. M. Duchartre fait remarquer que Cest peut-être à la présence de ce Peronospora Fragariæ, ou tout au moins d'un parasite encore inconnu, qu'il faut attribuer la stérilité d'un Irós-erand nombre de Fraisiers qui a été signalée, cette année, dans plusieurs localités des environs de Paris. M. Mer fait à la Société la communication suivante : € SÉANCE DU 14 JUILLET 18706. to — DES EFFETS DE L'IMMERSION SUR LES FEUILLES AÉRIENNES, par M. E. MER. Pai déjà fait remarquer (1) que les feuilles de Cissus qiinquefolia ne rougissent pas à Fautonme quand elles. sont. plongées dans l'eau, el que celles. d'Eroinmus. japonicus, Buxus sempervirens e. Ligustrum cali- fornicum immergées à l'obscurité jaunissent moins vite el persistent plus longtemps sur le rameau que lorsqu'elles sont à Fair. Supposant, d'apres ces faits, que Pimmersion doit plus où moins changer la constitution e! les fonctions des feuilles aériennes, je me suis proposé d'étudier la nature de ces modifications. C'est dans ee but que j'ai. entrepris Ja série. di recherches que je vais exposer. Les effets produits par l'immersion sur les feuilles (2) varient suivant l'espèce, Pàge et la température. Tandis qu'une feuille de Lierre peut être immergée pendant plusieurs mois d'été sans subir d'altération sensible ei continue à végéter après son émersion, une feuille de Haricot ou de Capu- eine, maintenue sous l'eau. pendant quelques jours, se flétrit peu de temps aprés en avoir été retirée, et ne tarde pas à pourrir si elle y. séjourne davantage, Dans les mêmes conditions, les folioles d'une feuille de Cissus se désarticulent au bout de dix à quinze jours, avant de se décomposer. Une feuille résiste plus longtemps quand elle est jeune que lorsqu'elle est adulte et surtout dépérissante. Enfin les effets de l'immersion sont d'autant plus rapides que la température. est. plus élevée : ainsi en automne les feuilles de Haricot peuvent sans inconvénient être maintenues pendant quinze jours sous l'eau. De même que celles de Cissus et de Tropeolun, elles jaunissent plus difficilement à obscurité quand elles sont immergées que lorsqu'elles sont à l'air, sans que cette différence soit cependant aussi prononcée que dans celles CE. japonicus ou B. sempereirens. Vl. peut méme arriver qu'elles se décomposent, tout en restant vertes. L'immersion est surtout funeste aux feuilles, lorsqu'elles sont détachées de leur rameau, parce que l'eau pénètre en excès dans leurs tissus. Souvent au bout d'un jour, on observe sur leur face inférieure des taches transpa- rentes qui s'étendent en méme temps qu'elles deviennent plus nombreuses et finissent par envahir entièrement le limbe (Haricot). Elles sont produites par l'eau qui s'est infiltrée dans les lacunes du tissu spongleux : car elles disparaissent après quelques heures d'émersion. Bien que la pénétration de l'eau soit généralement diffuse, il rest pas rare de la voir débuter par (1) Séance du 26 mai 1876. a , . Lo (2) Chaque fois qu'il sera question de feuilles détachées de leur rameau, j'aurai soin de le mentionner. 244 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. le parenchyme entourant la nervure médiane : c'est ainsi que dans une feuille de Capucine, elle commence souvent par envahir le tissu. qui avoi- sine l'insertion du pétiole, pour s'étendre de là, en rayonnant, au reste du limbe. Ce phénomène se produit aussi, quoique plus tardivement, dans les feuilles dont le limbe seul est immergé, mais il n'a jamais lieu. dans celles qui tiennent à la tige, parce que la pression du liquide poussé par lex racines empêche l'eau de pénétrer dans les tissus (1). Une feuille s'in- filire moins facilement quand elle est trés-jeune que lorsqu'elle est adulte ou dépérissante, car le parenchyme inférieur présente encore fort peu de lacunes, et la turgescence plus grande des cellules s'oppose à la pénétra- tion de l'eau, jusqu'à ce qu'une immersion prolongée ait diminué leur activité végétative.. Un limbe partiellement immergé ne s'infiltre que très-lentement; l'eau qui pénètre s'évaporant au fur et à mesure par la portion de tissu qui se trouve hors du liquide. TI en est de méme pour une feuille composée dont quelques folioles restent. à l'air, ainsi que pour les feuilles immergées d'un rameau dont les autres sont émergées. Une feuille composée dépouillée de quelques folioles s'infiltre quelquefois plus rapide- ment que si on la laisse intacte, parce que la quantité d'eau qui pénètre par le pétiole se répand sur une moindre surface. C'est pour un motif opposé que les feuilles d'un rameau coupé et immergé s'infiltrent moins vite que lorsqu'elles sont isolées. L'infiltration est aussi très-lente si l'on modère la quantité d'eau qui arrive au limbe en maintenant, par exemple, hors du liquide l'extrémité du pétiole enveloppée de coton qu'on a soin d'humeeter de temps à autre. Tous ces faits démontrent que l'eau. pénètre à la fois dans les feuilles détachées par les pétioles et par les limbes. Aussi comprend-on qu'une foliole puisse végéter à l'air, l'extrémité du pétiole commun se trouvant hors de l'eau; ear ce liquide lui parvient par les autres folioles immergées (2). De méme un limbe légèrement flétri reprend sous l'eau sa turgescence, bien que le pétiole n'y soit pas plongé. Les feuilles se laissent d'autant moins pénétrer par l'eau que leur végé- tation est. plus active. Voilà pourquoi l'infiltration, qui n'a pas lieu tout (1) Cet effet est bien dà aux racines; ear en immergeant un long rameau de Cissus chargé de feuilles, et détaché préalablement, on voit celles-ci s'infiltrer quelques jours après. Je n'ai pas remarqué que ce phénomène apparüt d'abord dans les plus rappro- chées de la section. Les taches transparentes se montraient presque simultanément dans celles qui étaient adultes ; mais les plus jeunes, situées à l'extrémité du rameau, ne se laissaient pénétrer que beaucoup plus tard. (2) La vitalité des folioles maintenues hors de l'eau varie suivant le rapport des sur- faces immergées et émergées. En laissant à l'air le pétiole d'une feuille composée dont toutes les folioles sont immergées, à l'exception d'une seule, on voit celle-ci rester tur- geseente, tant que le parenchyme des premières est assez intact pour absorber physiolo- giquement leau ambiante et la céder de proche en proche aux tissus voisins. Mais Si l'on inmerge seulement une partie de foliole, les autres folioles ne tardent pas à se faner. Entre ces deux limites, on peut trouver un état où les folioles émerzées se maintiennent à demi-turgescentes. M. de Lanessan a également constaté l'absorption de Peau par le limbe des feuilles (voy. Bull. de la Soc. Linn. de Paris, n° 5, 6 janvier 4875) SÉANCE DU 14 JUILLET 1876. 245 d'abord, se produit ensuite rapidement, dès que l'activité vitale est ralentie. Si elle est plus prompte au soleil qu'à la lumiere diffuse, c'est parce que sous l'influence d'une température élevée, les tissus s'épuisent plus vite. Parmi les feuilles de méme âge, celles qui consomment le plus rapide- ment leurs matières nutritives s'infillrent aussi plus tòt. Hl en est de même quand la cuticule est mince, le tissu très-lacuneux et les parois cellulaires perméables. Enfin d'autres causes qu'il est plus difficile de définir sem- blent encore intervenir dans le phénomène. Ainsi les jeunes feuilles de Lierre, qui presque toujours ne s’infillrent qu'avec une grande lenteur, se laissent parfois pénétrer trés-rapidement. Les folioles détachées d'une méme feuille de Haricot, bien que paraissant identiquement constituées, peuvent s'infiltrer à plusieurs jours d'intervalle. Si l'immersion se prolonge, l'eau qui avait d'abord pénétré entre lex cellules du parenchyme lacuneux finit par envahir ces éléments eux-mêmes el entrainer leur mort. Les tissus parvenus à cet état se dessèchent, dès qu'ils se trouvent au contact de l'air. Leur ehlorophylle, devenue amorphe, est rassemblée au centre des cellules. Hs sont envahis par des Mucédinées, des Bactéries et ne tardent pas à se décomposer. La période comprise entre le début de l'infiltration et l'altération morbide du parenchyme varie beau- coup, suivant les espèces, suivant âge et l'activité fonctionnelle, Tandis qu'une feuille de Lierre âgée d'un. an entre en putréfaction quinze à vingt jours aprés avoir été pénétrée par l'eau, une feuille de l'année. est encore souvent en bon état au bout de deux mois. Les taches d'infiltration y sont méme peu étendues. Les feuilles qu'on sort de l'eau, aprés quelque temps d'immersion, se comportent d'une manière variable, suivant la température et l'espéce. Tandis qu'en été une feuille de Harieot ou de Capucine ne tarde pas à se flétrir, mème à la lumière diffuse, après un séjour peu prolongé sous l'eau, on peut Pimmerger en automne pendant quinze jours, sans qu elle soit ensuite atteinte dans sa vitalité. J'ai vu des feuilles de Lierre de l'année reprendre rapidement leurs. fonctions, aprés avoir été maiute- nues sous l'eau pendant tout le mois de juillet. Les feuilles détachées dont, aprés l'émersion, le péitole reste plongé dans ce liquide, se fanen! bien plus facilement. Le séjour qu'elles y ont fait ayani diminué leur énergie fonctionnelle, elles sont devenues incapables d'attirer ensuite une quantité d'eau assez considérable pour réparer les pertes dues àl evapora- tion (1). Cest ce qui ressort encore des expériences suivantes : On im- merge deux folioles dune feuille de Haricot, dont le pétiole ainsi que ]a (D) H en est de même pour toutes les plantes qui souffrent. Ainsi, dans les exploita- | i TE ` Mer i 7 1 ` , a tions forestières et notamment dans celles des massifs de Conifères, on voit. souvent de jeunes arbres dont la végétation a Tangui trop longtemps sous le couvert, ss si elle ss au soleil. Cette opération, qui les eùt sauves st eit se dessécher rapidement dès qu'ils sont expost avait été faite à temps, devient la cause de leur mort. 246 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. troisième foliole sont maintenus hors de l'eau. Celle-ci reste turgescente, gràce au liquide qui traverse le tissu des deux autres sans s'y accumuler néanmoins, ear il est attiré sans cesse dans le limbe qui se trouve à Pair. Au bout de quelques jours on retire de l'eau les folioles, mais on y plonge le pétiole, aprés en avoir retranché l'extrémité. desséchée. Peu de temps après, on voit les folioles qui avaient été immergées se flétrir seules.— On immerge pendant quelques jours l'extrémité des folioles d'une feuille de Haricot : de cette manière elles ne s’infiltrent pas. On les sort ensuite de l'eau en y laissant le pétiole. Le bout des limbes se fane, mais la base reste turgescente. Immerge-t-on seulement celle-ci, on la voit, aprés lémer- sion, se flétrir plus vite que le sommet, qui cependant finit à son tour par dépérir, car l'eau ne peut plus lui arriver à travers des tissus desséehés, — Jai dit précédemment qu'une feuille composée s'infiltre plus vite quand elle est réduite à une seule foliole. Cette dernière, en revanche, se fane moins rapidement, aprés son. émersion, parce que toute l'eau qui pénètre par la section du pétiole lui est destinée, Après leur émersion, quand les feuilles détachées sont maintenues sous cloche, pendant quelques jours, elles peuvent. plus facilement supporter, gràce à cette transition, le contact de l'air extérieur. Linfiltration des tissus aggravant leur état maladif, on comprend que celles qui se trouvent dans ce cas se fanent d'autant plus rapidement après l'émersion. Ainsi une feuille de Haricot dont on a immergé seulement le limbe ne s'infiltre pas au bout de deux à trois jours. Si alors on la retire de Peau en y plongeant le pétiole, elle ne se flétrit pas, tandis qu'une autre qui s'est. infiltrée, parce qu'elle est restée entièrement immergée pendant le mème temps, se fane ensuite. II Parmi les modifications que l'immersion fait subir aux fonctions des feuilles, une des plus importantes est celle qu'éprouve la. production de la matière amylacée, Quand on immerge une feuille contenant de l'amidon, ou constate que cette substance disparait des limbes plus ou moins promp- tement, suivant l'àge, espèce, les conditions extérieures, et ne se reforme plus. À quantité égale, elle émigre plus rapidement des jeunes feuilles que des vieilles, se comportant du reste sous ce rapport comme dans celles qui sont placées à lobseurité. Les feuilles immergées d'un rameau dont les autres restent à Fair ne renferment plus d'amidon au bout d'un certain temps. Hen est encore de même pour la partie Cun limbe plongé sous Peau, tandis que l'autre partie est immergée, Tous ces résultats ressortent des expériences suivantes : EXPERIENCE 1. — Le 4 février, j'immergeai le pétiole et les folioles infé- SÉANCE DU 14 JUILLET 18706. 247 rieures d'une feuille de Mahonia détachée du rameau. Le 13 mars, les folioles émergées renferment seules de l'amidon (1). Exp. 2. -— Le 15 février, j'immergeai de même les feuilles inférieures d'un rameau de Buis, les feuilles supérieures restant à Pair: Le 20 mars, ces dernières seules contenaient de Ja matière amylacée. Exp. 3. — Une feuille de Lierre détachée le 20 mars est exposée au jour, le pétiole et la moitié inférieure du limbe dans l'eau, la moitié supérieure res- tant hors de l'eau. Le 18 avril, cette dernière partie contient de l'amidon dans toute son épaisseur, la première n'en renferme qu'autour des nervures et sur certains points de parenchyme inférieur. Si l'on immerge des feuilles dont l'amidon a disparu par un séjour snf- lisant à l'obseurité, sans que la ehlorophylle cependant ait perdu la faculté de fonctionner, on constate que cette substance ne se reforme pas. Exp. 4. — Le 22 avril, j'enveloppai d'étoffe noire deux feuilles de Lierre, l'une de l'année, l'autre àgée d'un an. Le 2 mai, elles ne contenaient plus trace d'amidon, sauf dans les stomates. Je les immergeai alors, aprés avoir enlevé leurs voiles. Je les examinai les 9 et 20 mai, 6 juin et 8 juillet, sans y trouver d'amidon. A cette époque la feuille la plus àgée était même décomposée. Exp. 5. — Le 22 avril, je cucillis deux feuilles de Lierre, l'une. de l'année, A, l'autre àgée d'un an, B, et les transportai à l'obscurité, le pétiole dans l'eau, La première ne renfermait plus d'amidon le 1? mai. La seconde en contenait encore le 6, mais n'en avait plus le 9. A cette date je les immergeai au jour. Le 21, elles ne renfermaient pas d'amidon. Le 10 juin, B, qui était infiltrée depuis quelque temps déjà, comniencait à pourrir par la base du limbe; À était infil- trée par places ; son tissu était gonflé et bosselé par Peau qui y avait pénétré. Du reste, aucune d'elles ne renfermait amidon. Quelques jours aprés, B était entièrement décomposée ; A se maintenait en bon état, mais ne renfermait pas encore de matiére amylacée le 8 juillet. Les expériences précédentes ont été faites à une époque de l'année où la lumière du soleil n'a pas encore son maximum d'intensité. J'ai cherché à savoir si en été une feuille est encore incapable de produire de l'amidon. Exp, 6. — J'ai. immergé, le 20 juillet, à un soleil très-ardent, une feulle adulte de Lierre qui avait perdu jusqu'à la dernière trace de matière amylacée par un long séjour à l'obscurité. Huit jours aprés, elle n'en renfermait pas. Hl en fut de méme d'une jeune feuille de Haricot, qui s'inliltra rapidement. Trois jours après son immersion, je n'y trouvai pas d'amidon. ieu que l'amidon n'apparüt pas dans le limbe des feuilles immergées, je ne devais cependant point en conclure qu'il ne s'y formait pas, car peul- être émigrait-il ou était-il consommé, à mesure qu'il se produisait, Elles pouvaient se trouver dans la même situation que les feuilles hivernales qui, ainsi que je l'ai démontré, produisent de la matiċre amylacée, bien qu'on (1) Quand je parle de l'amidon contenu dans une feuille, sans préciser la partie de l'organe où il se trouve, c'est de celui renfermé dans le limbe qu'il s'agit. JAR SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, n’en rencontre pas dans les conditions normales. L'expérience suivante prouve qu'il en est probablement ainsi : Exp. 7. — Des feuilles de Lierre de l'année détachées furent immergées au commencement de juillet et exposées à un vif soleil. Un mois plus tard, je trou- vai encore des traces d'amidon sur plusieurs points de leurs limbes. Les pétioles en renfermaient beaucoup dans toute leur longueur, non-seulement autour des faisceaux, mais encore dans l'écoree et le parenchyme central. Or une feuille de Lierre dont le limbe a perdu son amidon par le séjour à l'obscurité n'en con- tient plus qu'au voisinage des faisceaux du pétiole, en plus grande quantité tou- tefois que dans l'état normal. Les feuilles immergées avaient donc dù créer de la matière amylacée et l'accumuler dans leur pétiole : supposition contirmée d’ailleurs par la présence de ce corps dans le limbe, un mois après le début de l'expérience et malgré une température élevée qui avait dà en activer sm- gulièrement la. destruction. A Fobscurité, les feuilles ne conservent pas leur amidon aussi longtemps. Si cette substance n'apparait pas dans celles qu'on im- merge à un soleil ardent après les avoir soustraites à la lumière pendant un certain temps, Cest parce que n'en renfermant plus au moment de l'expérience, elles n'en produisent pas assez pour satisfaire à leur consommation et en même temps l'accumuler dans leurs tissus, ou bien encore parce que leur activité végé- tative a été trop profondément atteinte par leur séjour successif à l'obscurite et dans l'eau. Exr. 8. — Le 22 avril, deux feuilles de Lierre, la première de l'année, A, la seconde àgée d'un an, B, furent immergées au jour, en méme temps que deux autres feuilles détachées, l'une de l'année, C, l'autre de l'année précédente, D. Deux feuilles semblables tenant au rameau, l'une de l'année, E, l'autre de Pan- née précédente, F, furent enveloppées d'étoffe noire, sans ètre immergées. Le J mal, E et F ne contenaient plus d'amidon. ll en était de méme de A et de C, tandis que B et D en renfermaient encore, principalement dans la deuxième rangée des cellules palissadiformes et dans le parenchyme lacuneux. Expr. 9. — Le 10 août, on immerge au jour une feuille de Cissus détachée et l'on en place une autre à l'obscurité, le pétiole dans l'eau. Cette dernière ne con- tient plus d’amidon quelques jours aprés, tandis que la première en renferme encore le 20. Exp. 10. — Le 26 août, on immerge au jour deux feuilles de Gissus, l'une tenant au rameau et l'autre détachée, On en enveloppe une autre d'étoffe noire. Le 30, la première contient encore un peu d'amidon, la deuxième en renferme beaucoup, la troisième n'en possède plus. Si l'amidon s'aceumule en quantité anormale dansle péliole des feuilles détachées et exposées pendant la submersion à un vif soleil, il n'en est pas ainsi à la. lumiére diffuse. On ne peut savoir, dans eo eas, si les lim- bes forment de la subsiance amylacée. Les expériences 8, 9, 10, tout en démontrant que cette matière persiste plus longtemps dans les feuilles immergées au jour que dans les feuilles émergées à l'obscurité, n'appreu- nent pas si ee résultat provient de ce qu'elles en forment une certaine quantité s ajoutant à celle qu'elles contenaient déjà, ou de ee que cette sub- stance disparait seulement de leurs tissus ayec plus de lenteur (1). Les (1) L'exp: 8 montre en outre que, par suite du ralentissement de leur végétation, les SÉANCE DU 14 JUILLET 1876. 240 expériences suivantes établissent une forte présomption en faveur de cette derniére hypothèse, en faisant voir que l'amidon s'en va moins rapide- ment à l'obseurité d'une feuille détachée qu'on immerge que dune feuille semblable dont le. pétiole seul est maintenu sous l'eau : Exp. H1. — Le 22 avril, je transportai à l'obscurité, le pétiole seul dans l'eau, deux feuilles de Lierre détachées, l'une de l'année, A, Pautre de l'année pré- cédente, B. A côté d'elles j'en immergeai deux autres également détachées, Ja première de l'année, C, Ja seconde âgée d'un an, D. Le 1e mai, A ne contenait plus d'amidon, B n'en renfermait plus que dans le milieu de son épaisseur ; D, par- tiellement infiltrée, en possédait davantage. Cependant on n'en trouvait presque plus dans la première rangée des cellules palissadiformes. ce qui indiquait un commencement de migration. € était complétement infiltrée, et sa chlorophylle amorphe était amassée au centre des cellules. Son tissu ramolli et bruni par places indiquait un commencement d'altération. L'amidon y était trés-abondant, méme dans les cellules palissadiformes les plus superficielles. Ces résultats doivent être interprétés ainsi : la matière amylacée avait disparu d'abord des feuilles situées à l'air eten premier lieu dela plus jeune. Il n'en avait pas été ainsi pour les autres, parce que la plus âgée ne s'étant infiltrée que len- tement, avait écoulé dans son pétiole ou consommé une partie de son amidon ; l'autre au contraire, s'étant infiltrée tout de suite, avait été tuée et toute migration s'était trouvée arrêtée. Cette feuille était réellement morte, car l'ayant émergée et placée au jour sous une cloche, au fond de laquelle se trouvait de l'eau où plon- geait son pétiole, je la vis bientôt brunir entièrement. Le 7 mal, elle ne conte- nait pas moins d'amidon qu'auparavant. Le 10, elle se couvrit de moisissures. Le 12, la matiére amylacée y était encore abondante. Je sortis son pétiole de l'eau et le laissai se dessécher. Dans cet état, Pamidon avait peu diminué : ce qui montre que ce corps disparait assez lentement par la putréfaction (1). Exp. 12. — Le 22 mai, j'ai immergé dans un vase enveloppé de noir deux feuilles de Lierre, l'une de l'année, A, l'autre àgée de un an, B, ainsi que deux feuilles détachées, la premiére de l'année, C, la. seconde de l'année précé- dente, D. Le 30, l'amidon était réparti de Ja manière suivante : A. Un peu d'amidon autour des nervures, o B. Amidon abondant autour des nervures. De plus, traces à la limite des paren- chymes palissadiforme et lacuneux. €. Amidon assez abondant à la limite des parenchymes palissadiforme et lacuneux. D. Amidon assez abondant à la limite des parenchymes palissadiforme et laeuneux, et en outre dans deux ou trois rangs de cellules de ce dernier. Marche de disparition de l'amidon : A, D, C, D. Exp. 13. — Le 10 août, on immerge à l'obscurité une feuille de Cissus déta- feuilles anciennes, détachées ou non, perdent moins vite leur amidon dans l'eau que les plus jeunes, même quand elles en contiennent un peu moins: ee dont je m'étais assure auparavant. . ^o ; ; (1) J'ai dit plus haut que les jeunes feuilles de Lierre s imliltrent moins rapidement que celles qui sont âgées. C'est en elfet ce que m'ont fait voir de nombreuses expériences faites tant au jour qu'à l'obscurité. Dans celle qui précède, il wen a pas ete ainsi, proba- blement par suite d'une de ces causes difficiles à reconnaitre dont j'ai déjà fait mention 950 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. A, . - 14: . ~ Pac (90 c chée, à côté d'une feuille semblable n'ayant que le pétiole dans l'eau. Le 50, la première contient seule de l'amidon. Outre le résultat principal découlant de ees expériences et que j'ai for- mulé avant de les déerire, il eu ressort les conséquences suivantes, appli- cables également aux feuilles vivant à l'air : 4 L'amidon disparait plus rapidement des feuilles quand elles sont jeunes. 2 Si elles ont le méme àge, il émigre moins vite de celles qui sont détachées. Restait à savoir si une feuille immergée au jour perd plus ou moins promptement sa matière amylacée qu'une feuille immergée à l'obscurité, toutes choses égales d'ailleurs. Dans ce but, j'ai entrepris les. expériences suivantes : Exp. 14. — Le 17 juillet, j'enveloppai d'étoffe noire une feuille de Lierre de l'année A. En méme temps j'immergeai deux autres feuilles semblables, l'une, B, à la Jumière, l'autre, C, dans un vase à l'abri du jour. Je les placai toutes dans un endroit où n'arrivaient jamais directement les rayons du soleil, afin que la température füt la méme pour chacune d'elles. 22 juillet : A. Traces d'amidon autour des nervures. — B. Un peu plus d'amidon que A. C. Amidon plus abondant que dans A et B. Le 25, € en contient seule encore. Le 27, elle n'en renferme plus. Marche de disparition de l'amidon : A, B, C. Exr. 15. — Le 23 juillet, je mis eu expérience des feuilles de Lierre de l'au- née, disposées ainsi qu'il suit : A. Feuille laissée à l'air, mais enveloppée de noir. B. Feuille immergée dans un vase à l'abri du jour. C. Feuille immergée à la lumière. , D. Feuille détachée, enveloppée de noir et plongeant dans l'eau par V'extre- mité du pétiole. E. Feuille détachée, immergée dans un vase à l'abri du jour. F. Feuille détachée, immergée à la lumiere. 20 juillet : A et ©. Plus d'amidon. - B, D, E, F. Amidon assez abondant. 28 juillet: A, D, C. Plus d'amidon. — D. Traces d'amidon. — F. Amidon àla limite des parenchymes palissadiforme et lacuneux. E. Amidon plus abondant. 2 aoùt : A, D, C, D, F. Plus d'amidon. — E. Traces d'amidon. Marche de disparition de Pamidon : A, C, B, D, E, E. Outre les conséquences déjà mentionnées qui découlent de ces deux expériences, il eu ressort celle-ci : Une feuille immergée à la lumiere dif- fuse, loin de conserver plus longtemps son amidon qu'une feuille immergée SÉANCE DU 14 JUILLET 1876. 251 a lobseurité, parait le perdre au contraire plus vite, probablement parce que son activité fonctionnelle est moins ralentie, D'après ce fait, on serait peut-ètre en droit de supposer, sans qu'on puisse toutefois le démontrer directement, que la migration de la matiére amylaece, qui normalement opère le jour aussi bien que la nuit, suivant les observations de M. Goblesky et les miennes, et contrairement à l'opinion. admise jus- qu'alors, s'effectue plus rapidement, à température égale, sous V influe nee de la lumière. En résumé, les feuilles aériennes ne semblent pouvoir créer de Fami- don sous Peau qu'à la condition d'être exposées aux rayons d'un soleil ardent; encore en produisent-elles fort peu. Aussi est-il pernis d'affirmer qu'en général la production de matière amylacée dans la ehlorophylle. est considérablement ralentie, sinon annulée, par l'immersion, non-seule- ment dans [es feuilles détachées qui s'infiltrent, mais encore dans celles qui, tenant au rameau, ne s'infiltrent pas. Doit-on en conclure qu'elles sont complétement impuissantes à décomposer l'acide carbonique dissous dans l'eau? Les expériences anciennes prouvent le contraire. Pour mon compte, je n'en ai fait jusqu'ici qu'une dans cette voie, Avant placé, au mois de juillet, à une lumière diffuse très-vive, des feuilles de Lierre déta- chées et plongées dans une éprouvette pleine d'eau, renversée sur une couche du mème liquide, je vis s'en dégager un volume de gaz un peu supérieur seulement à celui qui saceumulait dans le haut d'une éprouvette ne renfermant pas de feuilles, mais semblablement disposée, afin de pou- voir évaluer Ja quantité de gaz que la chaleur suffit à extraire de l'eau. A la lumière directe du soleil, ces mèmes feuilles exhalaient un volume de gaz bien plus considérable (D). La comparaison de tous les résultats que j'ai mentionnés permet de con- clure que les feuilles aériennes entrent par l'immersion dans un état de souffrance, tel que leurs fonctions sont considérablement ralenties. Voilà pourquoi l'amidon qu'elles renferment émigre aussi lentement et ne peut plus se reformer. : | L'infiltration vient encore aggraver pour les feuilles immergées cet etat de langueur, qui peut-être est dù à une respiration insuffisante ; ce dont je chercherai à m assurer ultérieurement. Quand une feuille a perdu son amidon par une immersion prolongée, (1) Je si suite rai incideminent un fait curieux qui est produit dans cette expérience, Les feuilles de Lierre ont rougi sur certains point s de leur face supérieure, eireonstanee d'autant. plus en ble que L'inmersion empèehe celles de Cissus de se colorer en rouge à l'automne, de arai du reste jamais remarqué cette particularité sur les nombreuses fe wille s de Lierre immergées daus les conditions ordinaires, dont Jai eu Foceasion d étu- dier la végétation pour établir les expériences ci-dessus, Peutètre ce phénomène est-il dù à la présence de l'oxygene mis en liberté, Je serais d'autant plus porté à le croire, que la coloration des feuilles automnales me semble provenir d'une oxydation dir sue cellulaire. 252 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. peut-elle en produire de nouveau après qu'on la retirée de l'eau ? C'est pour résoudre cette question qu'ont été faites les expériences suivantes : Exp. 16. — Le f** juin, j'enveloppai de noir deux feuilles de Lierre, l'une de l’année, A, l'autre. de l'année. précédente, B; à côté d'elles jimmergeai à l'obscurité deux feuilles semblables, l'une de l'année, C, l'autre âgée d'un an, D; ainsi qu'une troisième détachée, E, de même àge que A et C. Le 1° juillet, je les examinai. Toutes paraissaient en bon état, à l'exception de B, qui avait jauni et qui, pour cette raison, fat rejetée. Je les laissai au jour. Le 2 juillet au soir, je les examinai de nouveau. L'amidon y était réparti ainsi : A et C. Amidon abondant. D. Pas d'amidon. E. Pas d'amidon. Peu turgescente. Vingt-quatre heures aprés : A et G. Amidon abondant. D. Un peu d'amidon. E. Mème état que la veille. L'amidon n'y apparut pas encore le 8 et même le 19 juillet. Exp. 17. — Une feuille de Lierre de l'année est immergée le 22 avril, ainsi qu'une feuille semblable détachée. Le 3 mai, elles ne renferment plus d'amidon que dans leurs stomates. On les sort de l'eau. Le 7, la matière amylacée appa- rait dans la première. Le 9, la seconde n’en renferme pas encore. On peut tirer de ces expériences les conclusions suivantes concernant les feuilles exposées au jour et à l'air libre, aprés un certain temps d'im- mersion à l'obseurité : 1" Elles refont plus rapidement de amidon quand elles tiennent encore au rameau que lorsqu'elles en sont détachées, quand elles sont adultes que lorsqu'elles sont plus âgées. Ces deux conséquences sont également appli- cables aux feuilles transportées à la lumière après en avoir été privées à l'air. 2" La matière amvylacée réapparait sensiblement aussi vite dans les feuilles de même àge, qu'elles aient été ou non immergées. C'est ce qui ressort encore de l'expérience suivante : | EXP. 18. — Le 26 août, on enveloppe de noir une feuille de Cissus, puis 0n immerge à l'obscurité une feuille semblable. Le 30 août, on ne trouve plus d'iunidon dans la première, on en rencontre encore un peu dans le parenchyme lacuneux de la seconde. Après avoir émergé celle-ci, on expose l'une et l'autre au jour. Le 2 septembre, on trouve beaucoup d'iuuidou dans les deux, mème dans leur parenchyme supérieur. Une feuille placée, après son émersion, sous une cloche humide, esthien plus tòt en état de produire de Famidon que sion expose immédiatement à l'air libre, paree qu'elle conserve, dans le premier cas, sa lurgescence (1). (1) La turzeseence complète des cellules est indispensable à la production de Vamil- don. Dans les étés secs et chauds, les feuilles wen produisent que très-peu, même quant elles ne paraissent pas flétries SÉANCE DU 14 JUILLET 1876. 253 Eu été, la destruction de la matière amylacée s'opère assez rapidement dans les feuilles détachées, malgré leur submersion, pour qu'elles puis- sent en reformer si on les émerge dés que la dernière trace en a disparu. Mais, pendant l'automne, cette destruction est tellement ralentie, que fa feuille est souvent décomposée avant que l'amidon ait achevé de dispa- raitre. Dans ce cas, après sa sortie de l'eau, elle ne peut évidemment pas en produire de nouveau. IT Après avoir décrit les conséquences générales de immersion sur les fonctions des feuilles aériennes, il me sera plus facile d'expliquer pour- quoi les unes sont atteintes dans leur vitalité plus rapidement que les autres. Une feuille immergée se trouve, sous le rapport de l'alimentation, à peu prés dans la même situation qu'une feuille séjournant à l'obscurité, puis- qu'elle ne peut pas produire d'amidon. Son existence est done proportion- née au temps pendant lequel. elle est nourrie, Or la vie d'une feuille soustraite à l'influence. de la lumière peut se diviser en deux périodes, quand elle est détachée et réduite à son. limbe: l'une. s'étendant jusqu'au moment où la matière amylacée a disparu, Pautre jusqu'à l'époque de son dépérissement, époque qu'on juge être arrivée quand la feuille mise au jour ne peut plus assimiler, Pendant la première, elle vit aux dépens de l'amidon qu'elle renferme; pendant la seconde, aux dépens, soit de ce méme amidon converti en particules trop fines pour que nous puissions en constater la présence, soit aux dépens de la glycose que les recherches encore peu nombreuses que j'ai faites dans ee sens m'ont toujours montré existant dans les tissus jusqu'à leur dépérissement (1). La vie d'une feuille adulte soustraite au jour, mais tenant à la plante, embrasse trois périodes, La durée des deux premières, comprises entre les limites qui viennent d'être fixées, est néanmoins modifiée, puisque chacune d'elles est rac- courcie par suite de la migration de l'amidon dans les tissus de réserve, et d'autre part allongée, car les feuilles sont en méme temps nourries par la tige. Pendant la troisième période, c'est uniquement dans celle- ci qu'elles puisent leur alimentation (2). Or ces périodes, ct surtoni la dernière, varient pour une même plante, suivant l'activité de sa vegeta- tion. Si elle est abondamment garnie de jeunes feuilles, celles-ci attirerom presque toute la nourriture dont elle dispose et en priveront Ia feuille en expérience, à laquelle son àge et son état d'affaiblissement ne permettent (1) Ce qui prouve qu'une feuille contient encore de la nourriture, mème apres que toute trace d'amidon a disparu, Cest qu'en Ta détachant à ee moment pour Ja Jaisser um certain temps à l'obscurité, elle peut ensuite assimiler de nouveau. l (2) Une feuille fixée au rameau, bien que perdant plus rapidement son amidon que lorsqu'elle en est détachée, vit généralement plus longtemps. 254 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. pas de lutter avec elles. Si au contraire cette dernière se trouve seule sur la plante, parce qu'on a supprimé les autres, par exemple, cette période s'allonge beaucoup. La durée de ces différentes phases varie également suivant les espèces. Une feuille adulte de Haricot ou de Capucine ne peut pas vivre à l'obscu- ritė au delà de quatre à six jours, tandis que l'existence dune feuille de Lierre se prolonge, dans les mêmes conditions, au delà de deux mois, parce que non-senlement elle consomme et écoule moins vite son amidon, mais encore parce que la tige, ne donnant naissance à des jeunes feuilles qu'à de plus longs intervalles, est capable de la nourrir plus longtemps. Les considérations précédentes sont applicables aux feuilles immergées. Seulement les périodes ont alors plus de durée, parce que les fonctions sont trés-ralenties. Aussi vivent-elles plus longtemps à température égale, sauf quand elles sont détachées, parce qu'alors Finfiltration dont elles devien- nent le siége précipite leur dépérissement. Dans ee dernier phénomène, deux phases doivent être distinguées : Ia première durant laquelle Peau pénètre entre les cellules du parenchyme lacuneux, sans atteindre encore leur vita- lité. Pendant la seconde, ce liquide s'introduit dans des cellules elles- mêmes, dont il occasionne la mort. La durée de chacune de ces phases varie beaucoup, ainsi que je l'ai déjà fait remarquer. La rapidité de lin- filtration exerce une influence considérable sur la migration de la matière amylacée, En été, une feuille de Haricot, bien que se laissant pénétrer par l'eau plus rapidement qu'en automne, perd encore plus promptement son amidon ; aussi ne s'infiltre-t-elle que lorsque cet amidon a disparu, tandis qu'en automne, Finfiltration se produisant quand Pamidon n'est pas encore entièrement écoulé et. ses effets se faisant bientôt sentir, toute migration postérieure est suspendue, et Ia feuille pourrit quand elle renferme encore beaucoup de matière amylacte. TI wen est généralement pas ainsi dans une feuille de Lierre, parce que les parois de ses cellules se laissent moins pénétrer par l'eau. Il est facile maintenant de s'expliquer différents faits relatifs aux feuilles immergées, Ainsi les folioles d'une feuille de Cissus se désartieulent moins rapidement sous l'eau quand elle est détachée, parce que Pamidon dispa- rait avec plus de lenteur. En automne, elle perd ses folioles plus tard qu'une feuille semblable dont le pétiole seul est immergé, C'est le con- traire en éié. Dans cette saison en effet, tandis que la feuille entièrement plongée dans l'eau épuise rapidement sa nourriture et ne peut plus en refaire, celle dont le limbe est à Fair continue longtemps encore à vivre. Mais en automne, pendant que la véséialion de celle-ci s'arrete bientôt, par suite de l'abaissement de temperature, l'autre, dont les fonctions sont Irées-ralenties par l'immersion, vit encore un certain temps aux dépens de amidon qu'elle renferme. 957 SÉANCE DU 14 JUILLET 1876. 255 IV Les expériences suivantes ont été entreprises dans le but de comparer le développement des feuilles sous l'eau et à l'air libre. TABLEAU [| Ziziz|zsz|8213 = 7 ^ - - = OBSERVATIONS, "[2|*ielul|z . . mill.| inill.| mill. |] mill. | mill.| miil Jeune feuille de (Longueur dulimbe.| 20 | 22 | 26 | 29 | 30 | : On émerge Lierre jimmer- cette feuille gée (Largeur du limbe.| 24 | 27 | 34 | 35 | 36 | 37 | le 22 juin. Jeune feuille de į Longueur du limbe. 25 | 33 | 50 | 55 | 55 » Lierre hors. de : l'eau. {Largeur du limbe.| 30 | 40 | 65 | 70 | 70 » TABLEAU IH 6 JUILLET. |9 JUILLET. | [2 JUILLET. | 16 JUILLET. mill mill. mill. mill Jeune feuille de(Longueur du pétiole. 5 8 8 8 Haricot immer-]Longueur du limbe.. 19 25 26 26 gée. Largeur du limbe... 10 14 15 lo Jeune feuille de, Longueur du pétiole. 7 10 12 12 Haricot hors de Longueur du limbe. . 29 35 99 H lean. Largeur du limbe... 12 20 23 26 TaABLEAU III 5 JUILLET. | LE actam. mill. mill. / : ^ : - 9 gi trac on NI Jeune feuille de Capucine — Longueurs de 2 diamètres 26 IN : T 1 a 9 immergée. 4 perpendiculaires entre eux. 29 30 Ces expériences montrent qu'une feuille ne s'accroil que fort peu sous l'eau : conséquence de l'absence d'assimilation, On sait qu'il en esl de méme quand elle est placée dans un milieu on elle ne peut assimiler : à Tobscurité par exemple, ou dans de Fair privé d'acide: carbonique. Le tableau I, montre en outre que si le séjour dans l'eau a été prolongé, la feuille ne peut plus sensiblement grandir, même aprés quon l'en a reti- rée, parce que les tissus ne sont susceptibles d'acquérir tont leur dévelop- | 956 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. pement que pendant la jeunesse. C'est ce qui arrive également à une jeune feuille détachée dont on immerge seulement le pétiole. N'étant. plus nourrie par la tige, elle peut à peine s'accroitre, d'autant plus que las- similation est pendant quelque temps ralentie par le fait de la section. Plus tard, quand elle recommence à assimiler normalement, les tissus ne sont plus assez jeunes pour être susceptibles de se développer. De même une feuille un peu âgée transportée au jour, aprés avoir été soumise jusque- là à l'étiolement, peut verdir, produire de lamidon, mais ne s’accroil presque plus. V Comme complément à la physiologie des feuilles immergées, j'ai cherché à savoir si elles sont susceptibles de mouvements périodiques. J'ai entre- pris dans ce but des expériences sur celles de Haricot. Les résultats obte- nus trouveront. plus naturellement leur place dans un autre mémoire. Je me contenterai de dire ici que les feuilles immergées sont susceptibles, méme à l'obscurité, de mouvements périodiques et spontanés dont l'ampli- tede et la régularité sont seulement moindres que dans les conditions normales. Les maxima et les minima arrivent sensiblement aux heures ordinaires. Ces mouvements sont réglés par la nutrition : ils diminuent successivement parce que la feuille dépérit, et finissent par s'éteindre tout à fait. Ceux qui sont provoqués par le renflement moteur reliant le pétiole au limbe existent méme, bien qu'avec une plus faible intensité, dans les feuilles détachées qu'on maintient sous l'eau. Hs disparaissent aussi plus tòt que dans les feuilles tenant encore au rameau, car la nutrition de celles-ci persiste plus longtemps. VI Après avoir constaté que les feuilles aériennes sont généralement dans l'impossibilité de produire sous l'eau de la matière amylacée, j'ai voulu voir comment s'aceomplit cette fonction dans celles qui sont. naturelle- ment submergées et flottantes. Les quelques expériences que j'ai faites m'ont conduit à ce résultat. général que les feuilles constamment im- mergées, appartenant à des plantes qui n'en possèdent pas d'autres, pro- duisent beaucoup d'amidon, mais que celles dont une partie de l'existence seulement se passe sous l'eau n'en font presque pas pendant tout le temps où elles y sont plongées. Ainsi j'en. ai trouvé beaucoup dans les feuilles Usoetes lacustris, de Littorella lacustris et de Potamogeton rufescens, tandis que celles de P. natans et de Nuphar pumilum en contiennent fort peu, tant qu'elles ne sont pas arrivées à la surface el que leur limbe n'es pas immédiatement en. contact avee l'air, Leurs. pétioles en renferment toutefois autour des faisceaux une quantité notable provenant de la tige ou des feuilles flottantes. Celles-ci en produisent abondamment, même quand SÉANCE DU 14 JUILLET 1876. 251 elles ne sont pas encore adultes. Les feuilles constamment submergées d'une plante qui en possède aussi de nageantes ne contiennent presque pas d'ami- don (feuilles radicales de N. pumilum) : elles sont probablement nourries par les autres. Quand les feuilles flottantes viennent à être submergées, par suite d'une forte crue, la production d'amidon est suspendue jusqu'à ce qu'elles apparaissent de nouveau à Fair. Si l'immersion arrive en automne et se prolonge quelque peu, on voit les plus vieilles d'entre elles jaunir avant celles de même àge auxquelles un pétiole suffisamment long permet de rester à la surface, parce qu'elles n'ont plus une vitalité assez grande pour attirer les matières nutritives de la tige. ll en. est de même pour les feuilles des plantes qui, bien que naissant sous l'eau, passent à Pair la plus grande partie de leur existence, Ainsi les feuilles de Menyan- thes trifoliata, qui croissent sur le bord des ruisseaux, ne forment pas plus d'amidon, tant qu'elles restent submergées par suite d'une erue, que celles T Alnus glutinosa appartenant à des branches plongeant dans l'eau. Jl était intéressant de voir si les feuilles constamment submergées qui produisent de l'amidon, peuvent en faire également quand elles se trou- vent par hasard hors de l'eau. Je ne parle pas évidemment de celles qui, n'ayant pas de cuticule ou même pas dépiderme (P. rufescens), se des- séchent rapidement quand elles sont exposées à l'air. Mais il en est qui, protégées par un épiderme assez résistant, peuvent végéter hors de l'eau (I. lacustris et L. lacustris). A Vépoque des basses eaux, on voit souvent sur la rive ces plantes émergées en totalité ou en partie, vivre longtemps ainsi dans le sable humide où plongent leurs racines. J'ai constaté que leurs feuilles font dans ce cas autant d'amidon que lorsqu'elles sont sub- mergées. En résumé, s'il existe des feuilles qui ne produisent d'amidon qu'à l'air, d'autres qui n'en font que fort peu dans l'eau et beaucoup à Pair (feuilles flottantes des plantes aquatiques), il en est aussi qui ne peuvent en créer que submergées (Algues d'eau douce, P. rufescens), ou qui semblent ne pouvoir en former ni daus l'air, ni sous Peau (feuilles radicales de N. pu- milum). Wy en a enfin qui en font indifféremment dans ces deux milieux (l. lacustris et L. lacustris). J'ai également cherché si les feuilles aquatiques contiennent de la gly- cose. Or toutes les Algues d'eau douce que j'ai examinées à diverses époques du printemps et de l'été n'ont pas réduit la liqueur cupro-potas- sique. Le tannin se comportant à l'égard de ce réactif comme la glycose, on peut également conclure à l'absence de ce corps dans les plantes ci- dessus. Le sue extrait par ébullition des feuilles submergées de X. pumi- lum, Let L. lacustris, Ceratophyllum demersum, ainsi que des feuilles flottantes de P. natans et erispus, ne m'a pari exercer qu'une faible action sur le réactif de Darreswil mème avant l'emplor du sous-acétate de plomb et du carbonate de soude. A l'automne cependant, la réduction T. XXIII. (SEANCES) 17 258 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de Ja liqueur euivrique par les feuilles nageantes de P. natans et les feuilles subinergées de P. rufescens et M. trifoliata a été trouvée très- appréciable, mais a presque disparu aprés la précipitation des matières albuminoides et tanniques. Il en a été ainsi du rhizome de N. pumilum, de la tige et des racines d'7. et de L. lacustris, si riches cependant en ma- tière amylacée. D’après ces expériences, trop peu nombreuses encore pour qu'on puisse en tirer une conclusion définitive, il paraitrait que les tissus submergés des plantes aquatiques ne contiennent pas beaucoup de glycose. On ne saurait, je crois, expliquer ce fait en supposant que l'eau dissout cette substance à mesure qu'elle se forme, ear j'ai remarqué que des feuilles de Cissus détachées en contenaient encore un peu aprés une immersion assez prolongée. D'ailleurs, les feuilles flottantes de N. pumilum sont riches en sucre. Cependant j'ai constaté la disparition presque complète de cette matière dans des feuilles de Haricot immergées seulement depuis deux jours. Quoi qu'il en soit, certaines plantes peuvent renfermer de l'amidon, sans que ee corps soit associé à de la glycose. L'opinion d’après laquelle la matière amylacée se transforme en sucre pour cheminer dans les tissus, opinion qui a prévalu jusqu'à ce jour, ne semble plus pouvoir ètre admise, et la relation qui unit ces deux substances, si toutefois elle existe, est loin d'étre trouvée. [4 U Lecture est donnée de la communication suivante adressée à la Société par M. Ripart : NOTICE SUR QUELQUES ESPÈCES RARES OU NOUVELLES DE LA FLORE CRYPTOGA- MIQUE DU CENTRE DE LA FRANCE (fin), par M. RIPART,. LICHENS. J'ai découvert dans la région centrale de la France un grand nombre de Lichens intéressants, dont je dois la détermination exacte à notre savant lichénographe, M. le docteur Nylander. Je me bornerai à citer ici les plus remarquables, parmi lesquels se trouvent un certain nombre d'espèces tout à fait nouvelles ei méme un genre nouveau, le genre Rimularia, dont je transerirai la description originale de l'auteur telle qu'elle a été publiée dans le journal allemand Flora. Vai fait d'après mes propres observations la description des autres, qui sont des Lichens rares pour le Centre, beau- coup méme nouveaux pour la Flore francaise, et dont jusqu'à présent aucun ouvrage ni recueil français n'avait parlé. Je crois donc utile de les publier dans notre Bulletin. 9) : T 59. Melanotheca acervulans Nyl. Thallus macula albida subdeterminata vel effusa indicatus ; apothecla nigra minuta (latit. 0,41-0,43 millim.), perithecio integre nigro, glome- rulos parvulos (latit. 0,5-0,7 millim.) rotundatos vulgo formantia, siepe in SÉANCE DU 14 guizrer 1876. 259 foveolis saxi (ex apotheciis alienis ortis) gregarie innata et parum promi- nula; spore qui incolores ovoideæ (parte supera crassiores) 4-septatz, longit. 0,016-21 millim.; crassit. 0,006-8 millim. paraphyses pare:e molles vel fere obsolete. Gelatina hymenea iodo non tincta, In Gallia centrali, Cher, ad lapides calcareos duriores formationis juras- sicie, supra terram legit doctor Ripart. 94. Rimularia limborina Nyl. Un journal anglais, le Grerillea, a publié dans un de ses derniers nu- méros un article de M. Leighton qui prétend, en s'appuyant sur l'autorité de M. Th. Fries, que ce Lichen ne serait que le Lecidea trochodes Tagl.; et que le Lecidea inconcinna Nyl. rentrerait aussi dans la même espèce. Ayant entre les mains les échantillons sur lesquels ces deux espèces et le genre Rimularia lui-même ont été établis par M. le docteur Nylander, je ne puis m'empécher d'intervenir dans l'intérêt de la vérité, comme le demande M. Leighton et de combattre une opinion que je crois tout à fait erronée, Pour que deux eryptogamistes aussi versés dans l'étude des Lichens aient pu commettre cette erreur, il faut admettre que les échantil- lons soumis à leur examen n'étaient pas authentiques ni semblables aux miens : c’est la réflexion que j'ai faite immédiatement à la première inspec- tion de la figure d'une coupe d'apothécie de Rimularia limborina donnée par M. Leighton ; car dans ce genre le thalamium est complétement ren- fermé dans un conceptacle. Aprés la déhiscence rimulaire, les parties supérieures du conceptacle, quoique divisées en angles parfois peu. régu- liers, n'en sont pas moins continues d'une manière trés-évidente et sans aucune ligne de démarcation avec la partie inférieure du même concep- tacle. H n'est done pas besoin, pour en expliquer l'origine, d'avoir recours à un prétendu épithécium qui serait formé par les sommités des thèques et des paraphyses tuméfiées, altérées et noircies. Cette observation faite, je transeris la description de l'auteur en affir- mant sa parfaite exactitude. Thallus cinereus tenuis rimulosus vel subareolatus ; apotheeia nigra vel fusco-nigra opaca rugulosa depresso-convexiuseula (latit.. 0,2-04), rotun- data vel oblongo-rotundata, medio depressiuscula et rimula subtili (sæpe subradiante) fisso, intus cinerascentia ; sporæ 8^2 incolores (demum fus- cescentes vel fuseæ) ellipsoideæ simplices, Tongit. 0,018-25 millim., erassit.0,011-16. millim.; paraphyses gracilescentes, irregulares et siepe ramosæ, Perithecium (peridium) etiam supra nigrum, infra (hypothecium) fuseo-nigricans zodo gelatina hymenialis fulvo rubens (precedente eieru- lescentia levi). | Supra saxa granitosa in Gallia, Haute-Vienne (apart, 1865) socia, Leea- nore var. gibbosæ. : Genus peculiare novum, Mycoporo quodam modo affine, sed apotheciis 260 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. asupra demum rimul subradiosa vel simpliciore dehiscentibus, inter Py- renocarpeos hie Lichen locum obtinere non potest, nam nullum habet ostiolum punctiforme. Ceteroquin Mycoporum et Rimularia apothecii typum offerunt proprium, qui nec apothecium nec pyrenocarpun sistit; ab illo scilicet differt perithecio supra coutinuato totumque hymenium invol- vente ; ab hoc (pyrenio) differt ostiolo non regulari contractoque nec ana- physibus intus munito, sed rimula vel varie dehiscente. Adest hic peridium, fere sicut in Fungis variis. Distinguenda est duobus generibus allatis tribus propria quie dicatur Peridiet. 35. Arthonia varians (Dav.) Nyl. C'est un petit Lichen parasite qui n'a pas de thalle, au moins d'une manière appréciable. Ses apothécies, qui ont d'un. demi-millimètre à un millimètre de largeur, sont noires, arrondies d'une manière plus ou moins régulière, planes ou un peu couveses, sans aucun rebord. Ses thèques, longues de 0"",012 et larges de 0"",024, sont pirilormes avec le sommet trés-épaissi ; elles sont accompagnées de paraphyses peu distinctes, sou- dées ensemble, dont l'extrémité supérieure fortement colorée en noir dépasse les théques. Celles-ci contiennent huit spores ovoïdes incolores, divisées en quatre loges par trois cloisons transversales. Leur longueur est de 0"",018 sur 0"",007 de largeur. Jai recueilli cette espèce sur les rochers granitiques de Néris (Allier), où elle vivait en parasite sur les seutelles des Lecanora glaucoma et Leci- dea parasema. 96. Arthonia mediella Nyl. Thalle grisàtre diffus, confondu avec l'écorce. Apothécies noires, arron- dies ou un peu difformes et anguleuses, ayant à peine un demi-millimètre de largeur ei ne présentant aucune bordure ; leur intérieur est de couleur grise presque noire, Les spores sont incolores, oblongues-ovoides, divisées en deux loges inégales par une cloison transversale au niveau de laquelle elles éprouvent une légère constriction, ee qui leur donne la forme d'une petite gourde. Elles ont en moyenne une longueur de O"",017 sur 077,007 de largeur, Celte espèce croit sur l'écorce des Peupliers dansles environs de Bourges. Une espèce voisine, F Arthonia galactites Duff., y est commune également sur les Peupliers. 91. Lecidea Parmeliarum Sommf. Cette Lécidée vit en parasite sur plusieurs Parmelia et n'a pas de thalle visible. Ses apothécies, noires, punetiformes, ont la. forme d'un disque arrondi convexe ou un peu déprimé au centre et entourées d'un. rebord saillant; elles onl environ un quart ou. un tiers de millimètre ; rarement SÉANCE DU 14 JUILLET 1876. 261 elles atteignent un demi-millimètre de largeur. Ses thèques, elaviformes, très-épaisses vers leur. sommet, contiennent huit spores d'un noir brun, obovales, biloculaires, longues de 0,014 et larges de 0"",007. Pycnides. — Les pyenides de cette espèce étaient plus nombreuses que les apothécies sur les échantillons que j'ai étudiés. On les distingue à une petite tache d'un brun noir au milieu de laquelle se trouve un ostiole très- petit et nullement saillant, le conceptacle étant tout à fait situé dans l'épais- seur du thalle de la Parmeélie. Leur cavité est remplie par un tissu cellu- laire brun noiràtre appliqué sur les parois internes et donnant naissance à des basides droites, simples, parallèles entre elles, et portant à leur sommet une stylospore ovale-allongée, incolore, ayant 0"",014 de longueur sur 0"",004 de large. I y en avait une immense quantité. J'ai observé et décrit cette espèce sur des échantillons de Parmelia tilia- cea, var. carporhizans Tayl., récoltés par moi à Bessines (Haute-Vienne). 38. Lecidea episema Nyl. C'est encore une Lécidée parasite. Ses apothécies sont ordinairement disposées par groupes arrondis de cinq à douze et méme davantage, pres- sées les unes contre les autres. On en trouve cependant aussi qui sont isolées. Leur diamètre moyen est d'un demi-millimétre, rarement plus. Quand elles sont jeunes, elles sont dépriméesau centre, arrondies avec un rebord saillant; plus âgées, elles deviennent planes et méme convexes, el leur rebord s'efface presque complétement. Leur couleur est noire ; quand on les coupe verticalement, leur intérieur parait noiràtre. Les théques sont ovales-piriformes, d'une longueur de 0"",035 sur 07,010 de large et con- tiennent huit spores incolores, granuleuses, biloculaires, longues de0"",01 et larges de 0,008. Les paraphyses sont simples, bien distinctes, à somme! un peu épaissi et noir. Le tissu cellulaire ou hypothéeium, qui donne nais- sance aux thèques el aux paraphyses, est composé de cellules brunes-noires. J'ai récolté cette espèce sur le thalle des Lecanora calcarea et Verru- caria nigrescens dans les environs de Bourges. 99. Lecidca nigritula Nyl. Thalle d'un blane grisàtre légèrement granuleux, mince, diffus, noir, non circonserit. Les apothécies sont pelites, noires, à surface plane ou plus sou- vent bombée et à bordure peu apparente ; elles ont environ un quart, un tiers, rarement un demi-millimetre de largeur. Leur intérieur est aussi de couleur noire. Les spores sont extrêmement petites, ovales, biloculaires, paraissant brunes par transparence, Lear longueur n'est que de 077,007 et leur largeur de 07,0025. J'ai trouvé cette petite espèce sur le bois des vieux Chàtaigniers, à Bessines (Haute-Vienne). 262 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 40. Keeidea saxatilis Nyl. Cette espèce, vivant en parasite sur le thalle d'autres Lichens, n'a pas de thalle propre. Ses apothécies, larges d'un tiers à un demi-millimètre, sont noires, discoides, avec une bordure bien apparente ; leur coupe est également noire. L'hypothécium est composé d'un tissu cellulaire noirâtre sur lequel sont implantées des théques elaviformes longues de Ovs,052 et larges de 0™ D17. Les paraphyses qui les accompagnent sont bien dis- tinctes, simples, filiformes, avec le sommet un peu épaissi. Les théques contiennent huit spores d'un brun noir, ovales, biloculaires, longues de Our 014 et larges de 0"",007. C'est à Néris (Allier), sur les rochers granitiques, que j'ai récolté ce Lichen vivant en parasite sur les thalles des Lecanora Parella, Lecanora sophodes et Verrucaria nigrescens. 4l. Lecidea spuria Schor. Croüte blanche assez épaisse, bien circonserite, fendillée de manière à former des aréoles séparées, reposant sur un hypothalle noir. Les apothé- cies sont noires, peu saillantes, planes, affleurant la surface du thalle, munies d'un rebord peu prononcé et quelquefois d'une fausse bordure blanche formée par le thalle autour d'elles. Leur diamètre varie de un demi-millimétre à un millimètre. Leur coupe est noire, Les paraphyses sont peu distinctes, agglutinées entre elles. Les théques contiennent huit spores d'un brun noir, ovales, biloculaires, longues de 0"*,014 et larges de 0"7,007. J'ai recueilli cette espèce à Bessines (Haute-Vienne), sur les rochers granitiques au bord de la Gartempe. M. Lamy de La Chapelle m'a envoyé des environs de Limoges, sous le nom de Buellia italica Mass., une espèce que M. le docteur Nylander fait rentrer, ainsi que le Lecidea spuria, comme variétés dans le Lecidea stellulata Tayl. Ses spores m'ont paru remarquables : elles sont biloculaires, noires, et chaque loge est arrondie de manière que l'on croirait voir deux petites sphères juxtaposées; en outre un halo trés-apparent et à contours trés-nets enveloppe chaque spore. 42. Lecidea badio-atra Fk. Thalle brun en forme de croûte divisée en aréoles irréguliérement poly- gonales avec un hypothalle noir trés-développé. Apothéeies noires de un demi à un millimètre de largeur, peu élevées au-dessus de la surface du thalle et munies d'un rebord assez mince. Leur coupe est noire également. Huit spores brunes, ovales, assez grandes et un peu resserrées vers le mi- lieu par une cloison qui les divise en deux loges. Klles sont, en outre, SÉANCE DU 14 JUILLET 1876. 263 enveloppées par un halo transparent. Leur longueur avec le halo est de 077.058 el leur largeur de 0"",017, iochers graniliques près Bourganeuf (Creuse), d'après un échantillon récolté par M. Lamy de La Chapelle. J'ai aussi recueilli ee Lichen rare sur les rochers, prés de Montlouis (Pyrénées-Orientales), pendant la session de la Société botanique en 1872. 43. Eecidea confusa NM. Croüte brune, disposée en glomérules saillants et irréguliers, couverts par des apothécies noires, nombreuses, élevées au-dessus du thalle et n'en laissant voir que de faibles parties : il existe aussi un hypothalle noir très- développé. La surface des apothécies est convexe et leur rebord peu prononcé. Leur intérieur est noiràtre. Les spores sont simples, ovales- arrondies, transparentes et munies d'un épispore assez épais. Leur lon- gueur est de 0"",008 sur une longueur de 0"",006. C'est sur des rochers de micaschistes, à Bersac (Haute-Vienne), que j'ai recueilli cette espèce. 44. Eecidea sarcogynoides Körb. Croüte diffuse, granuleuse, grisàtre, peu prononcée et méme nulle par places. Les apothécies sont nombreuses, rapprochées, ayant un diamètre qui varie de un demi à un millimétre; elles sont planes avec un rebord assez saillant, d'un noir glauque, comme si une poussière trés-fine, gri- sire, recouvrait leur surface. Leur intérieur est noiràtre. Une coupe mince de l'hyménium et de l'hypothéeium, vue au microscope par transparence, parait d'un rouge brun foncé. Les paraphyses sont peu distinctes et agelu- linées ensemble. Les théques sont petites, cylindriqnes-claviformes, étroites ; leur longueur est de 0"",06 et leur largeur de 07,01. Les spores sont très-petites, ovales-linéaires ou fusiformes, incolores, avec un noyau ou granule à chaque extrémité, Elles sont longues de 0"",01 et larges de 0003. | J'ai trouvé ce Lichen à Néris (Mlier), sur des rochers granitiques. 45. Lecidea intumescens Flot. Thalle d'un. brun foncé, verruqueux, inégal, fendillé, présentant. par places des glomérules saillants plus où moins développés. Apothécies noires, de grandeur moyenne, ayant environ un demi-millimétre à un mil- limètre de largeur, planes avee un rebord saillant; leur coupe est noiràtre, Les théques sont ovales, un peu rétrécies à la. base et plus larges dans le milieu, Leur longueur est de 077,042 sur une largeur de 077,024. Elles contiennent huit spores incolores, granuleuses, ovales, longues de 0"",014 204 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. et larges de 077,007. L'hypothécium est brun. Les paraphyses sont peu distinctes, agglutinées et font corps ensemble. Bessines (Haute-Vienne), sur le granit. 40. Leeidea inconcinna Nyl. Thallus umbrino-griseus vel cinerco-luscescens, tenuis, rimulosus vel areolato-rimulosus, indeterminatus, Apotheeia nigra adnata. subangulosa (latit, 0,5-07 millim.) planiuseula rugulosa (interdum epithecio sub- gvroso vel subumbonato) marginata, intus subconcoloria ; sporæ 8"? inco- lores ellipsoideæ simplices, longit. 0,018-23 millim., crassit. 0,010-12 millim.; paraphyses graciles irregulares ; epithecium et hypothecium fus- cescentia (vel illud luteo-fuscescens). Jodo gelatina hymenialis vinose-ru- bens vel vinose fulvescens, præcedente cærulescentia. Ad Bessines (Haute-Vienne). — Ripart. Species sine dubio distincta, accedens quodam modo ad L. inferiorem, sed forsan potius sit Lithoyrapha. Spore. vetustate nigrescentes obser- vantur. 41. Lecidea stigmatoides Nyl. Thallus albus vel albidus, subfarinaceus, tenuis, rimosus, indetermi- natus ; apotliecia nigra minuta (latit. 0,2-04 millim.) concaviuscula mar- ginala, intus albida; sporæ 8e ellipsoideæ submurali-divisæ (4-locula- res, loculis mediis bidivisis), longit. 0,014-16 millim., crassit. 0,008 millim.; epithecium infuscatum, paraphyses graciles, hypothecium tenue incolor. lodo gelatina hymenialis non tincta. Supra kaolinum, ad Bessines (Ripart). Species parva accedens versus L. hyalinam (Hepp.), sed differens jam sporis multo minoribus. lIypothallus tenuissimus glauco-nigricans fibril- loso-radiaus hine inde circa partes thalli juniores conspicitur. 48. Urceolaria ocellata DC. Croüte d'un blane grisàtre, épaisse, ondulée, mamelonnée, aréolée, un peu farineuse à la surface, reposant sur un hypothalle blane. Apothécies grandes, ayant en moyenne 3 millimètres de diamètre, d'abord régulière- ment arrondies, puis devenant souvent anguleuses par leur propre pres- sion, étant nombreuses et rapprochées; elles sont entourées par un rebord épais, saillant, formé par le thalle, rarement uni, mais le plus souvent fen- dillé, erénelé, verruqueux. La surface du disque est plane, d'un noir glau- que, tirant un peu sur le brun. Les spores, au nombre de huit dans chaque thèque, ressemblent beaucoup à celles de l'Urceolaria scruposa Ach.; elles sont noires, ellipsoides, pourvues de cinq ou six cloisons transversales et d'autres cloisons perpendiculaires aux premières, de manière à les diviser SÉANCE DU 1A JUILLET 1876. 26 en dix ou douze logettes. Elles sont trois fois aussi longues que larges. Leur longueur est de 0"",024 et leur largeur de 07",008. Ce magnifique et rare Lichen nva été donné par M. le docteur. Pineau, qui l'avait pris à Loches (Indre-et-Loire), sur des rochers calcaires. On le signale aussi dans le Poitou. 49. Lecanora pusilla (Anzi sub Surcogyne). e Croùte grisàtre, pulvérulente, mince et souvent peu visible ou méme nulle. Apothécies très-petites, complétement enfoncées dans la pierre, d'un quart ou d'un tiers de millimètre de largeur, arrondies ou quelquefois ovales-anguleuses, concaves au centre, qui est d'un noir glauque pruineux, et entourées par un rebord bien marqué, grisàtre, pulvérulent comme la croûte, paraissant légèrement crénelé. Théques claviformes, contenant une immense quantité de petites spores eylindriques, incolores, extrémement ténues, analogues à celles des Phoma et, comme elles, agitées dans l'eau par le mouvement brownien. Elles sont longues de 0"",005 et larges de 0"",001. Paraphyses agglutinées. Dourges (Cher). Pierres du calcaire jurassique. 90. Lecanora simplex (Dav.) Nyl. Cette espèce n'a aucune croûte bien appréciable : on voit cependant dans le voisinage des apothécies quelques rares granulations noiràtres, très- fines, qui me semblent la représenter, Les apothécies sont rarement arron- dies et régulières ; le plus souvent elles sont anguleuses ou ovales-allon- gées, noires, avec un rebord trés-marqué, et leur disque est ordinairement couvert par un épithécium granuleux, noir, plus où moins développé, saillant surtout vers le centre, ce qui-coutribue à leur donner une forme irrégulière, Elles ont un demi-millimètre de diamètre au plus, souvent moins ; elles croissent isolément ou par groupes sur la surface du rocher. Les théques sont grandes, elaviformes, longues de 0"",084 et larges de O 017, et contiennent une grande quantité de spores trés-pelites, cylin- driques, incolores, un peu arquées, ayant 0"",005-7 de longueur sur 0"".001 de largeur. Les paraphyses sont nombreuses, filiformes, bien dis- lineles avec le sommet épaissi et noir. Spermogonies. — Autour des apothécies j'ai observé de petits concep- tacles d’un tiers plus petits. qu'elles, de forme sphérique, perees d'une ouverture arrondie quand ils sout jeunes, ou souvent régulièrement ovale et déformée quand ils sont plus àgés : ce sont, je erois, des spermogonies, remplies d'une prodigieuse quantité de petits corpuscules ou spermaties d'une extrême ténuité. Hs sont ovoïdes, incolores, et leur longueur dépasse à peine la largeur des spores ci-dessus décrites : elle est de 07,0017; leurs stérigmates sont simples, incolores, filiformes entre eux et serrés les 260 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. uns contre les autres ; leur extrémité inférieure repose sur un tissu com- posé de trois ou quatre couches de cellules; par leur extrémité libre, ils donnent naissance aux spermaties. J'ai trouvé cette espèce sur des rochers granitiques à Néris (Allier), et à Bessines (Haute-Vienne). 9l. Eecanora privignia (Ach.) Nyl. Le thalle de cette espéce est souvent nul ou réduit à quelques granula- tions d'un brun-jaunàtre. Les apothécies sont d'une largeur variant de 1 à 2 millimètres, ordinairement rapprochées par groupes les unes des autres et arrondies-anguleuses. Quand elles sont fraicheset humides, leur disque est d'une belle couleur rouge-brun vif, entouré par un rebord noir flexueux ; à l'état sec, elles sont brunes ou même d'un. brun noir. Leur hyménium est composé de grandes théques obovales-claviformes et de paraphyses aeglutinées ensemble. Les théques sont composées de deux membranes bien évidentes, surtout vers leur extrémité supérieure, où il existe un espace notable entre la cavilé oü se trouventles spores etla membrane extérieure. Elles ont une longueur de 077,017 sur une largeur de 0"",07. Les spores qu'elles renferment sont nombreuses et extrêmement petites, incolores, cylindriques-arquées, semblables à celles des Phoma et agitées comme elles par le mouvement brownien; elles sont longues de 0"",003 et larges de 0"",004. Rochers granitiques de Néris (Allier). 02. kecanora Heppii (Nog.). Thalle lépreux, grisátre, sur lequel naissent des apothécies nombreuses, très-petites, ayant la forme d'un cône tronqué quand elles sont jeunes et dont le disque n'est jamais très-développé; leur rebord, au contraire, formé par le thalle et grisàtre comme lui, est relativement grand ; la cou- leur du disque est d'un brun clair. L'apothécie a à peine un demi-milli- mètre de diamètre, Les théques contiennent une grande quantité de petites spores ovales-eylindriques, iucolores, longues de 0"",005 et larges de 0"".0015. Bourges (Cher), sur une pierre calcaire formée de coquilles fossiles agglomérées, 53. Lecanora albariella Nyl. in litt. Croùte blanche, granulense, farineuse, diffuse. Apothéeies petites, ayant rarement plus d'un demi-millimètre de largeur, à disque noir, plan ou plus souvent bombé et munies d'un rebord blanchätre, farineux comme le thalle. Théques claviformes allongées, entourées de paraphyses dis- linctes, simples, filiformes avec le sommet, un peu dilaté et noiràtre. SÉANCE DU 1A JUILLET i870. 267 Chaque thèque contient huit spores incolores, ovales, biloculaires, longues de 07",008-0",01 et larges de 0,0022. Bourges (Cher), sur les pierres calcaires des anciennes fortifications. D4. Lecanora umbrina Nyl. Thalle d'un brun grisàtre granuleux. Apothécies d'un. demi-millimètre environ de largeur, à disque variant du brun au noiràtre glauque, prui- neux, entouré d'un rebord grisàtre, ondulé, crénelé, trés-apparent. L'hy- ménium est formé de thèques obovales, claviformes, longues de 0"",035, larges de 0"7,014, entourées de paraphyses agglutinées ensemble et dont l'extrémité supérieure est colorée en brun. Hl y a dans chaque thèque huit spores ovales, simples, ineolores, légèrement granuleuses, longues de 0"",01 et larges de 0"",005. jourges (Cher), sur l'écoree des vieux Noyers et sur les pierres sili- ceuses dites pierres meulières. 55. Eeeanora diphyes Nyl. Thallus cinereus vel cinereo-fuscescens, areolato-rimulosus vel granu- lato-areolatus effusus aut subdeterminatus, sat tenuis; apothecia nigra lecideina plana (latit. 0,3-0,5 millim.), sepe demum convexiuscula, sat conferta, margine tenui obsoleto vel nullo ; sporz 8" incolores ellipsoideie placodinæ, longit. 0,010-15, crassit. 0,005-7 millim.; paraphyses apice nigricanti-clavat:e, hypothecium incolor vel subincolor. Gelatina hymenea et thecæ iodo intense cærulescentes. J'ai trouvé cette espèce à Néris (Allier), sur les rochers granitiques. 56. Lecanora diphyodes Nyl. Thallus murinus vel cinerascens, sat tenuis, rimoso-diffraetus, determi- natus; apothecia fusco-nigrieantia planiuscula (lati. 0,0-0,9), sat. promis, nula, strato gonidieo imposita, zeorina (margine duplici sepius. visibili, proprio et thallino integro), intus albida; sporæ 8"! placodinie (vix vel ullo tubulo axeos), longit. 0,012-18 millim., crassit. 0,000-8 millim.; para- physes mediocres, epithecium fuscescens. Ad Bessines (Haute-Vienne), saxicola (Ripart). Spermatia (arthrosterigmatibus breviuseulis adfixa ) oblonga (longit. 0,0035 millim., crassit. 0,0015 millim.), epithecium hydrate kalico non- nihil violaceo-purpurascens. 01. Trachylia tympanclla Fr. Croüte d'un blanc gristtre, granuleuse, diffuse et souvent nulle. Les apothécies ont la forme d'une petite coupe sessile dont les bords sont gri- 268 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sàtres, un peu élevés au-dessus d’un disque plan horizontal, et d'un noir mat, ayant environ un millimètre de largeur. L'hyménium est composé de paraphyses nombreuses, filiformes, incolores, simples, à peine un peu dilatées à leur sommet, et de thèques ovales-cylindriques, contenant six spores disposées sur deux rangs. Je ne sais si le nombre normal est de huit, mais les thèques des échantillons que j'ai étudiés n'en contenaient que six ainsi placées : une à chaque extrémité et quatre dans le milieu, deux à droite et deux à gauche. Les spores sont noires, biloculaires, un peu resserrées au niveau de la cloison médiane et arrondies aux deux bouts. La membrane qui les constitue est épaisse, noire, et chaque loge contient un gros noyau également noir; elles sont longues de 0"",013 et larges de 0"",008. La surface supérieure de l'hyménium était couverte d'une couche de spores devenues libres, et c'est leur. présence qui donne au disque la couleur d'un noir mat pulvérulent que j'ai signalée plus haut. J'ai recueilli ce Lichen dans la forêt de Vierzon (Cher), sur le tronc de vieux Chènes et de Charmes, où il vivait en parasite sur le thalle des Per- tusaria communis et Pertusaria leioplaca. 08. Sphinctrina turbinata Fr. Cette espèce, beaucoup plus petite que la précédente, n’a pas de thalle propre au moins appréciable. Ses apothécies sont noires et ont une forme sphérique ou plutôt en toupie avec un pédicule très-court et sont à peu prés sessiles. Leur surface supérieure n'a pas de disque à proprement parler, mais présente seulement une ouverture arrondie très-petite : c'est un véritable conceptacle. Une coupe perpendiculaire nous montre que leur hyménium se compose d'un tissu cellulaire (hypothecium) qui donne naissance à des thèques cylindriques et à un grand nombre de paraphyses filiformes, incolores, non dilatées à leur extrémité libre. Les thèques cylindriques, longues de 0"",042 et larges de 0"",007, contiennent huit spores disposées sur un seul rang. Elles sont petites, sphériques, noires, et ont un diamètre de 0"" 005. Spermogonies. — En examinant avec attention le thalle du Lichen sur lequel cetle espèce vit en parasite, on aperçoit un grand nombre de petits points noirs qui ne sont autre ehose que l'orifice de spermogonies sphé- riques qui sont nichées dans l'épaisseur du thalle de la plante-mère. Des slerigmates noirs, courts, droits, parallèles, simples, portent, chacun à leur sommet, une spermatie plus longue. qu'eux-inémes, très-ténue et ar- quée, incolore, ayant une longueur de O™ 024 et une largeur de 077,001. l'out l'intérieur de la spermogonie est ordinairement rempli de ees corpus- cules devenus libres, Je wai jamais trouvé cette espèce dans le Cher, mais je lai recueillie en abondance à Bessines (Haute-Vienne), sur des Chàtaigniers et des Chènes, où elle vivait en parasite sur le thalle du Pertusztria communis DC. SÉANCE DU 14 JUILLET 1876. 269 Qt ). Myriangium Durize: Mont. et Berk. Notre plante du Centre est-elle la méme que celle de la flore d'Algérie ? C'est peut-être douteux ; mais n'étant pas en état de décider la question, je la désigne sous le méme nom. Le thalle se présente sous la forme de pulvinules noirs, arrondis, tuberculeux, mamelonnés, ayant 2 millimètres de largeur, rarement 2 millimètres et demi, et à peine un millimètre de hauteur. Sur leur surface supérieure on remarque de petits tubercules arrondis, situés surtout en dehors; il y en a d'autres, ordinairement ceux du centre, dont le sommet est aplati et la couleur différente, plus claire, un peu brune : ce sont les apothécies. Une coupe perpendiculaire montre qu'elles sont composées de tissu cellulaire comme le reste du thalle ; seu- lement ces cellules hyméniales sont un peu plus petites, leurs parois plus minces, et cà et là, sans ordre apparent, on aperçoit des thèques parfaite- ment sphériques, sans pédicule ou appendice d'aucune sorte, et ne parais- sant être que des cellules plus développées que les autres. Il ny a aucune trace de paraphyses. Les thèques ont un diamètre de 07",053.. Elles con- tiennent huit spores ovoïdes, incolores, divisées transversalement par sept ou huit eloisons : au niveau de chaque cloison la membrane d'enveloppe de la spore est un peu resserrée et légèrement bombée ou saillante dans l'intervalle, ce qui lui donne une apparence ondulée ; outre ces cloisons transversales, il y en a d'autres perpendiculaires ou obliques sur les pre- miéres, qui déterminent la division. de la spore en un grand nombre de loges. Le plus que j'en ai compté sur une seule face est vingt-deux. La longueur des spores est de 077,039 et leur largeur de 0"",017. Je n'ai trouvé cette plante qu'une seule fois, le 21 mai 1873, sur les rameaux de l Ulmus campestris, dans les environs de Bourges. 60. Leptogium placodiellum Nyl. in litt. Le thalle de ce Lichen est arrondi, tout à fait appliqué et adhérent à la surface de la pierre, sur laquelle il forme de nombreuses petites rosettes qui ont depuis 3 millimètres de diamètre jusqu'à douze et méme davan- tage : il est d'un brun noir, membraneux, mince, lacinié; ses divisions sont radices, centrifuges, de sorte que, comme dans certains Placodium, le centre du thalle disparait complétement ou n'est représenté que par quelques écailles, tandis que sa circonférence persiste. Jusqu'à présent les organes de la fructification sont inconnus. Vai trouvé ee Lichen à l'état stérile sur les pierres du calcaire jurassique à Chàteauneuf-sur-Cher. M. Krempalhuber a publié, sous le nom de L. dif- fractum, une espèce trouvée par lui en Allemagne, également à létat stérile, et qui est probablement la méme que la nôtre. 970 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 01. Leptogium firmum Nyl. Thalle d'un brun noir, divisé en lobes inégaux arrondis, de grandeur variable, à surface unie ou plus rarement chargée de granulations, d'une consistance ferme que l'on peut comparer à celle de PEndocarpon fluvia- tile. Les apothécies, ayant environ un milliméire de diamètre, rarement plus, sont régulières, concaves avec un rebord uni, bien développé et un disque roux-brun. Chaque thèque contient huit spores ovoides, dont les extrémités sont assez aiguës, divisées par trois cloisons transversales en quatre loges, dont quelques-unes sont encore divisées par d'autres cloisons perpendiculaires aux premières et en nombre variable. Longueur des spores, 0"",02 : largeur, 0"",01f. Bersac (Haute-Vienne), sur des rochers granitiques, au milieu de la Gartempe et mouillés par l'eau. 9 2. Collema furfarellum Nyl. Le thalle se présente sous la forme d'une croûte d'un brun noir, mince, diffuse, granuleuse, tuberculeuse. Les apothécies ressemblent à une verrue globuleuse formée par le thalle et munie seulement en haut d'une ouver- ture assez étroite, comme dans le genre Pyrenopsis. C'est un véritable conceplacle. Leur diamètre varie de un quart à un tiers de millimètre. L'hyménium est composé de longues paraphyses simples, filiformes, trans- parentes, dépassant beaucoup les théques, qui sont obovales-cylindriques et contiennent huit spores disposées irréguliérement sur deux rangs. Les thèques ont une longueur de 0"",08 sur 0"",015 de largeur. Les spores sont ovoïdes, simples, incolores, longues de 0"",014 et larges de 0"",001. Bessines (Haute-Vienne), rochers granitiques au milieu du lit de la Gartempe, sur la surface dépassant le niveau de l'eau. SÉANCE DU 98 JUILLET 1876. PRÉSIDENCE DE M. DUCHARTRE. M. Mer, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 14 juillet, dont la rédaction est adoptée, Par suite de Ja présentation faite dans la dernière séance, M. le Président proe lame membre de fa Société : M. Doassaxs Vale), étudiant en médecine, boulevard Saint- Germain, 44, présenté par MM. Bureau et Cornu. SÉANCE DU 28 JUILLET 18706. 271 Dons faits à lu Société : G. Engelmann, The Oaks of the United States. — Notes on Agave. C. Rhoumeguére, Statistique botanique du département de la Haute- Garonne. M. Van Tieghem fait à la Société Ja communication suivante : SUR LE DÉVELOPPEMENT DU FRUIT DES ASCODESMIS, GENRE NOUVEAU DE L'ORDRE DES ASCOMYCETES, par W. Ph. VAN TIEGHEM. I Place des Ascodesmis dans la classification des Ascomycetes. Intérét spécial de leur étude. Le peu qu'on sait aujourd'hui du développement du fruit des Ascomv- cètes permet déjà d'y distinguer trois types, suivant le degré de complica- tion de la premiére origine de ce fruit, autrement dit du carpogone. Tantót le carpogone est simple, formé d'une seule branche mycélienne plus ou moins différenciée par rapport au corps végétalif. Tantót le carpogone est double, formé de deux branches mycéliennes issues en deux points voi- sins du même filament ou de filaments différents, intimement accolées, différenciées d'abord de la même manière par rapport au corps végétatif et appelées plus tard, suivant les cas, à un développement identique ou dissemblable. Tantót enfin le carpogone est multiple, formé d'un nombre plus ou moins grand de pareilles branches accolées et douées d'un acerois- sement commun. On distingue donc des Ascomycétes monocarpogonés, dicarpogonés et polycapogonés. A son tour, chacun de ces types peut revêtir deux aspects différents. Prenons, par exemple, les Ascomycétes dicarpogonés. Il peut se faire que les deux branches du carpogone émettent à leur base quelques rameaux gréles qui, s'appliquant aussitót sur le carpogone et se ramifiant à sa sur- face, ne tardent pas à l'envelopper d'un tégument continu. Le jeune fruit se compose alors de deux parties, un noyau et une enveloppe, et c'est par le développement indépendant de ces deux parties qu'il acquiert peu à peu sa structure définitive. Le noyau, formé de la portion des deux branches du carpogone supérieure aux points d'insertion des rameaux générateurs du tégument, produit en bourgeonnant une masse cellulaire plus ou moins développée dont les asques sont les dernières ramifications; aussi prend-il le aom d'ascogone. Le tégument, en S'aceroissant et en se différenciaut plus ou moins, devient Fenveloppe du fruit mur, avec ses diverses dépen- dances tant internes qu'exlernes, enveloppe qu'on peut appeler périasque ; il peut done recevoir le nom de périascogone. Tous les Ascomycètes dicar- 979 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. pogonés dont le fruit présente ce mode de développement seront dits angio- thèques. Mais il peut se faire aussi que les deux branches du carpogone ne produisent à leur base aucun rameau grêle capable de leur faire enve- loppe. Le périascogone manque alors ; le earpogone est et demeure nu, et se confond avec l'ascogone. La masse cellulaire plus ou moins développée qu'il produit en bourgeonnant, et l'ensemble des asques qui en sont les ramifications dernières, constituent seuls le fruit mùr, qui est entièrement dépourvu de périasque. Les Ascomycètes dicarpogonés de cette catégorie seront appelés gymnothèques. Ce double aspect se retrouve naturellement dans les deux autres types. Laissons de côté le type polycarpogoné, pour lequel je n'ai encore que des observations incomplètes, et ne considérons que les Ascomycetes monocar- pogonés. Si la branche unique formant le carpogone émet à sa base un ou plusieurs rameaux gréles qui, se posant sur sa région supérieure (aseo- gone) et se ramifiant à sa surface, la recouvrent bientôt d'un tégument continu (périascogone), l'Aseomycéte monocarpogoné sera angiothèque. I sera gymnothèque, au contraire, si le carpogone, ne produisant à sa base aucun rameau qui puisse lui former enveloppe, est et demeure nu, se con- fond avec l'ascogone et engendre un fruit mür dépourvu de périasque. Appliquons cette classification parallèle aux quelques genres d'Asco- mycètes où le développement du fruit est aujourd'hui plus ou moins bien connu, et nous obtiendrons le petit tableau suivant : ASCOMYCETES ANGIOTHEQUES. GYMNOTHEQUES. | Eurotium. Taphrina. | Hypocopra. Endomyces. «An | Monocarpogonés. ..... Sordaria. X. - Chælomium. Peziza. ul Ascobolus. Helvella. Il LL zi | © . Erysiphe. Gymnoascus. z f Picarpogoaés (1)..... Podosphera. » = Penicillium. » | olycarpogonés....... » » Avant d'aller plus loin, remarquons que dans les deux groupes d'Asco- mycèles dicarpogonés, ainsi que dans les monocarpogonés angiothèques, (1) Les Ascomycètes dicarpogonés sont susceptibles d'une nouvelle subdivision. Tantôt les deux branches du carpogone y demeurent semblables dans toute la suite du dévelop- SÉANCE DU 28 JUILLET 1876. 273 l'observateur se trouve, dès le début pour les deux premiers, un peu plus tard, mais de très-bonne heure encore, pour les seconds, en présence d’une dualité organique. Deux branches, contemporaines et semblables dans les deux premiers cas, successives et dissemblables dans le troisième, s'y voient, en effet, dans un intime contact. Observons encore que c'est dans des genres appartenant exclusivement à ces trois catégories, que le déve- loppement du fruit des Ascomycètes a été suivi jusqu'à présent, tout d'abord par M. de Bary, et après lui par plusieurs de ses élèves. Ajoutons enfin que cet illustre botaniste venait à ce moment de mettre en lumière la reproduction sexuelle des Péronosporées, et qu'il était à bon droit préoc- cupé de rechercher et de retrouver un semblable mode de reproduction dans tous les autres groupes de la classe des Champignons, notamment dans celui des Ascomycètes. C'est, croyons-nous, cet enchainement de cir- constances qui a porté M. de Bary à attacher, sans autre preuve, un carac- tère sexuel à la dualité originelle jointe à l'intime contact des éléments formateurs du fruit, et à formuler sa célébre théorie de la. sexualité. des Ascomycètes. Appuyée de faits nouveaux, mais toujours du même ordre, par les divers observateurs qui ont suivi, cette théorie a rencontré lassen- timent général et est devenue classique. Cependant, à la suite de recherches sur le développement. du fruit de quelques Ascomycétes angiothèques, et notamment de plusieurs genres du type monocarpogoné, celui de tous où, gràce à la différenciation mor- phologique des deux éléments formateurs du fruit, la théorie parait devoir pement et contribuent au méme titre à la formation du massif cellulaire dont les asques sont les dernières ramifications ; l'ascogoue y est double, comme le carpogone (Penicil- lium). Tantót les deux branches du carpogone, semblables au début, se différencient plus tard. L'une d'elles bourgeonue seule pour produire en définitive l'ensemble des asques ; bien que le carpogone soit double, l'ascogone est done simple. L'autre branche demeure stérile. Mais à cette stérilité s'attache, suivant les cas, une signification très-différente. Dans les Erysiphe, où le fruit mùr ne renferme qu'un petit nombre d'asques, et surtout dans les Podosphera, où il n'en contient qu'un seul, une des branches du carpogone suffit largement à les produire, l'autre avorte. Dans le Gymnoaseus au contraire, en l'ab- sence d'un périasque, la cellule stérile parait jouer un rôle mécanique très-important ; elle se développe beaucoup et forme un pivot solide, une sorte de columelle, qui sup- porte les diverses ramifications de l'ascogone et plus tard l'eusemble des asques groupés autour de lui. Cette subdivision peut se résumer ainsi : ASCOMYCETES DICARPOGONES — —— H—( M — angiothèques. | gynmotheques. Erysiphe. à ascogone simple..... fap nodscus. Podosplurr«. ASCOMYCÈTES DICARPOGONÉS à ascogone double... Penicillium. » , Re c amm 00000 T. XXIII. (SÉANCES) IN 974 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. trouver son plus solide appui, j'ai été amené à la combattre et à réduire les faits observés à leur véritable signification (1). En mème temps je fai- sais remarquer combien, à supposer qu'il existàt des Ascomycétes mono- carpogonés gymnothèques, l'étude du développement de leur fruit serait décisive dans cette grave discussion, puisque la dualité organique, qui est le point de départ et l'unique base de la théorie sexuelle, y fait totalement défaut (2). C'est donc sur ce côté de la question que j'ai fait porter mes nouveaux efforts. Je n'ai pas tardé à faire voir que chez certaines Pezizes à fruit stipité (P. macropus, var. hirta Fries et P. bulbosa Fries) et Helvelles (H. la- cunosa), le fruit se constitue aux dépens de la ramification condensée et homogène d'une branche mycélienne spéciale, laquelle se comporte comme un carpogone simple et nu. Il en est de méme daus le Peziza Fuckeliana pour la formation du sclérote sur le mycélium, et plus tard pour le déve- loppement du fruit sur ce sclérote (3). C'étaient done là des exemples d'Ascomycétes monocarpogonés gymnothèques, et, à ce titre, leur seule existence était déjà décisive dans la question de la sexualité. Mais à cause de leur grande dimension et d'une nourriture insuffisante, je n'avais obtenu dans mes cultures cellulaires que les débuts du fruit de ces plantes, sous forme de tubercules plus ou moins développés, mais bientôt arrêtés dans leur accroissement, L'observation demeurait donc à certains égards incom- plète. D'autre part les Taphrina et Endomyces appartiennent aussi très- probablement à ce groupe et paraissent différer surtout des Pezizes et des Helvelles par le degré de développement de la masse cellulaire qui pré- cède la formation des asques, masse très-considérable chez celles-ci, presque nulle chez ceux-là. Malheureusement on n'a pas encore suivi les premières phases de la constitution du fruit de ces plantes, et à eause de leur para- sitisme la chose n'est pas sans difficulté. L'eüt-on fait d'ailleurs, comme ces deux genres occupent le dernier échelon de l'ordre des Ascomycétes, il serait à craindre que leur valeur démonstrative dans la question actuelle ue füt révoquée en doute. C'est précisément, croyons-nous, le grand intérêt que présente le genre nouveau dont je me propose d'entretenir aujourd'hui la Société, d’être un Ascomycéte monocarpogoné gvmnothèque, d'avoir un fruit plus compli- qué que celui des Taphrina et Endomyces, mais plus simple que celui des Peziza et Helvella, ce qui lui assigne en quelque sorte une position moyenne dans ce groupe si intéressant (4 ), dese laisser enfin cultiver aisé- (1) Sur le développement du fruit des Chetomium et la prétendue sexualité des Asco- mycetes (Comptes rendus, t. LXXXI, p. 1110, 6 décembre 1875) (2) Loc. cit., p. 1119, | (3) Nouvelles observations sur le développement du fruit et sur la prétendue sexualité des Basidiomycètes et des Ascomycètes (Botanische Zeilung, Vi mars 1876, p. 161, et Bul- lelin de la Sociéte botanique, t. XXIII, p. 99, 10 mars 1876) | (4). Position marquée par la lettre X dans le tableau précédent SÉANCE DU 28 JUILLET 1876. 975 ment en cellule où i! traverse en peu de jours, sous l'oeil de l'observateur, toutes les phases de son développement depuis la spore semée jusqu'aux spores nouvelles, ce qui permet le contróle et la vérification répétée des resultats. À tous ces titres, l'étude de ce genre apportera, je l'espére, un argument décisif dans la question de la sexualité des Ascomyeètes, et l'objet principal des considérations qui précèdent était de bien établir ce premier point. H Etude du genre Ascodesinis. 1. Organisation du fruit mùr. — Comme l'exprime le nom d Asco- desmis (1), que je propose de leur donner, le fruit mùr de ces plantes se compose simplement d'un bouquet ou d’une rosette Tasques divergents, entremélés de paraphyses, le tout inséré à la surface supérieure d'une petite masse cellulaire arrondie, qui à son tour s'attache au milieu de sa face inférieure et par un court rameau à un filament mycélien. Compléte- ment dépourvus d'enveloppe ou de périasque, ces fruits sont trés-petits, les plus gros atteignant à peine 2 à 3 dixiémes de millimètre; aussi n'ap- paraissent-ils à Pœil nu, sur la trame blanche formée par le mycélium aérien de la plante, que comme autant de petits points d'un brun-chocolat dans l'Ascodesmis nigricans, d'un jaune d'or dans l'Ascodesmis aurea. La petite masse cellulaire arrondie et incolore, base et origine commune des asques et des paraphyses, a une structure homogène et compacte. Elle se compose de branches cloisonnées, visiblement issues les unes des autres en des points très-voisins, mais tellement contournées et enchevé- trées, qu'il est impossible d'en suivre le cours ; on voit seulement que les asques et les paraphyses en sont les dernières ramifications. Leur mem- brane est trés-délicate et entierement vide de protoplasma à la maturité ; aussi la petite masse est-elle alors tout entière transparente et flasque. Nous étudierons tout à l'heure le mode de développement du noyau cel- lulaire : on sent qu'au point de vue de la sexualité toute la question est là. Les asques, ovales allongés ou claviformes , contiennent huit spores bisériées qu'ils mettent tardivement en liberté par résorption ou déchirure de leur membrane mince et incolore. Les spores, sphériques ou sub- sphériques, dont le protoplasma est homogène et incolore, sont revétues d'une exospore colorée et cuticularisée, munie de remarquables épaissis- sements. Dans LA. aurea, où la spore sphérique ne mesure que 077,006, ce sont simplement. des pointes colorées en jaune d'or plus fortement que le reste de la membrane. Dans PA. nigricans, ot la spore. légèrement ovale mesure 077,012 sur 0,010, ce ne sont aussi d'abord que des pointes brunes, plus foncées que le reste de la membrane, et parfois même la (1) De aouns, asque, et 3eouks, bouquet. 976 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. chose parait en rester là; mais le plus souvent l'exospore se développe bientot au-dessous des pointes en les soulevant et forme un réseau brun à mailles hexagonales ou pentagonales qui porte une pointe à chacun de ses sommets, organisation qui rappelle celle des spores de Tuber ou de Lycoperdon. C'est cette coloration des spores qui donne aux fruits tout entiers la couleur intense qui permet de les reconnaitre à l'oeil nu ou à la loupe sur la trame blanche du mycélium. Dans chaque fruit le développement des asques est successif et dure un certain temps, pendant lequel la méme rosette d'A. nigricans, par exemple, à coté d'asques parfaitement mürs à spores à la fois échinées et réticulées, en offre d'autres à spores seulement échinées, d'autres à spores déjà formées, mais encore lisses et incolores, d'autres plus petits encore dépourvus de spores, d'autres enfin qui commencent seulement à paraitre. Quand leur production a cessé par épuisement du protoplasma accumulé dans le noyau basilaire, tous les asques du bouquet se trouvent bientôt amenés à l'état d'égale et parfaite maturité. Leur nombre est alors assez variable, en rapport avec la dimension du fruit considéré ; d'une vingtaine et plus, il peut s'abaisserà troisou quatre, et méme, dans certaines rosettes excessivement petites, à un seul. Les paraphyses sont des rameaux gréles, cylindriques et simples ; leurs extrémités, légérement renflées et recourbées, dépassent un peu les som- mets des asques. Moins nombreuses que ceux-ci quand le fruit a épuisé son développement, elles sont entremélées sans ordre avec eux ; quelques- unes sont en outre disposées en couronne au pourtour de la rosette comme pour la protéger, et compenser jusqu'à un certain point l'absence de tégu- ment. Nous reviendrons tout à l'heure sur ce point. Doué d'un fruit ainsi constitué, le genre Ascodesmis comprend aujour- d'hui deux espèces, que j'ai rencontrées cet été sur les excréments de divers animaux (chien et mouton). À partir du substratum, le mycélium de ces plantes se développe dans l'air jusqu'à venir atteindre et dépasser les bords de la soucoupe poreuse, en formant une trame cotonneuse du blanc le plus pur; chemin faisant, les filaments se couvrent d'innombrables fruclifications, et aprés quelques jours la trame blanche se montre toute parsemée de petits points bruns, si Cest l'Ascodesinis nigricans, de points encore plus petits et jaune orangé, si c'est l'Ascodesinis aurea. En certains endroits les fruits sont assez rapprochés pour qu'au premier coup d'œil la coloration y paraisse uniforme. C'est surtout PA. nigricans que je me suis appliqué à cultiver tant en grand sur crottin de cheval bouilli, qu'en cellule dans divers liquides nutritifs. Aussi est-ce de cette espèce et sur- tout des résultats obtenus sur elle par les cultures cellulaires qu'il sera exclusivement question dans ce qui va suivre. 2. Germination des spores et caractères du mycélium. — Bien müres, ou mème extraites de l'asque avant la formation de l'exospore cuticula- SÉANCE DU 28 JUILLET 18706. 977 risée et colorée, les spores de FA. nigricans germent promptement dans la décoction de crottin de cheval, dans Purine fraiche, dans le moüt de bière et dans le jus d'orange peu acide. C'est dans le moüt de bière que jen ai obtenu les plus belles cultures. Semée en cellule dans une goutte de ce dernier liquide, la spore pàlit d'abord et se gonfle sensiblement en devenant tout à fait sphérique avec un diamètre de 077,014. Puis l'exo- spore se brise au fond d'une des mailles du réseau, et il en sort un tube qui s'allonge rapidement en se ramifiant cà et là à d'assez grands intervalles. Aussi puissantes que le tube principal, ces branches ne tardent pas à se ramifier de méme et, quarante-huit heures aprés le semis, il s'est constitué de la sorte un mycélium làche, dont certaines branches ont dépassé déjà les bords de la goutte pour s'étendre les unes à la surface du verre, les autres dans l'air de la cellule, et qui continue à s'aceroitre pendant les deux jours suivants. Les divers tubes mycéliens, qui mesurent en moyenne 0"".005 de diamètre, sont eloisonnés, à cloisons munies sur chaque face de deux ou trois granules brillants, et anastomosés de diverses manières : quand deux branches arrivent à cheminer cóte à cóte, par exemple, elles s'unissent en forme d'échelle par de nombreuses anastomoses transverses. Quatre jours aprés le semis, de jeunes fruits commencent à paraitre sur les filaments qui occupent la périphérie de la goutte nutritive, et sur ceux qui rampent au dehors à la surface du verre; il leur faut ensuite trois à quatre jours pour arriver à maturité. Sept à huit jours suffisent donc à la plante pour accomplir en cellule, dans le moüt de biére, toutes les phases de son développement. Ajoutons que le fruit ascosporé parait étre le seul organe reproducteur de ces plantes; du moins n'y ai-je pas jusqu'à pré- senl rencontré de conidies dans mes cultures. 3. Développement du fruit. — Sur le trajet d'un tube mycélien, à mi- distance entre deux cloisons, nait une branche de méme grosseur ou un peu plus grosse, qui se dirige d'abord perpendiculairement, puis se recourbe en virgule et cesse de s'aecroitre en se séparant par une cloison située au ras du tube : c'est le carpogone. Sur le cóté convexe et vers la. naissance de la courbure, se forme aussitót une branehe de méme grosseur, qui se dirige et se recourbe en sens contraire, et cesse ensuite de s'allonger. Le résultat de cette première fausse dichotomie est done une sorte de T. Chaque branche du T se dichotomise à son tour de la méme manière, mais dans un plan perpendiculaire ; ses deux rameaux font de même, et ainsi de suite un grand nombre de fois. Toutes ces branches, parfaitement semblables et de méme grosseur, issues progressivement les unes des autres en des points très-rapprochés, et toutes. ensemble du carpogone, par voie de bourgeonnement dichotomique, eontournées à chaque bifur- cation dans un plan différent, eloisonnées d'ailleurs cà et là et remplies d'un protoplasma plus dense et plus granuleux que celui du mycélium, s'enclievétrent intimement sans laisser de méats, etne tardent pas à consti- 278 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tuer un petit tubercule blanc, attaché au filament mycélien par un court pédieelle, partie inférieure du carpogone. Ce tubereule grossit pendant quelque temps; bientôt sa face supérieure se hérisse de rameaux gréles, simples prolongements de certaines branches superficielles, recourbés en crochet vers l'intérieur. Ce sont les paraphyses, dont le développement précède ainsi l'apparition des asques. Peu de temps aprés, entre les bases des paraphyses internes, on voit poindre quelques grosses cellules ren- fées, d'abord sphériques, bientôt ovoïdes et amincies vers la base, où elles se séparent par une cloison de la branche superficielle du tubercule, dont elles sont les derniers rameaux ; elles poussent devant elles les crochets des paraphyses et les redressent pour paraitre au dehors. Ce sont les pre- miers asques. Pendant qu'ils s’accroissent, pendant qu'ils forment et mù- rissent leurs spores, d'autres asques naissent successivement jusqu'à épui- sement total de la provision de substances nutritives accumulée daus le tubereule primitif. On obtient ainsi en définitive une rosette d’asques octospores plus ou moins nombreux, entremélés et entourés de quelques paraphyses redres- sées, le tout inséré à la face supérieure d'une petite masse cellulaire transparente et homogène, formée de branches rameuses contournées et enchevétrées, à membrane délicate et vide de protoplasma, masse atta- chée à son tour par un court pédicelle sur un filament mycélien. C'est pré- cisément la structure du fruit mür, telle que nous l'avons étudiée en commençant. On voit en méme temps quel est le ròle des paraphyses. De méme origine que les asques, mais précédant leur formation dans la rosette, elles les protégent à peu prés comme les écailles d'un bourgeon protégent les jeunes feuilles, et compensent ainsi l'inconvénient qui résul- terait pour eux de l'absence de périasque. Tel est le type normal du développement (1). Mais il n'est pas rare de rencontrer dans les cultures certains fruits qui offrent à cet égard quel- ques variations secondaires. Ainsi des deux branches du T primitif, il arrive assez souvent que la première reste stérile et forme une petite corne, une sorte d'ergot, à la base du tubercule produit par les dichotomies de la seconde. D'autres fois les deux branches du T s'allongent assez pour que leurs ramifications ultérieures ne puissent pas se rencontrer et s'enchevé- trer; du méme carpogone on obtient alors deux fruits jumeaux au lieu d'un. Ailleurs, au contraire, deux carpogones ou même trois, issus en des points très-voisins de filaments différents, et se comportant chacun comme ila été dit plus haut, enchevêtrent leurs diverses ramifications, (1) T west pas nécessaire de faire remarquer ici, tant elles sont profondes, les diffé- dan » e parent MM de développement de celui que M. Baranetzki a signalé dans son Gymnoascus Reessii. Des différences non ins gr 'S. tirées mycélium et de l'absence d fauss moins grandes, tirées notamment du yeen e l'absence” d'une fausse enveloppe cuticularisée, s'ajoutent d'ailleurs aux premières pour faire de l'Ascodesmis un type générique très-différent du Gymnoascus, SÉANCE DU 28 JUILLET 1876. 279 se confondent et ne forment tous ensemble qu'un seal tubereule et par conséquent qu'un seul fruit composé à deux ou trois points d'attache. On observe aussi de trés-instructifs arrêts de développement. Faute de nourriture suffisante en ces points, le bourgeonnement dichotomique du carpogone s'arréte çà et là à ses divers degrés de complication et le système ramifié se vide sans rien produire. Toutefois, dés qu'il y a eu commencement de tubercule, il se forme le plus souvent quelques para- physes et quelques asques, deux ou trois, quelquefois un seul, aux dé pens de la petite provision de nourriture accumulée. III Conclusion. Le résultat principal qui découle de cette étude, et le seul que je veuille retenir en terminant, est celui-ci. C’est par un bourgeonnement dichotomique condensé et homogène, avec contournement et enchevêtre- ment des branches successives, que le carpogone simple et nu des Ascodes- mis donne naissance à la masse cellulaire fondamentale qui produit plus tard à sa surface d'abord les paraphyses, puis les asques. Ce mode de développement rappelle de trés-prés celui que j'ai constaté dans le fruit de certaines Pezizes et Helvelles et dansle sclérote du P. Fuc- keliana. La différence est d'abord que, dans ce dernier cas, les branches des dichotomies successives demeurent droites et se séparent à angle aigu, mais surtout que leur puissance de développement dure beaucoup plus longtemps et produit un massif cellulaire beaucoup plus considérable, avant de s'épuiser en donnant naissance d'abord aux paraphyses, puis aux asques. Les Ascodesmis se montrent donc à nous comme le type élémen- taire des Discomycètes. En l'absence de dualité, de différenciation et de contact dans les pre- miers éléments formateurs du fruit, il faut bien convenir que l'idée méme d'une sexualité ne saurait venir ici à l'esprit de l'observateur. M. de Sevnes fait connaitre à la Société les résultats de ses obser- vations sur l Hirneola canescens. Lecture est ensuite donnée de l'extrait suivant d'une lettre adres- sée de Lima par M. Martinet à M. Sagot, et communiquée par ce dernier : EXTRAIT D'UNE LETTRE DE M. MARTINET A M. SAGOT. Lima, 27 février 1876. « Voici de nouveaux détails plus précis sur le climat de Lima. La lati- tude 12° sud et la faible élévation au-dessus du niveau de la mer feraient, 280 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. à priori, supposer une température moyenne de 24^ ou 25° centigr. L'observation précise la fixe à 195,2. Si autrefois des observateurs l'ont portée plus haut, c'est qu'ils n'avaient pas pris avec un soin suffisant la température des nuits. Dans l'année 1869, elle ne fut que de 187,5. Cette méme année, selon les observations faites avec soin par Manuel Rossau y Paz Soldau à qui nous empruntons ces chiffres, la moyenne mensuelle la plus élevée fut celle de février, 225,86, la plus basse celle de juillet, 145,22. La moyenne de midi de janvier fut 25°,40, et en juillet la moyenne de minuit fut 135,25. Ce qui donne une différence de 12*,15. Il y a des années cependant où, dans la saison la plus chaude, le ther- mométre se maintient pendant quelques jours entre 28° et 20", tandis qu'il arrive dans la saison la plus fraiche de le voir descendre à + 12° ou méme à + 10°. Il règne à Lima une grande sécheresse en été, parce qu'il ne pleut pas, mais l'air contient une quantité de vapeur assez notable. Voici des chiffres : L'état hygroméirique, pendant l'été de Lima (été qui coincide avec l'hiver d'Europe), en appelant 100 Fair saturé de vapeur d'eau, est, en moyenne, de 67; pendant l'automne il est de 72, pendant l'hiver de 16, et pendant le printemps de 71. Si l'on calcule le poids moyen de vapeur d'eau par mètre cube. d'air, en l'évaluant en grammes, on a pour l'été 149,48 ; pour l'automne 11,43; pour l'hiver 9,90; pour le printemps 10,85. Ces chiffres montrent que, bien qu'en été l'humidité, principalement la nuit, differe peu de celle de l'hiver, la quantité absolue de vapeur d'eau y est bien supérieure. Il y a plus de 1 de vapeur d'eau dans l'air, en plus en été qu'en hiver ; ce qui est d'ailleurs conforme aux lois de la physique. Voici, toujours d’après les observations de M. Rossau y Paz Soldau, le tableau de la quantité de pluie qui tomba à Lima en 1869. Mois. Quantité de pluie évaluée Nombre de jours en millimètres. où il a plu. Mai................... .. 10,6 crosses e enn 9 Juin.................... 62,3 .......,.... ..... 22 Juillet . .............. e 69,2 .,...,,,......... +. 24 Août................. 63 .....,..... ess. 90 Septembre ......... ee 09,9 useless . 27 Octobre. ............. TU MEME ET Novembre ...........,... 48 —— ........ TOPPED ü Décembre . ........... ee. 28 ...,.... TENE 0 L'intensité de la lumière est certainement vive à Lima, quand le ciel est pur, mais la quantité de vapeur d'eau contenue dans l'air trouble souvent cette pureté. Certains points de la côte du Pérou, comme Paita, SÉANCE DU 28 JUILLET 1876. 281 Aréquipa, ont un ciel plus clair, qui permet, dit-on, quelquefois d’aper- cevoir des étoiles pendant le jour. L'abaissement de la température pendant la nuit développe souvent des brouillards et diminue la transparence de l'atmosphère. On a relevé dans l'année : Matinées couvertes. . . . . eee n n n ee see se ee 210 Matinées partiellement couvertes. dresse es esse. JO Matinées claires. . . . ..................... (60 Après-midi couvertes . . . . .................. 144 Après-midi couvertes partiellement. . . ............ 107 Après midi ciel très-pur. . . . . . . sous... 14 Journées complétement claires, ciel très- -pur v (printemps, été). . . 42 Journées complétement couvertes (hiver). . . . . . .. . . .. 136 J'ai fait récemment. deux voyages, d'une quinzaine de jours chacun, dans le département d'Ica, au sud de Lima, l'un en décembre, l'autre au commencement de février. Voici les plantes que j'ai remarquées : Cappa- ris avicenniæfolia, Zygophyllum ceriferum Raimondi. Prosopis dulcis. — Cette derniére est une plante précieuse pour la cóte. Elle croit dans les déserts arides, sans eau; et ses branches coupées four- nissent aux animaux, par leurs feuilles et leurs fruits, un aliment fort utile dans ces régions. On la connait sous les noms de Guarango et d'Algarrobo. On en distingue vulgairement des pieds dits màles ou femelles, suivant qu'ils sont ou non pourvus d'épines; mais je n'y vois que des variations d'une même espèce. J'ai observé sur un Acacia très-abondant sur la côte, el que je crois être l'A. punctata, celte mème présence ou absence d'épines. ` Encelia canescens, Baccharis, Poa. Ficus Carica, qui fournit des fruits abondants. Cerbera peruviana, Bombax, et un Coccoloba arborescent du port d'uu Phytolacca. Un Spiræa ligneux, peut-être type d'un genre à créer. Jussiæa, Tessaria legitima, Juncus, Dolichos glycinoides, Azolla ma- gellanica, Hydrocotyle multiflora, Boerhaavia hirsuta, Cordia asperi- folia, Tecoma Guarume, Plumieria, Cressa, Gynoxis, Waltheria, Indi- yofera, Galvezia limensis, Acacia, Parkinsonia aculeata. Une seconde espèce de Parkinsonia offre à l'extrémité de ses rameaux un cas curieux de fasciation. Le rameau s'aplatit et se courbe en ongle de chat. Vallesia dichotoma, Phaseolus truxillensis, Spondias purpurea, Cen- trospermum (Plectotropis L., Centrostemma Endl.), Sida, Cerasus capuli cultivé, Ephedra, Heliotropium curassavicum. Euphorbia geniculata, E. pachacamacensis, E. brunnea, E. subemar- ginata (ces trois dernières espèces inédites). 282 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Loasá, Telanthera, Crotalaria, Poinciana. Xuaresia biflora, Sarcostemma pubescens, Tribulus bicornatus. Cassia fistula (?), Chénopodée ligneuse, et Passiflora fœtida. » M. Bureau expose à la Société les résultats des recherches qu'il a faites pour arriver à déterminer la nature des spores dont l'accu- mulation formait au fond d'une grotte du Piton des Neiges, à 1200 métres d'altitude environ, dans l'ile de la Réunion, un véritable sol comparable à un terreau très-solide et compacte, mais en même temps inflammable. Ces recherches ont été poursuivies sur des échantillons recueillis et rapportés par M. G. de l'Isle. Après avolr successivement reconnu que ces spores ne pouvaient appartenir ni à des Lycopodiacées, ni à des Cvathéacées, et ne pouvaient non plus constituer des grains de pollen de Coniféres ou de Cycadées, il dit qu'il a été conduit à reconnaitre qu'elles devaient provenir de Poly- podiacées, et avoir été probablement entraînées par les eaux dans cette grotte, où elles se sont accumulées pendant une période de temps évidemment assez longue. M. le Président, en levant la séance, déclare close la session ordi- naire 1875-1876. SESSION MYCOLOGIQUE SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE ST ONG 3 A ——— SESSION MYCOLOGIQUE A PARIS EN OCTOBRE 1870 La Société, conformément à la décision prise par elle dans sa séance du 14 juillet 1876, s'est. réunie en session. mvcologique à Paris, le 23 octobre. En exécution du programme qui avait été adopté provisoirement dans cette séance, sur la proposition dela Commission chargée spé- cialement de l'organisation de la session, une exposition de Cham- pignons frais ou. desséchés (espèces comestibles, indifferentes, vé- néneuses, nuisibles à l'agriculture, ete.) et de livres, dessins ou gravures mycologiques, fut ouverte au publie le lundi 22 octobre, à une heure de l'après-midi, dans une des salles de la Société centrale d'horticulture de France, que eette Société avait obligeamment prêtée à cet effet. Sur la demande d'un trés-grand. nombre de visi- leurs, cette exposition, qui devait ètre fermée le 22, fut ouverte de nouveau au publie, le lendemain mardi 24 octobre, de dix heures du matin à quatre heures, mais sans que cela eût moditié le pro- gramme adopté par la Société. Le 24 octobre, en effet, la Société fit une excursion mvcologique à Montmorency; une seconde excursion eut lieu le 25, à Chaville, etle 26, dans la matinée, la Société visita les. collections mvcologi- ques du Muséum d'histoire naturelle. La Société tint des séances publiques à Paris, dans la soirée des trois premiers jours de la session, le 23, dans la salle même de l'exposition, les 24 et 25, dans le local habituel de ses séances. T. XXIII. (SÉANCES) 19 986-1t SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Le départ pour Fontainebleau eut lieu dans l'aprés-inidi et dans la soirée du jeudi 26 octobre. L'exécution du programme fut reprise le lendemain. Des excursions furent faites dans la foret par la Societé: le 27, dans la matinée, au Calvaire, et dans l'aprés-midi, au mail de Henri IV; le 28, à la Fontaine-Sanguinède, par le Gros-Fouteau ; et le 29, jour de clôture. au Rocher-Cassepot, par le mont Ussy et la Croix-d'Augas. Des séances publiques furent également tenues à Fontainebleau, pendant les soirées des 27 et 28 octobre, dans le grand salon de l'hôtel de la Ville de Lyon, où tousles membres de la Société s'étaient installés. Une exposition de tous les Champignons récoltés dans les diverses explorations en foret fut organisée au milieu de ce salon pen- dant les trois derniers jours de la session, dans le but de faciliter l'étude de beaucoup d'espèces intéressantes aux personnes qui nma- valent pu assister à toutes les excursions. Les membres de la Société qui ont pris part aux diverses réunions el excursions sont : MM. Allard (G.). MM. Drévault. MM. Poisson (J.). Bainier (G.). Duvillers. Prillieux. Boudier. Franchet. Quélet. Buffet (J.). Gaudefroy. Rabotin. Bureau (Ed.). Gérard. Récipon (M"*). Cauvet. Gontier. Richon. Chavériat. Grillet. Roze (E.). Cintract. Guernisac (de). Seynes (de). Cornu (Max.). Le Breton. < Nicard. Cuisin. Maugeret. Sotomayor (de). Daveau. Olivier (Ern.). Torchon (Ch.). Delacour. Peltereau. Vigineix. Doassans. Petit (P.). Un grand nombre de personnes étrangères à la Société ont pris part aux divers travaux de la session, soit en faisant partie des excursions, soit en assistant aux séances, à Paris et à Fontainebleau. Parmi elles nous citerons : MM. le Dr Bardoul (A.), Bayard (pharmacien à Fontainebleau), Bernard (pharmacien-major des Invalides), Berthod (L.), le D' Bormann (Adolphe), Boulard, Boutet (EL), Boutet (de Beauvais), Bureau (L.), Cassagne, le comte de Cireourt (Arthur), Constant (pharmacien à Sannois), Chanel (Ho, M Delille-Cordier, MM. Després (L.), Devillaire, Domet (P.), Du Boys (5.), Dugourd (P.), Dumont (V.), Eudeline (Ed.), Glatigny (E), J Guerrapain (de Bar-sur-Aube), Gueutal-Sehom, Hédiard, Hezard (L.), EXPOSITION DËS 25 ET 24 OCTOBRE 1876. 287-11 Hanriot (M.), Houssemain, M" Huet, MM. Hurbain (Ph.), G. Jacquin (de Bessancourt), Jehenne, M"* A. Laval, MM. Lecœur (interne des hópi- taux), le D" Legendre, le D' Lelorain, le D" Leman, le D” Lemoine (de Reims), le général Lion, M" Lion, MM. Locré, Marsault (interne des hôpitaux), Marienne (J.), Mary, Masse, Mauppin (AI), Maurice, Méquillet, Meteyer, Moret, le D" Moran, Ortmans (E.), Ortmans (A), le D" Person (de Bar-le-Duc), Piécourd (pharmacien à Montmoreney), Pierre (Gustave), Richard (Félix), le chevalier de Rieneck-Levssius, M". de Rieneck-Leyssius, M"? E. Roze, MM. Rivière (Paul), Rommier (Mph.), Sourdel (étudiant en pharmacie), Thiébaut, Tripier (Léon), D" Venet, Vauthier, B. Verlot (chef de l'École botanique au Muséum), Veyrassat (Aug.), Viandier, Waldmann, Watrinet (H.), ete., ete. Enfin, de trés-nombreux visiteurs ne cesserent, les 23 et 24 octobre de remplir la salle de l'Exposition, soit pour y prendre connaissance des échantillons de toute provenance qui la composaient, ou pour rechercher plus particulièrement les espèces vénéneuses et comes- tibles, soit pour consulter les beaux dessins originaux que leurs auteurs ou leurs possesseurs mettaient pour la premiére fois sous les regards du public. EXPOSITION MYCOLOGIQUE DES 23 ET 24 OCTOBRE 1876. Dans la salle que la Commission avait fait disposer pour cette exposi- tion, se réunirent à neuf heures du matin les membres de la Société qui avaient obligeamment offert leur concours pour la préparation et la répar- lion des objets à exposer. Ce furent MM. Boudier, Chavériat, Doassans. Drévault, Maugeret, Petit, Poisson, Quélet, Richon et Vigineix, qui, prè tant leur trés-utile coopération aux commissaires, MM. Ed. Bureau, Cornu, Roze et de Seynes, permirent de terminer à une heure moins un quart les préparatifs de cette exposition. À ce moment, tous les échantillons appor- tés ou envoyés, rue de Grenelle, 84, étaient placés dans une très-grande quantité assiettes prétées pour cette circonstance par la Société centrale d'horticulture de France, le tout disposé par provenance, avec le nom de l'expéditeur. Autour et au centre de la salle, sur des montants préparés à cet effet étaient suspendus de trés-nombreuses aquarelles et quelques tableaux peints à l'huile représentant autant d'espéees diverses de Cham- pignons. Sur la longue table qui sert habituellement à l'installation. du bureau, pendant les séances, étaient rangés les ouvrages et. les albums de dessins originaux qui pouvaient étre de la sorte ouverts et consultés com- modément. Les organisateurs de cette exposition regrettérent que le temps leur eût 988-1v SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. , manqué pour achever d'étiqueter tous les échantillons (étiquettes jaunes pour les espèces comestibles, bleuàtres pour les suspectes et les vénéneu- ses, blanches pour les indifférentes), et surtout pour faire disposer à part deux séries : l'une d'espèces comestibles, l'autre d'espèces nuisibles, ce qui aurait pu rendre service à beaucoup de visiteurs qui en étaient vive- ment préoccupés. Néanmoins le succès de cette exposition surpassa de beaucoup celui qu'en espérait la Commission, puisqu'il fallut en prolonger la durée pour donner pleine satisfaction à la curiosité et à l'empressement du public. LISTE DES PERSONNES QUI ONT EXPOSÉ DES ÉCHANTILLONS FRAIS OU DESSÉCHÉS. M. Barta. — Deux volumes de Champignons desséchés, la plupart accompagnés de dessins ou de croquis coloriés et comprenant 91 espèces, dont 66 se rattachant au genre Agaricus et 25 à quelques autres genres. Ces Champignons provenaient de récoltes faites aux environs de NICE (ALPES- MARITIMES). M. BERNARD. — 1^ Un certain nombre de Champignons fraichement recueillis dans le pois DE BOULOGNE, le PARC DE SAINT-CLOUD et le BOIS DE MEUDON, parmi lesquels se trouvaient : Volearia media (1), Clitocybe inversa, Pholiota squarrosa, Leptonia euchlora , Psathyrella dissemi- nata, Hygrophorus conicus et niveus, Lactarius theiogalus et pyrogalus, Polyporus zonatus et lucidus, Boletus badius, Clavaria cinerea et cana- liculata, ete. 2 Une intéressante collection de Champignons desséchés, parmi lesquels on remarquait : Clitocybe opipara, Psalliota silvatica, coronilla et palustris, Russula aurata, Boletus viscidus recueillis à SEDAN (ARDENNES), et les espèces suivantes récoltées en ALGÉRIE, savoir, à ORAN : Lepiota excoriata, Tricholoma terreum et nudum, Clitocybe cerussattt, amara, suaveolens, Pleurotus salignus et nebrodensis (P. Ferulæ Quél.), Stropharia melasperma, Inocybe rimosa: et à MosrAGANEM : Pholiota dura, Boletus granulatus, edulis et vaccinus. M. Bounter. — Une nombreuse récolte de Champignons faite aux envi- rons de MONTMORENCY (SEINE-ET-OISE), comprenant beaucoup d'espèces (1) Les noms spécifiques non suivis de noms d'auteurs, employés dans ce compte rendu pour les Agaricinées, sont ceux adoplés par Elias Fries dans ses Iliinenomiycetes euro- piei, avec cette différence toutefois que les sections de son genre Agaricus ont été éle- vées au rang générique, d'où Volvaria media, au lieu de Agaricus ( Volvaria) medius, ete. Ces nouveaux genres sont les suivants : Amanita, Lepiota, Armillaria, Tricholoma, C litocybe, Collybia, Mycena, Omphalia, Pleurotus, Volvaria, Annularia, Pluteus, Ento- lom, Clitopilus, Leplonin, Nolanea, Eccilia, Claudopus, Pholiota, Inocybe, Hebeloma, Flammula, Naucoria, Pluteolus, Galera, Tubaria, Crepidotus, Chitonia, Psalliota, Stro- pharia, Hypholoma, Psilocybe, Psathyra, Paneolus et Psathyrella. EXPOSITION DES 23 ET 24 ocronnE 1876. 289-v rares, entre autres : Lepiota rachodes, Clitocybe geotropus, Pleurotus ul- marius, Volvaria speciosa, Hebeloma pyriodorum, Flammula gummosa, Naucoria escharioides, Bolbitius titubans, Hygrophorus pratensis, cocci- neus, miniatus et psittacinus, Lactarius turpis, vietus, volemus, fuligi- nosus, Cantharellus lutescens, Lenzites flaccida, Polyporus biennis (forma Sistotrema rufescens), Dædalea gibbosa, Hydnum rufescens et cinereum, Craterellus lutescens et crispus, Clavaria muscoides, rugosa, inæquatis et fragilis, Bovista gigantea, Lycoperdon piriforme, Helvella monachella, Peziza macropus, Elaphomyces granulatus, Leveillei, echinatus, Torru- bia capitata, ete., et un grand nombre d’autres espèces en parfait état de conservation. M. CHARLES BRONGNIART. — Un envoi fait en souvenir de son aïeul, illustre et très-regretté, M. Adolphe Brongniart, et composé de Champi- gnons recueillis à Bezu Saint-Éloi, prés Gisors (EURE), parmi lesquels on distinguait de beaux échantillons d Amanita muscaria, mappa et ru- bescens, de Boletus edulis et luteus, d Hydnum repandum, de Cantha- rellus cibarius, de Clavaria aurea, ete. M. Juces Burrer. — Un très-beau spécimen desséché de mycélium rameux de Lycoperdon piriforme Bull., portant plusieurs de ces Cham- pignons à divers états de développement, et recueilli aux environs de Panis. M. Maurice Bureau. — De nombreuses espèces de Champignons frai- chement recueillies dans la FORÊT DE COMPIÈGNE (OISE), parmi lesquelles se trouvaient des représentants des genres Amanita, Tricholoma, Lacta- rius, Boletus, Clavaria, Lycoperdon, ete. M. ÉTIENNE Bureau. — Un bel envoi d'espèces récoltées la veille dans les bois du château de la MEiLLERAIE et de la forêt d'AxcExis (LOIRE-INFÉ- RIEURE). À côté de trés-beaux échantillons d'Amanita muscaria, de Boletus edulis et «reus et de plusieurs autres espèces, on remarquait de nombreux spécimens de Clitopilus Orcella, dont on fait à Nantes une très-grande vente sous le nom de Langues-de-carpe. M. DE CazaNovE. — Une corbeille de Champignons récoltés dans un bois de Sapins, aux environs d'AvrzE (MARNE), et composés en grande partie de Lactarius deliciosus et torminosus, la premiére de ces espèces très-activement recherchée dans cette localité par les Espagnols qui vien- nent en automne faire, à Épernay, le commerce du liége pour les vins de Champagne. M. B. Cnanavp. — Un lot d'Agaricus nebrodensis Inz. (Pleurotus Ferulæ Quél.), recueillis aux environs de l'hópital Saint-Mandrier, prés de TouLon (Van). [Une note sur cet envoi a été lue dans la. séance du 28 octobre]. 990-v1 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Maxime Cornu. — Une belle corbeille de Pleurotus Eryngit, récoltés aux environs de CHATEAUNEUF-SUR-LOIRE (LOIRET), où il est connu et recherehé sous le nom d'Oreille, et plusieurs autres espéces recueillies aux environs de Paris, ainsi qu'un. beau spécimen d'Ustilago Maydis, exposé avec le pied vivant de Mais, sur lequel il s'était développé. M. Léon DnkvauLT. — De nombreux échantillons provenant d'une excursion faite dans les BOIS DE CHAVILLE (SEINE-ET-OISE) et comprenant, avec plusieurs Urédinées et Ustilaginées, entre autres les Puccinia Malva- cearum et Menthe, Phragmidium incrassatum, Uredo longicapsula, Ru- borum, Senecionis, Tussilaginis, Ustilago Maydis, etc. ; beaucoup d Hy- ménomycetes et d'Ascomycetes, tels que : Pholiota caperata, Clitocybe infundibuliformis et nebularis, Bolbitius hydrophilus, Lactarius seri- fluus, Cantharellus tubæformis, Clavaria coralloides, Craterellus cornu- copioides, Exidia glandulosa, Peziza aurantia et badia, Bulgaria inqui- nans, Helvella lacunosa, Erysiphe communis, ete. M. GASTON GÉNEVIER. — Un bel envoi de Champignons des environs de NANTES (LOIRE-INFÉRIEURE), où l'on remarquait à titre de raretés : Amanita strangulata, Tricholoma equestre, Entoloma lividum, Pholiota flammans, Lactarius plumbeus, Russula Lepida, Mycena lineata et luteo-alba, Cantharellus aurantiacus, Craterellus lutescens, Boletus cya- nescens, Polyporus intybaceus, ete. On pourrait citer, parmi d'autres espèces : Amanita phalloides, muscaria, pantherina, rubescens et vagi- nata, Lepiota procera, rachodes, excoriata, clypeolaria et naucina, Tri- choloma rutilans et personatum, Clitocybe hirneola, Nyctalis asterophora, Hygrophorus virgineus, pratensis, psittacinus et conicus, Lactarius tor- minosus, deliciosus et theiogalus, Russula fragilis, virescens, rubra, fætens et emetica, Hydnum repandum, Cantharellus cibarius, Craterellus cornucopioides, Boletus edulis, scaber, luridus, etc., ainsi qu'un premier développement d'une Mucorinée, le Phycomyces nitens. M. GUEUTAL-SCHOM. — Un curieux lot de Champignons récoltés dans les montagnes du JURA FRANÇAIS (Douss) ET suISSE. Ce lot était composé d'espéces, pour la plupart fort intéressantes, où se trouvaient : Amanita strobiliformis et strangulata, Lepiota procera et rachodes, Tricholoma Georgii (forma autumnalis), Clitocybe geotropus et gilva, Hygrophorus erubescens, pratensis, niveus, Russula depallens, Lactarius deliciosus, picinus, glyciosmus, zonarius, etc. M. HENNECART DE COMBREUX. — Un bel envoi d'échantillons récoltés dans sa propriété, près de TounwaN (SEINE-ET-OIsE). On y remarquait un très-rare exemplaire de Lenzites tricolor, qwaccompagnaient d’autres espèces, telles que : Polyporus Schweinitzii, Lactarius vellereus, etc. M. G. JAcQUIN. — Un lot d'espèces comestibles recueillies à BESSAN- EXPOSITION DES 23 ET 2% OCTOBRE 1876. 291-vir COURT (SEINE-ET-OISE), telles que : Boletus edulis, Cantharellus ciba- rius, elc. M. A. Le BRETON. — Deux beaux échantillons de Polyporus annosus, récoltés à Beaulieu, prés SAINT-SAENS (SEINE-INFÉRIEURE). M. Lecœur. — Un trés-bel exemplaire de Polyporus betulinus et plu- sieurs autres espèces recueillies dans la forêt de RAMBOUILLET (SEINE-ET- Oise), telles que : Exidia tremellosa, Spheria polymorpha, etc. M. Vicror LEMOINE. — Un certain nombre de ses moulages en cire peinte d'espèces d'Agaricinées des environs de Rems (MARNE), fort ingé- nieusement reproduites au point de vue de l'instruction générale, et plu- sieurs volumes de Champignons desséchés et collés sur. papier, d'aprés le curieux procédé qu'il applique avee un succès réel aux plantes Phanéro- gaines, M. L'ABBÉ MonEL. — Une douzaine d'espèces récoltées aux environs de Mourixs (ALLIER). M. MoucrorT. — Un très-beau spécimen du rare Tricholoma colossum qu'il avait apporté des environs de BRUYÈRES (VoscEs). M. PAuL PETIT. — De belles corbeilles contenant de nombreux échan- tillons d Hydnum repandum, de Clavaria aurea, d'Helvella mitra et de Cantharellus cibarius, et qui étaient accompagnées d’autres espèces, telles que : Lactarius vellereus (un très-bel exemplaire), Nyctalis astero- phora sur Russula adusta, Cortinarius cinnabarinus, le tout provenant d'une récolte faite la veille dans la forêt d'ARMAINVILLIERS (SEINE-ET- OISE), ainsi que plusieurs échantillons de Clavaria pistillaris recueillis à CrrA VILLE. M. L. Quécer. — Un certain nombre de trés-rares et intéressantes espèces recueillies sur les montagnes de l'arrondissement de MONTBÉLIARD (Dours), savoir: Amanita jonquillea Quél., Lepiota guttata, excoriata, et Friesii, Pleurotus corticatus, Clitocybe ericetorum, Collybia ingrata, Pholiota destruens et flammans, Inocybe Trinii, Cortinarius cinnabari- nus et anthracinus, Russula furcata, Lentinus cochleatus, Polyporus ovinis et benzoinus, Melanogaster tuberiformis et variegatus, Hydnan- gium candidum, Stephensii et virescens Quél., Hysterangiwm membrana- ceum et clathroides, Hydnobolites cerebriformis, Balsamia fragiformis, Genea sphierica, Tuber dryophilum, rapeodorum, æstirum et mesen- tericum, Elaphomyces muricatus, granulatus et hirtus, etc. M. Cu. Ricuox. — De nombreux échantillons provenant de récoltes faites aux environs de Sarvr-AuaxNp-sun-FioN (MARNE), et parmi lesquels on remarquait, comme étant plus particulièrement intéressantes, les espèces qui suivent : Amanita pantherina, Lepiota granulost, Carchürias 202-vrit ^» SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. et mastoidea, Tricholoma acerbum, terreum, Columbetta, leucocephalum, sulfureum et saponaceum, Clitocybe odora, dealbata, expallens et fra- grans, Collybia butyracea et conigena, Mycena epipterygia et galopus, Pluteus leoninus, Clitopilus Orcella, Leptonia euchlora, Pholiota cape- rata et destruens, Cortinarius iliopodius et incisus, Gomphidius viscidus, Hygrophorus pratensis, miniatus et murinacrus, Nyctalis asterophora, Lentinus tigrinus, Polyporus populinus, perennis et lucidus, Trametes gibbosa, Merulius tremellosus, Hydnum repandum, rufescens, auriscal- pium, Irpex paradoxus, Auricularia mesenterica, Thelephora caryo- phyllea, Clavaria flava, Botrytis, cinerea, aurea, formosa, flaccida, cristata, rugosa et inequalis, Cyathus crucibulum, Tulasnodea mam- mosa, Utraria excipuliformis, Rhizopogon virens, Geoglossum glabrum, Helvella crispa, lacunosa et elastica, Leotia lubrica, ete. M. E. Roze. — Les résultats d’une récolte faite la veille dans les bois de CHAVILLE et de VIROFLAY (SEINE-ET-OISE). Parmi les espèces exposées, on pourrait citer : Lepiota excoriata, Tricholoma sulfureum, Clitocybe laccata (plusieurs formes de couleur variée), Omphalia setipes, Pluteus leoninus, Psalliota sylvatica (deux volumineux exemplaires), Paxillus involutus, Nyctalis asterophora, Coprinus comatus, Russula virescens et emetica, Lactarius vellereus et camphoratus, Marasmius peronatus, Oreades, calopus, Cantharellus cibarius et tubæformis, Craterellus cor- nucopioides, Boletus edulis et scaber, Clavaria aurea, Cyathus striatus, Peziza Onotica et macropus, ete. On remarquait aussi une collection de Myxomycètes des environs de Paris, disposés en petites boîtes vitrées et dont presque tous les genres avaient des représentants. M. E. SAivT-AuaND. — Un fort bel échantillon de Lycoperdon gigan- teum, recueilli dans une culture d'Asperges des environs de PoxT-A-Movs- SON (MEURTHE-ET-MOSELLE). Cet échantillon mesurait 0",88 de circonfé- rence, 07,30 de diamètre, et pesait 2 kilos 820 grammes. M. J. DE SEYNES. — De très-curieux exemplaires desséchés récoltés sur les bords de la Méditerranée, aux environs de MoxTPELLIER (HÉRAULT), de Montagnites Candollei, Gyrophragmium Delilei et Clathrus cancellatus, qui se trouvaient joints à des échantillons frais, rapportés des CÉVENNES, tels que : Hypholoma Candolleanum, Paxillus involutus, Amanila ovoi- dea var. Coccola, A. pantherina, Armillaria mellea, Tricholoma mela- leucum, Collybia longipes, Russula heterophylla, Boletus edulis, Fistulina Hepatica avec ou sans tubes hyménophores conidipares et la variété sar- coides, Scleroderma (nov. sp.) voisin du S. geaster, Poronia punctata, Ustilago Maydis sur des épillets mâles de Maïs, Thecaphora (nov. sp.) sur Odontites lutea, ete. M. DE SOTOMAYOR. — Un assez grand nombre de Champignons recueil- EXPOSITION DES 23 ET 24 OCTOBRE 1870. 20:-1x lis dans la forêt de MONTMORENCY (SEINE-ET-OISE), parmi lesquels se trou- vaient : Amanita vaginata et Mappa, Tricholoma saponaceum, Clitocybe laccata, Nolanea pascua, Galera Hypnorum, Cortinarius violaceus, albo- violaceus et elatior, Parillus involutus, Lactarius acris et torminosts, Russula virescens, rubra et adusta, Marasmius Oreades, Boletus sub- tomentosus, scaber et luridus, Polyporus versicolor, Dedalea quercina, Clavaria cinerea, ete. M. TissknaNp. — Plusieurs espèces récoltées aux environs de Lafes- chotte, près de FESCHE-LE-GHATEL (Doves), savoir : Boletus edulis, Clito- cybe clavipes, decastes et maxima, Polyporus pes-Capre et Tricholoma sordidum ; cette dernière espèce, en nombreux échantillons, signalée comme un comestible délicat. M. DE Vezian. — Un volumineux spécimen desséché de Lycoperdon giganteum, qui avait été recueilli en 1875, sous un Chêne, dans sa pro- priété à Painchefalise, près SAINT-VALERY (SOMME). Ce Champignon avait été observé dans la même localité depuis dix ans. MM. VILMORIN, ANDRIEUX ET Ci. — De très-nombreux et très-remar- quables échantillons des trois variétés blanche, grise et blonde de l'Aga- ricus campestris cultivé, provenant de leurs cultures ou de celles de leurs correspondants de Paris et de ses environs, MM. Chotard, Louis Gallet, Benoit Guichon, Vogué et Walett. Avec ces échantillons de choix se trou- vaient deux meules à Champignons, l'une à deux pentes ou dos d'âne et recouverte d'une terre sablonneuse et marneuse, l'autre à une seule pente recouverte de terreau et d'une forme plus spécialement employée pour être adossée le long des murs : ces deux meules étaient hérissées de centaines de Champignons à tous les états de développement. Des rensei- gnements fournis par M. H. Vilmorin, il résulte que les variétés ainsi cultivées ne peuvent se propager longtemps et qu'on renouvelle souvent le blanc ou le mycélium pour obtenir de plus beaux produits : mais ces variétés sont fixes et permanentes, et les différences dans leur couleur ou dans leur aspect ne proviennent pas des procédés de culture. La variété blonde paraît être la plus estimée. Des boites de banc ou de mycélium étaient mises sous les veux des visiteurs avec des explications extraites de l'Almanach du Bon Jardinier. Au centre de cette intéressante exposition culturale, se trouvait un très-volumineux spécimen de Lycoperdon gigan- teum, cueilli le matin méme par M. Michel, jardinier-chef chez MM. Vil- morin, Andrieux et C^: ce Lycoperdon mesurait 17,03 de circonférence el pesait 4 kilos 700 grammes. Enfin la partie industrielle de l'exposition était plus particulièrement représentée par M. CHANEL, qui avait apporté ses récipients de diverses form es à fermeture spéciale pour l'expédition des Champignons, et par 204-x SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. V. Moreau, de Bussière-Badil (Dordogne), qui avait envoyé plusieurs bocaux de Cèpes (Boletus edulis et reus), préparés à l'eau. pure et non à l'huile, ce qui permet de les accommoder plus facilement au goût des consommateurs. LISTE DES PERSONNES QUI ONT EXPOSÉ DES TABLEAUX OU DES AQUARELLES MYCOLOGIQUES. M"* Epovanp BnowcGwranT. — Deux tableaux peints à l'huile et repré- sentant deux échantillons d'Amanita pretoria, recueillis dans la forêt de Gisors. M=! Arix FLAMAND. — Un tableau à l'huile (Agaricus procerus). M LAvAL. — Cent soixante-seize aquarelles et deux dessins représen- tant des espèces comestibles et vénéneuses récoltées dans la forêt de Fon- tainebleau. M": Berthe DENIS. — Cinq toiles à l'huile et deux aquarelles reprodui- sant autant d'espéces d'Agaricinées. M. BARLA. — Un tableau comparatif des principales espèces de Cham- pignons comestibles et vénéneux (4 planches coloriées), publié en 1855, et un Atlas des Champignons de la province de Nice (48 planches colo- riées), édité en 1859. M. Bounier, — Cinquante aquarelles figurant des espèces rares ou inté- ressantes d'Hyménomycétes et d'Ascomycétes des environs de Montmo- rency, et faisant vivement regretter la perte de la nombreuse collection de dessins et d'aquarelles qui a été ravie à l'auteur pendant la guerre de 1870. M. MAXIME Cornu. — Soixante aquarelles de Champignons observés aux environs de Paris et dans les montagnes du Jura et des Vosges. M. CuisiN. — Vingt aquarelles représentant des espèces recueillies aux environs de Paris. M. Erias Fries. — « Icones selectæ Hymenomycetum nondum delinea- torum sub auspiciis reg. Acad. Scientiarum Holmiensis editæ » (fasc. I-X). M. DE GUERNISAC. — Quatre albums contenant environ 800 aquarelles dues au merveilleux pinceau de feu Pelletier, et représentant les Cham- pignons du Finistére. M. KALCHBRENNER.— Plusieurs aquarelles accompagnant les trois livrai- sons de son grand atlas des Champignons de Hongrie, M. Masse. — Gent vingt pastels représentant différentes espèces d'Hymc- nomycètes recueillies dans le pare de RAMBOUILLET (SEINE-ET-OISE). M. Moucror.— Un certain nombre de dessins coloriés de Champignons, executes par son père, feu le D' Mougeot, de Bruyères (Vosges). SÉANCE DU 93 OCTOBRE 48760. 905-xI M. QUÉLET. — Trente aquarelles extraites de sa collection figurée des Champignons du Jura et des Vosges, et représentant plus particulièrement des espèces rares ou nouvelles de cette région. M. Cn. Ricnox. — Environ 400 aquarelles représentant, en grandeur naturelle ou avec des grossissements microscopiques, toutes les espèces que l’auteur a observées aux environs de Saint-Amand-sur-Fion (Marne). De plus, un atlas de 130 aquarelles figurant près de 700 espèces d'Aga- ricinées dessinées en réduction d’après nature ou d'après les figures ori- ginales des auteurs. M. DE SEYNES. — Un certain nombre de dessins de sa collection el d'aquarelles de l'Iconographie de Delille, représentant surtout les espèces propres au bassin méditerranéen, telles que : Amanita ovoidea, Armil- laria caligata, Pleurotus olearius, Montagnites Candollei, ete., etc. Cependant quelques envois ne purent arriver en temps utile et figurer à cette exposition, entre autres une photographie d’un Lycoperdon gigan- teum adressée par M"* LÉONTINE CHARLES, et portant que ce Champignon, qui avait été récolté dans les marais de Sin, prés Dovar (Norb), pesait [7,560 et mesurait 07,25. de diamètre. Cette dame faisait connaitre en méme temps qu'il avait été consommé par toute une famille sans aucun inconvénient. Mais le Bureau, à la fin de la session, ne fut pas peu sur- pris de voir encore arriver une boite que des retards inévitables avaient probablement arrêtée en route. En effet, elle venait de Russie, adressée à la Société par M. T. PERDRIZET, Gand. pédag. au 2* gymnase militaire. Ha paru intéressant du consigner ici, en reconnaissance de cet envoi lointain, les nonis des Champignons que M. Quélet put reconnaitre parmi les échantillons que contenait cette boite et que M. Perdrizet avait récoltés dans les cimetières de SAINT-PÉTERSBOURG : Collybia velutipes (sur Saule), Pholiota: squarrosa et Polyporus trabeus, adustus, betulinus et margi- natus (sur Bouleau), Cantharellus aurantiacus, Panus stypticus, Thele- phora purpurea, Lenzites sepiaria, Lycoperdon saccatum et pusillum, Cyathus crucibulum, Helotium serotinum, Calocera cornuta, Pleurotus applicatus et Tubercularia vulgaris. SÉANCE DU 23 OCTOBRE 41570. Les membres de la Commission chargée de l'organisation de la session mycologique s'installent provisoirement au bureau; l'un de ses membres, à titre d'aneien président de la Société et en lab- sence de M. Duchartre, président actuel, prend place au fauteuil et ouvre la séance, 206-xu SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Il annonce à la Société qu'il se fait l'interpréte de la Commission en lui rappelant qu'aux termes de l'art. 1° du Règlement des sessions extraordinaires, un Bureau spécial doit étre constitué pour toute la durée de la session mycologique ; qu'il y aurait honneur et. intérêt pour la Société d'appeler à faire partie de ce Bureau : 1° les savants mycologues qui n'ont pas hésité à venir, de leurs départements à Paris, offrir leur très-utile concours pour la réussite de cette session ; 2 ceux des membres de la Commission qui sont au courant de la correspondance et des préparatifs de son organisation. Il propose done à la Société de constituer le bureau. comme suit : Président : M. J. DE SEYNES. Vice-présidents : MM. L. Quélet, Boudier, Richon et vicomte de Guernisac. Secrétaires : MM. Roze et Cornu. Vice-secrétaires : MM. Doassans et Victor Lemoine (de Reims). La Société acceptant cette proposition, les personnes ainsi dési- enées prennent place au bureau. M. de Seynes, président, se léve et s'exprime en ces termes : Messieurs, Je vous remercie de la confiance que vous venez de me témoigner en m'appelant à présider le premier Congrès mycologique tenu dans notre pays. Je n'oublie pas que je dois cet honneur à l'absence de l'illustre Pré- sident de la Société botanique de France, et je suis sùr d’être votre inter- prète fidèle en exprimant les regrets que nous éprouvons tous de ne pas le voir diriger nostravaux. Je ne saurais en effet me dissimuler l'importance qu'aura cette session d'une nature toute nouvelle. La mycologie voit tous les jours s'aceroitre le nombre de ses adeptes, les travaux qu'elle inspire envahissent nos publications, elle ne peut rester étrangère aux agriculteurs et aux médecins qui ont appris à compter avec les végétaux inférieurs. La place que tend à prendre cette branche de la botanique est assez claire- ment accusée, ce me semble, par la réunion actuelle et le nombreux con- cours de botanistes qui viennent prendre part à nos travaux. Depuis plusieurs années, des Congrès mycologiques ont été organisés avec succès à l'étranger et surtout en Angleterre ; frappé du grand avan- lage que trouveraient des travailleurs trop souvent isolés à se rencontrer et à échanger leurs idées, M. Roze nous a invités à secouer les préoccu- pations égoistes du cabinet pour nous rapprocher les uns des autres et tenter une expérience qui sera certainement féconde et dont tout l'honneur SÉANCE DU 23 OCTOBRE 1870. 297-xin revient à notre excellent confrère, qui a déjà tant de titres à la reconnais- sance des eryptogamistes. La Commission chargée de préparer le pro- gramme soumis à votre approbation n'a pas cru devoir borner l'objet de la session, comme on le fait en Angleterre, aux questions de vulgarisation et d'applications pratiques. Sans méconnaitre ce qu'elles ont d'important et de très-digne d'intérêt, nous avons pensé qu'il fallait répondre aussi à d'autres préoecupations; il nous a paru qu'il serait trés-désirable de pou- voir utiliser le concours des savants qui répondraient à notre appel pour introduire dans les herborisations et dans les séances la recherche ou l'étude de faits d'un ordre purement scientifique. Une partie du programme est déjà réalisée : vous avez vu quelle affluence de visiteurs a rempli la salle d'exposition, quel intérét cette exposition a présenté gràce à l'empressement des mycologues de toutes les régions de la France. Nous avons dü méme la prolonger d'un jour pour répondre aux instances du publie. Ce succés que nous n'aurions pas osé espérer, est de bon augure pour la suite de la session, et je ne doute pas qu'elle ne réponde à un aussi brillant début. La Société d'horticulture a sa part dans ces heureux résultats, c'est elle qui nous donne ici l'hospitalité, permettez-moi, Messieurs, de la remercier en votre nom et de remercier avec elle toutes les personnes qui ont fait à l'exposition l'envoi désintéressé de si beaux et de si nombreux échan- ullons. M. le Président donne ensuite lecture : 4° d'une lettre de M. Du- chartre, président actuel de la Société, qui lui adresse de Rome, le 19 octobre, l'expression de ses regrets de ne pouvoir assister à la session mycologique, et 2? d'un passage d'une lettre de M. Ad. Chatin, secrétaire général, en ce moment en tournée d'inspection. scolaire à Rouen et qui fait part également de ses regrets de se trouver for- cément éloigné de Paris à l'ouverture de la session. Il est donné lecture de lettres de MM. Cooke, Broome et Howse, mycologues anglais, exprimant leurs regrets de ne pouvoir se rendre à Paris à cette époque et souhaitant bonne réussite à la première session mycologique francaise; puis d'extraits de lettres de MM. Barla (de Nice), Genevier (de Nantes) et Ripart (de Bourges), membres de la Société, regrettant d'être empéchés par des motifs graves d'assister à la session, mais se trouvant heureux de pouvoir contribuer à son succès par leurs envois d'échantillons, d'ouvrages ou de communi- cations, M. Roze, secrétaire, annonce à la Société que le Bureau a reçu par l'entremise de M. Nilsson, libraire à Paris, une lettre de MM. F. 208-XIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. et G. Beijer, libraires suédois, éditeurs des cones seleclæ Hymeno- mycetum nondum delineatorum d' Elias Fries, par laquelle Villustre inveologue, déjà plus qu'octogénaire, les priait de faire présenter à la première session mycologique de la Société botanique de France un exemplaire de cet ouvrage, « en regrettant infiniment de ne pou- voir prendre part à cette session que de cette manière ». M. Roze ajoute que cet exemplaire, probablement par suite de retard dans l'envoi, n'ayant pu parvenir assez à temps pour ètre exposé ce jour, la Commission, afin de répondre au désir de Villustre savant, avait fait joindre aux autres atlas et albums reçus pour l'exposition l'exemplaire de ce même ouvrage qu'Elias Fries avail offert antérieurement à la Société. M. le Président proclame membre de la Société : M. RaBorix, pharmacien honoraire, demeurant à Fontainebleau, 1, rue Damesme, qui demande de nouveau à en faire partie, à titre d'ancien membre pendant les années 1854, 1855 el 1856. M. le Président annonce en outre trois nouvelles présentations. Dons faits à la Société : Letellier, Expériences nouvelles sur les Champignons vénéneux, leurs poisons et leurs contre-poisons (1866). Letellier, Avis au peuple sur les grandes ressemblances et les petites différences qui existent entre les Champignons vénéneux et alimentaires (1841). Reverchon-Chamassy, Petit Traité des Champignons. Abbé Morel, Traité des Champignons. à Due: à a y V OPlÓt o 1 TT: M. le Président soumet à la Société le programme tel qu'il a ete adopté provisoirement dans la séance du 14 juillet. Les dispositions de ce programme sont définitivement adoptées comme suit : 44; 94 . ` - on . . , DAD Q Mardi 24 octobre.— Ouverture au publie de l'exposition, de dix heures du matin à quatre heures du soir. — Excursion à Montmorency. Départ, par le train du chemin de fer du Nord, à dix heures cinquante-cinq mi- nutes. — Séance le soir, à huit heures. >»erpili 95 a > y 1 ° 1 Mercredi 25 octobre. — Excursion à Chaville. Départ, gare Montpar- nasse, par le train « 'hemi . , st, à | i | | par | L che min de fer de l'Ouest, à onze heures cinq mi- nutes. — Séance le soir, à huit heures. SÉANCE DU 23 OCTOBRE 4876. 200-xv Jeudi 26 octobre. — Visite aux collections mycologiques du Muséum niai: . Da: d'histoire naturelle. Rendez-vous, galerie de botanique, à dix heures. - Départ, l'aprés-midi, pour Fontainebleau. Vendredi 21 octobre. — Excursion, le matin, au Calvaire; l'après-midi, au mail de Henri IV. — Séance le soir, à huit heures et demie. Samedi 28 octobre. — Excursion, après le déjeuner, à la Fontaine Suiguinède, par le Gros-Fouteau, ete. — Séance le soir, à huit heures et demie. Dimanche 29 octobre. — Excursion, aprés déjeuner, à la vallée de la Solle, par le mont Ussy et la Croix-d'Augas. — Clôture. M. Rabotin, qui a bien voulu se charger de prendre à Fontaine- hleau les renseignements nécessaires pour l'installation, dans eette ville, des membres de la Société, jusqu'à la fin de la session, fait. connaitre les résultats de son enquête, de laquelle il résulte que le propriétaire de l'un des hôtels de premier ordre de Fontai- nebleau, l'hótel. de la Ville de Lyon, avant en ce moment un grand uombre de chambres disponibles, offre, en raison de cette circon- stance, des réductions trés-importantes sur ses prix habituels, ce qui les met au niveau des prix d'un hôtel du second ordre; il offre en outre de mettre spécialement au service de la Société, pendant toute la durée de la session, une grande salle à manger et un. grand salon dans lequel on pourrait tenir séance, au besoin. ` M. le Président remercie M. Rabotin des démarches dont il a bien voulu se charger, et propose à la Société, tout en laissant pleine liberté aux personnes de s'installer où elles voudraient, de choisir, à Fontainebleau, l'hótel de la Ville de Lyon comme rendez-vous qui doit s'y tenir du vendredi LI eónéral pour la partie de la session 27 au dimanche 29 octobre. M. Boudier fait à la Société la communication suivante : NOTICE SUR L'ENCRE DE COPRIN, par M. BOUDIER (1). Depuis Bulliard, 1l semble que personne n'ait pensé à tirer parit de l'eau noire que donnent certains Champignons du genre Coprinus, au moment de leur décomposition, et qui a valu aux espèces de ce ecnre le nom d'Encriers ou de Bouteilles à Üencre, qui leur à été donné par (1) Le mémoire dont M Boudier a donné lecture était ecrit en enter avec Fen M de H . . , < ^ lhna naraecr: o avant tra au Coprinus atramentarius, ayant sept années de date, sauf les paragraphes ayant trat C. comatus, qui l'ont été avec l'encre de ce dernier Champignon. 300-x v1 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Paulet. Il me parait cependant que ce liquide, qui peut prendre le nom d'enere de Coprin, pourrait avoir son utilité, Bulliard, dans sa planche 164, représentant l'Agarie. atramentaire, et dans sa description de l'Agarie typhoide (1), en parle comme d'une enere bistrée, excellente pour le lavis et le dessin à la plume, lorsqu'on la fait bouillir avec un peu d'eau et quelques clous de girofle, pour empécher les inoisissures, et qu'on la passe ensuite. Jai pensé qu'il serait utile de reprendre ces expériences, et je crois pouvoir assurer que cette encre est fort bonne ; de plus, qu'elle offre quel- ques avantages qu'on trouverait vainement dans une autre, par exemple celui de ne pouvoir étre contrefaite sans que le microscope ne puisse le faire reconnaitre d’une manière absolue: ce qui, dans certains actes ou dans certaines signatures, peut avoir une importance considérable. La couleur noire n'est due, en effet, qu'au nombre prodigieux de spores que cette encre tient en suspension. Or les spores offrant, comme je l'ai déjà indiqué dans un travail précédent (2), une résistance trés-grande à la décomposition, il arrive que si l'on examine uu seul trait de leur écri- ture au microscope, on les retrouve avec leur forme et leurs caracteres, méme aprés plusieurs années de date, comme si l'on. venait de les re- cueillir sur les Champignons frais. Cette encre reste très-fluide, mais a besoin d’être agitée de temps en temps, et toujours au moment de s’en servir, les spores finissant par se déposer à la partie inférieure du vase qui la contient eu formant une couche d'un noir intense, la partie surnageante restant d’un jaune plus ou moins foncé. Son odeur n'est pas trés-agréable, mais il est facile de corriger ce défaut en la secouant avec une goutte d'une essence quelconque, ou, comme le dit Dulliard, en y faisant infuser quelques elous de girofle. On peut facilement se procurer cette encre, en mettant dans un vase quelconque des Coprins atramentaires (C. atramentarius Bull.), récoltés au moment de leur complète évolution et un peu avant leur déliquescence. Ges Champignons, qui sont trés-abondants dans les terrains gras et hu- mides, dans les jardins et sur les bords des chemins, ne tardent pas à se décomposer et à laisser écouler un liquide noiràtre que l'on recueille après l'avoir filtré dans un linge peu serré. Si les Coprins ont été récoltés en pleine végétation, l'enere peut déjà servir telle quelle, mais le plus souvent elle est trop pàle et il est bon de la laisser déposer quelques jours, puis de vider les trois quarts au moins du liquide surnageant, qui est toujours peu coloré. Cette précaution est surtout nécessaire si les Champignons ont été cueillis un peu jeunes : la 11) Bulliard et Ventenat, p. 406. D) 1 + H ] . - , 2) Boudier, Des Champignons au point dé vue usuel, chimique et toxicologique, p. 82 UU SHIV, SÉANCE DU 23 OCTOBRE 1876. 301-xvu maturation des spores ne se faisant pas alors d'une manière aussi com- pléte, elles sont moins nombreuses et la coloration est relativement moins intense. Bien que Bulliard dise que cette encre porte sa gomme avec elle, je crois cepeudant nécessaire d'y ajouter quelques morceaux de gomme ara- bique, car il arrive souvent que le principe mucilagineux n'est pas assez abondant, surtout lorsque la récolte a été faite dans des endroits très- humides ou trés-ombragés : l'encre s'enléve alors en partie par le frotte- ment. À la gomme on ajoute une ou plusieurs gouttes d'essence de girofle qui, déjà utile au point de vue de la conservation, en modifie avan- tageusement l'odeur ; on secoue fortement, on passe et l'on conserve pour l'usage dans un flacon hermétiquement fermé. On obtient ainsi une véritable encre de süreté, d'un noir intense ou un . peu brunâtre, ayant beaucoup d'analogie pour la teinte avec l'encre de Chine. Comme cette dernière, elle s'enléve facilement par le lavage, ce qui est un défaut; mais, comme elle aussi, elle est inattaquable par la plupart des encrivores, acide oxalique ou autres. Le chlore et les hypochlorites seuls la décolorent en partie, mais méme aprés cette décoloration le mi- croscope en fait reconnaitre facilement la trace, tant est grande la résis- tance des spores, qui perdent seulement leur couleur, tout en conservant leurs autres caractéres. Le Coprinus atramentarius n'est pas le seul Champignon qui puisse donner une encre naturelle liquide, mais c'est celui qui, je crois, peut fournir la meilleure et le plus abondamment. Les autres Coprins pour- raient le faire de méme, mais la plupart sont de trop petite dimension, ou, comme le C. comatus, Agaric typhoide de Bulliard, notre plus grande espéce, ne donneraient qu'une encre de couleur moins noire, en raison méme de la rareté des spores en suspension. Cette espéce étant plus char- nue et humectant de plus d'eau son deliquium, l'enere est au début très- pàle et a besoin, pour étre employée, d'étre réduite par l'évaporation au cinquième environ de son volume. Elle contient toutefois assez de mucilage naturel pour qu'on se dispense d'y ajouter de la gomme. Cette encre ne tient pas essentiellement sa couleur des spores seules, mais en partie aussi de trés-nombreux corpuscules dela plus petite dimen- sion analogues aux bactéries, et qui tirent peut-être leur coloration des vraies spores, dont on peut toujours constater la présence, quoiqu'elles soient en quantité bien moins grande que lorsqu'on emploie le Coprin atramentaire. La base de l'encre de Coprin repose done, comme on le voit, sur la pré- Senece des spores et leur résistance aux agents de destruction. Peut-être pourrait-on profiter de cesavantages et étendre méme l'emploi des semences des Champignons à la confection d’encres particulières qui pourraient être T. XXIII. (SÉANCES) 20 302-x vii SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. utilisés dans les cas où le faussaire est à craindre, les nüméros ou les signatures des billets de banque par exemple. Tl serait facile, en effet, d'en composer des encres d'imprimerie trés-stables en les employant, soit seules, soit aprés y avoir ajouté une matière colorante quelconque. Cer- taines espéces d'Agaricinées, de Lycoperdonées, d'Élaphomyces et méme d'Ustilaginées possèdent des quantités tellement considérables de spores, que leur récolte pourrait étre effectuée sur une assez vaste échelle pour en permettre l'emploi. Ces séminules, de forme et de couleurs diverses šui- vant les genres et souvent suivant les espèces, né pouvant être contrefaites, seraient toujours là pour servir de critérium défiant la fraude et venant ajouter la certitude absolue donnée parle microscope aux indices que l'on aurait déjà pu recueillir. Après avoir été examiné par le Bureau, le manuscrit de M. Bou- dier circule dans la salle, entre les mains des assistants. M. le Ptésident fait remarquer à cette occasion que l'encre qui a servi à écrire ce manuscrit est en réalité d'un très-beau noir, et qu'il est impossible à la vue simple de la distinguer d'une encre noire ordinaire. Il ajoute que d'autres teintes pourraient étre ob- tenues par un procédé analogue : c'est ainsi que les spores des Polysaccum, tenues en suspension dans l'eau, donnent une trés- belle couleur d'un brun rutilant. M. Cornu rappelle, à propos de l'emploi du deliquium des Champignons, que M. Cordier possédait des sépias exécutées avec le liquide noiràtre provenant de la fusion du Russula adusta. M. Boudier fait remarquer que l'utilité réelle de l'enere des Co- prins doit surtout provenir de l'emploi des spores, toujours recon- naissables à l'aide du microscope, ce qui n'est pas le cas des cellules de Champignons tombés en deliquium. M. Quélet demande à M. Boudier s'il ne croit pas que la pression puisse briser les spores qu'on voudrait introduire dans les encres d'imprimerie. M. Boudier répond qu'il pense que les spores résisteraient à cette pression sans se briser, en entrant dans les fibres du papier. ll ajoute que certaines spores ne se détruisent pas facilement, attetidu qu'il a pu constater que des spores de Morille avaient même résisté au travail de la digestion. Lecture est donnée de la communication suivante adressée à la Société : SÉANCE DU 23 OCTOBRE 1876. 303-x1x DE LA CONSERVATION DES CHAMPIGNONS POUR L'ÉTUDE, par M. N. PATOUILLARD. Bletterans (Jura), 21 octobre 1876. Un des premiers obstacles que rencontrent ceux qui se livrent à l'étude des Champignons, est la presque impossibilité de les conserver pour en lirer parti ultérieurement. En effet, quelques-uns se résolvent en une eau noirâtre peu de temps aprés qu'on les a récoltés ; d'autres se dessèchent avec plus ou moins de difficulté et, dans le plus grand nombre des cas, perdent leur forme, leur coloration et leurs caractères les plus impor- tants. Un des plus anciens procédés de conservation, et peut-être un des meil- leurs, consiste à les plonger dans l'alcool ; mais la dépense qu'occasionne ce procédé explique pourquoi on ne rencontre de collections importantes préparées de la sorte que dans les établissements publics. Les autres procédés, que nous faisons connaitre plus loin, pourront du moins permettre aux amateurs d'essayer de former à peu de frais des col- leclions sérieuses; nous terminerons par l'indication d'un moyen fort commode à suivre pour la conservation des spores. Au point de vue de notre sujet, on peut diviser les Champignons en deux groupes : 1° ceux qui sont d'une texture ferme et subéreuse ; 2° ceux qui sont plus ou moins mous. l. — Champignons subéreux. Aprés les avoir bien nettoyés,on les expose dans un courant d'air chaud, jusqu'à leur dessiccalion complète, ce qui exige d'ordinaire quatre ou cinq jours. Ensuite on les imprègne d'une solution alcoolique de sublimé, afin de les préserver de l'attaque des insectes, et on les laisse sécher de nouveau. Ainsi préparés, ils sont préts à étre placés dans la collection, qui doit étre elle-méme à l'abri de l'humidité. Quelques«uns sont revêtus d'une sorte d'enduit, qui les rend brillants à l'état frais ; on leur donneaisément cet éclat en les vernissant aux places convenables avec un vernis au copal, ou avec une dissolution de silicate de potasse. ` Ce procédé permet de conserver beaucoup d'Agaries, de Polypores, de Dwdalea, les Auriculariés en général, certains Hydnum et quelques Cla- vaires, sans leur faire perdre leur forme ou leurs couleurs. 304-xx SOCIÉTÉZBOTANIQUE DE FRANCE. Il. — Champignons mous. Les Champignons de ce groupe sont beaucoup plus difficiles à conser- ver que les précédents, parce que souvent ils se pourrissent avant de sécher. Supposons qu'on veuille préparer un Coprin, le Coprinus radiatus, par exemple. Après l'avoir nettoyé avec beaucoup de précautions pour ne pas l'endommager, on le fait macérer pendant une heure ou deux dans de l'aleool à 90°; il diminue bientôt de volume et prend un peu plus de fer- meté. On le retire alors de l'aleool et on le maintient pendant le méme laps de temps dans une solution de silicate de potasse ou de soude à 28°. D'un autre côté, on prépare une plaque de liége, épaisse d'environ un cen- timétre, dans laquelle on implante une longue épingle, la pointe en l'air. Au sortir du bain silicaté, on introduit cette épingle dans le stipe du Champignon, et l'on expose le tout à une douce chaleur. Le silicate se dessèche et le Champignon devient trés-dur, et peut se conserver indéfini- ment dans un lieu sec, aprés qu'on a retiré l'épingle du stipe ou qu'on l'a coupée, si l'on craint de briserle Champignon en l'enlevant. Les Trémelles, les Coprins et les Champignons de consistance analogue pourront étre préparés de cette facon. Quant à ceux qui sont plus fermes, on les prépare differemment : on supprime la macération alcoolique, et l'on augmente la durée du bain silicaté pendant douze et méme quinze heures au besoin. Quelques Champignons, et en particulier des Agarics, perdent leurs couleurs dans ces liquides; on peut obvier à cet inconvénient de la ma- niere suivante: On commence par séparer le stipe du chapeau, puis on vide le stipe avec de petits crochets, en ayant soin de ne pas le séparer de la volva, si elle existe. Ensuite on bourre avec du coton, que l'on imprègne de silicate de soude pour lui donner de la solidité, et l'on fait sécher. D'un autre cóté, on desséche le chapeau à l'air chaud, puis on le fixe avec le stipe. S'il s'agissait de préparer des Bolets, on opérerait de la méme façon quant au slipe; seulement on silicaterait une portion des tubes comme échantillon, et l'on conserverait la pellicule du chapeau d’après le procédé qui suit. Aprés avoir enlevé le stipe et les tubes, on séparerait la chair en ayant soin de laisser intacte autant que possible la pellicule extérieure. On placerait ensuite cette pellicule entre plusieurs doubles de papier non collé et on la dessécherait au fer chaud. Il ne resterait plus qu'à la coller sur une feuille de papier et à étiqueter. IIl. — Conservation des spores. Agaries chromosporés. — On se procure du papier blanc, le plus uni SÉANCE DU 23 OCTOBRE 1876. 205-xx1 possible, et sans colle. On sépare avec des ciseaux le stipe du chapeau, sans endommager les lames, et l'on place le chapeau, sur le papier, dans sa position normale, c'est-à-dire les lames situées inférieurement. On aban- donne ainsi le tout pendant un temps qui varie selon la maturité du Champignon. Les spores tombent alors successivement sur le papier avec une grande régularité ; il ne reste plus qu'à les fixer. Pour cela, avec un pinceau on met à l'envers de la feuille une couche de la solution suivante : Ether............... TOPPED 15 grammes. ` Résine de mastic........ eere here 2 — et on laisse sécher. Agarics leucosporés. — Onles prépare de là méme manière, en ayant soin seulement de se servir de papier noir et non glacé. On obtient ainsi une sorte de reproduction fixe de la disposition des lames du chapeau, exécutée par l'agglomération des spores réguliérement tombées sur le papier. M. Quélet est d'avis que tous les Champignons supérieurs, con- servés d'une facon ou d'une autre, n'ont jamais pu fournir de maté- riaux sérieux pour l'étude. Il eroit que le dessin est de beaucoup préférable. M. Roze, sans se prononcer surcette question qui lui semble déli- cate, dit que dans ces derniéres années, M. Ad. Brongniart avait mis à profit le procédé de la conservation des spores décrit par M. Pa- touillard. Il avait appliqué ce procédé à divers groupes de Champi- gnons, et avait obtenu de curieux résultats, non-seulement avec des - Agarics, mais avec des Bolets, des Hydnes, etc. M. Cornu confirme l'assertion de M. Roze, et ajoute qu'il n'est pas entièrement de l'avis de M. Quélet,*car il pense qu'il est souvent trés-utile de pouvoir appuyer les dessins d'échantillons desséchés, et qu'on est trés-heureux parfois de pouvoir se servir uniquement de ces derniers, comme cela arrive pour les envois de Champignons des tropiques. M. Quélet répond qu'il ne méconnait pas les services que peuvent rendre des spécimens desséchés, mais qu'à choix égal, le dessin est préférable. Il croit devoir à ce sujet invoquer le témoignage d'Elias Fries lui-mème, qui, dans la correspondance échangée entre eux, préférait toujours un croquis fait avec soin à l'échantillon sec qu'il lui adressait. 306-xx11 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. le Président résume la diseussion en disant que si dans cer- tains cas le dessin est préférable, dans d'autres c'est bien certaine- ment l'échantillon conservé, et qu'il serait à désirer que l'on püt dans tous les cas avoir les deux moyens d'étude à sa disposition. M. Lemoine donne quelques détails sur les procédés qu'il emploie pour la préparation de ses collections mycologiques. Il annonce qu'il se propose de faire plus tard une communication détaillée sur ce sujet. | M. Boutet demande à faire connaître les résultats de quelques expériences en cours d'exécution sur l'emploi d'un nouveau liquide pour la conservation des Champignons. Il s'agit de l'acide salicylique. D'aprés lui, un litre d'eau contenant 3 gram. de cet acide, 15 gram. d'alcool, et 5 gram. de glycérine, constitue un liquide non volatil et d'un prix de revient trés-peu élevé, qui a la propriété de conserver les Champignons alimentaires pendant au moins trois mois, et de permettre de les manger impunément aprés ce laps de temps. M. Torchon fait part également de ses recherches sur la conser- vation des Champignons pour l'étude. I croit pouvoir signaler deux liquides comme étant favorables à ce point de vue, en ce qu'ils lui ont permis de conserver plusieurs espéces, avec leur forme et leurs couleurs, pendant plusieurs mois : c'est le pétrole et la benzine. Le sulfure de carbone lui a paru offrir des inconvénients réels, celui en particulier de laisser surnager les Champignons, qu'il faudrait alors, au moyen d'un poids, faire descendre au fond des récipients. M. Le Breton dit que le sulfure de carbone lui parait aussi ne pas devoir étre préconisé, en ce qu'il est trés-dangereux à manier et trés- volatil. Il ajoute que l'acide salicylique pourrait être au contraire. d'une utilité réelle, car la solution de cet acide donne déjà de trés- bons résultats lorsqu'on l'emploie contre les insectes ou les moisis- sures qui attaquent les Champignons supérieurs. Il est donné lecture de la communication suivante : NOTE SUR UNE NOUVELLE ESPÈCE DU GENRE ORBICULA Cooke, par M. Ant. MAGNIN. Le genre Orbicula a été établi par Cooke (1) pour des Pyrénomycètes à conceptacles superficiels reposant sur des filaments mycéliens très-appa- rents, ce qui les fait ressembler à première vue à quelque Périsporiacée ; (1) Handbook of British Fungi, t. Vi, p. 926. SÉANCE DU 23 OCTOBRE 18706. 307-xx111 mais leurs thèques cylindriques octosporées les rapprochent plutòt des Sphæria à la suite desquels Cooke les a placés. Une espèce que nous croyons nouvelle a été trouvée par M. Therry sur la page inférieure des feuilles du Buxus sempervirens, dans le Bugey, près de la Chapelle de Mazières, le 30 juin dernier, lors de la session extraor- dinaire que la Société botanique de France a tenue cette année à Lyon. Ce Champignon présente tous les caractères du genre Orbicula tels que Cooke les donne dans son British Fungi, moins la forme des spores. En effet, les deux espèces décrites par ce mycologue, les O. cyclospora et tar- taricola, ont des spores globuleuses ou oblongues; notre espèce les a manifestement fusiformes. L'habitat est aussi bien différent, les O. cyclo- spora et tartaricola croissant, le premier sur le papier verni, le second sur le thalle du Lecanora tartarea. La forme des spores et le périthèque, souvent piriforme, rapprocheraient plutôt l'Orbicula Buxi du tartaricola que du cyclospora. La diagnose du genre doit aussi être modifiée ainsi qu'il suit: Péri- thèque réticulé, placé sur un mycélium distinct; ostiole apparent. Thè- ques cylindriques ; sporidies globuleuses ou fusiformes. Lecture est donnée de la communication suivante : DESCRIPTION D'UNE NOUVELLE PEZIZE, par M. RIPART. Peziza Clissoni hip. Cette singulière Pezize, une des plus grandes du genre, a une vie tout à fait souterraine et ne parait à la surface du sol qu'au moment de s'ouvrir pour l'émission de ses spores. Elle a été découverte dans les environs de Bourges, par M. Clisson, botaniste plein de zèle et de savoir, que nous avons eu la douleur de perdre il y a quelques mois. C'est en fouillant la terre pour récolter les longues racines del Agaricus conigenus Pers., dans le courant du mois de mars dernier, qu'il rencontra plusieurs petites sphères bosselées, irrégulières, couvertes de terre dont il était impossible de les débarrasser, de la grosseur d'une noisette ou d'une petite noix et ne présentant aucune espéce d'ouverture : elles ayaient tout à fait l'apparence extérieure d'une truffe, mais non la consistance ni le poids, et il était facile de s'apercevoir qu'elles étaient creuses. En pratiquant une section trans- versale, j'ai constaté le peu d'épaisseur de leur enveloppe, dont toute la surface interne était couverte par une membrane hyméniale ascophore, blanche et très-unie. Nous sommes retournés plusieurs fois, M. Clisson et. moi, dans la méme localité pour observer le mode de croissance de ce petit Champignon, et ce n'est que pendant le mois d'avril et une partie de mai qu'il est arrivé à son développement parfait. A cette époque, il nousa 308-xxiv SOCIÉTÉ BOTANIQUE 'BE FRANCE. été facile de l'étudier, car il y en avait une grande quantité dans la pelouse d'une colline calcaire plantée d'arbres verts, surtout sous les Sapins ; il y en avait aussi sous des Pins, mais en plus petit nombre. Nous n'en avons pas vu ailleurs, et la végétation de cette espèce paraît liée à celle de ces arbres, aux dépens desquels elle vit en parasite par l'intermédiaire de son mycélium. Elle croit parfois isolément, mais le plus souvent en groupes nombreux. Sa forme est peu régulière : elle est en général plutôt ovale que sphé- rique et un peu aplatie de haut en bas. Il y en a de différentes grosseurs, depuis 4 centimètre et demi à 2 centimètres de diamètre jusqu'à 10 à 12 centimètres, sur 6 centimètres de hauteur. A sa base existe une sorte de prolongement ou tige souterraine d'un centimètre environ de longueur : cette tige et la partie inférieure de la cupule reposent sur un mycélium blanc abondant, dont les filaments s'insinuent dans les interstices de la terre, enveloppant les débris de bois de sapin pourris ou adhérant aux plus fines racines. La couleur de son enveloppe extérieure est blanche quand elle est bien nettoyée; mais le plus ordinairement la terre, qu'il est difficile d'en détacher complétement, lui communique sa propre cou- leur d'un brun jaunàtre. Elle présente des bosselures et des dépressions inégales; mais elle n'est ni velue ni munie de tubercules ou appendices d'aucune sorte : sa surface externe est donc tout à fait lisse, à l'exception de la base qui est garnie de mycélium. Lorsque son développement est complet, sa partie supérieure vient faire une légère saillie à la surface du sol, puis se fend et se déchire en lambeaux trés-irréguliers qui s'étalent au dehors en écartant les Grami- nées et Mousses environnantes : elle est alors largement ouverte, et l'on apercoit sa cavité intérieure tapissée par une membrane hyméniale d'une belle couleur violette, au lieu d'étre blanche comme dans son jeune àge. Aprés une pluie, sa cavité se remplit d'eau, ce qui fait ressortir encore la vivacité de la teinte de son hyménium sur le fond sombre de la pelouse et la fait distinguer de trés-loin. Les plus grandes contenaient presque la valeur d'un verre de liquide, et il m'est arrivé plusieurs fois, aprés mes récoltes, de m'en servir en guise de cuvette pour laver le bout de mes doigts. Relativement à son volume considérable, ses parois sont assez minces ; elles n'ont, en moyenne, qu'un millimètre et demi à 2 millim. d'épaisseur. L'hyménium, d'environ un demi-millimétre de hauteur, est composé d'un grand nombre de théques et de paraphyses agglutinées les unes contre les autres. Les théques sont cylindriques, amincies par le bas et contiennent huit spores disposées obliquement en file sur un seul rang ; leur longueur est de 0™ 35 et leur largeur de 0"",014. Les spores sont incolores par transparence, simples, ovales, unies, ayant 0"",017 de lon- gueur sur 0"",01 de largeur; elles contiennent ordinairement deux gros noyaux oléagineux. Les paraphyses sont filiformes, simples, avec le sommet a aa a SÉANCE DU 23 OCTOBRE 1876. 309-xxv dilaté en une petite ampoule sphérique; je n’ai pas aperçu de cloisons, mais seulement quelques fines granulations dans leur intérieur. Comme dans la plupart des grandes espèces de ce genre, le Peziza vesiculosa par exemple, ses spores sont lancées avec force, presque avec explosion, sous forme de nuage ou de fumée ; il était facile de s’en aperce- voir et de provoquer leur sortie en ébranlant ses parois par une légère secousse. À partir du milieu de mai je n’en ai plus observé de nouvelles, et toutes celles qui existaient ont commencé à se flétrir et à s'affaisser ; bien- tôt elles ont séché et n’ont pas tardé à disparaître. De toutes les espèces déjà décrites dans les ouvrages à ma disposition, c’est le P. macrocalyx Riess., que je connais seulement par la courte description donnée par M. Cooke (Handbook of Brit. Fungi, p. 670), qui me semble se rapprocher le plus de cette espéce: toutes les deux ont le méme habitat ; mais le P. Clissoni a des dimensions d'un tiers au moins plus considérables ; sa surface extérieure est blanche et glabre, tandis que celle du P. macrocalyx est d'une couleur bleue terne et couverte d'un duvet blanc fugace. L'organisation de leur hyménium présente des différences encore plus importantes : notre Pezize, en effet, est pourvue de paraphyses simples, continues, avec le sommet terminé par une petite sphérule ; les paraphyses de l'autre, au contraire, sont rameuses et cloi- sonnées. Il est donc impossible de les confondre. À l'appui de cette description, M. Ripart adresse à la Société des aquarelles remarquablement exécutées par M. Edg. Pascaud et repré- sentant cette Pezize à divers états de développement. Examen fait de ces aquarelles par le Bureau, plusieurs membres déclarent la recon- naitre pour une espéce rare et peu connue. M. Richon dit que cette Pezize a tous les caractères du Peziza coronata Jacquin (1), dont les synonymes sont: P. eximia Léveillé (1) Note ajoutée pendant l'impression, par M. Ripart. — Dans la discussion qui a eu lieu lors de la présentation du Peziza Clissoni à la session mycologique, quelques mem- bres ont pensé que cette espèce devait être rapportée au P. coronata Jacq. Mais Fries, dans son Syst. myc., t. II, p. 51, l'indique comme synonyme du P. repanda Walhh., ad- mirablement figuré par Greville (Scott. crypt. Fl., I, tab. 59), et il est facile de voir que cette espéce n'a aucun rapport, ni par sa forme, ni par sa couleur, ni par son port, ni par son habitat, avec le P. Clissoni. Si réellement le P. coronata Jacq. diffère du P. repanda Wahlbg., son nom devra étre changé, car non-seulement il est mal appliqué, mais encore il existe un P. coronata Bull. (pl. 416) qui appartient à une autre section et qui est généralement adoptée par la plupart des mycologues : Fries, Berkeley, Cooke, etc. La Pezize de Jacquin est une plante litigieuse dont on ne connait pas la structure interne, ce qui est le plus important pour la diagnose exacte des nombreuses et difficiles espèces du groupe dont elle fait partie. Pourquoi, par exemple, ne la rapporterait-on pas au P. macrocalyx Riess., avec lequel elle présente extérieurement au moins autant d'analogie que le P. Clisson ? J'ai indiqué avec soin les caractères distinctifs, certains, de cette dernière avec le P. macrocalyx. Peut-on en faire autant pour le P. coronata Jacq.” Évidemment non! C'est donc, à mon sens, une espèce tout à fait douteuse. 3A0-xxvI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. (d’après des échantillons de M. Durieu de Maisonneuve), et P. schi- zostoma Richon (Bull. de la Société des sciences et arts de Vitry-le- François (1867), séance du 4 juin 1866). Il appelle l'attention de la Société sur une des aquarelles qu'il a exposées et qui représente cette Pezize avec tous les détails de son organisation. M. Quélet confirme la détermination de M. Richon, et ajoute qu'il s'agit évidemment de l'espéce que Secrétan avait cru devoir aussi appeler Pezize tulipe. Il ajoute que M. Kalchbrenner, dans sa troi- siéme livraison des Champignons de la Hongrie donne une bonne figure du P. macrocalyx. M. le Président dit que la nouvelle dénomination de Léveillé pro- venait de ce que son étude avait été faite sur le sec, et qu'à cet état les spores de la Pezize présentent une fausse cloison produite par le rapprochement et l'accolement des deux nucléus de la spore. ll ajoute que Delile connaissait aussi cette espèce, qu'il appelait Nidus sub- lerraneus. A l'appui de ce que vient de dire M. le Président, M. Richon signale l'importance de l'étude des spores et des paraphyses, en raison de leur forme généralement fixe et de leurs dimensions variables, pour faciliter la détermination des nombreuses espèces du genre Peziza. SÉANCE DU 24 OGTOBRE 1876. PRÉSIDENCE DE M. J. DE SEYNES. M. Roze, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 23 octobre, dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la dernière séance, M. le Président proclame membres de la Société : MM. Gras (Camille), pharmacien, 87, rue du Temple, à Paris, présenté par MM. Roze et Buffet ; Darmon (Jules), pharmacien, 80, faubourg Saint-Denis, à Paris, présenté par MM. Roze et Buffet ; Paris (Amédée), docteur en médecine, place de l'Éperon, à Angouléme (Charente), présenté par MM. de Seynes et Roze. | M. le Président annonce ensuite une nouvelle présentation. SÉANCE DU 24 OCTOBRE 1876. 311-xxvit M. Richon fait part à la Société des résultats de l'excursion qui a été faite ce jour méme, aux environs de Montmorency, sous la direc- tion de M. Boudier. Hl cite plus particulièrement le Rhizopogon virens, espéce rare et nouvelle, parait-il, pour la localité, dont il a découvert trois échantillons, ainsi qu'une espèce particulière d Hyd- num, recueillie par M. Boudier, et qui paraît être PH, scabrosum. Il donne lecture dé la liste suivante: LISTE DES ESPÈCES RECUEILLIES PAR LA SOCIÉTÉ, LE 24 OCTOBRE 1876, AUX ENVIRONS DE MONTMORENCY, par M. BOUBDIER Amanita vaginata. Clitopilus Orcella. — rubescens. Claudopus variabilis. — spissa. Inocybe rimosa. — pantherina. — plumosa. —- Mappa. — umbrosa. — muscaria, Naucoria escharoides. Lepiota amianthina. Tubaria furfuracea, — Carcharias. Galera hypnorum, — granulosa. — tener, Tricholoma pessundatum. -— mycenopsis. — Columbetta. Pholiota arvensis. — saponaceum. Stropharia coronilla. — sulfureum. Hypholoma sublateritium. Clitocybe laccata. — fasciculare. — geotropus. — appendiculatum. — infundibuliformis. — hydrophilum. Collybia hariolorum. Psilocybe Fænisecii. — conigena. Psathyra fatua. — tuberosa. Panæolus fimiputris. — maculata. — papilionaceus. — fusipes. Coprinus atramentarius. — dryophila. — plicatilis. — butyracea. — niveus. Omphalia umbellifera. — cinereus. — Fibula. Cortinarius arvinaceus. Pleurotus corticatus. — elatior. Mycena galopus. — multiformis. — cruenta. — miltinus. — epipterygia. — cinnamomeus. — inclinata. — armillatus. — atrocyanea. — scutulatus. — galericulata. — castaneus. —- polygràmma. — paleaceus. — filopes. Paxillus involutus. Volvaria media. — leptopus. Pluteus cervinus. Gomphidius viscidus. — phlebophorus. Hygrophorus pratensis. Leptonia euchlora. — conicus. 312-xX VIII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. . Hygrophorus psittacinus. Boletus versipellis. — miniatus. — luridus. Lactarius tabidus. —— variegatus. — vellereus. — vaccinus. — deliciosus. Polyporus versicolor. — torminosus. — septicus. — subdulcis. — fomentarius. — camphoratus. — perennis. — chrysorrheus. — biennis. — serifluus. Trametes Pini. — vietus. Thelephora terrestris. — turpis (plumbeus). Stereum spadiceum. Russula nigricans. — hirsutum. — adusta. — purpureum. — cyanoxantha. Craterellus cornucopioides. — Lepida. Merulius tremellosus. — ochracea. Hydnum repandum. — fragilis. — cinereum. — emetica. — scabrosum ? — fœtens. Corticium Typhæ. — ravida. — læve. Cantharellus tubæformis. Clavaria cristata. — cibarius. — rugosa. — cinereus. — inæqualis. — fuliginosus. — cinerea. Nyctalis asterophora. Marasmius peronatus. — ramealis. — epiphyllus. Panus stypticus. Lenzites flaccida. Boletus luteus. — badius. — scaber. Calocera viscosa. Typhula erythropus. — phacorrhiza. Lycoperdon perlatum. Scleroderma vulgare. Rhizopogon virens. Torrubia militaris. Carpobolus stellatus. Lecture est donnée de la lettre suivante, adressée à la Société par M. Germain de Saint-Pierre : Château du Bessay, par Chantenay-Saint-Imbert (Nièvre), 21 octobre 1876. A Monsieur le Président de la Société botanique de France. Savant et cher Président, Obligé de renoncer au trés-grand plaisir de prendre part à l'inaugura- tion des sessions mycologiques, si heureusement instituées par la Société, j'avais espéré me dédommager un peu de celte privation, en recueillant pour l'exposition mycologique projetée les nombreuses espèces de Cham- pignons comestibles et autres qui croissent en automne dans les bois et les SÉANCE DU 24 OCTOBRE 18706. 313-xxix prairies qui entourent mon habitation du Bessay (Nièvre), où je suis de passage en me rendant à Hyères. Il y a trois semaines environ, vers le milieu et méme vers la fin du mois de septembre, la récolte eùt été des plus abondantes et des plus variées ; les lieux boisés fournissaient entre autres espéces comestibles : L'Oronge (Amanita aurantiaca) en magnifiques spécimens, — la Chan- terelle (Cantharellus cibarius), — le Cèpe (Boletus edulis) et sa variété à chapeau bronzé ; les Boletus asper, aurantiacus, etc. Les pelouses et les pàturages : la Cocherelle (Agaricus procerus), — l’Agaric champêtre (Agaricus campestris), et sa variété Boule-de-neige ou Pas-de-bœuf, — le Mousseron d'automne (Agaricus tortilis), etc., etc. Et, avec ces Champignons comestibles vulgaires, de nombreuses espèces non comestibles, douteuses, ou vénéneuses ; des Lactaires, des Amanites (Amanita muscaria, A. citrina, A. bulbosa), etc., etc. Aujourd'hui 21 octobre, malgré la douceur exceptionnelle de la tempé- rature pendant le jour, les nuits sont froides, elles sont déjà longues, et la belle végétation mycologique de nos bois et de nos prairies a compléte- ment disparu; à peine rencontre-t-on cà et là les derniers Agaricus campestris et A. tortilis ; je crains bien que les bois des environs de Paris ne vous réservent de pareils mécomptes ; évidemment nos ses- sions mycologiques gagneront à avoir lieu, à l'avenir, quelques semaines plus tôt. A Hyères (Var), où je me trouverai dans quelques jours, mais trop tard pour pouvoir adresser un envoi à la Société pendant la durée de cette session, si une pluie bienfaisante a succédé (comme il arrive ordinaire- ment en octobre) à la sécheresse absolue de l'été, on trouverait en ce moment sous les Pins d'Alep, dans le parc. de Saint-Pierre-des-Horts, le merveilleux Clathrus cancellatus, dont le réseau d'un rouge de corail s'é- lève du centre d'une volva ovoide d'un blane de neige; mais cette mer- veille mycologique est fragile et fugace : une méme journée voit son éclat et sa décadence, et il est douteux que l'on püt le recevoir encore recon- naissable à Paris ; peut-étre serait-ce possible en le récoltant encore ren- fermé dans sa volva. Le Clathrus cancellatus prend, en se flétrissant, une odeur désagréable qui se rapproche de celle du Phallus, qui croit cà et là sous les Oliviers : le Clathrus passe pour très-vénéneux. Un autre Champignon intéressant de nos collines boisées d'Hyères est le Peziza brunnea : sa saveur est délicieuse et analogue à celle des Hel- velles et des Morilles. Cette espèce était, je crois, ignorée comme Cham- pignon comestible, lorsque le hasard me l'a fait rencontrer et expérimenter. Malgré sa grande dimension relative (la coupe atteint le diamètre d'une petite orange), elle est peu apparente, car elle se développe par groupes serrés à demi enfouis dans le sol : ce sont des coupes de forme subglobu- leuse, à bords laciniés, à chair cassante, blanchâtres en dessous ou en 314-xxx SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dehors, de couleur brune en dessus ou en dedans. Cette espèce croit surtout dans les terrains calcaires: on la rencontre au voisinage des an- ciens fours à chaux. Lés Champignons les plus abondants sur les marchés d'Hyéres et de Toulon sont l'Oronge (Amanita aurantiaca) et T Agaricus deliciosus (de la section des Lactaires). Cette ‘espèce, trés-abondante dans les collines boisées, est de Couleur brun rougeàtre, à chapeau marqué de zones con- centriques, à lames décurrentes, à suc laiteux rougeâtre; les parties meurtries prennent une teinte bleuâtre. Sa saveur diffère peu de celle de l'Agaricus campestris. Veuillez agréer, etc. E. GERMAIN DE SAINT-PIERRE. M. Boudier fait remarquer, parmi les espéces comestibles citées par M. Germain de Saint-Pierre, l'absence des Russules. Il croit, en effet, que beaucoup d'entre elles ont souvent donné lieu à de regret- tables accidents, en ce que plusieurs espèces, dites alimentaires, sont en effet inoffensives lorsqu'elles sont trés-cuites, tandis que peu cuites, elles sont la cause de certaines inflammations intestinales assez graves. Le Lactarius piperatus et quelques autres espèces sont dans le méme cas. M. Richon dit que dans le département de la Meuse, on consomme beaucoup de Russules. Or, soit qu'on leur fasse subir un degré de cuisson convenable, soit qu'on prenne garde de ne recueillir que les bonnes espèces, il n'a pas entendu parler d'accidents causés par ces Champignons. M. le Président exprime une opinion conforme à celle de M. Ri- chon en disant que, dans les Cévennes, la consommation des Rus- 'sules est générale, M. Bernard fait aussi remarquer qu'en Algérie et dans le midi de la France, on recherche avec soin le Russula virescens, désigné par- fois sous le nom de Palomet, et que cette espèce est très-estimée. I ajoute qu'en Algérie on recueille également une autre espéce pour la consommation : c'est le Pleurotus nebrodensis (Pl. Ferulæ Quél.), tjui se développe assez fréquemment sur les racines de la Férule, comme le Pleurotus Eryngii sur le Chardon Roland, M. Cornu cite le Pleurotus Eryngii comme une espèce assez commune sur les bords de la Loire, où on le connaît très-bien sous le nom d'Oreille, et qui ne se retrouve plus aux environs de Paris. Il pense méme par suite que la citütion, faite comme synonyme par Elias Fries à son Clitocybe Auricula, de l'espèce trop briévement SÉANCE DU 24 OCTOBRE 1876. 315-xxxt décrite par Dubois sous le nom d'Oreille, dans sa flore d'Orléans, doit exclusivement s'appliquer au Pleurotus Eryngii. Pour répondre à la demande faite par plusieurs membres de la Société, M. Quélet fait alors la communication suivante : DES PRINCIPAUX CHAMPIGNONS COMESTIBLES ET VÉNÉNEUX (0U SUSPECTS) DE L'EST DE LA FRANCE, par M. L. QUÉLET (1). I. — Espèces comestibles. Amanita cesared. Clitocybe Catinus. — ovoidea. — conglobata. — rubescens. — ericetorum. — solitaria. — dealbata. — strobiliformis. — fragrans. — vaginata. — gigantea. Lepiota clypeolaria. —- geotropus. — excoriata. — hirneola. — gracilenta. — infundibuliformis. — granulosa. — nebularis. — amianthina. — obbata. — Carcharias. — odora. — cinnabarina. — opipara. — mastoidea. — squamulosa. — maucina. — suaveolens. — procera. — vermicularis. — rhacodes. Collybia collina. — sistrata. — dryophila. Armillaria imperialis. — esculenta. — mellea. — extuberans. — werrucipes. —- fusipes. Tricholoma brevipes. — laccata. — Columbetta. — longipes. — excissum. — succinea. — grammopodium. Pleurotus dryinus. — ionides. — Eryngü. — irinum. — mebrodensis (P. Ferulæ Q.). — humile. — ostreatus. — melaleucum. — petaloides. — nudum. — Pometi. — Panaolus, — salignus. — personatum. — ulmarius. — portentosum. — velutipes. — — prunulus. Volvaria bombyeina. — sejunetum. Entoloma clypeatum. — sordidum. Clitopilus Orcella. Clitocybe brumalis. (1) Les espèces imprimées en italique constituent des aliments exquis ou des poisons violents. | Pilosace algeriensis. 316-xxxit SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Pholiota Ægerita. — mutabilis. — priecox. — sphaleromorpha. — squarrosa. Psalliota arvensis. — augusta. — campestris. — comtula. — cretacea. — sylvatica. Hypholoma appendiculatum. Psathyra fatua. — spadiceo-grisea. — torpens. Psilocybe Fœnisecii. Coprinus atramentarius. -— comatus. — fimetarius. — ovalus. Cortinarius azureus. — castaneus. — cinereo-violaceus. — cœrulescens. — erythrinus. — myrtillinus. — violaceus. Paxillus involutus. Gomphidius glutinosus. Hygrophorus arbustivus. — erubescens. — lucorum. — niveus. — penarius. — pratensis. — virgineus. Lactarius controversus. — deliciosus. — mitissimus. — pallidus. — piperatus. — suldulcis. — volemus (cru). — vellereus. Russula alutacea. — aurata. — cyanoxantha. — depallens. — heterophylla. — grisea. — lactea. — Lepida. Russula lutea. — vesca. — virescens. — xerampelina. Cantharellus albidus. — cibarius (jeune). — Friesii. — rufescens. Marasmius erythropus. — globularis. — Oreades. — prasiosmus. — scorodonius. Lentinus rudis. — torulosus. Boletus æneus. — badius. — bovinus. — castaneus. — edulis. — granulatus. — luteus. — scaber. — subtomentosus. — variegatus. — versipellis. — viscidus. Polyporus confluens. — ovinus. — pes-Capra. — subsquamosus. — umbellatus. Fistulina Hepatica. Hydnum coralloides. — Erinaceus. — imbricatum. — repandum. Craterellus clavatus. — cornucopioides. — Sinuosus. — pusillus. Tremellodon vulgare. Guepinia helvelloides. Sparassis crispa. — ]aminosa. Clavaria botrytis. — flava. — formosa. Exidia recisa. Tremella mesenterica. Lycoperdon pratense. —- furfuraceum. SÉANCE DU 24 Bovista gigantea. — nigrescens. — plumbea. — pusilla. | Melanogaster variegatus. — tuberiformis. Cheromyces meandriformis. Tuber microsporum. — rhapæodorum. dryophilum. mesentericum. estivum. Genea sphærica. — verrucosa. Balsamia fragiformis. Mitrula spathulata. Morchella deliciosa. conica. elata. esculenta. — semilibera. Verpa digitaliformis. OCTOBRE 1876. 317-xxxui Verpa pusilla. Gyromitra esculenta. — gigas. Helvella crispa. — atra. — elastica. — infula. — lacunosa. — monachella. — sulcata. Peziza Acetabulum. — ancilis. — helvelloides. — Amphora. — Onotica. — Corona. — macropus. — vesiculosa. — Catinus. Bulgaria inquinans. — sarcoides (1). IL Espèces vénéneuses ou suspectes. Amanita aspera (entérite). — excelsa. — mappa (dysenterie). — muscaria (folie passagère). — pantherina (folie passagère). — phalloides (accidents cholériformes). — spissa. — verna ou virosa. Lepiota Badhami (vomissements). — cepæstipes (vomissements). Tricholoma acerbum (vomissements). — album (vomissements). — saponaceum (vomissements). — sulfureum. Clitocybe cerussata (diarrhée). Collybia ingrata. — rancida. Volvaria speciosa (gastro-entérite, coma et mort). Entoloma lividum (gastro-entérite). — nidorosum (vomissements). — rhodopolium. Pholiota dura (nausées et diarrhée). Inocybe rimosa. Hebeloma crustuliniforme. — fastibile. Stropharia aeruginosa. — melasperma (vomissements). Hypholoma fasciculare (vomissements). — lacrymabundum. — sublateritium (vomissements). Hygrophorus Cossus (nausées). — agathosmus. Lactarius insulsus (entérite). — helvus. plumbeus ou turpis ? pyrogalus. rufus. scrobiculatus. theiogalus. torminosus ? zonarius. Russula decolorans. — Delica. — emelica. — fellea. (1) Si l'on voulait admettre parmi les espèces comestibles celles qui n'attirent pas l'at- tention des mycophages, soit parce qu'elles sont petites, soit parce qu elles sont dépour- vues de parfum, leur nombre pourrait étre facilement doublé. T. XXIII. (SÉANCES) 21 318 -XXXIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Russula fœtens. Panus stypticus — fragilis. Boletus calopus. — furcata (dysenterie et mort). — felleus. — nauseosa. — lupinus (entérite). — nigricans. — luridus. — ochracea. — pachypus. — ochroleuca. — piperatus. — pectinata. — Satanas (vomissements, gastrite). — puellaris. Polyporus stypticus. — Queletii. Scleroderma Bovista. — rubra. — verrucosum. — sanguinea. — Geaster. — sardonia. — vulgare. Marasmius urens. SÉANCE DU 25 OCTOBRE 1876. PRÉSIDENCE DE M. DE SEYNES. M. Roze, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de Ja séance du 94 octobre, dont la rédaction est adoptée. Par suite de la présentation faite dans la derniére séance, M. le Président proclame membre de la Société : M. GukRNISAC (le comte de), au château du Már, prés Morlaix (Finistére), présenté par MM. de Seynes et Cornu. M. le Président annonce en outre deux nouvelles présentations. Lecture est donnée des deux notes suivantes, adressées à la So- ciété par M. Kalchbrenner. Ces notes accompagnaient l'envoi, pour l'exposition, des trois premiers fascicules de ses Zcones Hymeno- mycetum Hungariæ, dont il fait hommage à la Société, et de dessins originaux, préparés par l'auteur en vue de la publication prochaine d'un quatriéme fascicule. NOTULÆ AD ICONES MEAS HYMENOMYCETUM HUNGARIÆ, auctore Carolo KALCHBRENNER. Qua amicissimus Quelet, in dissertatione sua « sur la classification et la nomenclature des Hyméniés » (Bulletin dela Société botanique de France, t. XXHD, circa reductionem specierum proponit, — attentione omnino dignissima sunt et ulterius studium provocant. SÉANCE DU 25 OCTOBRE 1876. 319-xxxy Meo etiam sensu Tricholoma subannulatum Batch est = T. albo-brun- neum Fr., T. bufonium P.— var. T. sulphurei Bull., Pleurotus corticatus Fr. — var. P. dryini Pers., Boletus floccosus Low. — var. B. strobilacei Scop., Polyporus pinicola Low. = var. P. marginati Fr., etc., ete.; sed plures harum observationum jam Fries ipse exposuitin Epicr. Monogr., etc, Alia sunt quibus assentiri nequeo ; at non de his sermo sit, sed de speciebus per me divulgatis quas acutissimus Quelet delendas esse censet ! Lubens adsentior conjungi posse Mycenam cæsiellam Kalchbr., cum Mycena pura P., et Polyporum Evonymi Kalchbr., cum P. Ribis Bull., etc. Sed multum distat Inocybe Bongardii Weinm. ab 1. hiulca Fr. (ef. Icon. meas, tab. XX, f. 4 et 2), et Cantharellus ramosus Schulzer (pileo carnoso, stipite farcto) a C, infundibuliformi Seop. (pileo membranaceo, stipite fistuloso, nec unquam rampso). Nec Nolanea picea Kalchbr. (pileo nudo, stipite pruinoso) sine difficul- tate conjungilur cum N, nigripede Fr. (pileo floccis flavidis tecto, stipite glabro, etc,), aut Marasmius schœnopus Kalehbr. (lamellis decurrentibus) cum M. alliaceo Jacq. (lamellis liberis). Marasmium carpaticum Kalchbr. eum M.globulari uniri posse, auctor speciei, Fries, ipse negat! Sed sufficiat hæc monuisse ! Fasciculis tribus iconum mearum hic exhibitis additæ sunt. tabulæ aliquot Fasciculi quarti, qui nunc plane sub preto est et sub finem anni pu- blicabitur. Exhibeo porro tabulas quatuor, manu mea pictas, quarum primam, Tri- choloma scalpturatum Fries (quale in Carpatis obvium est) monstranteu, eo fine mitto ut eum icone Bulliardi Ag. argyracei et cum Fungo in Vogesis naseente comparari possil ; Alteram, Trichomatis albo-brunnei (subannulati) ad confirmandam Queleti de hac specie sententiam ; Tertiam et quartam, qui Kalchbrenneram Tuckii Berkl. et Mac Orvanitem agaricinam Kalchbr. adumbrat (cf. Gardeners’ Chronicle, p. 785, 1876), ut specimen opusculi mei, Fungos Africa australis et quos- dam Nov. Hollandiæ traetantis (iconibus illustrati), quod, — Deo favente — futuro anno publiei juris faeiam. A propos des Champignons de l'Afrique australe, dont il vient d'étre question, M. Ed. Bureau fait part à la Société de la réception d'une lettre de M. Mélinon, correspondant du Muséum à la Guyane, qui précède un envoi spécial de spécimens cryplogamiques, en grande partie mycologiques, qui parait devoir être des plus inté- ressants, 320-XXXVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. le Président donne lecture à la Société d’une lettre de M. le baron Vincent Cesati, professeur ordinaire de botanique et direc- teur du Jardin botanique à Naples, qui accompagnait l'envoi. d'une douzaine d'exemplaires de trois notices sur les espèces du genre Battarrea, observées en Italie, dont l’auteur fait hommage à la Société et aux mycologues qui prendront part à la session. Dans cette lettre, M. Cesati exprime ses regrets de ne pouvoir se rendre à Paris, à cette occasion, et prie la Société de vouloir bien porter une attention spéciale sur la nature et la genèse des cellules spirillées, qu'on trouve dans les Battarea et sur lesquelles M. Wor- thington Smith et lui sont en plein désaccord, M. Cesati soutenant que ces cellules n'existent que dans le péridium, et M. W. Smith, qu'elles se trouvent parsemées dans tous les tissus de ces singuliers Gastéromyeètes. M. le Président distribue les exemplaires à divers membres de la Société et fait remarquer que l’extrême rareté des espèces de Ba- tarrea ne permeltra pas aux mycologues francais de se faire aisé- ment une opinion sur cet intéressant sujet. M. Jacquin exprime ses regrets de n'avoir pu prendre part à l'excursion qui a été faite aux environs de Montmorency, pour y noter les Champignons qu'on aurait signalés comme alimentaires. Il demande si la Société ne pourrait pas se proposer de rendre un véritable service en faisant connaitre les espèces comestibles des environs de Paris. M. Guerrapain fait remarquer que les Champignons pouvant se diviser en espéces indifférentes (ou non dangereuses), comestibles et vénéneuses, et que ces derniéres étant de beaucoup les moins nombreuses, il serait plus facile d'appeler l'attention sur les espèces vénéneuses, pour arriver au méme résultat. M. Quélet émet cette opinion que pour savoir établir une dis- tinction réelle entre telles espèces que ce soit, vénéneuses ou comes- tibles, il faut connaitre les unes et les autres, c'est-à-dire faire usage des diagnoses et caractéres scientifiques, sans lesquels il n'est pas possible de faire avec quelque certitude aucune détermination spé- cifique. M. Boudier fait à la Société la communication suivante : SÉANCE DU 25 OCTOBRE 1870. 3234-xxxv ri NOTE SUR LE BOLETUS RETICULATUS SCH.EFF., par M. BOUDIER. De mai à juillet on trouve dans la forét de Montmorency et probable- ment dans les autres bois des environs de Paris et dela France, un Cépe qui a toute l'apparence du Boletus edulis, et qui est toujours confondu avec lui par les amateurs aussi bien que par les mycologues. Ge Bolet est, je crois, celui que Schæffer a nommé reticulatus, et figuré dans la planche CVIII de son remarquable ouvrage. Il se distingue facilement du Boletus edulis, en dehors de son appari- tion plus précoce, par sa couleur relativement plus pàle, par son chapeau stbtomenteux, et surtout par son pédicule fortement réticulé jusqu'à la base, d’où vient probablement son nom, plutôt que des crevasses que la figure citée plus haut indique sur le chapeau, ainsi que semblent le croire tous les auteurs. Schiffer, dans la diagnose qui fait face à sa planche CVIII, dit en par- lant de l'épiderme du chapeau : « vel integro, vel varie rupto », et du stipe, « plerumque reticulato ». Dans son index, il dit simplemerit, « venoso- reticulato ». Il reconnait done que le chapeau est tantôt crevassé et tantôt ne l'est pas, et que le pied est presque toujours réticulé. Le fait des fissures du chapeau se présente, comme on sait, très-fré- quemment et n'est pas un caractère, mais une défectuosité produite par de fortes pluies succédant à une grande sécheresse. C'est ce qui arrive fré- quemment à cette époque de l'année, et ce qui explique pourquoi on trouve le plus souvent ce Champignon crevassé. C'est à un diminutif de ces cir- constances qu'il faut attribuer aussi les marbrures plus pàles, « pallidius reticulato », indiquées dans l'index précité. Il n'en est pas de méme de la réticulation. Cet auteur aura eu certai- nement en main quelques exemplaires défraichis ou appartenant à une autre espéce, lorsqu'il aura vu le réseau manquer. Persoon dit, dans ses Commentaires, n'avoir jamais trouvé jusqu'alors cette espéce avec le pied réticulé, et tout en indiquant aussi son chapeau avec des gercures en réseau, il ajoute que les tubes bleuissent. Scheffer dit au contraire qu'ils verdissent, teinte qu'ils prennent en effet lorsqu'on les froisse. Il semble évident que Persoon avait en vue une autre espéce, d'autant plus qu'antérieurement, dans son Synopsis, il s'éloigne davantage de l'espéce bavaroise en disant que la chair bleuil et que le stipe devient rouge à l'intérieur et à la base. Albertini et Schweinitz ne paraissent pas l'avoir connue et y rapportent comme variété une espéce certainement différente. Fries lui-même, dans le premier volume de son Systema inyeologicium, ne 322-SXX VIII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. signale que les crevasses du chapeau et en fait une variation du B. edulis. Plus tard, dans les deux éditions de son Epicrisis, l'éloignant davantage encore de sa véritable place, il le rapporte à son B. impolitus, espèce tout à fait différente, comme il est facile de le voir par la description, attri- buant la réticulation figurée sur le stipe à la sécheresse ; de plus, il dit positivement que le B. impolitus n'a jamais le stipe réticulé. Opatowski eti fait une variété du B. subtomentosus, certainement à tort. Secrétan le rapporte au B. edulis comme variété C, qu'il fonde aussi sür les crevassés du chapeau ; mais il reconnait que le pédicule est com- plétement réticulé, et ce caractère, comme la date de la récolte, mé laisse croite qu'il a bien vu l'espèce de Schæffer. Depuis, la plupart des auteurs n'ont pas coüiüu ce Champignon et n'en parlent pas, ou bien, à l'exemple de Fries dont l'aütorité est incontestablé, ils en font un synonyme du B. impolitus; de sorte qu’un Bolet à chair blatiche et à pied fortement réliculé est devenu synonyme d'un Bolet à chair changeante et à pied toujours lisse. Je pense donc qu'il n’est pas inutile de dontier une nouvelle description dé cette espèce probablement assez répandie eii Europe, mais que son facies, semblable à celui du B. edulis, a toujours fait négliger. Boletus reticulatus (Schæff.) Boud. Magnus, statura B. edulis sed sæpe curtior; pileo pulvinato, dein expitiso, pallide fusco, sicco, flocéuloso-totnenfoso, siccitate marmorato et sæpius areolatim rupto; tubulis minutis, elongütis, semisliberis, primitus ore albo-farctis, dein apertis, rotundatis; lüteo-virentibüs denique oliváceis í sporis elongatis, olivaceis ; p&diculo pileo coneolore, obeso rarius eloi- gato, usque ad basim fortiter retieulato, venis pallide pubescentibus j carne alba sub pellicula vix fuseescetite, odore et sapore grato B. edulis, et etiam esculentus. Maio-julio, in sylvis ad latera viarum. Ce Bolet a tout à fait l'aspect d’un vrai Cèpe, mais sa couleur est beaucoup plus pâle, plus rousse et moins rembruhie. Son chapeau, si le temps reste humide, reste subtomenteux et feutré. Si le temps est sec, il s'éraille et devient marbré, puis crevassé, Les spores sont semblables; pouf la forme et la couleur, à celles du B. edulis. Son pédicule est toujours Sec et fortement réticulé jusqu'à la base, landis que dans les espéces voisines ce réseau s'oblitére : les aréoles en sont souvent arrondies, mais moins régulièrement que la figure de Schæffer ne le représente. Elles ont de l'analogie pour la profondeur avec celles du B. felleus. La chair est tou- jours blanche et n'offre une teinte jaunàtre que sous les tubes. Cette espèce parait moins commune que le B. édulis. Sa date d’appari- SÉANCE DU 25 OCTOBRE 1876. 323-XXXIX tion varie suivant les années. Je l'ai récoltée en mai, juin, juillet et trés- rarement aprés cette époque. On peut la rencontrer dans les endrois aérés des bois, aux bords des chemins, sur les pelouses des carrefours, et de préférence sous les Chénes et les Chàtaigniers. M. Quélet dit qu'il croit reconnaitre, dans le Bolet dont vient de parler M. Boudier, le Boletus vaccinus Fr. M. Cornu fait à la Société la communication suivante : LISTE DES ESPÈCES RECUEILLIES DANS LES BOIS DE CHAVILLE PENDANT L'EXCUR- SION DU 25 OCTOBRE 1876, dirigée par M. Maxime CORNU. Amanita pantherina. — spissa. — rubescens. — mappa. — vaginata. Lepiota cristata. — amianthina. Tricholoma saponaceum. — sulfureum. — bufonium. Clitocybe nebularis. — infundibuliformis. — expallens. — candicans. — cyathiformis. — odora. Collybia rancida. — fusipes. Mycena pura. — epipterygia. — polygramma. — pelianthina. — Adonis. — lactea. — galopus. — filopes. Omphalia Fibula. Pluteus cervinus. — leoninus. Entoloma lividum. Nolanea lazulina. Claudopus variabilis. Hebeloma crustuliniforme. Inocybe rimosa. — geophylla. Galera tener. — hypnorum. Tubaria furfuracea. Crepidotus mollis. Psalliota arvensis. Stropharia æruginosa. Psathyrella disseminata. Hypholoma fasciculare, Coprinus typhoides. — cinereus. — radiatus. — velaris. Bolbitius titubans. Cortinarius armillatus. — violaceus. — cinnamomeus. — multiformis. — castaneus. — hemitrichus. Paxillus involutus. Hygrophorus conicus. — ceraceus. — virgineus. Lactarius vietus. — theiogalus. — subdulcis. — camphoratus. — torminosus. — pyrogalus. Russula adusta. — nigricans. —— ochracea. — cyünoxantha. — fragilis. — lepida. Cantharellus cibarius. Nyctalis asterophora. Marasmius oreades. — peronatus. — ramealis. — Rotula. 394-xL SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Marasmius epiphyllus. Panus stypticus. Boletus edulis. — scaber. -— versipellis. — chrysenteron. — subtomentosus. Polyporus varius. — elegans. — vernalis. — fulvus. Dædalea quercina. r Hydnum cinereum. — repandum. Craterellus cornucopioides. — crispus. Thelephora atrocitrina. Stereum hirsutum. — purpureum. Corticium polygonum. — comedens. Clavaria crispa. Lycoperdon perlatum. Scleroderma vulgare. Nidularia Crucibulum. Phallus impudicus. Peziza macropus. — scutellata. — cochleata. Helotium fructigenum. Leotia lubrica. Helvella mitra. — leucophæa. — Ephippium. — stipitata. Xylaria hypoxylon. Hypomyces chrysospermus. — rosellus. Torrubia capitata. Cenococcum geophilum. Elaphomyces variegatus. — asperulus. Melampsora populina. — Tremulæ. — cinerea. — salicina. — fragilis. Phragmidium Rubi. — rugosa. Cystopus candidus. — botrytis. Spumaria alba. Tremella lutescens. M. Quélet fait à la Société la communication suivante : DE QUELQUES NOUVELLES ESPÈCES DE CHAMPIGNONS DU JURA ET DES VOSGES, par M. L. QUÉLET (1). 1. "Amanita junquillea Q. (2). — Stipe fistuleux-aranéeux, olivaire à la base, villeux-écailleux, blanc. Anneau supère, attaché en partie à la marge, et volva marginée, blanes, déchirés et cadues. Chapeau campanulé- convexe (0",05-06), visqueux, jaune orangé trés-pàle, parsemé de ver- rues floconneuses d'un blanc de neige ; marge striée, plus claire. Chair molle, humide, douceàtre, blanche, jaunâtre sous la pellicule. Lamelles serrées, élargies en avant, blanches, un peu jaune crème. Spore (0"",01- 0,012) ovoide, sphérique. (Pl. III, fig. 10.) Pu et automne. — Forét du diluvium et des collines des Vos- ges (3). (1) Ce mémoire peut être considéré comme le IV* supplément de l'ouvrage que j'ai publié sur le méme sujet, en 1872, dans les Mémoires de la Société d'émulation de Mont- béliard. (2) Les espèces ou variétés marquées d'un astérisque (") sont de création nouvelle. (3) Quelques échantillons de cette espèce ont été recueillis, les 27 et 28 octobre 1876, dans la forét de Fontainebleau, pendant les excursions faites par la Société. SÉANCE DU 25 OCTOBRE 1876. 325-xLI 2. Lepiota guttata Pers. — Stipe plein, mou, atténué en haut, olivaire e bas, écailleux, villeux, blanc puis crème. Anneau très-mince, large, couvert comme le haut du stipe de gouttes limpides laissant des taches vert-noir. Chapeau ovoide campanulé (0",10), charnu, tendre, glabre, un peu glutineux sur la marge, incarnat-créme trés-pàle. Lamelles libres, quelquefois fourchues, blanc crémeux. Spore (0"",006-8) ovoide sphé- rique. Automne. — Dans les clairières des sapinières montagneuses du Jura. 3. Lepiota seminuda Lasch. var. ' lilaeina.— Voile floconneux géné- -ral d'un beau lilas clair. Eté. — Sapinières du Jura. 4. Clitocybe connata Schum. — Stipe gonflé, creux, fissile, farineux, blanc. Chapeau convexe (0",05-0,10), charnu, mince, pruineux, blane à peine taché d’ocre ou de bistre. Chair ferme, élastique, blanche, à odeur spiritueuse faible. Lamelles horizontales puis arquées, adnées ou décur- rentes, espacées, blanc glauque puis crème. Spore (0”",006) ovoide fine- ment piquetée. Été-automne. — Cespiteux (6 à 15 stipes réunis en tubercule), dans les sapiniéres herbeuses du Jura. 9. * Collybia nigrescens (. — Stipe plein, court, fibrilleux, gris bistré (même en dedans) puis noir. Chapeau campanulé-convexe (0",01- 0,02), fragile, mince, substrié, pruineux, gris bistré noircissant. Lamelles sinuées-adnées, espacées, grisàtres puis tachées de noir. Spore blanchâtre. (PL. III, fig. 11.) Été. — Souches pourries de Sapins. 6. * Mycena nivea Q. — D'un blanc éclatant, translucide, inodore. Stipe rigide, grêle, fragile (0",001-0,002), lisse, pruineux, dilaté au sommet, recourbé et fixé par des soies. Chapeau campanulé (07,015), très-mince, sillonné de haut en bas (ne s'étalant point), pruineux. Lamelles espacées, étroites, oncinées-adnées. Spore (0"",01-0,012) pruniforme, granulée. (PI. II, fig. 1.) Été-automne. — Parmi les brindilles des bois frais du Jura (1). 7. Mycena floridula Fr. — Stipe fistuleux, subfiliforme, glabre, pel- lucide, blanc, villeux à la base. Chapeau membraneux, conique campa- nulé (0"",005-0,01), striolé, incarnat vermillon passant rapidement au citrin-créme (marginelle incurvée). Lamelles oncinées-adnées, peu ser- rées, incarnat rosé puis crème. Spore (0"",004) ovoide, lisse et hyaline. Été. — Lieux gramiueux des bois de Pins du Jura. (1) Cette espèce me parait bien voisine du M. albinea Fr., que l'auteur na pu classer parce qu'il n'en connaissait pas les spores. 326-011 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 8. Myécena levigata Lasch. — Stipe fistuleux, fibrilleux, lisse, hu- mide, blane. Chapeau convexe étalé (0",03-0,05), mince; glabre, hygro- plane, blanc puis finement rayé-fibrilleux, ombiliqué el blanchissant. Lamelles oncinées, larges, blanches, Spore (0"",006) sphérique, ponc- tuée: Été-autoitine. = Cespiteux sur les souches des Sapins dela région mon- tagneuse. 9. Pluteus plautus Weinm. — Stipe plein, courbe, mou, relouté-gra- nulé, bistre noit puis blanchâtre pointillé dë bistre. Chapeau stibsphéri- que puis campanulé-convexe (0",03), tomenteux-granulé, bistre noir puis brun pàlissant. Chair humide à odeur aigre. Lamelles larges, blanches puis incarnates avec l'aréte blanchâtre. Spore (0"",006-8) elliptico-sphé- rique, ocellée; Été-automne, — Souches et bois de Sapins. (Cette espèce a été recueillie par mon fils, René Quélet.) 10. *Entolomá Rozei (). — Stipe grêle, plein, fibreux, tenace, fibrillo- soyeux, blanc subargenté. Chapeau mince, convexe plan (0,03), sec, gris perle blañchissant, velouté de poils fins, très-courts et blancs. Lamelles adnées, assez serrées, étroites, longtemps blanchâtres puis rosées. Spore (0"^,008-0,01) pentagone: (PI. II, fig. 2.) Eté. — Sous les Pins des toufbières du Jura. (Cette espèce a été recueil- lie par M; E. Roze, dans une excursion que j'ai faite, cette même année, avec lui et en compagtiie de MM. Cornu, Locré, Bernard et Gueutal-Schom. Je me plais à la lui dédier pour en conserver le souvenir.) 11. Entoloma resutum Fr. — Stipe allongé, presque plein, mou, fi- btilleux, gris. Chapeau peu charnu, convexé obtus (0",03-0,04), fibril- leux, écailleux, fissile, gris, brün àt centre. Lamelles ventrues, attériuées éh artièté et presque libres, grisàtres incartates. Spore trés-anguleuse (07^,04), rosée. Inodore. Eté. — Dans les fotéts de Conifères ; rare. 12. Clitopilus pseudo-Orcella Fr. — Stipe court, plein, ferme, striolé, grisàtre, bistré méme en dedans et muni de cordonnets blancs à la base. Chapeaü charnu, fermé, coivexe puis déprimé (0",04-0,06), souvent ma- melonné, glabre, gris légèrement bistré ; marge villeuse et eótelée. Chair tenace, grisâtre, amarieante et uii peu fétide (moisi). Lamelles décür- rentes, minces, gris clair. Spore ovoide-sphérique (077,007), grisâtre à reflet purpurin. Automne. — En troupe dans les clairières des foréts de Conifères. l 13. Leptonia æthiops Fr.— Stipe mince, glabre, bistre violacé, poin- tillé de noir au sommet. Chapeau convexe plan (0,02-0,03), déprimé, SÉANCE DU 25 OCTOBRE 1876. 327-xLlit finement rayé, glabre, bistre noir. Lamelles adnées, blanches puis lila= cines et rosées. Eté. — Dans les prés des collines du Jura, aprés de grandes pluies. 14. Leptonia placida Fr. — Stipe tenace, atténué en haut, fibrillo- soyeux, violet noir, pruineux et blanc au sommet, hérissé de granules noirs. Chapeau convexe plan (0",02-0,03), finement villeux peluché, gris bistré. Lamelles adnées, larges, ondulées, blanc rosé, Spore (0"",04) ovoide pentagone, ocellée. Été. — Sur les souches de Hétres dans les forêts montagneuses, 15. Nelanea versatilis Fr. — Stipe allongé, fistuletix, lisse, grisátre, argenté et brillant par le sec. Chapeau membraneux, convexe, aplatti (0",08), glâbre, chatoyant; verdoyant-gris, brunissant. Lamelles ventrues, larges en atrièré, adnées, espacées et grises. Été. — Dans les clairiéres des forêts, sur la terre nue. 16. * Nolanea araneosa Q. — Stipe grêle, tubuleux, fragile, fibrilleus, gris, muni d'ürne cortine grisütre et fugace. Chapeau cottico-campanulé (0",01-0,02), membraneux, fibrilleux-soyeux, gris. Lamelles adnées, étroi- tes, gris bistré. Spore (0"*,015) oblotigüe pentagotie. (Pl. IT, fig. 3.) Été. — Bois de Pins humides. Trés-rare (1). 17. Pholiotà flániimads Fr. — Stipe grêle, subfistuletx, flexueux, sulfurin, hérissé de fines mèches recourbées et formant un anneau au so v met. Chapeau mince, convexe plan (07,05), mamelonré, jauiie d'or où fauve, recouvert d'élégantes mèches retroussées et sulfurines. Lamelles sinuées-adnées, sérrées, jätirie clair puis fauve safrané. Spore (07,005) elliptique, incurvée, fauve. Automne. — Cespiteüx sur les souches d'Epicéa dans les forêts ition- tagneuses du Jura. Rare. 18. * Pholiota fusca Q. — Stipe fibreux, recourbé, blanc cittin, pul- vérulent au-dessus de Panneau écailleux, hérissé au-dessous d'écailles conceolores. Chapeaü convexe mamelonné (0",05-0,08), visqueux, brun, parsemé de petites méches chamois. Lamelles purpuracées puis brunes, avec l'aréte granulée et blanche. Spore (077,013) prüniforme, brune. (PI. HI, fig. 12.) Automne. — Gespiteux sur les trones de Sapins. 19. Naucoria tenax Fr. — Stipe grêle, plein puis fistuleux, blane- paille, strié de fibrilles brunàtres. Chapeau mince, campanulé-convexe (07,01), translucide, peu visqueux, striolé, bistre pàlissaut; marge munie (1) Cette espèce a été également recueillie à Saint-Amand (Marne) par M. Richon, qui eh à conservé uie excellente figure dans sa belle eollection d'aquarelles. 328-XLIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. d'une cortine trés-fugace. Lamelles blanc citrin puis brunes, avec l'aréte blanche. Spore pruniforme, brune. Été. — En troupe sur les sentiers des bruyéres montagneuses des Vosges. 20. Naucoria pannosa Fr. — Stipe subfiliforme, finement velouté, blanchâtre puis ochracé. Chapeau convexe, mamelonné (07,01), chamois pâle, couvert d'un voile soyeux-laineux et blanc. Lamelles sinuées, ven- trues, larges, espacées, jaunàtres puis brunes. Spore (0"",008) ovoide, fortement verruqueuse et fauve. Automne. — Sur le terreau ou les souches des foréts montagneuses du Jura. 21. *Stropharia cotonea Q. — Stipe courbe, fistuleux, floconneux- écailleux, blanc. Chapeau sphérique puis convexe (0",05-0,07), charnu, peluché laineux, blanc de neige (roussissant légèrement au sommet). La- melles sinuées-adnées, blanches puis purpurines, et enfin brun pourpre foncé, avec l'aréte blanche. Spore (0"",01) elliptique, bistre pourpré. (PL I, fig. 5.) Été-automne. — Cespiteux dans les bruyères et les bois de Coniféres des terrains siliceux. 22. Stropharia inuncta Fr. — Stipe grêle, fistuleux, faible, flexueus, souvent couché, fibrillo-soyeux, blanc avec un anneau bas et fugace. Cha- peau mou, lisse, convexe mamelonné (0",02-0,03), blanc jaunátre, recou- vert d'une couche gommeuse, caduque, d'un gris purpurin. Lamelles AM ventrues, blanc rosé puis brunes. Spore (0"",01) pruniforme et violette. Eté-automne. — En groupe dans les lieux herbeux des foréts humides. Rare. | 23. Hypholoma udum Pers. — Stipe subfiliforme (0",1 de long.), fis- tuleux, flexueux, lisse, paille citrin, fauve, villeux et blanc en bas. Gha- peau convexe (0",01-0,02), mince, tendre, citrin påle puis fauve au centre; marge munie d’une cortine fugace blanche. Lamelles larges, adnées, citrin pâle puis bistre purpuracé. Spore (0"",02) violacée, oculiforme. Eté-automne. — En troupe dans les tourbières du Jura. 24. Hypholoma Candollianum Fr. , var. ' annulatum. — Forme trés-développée avec le stipe plus fort, muni d'un long anneau membra- neux strié et blanc. 25. Panseolus separatus L. — Stipe fistuleux (0",1 de long), blanc argenté. Anneau membraneux, médian, étroit, ténu, strié et blanc. Cha- peau campanulé (0",03-0,04), arrondi au sommet, glabre, visqueux, blanc avec une teinte argileuse, surtout au sommet. Lamelles adnées, larges, SÉANCE DU 25 OCTOBRE 1870. 329-XLV gris-perle, mouchetées, puis noir violacé. Spore (0"",02) pruniforme, brun noir. Automne. — Sur la bouse des pâturages montagneux et des tourbiéres du Jura. 26. ` Psathyrella infida Q. — Stipe fistuleux, filiforme, flexueux, flétri d'un souffle, glabrescent, ochracé incarnat. Chapeau conique (0",01), très- mince, villeux, floconneux, gris bistré. Lamelles larges, triangulaires, espacées, incarnat bistré, puis brun noir, bordées de blanc. Spore (077,012) elliptique, brun pourpre. (Pl. IH, fig. 13.) Été. — Chemins creux des forêts de la plaine. 27. Bolbitius vitellinus Pers., var. *olivaceus.— Forme plus grande avec une teinte générale olive. 28. ' Coprinus velatus Q.— Stipe fistuleux, villeux, sillonné, fragile, blanc. Chapeau cylindrique, puis étalé (0",02-0,03), blanc ochracé, strié- sillonné, recouvert d'un voile membraneux, mince, caduc et blanc. La- melles blanches, rosées puis brun noir. Spore (077,01) pruniforme, brun noir. (Pl. II, fig. 6.) Printemps. — En troupe dans les foréts des collines jurassiques. 29. ' Coprinus cineratus (). — Stipe fistuleux, ténu, glabre, blanc ; base renflée et entourée d'une couronne de soies dressées. Chapeau cylin- - drico-campanulé (07,02), membraneux, strié; voile épais et gris, formé (à la loupe) de globules hyalins. Lamelles grisàtres, puis noires bordées de blanc. Spore (077,01) elliptique, noire. (Pl. II, fig. 7.) Été. — Cespiteux dans les jardins et dans les foréts. 30. Cortinarius cotoneus Fr. — Stipe plein, fibreux, tendre, sulfurin verdâtre ; certine olive brunàtre. Chapeau charnu convexe-campanulé (07,05-0,08), velouté-soyeux, olive. Chair molle, citrine puis olivàtre, à saveur de radis, àcre. Lamelles citrin olive pàle, puis brunes. Spore (07.01) ovoide, aculéolée, olivàtre. Automne. — En troupe dans les sapiniéres. 31. Cortinarius scutulatus Fr. — Stiperigide, fragile, plein, allongé, cylindrique, subbulbeux, fibrillo-soyeux, violacé, vétu d'un voile blanc formé souvent de plusieurs zones et d'un anneau étroit membraneux. Cha- peau charnu, campanulé (07,03), fibrillo-soyeux, bistre rougeàtre grison- nant. Chair violette, à odeur de radis. Lamelles adnées, espacées, vio- lettes, puis cannelle. Spore (077,012) pruniforme, fauve. Automne. — Foréts humides de la plaine. 32. Cortinarius germanus Fr. — Stipe fibreux, tordu, flexueux, grêle, glabre, lilacin subargenté, jaunissant à la fin. Chapeau conico-campanulé (0",02-0,03), fragile, brun bistré pàlissant, recouvert de poils fins, lai- 330-x1vi SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. peux et blanchátres. Chair brunàtre à odeur vireuse faible. Lamelles lar- ges, adnées par un filet décurrent, chamois puis brunes. Spore (0"*,007- 0,008) ovoide, fauve. Automne. — En troupe dans les forêts montagneuses. 33. Cortinarius Hiopodius Bull. — Stipe plein, grêle, flexueux, fi- brillo-soyeux et annulé, blanc, safrané cannelle en dedans. Chapeau coni- qué puis ouvert (0",01-02), fauve clair, couvert de fibrilles soyeuses blanches, pâlissant et luisant par le sec. Lamelles larges, adnées, minees, ochracées puis brunes. Spore (0"",008) pruniforme, fauve. Automne. — Sur les brindilles et les souches des foréts montueuses. 34. Cortinarius fasciatus Fr. — Stipe fibro-charnu, grêle, fissile, blanc-paille brunissant. Chapeau conique puis campanulé (0,02), mem- braneux, soyeux, glabre, brun elair avec un mamelon pointu el noirátre. Lamelles ténues, adnées, cannelle. Automne. — Cespiteux dans les bois de Conifères. 35. * Inocybe umbonata Q). — (Pl. II, fig. 4). Décrit sous le nom de Agaricus (Stropharia) inunctus (Champ. du Jura et des Vosges, part. Í, p. 110). 36. ' ftussula lilacea Q. (Bull. pl. 209, fig. N?). — Stipe de la grosseur du doigt, spongieux, cortiqué, fragile, strié-ridé, pruineux en haut, blanc ou rosé en bas. Chapeau convexe puis déprimé (0",05-0,08), peu charnu; pellicule séparable, visqueuse, violacée ou purpurine ; marge mince, sil- lonnée-chagrinée et blanchátre. Chair tendre, douce, à odeur de fruit fai- ble, blanche, violacée sous fa euticule. Lamelles peu serrées, arrondies ventrues, réunies par des nervures (parfois bifides) blanches. Spore (0008) sphérique ou légèrement elliptique, blane hyalin. (Pl, 1l, ig. 8.) Eté. — Dans les bois frais, sur le diluvium. 31. Boletus luridus Fr., var. erythropus Pers. —. Variété monta- gneuse et du diluvium, d’un brun noir, très-forte. Stipe épais, d’un rouge sanguin, pulvérulent pointillé, Tubes jaunes verdoyants, orifice rouge sanguin. Trés-vénéneux. Les Boletus subtomentosus L., paseuus P., chrysenteron Bull. et ra- dicatus Q., me paraissent constituer de simples variétés, qui se relient entre elles par un nombre considérable de formes stationnelles. 38. : Clavaria citrina (). — Subfiliforme (07,02), rigide, trés-fragile, cylindrique, légèrement en massue et obtuse, pruitieuse, couleur crème citrine, un peu verdoyante dans le bas. Mycélium pulvérulent et blanc. Spore (0"^,01) elliptique et hyaline. (Pl, IH, fig. 14.) Automne. -— Solitaire dans les chemins creux des bruyères vosgiennes: SÉANCE DU 25 OCTOBRE 1876. 391-xLvH 39. Clavaria mucida Pers. — Massette trés-ténue (0",01), tenace, simple, incisée-dentée ou fourchue, glabre, pruineuse, blanche (quelque- fois rosée d’après Fries), puis ochracée au sommet Spore (0"",006) ellip- tique, blanche. Été-automne. — En troupe sur les souches pourries de Sapins de la région montagneuse du Jura. 40. Stereum Pini Fr. — Discoide, pelté-adné (d'abord substipité), (0",003-0,006), épais, bosselé, cartilagineux-coriace, purpurin brunis- sant, couvert d'une fine pruine grise ; marge amincte, fimbriée, erispée, plus pâle et glabre en dessous. Spore (077,008) incurvée-cylindrique, hyaline. Hiver. — Sur l'écorce du Pin silvestre. 41. Scleroderma Bovista Fr. — Arrondi, oblong, souvent difforme (0",02-03), subsessile, villeux, tacheté puis finement aréolé-crevassé, jau- nàtre puis fuligineux. Péridium mou puis fragile, mince, s'ouvrant irrégu- liérement. Voile pulvérulent et caduc. Glébe bistre olive. Capillin jaune pâle. Spore (0"7,010-0,012) sphérique, fortement muriquée et fauve. Automne. — Bord des chemins dans les forêts siliceuses des Vosges et sur le diluvium. | 42. ' Helvella fallax Q. — Stipe fistuleux, grêle (0",02 de long), vil- leux, blanchâtre. Mitre campanulée (0"01), villeuse, blanchàtre. Hyménium d'un gris bistre. Spore (0"",016) elliptique. (Pl. HI, fig. 15.) ^ Été-automne. — Bois de Hètres de la plaine. 43. * Peziza Amphora ().— Coupe utriforme (0",03-0,05), céracée, fragile, ovoide, ventrue ; marge droite, puis réfléchie et fendue ; base sti- pitée, lacuneuse à 2-3 côtes. Voile pruineux et blanchâtre. Hyménium glabre, uni, gris puis bistré. Spore (0"",025) ellipsoïde. (Pl. III, fig. 17.) Printemps. — En troupe dans les plantations de Coniféres de la plaine. hare. 44. Peziza saniosa Schrad. — Cupule (0",03) sessile, charnue, villoso- pulvérulente, blanchâtre, donnant un suc violacé à la cassure. Hyménium pourpre brunàtre. Spore (0"",014) elliptique, biocellée. Été. — En troupe dans les terrains vagues. 45. * Phinlea capillipes Q.— Cupule (0",002) mince, très-fragile, con- cave hémisphérique puis plane, diaphane, gris bistré. Nüpe capillaire (0",01-0,02 de long), pruineux, concolore, naissant d'un sclérote fusi- forme, noir, séminiforme. Spore (0"",01 ) lancéolée fusiforme, hyaline, (PI. IT, fig. 16.) Été. — Parmi les brindilles des lieux aquatiques. 46. Helotium punetulum Grev.— Globuleux puis cupuliforine (0",0014 -+ 332-XLVIHI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 0,0015), jaune; marge crénelée par des poils courts et hyalins. Hymé- nium jaune sulfurin. Chair tendre et hyaline, subgélatineuse. Spore (077,006-8) fusiforme. Fin automne. Groupé sur les feuilles mortes du Hêtre et du Chéne. LISTE DES ESPECES PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE. N° N” * Amanita junquillea ......-... 1. | Lepiota guttata... .. eec es 2. Bolbitius vitellinus var.” oliva- — seminuda var.'lilacina..... 9. CEUS ....,.............. 27. | Leptonia æthiops ............. 13. Boletus erythropus........... 37. | — placida............. ess 14. * Clavaria citrina. ............ 38. | Mycena floridula. ......... e dq. — mucida.......... TEE 39. | — lævigata............ T 8. Clitocybe connata............. 4. | — “nivea................... 6. Clitopilus pseudo-Orcella.. .. ... 12. | Naucoria pannosa............ . 90. *Collybia nigrescens.......... 5. | — tenax.............. enr. 19. * Coprinus cineratus, .......... 99. | *Nolaneasaraneosa .......... .. 16. — “velatus.............. .... 28. | — versatilis. ............. Se. 15. Cortinarius cotoneus.......... 30. | Panæolus separatus........... 25. — fasciatus.................. 34. | *Peziza Amphora............. 43. — germanus...,...........,.. 32. | — saniosa. ....... etr . 44. — iliopodius. ..... ess. 33. | "Phialea capillipes............ 45. — scutulatus ................ 31. | Pholiota flammans............ 17. Entoloma resutum............ 11 — *fusca.................... 18. — *Rozei ......... VEN 10. | Pluteus plautus............... 9. Helotium punctulum.......... 46. | *Psathyrella infida............ 26. * Helvella fallax.... .......... 42. | *Russula lilacea.............. 36. Hypholoma Candollianum var. Scleroderma Bovista .......... 41. “annulatum............. 24. | *Stropharia cotonea . ....... .. 21. — udum.................. . 93. | — inuncta.....,............. 22. * Inocybe umbonata ........... 35. | Stereum Pini....... secouer. 40. Explication des planches. PLANCHE ll DE CE VOLUME. Fic. 1. — Mycena nivea. Fic. 6. — Coprinus velatus. Fic. 2. — Entoloma Rozei. Fic. 7. —- Coprinus cineratus. Fic. 3. — Nolanea araneosa. Fic. 8. — Russula lilacea. e Fic. 4. — Inocybe umbonata. Fic. 9. — Mycena Seynii (1). Fic. 5. — Stropharia cotonea. PLANCHE [III DE CE VOLUME. Fic. 10. — Amanita junquillea. | Fic. 14, — Clavaria citrina. Fic. 11. — Collybia nigrescens. Fic. 15. — Helvella fallax. Fic. 12. — Pholiota fusca. Fic. 16. — Phialea capillipes. Fic. 13. — Psathyrella infida. Fic, 47. — Peziza Amphora. (1) Voyez plus bas, page 351-Lxvi, pour la description de cette espèce nouvelle (Mycena Seynii Q.). SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1876. 333-XLIX Lecture est donnée de deux lettres de M. Paul Brunaud fils, adres- sées à la Société. La première annonçait la découverte, dans un bois des environs de Saintes (Charente-Inférieure), du Boletus purpu- reus Fries, d’après un échantillon à chapeau sec, glabre, convexe et de couleur groseille claire, à chair bleuissant dans la cassure, à stipe jaune, égal, de méme couleur que le chapeau près des tubes, qui étaient à orifice rouge. La seconde lettre contenait deux feuilles d'Ormeau sur lesquelles M. Roumeguére avait cru reconnaitre une nouvelle espèce de P hacorhiza qu'il avait nommée P. Brunaudii. L'examen de ces parasites laisse quelques doutes dans l'esprit de plusieurs membres de la Société. M. Richon y croit voir plutôt un Septoria, le Septoria Ulmi. | M. Cornu donne à la Société quelques détails explicatifs sur l'or- ganisation d'un parasite fort curieux, l Ustilago hypogæa Tul., qui se développe dans la racine pivotante du Linaria spuria, au point de rendre cette racine napiforme, mais qui ne parait pas avoir été retrouvé depuis la découverte qui en a été faite par M. Tulasne, en 1849, dans des moissons près de Chatenay (Seine). H annonce qu'après en avoir recueilli de très-rares spécimens aux environs de Courtenay (Loiret), il n’a pas été peu surpris d'en récolter cette année, en septembre dernier, avec M. E. Roze, de trés-nombreux échantillons, dans des cultures d'Avoine dépendant de la propriété de M. Broneniart, à Bezu Saint-Éloi (Eure). H dépose sur le bureau un certain nombre de ces échantillons, qui sont. distribués à divers membres de la Société. M. de Seynes communique à la Société un résumé de ses pre- mières recherches sur une nouvelle espèce d'Ustilaginées; il donne quelques détails sur les effets produits par celte espèce sur les rameaux florifères de l'Odontites lutea, à l'intérieur desquels ce Champignon se développe. SEANCE DU 27 OCTOBRE 1876, A FONTAINEBLEAU. PRÉSIDENCE DE M. DE SEYNES. M. Roze, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 25 octobre, dont la rédaction est adoptée. T. NNI. (SÉANCES) 22 334-L SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Par suite des présentations faites dans la dernière séance, M. le Président proclame membres de la Société : MM. Charles ToncHoN, rue Jacob, 19, à Paris, André Lg BRETON, rue de Buffon, 21, à Rouen, présentés tous deux par MM. de Seynes et Cornu. M. le Président annonce en outre une nouvelle présentation. M. Cornu donne connaissance des deux listes suivantes des espéces de Champignons recueillies par les membres de la Société, dans la forêt de Fontainebleau, le matin méme, autour du Calvaire, et l'aprés- midi, au mail de Henri IV. LISTE DES ESPÈCES RECUEILLIES AUTOUR DU CALVAIRE. Amanita rubescens. Inocybe rimosa. — Mappa. — lanuginosa. — pantherina. — strigiceps. Lepiota excoriata. Galera tener. — procera. — hypnorum. — cristata. Hypholoma sublateritium. — amianthina. — fasciculare. Armillaria robusta RR. Tricholoma terreum. Psilocybe atrorufa. Panæolus campanulatus. — sulfureum. Coprinus velaris. — bufonium. Bolbitius hydrophilus. Clitocybe odora. Hygrophorus erubescens. — candicans. Lactarius uvidus. — infundibuliformis. — theiogalus. Collybia longipes. — camphoratus. — maculata. — subdulcis. — fusipes. — deliciosus. — conigena. — vietus. — tuberosa. — torminosus. — butyracea. — turpis. Mycena luteo-alba. Russula Queletii. — Adonis. — ochracea. — pelianthina. — rubra. — polygramma. — adusta. — galericulata. Cantharellus cibarius. — pura. — aurantiacus. — galopus. Marasmius peronatus. — lilopes. — epiphyllus. Volvaria volvacea, Nolanea mammosa. Claudopus variabilis. Pholiota sphaleromorpha. Hebeloma crustuliniforme. Lenzites flaccida. — betulina. Fistulina hepatica. Boletus luteus. — granulatus. SÉANCE DU 27 Boletus luridus. — edulis. — scaber. — versipellis. Polyporus versicolor. — stypticus. Stereum spadiceum. — hirsutum. Corticium ochroleucum. — giganteum. — ferrugineum. Hydnum auriscalpium. Clavaria formosa. — rugosa. — cristata. — cinerea. — abietina. Calocera viscosa. OCTOBRE 1876. 339-LI Phallus impudicus. — caninus. Geastrum fornicatum. — hygrometricum. Polysaccum pisocarpium. Crucibulum vulgare. Sphæria ophioglossoides. Poronia punctata. Peziza macropus. — abietina. — rutilans. — cochleata. — cinerea. — hemisphærica. Leotia lubrica. Helvella mitra. Hypomyces rosellus. Zizygites megalocarpus. LISTE DES ESPÈCES RECUEILLIES AU MAIL DE HENRI IV. Amanita excelsa. — phalloides R. — Mappa AC. — rubescens. — junquillea RR. — porphyria RR. — vaginata. Lepiota excoriata. — procera. — amianthina. — Friesii var. gracilis RR. Tricholoma coryphæum Fr. ! RR. — saponaceum. — terreum. — album. — nudum. Clitocybe laccata. — hirneola. — odora. — candicans. Collybia fusipes. — butyracea R. — maculata C. Mycena sanguinolenta. — galopus. — pelianthina. Omphalia Fibula. Pleurotus corticatus. Volvaria gloiocephala RR. Entoloma sericeum. Clitopilus popinalis. Leptonia asprella ? Nolanea pascua. Claudopus variabilis. — depluens. Pholiota præcox. — unicolor. — aurivella. — destruens. Hebeloma crustuliniforme. Inocybe lanuginosa. Naucoria furfuracea. Galera tener. — hypnorum. — rubiginosa. Psalliota arvensis. Stropharia semiglobata. Hypholoma fasciculare. — appendiculatum. Psilocybe Fænisecii. Panæolus sphinctrinus. — campanulatus. — papilionaceus. Psathyra fatua. Psathyrella disseminata. Coprinus tergiversans. — domesticus. Cortinarius violaceus. — arvinaceus RR. — castaneus. 336-LII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Cortinarius scutulatus. Russula emetica. — multiformis. . — adusta. — glaucopus. — nigricans. — orellanus. — furcata. — bolaris. Cantharellus cibarius. — paleaceus. — aurantiacus. Gomphidius glutinosus. Marasmius peronatus. Paxillus atrotomentosus AC. Boletus felleus. — involutus. — chrysenteron. — Panuoides. — scaber. Hygrophorus erubescens R. Polyporus septicus. — pratensis. — medulla panis. — niveus. Hydnum cinereum. Lactarius deliciosus. — zonatum. — subdulcis. — molle AR. — camphoratus. Craterellus cornucopioides. — uvidus. Stereum hirsutum. — theiogalus. Clavaria pratensis. — glyciosmus. Calocera viscosa. Russula Queletii. Bulgaria inquinans. — ochroleuca. Hypoxylon ferrugineum. — cyanoxantha. M. Quélet fait remarquer que ces listes comprennent, entre autres espèces intéressantes et rares en Europe, les Amanita porphyria et junquillea, le Lepiota Friesii, VArmillaria robusta, le Tricho- loma coryphewm, le Paxillus atrotomentosus, les Cortinarius bolaris et arvinaceus, et Hydnum molle. Il croit devoir y si- gnaler aussi certaines espèces dont l'aire est très-vaste, telles que l Hygrophorus erubescens et le Lactarius deliciosus. 1l ajoute que de toutes les espèces connues, la plus répandue est certainement le Psalliota campestris ou Agaric champêtre, qu'on a trouvé dans toute l'Europe, en Algérie et en Asie, jusqu'à Pékin. M. de Seynes dit qu'il a récolté plusieurs fois l'Hygrophorus eru- bescens dans les Cévennes. M. Le Breton signale le Paxillus atrotomentosus comme assez commun aux environs de Rouen. Il ajoute que le Cortinarius orel- lanus, cité dans la liste précédente, s'y trouve aussi, mais plus rarement. M. Cornu fait remarquer que, dans l'état actuel de la science eryptogamique, il est assez difficile de se faire une idée réelle de la rareté où de l'abondance des espèces d'une contrée, attendu que cela dépend entièrement du trés-petit nombre des personnes qui les étudient ou les font connaitre, ce qui peut faire supposer méme SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1870. 237-1n que certaines espéces ne se rencontrent que dans les seules localités où on les a signalées pour la première fois. M. Boudier croit pouvoir attribuer la diffusion des espèces aux essences qui préparent un substratum favorable à leur développe- ment, fait qui se vérifie très-bien par l'extension que prennent les Champignons qui naissent sous les Conifères, M. de Seynes partage l'opinion de M. Boudier, mais en tenant compte de l'altitude des lieux qu'on veut étudier à ce point de vue. C'est ainsi que d'aprés les observations faites sur les terrains des bords de la Méditerranée, il peut affirmer que l'Amanita muscaria ne descend pas dans le Midi au-dessous de 700-800 mètres. Lecture est donnée de la communication suivante adressée à la Société par M. Magnin : SUR LES PYCNIDES DU SPHÆROTHECA DES CUCURBITACÉES, par M. Ant. MAGNIN. Depuis plusieurs années, j'observe dans les environs de Lyon un Ery- . siphe couvrant à l'automne les feuilles de la Courge, Cucurbita Pepo : malgré toutes mes recherches, je n'avais aperçu jusqu'ici que l'appareil conidifère, lorsque cette année, par suite probablement de la persistance de Ja température estivale, j'ai vu apparaitre des conceptacles noirs trés- nombreux, qui ne sont autre chose que des pyenides ; je n'ai pas encore pu constater la présence de périthéques. Je profite de l'occasion naturelle que m'offre la session. mycologique pour communiquer à la Société les quelques observations que j'ai faites à ce sujet. I. L'appareil conidifère est bien connu: c’est l Oidium erysiphoides Fr., qui se développe sur les feuilles de beaucoup de plantes herbacées. L'Oi- dium apparait sur la Courge, sous la forme de plaques blanches, étalées, isolées d'abord, puis confluentes el couvrant à la fin les deux faces des feuilles; au microscope, on aperçoit des filaments enchevétrés, les uns rameux, stériles, les autres simples, dressés, se terminant par des conidies qui se détachent à la façon ordinaire des Oidium. Le Champignon persiste le plus ordinairement sous cette forme ; les feuilles de la Courge se dessèchent ou pourrissent, suivant l'état de la sai- son et l'Oidium disparait avec elles. Si la plante-habitat vit plus longtemps, d'autres organes reproducteurs plus compliqués se développent; les plaques filamenteuses, qui étaient d'abord d'un beau blanc, deviennent grisàtres et s'effacent ; puis apparais- sent de petits points noirs qu'on reconnait à l'examen pour des concep- tacles laissant échapper des stylospores nombreuses, ovales. Ces pycnides 338-LIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ont été regardées par la plupart des auteurs comme des appareils repro- ducteurs spéciaux; mais M. de Bary les considère maintenant comme un végétal différent de l'Erysiphe, vivant en parasite sur les filaments mycé- liens. Je reviendrai plus bas sur ce point. Enfin notre Oidiwm pourrait donner naissance à des conceptacles à théques : le tableau des organes reproducteurs serait alors complet; mais les échantillons de Cucurbita observés par moi ne m'ont jamais présenté cet appareil reprodueteur, qu'on peut du reste facilement remarquer sur d'autres plantes, le Houblon par exemple, où les périthéques sont très- fréquents : ils ont été décrits sous le nom de Sphærotheca Castagnei Lév. TI. En faisant des recherches bibliographiques, j'ai constaté que la plu- part des floristes n'ont tenu aucun compte des diverses formes sous lesquelleson peut rencontrer cette espéce, qui est cependant commune à l'état de conidies. Cette lacune peut mettre le débutant dans un certain embarras, surtout s'il a affaire à des pyenides. Ainsi De Candolle (F1. fr.) et Duby (Bot. gall.) n'indiquent ni Oidium, ni Erysiphe sur la Courge. Les floreslocales, qui par exception traitent des Cryptogames, sont très-incomplètes dans les renseignements qu'elles four- nissent sur ces espèces. Quelques-unes suivent De Candolle et Duby (Mathieu, Flore Belge ; Jeanbernat, Florule du Tarn, etc.). D'autres se contentent de signaler Oidium erysiphoides sur diverses plantes, sans citer ni les pyenides, ni la Courge comme habitat, Grognot (PI. crypt. de Saône-et-Loire). Quélet (Champ. du Jura et des Vosges) se borne à signaler la présence du Sphærotheca Castagnei sur un grand nombre de plantes, et en particulier sur le Houblon, sans mentionner ni les pycnides ni les conidies. Cooke (British Fungi) dit bien (p. 645) des Oidium, eten particulier de l'O. erysiphoides, «these areall conidiophorous conditions of other Fungi »; mais il passe complétement sous silence les pycnides, etc. La seule flore où j'ai trouvé tous les appareils reproducteurs bien décrits est celle de Kickx (Flore des Flandres, I, p. 315) ; cet auteur a remarqué comme nous que la forme conidifére est beaucoup plus fréquente sur les Cucurbitacées (1). HT. Les pyenides qui se sont développées si abondamment cette année sur l'Oidium erysiphoides étaient regardées généralement comme un des organes de reproduction des Erysiphe, lorsque M. de Bary est venu, il ya quelques années, modifier cette manière de voir (2). Ayant observé que les pyenides étaient supportées par des filaments mycéliens plus fins, s'en- p (1) Westendorp (Crypt. p. 150) signale parfaitement sur les feuilles du Cucurbita epo : Erysiphe communis DC. Oidium erysiphoides Fr. (2) Beiträge zur Morph. und Phys. der Pilze, 1870 (voy. Rev. bibl. 1871, p. 78). SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1876. 339-Lv tremélant avec le mycélium propre de l’Erysiphe et le perforant en cer- tains points, M. de Bary a été conduit à considérer ces pycnides comme des végétaux distincts, de véritables parasites auxquels il a restitué le nom de Cicinnobolus qu'Ehrenberg leur avait déjà donné. Dés l'abord cette interprétation inspire quelques doutes : les pycnides des Erysiphe, celle du Spherotheca Castagnei au moins, ont la plus grande similitude avec les organes reproducteurs décrits sous ce nom dans un grand nombre de Champignons et qu'on n'a pas cessé de signaler, je crois, comme leur appartenant. De plus, l'abondance de ces organismes répan- dus à profusion sur toute la surface couverte par l’Oidium, ainsi qu'on peut le voir par l'échantillon que j'ai eu l'honneur d'adresser à la Société, fait difficilement croire à un parasite qui, dans ce cas, se serait substitué au végétal primitif. Ces doutes m'ont fait examiner avec soin les organes en question : j'ai vérifié qu'en effet les pycnides naissaient d'un mycélium à filaments plus ténus que ceux de l'Oidium. Mais les filaments conidiféres sont très-irré- guliers; on constate facilement qu'ils ne présentent pas dans toute leur longueur les larges dimensions qu'ils offrent prés de leur extrémité; il est du reste assez difficile de suivre les uns et les autres et de se rendre compte de leurs connexions. Aussi, malgré la haute autorité de M. de Bary, je ne suis pas encore bien convaincu de la vérité de son interprétation, et je soumets mes doutes à mes collégues plus versés dans la mycologie. Les échantillons adressés par M. Magnin à l'appui de cette com- munication sont mis sous les yeux de la Société. M. Cornu dit qu'aprés une étude attentive, il a dû reconnaitre que M. de Bary avait raison, et que les prétendus périthèques du Sphærotheca sont bien constitués par le Cicinnobolus. Il donne en quelques mots la description de ce parasite. Lecture est donnée de la lettre suivante adressée à la Société par M. Chabaud, botaniste chef dela marine, à l'hópital Saint-Mandrier, prés Toulon (Var) : LETTRE DE M. CHABAUD. Saint-Mandrier, le 18 octobre 1876. Monsieur le Secrétaire général, J'ai l'honneur de vous adresser quelques échantillons de Pleurotus ne- brodensis Inz., que j'ai récoltés sur les pieds desséchés de la Férule com- mune. Cette espèce n'avait pas encore été trouvée en France, du moins je le 340-rvt SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. suppose, puisque Fries, dans son dernier ouvrage (Hymenomycetes euro- pei, 1874), le présente seulement comme indigène en Sicile, sur quelques Ombellifères, et à Chypre sur la Férule commune. J'ai trouvé ce Champignon pour la première fois dans le bois de l'hópi- tal de Saint-Mandrier, en octobre 1873. Les deux années suivantes je l'ai cherché en vain. Le 15 septembre dernier, un employé de l'hópital m'en apporta deux exemplaires. Je me rendis immédiatement sur la colline où sont plantées les Férules, etje recueillis encore trois de ces Champignons. Cet employé me dit que, depuis plusieurs années, il les récoltait au mois de septembre, qu'ils étaient plus précoces que les autres, et que, malgré la sécheresse extréme qui à cette époque caractérise notre région, il en trou- vait une assez grande quantité. Cela m'expliqua pourquoi je n’en avais pas vu les deux années précédentes. Je les cherchais, comme les autres espéces, aprés les premiéres pluies, qui n'ont lieu chez nous que dans le mois d'oc- tobre. Celui que j'avais vu en octobre 1873 devait avoir poussé hors de saison. Le lendemain je visitai presque tous les pieds de Férule de la colline. Je eueillis encore trois Champignons. Quelques jours aprés, je fis une deuxième excursion, et je fus assezheureux pour en détacher encore six sur trois pieds de Férule. Parmi ces derniers il s'en trouvait un que je vous envoie et dont le chapeau, qui avait 19 centimètres de diamètre, était sup- porté par un stipe de 5 centimétres d'épaisseur. Je regrette de ne pas l'avoir récolté deux jours plus tard, il se serait mieux conservé. Le Pleurotus nebrodensis croit en touffes sur les pieds desséchés des Férules, mais il ne s'en développe généralement que deux. C'est un excel- lent Champignon. On a raison de lui donner le qualificatif deliciosus. T se dessèche trés-bien et parait se conserver trés-longtemps. Par sa bonne qualité et surtout par son volume, il serait, pendant la saison d'hiver, d'une utilité incontestable pour les familles indigentes. Je crois qu'il se multiplierait avec facilité. De méme que l'Agaric du Panicaut (Pleurotus Eryngii) abonde partout où cette Ombellifère existe, de méme l'Agaric de la Férule viendrait en abondance si l'on semait des graines de Férule dans tous nos bois de Pins. Cette plante réussit trés-bien sous notre climat, car, dans le bois de l'hópital de Saint-Mandrier, malgré la séche- resse et la mauvaise qualité du sol, il n'est pasrare de la voir émettre des tiges de plus de 2 mètres de hauteur, ayant 5 et 7 centimètres de diamètre à la base. Je regrette beaucoup de ne pas faire un envoi plus important à cette première exposition de Champignons que la Société botanique de France a eu l'heureuse idée d'instituer ; mais j'espère à la prochaine vous adres- ser un travail que j'ai commencé il y a quelques années sur les Champi- gnons comestibles et vénéneux dela Provence. Veuillez agréer, etc. B. CHABAUD. SÉANCE DU 98 OCTOBRE 41876. 341 -LVII M. Quélet dit que le Pleurotus nebrodensis Inz. (P. Ferulæ Q.) est trés-commun en Algérie, où il est fort estimé par les colons, non par les Arabes, qui les récoltent pour les vendre sur les mar- chés, mais qui ne paraissent manger aucune espéce de Champi- gnon. Il rappelle qu'à l'exposition des 23-24 octobre, à Paris, on pouvait voir, à cóté de l'échantillon adressé par M. Chabaud, le dessin de ce Pleurotus exécuté par M. Bernard, en Algérie. A propos du genre Pleurotus, M. Boudier fait part d'une obser- valion qu'il a faite sur un Pleurotus glandulosus, et de laquelle il résulle que celte prétendue espéce n'est que le P. ostreatus, dont les glandules sont dues à la piqüre d'un insecte suivie d'un dévelop- pement cellulaire spécial. Il ajoute qu'il a pu constater le méme fait sur les Tricholoma nudwm et sordidum. M. le Président soumet à la ratification de la Société un change- ment à effectuer dans le programme de la journée du lendemain, 28 octobre. Le Bureau, d’après la courte promenade faite le matin méme dans le pare, qui n'a permis d'y observer que les Pholiota destruens et aurivella, sur un Peuplier, propose de supprimer l'exeursion du matin, et de fixer plus tôt, à onze heures, le départ pour le Gros-Fouteau. La Société accepte cette proposition, et la séance est levée à onze heures. SÉANCE DU 28 OCTOBRE 1876, A FONTAINEBLEAU. PRÉSIDENCE DE M. DE SEYNES. M. Roze, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance de la veille, dont la rédaction est adoptée. Par suite de la présentation faite dans la dernière séance, M. le Président proclame membre de la Société : M. GRILLET, 17, boulevard de la Madeleine, présenté par MM. Roze et Cornu. M. Cassagne fait hommage à la Société de plusieurs beaux spéci- mens de Polyporus, le P. frondosus, recueilli au pied d'un Chêne, et le P. betulinus, provenant tous deux de la partie de la foret appelée le Nid de l'aigle. Ces Champignons étaient accompagnés 349-LVIII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. d'autres échantillons, récoltés au Gros-Fouteau, de Psalliota ar- vensis, Russula adusta, Craterellus cornucopioides, Trametes gib- bosa et Clavaria cristata. M. le Président remercie M. Cassagne, au nom de la Société. M. Cornu donne connaissance à la Société de la liste des espèces dont la présence a été signalée dans l'excursion faite ce jour méme dans la forêt, au Gros-Fouteau et à la fontaine Sanguinède. LISTE DES ESPECES RECUEILLIES LE 28 OCTOBRE 1876, DANS L'EXCURSION AU GROS-FOUTEAU ET A LA FONTAINE SANGUINEDE. Amanita Mappa. — junquillea Quélet. — porphyria. — rubescens. — vaginata. Lepiota amianthina. Tricholoma saponaceum. — terreum. — album. — resplendens RR. — acerbum. — nudum. Clitocybe laccata. — hirneola. — inversa. — odora. — phyllophila. — fragrans. — candicans. — gilva. Collybia fusipes. — maculata C. — radicata. Mycena sanguinolenta. — galopus. — pelianthina. — amicta. Omphalia Fibula. Volvaria speciosa Fr. (A. pubescens Schum. ). Clitopilus popinalis. Entoloma lividum. — sericeum. Nolanea pascua. Claudopus variabilis. — depluens. Pholiota phalerata R. — radicosa. Pholiota adiposa R. Inocybe dulcamara. | Hebeloma crustuliniforme. — elatum. Flammula helomorpha. Naucoria cerodes. Galera tener. — — var. pilosella. — hypnorum. Psalliota silvatica. Stropharia semiglobata. Hypholoma sublateritium. — fasciculare. — appendiculatum. Psilocybe Fœnisecii. Panæolus papilionaceus. Coprinus plicatilis. Cortinarius violaceus. — hemitrichus. — castaneus. — rigidus. — erythrinus. — glaucopus. — bolaris. — elatior. — paleaceus. — arvinaceus. Paxillus atrotomentosus. — involutus. Hygrophorus erubescens. — pratensis. — conicus. — coccineus. — miniatus. — psittaeinus. — niveus. Lactarius deliciosus. — subdulcis. SÉANCE DU 98 Lactarius camphoratus. OCTOBRE 1876. 343-LIX Fistulina Hepatica. — torminosus. Polyporus sulfureus. — uvidus. — nidulans. — theiogalus. — cuticularis. — pyrogalus. — nigricans. — blennius. — Medulla panis. Russula Queletii. Dædalea quercina. — ochroleuca. Hydnum repandum. — cyanoxantha. — cinereum. — emetica. Craterellus cornucopioides. — fragilis. Stereum hirsutum. — adusta. — ferrugineum. — nigricans. Auricularia mesenterica. Cantharellus cibarius. Clavaria flava. — aurantiacus. Tremella albida. — tubæformis. Phallus impudicus. — carbonarius. Peziza Onotica. Nyctalis asterophora. — micropus. Marasmius globularis. — ieruginosa. — calopus. — badia. — peronatus. Bulgaria inquinans. — ramealis. Helvella lacunosa. Lenzites variegata. Boletus chrysenteron. — mitra. Sphæria uda. — variegatus. Hypoxylon ferrugineum. — spadiceus. Spumaria alba. — scaber. Leocarpus vernicosus. — edulis. Trichia chrysosperma. Aprés la lecture de cette liste, M. Roze signale quelques espèces intéressantes qu'il espérait voir récolter par la Société, comme il lui avait été donné de le faire, l'an dernier, à la méme époque, avec MM. Cornu et Locré, savoir : Au mail de Henri IV, les Collybia ha- riolorum, Gomphidius viscidus, Hygrophorus limacinus ; au Gros- Fouteau : les Armillaria mucida et Cortinarius fulgens; et à la fontaine Sanguinéde, le Coprinus picaceus. À la demande de M. le Président, M. Rabotin fait connaitre à la Société les espéces de Champignons que l'on consomme habituelle- ment à Fontainebleau. Ce sont les Morchella esculenta (Morille), le Lepiota procera (Couamelle), le Lactarius deliciosus (Champi- gnon polonais), le Psalliota arvensis (Boule-de-neige) et le Cantha- rellus cibarius (Girole ou Chanterelle). Une discussion s'établit entre plusieurs membres de la Société, pour déterminer l'espéce de Champignon, qui, sous le nom de € Boule-de-neige », et d’après un récit très-circonstancié de M. Ra- botin, aurait empoisonné naguère deux personnes de Fontainebleau, 344-LX SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dont une seule survécut. M. Quélet, se basant sur ce fait, affirmé par la personne survivante, que le Champignon suspect avait des lames roses, fait remarquer qu'il n'est pas possible d'y voir les Amanita Mappa ou phalloides, qui causent habituellement ces fatales mé- prises, mais qu'on pourrait plutòt y reconnaitre le Volvaria gloiocephala DC. M. Rabotin croit pouvoir ajouter à la liste précédente, le Fistu- lina Hepatica (Langue-de-bœuf), qui est recherché par quelques amateurs. Il en a été récolté, à sa connaissance, un échantillon qui ne pesait pas moins de 8 kilos. M. Buffet demande à M. Rabotin, si, dans le cas d'empoisonne- ment dont il vient d'étre question, on ne s'était pas auparavant, à l'aide de moyens empiriques, assuré de l'innocuité des Champignons que l'on se préparait à consommer. M. Rabotin répond qu'on se eroyait d'autant plus sür de cette innocuilé, qu'on les avait primitivement soumis au prétendu carac- tére indélébile de la cuiller d'argent. M. Buffet fait remarquer à la Société l'intérét majeur qu'il y aurait à détruire cette fausse opinion, beaucoup trop générale, qu'il existe, en dehors de la science, des moyens préservatifs ou des caractères empiriques pour distinguer les Champignons comestibles des vénéneux. Il cite, à ce propos, l'emploi de la cuiller d'argent, de la mie de pain, et les croyances répandues presque partout que les Champignons des bois sont mauvais, ceux des prés toujours bons, et qu'on peut manger impunément tous ceux qui sont dévorés par les limaces. M. le Président dit que toute la Société est sur ce point de l'avis de M. Buffet, et qu'on ne saurait trop recommander à tous les myco- logues de combattre en tous lieux ces funestes préjugés. M. le Président met ensuite en discussion, à la demande de M. Cornu, la premiére des questions proposées sur le programme de la session mycologique, celle relative au développement des organes reproducteurs, dans le but de préciser la signification des termes : spores, chlamydospores, conidies, spermaties, ete., dans l'état actuel de la science. Aprés diverses explications fournies tour à tour par MM. Cornu, de Seynes, Quélet, Richon et Roze, M. le Président résume lui- mème les opinions exprimées, desquelles il parait résulter que, malgré le désir très-naturel de voir se simplifier une nomenclature SÉANCE DU 29 OCTOBRE 1876. 349-LXI de termes beaucoup trop étendue, il va toutefois intérêt, dans l'état actuel de la science, àla conserver telle quelle, comme étant l'œuvre successive de tous les auteurs contemporains, jusqu'à ce qu'il soit possible d'opérer ultérieurement dans l'ensemble une refonte géné- rale de cette nomenclature, en adaptant chacun des termes en litige à des organes dont on connaîtra parfaitement les rapports similaires, le développemeut et les véritables fonctions. Une discussion s'ouvre ensuite sur le programme du lendemain. Aprés avoir recueilli différents avis sur l'exécution dece programme, M. le Président propose à la Société de fixer l'heure du départ à midi précis, pour laisser le temps d'arriver à diverses personnes qui doivent ce jour-là se rendre de Paris à Fontainebleau, et de se diriger immédiatement vers la partie de la forét où se trouve la vallée de la Solle, en passant par le mont Ussy, la Croix-d'Augas et le rocher Cassepot. La Société accepte cette proposition, et la séance est levée à onze heures un quart. SÉANCE DU 29 OCTOBRE 1876. PRÉSIDENCE DE M. DE SEYNES. Une trés-courte séance de clôture fut tenue à l'issue du repas, qui suivit l'excursion faite ce jour méme par la Société, dans la direction de la vallée de la Solle, en traversant le mont Ussy, la Croix-d'Augas et le rocher Cassepot, d’où le retour s'effectua sur Fontainebleau. Dans cette séance, les secrétaires furent chargés de réunir tous les documents qui n'avaient pu trouver place dans les séances précédentes, de manière à compléter l'historique de la ses- sion. Ce sont ces documents que l'on trouvera ci-aprés. Divers toasts furent portés, pendant le repas final, l'un entre autres, par M. Quélet à Elias Fries età la continuation prochaine de la publication, malheureusement interrompue, de ses cones selecta Hymenomycetum nondum delinealorum. Ce toast eut le plus grand succès, et excita d’enthousiastes applaudissements. Des remerciments furent ensuite votés à Punanimité à M. de Seynes pour le dévouement avec lequel il avait dirigé les travaux de la Société pendant la session ; aux secrétaires ct à la Commission 346-Lx11 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. d'organisation pour le zèle qu'ils avaient mis à préparer et à coor- donner ces travaux ; enfin à MM. Quélet, Boudier, Richon et autres mycologues dont les connaissances spécifiques avaient été d'un s! grand secours pour la détermination des échantillons exposés ou recueillis dans les excursions. Pendant les repas que la Société fit à Fontainebleau, plusieurs questions furent agitées, entre autres celle de la publication d'une Flore mycologique francaise, texte et iconographie, dont le besoin se fait vivement sentir. On discuta également les avantages ou les inconvénients que présentaient les divers objets employés pour la récolte des Champignons, pendant les excursions, tels que la boite de Dillenius, le panier à main, le panier de pêcheur en sautoir, le foulard simple, le foulard abritant et supportant un clayon, etc. Enfin on en profita pour goüter et consommer quelques Champi- gnons comestibles récoltés dans ce but, par la Société, dans la forét, ou provenant de l'exposition des 23-24 octobre : Pleurotus Eryngu, Lactarius deliciosus, Cantharellus cibarius, Craterellus cornuco- pioides, Hydnum repandum, Fistulina Hepatica, Helvella lacunosa et mitra, et A manita vaginata var. fulva et spadicea. On regretta de ne pouvoir faire apprêter quelques autres espèces, d’une récolte plus difficile pour l'époque à laquelle se tenait la session, notam- ment les Lepiota procera, Boletus edulis, Marasmius Oreades, etc. LISTE DES ESPÈCES RECUEILLIES PAR LA SOCIÉTÉ, LE 29 OCTOBRE 1876, AUX ENVIRONS DU MONT USSY, DE LA CROIX-D'AUGAS ET DU ROCHER CASSEPOT. Amanita ovoidea RR. Omphalia Fibula. — Mappa. Mycena Seynii Quél. — rubescens. — polygramma. — porphyria. — hæmatopus. — vaginata var. spadicea CC. — pura. Lepiota excoriata. — pelianthina. — amianthina. — alcalina. — cristata C. — gypsea. Tricholoma terreum. — galopus. — argyraceum. — galericulata. — resplendens RR. Pluteus cervinus. — album. Entoloma sericeum. — Columbetta. Clitopilus pseudo-Orcella. Clitocybe odora. Leptonia euchlora. — expallens. Nolanea pascua. Collybia radicata C. Claudopus variabilis. - maculata. Pholiota marginata. — butvracea R. Inocybe plumosa. SÉANCE DU 29 OCTOBRE 1876. 341 -Lxu1 Inocybe fastigiata. — rimosa. Hebeloma capniocephalum. — crustuliniforme. Galera hypnorum. — tener. Crepidotus mollis. Psalliota campestris. Stropharia semiglobata. Hypholoma Candolleanum. Panæolus papilionaceus. Psathyrella disseminata. Coprinus comatus. — sociatus. Bolbitius vitellinus. Cortinarius multiformis. — rigidus. — orellanus. Paxillus involutus. — atrotomentosus. Hygrophorus melizeus. — eburneus. — virgineus. Lactarius pallidus. — scrobiculatus R. — turpis. — subdulcis. — vietus. — deliciosus. Russula nigricans. — adusta. — emetica. — cyanoxantha. — ochracea. — fragilis. — Lepida var. dealbata. Cantharellus cibarius. — tubæformis. — aurantiacus. Marasmius peronatus. — fuscopurpureus. — Rotula. Panus stypticus. Boletus badius. — chrysenteron. Boletus felleus. — luridus. — scaber. —- edulis. Polyporus Schweinitzii. — betulinus. — versicolor. — fumosus. — fragilis. — adustus. —. corticalis. — Medulla panis. Dædalea unicolor. Merulius tremellosus. Hydnum zonatum. Craterellus cornucopioides. Stereum ochroleucum. Corticium quercinum. — incarnatum. — giganteum. Clavaria abietina. — flaccida. — cristata. — cinerea. — rugosa. — pratensis. Calocera viscosa. Lycoperdon velatum. Geaster fimbriatus. — hygrometricus. Endogone pisiformis. Cyathus striatus. Peziza hyalina. — Jeucoloma. — melaloma. — herbarum. Helvella lacunosa. — crispa. Rhizina undulata. Hypoxylon ferrugineum. Nectria aurantia. Elaphomyces variegatus. — granulatus. Leocarpus vernicosus. Diderma spumarioides. RAPPORT SUR LA VISITE FAITE PAR LA SOCIÉTÉ AUX COLLECTIONS MYCOLOGIQUES DU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE, LE 26 OCTOBRE 1876. Le 26 octobre, à dix heures, un assez grand nombre de membres qui assistaient à la session étaient reçus dans les galeries de botanique du 348-LXLV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Muséum par MM. Bureau, professeur, et Maxime Cornu, chargé de cours. L'attention des visiteurs se porta plus particulièrement sur les collections mycologiques au sujet desquelles leur furent données les explications qui suivent. Dans la galerie du rez-de-chaussée, qui est habituellement ouverte au publie pendant plusieurs jours de I semaine, se trouve exposée une nom- breuse série de Champignons moulés en cire peinte par M. Pinson, au commencement du siécle, et dont le nombre est environ de cinq cents. On y voit aussi une série de moulages d'une autre nature exécutés en Alle- magne et reconnaissables à ce que chaque espèce est contenue dans un vase à fleurs. Cette dernière a été envoyée en 1815 par l'empereur d'Au- triche, à la suite de dons importants faits à Vienne par le Muséum. La premiére série a été faite, non pas d'aprés nature, mais d'aprés les figures de Bulliard, et dans certains cas les couleurs ne sont pas très- fidèles à la vérité; le nombre des échantillons est considérable et chacun d'eux porte une étiquette particulière. L'étiquetage qui existait encore dans ces dernières années fut fait, aprés 1835, par M. Guillemin et M. Bron- gniart : mais les noms se trouvaient depuis lors en grande partie détruits par certains insectes (Lépismes) qui dévorent l'encre et font disparaitre les indications. M. Maxime Cornu a recommencé cet étiquetage, de facon qu'aujourd'hui sur chaque espèce on peut lire le nom de Bulliard, avec le renvoi à la planche de cet auteur, et, au-dessus de ce nom, le nom spéci- fique adopté par Élias Fries dans son dernier ouvrage sur les Hyméno- mycètes d'Europe, avec l'indication de la page etla désignation de l'auteur de l'espéce. Ce long travail est présentement terminé pour les Hyménomy- cètes, qui représentent plus des quatre cinquièmes de la collection totale : il reste à étiqueter quelques échantillons d’une synonymie douteuse et toute la section des Myxomycètes, qui doit être déterminée à nouveau d’après la monographie de M. Rostafinski, dont on attend bientôt la publi- calion. Dans les vitrines de cette méme galerie se trouve également la pré- cieuse collection. de Champignons conservés daus l'alcool qui ont servi de types à MM. Tulasne pour leur magnifique ouvrage sur les Fungi hypogær. On y voit aussi quelques espèces de Polypores, disposées sur des socles et préparées dans leur état de nature, avec. d’autres espèces de Phallus, Dictyophora, ete., conservées dans l'alcool, ainsi qu'une collection d'Aga- ricinées, préparée de méme et commencée par M. Cornu. Quant aux collections sèches que possède le Muséum, elles sont nom- breuses et intéressantes. Outre l'herbier général, qui contient des types curieux de Castagne, Desmazières, Léveillé, Montagne, Roberge, ete., et l'herbier même de Montagne, qui est conservé dans un cabinet particulier, on peul encore consulter avec fruit l'herbier de M. le docteur Roussel, SÉANCE DU 99 OCTOBRE 1876. 349-LxV acquis en 1874, et surtout l'herbier de M. Tulasne, donné par lui au Muséum en 1873. Cette précieuse collection, dont beaucoup d'échantillons étaient disposés sans ordre dans six grandes corbeilles, a été successive- ment, par les soins de M. Cornu, revue, préparée, empoisonnée, puis classée par genres. Déjà plus des quatre cinquièmes des échantillons sont terminés et préts pour être rangés définitivement. Mais leur intercalation exige un rangement complet de lherbier général, trés-difficile à faire depuis que le polymorphisme des Champignons est un fait acquis à la science. Or on sait que l'herbier de M. Tulasne a servi de base à son inté- ressaut et splendide ouvrage qui a concouru à établir ce polymorphisme, le Selecta Fungorum Carpologia : i a done une valeur du premier ordre. Plusieurs des espéces fondamentales décrites dans cet ouvrage étaient étiquetées sous des noms provisoires que l'auteur a ensuite abandonnés : il a fallu, par suite, retrouver les noms nouveaux, ce qui dans quelques cas n'a pas été exempt de sérieuses difficultés. Le Muséum posséde, avec ces herbiers, un certain nombre de collections d'exsiccata. dont l'importance n'a pas besoin d’être signalée : ce sont les exsiecata de Klotsch, Rabenhorst, Mougeot, Rovenel, Desmaziéres, Wes- tendorp et M"? Libert, ces deux dernières collections envoyées récemment de Belgique à titre d'échanges. Les membres de la Société ont pu visiter tour à tour ces divers herbiers et exprimer tout l'intérét qu'ils prenaient à consulter ces précieuses col- lections. Plusieurs d'entre eux, mettant cette séance à profit, ont pu méme tirer de l'examen. d'échantillons authentiques la certitude d'une détermi- nation à appliquer à des espéces critiques ou peu connues. Leur attention fut également appelée par des spécimens de Champignons exposés en nature, provenant des voyages récents, exécutés pour l'étude du passage de Vénus sur le disque du soleil, auxquels avaient pris part MM. 6G. de l'Isle et Filhol, qui ont de la sorte pu rapporter de riches matériaux d'étude, le premier des iles de la Réunion et de Saint-Paul, le second des iles Viti et de la Nouvelle-Zélande. Leurs récoltes en Champignons se trouvaient disposées à côté d'échantillons de la Nouvelle-Calédonie rap- portés par M. Balansa, et d'un certain nombre d'autres spécimens de diverses provenances. Avant de se retirer, les membres de la Société ont pu. également exa- miner une belle collection d'aquarelles de M. de Brébisson, représentant des types spécifiques d’Agaricinées revus par Desmazières. Mais ce qui fut contemplé avec un sérieux intérét, ce furent des lirages primitifs de quelques planches de Bulliard, sur lesquelles se lisaient des notes de l'au- teur, relatives à des corrections qu'il voulait faire opérer, avant de pro- céder à un second tirage de ces planches par son procédé, perdu avec lui, de chromogravure. On y constata notamment que l'une des espèces, con- T. NNIII. (SÉANCES) 23 390-LXVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sidérée comme critique par Elias Fries lui-même, l'Agaricus aureus, doit être rapportée à l'Agaricus (Armillaria) annularius. En somme, cette visite, fort intéressante, tant par les richesses exposées que par les explications fournies tour à tour par MM. Bureau et Cornu, se termina à la satisfaction générale à midi et demi. DESCRIPTION DE QUELQUES ESPÈCES INTÉRESSANTES DE CHAMPIGNONS APPOR- TÉES AUX SÉANCES DE LA SESSION, OU RECUEILLIES DANS LES EXCURSIONS FAITES PAR LA SOCIÉTÉ AUX ENVIRONS DE PARIS, EN OCTOBRE 1876, par M. QUÉLET. 1. Amanita porphyria À. S. — Petit et élégant. Stipe grêle, élancé (0",10), blanc ; anneau éloigné, mince, gris bistré ; bulbe globuleux et petit; volva membraneuse à bords libres. Chapeau campanulé-convexe (0",04-0,06), mince, humide, nu, uni, gris ou bistre avec un reflet lila- cin. Lamelles à peine libres, sérrées, blanches. Spore sphérique, ocellée (077.01). Automne. — Sol siliceux, à Fontainebleau, Montmorency. 2. Armillaria robusta À. S. — Stipe plein, épais, atténué-radicant, blanc, couvert de fibrilles squamiformes rose-fauve, au-dessous d'un bour- relet floconneux et tacheté d'incarnat fauve. Chapeau charnu, compacte, convexe plan (0",10), glabre mais lacéré-fibrilleux sur la marge, variant du fauve rougeâtre au brun. Chair trés-ferme, blanche, inodore, douceâtre. Lamelles sinuées, blanc glauque avec l'aréte brune. . Automne. — Bois de Pins, à Fontainebleau. Rare. Les méches du stipe et de l'anneau rappellent celles du Cortinarius bolaris P. C'est l'Agarie le plus rare parmi ceux qui ont été rencontrés dans les excursions de la session. 3. Tricholoma coryphzeum Fr. — Stipe plein, obése, épaissi vers la base, blanc-sulfurin. Chapeau convexe plan (07,10), visqueux, sulfurin, rayé-fibrilleux et ponctué de squamules brunes. Chair blanche, douce. Lamelles émarginées, serrées, blanches avec l'aréte sulfurine (puis sul- furines). | Automne. — En troupe sur le sol arénacé, à Fontainebleau. Paraît être une variété du Tr. equestre. 4. Tricholoma resplendens Fr. — Tout blanc, jaunissant en dedans et en dehors. Stipe plein, élastique, subbulbeux, villeux et pruineux. Cha- peau charnu, convexe étalé (0",05-0,09), sommet ochracé, brillant par le sec; marge amincie, droite, un peu visqueuse. Chair tendre, sapide, à odeur de fruits. Lamelles émarginées, serrées, étroites, blanches. Spore (0"",005) ovoide, finement ponctuée. Automne. En troupe dans les forêts arénacées, à Fontainebleau. SÉANCE DU 29 OCTOBRE 1876. 391-LxvII Cette espèce me parait peu distincte du Tr. album Sch., avec laquelle elle pourra, je crois, être réunie. Elle ne différerait pas non plus du Tr. album Fr., si ce dernier n'avait pas une saveur amère. 9. Clitocybe opipara Fr. — Stipe plein, dur, glabre et blanc. Chapeau compacte, convexe plan (0",01), finement floconneux, puis lisse et brillant, chamois rosé ou incarnat. Chair ferme, blanche, à odeur et saveur trés- agréables. Lamelles adnées-décurrentes, serrées, réunies par des veines, blanches. Été et automne. — Dans les bois feuillés. Recueilli à Sedan par M. G. Bernard. Comestible. 6. Mycena Seynii Q.— D'un goüt prononcé de navet (Delile), inodore et translucide. Stipe tubuleux, mince (souvent aplati), blanc hyalin, puis purpurin, hérissé de soies blanches à la base. Chapeau très-mince, cam- panulé-convexe (0",01-0,02), satiné rose vineux (d'un éclat métallique par le sec), grisätre au sommet. Lamelles oncinées-adnées, espacées, réunies par un réseau de veines, tenaces, rosées ou lilacées avec une bordure plus foncée en naissant, mais bientôt décolorée. Spore ellipsoïde (077,007-0,13) en forme de barillet (de Seynes), ponctuée, hyaline. (Voyez pl. II, fig. 9). Automne. — Sur les cónes des Pins maritime et d'Alep, méme sur ceux qui ont séché sur l'arbre. Recueilli par Delile (1821) et par M. de Seynes (1861), à Montpellier : par M. Cornu (1875), à Bordeaux, et par la So- ciété à Fontainebleau (1). La couleur de ce joli Mycéne est d'un rose brun violacé, l'une de ces trois teintes dominant plus ou moins suivant l'àge et les spécimens (de Seynes, in litt.). 1. Wolvaria pubescens Schum. (V. speciosa Fr. ; Ag. gloiocephalus DC.). — Stipe plein, subbulbeux et volva villeux pubescents, blancs ou légèrement bistrés. Chapeau charnu, mou, campanulé-convexe (0",01), glabre, glutineuz-humide, gris pàlissant. Chair humide, blanche, à odeur vireuse. Lamelles libres, incarnates. Automne. — Lieux azotés des terrains arénacés, à Montmorency, Fon- tainebleau. Trés-vénéneux. Selon M. Rabotin, il parait avoir été la cause de l'empoisonnement de deux jeunes gens de Fontainebleau : l'un d'eux, pris de vomissements abondants avec atonie et coma profond, a succombé vingt-quatre heures aprés l'ingestion d'un seul de ces Champignons. 8. Leptonia euchroa P. — D'un beau violet lustré et presque translu- cide. Stipe plein, tenace, recourbé et glabre. Chapeau peu charnu, con- vexe plan (0",02), couvert de petites mèches fibrilleuses. Lamelles ven trues, sinuées, lilacines avec l'aréte violette. (1) Le Mycena strobilina P. [Ag. coccineus Sow. (t. 197) et FL. dan. (t. 1025, f. 1), qui lui est rapporté « pileo conico, stipite solido », ete., n'a de commun avec le Mycena Seynii que l'habitat, et ne parait pas suffisamment distinct du M. rosella P. 352-Lx vr SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Automne. — Cespiteux sur les souches d'Aune et de Coudrier. Recueilli af Montmorency, par M. Boudier; à Saint-Amand-sur-Fion, par M. Ri- chon. 9. Naucoria erinacea Fr.— Marcescent, hérissé-laineux et brun clair. Stipe fistuleux, court, dilaté (sous l'épiderme des rameaux) en disque bys- soide et blanehàtre. Chapeau mince, convexe puis ombiliqué (0",005- 0,010), hérissé comme le stipe de mèches laineuses, courtes, serrées et retroussées. Lamelles adnées, ventrues, ochracées, puis brun-cannelle. Spore ovoideo-ellipsoide (0"", "m fauve, souvent conchoide. Automne et hiver. — Épars sur les Églantiers secs, à Saint-Amand- sur-Fion (Richon). 10. Trametes Pini Fr. — Coussinet triangulaire, subéreux, trés-sec, trés-dur, sillonné-zoné, hérissé-bosselé, brun rouillé avec la marge ochra- cée. Chair fauve, rouillée, inodore. Pores grands, hexagones ou oblongs, veloutés, ochracés fauves. Automne. — Sur les troncs de Pin silvestre, à Montmorency, Fontat- nebleau. 11. Bydnum molle Fr. — Stipe court, conique, dur, fragile, blanc, puis gris. Chapeau charnu, convexe, ombiliqué, couvert d'une couche cotonneuse trés-molle, épaisse, blanche puis grise avec une teinte choco- lat. Aiguillons fins, longs, décurrents, blancs puis gris. Spore sphérique (0"",006), verruqueuse, hyaline. Automne. — Bois de Pins des terrains arénacés, à Fontainebleau. 12. Hydnum scabrosum Fr.? — Stipe court, gris, bistre à la base. Chapeau charnu, compacte, turbiné puis aplani, tomenteux puis hérissé de crêtes poilues, fauve bistre, plus brun au centre. Chair grisàtre ou bistrée, fragile et amère. Aiguillons gris bistre avec l'extrémité blanchâtre. Spore (0"",006) trés-verruqueuse, fauve clair. Automne. — Bois de Pins à Montmorency. 13. Typhula phacorhiza Reich. — Filiforme (0",02-0,05), terminé en massue grêle, couché, tendre, blane-eréme, naissant d'un selérote plan-concave, blanc ochracé. Automne. — Brindilles et feuilles mortes des bois humides, à Montmo- rency. [A * Y ^ H e hi 14. Corticium Typhæ P. — Croûte mince. byssoide, blanc-créme, bordée de blanc, finement tomenteuse à la loupe. Spore (0"",02) lan- céolée. Automne. — Sur les tiges de Typha, à Montmorency. 15. Peziza micropus P. — Cupule (0",01-0,02) céracée, tenace, suc- culente, fuligineuse, translucide, voilée et bordée de grains floconneux et SÉANCE DU 29 ocTonnE 1876. 353-Lx1X blancs. Hyménium lisse, paille bistré. Spore (0"",016) ovoide-ellip- soide. Automne. — Sur le bois mort, à Fontainebleau. 16. Phialea Boudieri Q). — Cupule charnue, fragile, cyathiforme puis étalée-festonnée (0",01-0,02), bistre pàle, tapissée de papilles allongées auxquelles le sable adhère fortement; marge plus foncée et granulée, Stipe court (0",002-4), caché dans le sable, blanchàtre. Hyménium uni puis ridé, bai clair. Spore (0"",012-015) lancéolée-ellipsoïde, pluriocellée. Hiver. — En troupe ou cespiteux dans les terrains arénacés des envi- rons de Montmorency (Boudier). DESCRIPTION DU CORTINARIUS ARVINACEUS FR., par M. BOUDIER. Cortinarius arvinaceus Fr. — Assez grand. Chapeau charnu de 07,06- 0,12 de diamètre, couleur acajou foncé au centre, plus orangé vers la marge, convexe, visqueux et méme glutineux par les temps humides, à bords non striés devenant étalés, puis à la fin relevés. Stipe élevé, robuste, de 0",10-0,12 de long sur 0",020-0,025 d'épaisseur, un peu atténué aux extrémités, blanc soyeux puis jaune ochracé, couvert dans sa partie infé- rieure à partir de la cortine d'un enduit visqueux concolore se détachant quelquefois avec l’âge en écailles non concentriques. Chair blanche, bru- nàtre sous la pellicule et sous les lames, devenant fauve-ochracée dans le stipe, qui est un peu médulleux ; lanes assez larges, adnées mais sensible- ment sinuées, d'abord d'un fauve-ochracé trés-pàle, puis à la fin d'un roux- cannelle. Spores ovales fusiformes, verruqueuses, d'un roux ferrugineux, ayant ;5. de long sur ;2; de large. Montmorency, Fontainebleau ; dans les bois de Pins moussus. Port du C. elatior, mais chapeau charnu de couleur différente et non rivuleux. ` LISTE DE QUELQUES ESPÈCES REMARQUABLES SIGNALÉES PENDANT LA SESSION MYCOLOGIQUE. — RAPPORT DE LEUR DISPERSION AVEC LA NATURE DE L'HU- MUS (1), par M. QUÉLET. Amanita ovoidea Bull. — Sur le calcaire, dans une forêt de Chênes. Fontainebleau (Croix-d'Augas). [C?] Amanita excelsa Fr. — Sous les Pins, à Fontainebleau. [T.] Amanita junquillea Q. — Sous les Pins, surla silice ; mail de Henri IV à Fontainebleau. [S.] (1) C. signifie espèce calcicole, S. silicicole et I. indifférente; A. acicole et F. foliicole. 354-LXX SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Amanita vaginata var. fulva. — Vulgaire. [S.] Amanita strobiliformis Vitt.— Cévennes. [C?] Tricholoma resplendens Fr. et album P. [S?] Tricholoma Columbetta Fr. — Montmorency. [5 !] Clitocybe gilva P. — Fontainebleau. [S?] Clitocybe clavipes P. — Fontainebleau. [S !] Clitocybe ericetorum Bull. — Fontainebleau : Genévriers, sol arénacé. Trés-rare partout. [I.] Collybia maculata A. S. — Montmorency. (1! F. et A !] Mycena Adonis Bull. — Chaville. [S? F !] Mycena Urania Fr. — Montmorency. [S.] Clitopilus pseudo-Orcella Fr. — Fontainebleau. [A?] Clitopilus popinalis Vr. — Fontainebleau. [I!] Nolanea araneosa Q. — Saint-Amand-sur-Fion (Richon). (C?] Pholiota phalerata Fr. (non caperata). — Fontainebleau. [I!] Pholiota squarrosa Müll. — Trianon de Versailles. Avec anneau men- braneux. [1.] (1). Cortinarius bolaris P. (non orellanus). — Fontainebleau. (S?] Cortinarius hematochelis Bull. (armillatus Fr.) — Montmorency [S.] Paxillus atrotomentosus Batsch. — Pins de Fontainebleau. [A !] Hygrophorus melizeus Fr.— Rocher Cassepot, à Fontainebleau. [I et F*] Lactarius turpis Fr. — Montmorency. [S ! A?] Lactarius theiogalus Bull. — Montmorency, Fontainebleau. [S! A!] Lactarius uvidus. Fr. — Vulgaire. [I. plutôt C.] Russula Queletii Fr. — Fontainebleau, sous les Pins. (I. mais A!] Boletus felleus Bull. (alutarius Fr.). — Montmorency, Fontainebleau. [5?] Polyporus radiatus Sw. — Chaville. [T.] Polyporus Schweinitzii Fr. — Fontainebleau. Pins. [A.] Polyporus fragilis P. — Fontainebleau. [A.] Polyporus nigricans P. — Fontainebleau. [F.] Hydnum zonatum Fr.— Fontainebleau. [I.] Scleroderma Geaster (2) Vitt. var. arenarium.— Cévennes (de Seynes). Je n'y vois aucun péridium externe, pas plus que dans les congénères vul- gare et verrucosum. Existe-t-il un autre Champignon voisin à péridium double ?? (1) L'anneau floconneux ou squarreux passe aussi à l'anneau membraneux chez plu- sieurs autres Champignons : Pholiota mutabilis, Hypholoma sublateritium et Candollea- num, etc. (2) Je soupçonne ce Scl. Geaster d’être : Actinoderma Nees, Sterbeeckia Corium Fr., Lycoperdon Corium DC., Scleroderma Corium Duby, Bovista suberosa Fr., Endoneurum Czern., et enfin Mycenastrum Corium Desv. et Sclerangium Lev. ? — Voyez : Fries, Fung! natalenses, et de Seynes genre Mycenastrum (Bull. Soc. bot., 1869). SÉANCE DU 29 OCTOBRE 1870. 359-LXXI Polysaccum pisocarpium. — Fontainebleau. [S.] Leocarpus vernicosus var. rufula et ochroleuca. -- Vulgaire. Rhizopogon luteolus T. (virens A. S.). — Montmorency. [S.] Endogone pisiformis Link. — Fontainebleau. [A.] Helvella crispa P. et lacunosa Afz. — Vulgaires. [I.] Rhizina undulata Sch. — Fontainebleau. [S.] Peziza abietina, cochleata, Onotica, badia, melaloma, leucoloma. — Fontainebleau. [S.] Nectria aurantia P. — Bois pourri, Fontainebleau. APPENDICE LISTE DES ESPÊCES RECUEILLIES DANS LA FORÊT DE FONTAINEBLEAU, AU MONT USSY, AU GROS-FOUTEAU, A LA FONTAINE SANGUINÈDE, LE 3 DÉCEMBRE 1876, par M. de SEXY NES. Amanita Mappa. Entoloma sericeum. Lepiota excoriata. Nolanea pascua. — granulosa var. amianthina. Psilocybe spadicea. Tricholoma nudum. Naucoria melinoides. — personatum. Cortinarius paleaceus. — terreum. — hemitrichus. Clitocybe nebularis. Hygrophorus hypothejus. — fumosa. Russula ochracea. — inversa. Marasmius androsaceus. — phyllophila. Panus stypticus. Collybia butyracea. Hydnum Erinaceus. Mycena pura. — auriscalpium. — cohærens. Clavaria cristata. — filopes. Auricularia mesenterica. — vitilis. Lycoperdon gemmatum. — nana. Bulgaria inquinans. Pleurotus ostreatus. Peziza (Coryne) sarcoides. — tremulus. — repanda. Pluteus chrysophæus. Cette excursion a été faite par M. de Seynes, dans le but de véri- fier si plusieurs espéces qui n'avaient pas paru en octobre dans la forét se montreraient un peu plus tard, avant les grands froids. PARIS. — IMPRIMERIE DE E. MARTINET, RUE MIGNON, 2. SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1876. PRÉSIDENCE DE M. DUCHARTRE. M. le Président, en prenant place au fauteuil, déclare ouverte la session 1876-77. Il fait part à la Société des regrettables pertes qu'elle vient de faire dans les personnes de trois de ses membres, MM. Belloc, Lare- veillére-Lépeaux et Théveneau. Il annonce trois nouvelles présentations. Dons faits à la Société : Atti del Congresso internazionale botanico tenuto in Firenze nel mese di maggio 1874. 1876, in-8°. Compendio della Flora Italiana, fasc. 18. Disp. 35, 36. Milano, in-4° avec planches. Bohnensug et Burck, Repertorium annuum Literature Botanice perio- dice eur., t. I. 1876, in-8°. Weiss, Wachsthumscerháltnisse et Gefüssbündelverlant der Pipera- ceen. 1876, in-8°. Cohn F., Beiträge zur Biologie der Pflanzen. Breslau, 1876, in-8', 2 vol. avec planches. Rich. Schamburgk, Botanical Reminiscences in British Guiana-Ade- laide. 1876, in-8’. D. Hooker, Report of the Royal Gardens at Kew. 1876, in-N'. Masters, Extracted from the Journal of Botany for August. 1876, in-8^ avec 1 planche. Th. Meehan, Are Insects any material aid to plants in fertilization ? 1876, in-8°. E. Barthe, Canal du Verdon. 1876, in-8°. T. XXIII. (SÉANCES) 23° 858 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Magnin, Recherches géologiques, botaniques et statistiques sur l'impa- ludisme des Dombes. 1876, in-8°. M. Micheli, Coup d'œil sur les publications de physiologie végétale en 1875. In-8°. C. Gillet, Hyménomycètes, 12° et 43° livraisons. 1876, in-8° et planches livr. 6. Institut des provinces de France. Trimestriel n° 3, juillet 1876, in-8°. Henri Van Heurck, Emploi des drogues simples. Bruxelles, 1876, in-8". Grisebach et Tchihatchef, Végétation du globe, t. Y, fasc. 4. Paris, 1879, in-4°, Extrait des Comptes rendus de l'Institut de France. 3 vol. sur le Phyl- loxera. Paris, 1876, in-4°. Darwin, The Process of Aggregation in the Tentacles of Drosera rotun- difolia. In-8*, 1 pl. color. E. Morren, Liste des jardins et des chaires et musées botaniques du Monde. Liège, 1876, in-8°. E. Morren, Histoire et bibliographie de la botanique horticole en France. Gand, 1876, in-8°. A. Oudemans, Contributions mycologiques. In-8°. P. Fliche, Sol des environs de Fontainebleau. Nancy, 1876, in-8°. P. Fliche, Frondes de l'Asplenium Trichomanes L. In-8°. P. Fliche et L. Grandeau, Recherches sur la composition des feuilles. In-8". Duval-Jouve, Réponse au 17° thème, etc., 40 pages. In-8°. Duval-Jouve, Sur les Scleropoa rigida et hemipoa. In-8°. A. Herlant, Produits résineux des Coniféres. Bruxelles, 1876, in-8°. E. Bonnet, Monographie des Canellées. Paris, 1876, in-8°. M. P. Graells, Les Spartes, les Jones, les Palmiers et les Pittes. In-8", 16 pages. L. Gauthier, Excursion à la grotte des Démoiselles. Cette, in-8°. E. Verdier, Catalogue des Glaïeuls et autres bulbes. In-8°. Sitzungsberichte der physikalisch-medicinischen Societät zu Erlangen. Erlangen, 1876. V. Humnicki, Catalogue des plantes vasculaires des environs de Luxeuil (Haute-Saóne). Orléans, 1876. C. Hasskarl, China culture. DR. A. M. Ross, The Flora of Canada. Toronto, 1875. DR. A. M. Ross, The Forest trees of Canada. Toronto, 1815. D" H. Berge, Bryophyllum calycinum. Zurich, 1817. Menier, La civilisation moderne. Paris, 4876. C. Roumeguère, Correspondances scientifiques de Barrera, Goder et Xatart. Paris, 1876. Reverchon, Des Champignons. Chambéry, 1866. SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1876. 359 J. E. Howard, The Quinologie of the East Indian plantations. London, 1876, 1 vol. in-folio, 116 pages, 15 planches. M. le Président donne lecture à la Société de deux lettres qui lui ont été adressées par M. le Ministre de l'agriculture et du commerce : la premiére relative à l'exposition universelle de Paris, en 1878, et aux termes de laquelle il demande que la Société préte son concours au Ministère pour la préparation de l’œuvre dont le succès ne peut manquer de contribuer à la gloire du pays; la seconde annonçant la création de l'Institut national agronomique et faisant connaitre le programme des conditions d'admission à ce nouvel établissement scientifique. M. Roze, secrétaire, donne connaissance à la Société de l'arrivée tardive de deux envois adressés pour l'exposition mycologique et parvenus seulement aprés la session, l'un venant de Douai (Nord), l'autre de Saint-Pétersbourg. La Société décide que cette correspon- dance sera rattachée à la session mycologique. M. Cornu donne quelques détails à la Société sur le très-intéres- sant envoi de Champignons, soit secs, soit conservés dans l'alcool, que vient de recevoir le Muséum de son correspondant à la Guyane, M. Mélinon. Il se réserve d'en parler plus longuement aprés une étude plus compléte des curieux échantillons dont se compose cet envoi. M. Cornu fait ensuite à la Société la communication suivante : NOTE SUR LE PTYCHOGASTER ALBUS CORDA, par M. Maxime CORNU. Le Ptychogaster albus Corda est un Champignon remarquable à plu- sieurs points de vue; il paraît assez rare et n'avait point encore été re- cueilli en France. La fructification, qui sert à déterminer à quelle section il appartient, n'a pas été exactement interprétée jusqu'ici. M. R. L. Tulasne, dans un mémoire spécial publié sur ce sujet (1), et auquel le leeteur peut se reporter, montre la divergence des opinions auxquelles il a donné naissance. Les échantillons qui font le sujet de la présente note ont été comparés à ceux qui furent envoyés à M. Tulasne par MM. Berkeley et Broome, et font actuellement partie de la riche collec- tion du Muséum ou ils avaient été déposés libéralement dés leur envoi. Ils ont été comparés aussi à ceux qui ont été publiés dans les exsiccata de M. Rabenhorst : Fungi Europ. exs., fase. virt, 1865, n° 800 ; la détermi- nation de notre plante parait exacte. (1) Ann. sc. nat., Bol. 5° série, 1865, t. IV, p. 290. D 360 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Il y a de notables différences, surtout au point de vue anatomique, entre le Champignon observé frais et entier, ou bien observé aprés avoir été coupé et desséché; on s'en rendra compte en lisant ce qui suit. - Fraichement recueilli et vivant, il offre l'aspect d'une boule irrégulière présentant dans la masse, adhérents et engagés parfois transversalement, des corps divers, inorganiques ou non, des aiguilles de Pin, des brins d'herbe encore verts, etc. ; il est hérissé, mais la consistance est très- molle ; la teinte est d'un blanc jaunàtre à l'extérieur, couleur de rouille à l'intérieur. Il se divise aisément par le moindre effort, et l'on remarque alors une structure fibreuse et rayonnante. La partie interne offre une couleur ferru- gineuse produite par un nombre considérable de spores. Ces dernières sont réunies en grande masse dans les cavités irrégulières que laissent entre elles des lanières fibreuses formées de filaments issus de la base du Champignon. On aperçoit manifestement qu'il n'y a pas de péridium et que la partie externe est la terminaison des filaments rayonnants. Telle est la description générale du Ptychogaster albus, telle qu'elle a été donnée trés-exactement d’après des échantillons secs, par M. Tulasne, et qui con- vient bien aux individus frais. Il rapporte ensuite l'opinion des différents auteurs. Corda rapproche le Ptychogaster des Spumaria et Æthalium du groupe des Myxogastres (Myxomycètes). MM. Berkeley et Broome se rattachent à cette opinion(Ann. and Magaz. of nat. Hist., ser. n1, t. XV, 1865, p. 400, n° 1038), mais avec quelques réserves (1). M. Fries ne voit pas dans le Ptychogaster un Champignon autonome, mais une altération spéciale, une monstruosité du Polyporus borealis. MM. Berkeley et Broome, en rapportant l'opinion de Fries, citent, au lieu de cette derniére espéce, qui n'est pas mentionnée dans les British Fungi de M. Cooke et parait ne pas exister en Angleterre, le Polyporus destructor répandu dans les pays de plaines (2). La masse des spores renfermées dans une cavité plus ou moins régu- lière, la couleur de ces spores, la forme générale du Champignon, l'ont fait (1) C'est aussi à cette opinion que se range M. Cooke (British Fungi, t.1, p. 381). Une note de MM. Berkeley et Broome indique que jamais cette plante ne se présente à l'état de Plasmodium, et par conséquent les affinités sont douteuses, mais ils n'ont pas cru mieux à faire que d'adopter l'opinion de Corda. (2) J'ai été assez heureux pour rencontrer de magnifiques échantillons de Polyporus borealis à la Grande-Chartreuse, au mois d'août dernier : leur forme globuleuse, quand ils sont trés-jeunes et développés sur un substratum horizontal, et leur structure, offrent plus d'un rapport avec le Ptychogaster. Ma détermination a été vériliée par M. le docteur Quélet, et nous avons, avec lui, M. Roze et M. Locré, récolté de nombreux échantillons de ce Polypore dans les foréts séculaires du Russey (Jura. — 1000 m.), au mois de septembre suivant. SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1876. 301 rapprocher des Gastromycétes; quant à la fructification, elle exige des observations attentives. M. Tulasne a remarqué qu'il n'y avait ni basides ni stérigmates, et lha- bile monographe de l'appareil fructifère des Gastromycètes ne s'y est pas trompé. Il a observé certains filaments dont l'extrémité se termine en crosse simple ou rameuse. Il a cru pouvoir affirmer qu'elles « produisent, » sur tous les points de leur étendue et en nombre indéfini, des spores » sessiles et isolées, ovoides globuleuses, simples et mesurant environ » 0"",96 dans leur plus grand diamètre... fructification tout à fait anor- » male et dont aucun exemple, que nous sachions, n'a encore été signalé » chez les Champignons supérieurs.... » (Loc. cit., p. 292.) Dans un mémoire trés-remarquable sur là fructification des Basidiomy- cètes, publié d'abord en anglais, puis en français et cette fois avec des figures (1), nous trouvons quelques détails nouveaux sur la fructification des Ptychogaster et sur la manière dont l'auteur ‘rattache les spores aux filaments cireinés. Il est à remarquer que les cloisons ne sont que rare- ment indiquées à ces extrémités contournées, etles spores y sont disposées çà et là, sessiles et non munies des longs stérigmates qui se présentent dans les autres espéces figurées. M. Tulasne rapproche ce mode de fruc- tification des basides si spéciales, décrites par M. de Bary dans l'Hirneola Auricula Jude Berk. (2), si semblables aux filaments issus de la germi- nation des téleutospores urédiniques et des organes semblables qu'il a découverts chez une autre espèce, l'Hypochnus purpureus ; il abandonne définitivement l'interprétation indiquée par M. Fries, d'un état imparfait d'une espèce particulière, état qu'il avait lui-même rapproché avec doute de la génération conidiale des Poronia (1 mémoire, p. 295). L'étude d'échantillons frais permet de se rendre un compte plus exact du rapport des spores et des filaments roulés en erosse. Si l'on essaye de pratiquer des coupes minces à travers le tissu, il est facile de remarquer tout d'abord l'état mucilagineux que présente la masse ; les filaments ont des contours nets et bien définis, mais les parois de plusieurs d'entre eux, surtout la partie extréme, possédent la singuliére propriété de se transfor- mer en une sorte de gelée qui ne tarde pas à disparaitre. Si l'onaobtenu une coupe mince, on peut aisément voir que les filaments sont la plupart du temps non pas rompus mais tronqués, c'est-à-dire brusquement terminés par une cloison, comme s'ils s'étaient désarticulés ; ils sont en général assez fortement colorés en brun. Quant aux filaments terminés en spirale simple ou rameux, on peut voir qu'ils offrent un assez grand nombre de cloisons équidistantes. Chacune d'elles est disposée de la façon particulière qui à reçu en allemand le nom de Schnallenfærmig, qui est fréquente chez les (1) Ann. sc. nat., Bot., t. XV, p. 298, pl. 12, fig. 1-4. (2) Morph. und Phys. der Pilze, p. 116, f. 47, a-c. 362 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Nidulariées, chez quelques Hypomyces et dans un certain nombre d'autres cas. Elle se prolonge latéralement de facon à terminer un court rameau appliqué sur l'article immédiatement supérieur. Entre les eloisons de ces filaments courbés se trouve un plasma dense contenu entre des parois peu colorées. La masse s'organise en une spore unique ovale touchant les parois de tous les cótés. Elle est d'abord incolore; la membrane est mince, mais ne tarde pas à devenir plus foncée par l'épaississement de cette membrane. En méme temps que cet accroisse- ment a lieu, la paroi du filament se modifie d'une manière considérable. Elle se transforme en une substance soluble, par un phénoméne spécial plus facilement visible sur la cloison. Cette dernière, beaucoup plus épaisse que la paroi latérale, est formée de deux couches et présente ce singulier repli dont il a été question plus haut. Elle se gonfle successivement, sous l'action de l’eau naturellement contenue dans la plante, la partie moyenne de la cloison se dissolvant aprés les parties extérieures ; cette dissolution est d'ailleurs précédée d'une extension particulière, d'un aspect et d'une réfringence spéciale. Il n'est pas rare de rencontrer des files de spores provenant de filaments dont il ne reste plus que les cloisons trans- versales, les parois latérales ayant presque complétement disparu. Si on laisse le Champignon se dessécher, cette modification de la mem- brane s'achéve complétement ; le mucus se desséche et l'ensemble devient méconnaissable. Il y a un phénomène analogue à celui qui produit la résorption des théques des Elaphomyces, des basides du Lycoperdon, et dont l'effet est de ne laisser subsister que quelques filaments de capilli- tium au milieu de la masse pulvérulente des spores. Mais l'origine des spores est également différente dans ces divers cas, quoique le résultat final paraisse dans les trois assez semblable. La forme des filaments conidiens des Coprinées décrits par M. Eidam (Bot. Zeit.,1875), la nature endogène de ces conidies reconnue par M. Van Tieghem, la ressemblance générale des filaments du Ptychogaster avec ceux des Polypores, rendent vraisemblable qu'on a affaireàune forme spé- ciale d'un Hyménomycéte, probablement d'un Polypore (Polyporus destruc- tor? selon MM. Berkeley et Broome), opinion émise autrefois par M. Fries, quia trouvé dansla comparaison qui vient d’être faite une vérification pré- cieuse à laquelle il était impossible de penser avant les observations pu- bliées depuis ces dernières années. | L'observation d'échantillons secs ne permet pas d'observer les relations des spores et des filaments qui leur ont donné naissance ; le mucus soli- difié autour d'elles leur fait contracter des adhérences qui sont assez éner- giques, mais qui sont artificielles; il est impossible d'apprécier sainement leur origine. Sur les individus frais il parait assez évident que les couches concen- triques qui s'observent sont réellement des zones d'aecroissement, la partie SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1876. 363 terminale étant plus jeune que les parties moyenne et centrale : ce carac- tère disparaît ensuite complétement. Le Ptychogaster albus, espèce nouvelle pour la flore de France, a. été trouvé sous les Conifères du mail de Henri IV, à Fontainebleau, à la fin du mois d'octobre, pendant une excursion de la session mycologique ; je crois étre le seul à l'avoir récolté. La forme extérieure, d'ailleurs, attire peu les regards et n'excite guère la curiosité; il rappelle certaines formes de Merisma et Corticium incrustants. En consultant les exsiccata de M. Rabenhorst, il a été possible d'étudier des échantillons secs du Pilacre Petersii Berk. et Curtis, Champignon analogue au Ptychogaster et qui est identique, d’après M. Tulasne, à l’ Ony- gena faginea Fr. Les spores sont globuleuses, et l'ensemble de la plante rappelle un Ptychogaster beaucoup plus réduit de dimension, mais pédi- culé. Il semble bien que la fructification soit la méme que dans le cas précé- dent, formée de conidies endogènes et devenant libres par la dissolution de la membrane de la cellule-mére ; mais malgré les raisons probables il m'a paru impossible d'affirmer avec précision qu'il en est bien réellement ainsi : l'étude des échantillons secs, ou au moins de ceux que j'ai eus à ma disposition, parait montrer qu'ils sont absolument insuffisants à cet égard ; il faudrait avoir pour l'analyse des échantillons frais comme dans le cas du Ptychogaster. Les genrés Ptychogaster et Pilacre doivent donc trés-probablement disparaitre ; les plantes dont ils constituent les types étant des formes se- condaires d'Hyménomycétes. On peut dire en terminant que c’est un exemple remarquable de polymorphisme dans le sens réellement étymo- logique du mot, le premier peut-être qui ait été donné, comme s'éloignant le plus du type d’où il dérive, puisque ce type est inconnu dans l'un et l'autre cas. Il faut vraisemblablement rapprocher de ce deuxième mode de repro- duction les conidies observées par M. de Seynes sur la Fistuline, et qui ont été l'occasion d'un mémoire orné de planches magnifiques : cependant la Fistuline n'est pas, comme les plantes précédentes, méconnaissable sous cette forme conidiale. Quant aux conidies signalées autrefois par de Bary sur les Agarics (Nyctalis), il paraît bien probable que ce sont, comme le pense M. Tulasne, les spores d'un parasite du genre Hypomyces (1). Lecture est donnée de la lettre suivante adressée à la Société pav M. Courtois, au nom de la Société d'horticulture et de viticulture d' Eure-et-Loir : (1) Hypomyces asterophorus et Baryanus (Sel. Fung. Carp. VI, p. 94 et 99). 304 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Chartres, le 15 septembre 1876. A M. le Président de la Société botanique de France. Monsieur le Président, J'ai l'honneur de vous adresser, d’après le conseil de M. Decaisne, un petit paquet de rameaux fleuris et de rameaux portant graines, de Lysima- chia punctata. Vy joins un numéro (septembre et octobre 1875) du Bul- letin de la Société d'horticulture et de viticulture d' Eure-et-Loir. Vous y verrez (page 222 et suiv.) le motif qui me fait vous adresser et cette plante et cet imprimé. Des amateurs de botanique se sont trouvés divisés au sujet d'une Lysimaque qui a poussé sur les bords d'une piéce d'eau dans le jardin de la Société : l'un ne voulant voir qu'une Lysimaque commune dans cette plante, deux autres soutenant que ce n'était pas une Lysimaque commune, mais bien le Lysimachia punctata qu'ils ne con- naissaient du reste que par la description de leurs livres. J'en ai référé à M. le professeur de culture du Muséum, qui a douné raison aux partisans de la Lysimaque ponctuée. C'est donc une plante étrangére à la flore de notre pays, qui s'est fixée chez nous, y vivant d'une facon prospère et méme envahissante. Nous pensons qu'elle y sera venue, mêlée à quelques autres graines, des pays où elle est spontanée : l'Allemagne, la Hollande. Le fait de l’acclimatation de la Lysimaque ponctuée à Chartres a paru assez intéressant à M. Decaisne pour que, dans sa lettre, il nous engageàt à la porter à la connaissance de votre Société. Veuillez agréer, etc. J. COURTOIS. Cette lettre est accompagnée de rameaux fleuris et fructifiés de Lysimachia punctata, destinés à l'herbier de la Société. M. Van Tieghem fait à la Société la communication suivante : NOUVELLES OBSERVATIONS SUR LE DÉVELOPPEMENT DU PÉRITHÈCE DES CILETOMIUM, par M, Ph. VAN TIEGHEM. Dans un précédent travail (1), J'ai montré que le développement normal du périthéce des Chætomium et des Sordaria est binaire, sans qu'il y ait lieu cependant de voir dans cette dualité une fécondation, mais seulement une différenciation établie de bonne heure dans le carpogone entre la branche formatrice des asques (ascogone) et lerameau générateur de l'en- veloppe (périascogone). Dès cette époque, j'avais observé dans mes cul- tures cellulaires certaines anomalies dans la marche du développement; (1) Sur le développement du fruit des Chætomium et la prétendue sexualité des Asco- mycètes (Comptes rendus, t. LXXXI, p. 1110, 6 décembre 1875). SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1870. 365 mais n'ayant pas vu ces déviations aboutir à la formation de périthèces mürs, je m'étais borné à les signaler comme de « très-instructifs arrêts de développement » (1). Cet été, j'ai entrepris une nouvelle série de cul- tures cellulaires de divers Chætomium (Ch. murorum, indicum, et plu- sieurs espèces nouvelles), en portant une attention toute particuliére sur ces anomalies. Par l'emploi de liquides nutritifs pauvres (jus d'orange étendu d'eau, urine étendue, décoction de crottin étendue), j'ai réussi à en déterminer la production abondante et parfois exclusive, et j'en ai vu un certain nombre aboutir à la constitution de périthéces bien confor- més et mürs, quoique trés-petits. C'est ce développement simplifié du périthéce dans un liquide appauvri, avec les conséquences qui en décou- lent au point de vue de la prétendue sexualité de ces plantes, que je vou- drais signaler en quelques mots à l'attention de la Société. On peut le caractériser d'un seul trait : le carpogone n'y produit pas, à sa base, un rameau générateur enveloppe; il demeure simple et nu. Pelotonné sur lui-méme, comme dans le cas normal,le carpogone se divise par des cloisons transversales et longitudinales, et forme bientót une masse arrondie de petites cellules. Les cellules de l'assise externe constitueront l'enveloppe du fruit et la plupart se prolongent de trés-bonne heure en longs poils; les cellules internes produiront quelques asques octospores. Finalement, on obtient ainsi un périthéce arrondi, beaucoup plus petit que les périthéces normaux, mais formé comme eux d'une paroi hérissée de poils et d'un noyau d'asques octospores. Seulement la paroi est très- mince et d'origine différente, et les asques sont en petit nombre. Les spores ont d'ailleurs la forme, la dimension et la faculté germinative de celles des périthéces normaux. Ainsi, quand le milieu nutritif se trouve appauvri au delà d'une certaine limite, le rameau générateur du tégument (pollinode de M. de Bary) cesse de se former sans que le développement du périthéce soit pour cela entravé ; il est simpliflé seulement, et la paroi du fruit se constitue alors par voie d'emprunt aux dépens de la périphérie du carpogone. Si l'appau- vrissement du milieu dépasse une autre limite, ce développement, méme simplifié, ne peut plus arriver à son terme; il s'arrête alors, suivant les points, à ces divers états plus ou. moins imparfaits que j'avais rencontrés et signalés dans mes premieres cultures. En l'absence de toute dualité originelle, dans ce développement sim- plifié du périthèce des Chætomium, il ne peut évidemment être question d'une fécondation. Suivant la nature du milieu nutritif, le périthèce des Ghætomium pré sente done précisément les deux modes de développement, complet ou simplifié, enveloppé ou non enveloppé, que M. Bauke (2) vient de con- (1) Loc. cit. p. 1111. (2) Beiträge zur Kentniss der Pycniden (Nova Acla, 1876, t, XXXVII, p. 439). T. XXIII. (SÉANCES) 24 366 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. stater dans la pycnide des Cucurbitaria, laquelle se forme, dans le moùt de raisin avec rameaux enveloppants, dans la décoclion de crottin sans rameaux enveloppants, mais à l’aide d'une paroi d'emprunt. De ce double mode de développement, M. Bauke conclut que la pyenide est, dans tous les cas, un organe asexué produit sans fécondation ; j'espère qu'il ne se refusera pas plus longtemps à admettre la méme conclusion pour le péri- théce. M. Roze fait remarquer à M. Van Tieghem que les arguments qu'il invoque pour nier l'existence d'une fécondation, telle que l'école allemande l'admet chez les Ascomycétes, lui semblent pou- voir étre tout aussi bien emplovés pour combattre l'idée de la sexua- lité chez les Phanérogames, où l'aete fécondateur n'est lui-même pas plus facile à constater directement. Dans l'un et l'autre cas, ce sont les phénoménes qui accompagnent ou suivent l'acte que l'on peut observer, mais non point l'acte en lui-méme, qui parait ne résulter que du simple accolement de deux cellules. M. Roze ajoute que la distinction des sexes estla plupart du temps nulle chez les étres tout à fait inférieurs. Il rappelle à ce propos la copulation des Spirogyra, où les cellules sontalternativement mâles ou femelles, sans qu'on puisse remarquer de différence sensible entre les unes et les autres. M. Cornu cite une espèce de Conferve : PUlothrix seriata, où l'acte fécondateur résulte de la fusion des deux égales portions du plasma d'une seule et méme cellule, ce plasma s'étant primitive- ment séparé et contracté en deux petites masses aux deux extrémités de la cellule pour constituer ainsi les deux éléments sexués. M. Petit dit qu'il peut confirmer le fait cité par M. Cornu, d'aprés le résultat de ses propres recherches et de ses observations. SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1876. PRÉSIDENCE DE M. DÜCHARTRE. | M. Roze, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la dernière séance, dont la rédaction est adoptée. Jap guita g "A at: 1 1 Par suite des présentations faites dans la dernière séance, M. lé Président proclame membres de la Société : | SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 18706. 367 MM. CLÉMENT DE VÉBRON (l'abbé), rue Férou, 11, à Paris, pré- senté par MM. Duchartre et Roze. CRARBONNIÈRES, curé de Linards (Haute-Vienne), présenté par MM. Duchartre et Max. Cornu. MENIER, pharmacien, à Nantes, place Graslin, présenté par MM. Bureau et Viaud-Grand-Marais. Il annonce ensuite quatre nouvelles présentations. Dons faits à la Société : Letellier (J.-B.-L.), Expériences nouvelles sur les Champignons véné- neux, leurs poisons et leurs contre-poisons. 2 broch. in-8° et in-4°. Paris, 1866. ' Léon (Jules), Flore landaise, et médecine par les plantes vulgaires. Pau, 1876, in-8°. Gandoger (M.), Decades plantarum novarum, fasc. 11. In-8°, 46 pages. — Essai sur une nouvelle classification des Roses. In-8^, 47 pages. Darwin (Ch.), Les mouvements et les habitudes des plantes grimpantes. Paris, 1877, in-8°, cart. | Giraudias, Énumération des plantes Phanérogames et des Fougères observées dans le canton de Limogne (Lot). In-8°, 32 pages. M. Chatin présente, de la part de M. Loche, la communication suivante : NOTE SUR UN FAIT ANORMAL DE FRUCTIFICATION CHEZ QUELQUES BALSAMINÉES, par W. A. LOCHE. Lorsque j'habitais Paris, j'avais déjà remarqué, sur l'Impatiens noli tangere, le fait pour la vérification duquel j'ai recours aujourd'hui à l'au- torité de la Société botanique. Les loisirs qui me manquaient alors, la retraite me les a donnés, et j'ai pu reprendre ici et suivre avec soin mes observations. C'est. l'Impatiens fulva, dont je dois plusieurs exemplaires à l'obligeance de M. Bernard Verlot, qui, cettefois, a été le sujet de mon nouvel et sérieux examen. A un moment donné, qui précède de beaucoup l'époque où la plante est parvenue à son maximum de croissance, on assiste au développement d'un ovaire et de graines qui, de prime abord, semblent nés comme spontané- ment et sans la participation du sexe måle. Aucune apparence de fleur, en effet; le contraste avec le mode normal de fructification est tel, que l'on pourrait presque se croire en présence d'un cas nouveau de parthéno- genése. 368 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. La floraison de l'Impatiens fulva a lieu ordinairement de juillet à septembre. C'est dès le commencement de juin que se produit le fait qui a fixé mon attention. On voit alors apparaitre à T'aisselle des feuilles supé- rieures un court pédoncule, très-ténu, filiforme, rarement ramifié, sup- portant un petit corps verdàtre, arrondi, un peu allongé, mais dont, aprés quelques jours, la longueur totale n'a pas dépassé un millimètre et demi, À ce moment, on en voit une partie, une sorte de fourreau, se détacher du pédoneule, découvrant peu à peu derrière elle une capsule charnue, très-mince, de l'extrémité. de laquelle elle ne tarde pas à être chassée ; puis, la capsule grandit, s'allonge, se gonfle, mürit et dissémine ses graines, absolument comme si le phénomène de la fécondation s'était passé normalement. Rien méme dans ses dimensions ne la différencie du fruit capsulaire ordinaire. Là ue pouvait se borner mon observation. J'ai voulu étudier la struc- ture intérieure du petit corps verdâtre, au sein duquel se forme l'ovaire dont je viens de décrire le curieux développement. Sous le grossissement d'un des instruments perfectionnés par Nachet, nous avons pu, le docteur Royet et moi, reconnaitre un bouton atrophié, contenant à l'état rudimentaire les différents organes qui constituent la fleur complète. J'ai sous les yeux des fleurs complètes, Épanouies, elles ont, non com- pris la courbure de l'éperon, une longueur de 2 centimètres. J'ai dit déjà que ce bouton nain ne dépassait pas un millimètre et demi. L'arrêt de développement n'a-t-il atteint que les organes secondaires, et les piéces essentielles de l'appareil sexuel y ont-elles échappé? Il faut bien l'ad- mettre; mais, en vérité, si la nature ne tenait pas encore bien des secrets en reserve, les précautions minutieuses qu'elle sait mettre en usage pour assurer la reproduction des espèces végétales sembleraient ici avoir été quelque peu négligées. Toujours est-il que voilà deux fructifications qui se produisent dans des conditions d'aspect et de temps tout à fait différentes. La vérification que je sollicitais en commencant peut se faire encore (1). Le fait s'observe chez tous les individus des deux espéces désignées, et assez souvent il se continue sur les petits rameaux inférieurs, alors méme que la tige principale est en pleine et régulière floraison. M. Duchartre rappelle que dans les plantes à fleurs clandestines, il a remarqué certaines fleurs de très-faibles dimensions, se rédui- sant à un petit calice fermé à son orifice par une sorte de plancher, representant une corolle rudimentaire. S s. à ! LU, ous celte voüte, se trouvent ae E ps dE QA + ` "IN petites etamines et des carpelles exigus, Il en est probablement (Ij Cette note a été rédigée et envoyée Ie 16 août. SÉANCE DU 2% NOVEMBRE 1870. 369 ainsi des fleurs qui viennent d'être signalées dans l'Impatieus fulva. On en a également rencontré dans certaines Labiées, dans les La- mium notamment, où les fleurs clandestines sont les dernières de la saison. Le nombre des plantes à fleurs clandestines est done plus considérable qu'on ne l'avait eru. M. Chatin ajoute que dans le Viola palustris, ce sont au contraire les premières fleurs qui sont clandestines. Aprés quoi, il offre aux membres présents, de la part de M. Gé- névier, de beaux échantillons de P hycomyces nitens qui se sont déve- loppés sur du tourteau de colza. M. Chatin soumet ensuite à l'examen de la Société, de la part de M. Bainier, des empreintes de plantes obtenues par le procédé dont il est l'auteur et qu'il a décrit dans une des séances précédentes, M, Poisson donne lecture de la communication suivante : NOTE SUR L'OBIONE PEDUNGULATA Moq.-Tand. DÉCOUVERT OU RETROUVÉ A SAINT-VALERY-SUR-SOMME, par M. DE BRUTELETTE. Vers le commencement du mois d'août dernier, MM. Delacour et Gau- defroy, botanistes distingués de Paris, voulaient bien nous informer qu'ils venaient de découvrir dans les environs de Saint-Valery-sur-Somme l'Obione pedunculata Moq.-Tand., dont ils avaient l'obligeanee de nous envoyer quelques échantillons en fleur. Peu de temps aprés, M. le docteur Richer, professeur de botanique à l'école de médecine d'Amiens, constatait aussi la présence de cette plante dans la méme localité. Désirant ardemment nous procurer la jouissance de la récolter en fruit, nous nous rendimes à Saint-Valery, le 19 septembre, accompagnés de notre ami M. Jules Poisson, aide-naturaliste au Muséum de Paris. Grâce aux indications précises qui nous avaient été données par MM. Delacour et Gaudefroy, nous ne tardàmes pas à rencontrer la plante eroissant en abondance, mais dans un espace fort restreint, dans des lieux fangeux, baignés par la marée, sur le bord de la Somme, entre Saint-Valeryet la pointe du Hourdel. Cette localité n'est pas précisément nouvelle. On y trouve D Atripler pedunculata L. signalé à Saint-Valery dans des notes manuscrites laissées, il y a de longues années, par M. Boucher de Crèvecœur, botaniste abbe- villois. S'agit-il ici d'une réapparition nouvelle, ou bien la plante a-t-elle continué à exister à Saint-Valery, sans être apercue par les botanistes explorateurs ? Cette dernière supposition n'est pas inadmissible. La végétation de l'Ubioue 370 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. pedunculata est fort tardive. Il ne montre guère ses fruits que vers le coximencement de l'automne, époque pendant laquelle on herborise heau- coup plus rarement que durant le printemps et l'été, et quand il commence à végéter et même à produire des fleurs, il n’est pas facile de le découvrir au milieu des plantes plus élevées parmi lesquelles il croit (1) et de le dis- tinguer de plusieurs espèces d'Atriplex ; i a fallu la sagacité et le coup d'œil exercé de MM. Delacour et Gaudefroy pour le reconnaitre à l'état jeune. L'Obione pedunculata est excessivement rare en France, où il n'a été signalé que dans l'extréme nord-ouest. Sa station la plus méridionale parait être les bords de la Bresle, entre Mers et le Tréport. C'est une espèce septentrionale qu'on rencontre sur le littoral de la mer du Nord, en Angleterre, en Allemagne, en Danemark et dans la Russie moyenne. Nous ne la trouvons qu'à l'embouchure de nos petits fleuves et toujours sur leur rive gauche (2). Cela parait confirmer l'opinion plusieurs fois émise que la plante nous arrive par des graines apportées du Nord par les grandes marées. Nous pensons que c'est avec raison que M. le docleur Richer, pour confirmer cette opinion, fait remarquer (3) la nature du fruit bien conformé pour flotter, l'abondance de la plante par places et sa dis- position sur le sol, à Saint-Valery notamment, en une bande très-étroite et trés-longue dessinant exactement la limite des hautes marées. M. Duchartre dit qu'il serait à désirer que M. de Brutelette vérifiàt si les graines de l'Obione pedunculata peuvent résister quelques jours à l'action de l'eau de mer. On verrait par là si l'on peut admettre l’hypothèse d'un transport par voie maritime, M. Chatin annonce qu'un envoi de Gui récolté sur le Chêne vient d’être fait à la Société d'agriculture. M. Duchartre émet l'opinion que l'extréme rareté de ce parasite sur le Chéne est peut-étre due à la richesse en tannin de l'écorce de cet arbre, par suite de laquelle la germination ne pourrait. s'effec- tuer. Ce ne serait que lorsque les graines de Gui auraient été dépo- sées dans une fente de l'écorce, qu'elles seraient peut-être suscep- tibles de développement. Dans le N.-E. de l'Europe, le Loranthus europæus est commun sur le Chêne. M. des Etangs dit avoir vu du Gui sur l'Érable champêtre ainsi que sur l'Épine blanche. (1) Salicornia herbacea, Suæda marilima, Statice Limonium, ete s (2) Il parait cependant avoir été rencontré autrefois au Crotoy, sur larive droite de la omme. | 3 . Inne ^ y^ te . 7 "A pull de la Soc. Linnéenne du nord de la France, 5° année, n° du 1* octobre 1876, SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1876. 371 M. Verlot rappelle qu'il en existait, il v a quelques années, à Au- teuil, sur le Quercus rubra. SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1876. PRÉSIDENCE DE M. DUCHARTRE. M. Mer, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la dernière séance, dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la dernière séance, M. le Président proclame membres de la Société : MM. TARRADE (A.), pharmacien, 65, avenue du Pont-Neuf, à Li- moges, présenté par MM. G. Planchon et Roze ; OLIVIER (l'abbé), vicaire à Bazoches-en-Houlme (Orne), pré- senté par MM. Roze et Mer ; LEccUR, interne des hôpitaux, à l'hôpital de la Charité, à Paris, présenté par MM. Roze et Cornu ; LocuE (Auguste), à Saint-Benoit-du-Sault (Indre), présenté par MM. Chatin et Duchartre. M. le Président fait ensuite connaitre une nouvelle présentation. Dons fails à la Société : Timbal-Lagrave, Du Polypodium vulgare L. et de l'Aybridité dans les Fougères. In-8°, 11 pages. Braun (A.), Bemerkungen über einige Cycadeen. Berlin, 1876, in-8’, 14 pages. Separatabzug aus den Sitzungsberichtem des botanischen Vereins der Provinz Brandenburg. Morren (Ed.), La digestion végétale, note. Gand, 1876, in-4°, 30 pages. M. le Président fait connaitre à la Société que, dans sa dernière réunion, le Conseil a décidé qu'il proposerait à la Société de nom- mer une commission spécialement chargée de l'organisation d'un Congrès international de botanique en 1878. Cette commission serait composée ainsi qu'il suit : MM. Bureau, Ad. Chatin, Cornu, Cosson, Duchartre, Lavallée, Mer, G. Planchon, Prillieux, Roze et de Seynes. 372 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. le Président met aux voix l'approbation de la composition de : ' j * . , E , . . A cetie commission. Cette composition est adoptée à l'unanimité, M, Petit fait à la Société la communication suivante : ESSAI D'UNE CLASSIFICATION DES DIATOMÉES, par Mi, P. PETIT, Quand on veut classer les Diatomées, il se présente une assez grande dificulé. Chaque auteur a sa classification, mais aucune west établie sur la méthode naturelle. | I serait trop long d'analyser ici les systèmes de MN. Agardh, Ehrenberg, Kützing, W. Smith, Meneghini, Grünow, Heiberg, Pritchard, Rabenhorst et Pfitzer. 2. Il suffira de dire que les systèmes de la plupart des auteurs que Je viens de citer reposent tantôt sur la forme extérieure des frustules et des valves, tantôt sur la présence ou l'absence de nodules à la face des valves, ou bien encore sur le mode de végétation des Diatomées, qui vivent libres ou réunies en filaments, quelquefois placées à l'extrémité d'un stipe ou enfer- mées dans des masses gélatineuses ayant la forme d'un tube ou d'une fronde. i Il faut cependant le reconnaitre, M. Grünow (1) avait saisi les affinités de certains genres, et sa classification, quoique imparfaite, renferme plu- sieurs groupes qui sont trés-naturels et que j'ai conservés. | Déjà l'auteur du classique « Synopsis », le révérend W. Smith (2), avait appelé l'attention des observateurs sur la constance du caractère fourni par la disposition de l'endochrome ou plasma coloré des frustules. Il avait noté ce fait que l'endochrome se présente sous deux états : tantóten lames appliquées à la surface interne de la cellule, tantôt en granules disposés irréguliérement ou rayonnant d'un point central. En téte de chacun des deux volumes du Synopsis, il donna des figures coloriées d'un. grand nombre d'espèces munies de leur endochrome, et les figures de W. Smith sont beaucoup plus exactes que celles d'Ehrenberg, dans son grand ouvrage sur les Infusoires (3). La remarque de W. Smith était juste ; aussi frappa-t-elle le docteur Pfitzer qui entreprit une étude sérieuse et trés-approfondie du plasma des Diatomées, et publia le résultat de ses recherches en 1871, dans un remar- quable travail : Bau und Entwicklung der Diatomaceen (4). Comme con- séquence de ses recherches il donna une nouvelle méthode, mais on ne peut pas la considérer comme naturelle. En effet, tous les groupes ne sont " : Verhandlungen. der Kaiser. Kónig.-300l.-bot. Gesellschaft. Wien, 1860, 1862 et 863. (2) W. Smith, Synopsis of the British Diatomaceæ, vol. it, p. XXV. (3) Ehrenberg, Die Infusionsthierchen. (4) Botanische Abhandl. von D* J. Hanstein, Heft, t. IL. Bonn, 1871 RÀ —— ET = SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1876. —— 373 pas reliés entre eux par des rapports naturels, bien que les genres com- posant les groupes aient entre eux de l'affinité. Cependant je dois dire que le système du docteur Pfitzer est celui qui se rapproche le plus de la méthode naturelle, et que combiné avec celui de M. Grünow, il a servi de base à la méthode que je propose aujourd'hui. C’est en vérifiant les observations du docteur Pfitzer et en les complé- tant par l'étude d'espèces marines et d'eau douce, qu'il n'avait pas eues à sa disposition, que je suis arrivé à saisir l'enchainement des groupes entre eux. Quelques détails sont néeessaires pour faire bien comprendre la base sur Jaquelle repose mon système, Lorsqu'on observe un grand nombre de Diatomées vivantes et que l'on note exactement la disposition de leur endochrome ainsi que la forme des frustules, on ne tarde pas à remarquer les deux états distincts de l'endo- chrome, ainsi que W, Smith l'avait indiqué, et la constance de la dispo- sition de l'endochrome chez tous les individus d'une méme espéce. On voit en méme temps que le rapport de l'endochrome au frustule est com- mun à toutes les espéces d'un méme genre et quelquefois à plusieurs genres qui ont entre eux des analogies de constitution ou de développe- ment de l'enveloppe siliceuse. On peut done poser les deux principes sui- vants ; l° La disposition interne de l'endochrome est constante chez tous les individus d'une méme espéce. 2" Le rapport du frustule et de l'endochrome est commun à toutes les espéces d'un méme genre et souvent à plusieurs genres ayant entre eux une grande analogie de constitution et de développement dans leur enve- loppe siliceuse. Ces principes seront d'une trés-grande utilité pour le classement des espèces fossiles, alors que le caractère tiré du plasma fait complétement défaut. II n'est pas douteux pour moi que les rapports entre l'enveloppe siliceuse et l'endochrome ne s'étendent à la reproduction ; mais les obser- vations n'ayant encore été faites que chez 60 espèces appartenant à 25 genres (1), il est impossible de tenir compte de ce caractère, qui semble être constant au moins dans le petit nombre de cas que l'on connait. D'après ce que je viens d'exposer, je divise, comme le docteur Pfizer, la famille des Diatomées en deux sous-familles : 1'* sous-famille. Endochrome lamelleux : Placochromaticées. 2° sous-famille. Endochrome granuleux : Coccochromaticées. Malgré tout le soin qu'il a mis à étudier l'endochrome, le docteur Pfitzer s’est laissé trop entrainer par les classifications allemandes antérieures, (1) Pfitzer, loc. cil., p. 163. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 314% "SAAVISOTAN *SALISIAONIISON SHAIHdTNAG -(740d oad) SAATAVTTIAIY J, “(a740d 04d) SAATAVTTAAVL 'S8340HdOKOT'] "saga ji 'Sagmivamvug 'ST31LONAG 'S33413NAG “SAATTAUIHNIS *SA4THISZLIN "saguondmax y "S83 129IA V *SAATIAAN AN) 1NOHdK01) 'S33HINYNHOY 'snqu "JAX "AX “AIX ‘IX "HIX ***so8uo[[v surour no snjd sonbrapurjso sjuoure[j ua stung no soprosdr[o. sopnjsnaq tetti t soprOOSID SAAPA n n" "seuidvaidvrp op so[njsna -vj-snos JUHINNaP) S339ILVKOWH202207) "eau | jurod un,p 1103 -ng juPuuoAe teet t "Saproosrp uou. Vsavs soJ9r|n$94 no s9J9I[IZ9.L1I SQA[EA ****s9uiviqderp xno1quiou 9p stunur so[njsnag/ ouo joopug -upur£o sou : XI *****gouiopQuno sieutef soA[UA dvd » pos UV owoIqocpud | ., J 1 : ES : rt tt csounogreuno soaqeA Istun sosna 1 ouidui ot] siewe? — sopnjsnij eet souiogleuno SAPLA) "souiSvaqderp nel ee sues so[njsn.,g ` E AN (7 AUR z2 EDD T2 Ew h % P$ K CIS 7, SY Z] A air uched. H- 2) E: AE r4 Cet MES TS ; * & =|} w $: A - = ae IW, my f A AUS à La SZ EZ VI di 2» $ LS EH | OR pei Pw ES ; pal à JE Source. e | Ma € ES is msi -—— 7 wA À J NS t PM Mo MNE DDR > 3 Y v Kassr Mikhili o d. LE labian ^ 4 4 = | n. d Y . ZH r Lz u | E ANIN AN ARS € à D e ME evet To ub ro uk GES A 22 & emt Diardou MEZ E - = zz zz Ub Se por mu y E UE ie i HO a3 M y o Berebreh Yy, Z : SL C7 E 2 K 2 "c = A mm Wie 7 ly, SUE 1 VA, y, zm SS z íl T ° E. c N : a bi 1 a X SE y) 7, ` » a\ V í , - MEE ptm c4 a aou Ghassel Kassr Thkass vé NZ | i - ss LL NEN - anx | H , L d ZT È SE Ea | EZ 2. r3 2701 PA 1 AP VZ nj, | ZA De - : SA & ES m MAN ull Ve NADA zz AN Z S, 7 Kassr Siinmalois y k S NS {| S E, f 9 Quali TIN 72 NY (* Un SM N MES FA hij; TU D, ebel. pa M S "ws A NN fs i A Add NW, L ml ST soft NM Bo mue | - g 27 % f Me... za DS ATRN Z 7 EE Imp. Honrocg, Frs M > M nan 1C G3 AEG HA ARIA d, un En m m 4 ta MES UTE p» 5 | HIER | 8 $ E j ke | x XA Bull. de la Soc. Bot .de France ] VVI nad oy Tome XXI Pas. i | ; É | e^ 2 ^ | | Il { ane » : | i ) #. (| f #7 | | Le 5 L” | | A =e E t | À 7 | j ; | \ | À ? ^ : | NZ / | d 7 N re ——— qi ! 12 Pholiota Fusca Wo Clavaria Cilrma Has Nonaconus i Dit ot ri se ll SI INIIPESCENS iÓ rasal iyreiia nida 19 EIN d ia 16. Phialea Capillipes 7 P àimpheore Dull.de la Soc.Bot.de France. | Torme XXI, PI 4 tb 29. C Cusin hth P. Petit del Imp Becquet Paris. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE (JANVIER-MARS 1876.) N. B. — On peut se procurer les ouvrages analysés dans cette Revue chez M. Savi, . 5 y À libraire de la Société botanique de France, boulevard Saint-Germain, 77, à Paris. Untersuchungen über die Alkoholgahrung (Recherches sur la fermentation alcoolique); par M. O. Brefeld (Verhandlungen der physik.-medic. Gesellschaft zu Würzburg, 26 juillet 1873, pp. 163- 178, et 1874, pp. 96-133). L'auteur (1) a vu des cellules isolées de levüre croitre dans diverses conditions expérimentales et notamment en l'absence absolue d'oxygène. Il conclut ainsi : 1) La levüre alcoolique a besoin, comme toutes les plantes, d'oxygène libre pour son développement et sa multiplication. — 2) En l'absence d'air, en l'absence d'oxygène libre, la levüre ne peut s'ac- croire, — 3) I n'est pas exact d'admettre que la levüre puisse, à défaut d'oxygène libre, en extraire, pour son développement, de combinaisons oxy- génées el notamment du sucre.— 4) [lest encore moins exact de croire que la fermentation soit une conséquence de. cette propriété reconnue à la levüre.— 5) Les cellules de levüre vivantes, mais ne se développant pas, soustraites à l'aecés de l'oxygène libre, déterminent la fermentation aleoo- lique dans les solutions sucrées. — 6) La fermentation est ici l'expression d'un mode vital anomal, incomplet, dans lequel les éléments nécessaires à la nutrition de la levüre, le sucre, les substances azotées et minérales et l'oxygène libre, n'agissent pas toutes simultanément et harmoniquement pour la croissance de la levüre. Le sucre employé dans ces. cas, seul ou en disproportion avec les autres substances nutritives, est divisé par les cel- lules de levüre en acide carbonique, alcool, ete. La levüre, grâce à un affaiblissement prolongé de sa force vitale, peut continuer cetle fonction anomale pendant une semaine. — 7) La cellule de levüre a une grande attraction pour l'oxygène libre; elle peut croître dans l'acide carbonique contenant en volume moins de 1/6000 d'oxygène libre, et s'approprier complétement cet oxygène. Cette. attraction pour l'oxygène libre n'appar- lient pas aux Champignons inférieurs, si ce west au Mucor racemosus el aux espèces les plus voisines. On peut tirer de cette propriété de la levüre (V) Voyez son mémoire sur le Mucor. racemosus, para. dans le Flora, 1873, n° 25 ipp. 185-100). T. XML (REVUE) | 9 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. un réactif très-sensible pour déceler des traces d'oxygéne.— 8) L'affinité que la levüre exerce pour l'oxygène libre réussit facilement à en appauvrir les liquides où elle vit, et par conséquent à les mettre en fermentation, bien que leur surface soit en contact avec le gaz (surtout si cette surface est obturée par une couche compacte de levüre). Gette remarque explique bien que l'on puisse observer à la fois la croissance de la levüre et la fermentation du sucre. Dans son second mémoire, M. Brefeld traite de la fermentation qu'opèrent les Mucorinées. Dans les liquides sucrés, elles se comportent, dit-il, comme les Saccharomyces. Lorsqu'elles ont consumé les éléments nécessaires à leur nutrition, ou seulement un seul de ces éléments, alors seulement elles s^ disposent à fructifier. Comme cela leur serait impossible dans l'intérieur du liquide qui les contient, elles dédoublent le sucre par fermentation, et l'acide carbonique qui en résulte, en venant crever à la surface du liquide, élève mécaniquement le mycélium, qui peut alors fructifier à l'air libre, d'autant que son poids diminue à mesure que la fermentation avance. Quand ce mycélium est placé dans des vaisseaux ou retenu par une cause queleonque qui l'empéche de monter à la surface du liquide, la fermenta- tion peut durer des semaines ou des mois entiers. L'auteur admet que l'aleool, quand il est produit en quantité considérable, géne et finalement empêche complétement la fermentation, sans tuer pour cela les cellules du cryptogame capables de prolonger leur vie. La fermentation ici est pour les Mucorinées un moyen de vivre quand elles sont placées dans des circonstances anomales, et un phénomène d'adaptation à des circonstances qui, sans lui, deviendraient contraires à la vie de l'espéce (1). Saccharomyces Cerevisicee und der freie Sauerstoff (Le Saccharomyces et l'ozygéne libre); par M. A. Mayer (Berichte der deutsch-chemischen Gesellschaft, 1874, p. 519). Ce travail consiste en une critique expérimentale des opinions de M. Bre- feld (2). Ce dernier expérimentateur, d'accord avec d'autres savants, a pensé que la levüre ne détermine la fermentation du liquide sucré que quand elle ne trouve plus d'oxygène libre dans le milieu ambiant, et qu'elle attaque le liquide pour s'en procurer. Mais M. Mayer a cultivé la levüre dans une solution sucrée, et au milieu d'un courant d'air ou d'oxy- gene qui traversait ce liquide. Il y a donc au moins un état intermédiaire à admettre dans la nature, celui où la levüre cherche l'oxygène nécessaire à sa nutrition tant dans l'air ambiant que dans le liquide sucré. (1) Pendant que nous étudions le sujet assez controversé de la fermentation, disons que, d'apres MM. Erlenmeyer et A. von Planta (Sitzungsberichte der K. Akademie zu Munchen, 1874, t. (1, p. 204), le pollen des Sapins agit sur la colle d'amidon comme un ferment, pour la transformer en dextrine et en sucre. (2) Voyez la Revue, t. xix, pp. 70 et 176. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 3 Ueber das Verhalten der Alkoholhefe in sauerstofffreien Medien (Comment se comporte la lerüre alcoolique dans les milieux à oxygène libre); par M. Traube (Berichte der deutsch-chemischen Gesellschaft, 1874, juillet, n° 11, p. 872). Cet auteur a repris les recherches de M. Brefeld et est arrivé à un résul- tat contraire. Il prouve que dans une atmosphère d'acide carbonique la levüre ne donne lieu à aucune fermentation; que la multiplication de la levüre peut avoir lieu sans accès de l'oxygène, bien que celui-ci la favo- rise évidemment ; que la fermentation peut avoir lieu en l'absence de l'oxygéne atmosphérique, mais qu'elle n'est accompagnée dans ce cas d'aucun acte de multiplication. L'auteur est d'avis que le ferment est un élément chimique, un état par- ticulier du protoplasma, qui n'a pas encore été isolé, et qui s'attache aux cellules de levüre, à celles du parenchyme des fruits et peut-étre à toutes les cellules. On sait en effet, et plusieurs chimistes l'ont. établi, que le raisin et d'autres espéces de fruits peuvent former de l'alcool sans levüre et sans oxygene.' Le protoplasma, dit M. Traube, est ou contient un ferment capable de détruire le sucre (1). Catalogue des graines du jardin botanique de Grenoble. Dans le Catalogue des graines récoltées en 1875, M. J.-B. Verlot signale l'Artemisia umbrosa Turez., espèce douteuse observée par lui sur quel- ques points des environs de Grenoble, qui diffère de l'A. vulgaris par ses feuilles incisées profondément à lobes aigus, entiers, presque réguliers, les supérieures lancéolées ou linéaires entières, son inflorescence pauci- flore, à rameaux penchés, ses fleurs solitaires un peu plus petites, presque unilatérales, et par l'époque de floraison de deux à trois mois plus tardive. Sur le nouveau genre Lanessania; par M. H. Baillon (Bul- letin mensuel de la Société Linnéenne de Paris, n° 1, séance du 5 mai 1815). Le nouveau genre Lanessania (Artocarpées) est établi pour le Brosi- mum turbinatum de Spruce. Ses fleurs mâles différent totalement de celles des Brosimum, en ce qu'elles se composent d'un calice gamosépale mem- braneux, 2-3-denté, et de deux ou trois étamines lihres, incluses, à filets aplatis et à anthères formées de deux loges. L'ovaire unique, situé au fond `~ (1) Ajoutons que M. H.-F. Brown a constaté qu'une diminution dans la pression uM sphérique retarde étonnamment les progres de la fermentation (Naturforscher, 1874, p. 368); et que M. Cohn a constaté que les Bactéries peuvent se développer avec très- peu d'oxygène, témoin le Bacillus subtilis, qui provoque la fermentation butyrique dans les conserves de lentilles préparées par la méthode Appert. Il en résulte que les Bacté- ries peuvent résister à la température de l'ébullition. 4 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dun réceptacle commun, est uniloculaire, uniovulé, adhérent, sauf vers son sommet, aux parois du réceptacle. Les feuilles sont alternes, stipu- lées, et les capitules pédonculés axillaires. Sur le nouvean genre Sphenostemon ; par M. H. Baillon (ibid., séance du 12 juin 1875). Le genre Sphenostemon appartient aux Ilicinées, dans lesquelles il con- stitue un type anomal. ll est formé de végétaux ligneux, originaires de la Nouvelle-Calédonie, dont le port et le feuillage sont à peu prés ceux des Drimys. Les sépales et les pétales, indépendants, caducs, imbriqués, sont charnus ; les étamines, alternes avec les pétales, sont des corps sessiles ressemblant assez bien par leur forme à un quartier de pomme ou d'orange ; leur réunion figure une petite sphère; les loges se trouvent sur les faces latérales de cette singulière anthére. Les fleurs femelles ont un placenta axile, sur lequel s'insère un ovule descendant, anatrope, à micropyle inté- rieur et supérieur, recouvert d'un épaississement conique du funicule, formant obturateur. Deux espéces en sont connues. A cette occasion, M. Baillon confirme ce qu'il avait déjà dit de l'affinité du genre Phelline avec les Hicinées. Les ovules des Phelline ont le micro- pyle primitivement dirigé en haut et en dedans, comme ceux des Sphe- nostemon, au lieu de l'avoir supérieur et extérieur, comme cela est dans le groupe des Rutacées, auquel on avait jusqu'à présent rapporté les Phelline. Sur la germination des spores et le développement du prothalle des Marattiagées ; par M. H.-F. Jonkman (Académie royale d'Amsterdam, classe des sciences, séance du 25 septembre 1815). Les spores du Marattia Kaulfussii sont bilatérales ou réniformes, rarement radiaires. Les premiéres, quelques semaines aprés avoir été semées, se gonflent, et il se forme dans leur protoplasma de la chloro- phylle d'abord floconneuse, puis grenue. L'exospore se fend en deux valves, et l'endospore se montre au dehors sous la forme d'une papille qui bientót grandit considérablement et acquiert une paroi assez épaisse. La premiére division de la cellule se fait ordinairement par uue cloison perpendiculaire à la direction de l'accroissement ; les deux cellules-filles se subdivisent ensuite une ou plusieurs fois par des cloisons perpendicu- laires à la première, d’où il résulte un prothallium ovale. A l'une des cellules inférieures naît la première racine capillaire. L'accroissement subséquent du prothalle ovale s'opère le plus souvent par une cellule apicale. La rénovation de cette cellule apicale est limitée. La croissance ultérieure du prothalle se fait par la multiplication des cel- lules marginales. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 5 Ces prothalles se composent d’une seule couche de cellules ; en quelques points seulement, par suite de divisions horizontales, on voit plusieurs cellules superposées. En se ramifiant aux bords ou à la surface, ces pro~ thalles prennent quelquefois une forme très-irrégulière, Un autre mode de développement du prothalle consiste en ce que, dés les premiéres divisions, il s'y forme un corps celluleus, quelquefois dépourvu de cellule apicale. Dans ce dernier cas, l'accroissement s'opère immédiate- ment par des cellules marginales, de méme que dans le premier, quand la cellule apicale a cessé de se renouveler. Dans d'autres cas, la premiere cellule qui émerge de la spore, au lieu d’être sphérique, est claviforme, Le prothalle est alors filamenteux. Les anthéridies se forment sur chaque face du prothalle. Chez les An- giopteris elles sont visibles quatre mois, chez les Marattia seulement huit ou dix mois aprés le semis. | Les Champignons ; par M. C. Cooke, sous la direction de M. J. Ber- keley. — Un volume in-8° de 274 pages. Paris, Germer Baillière, 1875. Les noms des auteurs qui ont signé ce livre doivent solliciter immédia- tement l'attention des naturalistes, Il est en effet écrit pour eux, puisque dés les premières pages, avant toute définition et toute exposition, les auteurs s'attaquent à des sujets qui dans l'état actuel de la science sont encore pour beaucoup des problémes : non-seulement la nature des Myxo- myeètes (qu'ils nomment Myrogastres, et qui pour eux présentent des analogies évidentes avec les Lycoperdon), mais encore l'hétérogénie, la théorie algo-lichénique, ete. Les auteurs admettent (page 5) la probabilité du développement de petits Champignons dans certaines solutions sans l'intervention de germes. Cependant il y a lieu, à leur avis, de douter que tous les germes aient été exclus ou détruits, plutót que d'admettre que des formes connues pour naitre tous les jours de germes se développent spon- tanément dans d'autres conditions. Relativement à la théorie algo-liché- nique, leur propre expérience les porte à eroire que certains Lichens sont dans une situation douteuse entre les Champignons et les Lichens, mais que, dans la grande majorité des cas, il n'y a pas la moindre difficulté à recon- naitre qu'ils différent positivement des Champignons, quoiqu'ils aient avec eux d'étroites affinités. Les gonidies des Lichens sont une partie de ces derniers, et par conséquent ne sont ni des Algues ni des corps étrangers ; il n'y a pas de parasitisme, et le thalle des Lichens est complétement inconnu parmi les Champignons. Après avoir savamment discuté ces questions controversées, les auteurs étudient dans autant de chapitres la structure, la classification, les usa- ges, certains phénomènes remarquables des Champignons (phosphores- cence, etc.), les spores et leur dissémination, la germination et l'aecrois- sement, la reproduction, le polymorphisme, les propriétés, l'habitat, la 6 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. culture, la distribution géographique, et enfin la récolte de ces Cryptogames. La classification adoptée par MM. Cooke et Berkeley est en substance celle du Systema mycologicum de Fries, modifié par M. Berkeley dans son Introduction to the cryptogamic Botany. Vs s'arrêtent toutefois dans cette étude taxinomique aux familles, telles que : Agaricini, Polyporei, ete., el pour comprendre plus loin, dans leur ouvrage, les termes d'Amanita, de Lepiota, il importe au lecteur d'avoir des connaissances plus approfondies. Ce livre fait partie de la Bibliothèque internationale, qui paraît à la fois en français, en anglais, en allemand, en russe et en italien. Vu la natio- nalité des auteurs et certaines expressions de l'édition francaise, 1l parait évident que celle-ci a été traduite sur le texte anglais primitif. Botanical Magazine ; par M. J.-D. Hooker, 1875. Londres, chez Lovell Reeve et C*. Voici les nouveautés décrites en 1875 dans le Botanical Magazine : Tab. 6445. Epidendrum syringothyrsis Rchb. f., de Bolivie.— Tab. 6150. Erythrotis Beddomei Hook. f. Le genre Erythrotis est un genre nouveau de Commélynées du Malabar, trés-voisin du genre Cyanotis, mais avec les sépales parfaitement libres et le style filiforme, sans renflement au-dessous du stigmate. Ici, tandis que le calice et la corolle sont rouges, les filets des étamines restent d'un bleu brillant comme dans les Cyanotis. La sur- face inférieure des feuilles est d'un rouge brillant. — Tab. 6155. Wahlen- bergia tuberosa Hook. f., n. sp., de Juan-Fernandez. — Tab. 6165. Dicho- risandra Saundersii Hook. f., n. sp., du Brésil. — Tab. 0166. Galanthus Elwesii Hook. f., n. sp., d'Asie Mineure. Cette espèce est plus forte dans toutes ses parties que notre Perce-neige. M. Hooker parait enclin à croire que le Galanthus nivalis L.,de l'Europe septentrionale, le G. plicatus Bieb., du Caucase, et le G. Imperati Bert., d'Italie, pourraient bien ne consti- tuer avec le G. Elwesii que des formes d'une méme espèce. — Tab. 6168. Crocus Crewei Hook. f., de l'Archipel grec, voisin du C. biflorus, avec le bulbe du C. levigatus Bory. — Tab. 6169. Dracæna Smithii Baker, n. sp., de l'Afrique tropicale, très-voisin du D. fragrans. — Tab. 6174. D. Huttoni Baker, n. sp., du Cap, voisin du D. bicolor Sweet (Iris bicolor Lindl.). — Tab. 6186. Draba Mawii Hook. f., de la Vieille-Cas- tille, voisin du D. hispanica Boiss. par son port, et par ses caractères plus encore du D. cantabrica Willk. — Tab. 6196. Ferula Sumbul Hook. f. M. Hooker relègue au rang de section le genre Euryangium, qui ne dif- fere, dit-il, du genre Ferula que par la grandeur des canaux résinifeéres. — Tab. 6198. Carica candamarcensis hort. belg., petit arbre qui pro- vient des Andes de Quito, et qui a fleuri à Kew à l'air libre. C'est le Chamburn mentionné par MM. Spruce et de Mello dans leur mémoire sur les Papayacées. — Tab. 6200. Calochortus citrinus Baker, de Californie ; REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 7 il appartient à la section Mariposa, et il rappelle le C. luteus par la lar- geur de sa fleur. — Tab. 6202. Gladiolus Cooperi Baker, du Cap : par la grande inégalité des segments supérieurs et des segments inférieurs de son périanthe, cette espèce se rapproche du G. psittucinus, dont elle dif- fére par la plus grande longueur du tube et par les lobes du périanthe aigus.— Tab. 6203. Decabelone Barklyi Dyer, nouvelle Stapéliée du Cap; elle est extrêmement voisine du D. elegans.— Tab. 6205. Calathea leuco- stachys Hook. f., voisin du C. Warscewiczii Klotzsch. Effeis et causes des coups de soleil sur le tronc des arbres ; par M. Henry Emery (Bulletin de la Société d'horticulture de la Côte-d'Or, juillet-août 1875). Une discussion a eu lieu sur ce sujet à la Société d'horticulture en 1874. On a attribué les fentes et crevasses à la radiation solaire. C'est ce dont il est impossible de douter, puisque ces fissures sont orientées toutes de la méme facon, regardant le couchant. Mais comme le phénoméne ne se montre point sur toutes les tiges exposées au soleil, il faut que la radiation solaire soit secondée par d'autres influences pour exercer ces ravages. Au Luxembourg, l'écoree de marronniers et d'Érables transplantés s'est fendue longitudinalement dans la région que frappe le soleil à trois heures, dans une méme allée, à l'exception de deux d'entre eux que l'on arrosait copieusement. Quand l'arbre est récemment transplanté, son chevelu est encore peu abondant, et par suite l'absorption fort ralentie ; le seul moyen de lui rendre de l'activité, en attendant qu'un puissant chevelu se soit reconstitué, est done d'arroser copieusement. En outre, puisque l'arbre est déjà fort, son feuillage est largement développé et sa transpiration abon- dante ; il est done géné par la soif. Mais tous ses organes ne souffrent pas au méme degré, car des observations et des expériences nombreuses ont montré que dans de telles conditions les feuilles ne se fanent qu'aprés avoir épuisé les sucs de la tige et des branches; sous cette double influence, la tige se desséche graduellement, et la privation de séve doit évidemment atteindre son maximum non pas précisément vers la fin du jour, mais quel- ques heures avant, au moment où le soleil étant sur son déclin, la trans- piration va commencer à se ralentir. Notice des explorations botaniques faites en Lorraine de 1857 à 1875 et de leurs résultats; par M. D.-A. Godron (extrait des Mémoires de l'Académie de Stanislas pour 1814); tirage à part en broch. in-8° de 125 pages. Nancy, impr. Berger-Levrault, 1815. Celle notice est un supplément, tracé suivant l'ordre taxinomique, et un supplément important à la deuxième édition de la Flore de Lorraine, de M. Godron. Un grand nombre de localités nouvelles ont été explorées dans le rayon de cette flore depuis 1857, et l'ont. enrichie d'espéces dont 8 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. quelques-unes étaient assez inattendues : par exemple, Suhularia aquatica, Salix nigricans, Pinus uncinata, Ornithogalum nutans, Carex alba et Isoëtes echinospora. M. Godron expose dans une introduction d'intéres- santes considérations de géographie botanique dont plusieurs sont déjà familières à nos lecteurs. Il insiste sur l'influence que les cours d'eau ont dù avoir pour disséminer dans la vallée les espèces vosgiennes, et particu- lièrement à l'époque quaternaire, puisque leurs stations sont élevées quel- quefois, en Lorraine, de 100 et méme de 150 mètres au-dessus du niveau actuel des rivières : ex. Ranunculus platanifolius, Aconitum Lycocto- num, Lunaria redivira, Seseli Libanotis, Festuca sylvatica, ete. Ces espèces croissent en Lorraine sur un sol calcaire (comme dans le Jura), bien qu'elles proviennent des formations siliceuses des Vosges. D'autres espèces, qui en proviennent également, ne se retrouvent en Lorraine que sur le diluvium siliceux d'origine vosgienne, notamment l'Arnica mon- tana, qui descend jusqu'à Épinal. L'ouverture du canal de la Marne au Rhin n'a pas été non plus sans influence sur l'immigration de certains végétaux dans les plaines de la Lorraine. On pourrait citer ici V Alyssum incanum, qui doit avoir été im- porté d'Alsace. Historia Filicum ; an Exposition of the nature, number and organo- graphy of Ferns, and Review of the principles upon which Genera are founded, and the Systems of classification of the principal authors, etc. — Un vol. in-16 de 430 pages avec 30 planches lithographiées. Londres, chez Macmillan et C^, 1875. M. Smith, l'ancien curateur du jardin de Kew, que l'affaiblissement de sa vue avait forcé de résigner ses fonctions dès 1864, a déjà, on le sait, publié un grand nombre de travaux sur la famille des Fougères, tant pour la classification générale de ces plantes que pour la description d'espèces nouvelles. Le Journal of Botany, en 1841, renferme dans deux de ses pre- miers mémoires l'énumération des Fougères des Philippines et une première tentative de classification de la famille ; le Genera Filicum, de W. Hooker et Dauer, paru en 1842, a les diagnoses de vingt-deux nouveaux genres de Fougères établis par lui; le Botanical Magazine pour 1846 contient la liste des Fougères cultivées à Kew, liste dressée par lui, et dont une deuxième édition a paru isolément en 1857 ; le Voyage de l'Herald, publié l'année précédente, lui devait la description des Fougères recueillies dans l'Amérique centrale par MM. Lay et Collie; et nous avons analysé ici, en 1866, son important traité intitulé: Ferns British and foreign, dontil nous avertit qu'une seconde édition est sous presse. La partie importante de ce livre est l'appréeiation des principales clas- sifications tentées sur les Fougères, entre lesquelles on sait qu'il y a tant de différences. M. Smith distingue, parmi leurs auteurs, des conservateurs / / REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 9 comme W. Hooker et Mettenius, et d'autres qui ne le sont guère, Cette appréciation ne s'étend pas aux travaux publiés dans ees dernières années ; vu l'infirmité dont l'auteur est atteint, son livre ne parait pas à sa véri- table date. M. Smith fait ressortir un fait assez peu connu, c'est que l'im- portance de la nervation dans le classement des Fougères a été remarquée d'abord par R. Brown. Il insiste aussi sur un fait signalé par lui dés 1841, et que M. Bommer a fait valoir plus récemment : c'est que l'obli- quité des tours de spire de l'anneau du sporange des Cyathéacées serait un caractère accidentel, dù à la compression subie par ce sporange. On lira encore avec beaucoup d'intérêt dans son livre ses observations sur la variabilité de la forme des sores chez certains types de Fougères (Pleo- peltis, Phymatodes, Pleuridium, Drynaria, Aspidium, etc.) (1), ainsi que sur la variabilité de la nervation. Dans les jeunes plantes, dit-il, les nervures sont souvent libres, alors qu'elles sont anastomosées sur des frondes plus âgées ou plus parfaites, ou sur d'autres échantillons de la méme espèce (2). Dans d'autres cas, la nervation, à l'état normal, varie sur la méme espèce selon le point où on la considère : chez les Adiantum, Lindsæa et Asplenium, où les nervures sont habituellement libres, il se rencontre accidentellement des anastomoses sur différents segments de la méme fronde. Les aveux de M. Smith sont d'autant plus précieux à enre- gistrer, que cet auteur est un des partisans les plus décidés des genres fondés uniquement sur l'anastomose des nervures (toutefois sauf pour la tribu des Hyménophyllées). M. Smith propose dans ce livre une classification nouvelle des Fougéres où se rencontre un certain nombre «de genres nouveaux. Le trait dominant de cette classification est la séparation des Polypodiacées en deux sous- ordres, Eremobrya et Desmobrya, selon une méthode déjà employée aupa- ravant par l'auteur. Il en résulte que le genre Polypodium de Mettenius se trouve réparti entre def tribus, Polypodieæ et Ctenopteridee, fort éloignées l'une de l'autre, comme appartenant, la première aux Eremobrya, et la seconde aux Desmobrya. L'ouvrage se termine par des généralités sur la géographie botanique, les usages, l'étymologie, ete. Sur les Amentacées ; par M. H. Baillon (Revue des cours scienti- fiques, 4 septembre 1875, n° 10, p. 223). Cette communication a été faite l'automne dernier par M. Baillon, au Congrés tenu à Nantes par l'Association francaise pour l'avancement des sciences, congrés dans lequel il présidait la section de botanique. Aprés avoir rappelé comment les Antidesmées, les Salicinées et d'autres familles q Apétales ont été successivement relirées de ce groupe pour être (1) Voy. le Bulletin, t. XX, p. XXI. (2) Voy. le Bulletin, t. xix, Séances, p. 253, et t. XX, p. XXI. 10 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. rapportées à des familles différentes, M. Baillon a fait connaitre dans ses principaux détails l'organisation des Myricées, qui, un jour peut-être, devront être placées dans un groupe distinct; puis des Leitneria de l Amé- rique méridionale, des Balanops de la Nouvelle-Calédonie et des Amen- tacées vraies, qu'il convient plutôt, dit-il, de désigner sous le nom de Cas- tanéacées, et dont le Chêne et le Châtaignier sont les deux types fonda- mentaux. Il décrit minutieusement l'organogénie de ces deux types, montre que la eupule du Chéne n’est réellement qu'un repli du pédoncule, comme l'avait indiqué Payer, et que certains Chénes de l'extréme Orient, offrant constamment une cupule lisse, présentent ainsi d'une manière permanente ce qui n'est qu'un état. transitoire dans les espéces de nos pays. Pour ce qui est des Chàtaigniers, il établit que ce qu'on désigne communément sous le nom de fleur est chez eux une inflorescence définie, une cyme bi- pare comprenant sept fleurs; par un développement tardif de l'axe, les quatre fleurs de troisième génération restent en dehors de l'enceinte com- mune et avortent généralement, mais elles ne laissent cependant pas que de jouer un róle assez important dans la fleur, car ce sont leurs pédon- cules qui, par une prolification secondaire, se transformeront en plusieurs séries de saillies crénelées, et ces crénelures deviendront autant d'aiguil- lons plus ou moins ramifiés. La cupule du Chêne et l’involucre épineux du Châtaignier sont donc des parties analogues; les prétendues bractées et les aiguillons sont en tout comparables ; mais, dans le Chéne, il n'y a qu'une fleur femelle se chan- geant eu fruit, tandis que dans le Chàtaignier il y a originairement sept fleurs dont un petit nombre, et généralement méme une seule se dévelop- pera ultérieurement et complétement. | Si l'on cherche en dernière analyse à appliquer ces résultats organogé- niques à la détermination des affinités des Amentacées, on voit, selon M. Baillon, que ces plantes (Leitnériacées, Balanggs, Castanéacées) sont des Combrétacées à peine amoindries, et que le Chéne n'est qu'un Termi- nalia légèrement modifié. Addenda nova ad Lichenographiam europæam, conti- nuatio 19^ et 20°, exponit W. Nylander (Flora, 1875, n° 1 et 7). Ne croyant pas utile de continuer à donner seulement les noms des espéces nouvelles établies par M. Nylander, et ne pouvant, à cause de l'étroitesse de notre cadre, reproduire les descriptions de toutes ces espèces, nous nous bornerons à le faire pour celles des espèces françaises, qui sont les suivantes : | Ephebein cantabrica Nyl. — Subsimilis Ephebæ pubescenti, sed apothe- ens extus subgloboso-tuberculosis, solitariis ; sporæ ellipsoideæ vel oblon- go-ellipsoide:w, longit. 0,011-16 millim., crassit. 0,0045-0,0065 millim. lodo gelatina hymenialis vinose subrubescens (thecæ præsertim tinctæ). Aff. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 11 Ephebeiæ solide. — Supra saxa arenaria humida montis la Ruhne prope Saint-Jean de Luz, in Pyrenæis occidentalibus (J. Richard). Collemopsis cesia Nyl. — Accedit ad C. ripariam (Arn.), sed thallus cæsius, apothecia rubescentia et sporæ nonnihil aliæ (longit. 0,015-19 mm., crassit. 0,007-8 mm.). Iodo gelatina hymenialis dilute ezerulescens, dein thecæ fulvescentes.— Supra saxa calcarea aprica prope Epernay (Brisson). Lecanora clancularia Nyl. — Thallus flavido-albidus, tenuis, inz qualis, diffracto-rimosus ; apothecia fusca minuta impresso-innata (latit. circiter 0,2 mm.), thelotremoidea (margine thallino non prominulo) ; sporæ 8-næ ellipsoideæ, longit. 0,021-28 mm., erassit.. 0,010-15 mm., paraphyses gracilescentes liberie. Jodo gelatina hymenialis vinose fulvescens ; præce- dente cærulescentia. Species ob spermogonia non visa dubiæ affinitatis. — Saxis siliceis umbrosis adnata prope La Motte Saint-Héray, in Gallia occidentali (J. Richard). Lecidea leptogica. — Apothecia nigricantia minuta (latit. circiter 0,3 mm.), planiuseula, subimmarginata (vel margine obtuso); spore 8-næ ellipsoideæ simplices vel (spurie) 1-septatæ, longit. 0,009-0,012 mm., crassit. 0,0045-0,0055 mm., paraphyses graciles, epithecium et perithe- cium fuscescentia, hypothecium incolor. lodo gelatina hymenialis non tincta, thecæ vinose fulvescentes. — Supra Leptogium muscicolam vetustum urbis Bressuire, in Gallia occidentali (J. Richard). Verrucaria rivulicola Nyl. — Thallus albidus subpulverulentus inde- terminatus ; apothecia fusco-nigra hemisphærico-prominula (latit. 0,25 mm.), perithecio fusco-rufescente dimidiato ; sporæ 8-næ oblongæ, lenui- ter T-septatæ, longit. 0,023-28 mm., crassit. 0,007-0,010 mm., paraphyses nulle. Todo gelatina hymenialis non tincta, protoplasma thecarum vinose fulvescens, — Supra lapides cretaceos ad rivulum prope Lenharré (Marne, Brisson). V. fluctigena Nyl. — Thallus fuscus subopacus sat tenuis, continuus aut passim rimosus; apothecia parum prominula, perithecio dimidiatim nigro depressiuseulo (latit. circiter 0,2 mm.) ; sporæ 8-næ oviformes l-sep- tatæ, longit. 0,013-15 mm., crassitie 0,006-7 mm., paraphyses mediocres irregulares (non confertæ). Todo gelatina hymenialis non tincta. — Prope Marennes in Gallia occid. supra scopulos caleareos marinos in æstibus submersos (J. Richard) ; in Anglia (Crombie). Collema granuliferum Nyl. — Subsimile Collemati melæno, sed thallo firmiore et pro parte globulis isidiosis (sæpe confertis) consperso ; apo- thecia rufescentia mediocria, margine thallino demum suberenato cineta ; Sporæ (fere ut in C. melano) 3-septatæ (interdum. septulis 12 jungenti- bus), longit. 0,025-32 mm., crassit. 0,008-0,12 mm. Laciniæ thallinæ subtus sepe longitrorsum conferte tenuiter plicatulo-rugulosæ in SICCO statu. — Supra saxa calcarea (libenter inter Muscos) in Gallia, e meridio- nali ad mediam, et in Anglia. 12 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. - Lecanora conizella Nyl. — Thallus albido-flavidus, tenuiter granulatus, subindeterminatus ; apothecia lutescenti-rufella minuta (latit. 0,2-03 mm.), margine thallino subgranulato obsoleto cincta; sporæ 8-næ ellipsoideæ, longit. 0,009-0,014 mm., crassit. 0,006-7 mm., epithecium lutescens (non inspersum), paraphyses fere mediocres. Iodo gelatina hymenialis cæru- leseens ; dein vinose vel violacee fulvescens, thecis obscurius tinctis. — L. conizea differt sporis turgidioribus. — In Gallia media prope Bonnat, ad basim Pini (E. Lamy). Verrucaria meliospila Nyl. — Subsimilis V. chloroticæ, sporæ autem longiores et 1-septatæ, longit. 0,021-27 mm., crassit. fere 0,0045 mm. ad septum subconstrictulæ et ibi facile fractze, paraphyses graciles sat copiosi, Thallus fusco-maculans satis effusus, gonidia chroolepoidea con- tinens. — Supra corticem Fraxini in Gallia occidentali (J. Richard). New list of the flowering Planís and Ferns of Chatham Islands ; par M. John Buchanan (Transactions and Proceedings of the New-Zealand Institute, vol. vu). M. le baron F. de Müller avait publié en 1864 une florule des iles Cha- tham, dans laquelle il a énuméré 44 Dicotylédones et 20 Monocotylédones. La liste donnée par M. Buchanan contient 109 Dicotylédones, 49 Monoco- tylédones et 47 Fougères ou Cryptogames supérieures : en tout, 205 espèces, doat 13 sont jusqu'à présent spéciales aux iles Chatham. Further. Experiments with Darnel; par M. Alexandre Stephen Wilson (Transactions and Proceedings of the Botanical Society, Kdim- bourg, 1874, pp. 38-44). Darnel est le nom anglais du Lolium temulentum. Les observations de M. Wilson, faites pour détruire une croyance populaire qui a obtenu droit de cité dans la science, établissent que l'Ivraie enivrante ne mérite point son nom, et que les accidents qu'elle a déterminés étaient dus sans doute à la présence de quelque ergot sur ses épis. Remarques sur la troisième et dernière livraison sup- plémentaire de la Flora danica; par M. Joh. Lange (Orer- sigt over det Kongelige danske Videnskabernes Selskabs Forhandlinger, 1874, n° 2, pp. 35-63). On sait que par suite d’un arrêté royal du 9 octobre 1847, le Flora da- nica représente la végétation de toute la Scandinavie et des possessions danoises du nord. Cette mesure a recu son exécution par la publication des livraisons supplémentaires, dont la troisième, parue en 1874, est la derniere (1). (i Ti reste encore à paraître trois livraisons de l'ouvrage principal. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 15 Sur les 60 planches de cette dernière livraison, il y eu a 19 qui repré- sentent des espèces non encore figurées. Le supplément compte 37 espèces qui n’ont pas été trouvées dans le reste de l'Europe. Quelques-unes d'entre elles croissent aussi en Sibérie ou dans l'Amérique du Nord. M. Lange se livre dans son mémoire à une étude géographico-botanique de la presqu'île scandinave. H y trouve cinq zones qui se distinguent par une végétation spéciale, la zone arctique, les montagnes de la Norvége, la côte occidentale de la Norvège (1), les iles de Gothland et d'Üland et les provinces méridionales (Scanie et Bleking). Flora orientalis, sive Enumeratio plantarum in Oriente a Græcia et Egypto ad Indi: fines hucusque observatarum, auctore Edm. Boissier. Vol. m, 1875. Le troisième volume du Flora orientalis comprend les Caprifoliacées, Rubiacées, Valérianées, Dipsacées, Composées, Campanulacées, Sphéno- cléacées, Vacciniées, Pirolacées et Monotropées. La famille des Sphénocléa- cées (Mart. Consp. n° 162) ne comprend que le Sphenoclea Pongatium DC. (Schrebera Pongati Retz.). Ce volume, comme le précédent, est toujours remarquable par l'abondance des genres monotypes et par l'abondance des espèces dans certains genres. Ainsi on y remarque 37 Artemisia, 34 Lac- tuca, 49 Asperula, 44 Jurinea, 42 Valerianella, 42 Echinops, 50 Pyre- thrum, 67 Scorzonera, 72 Senecio, T4 Cirsium, 91 Galium; 93 Achil- lea, 125 Campanula. Le genre Cousinia atteint 136 espèces, le genre Centaurea 183. A cause des publications antérieures de M. Boissier, il y a très-peu de nouveautés dans cet immense ensemble. Nous distinguons cependant un genre nouveau, Psychrogeton, établi pour le n° 1052 de Griffith, « herba perennis facie Erigerontis, ab eo et Heterochæta ligulis tridentatis, a Diplopappo hac nota et ligulis plurise- rialis, ab omnibus affinibus capitulo homochromo luteo distincta. » Avec ce troisième volume a paru le premier fascicule du tone 1v, qui renferme l'exposition des familles suivantes : Lentibulariées, Primulacées, Myrsinéacées, Ébénacées, Aquifoliacées, Styracacées, Oléacées, Jasmi- nées, Asclépiadées, Gentianées, Bignoniacées, Sésamées, Cyrtandracées, Polémoniacées, Convolvulacées (Convolvulus 66 esp.), Borraginées (He- liotropium 55 esp.). | Ces travaux ne modifient point, comme on le pense, les notions déjà acquises sur la distribution géographique des plantes orientales. Is carac- térisent davantage les régions déjà connues, et font apprécier la limitation de la région méditerranéenne proprement dile à la Syrie, et la prolongation de la région désertique à Persépolis et dans le Béloutehistan (on sail (Vi Dans la liste de plantes spéciales à cette côte donnée par M. Lange, il se trouve un mélange d'espèces de la flore alpestre et d'autres de la. flore atlantique, 14 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. qu'elle pénètre jusqu'à l'Inde). Ils nous font constater de plus, entre autres, un fait encore inexpliqué : c'est que parmi les plantes de la Perse méri- dionale, les unes (et un grand nombre) lui étant propres, les autres lui sont communes avec les montagnes de l'Europe et méme jusqu'à l'Amé- rique septentrionale, les autres avec les sommets de l'Himalaya. Symbolæ ad floram Brasiliæ centralis cognoscendam ; part. xix, Musci frondosi a clar. D' A. Glaziou in vicinia urbis Rio-de- Janeiro lecti, auctore. Ernst Hampe (Videnskabelige Meddelelser for aaret A814, n° 0-11, pp. 129-178). Cet important mémoire ne comprend que des indications ou des des- criptions d'espèces, au nombre de 158 en tout. Il y a des nouveautés dans les genres Sphagnum, Amphoritheca, Hyophila, Syrrhopodon, Tricho- stomum, Barbula, Oreo- Weisia, Pilopogon, Dicranum, Cryptopodium, Bartramia, Zygodon, Macromitrium, Schlotheinia, Rhodo-Bryum, We- bera, Pilotrichum, Clasmatodon, Daltonia, Lepidopilum, Porotrichum, Eu-Hookeria, Hookeria, Hypnum, Conomitrium, Hypopterygiwm. Les plantes ornemeníales à feuillage panaché et coloré; ouvrage édité par M. Alexis Dallière, horticulteur à Gand (Belgique) ; et rédigé par MM. Alfred Cogniaux et Elie Marchal.— 2 vol. avec planches, 1873-74.. Les deux volumes de MM. Cogniaux et Marchal ont paru à un an de dis- tance, imprimés, le premier à Gand, et le second à Braine-le-Comte. Les litres d'entrée diffèrent. Ce sont des recueils de planches en regard desquels un texte présente l'étude complète de la plante figurée au triple rapport bota- nique, historique et horticole. Les descriptions, toutes originales, ont été faites sur les plantes mêmes. Les plantes sont comparables à ce qui a été fait en Belgique de plus beau dans ce genre. Le texte donne souvent des détails intéressants ou des remarques nouvelles sur la classification des plantes. Die Oelkærper der Lebermoose (Les corpuscules huileux des Hépatiques) ; par M. W. Pfeffer (Flora, 1874, n° 1, 2 et 3). Ces formations ont été signalées pour la première fois par M. Got- tsche (1) et étudiées ensuite par M. Holle (2). Le premier de ces savants les nommait corpuscules, et le second, vésicules intracellulaires. Elles varient, selon les espèces, de l'état de fines gouttelettes rares à celui de grosses vésicules grasses. Les plus grosses (indépendamment des Mar- chantiées) sont celles du Radula complanata. On les a trouvées dans tous (D Anatomisch-physiologischen Untersuchungen ueber Waplomitrium Hookeri, in Ver- handl. der Leopold.-Garol. Akad., 1843, t. xit, 17 livr., p. 286. (2) Leber die Zellenblaschen der Lebermoose, 1857, p. 11. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 15 les organes des Hépatiques. M. Pfeffer étudie longuement la composition et le développement de ces organes. En les traitant par l'aleool étendu, ou par la chaleur, on obtient la dit- férenciation d'une membrane enveloppante ; le contenu se partage en deux parties dont l'extérieure parait par sa réfraction n'être que de l'eau, et l'intérieure être la substance grasse concentrée. Par l'action de l'alcool absolu, on obtient autour du globule intérieur la différenciation d'une seconde membrane. Ces corpuseules renferment done de l'eau. Aussi Ia glycérine et une forte solution sucrée en diminuent-elles le volume. Enfin quand une digestion prolongée avec l'éther ou l'alcool a séparé la matière grasse, il reste une masse granuleuse qui pourrait bien être de nature protéique. Après avoir étudié leur ròle physiologique, M. Pfeffer arrive à une con- clusion un peu inattendue. Ces corpuscules ne sont pas pour lui des maté- riaux mis en réserve pour le développement de la plante, mais des pro- duits d'exerétion, comparables à la cire de certaines exsudations végétales. Il est remarquable que ces corpuscules existent sans altération chez des Hépatiques maintenues depuis trois mois dans l'obscurité. Les cellules où on les rencontre ne contiennent jamais de chlorophylle, et ils se montrent à une époque ou la chlorophylle n'est pas apparue ou ne l'est encore qu'in- complétement. Recherches sur l'absorption d'oxygène et l'émission d'a- cide carbonique par les plantes maintenues dans l'obscurité; par MM. Dehérain et Moissan (Ann. sc. nat., t. xix, 1874, pp. 321-377). Voici les conclusions de ce mémoire : l^ Les quantités d'acide carbonique émises par les feuilles dans l'obs- curité sont comparables à celles que produisent les animaux inférieurs. 2° Ainsi que l'avait observé M. Garreau, la quantité d'acide carbonique émise par les feuilles augmente avec l'élévation de la température à la» quelle elles sont soumises. ité 3 La quantité d'oxygène absorbé par les feuilles surpasse la quantité d'acide carbonique produite ; la différence est surtout sensible aux basses lempératures, qui paraissent favoriser dans les plantes la formation de produits incomplétement oxydés, tels que les acides végétaux. | 4 Les feuilles plongées dans une atmosphère dépouillée d'oxygène con- ünuent d'y émettre de l'acide carbonique pendant plusieurs jours, aux dépens de leurs propres tissus ; cette émission parail ne cesser que lors- que toutes les cellules sont mortes. La résistance à l'asphyxie par absence d'oxygène varie singulièrement d'une espèce à l'autre. 5 Il est probable que la combustion lente qui prend naissance dans les feuilles produit la chaleur nécessaire à la formation des principes immé- 16 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. diats qui s'y élaboreut. On remarque, en effet, que l'émission d'acide car- honique est favorisée parla chaleur obscure, qui exerce aussi une influence décisive sur la rapidité de croissance des plantes ; tellement que les horti- culteurs ont reconnu utile, depuis longtemps, de perdre une partie dela chaleur lumineuse que déverse le soleil, en maintenant les plantes sous des abris vitrés où se rencontre au contraire la chaleur obscure. Untersuchungen über die Beziehungen des Lichtes zam Chlorophyll (Recherches sur les relations de la lumière avec La chlo- rophylle) ; par M. Julius Wiesner (Sitzungsberichte der Kais. Akade- mie der Wissenschaften, math.-naturw. Classe, t. Lxix, avril 1874, pp. 221-385). Une introduction historique, qui aurait pu être facilement allongée, mène l'auteur à reconnaitre comme démontré que les rayons les plus éclai- vants du spectre, c'est-à-dire les rayons jaunes, sont aussi ceux qui pos- sedent Ja plus grande force d'assimilation. Les recherches de M. Pfeffer nous ont aussi montré que la nature a départi à chaque rayon. du spectre visible une certaine action sur la décomposition de l'acide carbonique (1). Laissant de côté les phénomènes lumineux qui concernent l'assimilation des végétaux, comme assez connus, M. Wiesner a concentré ses études sur ceux de la décomposition de la ehlorophylle, qu'il examine d'abord. dis- soute et ensuite solide. Les questions assez controversées de l'action. des dissolvauts et des divers modes de décomposition de la chlorophylle Far- réleat un instant, bien qu'elles ne fassent ni l'objet, ni l'intérêt principal de son mémoire. La nature du dissolvant employé exerce, dit-il, une grande influence sur la rapidité avec laquelle se détruit la chlorophylle sous l'influence de la lumière. Cette proposition, résultant de nombreuses expériences, peut servir à expliquer certaines contradictions entre les conclusions de mémoires récents. D'un autre côté, la rapidité de la déconi- position de la chlorophylle croit avec la diminution de la coucentration de la solution employée dans l'expérience. Mais le degré de la concentration de la solution est sans influence sur la décomposition que la xanthophylle subit sous l'influence lumineuse. Quant à la question controversée de la nature des rayons qui agissent sur la décomposition de la chlorophylle, M. Wiesner trouve que ce sont encore les rayons jaunes qui agissent le plus dans ce phénomène, et, aprés eux, les rayons placés à leurs cótés dans le spectre, c'est-à-dire les rayons verts et les rayons orangés. Il y a dans ce résultat, qui du reste n'est. pas neuf, une contradiction apparente. Comment seraient-ce les mêmes rayons qui soient chargés de la production et de la destruction d’un mème prin- cipe, la ehlorophylle ? L Vos. le Zulletin, t Nvin (Revue), p. 105 et 008, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 17 Voici comment la nature, d’après l'auteur, échappe à cette contradic- tion. C'est que l'intensité de l'éclairage joue un grand rôle (1) dans le phénoméne, et que pour la destruction de la chlorophylle cette intensité doit étre plus grande que pour la formation de ce principe. L'intensité lumineuse à laquelle commence la décomposition de la chlorophylle est très-vraisemblablement, dit l'auteur, la méme que celle à laquelle cesse la décomposition de l'acide carbonique. La xanthophyllé, au contraire, se décolore surtout sous l'influence de l'action des rayons chimiques. La décomposition de la chlorophylle, du commencement à la fin, est pour l'auteur un fait d'oxydation, au lieu d’être due, comme l’a eru M. Ger- land, d'abord àun phénomène d'oxydation, puis à une transposition molé- culaire qui se continuerait sous l'influence de la lumière seule. La tem- pérature n'aurait sur la rapidité de cette décomposition aucune influence. Dans l'obscurité, la décoloration de la chlorophylle est due, selon M. Wiesner, à la formation d'acides organiques qui se produisent en grande quantité chez les plantes cultivées en l'absence de la lumiére. Si ces acides ne se forment pas, dit-il, les plantes restent vertes dans l'obscurité. Manipulus Muscorum novorum ex America septentrio- mali; auctore C. Müller (Flora, 1875, n° 5 et 6). Les nouveautés décrites par M. Müller sont les suivantes : Bryum Atwateriæ, dela Californie ; Dicranum (Campylopus) subleucogaster, de l'Alabama ; Barbula (Senophyllum) Isoriana, de la Louisiane ; B. (Seno- phyllum) purpurea, de la Californie; Hypnum (Tripterocladium) leuco- cladulum, de l'Orégon ; H. compressulum, du méme pays; H. (Homalo- thecium) pseudosericeum, de l'Orégon ; H. (Brachythecium) biventrosum, de la Louisiane ; H. (Cupressina) Sequoieti, de la Californie; H. depres- sulum, de la Nouvelle-Angleterre ; Neckera Ludovicie, de la Louisiane ; enfin deux Mousses du Colorado, Mnium (Aulacomnium) papillosum et Bryum (Eubryum) lonchocaulon. Ueber den Einfluss des Rindendruckes auf den anato- ~ mischen Bau des Holzes (Sur l'influence que la pression de l'écorce exerce sur la structure anatomique du bois) ; par M. Hugo de Vries (Flora, 1875, n° 7). D'aprés l'auteur, le nombre des partitions cellulaires qui s'effectuent dans le cambium, sur un point donné, dépend de la pression qui s exerce sur lui dans le sens du rayon; et plus cette pression est forte, plus est faible le nombre de ces partitions. La même loi, ou du moins une loi analogue, régit l'aceroissement des organes élémentaires du bois dans la direction radiale ou tangentielle. M. de Vries admet encore, comme une (1) Voyez une note de M. Prillieux, t. xvi, Revue, p 202. VUE) 7 T. XXIII. (RE 48 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. déduction résultant de ses expériences, que la proportion de vaisseaux ct de fibres ligneuses qui se trouvent dans une méme couche annuelle de bois dépend de la pression sous laquelle s'est formée cette couche ligneuse, et que plus cette pression est forte, plus est faible le nombre relatif des vaisseaux de la couche qui la supporte. La pression exercée par lécorce explique encore un fait, c'est que, daus une méme couche annuelle du tronc, on voit de l'intérieur à l'extérieur diminuer non-seulement le nombre et la largeur des vaisseaux, mais encore le diamètre des fibres ligneuses. Bemerkungen ueber rationale und irrationale Diver- genzen (Recherches sur la divergence rationnelle et irrationnelle) ; „par M. Julius Wiesner (Flora, 1815, n° 8 et 9). Nos lecteurs se rappellent les tentatives qui ont été faites il y a longtemps par les fréres Bravais, et depuis par d'autres auteurs, pour symboliser dans une formule unique les fractions qui expriment les angles de diver- , , 3V5 gence. [ls se rappellent aussi que cette formule a été donnée sn - par MM. Bravais, pour valeur de la série périodique indéfinie dont les réduites successives sont les fractions $, 1, 2, 3, ete., valeurs des angles de diver- gence les plus fréquents, ou de divergence rationnelle, pour parler le langage de M. Wiesner. Cette série a la forme mathématique suivante : 1 d'autres ont 1 2+1 3 +1 1+1 1 +41 1..... 1 et ainsi de suite en augmentant toujours d'une unité le dénominateur de la premiere fraction. Ce sont les séries qui donnent les angles de diver- gence irrationnels. L'auteur nomme z, dans toutes ces séries, le dénomi- nateur variable de la première fraction, et æ la série fractionnaire qui le 1 . . 2c sidérations purement mathématiques, où nous ne pouvons le suivre, suit, de sorte que chacune de ces séries devient . À l'aide de con- acusa V 5- . il établit que L=——, et en substituant cette valeur pour différentes valeurs de z dans des équations de la formule ! , | 8 + x 5 3 . TN que pour z —2, on a (ce qui est l'ancienne formule de MM. Dra- vais, sur laquelle il retombe par un nouveau circuit mathématique); et 5y5 1V5. . 19 » € pour 2—4, = ete. M. Wiesner indique soigneusement les angles de divergence qui correspondent à chacune de res deux séries, il arrive à prouver qu'on a pour z —3, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 19 Influence de l'effeuillage des Betteraves sur la produc- tion du sucre; par M. Ch. Viollette (Comptes rendus, t. LXXXI, séance du 4 octobre 1875). Aprés avoir planté des Betteraves de méme variété dans le méme carré de terrain, M. Viollette a fait subir trois forts effeuillages successifs aux Detteraves de la moitié de son carré d'essai et a laissé l'autre moitié sans effeuillage. Le travail du savant doyen de la Faculté des sciences de Lille est fondé sur l'examen : 1° de 37 Betteraves effeuillées trois fois pen- dant le cours de leur végétation ; 2° de 40 Betteraves venues dans les mêmes conditions, mais demeurées intactes. L'examen comparatif a appris à M. Viollette que la proportion générale de sucre était de 10,54 pour le premier lot et de 13,11 pour le second. Comme, d'un autre cóté, celles du second lot formaient d'ensemble un poids bien supérieur, M. Viollette s'est cru autorisé à formuler cette double conclusion que l'enlévement des feuilles nuit tout autant à la formation de la matiére végétale en général qu'à celle du sucre en particulier. Enfin ces deux résultats généraux lui ont paru établir que la matière saccharine est produite dans et par les feuilles, d’où elle serait ensuite simplement transportée dans le corps méme de la Betterave. De l'emploi des moyennes en physiologie expérimentale, à propos de l'influence de l'effeuillage des Betteraves sur la production de la matière sucrée; par M. Cl. Bernard (Comptes rendus, t. LXXXI, séance du 26 octobre 1875). M. Cl. Bernard conteste la légitimité des résultats obtenus par M. Viol- lette. Il dit que l'emploi des moyennes a conduit ce chimiste à des conclu- sions tout à fait attaqüables au point de vue physiologique. Il s'en faut que toutes les Betteraves effeuillées se soient montrées chacune plus pauvre en sucre que les Bettereves normales non effeuillées. Pour la diminution de volume des Betteraves, les résultats sont encore contradictoires, et quant aux cendres qui représentent la partie terreuse des Betteraves, il n'y a vraiment pas une différence bien réelle entre les Betteraves effeuillées et les Betteraves non effeuillées. L'effeuillage, dit M. Cl. Bernard, introduit dans le systéme fonctionnel de la plante une condition nouvelle, qui certainement en trouble ou en modifie la végétation, mais d'une maniére si complexe et encore si obscure, qu'on ne saurait en déduire aucun argument direct en faveur de la locali- sation de la formation sucrée dans la feuille. Si d'ailleurs la matière sucrée * se produisait uniquement dans la feuille de la Betterave pour aller ensuite se concentrer dans sa racine, il en devrait résulter une richesse en sucre d'autant plus grande qu'il y a plus de feuilles à la plante ; on pourrait ac- croître la proportion de sucre en développant la formation des feuilles, 20 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. calculer la richesse sucrée d'après la surface foliacée, et surtout on devrait toujours constater chez les Betteraves effeuillées moins de sucre que cliez les autres. Sur l'effeuillage des Betteraves; par M. Ch. Viollette (Comptes rendus, séance du 22 novembre 1875). M. Viollette répond que dans les tableaux qu'il a présentés à l'Acadé- mie, les résultats sont concordants pour ses Betteraves de poids analogue, et que toutes les différences ainsi évaluées s'expriment dans le méme sens. A poids égal, dit-il, toutes les Betteraves effeuillées, sans exception, sont moins riches que les Betteraves non effeuillées. Ces différences sont en réa- lité de 30 à 60 pour 100 environ de la quantité observée après l'effeuillage. M. Viollette ajoute qu'il y a un fait parfaitement établi par l'expérience et la pratique : c'est que plus le collet est garni de feuilles régulièrement espacées, plus la Betterave est riche, et que moins elle a de feuilles, moins elle est riche, à poids égal, bien entendu. M. Duchartre a répondu dans la méme séance à M. Cl. Dernard et dans le méme sens, en tenant un compte trés-sérieux du poids dans la compa- raison à établir entre les Betteraves effeuillées et celles qui ne le sont pas. Àu point de vue du développement absolu, dit-il, l'avantage a été aussi prononcé que possible du côté des Betteraves feuillées ; et d'un autre côté, à poids égaux, les Betteraves effeuillées ont été invariablement et sans une seule contradiction, beaucoup plus pauvres en sucre que celles qui avaient conservé leurs feuilles. M. Duchartre admet complétement la légitimité des expériences et des interprétations de M. Viollette (1). De l'influence de l'effeuillement des Betteraves sur la production de la matiére sucrée ; par M. Cl. Bernard (Comptes rendus, séance du 29 novembre 1875). M. Cl. Bernard ne méconnait pas la justesse des remarques de ses contradicteurs, mais il affirme que ceux-ci n'ont pas prouvé que l'emploi de la méthode des moyennes soit propre à juger la question scientifique en litige. I n'y a pas en réalité, dit-il, deux Betteraves du même poids et exactement comparables, de sorte qu'il faut toujours finalement recou- rir à des moyennes tirées de la comparaison d'un certain nombre de 0) M. Corenwinder conclut ainsi un mémoire lu par lui à la Société des sciences de Lille, le 5 novembre 1875 : 1? L'effeuillage des Betteraves, tel qu'on l'effeetue dans nos fermes, diminue de beaucoup le rendement de la récolte. Qo Cette opération est désavan- tageuse aussi à l'industrie sucrière, parce qu'elle fait disparaître une partie notable du sucre de Ja Betterave. 3° La Betterave effeuillée puise dans le sol une dose nouvelle de matières salines qui nuisent en outre à la quantité ainsi qu'à la qualité du sucre qu'on doit en extraire, — On trouvera encore, dans le Journal des campagnes de 1875 des résultats communiqués, à une séance du cercle agricole du Pas-de-Calais jar M Delecour. résultats qui prouvent combien est funeste la pratique de l'effeuillage. k | REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 91 résultats plus ou moins différents les uns des autres. Il ne conteste pas l'importance que peut présenter la méthode de M. Viollette pour évaluer le rendement agricole ; ce qu'il conteste, c'est qu'on puisse jamais dé- montrer expérimentalement par cette métliode que le sucre se forme plutót dans la feuille que dans la racine. Si l'on croit pouvoir conclure que l'ef- feuillage diminue la grosseur et le rendement en sucre des Betteraves, cela indique simplement que l'effeuillage fait souffrir la plante, et que cette souffrance peut se traduire par un moindre volume de la Betterave et par une diminution de la proportion de sucre qu'elle contient. Ouelques réflexions à propos de la formation du sucre dans la Betterave; par M. P. Duchartre (Comptes rendus, séance du 6 décembre 1875). M. Duchartre établit que les matiéres saccharoides, et parmi elles l'ami- don plus que toutes, ont la feuille ou plus généralement les organes verts pour lieu essentiel de production, et que cet amidon, produit dans les grains de chlorophylle à Ja lumière solaire, et à la suite de la décompo- sition de l'acide carbonique de l'air, subit à l'obscurité une action diasta- sique ou autre qui le transforme en une substance dérivée soluble et en permet le transport dans d'autres parties du végétal. Tl cite l'opinion de de M. J. Sachs, d'aprés lequel l'amidon ne peut se produire chez les plantes que dans et par la chlorophylle. M. Duchartre cite en outre ce qui se passe dans la formation des tuber- cules de la Pomme de terre, et rappelle que dans les plantes dont les feuilles ne produisent pas d'amidon, il se forme, à la place de celui-ci, du glycose en quantité parfois considérable. Dans le cas spécial de la Betterave, c'est à l'état d'amidon que se pro- duit, dans les feuilles, l'hydrate de carbone qui dans le pétiole se montre en grande quantité à l'état de glycose, et que l'action spéciale des cellules de la racine n'aura qu'à faire passer à l'état de sucre de canne ou saccharose. En effet, d’après les analyses de Nobbe et Siegert, le sucre n'existe pas encore dans les feuilles de la plante. | Enfin la proportion de suere de canne contenue dans la racine de la Detterave se rattache à celle de l'amidon renfermé dans les feuilles de celle plante comme l'effet à sa cause ; l'effeuillage amoindrissant la cause, l'effet est diminué par cela méme, sans qu'il y ait, dit M. Duchartre, à faire intervenir un état de souffrance dont il ne concevrait guére que l'in- fluence s'exercàt sur la proportion de sucre formée plus que sur celle des autres substances organiques. Expériences sur la culture des Betteraves; par M. Henry Vilmorin. Cette communication a été faite par M. Vilmorin à la Société centrale d'agriculture de France dans sa séance du 29 décembre 1875. Il a re- 99 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. connu que plusieurs des substances minérales, communément employées comme engrais, exercent une influence fàcheuse sur la germination des graines. Là oü, dans ses cultures, les couches superficielles du sol avaient été additionnées d'engrais minéraux et principalement de ni- trate de soude en quantité un peu forte, la germination des graines a été extrêmement lente ou même a manqué tout à fait. La Société d'agricul- ture de Compiègne a remarqué d'ailleurs que sur une bande de terrain fumée avec du sulfate d'ammoniaque, les Betteraves avaient levé plus tardivement et plus irréguliérement que sous l'influence des autres engrais. Dans des expériences méthodiques, des grains de Blé et de Betterave ont été considérablement retardés dans leur germination sous l'influence du nitrate de potasse, du phosphate acide de chaux, et principalement du nitrate de soude, quand la proportion des engrais s'est élevée à 5 p. 100 du poids de la terre. A la dose de 10 p. 100, le nitrate de soude empêchait entièrement de germer la moitié des grains de Blé et les 9/10 des graines de Betterave. Le phosphate de chaux précipité en très-petite proportion, 1/2 ou 1 p. 100, a paru entraver la germination, tandis qu'à la dose de 9 p. 100 il a semblé au contraire la favoriser et l'améliorer. A mew Classification of Apples (Nouvelle Classification des pommes) ; par M. Robert Hogg (Journ. of Horticulture, 9 mars 1876, pp. 185-187, avec planches). M. Hogg ne présente cette tentative systématique que comme un essai dont il ne se dissimule pas les imperfections, bien qu'il travaille depuis longues années à l'établir. Cette tentative était évidemment, et à priori, d'autant. plus difficile, que les fruits à classer appartiennent non à des espéces différentes, mais (pour la trés-grande majorité d'entre eux au moins) à des variétés d’une méme espèce; de sorte qu'il se présente presque toujours des transitions entre ceux de leurs caractères qui parais- sent à première vue le mieux tranchés. Dans son classement, M. Hogg a recours en premier à la forme de l'œil du fruit, qui se présente ouvert ou fermé, et à celle des loges renfermant les graines, qui peuvent également se présenter ouvertes ou fermées; puis à la structure du tube calicinal, qui peut être conique dés la base, ou d'abord étroit et comme cylindrique avant de s'évaser (infundibuliforme). Il considère ensuite l'insertion des étamines, qui peut se faire à différentes hauteurs sur la paroi interne du tube calicinal, et par conséquent être marginale, médiane ou basale, puis la longueur de ce tube ; et ce n'est qu'en dernière analyse qu'il tient compte de la forme du fruit, lequel est conique, oblong ou ovale, M. Hogg classe sous ces différents chefs une grande quantité de pommes, d'aprés leurs noms anglais. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 23 La vérité sur le prétendu Silphion de la Cyrénaïque (Silphium cyrenaicum du docteur Laval) ; ce qu'il est, ce qu'il n'est pas; par M. F. Hérineq. — Broch. in-8° de 45 pages. Paris, libr. de Lauwereyns, 1876. Nos lecteurs connaissent déjà la question du Silphium par quelques ana- lyses faites dans cette Revue, par le mémoire que M. Cauveta lu à la Société, dans la séanee du 8 janvier 1875, et par le voyage de M. J. Daveau, dont le récit a été lu à la Société dans la séance du 10 décembre 1875. C'est prin- cipalement en s'appuyant sur les résultats de ce voyage, dont il reproduit quelques traits (d'aprés la Revue horticole, octobre 1815) et dont il publie la carte, que M. Hérineq nie la valeur attribuée au Silphium cyrenaicum, dont le nom figure en vedette sur la devanture d'une pharmacie de Paris. M. Hérineq démontre d'abord que le Thapsia Silphium de Viviani (Sil- phium eyrenaicum du docteur Laval) est tout simplement le Thapsia garganica de la région méditerranéenne ; il prouve ensuite que ce n'est point le Silphion des Grecs. Feu le professeur Œrsted avait été jusqu'à prétendre que ce n'est point une Ombellifère. Les médailles de Cyréne représentent une espèce à feuilles opposées-connées, et à graines cordi- formes ; ses feuilles sont, d'aprés les auteurs, semblables à celles du Persil. Les bestiaux engraissaient par l'usage du Silphion, etle Thapsia de la Cyrénaique les tue. Le Silphion ou Laserpitium, sorte de panacée, était de plus très-recherché par les gourmets. Or la plante récoltée par Laval ne pourrait étre un condiment, et l'on se garderait bien, assurément, d'en manger la racine fraiche coupée par tranches ; il est indispensable de priver le Thapsia de la Cyrénaique de son principe vésicant avant de l'employer comme agent médicamenteux. Quant à la différence des extraits, invoquée par M. Cauvet, il suffit, objecte M. Hérineq, que l'on puisse sup- poser qu'une substance étrangère a été mêlée à la poudre de Silphium Cyrenaicum, pour que l'argument tiré de cette différence soit absolument sans valeur. Sur la présence du fer dans le Blé et sur l'action des Lichens sur les roches; par M. B. de Gasparin (Journal de l'agriculture, 1810, pp. 453-455). Les analyses de MM. Boussingault et Fresenius rapportées dans le sixième volume du Traité de MM. Pelouze et Fremy accusent presque l'absence du fer dans le Blé, d'après l'analyse du froment d'Alsace. Les recherches de M. de Gasparin, faites sur du Blé de Provence, lui ont au con- traire révélé que le sesquioxyde de fer constitue presque le cinquième du poids des cendres de blé (1). Tl s'est convaincu que les réactifs employés diverse donnent des cendres identiques. On lira 1 Il , H ` se arioine (1) Il s'en faut que les Blés d'origine ds, C'ticemment paru dans les avec intérêt, sur ce sujet, un mémoire de M. Corenwin 24 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. par lui ne contenaient pas de traces de fer. Il en résulte que, selon M. de Gasparin, le pain apporterait le fer dans l'économie à l'état soluble en quantité très-importante, soit prés de 15 centigrammes de fer métallique par kilogramme de pain. M. de Gasparin mentionne un autre fait trés-intéressant qui concerne la décomposition des roches. L'analyse d'une mollasse de Provence lui four- nit 9,053 de silice et silicates, 0,044 d'acide phosphorique et 50,700 de chaux. Or l'analyse du Lichen croissant sur cette méme roche de mollasse, bien plus calcaire que siliceuse, lui donne : silice et silicates, 32,390; acide phosphorique, 1,700; chaux, 31,950. La silice et la chaux sont équili- brées; l'aeide phosphorique est augmenté. Le Lichen a opéré un triage dans les matériaux du sol. Or le plus curieux, c’est que la terre arable formée par les décompositions de ce Lichen et sus-jacente à la roche ren- ferme elle-méme ces principes chimiques à peu prés en méme proportion que le Lichen. Ici le végélal fait plus que désagréger le sol; il modifie la proportion de ses éléments chimiques : on peut dire qu'il l'amende. Flore de Montpellier, comprenant l'analyse descriptive des plantes vasculaires de l'Hérault, l'indication des propriétés médicinales, des noms vulgaires et des noms patois, et un Vocabulaire explicatif des termes de botanique ; par MM. H. Loret et A. Barrandon.— 2 vol. petit in-8*. Montpellier, chez C. Coulet; Paris, chez A. Delahaye, 1876. La Flore de Montpellier comprend une introduction importante de XLIX pages, un plan du département de l'Hérault, dressé par M. le pro- fesseur P. de Rouville, avec des indications qui en font une carte géolo- gique, et les deux volumes de la flore. Celle-ci est écrite suivant la mé- thode de De Candolle ; c'est un synopsis analytique trés-détaillé des genres et des espèces, avec l'indication des localités et la description des plantes critiques ou difficiles et des variétés nouvelles. Dans leur introduction, les auteurs rappellent d'abord l'histoire, que l'on peut dire célébre, de la botanique à Montpellier, représentée à trois époques remarquables par Magnol, Gouan et De Candolle. Ils y relévent les erreurs de Linné causées par l'insuffisance des renseignements que Sauvages lui fournissait ainsi qu'à Nathorst; et les fautes commises par Gouan dans ses indications de localités et dans l'emploi d'une méthode hybride, le système de Rivin accolé à celui de Linné, méthode qui l'obli- gea à scinder plusieurs genres naturels. Ils rappellent ensuite, avec une grande modestie, leurs propres recherches, couronnées par la découverte de 260 espéces (1) qui n'avaient jamais été signalées par aucun écrit dans Annales agronomiques que dirige M. Dehérain. Il importe, croyons-nous, au médecin de | d ss i n a proportion de fer contenue dans le pain pour la guérison des chlo- roses. On a dit que cette maladie se guérit quelquefois par Je changement de lieu. H AN poutrètre Aans certains cas de changer de farine | oyez le Bulletin, t. x, p. 2975; t. x 397: tX . ` $ vv ro ogar res ub + . XII . 9 10 5 t. XV, p. 104; t. xvr, pp. 152, 285 et 454, et t. xxit (Revue) p. 150 PP 13, 312 et 410 ; REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 95 le département de l'Hérault, el peut-être plus encore par la radiation d'espèces qui n'appartiennent point à la flore de Montpellier, ou qui ne s'y rencontrent que d'une manière adventice. Puis ils donnent l'indication des diverses stations naturelles du département, la région littorale, la région de l'Olivier et la région montagneuse avec Ja liste de leurs plantes spéciales. MM. Loret et Barrandon signalent encore un fait eurieux de géographie botanique : c'est qu'un assez grand nombre d'espéces, réputées vulgaires dans le centre de la France, sont trés-rares ou méme manquent compléte- ment dans l'Hérault, et que le méme fait se reproduit presque partout dans la partie de la région des Oliviers située entre Montpellier et Menton; cela leur parait dépendre de l'obstacle naturel qu'apporte à la diffusion de ces plantes la chaîne de montagnes qui borde au nord, sur une grande lon- gueur, la région de l'Olivier. MN. Loret et Barrandon ne sont point partisans de la multiplication des espèces ; il est, entre la manie de diviser sans cesse et un penchant exces- Sif à réunir, une juste mesure qui finira un jour, espèrent-ils, par être généralement observée, D'autre part, ils sont convaincus qu'au milieu de la variabilité superficielle des formes, variabilité qui n'implique nullement la transformation de l'espéce, l'essence de toute plante se maintient con- Slamment. Nos lecteurs n’attendent pas que nous extrayions de cette flore aucun Catalogue d'espèces. Nous nous bornerons à leur signaler, outre les Sali- cornia et l'Althenia. Barrandonii de M. Duval-Jouve (sur lequel il im- porte de consulter l'addenda de la Flore), le Triticum Rouæii Gren. ct Duval-Jouve, le Potamogeton subflavus Lor. et Barr. n. sp., l'Amarantus Delilei Richter et Lor. et le Juncus Duvalii Loret. . Voici la diagnose du Potamogeton subflavus : « Gaule ramoso, foliis » lanceolatis vel lanceolato-elliptieis, utrinque attenuatis, margine sinualo- ? crispatulis, petiolatis (petiolis foliorum latitudin subæquilongis), omni- » bus submersis, membranaceis, pellucidis, etiam siccis subflavis ; spicis ? gracilibus; fructibus parvis, lenticulari-compressis, subecarinalis. » — Cette espéce doit étre plaeée entre le P. rufescens Schrad. et le P. planta- gineus Ducros, qui ne croissent point dans l'Hérault. | La Flore de Montpellier se termine par la réimpression des Observa- tions sur plusieurs espèces critiques de l'Hérault, de M. A. Loret, extraites en partie de la Revue des sciences naturelles, et déjà analysées dans cette evue, et par la table des principaux noms patois des plantes dans l'idiome de Montpellier, Flore de la Cóte-d'Or, avec application des organes souterrains à la détermination des espèces de ce département; par M. Ch. Royer. 1" partie, in-8° de xxxir et 57 pages. ; i istoir anique M. Royer expose d'abord dans son introduction l'histoire botanique, 26 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. assez courte jusqu'ici, de la Côte-d'Or, puis entre dans quelques dévelop- pements sur l'importance des organes souterrains et sur la terminologie qu'il emploie pour en désigner les caractères (1). I traite ensuite de la nature des verticilles floraux et de certaines inflorescences, et de la déli- mitation de l'espéce. M. Royer reconnait que les piéces florales ne sont que des expansions, des partitions du réceptacle, des organes sui generis qu'il ne faut pas faire dériver de la feuille par des modifications hypothétiques. Dans les corolles d'une seule piéce, on ne doit pas voir, dit-il, plusieurs parties soudées en une seule, mais bien une piéce unique qui procéde du réceptacle par un soulèvement circulaire; il n'y a jamais eu de soudure, et la corolle est bien monopétale, non gamopétale. Avant de présider sur le réceptacle à la naissance des piéces florales, quelquefois la partition se manifeste tout d'abord aux points de la tige où se produit l'inflorescence. M. Royer est disposé à adopter l'idée d'une partition dans les inflorescences des Cruci- féres, Borraginées, Solanées, etc.; le fait de la partition permet, dit-il de les comprendre sans faire intervenir des avortements de bractées, des soudures, usurpations et autres phénomènes ingénieux, mais encore plus problématiques. M. Royer n'est point partisan de l'école Jordanienne, dont le démem- brement fait évanouir les plus beaux types, à ee point que tout devient espèce, excepté l'espéce elle-même. Il ne l'est pas davantage de l'école Darwinienne, et reste l'adepte de l'école Linnéenne, qui concède à l'espèce une certaine flexibilité dans ses traits accessoires. Aprés cette introduction vient une esquisse orographique, hydrogra- phique et géologique du département de la Cóte-d'Or, esquisse due à M. Collenot. L'auteur y divise ce département en quatre régions natu- relles, savoir : le Morvan, les vallées et les côteaux de l'Auxois, les pla- teaux jurassiques et la vallée de la Saóne. La partie de la Flore de la Cóte-d Or parue dans cette livraison s'étend des Renoneulacées aux Fumariacées. L'auteur donne pour chaque genre une double clef dichotomique conduisant au nom de l'espèce par les carac- téres de la racine d'une part, et d'autre part par ceux des organes aériens. G'est dans l'étude du genre Ranunculus que se montre surtout l'intérét de cette tentative, bien faite pour mettre en relief les opinions de l'auteur et l'importance des organes souterrains. Souvent, en outre, des notes particu- liéres éclaireissent les caractères de la végétation de quelques-unes des espèces. On remarquera celles qui concernent les tubercules des Ficaria, la faiblesse de la radicule chez les Ranunculus, et méme chez les espèces annuelles de ce genre, les rhizomes des Nymphéacées et leurs feuilles sub- mergées membraneuses pellucides, ete. (1) Voyez le Bulletin, t. xvii, pp. 147-153, 160-172 ; et t. xvir, pp. 295-297. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 97 Vergleichende Untersuchungen über den Bau der Vegetations- organe der Monocotyledonen (Recherches comparées sur la structure des organes de végétation des Monocotylédones) ; par M. P. Falkenberg. — În-8° de 200 pages, avec 3 planches lithographiées. Stuttgart, chez F. Encke, 1876. Paris, libr. Franck. — Prix : 6 fr. 95 cent. Aprés une introduction historique, l'auteur expose les faits observés par lui chez les familles et les espèces suivantes, savoir : Naïadées, Potamo- geton crispus et Zostera marina ; Hydrocharidées, Vallisneria spiralis ; Orchidées, Epipactis palustris et Gephalanthera pallens ; Liliacées, Fri- tillaria imperialis, Tulipa silvestris, Lilium Martagon et Allium Cepa ; Smilacées, Paris quadrifolia, Maianthemum bifolium, Asparagus offici- nalis et Ruscus Hypoglossum ; Dioscorées, Dioscorea villosa; lridées, Iris Pseudacorus ; Broméliacées, Nidularium rigidum et Æchmea ful- gens; Zingibéracées, Hedychium Gardnerianum ; Marantacées, Canna indica ; Aspidistrées, Aspidistra elatior; Typhacées, Typha latifolia ; Palmiers, Chamædorea Schiedeana ; Aroidées, Calla palustris, Scindap- sus multijugus, Acorus Calamus ; Commélynées, Tradescantia argentea ; Cypéracées, Scirpus palustris ; Graminées, Zea Mays et Panicum pli- catum. L'auteur expose ensuite les résultats généraux auxquels il est parvenu, et insiste particulièrement sur la séparation de la tige en écorce et cylindre central, sur l'accroissement primaire et secondaire de celui-ci, sur la struc- ture des cordons des fibro-vasculaires, et sur l’accroissement secondaire en épaisseur de la racine. Études sur les fibres végétales textiles employées dans l'industrie; par M. Vétillart. Un vol. in-8° de 280 pages, avec 9 pl. M. Vétillart, député de la Sarthe, président de la Chambre de commerce du Mans, s'était déjà fait connaitre il y a quelques années par un memoire abrégé sur les mêmes matières qu’il étudie aujourd’hui à un point de vue Plus étendu (1). Son nouveau livre comprend une introduction, où il eri- tique l'ouvrage de Schacht, intitulé : Die Prüfung der im Handel rorhom- menden Gewebe, et expose la progression de ses recherches. Nous en avons déjà parlé dans cette Revue. M. Vétillart leur a donné un caractère géné- ral en embrassant les produits exotiques rassemblés au Muséum de Paris. M. Oliver a mis à sa disposition une série de 150 filaments de nature diffé- rente provenant des colonies anglaises, et il a puisé d'utiles renseignements dans l'ouvrage de Royle sur les plantes textiles des Indes et dans les Catalogues de M. Bernardin. Bien entendu, les produits de l'Algérie ne lui ont pas manqué. r . 154; (1) Voy. Comptes rendus, 23 mai 1870; Bull. Soc. bot. Fr., t. xvi, Revue, p. 1 Annales d'hygiène publique et de médecine légale, 1873. 28 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Nous ne pouvons, à notre grand regret, faire connaitre les détails des observations de M. Vétillart, mais nous insisterons sur le caractère général des premiers chapitres de son ouvrage, dans lesquels il expose la marche à suivre pour apprendre à se servir du microscope, des instruments, liquides et réactifs nécessaires pour l'étude des fibres végétales ; la préparation des fibres, les méthodes d'examen ; les caractères des fibres végétales, la posi- tion qu'elles occupent dans le tissu végétal, les différences constatées entre elles selon qu'elles proviennent des Monocotylédonées ou des Dicotylé- donées, etc. M. Vétillart a eu recours à une classification botanique. Il classe les fibres végétales en deux groupes d'aprés cette différence, et chacun de ces deus groupes en deux autres, selon que les fibres sont colorées en bleu ou en jaune par les réactifs. Les botanistes trouveront dans ces travaux des détails eurieux sur la constitution de certaines fibres libériennes, et les industriels non seulement. y apprendront à découvrir les falsifications qu'il leur importe de connaitre, mais encore sauront que certaines plautes, par exemple l'Ananas et le Phormium, pourraient ou devraient méme être employées en grand. On comprend que la question d’acclimatation joue dans ce sujet un rôle fort important. De la végétation sur le littoral du département de la Somme, par M. Eloy de Vicq.— In-12 de 124 pages. Paris, F. Savy, 1876. Ce petit livre est destiné à faciliter la recherche des plantes intéres- santes du littoral de la Picardie; dans ce but l'auteur les a classées par herborisations, profitant des connaissances spéciales qu'il a acquises par une longue étude du terrain, faite par lui souvent en commun avec M. de Brutelette. M. De Vieq décrit les plantes par leurs caractères les plus sail- lants eten indique la dispersion géographique. Son énumération comprend 35 espèces et 39 variétés maritimes, et en outre 57 espèces dont les sta- tions ne s'éloignent pas de la mer. Nous y remarquons que le Lotus tenui- folius vient d'être signalé à Hangest-sur-Somme, et le vrai Viola canina à Neuville, près Saint-Valery. Les Vignes américaines; par M. J.-E. Planchon. — Grand in-18 de 240 pages. Montpellier et Paris (Delahaye), 1875. Nos lecteurs savent que M. le professeur Planchon a fait aux États-Unis, pendant l'automne de 1873, un voyage consacré à l'étude des vignobles et de toutes les questions qui se rattachent au Phylloxera, comme délégué de la Société centrale d'agriculture de l'Hérault. M. Planchon a consigné dans ce volume les résultats fort importants de-son voyage. Il commence par raconter ce voyage, dans lequel il a été vivement secondé par M. Riley, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 29 l'entomologiste de l'État de Missouri (1) et recu le plus cordialement par les vignerons du pays, parmi lesquelsil a rencontré quelques compatriotes. Le livre de M. Planchon parait deux ans aprés son excursion chez les producteurs de Saint-Louis, du lac Érié et de la Caroline du Nord, alors que les résultats en sont depuis longtemps connus des hommes spéciaux et méme ont donné lieu à une polémique assez ardente. Il sera néanmoins fort utile non-seulement aux personnes qui désirent se faire une idée claire d'une question aujourd'hui quelque peu compliquée, mais aux praticiens qui désirent se servir des variétés peu connues des Vignes américaines et choisir parmi elles des porte-greffe, dans la campagne nouvelle qui s'ouvre contre le Phylloxera, et qui consiste, faute de pouvoir le détruire, à rechercher oà méme à créer (par hybridation, sélection, ete.) des races de Vignes capables de résister à ses efforts. Ce récit donne à l'auteur l'occasion. d'exposer, dans l'ordre où il les a faites, ses observations sur les Vignes américaines, sur leur degré relatif de résistance au Phylloxera ; sur les mœurs du parasite et de l'Acarien qui Pat- laque, le Tyroglyphus Phylloxeræ (2) ; sur la qualité des vins américains, qu'il cherche à réhabiliter ; sur les plantations de Vignes françaises en Amérique, toujours suivies du désastre le plus complet, et sur les maté- riaux contenus dans les herbiers du pays, à Philadelphie, où Elias Du- rand était conservateur des collections, à Saint-Louis, dans l'herbier de M. Engelmann. La deuxième partie du livre de M. Planchon est intitulé : Les Vignes américaines, leurs caractères, leur culture, leur avenir en Europe. ll trace une monographie des Vignes américaines, faite là-bas sur les lieux, sur le vivant et sur les herbiers ; la plupart des synonymes en ont pu être vérifiés par lui d’une manière authentique. Il étudie, aprés les espèces Spontanées, les cépages cultivés, et rattache chacun d'eux à son type na- turel; leur attribution respective cadre parfaitement avec leur degré de résistance au Phylloxera. La plupart des cépages d'Amérique paraissent dériver de l'un. des quatre types suivants : Vitis rotundifolia Mich., V. Labrusca L., V. estivalis Mich. et V. cordifolia Mich. (et sa variété riparia). Le Vitis rotundifolia n'est pas attaqué aux Etats-Unis par le Phylloxera, mais son bois à écorce non striée et adhérente indique un type sur lequel probablement les greffons de notre Vigne ne prendraient Pas. Le Vitis Labrusca a le goût de cassis prononcé, mais quelques-unes de ses variétés, notamment le Concord, le cépage le plus commun aux Etats-Unis, fournirait un excellent porte-greffe à nos viticulteurs (on a des (1) S. Exe. M. le Ministre de l'agriculture et du commerce à accordé à M. Riley unc médaille d’or pour les services quil a rendus à la science francaise dans l'importante question du Pa ylloxera. : 9 . ` : rro. renfer e arien (2) M. Planchon a rapporté de New-York à Paris de la terre renfermant cet Aoa en Hp précieux à acelimater maintenant chez nous, et qui en chemin STD orme Jpopus (voyez Méguin, dans le Journal d'anatomie et de physiologie, Je 0 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. hybrides du Vitis Labrusca et du V. vinifera, malheureusement peu résis- tants). En général, toutes les variétés du type æstiralis et du type cordi- folia résistent aussi fort bien au parasite ; l'Herbemont, race de l'estiva- lis, qui a déjà fait depuis deux ans sa preuve à Montpellier, comme résistant au Phylloxera, donne des vins, rouges ou blancs selon le traite- ment, fort estimés en Amérique. Le dernier chapitre est consacré à l'étude pratique de la culture des Vignes américaines; pour le rédiger, M. Plan- chon a largement puisé dans les œuvres classiques de Fuller, de Strong, d'Husmann, de Bush et d'autres auteurs. Lichens du département de la Marne ; par M. F.-P. Brisson. — Un vol. in-8° de 132 pages. Chàlons-sur-Marne, impr. P. Martin, 1875. L'auteur débute par une introduction où il expose brièvement l'histoire de la Lichénologie. H trace ensuite les caractères des Lichens, et entre daus d'assez grands détails sur ceux dont la constatation est récente, par exemple sur Ja coloration développée par certains réactifs. Il développe ensuite les differents systémes de classification proposés pour les Lichens et inet en parallèle le système de Hepp et celui de M. Nylander. C'est ce dernier qu’il suit, avec quelques modifications, dont les principales sont adoptées par son auteur. M. Brisson trace dans ce travail la description des grandes divisions et des genres des Lichens. Il ne fait qu'énumérer les espéces qu'il a consta- tées dans le département de la Marne, en citant ces auteurs, les syno- nymes et les localités. D'ailleurs, tout en conservant les genres admis par M. Nylander, il a fait dans chaque genre des coupes qui permettront d'ar- river souvent à la connaissance de l'espéce sans le secours d'aucun autre ouvrage descriptif. Les espèces signalées par lui sont au nombre de 271 (en y comprenant quelques variétés importantes). Son travail sera reçu avec d'autant de confiance que la détermination des espèces critiques a été vérifiée par M. Nylander, lequel a publié dans le Flora quelques-unes des découvertes de M. Brisson (1). Un Supplément aux Lichens du département de la Marne a été publié par M. Brisson, dans les Mémoires de la Société d'agriculture, commerce, sciences et arts du département de la Marne. Ce supplément porte à 294 le nombre des espéces constatées par ce naturaliste. Diagnoses de Cucurbitacées nouvelles, et observations sur les espèces critiques; par M. Alfred Cogniaux (extrait des Mémoires couronnés et autres Mémoires publiés par l'Académie royale de Belgique, t. xxvn; 1876); tirage à part en brochure in-8° de A pages, Bruxelles, F. Hayez, 1876. Ge premier fascicule est consacré aux espèces nouvelles du genre An- (1) Voy. plus haut, p. 11. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. a guria L. Schlecht. in Linn. xxiv, p. 189, qui comprend, suivant l'auteur, quatre types d'organisation. toujours reconnaissables au premier coup d'œil, et qu'il partage par conséquent en quatre groupes génériques, savoir : 1° Anguria Cogn. (sec. Euanguria Schlecht.), qui comprend mainte- nant 16 espéces, dont 4 nouvelles. 2 Gurania (sect. Gurania Schlecht.), qui comprend 47 espéces dont 39 inédites, décrites par l'auteur. 3° Dieudonnea, établi pour l Anguria rhizantha Pœpp. et Endl. 4 Helmontia, formé de l'Anguria leptantha et d'une espèce inédite. M. Cogniaux publie un synopsis méthodique et complet de chacun de ces genres, que suit la description des nouveautés. A Synopsis of the known species of Zris ; par M. J.-G. Baker (The Gardeners Chronicle, 22 avril 1876 et numéros suivants). M. Baker continue pour le genre /ris le travail qu'il avait déjà réalisé pour les Lis et pour les Narcisses, en attendant qu'un riche amateur fasse pour l'illustration de ces belles plantes ce qu'ont fait M. Burbidge pour les Narcisses et M. Elwes pour les Lis. M. Baker trace d'abord l'histoire botanique des Iris, puis la circonscrip- tion du genre, dans lequel Thunberg comprenait les types qui en sont actuellement distingués sous le nom de Xiphion, Dietes, Morea, Helixyra el Vieusseuxia. Puis il indique les sections des genres Xiphion et Iris, les deux seuls qu'il monographie dans le présent travail. Son genre Iris correspond à quatre des genres de M. Klatt : Onocyclus, Neubeckia, Her- modactylus et Iris; et son genre Xiphion à trois des genres du méme monographe : Xiphion, Corysantha et Gynandriris. M. Baker entre ensuite dans la description des espéces de ces deux genres. L'impression de son mémoire se continuera sans doute dans les numéros subséquents du Gardeners’ Chronicle pendant une partie de l'été, The Potato : What is it? the probable cause of the disease, and the most likely means to employ to effect a cure; par M. Maule. — In-12. Bristol, 1876. L'auteur de ce petit livre est un jardinier de Bristol qui s'est attaché depuis plusieurs années à inventer les moyens de nous garantir contre la maladie des Pommes de terre, ou tout au moins de supprimer cette mala- die. Îl ne parait pas avoir en physiologie végétale des idées qui concor- dent avec les opinions généralement reçues dans la science, puisqu'il éon- sidére le tubercule de la Pomme de terre comme une excroissance maladive. Mais il a fait en tout cas des expériences trés-intéressantes, quelle que soit l'appréciation qu'il forme à leur égard ou qu'on émette sur ses opi- 32 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. nions. Il a greffé, pour obtenir de nouvelles races, le Solanum tuberosum sur le S. nigrum et sur le S. Dulcamara. Dans cette dernière expérience, il a vu non-seulement le jeune scion de S. tuberosum émettre aux aisselles de ses feuilles des tubercules aériens, mais encore les racines du pied- mére de S. Dulcamara se garnir de tubercules de Pomme de terre. Les photographies qui sont jointes au livre de M. Maule ne permettent pas de supposer qu'il y ait là une erreur d'observation. Voilà assurément un fait curieux et nouveau à joindre à ceux que l'on connait déjà, concernant l'in- fluence de la greffe sur le sujet. Fusisporium Solani and its resling-spores ; par M. Wor- thington G. Smith (The Gardeners Chronicle, 20 mai 1876, p. 656). M. Smith, qui a beaucoup étudié le Peronospora (1), a vu se dévelop- per, sur un mycélium cultivé par lui pendant ses études, les fructifications aériennes si connues du Fusisporium, lequel est un parasite aussi fort dangereux pour la Pomme de terre. Ce mycélium sortait de corps qu'il avait pris pour des oospores de Peronospora. L'expérience luia appris que ces corps étaient les spores d'hiver (resting-spores) du Fusisporium, mais il ignore comme ces spores d'hiver s'étaient produites sur les Fusi- sporium l'année précédente. Untersuchungen über Pythium Equiseti; par M. Richard Sadebeck (Beiträge zur Biologie der Pflanzen, hersgg. von Ferd. Cohn, 9° partie, 1875, pp. 117-136, avec 2 planches). Nous traduirons seulement les conclusions de ce mémoire : Les semis de spores d'Equisetum. arvense entrepris pour servir à des recherches organogéniques se comportèrent fort bien ; cependant, au bout de deux ou trois semaines, les prothalles montrérent une disposition sin- gulière à s'attacher à la surface du substratum. L'examen fit reconnaitre qu'un mycélium de Champignon s'était introduit dans les poils radicaux et S était étendu même dans la partie du prothalle munie de chlorophylle. Les proembryons cultivés dans l'eau et devenus malades laissèrent aussi constater sur eux un abondant développement de mycélium qui aversa bientôt les parois des cellules de la plante nourricière et se ramifia dans l'eau. uL M oyez le numéro précédent dela Revue, p. 216. Nous saisissons cette occasion pour hier les amener yptogames parasites de la Pomme de terre ont fourni pendant cet thington Smith, de Bare eruta assez vive en Angleterre, entre MM. Berkeley, Wor- numéros consécutifs di j^ the Renuy, etc. On en trouvera les détails dans les 1876, pp. 102 a sa areners Chronicle, notamment, en 1875, pp. 35, 46, 68 et 101 ; en 1375, les dessins épars di rl of Botany a reproduit, dans son numéro de novembre de Montagne, res adé p M e Gardeners’ Chronicle, entre autres ceux de l'Artotragus nospor s p eg: Var M. Smith comme un des états de l'oospore fécondée du Pero- pora. Le ythium a été aussi pour beaucoup dans cette polémique, comme nous l'expli- quons à la page 34. Nous reviendrons sur ce sujet dans le prochain numéro. | REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 33 Les proembryons sains, mêlés à des proembryons malades, ont toujours été infectés par ces derniers et ont été alors capables de transmettre la maladie. On a reconnu que les poils radicaux ne fournissaient pas au développement du Cryptogame de conditions particulièrement favorables et ne servaient qu'à le transmettre au proembryon, quand le sol en était infecté. En considérant, d'une part la nature de la plante attaquée, et d'autre le mode de formation de ses zoospores, qui le range dans le genre Pythium, on lui a donné le nom de Pythium Equiseti. Les organes sexuels, oogonies et anthéridies, apparaissent très-fréquem- ment, notamment aprés la production des zoospores. L'anthéridie nait sur l'oogone, d'une façon très-variée, soit sur le sommet, soit sur le côté; d'autres fois elle enlace complétement l'oogone. L'acte fécondateur est double, diosmotique et copulatif. Le fluide subtil renfermé dans l'anthéridie passe par diosmose dans l'oogone et détermine la contraction du contenu de celui-ci et ainsi la formation de l'oosphére. Dès que cela a eu lieu, l'anthéridie perce la membrane de l'oogone el pénètre dans son intérieur, jusqu'à l'oosphére ; alors elle s'ouvre à son sommet et abandonne la partie épaisse et granuleuse de son contenu. Voilà l'acte copulatif. L'oosphére s'entoure alors d'une membrane et devient l'oospore. La maturation, qui commence alors, différencie les membranes de l'oospore; il s'y distingue un épisporium et un endosporium, et comme dernier signe de maturité il apparait dans son centre une vacuole. La fécondation une fois terminée, on ne trouve jamais dans l'anthéridie aucun reste de son contenu, qui est employé tout entier à l'acte fécondateur. | L'anthéridie ne pénètre point avec son prolongement, comme le croit M. Cornu, dans la sphère où s'accomplit la fécondation, mais s'avance seulement jusqu'à elle. | Très-souvent on voit se produire deux oogones l'un derrière l'autre; ils sont fécondés suivant le procédé normal, et cependant ne se dévelop- pent pas en méme temps. Ce phénomène constitue un caractère spécifique pour l'espéce en question. Lorsque l'oospore est complétement formée, on remarque un développe- ment important dans la végétation des filaments du mycélium. L'étrangle- ment en chapelet de quelques tronçons de filaments est trés-commun. Le filament montre aussi une disposition à se dilater à sa terminaison, sans finir cependant par la formation d'un oogone ; ou ces dilatations se séparent Complétement du filament, ou bien elles s’allongent en filament al extrémité Opposée, pour se séparer ensuite du filament qui leur a donné naissance. Pythium Equiseti; par M. Worthington G. Smith (The Garde- ners’ Chronicle, 90 mai 1810, p. 656). Dans le cours de ses études sar le Peronospora, M. Worthington Smith ; (REVUE) à T. XXE. ( ) 34 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. avait découvert l'année dernière, en 1875, des corps nouveaux qu'il avait regardés comme appartenant à une seconde phase de l'évolution du Pero- nospora. M. le docteur Sadebeck, de Berlin, a trouvé le méme type eryp- togamique, l'an dernier, sur des Pommes de terre malades aux environs de Coblentz. En outre, le même botaniste allemand avait décrit, dans le mé- moire précédent, le nouveau Pythium qu'il avait nommé P. Equiseli. Or M. Sadebeck, après avoir examiné des photographies microscopiques obte- nues par M. Smith, a conclu que le Cryptogame observé par M. Smith, et celui qu'il avait analysé croissant sur l'Equisetum arvense d'une part, et sur le Solanum tuberosum, d'autre part, devaient appartenir à la même espèce (1). M. Smith croit que les raisons alléguées par M. Sadebeck pour cette identification sont iusuffisantes. M. Sadebeck n'a pas pu réussir, dit-il, à inoculer à la Pomme de terre son Pythium pris sur une Préle. Sur ces entrefaites, M. Smith reçut d'un de ses correspondants, M. B.-D. Jackson, des échantillons d Equisetum arvense infectés de Pythium, et il a constaté que, malgré des analogies de forme, ce Cryptogame n'était pas le méme que celui que constitue, d'aprés lui, la seconde forme de l'évolution du Peronospora. M. Berkeley, dit-il, a fini par se ranger à son avis. M. Sade- beck dit n'avoir pas trouvé le Peronospora sur tout le champ de Pommes de terre malades qu'il a étudié prés de Coblentz, c’est-à-dire qu'il a eu affaire aux oospores non encore décrites du méme Peronospora et qu'il a prises pour les organes d'un Pythium. M. Smith figure le Pythium Equiseti, et les anthéridies de ce parasite attachées aux oogonies et les fécondant par un prolongement qui en perce la membrane extérieure, Quand l'oogone est mùr, il se crève et laisse échapper son contenu sous forme de vésicules plus petites qui se trans- forment bientôt en zoospores, lesquelles germent ensuite par la perte de leurs cils. Journal de mon troisième voyage d'exploration dans l'empire chinois; par M. l'abbé Armand David. — 2 vol. in-8°. Paris, Hachette, 1875. Nous nous faisons un devoir de signaler à nos lecteurs cette troisième (2) publication du savant missionnaire qui a tant fait non-seulement pour la faune, mais encore pour la flore de la Chine ; les naturalistes ont d'autant plus le devoir d'encourager ces travaux en les vulgarisant, que les direc- teurs actuels de nos missions catholiques dans l'extréme Orient sont loin de leur étre sympathiques. (1) Les principaux points de contestation entre M. Smith et ses adversaires portaient sur l'épaisseur relative des filaments qui portent les oogonies et les anthéridies des types contestés, et sur l'existence de cloisons dans ces filaments. D'après M. Smith, le Pero- nospord est caractérisé par l'existence, et.le Pythium par l'absence de cloisons. (2) La relation des deux premiers voyages de M. l'abbé David a paru antéricurement dans les Vouvelles Archives du Muséum. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 39 On trouvera avec intérêt dans le livre de M. David, outre le récit pur et simple du voyage, l'indication géographique des limites où il a vu, tan- tôt apparaître, tantôt disparaitre les espèces. Nous avons remarqué notam- ment la limite supérieure de l'Eleocarpa cordata Bl., dans la vallée supérieure du Han-kiang, l’un des affluents du Yang-tse-kiang. Cette limite supérieure, qui se fixe par 33° 30" environ, est d'autant plus impor- tante que, grace à une découverte récente de notre consul à Canton, M. Dabry de Thiersant, on espère trouver dans l'huile de l'Elæococea un insecticide très-puissant contre le Phylloxera, et que l'on s'occupe d'acclimater dans la région méditerranéenne cette Euphorbiacée japonaise et chinoise. Dien des détails curieux sont donnés par M. David sur certains usages des plantes : la gélatine fournie parles graines des Figuiers ; — la conservation des abricots secs cueillis dans des points où ils ne peuvent mürir; salés et séchés, ils fournissent un condiment recherché pour accompagner le riz, et que les médecins prescrivent comme apéritif; — la fécule blanche extraite de la racine du Nyo-fen (Nelumbium speciosum), ou de celle du Ko-ten ou Haricot à chanvre (Pachyrrhizus Kempferi). Exploration scientifique des environs de Montolieu (Aude); par MM. Timbal-Lagrave et Jeanbernat (extrait du Bulletin de la Société des sciences physiques et naturelles de Toulouse, t. 11, pp. 234-211); tirage à part en brochure in-8 de 40 pages. Cette excursion, organisée par la Société des sciences physiques et natu- relles de Toulouse, a eu lieu du 14 au 17 juin 1873, et elle était dirigée sur le revers méridional de la Montagne-Noire. Les plantes qui ont donné lieu aux principales observations de M. Timbal-Lagrave sont d'abord les hy- brides de Carduus. Il en a observé un nouveau, le Carduus pycno-tenui- florus, et il fait remarquer que c'est aux formes nées de l'hybridation que les anciens botanistes donnaientle nom impropre de formes intermédiaires, ce qui les portait à réunir les espèces dont elles dérivaient. M. Timbal- Lagrave croit avec raison que ces hydrides, formes essentiellement transi- toires et éphéméres, font ressortir la fixité des types qui les ont créées, el doivent en motiver la séparation. Notre savant confrère décrit encore : lOr- nithogalum Peyrei Timb. (Bull. Soc. Hist. nat. Toulouse, m, 225) ; le Mus- cari racemosum var. azureum (an species propria?) ; le Scirpus gracil- limus (4), Y Aquilegia nemoralis Jord.; le Sideritis Peyrei Timb. (Mém. Acad. Toul. sér. 1, vol. 1v, p. 383, S. hyssopifolia Pourr. non L.);l Ara- bis Gerardi auct. gall. non Besser ; lHieracium montolearense, n. sp., voi- (1) Le Scirpus gracillimus F. Kohts a été décrit par ce botaniste dans l'Oesterreichische botanische Zeitschrift, en novembre 1869 (voyez le Bull. 1870, session d'Autun, p. » ^ Revue, p. 9). I serait possible que le nom princeps de cette espece fùt ^c. epta en Koch. Ge dernier a été recueilli dans les Cévennes par Salzmann et nommé par hui po mitivement Sc. acicularis. Il doit se trouver à Montpellier dans l'herbier de Salzmnan. Cf. Koch Syll. ratisb. t, p. 10. 36 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sin de l'A. divergens Jord.; le Rhamnus pubescens Poir. in Lam. Dict. 1v, 464, qui est selon lui une variété du Rh. infectoria L. à feuilles pubes- centes; l'Iberis montolearensis Timb.; l'Hieracium mucronulatum Timb., n. sp.; le Scorzonera bupleurifolia Pouz.; l'Euphorbia papillosa Vouz. (E. Duvalii Lecoq et Lam.). En herborisant aux environs de Montolieu, sur les points où, en remon- tant vers le nord, le terrain tertiaire inférieur (nummulitique) cède la place aux terrains primordiaux, M. Timbal-Lagrave et ses compagnons ont constaté que la végétation méditerranéenne s'arréte brusquement au point de rencontre du calcaire et du granit. M. Timbal-Lagrave affirme que l'extension de la flore dite méditerranéenne, vers le nord, est principalement subordonnée à la nature chimique du sol, et que le róle joué en cette cir- constance par l'action de la latitude est tout à fait secondaire (1). Ainsi se trouvent expliquées ces singulières colonies méridionales qui surprennent le botaniste à de grandes distances de la région méditerranéenne, et qui se trouvent limitées sur des espaces restreints : c’est au calcaire qui les sup- porte qu'elles doivent leur existence. Ueber Blüthensprosse auf Blattern (Des axes florifères nés sur les feuilles); par M. R. Caspary (Schriften der physikalisch-ækonomis- chen Gesellschaft zu Komigsberg, 1874, pp. 99-103, avec une planche). M. Caspary figure des anomalies trés-curieuses où des fleurs se sont produites accidentellement sur le pétiole ou le limbe des feuilles chez le Rheum undulatum, le Cucumis sativus et Urtica urens. Dans tous ces cas, les bourgeons florifères lui ont bien paru nés réellement sur le point de la feuille d’où ils partaient. Il fait à cette occasion une étude générale des cas de soudure qui se rencontrent dans le règne végétal entre les axes floriferes et les organes appendiculaires. Ces cas sont répartis par lui entre trois catégories. Tantót l'axe de l'inflorescence emporte avec lui une feuille qui appartient à l'axe précédent, et à l'aisselle de laquelle était née une inflorescence (Tilia, Limnanthemum, Hellwingia, Dulongia, Poly- cardia). Taniôt l'axe de l'inflorescence se développe en connexion avec une feuille (spathe), qui lui appartient, connexion si étroite, que cet axe parait former la ligne médiane de cette feuille, par exemple chez des Aroi- dées : Harpaline Benthamia, Spathicarpa sagittifolia Schott (voy. Schott, Prodr. Syst. Aroidearum, p. 342). Enfin, il se peut que l'inflorescence croisse en connexion avec une feuille avec laquelle elle est soudée par le dos, cette feuille appartenant à l'axe suivant (2). ‘li Les partisans de l'influence physique du sol ne manqueront pas de faire valoir en celte circonstance importante que le calcaire est regardé comme conservant mieux la chaleur que le sol siliceux, et par conséquent convient mieux aux plantes de la région méditerranéenne, lorsque celles-ci parviennent à la limite septentrionale de leur aire. 12) Voy. Planchon, Quelques m its sur les inflorescences épiphylles à l'occasion d'une espece nouvelle d'Ersthrochiton, in Mém. de l'Acad. de Stanislas, 1862, p. 103. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 37 Batarrea Guicciardiniana Ces., nuova specie di Fungo ita- lico ; par M. V. Cesati (extrait des Atti della R. Accademia delle scienze fisiche e matematiche di Napoli, t. vir, juin 1875); tirage à part en brochure in-4° de 7 pages, avec une planche. Ce nouveau Champignon a été trouvé dans le jardin dela comtesse Guic- ciardini. L'auteur en donne la description et le compare aux trois autres espèces déjà connues du méme genre, les Batarrea phalloides, Gaudi- chaudii et Steveni. De Zurloa splendente et Macria callipticantha Ten., auctore V. Cesati (Atti della R. Accademia delle scienze fisiche e mate- matiche di Napoli, séance du 8 août 1874); tirage à part en brochure in-4° de 5 pages, avec 3 planches. Le Zurloa splendens Ten. a été décrit par Tenore d'une manière con- fuse et contradictoire (1). M. Bentham l'a identifié récemment au genre Guarea (Méliacées). M. Cesati n'ose confirmer cette opinion, ne trouvent pas d'ailleurs suffisamment précis les caractères du genre Guarea, tels qu'ils sont donnés dans le Genera plantarum, pp. 329-338. Quant au Macr ia callipticantha Ten., du Brésil, c’est purement et simplement uu Cordia. Description of new Planís from the Nicobar Islands (in- cluding a few from the Andaman Islands); par M. S. Kurz (The Journal of Botany, 1875, pp. 321-333, avec 2 planches). Les plantes nouvelles décrites par M. Kurz dans ce mémoire sont les suivantes : Orophea Katschallica, Popowia parviflora, Antitaxis calo- carpa, Garcinia microstigma, Champereya gnetocarpa, Leea grandi- folia, Modecca nicobarica, Hedyotis graminicola, Lasianthus lœvicaulis, Ixora macrosiphon, Psychotria platyneura, Ps. polyneura, Ps. andama- nica, Ps. nicobarica, Ps. tylophora, Embelia microcalyx, Henslowia erythrocarpa, Actephila rectinervis, Glochidion calocarpum, Antidesma persimile, Aporosa glabrifolia, Cyclostemon leiocarpum, Pellionia pro- cridifolia, Artocarpus peduncularis, Gnetum macropodum, Areca an- gusta, Orania nicobarica. | Deux genres nouveaux sont signalés par M. Kurz dans cette notice, savoir : Bixagrewia ( Tiliacées) et Ornithocephalochloa (Graminées). | Le premier de ces deux genres, voisin des Columbia, offre les caractères Suivants : « Stamina numerosa, toro brevi villoso uniseriatim instructa ; filamenta filiformia ; antheræ breves, 2-loculares. Capsula chartacea, Stylis 2 brevibus terminata, 2-locularis, ultra medium bivalvis. Semina (1) On peut consulter à son égard Duchartre, Revue bot., t. 1, p. 127, et les Ara. 8C. nat., 4* série, 11, 378. 38 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. numerosa, parva, atra, longe lanato-ciliata, placent: lamellatæ adnata. Cymæ dichotomæ, breviter peduneulatæ, axillares v. supra foliorum de- lapsorum cicatrices orientes. Folia alterna, basi 3-nervia et penninervia. Stipulæ deciduæ. » Le second, que l'auteur adjoint aux Phalaridées, offre : « Spicæ 5-spi- culatæ, spiculze rachi complicatæ uniseriatim insert et secundie, omnes bifloræ, superiores 4 masculæ deciduæ, infima basalis flosculum herma- phroditum et alterum masculum includens. Rhachis post anthesin una cum pedicello sublignoso- induracea et spiculam fructigeram spurie pen- dulam arcte includens quasi avis caput reprzesentat... Gramina longe re- pentia foliis brevibus insignia, littorea. » On a collection of Chinese Ferns gathered by J.-F. Quekett ; par M. J.-G. Baker (The Journal of Botany, 1875, pp. 291-292). Il se trouve. dans cette collection une espéce nouvelle, le Nephrodium oligophlebium Baker, voisin du N. setigerum, « fronde gracili, straminea, nuda sieut et rhachis primaria ; fronde lanceolato-deltoidea tripinnatifida, sesquipedali, membranacea ; pinnis inferioribus 3-4 sub:equalibus, breviter petiolatis, oblongo-lanceolatis, 4-5" longis, 1' 5 latis, rhachi stricte alata, pinnulis lanceolatis, sessilibus, laciniis ligulatis obtusis denticulatis, soris minutis submarginalibus, involucro minuto evanescente. » Icones Muscorum, by the late W.-S. Sullivant. Supplément, avec 81 planches gravées. Tous les bryologues connaissent l’Icones Muscorum consacré par feu W. Sullivant à l'iconographie desespéces de Mousses connues dans l’Amé- rique du Nord et non encore figurées dans un autre ouvrage. Au moment de sa mort, en avril 1873, ce botaniste distingué préparait un supplément à cet ouvrage. Il avait déjà fait graver dans cette intention 80 planches. Les notes qu'il avait laissées ont servi à son ami M. Lesquereux à rédiger un texte quilesaccompagne dans ce Supplément, et que précéde une notice biographique rédigée par M. Asa Gray. Nous y remarquons quelques espèces nouvelles, entre autres, le Sphagnum Mendocinum de Californie, voisin du S. cuspidatum : le Trichostomum macrostigmum, dont l'opercule est d'une longueur extraordinaire dans ce genre. Le genre nouveau Micro- mitrium, portant le méme nom qu'une section des Orthotrichum, a déjà été changé par M. Lindberg en Nanomitrium. Tl est voisin des Ephemerum, avec une taille encore plus réduite. On trouve dans les Funariées le Funa- ria americana. Lindb. (F. Muhlenbergii Schwiegr. Suppl. tab. 66), qui n'avait pas été retrouvé depuis Mühlenberg, et le F. mediterranea Lindb. (F. Mullenbergii: Schwiegr. quoad descriptionem). Les Pleurocarpés les plus remarquables sont le Climacium ruthenicum Lindb., le Neckera Men z iesii Hook. et 'Alsia longipes Sull. et Lesq. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 39 Analecta dryographica ; par M. H.-F. Hance (The Journal of Bo- tany, décembre 1875, pp. 361-372). M. Hance décrit dans ces notes quelques espèces nouvelles : Quercus Moulei, voisin du Q. serrata Thunb., Q. elephantum, voisin du Q. induta BL., Q. farinulenta, recueilli par M. Pierre dans l'ile de Phu-Kok, et sur d'autres points du Cambodge, et voisin du Q. thalassica Hance; Casta- nopsis Tibetana, C. Falconeri, du Tenasserim, C. Lamontii, de Hong- Kong, et C. Psiorrei, de l'ile de Phu-Kok (1). Dans des considérations qui suivent ce mémoire, M. Hance étudie les vues émises par Œrsted sur la classification des Cupuliféres. Il pense qu'Ærsted a établi des sections fondées sur des caractères exacts, et qu'il à eu le tort de voir des genres dans des sections bien définies. M. Hance est partisan des grands genres. Il pense même que les Castanea et Casta- neopsis doivent faire partie du genre Quercus au méme titre que les types qu'en distinguait le botaniste de Copenhague. Expedition zur Erforschung der libyschen Wüste, unter den Auspicien Sr. Hoheit des Chedive von Ægypten Ismail, in Winter 1873-74, ausgeführt von Gerhard Rohlfs (Expédition pour l'étude du désert libyque, sous les auspices de S. A. le khédive d'Égypte, dans l'hiver de 4813-14, entreprise par Gerhard Rohlfs. Tome r*. Compte rendu du voyage : Trois mois dans le désert libyque, par Gerhard Rohlfs, avec des travaux de MM. P. Ascherson, W. Jordan et Z. Kittel, une carte originale dressée par M. W. Jordan, 11 photographies d'aprés Ph. Remilé, 44 planches lithogr. et 18 gravures sur bois). — Cassel, chez Th. Fischer, 1875, in-8° de xu et 340 pages. Nos confréres savent que c'est M. P. Ascherson quia accompagné comme botaniste l'expédition dirigée il y a deux ans et demi par M. Rohlfs, dans le Sahara oriental, à l'ouest de Dakhel (2). | Les principaux résultats botaniques de cette expédition ont été exposés par le naturaliste de Berlin dans le Botanische Zeitung en 1874, p. 609 et suiv. M. Ascherson a été aidé dans ce travail par la communication des récoltes qu'avait faites dans l'oasis de Chargeh M. Schweinfurth. Dans le désert proprement dit, c'est-à-dire sur les points éloignés de plus d'une heure de chemin des oasis ou des sources, il n'a récolté personnellement (en trois mois de voyage !) que 33 espèces, appartenant à 15 familles dif- férentes ; encore, sur ce nombre, 12 n'ont-elles été trouvées que dans une seule localité. Les types les plus abondants ont été pour lui le Fagonia (1) Il est à noter que d'après M. S. Kurz, les Cupulifères s'arrétent sur le continent asiatique, et ne passent pas dans les iles Andaman et Nicobar. Inversement, les Dipa rocarpées parviennent dans les iles Andaman, mais ne s'étendent pas jusqu aux lies : cobar. (2) Voy. cette Revue, t. xxt, p. 95. AQ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. arabica (M. Ascherson croit avoir une espèce nouvelle du méme genre) et le Calligonum comosum (1). En revanche, il entre dans des détails fort intéressants sur la végétation spontanée et sur les cultures des oasis. Ce qui est particulièrement inté- ressant à noter, c'est que les plantes qui forment le fond de cette végé- tation sont des plantes communes de la région méditerranéenne et méme de | Europe moyenne. Un groupe d’autres espèces reproduit la végétation de la vallée du Nil. L'auteur donne avec un grand soin les noms vulgaires de chacune de ces espèces ; nous y remarquons, pour l Acacia tortilis, Hayne celui de Talah, presque identique avec celui que M. Doümet-Adanson a constaté en Tunisie pour le méme végétal. Plusieurs planches, représentant les plantes les plus communes du désert, accompagnent cette importante publication. Recherches sur les Wenthes de la flore liégeoise ; par M. Théophile Durand (Bulletin de la. Société royale de botanique de Bel- gique, 1875, t. xiv, n° 3, pp. 296-308). Cette étude fait partie d'un nouveau mémoire, intitulé : Matériaux pour servir à la flore de la province de Liége, par MM. Th. Durand et H. Donkier de Donceel. La province de Liége est exceptionnellement riche en formes diverses du genre Mentha. Pour les étudier, M. Durand s’est aidé des conseils de M. l'abbé Strail et de notre confrére M. Malinvaud, qui a commencé l'an dernier, sous le titre de Menthe exsiccatee presertim gallice, la publication d’une importante collection (2). M. Malinvaud a bien voulu en outre communiquer à M. Durand une étude inédite du genre Mentha dont l'auteur belge reproduit des extraits. M. Malinvaud eonserve la division générale linnéenne en Spicate, Capitate et Verticil- lata. M. Durand pense au contraire avec Wirtgen (Flora der Preussischen Rheinprovinz, 1837, et Herbarium Mentharum rhenanarum, 1862), que le caractère de l'indumentum de la corolle doit jouer un rôle plus consi- dérable dans la classification que ne le croit M. Malinvaud. M. Durand signale dans la province de Liége un grand nombre de Men- tha. V fait rentrer le Mentha nepetoides Lej. dans le M. pubescens Willd. Il propose une nouvelle espèce dans le groupe des Gentiles, le Mentha Strailii, « quæ differt, dit-il, a M. rubra Sm. eta M. Wirtgeniana Schultz imprimis dentibus calycis valde brevioribus ; a M. Pauliana Schultz et a M. gentili Wirtg., calycibus parce ciliatis et non ad apicem crebre villoso- (1) H a retrouvé sur cet arbrisseau du désert les galles qui ont été signalées par M. Reboud (voy. le Bulletin, t. vt, p. 735) l 2) Deux fascicules de cette collection ont déjà paru ; ils sont remarquables par la beauté et la rareté des échantillons, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. A1 barbatis ; ab omni Gentilium grege, amplitudine et forma mirabili foliorum qui omnino in mentem M. parictariefoliam Beck. revocant. » Notes extraites de l'énumération des Rosiers de Eu- rope, de l'Asie et de l'Afrique; par M. Alfred Deséglise (Bul- letin de la Société royale de botanique de Belgique, 1875, t. xiv, pp. 318- 345). M. Deséglise s'occupe dans ce mémoire du Rosa spinulifolia Dematra. Il prouve par une savante discussion que la plupart des échantillons con- servés sous ce nom dans divers herbiers ont été mal déterminés. M. l'abbé Cottet ayant, suivant son désir, fouillé toute la localité du Rosa spinulifolia, la commune de Chàtel-sur-Montsalvens, y a retrouvé un Rosier cadrant avec la description de Dematra, et identique avec l'échantillon authentique déposé par celui-ci dans l'herbier Gaudin, qui, ayant passé dans l'herbier Gay, se trouve maintenant à Kew. M. Deséglise décrit à nouveau le R. spi- nulifolia, ainsi que les types confondus avec ce dernier par d'autres au- leurs et par lui-méme. Deuxiéme excursion dans les Corbiéres orientales, Saint- Victor, le col d'Estrem, Tuchan, Vingrau; par M. E. Timbal-Lagrave (extrait des Mémoires de l'Académie des sciences, inscriptions et belles- lettres de Toulouse, T° série, t. vit, pp. 438-418); tirage à part en hro- chure in-8*. Toulouse, impr. Douladoure, 1875. Cette exeursion forme le complément naturel de celle dont nous avons parlé l'an dernier (1), consacrée à l'exploration du cours de la Berre. M. Timbal-Lagrave, et ses compagnons, parmi lesquels nos confrères MM. Gaston Gautier et Théveneau, ont parcouru cette fois la partie des Corbières orientales dont le pic de Tauch ou pie de l'If est le point culmi- nant (898 m.). M. Timbal-Lagrave, suivantson habitude, présente d'abord le récit de ses herborisations, puis des notes sur les espèces critiques. ll accepte le démembrement du Santolina Chamecyparissus L.; les espèces affines qui le constituent croissent, dit-il, sur les talus, les bords des routes et dans les garrigues, quelquefois plusieurs ensemble, côte à côte : il est facile de les reconnaitre ; elles surprennent par la fixité de leur port et de leurs caractères. Même observation pour l'Helichrysum Stechas L. M. Timbal-Lagrave a retrouvé le Brassica montana Pourret non DC., qu'il différencie des autres Brassica : le Saxifraga palmata Lap., espèce mal connue des auteurs, et qu'il dénomme Saxrifraga corbariensis, parce que le nom de S. palmata a été attribué à un grand nombre de Saxifrages dif- férents, M. Timbal-Lagrave s'est occupé du Senecio Barrelieri de Gouan ; cet auteur a décrit une plante des Corbières en citant une figure qui se (1) Voy. la Revue, t. xxit, p. 13. 12 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. rapporte à une plante des Alpes. Celle des Alpes est pour l'auteur le S. Do- ronicum L. var. B Barrelieri (Jacobea Doronici foliis et flore montana Barrel. Je. 229) ; et celle des Corbières estle S. Gerardi G.G. var. B cor- bariensis (S. Barrelieri Gouan excl. syn.). Ila retrouvé la plante des Alpes sur la Dole. Le Genista pulchella Vis. (Genista humifusa Vill. non L., G. Villarsiana Jord.), indiqué par Villar, MM. Jordan, Grenier et Godron sur une seule localité des Hautes-Alpes, a été retrouvé par M. Reverchon au mont Rognouse, encore dans les Hautes-Alpes, et par nos confréres sur le plateau qui forme le sommet du Tauch. Enfin deux espèces com- plétement nouvelles sont décrites dans les notes de M. Timbal-Lagrave, le Hieracium sessilifolium Timb.-Lagr., qui se distingue parfaitement de toutes les espèces des Pyrénées par ses feuilles entières, en rosette, sessiles, par les poils qui la eouvrent, par sa tige hérissée, pauciflore, par son péricline hérissé de longs poils et ses corolles non ciliées; et le Thalic- trum minulissimum Timb. et Gautier, très-répandu au sommet du Tauch, dont il n'a pas encore vu les fruits. Excursion lichénologique dans lile d'Yeu, sur la côte de la Vendée; par M. H.-A. Weddell (extrait des Mémoires de la So- ciété nationale des sciences naturelles de Cherbourg, 4815, t. xix); tirage à part en br. in-8°. Cherbourg, 1875. M. Weddell a laissé de côté les Lichens corticicoles et ceux qui se déve- loppent sur les murs calcaires ou à ciment de chaux. Les Lichens saxicoles étudiés par lui sont ou marins, ou demi-marins, ou simplement mari- times. Les Lichens marins occupent des zones spéciales selon leur espèce et se cantonnent sur les roches les uns au-dessus des autres. L'île d'Yeu posséde à elle seule dix Lichens marins, compris dans les genres Lichina et Verrucaria. M. Weddell signale un grand nombre d'espéces, parmi lesquelles un certain nombre sont décrites par lui comme nouvelles : Collema schrade- rulopsis, plus petit de moitié que le C. Schraderi: Lecanora actophila, proche parent du L. polytropa ; L. rimularum, voisin du L. Erysibe Nyl., analogue par ses caractères extérieurs à un vrai Lecidea ; L. microthallina, parasite sur le thalle du N. maura ; Acarospora amphibola, qui a le facies de VA. photina Massal.; Lecidea subducta, voisin du L. sarcogynopsis : L. carneofusca, qui se rapproche du L. violacea Crouan ; Verrucaria sco- tina, qui se rapproche du V. prominula Nyl.; V. antricola, voisin du V. maura var. Memnonia ; V. marinula, qui se trouve sur les rochers de la zone sus-marine, associé à l'Amphiloma marina. M. Weddell donne dans ce travail un grand nombre de notes intéres- santes sur des Lichens déjà connus. Il insiste particulièrement sur l'emploi des réactifs colorants. Il reconnait que le moyen de diagnostic dont M. Ny- lander a doué la science lichénologique fournit dans une foule de cas les REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 43 indications les plus précieuses ; mais, selon lui, les caractères chimiques des Lichens ne devront être admis comme caractères des espèces ou des variétés qu'autant qu'ils coïncideront avec quelque caractère morpholo- gique (1). Florule du canton de Méry-sur-Seine, par M. Louis Hariot, pharmacien à Méry-sur-Seine, et M. Paul Hariot, étudiant en médecine et en pharmacie (extrait des Mémoires de la Société académique de l'Aube, 1874, t. xxxvi); tirage à part en brochure in-8 de 16 pages. Les auteurs donnent d'abord quelques détails sur la géognosie et l'oro- graphie de leur canton, puis ils indiquent ce qui a été fait sur la flore du département de l'Aube (2), principalement par nos confrères M. Desé- langs et M. Antoine Le Grand, et donnent une notice sur les herbiers qui font partie des collections botaniques de la Société académique de l'Aube. Nous y remarquons un herbier de Plumier et un autre de Poiret. Leur catalogue offre la grande quantité d'espéces vulgaires et ubiquistes en France, et en outre quelques plantes intéressantes, comme Linum Loregi Jord. (L. austriacum auct. part. non L.), Lathyrus tuberosus L., Ammi majus L., Valerianella coronata DC., Petasites officinalis Mœnch, Chry- santhemum corymbosum L., Echinospermum Lappula Lehm., Utricula- ria neglecta Lehm., Androsace maxima L., Salix Seringeana Gaud., Allium acutangulum Schrad., Scirpus Tabernemontani Gmel., et trois Nitella, N. intricata Ag., N. glomerata Coss. et Germ. et N. opaca Ag. Constatons, non sans quelque surprise, l'absence dans la flore de Méry du Pteris aquilina, des deux Aira, du Carex precor, de l'ürchis maculata, du Rumex Acetosella, du Myosotis hispida, des genres Sorbus et Mespilus, du Cerastium semidecandrum, etc. Ueber Pflanzenschleim und seine Entstehung in der Samenepidermis von Plantago maritima und Le- Pidium sativum (Du mucilage végétal et de son origine dans l'épiderme des graines du P. maritima et du L. sativum); par M. W. Uloth (Flora, 1875, n° 13 et 14). On sait que plusieurs graines fournissent, quand elles sont traitées par l'eau bouillante, un mucilage, comme celles du Lin, par exemple, et que ce phénomène a déjà passablement exercé les anatomistes. M. Uloth a observé les graines du Plantago maritima jeunes el agees. Jeunes, elles offrent un épithélium pavimenteux dont les cellules prismatiques sont remplies de granules amylacés; plus âgées, elles se montrent avec une ; ire d: smoire Lichina confinis (1) M. Weddell nous prie d'indiquer qu'il faut lire dans son memoire Lichi fi Ag. (Bornet Gonid, p. 45), au lieu de Squalina conferta Born., détermination qui résulte dune confusion commise dans la correspondance échangée entre M. Bor net ‘ Tons a (2) Notre confrère M. Beautemps-Beaupré, qui a résidé quelque NRS à Y? donné au Muséum son herbier, qui renferme beaucoup de plantes de l'Aube. AA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. lumière rétrécie : les parois de leur cavité interne sont circonserites, dit l'auteur, par un utricule (Schlauch) dans l'intérieur de la cellule. Cet utricule a la forme d'un sablier; il est étranglé dans son milieu, tandis que ses deux faces supérieure et inférieure coincident avec toute la largeur des faces supérieure et inférieure de la cellule, L'amidon contenu dans son intérieur va en diminuant, tandis qu'il se forme un mucilage entre l'utricule et les parois de la cellule. L'auteur nomme membrane secondaire cet utricule qui s'est, dit-il, détaché de la membrane primaire demeurée, constituant la paroi externe de la cellule, et il pense que le mucilage constaté par lui dans l'espace vide entre les deux membranes y provient de la transformation de l'amidon, qui se serait liquéfié dans l'intérieur de l'utricule central, et aurait trans- sudé à travers ses parois. Le Lepidium sativum offre, d'après l'auteur, les mêmes phénomènes que le Plantago maritima, et il suppose que ces phénoménes ont encore une méme origine chez les Linum, où lamidon fournirait aussi les maté- riaux du mueilage, comme l'ont constaté M. Frank (Journal für praktische Chemie, t. xcv, p.479) et M. Cramer (Nägeli et Cramer, Pflanzen-physio- logische Untersuchungen, 3 livraison). Les Remédes des champs. Herborisations pratiques à l'usage des instituteurs, des ecclésiastiques et de tous ceux qui donnent leurs soins aux malades ; par M. le docteur Saffray.— 2 vol. in-12. Paris, Hachette, 1815. L'auteur s'est proposé, daus ces Herborisations pratiques, de diriger les instituteurs, les ecclésiastiques, etc., dans la connaissance des plantes médicinales qui eroissent spontanément dans leur canton ou qui peuvent y être cultivées. Il s'efforce d'établir la propriété la plus marquante de chaque plante, sa manière d'agir sur l'homme et sur les animaux, et, autant qu'on peut la connaitre, la limite de son emploi en l'absence du médecin. IH ne craint pas de sortir de son cadre spécial pour étudier, au point de vue économique et industriel, les plantes dont il s'occupe, et donne des instructions sur leur culture, afin que l'instituteur puisse leur consacrer une partie de son jardin. Ce petit jardin botanique, si modeste qu'il soit, offrirait au maitre une ressource importante pour ses leçons, alors qu'une excursion dans la campagne serait impossible. Comme il importe de cueillir les plantes à l'époque où leurs parties actives sont dans toute leur vigueur, l'auteur a divisé ses promenades par saisons, au point de vue de leur récolte, division qui, on le comprend, ne saurait être rigoureuse. Il présente d'ailleurs un cadre que chacun pourra varier selon les circonstances, selon ses goüts et selon ses études. Des gra- vures sur bois intercalées dans le texte en augmentent l'intelligence. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 45 BIBLIOGRAPHIE. Nâgra tillägg till Kännedomen om Spelsbergens Plante vasculares (Quel- ques additions à nos connaissances sur les plantes vasculaires du Spitz- berg); par M. F.-R. Kjellman (Ofrersigt af Kongl. vetenskaps. Akademiens Forhandlingar, 1814, n° 3, pp. 31-42). Berättelse om en resa 1 Angermanland, Medelpad och Jämtland somm:- ren 1873 (Compte rendu d'un voyage fait pendant l'été de 1873 dans les provinces d'Angermann, etc.) ; par M. S. Almquist (ibid., n°3, pages 15-93). Om Nordlandens högre hafsalger (Sur les Algues marines du Nord- land); par M. E. Kleen (ibid., n^ 9, pp. 3-46). Om några fossila växter från ön Sachalin (Sur quelques végétaux fossiles de l'ile Sachalin); par M. Oswald Heer (ibid., n° 10, pp. 29-31). | Om vegetationen vid Altenfjord (De la végétation dans le fiord d' Alten) ; par M. J.-E. Zetterstedt (ibid., n° 10, pp. 23-51). Merismopedium Reitenbachii ; par M. R. Caspary (Schriften der physik.- tekonom. Gesellschaft zu Kenigsberg, 1874, pp. 104-107). — Cette Algue nouvelle, qui colore en rose les végétaux submergés, est voisine du M. violaceum Kütz. Die Krummfichte, eine markkranke Form (Le Sapin courbe, forme d'une maladie de la moelle) ; par M. R. Caspary (ibid., pp. 108-117). — Ces formes singuliéres de Picea excelsa, courbés dans des sens divers par suite d'une maladie de la moelle, sont désignées par l'auteur sous le nom de P. excelsa var. egra myelophthora. Il n'a trouvé aucun vestige d'in- sectes ni de Cryptogames sur les tissus malades. s. Tempora vernationis et frondescentiæ, efflorescentiæ et fructificalionis plantarum nonnullarum sub dio in horto hotanico cultarum, nec non in agro Petropolitano sponte vigentium, observata et notata anno 1872, cura F. ab Herderi et H. Hæltzeri (Travaux du Jardin botanique impérial de Saint-Pétersbourg, t. ur, pp. 299-373). NOUVELLES. — Conformém nt à l'usage, les délégués des Sociétés savantes se sont réunis en session annuelle à la Sorbonne pendant la semaine de Pâques. La distribution solennelle des récompenses a eu lieu le samedi 22 avril, Sous la présidence de M. Waddington, ministre de l'instruction publique et des beaux-arts. Une médaille d'or a été décernée à M. Clos, professeur de botanique à la Faculté des sciences de Toulouse, pour ses travaux de botanique; une médaille d'argent à M. Léon Besnou, le second créateur 46 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. du Jardin botanique d'Avranches, et une autre à M. Quélet, de Montbé- liard, pour ses travaux sur les Champignous. — M. le comte Gaston de Saporta a été élu membre correspondant de l’Académie des sciences dans la séance du 26 juin 1876, en remplacement de M. Thuret. — Deux de nos confréres viennent d'étre élus membres de la Société d'agriculture, M. Lavallée, eu remplacement de M. Pépin, et M. Prillieus, en remplacement de M. Drongniart. — Nous avons à enregistrer la triste nouvelle de la mort d'un jeune botaniste allemand, M. Conrad Deibrouck, dont nous avons analysé une thése inaugurale intéressante (voy. la Rerue, t. xx, p. 246). M. Delbrouck est décédé le 4 avril dernier, à l'àge de vingt-cinq ans. — On annonce encore la mort de M. Léopold Fuckel, décédé à Vienne (Autriche), le 8 mai dernier, qui a suceombé à une fièvre typhoide, au retour d'un voyage en Italie; et celle de M. Edw. Newman, naturaliste anglais, décédé le 12 juin dernier, à l’âge de soixante-quinze ans. M. Newman est connu pour la part qu'il a prise à la rédaction du Phytologist, du Zoolo- gist, de l'Entomologist, du Magazine of natural History, etc. H avait établi dans le Phytologist, en 1851, un certain nombre de genres de Fou- gères, qui en général n'ont pas été conservés. — La science a aussi à déplorer la perte de M. G. Munby, l'auteur d'un. Catalogue des plantes de l'Algérie, décédé le 12 avril dernier, à l'âge de soixante-trois ans; et celle de M. H. de Leonhardi, professeur de botanique à l'université de Prague. — M. Fr. Crépin, membre de l'Académie des sciences de Belgique, vient d'étre nommé directeur du Jardin botanique de Druxelles, en rem- placement de M. Dumont, démissionnaire. — M. Touchy, conservateur des herbiers au Jardin des plantes de Montpellier, vient de prendre sa retraite aprés avoir donné son herbier au conservatoire du Jardin des plantes de cette ville. Il a été remplacé par M. À. Barrandon, l'un des auteurs de la Flore de Montpellier, que nous annoncons dans ce cahier. — Le programme des prix proposés pour 1877, par l'Académie des sciences de Delgique, comprend : Quatrième question : Etablir, par des observations et des expériences directes, les fonctions des divers éléments anatomiques des tiges des Divotxlédons, spécialement en ce qui concerne la circulatiou des substances nutritives et l'usage des fibres du liber. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 47 Sixième question : On demande l'étude du cycled'évolution d'un groupe de la classe des Algues. Le prix sera de 800 francs pour la quatrième question, et de 600 fr. pour la sixième. Les mémoires devront être éerits lisiblement et pourront être rédigés en français, en flamand ou en latin. Ils devront être adressés, franes de port, à M. J. Liagre, secrétaire perpétuel de l'Académie, au Musée de Bruxelles, avant le 1" août 1877, dans les formes académiques. — L'Académie royale danoise des sciences met au concours la ques- lion suivante : Des recherches récentes semblant mettre en doute que les sels de soude, qui sont si répandus dans le sol et dans les cendres végétales, soient réellement aussi nécessaires au développement normal des plantes que les sels de polasse, de chaux, de magnésie et de fer, l'Académie pro- pose un prix, qui pourra s'élever jusqu'à 400 couronnes, pour un travail qui résoudra cette question en ce qui concerne quelques plantes sauvages el cultivées du Danemark. Les mémoires, écrits en latin, en français, en anglais, en allemand, en suédois ou en danois, peuvent étre adressés jusqu'à la fin de 1871, dans les formes académiques, à M. le professeur J. Steenstrup, secrétaire de l'Académie royale danoise des sciences à Copenhague. — M. W.-s. Clark, président du college d'agriculture du Massachus- Sells, rapporte dans son 22° rapport annuel, publié à Boston en 1875, qu'il a placé une courge de 22 pouces de circonférence, de telle manière que tout en recevant les sues de la tige sans difficulté, elle était revétue en dessus d'une espéce de harnais de fer, de la forme d'un masque ovale composé de barreaux cintrés. Sur ce harnais ou masque était une barre longitudinale fortement assujettie, et une balance romaine, prenant son appui sur la barre, servait à mesurer les poids de plus en plus grands que la courge tenait en équilibre à mesure qu'elle grossissait. L'expérience ayant commencé le 15 août, ce fruit a supporté le 31 octobre un poids de 5000 livres. A ce point, l'appareil s'est dérangé et n'a pu être réparé, Le poids de cette courge était, à la fin, de 47 livres 1/4. — Le Tilleul est exploité en Russie pour la confection de natles et de souliers. Les paysans en font macérer l'écorce pour que le liber se détache, et avee celui-ci ils font des nattes qui s'emploient dans le pays ou bien S'exportent par Archangel, les ports de la Baltique et ceux de la mer Noire. La valeur. de l'exportation s'est élevée, en 1811, à prés de 3 0 000 rou- bles, I] faut, pour obtenir ce produit, des arbres de plus de vingt-cinq ans, mais pour les souliers ce sont de jeunes arbres de cinq à dix ans, que l'on emploie. A défaut de Tilleuls, on se sert de jeunes Douleaux. AN SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. — On lit dans le numéro du 4% mai de la Recue de Ühorticulture belge : « Le bois de Cèdre contient une huile essentielle volatile qui a la curieuse propriété de faire couler l'encre d'imprimerie. On a présenté, il y à quelques années, à la Banque d'Angleterre, un billet dont l'impression était quelque peu effacée. Une enquête prouva que ce billet avait appartenu à diverses personnes qui purent en expliquer la possession. On l'apporta alors à M. Shee, de Beddington, qui conseilla aux inspecteurs de s'assurer si ce billet n'avait pas été renfermé dans une boite de Cèdre : ils décou- vrirent qu'en effet le dernier possesseur du billet l'avait placé dans une boite de bois de Cèdre récemment achetée. » — Un comité vient de se former à Londres, sous les auspices de toutes les Sociétés scientifiques d'Angleterre, pour établir par souscription un fonds dont on emploiera les revenus à perpétuer la mémoire de Daniel Han- bury, décédé récemment, en décernant aux savants qui se seront distingués par leurs recherches de chimie ou de matière médicale, une médaille qui reproduira sur une de ses faces les traits du savant naturaliste dont PAn- gleterre déplore la perte, et qui sera nommée la médaille Hanbury. Le secrétaire de ce comité est M. le docteur Attfield, 17, Bloomsbury square, Londres. — Le Challenger est de retour de son expédition de cireumnavigation. Son voyage a duré trois ans et demi. De nombreux spécimens de plantes ont été expédiés à différentes reprises à Kew par M. Moseley, comme en témoigne le n° 77 du Journal of the Linnean Society. V est permis dès à présent de croire que c'est surtout aux cryptogamistes, et notamment aux d'alomistes, que ce voyage profitera. — Le premier volume de l'ouvrage de M. A. Jæger, Adumbratio Mus- corum totius orbis terrarum, est mis en vente à la librairie Friedländer, à Berlin. — La 123: livraison du Jardin fruitier du Muséum, de M. Decaisne, vient de paraitre. Elle est presque exclusivement consacrée au Fraisier. Aprés la deseriptien des caracteres du genre, elle donne celle des espèces suivantes : Fragaria vesca, F. collina, F. elatior, F. Daltoniana, F. neil- gherrensis, F. virginiana, F. Grayana, F. sandwicensis, F. lucida, F. chilensis, et celle du Fraisier Globe. Cette livraison renferme en outre la deseription de la Prune goutte d'or : à chair jaune verdàtre, fibreuse, de saveur sucrée, mais peu parfumée ; l'arbre est trés-produetif. Le Rédacteur de la Revue, D' EUGÈNE FOURNIER. Le Secrétaire g'néral de la Société, gérant du Bulletin, Ap. CHATIX. PARIS IMPRIMERIE DE E. MARTINET, RUE MIGNON 2. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE (AVRIL-JUILLET 1876.) N. B. — On peut se procurer les ouvrages analysés dans cette Revue chez M. Savy, libraire de la Société botanique de Frauce, boulevard Saint-Germain, 77, à Paris. Sur les formations et la division des cellules; par M. Éd. Strasburger; édition revue et corrigée, traduite de l'allemand avec le concours de l'auteur, par M. Jean-Jacques Kickx. Un volume in-8? de 907 pages. Iéna, chez H. Dubis; Londres, chez Williams et Norgate ; Paris, chez F. Savy, 1876. — Prix : 20 fr. On connait cette œuvre importante du savant professeur d'Iéna, qui concerne en partie la physiologie animale. C'est surtout cette dernière que les corrections faites dans cette seconde édition intéressent. Mais on saura gré en tout cas à M. le professeur Kickx d'avoir pu mettre plus facilement les idées de M. Strasburger à portée des lecteurs francais. Il a cru devoir respecter le texte allemand à ce point de parler de l'œuf de l'Ephedra altissima (c'est la vésicule embryonnaire), et de l'asque pour la théque des Champignons ascosporés. Sans vouloir entrer dans de plus longs détails d'analyse au sujet d'une œuvre déjà ancienne dans son ensemble, nous pouvons rappeler à nos lec- teurs que la première partie de ce livre traite De la formation et de la division des cellules dans le règne végétal : la deuxième, De la formation et de la division des cellules dans le règne animal. La troisième contient Quelques remarques sur la formation et la division des cellules chez les Protistes : la quatrième, des Considérations générales. Enfin la cinquième expose Les phénomènes de la fécondation et leur rapport avec la forma- tion et la division des cellules. Die Ursache der Krüusclkrankheit (Les causes de la maladie de la frisure); par M. Ernst Hallier (extrait du Zeitschrift für Parasi- lenkunde); tirage à part en brochure in-8° de 46 pages, avec une plan- che. Iéna, chez H. Daifft, 1875. En comm. à la librairie Franck. — Prix : 2 fr, 75 cent. Il s'agit dans ce travail de la pathologie des Pommes de terre, et non pas du Peronospora , dont l'attaque se fait d'emblée, mais d'un Rhizoctonta. e sous le nom de , . m nc L'auteur pense que les formes décrites. par M. Tulasn t (REVUE) 4 T. XXU. 50 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Rh. violacea, par M. Julius Kühn sous celui de Rh. Solani, et le parasite observé par lui, qu'il décrit sous le nom de RA. tabifica, sont trés-vrai- semblablement des états imparfaits ou des formes d'un Pyrénomycète encore inconnu. M. Hallier a fait un certain nombre de préparations identiques de ce Cryptogame et des divers Champignons observés par lui sur la Pomme de terre et sur d'autres végétaux. Cette petite collection, qui comprend trente numéros, est mise en vente par lui au prix de 18 mares (22 fr. 50 cent.). Les Champignons du Jura et des Vosges; par M. Lucien Quélet, 3° partie (extrait des Mémoires de la Société d'émulation de Montbéliard); tirage à part en un vol. in-8" de 128 pages, avec quatre planches. Ce volume, qui fait suite aux publications importantes du méme auteur, déjà annoncées antérieurement par nous, renferme le 3° supplément à l'étude des Hyméniés, des Péridiés et des Cupulés, et l'étude des Myxo- gastres et des Nucléés. M. Quélet pense que les Myxogastres (ou Myxomycètes) doivent former une famille de l'ordre des Péridiés. Les Nucléés (ou Pyrénomycètes) sem- bleraient, dit-il, en raison de leur importance et surtout de leur multitude, devoir étre distraits des Champignons, pour former une classe intermé- diaire entre les Fonginés et les Lécidinés. Dans son énumération, il ne décrit que l'état parfait ou ascophore des Nucléés, c'est-à-dire le périthéce muni de ses spores müres; il ne parle que fort rarement des conidies, des spermaties ou des xylospores. Ces divers organes de reproduction étant encore inconnus chez la plupart des espèces, il en résulterait, Si l'on voulait en tenter prématurément une histoire compléte, des erreurs et de la confusion. I} n'a pas décrit non plus les innombrables Sphéries « que l'on a peut-étre trop multipliées de nos jours. Le substratum sur lequel vivent ces petits parasites les modifiant le plus souvent dans la couleur, la forme et la texture, on pourrait créer autant d'espéces qu'il y ade plantes différentes qui leur servent de substratum ». L'auteur a surtout cherché à reconnaitre les espèces bien caractérisées et qui ont été décrites par les auteurs précédents. M. Quélet signale un trés-grand nombre d'espéces, sur lesquelles l'étroi- tesse de notre cadre nous empêche d'insister. l'en doit un certain nombre aux recherches de M. P. Morthier, professeur d'histoire naturelle à Neuf- chàtel, qui explore avec succès la flore eryptogamique du Jura suisse. Choix de Wousses exotiques, nouvelles ou mal connues; par M. J.-E. Duby (extrait des Mémoires de la Société de physique et d histoire naturelle de Genève, 4815, t. xxiv); tirage à part en brochure in-4° de 14 pages, avec 2 planches lithographiées. G € A 1 'ho 16 à eat à ^ 1 est en étudiant l'herbier Delessert que M. Duby a trouvé l'occasion de REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 51 tracer les diagnoses d’un certain nombre de Mousses très-rares et de quel- ques nouveautés, savoir : Polytrichum Tristanii (de Tristan da Cunha, Roussel de Vauzème in herb. Delessert), Hymenocleiston magellanicum, etc. Ces Mousses, que M. Duby décrit avec détail et figure en partie dans leurs organes essentiels, sont celles dont il avait auparavant publié les diagnoses dans le Linnea (1). Prodrome de la Flore du plateau central de la France ; par M. Martial Lamotte. Paris, G. Masson, 1877 (2). Vingt-huit années se sont écoulées depuis la publication du Catalogue raisonné des plantes vasculaires du plateau central de la France, publié en collaboration par M. Lamotte avec feu H. Lecoq. Depuis lors ce dernier, entrainé par ses études géologiques, avait abandonné la botanique, et M. Lamotte dut continuer seul les recherches nécessaires pour compléter leurs premiers travaux. Ce sont les intéressants résultats de ces recher- ches, poursuivies depuis un si grand nombre d’années, que l’auteur livre au public. Ce nouveau travail n'est pas un simple catalogue ; il se rapproche d'une flore par la synonymie, les nombreuses descriptions et les observations multipliées qu'il renferme ; de là son titre différent. Ces documents nouveaux, l'auteur les doit en grande partie à ses actives investigations, à ses propres expérimentations ; toutefois quelques zélés correspondants lui ont apporté leur tribut : les fréres Gustave et Héribaud Joseph, auteurs d'une Clef analytique de la flore d' Auvergne ; MM. Pellat, Lasnier, Billet, Lamy de la Chapelle, Le Grand, Pomel, Jordan de Puyfol, Roche, Pérard, Dioméde Tuezkiewicz, etc. Du reste, le Prodrome se main- tient dans les mêmes limites topographiques que le Catalogue de 1847, dont il reproduit les considérations générales préliminaires. : Les botanistes seront heureux de l'apparition d'un ouvrage aussi impor- lant, destiné à étendre considérablement leurs connaissances; ils y trouve- rontun grand nombre d'observations critiques, notamment dans les genres Thalictrum, Ranunculus, Papaver, Fumaria, Barbarea, Arabis, Cameli- na, Biscutella, Thlaspi, Viola, Polygala, Linum, Prunus, elc.; des espèces non encore signalées dans ces régions et qui sont un nouvel appoint à la géographie botanique, et enfin des espèces entièrement inédites. | L'auteur se montre scrupuleux dans le choix des espéces; bien que S'annongant comme disciple de l'école Jordanienne, il repousse la division à l'infini comme allant à la confusion. Quand il a eu des doutes sur la sta- bilité des formes, que presque toutes il a soumises à la culture, il les a rangées à la suite des espèces, sans numéros d'ordre, et leurs noms sont Imprimés en caractères différents. (1) Voy. cette Revue, t. xxit, p. 140. u 7) La première partie, seule parue encore (1 vol. de 355 pa cées aux Ombellifères inclusivement, ges), s'étend des jRenon- cul 52 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Parmi les espèces nouvelles pour la flore du plateau central, celles qui sont inédites ou accompagnées d'observations, citons brièvement : Thalictrum flavum, expansum, Delarbrei Lamotte ; Pulsatilla apiifolia Rchb., distinct du P. alpina ; Ranunculus hololeucos, Lingua, spretus et Lecoqi (ces deux derniers ramenés au R. nemorosus) ; Caltha palustris, avec de nombreuses variétés, Guerangeri, flabellifolia, ete.) ; Aconitum laxum Rchb. (de la Lozère) ; Draba aizoides (du Cantal); Cochlearia pyrenaica (du Cantal) ; de nombreux Biscutella, dont la valeur spécifique est à étu- dier ; Polygala basaltica Lamotte et P. involutiflora Lamotte; Dianthus Girardini Lamotte (1); Cerastium Riæi (Lozère, Loire, Gard) ; Linum Limanense Lamotte (Cest le L. austriacum (pro parte) du catalogue, que l'auteur trouve très-distinct du véritable L. austriacum); Linum campanulatum L., qui ne doit pas être confondu avec le L. flavum L., exclusivement allemand; Trifolium arvernense Lam. (T. glareosum Bor.); les Prunus de la section Jnsititia ; etc. A. LE GRAND. La Botanique dans l'euvre de Francois Bacon; par M. D. Clos (extrait des Mémoires de l'Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse, T° série, t, vit, pp. 143-176) ; tirage à part en broch. in-8° de 15 pages. M. Clos se demande comment Liebig a pu qualifier de charlatan et d'im- posteur un philosophe que Leibnitz appelle l'incomparable Verulam (2) et que plusieurs historiens ont mis sur le méme rang que Galilée et Kepler. Fout en reconnaissant combien d'erreurs sont inscrites aveuglément et sans contrôle dans l'œuvre botanique de Bacon, en avouant que dans la recherche de problémes alors et aujourd'hui méme encore la plupart in- solubles, le chancelier philosophe s'est contenté souvent de mots, il fait observer que Bacon a été assez heureux pour entrevoir quelques vérités dans le vaste champ de la physiologie végétale. L'auteur anglais n'a pas hésité à saper la vieille doctrine des sympathies et des antipathies des plantes ; il a donné de l'héliotropisme du Souci une explication trés-ana- logue à celle qu'a proposée De Candolle ; il a constaté une croissance plus rapide des plantes arrosées à l'eau chaude, etc. D'ailleurs, si Bacon n'avait pas le génie des découvertes dans le monde physique, il a peut-être plus servi l'humanité que par des constatations nouvelles, en proclamant que l'histoire naturelle est la pépinière et la fin de la véritable induction. Aliquot species nov: plantarum, descripsit E.-R. a Trautvetter (Travaux du jardin botanique impérial de Saint-Pétersbourg, t. Wt, pp. 267-288). Les espèces décrites par M. de Trautvetter sont les suivantes : Acanthus (1) Cette espèce a été décrite dans le Bulletin de la Soc. bot., tome xxt, p. 120. o (2) Voyez Lord Bacon, par Justus de Liebig, tradui , i ar Pierr chi- latchef. Paris, Th. Morgand, 1866. g» traduit de l'allemand par Pierre de Tehi . REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 23 Raddei (A. Dioscoridis Boiss. in sched.) ; Ballota glandulifera, d'Erze- roum, très-voisin du B. armena Boiss. ; Carduus pannosus, d'Erzeroum, trés-voisin du C. lanuginosus Willd.; C. poliochrus Trautv., du Daghes- tan; Centaurea hymenolepis, du Daghestan, voisin du C. declinata Bieb.; Chærophyllum orthostylum, de la Transcaucasie, dont l'involucre a les folioles ciliées; Gladiolus Raddeanus, d'Erzeroum, voisin du G. atrovio- laceus Boiss.; Paracaryum laxiflorum, d'Erzeroum, voisin du P. hirsu- tum Boiss. (Omphalodes stricta C. Koch); Phyteuma leianthum, d'Erze- roum, trés-voisin du Ph. pulchellum F. et Mey.; Ranunculus obesus, de la Transcaucasie, à feuilles radicales orbiculaires longuement pétiolées ; Salvia Beckeri, du Daghestan, voisin du S. phlyctidea C. Koch; Senecio pedunculosus, d'Erzeroum, de la section Incani ; Silene araxina, d'Erze- roum, voisin du S. odontopetala Fenzl; Trigonocaryum prostratum, du Daghestan. Le nouveau genre Trigonocaryum appartient aux Borraginées et à la section des Anchusées ; par la structure de sa fleur il se rapproche de cer- tains Anchusa dont M. Steven a fait jadis le genre Brunnera (Bull. Soc. des sc. nat. de Moscou, 1851, n° 2, p. 582), mais il est éloigné des An- chiusa par son port et la nature de ses caryopses : « Caryopses 4 distincti, erectæ, ovoideo-pyramidatz, triquetræ, supra basin non constrictæ, sed basi rotundat:e , perforatæ, areola insertionis basilari excavata parva, margine angustissimo parum prominulo brevi cincta et strophiole persis- lente tecta. » Descriptiones plantarum novarum et minus cognita- rum , fasc. rit, auctore E. Regel (Travaux du Jardin botanique impé- rial de Saint-Pétersbourg, t. m1, pp. 281-297). Les plantes décrites par M. Regel sont les suivantes : Billbergia Bron- gniarti Rgl., Gartenft. 1875, tab. 829 (B. Porteana hort. Makoy, Portea Kermesina Brongn. Rev. hort. 1870, p. 230). — Calathea Karnickeana lel. (C. Riedeliana hort. Paulowsk., C. propinqua hort. Petr.), voisin du C. grandifolia. — Calochortus glaucus Rgl. (Cyclanthera cœrulea hort. Elwes). — Rubus Ræzli Rgl., du Colorado, voisin du R. Nutkanus. — Schlimia princeps Rgl. (Lisianthus princeps Lindb. , Karst. Fl. Columb. tab. 141 )- Le genre nouveau Schlimia est caractérisé (dans les Gentianées) par : « Corollæ tubo valde elongato, in medio inflato, apice constrieto, sta- minum filamentis longissimis, tubum subæquantibus, antheris dorso supra basin affixis ; ovario libero, annulo basilari deficiente, valvulis introflexis biloeulari, multiovulato, stvlo filiformi, stigmate bilamellato. » — Staphy- lea colchica Stev. Ann. se. nat., 3° sér., xit, 315. — Thibaudia Hender- soni Rgl. (T. acuminata hort. Henders.). Ces plantes sont cultivées au Jardin botanique de Saint-Pétersbourg. | M. Regel trace ensuite le Conspectus des espéces du genre Gagea qui 54 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. appartiennent à la flore de Russie, et qui s'élévent au nombre de 17; deux d'entre elles sont nouvelles: Gagea minutiflora Rgl. et G. Olge Rgl., tous deux du Turkestan. Il fait ensuite connaitre un genre nouveau de Primulacées, Kaufmannia (Cortusa Semenovi Werder Pl. Semenov. n. 694), qui se distingue des genres voisins, Primula et Cortusa, par: « Corollæ tubo æquali, limbo planiusculo profunde 5-fido, filamentis mo- nadelphis, antheris exsertis, stylo longissime exserto. » M. Regel décrit encore les espèces suivantes : Rhinopetalum stenanthe- rum Rgl., du Turkestan. — Scilla puschkinioides Rgl., du Turkestan, que ses pédicelles munis de deux bractéoles distinguent du Se. bifolia. — Tulipa Korolkowi Rgl., des déserts qui séparentle Turkestan du khanat de Khiva, voisin du T. Eichleri. — T. tetraphylla Rgl., du Turkestan, de la section du T. silrestris. — T. turkestanica Rgl. (T. silvestris var. tur- kestanica Rgl. antea, dont la tige porte plus d'une fleur. Catalogue des plantes vasculaires du département de la Vienne ; par M. J. Poirault. Un volume in-8 de 127 pages. Poitiers, typogr. Oudin, 1875. Le département de la Vienne doit à sa situation géographique et à sa configuration géologique une végétation des plus variées. La flore y est en général celle de l'ouest de la France, mais bien des éléments étrangers viennent s'y adjoindre: au nord-est, par la vallée de la Vienne, les richesses botaniques du bassin de la Loire, Diplotaxis tenuifolia, Lupinus reticu- latus, Symphytum tuberosum, Euphorbia Esula, Cirsium spurium, etc.; au sud-est, sur la lisière du plateau central, Corydallis claviculata, Digi- talis purpurea, Lilium Martagon, Wahlenbergia hederacea. Enfin dans le sud et le centre du département croissent un assez grand nombre de plantes méridionales. La flore maritime donne Trifolium maritimum, Senchus maritimus, Juncus maritimus, Viola lancifolia, Polypogon monspeliense. M. Poirault remonte aux origines historiques les plus anciennes de la flore de son département. Il cite les œuvres des Contant (Pritzel, Thesau- rus, ed. 2, n. 1850 et 1851); la fondation du Jardin botanique de Poitiers, due à Denesle, professeur d'histoire naturelle à l'école centrale de la Vienne, qui a laissé un manuscrit des termes techniques accompagné de leur étymologie, formant 25 cahiers in-8, et un élève distingué, M. De- lastre. Il raconte ensuite les vicissitudes du Jardin botanique, dont il est actuellement directeur, et les richesses botaniques que renferme le musée de Poitiers, où se trouve l'herbier de Delastre, des fascicules donnés par M. de la Pylaie. Vient ensuite le Catalogue lui-méme, dressé suivant l'ordre de la flore de Delastre, et qui contient 193 espéces de plus que cet ouvrage ; l'herbier de notre regretté confrére M. de Lacroix a fourni la plupart de ces docu- 2 REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 5 ments nouveaux. M. Poirault a soigneusement donné la nomenclature des Cryptogames supérieurs, qui ne figuraient point dans la Flore de Delastre. Les plantes alimentaires de l'Océanie; par M. Henri Jouan (extrait des Mémoires de la Société nationale des sciences naturelles de Cherbourg, 1875, t. xix); tirage à part en brochure in-8° de 51 pages. Il s'agit dans ce mémoire d'examiner les végétaux qui servaient à la nourriture des indigènes dans les iles du grand Océan, lorsque les expé- ditions envoyées à la fin du xvm siècle les firent connaitre. M. Jouan le présente comme une série de notes additionnelles, parfois critiques, faites par lui aux deux volumes du Cours d'agriculture pratique de M. Heuzé qui traitent des plantes alimentaires. Il étudie successivement la Patate douce, les Ignames, le Manioc, le Taro, le Tacca, le Dioclea, le Ti (Cordyline australis Endl.), les Fougéres comestibles, le Bananier, l'Ananas, le Gombo, l'Arbre à pain, le Cocotier, le Mapé (Inocarpus edulis Forst.), le Papayer, la Pomme Cythére (Spondias dulcis Forst.), la Pomme Rose (Jambosa ma- laccensis), le Goyavier, l'Oranger, la Canne à sucre, les Pandanus, les Cucurbitacées, et divers végétaux d'introduction européenne. Recherches sur la structure de la tache dans les Sphé- ries foliicoles du groupe des Depazea; par M. L.-A. Crié (extrait du Bulletin de la Société Linnéenne de Normandie, 2° série, t. VI) ; tirage à part en brochure in-8° de 26 pages. Les recherches de M. Tulasne nous ont appris que les Sphéries folii- coles, de méme que la plupart des autres Pyrénomycétes, sont susceptibles de passer par divers états avant d'arriver à leur état parfait ou thécigère. Ces appareils, le plus souvent au nombre de quatre, savoir : conidies, spermogonies, pyenides et périthèces, ont été regardés comme caractéri- sant autant de types distincts. Dans ce premier travail, M. Crié s'occupe Spécialement de la structure de la tache d’où naissent, en suivant l'ordre successif de leur apparition, les conidies, les spermogonies, les pyenides et les périthéces. | Cette tache peut être déterminée ou indéterminée, et, dans le premier cas, orbiculaire, suborbiculaire ou elliptique. Outre ces dispositions de forme, les taches sont dans certains types de Sphéries foliicoles irrégulières par confluence, lorsque plusieurs taches voisines tendent à s unir entre elles. M. Crié cite des exemples de chacun de ces cas, ce qui l'améne à éclaircir la synonymie et les caractères de plusieurs Sphériacées. Sous le nom de Septoria dealbata, Léveillé a, dit-il, compris un nombre considérable de Sphéries foliicoles appartenant aux genres Septoria, Phyllosticta, Chei- laria, ete. M. Crié a observé dans l'Ouest et possède en herbier plusieurs de ces types qu'il décrit séparément. Les hes indéterminées se réduisent, le plus souvent, à un espace 56 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. assez considérable et trés-variable quant à sa forme, tandis que dans les taches déterminées on trouve une partie centrale limitée par une ou plu- sieurs lignes évidemment concentriques. Le centre ou cercle, dans la tache orbiculaire, est limité par une partie périphérique ou zone généralement très-foncée. Le centre, qui apparaît comme un simple point à sa naissance, alors que la zone est de beaucoup la partie la plus considérable, s'étend progressivement et surpasse bientôt en largeur la ligne qui l'entoure. Pri- mitivement rougeâtre, brunàtre ou verdâtre, le centre pàlit peu à peu el devient avec l'àge d'un blane souvent trés-pur. Des rapports qui existent entre la structure des feuilles du Buxus sempervirens et l’évolution des taches du Depazea buxicola ; par M. L.-A. Crié (extrait du Bulletin de la Société Linnéenne de Normandie, t. vi) ; tirage à part en broch. in-8° de 4 pages. Ces taches occupent le bord de la feuille, où le dédoublement en deux lames n'a jamais lieu; elles ne se séparent jamais du reste de cet organe, qu'elles ne perforent en aucune facon. L'auteur s'appuie sur la structure des feuilles du Buis, étudiée par M. Baillon (Monographie des Buxacées et des Stylocérées, p. 14), pour faire connaitre la cause de cette situation excentrique, due à ce quele Depazea buxicola Desm. veut, pour accom- plir son évolution, adhérence complète des deux lames de la feuille, et à ce que cette adhérence n'existe que sur les bords et au sommet de la feuille. Note sur un cas fréquent de desíruction des feuilles chez l'Hedera Flelix L.;par M. L.-A. Crié (extrait du Bulletin de la Société Linnéenne de Normandie, t. vit, 1874) ; tirage à part en br. in-8° de 8 pages. Cette maladie est causée par le développement du Depazea hederæcola au Jardin des plantes de Caen. Les taches qu'il détermine s'étendent assez souvent jusqu'à ce qu'elles aient envahi le support tout entier. Au contraire, lorsque certaines parties de la feuille ont été épargnées, ces taches se séparent, à une certaine époque, du parenchyme encore sain, emportant avec elles une portion du tissu nourricier. Les fibres de ce parenchyme sont exactement rompues là où finit le parenchyme ; il en résulte des vides souvent attribués par le vulgaire à la morsure des chenilles. M. Crié a remarqué que le parasite se développe sur les Lierres du Jardin botanique de Caen d'une manière tout à fait locale; cela conduit à se demander si le Depazea ne serait pas une forme d'un Champignon vivant sous une autre forme sur un végétal différent, voisin des points attaques par l'épidémie. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 57 Coup d'œil sur la végétation fongine de la Nouvelie- Calédonie ; par M. L. Crié (extrait du Bulletin de la Société Linnéenne de Normandie, t. 1x, 1875) ; tirage à part en br. in-8° de 12 pages. Ces Champignons se répartissent entre les familles des Hyménomycètes, Gastéromycètes, Discomycètes, Pyrénomycètes et Hyphomycètes. Les Basi- diomycètes (Hyménomycètes et Gastéromyeètes) ne sont guère repré- sentés, jusqu'à ce jour, que par les genres Agaricus, Boletus, Polyporus, Telephora, Hydnum, Eriocladius, Geaster et Hymenophallus. On remar- que parmi eux quelques Agarics, Bolets et Polypores cosmopolites, notam- ment le Polyporus igniarius, que les Polynésiens font brùler. Ils en retirent ainsi une poudre semblable au noir de fumée, dont ils se barbouil- lent la face et le corps les jours de fête ou de combat. M. Crié signale un certain nombre de produits eryptogamiques déjà bien connus, et quelques nouveautés, Rhytisma austro-caledonicum Crié, Septoria Chatiniana Crié, qui se trouve sur les Jonidium, ete. Il résulte des recherches qu'il a faites à Paris sur l'herbier du Muséum quele groupe des Dépazées est extrémement commun à la Nouvelle-Calédonie. Monographic Sketch of the Durionems; par M. Maxwell T. Masters (extrait du Journal of the Linnean Society, vol. xiv, pp. 491- 900) ; tirage à part en br. in-8° avec 3 planches. M. Masters commence par insister, contre l'opinion de M. Chatin, sur la nature des étamines des Malvacées, dontil soutient que chaque faisceau représente une feuille et se développe comme une feuille, en s'appuyant sur les diagrammes de M. Baillon et sur l'opinion de M. Van Tieghem. M. Masters entre ensuite dans l'examen monographique des Durionées, qu'il semble disposé à renfermer avec la plupart des auteurs daus le sous- ordre des Bombacées, et que le genre Camptostemon (1) relie aux Dom- bacées proprement dites et par suite avec le reste des Malvacées. La mono- Sraphie de M. Masters a évidemment été rédigée à l'occasion de l'examen Spécial provoqué par les recherches de M. Beccari, qui lui ont fourni un senre nouveau, Dialycarpa, et plusieurs espèces nouvelles. | | Le genre Dialycarpa offre : « Flores dichlamydei bisexuales; epicalyx 0; calyx 4-sepalus; petala 4-5 imbricata coriacea ; andræcium e phalangibus 4-5 constans ; filamenta œœ gracilia, singula 4-antherifera; antherie bilo- culares loculis rectis basi latissime divaricatis rimg longitudinali dehis- centibus; staminodia 5 lineari-subulata ; pistillum e carpellis 3 basi facile separatis , apicibus autem stylorum connexis. Ovarium 2-ovulatum, ovulis pendulis. Cocci parvi indehiscentes seu forsan demum rima ventrali lon- gitudinali dehiscentes, abortu monospermi. Semen pendulum triquetrum, raphe juxta placentam. » le Voici les espèces de M. Masters avec les numeros correspondants € ON SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Beeeari : Durio lanceolatus Mast., 2610 ; D. carinatus Mast., 600, 2638, 4019 ; D. oblongus Mast., 616, 855, 1204, 2921, 3088 ; D. lissocar- pus Mast., 427; D. malaccensis Planch. in herb. Kew, 852, 2190? 2590? ; Boschia grandiflora Mast., 1620; B. acutifolia Mast., 165, 2371 ?, 2600; Neesia strigosa Mast., 2037, 3253; Dialycarpa Beccarii Mast., 2473. The botanical source of Damiana ; par M. E.-M. Holmes (The Pharmaceutical Journal and Transactions, 22 janvier 1876). Le Damiana est une drogue qui nous vient du Mexique et de San-Fran- cisco. Les recherches de M. Holmes lui ont permis de reconnaitre que sous ee nom on envoie en Europe deux plantes trés-différentes. L'une est l'Haplopappus discoideus DC. (Composées), l'autre est uné espèce non encore décrite du genre Turnera. Su di una nuova specie di Lonicera ; par M. G.-A. Pasquale (extrait du Atti della Reale Accademia delle scienze fisiche e matema- tiche di Napoli, vol. vi); tirage à part en brochure in-4° de 3 pages, avec une planche. Le Lonicera stabiana Guss. ined. in herb. et Pasq. Rendiconto fasc. 9, p. 142 [1875] (L. etrusca Ten. Fl. nap. 1, 82 non Savi ; L. Caprifolium Ten. Syll. p. 104 non L.), présente les caractères suivants : « Frutex sarmentosus glaberrimus ; foliis glaucis, deciduis, obovato-oblon- gis, supremis tribus vel quatuor paribus oblongis connatis, basi utrinque lateraliter productis ; capitulis terminalibus plerumque sessilibus brac- teatis ; bracteis minimis ovario brevioribus, eglandulosis ; corollis ringen- tibus longe tubulosis, glaberrimis, albo-luteolis, fragrantibus ; fructibus globosis, calyce minuto constricto coronatis, luteis, trilocularibus. » The Flora of South-Australia; par M. R. Schomburgk (extrait du Handbook of South-Australia) ; tirage à part en une brochure de 64 pages. On sait que M. Schomburgk est directeur du jardin d'Adélaide, dans l'Australie méridionale, depuis un certain nombre d'années. Il comprend daus son étude et l'on ponrrait dire dans son administration non-seulement la partie australe du continent australien, où se trouve la ville d'Adélaide, et qui porte sur les cartes le nom de South Australia, mais encore toute la partie moyenne de la Nouvelle-Hollande, du sud au nord, c'est-à-dire du 36° au 13* degré de latitude australe. Il fait connaitre d'abord les caractères généraux du pays, que son peu élévation, sa sécheresse, le défaut de chaines boisées, l'égalité de son climat, ete., condamnent à une végétation uniforme et relativement pauvre, Les familles qui y prédominent sont, comme dans le reste de l'Aus- tralie, les Légumineuses, les Myrtacées, les Composées, les Protéacées, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 59 les Crucifères, les Rubiacées et les Graminées, abondantes en genres, en espèces et en individus, mais moins abondantes cependant que dans la partie orientale et dans la partie occidentale du même continent. Ainsi sur 134 Eucalyptus australiens, la flore de South-Australia n'en possède que 30, et sur 310 Acacia, 10 seulement. Il est vrai que le territoire immense dont parle M. Schomburgk est loin d'avoir été exploré dans toutes ses parties. L'auteur entre dans des détails très-intéressants sur l'usage industriel ou médical que l'on peut faire des productions de ce pays. S'il ne pro- duit point de fruits comestibles, on y trouve du moins d'excellent bois de charpente, le Muehlenbeckia adpressa Meissn., qui a les propriétés de la Salsepareille ; l'Erythrea australis R. Br., amer et tonique comme notre petite Centaurée; des Sapindacées et des Urticées qui fournissent du caoutchouc ; des plantes textiles, telles quele Linum marginale A. Cunn., l'Hibiscus tiliaceus L., le Crotalaria dissitiflora Benth. ; des végétaux résineux, Acacia et Xanthorrhæa ; des Graminées et des Cypéracées, dont les fibres peuvent fournir une bonne pâte à papier. A cet égard, M. Schom- burgk a commencé récemment, grâce à l'envoi d'une once de graines reçue par lui de la maison Bull de Londres, l’acclimatation du Stipa tena- cissima, Alfa de la province d'Oran. Cette précieuse Graminée peut fort bien réussir dans les steppes de l'Australie ; elle convertirait des déserts en terrains d'excellent rapport. Des moulins à papier viennent d'étre éla- blis dans la province de Victoria en concordance avec ce premier essal d'aeclimatation. Ces renseignements sont suivis d'un catalogue de la flore connue de l'auteur dans l'étendue de l'Australie moyenne, où il distingue les végé- laux selon qu'ils appartiennent à la partie située en decà ou au delà du tropique dans cet immense territoire. Two new Fungi; par M. Berkeley (Gardeners Chronicle du 17 juin 1876). Le genre Kalchbrennera Berk. (1) est du cap de Bonne-Espér ance el voi- sin du genre Lysurus. Il présente : « Receptaculum hemisphæricum, cum Stipite confluens, emittens numerosos et cuneiformes processus, integros V. bifureatos, inter quos stratum olivaceum hymenium ; sporis minulis, ovatis, pellucidis ; stipite basi volva cincto. » | E | Le genre Macowania Kalchbr., de la même région, est voisin du genre Gautiera, el présente: « Peridium hemisphæricum, supra live, epigeneum, Carnosum, stipitatum ; stipite centrali usque ad apicem producto infra distincto, supra cineto a cavernuloso et decurrente hymenio ; sporophoris Serentibus duo hyalinas tubereulatas globosas sporas. » Ae cle : le Gar À ^ icle. Ces deux types nouveaux sont figurés dans le Gardeners’ Chrom . `} (29 iui rkeley a changé ce (1) Dans un numéro ultérieur du méme recueil (29 juillet), M. Berkeley nom en celui d'/fypochanum 60 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Examination of Diatoms found on the surface of the sea of Java ; par M. P.-T. Cleve (Bihang till. Kongl. svenska Vetenskaps-Akade- miens Handlingar, 1813). Ces Diatomées marines ont été recueillies dans les parages de Java par M. le capitaine Knoll. Elles sont au nombre de 54. M. Cleve a distingué parmi elles plusieurs nouveautés, entre autres : Hemiaulus membrana- ceus, Molleria cornuta, Lauseria annulata, Chætoceros distans, Ch. diversum et cinq autres espèces du même genre, Amphicampa æquato- rialis et Amphiprora membranacea. i. est à remarquer que plusieurs des Diatomées trouvées près de l'ile de Java vivent aussi dans le nord de l'Océan Atlantique. On Diatoms from the Arctic sea; par M. P.-T. Cleve (ibid., 1813). Ces Diatomées ont été recueillies par l'expédition suédoise envoyée au Spitzberg et au Groenland; elles forment une flore à certains égards spé- ciale, ayant sans doute plusieurs espèces en commun avec la flore des mers tropicales, mais caractérisée par la fréquence de certaines autres qui ne se trouvent pas dans ces mers, ainsi que l'absence de types qui manquent rarement à la partie moyenne comme à la partie australe de l'Atlantique. Les espèces suivantes : Achnanthes longipes, Actinoptychus undulatus, Surirella lata et fastuosa, Biddulphia pulchella, Triceratium Favus, aussi communes sur les rivages de la Grande-Bretagne que sur ceux de la Suède, se rencontrent à peine dans les eaux arctiques (1). Quelques espèces nouvelles sont signalées dans ce mémoire de M. Cleve, entre autres : Thalassiosira Nordenskióldii, Chætoceros decipiens, Ch. atlanticum, Ch. pelagicum, Campylodiscus groenlandicus, Cocconeis decipiens, C. glacialis, Navicula arctica, Amphiprora longa, A. nitzs- chioides, Amphora eunotia, Synedra Thalassothrix, Fragilaria ocean ica , Rhablonema Torelli, Achnantidium arcticum, A. groenlandicum. Ce mémoire est accompagné de quatre planches qui représentent la plupart des nouveautés (2). Desmidieæ arctics, auctore O. Nordstedt ( Ofversigt of Kongl. Ve- tenskaps Akademiens Förhandlingar, 1875, n° 65, avec 3 planches). Plusieurs mémoires sont compris par l'auteur sous ce titre. Les matériaux du premier ont été recueillis dans les eaux douces des (4) Quelques-unes se sont rencontrées sur les côtes du Spitzberg, mais à 160 brasses de profondeur. H faudrait évidemment, dans ces comparaisons géographiques, tenir un graud comple de la profondeur à laquelle sont récoltés les échantillons. (2) H importe de signaler après ces deux mémoires celui qui les suit dans le même volume et que M. Lagerstedt a consacré aux Diatomées d’eau douce du Spitzberg et do ‘ile Bear. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 61 parages actiques, pendant l'expédition. suédoise, par M. Kjellman, le méme naturaliste dont notre Bulletin a reproduit un intéressant mémoire. Ces études portent à 85 le nombre des Desmidiées arctiques aujourd'hui connues. On n'y trouve cependant aucune espèce de genres si répandus dans d'autres flores, tels que : Tetmemorus, Micrasterias, Desmidium, Xanthidium, Arthrodesmus. En revanche il y a, comme on devait s'y attendre, quelques nouveautés, entre autres : Cosmarium arrosum, C. pycnochondrum, €. subreniforme, C. cinctutum, C. arctoum, C. pericy- matium, Euastrum tetralobum, Staurastrum subsphericum, S. pachyr- rhynchum, S. megalonotum, S. rhabdophorum. Le second de ces mémoires concerne les Diatomées de la Nouvelle- Zemble ; il comprend 23 espèces trouvées dans des Mousses recueillies en 1811 par M. Aagaard dans l'expédition de Rosenthal. Le troisième mémoire concerne les Desmidiées de la Laponie russe. Botanical Contributions; par M. Asa Gray (extrait des Proceedings of the American Academy of Arts and Sciences, vol. x1; publié le 9 janvier 1876) ; tirage à part en broch. in-8°, pp. 71-104. Ce mémoire est consacré à la flore de Californie. Il renferme la des- cription de plusieurs genres nouveaux, savoir PALMERELLA (Lobéliacées). — Calycis tubus turbinatus, ovario bilocu- lari multiovulato adnatus ; limbus 5- partitus, lobis angustis æqualibus. Corollæ tubus lineari-elongatus, omnino saltem superne integer, fauce nunquam dilatata, limbo patente valde inæquali, lobis 2 minoribus. Fila- menta corollæ tubo longissime adnata, dein monadelpha et uno latere sæ- pius alterius adnata ; antheræ oblongæ, 2 setis paucis penicillatæ, 3 majores nudæ. — Cetera Lobeliæ. HESPERELEA (Oléacées). — Calyx 4-sepalus, imbricatus, deciduus. Petala 4, unguiculata, imbricata, accrescentia, decidua. Stamina 4, hypo- gyna, alterna, filamenta subulata; antheræ oblongæ, subintrorsæ mucro- natæ. Ovarium ovoideum, ovulis in loculis binis ab apice pendulis, stylus columnaris, stigmate bilobo. Fructus drupaceus. Arbor foliis oppositis integris, panicula floribunda, floribus sulfureis nunc imperfecto ovario polvgamis. HanpaGoxELLA (Borraginées).— Calyx inæqualis obliquus, corolla tubo brevissimo subrotata, stamina brevia, stylo, brevi, stigmate subcapitato. Ovarii segmenta subglobosa, gynobasi planiusculie affixa, quorum 2 > abor- tiva, ovula in fertilibue erecta, anatropa, foramine infero. Nuculie 2 colla- lerales, lives, oblongæ v. subelavatæ, ab areola parva ascendentes, una nuda siepe infertilis, altera major intra cucullum calycinum 6-7 cornutum arcte elausa, — Herba pusilla. . mE LCHIDIOCARYA (Borraginées). — Herba annua, foliis oblongo-linearibus lloribusque Eritrichium sect. Plagiobotriydem referentibus, corolla parva, 62. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. nuculis 4, latis, inermibus, subruguloso-muriculalis, dorso et ventre carinulatis, -carina ventrali apice breviter producta, areola basilari late concava in stipitem longa producta, stipitibus infra medium per paria connexis introrsum apertis gynobasin conicam claudentibus. Ce mémoire contient en outre les synopsis des genres Speculuria, Col- linsia, Mimulus et Monardella. On y trouve des espèces nouvelles dans les genres Sedum, Cleomella, Polygala, Glossopetalon, Petalostemon, Galium, Haplopappus, Bigelovia, Diplostephium, Aster, Dicoria, Fran- seria, Wyethia, Helianthus, Iva, Encelia, Perityle, Hemizonia, Artemi- sia, Senecio, Pyrrhopappus, Arctostaphylos, Gentiana, Halenia, Micro- cala, Gilia, Leselia, Lachnostoma, Phacelia, Emmenanthe, Convolvulus, Solanum, Tonella, Pentstemon, Hedeoma, Calamintha, Pogogyne, Scu- tellaria, Eriogonum et Grayia. El Roble de la Flora de Filipinas ; par M. Laguna y Villanueva. Broch. in-8° de 8 pages, avec une planche. Madrid, 1875. Il s'agit dans cette brochure d'un Chêne nouveau de la section Cycloba- lanus recueilli à Luçon, où il forme des forêts dans les montagnes, par D. Ramon Jordana y Morera. Quercus Jordanæ, n. sp. — Ramulis, petiolisque junioribus utrinque fulvo-tomentosis ; foliis adustis integris, elliptico-ovatis, apice abrupte acuminatis, coriaceis, supra glabriuseulis, subtus cinereo-tomentellis ; cupula zonis vix distinctis, patellæformi, applanata, glandem depresso- globosam basi tantum tegente. Nouvelles recherches sur les Wucorinées; par M. Ph. Van l'ieghem (extrait des Annales des sciences naturelles) ; tirage à part en un volume in-8° de 175 pages, avec 4 planches gravées. Nous avons rendu compte il y a deux ans des Recherches sur les Muco- rinées de MM. Van Tieghem et Le Monnier, dontle présent mémoire forme la continuation. M. Van Tieghem signale d'abord quelques propriétés générales du protoplasma des Mucorinées, notamment le mouvement dont il est animé, la manière dont il cicatrise ses blessures accidentelles ou normales, les cristalloides qu'il produit, enfin le mode de formation de ses spores. Aprés une blessure, le protoplasma de la région inférieure non atteinte se contracte aussitót, se referme et se sépare par une cloison de l'extrémité morte ; aprés quoi (si la branche blessée était terminale) le tube pousse au-dessous de la cloison une branche latérale qui se termine par un Spo- range pareil à celui qu'aurait formé la tige principale, mais d'autant. plus petit que la perte de protoplasma occasionnée par la blessure a été plus grande. Qu'elle soit provoquée par des blessures ou spontanée, qu'il y ait cicatrisation ou occlusion, la formation des cloisons chez les Mucorinées, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 63 plantes essentiellement monocellulaires, doit être attribuée à la propriété générale que les expériences de l'auteur ont mise en évidence, c'est-à- dire à la faculté que posséde le protoplasma vivant de se maintenir con- stamment fermé soit vis-à-vis du milieu extérieur, soit vis-à-vis des parties de son propre corps qui sont mortes déjà ou doivent mourir bientót. Sur des myeéliums pluricellulaires comme le sont ceux des Ascomycètes et des Basidiomyeétes, la cicatrisation n'a pas lieu en général, parce qu'elle est inutile (1). La mucorine est une substance albuminoïde déterminée, cristallisant en octaèdres réguliers (ou en formes dérivées de cet octaèdre), insoluble dans le suc cellulaire comme dans l'eau, qui se sépare, vers le bas de l'appareil reproducteur du protoplasma qui s'épure ainsi avant d'aller concourir à la formation des organes reproducteurs. C'est une substance éliminée. Chez toutes les Mucorinées, la formation des spores s'accomplit dans un sporange, et sauf le cas où (Chætocladium) le sporange est monosperme, elle est toujours accompagnée de la production d'un protoplasma intersti- tiel plus ou moins abondant. Elle se rattache donc à la genèse libre plutôt qu'à la division, et se rapproche ainsi de la formation des spores dans les thèques des Ascomycètes. M. Van Tieghem aborde ensuite la partie systématique. Il divise les Mucorinées en quatre tribus : deux n’ont pas de stylospores, pas d'anasto- moses dans le mycélium ; ce sont les Pilobolées à membrane sporangienne cuticularisée, et les Mucorées où cette membrane est diffluente; deux autres ont des stylospores et un mycélium anastomosé : ce sont les Mor- liérellées à sporange sphérique, et les Syncéphalidées à sporange cylin- drique, | Dans les Pilobolées, M. Van Tieghem fait connaitre trois Pilobolus el le genre nouveau Pilaira, comprenant deux espèces, le Pilara Cesati (Pilobolus anomalus Cesati, Ascophora Cesatii Coemans), et le P. nigres- cens, n. sp. Dans ce nouveau genre le sporange est soulevé et non projeté comme dans les Pilobolus. Le Pilobolus Mucedo Brefeld en fait aussi partie. — Dans les Mucorées, Pauteur décrit un nouveau Phycomyces, Ph. mi- crosporus : le genre nouveau Spinellus, fondé sur le Mucor fusiger Link, et Sur un nouveau Sp. sphærosporus ; deux nouveaux Rhizopus ; le Spo- rodinia Link et le Gircinella simplex n. sp. | Dans la tribu des Mortiérellées, qui ne comprend encore que le genre "Portierella. l'auteur signale quatre espéces nouvelles de ce dernier type. Dans la tribu des Syncéphalidées, il précise les caractères de huit nou- i | i i ir ] gri and- M Chez les Siphonées, dont l'appareil végétatif. unicellulaire offre une grando m i tube avec celui des Mucorinées, M. Hanstein s'est assuré que toute section aite da se cicatrise promptement par la contraction du protoplasma vivant: 64 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. veaux Syncephalis et de quatre Piptocephalis. Le dernier chapitre est consacré à la description de deux types distincts de Champignons para- sites, le Dimargaris, qui, totalement étranger à la famille des Mucorinées, se comporte cependant, vis-à-vis des plantes de cette famille, comme para- site, de la méme manière que certaines Mucorinées elles-mêmes ; et le genre Dispira, également parasite : ces deux types appartiennent, selon toute vraisemblance, à l'ordre des Ascomycétes. En dehors des détails purement descriptifs, le mémoire de M. Van Tieghem ouvre certains apercus intéressants, méme nouveaux. Non-seule- ment il établit que le polymorphisme, longtemps soutenu, des Mucorinées, se réduit à une pluralité d'organes reproducteurs ou à des faits de parasi- lisme mal interprétés, mais encore il prouve qu'il y a diverses sortes de parasitisme. Il y a un parasitisme nécessaire, quand l'individu cultivé en cellule meurt faute de trouver auprés de lui le sujet sur lequel il lui fau- drait se greffer; il y a parasitisme facultatif quand cet individu peut vivre seul et cependant se développe mieux quand il peut se greffer. Il ya parasitisme multiple quand le Chætoctadium Brefeldii, parasite facultatif, se développe sur le Mucor Mucedo, et, dans la méme culture, le Piptoce- phalis repens, parasite nécessaire, à la fois sur le Mucor et sur le Chæto- cladium. ll y a enfin parasitisme réciproque dans le cas où le sujet est entretenu par le mycélium que le parasite développe. C'est de cette ma- nière que M. Van Tieghem comprend le consortium lichénique. Aussitót que l'Algue (Protococcus viridis, par exemple) a été touchée et en partie alteinte par les filaments du Champignon (Physcia parietina), cette Algue, loin de souflrir de ce contact, s'accroitavec plus de vigueur et surtout mul- üplie ses cellules avec plus d'activité que dans la culture de comparaison ou elle est seule et demeure indépendante. L'Algue nourrit donc le Cham- pignon, mais en méme temps le Champignon nourrit l'Algue. M. Vau Tieghem donne encore des détails intéressants sur les anasto- moses du mycélium. Il existe, dit-il, des Champignons chez lesquels les divers tubes du mycélium simple issu d'une spore unique s'anastomosent entre eux, el quand deux mycéliums simples se trouvent développés cóte à côte dans la même goutte par deux spores de la méme espèce, les tubes de l'un s'anastomosent aussi avec les tubes de l'autre, de manière à les confondre en un seul et méme mycélium complexe. Ce dernier point est vrai pour des Mucorinées (Syncephalis, Mortierella, pour des Ascomycetes (Penicillium) et pour des Basidiomycétes (Coprinus, ete.). Chez les Myxo- mycètes, les diverses plasmodies élémentaires issues de spores différentes se fondent aussi en une plasmodie unique et complexe. M. Van Tieghem ne voit pas dans ce fait l'indication d'une sexualité quelconque.(1). naf H H nm . ` c "ur, " 1 d M. Brefeld a communiqué l'été dernier à la Société des naturalistes de Berlin un memoire que nous ne croyons pas utile de faire connaitre ici, puisque M. Van Tieghem, en y répondant, l'a analysé dans la séance du 28 janvier dernier. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 65 Monographie des Célastracées et des Rhamnacées ; par M. H. Baillon (suite de l'Histoire des plantes). In-4° de 92 pages, avec 91 figures. Paris, Hachette, 1875. M. Baillon a fait des Célastracées une famille par enchainement où il admet non-seulement les Célastrinées des auteurs, et, à l'exemple de MM. Bentham et Hooker, les Hippocratéacées, mais encore : les Stackhou- siées, que ces auteurs en séparent pour les placer entre elles et les Rham- nées ; les Salvadoracées (sous le norn d'Azimées), qui n'en avaient pas encore été rapprochées avant lui (1); les Buxées, considérées depuis longtemps par lui comme des Célastracées à fleurs imparfaites et unisexuées; et les Geissolomées, formées du seul genre Geissoloma (2). La famille ainsi conçue a des rapports multiples. Par les Évonymées isostémonées et à ovules ascendants, elle se rapproche des Pénéacées, dont elle diffère sur- tout par l'organisation de son gynécée, et des Rhamnées, dont elle s'écarte uniquement parce que les étamines sont chez elles alternes et non oppo- sées aux pétales. Par les Buxées, et aussi par les Hippocratéacées et les Évonymées, elle présente de grandes ressemblances avec certaines Eu- phorbiacées ; la situation du micropyle (suivant une loi reconnue il y a longtemps par Payer) fait la différence. Les Célastracées ont encore été rapprochées des Staphylées (qui sont des Sapindacées) et des Ilicinées ; mais ces dernières ont été avec raison, dit M. Baillon, reportées parmi les familles à corolle gamopétale. Aucun genre nouveau n'est proposé par M. Baillon; mais nous remar- quons dans son cadre monographique quelques dispositions nouvelles. Ainsi le nom de Myginda L. Gen. n. 178, disparait pour faire place à Rhacoma L. Gen. n. 444 (3); au genre Celastrus sont réunis les genres suivants : Denhamia Meissn., Gymnosporia Wight et Arn., Maytenus Feuill. et Putterlickia Endl., Hedraianthera F. Müll., Moya Griseb. Parmi ceux que conserve M. Baillon se trouvent des types fort intéres- sants, tels que Mortonia Asa Gray, arbuste du Mexique septentrional, à port éricoide (qui reproduit le port et la plupart des caractères des Bru- niacées) (4) ; le Wimmeria Schlecht. in Linn. vi, 417, dont l'attribution est incertaine (et qui pourrait bien apparlenir aux Saxifragées). Il n'in- (1) Voy. cette Revue, t. xvi, p. 209. (2) Voy. cette Revue, t. xxi, p. 130. MEM mM (3) Voy. la Revue, t. xx, p. 120 et surtout la note 1. Linné lui-même, dans la sixiemé édition du Genera, p. 68, attribue ce genre à Jacquin, comme De Candolle dans le Pro- dromus, t. 1, p. 12. Le Rhacoma de Linné (Crossopetalum Browne) est devenu le My- ginda Rhacoma Sw. Fl. Ind. occid. . uu . (4) M. Baillon reconnait (p. 68) que les Bruniacées, rapportées par lui à la famille des Saxifragacées, ont bien le réceptacle concave des Rhamnacees, dont celles différent par leurs étamines alternipétales. Ceci les rapproche des Célastracées. Elles ont des ovules d'scendants, anatropes, à micropyle intérieur et supérieur, comme certains Evonymus (REVUE) 5 T. XNIII. (REVUE) 9 66 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dique qu'en note le Llavea Liebm., genre mexicain d'affinité trés-dou- teuse (1). Les Rhamnacées ne présentent guère de particularité saillante dans le ravail de M. Baillon. Il distingue dans cette famille trois tribus, Rhamnées, Gouanices et Collétiées. Les limites de ces tribus se sont, dit-il, singuliè- rement effacées par le fait des découvertes les plus récentes. Ainsi legenre Reissekia, par son port, son feuillage et ses cirres, est le trés-proche voisin des autres types de la série des Gouaniées, ce qui enléve au der- nier de ces caractères une grande partie de la valeur qu'ou lui avait géné- ralement attribuée. Revision of the Genera and Species of Asparagaces; par M. J.-G. Baker (Journal of the Linnean Society, t. xiv, pp. 508- 632) ; tirage à part en broch. in-8° accomp. de 4 planches. M. Baker divise les Liliacées en trois ordres, savoir : 4° les Liliacées proprement dites, à anthères introrses, à styles soudés, à fruit capsulaire et à déhiscence loculieide; 2 les Colchicacées, à anthères extrorses, à style distinct, à fruit capsulaire et à déhiscence septicide ; 9" les Aspara- gacées, à fruit baccien. Il est à remarquer que parmi celles-ci les anthères extrorses et le style distinct des Colchicacées se reproduisent dans la tribu des Streptopeæ, qui comprend 7 genres et 22 espèces. | Les Aspidistrées sont regardées par M. Baker comme une section des Asparagacées. T in dehors de ces trois divisions des Liliacées, M. Baker signale comme des « tribus aberrantes » de cette famille : 4° les Liriopées (nom que cer- tains droits d'antériorité lui font préférer au nom plus connu d'Ophiopo- gonées), dont les graines mürissent en dehors de l'ovaire; 2* les Conan- thérées, qui ont l'ovaire à demi infére ; 3° les Gilliésiées, avecun périanthe herbacé, souvent irrégulier ; 4° les Stémonées (Roxburghiacées de Lindley), où la fleur est dimère, les capsules à deux valves avec des placentas basilaires et les feuilles largement pétiolées ; 5° les Scoliopées, qui ne comprennent qu'une espèce à ovaire 1-loculaire, à placentation pariétale, à anthéres extrorses, à segments intérieurs du périanthe beaucoup plus étroits que les segments extérieurs. Au contraire, les Smilacées sont conservées par M. Baker comme famille distincte. L'ovule est chez elles orthotrope, tandis qu'il est anatrope chez les Liliacées. Leurs anthères basifixes, leur inflorescence, leur port, ten- dent à les séparer encore. Il les laisse done à part dans ce mémoire (2). Le petit groupe des Philésiacées est considéré par lui comme très-rap- proché des Smilacées, wl t pest attese aan m de Lio doit en tau eas disparaitre, Lu (2) On sait que M, Alph. de Candolle s b ` A . =} SOCIUS died . A se prépare à donner à la science uud monogra- phie des Smilacées, à scicice ung > REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 67 M. Baker passe en revue les principaux organes des Asparagacées, et entre ensuite dans l'examen monographique de leurs espèces. ll exclut le Dasylirion, qui est pour lui une Liliacée voisine des Yucca ; le Vera- tronia de Miquel, qui est un Palmier ; le Duchekia Kosteletsky (Psaliota thyrsoidea, Commélynées) ; le Dracena graminifolia L., qui est un Liriope; et le Dianella dubia HBK., qui doit se placer dans les Anthéri- cées au voisinage du Stypandra. Les circonscriptions des genres sont fort variées: sur 35 genres que comprend la tribu, 28 sont monotypes, tandis que le genre Asparagus contient 98 espèces. La sous-tribu des Aspidistrées est, malgré son peu d'étendue, la plus intéressante. Malgré les travaux de Kunth, M. Baker réunit l'Aspidistra lurida du Botanical. Register, celui du Botanical Magazine et PA. pun- ctata de Lindley. Le Tupistra nutans Wall. devient un synonyme du T. squalida Gawl., auquel il associe méme le Macrostigma tupistroides de Kunth, que cet auteur en séparait génériquement. Par contre il établit un genre nouveau, Gonioscypha, pour une Aspidistrée de l'Himalaya dont le stigmate est celui des Liliacées ordinaires, et il éléve au rang de genre le Tupistra? aurantiaca Wall., resté inconnu à Kunth, sous le nom de Campylandra. Ces deux types sont figurés dans les planches jointes à son mémoire. Nos lecteurs n'attendent pas de nous, vu l'étroitesse de notre cadre, que nous insistions sur les autres modifications introduites par M. Baker dans la nomenclature; non plus que sur les caractéres des espéces nou- velles décrites par lui. Florule de Shang-hai (province de Kiang-sou); par M.O. Debeaux (Actes de la Société Linnéenne de Bordeaux, t. xxx, 1875) ; tirage à part en brochure in-8° de 78 pages. Les recherches de M. Debeaux ont été faites pendant l'expédition mili- taire francaise de 1860 à 1862. Il a depuis étudié ses plantes avec le con- cours de M. Franchet qui a soumis certaines espéces critiques à M. Maxi- mowiteh. Ces plantes proviennent de Hong-kong et de Kow-long, dans la province de Canton (Koüang-tong) ; d'A-moy, dans le Fo-kien ; de Shang-hai et de Woo-sóng, dans le Kiang-sou; de Tché-fou et de la partie montagneuse au-dessus de Yan-taï, dans le Chan-tong ; enfin de Tien-tsin dans le Pé-tehé-ly. L'énumération des plantes de Shang-hai, de Tché-fou et de Tien-tsin lui fournit les matériaux de trois Florules. | | Dans celle-ci, il décrit d'abord l'aspect général du territoire de Shang-haï et de sa végétation. Il insiste avec raison sur l'extrême analogie que pre- sente la végétation du littoral de cette partie de la Chine avec la végétation du Japon, reconnaissant que cette analogie peut étre due à la fréquence des relations qui unissent ees deux pays, et à des faits d'acclimatation. 68 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Debeaux s'est appliqué à donner pour chaque espèce une synonymie complète, le nom indigène quand il a pu le découvrir, la distribution géo- graphique et des indications souvent fort précieuses. Le Rhamnus chloro- phorus Dene, qui fournit le vert de Chine (1), est ramené par lui au Rh. virgatus Roxb. var. apricus Maxim. Il a retrouvé à Shang-hai le Fontanesia phillyreoides Lab., de Syrie. H est vrai qu'en Chine cette espèce diffère du type par des feuilles du double plus allongées, et ne se distingue du F. Fortunei Carr. que par l'époque de sa floraison. L'Isatis indigotica R. Fort. sert à la coloration du thé vert. Le Spheria sinensis Fr., qui vit en parasite sur les chenilles d'un papil- lon du genre Hepiatus, jouit, comme réconfortant, d'une réputation pres- que aussi grande que celle des racines du fameux Gin-seng. Une seule espèce nouvelle est indiquée par M. Debeaux, l’Isachne altis- sima, caractérisée par ses feuilles longues, hérissées à sa face inférieure, par sa panicule ample et diffuse, par les glumelles des fleurs hermaphro- dites glabres et luisantes; on ne peut la rapprocher que de F7. australis. M. Debeaux termine son mémoire par un tableau qui indique par familles les principales affinités que présentent les plantes de Shang-hai dans l'ordre géographique. Sur 152, 124 sont communes avec le Japon, 54 avec l'Europe et 44 seulement spéciales à la Chine. Il aura du reste l'occasion de revenir prochainement sur ces faits en s'occupant de la flore du Tché-fou. Herborisations dans les montagnes de Hautevillc, du €o- lombier, du Bugey et du Pilat; par MM. Méhu, Saint-Lager et Cusin (extrait des Annales de la Société botanique de Lyon); tirage à part en brochure in-8° de 39 pages. Lyon, 1876. Ces mémoires sont réunis en un fascicule qui porte pour titre commun : A LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. [ls ont été publiés à l'occasion de notre session extraordinaire de 1876, afin de faciliter les recherches de nos confrères et de provoquer des observations au besoin plus complètes. Cet hommage ne peut manquer de resserrer encore davantage les liens de confraternité scientifique qui unissent l'association lyonnaise à notre Société. Ce fascicule comprend : 1° Le compte rendu de l'herborisation faite de Tenay à Hauteville, dans la forêt de Mazières et au Vély ; par M. Ad. Méhu, qui fait bien valoir les charmes de la végétation des riantes montagnes du Bugey. La grange du Vély est à l'altitude de 1004 mètres et donne une bonne moisson d'espèces alpestres. Le Thlaspi Gaudinianum Jord. se trouve en abondance au sommet de la prairie qui entoure la grange de Mazières, ainsi que l Orchis (1) Voy. le Bulletin, t. v, p. 244. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 69 viridis, VO. sambucina, l'Heracleum alpinum. M. Méhu cite encore Trollius europœus, Thesium alpinum, Orchis globosa, Narcissus poeti- eus, Nigritella angustifolia, Rumex arifolius, etc. 2^ Une notice sur la végétation de la forét d'Arviéres et du Colombier du Bugey (qu'il ne faut pas confondre avec le Colombier de Gex) ; par M. le docteur Saint-Lager, qui fait connaitre d'abord en géologue la chaine à laquelle appartient cette montagne : elle fait partie de la seconde chaine du Jura, plus occidentale et un peu moins élevée que la première. M. Saint- Lager, qui a beaucoup exploré cette région, en indique au botaniste tous les chemins et toutes les récoltes, presque en toute saison. Les plantes importantes des sommités (le Colombier du Bugey s'éléve à 1534 métres) sont les suivantes : Lonicera alpigena, Carex ornithopoda, C. semper- virens, Lycopodium Selago, Homogyne alpina Cass., Allium Victorialis, Ranunculus montanus, Thlaspi Gaudiniamum, Orchis albida, Draba aizoides, Globularia cordifolia, Erigeron alpinus. En terminant, M. Saint- Lager dresse la liste comparative des espéces du Jura qui manquent au Bugey, et vice versa. Géologiquement parlant, le Bugey est un Jura méri- dional, à sommets moins élevés, et sans doute avec une moyenne annuelle de température plus élevée. Aussi constate-t-il que quarante-quatre espèces alpines du Jura manquent au Bugey, tandis qu'un grand nombre d'espèces, qui ont une prédilection très-marquée pour les expositions chaudes, sont beaucoup plus répandues sur les collines des arrondissements de Belley et de Nantua. De part et d’autre, d’ailleurs, on observe une grande pré- dominance d'espèces calcicoles, les espèces silicicoles ne se montrant que Sur quelques blocs erratiques, sur quelques couches calcaires silicifiées par des sources thermales, ou sur l'argile glaciaire qui forme le fond des tourbiéres, . 9^ Notice sur la flore du Pilat; par M. Cusin, qui trace les plantes à récolter dans six parties distinctes de l'herborisation. Cette notice est suivie d'un aperçu géologique et phytostatique sur le Pilat, par le docteur Saint-Lager. Il donne la liste des plantes du Pilat qui sont plus particu- lièrement caractéristiques des terrains à base de silicates alcalino-terreux. La flore du Pilat contraste avec celle des chaines calcaires, jurassiques et crétacées de l'est de la France, tandis qu'elle offre une frappante ressem- blance avec celle du Forez, des Cévennes et du massif granitique et vol- canique de la France centrale, dont elle forme comme un promontoire avancé dans Ia vallée du Rhône. Conspectus of the north American Hydrophyllaces ; par M. Asa Gray (extrait des Proceedings of the American Academy of Arts and Sciences); tirage à part en brochure in-8°, pp. 312-332, avril 1875). . ; ivise Cette famille, telle que la considère maintenant M. Asa Gray, se divi 70 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. en quatre tribus, savoir : les Hydrophyllées, avec les genres Hydrophyl- lum Tourn., Nemophila Nutt. et Ellisia L. ; les Phacéliées, avec les genres Draperia Torr., Phacelia Juss. (inclus. Eutoca R. Br. part.), Emmenanthe Benth., Gonanthus S. Watson (Eutoca sec. Conanthus À. DC., Tricar- dia Torr., Romanzoffia Cham. et Hesperochiron S. Watson; les Namées, avec les genres Nama L. et Eriodictyon Benth.; enfin les Hydroléacées, avec le seul genre Hydrolea L. Le genre Phacelia, considérablement agrandi aux dépens de ses voisins, contient dans cette monographie 49 espèces. Il n’y a guère de nouveautés. ” On a collection of Ferns made in Samoa by the rev. S.-J. Whitmee ; par M. J.-G. Baker (The Journal of Botany, jan- vier 4876, pp. 9-13). Cyathea samoensis Baker, n. sp. — Frondibus amplis, 3-pinnatis ; sti- pite castaneo, inter pinnas tomento brunneo adsperso. Pinnis oblongo- lanceolatis, 4-4 ped. longis, 5-6 pollices in medio latis; pinnulis sessilibus, ligulatis, caudatis, ut maximum 2 4-3 poll. longis, sectis ad rhachidem in obtusos duplo crenatos lobos, in utroque pagina sparse furfuraceis ; venis 5-9-jugis, infimis furcatis; soris densis, costularibus, supremis evanescentibus ; involucro lato, brunneo, persistente, irregu- lariter ruptili. — Porterait, dans le Synopsis Filicum, le n° 54 bis. Hymenophyllum samoense Baker, n. sp.... Rhizomate filiformi, late repente; stipite 2-3 pollicari, nudo, alato in dimidia superiore parte; limbo oblongo-deltoideo v. rhomboideo, 3-pinnatifido ; rhachi stricte alata; pinnis 6-10-jugis, ascendentibus v. patulis, infimis æqualibus v. minoribus, omnibus in pinnulas sectis paucas, ligulatas, divaricatas, erecto-pa- tentes, glabras, integras; soris terminalibus; involucri valvis oblongis, duplo latioribus apice segmenti, liberis, apice tenuiter dentatis. — Voisin des formes non erispées de l'H. javanicum. Davallia plumosa Baker, n. sp., de la section Eudavallia. — Rhizo- mate late producto, dense cooperto brunneis capillaribus squamis 3-4 lin. longis ; stipite brunneo, nudo, firmo, erecto, 5-6-pollicari ; lamina del- toidea, semipedali, lxvi, nuda, intida, subcoriacea, sicca in brunneum vergens. Pinnis inferioribus majoribus, petiolatis, deltoideis ; pinnulis ulti- mis lineari-ligulatis, basi cuneatis, maximis 21 polliceslongis, ad dimidium sectis in lobos regulares, erecto-patentes, obtusos, sæpe emarginatos ; venis tenuibus, immersis, obscuris, erecto-patentibus. — Se place entre le D. pentaphylla et le D. solida. Oleandra Whitmei Baker, n. sp. — Rhizomate producto, suffruticoso, flexuoso, obducto squamis densis, linearibus acuminatis, pallide brunneis ; stipite 6-18 lin. longo, squamoso, articulato ; limbo lineari-ligulato, sim- plici, 10-18 pollices longo, 12-21 lin. lato, acuto, basi cuneato v. stricte rotundato, membranaceo, in utraque pagina Lte viridi, supra glabro, . REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 7A infra et secus margines minute puberulo, nervo medio infra squamis induto cum squamis rhachidis similibus ; venulis angulo recto e mesonevro orien- tibus; soris in dimidia inferiore frondis parte irregulariter biseriatis ; in- voluero reniformi, persistente, lineam lato, marginibus non ciliatis, Polypodium (Grammitis) simplex Baker. — Voisin du P. gramineum, dont il différe par son stipe trés-court, sa contexture plus fine et ses sores rapprochés de la nervure médiane. Polypodium (Eupolypodium) Whitmei Baker, n. sp. — Rhizomate brevi repente, operto squamis linearibus pallide brunneis, membranaceis ; stipite ut maximum pollicari, erecto, robusto, pilis brunneis patulis sparse induto ; lamina simplici, ligulata, 6-9 poll. longa, basi et apice attenuata, subeoriacea, nuda, marginibus tantum subpilosa ; venis erecto-patentibus, immersis sed distinctis, 4-2- furcatis; soris rotundis, ramulos terminantibus, propioribus margini quam mesonevro. Polypodium (Eupolypodium) sertularioides Baker, n. sp. — Rhizomate brevi repente, squamis linearibus, pallide brunneis, densis operto; stipite firmo, erecto, hispido ; lamina lanceolata, 6-9-pollicari, basi et apice allenuata, bipinnata ; pinnis 40-50 jugis, approximatis, sessilibus, regula- riter pectinatis, ut maximum pollicaribus, ad rhachidem sectis in paral- lelas integro erecto-patentes pinnulas; venis centralibus ; soris rotundis versus basim pinnularum. — N° 216 bis du Synopsis Filicum. Polypodium expansum Baker, n. sp. (P. dilatatum Hook. et Bak. Syn. Fil. 365 part. non Wall., Drynaria acuminata Brack. Expl. Exp. P. 47), differt a P. dilatato Wall. soris majoribus, paucioribus , venis primariis minus prominulis. On the species of €/ycosmis; par M. S. Kurz (Journal of Botany, février 1876, avec 2 planches). L'auteur décrit 10 espèces, dont une nouvelle, Glycosmis singuliflora, du pays d'Assam ; le genre se réduisait pour MM. Hooker et Oliver à une seule espéce, bien que plusieurs eussent été déjà regardées comme dis- linetes par des auteurs classiques. On a new species of Agaricus from Kerguelen Island; par M. M.-J. Berkeley (Journal of Botany, février 1876, p. 51). Agaricus (Galera) kerquelensis : Cæspitosus, fulvus s pileo e breviter ^ampanulato convexo, lævi, carnuloso ; margine tenu striato ; stipite quali, apice pulverulento-granulato ; lamellis distantibus, ventricosis adnatis, The apetalous Fuchsias of South America, with descrip- fion of four new species ; par M. W.-B. Hemsley (Journal of Botany, mars 1876). , . genre Fuch- Ces quatre nouvelles espèces forment une section dans le g 13 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sia avec deux espèces déjà connues, le F. apetala R. et P. et le F. ma- crantha W. Hook. Ce sont le F. hirsuta, du Pérou (Lechler n. 1989), le F. insignis, de l'Équateur. (Jameson, Spruce), le F. membranacea, de Caracas (Linden n° 372), et le F. salicifolia, rapporté par R. Pearce, un des collecteurs de la maison Veitch. Flore de l'ouest de la France; par M. James Lloyd. 3* édition, Nantes et Paris (J.-B. Baillière et fils), 1876. Cette nouvelle édition est datée du 17 mars 1876. M. Lloyd l'a entre- prise avec des documents bien plus nombreux, qu'il n'a du reste pas dis- tingués dans l'usage qu'il en a fait. On en peut trouver un exemple dans l'aire géographique du Coleanthus subtilis, connu maintenant non-seule- ment à l'étang de Grand-Auverné, où l'avait découvert M. de l'Isle en 1863, mais auprès de plusieurs étangs du Morbihan, des Cótes-du-Nord, de l'Ille-et-Vilaine et méme de Maine-et-Loire. L’ Anthoxanthum Lloydii Jord. estramené à une variété nanum de I A. Puellii. Le Poa fertilis Host reprend le nom de P. palustris L.: cette espécese distingue par la ligule oblongue (et non presque nulle) du P. nemoralis ; sa panicule est d'ailleurs plus éta- lée. Le Bromus Ferronii Mabille est une variété du B. mollis à panicule compacte, trapue et trés-velue. Le Thysselinum Crouanorum Bor. devient une variété plus grêle du Peucedanum palustre, variété assez répandue en Bretagne. Le Rosa arvina Krocker de la 1** édition devient R. Boreana Béraud in Bor. Fl. centr. (R. arvina Lloyd non Krocker). M. Lloyd a seulement noté les formes principales des Rosa, oü il est impossible de dire ce qui constitue l'espéce. La nature n'en a peut-étre pas fixé les limites, a dit Linné, et cette opinion est bien prouvée aujourd'hui par les travaux abondants des monographes, et mieux encore par les jardiniers qui créent tous les jours des formes nouvelles différant bien plus entre elles que ne le font nos Rosiers sauvages. Le Pisum granulatum Lloyd antea est rapporté au P. Tuffetii Lesson Fl. Rochefortine, p. 110. Le Meconopsis cambrica parait avoir disparu aujourd'hui des Montagnes- Noires. Le Cistus hirsutus Lam. est rayé de la flore de Bretagne comme s'étant échappé de jardins dans une localité voisine de Landerneau, etc. La terre végétale. De quoi elle est faite; comment elle se forme ; comment on l'améliore. Géologie agricole ; par M. Stanislas Meunier. 1 vol. in-18, orné de nombreuses vignettes, avec une carte agricole de la France par M. A. Delesse, ingénieur en chef des mines. Paris, 1875, chez J. Rothschild. — Prix : 3 fr. L'auteur de ce petit livre a su réunir tout ce que peut désirer de con- naitre celui qui veut se renseigner au double point de vue de la théorie et de la pratique sur les différentes questions que souléve l'étude de la terre végétale. La carte agricole de M. Delesse est un élément d'instruction. qui REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 73 ajoute à l'intérêt du livre. Cette carte a été faite d’après l'examen de plus de 6000 échantillons de terre végétale pris à la profondeur moyenne de 15 centimètres dans toutes les parties de la France. Les terres arables, les vignes, les prés, les bois, y sont représentés par des couleurs diffé- rentes, d'autant plus foncées que le revenu donné par le sol teinté est plus considérable. L'Erborista toscano; par M. T. Caruel. Petit in-8° de 304 pages. Ce petit livre est une succession de tableaux dichotomiques conduisant à la détermination des embranchements, des classes, des familles, des genres et des espèces. Chaque espèce porte un numéro qui renvoie au Prodromo della flora toscana. Sur quelques espèces d'Aspergillus; par M. J. de Seynes (L'Institut, numéro du 17 mai 1876). Cette communication a été faite à la Société philomathique dans sa séance du 13 mai dernier, d’après des Cryptogames développés sur les sacs aériens d'un Goëland que l'auteur devait à l'obligeance de M. J. Chatin. Il croit que la coloration verdàtre des spores de l Aspergillus fumigatus Fresen. est due à la couleur propre du protoplasma d'un jaune tirant sur le glau- que, vu à travers la membrane sporique très-peu colorée, soit par suite de l’âge, soit par toute autre circonstance. M. de Seynes a observé un Aspergillus nouveau, très-voisin de l'A. virens Link, entre les cellules de la graine du Mais, sur des échantillons envoyés par M. le docteur Costallat comme attaqués du Verdet. On sait que c'est l'usage de ce Mais qui détermine la pellagre chez les habitants des Basses- Pyrénées. Léveillé avait reconnu jadis sur des échantillons de Mais de méme provenance la présence d'un Penicillium qu'il nommait P. perni- ciosum. Enfin M. de Seynes a. retrouvé I Aspergillus clavatus de Desmazières, dont la trace paraissait perdue depuis 1834: espèce curieuse qui à un réceptacle trois à quatre fois plus gros que celui des plus fortes espèces du genre, un capitule olivaire considérable, des sporophores assez minces, des spores petites et lisses, et un mycélium muni de renflements comme celui des Nematogonium. Observations sur la légèreté spécifique et la structure de l'embryon de quelques Légumineuses; pir M. Ph. Van Tieghem (Mémoires de la Société nationale des sciences naturelles de Cherbourg, t. xix, 1875). Parmi les graines citées comme étant plus légères que l'eau, il en est qui Sont non de véritables graines, mais des fruits monospermes et indé- hiscents, et qui doivent leur légèreté spécifique, soit à la structure spon- 74 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. gieuse du péricarpe, soit à l'air confiné entre le péricarpe et la graine, soit à ces deux causes à la fois. Cetté élimination faite, il reste onze espèces, que l'auteur répartit entre trois catégories. Celles de la première doivent leur légèreté spécifique à leur tégument : ou celui-ci se sépare pendant la dessiceation en deux couches isolées l'une de l'autre par de l'air, la couche externe enveloppant à distance le reste de la graine, comme un sac trop large (Iris) qui, une fois enlevé, laisse la graine tomber au fond de l'eau; ou bien le tégument renferme, au moins dans sa zone externe, des cellules pleines d'air ou laissant entre elles des lacunes aéri- feres (Cucumis Melo, Benincasa cerifera). — Dans la seconde catégorie, le tégument est plus dense que l'eau, et l'amande plus légère. Les cotylé- dons, au lieu de se toucher par leur face interne ou supérieure, laissent entre eux au centre un certain intervalle plein d'air (Euphorbia Lathyris, Ricinus, Croton religiosum, Stillingia, Buxus, Entada scandens, Mu- cuna urens). — Dans le troisième cas, l'amande, en se desséchant, s'est séparée du tégument et un certain volume d'air s’est interposé entre ces deux parties (Guilandina Bonduc). La flottaison, de la graine dépend de l'épaisseur de ce volume d'eau. Somme toute, chez ces diverses plantes, et quelle que soit l'explication de la flottaison, l'embryon est plus lourd que l'eau. Chez un second groupe de végétaux, qui appartiennent tous aux Légumi- neuses et à la tribu des Phaséolées, l'embryon est plus léger que l'eau. Les cellules du parenchyme supérieur de cet embryon sont de forme sphé- rique, avec faces de contact proéminentes en forme de bras courts, et dis- posées de facon à laisser entre elles non plus de simples méats plus ou moins étroits, mais de vraies lacunes aériféres de forme irrégulière et de dimension parfois égale ou supérietre à celle des cellules elles-mémes. Ces derniers faits étaient jusqu'iei complétement inconnus. Note sur le prothalle de l'#ymenophyllum tunbrid- gense; par MM. Ed. Janczewski et J. Rostafinski (Mémoires de la Société nationale des sciences naturelles de Cherbourg, t. XIX, 1815, pp. 89-96). Le prothalle des Hyménophyllées a déjà été décrit par Mettenius, qui n'avait étudié sur le vivant que les premières phases de la germination de UHymenophyllum ; ses recherches sur le prothalle développé ne portaient que sur des échantillons desséchés. MM. Janczewski et Rostafinski expo- sent leurs résultats de la maniére suivante : I^ Le prothalle de lH. tunbridgense n'est jamais confervoide ; c'est une simple eouche de cellules qui possède une forme tantôt ligulaire, tantôt irréguliêre, En outre le prothalle peut donner naissance à des ramuscules adventifs. — 2^» La membrane des cellules du prothalle est assez épaisse et parsemée de ponetuations. — 3° Les poils radicaux sont engendrés REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 79 seulement sur les bords du prothalle ; leur cellule basale est également colorée en brun et devrait être considérée comme partie intégrante du poil. — 4° Les anthéridies possèdent la même structure que dans l'Óósmunda regalis, en sorte que les prothalles de Hymenophyllum rappellent par ces organes, ainsi que par leurs ramuscules adventifs, les prothalles des Osmondacées. — 5° Les archégones insérés sur les bords du prothalle ne différent de ceux des autres Fougères que par leur col tout droit, — 6^ La première cloison de la cellule embryonnaire est parallèle à l'axe de l'archégone. L'embryon est composé d'une feuille, d'un bourgeon, d'un pédicelle et d'une racine, qui estla première et en méme temps la derniere dans toute la plante, et qui ne tarde pas à se désorganiser. Observations sur l'accroissement du thalle des Phéo- sporées ; par M. Ed. de Janczewski (Mémoires de la Société nationale des sciences naturelles de Cherbourg, t. xix, 4815, pp. 97-116). L'auteur a distingué trois modifications essentielles de l'aceroissement du thalle chez les Phéosporées, savoir : l'aceroissement à l'aide d'une cellule génératrice (terminale), l'accroissement périphérique, et enfin lac- eroissement intercalaire. Le premier mode était connu pour les Sphacéla- riées. Dans l'accroissement périphérique, le thalle se présente parfois comme une agrégation de filaments isolés dont l'accroissement s'effectue- rait à l'aide d'une cellule terminale (Myrionema vulgare Thur.). Dans le Leathesia marina, Vaccroissement périphérique s'opére par le bourgeon- nement des cellules extérieures, au sommet desquelles il naît deux ou plusieurs cellules arrondies, mais beaucoup plus petites que la cellule- mère. Quant à l'accroissement du thalle en épaisseur, ila lieu dans l'Aglao- zonia parvula de telle facon que les segments engendrés par les cellules génératrices marginales ne tardent pas à se couper parallélement à la surface. La premiére cloison est rapprochée de la surface supérieure du halle, Ja deuxième est complétement médiane, et la troisième apparait dans le voisinage de la surface inférieure. Dans le type d'accroissement intercalaire, l'auteur distingue trois modes Principaux : 4° Le thalle est terminé par un ou plusieurs poils ; le point Végétatif commun au thalle et aux poils est situé à leur limite (Ectocar pus simpliciusculus). — 2" Le thalle est constitué par trois organes, Savoir : la fronde, le stipe et les rhizoides (Laminariées). Le tissu des rhizoides est composé de séries cellulaires parallèles qui se dédoublent et se dirigent vers la périphérie. Dans le stipe, on distingue une moelle centrale filamen- leuse, puis un tissu parenchymateux produit en majeure partie par l acti- vité d'une zone génératrice, et enfin une écorce qui, dans le Laminaria Cloustoni, contient des canaux gommeux. - MEME Si l'on imagine une fronde de Laminaire dont le stipe serait réduit à Zéro, on aura une idée du mode d'aecroissement intercalaire (Scytosiphon lomentarius, Chorda Filum). 76 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Ces recherches montrent que la classe si naturelle des Phéosporées renferme des plantes excessivement différentes à l'égard de leur accrois- sement et de leur structure. Quelques mots sur l'Ææwnalococcus lacustris et sur les bases d'une classification naturelle des Algues chlorosporées ; par M. J. Rostafinski (Mémoires de la Société na- tionale des sciences naturelles de Cherbourg, t. xix, 1875, pp. 131-154). M. Rostafinski établit que les Chlamydococcus pluvialis et nivalis ap- partiennent à la méme espèce, bien qu'on ait formé des genres différents sur chacune de ces deux plantes. Il s'occupe ensuite de la copulation des zoospores, rappelle le travail de M. Pringsheim (1), ceux qu'il a publiés lui-même (2), et celui de M. W. Velten (3). Il résulte de ses observations que M. Velten s'est trompé, et que ce savant, croyant être témoin d'une copulation, a vu en réalité des macrozoospores absorbées par des monades parasites. L'Hematococeus lacustris (nom que M. Rostafinski décerne à l'Algue de la neige rouge) offre deux sortes de zoospores, chargées toutes deux dela reproduction asexuée. Examinant les caractères des autres types rangés parmi les Volvocinées, l'auteur reconnait que ces types constituent trois groupes d'Algues différents, le premier formé par l'Heematococcus asexué, le deuxiéme par les genres oü la fécondation s'opére par des z»ospores dont le sexe n'est pas déterminé (Pandorina, Chlamydomonas multifilis, Gonium, Stephanosphæra), le troisième par les Volvox et l'Eu- dorina, qui possèdent des oospores et des anthérozoides. L'auteur va plus loin et essaye d'indiquer les groupes naturels des Chlorosporées. Les Conjuguées, dans les limites que leur a assignées M. de Bary (les Desmidiées par suite y comprises), constituent un ensemble naturel dans lequel la fécondation s'opère par une conjonction de deux cellules immobiles et de méme valeur. Dans un groupe paralléle nous pourrons, dit-il, réunir toutes les Chlorosporées dans lesquelles s'opére une copulation de zoospores, dont le sexe n'est pas déterminé ; on pourrait lui donner le nom d'Isosporées et appeler isospore le produit de la fécon- dation. C'est là qu'il faudrait assigner une place à la famille des Pandori- nées, comprenant le Pandorina et le Chlamydomonas, probablement aussi le Gonium et le Stephanosphæra ; il est possible en outre que par la suite les Scenedesmus y viennent prendre place. Cette famille se trouve carac- térisée par la formation de nouvelle colonies à l'intérieur des cellules végélatives d'une colonie mère. En outre, il convient de placer dans ce groupe les Hydrodictyćes (M.Suppanetzayant découvertla copulation des zoospores de V Hydrodictyon) (1) Voy. le Bulletin, t. xvu (Revue), p. 36, et t. xvm (Revue), p. 154. (2) Botanische Zeitung, 1871, n° 46. (3) Ibid., 1871, p. 283, tab. V. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 14 el les Botrydiées, car les Aypnospores (1) du Botrydium, décrites sous le nom de Protococcus botryoides Kütz., placées dans l'eau, donnent nais- sance à des microzoospores qui viennent se souder absolument comme chez l'Hydrodiction. Dans cette famille, les hypnospores se forment sans fécondation, tandis que le produit de cette dernière se développe immédia- lement en plante végétative. L'auteur admet comme troisième groupe, de la méme valeur que les Conjuguées et les Isosporées, les Algues que M. de Bary a réunies sous le nom d'Oophorées : ce sont les familles des Sphéroplées, des Vauchérices, des (Edogoniées et des Coléochétées, et très-certainement les Volvocinées, réduites aux genres Volvox et Eudorina. Un probléme de microscopie ; par M. Henri Van den Born (Annales de la Société phytologique et micrographique de Belgique, t. 1", 19* livraison, 1876). Connaissant l'amphification du microscope avec un objectif quelconque, trouver l'amplification pour tout autre objectif, l'oculaire restant le même, au moyen du micromètre objectif seulement. Pour résoudre ce probléme, aprés avoir adapté au microscope l'objectif et l'oculaire qui donnent l'amplification connue, placez le micromètre objectif sur la platine, comptez-en les divisions visibles dans le champ du microscope ; multipliez le nombre de divisions par le nombre qui exprune l'amplification connue, el le produit sera un nombre constant, lequel, divisé par le nombre de divisions du méme micromètre, visibles avec tout autre objectif, donnera pour quotient l'amplification obtenue au moyen de cet objectif, ‘ Botany of California; par M. W.-H. Brewer, Sereno Watson et Asa Gray. Vol. 1, 1876, xxv et 628 pages. L'introduction, due au professeur Whitney, géologue attaché à l'Etat de Californie, remplit 3 pages; viennent ensuite des clefs analytiques, PUIS la monographie des Polypétales, due à MM. Bremer et Watson, et celle des Gamopétales, due à M. Asa Gray. Das Haustorium der Loranthaceen und der Thallus der Rafflesiaccen und Balanophoreen ; par M. le comte H. de Solms-Laubach, Halle, 1875, in-4°. Ce mémoire est un supplément à un article sur les organes de végéta- tion des parasites phanérogames, article paru dans le tome vi des Jahr- bücher de M. Pringsheim. L'auteur a divisé son sujet en trois parties. eur pour rendre le mot allemand Pauer- (1) Ce ter , , / LE terme nouveau est employé par laut de d ma - Le hh est pas sùr qu'il soit adopté, Urvos, SOM spor e] poren ou Ruhesporen, les spores d'hiver. I n'est eil, n'étant pas tout à fait synonyme de repos hivernal. 78 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. La première est consacrée aux différents modes d'insertion des Lorantha- cées sur leur plante nourricière. La forme que prend tout suçoir dépend de l'activité relative de sa croissance et de celle du cambium. Dans quel- ques cas, par exemple chez le Loranthus europeus et le L. Sternbergia- nus, le sucoir envoie des prolongements qui pénètrent dans le bois lui- méme. ll confirme un fait qu'avait indiqué John Scott, c'est que les faisceaux vasculaires du parasite communiquent avec ceux de la plante sur laquelle celui-ci se développe. La deuxième partie traite de la végétation des Rafflésiacées ; l'auteur a étudié le Pilostyles ethiopica Hook., le P. Blanchetii Gardn. et le P. Caulotreti Karst., espèces fort voisines les unes des autres. Les organes de végétation de ces plantes consistent en filaments ou en expansions aplaties qui émettent les sucoirs. L'auteur donne à ces organes le nom de thalle, emprunté par lui à la eryptogamie. Les boutons sont dus à des bourgeons adventifs développés sur les filaments dans l'intérieur de l'écorce où ils serpentent, et traversent, pour s'épanouir, les tissus de cette étorce (1). La troisième partie est occupée par la description des organes des Bala- nophorées, et l'auteur conclut comme il suit : L'objet de cet essai est d'ap- peler l'attention sur le développement et la conformation des organes assimilateurs chez les parasites phanérogames. Ces organes ne se différen- cient pas en tiges et racines, pas plus que ceux des Thallophytes. Essay on the immigration of the Norwegian Flora; par M. Axel Blytt. In-8? de 89 pages, avec une carte. Christiania, 1876. M. Blytt s'est proposé la recherche des origines probables et de l'immi- gration successive des plantes de la Norvége ; il a mis à profit les docu- ments. précieux que recèlent les tourbières de la Norvége. A Stubberud, près Christiania, à 430 pieds d'altitude, il a trouvé : au fond cinq pieds de tourbe de Sphagnum sur de l'argile, puis cinq pieds de tourbe de plantes aquatiques (Phragmites), portant des Sphagnum et des trones d'Aulnes (?), ensuite des trones de Pins, trois pieds de tourbe de Sphagnum, et finale- ment, à la surface du sol, un pied de terre de bruyère ; en tout, quatorze pieds. L'époque probable de ces diverses végétations est discutée par lau- teur en tenant compte de l'élévation graduelle de la péninsule scandinave depuis la période glaciaire, ce qui ne laisse pas que d’être assez compli- qué. Aprés avoir constaté, au moyen des végétaux contenus dans les tour- bes, des variations d'humidité et de sécheresse en Norvége, M. Blyit ? M 5 . , , L . essaye de deviner l’arrivée probable des grandes catégories de végetaus ul M AS Gray, en rendant comple de ce mémoire dans The American Journal (mars (6, p. 240), fait observer que le Pilostyles Thurberi, parasite dans fes Etats- i nis de L ouest sur des especes de Dalea, differe quelque peu des autres espèces du mème genre. Son thalle, qui se trouve dans l'écorce intérieure, ne se compose pas de filaments, mats d expansions plates d une grandeur considérable. Elles sont d'abord dépourvues de vaisseaux, qui n y apparaissent que vers l'époque de la formation des boutons. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 79 entre lesquelles il divise la flore moderne du pays : arctiques, subarctiques, boréales, atlantiques, subborcales et subatlantiques. Les espèces arctiques préfèrent un climat froid et sec; elles ont pu persister pendant les pé- riodes humides sur les terrains schisteux, où la neige fond et l'eau s'écoule rapidement. Les boréales, comme le Noisetier, le Cerasus avium, demandent aussi un climat continental, mais moins froid; elles ont pu, pendant les périodes humides, persister au milieu des rocailles. Les espèces atlantiques exigent un climat égal et humide ; elles ont dù se répandre dans les périodes favorables à la tourbe et se limiter dans les périodes froides et sèches, où, comme à présent, la tourbe augmente rare- ment el se couvre de Bruyères. L'auteur pense que les immigrations se sont faites successivement dans la Norvége par l’est et le midi, sur une terre qui s'élevait peu à peu, au travers de modifications alternatives du climat. Ungernia, Amaryllidearum | novum genus descripsil Al. Bunge (Bulletin de la Société impériale des naturalistes de Moscou, 1875, n° 4, pp. 271-274). a Ce genre, dédié à M. Ungern-Sternberg, le monographe des Salicor- niées, appartient à la division des Cyrtanthées, et a pour caractères prin- cipaux : « Perigonium regulare tubuloso-campanulatum, fauce nudum, mar- cescens, Stamina sex, exteriora longiora. Antheræ tota longitudine biri- "ose. Capsula tenuiter membranacea, loculis globosis. Semina nigra numerosa imbricata. Scapus solidus. » L’ Ungernia trisphæra provient du Khorassan. Beitrage zur Kenntniss der Antherenbildung der Meta- spermen (Recherches sur la formation des anthères chez les Mite- spermes) ; par M. A. Engler (extrait des Jahrbücher für w issenschaf . liche Botanik, 1875); tirage à part en brochure in-8*, pp. 219-316, avec 3 planches). On sait que le nom de Métaspermes est maintenant donné par les phy- siologistes allemands aux Phanérogames angiospermes, par la méme raison que celui d'Archispermes est donné aux Gymnospermes par les mêmes Savants qui, à l'exemple de M. Strasburger, rejettent la théorie de la gymno- Spermie, : Le mémoire de M. Engler contient un assez grand nombre de chapitres. l'auteur traite successivement: 4° de l'anthére et du pollen des Mimosées ; 2 des anthères des Orchidées; 3" des anthères des Asclépiadées ; v des anthères dites introrses et extrorses ; 5 de quelques formations antliérales qui s'écartent notablement du type. "" Tous les phénomènes observés dans la formation et la constitution de l'anthére des Métaspermes peuvent être, dit l'auteur, ramenés à un lype 80 SOCIÉTÉ. BOTANIQUE DE FRANCE. fondamental commun, qui consiste en ce que chaque feuille staminale est munie de deux loges antérieures et de deux loges postérieures. Ce nombre de quatre loges peut être multiplié par un cloisonnement ultérieur, ou réduit soit par la coalescence ultérieure de deux loges, l'une antérieure et l'autre postérieure, soit par le raccourcissement ou la transformation foliacée d'une moitié latérale (Marantées, Chloranthacées, Cucurbita- cées, etc.) ou de la moitié postérieure (Asclépiadées). M. Engler en vient ensuite à étudierles homologies qu'il reconnait entre la feuille staminale et la feuille carpellaire. Il rappelle et classe les nom- breux cas où l'on a trouvé des étamines métamorphosées et transformées partiellement en carpelles, ou du moins portant des ovules sur quelque point de leur tissu. Æstivation and its terminology ; par M. Asa Gray (The American Journal of Science and Arts, novembre 1875). M. Asa Gray examine d’abord quels sont les principaux modes d’estiva- tion (ou de préfloraison) et quels sont les noms qu'on doit leur donner. Il n'admet que trois modes : l'un dans lequel quelques-unes des pièces sont complétement extérieures ; le second dans lequel chaque pièce recouvre l'une de ses deux voisines pour être recouverte par l'autre; le troisième dans lequel aucune ne recouvre les autres ni n’est recouverte. On a ainsi les trois modes principaux, caractérisant la préfloraison imbriquée, convolulée, valvaire. Pour le second mode on a dit aussi bien contorta que convoluta. M. Gray rejette le mot quinconciale comme faux dans son ap- plication. La préfloraison cochléaire n'est due qu'à un léger déplacement de la relation des bords voisins de deux pétales d'une fleur qui sdns cela offrirait la préfloraison convolutée. Descrizione di una nuova specie di Zofws della flora italiana; par M. T. de Heldreich (Nuovo Giornale botanico italiano, octobre 1875, vol. vir, n° 4). Lotus Levieri Heldr. — Biennis v. annuus ; caudice sublignoso, cauli- bus numerosis tenuibus ascendentibus parce ramosis patentim pilosis infra glabrescentibus ; foliis breviter petiolatis, foliolis stipulisque adpresse hispidis canescentibus, ovato-oblongis v. oblongo-acutis ; pedunculis fili- formibus, floriferis folio duplo longioribus 1-2-floris, fructiferis valde elongatis, bracteis lineari-lanceolatis ; calycis laciniis lineari-lanceolatis hispidis tubo sublongioribus ; corolla flava minuta calycem parum exce- dente, vexillo obovato alas oblongas æquante, carina. subtus angulo recto infracta vexillum et alas superante ; leguminibus glabris rectis tenuibus subcompressis calyce vix triplo longioribus ; seminibus minutis virescentt- b:diis nitidis. — Affinis L. hispido Desf. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. &1 Compositæ indice descripto et secus Genera Benthamii ordinata ; par M. C.-B. Clarke. In-8° de 347 pages. Calcutta, chez Thacker et Ci, 1816. Cette énumération systématique renferme la description de plus de 900 espèces, distribuées en 124 genres. Dans les appendices, l'auteur donne des notes intéressantes sur la distribution géographique des Com- posées dans l'Inde. Il adopte pour en rendre compte neuf régions : 1^ les Déserts, renfermant le Scinde, le Pundjab méridional et la partie occiden- tale du Radjpootanah ; 2? le nord-ouest de la région de l'Himalaya, com- prenant tout le territoire montagneux situé à l'ouest du Népaul ; 3° l'Hima- laya central, comprenant le Népaul et le Sikkim ; 4^ l'Himalaya oriental, comprenant le Bhotan (dont la végétation n'est pas encore suffisamment connue); 5° le Khasia, comprenant les provinces du Khasia, de Tipperah, de Chittagong, d'Arracan, de Pégu, et les iles Andaman; 6° la plaine du Gange; T^ la côte de Coromandel, comprenant la partie de la péninsule dont les eaux s'écoulent dans la baie du Bengale ; 8° la côte de Malabar, comprenant le versant tourné vers l'Océan indien; 9° Ceylan. Ces neuf divisions peuvent facilement se réduireà cinq, savoir : les Déserts, l'Hima- laya, le Khasia, la plaine du Gange et le Deccan. Le plus grand nombre des espéces, soit 251, se rencontre dans l'Himalaya occidental ; le plus petit dans la plaine du Gange. On the Mascareme species of Pandans; par M. le docteur I.-B. Balfour. Cette communication a été faite le 11 septembre 1876, au Congrès de l'Association anglaise par le fils de M. le professeur Balfour, d'Edimbourg, qui revenait, comme on le sait, des iles australes de l'Afrique, où il avait accompagné une des expéditions envoyées pour l'observation du passage de Vénus. M. Balfour, après quelques généralités sur la flore des iles Mascareignes, expose 32 espèces de Pandanées, dont 9 à 11 étaient parti- culières à l'ile Maurice, 2 à l'ile Rodriguez, 4 à Bourbon et 3 aux Sey- chelles, Deux espèces se rencontraient dans la plupart des iles, où elles paraissaient avoir été généralement introduites pour leurs feuilles. Animaux et plantes utiles du Japon; par M. le docteur Vidal (extrait du Bulletin de la Société d'acclimatation) ; tirage à part en brochure in-8° de 45 pages, 1875. M. Vidal étudie successivement les plantes alimentaires, puis les plantes médicinales, industrielles et accessoires du Japon. Le Colocasia esculenta (Sato imo), le Raphanus acanthiformis Morel (Daikon), un Melon (Ma- kouwa ouri), le Diospyros Kaki, le Riz, le Bambou (pour ses jeunes Pousses), le Châtaignier, la Fève de marais (Sasaghé), le Haricot blane ordinaire (Inghi mame), Ail (Nin nikou), une Ciboule (Negni), le Figuier T. XXIII. (REVUE) 6 82 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. (Otehi-djikou), la Carotte (Nindjin), le Sarrasin (Soba), la Patience (Gobo), le Jujubier (Natsoumé), le Pècher (Momo), l'Abricotier (Andzou), le Poirier (Nachi), le Cognassier (Karin), la Patate douce, la Pomme-de- terre, une variété d'Aubergine, sont les principaux végétaux alimentaires du Japon. Le Gouvernement japonais s'occupe d’acelimater l'Olivier, afin de remplacer les mauvaises huiles de Sésame qui servent à la préparation des aliments; mais il aura à lutter contre les habitudes et l'inertie des Japonais, toujours, quoi qu'on en dise, foncièrement rebelles à tout chan- gement et à toute importation étrangère. The Potato-Fungus (Le Champignon de la Pomme de terre); par M. Worthington G. Smith (The Gardeners Chronicle, 1* et 8 juillet 1876). Nous avons annoncé, l'année dernière (p. 216), l'intéressante découverte de M. Smith. Cet été il a obtenu des spores d'hiver (resting-spores, hypno- spores) du Peronospora infestans, par germination, la reproduction de nouveaux individus de ce parasite. Avant de décrire le développement des spores, il résume la discussion qui s’est élevée à leur sujet, depuis six mois, dans les Sociétés savantes d'Angleterre, et les divergences considé- rables de sentiments qui se sont manifestées entre les eryplogamistes sur leur nature et surtout sur leur attribution. Il figure les Cryptogames avec lesquels elles ont été confondues, savoir : le Pythium incertum. de M. Renny, le Pythium Equiseti de M. Sadebeck, le Pythium vexans de M. de Bary, le P. proliferum de Bary, et insiste sur les différences qui distinguent les spores d'hiver du Peronospora de ces diverses productions, auxquelles elles ont été rapportées par certains auteurs. Il fait remarquer que M. de Bary lui-mème a déclaré que ses deux Pythium différaient du Champignon de la Pomme-de-terre, :et répond à d'autres critiques du méme savant, M. Smith expose comment il a conservé d'une année à l'autre les spores d'hiver sur lesquelles il a opéré, ainsi qu'un autre eryptogamiste bien connu, M. €. Edmond Broome, dont les observations ont confirmé les siennes. Un premier fait fort. curieux, c'est que ces spores ont grossi jus- qu doubler de diamétre, et que leur aspect lisse, demi-transparent, à fait place à une surface opaque, rugueuse, muriquée. Elles n'avaient pas toutes subi ces changements. Pour M. Smith, il n'y avait là que des états différents du méme corps, et la suite des faits lui a donné raison. Les premiers signes de germination se sont manifestés à la fin d'avril et au commencement de mai. L'auteur décrit l'oospore sortant de l'oogone comme chez les Cystopus : eette oospore se divise apres cela en cellules qui sont les zoospores; celles-ci ne prennent qu'ensuite leurs cils, Fun antérieur etl autre postérieur, l'antérieur rigide et le postérieur flexueux. Les zoospores ainsi obtenues sous le microscope ont été placées sur des REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 83 tranches minces de Pomme-de-terre, sur lesquelles elles ont développé un mycélium et des appareils conidiophores. D'autres oospores, qui paraissent, d’après le texte de M. Smith, avoir germé plus tard, se sont comportées différemment, et, au lieu d'émettre une vésicule dont le contenu se soit fragmenté en zoospores, elles ont donné directement naissance à des tubes épais, cloisonnés, exactement pareils aux organes de végétation du Peronospora. Dans d'autres cas les vésicules sorties de l'oogone ont émis à leur tour d'autres vésicules ; et de celles-ci les unes ont produit directement un mycélium, d'autres se sont fragmentées en cinq ou six petites zoospores. L'âge d'un arbre a-t-il une influence sur l’époque moyenne de sa feuillaison ? par M. Alph. de Candolle (Archives des sciences de la Bibliothèque universelle, juin 1876) ; tirage à part en brochure in-8° de 17 pages. Les observations faites pour déterminer ce petit probléme de physio- logie peuvent l'étre simultanément sur plusieurs arbres ou pendant une longue série d'années sur le méme arbre. L'emploi des deux méthodes a conduit M. de Candolle, corroboré par des communications que lui ont faites M. Decaisne et M. Caruel, aux conclusions suivantes : 1° Pour la majorité des espèces arborescentes, en particulier pour le Marronnier, rien ne fait présumer que l'époque moyenne de la feuillaison avance ou retarde avec les années, quand les circonstances extérieures ne changent pas. — 2^ Pour quelques espèces comme la Vigne, et d'après les observations de M. Caruel, la feuillaison serait retardée par l’âge. Mais les individus observés à un moment donné étaient-ils bien réellement compa- rables ? — 3° De jeunes arbres sont souvent plus hàtifs que ceux de vingt à quarante aus de la méme espéce, ce qui peut tenir au rapprochement du sol ou à d'autres circonstances locales, indépendantes de l'âge. — 4" Les bourgeons du sommet d'un arbre s'ouvrent fréquemment aprés ceux de la partie inférieure, ce qu'on peut attribuer à leur éloignement des racines et peut-être aussi à une différence de température de l'air supérieur et inférieur au printemps. — 5° Dans toute comparaison entre les époques de feuillaison d'une espèce dans divers pays ou diverses années, il est inutile de occuper d'une influence possible de l'age, car celle-ci est ou nulle, ou minime relativement aux influences de climat. Sur la structure des racines tubéreuses des ipit tacées; par M. G. Dutailly (Bulletin de la Société Linnéenne de Paris, n° 5, séance du 6 janvier 1879). i ; ass » la forme La racine de l'Ecballium Elaterium perd d'assez bonne n R wi cylindro-conique qui la rapprochait de celles des Bryonia, É " dn et apparait alors parcourue par trois ou quatre cótes longitudina 84 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. les intervalles desquelles s'insérent les radicelles. A ce moment cette racine offre une grande analogie de structure avec les racines de certaines Sapin- dacées. Comme dans le Serjania cuspidata, on y peut constater une for- mation libéro-ligneuse centrale et trois cordons périphériques de méme nature. Le corps central a la symétrie axile, tandis que les produetions extérieures ne possèdent que la symétrie bilatérale, fait également net chez le Serjania Dombeyana. . Quant au mode d’accroissement, on voit d’abord se développer trois ou quatre lames vasculaires alternant avec autant de faisceaux, libériens d'abord, puis libéro-ligneux. Mais bientôt, en dehors de ces derniers fais- ceaux, indépendamment d'eux, en apparaissent de nouveaux. Ils ne for- ment pas une couche circulaire continue, mais s'interrompent en face des lames vasculaires, et constituent, par conséquent, trois ou quatre groupes distincts. Les uns, les médians de chaque groupe, deviennent le siège d'une segmentation plus abondante et s'orientent sur le méme rayon que les faisceaux adjacents du corps central. Les autres, les latéraux, sont grèles et étroits, et leur direction radiale se montre nettement oblique par rapport à celle des faisceaux centraux voisins. Parfois la racine grossis- sant davantage, on observe en dehors des cordons latéraux une nouvelle couche libéro-ligneuse qui tantót s'étend sur toute la cóte et en augmente l'épaisseur d'une maniére générale, tantót n'apparait qu'en un point restreint et constitue une protubérance de dimensions variables. Tous ces différents systémes libéro-ligneux se relient entre eux et avec ceux de la tige et des racines secondaires. Au niveau du collet, la couche génératrice du corps central se fusionne avec celle des formations extérieures, et toutes deux ainsi coufondues aboutissent à la couche génératrice, que l'on voit à la partie externe de chacun des faisceaux de la tige. Principes de botanique, comprenant l'anatomie, l'organographie et la physiologie végétales, avec une planche lithographiée et un atlas naturel, composé de seize planches renfermant environ 250 échantillons- types, fournis par des plantes diverses; par MM. J. Gourdon et Ch. Fourcade. Toulouse, L. Hébrail, Durand et Delpuech, 1875. Paris, F. Savy. — Prix : 15 franes. Cette publication se distingue de tous les livres publiés jusqu'à ce jour sur la botanique élémentaire par ses figures, toutes formées par des plantes ou parties de plantes en nature, choisies et préparées avec soin et collées sur papier fort au-dessus du texte correspondant à la planche qu'elles remplacent en réalité. L'ouvrage comprend deux parties : un texte et un Atlas-album. Le texte, ou les Principes de botanique (que l'auteur s'est attaché à simplifier en réduisant la partie théorique), comprend l'anatomie, 'organographie et la physiologie. L'Atlas-album est composé d'une planche lithographiée REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 85 représentant les organes élémentaires et de seize planches contenant envi- ron 250 figures en nature. L'ouvrage, texte et atlas réunis, forme un volume in-folio, avec une élé- gante reliure anglaise en toile et atlas monté sur onglet, le tout enfermé dans un solide étui qui en assure la conservation. Le Gamochlamys helerandra; par M. J.-G. Baker (The Gar- deners Chronicle, 5 août 1876). Cette Aroïdée africaine a pour caractères : « Spadix ad spatham dorso per totam longitudinem adnatus. Flores fœminei exteriores. Ovarium sessile infundibuliforme 4-7-loculare staminodiis cinctum, loculis 1-ovulatis, ovulis ascendentibus, stigmate peltato stellatim 4-7-lobato. Stamina fer- tilia inter flores fœmineos per dimidiam superiorem partem spadicis imposita, antherarum loculis longitudinaliter dehiscentibus, connectivo carnoso producto coronatis, filamentis crassis carnosis liberis v. pluribus inter se connatis. » Sur la structure des sépales du Calluna vulgaris ; par M. de Lanessan (Bulletin de la Société Linnéenne de Paris, n* 4, séance du 2 décembre 1874). Quoique les sépales du Calluna atteignent des dimensions relativement considérables, on n'y trouve jamais la moindre trace de faisceaux fibro- vasculaires. On n'y voit que de deux à trois assises de cellules prosenchy- mateuses fusiformes au-dessous de la couche qui représente l'épiderme Supérieur ou interne de l'organe. M. de Lanessan a examiné les fleurs d'un assez grand nombre d'Éricacées voisines du Calluna, sans avoir pu eneore en trouver une seule dont les sépales offrissent la méme absence de faisceaux. La présence de ces organes importe donc peu, dit l'auteur, au point de vue morphologique. Sur la structure des bractées florales de quelques Phy- tolaccacées; par M. de Lanessan (Bulletin de la Société Linnéenne de Paris, n°5, séance du 3 février 1875). Le pédoncule floral du Rivina humilis et les divers organes floraux de cette espèce sont pourvus de faisceaux fibro-vasculaires, mais rien dans la bractée-mére ou dans les bractées secondaires ne représente ces fais- ceaux à aucun âge, et le tissu de ces organes demeure entiérement cel- luleux. Il en est de méme dans les Rivina portulacoides Nutt., R. levis L., R. purpurascens Willd., R. puberula Kuttis. . . nc Dans le R. octandra L., au contraire, la bractée-mère, qui est entrainée ordinairement jusque vers le milieu du pédoncule floral, possède »" faisceau médian non ramifié; les bractées secondaires nen possèden aucun. Dans le Mohlana secunda Mart., quoique la bractée-mere de trés-développée, elle est entièrement dépourvue de faisceaux ; ilen es 86 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. même des bractéoles. Cette absence de faisceaux dans des bractées axil- lantes, c’est-à-dire dans de véritables feuilles, montre une fois de plus, dit l'auteur, le peu d'importance qu'on doit reconnaitre aux faisceaux dans la détermination de la nature d'un organe. Sur l'absorption d'eau par les feuilles; par M. J.-L. de Lanessan (Bulletin de la Société Linnéenne de Paris, n° 5, séance du 6 janvier 1815). M. Prillieux, en plaçant des parties de plantes feuillées et flétries dans une atmosphére saturée d'humidité, a constaté que la partie la plus jeune de ces organes devient turgescente, tandis que la base se flétrit, et qu'en méme temps la totalité de l'organe continue à perdre de son poids. Il en a conclu que les parties jeunes reprennent leur fraicheur aux dépens des autres, sans qu'il y ait eu absorption d'eau. Au contraire, M. de La- nessan, dans des expériences multiplices conduites de facon à éviter toute cause d'erreur, a vu les parties flétries et plongées dans l'eau non-seulement reprendre leur fraicheur, mais encore augmenter sensiblement de poids. Dans ses expériences, la surface de section était laissée hors de l'eau et se desséchait rapidement. Les feuilles restées hors de l'eau. continuaient à se flétrir, tandis que celles qui étaient immergées devenaient turges- centes. IL y a donc eu bien réellement absorption de l’eau par la surface des feuilles. Sur l'inflorescence du Bufomus umbellatus; par M. 6. Dutailly (Bulletin de la Société Linnéenne de Paris, n° 1, séance du 9 mai 1875). Cette inflorescence débute par un mamelon celluleux à la base duquel naissent, dans l'ordre spiral, trois bractées successives qui s'imbriquent. La bractée n° 1 prend un accroissement prépondérant. A l'aisselle de chacune de ces bractées apparait bientót un mamelon, et pendant ce temps le renflement terminal est devenu une fleur dont la masse totale, à un moment donné, dépasse celle des trois mamelons latéraux réunis. Ceux-ci se transforment de méme en autant de fleurs dont chacune devient le point de départ d'une cyme scorpioide contractée. Laxe prineipal est donc défini, puisqu'il est terminé par une fleur unique, et le nombre des cymes latérales l'est également, puisqu'il en existe invariablement trois. Par suite, l'inflorescenee du Butomus n'est pas sans présenter quelques ana- logies avec celles des Borraginées, chez lesquelles le rameau, terminé ar u i ic par une fleur unique, supporte au-dessous de cette dernière deux cymes scorpioides accouplées. Observations anatomiques sur le Muscari monstruo- sum; par M. G. Dutailly (ibid., séance du 12 juin 1875). On sait que dans la. variété monstruosum les ramifications primaires REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 87 du Muscari comosum, au lieu de se terminer par une fleur, donnent nais- sance à des ramifications secondaires, nombreuses en général et garnies de bractées écailleuses. Dans les divisions supérieures, le faisceau unique que ces derniéres empruntent à la ramification primaire peut ne subir aucune partition. On retrouve alors ce fait singulier, déjà signalé par l'auteur dans l'Agrostis nebulosa, d'un axe parcouru par un faisceau uni- que dont les trachées sont orientées d'un côté, le liber de l'autre, axe dépourvu par conséquent de toute symétrie circulaire ou spiralée. Dans les ramifications moyennes et surtout dans les inférieures, ce faisceau se sub- divise en ramuscules qui se subdivisent encore, de sorte que le nombre des faiseeaux est plus considérable au milieu qu'à la base, et plus encore au sommet qu'au milieu de l'organe. De distance en distance se détachent de ces faisceaux prineipaux quelques rares trachées, lesquelles manquent méme parfois, et quelques cellules allongées qui s'infléchissent vers la base des écailles, sans d'ailleurs y pénétrer, et constituent l'ébauche des faisceaux foliaires. Si la symétrie habituelle à l'axe peut faire défaut dans un axe aussi nettement différencié que le sont les ramifications supérieures, à plus forte raison, dit l'auteur, peut-elle manquer dans une fleur, chez laquelle les organes axiles et appendiculaires apparaissent si fréquemment confon- dus à l'état adulte. Sur la structure de la graine du Garcinia Mangos- tana; par M. de Lanessan (Bulletin de la Société Linnéenne de Paris, 1^ 8, séance du 7 juillet 1875). Dans la cavité du péricarpe du Mangostan se trouvent cinq graines entre lesquelles on ne voit plus aucune cloison. La portion superficielle de ces graines est constituée par un tissu d'un blanc laiteux, pulpeux, gorgé de Sue, qui représente la seule partie comestible du fruit. M. de Lanessan, dans un travail antérieur, avait émis cette opinion que la pulpe pourrait étre un arille généralisé. Des études qu'il a faites sur des graines conser- vées dans l'alcool lui ont montré que la portion pulpeuse, où pénètrent les extrémités des faisceaux, n’est ni un arille généralisé, ni méme un épiderme hypertrophié, comme celui de la graine de la Grenade. Celte pulpe est un tégument séminal totalement devenu parenchymateux el Succulent, Recherches sur les caractères de la placentation ct de l'insertion dans les Myrtacées, et sur les nouvelles Affinités de cette famille; par M. Ed. Tison. Thèse pour le doctorat ès sciences. In-4" de 56 pages, avec 4 planches. Paris, F. Savy, 1876. . . . 4 Pansa] depuis M. Tison soutient, avec M. Baillon, dont il suit l'enseignement dep 88 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. plusieurs années, que la subordination absolue des caractères, dont on a voulu faire la base de la méthode naturelle, n'existe pas dans la réalité. La placentation, qui varie dans différentes familles des Polycarpicæ d'En- dlicher (les Anonacées et les Magnoliacées par exemple), dans les Saxi- frages (1), varie encore étonnamment, selon l'auteur, dans les Myrtacées, puisqu'on y trouve, à côté de beaucoup de types à ovaire pluriloculaire avec placentation axile, d'autres types qui ont, comme les Ghamælauciées, un ovaire uniloculaire avec un seul placenta pariétal; la seule tribu des Myrtées, au milieu de la structure ordinaire de la famille, offre le genre Rhodamnia Jack, dont l'ovaire est uniloculaire avec deux placentas parié- taux et multiovulés. Les Napoleona Beauv., rénnis par plusieurs auteurs aux Myrtacées, offrent un passage entre les placentas axiles et les placentas pariétaux, dit encore M. Tison, car, dans certains cas, l'ovaire, qui est normalement pluriloculaire avec des placentas axiles, ne possède que des cloisons rudi- mentaires avec des placentas pariétaux. Il critique en passant l'opinion émise par M. Decaisne (2) sur les ovaires des Napoléonées. Le véritable intérét de la thése de M. Tison est ailleurs. Il a signalé des faits nouveaux et curieux, la variation de forme des placentas dans le groupe des Leptospermées, chez les genres Bæckea et Leptospermum (qu'il serait trés-disposé à réunir), Metrosideros et Tristania. Ces placentas sont toujours axiles et bilamellaires (3). Mais dans un certain nombre d'espèces de ces genres, il naît de la masse placentaire un prolongement tantôt basilaire, tantôt médian, tantôt situé plus haut, qui s'épanouit horizontalement ou en montant dans la loge, et se recouvre d'ovules anatropes (Bæckea leptocaulis, Leptospermum myrsinoides, Metrosideros (1) Dans le genre Saxifraga, la placentation a été dite pariétale quand les ovaires sont isolés, axile quand ils sont plus ou moins confondus. Mais la structure de chacun d'eux ne change pas pour cela. Peut-être la terminologie employée est-elle vicieuse ? .. (2) Traité gén. de botanique, p. 288. M. Tison emprunte cette critique à M. Baillon (Bull. de la Soc. Linn. de Paris, n° 8), et à M. Masters. Il importe de faire remarquer que M. Decaisne a représenté les cinq cloisons de l'ovaire des Napoleona sur ses planches, cloisons tantót parfaites, tantót imparfaites. (9) La duplicité des placentas conduit à se demander si chacun d'eux n'est pas dù au re- courbemeut de la partie interne et placentaire de la cloison correspondante. S'il en était ainsi, si l'étude organogénique confirmait cette vue, on aurait chez les Myrtacées des placentas portés sur les bords carpellaires (comme dans les Saxifrages et d'ailleurs comme chez une infinité de plantes). Ces placentas, émanant de deux carpelles, et re se pro- longeant pas vers l'intérieur du fruit, formeraient l'ovaire uniloculaire et à deux placen- tas pariétaux des Rhodamnia. Émanant de trois carpelles, et prolongés vers le centre, avec recourbement du bord placentaire vers l'intérieur de chaque loge, ils donneraient l'ovaire des Myrtus. Les figures du Traité général de botanique (p. 293) justifient cette opinion, Hl est à remarquer que l'ovaire des Hypericum a une constitution semblable, formée de placentas appartenant aux cloisons, recourbés vers les loges et à peine soudés au centre du fruit. Ceci appuie l'opinion de M. Tison sur l'affinité des Myrtacées, mais l'appui? en faisant ressortir l'importance de la placentation comme caractere de valeur supérieure, et par conséquent la stabilité de la méthode naturelle fondée sur la subordi- natuon, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 89 operculata, etc.). Ces singuliers placentas demeurent munis d'une fente qui atteste qu'ils dérivent chacun d'un bord carpellaire distinet. Dans certains cas extrêmes, le placenta des Leptospermes devient pelté ou paté- riforme (Bæckea obtusifolia Br. et Gris, de la Nouvelle-Calédonie). Cette forme a été citée par MM. Brongniart et Gris pour le caractère du genre Fremya, établi quelques années auparavant par M. F. de Müller sous le nom de Xanthostemon, et que M. Tison se refuse à accepter parce que l'on observe dans les Myrtacées des transitions entre les formes des pla- centas, le mode d'insertion des ovules, et par conséquent dans l'organisa- lion de l'ovaire (1). M. Tison rejette encore le genre Pleurocalyptus Br. et Gris, fondé sur l'irrégularité du calice, parce que le calice des Metrosideros n'est pas tou- jours parfaitement régulier ; le Tepualia stipularis Griseb. du Chili, qui ne diffère du Metrosideros operculata de la Nouvelle-Calédonie que par le nombre des ovules ; enfinle genre Tristaniopsis Br. et Gris, qui ne repose que sur le nombre relatif des ovules, l'aile des graines etla forme des pla- centas, si variable dans cette famille. Ensuite M. Tison s'occupe de l'insertion dans les Myrtacées; il n'a pas de peine à établir que les différents types de cette famille varient depuis l'épigynie absolue jusqu'à la périgynie la plus prononcée. Il rappelle d'ail- leurs que dés 1843, M. Brongniart confondait en un seul, sous le nom de Périgynie, les deux modes d'insertion que A.-L. de Jussieu avait appelés Périgynie et épigynie (2). En terminant, l'auteur indique les nouvelles affinités des Myrtacées dont lous les caractères se retrouvent chez les Hypéricacées, à l'exception de la concavité du réceptacle. | Genera plantarum ad exemplaria imprimis in herbariis Kewensibus servata definita, auctoribus G. Bentham et J.-D. Hooker. Voluminis secundi pars rr, sistens Gamopetalarum ordines XXXIX, Stylidieas-Plan- lagineas. Londini, MDCCCLXXVI. Le nouveau volume paru du Genera plantarum, on le voit par le titre, conduit cette œuvre trés-loin. — La famille des Stylidiées n'offre rien de Spécial à noter, On remarque dans celle des Goodénoviées la suppression de tous les genres établis par M. de Vriese. — Les Campanulacées nous offrent un genre nouveau, Dialypetalum Benth., de Madagascar, de la tribu des Lobéliacées, dont les pétales contredisent, par leur liberté, au Caractère principal de la famille (3). D'ailleurs la diagnose générale des , ; i r (1) Il est intéressant de faire remarquer que les Mélastomacees présentent dans leu ‘aire des transitions analogues. Lu (2) M. Tison ajoute que M. Brongniart portait ainsi à l un coup dont elle n'a pu se relever. . ) ll se pourrait que ce genre eüt été placé herbiers, a méthode prétendue naturelle parmi les Lythrariées dans quelques 90 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Campanulacées porte maintenant : « Ovarium inferum, semisuperum v. rarius fere superum. » Le genre Lobelia, où M. Bentham reconnait au moins 200 espéces, comprend dans son travail huit sections et englobe plusieurs genres de Presl, de G. Don et méme de M. Alph. de Candolle. — Les Vacciniées contiennent quelques genres nouveaux signés de M. Hooker : Findlaya, de Vile de la Trinité (Sophoclesia apophysata Griseb.), Corallobotrys, de l'Himalaya, figuré sous le nom d’Epigynium dans le Botanical Magazine (tab. 5010). — Les Éricées ne présentent guère à signaler qué la position du genre Clethra, relégué comme anomal à la fin de la famille; les Pirolacées y sont comprises. Viennent ensuite les Monotropées, avec le genre nouveau Cheilotheca Hook. f., du Khase, avec trois pétales, six étamines, six placentas pariétaux et un stigmate hémi- sphérique piléiforme.— Aucune création générique nouvelle dans les Épa- eridées, non plus que dans les Diapensiacées. — Aprés cette famille vient celle des Lennoacées, que les auteurs ont traitée. d’après M. le comte de Solms-Laubach. — Dans les Plumbaginées, nous ne remarquons aucune création nouvelle, non plus que dans les Primulacées. Les Myrsinées nous offrent des genres nouveaux, Geissanthus Hook. f., qui ne comprend pas moins de dix espèces, avec « flores pro ordine majuseuli, secus ramulos robustos paniculæ ample terminalis Spicati, v. breviter et crasse pedicel- lati, albi v. rosei, sæpius bracteis amplis coneavis coriaceis caducis primum tecti » ; Comomyrsine Hook. f., avec des fleurs dioiques, comprenant trois espéces de la Nouvelle-Grenade : C. Sprucei (Spr. n. 6144), C. simplex (Spr. n. 6143), C. Schlimii (Schlim n. 686, Triana n. 2594); Tapei- nosperma Hook. f., de la Nouvelle-Calédonie (Vieill. n. 2856), avec « fructus crassus, 1-spermus ; epicarpio crasso, endocarpio crustaceo in spinas latas producto ». L'étude des Sapotacées présentait plus d'intérét, parce que cette famille est moins connue que les précédentes. M. Hooker réunit au genre Lucuma les genres suivants : Guapeba Gomez, Vitellaria Gærtn. et Sersalisia R. Br. Un certain nombre de sections et d'espèces flottent entre les Lucumd, à graine exalbuminée, et les Sideroxylon, à graine albuminée, et la con- naissance de leurs graines en permettra seule le classement. définitif. Le genre nouveau Sarcosperma est établi pour le Sideroxylon arboreum Ham. et le Reptonia laurina Benth., le premier étant dépourvu d'albumen. Le genre Cryptogyne Hook. f., de Madagascar, est remarquable par ses cinq etamines opposées aux lobes de la corolle et les dépassant. Le genre Pycnandra Benth., de la Nouvelle-Calédonie (Vieillard n. 2891) offre « sta- mina 25-30, sub fauce seriebus confertissimis affixa ». Le genre Lepto- stylis Benth. a un tube corollin cinq à huit fois plus long que les lobes ; il comprend deux espèces néo-calédoniennes, le L. longiflora (Depl. n. 44) et le L. filipes (Depl. n. 491). — Les Ébénacées ne pouvaient donner de nouveautés aprés la monographie récente de M. Hiern. Nous trouvons REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 91 dans les Styracées le genre nouveau Lissocarpa Benth., du Brésil septen- trional et de Venezuela (Spr. n. 3108 et 3504), placé entre les Pamphilia et les Dichilanthera de Martius. Rien de nouveau dans les Oléacées non plus que dans les Salvadoracées, pour lesquelles les auteurs n'admettent point les idées de M. Daillon. Quelques genres nouveaux dans les Apocy- nées : Notomerium Benth., fondé sur un seul échantillon de l'Australie, avec quatre carpelles à l'ovaire et un ovule solitaire dans chacun d'eux ; Pleiocarpa Benth., de l'Afrique tropicale orientale, encore avec « car- pella 3-5, ovulis in quoque carpello 1-4, carpellis in fructu divergentibus oblique subglobosis, indehiscentibus », voisin comme le précédent du Lepinia de M. Decaisne, et conduisant comme lui à la pélorisation du type floral des Apocynées ; Strempeliopsis Benth., fondé sur le Rauwolfia Strempelioides Griseb.; Parameria Benth., qui diffère du genre Ecdys- anthera par les glandes du calice, le mode d'estivation de la corolle et les follicules « elongati, tenues, ad semina remota dilatati quasi monili- feri »; Pyenobotrya Benth., d'Angola, caractérisé par : € calyx eglan- dulosus, corollæ tubus brevissimus, lobi oblongi, sinistrorsum obtegentes, leviter dextrorsum torti, discus 0, eymæ subeapitatæ, numerose » ; Ly- godia Benth., de l'Afrique tropicale, voisin de l'Urceola, avec : « calyx eglandulosus, corollæ subeampanulatæ lobi semi 5-fidi dextrorsum leviter obtegentes ; discus annularis, integer; eymæ parvæ dense ad axillas sub- sessiles » ; Ectinocladus Benth., du Calabar, distinct des Alafia par : « corollie lobi 5 angusti, tubo multo longiores, contorti, dextrorsum obte- gentes et torli, foliis penninerviis ». La monographie des Asclépiadées de M. Bentham a une grande impor- lance. L'auteur y reconnait que la couronne varie d'une espéce à l'autre el que beaucoup de genres fondés sur ce caractère sont trop artificiels, mais qu'il n'y a souvent pas de meilleurs caractéres à employer dans la pra- lique. Tl faut remarquer que les glandes calicinales des Apocynées se ren- contrent trés-fréquemment chez les Asclépiadées, mais n'y paraissent. pas fournir de caractéres génériques importants. La division générale de la famille est un peu modifiée. L'auteur admet huit tribus : Périplocées, Sécamonées, Cynanchées, Gonolobées, Marsdé- niées, Céropégiées et Stapéliées. La seule tribu des Cynanchées renferme la plus grande partie des Asclépiadées vraies de R. Brown, toutes celles qui ontles masses polliniques pendantes. Elle est divisée d'après absence de la couronne (et les Astéphanées de M. Decaisne sont par conséquent conser- vées, bien que leur nom ait disparu), ou d’après cerlaines modifications de la Couronne qui ne paraissent pas très-nettement signalées, et qu con- duisent à un groupement différent de celui qu'avait adopté M. Decaisne. Les genres Barjonia (1) et Nephradenia sont reportés parmi les Marsdéniées, en que M. Decaisne, car la saillie des 1) M. ai int aussi bi - (1) M. Bentham a raison sur ce point aus chez les Barjonia, est masses polliniques soit au-dessus, soit au-dessous du corpuscule, 99 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. à cause de la relation de leurs masses polliniques avec les corpuscules. Le Sarcostemma est divisé en deux groupes fort éloignés l'un de l'autre, le Philibertia HBK. reprenant sa valeur générique due à l'insertion de sa couronne extérieure, etc.; cette modification est d'aecord avec la distribu- tion géographique si différente de ces deux groupes. Les Acerates sont fondus dans les Gomphocarpus, ce qui est au contraire en désaccord avec la géographie. Les Périplocées sont aussi divisées d'aprés les caractéres de la couronne. Plusieurs genres nouveaux sont signalés par M. Bentham, savoir : 4° Dans les Périplocées : Gymnolæma, du mont Kilimandscharo (New), qui n'a pas de couronne et qui se distingue des genres Phyllan- thera et Pentamera par le défaut d'appendices aux anthéres; Zygo- stelma Benth., du royaume de Siam, qui avec le port des Phyllanthera possède une double couronne ; Ectadiopsis Benth., qui a le port des Ecta- dium, mais les anthéres glabres non acuminées ; Utleria, grand arbre de l'Inde orientale à grandes feuilles saliciformes ondulées, à cymes dicho- tomes pendantes au sommet des rameaux. — 2° Dans les Cynanchées : Amblystigma Benth., de la Bolivie, sans couronne staminale, à feuilles cordées ; il s'éloigne du Mitostigma par son style umboné, mais lau- teur ne nous dit pas comment il le distingue du genre Astephanus, dans lequel sont d'ailleurs encore inclus des types assez différents et d'origine géographique trés-diverse, du Cap, du Chili, des Antilles, du Mexique et de l'Utah (Astephanus filifolius Engelm. n. sp.) ; Madarosperma Benth., qui présente au premier aspect beaucoup du Metastelma, et qu'éloignent de ce genre, non-seulement sa corolle réfléchie, mais encore ses graines glabres, fait trés-rare chez les Asclépiadées ; Graphistemma Champ., distinct du genre Holostemma par le défaut d'ailes sur le tube staminal, de Hongkong.— 3° Dans les Marsdéniées : Rhynchostigma Benth., « fila- mentis superne breviter distinctis, pollinariis globosis, stigmate 5-costato, producto », de l'Afrique tropicale; Sphærocodon Benth., de l'Afrique orientale : « polliniis erectis, liberis, caudiculis corpusculisque minimis vel inconspicuis »; Oianthus Benth. (Heterostemma Dalz.) ; Lasiostelma Benth., de Natal : « corona duplex, exterior in ligulas 10 æquales erectas papilloso-pubescentes gynostegio paulo longiores divisa, interiores ligul: 9 glabræ dorso antherarum incumbentes » ; Pycnorrhachis Benth. : « co- ronæ squama 10, 5 ad basin tubi staminei antheris oppositæ semi-orbi- variable selon l'espèce que l'on examine. Il est une espèce, le B. racemosa, où certaines fleurs montrent la masse pollinique insérée largement par son milieu sur le corpuscule, et faisant saillie en haut et en bas. La déclarera-t-on pendante ou dressée ? Elle n'est, à proprement parler, ni l'un ni l'autre. Si ces faits étaient plus communs, il faudrait établir une quatrième section dans le classement Brownien des Asclépiadées, celle des Pollinis masse medüficce. Mais dans le B. cymosa Fourn., n. sp., les masses polli- niques sont franchement descendantes. Ce qui caractérise le genre c'est surtout la très- large insertion de ces masses sur le corpuscule. Dans le Nephradenia linearis, cette insertion est aussi trés-large et la masse pollinique est obliquement ascendante mais elle ne dépasse guère le niveau supérieur du corpuscule. | | REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 93 culares patentes, 5 minores dorso antherarum affixæ ». Les Asclépiadécs comprennent maintenant 147 genres. Les Loganiacées n'en ont encore que trente, parmi lesquels deux nou- veaux : Plocosperma Benth., du Guatemala (Gelsémiées), et Peltanthera Benth., du Pérou (Spr. n. 4940). Les Gentianées sont divisées en quatre tribus : Exacées, Chironiées, Swertiées et Ményanthées. Aucun genre nouveau n'y est établi sur les quarante-neuf dont elle se compose, non plus que dans les Polémoniacées. On sait que les genres Bronnia HBK. et Philetæria Liebm., anciennement rapportés aux Polémoniacées, sont pour les auteurs synonymes de Fouquiera (Tamariscinées). Les Hydrophyllées, objet d'une récente étude de M. Asa Gray (1), ne présentent non plus aucune nouveauté. Remarquons en passant que dans le genre Hespero- chiron S. Wats., de la famille des Hydrophyllées, se trouvent renfermées deux espèces : l'Ourisia californica Benth. etle Villarsia pumila Griseb. (Nicotiana nana Lindl.). Voilà une méme espèce rapportée par des bota- nistes fort habiles à trois familles différentes. Viennent ensuite les Borraginées, traitées encore par M. Bentham, qui nous offrent quelques nouveautés: Actinocarya, du Tibet, voisin. du genre Pectocarya ; Harpagonella Asa Gray, de la Californie, avec : « ha- bitus Pectocaryæ, ovarium Rocheliæ, calyx fructifer cornutus » ; Microula Benth., du Tibet, voisin des Asperugo ; Echidiocarya Asa Gray, voisin des Symphytum. Les Convolvulacées ne présentent non plus aucune nouveauté. La mono- graphie de Choisy est assez maltraitée, et le genre Ipomæa notamment sert de cadre à une vaste hécatombe. Aucun genre récent n'a trouvé grâce, aux yeux de M. Bentham, dans la tribu des Cuscutées, méme de ceux qu'avait consacrés l'autorité de M. Engelmann. | On nous pardonnera de passer rapidement par-dessus la monographie des Solanées, où rien de saillant ne se présente non plus dans les créations génériques que dans le classement général de la famille. Les Serofularinées sont partagées en douze tribus : Leucophyllées, Aptosi- mées, Verbascées, Calcéolariées, Hémiméridées, Antirrhinées, Chélonées, Manulériées, Gratiolées, Digitalées, Gérardiées et Euphrasiées. Les trois Premières constituent la série des Pseudosolanées, les six suivantes la série des Antirrhinidées, les trois derniéres la série des Rhinanthidées. Les Leucophyltum avaient été placés par M. Miers dans les Solanées, mais la cinquième étamine ne se développe qu'accidentellement dans leur fleur. Le Brookea Benth., gen. nov., comprend deux espèces de Bornéo ; il se approche des Chelone. La famille comprend 157 genres. Rien à signaler de particulièrement nouveau relativement aux Oroban- Chées ou aux Lentibulariées. (1) Voyez plus haut, page 69. 0% SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. f La monographie des Gesnéracées devait présenter beaucoup plus d'im- porlance que les précédentes, à cause de l'incertitude de la limitation de leurs genres, des différents travaux dont elles ont été l'objet de la part de MM. Decaisne, Hanstein et (Ersted, et des incertitudes que laissent sou- vent les publications faites dans les journaux d'hortieulture, Malheureuse- ment les fruits ont souvent manqué à M. Bentham comme à ses prédéces- seurs, et à cause de ce défaut plusieurs points pourront nécessiter des remaniements ultérieurs. Il a réuni les Cyrtandracées comme tribu aux Gesnéracées, et méme en les augmentant beaucoup, car il y a fait passer plusieurs des Gesnéracées du Prodromus. On remarque encore dans son travail quelques nouveautés : Phinæa Benth. (nom anagrammatique), établi pour des Niphea de Hanstein, et qui diffère du genre Niphea par la connivence des anthéres et la torsion de leurs filaments (FI. des serres, tab. 210, 251, 823) ; Monopyle Moritz in sched., pour cinq ou six espéces de la Colombie que l'auteur croit inédites, genre qui se rapproche par ses caractères du Phinæa, par son port et sa corolle des Gloxinia, mais qui a la corolle presque réguliére, et dont le fruit s'ouvre par une fissure dorsale; Anodiscus Benth., du Pérou (Besleria viscosa Math., Spr. n. 4400) ; Phyllobæa Benth., de Malacca (Cyrtandracées), caractérisé par: « calyx tubulosus, 3-partitus, segmentis a basi imbricatis, postero lato 3-lobo, 2 antieis oblongo-linearibus » ; Oreocharis Benth. (Didymocarpus Oreocharis Hance), qui différe des Didymocarpus par sa corolle subré- gulière et ses anthères à filaments dressés ; Leptobæa Benth. (Championia Clarke non Gardn.) ; Anetanthus Hiern (Dicyrta parviflora Seem. Bot. Her. tab. 69, elc.). l La grande famille des Bignoniacées, où l’auteur comprend les Crescen- tées, ne présente à signaler que plusieurs applications de la tendance qu'ont les botanistes de Kew à réunir les genres regardés avant eux comme distincts, notamment dans la reconstitution du genre Bignonia. Aucune création générique nouvelle n'apparait non plus dans les Pédalinées. Les Acanthacées sont divisées en Thunbergiées, Nelsonices, Ruelliées, Acanthées et Justiciées ; cette dernière est de beaucoup la plus nombreuse tribu : en tout, 120 genres, parmi lesquels quelques nouveautés : Physa- canthus Benth. et Endosiphon T. Anders., tous deux de l'Afrique tropi- cale occidentale, de la tribu des Ruelliées et de la sous-tribu des Strobi- lanthées ; Calacanthus T. Anders. (Lepidagathis grandiflora Dalz.) ; Coinochlamys T. Anders., Seytanthus T. Anders., tous deux de l'Afrique occidentale; Neriacanthus Benth., de la Jamaïque; Diotacanthus Benth., de l'Inde ; Phialacanthus Benth., du Bengale; Oreacanthus Benth., des Camerouns ; Gastranthus Moritz, sorte de Sphinctacanthus à corolle d'Orchidée, du Bengale, tous de la tribu des Justiciées. Les Myoporinées et les Sélaginées ne pourraient donner lieu dans cette rapide analyse qu'à des observatious de détail. Les Verbénacées sont divi- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 95 sées en Phrymées, Ktilbées, Chloanthées, Verbénées, Caryoptéridées, Symphorémées et Avicenniées. Le genre nouveau Acharitea Benth., de Madagascar (Chloanthées), rappelle par son inflorescence les Labiées ou les Scrofulariées, mais d'ailleurs diffère peu des Nesogene. Les Labhiées ont 136 genres, parmi lesquels Catoferia Benth. (Orthosiphon, sect. Catoferia Benth. Prodr.), Bostrychanthera Benth., de Chine, voisin du Phyllostegia. Rien de particulier à dire sur les Plantaginées et les Cyril- lées, qui terminent le volume. Le Microscope; son emploi et ses applications: par M. J. Pelletan. Un vol. in-8° de 772 pages. Paris, G. Masson, 1876. Aprés les généralités nécessaires sur la construction et l'emploi du microscope, l'auteur aborde successivement l'étude des différents tissus chez l'homme et chez quelques animaux. Il entre ensuite daus celle des tissus végétaux, et examine la cellule, sa forme, son contenu, sa multipli- cation, puis les tissus divers des végétaux, la tige et la racine, les bour- geons et les feuilles, ctc. Les détails de ses descriptions sont éclairés par de nombreuses figures sur bois, et valent ceux de beaucoup d'ouvrages élé- mentaires (pour les sujets qu'il traite), et dans lesquels il ne se restreint pas à l'histologie, tandis que certains points d'histologie ne sont méme pas étudiés par lui. Les Cryptogames ne sont point oubliés ; nous remarquons un paragraphe relatif « à la production des Lichens par synthèse ». Les Algues occupent tout particulièrement l'auteur, et surtout les Algues in- férieures dont il suit le développement, les mouvements et la multipli- cation; un micrographe ne pouvait manquer de s'appesantir sur les test- épreuves fournis par les Diatomées. Liste des plantes du Chili rares ou non encore introduites, qu'il serait utile, au point de vue industriel, économique ou ornemental, de cultiver dans le midi de la France (région de l'Oranger), dressée par M. Verlot (Bulletin de la Société d’acclimatation, octobre 1815) ; tirage à part en brochure in-8° de 31 pages. M. B. Verlot donne d'abord avec raison un aperçu du climat du Chili, qu'il emprunte en partie aux travaux de Cl. Gay sur l'agriculture du Chili. Il fait ressortir combien le climat chilien se rapproche du nótre, et quelle doit étre par conséquent la facilité d'en naturaliser les végétaux dans nos Jardins et dans nos pares. M. Verlot signale ensuite les emprunts que nos horticulteurs pourraient faire à la flore du Chili. Sa liste est dressée sui- vant l'ordre de la flore de Cl. Gay, dans laquelle il a puisé ses données, en insistant sur la valeur horticole des plantes qu'il a énumérées. Il est à remarquer que le Chili n'a encore été exploré que trés-imparfai- lement, et qu 'aprés les Molina, les Cl. Gay, et quelques autres explorateurs moins renommés, les voyageurs auront encore de nouvelles moissons à y faire, 96 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. NOUVELLES. (5 octobre 1876.) — M. H. Nadault de Buffon, avocat général à Rennes, arriére-petit-neveu de Buffon, vient de faire hommage à la Société d’acclimatation de l'herbier de Daubenton. Cet herbier, commencé à Montbard par le collaborateur de Buffon, dans le temps où il s'occupait, à sa ferme de la Bergerie, de lamélioration des prairies et de l'acclimatation des premiers Mérinos, avait été transmis à son dernier possesseur par M"* la comtesse de Buffon, nièce de Daubenton. — Le Lupinus polyphyllus est complétement naturalisé en Angleterre dans de petites iles qui se trouvent dans la rivière Dee (comté d'Aberdeen), vis-à-vis de Ballaster. — M. Ed. Prillieux vient d’être nommé professeur de botanique à la nouvelle Faculté d'agriculture. — Íl vient de paraître une nouvelle édition, en deux volumes, du Synopsis Muscorum de M. W. Schimper. — La deuxième édition des Éléments de botanique de M. Duchartre a paru au mois de mai dernier. — L'ouvrage de M. Lamotte, annoncé p. 51, vient de paraître au mo- ment du tirage de cette feuille. — M. Munby, dont nous avons annoncé la mort il y a quelques mois, laisse en préparation un ouvrage intitulé : le Guide du botaniste en Al- gérie. Nous apprenons, par une notice biographique que lui a consacrée M. J. Hooker dans le Gardeners? Chronicle du 26 août, que sa famille a fait don au musée de Kew d’une collection renfermant les types des espèces signalées par lui dans sa Flore de l'Algérie et dans ses travaux ultérieurs. — L'herbier de Kew vient encore de s'enrichir, après décès, de lher- bier de M. Stuart Mill, renfermant des plantes de Grèce et d'Asie Mineure ; de l'herbier du Révérend R.-T. Lowe, l'auteur du Flora of Madeira and the adjacent Islands, riche en plantes des Canaries; et de celui de nolre regretté confrère M. Moggridge, qui avait consacré ses loisirs à l'étude de la végétation de la Provence et de Nice. — M. Ed. André est revenu le mois dernier de son voyage botanique dans la Nouvelle «Grenade, la Bolivie et la république de l'Équateur, rap- portant une ample collection. qui intéresse les deux régnes de la nature organisée. Le Rédacteur de la Revue, Le Secrétaire géné , ' Dr EUGÈNE FOURNIER. c Secrélaire général de la Société, gérant du Bulletin, AD. CHATIN. PARIS, == IMPRIMERIE E. MARTINET, RUB MIGNON, 2. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE (AOÛT-0CTOBRE 1876.) N. B. — On peut se procurer les ouvrages analysés dans cette Revue chez M. Savy, libraire de la Société botanique de France, boulevard Saint-Germain, 77, à Paris. Zur Speciesfrage (Sur la question de l'espèce) ; par M. H. Hoff- mann (Natuurkundige Verhandelingen der hollandsche Maatschappij der Wetenschappen, t. 11, 2* partie, n° 5); tirage à part en brochure in-4° de 72 pages, avec 5 planches. Haarlem, 1875. M. Hoffmann a fait porter ses recherches spécialement sur les espéces ou variétés suivantes: Adonis æstivalis, A. flammea, A. autumnalis ; Anagallis arvensis, A. phanicea, A. cerulea : Atriplex latifolia, A. sa- lina ; Atropa Belladonna, A. lutea; Lactuca sativa, L. Scariola, L. virosa ; Nigella damascena, N. hispanica; Papaver alpinum, P. setige- rum, P. somniferum : Sedum album, S. albissimum ; Specularia Specu- lum, S. albiflora: Viola lutea, V. tricolor. M. Hoffmann a étudié soigneusement les caractères offerts par ces divers types soit spontanés, soit cultivés, et leur distribution géographique (d’après H. Lecoq). IH est entré, appuyé sur ces données et sur beaucoup d'autres recueillies par lui dans une carrière déjà longue, dans l'examen des questions soulevées par la théorie darwinienne. Il condense de la inaniére suivante le résumé de ses opinions. 1. On doit reconnaitre comme appartenant à une méme espèce des formes que l'observation montre reliées ensemble génésiquement, comme le sont le Nigella damascena et le N. monstruosa, le Rosa punicea et le R. lutea. 2. Il se rencontre, à l'intérieur de semblables catégories d'espèces, des ariations reliées aux autres par la consanguinité qui, parfaites apparem- ment, se conservent de graines, comme le Nigella monstruosa, le Linum usitatissimum albiflorum. 3. Ces variations liées par la consanguinité peuvent aller fort loin en S'éeartant. de leur type, comme le Raphanus Raphanistrum, quand il passe au R. sativus. 4. Si l'on ne connaissait l'histoire de ces types qui, comme le R. sati- rus, sont indubitablement des variétés, on les prendrait pour. de vraies espèces, constantes et indépendantes. T. XXIII. (REVUE) 7 98 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 5. Ces types constituent des formes de transition morphologique ou des degrés intermédiaires entre des formes très-éloignées. 6. Si donc on observe dans d'autres cas des séries de transition consti- tuées par des formes intermédiaires entre elles, non cultivées, cela per- imet de supposer au préalable que ces différentes modifications appartien- nent à une méme espèce qui a passé d’un type dans l'autre (Phaseolus vulgaris et Ph. multiflorus, Lactuca sativa et L. Scariola). 1. On peut se figurer que ce sont des formes anciennes, issues l'une de l'autre il y a longtemps (soit l'une directement de l'autre, ou loutes deux d'un ancétre commun ignoré ou disparu) et peut-étre fixées par la longueur du temps qui s'est écoulé depuis leur naissance. 8. Il apparait, aprés une considération attentive, que beaucoup de nos meilleures espèces sont réunies à d'autres par des formes intermédiaires, et cela d'autant mieux que l'on observe plus soigneusement et plus long- lemps. Eu terminant, M. Hoffmann fait une profession de foi intéressante à recueillir. « Je suis de cœur avec Darwin, dit-il, mais mon intelligence est contre lui. Ma conscience scientifique se refuse à voir aujourd'hui dans sa théorie plus qu'une hypothèse. Le darwinisme est aujourd'hui une col- lection de faits qui entrainent la foi, la conviction, mais scientifiquement on ne saurait encore s'en faire une idée nette; incomplète d’après les moyens de démonstration actuels, la théorie est parfois en opposition ap- parente ou réelle avec les faits. En tout cas, c'est une belle et féconde hypothèse, qui jette la lumière sur beaucoup de faits naturels. » Quant à ce qui est dela concurrence vitale, regardée par Darwin comme la condition du développement des organismes, M. Hoffmann reconnait que cette opinion ne saurait se soutenir plus longtemps. La Méthode naturelle et le principe de l'évolution ; par M. Ch. Martins (extrait de la Revue des sciences naturelles, mars 1816); tirage à part en brochure in-8° de 9 pages. M. Martins affirme le principe logique et fécond de la subordination des caractères. Tl rappelle ensuite que Lamarck, dès 4809 (Philosophie zoolo- gique, t. 1", p.437), contestait cependantà la méthode le nom de méthode naturelle, disant que la nature ne connait pas nos classifications, que les êtres sont sortis les uns des autres dans la longue succession. des siècles, et que la création actuelle n'est que la continuation des créations dispa- rues qui l'ont précédée. M. Martins essaye de prouver que la méthode de Jussieu est l'expression de cette succession qu'il ne connaissait pas, mais qu'il a pu établir par la,seule étude des végétaux vivants, en s'appuyant sur le prineipe atiermel de la subordination des caractères. I prouve faci- lement, en retraçant l'apparition des groupes de végétaux, que les Acoty- lés, puis les Monocotylés, puis les Gymnospermes , ont précédé les Dico- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 99 tylés, dont la hiérarchie n'est pas encore bien établie. ll constate en même temps que la flore fossile se lie intimement à la flore vivante. La méthode naturelle, dit M. Martins, repose encore sur ce fait que les végétaux ont entre eux des affinités, car les espèces d’un même genre se ressemblent plus entre elles qu'elles ne ressemblent à celles des genres voisins. Les affinités des végétaux, indices de ce plan, sont la conséquence naturelle de la théorie de l'évolution, témoin la difficulté de trouver des limites nettes entre certains genres et méme entre certaines familles. Il est même impossible de donner un seul caractère général qui distingue les Monocotylédones des Dicotylédones, car les Ceratophyllum, le Trapa, les Cyclamen, qui germent avec un seul cotylédon, sont des Dicotylédones par tous leurs autres caractères. Les rhizomes des Nymphéacées, les tiges des Férules et de certains Eryngium montrent que la structure anato- mique des stipes n'est pas spéciale aux Monocotylédonés. Ce stipe apparait d'ailleurs également dans les Cycadées et dans les Fougères arborescentes. D'un autre côté, les troncs ramifiés des Yucca, des Pandanus, des Caryota, du Palmier-Doum, prouvent que le tronc simple appelé stipe n'est pas un attribut sans exception des arbres monocotylédonés. Pour les feuilles rubanées, tous les botanistes connaissent les exceptions réciproques. Le Gingko a les feuilles d'un Adiantum, les chatons mâles d'une Amentacée, les graines nues d'une Cycadée et le tronc d'un arbre dicotylédoné. En résumé, toutes les espèces ayant une origine commune, étant toutes sorties les unes des autres, on concoit qu'elles aient toujours passé par des modi- fications successives, et l'adage de Linné : Natura non facit saltus, se trouve expliqué. Les anomalies apparentes, comme celle des Eryngium à feuilles rubanées, la pélorie des Linaires, ete., sont des faits de réminis- cence ou d'atavisme. M. Martins traite ensuite des organes inutiles, des monstruosités (1) et des anomalies, qui ne s'expliquent que par la doctrine de l'évolution. H ter- mine en affirmant que la méthode naturelle n'est autre chose que la loi de l'évolution, telle qu'elle se manifeste dans la série des végétaux qui ont successivement fait leur apparition à la surface du globe, en se modifiant sous l'influence des changements climatologiques et géologiques qui se sont effectués sur notre planète. Seule la doctrine de l’évolution rend compte des lois, des régles que l'on constate, et aussi des lacunes et des anomalies qu'on observe dans l'ensemble du régne végétal. On lira encore avec intérét, sur le méme sujet, un article publié en février 1876 par M. Ch. Martins dans la Revue des deux mondes. (1) On sait que le nom de Gethe a été invoqué dans le débat soulevé par les parti- sans de la doctrine de l'évolution. On lira avec intérêt, sur ce sujet, un article. de M. Robby Kossinann, privatdocent à l'université d'Heidelberg, publié dans les Verhand- lungen. des naturhistorischen Vereins. zu Heidelberg en 1875, pp. 152-164. M. Koss- maun ne croit pas qu'on soit autorisé à revendiquer l'illustre naturaliste d'Iéna comme partisan. de la théorie de la descendance. 100 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Du développement des espèces sociales ; par M. Carl Nägeli (Archives des sciences physiques et naturelles, juillet 1875, pp. 211- 230). M. Nägeli, on le sail, est un partisan assez déclaré de la théorie de l'é- volution. Il a appliqué à la vérification de certaines des hypothèses de M. Darwin ses connaissances étendues des variations que présentent dans les Alpes les formes d'Hieracium. Il s'agit pour lui de savoir si les types naturels tendent à varier dans l'état d'isolement ou dans l'état de société. En vertu de la sélection naturelle et de la concurrence vitale,les nouveaux types s'étant emparés graduellement du terrain, ceux d'entre eux qui ont acquis un certain degré d'individualité devraient se trouver relativement isolés. M. Nägeli pourrait au contraire citer plusieurs centaines de cas concernant des espéces voisines, prises à tous les degrés de dévelop- pement, qui sont intimement mélangées. M. Wagner a admis que les formes voisines peuvent souvent étre séparées les unes des autres par les fleuves et les chaines de montagnes. M. Otto Sendtner a précisé davan- tage le rôle de ces limites naturelles ; mais celui qui voudrait, d’après ces données, se faire une idée de la distribution géographique des plantes, tom- berait dans de grossiéres erreurs. L'agent principal qui règle cette distri- bution, c'est le climat. Les plantes sociales de types voisins peuvent étre groupées de deux manières différentes. Ou bien elles sont mélangées comme au hasard dans les mêmes localités (synccie), ou bien elles habitent des stations voisines, mais séparées les unes des autres, et ne se touchent qu'à la périphérie (prosæcie). La synœcie est le mode le plus fréquent dans la nature. La prosccie n'existe que pour un certain degré de parenté représenté par des espéces voisines, mais cependant distinctes, telles que les deux Rho- dodendrons des Alpes, l'Achillea moschata et Y'A. atrata, le Primula officinalis et le P. elatior. Sur le Rothwand, en 1867, M. Nägeli remarqua partout, dans les places sèches et rocailleuses, l'Hieracium villosum. En un point bien exposé au soleil, d'une accès difficile, il trouva deux formes voisines, proches pa- rentes de PH. villosum, et telles que celui-ci paraissait intermédiaire entre les deux (H. villosissimum et H. elongatum). Il ne les a pas ren- contrées ailleurs sur la montagne, et il en a conclu que ces deux variétés nouvelles avaient réuni leurs forces pour repousser de sa station primitive leur ancêtre commun, PH. villosum, mais qu'elles n'avaient pu se déplacer mutuellement. M. Nägeli reconnait que depuis la grande extension des glaciers, il existe dans la flore européenne une grande stabilité des formes, mais il ajoute qu'il convient de ne pas donner à ces faits une importance trop grande. La paléontologie nous apprend seulement que les espèces observées (et elles REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 101 sont bien peu nombreuses) n'ont pas subi de grandes variations. D'ail- leurs le grand nombre de formes diverses de certains genres, notamment dans certaines sections du genre Hieracium, et le fait que chaque station en possède de spéciales, fournissent des arguments à l'appui de leur origine relativement récente. Enfin de tout son exposé M. Nägeli conclut que, contrairement à ce qu'on croyait jusqu'à présent, la sociabilité est plus favorable à la formation des espèces que l'isolement. ll croit que cela n'est point en contradiction avec l'action des croisements ni avec la lutte pour l'existence. Cependant il admet aussi que les espèces isolées peuvent faire souche de formes nouvelles. Si l'on peut établir des règles pour une distinction ra- tionnelle entre les groupes qu'on désigne par les noms d'ESPECE, RACE, VARIÉTÉ, et cela surtout en vue des limites à poser aux apprécia- tions individuelles des phytographes; par M. J. Duval-Jouve (extrait des Actes du Congrès botanique de Florence) ; tirage à part en brochure in-8° de 10 pages. M. Duval-Jouve résume lui-méme comme il suit la réponse qu'il a faite à cette question, inscrite au programme du congrès de Florence : 1^ Les modifications que les végétaux (comme les animaux) subissent en s'adaptant aux conditions différentes qu'impose la culture ou qui se rencontrent dans la nature, sont d'autant plus prononcées et plus persis- tantes que l'action modificatrice a été plus durable et plus réguliérement progressive. Lentement opérées et longtemps répétées dans le méme sens, elles aboutissent aux races ; locales et plus violentes, elles produisent les variétés, souvent plus prononcées, mais moins durables que les races ; plus fortes enfin, elles déterminent les variations, moins durables encore que les variétés. A ces divers degrés elles n'affeetent que l'extérieur; ou du moins la courte durée des observations humaines n'a jusqu'ici permis de constater aucune transmutation accomplie de nos jours dans l'organi- sation intime. 2 Si donc, dans l'ensemble de leur aspect et dans leur constitution intime, deux plantes se ressemblent, et que leurs différences ne soient qu'à la surface et ne consistent qu'en des modifications de parties secon- daires, en développement ou arrét d'une ou plusieurs de ces parties , il n'y a, sous cette unité d'ensemble et de constitution, et malgré cette différence dans quelques détails, qu'une seule espéce, qu'un seul et méme type modifié par des cireonstances extérieures. : 3° Au contraire, des espèces peuvent être considérées comme légitime ment distinetes, quelque voisines qu'elles soient, si aux différences sail- lantes de l'extérieur correspondent des différences réelles dans la disposi- lion des éléments constitutifs. 102 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Gen. Adiantum L.; recensuit A. Keyserling (Mémoires de l'Acadé- mie impériale des sciences de Suint-Pétersbourg, T° série, t. xxn, n°2); tirage à part en brochure in-4° de 44 pages, avec une planche. Saint- Pétersbourg, 1875. Ce recensement du grand genre Adiantum consiste en deux parties. La première est une clef dichotomique conduisant à la détermination des espèces ; la seconde est une énumération des espèces accompagnée de la mention des synonymes et des localités que l'auteur leur attribue. Il est regrettable que souvent les échantillons originaux lui aient manqué, et méme certains livres récents, par exemple l'Enumeratio plantarum mexicanarum (4). I restreint le genre Adiantum à 67 espèces ; M. Baker, qui n'est. pourtant pas disposé à en exagérer le nombre, le portait à 79 dans la seconde édition du Synopsis Filicum, publiée en 1874 (2). Une seule espèce est signalée comme nouvelle par M. Keyserling el figurée sous le nom d'Adiantum Novæ-Caledonie : c'est VAA. fulvum Raoul var. B pinnulis apice productis Fourn. ` Sopra una nuova specie del genere Medicago; par M. G. Arcangeli (Nuoro Giornale botanico italiano, vol. vm, n° 1, janvier 1876). Medicago Bonarotiana Arc. — Pubescens ; foliolis lateralibus obovatis, terminali rhomboidali, omnibus superne serrulatis, stipulis ovato-lanceo- latis, irregulariter et acute dentatis; pedunculis 1-2-floris folium subæ- quantibus ; leguminibus nigris globoso-lentieularibus inermibus, anfracti- bus papyraceis subsenis, inferioribus inferne, superioribus superne convexis, medio sæpe planiusculo porrecto, margine valde incurvo tantum contiguis, omnibus transverse reticulato-venosis, venis margine crassioribus; semi- nibus reniformibus lævibus. — Cette espèce a été recueillie aux environs de Florence, prés de la villa de Michel-Ange, par l'auteur, et en Syrie par M. Gaillardot. Dendrologie luxembourgeoise; par M. J.-P.-J. Koltz (Publica- lions de lInstitut royal grand-ducal de Luxembourg, section des sciences naturelles, t. xv, 1875, pp. 1-217). Ce grand mémoire renferme le catalogue des arbres, arbrisseaux et arbustes spontanés, subspontanés ou introduits dans les cultures du Grand- Duché de Luxembourg, 297 geures et 1424 espéces sont signalées dans ce uu Témoin Adiantum convolutum Fourn., dout l'auteur parle comme d'un. nom manu- serit, hien que cette espèce ait été figurée dans cet ouvrage, et qu'il eite d'après un échan- tilon indiqué page 127 de VEnumeratio comme ne se rapportant pas à cette espèce (Bourg. n. 3602). (2) M. Key er ling na pas eu connaissance des espèces contenues dans les addenda de cette seconde édition. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 103 ealogue. Pour chacune d'entre elles, l'auteur a indiqué l'origine, la date de la floraison, la patrie, la date d'introduction, la localité, c'est-à-dire le parc où elle est cultivée. T s'est limité aux végétaux ligneux rustiques cultivés dans le pays, et a omis volontairement tous les autres. Sur les mouvements périodiques des feuilles de l'Abies Nordmanniana; pw M. J. Chatin (L'Institut, 1% décembre 1875). Cette note à été communiquée à la Société philomathique dans sa séance du 15 novembre 1875. L Abies Nordmanniana offre une coloration très- remarquable des feuilles, dont la face supérieure est verte, la face infé- rieure d'un blanc d'argent. Si l'on observe cet Abies peu après le lever du soleil ou vers le déclin du jour, on constate que l'ensemble du feuillage parait uniformément blanc, tandis que, dans le milieu du jour, la teinte verte est générale ou presque générale. En appelant position diurne ce der- nier état, dans lequel les feuilles sont étalées, on a donc une position redressée de la feuille, qui présente aux yeux sa face inférieure blanchátre. Pour réaliser cette derniére position, non-seulement la feuille se redresse sur le rameau qui la porte, mais elle se tord autour de sa base, et cette torsion peut souvent parcourir un are de 90°. Catalogue des plantes soit spontanées, soit cultivées en grand, observées en Belgique, à l'usage des herbori- sations ; par M. A. Bellynek. Petit in-8 de 80 pages. Namur et Bruxelles, 1876. M. Bellynck n'a eu d'autre but, en publiant ce Catalogue, que d'indiquer les végétaux qu'on peut rencontrer dans la campagne ; il y a joint, pour aider la mémoire, l'indication de quelques caractères faciles à saisir. Il a suivi pour l'ordre des familles la classification de son Cours élémentaire de botanique. Les Characées sont données intégralement ; pour le reste des Cryptogames cellulaires, l'auteur s'est contenté de citer quelques exemples communs de chaque classe. Le petit volume de cette publication la rendra précieuse pour les herborisations, tant en Belgique que dans le nord de la France. Cours élémentaire de Botanique ; par M. A. Bellynek. Deuxième édition. Un vol. in-& de 680 pages. Bruxelles, Mayolez ; Paris, J.-B. Baillière et fils, 1876. Le Cours de M. Bellynek avait été épuisé presque aussitôt qu'il avait paru, ce qui est loin de nous étonner. H a profité pour cette nouvelle édi- tion des nombreux travaux qui ne cessent de s'accumuler. Nous sommes . * , « PoR obligé de nous contenter de signaler, à cause de l'abondance des livres 104 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. nouveaux, cette seconde édition, et de renvoyer à nos analyses de la pre- miére (1). Recherches chimiques et physiologiques sur l'écorce de Maucone; par MM. N. Gallois et E. Hardy CArchires de physiologie normale et pathologique, 1816). Le Mançone est l'Erythrophlgum guineense G. Don (Fillwa suaveolens Guill. et Perr.). M. Baillon s'est occupé de cet arbre dans l'Adansonia, t. vr, p. 203, et dans sa monographie des Légumineuses (Histoire des plantes, t. 11, p. 149). L'écoree de Mancoue est employée dans l'Afrique occidentale à empoisonner les fléches età préparer des liqueurs d'épreuve destinées aux eriminels ; elle se présente sous forme de morceaux aplatis, irréguliers, rougeàtres, à surface inégale. Elle est dure, fibreuse, incolore et détermine de violents éternuments quand on la pulvérise. Àu rapport des voyageurs, elle occasionne la mort des chevaux qui la rongent. Mise à bouillir avec de l'eau, elle fournit un liquide rouge qui est donné dans le pays comme émétique et purgati. Cette écorce renferme une substance toxique d'une grande aclivité. Cette substance, l'érythrophléme, est un poison musculaire, et avant tout un poison du cœur qu'elle paralyse. Les auteurs ont aussi étudié les caractères de l'Erythrophlœum Cou- minga, ou Koumango de Ménabé, décrit par M. Baillon (Adansonia, t. X; p. 105), et originaire des Seychelles. Au rapport du voyageur Pervillé, toutes les parties de cet arbre sont vénéneuses. MM. Gallois et Hardy ont établi nettement que les feuilles et les semences du Couminga sont toxiques pour les Grenouilles et doivent être considérées comme des poisons du cœur. La planche jointe à ce travail représente l'Erythrophlæum guineense. Notions succinctes sur l'origine et l'emploi des drogues simples de toutes les régions du globe; par M. Van Heurck. Un volume petit in-4° de 259 pages. M. Van lleurck a adopté la classification des familles naturelles d’après le Prodromus, et pour chaque substance il donne : 1^ le nom scienti- fique, d'après les documents les plus récents; 2 les noms vulgaires; 3 l'indication de la nature du produit usité; 4^ le pays d'origine ; 5° la désignation du musée ou de la personne qui lui a fourni l'échantillon ; 6° les propriétés et l'usage médical ou industriel du produit. Ce livre n'est, à proprement parler, que le catalogue de la collection de matière médicale réunie depuis quelques années par M. Van Heurck, que nos confrères connaissent déjà par le rapport de M. G. Planchon (2). L'auteur a consigné dans une préface l'origine des groupes les plus impor- (1) Voyez cette Revue, t. XX, p. 147, et t. xxi, p. 180. (2) Voyez le Bulletin, t. XX, session extraordinaire en Belgique, p. LXXXIX. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 105 tants qui font partie de cette collection. Il s'y trouve des produits anciens, étiquetés 1763, provenant d'une ancienne pharmacie d'Anvers. Pour sa rédaction, M. Van Heurck a consulté les meilleurs documents, et fait des recherches consciencieuses dans les musées de Kew et de la Société de pharmacie de Londres, dans les belles collections du Musée Britannique et de South-Kensington. Enfin il a surtout étudié à Paris les riches collec- tions classées à notre École de pharmacie par Guibourt et par M. G. Planchon. Untersuchungen zur Morphologie der Gefüsskryptoga- men (Recherches sur la morphologie des Cryptogames vasculaires) ; [livraison : Die Hymenophyllaceen, die niedrigste Entwickelungsreihe der Farne (Les Hyménophyllacées, le degré le plus inférieur du dére- loppement des Fougères); par M. K. Prantl. In-4° de 73 pages, avec 6 planches gravées. Leipzig, 1875. Ce mémoire contient trois parties. Dans la première, consacrée à l'étude anatomique et morphologique, l'auteur examine d'abord la structure de la feuille, de la tige, des racines, les poils, les sores et les sporanges, puis la germination des spores. Dans la deuxième partie, il examine la classi- fication des Hyménophyllacées, dans lesquelles il admet sept genres : Car- diomanes, Hemiphlebium, Ptilophyllum, Lacostea, Gonocormus, Tricho- manes et. Hymenophyllum. Aucun de ces genres n'est nouveau (1), mais M. Prantl en prend les nonis, en général, dans des seus que ne leur avaient pas positivement donnés les savants qui les ont établis. La troisième par- tie est consacrée à des conclusions théoriques. Il commence par tracer un arbre de descendance tout à fait hypothétique, exposant d'aprés quelles divergences successives se seraient spécialisés les types actuellement exis- tants dans cette famille; c'est en suivant cette méthode conjecturale qu'il arrive à reconstruire le prototype des Hyménophyllées. Elargissant son cercle d'hypothéses, il eroit que la nature a procédé des Fougéres aux Monocotylédones par les Cycadées, des Lycopodes aux Equisétacées d'une part, et de l'autre aux Conifères, et de ceux-ci à une partie des Dicotylé- dones, tandis que l'autre partie dériverait des Monocotylédones. Sur la méthode des sommes de température appliquée aux phénomènes de végétation; par M. Alph. de Candolle (Archives des sciences de la Bibliotheque unicerselle, aoüt et septembre 1875); tirage à part en brochure in-8° de 07 pages. M. de Candolle résume de la manière suivante ce qui concerne les sommes de température dans l'élat actuel de nos connaissances. (1) Voyez un mémoire très-peu connu de Van den Bosch, Eerste Bijdrage lot de Ken- nis der [Iymenophyjllacee, publié par lui dans les Versleegen en Mededeelingen d'Amster- dam en 1861. 106 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 4. Comme il le pensait en publiant sa Géographie botanique, les sommes de température au-dessus de 0° n'expriment jamais exactement la. chaleur ulilisée par une espéce, soit pour une fonction, soit pour l'ensemble de la végétation de l'aunée. Elles ne peuvent donner que des indications ou des mesures approximatives, d'une valeur inégale. 2. Les sommes sont moins éloignées de la vérité des faits physiologi- ques lorsque : 4^ on peut les calculer au-dessus d'un minimum constaté pour la fonction dont il s'agit, ou à partir d'une fonction initiale, la ger- mination ou la feuillaison, lorsqu'il s'agit de l'ensemble de la vie d'une espèce dans une année ; 2 lorsque l'on connait la chaleur ajoutée par les rayons direets du soleil à celle observée à l'ombre. Malheureusement, cette dernière condition dépend de conditions extrêmement nombreuses..... 3. Dans la partie septentrionale de l'habitation d'une espéce, il est pro- bable que les sommes comprennent souvent des températures trop basses, lesquelles, sans être au-dessous du minimum de végétation, produisent cependant peu d'effet dans un nombre donné de jours. Inversement, dans la partie méridionale, les sommes comprennent probablement des tempé- ratures trop élevées pour les besoins de l'espéce à chaque fonction végé- lative, sans même atteindre le maximum qui arréterait la vie végétale, car ce maximum est rare à la surface de la terre..... La cause d'erreur propre à la partie septentrionale de l'habitation d'une espèce produit des quan- tités assez faibles dans une somme totale, mais celle de la région méri- dionale, au contraire, amène une exagération assez forte. D'après cela, il faut éviter de comparer les sommes de la même espèce sous des degrés de latitude un peu éloignés. Elles représentent des aliquotes différentes de la chaleur vraiment utilisée. 4. Trop d'humidité ou trop de sécheresse pendant certaines périodes de la végétation d'une espèce diminuent les avantages que la température peut lui présenter, et dans ce cas il faut une somme plus forte pour qu'elle achéve ses fonctions annuelles. Un état incomplet de repos des organes extérieurs en hiver est aussi une cause de retard, de méme qu'une basse température du sol. Ce sont des causes accessoires qui donnent un avan- tage aux stations les plus septentrionales ou les plus orientales, surtout au printemps, pour l'évolution des bourgeons, et desquelles il résulte que les sommes de température à l'ombre y sont plus faibles au moment où une fonction végétative s’achève. 5. La comparaison des sommes de température au-dessus de 0° jusqu'à l'époque de la maturation peut, malgré toutes les objections théoriques el les causes d'erreur, être avantageuse pour indiquer les conditions de l'existence d'une espèce dans le voisinage de sa limite septentrionale. n est seulement essentiel, dans ce genre de comparaisons, de tenir comple des différences. d'insolation, qui sont trés-considérables, en Europe par REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 107 exemple, lorsqu'on envisage des localités situées à lorient les unes des autres, sous des latitudes à peu prés semblables (1). 6. Les sommes de température au-dessus de + 2, jusqu'à 4- 5° ou 6”, doivent ordinairement, dans les pays tempérés, concorder mieux que les sommes prises à partir de 0° avec les faits de végétation, attendu que la plupart des espéces ne commencent à se développer, et surtout à se déve- lopper activement, que sous certaines températures entre 2° et 6°. 1. Les sommes de température observées au sujel d'une espéce culti- vée ou d'une de ses variétés peuvent aussi étre utiles en agriculture. On a l'avantage, dans ce cas, de connaitre souvent le minimum de végétation de la plante, et les degrés sous lesquels elle prospère ; mais d'un autre côté les modifications nombreuses des variétés et leur flexibilité sous les influenees extérieures, ainsi que les procédés de culture, diminuent l'im- portance des conclusions qu'on peut tirer de la méthode. 8. Les variations dans les sommes de température suivent en Europe les mémes lois lorsqu'on étudie les époques de feuillaison, floraison ou maturation, et les limites polaires des espères, pourvu que ce ne soit pas dans une étendue de limite où la chaleur cesse d’être la cause prépondé- rante de la présence de l'espéce, c'est-à-dire où celle-ci puisse être arrêtée par les minima de l'hiver ou par la sécheresse de l'été. Beitrag zur Frage der thermischen Vegetation-Constans ten ; par M. Julius Ziegler (Jahresbericht der Senckenbergischen natur- forschenden Gesellschaft, 1813-14) ; tirage à part en brochure in-8° de 11 pages. Il s'agit ici du méme sujet dont nous avons déjà entretenu nos lecteurs à propos d'un mémoire de M. Hoffmann, de Giessen (2). M. Ziegler avait fait antérieurement des observations qui confirmaient celles de M. Hoff- mann. Il en a exécuté de nouvelles, et il a comparé cette fois les sommes de chaleur employées par la nature à des années différentes pour la méme fonetion et pour la méme espéce (Ribes Grossularia). Ses travaux durent depuis six années ; ils l'ont amené à reconnaitre quelque défaut dans la méthode de M. Hoffmann. Il est obligé d'admettre que la somme de cha- leur nécessaire est dépassée dans les années chaudes ou pour les plantes qui vivent. dans le voisinage de l'équateur. Il pense que l'excédant de chaleur doit étre employé à quelque travail d'assimilation ultérieure ou de sureroit, comme production d'amidon, de sucre, d'acides, etc. Il rappelle (1) L'insolation augmente quand on avance vers l'est, parce que les nuages dimi- nuent de fréquence. Par conséquent, plus on avance vers l'est, plus les MM " "i pérature nécessaires à la végétation diminuent, l'insolation ,rompensant M A oreet elle de calorique. Peut-étre une grande élévation au-dessus du niveau de la mer exerce-t-e une influence analogue. (2) Voyez cette Revue, t. xix, p. 250. 108 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. combien sont utiles, sinon à la maturation de la Vigne, du moins à la per- fection de la qualité du raisin, les années où la chaleur se prolonge (1). Areale von Culturpflanzen als Freilandpflanzen ; ein Bei- trag zur Pflanzen-Geographie und vergleichenden Klimatologie (Aires des plantes cultivées, etc.) ; par M. H. Hoffmann. Broch. in-8° de 5 pages, avec une carte. M. Hoffmann, continuant des études antérieures, étudie dans cette note la distribution géographique, sur les points où ils peuvent croître cultivés en pleine terre, du Catalpa syringæfolia Sims et du Cedrus Deodara Loud. Ueber thermische Constanten und Accommodation; par M. Hermann Hoffmann (Verhandlungen der K. K. zool.-bot. Gesellschaft in Wien, 1815) ; tirage à part en brochure in-8° de 30 pages). Nous reproduisons les conclusions suivantes de l'auteur : 1. Les espéces végétales possédent un cycle de végétation spécifique, adapté au climat qu'elles habitent dans le cours de leurs phases, et capable d'une accommodation restreinte dans certaines limites. — 2. Cette flexi- bilité varie pour chaque espèce, mais existe toujours. — 3. L'acecommo- dation n'est pas absolue ; elle n'est fixée que d'une maniére approxima- tive; elle est souvent altérée par des circonstances extérieures, telles qu'une répartition anomale de la chaleur; elle est chez certains individus moins étendue que chez d'autres. — 4. La quantité de calorique que consume la plante, suivant sa faculté d'accommodation, pour une phase ou un travail fonctionnel déterminé, est constante, dans des circonstances données et peut être (au moins indirectement) évaluée par l'emploi de la somme des températures maxima d'insolation (2). — 5. La chaleur solaire se transforme dans la plante en force mécanique de végétation, de méme que la lumiére solaire estla source du pouvoir chimique de ses feuilles (3). (1) M. de Candolle, dans le mémoire analysé à la page voisine, reconnait aussi comme probable que dans le midi la chaleur se trouve par moments trop forte pour la phase de végétation d'une espèce. (2) Voyez la Revue, t. xix, p. 250. (3) M. Hoffmann a encore publié récemment d'autres observations, concernant l'appli- cation de la méthode des maxima journaliers d'insolation, dans le Zeitschrift der Œster- reichischen Gesellschaft für Meteorologie, 15 août 1875, n° 16). Nous devons encore mentionner les résultats publiés par lui, en décembre 1875, relatifs à l'époque d'appari- tion des phases successives de 247 espèces végétales dans le Jardin botanique de Giessen, suivis des moyennes de température et d’autres renseignements météorologiques re- cueillis pour les années 1873, 1874 et 1875 (Phænologische Beobachtungen in Giessen, in-B* de 32 pages). M Hoffmann est encore revenu sur l'accommpgdation dans un discours académique prononcé par lui en qualité de recteur de l'université de Giessen, le 9 juin 1876, à l'occasion de l'anniversaire de la fondation de cette université. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 109 Revue des Cycadées ; par M. Ed. Regel (Gartenflora, février 1876 et suiv.). M. Regel a publié un tableau de subdivision des Cycadées en genres qui résume sous une forme très-concise les caractères les plus apparents à l'aide desquels ces genres se distinguent. La famille présente, suivant lui, trois groupes. A. Folioles des feuilles pennées ou pinnules parcourues seulement par une forte nervure médiane sans la moindre nervure latérale, — Cycas L. B. Pinnules parcourues par une forte nervure médiane et par des nervures pennées qui en partent latéralement. — Stangeria Th. Moore. C. Pinnules parcourues par plusieurs nervures longitudinales de force à peu prés égale, qui peuvent étre nombreuses. — Cette section se subdivise comme il suit : a. Feuilles plusieurs développées à la fois en verticilles. + Des écailles charnues persistant entre les feuilles. Base du pétiole sans appendices en oreillettes. * Écailles du cône femelle pétiolées et se terminant en avant en un écusson obtus. Pinnules généralement raides et souvent dentées, non articulées à leur base. — Encephal- artos Lehm. ‘* Écailles du cône femelle pétiolées et se terminant en avant par un écusson qui se rétrécit peu à peu en une pointe comprimée. Pinnules non raides, étroites, pointues, à bord entier, non articulées et décurrentes à leur base. — Lepi- dozamia Regel. *** Écailles du cône femelle étiolées, se terminant en avant en une pointe plate, lancéolée, couverte d’une laine épaisse. Pinnules raides, piquantes, étroites, décurrentes à leur base. — Dioon Lindl. ++ Des écailles charnues (pérules) persistant entre les feuilles. Pétiole des feuilles élargi en gaîne à sa base et formant une oreillette de chaque côté. — Ceratozamia. Tit Pérules marcescentes, caduques. * Pinnules à nervures enfoncées et par suite marquées de sil- lons qui leur correspondent. — Aulacophyllum | Regel, nov. gen. (6 espèces des Andes). ** Pinnules sans sillons longitudinaux. — Microcycas Miq. b. Feuilles se développant l'une aprés l'autre. t Pérules marcescentes et tardivement caduques. * Feuilles pennées; folioles articulées à la base. — Zamia L. “ Feuilles doublement pennées. — Bowenia Hook. ++ Pérules persistantes et se décomposant en fibres qui revétent la tige. — Macrozamia Miq. 110 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Epilobium | Kerneri, n. sp., auctore Dre Vincentio de Borbás ( OEsterreichische botanische Zeitschrift, janvier 1876). L'Epilobium Kerneri est VE. nutans Kerner non Schur nec Tausch, E. fontanum Kern. herb. non Wahlenb. nec Schur, espéce de Hongrie. Palme australasieæ; auctoribus H. Wendland et O. Drude (Linnea, t. v, nouv. série, livr. 2 et 3). La collection des Palmiers de la Nouvelle-Hollande avait été envoyée par M. le baron F. de Müller à M. de Martius; aprés la mort du savant bota- niste de Munich, cette collection a été transportée au jardin de Herren- hausen, où elle a été examinée par les auteurs de ce mémoire. Ils ont profité de leurs études pour déterminer avec une précision nouvelle la délimita- tion de certains genres, notamment dans la tribu des Arécinées. Les caract- tères génériques dans ce groupe doivent être tirés, d’après eux: de la préfloraison, du nombre des étamines, du nombre des loges dans l'ovaire développé ; du nombre relatif des ovules avant et après la fécondation, de leur situation, de leur mode d’attache ; des caractères du raphé, de la situa- lion du micropyle; de la disposition des fleurs mâles et femelles dans le spadice , de l'intégrité ou de la division de celui-ci ; du nombre des spathes qui enveloppent le spadice, de leur évolution, de leur déhiscence, ete.; de la disposition des faisceaux fibro-vasculaires dans le pétiole, de la préfo- liation, de l'évolution de la nervure médiane, ete. Les auteurs ont appliqué ces préceptes à l'étude du genre Kentia, dont les espèces ont été augmentées dans ces dernières années, notamment par MM. Ad. Brongniart et A. Gris, dans leurs études sur les Palmiers de la Nouvelle-Calédonie. Les auteurs allemands n'acceptent dans le genre Kentia aucune des espéces qu'y ont placées les naturalistes francais. Ils n'y comprennent que l'ancien Kentia procera de Blume, et une espèce nouvelle, de l'Australie septentrionale, K. acuminata, dont cependant ils n'ont pas vu les fleurs. Ils ont remarqué que chez les Arécinées, tantôt le raphé del'ovule ana- trope est confondu comme de coutume dans les téguments de l'ovule ana- trope ; tantôt ce raphé en est distinctet soudé avec l'endocarpe jusqu'en haut de la loge, où ce raphé, disent-ils : « prope chalazam plerumque magis dilatata et calli instar. efformata nucleum firme cum loculi solitarii sinu superiore conjungit, ita ut gemmula pendula videatur, cum rever: parietalis sit. » MM. Wendland et Drude traitent encore de la distribution générique des Palmiers. Ils en connaissent aujourd'hui 25 espèces originaires d Aus- rate MM P partissent en trois régions naturelles, analogues à celles que M. de Martius avait reconnues, savoir. la réri opi a région dustro-orientale, et la région inshipe, ^ 'a région tropicale, ui REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 111 Vient enfin le Synopsis Arecinarum gerontogearum, dans lequel les auteurs ont négligé les espèces de la Nouvelle-Calédonie, insuffisamment représentées dans leurs collections. Ce travail présente plusieurs genres nouveaux : Linospadir, Grisebachia (4), Carpoxylon, Hedyscepe, Lacco- spadix, Hydriastele, Rhopalostylis, Dictyosperma, Nenga, Archontophæ- nir, Actinorhytis et Lorucoccus. Ils décrivent ensuite les genres et les espèces des Palmiers d'Australie. Ce mémoire est accompagné de quatre planches. Veber die Blüthengestallung und die Verwandschafts- verhaltnisse des Genus Parnassiaæ, nebst einer systematis- chen Revision seiner Arten (Sur la structure florale et les relations du genre Parnassia, avec une révision systématique de ses espèces) ; par M. O. Drude (Linnea, nouv. série, t. v, livr. 3 et 4). On sait d'une part combien le genre Parnassia a pris d'importance morphologique, par les recherches faites sur les plantes carnivores, et d'autre part combien il a été ballotté d'une famille à l'autre, selon les différents classificateurs. M. Drude en retrace l’histoire, morphologique aussi bien que taxonomique. Il en a fait l'étude organogénique, bien entendu. [I résulte pour lut de cette étude que le verticille des pétales et celui des étamines ne suivent intérieurement que par leur premier élé- ment la série déterminée par la position des sépales, et s'écartent au con- traire de cette. série par le reste de leurs éléments, les deux les plus voi- sins de chaque côté du premier devenant prédominants. Les étamines se développent de la méme maniére que la corolle. Toute cette étude est faite sur le Parnassia palustris, auquel M. Drude compare ensuite les autres espèces du genre. Puis il examine la place que le genre occupe par ses affinités dans le régne végétal, et conclut de sa longue comparaison de ce type avec les types des familles les plus voisines queles différentes sec- tions du genre Parnassia peuvent être mises en parallèle avec les genres des Droséracées, en se rattachant surtout par la section Nectarodroson aux Hypéricinées (Elodes, Triadenia), et en se reliant par la section Saxifra- gastrum au genre Saxifraga. Somme toute, M. Drude, comme MM. Ben- tham et Hooker, et comme M. Baillon, rattache le groupe des Parnassiées à la grande classe des Saxifraginées. Il trace ensuite l'aire géographique du Parnassia palustris, puis les caractères des sections du genre, et entin la monographie de ses espèces, parmi lesquelles nous remarquons le Par- nassia trinervis O. Dr., du Thibet occidental (P. orata J.-D. Hook. et Thoms. non Ledeb.). (1) M. Klotzsch avait déjà dédié à M. Grisebach un genre d'Érieinées, que M. Drude dé- clare ne pas pouvoir se soutenir et réunit au genre lemia. 112 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Plantas in itinere africano ab L. M. Hildebrandt collectas deter- minare pergit W. Vatke (OEsterreichische botanische Zeitschrift, octobre 1815 et mai 1876). Le cinquième fragment traite des Composées. On y trouve des espèces nouvelles dans les genres Vernonia, Pluchea, Wedelia, Cynara, et des notes sur d'autres Composées. Le sixiéme fragment traite des Asclépiadées, et décrit l'Astephanus Schimperi Vatke (Schimper, 1854, n° 8) et le Peri- ploca Petersiana Vatke, omis dans l'ouvrage de Klotzsc h sur les plantes recueillies par Peters sur la cóte de Mozambique. Ranunculus balearicus, n. sp., auctore J. Freyn (ibid., mai 1876, p. 158). La description de cette espèce est enfermée dans un mémoire sur la flore de l'Autriche-Hongrie. Cette espèce estle Ranunculus lanuginosus Camb. Enum. bot. non L., R. palustris Rodriguez, Suppl. p. 2, non L. Elle est très-voisine du R. heucherifolius Presl, et se distingue de toutes les espèces affines par son calice non réfracté. Ceci la rapproche du R. lanuginosus, auquel Cambessèdes l'avait attribuée, mais elle appartient au groupe du R. neapolitanus. The Effects of Coca ; par Sir Robert Christison (The Pharmaceutical Journal and Transactions, 6 mai 1876). M. Christison a fait faire par ses éléves, ou afait sur lui-méme des expériences intéressantes sur le pouvoir tonique, réconfortant, attribué à la Coca. Il s'agit dans toutes ces expériences de marches insolites dont la fatigue a été combattue par l'usage d'une infusion de Coca. Celles que l'auteur a faites sur lui-méme ont d'autant plus d'intérét qu'il est déjà arrivé à un âge avancé. Il conclut que l'usage de cette feuille dissipe ou prévient une fatigue extrême, suspend la sensation de la faim, sans affecter précisément l'appétit ni surtout la digestion. Il ne dit rien des modifications que produirait l'accoutumance. Il suffit pour une expérience de 60 à 90 grains de feuilles, mais peut-être en faut-il davantage à certaines personnes. L'usage de la Coca n'a aucun effet sur les facultés mentales. L'auteur ne sait pas encore quel en serait l'effet sur la fatigue intellectuelle. M. Saunders (Paris to Vienna by Bicycle, Londres, 1875, pp. 7 et 28) raconte que M. Laumaillé, le voyageur qui s'est rendu sur son vélocipède de Paris à Vienne, en un peu plus de douze jours, s’est fort bien tr ouvé de la liqueur de Coca, alors qu'il se trouvait exténué de fatigue à soixante milles de Vienne. Structure and Development of Parcira stem (Structure et développement du Choudrodendrum tomentosum); par M. John Moss (Pharmaceutical Journal, 4 mars 1876). L'auteur fait connaitre les détails que présentent la coupe transversale REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 113 et la coupe longitudinale de la tige de cette Ménispermacée brésilienne (1). Il passe en revue chacun de ses tissus et en trace les caractères. Il accepte pour l'explication de la structure anomale de cette plante celle de M. De- caisne. Notes on Agave; par M. George Engelmann (extrait des Transac- tions of the Academy of Saint-Louis, vol. nr, décembre 1875) ; tirage à part en brochure in-8° de 35 pages, avec 2 photographies. M. Engelmann rappelle sommairement la distribution géographique des Agave, puis il en étudie le tronc, les feuilles, l'inflorescence et les fleurs. Il en décrit ensuite les espèces. Il les divise en trois groupes : singuli- flore, geminiflore et paniculatw. Il ne fait connaitre en tout que seize espèces de ce genre, dont quelques-unes nouvelles, savoir : A. falcata, de Saltillo dans le nord du Mexique; A. Schotti (A. geminiflora var. So- nort? Torrey, Bot. Mex. Bound. 214, de l'Arizona; A. Newberryi, de l'Arizona (Agave, n. sp., Torrey in Bot. Ives Exp. p. 29); A. deserti, des montagnes de la Californie méridionale; A. Parryi (A. americana Q latifolia Torr., A. Mescal C. Koch, Wochenschr. 1865, p. 94, A. crenata Jacobi), distribué par M. Engelmann sous le nom d'A. Parryi dés 1868; À. Shawii, sur la côte sablonneuse du Pacifique, à la pointe sud-ouest de la Californie; A. Palmeri, de l'Arizona ; A. Wislizeni, de l'État de Chi- huahua au Mexique. On comprend qu'il ne faudrait pas regarder ce travail comme une monographie complète. Les photographies représentent le port et quelques détails de l'Agare Shawii. Beiträge zur Anatomie der an Laubbláttern, besonders an den Zähnen derselben vorkommenden Secretionsorgane (Recherches sur l'anatomie des organes de sécrétion qui se rencontrent sur les feuilles, principalement sur leurs dents) ; par M. J. Reinke (Pringsheinvs Jahr- buecher für wissenschaftliche Botanik, t. x, 1875, 2* livr. pp. 119-178, avec 2 planches). M. Reinke a ajouté plusieurs faits nouveaux et intéressants à l'étude des organes sécréteurs des végétaux. Il faudrait lire en entier son mémoire pour connaitre l'intérét de ses observations, dont la valeur est dans le détail, et dont le résumé, donné par lui, ne fournit qu'un compte bien insuffisant. Il a étudié des végétaux appartenant aux familles les plus diverses. Au point de vue anatomique, les glandes étudiées par Ini se rangent en deux catégories : les unes forment une proéminence plus ou moins isolée, quel- quefois un simple renflement où pénètrent tous les tissus du parenchyme foliacé sous-jacent (Prunus arium, Kerria japonica, Betula alba, Cory- lus Avellana ; les autres, recouvertes seulement par la cuticule, sont sépa- (1) Voy. le Bulletin, t. xı (Revue), p. 50. T. XXIII. (REVUE) 8 114 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. rées du tissu sous-jacent par un prolongement des couches épidermiques (Catalpa syringæfoliu, Clerodendron fragrans). Parmi celles de la pre- mière catégorie, il en est qui consistent en une simple hypertrophie des tissus allongés qui accompagnent les trachées et viennent former le fond de la chambre respiratoire au-dessous d'un stomate. Il est en outre cer- taines formations figurées par l'auteur qui appartiennent à la classe des poils, comme les glandules qui revétent la face inférieure des stipules du Vicia Faba. Au point de vue physiologique, l'auteur admet que tous les organes étu- diés par lui fournissent une sécrétion, mais cette sécrétion ne serait pas constante, et n'aurait pas toujours les mêmes caractères. Dans le bourgeon, elle offrirait les caractéres d'une résine ou d'un mucilage, et deviendrait ensuite beaucoup plus aqueuse. Keimung der Sporen von Cyathus striatus Willd. (Ger- mination des spores du Cyathus striatus); par M. R. Hesse (Prings- heim's Jahrbuecher für wissenschaftliche Botanik, t. x, 185, 2* livr., pp. 199-203, avec une planche). Ce travail a été fait sous les yeux de M. le professeur de Bary. L'auteur décrit d'abord les caractéres des spores renfermées dans les sporanges du Cyathus. Ces spores, aprés avoir séjourné dans l'eau pendant dix-huit à vingt-quatre heures, émettent par une et quelquefois par deux de leurs extrémités des prolongements formés à l'origine par l'endospore qui tra- verse l'exospore. Ces prolongements (sorte de promycélium) s'allongent, puis se cloisonnent vers leur extrémité en fragments bacillaires qui se désagrégent et nageut dans le liquide. Les observations de l'auteur ne vont pas plus loin. Ueber die Entwickelung einiger Blüthen, mit besonderer Berücksichtigung der Theorie der Interponirung (Sur le développement de quelques fleurs, au point de vue spécial de la théorie de l'alter- nance); par M. A.-B. Frank (Pringsheim's Jahrbuecher , 1875, t. X, 3* livr., pp. 204-243). M. Frank a étudié principalement les Légumineuses, les Géraniacées, les Oxalidées, les Malvacées et les Primulacées. Chez les Légumineuses, les éléments du verticille staminal opposés aux pétales naissent confondus avec ces pétales; un mamelon d'abord unique se divise ensuite pour donner naissance au pétale et à l'étamine super- posée. Chez les Géraniacées et les Oxalidées, dont l’androcée a depuis longtemps exercé les organogénistes (1), on observe à un certain degré du développement floral trois verticilles régulièrement alternes dont l'exté- rieur appartient au calice, et l’intérieur au verticille staminal interne. (1) Voy. Chatin, Bull. Soc. bol. Fr., t.11, pp. 230 et 615. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 115 Quant au verlicille intermédiaire, il est formé par l'origine du verticille staminal extérieur ; chacun de ses mamelons recouvre ceux des pétales, qui émergent plus tard au-dessous d'eux. Chez les Malvacées, avant le sou- lèvement circulaire du disque qui forme le tube de l'androcée, il existe dix mamelons distribués par paires, et comme le pétale prend son origine entre les deux mamelons de chaque paire, M. Frank peuse que les deux mamelons tiennent la place d'un seul et représentent un élément opposé au pétale. Ceci le conduit à l'étude des Primulacces. Chez celles-ci les mamelons originaires paraissent d'abord ne faire qu'un avec les étamines ; ils ne sont pas aussi nettement distincts que ceux qui donnent. ordinaire- ment naissance aux pélales. Cependant l'auteur en a observé d'analogues chez des Gamopétales où l'allernance est rigoureuse, et où l'on ne peut supposer que l'origine des étamines soit confondue avec celle des pétales (Hypochoris radicata, Convolvulus arvensis). Du róle des êtres microscopiques et des moisissures dans altération des matières organiques; pulréfaction spontanée des œufs ; par M. Ulysse Gayon (Ann. sc. nat., 6° série, t. 1%, pp. 201-219, avec une planche). Ce travail est extrait d’un mémoire qui a. paru dans les Annales de l'École normale supérieure, X série, t. wv, p. 205, sous le titre de : Recher- ches sur les altérations des œufs. M, Donné avait déclaré il y a quelques années (Comptes rendus, t. vii, p. 451), que dans aucun cas, quel que soit le degré de putréfaction des œufs, on n'y trouve jamais la moindre trace d'êtres organisés du règne végétal ou du règne animal. Cette pro- position était en désaccord complet avec les conclusions des travaux de M. Pasteur. M. Gayon affirme au contraire qu'il existe constamment des vibrions dans les œufs pourris et intacts; il y a toujours trouvé, en ajou- tant un peu d'eau, des bàtonnets organisés, des Dactéries agiles. Pour les observer, il préconise le procédé suivant, qui consiste à faire un vide par- tiel par-dessus la coque; les gaz de l'intérieur, en se dilatant, chassent devant eux un liquide spumeux qui suinte par tous les pores et qui con- tient de nombreuses Bactéries. Ces organismes, surtout quand ils sont jeunes, ce qu'on reconnait à la pàleur de leur coloration, ont besoin d'air pour vivre; aussi sont-ils placés, dans l'œuf en voie de putréfaction, entre la coque et la membrane, et sur les parois de la chambre à air. Dés qu'on a déposé la lamelle de verre mince sur la gouttelette de liquide qui les renferme, on les voit se mouvoir dans tous les sens avec une incroyable rapidité; puis leur mouvement se ralentit, cesse, et les bàtonnets se tas- sent, se juxtaposent en séries parallèles. Lorsqu'on soulève la lamelle pour permettre la dissolution dans le liquide d'une nouvelle quantité d'air, les bålonnets, momentanément paralysés, reprennent toute leur agilité. Ge sont des Bactéries; les Vibrions apparaissent plus tard. Ts partagent avec 416 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. le Vibrion butyrique de M. Pasteur la propriété singulière de vivre sans oxygène libre, et d’être tués ou tout au moins frappés d'immobilité lors- qu'on les expose pendant quelque temps à l'action de ce gaz. D'après l'auteur, les Bactéries modifient seulement et peut-être simplifient les produits de certaines réactions chimiques, tandis que les Vibrions sont les véritables agents de la putréfaction. L'auteur explique ces résultats en supposant que les germes de ces para- sites existent dans les œufs avant toute altération. Comme les poussières qui tombent sans cesse à la surface d'un œuf contiennent toujours de nom- breux germes de Bactéries et de Vibrions, on pourrait supposer que ces germes entrent dans l’œuf à un moment donné, s’y développent et en déterminent la putréfaction. Mais l'expérience montre que les organismes dont il s'agit ne pénétrent par les pores que s'ils sont poussés avec force et en vertu d'une différence de pression. Des œufs placés pendant plu- sieurs jours dans un liquide putride rempli de Bactéries ne se sont point pàtés. M. Gayon pense que les germes ont été recueillis par l'ovule pen- dant son passage dans l'oviducte avant la formation de la coquille. Il a ren- contré dans un ceuf, entre la coque et la membrane, une plaque de 2 cen- timètres environ de diamètre, formée par une couche épaisse de levüre alcoolique vieillie. La poule qui avait pondu cet cuf se nourrissait de résidus de brasserie. Il existe des organismes mieroscopiques sur le cloaque des poules, et l'examen direct de l'oviducte montre qu'ils peuvent aussi remonter dans ce canal ; ce qu'explique trés-bien d'ailleurs la ma- nière dont se fait l’accouplement chez les Gallinacés. On sait que chez eux les spermatozoides remontent le long de l'oviduete, qu'ils parcourent dans toute son étendue pour accomplir la fécondation dans l'ovaire; dans 6e mouvement, ils doivent entrainer avec eux des corps étrangers de petite dimension. Essai de classification des Nostochinées ; par M. G. Thuret (Ann. sc. nat., 6^ série, t. 1", pp. 312-382). On saura gré à M. Éd. Bornet d'avoir extrait des manuscrits de M. Thuret des tableaux qui seront fort utiles pour la détermination des Algues infé- rieures, en permettant deles classer d'une manière plussatisfaisante qu'on ne le pouvait jusqu'ici. M. Borneta fait précéder ces tableaux de quelques remarques explicatives. Les tableaux de M. Thuret comprennent une clef dichotomique des genres de Nostochinées, et l'Enumeratio generum. Nostochinearum. Cette énuméralion, dressée dans un ordre méthodique, est accompagnée de celle des espèces. Quelques genres ou quelques espèces sont signés de M. Thu- ret. Parmi les premiers, nous remarquons Microchete, Isactis (pour le Dasyactis plana, Kütz.), et Hormaetis (pour le Rivularia Balani Lloyd). REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 117 Les Vignes américaines. Catalogue illustré et descriptif, avec de brèves indications sur leur culture; par MM. Bush et fils et Meissner, viticulteurs à Bushberg, Jefferson County, Missouri ; ouvrage traduit de l'anglais par M. Louis Bazille, revu et annoté par M. J.-E. Planchon. Montpellier, C. Coulet; Paris, V.-A. Delahaye et C^, 1876. Nous avons déjà rendu compte du voyage de M. Planchon (1), que cette publication complète. Le Catalogue illustré de MM. Bush et Meissner est classique aux États-Unis, et son caractère commercial ne lui ôte rien de sa valeur scientifique, ce que prouverait à elle seule la collaboration de naturalistes aussi distingués que MM. Riley et Engelmann. La libéralité des auteurs américains, en facilitant le prét des clichés des vignettes, a rendu possible l'utile tentative de vulgarisation réalisée par les auteurs francais, que l’on a vus depuis plusieurs années à la têle de tout ce qui s'est fait dans le département de l'Hérault pour combattre le Phylloxera. Le meilleur moyen de savoir comment gouverner en France les vignes américaines est de demander aux Américains comment ils les gouvernent eux-mémes. On trouvera dans cet ouvrage, disposé sous forme de Dictionnaire, des renseignements sur les caractères et la culture de chaque espèce ou variété des Vignes des États-Unis, ainsi que sur l'histoire naturelle des parasites qui les altaquent. Due nuove specie di piante italiane; par M.de Notaris (Nuovo Giornale botanico italiano, janvier 1876). Trapa verbanensis : Glabra, petiolo ventricoso, basi utrinque squama subulata membranacea, foliis deltoideo-semicireularibus, margine supe- riore dentatis ; calice bifido ; achænio trigono, compresso, bicorni, utraque facie tuberculato, cornubus abbreviatis, semiconicis, apice mucronatis vel conoideo-obtusatis, vix spinescentibus. — Bords du lac Majeur. Rumex Woodsii : Planta orgyalis, foliis radicalibus amplis erectis, oblongatis, superioribus gradatim decrescentibus , caule ramis alternis 2-5 patulis pyramidato-ramoso, sepalis interioribus cordato-ovatis, reticu- latis, ambitu dentatis, unico callifero. — Voisin du R. pulcher. Fungi nonnulli novi italici, auctore F. de Thümen (Nuovo Gior- nale botanico italiano, juillet 1876, n* 3). Ce mémoire renferme la description de quatre Champignons nouveaux, le Diplodia Passeriniana Thm., voisin du D. depazeoides DR. et Mntg., trouvé par M. G. Passerini sur les feuilles vivantes du Dattier, prés de San Remo: le Fusarium Bagnisianum Thm., parasite sur les tiges du Spartium junceum (Thm. Mycoth. unir. n. 285), recueilli par M. C. Ba- gnis; le Sphæria sancta Rehm. et Thm., trouvé sur les feuilles del'Arundo (1) Voyez plus haut, p. 29. 118 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Donax: et le Cladosporium arthrinioides Thm. et Bettr., de Sicile, recueilli sur les feuilles du Bougainvillea spectabilis, au Jardin botanique de Palerme, par M. V. Beltrani- Pisani. Énumération de nouvelles plantes phanérogames et cryptogames découvertes dans l'ancien et le nouveau continent, et recueillies par M. Édelestan Jardin (extrait du Bulletin de la Société Linnéenne de Normandie, 9* série, t. vim, 1875); tirage à part en broch, in-8° de 95 pages. On sait que M. Jardin a, dans ses nombreux voyages, recueilli sur divers points du globe, principalement au Gabon, à Taiti, aux Marquises, aux Sandwich, à la Martinique, à Vera-Cruz, à Monterey, sur la cóte de Cali- fornie, à Halifax, dans la Nouvelle-Écosse, ete., des plantes dont déjà un certain nombre ont été indiquées par lui, soit dans ses Herborisations sur la côte orientale d'Afrique (4), dans son Essai sur Phistoire naturelle de l'archipel des Marquises (2), ou dans son Supplément au Zephyritis tai- tensis de Guillemin (3). Un certain nombre ae ces plantes ont été nom- mées par des spécialistes, tels qu'Agardh, Steudel, M. Nylander, M. Schim- per, M. Sagot, M. J. Müller d'Argovie; d'autres ont été déterminées par M. Jardin ; d'autres ne sont connues que par un nom générique. Toutes ces espèces se trouvent dans l'herbier général de Caen, dans l'herbier exo- tique de Bayonne, où les monographes pourront les rechercher, guidés par les indications que donne l'auteur. Son énumération actuelle est divisée par familles, et chaque liste contient en regard du nom générique ou spéci- fique l'indication du lieu où la plante a été recueillie. Souvent M. Jardin donne des indications intéressantes complétant la description d'espèces déjà connues, ou permettant de rédiger celle d'espèces non encore déterminées. The Oaks of the United States (les Chênes des États-Unis) ; par M. G. Engelmann (Transactions of the Academy of Sciences of Saint- Louis, vol. m, n° 3); tirage à part en broch. in-8° de 20 pages. Bien que les Chénes des États-Unis soient supposés connus, M. Engel- mann prouve facilement qu'ils ne le sont pas suffisamment, au moins dans le domaine du « Grand Ouest », par l'étude du Quercus stellata, de ses variétés et de ses synonymes. Il examine ensuite les caractères des Chênes du nord de l'Amérique, d'après leur tronc, leurs feuilles, leurs fleurs el leurs fruits, et donne une classification originale de leurs espèces. Mettant à part le Quercus densiflora, seul représentant de la section Androgyne Mph. DC., si voisine des Chàtaigniers, il divise le reste des espèces, ap- (1) Nouvelles Annales maritimes, 1849-50 Ə) La partie i i imée à ) 10 (2) La partie botanique, imprimée à part dans les Mémoires de la Société des sciences naturelles de Cherbourg, se trouve à la librairie J.-B. Bailliere et fils, rue Hautefeuille. (9 Memoires de la Société des sciences naturelles de Cherbourg, 1859. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 119 partenant à la section Lepidobalanus Endl., en deux sous-sections, Leuco- balanus et Melanobalanus. Les Chênes blancs ont une série de caractères communs, parmi lesquels Ia situation inférieure ou rarement latérale des ovules avortés ; chez les Chénes noirs, les ovules avortés sont supères. Cha- cune de ces deux sections est encore divisée par des caractères de moindre valeur. Des notes sont ensuite données par l'auteur sur plusieurs des espèces comprises dans ce tableau. II traite ensuite des Chênes hybrides, et indique leurs parents probables. Sur le Stachys Schiedeane; par M. W. Vatke (Verhandlungen des botanischen Vereins der Provinz Brandenburg, 1875, p. 36). Le Stachys Schiedeana Schlecht. in Linn. vit, 398, est, d’après une éti- quette écrite par M. Bentham lui-même dans l'herbier royal de Berlin, la méme plante que le Lepechinia procumbens Benth., qui doit en consé- quence prendre le nom de L. Schiedeana Vatke. Sur quelques espèces du genre Pinus ; par M. C. Koch (Ver- handlungen des botanischen Vereins der Provinz Brandenburg, 1815, pp. 40-41). 1. Le Pinus pyrenaica Lap. a été regardé par Lapeyrouse lui-même comme identique avec le P. maritima Mill. (P. Laricio Lam.). M. Carriére et M. Parlatore l'ont au contraire réuni avec le P. brutia Ten. M. Koch, en ayant recu les cónes par l'intermédiaire de M. Naudin, de la localité classique de Pez, partage l'opinion de MM. Grenier et Godron, qui en ont fait une variété B cebennensis du P. maritima, caractérisée par les feuilles plus étroites. Quant au Pinus brutia Ten., l'auteur le tient seulement pour une forme très-intéressante du P. haleppica, de méme que le P. parol- niana Vis. | | L'auteur s'occupe encore du Pinus nigra Link (P. austriaca Höss). Il regarde ce type comme une bonne espèce, voisine du P. sylvestris L. et du P. maritima Mill., ayant du premier le port et les feuilles courtes. Étude sur l'histoire naturelle de la Truffe; par M. A. Con- damy. In-4° de 32 pages avec 11 planches. Angoulême, imprim. Cha- rentaise, 1876. M. Condamy a sur le développement des Champignons des idées neuves, inspirées par des observations et des expériences qui lui sont personnelles. Il pense que les semences des Champignons qui poussent dans les bois sont introduites pour la plupart dans le sol par l intermédiaire des feuilles mortes, Il semble disposé à le croire également pour les Truffes. TI affirme en outre la dualité sexuelle du mycélium. Le blanc femelle est, dit-il, ce fil nacré, ramifié, qui a pris naissance sur les feuilles mortes, brindilles ou autres débris de Chêne truffier, tombés sur le sol ou apportés de loin par 120 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. des causes diverses. Ces filaments deviennent l'été plus forts, plus solides; on peut en isoler des brins assez longs ; et, en août, ils viennent poindre à la surface du sol ; les brins de barbe blanche qui apparaissent ainsi dénon- cent l'emplacement où trois mois plus tard il y aura des tubercules. À cette saison ils parcourent le sol horizontalement, et cherchent surtout à s'approcher des racines jeunes et superficielles de certains arbres; s'ils rencontrent quelque résidu végéial, ils s'y attachent, et développent un blanc feutré, vorace, qui désorganise les tissus, détruit. le parenchyme et le convertit en engrais destiné à nourrir la future famille. Cette petite plante peut vivre ainsi plusieurs années. Le mycélium mâle est un parasite lichénoide toujours fixé sur les jeunes racines vivantes ; il les détruira plus tard quand il wen aura plus besoin comme support. Dès le printemps il apparait sous forme de fils mous, ver- mieulés, pelotonnés dans des touffes de chevelu naissant. Pendant l'été, en se multipliant, il devient duveteux ; au mois de septembre, époque de la floraison, il prend l'apparence de bloes de coton; c'est le moment de la fécondation , qui dure jusqu'en novembre, après quoi le mycélium mâle disparait. L'auteur est malheureusement presque muet sur les phénoménes mémes de la fécondalion qu'il annonce. Au moment de la floraison, à l’aide du mi- croscope, on remarque, dit-il, de petits corps granuleux disséminés dans le blanc des racines. Il est plus explicite sur le développement proprement dit des jeunes Truffes, qu'il a suivi depuis leur apparition. Il ressortira au moins de ses études un fait pratique important, c'est que l'enterrement des feuilles des Chênes peut provoquer la formation de truffières à leur pied. Des planches, dont plusieurs sont photographiées, aident à suivre l'exposition des observations de l'auteur. Coup d'œil sur la végétation des environs de Limogne (Lot) ; par M. L. Giraudias (extrait de la Feuille des jeunes natura- listes); tirage à part en brochure in-8° de 4 pages. M. Giraudias donne une liste fort intéressante de plantes qui offrirait de nombreuses additions au Catalogue de M. Puel. Nous y remarquons l'As- phodelus albus « qu'il serait peut-être plus exact de nommer A. subalpi- nus »; deux plantes : le Centaurea montana et l'Helianthemum Spachii, dont la présence dans une méme station est curieuse à signaler ; enfin un Iberis nouveau, qu'il a distribué à ses amis sous le nom provisoire d'Ibc- ris apricorum. Cette espéce est regardée aussi comme nouvelle par un savant floriste, notre confrére M. le docteur Bras. Ce dernier botaniste à encore découvert, non loin de la vallée du Lot, dans la commune de Sal- vagnac-Cajare, une plante inconnue jusqu'à présent en France, le Specu- laria castillana Willk. et Lge. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 121 Lc Massif d'Arbas (Haute-Garonne); par MM. E. et H. Filhol, doc- teur E. Jeanbernat, E. Timbal-Lagrave (extrait du Bulletin de la Société des sciences physiques et naturelles de Toulouse) ; tirage à parten broch. in-8" de 114 pages et 3 planches. Toulouse, impr. Douladoure, 1876. Les auteurs rendent compte d'abord de l'aspect, de l'orographie et de la constitution géologique du pays, relativement assez neuf, qu'ils ont exploré. Ils indiquent avec soin au botaniste la route qu'il devra y suivre de préfé- rence. Ils donnent ensuite le catalogue détaillé des espéces qu'ils ont enre- gistrées, non-seulement dans cette course, mais aussi dans toutes celles qu'ils ont exécutées dans les différentes parties du massif. Afin dele rendre plus complet, ils y ont fait figurer toutes les plantes dont la présence a été constatée, même les trivialités du bassin sous-pyrénéen. Celte liste com- prend les Mousses et les Hépatiques. Viennent ensuite des Notes et Observations qui sont l'œuvre particulière de M. Timbal-Lagrave. Nous signalerons particulièrement : 1" trois Tha- lictrum nouveaux : Th. preruptorum, voisin du Th. minus Fries, qui en diffère par sa panicule plus courte, ses carpelles plus allongés, ses tiges plus basses, non cannelées, par son odeur un peu fétide; le Th. steno- carpwun, qui s'éloigne des deux précédents par sa pauicule moins grande, ses sépales lancéolés, obtus, trés-longs, ses anthères très-apiculées et hérissées aprés l'éinission du pollen, ses feuilles glaucescentes, elc. ; le Th. clypeatum, à rameaux nombreux, verticillés au sommet, implantés à angle aigu sur la tige, puis trés-divergents à l'extrémité, tordus, flexueux en dehors sur toute leur longueur, à fleurs subverticillées au sommet des rameaux ; à pédicelles droits au momentde l'anthése, à feuilles arrondies, rappelant par leur forme celle d'un bouclier ou d'un écusson.— 2° Le Ra- nunculus montanus Willd. var.arbascensis, figuré dans une des planches.— 9 L'Aquilegia arbascensis (A. speciosa Timb. antea non DC.). — 4 Pru- nus arbascensis, arbre dont le fruit est nommé par les habitants prune verte, et dont la spontanéité paraît probable. — 5° Plusieurs Rubus nou- veaux. — 6° Le Scabiosa verbascifolia (S. velutina Jord. var. verbasci- folia et var. nana Timb. antea). — T° Leucanthemum persicifolium Timb. in Rodet, Bot. agr. t. 11, p. 441. — 8° Plusieurs Hieracium, entre autres H. arbascense et H. Convenarum, ce dernier figuré. Les associations végétales fossiles ; par M. le comte Gaston de Saporta (Rerue scientifique, numéros des 8 et 15 juillet 1876). Les associations végétales fossiles sont étudiées par l'auteur. dans leurs rapports avec la nature physique des dépóts qui les renferment. M. de Sa- porta insiste sur les différences que présente la végétation actuelle suivant les stations des plantes, différences qui ont dù exister aussi bien jadis. Il pense que souvent on a pris pour des changements généraux, de nature à 199 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. affecter dans son ensemble la végétation d'une période, ce qui, en réalité, était uniquement dà à des diversités dans la nature des dépóts contempo- rains que l'on interrogeait. Deux sortes d'associations au moius ont existé, et très-différentes, l'une particulière aux bas-fonds tourbeux et fréquem- ment inondés, l’autre couvrant les parties accidentées et l'intérieur des terres, L'existence de ces deux flores différentes tient à des eonditions de terrain et de niveau qui ont pu varier sur le même point pendant la lon- eueur d'une méme période géologique, de facon que le naturaliste, inter- rogeant les dépóts successivement accumulés sur ce méme point, y constate ce qu'on a nommé des récurrences de flores, récurrences liées à celles d'une catégorie déterminée de dépóts. Ces cousidérations se résument par la formule suivante : Dans toute l'étendue d'une méme époque, des stations identiques ont. constamment renfermé des formes végétales, sinon iden- tiques, du moins trés-analogues et associées à peu prés dans les mémes proportions. Ainsi les lits charbonneux, schisto-marneux ou schisto-gré- seux et bitumineux du rhétien de Franconie et de Seanie, de l'oolithe du Yorkshire, ont fourni des flores sensiblement analogues. Au commencement de la période tertiaire, les stations devaient être encore plus diversifiées. M. de Saporta distingue les plantes marines et fluviatiles, celles des lagunes tourbeuses et des marécages, celles des lisières lacustres ou fluviatiles et des vallées arrosées, celles des plaines el des vallons inférieurs, des coteaux découverts, des stations chaudes situées à une faible élévation (Landflora des Allemands) (1), celles des localités agrestes et escarpées et des vallées intérieures parcourues par des eaux vives et jaillissantes; celles des foréts sociales et montagneuses (2); enfin les associations végétales des hauts sommets. M. de Saporta expose ensuite la nature des dépôts correspondant à chacune de ces associations végétales. Le savant paléontologiste d'Aix applique ces observations à certaines flores fossiles, entre autres à celle des schistes du Trocadéro et à celle des grès du Mans, dont M. Crié a fait?derniérement l'objet d'une étude spé- ciale. Il revient ensuite sur la flore des gypses d'Aix, qui compte à l'heure actuelle plus de trois cents espèces déterminées, et dont les plantes pro- viennent sans doute de stations très-diverses. Le mélange de types tels que les Bétulacées, les Ulmacées, les Pomacées, les rares représentants des genres Fraxinus, Acer, avec des types à physionomie tropicale, est expli- qué par lui en supposant que ces plantes d'un climat tempéré habitaient des pentes boisées et montagneuses oü l'influence de l'altitude se faisait (1) Cest la flore de cette station qui nous est le moins parvenue, à l'état d'organes légers, semences ou fruits ailés, folioles éparses, entrainés parles vents ou les eaux dans le lit des vallées. 9 ` eitati : ` 1 (m Les citations di familles ou de genres, indiquées ici pav. M. de Saporta, donnent la végétation d'une forêt de la partie méridionale de l'unérique du Nord. C'est, d'une ma- nière générale, la flore heersienne de Gelinden. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 193 sentir. En somme, M. de Saporla est disposé, quoiqu'il ne le dise pas expressément, à regarder comme contemporaines les flores de Gelinden, de Sézanne, du Trocadéro, des grès de la Sarthe, des environs d'Angers et des gvpses d'Aix, et à rejeter les dissimilitudes de ces flores sur des dif- férences de stations ou sur des mélanges de types provenant de stations diverses. Il regarde comme prouvé que dès les premiers temps de l'épo- que tertiaire, à côté de certaines collections locales d'affinité presque entiè- rement tropicale, il existait simultanément, sur d'autres points, des foréts différant très-peu, par leurs éléments constitutifs, de celles que nous avons encore sous les veux, et dans lesquelles les Cupulifères avaient dès lors la prépondérance, tandis que plus tard, dans les vallées inférieures et autour des lacs, le paysage affectait une variété de formes et d'aspect inconnue de nos jours à l'Europe. Catalogue des plantes et des localités nouvelles des en- virons d'Orléans; par M. Valentin Humnicki. In-8° de 30 pages. Orléans, typogr. Herluison, 1876. Ce petit catalogue contient l’énumération des plantes appartenant à la flore orléanaise qui ne sont pas comprises comme telles dans la 3° édition de la flore de M. Boreau, ainsi que l'indication de localités nouvelles pour les plantes déjà citées dans cet ouvrage. Les Rubus, Rosa, Hieracium el Mentha avaient été soumis par lui à M. Boreau. L'Helianthemwum pulve- rulentum de M. Boreau est pour lui comme pour M. Grenier l'H. polifo- lium DC. Il caractérise un hybride nouveau, le Centaurea serotino-macu- losa. Il donne des détails intéressants sur les hybrides de Verbascum. I décrit le Potamogeton rutilus Wolfg., qui n'était encore connu qu'en Suède et dans quelques localités de l'Allemagne, et qu'il a recueilli à Saran, prés Orléans, aux mares de la Téte-Noire. Herborisations autour de Lorient, de Port-Louis et à l'ile de Groix; par M. D.-A. Godron (Mémoires de la Société des sciences naturelles de Cherbourg, 1815, pp. 155-210). M. Godron a fait différents séjours à Lorient et à Port-Louis, à peu prés à toutes les époques de l'année; il a poussé de nombreuses reconnais- sances à la presqu'ile de Gàvres et a fait deux voyages d'exploration àl ile de Groix. Il a fait analyser le sol des dunes de Gàvres, qui contient 12,75 pour 100 de carbonate de chaux (1), proportion qui suffit aux besoins d'un certain nombre d'espèces calcicoles, et en éloigne les espèces calcifuges. Le climat exerce aussi son influence. Il faut citer à cet égard : Matthiola sinuata R. Br., Lavatera arborea L., L. cretica L., Œnanthe crocata L., ablement; ceux d'Ar- 1) Les caractères chimiques des sables maritimes varient considér ux. ara 1 plantes silicicoles eachon ne renferment qu'une proportion insignifiante de chaux. Les y vivent parfaitement. 194 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Arbutus Unedo L., Laurus nobilis L., Punica Granatum L.; celui-ci y forme de grands arbres qui fruclifient. La température moyenne de décembre et de janvier est à Lorient de -+ 6^. Mais la Vigne cultivée en treille y mürit à peine ses fruits, la moyenne d'aoüt n'étant que de 18°. Dans le catalogue des plantes observées par lui autour de Lorient, M. Godron donne des détails intéressants sur certaines espéces critiques. Il accepte comme espèce légitime la forme naine maritime du Viola tri- color (Viola nana DC.). Il accepte de méme le Silene montana Arrond. (Bull. Soc. polym. du Morbihan, 1863, p. 58), découvert sur les sommets de la Montagne-Noire, et qui croit en Vendée comme en Bretagne. Cette espèce se distingue du S. maritima With., non-seulement par ses feuilles plus petites, plus étroites, linéaires-lancéolées, mais encore par ses graines plus petites, transversalement arrondies sur le dos, superficiellement cha- grinées et non couvertes de tubercules coniques saillants. M. Godron décrit encore sous le nom d'Erodium minutiflorum L., VE. cicutarium var. Le Gall (FI. du Morbihan, p. 120), qu'il distingue de E. Lebelii Jord. (Pug., p. 48). — Il considère comme une variété de Ulex europeus, refleuris- sant en automne, l’U. armoricanus Mabille (Ann. Soc. Linn. de Bordeaux, 1866, p. 534) (1), qui aurait été déjà décrit sous le nom d'U. opistholepis par Webb (Ann. sc. nat. 3° série, t. xvi, p. 291). Nous remarquons encore dans sa liste l'Herniaria ciliata (Bab. Man. of British Botany, 1841, p. 121), plante à feuilles charnues, ovales, arrondies à la base, rou- geâtres, trés-briévement pétiolées, bordées de cils raides, à tiges très- rameuses, à mérithalles allongés; le Cuscuta Ulicis Godr., n. sp., à écailles spatulées, plus petites que dans les C. Epithymum L. et Tr ifolii Rab., moins profondément frangées, convergentes au sommet, laissant entre elles de petites fenêtres, etc.; le Myosotis dubia Arrond.,le M. Bal- bisiana Jord., le M. Lebelii G. G., le Bromus madritensis L., etc. Influence de la lumière sur les plasmodia des Myxo- mycètes ; par M. J. Baranetzky (Mémoires de la Société des Sciences naturelles de Cherbourg, t. xix, 4815, pp. 321-360). Les expériences de l'auteur ont été faites presque exclusivement sur des plasmodia d'ZEthalium. septicum. Aprés quinze ou trente minutes, selon l'intensité de la lumière à l'endroit éclairé, la masse du plasmodium devient extraordinairement raréfiée. L'épais enchevétrement des ramifications les plus fines a complétement disparu. Il se forme ainsi, dans la masse jaune du plasmodium étendu sur le papier blanc, une éclaircie bien prononcée, correspondant à la bande de lumiére. On peut pratiquer la fente en forme d'une figure quelconque, et l'on recevra sur le plasmodium une empreinte précise de la méme figure. Si l'action de la lumière se prolonge, le proto- (I) Voyez Taslé, Bull. Soc. polymathique du Morbihan, 1863, p. 59, et Le Jolis, Mém. de la Soc. des sc. nat. de Cherbourg, t. 1", p. 273. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 125 plasma disparait complétement de l'endroit éclairé, pour se réfugier dans les régions obscurcies du plasmodium, et au bout d'une heure à partir du commencement de l'expérience, les éclaircies se transforment en solu- tions de continuité. Les rayons du soleil agissent de méme que la lumière diffuse, mais d'une façon plus énergique. La lumière jaune ne produit rien, tandis que la lumière bleue, méme trés-affaiblie à l'œil, exerce la méme action que la lumière diffuse. L'influence exercée par la lumiére sur le protoplasma des Myxomycétes n'est pas limitée au temps de son action immédiate, mais provoque en outre des changements durables dans les propriétés physiques du proto- plasma. La couleur des plasmodia devient notamment plus pâle, d'un jaune limon vif, quelquefois même avec un reflet orangé. La couleur pri- mitive ne se restitue plus, méme aprés un séjour prolongé dans l'obscurité. Observations sur les Centaurea decipiens Thuill., trans- alpina Schleich. et tubulosa Chabert; par M. Michel Gandoger. In-8° de 16 pages. Paris, typogr. Arnous de Rivière, 1876. En vente chez Ch. Taranne, libr. — Prix : 4 fr. 25. Le but de M. Gandoger est de décrire vingt-quatre espèces nouvelles françaises de Centaurea appartenant aux trois types inscrits dans le titre de sa brochure. Ces espèces fleurissent toutes de juillet à août et sont vivaces ; leur port est celui des Centaurea Jacea ou nigra; elles se dis- linguent principalement par la forme des appendices des écailles qui entourent les capitules floraux. Un tableau synoptique permet de se recon- naitre entre les caractéres de ces espéces affines. Observations sur les bulbes des Lis; par M. Duchartre (Deuxième mémoire). In-8 de 68 pages avec 8 pl. Paris, G. Masson, 1875. Ce mémoire a paru dans les Annales des sciences naturelles, 8° série, t. xiv. Le premier mémoire du méme auteur sur le même sujet, qui a été publié dans le méme recueil, était relatif au Lilium Thomsonianum, c'est- à-dire au sous-genre Notholirion. Celui-ci porte sur une autre section, Cardiocrinum Endl., qui a des feuilles en cœur longuement pétiolées, et qui renferme deux espèces, Lilium giganteum Wall. et L. cordifolium Thunb. | M. Duchartre expose longuement les caractères de la végétation de ces deux espèces, surtout de la première, dont il a eu à sa disposition des matériaux plus complets. Ces plantes restent soumises à la grande loi d'après laquelle les végétaux qui forment l'embranchement des Monocoty- lédones ne produisent en germant qu'une radicule ou pivot purement tem- poraire ; mais la radicule qui, chez la premiére de ces deux espéces, ne reste vivante et active que deux ou trois mois à peine, constitue au con- 496 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. traire chez le L. cordifolium un long pivot plus ou moins ramifié, que M. Duchartre a encore vu pendant la deuxième année de l'existence de la plante. M. Duchartre donne, d’après son expérience personnelle et d'après celle de M. Max Leichtlin, des détails intéresssants sur la germination des Lis en général, sujet encore presque neuf. La germination et le dévelop- pement de ces plantes varient considérablement, plus rapides quand elles doivent fleurir trois ou quatre années après le semis, quelquefois même plus tôt (Lilium tenuifolium L., L. Thunbergianum), plus lents quand l'oignon est plus volumineux, la tige plus grande, la floraison plus tardive (L. giganteum, L. cordifolium, L. auratum,'etc.). Les graines des pre- mières lèvent au bout de quelques semaines ; celles des dernières ne lèvent le plus souvent qu'au bout d’une année, parfois aussi de deux années après le semis. Les Lis à germination et croissance rapides produisent, pendant la pre- mière année, trois ou quatre feuilles normales, outre leur feuille séminale. Au contraire, les Lis à germination et croissance plus lentes ne montrent hors du sol, pendant cette même année, que leur feuille séminale : leur premiere feuille normale n'apparait que la seconde année, pendant laquelle elle reste généralement unique; rarement (L. auratum) la jeune plante développe deux ou trois feuilles normales dans le cours de la seconde année, Chez tous les Lis, la radicule se développe, à la germination, en un pivot bien caractérisé ; mais tandis que, chez la plupart, l'activité et même l'existence de ce pivot sont circonscrites dans l'espace de la première année (L. giganteum, L. auratum, L. Szovitzianum, L. tenuifolium, L. Thunbergianum), la seconde année amène pour lui, chez quelques autres, une continuation d'activité et un développement considérables. Dans la grande majorité'des Lis, la tigelle ne se développe pas sensi- blement à la suite de la germination ; cependant, chez le L. giganteum, elle forme un axe hypocotylé qui atteint environ 07,003 de longueur dans sa portion libre. Cette dernière espèce est aussi la seule sur laquelle M. Duchartre ait vu se produire successivement deux générations de racines adventives : la première naissant du bas de l'axe. hypocotylé et devant disparaître avec lui; la seconde se formant à la base du petit oignon qui vient d'apparaitre, et devant se multiplier rapidement au fur et à mesure des progrés de celui-ci. La premiere apparition de l'oignon est toujours due au développement notable en épaisseur que prend la portion vaginale du eotylédon devenue feuille séminale; elle a lieu peu de temps après que celte feuille sémi- nale s'est dégagée du spermoderme qui en coiffait l'extrémité. La gaine colylédonaire persiste pendant toute la première année, et méme, dans les grandes espèces, elle reste fraiche pendant une partie plus où | REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 127 moins longue de la seconde année. Pendant toute cette durée, c'est son accroissement qui contribue le plus à l'accroissement graduel du jeune oignon. Les parties internes auxquelles la gemmule donne naissance ne con- courent d'abord que pour une faible part au grossissement de l'oignon ; mais quand la gaine cotylédonaire s'est épuisée et flétrie pour disparaitre peu après, elles le constituent essentiellement, et, devenant rapidement de plus en plus nombreuses, se montrent sous les deux apparences de feuilles et d'écailles nourriciéres; elles le rendent de plus en plus volu- mineux jusqu'à ce qu'il produise une tige florifere. Quand celle-ci est due au bourgeon qui termine l'axe du bulbe, celui-ci meurt après sa fructi- fication, et peut dés lors être dit monocarpien. Mais quand la tige provient d'un bourgeon latéral ou axillaire et qu'elle constitue ainsi une ramifica- tion de l'axe fondamental, il peut s'en produire successivement plusieurs d'année en année ; le bulbe se conserve done pendant plusieurs floraisons consécutives, et l'on peut dès lors le qualifier de polycarpien. Plantes critiques ou nouvelles de la flore de Norman- die (2° mémoire); par M. A. Malbranche (extrait du Bulletin de la Société des amis des sc. nat. de Rouen, 1875, 2° trimestre); tirage à part en brochure in-8° de 11 pages. Avec plusieurs indications de localités nouvelles et rectifications, on trouvera dans ce mémoire la liste des Verbascum observés par l'auteur dans les départements de la Seine-Inférieure et de l'Eure. Outre des pélo- ries du Linaria vulgaris et du L. striata, M. l'abbé Letendre a rencontré le L. ochroleuca, qui est un hybride de ces deux espèces. L'Iberis de Duclair, prés Rouen, est nommé par M. Malbranche /heris affinis (1). Il distingue l'Hieracium sylvaticum de VH. murorum, signale le Rosa commiserata Gandoger dans le Calvados, une forme du Cineraria spatule- folia au pied des falaises à Fécamp et à Etretat, etc. Essai sur les Rubus normands; par M. Malbrauche (extrait du Bulletin de la Société des amis des sciences naturelles de Rouen, 1875, 2° semestre) ; tirage à part en brochure in-8 de 31 pages. M. Malbranche tient le centre dans les controverses passionnées aux- quelles est soumise aujourd'hui la délimitation des formes spécifiques affines, également éloigné des conservateurs obstinés qui se refusent à admettre une idée nouvelle et des novateurs qui la poussent à ses plus extrèmes conséquences. M. Malbranche n'admet que vingt et un Rubus normands, ou, si l'on veut, vingt en dehors du R. ideis. V fait la part de la station dans la variabilité des organes, passe eu revue les caractères sur (D L'auteur ne dit rien de IJ. intermedia Guers, en comparant sa plante à d'autres espèces d'/beris. 198 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. lesquels on s'est appuyé pour décrire les différentes espèces de ce genre. Il insiste sur les caractères des akénes, la saveur des fruits, l'attitude du calice aprés la. floraison, l'époque de floraison, qui est, pour lui comme pour M. l'abbé Chaboisseau, une note décisive pour la séparation des espèces. Après avoir distingué par une clef les sections des fruticosi, M. Mal- branche décrit les espèces qu'il reconnait (dont aucune n’est nouvelle), et dans lesquelles il fait rentrer au contraire beaucoup de celles qui ont été signalées comme nouvelles par les auteurs. Symbolæ ad floram Brasiliæ centralis cognoscendam : Musci frondosi a clar. D" Glaziou in vicinia urbis Rio-de- Janeiro lecti, auctore E. Hampe (extrait des Videnskabelige Meddelelser fra den naturhistoriske Forening i Kjóbenhavn, 1874, pp. 419-528); tirage à part en brochure in-8°. Ce mémoire renferme des espèces nouvelles dans les genres Sphagnum, Amphoritheca, Syrrhopodon, Trichostomum, Barbula, Oreo-Weisia, Pilopogon, Dicranum, Cryptopodium, Bartramia, Zygodon, Macromi- trium, Schlotheimia, Rhodobryum, Webera, Clasmatodon , Daltonia , Lepidopilum, Porotrichum, Euhookeria, Hookeria, Hypnum, Conomi- trium et Hypopterygium. Symbolæ ad floram Brasiliæ centralis cognoscendam : Papilionaceæ et Cesalpiniee ; exposuit Marc Micheli (extrait des Videnskabelige Meddelelser); tirage à part en brochure in-8°. Ce mémoire renferme des espéces nouvelles dans les genres suivants : Indigofera, Æschynomene, Desmodium, Clitoria, Galactia et Eriosema. Ce sont les Papilionacées qui offrent dans cette revue le plus d'intérét par leur nouveauté, car les Swartziées et les Césalpiniées ont été traitées d’après les déterminations faites par M. Bentham dans le Flora brasi- liensis. Symbol» ad floram Brasiliæ centralis cognoscendam : Symplocaceæ, Styraceæ, Ebenacee, Rosaceæ ; auct. D^ Eug. Warming (extrait des Videnskabelige Meddelelser, 1874, pp. 461-477); tirage à part en brochure in-8°. 4 Symplocos, 9 Styrax, 1 Maba, 18 Diospyros, 9 Licania, 2 Moquilet, 3 Hirtella, 2 Couepia, 2 Parinarium dont un nouveau, 4 Prunus, 4 Ru- bus, À Eriobotrya, tel est le bilan des récoltes des espèces autochthones arnaes dans ce mémoire d'après les récoltes de MM. Warming e! laziou. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 199 Mémoire sur l'anatomie comparée de l'écorce ; par M. Ju- lien Vesque (Ann. sc. nat., 6° série, t. 11, 1876, pp. 82-198, avec trois planches gravées). M. J. Vesque a fait dans ce mémoire l'étude complète des éléments de l'écorce, avec toute la complexité qu'elle doit aux travaux publiés dans ces vingt dernières années. L'auteur a profité de la parfaite connaissance qu'il a, grâce à sa nationalité, dela langue allemande aussi bien que de la langue francaise, pour faire passer dans celle-ci, avec une clarté dont on lui saura gré, les résultats souvent obscurs des travaux d'histologie pour- suivis en Allemagne. Son mémoire sera à ce point de vue trés-utile à tout professeur de botanique qui voudra avec raison répudier les vieilleries contenues sur la structure de l'écoree dans la plupart des traités élémen- laires. M. Vesque a étudié environ cinq cents plantes différentes. Aussi son travail offre-t-il des points intéressants qui lui sont propres. Il faut citer particulièrement ses observations sur l'épiderme persistant et ses divisions, sur l'analogie de la ceuticularisation avec la subérification, sur le tissu col- lenehymatoide, sur le collenchyme concave ou convexe (c’est-à-dire dont l'épaississement forme vers l'intérieur de la cellule une saillie arrondie semblable à une colonne engagée), sur la différenciation du parenchyme des écorces primaires vivaces en plusieurs couches, sur le caractère exeré- mentitiel de l'oxalate de chaux, sur la forme des cristaux et sur la relation qui existe entre leurs formes et les affinités naturelles; sur le róle des cellules scléreuses qu'il regarde comme un róle de protection ou de sou- lien, avec M. Hooker et contrairement à l'opinion de M. Cohn, etc. La définition du liber, telle que la donne M. Vesque, diffère complétement de celle qui a cours dans l’enseignement, afin d'embrasser les cas si nombreux aujourd'hui où le liber se produit ailleurs que dans l'écoree. I regarde la cellule grillagée comme l'élément. caractéristique du système libérien. Il donne des exemples intéressants de la formation du liber intérieur, et cite les Bignoniacées où ce liber est produit par un vrai cambium intérieur. On ne doit pas, dit-il, confondre ce cambium intérieur avec une couche éga- lement génératrice qui se trouve à la méme place dans un grand nombre de plantes, et qu'il désigne sous le nom de faux cambium ; outre qe ce dernier n'est pas primaire, mais de formation postérieure, il n'est jamais qu'unilatéral et ne produit pas de bois à sa face externe, Dans d'autres cas, le liber intérieur est primaire ; le plus complexe se rencontre chez les Solancées. Les cellules grillagées sont des éléments essentiellement libé- riens, morphologiquement équivalents aux fibres libériennes, c'est-à-dire procédant des cellules cambiales sans division secondaire el caractérisées par la structure particulière de leurs cloisons transversales. L'auteur croit que les cellules grillagées n'effectuent nullement le transport de l'amidon T. XNIII. (REVUE) 9 120 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. solide, que la transmission des matériaux élaborés s'opère entre elles, comme ailleurs, par diffusion physiologique, et qu'il n'y a pas même de mouvement de protoplasma d'une cellule à l'autre. Le dernier chapitre du mémoire de M. Vesque est consacré à l'étude de la décortication naturelle, c'est-à-dire du suber, du périderme et des plaques de rhytidome. Reconnaissant avec raison combien toute cette partie de l'anatomie végétale est embrouillée par l'emploi d'une terminologie confuse, il propose d'appeler du nom général de périderme les couches qui se forment par altération de la zone herbacée, et dont la partie moyenne serait la zone phellogène, ayant en dehors le liége, (suber ou périderme subérifié), en dedans les cellules cortico-subéreuses (Korkrindenzellen des Allemands), cellules vertes chlorophylliennes qui constituent une enveloppe herbacée secondaire. Om Korkdannelse paa Blade (De la production de liége dans la feuille); par M. V. Poulsen (extrait des Videnskabelige Meddelelser, 1875, n° 1) ; tirage à part en brochure in-8 de 15 pages, avec pl. L'auteur a constaté que la production de liége est habituelle sur les pétioles des feuilles, notamment chez les Hoya, les Ficus, le Viburnum japonicum, le Franciscea ; ila observé aussi, mais dans des cas plus rares, la subérification sur le limbe des feuilles (Dammara), ou sur les stipules (Euphorbia). Le liége se forme dans l'épiderme ou dans le paren- chyme sous-jacent, ou dans les deux tissus chez une seule et méme plante. Les planches représentent des coupes transversales, et montrent les détails des procédés de subérification. Di una nuova malattia dei Castagni (Sur une nouvelle mala- die des Chátaigniers) ; par M. G. Gibelli (Rendiconti del R. Istituto lombardo di scienze e lettere, 2" série, t. 1x, fascicule 2, 1876) ; tirage à part en brochure de 12 pages. Cette maladie, qui fait périr les Châtaigniers, est caractérisée par une coloration noiràtre et la présence de certains corpuscules. L'auteur là regarde comme trés-probablement contagieuse, mais nie qu'elle soit due à un parasitisme animal ou végétal. Repertorium annuum Literaturæ botanicæ periodic, t. It, MDCccLxxur. Curarunt G. C. W. Bohnensieg et W. Burck. Harlem, chez Erven Loosjes, 1876. Nous avons annoncé en son temps (1) le premier volume de cette publi- cation, signé par M. G. A. Van Bemmelen, mort à Harlem, il y a peu de temps, après avoir vainement demandé le rétablissement de sa santé à un voyage dans les pays chauds, M. Bohnensieg, bibliothécaire de la Société (1) Voy. le Bulletin, t. NX (Revue), p. 205. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 131 Teylérienne, et M. le docteur W. Burck, ont uni leurs efforts pour conti- nuer (en l'augmentant méme et en l'établissant sur une base plus large) cette énumération assurément très-utile par les renseignements bibliogra- phiques qu'elle fournit. Ce volume est l'index des mémoires qui ont paru dans les journaux périodiques de botanique en 1873. L'Index de 1874 ne tardera pas à être mis en vente. Études histologiques et histogéniques sur les glandes foliaires intérieures et quelques productions ana- logues ; par M. J. Chatin (Ann. sc. nat., 6° série, t. 1t, pp. 199-221, avec 4 planches). M. J. Chatin a étudié les plantes suivantes : Citrus Aurantium, Ruta angustifolia, Diosma alba, Hypericum perforatum, Schinus Molle, Myr- tus communis, Eucalyptus Globulus, E. Resdoni, Psidium montanum, Laurus nobilis, L. Benzoin, L. Camphora. M. J. Chatin résume lui-même les résultats de ses observations de la manière suivante : 1. Dans les différentes familles étudiées, c'est constamment dans le mésophylle que se forment les glaudes foliaires intérieures. — 2. Primiti- vement unicellulaires, ces glandes ne tardent pas à être le siége d'une multiplication par division, qui, dans la plupart des eas, augmente rapi- dement le nombre de ses éléments propres. — 3. Les produits de sécré- tion se forment dans les cellules glandulaires ainsi différentiées. — 4. Lors- que la glande a atteint son état parfait, on voit s'y produire des phéno- ménes de résorption cellulaire qui s'étendent du centre vers la périphérie, et déterminent ainsi la formation d'un réservoir dans lequel s'amasse le produit élaboré par les cellules glandulaires. — 5. Les glandes foliaires se rencontrent le plus souvent dans le voisinage des faisceaux fibro-vascu- laires ou de leurs divisions. — 6. Dans certaines des plantes étudiées (Eucalyptus, Psidium, Ruta), des glandes complétement semblables aux précédentes, soit dans leur développement, soit dans leur structure ou leurs produits, se forment sur les pétioles, les rameaux ou les tiges ; par- fois méme (Schinus Molle) il s'établit ainsi de véritables canaux secre- leurs, Dictionnaire de botanique ; par M. H. Baillon, avec la collabora- tion de MM. J. de Seynes, J. de Lanessan, E. Mussat, W. Nylander, E. Tison, E. Fournier, J. Poisson, L. Soubeiran, H. Bocquillon, G. Dutailly, Fd. Bureau, H.-A. Weddell, ete. Premier fascicule. In-4° de 80 pages, Sur deux colonnes, avec de nombreuses gravures sur bois et une planche chromolithographiée. Paris, Hachette. — Prix : 0 fr. mières pages ont Nousavons déjà annoncé cette publication, dont les pre i g ( e TERN . o. m nr sui > Ja lenteur eté prêtes dès le 13 février 1875, bien que pa suite de la 132 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. l'impression et de la mise en œuvre des matériaux nécessaires, le premier fascicule n'ait pu être livré au public qu'au mois d'août 1876. Il parait sans préface aucune. Nous sommes embarrassé pour en parler : on n’ana- lyse pas un dictionnaire qui est lui-même une œuvre d'analyse. Nous savons qu'on n'a rien négligé pour rendre celui-ci aussi complet que possible : non-seulement les index de toute nature ont été soigneusement dépouillés, mais un grand nombre de mots y servent à des développements méme im- portants qui ne figuraient pas dans les anciens dictionnaires. On a voulu donner, sous la forme alphabétique, un répertoire complet de la botanique théorique et appliquée : anatomie et physiologie végétales, morphologie et tératologie, géographie botanique, genres de la phanérogamie et de la eryptogamie, applications médicales et industrielles, tel est l'ensemble concu par M. Baillon, et auquel il faut ajouter encore les notices biogra- phiques des botanistes décédés (proportionnées naturellement à leur im- portance dans l'histoire de la science), ainsi que l'étymologie des noms anciens des plantes. Beaucoup d'articles, au lieu de se résumer à une défi- nition, servent d'occasion à une étude originale de certains points de la science (par exemple ABSORPTION), quelquefois méme à une polémique scientifique sur certains points contestés, ce qui n'engage que la respon- sabilité du signataire de l'article. Les noms des collaborateurs, dont chaque botaniste connait les études particulières, indiquent d'eux-mémes, pour la plupart d'entre eux, quelle part généralement restreinte ils ont prise à la rédaction de l'ouvrage, écrit pour la plus grande partie, avec M. Daillon, par MM. de Lanessan et Tison. Sulla emissione dell idrogeno nascente dai vegetabili ; par M. E. Pollacci (extrait des Rendiconti del R. Istituto lombardo, 2° série, t. Ix); tirage à part en brochure in-8° de 12 pages. Milan, 1876. En conséquence de recherches établies depuis 1862, pour découvrir comment le soufre agit sur l'Oidium Tuckeri, recherches qui ont montré que dans le soufrage de la Vigne il se produit une grande quantité d'acide sulfhydrique, l'auteur s'est demandé si l'hydrogène nécessaire à la forma- tion de cet acide provenait de la plante ou du parasite. Plusieurs plantes, fort différentes, soufrées par M. Pollacei, donnèrent toutes de l'hydrogène sulfuré, et en quantité d'autant plus abondante que les parties soufrées avaient une végétation plus active. L'hydrogène serait d’après lui un pro- duit normal de la végétation, résultant de réactions qui ont lieu entre les cellules ; il en donne pour preuve la formation de substances organiques toujours accompagnées d'un développement d'hydrogène dà à la décom- position del'eau (matières grasses et résineuses, carbures d'hydrogène, ete.). Il croit que l'hydrogène ainsi rendu libre ne contribue qu'en partie à la formation des substances ternaires, et qu'une autre partie est rejetée. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 133 Sulla emissione dell idrogeno dalla vegetazione delle Muffe; par M. G. Missaghi (extrait de la Gazzetta chimica italiana, t. v, 1875); lirage à part en brochure in-8 de 3 pages. L'auteur en examinant la question de savoir si les Champignons donnent lieu pendant leur végétation à un développement d'hydrogène, se fonde sur certaines expériences pour admettre que l'atmosphère où se dévelop- pentles moisissures (dans certaines conditions expérimentales qu'il décrit) ne renferme pas d'hydrogéne libre. Euphorbiæ messanenses, seu Euphorbiarum in messanensibus agris virentium descriptio diagnostica; par M. L. Nicotra. In-4 de 4 pages. Messine, 1873. La clef analytique des quatre genres d'Euphorbiacées que l'on rencontre aux environs de Messine, Euphorbia, Ricinus, Crozophora et Mercuria- lis, est suivie d'une description succincte de dix-sept espèces d'Euphorbia, réparties entre les deux sections Anisophyllum et Tithymalus. Sulla ruggine del grano turco ; par MM. S. Garovaglio et R. Pirotta (extrait des Rendiconti del R. Istituto lombardo) ; tirage à part en brochure in-8° de 8 pages, avec planche. Milan, 1876. Il s'agit dans cette note du Puccinia Maydis. Les auteurs rapportent en entier la description donnée par Carradori, dans un mémoire lu à la Société des Géorgophiles de Florence, et publié dans le Journal de Bru- gnatelli, vol. vir, et revendiquent pour cet auteur le mérite d'avoirle pre- mier signalé ce parasite. Le Diatomacce raccolte dalla spedizione della Società geografica italiana in Tunisia; par M. Lanzi (extrait du Bol- lettino della Società geografica. italiana, vol. xut, fasc. 1); tirage à part en brochure in-8^ de 6 pages. Rome, 1876. Ce travail est l'un des résultats de l'expédition envoyée en Tunisie par la Société géographique italienne, qui se proposait d'étudier le terrain compris entre le golfe de Gabés et les environs de la Sebkha el Fegiej. Les Diatomées ont été recueillies dans quatre localités différentes, soit d'eau douce, soit d'eau salée. M. Lanzi a reconnu que toutes ces Algues appartiennent à des espèces déjà connues. Il en donne l'énumération d'après les localités. Sulla presupposía trasformazione della cellulosa in NM -- | gomma (Gazzetta chimica italiana, 1875, t. v, p. 408). Les études de l'auteur ont été faites sur le fruit du Prunier. Il nie que la gomme provienne de la transformation de la cellulose. Il reste à en recher- cher l'origine dans le tannin que contiennent. des cellules spéciales ou 134 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dans l'amidon des fruits. La constitution chimique du tannin montre l'im- possibilité de cette transformation. Quant à l'amidon, c'est quand il ne se transforme pas en glycose qu'il donne origine à la gomme. Sulla Pilularia globulifera e sulla Salvinia natans; par M. G. Arcangeli (Nuovo Giornale botanico italiano, juillet 1876, avec 4 planches). Voici les conclusions de cet important mémoire. 4° Dans les maerospores du Pilularia globulifera, on peut distinguer un pseudo-épispore, un exospore et un endospore. Les couches muqueuses qui se trouvent à leur surface présentent les réactions de la cellulose. 2^ Le prothalle tire son origine de l'intérieur de la macrospore par seg- mentation ou division cellulaire et non par formation libre. 3 La germination de la macrospore a lieu méme dans l'obscurité, et le prothalle développé dans de telles conditions renferme des cellules qui contiennent des grains de chlorophylle. 4° On ne peut admettre qu'il y ait chez le Pilularia un archégone com- plétement individualisé, semblable à celui des Mousses. 5° La germination des mierospores s'effectue par division cellulaire. Chacune d'elles donne naissance à deux cellules-anthéridies, dans chacune desquelles s'organisent seize anthérozoides, et à une cellule inférieure qui représente le prothalle mâle. 6° Dans le développement des sporanges du Salvinia natans, il se ren- contre des faits analogues à ceux qui ont été observés chez les Polypodia- cées. Il s'y forme une masse protoplasmique aux dépens de la seconde couche interne du sporange, qui mériterait d'étre appelée pseudo-epi- plasma. T° Tant chez les microspores que chez les macrospores du Salvinia, on peut distinguer un pseudo-épispore, un exospore et un endospore. Il im- porte cependant de faire remarquer que chez les microspores le pseudo- épispore est unique et commun à toutes les spores. 8° Les microspores du Salvinia germent de la méme manière que celles du Pilularia. Seulement, chez les anthéridies du Salvinia, il se produit quatre anthérozoides au lieu de seize, et la cellule inférieure, qui repré- sente le prothalle, s'allonge pour former un tube-anthéridie. Ueber Euchiæna mexicana Schrader; par M. P. Ascherson (Verhandlungen des botanischen Vereins der Provinz Brandenburg, 1815, pp. 16-80). M. Ascherson reproduit la description du genre Euchliene, que Sehra- der placait dans la tribu des Olyrées. M. Ascherson en a trouvé un exem- plaire dans lherbier de Berlin, et soutient avec raison que le genre Euchliena doit être placé entre les genres Zea et Tripsacum. Malheureu- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 135 sement il n'a pu en examiner suffisamment les fleurs mâles. Les fleurs femelles sont placées sur des axes différents ; les fleurs mâles terminales, en panicules, rappellent celles du Maïs. Les fleurs femelles ont la consti- tution de celles des Tripsacum ; mais enfermées dans des spathes d’où sortent seulement leurs longs stigmates plumeux, elles donnent immédia- tement l'idée des fleurs du Mais. Ceci fournit occasion à M. Ascherson de rappeler que dans sa Flora der Prov. Brandenburg, le genre Zea a été placé par M. Al. Braun parmi les Andropogonées. Monographie des Adonis de l'Europe; par M. le baron Oscar de Dieudonné (Bulletin de la Société botanique de Belgique, t. xv, pp. 101-112). Cette monographie est extraite de la Flore de l'Europe, que préparait M. le baron de Dieudonné, qui avait décrit seulement une partie de la famille des Renonculacées quand la mort l'a frappé à l’âge de vingt-neuf ans. Une clef dichotomique précéde Ia description des espéces ; une courte diagnose suit l'exposition de la synonymie, elle est suivie elle-méme de l'énumération bien classée des localités. Les espéces acceptées sont au nombre de onze. L'Adonis hybrida Wolf. est hybride entre PA. wolgensis eL IA. vernalis Freyn. L'A. dentata Del. ne croit pas en Europe. Il a été indiqué par Ledebour, en Russie, par confusion avec l'A. autumnalis var. caudata. L'A. dentata var. provincialis DC. n'est que l'A. autumna- lis L. L'A. dentata indiqué en Grèce est l'A. microcarpa DC. The Flora of British India; par M. J.-D. Hooker. Part iv. Un vol. in-8° de 240 pages. Londres, 1876. La quatrième partie de cet important ouvrage commence le second vo- lume et comprend les familles des Sabiacées, Anacardiacées, Coriariées, Moringées et Connaracées, traitées par M. Hooker, puis presque tout le groupe des Papilionacées de la famille des Légumineuses, traité par M. Baker. Le nouveau genre Melanochyla (Anacardiacées) comprend quatre espèces nouvelles. Nouvelles observations sur le Pecopleris odontople- roides Moris ; par M. F. Crépin (Bulletin de la Société royale de bota- nique de Belgique, t. xv, pp. 193-151). M. Crépin (1) avait d'abord pensé que celte espèce élait du terrain houil- ler et qu'elle appartenait à l'Odontopteris alpina Geinitz. De nouvelles recherches lui ont prouvé qu'elle date des formations Jurassiques moyennes de la période de l'oolithe ; de plus son mode de nervation lui fail croire que cette Fougère n'est rien autre qu'une espèce du genre Thinfeldia, voisine du Th. rhomboidalis Etüngh. et du Th. saligna. () Voy. le Bulletin, t. xxu (Revue), p. 199. 136 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Ueber die Entwickelung des Farnblattes (Sur le développe- ment de la fronde des Fougères); par M. R. Sadebeck. In-4* de 16 pages, avec une planche. Berlin, 1814. Ce mémoire concerne principalement les Polypodiacées. Voici les con- clusions de l'auteur. La feuille des Fougères se développe d'abord en longueur, par le moyen d'une cellule apicale cunéiforme, dans l'intérieur de laquelle se forment des cloisons alternativement obliques. Les segments latéraux produits par les partitions successives de la cellule apicale (cellules marginales du pre- mier degré) sont séparés d'abord par l'apparition d'une cloison tangen- tielle en deux parties, l'une interne, cellule de tissu, l'autre externe, périphérique (cellule marginale du deuxième degré). Celle-ci est bientót partagée par une cloison radiale en deux nouvelles cellules marginales du deuxième degré et de deuxième génération. Constant jusqu'alors, le mode de développement admet alors deux modifications. Tantót les deux der- niéres cellules sont de méme valeur et devienuent chacune une cellule- mére (cellule apicale-marginale) chargée de présider à des développements ultérieurs ; tantôt ce rôle n'est évolu qu'à l'une d'entre elles. Cependant il vient un moment où le développement de la cellule apicale méme de la feuille est borné par la formation d'une cloison tangentielle, et les choses se passent alors dans la cellule périphérique résultant de cette partition comme dans les cellules marginales du deuxiéme degré. Les nervures des feuilles doivent leur origine aux cellules de tissu. Dans leur allongement, elles se développent suivant les lois du sympode, dans leur ramification suivant celle de la dichotomie pure, lorsqu'une cellule marginale du degré n se divise en deux cellules marginales du degré n +1. Les cellules-méres marginales se développent en sympode ; certaines des cellules ainsi produites deviennent elles-mémes les cellules-inéres des poils. L'auteur, à l'exemple de plusieurs savants qui l'ont précédé, couclut de ses recherches qu'il existe de grandes analogies entre le développement des Polypodiacées et celui des Rhizocarpées. Statistique botanique du département de la Haute-Ga- ronne; par M. Casimir Roumeguére (extrait de VEcho de la Province du 5 avril 1876) ; tirage à part en brochure in-8° de 101 pages, avec une planche lithographiée. Paris, J.-B. Bailliére et fils, 1876. Suivant le plan proposé par M. Duval-Jouve (1), M. Roumeguère expose l'inventaire des richesses botaniques contenues dans les jardins, les mu- sées et les bibliothèques publics ou privés de Toulouse, et les ressources qui y sont offertes par l'enseignement et par les Sociétés savantes. (1) Voyez le Bulletin, t. xvn (Séances), p. 209. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 137 Il fait auparavant uue longue excursion dans le domaine du passé, et s'applique à citer non-seulement les travaux publiés sur les plantes des environs de Toulouse, mais jusqu'aux manuscrits. Nous apprenons ainsi que Moquin-Tandon avait rédigé un Cataloque des Mousses de la Haute- Garonne (1847). M. Roumeguére clôt cette énumération de travaux bota- niques par la description d'une nouvelle espèce de Pezize, le P. doloris, recueilli aprés les inondations de Toulouse, sur une planche à repasser le linge encore imprégnée d'eau. Ce Champignon est figuré sur la planche jointe au mémoire. Nouveaux documents sur Phistoire des plantes crypto- games et phamnérogames des Pyrénées. Correspondances scientifiques inédites échangées par Picot de Lapeyrouse, Pyrame de Candolle, Léon Dufour, C. Montagne, Auguste de Saint-Hilaire et Endress avec P. de Barrera, Coder et Xatart, mises en lumière et annotées par Casimir Roumeguère et précédées d'une introduction par M. Ch. Naud'n (extrait du xxii Bulletin de la Société agricole, scientifique et littéraire du département des Pyrénées-Orientales) ; tirage à part en brochure in-8° de 164 pages. Comme le dit M. Naudin dans sa préface, l'histoire des sciences se con- fond en bien des points avec celie des hommes qui les ont créées ou. qui ont, à divers degrés, contribué à leurs progrès. Aussi saura-t-on gré à M. Roumeguère de continuer (1) à nous faire connaitre les botanistes modestes dont les recherches ont éclairé l'étude de la végétation des Pyrénées-Orientales, par la publication de leurs correspondances avec quelques-uns des principaux savants de leur époque. De nombreuses notes de M. Roumeguère éclaireissent pour le lecteur ce qu'il y aurait de douteux dans les noms des espèces de Lapeyrouse. On y trouvera des documents intéressants pour l'histoire des plantes des Pyrénées, leur synonymie, ete. Nous signalerons particulièrement la description d'un Champignon mons- trueux trouvé par M. Timbal-Lagrave sur les débris du Saxifraga penia- dactylis Lap., et la traduction du Pyrenearnas mossvregetation de M. Zet- terstedt. Ce dernier travail offre, dans l'énumération des bryologues qui ont précédé son auteur dans les Pyrénées centrales, quelques lacunes que M. Roumeguére a comblées dans des notes. Dahlia gracitis Ortgies (Gartenflora, avril 1876, pl. 861). Cette nouvelle espèce de Dahlia est encore due aux recherches de M. B. Ræzl, comme tant espèces du Mexique. Le D. gracilis forme un buisson haut de 17,30 à 17,00, plus gracieux et plus élégant que notre Dahlia cul- tivé à cause de la légèreté de ses feuilles, et qui produit un grand nombre de capitules longuement pédonculés, d'un bel écarlate orangé. L'involucre (1) Voyez le Bulletin, t xx (Revue), p. 194. 138 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. a cinq folioles externes ovales, spatulées et réfléchies, tandis que les in- ternes sont lancéolées. Les feuilles n'ont pas le rachis ailé. Atti del Congresso internazionale Doíanico tenuto in Firenze nel mese di maggio 1874, pubblicati per cura della R. So- cietà toscana di orticultura. Un vol. in-8° de 372 pages avec 8 planches. Florence, 1876. Ce volume commence par une introduction signée de M. le professeur Parlatore. Il contient ensuite le procès-verbal des séances et les commu- nications faites au Congrès. Nous citerons celles qui ont été imprimées in extenso. 1° Sur les caractères spécifiques du genre Colchicum, et sur quelques espèces nouvellement découvertes en Grèce ; par M. Orphanidès. — Le nombre des Colchicum connus s'élève à 43, dont 17 se trouvent dans la flore grecque, et 10 lui sont spéciaux. L'auteur passe en revue les carac- tères du genre et leur valeur dans la caractéristique des espèces. M. Orpha- nidés en a reconnu pour nouvelles 4 qui sont les Colchicum Boissieri, C. eubœum, C. Parlatoris et C. polymorphum. 2° Sur l'organogénie du Cynomorium coccineum; par M. Th. Caruel. — M. Caruel a étudié le Cynomorium vivant sur des échantillons de Sar- daigne. Les fleurs mâles, qui paraissent les premières, sont d'abord des mamelons qui se ceignent bientót d'un rebord irrégulier destiné à former les lobes du périgone. Puis la partie centrale du mamelon s'échancre à son sommet et se divise comme en deux lèvres, dont l'une se développant beaucoup plus que l'autre, se transforme en étamine, tandis que l'autre forme le corps allongé en coin, charnu, qui reçoit dans une rainure le fila- ment de l'étamine et qui pourrait étre un staminode. Le mamelon femelle se distingue par sa forme cylindrique. En grandissant, il s'ombilique au sommet en donnant naissance inférieurement au périgone. Cependant la partie située au-dessus s'allonge, mais d'un cóté seulement, de sorte que de la forme d'un petit puits elle passe à celle d'une gouttière fermée par en bas; après quoi, en se creusant dans le fond et en rapprochant ses parois au-dessus du creux, elle clôt celui-ci, qui sera l'ovaire. L'ovule est sphé- rique, légèrement tourné de côté avec un épais tégument simple renfer- mant un nucelle droit (1). 3° Sur les Bambusées de la Chine et du Japon; par M. le professeur Koch. — Ces Bambous ont été observés par M. Koch, dans les cultures du lac Majeur. Ils appartiennent aux genres Phyllostachys, Arundinaria et Bambusa et peut-être au genre Beesha. L'auteur donne des détails in- téressants sur leurs espèces. 4' Observations sur le développement et la germination du pollen des (1) M. Caruel a complété ces observations dans le Nuovo Giornale botanico italiano. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 139 Coniféres ; par M. Tehistiakoff. — Cet auteur regarde la division des grains de pollen des Coniféres comme le commencement de la germination. Il admet que les cellules sphériques formées librement dans le contenu du grain pendant la germination sont les rudiments des cellules-mères d'an- thérozoides. Cette manière de considérer les grains du pollen des Coni- fères conduit à reconnaitre de l'analogie entre eux et les mierospores des Isoëtes ; en effet, les cellules du suspenseur correspondent précisément aux cellules du prothalle màle de ces microspores, si l'on se reporte aux tra- vaux de M. Millardet (1). © Sur les divers modes d'anomalie des troncs chez les Sapindacées ; par M. Radlkofer. — Les Serjania ont un tronc ligneux lobé, avec un tronc central et trois (en général) troncs ligneux périphériques, munis chacun de leur cambium et de leur liber. L'auteur a observé cela sur 84 espèces, parmi les 145 qu'il connait dans ce genre. Ces trones périphé- riques contiennent des vaisseaux spiraux, de méme que le corps ligneux central. Une autre anomalie consiste dans un corps ligneux divisé ; M. Radlkofer l'a observée chez 5 espèces qui forment dans le genre un groupe trés-naturel. [ci les faisceaux vasculaires sont groupés en cinq corps ligneux qui ne s'anastomosent que dans le voisinage des nœuds. C'est la répétition de la précédente anomalie, moins le trone central. Les Paul- linia n'offrent que la première. Une troisième singularité a été observée dans le genre Thinonia ; c'est comme une combinaison de la premiere et de la structure habituelle aux Ménispermacées. Elle consiste en ce qu'il se forme dans le parenchyme de la série primaire, en dehors du liber, de nouveaux centres de développement ; mais ceux-ci, au lieu de rester comme chez les Ménispermacées à létat de minces faisceaux vasculaires, se développent en corps ligneux complets, en s'anastomosant dans toutes les directions. Gaudichaud a déjà figuré cette anomalie en 1841, et M. Netto l'a décrite dans les Annales. Une quatrième anomalie se ren- contre dans le genre Urvillea (cf. Gaudichaud, tab. xvi, fig. 20). C'est l'aecroissement du trone sur certains points seulement; il en résulte des proéminences arciformes du tronc. p 6° Sur le rôle des gonidies dans les Lichens ; par M. Weddell (2). T° Sur la reproduction des Diatomées ; par M. le comte F. Castracane. — Ce savant a déclaré qu'il ne concevait pas comment on pouvait sou- tenir que les D'atomées se reproduisent uniquement par auto-division, et que la formation des auxospores soit destinée à rendre aux Diatomées leur (1) Voyez le Bulletin, t. xvi (Revue), p. 110. Voyez aussi, pour des détails fournis par M. Tehistiakof, le Botanische Zeitung de 1875, n° 1, 2, 3,6 et 1. u (2) Voyez le Bulletin, t. xxt (Séances), p. 390 et suivantes. M. Caruel a profité de cette occasion. pour rappeler des observations publiées par lui sur les Collema, Qi ms auparavant, dans les Actes de la Société italienne des sciences de Milan. M. Caruel a à | les hypha des Collema se remplir de matière verte, et procéder par étranges eut transformation en gonidies. Voyez plus loin( p. 152), les observations de M. Gibelli. 140 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. e grandeur primitive altérée par ces divisions successives (1). M. Pfitzer a répondu en révoquant en doute la reproduction des Bacillariées par spores, et soutenu que chez ces plantes la reproduction asexwelle a lieu unique- ment par un dédoublement répété. Il semble que si ces deux botanistes se sont contredits, Cest surtout parce qu'à cause de la différence de leur nationalité, ils ne se sont compris qu'incomplélement. 8 Sur la valeur des déterminations des fossiles rapportés au Diospyros ou à des genres voisins; par M. W. P. Hiern. — Le monographe des Ébe- nacées est sévére pour los savants qui ont attribué des fossiles à cette famille. Sur 53 espèces qu'ils y ont rapportées, 25 ne sont connues que par des feuilles ou des fragments de feuilles, et il n'y a aucune raison certaine de les inserire parmi les Ébénacées. Sur celles qui sont fondées sur la fleur ou le fruit, l'auteur n'a accepté que 2 ou 3!, les autres (par exemple le Macreightia microcalyx) lui paraissant ne pas appartenir à cette famille. 9" Sur une nouvelle forêt pétrifiée dans le désert libyque en Égypte ; par M. Delchevalerie. — Cette forêt fossile est située à trois lieues environ des pyramides de Ghizeh. L'auteura reconnu parmi les arbres qui la com- posent le Dattier et F Acacia nilotica. 10° Sur les causes de l'inégale distribution des plantes rares dans la chaine des Alpes ; par M. Alph. de Candolle (2). 11° Sur l'action de la lumière dans la décomposition de l'acide carbo- nique par le granule de chlorophylle ; par M. Timiriaseff. — Cet auteur a réalisé une disposition expérimentale très-intéressante. Dans son appareil, l'image d'un spectre, obtenue au moyen d'un spectroscope quelconque, est réfléchie par un prisme à réflexion totale dans la direction de l'axe du microscope. Alors, sur le trajet de l'image, sous la table du microscope, est disposée une lentille munie d'un mouvement à erémaillére qui donne une image très-petite de ce spectre. On peut facilement faire coincider cel image avec l'objet observé au microscope, soit un granule de chlorophylle. Transparent dans les régions moyennes du spectre qui le traverse, ce gra- nule devient opaque dans la partie de ce spectre correspondant à la place qu'oceupe la bande noire dans les spectres qui ont traversé la dissolution de chlorophylle. Cette expérience intéressante prouve que la chlorophylle vivante est affectée par les rayons solaires (ou les affecte) de méme que quand elle est à l'état de dissolution chimique dans une teinture, ce qu il n'était pas sans intérêt de démontrer. Dans une autre série d'expériences, le méme auteur a disposé sur le pas- sage d'un spectre de petites éprouvettes placées sur un bain de mercure et contenant chacune un mélange déterminé d'air et d'acide carbonique et (1) Voyez le Bulletin, t. xvu (Revue), p. 129. (3) Voyez le Bulletin, t. xxit (Revue), p. 223. M. de Tehichatehef a fait à ce sujet des observations reproduites par lui dans La végétation du q globe, t. 1%, p. 217. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 141 un morceau de feuille, de surface égale, taillé dans une même feuille. Une de ces éprouvettes correspondait à la place qu'occupe dans un spectre la bande caractéristique de la chlorophylle. L'auteur a fait par un nouveau procédé chimique, extrêmement sensible, l'analyse des gaz produits. Il a aussi constaté que dans la partie du rouge comprise entre les lignes B et C de Frauenhofer, correspondant à la bande caractéristique, se trouve le maximum de décomposition. Dans l'orangé et dans le jaune, les quantités d'acide carbonique décomposé diminuent; mais dans le rouge extrême comme dans le vert l'action chimique étudiée devient inverse, et prend, pour parler un langage algébrique, une valeur négative ; il y a production d'acide carbonique. Cette expérience (confirmant d'ailleurs par un procédé nouveau des résultats déjà aequis à la science) démontre la corrélation intime qui existe entre l'absorption de la lumiére et la décomposition du gaz, entrela force employée et le travail produit. 12° Sur les procédés pour obtenir une évaluation fire des grossisse- ments microscopiques ; par M. Suringar. 13° Sur la quantité et la répartition de l'eau dans les organes. des plantes ; par M. N. Geleznow. — Tous les arbres examinés par l'auteur ont ceci de commun que la quantité d'eau augmente de la base au sommet, mais non jusqu'au sommet méme, qui est un peu plus sec que la partie située au-dessous, et parfois à l'exception de la base, qui est un peu plus humide que la partie immédiatement supérieure. Les faits observés sur les feuilles des Jacinthes ne concordent pas précisément avec ceux-là, ni méme entre eux; ici la marche de l'uumidité tend à diminuer presque complétement vers le sommet. 14^ Sur le mode d'infection des plantes nourriciéres par les Ustilagi- nées et sur le développement de ces parasites ; par M. Fischer de Wald- heim. — On sait que la germination des spores des Ustilaginées produit un promycélium dont les ramifications, par étranglements, donnent nais- sance à des spores secondaires, conidies ou sporidies. Celles-ci, en ger- mant, se prolongent en un filament mince qui pénètre directement dans la plante nourricière. Il est possible encore que ce filament d'introduction vienne directement du promycélium. Comme M. Kuehn, M. de Waldheim à constaté que les Ustilaginées qui forment leurs spores dans les feuilles pénètrent dans la plante nourricière parles feuilles mêmes et spécialement à leur base, et qu'au contraire celles des Ustilaginées qui se propagent dans l'axe pénètrent par cet organe dans les tissus de la plante (1). 15° Sur la respiration des plantes pendant leur germination: par M. Borodin. — Hl n'y alà que le commencement des recherches de Fau- teur. Des eraines de Cresson-alénois, germant sur du tulle humide dans (1) M. Fischer de Waldheim a fait don au Musée de physique et d'histoire naturelle de Florence, d'une collection de préparations microscopiques relatives au développement de différentes espèces de ces parasites. 142 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. un lube précédé et suivi des tubes en U nécessaires pour purifier Fair avant et pour l'analyser aprés, ont montré des variations intéressantes dans la respiration de la graine (1). Cette fonction devient dés le commence- ment de l'expérience de plus en plus intense, et cela d'une manière très- régulière ; mais en prolongeant l'expérience, on obtient un maximum, un point culminant, aprés quoi la fonction diminue lentement. Cela s'exprime élégamment aux yeux par une courbe, des ordonnées, ete. La position et la grandeur de ce maximum se trouvent parfaitement constantes par une température donnée, mais variables suivant les variations de cette dernière. Plus la température est élevée, plus le maximum est considérable, mais aussi plus tôt il est atteint (2). 16° Etude sur le Gytinus Hypocistis; par M. G. Arcangeli. — L'auteur conclut de ses observations que le Cytinus, par la structure de son appa- reil végétatif, ressemble beaucoup plus aux plantes dicotylédones qu'aux monocotylédones, et surtout aux Aristolochiées. L'organogénie florale con- firme ce rapprochement. Des deux côtés, il y a un périgone épigyne tubu- leux, des anthères dorsifixes, extrorses, déhiscentes par une fente longi- tudinale, et les placentaires correspondent aux lobes du stigmate ; de plus la symétrie est bilatérale. 17 Sur un Sarracenia hybride, avec des observations sur quelques autres plantes rares envoyées d'Irlande : par M. David Moore. 18° Sur la nature des plantes cryptogames parasites de l'homme ; par M. D. Bargellini. — L'auteur divise son sujet en plantes parasites de la peau, parasites des viscéres et des muqueuses, parasites des humeurs et du sang. Il ny a dans son mémoire qu'une énumération des faits connus, soit de ceux qu'a rassemblés il y a longtemps M. Ch. Robin, dans son His- toire naturelle des végétaux parasites, soit de faits plus récents, soupcon- nés à notre avis plutót que démontrés. Nous voulons parler de l'existence des mierophytes dans le sang des êtres affectés de maladies infectieuses, el surtout de l'influence de ces microphytes comme agents de la production et de la transmissioa de ces maladies. Nous avons cité il y a déjà longtemps dans cette Rerue les curieuses expériences de M. Salisbury relatives à la genèse des fièvres paludéennes (3). Nous avons aussi rapporté les opinions de M. le professeur Hallier, qui attribue à un Urocystis la production du choléra (4). Les corpuscules orga- niques nombreux et divers que contiennent les salles des cholériques pour- (1) Ici il faut entendre par respiration, la combustion organique ct la production t'a- cide carbonique I est bien regrettable que la physiologie végétale n'arrive pas à parler un langage plus précis. ` (2) Voyez plus loin (p. 172) les expériences de MM. Mayer et de Wolkoff. (3) Voyez encore The American Journal of medicine, janvier 1866, et Faralli, Mem. sul solfiti ed iposolfiti nella cura delle febbri intermittenti, pp. 52-61. (4) Voy. Danet, Les infiniment petits dans le choléra. Paris, A. Delahaye, 1872: Cet auteur rapporte le choléra à l'Oiduum albicans. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 143 raient exercer longtemps l'activité des micrographes (1). Mais c'est dans l'étude du sang des malades que doit étre cherchée la solution du pro- bléme ; la question est de savoir si le eryptogame y pénétre, et comment, el dans quelles conditions il peut y vivre, et par quels moyens on pourrait en arrêter le développement déjà commencé. Ou bien est-il vrai que des spores cryptogamiques circulent toujours avec le sang des animaux sains, et ne se développent que dans le cas de maladie ? Salisbury a nommé Ento- phyticus hemactus, Zymotosis regularis, des productions eryptogamiques qui se sont développées dans du sang conservé par lui, en deux à trois jours, sous l'influence d'une température convenable. Mais était-il bien sür de s'étre mis en gardeabsolue comme l'intrusion de germes étrangers ? Le méme savant américain a constaté le Crypta carbunculata dans le sang de malades atteints d'affections charbonneuses ; il regarde le Jos rariolosa comme la eause de la variole, le Biolysis typhoidea comme celle de la fièvre typhoïde. Autant d'opinions à contrôler. 19° Sur l'origine et la nature des Bactéries : par M. Lanzi (2). — L'au- teur combat la place que l'on a donnée aux Bactéries parmi les Algues. Les autres mémoires qui nous restent à analyser sont publiés dans les Atti à la suite des séances tenues par le Congrès, savoir : 1. Sertulum plantarum novarum vel minus cognitarum flore helle- nice ; par M. Th. de Heldreich. — L'auteur décrit les espèces nouvelles suivantes: Colchicum amabile Herb. Gr. norm. n° 764; Belleralia greca, B. Holzmanni, Allium Wildii, A. phalereum, A. Guicciardii, Grocus Marathonisius pl. exs. n° 2806, Dianthus Mercurii exs. n° 3653, Sapo- naria enesia, Silene Reinholdii et S. etolica. Notons encore un synopsis du genre Muscari de la flore grecque. 2. Un mémoire de M. Duval-Jouve sur la notion de l'espéce (3). 3. Courte esquisse des meilleures variétés de fruits cultivés en Angle- terre; par M. Alfred Smee, avec planches. 4. Salicorniearum Synopsis, auctore Bar. Francisco Ungern-Sternberg. — (e travail est une monographie complète, organographique autant que descriptive. Après des indications souvent neuves sur les caractères de Ja tribu (qui est en effet une tribu des Chénopodées), l'auteur trace la dia- gnose des genres, parmi lesquels sont deux nouveaux (Heterostachys, pour l'Halocnemum Ritterianum Moq.-Tand., et Microcnemum, pour le Salicornia fastigiata Loscos et Pardo) ; en tout huit genres qui sont lon- guement décrits. Le genre Salicornia n'a dans cette monographie que huit espèces, Le S. fruticosa L. herb. teste Gussone, enferme pour l auteur le S. radicans J.-E. Smith, le S. peruviana Kunth, le S. Alpini et le S. anceps Lag., le S. fruticulosa Tineo, le S. virginica Behr et le S. in- (D Voy. Pacini, Memoria sul colera asiatico. Florence, 1866. (2) Voy. le Bulletin, t. xxu (Revue), p. 235. (3) Voy. plus haut, p. 101. 144 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dica Krauss. Le Salicornia macrostachya Moricand FI. ven. T, 2, est rap- porté par l'auteur à l Arthrocnemum glaucum (Salicornia glauca Delile), mais il ne cite pas pour cette espèce la localité de Montpellier. Nous sommes fort étonné d'ailleurs de ne trouver dans cette monographie aucune trace des espèces décrites par M. Duval-Jouve dans le tome xv de notre Bulletin. H semble que M. le baron Ungern-Sternberg se soit seulement proposé de donner une édition plus compléte, et révisée, de son mémoire de 1866. Le volume des Atti se termine par les discours prononcés à l'occasion de l'inauguration du buste de Ph. Barker-Webb et par la relation des excur- sions faites par le Congrés pendant sa session. Mémoire sur les essais d’acclimatation des arbres à Quinquina à l'ile de ia Réunion; par M. le docteur Vinson (Bulletin de la Société d'acclimatation, février 1815) ; tirage à part en brochure in-8° de 8 pages. La plantation dite de lette à Guillaume compte aujourd'hui plus de cent arbres à Quinquina ; les arbres y ont donné des fleurs et des graines fécon- des. Les plants de Salazie sont aujourd'hui au nombre de trois cents. L'au- teur a remarqué que les Cinehona plantés à l'ombre où daus un lieu à demi-ombragé ont une venue plus rapide et plus belle que ceux exposés directement aux rayons solaires. Il en profite pour la culture de ces arbres. Les boutures, le couchage, ont été très-utiles pour leur multiplication. Ils ont été attaqués par la chenille du Sphinx du Laurier-rose. Malheureuse- ment la routine et l'indifférence des colons, le défaut d'encouragement officiel, sont de grands obstacles à l'extension de leur culture, qui n'est qu'entre les mains de quelques particuliers dévoués et des missionnaires. Monographie des Pénéacées, des Thyméléacées ct des Ulmacées; par M. H. Baillon. Cette monographie continue l'Histoire des plantes. M. Paillon établit que les Pénéacées se rapprochent d'une part des Collétiées, et de l'autre des Aquilariées ; mais elles se distinguent des unes comme des autres par la trés-singuliére organisation de leur gynécée, qui consiste en quatre feuilles carpellaires, indépendantes les unes des autres à tout àge, val- vaires, avec des styles superposés à la cloison de séparation des loges: Celles-ci ont leur paroi dorsale formée par les deux moitiés rapprochées de deux feuilles carpellaires différentes. Les Thyméléaeées comprennent deux séries, celle des Aquilarices el celle des Thymélées. Un seul caractère les distingue : le nombre des car- pelles, deux dans les premières, un seul dans les dernieres. Dans un genre de transition, Phaleria, on rencontre presque aussi souvent unc loge ovarienne et un ovule que deux. Si par les Thymeélées, cette famille REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 145 touche aux Lauracées et aux Protéacées, par les Aquilariées elle se relie aux Pénéacées, aux Rhamnacées et aux Célastracées. Le tube de la fleur parait avoir la méme signification morphologique dans les Thyméléacées et dans celles des plantes de ces familles qui ont l'androcée périgyne. Les Célastracées sont généralement hypogynes, et dans ce cas elles se rappro- chent beaucoup par toute leur organisation florale d’une Thyméléacée, l'Octolepis, qui serait à peine périgyne. Dans les Ulmacées, M. Baillon réunit les quatre séries des Ulmées, Morées, Artocarpées et Cannabinées. Les Ulmacées avaient été placées par Lindley dans son alliance des Rhamnales, au voisinage des Aquila- riées. D'autre. part les Ulmacées (c'est-à-dire la plus grande partie des anciennes Urticées) touchent de très-près aux Castanéacées, ct par suite aux Hamamélidées et aux Platanées. Le genre nouveau Stephanodaphne H.Bn (Adansonia, t. xt, fasc. 10) est originaire des iles orientales de l'Afrique tropicale. Histotaxie des feuilles de Graminées; par M. J. Duval-Jouve (Ann. sc. nat., 6° série, t. 17, pp. 294-371, avec 4 planches). Linné avait dit et Palisot de Beauvois a répété que les feuilles des Gra- minées ont toutes une méme structure. Les études de M. Duval-Jouve ont montré au contraire qu'il existe une diversité extrême, non-seulement dans leurs feuilles, mais dans tous leurs organes. Cependant la station a aussi de l'influence : il y a un rapport constant entre le développement du tissu fibreux et les expositions séches et chaudes; entre celui du parenchyme incolore et l'habitat dans les terrains maritimes. Les Graminées aquatiques ont un caractére commun dans leurs feuilles : les canaux à air avec tissu étoilé et diaphragmes vasculifères ; dans les racines: la réduction de lélé- ment vasculaire (souvent jusqu'à un seul vaisseau central) et le non-épais- sissement des parois du tissu cellulaire et fibreux. Certaines plantes plus ou moins amphibies ont des racines de deux sortes, semblables les unes aux racines des plantes aquatiques, les autres à celles des plantes vivant sur un sol non submergé. M. Duval-Jouve, qui a surtout étudié les feuilles, distingue eu elles l'épiderme, les faisceaux fibro-vasculaires, les groupes fibreux hypodermiques et le parenchyme. L'épiderme présente, disposées en bandes longitudinales, trois différentes sortes de cellules : sur les groupes fibreux hypodermiques, des cellules étroites avec parois épaisses, inégales en longueur, les plus courtes se soulevant en diverses saillies exo- dermiques ; sur le parenchyme vert, des cellules grandes, parmi elles des stomates sur les deux faces ou seulement sur l'une d'elles (1) ; enfin, soit à la ligne médiane du limbe, soit à d'autres points déterminés suivant l'espèce, mais toujours entre deux nervures, des cellules bulliformes. Les (1) Dans ce cas la feuille tourne toujours vers le sol la face munie de stomates. T. XXIII (REVUE) 10 146 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. faisceaux fibro-vasculaires sont symétriques et orientés. Les plus complets, ou primaires, se composent sur chaque cóté d'un gros vaisseau rayé, sur leur ligne médiane de gros vaisseaux annelés, au centre de petits vaisseaux. Les secondaires n'ont point de vaisseaux annelés. Tous sont circonscerits par une gaine ; ils sont reliés entre eux par de très-petits faisceaux trans- versaux qui s'anastomosent sur le tissu grillagé, élément essentiel du fais- ceau et situé à sa base. Le parenchyme se présente sous trois formes : 1* en cellules simples à chlorophylle dans toutes les feuilles, mais avec une répartition qui varie ; 2? en cellules simples à contenu incolore dans quelques espèces ; 3° en cellules étoilées dans les canaux à air, et rameuses dans les diaphragmes vasculifères des espèces aquatiques ; entre ces formes se montrent de nombreuses transitious dues aux influences du milieu. Considérées dans leur ensemble, abstraction faite des différences de détail dans la disposition des éléments, les feuilles des Graminées peuvent se ramener à trois types, savoir : 4° un limbe plié ou roulé, jonciforme, à grosses nervures, où domine le système fibreux hypodermique ; 2° un limbe lamellaire plus ou moins plan ou étalé, à mésophylle plein, où domine le parenehyme à chlorophylle; 3° un limbe lamellaire à mésophylle creusé de canaux, à tissu étoilé et à diaphragmes. Ce mémoire doit étre joint, par ceux qui voudraient étudier ce sujet dif- ficile, avec celui que M. Duval-Jouve a déjà publié en 1870, intitulé : Étude anatomique de quelques Graminées, et en particulier des Agropyrum de l'Hérault. Ajoutons que toutes les préparations sur lesquelles ont été des- sinées les figures de ces deux mémoires ont été déposées par l'auteur au Muséum d'histoire naturelle. Synopsis of the Discomycetous Fungi of the United States ; par M. C. Cooke (Bulletin of the Buffalo Society of natural Sciences, vol. 11, n° 4, 1875, pp. 285-300). M. Cooke a écrit une simple énumération avec la mention des localités ; quelques espèces seulement sont munies d'une diagnose, en général ce sont les espéces nouvelles. Nous les remarquons dans les genres Peziza (qui comprend 252 espèces), Helotium, Chlorosplenium et Ombrophila. Fungi veneti novi vel critici, auctore P. A. Saccardo (Nuovo Giornale botanico italiano, octobre 1875). Ce mémoire renferme la description d' espèces nouvelles appartenant aux genres Dimerosporium, Apiosporium, Spherella, Apiospora, Rhaphi- dophora, Pleospora, Leptosphæria, Didymosphæria, Eriospheria, La- siospheria et Rosellinia. Un genre nouveau est encore décrit par l'auteur : Phomatospora Sacc- Perithecia membranacea, minuta, tecta v. erumpentia, discreta, ostiolo papillato. Asci cylindraceo-filiformes, sporidia octona, monosticha, pho- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 147 matoidea, continua, hyalina, duo guttulata ineludentes. Status spermo- gonicus Phoma referens. — Ce genre est établi pour le Sphæria pho- matospora Berk. et Br. Conspectus generum Pyrenomycetum italicorum, syste- mate carpolozico dispositorum, auctore P. A. Saccardo (ibid., janvier 1876). Ces genres sont renfermés dans einq familles, celles des Périsporia- cées, Sphériacées, Hypocréacées, Dothidéacées et Hystériacées, et sont au nombre de cinquante-cinq. L'auteur les classe systématiquement, mais sans donner les caractères de chacun d'eux. Fungi novi austriaci; par M. F. de Thümen (OEsterreichische bo- tanische Zeitschrift, janvier 1876). Ce mémoire présente la diagnose d'espéces nouvelles appartenant aux genres : Marasmius, Spheria, Spherella, Rhaphidospora, Pleospora, Lophiostoma, Puccinia, Diplodia, Cytispora, Melasmia, Cryptosporium, Ramularia, Septoria, Depazea et Rhizomorpha. Ces espèces sont signées de M. Thümen ou de M. Kalchbrenner. Drei neue oesterreichische Pilze ; par M. F. deThümen (ibid., juin 1876, p. 183). Ces trois Cryptogames sont le Micropeziza punctum Rehm., sur les feuilles sèches du Nardus stricta (Rehm. Ascomyceten, n^ 201) ; le Puc- cinia Lojkaiana Thüm., sur les feuilles vivantes de l'Ornithogalum chlo- ranthum : le P. fallaciosa Thüm., trouvé dans les jardins de Vienne, sur les feuilles du Tulipa Gesneriana. E de Thümen avait publié ce dernier sous le nom de P. Prostii Duby (Fungi austr. n^ 374 et herb. mycolog. œconom. n^ 18). Beitrage zur Kenntniss der ungarischen Pilzflora : Fungi hypogæi; par M. Friedrich A. Hazslinsky (Verhandlungen der K. K. z00l.-bot. in Wien, 1815, pp. 63-68). L'auteur décrit dans ce mémoire le Gautieria morchelleformis Vitt., lHydrangium nudum, n. sp., le Rhizopogon rubescens Tul., et donne des détails sur les genres Elaphomyces et Choiromyces, ainsi que sur les Truffes. Mykologische Beiträge; par M. Schulzer von Müggenburg (ibid., pp. 79-82, avec une planche). Les types nouveaux décrits dans ce mémoire sont les suivants : 1. Pachyderma Strossmayeri. Le nouveau. genre de Gasteromycétes Pachyderma a pour formule : Peridium sessile, valde erassum, coriaceum, fragile, sponte non dehiscens, glabrum, intus absque loculamentis; flocci capillitii e basi emergentes erecti, ramosi, ubique verruc ulosi ; sporæ sin- gulæ in his verruculis nascentes, sessiles, globosa. 148 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 2. Hygrophorus (Camarophyllus) insignis, n. sp.— 3. Agaricus (Cli- tocybe) albo-flavus. — 4. Paxillus (Lepista) lætipes, n. sp. Beiträge zur Pilz-Flora Bœhmens (Recherches sur les Champi- gnons de la Bohéme) ; par M. F. von Thümen (ibid., pp. 523-554). Cet important mémoire renferme une énumération des Champignons dont l'auteur a constaté la présence en Bohéme. Elle est dressée sur deux colonnes, avec l'énumération des localités, commençant par les Perono- spora pour finir par les Myxomycétes. Aucune espéce nouvelle n'y est décrite. La classification employée est propre à l'auteur. Les divisions pri- mordiales des Champignons ont disparu et toutes celles qui sont mises en œuvre ont la méme valeur; du reste la suite des genres est à peu près celle du Nomenclator Fungorum. À voir la pauvreté de certains groupes, il est évident, comme l'auteur l'avoue lui-méme, que son mémoire ne ren- ferme que des matériaux, fort utiles du reste, à mettre ultérieurement en œuvre pour une flore mycologique de la Bohème. Ueber neue beobachtete Arten resp. Standorte von Pilzen (Sur des espèces et des localités nouvelles de Champignons); par M. Schröter (Bericht ueber die Thätigkeit der botanischen Section der Schlesischen Gesellschaft, 1815, pp. 36-31). Les espéces nouvelles décrites dans cette note sont les suivantes : Synchytrium sanguineum, parasite sur le Cirsium palustre ; Peronospora Lini, à appareil conidiophore plusieurs fois dichotome ; Geminella exo- tica, observé en herbier sur le Cissus sicyoides; Puccinia pedunculata ; P. Rumicis Fuckel non Lasch; P. Tulipæ (P. Prostii Thümen var. C); P. Passerinii (P. Thesii Pass. non Chaill.); Uredo alpestris, à spores rouges, observé sur le Viola biflora ; enfin Velutaria Hyperici. Sulla ruggine dell’ Abete rosso; par MM. S. Garovaglio et A. Cattaneo. In-8° de 9 pages et 4 planche. Milan, 1876. Il s'agit dans ce mémoire du Peridermium abietinum, parasite connu des Sapins. Les auteurs décrivent l'aspect des rameaux attaqués par ce Cryptogame, examinés à l'oeil nu ou avec le secours d'une simple lentille, puis le Champignon lui-même. Ils ont jomt à ces détails des renseigne- ments agronomiques et bibliographiques. Contributions à la flore de la Chine. Fascicule 1". Algues marines récoltées en Chine pendant l'expédition francaise de 1861-62 ; par M. O. Debeaux (extrait des Actes de la Société Linnéenne de Bordeaux, t. xxx, 1" livraison, 1875) ; tirage à part en brochure in-8° de 18 pages, avec une planche. Paris, F. Savy, 1875. I y a lieu, dit M. Debeaux, d’être surpris de la pauvreté numérique des Algues qui vivent dans les mers de l'extréme Orient ; mais leur facies tout REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 149 à fait européen mérite de fixer l'attention. Il est facile, en effet, de recon- naitre au premier abord l'identité de quelques Algues, les plus répandues sur les rivages de la presqu'ile de Tehé-fou, avec les espèces analogues qui vivent dans la Méditerranée ou l'océan Atlantique. L'extension géogra - phique des Algues marines chinoises offre les plus grands rapports avec celle des Algues japonaises du musée de Leyde. Ces rapports sont surtout frappants en ce qui concerne les espèces des rivages du Chan- tong, du golfe de Pé-tché-ly et de la mer de Corée. On pourrait, dit M. Debeaux, établir une égale comparaison entre ces Hydrophytes dont l'habitat à des distances si éloignées les unes des autres a lieu de nous de plantes phanérogames assez répandues en surprendre, et une foule à l'état spontané dans les provinces centrales Europe, que l'on retrouve et boréales de la Chine. M. Debeaux insiste sur le grand róle que jouent les plantes marines dans l'alimentation des Chinois et des Japonais, ainsi que sur leui emploi thérapeutique comme anthelminthiques, en guise de Mousse de Corse, dans le traitement du goitre, etc. Il donne le catalogue des espéces récoltées par lui, et dont la détermination a été soumise à M. Areschoug, le savant phycologue suédois. Ce dernier y a reconnu deux espéces nou- velles : 1° le Blossevillea Lenormandiana O. Debeaux, voisin du B. hete- rophylla, dont il diffère par des stipes plus courts, sillonnés et noueux à la base, par ses feuilles inférieures plus larges et plus allongées, par les aérocystes des rameaux supérieurs moins nombreux, et non couron- nés par la dernière feuille; et 2° le Rytiphlæa sinensis O. Debeaux, qui offre, sous des dimensions plus petites, le facies de l'Hypnea musci- formis. La planche jointe à ce mémoire représente le Rytiphlea sinensis, le R. capensis Kütz. et le Laurencia thyoides Kütz. Observations sur deux espèces d'Erica nouvelles pour la flore des Pyrénées-Orientales; par M. O. Debeaux (extrait du xxir Bulletin dela Société agricole, scientifique et littéraire des Pyrénées-Ori:ntales) ; tirage à part en brochure in-8° de 15 pages. Perpignan, 1876. Ces Bruyères sont l'Erica decipiens Saint-Amans et VE. multiflora L. La première de ces deux espèces a été méconnue jusqu'à présent de la plupart des botanistes francais, et a été considérée par eux comme l'E. vagans de Linné. Cette erreur vient de ce qu'ils wont pas connu le véritable E. vagans L., qui parait être spécial à l'Europe orientale, et qui à été décrit à nouveau par Salisbury sous le nom CE. manipuliftora. Il est vrai que Linné indique son espèce en Afrique et à Tolosa. Mais aucune des deux espéces ne croit en Algérie, et la localité de Tolosa se rapporte à PE. decipiens. Cette opinion était celle de Chaubard, qui avait vu en Grèce l'espéce orientale. M. Debeaux la corrobore en décrivant concur- 150 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. remment, et en figurant les deux espèces. La planche jointe à ses observa- tions est une copie, due à M. C. Roumeguère, de celle qui a paru en 1853 dans le volume xxr des Actes de la Société Linnéenne de Bordeaux, et qui avait été gravée par Chaubard lui-même, d’après les échantillons de l'herbier Delessert. Voici d’après M. Debeaux, les caractères différentiels des deux espèces : Erica vagans L. Mant. (1153), p. 230. — Caulis fruticosus, scabrius- culus, ramis ultimis albidis divaricalis ; folia quaterna, rarius quina, linea- ria obtusiuscula, læviuscula, scabriuscula, subtus convexa canaliculataque, breviuscula, conferta ; flores ad latera ramulorum sparsi, breve peduncu- lati solitarii ; calyx coloratus, erectus, concavus brevissimus ; corolla cam- panulata obtusa; antheræ muticæ caudatæ, exsertæ, bipartitze ; stylus exsertus, stigma simplex. E. decipiens Saint-Amans Fl. agen. — Caulis fruticosus, glaber, ramis erectis, elongatis; folia verticillatim quaterna vel quina, glabra, anguste linearia, supra planiuscula, subtus convexa, exigue canaliculata ; flores in spicam longam dispositi, subverticillatique in axillis, vel sæpius ad apices ramorum; peduneuli folis æquilongi vel longiores, corollam 3-4-plo superantes ; calyx ovato-rotundatus, laciniis tertiam parlem coroll æquantibus ; corolla rosea. Quant à PE. multiflora, il a été découvert en juillet 1874 sur les rochers maritimes entre Leucate et la Nouvelle (Aude), par M. Trémols, de Darcelone. Cette derniere espéce pourrait servir de plante d'ornement dans les jardins du midi de la France. Primitive Monographiæ Rosarum. XII. Prodrome d'une Mono- graphie des Roses américaines ; par M. Francois Crépin (Bulletin de la Société royale de botanique de Belgique, t. xv, pp. 12-106). M. Crépin commence par un apercu historique. Au siécle dernier, on n'avait encore signalé que cinq Roses américaines. En 1820, Rafinesque enrichit le groupe américain d’une façon vraiment extraordinaire ; mais tout porte à croire, dit l'auteur, que ce botaniste n'avait pas saisi les vrais caractères de l'espèce dans le genre Rosa, et que la plupart de ses créations représentent de simples variétés. En 1840, Torrey décrivit avec soin les types américains connus à cette époque. Depuis, ces types se sont augmen- tés (1). M. Crépin trace une clef dichotomique des espèces de Rafinesque, afin qu'on puisse les retrouver ensuite; il donne un autre tableau Synop- tique fondé sur ses propres recherches, et décrit successivement les espèces de Rosa renfermées dans sept sections. Le mémoire se termine par une table des matières. Catalogue raisonné où Énumération méthodique des espèces du genre Rosier, pour l'Europe, l'Asie et l'Afrique, spécialement des Rosiers (1) Voyez le Bulletin t. xxn, (Séances), p. 19. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 151 de la France el de l'Angleterre; par M. Alfred Deséglise (Bulletin de la Société royale de botanique de Belgique, t. xv, n° 2, paru le 15 no- vembre 1876). On saura un gré très-vif à M. Deséglise, qui a une trés-ancienne expé- rience de l'examen si difficile des Roses, et qui habite actuellement Genève, d'avoir mis à profit cette expérience et les documents contenus dans les herbiers de Candolle et Boissier pour tracer un tableau unique de nos connaissances sur les Rosiers, avec le concours d'un grand nombre de correspondants, entre autres de M. Baker et de M. Crépin. Le mémoire de M. Deséglise, aprés quelques considérations générales, s'ouvre par un Rapport sur les Rosiers d'Europe de l'herbier de Linné, rédigé à Londres par M. Baker (1). Ensuite la monographie commence parla description du genre Hulthemia, et continue par celles des Rosa. M. Deséglise admet, dans le cadre indiqué par son titre, 271 espéces de Roses, réparties entre quinze sections, et un grand nombre de sous-sections, dans lesquelles sont établies des clefs dichotomiques pour les Rosiers indigènes de la France et de l'Angleterre. Les espéces ne sont pas décrites, mais signalées par un grand luxe de citations et synonymes. Mousses et Hépatiques du Mont-Dore et de la Haute- Vienne, Supplément ; par M. E. Lamy de la Chapelle (Revue bryolo- gique, 3° année, n° 4); tirage à part en brochure in-8° de 8 pages. Le Burbula saxicola Lamy est rapporté par l'auteur lui-même au B. Bre- bissoni Brid. L’Angstræmia Lamyi Bouley est une forme rabougrie du Trichostomum vaginans Milde. Au moyen de ce supplément, l'ensemble des Mousses découvertes jusqu’à ce jour au Mont-Dore forme un total de 160, celui des Hépatiques atteint 50 seulement. Ces deux familles se trou- vent dans la Haute-Vienne, au nombre, la première de 250, la seconde de 73. Note sur une nouvelle espèce de Mousse ; par M. Debat (Annales de la Société botanique de Lyon, 3* partie, n° 2, 1874-15). Le Leptobryum dioicum Debat, n. sp., appartient à un genre dans lequel on n'avait encore signalé aucune Mousse dioique. M. Schimper a reconnu la nouveauté de cette espèce, en regreltant qu'elle eùt été découverte trop tard pour pouvoir figurer dans la deuxième édition de son Synopsis. Elle a été recueillie le 14 août par M. Saint-Lager sur le talus de la route de Tüsch à Zermatt, dans le Valais. (1) On sait que l'on conserve à la Société Linnéenne de Londres, avec l'herbier de Linné, l'exemplaire de la deuxième édition du Species, qui avait appartenu à Linné, el qui contient beaucoup de notes manuscrites d'une date plus récente que le texte imprimé. Plusieurs de ces notes figurent dans le Rapport de M. Baker. 152 SOCIÉTÉ DOTANIQUE DE FRANCE. Muscorum species novæ, auctore J. Juratzka ( Verhandlungen der K. K. zool.-bot. Gesellschaft in Wien, t. xxv, 1875, pp. 179-180). Les espèces décrites dans cette note sont les suivantes : Hypnum Breid- leri, des Alpes de la Styrie, voisin de PH. cordifolium et peut-être iden- tique avec le Stereodon. Richardsoni Mitt.; et le Weisia (Microweisia) Ganderi, du Tyrol, facile à confondre à première vue avec le Trichosto- mun pallidisetum H. Müll. et voisin du W. mucronata. Bemerkungen über einige Farne von der Insel Celebes (Recherches sur quelques Fougères des iles Célèbes); par M. J. Kühn (Verhandlungen der K. K. zool.-bot. Gesellschaft in Wien, t. xxv, 1819, pp. 993-602). Ces espèces ont été recueillies par M. A. D. Meyer, de Dresde, durant un court séjour fait par lui dans le nord de l'ile Célébes. M. Kühn signale parmi elles le Lindsaya retusa Mett., forma laciniis lato-triangulari- cuneatis, soris elongatis ; le Polypodium palmatum Blume, le P. albido- squamatum Bl., le P. Feei Mett. (Selliguea caudiformis Carr.), le P. he- terocarpum Mett. (Selliguea Blume), le P. Zollingerianum Kze ; l'Also- phila lunulata R. Br., le Gleichenia dichotoma Hook., et une espèce nou- velle de ce genre, le G. hispida Mett., qui se distingue du G. hirta Blume « laciniis integerrimis ». — M. Kühn cite encore de la même provenance le Lycopodium cernuum et le L. Hippuris (L. Hookeri Thoms.). Alcuni fatti intorno alla questione sulla natura e sull officio dei zonidj dei Licheni ; par M. G. Gibelli. Cette note, que nous avons recue récemment, a été lue par son auteur au congrès de Florence en mai 1874. On se rappelle les doutes et les con- troverses suscités par les observations de MM. Famintzin et Daranetzky, et surtout de M. Reess (1). On supposait que les premiers avaient eu affaire à des Algues introduites accidentellement dans le tissu des Lichens. Pour prouver la vérité de la théorie de M. Schwendener, M. Gibelli a voulu observer le développement des zoospores sur les gonidies en place dans le tissu des Lichens. Il y a parfaitement réussi, et a observé la production des zoospores sur les fragments du thalle du Parmelia subfusca. Y a obtenu ainsi des formes de Cystococcus. Y a reconnu que les gonidies du thalle des Polyblastia rufa et P. immersa appartiennent au genre Merismopadia. Dans une autre série d'expériences, en répétant celles de M. Ed. Bornet (2), l a vu les gonidies de l'Opegrapha varia donner naissance à un Chroo- epus. Resterait encore à démontrer la multiplication isolée du Champignon (1) Voy. le Bulletin, t. xx (Revue), p. 1. 9 D PMP 2" " WH ] . ^al " (2) Deuxième note sur les gonidies des Lichens, in Ann. sc. nat., 5° série, t. XIX. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 153 qui entre dans la constitution des Lichens sous une forme quelconque, dif- férente peut-être de celle qu'il doit à son parasitisme. Sulla teoria algolichenica; par M. G. Arcangeli (Atti della So- cietà toscana di scienze naturali, vol. 1, fase. 2, p. 125). Pise, 1875. Après avoir rappelé en quoi consiste la théorie algo-lichénique, l'auteur expose les raisons, déduites en partie de ses observations, qui l'ameénent à se déclarer contre cette théorie. Il ne croit pas qu'il y ait de raison suf- fisante pour admettre que les gonidies soient des Algues appartenant aux genres Cystococcus, Glæocapsa, Nostoc, Scylonema, Sirosiphon, car on ne saurait admettre. comme bien établi que celles-ci constituent. des formes autonomes, ni que les gonidies qui produisent des zoospores ne soient des formes particuliéres aux Lichens. On a soutenu que les Lichens, si analogues aux Champignons, ne peuvent contenir de la matière verte, laquelle est trés-abondante chez les goni- dies. Mais l'auteur a va que la spore du Collema microphyllum et celle du Pannaria triptophulla contiennent dans leurs cellules des globules de phycochrome colorés en verdàtre. On n'a jamais vu, disent les partisans de la théorie, naitre une gonidie sur un filament du thalle d'un Lichen. L'auteur s'efforce de démontrer que cet argument a peu de valeur. On a trouvé des gonidies mortes dans l'intérieur du thalle, mais M. Arcangeli affirme que cela ne s'observe pas sur les thalles en pleine activité de végétation. Quant au mode de con- nexion des hypha avec les gonidies, cru jusqu'iei fort irrégulier, il soutient, en vertu d'observations faites sur les genres Alectoria, Evernia, Sticta et Omphalaria, que ces connexions sont plus réguliéres qu'on ne l'a eru jus- qu'à présent. The absorptive Glands of Carnivorous Plants ; par M. Al- fred W. Bennett ( The monthly Microscopical Journal, janvier 1816). Les feuilles des Drosera possèdent des organes faciles à confondre à première vue avec des stomates. A leur première origine, ces organes ne sont pas superficiels, mais paraissent naitre immédiatement au-dessous de la cuticule. Ils consistent en deux cellules hémisphériques, remplies d'une substance d'un jaune brunâtre et d'apparence protoplasmique. Cha- cun de ces hémisphéres offre une tache sombre semblable à un nucléus, et est entouré par une cellule à mince paroi renfermant des grains de chlo- rophylle, beaucoup plus petite que les cellules ordinaires du mésophrile de la feuille, et qui plus tard semble disparaître. H se développe sur ces corps hémisphériques deux papilles à parois transparentes, contenant des grains de chlorophylle; ces papilles se rencontrent quelquefois isolées à la surface de la feuille ou des tentacules. Elles ont été déjà vues, sans qu'on ait. remarqué qu'elles sont ordinairement en connexion avec les 154 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. glandes. Ces dernières paraissent quelquefois se diviser en quatre, et émettre des processus étroits, un sur chaque moitié de la glande, proces- sus qui peuvent naitre sur la glande elle-méme ou sur les papilles. Ces glandes, nommées par l'auteur ganglia (Popular science Review, 1815, p. 358), sont aujourd'hui pour lui absortive glands, pour les distinguer des secretive glands, que M. Darwin place à l'extrémité des tentacules (poils glanduleux) des Drosera. La feuille des Pinguicula présente des glandes absorbantes analogues, quoique d'une structure quelque peu différente. L'auteur a observé encore des organes similaires chez les Callitriche, et se demande s'il faudrait comprendre ces dernières parmi les plantes carnivores. Sur la structure et les mouvements des feuilles du Dionæa Muscipula; par M. C. de Candolle (Archives des sciences physiques et naturelles, avril 1876); tirage à part en brochure in-8° de 32 pages, avec 2 planches. M. Casimir de Candolle a traité des Dionæa placés en deux lots compa- rables de deux facons opposées : les uns ont été nourris avec des insectes, des fragments de viande, etc.; les autres ont été soigneusement sevrés de toute substance animale. Rien n'a différé dans le développement des plantes. Cette expérience, qui n'avait pas encore été faite, est de la plus grande importance dans le débat qui divise les naturalistes au sujet des plantes carnivores (1). M. de Candolle a ensuite sacrifié ses plantes pour en étudier la structure, et résume de la maniére suivante ce qu'il à observé : Les appendices marginaux forment avec le bord du limbe un membre distinet du reste de la feuille, ce qui explique pourquoi leur mouvement n'a pas lieu simultanément avec celui des valves.— Les poils étoilés, ainsi que les glandes, résultent du développement de l'épiderme seul, tandis que le parenchyme sous-épidermique concourt au développement des poils exeitables. — Il existe des stomates des deux côtés des ailes des pétioles, tandis que les valves n'en ont qu'à leurs faces inférieures. — La structure anatomique, ainsi que le développement des diverses parties de la feuille, sont favorables à l'hypothèse d’après laquelle les mouvements de ces deux valves résulteraient des variations de turgescence du parenchyme de leur face supérieure considérée comme seule active. — Les poils excitables (1) Comme le disait M. Duchartre dans une lettre adressée à M. Ch. Cavallier, le point capital, dans la question, est de reconnaitre si, oui ou non, le iiquide provenant de l'action du suc acide des feuilles sur les matiéres animales est absorbé par les feuilles, puis influe en quoi que ce soit sur la végétation des plantes. On lira avec intérêt cette lettre et celles de MM. Faivre, Naudin, Parlatore et Béchamp, dans les Annales de la So- ciété horticulture et d'histoire naturelle de l'Hérault, 1876, u^ 2. Tous ces éminents botanistes font des réserves importantes. Quan! à l'assimilation des produits animaux par les plautes, M. Parlatore pense que les appareils de capture des végétaux dits carni- vores ne sont que des appareils de défense. (Voyez l'Illustration horticole, 1874, p. 179.) REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 155 sont des organes exeitateurs qui permettent aux chocs qu'ils éprouvent d'agir directement sur le parenchyme sous-épidermique. Sull’ irritabilità delle foglie della Adrorandia vesi- culosa; par M. A. Mori (Nuovo Giornale botanico italiano, 1876, n? 2, p. 62). On trouve dans notre Bulletin (t. vut, p. 522) des observations intéres- santes de feu notre confrère Augé de Lassus, sur l'irritabilité des appen- dices qui terminent les feuilles de l'Aldrovandia. Des observations ana- logues ont été faites en 1873 par M. Stein, jardinier en chef à Berlin, qui les eroyait nouvelles. M. Mori pense, fondé sur une expérience person- nelle, que l'irritabilité des feuilles de la plante réside entièrement dans la cavité centrale glanduleuse des appendices, et qu'elle a son siége dans les elandes de cette cavité. Causerie botanique; par M. J. Duval-louve (extrait de la Revue des sciences naturelles, V. v, septembre 1876); tirage à part en br. in-8° de 13 pages. Aprés d'intéressantes observations sur des galles peu connues, causées par des insectes, M. Duval-Jouve observe le sujet plein d'actualité des plantes carnivores. Tl dit que le fait de la capture par le limbe-piége des Aldrovandia et par les ascidies (1) des Utricularia est hors de doute. Leslimbes et les ascidies d'un rouge foncé que l'on ouvre conliennent toujours des proies capturées; celles qui demeurent d'une teinte pàle ne renferment qu'une bulle d'air et de l'eau. Or la mort suit trés-prompte- ment le changement de couleur. Ces circonstances ont fait penser depuis longtemps à l'auteur que la capture, la sécrétion d'un. liquide dissolvant et l'absorption ne constituent point une fonction normale aboutissant à un résultat pour la nutrition, mais qu'au contraire l'introduction d'un insecte dans l'organe détermine par irritation une sécrétion surabondante et, par suite, la mort de l'organe. | Mais il s'est rappelé que les poils radicaux, l'organe essentiel de l'absorption qui s'opère dans le sol, se flétrissent et tombent aprés avoir rempli leurs fonctions. Il n'y aurait donc rien d'extraordinaire à ce que ce qui s'accomplit chez tous les végétaux par les exodermies des racines s'opéràt chez quelques-uns par les exodermies des feuilles. Le dépérisse- ment et la mort d'une plante carnivore alimentée de substances azotées ne prouveraient pas que l'absorption de ces substances par les feuilles soit contraire à la fonction normale, mais que, pour demeurer favorable et nutritive, cette fonction doit être restreinte dans certaines limites. (1) D'après l'auteur, le mode de développement des ascidies démontre que ces organes ne sont point de nature axile. Une très-jeune ascidie laisse voir que son orifice M gon clapet correspondent à la face supérieure de la feuille, et l'extérieur du sac à la K inférieure. 156 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Si l’on se fût borné à dire: les plantes absorbent les substances azotées par les exodermies de leurs racines et quelques-unes le font aussi par celles de leurs feuilles, il est probable que la question des Plantes carnivores weùt pas soulevé tant d'orages. Troisième Supplément à la flore de Montbéliard; par M. Ch. Contejean (extrait des Mémoires de la Société d'émulation du Doubs, 7 août 1875) ; tirage à part en brochure in-8°. Besancon, impr. Dodivers, 1876. L'Énumération des plantes vasculaires des environs de Montbéliard de M. Contejean a été publiée en 1853 et en 1854, dans les Mémoires de la Société d'émulation du Doubs. Le premier Supplément, qui figure dans le même recueil, date de 1856, et le deuxième a été inséré en 1864, dans les Mémoires de la Société d'émulation de Montbéliard. Le troisième Sup- plément est divisé en trois parties : 1° Additions et rectifications ; 2° Sup- pressions ; 3° Rectifications. Les Additions comprennent près de quarante espèces non encore signalées autour de Montbéliard. Les suppressions sont trés-nombreuses, à cause de fausses indications que M. Contejean dit avoir relevées très-fréquemment dans le Synopsis de la flore du Jura septentrional et du Sundgau. Daus la troisiéme partie, M. Contejean ren- seigne le lecteur sur des faits de naturalisation, tantôt sur des essais tentés par lui- méme, qui n'ont point abouti, tantót sur l'origine probable de végétaux bien établis à Montbéliard, et sur la date probable de leur intro- duction. J. Bauhin et les Berdot lui ont fourni sur ce point des renseigne- ments authentiques, positifs ou négatifs, dont la discussion et la comparai- son offrent beaucoup d'intérét. Revue de la flore des monts Jura ; par M. Ch. Grenier. In-8? de 90 pages. Besancon, impr. Dodivers. Cet important mémoire à paru posthume au commencement de 1816, peu de temps aprés la mort de notre regretté confrère M. Grenier. Il est précédé de la préface qui devait paraître en tête de la Flore du Jura, el que la maladie avait empêché l'auteur de publier à ce moment. Cette préface renferme tous les documents d'orographie et de géologie qu'on pouvait s'attendre à y trouver. M. Grenier y a surtout discuté la question de l'influence du sol sur la végétation. Thurmann avait, dit-il, trop amoindri l'action chimique. Son erreur a pris naissance dans un fait réel, c'est que dans la formation calcaire du Jura, on peut compter sept on huit couches, les unes entièrement, les autres plus ou moins siliceuses, non compris la lorét de la Serre assise sur les granits et les grès, et la Bresse avec ses étangs à fonds argileux plus ou moins mélangés de sables ou de cailloux siliceux. Le Pteris aquilina, qui west pas rare dans le Jura, n'y apparait que sur les terrains argilo-siliceux, et tout particulièrement sur la couche REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 157 oxfordienne supérieure que les géologues désignent sous le nom de terrain à chailles, et qui peut renfermer jusqu'à 80 pour 100 de silice. Le Châtaignier et les autres espèces silicicoles du Jura sont dans le méme cas. M. Grenier étudie ensuite l'influence de l'altitude et rappelle les données qu'il a établies, relativement à la. division climatérique du Jura, dans sa thèse inaugurale, il y a une trentaine d'années. ll. cite un fait curieux, l'impossibilité de cultiver à Besancon le Daphne Cneorum du Jura, que la gelée tue quand on le transporte dans les plaines, parce qu'il n'y est plus protégé par la neige. La Revue de la flore des monts Jura comprend un tableau analytique de cette flore, puis un supplément important. Tous les botanistes qui écrivent sur la flore de France devront le consulter. M. Grenier y rectifie les opinions qu'il avait admises dans la Flore de France, sur certains points de synonymie. Nous citerons particulièrement l'étude des genres Ranunculus, Polygala, Iberis, Prunus (rédigé avec la collaboration de M. Paillot), Rosa, Sorbus et Epilobium. Ces notes s'arré- tent après la famille des Ombellifères. De l'influence du terrain sur la végétation (Deuxième mé- moire); par M. Ch. Contejean (Ann. se. nat., (^ série, t. 1, pp. 222- 301). M. Contejean revient, pour les fortifier par de nouveaux faits, sur les opinions qu'il a déjà émises (1). Il insiste de nouveau sur la prépondérance de l'action chimique du terrain. Il tire parti du calcaire du mail Henri IV dans la forét de Fontainebleau, du basalte de l'Auvergne, qui fait efferves- cence sous l’action des acides quand il est désagrégé et mélangé avec la roche tertiaire, des notes fournies par M. Lucien Quélet sur les tufs du Jura, pour prouver que la doctrine de Thurmann est en défaut et que la distri- bution des plantes est réglée par la nature du terrain. Il s'attache encore à démontrer l'action répulsive de la chaux sur les plantes calcifuges, in- fluence qui se manifeste notamment par la décoloration du tissu. La soude, comme la chaux, attire certains végétaux et en repousse d'autres, ee qui forme la flore maritime, disposée par zones parallèles le long des rivages el des affleurements salins. La répulsion exercée par le chlorure desodium est méme plus grande que l'attraction qu'il peut exercer sur les plantes maritimes ; de méme le calcaire repousse les calcifuges plus énergique- ment qu'il n'attire les calcicoles. Quant à la potasse, elle ne parait exercer aucune influence sur la dispersion spontanée des plantes, non plus que la magnésie ou l'oxyde de fer. D'ailleurs, dans la flore maritime comme dans la flore terrestre, et parmi les calcicoles, les calcifuges et les indiffé- (1) Voy. le Bullelin, t. xxu (Revue), p. 131. 158 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. rentes au point de vue chimique, on distingue des xérophiles, des hygro- philes et des indifférentes au point de vue physique. Florula Desmidiearum Bongoensis ; par M. F. Cohn (Be- richt über die Thütigkeit der botanischen Section der Schlesischen Gesellschaft für 1875, pp. 14-16). En étudiant la constitution des ascidies des Utricularia sur une espéce exotique, lU. stellaris, recueillie par M. Schweinfurth, prés de Gir, dans le pays de Bongo, M. Cohn a constaté sur les feuilles la présence d'une colonie de Desmidiées dont plusieurs constituent, ainsi qu'on pouvait s'y attendre, des espéces nouvelles. Sur la végétation du Cap; par M. Harry Dolus (The Journal of the Linnean Society, 1815, vol. xiv, n° 78, pp. 482-484). Ceite note est contenue dans une lettre écrite à M. J. Hooker par M. Harry Dolus, qui a fait au Cap des études botaniques prolongées et im- portantes. M. Bolus, en traduisant les chapitres que M. Grisebach a con- sacrés à la flore du Cap et à celle du. Kalahari, dans son Vegetation der Erde nach ihrer klimatischen Anordnung, a été frappé de certaines opi- nions du savant allemand qui lui semblent contraires à la vérité. M. Gri- sebach parait, dit-il, se contenter de la théorie des centres de créations indépendants, mais les difficultés de cette théorie semblent énormes (1) aux botanistes de l'école actuelle. M. Grisebach, en se fondant sur une observation de Burchell, fait de la rivière Orange la limite entre les € do- maines » végétaux du Kalahari et du Cap. M. Bolus révoque en doute la légitimité de cette assertion ; la rivière Orange, selon lui, n'est pas plus une limite à l'extension de certains types végétaux que ne le sont les fleuves en général. A quelque distance (25 à 30 milles anglais) de ce fleuve com- mence, pour celui qui s'en approche, une formation de sable rouge, et alors se montrent certaines plantes qui n'existent pas plus au. sud : Grie- lum, Uncinaria, Aptosimum, Peliostomum, Acacia Giraffe, A. detinens, et quelques autres ; peut-étre la limite est-elle là. Mais en réalité la flore du Kalahari passe d'une manière si graduelle au plateau supérieur du Roggeveld que l'on ne saurait guère où tracer une ligne entre les deux. Je ne connais, dit l'auteur, qu'une ligne de démarcation nette dans l'Afrique méridionale : celle qui passe par Roodesand, Hexriver et les montagnes de Iswarteberg, et qui s'étend vers l'est en decà de Uitenhage. Cette ligne, qui passe au nord de la flore du Cap et la sépare du pays de Karroo, limite l'extension des types particuliers à la flore du Cap : Éricacées, Pro- téacées, Rutacées, Restiacées. Cependant M. Grisebach a réuni dans un seul de ses « domaines de végétation » la flore du Karroo avec celle du (1) Voyez sur ce sujet un article de M. Eug. Fournier dans la Revue des deux mondes, numéro du 1*' janvier 1876. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 159 Cap. M. Bolus se demande si la flore du Karroo ne diffère pas plus de celle du Cap que de celle du Kalahari. Il pense qu'il serait préférable de reconnaitre dans le Karroo une région spéciale. Le Roggeveld, en réa- lité le Karroo tout entier, par la prédominance de Composées ligneuses, se rapproche certainement davantage du type de végétation désertique que de la flore plus riche du Cap. Ueber den Einfluss farbigen Lichtes auf die Assimila- tion uud die damit zusammenhängende Vermehrung der Ascheubes- tandtlieile in Erbsen-Keinlingen (De l'influence de la lumière colorée sur l'assimilation et sur la multiplication corrélative des cendres dans l'embryon du Pois); par M. Rud. Weber (Landwirthschaftliche Ver- suchs-Stationen, 1815, vol. xvin, n° 1). Nous empruntons à M. Micheli l'analyse de ce mémoire bien rare, croyons-nous, dans les bibliothèques françaises. Les résultats obtenus par l'auteur ont été tirés de l'observation de jeunes plantes de Pois pendant quarante-quatre jours dans des caisses fermées par des verres de diffé- rentes couleurs. L'arrosage était fait avec un mélange de sels dont les élé- ments étaient fournis par l'analyse des cendres du Pois lui-mème. Pendant toute la durée des expériences il y a eu peu d'augmentation de poids dela matière organique ; les produits de la végétation servaient juste à couvrir les pertes faites sous l'influence de la respiration; Mais cela ne parait pas devoir infirmer en rien les résultats obtenus pour les éléments minéraux. C'est dans la lumière blanche que l'absorption est la plus forte, et c'est sous l'influence des rayons verts et violets qu'elle descend à son minimum. D'un autre côté, toutes choses égales d'ailleurs, il n'y a pas, pour chaque rayon particulier, proportionnalité entre la quantité de sels minéraux absorbés et la matière organique créée. Une eomparaison établie entre les différents éléments des cendres a montré qu'ils ne se comportent pas tous de la méme manière. L'acide phosphorique est ‘absorbé dans la lumière rouge et dans la verte avec beaucoup plus d'inteusité que dans la blanche; sous l'influence des rayons bleus, il l'est beaucoup moins. La potasse et la chaux, au contraire, relativement indifférentes dans les lumières rouge et jaune, augmentent rapidement dans la bleue. L'oxyde de fer se comporte à peu prés de méme, quoique d'une facon moins évidente. Quant à la magnésie et à l'acide sulfurique, ils se sont toujours montrés sensiblement indifférents. D’après le tableau construit par M. Weber, c'est la lumière jaune qui produit (comparée aux rayons rouges, bleus et violets), l'assimi- lation et en. méme temps l'absorption des substances minérales la plus forte. On aurait aimé à voir l'auteur employer pour ses expériences une leinte de verre correspondant à ceux des rayons du spectre qui sont com- plétement absorbés par la chlorophylle. Mais cette teinte serait probable- ment assez difficile à obtenir. 160 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Physiologisch - chemische Untersuchungen über die Keimung œlhartiger Samen und die Vegetation von Zea Mays (Recherches physico-chimiques sur la germination des graines huileuses et la végétation du Zea Mays); par M. W. Detmer. Leipzig, 1815. Les graines qui ont servi de base aux études renfermées dans le pre- mier de ces deux mémoires sont celles du Chanvre, du Colza et du Pavot. Les expériences ont duré de quatre à dix jours, pendant lesquels les jeunes plantes étaient maintenues dans l'obscurité et exposées à une température variable. M. Detmer recherche d'abord quelle est la. quantité de matière organique détruite et quelle en est la proportion représentée par le car- bone éliminé sous forme de gaz carbonique. Il a reconnu que la produc- tion de ce gaz croit avec l'élévation de la température. Au début, dit-il, les matières grasses diminuent rapidement, tandis que l'amidon, complétement absent auparavant, augmente dans la méme pro- portion. Plus tard ces relations changent; les matiéres grasses ne dimi- nuent plus que lentement, tandis qu'au contraire l'amidon, qui sert à la fois à la production de la cellulose et àl'entretien dela respiration, décroit aussi vite qu'il a été produit. La cellulose, d'abord stationnaire, augmente ensuite un peu, et les matières protéiques ne varient presque pas. Dans sa seconde étude, M. Detmer a suivi des pieds de Mais germant dans des conditions tantôt normales, tantôt expérimentales, c'est-à-dire dans l'obscurité dans un milieu stérile, et avec des arrosements d'eau dis- tillée. Chez le Mais, dit-il (comme chez beaucoup d'autres plantes, notamment des Légumineuses), les matières protéiques revétent la forme transitoire d'asparagine, qui est plus oxydée que l'albumine des tissus. Il l'a trouvée d'abord à peu prés en égale quantité chezles plantes normalement placées et chez les autres; plus tard celles-ci en renferment une plus forte pro- portion. Ueber die Function der Kalkes bei Keimpflanzen der Feuerbohne (Sur le rôle de la chaux chez l'embryon du Haricot) ; par M. J. Bœhm (Botanische Zeitung, 1815, n° 22). Ce physiologiste a remarqué que les jeunes individus de Phaseolus mul- tiflorus cultivés dans l’eau dislillée périssent avant que les principes asst- inilés accumulés dans la graine soient entièrement employés ; on évite cet accident en ajoutant à l'eau distillée une petite quantité d'un sel de chaux. M. Bæhm attribue à celle-ci dans la constitution du squelette végétal un rôle analogue à celui qu'elle joue chez les animaux dans la transformation du cartilage en os. Dans les mêmes expériences, M. Boœhn a remarqué que les plantes qui REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 161 avaient recu des sels de chaux renferment de l'amidon dans toutes leurs parties, tandis que chez les autres ce principe restait accumulé dans l'entre-neeud inférieur. La chaux parait donc avoir quelque influence sur le transport de l'amidon. Zur Entwicklungsgeschichte monokotyler Keime, nebst Bemerkungen über die Bildung der Samendeckel (Sur le développement des embryons monocotylés, avec des remarques sur la formation de l'opercule) ; par M. F. Hegelmaier (Botanische Zeitung, 1874, n° 39-44, avec 2 planches). L'auteur a étudié le Sparganium ramosum, le Triticum vulgare, le Pistia et le Canna indica. Il a figuré surtout la période qui suit immé- diatement la fécondation, et insiste sur deux points, l'origine de la coléor- rhize et la nature de l'opercule. Il désigne sous ce nom l'organe déjà signalé sous celui d'embryotége chez les Commélynées, et dont l'origine, chez les Cannées, a été attribuée à un épaississement de l'endoplévre. Cet organe est distingué par lui en opercule interne et opercule externe, ayant leur source dans chacune des deux enveloppes de la graine. Il décrit par- ticulièrement la € couche de séparation » qui constitue cet organe en l'isolant des membranes dont il faisait auparavant partie. Il ressort de ses analyses que les racines embryonnaires du Canna indica doivent être placées dans le premier type de M. de Janczewski (1) et celles du Triti- cum et du Pistia dans le troisième type de cel auteur. Ueber die Entwickelung der Wurzelspitze bei der Gra- mineen und Cyperaceen (Sur le développement de l'extrémité radiculaire cho»z les Graminées et les Cypéracées); par M. George Hieronymus (Sitzungsberichte der botanische Section der Schlesischen Gesellschaft für vaterländische Cultur, 1874). M. Hieronymus est professeur de botanique à Cordova (république Argentine), d'où il avait envoyé à M. Cohn ce mémoire, qu'il faut considé- rer comme une annexe à ses recherches sur les Centrolépidées (2). D’après ce savant, le point végétatif de la racine, dans les Graminées comme dans les Cypéracées, est occupé par un groupe de cellules apicilaires qui re- produit, en ce qu'il a d'essentiel, la forme des cellules terminales isolées des Fougères. Le dermatogène a avec le péribléme des initiales (3) com- munes. Le plérome a des initiales particulières, situées plus profondément. La coiffe n'est pas formée par le dédoublement du dermatogène, mais par (1) Voy. le Bulletin, t. xxu. (Revue), p. 126. (2) Voy. le Bulletin, t. xix (Revue), p. 238. (3) Ce terme est maintenant pris substantivement par les anatomistes allemands pour désigner les cellules ou. les rangées de cellules dont la partition donnera naissance à des tissus différents ayant dans cette cellule ou cette rangée de cellules une origine com- mune. T. XXIII. (REVUE) 11 162 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. une assise de cellules simple (calyptrogène cambiale) placée sur les initiales du dermatogène et du périblème. L'auteur est porté à croire que chez les Centrolepis le corps radiculaire tout entier dérive d'une cellule apicale, et la coiffe d'une cellule (calyptrogène) spéciale (1). Ueber den Vegetationspunkt der Angiospermen-Wur- zeln, insbesondere die Haubenbildung (Sur le point végé- tatif de la racine des Angiospermes, et en particulier sur la formation de la coiffe); par M. H. G. Holle (Botanische Zeitung, 1816, n° 16 et 17). M. Reinke avait cru que les racines des Phanérogames angiospermes se développent toutes suivant le méme type. Il résulte de tous les travaux que nous venons d'analyser que cette vue, reconnue. inexaete, doit étre aban- donnée. Cependant le nombre des Dicotylédones dont la racine se déve- loppe suivant les mêmes lois est si considérable, que l'on doit au moins admettre un type général, qui serait bien nommé le type de l Helianthus, ce genre ayant été spécialement examiné par les histologistes. Ce type est le troisième de M. de Janczewski. Aux familles chez lesquelles ce savant en a reconnu l'existence, savoir, les Haloragées, les Linées, les Polygonées, les Casuarinées, il faut ajouter, d’après M. Holle, les Ombellifères (Be- rula), les Renonculacées (Ranunculus), les Acérinées (Acer), les Con- volvulacées (1pomæa), les Oléinées (Fraxinus), les Aurantiacées (Citrus), les Eléagnées (Elæagnus), les Nyctaginées (Mirabilis), les Artocarpées (Ficus) et les Asarinées (Asarum). Ce qui caractérise ce type, c'est que la coiffe y dérive du dermatogène, tandis que chez les Gymnospermes elle dérive du péribléme, le dermatogène ne se développant pas. Cette origine explique bien comment les coilfes plus anciennes se retrouvent détachées plus ou moins complétement à la surface extérieure de la dernière coiffe produite. M. de Janczewski a tracé un quatrième type de développement radicu- laire que l'auteur regarde comme dü à des développements anomaux du point végétatif, comme une sorte de dégénérescence qui n'est pas rare chez les racines des Dicotylédones, L'auteur insiste sur le mode de formation de la « colonne » observée déjà par M. Reinke sur les racines de l'Helianthus. Cette formation est due à ce que les cellules moyennes de la coiffe, situées dans l'axe de la racine, s'allongent dans la direction de cet axe au lieu de se diviser tan- sentiellement comme les cellules latérales de l'organe qui suivait la crois- (1) Ces résultats coincident en partie avec ceux de M. de Janczewski, dont il importe de remarquer que le professeur de Cordova ne pouvait avoir connaissance. — On consul- tera encore avec intérêt, sur l'embryogénie des Monocotylés et des Dicotylés, un mémoire de M. Fleischer: Beilräge zur Embryogenie der Monokotylen und Dikotylen, dans le Flora, 187 t, p. 631 el suiv. Cet auteur a étudié les genres Juncus, Luzula, Ornithoga- lum, Leucoium, Helianthus, etc. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 163 sance du corps radiculaire. Cette « colonne » se prononce toujours de bonne heure, souvent avec la saillie du pivot central ou des racines acces- soires. Dans des eas qui s’écartent considérablement du type radiculaire des Dicotylédones, le péribléme vient contribuer à la formation de la coiffe. Il en est ainsi de plusieurs espèces d'Acacia. Le dermatogène reste ici, sans subir aucune partition, étendu au-dessus du péribléme et perdant progressivement vers le sommet de la coiffe son caractère particulier. T en est de méme de l’Acacia lophantha, du Juglans regia, sauf quelques légéres modifications. Ces faits sont de nouvelles raisons pour refuser d'admettre l'existence d'une calyptrogène spéciale chez les Dicotylédones. Il est bien plus naturel d'y reconnaitre les trois histogènes (1) normaux, et de concevoir que la production de la coiffe y soit une fonction dévolue ordinairement au dermatogéne, et à laquelle puisse exceptionnellement contribuer le péribléme. Le point végétant de la racine des Monocotylédones se distingue au con- traire de celui des Dicotylédones par l'existence. d’une calyptrogéne in- dépendante. C'est du moins ce que l'auteur a constaté chez tous les gen- res qu'il a examinés. Si M. Fleischer a attribué la coiffe radiculaire de l'ürnithogalum et du Leucoium au dermatogène, c'est sans doute parce que dans ces genres la couche extérieure qui recouvre l'extrémité radicu- laire de l'embryon se transforme en calyptrogéne, tandis qu'au-dessous de celle-ci apparait pour la première fois le dermatogéne propre de la racine. Le second type que M. de Janczewski admet dans le développement de la racine des Monocotylédones, fondé sur celui de l'Hydrocharis et du Pistia, ne parait à l'auteur qu'une déviation légère ; ces genres montrent bien le caractère principal de la racine des Monocotylédones ; d'ailleurs le développement du Vallisneria tient à la fois des deux premiers types de M. de Janczewski. Le méristème primitif dans les Monocotylédones; par M. Treub, avec une préface par M. Suringar. In-4° de 78 pages, avec huit planches gravées. Leyde, chez E.-J. Brill, 1876. Ce mémoire a paru dans le Musée botanique de l'université de Leyde. M. Treub, l’auteur, est assistant au laboratoire botanique placé sous l'éminente direction de M. le professeur Suringar, qui a ajouté en tête de ce travail une introduction intéressante. M. Suringar traite de la méthode naturelle, et particulièrement de la classification, aujourd'hui si contro- versée, des Dicotylédones. Parmi les Monochlamydées et les Apétales, il (1) Ge terme, que nous n'avons pas encore employé dans la /tevue, formé comme celui de dermatogène, est un terme collectif sous lequel les anatomistes allemands réu- nissent le dermatogeéne ou couche-mère de l'épiderine, le périblème ou couche-mère de l'écorce, et le plérome ou couche-mère du cylindre central. 164 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. faut, dit-il, distinguer deux cas. Le périanthe simple peut l'être réelle- ment, sans différenciation de calice et de corolle, et cela constitue un état morphologique inférieur à celui des Polypétales. Au contraire, dans tous les cas où l'on a raison de le considérer comme résultant de l'avortement des pétales, il s'éléve par cette complication morphologique au-dessus dela condition des Polypétales. Il en. est de méme de la diclinie, qui peut étre typique ou résulter d'un avortement; on ne distingue pas suffi- samment ces deux cas. M. Treub a appliqué les résultats de ses recherches histologiques au perfectionnement de la classification, surtout de celle des Monocotylé- dones. Il croit que l'étude du développement des tissus amènera les bota- nistes de l'avenir à trouver de nouvelles relations entre les familles. La racine n'a eu jusqu'ici qu'une très-médiocre importance dans l'arrange- ment taxinomique des Angiospermes. M. Treub a reconnu que le point végétant de la racine n'aequiert en général des caractères particuliers que dans les groupes qui occupent les degrés supérieurs de leur embranchement notamment parmi les Monocotylédones. Si le caractére histologique du déve- loppement de l'extrémité végétante de la racine est moins spécialisé, il en est de méme dans les caractéres de l'ensemble de l'organisation, et ces analogies s'étendent surtout à la relation respective que les plantes com- parées occupent sur l'échelle. Ainsi les Musacées occupent un rang infé- rieur à celui des Zingibéracées et des Cannacées, parce qu'elles ont une organisation florale plus simple; or dans les Musacées, la coiffe n'a pas encore de méristème propre, tandis que dans les deux autres familles le sommet de la racine présente trois tissus primaires indépendants. Les Graminées et les Cypéracées possèdent dans le point végétant de la racine trois membranes trés-nettement délimitées; par contre, dansla racine des Liliacées, il y a des « initiales communes », et la spécialisatión des tissus en péribléme et en coiffe ne se fait souvent qu'à une distance du sommet relativement grande. L'auteur croit que les Liliacées occupent parmi les Monocotylédones un rang trés-inférieur; là-dessus il ne fait que suivre les opinions et les leçons de M. le professeur Suringar, lequel, dans ses cours, considère le type liliacé comme un centre duquel partiraient (suivant diverses directions et en séries plus ou moins ramifiées, d'étendue diffé- rente) : d'un côté, les Amaryllidées à ovaire infère, les Iridées (dont un verticille staminal est avorté), les Musacées, suivies des Zingibéracées et des Cannacées aux fleurs irréguliéres, à androcée réduit ou transformé, et enfin les Orchidées ; — dans une autre direction, les Palmiers, les Aroi- dées, ete., de la série des Spadiciflores ; — dans une troisième direction, les Glumacées. Les Graminées et les Cypéracées sont regardées comme supé- rieures aux Joncées à cause des suppressions et des soudures qui ont lieu dans leurs fleurs. Après la diseussion d'un certain nombre de cas spéciaux, en apparence REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 165 discordants, M. Treub conclut que ses études l'autorisentà compter, parmi les familles qu'il faut placer au commencement des embranchements prin- cipaux des Monocotylédones : les Liliacées, les Pandanées, les Palmiers, les Cyclanthées, les Aroïdées, les Astéliées, les Xérotidées, les Aspidis- trées, les Ophiopogonées, les Amaryllidées, les Hypoxidées, les Dioscorées, les Taccacées, les Broméliacées, les Musacées. — Au contraire, l'auteur compte parmi les familles oecupant les rangs supérieurs dans les ramifi- cations d'ordre différent des Monocotylédones : les Graminées, les Cypé- racées, les Commélynées, les Potamées, les Joncaginées, les Stratiotées, les Joncées, les Hémodoracées, les Cannacées et les Zingibéracées. Enfin les Iridées, les Pontédériacées, les Typhacées, les Dutomées et les Alis- macées se rangent entre des familles appartenant au premier groupe et des familles appartenant au second. M. Treub corrobore ces données parla paléontologie : M. Schimper a trouvé des Yuccites dans le trias ; les Lilia- cées, considérées comme les plus anciennes, se trouvent être les plus âgées. M. Prantl a émis dernièrement l'idée que les Phanérogames mau- raient pas une orígine commune; que les Monocotylédones se rattache- raient aux Fougères par l'intermédiaire des Cyeadées, tandis que les Dico- tylédones seraient en relation phylogénétique (1) avec les Dichotomées (2) par l'intermédiaire des Coniféres (3). M. Treub admet que parle méristème primitif de la racine, les Monocotylédones se rattachent bien aux Cyeadées, mais non aux Dicotylédones. Sur les phénomènes mêmes du développement de la racine (4), le mé- moire de M. Treub contient un trés-grand nombre de documents, résumés par lui en vingt-cinq paragraphes, et dont nous détacherons seulement ce qui suit. On ne trouve que très-rarement dans le méristème primitif de la racine une spécialisation analogue à celle qui se voit au sommet de la tige. Il n'y a pas de dermato-calyptrogène. L'accroissement terminal de la racine s'opère suivant trois types différents. Dans le premier type, il y a quatre tissus primaires : la coiffe, le dermatogène, le périblème et le plérome (Pistia, Hydrocharis). Dans le deuxième type, il y a trois tissus pri- maires : la coiffe, le péribléme et le plérome (Joncées, Hémodoracées, Cannacées, Zingibéracées, Cypéracées, Graminées, Commélynées, Pota- mées, Joncaginées, Typha, Sagittaria, Stratiotes). Dans le troisième type, il n'y a plus que deux tissus primaires : les cellules initiales du plé- rome surmontées par un groupe de cellules initiales communes, qui four- (1) Voy. plus loin, p. 85, en note. (2) On sait que sous ce nom, nouvellement introduit dans la science, il faut comprendre les Lycopodiacces et les genres fossiles qui s'en rapprochent (Lepidodendron, Sigil- laria, etc.). (3) M. Kny a émis une opinion analogue dans son mémoire sur le développement des Parkériacées, paru l'année dernière dans les Nora Acta Nature Curiosorum en 1875. (4) Voyez l'important mémoire de M. de Janczewski, analysé t. xxrt, p. 126. 166 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. nissent des cellules initiales au péribléme et à la coiffe; le dermatogène n'est que la couche extérieure du périblème, ou bien il se prolonge jusqu'aux initiales communes, et s'individualise en méme temps que le périblème (Liliacées, Astéliées, Xérotidées, Aspidistrées, Ophiopogo- nées, Amaryllidées , Hypoxidées, Dioscorées, Taccacées, Broméliacées, Musacées, Orchidées, Palmiers, Pandanées, Cyclanthées, Aroidées excl. Pistia). Untersuchungen über die Vegetationsformen von Cocco- bacteria septica, und den Antheil welchen sie auf der Entste- hung und Verbreitung der accidentellen Wundkrankheiten haben (Re- cherches sur les formes de végétation du C. septica, et surla part quelles prennent à l'origine et à l'extension. des maladies d'origine. trau- matique) ; par M. Théodore Billroth. In-fol. avec 5 planches gravées. Berlin, Reimer, 1814. On sait que M. Cohn, dans son premier Mémoire sur les Bactéries, avait regardé comme une famille naturelle très-variée dans ses formes la famille des Bactéries (ou Schizomycétes), dans laquelle il comprenait, pour parler d'une manière générale, tous les types les plus inférieurs des végétaux caractérisés par une propriété commune, celle de se diviser par scissiparité. M. Billroth est le porte-drapeau d'une opinion tout opposée, d'après laquelle les Bactéries proprement dites (le genre Bacterium en un mot) seraient des étres doués de la faculté de varier considérablement suivant les milieux et les circonstances, et de constituer ainsi acciden- tellement des types en apparence trés-divers. Là où M. Cohn voit les genres d'une famille, M. Billroth ne reconnait que les phases d'un méme etre : d’après lui, toutes les Bactéries appartiennent à une méme espèce végétale, comprenant des articles tantôt arrondis, tantôt bacillaires, et de grosseur relativement trés-différente, décrits les premiers comme des Coccos, les seconds comme des Bactéries ; d’après lui toujours, ces deux formes passent à l'occasion de l'une à l'autre, bien qu'elles soient dans leur végélation d'une certaine constance. La grosseur relative permet de distinguer des Wicro-, Meso-, et Megacoccos : de méme que des Micro, Meso-, et Megabacteria ; en général, une forme décidée correspond à chaque degré de la putréfaction, mais on ne voit point ouvertement un Micrococcos grossir en Megacoccos, de méme pour l'autre groupe. Pour tout cet ensemble de phases, ramenées à une seule espèce, M. Billroth propose le nom unique de Coccobacteria septica, qui rend fort bien sa pensée. Cette production cryptogamique se multiplie à la surface des liquides, de manière à produire des plaques minces, nommées, quand elles sont formées de Coccos, Petalococcos, et quand elles sont formées de Bactéries, Petalobacteria. Les Coccos jouissant de la faculté de se multi- plier jusqu'à une certaine profondeur dans le liquide, l'auteur appelle REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 167 Gliococcos les flocons qu'ils forment (1). Quand les Coccos se sont grossis, leur contenu se divise en d'autres Coccos, et l'ensemble dela colonie est pour M. Billroth un Ascococcos (2); de méme les Dactéries peuvent former des Ascobacteria. Quand la multiplication des Coccos ou des Bactéries a lieu dans une seule direction, avec bifurcation, il en résulte les Diplococcos et les Diplobacteria, et, sila formation présente une chaine continue, des Streptococcos et des Streptobacteria. Ces productions sont souvent entou- rées d'une enveloppe gélatineuse (gliahulle) (3). On conçoit que cette manière de considérer les faits favorise singulière- ment, en les facilitant, les recherches de micrographie chimique, puisque les médecins, si les idées de M. Billroth sont exactes, n'ont plus à déter- miner quelle est la Bactérie qu'ils ont sous les yeux dans le pus ou dans le liquide pathologique observé, ceite Bactérie ne pouvant être qu'une forme du Coccobacteria septica. Aussi la manière de voir de cet auteur a-t-elle été assez généralement adoptée en Allemagne par les physiologistes et les anatomo-pathologistes (4). Untersuchungen ueber Bacterien (Recherches sur les Bacté- ries); par M. le docteur Ferdinand Cohn (Beiträge zur Biologie der Pflanzen, 3* livraison, pp. 141-207, avec deux planches). Breslau, 1875. M. Cohn commence par critiquer les opinions de M. Billroth et par revendiquer ses droits de priorité. Il nous expose ensuite les recherches qu'il a faites pour s'assurer s’il existe dans l'air des germes de Bactéries, et décrit l'appareil aspirateur qu'il a employé pour laver l'air d'une chambre dans une solution capable de nourrir des Bactéries vivantes. On s'attendait peut-être, vu l'extréme diffusion de ces petits organismes, à les voir apparaitre en abondance dans le liquide du flacon laveur. Hl n'en a rien été cependant en général; et méme dans le cas où l'air lavé avait passé sur un liquide renfermant de nombreuses Dactéries, il ne s'en est développé aucune dans le flacon. Il ressort de ces expériences un fait important, sur lequel. M. Burton Sanderson avait déjà insisté, c'est que l'infection des substances capables de se putréfier ne peut être transmise par l'air, mais seulement par l'eau ou par des communications de surfaces. — M. Cohn nous fait cependant connaitre l’Ascococeus Billrothii, qui s’est développé au bout de quatre jours dans le flacon laveur maintenu à la température de 30 degrés; il en a profité pour rectifier les caractères (1) Ce sont les Zooglea de M. Cohn. (2) Nous écrivons comme M. Billroth, en faisant observer que, d'après les Lois de la Nomenclature botanique, art. 66, on doit donner à ces termes leur terminaison latine (Micrococcus, etc.) (3) M. Billroth va encore plus loin, puisque son Ascococcos parvus est regardé par lui comme la spore enkystée de l'-Ethalium seplicum, un Myxomycete. (4) Voy. Tiegel, Ueber Coccobacteria im gesunden Wirbelthierkórper (Archiv für experimentelle Pathologie und Pharmacie, 1853). 168 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. du genre Ascococcus Bill. — M. Cohn établit ensuite la relation du genre Ascococcus avec la famille des Chroococcacées. Dans un autre chapitre de son intéressant mémoire, il traite des colora- tions purpurines qui se développent sur les animaux et les plantes plongés dans la vase, et qui sont dus à des organismes microscopiques (1). L'un d'eux est le Clathrocystis roseo-persicina Cohn, n. sp., Chroococcacée qui se présente en cellules isolées et en familles de cellules entourées d'une enveloppe gélatineuse, et plus tard recouvertes de protubérances qui se séparent de la colonie primitive et en laissent Ia substance transformée en un réseau qui rappelle celui des Hydrodictyon. La matière fleur de pêcher qui produit cette coloration a des propriétés spectrales particu- lières étudiées par M. Lankester, qui l'a nommée bactério-purpurine. M. Cohn étudie encore le Monas vinosa Ehr., le M. Okenii Ehr., le Rhabdomonas rosea, n. sp., le Monas Warmingii, n. sp., et l'Ophido- monas sanguinea Ehr., qui déterminent des colorations analogues. M. Cohn s'attache ensuite à la comparaison des Bactéries et des Monades, à l'étude des corpuscules obscurs et réfractant fortement la lumière qui se rencontrent chez les Bactéries et les Beggiatoa, du déga- gement d'hydrogène sulfuré déterminé par ces derniers Cryptogames, du dépôt de soufre pulvérulent causé à la surface des eaux en putréfaction, dont les agents sont des organismes vivants. Le fait que les Beggialoa et les autres plantules étudiées dans ce mémoire se maintiennent en bon état dans des eaux chargées jusqu'à saturation d'hydrogène sulfuré prouve que ces êtres sont faits pour vivre dans des conditions qui sont nuisibles pour tout le reste des êtres organisés, d'autant que l'eau chargée de ce gaz toxique ne contient pas de traces d'oxygène libre. Les Euglena jouissent de la méme innocuité. M. Cramer a reconnu que les corpuscules noirs cristallins des Beggiatoa sont formés de soufre, et M. Cohn a confirmé ce résultat par l'examen des eaux de Copenhague que lui envoyait M. Warming. Il ressort de ces recherches que ces. organismes remplissent dans le plan de la nature un róle spécial, destiné à détruire l'hydrogène sulfuré en séparant le soufre, et à s'opposer par conséquent à certains effets nuisibles de la putréfaction. La spécialité du rôle qu'ils remplissent est encore mieux caractérisée par ce fait qu'ils ne renferment aucune trace de chlorophylle, laquelle n'aurait pu vivre dans les eaux croupies en l'absence d'oxygène (2). M. Cohn parait les regarder comme chargés de réduire les sulfates. (1) On sait que des faits de ce genre ont été signalés il y a longtemps, notamment par M. Ch. Morren (Recherches sur la rubéfaction des eaux, in Mém. de l'Acad. de Bruxelles, I841, p. 10), et par Dunal (Ann. sc. nat., 2° série, 1838, t. 1x, p. 172). Plus récemment, ilya lieu de citer le mémoire de M. le docteur E. Ray Lankester (On a peach coloured Bacterium, in Quarterly Journal of microscopical Science, 1873, vol. xm, pp. 66), dans lequel il a décrit le Bacterium erubescens. mE (2) Il y a lieu de rappeler sur ce sujet un mémoire ancien de MM. Fontan et Joly, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 169 Dans la suite de son mémoire, M. Cohn traite de la coloration rouge du lait, causée aussi par des Cryptogames, sans doute par le Micrococcus prodigiosus. Il décrit ensuite Le Myconostoe gregarium, constitué par des filaments eontournés et immergés dans une masse gélatineuse ; le Clado- thrix dichotoma, type d'un nouveau genre, qui forme des filaments rami- fiés à la manière du thalle d'une Clavaire, et qui s'est trouvé avec le pré- cédent dans des eaux en putréfaction. Vient ensuite l'étude du Bacillus subtilis Cohn, dans lequel cet auteur décrit des corpuscules arrondis, réfractant fortement la lumière, et placés, soit aux extrémités, soit même dans le corps du bàtonnet qu'ils forment; ces organes sont pour l'auteur des Dauersporen ou hypnospores (1). Vient ensuite une étude de la fermentation. caséique et des ferments organiques qui transforment le sucre de lait en acide butyrique. Ces ferments sont apportés dans le lait avec la présure ; ils sont probablement constitués par le Bacillus subtilis. Il est à remarquer que certains sucs végétaux possèdent sur le lait la méme action que la présure, pour le faire cailler. L'extrait alcoolique de présure, qui agit de méme, ne contient, bien entendu, aucun animalcule. M. Obermaier a décrit en 1873 (2), dans le sang des malades affectés de fièvre rémittente, des Infusoires désignés par lui sous le nom de Spirillum. Ces parasites n'existeraient que pendant le temps de l'accès, ou bien un peu avant et un peu aprés, et non pendant la période de rémission. Cette découverte a été confirmée par d'autres observateurs (3) et par M. Cohn lui-méme, qui a constaté que ces parasistes appartiennent au genre Spirochete; il les nomme Spirochæte Obermaieri, mais ne les trouve pas différents du Spirochete plicatilis des eaux stagnantes (4). M. Cohn termine son mémoire par un tableau synoptique indiquant la subordination et la classification des genres de Schizomycétes, genres maintenant extrêmement nombreux, puisque l'auteur. fait rentrer parmi eux les Anabena, Nostoc, Rivularia, Oscillaria, ete. Om nogle ved Danmarks Kyster levende Bakterier (Sur quelques Bactéries vivant sur les côtes du Danemark) ; par M. Eug. relatif au Monas sulfuraria observé par ces savants dans les eaux sulfureuses des Pyrénées (Mémoires de l'Acad. des sciences et belles-lettres de Toulouse, 1844). (1) Nous voilà loin des Schizomycètes et de la reproduction par division qui était Uniquement accordée aux Bactéries. ‘ (2) Medicinische central Blatt, t. xi, 1873; Berliner. klinische Wochenschrift, 1873, pp. 152, 391. (3) Voy. Hirschfeld, Medicinische Jahresbericht, t. 166, 2" liv. p. 211, et Burton Sanderson, Reports of the Medical Officer of the Privy Council and local. government Board, new series, 1874, n° 111, p. 41. ... (2) C'est le lieu de rappeler la découverte de M. Salisbury que nous avons rapportée ilya plusieurs années dans cette Revue. M. Cohn ne différencie les deux productions Cryptogamiques que par leur siége. Il ne reste peut-être plus à la pathologie qu'à con- stater quel est le mode d'introduction du parasite dans le corps humain. I n'y a guère de doute que ce ne soit par les organes de la respiration qu'il pénètre. Rappelons d'ailleurs que le sulfate de quinine, dans les infusions, a la propriété d'empêcher le développement des animalcules, 170 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Warming ( Videnskabelige Meddelelser , 4815) ; tirage à part en br. in-&^ de 116 pages, avec quatre planches gravées ; Copen- hague, 1876. Ce mémoire se présente comme une addition importante aux recherches déjà faites sur la rubéfaction des eaux. Partout, dans les eaux saumâtres ou douces des environs de Copenhague, l'auteur a trouvé les formes indi- quées par M. Cohn. Il appelle particulièrement l'attention sur le Monas Okenii, le Spirillum violaceum, n. sp., VOphidomonas sanguinea Ehr., le Monas gracilis, dont le plasma porte des grains de soufre, le Bacterium sulfuratum Warm. (Monas vinosa Ehr., M. erubescens Ehr., M. Warmingü Cohn, Rhabdomonas rosea Cohn), Spirillum Rosenbergii Warm., Meris- mopædia littoralis Rabenh., Beggiatoa minima, n. sp., et d'autres espèces du méme genre. Il a observé de petits exemplaires de Beggiatoa qui parais- sent chargés dela propagation de l'espèce, mais sans pouvoir dire comment ils naissent; peut-être les monades dont se compose le groupe du Bacterium sulfuratum sont-elles les zoospores du Beggiatoa alba. M. Warming décrit encore le Spiromonas Cohnii, n. sp., le Spirochete gigantea, n. sp., le Spirillum attenuatum, n. sp., le Bacterium littoreum, n. sp., et communique un grand nombre de détails intéressants relatifs à des espèces déjà connues, et aux Bactéries en général. Il reconnait qu'il existe encore bien des points à élucider avant de pouvoir établir une classification naturelle de ces petits végétaux. Beiträge zur Biologie der Bacterien; par M. Ed. Eidam (Beiträge zur Biologie der Pflanzen, 3 livraison, pp. 208-224). L'auteur a étudié spécialement l'action des températures différentes et de la dessiceation sur le développement du Bacterium Termo ; il rapporte longuement les résultats de ses expériences successives. Il les résume de la manière suivante : Le Bacterium Termo commence sa multiplication au-dessus de E 5° C. 5 la température de 30 à 35 degrés est la plus favorable à la rapidité de ce phé- noméne, S'il est exposé d'une manière continue à une chaleur de 40° C. et au-dessus, il perd la faculté de se multiplier. Il est tué quand il est exposé à une chaleur de 45° C. continuée pendant quatorze heures ou à une chaleur de 50° C. pendant trois heures, méme dans la solution aqueuse où il vit. La rapidité de la putréfaction sera appréciée d'après la rapidité du déve- loppement du Bacterium Termo, comme celle de la fermentation alcoo- lique d'après celle des espèces de Saccharomyces. Enfin le B. Termo jouit de la faculté de résister à une dessiccation prolongée à des températures basses ou élevées sans perdre sa vitalité. Vergleichende Darstellung der Placeníen in den Fruchtknoten der Phanerogamen (Étude comparée des REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 174 placentas dans l'ovaire des Phanérogames); par M. Ladislas Celakovsky (extrait des Abhandlungen. der K. K. böhmischen Gesellschaft der Wissenschaften, 6° série, t. vir) ; tirage à part en brochure in-4° de 14 pages, avec une planche lithographice. On sait que M. Celakovsky a déjà publié sur le même sujet plusieurs travaux (1), dont le présent mémoire confirme, étend et généralise les données. La division qu'il a tracée de son sujet est tirée de l'organogénie. Il examine d'abord les carpelles qui apparaissent comme des protubé- rances concaves, soit latéraux par rapport à l’inflorescence (Rosacées, Renonculacées, Résédacées, Crassulacées, Aphyllanthées), soit uniques et terminaux (Rosacées, Thyméléacées). || traite ensuite de ceux qui se comportent comme un bourrelet annulaire. Plusieurs cas se présentent alors : les carpelles peuvent étre isolés les uns des autres au moment de leur apparition, et alors ou les placentas suivent le bord libre des feuilles carpellaires (Hélléborées, Dilléniacées, Ménispermées, Spirées), ou le placenta est axile, tantót avec plusieurs carpelles réunis en cercle (Diosmées, Zanthoxylées, Portulacées, Oxalidées, Acérinées), tantót avec des carpelles isolés (Berbéridées, Urticacées). Quand les carpelles se montrent soudés latéralement les uns avec les autres, tantót l'ovaire est pluriloculaire muni d'un placenta central axile, c'est-à-dire existant avant le développement des cloisons (Limnanthées, Géraniacées, Euphorbiacées, Scrofularinées, Alsinées), ou d’un placenta axile qui ne s'élève qu'après l'apparition des cloisons ou qui résulte de la fusion des bords internes de ces cloisons (Buettnériacées, (Enothérées) ; tantót l'ovaire est uniloculaire soit avec une placentation pariétale, soit avec un placenta libre, axile, (Joncées, Trapa, Primulacées, Myrsinées, Théophrastées, Utriculariées, Celosia, Santalacées), soit avec un placenta basilaire multiovulé (Drosé- racées) ou uniovulé, non central chez les Composées, parfaitement symé- trique chez les Balanophorées, les Polygonées, les Pipéracées, les Chéno- podées, partie des Amarantacées et des Alsinées (Scleranthus, Illecebrum), Jes Plombaginées et partie des Papavéracées. L'auteur résume de la manière suivante les principaux résultats auxquels il est parvenu : Les carpelles sont toujours des formations en cornet ou en capuchon, naissant parfois, mais plus rarement, d’une base foliacée primordiale (Blattprimordium) ; et dans la grande généralité des cas, prenant son origine immédiate de laxe par l'inflexion en dedans de ses bords. Les placentas sont produits soit par les bords foliacés, tantôt libres, tantôt soudés du cornet, soit par une bande de la face supérieure du carpelle (1) Nous citerons notamment: Ueber die morphologische Bedeutung der Samenknospen (Flora, 1874) ; Ueber die Cupula und den Cupularfruchtknoten (Œsterreichische botanische Zeitschrift, 1874); et Vergrünung der Kichen von Alliaria officinalis ( Botanische Zeitung, 1875). 172 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. entre la médiane et le bord, soit encore par la surface presque entière du carpelle, à l'exception d'une bande médiane qui reste libre ovules; les ovules sont ainsi toujours des dépendances et méme souvent des parties ou mieux des divisions de la feuille carpellaire. Les cornets qui constituent les carpelles sont rarement libres à leur naissance; généralement ils sont soudés, soit latéralement entre eux pour établir des placentas latéraux, soit par leur partie ventrale et ovulifère avec laxe central, d'où il résulte que les ovules semblent naître de cet axe dans l'inté- rieur des loges. Dans plusieurs cas, la formation des cloisons s'arréte, empéchée de parvenir jusqu'à l'axe, et les parties dorsales des carpelles forment une enveloppe sacciforme, le succome. A Vintérieur du saccome s'allonge l'axe floral avec les parties ventrales des carpelles soudées avec lui, et constituant un placenta central libre; ou bien cet axe reste raccourci et avorté: il en résulte une placentation basilaire, et aussi en apparence axile. L'apparition d'un seul ovule à la base d'un ou de plusieurs carpelles a pour conséquence de faire paraitre cet ovule comme terminal, comme il en est des sporanges des Selaginella. Cependant la signification morphologique de l'ovule reste la méme que dans les cas précédents. C'est ce que démontre en particulier le eas où, comme dans les Urticées, le sommet de l'axe se porte consécutivement dans la par- tie ventrale du carpelle, de sorte que l'ovule primitivement terminal prend la situation d'une division foliacée ventrale. Il en est de méme lorsque sur deux carpelles un seul devient fertile, l'autre demeurant raccourci et stérile (Morées, Cannabinées). Dans ces cas, l'ovule basilaire et unique nait de trés-bonne heure; sinon il n'est pas aussi exactement terminal, comme dans les Composées, parce que la portion ventrale oblique du car- pelle s'est déjà développée un peu auparavant, Beiträge zur Lehre über die Athmung der Pflanzen (Quel- ques recherches sur la respiration des plantes); par MM. A. Mayer et A. de Wolkoff (Landwirthschaftliche Jahrbuecher, 1814, t. 1v, et Ann. se. nat., 6* série, t. 1", pp. 241-261). Les auteurs mettent en lumiere le double phénomène que présente en général (1) la vie végétale: 1° l'absorption d'oxygène avec émission d'acide carbonique ; 2^ l'émission d'oxygène avec décomposition de l'acide carbo- nique, fixation du carbone et formation des principes ternaires. Le pre- mier de ces deux phénomènes est seul appelé aujourd'hui respiration en Allemagne : c'est la respiration nocturne de certains auteurs français. C'est le même fait physiologique, dans son essence, que celui qui constitue Ia respiration des animaux. Le second est la respiration diurne de quel- quesa de nos physiologistes ; les auteurs allemands le nomment assi- milation. (I) Les Champignons exceptés, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 173 La respiration a été peu étudiée encore. Elle est constante ; elle a lieu le jour comme la nuit. Par des expériences sur le Tropæolum majus et le Polygonum Fagopyrum, les auteurs ont constaté qu'elle s'effectue. dans les plantes et dans les organes détachés avec une constance d'assez longue durée et une intensité assez grande pour pouvoir étre mesurée plusieurs fois de suite au moyen de leur appareil. Ils ont constaté que quand la température s'éléve, l'intensité de la respiration décroit quelquefois. A 4o" les parties les plus jeunes des tigelles sont. déjà visiblement. affectées au bout de quelques minutes. Malgré les grandes variations de tempéra- ture auxquelles, dans d'autres expériences, on a soumis exprès les plantes, l'intensité est restée presque invariable pendant les deux heures et demie que ces expériences ont duré. Si l'élévation subite du thermomètre n'exerce pas d'effet nuisible, cependant l'intensité diminue dans le cas d'une baisse rapide. Les auteurs ont encore recherché si la lumière exerce une influeace ap- préciable sur la respiration. H leur semble avoir constaté une influence appréciable de la lumière en faveur de la respiration, quand même cette influence, par sa faible valeur, ne pouvait présenter aucune analogie avec celle qui se faisait valoir dans l'accroissement. Ils croient pouvoir affirmer avec certitude que la croissance en longueur n'a rien de commun avec la respiration, et qu'on ne peut considérer l'un de ces phénoménes comme étant la mesure de l'autre. Pflanzenphysiologische Untersuchungen (Recherches de phy- siologie végétale); par M. Carl Kraus, de Triesdorf (Flora, 1875, n^ 10, 13 et suiv.). Ces Recherches paraissent divisées en plusieurs mémoires séparés. Le premier traite de la nature de la substance colorante des grains de chloro- phylle. L'auteur y établit qu'il n'existe pas de moyen de faire passer la chlo- rophylle dans une solution sans l'altérer aucunement. La preuve en est que la chlorophylle insoluble dans Ja benzine est soluble dans cette sub- stance alors qu'elle est déjà au préalable dissoute dans l'alcool. La solution alcooïique (quelle qu'elle soit) est d'ailleurs attaquée par les acides éner- giques ; elle devient jaune, puis bleue ; l'auteur croit ces changements liés à un phénomène d'oxydatioa. La substance jaune obtenue ainsi est nommée par lui acidoxanthine. Sur l'action. de l'acide. chlorliydrique, l'acidoxanthine se dédouble en une couleur bleue et une deuxième couleur jaune. Cette dernière est la vanthophylle (dans un sens plus res- treint que celui où l'on emploie ordinairement ce mot). Agitéo de nouveau avec l'acide ehlorhydrique, la xanthophylle retourne à la coloration bleue, par sa division en deux corps, l'un que l'oxydation (due à l'acide) fait bleuir, et un troisième principe, également jaune, la xanthine. Le corps 174 . SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. susceptible de bleuir par oxydation est naturellement vert: c'est la chlo- rine. | Les alcalis décomposent la chlorophylle de la méme manière que les acides, sinon par eux-mêmes d’une façon nette et immédiate, du moins en présence et avec le concours de la benzine. On obtient ainsi immédia- tement la xanthine, dissoute dans la benzine, et une solution verte où la chlorine est unie à l'aleali, et qui peut se prêter encore à des modifica- tions ultérieures. Pour connaitre la nature de la chlorophylle, il faut étu- dier la xanthine, obtenue par l'évaporation de la solution de benzine qui la renferme, et la chlorine de la solution précédente. La xanthophylle, si répandue dans la nature, existe d'ailleurs concur- remment avec la chlorophylle dans beaucoup de feuilles vivantes (1). Le deuxiéme mémoire de M. Kraus est relatif aux colorations des mem- branes végétales et aux propriétés optiques des parois cellulaires. Il a étudié la coloration du chaume du Sorgho, les téguments des graines du Solanum pseudocapsicum, et le troisième traite des métamorphoses de la chlorophylle. La chlorine en subit dans certains cas d'étranges, par exemple dans les fruits de ce Solanum (2), où elle devient d'abord jaune, puis rouge. En ce dernier état, M. Krauss la nomme rhodophylle. Sa coloration rouge, sous l'influence de divers réactifs, repasse au bleu, puis revient au jaune ou au rouge. La substance rouge est non un produit de dédoubiement comme la xanthine et la chlorine, mais une simple modification de la chlorophylle, devenue à peine soluble dans l'alcool. Les granules de rho- dophylle contiennent aussi une matière colorante d'un rose de chair. La rhodophylle ressemble au dérivé rouge qu'obtenait Berzelius en trai- tant la chlorophylle par l'acide chlorhydrique et le zinc. Une modification analogue de la chlorophylle se révèle dans beaucoup de cas, notamment dans les variétés purpurines de beaucoup de Graminées. Les Floridées contiennent de la xanthophylle, de la chlorophylle et une substance colo- rante soluble dans l'eau; les cellules âgées sont colorées autrement et admettent un dérivé de la phycoérythrine. L'auteur détaille les observa- tions chimiques faites par lui sur quelques Fucus de la mer Adriatique. Son quatrième mémoire décrit la manière dont se forment les acides végétaux; le cinquiéme est consaeré aux relations qui lient la chlorophylle à l'assimilation végétale. On pourrait croire, dit l'auteur, de trois choses l'une : ou que la chlorophylle préexiste à l'assimilation, en produit lor- (1) Peut-être les changements et dédoublement observés dans les laboratoires se pro- duisentsils aussi dans la nature; à ce compte, la chlorophylle se décomposerait et se régénérerait sans cesse. Cette manière de considérer les faits rendrait compte de la présence à peu près constante de la xanthophylle, et cadrerait bien avec les observations qui nous montrent la chlorophylle tantôt produite, tantôt détruite par l'action lumi- neuse. (2) Voy. A. Weiss (Sitzungsberichte der Wiener Akad., 1864). REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 175 gane, en est la cause ; ou qu'elle apparait après l'assimilation, et qu'elle en est la conséquence ; ou qu'elle se produit en méme temps que l'assimi- lation, et qu'elle en est la condition nécessaire. Comme on le pense bien, c'est à la troisième opinion qu'il s'arrête; il pense avec M. Baever que dans la formation de l'amidon un équivalent d'hydrogène, emprunté à l'eau, remplace un équivalent d'oxygène soustrait à l'acide carbonique, d’où résultent les corps ternaires à proportions égales de substances com- posantes que l'on connait sous les noms d'amidon, de sucre, ete. (1). Ueber die Zerstörung des Chlorophylls lebender Pflan- zen durch das Licht (De la destruction de la chlorophylle des plantes vivantes par la lumière); par M. Askenasy (Botanische Zei- tung, 1815, n^ 28). On sait depuis les observations de M. de Mohl, que les Coniferes subis- sent pendant l'hiver des changements de coloration. remarquables, et que ces changements tiennent à ceux des granules de chlorophylle. M. Aske- nasy les a déjà donnés dans un précédent mémoire (2) comme une preuve de l’action destructive que la lumière exerce sur la chlorophylle ; en effet le côté exposé au midi est plus décoloré que le côté exposé au nord. On aurait pu penser que le froid estia cause du phénomène. L'auteur a prouvé par une expérience directe qu'il n'en est rien; jamais d'ailleurs le froid n'a décoloré une solution de chlorophylle en l'absence de la lumière. Cependant il reconnait que la chaleur, méme en l'absence de la lumière, suffit pour rendre aux feuilles de Sapin leur coloration estivale. La solu- lion alcoolique des feuilles décolorées de Thuja est jaune, et d'un brun rouge par transparence quand la tranche de liquide est épaisse. Mais si l'on traite par l'acide sulfurique, et qu'après évaporation on reprenne le résultat par l'alcool, la solution devient alors bleue sous l'influence de l'oxyde de zinc uni à la potasse, et la coloration bleue augmente d’inten- sité par son exposition à l'air. Ces résultats coincident avec ceux de M. Krauss. Ils paraissent destinés à conduire un jour à la conviction que les matiéres bleues ou jaunes dérivées de la chlorophylle ne s'écartent de celle-ci que par des différences d'oxydation. L'auteur soumet ensuite à des observations critiques les résultats obte- nus par M. Pringsheim (3), ainsi que ceux de M. Wiesner (4). Il s'occupe encore de l'assimilation, dont on ne pourra donner la théorie complète que quand on connaitra la coustitution exacte de la chlorophylle et de ses modifications; puis de la décoloration de cette substance, que détermi- nent les agents les plus divers (la lumière, un séjour prolongé dans l'obs- (1) Nous rendrons compte ultérieurement de la suite de ces recherches. (2) Botanische Zeitung, 1867, n" 29 et 30. (3) Voy. le Bulletin, t. xxu (Revue), p. 38. (4) Voy. plus haut, p. 16. 176 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. curité, tous les acides forts, l'hypermanganate de potasse, et une augmen- lation de température en présence d'un amalgame de soude). La fin du mémoire de M. Askenasy est consacrée à l'étude de certaines colorations rouges qui se développent dans les cellules de l'épiderme ou daus le tissu intérieur des feuilles sous les mémes influences que la déco- loration des Thuja. Die natürlichen Einrichtungen zum Schutze des Chlo- rophylls der lebenden Pflanze (Les dispositions prises par la nature pour protéger la chlorophylle de la plante vivante) : par M. Ju- lius Wiesner. In-4° de 31 pages, Vienne, 1876, publié par la Société zoologico-botanique. En commission chez F. A. Brockhaus, à Leipzig. L'auteur parait avoir discuté dans ce mémoire certains points de théorie plutôt qu'avoir rapporté le résultat d'expériences personnelles (1). Il examine d'abord dans quelles conditions a lieu la destruction dela chloro- phylle. I existe de nombreux agents chimiques qui décomposent cette sub- stance quand ils sont mis en contact immédiat avec elle. L'auteur n’examine que ceux qui l'aecompagnent dans les tissus végétaux : les acides orga- niques et les sels à acides organiques, le tannin et certaines huiles éthé- rées. L'action de ces corps doit être jugée sur les solutions de chlorophylle; quand on l'a reconnue, quand on songe qu'elle ne s'exerce point dans les feuilles où quelques-uns de ces corps coexistent avec la chlorophylle, on se convaine par cela méme qu'il doit exister une cause capable d'en em- pêcher l'action daus les cellules vivantes : cette cause, c'est le protoplasma, que ne peuvent traverser certains des agents nuisibles dont le contact détruirait la chlorophyle, du moins les acides et les sels. L'auteur regarde la méme conclusion comme trés-probable pour ce qui regarde l'action du tannin. Quand des feuilles vertes de Chéne ou de Saule, qui renferment une quantité notable de cette substance, ont été cuites, elles brunissent ; le protoplasma, étant tué par l'ébullition, ne peut plus garantir la chloro- phylle contre l'action du tannin, qui la fait brunir (2). L'essence de térébenthine détruit. la chlorophy!le, méme en l'absence de la lumière, pourvu que l'oxygéne seconde cette action. Ceite essence ne se trouve jamais, d'ailleurs, dans les mêmes organes que ceux qui con- tiennent la chlorophylle, et la térébenthine ne peut pas plus que les corps précédemment étudiés traverser le protoplasma. L'auteur attribue à une cause analogue, c'est-à-dire à la mort du proto- © (D Ces expériences ont été exposées par l'auteur dans un mémoire antérieur aualysé ici méme, il y a quelques mois (voy. plus haut, p. 16). (2) La légère différence chimique qui existe entre le tannin des noix de galle, celui de Vécoree et celui des feuilles de Chène, peut être né gligée dans cette discussion. Voyez d'ailleurs, sur les caractères du. tannin du Chène, un mémoire assez récent de M.0ser, daus les Comptes rendus de l'Académie de Vienne, 2* section, juin 1875, p. 229. . amt REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 177 plasma, la décoloration des feuilles qui se produit aprés leur chute, et celle des fruits, qui a lieu à leur maturité. Dans un autre chapitre, l'auteur étudie la décoloration de la chloro- phylle produite par la lumière dans la plante vivante. Il ne s'agit pas là, on doit le dire d'abord, du changement de situation. déterminé par la lumière sur les grains de chlorophylle, qui se transportent pour la fuir sur les parties latérales des cellules, mais de faits dont l'observation première remonte à M. de Mohl (1). M. Wiesner entre dans de grands détails pour expliquer comment les végétaux sont garantis ou se garantissent contre cette action de la lumiére (épaisseur de l'épiderme, plissement des jeunes feuilles au sortir de l'embryon ou du bourgeon, inclinaison des feuilles par rapport à la lumiére incidente, appendices pileux (2), organes de pro- tection). Il faudrait d'ailleurs tenir compte, pour apprécier l'action de la lumiére, de ce que la destruction et la production dela chlorophylle ont lieu simultanément sous un éclairage modéré (3). Ucber den Finfluss des Lichtes auf die Farbe der Blü- then (De l'influence de la lumière sur la coloration des fleurs); par M. E. Askenasy (Botanische Zeitung, 1876, n° 1 et 2). M. Askenasy a étudié dans diverses conditions d'éclairage une assez grande quantité de fleurs colorées. Ses observations montrent, dit-il, que certaines fleurs ont besoin de la lumiére pour conserver leur coloration normale, tandis que d'autres peuvent s'en passer. On ne sait pas encore sur quoi cette différence est fondée, et de nombreuses expériences se- raient nécessaires pour porter la lumiére dans les phénoménes de cette nature. Pour la décoloration des fleurs obtenues dans l'obscurité, on pour- rait l'expliquer par une nutrition insuffisante, si les végétaux expérimentés n'avaient pas renfermé dans leurs parties souterraines d'abondants réser- voirs de matières nutritives ; méme, d’après la manière dont certaines des expériences ont été conduites, les jets dont les fleurs s'épanouissaient à l'obscurité communiquaient avec des jets qui fleurissaient à l'air libre, d’où ils auraient pu recevoir les substances nécessaires à leur nutrition. D'ailleurs les fleurs qui subissaient la décoloration conservaient leur forme et leur grandeur. Il y a un fait collatéral à celui-là, qui n'a pas encore été (1) Untersuchungen über die winterliche Färbung der Blätter. Voyez aussi Askenasy, Bot. Zeit., 1867, p 229. (2) Ces appendices, ordinairement réservés ou plus abondants à la fac^ inférieure du limbe, se présentent aussi sur la face supérieure, quand celle-ci n'offre pas de plis dans le jeune âge de la feuille (Tussilago Farfara). Ce revêtement disparaît dans certains cas, quand la chlorophylle est développée et a pris une couleur intense. Ajoutons que les poils grisàtres si abondants sur les plantes désertiques, qu'ils donnent à l'ensemble de leur végétation un aspect spécial, et qu'on croit chargés d'empécher une trop grande *vaporation, pourraient bien n'étre placés là par la nature que pour garantir la chlo- rophylle contre une action exagérće des rayons solaires. (3) Voyez plus haut, p. 17. T. XXII. (REVUE) 12 178 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. expliqué d'une manière satisfaisante : c'est que les fleurs de beaucoup de plantes (Tropæolum, Phaseolus, Cucurbita) sont frappées d'un arrêt de développement quand les pieds qui les portent sont transportés dans un lieu obscur, sans qu'il en soit de méme des organes de végétation. Het Wezen der Lenticellen en hare Vespreiding in het Plantenrijk (Le rôle des l'nticelles et leur diffusion dans le regne tégétal) ; par M. Ian Constantijn Costerus. In-8° de 60 pages, avec une planche. Utrecht, chez Bosch et Zoon, 1875. Voici les résultats exposés par l'auteur lui-méme de cette dissertation inaugurale, à la page 57 de son travail : 1. Les lenticelles se trouvent chez les Dicotylés, les Gymnospermes, les Monocotylés et les Cryptogames. — 2. Habituellement elles se rencontrent sur des parties qui sont recouvertes d'un épiderme épais ou de couches de périderme bien fermées. — 3. Quand il existe des stomates, les len- ticelles se forment au-dessous d'eux ; quand les stomates manquent, elles se produisent sur des points non déterminés au-dessous de l'épiderme ou du périderme. — 4. La formation des lenticelles ne dépend point de la mort ou de la blessure accidentelle d'organes pileux. — 5. Les éléments de ces corpuscules sont généralement arrondis et ne s'adaptent pas parfaite- ment les uns aux autres, tandis que ceux du périderme ou du liége sont polyédriques et se correspondent sans interposition d'aucun rayon médul- laire. — 6. La pression à laquelle sont exposés les éléments des lenticelles est sujette à des alternatives, en vertu desquelles ces éléments prennent des parois tantôt minces, tantôt épaisses. Chez nos plantes indigènes, ce sont ordinairement, à l'approche de l'hiver, des parois épaisses ; chez les plantes des pays chauds, les deux sortes d'élémentsse mélangent en tout temps. — 7. La production de gaz par les lenticelles est soumise aux mêmes alternatives, et cesse temporairement quand ces organes pren- nent des parois épaisses. — 8. La comparaison du tissu de la zone phel- logène et de celui des lenticelles, la ressemblance des deux, le fait que les éléments des lenticelles naissent de cette zone, et inversement les cel- lules polyédriques à parois épaisses du tissu des lenticelles, prouvent que ces deux sortes d'éléments sont toutes deux les produits d'une formation corticale qui d'abord constitue une enveloppe protectrice, le périderme, et ensuite un tissu làche muni de canaux à air. Beiträge zur Kenntniss der Lenticellen ; par M. Gottlieb Haberlandt (Sitzungsberichte der Kais. Akad. der Wissenschaften, 1" série, 1875, pp. 175-203). L'auteur étudie d'abord les lenticelles des feuilles, qui sont à peu d'exceptions prés plus petits que celles des rameaux de la méme plante. Leur état complet s? fait attendre trés-longtemps, soit parce que leur déve- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 179 loppement a commencé tard, soit parce qu'il est lent de sa nature ; etleurs dimensions ne sont jamais assez considérables pour faire éclater l'épi- derme au-dessus d'eux. Dans un second chapitre, M. Haberlandt examine les fonctions des lenticelles. Ces organes, dit-il, sur les organes verts privés de périderme, naissent pour protéger le tissu fondamental situé au- dessous d'eux. Ils diminuent la transpiration et suppriment complétement tout contact direct du tissu fondamental avec l'air atmosphérique. Au contraire, sur les rameaux qui possèdent un périderme, les lenticelles éta- blissent une communication entre les espaces intercellulaires du paren- chyme cortical et l'air atmosphérique ; et l'influence qu'elles exercent alors sur la transpiration des rameaux est considérable. L'auteur a reconnu ce fait par des expériences dans lesquelles tantôt il laissait libre la surface des lenticelles, tantôt il l'obturait avec une matière agglutinante. Dans un dernier chapitre, il examine la répartilion de ces organes, qui sont, sur la face inférieure des rameaux horizontaux, toujours plus nombreux que sur la face supérieure; ce rapport ne change ni avec l'espece, ni avec l'àge des rameaux. On the Polynesian Ferns of the « Challenger » Expedition ; par M. J. G. Baker (Journal of the Linnean Society, vol. xv) ; tirage à part en brochure in-8° de 9 pages. Les nouveautés signalées dans ce travail sont les suivantes : Cyathea Moseleyi, des iles de l'Amirauté, voisin du C. propinqua Mett.; Alsophila polyphlebia, des iles Aru; Hymenophyllum (Leptocionium) polyodon, des iles de l'Amirauté, intermédiaire entre PH. tunbridgense et VH. multifi- dum ; Nephrodium microchlamys, de la petite Kei, qui offre le port du N. molle ; Polypodium (Niphobolus) macropodum, des iles Aru; P. (Ni- phobolus) pachydermum, dela petite Kei; Polypodium (Phymatodes) millesorum, voisin du P. irioides; P. (Phymatodes) rampans, trés-voisin du P. lycopodioides ; Polypodium (Pleuridium) phlebiscopum, voisin du P. selligueoides, du sommet de Ternate ; Polypodium (Pleuridium) Mose- leyi, de la méme ile, voisin du P. palmatum ; Acrostichum (Photino- pteris) Thomsoni, des iles de l'Amirauté, voisin de l'A. drynarioides. On a Collection of Ferns made by Mr. William Pool in the interior of Madagascar ; par M. J. G. Baker (Journal of the Linnean Society, vol. xv); tirage à part en brochure in-8° de 12 pages. Cette collection contient 114 espèces, dont 28 nouveautés, ce qui est considérable pour la famille des Fougéres. Ces nouveautés sont les sui- vantes : Cyathea appendiculata, C. quadrata, voisins du C. canaliculata; C. discolor, voisin du C. dealbata ; Alsophila bullata, A. vestita, voisin de l'A. paleolata de l'Amérique méridionale; Hymenophyllum Poolii ; Lonchitis polypus : Pteris macrodon, P. (Litobrochia) platyodon; Lomaria 180 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. pubescens, L. biformis ; Asplenium Poolii, A. (Diplazium) madagasca- riense, A. (Diplazium) nemorale, voisin comme le précédent du Dipla- zium comorense Baker; Nephrodium (Lastrea) parallelum, N. (Lastrea) fibrillosum, analogue par son port au N. truncatum ; N. (Lastrea) Sewel- lii; Polypodium Poolii, voisin du P. Sprucei; P. subpinnatum, voisin du P. villosissimum; P. deltodon, voisin du P. repandulum de l'Inde; P. de- volutum, voisin des P. suspensum et celebicum ; P. (Niphobolus) fissum, P. (Phymatodes) bullatum; Acrostichum schizolepis, Platycerium mada- gascariense et Lycopodium Pecten. — Il est à remarquer que, prises dans leur ensemble, les différentes relations de ces espéces nouvelles ne tra- hissent point une affinité géographique spéciale, et que l'on trouve aussi dans la liste de M. Baker des espéces européennes, telles que l'Asplenium Trichomanes, le Nephrodium Filix mas et V Aspidium aculeatum. Ueber die Respiration von Wasserpflanzen (Sur la respira- tion des plantes aquatiques) ; par M. J. Bæhm (Sitzungsberichte der Kais. Akademie der Wissenschaften, 1** série, mai 1875, pp. 694-701). M. Behm avoue lui-même n'étre parvenu sur ce sujet, malgré des recherches antérieures (1), qu'à des résultats incomplets; il les précise cependant dans les termes suivants : 1. La quantité d'oxygéne employée pour la respiration des plantes aqua- tiques est bien plus faible, toutes choses égales d'ailleurs, que celle que nécessitent les plantes terrestres. — 2. Les plantes aquatiques placées dans une atmosphère dépourvue d'oxygéne, mais d'ailleurs indifférente, continuent à produire de l'acide carbonique par respiration interne, mais en quantité bien moins considérable que ne le font les plantes terrestres dans les mémes circonstances. Ueber eine mit Wasserstoffabsorption verbundene Gáh- rung (Sur une fermentation liée à l'absorption de l'hydrogéne) ; par M. Joseph Bœhm (ibid., pp. 102-711). 1. Les plantes aquatiques mortes ont la propriété d'absorber de l'hy- drogène.— 2. Cette absorption d'hydrogène cesse quand les plantes mises en expérience sont chauffées à 60° ou 80° C., dans des vases reposant sur le mercure. Quand les plantes sont remises à l'air, elles reprennent la faculté d'absorber l'hydrogéne pendant la continuation de l'expérience. L'absorption d'hydrogéne doit donc, d’après l'état actuel de la science, étre considérée comme l'expression d'une fermentation. Dans cet état, les plantes aquatiques mortes ont une réaction alcaline. — 3. Beaucoup de plantes aquatiques, par exemple le Fontinalis et le Ranunculus aqua- tilis, présentent, quand elles sont cuites et plongées encore chaudes dans le gaz hydrogène, dont le dégagement continue, les phénomènes de la (1) Voy. le Bulletin, t. xx1 (Revue), pp. 52,53. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. Is fermentation butyrique, etc. — 4. Un gramme de filaments d'OEdogoniwm desséchés, pesé froid, absorbe plus de 40 c. c. d'hydrogène. Si les plantes aquatiques. (Spirogyra) tuées par la dessiccation sont placées encore humides dans l'oxygéne pur, on les voit absorber environ la cinquième partie du gaz employé à la formation de l'acide carbonique. — 5. Dans un mélange d'oxygéne et d'hydrogène, l'absorption de ce dernier gaz s'ar- rête jusqu'à ce que tout l'oxygène ait disparu, soit absorbé, soit employé à la formation d'acide carbonique. — 6. Chez les plantes terrestres, on n'a observé jusqu'à ce jour aucune absorption d'hydrogéne. Il semble que cette absorption soit réservée aux plantes qui peuvent, dans les marécages, fournir la fermentation dont le produit est le gaz des marais. Sulla presenza costante dell idrogene tra i prodotti della fermentazione alcoolica ; par M. G. Cugini (extrait dela première année du journal la Scienza applicata) ; tirage à part en brochure in-8° de 9 pages. La Scienza applicata, dirigée par M. le docteur Cugini, se publie depuis un an à Bologne. Ce savant a reconnu qu'il y a dans la fermentation al- coolique un dégagement d'hydrogéne, et propose, pour l'expliquer, une nouvelle équation de cette fermentation. Il eroit que l'émission de ce gaz n'est pas particulière aux espèces du genre Saccharomyces, mais qu'elle est commune à tous les Champignons qui végétent dans une atmosphère confinée et privée d'oxygène. Zur Synonymie einiger Zppocraltea-Arten ; par M. J. Pes- ritsch (Sitzungsberichte der Kais. Akademie der Wissenschaften, 1'* sé- rie, 1874, pp. 401-423). Ce mémoire est une critique de la monographie de M. Miers, faite à l'aide des nombreux matériaux que M. Peyritsch a eus à sa disposition en préparant les Hippocratéacées pour le Flora brasiliensis. Malheureuse- ment cette longue critique ne consiste qu'en observations de détail, impos- sibles à reproduire. Nous devons à regret nous borner à constater d'abord que M. Peyritsch a une grande tendance à la réunion des types, et ensuite que l'on ne pourra s'occuper du genre Hippocratea sans consulter son mémoire. Ueber die genetische Gliederung der Cap-Flora (Sur les relations généalogiques de la flore du Cap); par M. C. d'Ettingshausen (Sitzungsberichte der Kais. Akademie der Wissenschaften, 1'* série, mai 1875, pp. 613-638). Ce mémoire se rattache à ceux du méme auteur que nous avons ana- lysés l'an dernier (voy. t. xxi, Revue, pp. 72 et 13). Le savant paléonto- logiste de Vienne a trouvé, parmi des fossiles de la Styrie et d'autres divi- 182 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sions de l'empire austro-hongrois, appartenant aux couches tertiaires, des types qui appartiennent à des genres de l'Alrique méridionale, ou sont méme trés-voisins d'espéces qui vivent aujourd'hui dans cette partie du monde. Des découvertes analogues ont été faites, dans les terrains ter- tiaires toujours, en Suisse par M. Heer, eu Provence par M. de Saporta, dans l'Eubée par M. Unger. Bien entendu, M. d'Ettingshausen ne peut admettre que les types du Cap soient venus de ce pays en Europe, à l'épo- que tertiaire ; c'est l'hypothése contraire qui lui parait vraisemblable. Il nous reste méme encore, surtout dans la région méditerranéenne, des représentants de cet « élément accessoire sud-africain de la flore ter- liaire ». Mais on en trouve aussi ailleurs, par exemple les Hermannia au Mexique, les Crassulacées au Brésil, les Ficoides dans la Nouvelle-Hollande, les Melianthus dans l'Inde orientale et les Zygophyllum dans l'Asie cen- trale : cet élément s'est produit en Europe, au commencement de l'épo- que tertiaire, mais à partir de l'étage pliocène il a commencé à céder la place. M. d'Ettingshausen énumère les familles et les genres spéciaux ou carac- téristiques de la flore du Cap. Ensuite il fait remarquer que méme dans ce pays nombre d'éléments étrangers à sa flore, telle que nous la concevons et distinguons dans nos livres, y représentent les autres principales flores du globe. Cela prouverait qu'à l'époque tertiaire il y avait au Cap un mélange de types analogue à celui de la végétation tertiaire de l'Europe, et que par suite des changements de climats, l'un des éléments floraux de ce mélange a pris un développement prédominant, celui qui constitue aujourd'hui la « Flore du Cap » proprement dite, tandis qu'en Europe c'est un autre des éléments floraux tertiaires qui a rempli la scène moderne. Die genetische Gliederung der Flora Australiens (Les re- lations généalogiques de la flore d' Australie) ; par M. C. d'Ettingshausen (ibid., janvier 1874, pp. 512-550). Chaque flore naturelle se compose de membres floraux (Florenglie- dern) qui sont nés de la distinction établie par la nature entre les élé- ments floraux correspondants (1). La flore australienne contient des membres fort différénts, c'est-à-dire des types de l'Australie, de l'Inde orientale, de l'Océanie, de l'Amérique, de l'Afrique et même de l'Europe. — Ces membres de la flore ont procédé dans leur développement des éléments floraux analogues, dont chacun a mis au jour une postérité embrassant les divisions principales du règne végétal; la variété de la flore totale résulte du perfectionnement respectif de chacun de ses mem- bres. — Le degré de développement auquel les éléments floraux sont parvenus dans les diverses régions de l'Australie est relativement différeut, (1) Voy. t. xxu (Revue), pp. 71 et 72. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 185 ainsi que leur évolution en membres de la flore. Le type dominant se montre partout, mais surtout dans l'Australie occidentale; c'est dans l'Australie tropicale qu'il est le plus faible. — L'élément australien do:t à l'époque tertiaire avoir eu en Australie méme un plus grand développe- ment qu'en Europe, oü il n'avait qu'une importance accessoire. Son exten- sion actuelle embrasse d'une maniére incomparablement plus large l'en- semble des divisions du règne végétal, puisqu'il possède des familles entières qui manquent aux autres membres de la flore australienne, et qu'il offre plus de richesse dans beaucoup de familles dont ces derniers sont pourvus. — L'auteur examine ensuite, à l'aide de catalogues de genres, l'importance que présente dans la flore australienne chacun des types accessoires de cette flore. Le plus important d'entre eux est selon lui le type de l'Inde orientale : c'est dans l'Australie tropicale qu'il est le plus richement développé. Le type océanien atteint au contraire son épa- nouissement particulier dans l'Australie orientale. ke type américain ap- partient surtout à la région tropicale, le type européen à la cóte orientale, représenté surtout par des genres monopétales ; la région méditerranéenne y prend dans l'ensemble de ce type une valeur particuliére par les genres Frankenia, Lavatera, Trigonella, Glycyrrhiza, Leuzea, Erythrea, Ro- chelia et Asperula.— De même qu’en Europe, il est de toute vraisemblance que dans la Nouvelle-Hollande les éléments de la flore ne sont pas du même âge ; l’origine aussi bien que les phases progressives ou régressives de ces divers éléments n’ont pas eu lieu à des époques correspondantes. En Europe, les types floraux accessoires, le type australien et le type sino- japonais, remontent à la période crétacée. Mais tandis que le premier a atteint son grand développement depuis l'époque éocène jusqu'au milieu de la période miocène, le second est resté en retard dans l'éocéne, pour évoluer plus longuement que dans le miocéne inférieur, et atteindre son maximum dans l'étage de Lausanne. Tandis encore que le type principal de la flore européenne s’est déterminé après la terminaison de la période crétacée, n'a été que très-clair-semé dans le tongrien et a progressé jus- qu'à l'époque actuelle, l'élément américain, au contraire, était né avant la fin de la période crétacée et avait pris son extension la plus large du miocène moyen au miocène supérieur inclusivement. C’est ce qui explique pourquoi la flore tertiaire de l’Europe est plus rapprochée de la flore ac- tuelle de l'Amérique du Nord et du Mexique que de celle de l'Europe. — En terminant, M. d'Ettingshausen regrette avec raison l'insuffisance des données paléontologiques (1). (1) Ce mémoire a été publié avec des développements plus considérables dans les Denkschriften de l'Académie de Vienne en 1875. 184 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Vergrünungsgeschichte der Eichen von Alliaria offici- natis (Étude de la virescence des ovules de l'Aliaria) ; par M. Lad. Celakovsky (Botanische Zeitung, 4815, n° 9, 10, 11 et 12). Une plauche entière est employée par M. Celakovsky à figurer les divers états anomaux observés par lui sur les ovules de l Alliaria. Ces anomalies peuvent en général se résumer dans la production d'un petit limbe pédon- culé et diversement découpé à la base et sur la partie médiane duquel il existe un mamelon qui rappelle le nucelle. Aprés avoir décrit ces diverses monstruosités et rappelé celles qu'il a déjà observées sur les Anagallis (Flora, 1874, n°13), il traite de la manière théorique de considérer l'ovule. On a fait valoir, en faveur de la théorie qui considére l'ovule comme un bourgeon, les monstruosités qui montrent l'ovule transformé eu un petit rameau muni de feuilles; on a pensé que ce rameau était le nucelle, allongé en axe, et qui par conséquent serait de nature axile. Mais a-t-on établi que le lieu d'origine de l'axe du rameau ovulaire chloranthié füt le méme que celui du nucelle, avant de proclamer cette identité? Dans le plus grand nombre des cas, dit M. Celakovsky, l'origine du rameau chlo- ranthié est située plus bas que celle du nucelle; et méme il represente dans une de ses figures un nucelle bien évident et recourbé (il s'agit d'une Crucifère) situé plus haut que le bourgeon. Il n'est donc pas possible de confondre le nucelle avec l'axe de formation anomale. Zur Discussion über das Eichen; par M. L. Celakovsky (Bota- nische Zeitung, 1815, n° 13 et 14). Dans ce second mémoire, l'auteur entre encore plus avant dans la dis- cussion des théories relatives à la nature de l'ovule. I] énumère les rai- sons données en faveur de la théorie de l'ovule-bourgeon, la ressemblance extérieure de l'ovule et de ses tuniques avec un bourgeon, la situation ter- ininale de beaucoup d'ovules, l'insertion du nucelle sur le sommet et des tuniques à la base du mamelon ovulaire, les transformations foliacées de l'ovule, la structure spéciale des Cycadées. M. Celakovsky discute chacune de ces raisons et se flatte d'établir qu'aucune d'elles n'est fondée, et que la théorie qu'il combat est surtout établie sur une confusion faite entre une production nouvelle, terminale, et la véritable terminaison d'un axe préexistant. Au contraire il arrive par trois méthodes différentes à dé- montrer l'exactitude de la théorie de M. Brongniart, fortifiée non-seule- ment par ses propres observations, mais par celles de MM. Caspary, Cramer et Warming. Die Frage nach der €ymnospermie der Cycadeen, erläu- tert durch die Stellung dieser Familie im Stufengang des Gewächsreichs (La question de la jymnospermie des Cycadées, éclaircie par la situa- Gon de cette famille sur l'échelle du regne végétal; ; par M. M. Braun REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 189 (extrait du Monatsbericht der Königlichen Akademie der Wissenschaf- ten zu Berlin, avril 1875) ; tirage à part en brochure in-8°, pp. 241- 311). Le grand mémoire que M. Braun a publié sous ce titre touche à presque toutes les questions les plus controversées actuellement, et avec une grande hauteur de vues. Dans l'impossibilité de le suivre dans toutes ses consé- quences et ses allusions, nous nous bornerons à ce qui en fait. l'essence. Comme les enveloppes du nucelle des Coniféres, des Gnétacées et des Cycadées, dont la nature est contestée par les partisans et les adversaires de la théorie gymnospermique, offrent dans leur structure, aussi bien que dans leur mode de développement, la plus grande ressemblance avec d'autres formations indubitablement foliacées, on ne peut recourir pour l'élucidation de la difficulté ni à l'examen parfait, ni aux recherches d'or- ganogénie ; il faut s'en remettre à la comparaison des Cycadées, qui sont surtout en question, avec les autres grandes divisions du régne végétal, et faire, à ce point de vue particulier, encore une application de la méthode naturelle. A ce propos, M. Braun entame une longue comparaison de la méthode naturelle avec les autres procédés d'investigation habituels aux naturalistes, et surtout aux botanistes. Il résulte de cette digression que la méthode naturelle est à proprement parler la seule digne du nom de méthode. La méthode phylogénétique (1), partout où nous pouvons l'employer, se réduit à une étude morphologique, et n'a de points d'al- lache directs qu'avec la paléontologie et l'élevage. M. Celakovsky croit pouvoir lui substituer la méthode organogénique, qui du reste n’en diffé- rerait pas essentiellement. M. Braun répond que l'organogénie a besoid elle-méme d'une méthode pour conduire à quelque résultat ; il est sévère pour certains travaux modernes qui doivent leur origine à l'étude du « voir venir », et qui, méme soignés, se bornent à esquisser leur sujel sous une seule face. La théorie des métamorphoses n'est encore qu'un côté de la morphologie comparée ; c'est la méme que M. Celakovsky a tenté de rajeu- nir sous le nom de Vergrünungsmethode. Aprés cette discussion générale, que nous abrégeons considérablement, M. Braun entre dans le vif de son sujet. Il n'a pas de peine à établir que les Cryptogames et les Phanérogames étant séparés par un large hiatus de la nature, les Cycadées sont placées du cóté des Phanérogames, mais sur la rive. Il ajoute, ce qu'on enregistrera comme un aveu important, qu'au- cun type paléontologique ne peut servir de pont sur le fossé. Mais si les Cycadées sont pour lui des Phanérogames, elles ne sont point des Dicoty- lédones. (1) C'est la première fois que ce mot parait dans la Revue. Il a été, croyons-nous, employé d'abord par M. Strasburger, en 1874, dans son grand mémoire sur les Coni- feres. De QUAov, race, genre, el de yévest;, ce terme est tout simplement l'équivalent abrégé de « théorie de la descendance ». 186 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ll entre longuement dans l'examen de la structure détaillée de chacun de leurs organes, et, suivant le principe qui le guide dans son mé- moire entier, cherche dans la structure des Conifères des renseignements sur certains points encore mal éclaireis dans celle des Cycadées. Le pollen multiloculaire des Cycadées, analogue aux microsporanges des Rhi- zocarpées, les rapproche des Cryptogames supérieurs plus que leurs or- ganes femelles. Quant à ceux-ci, M. Braun énumère et méme fortifie les raisons qui militent contre la gymnospermie, et cela surtout d'aprés l'exa- men des Conifères. Le tégument de l'ovule des Cycadées, d’après des ob- servations faites sur plusieurs espèces de Zamia, commencerait par trois ou quatre origines distinctes (Primordien). Il attribue cette enveloppe à des feuilles carpellaires, et non-seulement à cause de son mode de déve- loppement (qui procède ordinairement par deux points d’origine opposés), mais par la difficulté qu'on éprouve, quand on regarde les ovules des Coni- feres comme des ovules nus, à trouver en dehors d'eux toujours une feuille carpellaire correspondante. Si la gymnospermie était vraie, celte feuille ne devrait-elle pas avoir simplement et constamment la méme forme? Quand l'ovule devient terminal, comme dans les Taæus et les Torreya, il n'y a plus rien qui ressemble à la feuille carpellaire étalée, et les deux lèvres de l'enveloppe la plus extérieure de l'ovule sont en croix avec les deux derniéres feuilles supérieures du rameau, ce qui semble bien les signaler comme deux feuilles ovariennes. Pour les Gnétacées, la question est, on lesait, bien plus facile à cause de l'existence de plusieurs enveloppes, et il est méme probable que si parmi les anciens Gymno- spermes on n'eùt connu que les Gnetum, il n'eüt jamais été question de la théorie de la gymnospermie. Cependant M. Braun insinue que l'enveloppe extérieure des Gnétacées, dépourvue de stigmate, ne représente guére qu'un périgone, et laisse par conséquent la question indécise. Il cherche à prouver par des raisons réellement phylogénétiques que l'ovule nait toujours d'une feuille. Il en est bien certainement ainsi de l’ovule neutre des Cryptogames supérieurs, c'est-à-dire du sporange des Fougères (1), qui contient en puissance les deux sexes. Il en est de méme chez les Phanérogames du pollen qui naît de la feuille staminale, et de l'ovule qui nait de la feuille carpellaire. D'ailleurs les Cycadées, placées à la limite des Phanérogames, du côté des Crypto- games, sont évidemment plus rapprochées, parmi ces derniers, des Fou- gères que de tout autre ordre, et il ya des Cycadées dont l'ovule n'a pas méme de tégument du tout; on n'y saurait voir un ovaire. La méthode naturelle procédant, par transitions graduées, doit nous faire concevolr qu'après la fronde des Fougères produisant des sporauges uus (2) il a dü (1) Cela pourrait se dire encore mieux de la spore. 2 E H ' D x sr: H (2) L indusium uest qu'un soulèvement de l'épiderme, persistant où non. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 187 exister des feuilles carpellaires proprement dites, mais encore ouvertes autour de l'organe femelle. M. Celakovsky supposait que ce type avait dü exister dans les périodes géologiques antérieures ; M. Braun croit qu'il existe encore dans la période actuelle et qu'il est représenté par les Cyca- dées. On voit que les raisons par lesquelles il appuie la gymnospermie sont à peu prés purement philosophiques. En terminant, il déerit trois Cycadées nouvelles, de la Nouvelle-Gre- nade, qui ont été introduites par le collecteur Wallis dans l'établissement de M. Veitch. Zur Teratologie der Ovula; par M. J. Peyritsch. In-4° de 25 pages, avec 3 planches lithographiées. Vienne, 1876. En commission chez F. A. Brockhaus à Leipzig. Un mémoire de M. Cramer, que nous avons analysé il y a longtemps (t. xi, p. 198), contenait l'histoire dela théorie ovulaire, qui remonte, comme on sait, aux travaux de Reissek et de M. Brongniart, et qui suscite encore aujourd'hui de nombreux mémoires. Les uns regardent les forma- tions ovulaires comme de nature purement foliacées, les autres se re- fusent à ne pas y voir au moins un élément axile. On s’est généralement adressé aux faits tératologiques, suivant une méthode blàmée par quel- ques-uns. M. Peyritsch a cherché à la méme source de nouvelles indica- lions. Il a étudié principalement des chloranthies. Des monstruosités ont été observées par lui sur les plantes suivantes : Scrofularia nodosa, Sta- chys palustris, Myosotis palustris, Rumex scutatus, Arabis hirsuta, Sisymbrium Alliaria, Cheiranthus fruticosus et Salix Caprea. Quant à sa conclusion, M. Pevritseh n'en donne aucune qui soit bien nette. Il admet deux types ovulaires. Dans l'un, l'axe formerait la plus grande partie de l'ovule ; dans l'autre, ce serait au contraire la feuille, et il exis- terait de nombreuses transitions entre ces cas extrêmes. Il fait observer d'ailleurs que l'axe et la feuille n'ont pas des valeurs morphologiques absolues. Le nucelle serait l'axe de l'ovule, si l'on tient à considérer ce dernier comme un bourgeon, et les téguments en seraient les feuilles. Dans cette dernière hypothèse, comment se fait-il qu'il ne se montre pas plus souvent deux feuilles au lieu d'une à la base de l'ovule virescent, quand il y a tant de plantes chez lesquelles le jeune rameau débute par deux feuilles opposées? Ce serait particulièrement vrai des Labiées. Si leur ovule était un bourgeon, il devrait avoir deux téguments au lieu d'un seul. M. Peyritsch affirme que rien dans l'étude organogénique non. plus que dans l'étude histologique ne fournit un point d'appui certain à l'an- cienne théorie, d’après laquelle l'ovule serait uniquement formé de petites feuilles. Quant aux faits tératologiques, ils montrent les ovules tantôt réduits aux excroissances les. plus simples, tantôt transformés en véri- tables petits rameaux. 188 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Histoire et bibliographie de la botanique horticole en Belgique au xix’ siècle. Discours prononcé au Congrès de bota- nique horticole réuni à Bruxelles, le 1* mai 1876, par M. Éd. Morren (extrait de la Belgique horticole, 1816, p. 235) ; tirage à part en bro- chure in-8° de 21 pages. Gand, impr. Annoot-Braeckmann, 1816. Le point de départ pris par l'auteur està l'origine méme d’une ère nouvelle de prospérité et de rénovation. Le premier document coté par lui est le Catalogue des plantes du jardin botanique de Gand, par Couret-Ville- neuve (1802), la première pierre de tout l'édifice de l'horliculture scien- tifique moderne en Belgique. C'est encore à la ville de Gand que revient l'honneur d'avoir constitué la première Société libre (Société d'agriculture et de botanique), société qui ouvrit la premiére des concours internatio- naux : exemple généralement suivi dans les grandes villes de la Belgique pour la fondation de Sociétés et l'organisation des expositions. Ce zèle mis en commun aboutit à la formation de la Fédération, qui date de 1860. Pour la premiére fois en 1864, un congrés de botanique horticole a été ouvert à Druxelles, en méme temps que l'exposition internationale orga- nisée par la Société de Flore. L'élan que ces concours imprimérent au commerce des plantes donne à M. Morren l'occasion de rappeler ce qu'ont fait pour l'horticulture les voyageurs belges, et notamment M. J. Linden, dont l’activité ne cesse d'enrichir nos serres de contingents nouveaux. ll considére ensuite les ouvrages eonsacrésà l'horticulture, ceux de Drapiez, compilateur d'origine francaise, puis les divers recueils horticoles de Del- gique, dont plusieurs comptent aujourd'hui de nombreux volumes. On trouvera dans le discours de M. Morren des documents intéressants pour l'histoire de ces publications, dont les changements de nom et de rédac- teur rendent la consultation. parfois difticile. Dans une évaluation d'un caraclére nécessairement un peu approximatif, M. Morren évalue à un million et demi de francs la somme que la botanique horticole a déjà ap- pliquée, en Belgique seulement, depuis 1830, à la publication de ses archives générales ; il fait ressortir le rôle que les pouvoirs publics ont pris en soutenant cette branche de l’activité nationale, notamment par l'agrandissement du Jardin botanique de l'État à Bruxelles, si richement doté et si largement pourvu, qu'il doit prendre rang un jour parmi les établissements les plus considérables de l'Europe. Un long Index bibliographique accompagne ce Discours imprimé. Hortus botanicus Panormitanus, sive plantæ novæ vel criticæ quie in horto botanico Panormitano coluntur, descriptæ et iconibus illus- tratæ; par M. Todaro. T. 1", fascicules 1-5, chacun in-folio de 8 pages et 2 planches. Palerme, 1875. Le premier fascicule représente deux espèces établies par l'auteur, le REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 189 Biancea scandens et Erythrina insignis. Le genre Biancæa est créé pour certains Cesalpinia, tels que les C. Sappan, C. mimosoides, C. fe- rox, C. sepiaria, etc., qui devraient être placés entre les Cæsalpinia types (par ex. : le C. brasiliensis) et les Guilandina. Les fascicules ultérieurs font connaitre les plantes suivantes : Duranta stenostachya Tod., Fourcroya elegans Tod., Botryanthus breviscapus Tod., B. Sartorii Tod., Iris Statellæ Tod., Serapias elongata Tod., S. Lingua L., S. longipetala Poll., Agave cespitosa Tod. et A. micro- carpa Tod. BIBLIOGRAPHIE. Descrizione istologica del fusto della Periploca greca; par M. A. Mori (Nuovo Giornale botanico italiano, janvier 1876). Illustrazione di une Papaiacea poco nota (Vasconcellosia hastata Car.); par M. T. Caruel (ibid.). Sui fiori di Ceratophyllum ; par M. T. Caruel (ibid.). Osservazioni sul Cynomorium ; par M. T. Caruel (ibid.). Beobachtungen über die Blattgalle und deren Erzeuger (Recherches sur les galles des feuilles de la Vigne et sur les insectes qui les produi- sent); par M. le chevalier Gustave de Haimhoffen (Verhandlungen der K. K. zool.-bot. Gesellschaft in Wien, 1875, pp. 803-810).— Description du Cecidomyia ænophila, n. sp. Ueber 4 Sorten von Vanille, par M. Becker (Verhandlungen des naturhis- torischen Vereines der preussischen Rheinlande und Westfalens, 1874, Sitzungsberichte, pp. 81-83). — Des quatre sortes de Vanilles que M. le pharmacien Becker décrit, la premiére, la plus répandue, est le fruit du 'anilla planifolia Andrews, la seconde est attribuée par lui au Vanilla microcarpa Lemaire, peut-être identique avec le V. chica Rchb. f. Quant aux deux autres sortes, il n'a pu les identifier. Ueber periodische Bewegungen der Blätter (Sur les mouvements pério- diques des feuilles) ; par M. Pfeffer (ibid., Sitzungsberichte, pp. 19 et 158). — La plupart des opinions exprimées par M. Pfeffer dans ce mé- moire sont reproduites par lui dans ses Physwologische Untersuchungen. Note sur les Tulipes du Lyonnais ; par M. H. Perret (Annales de la So- ciété botanique de Lyon, troisième année, n° 2, pp. 94-95). John Joseph Bennett, Notice biographique et bibliographique, par M. William Carruthers (The Journal of Botany, avril 1876, pp. 97-105). List of the marine Algæ of the United States, with notes of new and imperfectly known Species; par M. W. G. Farlow (Proceeding of the American Academy of Arts and Sciences, nouvelle série, vol. 11, 1875, pp. 351-380). 190 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. NOUVELLES. (15 décembre 1870.) — Par décret en date du 1* octobre 1876, M. Heckel, professeur d'his- toire naturelle à l'Ecole supérieure de pharmacie de Naucy, est nommé professeur à la Faculté des sciences de Grenoble. — Par décret en date du 1° octobre 1876, M. Millardet, docteur és sciences, est nommé professeur de botanique à la Faculté des sciences de Bordeaux. — M. Éd. Tison, docteur ès sciences, a été nommé professeur de bota- nique à l'Université catholique de Paris. — M. L.-R. Tulasne a fait récemment don de sa bibliothèque à l'Uni- versité catholique de Paris. — Le 27 juin dernier est mort à Berlin le célèbre naturaliste Ehren- berg, connu par ses beaux travaux sur les êtres microscopiques, et en parti- culier sur les Diatomées. Ehrenberg était né le 19 avril 1795. — Nous devons annoncer la perte déplorable d'un jeune botaniste allemand, M. W. Velten, adjoint à l'école forestière de Vienne, qui s'est tué le 26 aoüt dernier en tombant d'un pic élevé pendant une excursion botanique dans le Tirol. — Le Stachys italica Mill., espèce nouvelle pour la flore française, a été recueilli aux environs de Marseille. Il diffère du S. germanica L. par sa tige à peine laineuse, par ses feuilles chagrinées, oblongues, obtuses el non largement ovales-lancéolées, vertes et peu laineuses en dessus; par son calice incurvé, nervié, à sépales plus longs et plus étroits; enfin par sa corolle à lévrés plus longues et divariquées. M. Honoré Roux l’a trouvé dans les lieux incultes du vallon de Peiro-Rédanne, entre Cassis et la Ciotat, le 11 juin 1871. Depuis, le S. italica a été observé sur plusieurs points des Bouches-du-Rhône. — La seconde floraison des Lilas a été observée cette année au parc de Bouilly, près Orléans, en octobre dernier. — Encore un fait de floraison anticipée, dû à la température exception- nellement douce de cet hiver. On signale, dans un jardin des environs d'Arras, un Cognassier du Japon dont les branches, à la mi-décembre, étaient entièrement recouvertes de feuilles nouvelles; entre chaque bou- quet de feuilles s'étalaient de magnifiques grappes de fleurs entièrement épanouies. — Plusieurs notes contenues dans les Verhandlungen de la Société zoologico-botanique de Vienne pour 1875 annoncent que l'on a observé dans cette ville un Saule pleureur portant sur ses branches des chatons mâles et des chatons femelles, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 491 — M. Sisley, de Lyon, vient d'introduire un Pelargonium à fleurs jau- nes: le P. oblongatum, à racine tubéreuse, à tige herbacée, fleurissant en juin et juillet. — L'Hymenophyllum tunbridgense SW. a été recueilli l'année dernière dans le Grand-Duché de Luxembourg, à Beaufort, prés de la frontière prussienne. Cette plante, découverte jadis dans cette localité par M. Du Mortier, n'y avait pas été retrouvée. — M. Boutin, ayant analysé des racines de Vignes américaines (Vitis estivalis, V. cordifolia et V. Labrusca), a reconnu que ces racines con- üennent 5 pour 100 d'un astringent, l'acide malique, qu'on ne trouve pas dans celles de notre V. vinifera. De plus les racines des cépages améri- cains renferment des principes résineux dans la proportion de 8 pour 100, et leurs écorces elles-mémes dans la proportion de 15 pour 100. M. Fabre pense que la cause de leur résistance au Phylloxera git dans ces principes résineux. Dés que la racine du cépage est piquée par l'insecte, une exsu- dation presque immédiate a lieu, les principes résineux se répandent par la piqüre, cicatrisent la blessure faite par l'insecte, et empêchent ainsi l'écoulement de la séve. — La Société hollandaise des sciences, dont le siége est à Harlem, a tenu sa 124° réunion générale, le 20 mai 1876. Dans cette réunion, la médaille d'or de la fondation Boerhaave a été décernée à M. W. Hof- meister, professeur de botanique à l'Université de Tubingue, pour ses recherches comparatives sur le développement des Cryptogames supérieurs et dés Phanérogames. — Nous avons rendu compte, il y a quelque temps (1), del'ouvrage de M. Ch. Darwin sur les Plantes insectivores. Une traduction vient d'en étre publiée en allemand par M. J. Victor Carus (Stuttgart, chez Schwei- zerbart, 1876). — La librairie Reinwald et Ci* vient de mettre en vente un nouveau volume de M. Ch. Darwin, la traduction. des Climbing Plants, qui parait en francais, sous le titre de : Les mouvements et les habitudes des plantes grimpantes, traduit par le docteur Richard Gordon et orné de 13 figures dans le texte. Ce volume sera suivi sous peu de la traduction des /nsectivorous Plants, avec laquelle il formera le complément des ou- vrages publiés par ladite librairie. — M. B. Renault a publié dernièrement in extenso, dans les Mémoires des savants étrangers, ses recherches sur le genre Botryopteris. Nous avons déjà fait connaitre (t. xxu, Revue, p. 72) en quoi consistaient essentiellement les découvertes de M. Renault, d’après le rapport élogieux de M. Brongniart. (1) Voyez le Bulletin, t. xxu (Revue), p. 2231. 192 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. — M. Éd. Morren a publié dernièrement une quatrième édition de sa Correspondance botanique. — M. O. Beccari est de retour de son voyage botanique aux Moluques et à la Nouvelle-Guinée. Aprés cinq ans d'absence, il est revenu en bonne santé à Florence, le 19 juillet dernier. — M. E. Houberdon, rue de Viller, 33, à Lunéville, est chargé de la vente d'un herbier renfermant environ 41000 espèces tant européennes qu'exotiques, formant 65 cartons ou volumes in-folio et classé d’après le système de Linné. Un catalogue manuscrit de l'herbier lui est annexé. — M. le docteur K. Prantl vient de publier chez W. Engelmann, à Leipsick, une deuxiéme édition augmentée de son Lehrbuch der. Botanik für Mittelschulen. — La Société vient de faire une perte douloureuse dans la personne de M. Thémistocle Lestiboudois, ancien conseiller d'État, ancien profes- seur de botanique à la faculté des sciences de Lille, dont le compte rendu des séances rappellera les titres scientifiques. La perte de ce savant dis- tingué ouvre une nouvelle vacance parmi les correspondants de la section de botanique de l'Académie des sciences. — L'Académie des sciences a, dans sa séance du 8 janvier, nommé M. Van Tieghem membre de l'Académie, dans la section de botanique, eu remplacement de M. Ad. Brongniart. M. Van Tieghem a obtenu 31 suffra- ges contre 27 donnés à M. Baillon. La section, par l'organe de M. Duchar- tre, avait présenté en première ligne, M. Van Tieghem ; en deuxième ligne, M. Baillon ; en troisième ligne, ex equo, MM. Bureau et Prillieux. — La vente de la bibliothèque de M. Ad. Brongniart a eu lieu en dé- cembre. Elle a produit environ 32000 francs. Le catalogue, préparé par les soins de M. le professeur Bureau et de quelques autres membres de notre Société, classé par M. l'abbé Chaboisseau, notre archiviste, a été tiré à 2500 exemplaires et adressé à lous nos membres. On a eu l'heureuse idée de faire imprimer à part la liste des prix d'adjudication, certifiée con- forme par le commissaire-priseur; elle sera adressée franco par la poste contre envoi de 60 centimes en timbres-poste, à M. Deyrolle, l'expert chargé de la vente (23, rue de la Monnaie, à Paris). Nous engageons toutes les personnes qui ont acheté des livres à cette vente à vérifier soigneuse- ment leurs prix sur cette liste authentique. Le Rédacteur de la Revue, 2. D" EUGÈNE FOURNIER. Le Secrétaire général de Ja Société, gérant du Bulletin, Ep. BUREAU. PARIS, — IMPRIMERIE E. MARTINET, RUE MIGNON, 2. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE (NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1876.) N. B. — On peut se procurer les ouvrages analysés dans cette Revue chez M. Savy, libraire de la Société botanique de France, boulevard Saint-Germain, 77, à Paris. Éléments de botanique, comprenant l'anatomie, l'organographie, la physiologie des plantes, les familles naturelles et la géographie bota- nique; par M. P. Duchartre. Deuxième édition, revue et corrigée, avec 230 figures dessinées d’après nature par A. Riocreux et intercalées dans le texte. Un volume in-8° de 1266 pages. Paris, J.-B. Bailliére et fils, 1876-1871. Comme nos lecteurs ont à peu prés tous entre les mains la première édition des Éléments de M. Duchartre, ils n'attendent pas de nous, sans doute, que nous leur fassions connaitre le plan de cet ouvrage. Nous nous bornerons à insister sur les développements considérables qu'il a reçus pour étre maintenu au courant d'une science souvent progressante, tou- jours variable. Les additions les plus considérables se trouvent dans la partie qui traitait des Cryptogames, et qui a doublé d'étendue dans cette deuxième édition. La reproduction des Nostoes par spores, les observa- tions de M. Pringsheim sur l'Hydrodictyon, celles de M. Juranyi sur la morphologie des OE dogonium, de M. Sirodot sur les Batrachospermum, de M. Cornu sur la copulation des Ulothrix et sur les Saprolegniées, de M. Pfitzer sur la reproduction des Diatomées, lui ont fourni des développe- ments dont on appréciera l'importance. L'article relatif aux Myxomycétes suggère la méme remarque. M. Duchartre admet que ces petits êtres sont des végétaux et viennent se placer tout prés des Champignons; ils for- meraient pour lui une classe particuliére qui dans la série ascendante se placerait avant ces derniers. Dans le chapitre suivant, M. Duchartre recon- nait que la théorie qui consiste à regarder un Lichen comme réunissant une Algue et un Champignon thécasporé a été rendue aujourd'hui tout au moins fort vraisemblable. La reproduction des Lycopodiacées est éclaircie à l'aide des observations de MM. Millardet et Pfeffer. Àu deuxiéme rang, sous le rapport de l'augmentation, se place le pre- mier livre, qui est relatif à l'anatomie des plantes. Le texte en a été presque enliérement remanié, et il a recu de nombreuses additions, dont les prin- cipales sont relatives : à l'organisation des cellules, à leur naissance et à T. XXIII. (REVUE) 13 194 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. leur multiplication, à leur union en tissu, à la composition chimique de leur membrane, aux marques tracées sur celle-ci, etc. ; à l'obstruction des vaisseaux par des formations cellulaires internes; à l'origine et à la structure des laticifères, ainsi qu'à leur situation dans les plantes; à la constitution et au développement de l'amidon; à linuline, à l'aleurone; à la chlorophylle envisagée quant à son état, à sa composition, à sa pré- sence dans des plantes non vertes, aux déplacements de ses grains ; aux cristaux ; à la silice ; enfin à l'épiderme. M. Duchartre a dû se prononcer sur certaines questions controversées. On enregistrera avec intérét des déclarations telles que la suivante (p. 170). « Cette division des organes végétatifs en axe et appendices, bien qu'elle ail été et soit encore tous les jours l'objet de vives critiques, est certaine- ment celle qui concorde le mieux avec la nature des choses. Je crois que, sans vouloir lui attribuer dans tous les cas sans exception une valeur rigoureusement mathématique, sans penser surtout à la baser sur un carac- tère partout et toujours absolument invariable, on doit la conserver comme la base la plus solide que nous connaissions pour un classement métho- dique et naturel des organes végétatifs. » — Et ailleurs (p. 436) : « La nature semble ne pas établir toujours une distinction rigoureuse entre les axes et les appendices, puisque, si elle fait naitre habituellement les seconds des premiers, elle fait aussi provenir, dans certains cas, les pre- miers des seconds ». M. Duchartre cite à ce propos les cas où de petits frag- ments de feuilles donnent naissance à un végétal : Cardamine, Nastur- tium, feuilles des plantes bulbeuses, Oranger, Gloxinia, Begonia, et notamment certaines Cyrtandracées, entre autres le Streptocarpus Saun- dersii Hook., qui pendant ses trois ou quatre premières années ne montre qu'une trés-grande feuille appliquée sur le sol, aprés quoi, de la cóte de cette feuille et vers sa base, naissent, l'un aprés l'autre et l'un devant l'autre, plusieurs longs rameaux qui se subdivisent. Relativement aux plantes carnivores, M. Duchartre se tient dans une réserve prudente, en l'absence d'une démonstration complète de l'absorption des produits plus ou moins liquéfiés à la surface de certaines feuilles sécrétant un liquide acide (1). L'augmentation reçue par le deuxième livre, qui traite des organes com- posés et de leurs fonctions, est moins importante. Les principales addi- tions de l'auteur s'y rapportent : 1° quant à la tige, à sa ramification, à sa structure et à son développement pendant la première année, à son accrois- sement terminal, à sa structure chez les Cycadées, chez les Monocotylé- dones susceptibles d'un grossissement continu, chez les Lycopodiacées et les Mousses, à la couche subéreuse, aux lenticelles, ete, ; 2 quant à la racine, au développement des Cuscutes, du Gui et des parasites phanéro- (1) Voyez plus haut, p. 154, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 195 games en général, à la structure et au développement tissulaires con- sidérés chez les Dicotylédones, les Monocotylédones et les Cryptogames vasculaires, à la formation première de la pilorrhize, à la production des racines secondaires et adventives, etc. ; 3° quant à la feuille, à sa structure anatomique particulièrement chez les Cryptogames, à la comparaison de ses tissus avec ceux de la tige, aux feuilles de la Sensitive, notamment à la structure de leur organe moteur, au mécanisme de leurs mouve- ments, etc. ; 4^ quant aux organes de la reproduction, au développement de l'anthére et du pollen, aux conditions qui déterminent l'émission du tube pollinique, à la nature morphologique des ovules, à la dichogamie, au di-et au trimorphisme floral, au développement tissulaire de l'embryon, à la fécondation et à l'embryogénie des Coniféres, ete. Méthode générale d'analyse du tissu des végétaux ; par M. E. Fremy (Comptes rendus, séance du 11 décembre 1876). M. Fremy précise dans ce mémoire les caractères chimiques des corps, déjà découverts par lui il y a longtemps, dont l'association organique con- stitue les tissus des végétaux, et qui sont les corps cellulosiques (cellulose, paracellulose et métacellulose), la vasculose, la cutose, la pectose, le pec- late de chaux, les substances azotées et les matières minérales diverses. La cellulose est le corps cellulosique qui se dissout immédiatement dans le réactif de Schweitzer; la paracellulose, celui qui ne s'y dissout qu'aprés l’action des acides, et qui constitue les tissus utriculaires de certaines racines, ainsi que les cellules épidermiques des fruits ; la métacellulose, insoluble dans ce réactif, mais soluble dans l'acide sulfurique à 2 atomes d'eau, se rencontre principalement dans les Champignons et les Lichens : c'est la fungine de Braconnot. Tandis que la cellulose n'est pas sensiblement altérée par les dissolu- tons alcalines, la vasculose s'y dissout sous l'influence de la pression, propriété utilisée dans la fabrication du papier de paille et de bois. La vasculose se dissout rapidement dans les corps oxydants, qui la changent en un acide résineux soluble dans les alcalis. Elle forme la partie lourde des tissus ligneux, et abonde dans les bois durs et dans les. concrétions pierreuses des poires; les coquilles de noix et de noisettes, les noyaux d'abricots en contiennent souvent plus de la moitié de leur poids. Un travail important sera publié ultérieurement sur la vasculose par M. Fremy, en collaboration avec M. Urbain. La cutose constitue la cutieule des plantes; c'est l'association de la eutose et de la vasculose qui forme le tissu décrit par M. Chevreul sous le noni de subérine. La eutose se dissout à la pression ordinaire dans les solutions étendues de potasse ou de soude ; sous l'action de l'acide azotique, elle produit de l'acide subérique. Pour séparer les trois corps dits par lui cellulosiques, M. Fremy fait 196 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. usage d'abord du réactif cuivrique et ensuite de la potasse, agissant à la pression ordinaire ou à une pression plus forte ; le premier réactif dissout la cellulose; la potasse à la pression ordinaire attaque la cutose, et dans le dernier cas la vasculose. Quant à la pectose et aux pectates, on sait que M. Fremy les a étudiés avec de grands détails daus des mémoires précédents. Recherches sur Ja structure, le mode de formation et quelques points relatifs aux fonctions des urnes chez le Nepenthes distillatoria ; par M. Faivre (extrait des Mémoires de l'Académie des sciences, belles- lettres et arts de Lyon, t. xxn); tirage à part en brochure in-4° de 39 pages avec 2 planches. Lyon, Association typographique, 1817. Les derniers documents introduits dans la science sur la structure des urnes des Nepenthes étaient dus à M. Hooker (1). La thése inaugurale de M. Wünschmann est du 18 décembre 1872. L'urne du Nepenthes, à sa face interne, comme la lame foliacée pétio- laire à sa face supérieure, a un épiderme sans stomates, deux assises cel- lulaires ; la face externe de l'urne et la face inférieure de la lame ont au contraire des stomates, et l'épiderme y présente une seule rangée de cel lules. Quant à la chlorophylle interposée entre les deux épidermes, elle est toujours plus abondante vers la face exposée à la lumiére, c'est-à-dire vers la face supérieure du limbe et vers la face externe de l'urne. Les ailes de l'urne sont des replis de l'épiderme externe et du méso- phylle de l'urne, parcourus dans leur longueur par deux faisceaux fibro- vasculaires à trachées situées vers la face interne. Le bourrelet qui entoure l'orifice est constitué par une succession de petits arceaux cornes, comme à cheval sur la paroi de lurne. L'auteur décrit des glandes en grappe qui déversent à ce niveau les produits de leur sécrétion, sans doute le liquide sucré que M. Hooker a signalé. La nervure médiane, entre le limbe qui l'émet et urne par iaquelle elle se termine, renferme, au centre, des cellules formant comme une région médullaire, qu'entoure une zone de faisceaux fibro-vasculaires peu nom- breux: l'un d'eux isolé, plus volumineux, plus central ; entre les faisceaux, uu parenchyme qui se perd dans la zone corticale, ete. Vers la base de la jeune urne, on voit au centre du parenchyme médullaire une fente étroite, première trace de la cavité de lurne, que borde bientôt une zone cellu- lure de nouvelle formation : la fente grandit, ses deux lèvres s'écar- ut, la cavité de lurne apparait bordée de son nouvel épiderme, et le parenchyme médullaire a disparu. Bieutôt on constate sur les côtés de Ja face aplatie l'apparition de deux saillies dues à un plissement du paren- (Vj Voyez le. Bulletin, t. xxu, Revue, p. 227 “ml. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 197 chyme et de l'épiderme extérieur : telle est l'origine première des ailes. À ce moment s'accuse, sur le milieu de la face antérieure de l'urne, une légère dépression, qui est l'origine de l opercule. L'urne et l'opercule ne sont jusqu'alors qu'une méme partie offrant une méme structure. Plus tard, la paroi de Purne se coupe obliquement, la valve qui s'en détache constitue l'opercule, et sur le rebord de cette urne se produit le bourrelet : les glandes de l'urne et celles du bourrelet naissent ultérieurement. M. Faivre s'est convaincu que le liquide de lurne est normalement pro- duit, comme l'ont pensé la plupart des physiologistes, par la plante elle- méme. Il a voulu examiner si l'urne est capable d'absorber du liquide versé dans son intérieur. Il dit s'étre convaincu de la réalité de ce fait par l'expérience, et avoir remarqué combien le liquide versé dans les urnes profitait à leur développement. Il a été constaté, dit-il, par un horticulteur distingué, M. Malingré, sur d'autres plantes à ascidies, les Sarracenia, que nombre de pieds étant demeurés sans arrosement, ceux-là seuls ont résisté qui présentaient des ascidies, et dont les ascidies renfermaient du liquide. Il n'est donc pas douteux, dit M. Faivre, qu'une certaine quantité de liquide ne puisse étre absorbée par la surface interne des urnes, ni que la plante ne puisse en bénéficier. Cette absorption a lieu probablement à la région glanduleuse, sans doute par la surface épidermique interglandu- laire ; en tout cas ce n’est pas par l'intermédiaire des stomates, puisque ces organes font défaut à la surface interne de l'ascidie des Nepenthes (1). La Digestion végétale. Nole sur le róle des ferments dans la nutri- tion des plantes (La Belgique horticole, 1816) ; tirage à part en brochure in-8° de 50 pages. Gand, impr. C. Annoot-Braeckman, 1876. M. Morren élargit singulièrement dans ce mémoire (2) le sujet dont il s'était occupé précédemment en considérant les plantes carnivores. Tan- dis que la digestion végétale, fort contestée d'ailleurs, ne s'étendait guère qu'à la propriété de rendre solubles les substances animales déposées à la surface extérieure des feuilles de Drosera ou d'autres végétaux dits carnivores ou insectivores, maintenant, suivant une théorie développée à un autre point de vue et à une époque antérieure par M. Cl. Bernard, M. Morren considère comme un phénomène de digestion, chez les plantes, tout acte physiologique qui a pour but et pour résultat de rendre soluble dans le tissu intérieur de ces plantes une matière amylacée ou albumi- noide auparavant insoluble, et d'en préparer ainsi l'assimilation. Le végétal est le siége de trois fonctions, bien distinctes et consécutives : l'élaboration, la digestion et l'assimilation. (1) M. Faivre a résumé lui-même les points principaux de ses recherches sur ce sujet dans une note insérée aux Comptes rendus, séance du 11 décembre 1876. (2) Communiqué à l'Académie royale de Belgique, dans sa séance du 21 octobre 1876. 198 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. La première, propre aux plantes, confiée par la nature à la chloro- phylle, et qui manque aux végétaux privés de ce principe, consiste dans la formation d'hydrates de carbone, entreprise au moyen de l'acide car- bonique et de l'eau ; elle marque le premier effort de la nature vivante sur Ja nature inorganique. La digestion s'exerce par un protoplasma en mouvement, activé par l'oxygène dont la présence est nécessaire à la ma- nifestation du phénomène. Elle consiste dans une hydratation accompa- enée d'un changement moléculaire de la matière digérée qui est dissoute ct rendue mobile. L'assimilation est l'application définitive de cette matière à lorga- nisme. L'amidon est créé par la première de ces fonctions, par la seconde il passe à l'état de glycose et circule; par la troisième il est rejeté à la surface du protoplasma, se solidifie en perdant l'eau qui le rendait mobile el en prenant un nouveau groupement moléculaire : la cellulose est née. M. Morren admet que la solution des hydrates de carbone solubles est effectuée par un ferment. Les ferments, dit-il, sont bien plus considérables dans l'économie végétale et jouent un bien plus grand rôle qu'on ne le sup- posait (1). Ces considérations amènent une comparaison étroite entre les phénoménes de la vie végétale et ceux de la vie animale, telle que la poursuit depuis plusieurs années M. Cl. Bernard. Elles tendent en outre à prouver qu'il n'y a rien d'extraordinaire dans les phénomènes de diges- tion extérieure attribués aux plantes carnivores. D'ailleurs, dit M. Morren, il n'est. pas encore établi que les produits de cette digestion extérieure soient utilisés pour la nutrition, et encore moins qu'ils soient indispen- sables (2). Account of some experiments on Dionæwa Muscipula ; par M. Thos. A.-G. Balfour (Transactions and Proceedings of the Bota- nical Society, 4815 , vol. xit, part 2, pp. 334-369). Ce mémoire, renfermé dans un volume qui n'est parvenu à la Société qu'au mois de février 1877, est annoncé ici trop longtemps après sa date véritable, puisqu'il a été lu devant la Société d'Edimbourg le 40 juin 1875, et qu'il est par conséquent antérieur à celui de M. Morren. L'au- teur a fait de nombreuses expériences, consécutives à celles de M. Hooker, sur l'irritabilité, la eontractilité des feuilles de l'Attrape-mouches, sur la sécrétion, la digestion et enfin l'absorption. Il est convaincu que cette plante se nourrit du suc des animaux qui meurent à sa surface, mais il reconnait que les phénomènes de digestion y sont quelquefois très-longs, et peuvent demander jusqu'à vingt-quatre jours. (D) Voyez le Bulletin, t. xxu (Revue), pp. 232, 233. 2) Sur la question des plantes carnivores, voyez un intéressant résumé publié der- nièrement par M. Ant. Magnin, secrétaire général de la Société botanique de Lyon, dans le Bulletin de la Société d'études scientifiques de Lyon. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 199 Notes on the structure of the Leaves of Lathræa squa- maria: par M. F.-M. Caird (ibid., pp. 371-318). Le but de cette note est de décrire, dans l'intérieur des organes écail- leux et charnus qui sont les feuilles du Lathræa, des cavités qui commu- niquent avec les bords de ces écailles, et qui sont tapissées par un épi- derme muni de stomates et de poils rudimentaires. L'auteur indique d'une maniére hypothétique le nom d'estomae pour ces cavités. Elles ont été déjà décrites en partie par M. Bowman sous les Transactions of the Linnean Society, t. XVI. Die elektrischen und Bewegungserscheinungen am Blatte bei Dionæa Muscipula (Les phénomènes électriques et les phénomènes de mouvement sur la feuille du Dionæa) ; par M. H. Munk, avec l'examen anatomique de Ja feuille du Dionea, par M. F. Kurtz (Archiv für Anatomie, Physiologie und wissenschaftliche Medi- zin de MM. Reichert et Du Bois-Reymond, 1876, Heft 1 et 2); tirage à part en brochure in-8° de 159 pages. Leipzig, Veit et C^, 1876. Les recherches de M. Munk s'appuient sur celles de M. Burton-Sander- son, bien qu'elles aillent plus loin. Aprés l'exposition de la méthode qu'il a employée (il a observé la plante sans lui avoir fait subir aucune modifi- cation ou altération anatomique ou physiologique), il traite de la réparti- tion des tensions cellulaires à la surface supérieure. Il a reconnu qu'en dessus comme en dessous du limbe les phénoménes de tension se présen- tent symétriquement disposés de chaque côté de la ligne médiane. Dans le troisième chapitre, le plus important du mémoire, M. Munk s'occupe de l'intensité des actions électro-motrices qui se font sentir dans la feuille du Dionæa, et qui dépendent de l'état de la nutrition, de la grandeur de la feuille. Dans le quatrième, il examine le siége de cette puissance électro- motrice : les cellules parenchymateuses des côtes de la feuille et de la ner- vure médiane prennent, dans le cas d’excitation, l'électricité négative dans la moitié supérieure et l'électricité positive dans la moitié inférieure. L'irritation détermine d'ailleurs le relàchement du parenchyme irrité, et conséquemment le parenchyme de la face opposée se dilate et rend la feuille concave du cóté qui a été le siége de l'irritation. Anatomie der vegetativen Organe von Dionæa Husci- pela; par M. Fraustadt (Beiträge zur Biologie der Pflanzen hersgg. von F. Cohn, 1876, pp. 27-64, avec 3 planches). Nous reproduisons seulement ici les principales conclusions de l'auteur, qui sont énumérées par lui sous 39 paragraphes distinets. Les cellules de l'épiderme sont allongées comme celles du tissu fon- damental, savoir, dans tout le pédoneule et sur la nervure médiane de la 200 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. lame foliacée suivant la direction longitudinale de la feuille ; sur le reste de la lame perpendiculairement à cette direction. — 3. Les cellules épi- dermiques contiennent de la chlorophylle. — 4. Sur la face supérieure et sur la face inférieure du pédoncule, ainsi que sur la face inférieure du limbe, on observe de nombreux stomates et des poils étoilés; la face supérieure du limbe ne présente que des glandes. — 5. Ces glandes sont des enfoncements de l'épiderme et sont formées d'une partie basi- laire à deux cellules, d'un'pédoncule courtà deux cellules aussi, et d'un corps glanduleux arrondi à deux couches, convexe supérieurement. — 8. Les poils étoilés sont les homologues des glandes. — 12. Les poils (tentacules de M. Darwin) se composent de deux parties, dont l'inférieure fait fonc- lion de support articulé et contient un cordon celluleux axile, tandis que la supérieure, conoide, serrée dans l'inférieure, manque de ce cordon. — 14. Dans la partie aérienne du pédoncule et dans la nervure médiane du limbe, les cellules du tissu fondamental augmentent de longueur et de calibre de l'extérieur à l'intérieur; les superficielles et celles qui entourent le faisceau fibro-vasculaire sont vertes, plus internes, incolores. — 15. Dans le limbe, à l'exception de la nervure médiane, les cellules inter- nes du tissu fondamental forment un tissu semblable à celui des Champi- gnons, formé de larges cellules incolores à parois ondulées et de petits méats intercellulaires. — 16. Les cellules épidermiques supérieures du limbe sont plus larges qne les inférieures. — 18. L'amidon primitivement renfermé dans les grains de chlorophylle diminue quand les feuilles absor- bent des matériaux organisés et finit par disparaitre complétement des parties aériennes de la plante. — 22. Les cellules vivantes du limbe et du pédoncule contiennent une substance incolore, dissoute dans le sue cellu- laire, que les bases font apparaitre à l'état de corpuscules opaques, et que les acides redissolvent. — 23. Les glandes ne renferment point d'amidon. — 24. La coloration rouge des glandes devient verte par les bases fortes, et reprend sa teinte naturelle sous l'action des acides. — 26. Aprés la mort des feuilles, il se produit dans leur tissu des granules noirs dont l'ensemble figure des taches de la méme couleur. — 28. Dans la nervure médiane du limbe il ne se trouve qu'un gros faisceau vasculaire axile, d'où partent à angle droit d'autres faisceaux paralléles entre eux, qui se bifurquent en s'approchant du bord pour se réunir ensuite de nouveau. — 29. Et se terminer dans un des tentacules marginaux. — L'auteur s'occupe ensuite de l'organogénie de la feuille et de la structure des racines adven- tives. Des glandes florales du Parnassia palustris ; nouvelles fonctions physiologiques ; par M. E. Heckel (Comptes rendus, 3 janvier 4876, pp. 99-101). M. Heckel a remarqué que le produit de sécrétion des glandes du Par- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 201 nassia, toujours limpide, et ne renfermant pas le pollen tombé des an- thères extrorses, loin d’être comparable à celui du plus grand nombre des nectaires, n'est pas sucré, n'a aucune odeur particulière, est gluant et montre une réaction acide au papier de tournesol. Quand il eut enlevé dans le bouton les glandes florales non encore parvenues à leur complet développement, M. Heckel a remarqué que la fécondation ne s'en accom- plissait pas moins. Il résulte évidemment de ces faits que le liquide sécrété par ces glandes ne parait pas devoir être nécessairement utile à la fécon- dation. Quant aux insectes qui viennent visiter les fleurs, ils sont immédiatement englués par ce liquide visqueux. Comme chez les Drosera, M. Heckel a vu que, sous l'influence de l'irritation produite par la présence de l'iusecte, le liquide devient plus abondant, que l'animal ne tarde pas à mourir, puis à être dissocié dans ses parties constituantes. Pour mieux apprécier l'action de ce liquide, il a appliqué sur les plus grandes de ces glandes de tout petits morceaux de chair crue, qui ont fini par être dissous et disparaitre de la méme facon que cela se passe sur les feuilles du Pin- guicula vulgaris. Les glandes florales du Parnassia seraient donc des organes carnivores. Du mouvement périodique spontané dans les étamines des Saxifraga sarmentosa, umbrosa, Geum, ucan- thifolia et dans le Parnassia palustris; des relations de ce phénomène avec la disposition du cycle foliaire ; par M. Ed. Hec- kel (Comptes rendus, séance du 31 janvier 1876). M. Heckel expose dans quelle succession les étamines appartenant aux deux verticilles staminaux des Saxifragées s'infléchissent vers le pistil. C'es toujours le premier cycle staminal qui se met d'abord en marche. Que la fleur soit irrégulière, comme dans le Saxifraga sarmentosa, ou régulière, c’est précisément, parmi les étamines du groupe oppositisépale, celle qui se trouve entre les deux plus grands pétales du S. sarmentosa, ou celle qui lui correspond dans les espèces à fleur régulière, qui se relève la pre- miére pour appliquer son anthére contre le stigmate. Pour le second ver- ticille, le mouvement commence toujours par l'étamine opposée au plus grand des deux pétales extérieurs, puis marche, soit à droite, soit à gauche, dans les deux étamines qui suivent, pour changer de sens et se lerminer dans les deux organes qui restent. En donnant à chaque étamine, à partir de la première qui se meut, son numéro d'ordre naturel en procédant de gauche à droite, on trouve que les organes qui se meuvent successivement, pour le premier verticille oppositisépale, portent les numéros 1, 2,5, 4, 3; et pour le second les numéros 1, 2, 3, 5, 4. La disposition quinconciale est altérée dans cet ordre et plus profondément pour le second verticille que pour le premier. Cette altération, qui se reproduit dans le Parnassia, 902 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. indique une tendance au type tétramère, tendance réalisée chez les Chry- sosplenium et les Astilbe. Du mouvement dans les poils et les laciniations foliaires du Z2rosere rotundifotia et dans les feuilles du Pinguicula vulgaris; par M. Ed. Heckel (Comptes rendus, séance du 28 février 1876). Les observations de l’auteur ont été faites sur les tourbières même de l'Auvergne, et sur des individus choisis et vigoureux. Le chloroforme, à dose un peu forte, eut d’abord une action irritante, et détermina une sécrétion acide des poils aussi abondante que celle qui suit la captation d'un insecte; puis quelques poils se flétrirent pour ne plus se relever. Plus la dose a été faible, moins l’irritation a été accusée. Quant au mou- | vement des Pinquicula, il est très-lent, et par conséquent plus difficile à analyser au point de vue spécial de l’auteur. A forte dose, il est aussi manifestement accéléré. Sur le développement du fruit des Cætomium et la prétendue sexualité des Ascomycétes; par M. Van Tieghem (Aun. sc. nat., 6° série, t. 11, pp. 364-366). Ce mémoire fait suite à celui que nous avons déjà analysé, t. xxit, p. 215. On connait le développement du carpogone, tel qu'il a été étudié par M. de Bary et par plusieurs myeologues. Le carpogone, formé par une spire issue du mycélium, bourgeonne à sa base, et ses rameaux et ramus- cules, étroitement appliqués sur lui, couvrent bientôt la région supérieure (ascogone) d'un tégument continu (périascogone), qui a partout la méme valeur morphologique et physiologique. M. de Bary a eru pouvoir inter- préter les faits observés par lui comme établissant la sexualité des Asco- mycètes, et cette théorie, admise et confirmée, est aujourd'hui classique. M. Van Tieghem, fondé sur ses observations personnelles, déclare qu'elle n'est rien moins que démontrée. Dans cette théorie, les organes mâles (pollinodes) continueraient à se déve- lopper pour devenir partie intégrante du fruit, ce qui est absolument con- traire à l'idée qu'on doit se faire d'un organe màle. On n'a pas observé la moindre preuve directe d'une fécondation. Dans un autre type, les rameaux générateurs du tégument sont, il est vrai, reconnus pour simplement pro- tecteurs, et le carpogone étant double, l'une de ses branches est donnée pour mâle, l'autre pour femelle. Le fait seul de leur contact est regardé comme preuve d'une fécondation. Cependant, si les deux branches sont semblables au début et bourgeonnent toutes deux plus tard pour pro- duire les théques, il est certain. qu'une pareille interprétation. n'a pas de sens. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 203 Die Keimung der Sporen und dic Entstehung der Fruchtkórper bei den Nidularieen (La germination des spores et l'origine du conceptacle chez les Nidulariées) ; par M. Eduard Eidam (Beiträge zur Biologie der Pflanze hergsgg. von D" Ferdinand Cohn, t. rr, 2° livr., 1876, pp. 221-248, avec 1 pl.). M. Eidam a étudié le Cyathus striatus Willd. et le Crucibulum vulgare Tul. Il n'a reconnu chez les Nidulariées d'autre forme de fructification que la cupule depuis longtemps connue ; l'état de conidies y est inconnu dans les conditions naturelles. Il a observé deux modifications du mycé- lium, consistant l'une en hyphas minces, iucolores, pleins de plasma, l'autre en utricules épaissies, colorées et vides de tout contenu, rassemblées en cordons épais, comparables aux sclérotes de certains autres Champi- gnons. Le mycélium fin prend naissance aussi souvent de la spore que du mycélium persistant (Dauermycel); il se transforme en ce dernier, ou bien, dans des circonstances favorables, il fournit un point de départ aux fructifications. Ges dernières, méme dans leur état le plus jeune, ne sont rien qu'un entrelacement d'hyphas de récente formation, trés-richement ramifiés, dont la croissance produit une petite boule tout d'abord homogène. La diffé- renciation des tissus n'a lieu qu'ultérieurement. Le point le plus important de ce mémoire de M. Eidam, c'est qu'il se refuse à admettre chez les Nidulariées l'existence d'aucun appareil ser- vapt à la fécondation antérieurement à la formation de la cupule. Ce savant vient ainsi joindre son témoignage à l'appui de l'opinion soutenue aujour- d'hui par M. Van Tieghem (1). Ceci est d'autant plus digne de remarque que M. Eidam avait lui-méme auparavant présenté une manière de voir assez différente (2). Sur les spermaties des Ascomycétes, leur nature, leur rôle physiologique ; par M. Max. Cornu (Comptes rendus, séance du 3 avril 1876). M. Cornu a pu obtenir, d'une façon très-complète, la germination des spermaties, qui sont probablement capables de produire un mycélium tout comme les autres spores. M. Tulasne avait lui-même observé quelque- fois cette germination, ainsi que le prouvent certaines expressions em- ployées par lui : mierostylospores, microconidies ou stylospores sperma- formes. Il est évident, d’après les résultats obtenus par l'auteur (et aussi d'après d'autres faits, qu'il relate lui-même), qu'il faut abandonner aujourd'hui l'ancienne théorie de la fécondation des Champignons , dans (1) Voyez le Bulletin, t. xxi (Revue), p. 213, et l'article précédent. (2) Ibid., p. 236. 204 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. laquelle les spermaties jouaient le rôle d'organes mâles. Il est encore une autre conséquence, qui permet d'apporter une simplification considérable à l'étude du grand groupe des Ascomycétes : elle conduit à réunir en une seule deux formes reproductrices en apparence assez semblables, mais qui, physiologiquement, ne pouvaient étre comparées. Ce sont deux formes homologues, entre lesquelles existent de nombreuses transitions. Ce qui distingue les spermaties vraies, c'est leur petitesse ; elles semblent avoir été allégées de la réserve de nourriture que toute spore emporte avec elle ; elles doivent, pour pouvoir se développer, tomber sur un substratum approprié, qui leur fournit les matériaux nécessaires. Les conidies, au contraire, germent aisément ; mais ce qui les réunit aux précédentes, c'est leur production acrogène, leur enveloppe mince et simple, la profusion immense avec laquelle elles sont produites, leur rôle de dissémination, si évident chez les formes Mucédinées des Ascomycètes. Cette simplification du nombre des organes reproducteurs donne une grande unité au poly- morphisme des Ascomycètes. M. Cornu a publié avec de plus grands détails les faits et les idées exposés ici par lui, dans les Annales des sciences naturelles (t. 11, 1876, pp. 93-112, avec 3 pl.). Il y a fait l'application des considérations que nous venons de reproduire à la série générale du groupe des Ascomycètes. Ueber den Geschlechtsorgane bei der Gattung Coprinus (Sur les organes sexuels du genre Coprin) ; par M. Oskar Kirchner. Cetie communication, faite par l'auteur à la section botanique de: la Société silésienne pour la culture nationale, le 11 février 4875, et publiée seulement dans le Botanische Zeitung du 13 octobre 1876, est annoncée ici trop tardivement, eu égard à sa valeur dans l'histoire d'une science qui marche avec une grande rapidité. M. Kirchner s'est placé au méme point de vue que M. Reess, dont les travaux avaient été présentés deux mois auparavant à la Société d'Erlangen (1). Il a cultivé sur le porte-objet des spores fraiches de Coprinus ephemerus Bull. dans une décoction de crottin de cheval. Ces spores, trés-petites, d'un brun noiràtre, sensiblement ovales, laissent paraitre douze heures aprés l'ensemencement, à leur extré- mité supérieure arrondie, une utricule (Keimschlauch) qui se dilate bientôt et se ramifie de manière à produire en trois jours un mycélium assez développé, dans lequel on n'observe ni cloisonnement, ni anastomoses d'aucune sorte. A partir du quatrième jour, il se montre, soit à l'extrémité, soit le long des filaments de ce mycélium, des dilatations vésiculeuses, sur lesquelles apparaissent de courts ramuscules dont les extrémités se rétré- cissent en forme de bàtonnets qui se séparent par une cloison à leur base de la cavité générale du mycélium. Ces bàtonnels se cloisonnent encore (1) Voy. le Bulletin, t. xxu (Revue), p. 67. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 205 une fois dans leur milieu et se détachent isolément ou par petits groupes. Ils contiennent un plasma bleuûtre ; ils se produisent en grande quantité jusqu'au septième jour. L'auteur les considère comme des spermaties. Deux jours après leur première apparition, on remarque sur certains points du mycélium de petits ramuseules formés de cellules sphériques réunies en chapelet et offrant quelque analogie avee les carpogones décrits par M. Reess. Les observations de l'auteur n'ont pu aller au delà. Mathias de l'Obel, si vie et ses œuvres (1538-1616); par M. Éd. Morren (extrait du Bulletin de la Fédération des Sociétés d'horticulture de Belgique) ; tirage à part en brochure in-8° de 25 pages. Mathias de l’Obel naquit à Lille en 1538 et mourut à Highgate, prés de Londres, en 1616. Son nom vient du Peuplier blanc, dont l'ancienne ap- pellation francaise est Obel ou Aubel, du latin albus. Élève de Rondelet, qui lui légua en 1566 ses manuscrits de botanique, de l'Obel passa encore deux ou trois ans à Montpellier, où son séjour a été étudié par MM. Plan- chon ; puis, fuyant sans doute les dissensions religieuses, il alla séjourner à Londres en 1569. Il y fit paraître en 1571 le Stirpium Adversaria nova, qui est en raccourci une flore de Montpellier et des Cévennes, et offre une classification. des plantes, hésitante sans doute, souvent fautive et mal fondée, mais cependant en grand progrès sur les classifications des con- temporains. Aprés la mise au jour des Adrersaria, de l'Obel vint s'établir à Anvers, où parut la deuxième édition de cet ouvrage. L'exemplaire que M. Morren possède de cette deuxième édition a un appendice orné de nom- breuses gravures, plus grandes et d'une tout autre facture que celui des précédentes, et consacrées à des plantes cultivées ou spontanées en Belgique. En 1576 parurentles Stirpium Observationes, ouvrage qui, réuni au précé- dent, porte le nom de Plantarum seu Stirpium Historia. Le Kruydboeck (1581) est une traduction flamande du Stirpium Historia, où les Obser- rationes et les Adrersaria sont fondus en un seul corps. Immédiatement aprés la publication de cet ouvrage, l'éditeur Plantin mit au jour, sous la forme d'un album oblong, la collection complète des gravures qui y étaient renfermées, avec une table et l'indication des pages où chaque plante est décrite dans les autres ouvrages de l'auteur. La méthode de l'Óbel s'y re- lrouve en tête dans le petit tableau qui porte pour titre : Elenchus planta- rum fere congenerum. Une seconde édition, en 1591, est suivie d'un index en sept langues. Médecin de Guillaume le Taciturne, Mathias de l'Obel, après l'assassinat de ce prince, revint à Londres, où il eut la surin- tendance d'un jardin établi à Hackney, jardin de médecine, cultivé aux frais de lord Ed. Zouch, et ensuite le titre de botaniste du roi Jacques I". En 1605, Thomas Purfoot, de Loudres, le premier éditeur des Adrer- saria, remit au jour ce qui restait encore de cet ancien tirage, en y ajou- 906 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tant quelques nouveaux opuscules, notamment à partir de la page 455; il sy trouve une étude systématique sur les Graminées. Les Adversaria furent encore remis en vente sous de nouveaux titres, successivement en 1618 et en 1651, sous le nom de Dilucide. Enfin, il faut signaler lexis- tence d'un ouvrage posthume, le Stirpium Hlustrationes, publié à Lon- dres en 1655, sous la forme d'un petit in-4° de 175 pages. — Le système de l'Obel est fondé sur les feuilles; il se trouve ainsi avoir séparé les Mono- cotylédones et plusieurs groupes naturels de Dicotylédones. Son principe était de s'élever de la connaissance des végétaux les plus simples à celle des plus composés. Sul frutto dell'uva e sulle principali sostanze in esso contenute; par M. Gaétano Licopoli (extrait des Atti della R. Accademia delle scienze fisiche e matematiche di Napoli, t. vit) ; tirage à part en broch. in-4°de 9 pages, avec une planche. Voici les conclusions de l'auteur. — 1. Les substances que contient habituellement le raisin, ayant une forme sensible sous le microscope, sont : l'acide tartrique, la chlorophylle, des matières albuminoides, une matière colorante, du sucre et des substances grasses, outre une matière cireuse à la surface. — 2. L'acide tartrique et la chlorophylle sont les premiéres substances qui se présentent dans les tissus du pistil en voie de formation. Le premier se reconnait à sa réaction ; la seconde à son aspect ordinaire. — 3. L'oxalate de chaux apparait de bonne heure, dans quatre régions diverses et sous deux formes distinctes, c'est-à-dire dans le tissu sous-épidermique sous forme de raphides, à la surface de l'endocarpe sous celle de glandes (druse), dans l'épisperme et dans l'amande encore sous celle de raphides. Ces deux formes ne se rencontrent jamais dans la méme cellule du fruit ou de la graine. Dans la moelle et dans la zone génératrice du Vitis hederacea, il est arrivé d'observer deux cellules voisines, dont l'une contenait des raphides et l'autre une glande. L'oxalate de chaux qui se trouve dans la graine et spécialement dans le testa commence à se former aprés la fécondation et augmente successivement sans subir de métamorphoses sensibles. — 4. Les matières albuminoides se rencontrent dans toutes les parties du fruit, mais surtout dans le mésocarpe, là où manque la matière colorante. Là elle se présente sous deux formes, c'est- à-dire en fragments protoplasmiques et en granules sphériques d'aspect gélatineux et assez hyalins. — 5. La matière colorante provient évidem- ment de la métamorphose de la chlorophylle; son apparition marche comme celle de la. chlorophylle, c'est-à-dire de la périphérie au centre. Quant aux principes aromatiques, ils sont plus reconnaissables au goùt qu'à l'examen microscopique. — 6. Le sucre s'observe non cristallisé, par le moyen des réactifs, dans le péricarpe et dans les mêmes points que l'acide tartrique, mais à un degré avancé de maturité. On ne peut trouver REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 207 de matière sucrée sous une autre forme. — 7. La matière cireuse forme à la surface de l'épiderme une couche mince plus ou moins blanchàtre, selon l'àge et la condition des raisins. Sa formation est continue depuis la constitution de l'ovaire jusqu'à la maturation du fruit. — 8. L'acide tan- nique s'élabore pour la plus grande partie dans la graine, et. précisément dans la partie dure et friable de l'épisperme. Il s'en trouve dans les fais- ceaux fibro-vasculaires du péricarpe, mais relativement en petite quantité. Carl Clusius’ Naturgeschichte der Schwimme Panno- niens ; par M. H.-W. Reichardt (extrait du Festschrift zur Feier, etc. ); tirage à part en brochure in-4^ de 42 pages. En commission chez F.-A. Brockhaus à Leipzig. Le Fungorum in Pannoniis observatorum brevis Historia a pour l'étude des Champignons de l'Europe, et surtout pour la cryptogamie autri- chienne, ‘une réelle importance, puisque ce mémoire reuferme la première tentative monographique publiée sur la famille des Champignons et ren- ferme les plus anciens documents scientifiques connus sur ceux de la vallée du Danube. M. Reichardt a repris l'étude des espéces décrites par Clusius en les distribuant suivant les règles de la mycologie actuelle. Il conserve dans toute son étendue ancienne le genre Agaricus. I donne la synonymie de chaque espèce en remontant aux sources prélinnéennes. Ila tracé un préambule intéressant où il traite de l'état de la mycologie au xvr? siècle et au commencement du xvn’ siècle. Il passe en revue les œuvres de Tragus, de Matthiole, de Césalpin, de Porta, de lObel; enfin il arrive à l'ouvrage de Clusius, dont il fait valoir l'importance. Beschreibung neuer oder minder gekannter Acaroceci- dien; par M. Friedrich A.-W. Thomas (Nova Acta der Ksl. Leop.- Carol. Deutschen Akademie der Naturforscher, t. xxxvii, n? 2); tirage à part en brochure in-# de 28 pages, avec 3 planches lithographiées. Dresde, 1876. L'auteur rapporte d'abord quelques documents bibliographiques, assez rares, sur le sujet qu'il a étudié, bien que les galles produites par les Aca- riens du genre Phytoptus (1) soient fréquentes dans le règne végétal. L'auteur les a observées sur le Betula alba, le Galium Mollugo, le Mwh- ringia polygonoides, V Ononis repens, le Polygala vulgaris, le Sorbus Chamæmespilus, Ulmus campestris, le Centaurea Scabiosa, V Acer mons- pessulanum, le Fraxinus excelsior, le Populus Tremula, Y Æsculus rubi- cuhda, VOxalis corniculata, le Lonicera Xylosteum, le L. cerulea, le L. alpigena et le L. Pericliymenum, le Fagus silvatica, l'Atragene alpina, Hieracium murorum, le Viola silvestris et le Pimpinella magna. (4) C'est par erreur que ce terme a été plusieurs fois écrit Phytopus. 208 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Sul frutto del Melarancio e del Limone; Ricerche inicro-fito- chimiche; par M. G. Licopoli (Rendiconto della Reale Accademia delle scienze fisiche e matematiche, juin 1816); tirage à part en brochure in-4° de 5 pages. L'auteur s'est appliqué à étudier la formation de l'huile essentielle et celle de l'acide citrique. Outre les vésieules contenant cet acide, il existe dans les citrons des proéminences papillaires, libres comme le sont les papilles stigmatiques. Elles naissent un peu après les vésicules de la pulpe ; à un certain degré de développement, elles prennent un très-court pédi- celle, puis elles restent stationnaires pendant toute la eroissance de la masse pulpeuse. Elles sont plongées dans une substance neutre, d'aspect mucilagineux, et de nature gommeuse. L'auteur termine par quelques observations sur le sucre de ces fruits. . Dicogamia ed omogamia nelle Piante ; par M. F. Delpino (Nuovo Giornale botanico italiano, avril 1876, pp. 140-161). La fécondation peut s'accomplir dans la même fleur (Omogamia omo- clinica), ou entre fleurs d'une même inflorescence (Omogamia omoce- phala), ou entre fleurs d'un méme individu (Omogamia monoica) ; si la séparation des sexes s’accentue encore, on arrive à la diœcie. La fécondité croit, dit l'auteur, du commencement à la fin de cette série. A un autre point de vue, les fleurs peuvent être cleistogames (ou complétement her- maphrodites), c'est-à-dire ne s'ouvrant pas au moment de la fécondation, ou chasmogames, ce qui est le contraire. Ces dernières se subdivisent en hermaphrodites et unisexuées. Les chasmogames hermaphrodites peuvent avoir leurs organes de chaque sexe prêts simultanément à entrer en fonc- tion; l'auteur les nomme dans ce cas syngynandres, terme qu'il ne fau- drait point confondre avec celui de gynandres, désignant l'union orga- . nique des étanunes et des pistils. Les syngynandres peuvent se trouver dans trois conditions différentes. Chez les adynamandres (Abutilon, Co- rydallis, Tecoma), le pollen d'une fleur est impuissant à l'égard du stig- mate des fleurs du méme individu ; il faut que la fécondation soit croisée: un bon nombre d'espéces à fleurs dimorphes (Linum, Primula, Pulmo- naria, etc.) appartiennent à cette catégorie. Chez les ercogames (tgxos; clôture, barrière), la nature a. placé une barrière entre la voie naturelle que suivrait le pollen pour se rendre de Panthère sur le stigmate (Iris, beaucoup d'Orchidées, Lobéliacées, Apocynées, Asclépiadées, Campanula- cées). Ghez les homodichogames, le pollen étranger a plus d'action que le pollen autochthone pour déterminer la fécondation. Les ehasmogames hermaphrodites dont les organes sexuels, màles ou femelles, ne sont pas prêts au mème moment, sont les asynchronogames ; ils se divisent natu- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 209 rellement en protérandres et en protérogynes. Enfin les chasmogames uni- sexués sont monoiques ou dioiques (1). Essai sur les lois de l'entrainement dans les végétaux ; par M. H. Baillon (Comptes rendus, séance du 11 décembre 1876). L'entrainement ou soulèvement {des bourgeons, des inflorescences) a été attribué à des soudures ; mais existe-t-il des soudures réelles entre les organes des végétaux ? Cela, dit M. Baillon, est au moins douteux. On a encore attribué l'entrainement à des partitions, parce qu'on ne pouvait, au-dessus de la place ordinaire au bourgeon, invoquer que la partition pour expliquer la ramification des végétaux. Cependant, selon l'auteur, la ramification est essentiellement variable ; et d'autre part l'unité du bour- geon axillaire est une notion aujourd'hui contestable. La gemmation mul- tiple est d'une grande fréquence, et bien souvent aussi, les bourgeons multiples étant superposés, ou peu s'en faut, leur évolution se fait de haut en bas. Dans ce cas, les bourgeons inférieurs peuvent se comporter comme le supérieur, et, comme lui, étre entrainés plus ou moins haut par la force verticale; ou bien encore l'existence des épidermes ou la grande différence d'àge des parenchymes s'oppose au soulèvement des bourgeons inférieurs, surtout quand ceux-ci sont d'autre génération que le supé- rieur. C'est à cause de cette différence d'àge que la limite d'entrainement répond fréquemment au sommet méme de l’entre-nœud, et que l'organe axillaire se dégage au niveau de la feuille qui est immédiatement placée au-dessus de sa feuille axillante ; mais souvent aussi le dégagement a lieu en deçà et méme au delà du sommet de l’entre-nœud. Ces faits, au fond toujours les mémes, expliquent la situation anomale et extra-axillaire des inflorescences des Solanées et des vrilles des Cucurbi- tacées, celle des groupes floraux interfoliaires des Apocynées, Asclépia- dées, ete., celle de la vrille et des inflorescences de la Vigne, celle de la cicatrice stipulaire unilatérale des [eacinacées, celle du pédicelle sans bractée de certaines Crucifères, dont la fleur est née à l’aisselle d'une feuille bien plus bas que l'inflorescence, etc. L'entrainement du bourgeon axillaire peut, pour les mémes raisons, se faire non du cóté de l'axe, mais du cóté de la feuille axillante. Bien d'autres phénoménes sont expliqués par la loi d'entrainement : les prétendues soudures des réceptacles concaves avec les pièces des verti- cilles floraux ; l'union congénitale des élamines avec les pétales auxquels (1) Des documents considérables ont été publiés par l'auteur sur le même sujet dans un autre recueil, les Atti della Societa italiana di scienze naturali, et dernièrement encore en 1875, sous le titre de Ulteriori. Osservazioni e Considerazioni sulla dicho- gamia. L'auteur s'est montré dans ce mémoire autant entomologiste que botaniste, et S'est surtout appliqué à l'étude comparative de la structure des insectes et des fleurs dans lesquelles ceux-ci sont chargés par la nature de déterminer la fécondation. T. XXIII. (REVUE) 14 210 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. elles sont intérieures et parfois superposées ; l'insertion, dans bien des genres, à une hauteur variable du placenta, d'ovules qui dans des plantes analogues s'en dégagent beaucoup plus bas;le déplacemeut oblique ou spiralé des bourgeuns ou des organes tordus des fleurs ; la convergence vers un des côtés du réceptacle floral des pétales ou des étamines des Gamopétales anisandres ; la déviation d'ovules qui normalement répon- daient aux bords internes des carpelles, etc. M. Baillon explique de mème la constitution de l'androcée des Cucurbitacées. Cet androcée est formé, selon lui, de cinq pièces primitivement équidislantes, dont quatre sont graduellement entrainées deux à deux l'une vers l'autre, dansle sens hori- zontal. Un nouveau chapitre ajouté à l’histoire des Ægilops hybrides ; par M. D.-A. Godron (Comptes rendus, séance du 11 dé- cembre 1876). M. Godron a fécondé des Ægilops ovata avec différentes sortes de Blé, et il est arrivé à obtenir des Æ. speltwformis (produit, comme on sait, de seconde génération) de caractères différents, selon la race de Blé qu'il avait choisie pour fertiliser d'abord FÆ. ovata, puis le premier produit du croisement, VÆ. triticoides. I fait remarquer que les Æ. speltæformis obtenus par lui, d’abord peu fertiles, ont augmenté ensuite de fertilité, tout comme la plante d'Esprit Fabre. Mème VÆ. speltæformis créé par le pollen du Blé d'Agde, et par conséquent identique à celui de Fabre, a pro- duit dans une faible partie de sa postérité une forme secondaire perma- nente, dont les épis ne se cassaient pas d'eux-mêmes à leur base, fait déjà observé par Fabre. Les autres Blés employés lui ont fourni trois races dif- férentes VÆ. spelteformis (1). Herborisations faites à Casas de Peña (Pyrénées-Orientales), le 12 juin 1814, par M. Odon Debeaux (extrait du xxi. Bulletin de la Société agricole, scientifique et littéraire des Pyrénées-Orientales) ; tirage à part en brochure in-8° de 24 pages. Paris, J.-B. Baillière et F. Savy. | Pour le botaniste qui serait de passage à Perpignan, une journée suffi- rait, de mai à juillet, pour exécuter à Casas de Peña une herborisation fructueuse, surtout s’il jouissait de la compagnie de M. Debeaux, qui a fait cette course en compagnie d’un botaniste de Barcelone, M. Pujol. Il n'y a que 9 kilomètres de la station de Rivesaltes à Casas de Peña. x. Debeaux a résumé dans des notes intéressantes les observations qu'il avait rapportées de cette excursion, en s'aidant de celles qu'avait déjà pu- i M. Godron a développé cette note dans la séance de notre Société du 8 décembre 1876. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 211 bliées M. Timbal-Lagrave (1). Il expose la synonymie des espèces confon- dues sous le nom de Dianthus virgineus, qui sont : ° Dianthus longicaulis Tenore App. u, 177 (1819) ; D. virgineus G. G. Fl. Fr. 1, 238 (1848); Companyo Hist. nat. des Pyr.-Or. n, 117 part. non L. : D. Godronianus Jord. Pug. 29 (1852), Annotations p. #4 ; Mabille Rech. sur les pl. de Corse 1, 13. 2° D. pungens G. G. op. cit. 1, 233; Timb.-Lagr. Exe. à Saint-Paul de Fenouillet 21 ; Comp. op. cit. 145 non L. 9 D. virgineus L. Sp. 590 ; DC. Prodr..1, 361; Jord. Ann. 41; Comp. op.cit. 1, 117 part; Timb.-Lagr. op. cit. 21. — D. pungens Poiret Dict. 1v, 926; Benth. Cat. 15.— D. brachyanthus G.G. Fl. Fr. 1, 234 non Boiss. M. Debeaux donne en outre des remarques sur les espèces suivantes : Rhamnus saxatilis L., Helichrysum angustifolium DC., Santolina intri- cata Jord. et Fourr., Carduus hamulosus Ehrh. (C. spinigerus Jord. Obs. viur, 231, C. acanthoides Lois. non L.), Andryala lyrata Pourr. Chlor. n° 68 (A. incana DC. FI. fr. v, 445, A. ragusina G.G. non L.), Linaria Bourgæi Jord. Pug. 129 (L. origanifolia Comp. op. cit. 11, 498 part.), Rosmarinus officinalis L., Marrubium apulum Ten. Syll. 292 (M. vulgare var. lanatum Benth. Prodr. 453), espèce nouvelle pour la flore francaise; Rumex tingitanus L., Rubus petrophilus et Antirrhinum intermedium. Le Rubus petrophilus O. Debeaux mse. in herb. (1874) appartient au groupe du R. collinus DC. On le distinguera de toutes les espèces connues des groupes du R. collinus et du R. tomentosus : par ses tiges basses, cou- chées et rampantes sur le sol, à rameaux étalés-divariqués, munis de nom- breux aiguillons le plus souvent géminés vers le milieu des tiges principales; par ses feuilles très-petites, coriaces, ternées, munies en dessous de ner- vures aiguillonnées ; par sa panicule lâche, allongée, étroite; par ses pédoncules tomenteux, aiguillonnés surtout dans leur partie supérieure ; par ses fleurs roses petites à pétales obovales atténués à la base, erépus sur les bords, par un facies particulier qui le fait distinguer au premier coup d'œil, et enfin par son habitat spécial dans les fissures des rochers. L Antirrhinum intermedium a été décrit par M. Debeaux dans notre Bulletin, en janvier 1873. M. Loret l'a caractérisé comme une variété fallax de VA. majus L. (2) (A. Huetii Reut.). M. Debeaux cite un grand nombre de divergences des auteurs relativement à cet A. Huetit (3). Ila pu le comparer à lA. meonanthum Link et Hoffmansegg, gràce à des échantillons de ce dernier que luia fournis un botaniste espagnol, M. le comte de Torrepando, qui habite l'Escurial prés Madrid. = (1) Voy. le Bulletin, t. xx1 (Revue), p. 14l. | | (2) Voy. Bull. Soc. bot. Fr. t. vt, p. 407, et Revne des sciences nat. t. 1v, p. 46. (3) Voy. Reuter, Ann. sc. nat. 3° série, t. 1t, p. 380; Willkomm et Lange Prodr. Fi hisp. t. ri, p. 582 ; Guss. Prodr. Fl. siculæ, p. 169. ` 212 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Recherches sur les gaz contenus dans les fruits du Baguenaudier; par MM. C. Saintpierre et L. Magnien (Comptes rendus, séance du 21 aoüt 1876). Si l'on fait éclater les fruits du Baguenaudier lorsqu'ils sont assez jeunes, on voit les enveloppes reprendre leur forme primitive, se cicatriser el se remplir à nouveau de gaz. Ce gaz n'est pas, comme on l'avail cru, de l'air ; les auteurs y ont trouvé une proportion d'acide earbonique variable de 1,50 à 2,32 pour 100. Il résulte de leurs expériences que les fruits du Colutea, quoique de couleur verte, consomment l'oxygéne et rejettent de l'acide carbonique aussi bien la nuit que le jour. La quantité d'acide carbonique produite est supérieure à celle que pourrait fournir l'oxygène consomme. Sur la fermentation alcoolique ct acétique des fruits, des fleurs et des feuilles de «quelques plantes; par M.S. de Luca (Comptes rendus, séance du 28 août 1876). De nombreuses expériences déjà faites, et de plusieurs autres en cours d'exécution, il résulte clairement que la matière sucrée des fruits con- servés à l'abri du contact de l'air, soit dans le gaz acide carbonique, soit dans l'hydrogène, se transforme lentement en acide carbonique et en alcool, sans que dans la plupart des cas il y ait production de ferments alcooliques ou acétiques. Ces résultats autorisent M. de Luca à formuler les conclusions suivantes : 1" Les fruits en vase clos se conservent plus ou moins longtemps, soit dans l'acide carbonique ou l'hydrogène, soit dans le vide ou dans une atmosphere limitée d'air. 2^ Les fruits, dans ces conditions, subissent une fermentation lente, avec dégagement de gaz carbonique, d'azote, et, dans quelques cas, d'hy- drogène, et avec formation d'alcool et d'acide acétique, sans l'intervention d'aucun ferment. En vases clos, ces phénomènes se réalisent incomplé- tement, à cause de la plus forte pression produite par les gaz développés, et condensés sous un petit volume. 3 Lorsqu'on opère dans une atmosphere limitée d'air et dans des vases fermés, les phénomènes finaux sont identiques aux précédents ; mais l'oxy- gène de l'air reste absorbé par la matière organique des fruits. 4 Les feuilles et les fleurs se comportent comme les fruits en présence d'une atmosphère limitée de gaz carbonique, d'hydrogène ou d'air, ou encore dans le vide ou dans des vases parfaitement clos. Les gaz qui se développent exercent une forte pression sur les matières soumises à l'expé- riientalion, dans lesquelles on constate la décomposition incomplète des matières sucrées et amylacées, avec formation d'alcool ct d'acide acétique, sans qu'on y trouve facilement aucun ferment. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 213 9° En faisant les mêmes expériences avec des fruits, des fleurs et des feuilles, sous la pression ordinaire, mais toujours dans une atmosphère limitée de gaz carbonique, d'hydrogéne ou d'air, les résultats sont parfai- tement identiques aux précédents; mais, dans ces conditions, le dédou- blement des matières sucrées et amylacées se complète tellement que, le développement du gaz cessant, on ne retrouve plus, dans les matières expérimentées, ni sucre, ni amidon ; à leur place, on y constate de Fal- cool et de l'acide acétique en abondance. 6" Les fruits, les fleurs et les feuilles que l'on place, sous la pression ordinaire, dans une atmosphère limitée d'air, de gaz carbonique ou d'hy- drogéne, ne s'y conservent pas longtemps avec leurs propriétés primitives, mais se détériorent, et les fruits particulierement se réduisent en une masse de consistance gélatineuse et brune. Il est évident que, dans des vases fermés et sous une forte pression, le dédoublement du sucre, en général, s'arrête ; et les fruits, les feuilles et les fleurs peuvent incompléte- ment s'y conserver, pendant un certain temps, avec leur forme et leurs caractères extérieurs, quoique la saveur et l'odeur se trouvent changées par les transformations des matiéres organiques qui y sont contenues. 7° Quand les fruits, les fleurs et les feuilles de quelques plantes déga- gent de l'hydrogéne pendant leur période de fermentation, et dans les conditions précédemment indiquées, ce gaz provient sans doute du dédou- blement de la manuite, qui est un sucre avec excès d'hydrogéne. Eu effet, les fruits, les fleurs et les feuilles qui contiennent de la mannite dégagent, pendant leur fermentation, outre le gaz carbonique et l'azote, du gaz hydrogène. . 8' Lorsque les récipients résistent à de fortes pressions, et que la matière à expérimenter y est introduite en petite proportion, le sucre se dédouble presque complétement. Monographie der Juncaceen von Cap; par M. Fr. Buchenau (Abhandlungen vom naturw. Vereine zu Bremen, 1. 1v, 4° livr., 1875, pp. 393-512). M. Buchenau a eu entre les mains une collection de Joncées du Cap, qui avait fait partie des herbiers de Lehmann et de K. Sprengel. En y joi- gnant d'autres documents, il est parvenu à donner à la science une mono- graphie intéressante. [l passe d'abord en revue les travaux dont ces plantes ont été l'objet, expose ensuite dans des remarques particulières la difficulté du sujet, trace le conspectus des genres el des espèces, et en- fin entre dans la description monographique, très-détaillée par lui à tous les points de vue. Il en a profité pour donner la description de l'Ustilago capensis Reess, n. sp., qui amène des déformations sur divers Juncus. H termine par quelques documents sur la distribution géographique des Joncées. Celles-ci se trouvent dans la région du Cap au nombre de 214 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 31 espèces, dont 4 Prionium, 1 Luzula et 29 Juncus. Parmi ceux-ci se trouvent 8 espèces nouvelles établies par l'auteur. » Affinités botaniques du genre Wevropteris ; par M. B. Re- nault (Comptes rendus, séance du 7 aoùt 1876). Dans son rapport sur un mémoire de M. Grand'Eury, M. Ad. Brongniart disait : Tout semble s’accorder à nous prouver que les Odontopteris, et probablement aussi les Nerropteris, qui leur sont si étroitement liés, sont des Fougéres de la tribu des Marattiées, dont les espéces actuellement vivantes se rapprochent du reste, par leur port, et par la dimension eigantesque de leurs frondes, de ces genres anciens. Sous les noms de Myelopteris radiata et de M. Landriotii, M. Renault a fait connaitre (1) la structure anatomique complète de divers pétioles, structure qui, dit-il, ne permet point de douter qu'il n'ait existé à l'époque houillére plusieurs groupes de Fougéres appartenant à la famille des Marattiées, mais dont l'organisation était plus compliquée. Dans sa note actuelle, M. Renault dit avoir constaté sur un échantillon silicifié d'Autun l'adhérence de trois fragments de pinnules de Nevropteris à un pétiole de Myelopteris. Ila cru reconnaitre sur cet échantillon la disposition radiée des faisceaux fibreux de l'écoree qui caractérise le Myelopteris radiata et l'ensemble d'une nervation qui rappelle celle du Nerropteris cordata. Tl résulte en tout cas, de ces faits, que certains Myelopteris ont porté des pinnules de Nevropteris, et que ce dernier genre doit être regardé, avec plus de certi- tude que par le passé, comme venant se ranger dans la famille agrandie des Maraitiées. Recherches sur la fructification de quelques végétaux provenant des gisements silicifiés d'Autun et de Saint-Étienne; par M. B. Renault (Ann. sc. nat., 6° série, t. 111, 1876, pp. 1-20, avec 4 planches). M. Renault étudie dans ce mémoire les fructifications des Zygopteris, dont on ne connaissait encore que la tige et les pétioles. Ces fructifica- tions sont des sporanges arqués, qu'il est impossible de confondre avec les capsules piriformes des Botryopteris, bien que ces deux genres appar- tiennent à la méme famille. Certaines formes de Schizopteris (Sch. pin- nata Grand'Eury) sont les frondes pinnées, quelquefois fructifiées (2) du Zygopteris. | M. Renault s'est encore occupé des fructifications spiciformes auxquelles ou a donné les noms de Bruckmannia, de Volkmannia et de Macrosta- chya. Les fructifications spiciformes désignées sous le nom de Lepido- (1) Voyez le Bulletin, t. xxi (Revue), p. 70, et les Ann. sc. nat., 5* série, t. XX n° 3. (2) Dans cet état, M. Grand'Eury les nomme Androstachys. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 215 strobus sont aujourd'hui rapportées par tous les paléontologistes à des Lycopodes arborescents de la période houillére. Les autres, en général de dimensions plus petites, d'aspect équisétiforme, sont plus variées d'orga- nisation, et présentent beaucoup plus d'incertitude quant à leur origine. M. Weiss (1), se fondant sur la structure de leurs épis et sur le mode d'attache des sporanges, a admis six types différents de fructification : Equisetum, Annularia, Calamostachys, Macrostachya (Huttonia), Cin- gularia et Asterophyllites (Volkimeannia). Le type Equisetum n'a été ren- contré cependant jusqu'ici, pendant la période houillére, ni à l'état d'em- preinte, ni à l'état pétrifié. D'unautre côté, les Bruckmannia tuberculata, généralement regardés comme les épis fructifiés de l'Annularia longi- folia, présentent la disposition désignée par M. Weiss sous le nom de ;alamostachys. M. Renault insiste encore sur quelques autres difficultés qu'offre la comparaison de ces divers types, et expose avec détails la struc- ture de quelques-uns d'entre eux, d'après un Bruckmannia recueilli par M. Grand'Eury dans des magnias silicifiés près de Saint-Étienne, et qu'il nomme B. Grand Euryi, d'après le Volkmannia gracilis, dont la struc- ture anatomique était encore inconnue, et d’après l'Equisetites infundi- buliformis. Recherches sur les végétaux silicifiés d'Autun ct de Saint-Étienne : Des Calamodendrées et de leurs affinités botaniques probables; par M. B. Renault (Comptes rendus, séances du 4 et du 11 septembre 1876). M. Renault expose d'aberd les divergences qui ont caractérisé l'étude des végétaux fossiles équisétiformes connus sous les noms de Calamites, Calamodendron et Arthropitys. V entre ensuite dans l'exposé des études faites par lui, et qui le conduisent à conserver la distinction entre les Cala- mites, les Calamodendron et les Arthropitys. I retrace surtout les carac- tères anatomiques du Calamodendron striatum et de l'Arthropitys bi- striata. La tige des Calamodendron se terminait en pointe à la base, et celle des Calamites en se recourbant assez brusquement, comme les rhi- zomes de nos Préles. Il y a des Ephedra, dit-il, qui présentent une écorce trés-analogue à celle de l'Arthropitys ; et d'autres ressemblances permet- tent de supposer que certaines Calamodendrées ont pu étre les ancétres des Gnétacées actuelles. M. Renault classe dans un tableau synoptique et diagnostique tout à la fois, d’après leurs caractères anatomiques, les Calamodendrées dont il a fait l'étude, et qui se montent à neuf espèces, dont cinq portent comme nom d'auteur le sien et une celui de M. Grand'Eury. (1) Zeitschrift der deutschen geolagischen Gesellschaft, 1873. 216 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Les Calamodendrées, comprenant les genres Calamodendron et Arthro- pitys, ont d’après lui les caractères suivants : Tiges articulées. Faisceaux ligneux séparés par des rayons médullaires primaires trés-apparents. Rayons médullaires secondaires des faisceaux ligneux formés de cellules toujours plus hautes que larges. Faisceaux ligneux munis d'une lacune aérienne à l'extrémité tournée du cóté de la moelle quand la tige a acquis un certain développement ou dés son jeune âge. Sur les inflorescences bractéiferes de certaines Borra- ginées; par M. G. Dutailly (Bulletin mensuel de la Société Linnéenne de Paris, séance du 5 avril 1876). On sait que M. Kaufmann envisage les inflorescences bractéiferes de la Bourrache et dela Buglosse comme dérivant de la bipartition répétée du som- met d'un bourgeon axillaire (1). Mais pour qu'il y ait dichotomie, l’accrois- sement de ce sommet devrait cesser avant la formation des axes latéraux. Il n’en est rien, dit M. Dutailly, et c’est précisément ce sommet qui, pour- suivant son évolution sans aucun temps d'arrét, se transformera bientót et tout entieren une fleur. A un moment donné, il est vrai, celui-ci s'élargit, mais il ne prend jamais l'aspect d'une plate-forme qui puisse faire croire à l'arrét de l'aceroissement du sommet végétatif. C'est une sorte de créte mousse toujours plus élevée d'un côté que de l'autre, et dont le point cul- minant est occupé par le sommet végétatif qui va se transformer en fleur. La valeur de l'interprétation de M. Kaufmann avait déjà été contestée par M. Warming, lequel affirmait qu'il n'existe aucune différence fondamentale entre les phénomènes de la dichotomie et ceux de la ramification latérale. M. Dutailly, lui, soutient que rien ici ne rappelle une dichotomie, et que les inflorescences des Borraginées sont toutes des cymes unipares scorpioides. Végétation du Mais commencée dans une atmosphere d'acide carbonique ; par M. Boussingault (Comptes rendus, séance du 10 avril 1876). Ce que montre clairement l'expérience de M. Boussingault, c'est qu'une graine placée dans un sol stérile supportant une atmosphère stérile con- stitue d'abord, en germant, une atmosphère fertile, c'est-à-dire une atmo- sphére renfermant du carbone, au sein de laquelle, avec le concours de la lumiere, les feuilles organisent de la chlorophylle et ensuite des matières amylacées et saccharines. (1) L'exposé de la manière de voir de M. Kaufmann se trouve dans le Traité de bota- nique de M. Sachs (traduction de M. Van Tieghem, p. 681). Voyez, à ce sujet, le proces- verbal de la séance de la Société du 6 avril dernier. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 217 Sur la végétation des plantes dépourvues de chloro- phylle ; par M. Boussingault (Comptes rendus, séance du 24 avril 1816). ' M. Pasteur ayant fait quelques observations à la communication précé- dente, observations fondées sur la nutrition des Mucédinées, qui s'ac- complit ou parait s'accomplir d'une manière indépendante de la chaleur solaire, M. Boussingault répond que les parasites prennent leur carbone dans des substances qui, tout en ayant une composition chimique définie, tout en étant cristallisées, proviennent néanmoins d'un organisme végétal ; car, en définitive, le sucre, l'acide tartrique, intervenus dans les expé- riences de MM. Pasteur et Raulin, ont été indubitablement formés dans une plante à chlorophylle, sous l'influence de la radiation solaire. On peut done affirmer que, si la radiation solaire cessait, non-seulement les plantes à chlorophylle, mais encore celles qui en sont dépourvues, disparaitraient de la surface du globe. Hepaticæ pyrenaicæ circa Luchon crescentes; auctore J.-E. Zetterstedt (Üfversigt of Kongl. Vetenskaps Akademiens Fórhandlin- gar, 1875, n° 2, pp. 13-24). Ce mémoire, tout entier rédigé en latin, contient l'étude des Hépatiques croissant dans le sud du département de la Haute-Garonne ainsi que dans un lambeau du territoire espagnol de l'Aragon. Relativement à l'altitude et à l'orographie de la région, l'auteur renvoie à ses travaux antérieurs (1). Il fait connaitre les localités précises de 68 espéces, dont 14 ne se trou- vaient pas dans l'énumération donnée par Spruce. Recherches sur les Betteraves à sucre; par MM. E. Fremy et P.-P. Dehérain (Comptes rendus, séance du 24 avril 1876). Ce mémoire rend compte d'une deuxieme année d'expériences conti- nuées en 1875 par les auteurs. Ils en ont tiré les conclusions suivantes : 4° Des dissolutions salines, présentant des compositions identiques, agissent tout différemment sur les Belteraves, suivant que les racines plon- gent dans les dissolutions mêmes, ou suivant que celles-ci imprégnent un corps poreux. — 2 En plaçant dans des conditions de sol, d'engrais, d'arrosage identiques, des Betteraves de races différentes, on obtient des racines de richesses très-différentes aussi. — 3° Un excès d'engrais azoté abaisse la richesse saccharine de toutes les Betteraves, mais celles qui pro- viennent d'une race excellente conservent encore une quantité de sucre telle que leur traitement reste très-avantageux. — 4° Un excès d'engrais azoté appliqué sur les Betteraves des races améliorées élève leur. rende- (4) Plantes vasculaires des Pyrénées principales, Paris, 1857 ; et Musci Pyrenaici circa Luchon crescentes (Ofversigt, etc., 1865, t. v, n° 10). 218 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ment à l'heetare et rend leur culture rémunératrice ; il élève aussi le ren- dement des Betteraves à collet rose, mais il diminue leur teneur en sucre, et les fabricants ne peuventles traiter sans s'exposer à des pertes sérieuses. — 6° Pour produire sur une surface donnée le maximum de suere dans des conditions avantageuses à la fois pour le fabricant et pour le cultiva- teur, il faut donc s'attacher avant tout au choix judicieux de la graine. On a disease of Olive and Orange trees (Sur une maladie de l'Olivier et de 'Oranger) ; par M. W.-G. Farlow (Bulletin of Bussy Institution, reproduit dans The Month!y Microscopical Journal, sep- tembre 1816, avec une planche). Cette maladie, causée, bien entendu, par un Champignon, s'est déclarée en Californie. M. Farlow, attaché, comme on sait, au laboratoire de M. Asa Gray, l'a étudiée sur des échantillons qui lui ont été adressés. Il fait connaitre le mycélium, les conidies, les pycnides et les stylospores du Champignon de l'Olivier et rappelle ensuite l'histoire du Fumago Citri Pers. Myc. eur. (1822), p. 10, du Capnodium Mont. Ann. sc. nat. (1849), 3" série, t. x1, p. 233 (Fumago Citri Turp. Sav. étr. t. vi, p. 240), et le mémoire de MM. Berkeley et Desmazières : On some Moulds referred by authors to Fumago (1). On sait que M. Montagne a désigné sous le nom d'Antennaria elæo- phila (2) le Cryptogame de l'Olivier. M. Farlow en a examiné des échan- tillons authentiques, provenant de Montagne, et il identifie sans hésita- tion le Cryptogame observé sur l'Olivier en Californie avec celui qui a causé la maladie du méme arbre dans le midi de la France (3). D'ailleurs M. Tulasne (Selecta Carpologia, vol. 11, p. 279) a prouvé que le genre Anlennaria de Fries représente l'état pycnidifère de Champignons dont le genre Capnodium était l'étatascophore. Aussi, pour désigner l'ensemble organique résultant de cette réunion, a-t-il repris l'ancien nom générique Fumago. De son cóté, M. Farlow a constaté que la portion du Champi- gnon de Californie qui portait des stylospores était bien le Capnodium Ci- Iri, forme qu'on ne trouve guère que sur les oranges. Il a été assez heureux cependant pour rencontrer stylospores et pyenides réunis sur des échan- tillons californiens d'olives et d'oranges. Toutes ces formes ou phases ne sont pas distinguables, selon l'auteur, du Fumago salicina, qui se trouve sur les Saules, les Chénes, les Bouleaux, l'Aubépine, le Poirier, ete. M. Farlow examine ensuite l'importance du rôle joué par les insectes. Il pense que le Champignon ne se développe sur les olives ou les oranges (1) Journal of the Horticultural Society, t. 1v, p. 252. Cf. Montagne in Ann. sc. nat., 3e série, t. vin (1849), p. 302. | > 2) Cladosporium Fumago Link (Mont. in Ann. sc. nat. 2° série, t. vr, p. 32); An- tlennaria elæophila Mont. (Bull. Soc. Agr. Par. 2 série, t. IV, p. 767). (3) Voyez le compte rendu de la session tenue par la Société à Nice en 1865. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 219 que conséeutivement au dépôt d'une substance? gommeuse due à un in- secte ; le Champignon vient ainsi augmenter un dommage dont il n’est pas le premier auteur (1). A curious fact in connection with certain Cells in the Leaves of Hypericum Androsæmunn : par M. W. Minds (The Monthly Microscopical Journal, novembre 1876). M. Hinds a observé des feuilles d Androsemum qui manquaient, dit-il, des ponetuations ordinaires, mais qui offraient çà et là, près de leurs bords, de petits points plus pàles, où faisait défaut la chlorophylle, et dont le centre était rempli par des corpuscules mobiles trés-actifs. Il a retrouvé ce fait dans une autre espèce d Hypericum. Wl ne s'explique pas davantage sur la nature de ces corpuscules. Adiantum neoguineense, sp. nov. ; par M. Th. Moore (Garde- ners’ Chronicle, 6 janvier 1877). Cette espèce a été recueillie dans la Nouvelle-Guinée par M. Goldie, attaché comme collecteur à l'établissement anglais de M. B.-S. Williams, d'Holloway. En voici les caractères : « Frondibus patulis, glabris, deltoideis, 3-4-pinnatis, pellucidis, membra- naceis, opaciter olivaceis ; pinnis ovatis, pinnulis ultimis pedicello capillari suffultis, terminali cuneata, lateralibus trapezoideis, 1/2 poll. circiter longis, crenulato-lobatis, lobis admodum latis integris ; soris parvis, dis- ünetis, 6-8 in unaquaque pinnula, orbicularibus, profunde immersis inter arcus clausos marginalium loborum, indusio levi ; venis flabellatis, 4 cir- citer in eumdem sinum concurrentibus; stipitibus castaneis, levibus, glaucis ; secundariis et tertiariis rhachidibus nitidis, capillaribus. » Adiantum palmatum, sp. n.; par M. Th. Moore (ibid., 13 jan- vier 1817). M. Baker, dans le Synopsis Filicum, a réuni sous le nom d'Adiantum digitatum Y A. digitatum Presl, PA. speciosum Hook. Sp. Fil., t. 1, 45, tab. 85 C, et le type que M. Th. Moore distingue sous le nom d'A. pal- matum. Ces espèces appartiennent toutes à la section du genre à feuilles palmées. L'A. palmatum se distingue surtout par son rachis flexueux et parfaitement glabre, par son port plus gréle, ses incisures plus profondes. Il a été recueilli sur le Chimborazo, à une grande hauteur, par les collec- teurs de M. B.-S. Williams, et au Pérou par M. Ræzl. Des gravures sont annexées à cette note de M. Moore. (1) Voyez dans notre Bulletin, t. xiv, p. 15, le mémoire de M. E. Roze sur la fumagine (mémoire dont nous sommes étonné de ne pas trouver même l'indication dans la note de M. Farlow), et la discussion intéressante qui en a suivi la lecture. 290 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Fruiting of double Peaches; par M. Thomas Meehan (Procee- dings of the Academy of natural Sciences of Philadelphia, 1875, part. 1, p. 268. Il s'agit dans cette note de Péchers à fleurs doubles dont les fleurs ont produit deux ou trois fruits au lieu d'un seul. L'auteur rappelle que Lindley avait écarté les genres Cerasus, Prunus, Persica, de la famille des Rosa- cées, sous le nom de Drupacées, précisément parce que ces genres ne portent qu'un seul carpelle dans leurs fleurs. Recherches chimiques sur la végétation; par M. B. Coren- winder (Comptes rendus, séance du 15 mai 1876). M. Corenwinder avait prouvé antérieurement que les bourgeons et les jeunes feuilles exhalent de l'acide carbonique, méme lorsqu'ils sont exposés à la lumière. Ce phénomène cesse d’être apparent lorsque les feuilles sont plus développées. L'auteur conclut de ses dernières observations que non- seulement les végetaux peuvent aequérir du carbone par leur surface, mais qu'ils ont aussi la propriété de s'assimiler le carbone contenu dans l'acide carbonique qui circule dans leurs tissus. Une expérience de Saus- sure confirme cette fonction. Ce savant a vu que, lorsqu'on enferme uu rameau feuillé attenant à un arbre en pleine végétation dans un ballon plein d'air privé d'acide carbonique, cet air s'enrichit bientôt en oxygène sous l'influence des rayons lumineux. Faune et flore des tourbières de la Champagne ; par M. P. Fliche (Comptes rendus, séance du 24 avril 1876). Gràce à l'abondance des débris végétaux, il a été possible à l'auteur de suivre les variations de la flore, depuis le limon qui sert de base à la tourbe jusqu'à l'époque actuelle. Les espèces forestières et les Mousses fournissent sur ces variations les documents les plus complets et les plus importants. Ainsi, à l'époque où se déposaient les derniers limons, la contrée était cou- verte d'Epicéas, qui devenaient rares, de Pins silvestres, de Saules, de Bouleaux, d'Aulnes, dont il est impossible, en l'absence de feuilles et de fruits, de déterminer l'espéce, mais qui étaient certainement de ceux qui habitent encore le pays ou des Aulnes blancs. Au moment oü la tourbe s'est déposée, l'Epicéa a disparu, mais le Pin silvestre était encore large- ment représenté, et l'on trouve ses débris dans toute l'épaisseur de la couche forestière signalée plus haut ; à lui se sont mélés en petite quan- tité PIf et le Genévrier commun ; les arbres à feuilles caduques, de l'épo- que précédente, ont persisté, et l'on en voit apparaitre de nouveaux: les Chénes, les Ormes, qui sont peu abondants. La forét présente un aspect qu'on ne rencontre plus aujourd'hui qu'en s'avançant, au nord-est, jus- qu'à Haguenau ou mieux jusqu'à Bitche. Le Pin disparaît ensuite ainsi que REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 221 VIF; le Genévrier reste le seul représentant des Conifères ; le Chêne devient plus abondant, et la végétation reste ce qu'elle est de nos jours dans le fond des vallées ; sur les collines, le Hétre semble avoir joué un róle im- portant. Les Mousses confirment les résultats fournis par l'étude des arbres. Elles se rencontrent surtout dans les parties profondes des tourbières et méme dans le limon ; quelques-unes cependant ont survécu aux Pins: ce sont toutes des espèces ou des variétés qui recherchent les sols très-humides et les climats froids. Plusieurs ont abandonné les plaines de la France, y laissant quelquefois des témoins de leur ancienne extension, comme F Hy- pnum scorpioides, dans la localité classique de Mortfontaine. La flore du nord de la France, d’abord très-différente, à l'époque qua- lernaire, de ce qu'elle est aujourd'hui, est arrivée graduellement à son état actuel, par suite du réchauffement du climat, qui a fait reculer plu- sieurs espéces en méme temps qu'il permettait à d'autres de dominer ou de s'introduire. La lutte des espéces entre elles a amené de grandes modifications dans leurs aires ; elle n'a pas, comme cela devrait être suivant les hypothèses transformistes, fait dériver la flore actuelle de celle qui l'a précédée. H semble, en particulier, que le Pin silvestre, espèce éminemment variable, aurait trouvé des conditions propres à produire un descendant modifié sus- ceptible de se maintenir spontanément sous le climat actuel des environs de Paris, qui ne lui est pas trop défavorable. Sur la flore du grès de Fontainebleau; par M. Ch. Contejean (Comptes rendus, séance du 15 mai 1876). M. Contejean, dont nous avons exposé ailleurs (1) les idées sur l'in- fluence chimique du sol, en donne ici un exemple curieux, qu'il doit à M. Nouel. La petite vallée de l'Essonne, à Malesherbes, sépare à peu prés le caleaire de la Beauce du grés de Fontainebleau, de telle sorte que, sur la rive gauche, on a toute la flore du calcaire, et sur la rive droite toute celle de la silice. Près du château de Rouville, à la porte méme de Males- herbes, et par conséquent sur la rive gauche et du côté du calcaire, M. Nouel a vu, dans un pli de terrain perpendiculaire à l'Essonne, la flore du calcaire installée sur des affleurements de sables et de grés siliceux surmontés par le calcaire de la Beauce. Sables et grès produisent une vive effervescence avec les acides. Un peu plus loin, rive droite, et par conséquent du côté du grès de Fontainebleau, le méme observateur a vu les deux flores superposées, sans se confondre, dans le voisinage d'une carrière où l'on exploite une petite couche de calcaire dur, qui parait interealée au milieu du grès. Toute (1) Voyez plus haut, p. 157. 222 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. la masse de grés qui surmonte ce calcaire a la flore de la silice, tandis que les sables et les grés qui se trouvent au-dessous ont celle de la chaux. Or ceux-ci produisent une vive effervescence avec les acides, qui demeurent sans action sur les premiers. Observations on Lilies; par M. Thomas Meehan (Proceedings of the Academy of natural Sciences of Philadelphia, 1815, part ur, pages 412-413). Quelques bulbes du Lilium pardalinum ont offert à l'auteur des écailles articulées dans leur milieu. La partie placée au-dessus de l'articulation se détachait au plus léger attouchement. D’après M. Bolander, ce serait un caractère de cette espèce qui n'aurait encore été constaté par aucun monographe. Le Lilium superbum le présente aussi, mais d'une manière inconstante. D'autres observations ont été faites par M. Meehan sur la stérilité des fleurs du L. canadense. L'auteur a tenté la fécondation artificielle sans en obtenir aucun résultat. M. Francis Parkman, de Cambridge (États-Unis), a aussi essayé de féconder plusieurs espèces de Liliwm par le pollen du L. auratum, du Japon, mais les seules graines obtenues ont reproduit le type original, à l'exception d'un seul hybride. L'auteur décrit encore quel- ques variétés du Lilium superbum. Cycadearum generum specierumque revisio, auct. E. Regel. Broch. in-8° de 48 pages. Saint-Pétersbourg, 1876. Nous avons reproduit, dans le cahier précédent, la elassification adoptée par M. Regel pour les Cycadées. Il ne nous reste done qu'à indiquer les documents rassemblés par lui sur les espèces. Il donne dans ce mémoire le 4ableau dichotomique de chacun des genres de Cycadées, et en général ne parle que d'aprés l'examen des espéces vivantes, étudiées par lui au Jardin botanique de Saint-Pétersbourg, et souvent figurées dans le Gar- tenflora. Le genre nouveau Aulacophyllum enferme les types suivants : Zamia Ræzli Rgl., Z. Lindeni Rgl., Z. montana Al. Br., Aulacophyl- lum Ortyiesi n. sp. (introduction récente due au collecteur Wallis), Z4- mia Nkinneri Warsc. et Z. Wallisii A. Br. Le genre Zamia, bien que réduit, se monte encore à 22 espèces dans cette monographie. Il faut encore noter les mémoires ou notes suivants, récemment publiés par M. Regel dans les Travaux du Jardin botanique impérial de Saint- Pétersbourg : Generis Evonymi species floram rossicam. incolentes : Rhamni species imperium rossicum incolentes; Revisio specierum varie- tutumque generis Funkiæ. Dans un mémoire intitulé : Descriptiones plantarum in horto botanico Pelropolitano cultarum, M. Regel décrit l Anthurium crystallinum Lin- den, le Begonia Ræzli Rgl, le Calathea undulata Rgl (Maranta undulata REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 225 Linden et André), le Meconopsis quintuplinercia Rgl, de la Mandchourie, et le Sida glochidiata. I fait connaitre ensuite un nouveau genre de Légumineuses, Smirno- wia : « Genus (dit-il) styli stigmatisque structura cum Eremosparta fere congruum et habitu, preter folia omnino evoluta, simillimum, sed distinc- tum legumine poly- nee submonospermo, utrinque sulealo et utrinque compresso earinato, brevissime quidem at distincte stipitato nec omnino sessili, presertim vero sutura ventrali intus iu dissepimentum fere 2 lineas latum producta. Longius distat a Colutea et Sphærophysa : a priore, stig- mate terminali et stylo tereti nec venire sulcato ; ab utraque, barba styli dorsali, ut in Eremosparto, nec ventrali. » Le Smirnowia est du Tur- kestan. De la signification du filet de étamine; par M. D. Clos (Comptes rendus, séance du 15 mai 1876). L'étamine est de tous les organes floraux celui qui s'éloigne le plus de la feuille; c'est aussi celui dont la signification est encore la plus incer- taine. Hl semblait naturel de comparer le filet au pétiole, l'anthére à la lame de la feuille; cette interprétation, déjà ancienne, se trouve repro- duite dans plusieurs traités modernes. M. Clos a cherché à montrer, en 1866, dans un travail, intitulé : La feuille florale et l'anthére, que, du moins dans la plupart des cas, l'anthére est un organe auquel rien ne correspond dans le limbe, soit de la feuille, soit du pétale’ La comparaison d'un grand nombre de faits lui a appris que le filet staminal, loiu d'étre l'analogue du pétiole, représente ordinai- rement, dans les Dicotylédonés polypétales et dans les Monocotylés à pé- rianthe polyphylle pétaloide, la nervure ou la portion médiane des pétales. Les arguments sont nombreux en faveur de cette thèse : 1* Que de plantes ne pourrait-on pas citer, indépendamment des Caryo- phyllées et des Tropéolées, où l'on constate un rapport inverse de longueur entre les filets et les pétioles? 2° On voit figurés dans plusieurs ouvrages élémentaires les pétales inté- rieurs des Nymphéas se rétrécissant de plus en plus pour formerles filets, au sommet desquels l'anthére se montre d'abord punctiforme et comme un organe indépendant. Le phénomène inverse, l'élargissement du filet avec disparition de l'anthére, pour former la lame du pétale, s'observe dans la duplicature de la Rose. 3° Ilestdes plantes (Ficoides, Æonium ciliatum, Greenovia aurea, ete.) où les pétales, très-étroits, ressemblent aux filets; il en est d'autres où les filets élargis ont la plus grande analogie avec les pétales (Alhuca, Erio- spermun, plusieurs espèces du genre Allium, ete). Si le filet est sans rapport avecle pétiole de la feuille, s'il représente une bande longitudinale étroite du milieu du pétale sessile, est-il du moins l'ana- 224 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. logue de l'onglet dans les pétales longuement onguiculés, tels que ceux de la plupart des Silénées, des Crucifères ? Deux arguments plaident en faveur de cette assimilation : d'une part, l'onglet ne diffère guère de la lame que par la nervation ; d'autre part, une anomalie de Saponaire a montré une anthére occupant sur le pétale la place des deux écailles qui surmontent l'onglet. Les 64 plantes utiles aux gens du monde ; par M. Hariot. och. in-16 de 95 pages. Troyes, Perderizet-Bourgeois, 1876. L'auteur, qui est pharmacien à Méry-sur-Seine (Aube), n'a eu d'autre prétention que d'écrire un résumé de ce qu'il y a de plus judicieux dans la médecine des simples, en y ajoutant des recettes pour préparer les divers élixirs et vulnéraires bien connus des ménagéres. Botanique descriptive, contenant l'organographie, l'anatomie, la physiologie, et la classification des plantes, etc.; par M. l'abbé Chaude. Paris, V. Palmé, 1876. Aucun ouvrage, dit l'auteur, parmi ceux qu'on a publiés jusqu'à ce jour sur la botanique, ne lui a semblé réunir sous une forme à la fois succinete et suffisamment compléte, et les principes fondamentaux, et la classification des plantes, et leurs propriétés alimentaires, médicales et industrielles. Il a cherché à remplir cette lacune en décrivant, d'aprés les meilleurs auteurs, la forme et la symétrie des organes des plantes, leur structure intime et leurs fonctions. Il à établi, pour les classer, seize ordres, en combinant, dit-il, les méthodes de Linné, Tournefort, Jussieu et Richard. Il a donné dans son ouvrage un petit vocabulaire des plantes médicinales indigènes, en s'attachant à faire connaitre leurs vertus médicamenteuses, les maladies auxquelles elles conviennent, la partie de la plante qu'il faut employer et la dose à laquelle on doit la prescrire. Il termine par quelques pages empreintes d'un sentiment à la fois religieux et poétique, qu'il emploie à chercher Dieu dans ses œuvres, et à démontrer le Créateur par la beauté de la création. Supplément à la S£f«atistique botanique du Forez; pi M. A. Le Grand. Br. in-8 de 293-337 pages. Saint-Etienne, Théolien frères, 1876. Outre des localités nouvelles de plantes déjà constatées, et l'indication d'un nombre très-notable de nouveautés, M. Le Grand a repris l'étude du genre Mentha avec le secours de notre honorable confrère M. Malinvaud, qui étudie ce genre si difficile avec une persévérance couronnée de succès, et il a donné à nouveau la liste des Mousses, qui rectifie et augmente nota- blement celle qu'il avait publiée antérieurement. Nous remarquons dans REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 225 les additions le Filago subspicata Bor., qui pourrait bien étre hybride des F. lutescens et arvensis, comme le F. mixta Holuby est hybride des F. canescens et arvensis : le Carex Pairei V. Schultz, que M. Duval- Jouve tient pour une variété coarctata du C. divulsa (de méme qu'il y a une variété divulsa du C. muricata, que l'on prend à tort pour le C. di- vulsa). A la suite de celte énumération, M. Le Grand donne la liste des plantes du Forez, publiées dans les collections d'exsiccata, et des notes sur le genre Polygala, sur le Meconopsis cambrica, et sur le genre Salix ; il reproduit ensuite une partie des observations faites sur la Statistique bota- nique du Forez par M. F. Schultz. Corona (1) Pierreana, sive Stirpium Cambodianarum a cl. J. PIERRE horti botanici Saigonensis proposito lectarum Ecloge, auctore H.-F. Hance (The Journal of Botany, aoüt-septembre 1876). Nos lecteurs savent sans doute combien sont importantes les collections faites dans la Cochinchine française par M. Isidore Pierre, directeur du Jardin botanique de Saigon, et par M. le docteur Thorel, qui a été attaché à l'un de nos corps expéditionnaires en Cochinchine. Les herbiers faits de concert par ces deux explorateurs sont d'ailleurs déposés au Muséum, où l'on a pu déjà contempler leurs richesses, et où l'on espérait qu'ils donne- raient lieu à une publication spéciale. Cette publication sera évidemment déflorée par les notes que publie M. Hance, auquel M. Pierre avait commu- niqué quelques-unes de ses trouvailles. Le premier fascicule du Corona Pierreana contient 50 espèces, des Magnoliacées aux Fougères. Un petit nombre seulement de ces espèces sont nouvelles, savoir : fllicium cambodianum, Adinandra phlebophylla, Dipterocarpus insularis, Vatica astrotricha, Shorea hypochra, Stercu- lia lychnophora, Ventilago sororia, Swintonia Pierrei, Agelæa glabri- folia, Afzelia cambodiensis, Parkia streptocarpa, Tristania rufescens, Bassia? Krantzii, Aporosa tetrapleura, Daphniphyllum Pierrei, Aris- tolochia arenicola, Oncosperma cambodianum, Xyris capito et Polypo- dium Pierrei, voisin du P. lasiostipes Mett. Nous ne voyons nulle part, dans ce travail, de numéros qui permettent de se référer à l'exsiccata de M. Pierre. Ajoutons que, selon les lois de la nomenclature, ces espéces nouvelles doivent porter uniquement le nom de M. Hance, qui d'ailleurs, comme on le voit, n'a pas manqué d'en dédier quelques-unes au naturaliste français. Australian Orchids, par M. R.-D. Fitzgerald. Part 1, Sydney, 1875, in-folio. Cette première partie consiste en une introduction, que suivent sept (1) Le titre imprimé porte Corolla, sans doute par suite d'une faute typographique. T. XXIII. (REVUE) 15 226 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. planches in-folio accompagnées du texte correspondant. L'auteur s'est surtout appliqué à étudier la fécondation des Orchidées dans ses rapports avec les insectes qui en visitent les fleurs, et a décrit diverses structures florales peu connues jusqu'à présent. Les illustrations de ce fascicule con- cernent principalement les genres Pterostylis, Caladenia, Corysanthes, Aeranthus et Thelymitra. M. Vitzgerald a été frappé du nombre de moyens qui semblent parfois mis en œuvre pour la reproduction des Orchidées, sans que celle-ci soit toujours suivie d'un grand résultat. I va jusqu'à ad- mettre que la fécondité est en raison inverse des dispositions prises par la nature pour l'assurer. A Catalogue of plants cultivated in the Garden of John Gerard in the years 1596-1599. Edited, with notes, references to Ge- rard's Herball, the addition of modern names, and a Life of the author, by Benjamin Daydon Jackson. In-4° de 64 pages. Londres, 1876. La bibliothèque du British Museum possède un exemplaire, peut-être unique, de la première édition du Catalogue de Gerard, datée de 1596, et intitulée: Catalogus arborum, fruticum ac plantarum tam indigenarum quam exoticarum in horto Johannis Gerardi, civis et chirurgi Londi- nensis, nascentium. Dédié à lord Burleigh, dont Gerard dirigeait alors les jardins, ce catalogue offre un grand intérêt pour l'histoire de l'horlicul- ture, surtout si l'on peut en déterminer avec certitude les plantes, ce qui est souvent fort difficile, méme en s'aidant des vagues descriptions con- tenues ultérieurement dans l Herball de Gerard (1597), et de la synony- mie latine exposée dans la seconde édition de son Catalogus (1599). L'auteur à heureusement trouvé, pour élucider plusieurs de ces identifica- tions difficiles, de précieux documents dans les vieilles collections que renferme l'herbier de Sloane, conservé également au British Museum. M en a profité pour composer un livre des plus intéressants, qui se présente comme destiné aux horticulteurs, mais qui peut être aussi utile aux bota- nistes, ou du moins à ceux d'entre eux qui tiennent à être exactement ren- seignés sur les plantes connues des anciens auteurs. On Acnida ; par M. Asa Gray (The American Naturalist, août 1876). M. Asa Gray étudie dans cette note le genre Acnida L. (Acnide Mitchell), de la famille des Chénopodiacées, et corrige une erreur qu'il dit avoir commise dans la seconde édition de son Manual of Botany of the nor- thern United States. Il sépare le genre Acnida en trois sections, Euacnide, Montelia Moq., et Pyxidi-Montelia, la dernière distinguée des deux autres, dont le fruit est indéhiscent. Son Montelia tamariscina est divisé par lui en deux espèces, l'Acnida (Montelia) tuberculata Moq., et VA. (Pyxidi- Montelia) tamariscina ( Amarantus tamariscinus Nutt.). En outre il fait REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 227 connaitre une nouvelle espèce, A. (Euacnide) australis (4. cannabina Chapman non L.). De l'influence chimique du sol sur les plantes ; par M. le docteur J. Saint-Lager (extrait des Annales de la Société botanique de Lyon) ; tirage à part en brochure in-4° de 30 pages. Lyon, 1876. Toute l’argumentation de M. Saint-Lager peut, suivant lui-même, se résumer dans les deux propositions suivantes : 1° L'analyse chimique et l'expérience agricole prouvent que certaines substances minérales sont, pour les plantes, de véritables aliments. — 2 Si l'on considère la nature et la quantité des substances minérales ab- sorbées, on peut répartir les espèces végétales en quatre groupes, ainsi dénommés : calciphiles, kaliphiles, nitrophiles et halophiles. L'auteur étudie successivement, au point de vue de leur influence sur la distribution des végétaux, la potasse, la soude, l'ammoniaque et les nitrates, la chaux et la magnésie, l'oxyde de fer, l'acide phosphorique, enfin l'acide sulfurique. Plus il avance dans ses démonstrations, moins il conçoit com- ment on a pu mettre en doute l'influence chimique du sol sur la végétation, ou du moins la subordonner aux actions physiques. Contrairement. à une opinion célébre de De Candolle, il est parfaitement démontré que chaque espéce choisit dans le sol les aliments chimiques qui lui conviennent et refüse méme souvent d'absorber la moindre parcelle de certains composés, de sel marin par exemple. M. Saint-Lager cherche encore des arguments dans la jachére et les asso- lements. Il rejette la théorie des excrétions pour insister sur celle de l'in- fluence chimique. Ueber die Entwickelung des Samens der Orobauchen (Sur le développement de la graine des Orobanches) ; par M. Ludwig Koch (Verhandlungen des naturhistorisch - medicinischen Vereins zu Heidelberg, 1876, pp. 199-203). L'ovule anatrope des Orobanches ne possède qu'un tégument, qui a deux couches d'épaisseur, si ce n'est dans la région du micropyle, où se trouve une couche de plus. Le sac embryonnaire traverse tout le nucelle et s'éteud jusqu’au micropyle. Il se partage par divisions successives en trois ou quatre étages. Mais il n'est pas transformé tout entier en albumen. Le dé- veloppement de celui-ci se fait principalement dans le milieu du sac. A l'extrémité micropylaire comme à l'extrémité chalazienne il se trouve hien des cloisons destinées à sa formation, mais ces préludes s'arrétent bientôt dans leur développement, et ces parties de la graine, arrivées à maturité, ne contiennent point d'amidon, surtout du cóté du micropyle. Le proembryon est cylindrique; il apparait un peu aprés lendo- 228 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sperme, et ne présente à l'origine aucune division cellulaire. Sa forme se rapproche de celle que M. Hofmeister a chez pour le Pedicularis sylvatica et le Lathræa squamaria. Il se prolonge entre les cloisons endospermiques, produites avant lui, jusqu'à la moitié du sac,où son sommet se dilate en une sphérule; les deux premières cloisons le partagent prés de ses extrémités, en formant deux cellules, dont l'infé- rieure joue le róle d'hypophyse, et dont la supérieure sera l'embryon pro- prement dit. Les partitions qui ont lieu dans celle-ci suivent le type de développement décrit par M. Hanstein. L'origine du dermatogéne se des- sine d'abord dans la moitié radiculaire de l embryon ; ; elle n'apparait que plus tardivement dans la moitié cotylédonaire, dont l'étage reste trés- simple. On y observe bien quelques cloisons diversement dirigées, mais aucune différenciation entre le péribleme et le plérome. Il n'est pas rare de constater un développement asymétrique des deux moitiés de cet étage de l'embryon; le tissu de remplissage se développe alors d'un cóté avec plus d'importance et le dermatogène y apparait un peu en avance. Dans la moitié radiculaire, la séparation du péribléme et du plérome est encore bien moins apparente ; le tissu de remplissage y est bien plus régulier. Les cloisons transversales y sont habituellement peu nombreuses. Les cloi- sons verticales ne s’y trouvent ordinairement que sur un seul côté de l'étage. On observe ici un fait remarquable, c'est que l'asymétrie de l'un des deux étages de l'embryon coincide avec l'asymétrie en sens opposé de l'autre étage. Quant à l'hypophyse, elle se comporte suivant la règle normale; ses divisions se forment indépendamment de celles de l'embryon. Elle fait pénétrer de bonne heure sa convexité dans la sphérule formée par l'em- bryon. Il n'existe pas de pilorrhize à l'origine, et méme pendant la germination il ne se forme aucun cloisonnement cellulaire qui puisse lui donner nais- sance. Le développement de la racine se fait par la dilatation de l'épi- derme depuis l'apparition du tissu qui en remplit l'intérieur. D'aprés ces observations, l'embryon des Orobanches représente le jeune àge d'un embryon dicotylé, dans lequel l'hypophyse est entrée de bonne heure en activité. Le tissu primitif du nucelle, à l'époque de la maturité, n'existe plus que vers l'extrémité micropylaire, comprimé et subérifié. Le testa se ter- mine sur les restes brunis de ces tissus. Entre le testa et l'endosperme se trouvent des lames membraneuses percées de pores extrémement fins ana- logues à ceux des plaques criblées des Conifères. Les modes d'épaississe- ment du testa sont trés-variées. Ce sont des pores qu'on observe dans les genres Orobanche et Boschniakia, des mailles et des réseaux chez les Phe- lipea. Yl n'exisve aucune saillie d'épaississement chez l'Epiphegus virgi- nianus. Celle du testa du Cystanche lutea a la forme de bandes. On observe des transitions d'un de ces modes à l'autre. Les saillies d'épaississement REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 299 n'existent guère sur la paroi externe des cellules du testa, mais surtout sur leur paroi interne, et peu sur les parois latérales, à l'exception du Cys- tanche. L'étude du développement a été suivie par l'auteur chez l'Üro- banche Hedere. Die Lichtabserption in den Chlorophyllósungen (L'absorp- tion de la lumière dans les solutions de chlorophylle) ; par M. À. de Wolkoff (Verhandlungen des naturhistorisch-medicinischen Vereins zu Heidelberg, 1876, pp. 204-228). L'auteur trace d'abord une introduction historique, puis la méthode qu'il a employée. Les solutions de chlorophylle employées par lui étaient des solutions alcooliques renfermant 95 pour 100 d'alcool. Les fragments de feuilles, très-fins, ont été cuits dans l'eau, puis desséchés à une tempé- rature de 60° à 80°, puis plongés pendant quelques heures dans l'alcool. Les solutions ainsi préparées ont été examinées avec le spectroscope de M. Vierordt (1). Quant aux résultats obtenus par M. de Wolkoff, ils sont résumés par lui à la fin de son mémoire de la maniére suivante : 1. La bande I n'est pas celle qui présente l'absorption la plus forte dans les solutions alcooliques de chlorophylle. — 2. L'absorption qui a lieu dans la partie la plus réfrangible du spectre, environ de F à H, est plus forte que celle qui a lieu sur la bande I.— 3. Même dans la région la plus éclairée du spectre, entre les raies V et VI d'une solution normale de chlorophylle, l'absorption est plus forte que dans la bande I. Notice of a new Alpine Willow (Note sur un nouveau Saule alpin); par M. John Sadler (Transactions and Proceedings of the Bota- nical Society, 1815, vol. xit, 2° partie, pp. 208-209). Le Salix Sadleri Syme a été découvert à 665 mètres environ au-dessus du niveau de la mer, dans les Highlands, par M. John Sadler, et décrit comme nouveau par M. Boswell Syme. Il ressemble par son port au S. re- ticulata ; mais dans la nouvelle espèce, les feuilles diffèrent par leur forme et leur nature, surtout par leur face inférieure, sur laquelle les nervures ne sont point apparentes ; en outre le pédoncule du chaton est plus court et plus laineux, les écailles sont extrémement étroites, et, de même que le style et le stigmate, rappellent les organes analogues du Saliz Lapponum. Les capsules sont glabres. Le Carex frigida All. a élé aussi découvert dans les Highlands par M. J. Sadler. (1) Voyez le mémoire spécial de M. Vierordt, oit est décrit cet appareil : Die Anwen- dung des Spectralapparates zur Photometrie der Absorptions-Spectren und sur quantita- liven chemischen Analyse. Tubingue, 1873. 230 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Note on the geographical range of Adiantites lindsæ«- formis; par M. R. Etheridge (ibid., pp. 229). Cette Fougère fossile a été décrite par Sir Ch. Bunbury, dans les Me- moirs of the Geological Survey of Scotland, p. 451, f.26. Elle caractérise particulièrement la série carbonifère inférieure ; on la trouve avec l’ Odonto- pteris lingulata Schimp. M. Etheridge indique quelques localités où elle a été rencontrée en Ecosse. Linum trinercium, n. sp., auctore J. Freyn (OEsterreichische bo- tanische Zeitschrift, juillet 1876). Cette espéce est de Transylvanie. Trés-voisine du L. austriacum L., elle s'en distingue par ses feuilles larges, scabres au bord, habituellement 3-nerviées, ses fleurs plus grandes, les sépalesatteignant à peine la moitié de la capsule. Elle se rapproche aussi du L. extraaxillare Kit. (L. perenne p. carpathicum Uechtr.), qui en diffère par ses pédoncules floraux dressés, ses grosses capsules et par l'aile de ses graines. Le Linum perenne L. (L. darmstadtinum. Alefeldt) s'en écarte aussi par ses pédoncules floraux dressés. Reste à savoir comment le L. trinervium se séparerait du L. squa- mulosum Rud. (1). Recherches chimiques sur la composition des feuilles, modifications résultant de l'àge et de l'espéce; par MM. P. Fliche et L. Grandeau (Annales de chimie et de physique, 5° série, t. vm, août 1876); tirage à part en broch. in-8° de 26 pages. Les auteurs formulent, comme résumant leur travail, les conclusions suivantes : | 1° De l’époque d'épanouissement des bourgeons au moment de leur chute, les feuilles des arbres s'enrichissent en substance sèche. — 9° Elles perdent une partie deleur azote qui est résorbé ; la proportion des cendres s'aecroit. — 3° La proportion d'acide phosphorique, d'acide sulfurique et de potasse diminue dans les cendres. — 4^ Celle de la chaux, du fer et de la silice augmente. — 5^ Il est impossible d'établir une loi pour la magné- sie, la soude et le manganèse. — 6° Les feuilles d'arbres d'espéces diffé- rentes exigent des quantités d'eau à peu prés égales pour se constituer. — T° Elles demandent des quantités inégales d'azote et surtout de cendres. — 8° Les proportions des éléments des cendres varient d'une espèce à Pautre. — 9 Des trois dernières propositions il résulte que certains arbres demandent beaucoup plus au sol que d'autres. — 10° Les feuilles mortes constituent un inauvais engrais agricole, mais leur enlévement est aussi funeste que possible pour les foréts (2). (1) Voyez le mémoire de M. Alefeldt, dans le Linnæa, en 1864. (2) M. Émery a présenté à la Société, dans sa séance du 8 décembre 1876, des obser- vations critiques sur ce mémoire. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 2331 Lichens rapportés de lile Campbell par M. Filhol et déter- minés par M. W. Nylander (Comptes rendus, séance du 3 juillet 1876). Les Lichens monographiés dans ce mémoire sont au nombre de 35. M. Nylander a remarqué parmi eux plusieurs espèces nouvelles : Stereo- caulon argodes, Cladonia subsubulata, Cl. subdigitata, Usnea xantho- poga, Lecanora subgelida, Pertusaria tyloplaca, P. thelioplaca, Lecidea cesio-pallens, L. Campbelliana et L. cladomoica. Aucune considération géographique n'est jointe à ce mémoire. Sur la nature des substances minérales assimilées par les Champignons ; par M. L. Cailletet (Comptes rendus, séance du 22 mai 1876, pp. 1205-1206). En incinérant un fragment de bois sur lequel ont végété des Champi- gnons, on constate que la plus grande partie des sels minéraux qu'il con- tenait, sauf un excès de chaux et de magnésie, ont été absorbés par le mycélium et fixés par le Champignon. Le bois, en perdant les substances fixes qu'il contient, est profondément désorganisé, et c'est là une des causes les plus actives de la détérioration du bois par les Cryptogames. I résulte des analyses de l'auteur que la cendre des Champignons peut étre considérée comme un engrais énergique en raison. des quantités d'alealis et d'acide phosphorique qu'elle renferme. M. Cailletet explique en vertu de ce résultat la production naturelle des cercles verts qu'on rencontre dans les lieux où eroissent diverses espèces de Champignons. Le mycélium s'étend en rayonnant et, pendant l'hiver, quand sa végétation s'arréte, il se décompose en abandonnant les matières azotées et surtout les sels de potasse et l'acide phosphorique qu'il avait puisés dans le sol à une assez grande profondeur. Lorsque le printemps revient, le gramen, ainsi que les plantes à portée de ces engrais. naturels, les absorbe en prenant une vigueur et une coloration bien différentes de celles des végétaux voisins. Les cendres des Champignons sont abondantes en alcalis et en acide phosphoriq e, pauvres en chaux et en magnésie ; elles ne contiennent pas de silice. Le fer n'y a pas été dosé. Étude sur la formation et le développement de quelques galles; par M. Éd. Prillieux (Comptes rendus, séance du 26 juin 1876). M. Éd. Prillieux a décrit, pour quelques galles de structure plus ou moins compliquée qui naissent sur les feuilles du Chêne, les modifications qui se produisent dans le tissu normal à la suite de la piqüre de l'insecte et du dépôt de son œuf. Hl a distingué, dans ce travail organique, la lésion mécanique d'une part, et d'autre part l'irritation spécifique qui produit une tumeur différente selon la nature de l'insecte. 232 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. La lésion mécanique donne lieu à la formation d'un tissu cicatriciel dont le développement est très-limité. Au contraire, lors de l'irritation spéci- fique causée sans doute par une sorte de venin que l'insecte dépose dans la plaie, l'hypertrophie et le cloisonnement répétés des cellules enlévent au tissu normal sa consistance et sa structure. Les cellules, qui parais- saient arrivées à une forme définitive, se métamorphosent et se cloison- nent dans différentes directions en un tissu homogéne dont la croissance est absolument indépendante, et qui offre les caractères anatomiques d'un tissu primordial en voie de multiplication et d'accroissement trés-intense. Les cellules y sont remplies de protoplasma et contienuent des noyaux qui se multiplient activement. Mais bientôt ce tissu primordial se différencie d'une facon spéciale, donnant naissance à des tissus celluleux morbides qui offrent des caractères particuliers, et dont la structure diffère beau- coup, le plus souvent, de celle des tissus de l'organe qui porte la galle. Au voisinage immédiat de l'œuf de l'insecte se forme toujours une couche spé- ciale qui, par son aspect et sa composition, différe de toutes les autres et ne fait jamais défaut. Elle est formée de cellules minces, à peu prés sphé- riques et peu pressées les unes contre les autres, que remplit une matière granuleuse, opaque, de nature azotée, et qui sert à l'alimentation de la larve. Dans cette couche se dépose aussi trés-souvent de l'amidon, mais dans les couches extérieures seulement; cet amidon, qui ne parait pas servir directement à l'alimentation de l'insecte, se résorbe avant que la dent de la larve ait pu l'atteindre; à sa place apparaissent, dans la matiére plastique granuleuse, de nombreuses gouttelettes de matiére grasse qui sont consommées par l'animal parasite (1). Flore landaise et médecine par les plantes vulgaires; par H. Jules Léon. Un vol. in-8 de 269 pages. Pau, 1876. La Flore landaise comprend une préface historique, un dictionnaire des termes techniques, la Flore elle-même, distribuée suivant la méthode de De Candolle, un chapitre intitulé : Botanique usuelle et fantaisiste ; un autre intitulé : Botanique médicale. L'ouvrage se termine par les tables des matières. Ueber einige Pflanzen, bei denen in der Achsel bestimmter Blätter eine ungewóhnlich grosse Anzahl von Sprossanlagen sich bildet (Sur quelques plantes chez lesquelles il se produit, dans l'aisselle de certaines feuilles, un nombre exceptionnellement considérable de bourgeons) ; par M. Thilo Irmisch (Abhandlungen vom naturwissenschaftlichen Vereine zu Bremen, tome v, 1" livraison, 1876, pp. 1-27, avec 2 planches). Sous ce titre, M. Irmisch étudie les premiers développements de P Allium (1) M. Prillieux a publié in extenso ce mémoire dans les Ann. sc. nat., 6* série, t. 1NI, pp. 113-136, avec 3 planches. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 233 nigrum, du Gymnocladus canadensis, le Juglans regia, le J. cinerea et le Carya alba, le Poinciana pulcherrima et le Guilandina Bonducella. Il peut paraitre singulier de voir réunis ces genres sous la rubrique qui forme le titre de ce mémoire. Les Allium s'y trouvent naturellement parce que nombre de caieux naissent à l'aisselle de certaines de leurs tuniques ; le Gymnocladus, comme les Juglandées, possède, au-dessus des feuilles cotylédonaires, une tigelle qui, sur le mérithalle étendu de ces deux feuilles primordiales à l’entre-nœud suivant, présente plusieurs bour- geons superposés. M. Irmisch a étudié avec soin l'évolution de toutes ces parties dans leur jeune âge. Sur une roche d'origine végétale; par MM. Bureau et Poisson (Comptes rendus, séance du 17 juillet 1876). M. de l'Isle, à son retour de l'ile Saint-Paul, eut l'occasion de visiter, dans les parties élevées de l'ile de la Réunion, une caverne dont le sol est formé, sur plus d'un métre d'épaisseur, par une substance d'une teinte d'ocre jaune, douce au toucher, insipide, inodore, laissant aux doigts une pulvérulence jaune et brülant facilement avec une flamme jaune trés- courte, presque sans fumée et sans odeur (quand elle est séche). En étu- diant cette substance au microscope, MM. Bureau et Poisson l'ont trouvée enliérement composée de pelits corps qui, disent-ils, ne peuvent être autre chose que des spores ou des grains de pollen. Ils ont pensé que ces corps devaient étre attribués au pollen des Coniféres ou des Cycadées, à des Lycopodes ou à des Fougères. Par exclusion, ils sont arrivés à voir en eux les spores d'une Fougére; en passant en revue les Polypodiées rap- portées de la Réunion par M. G. de l'Isle, ils en ont trouvé une dont les spores étaient presque identiques avec celles qui ont fait l'objet de leurs recherches. Recherches sur les Casuarina, et en particulier sur ceux de la Nouvelle-Calédonie ; par M. Jules Poisson (extrait des Nouvelles Archives du Muséum, t. x) ; tirage à part en broch. in-4* de 56 pages, avec 4 planches. Ce mémoire se divise en deux parties. Dans la première, l'auteur rend compte, d'une maniére succincte, des principaux ouvrages qui ont trailé des Casuarina, et analyse les travaux anatomiques de Kieser et de MM. Gæp- pert, P. Sanio et Lœw. Dans la seconde, tout en rapportant les observa- lions de ses prédécesseurs, M. Poisson fait connaitre les siennes sur l'organographie du genre et sur la délimitation et la distinction de quel- ques espéces. La ligne de déhiscence des anthéres lui a toujours paru latérale; les deux lobes de l’anthère se séparent avec facilité et figurent alors deux étamines unilobées. Les ovules ne sont appréciables que quand les chatons femelles ont déjà pris quelque développement et sont privés 234 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de stigmates. Ces ovules, orthotropes primitivement, ont une placentation basilaire. Mais ils s'accroissent par leurfaceantérieure et obliquement vers la base, tandis que le placenta est repoussé vers la paroi opposée, puis monte le long de cette paroi en portant toujours les deux ovules à son sommet. Dans cette évolution, le placenta devient filiforme et s'attache à la graine à une hauteur variable suivant l'espéce. Le sommet de l'ovule fertile arrive méme à un certain moment de son développement jusqu'en haut de la cavité et semble y adhérer légèrement, ce qui aura fait supposer qu'il était pendu et non dressé. M. Poisson a observé trois et méme quatre ovules chez le Casuarina angulata, n. sp. ; il est enclin à supposer que si ces trois ou quatre ovules se développaient simultanément, le placenta resterait au centre de la loge ovarienne comme dans les Santalacées. La présence de deux stigmates indique clairement d'ailleurs que l'ovaire est composé de deux feuilles carpellaires. Quand il n'y a que deux ovules (ce qui est généralement la régle), ce sont toujours les ovules antérieurs qui sont présents. Le vide qui se trouve à la partie supérieure de l'ovaire avancé en àge, et que M. Bornet nomme chambre à air, ne parait ètre que le sommet du carpelle qui est privé d'ovule. N'ayant pas eu l'intention de faire une révision du genre Casuarind, M. Poisson en énumère les espèces dans l’ordre et la synonymie admis par M. Miquel en 1868, en suivant, pour les espéces australiennes, la nomen- clature de MM. Bentham et F. Müller. Il ne s'est occupé spécialement que des Casuarina néo-calédoniens, pour lesquels il établit une section par- ticulière du genre, Tetragonæ seu Gymnostomæ. Cette seconde section est caractérisée par des rameaux toujours tétragones, n'ayant jamais de sillons profonds ni de poils, des stomates non protégés, avec l'inflores- cence des fleurs mâles composée, celle des fleurs femelles terminale, des strobiles à quatre rangs de fruits à chaque verticille, la ramification alter- native ou subverticillée, et les phyllichnies triangulaires. Fondé sur ses nouvelles observations, et surtout sur la placentation (D, M. Poisson rap- proche les Casuarinées des Myrica. L'auteur décrit plus spécialement les Casuarina Cunninghamiana Miq., C. nodiflora Forst., C. angulata,n. sp., C. Deplancheana, n. sp., C. leu- codon, n.sp. et C. Chamecyparis, n. sp., toutes de la Nouvelle-Calédonie. Les planches de ce mémoire ont été dessinées par M. Faguet avec l'ha- bileté qu'on lui connait. On y remarque surtout la structure curieuse des cellules de l’épicarpe, et l'issue des éléments anatomiques qui s'échappen! de la couche sous-jacente, et que M. Poisson regarde comme des cellules à spirieule déroulable, assez analogues à celles de l'aile de la graine de certaines Bignoniacées. (1) Voyez un article de M. Baillon, dans les Comptes rendus de l'Association pour l'avancement des sciences en 1873. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 935 BIBLIOGRAPHIE. The failures of the Larch (Les défauts du Méléze) ; par M. W. Gorrie (Transactions of the Scottish arboricultural Society, vol. vut, part r, pp. 61-69, 1876). On certain small-fruited Pears (Sur certains Poiriers à petit fruit) ; par M. Maxwell T. Masters (Journal of Botany, août et octobre 1876, avec une planche). New Lichens from the Island of Rodriguez ; par le Rév. J.-M. Crombie (ibid., septembre 1876). — L'auteur donne dans cette note la diagnose abrégée de 26 espèces nouvelles de Lichens, recueillis à l'ile Rodrigues par M. Balfour fils , pendant le séjour qu'a fait dans cette ile l'expédition anglaise envoyée pour l'observation du passage de Vénus. Ces espéces sont signées de M. Nylander, à l'exception d'une seule, Cladonia Balfourii, qui porte le nom de M. Crombie. On a new Xiphion and Crocus from the Cilician Taurus ; par M. J.-G. Baker (ibid.). — Ces plantes ont été recueillies dans le Taurus par une dame, Mrs Danford, qui accompagnait son mari, ornithologiste distingué, à une époque printanière. Les deux nouveautés sont le Xiphion Danfordie, qui appartient à un sous-genre Micropogon, et le Crocus parviflorus, voi- sin du C. SieberiJ. Gay Bot. Mag. tab. 6036 (C. nivalis Bory et Chaubard), l'espéce commune de la Gréce. Notes on Mascarene Orchidology ; par M. S. Le Marchant Moore (The Journal of Botany, octobre 1876). On the Orchids collected at the Island of Bourbon, during the transit of Venus Expedition, by D" I.-B. Balfour; par M. S. Le Marchant Moore (ibid.). — Les nouveautés, signées de MM. Balfour fils et S. Moore, sont les sui- vantes : Peristylus sacculatus, Disa borbonica, et Angrecum bracteosum. Two new Chinese Grasses; par M. H.-F. Hance (ibid.) ; Eriochrysis porphyrocoma et Phyllostachys Nevinii. À new Chinese Symplocos ; par M. H.-F. Hance (ibid.). On two Dipterocarpaceæ ; par le méme (ibid.). — Dryobalanops Schef- feri, n. sp., de Sumatra, el Hopea mengarawan Miq. On Coinochlamys, a west African genus of Acanthaceæ ; par M. S. Le Marchant Moore (ibid., nov. 1876). — Le genre Coinochlamys T. And. msc. avait été décrit à Kew dans le Genera plantarum, 11, 1091, mais incomplétement. L'auteur en fait connaitre une nouvelle espéce. New Gladioleæ, par M. J.-G. Baker (ibid.). A new Chinese Arundinaria ; par M. H.-F. Hance (ibid.). Plantæ quatuor nove. Hongkongenses ; par le méme (ibid., décembre 1876) : Cardamine Lamontii, Ilex buxifolia, Meliosma squamulata et Cudrania rectispina. 236 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. A second Hongkong Cleistostoma ; par le méme (ibid. , février 1877). Notes on the genus Amphidonax ; par le méme (ibid.). Diatomaceæ in slides of Santa Monica Deposit; par M. F. Kitton (The Monthly Microscopical Journal, novembre 1876). Notes on monstrosities of Primula vulgaris Huds. and Saxifraga stel- laris L.; par M. Alexandre Dickson (Transactions and Proceedings of the Botanical Society, vol. xit, part 3, pp. 435-436, Édimbourg, 1876). On the Hungarian Oak (Quercus conferta Kitaibel) as cultivated in the Royal Botanic Garden, Edinburgh ; par M. Maxwell T. Masters (ibid., pp. 436-441). On the Flowering of spring Plants; par M. Alexander Buchan (ibid., pp. 444-445). Observations on M. Darwin's Views of climbing Plants; par M. Thomas A.-G. Balfour (ibid., pp. 451-477). — C'est une analyse du livre de M. Darwin, avec des remarques de détail sur quelques-unes des plantes observées par le professeur d'Édimbourg aussi bien que par le savant anglais, par exemple le Ceropegia repens, le Phaseolus multiflorus, le Pithecolobium Unguis, le Bignonia venusta, le B. capreolata, Y Ampe- lopsis tricuspidata, Y'A. Veitchii, etc. Notice of a Tree struck by Lightning (Note sur un arbre frappé de la foudre) ; par M. Robert Christison (ibid., pp. 497-502). Note on the Synonymy of certain species of Abies; par M. Mac Nab (ibid., pp. 503-506). NOUVELLES. (10 avril 1877.) — La botanique a fait encore, depuis notre dernier numéro (1), des pertes très-sensibles, dont la première en date est celle de M. Hofmeister, bientôt suivie de celles de M. de Notaris et de M. Al. Braun. M. Duchartre a rappelé à la Société les titres scientifiques de M. Hof- meister. L'auteur des célèbres recherches sur l'embryogénie des Crypto- games et des Phanérogames est décédé le 17 janvier dernier, à Lindenau prés Leipzig. M. de Notaris est mort à Rome le 27 janvier dernier, professeur de botanique à l'Université et sénateur du royaume d'Italie. M. le docteur Le Sourd a communiqué à la Société des documents intéressants sur la vie etles travaux de ce savant bryologue. Le journal italien L'Opinione, dans son numéro 34, vient de publier une notice biographique intitulée : De Notaris e sue opere. Elle a été tirée à part, et forme une brochure in-8° de 73 pages. (1) Le bon à tirer de la dernière feuille avait été donné le 12 janvier, bien que la dis- tribution du numéro C-D n'ait eu lieu que dans le courant de février. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 237 M. Al. Braun a succombé aprés huit jours d'une douloureuse maladie, dans la soixante-douziéme année de son âge, le 29 mars dernier. Nous attendons de M. le professeur R. Caspary, son gendre, la notice biogra- phique qu'il ne peut manquer de consacrer à la mémoire de ce vénérable savant. M. Al. Braun, professeur ordinaire de botanique et directeur du Jardin botanique à Berlin, était membre correspondant de l'Académie des sciences de Paris, qui se trouve ainsi avoir deux vacances à combler parmi les correspondants de la section de botanique. Il faut enregistrer encore ici des pertes douloureuses pour ceux qui se sont intéressés à la récolte des plantes, celle de M. le docteur Fr. Schultz, de Wissembourg, et celle de M. Eug. Bourgeau. M. Ernest Malinvaud s'est fait dans une des dernières séances de la Société, l'interpréte des regrets que cause aux botanistes francais la perte deM. Fr. Schultz, qui, en publiant son Herbarium normale, avait travaillé à perfectionner la connaissance de notre flore, ainsi que celle de la flore d'Allemagne. Tous nos confrères ont déjà reçu, sans doute, une lettre circulaire de M. le docteur J. Scriba, auteur de la Flore de Hesse et de Nassau, méde- cin à l'hôpital de l'université à Fribourg en Brisgau (grand-duché de Bade), qui s'est engagé à éditer aprés la mort de Fr. Schultz les centuries déjà existantes de l'Herbarium normale. La mort de M. Eugéne Bourgeau a été annoncée à la Société dans sa séance du 23 février. Un grand nombre de nos confréres parisiens avaient tenu à donner par leur présence à ses obséques un témoignage de l'inté- rêt qu'ils avaient porté au modeste et courageux voyageur dont les récoltes se sont étendues des montagnes de la Savoie en Espagne, en Asie Mineure, aux Canaries, et jusqu'aux montagnes Rocheuses et au Mexique (1). — On annonce encore la mort de l'amiral Wilkes, des États-Unis. C'est lui qui avait commandé les importantes explorations scientifiques exécutées par la marine des États-Unis, et dont les récoltes botaniques, faites par M. Ch. Wright, ont été décrites par M. Asa Gray, M. Brackenridge et d'autres naturalistes. L'amiral Wilkes est mort au mois de février dernier, âgé de soixante et dix-sept ans. — M. Alfred Smee, chirurgien anglais, qui s'était occupé de chimie et aussi de botanique, est mort récemment dans sa soixantiéme aunée. Il s'est fait connaitre surtout des botanistes par un mémoire sur la maladie des Pommes de terre, publié en 1846; et un joli volume publié il y a trois ans environ, et intitulé : Mon jardin. Les Actes du Congrès de Florence renferment un mémoire de lui sur les meilleures variétés de fruits cultivés en Angleterre. (1) Voyez, sur la vie de M. Bourgeau, la notice lue par M. Cosson à la session d'An- necy (séance de Bonneville, 1866, t. XIII, p. .L). 238 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. — La réunion des délégués des Sociétés savantes des départements a été tenue à la Sorbonne, suivant l'usage, pendant la semaine de Pâques. La distribution solennelle des récompenses a eu lieu le samedi 7 avril, sous la présidence de M. Waddington, ministre de l'instruction publique et des beaux-arts. Une médaille d'or a été accordée à notre confrére M. Grand'Eury, ingé- nieur, répétiteur à l'École des mineurs de Saint-Étienne, pour ses travaux de paléontologie végétale. Notre confrére M. Éd. André a été nommé officier d'Académie, récom- pense plus que justifiée par le voyage qu'il a accompli dans la Nouvelle- Grenade et en Bolivie avec une mission scientifique du ministère de lIn- struction publique. — S. M. Don Pedro d’Alcantara, empereur du Brésil, membre de la Société botanique de France, vient d’être élu membre associé de l'Aca- démie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique. — M. Edmond Bonnet, docteur en médecine, vice-secrétaire de la Société botanique de France, vient d’être nommé préparateur de bota- nique au Muséum d'histoire naturelle. M. Bonnet est attaché à la chaire de M.le professeur Bureau. Cette nomination porte à trois le nombre des pré- parateurs de botanique et le met en harmonie avec celui des aides-natu- ralistes, qui est également de trois depuis la nomination de M. B. Renault. — Conformément à la décision prise par le Conseil d'administration de la Société botanique de France, d'accord avec le Conseil de la Société d'horticulture de France, il seratenu en 1878 un Congrés international de botanique et d'horticulture dans l'hótel de la rue de Grenelle, n" 84. L'ouverture en est fixée au 18 août 1878, et il durera huit jours. — La chaire de botanique à l’université d'Aberdeen en Écosse est actuellement vacante par la retraite de M. le professeur Dickie. — Nous lisons dans la Belgique horticole que M. Fenzl, professeur de botanique à l'université de Vienne, a été dernièrement l'objet d'une tou- chante et flatteuse manifestation. Le 15 février de cette année, ses col- lègues d'Autriche et de Hongrie lui ont remis, à l’occasion du 70° anni- versaire de sa naissance, un album renfermant leurs portraits et ceux de ses nombreux amis étrangers. — La Société botanique d'Édimbourg vient de faire hommage au Gou- vernement de sa propre bibliothéque, qui, par suite des dispositions prises par l'autorité compétente, a été placée dans des piéces contigués à l'herbier du Jardin botanique royal d'Édimbourg. Cette bibliothèque se trouve ains! sous la surveillance immédiate de M. F.-M. Webb, curator de l'herbier, et sous la direction de M. J.-H. Balfour, professeur de médecine et de REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 23) botanique à l'université d'Édimbourg et conservateur (Regius keeper) du Jardin botanique. M. Balfour, par une circulaire imprimée, vient de faire appel aux botanistes et à toutes les Sociétés savantes, pour les prier d'ac- croitre par leurs dons la bibliothèque qui est maintenant celle du Jardin botanique d'Édimbourg. — La Société industrielle de Rouen a proposé récemment, dans un programme de prix trés-étendu, une médaille d'or pour le meilleur travail manuscrit ou imprimé sur les fibres textiles en général. Ce prix sera décerné en décembre 1876. Le mémoire devra étre adressé au plus tard le 1° octobre 1877, à M. le Président de la Société industrielle de Rouen. — M. Augustus Kanitz a entrepris, à partir du 1* janvier 1877, la publi- cation d'un nouveau Journal de botanique qui parait en langue hongroise, sous le nom de Magyar Nóvénytanilapok. — M. Camille Bernardin, de Brie-Comte-Robert, vient de commencer, à partir de janvier 1877, une Revue mensuelle intitulée : Journal des Roses. Le prix d'abonnement est de 12 francs par an; chaque numéro contiendra une planche coloriée. S'adresser à M. S. Cochet, horticulteur rosiériste à Suisnes. — M. William Craig, de la Société botanique d'Édimbourg, a démontré que la solution d'hydrate de chloral, reconnue pour favorable à la conser- vation des piéces anatomiques, a aussi la propriété de conserver les tissus végétaux, méme en empêchant leurs couleurs de s'altérer. ll y a pour nos lecteurs des expériences faciles à faire sur ce sujet. M. Craig a employé un grain et demi (05,075) d'hydrate de chloral pour une once d'eau. Si ces faits se vérifient, les naturalistes y trouveront de grands avantages pour envoyer fraiches des parties de plantes d'une ville à une autre, à une Société, à leur dessinateur, etc. (1). — La Société d’acclimatation a reçu dernièrement quelques graines du Palmier à huile de Madagascar, le Raffia, dont l'importance industrielle est considérable. La drupe qui constitue le fruit du Raffia renferme dans son parenchyme une huile grasse que le commerce apporte en Europe en très-grande quantité. Depuis quelque temps déjà, on a trouvé le moyen de faire servir cette huile à la fabrication des bougies stéariques, et la con- sommation en est devenue si considérable, que les navires employés main- tenant par le seul port de Liverpool pour la transporter en Europe ne jaugent pas moins de 25000 tonneaux. Obtenue avec soin, el surtout (1) H est intéressant de rapprocher ce fait d'une pratique nouvelle en chirurgie, l'em- ploi d'une solution d'hydrate de chloral pour le pansement des ulcères sanieux. Sous l'influence du chloral, la surface des plaies de mauvaise nature se modifie, parce que le chloral détruit la vitalité des organismes inférieurs, Bactéries, etc., qui pullulent dans Ces plaies. 240 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. épurée par les procédés des nègres, cette huile est d’un jaune pâle, lim- pide, fluide, presque dépourvue de saveur; elle a une odeur agréable. Dans le pays même, on l'emploie pour la préparation des aliments, pour l'éclairage et pour différents usages. En Europe, on s'en sert pour la fabri- cation des savons et des bougies. C'est en outre de ses graines qu'on extrait la substance grasse, jaunâtre, de consistance analogue à celle du beurre, que l'on connait sous le nom de beurre de Galam. Les usages de cette matière sont analogues à ceux de l'huile de palme. — M. Malbranche (26, rue de Joyeuse, à Rouen) vient de publier une Table des exsiccata de Lichens normands publiés par lui. Dans cette table, les espèces sont classées méthodiquement, avec des numéros ren- voyant au Catalogue descriptif de l'auteur. M. Malbranche pourrait encore céder quelques collections comprenant jusqu'à 390 numéros. — M. Hardy a extrait dernièrement du fruit du Strophanthus hispidus une substance qui parait étre trés-active. C'est un poison dont des quan- tités infinitésimales peuvent tuer une grenouille en quelques instants. — M. le baron F. de Müller continue de donner de nouvelles preuves de son activité scientifique. Il a fait paraitre récemment quatre parties du 10* volume de ses Fragmenta phytographie Australie, oà l'on remarque un genre nouveau de Ménispermacées, Leichhardtia (1); des Contribu- tions à la flore de Tasmanie, où l'on rencontre une longue liste de plantes européennes assez récemment naturalisées ; enfin un troisième fascicule de ses Descriptive notes on Papuan plants. On remarque dans ce der- nier mémoire un nouvel Asplenium, A. Scolopendropsis , qui, selon M. Baker forcera à réunir les genres Asplenium et Scolopendrium. — La belle collection de matière médicale de M. Hanbury et son im- portant herbier spécial de plantes médicinales ont été offerts par ses exécuteurs testamentaires au Muséum de la Société pharmaceutique de Londres. (1) Il existe déjà dans les Asclépiadées un Leichhardtia de Robert Brown. Le Rédacteur de la Revue, D' EUGÈNE FOURNIER. Le Secrétaire général de la Société, gérant du Bulletin, Ep. BUREAU. PARIS. — IMPRIMERIE DE E. MARTINET, RUE MIGNON, 2. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE TOME VINGT-TROISIÈME. N. B. — Tous les noms de genre ou d'espèce rangés par ordre alphabétique sont les noms latins des plantes. Ainsi, pour trouver Blé, cherchez Triticum, etc. Les chiffres arabes se rapportent aux Comptes rendus des séances de la Société. — Les chiffres arabes entre crochets [ ] désignent la pagination de la Revue bibliographique; les chiffres arabes et romains réunis par un tiret, celle de la Session mycologique, et les chiffres romains seuls celle de la Session extraordinaire. A Abies Nordmanniana [103]. Absidia (Sur les), genre nouveau de la fa- mille des Mucorinées, 2. — (Sur le rôle physiologique et la cause déterminante de la courbure en arcades des stolons fructifères dans les), 56. — capillata, reflexa et septata Van Tieghem nov. sp., 12-13. Aceras anthropophora (Fleur double chez un), XL. Acharitea (Chloanthées) Benth. nov. gen. 9 Acnida L. [226]. Actinocarya (Borraginées) Benth. nov. gen. [93]. Adiantites lindsææformis (foss.) [230]. Adiantum L. |102]. — fulvum Raoul [102]. — aeoguineense et palmatum Th. Moore nov. sp. [219]. Adonis [135]. Adventice (flore) à la Téte-d'Or près Lyon, xui. Ægilops hybrides [210]. — (Un nouveau chapitre ajouté à l’histoire des), 397. Affiuité réciproque des genres Rubus et Rosa, 106. Agaricinées (Essai d’une nouvelle classifi- cation des), 45. — (Catalogue des) observées aux environs de Paris, 108. — (Sur une nouvelle espèce d du genre Lepiota, 385. Agaricus hæmorrhoidurtus Kalchb. trouvé à Fontainebleau (Seine-et-Marne), 34. — arvensis Schaff., 31.— campestris L., 28, 30. — Cardarella Batt., 217. — kerguelensis Berk. nov. sp. [71]. — leimoptalus Gen. nov. sp , 34. — Rus- sula Schæff., 248.— silvaticus Schæff,, T. XXIII. 30. — xanthodermus Gen. nov, sp., 32. Agave [113]. — deserti, falcata, Palmeri, Parryt, Newberryi, Schotti, Shawii et Wislizeni Engelm. nov. sp. [113]. Age (Influence de l’) sur la composition des feuilles, 391. Aldrovandia vesiculosa [155]. Algues, 158 [76] [173] | 148) [153]. Alliaria officinalis [184]. Amanita praetoria trouvé dans la forét de Gisors (Eure), 34. — junquillea Q. nov. sp., 324-xL. — porphyria A. S., 350- LXVI. Amblystigma (Cynanchées) Benth. nov. gen. [92]. Ambrosia maritima L., xri. Amentacées [9]. Amphiloma (Note monographique sur les) de la Flore française, 82. Anetanthus (Gesnéracées) Benth. gen. [94]. Annonces, voy. Nouvelles, Anodiscus (Gesnéracées) Benth. nov. gen. [94]. Anomalies, voy. Monstruosités. ARBAUMONT (d'). Lettre, 175. Arcades (Sur le rôle physiologique et la cause déterminante de la courbure en) des stolons fructiléres dans les Absi tia, 56. Armillaria robusta A. S., 350-1xvi. Arthonia mediella et varians (Dav.) Nyl., 260. ARVIEUX (d'). Lettre, ix. Ascodesmis (Sur le développement du fruit des;, genre nouveau de l'ordre des As- comycètes, 274. Ascomycètes (Nouvelles observations sur le développement du fruit et sur la pré- 16 nov. 242 tendue sexualité des Basidiomycètes et des), 99. — (Sur le développement du fruit des Ascodesmis, genre nouveau de l'ordre des), 271. Asparagacées [66]. Aspergillus [73]. B Bactéries [143] [167-170]. BAINIER (G.), Note pour servir à la recher- che du moyen de conserver la couleur des plantes, 154. Balanophorées [77]. BALANSA (B. ). Lettre sur son expédition au Paraguay, 123. Balsaminées (Sur un fait anormal de fruc- tification chez quelques), 367. Bambusées [138]. Bara (J.-B.). Lettre, 297-xur. BarraL. Discours, 70. Basidiomycètes (Nouvelles observations sur le développement du fruit et sur la pré- tendue sexualité des) et des Ascomy- cétes, 99. Batarrea Guicciardiniana Ces. [37]. Bzuzn (F. et G.). Lettre, 297-xut. Belloc. Sa mort, 357. BERNARD. Obs., 314-xxx. Brnror. Procédé pour prendre l'empreinte des plantes, 151. Bibliographie [45] [189] [235]. — Liste des travaux de M. Ad. Brongniart, 72; — de M. Ch. Grenier, 174. Bibliothèque (Rapport sur les collections et la) de M. Méhu, de Villefranche-sur- Saóne, cxcvi. BittigT. Note sur un Festuca trouvé à Neu- vialle (Allier), LXVII. Bixagrewia (Tiliacées) Kurz nov. gen. [37]. Blossevillea Lenormandiana O. Debeaux nov. sp. [149]. Bolbitius vitellinus Pers. 329-xrv. Boletus reticulatus Scheff. (Note sur le), 321-xxxvit. purpureus Fr. décou- vert aux environs de Saintes (Charente- Inférieure), 333-xLIx. — luridus Fr. var. erythropus Pers., 330-xLvi. sanguineus With. et Satanas Lenz., 214. Borraginées [216]. ui prratiere (Labiées) Benth. nov. gen. 95 |. Botanique (Notes sur quelques ouvrages rares ou curieux relatifs à la), 403. Bovpigg. Du parasitisme probable de quelques espèces du genre Elaphomyces et de la recherche de ces Tubéracés, nov. Sp. var. olivaceus, SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 115. — Notice sur l'encre de Coprin, 299-xv. — Liste des espèces recueillies par la Société aux environs de Montmo- rency (Seine-et-Oise). — Note sur le Boletus reticulatus Schæff., 321-xxxvir. — Description du Cortinarius arvina- ceus Fr., 393-Lxix. — Obs., 302-xvur, 314-xxx, 337-Lur, 341-Lvir. BovLLu (l'abbé). Enumération des Rosiers de la Flore lyonnaise, x,vi. — Descrip- tion de quelques espèces nouvelles du genre Rosa, Lxi. — Rapport sur l'her- borisation faite par la Société à Tassin, à Charbonnieres et à Marcy-l'Etoile (Loire), cuxii.— Obs., XLI, XLVI, LXVII. Bourdelans (Loire) (Note sur la Florule de la prairie de), 1x. BourEr. Obs., 306-xxu. Braun (Al.). Sa mort [236]. Brefeld (Observations au sujet d’un nouveau travail de M.) sur les Mucorinées, 35. BRISOUT DE BARNEVILLE (L.). Quatrième note sur quelques plantes Phanérogames, rares ou peu communes dans la circon- scription de la Flore parisienne, trou- vées aux environs de Saint-Germain en Laye (Seine-et-Oise), 383. . Brongniart (Ad.). Sa mort, 60. — Dis- cours prononcés à ses funérailles, 60. — Liste de ses travaux, 72. BRONGXIART (Ch.). Voy. Poisson. Brookea (Scrofularinées) Benth. nov. gen. [os]. Broome. Lettre, 297-xnr. BRUNAUD FILS (P.). Lettre, 24, — sur le Boletus purpureus Fr., 333-xuix. BRUTELETTE (D. de). Note sur l'Obione pedunculata Moq. - Tand. découvert ou retrouvé à Saint-Valery-sur-Somme (Somme), 369. BUFFET (J.). Obs., 344-1x. Bugey (Ain) (Herborisation dans le), CIV. — (Note additionnelle sur la Flore du), CxL.— (Liste des Cryptogames récoltées dans le), cxrur. Bulbochæte crenulata Pringsh., minor Al. Br., 167. Bureau de la Société pour 4877, 412. BrnEAU (Ed.). Discours, 65. — Obs., 82, 119, 232, 319-xxxv. Butomus umbellatus [86]. Buxus sempervirens [56]. 466. — 54, C Calacanthus (Acanthacées) T. Anders. nov. gen. [94]. Calédonie (Nouvelle-), voy. (dans la table de la Revue bibl.) Crié, Poisson. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. Calluna vulgaris (85 ]. Calodontes (Sur le caractère de la section) des Mycènes, 385. Calvaire (Seine-et- Marne) (Liste des espé- ces de Champignonsrécoltées au), 334-1. CANDOLLE (A. de). Sur la désignation de la direction des spires dans les plantes, 192. Cantharellus leucophœus Nouel, 215. Caractère (Sur le) de la section Calodontes des Mycènes, 385. Carduus pycno-tenuiflorus (hybride) [35 ]. CASSAGNE fait hommage de plusieurs beaux spécimens de Polyporus, etc., 341- LVII. Cassepot (Seine-et-Marne) (Liste des espèces de Champignons récoltées au rocher), 346-Lxir. Castanopsis Falconeri, Lamontit, Psiorrei et Tibetana Hance nov. sp. |39]. Casuarina [233]. Catoferia (Labiées) Benth. nov. gen. [95]. CavveT (D.). Sur la direction des racines, 136. — Obs., 140, 197. Célastracées [65]. Centaurea decipiens Thuill. [125]. Césalpinées [128]. Cesati (le baron V.). Lettre sur le genre Battarea, 320-xxxvi. Cuasaup. Lettre sur le Pleurotus nebro- densis Inz., 339-Lv. CuasoisskAU (l'abbé). Notes sur quelques Ouvrages rares ou curieux relatifs à la botanique, 403. — Note sur les collec- tions de M. l'abbé Hervier-Basson, à Saint-Etienne, cxcix. — Obs., 120, 121, xxxi, LXXVI, LXXXIL Chetomium |202]. — (Sur le développe- ment du périthèce des), 364. Chamæsiphon confervicola Al. Br. var. major, 458. Champignons, 28, 35, 45, 99, 408, 115, 120, 140, 200, 210, 271, 359, 364, 384, cxi [5] [37] [50] |57][59] [71] [73] [82] [147] [124] [4133] [146-148] [202] [203] [204] [207] [231]. — Ses- sion mycologique à Paris, 285-1-356- LXXII. — Exposition mycologique, 287- "t, — Liste des personnes qui ont exposé des échantillons frais ou dessé- chés, 288-1v.— Liste des personnes qui ont exposé des tableaux ou des aquarelles mycologiques, 394-x. Charbonnières (Loire) (Herborisation à), CLXII. Cuarin (Ad.). Discours, 69. — Lettre, 297-xut. — Obs., 27, 34, 35, 196, 197, 369, 370. 2h43 Chaville (Seine-et-Oise) (Liste des espèces de Champignons recueillies dans les bois de), 323-xxxix. Cheilotheca (Monotropées) Hook, f. nov. gen. [90]. CuEsEVIERE, Note additionnelle Flore du Bugey (Ain), CXL. Chondrodendrum tomentosum |112]. Chroolepus capitellatum Ripart nov. sp., 167. Chute (Des phénomènes végétatifs qui pré- cèdent ou accompagnent le dépérisse- ment et la) des feuilles, 176. Classification (Essai d'une nouvelle) des Agaricinées, 45. — (Sur la) et la no- menclature des Hyméniés, 140. (Essai d'une) des Diatomées, 372. Clavaria citrina Q. nov. Sp., 330-x1vi. — mucida Pers., 334-xLV1I. Clitocybe connata Schum., 325-x11. — opipara Fr., 354-LXVII. Clitopilus pseudo-Orcella Fr., 326-xLu. CLos (D.). Affinité réciproque des genres Rubus et Rosa, 106. — De quelques étymologies, 207. Coccchactertia septica | 166]. Coinochlamys (Acanthacées) T. Anders. nov, gen. [94]. Colchicum |138]. Coleus (Sur la présence du PAe/ipea ra- mosa sur les racines d'un), LXXXI. Collections (Rapport sur la visite faite par la Société aux) mycologiques du Mu- séum d'histoire naturelle de Paris, 347- Lx. — (La) d'Orchidées des latitudes tempérées, cultivées dans les jardins du château d' Eu (Seine-Inférieure),xxxv1. — (Rapport sur les) botaniques publiques et particulières de Lyon et des environs, CLXXXV. — (Notes sur les) et la biblio- théque de M. Méhu, de Villefranche-sur- Saône, CXCVI. (Notes sur les) de M. l'abbé Hervier-Basson, de Saint- Etienne, cxcix. Collema furfurellum Nyl., 270. — granu- [ferum Nyl. nov. sp. [11]. Collemopsis cæsia Nyl. nov, sp. [11]. Collybia nigrescens Q. nov. sp., 325-xL1. Comité consultatif pour la détermination des plantes d'Algérie, 2. Commission des archives, 4. — du bulle- tin, 2. — de comptabilité, 1. — des gravures, 2. — de la session extraordi- naire, 2, 175. —- de la session mycolo- gique, 2. — du Congrès international de botanique en 1878, 371. Comomyrsine (Myvsinées) Hook. f. nov. gen. [90]. — Schlimii, simplex et Sprucei [90]. sur la 244 Composition (Influence de l’âge sur la) des feuilles, 391. Conifères [138]. Conseil d'administration pour 1877, 412. Conservation (De la)des Champignons pour l'étude, 303-xix. Constitution (De la) et des fonctions des feuilles hivernales, 231. Cooke. Lettre, 297-xu. Coprinus [204]. — (Sur l’encre de Co- prin), 299-xv. — cineratus et velatus Q. nov, Sp., 329-xLv. Corallobotrys (Vacciniées) Hook,nov. gen. [90]. Connu (M.). Sur les divers moyens de con- server les préparations microscopiques, 25. — Ou doit-on chercher les organes fécondateurs chez les Urédinées et Usti- laginées, 120. — Note sur une culture de Melampyrum arvense à l'aide du Blé, 195.— Liste des espèces de Cham- pignons recueillies dans les bois de Cha- ville (Seine-et Oise) pendant l'excursion faite par la Société, 323-xxxix. — Note sur quelques plantes Cryptogames ré- coltées aux environs de l'Isle-Adam (Seine-et-Oise), 401. — Note sur le Ptychogaster albus Corda nov. sp., 359. — Obs., 13, 16, 34, 52, 53, 54, 168, 197, 226, 242, 302-xvur, 305-xxr, 314- xxx, 9333-XLIX, 336-Lu, 339-1v, 359, 366, 382, 391. — Voy. Roze. Corticium Typhæ P., 352-Lxvur. Cortinarius arvinaceus Fr. (Description du), 353-1xix. — cotoneus Fr., 329- xiv. — fasciatus Fr., 330-xvvi. — germanus Fr., 329-x,v. — iliopodius Bull., 330-xLvi. — olidissimus Ripart nov. sp., 216. — sanguineus Fr., 215. — scutulatus Fr., 329-xLv. Couleur (Note pour servir à la recherche du moyen de conserver la) des plantes, 154. Courbure (Sur le róle physiologique et la cause déterminante de la) en arcades des stolons fructiferes dans les Absi- dia, 56. Courtois (J.). Lettre sur le Lysimachia punctata, 363. Couzon (Rhône) (Herborisation à), LXXXIX. Crategus oxyacantha L. (Sur un hybride du Mespilus germanica L. et du), xiv. Croix-d'Augas (Seine-et-Marne) (Liste des especes de Champignons recueillies à l)a, 346-Lxu. Cryptogamcs [105] [118] [137]. — (Sur quelques plantes) récoltées aux envirous de l'Isle-Adam (Seine-et-Oise), 401. — (Liste des) récoltées dans le Bugey (Ain), cxLur. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Cucurbitacées [30] [83]. — (Sur les pyc- nides du Spherotheca des), 337-Lut. Culture (Sur une) de Melampyrum arvense à l'aide du Blé, 195. — (Nouveaux dé- tails sur la) des Orchidées indigènes, Lxx. -— (Rapport sur la visite aux) de M. Jor- dan, de Lyon, cxLvir. Cuscuta Ulicis Godr. nov. sp. [124]. Cusin (L.). Flore adventice à la Téte-d'Or prés Lyon, xLu, — Obs., XLVI. Cyathea samoensis Bak. nov. sp. [70]. Cyathus striatus Willd. [114]. Cycadées [109] [184] [222]. Cynomorium coccineum [138]. Cypéracées [161]. Cyrénaïque (Excursion à Malte et en), 17 Cytinus Hypocistis [142]. Cytisus Laburnum L., 207. D Dahlia gracilis Ortgies [137]. Darluca Filum Cast., 212. Dasylirion longifolium (Sur le) et sur le Yucca filifera, xxx, Davallia plumosa Bak. nov. sp. [70]. Daveau (J.). Excursion à Malte et en Cyré- naique, 17. — Obs., 24. Decaisxe (J.) Discours, 63. Delbrouck (C.). Sa mort [46]. Depazea [55]. — buxicola [56]. . Dépérissement (Des phénoménes végétatifs qui précèdent ou accompagnent le) et la chute des feuilles, 176. Des Eraxos (S.). Notes sur quelques plan- tes intéressantes, 203, — Obs., 370, XXXIII, LXX. Désignation (Sur la) de la direction des spires dans les plantes, 192, Desmidiées [60] | 158]. Déterminante (sur le rôle physiologique et la cause) de la courbure en arcades des stolons fructifères dans les Absidia, 96. Développement (Nouvelles observations Sur le) du fruit et sur la préteudue sexualité des Basidiomycètes et des Ascomycétes, 99. — (Etude sur la formation et le) de quelques galles, 226.-— (Sur le) du fruit des Ascodesmis, genre nouveau de l'Or- dre des Ascomycètes, 271, — (Sur le) du périthèce des Chætomium, 364. Dialypetalum (Campanulacées) Benth, nov. gen. [89]. Diatomacées [133]. ' Diatomées [60] [139]. — (Essai d'une clas- sification des), 372. Dichorisandra Saundersii Hook. f. nov. sp. [6]. Dionea Muscipula [154] [198] [199]. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. Diospyros (foss.) [140]. Dictacanthus (Acanthacées) Benth. nov. gen. [94]. Diozaz (Savoie) (Florule de l'excursionniste aux gorges de la), 394. Direction (Sur la) des racines, 136. — (Sur la désignation de la) des spires dans les plantes, 199, Discours de MM. Duchartre, 60. — De. caisne, 63. — Bureau, 65. — Jourdain, 68. — Ad. Chatin, 69.-— Barral, 70. — Hardy fils, 74. — de Seynes, 296-xu. — Sargnon, v. — Faivre, vit. Dispersion : Rapport de la) de quelques es- péces de Champignonsavec la nature de lV' humus, 353-1xix. Dons, 1, 25, 43, 60, 82, 420, 125, 151, 154, 175, 176, 192, 226, 239, 271, 297-xut, 298-xiv, 318-xxxiv, 341-Lvi1 357, 367, 371, ix. DovwET- ApANsoN (N.). Rapport sur la visite faite par la Société au pare de la Téte- d'Or et au jardin botanique de Lyon, XCIV, — Obs., XXXNI, XLI, XLVI, LXVIII, LXXXII. D] a Hutton? et Smithii Bak. nov. sp. Drosera rotundifolia [202]. DucnanrnE (P. ) fait hommage de la 2° édi- tion de ses Elémeuts de botanique, 176. — Discours, 60. — Lettre, 297-xui. — Obs., 17, 25, 34, 53, 54, 59, 119, 122, 203, 226, 249, 368, 370, 397. DvniEU pr MAISONNEUVE. Lettre, 123. Durionées [57]. Duva-Jouve J.). Note sur quelques plantes dites insectivores, 130. — Obs., 125. E Ebénacées [128]. Echidiocarya |Borraginées) A. Gray nov. gen. [61] [93]. Ec'adivpsis (Périplocées) Benth. nov. gen. 2]. Ectinocladus {Apocynées) Benth. nov. gen. Effets (Des) de l'immersion sur les feuilles aériennes, 243, Ehrenberg. Sa mort [190]. Elaphomyces récoltés aux environs de Montmorency (Seine-et-Oise), 115. — (Du parasitisme probable de quelques espèces du genre) et de la recherche de Ces Tubéracés, 445. — variegatus Vitt., 219. Elections pour 1877, 411. Every (H.). Influence de l’âge sur la com- Position des feuilles, 391. 245 Empreinte (Procédé pour prendre l’) des plantes, 151. Encre (Sur l) de Coprin, 299-xv. Endosiphon (Acanthacées) T. Anders, nov. gen. [94]. Entoloma resutum Fr. et Rozei Q. nov. sp., 326-xrir. Ephebeia cantabrica Nyl. nov. sp. [10]. Epigenèse (L') dela tige et le soulèvement du pédoncule, 40. Epilobium Kerneri Borbas nov. sp. [110]. Erica decipiens Si-Amans et multiflora L. [149]. — vagans L. [150]. Espèce végétale (L'évolution de T) étudiée daus ses manifestations à l'époque ac- tuelle, xxvi. Etude (De la conservation des Champi- gnons pour l'), 303-xix. Etymologies (De quelques), 207. Eu (Seine-Inférieure) (La collection d'Or- chidées des latitudes tempérées, culti- vées dans les jardins du chàteau d), XXXVI, Euchlæna mexicana Schrader [134]. Euphorbiacées [133]. Evolution (L') de l’espèce végétale étudiée dans ses manifestations à l'époque ac- tuelle, xxvi. Excursionniste (Florule de 1’) aux gorges de la Diozaz (Savoie), 394. Exposition mycologique à Paris, 287-1. F FarvnE (E.). Discours, vit. — Obs., xxv, XXXIII, LXXVIH, LXXXII. Fécondateurs (Où doit-on chercher les or- ganes) chez les Urédinées et Ustilagi- nées ? 120. ` Festuca (Sur un)trouvéà Neuvialle (Allier), LXVIII. Feuilles (Des phénomènes végétatifs qui précédent ou accompagnent le depéris- sement et la chute des), 176. — hiver- nales (De la constitution et des fouctions des), 231. — aériennes (Des effets de l'immersion sur les), 243. — (In(luence de l’âge sur la composition des), 391, Filago spathulata Presl., 206. Findlaya (Vacciniées) Hook. nov. gen. [90]. Fleurs monstruenses observées dans une collection d'Orchidées des jardins du château d'Eu (Seine-Inférieure) sur piu- sieurs pieds d'Ophrys araniferu specu- laria, xxxvi, — double chez un Aceras anthropophora, XL. Flore cryptogamique du centre de la France (Notice sur quelques espèces 246 rares ou nouvelles de la), 458, 210, 258. — (Note additionnelle surla Flore du Bugey (Ain), cxi. — adventice à la Téte-d'Or près Lyon, XLII. Flore d'Australie, voy. (dans la table de la Revue bibl.) d'Ettingshausen, Schom- burgk. — de Bongo, voy. (dans la méme table) Cohn. — du Brésil, voy. (dans la méme table) Hampe, Micheli, Warming. — de Californie, voy. (dans la méme table) Asa Gray. — du Cap, voy. (dans la méme table) d'Ettingshausen. — de la Champagne, voy. Fossile. — de la Chine, voy. (dans la table dela Revue bibl.) Debeaux. — de la Cóte-d'Or, voy. (dans la méme table) Royer. — de Da- nemark, voy. (dans la méme table) Lange. — de France, voy. France. — de l’ouest de la France, voy. (dans la table de la Revue bibl.) Lloyd. — de Fontainebleau, voy. Fossile. — de Gréce voy. (dans la table de la Revue bibl.) Heldreich. — des Indes anglaises, voy. (dans la mème table) Hooker. — d’ita- lie, voy. (dans la méme table) Heldreich. — des monts Jura, voy. (dans la méme table) Grenier.— des Landes, voy. (dans la méme table) J. Léon. — de Liége, voy. (dans la méme table) Th. Durand. — de Méry-sur-Seine, voy. (dans la méme table) L. et P. Hariot.— de Moni- béliart, voy. (dans la méme table) Conte- jean. — de Montpellier, voy. (dans la méme table) Barrandon et Loret. — de Normandie, voy. (dans la méme table) Malbranche. — de Norvége, voy. (dans la méme table) Blytt. — orientale, voy. (dans la méme table) Boissier. — de Paris, voy. Paris. — des iles Philip- pines, voy. (dans la table de la Revue bibl. Laguna. — des Pyrénées-Orien- tales, voy. (dans la méme table) De- beaux, — de Shang-hai, voy. (dans la ménie table) Debeaux. Florule de l'excursionniste aux gorges de la Diozaz (Savoie), 394. — (Sur la) de la prairie de Bourdelans (Loire), 1x. France (Flore de). Sur les Mousses et les Lichens de la partie supérieure de la vallée de l'Ubaye (Basses-Alpes), 54. — Notice monographique sur les Amphi- loma de la Flore française, 82, — Cata- logue des Agaricinées observées aux environs de Paris, 108. — Notice sur quelques espèces rares ou nouvelles de la Flore cryptogamique du centre de la France, 153, 210, 258. — Compte rendu d'une herborisation cryptogami- que dans les bois de Meudon (Seine-et- SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Oise), 200. — Notes sur quelques plan- ies intéressantes, 203. -— Note sur quelques localités francaises nouvelles de plantes rares ou peu communes, 240. — Session mycologique à Paris, 285-1- 356-rxxr. — Sur une nouvelle espèce du genre Orbicula Cooke, 306-xxit. — Description d'une nouvelle Pezize, 307- xx. — Liste des espèces de Champi- gnons recueillies par la Société aux en- virons de Montmorency (Seine-et- Oise), 311-xxvir. — Des principaux Champi- gnons comestibles et vénéneux (ou sus- pects) de l'est de la France, 315-xxxi.— Note sur le Boletus reticulatus Schæf., 321-xxxvu. — Liste des espèces de Champignons recueillies par la Société dans les bois de Chaville (Seine-et-Oise), 323-xxxix. — De quelques nouvelles espèces de Champignons du Jura et des Vosges, 324-xr. — Liste des espèces de Champignons recueillies par la Société autour du Calvaire (Seine-et-Marne), 334-L.— au Mail de Henri IV (Seine-et- Marne),335-Lr. — au Gros-Fouteau et à la Fontaine-Sanguinède (Seine-et-Marne), 342-Lvir. — aux environs du mont Ussy, de la Croix-d'Augas et du rocher Cassepot (Seine-et-Marne), 346-Lxit.— Description de quelques espèces intéres- santes de Champignons exposées ou re- cueillies pendant la session aux environs de Paris, 350-Lxvi. — Description du Cortinarius arvinaceus Fr., 353-LXIX. — Liste des espèces de Champignons recueillies par M. de Seynes dans la fo- rét de Fontainebleau (Seine-et-Marne), 356-Lxxu. — Note sur le Ptychogaster albus Corda nov. sp., 359. — Note sur l'Obione pedunculata Moq.-Tand. dé- couvert ou retrouvé à Saint- Valery-sur- Somme (Somme), 369. — Quatrieme note sur quelques plantes Phanéro- games, rares ou peu communes dans la circonscription de la Flore parisienne, trouvées aux environs de Saint-Germain en Laye (Seine-et-Oise), 383. — Flo- rule de l'excursionniste aux gorges de la Diozaz (Savoie), 394. — Note sur quel- ques plantes Cryptogames récoltées aux environs de l'Isle-Adam (Seine-et-Oise), 404. — Note sur quelques plantes Phanérogames récoltées aux environs de l'Isle-Adam, 402. — Session extra- ordinaire à Lyon, r-cc. — Note sur la Florule de la prairie de Bourde- lans (Loire), ix. — Flore adventice à la Téte-d' Or près de Lyon, x. — Enumé- ration des Rosiers de la Flore lyonnaise; TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES, 2h7 XLVI. — Description de quelques espèces nouvelles du genre Rosa, LXI. — Note sur un Festuca trouvé à Neuvialle (Allier), xvi, — Note sur l'existence du Genista delphinensis dans les Pyré- nées, LXXIX. — Herborisations faites par la Société pendant la session de Lyon, rixxxur-crxxxv, Espéces décrites ou signalées : Agaricus Cardarella Batt., 217. — A. hæ- morrhoidarius Kalchb., 34. — A. Rus- sula Schæff., 248. — Amanita junquil- lea Q. nov, sp., 324-xL.— A. porphyria A. S., 350-1xvr. — dA. pretoria, 34. — Ambrosia maritima L., xut. — Amphiloma, 82. — Artonia medrella Nyl., 260. — A. varians (Dav.) Nyl., 260. — Armillaria robusta A. S., 350- LXVI. Bolbitius vitellinus Pers. var. olivaceus Q., 329-x1v. — Boletus luridus Fr. var, erythropus Pers., 330-xLvi. — B. purpureus Fr., 333-x11x. — B. reticu- latus (Schæff.) Boud., 322-xxxvni. — B. sanguineus With., 244. — B. Sa- tanas Lenz., 244. — Bulbochæte cre- nulata Pringsh., 466. — B. minor Al. Br., 167. Cantharellus leucophæus Nouel, 215. — Carduus pycno-tenuiflorus [35]. — Chamæsiphon confervicola Al. Br. var. major, 158. — Chroolepus capitella- tum Ripart nov. sp., 167. — Clavaria citrina Q. nov. sp., 330-xLvI.— C. mu- cida Pers., 331-xLvir. — Clitocybe con- nata Schum., 325-xL1. — C. opipara Fr., 351-xvvn. — Clitopilus pseudo- Orcella Fr., 326-xLu. — Collema fur- furellum Nyl., 270. — C. granuliferum Nyl, nov. sp. [11]. — Collemopsis cæsia Nyl. nov. sp. [11]. — Collybia nigres- cens Q. nov. sp., 325-xu.. — Coprinus cineratus Q. nov. sp., 329-xiy. — C. velatus Q. nov. sp., 329-xLv. — Cor- ticium Typhe P., 359-1xvin. — Corti- narius arvinaceus Fr., 353-LxIx. — C. cotoneus Fr., 339-xLv. — C. fasciatus Fr., 330-xLvi. — C. germanus Fr., 329-xLv. — C. iliopodius Bull., 330- XLVI. — C. olidissimus Ripart nov. sp., 216. — C. sanguineus Fr., 245. — C. scutulatus Fr., 329-xwv. — Cuscuta Ulicis Godr, nov. sp. [124]. — Cytisus Laburnum L., 207. Darluca Filum Cast., 212. Elaphomyces, 415. — E. variegatus Vitt., 219. — Entoloma resutum Fr., 326-xLn. — E. Rozei Q. nov. sp., 326- XLI. — Ephebeia cantabrica Nyl. nov. sp. [10]. — Erica decipiens St-Amans [149]. — E. multiflora L. [149]. — E. vagans L. [150]. Festuca consobrina T.-L., vxvur, — Filago spathulata Presl., 206. — Fumaria parviflora Lmk var. scandens Des Et., 206. Galeopsis glabra Des Et. nov. sp., 204, — Genista delphinensis Verl., LXXIX. Heliotum punctulum Grev., 3314-xLv. — Helvella fallax Q. nov. sp., 331-xrvit. — H. minutissimum T.-L. et Gaut., 42. — Hieracium montolearense T.-L. nov. sp. [35]. — H. mucronulatum T.-L. nov. sp. [36]. — H. sessilifolium T.-L. nov. sp. [42]. — Hydnum molle Fr., 352-Lxvin. — H. scabrosum Fr. ?, 352- Lxvurt. — Hydrodictyum pentagonum Vaucher, 207. — Hydrogastrum, Wall- rothii (Kg) Rabenh., 164. — Hypholoma Candollianum Fr. var. annulatum Q., 328-xLiV. — H. udum Pers., 328- XLIV. Inocybe umbonata Q. nov. sp., 330-xrvi. Lecanora albariella Nyl. in litt., 266. — L. Arnoldi Wedd., 96. — L. callo- pisma Ach., 91. — L. cirrochroa Ach., 90. — L. clancularia Nyl. nov. sp. [14]. — L. conizella Nyl. nov. sp. [12]. — L. diphyes Nyl., 267.— L. diphyo- des Nyl., 267. — L. elegans Link, 85. — L. granulosa Müll. Arg., 98. — L. Heppii (Næg.), 266. — L. marina Wedd., 94.— L. medians Nyl., 93.— L. microthallina Wedd., 97.— L.murorum Hoffm., 86.— L. privignia (Ach.) Nyl., 266. — L. pusilla, 265. — L. rubel- liana Ach., 96.— L. simplex (Dav.) Nyl., 265. — L. subsoluta Nyl., 98. — L. umbrina Nyl., 267.— Lecidea badio-atra Fik., 262. — L. confusa Nyl., 263. — L. episema Nyl., 261. — L. inconcinna Nyl., 264. — L. intumescens Flot., 263. — L. leptogica Nyl. nov. sp. [11]. — L. nigritula Nyi., 264. — L. Par- meliarum Sommf., 260. — L. sarcogy- noides Körb., 263.— L. saxatilis Nyl., 262. — L. stigmatoides Nyl., 264. — L. spuria Scher., 262. — Lepidium majus Darracq, 204. — Lepiota guttata Pers., 325-x11. — L. seminuda Lasch. var, lilacina Q., 325-x11. — Leptogium firmum Nyl., 270. — L. placodiellum Nyl. in litt., 269. — Leptonia æthiops Fr., 326-x11. — L. euchroa P., 354- LXVI. — L. placida Fr., 327-xrut.. — Leptosphæria helminthospora de Not., 221. 248 notheca acervulans Nyl., 258. — My- cena floridula Fr., 325-xL1.— M. lœvi- gata Lasch., 326-xL1. — M. nivea Q. nov, Sp., 325-xir. — Seyníi Q., 351- Lxvu. — Myriangium Duriæi Mont. et Berk., 269. Nauscoria erinacea Fr., 352-Lxvim. — N. pannosa Fr., 328-x1iv. — N. tenax Fr., 327-xLn1. — Nectria flavida (Cda) Fr., 220. — Nolanea araneosa Q. nov. sp., 327-xn.ut — N. versatilis Fr., 327-xuur. Obione pedunculata Moq.-Tand., 369. — OEcidium Villarsiæ, 242. — OEdogo- ntum calcareum Ripart nov. sp., 164. —- Orbicula Cooke, 306-xxu. Panæolus separatus L., 328-xy1v. — Pero- nospora Fragariæ Roze et Cornu nov. sp., 242. — Peziza Amphora Q. nov. sp., 331-xLvir.— P. brevipila Rob.,220. — P. Clissoni Ripart nov. sp., 307- xxi, — P. difformis Fr., 219. — P. micropus P., 392-Lxvii. — P. saniosa Schrad., 331-xLvi1. — Phialea Boudieri Q., 353-Lxix. — Ph. capillipes Q. nov. Sp., 3234-xivn. — Pholiota flammans Fr., 327-xyii,. — Ph. fusca Q. nov. sp., 327-xtut, — Pleospora pellita Fr., 222. — Pleurotus nebrodensis vz., 339--Lv. — Pluteus plautus Weinm., 326-xL1.— Poa pratensis L, var. longi- folia Des Et., 206.— Polyporus Inzenga Ces. et de Not., 213. — Polysarcum crassipes DC., 218. — Potentilla ar- gentea L. var. dentata DC., 207. — Psathyrella infida Q. nov. sp., 329-xLv. — Ptychogoster albus Corda, 359. — Puccinia Malvacearum Mont., 212. Raphidophora herpotricha (Fv.) Tul., 221. — Rimularia limborina Nyl., 259, — Rhizopogon virens, 341-xxvit. — Rosa carbonariensis Boul. nov. sp., LXVIL — R. gallico-repens Boul. nov. sp., Lxll.— R. Leveillei Boul. nov. sp., LXV. — R. macrodonta Boul. nov. sp., LXV. — R. Marcyana Boul. nov. sp., 1xvr. — R. pseudo-vestita Boul, nov. sp., Lxv. — R. Pouzini Tratt. var. lepto- clada Boul., Lxv. — R. repente-gal- lica Boul, nov, sp., ixu. — R. Rhodani Chabert nov, sp., Lxiv. — R. rhombi- folia Boul. nov. sp., LXU. — R. sublæ- vis Boul. nov. sp., Lxt. — Russula li- lacea Q. nov. sp., 330-xLV1. Schzochlamys gelatinosa Al. Br., 161. — Scleroderma Bovista Fr., 334-xLvil. — Sphæria dichætospora Ripart nov. sp., 225. — Sph. diplospora Cooke, 223. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Marrubium apulum Ten. [211]. — Me/a- i — Sphærozyga fallax Ripart nov. sp., 159.— Sphinctrina turbinata Fr., 268. — Spirogyra ternata Ripart nov. sp., 162. — Stachys italica Mill. [190]. — Stereum Pini Fr., 331-xLv11. — Siro- pharia cotonea Q. nov. sp., 328-xniv. — St. inuncta Fr., 328-xuv. Thalictrum clypeatum T .-L. nov. sp. [124]. — Th. preruptorum T.-L. nov. sp. [121]. — Th. stenocarpum T.-L. nov. sp. [121]. — Thecaphora deformans Dur. et Mont., 210. — Trachylia tym- panella Fr., 267. — Trametes Pini Fr., 352-Lxviu. — Tricholoma coryphœæum Fr., 350-Lxvi. — T. resplendens Fr. 350-Lxvr. — Typhula phacorhiza Reich., 352-LXVIII. Urceoluria ocellata DC., 264. — Ustilago Montagnei Tul., 214. Verrucaria fluctigena Nyl. nov. sp. [11]. — V. meliospila Nyl. nov. sp. [12]. — V. rivulicola Nyl. nov. sp. [11]. — Volvaria pubescens Schum., 351- LXVII. Zygnema biturigense Ripart nov. Sp., 163. Voy. (dans la table de la Revue bibl.) : Barrandon, Brisson, Cusin, Debeaux, Déseglise, Eloy de Vicq, E. et H. Filhol, Giraudias, Godron, Grenier, L. et P. Hariot, Humnicki, Jeanbernat, Lamotte, Lamy, Legraud, J. Léon, Lloyd, Loret, Malbranche, Méhu, Nylander, Poirault, Roumeguère, Royer, Saint-Lager, Tim- bal-Lagrave, Weddell, Fonctions (De la constitution et des) des feuilles hivernales, 231. Fontaine-Sanguinède (Seine - et - Marne) (Liste des espèces de Champignons re- cueillies pendant l'herborisation faite par la Société à la), 342-rvini, — (Liste des espèces de Champignons recueillies pendant l'herborisation faite par M. de Seynes à la), 356-Lxxir. Fontainebleau (Seine-et-Marne) (Séances de la session mycologique à), 333-XLIX; 345-Lx1.— (Liste des espèces de Cham- pignons recueillies dans la forét de), 356-Lxxir. Formation (Sur la) et le développement de quelques galles, 226. Fossiles. Recherches sur les végétaux fos- siles des tufs de Meximieux, 125.— Sur la Flore carbonitere des environs de Saint-Etienne, Lxxiv. — Voy. (dans la table dela Revue bibl.): de Castracane, Lelchevalerie, Etheridge, d'Ettiugshau- sen, Fliche, Hiern, Renault, le comte de Saporta, Zetterstedt, TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. rens [8] [12] [38] [70] [436] [152] Fructification (Sur uu fait anormal de) chez quelques Balsamiuées, 367. Fruit (Nouvelles observations sur le déve- loppement du) et sur la prétendue sexualité des Basidiomycètes et des As- comycétes, 99. — (Sur le développe- ment du) des Ascodesmis, genre nou- veau de l'ordre des Ascomycétes, 271. Fuchsia [74]. — hirsuta, insignis, mem- LS et salicifolia Hemsly nov, sp. 72]. Fuckel (L.) Sa mort, 226 [46]. Fumaria parviflora Lmk var. scandens Des Et., 206. Fusisporium Solani [32]. G. gro minutiflora et Olgæ Rgl nov. sp. 94]. Galanthus Elwesii Hook. f. nov. sp. [6]. Galeopsis glabra Des Et. nov. sp., 203. Galles (Etude sur la formation et le déve- loppement de quelques), 226. NT heterandra Bak. nov. sp. 3]. Garcinia Mangostana [87]. Gastranthus (Acanthacées) Moritz nov. gen. [94]. TT us (Myrsinées) Hook. f. nov. gen. 0]. Gexevier (G.). Etude sur les Champignons consommés à Nantes sous le nom de Champignon rose ou de couche (Agari- cus campestris L.), 28. — Lettre, 297- XIII, . Genista delphinensis Verl, (Sur l'existence du) dans les Pyrénées, LXXIX. GERMAIN DE SAINT-PIERRE (E.) présente des photographies de Yucca et de Dracæna, xxxn. — L'évolution de l'espéce végé- tale étudiée dans ses manifestations à l'époque actuelle, xxvi, — Note sur le Dasyirion longifolium et sur le Yucca fiifera, xxx. — La collection d'Or- chidées des latitudes tempérées culti- vées dans les jardins du château d'Eu (Seine-Inférienre). Fleurs monstrueuses, observées dans celte collection, sur plusieurs pieds d'Ophrys aranifera-spe- cularia, xxxvi. — Fleur double chez un Aceras anthropouhora, xv. — Nouveaux détails sur la culture des Orchidées in- digènes, Lxx. — Lettre, 312-xxvirt. — Obs., xxv, xxxii, XXXIV. GILLOT (X.). Note sur quelques monstruo- sités du Tulipa Gesneriana L., 197. — 2h49 Etude sur un hybride du Mespilus ger- manica L. et du Crategus orynrautha L. (Cratægus oxyacantho-germanica), XIV. — Rapport sur lherborisation faite par la Société dans le Bugey et le Val- romey (Ain), ctv. Gisors (Eure) (L'Aman?ta prætoria trouvé daus la forét de), 34. Glycosmis | 71]. GoproN (A.). Un nouveau chapitre ajouté à l'histoire des Ægilops hybrides, 397. Graminées [145] [161]. GRAND'EURY présente des fossiles végétaux de Saint-Etienne, LXXI. — Sur la Flore carbonifere des environs de Saint- Etienne, 1xxiv. — Lettre, xxxv. Graphistemma (Cynanchées) Champ. nov. gen. [92]. Grenier (Ch.). Notice nécrologique, 168. Gros-Fouteau (Seine-et-Marne) (Liste des espéces de Champignons recueillies pen- dant l'herborisation faite par la Société au), 342-Lviu, — (Liste des espèces de Champignons recueillies pendant l'herbo- risation faite par M. de Seynes au), 356- LXXII. GUERRAPAIN. Obs., 320-xxv1, GvicuanD (E.).-Rapport sur l'herborisation faite par là Société à Couzon et au mont d'Or lyonnais (Khône), LXXXIX. Guillard (A.). Sa mort, 60. Gymnolæma (Périplocées) Benth. nov. gen. [92]. H Hamatococcus lacustris (76]. Harpy ris. Discours, 71. Harpagonella (Borraginées) A. Gray. nov. gen. [61] [93]. Hecker (E.). Lettre à M. Duchartre sur les plantes carnivores, 155. — Obs., 134. Hedera Helix L. [56]. Helotium punctulum Grev., 331-xLvIr. Helvella fallax Q. nov. sp. 331-xLvir. Hépatiques |14] [151] [217]. Herborisation à Malte et en Cyrénaique,17. — (Compte rendud'une) cryptogamique dans les bois de Meudon (Seine-e!-Oise), 200. — de la Société aux environs de Montmorency (Seine-et-Oise), 311-xxvir. — au bois de Chaville (Seine-et-Uise), 323-xxxix. — au Calvaire (S.-et-Marne), 334-L. — au Mail de Henri IV (Seine- et-Marne), 335-L1. — au Gros-Fouteau et à la Fontaine-Sanguinède (Seine-et- Marne), 342-Lvi1. — au mont Ussy, à la Croix-d'Augas et au rocher Cassepot 250 (Seine-et-Marne), 346-Lxri. — aux en- virons de Paris, 350-Lxvi. — dans la forét de Fontainebleau, etc. (Seine-et- Marne), 356-Lxx11. — à Couzon et au mont d'Or lyonnais (Rhône), LXXXIX. — dans le Bugey et le Valromey (Ain), civ. — à Tassin, à Charbonnieres et à Marcy-lEtoile (Loire), cixiu.— au Pilat et à Saint-Etienne, CLXXII, CLXXXIII. HrnvigR-Bassow (l'abbé) présente le Rosa cinerascens récolté aux environs de Saint-Chamond (Loire), Lxxxt. — (Note sur les collections de M.) de Saint- Etienne, cxcix. Hesperelæa (Oléacées) A. Gray. nov. gen. [61]. Heterostachys (Chénopodées) Ung.-Stern. nov. gen. [143]. Hieracium montolearense T.-L. nov. sp. [35]. — mucronulatum T.-L. nov. sp. [36]. — sessilifolium T.-L. nov. sp. [42]. Histoire (Un nouveau chapitre ajouté à l) ; des Ægilops hybrides, 397. Hofmeister. Sa mort [236]. Hongrie (Notulæ ad Icones meas Hymeno- mycetum Hungaria), 318-xxxiv. Howse. Lettre, 297-xi. Hybrides. Un nouveau chapitre ajouté à l’histoire des Ægilops hybrides, 397. — Etude sur un hybride du Mespilus germanica L. et du Crategus oxyacan- tha (Crategus oxyacantho-germanica), XIV. — Voy. (dans la table de la Revue bibl.) Moore. Hydnum molle Fr. et scabrosum Fr.?, 352-Lxvir, Hydrodictyum pentagonum Vaucher, 207. Hydrogastrum Wallrothii (Kg) Rabenh., 164. Hydrophyllacées [69]. Hyméniés (Sur la classification et la no- menclature des), 140. Hymenophyllum samoense Bak. nov. sp. [70]. — tunbridgense [74]. Hypericum Androsemum [219]. Hypholoma Candollianum Fr. var. annu- latum et udum Pers., 328-xuw. Hypnum Breidleri Juratz. nov. sp. [132]. I Icones (Notule ad) meas Hymenomycetum Hungarie, 318-xxxiv. Immersion (Des effets de l’) sur les feuilles aériennes, 243. Influence de l’âge sur la composition des feuilles, 391. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Inocybe umbonata Q. nov. sp., 330-xLvr. Insectivores (Sur quelques plantes dites), 130. Intéressantes (Sur quelques plantes), 203. — (Description de quelques espèces) de Champignons apportées aux séances de la session, ou recueillies dans les excur- sions faites par la Société aux environs de Paris, 350-Lxv1. Iris [31]. Isle-Adam (Seine-et-Oise) (Sur quelques plantes Cryptogames recueillies aux en- virons de l), 404. — (Sur quelques plantes Phanérogames recueillies aux “environs de l’), 402. J JACQUIN (G.). Obs., 320-xxxvi. Jardin botanique (Rapport sur la visite faite par la Société au parc de la Téte- d'Or et au) de Lyon, xcv. Joncées [213]. Jordan (Rapport sur la visite faite par la Société aux cultures de M. A.), cxLvir. Jourpaix. Discours, 68. Jura (De quelques nouvelles espèces de Champignons du) et des Vosges, 324-xL. K KALCHBRENNER (C.). Notulæ ad Icones meas Hymenomycetum Hungarie, 318-xxxiv. Kalchbrennera (Champignons) Berk. nov. gen. [59]. Kaufmannia (Primulacées) Rgl nov. gen. [54]. Kentia acuminata [110]. L Lacroix (F.). Sur la présence du Phelipæa ramosa sur les racines d'un Coleus, LXXXi, — Rapport sur l'herborisation faite par la Société au Pilat et à Saint- Etienne, cLxx11. Lanessania (Artocarpées) Baillon nov. gen. 3]. Lalédcillóre-Lépeaux (O.). Sa mort, 357. Lasiostelma (Marsdéniées) Benth. nov. gen. [92]. Lathræa squamaria [199]. Latitudes tempérées (La collection des Orchidées des) cultivées dans les jardins du château d'Eu ( Seine-Inférieure ) , XXXVI. Le BRETON. Obs., 306-xxir. Lecanora albariella Nyl. in litt., 266. — Arnoldi Wedd., 96. — callopisma TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. 251 Ach., 94. — cirrochroa Ach., 90. — clancuiuria Nyl. nov. sp. [11]. — co~ nizella Nyl. nov. sp. |12]. — diphyes Nyl., 267. — diphyodes Nyl., 267. — elegans Link, 85. — granulosa Müll. Arg., 98. — Heppii Næg., 266. — ma- rina Wedd., 94. — medians Nyl., 93. — microthallina Wedd., 97. — mu- rorum Hoffm., 86. — privignia (Ach.) Nyl., 266.— pusilla, 965.— rubelliana Ach., 96. — simplex Nyl., 265. — ou holuta Nyl., 98. — umbrina Nyl., Lecidea badio-atra Fik., 262. — confusa Nyl., 263. — episema Nyl., 261, — in- concinna Nyl., 264. — intumexcens Flot., 263. — Zeptogica Nyl. nov. sp. [11]. — nigritula Nyl., 261. — Par- meliarum Sommf., 260, — sarcoginoi- des Körb., 263. — saxatilis Nyl., 262. — stigmnloides Nyl., 264. — spuria Schær,, 262. LecLerc (F.). L'épigenèse de la tige etle soulèvement du pédoncule, 40. Lerėvre (L.). Observations sur le Rubus blicatus Weihe et Nees, 135. Légumineuses[73]. LEMOINE. Obs., 306-xxu. Lepidium majus Darracq, 204, — sati- vum [43]. Lepiota (Sur une nouvelle Agaricinée du genre), 385. — guttata Pers. et semi- nuda Lasch. var. lilacina, 325-xL1. Leptohæa (Gesnéracées) Benth. nov. gen. Leptobryum dioicum Debat nov. sp. [151]. Leptogium firmum Nyl., 270.— placodiel- lum Nyl., 269. Leptonia œthiops Fr., 326-xuu. — eu- chroa P., 354-Lxvu. — placida Fr., 327-xnu. teptosphæria helminthospora de Not., 21. Lespinasse (G.). Sa mort, 25. Lestiboudois (Th.). Sa mort [192]. Lettres de MM. d'Arbaumont, d'Arvieux, Balansa, Barla, F. et G. Beiger, Broome, Brunaud, Cesati, Chabaud, A. Chatin, Courtois, Duchartre, Durieu de Mai- sonneuve, Genevier, Germain de Saint-Pierre, Grand'Eury, Heckel, Howse, Martinet, le Ministre de l'agri- culture et du commerce, le Ministre de l'instruction publique, Parlatore, Rou- meguére, Sargnon, Welche, voy. ces noms, Lichens, 54, 82, 258 [10] [23] [30] [42 [139] [152] bat]. 1 [231 [30] [22] Linum trinervium Freyn. nov. sp. [230]. Lis [425] [222]. nd (Styracées) Benth. nov. gen, 1 ` Liste des Agaricinées observées aux envi- rons de Paris, 408. — des personnes qui ont exposé des échantillons de Champi- gnons frais ou desséchés, 288-1v. — des personnes qui ont exposé des tableaux ou des aquarelles mycologiques, 294-x. — des espèces de Champignons recueillies par la Société aux environs de Montmo- rency (Seine-et-Oise), 311-xxvit. — des principaux Champignons comestibles et vénéneux (ou suspects) de l'est de la France, 315-xxx1. — des espèces de Champignons recueillies par la Société dans les bois de Chaville (Seine-et-Oise), 323-xxxix. — autour du Calvaire (Seine- et-Marne), 334-L. —au Mail de Henri IV (Seine-et-Marne), 335-L1.— au Gros-Fou- teau età la Fontaine-Sanguinède (Seine- et-Marne), 242-Lviu, — aux environs du mont Ussy, de la Croix-d'Augas et du rocher Cassepot (Seine-et-Marne), 246- LXI. — de quelques espèces remarqua- bles de Champignons signalées pendant la session mycologique, 253-Lxix. — des espéces de Champignons recueillies par M. de Seynes dans la forét de Fon- tainebleau, au mont Ussy, au Gros- Fouteau, à Ja Fontaine-Sauguinéde (Seine-et-Marne), 356-Lxxu. — des Cryptogames récoltées pendant l'excur- sion botanique dans le Bugey (Ain), CXLI. — Localités (Note sur quelques) francaises nouvelles de plantes rares ou peu com- munes, 240. Locue (A.). Note sur un fait anormal de fructification chez quelques Balsami- nées, 367. Lonicera stabiana Guss. nov. sp. [58] Loranthacées [77]. Lotus Levieri Heldr. nov. sp. [80]. Lygodia (Apocynées) Benth. nov. gen. 91]. Lyon (Session extraordinaire de la Société à), 1-cc. — (Réunion préparatoire à), ur, — (Séances de la session à), v, xxxv. — (Rapport sur la visite faite par la Société au Muséum d'histoire naturelle de), txxxur. — (Rapport sur la visite faite parla Société au parc de la Téte- d'Or et au jardin botanique de), xciv. — (Rapport sur les collections botani- - ques publiques et particulieres de) et des environs, CLXXIV. Lysimachia punctata (Lettre sur le), 364. 252 M Macowania (Champignons) Kalchb. nov. gen. [59]. - Macria callipticantha Ten. [37]. Madarosperma (Cynanchées) Benth. nov. gen. [92]. Macnis (A.). Sur les Mousses et les Lichens de la partie supérieure de la vallée de l'Ubaye (Basses-Alpes), 54. — Note sur une nouvelle espèce du genre Orbicula Cooke, 306-xxir. — Sur les pycnides du Sphiærotheca des Cueurbitacées, 337- Lii. — Rapport sur la visite faite parla Société au Muséum d'histoire naturelle de Lyon, ixxx. — Liste des Crypto- games récoltées par MM. Therry et Veuillot pendant l'excursion botanique dans le Bugey (Ain', cxin. — Rap- port sur les collections botaniques pu- bliques et particulières de Lyon et des environs, CLXXXV. Mail de Henri IV (Scine-et- Marne) (Liste des espèces de Champignons recueillies pendant l’herborisation faite par la So- ciété au), 335-Lr. MauxvauD (E.) annonce que l'herbier de feu Boreau a été acheté par la ville d'Angers, 119. — Note relative aux publications de M. le Dr Schultz de Wissembourg, 44. Malte (Excursion à) et en Cyrénaique, 17. Manifestations (L'évolution de l’espèce dans ses) à l'époque actuelle, xxvi. Merattiacées [4]. Marcy-l'Etoile (Loire) (Herborisation à), CLxi., Marrubium apulum Ten. [211]. MarrineT (J.-B.). Lettre à M. Sagot sur le climat de Lima, 279. Medicago Bonarotiana Arc. [102]. Menu (A.). Note sur la Florule de la prai- rie de Bourdelans (Loire), ix. — Obs., Ix. — (Rapport sur les collections et la bibliothéque de M.) de Villefranche- sur-Saóne, CXCvI. Melampyrum arvense (Sur une culture de), 195. Mélanges, voy. Nouvelles. Melanotheca acervulans Nyl., 258. Mentha {40}. — Strailii Durand nov. sp. [40]. Mer (E.). Des phénomènes végétatifs qui précedent ou accompagnent le deperis- sement et la chute des feuilles, 476, — De la constitution et des fonctions des feuilles hivernales, 231. — Des effets nov. sp. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de l'immersion sur les feuilles aériennes, 243. — Obs., 27, 140,382. Mespilus germanica L. (Sur un hybride du) et du Crategus oxyacantha L., xiv. Mét«spermes [79]. Meudon (Seine-et-Oise) (Compte rendu d'une herborisation cryptogamique dans les bois de), 200. Michel (Alberi). Sa mort, 411. Microcnemum (Chénopodées) Ung.-Stern. nov. gen. [143]. Microscopiques (Sur divers moyens de conserver les préparations), 25. Mirrou/a (Borraginées) Benth. nov. gen. [93]. Ministre (Le) de l'agriculture et du com- merce. Deux lettres, 359. — de l'in- struction publique. Lettre, 25. Monocotylédones [27] [163]. Monographique (Notice) sur les Amphi- lama de la Flore francaise, 82. Monopyle (Gesnéracées) Moritz nov. gen. 94]. Mea uosités et Anomalies. Note sur quel- ques monstruosités du Tulipa Gesne- riana L., 497, — Sur un fait anormal de fructification chez quelques Balsa- minées, 367. — Fleurs monstrueuses observées dans la collection d'Orchidées cultivées dans les jardins du château d'Eu (Seine-Inférieure) sur plusieurs pieds d'Ophrys aramfera speculari, xxxvi. — Fleur double chez un Aceras anthropophora, xt. Montmorency (Seine-et-Oise) ( Elaphomy- ces récoltés aux environs de), 115. — (Le Rhizopogon virens découvert aux en- virons de), 311-xxvi. — (Liste des es- péces de Champignons recueillies par la Société aux environs de), 311-xxvrr. MOUILLEFARINE (Ed.). Obs., 122. Mousses, 54 [17] |38] [50] [128] [151] 152]. Mucorinées [62]. — (Sur les Absidia, genre nouveau de la famille des). 2. — (Observations au sujet d’un nouveau travail de M. Brefeld sur les) et en par- ticulier sur les Pilobolus, 35. Munby (G.). Sa mort [46]. Muscari monstruosum [86]. Muséum d'histoire naturelle (Rapport sur la visite faite par la Société aux collec- tions mycelogiques du) de Paris, 347- LXU — (Rapport sur la visite faite par la Société au) de Lyon, LXXXHI. . Mycena floridula Fr., 325-x11. — lævt- gata Lasch., 326-xui. — nivea Q. nov. SP., 325-xLr. — Seynii Q., 351-1xvir. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. Mycènes (Sur le caractere de la section Calodontes des), 385. Mycologie, voy. Champignons. Myriangium Duriæi Mont. et Berk., 269. Myrtacées [87 ]. N Nantes (Sur les Champignons consommés à) sous le nom de Champignon rose ou de couche, 28. Naucoria erinacea Fr., 339-Lxvin. — pan- nosa Fr., 328-xuiv. — tenax Vr., 327- xun. Nécrologie, 25, 60, 422, 468, 226, 239, 357, 444 [46] |490] [192] [236] [237]. Nectria flavida (Cda) Fr., 220. Neriacanthus (Acanthacées) Benth. nov. gen. [94]. Neuvialle (Allier) (Sur un Festuca trouvéà), LXVIII. Nevropteris (foss.) [214]. Nidulariées [203]. Nolanen araueosa Q. nov. sp. et versa- tilis Fr., 327-xLur. Nomenclature (Sur la classification et la) des Hyméniés, 440. Nostochinées [116]. Notaris (de). Sa mort [236]. Nolomerium (Apocynées) Benth. nov. gen. Nouvelle-Calédonie, voy. Calédonie. Nouvelles [45] [96] [190] [236]. (0) Obione pedunculata Moq.-Tand, (Sur V) découvert ou retrouvé à Saint-Valery- sur-Somme (Somme), 369. OEcidium Villarsiæ trouvé aux environs de Paris, 242. Ab logonium calcareum Ripart nov. sp., Ortus (Marsdéniées) Benth. nov. gen. Oleandra Whitmei Bak. nov. sp. [70]. OLLivIER (E.) présente l'Amórosia mari- tima L. récolté aux environs de Moulins, XLI. Ophrys aranifera specularia (Fleurs mons- trueuses observées dans la collection d'Orchidées cultivées dans les jardius du château d'Eu .Seiue-lnférieure) sur plusieurs pieds d’), xxxvi. Or lyounais (Khône) (Herborisation au mont d’), LXXXIX. Orbicula Cooke (Sur une nouvelle espèce du genre), 306-xxir. 253 Orchidées [225]. — (La collection d') des latitudes tempérées cultivées dans lesjar- dius du chàteau d'Eu (Seine-Inférieure), XXXVI. — indigènes (Nouveaux détails sur la culture des), Lxx. Oreacanthus (Acanthacées) Benth. nov. gen. [94]. Oreocharis (Gesnéracées) Benth. nov, gen. [94]. Organes (Où doit-on chercher les) fécon- dateurs chez les Urédinées et Ustilagi- nées, 120. Ornithocephalochloa nov. gen. [37]. Orobauches [227 |. (Graminées) Kurz P Pachyderma (Champignons) Sch. von. Mügg. nov. gen. [147]. — Stross- mayeri [147]. PaiLLOT (J.). Obs., xxxi, Palmerella (Lobéliacées) A. Gray nov. gen, [61]. Palmiers [110]. Panæolus separatus L., 328-xLIY. Pandanées [81 ]. Papilionacées | 128]. Parameria (Apocynées) Benth. nov. gen. [91]. Parasitisme (Du) probable de quelques espèces du genre Elaphomyces et de la recherche de ces Tubéracés, 115. Paris (Catalogue des Agaricinées observées aux environs de}, 108. — (Session my- cologique à), 285-1-356-Lxx11. — (Séan- ces de la session à), 295-x1, 310-xxvi, 318-xxxiv. — (Rapport sur la visite faite par la Société aux collections my- cologiques du Muséum d'histoire natu- relle de), 347-Lxur. — (Description de quelques espéces de Champignons recueillies par la Société aux environs de), 350-Lxvi. — (Flore de), voy. le Calvaire, le rocher Cassepot, Chaville, la Croix-d'Augas, la Fontaine-Sangui- nède, Fontainebleau, Gisors, le Gros- Fouteau, l'isle-Adam, le Mail de Henri 1V, Meudon, Montmorency, Saint-Germain en Laye, le mont Ussy. — Œcidium Villarsie, 247. PARLATORE(Ph.). Lettre au sujet du décès de M. Ad. Brongniart, 124. Parnassia [111]. — palustris | 200 ][201]. Parseval-Grandinaison (J.de). Sa mort, 122. ParouiLzarD (N.). De la conservation des Champignons pour l'étu.te, 303-xix.. Pavor (V.). Florule de l'excursionniste aux gorges de la Diozaz (Savoie), 394. 254 Pecopteris odontopteroides [135]. Pédoncule (L'épigenese de la tige et le soulèvement du), 40. Peltanthera (Loganiacées) Benth. nov. gen. [93]. Pénéacees [144]. Périthèce (Sur le développement du) des Chætomium, 364. Peronospora Fragariæ Roze et Cornu nov. sp. trouvé dans la forêt de Mont- morency (Seine-et-Oise), 242. Perit (P.). Essai d'une classification des Diatomées, 372. — Obs., 24, 422, 366. Peziza (Description d'une nouvelle Pezize), 307-xxit. — Amphora Q. nov. sp., 331-xtvii. — brevipila Rob., 220. — Clissont Ripart nov. sp., 307-xxit, — difformis Fr., 219. — macropus P., 352-Lxviu. — santosa Schrad., 334- XLVII. Phanérogames [118] [137] [170]. — (Sur quelques plantes) récoltées aux environs de l'Isle-Adam (Seine-et-Oise), 402. Phelipæa ramosa (Sur la présence du) sur les racines d'un Co/eus, LXXXI. Phénomènes (Des) végétatifs qui précèdent ou accompagnent le développement et la chute des feuilles, 176. Phéosporées [75 ]. Phialacanthus (Acanthacées) Benth. nov. gen. [94]. Phialea Boudieri Q., 353-Lxix.— capil- lipes Q. nov. sp., 331-xLvn. Phinæa (Gesnéracées) Benth. nov. gen. [94]. Pholiota flammans Fr. et fusca Q. nox. Sp., 327-xuir. Phomatospora (Champignons) Sacc. nov. gen. [146]. Phyliobæa (Cyrtandracées) Benth.. nov. gen. [94]. Physacanthus (Acanthacées) Benth. nov. gen. [94]. Physiologique (Sur le ròle) et la cause dé- terminante de la courbure en arcades des stolons fructifères dans les Absidia, 56. Phytolaccacées [85]. Pilaira (Mucorinées) Van Tieghem nov. gen. [63]. Pilat (Loire) (Herborisation au), crxxi, CLXXXIII, Pilobolus (Observations au sujet d'un tra- vail de M. Brefeld sur les Mucorinées et en particulier sur les), 35. Pilularia globulifera [434]. Pinguicula vulgaris [202]. Pinus [119]. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Plantago maritima | 43]. Pleiocarpa (Apocynées) Benth. nov. gen [91]. Pleospora pellita Fr., 222. Pleurotus nebrodensis Inz. (Lettre sur le), 339-Lv. Plocosperma | (Loganiacées) Benth, nov. gen. [93]. Pluteus plautus Weinm., 326-xL11. Poa pratensis L. var. longifolia Des Et., 206. Poisson (J.). Notice nécrologique sur Ch. Grenier, 468. — Note sur quelques plantes Phanérogames recueillies aux environs de l'Isle-Adam (Seine-et-Oise), 402. — et BnoxcNIART (Ch.) ont. trouvé l'Amanita pretoria dans la forêt de Gi- sors (Eure), 34. Polypodium | exzpansum , | sertularioides , simplex Whitmei Bak. nov. sp. [74]. Polyporus Inzengæ Ces. et de Not., 213. Polysaccum crassipes DC., 218. Potentilla argentea L. var. dentata DC., 207. Présence (Sur la) du Phelipæa ramosa sur les racines d’un Coleus, LXXXI. Priuieux (Ed.). Etude sur la formation et le développement de quelques galles, 226. — Obs., 60, 134. Procédé pour prendre l'empreinte des plantes, 151. Psathyrella infida Q. nov. sp., 329-x1v. Ptychogaster albus Corda (Note sur le), 359. Puccinia Malvacearum Mont., 212. Pycnides (Sur les) du Sphærotheca des Cucurbitacées, 337-Lnr. Pycnobotrya (Apocynées) Benth. nov. gen. 91 et Pycnorrhachis (Marsdéniées) Benth. nov. gen, [92]. Pyrénées (Sur l'existence du Genista del- phinensis dans les), LXXIX. Pythium Equiseti |32] [33]. Q QuéLer (L.). Sur la classification et la no- menclature des Hyméniés, 440. — Des principaux Champignons comestibles et vénéneux (ou suspects) de l'est de la France, 315-xxx1. — De quelques nou- velles espèces de Champignons du Jura et des Vosges, 324-x1, — Description de quelques espèces intéressantes de Cham- pignons apportées aux séances de là session mycologique, ou recueillies dans les excursions faites par la Société aux TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. environs de Paris, 350-Lxvi. — Liste de quelques espéces remarquables de Champignons signalées pendant la ses- sion mycologique. Rapport de leur dis- persion avec la nature de l'humus, 3593-Lxix. — Obs., 302-xvui, 305-xxi, 310-xxvi, 320-xxxvi, 323-xxxix, 336- ut, 341-Lvir, 344-Lx, 345-Lxt. Quercus elephantum, farinulenta et Moulei Hance nov. sp. [39]. — Jordanæ Lag. nov. sp. (62]. R Rasorix, Obs., 299-xv, 343-rix, 344-Lx. Racines (Sur la direction des), 136. — (Sur la présence du Phelipæa ramosa sur les) d'un Coleus, LXXXI, Rafílésiacées [77]. Ranunculus balearicus Freyn nov. sp. [112]. Raphidophora herpotricha (Fr.) Tul., 221. Rapport de la dispersion de quelques espè- ces de Champignoüs avec la nature de l'humus, 353-Lxix. Rapport sur la visite faite par la Société aux collections mycologiques du Muséum d'histoire naturelle de Paris, 347-Lxur. — àu Muséum d'histoire naturelle de Lyon, xxxut. — au parc de la Tête- d'Or et au jardin botanique de Lyon, XCIV. — aux culturesde M. A. Jordan, de Lyon, cxLvit, — aux collections bo- taniques publiques et particulières de Lyon et des environs, cLxxxv. — sur les collections et la bibliothèque de M. Méhu, de Villefranche-sur-Saóne, cxcvi. — sur les collections de M. l'abbé Hervier- Basson, de Saint-Etienne, cxcix. — sur les Herborisations, voy. Herborisations. Recherche (Du parasitisme probable de quelques espèces du genre Elaphomyces et de la) de ces Tubéracés, 115. Rrcipos (Mme) a trouvé l'OEcidium Villar- sæ aux environs de Paris, 242. Remerciments à MM. de Seynes, Quélet, Boudier et Richon, 345-Lxt; — Duchar- tre, 412; — les abbés Boullu et Her- vier-Basson, Grand'Eury, Saint-Lager et Renault, Lxxxir. Rhamnacées [65]. hizopogon virens découvert aux environs de Montmorency (Seine-et-Oise), 311- XXVII, Rhynchostigma (Marsdéniées) Benth. nov. gen. [92]. Ricuox (Ch.). Obs., 309-xxv, 310-xxvi, S11-xxvit, 314-xxx, 333-xuix. Rimularia limborina Nyl., 259. 255 RIPART présente des aquarelles de Pezize exécutées par M. Pascaud, 309-xxv. — a découvert le Rhizopogon virens aux environs de Montmorency (Seine-et- Oise), 311-xxvir, — Notice sur quelques espèces rares ou nouvelles de la Flore cryptogamique du centre de la France, 458, 210, 258. — Description d'une nouvelle Pezize, 307-xxur. — Lettre, 297-xut. Rosa [41] [150]. — (Affinité réciproque des genres Rubus et), 106. — (Enumé- ration des Rosiers de la Flore lyon- naise), xLvI. — (Description de quel- ques espèces nouvelles du genre), LXI. — cinerascens récolté aux environs de Saint-Chamond (Loire), LXXXI. — carbunariensis, gallico-repens, Levettlei, macrodonta, Marcyana, pseudo-vestita, Pouzini Tratt. var. leptoclada, repente- gallica, Rhodani Chabert, rhombifolia et sublævis Boullu nov. Sp., LxI-LXYVIII. Rosacées [128]. RouMEGuËRE (C.). Lettre, 333-xrix. Rory (G.). Note sur quelques localités francaises nouvelles de plantes rares ou peu communes, 240. Roze (E.) a trouvé avec M. Cornu l'Aga- ricus hæmorrhoidarius Kalchb. à Fon- tainebleau (Seine-et-Marne), 34. — présente avec M. Cornu des échantil- lons d'Elaphomyces récoltés par eux aux environs de Montmorency (Seine-et- Oise), 115. — a trouvé avec M. Cornu une nouvelle espèce de Peronospora dans la forêt de Montmorency, 242. — Essai d'une nouvelle classification des Agaricinées, 45. — Catalogue des Aga- ricinées observées aux environs de Paris, 108. — Compte rendu d'une her- borisation eryptogamique dirigée par M. Cornu dans les bois de Meudon (Seine-et-Oise), 200, — Obs., 53, 59, 105, 1419, 298-xiv, 305-xxi, 343-LIx, 359, 366. Rubus [127]. — (Affinité réciproque des genres) et Rosa, 106. — plicatus Weihe et Nees (Observations sur le), 135. | Rumex Woodsi de Not. nov, sp. [117]. Russula lilacea Q. nov. sp., 330-xrvt. Rytiphlea sinensis O. Debeaux nov. sp: [149]. S Saccharomyces Cerevisiæ [2]. Saint-Chamond (Loire) (Le Rosa cinera- scens récolté aux environs de), LXXXI. Saint-Etienne (Séance de la session extra- 256 ordinaire à), Lxx. — (Sur la Flore car- bonifère des environs de), LXXIV. — (Herborisations à), CLXXI, CLXXXIII. Saint-Germain en Laye (Seine-et-Oise) (Nouvelles localités de plantes rares dans la circonscription de la Flore parisienne trouvées aux environs de), 383. SAINT-LAGER. Suite du rapport sur l'herbo- risation de la Société au Pilat et à Saint- Etienne, cixxxul. Saint-Sernin-du-Bois (Saóne-et-Loire) (Le Crategus | oxryacantho-germanica dé- couvert à}, xiv. Saint-Valery-sur-Somme (Somme) (L'O- bione pedunculata Moq.-Tand. décou- vert ou retrouvé à), 369. Saintes (Charente-Inférieure) (Le Boletus purpureus Fr. découvert aux environs de), 333-xuix. Salicornia [143]. Salix Sadleri Syme nov. sp. [229]. Sapindacées [139]. SAPORTA (le comte G. de) fait hommage de son ouvrage: les Végétaux fossiles de Meximieux, 125. — Note sur cet ou- vrage, 125. Sarcosperma (Sapotacées) Hook. nov. gen. [90]. SARGNON (A.). Discours, v. — Lettre, 226. Sarracenia (hybride) [142]. Saxifraga acanthifolia, Geum, sarmentosa et umbrosa |201]. Schizochlamys gelatinosa Al. Br., 164. Schlimia (Gentianées) Rgl nov. gen. [53]. Schultz (Note relative aux publications de M. le D' F.) de Wissembourg, 44. Scleroderma Bovista Fr., 331-xLvu. Scytanthus (Acanthacées) T. Anders. nov. gen. [94]. Session mycologique (Fixation de la), 239. — (Commission chargée d'organiser la), 2. — à Paris en 1876, 285-1-356- LXXII — (Membres qui ont assisté à la), 286-1. — (Autres personnes qui ont pris part à la), 286-11. — (Exposi tion de la), 287-111. — (Bureau de la), 296-xu. — (Programme de la), 298- xiv, -— (Séances de la), 295-xi, 310-xxv, 318- xxxiv, 333-xuix, 341-Lv11, 345-1xr. — (Herborisations de la), voy. Herbori- sations,— extraordinaire (Comité chargé d'organiser la), 175.— à Lyon en 1876, rcc. — (Membres qui ont assisté à la), | — (Autres personnes qui ont pris part à la), 1. — (Réunion préparatoire de la), ur. — (Bureau de la), nr. — (Programme de la), iv. — (séances de la), v, xxxv, 13x. — (Herborisations de la), voy. Herborisations. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Sexualité (Nouvelles observations sur le développement du fruit et sur la pré- tendue) des Basidiomycètes et des Asco- mycètes, 99. SEXES (J. de) présente des échantillons de Champignons récoltés par lui dans la forét de Fontainebleau (Seine-et-Marne), 384. — remercie la Société botanique de Lyon de son bienveillant accueil, vit. — Sur une nouvelle espèce d'Aga- ricinées du genre Lepiota et sur le ca- ractère de la section Calorontes des Mycènes, 385. — Discours, 296-x11. — Obs., 35, 53, 105,134, 239, 279,302- xviii, 306-xxir, 310-xxvi, 314-xxx, 320- xxxvi, 333-xuix, 336-1101, 337-111, 341- LVII, 944-Lx, 291, xxxi, xxxiv. Silphium cyrenaicum [23]. Smirnowia (Légumineuses) Rgl nov. gen. [223]. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Composition du Bureau et du Conseil pour 1877, 412. — Commissions pour 1876, voy. Commissions. Sotomayor (de). Obs., 34. Soulévement (L'épigenese de la tige et le) du pédoncule, 40. Sphæria dichætospora Ripart nov. sp. 225. — diplospora Cooke, 223. Sphærocodon (Marsdéniées) Beuth. nov. gen. [92]. | Sphærotheca (Sur les pycnides du) des Cucurbitacées, 337-Lin, Spherozyga fallax Ripart nov. sp., 159. Sphenostemon (Micinées) Baillon nov. gen. [4]. Sphilctréna turbinata Fr., 268. Spinellus (Mucorinées) Van Tieghem nov. gen. [63]. . Spires (Sur la désignation de la direction des) dans les plantes, 192. Spirogyra ternata Ripart nov. sp., 162. Stachys italica Mill. [190]. — Schiedeana [119]. Stereum Pin? Fr., 331-x1 vit. . Stolons fructifères (Sur le rôle physiolo- gique et la cause déterminante de la courbure en arcades des) dans les Ab- sidia, 56. Strempeliopsis (Apocynées) Benth. nov. gen. [91]. Stropharia cotonea Q. nov. sp. et inuncla Fr., 328 xuv. Styracées [128]. Symplocacees [128]. T Tapeinosperma (Myrsinées) Hook. f. nov. gen. [90]. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. : Tassin (Loire) (Herborisation à), cxi. Téte-d'Or (Flore adventice à la) près Lyon, xLit. — (Rapport sur la visite faite par la Société au parc de la) et au jardin botanique de Lyon, xciv. Thalictrum clypeatum, preruptorum et stenocarpum T.-L. nov. sp. [121]. Thecaphora deformans Dur. et Mont. , 910. Therry (Liste des Cryptogames récoltées par MM.) et Veuillot dans le Bugey (Ain). CXLII, Théveneau (A.). Sa mort, 357. Thyméléacées [144]. Tige (L'épigenese de la) et le soulévement du pédoncule, 40. Toast à M. Elias Fries, 345-rxr. Toncnox (Ch.). Obs., 306-xxu. Trachylia tympanella Fr., 267. Trametes Pini Fr., 352-txvitt. Trapa verbanensis de Not. nov. sp. (417]. Tricholoma coryphæum etresplendens Fr., 350-Lxvi. Triticum (Sur une culture de Melampyrum arvense à l'aide du Blé), 195. Tubéracés (Du parasitisme probable de quelques espèces du genre Elaphomyces et de la recherche de ces), 115. Tulipa Gesneriana L.(Sur quelques mons- truosités du), 197. Typhula phacorhiza Reich. , 992-Lxviir. U Ubaye (Basses-Alpes) (Sur les Mousses et les Lichens de la partie supérieure de la vallée de 1’), 54. Ulmacées [144]. Ungernia (Amaryllidées) Bunge nov. gen. Urceolaria ocellata DC., 264. Urédinées (Où doit-on chercher les organes condateurs chez les) et Ustilaginées ? 20. Ussy (Seine-et-Marne) (Liste des espèces de Champignons recueillies pendant l'herborisation faite au mont), 346-Lxt, 356-Lxxi. Ustilaginées [141]. — (Où doit-on cher- cher les organes fécondateurs chez les Urédinées et), 120. Ustilago Montagnei Tul., 211. “n (Périplocées) Benth. nov. gen. 2]. Vv Valromey (Ain) (Herborisation dans le), ciy. Van Houtte (L.). Sa mort, 239. T. XXIII. Ie] 27 Vax TigGuEx (Ph.). Sur les Absidia, genre nouveau de la famille des Mucorinées, 2. — Observations au sujet d'un nouvean travail de M. Brefeld sur les Mucorinées et en particulier sur les Pilobolus, 35. — Sur le róle physiologique et la cause déterminante dela courbure en arcades des stolons fructifères dans les Absidia, 56. — Nouvelles observations sur le dé- veloppement du fruitet sur la prétendue sexualité des Basidiomyvcetes et des Asco- mycètes, 99, — Sur le développement du fruit des Ascodesmis, genre nouveau de l’ordre des Ascomycètes, 271. — Nouvelles observations sur le dévelop- pement du périthèce des Chetomium, 364. — Obs., 14, 16, 17, 28, 59, 105. Velten (W.). Sa mort [190]. VERLOT (B.). Obs., 371. VrnLOT (J.-B.). Note sur l'existence du Genista delphinensis dans les Pyrénées, LXXIX. Verrucaria fluctigena et rivulicola Nyl, nov. sp. [41]. —- meiospila Nyl. nov. sp. [12]. Veuillot, Voy. Therry. Vivianp-Morez. Rapport sur la visite faite par la Société aux cultures de M. Jordan, de Lyon, cxLvil. Volvaria pubescens Schum., 351-Lxvir. Vosges (De quelques nouvelles espèces de Champignons du Jura et des), 324-xr. W Wahlenbergia tuberosa Hook. f. nov. sp. [6]. WeppeLL (H.-A.). Notice monographique sur les Amphiloma de la Flore francaise, 82. Weisia (Microweisia) Ganderi Juratz, nov. sp. [152]. WELcue (préfet du Rhône). Lettre, xxxv. Wilkes (l'amiral). Sa mort [237]. ; Y Yucca filifera (Sur le Dasylirion longifo- lium et sur le), xxxi. | 7 Zen Mays [160]. Zurloa splendens Ten. [37]. Zygnema biturigense Ripart nov. Sp., 163. Zygostelma (Périplocées) Benth. nov. gen. 2 17 TABLE PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE DES NOMS D'AUTEURS DES PUBLICATIONS ANALYSÉES DANS LA REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. (TOME VINGT-TROISIÈME.) N. B. — Cette table ne contient que les titres des ouvrages analysés et les nouis de lems auteurs Tous les noms de plantes, dont les descriptions ou les diagnoses se trouvent reproduites dans Ia Revue bibliographique, ainsi que les articles nécrologiques, etc., doivent être cherchés dans la table générale qui précède celle-ci. Actes du Congrès international botanique tenu à Florence en 1874 [138]. ARCANGELT (G.). Sur une nouvelle espèce du genre Medicago [102]. — Sur les Pilularia globulifera et Salvinia natans [134]. — Etude sur le Cytinus Hypo- cistis [142]. — Sur la théorie algo-li- chénique [153]. Asa Gray. Contributions botaniques [61]. — Recherches sur les Hydrophyllacées de l'Amérique du Nord [69]. — Termi- nologie de l'estivation [80]. — Sur le genre Acnida L. [226]. — Voy. Bre- wer. ASCHERSON (P.). Sur l'Euchlena mexicana Schrader [134].— Voy. Rohlfs. AskEmAsy (E.). De la destruction de la chloropliylle des plantes vivantes par la lumière [175]. — De l'influence de la lumière sur la coloration des fleurs [177]. Bairros (H). Sur le nouveau genre Lanes- sania [3]. — Sur le nouveau genre Sphenostemon [4]. — Sur les Amenta- cées [9]. — Monographie des Célastra- cées et des Rhamnacées [65]. — Dic- tionnaire de botanique avec la collabo- ration de MM. J. de Seynes, J. de Lanessan, E. Mussat, W. Nylander, E. Tison, E. Fournier, J. Poisson, L. Soubeiran, H. Bocquillon, G. Du- tailly, Ed. Bureau, H.-A. Weddell, etc. [131]. — Monographie des Pénéacées, des Thyméléacées et des Ulmacées [144 . — Essai sur les lois de l'entrainement dans les végétaux [209]. Baxrn (J.-G.) Synopsis des espèces d'Iris connues [31]. — Sur une collection de Fougères de la Chine [38]. — Révision des genres et espéces d'Asparaginées [66]. — Sur une collection de Fou- gères des iles Samoa [70].— Le Gamo- chlamys heterandra [85]. — Sur une collection de Fougères de la Polynésie [179]. — Sur une collection de Fougè- res de l'ile de Madagascar [179]. BALFOUR (J.-B.). Sur les espèces de Pan- danées des iles Mascareignes [81]. Barroum (Th.-A.-G.). Récit de quelques expériences faites sur le Dionæa Musci- pula [198]. BARANETZKY (J.). Influence de la lumiere sur les plasmodia des Myxomycètes [124]. BancrtLiNt (D.). Sur la nature des plantes Cryptogames parasites de l'homme [142]. BannaxpoN (A.). Voy. Loret. BaziiLE (L.). Voy. Bush. BrtLYNck (l'abbé A.). Catalogue des plan- tes soit spontanées, soit cultivées en grand, observées en Belgique, à l'usage des herborisations [103]. — Cours élé- mentaire de botanique [103]. Bexnerr (A.-W.). Des glandes absorbantes des plantes carnivores [153]. BEvTHAM (G.) et Hooker (J.-D.). Genera plantarum, vol. n, part. 2 [89]. BERKELEY (M.-J.). Deux nouvcaux Cham- pignons du cap de Bonne-Espérance [99]. — Deux nouvelles espèces d'Aga- ricus de l'ile de Kerguelen |71]. Berxaro (Cl.). De l'emploi des moyennes en physiologie expérimentale, à propos 260 de l'influence de l'effeuillage des Bette- raves sur la production de la matière sucrée [19]. — De l'influence de lef- feuillement des Betteraves sur la pro- duction de la matière sucrée [20]. Bibliographie [45] [189] [235]. Birrgornu (Th.). Recherches sur les formes de végétation du Coccobacteria septica et sur la part qu'elles prennent à l'ori- gine et à l'extension des maladies d'ori- gine traumatique [166]. BLYTT (A.). Essai sur l'immigration de la Flore de Norvége [78]. BocoviLLoN (H.). Voy. Baillon. Boeux (J.). Sur le rôle de la chaux chez l'embryon du Haricot [160]. — Sur la respiration des plantes aquatiques [180]. — Sur une fermentation liée à l'absorp- tion de l'hydrogène [180]. BouxENsiEG (G. -C.-W.) et Bunck (W.). Re- pertorium annuum Literature botanice periodicæ, tom. u |130]. Boissier (E.). Flora orientalis, vol. Ii [13]. Borus (H.). Sur la végétation du Cap [158]. Borsas (V. de). Epilobium Kerneri nov. sp. [110]. Bonopiw. Sur la respiration des plantes pendant leur germination [144 ]. BoussINGAULT. Végétation du Mais com- mencée dans une atmosphère d'acide carbonique [216]. — Sur la végétation des plantes dépourvues de chlorophylle [247]. Braus (A.). La question de la gymnosper- mie des Cycadées, éclaircie par la si- tuation de cette famille sur l'échelle du regne végétal [184]. BrereLD (O.). Recherches sur la fermenta- tion alcoolique [1]. BREWER (W.-H.), Warsow (S.) et Asa GRAY. Botanique de la Californie [77]. Brissox (F.-P.). Lichens du département de la Marne [30]. Bucuaxax (J.). Nouvelle liste des Phanéro- TON et des Fougères des iles Chatham 12]. BucHENAU (Fr.). Monographie des Joncées du Cap [213]. BuxGE (A.). Ungernia, nouveau genre d'A- maryllidées |79]. Burck (W.). Voy. Bohnensieg. Burrau (Ed.) et Poissox (J.. Sur une roche d'origine végétale [233]. — Voy. Baillon. Busu et Fils et Meissner. Les Vignes amé- ricaines; traduit de l'anglais par M. L. Bazille, revu et annoté par M. J.-E. Planchon [117]. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, CAILLETET (L.). Sur la nature des sub- stances minérales assimilées par les Champignons [231]. Card (F.-M.). Notes sur la structure des feuilles du Lathræa squamaria [199]. CANDOLLE (A. de). L'âge d'un arbre a-t-il une influence sur l'époque moyenne de sa feuillaison [83]. — Sur la méthode des sommes de température appliquée aux phénomènes de végétation [105]. — Sur les causes de l'inégale distribu- tion des plantes rares dans la chaine des Alpes [140]. CANDOLLE (C. de). Sur la structure et les mouvements des feuilles du Dionæa Muscipula (154]. CanuEL (Th.). L'herboriste toscan [73].— Sur l'organozénie du Cynomorium coc- cineum |138]. Caspany (R.). Des axes florifères nés sur les feuilles [36]. CASTRACANE (le comte F. de). Sur la repro- duction des Diatomées [139]. CATTANEO (A.). Voy. Garovaglio. CELAKovskY (L.). Etude comparée des pla- centas daus l'ovaire des Phanérogames [170]. — Etude de la virescence des ovules de l’Alliaria officinalis [484]. — Sur la discussion des ovules [184]. Cesati (V.). Battarea Guicciardiniuna Ces, nov. sp. [37]. — Des Zurloa splen- dens et Macria callipticantha Ten. [37]. "d (J.). Sur les mouvements périodi- ques des feuilles de Abies Nordman- niana [103]. — Etudes histologiques et histogéniques sur les glandes , foliaires intérieures et quelques productions ana- logues [131]. CnaupÉ (l'abbé), [224]. Curisrisox (Sir R.). Les effets de la Coca [112]. CLane (C.-B.). Composite indice des- criplæ et secus Genera Benthamii ordi- nate [81]. Creve (P.-T.). Déterminations des Diato- mées trouvées à la surface de la mer de Java [60]. — Sur les Diatomées de l'Océan arctique [60]. Cros (D.). La Botanique dans l’œuvre de François Bacon [52]. — De la signifi- cation du filet de l’étamine [223]. Cocniaux (A.). Diagnoses de Cucurbitacees nouvelles et observations sur les espèces critiques |30]. — et Mancuar (E.). Les plantes ornementales à feuillage panaché et coloré |44]. Conn (F.). Florula Desmidiearum Bon- Botanique descriptive TABLE ALFHABÉTIQUE DES AUTEURS. goensis [458]. — Recherches sur les Bactéries [167]. Coxpamy (A.). Etude sur l'histoire natu- relle de la Truffe [119]. CowTEjEAN. (Ch.). Troisième supplément à la Flore de Montbeliard [156]. — De l'influence du terrain sur la végétation [157]. -— Sur la Flore du grès de Fon- tainebleau [221 |. Cooke (C.). Les Champignons [5]. — Sy- nopsis des Champignons Discomycètes des Etats-Unis [146]. CORENWINDER (R.). R.cherches chimiques sur la végétation [220]. Corsu (M.). Sur les spermaties des Asco- mycètes [203]. Cosrerus (1.-C.). Le rôle des lenticelles el .. leur diffusion dans le règne végétal [178]. Crépin (F.). Nouvelles observations sur le Pecopteris odontopteroides Moris [135 . — Primitie Monographie | Rosarum [150]. ChiÉ (L.-A.). Recherches sur la structure dela tache dans les Sphéries foliicoles du groupe des Depazea [55]. — Des rapports qui existent entre la structure des feuilles du Buxus sempervirens et l'évolution des taches du Depazea buxi- cola [56]. — Note sur un cas fréquent de destruction des feuilles chez l’Hedera Helix L. [56]. — Coup d'eil sur la vé- gétatiou fongine de la Nouvelle-Calédo- nie [57]. Cv6iNI (G.). Sur la présence constante de l'hydrogéne dans la fermentation alcoo- lique [181]. Cusin (Ch.). Voy. Méhu. Davip (l'abbé A.). Journal de mon troi- siéme voyage d'exploration dans l'empire chinois [34]. Desar. Note sur une nouvelle espèce de Mousse [151]. Deseaux (0.). Florule de Shang-hai [67]. — Contributions à la Flore de la Chine [148]. — Observations sur deux espè- ces d' Erica nouvelles pour la Flore des Pyrénées-Orientales [149]. — Herbori- satious faites à Casas de Peña (Pyrénées- Orientales) [210]. Denerain (P.-P.) et Moissax. Recherches sur l'absorption d'oxygene et l'émission d'acide carbonique par les plantes main- tenues dans l'obscurité |15]. — Voy. Fremy. DELCHEVALERE. Sur une nouvelle forêt pétrifiée dans le désert libyque en Egypte [140]. . ELPINO (F.). Dichogamie et homogamie de la plante [208]. 261 DÉsEGLISE (A.), Notes extraites de l'énu- mération des Rosiers de l'Europe, de l'Asie et de l'Afrique [41]. — Catalogue raisonné ou énumération méthodique des espèces du genre Rosier, pour l'Eu- rope, l'Asie et l'Afrique [150]. DETMER (W.). Recherches physico-chimi- ques sur la germination des graines huileuses et la végétation du Zea Mays [160]. DiEcDoNsÉ (feu le baron O. de). Monogra- ` phie des Adonis de l'Europe [135]. DnubpE (O.). Sur la structure florale et les relations du genre Parnassia, avec une révision systématique de ses espèces [111]. — Voy. Wendland. Dusv (J.-E.). Choix de Mousses exoti- ques, nouvelles ou ma! connues [50]. DucuarTRE (P.). Quelques réflexions à propos de la formation du sucre dans la Betterave [21]. — Observations sur les bulbes des Lis [125]. — Eléments de botanique, 2° édit. [193]. Durand (Th.). Recherches sur les Menthes de la Flore liégeoise [40]. DuTAILLY (G.). Sur la structure des racines tubéreuses des Cucurbitacées [83]. — Sur l'inflorescence du Butomus umbel- latus [86]. —. Observations anatomi- ques sur le Muscari monstruosum |86]. — Sur les inflorescences bractéilères de certaines Borraginées [216]. — Voy. Baillon. Duovaz-Jouve (J.). Si l'on peut établir des règles pour une distinction rationnelle entre les groupes qu'on désigne par les noms d'espèce, race, variété [101] 1453]. — Histotaxie des feuilles de Graminées [145]. — Causerie botanique [155]. 004 Emam (Ed.). Recherches sur la biologie des Bactéries [170]. — La germination des spores et l'origine du conceptacle chez les Nidulariées [203]. Evoy pe Vico (L.) De la végétation sur le littoral du département de la Somme 28]. aa. Effets et causes des coups de soleil sur le tronc des arbres [7]. ENGELMANN (G.). Notes sur les Agave [113]. — Les Chénes des Etats-Unis [118]. ExGLER (A.). Recherches sur la formation des anthères chez les Métaspermes [79]. EruERIDGE (R.). Note sur la distribution géographique de l'Adiantites lindsææ- formis [230]. . , ErriNGsHAUSEN (C. d’). Sur les relations ge- néalogiques de la Flore du Cap [481]. » 262 — Sur les relations généalogiques de la Flore d'Australie [182]. FAIvRE (E.). Recherches sur la structure, le mode de formation et quelques points relatifs aux fonctions des urnes chez le Nepenthes distillaloria [196]. FALKENBERG (P.). Recherches comparées sur la structure des organes de végéta- tion des Monocotylédones [27]. FarLow (W.-G.). Sur une maladie de l'Olivier et de l'Oranger [218]. FıLnoL (E.) Lichens rapportés de l'ile Campbell, déterminés par M. Nylander [231]. — Firuor (H.), JEANBERNAT (E.) et TimBar-LAGRAVE (E.). Le massif d'Arbas (Haute-Garonne) [121]. Fir.nor (H.). Voy. E. Filhol. FirzcERALD. (R.-D.). Orchidées d'Australie [225]. Friche (P.). Faune et Flore des tourbières de la Champagne [220]. — et GRANDEAU (L.). Recherches chimiques sur la com- position des feuilles (230]. Fovncapz (Ch.). Voy. Gourdon. Fournier (E.). Voy. Baillon. Frank (A.-B.). Sur le développement de quelques fleurs, au point de vue spécial de la théorie de l'alternance [114]. FnavusTApr. Anatomie de l'organe végétatif du Dionæa Muscipula [199]. Fremy (E.). Méthode générale d'analyse du tissu des végétaux [195]. — et DrnÉnai (P.-P.). Recherches sur les Betteraves à sucre [217]. Freys (J.). Ranunculus balearicus nov. sp. [112]. — Linum trinervium nov. sp. [230]. GaLLois (N.) et! Hardy (E.). Recherches chimiques et physiologiques sur l'écorce de Mancone [104]. GANDOGER (M.). Observations sur les Cen- taurea decipiens Thuill., transalpina Schleich. et tubulosa Chabert [125]. GAROVAGLIO (S.) et Pimorra (R.). Sur la rouille du Mais [133]. — et CATTANEO (A.). Sur la rouille du Sapin [148]. Gasparix (B. de). Sur la présence du fer dans le Blé et sur l'action des Lichens sur les roches [23]. Gayon (U.). Du rôle des êtres microscopi- ques et des moisissures dans l’altération des matières organiques [115]. GELEZXOW (N.). Sur la quantité et la ré- partition de l’eau dans les organes des plantes [141]. GIBELLI (G.). Sur une nouvelle maladie des Chàtaigniers [130]. — Sur la nature et l'office des gonidies des Lichens [152]. GiRAUDIAS (L.). Coup d'œil sur la végéta- SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tion des environs de [120]. Gopnow (D.-A.). Notice des explorations botaniques faites en Lorraine de 1857 à 1875 et leurs résultats [7]. — Herbo- risations autour de Lorient, de Port- Louis et à l'ile de Groix (Morbihan) [123]. — Un nouveau chapitre ajouté à l'histoire des Ægilops hybrides [210]. Govnpox (J.) et FourcADE (Ch.). Principes de botanique [84]. GRANDEAU (L.). Voy. Fliche. GRENIER (feu Ch.). Revue de la Flore des monts Jura [156]. HaBERLANDT (G.). Recherches sur les len- ticelles [178]. . HaLLiER (E.). Les causes de la maladie de la frisure [49]. u Hamre (E.). Symbole ad Floram Brasiliæ centralis cognoscendam : Musci fron- dosi [44] [128]. . Hance (H.-F.). Analecta dryographica [39]. — Corrona Pierreana [225]. Harby (E.). Voy. Gallois. Harior (L.). Les soixante-quatre plante utiles aux gens du monde [224]. — et Hanror (P.). Florule du canton de Méry- sur-Seine [43]. Hazsiinsxy (F.-A.). Recherches sur des Champignons de Hongrie [147]. HrckzL (E.). Des glandes florales du Par- nassia palustris [200]. — Du mouve- ment périodique spontané dans les éta- mines des Saxifraga sarmentosa, um- brosa, Geum, acanthifolia et dans le Parnassia palustris [201]. — Du mou- vement daus les poils et les laciniations foliaires du Drosera rotundifolia et dans les feuilles du Pinguicula vulgaris [202]. HEGELMAIER (F.). Sur le développement des embryons monocotylés, avec des re- marques sur la formation de l'opercule [161]. HrLpnEIcH (Th. de). Description d'une nouvelle espèce de Lotus de la Flore d'Italie [80]. — Sertulum plantarum novarum vel minus cognitarum | Flore hellenicæ [143]. HrewsLEy (W.-R.). Les Fuchsias apétales de l'Amérique du Sud, avec la descrip- tion de quatre nouvelles espèces [71]. Hérixco (F.). La vérité sur le prétendu Silphion de la Cyrénaique [23]. Hesse (R.). Germination des spores du Cyathus striatus Willd. [114]. | Hierx (W.-P.). Sur la valeur des détermi- nations des fossiles rapportés au Diospy- ros ou à des genres voisins [140]. Limogne (Lot) TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS. Hieroxyaus (G.). Sur le développement de l'extrémité radiculaire chez les Grami- nées et les Cypéracées [161]. HirpEBRANDT (L.-M.). Plantas in itinere africano |412]. HiNps (W.). Un curieux fait de connexion dans les feuilles de l Hypericum Andro- semum [219]. HorrwaNN (H.). Sur la question de les- péce [97]. — Aires des plantes cultivées et des plantes sauvages (108]. — Sur une constante thermique pour la végéta- tion [108]. Hoce (R.). Nouvelle classification des Pommes [22]. Horte (H.-G.). Sur le point végétatif de la racine des Angiospermes, et en parti- culier sur la formation de la coiffe [162]. Hozwes (E.-M.). Origine botanique du Damiana [58]. Hooker (J.-D.). Botanical Magazine [6]. — La Flore des Indes anglaises [135]. — Voy. Bentham. Howwickr (V.). Catalogue des plantes et des localités nouvelles des environs d'Or- léans [123]. Inurscu (T.). Sur quelques plantes chez lesquelles il se produit, dans l'aisselle de certaines feuilles, un nombre exception- nellement considérable de bourgeons [232]. JACKSON (B.-D.). Catalogue des plantes cultivées dans le jardin de John Gerard dans les années 1596-1599 [226]. Janczewski (Ed. de). Observations sur l'ac- croissement du tballe des Phéosporées [75]. — et Rosrariwskt (J.). Note sur le prothalle de Hymenophyllum tun- bridgense | 74]. JARDIN (E.). Enumération de nouvelles Plantes Phanérogames et Cryptogames découvertes dans l’ancien et le nouveau continent [118]. JrANPERNAT (E.). Voy. Filhol et Timbal- Lagrave. JONKMAN (H.-F.). Sur la germination des Spores et le développement du prothalle des Marattiacées [4]. Jonpax (W.). Voy. Rohlfs. Jouax (H.). Les plantes alimentaires de l'Océanie [55]. mE (J.). Muscorum species nove 52]. KEYSERLING (A.). Genus Adiantum L.[102 ]. Kickx (J.-J.). Voy. Strasburger. Kincuxer (0.). Sur les organes sexuels du genre Coprinus [204]. Kirret (Z.). Voy. Rohlfs. 263 Kocn (C.). Sur quelques espéces du genre Pinus [419]. — Sur les Bambusées de la Chine et du Japon [138]. Kocu (L.). Sur le développement de la graine des Orobanches [227 ]. Kozrz (J.-P.-J.). Dendrologie luxembour- geoise [102]. Kraus (Ch.). Recherches de physiologie végétale [173]. Kurun (J.). Recherches sur quelques Fou- gères des iles Célébes [152]. Kurtz (F.). Voy. Munk. Kunz (S.). Description de nouvelles plantes des iles Nicobar {37}. — Sur les espèces de G/ycosmis |71]. LAGUNA Y VILLANUEVA, Un nouveau Chéne de la Flore des iles Philippines [62]. LAmoTTE (M.). Prodrome de la Flore du plateau central de la France [51]. Lamy DE LA CHAPELLE (E.). Mousses et Hé- patiques du Mont-Dore et de la Haute- Vienne [151 ]. LawEssaN (J. de). Sur la structure des sé- pales du Calluna vulgaris [85]. — Sur la structure des bractées florales de quelques Phytolaccacées [85]. — Sur l'absorption d'eau par les feuilles [86]. — Sur la structure de la graine du Garcinia Mangostana |87]. — Voy. . Baillon. Lance (J.) Remarques sur la troisième et derniére livraison supplémentaire du Flora danica [12]. Lawzt. Les Diatomées récoltées dans l'ex- pédition de la Société italienne de géo- graphie en Tunisie [133]. — Sur la prétendue transformation de la cellule en gomme [133]. — Sur l'origine et la nature des Bactéries |143]. Le Gran (A.). Supplément à la statistique botanique du Forez [224]. Léon (J.). Flore landaise et médecine par les plantes vulgaires [232]. LicoPoLt (G.). Sur le Raisin et les substan- ces qu'il contient [206]. — Sur les fruits des Aurantiacées [208]. Libyo (J.). Flore de l'ouest de la France 72]. »- (H.) et BAnnANDoN (A.). Flore de Montpellier [24]. Luca (S. de). Sur la fermentation alcoo- lique et acétique des fruits, des fleurs et des feuilles de quelques plantes [212]. MaAGNIEN (L.). Voy. Saintpierre. MALBRANCHE (A.). Plantes critiques ou nouvelles de la Flore de Normandie [127]. — Essai sur les Rubus normands [127]. . ManrcuaL (E.). Voy. Cogniaux. 261 ManriNs (Ch.). La méthode naturelle et le principe de l'évolution [98]. Masters (M.-T.). Monographie des Durio- nées [57]. Maure. La Pomme de terre, sa maladie et les meilleurs moyens de guérison [31]. Mayer (A.). Le Saccharomyces et l'oxy- gène libre [2]. — et Worxorr (A. de). Quelques recherches sur la respiration des plantes [172]. Mrrnaw (T.) Fruits de Péchers à fleurs doubles [220]. — Observations sur les Lis [222]. Ménu (A.), SawT-LacEn (J.) et CusiN (Ch.). Herborisation dans les monta- gnes de Hauteville, du Colombier, du Bugey et du Pilat Jura) [68]. MEissner. Voy. Bush. MEUNIER (S.), La terre végétale [72]. MicngLi (M.). Symholæ ad Floram Brasi- liæ centralis cognoscendam : Papiliona- ceæ et Cesalpinieæ [128]. Missacnit (G.). Sur l'émission d'hydrogène dans la végétation des Champignons [133]. Moissan. Voy. Dehérain. Moore (D.). Sur un Sarracenia hybride, avec des observations sur quelques au- tres plantes rares envoyées d'Irlande [142]. Moore (Th.). Adiantum neoguineense nov. sp. [219]. — Adiantum palmatum nov. sp. [219]. Moni (A.). Sur l'irritabilité des feuilles de l'Aldrovandia vesiculosa [155]. Morren (E.). Histoire et bibliographie de la botanique horticole en Belgique au xi? siècle [188]. — La digestion vé- gétale [197].— Mathias de l'Obel,sa vie et ses œuvres (1538-1616) [205]. Moss (J.). Structure et développement du | Chondrodendrum tomentosum [112]. MueLcer (C.). Manipulus Muscorum novo- rum er America septentrionali [17]. Munk (H.). Les phénomènes électriques et les phénomènes de mouvement sur la feuille du Dionæa, avec l'examen de cette feuille par M. F. Kurtz [199]. Mussar (E.). Voy. Baillon. NEL: (C.). Du développement des es- péces sociales [100]. Naumin (Ch.), Voy. Roumeguère. NicorRA (L.). Euphorbie messanenses [133]. NonpsrEpr (0.). Desmidieæ arcticæ [60]. NoraRIS (de). Deux nouvelles espèces de plantes italiennes [117]. NvLANDER (W.). Addenda nova ad Licheno- graphiam europæam, continuatio 19% el SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 20% [10]. — Voy. Baillon et E. Filhol. ORPHANIDÈS. Sur les caractères spécifiques du genre Colchicum et sur quelques espéces nouvellement découvertes en Grèce |138]. PASQUALE (G.-A.). Sur une nouvelle espèce de Lonicera [58]. PELLETAN (J.). Le microscope ; son emploi et ses applications |95]. PryniTsCH (J.). Sur la synonymie du genre Hippocratea |181]. — Sur la tératolo- gie des ovules |187]. PrErFFER (W.). Les corpuscules huileux des Hépatiques [14]. PinoTTA (H.). Voy. Garovaglio. PLancHoN (J.-E.). Les Vignes américaines [28]. — Voy. Bush. PornauLT (J.). Catalogue des plantes vascu- laires du département de la Vienne 94]. Po ese (J.). Recherches sur les Casuarina, et en particulier sur ceux de la Nou- velle- Calédonie [233]. — Voy. Baillon et Bureau. Portacci (E). Sur l'émission de l'hydro- gène dans les végétaux [132]. PourtsEN (V.). De la production du liége dans la feuille [130]. PnawTL (K.). Recherches sur la morpholo- gie des Cryptogames vasculaires; 1'* li- vraison : les Hyménophyllacées [105]. PRiLLIEUX (Ed.). Etude sur la formation et le développement de quelques galles [231]. Quécer (L.). Les Champignons du Jura et des Vosges |50]. RADLKOFER, Sur les divers modes d'anoma- lie des troncs chez les Sapindacées [139]. REeGEL (E.). Descriptiones plantarum no- varum et minus cognitarum, fasc. II [53]. — Revue des Cycadées [109]. — Cycadearum generum specierumque re- visio [222]. REICHARDT (H.-W.). Le Fungorum Historia de Clusius [207]. REINKE (J.). Recherches sur l'anatomie des organes de sécrétion qui se rencontrent sur les feuilles, principalement sur leurs dents [113]. RENAULT (B.). Affinités botaniques du genre Nevropteris [214]. — Recher- ches sur la fructification de quelques végétaux fossiles [214]. — Recherches sur les végétaux silicifiés d'Autun et de Saint-Etienne [215]. RorzL (B.). Dahlia gracilis Ortgies nov. sp. [137]. RonuLrs (G.). Expédition pour l'étude du TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS. désert libyque, entreprise sous les aus- pices de S. A. le Khédive d'Egypte, dans l'hiver de 1873-74. Tome I : Compte rendu du voyage, trois mois dans le désert libyque ; avec des tra- vaux de MM. P. Ascherson, W. Jordan et Z. Kittel [39]. Rosrariski (J.). Quelques mots sur Hæ- matococcus lacustris et sur les bases d'une classification naturelle des Algues chlorosporées [76]|.— Voy. Janczewski. ROUMEGUÈRE (C.). Statistique botanique du département dela Haute- Garonne [136]. — Nouveaux documents sur l'histoire des plantes Cryptogames et Phanéroga- mes des Pyrénées, avec une introduc- tion de M. Ch. Naudin [137]. Royer (Ch.). Flore de la Côte-d'Or [25]. Saccanpo (P.-A.). Fungi venet: novi vel critici [146]. — Conspectus generum Pyrenomycetum ttalicorum, systemate carpologico dispositorum [147]. SADEBECK (R.). Recherchessurle Pythium Equiseti [32]. — Sur le développement de la fronde des Fougères [136]. Sanker (J.). Note sur un nouveau Saule alpin [229]. SAFFRAY. Les remédes des champs [44]. SatNr-LacEn (J.). De l'influence chimique du sol sur les plantes [227]. — Voy. Méhu. | SAINTPIERRE (C.) et MaGNIEN (L.). Recher- ches sur les gaz contenus dans les fruits . du Baguenaudier [212]. SAPORTA (le comte G. de). Les associations vegetales fossiles [121]. ScuowBUnGk (R.). La Flore du sud de l'Australie [58]. SCHROETER. Sur des espèces et des locali- tés nouvelles de Champignons [148]. ScHULZER vox Murccexeurc. Recherches . mycologiques [147]. SEYNES (J, de). Sur quelques espèces d'As- pergillus | 73]. — Voy. Baillon. SEE (A.). Courte exquisse des meilleures variétés de fruits cultivées en Angleterre [143]. SMITH, Historia Filicum [8]. Suitu (W.-G.). Le Fusisporium Solant et ses spores d'hiver [32]. — Pythium Equiseti |33]. — Le Champignon de la Pomme de terre |82]. SOLMs-LauBAcH (le comte H. de). Lesucoir des Loranthacées ; le thalle des Rafflé- Siacées et des Balanophorées |77]. SoUBEmAN (L.). Voy. Baillon. STRASBURGER (Ed.). Sur les formations et la division des cellules; traduit de l'al- lemand par M. J.-J. Kickx [49]. 265 SULLIVANT (W.-S.). Icones Muscorum [38]. SURINGAR. Sur les procédés pour obtenir une évaluation fixe des grossissements microscopiques [141]. — Voy. Treub, TcuisTiAKkorr. Observations sur le dévelop- pement et la germination du pollen des Conifères [139]. Tuowas (Fr.). Nouvelles descriptions de galles d'Acariens [207]. Tausen (F, de). Fungi nonnulli novi italici [117]. — Fungi novi. austriaci [1447]. — Trois nouveaux Champignons autri- chiens [147]. — Recherches sur les Champignons de la Bohême [148]. Taurer (feu G.). Essai de classification des Nostochinées [116]. TimBac-LAGRAVE (Ed.). Deuxième excursion dans les Corbières orientales [41]. — et JEAxBERNAT (E.). Exploration scientifique des environs de Montolieu (Aude) [35]. — Voy. E. Filhol. TiwiRiasEFF. Sur l'action de la lumière dans la décomposition de l'acide carbo- nique par le granule de chlorophylle [140]. Tisox (Ed.). Recherches sur les caracteres de la placentation et de l'insertion dans les Myrtacées, ctsur les nouvelles affi- nités de cette famille [87]. — Vo». Baillon. Topano (A.). Hortus botanicus Panormita- nus [188]. TrauBE. Comment se comporte la levüre alcoolique dans les milieux à oxygène libre |3]. TRAUTVETTER (E.-R, de). Aliquot spectes nove plantarum |52]. Treus. Le méristème primitif dans les Monocotylédones, avec une préface de M. Suringar [163]. Urota (W.). Du mucilage végétal et de son origine dans l'épiderme des graines du Plantago maritima et du Lepidium sa- tivum |43]. UNGERN-STERNBERG (le baron F.). Salicor- niearum Synopsis |143]. Van pes Bons (H.). Un problème de mi- croscopie [77]. u Vax Heurck. Notions succinctes sur l'ori- gine et l'emploi des drogues simples de toutes les régions du globe [104]. Vas TiEGREM (Ph.). Nouvelles recherches sur les Mucorinées [62]. — Observa- tions sur la légèreté spécifique et la structure de l'embryon de quelques Lé- gumineuses [73]. — Sur le dévelop- pement du fruit des Chætomium et la prétendue sexualité des Ascomycetes [202]. 266 VaTkE (W.). Sur le Stachys Schiedeana [119]. VERLOT (B.). Liste des plantes du Chili ra- res ou non encore introduites [95]. VERLOT (J.-B.). Catalogue des graines du jardin botanique de Grenoble [3]. VESQUE (J.). Mémoire sur l'anatomie com- parée de l'écorce [129]. VfíriLLART. Etudes sur les fibres végétales textiles employées dans l'industrie [27]. | VipaL. Animaux et plantes utiles du Japon | [81]. Vir (H.). Expériences sur la culture | des Betteraves [21]. Vixsox. Mémoire sur les essais d'acclima- tation des arbres à Quinquina à l'ile de la Réunion [144]. VioLETTE (Ch.). Influence de l'effeuillage des Betteraves sur la production du sucre [19]. — Surl'effeuillage des Bet- teraves [20]. Vries (H. de). Sur l'influence que la pression de l'écorce exerce sur la struc- ture anatomique du bois [17]. WALDBEIM (F. de). Sur le mode d'infection des plantes nourricières par les Ustilagi- nées ctsur le développement de ces pa- rasites [141], WanmixG (E.). Symbole ad Floram Brasi- liv centralis cognoscendam : Symploca- SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cec, Styracee, Ebenacew, Rosaceæ [128]. — Sur quelques Bactéries vivant sur les cótes de Danemark [169]. Warsox (S.). Voy. Brewer. Weser (R.). De l'influence de la lumière colorée sur l'assimilation et la multipli- cation corrélative des cendres dans l'embryon du Pois [159]. WEDDELL (H.-A.). Excursion lichénologique dans l'ile d'Yeu, sur la cóte de Vendée [42]. — Sur le rôle des gonidies daus les Lichens [139]. — Voy. Baillon. WrsbLAND (H.) et Druene (0.). Palme custralasice [110]. WirssEn (J.). Recherches sur les relations de la lumière avec la chlorophylle [16]. — Recherches sur la divergence ra- tionnelle et irrationnelle [18]. — Les dispositions prises par la nature pour protéger la chlorophylle de la plante vivante [176]. WiLsox (A.-S.). Quelques expériences sur l'Ivraie [12]. Worxorr (A. de). L'absorption de la lu- mière dans les solutions de chlorophzlle [229]. — Voy. Mayer. . ZETTERSTEDT (J.-E.). Hepaticæ pyrenaicæ circa Luchon crescentes [217]. ZiEGLER (J.). Recherches sur la constante thermique pour la végétation [107]. FIN DU TOME VINGT-TROISIÈME, ERRATA. Page xc (note) lire : formé de couches plongeant au N. E. sous la Saône, et relevées au S. O., où se trouvent les abrupts. Page cxxxvii, ligne 23, au lieu de Tulipa Clusiana, lire : Tulipa Celsiana. AVIS AU RELIEUR. Planches : La planche I (carte) de ce volume doit prendre place en regard de la page 24 des séances ; la planche Il, entre les pages 332-xLvin et 333-xL1x de la session mycologique ; la planche II, eu regard de la page 382 des séances, Classement du terte : Comptes rendus des séances et session mycologique, 412 pages. La session mycologique fait partie du compte rendu des séances et se place entre les pages 282 ct 357. — Session extraordinaire à Lyon, 200 pages. — Revue bibliogra- phique et tables, 266 pages. PARIS, — IMPRIMERIE E. MARTINET, RUE MIGNON, 2. SOCIETÉ BOTANIQUE DE FRANCE SESSION EXTRAORDINAIRE TENUE A LYON EN JUIN-JUILLET 1876. Sur l'invitation adressée par la Société botanique de Lyon, et conformément à la décision prise par la Société botanique de France dans sa séance du 24 mars 1876, la session extraordinaire s'est tenue dans la région lyonnaise, du 26 juin au 5 juillet. Les séances de la session ont eu lieu à Lyon les 27 juin et 3 juillet, et à Saint- Etienne le 5 juillet, jour de clóture de la session. La Société a exploré d'abord les massifs calcaires du mont d'Or lyonnais et du Bugey [Couzon, 400 métres en moyenne ; Tenay, Cha- rabotles, Hauteville, Mazières, les marais tourbeux du Vély (1000 mètres), le Colombier, 1534 mètres], puis les régions granitiques des environs de Charbonniéres et du massif du mont Pilat (1434 mètres). Le Comité chargé d'organiser la session était composé de MM. Borel, l'abbé Chaboisseau, Cusin, E. Faivre, Al. Jordan, Lortet, Ant. Magnin, Méhu, Saint-Lager. Une somme de 600 francs, allouée libéralement au Comité d'orga- nisation par le Conseil municipal de la ville, a été consacrée en partie à la publication d'un compte rendu anticipé des principales excursions qui devaient être faites dans le cours de la session. Les membres de la Société qui ont pris part aux travaux de la Session sont : MM. MM. MM. Alanore. Chaboisseau (l'abbé). Cusin. Billiet. Chatelain. Des Etangs (S.). Borel. Chevalier(lechanoineE.) Didier. Chabert (Eugène). Colvin (le Rév. Robert). Doümet-Adanson. T. XXIII. A IL SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Faivre. Jordan (Al.). Paillot. Faure (l'abbé). Jourdan (Pascal). Poisson. Gariod. Lacroix. Saint-Lager. Germain de Saint-Pierre. Lombard. Sargnon. Gillot. Lortet. Seynes (de). Grand'Eury. Magnin (Ant.). Thibésard. Guillon. Martin (Bernardin). Verlot (J.-B.). Hervier-Basson (l'abbé). Méhu. Viallanes. Hullé. Olivier. En outre de MM. Chatelain, Cusin, Faivre, Gillot, Herviev-Basson, Jordan, Lacroix, Lortet, Magnin, Méhu, Paillot, Sargnon, Saint- Lager, qui appartiennent à la fois à la Société botanique de France et à la Société botanique de Lyon, cette dernière Société était repré- sentée par les membres suivants : MM. MM. MM. Boullu (l'abbé). Journet (l'abbé). Quioc. Butillon. Magnin (Eugène). Reverdy. Carret (l'abbé). Merget. Roux (Gabriel). Chassagnieux. Mermod. Roux (Nizius). Coquais-Suiffet (Me). Mirouel (M!!*), Teissonnier (de). Duchamp (docteur). Morel fils. Therry. Fray (l'abbé). Perchet. Thévenon (docteur). Fontannes. Perroud (docteur). Veuillot (Ch.). Guillaud (docteur). Philippe (l'abbé). Vivian-Morel. M. l'abbé Cariot, l'auteur de l'Étude des fleurs, véritable Flore de la région lyonnaise, a été empéché par le mauvais état de sa santé de prendre part aux travaux de la session. La Société de botanique de Belgique n'a pu se faire représenter ; sa session coincidait avec celle de Lyon. Parmi les personnes qui, n'appartenant à aucune des Sociétés précédentes, ont pris part aux excursions, nous citerons : MM. AnvET-TocveT, de Gières (Isère). BourGEOIS, de Lyon. DENIS, jardinier-chef, au Jardin botanique de Lyon. GoBiN, ingénieur en chef de la voirie à Lyon. GUÉTAL (l'abbé), professeur au séminaire du Rondeau, près Grenoble. JacQUET, docteur en médecine, à Lyon. Meyssar, employé chez M. Jordan, à Lyon. PrNET, docteur en médecine, à Lyon. Lors de la séance de clóture qui a eu lieu à Saint-Étienne, et qui avait été organisée par nos collègues MM. Grand'Eurv, Hervier- Basson, et Renault, aide-naturaliste du Muséum de Paris, les per- SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. IH sonnes suivantes ont bien voulu se joindre aux excursionnistes venant du Pilat : MM. BEnLAND (Jules), rédacteur en chef du Mémorial de la Loire. CHAMBORET aîné, rentier. CHÉTAIL, docteur en médecine. + COROMPT, pharmacien. GAMBEY, professeur de mathématiques au Lycée. GLASTIEN (Fr.-Joseph), professeur au pensionnat Saint-Louis. GONNARD, conservateur général du Palais des Arts. HERVIER-BASSON père, propriétaire. JACOB, pharmacien. LAMBERT, capitaine au 121*. LIABEUF, agronome. MAURICE, docteur en médecine. MAYENÇON, professeur de physique au Lycée. Otin, horticulteur. PASCAL, professeur au pensionnat Saint-Louis. RimMauD, docteur en médecine. ROUSSE, professeur de physique au Lycée. VIAL, distillateur. WERBIER (L. de), capitaine au 19° dragons. Pendant le cours de la session, les jours de repos et les heures laissées libres par les excursions et les séances ont été consacrés à visiter : le Muséum d'histoire naturelle, le Jardin botanique, le Con- servatoire de botanique, les serres du pare de la Téte-d'Or, et les cultures de M. Al. Jordan. Réunion préparatoire du 26 juin 1876. La séance est ouverte à dix heures du matin, sous la présidence de M. de Seynes, vice-président de la Société, président délégué par le Conseil, dans la salle des réunions industrielles au palais du Commerce, que l'Administration et la Chambre de commerce avaient bien voulu mettre à la disposition de la Société. | Après avoir donné lecture du règlement spécial des sessions extraordinaires, M. de Seynes propose, conformément à l'article 11 des Statuts, de constituer ainsi qu'il suit le Bureau spécial de la session : Président honoraire : M. Alexis JORDAN. Président de la session : M. Faivre, doyen de ła Faculté des sciences de Lyon. IV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Vice-présidents : MM. GERMAIN DE SAINT-PIERRE ; LorTET, directeur du Muséum d'histoire naturelle de Lyon ; SARGNON, président de la Société botanique de Lyon ; SAINT-LAGER, ancien président de la méme Société ; TuipÉsanp, de Laon ; VERLOT, directeur du Jardin des plantes à Grenoble. Secrétaires : MM. DovwET-ApANsON, président de la Société d'horticulture et d'his- toire naturelle de l'Hérault ; GizLoT, docteur en médecine à Autun ; MAGNIN, secrétaire général de la Société botanique de Lyon ; Ménu, pharmacien de 41° classe à Villefranche (Rhône). Cette proposition, mise aux voix, est adoptée. M. le Président donne ensuite lecture du projet de programme de la session préparé par le Comité d'organisation. Après diverses observations présentées par MM. Germain de Saint-Pierre, Pail- lot, etc., et une discussion à laquelle un certain nombre de membres ont pris part, le programme suivant a été adopté : MARDI 27 JUIN. — A une heure, séance publique dans la salle des réunions industrielles, au palais du Commerce. — A trois heures et demie, visite au Muséum d'histoire naturelle, palais Saint-Pierre. MEncnEDI 28 JUIN. — Excursion à Couzon : Départ le matin, à cinq heures, de la gare de Perrache. — Retour à midi. — A trois heures, visite au Jardin botanique, au Conservatoire botanique, aux serres, dans le parc de la Téte-d'Or. JEvpr 29 jurN. — Excursion dans le Bugey : Départ le matin, à cinq heures quarante minutes, de la gare des Brotteaux. — Arrivée à Tenay et déjeuner. — Aprés déjeuner, trajet à pied de Tenay à Hauteville en her- borisant. Coucher à Hauteville. VENDREDI 30 JUIN. — Départ pour la forêt de Mazières et les marais tourbeux du Vély. — Déjeuner sous les sapins. — Herborisation à Plana- chat et retour par la route de Cormaranche à Champagne et Artemare. — Diner et coucher à Artemare. SAMEDI 1% JUILLET. — Herborisation dans la forêt d'Arviéres et ascen- sion du mont Colombier (1534 mètres). — Retour à Lyon, le soir. DIMANCHE 2 JUILLET. — Repos. — A trois heures, visite au jardin bota- nique de M. Alexis Jordan. LUNDI 3 JUILLET. — Excursion à Charbonniéres : Départ à six heures SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 18706. Y dix minutes du matin de la gare de Saint-Paul. — Retour à quatre heures du soir. — Séance à cinq heures, au palais du Commerce. Marni 4 jutLLET. — Herborisation au mont Pilat (1434 mètres) : Dé- part de la gare de Perrache à cinq heures vingt-cinq minutes du matin pour Saint-Chamond. — Coucher à la ferme du mont Pilat. MERCREDI 5 JUILLET. — Descente du Pilat à Saint-Étienne, par le Bessat et le vallon de Rochetaillée. — Arrivée à Saint-Étienne à midi. — Visite aux mines et séance de clôture de la sessiôn, le soir, à Saint-Étienne. SÉANCE DU 27 JUIN 1876. La réunion a lieu au palais du Commerce. La séance est ouverte à une heure et demie, sous la présidence de M. de Seynes, l’un des vice-présidents de la Société, délégué par le Conseil. M. Magnin donne lecture du procès-verbal de la séance prépara- toire tenue la veille. Adoption du procès-verbal. M. Sargnon, président de la Société botanique de Lyon, souhaite la bienvenue aux membres de la Société botanique de France, et prononce le discours suivant : DISCOURS DE M. SARGNON. Messieurs, L'institution des sessions extraordinaires, créée par la Société botanique de France, donne un résultat doublement fécond : d'une part, elle permet à ses membres d'étudicr sur le vif les flores des localités qu'elle embrasse successivement et d'amasser ainsi des matériaux pour dresser la statistique végétale de la France ; d'autre part, elle établit des liens de confraternité entre les botanistes de notre territoire et méme des pays voisins, el en forme une vaste association utile aux intérêts de la science. E Cette année, la Société botanique de France a. bien voulu, sur l invita- lion de sa jeune sœur la Société botanique de Lyon, désigner notre ville pour le siége de la session ; nous sera-t-il permis de penser que la créa- tion de notre Société n'a pas été étrangère à cette décision, et que, si ses fondateurs ont eu quelque mérite à en réunir les éléments épars dans une grande cité qui s'adonne surtout à l'industrie el au commerce, ils en reçoivent aujourd’hui la récompense? Ce sera en effet une date mémorable dans nos annales; ce sera dans ma vie un précieux souvenir, puisque le VI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. titre de Président me vaut l'honneur immérité de prendre la parole dans cette assemblée. Pour vous, messieurs, qui avez répondu avec empressement à l'appel de la Société botanique de France, et vous, monsieur, qu'elle a spéciale- ment chargé de la représenter (etelle ne pouvaiten choisir un plus digne), soyez les bienvenus. A défaut du savoir que nous n'avons pas eu le temps d'acquérir, vous trouverez chez nous, je m'en fais le garant, l'accueil le plus amical, le plus fraternel. Du reste, parmi les membres de notre Société, il en est que nous pouvons vous présenter avec un légitime orgueil : c'est le doyen de notre Faculté, que vous venez de désigner pour la prési- dence de la session, M. Faivre, dont les travaux sur la physiologie expéri- mentale ont été récemment l'objet d'une haute distinction ; c'est l'auteur de cette Flore lyonnaise qui a rendu nos premiéres études si faciles et si attrayantes (1); c'est enfin le savant qui depuis nombre d'années accu- mule les matériaux dans sa studieuse retraite, et poursuit sans relàche son œuvre d'observation et d'analyse : vous avez tous nommé M. Jordan. Vous conviendrez, messieurs, que nous ne saurions vous donner de meilleurs guides dans les travaux auxquels vous allez vous livrer. Quant au but de vos excursions, nous ne pouvons vous offrir ni les splendeurs de la flore méridionale, ni les merveilles de la flore alpine. Notre flore est plus modeste ; placée entre celle du Nord et celle du Midi, elle partieipe de l'une et de l'autre et doità cette situation, en méme temps qu'à la nature diverse de ses terrains, son principal caractère, qui consiste dans le nombre et dans la variété. L'extension de notre antique cité a bien, il est vrai, refoulé et dispersé un certain nombre de plantes que nos pré- décesseurs trouvaient sous leur main, dans les marais de Perrache et de la Mouche, dans le vallon de Rochecardon, dans les pàturages boisés dela Téte-d'Or ; par contre, depuis quelques années, soit par suite d'une éléva- tion de la température moyenne de notre climat, soit plutôt à l'aide des nouveaux modes de transport, des espéces nous sont venues du Midi, avec une tendance marquée à s'implanter dans notre sol et à s'y naturaliser. Malheureusement leur dissémination, et surtout la saison déjà trop avancée, ne nous permettront pas de vous faire juges de l'étendue de nos richesses, et vous n'en auriez qu'une faible idée, si vos courses devaient se borner aux environs de notre ville; mais les chemins de fer ont mis à nos portes, et à ce titre nous autorisent à revendiquer deux stations importantes, où vous trouverez une flore en plein épanouissement. Je veux parler des mon- lagnes du Bugey, qui forment le premier anneau de la chaine jurassique, et du mont Pilat, qui domine àla fois le bassin du Rhóne et celui dela Loire ; là, si le temps est propice, nous vous promettons une ample moisson. Puissiez-vous, avec elle, emporter de cette session un bon souvenir ! (1) M. l'abbé Cariot, curé de Sainte-Foy-lez-Lyon. SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. vH Encore une fois, messieurs, au nom de la Société botanique de Lyon, je vous souhaite la bienvenue. M. de Seynes remercie la Société lyonnaise de son accueil tout fraternel, et exprime le regret que des travaux importants aient empéché M. Duchartre, président de la Société botanique de France, de se rendre à la session. M. le Président, après avoir rendu hommage au zèle déployé par les membres de la Commission lyonnaise dans l'organisation préliminaire de la session, rappelle qu'aux termes du réglement, un Bureau spécial doit être nommé pour toute la durée dela session extraordinaire. Il donne ensuite connaissance de la liste des personnes proposées pour former le Bureau. L'assemblée ayant ratifié les choix provisoires, le nouveau Bureau entre immédiatement en fonction. M. Faivre, doyen de la Faculté des sciences, Président pour la session, prononce le discours suivant : DISCOURS DE M. FAIVRE. Messieurs, Je vous remercie de l'honneur que vous m'avez fait en m'appelant à pré- sider les séances pendant la session que tient à Lyon la Société botanique de France. En acceptant ce mandat dont je ne méconnais pas les difficultés, j'ai cru remplir un devoir en aidant au progrés età la diffusion des études botaniques dans cette grande cité. Tout concourt dans la région lyonnaise à solliciter les esprits vers ces calmes et utiles études : les traditions du passé, l'heureuse condition de la situation géographique, l'impulsion donnée aux études agricoles et horticoles, l'importance des Sociétés savantes, des établissements d'ensei- gnement public; enfin la faveur si marquée de l'Administration municipale pour tout ce qui touche aux intéréts supérieurs de la science. o Le culte de la botanique est ancien à Lyon; notre ville a donné nais- sance à des maitres illustres ; la flore riche et variée de la contrée a inspiré d'importants travaux. , N'oublions pas, pour stimuler notre zèle et redoubler d efforts, que nous sommes dans la ville qui a vu naître les Dalechamp, les Bauhin, les Goiffon, les de Jussieu, les de la Tourrette et les Gilibert, pour ne citer que quelques-uns des noms les plus marquants. o Vers 1792, l'impulsion vers l'étude des plantes fut particulièrement donnée à Lyon par la création du Jardin botanique, Emmanuel Gilibert, qui avait fait une étude spéciale de la flore locale, en fut le fondateur et VIII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. en eut le premier la direction (4); illa transmit en 1807 à son fils Stanislas. Gilibert trouvait à Lyon un appui et un concours chez deux de nos com- patriotes dont les noms et les services ne sauraient étre oubliés : Claret de la Tourrette, l'auteur de la Flore du mont Pilat, le collecteur d'un im- portant herbier de la région, avec lequel Linné, Haller, Rousseau, Adan- son, Jussieu, entretinrent une correspondance suivie (2); l'abbé Rozier, agronome et botaniste, auquel un buste fut érigé en 1811, à l'ancien Jardin des plantes (3). A Lyon, comme en bien d'autres villes, la Révolution dut ralentir pen- dant quelques années le développement imprimé aux études; le calme rétabli, elles reprirent faveur. Stanislas Gilibert continua à développer le jardin botanique, et à sa mort il fut remplacé par l'abbé Dejean, prétre de Vienne, qui s'était spé- cialement consacré à l'étude des Mousses. A Dejean succéda, en 1819, le docteur Balbis, qui s'occupa activement de la flore locale, et consacra, après sa retraite, les dernières années de sa vie à la publication qu'il nous a laissée sur ce sujet (4). A Balbis a succédé notre digne et vénéré prédécesseur, l'ami et le colla- borateur de De Candolle, auquel on doit les travaux si estimés sur les Saules, les Céréales, les Müriers. Pendant vingt-huit ans, M. Seringe, par son enseignement, ses excur- sions, ses écrits, a répandu dans toutes les classes de la population lyon- naise le goüt de l'étude des plantes. Nous recueillons aujourd'hui le fruit des études et des efforts des bota- nistes dont nous avons voulu rappeler les noms; ils ont accru notre savoir, nos connaissances sur la flore régionale, publié d'utiles ouvrages, réuni des collections précieuses ; nous leur devons une véritable reconnaissance pour l'impulsion qu'ils ont communiquée et les vocations qu'ils ont fait naitre. Depuis ces trente derniéres années, la botanique descriptive et appliquée a continué d’être en honneur parmi nous; sans vouloir citer des noms que tous connaissent, ni rappeler les titres que se sont acquis par l'étude de notre flore ou par leurs ouvrages plusieurs de nos éminents compatriotes, signalons seulement l'importance de la botanique à Lyon et le développe- ment qu'elle est appelée à y prendre, en indiquant les ressources que peuvent y trouver aujourd'hui, pour l'étude des plantes, et la jeunesse stu- dieuse et les botanistes qui veulent y poursuivre des recherches spéciales. (1) Gilibert (Jean Emmanuel), né à Lyon le 21 juin 1741, mort dans cette ville le 2 septembre 1814. (2) Tourrette (Marc Antoine Louis Claret de Fleurieu de la), né à Lyon en aoüt 1729, mort dans cette ville en septembre 1793. (3) Rozier (L'abbé Francois), né à Lyon le 23 janvier 1724, mort dans la méme ville le 29 septembre 1793. (4) Balbis (Jean-Baptiste), né à Moretta (Piémo^t) le 17 novembre 1765, mort à Turin le 13 février 1831. SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. IX Il existe à Lyon : deux jardins botaniques, et il en existera bientôt trois: un fleuriste, une pépinière départementale, un conservatoire et des collec- tions botaniques; des bibliothèques appartenant à la ville; un enseignement donné dans plusieurs établissements publies; une Société d'agriculture depuis longtemps établie, deux Sociétés horticoles nombreuses, une Société botanique que ses travaux et ses services ont déjà fait connaître et apprécier. Nous ne parlons pas des richesses que renferment les jardins et les col- lections particulières. Les botanistes étrangers qui nous font l'honneur de venir aujourd'hui parmi nous et que nous en remercions, verront que dans notre riche cité la science botanique est encouragée, développée, et leur présence, nous n'en doutons pas, contribuera puissamment à affermir encore ce mouvement scientifique si marqué depuis quelques années, et au développement duquel, dans l'intérét social aussi bien que matériel de notre cher pays, nous devons travailler de toutes nos forces. M. Magnin, l'un des secrétaires élus, donne lecture d'une lettre de M. Albert d'Arvieux, regrettant de ne pouvoir assister à la ses- sion et mettant à la disposition des membres de la Société un certain nombre d'échantillons de l'Achillea Herba-rota. M. Méhu (de Villefranche), dépose sur le bureau un travail de M. Legrand, intitulé : Additions à la florule du Forez (1), et dis- tribue de sa part des échantillons de Lycopodium Chamæcyparissus récoltés à Pierre-sur-Haute. M. Méhu fait les observations suivantes touchant la florule des prairies de Bourdelans : NOTE SUR LA FLORULE DE LA PRAIRIE DE BOURDELANS, par M. Adolphe MEHU. Un illustre botaniste lyonnais, Gilibert, vint fréquemment pendant sa jeunesse dans un petit village des bords de la Saóne, à Frans, pour visiter son oncle, « le citoyen Boudot », un vrai médecin, dit-il, el il se félicite d'avoir rencontré « dans ce site charmant, bien arrosé el bien boisé... quelques plantes très-rares » (1). Je soupçonne Gilibert de n'avoir Jamais traversé la riviére pour porter ses recherches sur la rive droile, car il (1) Ces notes, riches en renseignements, et communiquées par M. Legrand, en ida des excursions projetées par la Société, ont été publiées à part comme supplément à la Statistique du Forez ' `Z. - - a Républi 7 : (2) J. E. Gilibert, Hist. des pl. d'Europe, V* édit., an VI de ta Ri publique (1798), t. I No.ions topographiques, XXXNU. X SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. n'aurait pas manqué de célébrer les merveilles d'une flore incomparable- ment plus riche et plus intéressante que celle de Frans. La prairie de Bourdelans est située à quelques minutes de Villefranche; elle représente à peu prés un triangle dont la chaussée de Riottier forme la base, le chemin de fer et la Saône figurent les deux autres côtés, et la petite ville d'Anse est assise au sommet. — Si l'on en excepte quelques vignes et des terres sablonneuses qui bordent la voie du chemin de fer et — dans le voisinage de la rivière, vis-à-vis de Riottier, aux Sables — plusieurs jolies habitations et des bàtiments de cullure, séparés par des jardins et des bouquets de bois, toute la superficie de notre triangle est couverte par une immense prairie qui s'étend jusqu'à Anse, sur une lon- gueur de plus de 7 kilomètres. Le sol est entièrement constitué par les alluvions modernes de la Saône. Chaque année, la paresseuse riviére, grossie par les pluies d'automne, déborde et se répand dans la prairie qu'elle enrichit de son fertile limon ; puis au printemps les eaux s'écoulent par un ruisseau, ou plutôt par un canal qui traverse la plaine dans toute sa longueur et vient aboutir à la Saóne, en face du village de Saint-Bernard. Ces inondations périodiques sont, avec les vents qui s'agitent à l'aise du nord au midi dans la vallée, une cause de dissémination des plus efficaces : c’est par elle qu'on explique la présence de quelques plantes montagnardes qui vivent cóte à cóte avec les espèces hygrophiles et prêtent à la florule de cette région son carac- tére le plus original. La prairie commence à peine à reverdir, au premier printenips, aprés le retrait des eaux, que déjà on peut rencontrer le Fritillaria Meleagris L. qui nous a été apporté sans doute de quelque vallée de la chaine juras- sique par les eaux du Doubs et de la Saóne. On admire cette gracieuse Liliacée depuis Màcon jusqu'à Anse, dans la plupart de nos prairies rive- raines, mais elle n'y apparait pas chaque année d'une manière égale : à Bourdelans notamment, aprés une saison oü elle s'est montrée en assez grande abondance, elle disparait presque complétement, et c'est à grand'- peine qu'on peut l'année suivante en réunir quelques pieds. Les Violettes croissent de préférence à l'abri des haies et sur le bord des fossés humides. Le Viola elatior Fries est assez répandu. Le Viola pumila Chaix se rencontre surtout dans la partie de la prairie voisine d'Anse. J'ai entendu contester l'existence du Viola stagnina Kit. dans notre région, malgré l'indication formelle de M. Cariot (1) ; mais dans une herborisation que nous fimes ensemble, le 31 mai dernier, M. l'abbé Boullu en a. découvert une riche station en face du petit bois de Bour- delans. Ce bois avait autrefois une certaine étendue et recouvrait probablement (1) Cariot, Étude des fleurs, 5* édit., 11, p. 65, n° 219. SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. XI la plus grande partie de la prairie actuelle, puisque notre historien Louvet prend la peine de nous dire que les reitres de M. de Tavaunes « gastèrent » le bois de Bourdelans au mois de novembre 1562 (1). Aujourd'hui le pauvre bois n'a pas un hectare de superficie, et chaque aunée on l'entame encore par quelque coin. Il sert pourtant de refuge au Ranunculus auri- comus L., dont je ne connais pas d'autre station dans nos environs im- médiats. On y rencontre à profusion le Tanacetum vulqare L., qui est d'ailleurs tellement répandu dans les terrains d'alluvion dela Saône, qu'il est difficile d'émettre un doute sur sa parfaite spontanéité (2). Dans les parties les mieux abritées, on peut récolter lÆgopodium Podagraria L. et 'Erysimum cheiranthoides L. Une belle colonie de Viola elatior Fries prospére au centre méme du bois avec le Betonica officinalis L., parmi les touffes de Carex silvatica Huds. Les Nasturtium amphibium R. Br. et silvestre R. Br. croissent pèle- mèle sur le bord des fossés, mais j'ai cherché vainement parmi les parents le Nasturtium anceps DC., qui n'est pas aussi commun qu'on le suppose et pour lequel on prend trop souvent une forme stérile du N. silrestreR.Br. (3). Les fossés sont habités par les hôtes assidus des marécages : Nymphæa alba L. Alisma Plantago L. Nuphar luteum Sm. — lanceolatum With. Myriophyllum verticillatum L. Sagittaria sagittifolia L. ‘Enanthe Phellandrium L. Sparganium ramosum Huds. — fistulosa L. | — simplex Huds. — peucedanifolia L. Scirpus maritimus L. Sium latifolium L. — palustris L. Limnanthemum nymphoides Link. — Jacustris L. Utricularia vulgaris L. — pauciflorus Lightf. Rumex Hydrolapathum Huds. Potamogeton perfoliatus L. Polygonum nodosum Pers. — lucens L. — amphibium L. — crispus L. Butomus umbellatus L. — natans L. Les eaux tranquilles du grand canal abritent une belle série de Chara, dont l'étude est encore à faire, et une curieuse forme à carpelles glabres d'une jolie Renoncule batracienne, le Ranunculus radians Rev. (4). — (1) « Le sieur de Tavannes, avec son armée de dix à douze mille hommes de pied et de quinze cents chevaux, vint camper à Anse, entre la ville et la Saóne, où il séjourna Quatorze jours (1562)..... L'armée partit en octobre et alla prendre Vienne ees Au mois de novembre, l'armée retourna camper à Anse, partie à Chazelles (Chazay ?) et les quatre cornettes de reitres à Villefranche, où ils firent de grands maux, gastèrent le bois de Bourdelant ct partie de celui de Joux. » -— Histoire du Beaujolais, par le docteur Louvet, secrétaire de la ville de Villefranche, manuscrit in-folio de 1100 pages (vers 1667). (2j M. Fr. Lacroix signale aussi le Tanacetum vulgare. L. sur les alluvions modernes du Màconnais (Essai sur la végétation des environs de Mácon, p. 15). , (3) Cf. E. Michalet, Mém. Soc. émul. du Doubs, 1856, p. 3, et Hist. nat. du Jura, Bo- tanique, p. 92. | | (4) Cf. Ann. Soc. bot. de Lyon, 3 année, 1874-75, p. 3. XII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Sur les berges, on remarque les éclatants corymbes du Senecio palu- dosus L. La Gratiole règne sans partage sur plusieurs points de la prairie; plus loin c'est le Thalictrum flavum L. (Th. riparium Jord.) ; ailleurs c'est le Caltha palustris L., ou les gracieuses Sculellaires (Sc. hastifolia L. et Se. galericulata L.).— Cà et là, des groupes d Euphorbia Esula Auct. apparaissent dans la verdure comme de larges taches jaunàtres. Le bota- niste est frappé par les differences que ces groupes présentent entre eux sous le rapport de l'aspect, de la taille, de la couleur du feuillage, et un examen attentif y fait reconnaitre quelques-unes des formes que M. Jordan a décrites: Euphorbia salicetorum Jord., E. ararica Jord., E. riparia Jord., E. Pseudo-Cyparissias Jord. On distingue partout dans l'herbe la jolie ombelle rose de lAllium acutangulum Schrad. On peut récolter dans les endroits marécageux et sur les revers des fossés : Althæa officinalis L. Euphorbia palustris L. Trifolium fragiferum L. Polygonum Persicaria L. Lotus uliginosus Schrk. - — Hydropiper L. Lythrum Salicaria L. Iris Pseudo-Acorus L. Silaus pratensis Bess. Carex vulpina L. Galium palustre L. — tomentosa L. Senecio aquaticus Huds. — acuta L. — erucæfolius L. —- distans L. Inula Britannica L. — ampullacea Good. Achillea Ptarmica L. i — nutans Host. (1). Serratula tinctoria L. — hirta L. Taraxacum palustre DC. Leersia oryzoides Sw. Lysimachia vulgaris L. Glyceria spectabilis Mert. et Koch. Scrofularia Balbisii Horn. Phalaris arundinacea L. Myosotis palustris With. Alopecurus utriculatus Pers. Teucrium Scordium L. Ophioglossum vulgatum L. (abbé Boullu) Dans le sable de Bourdelans, quelques espèces se présentent sous un (1) On connait aujourd'hui plusieurs localités françaises du Carex nutans Host., mais il convient de rappeler ici que les botanistes lyonnais ont eu le mérite de signaler les premiers la présence de cette rare espèce dans notre pays. La découverte appartient à Timeroy, qui l'observa « à Perrache, à la Mulatière, au-dessous de la Pape ». Dès le mois d'avril 1835, dans une lettre circulaire destinée à annoncer aux botanistes la mise en vente du « Supplément à la Flore lyonnaise, publiée par le docteur J.-B. Balbis en 1827 et 1828 », Roffavier signale l'heureuse rencontre que son collègue a faite. Bientôt après (juillet 1836), Mutel confirme à son tour la nouvelle : « Parmi les plantes envoyées en 1835, par M. Aunier à M. Boisvin, dit-il (FI. fr., t. HE, p. 400), se trouve un Careg avec l'étiquette C. nulans Host., et la localité de Lyon. Je n'ai pas eu la faculté de l'étudier. » L'étude a été faite, et l'attention une fois éveillée, on put ajouter bientôt de nouvelles stations à la premiere liste de Timeroy : dans les environs immédiats de Lyon, le Grand- Camp, Pierre-Bénite et Dessine ; — sur les bords de la Saône, Reyrieux, Quincieux, Tré- voux à l'ile Beyne, Anse et Thoissey. La plante d'Anse, à Bourdelaus, a été publiée dans la collection des e.siccata de C. Billot, par M. Ozanon, sous le n? 2573. SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. XIII aspect particulier qui mérite de fixer l'attention des botanistes. Tandis que le Ranunculus repens L. est remplacé par le R. reptabundus Jord. et Four., le ft. bulbosus L. affecte de son cóté des formes gréles et allongées qui me paraissent complétement équivalentes. ll est bien difficile de ne pas voir dans ces états correspondants de deux types congénères un exemple de ces variations paralléles dont MM. Crépin et Duval-Jouve ont su lirer dans certains genres un si heureux parti pour la. délimitation des espéces (1). Les terres sablonneuses et les cultures ne sont pas moins intéressantes à explorer que la prairie. On y rencontre : Pastinaca opaca Bernh. Ammi majus L. Erigeron canadensis L. Matricaria inodora L. Centaurea paniculata L. Onopordon Acanthium L. Papaver Argemone L. Sisymbrium Sophia L. Brassica cheiranthiflora DC. Alyssum calycinum L. Dianthus prolifer L. Silene conica L. Trifolium arvense L. — campestre Schreb. — minus Relh. — filiforme L. Lotus tenuis Kit. Lathyrus tuberosus L. Vicia lutea L. Potentilla anserina L. — argentata Jord. losa squarrosa Rau. — sepium Thuil. — comosa Rip. Œnothera biennis L. Herniaria glabra L. Vincetoxicum ofticinale L. Erythræa Centaurium Pers. Cynoglossum pictum Ait. Myosotis hispida Schlecht. — intermedia Link. — versicolor Pers. Datura Stramonium L. Verbascum australe Schrad. — Blattaria L. Veronica Teucrium L. — serpyllifolia L. Ajuga genevensis L. Armeria plantaginea Willd. Plantago arenaria W. et K. Scleranthus annuus L. Aristolochia Clematitis L. Anthriscus vulgaris Pers. On trouvera en abondance dans les eaux de la Saòne le Vallisneria spiralis L. Q (2). Ce qui nous charme dans l'herborisation de la prairie de Bourdelans, c'est que toutes les plantes que je viens d'énumérer sont réunies, ou mieux encore condensées, dans un espace des plus restreints. En deux ou trois heures on peut, au mois de juin, les rencontrer presque toutes sans perdre de vue son elocher, je dirais presque sa maison. — Et si la récolte est heureuse, Ja promenade n’est pas moins attrayante sje ne crois pas qu on puisse rêver pour le plaisir des yeux un tableau plus gracieux. D'un côté, la colline de Buisante, le château et le pare de Saint-Trys et les riches (1) €f. Fr. Crépin, Bull. Soc. roy. de bot. de Belgique, 1863, t. V, p. 27; J, Duval- Jouve, Bull. Soc. bot. de France, 1865, t. XI, p. 196. (2) Cf. Bull. Soc. bot. de France, t. XXI, 1874, p. 370. XIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. vignobles de Lachassagne bornent l'horizon. De l'autre, l'oeil. s'arrête sur la ligne de faite du plateau bressan qui court sur la rive gauche de la Saóne du tumulus de Riottier aux tours de Trévoux ; et en face du spec- tateur, le clocher d'Anse, les files de peupliers qui bordent l'Azergues et le pont suspendu de Saint-Bernard se détachent au. premier plan sur le massif du mont d'Or lyonnais. Tous les détails sont charmants etles lignes harmonieuses, et c'est ainsi que pour l'artiste, aussi bien que pour le botaniste ou pour l'heureux vigneron qui voit mürir son raisin sur le$ cótes de Duisante, se trouve vérifié le vieil adage : De Villefranche à Anse, La plus belle lieue de France. M. le docteur Gillot présente des spécimens d'un curieux hybride entre le Mespilus germanica et le Cratægus monogyna, lequela été découvert par lui à Saint-Sernin-du-Bois (Saône-et-Loire) : ÉTUDE SUR UN HYBRIDE DU MESPILUS GERMANICA L. ET DU CRATÆGUS OXYACANTHA L. (CRATÆGUS OXYACANTHO-GERMANICA) (Mespilus smithii Seringe — Crategus lobata Bosc.], par le docteur X. GILLO'T. La curieuse plante dont j'ai eu Phonneur de soumettre quelques échantillons à l'examen et à l'appréciation des membres de la Société bota- nique de France a été découverte par M. l'abbé L. Sebille, curé de Saivt- Sernin-du-Bois, arrondissement d'Autun (Saône-et-Loire). Ce prêtre éclairé, qui consacre les loisirs de son ministère à étudier avec intelli- gence l'archéologie et l'histoire naturelle locales, avait été frappé de l'aspect particulier de certains fruits observés parlui dans un buisson. Il surveilla la floraison de l'arbuste qui les portait, en conserva quelques rameaux, et l'année dernière m'en fit remettre un spécimen. Au premier coup d'œil, les caractères mixtes du Mespilus germanica L. et du Cratæqus oxyacan- tha L. (1) me parurent trés-évidents, et je n'hésitai pas à considérer la plante comme hybride de ces deux espèces, Je me promis dès lors de l'observer par moi-même et d'en étudier les caractères sur le vif. Je me rendis en conséquence cette année, dans les premiers jours de juin, à Saint-Sernin-du-Bois, où M. l'abbé Sebille voulut bien me donner la plus cordiale hospitalité, et me conduisit immédiatement en présence de l'arbuste que je désirais voir. Il eroit dans la haie d'un champ situé à (1) Le Crategus oxyacantha L. comprend deux espèces aujourd'hui distinguées par la plupart des floristes : C. monogyna Jacq. et C. digyna Poll. Dene (C. ozyacanthoides Thuil.). Comme ces espèces très-voisines, et encore réunies par quelques auteurs considérables, ont été regardées, tantôt l'une, tantôt l'autre, pour le vrai Cral. oxyacantha de Linné ; comme, d'autre part; je n'ai pu déterminer avec une certitude absolue celle qui entre . P mati ^hvehel es . . dans la formation de l'hybride, J'ai cru devoir conserver le nom linnéen dans son accep- tion la plus large. SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. XV quelque distance de la tour en ruine de l'ancien prieuré de Saint-Sernin- du-Bois, prieuré illustré par l'abbé de Salignac-Fénelon, neveu du fameux archevêque de Cambrai, et dont M. l'abbé Sebille s'est fait le conscien- cieux et intéressant historien (1). Il semble y avoir dans cette haie deux arbustes distinets, mais ils sont en réalité issus d'une méme souche. Celle-ci émet de nombreux rejets, qui s'étendent plus ou moins loin, et reproduisent tous exactement les caractéres de la plante-mére, dont voici la description : C'est un arbuste d'environ 2 mètres de hant, à écorce grise, à rameaux courts, épineux, les jeunes rameaux rougeâtres et velus; les épines, nombreuses, sont dans leur jeunesse molles, pubescentes et garnies d'écailles jaunâtres ; glabres el trés-vulnérantes sur les rameaux an- ciens. — Les feuilles, alternes, offrent trois formes différentes : sur les jeunes rameaux et les rejets, elles sont mollement velues sur les deux faces, mais surtout en dessous, larges, ovales ou ovales-oblongues, forte- ment lobées-incisées, à 5-7 lobes ne dépassant pas la moitié de la largeur de la feuille, tantôt entiers ou munis seulement d'une ou deux dents trés-courtes, obtuses, non glanduleuses, tantôt au contraire dentées en scie, à nervures divergentes. Les feuilles inférieures des jeunes rameaux et quelques-unes de celles des rameaux floraux sont oblongues-lancéolées, très-atténuées à la base, qui est entière et décurrente sur le pétiole, divi- Sées au sommet en 3-5 lobes ou dents plus ou moins prononcés. Enfin la plupart des feuilles, sur les rameaux anciens, sont lancéolées, trés-en- tières, rétrécies et atténuées à la base, aigués ou obtuses au sommet, qui se termine par une pointe mucronée. Feuilles adultes fermes, glabrescentes et un peu luisantes en dessus, velues en dessous, d'une teinte vert jau- nàtre. — Pétioles courts, pubescents, sillonnés à leur face supérieure, dépourvus de glandes. — Stipules caduques, velues, ciliées, non glandu- leuses, tantót petites, ovales, acuminées, entières ou munies de deux ou trois dents, tantôt grandes (surtout sur les pousses d'automne), à bord externe très-développé et muni à la base de 2-3 grosses dents obtuses. — Les fleurs sont portées sur de petits rameaux feuillés ; les unes solitaires, mais toujours plus ou moins longuement pédonculées, les autres réunies au nombre de 2 à 6 en un petit corymbe à pédicelles uniflores. — Bractées inférieures foliacées, les supérieures linéaires, jaunàtres ou brunes, per- sistantes, — Pédoncule très-velu ainsi que le calice. — Calice à cinq sépales, triangulaires, aigus, à pointe souvent rougeàtre, allongée, mais non foliaeée, couronnant d'abord le trés-jeune bouton, puis l'égalant seu- lement, atteignant dans la fleur épanouie la moitié de la longueur des Pétales, à pointe étalée ou réfléchie pendant et après l'anthèse. — Pétales (1) Saint-Sernin-du-Bois et son dernier prieur, J.-B. Augustin de Salignac-Fénelon, Par l'abbé L. Sebille (in Mém. de la Soc. Eduenne, nouv. série, t. IV, Autun, 1875, P. 346-437). XVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. à préfloraison imbriquée, concaves, d'un beau blanc, glabres, presque orbieulaires, souvent fendus au sommet, ondulés à la base, et portant au- dessus de l'onglet, qui est trés-court, deux ou trois petites écailles de chaque côté. — Étamines, au nombre de 20-22, à filet blanc, épais, courbé en dedans; anthéres jaunes, grandes, ovales. — Pollen à grains sphéri- ques. — Le centre de la fleur est occupé par un disque jaune, nectarifère, mellifluent, dont la circonférence est divisée en cinq lobes creusés de fossettes recevant l'insertion des étamines. Ce disque ne ferme pas com- plétement la partie supérieure de l'ovaire, mais il s'avance au centre plus ou moins près des styles, laissant autour d'eux un petit espace libre, d'ou émergent les touffes de poils blancs qui surmontent les carpelles. — Les styles sont ordinairement au nombre de deux : quelquefois il n'y en a qu'un, souvent trois ou quatre. Ils sont droits, verdàtres, à stigmate jaune, capité, et s'insérent à la base de la face interne des carpelles.— L'ovaire, composé d'un nombre de carpelles égal à celui des styles, renferme par conséquent 1-4 carpelles ovales ou arrondis, à parois épaisses, à une seule loge renfermant deux ovules collatéralement ascendants, dont l'un, plus externe, pédicellé, recouvre l'autre à sa partie supérieure et semble le coiffer comme par un capuchon (1). — Le fruit, ou pyridion, est dru- pacé, ovoide ou subglobuleux, turbiné, velu puis glabre, rouge à la matu- rité ou tacheté de gris, couronné parles lobes du calice persistants, isolés, un peu charnus à la base, mais desséchés au sommet. (Eil large, ombi- liqué, fermant complétement l'ovaire, velu surtout à sa partie centrale, mais uni et sans saillies carpellaires. — Noyaux osseux, 1-4, arrondis ou légèrement comprimés, à péricarpe épais, ordinairement stériles. En comparant les caractères du végétal que je viens de décrire avec ceux du Mespilus germanica L. et du Crategus oæyacantha L., il semble aisé de faire la part de l'influence exercée par chacun des deux parents dans la création de l'hybride. Celui-ci a le port, la teinte générale d'un vert pàle du Mespilus ; il en a lesépines dures, courtes, bien moins déve- loppées que celles de l'Aubépine : leur longueur n'est en elfet que d'un centimètre à 2 cent. et demi. Elles sont formées par des rameaux avortés ; mais tandis que dans l'Aubépine ces jeunes rameaux spinescents sont garnis de véritables feuilles, ici, comme dans le Mespilus germanica, elles ne portent que des écailles jaunàtres. J'ai cependant vu, mais très-rare- ment, naitre à l'aisselle de quelques feuilles un rameau épineux, muni de feuilles déformées, allongé et rappelant les longues épines feuillées du Crategus. Les feuilles, comme dans les deux parents, présentent des dimensions variables, suivant qu'on les considère au milieu, ou à la base des ra- (1) Ce caractere, signalé par Kunth et mis en relief par M. Decaisne dans sa savante Monographie de la famille des Pomacées (Nouv. Arch. du Muséum de Paris, t. X, 1874, p. 117), est propre aux seuls genres Mespilus et Cratægus, dont il confirme l'affinité. SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. XVII meaux, sur les jeunes pousses ou sur les rameaux anciens et floriféres. En comparant des feuilles adultes et bien conformées de chacun des trois arbustes, on reconnait que celles de l'hybride tiennent le milieu entre celles des deux autres. Elles ne sont point glabres et coriaces, comme dans le Crategus, mais velues et molles, comme dans le Mespilus ; cependant elles deviennent plus fermes et plus luisantes en dessus que dans ce dernier. Les feuilles lobées ont un limbe à peu prés de la méme lon- gueur que celles du Cratequs ; toutefois leur péliole est bien plus court. Les scissures des lobes ne dépassent jamais le milieu du limbe, tandis que dans l'Aubépine, surtout dans le Crateegus monogyna Jacq., elles attei- gnent les deux tiers, et s'approchent méme de la nervure médiane. Les feuilles lancéolées, quoique ressemblant beaucoup à celles du Néflier, et variant comme elles à sommet tantót aigu, tantót obtus, sont toujours plus courtes, plus étroites, à pétiole plus long. Elles sont pour la plupart très-entières, mais offrent souvent 2-3-4 dents grosses et obtuses; quel- quefois les lobes sont dentés en scie sur tout leur bord : celles du Mespilus, quand elles sont dentées, le sont en dents de scie fines et nombreuses dans leur moitié supérieure, mais jamais lobées (1). Voici du reste la moyenne des dimensions comparatives recueillies sur un grand nombre de feuilles adultes des trois arbustes : (1; um ( longueur : 0,06 à 07,10. l° Mespilus germanica . .. ,) Limbe de la feuille | largeur 07,028 à 0,036. l Longueur du pétiole : 0™,004 à 0™,005. (i. «1. f longueur : 07,035 à 07,050. 9» Crategus oxyacantha.. . Limbe de la feuille Largeur : 07,033 à 07,055. Longueur du pétiole : 0",015 à 07,22. Lim) { longueur : 07,040 à 07,060. Feuilles lobées. .. 177€ t largeur : 07,025 à 07,030. Pétiole, longueur : 0",008 à 07,010. Limbe ( longueur : 07,050 à 0",055. Feuilles lancéolées] ^P? 1 largeur : 0%,018 à 07,020. Pétiole, longueur : 0",008 à 07,010. 9* Crategus hybride. Les stipules, ovales, velues, comme dans le Mespilus, sont plus grandes el portent souvent quelques dents sur leur bord externe, plus développé; mats elles ne sont pas recourbées, falciformes et aussi profondément inci- sees que dans le Crategus. | L'inflorescence offre les mêmes caractères mixtes. Par sa dimension, la (1) La variation des feuilles sur la méme plante est du reste fréquente dans le groupe dés Pomacées, Dans le genre Dorcynia, les feuilles sont normalement dimorphes : oblon- gues, lancéolées, denticulées sur les rameaux anciens, et. profondément incisées-lobées sur les jeunes pousses (Decaisne, Mémoire sur la famille des Pomacess, in Nour, Archives du Museum de Paris, p. 121, et pl. 14 et 15). MM. Decaisne et Godron ont également signalé les variations des feuilles de Poirier, rappelant la forme de celles de l'Aubépine (Decaisne, Bull. Soc. bot. de Fr., A. V, p. 170; Godron, Nouveaux Mélanges de lérato- logie végétale, in Mém. de la Soc. des sc. nat. de Gherbourg, t XVII, 1874, et Bull. Soc. bot. de France, t. XXI, Revue bibliographique, p. 119). T. XXII. B XVIII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. forme des pétales, la structure des étamines, etc., la fleur se rapproche davantage au premier aspect de celle du Néflier. Dans celui-ci, la fleur est toujours solitaire, subsessile ; dans l'hybride, les fleurs, méme soli- taires, ont toujours un pédoncule plus ou moins allongé. Mais la dispo- sition la plus ordinaire de l'inflorescence est celle d'un corymbe, comme dans l'Aubépine. Tandis que le corymbe de celle-ci est composé, à pédi- celles 3-4 flores, gréles et allongés, et que le nombre des fleurs varie de 10 à 16, dans l'hybride le corymbe est simple, à pédoncules uniflores, plus courts, plus épais, et je n'ai jamais vu plus de six fleurs sur le méme corymbe, qui est plus court que les feuilles. Les pédoncules et le calice sont couverts d'une villosité feutrée comme dans le Mespilus; dans les variétés de Crategus oxyacantha, où ces organes sont velus, l'indumentum est beaucoup plus léger et non tomenteux. Dans le Mespilus germanica, le bouton est conique; il est toujours, méme quand il s'entr'ouvre, longuement dépassé par les sépales à pointes foliacées. Dans le Crategus oxyacantha, le bouton est globuleux, parfai- tement convexe, et les sépales, trés-petits, n'atteignent pas sa longueur, dés qu’il commence à se développer. Les boutons de l'hybride, moins régu- lièrement globuleux, ont de la tendance à présenter une forme conique; les sépales, largement triangulaires, mais sans appendices foliacés, ne les couronnent pas, mais ils atteignent néanmoins la longueur du bouton, et méme la dépassent un peu. Dans la fleur épanouie du Néflier, les sépales dépassent les pétales ou sont au moins de méme longueur ; dans l'Aubé- pine, ils atteignent à peine le quart de la longueur des pétales ; dans l'hy- bride, ils en égalent à peu prés la moitié. Les pétales, en préfloraison imbriquée, sont trés-concaves, non-seule- ment appliqués l'un sur l'autre comme ceux de l'Aubépine, mais recourbés en capuchon et s'emboitant d'une facon si étroite, qu'il est presque impos- sible de les séparer sans déchirure, ce qui est également le cas du Mespi- lus. Ils sont à peu près orbiculaires, et portent à leur base, sur leurs bords ondulés, des plissements qui simulent parfois de vraies écailles, caractère qui se retrouve aussi dans le Néflier. J'ai du reste également relevé les dimensions comparatives des fleurs : ( Diamètre de la fleur épanouie : 07,035 à 07,0328. 1° Mespilus germanica. ..4 Diamètre des pétales : 07,014 à 07,018. Nombre des étamines : 24 à 32. Diamètre de la fleur épanouie : 07,015 à 0,017. 2 Crategus oxyacantha. ( Diamètre des pétales : 07,007 à 07,008. Nombre des étamines : 12 à 20. uu Diamètre de la fleur épanouie : 0",022 à 0",021. 8° Grategus hybride... ...( Diamètre des pétales : 0",010 à 0",015. Nombre des étamines : 20 à 22. Les étamines du Cratægus hybride varient en nombre, comme celles des parents, mais dans d'étroites limites, et l'on peut voir par les chiffres SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1870. XIX ci-dessus, qui représentent la moyenne d'un grand nombre d'observations, que leur nombre est parfaitement intermédiaire. Toutefois, par leurs dimensions, leur forme et la couleur jaune des anthéres, elles se rappro- chent plus des étamines du Mespilus que de celles du Crategus, qui ont les filets gréles et les anthéres violacées. La fleur du Mespilus germanica renferme un large disque jaune, melli- fluent, à surface ondulée, à circonférence lobulée, laissant au centre de la fleur une grande ouverture d’où sortent les styles, et qui permet d'aper- cevoir les cinq carpelles libres à leur sommet et hérissés de longs poils blanes. Dans le Cratæqus oxyacantha, le centre de la fleur est compléte- ment clos par un disque uni, sans sécrétion, et ne laissant passer que le style. L'hybride offre encore ici une disposition intermédiaire. Le disque est jaune, nectarifère, semblable à celui du Néflier; mais ce disque, plus développé vers son centre que dans ce dernier, s'avance parfois presque jusqu'aux styles, ne laissant passer avec eux qu'un petit bouquet de poils blanes ; le plus souvent, cependant, il circonscrit autour des styles un orifice plus ou moins large, parfois irrégulier, et qui permet alors d'aper- cevoir le sommet villeux des carpelles. Le nombre des styles est le plus ordinairement de deux : souvent il n'y ena qu'un ; mais alors, au lieu d'occuper exactement le centre de l'ovaire, il est déjeté de côté, et je l'ai vu plusieurs fois acrompagné d'un rudiment de second style peu développé. D'autres fois il y a 3 ou 4 styles. Je n'en ai jamais vu cinq. Sur 55 fleurs, dont j'ai étudié les organes, 35 portaient deux styles; 14 n'en avaient qu'un, et encore 3 de ces fleurs présentaient un second style atrophié : deux fleurs avaient trois styles, et deux autres quatre ; enfin dans une fleur, il n'y avait aucune apparence de cet organe. Dans le Mespilus germanica, il y a constamment 5 styles, d'abord recour- bés, puis redressés. Le Cratægus oxyacantha de Linné et des auteurs anciens renferme deux formes, dont on a fait deux espèces distinctes : l'une à un seul style (Crategus monogyna Jacq.), l'autre à deux styles C. digyna Dene, Poll., C. oæyacanthoides Thuil.). Le stigmate de l'hybride est capité, un peu anguleux, mais non déjeté latéralement comme ceux du Mespilus. Il existe dans l'hybride, comme dans ses parents, autant de carpelles que de styles. Il ma offert par conséquent 1-4 carpelles, dont la coupe horizontale ressemble à celle des organes analogues du Crategus; il en est de méme de la coupe verticale, sur laquelle on voit les carpelles al- longés descendre jusque vers la base de l'ovaire à réceptacle peu développé, tandis que dans le Mespilus germanica, les carpelles, plus élargis et plus Courts, occupent la partie supérieure de l'ovaire, dont la base est soudée à l'hypanthium trés-épais et charnu. | 2. Ces derniers rapprochements sont trés-importants, puisque la disposi- lion des organes floraux, et surtout du gynécée, commandent la forme du XX SOCIÉTE BOTANIQUE DE FRANCE. fruit. En effet, après l’anthèse, le disque, très-développé, finit par clore complétement l'ovaire, et le fruit prend la forme el l'aspect de ceux de l'Aubépine, mais plus gros et avec un œil plus prononcé au sommet. Il est couronné par les filets des étamines desséchés, et par les lobes du calice, qui deviennent plus ou moins charnus à leur base, mais dont la pointe, étalée ou à demi réfléchie, devient marcescente, comme dans l'Aubépine. L'œil est un peu moins large que le diamètre du fruit, et hérissé de poils au centre, mais sans les saillies correspondantes aux loges carpellaires qu'on observe dans le Néflier, dont le fruit est en outre infiniment plus gros, plus charnu et à ombilie plus prononcé. Voici les dimensions des fruits, dont je n'ai du reste pu me procurer qu'un petit nombre Hauteur du fruit : 07,013 à 07,014. Largeur du diamètre : 07,011. Diamètre de l'œil : 07,006 à 07,007. Profondeur de l'oeil : 07,003. Le fruit, velu pendant sa jeunesse, devient glabre à la fin de son déve- loppement ; sa couleur est ordinairement d'un rouge écarlate, comme dans l'Aubépine, quelquefois plus ou moins grisàtre sur une partie de sa sur- face. La chair est blanchâtre et fade, comme celle du Cratægus, dont elle a l'aspect (1). Le fruit renferme 1-4 noyaux ; s'il n'en existe qu'un ou deux, ils sont à peu prés arrondis ; s'il y ena plusieurs, ils sont comprimés latéralement, mais sans étre aplatis comme ceux du Néflier. Le péricarpe, osseux, trés-épaissi el trés-dur, n'est pas brun et rugueux comme dans ce dernier, mais blanc et lisse comme dans l'Aubépine. Les noyaux sont sté- riles, et cette observation avait méme été faite par les paysans qui avaient remarqué ces fruits. Cependant l'un d'eux, qui du reste n'avait pas atteint sa complète maturité, m'a paru renfermer un embryon d'apparence normale. Une particularité constatée par M. l'abbé Sebille, et dont j'ai pu vérifier l'exactitude, c'est que dans les corymbes pluriflores, la plupart des fleurs tombent, à l'exception d'une ou deux, dont l'ovaire se développe. Du reste la plus grande partie des fleurs, solitaires ou non, avortent et se des- séchent. La floraison de l'hybride s'opére à une date intermédiaire entre celles du Mespilus germanica et du Crategus oxyacantha. Au 1° juin dernier, l'Aubépine commencait à passer de fleurs, le Néflier n'était pas encore épanoui, et l'hybride au contraire entraiten pleine floraison. Le Cratæqus devrait donc être, d’après les idées généralement admises, le père de cet (1) M. Decaisne (loc. cil., p. 121 et 186) a constaté, dans la structure micrographique des cellules de la partie charnue du fruit des Pomacées, et en particulier dans ceux des genres Mespilus et Cratægus, des caractères génériques distinctifs. Je regrette de n'avoir pas fait en temps opportun cette observation sur les fruits de l'arbuste que j'étudie. SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 18706. XXI hybride. Ajoutons que le Mespilus germanica L. et le Cratæqus oxyacan- tha L. (surtout le C. monogyna Jacq.), croissent abondamment à Saint- Sernin-du-Bois. L'étude, peut-être trop longue et trop minutieuse, dans laquelle je viens de faire ressortir les caractéres mixtes de l'arbuste de Saint-Sernin-du- Bois, me parait confirmer de la facon la plus positive l'hybridité, que j'avais soupconnée tout d'abord. La spontanéité, que j'avais crue certaine, désignait sans conteste les parents dans les espéces du pays. Mais les doutes que l'on pourrait encore conserver aujourd'hui sur son origine, m'ont fait comparer les caractères de l'hybride avec ceux des espèces du genre Crateegus, indigènes ou étrangers, le plus ordinairement cultivés (C. Azarolus L., C. Crus-galli L., C. pirifolia Ait., C. coccinea L., ete.), et dont le croisement aurait pu s'opérer avec le Mespilus germanica; je n'en ai trouvé aucun qui se rapportàt aussi bien à l'hybride que le Cratæ- gus oxyacantha L. pris dans sa plus large acception, bien que la fréquence de quelques caractéres secondaires (feuilles profondément lobées, à ner- vures légérement divergentes, présence fréquente d'un seul style, ete.) puisse faire encore préciser davantage la question, et attribuer la pater- nité de l'hybride au Crategus monogyna Jacq. Le port de larbuste, la ressemblance extérieure de ses fleurs avec celles du Mespilus, me l'avaient fait dénommer dans le principe Mespilus hybrida, et c'est sous ce nom que j'avais commencé à le distribuer à mes amis. Son étude plus complète m'avait ensuite amené à l'appeler Mespilus oxyacantha-germanica ou M. monogyna-germanica. Mais la lecture, dans le savant mémoire de M. Decaisne (1), des caractéres respectifs des genres Cratægus et Mespilus, m'a conduit à rapporter ma plante au genre Crategus, et à m'arréter à la dénomination de Crategus oxyacantha- germanica (2). Dans les nombreuses recherches que j'ai faites au sujet de cet hybride, je ne l'ai trouvé nettement signalé dans aucun des ouvrages que j'ai pu consulter. Vaucher (3) n'aecorde au genre Mespilus que deux espèces homotypes, et signale le Mespilus Smithii ou grandiflora comme pouvant etre un hybride. Cette simple indication était déjà un trait de lumiére. (1) Decaisne, loc. cit., p. 185 et 186. | | (1) Ce n'est du reste as le seul exemple d'hybride qu'on ait constaté dans la famille des Pomacées, Je signalerai le Pirus Pollwylleriana J. Bauh., généralement regardé comme hybride du Pirus communis L. et du Sorbus Aria L. (Decaisne, Bull. Soc. bot. de F rance, t. V, p.170); Aronia sorbifolia Spach, Dene (Pirus spuria Per.), que Seringe (DC. Prodr. Hl, p. 63) était disposé à regarder comme hybride du Sorbus aucuparia L. et du Pirus arbutifolia L. f.; enfin le Sorbus scandica Fries (Aronia scandica Dene) a été considére par quelques botanistes comme hybride d'un Aria et d'un Chamemespilus (Decaisne, Mémoire sur la fam. des Pomacées, loc. cit., p. 163). L'hybridité entre des espe ^" e genres différents est rare, et dans le cas actuel rapproche encore plus étroitement es genres Crateegus et Mespilus, qui sont si voisins l'un de l'autre sous beaucoup de rap- Ports, et qui sont réunis en un seul par nombre d'auteurs. " (3) Vaucher, Jhst. physiol. des plantes d'Europe. Paris, 1844, t. II, p. 307. XXII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Poiret a donné, dans l'Encyclopédie méthodique (1), la description de deux espèces de Néflier, observées dans les jardins et d'origine inconnue : Mespilus grandiflora Smith, cultivé en Angleterre, et M. lobata Poir., qui lui a été communiqué par Bose, sortant des pépinières impériales. Les descriptions de ces deux espéces sont presque identiques, et montrent que Poiret ne les a distinguées qu'à cause d'une forme un peu différente des feuilles, et de la disposition des fleurs subsolitaires ou en corymbes peu garnis. Il insiste, à propos de la première, sur ses rapports avec le Mespilus germanica L., mais sans parler d'hybridité. Dans la description du M. lobata, il signale les variations des feuilles, dont les unes sont « entiéres, irréguliérement dentées en scie, les autres divisées en plu- sieurs lobes profonds, irréguliers ». Il est impossible de ne pas étre frappé des rapports étroits de ces espèces entre elles eten méme temps avec notre Cratægus hybride. Seringe, dans le Prodromus de De Candolle (2), a donné le nom de Mespilus Smithii au M. grandiflora Sm., appellation impropre, puisque les fleurs sont en effet de moitié plus petites que celles du M. germanica. La courte diagnose qu'il lui consacre peut trés-bien s'appliquer à l'hy- bride que j'ai décrit. Il signale également comme espèce différente le Cra- tegus lobata Bosc. (M. lobuta Poir.), 'en reproduisant presque textuelle- ment la phrase de Poiret (3). Steudel (4) réunit en synonyme, au Cratægus lobata Bosc, le Mespilus Smithii Ser. in DC., M. grandiftora Sm., et le donne comme originaire de l'Amérique septentrionale (?) ; mais il semble le confondre avec le Cra- tegus turbinata Pursh., espèce américaine, qui parait bien différente. Jaune Saint-Hilaire (5) donne une courte description du Mespilus lo- bata H. Par., et une planche qui reproduit la figure d’un rameau florifère avec des feuilles de trois formes différentes, les unes oblongues et simple- ment dentées en scie, les autres à trois ou quatre grosses dents de chaque côté, d'autres enfin à 3-4 lobes plus prononcés, presque incisés et égale- ment dentés en scie. L'arbuste est épineux, les fleurs blanches, solitaires, assez grandes. Spach (6) reproduit la description des auteurs précédents sous le nom de Mespilus Smithii, auquel il donne aussi pour synonymes : M. lobata Poir., Cratægus lobata Bosc. Ser. in DC. Prodr. Enfin, M. Decaisne (7) termine son mémoire sur la famille des Pomacées (1) Encyclop. méthodique (Dict. de botanique par de Lamarck et Poiret, Paris, 1816, Supplément, t. IV, p. 71). (2) DC. Prodr. syst. nat. Regni veget. 1825, t. II, p. 633. (3) Seringe in DC. Prodr. t. II, p. 628. (4) Steudel, Nomenclator botanicus, édit. 2, 1840, p. 433. (5) Jaume Saint-Hilaire, la Flore et la Pomone françaises, 1832, 45° livraison, art. NE- FLIER, et pl. 360. (6) Spach, Suites à Buffon (Botanique, 1854, t. II, p. 53). (1) Decaisne, loc. cit., p. 187. SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. XXIII par l'observation suivante, à l'article XXIV, Mespilus: « Le Mespilus grandiflora Sm. (M. lobata, Cratægus lobata Bosc.) est un hybride d’un Crategus et du M. germanica. » Il résulte de toutes les citations précédentes que les arbustes décrits sous les noms de Mespilus grandiflora Sm., M. Smithii Ser., Spach, M. lobata Poir., Cratægus lobata Bosc., constituent une seule et même espèce, et que cette espèce est un hybride du Mespilus germanica et d’un Crategus, comme l'ont pensé Vaucher et M. Decaisne. Les différences légères que l’on peut saisir dans les descriptions des auteurs se com- prennent du reste par les variations qu'offrent les hybrides en se rappro- chant plus ou moins du type de l'un des parents. La comparaison de ces diverses descriptions avec les caractères du Crategus de Saint-Sernin- du-Bois ne laisse guère de doutes sur leur identité. Je n'ai pu voir la figure de Smith (Exot. bot. t. I, tab. 18), mais celle de Jaume Saint- Hilaire n'en différe que par la forme plus allongée des feuilles incisées et par les fleurs toutes solitaires. Je me crois done autorisé à résumer aiusi la synonymie et la diagnose de mon hybride (1) : CRATÆGUS OXYACANTHA-GERMANICA (Cratægus oxyacantha L. X Mespilus germanica L.). — Syn. : Mespilus grandiflora Smith, Exot. bot. t. Y, p. 33, tab. 48. — M. Smithii Ser. in DC. Prodr. t. II, p. 633; Spach, Suites à Buffon, Végét. phanérog.t. I, p. 53.— M. lobata Poir. in Lam. Encycl. méthod. Bot. Suppl. t. IV, p. 71 ; Jaume Saint-Hilaire, Flore et Pomone franc. pl. 360. — Cratægus lobata Bosc. Ser. in DC. Prodr. t. IE, p. 628. | Crat. spinosa, ramis villosis deinde glabris ; foliis variis, ramorum pris- corum oblongis lanceolatisve, integris aut apice grosse 3-5-dentalis, horno- linorum ovalibus 5-7-lobatis vel lobalo-incisis, lobis dentatis serralisve, basi cuneatis, breviter petiolatis, subtus pubescentibus ; stipulis deciduis mediocribus integrisque, vel maguis externe plus minusve inciso-serralis, pubescentibus, eglandulosis. Floribus solitariis vel paucis, 2-6, corymbosis ; bracteis inferioribus foliaceis, supernis linearibus, persistentibus ; pedun- (1) Je n'avais pu, lors de la séance de la Société botanique à Lyon, le 27 juin, que noncer ce rapprochement; mais, depuis cette époque, un élément important ee m'a été fourni, grâce à l'obligeance de M. J.-B. Verlot, le savant direc cur du E n des plantes de Grenoble, et de notre très-distingué collègue, M. L abbé Chaboisseau. . ai pu, par leur gracieux concours, dont je ne saurais assez leur témoigner ma MI me procurer des échantillons complets et fructifiés du Mespilus lobata Poir, or smit i Sm.), planté dans le temps au parc Randon, près Grenoble, avec une foule « ar h "A d’arbustes exotiques (T. Chaboisseau, in ditt.). Malgré les dimensions Ne o moau grandes des fenilles, qui offrent également des formes différentes sur un meme ran N et celles du fruit plus gros et plus grisàtre que dans mon hybride, 1a . deux arbustes frappante, surtout si l'on compare les rameaux foliiferes automnaux des M" Verlot et je suis heureux d'ajouter que la croyance à leur identité est partagée par MM. et Chaboisseau. XXIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. culis calycibusque villosis ; floribus sat grandibus ; calycis 5-partiti laciniis mediocribus; petalis 5 æstivatione imbricatis, cochleatis, integris, basi undulatis, albis ; staminibus 20-22, antheris luteis ; disco tenui, mellifluo, lobato ; stylis 1-4, liberis; ovariis 1-4, vertice liberis, villosis; piridio me- dioeri, calice coronato, umbilicato, coccineo plus minusve griseo, glabro; nuculis 1-4, liberis, osseis, sterilibus. Floret ineunte junio. Hab. in sæpibus, prope Saint-Sernin-du-Bois (Saône-et-Loire). Il me reste à examiner la question d'origine de ce Cratægus. Toutes les descriptions du Mespilus Smithii Ser. ou du Crategus lobata Bosc. se terminent invariablement par ces mots : origine inconnue, patria ignota. Il serait bien étonnant que depuis Smith jusqu'à notre époque, le berceau d'une espèce légitime, introduite dans nos jardins, fûl resté ignoré, tandis que le fait s'explique parfaitement pour le cas d'un hybride, qui est tou- jours accidentel, et dont l'origine peut être aisément méconnue. Quant à sa présence à Saint-Sernin-du-Bois, je n'avais pas hésité, lors de mes premiéres constatations, en voyant une souche unique, croissant dans la haie d'un champ, à une distance suffisante de toute habitation pour éloigner l'idée de culture intentionnelle, à en admettre la sponta- néité. Mais plus tard, lors d'une nouvelle visite faite à M. l'abbé Sebille, celui-ci me prévint qu'un propriétaire intelligent de son voisinage, M. Du- vausanvin, auquel il avait montré l'arbuste, lui avait affirmé en avoir remarqué un semblable dans la haie d'un de ses champs, et avoir méme constaté la stérilité de ses fruits. J'explorai la haie qu'on me désigna, et j'y reconnus l'existence de quatre pieds de Crategus évidemment iden- tiques au premier. Or, cette haie se trouve précisément couvrir un talus qui a remplacé l'ancien mur de clôture du jardin du prieuré de Saint- Sernin-du-Bois. Fallait-il donc supposer que ces arbustes y avaient été pri- mitivement plantés, et avaient été delà transportés dans une haie voisine? ou bien au contraire fallait-il considérer l'arbuste isolé comme la souche- mére de tous les autres? À l'appui de la première hypothèse, il eût fallu trouver quelques ren- seignements dans l'histoire du prieuré de Saint-Sernin-du-Bois, et je ne pouvais avoir de meilleur guide que dans M. l'abbé Sebille, l'historien de ce prieuré. Il résulte des longues recherches auxquelles s'est livré M. Sebille, que le prieuré de Saint-Sernin, de trés-ancienne fondation, était depuis longtemps à peu prés ruiné et dévasté, quand son dernier prieur, et le plus marquant de tous, J.-B. Augustin de Salignac-Fénelon, quitta la cour de Louis XV pour venir, en 1745, habiter Saint-Sernin-du- Bois, et épuiser dans ce village obscur les ressources de sa fortune per- sonnelle et de son ardente charité (1). (1) Cf. abbé Sebille, loc. cit., p. 263 et seq. SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. XXV L'introduction d'un arbuste étranger ne pouvait donc pas étre antérieure à l'arrivée de Fénelon dans le pays, etce ne pourrait être que vers cette date de 1745 qu'il aurait pu rapporter des jardins royaux de Paris ou de Versailles quelques plantes ou arbustes rares el curieux, pour orner le jardin du prieuré. Dans les documents remplis de détails souvent minu- tieux, qu'il a compuisés, M. Sebille n'a rien trouvé à cet égard, et il ne semble pas que le pieux et charitable prieur ait songé à sacrifier au luxe d'un jardin peuplé de plantes rares. Si la chose pouvait étre établie, il n'en resterait pas moins toutefois ce fait curieux de l'existence bien constatée de ce Crategus, et de sa propagation, longtemps avant qu'il ait été décrit. Il est une autre considération qui milite en faveur de l'origine aborigène de cet hybride. En examinant les souches des cinq arbustes que j'ai ob- servés à Saint-Sernin-du-Bois, j'ai constaté que le premier- découvert, isolé, avait fait partie d'une haie fort ancienne, aujourd'hui en partie détruite, et que sa souche, trés-forte, très-rameuse, paraissait bien plus vieille que celles des quatre autres. Il ne me semble donc pas trop hasardé de croire que le premier Cratægus est le plus àgé, et est un hybride spon- tané. Lors de la ruine définitive du prieuré de Saint-Sernin-du-Dois et de ses dépendances, le mur de clôture du jardin a disparu ; il est naturel que son nouveau propriétaire ait cherché à se clore, et à planter une haie vive sur le talus qui s'était formé. Par un procédé encore en usage aujourd'hui, il a dû tout simplement prendre dans les haies voisines des rejets de divers arbustes et les planter en ligne pour établir sa haie. La singularité du Crategus oxyacantha-germanica était une raison de plus pour attirer l'attention et en faire choisir les rejets. Cette explication me parait. d'autant plus plausible que de l'examen des autres arbustes, el méme des arbres (Chàtaigniers, Cerisiers) plantés dans la méme haie, il semble résulter que cette haie n'est pas bien ancienne, et que son élablis- sement a dù être postérieur à la ruine du prieuré. Jai done, comme on le voit, quelques raisons d'admettre la spontanéité du Crategus oxyacan- Üa-germanica à Saint-Sernin-du-Bois. Des échantillons de cet hybride sont gracieusement offerts aux membres présents. tsj MM. Faivre et Germain de Saint-Pierre expriment le désir que des sujets vivants de cette plante intéressante soient envoyés au Jardin botanique de Lyon, ainsi qu'à d'autres établissements scien- tifiques, pour en faciliter l'étude, principalement en ce qui concerne l'inflorescence. M. Germain de Saint-Pierre distribue des rameaux fleuris du Myr- tus communis récoltés à Sylvabelle, près Hyères, et. fait la commu- nication suivante sur l'évolution des espèces : XXVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. L'ÉVOLUTION DE L'ESPÈCE VÉGÉTALE ÉTUDIÉE DANS SES MANIFESTATIONS A L'ÉPOQUE ACTUELLE, par M. GERMAIN DE SAINT-PIERRE. Dans une étude remarquable intitulée : La question de l'Espéce et les Évolutionnistes, lue à l'une de nos séances (le 12 mars 1875), notre savant confrère M. l'abbé Boulay a présenté d'intéressantes considérations sur l'important mémoire de M. Ch. Naudin (publié dans notre Bulletin, no- vembre 1874), intitulé : Les Espéces affines et la théorie de l'Evolution, mémoire dans lequel le savant naturaliste se livre à l'examen approfondi de la doctrine développée et appliquée par notre savant, laborieux et consciencieux confrère M. Alexis Jordan, notamment dans ses Remarques sur le fait de l'existence en société à l'état sauvage des Espèces végétales affines (année 1873). Un mémoire des plus remarquables, publié dans la Revue des deux mondes par notre éminent confrère M. J. Emile Planchon (Le morcellement de V Espèce en botanique, septembre 1874), écrit égale- ment en réponse au mémoire de M. Alex. Jordan, avait précédemment apporté une lumière nouvelle sur plusieurs des points en discussion. Je me trouve engagé moi-méme, par mes études sur ces importantes questions, à insister sur quelques-uns des faits relatifs à l Évolution de l Espèce végétale, et à rappeler l'exposé de ces faits que je résumais dans diverses communications faites à la Société botanique de France (1869), el dans une série d'articles publiés dans mon Nouveau Dictionnaire de botanique (1810). Ces articles ont pour titres : Genèse ou naissance du monde végétal. — Génération dite spontanée, ou Protorganie. — Orga- nisme végétal passant à l'organisme animal. — Règne végétal comparé au Règne animal. — Ages du Règne végétal, etc. . Partant de ce principe que l'UNiTÉ est l'attribut essentiel de la souve- raine intelligence qui régit l'univers : Unité de puissance et unité d'action, dans la variété harmonieuse et infinie de la production, — j'ai pensé que l'examen et l'étude de l'état actuel des choses sur notre planète était la marche la plus rationnelle à suivre pour arriver à quelque connaissance de l'état des choses, relativement surtout à notre monde organique, dX époques primitives qui ont précédé l'humanité. L'action de chacune des lois physiques de la nature peut, selon les cir- constances données, se produire lentement et presque insensiblement, ou avec une indomptable énergie et une violente activité ; elle peut, pendant certaines périodes, n'avoir pas occasion de s'exercer, mais elle est tou- jours et partout la méme, et préte à se manifester instantanément, soit dans le cercle des infiniment petits, soit dans le cercle des infiniment grands. Si donc, comme je me crois autorisé à l'admettre, la production du monde organique continue encore de nos jours à se manifester, quelque SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. XXVII faibles qu'en soient les manifestations comparativement à ce qui a pu avoir lieu à d'autres époques, et la période à laquelle nous assistons fåt- elle une période de décroissance voisine de l'épuisement, — l'action, tout affaiblie qu'elle puisse étre, est de méme nature aujourd'hui que pendant les périodes de sa plus grande activité et de sa plus compléte énergie. Les phénomènes actuels de production de corps organisés vivants ou d'évolutions de types spécifiques qu'il peut nous être donné d'observer jettent done un jour éclatant sur les phénoménes analogues qui ont pu se manifester avec plus d'intensité à des époques auxquelles il ne nous a pas été donné d'assister. Deux grands problèmes sont à résoudre : 1° Quel est le point de départ du règne organique? — X Quel a été le mode de production des types génériques ou spécifiques actuels? Il nous est donné de pouvoir encore aujourd'hui contempler le premier tableau de la production du monde organique, tableau si riche en ensei- gnements et devenu accessible à nos yeux à l'aide du microscope, tableau qui probablement, depuis le premier jour oà la puissance créatrice et organisatrice s'y est manifestée, n'a jamais cessé d'étre en scéne! La production d'organismes élémentaires vivants, non-seulement aux dépens de matiéres organiques préexistantes en désagrégation (plasma- gonie de M. Hæckel), mais directement, aux dépens des corps simples constituants (autogonie de M. Hæckel) : l'oxygène, l'hydrogène, l'azote, ete., ou, ce qui revientau méme, des composés de ces corps : l'eau et l'air atmo- sphérique, auxquels peuvent s'ajouter diverses autres substances inor- ganiques : la silice, des sels calcaires, ete.; la production, dis-je, encore Contemporaine de ces organismes élémentaires nous donne, en quelque sorte la clef du grand laboratoire du monde organique ; comme l'an- neau de Saturne, ce précieux et grandiose témoin des opérations cosmo- goniques, nous donne la clef du grand laboratoire planétaire. | C'est à la manifestation de ce phénomène fondamental de production organique primordiale que j'ai attribué la dénomination de protorgante, mot qui exprime un fait en faisant abstraction de toute théorie. | | Le fait de la protorganie comme phénomène contemporain est-il admis- Sible en principe? — A-t-il été expérimentalement démontré? | Ce fait est admissible en principe ; ear, à quelque époque que le régne organique ait été produit (que la production en soit intermittente ou con- tinue), c'est nécessairement dans le règne inorganique que ses éléments constitutifs ont été puisés. La difficulté que l'on veut y trouver dans l'épo- que actuelle eùt été la même à l'époque du premier établissement du monde organique : les mémes causes doivent, en effet, produire à toutes les époques les mêmes effets. — Mais, a-t-on objecté, peut-on faire sortir de combinaisons dont les éléments sont puisés dans le règne imorganique le principe du mouvement volontaire, de la liberté d'aetion, de l'instinct, XXVIII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. du raisonnement, de l'intelligence, ces dons merveilleux répartis à des degrés divers dans l'animalité? — Je me borne ici à répéter que l'on ne saurait assigner de limite d'action ni de durée à la puissance créatrice et organisatrice ; et j'insiste sur le fait capital de la manifestation du mouve- ment volontaire chez des cellules ou des globules protorganisés, en fai- sant remarquer que ce mouvement volontaire spontané, observé chez des organismes élémentaires, correspond à la liberté d'action raisonnée chez des organismes plus compliqués. — « Comment refuser d'admettre, ainsi que je l'ai dit ailleurs, que la grande force éternelle et universelle soit im- puissante aujourd'hui à mettre les parois d'une cellule de matiére orga- nique en vibration sous une influence magnétique, et (de mouvement brownien ou de trépidation en oscillations, d'oscillations en impulsions vagues, puis en impulsions franchement déterminées) à lancer celte cel- lule microscopique, cette monade chauffée au souffle divin, dans le domaine de l'animalité ? » Le fait de la protorganie, comme phénoméne contemporain, a été expé- rimentalement démontré, et les expériences ont été faites dans des condi- tions de précision indiscutables, notamment par le savant et regrettable physiologiste, le professeur Pouchet, de Rouen. Rien u'est plus facile que de répéter et de varier les modes d'expérimentation. L'expérience la plus simple et la plus concluante se réduit à ceci : — Mettre de l'eau pure en contact avec de l'air atmosphérique pur, et en proportions convenables ; cet air et cette eau ayant été chauffés à un degré suffisant pour détruire les germes organiques qui pourraient s'y rencon- trer ; cet air el cette eau contenus dans un vase de verre hermétiquement fermé, mais exposé à des conditions voulues de lumière, de chaleur et d'électricité, pendant les saisons chaudes de l'année. Si, au lieu d'étre faite en vase clos, l'expérience est faite à l'air libre, les phénoménes de la production sont beaucoup plus rapides, en raison, sans doute, de l'action utile de l'électricité, action probablement entravée si l'expérience est faite dans un flacon de verre. — Mais cetle expérience à l'air libre est regardée par les adversaires de la protorganie comme non démonstrative, en raison de la possibilité du transport de germes orga- niques par l'air extérieur. A cela on peut répondre que les productions organiques primitives, qui se développent dans l'eau et meurent à l'air libre, n'ont point probablement leurs germes dans l'air; les courants d'air pourraient seulement apporter des poussières de détritus organiques, el, dans ce cas, l'expérience appartiendrait à un second degré, la plasma- gonie, au lieu d'appartenir au premier degré, l'eutogonie. — Il est éga- lement vrai de dire que, si, au lieu d'employer l'eau pure, on emploie une infusion de substances végétales, également chauffée à une température où tous les germes vivants possibles aient été détruits ; en d'autres termes, si l'expérience, porte non sur l'autogonie, mais sur la plasmagonie, les SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. XXIX résultats en sont beaucoup plus rapides et infiniment plus variés et plus abondants. Si ces expériences réussissent dans nos laboratoires, il est à penser que la méme action s'opére en grand dans le vaste laboratoire de la nature, et que ce grand acte de production et de transformation de substance orga- nique joue encore, à notre époque, un rôle considérable dans le maintien de notre monde organique. Dans les conditions d'autogonie (l'expérimentation avec l'eau pure), nous assistons à la production de globules de matière verte, première mauifes- lalion du règne organique végétal, et à la production de certains animal- cules microscopiques très-simples, sortes de globules (quelquefois de forme non déterminée et changeante) doués de mouvements volontaires, première manifestation du règne organique animal. À l'objection d'expériences contradictoires, qui ont été faites par des mains non moins exercées et avec une égale précision, expériences qui n'ont abouti qu'à un résultat négatif, — nous répondrons qu'un fait négatif ne saurait infirmer un fait positif: nous ajouterons que, si les expériences des divers expérimentateurs, et à résultats contradictoires, eussent été faites exaetement dans les mémes conditions, elles eussent, sans aucun doute, produit le méme résultat, soit positif, soit négatif. Mais n'est-il pas possible que, dans les expériences négatives, certaines condi- lions indispensables à la réussite aient été involontairement négligées? — J'ai vu, en effet, de vastes flacons d'eau distillée maintenus depuis des années sur les tablettes d'un laboratoire et dans lesquels aucune trace de productions organiques ne s'élait manifestée; mais, dans ce mode d'expérimentation, les influences de lumière, de chaleur, d'électricité et méme de contact avec l'air atmosphérique (qui m'a semblé en petite quantité dans le flacon, relativement au volume d'eau), ont-elles pu suffi- samment s'exercer ? . e. Une communication verbale doit étre rapide, et, tout en insistant ici sur les points essentiels de la question que je me suis proposé de traiter, je ne puis que sommairement en indiquer l'ensemble; je passerai donc immédiatement à la seconde partie de celte dissertation. | Si le fait de la production de protophytes et de protozoatres sans ancêtres autres que les corps élémentaires puisés dans le régne inorga- nique est un fait démontré, il nous reste à pénétrer la grande obscurité qui s'étend sur le mode de production mis en œuvre pour l'établissement des types si divers des espéces innombrables dont se composent les séries végétales et animales. Je me bornerai à insister ici. sur un fait de la plus haute portée, la variabilité, dans une certaine mesure, des plantes depuis longtemps cul- livées, et même la variabilité, dans des circonstances données, chez un grand nombre d'espèces non soumises à l'influence de la culture : varia- XXX SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. bilité dans la forme, dans la couleur, dans la consistance, dans la dimen- sion, dans le nombre et méme dans l'absence ou la présence de certains organes. — Si cette faculté de variabilité est démontrée dans une mesure quelle qu'elle soit, je serai fondé à dire que cette faculté doit pouvoir s'exercer, selon les diverses circonstances déterminantes, à divers degrés, et que, faible aujourd'hui, elle a pu, dans des circonstances différentes et à d'autres époques, se manifester avec plus d'intensité. Les variétés horticoles, plantes alimentaires et plantes décoratives (que la culture en soit plus ou moins récente ou que son origine se perde dans la nuit des temps), sont trés-intéressantes à étudier sous le rapport de leur variabilité actuelle. — Non moins instructive aussi, sous ce rapport, est l'étude des plantes spontanées dites espèces polymorphes, et qui sont sujettes à la production d'espéces secondaires ou de variétés. Telles sont particuliérement certaines plantes rudérales (vivant au voisinage des habi- tations de l'homme et de ses cultures), notamment quelques espèces appar- tenant aux genres : Rubus, Rosa, Sempervivum, Cerastium, Hieracium, Atriplex, Chenopodium, etc. — Ajoutons que, parmi les plantes non poly- morphes, un grand nombre sont de nature à être troublées dans leur développement par les circonstances variées dans lesquelles elles peuvent accidentellement végéter ; ces plantes peuvent donner lieu à des formes secondaires s'éloignant plus ou moins de la forme typique, formes secon- daires désignées dans le langage botanique par les expressions caractéris- tiques : pumilum, nanum, monocephalum, giganteum, pilosum, glabrum, ferox, spinosissimum, decoloratum, album, variegatum, abortivum, et autres. Ces accidents, répétés pendant une série de générations dans des conditions favorables, peuvent, de modifications d'abord légères en modi- fications successivement plus profondes, selon la loi dite de la sélection (si savamment étudiée et démontrée par M. Darwin), produire des races plus ou moins caractérisées et plus ou moins fixes. Au fait de la variabilité des types, si nous ajoutons le fait des traits de ressemblance entre espèces d'un méme genre, nous serons conduits à admettre que des écarts plus ou moins prononcés dans les produits de la génération ont pu déterminer, chez les types spécifiques polymorphes, la production de sous-espéces ou espéces dites affines ; puis, remontant de ces espèces affines, ou sous-espèces, aux espèces linnéennes, des espèces aux genres, des genres aux ordres, etc., nous pourrons, sinon affirmer, du moins admettre logiquement que les premiers types constitués ont pu, par des écarts soit brusques, soit gradués, pendant des séries en nombre indéfini de générations, avoir pour résultats les types du monde végétal actuel. | Je ne pense pas qu'il ait fallu pour cela que la puissance créatrice et organisatrice ait dù faire intervenir les membranes proligères dont parle M. Pouchet, ni faire passer les premières formes, pour arriver aux espèces SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. XXXI actuelles, d'un protoplasma à un protorganisme sans sexe, puis à un méso-organisme, comme le veut M. Naudin ; rien ne vientà l'appui de ces suppositions. M. J.-E. Planchon, qui ne se prononce pas entre les théories rivales du transformisme et de l'immutabilité des espèces, admet comme moi (je cite ses expressions) que « la loi de mutabilité des formes sensibles, le lransformisme, est aussi compatible avec un plan divin que l'est la loi de l'immutabilité » ; j'ajouterai que les lois divines sont toutes immuables, et que l'une de ces lois parait être la transformation incessante de la substance de l'univers, l'évolution des mondes et l'évolution des étres Comme individus et comme espèces. La plupart des types spécifiques généralement admis aujourd'hui peu- vent, il est vrai, étre regardés comme fixés, à quelques oscillations ou variations de formes prés; ces types semblent étre parvenus au dernier terme de leur évolution, et leurs formes arrétées se prétent parfaitement à nos diagnoses et à nos classifications : il n'est pas probable que ces types $'évanouissent en se modifiant profondément daus les générations futures. Néanmoins, si, comme nous l'admettons, ces types spécifiques sont par- venus à leur forme actuelle par voie d'écarts successifs dans les généra- lions antérieures, nous ne pouvons nier que la forme qui leur appartient aujourd'hui ne soit susceptible de se modifier plus tard. Lorsque, dans la série des formes génériques ou spécifiques, nous remarquons des lacunes, nous sommes autorisés à voir dans ces lacunes, Don pas (selon moi) le résultat d'extinctions par épuisement, comme le pense M. Naudin, mais le résultat d'extinctions par destruction violente, notamment pendant la succession des cataclysmes géologiques, — cata- clysmes géologiques et bouleversements de terrains, déplacements des mers et dislocation des continents, que j'invoque en même temps pour expliquer, dans une certaine proportion, la dispersion des espéces. — Uue Cause non moins active de l'extinction de nombreuses espèces végétales e animales sera, dans un temps peut-être peu éloigné, l'extension donnée à la culture dans les diverses contrées du globe, et l'appropriation exelu- Sive des terres aux exigences de plus en plus impérieuses de l'humanité. Les considérations qui précèdent nous conduisent à reconnaitre que les espèces polymorphes qui s'irradient en espèces affines, loin d étre i embarras pour le naturaliste philosophe, lui donnent, en quelque sorte, la clef du mode de production des types spécifiques. | s Nous ne pensons méme pas, en leur attribuant une juste subordination, que les espéces affines soient une. cause d'encombrement dans la classifi- cation ; elles ne causeraient d'embarras et ne produiraient de confusion que si elles étaient cataloguées au même titre que les espèces linnéennes. — Mais, si les botanistes descripteurs consentent, {out en attribuant des noms spécifiques aux espèces affines, à les grouper comme sous-especes, XXXII : SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. c'est-à-dire comme des dépendances d'espèces polymorphes ou typiques ; si, en d'autres termes, on traite les espèces affines, dans l'espéce lin- néenne, comme on traite l'espéce dans le genre, nous ne redoutons aucune complication, méme synonymique. — Il n'y aurait, selon mon expression, pulvérisation de l'espèce, que si les sous-espèces n'étaient pas groupées sous un titre collectif ; or, il est toujours facile de le faire. — C'est ce procédé de simplification et de précision qui concilie l'énumération la plus multiple avec la facilité de l'étude, que M. E. Cosson et mor avons mis en pratique dans notre Flore des environs de Paris, tout en ayant soin d'insister seulement sur les formes nettement caractérisées. Le savant observateur et expérimentateur, M. Jordan, a bien mérité de la science en portant ménfe à son extrême limite le système de la distinc- tion des formes spécifiques les plus délicates, en faisant comprendre et partager l'intérét que présente l'étude des espèces affines, et en en faisant connaitre de nombreuses séries. Ces recherches applicables surtout lorsqu'il s'agit de groupes circonscrits, ont déjà eu pour résultat de faire scruter avec plus de soin et de faire mieux connaitre les richesses de nos flores locales. C'est ainsi que, par les voies les plus diverses, nous contribuons, les uns et les autres, avec un zèle égal, avec une méme conviction, avec un égal entrainement, avec un méme bonheur! — par notre dévouement à nos études de prédilection, — à l’accroissement du trésor des études botaniques, — et que tous sont unis dans un méme et généreux senti- ment : travailler, füt-ce dans le cercle le plus modeste, aux progrés de la science, ce glorieux patrimoine de l'humanité ! Au sujet de cette communication, M. de Seynes fait des réserves relativement à la théorie de la génération spontanée et rappelle en quelques mots les expériences de M. Tyndall. M. Germain de Saint-Pierre répond : Loin de présenter comme jugée d'une manière définitive et en dernier ressort, dans l'un ou dans l'autre sens, cette importante question, je pense que nous ne saurions tous dépenser trop de temps à l'étudier sous tous ses aspects, en répétant les expériences faites et en variant à l'infini les procédés d'expérimentation ; mais j'insiste sur ce point que, méme en admettant que l'air atmosphérique contienne et transporte les germes des protophytes et des protozoaires qui ne se développent el ne vivent que dans l'eau, on supprime aisément cette cause d'erreur d'observation, d'abord par des procédés de filtration, puis en chauf- fant l'eau. et l'air qui servent à l'expérimentation à un degré où tous les germes qui pourraient s’y trouver seraeint complétement désorganisés. SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. xxxIm M. Faivre parle des observations qui se font à Montsouris et dit que, si la question n'est pas encore résolue, les résultats de ces expé- riences sont jusqu'ici contraires à la doctrine de la génération spon- tanée. M. Paillot présente un dessin d'une forme d'Opuntia arborescent, dont il ne connait pas l'espéce. M. Doümet-Adanson y reconnait l'Ópuntia brasiliensis ou O. chi- loensis, cultivé depuis longtemps dans les collections botaniques. Cette espèce, essentiellement arborescente, fait une tige cylindrique, souvent trés-élevée, garnie d'épines assez semblables à celles des Pereskia, et des rameaux latéraux également cylindriques, munis de feuilles plates. M. Des Étangs offre aux membres de la Société des échantillons des espèces suivantes : Potentilla cinerea Chaix. Galeopsis angustifolia Ehr. var. glabra. Hypericum Deselangsii Lamotte. M. l'abbé Chaboisseau présente les excuses de M. Duvergier de Hauranne et de plusieurs botanistes belges qui n'ont pu se rendre à la session. M. Germain de Saint-Pierre présente la photographie d'un Yucca et dun Dracæna qui ont fleuri pour la première fois en pleine terre à Hyères, et fait ressortir la disposition retombante particu- lière de la tige florale de l'un d'eux, le Yucca filifera. NOTE SUR LE DASYLIRION LONGIFOLIUM ET SUR LE YUCCA FILIFERA, par M. GERMAIN DE SAINT-PIERRE. J'ai l'honneur de mettre sous les yeux de la Société les figures photo- | ME ification sraphiques (et les dessins analytiques des organes de Ja fruc i grossis) de deux belles plantes monocotylées qui, cette eut P 'e la première fois fleuri en Europe ; leur floraison a eu lieu en pleine tert dans les jardins d'Hyères (Var). m e comme L'une est le Dasylirion longifolium : cette espèce a été reconnu » e bien déterminée par M. Denis, jardinier chef du Jardin botanique « "m" à qui possède cette plante dans les serres. Ce Dasylirion a MN Hyères, d'abord par MM. Hubert. (1864), puls par M. Gensollen ( , a maison Haage et Schmidt, d'Erfurt. Les deux qui en reçut des graines del panicules M fell . . 1 nvie à 1 S i 5. Les individus qui viennent de fleurir proviennent de ce semis UM Gen- fleuries se sont développées, en mai et juin, dans les jardins ' C T. XXIII. XXXIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sollen et de M. Bernardin de Léoubes. Malheureusement, les fleurs (dont j'ai examiné un grand nombre) sont presque toutes stériles : les anthères contiennent un pollen à grains en partie abortifs (ces grains sont irrégu- lièrement globuleux), et en partie bien conformés (en forme de navette). Quant aux ovaires et aux stigmates, ils sont généralement abortifs, et les ovules ne se montrent qu'à l'état rudimentaire ; chez un trés-petit nombre de fleurs seulement j'ai rencontré des ovules subnormaux. Il est donc peu probable que ces plantes puissent fournir des graines müres. L'autre plante, dont les jardins d'Hyéres et notamment le grand éta- blissement de MM. Hubert renferment des spécimens déjà arborescents, est le Yucca filifera, la plus grande espèce du genre. Un bel individu de cette plante magnifique a fleuri dans le parc de M. le baron de Prailly (juin 1876). La vaste panicule à rameaux rapprochés qui termine la tige est brusquement réfractée, à sa naissance, sur le tronc droit, dressé et simple de la plante, et retombe presque jusqu'à sa base en nappe de grandes fleurs d'un blanc argenté : cette disposition de l'inflorescence distinguerait le Yucca filifera de toutes les espèces congénères. En ce moment, dix à douze capsules (trés-polyspermes) déjà volumineuses se disposent à par- venir à leur maturité (la plupart des fleurs non fertiles, quoique les or- ganes de la fructification en soient en apparence bien constitués, se sont détachées de la tige). Il sera donc possible, grâce aux quelques fruits mürs, de multiplier et de répandre dans nos jardins de la région méridionale et dans nos serres cette belle plante qui était une de nos raretés ; on peut méme avoir l'espoir d'en obtenir, par le hasard des semis, de nouvelles variétés horticoles. M. de Seynes demande si la disposition renversée de la panicule ne serait pas particulière à l'individu et ne constituerait pas une anomalie plutôt qu'un caractère spécifique. M. Germain de Saint-Pierre dit qu'un seul individu ayant fleuri, on ne pourra étre éclairé sur ce point que lors de la floraison des autres spécimens, non moins robustes que celui-ci, qui se trouvent dans les jardins d'Hyéres. M. Germain de Saint-Pierre offre à MM. les membres de la réunion une récolte d'échantillons en pleine floraison du Myrtus communis qui couvre les collines boisées de Sylvabelle, à Hyères, et qu'il a recueillis à l'intention de ses collègues, quelques instants avant son départ d'Hyéres. La séance est levée à trois heures. SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. XXXV SÉANCE DU 3 JUILLET 1876. PRÉSIDENCE DE M. FAIVRE. La séance est ouverte à cinq heures et demie, dans la salle des réunions industrielles, au palais du Commerce. M. Doümet-Adanson, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance publique du 27 juin, dont la rédaction est adoptée. Correspondance : M. Ant. Magnin, un des secrétaires, donne lecture de la lettre suivante, adressée à M. le Président de la session : LETTRE DE M. WELCHE, préfet du Rhône. Lyon, le 28 juin 1876. Monsieur le Président, L'invitation que vous avez bien voulu m'adresser pour la séance solen- nelle d'ouverture de la session tenue à Lyon par la Société botanique de France m'a été remise hier seulement, au retour d'une absence de quel- ques jours. Je désirais vivement assister à cette séance, et je vous prie de vouloir bien être auprès de MM. les Membres du Comité d'organisation l'interprète de mes remerciments et de mes regrets. Agréez, etc. Le Conseiller d'État, préfet du Rhóne, WELCHE. M. Magnin communique également une lettre de M. Grand'- Eury, lui annoncant qu'il a retenu une salle au palais de la Chambre de commerce de Saint-Étienne, pour la séance de clôture qui doit avoir lieu dans cette ville. M. Grand'Eury s'occupe aussi de pré- parer une collection de plantes fossiles qu'il soumettra aux membres de la Société. M. le Président annonce la présentation de M. Mercier, pharma- cien de première classe, rue Condé, 2, à Dijon, présenté par MM. Gillot et Viallanes. Communications : 1* Lecture est donnée par M. Magnin des notes suivantes adres- sées par M. Germain de Saint-Pierre : XXXVI | SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. LA COLLECTION D'ORCHIDÉES DES LATITUDES TEMPÉRÉES, CULTIVÉES DANS LES JARDINS DU CHATEAU D'EU. — FLEURS MONSTRUEUSES, OBSERVÉES DANS CETTE COLLECTION, SUR PLUSIEURS PIEDS D'OPHRYS ARANIFERA SPECULARIA, par M. GERMAIN DE SAINT-PIERRE. Les Orchidées des latitudes tempérées, et notamment nos Orchidées d'Europe, avaient été jugées, aprés quelques essais infructueux tentés par l'horticulture, comme d'un tempérament trop capricieux et comme de mœurs trop indépendantes pour se plier à la domestication et se prêter à la culture. Un illustre ami des sciences, admirateur des beautés et des richesses de la Flore francaise, a voulu démontrer que ces gracieuses habitantes de nos prairies et de nos bois ne résisteraient pas plus que la brillante pléiade des Orchidées tropicalesà une culture basée sur l'observation des procédés employés par la nature ; et que les serres chaudes consacrées à la culture des Orchidées épiphytes, ces merveilleuses habitantes des foréts vierges de l'Amérique du Sud, pourraient avoir pour complément les cul- tures en plein air de nos Orchidées indigènes. L'essai a été tenté dans les conditions les meilleures. De nombreux spé- cimens de chacune des espéces de nos Orchidées d'Europe ont successive- ment été enlevés, avec les précautions convenables, à leurs agrestes localités, et, sous l'aeil du maitre, le soin de leur culture a été confié à un habile jardinier. — La collection, d'abord limitée aux espèces de la Flore française ou d'Europe, fut commencée en Angleterre, il y a plusieurs années ; elle a, depuis, été transportée en France, dans le pare du chà- teau d'Eu, où chaque jour elle s'enrichit d’acquisitions nouvelles, soit en Orchidées d'Europe, soit en Orchidées exotiques des climats tempérés. Ces jolies plantes sont en réalité peu exigeantes; on ne doit cependant les laisser manquer ni d'un air pur, ni d'une nourriture essentiellement végétale empruntée à un sol léger, ni de fines couvertures de mousses ou de feuilles sèches, qui préservent leurs bourgeons souterrains et leurs souches délicates de l'extréme froid en hiver et de l'extrême sécheresse en été. La reproduction par graines des Orchidées de nos climats tempérés ne doit pas être négligée. La texture fine et spongieuse des terrains humides dans lesquels végètent ces plantes délicates (terreaux formés de détritus végétaux, sols tourbeux, et surtout terre de bruyère) se prête parfaitement à la germination des graines microscopiques qui se répandent naturelle- ment, à profusion, autour de la plante-mère, lors de la déhiscence des capsules fructifères. — Ces semis obtenus dans les cultures pourraient, en peu d'années, multiplier abondamment les diverses espèces, et permet- traient de les répandre sans les emprunter à leurs stations naturelles, dans SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. — xxxvi nos jardins paysagers, dont elles embelliraient, les unes les pelouses découvertes, les autres les lieux frais et ombragés. Aujourd'hui, la collection d'Orchidées cultivée au château d'Eu com- prend plus de quatre-vingts espéces ou variélés des latitudes tempérées, la plupart représentées par de nombreux et vigoureux spécimens en pleine voie de prospérité. En voici l'énumération : Aceras anthropophora, hircina, longibracteata ( Robertiana), in- tacta. Orchis papilionacea, Morio (var. cruenta, carnea, alba), longicornu (var. albida), fragrans, ustulata, Hanrii, tephrosanthos (var. car- ned), longicruris, militaris, fusca, pallens, provincialis, pauciflora, mascula, palustris, laxiflora, incarnata, foliosa, latifolia, Lagotis, maculata, quadripunctata, sambucina (var. incarnata), pseudo-sam- bucina. Anacamptis pyramidalis. Gymnadenia albida, odoratissima, conopea. Platanthera bifolia, chlorantha, Hookeri (A) (1). Ophrys fusca, tricolor, lutea, muscifera, Speculum, picta, aranifera, specularia, mammosa, atrata, apiculata, Bertolonii, bombyliflora, api- fera (var. Muteliana), arachnites, Scolopax, tenthredinifera (var. minor). Serapias Lingua, cordigera, pseudo-cordigera. Cephalanthera grandiflora. Spiranthes autumnalis. Listera ovata. Neottia Nidus-avis. Goodyera repens, velutina (2), pubescens (A). Epipactis atrorubens, ensifolia, viridiflora, palustris. Sturmia Loeselii (A). Cypripedium Calceolus, macranthum, japonicum, acaule (A), pubes- cens (A), spectabile (A). Aplectrum hiemale (A). Arethusa bulbosa (A). Les Orchidées à souches bulbiformes (à ophrydo-bulbes) sont en ma- jorité dans la collection, comme dans la nature. Les espèces à souches fibreuses s’y trouvent néanmoins fort bien représentées. Parmi ces plantes à souches fibreuses, quelques-unes ont cependant refusé jusqu'ici de se prêter à la culture : Le Neottia Nidus-avis transplanté parcourt les phases de la végétation de l'année, mais presque toujours la souche périt ensuite. Le Limodorum abortivum transplanté continue quelquefois à végéter, mais la souche ne se conserve pas d'une année à l'autre. — J'ai plusieurs (1) Les espèces dont le nom est suivi du signe (A) sont de l'Amérique du Nord (2) Du Japon. XXXVII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. fois, pour ma part, déraciné avec les soins les plus minutieux cette belle Orchidée, notamment en Provence, dans le pare de Saint-Pierre-des-Horts, où elle croit spontanément par groupes nombreux au milieu d'un entou- rage de Serapias, d'Epipactis, de Cephalanthera, d'Orchis et surtout d'Ophrys à floraison trés-vernale. Je n'ai pu cependant jusqu'ici acquérir de notion positive sur le mode de végétation du Limodorum. Sa souche rameuse et fragile, enchevétrée dans les racines des plantes voisines, est-elle ou n'est-elle pas parasite? le parasitisme expliquerait l'impossi- bilité de conserver indéfiniment les souches transplantées. Des semis suivis avec soin donneraient peut-étre, comme pour le Neottia Nidus-avis, le mot de l'énigme, et la clef du procédé de culture qui doit étre mis en usage. Heureux celui qui réussira ces semis! La culture des curieuses es- pèces à rhizome rameux coralliforme : l'Epipogon aphyllum et le Corallo- rhiza innata, n’a pu encore être essayée (1) (chaque processus charnu de ces rhizomes me parait être un bourgeon rudimentaire susceptible de se développer en tige aérienne). Pendant l'hiver rigoureux et accidenté que nous venons de traverser (4876), les Orchidées à floraison vernale de la collection du château d'Eu commençaient à épanouir leurs fleurs dès les premiers jours de février, les plantes étant seulement abritées par le vitrage des bâches. Le 6 février, je recevais les détails suivants sur les plantes déjà fleuries de la col- lection : « Le moment de la floraison de la plupart des espèces appartenant à la région des Orangers n'est que dans un mois; cependant, plus de trente pieds de l'Ophrys tenthredinifera sont en fleur actuellement, et l'on commence à voir fleurir l'Ophrys tricolor, et les Orchis longicornu var. albida et O. Hanrii. » Le 7 de ce mois de mars, la communication suivante m'était gracieuse- ment adressée à Hyéres, accompagnée de fleurs vivantes cueillies la veille, et à leur arrivée (dans une boite hermétiquement fermée), elles étaient aussi fraiches qu'avant d'avoir été détachées de la tige. « Des phénoménes de monstruosité se sont produits sur trois pieds de l'un des types de l'Ophrys aranifera désigné par Reichenbach sous le nom d'O. aranifera-specularia (ces types sont, vous le savez, excessive- ment variables).... les fleurs monstrueuses qui vous sont envoyées ont été détachées de la tige, sur deux pieds, les fleurs du troisiéme étant à peine ouvertes. » Quelques jours plus tard, la plante se trouvant en pleine floraison, deux des tiges fleuries m'étaient adressées et me mettaient à méme de com- pléter l'observation de ce cas intéressant de tératologie végétale. — J'ai dessiné avec soin les fleurs recues, et j'ai l'honneur de communiquer à (1) Ces espèces sont trop rares, mais on l'essaye sur l'Aplectrum hiemale. SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1870. XXXIX la Société la note suivante et les dessins ci-joints (1), relatifs aux parti- cularités tératologiques que présentent ces fleurs. Le phénomène tératologique dominant chez la plante que nous avons sous les yeux est le dédoublement (ou multiplication) de quelques-unes des parties de la fleur (sépales et pétales, notamment du pétale médian désigné sous le nom de labelle). Ce phénomène de dédoublement coincide ici (comme il arrive assez généralement) avec un état de réduction ou d'avortement de quelques-unes des piéces voisines, soit dans une méme fleur, soit chez des fleurs différentes appartenant à une méme inflores- cence; et cela, en vertu de l'admirable loi naturelle connue sous le nom de balancement ou compensation organique. J'ai souvent eu occasion de démontrer que le phénoméne du dédouble- ment chez les feuilles floraires (organes de la fleur), comme chez les feuilles caulinaires, est une des manifestations du phénomène tératolo- gique général connu sous le nom de fasciation (et mieux expansivilé). Cet état tératologique, lorsqu'il est porté à son maximum d'intensité, se manifeste à la fois dans les axes et dans les feuilles. Les axes tendent alors à la forme aplatie ou rubanée, et sont souvent (par suite d'inégalités de développement) tordus en spirale ou roulés en crosse ; souvent aussi, en se prolongeant, ils se dédoublent par multipli- cation de leur bourgeon terminal, et un seul axe se trouve alors constituer plusieurs axes partiels (complets chacun cependant), disposés parallèle- ment selon un méme plan. — L'une des deux tiges que j'ai figurées présente une tendance prononcée à la fasciation et même au dédouble- ment. Quant aux feuilles caulinaires, elles sont généralement dédoublées laté- ralement, et plus ou moins complétement, en deux, trois ou plusieurs feuilles dont chacune est d'apparence plus ou moins normale (plus rare- ment les feuilles se trouvent multipliées parallélement à leurs faces) ; les feuilles multipliées des tiges fasciées sont généralement disposées en ver- ticilles ou en spirales. — Ici les feuilles caulinaires (représentées par les bractées) sont, les unes à l'état normal, d'autres bifides, ou méme plus ou moins complétement dédoublées en deux, trois, et méme cinq bractées. Cet état de dédoublement qui donne aux bractées de cette Orchidée l'ap- parence de bractées incisées ou multiséquées, semble encore plus bizarre chez une Monocotvlée à feuilles entières rectinerviées, que chez une Dico- tylée à feuilles normalement divisées. Ici ces bractées sont la plupart situées plus bas sur la tige que le point apparent d'insertion des fleurs correspondantes, et cela par suite de la tendance à la fasciation ou défor- mation de la tige. (1) Ces dessins font partie d'une série qui sera probablement publiée plus tard par l'auteur. (Note de M. Germain de Saint-Pierre.) | XL SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Ne pouvant donner une longue description de ces fleurs anomales sans les accompagner de dessins, je signalerai seulement les plus remarqua- bles par l'excès de déformation (augmentation de parties ou suppression): La première tige, subnormale, a des bractées la plupart bifides ou tri- fides. — Une fleur située à l'aisselle d’une bractée trifide offre le sépale latéral gauche bifide, les trois pétales sont normaux. — Uneautre fleur, trés-anormale, à l'aisselle d'une bractée de forme normale, est remarquable par sa symétrie et sa régularité dans sa déformation : elle présente deux sépales supérieurs et deux labelles, chacun de forme régulière et réguliè- rement placés à égale distance de la ligne médiane. La deuxième tige présente l'état de fasciation mentionné plus haut : une fleur extra-axillaire à bractée bifide est de forme trés-bizarre; le sépale supérieur très-élargi est bifide ; des deux sépales latéraux déviés de leur direction, l'un est presque atrophié ; l'autre trés-développé est dirigé verticalement de haut en bas, semble opposé au sépale supérieur, et rem- place comme direction le labelle qui manque complétement dans cette fleur, dont le gynostéme est de forme subcylindrique et où la surface stig- matique est presque nulle; vers la base du gynostéme, quelques points glanduleux d'un rouge vif indiquent la place du labelle absent. — Une autre fleur est à l'aisselle d'une bractée multiséquée à cinq lanières; el une dernière fleur, extra-axillaire, à bractée biséquée, offre un labelle double : ces deux fleurs manquent l'une et l'autre du sépale latéral droit. Fleurs isolées (précédemment détachées des tiges) : — Première fleur, à sépale latéral gauche double, et à pétale médian (labelle) double. — Deuxième fleur, à sépale latéral droit abortif. — Troisième fleur très-irré- guliére : le sépale latéral gauche est double, le sépale latéral droit est abortif, le pétale latéral gauche est double. — Quatrième fleur, très-irré- guliére : le sépale latéral droit manque et le labelle est triple, deux de ces labelles sont de forme subnormale, le troisiéme est incomplet et sépaloide. Dans ces différentes fleurs déformées, les masses polliniques sont sub- normales et les graius de pollen parviennent, en grand nombre, à leur complet développement; il serait intéressant de savoir, en essayant des fécondations artificielles de fleurs normales par le pollen des fleurs mons- trueuses, si les fleurs fécondées produiraient des graines fertiles, et si les plantes qui en proviendraient auraient, par hérédité, une tendance à l'anomalie. FLEUR DOUBLE CHEZ UN ACERAS ANTHROPOPHORA, pr M. GERMAIN DE SAINT-PIERRE. Une fleur monstrueuse observée sur une tige d’Aceras anthropophora de la culture d'Orchidées du chàteau d'Eu m'a été adressée, le 26 mars 1876, et m'est parvenue à Hyères dans un état de conservation parfait. SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. XLI Cette fleur anomale offre un trés-eurieux état tératologique ; le phéno- mène du dédoublement s'y est produit avec plus d'intensité encore que chez les fleurs monstrueuses de l'Ophrys aranifera décrites précédem- ment. Le calice se compose de cinq sépales de forme subnormale; la corolle, de cinq pétales, dont deux labelles de forme et de coloration à peu prés normales, et trois pétales linéaires de couleur verte; il existe deux gynostémes collatéraux de forme subnormale et de dimensions égales. Dans cette fleur à gynostéme double, la symétrie et le nombre ternaire sont remplacés par la symétrie etle nombre quinaire pour le calice et pour la corolle, les piéces de l'un alternant, comme chez une fleur normale, avec les piéces de l'autre. Les cinq sépales sont produits parle dédoublement du sépale médian et le dédoublement de l'un des sépales latéraux, l'autre sépale latéral étant resté normal. Les cinq pétales sont également pro- duits par le dédoublement du pétale médian et par le dédoublement de l'un des pétales latéraux, l'autre pétale latéral étant resté normal. — Mais telle est la régularité de forme et de dimension, et tel est l'espacement régulier des diverses piéces pour chacun des deux verticilles, que l'on ne saurait dire sur laquelle des piéces latérales s'est porté le déboublement, à agi le phénomène de la multiplication; il serait peut-être plus exact de dire que deux sépales et que deux pétales se trouvent représentés par trois, sans attribuer le dédoublement à l'un des deux plutót qu'à l'autre. 2^ M. Ernest Ollivier présente à la Société une espèce d'Ambrosia provenant du département de l'Allier. Cet Ambrosia, que M. Ollivier croit être PA. maritima L., se rencontre depuis une dizaine d'an- nées dans les environs de Moulins. Cette plante, qui ne se trouvait, au début de son apparition, que dans les champs de Trèfle (Trifolium pratense), s'est répandue depuis dans les cultures, les saulées, el au bord des haies, où elle se reproduit de graines müries l'année précédente. L'échantillon placé sous les yeux de la Société a été récolté dans un champ de Pommes de terre. C'est donc une plante introduite, mais bien naturalisée, et qu'on peut considérer comme une acquisition pour la flore de l'Allier. l B | M. Doûmet croit y reconnaitre l'Amórosta maritima ; mais sa fréquence dans l'Allier serait un fait très-curieux : car cette espèce est rare même sur les bords de la mer. C'est peut-être une espece nouvelle ou une plante exotique introduite (1). | M. l'abbé Boullu annonce, à ce sujet, que. M. l'abbé Chanrion (1) La plante de M. Ollivier est en effet Ambrosia maritima, antant qu'on peut juger sur des échantillons sans fruits. (Note du secrétariat.) XLII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. a trouvé, l’année dernière, dans le Beaujolais, entre Lantignié et Durette, une espèce très-voisine, l'Ambrosia tenuifolia (1). 3° M. Cusin donne lecture de la communication suivante : FLORE ADVENTICE A LA TÊTE-D'OR (Lyon), par M. E. CUSIN. Au début de la session, le Président de la Société botanique de Lyon, M. Sargnon, vous a rappelé que la flore lyonnaise touche à celle du Midi et que nous y trouvons quelques espéces méridionales qui se sont implan- tées chez nous depuis un temps plus ou moins éloigné. Il serait bon sans doute de rechercher et de préciser les diverses époques de ces introduc- tions, et de montrer par quels moyens et sous quelles influences elles ont eu lieu. Ce que je veux faire ici, ce n'est pas de soulever le voile du passé, mais placer pour l'avenir un jalon qui peut-étre servira plus tard à inscrire la date d'apparition de quelques espéces nouvelles. Je veux parler d'une flore adventice qui s'est implantée à la Téte-d'Or et dont je prends plaisir à suivre les péripéties. La Société botanique de France a déjà enregistré de semblables docu- ments, il y a quelques années, pour d'autres régions dela France. On dit que ces flores nouvelles ont déjà disparu, au moins en parlie; peut-étre serons-nous plus heureux, gràce à notre climat particulier. En 1872, une exposition universelle avait été organisée à Lyon el installée à la Téte-d'Or, sur le quai qui longe le Rhône en amont de Lyon. Cette chaussée, aprés avoir été occupée pendant deux ans par les bàti- ments de l'exposition, fut rendue à sa destination primitive. C’est une sorte de promenade peu fréquentée, où l'herbe croit surtout à droite et à gauche et d’où elle peut se répandre, d'un côté sur le Parc, de l'autre sur les délaissés du fleuve. C'est à travers cette végétation survenue depuis deux ou trois ans, que l'eil du botaniste est frappé par une végétation insolite, non pas par $a vigueur, mais par les espéces singuliéresqui s'y rencontrentà chaque pas. Il y en a qui appartiennent déjà à notre flore, mais qui trouvent là un habitat exceptionnel; d'autres lui sont étrangéres et appartiennent gé- néralement au midi de la France; quelques-unes enfin sont propres à d'autres contrées, télles que la Hongrie, l'Autriche, le Portugal, etc. L'an dernier j'avais déjà noté quelques-unes de ces apparitions plus ou moins éphéméres, et si alors elles n'ont pas été aussi nombreuses que cette année, cela ne tient pas à des investigations moins suivies de ma (1) Ann. de la Soc. bot." Lyon, 4° année, 1875-1876, p. 40 et p. 86. — Voyez, au sujet de l'introduction dans l'Allemagne et l'Angleterre de l'Ambrosia artemisiæfolia, pris pour l'A. maritima, le Bull. de la Soc. bot. France, 1875, Revue bibl., p. 78. (Note du secrétariat.) SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. XLII part, mais à des apparitions réellement plus abondantes. Ont-elles pour cause les influences météorologiques de cette année ? Ces influences me paraissent cependant semblables à celles de l'année dernière, c'est-à-dire que l'une et l'autre année ont été excessivement pluvieuses. Cela tient-il à ce que ces graines d'espèces méridionales, devenues vieilles, peut-être demandent plusieurs années de séjour en terre pour germer? Je l'ignore. Je constate seulement que le nombre des espèces s'est multiplié jusqu'ici, qu'un trés-petit nombre a disparu, que plusieurs d'entre elles se sont mul- tipliées en étendant considérablement leur aire, notamment le Trifolium resupinatum et le Melilotus infesta. Je continuerai à suivre les péripéties de cette flore adventice dont je donne ici la nomenclature, en la faisant suivre de quelques observations sur la plupart de ces espéces (1) : * Ranunculus Philonotis Retz. Trifolium resupinatum L. (Midi). Glaucium corniculatum Curt. (Midi). — *scabrum L. *Silene oleracea Jord. — squarrosum DC. (Midi). * Erodium subalbidum Bor. — *striatum L. | — malacoides Willd. (côtes maritimes). | Coronilla scorpioides Koch. (Midi). * Medicago denticulata Willd. * Turgenia latifolia Hoffm. — lappacea Lam. (Midi). * Caucalis leptophylla L. — littoralis Rhode (Midi). * Ammi majus L. u — muricata Benth. (Midi). Valerianella truncata DC. (Midi). — Sphærocarpa Boiss. (Midi). * Carduus pycnocephalus L. — striata Bast. (côtes de l'Océan). Phalaris canariensis L. (Midi). Trigonella Besseriana Ser. (Hongrie). |—- paradoxa L. (Midi). Melilotus parviflora Desf. (Midi). * Tragus racemosus Hall. u — infesta Guss. (Corse). Polypogon monspeliense Desf. (Midi). Trifolium barbatum DC. (port Juvénal). | * Eragrostis pilosa P. B. — * elegans Savi. *Scleropoa rigida Griseb. — — isthmocarpon Brot. (Portugal). — loliacea G.G. (sables maritimes). — lappaceum L. (Midi). Vulpia ligustica Link. (Midi). — * Molinerii Balb. Bromus rubens L. (Midi). — pallidum W. et K. (Autriche). — * madritensis L. Le Silene oleracea Bor. est la forme à feuilles étroites et glabres du S. inflata auct. | LU Erodium subalbidum Jord. se trouve abondamment sur la chaussée, mêlé, entrelacé avec l'E. triviale Jord., mais toujours trés-distinct par ses pétales blancs à peine rosés. Les découpures des feuilles paraissent plus fines et plus làches. Ce sont là tous les caractères différentiels que j'ai su constater. | Le Medicago lappacea Willd. se présente avec des fruits dont les cycles sont en nombre trés-variable et passant par les intermédiaires plus ou moins complets de 3 à 5, de sorte qu'il ne me semble pas possible de con- sidérer le M. tricycla et le M. pentacycla comme deux espèces distinctes. Lu ra arti à l > lyonnaise. (1) Les espèces précédées d’un astérisque ( ) appartiennent à la Flore ly XLIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Le Trigonella Besseriana Ser. est tout à fait conforme aux échantillons que Seringe a laissés dans l'herbier de la ville de Lyon et qui proviennent dela Hongrie. Besser lui avait donné le nom de Melilotus procumbens, qui convient trés-bien au port de la plante; le port et les feuilles bien plus étroites, lancéolées, distinguent suffisamment cette espèce du Trigonella cerulea Ser. Le Prodrome signale le T. Besseriana en Podolie australe et en Bessarabie. Melilotus parviflora Desf. Cette plante a déjà plusieurs fois apparu dans le rayon de notre flore. Signalée d'abord par Chabert à la Mouche, elle y a disparu. On ne la rencontre plus aussi au Grand-Camp où je: l'avais indiquée il y a quelques années. Melilotus infesta Guss. Ses fleurs, grandes, d'un jaune intense, en grappe serrée ; son tube calicinalà peine égalantle pédicelle et se rompant sous le fruit; sa gousse ovoide, obtuse, mucronée, à sillons réguliers el arqués; son étendard échancré égalant la caréne; ses ailes bien plus courtes : tous ces caractères distinguent parfaitement cette espèce. Je dois ajouter que l'un des caractéres donnés par MM. Grenier et Godron ne me semble pas exister sur les échantillons que j'ai récoltés, je veux dire l'ab- sence de sillon longitudinal à la commissure supérieure; je trouve un sillon, large, mais ne se prolongeant pas tout à fait jusqu'au sommet de la gousse. Cette plante parait se multiplier de plus en plus dans la localité dont il s'agit. Le Trifolium barbatum DC. est un trés-beau Trèfle blanc jaunàtre. Dans sa Flore francaise, De Candolle a déclaré que cette espéce, récol- tée aux environs de Montpellier, lui avait été communiquée par Salzmann. MM. Grenier et Godron l'ont retranchée de la flore francaise comme ayant été trouvée accidentellement au port Juvénal. Seringe, dans le Prodrome, l'a réunie au T. pannonicum L. J'ajoute enfin qu'il ne faut pas attacher trop d'importance au caractere de folioles aigués ; mes échantillons ont les folioles elliptiques, allongées, obtuses; j'ai trouvé dans l'herbier de Se- ringe des spécimens à folioles obtuses et méme réluses. Le Trifolium pallidum W. et K. est un Trèfle blanc, rosé sur l’éten- dard ; le capitule globuleux est subsessile entre deux feuilles munies de leurs folioles et à stipules trés-dilatées. Je n'ai pu le comparer avec au- cun spécimen d'herbier ; mais je n'exprime aucun doute sur son iden- tité. L'étendard, veiné, échancré au sommet, est plus grand que les autres pétales ; les ailes sont plus grandes que la carène et présentent chacune une oreillette latérale trés-prononcée ; le calice est à tube couvert de poils blanes dressés et à dents subégales subulées, hérissées et une fois plus longues que le tube ; les folioles sont généralement arrondies. Trifolium isthmocarpon Brot. On est singulièrement intrigué à l'aspect de ce Trèfle d'un rose vif qui rappelle, d'un côté le T. fragiferum, d'un autre le T. elegans. Il n'est pas tracant comme le premier, et quelques SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. XLV capitules un peu passés ne montrent aucune apparence de vésication. ll diffère du second par ses fleurs sessiles, bien sessiles, et qui ne se ren- versent pas; les pédoncules d'ailleurs ne sont pas trés-longs. En recher- chant la gousse, on trouve qu'elle se compose de deux lobes superposés, c'est-à-dire qu'elle a un. étranglement au milieu qui justifie pleinement le nom donné à la plante. C'est bien le T. isthmocarpon Brot., du Por- tugal. Je complète ici la description de cette espèce rare : Plante étalée cou- chée, mais non tracante; pétiole court ; folioles obovales, à dents spinu- leuses ; pédoneules plus longs que les feuilles, les uns terminaux, les autres axillaires ; calice glabre, à tube blanchàtre, allongé, 10-nervié, à dents vertes subégales acuminées subulées et égalaut la moitié du tube ; étendard falqué allongé, bien plus grand que les ailés, qui sont plus longues que la caréne. Le Trifolium resupinatum L. a déjà été signalé, par-ci par-là, dans notre région, par divers botanistes et par moi, toujours en échantillons isolés. Sur la chaussée de la Téte-d'Or, on peut en récolter des centuries. C'est un joli Tréfle rouge qui tapisse le sol. Trifolium lappaceum L. et T. squarrosum DC. Je wai rien à ajouter aux descriptions qui en ont été faites. Depuis deux aus je les observe; nous verrons quelle sera leur durée. Le Coronilla scorpioides Koch. avait été signalé dans plusieurs lieux de notre flore, notamment à Villeurbanne ; je ne l'avais jamais rencontré, quoique j'eusse parcouru cette plaine bien longtemps et bien souvent. Il me semble méme qu'il a déjà disparu de la chaussée de la Téte-d'Or, où je l'avais récolté l'année derniére. Le Caucalis leptophylla L. west indiqué, dans notre région, qu'à Vil- lefranche, M. Méhu pourra nous dire s'il existe toujours. Le Valerianella truncata DC. a l'apparence du V. eriocarpa, à cause de la cyme serrée et compacte ; le doute disparait en voyant le fruit, dont la couronne a une tendance à passer à la forme d'oreillette qui rappelle un peu le V. dentata. La Flore française de MM. Grenier et Godron ne l'indique qu'à Montaut, prés Salon, eu Provence. Castagne, dans son Cata- logue des Bouches-du-Rhóne, l'indique à Mariguane, prés Marseille. Le Prodrome le fait originaire de l'ile de Créte. | o. Le Polypogon monspeliense Desf. a une tendance à devenir lyonnais, à l'instar du Phalaris canariensis : déjà plusieurs fois je l'ai rencontre dans les décombres; je l'avais signalé, il y a deux ans, au Grand-Camp. C'est une jolie Graminée du Midi et qui se présente en nombreux exemplaires sur la chaussée. Lu Le Scleropoa loliacea G. G. n'est pas commun dans la localité citée. C'est à M. Guichard que je dois en rapporter la découverte. Dans une visite ultérieure nous n'avons pu le retrouver. XLVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Le Vulpia ligustica Link est remarquable par l'aspect très-divariqué de sa panicule ; cependant sa glume inférieure presque nulle ne permet pas de le confondre avec V. geniculata Link. Ces deux espèces sont d'ailleurs affines, et les auteurs les ont quelquefois confondues sous le nom commun de Vulpia stipoides ; mais c'est à tort. J'avais déjà trouvé le V. ligustica, le 25 juin 1872, à la Téte-d'Or, vers le parc aux Daims ; l'année suivante, le 10 juin 1873, j'avais rencontré au Grand-Camp le V. geniculata. Bromus rubens L. Je n'ai rien à dire de cette espéce méridionale, sinon qu'il me parait incroyable qu'on puisse confondre cette espèce avec le B. madritensis L.; la condensation de sa panicule en plumeau lui donne un facies unique. On remarquera que toutes les espèces que j'ai signalées ici, et qui sont étrangères à notre flore, sont toutes des plantes annuelles. Si l'on se reporte au Prodrome, on devrait faire une exception à l'égard du T. barbatum inscrit. comme variété du T. pannonicum, qui est une plante vivace. Cependant tous les échantillons que je posséde indiquent une plante annuelle. On serait ainsi amené à conclure que le T. barbatum Ser. est une espèce distincte; ce que je vérifierai par des recherches ultérieures. M. Cusin présente ensuite à la Société des échantillons des diverses espéces mentionnées dans la note précédente. À propos du Bromus rubens, M. Doümet-Adanson fait remarquer la différence de coloration que les échantillons récoltés par M. Cusin présentent avec ceux du midi de la France, dont les épillets ont généralement une teinte plus violacée; cette différence provient probablement de la diversité du terrain ou du climat. M. Doümet fait remarquer aussi que le Medicago muricata de la Téte-d'Orest bien plustomenteux que l'espéce du midi de la France. À propos des plantes adventices apparues dans beaucoup de loca- lités depuis quelques années, M. Boullu dit avoir observé dans une prairie : Trirago viscosa Rchb., Hordeum maritimum With., Chrysanthemum Myconis L., Trifolium hybridum L., ete.; toutes ces espèces ont disparu après un an ou deux. M. l'abbé Boullu donne lecture d'un travail sur les Roses du lyonnais : ÉNUMÉRATION DES ROSIERS DE LA FLORE LYONNAISE, par M. l'abhé A. BOULLU. Pendant l'herborisation du 3 juillet 1876, plusieurs membres de la Société botanique de France, émerveillés du nombre et de la variété des Rosiers que nous rencontrigns à chaque pas, m’engagèrent à publier une SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. xXLvI liste générale de ceux de la flore lyonnaise. C’est pour satisfaire à leur demande que j'ai rédigé cette énumération. Quelque longue qu'elle pa- raisse, elle est cependant fort incomplète : il ne m'a pas été possible d'explorer toutes les localités avec le méme soin que les environs de Lyon; d'ailleurs, faute de documents suffisants ou de termes de comparai- son, j'ai dü provisoirement laisser de cóté une foule de formes intéres- santes, peut-étre déjà décrites ou qui mériteraient de l'étre. Je me bornerai à donner les diagnoses d'un petit nombre que j'ai observées avec beaucoup d'attention depuis huit ou dix ans. Il est sans doute des botanistes qui blàment les travaux qui depuis un quart de siécle ont décuplé le nombre des Rosiers, et qui regardent comme de simples formes ce que l'on a élevé à la dignité d'espéces; mais ces travaux, méme dans ce systéme, ne seraient pas inutiles, puisqu'ils aide- raient à délimiter plus exactement l'aire des espèces restreintes. Observations. — La circonscription de la flore lyonnaise embrasse les départements de l'Ain, du Rhóne et de la Loire ; dans celui de l'Isére, on s'étend jusqu'au. massif de la Chartreuse et l'on y renferme les arrondis- sements de Vienne et de la Tour-du-Pin. Mais, sauf de rares excursions aux limites extrémes, je m'attacherai surtout au voisinage de la ville de Lyon. Le territoire lyonnais, si riche sous le rapport botanique, est surtout remarquable par la quantité des Rosiers qui y croissent. La plupart des sec- lions de ce beau genre y comptent de nombreuses espèces; et, si jusqu'à présent les Cinnamomées et les Églantéries n'y ont pas été découvertes d'une manière bien certaine à l'état spontané, la section des Gallicanes, dont les stations sont si rares en France, s'y trouve en revanche large- ment représentée. Il existe autour de Lyon des localités privilégiées, où, sur un espace restreint, il est plus facile de récolter une ample moisson de Roses qu'on ne le pourrait ailleurs en parcourant une vaste étendue de pays. Là, depuis la seconde quinzaine de mai jusqu'aux premiers jours de juillet, on voit sur les haies, aux bords des champs et des bois, s'épanouir les fleurs d'une foule d'espéces qui charment les yeux du passant, mais soumettent à une rude épreuve le botaniste qui se donne la tàche deles classer. Dans l'ordre de la floraison, les premières sont les canines glabres ou pubescentes, nues ou hispides, aux fleurs généralement assez pàles ; bientôt aprés viennent les tomenteuses, les rubigineuses : à celles-ci succèdent les glan- duleuses aux teintes éclatantes, puis les synstylées, et enfin les gallicanes aux larges corolles à la fois si brillantes et si parfumées. k En dernier lieu apparaissent de nombreuses formes classées parmi les gallicanes, mais que leur pollen atrophié et leur fructification nulle ou irrégulière font regarder à bon droit comme des produits de l'hybrida- tion, En effet, le pollen, étudié au microscope, na le plus souvent laissé XLVIII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. voir, selon les prévisions de M. Crépin de Bruxelles, que des grains dépourvus de favilla. La fructification y est à peu prés nulle, et, si dans les étés humides les fruits s'y montrent assez abondants, ils se dévelop- pent d'une facon fort irréguliére : les uns sont déjà pulpeux que les autres sont encore verts ou méme à peine formés ; en outre, sur le méme pied ils prennent fréquemment des formes diverses. Cela n'est-il pas le résultat de la fécondation artificielle ? Quoique la plupart des Rosiers croissent indifféremment sur tous les terrains, il est cependant plusieurs espèces qui semblent préférer une nature de sol à une autre. Ainsi jusqu'à présent ce n'est que sur le terrain calcaire que j'ai rencontré le Rosa Pouzini Tratt., tant au Mont-d'Or lyonnais qu'à Crémieux (Isère) et autour de Grenoble. Certaines espèces de la sous-section des sépiacées, Rosa lugdunensis Deségl., Rosa che- riensis Deségl., Rosa virgultorum Rip., sont bien plus abondantes sur ce méme terrain que sur le terrain siliceux. C'est le contraire pour les glan- duleuses : toutes se rencontrent autour de Lyon sur le terrain siliceux et une seule sur les terrains calcaires. La nombreuse section des gallicanes, qu'on ne signale que par exception sur le calcaire, parait se plaire surtout dans les terrains à sous-sol siliceux et imperméable. Il est facile de le constater à Lyon, à Saint-Lager, à Vienne, et méme, s'il m'en souvient bien, au bois de Veyrier, prés de Genève, où croissent deux ou trois espèces de cette section. Si dans un sol de cette nature la présence du fer se manifeste dans des proportions notables, comme à Tassin, Charbonnières et dans les localités environnantes, alors ce ne sont pas seulement les gallicanes qui s'y produisent en abondance, mais encore les espéces de Ja plupart des autres sections. Les terrains où la couche d'argile est trés-profonde sont les moins favo- rables : on n'y rencontre presque pas de Rosiers à l'état de sous-arbrisseaux, mais seulement des espéces aux tiges robustes et élevées. Ces observations sur les terrains où croissent les Rosiers, je ne prétends pas les généraliser ; elles sont tout à fait locales et ne se rapportent qu'aux slations que j'ai le plus explorées. Si elles sont contredites par des obser- vations faites en d'autres lieux, je n'en serai pas moins heureux d'avoir appelé l'attention des botanistes sur cette question. Dans l'énumération qui suit, les localités qu'aucun signe n'aecompagne sont tirées des flores lyonnaises ; je n'en assume pas la responsabilité. Je fais suivre du signe (!) celles oü j'ai découvert ou récolté l'espèce, celles d’où je l'ai reçue, et sept ou huit prises dans l'herbier Chabert, que M. Méhu, de Villefranche, a mis gracieusement à ma disposition pendant quelques heures. Je regrette que le manque de temps ne m'ait pas permis de tirer un plus grand parti des richesses que renferme cet herbier, tant pour les localités que pour les formes de Rosiers encore inédites. Les dernières publications de M. Deséglise, dont les travaux ont donné SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. XLIX une si grande impulsion à l'étude des Roses, les Primitie historie Rosa- rum de M. Crépin, l'Énumération des Roses du Valais de M. l'abbé Cottel, sont les guides que j'ai suivis dans la distribution des espèces par groupes ; je leur ait fait de larges emprunts. Section ]. — SYSTYLE. Styles soudés en colonne glabre égalant les étamines. Rosa bibracteata Bastard ap. DC. Fl. Fr. — (RuoxE) Charbonnieres, Chaponost, Messimy, Saint-Christot en Jarret; (Lorre) Montbri- son ; (ISÈRE) Crémieu. — arvensis Hudson (R. repens Scopoli). — — var. d pédoncules hérissés. — Trés-commun. — — var. à pédoncules lisses (R. erronea Rip.). — (RHONE) Tassin à l'Aiga! et à Méginant! Brignais ; (AIN) Colombier du Dugey. Section II. — STYLOSÆ. Styles réunis en colonne plus ou moins saillante. Rosa stylosa Desvaux, Journ. bot. — (RHonE) Tassin! Ecully! Cra- ponne ! Ivour! Brindas! la Téte-d'Or, les Charpennes. — fastigiata Bast. DC. Fl. Fr. — (RuowE) Tassin! Couzon, la Tour de Salvagny, Alix ; (ISÈRE) Charvieux ! — systyla Bast. Bor. Fl. centr. — (RHonE) Tassin! Ecully! Char- bonniéres! Saint-Lager ! (AIN) Villette-sur-Ain! Balan ; (ISÈRE) Villette d'Anthon ! Charvieux ! — Ieucochroa Desv. Journ. bot. — (RHONE) Tassin à Méginant! Po- leymieux, Lacenas. — subisevis Boullu (mss.). — (RnoNE) Tassin à Méginant! Section Ill. — GALLICAN.E. Aiguillons de plusieurs formes ; rameaux plus ou moins chargés d'ai- guillons gréles ou de courtes soies glandulifères ; folioles ovales ou orbi- culaires, plus ou moins coriaces, päles, blanchâtres en dessous; styles libres ou agglutinés, glabres, hérissés ou laineux. A. Styles rapprochés en colonne hérissée ou velue, de la longueur des étamines ou plus courte. Obs. -— Ce caractère doit être étudié sur des fruits bien conformés ; car, sur- tout dans la section des Gallicanes, les styles s'allongent souvent en colonne hérissée quand le fruit doit avorter. T. XXIL D Rosa Rosa Rosa Obs. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. bybrida Schleicher. Cent. 1815; G.G. Fl. fr. — (RuoxE) Tassin à Méginant! Charbonniéres! Grézieu, Dardilly; (Lome) Boën. gallico-repens Boullu (mss.). — (FuroxE) Charbonnières ! Marcy ! Saint-Lager ! repente-gatitea Boullu (mss.) sub R. geminata Rau, Billotia. — (RHONE) Charbonniéres! ineomparabitis Chabert ap. Cariot, 8° édit. — (RHONE) Dardilly! Tassin à Méginant! Saimt-Lager ! arvina Krockeor, FI. Siles. — (Ruoxe) Marcy! Charbonnières, Dardilly. B. Styles libres et glabres. Poliinjana Sprengel. R. conica Chabert ap. Cariot, 5° édit. — (RuoxE) Francheville! Charbonnières ! Saint-Lager ! (Bull. Soc. bot. bely. XV, 240). rhombifolia Doullu (mss.). — (RHONE) Saint-Lager ! €. Styles plus ou moins hérissés. geminata Rau Enum. Ros. — (RnoxE) Tassin! Charbonnières ! Sainte-Consorce! la Tour de Salvagny. Fourræi Deségl. (Descript. de nouv. esp. de Ros. 1813), R. mixta Chabert ap. Cariot (non Tratt.) — (RuoxE) Tassin à Méginant! Marcy ! Charbonniéres ! opacifolia Chabert ap. Cariot, 5" édit. — (IuroxE). Francheville au Gau! Marey ! Saint-Lager! — Dans presque toutes les espèces de Gallicanes énumérées jusqu'ici les fruits avortent ou se développent irrégulièrement. Rosa silvatica Tausch., Deségl. Monogr. Ros. — (Wiroxk) Tassin à Mé- ginant ! Charbonnières ! Saint-Lager ! Dardilly. virescens Deségl. Monogr. Ros.— (RnoxE) Charbonnières ! Fran- cheville! | decipiens Doreau, Fl. centr. 3° édit. -— (Ruoxe) Tassin! Char- bonnières ! Saint-Genis-des-Ollières ! incarnata Miller. Bor. Fl. centr. 3° édit. — (RHONE) Charbon- mères! Tassin ! Rhodani Chabert ap. Cariot, 4° édit. — (RnoNE) Marcy! austriaca Crantz, Deségl. Monogr. Ros. —- (WuowE) Tassin! Marcy ! Charbonnières! Saint-Lager! Chaponost! (Isère) Vienne! mirabilis Deségl. Hé. Soc. acad. de M.-et-L.— (RnoxE) Tassin ! Charbonnières ! Marey! Saint-Lager ! velutinzeflora Ozinon et Deségl. Deseript. de noue. Ros. 1812. - (RHONE) Francheville! Tassin ! Charbonnières! eminens Chabert (/ued.). — (RHONE) Charbonnières, Saint-Lager. SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. LI — Avant que M. Méhu de Villefranche fit l'acquisition de Pher- bier Chabert, cette espèce en avait disparu ainsi que sa diagnose, et toutes. tentatives auprès de leur détenteur actuel pour en ob- tenir communication sont demeurées inutiles. D. Styles laineux. Rosa subinermis Chabert ap. Cariot, Etud. des fl. i édit. — (Ioxk) Dardilly ! Saint-Genis-des-Olliéres ! - galliea L. sp. 704. Deségl. Monogr. Ros. — (Ruoxe) Saiut-Genis- des-Ollières ! Franchevill^! Tassin! Charbonniéres! Marey! Cra- ponne ! Saint-Lager! Alix ; (ISÈRE) Vienne. — pumila L. f. sup. (1781), Deségl. Monogr. Ros. —(RuoxE) Tassin ! Charbonnières ! Marcy! Saint-Lager ! cordata Cariot, Klud. des fl. 5° édit. 18725 R. cordifolia Chabert non Host. R. assimilis Deségl. Descript. de nouv. esp. de Ros. 1873. — (IurosE) Marcy! Tassin à Méginant! — Provincialis Ait Kew., Deségl. Essai monogr. Ros. — (IutoNE) Charbonnières. — ruralis Deségl. Essai monogr. Ros.? — (RnoxE) Craponne! Section IV. — PIMPINELLIFOLLE. Folioles nombreuses, petites, glabres, coriaces, orbieulaires ou ovales obluses, à peu prés semblables à celles des Poteriwn : tube du calice glabre ou hispide ; styles libres; sépales entiers, redressés, persistants. Rosa spinosissima L. sp. 105; Deségl. Essai monogr. Ros.— (AIN) Haut- Bugey ; (Lorre) Pierre-sur-Haute ; (ISÈRE) Chartreuse. — Ozanoni Deséel. Essai monogr. Ros. — (ISÈRE) Chalais ; (AI) foret d'Arvières ! — spreta Deséel. Essai monoyr. Ros. — (MN) Hauteville, à la forét d'Arviéres? — ulpino-pimpincliifolia Reuter Cat. Gon. — (Aix) forêt d'Arvières ! Gex, à la Faucille! Section V. — ALPINE. Folioles nombreuses, ovales-elliptiques, glabres ; tube du calice oblong ou globuleux, glabre ou hispide; sépales entiers, redressés ; styles libres, hérissés ou velus. Rosa alpina L. Deségl. Essai monoyr. Hos.— (Loire) Pilat! Pierre-sur- Haute ! CM; Hauteville! (ISÈRE) Grande-Chartreuse ! — Iagenaria Villars, Fl. dauph. Deségl. Essai monogr. Bos.— (AIN) foret d'Arvieres ; (ISÈRE) Grande-Chartreuse. LIT SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Rosa adjecta Deségl. Descript. de nouv. esp. de Ros. (R. intricata Deségl. non Gren.). — (Loire) Pilat! (ISÈRE) Vararey ! forêt de Gigneux au-dessus de Chalais ! — intercalaris Deségl. Descripl. de nour. esp. de Ros. (R. alpestris Deségl. (non Rapin.) — (ISÈRE) Grande-Chartreuse. Section VI. — MONTANE. Folioles et jeunes rameaux plus ou moins glaucescents ; aiguillons ordi- nairement gréles ; sépales redressés aprés l'antliese ; fleurs le plus souvent d'une teinte foncée. Obs. — Dans toutesles sections du genre Rosa, les sépales peuvent se redres- ser accidentellement quand les feuilles ont été rongées par les chenilles; la séve se portant alors sur les sépales, ils se redressent et deviennent souvent foliacés. Rosa glauca Vill. ap. Loisel. R. Reuteri Deségl. extract. Journ. of Botany. — (RHoxE) Francheville ! (Lorre) Pilat. Obs. — Le buisson de Francheville a les folioles et les fruits plus petits qu'ils ne sont dans les montagnes. Rosa falcata Puget, ap. Deségl. Mém. Soc. acad. de M.-et-L. (RHONE) Chaponost ! — rubrifolia Vill. Dauph. — (Loire) Pilat! Pierre-sur-Haute ; (AIN) Hauteville! (ISÈRE) Chalais ! — enballicensis Puget, Deséel. Descript. de nouv. esp. de Ros. 1864. — (Lorre) Pilat. — fagax Giren. Fl. jur. — (Loire) Pilat, à la Madeleine! — macrodonta Boullu (mss.). — (RHONE) Chaponost, au Garon! Section VIT. — CANINE. La section des Caninæ est caractérisée par des aiguillons vigoureux, larges, dilatés à la base, plus ou moins comprimés, crochus, fortement recourbés ; feuilles glabres, pubescentes ou tomenteuses, jamais glandu- leuses sur les faces; fleurs rose pâle ou blanchàtres, rarement d'un rose vif; divisions calicinales réfléchies, rarement subétalées, toujours promp- tement caduques (excepté R. stephanocarpa et R. frutetorum). A. Lutetiane Crépin. Pétioles glabres ou à peu près; folioles glabres, non glanduleuses sur les nervures secondaires, toutes à dents simples ; pédoncules et réceptacles floriféres lisses. Rosa Lutctiana Lem. R. canina L. sp. — Deségl. Essai monogr. Ros.— Commune partout. — — Var. a. nitens Desvaux ap. Mérat Fl. Par. — (RHONE) Tassin ! SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. LII Couzon! Charbonnieres! (Aix) Gex! (ISÈRE) Charvieux ! Crémieu ! Rosa Lutctiana var. 5. glaucescens Desv. ap. Mérat, Fl. Par.— (RHONE) Craponne ! Tassin! (ISÈRE) Saint-Quentin! — oxyphylla Ripart.— (RHONE) Chaponost! Craponne! Francheville ! — Touranginiana Deséel. et Rip. Essai monogr. Ros. — (Ruoxk) Francheville! Vaugneray ! Saint-Lager! —- sphzeriea Gren. ap. Billot. — (RnoxE) Francheville ! Tassin ! Saint- Laurent-de-Vaulx! (ISÈRE) Verna! Chavanoz! (LornE) Pierre- sur-Ifaute. — ramosissima Rau, Enumer. Ros. — (WiroskE) Tassin, Charbon- nières, Gouzon; (AIN) Villebois; (ISÈRE) Saint-Laurent-de-Mure ! B. Transitorie Crépin. Pétioles glabres ou à peu près; folioles glabres, non glanduleuses sur les nervures secondaires; folioles inférieures des rameaux floriféres à dents plus ou moins composées, folioles supérieures à dents simples ; pédon- cules et réceptacles florifères lisses. Rosa montivaga Deségl. Descript. de quelques nouvelles esp. de fios. 1873. — (RuoxE) Poleymieux! mont Toux! (ISÈRE) Verna! (AIN) Gex! — spuria Puget. Deségl. Descript. de quelques nouvelles esp. de Ros. 1873. — (RnoxE) Charbonniéres! Francheville! Couzon ! — fallens Deségl. Ros. du centr. de la Fr. 1815.— (RuoNE) Franche- ville! Chaponost! Saint-Genis-des-Olliéres ! — globularis Franchet ap. Bor. Fl. centr. 3° édit. — (IuroxE) Fran- cheville (Chabert), Gleizé (Cariot). — sentieosa Acharius in Kongl. Velensk. — (RuoxE) Sainte-Foy ! Couzon ! Dardilly ! — aeiphylla Rau, Enum. Ros. — (WnoxE) Tassin ! Beaunant. €. Bisserralæ Crépin. Pétioles glabres ou à peu prés, rarement un peu velus en dessus ; fo- lioles glabres, non glanduleuses sur les nervures secondaires, toutes à dents composées (1-4 dentieules) ; pédoncules et réceptacles florifères lisses, Rosa Malmundariensis Le]. Fl. Spa : Deségl. Essai monogr. des Ros.— (Ruoxe) Tassin! Ecully! Iseron! (Lome) Chalmazelle; (VN) Ambronay. — squarrosa Rau, Enum. Ros. — (Woxk) Tassin! Francheville ! Charbonnières! Saint-Lager ! (ISÈRE) Vienne ! Crémieu! — — gracilescens Cariot, Elud. des fl. 5° édit. — (RHONE) Poley- mieux ! (ISÈRE) Levrieu (LOIRE) Pélussin ! LIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Rosa Carioti Chabert ap. Cariot, Étud. des fl. 5° édit. — (RnoNxE) Char- bonnières! mont Toux! Tassin! Orliénas! (ISÈRE) Verna! Saint-Alban ! — dumaiis Bechst. R. stipularis Mérat, Fl. Par.— (none) Tassin ! Charbonniéres ! Chaponost! (ISÈRE) Charvieux ! Crémieu ! (AIX) Rossillon. — C. C. C. —- insignis Deségl. Ripart, Ros. du centr. de la Fr.—(RnoxE) Fran- cheville ! Charbonniéres ! la Tour de Salvagny ! Craponne ! — Chaboissæi Gren. Fl. jur. — (RnoxE) Saint-Genis-des-Olliéres! Charbonnières ! (ISÈRE) Verna! — stepbanocarpa Deségl. et Ripart, Descript. de quelques nouvelles esp. de fos. 1813. — (finoxE) Tassin à l'Aiga! — rubescens Ripart, Deségl. Essai monogr. des Ros.— (ISÈRE) Anoy- sin, près Crémieu ! — rubelliflora Ripart ap. Deségl. Essai monogr. des Ros.— (ISÈRE) Chalais, près Voreppe! — opnea Fries, Novitiæ (non Gren.). — (Isère) Chalais, au-dessus de Voreppe! (AIN) Gex. — eladoleia Rip. (mss.) ap. Deségl. Ros. du centr. de la France. — (RHonE) Tassin à Méginant! — oblonga Deségl. et hip. Hos. du centr. de la Fr.— (Ruone) Char- bonniéres! Francheville! pont d'Alai! D. Hispide Crépin. Pétioles elabres ou à peu prés ; folioles glabres, non glanduleuses sur les nervures secondaires (excepté R. Pouzini var. leptoclada), à dents simples où composées; pédoneules plus ou moins hispides glanduleux. 1. Folioles toutes à dents simples. Rosa andegavensis Dast. Essai fl. M.-et-L.— (RHONE) Craponne ! Tas- sin ! Saint-Lager! (ISÈRE) Verna! Saint-Romain! — agraria ilipart ap. Deségl. Ros. du centr. de la Fr.: R. agrestint Rip. olim (non Crép.). — (RnoxE) Francheville ! Craponne ! — Reussclii lip. ap. Deségl. Ros. du centr. de la Fr. — (RHONE) Saint-Laurent-de-Vaulx ! (ISÈRE) Verna! 2. Volioles inférieures bisserrées. Rosa Lemaitræi Rip. (inss.) ap. Deségl. Hos. du (RHONE) Fassin ! (Lorre) Pélussin! — obtusa Deségl. et Ripart, Ros. du centr. de la Fr. — (Wnoxk) Cha- ponost, au Garon! centr. de la France.— SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. LV Rosa Kosinseiana Besser, Enum. Pod. et. Volh. — (RuowkE) Franche- ville ! (Aix) Villette-sur-Ain ! — Suberti lip. (mss), Deségl. Ros. du centr. de la Fr. — (RHONE) Charbonnières! 9. Folioles toutes ou presque toutes bisserrées. * Folioles médiocres, un peu atténuées à Ja base. Rosa Pouzini Tratt. Deségl. Essai monogr. — (RWnoNE) Couzon! Saint- Cyr du mont d'Or! (1) (IsEnE) Verna! le Sappey! — — var. leptoclada Boullu (ISÈRE) le Sappey! — verticillaeantha Mérat. Fl. Par.— (Ruone) Francheville ! ** Folioles grandes, ovales-arrondies, largement arrondies ou en cœur à la base. 7 ` Rosa Aunieri Cariot, Étud. des fl. 4 édit. — (RnoxE) Tassin! Fran- cheville ! Craponne ! — Acharii Bilberg. Deségl. Essai monogr.? — (RnoxE) Charbon- nières ! — Chaberti Cariot, Étud. des fl. 5° édit. —(RnonE) Dardilly! Sainte- Consorce ! Charbonnières. E. Pubescentes Crépin. Pétioles velus ou tomenteux tout autour; folioles plus ou moins pubes- centes, rarement glabres avec la base de la nervure médiane seule pubes- cente, à dents toutes simples, rarement les feuilles inférieures à dents plus ou moins composées ; pédoncules et réceptacles lisses. * Folioles à nervure médiane seule velue. Rosa hispidula Rip. (mss.). — (RHONE) Chaponost! — globata Rip. (mss.). Deségl. Bull. Soc. bot. Belg. XV, 314. — (RHoxE) Craponne. ** Folioles à nervures seules velues. Rosa urbica Léman. Bull. philom.; Deségl. Essai monogr. — (RHONE) Tassin ! Francheville ! Chaponost, Poleymieux ; (ISÈRE) Crémieu; (Lort) Pélussin ; (AIN) Priay. — semiglabra Rip. Deségl. Ros. du centr. dela Fr. — (RHONE) Tas- sin! Francheville ! (ISÈRE) Verna! (AIX) Priay. — hemitricha Rip. (sub R. villosiuscula Rip. in Deseel., n° 81, 2"), (1) Nous nous sommes conformé à l'orthographe communément reçue, parce qu elle distingue. fort bien le mont d'Or lyonnais du mont Dore (ou Dor) d'Auvergne. — V'étymologie réelamerait toutefois l'orthographe Dor, du celtique dor ou dur (eau), qut a formé Dore, Doire, Dordogne, Durance, Adour, ete. (Note de M. Boullu.) LVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Deségl. Roses du centre de la France, p. 44. — (RHowE) Tassin ! Charbonnières! Oullins ! Rosa trichoneura Rip. Deséel. Ros. du centr. de la Fr. — (RHONE) Tas- sin! (ISÈRE) Veyssilieux! Saint-Quentin! Crémieu! la côte Saint-André! — obscura Puget (mss.). — (RHoxE) Francheville ! Craponne (ISERE) Verna! — platyphylla hau, Enum. Ros., Deségl. Essai monogr. Ros. — (RuoxE) Francheville! Charbonniéres! (ISÈRE) la côte Saint- André! — platyphylloides Deségl. Rip. Ros. du centr. de la Fr. — (RHONE) Chaponost! Lacenas! *** Folioles à surface inférieure entièrement pubescente. Rosa dumetorum Thuill. Par. Deséel. Essai monogr. Ros. — (RHONE) Tassin ! Charbonnières ! Iseron ! (Loire) Pélussin ! (AIN) Priay! (ISÈRE) Charvieux! Crémieu! la côte Saint-André ! — obtusifolia Desv. Journ. bot. 1809; Deségl. Essai monogr. Ros.— (RuoxE) Tassin ! Charbonnières ! Craponne! Brindas! — frutetorum Besser. — (RHoNE) Tassin! Craponne! — einerosa Deségl. R. cinerascens Cariot (non Dumortier). — Haies à Chalmazelle (LorrE). -- amblyphylla Rip. Bull. Soc. bot. Belg. XV, 380. Obs. — (RHONE) Sainte-Consorce ! F. Collinæ Crépin. Pétioles pubescents ou tomenteux tout autour, à dents ordinairement simples ; pédoneules velus ou hispidesglanduleux. Rosa corymbifera Borkh. Holz., p. 319; Deségl. Essai monogr. Ros.— (RHONE) Craponne, Beaunant, Charbonnières, la Tour de Sal- vagny (Chabert). — Deseglisei Bor. Fl. centr. 3° édit. — (Ruoxe) Tassin! Franche- ville! Charbonnières ! (ISÈRE) Crémieu! Ville-Moyrieu ! la côte Saint-André ! — triehoidea Rip. Deségl. Catal. des Roses, p. 217. — (RHONE) Chaponost, Saint-Lager! (Isère) Charvieux ! — imitata Deségl. Ros. du centre de la Fr. R. piriformis Deségl. (non Swartz), in Billot.—(Tutoxk) Tassin! Charbonnieres ! Cha- ponost! (IsEnE) Crémieu ! — Levelllei Doullu (mss.).— (RiroxE)Sainte-Consorce ! Francheville ! — collina Jacq. Aust. Deségl. Essai monogr. Ros.— (RuoxE) Tassin ! Charbonnières! Craponne! Alix ! SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. LVII Rosa colina var. & folioles glauques, à fruits subglobuleux. — (Runoxe) Charbonnières ! — — à folioles bisserrées. — (WiroxE) Sainte-Consorce ! G. Tomentellæ Crépin. Folioles plus ou moins pubescentes, rarement glabrescentes, à nervures secondaires parfois un peu glanduleuses, à dents composées ; pédoncules lisses, velus, ou hispides-glanduleux. Rosa tomentella Léman, Bull. philom. 1818; Deségl. Essai mon. Ros. Obs. — Ce Rosa se présente sous plusieurs formes autour de Lyon : l^ Fleurs roses, pédoneules glanduleux. — (RnoxE) Tassin ! 2° Fleurs roses, pédoncules velus. — (ISÈRE) Charvieux! la côte Saint-André ! 3" Fleurs blanches, pédoncules lisses. — (RnoxE) Saint-Romain au mont d'Or! Fleurs blanches, pédoncules velus. — (RnoxE) Charbonnières ! 9" Fleurs blanches, pédoncules hispides-glanduleux. — (RnoxE) Chaponost-le- Vieux ! Couzon! Rosa Friedlanderiana Besser, Enum. Pod. et Volh.; Deségl. Essai mo- nogr. Ros. — (RnoxE) Charbonnières ! Chaponost! — Roffavieri Chabert ap. Cariot, Étude des fl. 5° édition. — (RHONE) Tassin! — fallaciosa Deségl. Bull. Soc. bot. Belg. XV, 3991. — (RHONE) Sainte- Consorce ! — scotophylia Boullu, Soc. bot. deuph. % Bull. — (RuoxE) Ghar- bonniéres! Saint-Genis-des-Olliéres ! — "Timeroyi Chabert ap. Cariot, Étud. des fl. 4° édit. — (RHONE) Francheville! Sainte-Consorce ! 0 CS Section VIII. — GLANDULOSE. l'olioles à dents composées glanduleuses, à nervures secondaires plus ou moins elanduleuses; pédoncules hispides-glanduleux. Rosa trachyphylla Rau, Énum. Ros.: Deséel. Essai monogr. Ros. — (RuoxE) entre Ecully et Dardilly (Chabert). Chaponost ! — Jundziiliana Dess. Cat. Krem.: Deségl. Essai monogr. Ros.—- (Riose) Tassin! Francheville! Charbonnières! Saint-Lager ! — flexuosa Rau, Enum. Ros., Deségl. — (Wok) Charbonnières! Marey! Tassin! Ecully! Mornant! Lavore! (Arx) la Pape, Revrieux. LVII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Rosa Pugeti Bor. (mss.), Deségl. Essai monogr. Ros. — (Ruoxe) Cou- zon! Tassin! Saint-Genis-des-Ollières ! Saint-Lager! Alix (A1N) la Pape; (ISÈRE) Décines au Mollard! Veissilieu! Crémieu. — subolida Deségl. Description de quelques Roses nouvelles (1813); R. terebinthinacea Deségl. non Besser. — (RuoxE) Couzon ! Tassin! Charbonniéres ! Saint-Genis-des-0llières ! — speciosa Deségl. Description de quelques Roses nouvelles (Billo- tia, 1864). — (RuoxE) Tassin à Méginant! Craponne! Charbon- nières! — pseudo-flexuosa Deségl. Ozanon, Billotia, 1864. —- (RuoxE) Char- bonnières, au bois de l'Étoile ! Tassin ! Marey ! — nemorivaga Deségl. Billotia, 4864. — (RuoxE) Charbonnières, au bois de l'Étoile ! Section IX. — RUBIGINOSE. Aiguillons généralement robustes, fortement courbés ou crochus ; fo- lioles à face inférieure entièrement couverte de glandes odorantes; sépales plus ou moins redressés ou persistants. A. Sepiaceæ. Les espèces de ce groupe ont les pédicelles lisses. Rosa sepium Thuill. Par. Deségl. — (RnoxE) Tassin! Couzon! Fran- cheville! (Isère) Verna! la côte Saint-André! (AN) la Pape! -— C.C.C. Obs. — On rencontre à Chaponost (Rhône), et à Saint-Romain-de-Jallionaz (Isère), une forme à folioles presque aussi glanduleuses en dessus qu'en dessous. Est-ce le type de Thuillier ? Rosa agrestis Savi, Fl. Pisan.; Deségl. Essai monogr. Ros. (R. myrti- folia Haller). — (Ruoxe) Chaponost! Ecully! Charbonnières ! (ISÈRE) Balmes-Viennoises (Chabert). — arvatica Puget, Cariot, Étude des fl. 5° édit., p. 196. — (RHONE) Charbonnières! Chaponost! Tassin ! Blacé ; (ISÈRE) Verna! — mentita Deségl. Billotia, 1864. — (RuoxE) Chaponost. — virgultorum Ripart. ap. Deséglise, Billotia, 1864. — (RHONE) Couzon! mont Toux! SaintLager! (Isère) Verna! Leyrieu! mont d'Anoysin ! Lugdunensis Deséel. Essai monogr. Ros. — var. mierocarpa (R. microcarpa Chabert). —(RuoxE) Tassin! mont d'Or lyonnais! (Mx) Vencia! (ISÈRE) Balmes-Vien- noises (Chabert). Verna! | — -— var. macrocarpa — (RHONE) Couzon ! mont Toux ! SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. LIX Rosa Cheriensis Deségl. in Billotia, 1874. — (RuoxE) Tassin! Saint- Genis-des-Olliéres! Orliénas! mont Toux ! — Jordani Deségl. Essai monogr. Ros. (R. graveolens var. nuda, Gren. Fl. jur.). — (Lom) Lupé! Micranthe. Pédicelles hispides-glanduleux ; aiguillons des tiges tous erochus ; rejets stériles plus ou moins flexueux ; styles glabres ou à peu prés ; corolle rose pàle ou blanche ; buisson làche. Rosa micrantha SM. Engl. bot., Deségl. Roses du centre de la France (non DC.); R. nemorosa Lib. in Lejeune, Fl. Spa. — (RHONE) Francheville! Ecully ! Charbonniéres! Saint-Lager! (ISÈRE) Ver- na! Anoysin! — diminuta Boreau in litt. ! R. micrantha Bor. Fl. centr. édit. el 3 (non 8m.); Deségl. Essai monogr.— (RHONE) Iseron, Saint- Lager! Irigny ! (AIN) Reyrieux. — permixta Deségl. Essai monogr. Ros. — (RHoxE) Tassin ! Char- bonniéres! Chaponost! Saint-Alban ! (Arx) Priay! (ISÈRE) Char- vieux! Crémieu! la. côte Saint-André! — septicola Deségl. Essai monogr. Ros.— (RuoxE) Tassin! Chapo- nost! Brignais! Brindas! Couzon! (ISÈRE) Verna! Leyrieu! Veis- silieu! la cóte Saint-André! — Delphinensis Chabert ap. Cariot, Étude des fleurs, 5 édit. — (ISÈRE) Balmes-Viennoises ! (Chabert). — Vaillantiana liedouté (non Bor.); R. lactiflora Deségl. ap. Cariot, Étude des fleurs, 5° édit. — (Ruoxe) Tassin! Charbonnières ! Chaponost! Saint-Romain et Couzon au mont d'Or! — Lemanii Dor. Fl. centr: 3 édit.; Deségl. Essai monogr. Ros. — (RuoxE) Tassin! Charbonniéres! Francheville! Couzon! Saint- Lager ! (ISÈRE) Verna! la côte Saint-André ! C. Suaviæfolie. Aiguillons ordinairement de deux sortes, les uns plus ou moins robustes, courbés, les autres grêles, droits plus ou moins sétacés au sommet des rameaux florifères; rejets stériles roides et droits; pédoncules hispides- glanduleux ; styles velus ou hérissés ; corolles d'un rose vif ; buisson touffu et compacte. Rosa apricorum Rip. ap. Crép. Deségl. Ros. du cent. de la Fr. (R. rubi ginosa auct. pro parte; R. rubiginosa L. Mant. pro parte). — (Iuroxg) Saint-Laurent-de-Vaulx! Francheville! Craponne! Cha- ponost, au Garon! LX SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCF. Rosa umbellata Leers, Fl. Herb. Deségl. Essai monogr. Ros.— (RHONE) Tassin ! Chaponost ! Francheville ! Ivour, Brignais. — eomosa Rip. Deségl. Essai mon. Ros. — (RHoxE) Charbonniéres! Marcy ! Craponne! Saint-Lager! (ISÈRE) Charvieux ! GCrémieu! — echinocarpa Rip. ap. Deségl. Essai monogr. Ros.—(Ruoxe) Saint- Laurent-de-Vaulx ! (ISÈRE) Crémieu ! — rotundifolia Rchb. Deségl. Essai monogr. Ros. — (RHONE) envi- rons de Lyon? (Roffavier). Section X. — TOMENTOSE. Buisson lâche, à tiges stériles longuement arquées au sommet; aiguil- lons assez gréles, peu comprimés à la base, rarement droits; folioles ordi- nairement tomenteuses, quelquefois glabrescentes ; corolle ordinairement d'un rose pàle ; sépales plus ou moins cadues, mais se délachant toujours à la complète maturité et ne vivant pas de la vie du réceptacle florifère. * Folioles simplement dentées, non glanduleuses en dessous. Rosa dumosa Puget ap. Deségl. Révision des Tomentosæ. — (RHONE) Tassin ! Charbonnières ! — pelita Rip. Deségl. Rosiers du centre de la France, p. 69. — (RHONE) Beaunant! Tassin ! Charbonnières ! — cinerascens Dumortier, Fl. Belg. Deségl. Révis. Tom.— (RHONE) Tassin à Aiga ! Ecully ! Marcy! Couzon! (AIN) Villette-sur-Ain' (Lorre) Lavalla ! — mieans Deségl. Ros. du centre de la Fr. (R. velutina Chabert ap. Cariot, Etude des fleurs, 4 édit., (non Clairvaux). — (RHONE) Saint-Genis-des-Ollières à la Garenne ! — Mareyana Boullu (mss.). Bords des bois. —- (RnoxE) Marcy! x olioleg a * Folioles doublement dentées, non glanduleuses en dessous. Rosa properata Doullu, À. precoz Boullu ap. Cariot, Étude des fleurs, 5' édit. (non Lood). — (IiroxE) Beaunant! Craponne ! Franche- ville! Marcy! — tomentosa Sm. Deségl. Essai monogr. Ros. — (RHONE) Tassin ! Charbonnières ! Craponne! (Arx) Priay ! (ISÈRE) Saint-Romain- de-Jallionaz ! — subglobosa Sm. Engl., Descgl. Essai monogr. Ros. — (RHONE) Tassin! Charbonnières! Francheville! (Isère) la còte Saint- André! — dimorpha Besser, Enum. Pod. et Volh., Deségl. Essai monogr- Ros. — (RHOXE) Craponne ! Francheville ! SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1N76. LNI Rosa Andrzeiowskii Stev. ap. Dess. Cat. Krem. : Deségl. Réris. Toment. — (RHONE) Sauint-Laurent-de-Vaulx ! — mollis Smith, Engl. bot., Deségl. Roses du centre de la France. — (ISÈRE) Crémieu! Chalais ! — pseudo-vestita Doullu (mss.). — (RHoxE) Tassin à Méginant ! Nainte-Consorce ! *** Folioles doublement dentées, glanduleuses en dessous. Rosa cuspidatoides Crépin in Scheutz Stud. of de Skand. Arten of Slag Rosa (1872). — — var. leioclada. — (RHoxE) Charbonnières (ISÈRE) Charvieux ! — — eriocladu. — (RuoxE) Charbonniéres ! Francheville ! — earbonariensis Doullu (mss. ). — (RHONE) Charbonniéres ! — fotida Basi. — (ISÈRE) Saint-Romain-de-Jallionaz ! Section XI. — Virros.k. Cette section, qui se reconnait à ses aiguillons gréles et droits, à ses fleurs d'un rose vif, à ses sépales connivents ne se détachant jamais, n'est représentée dans notre circonscription que par : Rosa resinosoides Crépin, R. resinosa Car. 3° édit. — (Lorre) Pilat! Planfoy ! (RHONE) Saint-Genis-des-Ollières ! — var. subnuda (fruits lisses). — (RHONE) Craponne ! — spinuliiolia Dematra, Essai, p. 8; Deségl. Essai monogr. Ros. — (Aix) forét de Mazières ! DESCRIPTION DE QUELQUES ESPÈCES NOUVELLES DU GENRE RONA. Section Stylosæ Crépin. Rosa sUBLEVIS Doullu. Sous-arbrisseau à souches tracantes, àtiges de 1-2 mètres, sarmenteuses, couchées, en disque à la base; rameaux longs, faibles, étalés ; stipules étroites, inermes, rarement pourvues de quelques aiguillons très-courts allongées, pubescentes en dessous, et bordées de glandes fines. à oreillettes dressées, aiguës; pétioles eanalieulés, pubescents, elanduleus, inermes où munis de fins aiguillons en dessous: folioles 3-5, pétiolulées, ovales ou ovales-lancéolées, élargies au sommet, obtuses, les supérieures aiguës, elabres et d'un vert elair en dessus, glauques et pubescentes en dessous, Surtout sur les nervures, à dents arrondies, mucronces, cilites, simples ou LXII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. portant 4-2 glandes ; bractées foliacées à la base du corymbe ; pédoncules 1-3 très-longs, ordinairement munis de quelques glandes brièvement pédi- cellées, et, vers le tiers inférieur, de deux petites bractées purpurines, lancéolées, aiguës, pubescentes et ciliées; tube du calice subglobuleux, lisse ou un peu hispide àla base ; sépales courts dépassant à peine le bou- ton, velus sur les bords, 2 entiers, 3 pinnatifides spatulés au sommet, réfléchis à l'anthése, cadues. Fruit lisse, subglobuleux ; styles de la lon- gueur des étamines, presque glabres, plus où moins agglutinés, s'élevant en colonne d'un cóne tronqué. Fleur assez grande, à pétales trés-minces, largement en cœur, d'un rose clair pàlissaut promptement. Cette espèce, qui semble intermédiaire entre les Stylosæ Crép. et les Gallicanæ, diffère des premières par ses tiges faibles et couchées, des secondes par ses styles presque glabre et agglutinés. Elle se distingue des Systylées par ses styles non soudés, mais simplement agglutinés. Juin. — Tassin, à Méginant (Rhône).— Un seul buisson. Section des Gallicansæ. ROSA GALLICO-REPENS Boullu. Sous-arbrisseau à souches traçantes, à tiges faibles sarmenteuses, à rameaux flexueux, couverts d'aiguillons erochus, forts sur les tiges, plus gréles sur les rameaux où ils sont entremélés de nombreuses soies glan- duleuses; stipules étroites, élargies au sommet, velues-glanduleuses sur le dos, bordées de glandes, à oreillettes dressées aigués; pétioles canali- culés, pubescents, chargés de glandes fines, armés d'aiguillons fins; folioles 5-7, minces, presque sessiles, ovales, arrondies, obtuses, en cat à la base, les Supérieures un peu aiguës, vertes et parsemées de poils apprimés en dessus, glauques et velues en dessous surtout sur les nervures, à dents mucronées ciliées portant 1-2 dents secondaires glanduleuses ; bractées ovales-laneéolées, courtes, longuement euspidées ; pédoncules ordinairement solitaires, assez longs, parsemés de petites glandes pédi- cellées ; tube du calice glabre, ellipsoide, atténué à la base, resserré au sommet; sépales courts dépassant à peine le bouton, 2 entiers églandu- leux, velus sur le dos, 3 pinnatifides bordés de petites glandes, réfléchis, cadues ; disque en cône tronqué; styles hérissés, plus ou moins agglutinés en colonne de la longueur des étamines. Fleur de moyenne grandeur, d'un rose trés-pàle, quelquefois blanche. Fruits mürs subglobuleux, d'un rouge noir, souvent avortés. Juin, haies. — Charbonnicres, Marey-l Étoile (Rhône). Cette forme présente un peu Faspect du R. repens: mais sa fleur rosée, ses styles hérissés, la font distinguer aisément. Elle diffère du R. gentil? par ses folioles non elliptiques et moins fermes, et surtout par ses styles agglullaós en colonne hérissée. SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. LXIII ROSA REPENTE-GALLICA Doullu. Sous-arbrisseau à souches Iraçantes, à tiges de 1",50, assez fortes, char- gées de gros aiguillons coniques trés-courts; rameaux longs flexueux, armés d'aiguillons crochus blanchàtres, entremèlés d'aiguillons sétacés, droits, et de rares soies glanduliferes ; stipules longues, étroites, glabres ou velues, glanduleuses sur le dos et bordées de glandes, à oreillettes dressées, pidées ; pétioles canalieulés, les inférieurs glabres, les supérieurs pubé- rulents, tous chargés de glandes fines et munis en dessous d'aiguillons cus- gréles ; folioles 3-5 grandes, minces, pétiolulées, ovales-arrondies obtuses, en cœur à la base, la supérieure acuminée, d'un vert clair et parsemées de poils en dessus, glaucescentes ou rougesitres en dessous, légèrement velues sur les nervures, à nervure médiane glanduleuse, à dents larges mu- cronées entières ou portant 1-2 glandes; pédoncules 1-3 trés-longs, rou- geàtres, les latéraux et les solitaires munis vers le quart inférieur de deux petites bractées ovales cuspidées, rougeàtres, glanduleuses-ciliées aux bords ; tube du calice violacé, ovoide, lisse, contracté au sommet ; sépales courts, dépassant à peine le bouton, glabres sur le dos, tomenteux au bord, 2 entiers, 3 pinnatifides, tous bordés de glandes, cuspidés au sommet, réfléchis à l'anthése, cadues; disque presque plan; styles hérissés, agglutinés en colonne presque de la longueur des étamines Fleur grande (6-7 centimètres), parfois semi-double, d'un beau rose. Fruit mür, petit, ovoide resserré au sommet, d'un rouge noir. Juin, haies. — Charbonniéres (Rhône). La grandeur et la beauté de ses fleurs la font aisément distinguer du R. gallico-repens: ses styles en colonne hérissée et la forme de ses feuilles, du R. geminata. ROSA RHOMBIFOLIA Boullu. Sous-arbrisseau à souches traçantes, à tiges de 1-2 mètres, gréles cou- chées, entrelacées, à rares aiguillons, les uns robustes, recourbés, les autres fins, presque droits, inclinés, entremélés sur les rameaux florifères de soies glanduleuses ; rameaux florifères verts ou rougeàtres, se redres- sant presque à angle droit: stipules étroites, velues et glanduleuses en dessous, bordées de glandes, à oreillettes étalées aiguës ; pétioles glandu- leux, recouverts d'un tomentum très-court, armés en dessous d'aiguillous fins ; folioles 3-5-7, toutes pétiolées, nerveuses, ovales obtuses, les supé- rieures yhomboïdales acuminées, d'un vert. clair et glabres en dessus, pales et parsemées de longs polls en dessous. surtout. sur les nervures, ciliées au bord, la nervure médiane parsemée de glandes, 4 dents aigurs surchargées de dents secondaires glanduleuses : bractées petites, lancéolées aiguës ou le plus souvent foliacées; pédoncules violacés 1-3 ou en cyme LXIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. trifide, arqués, très-longs, brièvement hispides-glanduleux ; tube du calice vert ou violacé, étroit, allongé, étranglé au sommet, lisse ou à peine elanduleux à la base; sépales cuspidés, dépassant à peine le bouton; 2 entiers, 3 pinnatifides à appendices étroits, tomenteux sur les bords, glanduleux sur le dos, réfléchis à l'anthése, cadues ; corolle assez grande, d'un blane rosé pàlissant promptement, pétales profondément émarginés ; styles libres, Aérissés, courts, s'élevant d'un disque conique. Fruit ellip- soide, atténué à la base, resserré au sommet, d'un rouge noiràtre, avor- lant souvent à la suite des étés secs. Juin. — Vignes de Brouilly à Saint-Lager (Rhône). Obs. — La façon irrégulière dont les fruits se développent pourrait faire soupçonner une forme hybride ; cependant les grains de pollen m'ont paru en bou état. Cette espèce voisine des Rosa geminata et sylvatica, se distingue du premier par ses folioles rhomboïdales à dents aiguës et non à dents arron- dies, mucronées ; du second par ses tiges bien moins aiguillonnées ; des deux par ses tiges gréles et couchées et par son fruit ellipsoide et non subglobuleux. Rosa RHopant Chabert. Souche tracante; tige de 4-6 décimètres, à rameaux verts lisses ou armés de rares petits aiguillons crochus entremélés d'aiguillons droits, et, au sommet, de soies glanduleuses ; pétioles finement pubescents, couverts de petites glandes, peu aiguillonnés en dessous ; stipules étroites, glabres, à oreillettes obtuses et dressées à la base des rameaux, aiguës et diver- gentes dans le haut, ciliées-glanduleuses au bord ; 5-7 folioles pétiolu- lées, ovales-oblongues, arrondies à la base, obtuses ou les supérieures mucronées, doublement dentées à dents ciliées-glanduleuses, d'un vert clair et glabres en dessus, blanchâtres et pubescentes en dessous, à nervure médiane glanduleuse ; bractées foliacées ; pédoncules solitaires, rarement séminés, longs, hispides-glanduleux ; tube du calice petit, arrondi, lisse, alténué à la base; sépales glabres et glanduleux sur le dos, tomenteux en dedans et sur les bords, ciliés-glauduleux ; 2 entiers, 3 pinnatifides à long appendice spatulé égalant ou dépassant la corolle, réfléchis, caducs. Feurs rose incarnat, odorantes; pétales à onglet arrondi ; styles velus, libres, saillants, disque convexe, Fruit lisse, subelobuleux, atténué à la base, d'un beau rouge. Juin. — Marey, Saint-Genis-des-Ollieres (Rhône). (Description de l'auteur légèrement modifiée). SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. LXV Section des Montan:ie. Rosa MacnopoNTA Boullu. Arbrisseau de 17,50, à rameaux courts, peu flexueux ; aiguillons non com- primés, crochus, s'empatant brusquementen disque ovale-arrondi ; pétioles rougeàtres, aiguillonnés en dessous, munis en dessus de quelques glandes et de rares poils à l'insertion des folioles ; 5-7 folioles, pétiolées, vertes en dessus, plus pàles et ordinairement rougeàtres sur le dos et sur les bords, nerveuses, glabres, ovales-lancéolées, aiguës aux deux bouts, à dents pro- fondes, dressées, aiguës, calleuses au sommet ; stipules rougeàtres, glabres, larges, à oreillettes dressées, euspidées, denticulées-glanduleuses ; bractées rougeâtres, ovales-lancéolées ou foliacées ; pédoneules ordinairement soli- taires, lisses, très-courts, cachés par les braetées; tube du calice violacé ainsi que les sépales, lisse, ovoide ; sépales 2 entiers, 3 pinnatifides, gla- bres sur le dos, tomenteux aux bords, à long appendice spatulé égalant la corolle. Pétales roses; styles libres, courts, très-velus ; disque en cône tronqué. Fruit rouge, obovoide, couronné par les sépales persistants. Mai-juin. — Chaponost au Garon (Rhône). Ses folioles dépourvues de glaucescence. en dessous sembleraient devoir l'exclure de cette section ; mais par tous ses autres caractères elle en fait assurément partie. Section des Hispidæ. Rosa Pouzinr Tratt. var. LEPTOCLADA Doullu. Cette variété se distingue du R. Pouzini ordinaire par ses rameaux longs, gréles, penchés, ses folioles ovales-aiguës, portant en dessous, sur les nervures médiane et secondaires, des spinules glanduliféres; ses pé- doneules presque lisses, ses sépales redressés après lanthèse, ses styles Lrès-hérissés. Juin, haies. — Au Sappey (Isère). Serait-ce une espèce distincte appartenant à la sous-section des Sca- brate Crépin? Section des Coliinæ. Rosa LeveiLzet Boullu (1). Arbrisseau de 2-3 mètres, à rameaux dressés, fermes, à aiguillons rares, courts, inclinés, comprimés à la base, dégénérant très-rarementen aiguil- lons sétacés sur les rameaux floriferes ; stipules larges, velues sur le dos à la base, à oreillettes dressées, denticulées-glanduleuses au. sommet; pé- feu le docteur Léveillé. E (1) Témoignage de reconnaissance au savant uiycologiste T. XXIII. LXVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Lioles {omenteux, chargés de glandes, fortement aiguillonnés ; folioles 3-5 rarement 7, pétiolulées, fermes, grandes, or«les-arrondies obtuses au sommet, arrondies ou en cœur à la base, la terminale brièvement acumi- née, vertes et glabres en dessus, glauques en dessous, à nervures blan- chàtres velues, la médiane glanduleuse, à dents ouvertes, mucronées, simples, ou les inférieures portant 1-2 dents secondaires glanduleuses ; bractées velues au sommet, ovales-lancéolées, ziteignant ou dépassant les pédoncules; ceux-ci 1-2, courts, parsemés de petites glandes pédicel- lées ; tube du calice subglobuieux, étranglé au sommet, lisse; sépales 2 entiers, 3 pinnatifides, à peine tomenteux aux bords, terminés par un long appendice élargi, aigu, un peu plus courts que la corolle, réfléchis, cadues ; styles courts hérissés sur un disque plan. Corolle grande, d'un beau rose. Fruits ovoides subglobuieux, d'un rouge foncé. Juin, haies. — Sainte-Consorce, Francheville (Khône). Cette espèce, qui parait voisine du R. macrantha Desp., s'en distingue par ses rameaux floraux ordinairement dépourvus d'aiguillons sétacés, ses folioles plus arrondies, non luisantes en dessus, glauques en dessous, ses pétioles tomenteux et non pubescents, son fruit plus gros, moins ellip- soide, à disque plan non conique, à styles plus courts, hérissés et non velus. Elle diffère aussi du R. scotophylla Boullu, par ses folioles plus grandes, plus arrondies, ni sombres ni luisantes eu dessus, à dents moins composées, par son fruit non ellipsoide, mais subglobuleux, à styles plus courts, à disque non conique. Section des Tomentosæ. Rosa MarcyaAxa Boullu. Arbrisseau à racines traçantes, à tiges de 1 mètre à 1",50, à aiguillons très-allongés, comprimés, presque droits sur les tiges et les branches prin- cipales, lins, droits, longs, entremélés souvent de soies glanduleuses sur les rameaux floriféres ; ceux-ci courts, raides o::à peine flexueux, pubescents ; stipules velues en dessus, tomenteuses, peu glanduleuses en dessous, bordées de glandes, à oreillettes courtes, aiguës, presque droites ; pétioles tomenteux, parsemés de glandes, inermes ou brièvement aiguillonnés ; folioles 5, sessiles, ovules-arrondies, les supérieures aiguës, vertes en dessus, banchätres en dessous, mollement tomenteuses sur les deux faces, à nervure dorsale peu glanduleuse, à dents presque simples, arrondies, mucronées; bractées ovales, cuspidées ox foliacées, velues en dessus, tomenteuses en dessous, ciliées-glanduleuses, n’atteignant pas le milieu du pédoncule ; les pédoneules latéraux porient en outre au-dessus de la base deux petites bractées ovales-lancéolées ; pédoncules 4-3, longs, tres- chargés, ainsi que le tube du calice et le dos des sépales, d'aiguillons sétucés à glandes d'un. rouge noirdtre: tube du calice ovoïde ; sépales à SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. LX VII pointe spatulée, égalant presque la corolle, 2 entiers, 3 pinnatifides à di- visions latérales lancéolées, denticulées, tomenteux en dedans et sur les bords, réfléchis à l'anthése, ensuite étalés sur le fruit et caducs à la maturité. Fleurs assez grandes, d'un beau rose, à pétales profondément émarginés et ciliés à la base ; styles courts, hérissés. Fruitovoide ou sub- globuleux, avortant trés-souvent. Juin; haies, broussailles. — Marcy-l'Étoile (nuper Marcy-les-Roses). Tassin à Méginant (Rhône). LOSA PSEUDO-VESTITA Doullu. Petit arbrisseau de 6-0 décimétres, à tiges faibles, retombantes, armées de longs aiguillons un peu recourbés ; rameaux làches, munis d'aiguillous grèles, presque droits, s'empatant. brusquement en un disque allongé, mélés de soies glanduleuses ; stipules larges, velues et à peine glandu- leuses sur le dos, bordées de glandes, à oreillettes dressées, acuminées, courtes ; pétioles tomenteux surchargés de glandes sessiles ou pédicellées, d'aiguillons crochus et d'autres plus courts, fins, presque droits; folioles 5-7, à nervures trés-saillantes, ovales-elliptiques, aiguës, pétiolulées, vertes ct parsemées en dessus de quelques longs poils apprimés, grisàtresen dessous et velues surtout sur les nervures, la médiane finement glanduleuse, à dents aiguës, dressées, surchargées des deux côtés de dents secondaires glanduleuses; bractées grandes, ovales-cuspidées ou foliacées, pubescentes, bordées de glandes ; les pédoncules latéraux portent en outre au-dessous du milieu deux petites bractéesovales-lancéolées ; pédoneules 1-3, hispides- glanduleux, cachés par les bractées ; tube du calice ellipsoïde, lisse; divisions calicinales 2 entières, 3 pinnatifides, glabres à la base, velues et chargées dàns le haut et sur les bords de soies glanduleuses, terminées au sommet par un long appendice élargi, aigu, égalant la corolle; styles libres, courts, velus. Fleurs de grandeur moyenne, d'un rose vif. Fruit gros, ovoide, longuement atténué à la base, arrondi au sommet, couronné par les sépales dressés non connivents, persistants à la maturité. Mai-juin. — Tassin à Méginant, Sainte-Consorce (Rhône). ROSA CARBONARIENSIS Doullu. Arbrisseau de 17,50 à 2 mètres, à tiges fortes ; rameaux flexueux, etalés; aiguillons rares, longs, recourbés, s'empatant brusquement en disque allongé ; stipules larges, tomenteuses-glanduleuses en dessous, bordées de glandes, à oreillettes divergentes acuminées ; pétioles tomenteux, glandu- leux, inermes ou faiblement aiguillonnés ; folioles 5-7 grandes, coriaces, ovales-arrondies ou en cœur à la base, acuminées au sommet, à nervures blanehàtres, saillantes, d'un vert sombre et velues en dessus, tomen- teuses, cendrées et glanduleuses eu dessous, à dents niucronees sur- LXVIII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. chargées de dents secondaires glanduleuses; bractées lancéolées-aigués, bordées de glandes, tomenteuses en dessous, de moitié plus courtes que les pédoncules; ceux-ci 1-3, garnis d'aiguillons glanduleux inégaux ; tube du calice ovoide, hispide à la base; sépales plus courts que la corolle; 2 entiers, 3 pinnatifides, longuement euspidés, tomenteux aux bords, chargés sur le dos de glandes stipiiées, ciliés-glanduleux, réfléchis à lan- thèse, redressés ensuite et cadues à la maturité; styles courts, libres, velus; disque en cône tronqué. Fruit mùr ovoide, arrondi à la base, res- serré au. sommet. Fleur grande, d'un rose vif, à pétales profondément émarginés. Juin, haies. — Charbonnières (Rhône). Ce Rosa, voisin du R. cuspidatoides Crép., s'en distingue aisément par ses folioles plus grandes, plus sombres, par sa fleur grande et d'un rose rif, par son fruit plus gros, ovoide et non globuleux. A la suite de cette communication, M. Boullu fait passer sous les veux de la Société un certain nombre de Roses nouvelles. M. Doûmet-Adanson saisit cette occasion pour remercier M. l'abbé Boullu, au nom de la Société tout entière, et particulièrement au nom des botanistes qui ont pris part à l'excursion de Charbonniéres, d'avoir bien voulu les guider dans cette localité si riche et leur pro- diguer ses explications pleines d'intérét sur le groupe difficile des hoses. M. Billiet présente des échantillons d’un Festuca provenant des bords de la Sioule, prés Gannat (Allier), et que M. Lamotte a déter- miné comme étant le F. consobrina Timb. NOTE SUR UN FESTUCA TROUVÉ A NEUVIALLE, par M. BILLIET. Je dépose sur le bureau de la Société botanique quelques échantillons d'une Graminée trouvée par un de mes amis, M. Lasnier, inspecteur pri- maire, et moi, sur les rochers des bords de la Sioule, à Neuvialle, prés Gannat (Allier). Cette plante, que sa racine bulbeuse et la disposition de sa panicule nous avaient fait prendre pour le Festuca spadicea L., a été reconnue par M. Lamotte, directeur du Jardin botanique de Clermont-Ferrand, comme devant se rapporter au Festuca consobrina Timbal-Lagrave, publié dans le Bulletin de la Société d'histoire naturelle de Toulouse, t. MI, p. 130. Gelle curieuse espèce, encore peu connue, est. intermédiaire entre le F. spadicea L. et le F. spectabilis Jan., avec lequel MM. Grenier et Go- dron l'auraient confondue dans leurFlore de France (1). (1) Voyez Bull. Soc. hist. nat. Toulouse, IV, p. 182. SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. LXIX Je transcris la description qu'en a donnée notre savant confrère de Tou- louse : « Le F. spadicea diffère du F. consobrina par sa panicule plus étroite, plus courte et plus resserrée, paree que ses épillets sont bien » plus courts et plus condensés et ses pédicelles presque égaux et lisses, » par ses glumes égales, concolores, avec les glumelles qui sont d'un jaune » fauve. Les glumelles ont des nervures plus sailiantes, les fleurs sont en » outre plus petites. Les tiges sont grèles, moins élevées, les feuilles plus » étroites et moins glauques. » Le F. spectabilis Jan. s'en rapproche par l'ampleur de sa panicule ; » mais les fleurs sont encore plus petites, concolores, d'un jaune doré, et la » panicule est d'ailleurs plus longue et plus large. Les pédicelles sont plus y » gréles, plus longs, inégaux et très-scabres ; les glumes sont égales, eon- » colores, les glumelles lancéolées à nervures saillantes. La plante est » très-robuste, à feuilles vertes, aplaties, ne s'enroulant pas. » Le Festuca consobrina Timb.-Lagr. diffère de tous les deux par sa » panieule courte, mais large; les pédicelles sont inégaux, gréles, peu » épaissis au sommet ; épillets de 4 ou 5 fleurs, toutes fertiles, méme celle » qui termine l'axe, qui est plus grêle. Les glumes sont très-grandes, » blanchâtres, et couvrent presque toutes les fleurs; les glumelles sont » fauves, mucronées, purpurines sur le dos à l'état frais, ee qui donne une » couleur particulière à l'épi. Les feuilles sont concaves, glauques en » dessus, fortement striées et vertes en dessous, ce qui est l'inverse dans » d'autres plantes; elles sont plus larges que celles du spadicea, mais » moins que celles du spectabilis, qui, du reste, n'ont pas la même forme. » Toute la plante est parfaitement glauque, les rameaux forts et vigoureux, » mais moins que ceux du spadicea. La souche est la mème, et ces trois » plantes semblent avoir le même mode de végétation. » M. Timbal ajoute que le spadicea ne fleurit qu'eu juillet-août, alors que le consobrina est en fleur dés le mois de mai. N'ayant jamais vu la plante de Toulouse, je n'ai pu la comparer avec celle de Neuvialle ; mais la des- cription ci-dessus convient assez bien à cette dernière, qui à également une panicule assez large, des pédicelles inégaux, des ghunelles fauves, purpurines à l'état frais; les feuilles sont de méme glauques, peu enrou- lées, fortement striées. Les glumes sont également blanchätres, mais moins grandes que dans la plante de M. Timbal-Lagrave. L'époque de floraison est la méme (fin avril et commencement de mai); les fruits sont mürs en juin. Y a-t-il toutefois identité entre les deux plantes? Nagit-il ici d'une véri- table espèce ou d'une simple modification du spadicea, opinion deja émise par M. Duval-Jouve, qui ne considère le consobrina que comme la forme de la plaine du spadicea ? Ne faut-il pas attribuer la floraison. précoce du consobrina des bords de la Sioule à la petite altitude à laquelle il croit (400 mètres), alors que le spadicea vient à 1000 mètres et au-dessus ? LXX SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Je me propose d'étudier ces diverses questions ; en attendant, je main- tiens à la plante de Neuvialle la dénomination qui lui a été donnée par M. Lamotte. M. Des Étangs présente à la Société un grappin d'un nouveau modèle, servant à tirer les plantes aquatiques des profondeurs des fossés et des rivières. M. le Président rappelle que l’excursion au Pilat et à Saint- Étienne aura lieu le lendemain, et lève la séance à sept heures du soir. SÉANCE DU à JUILLET 1976, A SAINT-ÉTIENNE. PRÉSIDENCE DE M. FAIVRE. La séance est ouverte à cinq heures du soir, dans une salle du palais de la Chambre de commerce, rue de la Bourse, à Saint- Etienne, gracieusement mise à la disposition de la Société, sur la demande de M. Grand'Eury. Une nombreuse assistance, composée des personnes de la ville de Saint-Etienne qui s'intéressent aux sciences naturelles, occupait cette salle, dans laquelle M. Grand'Eury avait fait transporter de magnifiques échantillons d'empreintes végétales du bassin houiller stéphanois. M. le Président invite MM. D. Renault, Grand'Eury, L. de Wer- bier, Berland, à prendre place au bureau. M. Ant. Magnin, un des secrétaires, donne lecture du procès-ver- bal de la séance du 3 juillet, dont la rédaction est adoptée aprés une rectification de M. Doümet-Adanson. M. le Président proclame l'admission de : M. MERCIER, pharmacien de première classe à Dijon, présenté à la dernière séance par MM. Gillot et Viallanes. | M. Magnin donne lecture du travail suivant de M. Germain de Saint-Pierre : EXTRAITS DE LA RÉPONSE ADRESSÉE A M, GERMAIN DE SAINT-PIERRE NOUVEAUX DÉTAILS SUR LA CULTURE DES ORCHIDÉES INDIGÈNES. Jai eu l'honneur d'adresser mon rapport précédent (1) à léminent (1) Voyez ci-dessus, p. XXXVI. SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. LXXI créateur de la collection d'Orchidées du parc du château d'Eu, en lui demandant la faveur d'additions ou rectifications destinées à compléter ce mémoire, — Une gracieuse réponse, dont voici des extraits, a été faite à cette Communication : € ...... Je vous remercie infiniment des intéressantes communications que vous venez de m'adresser. Vos dessins de fieurs anormales d'Orchi- dées sont admirables de vérité : je vous les renvoie, ainsi que le mémoire qui les accompagne, et ne puis que vous remercier de faire ainsi connaitre à la Société botanique de France les résultats de mes essais d'éducation. J'ajoute quelques observations qui vous permettront de compléter ce mémoire et d'y consigner ce que huit ans d'expériences m'ont permis d'observer. » Dans votre notice, j'ai marqué du signe A les Orchidées américaines. Jeles ai recues de M. Sergeant, directeur du Jardin botanique de Cam- bridge, prés Boston ; elles n'ont pas encore fleuri, mais sont bien por- tantes et promettent de fleurir cette année. » Voici le résumé de mes observations sur la culture de nos Orchidées des climats tempérés. » Ces Orchidées doivent être mises dans des conditions analogues à celles ou elles sont placées dans leurs localités naturelles. On doit s'ef- forcer de les soustraire aux causes accidentelles qui peuvent troubler leur végétation. On doit éviter de les forcer ou surexciter l'activité de leur végétation, et par conséquent de leur donner plus de chaleur, d'humidité ou de nourriture qu'elles ne sont habituées à en avoir. Tous les essais dans le sens d'une culture tendant à surexciter la végétation de ces plantes ont fait périr les individus soumis à ce régime. » Au point de vue de la culture, les Orchidées indigènes peuvent être divisées en deux sections : 1° les Orchidées à bulbes ovoïdes; 2° toutes les autres. Les premières veulent peu d'arrosage ; il ne faut leur donner de l’eau abondamment que pendant deux périodes : en automne, pendant le développement des feuilles, et pendant la formation de la tige florifére. Aussitôt que la floraison est terminée, l'arrosage doit diminuer, et cesser bientôt complétement. — Aprés la période de végétation annuelle, il faut dépoter la plante et conserver le bulbe comme un oignon de Jacinthe, pour ne le replanter que lorsqu'il commence à entrer en végétalion. » Les Orchidées à bulbes terminés par une ou plusieurs racines réunies, ou à racines charnues, comme les Spiranthes, ou à griffes, comme les Cypripedium, les Epipactis, les Cephalanthera, les Listera, végètent constamment et ont par conséquent toujours besoin d'aliments aqueux. » Le sol dans lequel on cultive toutes les Orchidées doit, avant tout, être parfaitement perméable; la. moindre stagnation d'humidité tue ces plantes. Si je vois une Orchidée dépérir, je n'hésite pas à la dépoter, je nettoie complétement les racines, et presque toujours la plante est guérie. LXXII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. — La seule maladie qui atteigne ces Orchidées, maladie que j'ai observée, méme sur des spécimens à l'état sauvage, est la pourriture. Ce mal atteint quelquefois la tige ; alors je la coupe et, la contagion s'arréte. Plus géné- ralement la pourriture attaque les racines de la couronne, gagne de là le cœur, et flétrit la tige, attaquant souvent le germe de l'année suivante. Pour combattre le mal, au premier symptôme, je dégage la couronne, et je remplace la terre par un mélange de soufre et de charbon pilé. Ce remède, inventé par mon jardinier anglais M. Needle, réussit presque toujours. Si on ne l'applique pas, on voit tomber et pourrir en deux jours les plus belles tiges. » Les accidents dont la culture préserve les plantes sont la pluie, le vent et le soleil. Les Orchidées même les plus méridionales craignent le soleil et souffrent du vent. Quand on les arrose, on doit avoir soin de ne jamais mouiller les feuilles, le contact de l'eau pourrait suffire pour les faire pourrir. — I faut avant tout éviter une atmosphère humide, car sur ce point elles different essentiellement des Orchidées tropicales. — Méme les plantes eueillies dans des marais, comme l'Epipactis palustris, VOrchis palustris, VO. laxiflora, YO. latifolia, prospèrent mieux dans une terre relativement sèche. . » Effets de la culture. — La culture, je puis l'affirmer maintenant, a pour effet direct d'augmenter considérablement les dimensions de la plante en général, et de la fleur en particulier. L'Ophrys bombiliflora, que je cultive depuis sept ans, n'avait que2 ou 3 centimètres de tige quand je Pai recueilli; aujourd'hui il en a 20 ou 25, les fleurs ont doublé de volume ; de méme pour l'Óphirys mammosa que j'ai rapporté de Séville, il y a sept à huit ans. » La stérilisation est pour moi un des principaux éléments de la culture. Elle a un triple avantage: 1° elle prolonge beaucoup la floraison ; les fleurs non fécondées semblent attendre le contact sexuel, et conservent pendant des semaines l'éclat de leur virginité, tandis que la fleur fécondée se flétrit tout de suite; 2^ pendant cette attente la tige grandit et se fortifie ; 3° par l'effet d'une admirable loi de la nature, la plante privée des moyens de reproduction sexuelle en cherche d'autres, et la force qui ne peut se porter dans les organes de la fructification amène fréquemment la multiplication des jeunes bulbes. » Reproduction des Orchidées. — Jusqu'à présent, tous les essais de semis ont échoué, J'ai réussi à multiplier mes spécimens par la voie in- diquée plus haut, dans une certaine mesure. Quelques espèces s'y prêtent naturellement : les Serapias et l'Ophrys bombiliflora donnent générale- ment quatre bulbes par pied ; pour ce dernier Ophrys, les 40 ou 50 spéci- mens que je possede proviennent tous de deux individus que j'ai recueillis et rapportés dans ma poche, il y a sept ans, aux environs de Palerme. Ces Orchidées sout celles dont les jeunes bulbes se forment, non à la cou- SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. LXXII ronne, mais à l'extrémité des processus radiciformes (bulbes pédicellés). Un cas assez curieux s'est présenté dans la culture de l'Aceras longi- bracteata : un pied vigoureux avait perdu ses deux bulbes, ceux-ci ont été plantés à part et ont repris, tandis que la tige couservant la couronne de racines a reformé un nouveau bulbe pour l'année suivante, » J'expérimente en ce moment la reproduction particulière du Neottia Nidus-avis. Il n'est pas exact de dire que la partie souterraine meurt toujours ; j'eu ai visité des centaines de pieds : une fois sur vingt, envi- ron, au lieu de mourir complétement, le centre seul périt, et chacune des innombrables racines (ou productions radiciformes) qui garnissent la souche se noue pour former un nouveau centre de végétation : ces tètes de productions radiciformes bourgeonnantes se développent graduelle- ment, et au bout de deux ou trois ans poussent une tige florifère. J'en ai recueilli à tous les états, je les ai placés dans les meilleures conditions, et je verrai ce qu'ils me donneront. » Je crois que le mode de végétation du Limodorum abortivum est ana- logue et je suis persuadé que ces plantes n'ont rien de parasite. — Quant aux Corallorhiza, je wai pu les observer ; mais j'ai reçu d'Amérique une espèce trés-voisine, l'Aplectrum hiemale : J'en attends la floraison pour cet été ; jusqu'à présent, sur neuf individus, huit sont bien portants. Cette plante n'est donc pas parasite. » Les monstruosités sont certainement favorisées par la culture. Les Ophrys aranifera dont je vous ai envoyé des fleurs doubles, sont chez moi depuis huit ans : la stérilisation, surtout, a dù contribuer à la production de ces phénomènes. » Variabilité des types. — Les types sont, en général, parfaitement fixés; cependant il y a tout un ensemble de types d'Ophrys désigné par Reichenbach comme O. aranifera, specularia, Muteli, atrata, arach- nites, entre lesquels on trouve toutes les nuances et qu'il est à peu pres impossible de classer séparément. Chaque individu ne varie pas d'une année à l'autre (variation que j'ai observée dans l'ürchis longicornu), mais il est presque impossible de trouver deux individus semblables. Ap- partiennent-ils tous à une méme espèce dont le type serait fort élastique, où à plusieurs espèces se croisant à l'infini, grâce à la fécondation facilitée par les insectes? c'est ce qu'il me semble impossible encore de déterminer. Il en est de méme pour les Ophrys fusca, iricolor et mammosa. Tel est le résumé de l'état actuel de mes observations...... » M. Grand'Eury. présente à la Société de beaux exemplaires des fossiles végétaux les plus remarquables du terrain houiller des environs de Saint-Étienne, et donne sur chacun de ces fossiles de nombreuses explications dont le résumé suit : LXXIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SUR LA FLORE CARBONIFÈRE DES ENVIRONS DE SAINT-ÉTIENNE (Loire), par M. GRAND'EURY. Je ferai tout d'abord remarquer : 1^ que la flore carbonifére ne com- prend que des Cryptogames vasculaires et des Phanérogames gymno- spermes, la plupart très-remarquables par un port singulier ou une struc- ture anomale; 2^ que les végétaux du terrain houiller ne font pas partie des genres ni méme des tribus de plantes vivantes, quoique tous parais- sent rentrer dans les classes actuelles; 3° que plusieurs familles de la flore primordiale sont entièrement éteintes; 4° et enfin que beaucoup de types anciens n'ont de rapport qu'avec les plantes aujourd'hui disjointes, parquées en quelques points du globe, rares, affaiblies, bref, en voie d'extinction marquée. | Alors que les Cryptogames actuelles sont généralement herbacées, celles du monde primitif avaient des formes très-amples et un port en arbre qui témoignent également d'une végétation très-active. Le développement foliaire et cortical dans ces plantes exposées à un climat intense, comme chaleur, humidité et lumière, était excessif. Aussi les feuilles et les écorces ont presque à elles seules formé la houille, le bois, en faible pro- portion quantitative, y étant d'ordinaire charbonné et dispersé en tout petits fragments dans la masse, Pendant longtemps on n'a connu de la végétation carbonifère que les empreintes des organes, dont par suile on ne pouvait apprécier que la forme : et il était bien difficile, pour ne pas dire impossible, d'apprécier les plantes dont elles ne reflétaient que l'apparence extérieure. Heureusement on est arrivé à découvrir quelques végétaux conservés avec tous les détails de leur structure anatomique. A Saint-Étienne, on en trouve de pétrifiés dans la silice. Vous voyez ce spécimen de quartz geysé- rien ; il renferme des graines et des feuilles préservées de la désorganisa- lion. Notre gisement parait devoir fournir le moyen d'analyser la struc- lure interne de beaucoup de plantes houilléres. La plupart d'entre vous connaissent sans doute les travaux de M. Brongniart sur les graines silici- liées de Saint-Etienne ; il en a reconnu plus de 20 genres, presque tous nouveaux, dans nos quartz, qui contiennent en outre diverses sortes de fructifications cryplogamiques et des organes floraux parmi une multitude d'autres débris que M. B. Renault, ici présent, se propose d'étudier. . 1 ai rangé sur cette table un certain nombre d'empreintes de Saint- Etienne, représentant les principaux groupes. Je vais vous donner quel- ques explications sur chacune des classes ou familles auxquelles ces fossiles appartiennent. SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1870. LXXV CRYPTOGAMES VASCULAIRES. Je commence par les Cryptogames vasculaires. La grande masse des Cryptogames paléozoiques se rapporte à trois classes générales, savoir : celle des Calamuariées, cele des Filicacées et celle des Sélaginées. . Classe des CALAMARIÉES. La classe des Calamariées se compose d'un grand nombre de genres fossiles et du seul genre vivant Equisetum. Cette classe a joué un très- grand rôle par la variété des formes et le nombre des individus. Les tiges de la plante sont articulées et les faisceaux vasculaires s'entrecroisent aux jointures. Voici un Calamites Suckowii Brongn. : c'est une portion de l'écorce d'une tige que les traits de la surface lient aux Equisetum, dont, de plus, elle partage le mode de multiplication souterraine par rhizome. Seulement, les Calamites étaient. privées de feuilles comme de gaines, et elles poussaient activement sous forme de tiges fistuleuses de 0",05 à 0",15 de diamètre, peu ramifiées. Les Asterophyllites sont des branches caduques ramifiées dans un méme plan, articulées, et munies de feuilles verticillées; ces branches sont in- sérées tout autour de tiges renfermant un noyau calamitoide à l'intérieur. Leurs épis à sporangiophores caulinaires dénotent un groupe disparu sans aucun représentant actuel. Les Annularia, dont voici un spécimen, étaient des herbes flottantes et nageantes à feuilles verticillées, que les fructifications rapprochent des Asterophyllites. Quant au genre Sphenophyllum ici représenté par le Sph. oblongifo- lium Germ., la structure de l'axe et la construction des épis fructifères l'éloignent notablement des autres Calamariées. Classe des FILICACÉES. Il semble, à voir les empreintes de leurs feuilles, que les Fougères du terrain houiller doivent être rapprochées des Fougères vivantes ordinaires. ll n'en est rien : les frondes fossiles rappelant celles d'à présent sont asso- ciées à une structure de tige ou de pétiole et à une fructificalion qu'on ne rencontre que dans les tribus en minorité, telles que les Marattiées, Schizéa- cées, Ophioglossées ; mais, à l'origine, les végétaux de ces groupes étaient gigantesques pour la plupart. La concordance de caractères entre les Fou- gères vivantes et fossiles est limitée à ceux qui dominent de beaucoup les autres, comme la structure de l'axe et celle du sporange. C'est ainsi que dans la végétation houillère il existait des Marattiées arborescentes au port de Cyathea, réunissant ces deux caractères essentiels à des formes aujour- LXXVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. d'hui inconnues dans cette sous-famille. Voici un Pecopteris Schlotheimii Gópp., portant de grosses capsules ligneuses soudées en synangium sans connecticule : c'est une des frondes de Fougères qui ont été portées par des Caulopteris du type Macrodiscus Brong., auxquels se rattachent les Psaronius dont les faisceaux vasculaires forment des baudes repliées dans tout l'intérieur de la tige, comme dans le bulbe des Warattia. Voici maintenant un Odontopteris Reichiana Gut. et des Cyclopteris trichoma- noides Brongn. terminant les ramifications nombreuses d'énormes pétioles organisés comme les pétioles des Angiopteris, mais ayant formé des touffes plus puissantes de grandes frondes trés-subdivisées. Tl y avait aussi, vers la fin de la période houillère principalement, une grande masse de Fou- gères en arbres et en herbes gigantesques alliées aux Marattiées. Les Ophioglossées également avaient. des ancétres remarquables par la gran- deur et la singularité des formes qu'ils affectaient. Les Schizéacées étaient représentées par des massifs herbacés, et les Osmundacées par quelques espèces tracantes, de formes disparues ou de port particulier. Il ne parait pas y avoir eu de véritables Polypodiacées. Classe des SÉLAGINÉES. Telle que l'a instituée Endlicher, cette classe, représentée aujourd'hui par les Lycopodiacées, a revêtu dans les temps primitifs, sous un port arborescent, les formes aussi belles que variées de Lepidodendron, Lepi- dophloios, Halonia, Ulodendron, etc. Cette empreinte élégante est un Lepidodendron Sternbergii Lind., de Rive-de-Gier, où se trouvent quel- ques autres types de Sélaginées et une grande quantité de maerospores. A Saint-Etienne, ces plantes fossiles sont devenues trés-rares, après avoir dominé aux plus anciennes époques de la période carbonifère. PHANÉROGAMES GYMNOSPERMES. Par contre, à Saint-Étienne, vers la fin de cette période, les Gymno- spermes sont arrivées à un grand développement de forme et de nombre, et peut-être occupaient-elles une place aussi importante que les Cryptogames dans les forêts de cette époque, contrairement à une opinion qui règne à l'étranger; les graines sont en effet trés-nombreuses et variées, et il y à parallèlement beaucoup de bois dicotylédonés assez variés. La grande question qui divise les paléontologistes est de savoir si cer- taines tiges à structure dicotylédone, telles que les Sigillaires et méme les Galamodendrées, ne sont pas des Cryptogames supérieures, très-parfaites, que M. Williamson appelle Cryptogames exogènes. M. Brongniart a tou- jours soutenu que la reproduction par spores de ces plantes est trop en contradiction avec la méthode naturelle pour Padmettre à priori et sans SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. LXXVII preuves décisives : la multiplicité des graines qu'il étudiait, lorsque la mort est venu le surprendre, paraissait devoir lui donner raison. Famille des Sigillariées. Celle empreinte vous représente un Sigilleria Brardii Brongn.: elle a gardé fidèlement les insertions foliaires ; cependant le corps ligneus pre- nait de l'épaisseur et grossissait comme celui des Dicotylédones; cest que, comme dans les Cycadées, il restait séparé de l'écorce par une zone épaisse de tissu cellulaire. Aussi, de méme que les Lepidolendron, les Sigillaria poussaient avec leur plein diamètre variant de 0",30 à 1 metre, et étaient couronnés d'un abondant ‘feuillage linéaire ; seulement les Sigil- laires s’élevaient le plus souvent en hautes colonnes simples, tandis que les Lepidodendron se ramifiaient par bifurcations répétées. Et puis les Kigillaires produisaient de temps en temps des verticilles de strobiles, et il y a lieu de croire qu'elles étaient fixées au sol par les Stigmaria, dont voici un échantillon, le Stigmaria ficoides Brongn. J'ai bien vu en effet des tiges de Syringodendron, d'un genre spécial de Sigil- laires, surmontant des souches de Stigmaria assez différents toutefois des Stigmaria ordinaires pour que j'aie cru devoir les en distinguer. Par la Structure de la tige, les Sigillaires ont des rapports importants avec les Cycadées, mais ne sauraient leur ètre identifiées, il s'en faut beaucoup. Famille des Cycadées. La famille des Cycadées parait avoir été représentée par différentes sortes d'empreintes foliaires, telles que les Nüggerathia, rappelant les Zamia, et d'autres feuilles remarquables que je n'ai pas sous la main, pour vous en indiquer les caracteres distinctifs. Ordre des CORDAÏTÉES. Mais j'ai apporté des feuilles simples et des rameaux de plantes qui ont beaucoup de rapports avec les Coniféres : ce sont des débris de Cor- daitées, trés-abondamment répandues dans les bassins houillers du centre et du midi de la France. Ces végétaux, que l'on connaissait à peine, for- ment deux séries, dont l'une, la plus commune, est alliée aux Tasinées. Ils sont intéressants par leur feuillage, leur écorce et leur mode de al de duction; avec un port d'arbres dicotylédones, les branches portale il B grandes feuilles semblables à celles des Yucca. Gette grame, le Car- diocarpus emarginatus Gópp., leur appartient ; elle est organisée conme celle du Gingko biloba. Ces sortes de graines etaient charum a "» au milieu de bourgeons écailleux formant des épis. M. Renau PM dans leurs bourgeons màles des anthères assez analogues à celles « LXXVIII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Gnetum. L'écorce, très-épaisse, a une structure fort singulière, et le bois ressemble à celui des Araucaria. En sorte que par leurs caractères au- jourd'hui séparés, les Cordaitées, qui semblent appartenir à la classe des Conifères, constituent un ordre disparu de plantes trés-élancées et pour- vues d'un feuillage si développé, qu'il faut aller chez les Monocotylédones pour en trouver avec d'aussi grandes dimensions. Famille des Calamodendrées. Je n'ai plus à vous entretenir que d'une famille de végétaux entiérement étrangers au monde actuel, c'est-à-dire de la famille des Calamodendrées. Leurs tiges ont une structure rayonnante très-particulière ; le bois de quelques-unes est formé de lames alternes de fibres vasculaires barrées et de fibres libériennes, traversées les unes et les autres par des rayons médullaires, constants dans toute la famille et formés de cellules plus longues dans le sens de la tige que dans le sens des rayons. L'écorce parait avoir été tantót trés-complexe, tantôt trés-simple. Deux types ont été dis- tingués, celui des Calamodendron et celui des Arthropitys : le premier est ici représenté par une écorce dite Calamites cruciatus; le second, par un troncon ligneux de tige. Le bois est disposé comme le systéme vascu- laire des Calamites; aussi les tiges sont-elles articulées. Les Calamoden- dron s'élevaient en hautes colonnes simples, tandis que les Arthropitys se ramifiaient irrégulièrement et se terminaient par un feuillage astéro- phylloide. Des racines adjuvantes tombaient de la base des tiges terminées par un pivot enfoncé profondément dans la vase des forêts. A ces végé- taux singuliers je suis porté à rattacher les graines ailées ; dans ce cas ils se rapprocheraient des Gnétacées, qu'ils auraient précédées dans le déve- loppement botanique. En résumé, à part les Cordaitées, les Phanérogames carboniferes sont empreintes d'une telle originalité, que l'on peut tenir le sous-embranche- ment des Gymnospermes, qui a constamment joué un grand róle dans toutes les périodes géologiques, comme ayant débuté par des groupes de végétaux. très-remarquables, propres à la période de formation du terrain houiller; car ils ont presque tous disparu à la fin de cette période. M. le Président remercie M. Grand'Eury de son intéressante communication. | A propos de paléontologie végétale, M. Chaboisseau annonce que la vente de la bibliothéque de M. Brongniart, dont le catalogue est en préparation, aura lieu dans le courant du mois de décembre prochain. Elle contient une superbe série d'ouvrages de paléonto- logie végétale, | M. Magnin donne lecture de la note suivante adressée par M. Ver- SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. LXXIX lot, qui n'a pu, à son grand regret, prendre part à la fin de la ses- sion : NOTE SUR L'EXISTENCE DU GENISTA DELPHINENSIS Verl. (G. TETRAGONA Vill. inéd. non Bess.) DANS LES PYRÉNÉES, par M. J.-B. VERLOT. En 1852, lors de la session tenue à Toulouse par le Congrès scientifique de France (19° session), M. Timbal-Lagrave communiqua, dans la séance du 14 septembre, une liste de 24 espèces nouvelles pour la flore du bassin sous-pyrénéen, et il ajouta à cette liste la description de deux autres plantes : l'une, le Viola Bubani Timb.-Lagr., trouvée par lui au Monney (ou Mont-Ney), prés Bagnères de Luchon ; l'autre, le Genista tetragona Vill., qu'il avait trouvé l’année méme (1852), à Fond-de-Comps, où il abonde, dit-il. La description que fit M. Timbal de cette derniére, considérée comme espéce critique ou mal connue, devait attirer l'attention des botanistes, puisque Villars ne l'avait pas publiée et qu'on ne connaissait son existence que par la mention sommaire de Mutel dans sa Flore du Dauphiné, comme une variété minor du Genista sagittalis L. On est donc étonné que M. Phi- lippe, dans sa Flore des Pyrénées, qui a parue en 1859, n'ait pas parlé de cette plante. Lors de la rédaction de mon Catalogue raisonné des plantes du Dau- phiné, publié en février 1872, jeus naturellement à examiner la plante de Villars, et je reconnus facilement, par les échantillons qui existent dans son herbier, qu'elle constitue un type distinct du G. sagittalis, avec lequel Villars n'avait pas manqué de la comparer, comme le prouve la description manuscrite conservée dans son herbier. J'étais du reste par- faitement d'accord sur ce point avee M. Timbal-Lagrave. Seulement, dans mon catalogue, je changeai le nom de Genista tetragona Vill. inéd. en celui de G. delphinensis, par la raison que depuis longtemps Besser avait créé un Genista tetragona pour une plante de ia Podolie, voisine du G. tinctoria, et: dont la description a éié publiée par De Candolle, dans le Prodromus (II, 150). Au moment de l'impression de mon travail, J'écrivis à M. Timbal de vouloir bien me communiquer un exemplaire de la plante trouvée par lui à Fond-de-Comps en 1852, afin de la com- parer avec celle de l'herbier de Villars. Mais, soit qu'il n'en possédàt pas de disponible, soit qu'il doutàt que sa plante füt bien le G. tetragona de Villars. il ne put satisfaire mon désir; ce qui fit naître pour moi quelque doute sur l'identité de la plante dauphinoise avec celle des Pyrénées. Le doute s'augmentait encore par le fait que depuis Villars aucun botaniste l'avait, à ma connaissance, retrouvé l'espèce de ce dernier; car il est Probable que les échantillons trouvés au mont Ambel par Mutel, conservés LXXX SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dans son herbier et mentionnés dans sa Flore du Dauphiné, appartiennent plutôt à un état rabougri du G. sagittalis L. Mais une heureuse rencontre fut faite en 1872 par un botaniste lyonnais, M. Bernardin. Il trouva en assez grande quantité au sommet du mont Toulaux, prés Bouvante (Dróme), localité eitée par Villars pour sa plante, un petit Genista se rapportant parfaitement à la description faite par Vil- lars de son G. tetragona, et que j'ai publiée dans mon Catalogue. M. Bernardin me donna quelques échantillons de sa récolte, et il en distribua à plusieurs botanistes ; la comparaison de ces échantillons avec ceux de l'herbier de Villars ne permet pas de douter de leur identité. Maintenant, et. pour revenir à la plante trouvée aux Pyrénées par M. Timbal-Lagrave en 1852, un fait important, objet principal de la présente. note, s'est produit en 1874. Au mois de septembre de cette année, ayant eu occasion d'aller à Angers pour assister aux réunions du Congrès pomologique, j'emportai avec moi plusieurs plantes sèches pour herbier, afin de les offrir à M. Boreau, dont l'obligeauce a toujours été très- grande pour moi, et dans le nombre il y avait un ou deux échantillons du Genista delphinensis, que je tenais de M. Bernardin. Je priai M. Boreau, en lui remettant mes plantes, de vérifier dans son riche herbier s'il possé- dait, et sous quel nom, la plante du mont Toulaux, ce qu'il fit dans la jour- née;et le lendemain il me montra un Genista semblable que lui avait donné M. A. Guillon, botaniste de Niort, notre collègue de la Société bota- nique de France, sous le nom de G. minor (1) et qu'il avait récolté en 1870 à Fond-de-Comps (Pyrénées). — Donc la plante de cette dernière localité est la même que celle du Dauphiné ! Si elle abonde à Font-de- Comps, comme le dit ce dernier dans sa notice, il est regrettable qu’elle n'ait pas été retrouvée en 1872, lors de l'herborisation faite à cette loca- lité par la Société botanique de France : car le rapport de mon ami et compatriote M. Gariod ne la mentionne pas. Comme mon Catalogue raisonné des plantes du Dauphiné a été imprimé à un nombre relativement restreint d'exemplaires, je crois être utile aux membres de la Société botanique de France de donner ici la description du Genista delphinensis Verl. (G. tetragona Vill.) en reproduisant comme je lai fait la note manuscrite de Villars sur cette plante. « Elle est plus petite que le G. sagittalis, rampante, ramifiée, et ses fleurs, au lieu d'ètre en épi, sont portées, au nombre de trois pour l'ordinaire, sur des pédon- cules latéraux ; leur calice, à cinq divisions lancéolées, est velu et a une bractée séparée à la base; elles sont jaune påle, médiocres. Le germe est très-velu, soyeux et blanc, ainsi que les petites feuilles, qui sont rondes 0V un peu elliptiques et détachées des rameaux, qui sont verts, lisses, foliacés, (1) Il n'existe point de G. minor dans les auteurs, et il fait allusion probablement à la variété b du G. sagittalis de DC. Prodr., de Duby et de Mutel. SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. LXXXI ayant moins d'une ligne de large, aplatis en dessus, avec une carène pro- noncée en dessous. » M. Chaboisseau donne lecture de la communication suivante de M. Lacroix, qui a été forcé de repartir hier soir de la Jasserie du Pilat : SUR LA PRÉSENCE DU PHELIP.EA RAMOSA SUR LES RACINES D'UN COLEUS, par M. LACROIX. Au mois de décembre 1874, dans la serre chaude du chàteau de l'Au- musse, près Pont-de-Veyle (Ain), plusieurs pieds de Coleus Blumei Benth. étaient envahis par une Orobanche dont les fleurs rappelaient celles du Phelipæa ramosa C.-A. Meyer, mais dont le port semblait différent. En effet, la tige était simple et élancée, fortement renflée à la partie infé- rieure, et les fleurs, d'un lilas très-tendre veiné de lignes violettes, for- maient une grappe excessivement lâche. Je ne tardai pas à remarquer que plusieurs de ces Orobanches présen- taient des rameaux rudimentaires à la base des écailles de la tige; quelque temps aprés j'observal des pieds complétement rameux. Je fis alors avec le plus grand soin l'analyse de cette plante, et. j'arrivai à cette conclusion qu'elle ne différait pour ainsi dire pas du Phelipæa ramosa : seulement je constatai que la lèvre inférieure de la corolle avait trois lobes, dont les deux latéraux étaient séparés du moyen par des plis saillants et velus, tandis que, d’après Gren. et Godr., le Ph. ramosa est dépourvu de plis à la gorge. De plus le stigmate, qui, dans l'Orobanche du Chanvre, est blanc et bilobé, se trouve également blanchàtre et bilobé à la base, mais subquadrangulaire au sommet et erateriforime dans l'Orobanche du Coleus. Ces différences, on le voit, sont tellement faibles, qu'il n'est guère pos- sible de s'y arréter. Le but de celte communicalion est done simplement d'indiquer le para- Sitisme du Phelipæa ramosa C.-A. Meyer sur une Labiée,le Coleus Blumei. Les graines auront sans doute été introduites par le sable, qui, mélangé à du terreau, garnissait les pots de la serre, et qu'on avait. sans doute pris dans quelque champ de Chanvre des environs. L'an dernier les Orobanches ont reparu : je me propose de voir si cette année encore elles se reprodui- ront, comme il est probable. M. l'abbé Hervier-Dasson. présente à la Société des échantillons d'une Rose récoltée, le 4 juillet dernier, dans les hates, à Soulages, prés la Valla (canton de Saint-Chamond). Ces échantillons avaient d'abord été rapportés au Rosa dumosa Pug., espèce rare dont on ne T. NNI. F LXXXII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. connait qu'une localité dans le département de la Loire; mais M. l'abbé Boullu, qui vient de l'examiner, y reconnaît le R. cine- rascens Dumortier, Fl. belge. M. le Président annonce que l'ordre du jour appelle l'assemblée à émettre un vœu sur le siége de la prochaine session extraordi- naire. M. Chaboisseau explique que le vœu est ici purement consultatif. Le choix entre les diverses localités proposées est arrété en Conseil, aprés mür examen, et soumis à l'approbation de la Société. M. Chaboisseau rappelle aussi que, les années précédentes, les vœux en faveur d'une session extraordinaire dans la Corse ont été par deux fois écartés, pour répondre aux invitations des Sociétés botaniques de Belgique et de Lyon. Cette année, il semble juste de proposer la Corse. M. Doümet-Adanson appuie la proposition de M. Chaboisseau, et combat les objections qu'on pourrait élever sur l'éloignement du lieu de la session, l'élévation des dépenses causées par le transport, la durée du séjour et la cherté des vivres. Il promet d'employer toute son activité à rendre cette course facile et fructueuse. Après ces observations, le projet d’une Session extraordinaire dans la Corse est mis aux voix et adopté à l'unanimité. M. le Président remercie, au nom de la société, les botanistes de Saint-Étienne et toutes les personnes qui ont bien voulu se joindre à eux, de l'accueil si cordial qu'ils ont fait à leurs confrères ; il remercie aussi la Société de l'avoir appelé à la présidence de la session extraordinaire de 1876, dont il prononce la clóture. M. Doümet-Adanson propose, avant de se séparer, de voter des remerciments aux personnes étrangères à la Société, qui ont bien voulu prendre part à ses travaux et spécialement aux membres qui l'ont guidée dans les herborisations, MM. Boullu, Saint-Lager, Her- vier-Basson, Grand'Eury et Renault. Cette proposition est acclamée, et la séance est levée à six heures et demie. RAPPORTS SUR LES EXCURSIONS DE LA SOCIÉTÉ ET SUR SES VISITES A QUELQUES ÉTABLISSEMENTS PUBLICS ET COLLECTIONS BOTANIQUES PARTICULIÈRES. RAPPORT DE M. Ant. MAGNIN SUR LA VISITE FAITE PAR LA SOCIÉTÉ AU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE DE LYON. A l'issue de la séance publique du mardi 27 juin, la Société s'est rendue au palais des Arts, pour y visiter, sous la conduite du savant directeur, M. le docteur L. Lortet, les collections du Muséum d'histoire naturelle. Le palais des Arts, ou palais Saint-Pierre, représente un vaste quadri- latére de 100 mètres de longueur sur 76 métres de largeur, assez régu- lier, formé de quatre corps de bàtiments disposés autour d'une cour cen- trale ; la facade principale et l'entrée donnent sur la place des Terreaux. La cour centrale est entourée d'un portique sous lequel on a disposé lous les monuments anciens, inscriptions, autels, urnes, ete., appartenant surtout à l'époque romaine, qui ont été trouvés à Lyon ou dansles localités environnantes. Les bâtiments de l'ancienne abbaye des Dames de Saint-Pierre, recon- struits de 1659 à 1686, sur les plans de l'architecte de la Valfenière (1), renferment aujourd'hui : L'École des Beaux-Arts ; Les galeries de tableaux, comprenant le musée des maitres étrangers el le musée des peintres lyonnais ; La salle des antiques : sculpture, numismatique, etc. ; (1) Voyez L. Charvet, François de Royers de la Valfeniere et l'abbaye royale des Bene- dictines de Saint-Pierre à Lyon, dans la Revue du Lyonnais, sér. 3, t. VII, 1869, p. 919. — Fontannes, Le Muséum de Lyon, 1813.— A. Thielens, Voyage en Italie et en France, dans Ann. de la Soc. malacolog. de Belgique, t. 1X, 187 I, pp. CCv-CcXv ; tirage à part, Hl, p. 24. — A. Locard, Guide aux collections du Muséum d'histoire naturelle de Lycn, 1875. LXNNIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Une bibliothèque publique comprenant 25 000 volumes environ concer- nant les Sciences et les Beaux-Arts ; Et enfin le Muséum d'histoire naturelle. Les collections du Muséum sont entassées, — nous employons à dessein celle expression, — dans le premier et le deuxième étage de l'aile droite, le pavillon de l'angle sud-ouest, qui leur fait suite, et les combles situés au-dessus. La partie livrée au publie de la ville le jeudi et le dimanche, aux étraü- gers et aux étudiants tous les jours de la semaine, comprend : Au premier étage, dans l'aile occidentale du Palais, la salle la plus anciennement installée (elle date de 1833) et renfermant les collections de minéralogie et de géologie (terrains primaires et secondaires). Au deuxième étage, au-dessus de la précédente, se trouve la galerie de zoologie, établie en 1836 et 1837, sous l'administration de MM. Prunelle et Martin et la direction de M. le docteur Jourdan. Au même étage, mais dans le pavillon sud-ouest, une salle commencée en 1869, et dont l'installation a. été achevée, malgré nos revers, en 1872, par les soins du directeur actuel, M. Lortet; elle renferme les collections des terrains tertiaires et quaternaires. Nous commençons notre visite par la salle de zoologie, où la Société était reçue par M. Lortet, assisté d'un grand nombre de membres de l Associa- tion lyonnaise des Amis des sciences naturelles (1), MM. Chantre, Falsan, Fournereau, Ducrost, ete., et M. Révil fils, l'habile préparateur du Mu- séum. Par les soins de M. le directeur, diverses brochures concernant les collections qui faisaient le sujet de notre visite étaient distribuées à tous les membres étrangers à l'Association. Devant réserver ces pages aux objets qui sont le plus spécialement de notre ressort, c’est-à-dire à la paléontologie végétale, nous ne pouvons, à notre grand regret, nous étendre aussi longuement que nous le voudrions, sur les nombreuses et remarquables pièces que renferme cette galerie; cependant nous ue pouvons passer sous silence : le magnifique squelette presque complet de Mammouth (Elephas intermedius Jourd.), trouvé en 1859, à la montée de Choulans (Lyon), conservé par les soins de M. Jour- dan et monté sous la direction de M. Lortet, par M. Révil fils, aux frais de l'Association des amis des sciences naturelles ; les squelettes de Rhinoceros keitloa, de Rorqual ; la collection des Reptiles, qui vient de s'enrichir d'une belle suite d'espèces de la Cochinchine envoyées par M. le D' Morice, etc. La Société s'est ensuite. dirigée vers la salle des terrains tertiaires et quaternaires, dont les nombreux fossiles végétaux intéressaient davantage des botanistes. (D Cette Association, fondée en 1873, sur le modèle de celle de Strasbourg, à pour but d'aider à Fenrichissement des collections du Muséum par des dons et le produit des cotisations. SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. LXXXV Déjà en franchissant le palier qui réunit les deux salles, nous remar- quons de beaux échantillons de troncs d'arbres silicifiés, trouvés dans le pare de Neuville, dans la Saône au-dessus de l'ile Barbe, et à Suint-Ro- main en Gier. Dans cette nouvelle salle, la Société s'est d'abord arrêtée devant les vitrines contenant les objets se rapportant à PHistoire primitive de l'Homme : série de haches de bronze de diverses formes, bracelets, fusavoles el autres objets provenant des palafittes du lae. du Bourget (don de M. Chantre) ; graines de végétaux trouvées dans les habitations lacustres de Robenhausen (Suisse); silex, haches, pointes de flèche, ete., des àges de la pierre polie et de la pierre taillée, la Madeleine, Laugerie-Haute, les Eyzies, et surtout l'importante série provenant de la station classique de Solutré et due pour la plus grande partie à la libéralité de M. l'abbé Duerost; puis le crâne de la Truchère (Saône-et-Loire), pièce remarquable, dont M. de Quatrefages fait une race spéciale; les squelettes d Ursus spelæus, les fossiles du lehm, les témoins de l'extension des glaciers dans le Lyonnais, etc. Aprés avoir payéun juste tribut d'admiration à ces collections précieuses, la botanique reprit ses droits, et la Société consacra un long examen aux belles et nombreuses empreintes végétales des tufs pliocènes de Mexi- mieux ; elle le fit avec. d'autant plus d'intérêt, qu'il n'était pas possible, malgré le désir des organisateurs de la session, de les visiter sur place. Nos collègues, du reste, connaissaient déjà cette station par les diverses notes que M. de Saporta lui a consacrées dans notre Dulletin (1). Les échantillons si bien conservés dans tous leurs détails par l'inerustation cal- caire, déterminés, décrits et figurés par ce savant paléontologiste dans les Archives du Muséum de Lyon (t. 1, pp. 181-335), indiquent une flore d'un climat plus chaud et plus humide que le climat actuel, un climat analo- gue à celui des iles Canaries. Voici les principales espèces qu'on voit dans les vitrines : Bambusa lugdunensis Sap. Ilex Falsani Sap. Apollonias canariensis Nees. Tilia expansa Sap. Nerium Oleander var. pliocenicum Sap. | Juglans minor Sap. Viburnum rugosum Sap. Laurus canariensis Sap. Liriodendron Procaccini Sap. Cocculus latifolius Sap. Acer opulifolium var. pliocenicum Sap. | Buxus pliocenicus Sap. — letum var. pliocenicum Sap. Magnolia fraterna Sap. Glyptostrobus europæus Heer. Quercus præcursor Sap. Anona Lorteti Sap. Avec les lignites et les marnes à empreintes végétales de la Tour-du- d ( ‘rai X 1 n ` Pin (Isère), nous descendons dans les terrains miocènes. 25. (V) Bulletin de la Soc. bot. de France, t. XVI, 1809, p. 117, et t. XXII, 1876, p. 12 LXXXVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Les dépôts siliceux (tripoli) du mont Charray (Ardèche), qui appar- tiennent à cet étage, ont donné une flore analogue à celle du Japon actuelle : Liquidambar europæum A. Br., Acer trilobatum A. Br., My- riophyllum sp., etc. A côté figurent les empreintes qui se trouvent dans le terrain analogue (silice farineuse) de Ménat (Puy-de-Dôme) : Glyptostrobus europaus Heer, Quercus drymeia Ung., Juglans bilinica Ung., Taxodium dubium Ett. Cinnamomum Rossmässleri Ung., Cornus rhamnifolia Web., ete. Près de là, plusieurs vitrines renferment les fossiles végétaux provenant des calcaires lacustres (miocène inférieur ou éocène supérieur?) de la Côte-d'Or : gare de Dijon, Brognon, etc. : Quercus divionensis Sap. Myrica lævigata Heer. — provectifolia Sap. Ficus recondita Sap. Cercis Tournoueri Sap. et surtout les grandes empreintes de Flabellaria latiloba Heer (1). Les vitrines consacrées aux terrains éocènes contiennent les belles séries d'Aix (Bouches-du-Rhône) et d'Armissan (Aude). Les caleaires marneux d'Aix ont gardé les débris parfaitement conservés d'Insectes les plus délicats, avec leurs ailes, leurs pattes et leurs antennes ; on se rappelle aussi le Poisson qui y est abondant, le Lebias cephalotes. Parmi les végétaux nous citerons le Flabellaria litigiosa Sap. La flore d'Armissan est mieux représentée : dans la vitrine qui st trouve tout de suite à gauche de l'entrée, on peut voir : Aralia Hercules Ung. | Betula Dryadum Brgn. Sequoia Couttsiæ Heer. — cuspidens Sap. Comptonia dryandræfolia Brgn. Carpolithes Gervaisii Sap. Sequoia Tournalii Sap. Acer narbonense Sap. Pinus cylindrica Sap. Andromeda narbonensis Sap. — longibracteata Sap. Laurus superba Sap. Les magnifiques empreintes d'Aralia Hercules et de Sequoia Couttsie, les cônes bien conservés du Pinus cylindrica, ont surtout attiré l'attention. Ne quittons pas cette salle sans mentionner aussi les troncs de Palmiers silicifiés provenant de Rustrel, prés Apt (Vaucluse), Palmacites grandis Sap., P. vestitus Sap. (1) Depuis la visite de la Société, M. le professeur Renevier a envoyé les fossiles végé- taux provenant des dépôts d'eau douce des environs de Lausanne : magnifiques em- preintes de Sabal major, de Nympha Charpentieri Heer; une plaque renfermant les espèces suivantes : Rhamnus Gaudini Meer, Ficus populina Heer, Dryandroides lert- gala Heer, Cinnamomum transversum Heer, C. lanceolatum Heer, Cyperus Chavanest Heer, Sequoia Langsdorfi Heer, Equiselum limosellum Heer, Cassia Phaseolites Ung. — Dans les tiroirs se trouvent encore : Carex tertiaria Heer, Lygodium Gaudini Heer, Cam- phora polymorpha A. Br., Lastrea helvetica Heer, Acer bicuspidata A. Br., Carya Heerii Ett., Cassia Berenices Ung., etc. SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. LXXXVII La galerie de minéralogie, par laquelle la Société a terminé sa visite, renferme en outre des minéraux classés dans le vaisseau principal, les séries des fossiles et des roches des terrains secondaires et primaires réparties dans les différentes annexes qui s'ouvrent sur la droite de cette galerie. Pour ces collections comme pour les précédentes, il ne nous est pas possible d'entrer dans beaucoup de détails: ce serait écrire un véritable catalogue ; bornons-nous à signaler dans la minéralogie l'emploi heureux de la classification par les bases, si commode et que nous voudrions voir adopter au moins dans tous les traités, toutes les collections destinés à l'enseignement ; la série, unique au monde, des malachites et des azurites de Chessy (Rhóne), etc. Passant rapidement devant les terrains crétacés, la série du gault de la Perte du Rhóne, nous arrivons à l'étage kimmeridgien auquel se rapporte l'admirable collection, unique aussi, des Poissons de Cerin (Ain), œuvre de V. Thiollière et du docteur Jourdan. Nous retrouvons dans le méme étage la botanique représentée par des fossiles qui ont été l'objet d'inté- ressants travaux de M. de Saporta et qui nous arrêtent plus longtemps : les caleaires lithographiques de Cerin et de Morestel (Isére), les schistes bitumineux d'Armaille et d'Orbagnoux (Ain), renferment en effet de belles empreintes de : Zamites Feneouis Brgn. Stenopteris desmomera Sap. Cycadopteris Brauniana Zigno. | Lomatopteris cirinica Sap. Brachyphyllum mamillare Br. Dans les autres étages jurassiques, trés-bien représentés du reste, le botaniste ne trouve à étudier que ces curieuses empreintes en coup de balai, de la base du bajocien et décrites sous le nom de Chondrites ou Cancellophycus scoparius Sap. Avec le trias, les fossiles végétaux reparaissent nombreux el quelques- uns trés-remarquables, comme les Sigillaria ovata Br., Teniopteris vittata Brgn., Calamites arenaceus Brgn., ete., du keuper de la Bavière ; la belle collection recueillie dans les grès bigarrés de Soultz (Vosges) par M. Jourdan : Voltzia heterophylla, Yuccites vogesiacus, Equisetum Bron- gnarti, E. Mougeoti, et surtout deux plaques (vitr. 261), sur lesquelles on voit des graines d'Albertia, de Voltzia et un chaton mâle de Voltzia heterophylla Sch., piéces excessivement rares (1). | Les terrains permiens et carbonifères sont encore mieux représentés. Aux premiers se rapportent les empreintes de Sigillaria canalicu- les collections se sont encore enrichies d'un envoi de M. Baily, : Sagenaria Bai- etc. (Note ajoutée (1) Depuis cette époque, n ; consistant en fossiles du vieux grès rouge de Kiltorcan-Hill (Irlande) lyana, Palæopteris hibernica Sch., Cyclostigma Kiltorkense Wght., pendant. l'impression.) LXXXVIII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. lata Brgn., Walchia imbricata Schimp., W. piniformis Sternb., Neuro- pteris intermedia Schimp., ete., des schistes d'Autun (Saône-et-Loire), de Neffiès (Hérault), ete. ; les nombreux débris de trones silicifiés de Calamo- dendron, Sigillaria, Psaronius, et entre autres le Ps. augustodunensis Brongn., de Muse, près Autun. Quant au carboniférien, telle est la richesse de la collection lyonnaise qu'il est impossible d'énumérer méme les espéces les plus remarquables ; nous nous contentons de renvoyer au guide de M. Locard (pp. 192-131) et de signaler dans les séries provenant du carboniférien supérieur du bassin houiller de la Loire (Saint-Étienne, Rive-de-Gier, ete.) : Sigillaria elongata Br. Pecopteris polymorpha Br. — Pes-capreoli Dr. — Grandini Br. — elliptica Br. — Lonchitis Br. — pachyderma Br. — aquilina Br. — Defrancei Br. Stigmaria ficoides Sternb. Annularia sphenophylloides Ung. Lepidodendron Defrancei Dr. — longifolia Br. Et plusieurs belles plaques de Neuropteris heterophylla Br., le Cala- mites Cistii Br., de Chamonix, etc. Dans le carboniférien inférieur, les fossiles de Commentry (Allier) : Pecopteris heterophylla Br., Annularia plusieurs espèces; — de Saint- Etienne, Rive-de-Gier et autres localités du Rhône et de la Loire : Stig- maria ficoides Br., Ulodendron commutatum Schmp., etc. Notons aussi une série presque complète des fossiles végétaux de Thann (Alsace), parmi lesquels nous avons remarqué de nombreuses empreintes de Car- diopteris frondosa Gœpp. Le long des piliers de l'arcade qui relie à la galerie principale l'annexe consaerée aux fossiles carbonifériens : grandes plaques de Pecopteris poly- morpha Schp., Sigillaria reniformis, S. lkevigata Br., du carboniférieu supérieur de Saint-Etienne ; un tronc de Galamites Cistii Br., de Rive-de- Gier ; des empreintes de Rhabdocarpus... de Neffiès. Les terrains devoniens et siluriens qui viennent à la suite sont bien représentés, mais seulement par des fossiles animaux et des séries de roches. Enfin, en sortant du Muséum, au bas de l'escalier, se dresse un tronc fossile de Sigillaria reniformis Br. venant du grès houiller des bords de la Salindre (Ardèche), et mesurant 17,50 de hauteur sur prés d'un metre de diamètre. En résumé, les membres de la Société ont emporté, croyons-nous, un souvenir excellent de cette visite malheureusement trop rapide; ils ont beaucoup remarqué et loué l'ordre qui règne dans les collections, les ren- seignements fournis par les étiquettes, les cartes de dispersion géogra- SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. LXXXIX phique placées à côté des principales espèces, les cartes géologiques accompagnant chaque terrain, et surtout l'excellente disposition de la nou- velle salle des terrains tertiaires et quaternaires, où les vitrines à hauteur d'appui permettent l'étude facile des échantillons d'un. petit volume et quil est difficile d'apercevoir convenablement lorsqu'ils sont installés à une certaine hauteur. Espérons que l'administration municipale, qui a déjà donné tant de preuves de ses bonnes dispositions et de sa libéralité pour lout ce qui concerne le développement des institutions scientifiques de la cité lyonnaise, continuera à seconder par l'ouverture de crédits suffisants les efforts du directeur, M. Lortet, qui poursuit avec tant de scieuce et de dévouement la réorganisation du Muséum, et que bientôt il pourra étaler au grand jour et dans leur totalité les richesses innombrables et trop peu connues de nos collections, que le défaut d'espace oblige à laisser sous les combles, dans les greniers et les tiroirs. Dans la soirée du méme jour, une gracieuse invitation de M. Lortet réunissait à un splendide banquet donné au chalet du pare de la Téte- d'Or, au bord du lac et sous les frais ombrages, MM. les membres du Bureau permanent de la Société botanique de France et du Bureau de la session extraordinaire de Lyon, ainsi qu'un grand nombre de notabi- lités scientifiques et administratives de la ville de Lyon. Des toasts ont été successivement portés : aux représentants de la science lyonnaise et notamment à l'éminent naturaliste, notre amphitryon ; à MM.) les membres de l'édilité lyonnaise; au développement incessant des magnifiques éta blissements scientifiques de Lyon. Des vœux réciproques ont été émis pour la constante prospérité de la Société botanique de France. RAPPORT DE M. E. GUICHARD SUR L'ENCURSION FAITE A COUZON ET AU MONT D'OR LYONNAIS, LE 28 JUIN 1876. Pour Jes botanistes lyonnais, Couzon est une localité classique, qui leur fournit une foule de plantes spéciales, rares, méme en France. Si je ne m'adressais qu'à nos collègues de Lyon, je leur épargnerais des détails sur la situation topographique de Couzon el sur une foule de plantes triviales pour eux; mais je dois répondre à l'attente de tous nos hono- rables hótes qui ont bien voulu donner à cette herborisation un éclat inac- coutumé. Le village de Couzon est situé à 10 kilomètres au nord de Lyon, sur les bords riants de la Saóne. En cet endroit les pentes des collines, les mai- sons, les routes et jusqu'aux. bords de la rivière, tout tranche avec les autres rivages verdoyants de la Saône, en amont comme en aval. C'est que depuis un temps reculé ses collines sont diminuées et s'abattent par la XC SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. main de l’homme ; la roche est détachée, se transporte par fragments vers la rivière, s'embarque et descend à Lyon pour servir à la construction de ses édifices. Les détritus de la montagne couvrent le pays, remplissent les excavations des carrières, et forment à un niveau plus bas de nouvelles pentes, offrant à l’œil cette couleur jaune ferrugineuse qui tranche avec la couleur verdoyante des autres collines. C'est dans ce sol calcaire et argileux (1), dans ces petits chemins creux qui conduisent aux carriéres, dans les vignes plantées sur les détritus de la roche; c’est surtout dans les taillis et les pâturages secs qui couronnent la montagne que le botaniste va chercher fortune et que nous allons con- duire nos hótes. Le 28 juin, à cinq heures du matin, rendez-vous était donné à la gare de Perrache ; à cinq heures trois quarts, en nombre considérable d'herbo- risants, nous arrivons à la gare de Couzon, située un peu en amont du village. Là se trouve une modeste auberge qui ne s'attendait pas à une telle invasion ; au lieu d'un déjeuner confortable, il fallut se contenter, à peu de chose prés, d'un peu de pain et de vin. Mais si l'homme ne vit pas seulement de pain, le botaniste bien souvent se contente de l'assaisonne- ment de sa charmante passion, et gaiement, à six heures, nous commen- cons à herboriser. | Autour de la gare la première plante qui se présente à notre vue est le Kæleria phleoides Pers. ; plus loin Barkhausia setosa DC., Podospermum laciniatum DC., les Chenopodium album L., ficifolium Sm., opulifolium Schrad. Quelques personnes expriment un doute pour le C. ficifolium, la plante est encore trop jeune pour être sérieusement jugée. En quittant les environs de la gare, nous suivons le petit sentier qui borde le chemin de fer, nous traversons en dessus de la voie ferrée, et nous nous engageons dans un chemin profond et rocheux qui doit nous con- duire sur la montagne. Contre les murs et le long des chemins se mon- trent : Bromus madritensis L. Parietaria erecta Mert. Koch. — arvensis L. Helichrysum Stæchas DC. Melica Magnolii Gr. G. Campanula Medium L. Alopecurus agrestis L. Rosa repens Scop. Scleropoa rigida Gris. Rubus rusticanus Mercier. Poa nemoralis L. Papaver dubium L. (I) Le mont d'Or lyonnais est un massif calcaire situé au nord de Lyon, et formé de couches plongeant au S. O., et relevées au N. E., c'est-à-dire vers la Saône, où se trou- vent par conséquent les abrupts : toutes les assises inférieures du terrain jurassique y sont représentées, depuis les grés bigarrés du trias, qu'on trouve tout à fait à la base, jusqu'aux calcaires à Entroques et à Ammonites Parkinsoni du bajocien, qui constituent les points culminants du massif. Les carrières de Couzon, dont les environs ont été explorés surtout dans l'excursion du 28 juin, ont entamé dans une grande partie de leur épaisseur les puissantes assises du calcaire à Entroques ; les parties supérieures des carrières sont creusées dans le ciret (zône à Amm. Parkinsoni), dont la couleur bleuàtre SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. XCI Tout en continuant notre récolte, nous voilà presque arrivés au sommet des vignes. Nous suivons à gauche un petit sentier trés-étroit, lorsque tout à coup une plante du Caucase se présente à nos regards : c'est le Sym- phytum asperrimum Simson. Comment se trouve-t-elle là? Personne ne le sait; à moins qu'un botaniste ne l'y ait plantée à dessein, ou que les graines aient été apportées avec les engrais. La discussion roule un instant sur cette espèce que les journaux agricoles, dans ces derniers temps, van- tent comme une plante fourragère très-productive. Nous voilà arrivés au pied des taillis, précisément où l'on trouve le La- vandula fragrans Jord., qu'un de nos collègues va récolter au bord du précipice, malgré nos observations et les cris des vignerons, qui le traitent d'imprudent. N'écoutant que son courage, il en récolte plusieurs échantil- lons et vient nous rejoindre, tout joyeux de posséder. une des quatre espéces spéciales à Couzon. Les plantes récoltées sur ce coteau (350-400 métres) sont nom- breuses (1) : ` Althæa hirsuta L. Scabiosa patens Jord. Linum tenuifolium L. Leuzea conifera DC. Polygala comosa Schrk. Inula salicina L. Trifolium rubens L. — montana L. Saponaria Vaccaria L. Serratula tinctoria L. Ononis Colunmæ All. Orobanche Cervariæ Suard. Genista pilosa L. — Epithymum DC. — tinctoria L. — Teucrii Hoff. Coronilla minima L. — cruenta Bertol. Cerasus vulgaris Mill. Brunella grandiflora Mænch. Rosa Vaillantiana Red. Globularia vulgaris L. — montivaga Deségl. Anacamptis pyramidalis Rich. Rubia peregrina L. Ophrys aranifera Huds. Galium tricorne With. — apifera Huds. — Timeroyi Jord. Nous approchons de la station du Genista horrida DC., et bientòt on peut apercevoir cette rareté de la flore lyonnaise suspendue aux rochers à pic. C’est dans les fissures de ces roches presque inaccessibles qu'il est le plus abondant. Aussi, ne possédant pas de cordes pour s'enlacer à la ma- nière des carriers et se laisser glisser ensuite, nous avons dù d'abord nous contenter de l'admirer. Heureusement que, à une petite distance du bord, il s'en trouve quelques pieds déjà passablement martyrisés et qui ont subi un assaut dont les traces resteront encore visibles pendant longtemps. Quelques personnes en avaient récolté des échantillons fleuris et non tranche sur celle de l'oolithe à Entroques, et dont la composition chimique, souvent plus Où moins riche en silice, est à prendre en considération dans l'étude de la distribution géographique des espèces de cette localité. (Note de M. Magnin.) (1) C'est gràce à Pobligeance de M. l'abbé Boullu que je puis citer les Orobanches et les Roses, qu'un spécialiste peut scul distinguer et retenir dans sa mémoire. XCIT SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. fleuris, qu'ils distribuérent gracieusenient avec une prudente réserve, pour ne pas détruire la plante, aux membres de la Société botanique de France. En quittant cette station, nous parvenons enfin à sortir des broussailles, et nous explorons plusieurs parcelles de terre entourées de murailles ou plutôt de tas de pierres n'ayant aucune solidité, C'est dans ces terres que nous trouvons : Teucrium Botrys L. (à fleurs blanches). Epipactis rubra All. Hieracium Pilosella L. Etc. Allium vineale L. M. l'abbé Boullu nous fait remarquer Orobanche Picridis Vauch. qu'il avait signalé depuis quelques années au-dessus de Couzon. Un peu plus loin il nous fait récolter une série de Roses, et M. l'abbé Chaboisseau, les Rubus Rhamnifolius W. N. et nemorosus Hayne. Un de nos collègues annonce triomphalement la présence du Rosa aciphylla Rau. On accourt; une diseussion s'engage, et M. l'abbé Boullu reconnait dans ce sujet le Rosa Pouzini Tratt., espèce trés-rare autour de Lyon et dont il n'avait encore trouvé que deux buissons dans le massif du mont d'Or. On fait observer une particularité assez remarquable : c'est que, au milieu d'un buisson assez bas du Rosa lugdunensis Deségl. var. microcarpa Chabert, s'élèvent plusieurs fortes tiges de R. lugdunensis var. macrocarpa. Ces formes diverses seraient-elles done indépendantes des conditions du ter- rain dans cette localité? L'attention continue à se porter sur les : Rosa cinerascens Dum. — Pugeti Bor. — sepium Thuill. — tomentella Lem. Rosa Lemanii Bor. — diminuta Bor. Deségl. — nemorosa Bor. — septicola Deségl. En parcourant les prés, les champs et le bord des chemins pour arriver au mont Toux (612 mètres), une rare Ombellifère est recueillie : c'est le Bifora testiculata Spreng., dont la présence en ces lieux est un problème à résoudre. Les autres plantes trouvées dans ce parcours sont : Sisymbrium Sophia L. Fumaria Vaillantii Lois. Althæa hirsuta L. Anthyllis Vulneraria L. Asperula odorata L. Galium erectum Huds. Caucalis daucoides L. Peucedanum Cervaria Lap. — Oreoselinum Mænch. Seseli coloratum Ehrh. Bupleurum aristatum Bartl. - falcatum L. Bunium Bulbocastanum L. Lonicera etrusca Santi. Cornus mas L. Scabiosa patens Jord. Centaurea lugdunensis Jord. Pyrethrum corymbosum Willd. Pterotheca nemausensis Cass. Senecio gallicus Chaix. Hypochæris maculata L. Tragopogon major Jacq. Campanula glomerata L. — persicifolia L, Convolvulus cantabrica L. Cynoglossum officinale L. Euphrasia lutea L. Melittis Melissophyllum L. SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. XCHI Koleria cristata Pers. Holcus mollis L. — lanatus L. Arrhenatherum elatius Mert. K. Avena pratensis L. Festuca duriuscula Schreb. — heterophylla Lamk. Agropyrum repens P. Beauv. Iris fœtidissima L. Carex divulsa Goodn. — nitida Host. — præcox Jacq. — montana L. — gynobasis Vill. — glauca Scop. — digitata L. Le long du chemin qui conduit au mont Toux, on nous montre dans les broussailles de rares pieds d'Orobanche unicolor Bor.; sur les bords du bois et à demi étouffe par le taillis, un buisson de Rosa nemorum Rip., le seul de la section des gallicanes trouvé dans le calcaire du mont d'Or. Toujours dans la direction du mont Toux : Acer monspessulanum L. Rosa Carioti Chabert. Spartium junceum L. — lugdunensis Deségl. Genista sagittalis L. — squarrosa Rau. — tinctoria L. — sphærica Gren. — pilosa L. ' — virgultorum Rip. Ononis Column:e All. |-— dumalis Bechst. Trifolium alpestre L. |— cuspidatoides Crép. Hippocrepis comosa L. | — Cheriensis Deségl. Orobus tuberosus L. | | Trinia vulgaris DC. Onobrychis collina Jord. Le temps nous a manqué pour aller cueillir le Monotropa hypopitys L., qui n'est pas exclusivement spécial aux Sapins, mais qui se rencontre assez souvent dans le massif du mont d'Or. Du mont Toux, dont nous n'atteignons pas le point culminant (612 me- nous jouissons d'une vue trés-étendue sur la vallée de la Saône, tres), de la Savoie, jusqu'au les Dombes, les montagnes du Dauphiné, du Bugey, mont Blanc. Mais l'heure nous oblige à redescendre à Couzon cu passant vers le coteau où se trouve l'Aphyllanthes monspeliensis L. Pendant ce trajet, on récolte : Centaurea Scabiosa L. Melampyrum arvense L. — cristatum L. Aphyllanthes monspeliensis L. romus sterilis L. — giganteus L. Thalictrum montanum Wallr. Lathyrus latifolius L. Medicago maculata Willd. Sedum anopetalum DC. Anacampseros lugdunensis Jord. Four. Carum Carvi L. Torilis nodosa Gærtn. Sorbus Aria Crantz. — torminalis Crantz. Amelanchier vulgaris Mone h. Epilobium rosmarinifolium Hænk. — erectus Huds. — asper L. — squarrosus Var. Festuca heterophylla Lamk. Agropyrum caninum B. et Sch. villosus Gren. Ces dernières plantes terminent à peu près la récolte de l'herborisation. XCIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Nous allons visiter la localité du Limodorum abortivum Sw., mais la char- rue de l'agriculteur a fait disparaitre momentanément cette plante. Nous rejoignons le chemin que nous avons suivi au départ, en récoltant encore : Vivia sepium L., Digitalis parviflora ML, Lilium Martagon L., Listera ovata R. Br., et d’autres plantes dont la nomenclature ne serait que la répétition des espèces que nous avons déjà signalées. Je ne puis résister à la tentation de signaler quelques autres espèces qui nous ont échappé, soit à cause de la saison, soit à cause de la rapidité de notre course. Get appendice complétera la statistique végétale de cette localité, et servira de base pour y constater au besoin les additions futures : Thalictrum majus Jacq. Thesium divaricatum Jan. Buffonia macrosperma Gay. Loroglossum hircinum Spreng. Trifolium medium L. Orchis fusca Jacq. Agrimonia odorata Mill. — mascula L. Epilobium lauceolatum Seb. — ustulata L. Centaurea serotina Bor. Aceras anthropophora R. Br. Erigeron serotinus Weihe. Ophrys fucifera Rchb. RAPPORT DE M. DOUMET-ADANSON SUR LA VISITE FAITE PAR LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE AU PARC DE LA TÈTE-D'OR ET AU JARDIN BOTANIQUE DE LYON. Parmi les visites que la Société botanique de France avait inscrites dans sou programme, celle du pare de la Téte-d'Or était certainement l'une des plus importantes. Cette splendide promenade avait pour les membres de la Société un intérêt d'autant. plus grand, que, outre sa destination gé- nérale comme lieu de plaisance, le parc renferme aujourd'hui, d'une part les belles collections de végétaux de serre ou de pleine terre entretenues à grands frais par la ville de Lyon, de l'autre le Jardin botanique et le Conservatoire de la Faculté des sciences également subventionnés par le budget municipal. Le mercredi 28 juin, rendez-vous avait done été pris à trois heures du soir pour parcourir ces diverses collections sous la conduite de M. le D' Faivre, doyen de la Faculté des sciences et directeur du Jardin botanique pour la partie universitaire; sous celle de MM. Gobin et Luce, pour la partie purement municipale. Avant de pénétrer dans la portion réservée aux collections proprement dites, le visiteur qui arrive par la porte donnant sur le quai du Rhône doit traverser une grande partie du pare, soit en longeant le grand lac, soit eu suivant l'allée circulaire de droite, selon qu'il veut aboutir au jardin botanique ou au jardin fleuriste de la ville; mais, disons-le, quel que soit le chemin qu'il préfère, il n'en est pas moins frappé de l aspect grandiose et de l'excellente conception de cette création relativement récente et sur- SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. XCV nommée, à juste titre, le Bois de Boulogne lyonnais, car elle rappelle sous plus d'un rapport la belle promenade parisienne. L'étonnement est surtout grand pour celui qui, se reportant par la pensée à quelque vingt ans en arrière, se représente le marais presque impraticable, complanté de Saules, qui existait alors à la place du grand lac et des verdoyantes pelouses que l'on y voit aujourd'hui. Le botaniste peut regretter sans doute les herborisations classiques, la récolte des Thalictrum, des Scirpus, des Juncus, des Carex ; mais ses regrets sont amoindris quand il considère les grands résultats obtenus de cette transformation complète, au point de vue de l'assainissement de tout un quartier populeux, et qu'il compare aussi l'ampleur des serres et l'éten- due des cultures actuelles, à l'insuffisance de l'ancien jardin botanique de la Déserte. Quelques détails statistiques ne seront pas inutiles pour donner une idée de l'importance de cette gigantesque création autant critiquée par les uns que louée par les autres, mais qui, en fin de compte, n'en restera pas moins un bienfait pour la population lyonnaise et une des grandes concep- tons de la période administrative à laquelle la seconde ville de France à dû sa splendeur nouvelle. La superficie totale du parc est de 101 hectares 24 ares 46 centiares, divisés comme il suit : Lac...... aana 16 hectares. Rivières et autres eaux........... 1 hect. 70 ares. Pelouses exploitées en prés. ...... 54 hect. Parties boisées.................. 7 hect. Parcs d'animaux ............. .. 8 hect. Voies, allées, bàtiments....... 14 hect. 54 ares 46 cent. Les voies carrossables ont un développement de 8780 mètres, celles ré- servées aux piétons n'ont pas moins de 12 500 mètres. Les premières son entretenues sur le crédit général des voies publiques ; les secondes incom- bent au budget spécial du pare, lequel est également grevé de l'entretien d'un grand nombre de bàtiments, ainsi que de celui des serres municipales, châssis, pares à animaux, voliéres, clôtures, etc. E Les divers services sont placés sous la haute direction de M. Gobin, ingénieur en chef de la ville, et de M. Luce, chef du service spécial du pare, lequel a sous ses ordres trois chefs de cultures : M. Buisson, chargé des voies, pelouses, massifs de fleurs, arbustes, arbres, arrosages, ete. ; M. Chrétien, préposé au service des cultures de pleine terre et d orangerie et des plantes molles de serre froide ; M. Gaulain, chargé spécialement du service des serres renfermant les plantes intertropicales. | Le personnel subalterne se compose de 32 jardiniers et T cantonniers, répartis dans les divers services. Ce nombre d'hommes, qui est réduit à XCVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 24 jardiniers et 7 cantonniers pendant quatre mois, n'est certes pas exagéré quand on considère le vaste espace occupé par le parc et surtout la masse des végétaux contenus dans les serres, ainsi que celle que doit fournir le fleuriste pour l'entretien et l'ornementation des squares et promenades de la ville, sans préjudice des plantes destinées aux fétes municipales. On peut dire hardiment que chacun a son temps occupé. Ainsi, tandis que M. Buisson jointà son service l'entretien d'une collection de 700 pieds de Rosiers, M. Chrétien doit produire de 220 à 250 000 plantes d'ornement, et en outre doit s'occuper de la tenue des collections d'Orangers, de Laurelles et de plantes molles de serre froide. Nous arrivons à la portion la plus précieuse du jardin municipal, aux vastes et nombreuses serres spécialement affectées aux collections de plantes intertropicales. La vue extérieure de toutes ces charpentes vitrées réunies sur un même point, non moins que les belles proportions des grandes serres à Palmiers et à Camellias qui dominent les autres, frappe déjà le visiteur; mais l'impression est bien plus favorable encore, lorsque pénétrant dans ces grands pavillons, on se trouve au milieu d'une véri- table forêt de Palmiers, de Pandanus, de Dracena, de Cycadées, de Ficus, d'Araucaria, de Dambous, de Fougères arborescentes, sous l'ombrage desquels croit un gazon de Sélaginelle, tandis qu'aux trones des grands végétaux s'enlacenl eapricieusement des Anthurium, des Cissus multi- colores, des Passiflores et autres plantes grimpantes aux feuillages bizarres, aux fleurs brillantes ou originales. Une atmosphère chaude convenablement saturée, un demi-jour habile- ment ménagé, des soins de propreté de tous les instants, une température égale, maintiennent ces belles étrangères dans un état de santé et de végé- tation qui Saccuse par le vert intense et l'ampleur du feuillage de la plu- part d'entre elles. Excepté dans le pavillon des Camellias, où ces beaux ` arbustes ont acquis de grandes dimensions et témoignent d'une extrême vigueur, les Palmiers forment la majeure partie des sujets les plus forts. Les botanistes, non moins que l'horticulteur, v voient avec intérét les forts exemplaires de Corypha australis Mort. et de Caryota excelsa H. Versch., les Acanthorhiza Warsceiiczii Wendl., A strocaryum mexicanum Liehm., Brahea nitida M. belg., Calamus impératrice Marie Hort., Caryota pro- pinqua bl,, Ceroxylon Klapstochia Mart., Cocos australis Mart., Chame- rops histrix Fras., Kentia Bauerii M. angl., Phænix acaulis Hort., Sabal Blackburniana Kirkl., Seaforthia Cunninghamii Wendi., Syagrus coro- nata Mart., Syagrus flexuosa Hort., et tant d'autres dont il serait trop long de continuer l'énumération, car la collection de Palmiers occupe à elle seule plusieurs autres serres et se chiffre par 3000 sujets en 250 espèces. Ni l'on fait successivement la visite de toutes les serres, dont chacune est généralement affectée à une culture spéciale, excellent moyen de succès, on reste émerveillé de la richesse de ces collections de création SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. XCVII relativement récente et bien dignes aujourd’hui d’une grande ville comme Lyon. Les quelques chiffres suivants donneront une idée de l'importance de ce conservatoire : Les Cycadées sont représentées par 15 espèces ou variétés, parmi lesquelles nous avons remarqué : Encephalartos Altensteinii Lehm., E. Caffer Miq. et un magnifique Dioon edule Lindl. Vingt espèces ou variétés de Pandanus et 60 de Dracena offrent tout ce qu'il y a de plus nouveau dans ces genres, dont le feuillage, déjà si élégant de port, est dans certaines variétés rehaussé des teintes les plus brillantes. Les Aroidées comprennent 80 variétés ou espèces des genres Pothos, Dieffenbachia, Philodendron, Anthurium, et 130 variétés de ces magnifi- ques Caladium, originaires des Amazones, perfectionnés par les savantes hybridations de M. Bleu, et sur le feuillage desquels la nature, aidant aux combinaisons du semeur, prodigue le mélange des couleurs les plus vives et les plus tranchées. Cette collection a peu de rivales. Les Croton fournissent 20 variétés en trés-beaux sujels, tandis que 100 variétés ou espéces de plantes diverses à feuillage coloré éblouissent par l'assemblage des tons les plus étranges. Dans un compartiment spécial sont conservées les plus belles Gesné- riacées (Gloxinia, Achimenes, Tydea), comprenant environ 100 variétés qui étalent successivement leurs corolles diaprées, sablées, poncluées ou zébrées. Près de là toute une serre est consacrée à la culture de plus de 150 variétés de Begonias bulbeux, section qui est devenue en peu de temps une des mines les plus fécondes pour lhorticulteur. M. Gaulain s'est adonné d'une facon spéciale aux semis et à la fécondation artificielle de ces belles plantes, et parmi ses gains personnels nous avons pu en distin- guer de fort remarquables. Dans les végétaux moins disposés à varier par le semis, et qui, par cette raison, s'écartent moins de la botanique pure, trois collections méritent surtout une mention spéciale : celle des Orchidées, celle des Bromélia- cées et celle des Agavées. | La première ne comprend pas moins de 500 espèces ou variétés, repré- sentées par environ 1000 sujets d'une force et d'une vigueur qui ne lais- sent rien à désirer : c'est une des collections les plus complètes que l'on connaisse de ces végétaux aussi bizarres par leur forme et leur mode de végétation que surprenants par la beauté ou l'étrangeté de leurs fleurs. Une semblable réunion est une source de joies et de surprises pour l'ama- teur, et nous estimons que plus d'un Lyonnais doit faire de fréquentes visites 2 à celle serre pour y suivre les progrès de la floraison successive de ces belles capricieuses. Entre autres spécimens nous y avons remarqué des pieds de Vanilla aromatica Sw. d'une rare vigueur, ce qui parait être dü à leur culture directement au-dessus de l'eau. T. XXIII. G XCVIII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Les Broméliacées, dont le port ornemental et les brillantes couleurs justifient également l'engouement dont elles sont l'objet, sont représentées par un choix de 80 espèces ou variétés et par de fort beaux sujets. Enfin la collection d'Agavées sort tout à fait de l'ordinaire : 400 sujets en 200 espéces ou variétés forment l'ensemble le plus imposant. Il y a là des plantes de force exceptionnelle, aux feuilles rigides et menaçantes, à cóté de pygmées souvent dix fois plus àgés que leurs gigantesques voisins. Des feuilles filiformes d'une flexibilité sans égale contrastent avec des spa- tules plus larges que longues et armées de pointes dangereuses; des tons glauques tranchent avec le vert le plus foncé ou les panachures blanches, vertes, jaunes ou rouges; et au milieu de tout cela, s’élevant comme de gigantesques candélabres ou de monstrueuses asperges, des hampes char- gées de milliers de fleurs jaunes et verdâtres, ou de fruits arrivant à matu- rité. Groupée en plein air avec un certain art, ainsi que nous avons pu la voir, cette collection est d'un effet merveilleux et fzit contraste avec un choix plus humble, mais non moins bizarre, de 80 variétés d'Échevériacées qui n'est pas sans mérite. Passant aux végétaux dits de terre de bruyére, nous voyons que ce genre de culture n'est pas moins en honneur au pare de la Téte-d'Or. Il suffira de citer une collection d'Azalées de l'Inde composée de 300 variétés représentées par des sujets de force supérieure et de forme irréprochable, et de se reporter à la collection de Camellias compreuant 150 variétés et de trés-beaux pieds, comme nous l'avons vu déjà. Nous pourrions encore citer des collections aussi nombreuses que choi- sies de Pelargonium zonale ou à grandes fleurs, de Dahlias, de Cannas, en un mot tout ce que l'horticulture ornementale est en droit d'exiger d'un établissement destiné à subvenir à l'ornementation et à l'entretien des squares et jardins publies d'une ville de 300 000 àmes. Nous ne pouvons abandonner le jardin municipal de la Téte-d'Or sans avoir parlé de l'Arboretum, car on ne saurait trop louer l'idée d'avoir créé une collection de cette nature, collection. généralement trop à l'étroit dans la plupart des jardins botaniques en raison de l’espace nécessaire au développement de chacun des sujets qui la composent. A la Téte-d'Or, au contraire, on pouvait, selon l'expression vulgaire, tailler en plein drap, et l'on a pu loger 1020 variétés d'arbres à feuillage, 1400 variétés de Coni- feres, et 830 arbustes variés, ce qui, en y joignant 1200 variétés de Rosiers, forme actuellement une des collections les plus importantes qui existent en ce genre. Espérer que tous les sujets plantés dans l’arboretum prospére- ront également serait certainement se bercer d'une illusion, et cependant on ne saurait trop faire des vœux pour la conservation intelligente d'une collection aussi précieuse pour la science. Signalons en passant un essai de naturalisation couronné de succès : le Nelumbium speciosum Willd. prospere etfleurit abondamment depuis 1809, SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1870. XCIX dans une pièce d'eau. dont il dispute la possession àl'Helodea canadensis, autre étrangère par trop envahissante, car on sait que bien que nous n'ayons jamais possédé qu'un seul sexe de cette plante, elle se multiplie si abon- damment et si rapidement par division des rameaux, qu'elle menace déjà d'envahir et d'obstruer tous nos cours d'eau. La naturalisation du Nelum- bium n’est plus maintenant un fait exceptionnel : jadis emprisonnée dans les étroits baquets des jardins botaniques du Midi, où on la regardait comme ne pouvant vivre autre part que dans les pays chauds, cette magnifique nymphe d'Égypte et de l'Inde peut vivre à l'air libre dans des climats qui n'ont rien de tropical, à la condition que la couche d'eau qui la recouvre en hiver soit assez épaisse pour que la gelée n'atteigne pas ses rhizomes. Ne pénétrons pas encore dans l'enceinte universitaire avant d'avoir fait une station instructive au bord de la riviére aux Nelumbium, dans le cha- let modeste, trop modeste évidemment, où, gràce au bienveillant appui du chef du service municipal, et aussi à des sacrifices personnels, uu obser- vateur patient et sagace se livre depuis plusieurs années aux expériences les plus curieuses et les plus concluantes de physiologie végétale. C'est dans ce laboratoire insuffisant que M. Merget est parveuu par ses palientes recherches à définir nettement le róle des stomates des feuilles et à dé- montrer à l'œil nu que ce sont des organes servant exclusivement à opérer les échanges gazeux entre les plantes et l'atmosphére, aussi bien à l'entrée qu'à la sortie, et que l'exhalation aqueuse a lieu également par leur office. Les feuilles, d'aprés les démonstrations de M. Merget, se comportent comme des corps poreux mouillés et jouissent au méme titre que ces der- niers de la propriété de thermo-diffusion gazeuse. Ainsi, lorsqu'elles sont échauffées, elles perdent leur eau d'imbibition à l'état de vapeur en admet- tant l'air extérieur sous pression. Cet air est ainsi sollicité à parcourir, de dehors en dedans, le réseau des méats de la cime et des canaux aérifères, en méme temps que les pressions intérieures qu'il développe deviennent une cause d'impulsion motrice pour les liquides organiques. En étendant ses études aux conditions physiques de la respiration chlo- rophyllienne des feuilles, M. Merget a été conduit à la découverte d'un procédé nouveau et des plus simples, pour recueillir instantanément et directement l’oxygène provenant de la respiration chlorophyllienne, et cela souvent en quantités considérables, notamment à l'aide du Nuphar et du Nymphæa, qui donnent jusqu'à 10 centimètres cubes d'oxygéne à la minute. La combustion active des corps enflammés plongés dans le gaz ainsi recueilli ne laissant aucun doute sur la nature de celui-ci, on. voit. quelle importance peut s'attacher à ces expériences, non-seulement au point de vue scientifique, mais encore en vue des applications à l'industrie, laquelle est obligée jusqu'à présent d'avoir recours aux procédés longs et compli- qués de la chimie pour se procurer l'oxygène qui lui est nécessaire. C SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Merget n'a pas borné aux feuilles ses expériences de respiration chlorophyllienne ; il les a étendues aux fruits, ce qui l'a conduit à décou- vrir que les fruits peuvent étre divisés en deux catégories : ceux qui, pour- vus de stomates, jouissent d'une respiration extérieure, et ceux qui, privés de stomates, n'ont qu'une respiration intérieure. Les nouvelles expériences entreprises par M. Merget sur les phénoméues de synthése gazeuse produits par les végétaux et l'analyse de leurs gaz intérieurs dans les diverses conditions physiques de leur vie végétative, promettent la découverte de faits non moins nouveaux et qui pourront étre du plus haut intérét, non-seulement pour la science pure, mais encore et surtout pour l'agriculture et l’horticulture raisonnées. En félieitant M. Mer- get des résultats qu'il a déjà obtenus, on ne peut que l'engager à persé- vérer dans celte voie, et nous faisons des vœux pour qu'il soit mis à méme d'élargir encore le champ de ses études et de compléter son laboratoire. JARDIN BOTANIQUE. Jusqu'ici nous n'avons parlé que des portions du parc relevant exclu- sivement de la municipalité ; il nous reste à parler des établissements qui, tout en émargeant au budget municipal, n'en sont pas moins liés à l'uni- versité par leur destination. Nous allons commencer par le jardin bota- nique, auquel un intérét tout spécial s'attache pour la Société botanique de France. Nous dirons tout d'abord que, bien que moins largement doté que le fleuriste municipal et quoique laissant encore à désirer sous le rap- port de l'installation de certains services, il est juste de reconnaitre que par son transfert au pare, cet établissement a subi une heureuse transfor- mation. Un court aperçu historique de l'origine du jardin botanique de Lyon et des modifications successives dont il a été l'objet ne sera peut-être pas inutile avant de passer à l'examen de l'établissement tel que nous le voyons actuellement. Il y aun peu plus d'un siècle, en 1775, la ville natale ou adoptive des Dalechamp, des Bauhin, des Goiffon, des Jussieu, des Gilibert et autres botauistes restés célébres, ne possédait pas encore d'école de botanique. Un homme intelligent et ami des sciences, l'intendant. Flesselles, voulut, suivant en cela le courant de l'époque, doter Lyon d'un jardin botanique à l'instar de ceux de Montpellier et de Paris, fondés déjà depuis 1622 et 1626. Il choisit à cet effet un emplacement dans la plaine des Brotteaux, et char- gea Gilibert de l'organisation et de la direction du jardin, qui devait étre entretenu à l'aide des rétributions des visiteurs et du produit de la vente des plantes médicinales, gardant ainsi tout le caractère et toute la liberté d'un établissement privé. L'entreprise ne fut pas heureuse; le jardiu tomba bientót. Gilibert, sur SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. CI la recommandation de Haller, devint directeur d'un des plus beaux jardins du royaume de Pologne et ne revint à Lyon qu'en 1783. Malgré son insuccés, ce premier essai ne devait pourtant pas être com- plétement infructueux, car en l'an IV, Paul Cayre, député de Lyon au Conseil des Cinq- Cents, reprenant l'idée de Flesselles, obtint la création d'une École botanique de plantes indigènes et exotiques, laquelle fut installée dans le jardin du Clos de l'Observatoire, où elle ne devait rester que peu de temps. Poulain Grandpré, représentant du Directoire à Lyon, le fit bientót transporter dans l'ancien jardin des Dames de la Déserte, oà était installée déjà la pépinière départementale. Un conseil composé de quatre personnes l'ad ministra, et la direction en fut de nouveau confiée à Gilibert, qui y réunit 1000 espèces de plantes rangées selon la méthode de Tournefort, mais représentant par deux divisions spéciales les classifica- tions de Linné et de Jussieu. Ce jardin était alors, ainsi que la pépinière, une propriété départementale ; en l'an XII (1804), i] passa dans les mains dela ville, comme nous le voyons encore, et en. germinal de l'an XIII l'impératrice Joséphine lui ayant fait un don de plantes rares, le Conseil municipal, pour perpétuer le souvenir de cette générosité, lui donna le nom de Jardin de l'Impératrice. Gilibert étant devenu à la fois directeur du jardin et conservateur du cabinet d'histoire naturelle, ce dernier fut à son tour transporté en 1807 dans les bàtiments du Clos de la Déserte, acquis par la ville, du ministère de la guerre. La collection de plantes s'éleva bientót à 4000 espéces. Gilibert y pro- fessait des cours de botanique et d'histoire naturelle ; mais, ses forces s'af- faiblissant, il eut bientôt pour collaborateurs son fils et l'abbé Dejean. Gilibert étant mort en 1814, l'abbé Dejean devint directeur titulaire jus- qu'en 1819, période du reste peu brillante pour le jardin, en raison du mauvais état des finances de la ville. Ce ne fut que pendant le directorat de Balbis, l'auteur de la Flore lyon- naise, que le jardin vit une nouvelle ére de prospérité ; la pépinière dé- partementale y fut annexée et transformée en orangerie, de nouvelles serres furent construites et une partie du jardin devint promenade publique. A Balbis succéda, aprés un court intérim, le professeur Seringe, collabora- teur de De Candolle, lequel donna un renom scientifique à l’école lyonnaise par ses nombreux travaux de botanique descriptive. Enfin, peu de temps avant la mort de Seringe en 1857, la création du parc de la Téte-d'Or fit décider la translation du jardin botanique là où nous le voyons aujourd'hui, à la grande satisfaction des uns, à l'amére douleur des autres; nous ajou- terons, au grand avantage de l'établissement, si nous comparons les pro- portions et l'aménagement du jardin actuel à l'état de l'ancien jardin de la Déserte. C'est à M. l'ingénieur Bonnet, chargé à cette époque de la voirie muni- cipale, que revient en grande partie le mérite de la disposition de l'École CII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de botanique, laquelle fut ensuite cataloguée par M. Cusin, déjà attaché sous ses ordres, puis sous ceux de M. le D" Faivre, qui en fut nommé directeur en 1859, sans que pour cela le jardin botanique cessàt, jus- qu'en 1871, de dépendre du service du pare de la Téte-d'Or. Mais à la date du 27 mars de cette année, un arrété nomma M. Faivre directeur indépendant, lui donnant M. Cusin comme aide-naturaliste et M. Denis comme jardinier en chef. C'est dans ces mémes conditions que nous trou- vons encore aujourd'hui le jardin botanique de la ville de Lyon. La disposition actuelle du jardin est à la fois agréable à l’œil et commode pour l'étude. Des plates-bandes disposées en demi-cercles concentriques, coupées par des allées formant rayons ou secteurs, facilitent l'accès dans toutes les portions de l'École. Plus de 4000 espèces herbacées ou sous- ligneuses, tant indigènes qu'exotiques, peuplent ces plates-bandes. La flore lyonnaise y est largement représentée, et les plantes qui en font partie sont distinguées par des étiquettes de couleur verte, tandis que les autres sont indiquées par la couleur bleue. Le nom français, le nom latin, celui de la famille, celui de la patrie, celui de l'auteur et la dénomination vul- gaire, ont place sur l'étiquette, ainsi que cela doit être dans tout véritable jardin botanique. La classification de De Candolle a été imposée lors de la création de l'école, dans le but d'éviter les remaniements d’après les idées personnelles de directeurs successifs. | A l’école purement botanique ont été annexées un certain nombre d'écoles spéciales utilitaires, telles que les arbres fruitiers soumis aux diverses méthodes de taille, les principaux cépages cultivés, les céréales, les plantes potagéres, les plantes médicinales, les arbustes d'ornement, les Rosiers, ete. l Une grande serre, composée d’un pavillon central et de deux ailes, abrite les végétaux exotiques délicats, qui y sont, autant que possible, rangés suivant l'ordre des familles et leur distribution géographique, quand toutefois les exigences de la culture ne s'y opposent pas. Plusieurs autres serres sont consacrées diverses collections, parmi lesquelles on remarque celle des plantes exotiques utiles. Nous avons pu y voir aussi un grand nombre d'espèces reçues directement du jardin botanique de Buitenzorg (ile de Java). Citons entre autres espéces rares ou curieuses : Aristolochia indica L. Cassia Fistula L. Bauhinia Richardiana DC. — glauca Lam. Leea sundaica Bl. Asparagopsis javanica Kunth. Memecylon ramiflorum Lam. Trichosanthes villosa Blum. Flacourtia Cataphracta Roxb. Charica densa. Melastoma Teyssmannii. Albizzia moluccana Miq. Cassia pubescens R. Br. Indigofera Teyssmannii. æ bacillaris Willd. et une série de variétés de Coffea arabica L. SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 18706. CII] Parmi les plantes de provenances diverses, on remarque : Xanthoceras sorbifolia Bunge. Sechium edule Swartz (d'un grand dé- Cœlebogyne ilicifolia Smith. veloppement). Hippomane Mancinella L. Au nombre des plantes médicinales industrielles ou curieuses : Cinnamomum aromaticum Nees. Curcuma Zedoaria Bose. — zeylanicum Nees. Nepenthes distillatoria L. Galactodendron utile H. B. Sarracenia psittacina Mich. Cinchona officinalis Auct. Victoria regia Lindl. Caryophyllus aromaticus L. Theobroma Cacao L. (fleurissant cha- Carapa guyanensis Aubl. que année). Piper Betel L. Vanilla aromatica Sw. — Cubeba L. Maranta arundinacea L. Cephaelis Ipecacuanha Rich. Laurus Camphora L. Erythroxylon Coca Lam. Comme complément du jardin botauique, il existe à la Téte-d'Or un conservatoire qui manque totalement d'apparence et de confort, mais d'une réelle importance par la variété des collections qu'il renferme et la valeur scientifique de quelques-unes d'entre elles. Parmi ces derniéres, peu- vent se ranger les herbiers de Claret de la Tourette, et ceux formés par le professeur Seringe, entre autres celui des Céréales et celui de la famille des Saules. Le temps nous a manqué pour juger pendant notre visite de l'étendue de l'herbier général et de l'herbier de la flore française, mais l'ordre nous a paru y régner pour la classification et l'étiquetage. On peut en dire autant d'une collection de bois déjà nombreuse et composée de jolis spé- cimens ; de celles des Champignons, des produits alimentaires, des fruits moulés dénommés d’après les descriptions du Congrès pomologique; des matières industrielles, textiles, tinctoriales, etc., qui figurent dans les vitrines de la principale galerie. | | Une bibliothèque botanique et une série de fruits et graines occupent deux autres pièces : la première est tout à fait insuffisante, la seconde est en voie de formation; il est à désirer que l'une et l'autre 5 accroissent rapidement, soit par des achats intelligents, soit par voie d'échanges. Le directeur, M. le D" Faivre, ne manquera pas de faire comprendre aux édiles de la ville de Lyon qu'il est de toute obligation pour elle de doter le jardin de la Téte-d'Or de tout ce qui est nécessaire à l'étude des sciences botaniques. | à rendre visit Avant de sortir du Conservatoire, nous avons tenu à rendre visi e au modeste laboratoire (mieux vaudrait dire grenier) où M. Cusin, l'intelli- gent et actif aide-naturaliste de M. Faivre, a consacré ses heures de loisir à la confection de son grand ouvrage, l'Herbier de la Flore francaise. Cette CIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. œuvre aujourd'hui achevée, dont les planches sont obtenues par un pro- cédé particulier de décalquage sur pierre lithographique, a déjà rendu et reudra dans l'avenir les plus grands services, en facilitant la détermina- tion des espèces, opération toujours difficile et longue, quand on n’a à sa disposition que des diagnoses écrites. Aussi, quoique certaines planches présentent quelques défectuosités inhérentes à l'opération du décalquage sur pierre, on ne saurait trop féliciter M. Cusin d'avoir mené jusqu'au bout un travail de cette importance, en dépit du peu de ressources dont il disposait et des imperfections de son installation. En résumé, les collections nombreuses et variées que renferme le parc de la Téte-d'Or, soit qu'elles dépendent du service dela voirie, ou qu'elles appartiennent au jardin botanique, forment un ensemble des plus remar- quables et des plus précieux comme établissement scientifique. En l'état actuel déjà, les unes sont complétées par les autres ; mais, avec une entente complète entre les deux services, nous croyons que l'on pourrait éviter des doubles emplois dans les cultures, et obtenir ainsi, sans augmentation de frais, un résultat encore meilleur, tant au point de vue de la science et de l'enseignement qu'à celui de la richesse des collections horticoles. RAPPORT DE M. le docteur X. GILLOT SUR L'HERBORISATION FAITE LES 39, 30 JUIN ET 4“ JUILLET 1876 DANS LE BUGEY ET LE VALROMEY (TENAY, HAUTEVILLE, FORÊT DE MAZIERES, FORÊT D'ARVIERES ET COLOMBIER DU BUGEY). Une herborisation dans le Dugey et le Valromey nous promettait d'avance une récolte abondante et pleine d'intérêt, gràce à l'attention délicate de nos collègues de la Société botanique de Lyon. M. Ad. Méhu, de sa plume alerte et élégante, M. le docteur Saint-Lager, avec son savoir bien connu, avaient écrit pour les Annales de la Société botanique de Lyon (1), le pre- mier, le récit d'une Herborisation à Tenay, à Hauteville, dans la forét de Mazières et au Vély (2), le second une Notice sur la végétation de la foret d'Arvières et du Colombier du Bugey (3). Ces deux mémoires, auxquels on avait ajouté une Notice sur la flore du Pilat, par M. Cusin (4), avaient été réunis en une jolie brochure (5), et distribués d'avance à tous les membres de la Société. Depuis longtemps déja le Bugey etle Valromey ont été souvent explorés ; les découvertes les plus récentes ont été consignées dans les Annales de la (1) Ann. de la Soc. bot. de Lyon, t. MI, % année, 1874-1875, ne 2, pp. 116-141. (2) Ibid., pp. 116-127. (3) Ibid., pp. 128-141. (4) Ann. Soc. bot. Lyon, t. I, 2° année, p. 118 et seq. (5) Herborisation dans les montagnes de Hauteville, du Colombier, du Bugey et du Pilat, par MM. Méhu, Saint-Lager et Cusin. Lyon, 1876, broch. in-8° de 39 pages. SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. CV Société botanique de Lyon, par MM. Magnin (1), Grenier, Chenevière (2) et Saint-Lager (3) ; elles ont été résumées dans les notices de nos distin- gués collègues. Mais si l'abondance et la précision des renseignements con- tenus dans leur brochure nous a été d'un précieux secours pour nous guider dans nos herborisations, elles n'en rendent que plus difficile ma tàche de rapporteur de notre excursion. Je n'aurai que bien peu d'espèces nouvelles à signaler. Nos recherches et nos propres observations n'ont fait, la plu- part du temps, que confirmer l'exactitude des indications fournies par nos devanciers, et c'est grâce à eux que je puis signaler de nombreuses espèces que, dans notre course trop rapide, il ne nous a pas été donné d'aper- cevoir (4). . Rendez-vous était pris le jeudi 29 juin, à cinq heures quarante du matin, à la gare des Brotteaux. La pluie torrentielle, qui n'avait cessé de tomber pendant la nuit et qui persistait encore à cette heure matinale avec un ciel entièrement couvert, eùt été bien propre à nous décourager. Mais la pluie du matin n'effraye pas le pèlerin, ditun proverbe bourguignon ; elle effraye encore bien moins les botanistes. Confiant dans notre bonne étoile, chacun de nous s'achemine intrépidement avec armes et bagages vers la gare, où nous nous retrouvons réunis au grand complet, et où nous avons même la surprise et le plaisir de voir notre petite troupe s'augmenter de quelques retardataires, entre autres de M. l'abbé Faure et de M. Arvet-Touvet (de Grenoble), qui, n'ayant pu assister à l'ouverture de la session, venaient cependant nous rejoindre. Dès la sortie de la gare, nos confrères lyonnais nous signalent les loca- lités intéressantes devant lesquelles nous passons rapidement. Aprés avoir contourné le parc dela Téte-d'Or, dont nous avons admiré la veille les serres magnifiques et le jardin botanique, nous traversons le Rhóne sur le pont-viaduc de Saint-Clair, long de 304 mètres, et nous passons sur | autre rive du fleuve, en laissant à notre droite le Grand-Camp, dont M. Cusin a Si bien étudié la végétation (5). La voie ferrée cótoie la rive droite du (1) Ann. Soc. bot. Lyon, t. I, p. 45. (2) Ibid., t. M, pp. 48, 53, 86; t. IH, p. 40. (3) Ibid., t. II, pp. 54, 88. , . MU (4) Je suis heureux de remercier ici nos savants et trés-honorés collégues, MM. l'abbé Chaboisseau, l'abbé Boullu, l'abbé Fray, docteur Saint-Lager, Méhu, Arvet-Touvet, Che- nevière, qui ont bien voulu faciliter ma tâche en me prétant le concours le plus empressé et le plus gracieux pour me fournir de précieux renseignements, m aider dans la déter- mination des espèces difficiles, et me permettre ainsi de donner à ce compte reudu, à défaut de tout autre mérite, celui de l'exactitude. Je me suis exclusivement borné à la partie phanérogamique de l'herborisation, laissant à la plume plus autorisée et plus compétente des savants cryptogamistes qui nous accom- Pagnaient le soin de combler cette lacune, et de nous dresser la liste des plantes cellu- laires qu'ils ont bserver pu observer. , . DEM (5) Voyez Cusin, Un coup d'œil sur le Grand-Camp et sur les terres qui iron in Ann. Soc. bot. Lyon, t. I, p. 53; Herborisation du Grand-Camp (ibid., p. » aus sence au Grand-Camp du Vulpia ligustica (ibid., p. 121); Herborisation dans s saes du Grand-Camp (ibid., t. M, p. 69). CVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Rhóne; nous pouvons admirer le cours majestueux de ce beau fleuve, et apercevoir les iles, les marais qu'il forme sur ses bords, et qui ont fourni aux botanistes lyonnais de si riches éléments. Sur notre gauche, s'élévent de gracieux coteaux, couverts de vignes et de villas, et séparés par d'étroits vallons; un peu plus loin le vieux château de la Pape, localité classique des environs de Lyon. Nous apercevons çà et là, et jusque sur le talus méme du chemin de fer, de magnifiques touffes de Salvia Sclarea L. Aprés avoir dépassé Montluel, nous voyons sur la rive gauche du Rhóne les tentes du camp de la Valbonne (1), puis nous atteignons Meximieux. Il était entré dans le programme primitif de fairé une station à Meximieux pour y visiter sur place les tufs calcaires de l'époque pliocène, si bien étudiés et illustrés par M. de Saporta (2), et dont les nombreuses em- preintes végétales révèlent l'existence, à ces âges reculés, d'une flore sub- tropicale aux environs de Lyon. Mais nous avons pu, les jours précédents, admirer dans les riches galeries du Muséum de Lyon l'oeuvre méme de M. de Saporta, et la collection des empreintes les plus remarquables par lui recueillies. Aussi nous continuons notre route, et aprés avoir successi- vement franchi l'Ain, puis l'Albarine, nous arrivons à Ambérieux, au moment méme où le ciel, pour récompenser notre zèle sans doute, s'éclair- cit, et où la pluie, jusque-là persistante, commence à s'arréter. Le train de Bourg entre en gare presque en méme temps que le nôtre, et nous améne deux zélés botanistes de l'Ain, M. l'abbé Journet, et l'excellent abbé Fray, qui connait à fond la flore de son département, et dont l'expérience sera pour nous un précieux auxiliaire. Nous ne tardons pas à repartir et à nous engager dans la pittoresque vallée de l'Albarine, si toutefois on peut donner le nom de vallée à la longue et profonde ravine au fond de laquelle l'Albarine roule avec bruit ses eaux torrentueuses sur les rochers et les cailloux blancs qui forment son lit et lui donnent son nom (alba arena). De chaque cóté, les roches calcaires élèvent perpendiculairement età des hauteurs vertigineuses leurs puissantes assises, dont les supérieures atteignent jusqu'à 800 mètres. Leur base est tantôt dénudée et couverte d'éboulis, tantót revétue de quelques taillis et de vignes, qui, sur la rive droite de l'Albarine surtout, escaladent les rochers inférieurs et s'étagent en verts gradins. De distance en distance une étroite erevasse divise la ligne des rochers, et l'on en voit jaillir une cascade grossie par les pluies du matin. Cà et là un petit. village, caché dans un repli du terrain, ou occupant un léger élargissement de la vallée, quelques filatures établies sur la rivière, rappellent que l'homme à pris (1) Voyez Herborisation au camp de la Valbonne, par M. Mathieu (in Ann. Soc. bol. Lyon, t. Hl, p. 87). | (2) G. de Saporta et F. Marion, Recherches sur les plantes fossiles de Meximieux (Ain), in Arch. du Muséum d'hist. nat. de Lyon, 1875. — A. Magnin, Fossiles végétaux des tufs calcaires de Merimieux (in Ann. Soc. bot. Lyon, t. Il, p. 37). SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. CVII possession de ces gorges sauvages, et les a assujetties a ses besoins et à son industrie. Nous pensons, en contemplant cette nature tourmentée et grandiose, aux plantes intéressantes que renferment probablement ces gorges peu fréquentées, les unes accrochées aux saillies et aux fentes de ces grands murs de rochers, les autres abritées par les taillis presque inaccessibles, d’autres cachées au fond des ravins ou étalées tout en haut des immenses éboulis. C'est à peine si dans notre marche rapide, emportés par la vapeur, nous distinguons, comme au vol, sur les talus de la voie ferrée et au bord des bois, quelques espéces dénotant un sol calcaire : Cytisus Laburnum L., Coronilla varia L., Lactuca perennis L., Campa- nula rapunculoides L., Rumex scutatus L., etc.; et dans les prés, le long de l'Albarine : Anthriscus silvestris Hoffm., Centaurea Scabiosa L., les larges feuilles du Petasites officinalis Mcench, et quelques belles touffes d'Ombelliferes, que nous avons cru reconnaitre pour le Chærophyllum Cicutaria Vill., descendu des montagnes avec les eaux. Nous passons devant Saint-Rambert en Bugey, où M. le docteur Saint- Lager, entre autres plantes remarquables, a découvert l Orobanche Cerva- rie Suard et le Stipa pennata L. (1), et bientôt aprés nous débarquons à Tenay. Nous sommes reçus à la gare par deux aimables botanistes de Tenay, MM. Chenevière et Grenier; ils nous annoncent à notre grand regret qu'il leur est impossible de nous accompagner, mais ils veulent bien cependant nous consacrer quelques instants et nous fournir d'utiles renseignements. Pendant qu'on prépare notre déjeuner à l'hótel Pittion, nous faisons sans plus tarder une petite herborisation intéressante aux environs mémes du village, sur la route de Tenay à la Burbanche et à Rossillon, le long de laquelle M. Grenier a signalé l'existence du Scrofularia Hoppii Koch (2). M. Chenevière nous fait voir, au pied de la gigantesque falaise de rochers à pic qui séparent Tenay du plateau d'Hostiaz (altit. 771 mètres), un petit ravin verdoyant. C'est là qu'il a découvert le rare Carex brevicollis DC., en société avec les Carex glauca Scop., C. teretiuscula Goodn., C. stel- lulata Goodn. et C. ornithopoda Willd. (3). Quelques-uns d'entre nous parlent déjà d'y grimper, et il semble en effet qu'on y puisse atteindre en quelques minutes, mais M. Chenevière nous fait observer que l'ascension sur les débris mouvants des éboulis est excessivement pénible, qu'il faut àu moins une demi-heure pour parvenir au pied des rochers, et que du (1) Docteur Saint-Lager, Herborisation à Saint-Rambert en Bugey, in Ann. Soc. bot. Lyon, t. II, p. 96. , (2) Ann. sc. bot. Lyon, t. Vl, p. 86. oa " (3) Cf. A. Magnin, Sur une nouvelle localité du Carex brevicollis qu 7» 48): Cuin, M. Chenevière dans les environs de Tenay (Ann. Soc. bot. de Lyon s h li ibid 59); Sur les caractéres distinctifs du Carex brevicollis et du Carex Mic elii Rain Lager Chenevière, Note sur l'extension du Carex brevicollis (ibid.. p. 53); "esméce (ibid " 54). e Carex brevicollis de Tenay et la distribution géographique de celte espece ? CVIII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. reste nous ne trouverons pas en cette saison le Carex brevicollis en bon état. Il nous faut donc renoncer à cueillir nous-mêmes cette curieuse espèce, et M. Chenevière nous en dédommage en nous distribuant géné- reusement, à notre retour, les échantillons qui lui restent de sa dernière récolte. Nous avons pu du reste, à la base des éboulis et sur les rochers qui bordent la route, prendre les espèces suivantes : Rumex scutatus L. Helianthemum vulgare Gærtn. Si'ene glareosa Jord. Teucrium Chamædrys L. Arabis muralis Bertol. Orobanche Teucrii Hol. Phalangium Liliago Schreb. (en fruit). | Brachypodium pinnatum P. de Beauv Chlorocrepis staticifolia Grisb. Erysimum ochroleucum DC. var. Polypodium calcareum Sın. — glareosum Jord. (1). Linaria alpina L. Melica nebrodensis Parl. Mœbringia muscosa L. Saponaria ocimoides L. Trifolium medium L. Sedum anopetalum DC. et sur les murs mêmes du village, Sedum dasyphyllum L. (2). Mais il est déjà dix heures du matin, et nous nous hâtons de rentrer à l'hôtel Pittion. Pendant le déjeuner le soleil achève de dissiper les nuages, et la route est déjà presque séchée, quand nous nous embarquons pour Hauteville, pleins d'ardeur et d'entrain. La vallée de l'Albarine, que nous commençons à rencontrer, est des plus pittoresques. La route de Tenay à Hauteville s'élève graduellement en suivant la rive droite du torrent, qui bouillonne au-dessous de nous en heurtant ses eaux de rocher en rocher. A notre gauche, les pentes de la montagne sont couvertes de prairies à la base, de bois de Chêne, au sommet. A droite, d'énormes rochers à pic surplombent le cours de l'Al- (1) En récoltant cet Erysimum en fruit à Tenay, quelques membres de la Société, frappés de l'aspect de ses feuilles grisàtres, de ses tiges robustes, ejc., étaient disposés à le rapporter à Erysimum australe Gay; mais sa souche qui émet des tiges longues et nombreuses couchées sur le sol, les unes stériles, terminées par des rosettes de feuilles, les autres fructifères, ascendantes, des siliques plus courtes, plus grosses, etc., le ratta- chent sans aucun doute à l'Erysimum ochroleucum DC., Fl. fr., IV, 658; G.G., I, 89. Cet Erysimum me parait cependant très-remarquable, comme l'a bien fait ressortir M. Jordan, qui le décrit comme espèce distincte sous le nom d'Erysimum glareosum Jord. (Diagn. I, 178) A Les feuilles inférieures sont assez courtes et très-denses, les caulinaires assez » isolées et recourbées au sommet, toutes un peu canaliculées et le plus souvent denticu- » lées. Les ramifications de la souche sont assez allongées et toutes couvertes des cica- » trices des feuilles détruites, qui sont bien plus rapprochées et plus nombreuses que » dans les autres espèces. Les siliques sont plus épaisses et les graines plus grosses. ” (Jord. loc. cit., p. 179). Si l'on considère en outre la pubescence appliquée et grisâtre des feuilles, cette forme me parait digne d'étre signalée, au moins à titre de variété. Elle dif- fere sensiblement, au premier coup d'œil, de tous les autres échantillons d'Erysimum ochroleucum DC., originaires des Alpes, que jai pu comparer. 2) M. le docteur Saint-Lager a signalé (Ann. de la Soc. bot. Lyon, t. IL, p. 55) un certain nombre d’autres espèces remarquables, au pied des rochers d'Hostiaz. Ou les retrouvera pour la plupart indiquées dans les notes de M. Chenevière publiées à la fin de ce compte rendu. SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. CIN barine, et cependant l'industrie a pu triompher de leur escarpement et des difficultés de toute sorte pour extraire de leurs flancs la pierre à chaux hydraulique, et nous pouvons, non loin de Tenay, voir fonctionner un système de waggonets alternativement montant et descendant à l'aide d’un treuil sur une pente des plus hardies, et servant à cette exploitation. Ce n'est du reste que la moindre industrie de la vallée. Au bord de la route, presque à cheval sur la rivière, qui leur fournit un moteur puissant et économique, nous rencontrons de beaux établissements : moulins, scieries, filatures, qui occupent tous les bras de la contrée, et sont une source de richesse pour le pays. Mais l'aspect de ce paysage si varié ne nous détourne pas du but de notre excursion, et tout en l'adinirant, nous faisons ample récolte de bonnes espèces. Au sortir même de Tenay, le long de la route, et dans les prés humides qui la bordent, avant d'arriver à une grande scierie, nous trouvons : Epilobium parviflorum Schreb. | Cirsium bulbosum DC. e — montanum L. Orobanche Scabiosæ Koch, var. Cir- — roseum Schreb. sii (1). Trifolium medium L. Eriophorum angustifolium Roth. Rumex scutatus L. Senecio flosculosus Jord. Equisetum arvense L. — Telmateia Ehrh. Thlaspi arvense L. Coronilla varia L. Juncus glaucus Ehrh. | Sedum acre L. Capsella rubella Reut. | — boloniense Lois. Picris hieracioides L. | — dasyphyllum L. Galeopsis angustifolia Ehrh. | — album L. — Tetrahit L. | — reflexum L. Bromus arvensis L. | Geranium pyrenaicum L. Rubus cæsius L. | Rosa repens Scop. | Verbascum Lychnitis L. — thyrsoideus Wimm. Kæleria cristata Pers. | — thyrsoideus var. coarctatus Mercier. Bellidiastrum Michelii Cass. Carex glauca L. Euphorbia stricta L. Salix incana Schranck. — verrucosa Lam. — rusticanus Mercier. ^ , M Q rout e En même temps les bords mêmes de l'Albarine nous offrent : Spiræa Ulmaria L. Stachys silvatica L. Eupatorium cannabinum L. Lysimachia vulgaris L. Poa nemoralis L. Prunus Mahaleb L. — fruticans Weihe. Salix incana Schranck. — caprea L. 'etasites riparia Jord. ans un pré très-humide une Orobanche de grande taille, à i cabiosæ Koch que par la coul ‘ur ochracée des arcules piliferes et des poils glanduleux. Ces ificati à i à l'habitat de la plante dins un sol humide. modifications tiennent peut-ètre uniquement à l'habi un: hérente irsi ; n L'Or ‘he Scabiosæ se ren- Elle était adhérente aux racines du Cirsium bulbosum DC. L Orobanche sense se ron : ' aux racine MM vu contre du reste non loin de là dans le Jura, et croit en parasite uon-se , (I) Nous avons trouvé d tres- épi long et très-serré, qui ne diffère d'0. 5 fleurs, la petitesse et la teinte pâle des tub CX SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Les rochers en face de nous, sur la rive gauche de la rivière, sont garnis de magnifiques touffes de Laserpitium Siler L., nichées jusque sur leurs plus inaccessibles aspérités et défiant notre atteinte. Ils supportent égale- ment de nombreux arbustes : Buxus sempervirens L. Amelanchier vulgaris Mœnch. Sorbus Aria Crantz. Coronilla Emerus L. Hieracium Jacquini Vill. Autour de la scierie mécanique, nous cueillons en abondance : Carduus defloratus L. Galium myrianthum Jord. Saponaria ocimoides L. Euphorbia dulcis L. Campanula rapunculoides L. et un peu plus loin, sur les talus de la route : Rosa systyla Bast. Reseda lutea L. Ægopodium Podagraria L. Cirsium eriophorum Scop. Dipsacus silvestris Mill. Muscari comosum Mill. Carduus nutans L. Avant d'arriver au pont de la Violette, de longs bancs de rochers, in- clinés sous un angle d'au moins 45°, descendent du flanc de la montagne, et commencent à nous montrer dans leurs fissures quelques-unes des espèces caractéristiques de la flore du Bugey, et que nous rencontrerons plus loin : Arabis hirsuta Scop. (sagittata DC. p. | grandiflorum Koch (H. grandiflo- PA) rum DC.). Dianthus silvestris Wulf. | Digitalis lutea L. — saxicola Jord. (2). | Brunella alba Pall. Laserpitium Siler L. Saponaria ocimoides L. Hutchinsia petræa R. Br. | — tomentella Leman. Phalangium ramosum Lam. | Echium vulgare L. var. Wierzbickii Helianthemum vulgare Gærtn. var. | Hab. | Stachys annua L. | Rosa permixta Rip. et sur les rives de l'Albarine, autour du pont de la Violette, le Petasites officinalis Meench (P. riparia Jord.), en trés-grande quantité, avec : racines des Scabieuses, mais aussi sur celles de quelques Carduacées (Carduus deflora- tus L., Cirsium eriophorum Scop.). J'ai donc eru devoir rapporter l'Orobanche de Tena à la variété de l'Ürobanche Scabiosæ Koch (0. Scubiosæ var. Cirsii). (1) La confusion qui existe au sujet de la valeur spécifique de l'Arabis sagittata DC. m'a fait, à l'instar de M. Lamotte (Prodr. de la fl. du plateau central de la France, p- 74, adopter le nom d'A. hirsuta Scop. M. Jordan (Diagn. {,, p. 108 et 109) a distingué ut grand nombre de formes qu'il a élevées au rang d'espèces : j'avoue être inhabile à les reconnaitre. (2) La forme la plus répandue dans le Bugey est celle à feuilles supérieures conformes aux inférieures. C'est le Dianthus silvestris A ebracteatus G. G., Fl. Fr. 1,238; Dianthis saxicola Jord., Pug. p. 29. SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. CXI Pulicaria dysenterica Gærtn. Phalaris arundinacea L. Cardamine impatiens L. Achillea Ptarmica L. Pimpinella magna L. Iris Pseudo-Acorus L. Mentha candicans Crantz. À ce point, la vallée, jusque-là fort encaissée, s'élargit, le fond en est occupé par des prés herbeux qu'arrose l'Albarine. Deux chemins se pré- sentent à nous. L'un est la route de Hauteville qui traverse la rivière el continue à monter à travers les bois de la côte et sur le flanc de la mon- tagne de Longecombe. On ne nous indique guère le long de cette route que Centhranthus angustifolius DC., Rubia peregrina L., etc., que nous retrouverons ailleurs, et Gentiana ciliata L., qui west point encore en fleur. Aussi nous décidons-nous, sur le conseil de nos guides, à suivre l'autre chemin, qui tend au village de Challey, en remontantla rive droite de l'Albarine, et se déroule entre les pâturages et les pentes boisées de la montagne d’un côté et les prairies de l'autre. La saison, trop avancée, ne nous permet pas de récolter dans ces prés les belles espèces vernales, qu'on y a signalées : Cardamine amara L., Gagea lutea Schult., Fritillaria Meleagris L., Scilla bifolia L., Narcissus poeticus L., mais nous en sommes dédominagés par le grand nombre de plantes intéressantes que nous rencontrons à chaque pas : Geum rivale L. Cirsium oleraceum Scop. Aconitum Lycoctonum L. Hesperis matronalis L. — Napellus L. Anthriscus silvestris Hoffm. Ranunculus aconitifolius L. Senecio Jacobæa L. Geranium pyrenaicum L. — flosculosus Jord. (1). Epilobium spicatum Lam. Festuca arundinacea Schreb. Deschampsia cæspitosa P. de B. — gigantea yill. Cardamine impatiens L. Salix incana Schranck. Aquilegia vulgaris L. Valeriana officinalis L. et sur les murs ou rochers qui bordent la route : Rubus tomentosus Borkh. Salvia glutinosa L. — — — rusticanus Merc. Centranthus angustifolius L. — idæus L Arabis muralis Bert. Rosa lutetiana Lem. var. glaucescens. | — hirsuta Scop. — Desv Asplenium Halleri DC. Coronilla Emerus L. Mehringia muscosa L. Erinus alpinus L. Saxifraga Aizoon L. | | Ceterach officinarum Willd. Cystopteris fragilis Bernh. var. dentata Sin. G.G. Senecio viscosus L. Lepidium campestre. L. Genista pilosa L. — tinctoria L. Laserpitium latifolium L. Lactuca muralis Fresen. Pimpinella saxifraga L. Epilobium montanum L. . IL, p. 88 (1) M. le docteur Saint-Lager a signalé en 1874 (Ann. Soc. bot. Lyon, t p. 85) CXII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Draba inuralis L., sur les rochers autour de Challey, où cette jolie et rare espéce a été signalée par M. le docteur Saint-Lager, qui a fait une étude approfondie de sa distribution géographique (1). Nous apercevons, en passant, sur notre gauche, l'entrée de la Combe du Vaux de Bœuf, où M. Grenier a découvert nombre de bonnes espèces, presque toutes vernales : Crocus vernus All., Corydallis bulbosa DC., Leucoium vernum L., Adoxa moschatellina L., Erythronium Dens- canis L. (2), et nous continuons notre route en recueillant : Lamium maculatum L. et sa var. niveum | Scrofularia Ehrharti Hev. (L. niveum Host.). Sedum boloniense Lois. Carduus crispus L. tandis que les prés, qui sont au printemps couverts des élégantes clochettes du Fritillaria Meleagris L., abondent actuellement en quelques-unes des espéces déjà rencontrées plus bas dans toute la vallée : Petasites officinalis Mœnch, Anthriscus silvestris Hoffm., Cirsium oleraceum Scop., etc. Mais bientôt les prés cessent ; la vallée, de plus en plus resserrée entre d'énormes rochers, ne laisse plus entre eux qu'un étroit chenal, par où s'échappe l'Albarine ; nous franchissons le torrent sur un petit pont jeté entre deux rocs : c'est le pont des Pattes. Les roches qui l'avoisinent sont arrosées en maints endroits par les infiltrations des eaux de la mon- tagne. On trouve sur ces roches mémes ou à leur pied : Dianthus silvestris Wulf. (saxicola Jord.) | Scolopendrium officinale L. Hieracium amplexicaule L. (3). Prenanthes purpurea L. — pulmonarioides Vill. Asplenium viride Huds. — Pseudo-Cerinthe Koch. — Halleri DC. -- Jacquini Vill. Arabis Turrita L. et un peu plus haut, le long de la rivière, Ranunculus aconitifolius L. e! l'abondance du Senecio flosculosus Jord. dans les prairies voisines de Challey; nous sommes loin de l'avoir trouvé cette année en aussi grande quantité, et de nombreux in- dividus de S. Jacobea L. croissaient en société avec lui. Ce serait une raison pour revenir à l'opinion des anciens auteurs, notamment de Gaudin, qui ne voyaient dans cette plante qu'une variété de S. Jacobea (S. Jacobæa L. 88 flosculosus Gaud. Fl. Helv. V, 286). Je dois dire cependant que j'ai eu l'occasion d'observer le S. flosculosus Jord. au pied du Jura, dans la vallée de la Valserine (Ain), où il était trés-copieusement représenté, sans avoir rencontré un seul pied de S. Jacobæa type. (1) Ann. Soc. bot. Lyon, t. II, p. 89. (2) Ann. Soc. bot. Lyon, t. III, p. 44. (3) M. le docteur Saint-Lager affirme avoir récolté F Hieracium amplexicaule L. entre Challey et Charabotte, en. méme temps que FH. pulmonarioides Vill. (Saint-Lag®r, in hit.). Celle dernière espèce, très-affine du reste avec M. pulmonarioides Vill. et souvent confondue avec celle-ci, peut-être avec raison, est dans tous les cas singulièrement plus rare dans le Bugey que cette dernière, dont nous avons noté la présence et l'abondance sur plusieurs points. L'H. Pseudo-Cerinthe Koch se rencontre aussi en plusieurs endroits. L'Erythronium Dens-canis L. est indiqué par M. Chenevière, prés du pont des Pattes. SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. CXII Lunaria rediviva L. Mais nous n'avons pas le temps de remonter le cours de l'Albarine jusqu'aux cascades de Charabotte (1), où nous eussions peut- être pu faire quelques découvertes intéressantes. Nous quittons le bord des eaux, et nous commençons à gravir sur la rive gauche, à travers les bois de [êtres et de Chênes, un chemin sinueux et caillouteux, le long duquel nous observons dans les taillis ou sur les rocailles : Polypodium calcareum L. | Orobus tuberosus L. Acer Pseudo-Platanus L. | Phyteuma spicatum L. — opulifolium Vill. | Thlaspi montanum L. Senecio erucifolius L. | Campanula pusilla Hænk. subramulosa Stachys alpina L. Jord. (2). Paris quadrifolia L. Daphne Laureola L. Melittis Melissophyllum L. grandiflora | Galium myrianthum Jord. Sm. Epipactis latifolia All. Rubia peregrina L. Amelanchier vulgaris Mœnch. Centranthus angustifolius L. | Arabis Turrita L. koleria cristata Pers. Sesleria cærulea Ard. Trifolium rubens L. Erinus alpinus L. Sanicula europæa L. Valeriana montana L. Vincetoxicum officinale Mænch. Scabiosa lucida Vill. et sa variété gla- Hypericum hirsutum L. brescens Jord. Ribes alpinum L. ():Les environs de la cascade de Charabotte ont du reste été visités plusieurs fois par les botanistes de la localité; les plantes les plus remarquables qu'ils y aient signa- lées sont : Acer monspessulanum L. Valeriana tripteris L. Campanula pusilla Hænk. Petasites albus Gærtn. Digitalis grandiflora All. Bellidiastrum Michelii Coss. Salvia glutinosa L. Betula alba L. Lunaria rediviva L. Lilium Martagon L. Hypericum montanum L. Aspidium Lonchitis Sw. 0 Rubus saxatilis L. (Cheneviere, in litt.) (2) Le Campanula cæspitosa Scop. a été faussement signalé dans le Bugey. MM. Méhu et Saint-Lager, qui avaient reproduit cette indication, se sont empresses de reconnaitre leur erreur, et notre savant collègue le docteur Saint-Lager m'a communiqué à cet égard une note qu'il me parait bon de reproduire : « Examen fait, m écrit-il, de tous les échantillons récoltés dans nos divers voyages dans le Bugey, nous n'avons jamais trouvé le Campanula cæspitosa Scop., qui a les feuilles des rosettes stériles courtement pétiolées, atténuées en coin à la base, et même plus ou moins décurrentes sur le pé- tiole. Toutes les Campanules du Bugey que je possède dans mon herbier, de même que toutes celles que j'ai vues dans les herbiers de nos collègues, sont en réalité des Campa- nula pusilla Hænk., ayant les feuilles ‘des rosettes stériles, longuement pétio es us arrondies à la base, tantót cordiformes, et Jamais prolongées le long du pétio e Jal visité dans l'herbier de M. Jordan plusieurs gros paquets de Campanules de ce groupe provenant de diverses localités du Bugey, du Jura, de la Savoie et du Dauphiné : je n'ai pas trouvé un seul échantillon qui puisse ètre rapporté au véritable C. cæspilosa SCOp.; de sorte que l'existence de ce type dans nos Alpes françaises, et surtout daus nos régions jurassiques, me parait fort douteuse. Tous les spécimens de C. ces ose què Jai vus, provenaient du Tyrol, du Salzbourg, de la Styrie, de la Carinthie , É u M e t pays situés dans la région des Alpes Noriques, Dinariques et Julieunes. » (Docteur 5: Lager, in litt.) J'étais arrivé aux mêmes conclusions T. XXIII. en étudiant les Campanules du Jura et du Bugey H CXIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Le chemin que nous suivons nous conduit, par une rampe assez forte, à peu près jusqu'à mi-cóte. Avant de prendre les lacets, par lesquels nous devons achever notre ascension pour regagnerla graude route de Haute- ville, nous nous arrétons un instant pour admirer le splendide spectacle qui s'offre à nos yeux. Au-dessous et tout à fait en face de nous, le petit hameau de Charabotte, abrité par l'immense falaise de rochers nus et à pic, qui supporte à 400 metres plus haut les vertes prairies et le joli bourg de Lacoux (814 mètres); à notre gauche, la vallée profonde et étroite de l'Albarine, que nous venons de parcourir ; à droite, un hémieyele de roches colossales qui ferment la vallée, et d'ou se précipite la cascade ou plutôt les cascades de Charabotte. Les grandes pluies des jours précédents ont grossi le torrent, souvent à sec en cette saison, el nous procurent limpo- sant spectacle de la cascade dans sa splendeur. Du haut de la ligne de rochers qui forme le fond de la vallée, par une légère échancrure, s'élance une nappe d'eau écumeuse, qui tombe d'une hauteur de plus de 100 metre sur une première assise de pierres, bondit et rebondit en formant une série de cinq chutes successives de moins en moins élevées, mais qui vont en s'élargissant, et constitue en définitive une magnifique cascade de 200 mètres d'élévation, véritable Staubbach du Bugey! Tout auprès, et à droite de la chute principale, de deux grottes béantes au milieu même de la paroi des rochers, jaillissent deux autres cascades moins abondantes, qui tombent et se brisent en un nuage d'écume à la base de la falaise, et dont les eaux, filtrant à travers les blocs éboulés et noircis par le temps, dessinent de loin comme un réseau de dentelle blanche, qui finit par se réunir aux eaux de la première cascade. Après avoir contemplé à loisir ce merveilleux point de vue, nous nous reprenons à monter par le sentier le plus rapide, mais le plus court, e! nous ne lardons pas à atteindre la maison de Gardes, située sur la roule de Hauteville. Chemin faisant, dans le bois dont l'essence dominante est le Hêtre (Fagus silvatica L.), nous remarquons : Adenostyles alpina Bluff et Fing. Hieracium murale L. var. H. silvi- Pirola secunda L. vagum Jord. " Sig TN , Rhamnus alpina L. Epipactis atrorubens Hoffm. Mercurialis perennis L. Silene glareosa Jord. (1). lilia platyphylla Scop. Sambucus nigra L. Polygonatum verticillatum All. — racemosa L. Pulmonaria affinis Jord. Rosa tomentosa Sm. que j'avais récoltées moi-même ou reçues sous le nom de C. ccspitosa, et qui doivent être exclusivement rattachées au C. pusilla. Du reste, Grenier et Godron (Fl. de Fr. Il, 46) avaient déjà mis en doute l'existence du C. cespitosa Scop. en Dauphiné. M. Verlot (ee Poele Hei. le rejette également, et rapporte le C. cæspitosa Vill. non Scop. Je dois ajouter que parmi les espèces nombreuses que M. Jordan a détachées du groupe du C. pusilla Hænk., c'est le C. subramulosa Jord. qui m'a paru la forme dominante dans le Bugey. a) Le Silene glureosu Jord, Puy., p. 31, admis comme espèce par la plupart des fo- SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. CXV De la maison de Gardes jusqu’au point culminant de la côte, la route serpente dans la forêt de l'Essarion, en nous laissant constamment sous les yeux le pittoresque tableau de la cascade de Charabotte. Tout le long du chemin se pressent les plus intéressants spécimens de la végétation du Bugey. L'Artemisia. Absinthium L. pousse en grosses touffes cà et là sur les bords de la route. Sur les pentes escarpées qui la dominent, les blan- ches et luxuriantes panicules du Spiræa Aruncus L. s'apercoivent de loin ; tandis que dans les taillis les Cytisus Laburnum L. et Cytisus alpinus Mill. croissent ensemble et presque en égale abondance, à còté de plusieurs arbres et arbustes remarquables : Acer opulifolium Vill. Sorbus aucuparia L. — Pseudo-Platanus L. — Aria Crantz. — campesire L. Salix appendiculata Vill. Sambucus racemosa L. — oleifolia Vill. ! (1). Malus acerba Mérat. — caprea L. Au bord du bois et dans les lieux découverts nous trouvons : Rubus tomentosus Borkh. | Hieracium Auricula L. Dentaria pinnata L. — pulmonarioides Vill. Festuca silvatica Vill. Teucrium montanum L. Arabis alpina L. Laserpitium latifolium L. var. aspe- Lactuca perennis L. rum Soy.-Will. (asperum Crantz). ristes modernes (Reuter, Grenier, Verlot, ete.), me parait cependant se relier d'une facon bien étroite au type de S. inflata L., dont il n'est peut-être qu'une variété remarquable et due à l'habitat. En effet, la plupart des caractères différentiels qu'on lui attribue : tiges couchées, pauciflores, feuilles glauques, étroites, calice peu enflé, ete., n'ont rien de bien spécifique, et peuvent tenir à l'habitat de la plante dans les éboulis ou sur des pentes sèches et pierreuses. J'ai pu suivre sur le bord des éboulis et dans les bois voisins des formes intermédiaires entre S. glareosa Jord. et S. inflata L., jusqu au type parfait. Il reste cependant le caractère tiré des pétales portant une couronne bilobée ou une écaille bifide, au lieu de deux petites bosses : je regrette de n'avoir pas recherché les variations de ce caractere dans les intermédiaires observés. D. | | (1) Le Salix oleifolia Vil. est regardé comme hybride de S. incana Schranck et de S. cinerea L. (S. incana-cinerea Grenier, in G. G. Fl. Fr., t. II, p. 133, Obs.). Nous n'avons pas observé le S. cinerea L. dans les bois de la Còte et de l'Essarion à ue de S. oleifoléa ; mais les S. appendiculata Vill. (S. grandifolia Ser.), S. caprea AS i- cana Schranck ; cependant le S. cinerea L. se trouve un peu plus haut, près "n antuy- Il est possible qu'il y ait plusieurs hybrides confondus jusqu à T jonr, i sur Jesquels il serait utile d'appeler l'attention des botanistes locaux. La forme la p us répan: ue obs r vée par nous a les feuilles assez grandes, très-tomenteuses et fortement xeinées M ( essous, C'est le S. oleifolia y longifolia var. 1° (S. patula Kern.) dAnderson in DO- ! rot r: t. XVI, sect. u, 305. M. Méhu a mis en doute 1 existence du "n n ia i dM Bugey (Ann. Soc. bot. Lyon, t. Ul, p. 121, et tirage à part, p. ). h jis nons M i l'étude de ce Saule, que nous n'avons pu voir du reste ni en cur, ni en rni , o per met pas de le méconnaitre, mais sa diagnose a ete confirmée pi nes savants eeue MM. Faure, Arvet et Chaboisseau, qui sont familiers avec l'espèce dauphinoise ‘ n" M. le docteur Saint-Lager a vu en outre un échantillon de l'her Á Seringe, é guo S. oleifolia Vill., et dont les feui les lui ont paru exactement semblables 1 Loco M La Lager, in litt.). Le S. oleifolia est regardé comme étant le $. Sering motte, cor. p. 336, bien différent de S. Seringeana Gaudin. CXVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Epilobium spicatum Lamk. Phleum nodosum L. Valeriana montana L. Thalictrum saxatile DC. Knautia silvatica Duby. — oreites Jord. (1). Calamagrostis varia Schrad. Botrychium Lunaria Sm. Euphorbia amygdaloides L. Cynoglossum officinale L. La rapidité de notre marche nous empéche de battre les pelouses et le bois humide et rocheux qui couvrent la droite de la route, et où nous pour- rions récolter, sur les indications du trés-distingué secrétaire de la So- ciété botanique de Lyon, M. A. Magnin : Valeriana tripteris L. Atropa Belladona L. Bellidiastrum Michelii Cass. Phyteuma orbiculare L. Cystopteris fragilis Bernh. Elymus europæus L. Trollius europæus L. Hypericum montanum L. Alchemilla vulgaris L. Campanula Chaberti Cariot (2). Enfin nous atteignons le col ou golet de Thiou, par lequel la route gagne le plateau de Haüteville. Deux murailles de rochers à pie qui ne lais- sent entre elles que l'espace bien juste nécessaire au passage de la route, semblent, comme deux fortifications naturelles, défendre l'abord de la vallée. Nous apercevons dans leurs anfractuosités les plus élevées quelques pieds non fleuris de Potentilla caulescens L. et d'Hieracium bupleuroides Gmel.! (3) accompagnés de quelques espèces que nous avons déjà rencon- (1) Rien n'est plus difficile que la distinction des espèces appartenant au groupe du Thalictrum minus. Les différents auteurs ont certainement compris sous ce nom plu- sieurs espèces qui méritent d'être distinguées, mais dont la synonymie est confuse. Le vrai Th. minus de Linné répond à une forme glauque, pruineuse, à feuilles rougeûtres au sommet, à floraison précoce (L. Sp. ed. II; cf. Richter, Codex Linn. p. 542). Nous avons aperçu dans le Bugey plusieurs formes de Thalictrum, mais trop peu développées pour pouvoir les étudier utilement. Celui que j'ai récolté en fleur près du golet de Thiou se rapporte, par sa tige élevée, glabre, fistuleuse, amplement feuillée, ses feuilles courte- ment pétiolées, vertes, glabres, à segments incisés, à dents aiguës, sa panicule pyramidale à rameaux allongés, à pédoncules grêles, etc., au Th. saxatile DC., Fl. Fr. Y, 633, et Syst. nat. 1, 178; — G.G. Fl. Fr. 1,7; Th. collinum Wallr. Bor. Parmi les nombreuses espèces, presque inextricables, décrites par M. A. Jordan, la description du Th. oreiles Jord. Diagn. l, p. 28, m'a paru se rapporter assez fidèlement à ma plante. M. Jordan, du reste, regarde cette espèce comme etant le Th. saxatile DC., et tend à le réunir égale- ment au Th. nutans Desf. dont l'affinité est en effet bien grande. (2) Celles de ces espèces que nous n'avons pu reconnaitre par nous-mémes out été constatées à plusieurs reprises dans les localités citées par les botanistes lyonnais (cf. A. Magnin, Herboris. etc., in Ann. Soc. bot. Lyon, t. l, p. 49-50). L'exactitude de ces indications a encore été certifiée tout récemment, sauf pour le Campanula Chaberti Cariot (C. anguloso-ciliata Chabert), que j'ai cependant cru devoir citer sur l'autorité de MM. Magnin et Cusin, à cause de sa rareté, puisque la seule localité connue, d'apres P de la montagne Saint-Benoit, près Belley (Cariot, Etude des fl., 5° édit. (3) L'Iieracium bupleuroides Gmel. du golet de Thiou, que nous n'avons pu étu- dier qu'en boutons, diffère beaucoup de PJ. glaucum All., du Dauphiné, par sa tige grèle, élancée, bien plus feuillée, par ses feuilles radicales plus étroitement linéai- res, à dents rares et courtes, par ses rameaux dressés. Il diffère d'H. porrifolium b. par la tige peu rameuse et seulement à sa partie supérieure, par les rameaux dressés, les SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. CXVII trées : Kernera auriculata Rehb. (1), Erinus alpinus L., Dianthus sil- vestris Wulf. (D. saxicola Jord.), Hieracium pulmonarioides Vill., etc. Aprés avoir franchi le golet de Thiou et dépassé le premier tournant de la route, l'horizon s'élargit subitement, et un changement de décor complet s'opère dans le paysage. Au lieu des gorges sévères que nous venons de quitter, s'étend devant nous un vaste plateau, couvert de cul- tures, de riches et verts pâturages, et arrosé par le cours supérieur de l'Albarine. Au fond de la vallée, le ‘gros bourg de Hauteville étale sur la colline son amphithéàtre de blanches maisons. Sur la gauche, les tourelles ardoisées du château de Lompnes, propriété de la famille d'Anzeville, émergent du massif de verdure qui les entoure, et brillent aux rayons du soleil. Comme fond de tableau, les montagnes du haut Bugey, que nous devons visiter le lendemain, et les sombres foréts de Sapins qui les cou- ronnent. Une courte halte permet aux retardataires de rejoindre l'avant-garde de la colonne, et nous reprenons notre course en fouillant les haies des prés, et le petit bois couvert et marécageux qui longe la route à droite, et qui nous est signalé comme particulièrement riche en bonnes espèces. Ce sont en effet : Asarum europæum L. Sanicula europæa L. Neottia Nidus-avis Rich. Cephalanthera grandiflora Bab. Polygonatum verticillatum All. Asperula odorata L. Aconitum Lycoctonum L. Actæa spicata L. Pirola rotundifolia L. — minor L. et sur les bords mêmes de la route : Hesperis matronalis L. Salix purpurea L. j Bromus asper L. Lithospermum officinale L. Artemisia Absinthium L. Geranium silvaticum L. Nous arrivons bientôt au petit hameau de Nantuy (741 mètres), et après y avoir pris quelques rafraichissements que notre longue course et l'ardeur du soleil nous faisaient désirer depuis longtemps, nous nous acheminons vers les marais de Cormaranche (2). écailles de l'involucre aiguës. C'est donc à tort qu'on l'a regardé comme rH. glaucum All. (Cariot, Etude des fl. 5° édit. I, 371). C'est bien au contraire lH. bupleuroides Gmel. Koch., et je suis heureux de pouvoir citer à l'appui de cette opinion l'autorité de y ! à avis sur les Hieracium récoltés dans M. C. Arvet-Touvet, qui a bien voulu me donner son o l no rsion, et dont la compétence est connue daus l'étude de € Bugey pendant notre excursion, "(0 Tous les échantillons de kernera que j'ai vus du Bugey ont les feuilles caulinaires pourvues d'oreillettes, les silicules petites obovales ou elliptiques, compr essi les, eten se rapportent ainsi au À. auriculata Rchb., K. saxatilis G. G. non Reh ar sr Rchb. serait une espèce propre à l'Allemagne, nulle ou très-rare en France. (Ut. , Prodr. de la fl. du plateau central de la France, pe 94.) Le Nantuv ; Narcissus Psevio- (2) M. Chenevière signale dans les pres des environs de Nantuy : ; CXVIII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Autour des maisons mêmes de Nantuy, nous récoltons : Veronica Bux- baumii Ten., sur les décombres, Stachys alpina L., Pulmonaria affinis Jord., et dans les prés voisins, Carduus multiflorus Gaud ! (1) ; un peu plus loin, sur les friches : Hippocrepis comosa L. Polygala vulgaris L. Genista sagittalis L. Berberis vulgaris L. Coronilla minima L. A quelques pas de là se développe sur nolre gauche un large espace absolument couvert d’un chaos de grosses roches trouées et disloquées dans tous les sens, qu'on ne peut parcourir qu'en sautant de l'une à l'autre et non sans quelque danger. Leurs interstices et leurs cavités sont peuplés de plantes et d'arbustes nombreux et assez rares : Alsine Jacquini Koch. Festuca glauca Schrad. Convallaria maialis L. Genista pilosa L. Silene nutans L. Veronica spicata L. Amelanchier vulgaris Mœnch. Allium fallax Don. Teucrium Botrys L. Euphrasia salisburgensis Fk. Rhamnus alpina L. Rubus saxatilis L. Lonicera alpigena L. Valeriana officinalis L. var. angustifolia Hieracium præaltum Vill. Koch (V. angustifolia Tausch. )(2). Calamintha alpina Lam. Au bout de ce bane de rochers, nous tournons un peu sur la droite, ci nous voyons alors s'ouvrir devant nous une longue prairie dont les hautes et larges touffes de Phragmites communis Trin. et de Phalaris arundi- nacea L., dévoilent à distance la nature marécageuse. Ce sont en effet les Narcissus L., Erythronium Dens-canis L., Crocus vernus All. M. Ant. Magnin a signalé dès 1872 la grande abondance du Fritillaria Meleagris, dans les prairies situées un peu plus haut, sur les bords del'Albarine, surtout au voisinage du pont du chemin de Haute- ville à Montgriffon (voy. Ann. Soc. bot. Lyon. t. I, p. 81). (1) Le Carduus multiflorus Gaud. n'est probablement qu'une belle variété de C. cris- pus L. C'est le C. crispus B polyanthemos G.G. Fl. Fr. II, 930, et Grenier, Fl. de la chaine jurass. p. 442. Je l'ai déjà récolté à Mijoux (Ain). IL diffère du C. crispus par ses feuilles vertes sur les deux faces, plus grandes, à lobes plus larges, par ses périclines ara- néeux, à écailles lancéolées-linéaires, dressées, étalées et non recourbées. Hl me parait varier pour la disposition de ses fleurs, agrégées en plus ou moins grand nombre (2-61, mais ordinairement pédicellées, quelquefois assez distantes, rarement solitaires, et pour la forme du péricline, globuleux ou ovoide, C'est hien certainement le C. multiflorus de Gaudin, qui n'a pas vu de différences entre les akènes de cette espèce et ceux du C. crispus (semina fere eadem Gaud.), tandis que Koch (Syn. édit. 3, p. 343) différencie, d’après Sonder, le C. multiflorus « akeniis longitudinaliter subtilissime striolatis » du C. cris- pus « akeniis transversim. in striis comprime rugulosis ». Du reste, Gaudin lui-même (Helv. V, p. 167, obs.) avoue que ces deux espèces sont trés-voisines, qu'on trouve des formes intermédiaires, et que pendant longtemps il a regardé le Carduus multiflorus comme une simple variété du C. crispus. J'ai parfaitement observé sur le Chardon de Nan- tuy à la fois des stries transversales ondulées très-apparentes, et des stries longitudi- nales moins prononcées sur les akènes. (2) Cette. Valériane eroit abondamment dans les ereux des rochers : c'est dans des SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. CXIX marais de Cormaranche, que la Société botanique de Lyon n'avait pas eu le temps d'explorer en 1875, et où nous est promise une abondante mois- son. Malheureusement l'heure déjà avancée nous presse, et nous n'avons pas de temps à perdre avant le déclin du jour. Nous nous hàtons de cueillir à l'entrée de la prairie : Digitalis grandiflora Lamk., Melica nutans L., Gentiana lutea L., puis successivement les espèces suivantes en extrême abondance : Carum Carvi L. Polygonum Bistorta L. Anthriscus silvestris Hoffm. Hesperis matronalis L. Sanguisorba officinalis L. Cerastium arvense L. Deschampsia cæspitosa P. de RB. et sa | Colchicum autumnale L. variété pallida G. G. (Aira parvi- | Rhinanthus minor Ehrh. flora Thuil.). Centaurea Jacea L. Carex hirta L. — nigra L. (C. obscura Jord.). Euphrasia officinalis L. Leontodon hispidum L. Ægopodium Podagraria L. Keleria cristata Pers. Geum rivale L. La plupart de ces plantes sont remarquables par leur grande taille et leur vigoureuse végétation. A mesure que nous avancons, le sol devient de plus en plus humide, et bientôt nous pataugeons littéralement et résolüment dans le marais. La prairie marécageuse de Cormaranche, orientée du S. E. au N. 0., s'étend sur une longueur de 2500 mètres et une largeur moyenne de 700 métres, entre le bois de Dergit à lE. etle village de Cormaranche à lO., La superficie est d'environ 17 hectares. Elle est traversée dans toute sa longueur par un ruisseau, le Biez de Vondru, et de nombreux fossés plus ou moins profonds et perpendiculaires au ruisseau, témoignent des tenta- tives d'assainissement opérées pour l'exploitation du marais. n en résulte que la surface de la prairie est en certains endroits très-humide et parse- mée de flaques d'eau ; dans d'autres presque asséchée, mais partout avec un sol profondément tourbeux, d’où une grande variété dans la végétation ; et ce n'est pas sans étonnement que le botaniste, aprés avoir cueilli au milieu des Sphagnum les espèces des tourbières, aperçoit tout à côté des plantes qu'il est habitué à ne rencontrer que dans des stations plus sèches. conditions analogues que j'ai déjà eu occasion de l'observer et de la récolter dans le Jura, au Colombier de Gex et autour des chalets de la Cateline. Quelques N ar ns du Bugey portent des dents aux feuilles inférieures, ce qui les rapproche à u spe » taille est souvent très-élancée, et les fleurs aussi grandes que dans » m» mai o folioles sont toujours plus étroites et ordinairement résines. © est crue RUE cinalis à angustifolia minor Gaud. Fl. helv. 1, 77. U fandrait, ' après K LAM à cette plante le V. angustifolia Tausch. des montagnes de la vhême : ap rase ep ci fique qui lui est consacrée dans le Prodromus de De Candolle s'y rapporte m araphe tous points, bien qu'en parlant des variations de V. officinalis L, dans le pa agra pno précédent, De Candolle ait déjà signalé des variétés à feuilles étroites, et mé (foliis rarissime integerrimis DC. Prodr. IV, 641). CXX SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Voici la liste, aussi complète que possible, des espèces que nous avons observées dans les marais de Cormaranche. Dans le lit méme du ruisseau, sur ses bords, ou dans les fossés voisins : Carex disticha Huds. Menyanthes trifoliata L. — ampullacea Goodn. Veronica Anagallis L. — vesicaria L. Potamogeton natans L. Scirpus silvaticus L. | — pusillus L. Aconitum vulgare DC. Galium palustre L. Iris Pseudo-Acorus L. — uliginosum L. Ranunculus Lingua L. Cardamine amara L. — Drouetii Schultz ! Myosotis palustris With. Dans les parties tourbeuses : Trollius europæus L. Carex paradoxa Willd. Soyeria paludosa Godr. Salix cinerea L. Valeriana dioica L. — repens L. (2). Comarum palustre L. Ranunculus Flammula L. Polygala amara Jacq. (P. austriaca |— acer var. multifidus DC. (R. Boræa- Crantz) (1). nus Jord.? Reuter)! (3). Parnassia palustris L. (en feuilles). Eriophorum alpinum L. Carex panicea L. — angustifolium Roth. — Hornschuchiana Hoppe. Schœnus nigricans L. — fulva Koch. Goodn. Orchis conopea L. (à fleurs rouges, où — flava L. roses et même blanches). — echinata Murray. Narcissus Pseudo-Narcissus L. (en — leporina L. fruit). — Davalliana Sm. Swertia perennis L. (en rosettes non — paniculata L. encore développées). (1) Il me parait impossible de distinguer à des caractères fixes et certains les Polygala amara jacq., P. austriaca Crantz, P. uliginosa Rchb. Les différences tirées du nombre des tiges, de la couleur des fleurs, de la forme des capsules, sont très-variables. Je crois done devoir conserver à cette espèce la dénomination de P. amara Jacq., qui lui convient parfaitement, ne voyant dans les autres que des formes ou des variétés. C'est du reste l'opi- nion adoptée en dernier lieu par Ch. Grenier dans sa Flore de la chaine jurassique, p. 102. La forme à tiges peu nombreuses, courtes, pauciflores, et à fleurs petites, des marais de Cormaranche, serait la variété austriaca Grenier (P. austriaca Crantz); la forme plus développée des prairies du haut Bugey (Mazières, Vely) est la variété genuma Gren. ! Cette espèce varie à fleurs bleues, d'un bleu pàle, rosées ou blanches. (2) Le Salix cinerea L. de Cormaranche est une forme basse, de 2 à 3 pieds seule- ment, à rameaux courts, nombreux, formant de petits buissons trés-touffus ; les feuilles, courtes (2-3 centim.), obtuses, trés-cendrées, le rapportent à la forme aquatica (S. agua- tica Sm.). — Le Salix repens L. ne nous a offert qu'une seule forme, la variété vulga- ris Koch. G. et G. (3) Cette Renoncule, trés-abondante dans les marais de Cormaranche, sur la rive droite du Biez de Vondru, est trés-remarquable par ses feuilles découpées en 5-7 lobes, ne se recouvrant pas par leurs bords, profondément incisés, à divisions très-étroites, allongées, bien plus longues que larges, à pubescence appliquée, ete.; sa taille ne dépasse pas 2 à 3 centim.; les carpelles sont peu nombreux, bordés, à bec court et dont la pointe Se sphacele et tombe très-promptement. Cette plante, que nous n'avons trouvée qu'en fruit, diffère de R. Boræanus Jord. par sa petite taille et ses carpelles peu nombreux ; d'autre part, le R. acer L. se trouve lui-même à feuilles découpées en lobes fort étroits, surtout dans les lieux marécageux (Jordan, Observations sur plusieurs plantes rares ou critiques, SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. CXXI Dans les endroits secs : Linum catharticum L. Orchis mascula L. Molinia cærulea Mœnch. — incarnata L.! Luzula multiflora Lej. Crepis biennis L. Gentiana verna L. (en fruit). Arenaria serpyllifolia L. (A. sphæro- Plantago media L. carpa Ten. Jord.) (1). Arabis hirsuta Scop. Galium erectum Huds. Phyteuma orbiculare L. — silvestre Poll. Trifolium montanum L. Le soleil a disparu depuis longtemps au-dessous de l'horizon quand nous quittons à regret cette riche prairie et regagnons le chemin de Hauteville. En un point où ce chemin est inondé par un petit ruisseau, qu'il faut franchir en sautant de pierre en pierre, nous recueillons encore le Cata- brosa aquatica P. de Beauv., mêlé à un vrai de champ de Nasturtium officinale R. Br., et tout près du bourg, Barbarea vulgaris R. Br., var. arcuata (B. arcuata Rchh.). Mais il est temps de mettre fin à notre herborisation ; boites et cartables regorgent de plantes, qu'il va falloir sortir et ranger dans la soirée pour faire place à la récolte du lendemain. L'hótel Rolland, dont nous commen- cons à déchiffrer de loin la gigantesque enseigne, nous apparait au milieu de Hauteville, et nousle saluons avec plaisir, car nous savons que nos amis lyonnais ont pris leurs mesures pour que nous y soyons attendus et bien recus. Comme la plupart des villages du Bugey et du Valromey, Hauteville offre un aspect confortable et riant : maisons bien bâties, couvertes de tuiles ou d'ardoises, facades blanchies à la chaux, rues larges et propres, fontaines et lavoirs publics alimentés par une eau abondante et limpide, tout annonce l'aisance et le bien-être. Bientôt nous prenons place autour d’une longue table, décorée de bou- quets de fleurs du pays, et nous faisons honneur au souper de notre maitre d'hôtel. Mais il faut se hàter, car il nous reste pour le lendemain une 1847, 6° fragm., p. 19). Le Ranunculus de Cormaranche présentait, dans tous les échan- tillons que j'ai observés, une souche compacte, courte, et sans rhizome oblique. Ce der- nier caractère, qui s'applique principalement au R. Boræanus Jord., ne reconnait peut- être pas d'autre cause que la nature marécageuse du sol. L'altitude de la station de Cormaranche suffit du reste à expliquer sa petite taille. Je ne puis donc y voir qu'une variété, mais digne d'étre signalée, de R. acer L. Elle me parait être le R. Boræanus Jord. ? (Grenier, Fl. de la chaîne jurass., p. 20 ; Reuter, Cat. Genev. 1861, p. 5). Voyez la description de Reuter, qui signale dans sa plante comme dans la nôtre, l'existence de nombreuses fibrilles noires surmontant le collet de la racine, et l'étroitesse des lobes des feuilles, et note ces différences avec l'espèce de Jordan. . . (1) Forme d'Arenaria serpyllifolia L., remarquable par ses tiges et feuilles d'un vert jaunâtre, son port roide, ses capsules grosses, globuleuses, etc. C'est bien l'A. sphæro- carpa Ten. Jord.; Reuter, Cal. Genev., p. 37. — La partie supérieure de la plante " garnie de poils glanduleux, qui la rapprochent de la variété alpina Gaud.; mais sa grande taille l'en éloigne : elle servirait donc à relier le type à la variété. CXXII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. longue course qu'il est prudent d'attaquer dés l'aurore, si nous voulons ne rien perdre de notre riche moisson. Pendant la nuit un violent orage éclate sur Hauteville; mais il est de courte durée et nous prépare la voie en abattant la poussière et tempérant les ardeurs du soleil. Aussi, le lendemain, dés cinq heures, les plus achar- nés sonnent la diane, et aprés un léger repas (car nous devons diner sous les sapins, et Dieu sait à quelle heure nous serons rassasiés de butin !), nous rebouclons nos ceintures el partons d'un pied léger pour les régions supérieures. Nous cherchons, en sortant du village, le Lappa tomentosa Lamk, sur l'existence duquel M. Ad. Méhu a élevé des doutes légitimes (1). Mais les deux ou trois pieds de Lappa que nous rencontrons ne sont pas assez avancés, et l'examen de leurs trop jeunes anthodes ne nous permet d'aper- cevoir que des poils à peine aranéeux. Il est donc probable que nous n'avons affaire qu'au Lappa minor DC., ou peut-étre, comme l'a supposé M. Méhu, au Lappa pubens Bor., qui n'en est qu'une variété. Nous récoltons en revanche auprés des derniéres maisons de Hauteville une remarquable variété de Serofularia nodosa L., dont tous les organes floraux, corolle, staminode, étamines, etc., sont absolument verts ; cette forme, qu'on peut à bon droit nommer viridiflora, offre en outre cette particularité que la plupart des tiges ont des feuilles ternées. Nous voyons en montant au bord de la route : Epilobium rosmarinifolium Hænk. Gentiana cruciata L. Verbascum nigrum L. Brunella grandiflora Mœnch. Rumex pulcher L. Carlina acaulis L. var. caulescens (C. Digitalis grandiflora All. caulescens Lamk). Rubus tomentosus Borkh. Bupleurum falcatum L. Lactuca perennis L. Dans les fossés, le Blysmus compressus Panz.; dans les prés avoisinants : Hypochæris maculata L. Geranium pyrenaicum L. Trifolium montanum L. Phyteuma orbiculare L. Dans un buisson, à droite de la route au-dessus des prés, nous avons cueilli une Rose très-curieuse que M. l'abbé Boullu a nommée, quoique avec doute, Rosa Boverniana Delasoie (2). (1) A. Méhu, in Ann. Soc. bot. Lyon, t. Il, p. 123, en note, et Herborisation, tirage à part, p. 12. ` (2) Cette Rose, très-remarquable par la brièveté de son tomentum, ses larges bractées entourant les pédoncules très-courts et armés d'acicules légèrement glanduleux, ete., me parait être le Rosa solstitialis B glandulosa Grenier (R. cinerea Rap.), in Grenier, Fl- de la chaine jurass., p.237. M. l'abbé Boullu, qui a bien voulu en étudier un spécimen, le classe dans le groupe des Rosæ colline, et lui reconnait des affinités étroites avec les R. solstitialis Bess. et R. coriifolia Fries. 11 le rapporte plutôt au Rosa Boverniana De- lasoie, « quoique celui-ci ait les dents simples d'ordinaire ». (Boullu, in litt.) SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. CXXII La route s'élève rapidement, et domine bientôt toute la vallée, que les rayons du soleil matinal animent d'un nouvel éclat. Nous remarquons sur un talus escarpé plusieurs pieds de Rosa rubrifolia Vill., ainsi que l'Oro- banche Galii Duby (O. vulgaris DC.), parasite sur le Galium elatum Thuil., et nous atteignons de grands rochers, qui sont littéralement couverts de Laserpitium Siler L. Nous en escaladons quelques escarpements, dans l'espoir d'y rencontrer l'Orobanche Laserpitii Sileris Rap., mais nous devons bientót abandonner notre recherche sans résultat, aprés avoir reconnu toutefois les espéces suivantes : Rosa alpina L. grandiflorum Koch (H. grandi- Silene nutans L. var. rosea. florum DC.). Saxifraga Aizoon L. (Chondrosea |Asplenium viride Huds. beugesiaca Jordan et Four- |Coronilla Emerus L. reau) (1). Rhamnus alpina L. Sesleria cærulea Ard. Erinus alpinus l.. Sedum dasyphyllum L. Thymus Serpyllum L. var. grandiflo- Helianthemum vulgare Gærtn. var. rus (2). Nous franchissons sur un pont escarpé l'étroit passage par où s'échappe le torrent, entre les rochers qui forment le golet de Mazières et la grotte de Mandrin. Nous voici à l'entrée des foréts de Sapins, et nous nous en apercevons du reste à la fréquence de plus en plus grande des espèces végétales qui caractérisent cette région, et dont nous n'avons encore ren- contré jusque-là que de rares représentants. Partout autour de nous croissent : Arabis alpina L. Prenanthes purpurea L. — Turrita L. Adenostyles albifrons Rchb. Poa alpina L. Epilobium trigonum Schrk. Valeriana montana L. Soyeria paludosa Godr. | Geranium silvaticum L. Hieracium Pseudo-Cerinthe Koch, Fries Bellidiastrum Michelii Cass. (sur les rochers à l'entrée méme Chærophyllum Cicutaria Vill. de la forêt de Mazières). Botrychium Lunaria Sw. Nous gagnons la chapelle de Mazières, et nous sommes tout étonnés de (1) Cette forme de Saxifraga Aizoon L. (Chondrosea Aizoon Haworth) est, à n'en pas douter, le Chondrosea beugesiaca Jord. et Fourreau, Brev. plant. 1, 32. Elle frappe au premier aspect par ses grandes et belles fleurs d'un blanc pur, marquées de quelques laches sur l'onglet des pétales, et surtout par ses rameaux allongés et étalés, qui lui donnent un port tout spécial. , les (2) Fleurs purpurines deux fois plus grandes que dans le type, ramassées au sommet i s rameaux en verticilles serrés, étamines exsertes ; feuilles ohovales, atténuées à la base, larges, parsemées de glandes, glabres sur les deux faces, ciliées sur les bords ; tiges fortes, couchées, ascendantes au sommet, non radicantes, presque arrondies, et héris- sées de poils courts sur toute leur circonférence. Ressemble à Thymus Chanuedrys Fries, par ses feuilles et ses fleurs, mais en diffère par les caractères de la tige, qui sunt ceux du Th. Serpyllum L., sans angles prononcés et sans lignes de poils opposées. C'es en partie le Th. Serpyllum 8 montanus Benth. in DC. Prodr. XII, 201. CXXIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. remarquer, au milieu de cette végétation subalpine, quelques arbustes de la plaine, qui remontent jusque sur ces hauteurs : Viburnum Opulus L., Cratægus monogyna Jacq., Lonicera Xylosteum L. Au-dessus de la cha- pelle, nous nous engageons dans un chemin creux, qui remonte par une pente trés-roide la rive droite du ruisseau des Taillis. Nous ne tardons pas à rencontrer les premiers spécimens d'une belle et rare Ombellifére, dont la récolte était une des attractions de notre course, l'Heracleum alpi- num L. (H. pyrenaicum Lamk), et tout auprés, dans le bois, quelques touffes énormes d'un autre Heracleum, dont nous n'avons observé que les feuilles, et qui est ou bien l'H. Panaces L. ou tout simplement PH. Sphon- dylium L., de dimension exagérée. Les espèces déjà citées plus haut abondent le long du ruisseau, et nous pouvons y ajouter : Orobus vernus L. | Luzula silvatica Gaud. Paris quadrifolia L. | Ribes alpinum L. Milium effusum L. tubus idæus L. Lilium Martagon L. | Lonicera nigra L. Elymus europæus L. | — alpigena L. Le chemin débouche dans une vaste prairie à l'entrée de laquelle un chalet, la Grange du Vély (1004 mètres), témoigne que ces solitudes ne sont pas complétement désertes. L'habitation est ombragée de Tilleuls (Tilia platyphylla Scop.) et d'Ormes (Ulmus montana Sm.), spontanés dans les bois voisins. A partir de la Grange, la prairie du Vély s'étend vers le nord, sous forme d'un beau vallon encadré de superbes forêts de Sapins. Dans toute leur étendue, ces riches pàturages nous apparaissent émaillés de fleurs aux couleurs les plus vives et les plus variées. C'est un vrai par- terre, c'est une féte pour les yeux d'un artiste, c'est une cause d'enthou siasme pour le botaniste qui contemple pour la première fois cette splen- dide végétation. Deux espèces caractérisent, pour ainsi dire, par leur extréme abondance la flore de ces prairies, l'Orchis globosa L. et le Nar- cissus poeticus L., dont les fleurs fraîchement épanouies, à côté de nom- breuses touffes aux feuilles jaunies et aux hampes fructifères, attestent la longue durée de la fleuraison, A côté d'elles nous ramassons successi- vement : Nigritella angustifolia Rich. Orchis viridis Crantz. Orchis maculata L. — albida Scop. (trés-rare). — mascula L. Carex pilulifera L. — latifolia L. — pallescens L. — conopea L. — montana L. — bifolia L. Arabis alpestris Schleich. (1). (1) L'Arabis alpestris Schleich., très-répandu dans les hautes prairies du Bugey, comme dans toute la partie méridionale de la chaine du Jura, est bien caractérisé par *3 petite taille (5-20 centim.), ses tiges peu nombreuses (1-3) et jamais en touffes; 569 feuilles caulinaires sessiles, à base arrondie, dont la première paire est ordinairement SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. CXXV Arnica montana L. Trifolium montanum L. Leontodon Hastile L. — ochroleucum L. Luzula multiflora Lej. Trollius europæus L. Campanula glomerata L. Polygala amara Jacq. Euphrasia officinalis L. (E. montana | Linum catharticum L. Jord.). Thesium pratense Ehrh. Veratrum album L. Polygonum Bistorta L. Gentiana lutea L. Hypochæris maculata L. — campestris L. Alchemilla vulgaris L. Gentiana germanica Willd. (non fleu- | — hybrida Hoffm. ri). Thlaspi Gaudinianum Jord. (1). — Clusii Per. et Song. (G. acaulis L., | Leucanthemum vulgare Lam. . p). — — var. minus (2). Scorzonera humilis L. Listera ovata R. Br. Tragopogon orientalis L. Antennaria dioica Gærtn. Sur les bords du ruisseau du Vély : Carex ampullacea Goodn. Eriophorum latifolium Hopp. Ranunculus aconitifolius L. Galium boreale L. et dans le ruisseau même : Chara fætida R. B. var. longibracteata Coss. (C. longibracteata Kütz.). Dans les lieux tourbeux au centre de la prairie : Carex Davalliana Sm. Carex (Ederi Retz. — echinata Murr. Eriophorum angustifolium Roth. — panicea L. Blysmus compressus Pauz. — Mornschuchiana Hopp. Goodn. Juncus conglomeratus L. — fulva Koch. (3) (C. Hornschuchiana 8 | Equisetum silvaticum L. sterilis Grenier. très-écartée du bas de la tige ; ses fleurs ramassées pendant l'anthese; ses siliques étroites, toruleuses, làchement et obliquement dressées en grappes assez courtes, ses graines apteres, etc. IL est bien distinct d'A. ciliata R. Br., qui est glabre, à tiges plus feuil- lées, à siliques plus grosses, et qui habite l'Irlande (Reuter, Verlot, et d A. hirsuta Scop., qui n'est probablement qu'une forme d'A. sagittata DC. On lira avec intérèt sur ce sujet les notes de Reuter (Cat. Genere, 1801, p. 12) et de Grenier (F7. de la chaine juruss. p. 52-54), qui a traité à fond cette question. Il faut adopter le nom d A. alpestris, accepté du reste par un certain nombre d'auteurs récents, ct je crois pouvoir en établir ainsi la synonymie : Arabis alpestris Schleich.; Reuter, Cat. Geneve, p. 12; — Grenier, Fl. jurass. p. 53. — Turrilis alpestris Rchb. Ic. germ. — A. hirsuta Relib. Fl. excurs. P. 680. — A. ciliata B hirsuta Koch, Syn. ed. 3, p. 35. — G. 6. F1. Fr. I, P- 101. — A. hirsuta I sessilifolia 8 alpestris Gaud. Fl. helv. IV, 315. — Elle n'est. pas indiquée dans l'Étude des fleurs de l'abbé Cariot, édit. 2 et 3. | (1) Voyez sur le Thlaspi Gaudinianum Jord. une note de M. Ad. Méhu, in Ann. Soc. bot. Lyon, t. MI, p. 126, et Herboris., tirage à part, p. l5. m | (2) Tiges solitaires, grèles, de 10 à 30 centim., à fleurs deux ou trois fois plus petites que dans le type, à demi-rayons très-étroits et peu nombreux. Cette forme, tres-répan- due dans Ja partie supérieure de la prairie du Vély, n'est signalée nulle part. Grenier et Godron (Fl. Fr 1I, 140) citent comme une variete nine de Leucanthemum vulgare Lam. le Chrysanthemu n atratum Gaud., mais celui-ci a les fleurs grandes et les écailles du péricline largement bordées de noir, ce qui n est point le cas de li variété du Vély. (3) Carex Hornschuchiana B sterilis Grenier : Fl. de la chaine jurass. p. 859. Sous CXXVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Chemin faisant, nous avons poussé une pointe sur notre droite et pé- nétré dans le bois de Sapins. L'orage que nous entendons gronder sourde- ment, et les nuages menaçants suspendus sur nos têtes depuis quelques instants, nous font hàter notre course, et c'est à peine si depuis le golet de la Rochette, point culminant (1119 mètres) par où passe la route de Hau- teville à Ruffieu, nous avons le temps de jeter un rapide coup d'œil sur la belle vallée du Valromey, qui s'étend à nos pieds, tandis que par delà se dresse devant nous le massif imposant du Colombier du Bugey. C'est dans la forêt de Sapius qui avoisine le golet de la Rochette que croit en immense quantité l Heracleum alpinum L., et nous pouvons en choisir à notre gré de magnifiques spécimens. Il est accompagné d'espéces nombreuses et intéressantes : Orobus vernus L. (en fruit). Neottia Nidus-avis Rich. Primula elatior Jacq. Lychnis diurna Sibth. Luzula pallescens Gaud. Vaccinium Myrtillus L. Lilium Martagon L. Asperula odorata L. Pirola rotundifolia L. Epilobium spicatum Lamk. — secunda L. Cardamine silvatica Link. Geum rivale L. Hieracium vulgatum Fries. Dentaria pinnata L. Knautia silvatica Duby. Rosa alpina L. var. a nuda G.G. Polygonatum verticillatum All. — y intermedia G.G. Polystichum Filix-mas Roth. — ò vestita G.G. Cratægus monogyna Jacq. (en fleur). Nous nous hâtons de gagner la partie supérieure du vallon, qu'occupent les marais proprement dits du Vély. La superficie en est presque partout couverte de touffes larges et compactes de Sphagnum, bigarrées de vert, de blanc et de rouge; le Betula pubescens Ehrh. y forme de petits buis- sons. Il faut s'engager hardiment dans la tourbière, et sans crainte de se mouiller les pieds, pour y cueillir les espèces qui poussent çà et là à tra- vers les Mousses : le nom de C. fulva Goodn. Hoppe (C. xanthocarpa Degl., C. flavo-Hornschuchiana A. Braun, C. biformis a sterilis Schultz), on a décrit plusieurs formes de Carex, considé- rées tantôt comme des hybrides de C. Hornschuchiana Hoppe et de C. flava L., tantôt comme des formes simplement stériles des espèces légitimes. La question est savamment résumée dans les notes de M. Grenier (Fl. de la chaine jurass. p. 857-859). J'ajouteral seulement que le C. fulva, observé en grande quantité à Cormaranche et au Vély, où le C. Hornschuchiana Hopp. abonde, tandis que le C. flava L. y est relativement mons répandu, se rapproche beaucoup plus du premier. Je crois donc effectivement qu'il faut y voir, non pas un hybride, mais une variété de C. Hornschuchiana Hoppe. Je rapporterar à ce sujet l'observation suivante que j'ai pu faire aux environs d'Autun (Saône-et-Loire). Les deux formes du C. Hornschuchiana Hoppe n'y sont pas rares dans les prés de la Gravetière, commune de Braye : or il est des années où elles se trouvent ensemble presque en égales proportions ; il en est d'autres où la forme stérile (C. fulva) fait presque en- üerement défaut, La plante, étant vivace, n'a pas pu disparaitre : elle aurait donc simple- ment repris l'aspect de la forme normale. Je n'ai pu saisir encore la cause de ce phéno- mène, probablement dü à certaines circonstances climatériques, et que je signale à l'attention des botanistes du Bugey, où il peut être étudié sur une plus large échelle. SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. cxxvil Eriophorum alpinum L. Calluna vulgaris Salisb. — vaginatum L. Carex pulicaris L. — latifolium Hopp. — vulgaris Fries. — angustifolium Roth. — flava L., et la plupart des Carex déjà Maianthemum bifolium DC. recueillis dans la prairie. | Drosera rotundifolia L. | Polystichum spinulosum DC. Vaccinium uliginosum L. Aspidium Filix-foemina Sw. — Myrtillus L. Nos recherches, malheureusement trop rapides, ne nous ont pas permis de mettre la main sur le Pinguicula grandiflora Lam., que M. Grenier a découvert dans ce marais. Mais l'orage nous menace toujours, et c'est avec regret que nous abrégeons notre exploration pour redescendre par le chemin déjà suivi à la chapelle de Mazières, où l'on doit nous monter à déjeuner depuis Hauteville. Mais l'hóte est en retard : nous l'attendons patiemment en admirant la superbe végétation du Sapin argenté, Abies pectinata DC., qui forme à lui seul les vastes foréts du haut Bugey. Les cryptogamistes dépouillent les troncs des vieux arbres, et font amples pro- visions de Mousses et de Lichens. D'autres battent les alentours de la cha- pelle et les bords des petits ruisseaux voisins. La végétation, favorisée par lhumus du sol et l'humidité permanente, y étale une splendeur luxu- riante. Le Geranium silvaticum L., VHeracleum alpinum L., le Chero- Phyllum Cicutaria Vill., s'y rencontrent avec des proportions inattendues. Nous récoltons en outre (1) : Actæa spicata L. Lysimachia nemorum L. Mentha silvestris L. Carex silvatica Huds. Luzula flavescens Gaud. — muricata L. Polygala amara Jacq. — remota L. Lonicera nigra L. Geum rivale L. Rubus Bellardi W. et N. — urbanum L. Epilobium trigonum Schranck. et enfin, mêlé aux deux espèces précédentes, leur rare hybride, le Geum intermedium Ehrhart, dont la découverte est l'événement de la journée, et que nous devons à la sagacité de nos savants collègues de Grenoble, MM. Faure, Arvet et Chaboisseau (2). heureux que les membres de la Société botanique de as plus qu'eux nous n'avons pu retrouver l'Erynguun azières, ni Herminium clandestinum (Voyez Cariot, Etude des fleurs, (1) Nous n'avons pas été plus Lyon ne l'avaient été en 1875, et p alpinum L. indiqué au midi de la chapelle de Mazière G. G. (H. monorchis R. Br.) autour de la Grange du Vély. 1872, 5° édit. t. U, p. 275, 601.) | | | Q La forme woad ce jour-là près de la chapelle de Mazières M le Geum urbano: rivale Rchb. Fl. excurs. p. 598, n° 3876, qui est la plus voisine de cum rrrul n» vt qui parait le type de Geum intermedium Ehrh. M. l'abbé Chaboisseau es res ete après la clôture de la session; pour rechercher cette rare plante ; il n a pu on MA " toute la contrée, qu'une douzaine d'échantillons, mais offrant tous e5 pasagos ro G. urbanum au G. rivale, ce qui met l'hybridité hors de doute. On a retr bablement partout où les deux espèces légitimes croissent en contact. CXXVIHI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Cependant le déjeuner arrive, il est servi à l'ombre de la chapelle de Mazières et lestement expédié. Un pèlerinage doit avoir lieu le lendemain à ce modeste sanctuaire, qu'on est en train de parer ; nous jetons un coup d'œil sur les fresques naives dont l'a décoré un artiste du lieu, et les bancs qui le meublent, mis obligeamment à notre disposition, nous procurent des siéges presque confortables. Après quelques instants de repos, nous nous remettons en route. Il nous faut rebrousser chemin jusqu'au golet de Mazières, d'où un étroit sentier nous conduit à travers bois à la Grange de Mazières. Nous traversons la helle prairie qui l'entoure pour gagner de nouveau les bois de Sapins et le signal de Cormaranche (1237 mètres). La végétation de la prairie de Ma- zières est identique à celle du Vély; ce sont les mêmes espèces caracté- ristiques et tout aussi largement représentées : Narcissus poeticus L. (à hampes par- | Thlaspi Gaudinianum Jord. fois biflores). Orchis globosa L. Trifolium montanum L. — viridis Crantz. Cependant l'Orchis sambucina L., qui y croit, paraît-il, avec les espèces précédentes, nous a échappé ; mais tout en haut de la pelouse, au bord du bois, l'Orchis bifolia L. abonde, avec l'Heracleum alpinum L. si commun dans ces parages. Le bois de Sapins ne nous offre de notable que de belles touffes de Carex ornithopoda Willd. L'orage, qui depuis le matin nous poursuit, finit enfin par nous altein- dre, et nous sommes recus par une pluie battante à notre entrée dans les pàturages de Planachat. Par bonheur, notre herborisation est à peu prés terminée : nous en prenons gaiement notre parti, et, réfugiés en groupes pittoresques à l'abri des Sapins, nous assistons au spectacle tou- jours émouvant d'un orage dans les montagnes. Aprés environ une demi- heure de halte, la pluie diminue, et nous repartons à travers la prairie, mais sans y rencontrer du reste d'espèces nouvelles. Nous notons en pas- sant, parmi les. plus abondantes : Gentiana lutea L., Orchis montana Schmidt (1), Dianthus Carthusianorum L., Dianthus silvestris Wulf. et Saxifraga Aizoon L. (2). Parvenus au point culminant, d’où la vue embrasse tout le Bugey, nous jetons un regard d'adieu à cette belle contrée, que nous avons parcourue la veille, et nous dégringolons le ver- sant opposé de la montagne par un chemin presque à pic, dans le bois de rosvert. (1) Vai rapporté des échantillons d'Orchis montana Schmidt bien authentiques du Bugey. M. le docteur Saint-Lager l'a également retrouvé au Colombier du Bugey. Je regrette de n'avoir pas suffisamment porté mon attention sur ces beaux Orchis, si com- muns dans les prairies du haut Bugey, afin d'établir la fréquence relative d'0. montana Schm. et d'O. bifolia L., difficiles à distinguer sur le sec. (2) M. Chenevière a trouvé le Phleum alpinum L. à Mazières, l'Astrantia major L. et le Goodyera repens R. Br. à Planachat. (Cheneviére, in litt.) SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. CXXIX Malgré la rapidité de notre descente, nous arrachons quelques pieds de Pulmonaria affinis Jord. (P. saccharata Mill. partim), mélés au Pulmo- naria tuberosa Schranck, et nous rejoignons bientôt, près des Granges de Tronchon, la route de Hauteville à Champagne. Le temps s'est rasséréné, et la perspective d'une belle journée pour le lendemain nous fait prendre en patience la. longueur du chemin pendant les 15 à 16 kilométres qui nous séparent encore d'Artemare: car l'herborisation est achevée, et c'est à peine si nous rencontrons cà et là le long de la route quelques espèces à noter, entre autres : Veronica Teucrium L., Orobanche Galii Duby, Verbascum Lychnitis L. Au col de la Lèbe, Orchis militaris L. et Gentiana Cruciata L., et un peu plus loin, sur un chaume nu, sec et rocailleux, au-dessus de Saint- Maurice, une station insolite de Botrychium Lunaria Sw., dont la plupart des individus sont du reste réduits à une taille lilliputienne. De Luthézieu à Belmont, la route, que nous cherchons à abréger à l’aide de spéculations qui ne sont pas toujours heureuses, court sur le flanc de la montagne, et domine le charmant pays du Valromey, couvert de riches cultures et de‘beaux villages, entre autres le bourg de Champagne, l'un des plus importants. De l'autre cóté de la vallée, et directement en face de nous, nous avons constamment sous les yeux l'objectif de notre excur- sion du lendemain, la forêt d'Arviéres et le Colombier du Bugey, dont nous escomptons déjà les richesses. La pauvreté de la flore du versant que nous descendons nous permel à peine de remarquer le long de la route quelques espèces plus saillantes : Cytisus Laburnum L. Melica uniflora Retz. Juniperus communis L. — nebrodensis Parl. (sur les rochers). Scrofularia canina L. Orobanche minor Sutton. (commun Diplotaxis bracteata G.G. dans les champs de Trèfle et de Genista sagittalis L. Luzerne). Brunella alba Pall. Au-dessous de Belmont, l Anthriscus silvestris Hoffm. pullule dans les prés, et dans les broussailles : Allium sphærocephalum L., Trifolium medium L., Pyrethrum corymbosum Willd., etc. Près de Linod, avant d'atteindre le pont jeté sur l'Arviéres, nous retrou- vons sur les murs de clôture des vignobles le Sedum boloniense Lois.; dans les terrains sablonneux, Artemisia campestris L., Epilobium rosmarini- folium Hænke, et dans une haie, un Chêne à feuilles profondément découpées, qui constitue tout au moins une variété notable de Quercus sessiliflora Sm. et qui nous parait le Quercus laciniosa Dor. (1). (1) Quercus sessiliflora Sm. var. pinnatifida (Q. Robur y. pinnatifida Mph. DC. Prodr. XVI, sect. 2, p. 9; Q. sessiliflora 2» (y. laciniosu Bor. Fl. centr. édit. 2, t. H, 585). Feuilles d'un vert foncé, à lobes profondément découpés, ondulés. Les feuilles adultes sont pubescentes en dessous sur les nervures, et doivent etre pubescentes dans leur T. XXIII. 1 CXXX SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Nou donnons un coup d'œil, en passant, à la belle cascade de Cervey- rieu, formée par l’Arvières, qui d'une hauteur de 50 mètres se précipite avec fracas dans un bassin faisant partie du pare de M. Collet-Meygret. Nous apercevons au-dessous de nous le clocher d'Artemare ou plutót d'Yon (1), et dans notre hàte d'y arriver, nous prenons un petit sentier qui nous semble y devoir mener tout. droit, et nous faire éviter le grand tour par le pont de Saint-Germain. Mais nous avons compté sans les acci- dents de ce terrain si mouvementé : le sentier dessert une: carrière, et nous conduit sur un rocher abrupt dominant le torrent impétueux du Groin, qu'il nous est absolument impossible de franchir. Force nous est, en maudissant ce mécompte, de revenir sur nos pas et de regagner la grande route, où nous sommes déjà distancés par nos compagnons plus prudents. Notre temps n'a cependant pas été complétement perdu, car nous avons récolté : Orlaya grandiflora Hoffm. Inula montana L. Orobanche Epithymum DC. Tunica Saxifraga Scop. Dianthus prolifer L. Pyrethrum corymbosum Willd. — Carthusianorum L. Galium myrianthum Jord. — silvestris Wulf. et nous avons aperçu, sur les bords du Groin, un peu au-dessous du pont, les anfractuosités presque inabordables des rochers, dans lesquelles croit l Adiantum Capillus Veneris L. Les divers groupes de notre caravane arrivent les uns après les autres, et nous sommes bientòt tous réunis à l'hôtel Buffet, où nos bagages nous ont précédés. Là, comme partout dans notre voyage, nous retrouvons, gràce à la prévoyance de nos amis de Lyon, de bons lits pour nous reposer, et une table bien servie. Celle de l'hôtel Buffet est presque luxueuse, et la décoration méme de la salle à manger semble faite pour nous intéresser. Sur la cheminée, de gros blocs de Mousses, où l'on reconnait des espèces d Hypnum incrustées par les dépôts calcaires des ruisseaux voisins ; sur le dressoir, d'énormes bouquets fabriqués avec les longues arêtes plu- meuses du Stipa pennata L., récolté sur les rochers que nous pouvons apercevoir de l'autre côté du Séran. La gaieté la plus cordiale préside au ciner ; les truites et les écrevisses de l'Arviéres sont déclarées excellentes, ainsi que les morilles (Morchella esculenta Pers.) recueillies dans les bois d'alentour. Notre fatigue est oubliée; nous sommes tous enchantés jeunesse sur leur face inférieure, car elles gardent encore quelques poils parsemés cà et là. Boreau indique, du reste, son Quercus laciniosa dans les calcaires jurassiques de l'Yonne et de la Nièvre. (1) Yon est une commune de 780 habitants; Artemare n'en est qu'un hameau, mais c'est là qu'est installée la station du chemin de fer de Lyon à Genève. La station porte le nom d'Artemare, et cette appellation tend à se substituer à celle d'Yon pour désigner la commune tout entière. SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. CXXXI de la journée, et M. l'abbé Chaboisseau soulève les applaudissements unanimes, quand, se faisant l'interpréte de nos sentiments communs, il remercie chaleureusement nos confréres lyonnais, et en particulier M. le docteur Saint-Lager, qui ont bien voulu se charger d'organiser les détails de notre excursion. Aprés une nuit encore abrégée par les soins à donner aux plantes que nous avons rapportées, nous sommes réveillés dés l'aube par un brillant soleil, qui nous présage une belle, mais chaude journée, car nous sommes au 1* juillet. Nous avons une ascension de 1300 mètres à faire : il faut donc gagner les bois avant la grande chaleur ; aussi, dés cinq heures du matin, nous nous mettons en route : notre petite troupe s'est renforcée de quelques botanistes lyonnais, venus dans la nuit tout exprés pour la course du Colombier: mais, hélas! nous avons en revanche le regret de recevoir déjà les adieux de plusieurs de nos compagnons, rappelés par un devoir impérieux, notamment de M. l'abbé Faure et de M. Arvet-Touvet, dont l'expérience et la science consommée nous ont été et nous seraient encore d'un si précieux concours. Mais toulefois ces deux intrépides nous suivront jusqu'au dernier instant, et ne nous quitteront que prés de la Chartreuse d’Arvières, pour redescendre en hâte vers Artemare et courir au chemin de fer. En remontant la route par laquelle nous sommes arrivés la veille, nous remarquons quelques espéces qui nous avaient échappé. Dans les haies, Leonurus Cardiaca L.; sur les talus, Filago spathulata Presl.; sur les murs, Sedum dasyphyllum L. A l'entrée du hameau de Don, une belle touffe de Salvia Sclarea L. croit au bord du chemin; tous les murs son couverts de Poa compressa L. | De Don à Munet, la route traverse des champs cultivés, et de distance en distance quelques chaumes secs et pelés. Dans les fossés nous retrou- vons le Blysmus compressus Panz., Senecio Jacobwa L. (sans un seul spécimen de S. flosculosus Jord.) ; puis : Artemisia campestris L. Scrofularia canina L. ael Verbascum nigro-Lychnitis Schiede ! | Campanula rapunculoides L. (V. Schiedeanum Koch). Allium oleraceum L. Quelques touffes de Parietaria erecta M. et K. garnissent le pied des murs à Munet, et dans les interstices des pierres s'est cramponné le Cete- rach officinarum Willd. A Virieu-le-Petit, le Mentha riridis L. pousse au milieu méme du village. A quelque distance de ce petit bourg, nous quittons la route de Lochieu, et nous gagnons la forét d'Arvieres par un chemin creux et inégal, que les eaux ont complétement envahi, et dont la traversée ne s'accomplit pas sans éclaboussures. l Mais déjà dans les haies du chemin quelques plantes nouvelles annon- CXXXII cent l'approche des grandes forêts : SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Y Daphne Laureola L., Campanula rhomboidalis L., Polypodium calcarewun Smith. Quelques pas encore, et sur les rives mémes du ruisseau d'Arvieres, à l'entrée de la forét de Sapins, la récolte commence. Ce sont d'abord : Angelica silvestris L. Sorbus Aria Crantz. Senecio Fuchsii Gmel. Chorophyllum Cieutaria. Vill. Oxalis Acetosella L. Asarum europæum L. Puis à mesure que nous montons : Epipactis latifolia All. — atrorubens Hotfm. Cephalanthera rubra Rich. Turritis glabra L. Arabis hirsuta Scop. — Turrita L. Euphorbia dulcis L. Aceras pyramidalis Rchb. Coronilla Emerus L. Cytisus Laburnum L. Phyteuma orbiculare L. Ornithogalum sulfureum R. et Sch. ` et autour de la ferme de. Rivoire, Artemisia Absinthium L. C'est alors seulement que nous entrons en pleine forêt d’Arviéres. Pen- dant plus de deux heures nous montons sous le couvert de magnifiques Sapins (Abies pectinata DC.), plus majestueux encore que ceux de Ma- zières ou du Vély, mais que dépeuple une incessante exploitation. Sur quelques-uns, certains d'entre nous ont aperçu, sans pouvoir l'atteindre, un Viscum à étudier. Le long du chemin les bryologistes et les mycolo- gues s'en donnent à cœur joie ; mais la flore phanérogamique est encore plus riche et plus variée. Nous rencontrons successivement : Neottia Nidus-avis Rich. Cephalanthera grandiflora Bab. Astrantia major L. Daphne Laureola L. Asperula odorata L. Orchis bifolia L. Lilium Martagon L. Orobus vernus L. Sanicula europæa L. Cardamine impatiens L. Pirola secunda L. Monotropa Hypopitys L. Festuca silvatica Vill. Rubus idæus L. — Bellardi W. et N. Carex silvatica Huds. Melica uniflora Retz. Lychnis silvestris Hopp. Arabis Turrita L. Paris quadrifolia L Euphorbia amygdaloides L. Atropa Belladona L. Geranium silvaticum L. Actæa spicata L. Polygonatum multiflorum All. — verticillatum All. Epilobium montanum L. Stachys annua L. Elymus europæus L. Mercurialis perennis L. Veronica urticifolia L. Luzula silvatica Gaud. Helleborus fætidus L. Cynoglossum montanum Lamk. Chærophyllum aureum L. — Cicutaria Vill. Centaurea montana L. Saponaria ocimoides L. Acer opulifolium Vill. — platanoides L. SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. CXXXII — Pseudo-Platanus L. Myrrhis odorata Scop. Tilia platyphylla Scop. Anthriscus silvestris Hoffm. Cerasus avium L. Cytisus alpinus Mill. (en fleur). Mæhringia muscosa L. Prenanthes purpurea L. Dentaria pinnata L. Galeobdolon luteum Huds. Bromus asper L. Ranunculus platanifolins 1. Festuca gigantea Vill. ; Malva moschata L. Sambucus nigra L. | Carduus Personata Jacq. — racemosa L. Lonicera cærulea L. Laserpitium latifolium L. Rosa alpina L. Carduus defloratus L. Impatiens Noli-tangere L. Listera ovata R. Br. Aquilegia vulgaris L. (transitus ad Ulmus montana Sm. Aquilegiam atratam Koch) (1). Au sortir de la forét se déploie devant nous un hémicycle de hautes montagnes aux flanes garnis de sombres Sapins, et dont les sommets cou- verts de pâturages et hérissés de roches aigués vont en s'élevant graduel- lement vers le sud jusqu'au signal du Colombier. Au premier plan, une riante prairie, diaprée de ces fleurs aux couleurs éclatantes avec lesquelles nous sommes maintenant familiers, s'avance sur la plate-forme d'un im- mense rocher dont les parois verticales surplombent d'au moins 100 mètres un large ravin. L’œil ose à peine mesurer la profondeur vertigineuse du précipice, qui s'ouvre brusquement sous nos pas. Sur ce petit plateau, se dresse une maison forestière (1226 mètres), adossée àun amas de ruines, seuls vestiges de la Chartreuse d'Arviéres. Nous parcourons ces ruines, nous cherchons à reconnaitre à travers ce chaos de murailles écroulées les traces des cloîtres, des cellules, des salles spacieuses. Nous admirons le site, où la contemplation du spectacle grandiose et sévère de la nature portait naturellement l'âme au recueillement et à la prière, tandis qu'au loin vers le sud, entre deux épaulements de la montagne, une échappée de vue sur un coin du Valromey rappelait aux solitaires de la Chartreuse l'existence du monde, dont ils avaient fui les orages et les séductions. Mais laissant là ces essais d'archéologie et ces mélancoliques pensées, nous explorons l'emplacement. du monastère, pour en rapporter au moins un souvenir. Sur tous les murs détruits se dressent de gros troncs de Cytisus Laburnum L., Salir caprea L., Rhamnus alpina L., Acer Pseudo- Platanus L., dont le diamètre et les branches à demi desséchées attes- tent le temps déjà long depuis lequel ils ont pris possession de ces ruines. Partout entre les pierres nous cueillons : (1) Nous n'avons pas observé dans le Bugey l'Aquilegia atrala Koch, à feurs d un violet très-foncé presque noir, à tiges et feuilles violacées, qui est sl jou n Jura méridional, le Reculet, la Faucille, etc. Nous n'avons apercu qu'à entrée des prar ries de la Chartreuse d'Arvieres une forme d'A. vulgaris L., à fleurs d'un violet noir ire, et qui est comme intermédiaire entre le type et l'A. atrata Koch, dont la valeur spéci- fique est du reste des plus douteuses. CXXXIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Athamanta cretensis L. Hieracium præaltum Vill. Laserpitium Siler L. Saxifraga Aizoon L. Artemisia Absinthium L. Sedum dasyphylluni L. Calamintha alpina Lam. Cystopteris fragilis Bernh. Rumex scutatus L. et dans les cours envahies par l'herbe : Listera ovata R. Br. Centaurea montana L. Avena pubescens L. Myrrhis odorata Scop. Epilobium spicatum Lam. Geranium pyrenaicum L. Nous faisons une courte halte, pour déjeuner, à la maison forestière, où l’on nous a hissé des provisions depuis Artemare ; puis nous nous dis- persons dans la ‘prairie d'Arviéres. Mais nous ne rencontrons guère de nouvelles espèces ; la flore, malgré sa richesse, rappelle en effet celle de Mazières et du Vély. Ce sont toujours : Orchis globosa L. Salvia pratensis L. — conopea L. Helianthemum vulgare Gærtn. var. — ustulata L. grandiflorum Koch (H. grandiflo- Nigritella angustifolia Rich. rum DC.). Narcissus poeticus L. Arabis alpestris Schleich. Trifolium montanum L. Silene nutans L. var. alba et rosea. Rhinanthus minor Ehrh. Dianthus Carthusianorum L. Phyteuma orbiculare L. Centaurea Scabiosa L. Onobrychis sativa Lam. - — montana L. Euphorbia verrucosa Lam. — nigra L. Gentiana lutea L. Valeriana montana L. — campestris L. Trollius europæus L. Globularia vulgaris L. Digitalis grandiflora All. Mais bientôt nos guides nous rappellent ; il faut nous presser, si nous voulons atteindre jusqu’au sommet du Colombier. Notre petite troupe se rassemble ct s’achemine de nouveau par la route forestière qui descend dans la forêt de Sapins derrière la Chartreuse d’Arvières. Sur les premiers rochers à l'entrée du bois, nous découvrons Arabis brassiciformis Wallr. et Poa alpina L., puis successivement : Sorbus Aria Crantz. Ranunculus silvaticus G. G. (R. nemo- Saxifraga rotundifolia L. rosus DC.). Allium ursinum L. | Adenostyles albifrons Rchb. Bellidiastrum Michelii Cass. Lonicera nigra L. Arabis alpina L. — alpigena L. Rumex arifolius All. Prenanthes purpurea L. et sa var. an- Daphne Mezereum L. gustifolia G.G. Lysimachia nemorum L. Vaccinium Myrtillus L. Veronica montana L. Petasites officinalis Mænch Myosotis silvatica Hoffm. Polystichum Filix-mas Roth. Stellaria nemorum b. SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. CXXXV Nous quittons la route et commençons à gravir, par un étroit sentier qu'il faut bien connaitre pour s'y engager, les flancs du massif du Colombier. La premiére partie du trajet est trés-accidentée, tantót sous la haute et sombre futaie des Sapins, tantôt par des clairières rocheuses, parfois à travers des espaces humides et marécageux. Aussi la végétation y est-elle variée et remarquable par sa vigueur. Les espéces que nous venons de citer y foisonnent pour la plupart, et nous y rencontrons de plus : Dentaria pinnata L. Pirola secunda L. Ranunculus platanifolius L. Polygonatum verticillatum All. Senecio Fuchsii Gmel. Carex sempervirens Vill. Mercurialis pereunis L. Polypodium calcareum Sm. Asperula odorata L. Aconitum Lycoctonum L. Monotropa Hypopitys L. C'est le long du sentier, dans un endroit tourbeux et couvert de robustes Pétasites, que l’un de nous, M. le docteur Guillaud (de Lyon), a fait la trouvaille du Corallorhiza innata R. Br. (C. Halleri Rich.), représenté du reste par un seul individu! Mais le temps nous manque pour nous- mettre à la recherche de cette rare et délicate Orchidée, et notre marche, forcément accélérée, nous conduit bientôt à la sortie de la forêt. Nous cueillons en quantité le long d'un petit ruisseau : Epilobium trigonum Schranck, Rumex arifolius All., Soyeria paludosa Godr., et nous arri- vons au bas d'une prairie longuement montueuse, tout en haut de laquelle se dressent devant nos yeux les derniers sommets du Colombier. La dis- lance qu'il nous faut gravir est encore considérable, et nous n'avons guère le loisir de nous aventurer dans les taillis voisins, où nous pour- rions rencontrer cependant de bonnes espèces : Allium ursinum L. (1), Hypericum Richeri Vill., Poa hybrida Gaud., Aconitum Anthora L., etc. Nous récoltons, en montant, sur les pentes herbeuses de la montagne : Trollius europæus L. Hypochæris maculata L. Linum catharticum L. Thlaspi Gaudinianum Jord. Carum Carvi L. Crepis succisifolia Tausch. Melica nutans L. Gentiana lutea L. — verna L. Orchis globosa L. Cirsium acaule All. Thesium pratense Ehrh. Alchemilla vulgaris L. — hybrida Hoffm. . D "n En arrivant prés des Granges du Colombier : Trifolium Thali \ ill., a Alés aux es en fleur du Narcissus poeti- Veratrum album. L., et mêlés aux touffe arr D " cus L. si répandues dans ces pâturages, les restes de feni es jaunies et « tiges flétries appartenant aux Narcissus Pseudo-Narcissus L. et N. Ber- (1) C'est par erreur que l'Allium victoriale L. a été indiqué au pied du M dans le travail de M. le docteur Saint-Lager (Ann. Soc. bot. Lyon, t I, p. k "ne Herborisation, tirage à part, p. 23). On ny trouve que l'Allum ursinum L. (Docte Saint-Lager, in litt.) CXXXVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. nardi DC. (N. Pseudo-Narcisso-poeticus Boutigny et Bernard, in Gr. et Godr.), dont la floraison a lieu dés le mois de mai. La saison est trop avaneée pour que nous puissions encore rencontrer ce curieux hybride, non plus que le Crocus vernus All., qui habite ces parages. Il nous reste à grimper le dernier étage de la montagne ; la pente est de plus en plus roide, mais les couches stratifiées des roches qui en con- stituent le squelette se superposent successivement en gradins lapissés de gazons, et forment, pour ainsi dire, un colossal escalier naturel qui facilite notre ascension. Les arêtes des rochers saillantes de tous côtés, et les pelouses qui les recouvrent, nous offrent à tour de rôle : Thesium alpinum L. Polygala alpestris Rchb. (1). Cotoneaster vulgaris Lindl. Carex sempervirens All. Globularia cordifolia L. — montana L. Alchemilla hybrida Hoffm. Kernera auriculata Rchb. — alpina L. Draba aizoides L. (D. saxigena Jord.) (2). Antennaria dioica Gærtn. Sesleria cærulea Ard. Botrychium Lunaria Sw. Erinus alpinus L. Nigritella angustifolia Rich. Potentilla aurea L. Nardus stricta L. Orchis albida Scop. Crepis succisifolia Tausch. — viridis Crantz. Enfin, nous voici sur l'étroit plateau qui forme la crête du Colom- bier, et sur lequel nous cheminons en contemplant bien au-dessous de nous, d'un côté les vallées du Rhône et de la Savoie, de l'autre. celles du Valromey et du Bugey. A l'extrémité sud-ouest de la chaine, deux énormes rochers coupés à pic forment les points culminants du Grand- Colombier ; le plus élevé est le signal du Colombier. Nous parcourons rapidement ces pàturages appauvris, à l'herbe séche et courte, et nous éprouvons la déception dont nous avaient prévenus nos guides (3), en n'y (1) Le Polygala alpestris Rchb. que Grenier et Godron n'ont signalé dans leur Flore de France qu'en note à la suite de P. amara Jacq., en est bien distinct, et constitue une espece légitime, que Grenier a parfaitement admise en dernier lieu dans sa Flore de la chaine jurassique, p. 100. Il ne faut donc pas y voir, comme l'ont fait Koch et Reuter, une simple variété de P. amara Jacq., dont il diffère essentiellement par sa saveur herbacée, la disposition de ses feuilles et surtout son mode de végétation. (2) Deux formes de Draba aizoides L. ont été récoltées par nous en fruit sur les rochers du Colombier du Bugey. L'une a des souches compactes, des tiges courtes, ser- rées, à grappes plus courtes, à silicules médiocres, brièvement elliptiques, glabres sur les deux faces, longuement ciliées, et à peu près égales en longueur à leurs pédicelles ; elle répond à la variété genuina G.G. (alpina Koch). L'autre forme est un gazon plus lâche ; les tiges sont très-allongées, les silicules grandes, elliptiques, très-atténuées aux deux extrémités, glabres et à çils très-courts, deux ou trois fois plus courtes que les pédi- celles; elle se rapporte à la var. montana Koch, G. G. — C'est le Draba saxigena Jord. Diagn. V, 203. On trouve du reste quelques échantillons à peu près intermédiaires entre ces deux formes, dont les différences tiennent peut-être uniquement aux conditions particulières de leurs stations à l'humidité ou à la sécheresse, etc. (3) €f. docteur Saint-Lager, Herboris. in Ann. Soc. bot. Lyon, t. WI, p. 135, et tirage à part, p. 24. SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. CXXXVII rencontrant qu'un petit nombre de plantes intéressantes, et au contraire beaucoup d'espèces des plus vulgaires, et dont quelques-unes croissent de préférence dans les prés humides de la plaine. Nous ne nous attendions guère à les rencontrer ici, où leur taille est en général rabougrie. Nous notons en effet sur ces hauts plateaux : Vaccinium Myrtillus L. (de quelques | Arabis alpestris Schleich. centimètres à peine de hauteur, | Polygala alpestris Rchb. et à feuilles presque nummu- | Veronica aphylla L. laires). Botrychium Lunaria Sw. Orchis viridis Crantz var. alpina (1). | Cerastium arvense L. Anthyllis Vulneraria L. Poa alpina L. Luzula sudetica L. Nardus stricta L. Viola cauina L. var. minor DC. (V. eri- | Hypericum quadrangulum L. cetorum Schrader) (2). Potentilla aurea L. Primula vulgaris L. (en fleur). Aconitum Anthora L. Cardamine pratensis L. (en fleur). Helianthemum canum Dun.! (3) et sur les rochers : Athamanta cretensis L. Hieracium villosum L. Saxifraga Aizoon L. Calamintha alpina Lam. Poa alpina var. brevifolia G. G. (P. bre- | Draba aizoides L. (D. saxigena Jord.). vifolia DC.). Allium fallax Don. Enfin, sur le point le plus élevé, autour du signal du Colombier (1534 m.), nous constatons la présence du Tulipa Clusiana DC., que nous trou- vons méme en fruit, et dont nous arrachons quelques bulbes pour les cultiver. Nous sommes frappés, en nous livrant à cette opération, de l'as- (1) Tiges de 5-15 centim., à feuilles courtes, ovales, ordinairement obtuses, à épis courts, serrés, ovales ; labelle court, d'un rouge ferrugineux, les autres pieces du périanthe veinées de rouge. Cette variété, à laquelle j'ai donné le nom d alpina, est l’Orchis viri- dis 8 flore rubente Gaud. Fl. helv. V, 450. Elle est commune également dans le Jura, et c'est elle que Reuter a ainsi désignée : « Les individus des montagnes sont beaucoup plus petits, et ont leurs fleurs souvent légèrement rougeàtres. » (Reuter, Cat. Gen. . 205. | i (2) Viola canina L. B minor DC. Fl. Fr. V, 607, et De Gingins, iu DC. Prodr. I, 298. (Viola canina & minor et y ericetorum Reuter, Cat. Geneve, p. 29. " y. canina 1 pug- mca Gaud. Fl. helv. VM, 199, et V. pumila Y ericetorum Gaud. ib. 201; V. erice or um Schrad. Koch, Syn. édit. 3, p. 74, etc.). Cette petite Violette est commune sur es pe- louses du Colombier. C'est bien, à mon avis, le Viola ericetorum de beaucoup ) auteurs, On l'a rapportée comme variété tantôt au Viola canina L., tantòt au V. pumila C hai ; mais Gaudin lui-même, qui attribue une variété naine à chacune de ces denx es p^ A à pris soin d'indiquer combien elles sont voisines. La forme des feuilles, cordifor me s ‘ ans l'une, atténnées à la base dans l'autre, serait le principal caractère distinctii; or j ai remarqué sur un méme individu des feuilles plus ou moins cordiformes. Reuter, du reste, a réuni ces (nes en variétés au V. canina. | | Cette ges doux formes seule que nous ayons vue au Colombier, et cest par ne comme il l'a reconnu lui-même, que le docteur Saint-Lager y avait indiqué le Vio arenaria DC. ombi 3) Nous n'avons apercu sur le Colombier, ] name Dun., et pas un seul vestige d'H. alpestre DC., que l'on y a pourt méme au sommet, que l'Helianthemum ca- ant indiqué. CXXXVIII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. pect humide et presque tourbeux du terrain. Il est probable que le roc forme cà et là des espèces de vastes cuvettes, où les eaux séjournent après la fonte des neiges, macérent les racines des végétaux, et finissent par constituer une sorte d'humus tourbeux, seule explication plausible de l'existence à cette altitude de quelques-unes des plantes que nous venons de signaler. Une exploration plus compléte du Colombier pourrait nous offrir encore quelques bonnes espéces, auxquelles il faut. renoncer. Mais M. le docteur Saint-Lager, qui connait à fond la flore de ce massif, y supplée par les ren- seignements qu'il nous fournit. Il nous dit qu'en fouillant les recoins des pelouses et des rochers nous récolterions encore : Festuca nigrescens Lam. Veronica saxatilis L. Ranunculus montanus Willd. — alpina L. Potentilla alpestris Hall. Galium tenue Vill. Erigeron alpinus L. Arenaria ciliata L. Homogyne alpina Cass. Sagina Linnæi Presl. Dans les buissons qui sont au-dessous de nous, Cotoneaster tomentosa Lindl., et en descendant le revers méridional de la montagne du côté de Culoz : Anemone ranunculoides L. ~ Hieracium lanatum All. Valeriana tripteris L. — farinulentum Jord. Viola alpestris Jord. Crupina vulgaris Cass. Alyssum montanum L. Asperula taurina L. Crepis blattarioides Vill. Cependant les observations botaniques n'absorbent pas seules notre attention. L'escalade du Grand-Colombier avait encore unautre but, celui de nous faire contempler le vaste panorama dont on jouit depuis le sommet. Par malheur, les nuages qui n'ont cessé de se former pendant toute la journée, et qui s'étendent au-dessous de nous sur la vallée, nous dérobent la plus grande partie de ce magnifique tableau. Ni l'arriére-chaine du Bugey, ni Lyon dans le lointain, ni les montagnes de la Grande-Char- treuse, ni le lae de Genéve, ni la chaine du Jura, ni le massif du Mont- Blanc ne sont accessibles à nos regards, et c'est avec les yeux de la foi et les plus vifs regrets que nous voyons notre aimable et savant cicerone, M. le docteur Saint- Lager, nous indiquer avec son inépuisable complai- sance la position respective de chacun de ces points. Sur des plans plus rapprochés nous pouvons cependant apercevoir à l'est les premiers contre- forts des montagnes de la Savoie, et le cours du Rhône jusqu'au fort de l'Ecluse, dont l'échanerure s'estampe au loin dans la brume ; au nord, les contours indécis du Sorghiaz, à l'extrémité méridionale du Jura; au sud et presque à nos pieds, Culoz, le lac du Bourget, et les cimes déchiquetées de la dent du Chat, qui se perdent dans le brouillard ; à l'ouest, le Valro- SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. cxxxIx mey tout entier avec ses villages, ses châteaux, ses charmants petits lacs, et les riants détails de ce beau pays ressortent encore davantage dans le cadre rétréci que leur forme une ceinture de nuages. Nous avons peine à détacher nos yeux de ce point de vue ravissant, mais il faut songer au retour. Du haut de notre observatoire, nous avons pu mesurer du regard la distance qui nous sépare d'Artemare, et nous nous décidons à descendre par la voie la plus courte. Nous dégringolons rapidement les pentes escarpées que nous avons si péniblement gravies tout à l'heure, et nous nous engageons dans un chemin creux, affreuse- ment raviné, qui nous méne à travers un bois de Hétres dans les gorges du Brancon. Nous trouvons dans ce bois : Sorbus Aria Crantz. Ribes alpinum L. — Mougeoti Soy.-Will. (S. scandica | Rhamnus alpina L. Fries ? G. G.!) (1). Rosa alpina L. (2). Si la descente a été pénible jusque-là, elle devient périlleuse dés qu'on atteint le ruisseau de Brançon; nous en longeons le cours sur un pavé d'énormes cailloux blancs et polis par les eaux du torrent, qui les recouvre (1) M. Grenier, qui a étudié avec soin eette espèce (Fl. de la chaine jurassique, p. 259), ne voit dans le Sorbus Mougeoti Soy.-Will. qu'une forme xérophile de S. scandica Fries. Dans une savante dissertation à cet égard, il appuie son dire sur l'étude de nombreux échantillons, et sur les résultats de la culture de M. J.-B. Verlot, à Grenoble. Il admet en méme temps l'existence en France du Sorbus hybrida L. qu'il avait rejeté dans la Flore de France, où il regardait les échantillons recus sous ce nom comme appartenant au S. scandiea Fries. Il est vrai que les deux espèces ont été souvent confondues, et le Sorbus hybrida Mut. Dauph. n'est autre que le S. scandica. C'est encore le Cratægus Aria B foliis longioribus lobato-sinuatis Hall. Gaud. Fl. helv. II, 319, et le Pirus in- termedia f angustifolia Ser. in DC. Prodr. II, 636. — Le Sorbus du Colombier est identique à celui du Salève et du Dauphiné. Il m'a paru avoir les pétioles moins laineux, les lobes des feuilles à dents moins aiguës que la plante de Suède. Il serait peut-être préférable de revenir au nom de Sorbus scandica Fries, en distinguant tout au plus le Sorbus Mougeoti Soy.-Will. comme variété. | | (2) Le genre Rosa est assez largement représenté dans le Bugey, tandis que les espèces de Rubus y sont relativement rares et peu répandues. Ce contraste est surtout frappant pour les habitants des montagnes granitiques, si riches en formes variées de ce dernier genre. | En outre des Roses, qui ont été citées plus haut, le savant rhodographe lyonnais, M. l'abbé Boullu, a bien voulu m'adresser la liste de toutes les espèces qui ont été récol- tées pendant notre herborisation, et qui lui ont été soumises, principalement par M. Sar- gnon. Ce sont : | , u . p Rosa spinulifolia Dematra, var. hispidella Deségl., recueilli dans le trajet de la forêt de Mazières à Artemare ; puis aux environs d'Artemare et dans la forèt d’Arvières : Rosa dumalis Bechst. — agrestis Savi. — virgultorum Rip. — permixta Deségl. — urbica Leman. Rosa spreta Deségl. — Ozanoni Deségl. — alpino-pimpinellifolia Reut. — oxyphylla Rip. — montivaga Deségl. . 'a jamais vu, provenant du Bugey, les Rosa mollissima Fries et R. Jund- zilliana Besser, indiqués au golet de Thiou (Ann. Soc. bot. Lyon, I, 50) et que nous n’y avons pas retrouvés. CXL SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. pendant les crues, et nos pieds meurtris nous exposent à chaque pas à de dangereuses glissades. C'est à peine si nous osons lever la téte vers les grands rochers abrupts qui forment une longue muraille sur le cóté droit du ravin, et aux flanes desquels nous distinguons suspendus : Hieracium Jacquini Vill. Kernera auriculata Rchb. ' — Pseudo-Cerinthe Koch. Erinus alpinus L. — pulmonarioides Vill. Amelanchier vulgaris Mænch. Le mauvais pas est franchi sans encombre. Nous attendons quelques- uns de nos compagnons attardés, en détachant encore des derniers rochers quelques échantillons des Hieracium précités, et en admirant les gracieux gazons de Campanula pusilla Hænke qui décorent les rocailles, et les belles clochettes du Campanula rhomboidalis L. qui couvre littéralement les prés. Une pente adoucie et couverte d’un amas épais de cailloux de toutes dimensions, entraînés par les eaux, nous ramène au-dessus du village de Munet. La flore de la montagne a presque entièrement disparu, et se trouve remplacée par les espèces calcicoles de la plaine ou des bas coteaux : Digitalis lutea L. Carlina acaulis L. var. caulescens Artemisia campestris L. (C. caulescens Lamk.) Pyrethrum corymbosum Willd. Tunica Saxifraga Scop. Ononis Natrix L. Genista pilosa L. Neslia paniculata Desv. et tout prés de Munet, sur les bords du ruisseau, le Chlorocrepis sta- ticifolia Grisb. Nous retombons sur la route que nous avons déjà suivie dans la mati- née, et nous pressons le pas pour rentrer à Artemare. C'est à peine en effet si nous avons le temps de nous restaurer rapidement, et de courir à la gare où nous arrivons quelques instants seulement avant le passage du train. Nous parvenons toutefois à nous caser avec tous nos bagages, et la vapeur nous a bientót entrainés loin du Colombier. Nous traversons dans toute sa longueur la vallée du Bugey, dont les ombres de la nuit ne nous permettent pas de revoir les sites pittoresques, et quelques heures aprés nous rentrons à Lyon, chargés de butin et ravis de l'intéressante excursion que nous venons de faire, et dont nous nous promettons de conserver le meilleur souvenir. NOTE ADDITIONNELLE SUR LA FLORE DU BUGEY, D'APRES LES OBSERVATIONS DE M. CHENEVIERE (de Tenay). En dressant la liste des plantes observées dans la vallée de l'Albarine, il en est plusieurs sur lesquelles je conservais quelques doutes. Je ne SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. CXLI pouvais mieux faire, pour les dissiper, que de m'adresser aux botanistes locaux, MM. Chenevière et Grenier (de Tenay), dont les recherches persé- vérantes ont déjà tant enrichi la flore du Bugey. M. Chenevière, à qui jécrivis, voulut bien, avec le plus grand empressement et la plus gra- cieuse obligeance; non-seulement me fournir les indications que je lui demandais, mais m'adresser un véritable Catalogue des espèces récoltées par lui dans une partie du Bugey. J'ai largement puisé dans ses notes pour compléter mon travail. Mais un certain nombre de plantes indiquées par M. Chenevière, et des plus intéressantes, croissant en dehors du trajet que nous avons parcouru, j'ai dù les omettre. I m'a paru profitable à tous de publier ici la liste des espèces les plus saillantes signalées par M. Che- nevière, et dont plusieurs ont été découvertes par lui pour la premiere fois dans le pays, en lui en rapportant tout l'honneur, mais en lui laissant toutefois la responsabilité des déterminations : Thalictrum majus Jacq. — Sur et sous les rochers d'Hostiaz. — flavum L. — Mares près du Pont-Biais. Aconitum Anthora L.— Chemin de Tenay à Hostiaz, la Bérottiére. Acliea spicata L. — En Friez, prés Tenay. Papaver Argemone L. — Sous les rochers d'Hostiaz et d'Argis. Fumaria Vaillantii Lois. — Hostiaz. Corydallis solida Sw. — La Bérottière. Cardamine fossicola Godet. — Culoz. — Espéce nouvelleou tout au moins variété remarquable, à fleurs blanches, de Cardamine pratensis L. (Chenevière, in litt.). Arabis saxatilis All. -— Sous les rochers d'Hostiaz et d'Argis. — muralis Bert. — Sous les rochers d'Hostiaz et d'Argis. Dentaria pinnata L. — La Bérottière. — digitata Lamk. — La Bérottière. | Sisymbrium austriacum Jacq. (S. rupestricolum Jord.). — Sous les rochers d'Hostiaz. — Sophia L. — Tenay, près la gare. Erysimum ochroleucum DC. (E. glareosum Lunaria rediviva L. — Abondant à la Bérottiére. | Clypeola Jonthlaspi L. — Sous les rochers d'Hostiaz, Saint-Rambert, fort Sarra- Jord). — Sous les rochers d'Hostiaz. zin, Culoz. Draba aizoides L. — La Bérottière. Kernera saxatilis Rehb. — Rochers d'Hostiaz. Thlaspi montanum L. — Rochers d'Hostiaz. Æthionema saxatile R. Br. — Rochers d'Hostiaz. Hutchinsia petræa R. Br. — Rochers d'Hostiaz. Biscutella hispida DC. — Rochers de Culoz. Bunias Erucago L. — Plateau d'Hostiaz. | | Helianthemum velutinum Jord. — Argis, Saint-Rambert. — pilosum Pers. — Meximieux. | | Silene glareosa Jord. — Sous les rochers d'Hostiaz. Acer platanoides L. — La Bérottière. impatiens Noli-tangere L.— La Bérottière. Ononis Natrix L. var. (0. pinguis L.). — Argis. CXLII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Anthyllis montana L. — Rochers d'Hostiaz. | Orobus niger L. — Rochers vis-à-vis d'Hostiaz, au Gratinet. Rubus cuneifolius Merc. — Tenay. Potentilla caulescens L. — Rochers d'Hostiaz et d'Argis. Cotoneaster vulgaris Lindl. — Rochers d'Hostiaz. — tomentosa Lindl. — Rochers d'Hostiaz. Sorbus torminalis L. — Saint-Rambert. Epilobium rosmarinifolium Hænke. — Environs de Tenay. Scleranthus annuus L. — Plateau d'Hostiaz. Athamanta cretensis L. — Rochers d'Hostiaz. Peucedanum Cervaria L. — Hostiaz, Argis, Saint-Rambert. (Enanthe Phellandrium Lam. — Lac des Hópitaux. Lonicera alpigena L. -— La Bérottière. Cornus mas L. — En Friez, prés Tenay. Galium myrianthum Jord. — Chemin de la Dérottiére. — Vaillantii DC. — Sous les rochers d'Hostiaz. Dipsacus pilosus L. — Argis. Centaurea Scabiosa L. — Sous les rochers d'Hostiaz. Serratula tinctoria L. — La Bérottière. Gnaphalium luteo-album L. -— Grottes d'Argis. Abrotanum virgatum Jord. — Saint-Rambert. Petasites albus Gærtn. — En Friez. Erigeron serotinus Weihe. — Sous les rochers d'Hostiaz. Inula spiræifolia L. — Sous les rochers d'Hostiaz. Buphthalmum salicifolium L. — La Bérottière. Chloroerepis staticifolia Grisb. — Rochers d'Hostiaz. Hieracium amplexicaule L. — Rochers d'Hostiaz. — pulmonarioides Vill. — Rochers d'Hostiaz. — ligusticum Fries. — Tenay et Argis. — Janatum Vill. —— Tenay et Argis. — farinulentum Jord. — Tenay et Argis. — Jaequini Vill. — Tenay et Argis. — andryaloides Vill. — Rochers à Culoz. Campanula Medium L. — Rossillon. — persicifolia L. var. lasiocalyx G. G. — Sous les rochers d'Hostiaz. Pinguicula vulgaris L. — Marais à Culoz. Primula variabilis Goupil. — Tenay. — suaveolens Bert.— Sous les rochers d'Hostiaz. Gentiana Cruciata L. — Plateau d'Hostiaz. Atropa Belladona L. — La Bérottière. Physalis Mkekengi L. — La Bérottière. Myosotis hispida Schlecht. — Sous les rochers d'Hostiaz. Lithospermum purpureo-cæruleum L. — Prairies et haies aux environs Tenay. Sideritis hyssopifolia L. — Plateau d'Hostiaz. Teucrium Scordium L. — Lac des Hôpitaux. Erinus alpinus L. — Rochers, partout. Scrofularia Hoppii Koch. — Éboulis sous Hostiaz. Linaria alpina L. — Éboulis sous Hostiaz. — petria Jord. .— Eboulis sous Hostiaz. Gratiola officinalis L. — Lac des Hópitaux. Euphrasia ericetorum Jord. — Sur Hostiaz. de SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1870. cxLni Odontites lutea Rchb. — Rossillon. Veronica Buxbaumii Ten. — Tenay. Orohanche Hederæ Vauch. — Sous les rochers d'Hostiaz. — Gervarke Suard. — Saint-Rambert. Thesium divaricatum Jan. Sous les rochers d'lHostiaz. Euphorbia Lathyris L. — Rossillon. Taxus baceata L. — Rochers près de Tenay. Polygonatum vulgare Desf. — La Bérottière. — multiflorum All. — La Bérotticre. — verticillatum All. — La Bérottiére. Ruscus aculeatus L. — Rochers prés de Tenay. Leucoium vernum L. — La Bérottière. Lilium Martagon L. — La Bérottière. Erythronium Dens-eanis L. — La Bérottière. Phalangium Liliago Schreb. — Rochers autour de Tenay. — ramosum Lam. — Rochers autour de Tenay. Aceras anthropophora R. Br. — Tenay, le long du chemin de fer. Ophrys aranifera Huds. — Sous les rochers, pelouses aux environs de Tenay. — arachnites Rehb. — Sous les rochers, pelouses aux environs de Tenay — apifera Huds. -— Sous les rochers, pelouses aux environs de Tenay. — muscifera Huds. — Sous les rochers, pelouses aux environs de Tenay. Alisma lanceolatum Rchb. — Lac des Hôpitaux. Carex brevicollis DC. — Au-dessus de Stain. — alba Scop. — Près le lac des Hôpitaux. — gynobasis Vill. — La Bérottière. — humilis Leyss.— Sous les rochers, près de Tenay. — digitata L. — Sous les rochers, près de Tenay. — ornithopoda Willd. — Sous les rochers, prés de Tenay. Calamagrostis argentea DC. — La Bérottiére. Stipa pennata L. — Rochers prés de Tenay. Melica nutaus L. — La Bérottière. Gaudinia fragilis P. de B. — La Bérottière. Ceterach officinarum Willd. — Rochers, Tenay. LISTE DES CRYPTOGAMES RÉCOLTÉS par MM. THERRY et VEUILLOT PENDANT L'EXCURSION BOTANIQUE DANS LE BUGEY, rédigée par MI. A. MA- GNIN. Une exeursion dans les montagnes jurassiques du Bugey ne pouvait douner une récolte abondante de Cryptogames : tout le monde connait en effet la pauvreté relative des régions calcaires en végétaux inférieurs ; de plus il n’est guère possible de rechercher en même temps les Cryptogames et les Phanérogames ; les stations préférées par ces divers végétaux ne sont pas les mèmes. Or, les quelques cryptogamistes faisant partie de l'excursion ayant tenu à ne pas s'écarter de leurs compagnons de voyage, n'ont pu explorer, comme il eût été convenable, beaucoup de vallons pro- fonds et humides qui se présentaient sur leur route. Seuls les environs de la chapelle de Mazières et des marais du Vély, les vallons qui avoisinent la Chartreuse d'Arviéres et qui réunissent toutes les conditions favorables CXLIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. au développement d’une riche végélation cryptogamique, ont été visités avec plus de soin et ont donné quelques espèces intéressantes; la plus grande partie des autres espèces a été trouvée sur les bords des chemins ou des sentiers suivis par les excursionnistes. Voici les Gryptogames observés par M. Therry et disposés dans l'ordre suivant lequel ces plantes ont été trouvées. Eu suivant la route depuis le village de Tenay jusqu'à Charabotte : Anaptychia ciliaris Krb. — Très-beaux échantillons sur presque tous les arbres. Anaptychia ciliaris var. crinalis Schl. — Moins abondant que le pré- cedent. Madotheca platyphylla Dmt. Leptogium lacerum Nyl. Collema crispum Ach. C. plicatile Ach. Solorina saccata Ach. — Couvre en abondance les talus de la route jusqu'à la cascade, partout où la terre est argileuse et un peu ombragée. Endocarpum | complicatum Sw. — Très-abondant sur les rochers humides. Phoma pustulata West.— Sur un tronc de Chéne. Cucurbitaria Laburni Tul. — Très-abondant sur les branches du Cytisus Laburnum. Phoma exiguum Desmz. Orbicula Buxi Therry, n. sp. — Trouvé sur des feuilles de Buis, dans des fagots, vers le pont des Pattes. Pistillaria micans Vr. — Sur les feuilles et les pétioles de l Helleborus fætidus. Dans les marais de Cormaranche : Polytrichum formosum Hedw. (à l'exclusion du P. commune). Autour de la chapelle de Mazières : Sticta pulmonacea Ach. — Sur les Sapins. Lycogala punctatum Pers. — Sur trones de Sapins pourris. Lycogala miniatum Pers. — Sur trones de Sapins, mais non mêlé au précédent. Spumari alba DC. — Sur racines, Mousses, etc. Coniocybe furfuracea Nyl. — Trones de Sapins pourris. Calycium melanophœum Ach.— Trones de Sapins pourris. Arcyria nutans Bull. — Rare, fente d’un Sapin mort. Stemonilis fasciculata DC. — Dans le méme habitat, mais trés-abondant. Boletus sulfureus Fr. Hypomyces aurantius Fuck. Symb. myc., p. 183. — Sur le précédent. SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. CXLV Fusarium roseum Link et Sphæria maculans Desmz. — Sur des tiges de Choux. Un Lichen ressemblant à un Thysanothecium? — Trouvé sur des Mousses, dans le petit ruisseau situé au-dessous de la chapelle. De la chapelle au marais du Vély : Lepidozia reptans Nees. Lecidea viridescens Ach. Peziza cerea Sow. — Trés-abondant, couvrant un talus de la route, sous les Sapins. Puccinia Cruciferarum Rud.— Sur... | Œcidium Aquilegii Pers. — Sur les feuilles d Aquilegia vulgaris. Dans les marais tourbeux : Polytrichum commune L. M. M. Châtelain y a aussi récolté le Polytrichum strictum Menz., d'après la détermination de M. Debat. Diatomella Balfouriana Grev. — Sur les Sphagnes et les Polytries. Cosmarium Cucumis Corda? — Sur les Mousses dans les marais. Vallon d’Arvières : Clavaria coralloides Bull., aurea Fr. -- En grandes touffes du poids de plusieurs livres. Licea fragiformis Nees. — Sur divers troncs pourris. Corticium seriale Fr. — Sur un tronc de Fayard mort. Chroolepus velutinus Kutz. — Racines d'arbres à découvert sur le bord du chemin. Ustulina vulgaris Tul. — Sur tronc mort. Au-dessus de la Chartreuse d'Arviéres : Uredo Ulmarie Mart.— Sur les feuilles du Spirea Ulmaria. Uredo Pini Spreng. OE cidium Sonchi West. Hylocomium splendens Schimp. Marasmius androsaceus Fr. Tetraphis pellucida Hedw. Irpex fusco-violaceus Fr. — Sur un Fagus mort. Urceolaria scruposa Ach. — Sur des Mousses. Lecanora tartarea Ach. E OEcidium Gonrallarie Schum. — Sur Convallaria verticillata. OEc. Convallarie? — Sur les feuilles de Paris quadrifolia. Uredo Alchemillæ Pers. — Sur Alchemilla vulgaris. Colombier du Bugey : Cetraria islandica Ach. Eaa Puccinia Liliacearum Duby.— Sur les feuilles de Narcissus. J T. XXIII. CXLVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Dothidea Ribesiæ Tul., Sphæria Ribis Fuck. et Sph. strumella Fr. — Sur un Groseillier. Lecanora tartarea Ach. var. arborea. Hypoxylon fuscum Tul. Biatora lenticularis Ach. Hysterium Sambuci Schum. Cladonia fimbriata Hffm., pyxidata Fr., gracilis Hffm., etc. M. Ch. Veuillot, qui s'occupait spécialement des Champignons supérieurs, a bien voulu me communiquer les observations suivantes qu'il a faites sur les Hyménomycétes récoltés par lui pendant l'excursion du Colombier : 1. Agaricus (Amanita) vaginatus Bull. 2 pieds au bord des Sapins. Comestible. 2. Ag. (Collybia) hariolorum Fr. Environ 200 en petites touffes, parmi les Mousses, les feuilles tombées sous bois. — Odeur nauséeuse, de sub- stance putréfiée. Pied velu ou laineux à la base. 3. Ag. (Mycena)..... Un pied au bord des Sapins. 4. Ag. (Clitocybe).....8-10 venant en groupes sur le talus du chemin. 5. Ag. (Naucoria) semiorbicularis Bull. 6-8 pieds isolés dans les pelouses derrière la Chartreuse d'Arviéres. 6. Ag. (Inocybe)..... 2 pieds isolés sous les sapins. 1,8,9. Cortinarius, sp.... Sous les Sapins et au sommet du Colombier. 10. Coprinus micaceus Bull. 10 pieds en touffes sur une souche de Charme ? 11, 12. Coprinus sp..... 13. Schizophyllum commune Fr. 14. Boletus luridus Schæf. Deux exemplaires venant en groupe au bord du bois. — Vénéneux. 15. Polyporus varius Fr. Deux pieds, en groupe sur rameau tombé d'Abies excelsa. — Coriace. 16. Polyporus hirsutus Fr. 6-8 en groupes sur branche de Chêne tombée. — Coriace. Vi, 18, 19. Polyporus sp..... Venant en touffes étagées sur des sou- ches d'arbres. 20. Radulum....... ? Sur une branche tombée de Sapin. 21. Stereum hirsutum Willd. 8-10 en groupes sur branche tombée de Chéne. — Coriace. 22. Clavaria flava Pers. 8-10 isolés sous les Sapins. — Comestible. Observations. — Le n" 1 a été mangé et trouvé excellent. Le n° 2 était assez commun. Il répond assez bien à la description de Fries, mais peu à celle de Cordier, qui lui donne une odeur agréable; le nôtre avait au contraire une odeur nauséeuse très-prononcée. La descrip- tion de Gillet s'applique mieux à notre espèce : ce mycologue lui donne SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. CXLVI une odeur peu désagréable. Puisqu'il reconnait que l'odeur ne fatte pas l'odorat, ce n'est qu'une question de plus ou moins, l'intensité de l'odeur pouvant dépendre du terrain ou d'autres circonstances. Le n° 22 pourrait être le Clavaria aurea ; je penche cependant pour le Clavaria flava, à cause de la fragilité des rameaux et de la couleur jaune pàle des spores. RAPPORT DE M. VIVIAND- OREU, SUR LA VISITE AUX CULTURES DE M. JORDAN. Le dimanche 2 juillet, à trois heures du soir, la Société se rendit à la cité Lafayette pour visiter les cultures de M. Al. Jordan. Les nombreux et savants travaux dont ce jardin a été le point de départ et le champ d'expériences, et les immenses collections qu'il renferme, donnaient à cette visite une importance dont on comprendra tout l'intérêt. Ce n'est pas chose commune que soixante mille plantes réunies dans un espace restreint, représentant presque tous les genres de Phanérogames de France en nombreux exemplaires, et provenant des localités les plus diverses, depuis les bords de la mer jusqu'aux plus hauts sommets des Vosges, des Alpes, du Jura et des Pyrénées. Tout cela parfaitement en ordre, étiqueté, numéroté et rapproché pour juger rapidement des diffé- rences entre les espèces affines, dont le plus grand nombre est cultivé depuis de longues années. Il ne faudrait pas chercher dans ce jardin ce que l'on pourrait appeler la partie ornementale, car elle fait absolument défaut. Rien n'est là pour flatter la vue : aucune plante exotique, point de prairies ; des allées droites, un terrain plat; les arbres de nos vergers et ceux des foréts de la France jettent seuls un peu d'ombre et rompent la monotonie du paysage. Ce n’est donc pas un jardin d'agrément, mais un jardin d'étude, où tout a été sacrifié à l'utile. Du resteles botanistes étaient venus, non pour voir des massifs de fleurs, ou des prairies plus ou moins vallonnées, comme on peut en admirer dans nos grands pares publics, mais pour juger des collections de plantes françaises, et malgré la saison un peu avancée, leurs espérances n'ont pas été décues. Le jardin, d'une superficie d'environ un hectare, est simplement formé de carrés réguliers et égaux divisés chacun en 10 plates-bandes, ce qui forme un total assez respectable de 400 plates-bandes, les carrés étant au nombre de 40. Ils sont desservis par des allées larges de 17,50. Trois serres et deux bàches servent à garantir du froid celles des plantes d'Algérie et du midi de la. France qui ne peuvent supporter les rigueurs de nos hivers. Plusieurs bassins sont destinés à la. culture des plantes aquatiques ou marécageuses. Il est inutile de parler des accessoires indispensables à toute bonne culture, tels que tonneaux pour les arrosements, hangar à rempotage, etc.; CXLVIII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cependant il convient de signaler un appareil infiniment moins commun, une chaudière à calciner la terre dans laquelle on fait les semis, afin de détruire les graines qu'elle pourrait contenir et d'éviter toute erreur. Le sol, qui est argilo-siliceux, a été modifié dans beaucoup d'endroits par l'addition d'une notable quantité de sable rouge tiré des carriéres de Montchat, prés de Lyon. Mais comme la plus grande partie des plantes sont cultivées en pots, on se sert de terres de composition essentiellement variable, telles que terre de bruyére granitique, terre franche argilo-cal- caire, sable granitique, différents composts, etc. Quelques mots maintenant sur la manière dont s'établissent les séries de plantes. On conçoit trés-bien — le jardin n'étant pas publie — l'inuti- lité d'un classement par ordre de familles, lequel rend presque toujours les cultures plus difficiles; le seul rapprochement observé est celui qui repose sur l'affinité des espèces : c'est d'ailleurs le seul nécessaire pour le genre d'étude dont s'occupe M. Jordan. Chaque groupe d'espéces est placé dans l'endroit du jardin qui lui convient le mieux, en tenant compte des endroits ombragés et de ceux placés en plein soleil, ainsi que des diffé- rentes variétés du sol. En dehors des conditions physiques nécessaires au bon développement des plantes, il y a encore, pour la facilité des cultures, des carrés où se trouvent réunis tous les genres dont le repos se fait pen- dant l'été, tels que: Corydallis, Ficaria, Ranunculus, espéces à tubercules, Moschatellina, la plus grande partie des Liliacées, Iridées, Amaryllidées, Orchidées, etc., ce qui permet de les abriter contre les pluies intempes- tives de l'été, et surtout contre les arrosements maladroits auxquels ces plantes seraient fatalement condamnées, si elles se trouvaient dans le voi- sinage de plantes à végétation estivale. Lorsque les plantes arrivent au jardin, elles sont d'abord cataloguées alphabétiquement, et prennent un numéro d'ordre, lequel est arbitraire. Ce numéro est écrit sur une plaque de zinc et ne quitte plus la plante; il sert à retrouver au besoin la localité d’où elle vient. Outre ce numéro, les plantes sont munies d'une étiquette de bois portant les noms géné- rique el spécifique ; le nom de lalocalité et du département ; enfin l'année. Le nom de l'expéditeur et le jour de la réception sont inscrits sur le registre, ainsi que les observations sur la nature du sol dans lequel les plantes ont été trouvées. Ces plantes sont alors cultivées pendant une année dans l’ordre de leur arrivée ; car elles demandent des soins particuliers pour se rétablir, soins qu'il ne serait pas facile de leur donner, si ces plantes étaient immédiate- ment mises dans leurs séries respectives, où elles sont traitées d’une ma- nière uniforme. Les séries s'établissent de la manière suivante. Les formes de la méme espèce, ou du méme genre, lorsque celui-ci est monotype, ou de la même section, quand le genre est sectionné, sont rapprochées ainsi qu'il suit : SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. CXLIX 1° les formes de la méme localité ; 2° les semis de ces formes ; 3° les formes des localités les plus voisines, en commençant par celies des départements voisins et en s'éloignant ensuite. Pour la numération, chaque forine distincte prend un numéro d'ordre ; si la plante est issue de semis, elle prend en méme temps un numéro sur zinc, lequel indique l'année dans laquelle la plante a été semée. Et enfin, pour compléter la numération, chaque pot prend un piquet jaune, indi- quant la place qu'il occupe. Si l'on ajoute à tout cela un relevé topogra- phique exact, qui permettrait de retrouver au besoin tous les numéros dans le cas où ceux-ci viendraient à se perdre, on pourra se convaincre de la sécurité avec laquelle se font les observations. Il est d'ailleurs compléte- ment indispensable que la certitude la plus rigoureuse préside aux compa- raisons chez les plantes affines, sans cela les travaux qui en sont le résultat n'auraient qu'une valeur absolument insuffisante. Il me reste maintenant à passer en revue les séries de plantes les plus remarquables que nous avons visitées. Pour cela je suivrai l'ordre dans lequel elles sont placées. En entrant, à droite, abritées par des Thuias contre les rayons trop chauds du soleil, se trouvaient les plantes recues par M. Jordan en 1875 et 1876. En dehors de celles des environs de Lyon, nous avons pu voir de Saint-Martin d'Entraunes (Alpes-Maritimes), venant des montagnes environnantes, du Col-des-Champs, du désert de Saint-Barnabé et des sources du Var, une foule d'espéces remarquables, parmi lesquelles on peut citer : Auricula marginata Curt. Lychnis Flos-Jovis Lam. Pulsatilla Halleri Spreng. — vernalis L. Hypericum Coris L. Globularia cordifolia L. Plantago victorialis Poir. Adenostyles leucophylla Rchb. Papaver alpinum L. Sibbaldia procumbens L. Senecio incanus L. Atragene alpina L. Hesperis laciniata Al. Leontopodium alpinum Cass. Ajuga pyramidalis L. Astragalus aristatus L'Her. Lilium croceum Chaix. — pomponium L. Cardamine asarifolia L. Adonis vernalis L. Ononis fruticosa L. Ranunculus glacialis L. A côté des plantes que je viens de citer, et dont j'ai omis le plus grand nombre, venaient celles reçues la même année de différentes localités du département de l'Ardèche : Senecio adonidifolius Lois. Thlaspi Arnaudiæ Jord. Cota tinctoria L. Anthemis collina Jord. Etc. Digitalis purpurea L. Dianthus silvaticus Hoppe. Centaurea pectinata L. Carduus vivariensis Jord. Le département de Vaucluse nous montre des espèces franchement CL SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. méridionales ; elles étaient dans le voisinage de plantes apportées de Des- sines (Isère), une des localités classiques des environs de Lyon : Anthemis montana L. Stipa juncea L. Phagnalon sordidum L. Ruta angustifolia Pers. Cistus albidus L. l Fumana Spachi G.G. Juniperus Oxycedrus L. Coris monspeliensis L. Etc. || n'est pas nécessaire de citer toutes les localités dont les plantes ont passé devant nos yeux, cela ferait une liste interminable d'espéces souvent répétées, et de localités plus ou moins intéressantes ; d'ailleurs l'intérét principal de la visite résidait surtout dans l'inspection des séries de plantes où les espèces sont rapprochées suivant leurs affinités respectives et permeltent, sinon d'établir à priori un jugement sur leur valeur spéci- fique, au moins de constater les différences qui les séparent. Le genre Saxifraga L. a été démembré en plusieurs autres, afin d'en faciliter l'étude. Sous le nom de Chondrosea Haw., sont cultivées toutes les espéces à feuilles cartilagineuses, telles que : Chondrosea Aizoon Jacq. Chondrosea media Gouan. — pyramidalis Lap. — longifolia Lap. Etc. — lingulata Bell. Le groupe des Chondrosea Aizoon contenait environ six cents pots, représentant les formes les plus curieuses des parties de la France oü celte plante croit spontanément. Beaucoup sont encore à l'étude, quelques- unes ont été nommées, décrites et figurées dans le grand ouvrage de M. Jordan, actuellement en cours de publication. Parmi ces dernieres on peut citer : Chondrosea refracta Jord. et Four. Chondrosea patulipes Jord. et Four. — beugesiaca Jord. et Four. — rosella Jord. et Four. — virgata Jord. et Four. — glareosa Jord. et Four. Etc. Les Chondrosea pyramidalis Lap. du Piémont et des Pyrénées étaient bien représentés, mais passé fleur; seules les grappes fructiferes don- naient encore une idée de la luxuriance de leur floraison. Les Chondrosea media Gouan n'ont pas cet aspect de santé qui accom- pagne les autres Saxifrages. Sous le nom générique d' Antiphylla Haw., une centaine de pots repré- sentent les formes les plus curieuses du Saxifraga oppositifolia L. On ne se doute guère lorsqu'on récolte cette plante dans ses stations naturelles, sur les plus hauts sommets du Jura, des Alpes, de l'Auvergne et des Pyré- nées, de l'étonnante diversité de formes dont cette espèce linnéenne est la réunion; Cest pourtant ce que l'examen de la collection dont je parle démontre avec la dernière évidence. Un groupe d'une importance considérable par le nombre de ses espéces SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. CLI affines est cultivé sous le nom de Muscaria Haw.; il comprend les formes dont les noms suivent : Muscaria muscoides Wulf. Muscaria ascendens L. — pygmæa Haw. — capitata L. — obscura G. G. — intricata Lap. — nervosa Lap. — sponhemica Gmel. — ajugifolia L. — geranioides L. — exarata Vill. pedatifida Smith. — acaulis Gaud. -— hypnoides L. — moschata Wulf. —- ladanifera Lap. — pentadactylis Lap. — cervicornis Viv. Etc. Ce groupe, qui comprend un si grand nombre d'espèces, est encore loin d’être connu. Celles décrites par Linné, Smith, Allioni, Grenier et Godron, Lapeyrouse, Villars, Gmelin, Pourret, etc., sont trop élastiques dans leurs caractères pour qu’on puisse, avec les descriptions seules, les déterminer exactement; car il y a une foule de formes dans chacune de leurs espèces, et presque toujours des intermédiaires qui tiennent à la fois de plusieurs espéces distinctes, ce qui est trés-embarrassant pour les rapporter avec certitude à l'une ou à l'autre. De l'examen méme superficiel de la collec- tion de Muscaria cultivée par M. Jordan, il résulte clairement que la plupart des espéces anciennes sont des collections de formes qui ont quel- quefois été décrites minutieusement sur un seul échantillon; lorsqu'il aurait fallu ne signaler que les caractères généraux, on a chargé la descrip- tion de détails, que l'on ne retrouve plus la plupart du temps, et qui jet- tent le botaniste peu expérimenté daus un grand embarras. Ce genre demande, comme beaucoup d'autres, une révision précise, laquelle doit surtout porter sur deux points essenliels : la création. de sections bien élablies et largement décrites, de manière qu'il soit facile d'y rapporter les formes dont elles seront chargées de grouper les caractères généraux ; et une description minutieuse de ces formes, en étant aussi prodigue de détails dans ces descriptions que l'on devra en être avare pour les sections. Lorsque ce travail sera fait, alors peut-étre pourra-t-on se passer des herbiers authentiques et de la tradition. i Venait ensuite un autre groupe du genre Saxifraga, moins nombreux en espèces. Il comprend les S. cuneifolia L., S. umbrosa L., S. hirsuta L. et S. Geum L. ; ils sont cultivés sous le nom générique de Robertsonia Haw. et appartiennent à la section Hydatica Tausch. de Grenier et Godron. Les Robertsonia cuneifolia sont assez nettement définis, quoique nombreux mais nous surprenons, avec les trois dernières, en formes européennes ; Do hal sees cri Linné en flagrant délit de ce que l'on appelle aujourd'hui des espèces ei tiques : en effet, tous les intermédiaires possibles se rencontrent entre te o. , Afro onncl ; es prin- Robertsonia hirsuta et umbrosa, et, pour être consequent avec ses p CLII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cipes, Linné aurait dù n'en faire qu'une seule espèce, ou décrire toutes ces formes comme des espèces; mais le célèbre botaniste suédois n'aura connu que les formes caractéristiques nettement définies, qu'il aura prises pour des espéces tranchées. Ce qui prouve que le plus grand talent ne saurait suppléer à l'étude des faits. Il y aurait une foule d'observations intéressantes à faire sur les autres espèces de cette famille, mais cela nous menerait trop loin : il faut passer à d'autres genres. A cóté de la serre hollandaise est une plate-bande qui renferme une collection de Buxus sempervirens L. Si les variétés cultivées par les hor- ticulteurs pour l'ornementation des jardins ne nous avaient pas déjà appris que cette espéce est un groupe polymorphe, l'examen des spécimens de différentes localités que possède M. Jordan nous le démontrerait surabon- damment, car ils sont des plus variés. La méme remarque peut s'appliquer aux Rhamnus Alaternus qui sont à côté, ainsi qu'aux autres arbustes à feuilles persistantes de nos pays, tels que : Phyllirea, Aquifolium, Juniperus, Laureola, Arctostaphylos, Vitidæa, Arbutus, etc. Dans le carré qui fait face à la grande serre se trouvent en pleine terre plusieurs collections de différents genres intéressants, notamment les Dory- cnium, Succisa, et Betonica officinalis. Cette dernière espèce, qui était au moment de la visite en pleine floraison, comprend de nombreuses formes, la plupart trés-différentes, et faciles à distinguer à première vue par comparaison, et certes ce n'est pas un mince sujet d'étonnement pour celui qui, en présence de cette collection, se rappelle n'avoir lu dans la Flore de France après la description de cette espèce, la mention d'aucune variété, avee une diagnose de quinze lignes pour la faire distinguer de deux autres. C'est toujours le méme procédé défectueux ; trop de carac- téres pour ces espèces polymorphes, et manque de signalement pour leurs formes. Parmi celles que nous avons vues, on peut citer : Betonica pratensis Jord. et Four. Betonica drymophila Jord. et Four. — nemorosa Jord. et Four. — validula Jord. et Four. — stricticaulis Jord. et Four. — virgultorum Jord. et Four. — polyclada Jord. et Four. — Hylebium Jord. et Four. Etc. — recurva Jord. et Four. A cóté de ces plantes se trouvaient deux remarquables séries de Lavan- dula vera DC. et L. latifolia Vill. en pleine floraison. Les formes de ces deux espèces sont assez curieuses, quoique généralement très-voisines ; elles proviennent de localités trés-diverses, depuis celle de Couzon (Rhóne) et en descendant vers le midi, Avignon, Grasse, Fréjus, Toulon, jusqu'à celle du Canigou, etc. Le Lavandula Stechas, qui est un genre de Tournefort, est plus délicat SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. CLIIT et ne résiste pas trop à l'humidité et aux froids de nos hivers; aussi on les cultive en pots et on les rentre en serre pendant l'hiver. Une immense série de Polium aureum Mænch (Teucrium aureum Schreb.) et de Polium vulgare (Teucrium Polium L.), garnissait tout le carré voisin. Ce genre est excessivement varié, quoique la Flore de France n'en mentionne aucune variété. Presque à l'extrémité du jardin se trouvaient réunis dans le méme carré deux genres trés- nombreux en espéces affines. Ce sont les Helichry- sum et les Santolina. Une soixantaine de plantes représentaient les Heli- chrysum arenarium DC., H. decumbens Camb., H. Stechas DC., H. sero- tinum Boiss., H. angustifolium DC., H. microphyllum DC. Les Suntolina étaient très-nombreux et en beaux exemplaires; quelques-uns étrangers à la France, le reste pouvant rentrer à la rigueur dans un des trois types décrits dans la Flore française, mais néanmoins faciles à reconnaitre à première vue. Les espèces suivantes ont été figurées dans les Icones : Santolina Benthamiana Jord. et Four. | Santolina africana Jord. et Four. — brevifolia Jord. et Four. — brevicaulis Jord. et Four. — corsica Jord. et Four. — neapolitana Jord. et Four. — glabrescens Jord. et Four. — lobata Jord. et Four. — intricata Jord. et Four. — canescens Jord. et Four. — homophylla Jord. et Four. — diversifolia Jord. et Four. — squarrosa Jord. et Four. — linearifolia Jord. et Four. — provincialis Jord. et Four. — microcephala Jord. et Four. — rigidula Jord. et Four. — viridis Willd. — sericea Jord.. et Four. — valida Jord. et Four. — pectinata Lag. — villosissima Poir. Ce genre est trés-robuste et facile à cultiver; il résiste trés-bien, malgré son habitat méridional, aux rigueurs de nos hivers. Nous voici arrivés à un genre, un des plus beaux et le mieux représentés dans le jardin ; et cependant ce genre, si l'on s'en rapportait aux ouvrages de l'école linnéenne, ne comprendrait que quatre ou cinq espèces : Je veux parler des Sempervivum. D'une longévité qui leur a valu ce nom, ses espéces sont répandues dans la plus grande partie des hautes montagnes de l'Europe, aux Canaries, à Ténériffe, à Madére ; et sauf celles de ces pays, à qui il faut la serre tempérée, les autres s'accommodent très-bien de notre climat. La collection de M. Jordan ne comprend pas moins de quatre mille pots représentant les groupes tectorum L., hirtum L., arver- nense Lecq., piliferum Jord., arachnoideum L., montanum L. „etc. Chacun de ces groupes contient de nombreuses formes, ayant au minimum chacune cinq pots, ce qui permet de les observer plus facilement, On se fait assez difficilement une idée, lorsqu'on n'a pu juger que sur des échantillons d'herbier nos espèces de Sempervivum (et l'on sait ce qu'ils deviennent dans cet état), de la prodigieuse quantité de variétés dont elles sont la CLIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. réunion. Beaucoup de botanistes croient avec une entiére bonne foi à la distinction spécifique des formes que j'ai citées comme groupe, comme si l'espéce, qui est une entité fixe et définie, pouvait étre la collection de plu- sieurs plantes trés-différentes. Or, si l'espéce varie autant qu'il nous est donné de le voir dans cette collection, il n'y a évidemment plus d'espèce de Sempervivum, mais un grand groupe très-élastique qui pourrait bien n'étre qu'un démembrement de la grande famille des Crassulacées. Une fois dans cette voie, on peut aller loin. Mais si toutes ces variétés ne varient pas, on sera bien forcé de dire que ce n'est pas l'espéce qui a produit les variétés, mais au contraire les variétés qui ont servi à créer les espèces « des auteurs » (1). Le groupe fectorum comprend cette immense série d'espéces affines, dont les feuilles si diversement nuancées parcourent toute la gamme des verts possibles, depuis le glauque argenté jusqu'au vert foncé, quelquefois méme teinté de rose violacé ou de rouge vineux, comme dans le Semper- vivum triste. Offrant à l'étude, avec ses inflorescences, de nombreux caractères spécifiques variant avec les formes, il habite en France les sommets des Alpes, du Jura et des Pyrénées, ainsi que les toits et les murailles, où il a sans doute été apporté comme plante utilisée dans la médecine populaire. MM. Lecoq et Lamotte en ont distrait le Sempervivum arvernense, qui est plutót un groupe qu'une espéce ; il se rattache d'ailleurs, par certaines formes intermédiaires, au groupe précédent. On le rencontre surtout sur les rochers basalliques et granitiques de l'Auvergne, de l'Ardèche et de la Lozère, etc., et bien qu'il ait pour habitat les terrains où dominent la silice et l'alumine, il ne parait pas trop se plaindre d'un sol où ces deux sub- slances sont en faible quantité. Le groupe des montanum a une maniére de végéter qui en rend la culture en pots très-difficile ; aussi sont-ils les moins beaux de toute la collection. Les arachnoideum sont plus ou moins aranéeux suivant les formes ; quelques-uns le sont à un tel point, qu'il est très-difficile de distinguer le parenchyme de leurs feuilles sous l'épais duvet qui le recouvre, tandis que d'autres touchent au piliferum par la rareté de leurs poils. On peut citer dans le groupe tectorum les espèces suivantes : Sempervivum juratense Jord. Sempervivum Boissieri Schott. — præstabile Jord. et Four. — decoloratum Jord. et Four. — beugesiacum Jord. et Four. — rhodanicum Jord. et Four. — robustum Jord. et Four. — Fauconneti Reut. (1) I est superflu de rappeler iei que la Société n'est pas responsable des opinions personnelles des auteurs des articles qu'elle accepte; elle se contente de laisser la. plus large part à la liberté d'opinion, sans vouloir rien préjuger des questions discutées. (Note du Secrétariat.) SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. CLV Sempervivum columnare Jord. et Four. | Sempervivum modestum Jord. et Four. — saxosum Jord. et four. — luxurians Jord. Etc. — cantalicum Jord. et Four. Un autre genre de la méme famille, le genre Sedum, se trouve tout près des Sempervivum. Yl a été démembré én plusieurs, qui sont : 1^ Ana- campseros, comprenant les espèces semblables au S. Telephium, ou s'en rapprochant ; 2° Cepæa Cesalp.; 3° Sedella (S. atratum L., S. villosum L.); 4 Leucosedum (S. album L., S. hirsutum All., S. dasyphyllum. L.) ; »* Procrassula (S. pallidiflorum Jord. et Four., S. mediterraneum Jord. et Four., S. cæspitosum DC.) ; 6° Sedum Tourn. ex parte (S. acre L., S. sexangulare L., S. reflexum L., S. elegans Lej., S. altissimum Poir.). Le premier groupe, Anacampseros J. Bauh. Tourn., est trés-riche en espéces affines; nous trouvons les suivantes : Anacampseros subrotunda Jord. et F. | Anacampseros aprica Jord. et Four. — recurva Jord. et Four. — præruptorum Jord..et Four. — collina Jord. et Four. — Millieri Jord. et Four. — rhodanensis Jord. et Four. — assurgens Jord. et Four. — beugesiaca Jord. et Four. — lugdunensis Jord. et. Four. — convexa Jord. et Four. — lapidicola Jord. et Four. On a, je crois, parfaitement bien fait d'ériger en genre cette section si riche en espèces affines, qui n'ont que des rapports de famille avec le Sedum album, ou le S. altissimum par exemple. Les espèces qui ont conservé l'ancien nom de Sedum Tourn. sont culti- vées en grand nombre ; elles remplissent quatre plates-bandes et comptent prés de huit cents pots; les formes les plus remarquables sont dans le jardin depuis de longues aunées. On peut constater, par exemple, que la glaucescence n'est pas du tout, comme l'a avancé Grenier dans sa Flore jurassique, un caractère aussi fugace qu'il veut bien le dire. Ainsi, tout à fait à côté l'une de l'autre, sont deux formes de Sedum altissimum, sur l'étiquette desquelles nous lisons «reçues en 1859 » ; il y a donc seize ans qu'elles sont au jardin : l'une est glauque et l'autre d'un beau vert. Je n'entends pas dire que la glaucescence soit un caractère suffisant, s'il est seul, pour élever une forme quelconque au rang d'espèce ayant la même valeur que les espèces anciennes ; mais j'avoue que je ne comprends pas bien l'utilité de l'expérience que M. Grenier de regrettable mémoire a faite sur ce sujel. S'il a voulu dire que l'intensité de la radiation solaire aug- mentait la glaucescence chez les espèces glaucescentes, je ne le contredis pas; mais s'il avance qu'une culture de trois années leur fasse perdre en partie cette propriété, l'expérience s'y oppose formellement. Si cette théo- rie était vraie, il suffirait, je pense, de quelques années pour amener à la glaucescence les espèces à feuilles verles ; ce qui n est pas. Ce serait se faire une singulière illusion que d'accepter comme un fait acquis et comme CLVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. une vérité scientifique cette expérience amenée par le hasard, et résultant de la plantation d’un Sedum reflexum à feuilles glauques dans une cor- beille de Pétunias, lesquels, dans l'exubérance de leur végétation, ont recouvert les feuilles et les tiges de ce Sedum, qui, sous cette couverture, sont devenues vertes. L'année suivante l'expérience fut continuée, mais dans de meilleures conditions. La plante, privée des rayons du soleil, ne perdit pas complétement la couleur glauque de son feuillage, mais la glau- cescence diminua ; enfin, trois ans après, aucun des pieds à feuilles glauques n'avait repris sa belle couleur argentée, tous conservaient leur couleur verte lavée d'une trés-légére teinte glauque, ce qui permettait toutefois de reconnaitre encore ceux qui avaient possédé ce caractère à un très-haut degré, dit M. Grenier. Enfin ce qu'il y a de certain, c'est que la couleur glauque n'a pas disparu ; ellea pu diminuer, c'est possible, c'est probable méme dans de pareilles conditions. Mais un caractère particu- lier à une espéce ne saurait disparaitre, et les plantes que M. Jordan cultive depuis quinze ans en sont la démonstration vivante. Une plate-bande qui est contre le mur de l'ancien jardin contient : 1° une série de Ramondia pyrenaica de cent pots, comprenant des formes intéressantes ; 2 les Laureola sempervirens (Daphne Laureola L.) ; 9" les Mezereum officinarum C.-A. Mey. (Daphne Mezereum L.) ; 4^ les Daphne L. ex parte, Cneorum L. et alpina L. Tous ces genres comprennent chacun plusieurs formes. A leur suite viennent les Gentiana acaulis, pyrenaica, bohemica, etc. Plus de quatre cents grosses touffes de Rosa remplissent deux carrés ; il serait trop long d'énumérer les espèces des différentes sections de ce genre, dont plusieurs botanistes lyonnais ont fait leur étude favorite. Un carré entier est planté de différentes formes de Quercus sessili- flora et pedunculata, lesquelles fleurissent et grènent parfaitement tous les ans. Les autres genres d'arbres et arbustes sont disséminés cà et là à travers le jardin ; les Cornus mas, C. sanguinea, Viburnum, Rhamnus, Berberis, Ligustrum, ont de belles séries. Les Prunus spinosa L. et P. fruticans Weihe méritent une mention partieuliére, à cause de l'intérét qu'ils présentent pour la solution de la question de l'origine de nos fruits domestiques. Par exemple, il est clair que les deux types que je viens de citer renferment un assez grand nombre d'espéces, et que celui qui sémerait certaines formes à gros fruits du Pru- nus fruticans, ferait facilement croire qu'il a avec un végétal sauvage obtenu un fruit comestible. Les espéces de Prunus sont répandues un peu partout; qui oserait affirmer que les prunes que nous mangeons n’ont pas leur prototype à l’état sauvage, en exceptant toutefois celles d’origine hybride ? Voici les espèces décrites qui se trouvent au jardin : SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. CLVII Prunus oviformis Jord. et Four. Prunus densiflora Jord. et Four. — silvestris Jord. et Four. — agrestis Jord. et Four. — peduncularis Jord. et Four. — rusticana Jord. et Four. — latifolia Jord. et Four. — vapincensis Jord. et Four. Les Vitis occupent un carré, et sont élevés en liberté, c'est-à-dire quils grimpent sur de vieux arbres ou de grandes perches, sans jamais être taillés. Est-il bien utile de dire que ce genre est très-nombreux en espèces méconnues, et que si les Vignes des cultures sont d'origine étran- gère, il n'en est pas moins certain qu'il ya des espèces parfaitement spon- lanées en France et en Allemagne: ce sont surtout ces deux pays qui ont fourui la collection de M. Jordan. La famille des Labiées a de nombreux genres cultivés en série; bornons- nous à quelques-uns. Les Hyssopus officinalis sont représentés par deux séries parallèles, une en pots, l'autre en pleine terre ; les espèces affines qui les composent sont trés-distinctes et faciles à reconnaitre. En voici quelques-unes : Hyssopus polycladus Jord. et Four. Hyssopus beugesiacus Jord. et Four. — pubescens Jord. et Four. — aristatus Godr. — decumbens Jord. et Four. — recticaulis Jord. et Four. — cinerascens Jord. et Four. Les Satureia montana L. (Saturiastrum) renferment aussi un cer- tain nombre d'espèces affines : Satureia provincialis Jord. et Four., S. flexuosa J. et F., S. petrea J. et F., etc. Sous le nom de Gallitrichum J. Bauh. sont cultivées des espèces remar- quables, généralement confondues sous la dénomination de Salvia verbe- naca L. : Gallitrichum ptychophyllum Jord. et F. Gallitrichum arvale Jord. et Four. — dicroanthum Jord. et Four. — virgatum Jord. et Four. — stereocaulon Jord. et Four. — pallidiflorum St-Am. Etc. — rosulatum Jord. et Four. Les autres genres de cette grande famille sont tous largement repré- sentés, et ce serait faire un véritable catalogue que d'en énumérer les formes spécifiques : qu'il me suffise de dire que les Hosmarinus sont nom- breux et de beaucoup de localités différentes ; les Glechom«, Calamintha, Serpyllum vulgare, Thymus vulgaris, Sideritis, Brunella, etc., remplis- sent à eux seuls tout un carré. | ES Les Scrofulariées sont dans le même cas que la famille précédente et s diffé : ; qui c » » famille ont de belles séries. Nous les différents genres qui composent cette famille o . Q 7 Y ^ avons surtout remarqué : Veronica fruticulosa L., V. Chameædrys L., CLVIII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. V. spicata L., V. Teucrium L., V. urticifolia L., V. prostrata L., etc. Chaque espèce linnéenne est une véritable collection. Les Composées tiennent à elles seules deux ou trois carrés. Quelques genres ont une importance considérable. Les Galatella remplissent trois plates-bandes, les Artemisia autant, les Hieracium plus d'un carré. Ce genre immense, qui comprend tant d'espèces affines a été scindé en plusieurs autres, qui eux-mêmes sont sectionnés de facon à pouvoir jeter un peu d'ordre et de lumière. La sec- tion Accipitrina renferme à elle seule plus de quarante espèces des envi- rons de Lyon; les Pulmonarea en ont au moins le double. Les Cerinthoidea sont moins nombreux, ainsi que les Aurella. Les Chlorocrepis Griseb. el Pilosella Schultz, sont assez distincts des autres Hieracium pour qu'on ait pu les en distraire génériquement. On comprendra aisément pourquoi Je me borne à ces quelques citations ; il faudrait presque un volume pour en parler convenablement. Le genre Taraxacum est aussi très-riche en espèces affines ; la collec- tion que nous avons vue n'était pas en fleur, mais pouvait néanmoins étre jugée au feuillage. On vend dans le commerce, sous le nom de Dent-de-lion améliorée, une espèce affine, qui n'a d'amélioré que le nom, et nous connaissons une autre espèce de Taraxacum beaucoup plus améliorée, si par cette qualification on entend vigueur et largeur des feuilles. C'est tout simple- ment une espèce critique se reproduisant parfaitement comme toutes les autres sans aucun mélange. Je parle de cette espèce améliorée, afin de montrer que les prétendues améliorations chez les plantes domestiques sont la plupart du temps de la même nature, c'est-à-dire des espèces affines que l’on qualifie du nom de race et dont on ne connait pas l'ori- gine. Les Vincetoxicum officinale Mœnch occupent deux plates-bandes dans le troisième carré. Ils sont en pleine terre. On sait que Grenier est revenu, dans sa Flore jurassique, sur l'espèce de Vincetoxicum qu'il avait appelée V. laxum dans la Flore de France : après de longues recherches, dit-il, il est porté à les identifier. Il n'y avait pas de raison de créer les Vinceto- xicum laxum et contiguum au détriment de l'officinale. La vérité est qu'il y a un grand groupe d'espéces affines réunies sous le nom précédent, et que, pour faire un travail sérieux, il faut décrire toutes ces espèces, el uon une ou deux, chez lesquelles on a cru voir des caractères distinc- tifs. L'écueil en effet se trouve là : on voudrait trouver pour des formes critiques des caractères ayant la valeur de ceux de l'espèce d’où elles sont sorlies, ce qui est actuellement et sera toujours impossible. Parmi les espèces affines démembrées du V. officinale par M. Jordan, on peut citer : V. albidum Jord. et Four., V. beugesiacum Jord. et Four., V. dumeticolum Jord. et Four., V. ochroleucum Jord. et Four. SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET, 1876. CLIX Dans la plate-bande voisine se trouve le groupe des Pulsatilla. Ces plantes, encore peu connues au point de vue des formes, étaient en fruit. Quelques-unes sont excessivement remarquables et trés-distinctes. Les plantes bulbeuses sont celles qui ont le plus de représentants dans le jardin. Cultivées en pots pour la plupart, elles se succèdent en fleur pendant toute l'année. Beaucoup de genres eraignentle froid et sont abrités pendant l'hiver. Les Colchicacées nous fournissent des séries de : Bulbocodium ver- num L., Merendera Bulbocodium Ram., Colchicum autumnale L., C. al- pinum DC., C. arenarium W. et K., C. parvulum Ten. Les Liliacées ont presque tous les genres d'Europe représentés par des séries nombreuses. Aiusi, on peut voir les genres suivants en nom- breux exemplaires : Tulipa Tournef., Fritillaria Tournef., Lilium L., Urginea Steinh., Gagea Salisb., Allium L., Nothoscordium Kunth, Ery- thronium L., etc. Plusieurs genres ont été démembrés, entre autres les Scilla L., qui comprennent actuellement les genres suivants : Adenoscilla Gr. et Godr. (S. bifolia), Oporoscilla (S. autumnalis), Lingularia (S. obtusifolia), Stellaris (S. stellaris), Apsanthea (S. lingulata), Eroscilla (S. verna), Caloscilla (S. peruviana) (on sait que cette espèce, trés-commune en Algérie, ne s'est jamais trouvée au Pérou), Scillanthus (S. amæna), etc. Les Allium sont dans le méme cas que les Scilla. Ainsi les Saturnia (A. Chamcæmoly), Molium (A. roseum, subhirsutum, triquetrum, etc.), Porrum, etc., ont été démembrés de l'ancien genre linnéen. Les Muscari et Botryanthus sont cultivés en pleine terre et sont noni- breux, grâce à leur prodigieuse fécondité. On peut en dire autant des Orni- thogalum. La famille des Iridées (Romulea, Crocus et Gladiolus) pourrait presque lutter comme nombre avec la famille précédente. Les Amaryllidées et Orchidées, quoique inférieures en quantité, sont, surtout les dernières, trés-remarquables. | | Ces cinq familles représentent à elles seules plus de cinq mille pots ou places en pleine terre. Quelques-uns de ces pots sont de fortes Dimensions, par exemple ceux renfermant les Squilla maritima et corsica, dont quel ques oignons pèsent jusqu'à 3 kilos, mais la plupart sont ce que l'on appelle vulgairement des cinq pouces de diamètre ; ils suffisent dans beau- coup de cas et sont faciles à transporter pour les besoins de l'étude. Nous omettons le plus grand nombre des genres de plantes vivaces cul- livés par M. Jordan, car la liste seule tiendrait plus de place que ce compte rendu tout entier. Ainsi nous ne parlons pas des genres de Renonculacées dont beaucoup forment de si curieuses collections, telles que ftm- culus Chærophyllos L., R. monspeliacus L., etc.; ni des Fumariac: S, dont les Capnites (Corydallis) sont si remarquables et si. variés. CLX SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Les Dianthus, les Géraniacées, les Ombellifères, les Potentilla si nom- breux, auraient mérité une longue description. Enfin, pour rester dans l'exacte vérité, on peut dire qu'à de très-rares exceptions prés, tous les genres francais, ainsi que la plupart de leurs espéces, sont cultivés, et représentés dans le jardin par de nombreux spé- cimens de différentes localités, et l'on comprend trés-bien (puisque c'est aujourd'hui un fait démontré que les anciennes espéces sont des groupes) que le seul moyen sérieux d'étude taxinomique se trouve dans la réunion sur un petit espace des formes spécifiques critiques, pour en pratiquer l'étude sur le vif. C'est la méthode expérimentale, complétée par une cul- ture successive et longuement poursuivie, qui seule peut donner des résultats féconds et utiles. Nous voici arrivés aux genres de plantes annuelles. Ils demandent une appréciation particulière, à cause de leur reproduction qui se fait seule- ment par semis. Je n'ai pas parlé, dans l'énumération des séries de plantes vivaces, des semis faits dans l'intention de s'assurer de la fixité de ces espèces. J'ai pensé que la place serait mieux choisie en parlant des genres dont les espéces sont nécessairement obligées de se reproduire par graines. Le Centaurea Crupina L. a été érigé en genre par Cassini, avec beau- coup de raison, sous le nom de Crupina. Les Flores actuelles signalent dans ce genre une variété appelée Morisii, mais personne avant M. Jordan n'avait mis en évidence autant de formes ou espèces voisines. Non-seule- ment la variété Morisii des auteurs est une bonne et légitime espèce, mais elle comprend plusieurs formes dislincles, ce qui en ferait presque un groupe particulier. Les Crupina vulgaris sont dans le méme cas; aussi en a-t-on démembré plusieurs espéces qu'il suffit d'avoir vues une fois pour ne plus les confondre : ainsi les Crupina rufipappa Jord. et Crupina brachypappa Jord. sont tellement distincts, qu'il suffit de la graine pour les reconnaitre. Si, par exemple, on laisse se ressemer toute seule, dans un endroit du jardin, une de ces deux espèces, on est sûr que tous les pieds seront parfaitement semblables, et qu'aucune variation ne se produira. Il y a deux carrés dans lesquels ces plantes se ressèment seules depuis de longues années, et toujours elles se présentent avec leurs caractères essentiels. L'expérience est donc facile à faire, et ne demande ni beaucoup de soins, ni beaucoup de temps. Le genre Serrafalcus Parl. comprend, comme on sait, une dizaine d'espéces linnéennes, qui sont toutes la réunion de formes plus ou moins distinctes. Les Serrafalcus mollis, par exemple, en ont de très-curieuses. J'en citerai deux très-différentes par lataille. la première, qui est assez commune à Villeurbanne (Rhône), atteint prés d’un mètre de hauteur ; la seconde, qui vient de Corse, est presque acaule, les tiges n’ont jamais au maximum plus de 5 centimètres ; les engrais les meilleurs ne la font pas SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. CLXI grandir davantage ; je ne parle pas des autres caractères, ceux-là suffisent pour faire comprendre l'intérêt considérable que présenterait l'étude des espèces affines en agriculture. Eu effet, supposons que le Serrafalcus mollis soit une plante fourragère, ne voit-on pas d'ici quel serait le résul- tat d'une culture faite avec l'une ou l'autre des deux formes dont je viens de parler? quel rendement considérable avec la première, la seconde ne méritant pas d'être fauchée? Eh bien! ce qui arrive pour les Serrafaleus peut se présenter chez les Festuca, Dactylis, Lolium, ete. La collection de M. Jordan, des plus curieuses sous ce rapport, mérite d'être vue avec soin. Les Ægilops ovata L., triaristata Willd. et triuncialis L., sout dans le méme cas. Aucune trace de variabilité dans les espèces affines, dont les espèces précédentes sont la réunion. Nous avons pu nous en rendre compte, car la floraison était à point pour la plupart des espèces au moment de la visite. Voici les noms de quelques-unes : .Egilops erratica Jord. et Four. .Egilops nigricans Jord. et Four. — pubiglumis Jord. et Four. — strigosa Jord. et Four. — mierostachys Jord. et Four. — sicula Jord. et Four. — tumidula Jord. et Four. — divaricata Jord. et Four. - erigens Jord. et Four. — vestita Jord. et Four. — tomentella Jord. et Four. -- vagans Jord. et Four. Etc. Tous ces Ægilops se trouvaient dans un petit champ annexé au jardin, chaque espèce représentée par 200 pieds au moins, parfaitement purs de tout mélange, ce qui implique au moins une fixité relative; car s'il y avail quelques tendances à la variabilité, on aurait dù voir quelques pieds de ces espéces se distinguer des autres. | Les Clypeola Jonthlaspi L. ont aussi des espèces affines trés-laciles à distinguer ; la collection de M. Jordan renferme les suivantes : Clypeola psilocarpa Jord. et Four. Clypeola petræa Jord. et Four. — semi-glabra Jord. et Four. — hispidula Jord. et Four. — levigata Jord. et Four. — microcarpa Moris. i ' — lomatotricha Jord. et Four. — cyclocarpa Jord. et Four. Etc. — corsica Jord. et Four. Les Bilonema C. A. Meyer avaient complétement passé fleur. ainsi que la superbe et nombreuse collection d'Erophila. Nous avons pu voir les Aira L. ex parte, rentrés dans la serre afin de soustraire leurs graines aux fourmis, qui, à la maturite, les enlèvent toutes une à une. On ne peut rien voir de plus léger et de plus gracieux que ces plantes, dont les espèces suivantes sont bien distinctes : Aira aggregata Tim. Air plesiantha Jord. — patulipes Jord. — Cupantana Guss. - capillaris Host. — Tenorii Guss. k T. XXIII. CLXII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Il faudrait citer presque toutes les plantes annuelles qui croissent spon- tanément en France, si l'on voulait faire un compte rendu exact de celles que nous avons vues. J'ajouterai seulement quelques mots pour répondre à une objection qui a souvent été faite au sujet des cultures des plantes sauvages. On a dit que pour vérifier avec certitude la fixité des formes ou espèces critiques, il faudrait beaucoup de temps et varier les conditions de culture. Pour le temps, si la durée moyenne de la vie humaine ne suffit pas, il [aut évidemment renoncer à toute expérimentation. Dans le fond, je crois l'objection peu solide, car si trente années de culture ne peuvent pas modi- fier une espéce critique, j'avoue que je ne comprends pas du tout ce que soixante pourraient faire; car tant que la période actuelle sera régie par les mémes lois, les conditions physiques seront les mémes ou à peu prés ; et si ce ne sont pas les conditions physiques qui sont cause de la varia- lion, quelles sont ces causes? et à quelle date ces causes inconnues ou supposées se manifesteront-elles ? Quant: à varier les conditions de culture, je ne vois pas qu'on puisse faire plus que ne le fait M. Jordan. Les plantes sont cultivées de la méme maniére : cela ne parait pas, au premier abord, une variation des condi- tions physiques; cependant, si l'on réfléchit que l'espéce qui habite les hautes montagnes en est descendue pour vivre à côté de celle des bords de la mer, que toutes les conditions diverses de température, d'humidité, de sql, d'exposition, sont venues s'uniformiser dans un jardin, on devra reconnaitre qu'il y a bien là un changement profond dans les influences auxquelles les plantes étaient soumises. RAPPORT DE M. l'abbé BOULLU SUR L'HERBORISATION FAITE LE 3 JUILLET A TASSIN, CHARBONNIERES, MARCY-L'ÉTOILE. A six heures du matin, nous partions de la gare de Saint-Paul, et dix- huit minutes plus tard le train de Montbrison nous déposait à la station de Tassin. Ailleurs peut-étre notre troupe nombreuse, à l'équipement un peu hétéroclite, aurait fait ouvrir de grands yeux aux villageois ; mais ici ils sont familiarisés avec ce spectacle et ils nous regardent défiler sans étonnement, Aprés avoir dépassé la jolie église neuve de Tassin due au zèle d'un curé botaniste, M. l'abbé Cariot, nous nous engageons dans le chemin creux du Gouttet. Les boites et les cartables commencent à s'ouvrir, car à droite et à gauche se montrent : Avena fatua L. Poa megastachya Kæl. Phleum asperum Jacq. — pilosa L. — pratense L. — compressa L. Phalaris canariensis L. — pratensis L. SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1816. CLXIII Poa annua L. Daucus Carota L. — rigida L. Chærophyllum temulum L. Glyceria fluitans Wahl. Anthriscus silvestris Hoffm. Agropyrum repens P. de B. i Calamintha ascendens Jord. Brachypodium pinnatum P. de B. Mentha Pulegium L. — silvaticum P. de B. Lamium album L. Dactylis glomerata S. Origanum prismaticum Gaud. Hordeum murinum L. Plantago major L. Matricaria inodora L. — media L. — Chamomilla L. — lanceolata L. Achillea Millefolium L. Rumex pulcher L. Filago spathulata Presl. — crispus L. — canescens Jord. Chenopodium murale L. Barkhausia setosa DC. — album L. Erigeron canadensis L. — opulifolium Schrad. Lactuca dubia Jord. Atriplex hastata L. — flavida Jord. Lepidium graminifolium f. Cichorium Intybus L. Verbascum Blattaria L. Onopordum Acanthium L. — officinale L. Urtica urens L. — Lychnitis L. Malva silvestris L. Amarantus retroflexus L. Torilis Anthriscus Gmel. — silvestris Desf. Au commencement du printemps, nous aurions trouvé là les Viola virescens Jord. et V. scotophylla Jord., dont il reste à peine les feuilles. Deux espèces de Rosa viennent de disparaitre par suite de l'élargisse- ment du chemin : Rosa tomentella Lém., variété à pédoncules glandu- leux, et R. fastigiata Bast. Nous ne les rencontrerons pas dans notre excursion. Arrivés à la route de Sain-Bel, nous négligeons l Epilobium Lamyi Schultz, qui commence à pousser le long des murs de la magnifique pro- priété Desgrand, et longeant un pré où les travaux du chemin de fer ont fait disparaître Crepis nicæensis Balb., nous atteignons le ruisseau de Charbonniéres. A droite et à gauche s'étendent des prés émaillés en avril de Viola canina L., V. Riviniana Rchb., V. Reichenbachiana Jord., et de nombreuses formes de V. hirta L. Près de là croit aussi une Graminée méridionale qui remonte, bien au-dessus de Lyon, le cours du Rhône et de la Saóne : c'est le Gaudinia fragilis P. de B. Un étroit sentier bordé de Sonchus arvensis L. abrége notre route et nous conduit dans un bois. Là, sous l'ombrage des Pinus silvestris L., Quercus. pedunculata Ehr:, Q. sessiliflora Sm., Q. Apennina Lamk, Castanea vulgaris Lamk, croissent en abondance : Festuca heterophylta Lamk, Deschampsia flexuosa P. de B., Senecio NEMOTOSUS L., Lysima- chia Nummularia L. et des Rubus variés. A la sortie du bois, dans les terrains pierreux, nous rencontrons Aira precor L., A. caryophyllea L.. Nardurus Lachenalii Gm., var. aristata et var. mutica, Vulpia sciu- roides Gm., les chaumes desséchés de Luzula vernalis DC., L. Forsteri L., CLXIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. L. multiflora Lej.,etsur les berges du chemin Polytrichum commune L., P. aloides Hedw., Bartramia pomiformis Turn. Auprès de l'auberge du Chapoly, les Rosiers commencent à paraitre ; nous récoltons sur les bords de la route : Rosa pseudo-flexuosa Oz. Deségl. Rosa agrestis Savi. — Desegliser Bor. — tomentella Lem. (à pédoncules — Vaillautiana Red. (non Bor.). velus). - dumalis Bechst. — septicola Deségl. sphærica Gren. — canina L. - sepium Thuill. — comosa Rip. L'eau rougeàtre des fossés indique déjà la nature ferrugineuse du sol d'où s'échappent plus loin les sources minérales de Charbonnières. Bientôt nous quittons de nouveau la route pour suivre à droite l’ancien chemin du Chapoly. Les fossés sont bordés de Peplis Portula L., Bar- barea præcox R. Br., Juncus glomeratus L., J. effusus L. Les haies sont formées en grande partie de Rosiers : Rosa sepium Thuill. var. à fleurs panachées de blanc et de rose, R. permixta Deségl., R. cuspidatoides Crép. var. leioclada, R. andegavensis Bast. et une foule d’autres. Auprès d'une ferme s'élève un grand buisson de Rosa collina Jacq. ; presque entièrement dépouillé du còté du chemin, il conserve encore quelques fruits de l’autre côté de la haie. Poussés par la passion, nous violons la clòture de la propriété et nous faisons une invasion un peu tumultueuse dans un pré fauché récemment. Tandis qu'au grand détri- ment de nos doigts nous cheichons à traveis les épines à cueillir les rares échantillons échappés aux botanistes venus avant nous, tout à coup écl:- tent d'aigres clameurs : une vieille femme, les cheveux épars, ane fourche à la main, se précipite au milieu de nous en nous accablant d'invectives. Une claire-voie en ruines que notre passage a quelque peu démantelée, tel est le prétexte de sa fureur. Son mari plus débonnaire fait de vains elforts pour la calmer; elle ne veut écouter ni ses raisons ni les nôtres. Cédant à l'orage, Notumque furens quid femina possit, nous nous hàtons, à l'exemple du pieux Enée, de chercher des parages moins inhospitaliers. D'amples dédommagements nous attendaient à quelques pas de là : Rosa spuria Puget, R. comosa Rip., R. speciosa Deségl., aux larges feuilles, aux grandes et brillantes fleurs, R. repens Scop., R. dumetorum Thuill., R. urbica Lem., et deux formes qui en sont voisines : R. tricho- neura Rip., R. semi-glabra Rip., et enfin R. yallico repens Boullu. Une longue haie transversale bordée de moissons qui gênent nos recherches augmente nos récoltes des Rosa imitata Deségl., R. Jundzilliana Besser, R. scolophylla Boullu. La crainte de causer des dégàls nous prive du Rosa SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. CLXV subolida Deségl., R. Chaboissæi Gren., R. pellita Rip., R. Suberti Rip. et surtout du Rosa pumila L. f., dont nous ne retrouverons pas une aussi riche localité. Au milieu du chemin, avec le Trifolium repens L., se mon- trent déjà quelques touffes de T. elegans Savi, que nous devons retrouver plus loin en abondance, et le long des haies Roripa pyrenaica Spach. Sur une petite mare remplie de Glyceria plicata Fries et de Callitriche verna. L., s'étalent les blanches corolles du Ranunculus aquatilis L. Nous voici dans la région des Roses gallicanes : des pieds nombreux de Rosa gallica L. laissent voir, derriére une haie, leurs larges fleurs semi- doubles. [1 arrive assez souvent aux Rosiers de cette section de porter des fleurs semi-doubles et méme parfois des fleurs pleines, quand ils croissent dans l'épais terreau qui s'accumule sous les vieilles haies. Pour ne pas voir se renouveler la scène du Rosa collina, l'un de nous franchit la he et fait passer à ses compagnons tous les exemplaires qu'il peut récolter en bon état. Là se trouvent aussi : Rosa platyphylla Rau, R. cuspidatoides Crép., variété à rameaux pubescents, erioclada, et une forme de Rosa urbica à folioles doublement dentées, nommée R. hemitricha par Ripart. Pendant que les uns s'occupent des Roses, les autres, sous la conduite de M. Cusin, cueillent aux bords des champs de blé : Aira aggregata Timeroy, Gypsophila muralis L., Scleranthus annuus L., S. biennis Retz, ete. Les prairies voisines sont fauchées; huit jours plus tòt nous au- rions pu y récolter : Orchis maculata L., O. ustulata L., Avena pubes- cens L., Alopecurus pratensis L., A. agrestis L. et Cynosurus cristatus L. A partir de ce point, le chemin a été élargi par de récents travaux ; mais, hélas ! les haies ont été arrachées, et avec elles ont disparu : Rosa tomen- tosa Sm., qui devient de plus en plus rare autour de Lyon; R. carbona- riensis Boullu, dont les fleurs égalent en beauté celles du R. gallica ; R. repente-gallica Boullu, magnifique hybride qu'il fiudra aller chercher plus loin. S; l'on doit applaudir aux progrès de la viabilité, à | extension des cultures, ce n'est pas sans d'amers regrets que le botaniste voil dispa- raître chaque jour tant de rares espèces que d’autres sols sont impuissants à produire. Dans les parties de haies non détruites restent quelques maigres pieds des Rosa collina Jacq., R. Friedlanderiana Besser, R. austriaca Crantz, R. fallens Deségl. . 0. pe Devant nous se montre le bois de l'Étoile, station si chère aux bota- nistes lyonnais. Le voisinage du chemin de fer le menace peut-être d une prochaine destruction ou tout au moins d'une transformation préjudi- ciable aux intéréts de la botanique. Nous y arrivons en suivant une haie remplie de Rosa Acharii Bieb. ? R. eminens Chabert ? R. incarnata Mill. R. austriaca Cr., R. virescens Deségl., R. mirabilis Deségl. A ic Rosi du bois et presque étouffée par le taillis, est une forme curieuse M e collina à folioles glauques en dessous et non olivàtires, à fruits globuleu et non ovoides. CLXVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Dans le bois se montrent de tous côtés : Peucedanum parisiense DC. Campanula Cervicaria L Genista tinctoria L. Hypericum pulchrum L. — sagittalis L. — montanum L. — germanica L. — tetrapterum Fries. Sarothamnus scoparius Koch. — hirsutum L. Dianthus deltoides L. Molinia cærulea Mœnch. Pedicularis palustris L. Milium effusum L. Serratula tinctoria L. Festuca ovina L. Cirsium palustre Scop. Aira flexuosa L. Hypochæris maculata L. Danthonia decumbens DC. Luzula maxima DC. Anthoxanthum odoratum L. — multiflora Lej. Aspidium aculeatum Doell. Carex silvatica Huds. — Filix feemina Sw. — hirta L. Polypodium vulgare L. — leporina L. Cystopteris fragilis Bernh. — flava L. Polystichum Filix mas Roth. — panicea L. Asplenium Adiantum nigrum L. — polyrhiza Wallr. (Et sur les rochers humides) : — pallescens L. Umbilicus pendulinus L. S'il nous eût été possible de nous écarter dans les ravins, nous auri ns récolté des Mousses nombreuses : Leucobryum glaucum Hampe. Hypnum palustre L. Eurhynchium Stockesii Br. et Sch. — cuspidatum L. — prælongum Br. et Sch. Polytrichum urnigerum L. Hylocomium splendens Br. et Sch. — piliferum Schreb. — triquetrum Br. et Sch. Leskea complanata Brid. Hypnum purum L. Hypnum cupressiforme L, — filicinum L. Pour les Rosiers, sauf Rosa decipiens Bor., R. nemorum Rip., que Deséglise rattache au R. decipiens, R. nemorivaga Deségl., R. flexuosa Rau, R. pumila L. f., ce sont les mêmes espèces que nous avons déjà rencontrées. A la suite d'un incendie qui avait, il y a trois. ans, dévasté cette partie du bois, elle se trouva bien plus riche qu'aujourd'hui. Les cendres y étaient couvertes à la fin de l'hiver d'un tapis de Funaria hygrometrica Hedw., Ceratodon purpureus Brid., Phascum subulatum L., et au prin- temps les Rosiers y formaient un parterre non interrompu. Depuis lors le Sarothamnus scoparius Koch y a presque complétement étouffé les sous-arbrisseaux. Nous n'étions pas en ce moment bien éloignés du lieu de l'étape, et, gràce à une pointe d'appétit, l'aspect du déjeuner n'eùt pas été dépourvu de charmes. Cependant, à l'unanimité, on se décide àfaire encore un léger effort pour n'avoir pas à revenir plus tard en arrière. Un sentier sous bois SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. — cLxvil nous conduit en un moment à de belles touffes de Rosa Fourrei Deségl., R. silvatica Tausch., R. speciosa Deségl. Le champ argileux qui s'étend devant nous est couvert de : Trifolium elegans Savi. Holcus mollis L. Lotus angustissimus L. Agrostis Spica-venti L. Ornithopus perpusillus I. ` Aira aggregata Timeroy. Hypochæris glabra L. Hypericum humifusum L. Arnoseris pusilla Gærtn. — Liottardi Vill. Anthemis arvensis L. Galeopsis dubia Leers. Pyrethrum inodorum Sm. Ervum hirsutum L. Gnaphalium luteo-album L. Rumex Acetosella L. Jasione montana L. Epilobium collinum Gm. Spergula arvensis L. Hypochæris radicata L. — rubra Godr. Juncus bufonius L. Lythrum hyssopifolia L. Sur les bords du chemin qui sépare ce champ des bois qui l'entourent, croit Helianthemum guttatum Mill. Là nous aurions pu récolter dans une saison plus avancée Bupleurum tenuissumum L. Nous cherchons vaine- ment Anthemis nobilis L., indiqué à Charbonniéres, mais en revanche quelqu'un découvre dans un fossé et arrache avant d'avoir été prévenu de sa rareté autour de Lyon, une touffe de Senecio adonidifolius L. C'est la seconde trouvée dans nos environs depuis vingt ans. En un clin d'œil la touffe est dépecée, et malgré d'actives recherches on ne rencontre dans le voisinage que Senecio nemorosus Jord. | Nous laissons derrière nous la ferme de Cornatelle, où Rosa obtusi- folia Desv., R. Lemanii Bor., etc., émondés au printemps, ne nous auraient offert que des pousses stériles, où Matricaria Parthen ium L. var. floscu- losa n'a pas fleuri cette année. Nous négligeons aussi de visiter à fond un petit marais qui ne nous offre que Veronica scutellata L. var. parmu- laria Poit. et Turp., Eriophorum polystachium L., Galium palustre L., quelques Carex, Juncus, Scirpus, Salix, et nous nous dirigeons en toute hâte vers l'auberge du bois de l'Étoile, foulant aux pieds, sans nous y arrêter, Juncus Tenageia L. f. et Aira patulipes Jord. De longues avenues bordées de Chênes séculaires vont en rayonnant aboutir à un point central et ont valu à ce lieu le nom de bois de l'Étoile. C'est dans la belle saison le rendez-vous des baigneurs, des pensionnals en congé ; le dimanche, le chemin de fer y verse des flots de familles ou- vrières, d'employés de commerce, qui s'éloignent avec empressement des ateliers et des magasins pour venir respirer l'air pur de la campagne. Bientôt, à travers les arbres, nous voyons blanchir les murs de l'au- berge. Tout autour s'étendent de vastes toitures recouvrant des salles rustiques ouvertes de tous côtés ; les bancs, les tables, y sont disposés pour recevoir des hôtes nombreux; à côté se dressent des appareils gymnas- tiques, des escarpolettes où des écoliers se livrent à leurs bruyants ébats. CLXVIÍfT SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Là, en attendant le déjeuner que le docteur Saint-Lager a la gracieuseté d'offrir à la Société botanique de France, on peut déposer le harnais du botaniste et prendre quelques instants d'un repos bien mérité. Les plus ardents oublient la fatigue pour aller cueillir Carum verticillatum Koch, dans un bois humide rempli de Sanicula europea L. encore jeune, P Anemone nemorosa |. et de Convallaria majalis L. déjà en fruit. Enfin une table abondamment servie réunit tous les convives : la plus franche gaielé anime le repas ; les conversations s'engagent, les liaisons se forment entre botanistes venus de points si différents et dont plusieurs ne s'étaient jamais rencontrés ; on se promet d'entretenir des relations scien- lifiques, de faire des échanges de plantes. D'autres sociétés non moins nombreuses sont attablées dans le voisinage et une musique d'écoliers exécute avec plus ou moins de bonheur divers morceaux d'harmonie. Au bout d'une heure, on endosse de nouveau boites et cartables, et sans prendre le temps de visiter la station des eaux de Charbonnières où eroit le Viscaria purpurea Wim., on part. Nous ne sommes pas encore parvenus au milieu de la course. S2usles arbres qui bordent la route s'éta- lent des plaques desséchées de Diphyscium foliosum Mohr.; on y ren- contre aussi Webera nutans Hedw. A travers champ, prés et bois, on récolte : Trifolium striatum L. Potentilla rubricaulis Jord. — scabrum L. Rosa urbica Lem. — montanum L. — cordata Cariot. — ochroleucum L. -— velutiniflora Ozanon. - medium L. — Rhodani Chabert. — elegans L. — mirabilis Deségl. et différentes formes de Canines hispides et de Gallicanes peut-être encore innommées. Au sortir d'un bois s'allonge devant nous un charmant petit vallon dominé de tous côtés par des taillis. En cherchant avec soin dans la prairie, on peut y récolter Ophioglossum vulgatum L., plante naguère presque inconnue autour de Lyon et que maintenant on trouve des deux còtés de Méginant, à Chaponost, à Anse, et autres lieux. Elle aime en général les prés à sous-sol imperméable, trés-humides en hiver et sees pendant l'été. Dans la prairie et au bord des bois : Scorzonera humilis L. Orchis palustris Jacq. Carum verticillatum Koch. — latifolia L. Pedicularis palustris L. conopea L. Scutellaria minor L. — ustulata L. Carex flava L. — viridis L. (rare). — pallescens L. Rosa incomparabilis Chabert. Alopecurus pratensis L. — Fourræi Deségl. Orchis laxiflora Lam. — incarnata Mill. SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. — cLxix Rosa pumila L. f. Rosa Jundzilliana Besser. — austriaca Crantz. — pseudo-flexuosa Ozanon. — decipiens Bor. — Mareyana Boullu. Ce dernier est ainsi nommé du village de Marcy successivement appelé Marcy-le-Loup, Marey-les-Roses, et actuellement Marey-l'Étoile. Un petit ruisseau nous sépare de la commune de Tassin ; nous le franchissons pour entrer sur le territoire de Méginant. Méginant (terrain entre deux nant ou ruisseaux) est un petit plateau où le sous-sol granitique est recouvert par les alluvions glaciaires. Les gilets, les blocs de quartzite y sont solidement reliés par un ciment ferru- gineux. Ce terrain, qui s'étend sur les communes environnantes, parait convenir admirablement aux Rosiers, surtout à ceux de la sec'ion des Gal- licanes. Il était au commencement de notre ère couvert d'habitations gallo- romaines ; dépeuplé par l'invasion des barbares, il fat envahi par d'épaisses forêts. Après le siége de Lyon, à la fin du dernier siècle, des proscrits de la Terreur y trouvèrent un asile, A présent ce sont partout des prés, des vignes, des champs labourés; et, quand le cultivateur défonce le sol pour y planter la vigne, il met au jour des restes de murs, des tuiles ro- maines et des urnes remplies de cendres, de charbons et d'ossements calcinés. Le sentier que nous suivons est bordé de blocs ferrugineux et de frag- ments de quartzite. A tous les pas ce sont des Rosiers en abondance, mais rien que nous n’ayons déjà vu, sauf le Rosa sublævis Boullu. Cette curieuse espèce tient des Stylosées par ses styles réunis et presque glabres et des Gallicanes par ses feuilles et sa corolle. A droite, les bois sont remplis de Molinia cœrulea Mœnch, Anthoxanthum odoratum L., Centaurea ne- moralis Jord., Serratula tinctoria L., Solidago Virga-aurea L., Rham- nus Frangula L., Hieracium encore beaucoup trop jeunes. Dans les haies à gauche, se montrent Crategus monogyna Jacq., C. oxyacantha L., dont une variété à trois styles et à petites feuilles à peine trilobées ; dans les champs en culture : Ervum monanthos L., Vicia varia Host., V. lutea L., Agrostis vulgaris With., Inula graveolens Desf. ; et, sous nos pieds, dans les parties humides du sentier : Agrostis canina L. var. mutica et aristata, Scirpus setaceus L. et de nombreux Juncus et Carex. Aprés la derniére guerre, qui avait nécessité l'arrivage des foins de l'Algérie, on vit apparaitre ici : Trirago viscosa Rchb., Hordeum mari- timum With., Chrysanthemum Myconis L. Au bout de trois ans une fau- chaison trop précoce les a anćanlis. . | | Tandis qu'on s'arréte devant un buisson de Rosa Fourrwi Deségl. cou- vert de fleurs abondantes, quelques-uns consultent leurs montres : il est malheureusement trop tard pour prolonger notre course. Il faut renonce! à aller à un kilomètre plus loin cueillir : CLXX SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Ranunculus Chærophyllos L. Lithospermum medium Chev. Avena tenuis Mœnch. Jasione Carioni Dor. Scirpus silvaticus L. Scleranthus perennis L. Andryala sinuata L. Bryum hornum Schreb. Festuca tenuifolia Sibth. Rosa leucochroa Desv. — cinerascens Dumortier. — amblyphylla Ripart. — pseudo-vestita Boullu. — erronea Rip. — Timeroyi Chabert. — Chaberti Cariot. — opacifolia Chabert. — hybrida Schl. Rosa Leveillei Boullu. Nous nous bornons à dépouiller un beau buisson de R. silvatica Tausch., à prendre quelques brins d'un R. geminata Rau (type) et d'un autre encore inconnu, nommé provisoirement R. pseudo-silvatica. Puis coupant au plus court le plateau de Méginant, nous suivons à travers champs, vignes et prés, un sentier étroit qui nous conduit au coteau de l'Aigua. Sur notre route se montrent : Centaurea Duboisii Bor. Prunus fruticans Weihe. — serotina Bor. Rosa stephanocarpa Deségl. — nemophila Jord. ? — Deseglisei Bor. Ranunculus Sardous Crantz. — insignis Deségl. et Rip. Lathyrus Nissolia L. — cinerascens Dumortier. — hirsutus L. — subglobosa Smith. Juncus conglomeratus F. — repens Scop. — bufonius L. — trichoidea Rip.? — effusus L. — dumetorum Thuill. et deux formes voisines du Rosa speciosa Deségl. Au lieu de reprendre la route de Sain-Bel, nous tournons à droite sur le plateau argileux de l'Aigua. Les bois que nous avons à gauche seront remplis à la fin de l'été d'Hieracium virgultorum Jord. et d'une foule d'autres. Les champs, les prés sont couverts de : Aira aggregata Timeroy. Viola segetalis Jord. Filago canescens Jord. — lutescens Jord. — montana DC. — gallica Coss. et Germ. — arvensis L., Arnoseris minima Gærtn. Hypochæris glabra L. Centaurea tubulosa Chabert (rare). Hieracium Auricula L. — Pilosella L. — Pilosella-Auricula F. Schultz (rare). Holcus mollis L. On s’arrête un instant pour contempler le vaste amphithéâtre qui nous entoure. De ce lieu, le regard embrasse : à l'ouest, les montagnes d'Iseron, qui semblent se prolonger sans interruption jusqu’au mont Pilat ; au sud, la colline de Fourvières par-dessus laquelle se montrent les sommets des Alpes du Dauphiné; à l'est, le mont d'Or lyonnais avec ses trois sommets principaux, le mont Verdun, le mont Toux et le mont Cindre. D'ici encore SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. CLXXI on peut apercevoir les restes des trois grands aquedues de l'ancien Lug- dunum : celui des Massues, construit par l'antique Plancus pour abreuver sa colonie naissante ; il recueillait les eaux du mont d'Or, et, aprés un par- cours de 16 kilomètres, atteignait le plateau de Saint-Just ; celui de Cra- ponne, œuvre, dit-on, des soldats de Marc-Antoine : depuis mont Roman jusqu'à Tassin, il avait avec ses détours une longueur de 52 kilomètres, Allait-il jusqu'à Lyon, ou s'arrétait-il dans le vaste camp établi à Tassin et à Crapoune ? Enfin le plus beau et le plus considérable, celui de Chapo- nost, long de 84 kilomètres. Au moyen de ce magnifique ouvrage, l'empe- reur Claude fit arriver les eaux du Gier dans sa ville natale jusque sur les hauteurs de Fourviéres. Devant nous s'étend aussile champ de bataille présumé où la victoire de Septime-Sévére sur Albinus le rendit seul maitre de l'empire romain. Le féroce Africain souilla son triomphe par le massacre des Lyonnais et la destruction de leur cité. Ce spectacle, ces souvenirs historiques, n'ont pas le pouvoir de nous retenir longtemps : l'heure presse. On récolte en courant Elatine aisinas- trum L. que M. l'abbé Chaboisseau découvre dans une mare : Vincetoxicum ochroleucum Jord. Rosa lugdunensis Bor. var. micro- — laxum Bartl. carpa Chabert. — septicola Deségl. Potentilla decipiens Jord. Trifolium rubellum Jord. — agrestinum Jord. Galeopsis dubia Leers. (à fl. rouges). Brassica cheiranthiflora DC. Helianthemum guttatum Mill. — vulgare Gærtn. Rubus trichocarpus Timeroy. Medicago falcato-sativa Rehb. — præcox DC. — ambigua Jord. Trigonella monspeliaca L. Rosa Malmundariensis L. Antirrhinum majus L. Enfin, sous le pont de Tassin, Helodea canadensis Mich. Pour enrichir la flore locale, une main imprudente a jeté dans la petite rivière quelques brins de cette plante. Elle s'y est tellement propagée, qu'elle est devenue un vrai fléau. Il est à regretter que l'heure ne nous permette pas d'entrer dans le clos Rieussec ; nous y pourrions récolter : Hieracium cuspidatum Jord. (en fleur). — dispalatum Jord. (jeune). — dumosum Jord. (jeune). — hirsutulum Jord. (jeune). Rubus thyrsoideus Wimm. Milium effusum L. Agropyrum caninum Rom. et Sch. Brachypodium silvaticum P. de B. Melica uniflora L. — nutans L. Corynophorus canescens P. de D. Avena pratensis L. Poa nemoralis L. Carex digitata L. montana L. remota L. vulpina L. Herniaria glabra L Echium vulgare L. — Wierzbickii Hab. Senecio flosculosus Jord. — CLXXI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. et, aux Torrets, derriére le clos : Rosa agraria Rip. Rosa geminata Rau (forme trés-tardive). — dumosa Puget. ` — umbellata Leers. — Aunieri Cariot. Trifolium glomeratum L. — Timeroyi Chabert. — agrarium L. — Friedlanderiana Besser. Herniaria hirsuta L. — Cheriensis Deségl. Corrigiola littoralis L. — platyphylla Rau. Scrofularia canina L. Mais il faut gagner au plus vite la station du chemin de fer. Le Tordy- lium maximum L. borde la route par laquelle nous montons au village, et Linaria Cymbalaria Mill. laisse pendre ses touffes aux murs du jardin de la cure. Enfin, à quatre heures, le train nous ramène à Lyon pour la séance fixée à quatre heures trente minutes. Un temps splendide a favo- risé cette fructueuse herborisation, à laquelle il n'a manqué que d’être faite quinze ou vingt jours plus tôt. En parcourant deux mois plus tard les mémes localités nous y aurions fait une abondante récolte d'Hieracium. Pour compléter la connaissance de leur flore, je donnerai ici la liste des principales espèces qui y croissent : Hieracium grandidentatum Jord. — |Hieracium umbelliforme Jord. — Char- Marcy. bonnières. — dumosum Jord. — Tassin, Char- | — insuetum Jord. — Tassin. bonnières. — cuspidatum Jord. — Tassin. — obliquum Jord. — Tassin. — sciaphyllum Jord. — charbon- — salignum Jord. — Tassin. nières. — dispalatum Jord. — Tassin. — adelphicum Jord. — Marcy. — virgultorum Jord. — Tassin, Char- | — aviicolum Jord. — Charbonnières. bonniéres. — argillaceum Jord. — Tassin. — chloroticum Jord.— Charbonnières. | — patulipes Jord. — Charbonniéres. — eminens Jord. — Charbonniéres. || — rubescens Jord. — Tassin. — præcelsum Jord. — Tassin. — similatum Jord — Marcy. — nemogeton Jord. — Marcy. — retrodentatum Jord. — Marcy. — hirsutulum Jord. — Tassin. — brevipes Jord. — Charbonniéres. — rigens Jord. — Tassin. — prasinifolium Jord. — Charbon- —- macrodontum Jord. — Tassin. nières. | — streptophyilum Jord. — Tassin. — silvivagum Jord. — Tassin. — pervagum Jord. — Marcy. — oblongum Jord. — Charbonnières. RAPPORT DE M. F. LACROIX SUR L'HERBORISATION FAITE AU PHAT ET A SAINT-ÉTIENNE LE 4 ET LE 5 JUILLET. Le mont Pilat (1434 mètres) (1) est le point culminant d'un chainon de montagnes servant de contre-fort à la grande chaine des Cévennes qu'il rejoint au sud, tandis qu'il se relie au nord avec les monts du Forez et à l'ouest au grand massif de l'Auvergne. (1) L'étymologie du mont Pilat a donné lieu aux interprétations les plus ingénieuses. Suivant les uns (voy. lettre de M. Péan à M. Mulsant, Revue du Lyonnais, mars 1867), SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1870. CLAXIII Jadis il était malaisé d'aborder le Pilat, dont on aperçoit des environs de Lyon le sommet élevé ; depuis l'ouverture du chemin de fer de Saint- Etienne, le Pilat est devenu un but d'excursion pour les touristes lyonnais, amis des be tés sauvages de la nature, et surtout pour les naturalistes, qui trouvent dans la variété de ses assises, sous ses belles forèts de Sapins d'in- téressants sujets d'étude. Aussi nos collégues de Lyon chargés d'organiser la session botanique de 1876 avaient-ils inscrit au programme une explo- ration à ces lieux rendus célébres par les visites qu'y firent jadis Du Choul (1), Gesner (2), Dalechamp (3), Jean et Gaspard Bauhin (4), La Tourette (5), J. J. Rousseau (6), Mulsant (7), et tant d'autres savants (8) distingués. Le souvenir en est consigné dans des mémoires pleins d'in- térêt (9). Le rendez-vous était à la gwe de Perrache, le mardi 4 juillet, pour prendre le train de Saint-Étienne de cinq heures du matin. MM. Cusin, Pilat provient du celtique pi, cime élevée, pie, et de lale, large. D'autres ont admis (voy. La Tourette, Voyage au mont Pilat) que sen nom venait de laccumulation de nuages qui se produit fréquemment sur son sommet et forme une sorte de chapeau, d'où mons Pileatus. Enfin la tradition assigne à Pilate, gouverneur de la Judée, mort en exil aux envirous de Vienne en l'an 40 de notre ère, l'origine de sa véritable appella- tion. Ce qui semblerait corroborer cette opinion, c’est qu'il n'est nullement question du mont Pilat dans les commentaires de César et dans les écrits des anciens géographes, Ptolémée, Strabon, qui out parlé des Céveunes. D'autre part, il existait eucore au pied du Pilat, il y a deux siècles, des ruines désignées sous le nom de château de Ponce. tusébe, Cassiodore, saint Adon, archevêque de Vienue, le font périr de mort violente : suivant la tradition, il se serait poignardé sur les bords du gouffre, aujourd'hui comblé, qui forme la source du Gier (voy. la savaute dissertalion à cet égard de M. Mulsant, Souvenirs du mont Pilat, Lyon, 1870, p. 5). Ea | (1) J. Du Choul, De varia Quercüs historia; accessit. Pilati montis descriptio. Lugduni, apud. Rovillium, 1555, petit in-8'. — Description du mont Pilat, par J. Du Choul, avec traduction en regard. Lyon, Pitrat ainé, [868, in-[8. (2) Conrad Gesner, Visite au Pilat, 1554 (voy. Murray, Handbook, 1810, p. 42, et Haller, Bibliotheca botanica, t. 1, p. 289). . (3) Jacques Dalechamp, médecin et botaniste, né à Caen en 1513, mort à Lyon en 1588, a fait un des premiers connaître les richesses végétales du Pilat (voy. Mulsant, loc. cit.). (4) Jean et Gaspard Bauhin ont herborisé dans ses prairies et ses bois (voy. Mulsant, loc. cit.). | (5) La Tourette (Mare Antoine Fleurieu de) a publié Voyage au mont Pilat, conte- nant des observations sur l'histoire naturelle de cette montagne, suivi du Catalogue des plantes qui y croisse: t (Avignon et Lyon, 1770, in-8°). Ce Catalogue raisonné comprend 540 plantes, dout 40 sont classées parmi les plus rares, 130 ne se rencontrent que dans les montagn: s subalpines et 370 sont pour la plupart officinales. (6) J. J. Rousseau a fait en juillet 1769 l'ascension du Pilat, et y a trouve Otites (voy. Mulsant, Souvenirs du mont Pilat, t. 1, p. 119, note bj. (7) E. Mulsant, Souvenirs du mont Pilat et de ses environs. Lyon, 18 2 vol. in-12. oo e (8) Jean-Louis Alléon Dulac, Mémoires pour servir a l'histoire naturelle des provinces du Lyonnais, Forez et Beaujolais. Lyon, 1715, 2 vol. in-12. I Antoine Legrand, SI lislique botanique du Forez. Saint-Étienne, veuve Theolier, 1873, in-8 . d e dier ia auze, Voyage au mont Pilat, ou Visite à mon pays. Saint-Etienne, 1914, Freya, (9) J. Du Choul, La Tourette, Seytre de la Charbouze, Cucubalus 70, Pitrat aine, Mulsant, locis citatis. CLXXIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Faivre, Saint-Lager, Magnin, qui devaient nous guider dans cette excur- sion, étaient là de bonne heure pour organiser le départ. Nous montons en wagon au nombre de plus de 30. À ceux d'entre nous qui n'avaient pu prendre part à l'herborisation si fructueuse du Bugey, le docteur Saint- Lager distribue la Notice de M. Cusin sur la flore du Pilat (1). Nous pou- vons ainsi nous rendre compte de la végétation qui va s'offrir à nos regards et en méme temps diriger plus sûrement nos recherches. Mais notre atten- tion est tout d'abord attirée par le magnifique panorama qui se déroule sous nos yeux. Voici le riant coteau de Sainte-Foy, dominant la belle route des Étroits, couvert de magnifiques villas perdues au milieu de frais ombrages; puis la Mulatière. Bientôt le chemin de fer franchit un petit tunnel pour arriver à Oullins, oà dans l'ancienne résidence des arche- véques de Lyon est installée une institution renommée que dirigent les Dominicains. Le Rhône côtoie la voie ferrée et roule ses flots rapides au milieu des ilots de sable qui encombrent son lit. Aprés avoir tra- versé les champs d'Yvour et d'Irigny, on arrive à Givors au confluent du Gier et du Rhône. Givors est une petite ville où règne une grande acli- vité industrielle; ses verreries notamment méritent une mention spéciale. Le panorama change en quittant cette station : le chemin de fer s'engage dans une vallée sinueuse et étroite au fond de laquelle coule le Gier. Jusqu'à Saint-Chamond, en traversant Rive-de-Gier également renommée par ses verreries et ses nombreuses fabriques, le pays n'offre plus au tou- riste qu'une succession de montagnes dénudées dont l'aspect semblerait l'image de la désolation, si ce n'étaient les nombreuses usines qui mon- trent au loin leurs hautes cheminées d’où se dégagent d'épaisses fumées. Nous sommes en plein bassin houiller. Le soir, c'est un pittoresque spec- tacle de voir tous les fourneaux à coke briller dans l'obscurité comme autant de fournaises ardentes. Enfin nous arrivons à Saint-Chamond, autre centre industriel important où se trouvent de nombreuses fabriques de rubans, de galons et de lacets. M: de Teissonnier, membre de la Société botanique de Lyon, nous attend à la gare pour nous accompagner au Pilat. Comme nous ne devons arriver, selon toutes probabilités, que vers deux heures à la Grange du Pilat, où le diner est commandé d’avance, il est décidé à l'unanimité que nous feronstout de suite un léger déjeuner. Nous gagnons done rapidement l'hôtel du Nord, situé non loin de la gare. Nous apprenons, hélas! à nos dépens, qu'il est malaisé de se faire servir promptement un repas improvisé. Nous regrettons vivement alors de n'être pas venu coucher à Saint-Chamond, pour faire de bonne heure l'ascension de la montagne et profiter de la fraîcheur du matin. Enfin, après avoir (1) Annales de la Société. botanique de Lyon, 1873-74, p. 118. — Voyez également Aperçu géologique et phytostatique sur le Pilat, par le docteur Saint-Lager (ibid.). SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. CLXXV perdu prés de deux heures, nous prenons la route de Saint-Martin en Coail- leux, divisés en petites bandes qui ne tardent pas à se rallier au sortir de la ville. Arrivés à ce hameau, nous cueillons sur les vieux murs qui bor- dent le chemin quelques touffes fleuries du Sedum hirsutum All. ; le long d'un petit sentier, dans toutes les fentes d'une muraille humide, l Umbi- licus pendulinus DC. étale ses rosettes de feuilles surmontées de hampes garnies de fleurs. Le chemin que nous suivons est une sorte de rarine creusée dans un banc de micaschiste dont les paillettes jaunes reluisent au soleil. M. de Teissonnier nous montre, en montant, quelques pieds de Verbascum crassi- folium DC., dont les fleurs pas encore écloses ne nous permettent pas de voir les étamines à filets glabres. Nous récoltons encore Cirsium erio- phorum Scop., Verbascum Lychnitis L. var. flore albo. Dans les champs cultivés signalons la présence des espèces communes suivantes : Barbarea præcox R. Br. Leontodon hispidus L. Spergularia rubra Pers. — autumnalis L. Malva moschata L. Herniaria hirsuta L. Ornithopus perpusillus L. Corrigiola littoralis L. Carlina vulgaris L. Scleranthus annuus L. Filago minima Fries. — perennis L. Logfia subulata Coss. Galeopsis ochroleuca Lam. Arnoseris pusilla Gærtn. — Tetrahit L. Thrincia hirta Roth. Polycnemum arvense L. Senecio viscosus L. — majus Braun. Crepis virens Vill. Les cultures disparaissent pour faire place à des Bruyères au milieu desquelles végètent : Teesdalia nudicaulis R. Br. Sarothamnus vulgaris Wimm. Viola canina L. var. ericetorum Rchb. | Genista anglica L. Polygala oxyptera Rchb. (1). Ervum gracile DC. Hypericum humifusum L. Cirsium acaule All, — perforatum L Carduus acanthoides L. — microphyllum Jord. Centaurea nigra L. alés de ce Polygala, ses fleurs plus petites que dans le type croire un instant que nous avions rencontré le attentif nous montra notre erreur. En effet, la racine est loin d'être gréle ; les feuilles (1) Les rameaux gréles et éta Polygala vulgaris L., nous avaient fait P. depressa Wenderoth ; mais un examen bien que les rameaux soient làches et étalés, raci Join re Be sont moins inférieures ne sont ni ovales-obtuses, n1 opposees; les ailes 9 .: 5olées. E e, ce P ala larges que la capsule, il est vrai, mais elles sont ovales-neéolées. En outre te £ olygota diffère du Polygala Lejeunii Bor. par ses fleurs, qui ne son ja nais en grappes HA ni dépassées par les bractées ; les ailes de la corolle ne son pas ME "EP feuilles inférieures sont ovales-lancéolées. Nous n hésitons i. . ail " puli. Plante le Polygala oxyptera Rchb., Bor. Fl centr. r. 3 édit, p 6 Le Poly depressa Wender., signalé par M. Cusin dans Jes prairies a tour lo la Grange m de de à été récolté par M. l'abbé Boullu et plusie SNL. Cusin.) Bessat, en descendant à Rochetaillée. (Voy. à1 lusieurs membres pre a fin de ce rapport une note CLXXVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Pimpinella Saxifraga L. Holcus mollis L. Erigeron aeris L. Aira caryophyllea L. Anarrhinum bellidifolium Desf. Deschampsia flexuosa Grisb. Thymus lanuginosus Schk. Danthonia decumbens DC. Plantago lanceolata L. var. montana. | Nardurus tenellus Rchb. Luzula multiflora Lej. — Lachenalii Godr. Tandis qu'à notre droite s'étend une petite vallée dont le versant opposé au nôtre est garni de vertes foréts, nous continuons à contourner une colline dénudée où croit, mêlé au Genét commun, le Sarothamnus purgans Gren. Godr., dont les belles fleurs jaunes ont disparu et sont remplacées par des légumes glauques et velus. Dans les buissons du chemin, M. l'abbé Boullu nous fait cueillir Rosa tomentella Leman, R. Lemanii Bor., R. sepium Thuil. M. l'abbé Chabois- seau nous fait remarquer Epilobium obscurum Schreb., caractérisé par des rejets tracants, et à côté E. lanceolatum Seb., E. collinum Gmel. Sur les talus croissent les espéces suivantes que nous citons pour mémoire : Viola Reichenbachiana Jord. Jasione montana L. Poterium muricatum Spach. — perennis Lm. Rubus tomentosus Borkh. Campanula rotundifolia L. Genista pilosa L. Sedum reflexum L. Galium dumetorum Jord. Brunella vulgaris L. var. laciniata. Asperula evnanchica L. — alha L. var. laciniata. Après avoir gravi un coteau assez roide, nous arrivons au sommet de la montagne tout couvert de Genêt purgatif dont nous pouvons cueillir quelques rameaux avec fleurs. Nous descendons sur l'autre versant, qui domine une petite vallée dont la partie inférieure est cultivée. Un petit sentier tracé dans les landes où croit abondamment le Bunium denudit- tum DC., dont les gros tubercules se laissent aisément enlever, nous con- duit à un faible hameau, le Planil, dont le nom rappelle, parait-il, un habitant du pays. Après une courte halte qui permet aux retardataires de rejoindre la tête de la colonne et à tous de se rafraichir dans l'unique auberge de la contrée, nous gravissons de nouveau des pelouses arides el rocailleuses sur lesquelles végètent Sedum reflexum L. var. rupestris Gr- Godr., Sagina apetala L. Sur la lisière d'un petit bois de Pins nous cherchons vainement Mono- tropa Hypopitys L. qui y a été rencontré. Nous hàtons le pas pour ne point perdre de vue nos compagnons, que nous trouvons occupés à récolter sur les bords d'un fossé humide quelques espèces hygrophiles : Sagina mus- cosu Jord. (1), Montia rivularis Gmel., Juncus bufonius L., J. supinus Mænch. (1) Le Sagina muscosa a été établi par M. A. Jordan au détriment du Sagina pro- SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. CLxXvI1 . Plus loin, dansles landes humides et tourbeuses, nous complétons notre provision de Sagina muscosa Jord. Nous traversons le lit desséché d'un petit torrent qui descend de la montagne et, passant à gauche, nous nous acheminons vers les bois qui garnissent les crétes au-dessus de nous. Le soleil n'a cessé depuis le matin de faire perler la sueur sur nos fronts. Cependant des nuages accumulés au-dessus des hauteurs nous font craindre un instant un orage prochain. Toutefois on nous rassure en nous affirmant qu'il n'éclatera pas aujourd'hui, bien que le temps doive changer. Il existe en effet dans le pays ce dicton populaire : Lorsque Pilat prend son chapeau, Avant trois jours on aura de l'eau. Tandis qu'une partie d'entre nous, sous la direction de M. Faivre, se rend directement au sommet du Pilat en suivant le chemin qui mène par les bois à la Grange, MM. Saint-Lager et Cusin entrainent les amis du pit- toresque vers le saut du Gier. Nous prenons donc sur la droite un sentier qui serpente sous de magnifiques Sapins (Abies pectinata DC.) entremélés de Mélèzes (Larix europea DC.). Nous cheminons à l'aise sous ces frais ombrages qui arrétent les rayons brülants d'un soleil d'été. Quelques pieds gigantesques de Digitalis purpurea L. sont prestement enlevés ; mais notre convoitise est surtout excitée par le Galium rotundi- folium L., qui abonde au milieu des Mousses et des rocailles. Le chemin devient de plus en plus resserré et les pierres qui le garnissent rendent la marche difficile d'autant que la pente s’accentue davantage. M. l'abbé Chaboisseau nous montre en route quelques intéressantes Jungermannies (Jungermannia albicans, etc.). Un de nous a trouvé un Champignon véné- neux (Boletus sp.), dont les sections par le couteau se colorent immédiate- ment en bleu. Signalons les espèces suivantes trouvées dans la forêt : Oxalis Acetosella L. Rubus idæus L. Hypericum pulchrum L. Sorbus Aria Crantz. n — quadrangulum L. Chærophyllum Cicutaria Vill. Malva moschata L. — aureum b. cumbens. Il en diffère par les caractères suivants : Racine vivace ; tiges étalées et ga- zonnantes ; sépales légèrement scarieux sur les bords, appliqués sur la capsule apris la floraison ; pétales blanes deux fois plus petits que les sépales ; pédicelles egi M arqués apres la floraison, se redressant ensuite ; fleurs blanchâtres. Floraison en juille - août. Station : tourbières, pâturages marécageux. (Jordan, Pug. 1852, p. 32.) — Boreau (Flore centrale de la France, 3° édit., p. 100), Cariot (Et. des fleurs, fe édit., p. 83, assignent au Sagina muscosa Jord. une racine vivace et au Sagina procumbens V. une racine annuelle. Villars (Fl. du Dauphiné, t. l, p. 654) dit également que le : agina procumbens L. est une plante annuelle. Toutefois Grenier et Godron (Fl. française, t. 5, "un i i ièr » racine pérennante. Suivant une remarque qu'a bien p. 245) donnent à cette derniere une racine pt rennante. Suiva | jue q uM | Sagina muscosa sous Ie no voulu me communiquer M. de Teissonnier, Mutel a déeritle S AL vivace de Sagina procumbens L. var. fontana, mats sans indiquer si sa racine es 1 4 T. NNHL. CLXXVIII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Valeriana tripteris L. Prenanthes purpurea L. Galium saxatile L. Lactuca muralis Fries. Scabiosa lucida Vill. Pirola minor L. Gnaphalium silvaticum L. Nous arrivons enfin sur les bords dénudés d'un ravin profond au milieu duquel se précipite le Gier et qui sert de lit au torrent. Ce n'est pas sans difficultés que nous parvenons à franchir les blocs de granit entassés pèle- mêle les uns sur les autres, et qui dans le pays s'appellent des Chirats (1). Sur les roches de ce chaos, le Rubus glandulosus Bell. étale ses rameaux visqueux, et le Sedum hirsutum All. montre partout à leur base ses jolies petites fleurs blanches. Nous faisons une légère halte pour admirer la belle cascade que forme le torrent en tombant du haut des rochers : c'est là le saut du Gier, une des merveilles du Forez. L'onde écumante se perd au milieu des pierres que recouvre un épais tapis de mousse. À chaque pas on voit bouillonner dans quelques fissures l'eau qui se précipite avec bruit dans des méandres souterrains. L'humidité de ce frais vallon favorise le développement de nombreuses espéces hygrophiles, telles que : Cardamine amara L. Chrysosplenium oppositifolium L. Larbræa aquatica Saint-Hil. — alternifolium L. Impatiens Noli-tangere L. Epilobium montanum L. Epilobium spicatum L. Circæa alpina L. Myosotis palustris Vith. Rumex arifolius All. Lysimachia nemorum L. Si pour atteindre le Gier, la descente à travers les Chirats a été difficul- tueuse, l'escalade de la rive opposée est non moins ardue, en raison de la déclivité du sol. Il faut s'aider des mains pour opérer l'ascension qu'entra- vent encore les racines de quelques arbres séculaires qui semblent vouloir nous barrer le passage. On s'arréte de temps à autre pour reprendre ha- leine et admirer l'imposant spectacle de cette vallée mystérieuse et sauvage qui fuit à nos pieds et aboutit au village de la Valla, dont Du Choul a donné une si pittoresque description (2). Dans les fentes des rochers, au milieu des Mousses humides, de nombreuses Fougéres étalent leurs frondes ver- doyantes. Ce sont : Blechnum Spicant Roth., Cystopteris fragilis Bernh., Asplenium septentrionale Sw., Athyrium Filix-fœmina Bernh., Aspidium Lonchilis Swartz, A. aculeatum Doell., Polypodium Phegopteris L. et P. Dryopteris L., Polystichum spinulosum DC. et var. dilatatum Sw. (1) On a cherche à expliquer l'origine de cette accumulation de pierres, qui se retrouve jusqu'au sommet du Pilat, par l'hypothèse d'anciennes constructions. Il est plus logique d'admettre qu'elle provient de la désagrégation des roches granitiques et gneissiques dont les parties sableuses ont été entrainées par les eaux et dont les blocs solides sont restés en place, (2) On trouve des paillettes d'or dans le Gier. Jadis on se livrait à leur recherche et le village de la Valla comptait un assez grand nombre d'orpailleurs. Mais cette industrie précaire a depuis longtemps disparu. (Voy. Du Choul, loc. cit.) SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. CLxxIx Nous distinguons sur les parois des roches quele Gier couvre d'écume : Mæhringia muscosa L., et quelques pieds de Doronicum austriacum Jacq. que nous ne pouvons atteindre. Enfin, après maints efforts, nous parvenons au sommet de l'escarpement garni de bois à essences feuillues au milieu desquels un sentier à peine frayé nous permettra de nous diriger sans trop de peine. De grosses pierres moussues nous invitent à prendre quelque repos : nous cédons pour rendre à nos poumons leur respiration normale et vider les gourdes de compa- gnons prévoyants. Autour de nous quelques espèces intéressantes mon- trent une végétation vigoureuse : Ribes petreum Wulf. Veronica officinalis L. — alpinum L. Euphorbia dulcis Sibth. Asperula odorata L. Polvgonatum verticillatum All. Senecio Fuchsii Gmel. Maianthemum bifolium DC. Lonicera nigra L. Poa sudetica Hænk. Notre petite colonne se scinde en deux : les uns prennent plus à gauche et suivent le cours du Gier, les autres gravissent droit devant eux de pe- Lites pentes couvertes de Vaccinium Myrtillus et ombragées (1) par Sor- bus aucuparia L., S. Aria Crantz, Sambucus racemosa L. Nous attei- gnons un chemin sur le bord duquel M. de Teissonnier nous fait cueillir Spergula saginoides L. Nous ne tardons pas à remonter le Gier, qui, simple ruisseau, coule avec rapidité au milieu de débris rocailleux ; sur ses bords croissent : Stellaria nemorum L., Lychnis silvestris Hoppe, Impa- tiens Noli-tangere L., Potentilla aurea L., Alchemilla vulgaris L. Rejoints par nos compagnons, nous suivons sous bois le chemin de la Grange devenu tout à fait praticable. Nous avons récolté en route : Aconitum Napellus L. Melampyrum silvaticum L. Ranunculus aconitifolius L. Pedicularis silvatica. Viola palustris L. Paris quadrifolia L. Geranium silvaticum L. Salix aurita L. o Adenostyles albifrons Rehb. Eriophorum angustifolium Roth. Crepis paludosa Mænch. Juncus supinus Mænch. Epilobium obscurum Rchb. - squarrosus L. | — collinum Gmel. Deschampsia cæspitosa P. Beauv. Calamintha grandiflora Mœnch. — media Schult. (D) Du Choul (loc. cit.) indique au Pilat un certain nombre de plantes dont la véri- table détermination a été établie par le savant botaniste lvonnais, M. Alexis Jordan. C'est ainsi qu'il a reconnu dans Herba deserta, le Lycopodium claratum V..; dans l Ca- calia de Luc Ghini, le Cacalia Petasites L. ; dans le Sambucus montana, le Sum pucus racemosa L.; Treilly arbor, le Sorbus domestica L.; Lolhi species arbor, le Sorbus mm nalis L.; Verbascum, le Verbascum Thapsus L.; Meon, l'Athamanta Meum L.; d species, l'Acer Pseudo-Platanus L. ; llius, l'Ilex Aquifolium L.: Aurelles es lles, non le Vaccinium Vitis idæa de Théophraste, mais le Vaccinium Myrtillus L. (Voy. : sant, loc. cit.) CLXXX SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Bientôt nous débouchons au milieu de prairies émaillées de fleurs dont nous nous empressons de faire ample provision. Citons : Caltha palustris L. Leontodon pyrenaicus Gouan. Thlaspi virens Jord. Scorzonera plantaginea Schl. Viola sudetica Willd. (1). Gentiana campestris L. Polygala depressa Wend. Menyanthes trifoliata L. Drosera rotundifolia L. Vaccinium Vitis-idæa L. Parnassia palustris L. Campanula linifolia Lam. Linum catharticum L. Euphrasia officinalis L. Potentilla Tormentilla Nest. Rhinanthus minor Ehrh. Alchemilla alpina L. Polygonum Bistorta L. — hybrida Hoffm. Blitum Bonus-Henricus Rchb. — vulgaris L. Orchis maculata L. Bunium verticillatum Gr. Godr. — conopea L. — Carvi Bieb. — viridis Crantz. Trifolium spadiceum L. — albida Scop. Lotus uliginosus Schk. Narcissus Pseudo-Narcissus l.. Scabiosa longifolia Wald. et Kit. Juncus squarrosus L. Knautia silvatica Dub, Luzula sudetica DC. Centaurea nigra L. Carex pallescens L. Crepis paludosa Mænch. — pilulifera L. Meum athamanticum Jacq. — panicea L. Potentilla aurea L. — stellulata Good. Antennaria dioica Gærtn. Calamagrostis silvatica DC. Arnica montana L. Nos boites sont pleines et cependant nous avons peine à mettre un terme à notre récolte. Nous devons enfin répondre aux appels réitérés de nos compagnons qui depuis longtemps nous attendent à la Grange et qui ont été rejoints par plusieurs personnes venues à pied de Saint-Chamond ; parmi celles-ci, une jeune dame amie de Flore. La ferme du Pilat est située au milieu des prairies du plateau ; elle appartient à M. le marquis de Montdragon. C'est un grand bàtiment carré, qui renferme dans la méme enceinte le logement des fermiers, quelques chambres pour les voyageurs avec une salle à manger au rez-de-chaussée, les étables et toutes les dépendances nécessaires à une exploitation rurale. En raison de notre nombre, on nous a improvisé, au premier étage, une table formée de planches placées sur des tréteaux ; des banes tiennent lieu de chaises. Les murs couverts d'inseriplions et de noms propres témoignent du grand nombre, sinon de la distinction, des visiteurs qui sont venus ici demander l'hospitalité. Aussi s'étonne-t-on à bon droit de rencontrer dans une auberge si fréquentée un manque de confort aussi général. Les monta- gnards de la Suisse savent mieux comprendre leurs intérêts. (1) M. A. Legrand, dans sa Statistique botanique du Forez, p. 82, dit à propos, du Viola sudetica Willd. du Pilat, toujours à fleurs violettes. Nous avons récolté dans les prairies de la Grange plusieurs pieds de cette plante à fleurs blanches. SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. — CLXXXI A deux pas de la Grange se trouve la source du Gier; on a comblé le gouffre avec de grosses pierres pour éviter les accidents : c'est là le fameux puits de Pilate sur lequel les légendes ont fait circuler les histoires les plus mystérieuses. Un conduit de bois amène un filet d'eau glacée jusque dans la cour de la ferme. Nous y faisons une ablution salutaire et consta- tons la fraicheur de la source qui, selon Du Choul, frappe de paralysie les parties du corps mises en contact avec elle. Tout le monde est arrivé ; nous envahissons l'auberge. Nous faisons largement honneur au diner, et nous apprécions surtout à leur juste valeur les fromages renommés du Pilat. Le repas s'achève au milieu des conversations animées et des joyeux propos. Plusieurs d'entre nous, docteur Gillot, Viallannes, ainsi qu'un de nos col- légues lyonnais, sont obligés de rentrer le soir à Lyon: la méme dura lex me force à suivre leur exemple, malgré le vif désir que nous aurions d'as- sister le lendemain au lever du soleil au erest de la Perdrix, et d'y jouir des magnifiques horizons qui s'offrent à la vue depuis les Alpes jusqu'au Mezenc et aux montagnes de l'Auvergne. C'est avec le plus vif regret que nous prenons brusquement congé d'amis, qu'il nous serait si agréable de ne quitter qu'à la fin de la session à Saint-Étienne. Au sortir des prairies de la Grange, nous traversons un bois planté de résineux (1) et précipitons notre marche dans la direction que nous sup- posions devoir nous conduire à Saint-Chamond ; mais nous ne tardons pas à reconnaitre que nous avons fait fausse route : les renseignements que nous donnent quelques paysans nous apprennent que nous nous dirigeons sur Doisieux. Il est trop tard pour rebrousser chemin; nous exécutons alors une descente à fond de train dans des sentiers qui ressemblent bien plus au lit de torrents desséchés qu'à des ehemins. Enfin nous atteignons une grande route dont le sillon blanchàtre était depuis longtemps notre objectif. Un instant nous tenons conseil pour décider s'il ne vaut pas mieux ralentir notre marche désordonnée et aller coucher à la station plutôt que de tenter un suprême effort. Ce dernier parti l'emporte heureu- sement, car nous avons la satisfaction d'apercevoir Doisieux à un détour du chemin. Bientôt nous franchissons le Dorley sur un beau pont de pierre dont les parois sont garnies de Matricaria Parthenium L. var. flosculosa. | 2 Sur la place du village, que domine au sommet d'un rocher sa vieille (1) Avant 89, une vaste forêt de Sapins couvrait tout le sommet du Pilat; sa base Le , € i i ifi i ‘hènes et de Hètres. Pendant la tourmente révolu- était garnie de magnifiques bois de Chènes et êtres. Pendai | Ja tourmente révolte tionnaire, la plupart de ces arbres séculaires furent abattus par les habit: ‘des com- munes avoisinantes, Plus tard des coupes mal réglées empêchèérent la nature de répar aux efforts d'un maire du Bessat, le mal causé par la main des hommes. Toutefois, grâce aux eilor le de patriotisme, le M. Matricou, dont le nom mérite d'être cité pour servir d'exemple de pa rofit des reboisement a pu s'opérer par des aménagements intelligents au plus grand p intéressés et de la forêt. CLXXXII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. église, est arrêté le courrier de Sainte-Croix qui retourne à la gare. Nous prenons d’assaut l’impériale ; notre coche descend au galop les pentes rapides qui se succèdent sans interruption jusqu'à la Terrasse, joli ha- meau dont les maisons sont entourées d'élégants jardins. Nous avons tra- versé en route le hameau du Breuil, où existait jadis un vieux château appelé Ie chàteau des Fées, légendaire dans le pays (1). À peine avons- nous eu le temps de jeter un coup d’œil sur ces campagnes arides, que nous distinguons déjà les hautes cheminées de Sainte-Croix. Quelques instants encore et nous sommes emportés à toute vapeur vers Lyon. Bien que trop rapide, cette excursion dans un pays si sauvage, où se sont passés tant. d'événements extraordinaires (2), ne laissera pas que de nous fournir d'agréables souvenirs. Nous ne pouvons surtout nous empécher de comparer les moyens faciles de faire de nos jours l'ascension du Pilat avec les diffi- cultés qu'eut à surmonter en 1554 le célèbre botaniste de Zurich, Conrad Gesner, pour en approcher (3). (1) Voy. Du Choul, loc. cit. (2) Vers l'an 260, les Allemands passèrent par les montagnes quand ils allérent ravager l'Auvergne et le Forez. Au vrir^ siècle, les Sarrasins, remontant le cours du Rhône, se ré- pandirent dans le Forez, le Velay et l'Auvergne. Suivant la tradition, ils auraient séjourné assez longtemps à Doisieux, où plusieurs mots de leur langue sont encore conservés de nos jours. Dans le xiv* siècle, les grandes Compagnies occupèrent Saint-Étienne et tout le pays d'alentour, et firent le sac de l'abbaye de Valbenoite, qu'ils brülérent. Vers 1360, les Tard- venus passèrent par le Pilat pour rentrer en Bourgogne. Aprés la mémorable bataille de Brignais, ils ravagèrent à nouveau tout le Forez. Enfin, pendant les guerres de religion, le Pilat fut le théàtre de luttes sanglantes. Les mémoires du temps sont pleins de détails émouvants sur les défaites des huguenots, sous les ordres de l'amiral Coligny et Briquemont, par les catholiques commandés par Chris- tophe de Saint-Chamond, Jean de Saint-Priest et le baron de Lartie. (Voy. Mulsant, loc. cit. pp. 221-236.) (3) Au moyen àge et jusqu'à la fin du xvi‘ siècle, la superstition qui faisait croire qu'on pouvait faire naitre à volonté des orages en jetant des pierres dans le puits de Pilate était telle, qu'on ne pouvait sans la permission du magistrat faire l'ascension du Pilat. En 1554, le botaniste Gesner eut besoin de cette permission pour aller herboriser sur cette montagne. (Voyez Murray, Handbook. 1840, p. 42. — Mulsant, loc. cit.) Je ne saurais trop remercier MM. l'abbé Boullu, C. de Teissonnier, et surtout mon excellent ami M. A. Méhu, des utiles documents qu'ils ont mis à ma disposition pour la rédaction de cette très-incomplète notice. Note de M. Magnin ajoutée pendant l'impression. — Dans une communication faite à la Société botanique de Lyon (séance du 5 avril 1877), M. Cusin a présenté quelques considérations sur les Sagines etles Polygala critiques trouvés dans l'excursion au Pilat : on nous permettra d'en donner un résumé. Parmi les Sagina récoltés en montant de Saint-Chamond au Planil, il en est un qui est manifestement le S. subulata Wimm.; cette espèce se distingue tout de suite des autres Sagines, en compagnie desquelles elle croit ordinairement (S. procumbens et muscosa), par ses fleurs pentanères ; elle n'y avait pas encore été signalée. Quant au Polygala trouvé au Planil, M. Cusin, qui avait d'abord songé à le rapporter comme M. Lacroix au P. oxyptera Rchb., est porté, aprés nouvel examen, à le considérer comme une espèce distincte, intermédiaire entre les P. vulgaris et P. depressa. — Voy. aussi ce que M. Legrand dit des P. oxyptera Rchb., P. vulgaris var. oxyptera, etc., dans la Statist. bot. du Forez, pp. 83, 84, et Suppl., p. 334. SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. cLxxxill SUITE DE L'HERBORISATION DE LA SOCIÉTÉ DU PILAT A SAINT-ÉTIENNE, par M. le docteur SAINT-LAGER. Aprés le départ de nos collégues MM. Gillot, Lacroix et Viallannes, nous nous divisàmes en deux bandes : les uns, décidés à coucher à la Grange de Pilat, continuérent l'herborisation dans les prairies du plateau et trou- vérent, outre les espéces déjà citées dans le rapport de M. Lacroix et sur l'indication de M. Cusin, le Lycopodium clavatum L. et l'Angelica pyrenæa Spreng., dans les pâturages voisins du bois qui est situé au nord de la ferme; les autres se dirigérent d'abord vers le crest de la Perdrix (1434 mètres), point culminant du massif du Pilat. Les brouillards épais qui s’élevaient en ce moment sur les flanes de la montagne empêchèrent de jouir de l'adinirable vue qu'on a du haut du crest de la Perdrix. Il fallut donc redescendre, et alors, tenant conseil, nous résolûmes de ga- gner le village du Bessat pour y passer la nuit. Le lendemain matin, le ciel se découvrit et nous exploràmes les prairies qui entourent le Bessat. Il est inutile de donner lénumération des plan- tes qui s'y trouvent, attendu qu'elle se compose de toutes les espèces déjà signalées autour de la ferme du Pilat, ce qui s'explique parfaitement par l'identité des conditions géologiques et climatériques. L'altitude des deux stations est peu différente : la Jasserie de Pilat est à 1307 mètres; la pyramide établie sur la petite éminence qui domine le Bessat est à 1245 métres. Nous avons regretté de n'avoir pas eu le temps d'explorer avec soin les prairies tourbeuses situées plus bas entre le Bessat et Tarantaise. Nous y avons retrouvé plusieurs Joncs et Carex que nous avions déjà vus autour de la Jasserie de Pilat, entre autres : Juncus squarrosus L., J. supinus Mœnch, Carex Goodenowii Gay, C. canescens L., C. stellulata Goodn., C. pilulifera L. Dans les pâturages à droite de la route se montraient : Orchis viridis Crantz, Polygala depressa Wend., Trifolium spadiceum L., Veronica verna L.; puis dans les fossés, Stellaria uliginosa Murr.; sur les talus du chemin, Aira præcox L., Conopodium denudatum Koch et Genista anglica L. | Le Sarothamnus purgans G. G., que nous avions perdu de vue depuis le Planil, se montra de nouveau entre la Barbanche et Issertine ; quelques pieds étaient encore parfaitement fleuris à côté d'autres qui portaient des gousses presque müres. l Au delà d'Issertine, une prairie à droite de la route était tout émaillée de lune des plus belles et des plus rares espèces de la flore du Pilat, le Vicia Orobus DC., dont les jolies grappes de fleurs attirent de loin le regard par leurs élégantes panachures blanches et violettes (1). (1) Cette intéressante Papilionacée est particulière aux montagnes granitiques, schis- CLXXXIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Le Sedum hirsutum All. est extraordinairement commun sur les roches gneissiques de la vallée du Furens, entre Issertine et Rochetaillée ; c'est du reste une espèce fort répandue sur les flancs du Pilat, soit sùr le ver- sant qui regarde Saint-Chamond et Rive-de-Gier, au Planil et au-dessus de Doisieux, soit aussi sur le versant qui regarde le Rhône. Il est, avec les Sarothamnus purgans, Galium saxatile, Senecio adonidifolius, Doro- nicum austriacum, Sonchus Plumieri, Angelica pyrenea et Viola sude- tica, au nombre des espéces qui caractérisent le mieux les terrains grani- tiques, schisteux et volcaniques du centre de la France. Arrivés à onze heures à Rochetaillée, nous eümes le plaisir d'y trouver notre collégue M. Hervier-Basson, qui avait eu soin de préparer notre réception à Saint-Étienne, sans oublier les omnibus qui devaient nous y conduire. En attendant l'arrivée des retardataires, nous passämes quelques mi- nutes à considérer la situation pittoresque de Rochetaillée et de son vieux château (775 mètres), assis sur un énorme dyke de quartz qui forme bar- rière entre la vallée du Furens et celle du Janon. Enfin, franchissant rapidement les 5 kilométres qui restaient à faire, nous arrivàmes à Saint-Étienne à l'hótel du Nord, où un diner confortable avait été préparé. Au dessert, des remerciments furent adressés aux organisateurs de la session et particulièrement à MM. Hervier-Basson et Grand'Eury, qui s'étaient occupés avec le plus grand zèle et un succès complet de notre réception à Saint-Etienne. En réponse à un toast porté aux naturalistes de la Grande-Bretagne, M. le pasteur Colvin, de Moffat (Écosse), répondit en anglais quelques paroles émues à l'adresse de la France et de ses savants. Aprés le repas, MM. Renault et Grand'Eury firent part à la Société de l'aimable invitation faite par M. Giron d'aller visiter sa fabrique de ru- bans. Inutile de dire avec quel empressement cette proposition fut acceptée. Pendant deux heures, M. Giron nous conduisit à travers son admirable établissement, l'un des plus beaux qui existent en France, et nous expli- qua tous les détails de l'intéressante fabrication des rubans depuis la manipulation de la matière première jusqu'à sa complète transformation. Aprés cette visite aussi agréable qu'instructive, nous nous rendimes teuses et volcaniques du massif central de la France. Dans notre Pilat, elle existe entre Issertine et Planfoy, sur les montagnes qui bordent la vallée du Furens ; on la trouve dans la chaine du Forez à Pierre-sur-Haute ; puis sur les pentes du Puy de Dôme, du mont Dore, du Plomb du Cantal, de l'Aubrac, de la Margeride, de la Lozère, de la mon- tagne Noire et de Lespinouse. Enfin, en dehors du massif central, on ne la connaît en France que dans quelques rares localités des Pyrénées centrales. Dans les Flores lyonnaises, le V. Orobus est signalé autour de la Grange du Pilat ; Je ne l'y ai jamais vu. SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. CLXXXV dans une des salles de la Chambre de commerce, mise à la disposition de la Société sur la demande de M. Grand'Eury. Là se tint à cinq heures la séance de clôture de la session. RAPPORT DE M. LE docteur Ant. MAGNIN SUR LES COLLECTIONS. BOTA- NIQUES PUBLIQUES ET PARTICULIERES DE LYON ET DES ENVIRONS. Donner un compte rendu, si succinct soit-il, des nombreux herbiers formés dans le Lyonnais et des bibliothéques botaniques qui leur sont jointes, serait entreprendre un travail fastidieux qui a plutót sa place dans une Statistique botanique du département du Rhône ; je crois mieux ré- pondre à l'attente de mes confrères en leur signalant rapidement les collec- tions les plus importantes ou celles qui ont une certaine valeur historique. Voici les détails que M. le docteur Saint-Lager a bien voulu me pro- curer sur les collections publiques de Lyon et sur les collections de M. Jordan. Collections publiques de Lyon (1). Les bibliothéques de Lyon sont assez bien pourvues en ouvrages an- ciens concernant la botanique ; celle du palais des Arts en contient 1250 volumes. Il est regrettable que le budget insuffisant de cette biblio- théque n'ait pas permis d'acquérir un grand nombre d'ouvrages modernes qui y manquent. La grande bibliothéque de la ville, au Lycée, contient 300 volumes d'ouvrages de botanique dont 200 ont été légués par Aunier : parmi ces derniers, les seuls qui méritent une mention spéciale sont les Icones Flore germanice et helveticæ de Reichenbach et les /cones Flore danicæ de Vahl. La bibliothèque de la Société Linnéenne de Lyon est annexée à la grande bibliothèque de la ville. Les ouvrages de botanique sont au nombre de 300 et ont été donnés par Champagneux. L'herbier de la Société linnéenne, formé par les soins de Balbis, Vai- vollet, Madiot, Roffavier, M"* Lortet, Valuy, Champagneux, contient cinq mille espèces. Get herbier n'a recu aucun accroissement depuis la mort de Champagneux. L'herbier d'Aunier a été placé dans le cabinet d'histoire naturelle du Lycée, où il est resté complétement inutile, attendu que la botanique descriptive n'entre pas dans le programme des études universitaires. Il n'a méme pas servi au professeur d'histoire naturelle, lequel ne s'occupe nullement de botanique. Aussi il est arrivé à cet herbier ce qui arrive à (1) Il ne sera pas question ici des herbiers des La Tourette, Balbis, Seringe, placés, avec un herbier général et un herbier local, au Conservatoire de botanique du parc H la Téte-d'Or, ces collections ayant été déjà l'objet d'un compte rendu dans le rapport de M. Doûmet-Adanson (voy. p. xciv). CLXXXVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. toutes les collections de plantes qui ne sont pas visitées et surveillées : il a été la proie de divers parasites. Ce qui en reste est destiné à périr infail- liblement, à moins qu'on ne se décide à le réunir à l'herbier de la ville, lequel est confié aux.soins d'un conservateur zélé et habile. Les herbiers de Timeroy, de Foudras, de Chabert et del'abbé Guinand, ont eu un meilleur sort. Le premier, acheté par M. Navier, a été donné par ce dernier à M. Jordan; le second appartient à M. le docteur Perroud, qui l'a enrichi d'un grand nombre d'espéces alpines et méridionales; le troisiéme fait partie de la belle collection de M. Ad. Méhu; le quatriéme, échu à M. l'abbé Carret, professeur à l'institution des Chartreux, a recu et recoit incessamment de nombreux accroissements. Collections de M. Jordan. Tous ces herbiers, si intéressants qu'ils soient à divers points de vue, ne supporlent pas la comparaison avec celui de M. Al. Jordan. Il faut avoir vu cette vaste collection, répartie en douze grandes piéces, pour se faire une idée de l'énorme quantité de matériaux aecumulés par un savant qui, pendant quarante années d'un labeur incessant, a essayé de démon- trer expérimentalement que la plupart des types linnéens sont des groupes d'espéces. Cette préoccupation explique comment il se fait que telle espèce est représentée dans l'herbier de M. Jordan par des centaines d'échantil- lons de provenance diverse. Par défaut d'érudition, il est souvent arrivé aux chercheurs de croire avoir découvert ce que d'autres avaient déjà trouvé avant eux. Afin d'éviter de tomber dans cet écueil, M. Jordan a fait collection de presque tous les livres de botanique concernant la flore européenne. Le catalogue de la bibliothéque de M. Jordan se compose de cinq mille numéros, chaque numéro indiquant, comme c'est l'usage, un ouvrage, quelque soit le nombre des volumes dont il se compose. Indépendamment des journaux et recueils, on remarque un grand nombre de livres rares et anciens des botanistes antérieurs à Linné, puis toute une Jongue liste d'ouvrages iconographiques d'un grand prix, tels que : Flora greca de Sibthorp, Flora danica de Wahl, Flora neapolitana de Tenore, Flore portugaise d'Hoffmannseg et Link, Flora austriaca et tous les autres ouvrages de Jacquin, English Botany de Smith et Sowerby, Flora londi- nensis de Curtis, Botanical Register d'Edwards et Lindley, Botanical Magazine de Curtis, les Liliacées de Redouté, les Icones de Cavanilles, les Icones plant. rar. Hungarie de Waldstein et Kitaibel, les Graminées de Most, Species Graminum de Trinius, Icones Flore germanice et Plante critice de Reichenbach, Deutschland's Flora de Sturm, Illustrationes plantarum orientalium de Jaubert et Spach, Icones plantarum novarum SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. — cLxxxvil de Ledebour, Phytographia canariensis de Webb et Berthelot, Flora sardoa de Moris, Voyage botanique en Espagne de Boissier, Icones et Descriptiones de Willkomm, Flora monacensis de Schranck, Flora batara de Kops, Srensk Botanik, Bryologia europea de Bruch et Schimper, et quantité d'autres ouvrages dont l'énumération serait longue. Collections de M. Lortet. L'herbier et la bibliothéque de M. le docteur Lortet constituent la plus importante des collections particuliéres aprés celles de M. Jordan. Trois générations de naturalistes y ont du reste coopéré : M"* Lortet, à laquelle Balbis dédiait l Hieracium Lortetie ; feu M. Lortet, versé dans toutes les branches des sciences naturelles, et enfin son fils, M. le docteur Lortet, directeur du Muséum, auteur de recherches originales sur la fécondation des Marchantiées. Ces collections se sont en outre enrichies de celles d'un autre botaniste lyonnais, Roffavier. L'herbier se fait remarquer tout de suite par le soin avec lequel ila été exécuté et entretenu, la beauté des échantillons, le luxe du papier. Il est contenu dans 130 cartons et est divisé en trois parties : un herbier général renfermant surtout des plantes d'Europe, mais contenant aussi des espéces des Antilles, du Chili, etc. ; un herbier local formé des espèces de la flore lyonnaise dont tous les types ont été revus, annotés et souvent signés de la main de Balbis ; enfin un herbier cryptogamique trés-riche, surtout en Mousses et en Lichens, complété par divers exsiccata : les Mousses de Schimper, les Hépatiques de Gottsche, de Rabenhorst, etc. La bibliothéque contient environ 1000 volumes de botanique ; elle provient en grande partie de celle de Roffavier que son possesseur actuel a complétée par l'acquisition des ouvrages récents. Elle renferme la plu- part des Fiores d'Europe : Bertoloni, Flora italica ; Vahl, Flora danica (bel exemplaire aux armes de la duchesse de Berry); Jacquin, Flora aus- triaca: Lamarck, Encyclopédie botanique avec les illustrations; Heer, Flora tert. Helvetica; Moris, Flora sardoa ; Sowerby, English Botany ; les Icones de Reichenbach, etc. La eryptogamie y est représentée par 200 volumes, surtout par les grands ouvrages parmi lesquels je me bornerai à citer : le Bryologia europea de Bruch et Schimper, les Champignons de Bulliard, les Plantes crypto- games de Desmazières, le Crypt. Flora Scottish de Greville, les Icones Fungorum de Schiffer, les Fungi de Sowerby, Lichenes helvetici de Schæ- rer, le Selecta Fungorum Carpologia des Tulasne, ete. C'est peut-être la plus importante des collections de province pour les Hépatiques et les Mousses. Collections de M. Hénon. M. Hénon, cet administrateur dévoué dont la ville de Lyon conservera CLXNXVIIT SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. longtemps le souvenir, ce savant connu par des recherches sur plusieurs points d'histoire naturelle, a laissé à son fils, M. le docteur Hénon, une bibliothèque et un herbier qui méritent une mention spéciale. La bibliothéque, qui contient environ 1000 volumes, se compose surtout des grands ouvrages à illustrations : on y remarque entre autres les ceuvres de L'Héritier (Buchozia, Virgilia, elc. ;. Cornus, Geraniologia, etc.), l'Hortus Cliffortianus, les Flora rossica de Pallas, Flora sibirica de Gme- lin, Flora atlantica de Desfontaines, le Botanical Magazine, les ouvrages de Barrelier, Lonicer, Parkinson, etc. L'herbier est contenu dans cent cartables grand in-folio pour les plantes Phanérogames et dix-huit cartons de Cryptogames. M. Hénon avait surtout : herborisé dans les Alpes, le midi de la France, les environs de Paris, de Lyon et de Genève; il était en relation avec un grand nombre des bota- nistes illustres de l'époque, et son herbier renferme de nombreux envois de ces correspondants. Mais la partie la plus intéressante est sans contre- dit dix gros volumes in-folio de plantes peintes ou dessinées, concernant principalement les genres Iris et Narcissus, qui, comme on le sait, ont été l'objel des études spéciales de M. Hénon. Autres botanistes lyonnais. Il serait trop long de raconter avec détail l'histoire de toutes les collec- tions particulières des botanistes lyonnais ; qu'il suffise de citer les her- biers de MM. Allard, Bonnamour, Boullu, Bernardin, Cariot, Debat, Gacogne, Lorenti, Miciol, Ozanon, Saint-Lager, Sargnon ; MM. Fournereau, Tisseur, Carret, professeurs aux Chartreux; MM. Horace Perret, Fr. Pa- cóme, à Saint-Genis-Laval, etc. Je crois cependant devoir mettre à profit les renseignements suivants que j'ai pu me procurer sur quelques-unes de ces collections. M. Canror. — L'herbier de l'auteur de l’ Etude des fleurs, véritable flore du lyonnais, embrasse la France entière, la Corse comprise ; il se com- pose de 48 volumesgrand in-folio renfermant 4294 espéces, disposées sui- vant la Flore de France de MM. Grenier et Godron. Chaque espèce est fixée sur une feuille de papier blanc et empoisonnée au sublimé. L'auteur a exploré surtout les environs de Lyon, le Beaujolais, le mont Pilat, le Forez, la Bresse, le Bugey et le Jura, la Grande-Chartreuse, Chamonix et le massif du mont Blane, les Hautes-Pyrénées et la Corse (1849). Ses principaux correspondants ont été : MM. Aunier, Roffavier, Chabert, Boullu, Gacogne, Tisseur à Lyon ; MM. Peyron pour Pierre-sur-Haute, de Teissonnier et Hervier-Basson pour les environs de Saint-Étienne; Chevrolat, Bichet et Fray pour le département de l'Ain, Chabert et David pour l'Isère, de Pou- zols pour le Gard, Puget et Chevalier pour la Savoie, Antheman à Mar- tigues; Pons, curé à Magagnoz, Hanry au Luc, père Eugène à Aix, etc. SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. CLXXXIX En outre de l'herbier de France, M. Cariot possède plusieurs petits her- biers spéciaux d'Afrique, d'Allemagne, d'Italie, les Menthe et Rubi rhe- nani du docteur Wirtgen, etc. La bibliothéque de M. Cariotse compose surtout d'ouvrages élémentaires et de Flores locales. M. Bovrrv. — L'herbier de ce botaniste est renfermé dans 60 cartons du format ordinaire (43 centimètres sur 30) ; les plantes, empoisonnées au sublimé, y sont fixées sur des demi-feuilles de fort papier, soit par des épingles, soit par des bandelettes gommées. Les 6500 espèces, dont 1000 Cryptogames, quile composent, proviennent, soit des récolles personnelles de M. Boullu (prés de 1900 du Dauphiné où il herborise depuis quarante- cinq ans, 1200 de la Corse, oü il a passé six ans, 1000 de ses différentes herborisations dans le Lyonnais, la Provence, le Languedoc, l'Auvergne, la Savoie, l'Italie) ; soit des centuries de Billot et les suites, des publica- tions de la Société Dauphinoise, de l'herbier Donzel, dont il a hérité; soit enfin de ce qu'il a recu de ses correspondants en plantes françaises ou étrangères (Algérie, Grèce, Italie, Hongrie); pour la France : MM. Gre- nier, Requien, de Pouzols, Perreymond, de Forestier, A. Irat, Reboud, Jordan; pour la Savoie, M. Puget; pour le Dauphiné : MM. Verlot, Clé- ment, Gariod, Jayet, les abbés David, Guillaud, Faure, Ravain. Les Rosiers, dont M. Boullu a fait une étude spéciale, forment une collec- tion à part d'à peu prés 300 espèces ou formes renfermées dans douze cartons. Elles proviennent de ses récoltes autour de Lyon, dans l'Ardèche, la Loire, le Dauphiné, l'Ain, la Haute-Savoie, très-peu de la Corse et de la Provence, et des riches envois de M. l'abbé Puget (Savoie, Haute-Savoie, Suisse), de M. A. Déséglise (France, Suisse, Tyrol), de M. le docteur Ripart (Cher), et de ce qui a paru dans les centuries de Billot et la Société Dauphinoise. | La collection de Cryptogames se compose des Algues récoltées par lui dans le golfe d'Ajaccio, et de celles reçues des côtes de l'Océan, du Sund, de la Crimée, de la mer Rouge, du cap de Bonne-Espérance, etc. ; des Lichens, Mousses, Champignons récoltés dans le Lyonnais et le Dauphiné. Son principal correspondant pour la Cryptogamie a été feu le docteur Léveillé. La bibliothèque botanique renferme surlout les ouvrages usuels et les principales publications nouvelles sur les Rosiers. | M. Tuerry. — L'herbier de M. Therry, bien que de formation récente, se compose déjà de 50 cartons in-folio de Phanérogames el de 130 cartons in-4° de Cryptogames : ce sont surtout ces derniers qui sont | objet des études et des soins de M. Therry. Chaque échantillon, parfaitement desséché et empoisonné, est fixé sur un fort papier blanc et la plupart. du temps accompagné, surtout s'il s'agit d'un. Champignon, d un dessin colonie représentant, soit le Gryptogame de grandeur naturelle, soit les caracteres CXC SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. donnés par l'analyse microscopique. Les Coniomycètes, les Urédinées, les Sphæriacées et les Lichens surtout sont bien représentés. Ces Cryptogames proviennent en grande partie de récoltes personnelles dans le Lyonnais, l’est et le midi de la France. Depuis 1865 seulement, M. Therry est parvenu à réunir environ 1200 volumes concernant la botanique; sur ce nombre 155 appartiennent à la Cryptogamie : cette collection, à laquelle manquent malheureusement les erands ouvrages illustrés, est surtout riche en Flores locales. Notons aussi une cinquantaine de volumes consacrés à la Flore poétique. HERBIER Foupras. — L'herbier Foudras se compose surtout de Phané- rogames récoltés pour la plupart par lui-même dans les environs de Lyon, à la Grande-Chartreuse, au Colombier du Bugey, à Pilat, dans les monts du Lyonnais et dans les départements de l'Hérault, du Var et des Bouches- du-Rhône ; il renferme 3000 plantes environ classées suivant le systéme de Linné et réparties méthodiquement dans 45 cartons. Foudras a été en rapport avec les botanistes lyonnais de son temps, tous la plupart fondateurs avec lui dela Société Linnéenne de cette ville (1822) : Aunier, Balbis, Champagneux, Dériard, Hénon, Jordan, Madiot, Martinel, Roffavier, Timeroy, et M“ Lortet. Son herbier contient un certain nombre d'espéces provenant de ces différents botanistes et munies d'étiquettes écrites de leur main. Cet herbier a été légué par la famille, aprés sa mort, au docteur Perroud, qui en a respecté la classification et la disposition, se contentant de l'adjoindre au sien propre. HERBIER COGORDAN. — Ce botaniste a exploré de 1815 à 1875, d'abord dans les environs de Lyon, puis les Basses-Alpes, principalement les envi- rons de Saint-Paul-sur-Ubaye. M. Cogordan a laissé un herbier de 2400 plantes, bien préparées et récoltées pour la plupart dans la vallée de l'Ubayette. Cet herbier est actuellement entre les mains de M. Octave Meyran, de Lyon. M. DEBaT est, parmi les botanistes lyonnais, celui qui a le plus fait, dans ces dernières années, pour répandre le goût de la botanique dans notre ville. Par des cours, des conférences, la publication d'une Flore lo- cale, notre savant et dévoué bryologue a initié un grand nombre de per- sounes à la connaissance des végétaux inférieurs, et particulièrement des Mousses. Son herbier, trés-riche en Cryptogames, renferme principalement des Muscinées provenant d'un grand nombre de localités du bassin du Rhône. M. SaivT-LaGER recueille depuis plusieurs années tous les matériaux, livres et plantes, nécessaires à ses études de géographie botanique. Sa belle bibliothèque renferme toutes les Flores de l'Europe et la plupart des ouvrages qui ont trait à cette partie de la science des végétaux cultivée par M. Saint-Lager, les relations du sol avec la végétation. Son herbier, déjà très-considérable, est le produit de récoltes personnelles faites dans SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. CXCI toute l'étendue du bassin du Rhóne, d'achats et d'échanges : ce qui en fait l'intérêt, c'est que chaque espèce y est représentée par de nombreux échantillons provenant des localités les plus diverses. M. Micron possède un herbier renfermant 14 500 espèces et une biblio- thèque riche en ouvrages importants. Botanistes du département de l'Ain. En réponse à une demande de renseignements, M. l'abbé Fray, l'explo- rateur zélé du Beaujolais et de la Bresse, m'a adressé un véritable Mé- moire sur les botanistes passés ou encore vivants du département de l'Ain. Je regrette que les limites qui me sont imposées dans la rédaction de ce rapport ne me permettent pas de le reproduire en entier; mais en atten- dant sa publication dans un prochain numéro des Annales de la Société botanique de Lyon, j'en extrais la plus grande partie des renseignements qui suivent. Le département de l'Ain a produit dans ces deux derniers siècles des botanistes de mérite dont les noms sont connus de tous nos lecteurs ; il me suffit de citer : Commerson, de Chätillon-les-Dombes, qui rapportait de son voyage autour du monde plus de 5000 espéces dont 3000 nouvelles, mais qui n'a rien laissé sur la flore de son pays natal ; Philibert Collet, originaire aussi de Châtillon-les-Dombes, et qui a produit, entre autres ouvrages, une Histoire naturelle de la Bresse, restée manuscrite. Plus prés de nous, d'autres botanistes ont largement contribué à faire connaitre les richesses végétales de notre région, ce sont : Vicron AuGER, de Saint-Rambert en Bugey, qui coopéra à la Flore illus- trée d' Europe, dont de Boissieu gravaitles planches. Auger a exploré la Bresse, la partie de la chaine jurassique comprise dans le Bugey, et prin- cipalement les environs de Saint-Rambert, de Tenay et de Hauteville. ll y a découvert un certain nombre d'espéces nouvelles : c'est lui qui a signalé le premier la présence du Carex brevicollis dans le Bugey. Son herbier, qu'il a légué à la Société d'émulation de l'Ain, se compose de 4000 plantes environ renfermées dans 40 cartons de petit format. Le docteur VavrPnÉ recueillit aussi dans les Dombes beaucoup de maté- riaux et une collection précieuse de plantes malheureusement demeurées sans ordre ni classement. Le chevalier Du Mancn£ a exploré une grande partie de la Bresse et en particulier les environs de Marboz, de Bourg et de Pont-de-Vaux ; il a laissé un herbier qui a été acquis par M" De la Croix d'Azolette, ancien archevêque d'Auch, et un Catalogue manuscrit des plantes du départe- ment, dont une copie est entre les mains de M. le curé de Grotte. Bien que ne mentionnant que 1200 espèces, ce catalogue à fourni d utiles indi- cations à l'auteur de l’ Étude des fleurs, auquel il a élé communique. CXCII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. BEnNaRD, de Nantua, a fourni de nombreux renseignements à MM. Grenier et Godron sur la flore de la Corse et du haut Bugey, qu'il a exploré avec bonheur pendant de longues années ; il est cité plusieurs fois dans la Flore de France, et c'est à lui qu'a été dédié le Narcissus Ber- nardi (N. Pseudo-Narcisso-poeticus). Son herbier trés-considérable, prove- nant de récoltes personnelles et d'échanges avec de nombreux correspon- dants, a été acquis en 1867 par M. Chanel, ingénieur civil à Paris ; il se compose de 200 paquets environ et renferme les espèces revues et annotées par Grenier, des envois de Requien, un moussier du docteur Guépin, etc. L'abbé PasovrER, mort tout récemment, a légué un herbier de 3000 plantes au petit séminaire de Meximieux, oü il était professeur. Doué d'un grand zéle pour la botanique, il avait exploré, d'une maniére spé- ciale, les environs de Meximieux, la Valbonne, les coteaux qui au nord limitent cette. plaine et la séparent du plateau de la Dombes, et, dans le Bugey, les environs de Brénod, son pays natal. Parmi les botanistes encore vivants, celui qui mérite d'étre cité en première ligne est M. l'abbé Fray, aumônier de l'École normale de l'Ain, à Bourg. Botaniste instruit et infatigable, M. Fray a exploré avec soin le haut Beaujolais, la Dombes etle Revermont, une partie du Màconnais, de la Bresse proprement dite, du Bugey et du pays de Gex, Ses recherches dans la Dombes et le Beaujolais ont eu pour résultat la découverte de plusieurs espèces nouvelles pour ces régions et l'indication de nombreuses localités riches en plantes rares. Nous croyons savoir, en outre, que M. Fray est sur le point de terminer un travail important sur la flore du département de l'Ain, travail attendu avec une vive impatience et qui fera honneur au savoir et à la perspicacité de notre compatriote. L'herbier de M. Fray se compose de 45 cartons du format ordinaire (45 cent. sur 31), renfermant 3600 plantes Phanérogames, et de plusieurs cartons de Cryptogames. Presque tous les échantillons ont été récoltés par lui ; un certain nombre lui ont été communiqués par ses correspondants : MM. Chenevière, Journet et Guillerme, pour le département de l'Ain; Lacroix et Gillot dans la Saône-et-Loire ; MM. les abbés Letendre, Ollivier, Lombard, pour le reste de la France. M. l'abbé Bicher, actuellement curé de Saint-Didier-sur-Chalaronne, à été uu des meilleurs explorateurs du Bugey. Il a retrouvé et indiqué d'une manière précise les stations d'un grand nombre d'espèces rares, désignées d'une maniére vague par M. Auger, son compatriote. Son herbier, qui se compose d'environ 2000 espèces, a été acquis par le collége de Thoissey. M. l'abbé Dupuy, curé de Rignieu-le-Désert, a exploré les environs de cette localité, le bas Bugey et les plaines avoisinant la rivière d'Ain ; son herbier se compose de 5000 espéces bien classées et bien déterminées. M. l'abbé CuevnoraT est un de ceux dont les travaux ontle plus enrichi la flore du Bugey et celle du département de "Ain en général : il a surtout SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. cxcm exploré les environs de Belley, de Thoissey et de Trévoux ; il a publié, dans la troisième édition de la Flore lyonnaise de M. Cariot, une liste des bonnes espèces que l’on trouve au mont du Chat (Savoie). Son herbier, composé d'environ 3000 espèces, est toujours en sa possession ; malheu- reusement il est un peu négligé et commence à souffrir, ce qui est regret- table, car il renferme de véritables richesses. Nous citerons encore : M. Journet, aumónier à Saint-Didier-sur-Chalaronne, qui a exploré les environs de Belley, de Divonne et de Coligny. M. Louis Philippe, vicaire à Miribel, qui étudie avec succès la végéta- tion et la constitution géologique du bord méridional de la Dombes. MM. Dépallière, vicaire à Neuville-sur-Ain ; Louis, vicaire à Oyonnax; Guillerme, instituteur à Miribel, herborisent avec ardeur dans divers points du département, et leur zéle a été récompensé déjà par la décou- verte d'un certain nombre de bonnes espéces. MM. Cheneviére et Grenier font chaque année dans les environs de Tenay, leur résidence, d'actives et fructueuses recherches qui sont consi- gnées dans les Annales de la Société botanique de Lyon. M. Grenier a exploré en outre les environs de Gex et la partie voisine du Jura. M. Che- neviére a herborisé aussi dans le Jura, le Valais et l'Italie; on sait qu'il a découvert récemment une nouvelle station du Carex brevicollis. Signalons, en terminant, un botaniste féminin, M"* Moyret née Sousse- lier, qui n'a pas craint de s'attaquer aux familles et aux genres les plus difficiles. M"* Moyret a herborisé dans les environs de Thoissey et de Chàtillon-sur-Chalaronne; son herbier n'est pas encore trés-considérable, mais il est préparé avec ce soin et ce goût dont les femmes seules possè- dent le secret. . Enfin, l'auteur de ce rapport explore, depuis 1863, le Bugey, la partie méridionale de la Dombes et le Lyonnais ; avec l'aide de MM. Debat et Therry il se livre à l'étude si délaissée encore des Cryptogames. La partie la plus intéressante de ses collections est, en outre de séries assez impor- tantes de Lichens de la région, un herbier aequis en 1865 des héritiers de M. Scipion Guillot, de Belley. Cet amateur avait d'abord herborisé dans le Bugey de 1806 à 1820, puis dans la Provence, et enfin dans la Corse. Collections particuliéres de Mácon. ConLEcrioNs Lacroix. — M. F. Lacroix, pharmacien de première classe à Màcon, a réuni d'importantes collections d'histoire naturelle, dont la partie botanique comprend : un herbier, un droguier et une bibliothèque à laquelle est jointe une collection d'autographes (1). (1) Les collections de M. Lacroix ont été l'objet d'un compte rendu plus détaillé dans le Voyage en Italie et en France de M. Arm. Thielens (Ann. de la Soc. malacol. de Belgique, 1874, t. IX, pp. ccv-ccxv.; tirage à part, p. 13). y T. XNIII. CXCIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. L'herbier se compose de 98 cartons (de 37 sur 24 centimètres) pour les plantes Phanérogames, et de trois énormes cartons de Cryptogames ; il renferme environ 12 000 espèces représentées chacune par trois à cinq échantillons de localités différentes. Les flores de France, de Belgique et de Suisse sont à peu près complètes ; il n'y manque que 500 espèces, dont un grand nombre appartiennent à la Corse. Cet herbier a été formé en partie par les récoltes personnelles de M. Lacroix dans les environs de Paris, le Mäconnais et la Bresse, le mont Jura, le mont d'Or lyonnais, le Pilat, les environs de Gap et le Lautaret ; en parlie par les envois de ses correspondants : MM. Aubouy, Benner, Biche, Burle, Contejean, Chambeyron, abbé Fray, Chevallier, Puget, doc- teur Gillot, Van Heurk, Lees, Largeteau, Nombel, Mallebranche, Parseval- Grandmaison, Timbal-Lagrave, A. Thielens, etc. Il comprend en outre : 400 espèces récoltées par Du Marché; 300 données à M. Cap par Balbis, Montagne, Bonjean, etc. ; de nombreuses centuries de l'Angleterre, du Danemark, de la Suéde, de l'Allemagne, de la Russie, de la Hongrie, de l'Italie et des iles Canaries ; 400 espèces d'Afrique provenant du Flora exsiccata de Durando ; les exsiccata de la Société Vogéso-rhénane et de la Société Dauphinoise; 50 Fougères du cap de Bonne-Espérance, de l'herbier Ventenat ; 65 Fougères du Brésil ; 50 espèces du Dahomey récol- tées par le pére Courdioux, des Missions africaines, et déterminées par le professeur Sagot; 60 espéces de la Nouvelle-Calédonie, don de M. Cha- ande fils, de Toulouse ; quelques centuries de l'Illinois etdu Canada, et quelques plantes rapportées par Bertero ; une centurie de l'Asie Mineure (Balansa). A cóté de l'herbier est installé un droguier renfermant, dans plus de 2500 flacons, une collection de graines et de fruits, les principales sub- stances simples employées dans l'art de guérir, les matiéres premiéres uti- lisées dans l'industrie, les arts, etc. Cinq gros cartons renferment une intéressante collection d'autographes de botanistes, qui comprend plus de 500 piéces. Nous citerons parmi les raretés, les lettres de : Allioni, Dalbis, Banks, Boerhaave, Bonpland, Broussonnet, Buc'hoz, les De Candolle, Commerson, Carrera de Serra, Uodart, Dombey, Duby, Dunal, Desfontaines, Forster, Guy de la Brosse, Haller, A. de Humboldt, A. de Saint-Hilaire, Host, les de Jussieu, Jacquin, Jacquemont, Kickx, Kunth, La Billardiére, La Peyrouse, Lagasca, Linné, Mirbel, Pallas, Palisot de Beauvois, Poiret, Pourret, A. Richard, de Saussure, Scopoli, Sieber, Tenore, Thunberg, Tournefort, Valmont de Domare, Ventenat, Villars, Vallisneri, Willdenow, Zuccarini, sans compter les nombreuses illustrations scientifiques contemporaines. La bibliothèque renferme la plupart des Flores françaises et locales. M. Lacroix a eu l'obligeance de me communiquer les notes suivantes sur l'herbier de M. de Parseval et la collection Rousselot. SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. CXCV HERBIER DE M. J. DE PansEvAL-GnaNDMAISON. — Cet herbier ren- ferme au moins de 15 à 20 000 plantes : il comprend non-seulement les flores de France et d'Europe, mais des végétaux de tous les points du globe. Depuis cinquante ans, M. J. de Parseval achetait les collections faites par les botanistes voyageurs, tels que Balansa, Kralik, etc., et les collecteurs sédentaires, Thomas, Philippe, Bordère, ete. ; il avait acquis aussi l'herbier phanérogamique du docteur Montagne, qui a été fondu dans l'herbier général. M. de Parseval avait beaucoup herborisé aux environs de Paris avec Adrien de Jussieu, son ami ; dans le Màconnais et en Suisse, où il fit plu- sieurs voyages. Mais ce sont surtout ses correspondants qui ont enrichi son herbier. Citons parmi eux: Müller de Melbourne, Fries, Duby, Lenormand, Asa Gray, Chevallier Pittoni, Parlatore, Cosson, Gay, etc. Cet herbier, très-précieux par les richesses qu'il renferme, a été légué à l'université catholique de Lyon. La bibliothéque botanique fait partie du méme legs. Elle renferme de bons ouvrages, mais en petit nombre et la plupart modernes. CoLLEcTrioN RoussELoT. — M. Rousselot, ancien inspecteur des forêts à Mâcon, a réuni un musée forestier comprenant : Une collection de 800 échantillons de bois de tous les pays, dont 125 de la France, en plaquettes de 15 centimétres de hauteur sur 10 de largeur et 3 d'épaisseur, polies d'un côté, frustes de l'autre. Une collection de 620 flacons renfermant toutes les graines d'arbres et d'arbrisseaux de la France et de l'étranger. Une collection de tous les produits simples (gommes, résines, fruits oléagineux et tincloriaux), produils par des arbres et utilisés dans les arts, l'industrie, la médecine, contenus dans 554 flacons. Une série de 77 fruits et cônes indigènes et exotiques. Enfin un herbier forestier de 221 échantillons provenant de France pour la plus grande partie. Il resterait encore à rendre compte des autres collections botaniques de la Saóne-et-Loire, de l'herbier et du jardin botanique de l'École nor- male de Cluny où professe M. Sagot, par exemple; mais il en a déjà été question dans le compte rendu de la session d'Autun, et ce serait trop s'éloigner de notre région lyonnaise. Cependant je crois devoir, en terminant, mentionner le savant archéo- logue de Solutré, M. l'abbé Ducrost, qui, depuis quelques années, explore aussi au point de vue botanique les environs de sa résidence et a fait d'in- téressantes observations sur la végétation si différente des terrains cal- caires et porphyriques du Màconnais. CXCVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. NOTE SUR LES COLLECTIONS ET LA BIBLIOTHÈQUE BOTANIQUE DE M. MÉHU, A VILLEFRANCHE (RHONE), par M. l’abbé CHABOISSEAU. L'herbier Méhu renferme environ 15 000 espèces, pour la plupart euro- péennes ou de l'Orient et du bassin de la Méditerranée, représentées géné- ralement par de nombreux et beaux spécimens de provenances diverses. Elles sont empoisonnées au bichlorure de mercure, et fixées par des ban- delettes de papier gommé sur du papier bulle fort dont le modèle a été pris dans l'herbier du comte Jaubert. Toutes les feuilles portant la méme espéce sont réunies dans une chemise unique. L'ensemble forme actuelle- ment la masse imposante de 425 cartons. Le classement est d'aprés le Genera de MM. Hooker et Bentham, et sera poursuivi à mesure que s'avancera ce grand ouvrage. — Pour les espèces, on a le plus souvent substitué, à l'ordre du Prodromus de De Candolle et de l'Enumeratio de Kunth, celui de monographies ou de travaux plus récents, qu'on a eu le soin de signaler à leur place dans le catalogue de l'herbier. L'herbier du botaniste lyonnais Pierre Chabert, acheté en 1868, a formé la base de la collection. Il contenait environ 4000 plantes françaises, récoltées par lui ou par ses correspondants : Aunier, Roffavier, Timeroy, docteur Guyétan, Boreau, Deséglise, Sauzé et Maillard, les abbés Guinand, Cariot, Puget, etc. — La collection des Roses (17 cartons sur les 52 de l'herbier Chabert) en est la partie la plus originale; elle renferme, non- seulement les types de toutes les Roses nouvelles découvertes par Chabert, quelques-unes inédites, la plupart publiées par M. l'abbé Cariot et M. Déséglise, mais encore les types, les étiquettes authentiques et les observations manuscrites de ce dernier botaniste, ainsi que de Boreau. A cette première collection ont été successivement ajoutés : les Exsic- cata de Billot (40 centuries), — le Flora Sequani exsiccata de M. Paillot (600 Phanérogames et 200 Cryptogames), — toutes les collections de F. Schultz (Flora Gallieet Germanice exsiccata et Herbarium normale), — les Reliquie Mailleanæ de MM. Kralik et Billon, — le Kicksia belgica de MM. Thielens et A. Devos, — l'Herbarium europeum du docteur C. Bænitz de Keenigsberg (envir. 4000 numéros), — la collection complète de la Société Dauphinoise, — le Cichoriaceotheca (avec les trois supplé- ments) de C. Schultz Bipontinus, — les Musci et les Hepatice Gallice de M. Husnot. En dehors des exsiccata précités, les principales collections proviennent: Pour LA France, de MM. Aubouy, Bordére, Bourgeau, de Brutelette, Debeaux, Ch. Grenier (400 plantes, vente Thielens en 1875), de Laram- bergue, Ant. Legrand, Lloyd (vente Brébisson), Reverchon, Théveneau, Timbal-Lagrave, etc. — EsPAGNE : Bourgeau, Costa, Magnaguti, Loscos, SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. cxcvit Pedro del Campo, Rodriguez. — IrALiE : Caruel, Cesati, Huter, Savi, Todaro. — DALMATIE : Petter, Noé, Rossi. — Grèce : Boissier, de Hel- dreich. — CAUCASE et VOLGA INFÉRIEUR : C. A. Meyer (ex herb. Lindeman), Becker. — TRANSYLVANIE : Barth, Csato, de Janka. — HoNGRIE : Grundl, Harzlinsky, Holuby, Richter, docteur Tauscher. — AUTRICHE : général von Sonklar, P. Wiesbaur. — Tynor : Huter, von Sonklar. — SUISSE : Christ, Favrat, Godet, Lerch, Leresche. — BELGIQUE : Fr. Crépin, O. de Dieudonné, Thielens. — HoLLANDE : Heuri Jacques, Oudemans. — An- GLETERRE : Backer, Mudd, Wattson. — DANEMARK : Mortensen. — ScaN- DINAVIE : Ahlberg, Nyman, Anderson (plantes types de Laponie, avec éti- quettes originales). — ASIE et AFRIQUE, ARMÉNIE : Scowitz. — RHODES : Bourgeau. — CiLiciE : Péronin. — Syrie, Perse : Kotschy. — ARABIE, ABYSsINIE : Schimper. — ÉcvPrE : Samaritani. — CYRÉNAIQUE : Davaud. — Tunisie : Kralik, docteur Tirant.— ALGÉRIE et Maroc : docteur Cosson, docteur Reboud, docteur Warion, Durando, O. Debeaux. — ILES CANARIES : Bourgeau, de la Perraudière. Certains genres offrent, par les matériaux qu'ils renferment, une impor- tance spéciale : Fumaria : série de types étudiés sur le vif, par M. l'abbé Chaboisseau. Rubus : Ronces vosgiennes de M. l'abbé Boulay, collections de l'Asso- ciation rubologique, types de M. l'abbé Chaboisseau, Rubi germanici de G. Draun, ceux de Hongrie de Holuby, etc. Rosa : à la magnifique collection de P. Chabert s'ajoutent des lots im- portants de MM. Fr. Crépin, l'abbé Boullu, Christ, de la Soie. Hieracium : types jordaniens recueillis par P. Chabert, collections de C. H. Schultz Bipont., de Fr. Schultz, de Bænitz, de la Société Dauphi- noise. Mentha : les exsiccata de Fr. Schultz et de M. Malinvaud. Equisetum : types de MM. Milde et Duval-Jouve, acquis à la vente de Brébisson ; grand nombre d'échantillons, en tous les états, de toutes les espéces européennes. Lycopodium : types de Brébisson, Delise, Dubourg d'Isigny, Despréaux, Lenormand. Characées : nombreuses récoltes de Kunze et une bonne série de M. l'abbé Chaboisseau. L'Herbier de la Flore de France de M. Cusin (25 volumes ou 5000 planches environ) a été intercalé, feuille par feuille, dans l'herbier. Bibliothéque Méhu. La riche collection de plantes que nous venons de parcourir a pour précieux auxiliaire une bonne bibliothèque, dont nous ne pouvons mal- ’indi airement k 'sl ie ; ierra, par heureusement qu'indiquer sommairement la physionomie ; on verra, p CXCVIII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. nos trop courtes indications, que rien n'a été épargné pour y réunir, sou- vent à grands frais, les instruments de travail. Nous y avons remarqué : 4° Parmi les antélinnéens : Pline, Brunfels, C. Bauhin, Dalechamp, de l'Obel, Guy dela Brosse, Tournefort, Vaillant, Barrelier, etc. 2° Dans les ouvrages généraux : les principaux traités de De Candolle, Duchartre, Decaisne, Sachs, Bellynck ; — le Thesaurus de Pritzel (édit. 1 et 2), — les Nomenclator, Genera, Annales et Repertorium, de Steudel, Endlicher, Nyman, Pfeiffer, Hooker et Bentham ; — les Bulletins com- plets des Sociétés botaniques de France, de Belgique, de Lyon ; — le Pro- dromus de De Candolle, l'Enumeratio de Kunth, les Icones de Jordan et Fourreau, et surtout les Icones de Reichenbach, en grande édition colo- riée, 3° Les Flores, tant françaises qu'étrangéres (se rapportant à l'aire géo- graphique embrassée par l'herbier), présentent à peu prés tous les ouvrages fondamentaux ou d'une valeur scientifique réelle. La partie fran- çaise est à peu prés complète pour les flores locales ou régionales. — Il nous suffira, pour donner une idée générale, de citer les Flores françaises de De Candolle, de Grenier et Godron, de Poiteau et Turpin, — Allioni, Viviani, Bertoloni, Parlatore, Tenore..., pour l'Italie; — Haller, Gaudin, Jacquin, Waldstein et Kitaïbel, Koch, Reichenbach..., pour l'Europe cen- trale; — Visiani, Pancic, Rochel, Pallas, Ledebour, Gmelin, Marschall Bieberstein, Boissier..., pour l'Europe orientale et l'Orient ; — Boissier (Voyage), Cambessèdes, Willkomm et Lange, Loscos..., pour l'Espagne; — Desfontaines, Cosson et Durieu (Exploration de l'Algérie), Schousboe, Delile, Webb et Berthelot..., pour l'Afrique. 4 Les Monographies sont représentées par des brochures nombreuses, ou par des ouvrages considérables, comme les Plantes grasses de De Can- dolle et Redouté (avec 165 planches seulement), le Salix de Host, les Rubi germanici de Weihe et Nees, les Equisetum de Duval-Jouve, etc. Nous devons mentionner, en finissant, quelques travaux d'auteurs lyon- nais ou spéciaux à la région lyonnaise. Outre les ouvrages bien connus, quoique parfois assez rares, de Gilibert, La Tourrette, Balbis, Chirat et Cariot, Jordan, Fourreau, etc..., nous avons remarqué : 1* Un exemplaire du Calendrier de Flore, de Gilibert (Lyon, 1809), interfolié et annoté par M" Lortet, avec un portrait au crayon de cette dame, et ce mot écrit de sa propre main : « Semper illa mortem amici sui marebit. » — 2° Mé- moires pour servir à l'histoire naturelle des provinces de Lyonnais, Forez et Beaujolais, par Alléon-Dulac. Lyon, 1865, 2 vol. in-12. — 3° Mé- moires historiques et économiques sur le Beaujolais, par Brisson (Avi- gnon, 1770), comprenant une Liste de plantes indigènes du Beaujolais et des environs, avec l'indication de leurs classes dans le système de Lin- neus, et quelques observations. — 4 Manuel du botaniste herborisant des environs de Lyon aux environs de Paris, par l'abbé M^ (Madenis). SESSION EXTRAORDINAIRE A LYON, JUIN-JUILLET 1876. CXCIX Lyon, s. d., 148 pages in-16.— Ces deux derniers ouvrages ne figurent pas dans Pritzel. Quand nous aurons ajouté à l'exposé précédent, que les collections de M. Méhu sont toujours à la disposition des botanistes sérieux, sürs de trouver chez lui, malgré les occupations absorbantes de sa profession, l'accueil le plus bienveillant et un concours aussi obligeant qu'éclairé, nous aurons fait comprendre quelles puissantes ressources elles présen- tent à tous les disciples de la science aimable. — Bien que placées aux portes de Lyon, leur importance nous permet d'ajouter que, loin de faire double emploi avec les richesses scientifiques de la cité, elles leur appor- tent un concours précieux, et, sur plusieurs points, un complément indis- pensable. NOTE SUR LES COLLECTIONS DE M. L'ABBÉ HERVIER-BASSON, A SAINT-ÉTIENNE (LOIRE), par M. l'abbé CHABOISSEAU. Les diverses collections de Saint-Étienne et des autres villes du dépar- tement de la Loire étant en formation ou dans un état transitoire qui nous oblige, faute de renseignements précis, à différer pour quelque temps le compte rendu que nous désirerions en donner, nous avons toutefois le devoir d'appeler l'attention de la Société sur l'herbier, déjà intéressant, et destiné à un accroissement rapide, que M. l'abbé Hervier-Dasson est heureux de mettre obligeamment à la disposition des botanistes. La collection comprend trois herbiers distincts : 1° Herbier général d'Europe. Commencé en 1865, il comprend déjà plus de 5000 espèces disposées en 70 à 75 cartons, — Aux récoltes personnelles et assidues de M. Her- vier-Basson sont venus s'ajouter de nombreux échanges. Ainsi on y voit figurer, en plusieurs envois, la Société Dauphinoise, la Société Vogéso-rhénane, la Société Helvétique, le Comptoir de Vienne; une partie des Exsiccata de Puel et Maille, ceux de Loscos (Aragon) ; l'Herbarium Corsicum de J. Mabille, plusieurs séries de l'Herbarium normale de Fr. Schultz et de celui de Billot ; les Mentha de M. Malinvaud, les plantes du Jura de Michalet, des Alpes de Reverchon, celles des Py- rénées de Bordére, celles des Vosges de N. Martin, celles de Norvége de Zetterstedt, etc. Un bon nombre de correspondants ont enrichi l'herbier, où les diverses régions de la France sont largement représentées. Parmi les principaux, nous citerons : MM. Ant. Legrand (Loire, Berry, Pyrénées) ; le Père Eugène, de Crest (Dauphiné, Provence) ; Hanry, Autheman, Canut (Pro- vence); J.-B. Verlot, Reverchon, Burle frères (Alpes) ; Timbal-Lagrave, Bordère (Pyrénées); Barrandon, Tueskiewicz (Languedoc) ; Lebel, Le Jolis cc SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. (Normandie) ; l'abbé Cariot, R. P. Tholin (Lyonnais, Bugey) ; l'abbé Che- valier, Mermoud, Canut (Savoie); H. Blanche, Michalet (Jura); l'abbé Boulay, N. Martin (Vosges) ; Meyer, docteur Warion (Algérie), etc. Pour la flore étrangére à la France, il suffira de citer: Gibelli, l'abbé Chevalier (Italie) ; Rodriguez, Loscos (Espagne) ; B. Jacob, l'abbé Cheva- lier, Canut (Suisse); von Csato, de Pittoni, Richter-Lajos, Krenberger, Tauscher, Halacsy (Autriche-Hongrie) ; Kohts (Allemagne); Wahtstedt, Jenssen-Tusch, Zetterstedt (Scandinayie) ; etc. 2° Herbier du R. P. Eugène. Cet herbier, don gracieux du R. P. Eugène, de Crest, renferme, en 30 cartons environ, la majeure partie des espèces françaises, et surtout les espèces de la Provence, récoltées par le P. Eugène ou par MM. Huet, S. de Salve, Roux, Castagne, etc. 3° Herbier général du Dauphiné. Cette collection comprend, en 10 à 12 cartons, les espéces de la Dróme et des Alpes, réunies par le P. Eugène, avec le concours de MM. J.-B. Verlot, Burle et Borel. On y trouve les types de plusieurs espéces cri- tiques citées dans le Catalogue de M. J.-B. Verlot. M. Hervier-Basson a commencé également des collections cryptogami- ques, de Mousses (400 à 500 de France et d'Europe), Algues (de Lebel, Le Jolis et autres), Characées (la série scandinave de Wahtstedt et quelques espèces françaises de Lebel, l'abbé Chaboisseau, etc.). Les herbiers sont encore en préparation ; une moitié seulement est empoisonnée au bichlo- rure de mercure ; l'organisation définitive doit étre poussée activement et terminée le plus rapidement possible. En terminant le compte rendu de cette importante session, j'aile devoir d'offrir mes sincéres remerciments à M. Antoine Magnin, secrétaire général de la Société botanique de Lyon, qui a bien voulu prendre la peine de coordonner tous les matériaux, et aussi venir en aide à ma mauvaise santé, en partageant avec moi la besogne ingrate dela correction des épreuves. Je le prie de recevoir ici l'expression de ma plus vive reconnaissance. T. CHABOISSEAU. PARIS. — IMPRIMERIE DE E. MARTINET, RUE MIGNON, 2