SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE aaa MoTTEROZ, Adm.-Direct. des Imprimeries réunies, A, rue Mignon, 2, Paris. BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE pav tW BER DE FRANCE FONDÉE LE 23 AVRIL 4854 ET RECONNUE COMME ÉTABLISSEMENT D'UTILITÉ PUBLIQUE PAR DÉCRET DU 17 AOUT 1875 TOME TRENTIÉME (Deuxième série. — Tome V°) PARIS AU BUREAU DE LA SOCIÉTÉ RUE DE GRENELLE, 84 1883 ADDITIONS ET CHANGEMENTS LISTE DES MEMBRES SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE PENDANT L'ANNÉE 1882 MEMBRES NOUVEAUX. ASHER, libraire, 5, Unter den Linden, Berlin, W. BERTHOUMIEU (l'abbé V.), curé de Bayet, par Saint-Pourcain (Allier). BnouswicuE (Edouard), pharmacien de la marine, à l'hópital maritime de Nouméa (Nouvelle-Calédonie). CHAREYRE (Jules), secrétaire général de la Société botanique de Provence, place de l'Eglise Saint-Michel, 7, à Marseille. Daveau (Jules) (1), à l'École polytechnique de Lisbonne. GADEAU DE KERVILLE (Henri), rue Dupont, 7, à Rouen. GARNIER (l'abbé Gustave), professeur au petit séminaire de Pignelin, par Nevers. Houssaye, agrégé-préparateur à l'Ecole normale supérieure, rue d'Ulm, 45, à Paris. Hy (l'abbé Félix-Charles), professeur à l'université libre, rue Loriol de Darny, 5, à Angers, LicoPoLi (Caj.), adjoint à la direction du Jardin botanique de Naples. MacNEN (l'abbé J.), curé de Caissargues, par Nimes. MoucENC DE SAINT-Avip (Hyacinthe-Michel-Léonard-Marie), à Parmain l'IHe-Adam (Seine-et-Oise). PIERSON, propriétaire, à Tournan (Seine-et-Marne). SuniNGAR (M. W. F. R.), professeur de botanique à l'université de Leyde (Pays-Bas). Note du Secrétariat. — Le nom de M. JuLLIEN-CROSNIER, conservateur du Musée, rue d’Illiers, 54, à Orléans, qui, par suite d'une omission regrettable, ne figure pas sur la liste générale des membres publiée en 1882, doit y étre rétabli. (1) Ancien membre, admis par réintégration sur sa demande. vj SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ADMIS COMME MEMBRES HONORAIRES. BucuiNGER, naturaliste, à Strasbourg. NYLANDER (D' W.), passage des Thermopyles, 61, à Paris. ADMIS COMME MEMBRES A VIE. COCARDAS. DAVEAU (J.). DuTEvEUL (l'abbé). Hv (l'abbé). LEGUÉ (Léon). MARCHAND (D: Léon). MicHELI (Marc). Moxo (Alfred). Poisson (Jules). MEMBRES DÉCÉDÉS. Decaisne (Joseph), février. GERMAIN DE SAINT-PIERRE, juin. FERMOND, juillet. Roux (Auguste), juillet. CLARINVAL (le colonel), juillet. . Conpamy (Azolin), août. Durour (Edouard), octobre. GAUDEFROY (Eugène), décembre. LISTE DES MEMBRES. vi) Changements d'adresse. ANDRÉ (Édouard), rue Chaptal, 30, à Paris. BESCHERELLE (Émile), rue Vauquelin, 3, à Paris. CHABERT (Alfred), médecin principal à l'Ecole d'application de cavalerie de Saumur (Maine-et-Loire). CocARDAS, pharmacien, place de la Marine, 7, à Choisy-le-Roi (Seine). DEnoux (Jean-Baptiste), hôtel Saint-Joseph, place Saint-Sulpice, 4, à Paris. FINoT (Pierre-Adrien), villa des Mandarines, route des Valergues, à Cannes (Alpes-Maritimes). Foucaup (Julien), instituteur, à Clavette, par la Jarrie (Charente-Inférieure). FRANCHET, rue Monge, 111, à Paris. GADECEAU (Emile), rue des Hauts-Pavés, 11, à Nantes. GÉRARD (Claude), conservateur des hypothéques, à Belfort (Haut-Rhin). GUILLOTEAUX-BOURON, villa Saint-Joseph, Petit-Juas, à Cannes (Alpes-Mari- times). GUINIER (Ernest), inspecteur des foréts, à Gap. HECKEL (Edouard), cours Lieutaud, 45, à Marseille. LE Sourd (D: Ernest), rue de l'Odéon, 4, à Paris. Marcin (Gustave), rue du Pont-des-Pierres, 22, à Douai (Nord). MiIQUEL (Pierre), rue Censier, 41. Mue (Henri) premier commis de direction des contributions indirectes à Montauban. PARIS (général), à Quimper. ScHINDLER (Emmanuel), conseiller à la Cour d'appel, rue Saint-Augustin, 8, à Alger. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE SÉANCE DU 12 JANVIER 1883. PRÉSIDENCE DE M. ÉD. BUREAU. M. Bureau, en prenant place au fauteuil, remercie la Société du nouveau témoignage de confiance qu’elle lui a donné en l'appelant aux fonctions de Président pour l’année 1883. M. Malinvaud, secrétaire, lit le procès-verbal de la séance du 22 décembre dernier, qui est mis aux voix et adopté. Par suite de la présentation faite dans la précédente séance, M. le Président proclame l'admission de : M. A. DzrLEns, botaniste-voyageur, rue d'Aulan, 98, à Dax (Landes), et actuellement au Caire, présenté par MM. Guil- laud et Foucaud. M. le Président annonce ensuite deux nouvelles présentations, et proclame membre à vie M. Legrelle, de Versailles, qui a rempli la condition spécifiée dans les Statuts pour l'obtention de ce titre. Dons faits à la Société : Ch. Baltet, De l'action du froid sur les végétaux pendant l'hiver 1879-80. D" Blanchet, Notice sur la naturalisation à Bayonne d'une nouvelle plante exotique. | J. Cardot, Catalogue des Mousses et des Hépatiques récoltées aux envi- rons de Stenay et de Montmédy. G. Rouy, Matériaux pour servir à la révision de la flore portugaise. G. de Saporta, A propos des Algues fossiles. T. XXX. (SÉANCES). 1 2 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. D. Oliver, Matabele Land and the Victoria Falls, append. V. — Bo- tany. Saccardo, Michelia, commentarium mycologicum, n° VIII. M. le Président fait connaitre à la Société les noms des membres des diverses Commissions nommées par le Conseil conformément au Règlement (1), dans sa séance du 5 janvier dernier, pour l'année 1883. Ces Commissions sont composées de la manière suivante : 1* Commission de comptabilité: MM. E. Cosson, Ad. Larcher et E. Roze. 9» Commission des archives : MM. Duchartre, Eug. Fournier et A. Ramond. 3 Commission du Bulletin : MM. Bonnet, Bornet, Buffet, Cornu, E. Cosson, Duchartre, Eug. Fournier, P. Marés, Mer, Prillieux, Roze, Van Tieghem, et MM. les membres du Secrétariat. 4 Comité consultatif, chargé de la détermination des plantes de France et d'Algérie soumises à l'examen de la Société: MM. Bainier, Cornu, E. Cosson, Eug. Fournier, Franchet, Malinvaud, Petit, Poisson, et Rouy. o Commission chargée de formuler une proposition relative au siège et à l'époque dela Session extraordinaire : MM. Bonnet, Bonnier, Bornet, Burnat, Constans, E. Cosson, Flahault, Fournier, Malinvaud, Poisson, L. Olivier, Roze, J. Vallot et H. Vilmorin. M. Duchartre présente à la Société, au nom de M. Chappellier, des pieds de Crocus en pleine floraison. M. Malinvaud résume et lit en partie la communication suivante qu'il dépose sur le bureau : RECHERCHES BOTANIQUES DANS LES ALPES DE LA MAURIENNE, | par M. AHred CHABERT. Assez bien connue dans son ensemble, la végétation de la Savoie ne l'est pas dans tous ses détails. Aucune flore compléte de ce pays n'a encore été publiée; car on ne saurait regarder comme telle un ouvrage récem- ment paru, dont l’auteur s’est borné à des indications sommaires et n'a (1) Voyez art. 19 et suivants. D’après l'article 25, « 1 ési ) d x ants. ; * le Président itai » général font partie de droit de toutes les Commissions ». ent ct le Secrétaire SÉANCE DU 12 JANVIER 1883. 3 pas jugé opportun de reproduire celles des auteurs anciens : Allioni, Bellardi, De Candolle, etc., et celles plus nombreuses de divers botanistes modernes. Aussi certaines régions des plus riches, telles que les Alpes de Maurienne, ne sont-elles guére connues encore aujourd'hui que par la Flore d'Allioni. La difficulté des communications, le manque d'hótels et méme d'auberges passables, rebutent les botanistes, qui se bornent le plus souvent à remonter la vallée jusqu'à Lanslebourg et au mont Cenis, où ils trouvent à se loger et à se nourrir, et où ils peuvent recueillir sans beaucoup de peine la plupart des plantes rares de la contrée. La cession faite par la France à l'Italie du plateau du mont Cenis et des sommités voisines, en prenant comme limite des deux pays la ligne de partage des eaux, a privé la flore de la Savoie, et par suite celle de la France, d'une de ses localités les plus riches. Quelques plantes, telles que le Valeriana celtica, ne pouvaient plus dés lors figurer parmi les plantes francaises. Il m'a paru utile de rechercher si elles étaient tellement localisées sur le mont Cenis, qu'on ne pourrait les retrouver dans nos Alpes voisines. Grâce au chemin de fer de Chambéry à Modane, il m'a été facile pendant les cinq années que j'ai passées de nouveau à Chambéry, de 1876 à 1880, de faire de fréquentes excursions dans les montagnes de Maurienne. Obligé de me séparer momentanément de mes collections, je n'ai pu ache- ver le travail de critique que j'avais entrepris. Ce n'est donc qu'une partie de mes observations que j'apporte aujourd'hui à la Société botanique de France, en lui soumettant, non pas un catalogue raisonné des plantes de la Maurienne, mais la simple énumération des localités où j'ai récolté moi-méme les plantes que je cite. D'autres plantes y ont été observées pour la première fois par MM. Songeon et Perrier de la Bathie: l'une d'elles n'avait encore été signalée que sur Îles coteaux du Valais, de Suse et de Trieste; une autre, commune dans les Pyrénées et assez répandue dans les Alpes de la Lombardie, de la Vénétie et du Tirol, etc., n'avait jamais été retrouvée dans une station intermédiaire. Ne les ayant pas recueillies, je n'en parlerai pas. J'ai cru devoir aussi passer sous silence les formes critiques ou nou- vellement décrites; mal connues et discutables pour la plupart, la seule citation de leurs noms ne réveillerait aucun souvenir chez le botaniste non initié. De méme, je renvoie à une autre époque la description de plu- sieurs formes curieuses et probablement nouvelles : un Vesicaria distinct du V. utriculata par la petitesse de ses fleurs et la forme des graines ; un Trifolium des prairies alpines entre l'Hortiére et le Vallon, différent des T. pratense et ochroleucum par le calice ouvert à la gorge et dé- pourvu d'anneaux calleux et de callosités; un Empetrum voisin de PE. nigrum; un Agropyrum haut de 17,50, à épillets uni-biflores, etc., recueilli à Valmeinier, etc. Quant à la foule des plantes alpines, aussi 4 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. répandues dans les Alpes de la Maurienne que dans celles du haut Dau- phiné, il m'a paru inutile de les énumérer dans un travail aussi restreint, de méme que celles dont la présence en Maurienne est connue depuis Allioni et a été souvent constatée après lui (1). En lisant la liste suivante, on remarquera une espéce manquant à la flore de France, Valeriana celtica L.; une autre retrouvée aprés un siécle dans les montagnes oü l'avait signalée Allioni, dont l'indication avait paru erronée méme à De Candolle, qui pourtant n'était pas sévère à cet égard: c’est le Scrofularia vernalis L. Une troisième plante, Draba nemorosa L., a été recueillie, aprés un demi-siècle, à 20 kilomètres de la localité connue autrefois de Bonjean et d'Huguenin, dont l'assertion n'avait pu étre confirmée. Notons, en outre, plusieurs plantes non signa- lées en Savoie : Polemonium ceruleum L., Saussurea depressa Gr.; et des localités nouvelles de plantes trés rares en France : Callianthemum rutefolium, Trifolium thymiflorum, Saxifraga controversa et dia- pensoides, Galium megalospermum, Senecio uniflorus, un hybride de cette espèce et du S. incanus, Leucanthemum coronopifolium, Arte- misia Villarsii, Phyteuma pauciflorum, Campanula Allionii, Pedicu- laris rosea, Chamaorchis alpina, Scirpus alpinus, Agrostis rubra, Festuca flavescens, etc., etc. Vallée profonde, encaissée entre de hautes montagnes, creusée par l'Arc qui la parcourt dans toute sa longueur avant de se jeter dans l Isère, la Maurienne a la forme d'un demi-cercle à concavité tournée au nord. De Chamousset, où elle se sépare de la vallée de l'Isére, elle se dirige à l'est jusquà Aiguebelle, puis bientót directement au sud jusqu'à Saint- Julien, de nouveau à l'est jusqu'à Bramans, et enfin au nord-est jusqu'à Bessans, où elle se termine par quatre vallées disposées en éventail : le val- lon de la Lenta, qui conduit au mont Iseran ; celui de la Dhuys, qui monte aux sources de l'Arc;la vallée d'Averolles et de la Lombarde, qui se ter- mine au col del'Autaret, et celle du Ribon, close par le glacier de Roche- melon. Les montagnes qui bordent ces vallées, et dont les plus orientales constituent la frontiére piémontaise, sont couvertes de glaciers, au-dessous desquels se montre une végétation extrémement riche et variée. Au nord, la Maurienne est séparée de la Tarantaise par des alpes trés élevées, cou- ronnées de glaciers étendus et dont le versant méridional est abrupt et escarpé; les plus faciles à explorer et les mieux connues sontcelles de la Vanoise, de Chaviéres, des Encombres, de la Madelaine, de Bamont. Au (1) Certaines espèces habitant les hautes cimes, particulièrement les Graminées, ten- dent à devenir de plus en plus rares, depuis qu'on a pris la funeste habitude, dans nos Alpes, d'inalper sur le sommet des montagnes des milliers de moutons venant d'Al- série, et de les y faire paître de juin en septembre, en troupeaux trop considérables pour l'espace qu'ils ont à parcourir. SÉANCE DU 12 JANVIER 1883. 5 sud, la Maurienne se relie au Piémont et au Dauphiné par des montagnes à pentes plus douces, divisées en plusieurs contreforts séparés par des vallées secondaires, dont plusieurs assez importantes. Ce sont, en allant de l'E. à l'O.: les combes d'Étiaches et d'Ambin, limitrophes du mont Cenis; le vallon qui conduit au col de Pelouze; la combe de la Grande Montagne, terminée par les cols de Fréjus, de la Roue et de la Saume ou de la vallée étroite; les vallons de Bissorte, et de Valmeinier prolongés jusqu'au mont Thabor; la vallée de Valloires, qui mène aux cols de Rochille, dela Pon- sonniére, du Galibier, du Goléon, etc.; la vallée d'Arves et celle des Vil- lards. Les Alpes méridionales de la Maurienne se continuent donc, en descendant de la chaine centrale, par celles du Bourg d'Oisans et d'Al- levard. La flore mauriennaise est d'autant'plus riche qu'on l'étudie sur les lieux plus rapprochés de l'aréte centrale des Alpes, et jesignalerai particuliére- ment à l'attention des botanistes les vallées d'Averolles et dela Lombarde, et celles du Ribon et d'Étiaches. Ces deux derniéres, trés rarement visi- tées jusqu'à présent, leur réservent certainement d'importantes décou- vertes. Est-il nécessaire d'ajouter que, dans les alpes de Maurienne comme ailleurs, la végétation est plus pauvre là où la roche est plus dure, et que l'explorateur qui se risquera sur les quartzites, par exemple, n'em- porlera pas de leur flore une idée bien flatteuse. Parmi les localités citées dans ce travail, celles qui sont situées au voi- sinage de la route de France en Italie sont depuis bien longtemps visitées au point de vue botanique. J. Bauhin, Lobel, à qui l'on doit la décou- verte en Maurienne de l'Erica carnea, Boccone, Gérard, de Saussure, Allioni, Bellardi, etc., dans les siècles derniers, ont successivement étudié la végétation de cette partie des Alpes, et sauf un trés petit nombre, toutes les indications données par Allioni dans son remarquable Flora pede- montana ont été vérifiées depuis. Bonjean, Huguenin, Belot, d'Humbert, Didier, doivent être cités parmi les explorateurs modernes les plus assidus de cette vallée, dont toutes les richesses sont loin d'étre bien connues. Dans l'énumération qui suit, les localités sont indiquées en commen- cant par celles qui sont les plus rapprochées de la frontière italienne, c’est-à-dire de l'aréte centrale des Alpes, et en continuant par les contreforts. Plusieurs de mes excursions ont été faites en compagnie de mon ami M. Songeon ; j'ai donc fait suivre des initiales de nos noms (Ch. et S.) les localités des plantes rares que nous avons trouvées ensemble, et de son nom seul celles qu'il a remarquées le premier. Atragene alpina L. — AC. (1) sur les rochers boisés des rég. alp. (1) J'ai à peine besoin d'expliquer les abréviations: C., commun — R., rare — AC., assez commun — rég. alp., région alpine — subalp., subalpine — sup., supérieure. 6 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. et subalp. de Bessans à Modane et à Orelles, où il descend jusqu'à 1000 mètres ; Saint-Sorlin d'Arves. Anemone vernalis L. — C. sur les pelouses et les rochers herbeux des hautes montagnes à la fonte des neiges : Bonneval, Longecóte, col de Chaviéres, Valmeinier à la roche des Marches, etc., le Crét du Quart, la Settaz, col des Encombres, etc. A. narcissiflora L. — AC. dans les prairies alpines de la haute Maurienne : Bonneval, montagnes de Modane, de Valloires, des Arves. A. baldensis L.— AC. dans les débris pierreux des lieux frais de la rég. alp., entre 2000 et 2700 métres : le vallon du Montet, la Lombarde, le Ru du Fond, col de Pelouse, Cime du grand Vallon, col de Chaviéres, roche dés Marches, col de la Ponsonniére, la grande Chéble, grand Perron des Encombres, col de la Madelaine à la Roche Noire. | Hepatiea triloba Chaix. — AC. au bord des bois et des clairières de la rég. subalp. : Avrieux, Modane, Saint-Martin outre Arc, Albanne sous la roche de la Ravoire, le Chatel, Hermillon, etc. Callianthemum rutæfolium C. À. M. — Moraines des glaciers, gazons humides de la rég. alp. sup. : glacier de l'Autaret, vallée de la Lombarde. — R. Ranunculus lutulentus P. et S. — Lacs de la rég. alp. : lacs de la Combe des Roches, prés Modane. — R. R. glacialis L. — C. dans les lieux pierreux et humides et au bord des ruisseaux de la rég. alp. sup. de la haute Maurienne. Helleborus viridis L. — Dans les haies : Saint-Martin de la Chambre. Spontané? Aquilegia alpina L. — Lieux frais et ombragés de la rég. alp.: la Lombarde, la Challe et le Jua, prés Modane, Valloires entre le lac des Cerces et le col de la Ponsonniére. — AR. Delphinium elatum L. — Rochers ombragés de la rég. alp.: vallée de la Lombarde au-dessous du glacier du Baoumet — R. Corydallis solida Sm. — S'élève jusqu'à plus de 2000 mètres dans les montagnes de Modane : Arplane, le Barbier. Arabis ezrulea Jacq. — Lieux pierreux de la rég. alp. sup. auprès des neiges fondantes : glaciers de l'Autaret, du Montet, le Ru du Fond, cols de Pelouse et de Chaviéres, Cime du grand Vallon, col de F réjus, mont Thabor, roche des Marches, cols de la Ponsonniére, du Goléon, la grande Chéble, le grand Perron des Encombres. — AC. A. subeoriacea Gr. — (à et là auprès des sources et des ruisseaux de la rég. alp. : vallées d'Averolles, de la Lombarde, col de Pelouse, Valmei- nier, cols de la Ponsonniére, de la Madelaine. A. cenisia Reut. — Prairies séches et battues par les vents de la rég. SÉANCE DU 12 JANVIER 1883. 7 alp. infér. : le Chatel, en montant du mont Béranger aux Granges Alpettes. — R. ` Arabis brassicæformis Wallr. — Clairières des bois au-dessous d’Albanne. Cardamine alpina Willd. — Rochers frais et ombragés de la rég. alp. sup. : les sources d'Arc, glacier de Rochemelon, glacier de Pierre- Minieu, le grand Vallon, col de Fréjus, mont Tortier, etc. Draba fladnizénsis Wulf. — Rochers trés élevés: l'Ouille du Re, l'Autaret, col du Goléon, etc. D. tomentosa Wahl. — Rochers trés élevés : la Lombarde, aiguille de Scolette, la Cime dugrand Vallon, cols de la Ponsonniére,de la Madelaine. D. frigida Saut. — Rochers élevés : Averolles, col de Fréjus, la grande Chéble. — P. nivalis (D. nivalis DC.). — Glacier de l'Autaret. — R. D. nemorosa L. — Bois et lieux couverts de la rég. subalp. : Bonneval entre le village et l'Ecot. — R. Indiqué jadis à Lanslebourg, à 20 kilo- métres de distance, par Bonjean et Huguenin, il n'y a pas été retrouvé. Un botaniste a émis des doutes sur sa spontanéité dans ces lieux, où il est très rare ; mais sa présence dans les montagnes de Bonneval n'y est pas plus surprenante que celle des Senecio uniflorus et Ptarmica Herba- rota, car les trois plantes habitent les montagnes piémontaises voisines. Thlaspi rotundifolium Gaud. — Débris de rochers entre 2200 et 2800 métres : la Lombarde, cols de Pelouse, de Fréjus, Cime du grand Vallon, glacier de Pierre-Minieu, etc. — AC. T. virgatum G. et G. — C. dans les bois taillis et les prairies de la rég. subalp. de Modane au col de Bamont. T. alpinum Jacq.— Prairies alp.: Arplane au-dessus de Fourneaux.— R. Hutchinsia brevicaulis Hoppe.— Rochers élevés: col de Fréjus. — R. Sisymbrium strictissimum L.— Parmi les buissons de la rég. subalp. la Chambre (Huguenin), Valloires (Ch. et S.). — R. Hugueninia tanacetifolia Rchb. — AC. au bord des torrents, dans les bois, les prairies, auprès des chalets en ruines dans les vallées subalp. et alp. de la haute Maurienne : le Ru du fond, Pelouse, la combe de la Grande Montagne, Valmeinier, Valloires aux Cerces et au Mottet, etc. Erysimum helveticum DC. — Bords des bois, clairiéres de la rég. subalp. : le Bourget, Avrieux, Modane, etc. E. pumilum Gaud. — Rochers et prairies de la rég. alp. des mon- tagnes voisines de la chaine centrale : Bonneval à la Dhuys, la Lombarde, le Ribon, etc., le Ru du Fond. Brassica Richerii Vill. — Rochers et lieux pierreux de la rég. alp. : Valmeinier entre la chapelle de N.-D. des Neiges et le torrent (Ch. et S.). — R. 8 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Viola arenaria DC.— C. sur les pelouses sèches des rég. alp. et subalp.: Bonneval, Modane, Mongellafrey, col de Damont, etc. V. Thomasiana Perr. et Song. — Gazons et bruyères de la rég. alp., col de Bamont (Songeon), le Champey-sur-Argentine ($.), pentes au-des- sus du clót d'Albanet, prés d'Albanne (S.). V. cenisia L. — Débris de rochers de la rég. alp.: la Lombarde, col de Pelouse, le Ru du fond, montagne du Jua, rare sur les montagnes de Valmeinier. V. mirabilis L. — Albanne dans les bois au pied de la roche de la Ravoire. —— R. Polygala alpestris Rchb. — C. dans les prairies et les bois de la rég. alp. P. alpina Perr. et Song. — Assez répandu dans les gazons des hautes montagnes entre 2200 et 2800 métres : Bonneval, la Lombarde, Bessans, le Barbier au-dessus du Bourget, Longecóte, Valmeinier à N.-D. des Neiges, la Settaz, le haut d'Albanet, col des Encombres. — Descend par- fois à 1400 métres : clairiéres de la forét voisine de la chapelle de Saint- Étienne, au-dessus de Lans-le-Villard. Dianthus deltoides L. — Rég. subalp. : Valmeinier. — R. D. negleetus Lois. — Gazons et prairies alpines des montagnes voi- sines de la chaine centrale : Bonneval, Bessans, Longecóte, Pelouse, col de Fréjus. Silene elongata Bell. — C. sur les rochers alp. de la haute Maurienne. S. exscapa All. — Gazons et rochers trés élevés : montagnes de Bon- neval, de Bessans, col de Pelouse, la Cime du grand Vallon, le Truc, la roche des Marches, le grand Perron, le grand Arc, etc. — AC. S. alpina Thom. — Rochers ét débris mouvants de la rég. alp.: le Jua, . Valmeinier à la Turra, la grande Chéble, col des Encombres, etc. Viscaria alpina Fries. — Prairies alpines : la Lombarde, le Ribon, col de Pelouse, le Rocher prés Modane, Valmeinier à N.-D. des Neiges, grand Perron des Encombres, col de la Ponsonniére. Lychnis Flos-Jovis Desr. — Prairies subalpineset de la rég. alp. infér.: Albanne, le Barbier au-dessus du Bourget, la Pelouse, Bonneval. Sagina glabra Koch. — AC. sur les pelouses des hautes montagnes. Alsine Villarsii M. et K. — Rochers de la rég. alp. : Bessans au Chatel, la Lombarde. — R. A. recurva Wahl. — Gazons secs et rochers : les sources d'Arc, la Lombarde, pelouses pierreuses à la base de la montagne des Sarrasins entre Arplane et le Clót (Songeon). — R. Cherleria sedoides L. — Rochers trés élevés : sources de l'Arc, gla- cier de l'Autaret, pie de Scolette, col de Chavières, roche des Marches, grande Chéble, etc. SÉANCE DU 12 JANVIER 1883. 9 Arenaria biflora L. — AC. sur les graviers et les roches humides de la rég. alp. sup. Cerastium trigynum Vill. — Avec le précédent. €. glaciale Gaud. — Parmi les débris de rochers vers 3000 mètres : la Cime du grand Vallon. — R. Geranium aconitifoliam L'Hér. — Rochers boisés de la rég. alp. : Avrieux, dans les casses au-dessus du Vallon, le Carlet, près Modane.— R. . Rhamnus pumila L.— Rochers. élevés : Arplane et le Clòt, au-dessus de Fourneaux. S Ononis cenisia L. — Lieux pierreux, gazons secs des régions alpine infér. et subalp.: rare à Bessans, commun dans les vallées de la haute Maurienne, de Lanslebourg à Saint-Michel, de Valmeinier aux Marches, à la Turraz, de Valloires à Poingmarie, etc., Albanne, etc. Trifolium thymiflorum Vill. — Parmi les graviers et les sables des torrents auprés des glaciers : Polset prés Modane sur les rives du torrent, à partir de la cascade qui tombe du glacier de Chaviéres. — R. T. pallescens Schr. — Lieux graveleux de la rég. alp.: col de Cha- viéres, roche des Marches, col des Encombres. Colutea arborescens L. — Rochers boisés et bien exposés: Albanne sous la roche de la Ravoire, avec l'Acer monspessulanum L. Phaca alpina Wulf. — Prairies alpines : Bonneval à la Dhuys, Longe- côte, le Goléon. P. australis L. — Rochers herbeux de la rég. alp. : Avrieux à la cha- pelle Sainte-Anne, au Vallon, à la Pelouse. P. astragalina DC. — Gazons et rochers herbeux des hautes mon- tagnes : Averolles, Longecóte, col de Chaviére, le grand Vallon, col de la Madelaine au Roc Blanc, etc. Oxytropis Gaudini Dunge. — Couvre à Bonneval les lieux abandonnés par les glaciers qui se retirent, col de Pelouse, etc. ©. fœtida DC. — Rochers et gazons trés élevés. : Avrieux, dans les casses au-dessus du Vallon, en montant au col de Pelouse. — R. Astragalus depressus L. — Rochers, lieux pierreux, graviers de la rég. subalp. de Bessans à Lanslebourg. A. aristatus L'Hérit. — N'est pas rare dans les lieux pierreux de la rég. subalp. de la haute Maurienne, Valloires, etc. Coronilla vaginalis Lamk. — Prairies subalp.: Notre-Dame du Char- maix. — R. Orobus Iuteus L. — AC. dans les prairies subalp. et alp. Geum reptans L. — C. dans les débris mouvants, entre 2400 et 3000 mètres. Sibbaldia procumbens L. — C. dans les gazons de la rég. alp. 10 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Potentilla micrantha Ram. — Buissons et bords des bois de la rég. subalp. : les Grangettes, le Chalet. P. minima Hall. fils. — Rochers herbeux et gazons sets de la rég. alp. sup.: la Lombarde, le Ru du Fond, le grand Perron des Encombres.— R. P. frigida Vill. — Rochers trés élevés et battus par les vents : glacier de l'Autaret, col de la Ponsonnière, mont Thabor, mont Brequin, col de Chaviéres. — R. R. P. caulescens L. — Rochers de la rég. subalp.: Valloires (Ch. et Song.), Albanne. — R. P. rupestris L. — C. dans les prairies et au bord des bois de la rég. subalp.; s'éléve peu dans la rég. alp. Alchemilla cuneata Gaud. — Lieux pierreux de la rég. alp. : col des Encombres (Ch. et Song.). — R. A. pentaphylla L. — C. sur les gazons humides de la rég. alp. supér. de Ia haute Maurienne, plus rare dans la partie occidentale. Epilobium Fleischeri Hochst.— Graviers des lorrents dans la rég.alp. infér. : Polset au-dessous de la cascade du glacier de Chavières, Valloires dans les graviers de la Valloirette à Bonnenuit, etc. E. gemmascens C. A. M. — Bords des ruisseaux de la rég. subalp.: Beaune à la Sausse (Songeon). — R. Cireza alpina L. — Forêts de Sapins: Mont Tortier au-dessus d'Argentine. — R. ' Scleranthus perennis L. — AC. dans les prés secs des rég. subalp. et alp. : la Grande Montagne, le Thyl, etc. Herniaria alpina Vill. — Débris de rochers, lieux secs et sablonneux de la rég. alp. sup., moraines des glaciers : glaciers de l'Autaret, de Ro- chemelon, la Cime du grand Vallon, col de Pelouse, Valmeinier à la roche des Marches, col du Goléon, la grande Chèble, etc. Paronychia polygonifolia DC. — Lieux sablonneux de la rég. alp. : sources d'Arc, Valmeinier aux Perches, Pratignan, etc. Ribes petræum Wulf. — Rochers boisés de la rég. subalp.: Bessans, C. dans la combe de la Grande Montagne, le grand Vallon, Valmei- nier, etc. Saxifraga controversa Slern. (S. petræa L.?). — Rochers humides, lieux frais et humides de la rég. alp. supér. : vallée de la Lombarde jus- qu'au glacier de l'Autaret ; trés commun dans les prairies de Pelouse au Vallon, en montant au col de Pelouse, surtout auprés du Vallon. — RR. S. planifolia Lap. — Rochers trés élevés: en montant du Vallon au col de Pelouse (Songeon), col de Chaviéres. — R. S. diapensoides Bell. — Rochers de la moraine de l'ancien glacier de l'Arc à la Madelaine entre Lans-le-Villard et Bessans. — RR. S. ezesia L. — Rochers de la rég. alp. : au-dessus de Bessans. — R. SÉANCE DU 12 JANVIER 1883. 11 Saxifraga retusa Gou.— Rochers delarég. alp. sup. :glacier del'Autaret. Astrantia minor L. — Rochers et clairières de la rég. alp. infér.: Montortier-sur-Argentine, la combe de la Grande Montagne, Bissorte. Bupleurum longifolium L.— Bords des bois de la rég. subalp. : le Villard au-dessus du Chatel. — R. Carum Bulbocastanum L. var. minus (Bunium minus Vill.). — Pentes pierreuses de la rég. alp. infér.: Longecóte, entre le Clót et le Plan, prés Modane. Seseli carvifolinm Vill. — Clairiéres des forêts de Pins, bords des torrents: Avrieux, Modane, Saint-Martin outre Arc, Argentine, etc. Meum Mutellina Gærtn. — Rochers élevés: Bonneval, col de la Made- laine, grand Perron des Encombres, mont Tortier, etc. i Gaya simplex Gaud. — Gazons de la rég. alp. : Bonneval, Bessans, col de la Ponsonnière; mont Brequin, cols du Goléon, des Encombres, de la Madelaine, le grand Arc, etc. — AC. Heracleum stenophyllum Jord. (H. angustifolium Vill. ?). — Prai- ries subalp.: Valloires, en montant à la Settaz. — R. Laserpitium Halleri Vill. — C. dans les prairies alpines. Viscum aibum L. — Parasite sur le Pin silvestre, dans les bois en montant du Pas du Roc à Albanne. Lonicera cærulea L. — Rochers boisés et forêts des régions subalp. et alpine de la haute Maurienne: Bonneval, Bessans, le Ru du Fond, la combe de la Grande Montagne, Valmeinier. Asperula longiflora W. et K. (A. Jordani Per. et Soug.).— AC. sur les rochers de la haute Maurienne, s'élève dans la région alp.: le Pas du Roc (Songeon), Fourneaux, Villarodin, le Bourget, Avrieux, Albanne, etc. Galium pusillum L. ? — Lieux secs et chauds, le Bourget. — R. €. hypnoides Vill. — Rochers gypseux : le Bourget, fort de Lesseil- lon. — R. €. helveticum Weigg. — Débris mouvants des hautes montagnes : le Ribon, Averolles, Longecóte, col du Goléon, la grande Chéble, etc. G. megalospermum All. — Débris mouvants de la rég. alp. sup.: gla- cier de l'Autaret, glacier de Pierre-Minieu, col de Fréjus. — R. Galium à fleurs roses, intermédiaire aux G. erectum et Bernardi. — Bois montueux : Albanne, au-dessous de la roche de la Ravoire. — R. Centranthus angustifolius DC., s'éléve jusqu'à plus de 2000 mètres : à Valloires, dans les débris de rochers entre Bonnenuit et la Losetta. Valeriana saliunca All. — Rochers trés élevés : col du Goléon (Ch. et Song.). — R. V. celtica L. — Rochers herbeux de la rég. alp. sup.: l'Ouille du Re, R. — Glacier de l'Autaret, où il est trés abondant. Adenostyles Ieucophylla Rchb. — Débris de rochers de la rég. alp.: 42 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. vallée de la Lombarde, le Ru du Fond, la roche des Marches, la combe de Château-Bourreau, col de la Ponsonnière, etc. Erigeron Villarsii Bell. — Prairies alpines : Bonneval, Bessans, le Ru du Fond, Pelouse, la Grande Montagne, Valloires à la Losetta et à le Meignoz. E. uniflorum L. — AC. dans les gazons et sur les rochers herbeux de la rég. alp. Solidago alpestris Wik. — Rochers et lieux pierreux de la rég. alp.; Bessans, le grand Vallon, col des Encombres, etc. Achillea tanacetifolia All. — Prairies alp. des montagnes voisines de la chaine centrale : Bonneval, Bissorte, Valmeinier. A. dentifera DC. — Même station: Bonneval à la Dhuys, le grand Vallon. Ptarmica nana DC. — C. dans les débris mouvants de la rég. alp. supér. P. Herba-rota DC. — Rochers élevés : Bonneval, à la montagne du Re. Les fabricants de vermouth de Turin en font récolter chaque année des quantités considérables pour en faire cette liqueur; malgré cela il est toujours trés abondant dans la localité classique des sources de l'Arc. Leucanthemum coronopifolium Vill. — Débris mouvants et escarpe- ments de la rég. alp. : moraines du glacier de Rochemelon et pentes de la Grosse-Téte, à l'extrémité de la vallée du Ribon. — R. Artemisia atrata Lamk. — Prairies alpines exposées au midi : Longe- côte au-dessus de l'Hortiére et des granges du Ru du Fond. — R. A. Villarsii G. et G. — Rochers et débris mouvants de la rég. alp. sup. : glacier du Montet. — R. A. spicata Wulf. — Rochers trés élevés: glacier de l'Autaret, glacier de Pierre-Minieu, Valmeinier au pic de la Sandoneire, montagne de Jua, mont Brequin. A. spicata var. corollis et acheniis hirsutis. — Rochers très élevés : vallée de la Lombarde sous le glacier du Baoumet, la Cime du grand Vallon. | A. Mutellina Vill. — Rochers trés élevés: Valmeinier à la roche des Marches, mont Brequin, col du Goléon ; descend au-dessous de 2000 métres aux Gornelles prés Bissorte. A. glacialis L. — AC. sur les rochers et les lieux pierreux de la rég. alp. sup. de la haute Maurienne : sources de l'Arc, glacier du Montet, ete., vallées du Ribon, d'Averolles, Longecóte, aiguille de Scolette. — Des- cend à 1900 métres au Ru du Fond. Gnaphalium norvegieum Gunn. — Rochers de la rég. alp. Tortier et le Champey, le grand Arc. Antennaria carpathiea Dl. etFing. — Gazons des hautes montagnes : : mont SÉANCE DU 12 JANVIER 1883. 13 Pelouse et aiguille de Scolette, roche des Marches, la Settaz, col de la vallée étroite au-dessus du Thyl. Leontopodium alpinum Cass. — Rochers herbeux, gazons de la rég. alp.: cà et là dans les montagnes de Bonneval et de Bessans, Pelouse, trés commun à Longecôte, d’où il descend à 1400 mètres à la chapelle Sainte-Anne, le grand Perron des Encombres, col de Chaviéres. Aronicum scorpioides DC. — C. dans les éboulis de rochers frais et ombragés de la rég. alp. Doronicum Pardalianches L. — Foréts de Pins : Modane, en montant à N.-D. du Charmaix. Senecio incanus L. — C. sur les rochers, les lieux sablonneux, les gazons des hautes montagnes. . S. uniflorus All. — Rochers et gazons de la Tég. alp. sup., au voisi- nage de la chaine centrale : Bonneval à la montagne du Re, au-dessous de l’Ouille du Re. — Cette localité déjà indiquée par Allioni relie les deux anciennement connues des sources de l'Arc et de la Lenta. S. incano X uniflorus N. — Bonneval à la montagne du Re, avec les parents: « Foliis radicalibus inciso-crenatis pinnatisve, superioribus parce » crenatis; capitulis pluribus (4-15) multo minoribus quam S. uniflori » et remotis non congestis; acheniis abortivis. » Alioni (Fl. pedem., I, p. 201) rapporte que le S. uniflorus cultivé prend trois ou quatre capi- tules, et en conclut que ce n'est peut-étre qu'une variété du S. incanus. Mais cette variation rameuse du S. uniflorus se trouve aussi sur la mon- tagne du Re; elle a les achaines fertiles et pubescents, tandis que ceux du S. incanus sont glabres. : Echinops sphserocephalus L. — Lieux pierreux exposés au midi : rochers entre le Bourget et Modane, Fourneaux sur la rive droite de l'Arc. Saussurea depressa Gr. et G. — Débris schisteux de larég. alp. sup. : col de Goléon (C. et S.), col des Masses et la grande Chàble. — R. S. alpina. DC. ; G. et G. — Prairies alpines : Longecóte au-dessus de l'Hortiére et du Ru du Fond; de la Pelouse au Vallon en montant au col de Pelouse. — R. : Carlina acanthifolia All. — Lieux. secs et chauds: Albanne à la roche de la Ravoire. — R. ` Centaurea nervosa Willd. var. ramosa N. — Prairies subalp. et alp., mont Tortier au-dessus d'Argentine. Cette variété se trouve aussi sur le mont Trélod, arrondissement de Chambéry. €. uniflora L. — Commun dans les prairies alpines de la haute Mau- rienne, depuis la chaîne centrale jusqu'aux montagnes de Valloires et au col des Encombres. C. Kotschyana Heuff.? Gr. et G. — Prairies alp. : Longecóte au-dessus du Ru du Fond. — R. 14 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Rhaponticum scariosum Lamk.— Prairies alp.: Valmeinier, entre le chalet de Planet et le pont de Matoset (Ch. et Song.). Apargia Taraxaci Willd. — C. sur les pentes herbeuses et parmi les débris mouvants de la rég. alp. supér. de la haute Maurienne. Tragopogon major Jacq. — S éléve jusque vers 2500 mètres sur les pentes herbeuses du versant méridional de Longecóte. Barkhausia albida Cass. — Lieux pierreux et prés secs de la rég. subalp. : Valloires (Songeon), Poingt-Ravier, Albanne à la roche de la Ravoire. Crepis pygmæa L. — Débris mouvants de la rég. alp. sup. : la grande Chéble. — R. Hieracium Camerarii Calley. — Prairies alp. : Longecóte. H. multiflorum Schl. — Prairies alp. : entre l'Hortiére et Pelouse, Fourneaux, Valloires à la Losette, Albanne, etc. Phyteuma paucifiorum L. — Rochers herbeux, gazons de la rég. alp. sup. : la Lombarde, col de Pelouse, aiguille de Scolette, col et grand Perron des Encombres. P. globulariæiolium Hoppe. — Moraines du glacier de l'Autaret. — R. P. Michelii All. (P. Michelii All. et P. scorzoneræfolium Will.). — C. dans les prairies alpines. P. betonicæfolium Will. — Prairies alpines : le grand Vallon, Beaune à la Sausse, mont Tortier, etc. P. Halleri All. — Prairies alp. : Bonneval à la Dhuys, Valmeinier (Ch. et Song.). Campanula Allionii Vill. — Rochers et débris mouvants de la rég. alp: sup. : glacier du Montet, Bessans aux Traverses le long du torrent du grand Chenalias, Longecôte. — R. €. cenisia L. — Rochers et débris de rochers de la rég. alp. sup. : alpes de Bonneval et de Bessans, Longecóte, cols de Pelouse, du Goléon, la grande Chéble. Erica carnea L. — Très commun dans la rég. inf. des bois de Pins, de Sapins et de Mélézes, surtout dans les jeunes coupes, de Villarodin à Bramans. Azalea proeumbens L. — Rochers et lieux pierreux de la rég. alp. sup. : l'Autaret, col de Chavières, etc. Pirola chlorantha Sw. — Forêts de Sapins : Avrieux, Villarodin. Moneses grandiflora Salisb. — Même station : la Chapelle Sainte- Anne sur Avrieux, les Houillettes prés Modane. — R. i Monotropa Hypopitys L. — Forêts de Pins: Avrieux. — R. Pinguicula grandiflora Lamk. — Rochers humides et ombragés de la rég. subalp. : la Chapelle Sainte-Anne. - SÉANCE DU 12 JANVIER 1883. 15 Primula pedemontana Thom. — Rochers de la rég. alp. : la Lom- barde. P. graveolens Heg. — C. sur les rochers de la rég. alp. de la haute Maurienne. P. viscosa Vill. — Rochers de la rég. alp. : le col de la Ponsonnière, mont Tortier, le Grand Arc. Gregoria Vitaliana Duby. — AC. dans les lieux pierreux et les pelouses sèches de la rég. alp. sup. de la haute Maurienne, des alpes de Bonneval au col des Encombres et aux montagnes de Valmeinier, oü il descend à 1600 mètres auprès du village de l'Église. Androsace glacialis Hoppe. — AC. au bord des glaciers et sur les rochers et les lieux pierreux humides de la rég. alp. sup. de la haute Maurienne. A. carnea L. — AC. sur les gazons des hautes montagnes de la haute Maurienne. A. obtusifolia All.— Même station : col de Chaviéres, le Truc, etc. A. pubescens DC. — Rochers trés élevés : aiguille de Scolette, col du Goléon, la grande Chéble. Gentiana alpina Vill. — Gazons de la rég. alp. : mont Tortier, la combe de Chàteau-Bourreau (Ch. et Song.), le col des Encombres. G. glacialis À. Thomas. — Prairies alpines : Bonneval à l'Ouille du Re, la Lombarde, le Ribon, Longecóte, la Pelouse, col de la Ponson- niére. €. utriculosa L. — Prairies alpines : Longecóte sur le versant méri- dional, au-dessus du Ru du Fond. — R. — Avait été indiqué, il y a un siécle, à la Vanoise, par Bellardi. Swertia perennis L. — Marais tourbeux de la rég. alp. : cols des Encombres et de la Madelaine. Polemonium eæruleum L. — Lieux pierreux et boisés : en montant de Fourneaux au tunnel du chemin de fer. Eritrichium nanum Schr. — Rochers trés élevés: C. au glacier de l'Autaret, l'Ouille du Favre. — R. Linaria italica Trev. — Lieux pierreux de [a rég. subalp. : Valmeinier à Musaluaz. — R. Scrofularia vernalis L. — Forêts de Sapins : Saint-Martin outre Arc, entre Saint-Martin et la Serraz (Ch. et Song.). Dans le FI. pedem. publié en 1785, Allioni le dit abondant dans les montagnes de Saint- Michel de Maurienne; il n'avait pas été retrouvé depuis. Peut-étre à l'époque où Allioni l'observait, les forêts étaient-elles coupées. Les com- munes de Saint-Martin et de Saint-Michel sont limitrophes. Veronica Allionii Vill. — AC. sur les gazons pierreux de la rég. alp. de la haute Maurienne. 16 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Pedicularis verticillata L. — CC. dans les prairies humides de la rég. alp. P. comosa L. — Prairies subalp. : Villarodin, Bramans, etc. P. Barrelieri Rchb. — Gazons de la rég. alp. : le petit col des En- combres (Ch. et Song.). à P. incarnata Jacq. — C. dans les prairies alp. de la haute Mau- rienne. | P. cenisia Gaud. (P. Bonjeani Rchb.). — Même station. — C. P. fasciculata Bell. (non G. et G.). — Prairies alpines voisines de la chaine centrale ; Longecóte, Pelouse et le Vallon en montant au col de Pelouse, le grand Vallon, la combe de la Grande Montagne. P. rostrata L. — Gazons secs el pierreux de la rég. alp. sup.: l'Ouille du Re, le vallon du Mottet, l’Autaret, vallée du Ribon. — R. P. rosea Wulf. — Rochers et débris de rochers de la rég. alp. sup. : alpes de Bonneval, de Bessans, col de Pelouse, Longecôte, cols de Fré- jus, de Chavières. | Scutellaria alpina L. — AC. dans les lieux pierreux des rég. alp. et subalp. : Bessans, Longecóte, le grand Vallon, Valmeinier, Valloires, col de la Madelaine, etc. Dracocephalum Ruyschiana L. — Pentes herbeuses et exposées au midi des rég. alp. et subalp. : la combe du grand Vallon en montant à la Belle-Plinier, le Barbier. — R. Ajuga pyramidalis L. — Forêts de Sapins : Lanslebourg, Avrieux, Modane, Saint-Jean d'Arves. Oxyria digyna Campd. — AC. auprès des glaciers et parmi les rochers humides de la rég. sup. de la haute Maurienne. Daphne striata Tratt. — Lieux pierreux et gazons secs de la rég. alp. : la Settaz, les Losettes (Songeon). — R. Thesium intermedium Schr. — (Coteaux secs, rochers boisés : au-dessous de la roche de la Ravoire. — R. Empetrum nigrum L. — Rochers humides de la rég. alp. sup. : gla- cier de l'Autaret, roche des Marches, la Settaz, etc. Euphorbia Gerardiama D. minor Duby (E. saxatilis Lois.). — Coteaux secs et chauds: le Bourget. — R. Betula pubescens Ehrh. — Hautes vallées alpines : Bonneval et Bes- sans. Alnus viridis DC. — AC. dans les prairies et les bois de la rég. alp. : Bessans, combe de la Grande Montagne, Saint-Sorlin d'Arves, etc. Salix pentandra L. — Lieux humides, bords des ruisseaux de la rég. subalp. : entre Modane et Fourneaux. — R. S. arbuscula L. — AC. au bord des ruisseaux, dans les lieux tour- beux ou marécageux de la rég. alp. des alpes voisines de la chaine cen- SÉANCE DU 12 JANVIER 1883. 17 trale : la Lombarde, pic de Scolette, la Pelouse, Bissorte, la combe de la Grande Montagne, lac des Marches, etc. Salix hastata L.— Bords des ruisseaux de la rég. alp.: de l'Hortiére à la Pelouse et au Vallon, le Jua, la combe de la Grande Montagne, Bissorte. S. daphnoides Vill. — AC. au bord des torrents de la rég. subalp. : l’Hortière, Valloires, Albanne, etc. S. glauca L. — Lieux marécageux des prairies de la rég. alp. : la combe de la Grande Montagne, Arplane, Valmeinier en montant aux Marches, Valloires à la Losetta, etc. S. myrsinites L.? — Lieux humides de la rég. alp. sup. : entre Longecóte et le glacier de Pierre-Minieu. — R. S. retusa L. — C. sur les rochers élevés. S. serpyllifolia Scop. —- Rochers trés élevés : Averolles et glacier de l'Autaret, col de Pelouse, grand Perron des Encombres, la grande Chéble. S. reticulata L. — AC. sur les gazons et les rochers humides de la rég. alp. : Bonneval, l'Horliére, cols de Fréjus, d'Arronda, de la Made- laine, etc. S. herbacea L. — Gazons et rochers humides de la rég. alp. sup. : gla- ciers de l'Autaret, du Montet, roche des Marches, col des Encombres, mont Tortier. Pinus Cembra L. — Hautes montagnes voisines de la chaine centrale: Avrieux à l’Hortière et à Norma (Ch. et Song..), la Challe prés Modane, Orelle à Longefou. — AR. P. uncinata Ram. — Bois de la rég. subalp. entre Villarodin et Avrieux (Ch. et Song.). Colchicum alpinum DC. — Trés commun dans la haute Maurienne, oü il parait dans les prairies subalp. et alp. aussitôt que les foins sont cou- pés : Bonneval, Lanslebourg, Modane, Valmeinier, Valloires, Saint-Martin outre Arc, etc. Lloydia serotina Rchb. — Gazons des hautes montagnes : Averolles, l'Autaret, cols de Pelouse, de la Ponsonnière. Allium Scorodoprasum L. (bulbiferum). — Prairies subalp. : Saint- Martin outre Arc, Beaune à la Bachellerie et à la Sausse. — R. Asphodelus subalpimus G. et G. — Couvre les prairies subalp. de Montaymont, Montpascal, le Chatel, Hermillon et Beaune. Narcissus poeticus L. — Couvre les prairies alp. et subalp. Cypripedium Calceolus L. — Bois montueux : Albanne. — R. Goodyera repens R. Br. — Parmi les Mousses dans la forét de Pins de Villarodin. — R. Corallorrhiza innata R. Br. — Forêts de Pins et de Sapins: Avrieux à la Chapelle Sainte-Anne ; Fourneaux en montant au Pré (Songeon). T. XXX. (SÉANCES) 9 48 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Chamwæorchis alpina Rich. — Lieux tourbeux de la rég. alp., sous le Salix arbuscula, avec les Carex bicolor et capillaris et le Scirpus alpi- nus : le Ru du Fond, la Pelouse. — RR. | Orchis pallens L. — Prairies ombragées et bords des bois de la rég. subalp. : Bonneval, Valloires, Albanne, le Chatel, Montpascal. Juncus Jaequini L. — Prairies humides de la rég. alp. : la Pelouse. J. triglumis L. — Mares et lieux humides de la rég. alp. : Bonneval, la Lombarde, le Ru du Fond, la Pelouse, col des Encombres. Luzula spadicea DC. — Gazons frais et rochers humides de Ia rég. lp. : l'Autaret, le Ribon, col des Encombres, le grand Arc, etc. L. lutea DC. — Même station : Bessans, le grand Vallon, la Seltaz, le haut d'Albanet, la grande Chéble, etc. L. spicata DC. — Pairies et gazons de la rég. alp.: Bonneval, le Ru du Fond, la Cime du grand Vallon, col des Encombres. L. pediformis DC. — Même station : Bonneval, Bessans, le Jua, Ar- plane, la grande Chéble. . Eriophorum alpinum L. — Lieux tourbeux de la rég. alp. : Valmei- nier au-dessus du Désert (Song. et Ch.). — R. €. Scheuchzeri Hoppe. — Mares et lieux inondés de la rég. alp. : le vallon du Montet, col de Pelouse, la combe des Roches sous le glacier du Thabor. Scirpus alpinas Schl. — Lieux tourbeux, lieux humides de la rég. alp. :le Ru du Fond, la Pelouse, etc. Elyna spicata Schr. — AC. sur les rochers trés élevés de la haute Maurienne : l'Autaret, col de Chaviéres, Longecóte, la grande Chéble, le grand Perron des Encombres, col de la Madelaine, etc. Carex incurva Leightf. — Lieux humides de la rég. alp. des mon- tagnes voisines de la grande chaine : le Ru du Fond, la Pelouse. — R. C. eurvula All. — Rochers très élevés : le Montet, col dé Chavières Longecôte, pic de Scolette, la grande Chèble, etc. í €. bicolor All. — Lieux humides de la rég. alp. : la Lombarde, le Ru du Fond, la Pelouse, col de Fréjus. — R. | €. capillaris L. — Même station : la Lombarde, le Ru du Fond, la Pe- louse. — R. ! €. frigida All. — Lieux humides de la rég. alp. : col des Encombres (Ch. et Song.). €. hispidula Gaud. — Débris de rochers de la rég. alp. : l Madelaine à la roche Noire. 8. alp. sup. : col dela C. ferruginea Scop. — Lieux rocailleux de la rég. alp. : col de Cha- viéres, col des Encombres. Alopecurus Gerardi Vill. — AC. dans les prairies très élevées de la haute Maurienne : la Lombarde, le Ribon, cols de Pelouse, de Chavières, SÉANCE DU 12 JANVIER 1883. 19 de Fréjus, le grand Vallon, la roche des Marches, Bissorte, col du Goléon, etc. Calamagrostis tenella Host. — Rochers ombragés de la rég. alp. : le lac des Marches, mont Brequin. Agrostis rubra L. — Rochers élevés : la roche des Marches. — R. Stipa pinnata L. — S'éléve jusque vers 2400 mètres dans les prai- ries du versant méridional de Longecóte. Avena Notarisii Parl. — Rochers et débris de rochers de la rég. alp. inf. : entre le Clót et le Plan, prés Fourneaux (Song. et Ch.). A. Hostii Boiss. — Même station et méme localité (Song. et Ch.). Trisetum distichophyllum P. B. — Débris de rochers de la rég. alp. : la Lombarde, le Ribon, Valloires au tunnel, etc., la grande Chéble, col des Encombres, etc. Poa laxa Hænke. — Rochers élevés : mont Thabor, le Jua, mont Tortier et le Champey, etc. Festuca Halleri All. — Rochers herbeux de la rég. alp. sup. : l'Ouille du Re, la Lombarde. — R. F. flavescens Dell. — Sur les rochers, dans les foréts de Pins et de Sapins exposées au nord, entre 800 et 1500 mètres ; remonte parfois jus- qu'à 1900 métres. Trés commun dans les foréts de la rive gauche de l'Arc, d'Avrieux jusqu'à l'Hortiére, de Villarodin, Modane, Fourneaux, Orelle jusqu'à Bissorte. — R. Lycopodium alpinum L. — Rochers frais et boisés de la rég. alp. mont Tortier, Bissorte aux Gornelles. L. annotinum L. — Foréts de Sapins : mont Tortier, à la limite sup. de la forét. M. Prillieux fait à la Société la communication suivante : ÉTUDES SUR LE PERONOSPORA DE LA VIGNE FAITES DANS LE COURS DE L'ANNÉE 1882, par M. Éd. PRILLIEUX. Les recherches faites, tant en Amérique qu'en Europe, sur le Perono- spora viticola sont nombreuses; elles ont laissé cependant place à des observations nouvelles. Je désire attirer aujourd'hui l'attention de la Société sur quelques points de l'histoire du redoutable parasite de nos vignobles, qui n'ont pas été jusqu'ici suffisamment étudiés. Le Peronospora de la Vigne forme, comme on sait, deux sortes de corps reproducteurs : les uns sont les conidies, qui se montrent hors de la feuille, portées par des filaments ramifiés sortant par les stomates; les autres sont les oospores, qui naissent au milieu du parenchyme des- 20 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. séché de la feuille à l'arriére-saison, dans l'extrémité renflée dé courts rameaux du mycélium. - Les caractères de la ramification des troncs conidifères sont bien connus. Les branches de divers ordres naissent à angle droit les unes des autres et se terminent ordinairement en se trifurquant. Chacune des derniéres ramifications porte à son extrémité une spore à peu prés ovoide, qui se détache trés aisément. l A côté de ces fructifications qui peuvent se reproduire incessamment depuis le printemps (1) jusqu'à la fin de l'automne, quand les influences atmosphériques y sont favorables, on peut en voir parfois apparaitre d'autres assez différentes d'aspect, de forme et de taille pour mériter une mention spéciale. | C'est à Nérac que je les ai observées; elles étaient entremélées aux fructifications normales. On voyait cà et là sortir des stomates, au lieu d'un tronc élevé portant des ramifications perpendiculaires, plusieurs fois répétées.et chargées de conidies ovoides, de courts filaments qui se ter- minaient par des corps beaucoup plus gros que les conidies ordinaires et d'une tout autre forme; amincis par la base et arrondis au sominet, ils peuvent étre comparés à une poire trés allongée. Une cloison transversale les isole du filament qui les porte. De tels filaments peuvent se bifurquer plusieurs fois; chacun des rameaux se terminant par un corps piriforme, il en résulte un petit bouquet de ces corps qu'il est naturel de regarder comme des corps reproducteurs analogues aux conidies, mais dont je n'ai pas observé la germination. Si on les compare aux conidies et aux oogones qui naissent dans l'inté- rieur des tissus, on peut étre amené à supposer que ce sont peut-étre des formes intermédiaires. Il n'est pas rare de voir des oogones de petite taille qui sont effilés à leur partie inférieure, et d'autre part le mycélium qui les porte se ramifie d'ordinaire en se bifurquant. Ces corps piriformes ne seraient-ils pas des sortes d'oogones se formant exceptionnellement à l'extérieur et ne produisant pas d'oospores? Sont-ils bien de véritables corps reproducteurs aptes à germer comme les conidies? C'est ce qu'il serait trés intéressant de déterminer expérimentalement. Il serait aussi désirable de reconnaitre dans quelles conditions appa- raissent ces corps piriformes. Je ne les ai observés jusqu'ici qu'à Nérac. Ils y ont été vus à plusieurs reprises par M. Fréchou, et j'en crois recon- naitre une imparfaite figure dans les filaments droits et renflés en massue qu'a dessinés-M. Lespiault dans une planche imprimée sur la couver- ture d'une brochure qu'il a publiée à Nérac en 1881 (2). (9 Elles se sont montrées dés Je 20 mai, cette année, à Libourne et à Nérac, sur un _cépage américain, le Jacquez. (2) Les Vignes américaines dans le sud-ouest de la France, par M. Lespiauit. SÉANCE DU 12 JANVIER 1883. : 91 Je viens de reconnaître hier, en examinant un mémoire nouveau sur le Peronospora de la Vigne, que M. Cornu a déposé sur le bureau de la Société d'horticulture (1), que notre confrére a bien vu et trés éxactement figuré ces corps piriformes. L'une de ses figures (pl. I, fig. 2) est si exac- tement semblable à celle que j'ai dessinée d'aprés mes croquis de Nérac, dans une planche qui doit bientôt être publiée dans les Annales de l Insti- tut agronomique, que l'on pourrait croire que le méme échantillon a servi de modéle pour l'une et pour l'autre. M. Cornu ne considére pas ces corps piriformes comme différant autre- ment que par leur taille des conidies ordinaires, qu'il décrit comme étant normalement piriformes allongées et non ovoides. C'est à Port de Bou, sur le versant occidental des Pyrénées, dans un lieu fort aride, que M. Cornu a observé ces « spores relativement énormes». Les oospores ont été observées partout en France depuis deux ans, à l'automne, dans les feuilles mourantes envahies par le Peronospora. En faisant bouillir quelques instants dans une solution concentrée de potasse un fragment de feuille, on obtient des préparations où l’on voit souvent des centaines d'oospores. Elles se développent d'ordinaire ainsi normalement àl'automne, mais on en peut aussi obtenir, par exception, la formation anticipée dés le commencement de l'été, en maintenant dans une atmos- phére humide des feuilles attaquées de bonne heure par le Peronospora. Cette année, le Mildiou a apparu du 10 au 20 mai .dans le sud-ouest de la France, et il a attaqué non-seulement les feuilles, mais les grappes vers le moment de la floraison, et plus tard les grains. En plaçant les jeunes raisins dans les conditions où les oospores se développaient pré- maturément dans les feuilles, on en a pu voir de semblables se former aussi dans les grains. L'examen de nombreuses oospores m'a fait observer une particularité qui n'avait pas encore été signalée dans l'organisation de l'oogone qui entoure la spore durable. Cette dilatation d'un rameau du mycélium, qui n'a pas du reste une forme générale bien constante et se montre tantót globuleuse et tantót ovoide ou méme à peu prés piriforme, n'est pas tou- jours lisse comme on l'a toujours décrit, mais elle est parfois couverte de prolongements filiformes qui sont de trés fines ramifications qui restent simples et ne s'allongent pas beaucoup. La production de ces sortes de poils sur l'oogone n'est pas constante, elle est fort inégale et irrégulière. On les peut considérer, je pense, comme analogues à des rameaux trés fins que l'on voit se développer parfois sur le mycélium, si rapprochés les (1) Étude sur les Péronosporées, par M. Max. Cornu, le Peronospora des Vignes, publiée (en janvier 1883, quoique portant la date 1882) par l’Académie des sciences dans le Recueil des observations sur le Phylloxera et sur les parasitaires de la Vigne. 22 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. uns des autres et en si grand nombre, qu'ils donnent au cordon qui les porte l'apparence d'une plume. C'est principalement dans les raisins que j'ai observé cette trés remar- quable disposition. Le mycélium du Peronospora de la Vigne observé soit dans la feuille, soit dans le fruit, est trés polymorphe. En général, dans la feuille, il est trés ramifié et a des branches courtes fort inégales, tantót resserrées et tantót dilatées, selon la place laissée à leur développement dans l'inter- valle des cellules. Dans le fruit, il est formé le plus souvent de longs tubes rameux qui peuvent étre plus ou moins gros, mais sont ordinairement assez réguliérement cylindriques; par places, cependant, parfois ils se renflent ou s'étendent en lame et portent sur leurs bords une frange de petites ramifications filiformes qui s'étalent sur la paroi des cellules de la pulpe du grain. Le mycélium du Peronospora viticola porte des suçoirs qui plongent dans les cellules le long desquelles il s'étend, mais ces petits organes sont fort difficiles à voir dans les feuilles; on les détruit quand on a recours à l'emploi de la potasse à chaud, méthode si commode pour isoler le mycélium. On les peut au contraire observer trés aisément dans la chair du fruit malade, sans autre préparation que la compression de la pulpe entre deux lames de verre. Ils sont globuleux et se montrent souvent en trés grand nombre. Jusqu'à cette année, l'envahissement des grains du raisin par le mycé- lium du Peronospora n'avait pas été, je crois, positivement observé, bien qu'il se füt produit sans doute déjà en bien des points. En Algérie, l'année derniére, les grappes restées exposées sans abri sur les sarments dépouillés de leurs feuilles par l'invasion printaniére du: Peronospora s'étaient souvent desséchées sans mürir. Il était bien naturel d'attribuer au soleil d'Afrique et au manque de nourriture des plantes épuisées par la perte de leur feuillage la mort et le desséchement des feuilles. Mais cette année, en France, on pouvait aisément trouver sur des ceps attaqués par le Peronospora, mais non dépouillés, des grappes bien abritées contre les coups de soleil, dont beaucoup de grains étaient pro- fondément altérés. Il était impossible d'admettre que dans de telles condi- tions les grains malades fussent grillés par le soleil. J'y cherchai le my- célium du Peronospora, et je ly trouvai en abondance. A l'arriére saison, dans le mois de septembre, j'ai pu infecter des grappes saines de Chasselas en les plaçant dans un milieu saturé d'humi- dité et les recouvrant de feuilles chargées de fructifications de Perono- spora, que je venais de cueillir de grand matin toutes ruisselantes de rosée. Au bout de quelques jours, des taches brunâtres apparaissaient sur les grains, l'infection était opérée. SÉANCE DU 12 JANVIER 1883. 25 Les corpuscules sortis des conidies (zoosporidies) nagent dans les gouttes d’eau qui tombent des feuilles sur les raisins. Portés ainsi à la surface des grains, ils s'y fixent et produisent un tube de germination qui traverse lépiderme du grain comme celui des feuilles, et devient le mycélium qui glisse entre les cellules de la pulpe, y enfonce ses suçoirs, les épuise et les tue. Les cellules attaquées brunissent, puis se desséchent, et forment une tache livide et déprimée, qui grandit et pénètre à l'intérieur des grains à mesure que le mycélium du parasite s'étend davantage. Quand il a gagné la paroi de la cavité où sont les pepins, ne pouvant aller plus avant, il glisse tout le long de la membrane qui la borde jusque dans la cloison qui la divise et méme dans les pepins. Parfois méme il se faitune déchirure dans l'endocarpe, et le mycélium, se glissant alors entre les cellules dissociées, va s'épanouir dans la cavité du grain, oü il prend un trés singulier développement. Il produit de trés nombreuses ramifications fort courtes, qui naissent les unes des autres et forment des masses coralloides d’où sortent çà et là des tubes qui tantôt se ramifient d'unefacon singulière, tout en restant, stériles et tantôt se chan- gent en véritables troncs conidiféres, absolument pareils à ceux qui se montrent à la surface des feuilles atteintes de Mildiou. La présence de fructifications du Peronospora à l'intérieur méme des grains malades fournit une preuve absolue et incontestable de la nature de l'altération qu'ils ont subie. On désigne en Amérique sous le nom de Rot une maladie qui s’attaque aux raisins et cause de graves dommages. On l'attribue à l'invasion des grains par un Phoma, le Ph. uvicola Berk et Curt. I! semble établi que plusieurs maladies différentes sont confondues en Amérique sous ce nom de Rot, comme on y a confondu, sous la dénomi- nation de Mildew, Oidium Tuckeri et le Peronospora viticola. MM. Planchon (1), Cornu (2) et Portes (3) ont pensé que le Rot ou du moins ce qu'on nomme le Rot noir ou Rot sec (Black Rot, Dry Rot), ne differe pas de l'Anthraenose. M. Cornu n'a pas hésité à considérer le Phoma uvicola Berk et Curt, comme n'étant autre chose que la forme à pycnides du Champignon de l’Anthracnose, et M. Portes a désigné les Phoma trouvés en France sur les taches d'Anlhracnose, comme variété spéciale, sous le nom de Phoma uvicola var. Cornui. Un viticulteur français, M. Pulliat (4), fort lié avec un viticulteur de (1) Les Vignes américaines. Montpellier, 1875, p. 54. (2) Maladie des raisins des vignobles narbonnais, in Compt. rend. de l'Acad. des sc. 1877, séance du 23 juillet. (3) De l'Anthracnose, thèse soutenue à l'École de pharmacie en 1879, et réimprimée à Paris, chez Parent, en 1879. (4) Journ. d'agriculture pratique, 1878, t. I, p. 266. 24 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Saint-Louis (Missouri), M. Messner, a insisté sur la différence qu'il y a entre le Rot noir et une autre maladie qui n'attaque que le raisin au moment de la véraison et jusqu'à l'époque de sa maturité, et que l'on nomme le Rot ordinaire ou le Rot gris. « M. Messner, ajoutait-il en 1878, » n'a rien vu dans tous nos vignobles qui ressemble au Rot gris; il ne » pense pas que notre climat soit favorable au développement de cette » maladie cryptogamique qui sévit sur beaucoup de Vignes des Etats de » l'Union. » L'étude que j'ai faite cette année des raisins malades portés par les Vignes atteintes du Mildiou m'a conduit à soupconner que le Rot commun d'Amérique n'était peut-étre pas autre chose que la maladie produite sur les grains par le Peronospora. J'avais recu de M. Farlow des grains de raisin atteints du Rot et récoltés à Saint-Louis (Missouri) par M. Engel- mann. Ils porlaient à leur surface de nombreuses fructifications du Phoma uvicola, que l'on considère comme la cause de la maladie. En traitant ces grains comme je l'avais fait pour ceux qui s'étaient ridés et desséchés sur les Vignes francaises attaquées par le Peronospora, j'ai pu constater avec certitude la présence à leur intérieur du mycélium de ce parasite. D'autres échantillons provenant d’une localité non déterminée de l' Amé- rique du Nord et contenus dans la collection publiée par M. de Thümen, présentaient aussi des Phoma uvicola sur des grains de Clinton. Là encore j'ai pu reconnaitre dans la profondeur du grain le mycélium du Pero- q0$pora. Il me parait donc hors de doute que c'est au Peronospora, et non au Phoma, qu'est due la maladie ordinaire du Rot (Common Rot ou Grey Rot) des Américains. Le Phoma uvicola se développe sans doute sur les grains déjà altérés; il ne joue certainement, à côté du Peronospora, qu'un rôle tout à fait accessoire. Il résulte de ces observations que le Rot ordinaire des Américains est identique à la maladie que l'on a observée en France cette année, pour la premiére fois, sur les grappes des Vignes atteintes du Mildiou. Rot et Mildiou ne sont en réalité que deuxformes d'une seule et méme maladie qui peuvent se développer l'une et l'autre sous le climat de la France comme en Amérique. Toutes deux sont dues au Peronospora uvicola: quand il envahit les feuilles des Vignes, il produit le Mildiou; quand il attaque les grains des raisins, il cause le Rot. M. Chatin a pu constater, dans le courant de l'automne dernier, la présence du Peronospora vilicola sur plusieurs points des envi- rons de Paris, et il a observé que la dénudation des tiges altaquées, qui perdaient trés rapidement toutes leurs feuilles, était le symptóme le plus marquant de la maladie. SÉANCE DU 12 JANVIER 1883. 95 M. Malinvaud a recu la nouvelle que ce parasite avait également causé de grands dommages aux Vignes du Limousin. M. Édouard Lamy de la Chapelle a depuis longtemps constaté sa présence sur les treilles de son jardin, etila été frappé, comme M. Chatin, de la défoliation complàte qui ne tardait pas à se produire sur les ceps attaqués. M. Malinvaud dépose sur le bureau, au nom des auteurs, la com- munication suivante, dont il signale les points principaux: CATALOGUE DES PLANTES VASCULAIRES DE L'ILE DE GROIX (Morbihan), par MM. le D' VIAUD-GRAND-MARAIS et l'abbé GUYON- VARCK. | L'île de Groix, située sur la côte du Morbihan, à environ 10 kilomètres de Port-Louis et orientée de PE. S. E. à rO. N. 0.,a 8 kilomètres de long, de la pointe des Chats à celle de Pen-men, sur 3 kilométres de lar- geur, de l'Enfer au Gripe. La ligne de partage des eaux, dont la hauteur est, au sémaphore de l'ouest, de-46 mètres, va en serpentant du fort Lacroix au grand phare. A l’est, les côtes, relativement basses, présentent quelques plages, et, vers Locmaria et la pointe des Chats, vont se perdre insensiblement dans la mer. Partout ailleurs elles sont élevées et surtout dans les parties S. O., Q. et N. O., où les falaises, abruptes, battues par la mer sauvage, ne sont jamais abandonnées par le flot. Au Trou de l'Enfer, à celui du Tonnerre, à Pen-men, leur escarpement devient vertigineux. Différant complétement de la cóte voisine, qui est granitique, Groix est, comme Belle-Ile, formée d'un micaschiste plus ou moins quartzeux et chargé de grenats. Une autre roche bleu-verdàtre (talcite chloriteux) joue un róle assez grand dans sa constitution, surtout dans la partie occi- dentale. Le sol est assez tourmenté; il forme quelques jolis vallons, en particulier ceux de Saint-Nicolas et celui de Port-Melin. Nulle part il ne présente de dunes, de marais d'une certaine importance, de vases salées, de bois. Quelques Ormeaux se voient dans le Bourg (ou Saint-Tudy), au voisinage de l'église; d'autres végétent misérablement aux villages de Kerdurand et du Méné. ' De minces ruisseaux, presque à sec en été, coulent dans le fond des vallons. Le Froment, l'Orge, ies Pommes de terre et les petits Pois consti- tuent toute la culture, culture faite par sillons trés relevés en dos d'àne et de 4 à 6 métres de largeur. 26 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Cà etlà apparaissent de très petits prés entourés de murs de pierres sèches. La partie orientale, ou Primiture, est labourée jusqu'à la mer; dans la partie occidentale, ou Piwisi, les cultures en sont au contraire séparées par une lisière inculte, souvent de quelques centaines de mètres, et où des vestiges d'anciens sillons sont recouverts d'Ajones et de Druyéres. Groix, malgré les coureaux et les difficultés de l'atterrissage, car elle n'offre aucun port de refuge en cas de mauvais temps, a été à diverses époques visitée par des botanistes éminents. Notre vénéré maitre, M. Lloyd, y descendit en 1838 et en signala les plantes les plus remarquables (1). Le Gall, avocat à Lorient pendant plusieurs années, y fit aussi plusieurs excursions. L'indication de Groix se trouve vingt fois dans la Flore du Morbihan, et sur les vingt plantes citées, trois seulement sont suivies de la lettre N, désignant l'auteur (Vicia lathyroides, Crepis taraxacifolia et Chara nigrescens). La découverte des autres est attribuée à MM. Lloyd et Thépault. M. Thépault, médecin à Port-Louis et grand propriétaire à Groix, y fit en effet de nombreuses herborisations, et nul mieux que lui n'eüt été plus à méme de dresser la liste des plantes de l'ile. Il n'a malheureusement rien écrit, à notre connaissance du moins, et nous ne savons ce qu'est devenu son herbier. M. Godron a publié en 1878 ses Herborisations autour de Lorient, de Port-Louis et à l'ile de Groix, pleines d'intéressantes observations. Il signale à Groix cinquante-neuf plantes comme ayant été recueillies par lui. Le catalogue qui va suivre est le résultat d'herborisations communes faites en mai 1880, et que sont venues compléter de nouvelles recherches entreprises par l'un de nous (M. Guyonvarch) en avril, août et septembre, pendant les vacances qu'il prend chaque année dans son ile natale. | C'est dans ces dernières excursions qu'il a recueilli plusieurs plantes intéressantes et non encore signalées dans l'ile, telles que l'Erodium Botrys, le Lotus parviflorus, l'Isoetes Hystrix et l'Ophioglossum lusi- tanicum. Ranunculus hederaceus L. — Sources à | Ran. Flammula L. — Lieux maréca- Locmaria L. geux ; fossésen partie desséchés(2). — aquatilis L. — Fossés d'anciennes | — sceleratus L. — Port de Loc- fortifications à la pointe des Chats. | ` maria, prés de Kerzausse. — tripartitus DC. — Fossés. — cherophyllos L. — Coteaux arides. (1) Voyez Flore de l'Ouest, par J. Lloyd, 3* édit. è 6 Nous n'avons rencontré nulle part le R. ophioglossifolius Vill., si commun à l'ile SÉANCE DU 12 JANVIER 1883. 27 Ranunculus Boreanus Jord. — Prés. — repens L. — Fossés desséchés. — bulbosus L.— C. dans les prés et les landes; représenté surtout par une forme naine ; offre des exem- plaires à fleurs blanches, prés du phare de l'ouest. — Philonotis Retz. — Comm. dans les champs et surtout dans les dépres- sions séparant les larges sillons de culture. — parviflorus L. — Petit ravin à la cóte au N. de Crohet et à Saint- Nicolas. Ficaria ranunculoides Roth.—Bords des fossés, prés, sillons de culture. CC. Papaver Rhœas L. — Champs. C. — dubium L. — Champs et sables du fort Lacroix. — Argemone L. — Moissons. — hybridum L.— Moissons, mélé au précédent. Glaucium luteum Scop. — Coteaux pier- reux et sables au fort Lacroix, Port- Melin, Port - Milite, Saint - Nico- las, etc. Fumaria Boræi Jord. — C. dans toutes les moissons. — confusa Jord. —Sur le talus d'un chemin creux, proche de l'usine Jégo, à Port-Lay. — officinalis L. — Moissons prés de la mer, du fort Lacroix à Locmaria. — speciosa Jord. — Côte de Stauran. Raphanus Raphanistrum L. a. àfleurs blanches veinées de violet. Sommet de la cóte vers Locmaria. €. à fleurs jaunes non veinées. Mois- sons surtout vers le S.-E. de l'ile. Brassica Cheiranthus Vill.— Falaises à Port-Tudy et à Port-Lay. Sinapis nigra L. — Moissons. — arvensis L. — Moissons. — — var. à silique couverte de poils réfléchis. — Mémes lieux. Sisymbrium officinale L. — Décombres. Matthiola sinuata R. Br. — PC. Sables du fort Lacroix (1). Arabis Thaliana L. — Champs et murs. Plante trés polymorphe. Cardamine pratensis L. — Prés hu- mides. — hirsuta L. — Murs. Nasturtium officinale B. Rr. — Sources et ruisseaux. AC. Cakile Serapionis Lobel. — Sables des petites plages N.-E., E. et S. E. Cochlearia danica L. — TC. Rochers maritimes, pied et sommet des murs de toute l'ile, toits de chau- me, etc. Draba verna L. — Murs. Lepidium Smithii Hooker. — AC. Talus des chemins. — ruderale L. — Pied des murs à Port- Lay. Capsella Bursa-pastoris Mænch.—Mois- sons, CC. Plante extrémement va- riable et offrant des formes assez distinctes. Coronopus Ruellii Dalechamp. — Bords des chemins. Helianthemum guttatum Mill. var. ma- ritimum — TC. sur les pelouses séches, surtout au voisinage de la mer. Viola Riviniana Reich. — Landes. — lancifolia Thore.— Landes. — tricolor L. var.nana. — Sables du fort Lacroix, pelouses et haut des falaises. — — var. segetalis.— Moissons. Reseda Luteola L. — Décombres, lieux pierreux. Polygala vulgaris L. var. oxyptera. — Coteaux maritimes AC. — depressa Wender.— Landes maréca- geuses. Frankenia levis L.—AC. Rochers de la cóte sud. (1) Nous avons cherché en vain le Matthiola oyensis Mén. et V. G. M., de l'ile d'Yeu. 28 Dianthus prolifer L.—Sables du fort Lacroix, falaises de Port-Lay et de Port-Tudy. Silene maritima With.—C. sur les fa- : laises de la côte S.-O. — — var. montana Arrond.— Vallon de Saint-Nicolas. — inflata. Smith. — Vallon de Saint- Nicolas; moissons et falaises de la cóte E. — gallica L. — Moissons et falaises de la côte E. Lychnis Flos-cuculi L.— Prés humides. — vespertina Sibth.— Pied des murs. Sagina procumbens L.—Murs et champs. — apetala L.— Mémeslieux. — patula Jord. — Lieux sablonneux. — maritima Don.—Coteaux maritimes. Spergula subulata: $w.— CC. Pelouses. — vulgaris Boenn.— Champs. Arenaria serpyllifolia L.— Murs. — var. Lloydii Jord.—Sables proche . ]efort Lacroix. , — peploides L.—Plage du fort Lacroix, où il fleurit et fructifie parfaite- ment. | — rubra Wahl.—Lieux arides, bord des chemins. -- marina Roth.—Rochers maritimes. — — f. rupestris, à grosse racine vi- vace.— Port Saint-Nicolas. Stellaria media With.— AC. — — var. apetala.—Murs au bourg de Saint-Tudy. — graminea L.— Prairies, pied des murs, à Kergatonarn. Monchia erecta Ehrh.—Pelouses. Cerastium glutinosum Fries.—Falaises. — glomeratum Thuil.—Lieux sablon- neux. — triviale Link.—Bord des haies et des chemins. — semi-decandrum L.— Sables de Port- Milite. — tetrandrum’ Curt. — Pelouses des falaises. Linum angustifolium Huds.— Landes (1) — catharticum L.—Bruyères. (1) Le Lin, Linum usitatissimum L., était autrefois cultivé à Groix, de l'être depuis une vingtaine d'années. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Radiola linoides Gmel.—Landes. Malva silvestris L.—C. au pied des murs, prés, décombres. — moschata L.—Prés à Kerlivio, près de la fontaine de l'Oracle. — nicæensis Cav.—Bord des chemins, prés du couvent. — rotundifolia L.—Chemins. Lavatera cretica L. (Malva mamillosa Lloyd, Flore de l'Ouest, 1'° édit.). — Indiqué par Godron sur les fa- laises de Port-Lay. Trés facile à confondre à première vue avec le Malva silvestris. Hypericum tetrapterum Fr.—Vallon de Port-Melin. — perforatum L. — Haies, chemins. — humifusum L.— Champs aprés k la moisson. — linearifolium Vahl.—Coteaux mari- times. Androsæmum officinale AIL. — Brous- sailles, falaise de Port-Tudy. Helodes palustris Spach.. — Vallon de Port-Melin, lieux marécageux. Geranium molle L.— C. — columbinum L.—Décombres. — dissectum L.—Haies, — rotundifolium L.— Pied des murs. — Robertianum L. var. purpureum 'Vill.—Dans les haies fraîches. — Erodium cicutarium L’hér. var. minu- tilorum Godron.— Dunes du fort Lacroix. — moschatum L’hér.—-Talus des che- mins, murs. AC, — maritimum Smith. —Falaise de Port- Lay, au pied d’un mur au bas de Kermarec, Stanq-er-Melan, Port- Milite, pointe des Chats, etc. — Botrys. Bert. — Sommet du coteau nord du vallon de Saint-Nicolas, fin d'avril. Oxalis corniculata L.—Jardins, murs à Loqueltas, Locmaria, etc. mais il a cessé ‘ SÉANCE DU 12 Evonymus europæus L.—Falaise S. E. du fort Lacroix. Ulex europæus L.—Landes. Est mangé faute de mieux par les chevaux, qui le piétinent avant de le mettre sous leurs dents. ' Sarothamnus scoparius Koch.—C. Pré- sente une forme à fleurs complète- ment blanches, mais jaunissant par dessiccation dans l'herbier. Ononis repens L., var. non épineuse. Medicago denticulata Willd.—Champs sablonneux. — apiculata Willd.—Mémes lieux. — maculata Willd.—Prés. — Lupulina L.— Sables maritimes (1). Melilotus alba Desf.— Prairie artifi- . A cielle à Crayet. Trifolium glomeratum L. — Coteaux arides. repens L.— Bord des chemins. scabrum L.—Fort Lacroix. fragiferum L. — Pelouses bord des chemins. C. . subterraneum L.— CC. sur toutes les pelouses. incarnatum L.— Cultivé, mais en petite quantité. l — var. Molinerii Balbis. — PC. Prés. arvense L.— Champs en friches. . — var. perpusillum DC.—Falaises du sud dans les mêmes conditions qu'à l'ile d'Yeu. pratense L.—Bord des chemins. Sur la paroi verticale de Port-Tudv, il offre des pieds à fleurs compléte- ment blanches. 2 resupinatum L.—Pelouses des bords de la mer. | campestre Schreb.— Sillons. minus Smith.— Sur les pelouses. patens Schreb.—Pelouses (Godron). Lotus corniculatus L. — Pelouses. — uliginosus L. — Prés marécageux. sèches, JANVIER 1883. 29 Lotus angustissimus L.— Fort Lacroix. — hispidus Lois.— Coteaux arides. — parviflorus Desf. — Falaises mé- ridionales; plateau au N. O. de Stauran; Saint-Nicolas; C. côte E., près de lusine Jégo, à Port- Lay. Ornithopus perpusillus L.— C. sur les pelouses. — ebracteatus DC.—Bord du chemin, prés du moulin de Kerclavisic ; pla- teaux de la cóte sud. Vicia lutea L.— Haies et moissons. — angustifolia Roth.—Moissons. — Cracca L.— Fort Lacroix; falaise E. de Port-Tudy; haie près de Kerlard. — lathyroides L.— Pelouses. Ervum hirsutum L.— Champs. Prunus spinosa L.— Haies. Spiræa Filipendula L.— Environs de Port-Lay (Lloyd, 1838). Rubus fruticosus L.— Haies. Potentilla reptans L.— Pâtures. — Anserina L.— Fossés desséchés. Tormentilla erecta L. — Pelouses. Agrimonia Eupatoria L.— Coteaux her- beux, falaises. Alchemilla arvensis Scop. — Champs. Poterium dictyocarpum Spach.—Sables du fort Lacroix, coteaux herbeux. Rosa pimpinellifolia L.— Sables du fort Lacroix, rochers de Saint-Nicolas. PC. | — canina L.,— Pied des murs (2). Epilobium parviflorum .With. — Lieux humides. — tetragonum L.— Fossés desséchés. Lythrum Hyssopifolia L. — CC. Parties humides des champs. — Salicaria L.— Cóte humide du Gro- gnon. | (1) Le Medicago sativa L. forme quelques rares prairies artificielles. [n (2) Dans les jardins, on cultive diverses variétés de Poiriers, Pruniers, Cerisiers, Pé- chers et Abricotiers. Ces arbres sont assez vigoureux et donnent d'excellents fruits, sur- tout s'ils sont protégés contre le vent et bien appuyés. 30 Peplis Portula L. — Fossés. Tamarix anglica Webb. — Quelques pieds au Bourg, au grand phare, au Stanq. Portulaca oleracea L.— Champs à Ker- marec, à Saint-Nicolas, à Kerlard. Montia fontana L. — Bord des: sources, dans les vallons: — var. minor.—Lieux sablonneux. Corrigiola littoralis L. — Champs sa- blonneux. Herniaria glabra L.— Mêmes lieux. — — var. ciliata Bab. — Sables ma- ritimes. Polycarpon tetraphyllum L.— Moissons et lieux sablonneux. Scleranthus annuus L.— Lieux sablon- neux. Sedum anglicum Huds.—Murs, rochers. — acre L.— Murs et sables maritimes PC. Umbilicus pendulinus DC.— Murs. CC. Saxifraga tridactylites L.— Sables ma- ritimes à Port-Milite. — granulata L.—Falaises de Port-Tudy à Port-Lay. Hydrocotyle vulgaris L. — Bord des sources. Eryngium campestre L. — Pelouses voisines des côtes. C. — maritimum. L.— Sables maritimes PC. Bupleurum tenuissimum L.—Pelouses sèches, près de Port-Lay et à Stanq- er-Melan. Scandix Pecten-Veneris L.— Toutes les moissons. Chærophyllum temulum L.— Haies. Torilis nodosa Gertn.—Décombres, fort Lacroix. — helvetica Gmel.— Moissons. Daucus Carota L.— Prés, terrains in- cultes. — gummifer Lamk. — Rochers mari- times. Apium graveolens L.— Bord des sour- ces et rochers humides. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Conium maculatum L.— Décombres. Smyrnium Olusatrum L. — Décombres, au Bourg, à Kergatouarn, etc. Helosciadium nodiflorum var. ochrea- tum DC.—Ruisseau prés de Loc- maria. Carum verticillatum Koch. — Prés humides. Œnanthe crocata L. — Bord des ruis- seaux. — peucedanifolia Pollich. — Prés hu- mides. Fœniculum officinale All.— Lieux pier- reux, aufort Lacroix, Kerzouet, etc. Crithmum maritimum L. — Rochers recevant les embruns. | Heracleum Sphondylium L.— Haies. Hedera Helix L.—Rochers, vieux murs. Sambucus nigra L.— Haies. — Ebulus L.— Dans les champs, d’où l'on ne peut le faire disparaitre. Lonicera Periclymenum L. — Murs, rochers. Rubia peregrina L.— Cóte est de Port- Milite. Galium arenarium DC.— Dunes du fort Lacroix. — — verum L.— Bord des chemins. — Mollugo L.— Mémes lieux. — palustre L.— Lieux marécageux. Sherardia arvensis L. — Champs. ValerianellaolitoriaMænch.—Moissons. — carinata Lois.— Moissons C. — erniocarpa Desv. — Moissons à Loc- maria. — Auricula DC.—Moissons à Locmaria. Dipsacus silvestris L.—Bord des routes. Scabiosa arvensis L.— Pâtures. Eupatorium cannabinum L. — Prés de la source dite minérale. Bellis perennis L.— Partout (f. parvi- flora). Inula Conyza DC.— Fort Lacroix. — dysenterica L. — Bord des chemins. — Pulicaria L.— Lieux inondés, bord des chemins. SÉANCE DU 12 Inula crithmoides L. — Rochers mari- times. — graveolens Desf.— Moissons. Gnaphalium uliginosum L.— Lieux inon- dés l'hiver. — ]uteo-album L.— Moissons. Filago germanica L., var. lutescens Jord. — Moissons. — gallica L.— Champs. Achillea Millefolium L.—Lieuxincultes. — — var. à fleurs rouges. — — — candicans Le Gall. — Co- teaux maritimes. Artemisia vulgaris L.— Kerbus. Tanacetum vulgare L.— Prés du moulin de Saint-Sauveur. Matricaria Chamomilla L.— Moissons. Anthemis nobilis L.— Pelouses. CC. — Cotula L. — Moissons. C. Chrysanthemum segetum L. — Mois- sons. — inodorum L.—Champs cultivés. — — var. maritimum, Bab. — Sables maritimes. — Parthenium Pers.— Moissons. — Leucanthemum L.— Prés. Senecio vulgaris L.— C. — silvaticus L.— Champs. — Jacobæa L. — Bord des chemins. Cirsium lanceolatum Scop. — Bord des chemins. — anglicum Lobel.— Pelouses maréca- geuses. — palustre Scop.— Marais. — arvense Scop. — Sillons. Carduus tenuiflorus Curt. — Dord des chemins. — nutans L.— Mémes lieux. Carlina vulgaris L.— Mêmes lieux. Kentrophyllum lanatum DC. — Coteaux arides. Lappa minor DC.— Décombres. Centaurea pratensis Thuil.— Landes. — — var. à fleurs blanches. — Calcitrapa L.—Bord des chemins, surtout au voisinage de la mer. — Cyanus L.—Moissons. Scorzonera humilis L. — Pelouses ma- récageuses. Cichorium Intybus L. — Locmaria, au pied des murs. Hypochoeris radicata L.— Prés. JANVIER 1883. 31 Hypocheris glabra L. — Pelouses. — — f. nana.—Offre sur les pelouses des falaises des échantillons de 2 à 3 centimétres de haut. Leontodon autumnalis L.— Pelouses. Thrincia hirta Roth.— Mémes lieux. Taraxacum officinale L.— Mémes lieux. Helminthia echioidesGertn. — Pied des murs à Locmaria. Sonchus arvensis L.— Moissons. — oleraceus L.— Terres cultivées. — asper Vill. — Mêmes lieux. Crepis taraxacifolia Thuil.—Falaise de Port-Tudy (Lloyd). — virens Vill. et var. diffusa DC. — Sables maritimes. Hieracium umbellatum L.— Falaises. — Pilosella L.— Bord des chemins, pà- tures. Jasione montana L.—Lieux sablonneux. — — var. maritima.— Falaises de la cóte ouest. Wahlenbergia hederacea Reichenb. — Pelouses humides. Erica vagans L.—Terrainsincultes vers la pointe de Pen-men, à environ 200 m. au nord du grand phare. — ciliaris L.— Indiqué par Godron, mais non retrouvé par nous. — cinerea L.— Landes. CC. Calluna vulgaris Salisb.— Landes. Vinca major L.—Kerigant, échappésans doute des cultures. Erythrea maritima Pers. — Coteaux maritimes. — Centaurium Pers.— Pâturages. Cicendia filiformis Delarb. — Landes. Chlora perfoliata L. — Lieux sablon- neux (Thépault). Fraxinus excelsior L.— Quelques pieds au bourg de Saint-Tudy. Convolvulus sepium L.— Haies. — Soldanella L. — Sables du fort La- croix. — arvensis L.—Champs et terres cul- tivées. Cuscuta minor DC. — Sur les Ajoncs. 32 Lycopsis arvensis L.— Champs incultes, murs. Myosotis repens Don.—Vallon de Saint- Nicolas. — hispida Schlecht.—Partiesherbeuses . des falaises. Cynoglossum officinale L.— A Stanq-er- Melan. ; Solanum Dulcamara L. — Haies, dé- combres. — nigrum L.— Sables, décombres. Hyoscyamus niger L. — Sables à Loc- maria et décombres du vieux phare de l’ouest, aux environs du Trou du Tonnerre. Verbascum virgatum With. — Chemins. — Thapsus L.—Fort Lacroix. Scrofularia nodosa L. — Au pied des murs, lieux humides. Antirrhinum Orontium L. — Champs | cultivés. Linaria spuria Mill.— Sillons. — Elatine Mill.— Moissons. — vulgaris L.— Au pied des murs.Cette plante offre souvent une pélorie terminale arrétant le développe- ment de l'épi, et dans laquelle la fleur, devenuerégulière, est munie de cinq éperons. — arenaria DC. Milite. Veronica Beccabunga L.— Fossés prés de Kerlard. — serpyllifolia L.— Champs cultivés. — arvensis L.— Mêmes lieux. — agrestis L.— Terres cultivées, jar- dins. — polita Fries.— Mémes lieux. — hederifolia L.— Terres cultivées. Pedicularis silvatica L. — Landes hu- mides. Trixago Apula Ster.— Falaise entre Port-Lay et Port-Tudy (D' Thé- pault); abonde surtout sur les fa- laises, à l'est de Port-Tudy. Sibthorpia europæa L.— Haies fraîches. Eufragia viscosa Gris. — Prés humides. Odontites verna Reich.— Sillons. Euphrasia officinalis L.— Pelouses. Sables de Port- SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Orobanche minor Sutt.—Sur les Tréfles et diverses autres plantes. Mentha rotundifolia L. — Fossés hu- mides. | — aquatica L.— Fossés. — Pulegium L. — Lieux inondés l'hi- ver. Salvia verbenaca L.—Bord des chemins. Thymus Serpyllum L. — Pâtures. Pré- sente une variété à fleurs complé- tement blanches. — Chamædrys Fries.— Mêmes lieux. Calamintha ascendens Jord. (C. men- thæfolia Host). — Pied des murs. Glechoma hederacea L.— Sur les murs et à leur pied. Lamium amplexicaule L.— Champs et sables maritimes. — — forme naine à grandes fleurs. Talus du fort Lacroix. — purpureum L. — Champs cultivés. — incisum . Willd. — Mêmes lieux. Stachys arvensis L.— Jardins. Betonica officinalis L.—Terres incultes. — — var. à fleurs blanches. Marrubium vulgare L. — Lieux pier- reux, à Port-Melin. Leonurus Cardiaca L. — Décombres et haies prés des villages. Est utilisé contre les palpitations cardiaques; provient peut-étre d'anciennes cul- tures. Origanum vulgare L. var. prismati- cum Gaud. — Décombres au fort Lacroix. Teucrium Scorodonia L.— Murs. Scutellaria galericulata L.— Pied des murs, landes humides au vallon de Saint-Nicolas. Ballota nigra L.— Décombres. Brunella vulgaris L. — Prés. Verbena officinalis L. — Bord des che- mins. . Primula grandiflora L.— C. sur les côtes herbeuses du nord. Anagallis arvensis L. — Champs et jar- dins. | — — var. punicea — CC. — — — cærulea,— R. -SÉANCE DU 12 Anagallis tenella L.-- Lieux marécageux. Centunculus minimus L. — Lieux inon- dés l'hiver. Samolus Valerandi L. — Bord des sources; voisinage de la mer. Glaux maritima L.— Lieux humides sur le bord de la cóte. Statice Limonium L.—Rochers recevant les embruns, cóte est. Armeria maritima Willd. — Falaises et landes exposées aux embruns. Pré- sente assez fréquemment une va- riété à fleurs blanches. Plantago major L.— Bord des chemins. — lanceolata L.— Prés. — — var. lanuginosa.—Dunes du fort Lacroix. carinata L. — Falaises de la cóte sud. Coronopus L. — Bord des chemins. — forme à feuilles à peine décou- pées, sur le haut des falaises. Salsola Kali L.— Sables atteints par les grandes marées, fort Lacroix, Loc- maria. Chenopodium murale L. — Décombres, — album L.— Lieux cultivés. — Vulvaria L. — Mémes lieux. Atriplex littoralis L.— Bord de la mer à Locmaria. — crassifolia Meyer. — Petites plages sablonneuses. — portulacoides L. — Locmaria. — angustifolia Smith. — Sillons. — latifolia Wahl. — Fossés. Beta maritima L.— C. sables maritimes, falaises, pied des murs. Polygonum Persicaria L. — Lieux hu- . mides. — Hydropiper L.— Lieux humides. — maritimum L. — Sables à la pointe des Chats. 33 Polygonum aviculare L. — Sillons, che- mins. Offre des formes assez dis- tinctes et est peut-être la plante la plus répandue. Rumex crispus L. — Champs. — pulcher L. — Bord des chemins. . . — obtusifolius L. — Mémes lieux. — rupestris Le Gall. — Falaises de - Port-Lay. — Acetosa L.— Prés. — Acetosella L. — Prés et champs. JANVIER 1883. Laurus nobilis L. — Cultivé dans quel- ques jardins. Ne parait pas avoir souffert du rude hiver de 1879-80. Euphorbia helioscopia L. — Cultures. — Paralias L. — Sables maritimes. — portlandica L. — Falaises — exigua L.— Cultures. — Peplus L. — Jardins. Mercurialis annua L. — Jardins (1). Callitriche stagnalis Scop. — Fossés. Urtica urens L. — Au pied des murs et le long des chemins. — dioica L.— Mêmes lieux. Parietaria officinalis Smith (P. diffusa Godr.). — Puits et murs. Ulmus campestris L. — Le seul arbre offrant une végétation un peu vi- goureuse. Il présente au bourg de Saint-Tudy des pieds d’environ 15 mètres d'élévation (2). Salix cinerea L. — Lieux frais, bord des . ruisseaux. Quercus Robur L.—Quelques pieds ra- bougris à Port-Lay et au cimetière. Populus nigra L.— Quelques pieds au- tour du presbytére et au bord d'un ruisseau. (1) Le Buxus sempervirens L. est cultivé en bordures dans les jardins. (2) Les Figuiers (Ficus Carica L.) se développent assez bien quand ils sont abrités, mais n'atteignent nulle part les grandes proportions qu'ils présentent à l'ile d'Yeu et surtout à Noirmoutier. Les Figuiers mürissent à Groix en septembre, et offrent deux variétés, l'une à fruits jaunes et l'autre à fruits rouges. T. XXX. i (SÉANCES) 3 34 Taxus baccata L.—Un pied ou deux au cimetière. Alisma Plantago L.— Ruisseau du val- lon de Kerlard ; à Saint-Nicolas, etc. — ranunculoides L. — Vallon de Saint- Nicolas, etc. Triglochin palustre L. — Stanq-er-Me- lan, etc. Scilla autumnalis L. — Falaises. CC. Allium vineale L. — Falaises. — — var. blanche assez remarquable. — sphærocephalum L. — Côte de Stau- ran. — paniculatum L.— Murs au Bourg. Endymion nutans Du Mort. — Coteaux de l'intérieur. Ruscus aculeatus L.— Rochers du yal- lon de Port-Melin. Juncus maritimus Lamk. — Sables ma- ritimes. conglomeratus Ł.—Lieux humides. effusus L.— Mêmes lieux. glaucus Ehrh. — Mêmes lieux. capitatus Weig. — Landes et coteaux maritimes. — Gerardi Lois.— Bord de la côte au sud de l’Austreven. — bufonius L. et var. fasciculatus. Bert.— Au fond des grands sillons des champs cultivés. Romulea Columnæ Sebast. — Pelouses et falaises du sud. Iris pseudo-Acorus L. — Marécages. — fœtidissima L.— Haies, lieux pier- reux. Orchis Morio L. — Pelouses. Présente une variété à fleurs blanches. Spiranthes autumnalis Rich.—Pelouses séches. Potamogeton natans L. — Ruisseaux à Saint-Nicolas, Stanq-er-Melan, etc. Lemna minor L.— Fossés de marais. Arum italicum .L. — Haies. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Sparganium ramosum Huds.— Vallon de Kerzouet. : Cyperus longus. L.— Marais à Port- Melin, à Loemaria, à Kerzouet, etc. — flavescens L.— Vallon de Port- Melin. Heleocharis palustris R. Br. — Marais. — acicularis R. Br. — Marais. Scirpus setaceus L. — Marais. — Savii Seb. — Sources près de la mer. — maritimus L.— Marais. Carex divisa Good.—Prés humides vers Locmaria. — praecox Jacq. — CC. Landes. — distans L.— Lieux marécageux à Stanq-er-Melan. Phalaris minor. Retz. — Moissons et champs cultivés à Kerigant, etc. Anthoxanthum odoratum L. — Prés. — aristatum var. Lloydii Jord. — C. sur les falaises du sud. Alopecurus bulbosus L. — Prés. — geniculatus L. — Prés, Phleum arenarium L. — Sables du fort Lacroix. Mibora minima Desv.—Dunesetchamps cultivés. Cynodon Dactylon Pers. — Champs et sables maritimes. Panicum sanguinale L. — Jardins. — Crus-galli L.—Bord des eaux. Gastridium lendigerum Gaud. — Mois- sons: . Aira caryophyllea L. — Murs, lieux sa- blonneux. — præcox L.— Pelouses. Holcus lanatus L.— Prés, C. Arrhenatherum bulbosum Presl. — Prés. , Avena flavescens L. — Fort Lacroix, Lomener, côte prés de Stauran. ` Melica cærulea L. — Vallon de Saint- , Nicolas, etc. Briza minor L. — Champs en friche, sillons. Poa trivialis L. — Prés. — annua L. — Partout. — bulbosa L. — Sables maritimes. Glyceria fluitans R. Br. — Fossés. SÉANCE DU 12 JANVIER 1883. Glyceria procumbens Smith. — Che- mins. Cynosurus cristatus L. — Pelouses CC. — echinatus L. — Falaises prés de Port-Lay. Dactylis glomerata L. — Prés. — — var. hispanica DC. — Falaises. Festuca uniglumis Ait. — Sables du fort Lacroix. — pseudo-Myuros Soy. Will. — Lieux secs. — sciuroides Roth. — Champs et prés. — duriuscula L. — CC. Pelouses, co- teaux arides. — — var. glauca Lamk. — Coteaux maritimes. — rigida Kunth. — Lieux sablonneux. Bromus racemosus. L. — Prés. — mollis L.— Prés. — molliformis Lloyd. — Sables mari- times. — rigidus Roth. — Lieux sablonneux. — sterilis L. — Murs. Brachypodium silvaticum P. B.—Haies. — pinnatum P. B. — Haies. Triticum junceum L. — Sables du fort ` Lacroix. —- repens L.—Bord des chemins, lieux, sablonneux (1). Hordeum murinum Z. — Bord des che- mins. 35 Hordeum maritimum With. — Prés et bord des chemins. Equisetum arvense L. — Couvre les sillons vers Monstéro. Isoëtes Hystrix Dur. — C. sur le versant S. O. d'un ancien sillon, à 50 pasau sud de l'enclos du phare del'ouest, et sur les falaises du sud, principa- lement au sud du Trou de l’Enfer. Ophioglossum lusitanicum L.—Falaises du sud à Stanq-er-Melan. Osmunda regalis L. — Anfractuosités du Trou de l'Enfer. Polypodium vulgare L.—Rochers, vieux murs. Polystichum spinulosum DC.—Champs humides et vallon de Saint-Nicolas. Asplenium marinum L. — Grottes e fentes des rochers maritimes. — Adiantum-nigrum L. — Rochers. — lanceolatum Sm.—Vallon de Saint- Nicolas. Pteris aquilina L. — Champs. Blechnum Spicant Roth. — Vallon de Saint-Nicolas. Chara nigrescens Le Gall. — Saint-Tudy (Le Gall). Le nombre des plantes vasculaires de Groix s'éléve donc à 470 envi- ron. Des herborisations plus suivies, faites surtout parmi les moissons en juin et juillet, feraient bien probablement monter ce chiffre à 500 au moins. Les Lichens seront l'objet d'un autre travail, et, sur ce dernier point, la flore de Groix, tout en offrant de grandes affinités avec celle de l'ile d'Yeu, présente aussi de notables différences. M. Malinvaud fait remarquer qu'il est intéressant de voir figurer, dans l'énumération des plantes de l'ile de Groix, quelques espéces classées ordinairement dans la catégorie des calcicoles: Scandix Pecten-Veneris, Kentrophyllum lanatum, Linaria spuria, etc., (1) Trois variétés de Triticum vulgare Vill. ou. de Blé-Froment sont cultivées dans l'ile, l'une mutique, T. hybernum L., l'autre aristée, T. æstivum L., la troisième aristée, à épis bleuâtres et quadrangulaires. 36 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. associées à d’autres en plus grand nombre, qu’on range habituelle- ment parmi les silicicoles: Ranunculus hederaceus, Helianthe- mum guttatum, Helodes palustris, Trifolium subterraneum, Carum verticillatum, etc. M. Bureau dit que plusieurs plantes calcicoles sont abondantes dans toute la région maritime, parce que l’élément calcaire dont elles ont besoin leur est fourni, à défaut du sol, par les débris de coquillages. M. Maxime Cornu fait hommage à la Société de deux volumes de mémoires publiés sous les auspices de l'Académie des sciences et qui ont pour titre général : Observations sur le Phylloxera et sur les parasitaires de la Vigne. Le premier de ces volumes renferme une étude sur le Meunier des Laitues (Peronospora gangliiformis Berk.), et le second est formé par un important mémoire sur le Peronospora des Vignes. M. Cornu distribue aux personnes pré- sentes des exemplaires des planches qui accompagnent le texte et montrent les détails de l’organisation de ces Péronosporées, ainsi que les altérations déterminées sur la Vigne par le Perono- spora viticola ; puis il fait à ce sujet la communication suivante : RECHERCHES SUR LES PÉRONOSPORÉES, par M. Maxime CORNU. J'ai l'honneur d'offrir à la Société les deux mémoires composant une Étude sur les Péronosporées, mémoires rédigés depuis plusieurs années et que les lenteurs de l'impression et des planches ne m'ont permis d'ob- tenir que dans ces derniers temps. n La première partie avait été distribuée déjà l'année dernière à la com- “mission supérieure du Phylloxéra, au mois de janvier 1882. La seconde partie a été livrée ces jours-ci, quoique l'impression eût été commencée dés le mois de mai 1881 et que les placards eussent été ter- minés en juin de la méme année. La premiére partie est relative au Meunier des Laitues (Peronospora _gangliiformis). Les conclusions du mémoire sont, en substance, les suivantes (il s’agit ‘des cultures d'hiver qui se font sous châssis et sont très rémunératrices). Il parait impossible de s'opposer à l'action du Peronospora par un ‘traitement direct; il semble plus efficace d'isoler les cultures de la con- tamination. On y parvient en n'employant que des germinations de Laitues SÉANCE DU 12 JANVIER 1883. : 37 bien saines et pures de tout germe; en cultivant les plantes dans du terreau neuf, et en sarclant exactement les environs des cultures. - La conservation des oospores dans le sol et l'apport des conidies venant de plantes attaquées (Artichauts, Laiterons, Senecons, Laitues) constituent le mode d'infection le plus fréquent. Dans les terrains neufs on peut cultiver les plants de Laitue à l'abri de toute affection. Ce mémoire renferme de nombreux détails sur la culture des Cryptogames et sur les conséquences que l'ensemencement des Cryptogames permet de tirer pour les procédés de l’agriculture (sarclage, écobuage, repiquage,' assolements, etc.). | . La seconde partie de eette étude renferme un mémoire sur le Perono- spora de la Vigne. Ce Champignon est trés redoutable. Je l'ai signalé dés 1873 à la vigilance des viticulteurs, et plusieurs fois, devant la Société; jen ai parlé de nouveau avant son apparition en Europe. Aujourd’hui le Peronospora existe du nord au sud de la France; je l'ai constaté à la limite de la culture de la Vigne, non loin de Gisors, en un point où le raisin ne mürit qu'en serre. Il se montre méme dans les parties les plusséches du climat méditerranéen: auprès de Narbonne, dans une localité où il n'a plu qu'une seule fois au milieu d'avril; malgré une sécheresse extraordi-: nairement prolongée, le Peronospora existait, masqué, il est vrai, mais sur le plus grand nombre des feuilles. Il a causé de grands dégâts par toute la France; du nord au sud, jusqu'au climat méditerranéen, qui a été en partie épargné. Dans ce mémoire est rapportée la bibliographie francaise, aussi com- pléte que possible, et la bibliographie étrangére que j'ai pu rassembler sur le parasite; la synonymie, le renvoi aux collections, ont été signalés; les preuves de l'indigénat, récent en Europe, sont fournies. On y trouvera le résumé des principaux mémoires publiés sur ce sujet. Une question importante est soulevée, celle de la réapparition du Peronospora à la fin de l'été. Il parait certain que le Champignon ne séjourne pas dans la plante, mais qu'il y est annuel et tombe avec les feuilles. Ces feuilles sont malheu- reusement chargées d'oospores, et ce sont ces oospores qui sément de nouveau le parasite. Je me suis proposé d'expliquer comment de là le Peronospora peut se reporter sur les feuilles de nouveau. M. de Bary indique la germination des oospores du Cystopus candidus en zoospores. Si c'était la seule qui existàt, les zoospores ne pourraient atteindre que les feuilles des rameaux retombant sur le sol ; or, dans la plupart des vignobles, les rameaux sont dressés. Il faut donc que les coni- dies viennent d'ailleurs. En se fondant sur ce qui se passe dans les Saprolégniées, dont les 38 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Péronosporées ne sont qu’un sous-groupe, il est probable que l'oospore germe non seulement en zoospores, mais qu’elle peut encore parfois, en germant, émettre un filament qui se couvre de zoosporanges (conidies). Cela était écrit et imprimé depuis longtemps, lorsqu'une note de M. Millardet a paru dans le Journal d'agriculture pratique de M. Lecou- teux. Ce savant exprime l'idée que les zoospores, issues de la germina- tion de l'oospore, doivent nécessairement pénétrer dans les cotylédons des plantules de graines de Vigne en germination. ]l y a plusieurs objections à faire à cette manière de voir. L'une d'elles est que les germinations de graines de Vigne sont rares dans les cultures, malgré le nombre considérable de graines qui tombent des rameaux. Il faut, pour que la graine se développe, la réunion de conditions qui sont peu fréquemment remplies dans la nature, si ce n'est dans les bois et dans les haies, où les Vignes sauvages (Lambrusques) se rencontrent quelquefois. La question des traitements est indiquée d'une maniére théorique, et le probléme est posé de la façon la plus large et la plus générale. Une com- paraison est établie entre trois Peronospora, celui des Laitues, celui de la Vigne et celui de la Pomme de terre. Ce chapitre, trés général, est destiné à montrer -quelle est la méthode qui permettrait de suivre une marche réguliére pour la recherche des traitements. | : Le premier de ces deux mémoires a été rédigé il y a plus de quatre ans, avant que le Peronospora de la Vigne fût introduit en Europe; il a été fait dans le but de se préparer aux études qu'un sujet si difficile com- porte. Le second est, pour ainsi dire, le développement du premier. Il serait intéressant de serrer de plus prés les études sur le Peronospora de la Pomme de terre, qui a été l'objet dans ces derniers temps de recherches théoriques ou pratiques importantes. SÉANCE DU 26 JANVIER 1883. 39 SÉANCE DU 26 JANVIER 1883. PRÉSIDENCE DE M. ÉD. BUREAU. Le procés-verbal de la séance du 12 janvier est lu et adopté. M. le Président a le regret d'annoncer à la Société qu'elle a perdu deux de ses membres : M. Charles Rabotin, ancien pharmacien, décédé à Fontainebleau àl'àge de soixante-cinq ans, et M. Léon Berthelot, préparateur à l'École des hautes études du Muséum, mort au Sénégal, oü il était en mission. Par suite des présentations faites dans la derniére séance, M. le Président proclame membres de la Société : -: MM. Manié-Davv, préparateur à l'École de pharmacie de Paris, boulevard Saint-Marcel, 27, présenté par MM. Chatin e Van Tieghem. VaLLoT (Émile), ingénieur civil, avenue d'Antin, 51, pré- senté par MM. Joseph Vallot et Malinvaud. ~M. le Président fait ensuité connaitre une nouvelle présentation el proclame membres à vie MM. l'abbé Hue et Henri Gadeau de Kerville, qui ont satisfait aux conditions exigées par le Réglement pour obtenir ce titre. Lecture est donnée de lettres de MM. Jules Chareyre et Gadeau de Kerville, qui remercient la Société de les avoir admis dans son sein. M. Duchartre offre à la bibliothèque de la Société un ouvrage intitulé : Traité élémentaire du microscope, par M. Eugène Trutat, conservateur du Musée d'histoire naturelle de Toulouse (1'* partie : le Microscope et son emploi), et il donne un aperçu des matières contenues dans ce premier volume. M. Malinvaud présente à l'assemblée un Dictionnaire russe- francais et français-russe, en quatre parties, par M. Makaroff. Il s'était adressé, pour obtenir le don de cet important ouvrage, à M. le président (1) de la Commission russe du service des échanges (1) M. Bytschkoff, directeur de la Bibliothèque impériale publique de Saint-Péters- bourg. A0 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. internationaux, et les volumes demandés ont été envoyés à la Société, pour sa bibliothèque, avec le plus gracieux empressement. M. le Président décide qu’une lettre de remerciments sera écrite, au nom de la Société, à l’auteur de cette libéralité. M. Mer fait à la Société la communication suivante : DE L'INFLUENCE DE L'OMBRE. ET DE LA LUMIÈRE SUR LA STRUCTURE. L'ORIENTATION ET LA VEGETATION DES AIGUILLES D'ABIES EXCELSA ; par M. E. MER. I ) J'ai déjà plusieurs fois appelé l'attention sur les différences de formeet: de structure que présentent les feuilles de divers arbres, et notamment les: aiguilles d'Épicéa, suivant qu'elles végètent à l'ombre ou à la lumière (1). Dans le courant de l'été dernier, j'ai entrepris une étude plus complète: de ce sujet. J'ai constaté en outre que ces aiguilles présentent, suivant les conditions d'éclairage qui leur sont départies, {des dispositions fort variables et peu connues, je crois. Il suffit, pour s'en. convaincre, d'ob- server avec attention des individus ayant à peu près;le méme âge (dix à vingt ans), soit isolés, soit situés dans l'intérieur ou sur la lisiére d'un massif. $ I. Épicéas isolés. — «.) Examinons une pousse terminale sur un ver- ticille situé à quelque distance au-dessous de la fléche. Elle est sensible- ment horizontale, mais les aiguilles sont loin d'avoir la méme structure, les mémes dimensions, et d'étre disposées de la méme maniére sur toute sa périphérie. A la face supérieure, elles sont courtes, inclinées sur le: rameau, forment avec lui un angle assez aigu, legrand axe de leur section transversale étant placé plas où moins verticalement. Elles sont donc’ exposées par leur tranche à la lumière, le plan formé par les'canaux- résineux se trouvant horizontal. Sur les côtés, le nombre des rangées d'aiguilles varie suivant la vigueur du rameau (3-5). Ces aiguilles sont: d'autant plus longues, disposées d'autant plus à plat et forment avec le rameau un angle d'autant plus ouvert, qu'elles sont plus rapprochées: de: la face inférieure de ce dernier. Le grand axe de leur section transver- sale s'incline ainsi de plus en plus sur l'horizon. Enfin, à la face inférieure elles sont situées complétement à plat, le plan formé par leurs canaux résineux élant vertical. Elles sont plus longues que toutes les aiguilles : supérieures, qu'elles débordent souvent, et font avec le rameau un angle aigu trés ouvert, qui parfois devient droit. Bien qu'insérées sur la face: -(1). Bull. Soc. bot. de Fr. t.. XXH, p. 199 (note); f. XX1V, p. 109 (note); t. XXVI, p. 15, et t. XXVII, p. 23. nee SÉANCE DU 96 JANVIER 1883. 44 inférieure, elles ne s’accroissent pas dans leur direction première; mais, par suite d’une torsion dont leur pétiole est le siège, elles se séparent les unes des autres par une raie longitudinale, de chaque côté de laquelle elles se: disposent symétriquement, laissant à découvert le rameau. Chez les individus d'une vigueur moyenne, elles se rangent sur un plan horizontal; chez ceux qui sont trés vigoureux, elles se relèvent au-dessus de l'horizon en se recourbant, tandis que dans les arbres dont la végétation est affaiblie, elles s'infléchissent au-dessous de l'horizon. Si dans un coup d'œil général on envisage la situation de toutes les rangées d'aiguilles, on voit que les choses se passent comme si celles qui sont insérées sur la face supérieure, de verticales qu'elles étaient, s'inclinaient de plus en plus sur l'horizon. Á De la diversité des angles que les aiguilles font avec le rameau qui les porte, de leur différence en longueur et en orientation, il en résulte qu'elles se recouvrent peu et recoivent une quantité de lumiére sensible- ment égale. Cet ensemble de dispositions, si nécessaire pour que des feuilles réunies en aussi grand nombre sur un espace restreint n'arrivent pas à se nuire réciproquement, est dà à la combinaison du géotropisme néga- ur D (apogéotropisme de Ch. Darwin), et de cette action directrice de la lumiére (diahéliotropisme et parhéliotropisme du méme auteur) qui a pour effet de placer les feuilles dans la position où elles. peuvent recevoir l'éclairage le plus favorable. Si cette action directrice n'existait pas, le géotropisme, agissant seul, relèverait les aiguilles de la face inférieure et leur ferait former avecle rameau un angle d'autant plus aigu, que ce rameau serait plus vigoureux (2); se trouvant ainsi plus ou moins appli- quées contrelui, elles seraient couvertes par son ombre. Si, au contraire, le géotropisme n'existait pas et que seule l'action directrice de la lumière füt en cause, elle aurait bien pour effet d'écarter cesaiguillesles unes des autres, afin qu'elles ne subissent pas l'ombrage du rameau ; mais celles-ci, cédant à leur poids, s'inclineraient plus ou moins au-dessous de l'horizon. L'intervention du géotropisme a précisément pour but de les relever, de manière qu'elles:soient éclairées presque normalement. Cette force vient : donc en aide ici à l'action de la lumiére. En agissant de méme sur celles. de la face supérieure, elle les relève et les empêche de s'appliquer contre lé rameau. Ces dernières aiguilles, n'étant recouvertes par aucun objet, recoivent directement la lumière. Aussi leur suffit-il d’être placées de profil. La disposition à plat ne leur serait cependant pas nuisible, car (f) Comme dans tout'ce qui va suivre, il ne sera question que du géotropisme négatif, j'emploierai uniquement le terme géotropisme, pour abréger le langage. (2) Je regarde en effet comme établi que le géotropisme négatif ou positif varie tou- jours en raison directe de la vigueur de l'organe, proposition que j'ai essayé de démon- trer par divers exemples (voyez Bull. Soc. bot. de Fr. t. XXVIII, p. 216 et suiv.). 42 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. les feuilles d'Épicéa ont besoin d'une vive lumière pour assimiler convenablement ; mais, comme elles sont très nombreuses, il est néces- saire avant tout qu’elles ne se recouvrent pas. La position de profil, tout en étant moins avantageuse pour chacune d'elles, leur permet de ne pas se nuire réciproquement, Jci encore c'est l'action directrice de la lumière qui amène ce résultat. Le géotropisme agit aussi favorablement sur les aiguilles latérales, en les empéchant de s'appliquer les unes sur les autres, en les maintenant chacune à son niveau. L'action directrice de la lumière produit sur elles un effet non moins avantageux ; car, à mesure qu’elles occupent un rang plus inférieur et sont exposées à se recouvrir davantage, elles ont besoin de plus de jour, résultat qu'elles atteignent par deux moyens : en se plaçant d'abord de moins en moins de profil, puis de plus en plus obliquement au rameau, ce qui leur permet de se glisser dans les interstices les unes des autres. Grâce aux. actions com- binées du géotropisme et de la lumière, elles se maintiennent dans une position moyenne, telle que chacune est éclairée suffisamment, tout en nuisant le moins possible à ses voisines. La diversité d'orientation des. aiguilles sur un méme rameau par rap- port à la lumière entraîne des modifications correspondantes. dans leur structure. Je vais les passer successivement en revue. Mais quelques con- sidérátions préalables sur l'anatomie générale des aiguilles d'Épicéa sont nécessaires. La section transversale de ces organes se rapproche plus ou moins de la forme d'un losange arrondi aux angles. La différence entre les diagonales est d'autant plus grande, que les aiguilles ont une végé- tation moins active. Dans celles qui sont trés vigoureuses, ces diagonales deviennent presque égales. Les canaux résineux sont situés aux extrémités de la petite diagonale. Sous l'épiderme: se:trouve un. revêtement. de; cel- lules scléreuses, à parois très épaisses, destinées. à consolider l'organe. Ces cellules sont doublées, et quelquefois triplées, aux extrémités de la grande diagonale. Le nombre de ces cellules de renforcement est plus considérable à celle de ces extrémités qui correspond à l'aréte extérieure de l'aiguille. Le faisceau central est orienté de telle façon que la ligne qui, sur une section transversale, traverse successivement les trachéides, les cellules et les fibres libériennes, est paralléle à la grande diagonale, et que ces derniers. éléments se trouvent tournés vers l'extrémité de cette diagonale où les cellules scléreuses sont en plus grand nombre. La connaissance de ces faits permet de déterminer, d'aprés l'examen de la coupe transversale, l'orientation de l'aiguille quand les diagonales sont f o iin e caen rtis, ae Hd lt e ete ag aux extrémités de la petite diagonale le sont aux An nités d de , émités de la grande, SÉANCE DU 96 JANVIER 41883. : 43 ainsi que cela se présente parfois dans les aiguilles très vigoureuses, par exemple dans celles qui se développent au-dessus des galles produites par le Kermes Abietis. Cela posé, si nous examinons les sections transversales des aiguilles dans les trois situations que nous venons de considérer : face supérieure, face latérale, face inférieure du rameau, nous constatons que, dans la premiére de ces positions, la différence des diagonales est plus faible que dans la seconde et surtout que dans la troisiéme, la surface de section suivant une gradation inverse, ce qui correspond à une épaisseur de plus en plus restreinte de l'organe. Les aiguilles de la face supérieure, étant éclairées presque également sur toute leur périphérie, présentent un parenchyme en palissade, homogéne sur tous les points de leur contour. Il n'en est plus de même de celles qui occupent la face infé- rieure. Comme elles sont éclairées inégalement, le parenchyme assi- milateur n'est plus homogène, ainsi que cela arrive toujours en. pareil cas. Étant aplaties, elles présentent deux pages. Les palissades sont un peu plus grandes à la page supérieure. Dans ces aiguilles, tous les éléments ont de plus faibles dimensions qu'à la face supérieure du rameau : les cellules du parenchyme sont plus petites, l'hypoderme de renforcement est moins développé, le faisceau est composé d'éléments moins nombreux et moins volumineux, l'épaisseur des parois est plus faible, tous caractéres qui annoncent une végétation moins vigoureuse. Quant aux aiguilles latérales, leur structure participe de celle des aiguilles garnissant les deux faces. B.) Si. nous passons. maintenant à l'examen d’un rameau appartenant au dernier verticille, nous voyons que sa direction est plus oblique à l'ho- rizon, et que la disposition de ses aiguilles n'est plus tout à fait la méme que celle qui vient d'étre décrite. Ce qui frappe surtout, c'est qu'elles sont moins divergentes à la face inférieure, et que la raie qui les séparait dans les rameaux situés plus bas est ici moins accusée. Elle disparaît méme complétement dans ceux qui sont trés vigoureux, sans qu'il soit nécessaire néanmoins que leur direction ait atteint la verticale. C'est ainsi que parfois celte raie ne se remarque plus sur la pousse terminale du rameau, tandis qu'elle persiste sur les deux branches latérales qui confinent à cette pousse. Toutes les trois sont cependant situées à peu prés dans le méme plan et éclairées par conséquent sous une même incidence, mais la pre- mière est plus vigoureuse. Le géotropisme, y étant pour ce motif devenu plus énergique, contrebalance l'action de la lumiére, qui, pour soustraire les feuilles à l'ombre portée par le rameau, tend à les écarter de chaque côté. Cet exemple est bien propre à démontrer l'influence du géotropisme. L'action de la lumière n'est cependant pas annulée, méme dans cette pousse terminale. En effet, l'angle que forment avec le rameau les aiguilles de la face supérieure est plus aigu que l'angle formé par celles de la face infé- 44 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. rieure, ce qui tient à ce que ces dernières, impuissantes à s'écarter du rameau dans le sens horizontal pour fuir l'ombre projetée par lui, cher- chent du moins à s'en écarter dans le sens vertical. De ce que la raie est moins accentuée dans les rameaux du dernier ver- ticille, il s'ensuit que sur une branche quelconque d'un verticille infé- rieur les aiguilles de Pentre nœud le pluságéont une raie beaucoup moins prononcée que celles des entre nœuds suivants, parce que, à une certaine époque, cet entrenœud a fait partie du verticille terminal. La structure des aiguilles de ce dernier indique aussi une végétation plus vigou- reuse, méme à la face inférieure. Leur épaisseur est plus considérable. Comme l'éclairage est sensiblement le méme, le parenchyme est homo- gène sur toute la périphérie. y.) La disposition des aiguilles sur un rameau du verticille supérieur établit une transition entre la disposition qui existe sur les autres rameaux et celle qu'on remarque sur la flèche. Si en effet nous examinons cette dernière sur un sujet assez vigoureux pour qu'elle ait 50 à 60 centimètres de long, nous remarquons que les aiguilles sont disposées régulièrement à sa périphérie. Recevant également la lumière sur tous leurs côtés, elles sont orientées par rapport à elle de la même manière: Comme elles sont très vigoureuses, le géotropisme agit énergiquement sur elles et annule presque entièrement l'action directrice de la lumière; aussi l'angle qu'elles forment avec la flèche est très aigu, et parfois même leur direction est parallèle à celle de cette flèche, contre laquelle elles s'appliquent. Cela: se remarque surtout dans la partie inférieure correspondant à la pousse de printemps; dans la partie supérieure développée en été quand la végé- tation est déjà ralentie, les aiguilles s’écartent davantage. Elles y sont aussi moins nombreuses et ont une moindre épaisseur. Le géotropisme exerce sur elles une action plus faibles La structure des aiguilles de la flèche diffère, à plusieurs égards, de celle des aiguilles des rameaux. Leur section transversale a la forme d'un: losange à diagonales égales et assez longues, ce qui donne à ces aiguilles des dimensions considérables en largeur et en épaisseur. Tous leurs élé- ments sont plus volumineux. On y remarque souvent ume ou deux files de stomates en plus et, sous l'épiderme, deux rangées de cellules scléreuses, et parfois trois, le long de l'aréte extérieure. Les canaux résineux sont volumineux et bordés de deuxou trois rangs de cellules sécrétantes. Ils se trouvent le long des deux arêtes, dont le plan est tangent à la flèche. La structure du parenchyme assimilateur est homogène. Toutefois, dans. celles de ces aiguilles qui sont appliquées contre la cime, on observe sous : ce rapport une légére différence, car elles ne sont pas éclairées égale- í reciiseet er lenr pourtour, Du côté où elles touchent la flèche, elles moins de lumière ‘que du côté opposé. Aussi les .SÉANCE DU 26 3ANVIER 1883. 45 cellules palissadiformes y sont-elles un peu moins grandes. Enfin le piquant formé de cellules scléreuses qui termine les aiguilles est plus développé dans celles de la flèche que dans celles des rameaux. Si lon examine lesentre nœudsinférieurs de l'arbre pour voir quelles modifications l’âge apporte dans la structure et la disposition des aiguilles, on remarque que celles-ci sont plus distantes les unes des autres à cause du grossis- sement de la tige et plus écartées de cette derniére, ce qui tient à ce que, leur vigueur ayant diminué, il en a été de méme du géotropisme. Leurs éléments, ayant perdu de leur turgescence, sont devenus moins volumi- neux, et par suite les aiguilles sout moins grosses. Les Épicéas isolés qu'on plante comme arbres d'ornement dans les jar- dins, hors des régions oü cette espéce est spontanée, présentent quelques particularités intéressantes. Les individus jeunes et vigoureux, végétant dans un sol substantiel, offrent au premier abord un aspect étrange à l'observateur habitué à voir ces arbres dans les forêts. Ils paraissent plus touffus, plus ramifiés. Un examen attentif fait reconnaitre que cette ap- parence est due à l'évolution de tous les bourgeons latéraux, dont un grand nombre reste, dans les montagnes, à l'état dormant. La végétation de cet arbre pendant la premiére jeunesse est si aclive au contraire dans la plaine, par suite des conditions de sol et de climat plus favorables, que tous les bourgeons qui garnissent un rameau se développent l'année sui- .vante. Cependant il n'en est pas ainsi dans les deux ou trois premiéres années qui suivent la plantation, surtout quand celle-ci n'ayant pas été faite avec soin, le plant languit. Il subsiste alors quelques bourgeons à la -base des rameaux latéraux; mais, lorsque le plant a repris sa vigueur, ces bourgeons entrent en activité. Seulement, comme ils se trouvent sur des entrenœuds déjà âgés, noyés dans l'ombre que projettent les branches voisines, ils ne parvienneut à former que de petits rameaux couverts d'ai- guilles gréles et trés courtes, réparties réguliérement sur tout leur con- tour, sans qu'on y remarque de raie, bien que ces rameaux soient souvent dirigés horizontalement. Il en est de méme sur tous les rameaux des jeunes plantations à végétation languissante. La disposition des aiguilles est donc ici à peu prés la méme que sur une pousse vigoureuse, mais pour un motif bien différent. Elles croissent dans leur direction initiale .sans subir de déviation sensible, soit de la part du géotropisme, soit de la part de la lumière. Cette observation est intéressante, en ce qu'elle montre que l'intensité de l'action directrice de la lumière sur une feuille varie daus le méme sens que la vigueur de végétation de cet organe, fait qui était déjà établi en ce qui concerne le géotropisme. Il arrive parfois qu'un jeune rameau de l'année soit attaqué par le 46 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. - Kermes Abietis. Dans ce cas, une galle d'aspect caractéristique se produit généralement à la face inférieure. Sur ce point, les tissus sontarrétés dans leur formation, tandis qu’ils acquièrent un surcroit de développement à la face opposée (1). Il en résulte une courbure à convexité tournée vers le haut. A la partie concave occupée par la galle, les aiguilles restent rudimentaires, tandis que dans la région convexe elles atteignent des dimensions anormales. Par suite de cette courbure, le rameau se trouve infléchi vers le bas. Les aiguilles situées au delà de la courbure se redressent et forment ävec le rameau un angle qui dépasse souvent 90 de- grés, parce que, étant très vigoureuses, elles sont fortement influencées par le géotropisme. Cette force concordant avec l'action directrice de la lumière, les aiguilles se trouvent ainsi placées dans une direction presque horizontale. Il arrive parfois que le sommet du rameau prolongeant sa croissance se reléve en vertu du géotropisme et devient presque ver- tical. Les feuilles qui le garnissent et qui étaient déjà nées avant le redres- sement, se rapprochant alors, forment avec lui un angle moins ouvert que dans le premier eas, mais plus ouvert cependant que sur les branches normales, parce qu'elles ne peuvent complétement rectifier leur direction premiére. : Dans le cas précédent, l’action du géotropisme est trés énergique, parce que les aiguilles sont vigoureuses; mais il n'en est plus de méme lorsque la végétation est languissante. C'est ainsi que, sur les individus isolés d'un âge déjà avancé, les branches inférieures, devenues trés longues et cédant à leur poids, ne peuvent conserver la position horizontale. Elles s'infléchissent vers le bas, ce qui produit cet aspect pleureur, caractéris- tique des Épicéas assez àgés, et plus prononcé, pour des causes indivi- duelles, dans certains sujets que dans d'autres. Les aiguilles qui gar- nissent ces rameaux pendants sontgréles et peu vigoureuses. Ne subissant par suite que faiblement les effets du géotropisme, elles ne se redressent pas et restent dirigées versle bas en formant avec le rameau un angle aigu. Puisque la disposition des aiguilles d'Epicéa résulte de l'action combi- née du géotropisme et de la lumiére, il était intéressant de rechercher quels changements elle subirait sur des rameaux placés à l'obscurité ou modi- fiés dans leur situation. Voici ce que j'ai observé : Ayant soustrait au jour, en l'enveloppant d’un sac d'étoffe noire, un jeune rameau en voiede développementetsur lequel on ne remarquait encore au- , (1) II semble que cet excès de développement soit dû non seulement à ce que les tissus opposés à ceux de là région atteinte profitent de la nourriture destinée à ces derniers, mais encore à ce. que, par suite de cet excès de nourriture, leur activité végé- tative est exagérée et leur permet d'en attirer encore davantage : ce qui produit des bypertrophies de tissus., Le poids d'un rameau semblable est en effet souvent supérieur au poids des rameaux voisins appartenant au méme verticille. SÉANCE DU 96 JANVIER 1883. 47 cune différence dans l'orientation des aiguilles, je constatai, quinze jours aprés, que celles-ci s'étaient écartées à la face inférieure, ménageant entre elles la raie dont j'ai parlé. Ce résultat était-il dû à une action in- ductive de la lumière produite pendant les quelques jours qui s'étaient écoulés entre l'épanouissement du bourgeon et le début de l'expérience, action dont l'effet ne se serait fait sentir qu'ensuite (1) ? Pour s'en assu- rer, il faudrait mettre à l'obseurité le bourgeon avant son épanouissement, et voir si, dans ces conditions, la raie se formerait encore. Lorsqu'on retourne un rameau pourvu de feuilles à tissu hétérogéne, on sait que par une succession de légers mouvements, variables du reste suivant les espéces, par des courbures, des torsions du pétiole et méme du limbe, ce dernier se redresse et s'oriente, de maniére à présenter à la lumière et par là voie la plus directe, la page supérieure. L'action de la lumière est donc accompagnée ici d'une sorte de polarité. Bien que ce retournement se produise avec un maximum d'intensité chez les feuilles dont la croissance est dans la plus grande période, il a lieu également, mais avec moins d'énergie dans les feuilles jeunes, ainsi que dans celles dont la croissance est achevée depuis quelque temps. Si l'on courbe légèrement l'extrémité d'un rameau latéral d'Epicéa avant l'épanouisse- ment de son bourgeon terminal, le jeune rameau se développe presque horizontalement. Seulement, au lieu de se trouver dans le prolongement du rameau plus ancien, il s'étend sous lui. Or, dans cette position anor- male, l'action de la lumière et du géotropisme se combinant comme d'ha- bitude, les aiguilles s'écartent à la face inférieure du jeune rameau, de telle sorte que si on le raméne ensuite dans le prolongement de la branche, la raie se trouve étre à la face supérieure. Ce eas se présente parfois dans la nature, par exemple quand une branche, dans le cours de sa croissance, vient buter contre un obstacle. Ne pouvant plus s'allonger dans la direc- tion primitive, elle se reeourbe généralement vers le bas et se développe ensuite horizontalement. Lorsque les jeunes pousses d'Epicéa sont frappées par les gelées prin- tanières, il arrive parfois que, sans être atteintes au point de périr, elles perdent leur turgescence. Elles deviennent molles et leur extrémité s'in- cline vers le sol. La lignification les surprenant avant qu'elles aient repris leur turgescence , elles demeurent ainsi définitivement courbées. Quand le bourgeon terminal n'a pas été détruit, il se défeloppe l'année suivante dans cette position. Si l'on place verticalement, le bourgeon terminal tourné vers le bas, un (4) Un fait analogue se produit dans les germinations étiolées. J'ai remarqué que les feuilles, dans ces conditions, ne s'ouvrent pas ; mais si, méme au début de la germina- tion, elles ont été exposées au jour, ne füt-ce que pendant peu de temps, elles s'ou- vrent ensuite à l'obscurité. (Compt. rend. Acad. des sc., 11 décembre 1882.) 48 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. rameau d'Epicée en voie d'évolution, il conserve cette situalion, ou bien son extrémité cherche à se relever par une courbure dirigée en sens in- verse de la première : ce qui dépend à la fois de son degré de vigueur et de la période d'évolution à laquelle se fait l'expérience. Dans la portion verticale de ce rameau, les aiguilles se redressent plus ou moins, suivant l'énergie de leur activité végétative, et la raie qui avait commencé à se des- siner s'efface. Si le rameau est gréle et peu vigoureux, on ne constate méme aucun redressement des aiguilles, et cette observation, rapprochée decelle qui montre les aiguilles situées verticalement sur la fléche, est bien de nature à mettre en évidence le róle important joué par le géotropisme dans l'orientation des feuilles. mM .' Mais lorsqu'on fait cette expérience sur un rameau dont la croissance est terminée, en l'infléchissant vers le bas ou vers le haut, les aiguilles ne cherchent pas, d'une manière appréciable du moins, à changer de posi- tion. La raie subsiste. Il en est de méme si l'on dispose horizontalement un rameau vertical. Les aiguilles ne se déplacent pas, la raie ne se forme pas à la face inférieure. On doit donc conelure de ces résultats que, lors- qu'elles sont adultes, les aiguilles d'Epicéa ne sont plus capables de mou- vements bien sensibles. D'autre part, elles ne paraissent pas étre douées de polarité, méme quand elles sont jeunes : ce qui se comprend d'ailleurs, puisque sur toute leur périphérie, le parenchyme: assimilateur possède à peu prés la méme structure. : $ II. — Epicéas situés en plein massif. —1l y a ici deux cas à distin- guer: a.) quand les arbres sont dominés par ceux qui les avoisinent; 8.) quand leur cime dépasse les individus environnants et se trouve en pleine lumiére. . a.) Dans le premier ‘cas, la végétation de la flèche, aussi bien que celle des branches, est très ralentie. Les bourgeons ne se développent pas tous ou donnent naissance seulement à des rameaux gréles. La cime rac- quiert que des dimensions exigués, et il est à remarquer qu'elle est presque toujours plus courte que les branches du verticille qui l'avoisine, tandis que c'est le contraire dans les individus isolés. Les aiguilles des rameaux sont aussi moins nombreuses, et par suite plus espacées. L'angle formé avec le rameau qui les supporte est toujours plus ouvert. Ala face inférieure elles divergent encore ; mais, par suite de l'affaiblissement du géotropisme, elles ne peuvent pas toujours se maintenir dans un plan horizontal. Les rangées latérales sont réduitesà deux ou trois, et les aiguilles qui les garnissent sont généralement situées à plat. Comme elles sont clairsemées, elles ne se gé- nent pas mutuellement et n'ont pas besoin de se placer plus ou moins de profil. Celles qui se trouvent sur le verticille le plus élevé sont aussi dis- posées horizontalement et s'écartent à la face inférieure des rameaux, SÉANCE DU 26 JANVIER 1883. 49 parce que ceux-ci, à cause de leur peu de vigueur, restent étalés horizon- talement. Enfin, sur la flèche, elles forment avec elle un angle très ouvert, qui parfois devient droit. En raison de la similitude d’orientation qui caractérise toutes ces aiguilles ombragées, ainsi que de leur situation horizontale et à plat, elles présen- tent une grande homogénéité de structure, comme toutes les aiguilles peu vigoureuses. Leurs dimensions sont exigués en largeur et principalement en épaisseur. Sur les sections transversales, la différence des diagonales est toujours assez considérable. Tous les éléments sont petits; les files de stomates sont réduites à une ou deux; les canaux résineux font souvent défaut ou bien ont des calibres trés étroits, les cellules sécrétantes étant réduites à un seul rang; enfin le revétement scléreux hypodermique se double rarement, méme le long des arétes. B. Lorsque les Épicéas situés en massif ont une cime qui s'éléve au-dessus du couvert avoisinant, la flèche et le verticille supérieur acquiérent des dimensions plus considérables méme que sur les indivi- dus isolés, parce que les régions inférieures, ayant une végétation lan- guissante, attirent peu les matières nutritives, qui se portent alors à la cime. Il n'est pas rare de voir dans ce cas une et quelquefois deux ou trois branches du verticille se relever et prendre une position presque verticale (1). Les aiguilles qui les garnissent ont alors tous les carac- téres précédemment décrits des aiguilles vigoureuses. $ III. — Épicéas situés sur la lisiére des massifs. — Sur tous les rameaux situés du cóté opposé au massif, la structure et la disposition des ' aiguilles sont les mémesque celles signalées plus haut dans les individus isolés, tandis que, sur les rameaux tournés du côté du massif, les aiguilles sont disposées comme dans les sujets qui y sont complètement enfouis. Il en résulte que les premiers prennent un grand développement, tandis que les seconds restent toujours exigus. Sur les premiers, les aiguilles per- sistent cinq, six et sept ans ; sur les autres, au contraire, elles tombent souvent dés la troisième et la quatrième année. Bien que dans cette étude je me sois occupé plus spécialement de l'Abies excelsa, mon attention a cependant été appelée incidemment sur son congénére lA. pectinata, qui, dans maints endroits, vit associé avec lui dans les Vosges. Les quelques observations que j'ai faites sur cette derniére espéce m'ont fait voir que les dispositions des aiguilles y varient également suivant l'intensité de la lumière. Ainsi, lorsqu'elles sont om- (1) C'est ce qui arrive du reste aussi, quand les pousses du bas, dont l'évolution dans l'Épicéa précède toujours celle des pousses supérieures, sont atteintes par la gelée, sans qu'il en soit de même de ces dernières. (2) Bull. Soc. bot. t. XXVII, p. 23. T. XXX. (SÉANCES) 4 50 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. bragées, les branches sont garnies d'un moins grand nombre d'aiguilles ; celles-ci ont d'ailleurs, comme dans l'Épicéa, des longueurs différentes, et forment avec le rameau des angles variables, de maniére à recevoir la lumiére passant dans leurs interstices. Elles divergent à la face inférieure du rameau, en ménageant entre elles une raie ou sillon ; mais, contraire- ment à ce qui a lieu dans l'Épicéa, elles s'étalent aussi horizontalement et à plat à la face supérieure, où une raie semblable se remarque. Toute- fois, sur les rameaux des individus vigoureux placés au jour, le nombre des aiguilles est plus considérable. Celles-ci sont disposées à la face supé- rieure, à peu près comme dans l'Épicéa, c'est-à-dire de profil, et il n'existe de raie qu'à la face inférieure. Ces dispositions diverses sont dues à l'influence directrice de la lumiére, dont la mise en évidence fait l'objet principal de cette note. Les feuilles latérales, ne recevant qu'une lumière affaiblie par suite de l'ombre des feuilles situées au-dessus d'elles, se mettent à plat pour la recevoir le plus normalement possible. Celles de la face inférieure s'écartent pour ne pas étre recouvertes par le rameau qui les porte; celles de la face supérieure enfin, éclairées direc- tement, se placent de champ, position qui leur est avantageuse, parce que en raison de leur grand nombre, elles se portent ainsi le moins possible ombrage. Si dans les rameaux peu vigoureux, placés sous massif, les aiguilles s'étalent à plat à la face supérieure comme à l’inférieure, c'est d'abord parce que, ne recevant qu'une lumière atténuée, elles cher- chent à la recevoir du moins sous l'incidence la plus avantageuse; ensuite parce que, en raison de leur petit nombre, elles n'ont pas à craindre de se nuire mutuellement. Les aiguilles de la flèche ne sont pas placées verticalement comme dans - l'Épicéa, mais horizontalement et à plat. Cependant, dans les individus isolés et trés vigoureux, leur direction est légérement oblique, ce qu'il faut attribuer à l'énergie du géotropisme. La notice suivante est déposée sur le bureau, et sa lecture est ajournée à la prochaine séance, en raison des communications orales qui sont encore inscrites à l'ordre du jour. NOTICE SUR L'HERBIER ET LA FLORE DES PYRÉNÉES DE PHILIPPE, par M. Henri LORET. Rien, à mon sens, ne conduit plus sürement à la connaissance des espéces végétales qu'une recherche assidue de toutes les formes dans des pays divers! Mais l'examen fréquent et attentif de nombreuses plantes sèches est également indispensable au botaniste qui veut reconnaitre cou- SÉANCE DU 96 JANVIER 1883. 51 ramment les espéces des herbiers auxquelles la dessiccation et la vétusté impriment un facies particulier. Il m'a paru nécessaire, par suite, de poursuivre longtemps cette double étude, et c'est cette conviction qui m'a engagé à examiner le plus d'herbiers possible, et à explorer, chaque année, depuis plus de trente ans, un nouveau théâtre d'herborisation. Installé successivement à Nice, à Cannes, à Antibes, à Hyéres, à Rome, à Pau, à Orthez, à Toulouse, à Montpellier, j'y ai exploré, pendant de nombreux printemps, les richesses végétales du Midi. C'est le printemps, en effet, qui est la meilleure saison botanique des pays dont je viens de parler, et, lorsque, au cœur de l'été, l'ardeur solaire, absorbant plus de sève que n'en peut fournirle solaltéré des plaines méridionales, desséche presque toutes les plantes, j'ai pris le parti d'aller, chaque année, demander aux Alpes, aux Pyrénées, aux Cévennes, avec un abri contre la chaleur, les espéces végétales qui manquent à la plaine. Je pourrais nommer plus de deux cents villages d'une altitude de 400 à 2000 mètres où j'ai passé au moins huit jours, le plus souvent deux mois entiers, et dont j'ai exploré les alentours dans un rayon restreint et preportionné à mes forces. Ces divers habitats m'ont offert des espéces intéressantes, et si les botanistes, généralement trop moutonniers, se décidaient à explorer le voisinage des hameaux de montagne, au lieu d'escalader habituellement les sommets privilégiés, dont toutes les plantes sont depuis longtemps connues, ils auraient, je n'en doute point, la bonne fortune de trouver plus d'espéces vraiment nouvelles. Aprés avoir visité presque toutes les montagnes du Midi, j'avais, depuis plusieurs années, le désir de connaitre l'herbier de Philippe, naturaliste empailleur et minéralogiste, qui a joint longtemps à son commerce celui des plantes pyrénéennes. J'appris en 1880, à Bagnères de Bigorre, sa patrie adoplive, que son herbier était devenu la propriété du petit sémi- naire d'Oloron. Je me rendis, l'année suivante, dans cette ville, et le digne supérieur du séminaire m'accueillit avec une extréme obligeance et s'em- pressa de mettre l'herbier à ma disposition. Que dirai-je de cette collection composée d'environ deux à trois mille espèces et de doubles nombreux en partie dévorés par les insectes ct mélangés avec les raretés que Philippe avait reçues de Grenier, de Des- moulins, de l'auteur méme de cette notice et de quelques autres bota- nistes? Un professeur de la maison, quoique absorbé par ses leçons journa- liéres, a trouvé le loisir de fabriquer de sa main trente boites de carton très élégantes et d'y fixer par des bandelettes gommées les échantillons les mieux conservés, afin d'en former un herbier pyrénéen. Sur le dos de chaque boite, ce professeur, habile calligraphe, a inserit les noms des familles et des genres qui y sont renfermés, avec des numéros d'ordre 59 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. renvoyant à l'intérieur de la boite. Malheureusement les étiquettes de Philippe qui accompagnent les plantes ont élé entiérement gommées sur leur face inférieure et adhérent trés solidement au papier. Plusieurs transpositions difliciles à réparer, à cause de ce malencontreux collage, sont imputables sans doute à des éléves chargés d'attacher les plantes et de coller les étiquettes, et j'ai rencontré là prés de deux cent cinquante erreurs qu'il serait injuste d'attribuer toutes à Philippe. J'avais compté sur cet herbier néanmoins pour bien apprécier la Flore que ce marchand de plantes, ancien soldat complétement illettré, a cru devoir publier. On me permettrait peut-étre de citer les espéces de cet herbier évidemment mal nommées par notre botaniste; mais, pour ne pas m'exposer à le charger d'une responsabilité en partie imputable à d'autres, je puiserai ailleurs des documents qui établiront sans conteste son impéritie. Je puis citer auparavant quelques noms dont l’authenticité ne m'a pas paru con- testable et qui se rencontrent dans ses doubles. Son Senebiera pinnati- fida, qui lui avait été déterminé par Léon Dufour, est le vulgaire S. Go- ronopus L. ll y a là un échantillon de Dianthus superbus. L. de la vallée d'Aspe, où il est commun; mais Philippe ne l'admet point dans sa Flore, et, aprés la description du D. monspeliensis L., il déraisonne à plaisir en disant: « Je suis porté à croire que ce que l'on prend dans nos « Pyrénées pourle D. superbus n'est tout. simplement que le D. mons- « peliensis, si toutefois, ajoute-t-il, notre D. monspeliensis n'est le « D. superbus. » J'ai vu là un petit fragment d'un Dianthus trouvé par lui aux Eaux-Bonnes et qu'il nomme sur l'étiquette, comme au supplé- ment de sa Flore: D. benearnensis Loret. A coup sûr, ce n'est point mon espèce ; mais le fragment en question est trop chiffonné et représente trop imparfaitement la plante pour être déterminé avec certitude. Le Sagina erecta L. est donné maladroitement sur l'étiquette, comme dans sa Flore, pour une variété du S. procumbens L. J'ai trouvé aussi dans les doubles, avec mon étiquette, le Linum viscosum L. que je lui avais envoyé dés 1856, plante de St-Palais (B.-Pyr.), où je lai trouvée en abondance; mais, peu confiant peut-étre dans ma détermination, il s'est contenté de mentionner cette espéce, sur la foi de Lapeyrouse, à une localité fort suspecte. uu Un Scirpus ovatus Roth, que Desmoulins lui avait envoyé, porte sur l'étiquette: « Souvenez-vous que ceci est un sacrifice que je fais pour vous, « et non pas pour que vous l'envoyiez à d'autres. » Je connais depuis longtemps un fascicule de plantes que Philippe a envoyé à un de mes amis, à l'époque où la Flore de France venait de paraitre, et où il projetait avec un imprimeur de Bagnères un coup lu- tratif; en copiant dans Grenier et Godron toutce qui concerne les espéces des Pyrénées. Dans ce fascicule, notre floriste bagnérais a nommé Ra- SÉANCE DU 26 JANVIER 1883. 53 nunculus platanifolius L. le R. aconitifolius L.; Silene catholica L. le S. crassicaulis Willk.; Hypericum quadrangulum L. lH. tetrapterum Fr.; Acer Pseudoplatanus L. Y A. platanoides L.; Rhamnus Alaternus L. le R. catharticus L.; Sedum Anacampseros L. le S. Cepæa L.; Car- duncellus monspeliensis AM. le C. milissimus DC.; Salix rubra Huds. le S. purpurea L.; Carex Davalliana L. V'Elyna spicata Schrad. ; C. binervis Smith le C. paludosa Good.; Avena sterilis L. le Bromus commutatus Schrad. — — Aprés avoir lu ce qui précéde, on se figure facilement ce que doivent étreles espéces et les hybrides publiées comme nouvelles par notre floriste. C'est bien à lui surtout qu'on peut appliquer les réflexions sui- vantes de M. Crépin: « Sous telle signature, on est sür de trouver des » créations sérieuses, un travail aussi complet que possible; tandis que, » sous telle autre, on est à peu prés convaincu d'avance de ne rencontrer « que des créations mauvaises, que des mort-nés. » Quoique ces réflexions visent surtout les prétendues espéces qu'on a appelées chinoiseries, elles conviennent aussi à un homme dont les créations n'ont également de nouveau que les noms qu'il leur a imposés. Philippe a trouvé le moyen, en effet, de publier une douzaine de noms de son crü, dont nous avons vu les types, et qui ne s'appliquent, pour la plupart, qu'à des espéces de Linné pourvues d'un nom déjà depuis un siécle. Nous devons les citer ici. Son Ranunculus intermedius est un R. amplexicaulis pur et ne forme pas méme une variété. Son Callianthemum elatior (C. elatius), qu'il caractérise fort mal, pourrait étre une espéce distincte; mais mous ne l'avons pas vu assez complet pour le bien juger. Aconitum Napellus- Anthora de Gavarnie est une forme de l'A. Napellus L., à fleurs blan- châtres et à feuilles plus finement découpées que celles du type. Saxi- fraga umbrosa-Geum Phil. est pour nous une forme du S. umbrosa L. Saxifraga aizoides-nervosa Phil. n'est qu'un S. aizoides à fleurs d'un jaune trés pàle. Crepis lampsanoidi-Lampsana, du bois de l'Héris, qu'il a baptisé d'une facon si bizarre et qu'il prenait pour unhybride du Crepis lampsanoides Frœl. et du Lampsana communis L., est le Rhagadiolus stellatus L., espèce méridionale et qui croit là dans une de ses stalions | les moins chaudes. [l me la montra lui-même dans son herbier, en 1860, et, sur mon observation que son hybride prétendu était un R. stella- tus L., au lieu de déplorer son étrange bévue, .il m'exprima la joie qu'il éprouvait d'avoir une espèce de plus près de Bagnéres de Bigorre. Le Brunella pyrenaica Philippe, qu'il n'a pas eu de peine à nommer, puis- qu'il s'est contenté d'élever au rang d'espèce la variété pyrenaica Gren. cet Godr. du B. grandiflora Mœnch, est un nom qui prime celui de B. Tournefortii donné récemment à cette plante par M. Timbal. Daphne Pailhesiensis, nom substitué par Philippe à celui de D. Philippi Gren. D4 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. et Godr. qu'il était inutile de changer, ne m'a paru, comme l’a dit Zettersted dans sa Flore des Pyrénées principales, qu'une forme parvi- flore du D. Laureola L. L'Orchis pyrenaica Phil., que notre floriste prenait avec Lapeyrouse pour O. odoratissima L., avant que Desmou- lins lui eùt signalé son erreur, n'est qu'une petite forme de l'O. conopsea L. « Votre plante, lui dit Desmoulins dans une lettre, est plus petite que » l'O. conopsea L., mais, selon M. Gay, elle appartient indubitablement à » cette espèce. » Nous devons clore cette liste de prétendues nouveautés par l'Hordeum Desmoulinsii Philippe, qui n'est qu'un Elymus europœus L. et qu'il a dà dédier à Desmoulins sans le lui montrer. Nous venons de nommer le vénérable et éminent botaniste qui avait poussé Philippe dans la voie où nous l'avons suivi depuis le commence- ment de cette notice. Desmoulins, qui avait un grand faible pour les Pyrénées, s'était attaché de bonne heure à Philippe. Celui-ci, désireux de joindre à son commerce de minéraux, d'oiseaux et d'insectes, la vente des plantes pyrénéennes, était devenu plus que jamais un infatigable chercheur, au pic du Midi surtout, qu'il gravit plus de soixante fois et dont Desmoulins fit plus tard la Florule. Philippe lui adressait toutes ses plantes, etle botaniste bordelais voulant perfectionner les centuries de son protégé et espérant faire de lui un botaniste, lui nomma longtemps ses récoltes avec une complaisance, pour ainsi dire paternelle, et des observations dont plusieurs se lisent encore dans les lettres jointes à l'herbier dont nous parlons (1). Si l'en parcourt les deux volumes de la Flore des Pyrénées qui date de 1859, on se demandera sans doute comment l’auteur de cette Flore, aprés avoir eu pendant plus de vingt ans pour le diriger, un si habile maitre, a pu : faire une aussi piètre besogne. Mais il ne] faut pas oublier que l'auteur de ces deux volumes était un homme sans lettres, qui s'intitulait ancien préparateur de Cuvier, parce que son adresse lui avait valu auprès de (1) « Je crois, lui disait Desmoulins dans une de ses lettres, que vous ne vous êtes » pas servi des Carex que je vous avais envoyés pour vous aider à déterminer les vôtres; » vous en auriez reconnu davantage. Vous voyez que vous avez commis beaucoup d'er- reurs ; mais, mon pauvre ami, il ne faut pas que cela vous décourage : c'est la dernière chose que vous déterminerez avec certitude, parce qu'il n'y a rien de plus brutal dans tous les genres de plantes phanérogames, si ce n’est le genre Festuca et le genre Salix » par-dessus tout. » Philippe lui ayant envoyé un Carex de l'Héris, qu'il appelait gemnobasis: « Vous avez sans doute voulu écrire gynobasis, lui disait Desmoulins; faites donc un peu plus d'at- tention, quand vous copiez les noms; sans cela, personne n'aura confiance. dans vos centuries. Vous écrivez aussi Lathyrus conspicuus, ce qui veut dire apparent ; tandis » que le nom est inconspicuus, ce qui veut dire nou apparent, parce que la fleur est si » petite, qu'on la voit à peine, » A propos de l'Épilobium Durwuri, Desmoulins lui écri- vait: « Pour l'amour de Dieu, apprenez donc à écrire correctement le nom de mon ami » en latin: Cest Duriæi et non pas Durieri. » Ceci a été corrigé depuis dans la Flore des Pyrénées; mais il est échappé là à Philippe bien d'autres énormités. SÉANCE DU 26 JANVIER 1883. 55 Cuvier le modeste emploi d'empailleur, qui était sa spécialité. Il eût mieux fait peut-être, si on l’y eût autorisé, de copier toujours littéralement dans sa Flore les descriptions des espéces mentionnées par Grenier et Godron dans les Pyrénées; mais il tenait à dissimuler son plagiat, et il l'a fait parfois avec un certain art, mais presque toujours avec une extrême maladresse. Il copie souvent littéralement, et ce sont ses meilleurs endroits; plus souvent encore, il transpose les mots et les mem- bres de phrase, au détriment de la grammaire, ou bien il les remplace par des locutions inexactes et des barbarismes plaisants (1). Notre auteur se fourvoie surtout lorsqu'il parodie en quelque sorte la Flore de France, en divisant et subdivisant à sa façon les espèces nom- breuses de certains genres. « C'est à payer les places », me dit dans une lettre un de mes correspondants. C'est là surtout, en effet, que l'usage de cette pauvre Flore devient un écueil inévitable pour les botanophiles qui veulent s'en servir (2). Tout ce que nous avons dit jusqu'ici suffit pour faire apprécier ce bo- taniste, auquel un de ses compatriotes, adulé dans sa Flore, a cru pouvoir donner sans profanation, dans un discours publie, le titre de « savant » véritable et de bon aloi ». (1) On trouve càet là : « Corolle plus longue que les ailes; fleurs jaunes de méme » que les sépales ; feuilles de la hampe; feuilles demi ou embrassantes ; pédoncules des » feuilles; pédoncules centrals », etc. Le préfixe sub est partout l'objet de sa prédilection et il en fait l'emploi suivant: Montagnes sub élevées, sub et alpines, sub et trés alpines ; feuilles sub planes, sub en- tières, sub en cœur, sub en rosette; épi sub en massue; écailles sub cachées par de . longs poils; tablier sub droit de l’Orchis mascula ; bractées sub égalant le calice ; éperon sub nul. On voit partout, hélas! qu'on a affaire à un botaniste sub nul, méme nul et supernul. Incapable de revoir les épreuves de sa Flore, il en avait confié la correction à quel- ques persomes plus instruites que lui, mais aussi peu botanistes, et qui ont laissé subsister les locutions ridicules qu'on vient de voir, une majuscule à tous les noms spécifiques et bien d'autres erreurs qu'il serait trop long d'énumérer ici. Son Medicago Pailhecii, dédié à son ami Pailhé qu'il qualifiait de grand botaniste, est écrit sans À et avec un u surmonté d'un tréma, ce qui est sans doute le fait de lim- primeur. Un floriste habile, helléniste consommé, dont la Flore a malheureusement effrayé tout le monde en bouleversant profondément la nomenclature, a lu, comme c'était naturel, Medicago paillecu, et il dit en propres termes dans sa Flore: « Philippe » anommé ainsi ce Medicago, parce qu'il a une souche double imitant les deux pennes en » forme de paille que porte au cul l'oiseau appelé paille-en-cul ». Ce nom, qui pouvait avoir sa raison d'étre de la part d'un empailleur, a paru trop peu convenableau botaniste en question, qui l'a remplacé par celui de M. tomentosa. C'est pour moi le M. suffruti- cosa L. le mieux caractérisé. (2) Qu'on prenne, pour s'édifier, les divisions des genres Sisymbrium, Astragalus, Crepis, Linaria, Veronica, ete. Bornons-nous au genre Sisymbrium, pour faire com- prendre l'embarras d'un botaniste qui veut s'aider de cette Flore. L'auteur copie dans Grenier et Godron lapremière section Chamæplium : « Siliques courtes»,etc. ; puis il passe sous silence la section suivante,Pachypodium : « Siliques tres allongées », etc.; en sorte que son Sisymbrium Columna, qui, chez nous, a les siliques les plus longues du genre, figure dans la section Chamæplium, à siliques courtes. 56 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Un paysan sans études confesse volontiers son ignorance, à l'occasion ; mais l'ignorant qui a ouvert quelques livres de science, collectionné quel- ques objets d'histoire naturelle, se croit promptement un homme assez instruit, parfois méme trés instruit. C'est là le genre d'ignorance visé par un professeur d'hygiène trés regretté à Montpellier, lorsqu'il dit dans un de ses écrits: « La pire des ignorances, c’est l’ignorance qui croit savoir. » Il y a longtemps déjà que, sous prétexte d'encouragement, on provoque trop peut-être chez nous ce demi-savoir qui s'admire et ne doute de rien (1). La présomption de Philippe, qui se révèle presque partout, nous à frappé à la vue d’un Epilobium tetragonum L. bien caractérisé, que Desmoulins lui avait donné avec une étiquette ainsi conçue: « Epilobium « tetragonum L. Je vousle donne pour vous aider à le reconnaitre. » On lit au bas de l'étiquette et de la main de Philippe: « Epilobium parviflo- rum », et l'on se sent comme abasourdi de cette outrecuidance d'un homme qui étale ainsi son ignorance, en voulant corriger son maitre. Je dois examiner, en finissant, une question importante qui m'a paru difficile à résoudre. Philippe, décidé à extraire de la Flore de France de Grenier et Godron les noms et les descriptions des plantes mentionnées par eux dans les Pyrénées, avait à opter entre deux procédés. Le premier consistait à se procurer peu à peu toutes les espéces en question et à s'assurer, de visu et plantes en main, de la conformité des descriptions avec les espéces recueillies par lui. Le second parti consistait à faire son travail et à copier, tant bien que mal, la descriptionde la Flore de France, sans confronter les plantes dont beaucoup lui manquaient ou lui étaient (1) Tous ceux qui ont fréquenté les Eaux-Bonnes ont entendu parler du berger bota- niste de Bagès-Béost, qui s'occupait, comme Philippe, de toutes les branches d'histoire naturelle et à qui le gouvernement de Louis-Philippe envoya des instruments pour mesurer la hauteur des montagnes et fit plus tard une petite pension de 600 francs. Ce brave homme, qui avaitrecu de la nature une intelligence d'élite, mais à qui la flatterie faisait tourner la téte, me donnait des plantes aux Eaux-Bonnes, il ya prés de quarante ans. Je puis lire encore sur une de ses étiquettes l'habitat d'une plante ainsi congu : « Ad pedum rupes in montibus Pyrengum. » Il avait écrit avec ce latin-là une Flore de sa chère vallée d'Ossau en un volume in-18 assez épais, qu'il me montra chez lui et que je l'engageai à ne pas publier. Plus récemment, j'ai recu des plantes parfaitement préparées d'un cordonnier botano- phile qui ne savait guére écrire correctement que son nom et celui de sa ville natale. ll s'est cru capable cependant de baptiser comme nouvelles quelques espèces qu'on a publiées dans une Flore trés connue, en refondant ses descriptions. On eüt pu lui rap- peler un proverbe qui semblait fait pour lui: « Ne sutor ultra crepidam. » Philippe estropiait móins sa langue que le cordonnier dont nous venons de parler, et ses lettres, confrontées avec celles d'Esprit Fabre, révèlent une éducation primaire analogue à celle du jardinier d'Agde; mais celui-ci du moins sut s'apprécier et confia au savant professeur Dunal l'interprétation et la publication de ses expériences iorticoles. SÉANCE DU 26 JANVIER 1883. 57 mal connues. Nous avons de bonnes raisons pour croire qu'il a pris le dernier parti, comme plus expéditif et plus propre à lui épargner des diffieultés insurmontables pour lui. Ses prétendues nouveautés et les noms faux de ses éliquettes, en opposition avec les descriptions qu'il a calquées aveuglément sur celles de la Flore de France, nous en donnent la preuve. Plus de soixante espéces étrangéres aux Pyrénées, et que Phi- lippe y mentionne à tort d'aprés Lapeyrouse, sont décrites par lui avec les termes de Grenier et Godron. C'est ainsi, pour en citer un exemple, que sa description du Rhus Cotinus L., faussement indiqué à Saint-Béat, est calquée dans sa Flore sur celle du Rhus Cotinus de Grenier et Godron, bien que son herbier ne renferme de Saint-Béat que le Rhus Coriaria L. nommé Rhus Cotinus sur son étiquette. Si quelqu'un trouvait trop sévères nos appréciations, nous lui dirions qu'il nous a paru utile et honnête de prémunir les nombreux botanistes francais et étrangers qui vont herboriser aux Pyrénées contre le piège qu'on leur a tendu, en faisant de la science un trafic. On peut dire, en effet, de la Flore des Pyrénées de Philippe, ce que dit M. Crépin d'une Flore de Belgique publiée en 1853: « C'est là un ouvrage détestable à » tous les points de vue et qu'on ferait bien de laisser dans le plus profond » oubli. » Rien ne nous parait plus regrettable, répétons-le, que de voir encourager à outrance dans plusieurs sociétés savantes cette ardeur d'écrire, qui fait que peu d'hommes se rendent justice et que beaucoup d'incapables se croient appelés à faire un livre en sortant de l'école pri- maire. Quelle croüte classique capable à peine de mesurer de la toile, dit l'auteur d'un ouvrage récent, ne se croit aujourd'hui en état d'écrire un livre ou du moins un article? Que de gens ont méconnu leur vocation, et, au lieu de s’accuser d'avoir voulu faire une enjambée plus longue que leurs jambes, croient la société injuste à leur égard, et forment une armée considérable d'étres déclassés que rien ne peut satisfaire? M. Éd. Bureau, à l'occasion d'une publication récente de M. G. de Saporta, relative aux Algues fossiles (1), résume le débat qui s'est engagé dans ces derniers temps sur cette question si contro- versée. IL a fait disposer sur une table, à l'appui de ses explica- tions, une série nombreuse d'échantillons fossiles, qu'il fait suc- cessivement passer sous les yeux des personnes présentes (2). (1) A propos des Algues fossiles. Paris, 1882. . (2) M. le professeur Bureau ayant promis de donner ultérieurement pour le Bulletin une note sur cette communication, nous nous bornons à en indiquer le sujet dans le procès-verbal de la séance. (Note du Secrétariat.) 58 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. H. Vilmorin fait à la Société la communication suivante : EXPÉRIENCES DE CROISEMENT ENTRE DES BLÉS DIFFÉRENTS, par M. H. VILMORIN. Deux fois déjà j'ai eu l'honneur d'entretenir la Société d'expériences de fécondation croisée entreprises sur les diverses formes de Froments cultivés. Ces expériences ont pour but de vérifier si ces différentes formes sont ou ne sont pas spécifiquement distinctes les unes des autres. J'ai fait connaitre, au mois de décembre 1880, les résultats obtenus à la suite de deux années de culture; j'apporte aujourd'hui à la Société le résumé des observations faites pendant deux autres années, observations qui confir- ment pleinement l'impression donnée par les premiers essais. Aujourd'hui, pas plus qu'il y a deux ans, je ne puis apporter de conclusions tout à fait définitives. En effet, si la fertilité du produit de deux plantes différentes doit étre indéfinie. pour que l'identité spécifique de ces plantes soit hors de doute, il est bien évident qu'au bout de quatre ans on ne peut encore parler que d'une probabilité. Mais je puis dire qu'à mon sens les présomp- tions en faveur de l'unité spécifique de toutes les races de Froments cul- tivés, sauf l'Engrain, se sont fortifiées par les observations que j'ai faites dans ces deux dernières années. Ces observations ont porté, d'une part, sur toutes les séries de Blés issus des croisements faits avant 1879, qui ont fait l'objet de mes commu- nications précédentes, et, d'autre part, sur les plantes issues de croise- ments nouveaux faits en 1880. et 1881. Examinant d'abord la série la plus ancienne, je trouve que les Blés sortis du croisement entre le Blé blanc velu et l'Épeautre rose imberbe (voy. le Bulletin, t. XXVII, p. 13) sont restés parfaitement fertiles. Cha- cune des formes choisies en 1880 a donné depuis lors une descendance de plus en plus uniforme et de plus en plus identique, respectivement, aux types conservés en 1880. Dans ces types, qui ont été choisis avec intention aussi divers que possible les uns des autres, les caractéres du Blé tendre et de l'Épeautre, premiers parents de toute cette série de Blés, se trouvent combinés pour ainsi dire de toutes les manières imaginables ; le Blé étant blanc et velu, l'Épeautre rose et lisse, il y a des Blés blancs lisses, roses et velus, roses et lisses, et même il y a des Épeautres blancs lisses, blancs et roses velus. On peut dire que tous les caractères des pro- duits sont empruntés à l’un ou à l'autre des parents, et le plus souvent aux deux, à part que quelques-uns des descendants ont les épis beaucoup plus compactes que ne les ont leurs auteurs. En somme, cette descendance SÉANCE DU 96 JANVIER 1883. 59 se comporte comme il convient à de simples métis issus du croisement de deux variétés passablement distinctes d'une méme espèce. Les autres croisements effectués entre Blés tendres d'une part, et Blés durs ou Poulards d’autre part, ont donné lieu à plus de variations, comme Je l'ai dit déjà (voy. le Bulletin, t. XXVII, p. 357). A la seconde année de culture, en 1880, il s'est produit, dans la descendance des plantes obte- nues directement de ces croisements, une diversité de caractères vrai- ment extraordinaire. Plusieurs des plantes issues de semis offraient des. caractéres trés nettement différents de ceux de l'une ou de l'autre des plantes eroisées entre elles. En continuant la culture de ces Blés, je me suis attaché, d'une part à chercher s'il se présenterait dans la suite des formes s'écartant des caractéres des parents primitifs plus que n'avaient fait les plantes obtenues en 1880, et d'autre part si les variations ayant présenté des caractéres distincts, non directement hérités des parents, les formes que je serais tenté d'appeler erratiques pouvaient se fixer et subsister sans retourner à l'un ou à l'autre des parents. Le résultat des observations a été négatif sur le premier point : c'est à la seconde année de culture que se sont présentées les divergences les. plus grandes dans les caractéres des plantes issues des croisements ; c'est dans cette seconde année de culture qu'ont fait leur apparition les formes les plus bizarres et les plus différentes de leurs parents primitifs. La cul- ture subséquente de toutes ces formes a donné des lots tendant à se fixer rapidement. Dés 1881, la plupart des lots reproduisaient avec des varia- tions relativement peu importantes les caractéres de chacune des plantes conservées en 1880. Ainsi, pour prendre un exemple, dans la descen- dance du Blé Chiddam d'automne à épi blanc, fécondé par le Dlé dur Ismaël, sur dix-neuf lots cultivés en 1881, dix-huit ont pu être considérés comme à peu près fixés; un seul a présenté encore de grandes variations. Il y a été pris trois formes trés dissemblables, les graines en ont été semées séparément, et en 1882 chacun des trois lots a reproduit à peu prés exactement la plante dont il descendait. L'affaiblissement de la ten- dance à varier ne s'est produit là que la quatrième année après le eroi- sement, au lieu de se manifester dés la troisiéme, mais voilà tout. Pas plus dans ce lot que dans aucun des dix-huit autres, il ne s’est produit depuis 1880 de modification de caractéres aussi considérable que celles qui s'étaient manifestées à la deuxiéme année de culture. L'ébranlement apporté par l'influence de la fécondation croisée dans la transmission des caractères parait avoir atteint là son maximum d'aclion ; aprés quoi, dès la troisiéme génération, l'influence prédominante redevient celle de l'hé- rédité directe, c'est-à-dire celle de la force qui sollicite la plante à repro- duire les caractéres de son ascendant immédiat. Sur le second point, c'est-à-dire sur la fixation des formes tout à fait 60 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. différentes de leurs parents, le résultat des observations est affirmatif. Du croisement déjà cité d’un Blé tendre et d’un Blé dur était sorti en 1880 un Poulard bien caractérisé. En 1881, ce Blé n’a reproduit que des Pou- lards, un peu différents les uns des autres, mais tous bien caractérisés en tant que Poulards. Il en a été conservé deux, assez distincts l’un de l'autre, et en 1882 les Blés issus de ces deux réserves ont reproduit res- pectivement à peu prés sans variation la plante choisie en 1881. Voilà donc bien fixé, au moins jusqu'ici, un Poulard descendant d’un Blé dur et d’un Blé tendre. Comment expliquer ce fait, sinon en admettant que les Blés tendres et les Blés durs appartiennent tous deux à une même espèce susceptible de variations dont l’amplitude embrasse les caractères regar- dés comme distinctifs des Poulards? Nous verrons par d’autres exemples que les Épeautres aussi semblent représenter une simple variation de la même espèce. Le second croisement, dont il a été question dans la note du mois de décembre 1880, celui du Blé Chiddam d’automne à épi blanc par un Poulard, s’est comporté comme le précédent. C’est aussi à la seconde année de culture que se sont manifestés les écarts les plus considérables dans l'apparence des produits obtenus. Depuis lors chacune des formes conservées en 1880 a tendu à se fixer, et cette année, en 1882, tous les lots descendus de ce croisement ont présenté une uniformité relativement très grande. Les formes que je me suis attaché à suivre plus particulière- ment dans ce lot sont les Blés durs sans barbes. J'én ai conservé plusieurs qui différent par la couleur ou la longueur de l'épi; tous se sont fixés dans une proportion plus ou moins forte, et un ou deux ont présenté cette année une régularité qui ne le céde guére à celle de plusieurs variétés de Blé usitées dans la culture. Ces Blés durs sans barbes constituent pour mui une race de Dlé tout à fait nouvelle. Je ne sache pas qu'il en soit cultivé nulle part de semblables. Peut-étre celatient-il à ce que, dans les pays où se font les Blés durs, on préfère les variétés barbues aux autres, comme moins exposées aux ravages des oiseaux. Je mentionnerai ici en passant que, parmi les Blés tendres d'apparence trés diverse qui sont sortis de ces deux croisements, il en est un certain nombre qui rappellent d'une façon frappante les variétés de Blé tendre que l'on trouve dans les cultures du midi de l'Europe, variétés à balles dures et à paille demi-pleine. Il se pourrait bien que quelques-unes de ces variétés fussent le produit de croisements accidentels entre Blés tendres et Blés durs. Le troisième croisement dont j'ai parlé en 1880 est celui d'un Blé tendre à épi rouge et velu avec un Poulard. Leur descendance s'est com- portée tout à fait comme celle du Blé Chiddam à épi blanc fécondé par le Blé Ismaël ; c'est-à-dire que toutes les formes, trés diverses entre elles, SÉANCE DU 26 JANVIER 1883. 61 choisies en 1880, se sont, à l’exception d’une seule, reproduites assez semblables à elles-mêmes dès 1881. La seule qui fût restée très variable cette année-là s'est bien fixée en 1882. De même que dans les croisements précédents, il s'est surtout produit ici des formes où se combinent dans des proportions diverses les caractères des deux parents primitifs. Dans cette série de métis, l'anomalie la plus marquée est l'apparition d'un Blé à épi rameux, gris foncé, sans barbes, se rapprochant beaucoup d'un Épeautre rameux ; les balles y sont trés dures, appliquées sur le grain, qui est extrêmement difficile à à dépouiller, et l’axe de l’épi est fragile. La fixa- tion de cette race paraît s’opérer sans difficulté : dès 1881 elle était à peu près complète. Passons maintenant aux nouveaux croisements opérés en 1880 et 1881. Mon but, en les faisant, a été principalement de compléter la série des combinaisons possibles entre les cinq formes de Froment généralement ‘considérées comme distinctes : Blé tendre, Poulard, Blé dur, Blé de Pologne (qui rentre pour moi dans les Blés durs) et Épeautre. Quelques unes de ces combinaisons, comme je l'ai dit, n'avaient pu être réalisées dans les fécondations de 1878. A peu près toutes l'ont été dans les fécondations de 1880 ou de 1881. Quelques-unes seulement n'ont pas donné de descendance parce que les plantes sorties du premier semis ont péri par accident. Ceci me permet donc d'affirmer avec plus de certitude que je ne le faisais il y a deux ans, que toutes les variétés de Froment appartenant aux cinq formes ou sections mentionnées plus haut sont fécondes entre elles. Le Blé de Pologne, qui jusque-là s'était montré une des plus rebelles à la fécondation artificielle, m'a donné cette fois des grains fertiles avec tous les autres Blés, de méme que son pollen porté sur tous les autres a donné aussi une descendance fertile. La difficulté de donner place, dans des cultures comparatives d'étude, à un nombre trop considérable de lots m'a empéché de conserver une aussi forte proportion des plantes sorties de ces nouveaux croisements que je l'avais fait pour la descendance de ceux de 1878. L'examen des quelques formes que j'ai conservées m'a fait constater que ces nouveaux métis se sont comportés, à trés peu de chose prés, comme les précédents: à la premiére année, les plantes issues des graines produites par la fécondation croisée donnent des individus parfois assez divers entre eux, mais toujours assez nette- ment intermédiaires entre les deux parents; c'est à la seconde génération que se présentent les écarts les plus remarquables. Je l'ai constaté ici une fois de plus. Pour éviter une énumération qui serait fatigante sans apporter aucun fait qui n'ait été déjà constaté précédemment, je citerai seulement, parmi les nouveaux métis, un Blé qui présente trés nettement tous les caractéres d'un Épeautre et qui sort du croisement d'un Blé dur et d'un Blé tendre. 62 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Nous verrons dans les années prochaines s'il se fixe aussi bien qu'a fait l'Épeautre rameux sorti d'un Blé tendre et d’un Poulard. Un fait qui peut être digne de remarque, c'est que le croisement des Poulards par les Blés durs, et réciproquement, n'a pas donné lieu, méme à la seconde généra- tion, à des variations d'une grande amplitude. Mes premiéres observations sur des Blés croisés m'ont donné l'occasion de constater qu'il en est de méme dans les cas de fécondation entre des Blés tendres et les Épeautres. On pourrait en conclure que, bien qu'appartenant tous à la méme espèce, les Froments cultivés forment deux groupes principaux, dont l'un com- prendrait les Blés tendres et les Épeautres, et l'autre les Blés durs et les Poulards. Cette division correspondrait à un caractére de végétation assez important, les Blés du premier groupe ayant la paille creuse, et ceux du second la paille plus ou moins pleine. Croisés entre eux, les Blés d'un méme groupe donneraient une descendance plus uniforme que quand le croisement a lieu entre Blés de groupes différents. L'insuccés constaté jusqu'en 1880 dans tous les essais de fécondation de l'Engrain (Triticum monococcum L.) par les autres Froments, ou des autres Froments par l'Engrain, s'est représenté constamment dans toutes les tentatives nouvelles faites ces deux derniéres années, en vue d'obtenir le méme croisement. Il semble donc que l'Engrain appartient à une espéce botanique différente de celle qui a donné naissance aux autres Froments cultivés. L'examen au microscope du pollen de l'Engrain con- firme cette supposition, car son pollen est plus petit et plus anguleux que celui de tous les autres Blés. Le Tr. monococcum parait se rencontrer encore à l'état sauvage, car c'est à lui que J. Gay rapporte un Froment trouvé à l'état sauvage par M. Balansa en Asie Mineure. Le méme botaniste croit le Tr. monococcum, identique spécifiquement au Tr. bœoticum Boiss., lequel est spontané en Gréce et en Serbie. J'ai regu pour la premiere fois, cet automne, des graines de Tr. bæoticum, gràce à l’obligeance de M. A. De Candolle; j'en possède actuellement plusieurs pieds bien levés, au moyen desquels je me propose de faire l'été prochain des expériences de croisement avec les formes cultivées du Tr. monococcum. En résumé, les observations de 1881 et de 1882 confirment celles qui ont été faites précédemment. Dans ces deux derniéres années, en effet, j'ai réussi à peu prés sans exception les croisements entre les formes les plus distinetes de Froments, et d'autre part j'ai constaté dans la descen- dance de mes premiers croisements, descendance qui est arrivée pour le plus grand nombre à la quatriéme et pour quelques lots à la cinquième génération, une fécondité complète, qui ne parait pas faiblir avec le temps, et qui au contraire, dans certains cas, paraît plus grande aujourd'hui qu'à là première ou à la seconde année. Je suis donc plus que jamais SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1883. 63 disposé à regarder comme juste l'opinion qui consiste à ne voir que des formes diverses d’une même espèce dans toutes les races de Froments cultivés, à l’exception des Engrains. SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1883. PRÉSIDENCE DE M. ÉD. BUREAU. M. G. Bonnier, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 26 janvier, dont la rédaction est adoptée. En vertu de la présentation faite dans la dernière séance, M. le Président proclame membre de la Société : M. Dumée (Paul), pharmacien à Meaux, présenté par MM. Guédon et Mouillefarine. M. Émile Vallot, ayant satisfait à la condition spécifiée dans l'article 13 des Statuts, est proclamé membre à vie. Dons faits à la Société : Ch. Baltet, Visite à la villa Tourasse, à Pau. R. Bourdon, Étude botanique sur le Danais fragrans Commers. M. Gandoger, Revue du genre Polygonum. J. Guillaud, Recherches sur l'Hibiscus ou Ketmie rose du Sud-Ouest. Éd. Lamy de la Chapelle, Invasion dans la Haute-Vienne de la ma- ladie de la Vigne dite le Mildiou. M. Magnin, Fragments lichénologiques. E. Mer, Sur les conditions de développement des feuilles nageantes. E. Planchon, Catalogue des graines récoltées en 1882 au Jardin des plantes de Montpellier. Vilmorin-Andrieux, Les plantes potagéres, description et culture des principaux légumes des climats tempérés. Recueil des mémoires et des travaux publiés par la Société botanique du grand-duché de Luxembourg (1880-1882). Bulletin of the Buffalo Society of natural Sciences [contient : The plants of Buffalo and its vicinity (Phænogamæ), by David F. Day]. 64 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Bulletin ofthe United States national Museum, 1882 (Bibliography of the Fishes of the Pacific coast, by Th. Gill). Annual Report of the commissioner of Agriculture for 1880. Washington. Annual Report of the comptroller of the Currency. Washington, 1881. Journal and Proceedings of the Royal Society of New South Wales, 1881. Th. Richards, New South Wales in 1881. M. Duchartre fait à la Société la communication suivante : INFLUENCE DE LA TEMPÉRATURE SUR L'ÉPANOUISSEMENT ET LA FERMETURE DES FLEURS DES CROCUS, par M. P. DUCHARTRE. A l'avant-derniére séance de la Sociélé botanique (12 janvier 1883), j'ai déposé sur le bureau, au nom de M. Paul Chappellier, une charmante collection de Crocus dont les fleurs étaient déjà en parfait état, à cette époque encore fort peu avancée de l'année, bien que, dans les circon- stances ordinaires, elles ne se montrent qu'à la fin du mois de février ou au commencement du mois de mars. Cette floraison remarquablement hàtive tient à la douceur exceptionnelle de l'hiver que nous traversons, et elle a été plus hâtive encore pour d'autres espèces printanières du méme genre, dont une, dans la collection de M. P. Chappellier, était en fleur dés le 10 décembre 1882, et dont neuf ont été montrées par lui, en parfaite floraison, à la Société nationale d'Horticulture, le 28 du méme mois. Ce fait est assez anormal pour qu'il ne soit pas inutile de consigner ici les noms des espéces qui l'ont présenté. Ce sont: Crocus alatavicus Regel, d'Asie; C. aureus Sibth., de Gréce; C. biflorus Mill., d'Italie et du Caucase; C. Boryi Gay, de Grèce; C. chrysanthus Herb., de Grèce et de Smyrne; C. Fleischeri Gay, de Smyrne; C. Imperati Ten., d'Italie; C. Sieberi Gay, de Gréce; C. syriacus Boiss., de Syrie. Parmi les espéces que j'ai eu l'honneur de mettre sous les yeux de la Société botanique le 12 janvier 1883, cinq étaient comprises dans la présentation faite à la Société d'Horticulture, le 28 décembre dernier ; c'étaient: Crocus alatavicus,biflorus, chrysanthus, Imperati et Sieberi. Les cinq autres ont fleuri depuis cette époque; ce sont: Crocus dal- maticus Vis., C. luteus Lamk, C. minimus DC., C. pusillus Ten. var. estriatus, C. versicolor Gay. On voit donc que quatorze espéces printanières de Crocus ont fleuri, cette année, dans la collection de M. P. Chappellier, avantle 12 janvier. Outre leur hàtiveté de floraison, ces charmantes plantes m'ont offert SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1883. 65 un fait qui me semble assez digne d'attention pour que je croie devoir en entretenir quelques instants la Société : c'est la rapidité avec laquelle quelques degrés de température en plus ou en moins déterminent le périanthe de leurs fleurs à s'ouvrir ou à se fermer. Pour me les apporter, M. P. Chappellier avait enfermé ses Crocus dans une boite de bois. Cette boite a été déposée dans une piéce non chauffée, où la température se maintenait, depuis quelques jours, avec une fixité remarquable, à + 12° C. Le 12 janvier, vers sept heures du soir, la boite a été ouverte et transportée dans une pièce chauffée où la température était de + 16^ C. Cette différence de 4 degrés dans l'atuosphére am- biante a suffi pour déterminer rapidement l'épanouissement des fleurs ; à huit heures, toutes étaient parfaitement ouvertes, et, quand je les ai déposées, quelques instants plus tard, sur le bureau de la Société, elles étaient dans toute leur beauté. J'ai voulu voir si ce que la chaleur avait fait, le refroidissement pouvait le défaire. Aprés la séance, un peu aprés dix heures et demie du soir, j'ai remis les plantes, pour la nuit, dans la pièce non chauffée, où la tempéra- ture était toujours de + 12° C. Une demi-heure plus tard, les fleurs des Crocus chrusanthus et pusillus étaient entièrement fermées, les autres l'étaient déjà plus ou moins, et l'espéce qui se montrait le plus en retard sous ce rapport était le C. Sieberi, pour laquelle le mouvement d'occlu- sion commençait cependant à se dessiner nettement. Il est presque inutile de dire que ce mouvement ayant continué à se produire pendant la nuit, les plantes étant restées à la méme place, toutes les fleurs étaientfermées le lendemain matin, et il est bon de faire observer que, dés huit heures du matin, elles avaient été soumises à l'influence d'une bonne lumiére diffuse, derriére la vitre d'une grande fenétre exposée à l'est. A dix heures et un quart, dans la méme matinée, les plantes ont été transportées derriére les vitres d'une fenétre exposée à l'ouest, à une bonne lumière diffuse, dans une pièce chauffée où la température a été maintenue constamment entre 16 degrés et 17° C. Au bout d'une heure, l'épanouissement était à peu prés complet pour les fleurs des Crocus Sieberi, Imperati, minimus et versicolor ; il s'était fait à moitié pour les C. chrysanthus, luteus, alatavicus ; il commencait seulement à s'accuser pour le C. minimus, surtout pour le C. pusillus. A midi et demi, les fleurs étaient entièrement épanouies sur les Crocus dalmaticus, Imperati, minimus, Sieberi, versicolor et biflorus ; même une fleur de cette derniére espéce, qui, la veille, avait été coupée par mé- garde et était restée sur la terre du pot, aprés s'étre fermée la nuit, s'était rouverte sous l'influence de la chaleur, quoique détachée. Celles des C. chrysanthus et luteus étaient moins ouvertes; celles du C. pusillus étaient seulement entr'ouvertes au sommet; quant à celles du C. alata- T. XXX. (SÉANCES) 5 66 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. vicus, je les laisse maintenant de côté, parce qu’elles ont offert une parti- cularité sur laquelle il y aura lieu d'insister quelque peu. Afin de reconnaître si la fleur du Crocus pusillus était seulement plus lente que les autres à ressentir l'influence de la chaleur, j'ai laissé le pied de cette espéce dans la piéce chauffée; mais, au bout de plusieurs heures, il était dans le méme état, et les alternatives de chaleur et de fraîcheur auxquelles je l'ai soumis encore pendant environ trente-six heures n'ont produit sur son périanthe que des changements à peine appréciables. Il me semble done résulter de cette observation, que la fleur de cette espéce, aprés s'étre ouverte et fermée une fois sous l'influence des changements de température, devient insensible, ou à fort peu prés, à cette méme influence. Le 13, vers une heure, je mets les plantes, sauf le pied de C. pusillus, à l'air libre, sur une fenêtre exposée à l'est, où le thermomètre marque + 8 C. Au bout de deux heures, le périanthe du C. minimus est entière- ment fermé; celui du C. versicolor lest presque au méme degré, de méme que celui des C. luteus et chrysanthus; il est à moitié fermé sur les C. Imperati, Sieberi, dalmaticus et biflorus. Je replace les plantes, aprés trois heures, dans la pièce chauffée à -- 16° C. Au bout de deux heures, les fleurs étaient bien ouvertes pour les C. minimus, Imperati, versicolor, dalmaticus, Sieberi, chrysanthus et biflorus; elles ne l'étaient qu'à moitié pour le C. luteus. Enfin, pour ne pas trop prolouger ces détails, je me bornerai à dire que, tant que le périanthe des fleurs de ces Crocus a conservé une appa- rence de fraicheur, les alternatives de chaleur et de refroidissement ont exercé sur elles la méme influence : elles se sont ouvertes à la chaleur, puis fermées dans un air plus frais, et de méme à la lumiére qu'à l'obscurité. Quant au Crocus alatavicus, les deux verticilles de son périanthe se sont comportés de deux maniéres entiérement différentes: les trois seg- ments externes, ou les sépales, une fois étalés, n'ont plus ressenti l'in- fluence de la diminution de température et ne se sont plus relevés; ils se sont méme étalés de plus en plus, puis complètement rabattus; au con- traire, ses trois segments internes, ou les pétales, aprés s'étre relevés et rapprochés sous l'influence de l'air frais, aprés leur premier épa- nouissement, n'ont presque plus ressenti l'action des inégalités de tem- pérature: leurs trois sommets, connivents à l'air frais, se sont écartés trés faiblement à l'air chaud, sans jamais s'épanouir méme à moitié, Des observations qui précédent je crois pouvoir tirer les conclusions suivantes: 1° Le périanthe des fleurs des Crocus (du moins de ceux dont il s'agit dan$ cette note) s'ouvre en peu de temps sous l'influence de la chaleur, se ferme ensuite sous l'action d’un abaissement de température. SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1883. 67 2° Une différence de 4 ou 5 degrés dans la température de l'air am- biant suffit pour produire ces effets, dans l'espace d’une demi-heure à une heure pour la plupart des espèces, dans un temps un peu plus long pour d'autres. J'ai lieu de penser que ces deux faits opposés se produi- raient plus rapidement sous l'influence de plus grandes inégalités de température. 3° En général, les passages de l'épanouissement à la fermeture peuvent se reproduire plusieurs fois dans la méme fleur, tant qu'elle reste fraiche; cependant, chez une espéce (C. pusillus), ils n'ont eu lieu qu'une seule fois. | 4 Les deux verticilles d’un même périanthe peuvent éprouver des effets dissemblables de la part des inégalités de température (C. alatavicus). 5° La lumière n'intervient en rien dans la production des mouvements du périanthe, puisque celui-ci s'ouvre ou se ferme au méme degré, par les exhaussements et les abaissements de température, que les plantes soient au jour ou à l'obscurité. 6° La cause de ces mouvements paraît être uniquement extérieure et mécanique, et elle agit sur les fleurs coupées comme sur celles qui tiennent à la plante vivante. J'insiste sur cette dernière conclusion, parce qu'on serait tenté, à la premiére observation de ces phénoménes, d'attribuer un róle important, pour leur production, à ces deux forces intérieures agissant, l'une pour redresser, l’autre pour courber les organes, dont M. Vóchting admet l'existence dans les plantes, qu'il regarde comme influant puissamment sur divers mouvements des organes (1), et auxquelles il donne les noms de rectipétalie et curvipétalie. Si maintenant il m'était permis de hasarder une hypothése pour expli- quer les mouvements du périanthe des Crocus, je dirais que, quand une fleur de ces plantes est placée, toute fermée, dans une atmosphére plus chaude que celle où elle se trouvait auparavant, l'action de l'air chaud doit déterminer une évaporation plus forte dans l'épiderme de la face alors seule externe de son périanthe ; il en résulte que les cellules épidermiques, et probablement aussi quelques-unes des sous-jacentes, perdent de leur turgescence, diminuent dés lors de volume, et que l'ensemble de la couche sensiblement contracté doit obliger ce méme périanthe à se courber vers l'extérieur, c'est-à-dire.à s'ouvrir. La fleur ainsi ouverte passant ensuite dans un air plus frais, l'évaporation ou transpiration diminue ; les cellules de l'épiderme externe font un appel de liquide d'autant plus énergique qu'elles en avaient préalablement perdu davantage, et, à mesure qu'elles (1) Vàchting, Die Bewegungen der Blüthen und Früchte. Bonn, 1882, in-8° de 199 pages et 2 planches. 68 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. reprennent leur turgescence, le périanthe reprend aussi graduellement sa situation première, c'est-à-dire se referme. Je n'exprime cette idée qu'avec toutes réserves; néanmoins une explication de méme ordre est généralement admise pour des faits qui ont assez d'analogie avec celui dont il est question dans cette note pour que l'interprétation donnée aux uns puisse étre, ce me semble, logiquement étendue à l'autre. M. Malinvaud donne lecture de la communication de M. H. Loret, qui avait été déposée sur le bureau à la dernière séance (1). M. le secrétaire lit ensuite le travail suivant : DEUXIEME NOTICE SUR QUELQUES PLANTES CRITIQUES OU PEU COMMUNES (3), par M. Antoine LEGRAND. Cette seconde notice renferme l'indication de localités nouvelles pour des espèces rares, ou de formes intéressantes rapportées avec certitude à des espéces ou sous-espéces récemment décrites: par exemple, dans le genre Rosa, dont M. Déséglise a bien voulu revoir mes types du Forez, et dans le genre Hieracium, sur lequel jettent un jour nouveau les remar- quables travaux de M. Arvet-Touvet. J'ai accepté le concours de ce con- sciencieux botaniste avec d'autant plus de plaisir que, dans ma Statistique botanique du Forez (1873), j'avais été obligé de laisser dans l'ombre l'étude de ce genre difficile, malgré cependant les notes nombreuses de M. Boreau, parmi lesquelles j'avais constaté une confusion parfois étrange. On remarquera aussi la désignation de quelques formes nouvelles pour la France ou tout à fait méconnues. Enfin j'ai eru pouvoir accompagner de notes critiques plus étendues l'Aira cespitosa ét l'Asplenium Lamot- teanum. Thlaspi alliaceum L. — Aveyron: bords des vignes à Livinhac-le- Haut, où il a été découvert par le frère Saltel le 15 avril 1884. Localité intéressante à ajouter, d'une part à celles si peu connues en France, et d'autre part à l'unique et douteuse station signalée par le D" Bras, dans son Catal. pl. Aveyr. p. 46. Polygala vulgaris L., forme ciliata. — Trés remarquable par les ailes fortement ciliées sur leurs bords, surtout dans leur moitié supé- rieure, ainsi que les bractées. Espagne : Orense en Galicie (Hackel, 1876). (1) Voyez plus haut, page 50. (2) Voyez Bull. Soc. bot. de Fr. t. XXVIII, p. 52-60. SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1883. 69 Dianthus pungens Timb. (Essai monogr. p. 12; an L.?) — Récolté, commençant à fleurir le 3 août 1862, dans les sables maritimes de Barcarés, prés de Perpignan. Oss. — Malgré l'autorité de M. Timbal, je me demande si le Dianthus pungens ne serait pas simplement la forme maritime du D. attenuatus si commun dans les Pyrénées-Orientales, et dont on observe tant de varia- tions en s'élevant des rivages jusque sur les montagnes. On a donné à ces variations peu importantes les noms de catalonicus Pourr., pyrenai- cus Pourr., etc. — Il est vrai que la figure de l'Essai monogr. (pl. xiv) donne au D. pungens un calice cylindrique; mais c'est une erreur ma- nifeste (1). Dianthus Requienfi G. G. — Je rapporte avec doute à cette espèce des échantillons rabougris (ne dépassant pas un décimétre), récoltés le 12 juillet 1862 au pic de Costa-Bona (Pyrénées-Orientales). Toutefois mes échantillons different du type par les fleurs et les calices plus petits, et les feuilles supérieures formant de fausses bractées au soinmet des tiges, au-dessous des fleurs, ce qui leur donne un peu l'aspect du D. neglectus, Lois, — M. Boreau m'avait autrefois déterminé cette forme sous le nom de D. furcatus, Balb. ; j'ignore si cette détermination est fondée. Vicia Barbazitæ Ten. et Guss. — C'est le nom que notre confrère M. Rouy (2) a imposé à la plante que je nommais à peu prés dans le méme temps V. tricolor S. et M. (Bull. Soc. bot. de Fr. t. XXVIII, p. 56). J'accepte trés volontiers cette rectification; reste à savoir si ces divers Vicia constituent bien des espéces. Rosa Grenieri Déségl. — D'aprés l'auteur méme de cette remarquable espèce, c'est ce nom qu'il faut donner à l'espéce désignée antérieurement sous le nom de R. Andrzejowskii, soit par moi, soit par M. Debeaux (Matériaux pour servir à l'étude des Rosiers dans les Pyrénées-Orien- tales, page 28). Je l'ai récoltée à La Preste, au bord du Tech. M. Déséglise, en révisant mes Rosa de la Flore du Forez, m'a fourni aussi d'utiles indications ou rectifications, d’où résulte l'addition de sept espèces ou formes non signalées dans le Prodrome du Plateau central de M. Lamotte, savoir: Rosa hemitricha hipart. — Montbrison, dans les haies de Crémé- rieu ! R. nemorivaga Déségl. — Dois de St-Bonnet les Oules! (R. crustata Legrand in Stat. bot. du Forez, p. 115). R. Pugeti Boreau. — St-Bonnet les Oules et St-Jodard! (4) Les organes floraux de cette planche sont de grandeur naturelle, tandis que la plante elle-méme est seule réduite de moitié. (2) Bull. Soc. bot. de Fr. t. XXVIII, p. LX. 70 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. R. arduennensis Crép. — De beaux échantillons en fleur, récoltés dans la plaine de Montbrison à deux localités, ne peuvent guère se rap- porter qu'à cette espèce. R. trachyphylla Rau. — Parait décidément fréquent dans le départe- ment de la Loire : la Fouillouse, mont d'Uzor, etc., etc. R. Friedlanderiana Desser. — Bois de Ste- Foy-St-Sulpice ! R. cinerascens Dumort. — La Fouillouse! Anchusa sempervirens L. — Dans les lieux incultes, à Belleville, prés Paris, mai 1859! Verbascum thapsiforme-Blattaria G. G., forme simplex. — Cet hybride est décrit par les auteurs comme très rhmeux, ce qui est parfai- tement exact; c'est dans cet état qu'il se présente fréquemment autour de Montbrison. Mais je ly ai récolté aussi avec une tige parfaitement simple, comme par exemple V. virgatum. Scrofalaria vernalis L. — Belleville, prés de Paris (10 avril 1859 n). Veronica arvensis L., forme glandulosa. — J'ai reçu de l'Avevron une forme trés velue, glanduleuse, de cette espéce, sans doute peu com- mune, puisque M. Godron (Flore Lorr. p. 11, 2* édit.) fait, de l'existence des glandes, un caractère distinctif des Veronica acinifolia et arvensis, et qui serait propre au premier. | Hieracium cymosum, L., Arv.-Touv.! — Région montagneuse du Var, à la Bargeaude, prés d'Ampus (M. Albert). Cette espèce manque à la flore des Alpes-Maritimes de Ardoino. Hieracium caricinum Arv.-Touv. ! (Monogr. pe 14, sub Pilosella). — M. Arvet-Touvet rapporte à cette espéce, comme forme pilosula, les spé- cimens de mon herbier récoltés au Pigno, en Corse, le 16 mai 1867, par M. Debeaux. Je l'avais déjà rapprochée d'un Hieracium d'Istrie, distribué ‘par M. Freyn sous le nom d'H. adriaticum. (ined). M. Arvet-Touvet a main- tenu ce rapprochement dans les Additions, p. '1 (1879). Mais le Pilosella caricina est-il un hybride des H. florentinum et Pilosella? Le premier parait étranger à la Corse (cf. Marsilly, Cat. des pl.de la Corse, p. 91). Hieracium Liottardi Vill. — J'ai recu cette espèce de M. Chéneviéro, qui l'a découverte à une localité nouvelle trés intéressante: Culoz, dans l'Ain, 4 juin 1882. — Elle manque à la Flore de la chaîne jurassique de Grenier. Hieracium buglossoides Arvet-Touvet! — Abondant sur les rochers granitiques au sommet de Pierre-sur-Haute (Loire), où je l'ai récolté Je 23 juillet 1869 (à 1600 mètr. d'alt.). Hieracium juranum Fries. — Région montagneuse du Var, prés Ampus : forêt de Brouis, à 1400 mètr. d’alt., juillet et août 1879. (Reçu de M. Albert.) SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1883. 71 Hieracium tridentatum Fries var. angustifolium Uechtritz (secund. Arvet-Touv. !). Loire: bord des bois de la chaine du Beaujolais, à Violay, vers 800 m. d'alt.; 2 septembre 1871 ! — Parait voisin des H. stenocladum et auri- stylon de Jordan. Hieracium insuetum Jord. — Loire: Sail-sous-Couzan, sur la mon- tagne qui supporte le vieux château ; 20 aoüt 1868. — Mes échantillons ne different du n» 3646 publié par Dillot que parce qu'ils sont un peu moius velus, et les feuilles en général un peu plus allongées. Hieracium salicifolium Arvet-Touvel! — Var: bois de Pins à Château- vieux ; 24 aoüt 1879. (M. Albert.) Les échantillons de mon herbier sont rapportés par M. Arvet-Touvet, comme variété subhispida, à son salicifolium. Hieracium gallicum Jord. (teste Boreau); H. sabaudum Arv.-Touvet !. — Loire : bord des bois dela chaine du Beaujolais, à Sainte-Agathe; sep- tembre 1871! La plante publiée par Billot sous le n» 3647 est voisine de la précé- dente, mais ne représente nullement, selon moi, l'H. dumosum de Jordan (1). Mentha silvestris L. fol. angustior. inæqual. denticulatis, petiolu- latis, summis sæpius reflexis (Malvd Menthæ exsiccatæ, n° 134). — C'est le Mentha silvestris, 8. major de ma Statist. bot. du Forez, Suppl. p. 305. — Les échantillons publiés proviennent de la localité antérieurement signalée par moi. C'est une trés belle forme, atteignant un mètre à un mètre et demi. Ce développement peu ordinaire est dû à la nature de la station trés humide, marécageuse et trés ombragée. D'autre part, ses feuilles pétiolées en font une forme remarquable. Polygonum Debeauxii Legrand. — Racine faible. Tiges de 30 à 35 cen- timètres, gréles, droites dès la base, peu rameuses, à rameaux florifères effilés rapprochés del'axe, peu feuillées et seulement dans leur moitié inférieure. — Feuilles linéaires étroites, aiguës, planes, minces (25 mil- limétres de longueur environ sur 3 millim. de largeur), rétrécies en un court pétiole de 2 à 3 millim. de longueur, nerviées sur les deux faces; feuilles supérieures nulles ou bractéiformes, linéaires très étroites. — Gaines brunes, nerviées, déchirées en deux ou trois lanières. — Fleurs (1) [Note communiquée par M. Legrand et ajoutée pendant l'impression. — 1* L'Hie- racium caricinum de Bastia vient d'étre indiqué par M. Arvet-Touvet dans son der- nier mémoire : « Notes sur quelques plantes des Alpes, précédées d'ume revue des » Hieracia Scandinaviæ ... », p. 23. - 9» M. Arvet-Touvet signale dans ce travail une espéce qui intéresse Ie Plateau central ; Ce que j'ai rapporté autrefois à l'A. spicatum All. (Stat. bot. de Forez, p. 166) est, d'aprés ce savant monographe, H. striatum Tausch., non encore connu en France. Je reviendrai du reste sur ce dernier]. 72 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. petites, la plupart solitaires, écartées, formant des épis allongés, làches au sommet des rameaux, pédicellées. — Akénes petits (2 millimètres de longueur), trigones, à faces profondément excavées, blonds, luisants, finement ponctués, chagrinés. Corse : prairies marécageuses et saumâtres de l'étang de Biguglia, près de Bastia (Debeaux, 6 octobre 1869). Ce Polygonum est très voisin du P. aviculare L., mais il diffère des nombreuses formes de ce dernier par son port, ses longs épis làches, flexueux, et surtout par ses akénes. Il n'en est probablement qu'une variété trés remarquable. Ornithogalum narbonense L. — Aude, vignes de Leucate; 14 juin 1863 ! Parait rare dans le Roussillon, où M. Debeaux ne lui assigne qu'une seule localité (Recherches, page 121). Romulea ramiflora Ten. — Pyrénées-Orientales, côte St-Bernard à hivesaltes; 30 mars 1862! Cette localité est peu éloignée de Leucate, où M. Debeaux l'indique aussi (Recherches, 2 fascicule, p. 247). C'est probablement à cette espéce qu'il faut rapporter les beaux et robustes spécimens distribués autrefois par M. Honoré Roux des prairies de Berre (Bouches-du-Rhóne). Leucoium Hernandezii Cambess. — Celte espèce, qui, je pense, n a pas encore été signalée en France, a été découverte aux environs de Toulon (bords dela riviére du Las), en 1873, par M. Huet. Les échantillons que j'ai recus paraissent bien analogues à ceux des iles Daléares; mais la plante de Toulon fleurit en novembre, tandis que l'autre n'apparait qu'en février. Juncus butonius L., form. major. — Forme élevée, différant du type par sa grande taille (30 centimètres) et ses fleurs, dont le périanthe atteint 7 à 8 millimètres. — Perpignan, 1852! Les organes floraux de mes échantillons sont encore plus développés que dans la plante de Sardaigne distribuée par M. Reverchon, sous le nom de forma major (Parlat.). Crypsis alopecuroides Schrad. — Indre: allées humides de la forét de Châteauroux (septemb. 1864). Rare dans la région du Centre. ‘Poa anceps Boreau Fl. c. p. 721. — Environs de Montbrison! (Loire). — Ne me parait qu'une grande forme de Poa pratensis, remarquable par l'ampleur de sa panicule, les fleurs plus nombreuses, avec la tige com- primée. Aira cespitosa L. et parviflora Thuill. L'Aira cespitosa présente des variations nombreuses, relativement à l'ampleur des panicules, l'élévation des tiges, la couleur et la grandeur des fleurs, la forme des feuilles. M. Bonnet a déjà attiré l'attention sur ces variations dans le Bulletin (t. xxiv, p. 271) ; cependant je présenterai à SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1883. 73 ce sujet quelques observalions qui auront pour résultat d'affaiblir encore la valeur des prétendus caractéres qu'on a cru y rencontrer, et qui prou- vent que l'on passe de l'Aira parviflora à Aira littoralis par tous les intermédiaires possibles. Voici les transitions que j'ai observées : Les plus grandes fleurs et en méme temps les plus colorées sont four- nies par l’Aira littoralis (Godet), qui présente des épillets de 5 à 6 milli- métres de longueur. Mes plus beaux spécimens proviennent ensuite des marais de Villechétif, prés de Troyes ; du Mont-Dore, des montagnes dela Loire, avec des épillets vivement colorés de 4 à 5 millimètres. Un spéci- men trés développé de la Grande-Chartreuse présente des fleurs absolument vertes et assez grandes (de 3 1/2 à 4 millim.). Les épillets des échantillons suivantsne dépassent pas 3à3 1/4 millim.: Bois de Fouchy, prés de Troyes ; St-Bonnet, prés Montbrison (fleurs colo- . rées de brun). — Feurs (Loire), fleurs vertes. Ces derniers échantillons ont mérité de M. Boreau le nom d’Aira parviflora Thuill. — de Marmagne (Cher), 2 formes, forma brunnea colorata (precox) et forma viridis (serotina) ; — de l'Aveyron, et enfin d'Angers, dont je posséde quatre spécimens reçus de Boreau sous le nom d'A. parviflora Thuill. Le plus petit a 27 centim., et le plus grand 53, du collet de la racine au sommet des tiges; feuilles planes, épillets verts ne dépassant pas 3 millimètres ; plantes récoltées le 30 aoüt 1864. Boreau n'a connu que tardivement cette dernière prétendue espèce, à laquelle il ne consacre qu’une courte observation dans sa Flore, oùil dit que l'Aira parviflora Thuill. diffère du type par « ses fleurs moitié plus petites », expression inexacte, car jamais, dans nos contrées, l'Aira cespi- tosa n'a d'épillets atteignant 6 millim. (sauf dans le littoralis). Enfin, lorsqu'en 1859 Boreau publia son Catalogue des plantes de Maine-et- Loire, il n'en fit pas encore mention. L'Aira parviflora a été établi dans la Flore des environs de Paris (an. vir, p. 38) par Thuillier, qui ne, devait pas être lui-même très édifié sur sa propre espéce. Non-seulement sa description est fort vague, mais elle est contradic- toire. Dans la diagnose, il lui donne l'épithéte d'elatior par comparaison sans doute avec le cespitosa ; et plus loin, « cette plante estassez haute »; puis en observation, « elle a le port de l’A. cespitosa, mais elle est plus petite dans toutes ses parties ». Grenier et Godron ont fait de la plante de Thuillier la variété pallida (Fl. de Fr. t. III, p. 507), sans parler de la forme à épillets plus ou moins colorés de brun. Koch (Syn. p. 681), en établissant la variété pallida, ne tient compte que de Ja couleur et non de la grandeur des fleurs ; de sorte que la forme indiquée plus haut de la Grande-Chartreuse se rapporterait ici, malgré ses fleurs assez grandes. 74 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Loiseleur, qui devait connaitre la plante de Thuillier, s'est borné, dans le Flora gallica (p.51), à citer cet Aira comme simple synonyme, et enfin les auteurs de la dernière Flore des environs de Paris, toujours si judi- cieux dansleurs déductions, ne lui ont guère fat plus d'honneur en en faisant une simple sous-variété caractérisée par « épillets plus petits que dans le type » (Coss. et Germ. Fl. par. p. 806). La longueur des arêtes est également des plus variables. Dans les petits spécimens, elle est plus courte que la glumelle ; elle augmente graduelle- ment dans les fleurs plus développées, pour arriver dans lA. littoralis à dépasser la glumelle de 1 1/2 millim. à 2. Enfin les feuilles sont tantôt trés longues et planes, ou au contraire très courtes, en faisceaux et planes ou pliées et méme enroulées (conf. Bonnet, loc. cit. p. 271). En donnant à ces diverses formes le titre de sous- variétés, on les élève encore beaucoup dans la série. Les légers caractères qui les séparent sont dus surtout, et probablement exclusivement, à la nature des stations qu'elles habitent, selon qu'elles sont plus ou moins humides ou découvertes (1). Asplenium Lamotteanum Héribaud, Note sur une nouvelle espèce de Fougère, Riom, 1880. — On s’est plu à faire avec cette plante des rap- prochements forcés, en la comparant avec des espèces qui ne les com- portent en aucune façon. Il serait superflu de s'arréter à démontrer que nous n'avons affaire, ni avec l'Asplenium lanceolatum, ni avec le Ruta- muraria: du méme coup tombe toute hypothèse d'hybridité. Plusieurs centaines d'échantillons m'ont passé sous les yeux. Cet exa- men m'a permis de constater des variations assez nombreuses, et méme la présence parmi eux de l'Asplenium serpentini bien caractérisé. Il m'a été difficile de composer une centurie d'échantillons tout à fait identiques. Enfin cet examen n’a point modifié l'avis. que je donnai au frère Saltel dés le jour de sa découverte. L'Asplenium Lamotteanum diffère de l'Adiantum-nigrum par le port plus raide, les ramifications plus écartées du rachis, d’où un port triangulaire; par les dentelures des lobes point flexueuses ; ceux-ci écartés, obtus ou arrondis, ceux des rameaux inférieurs plus profondément divisés. L'Asplenium Adiantum-nigrum a le bord des lobes flexueux et incombants. , . o . Q . . . . E . L'A. serpentini Tausch se distingue « pinnulis minoribus remotioribus A e J'ai rapporté à tort autrefois (Stat. bot. du Forez, p. 238) à l'Aira littoralis une elle forme des bords de la Loire, à Veauche, remarquable par ses fleurs assez grandes, vivement colorées, ses feuilles courtes, épaissies, pliées et son aréte plus longue que la glumelle d'un millimétre. C'est une des formes int diair : plus de la précédente. n ermédiaires qui se rapprochent le SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1883. 75 infimis profundius lobatis » (Koch, Syn. p. 737); de sorte que, de prime abord, cette diagnose, un peu bréve, conviendrait à l'Asplenium en question. Toutefois voici ce que je remarque sur les A. serpentini que je posséde: Les pinnules sont allongées, trés étroites (un exemplaire de Firmy présente ce caractère); les dentelures des lobes, raides, sont tantôt incombantes, comme on le voit sur les exemplaires des Cévennes méri- dionales et sur ceux de la Toscane, distribués sous le nom d’A. Virgilii; tantôt déjetées en dehors et comme arquées, et le bord des lobules tend aussi à cette forme arquée en dehors: on trouve ces caractéres bien tran- chés sur les exemplaires de la Moravie (de Niessl) et sur ceux de la Silésie publiés par Schultz (H. n. n° 187). L’Asplenium Lamotteanum me parait intermédiaire entre les A. Adiantum-nigrum et serpentini, que les auteurs sont d'accord, et avec raison, pour ne pas séparer spécifiquement. Iei se place peut-étre encore une forme récoltée en 1865 par feu le D" Ripart, de qui je la tiens, à la Roche-l'Abeille, et que doivent conhaitre les botanistes de la Haute-Vienne. Le D" Ripart l'appelait « A. obtusatum Milde ». Les échantillons en médiocre état que je possède ne me per- mettent pas de me prononcer. Lycopodium Chamzsecyparissus À. Dr. — Le frère Saltel vient de distribuer en abondance de beaux échantillons fertiles de cette rare espéce, d'une localité inédite, découverte par lui en 1872 dans les bruyères de Montgras, commune de Lieutadés, département du Cantal, sur les limites de l'Aveyron. Déjà il me l'avait adressée des bruyères de Lacalm, dans l'Aveyron, localité citée par le D" Bras (Catal. p. 539). L'indigénat de cette plante parquée autour du Plateau central est assez curieux: Cantal, Aveyron, Corréze (1), Puy-de-Dóme, Loire (2); sans compter les Vosges et une localité aux environs de Paris. Ces constatations nouvelles nous consoleront de sa suppression plus que probable des flores méridionales, où l'ont introduit, sans doute à tort, Companyo et Ardoino, Hypnum arcuatum Lindb. — Marécages de Pierre-sur-Haute (Loire), où il est stérile. — Cette espèce omise doit être rétablie dans la Statistique botanique du Forez. Une lettre de M. Le Grand, qui accompagnait l'envoi de la com- munication précédente à M. Malinvaud, se terminait par les lignes suivantes : (1) Le frére Héribaud l'a distribuée en abondance des bruyères d'Ussel; on en con- nait au moins trois localités dans ce département. D (2) Conf. Bull. Soc. bot. de Fr. t. XVI, p. 62, ct Stat. bot. du Forez, p. 256. 76 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. « Je vous serai obligé de déposer de ma part, dans l'herbier de la Société botanique, une série d'exemplaires d'Asplenium Lamotteanum que je vous adresse, avec des spécimens divers d'Aspl. Adiantum-nigrum, et de présenter auparavant le tout à nos collègues, qui pourront se rendre compte de l'étroite affinité qui réunit toutes ces formes : 4° Un échantillon, A, que j'ai trouvé mêlé au milieu de très nombreux Lamotteanum, ne différe pas sensiblement du serpentini. B, C, D, E, F, sont diverses formes d'Aspl. Lamotteanum du puy de Wolf. G, Aspl. Adiantum-nigrum, forme type, de Montbrison (Loire). H, Aspl. serpentini forme dentibus dejectis, de Brünn en Moravie, (recu de M. de Niessl). I, Aspl. serpentini, de la Saxe (M. Poscharsky). K, Aspl. serpentini, du Vigan (regu de M. Anthouard). Il m'a paru inutile d'annexer à mon envoi, soit A. Ruta-muraria, si connu de tous, et qui ne présente que des rapports fort éloignés avec les précédents; soit le lanceolatum, que ses sores orbiculaires séparent si nettement du Lamotteanum aux sores linéaires. L’ Asplenium qui nous occupe devra donc s'appeler « Adiantum-nigrum var. Lamotteanum fr. Héribaud ». — Je l'ai abondamment distribué sous le nom de Adian- tum-nigrum var. obovatum. » M. Malinvaud est aussi d'avis que Asplenium Lamotteanum, dont il aeu de nombreux spécimens sous les yeux, n'est qu'une variété de l'Asplenium Adiantum-nigrum, mais susceptible d'of- frir des déformations singuliéres qui lui impriment les physionomies les plus diverses, à tel point que certains exemplaires semblent plutôt se rattacher à l'Asplenium lanceolatum, ou méme au Ruta- muraria, qu'à l'Adianlum-nigrum. Ainsi s'expliquent les appré- ciations divergentes auxquelles un examen superficiel de cette plante polymorphe a pu donner lieu. Elle est trés répandue sur les rochers de serpentine de la Roche-l'Abeille (Haute-Vienne), où M. Édouard Lamy de la Chapelle l'observe depuis plus de quarante ans. Ce savant botaniste a constaté que la forme la plus commune dans cette localité se rapporte exactement à l'A. Adiantum-nigrum var. obtusum Milde, dont M. Malinvaud croit pouvoir rapprocher l'A. Adiantum-nigrum var. capense (1): cette remarque a de l'intérét au point de vue de la géographie botanique. (1) Schlachtend. Adumbrat. Fil. promont. Bonæ-Spei. SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1883. 77 M. Rouy dit qu'il partage la manière de voir de M. Le Grand au sujet de la réunion spécifique des Dianthus pungens et attenuatus. Quant au Dianthus furcatus Balbis, il ajoute que cette plante des Alpes-Maritimes n'existe pas dans les Pyrénées, et que les auteurs de la Flore de France ont fait erreur en l'indiquant comme synonyme du Dianthus pungens. M. Mer fait la communication suivante : DU DÉPÉRISSEMENT DES CIMES D'ÉPICEA, par M. E. MER. Les arbres de lisiére dans les foréts d'Epicéas présentent parfois une particularité intéressante sur laquelle j'ai appelé l'attention, il y a trois ans (1). Les fléches perdent leurs aiguilles, ainsi que leur bourgeon ter- minal, puis se desséchent. Un rameau du verticille supérieur ne tarde pas à former une fléche de remplacement, laquelle périt à son tour l'année suivante. J'ai donné à ce phénoméne une explication que la connaissance des faits exposés dans la séance précédente va me permettre de com- pléter. J'ai fait remarquer que le dépérissement de la flèche est toujours la conséquence de l'ombre portée par un rameau voisin. Il suffit pour cela d'un couvert méme trés léger, tel que celui d'une branche volumineuse, peu chargée de feuilles et méme parfois d'une branche desséchée, située à une assez grande distance de la cime (07,50). Cet effet s'observe prin- cipalement sur ceux des arbres de lisiére qui, se trouvant dans la période de croissance la plus active (dix à quarante ans), sont pourvus de fléches vigoureuses. Dans les arbres dominés, situés en plein massif, les fléches se dénudent rarement, bien qu'elles aient une végétation peu active et que leurs dimensions restent généralement inférieures à celles des branches du verticille qu'elles surmontent. Il résulte de ces diverses observations que les cimes semblent avoir besoin de plus de lumiére que les rameaux. Les faits relatés dans une communication précédente permettent d'en comprendre le motif (2). On a vu que sur les fléches, et principalement sur celles qui sont vigoureuses, les aiguilles, étant verticales, se trouvent placées défavorablement par rapport à la lumière, en ce qu'elles la reçoi- (1) Bull. Soc. bot. t. XXVII, p. 83 et suiv. ` (8) Voy. plus haut, p. 40 et suiv. 78 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. vent tangentiellement à leur surface, tandis que, sur les rameaux, elles la reçoivent presque normalement. Cela n'a pas grand inconvénient quand la lumière est vive; mais dans les jours sombres, son intensité peut, en raison de cette circonstance, n'étre plus suffisante pour que les aiguilles fonctionnent convenablement. L'incidence peu avantageuse sous laquelle les aiguilles de la fléche sont éclairées n'est pas la seule cause de leur dépérissement, car la lumiére est souvent si affaiblie sousle massif, que, recue méme normale- ment par les aiguilles, elle ne peut y produire que des effets physiolo- giques bien atténués, et cependant ces aiguilles ne tombent pas. Il faut encore tenir compte de cette circonstance, que les rameaux latéraux, étant très vigoureux, attirent les matières nutritives au détriment de la flèche, dès que la végétation de celle-ci vient à diminuer. Sous le couvert, il n’en est pas ainsi, car tous les rameaux se trouvent dans les mêmes conditions d'éclairage que la cime. Ce n'est du reste pas seulement sur cette derniére que les aiguilles. dépérissent, dés qu'elles viennent à étre ombragées. On voit encore sur les mêmes arbres certains rameaux, parmi ceux situés hors du massif, qui se dénudent par places à la face supérieure, lorsqu'une branche vient à les recouvrir de trop prés. Les aiguilles latérales, et surtout celles de la face inférieure, ressentant, bien qu'à un moindre degré, les effets funestes de cet ombrage, ne tombent pas, mais leur végétation s'affaiblit. Comme conséquence, leur géotropisme perd de son énergie, et alors, au lieu de se maintenir étalées horizontalement, elles s'inclinent vers le bas, au point de devenir parfois verticales; ce qui a pour résultat de les soustraire au- tant que possible à l'ombrage supérieur et d'effacer, en partie du moins, la raie longitudinale qui les séparait. Cet effet se remarque principalement sur les entrenœuds de trois à quatre ans, où les aiguilles ont déjà, par suite de leur àge, une végétation languissante. La vigueur de la flèche doit méme être considérée comme une cause secondaire de son dépérissement. Quand elle est longue et épaisse, les feuilles qui la garnissent ne peuvent suffire, leur vitalité étant déjà affai- blie, à y attirer suffisamment d'eau et de matiéres nutritives. Il y a dés lors disproportion entre la masse de tissu à entretenir et l'activité des organes chargés de ce soin. Voilà pourquoi, parmi les arbres de lisiére, ce sont surtout ceux qui se trouvent dans la période de végétation la plus active et possédent les fléches les plus développées, qui souffrent aussi le plus, méme d'un léger couvert. Je passe maintenant à l'étude de la marche de ce dépérissement et du mécanisme de la chute. C'est généralement dans le courant de l'été que la flèche commence à se dénuder. Tantót ce sont les aiguilles les plus SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1883. . 79 rapprochées du sommet qui meurent les premières, celles qui enveloppent le bourgeon terminal persistant davantage, parce que, en raison de cette situation, leur activité végétative est plus grande. Tantôt au contraire les aiguilles de la base tombent avant les autres. Elles sont moins jeunes, moins vigoureuses que celles du sommet, mais aussi moins ombragées. On conçoit donc que, suivant que l’une ou l'autre de ces deux causes vient à prédominer, l'un ou l'autre de ces effets l'emporte. C'est pour le méme motif que les aiguilles persistent quelquefois sur la fléche, mais tombent à l'extrémité de l’entrenœud précédent. Il n'est pas rare non plus de voir se dénuder un ou plusieurs rameaux du dernier verticille. Dans ce cas les aiguilles de la base disparaissent les premières, parce que, n'étant pas plus éloignées du couvert que celles de l'extrémité, elles ont sur ces der- niéres le désavantage d’être plus âgées et moins vigoureuses. Enfin il arrive que les aiguilles enveloppant le bourgeon terminal tombent aussi, et que celui-ci, dépérissant lui-méme, finisse par disparaitre. Toutefois, lorsque l'ombre projetée est peu épaisse, le bourgeon terminal résiste et se développe l'année suivante; mais alors la nouvelle fléche se trouvant plus prés du couvert que ne l'était la fléche précédente, le bourgeon qui la termine disparait fatalement. On observe parfois que la fléche se con- tourne en S, ce qu'on serait tenté d'attribuer à l'héliotropisme, si l'on ne remarquait que l'inflexion se produit aussi bien vers l'intérieur que vers l'extérieur du massif. La premiére courbure doit étre attribuée au défaut de turgescence (conséquence de cet état maladif) qui se fait sentirà un moment donné : la fléche se fane et s'infléchit vers le bas; ainsi que cela se produit sur les pousses atteintes par la gelée, et la lignification la sai- sissant dans cette situation, elle ne peut plus se relever. La seconde cour- bure est due au géotropisme négatif qui, s'exercant ensuite sur l'extrémité plus vigoureuse de la pousse, la redresse. Par suite de la mort de la flèche, les entrenœuds inférieurs ne tardent pas à dépérir successivement, parce qu'ils n'ont plus assez d'énergie pour attirer les matières nutritives. ll arrive parfois que trois et quatre entre- nœuds se dénudent ainsi, jusqu'à ce qu'une branche du verticille située immédiatement au-dessous du dernier entrenœud dépérissant se redresse et forme une fléche de remplacement qui, se trouvant encore suffisam- ment éloignée du couvert, végéte avec assez de vigueur, est surmontée dans le cours des années suivantes de plusieurs autres flèches dont la dernière, aussitôt qu'elle se trouve suffisamment rapprochée de l'ombrage, dépérit comme l'avait fait, plusieurs années auparavant, la flèche princi- pale. Så mort entraîne celle des entrenœuds inférieurs, et la même série de phénomènes se reproduit jusqu’à ce qu'une cause quelconque vienne supprimer l'obstacle qui entravait ainsi l'accroissement de l'Épicéa placé sous lui, Cet exemple montre qu'un entrenœud peut perdre prématu- 80 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. rément ses aiguilles à un niveau auquel il avait pu les former et les con- server, même pendant quelque temps. À cette époque, il était flèche et attirait suffisamment les matières nutritives pour contrebalancer l'effet de l'ombre, du reste peu nuisible encore à cause de la distance qui l'en sépa- rait. Quand il a été surmonté ensuite de deux ou trois entrenœuds, terminés eux-mêmes par une cime vigoureuse, celte dernière attirait assez la nourriture pour que les aiguilles de l'entrenoeud considéré pussent en profiter. Mais aprés que la proximité du couvert eût entraîné la mort de la flèche, les matières nutritives n’élant plus attirées dans les entrenœuds supérieurs, les aiguilles de l’entrenœud considéré, devenues trop âgées pour exercer sur elles un appel suffisant, commencèrent à dépérir (1). Quant au mécanisme de la chute des aiguilles, quelques mots suffiront pour le décrire. Dès qu'elles commençent à souffrir du couvert, leur vigueur diminuant, leur géotropisme diminue aussi, et elles s’infléchis- sent, ainsi que cela arrive sur les cimes des Epicéas situés sous massif. L'angle qu'elles forment avec la flèche s'ouvrant davantage, elles recoi- vent la lumiére moins obliquement ; mais cette situation plus avantageuse leur arrive sans doute trop tard ou est encore insuffisante, car elles continuent à se dessécher. Bientót on les voit se désarticuler à la base, et subsister pendant un certain temps encore, ne tenant plus à la tige que par un lambeau de tissu subéreux. En y regardant de prés, on re- marque que le court pétiole est devenu fistuleux, par suite de la destruc- tion presque compléte du faisceau central et du parenchyme vert qui l'enveloppait. Le lambeau de tissu subéreux qui retenait encore l'aiguille ne tarde pas à se rompre; alors l'aiguille tombe. H ll me reste à expliquer comment une atténuation de la lumière aussı faible que celle qui résulte de l'interposition d'une branche peu touf- fue suffit pour diminuer l'activité végétative des aiguilles de la fléche. Pour cela, il est nécessaire d'étudier comment se comporte l'amylogenése (1) Un fait analogue se produit dans l'expérience suivante: On supprimele 1° entre- nœud d'une germination de Haricot, qui se trouve alors réduite à l'axe hypocotylé et à ses deux cotylédons. Ceux-ci se vident alors très lentement, si l'on a soin de sectionner les bourgeons à mesure qu'ils apparaissentà leur aisselle, et l'axe hypocotylé n’acquiert pas de dimensions plus cousidérables que dans une germination normale. Si au con- traire on laisse subsister une jeune feuille à l'extrémité du 1* entrenœud, le reste étant coupé, les entrenceuds se vident rapidement, et l'axe hypocotylé devient plus gros que d'habitude, plus vert. et forme un anneau ligneux plus développé, méme quand cette feuille est avortée, réduite à un rudiment de limbe, ainsi que j'ai eu occasion de le constater. Ce rudiment de limbe suffit pour attirer les matières nutritives de 6 ^s et les répandre dans tout l'individu. cotylédons SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1883. 84 dans les aiguilles d'Epicéa, sous l'influence d'éclairages d'intensité variable. Quand, en été, on recherche l'amidon dans les feuilles de la plupart des plantes qui poussent sous bois, on en trouve généralement, méme pendant les journées sombres, moins toutefois que lorsque ces plantes croissent au soleil. [l n'en est pas ainsi pour l'Epicéa. Les aiguilles des sujets qui ne sont pas situés en plein jour ne renferment pas d'amidon, méme quand elles paraissent assez vigoureuses. La chlorophylle n'y est cependant pas dégradée; les grains en sont au contraire trés nets, mais petits et d'un vert foncé. Au contraire les aiguilles qui reçoivent directement la lumière renferment toujours plus ou moins d'amidon en été. Les grains chloro- phylliens y sont en général volumineux, arrondis, serrés les uns contre les autres, mais d'un vert plus pàle que ceux des aiguilles peu éclairées, parce que le granule amylacé qui les remplit distend l'enveloppe verte en l'amincissant au point que, méme en plusieurs endroits, il se montre à nu (1). Aussi ces feuilles ont-elles une nuance moins foncée que celles qui se trouvent sous le massif. C'est là un exemple de pâlissement dû à une cause sur laquelle on n'a guére insisté, je crois, et qui doit étre ajoutée aux autres causes bien connues [déplacement des grains chlorophylliens (Flamintzin), modification dans leur forme (Micheli) et dans leur orienta- tion (Stahl)]. Cette décoloration persiste méme après une série de jours sombres, parce que l'amidon d'une cellule met beaucoup de temps à se résorber dans les aiguilles d'Epicéas. Ayant en effet enveloppé, au mois de juin, d'une étoffe noire plusieurs fois repliée sur elle-même, un entrenœud âgé de deux ans, j'ai remarqué, au bout de trois semaines, que les aiguilles en renfermaient encore un peu. Non seulement les aiguilles sont plus pâles sur les rameaux d'Epicéa placés au soleil que sur ceux qui se trouvent à l'ombre, mais encore, dans les premiers, la page supérieure des aiguilles situées à plat est moins verte que la page inférieure. L'amidon y est aussi plus abondant (2). Le pouvoir assimilateur des aiguilles diminue avec l’âge. Il atteint son maximum d'énergie dans celles de la fléche. Mais lorsque cette derniére (1) Parmi ces cellules, s'en trouvent quelques-unes dans lesquelles l'amidon a disparu; la chlorophylle n'y est plus à l'état de grains, mais de gelée amorphe, partiellement décolorée et ne remplissant pas toute la cavité cellulaire. On y remarque en outre quel- ques sphéres oléagineuses, de fins granules incolores et surtout des cristaux losangiques caractéristiques, ne se colorant pas par l'iode et ne se dissolvant dans l'acide acétique qu'après traitement par la potasse. Ces cellules sont-elles mortes, ou cet état n'est-il chez elles que temporaire? Toujours est-il qu'elles sont moins nombreuses dans les aiguilles jeunes, vigoureuses, d'un rameau isolé que dans les aiguilles plus âgées. (2) Pendant l'hiver, du moins dans les contrées à climat rude où l'Épicéa végète spontanément, on remarque que les aiguilles des branches non abritées sont d’un vert jaunâtre, principalement à la face supérieure. Mais, dans ce cas, c'est parce qu'étant plus exposées au froid, leur chlorophylle se dégrade davantage. T. XXX. (SÉANCES) 6 82 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. est ombragée, l'amidon y est moins abondant que dans le verticille immé- diatement inférieur, alors méme qu'aucun signe ne peut encore présager un dépérissement prochain. C'est surtout à la suite de quelques jours sombres que cette différence se fait sentir, car à l'influence de l'ombrage s'est ajoutée celle d'un ciel couvert. De méme, à l'automne, l'amidon dis- parait plus tót de ces aiguilles. L'amylogenése s'effectue donc avec difficulté dans les aiguilles d' Épicéa. Celles-ci exigent des conditions d'éclairage que n'exigent pas les feuilles de la plupart des autres plantes. Cette fonction se ralentit méme dans les individus isolés, dés que la lumiére s'affaiblit, et s'arréte souvent dés le début de l'automne, alors qu'elle continue assez longtemps encore dans beaucoup d'espéces. D'aprés ce qui précéde, il n'est pas étonnant que les tissus de réserve de l'Epicéa soient peu riches en amidon. En effet, les rameaux en con- tiennent fort peu, méme en automne. La moelle, la moelle annulaire, l'écorce, en sont complètement dépourvues. C'est à peine si l'on en rencontre quelques traces dans la partie la plus interne des rayons mé- dullaires. Pendant l'hiver, les aiguilles, si elles en produisent, le con- somment probablement au fur et à mesure, car on n'en voit pas trace, comme du reste dans la plupart des feuilles persistantes de nos climats pendant cette saison, et peut-être même en empruntent-elles encore aux tissus de réserve. Quoi qu’il en soit, ces derniers en renferment fort peu au printemps, et l’on est amené à se demander à l'aide de quels matériaux se développent les nouveaux bourgeons. J'ai soupconné que ce pouvait être, non pas à l'aide de l'amidon formé par les feuilles dans le courant de l'année précédente, et déposé en réserve dans les tissus, ainsi que cela a lieu d'ordinaire, mais aux dépens de celui qui est nouvellement formé au début du printemps par les anciennes feuilles. Il y avait un moyen de s'en assurer, c'était de voir si les bourgeons peuvent acquérir un développe- ment normal sur un sujet qui aurait été, à la fin de l'hiver, dépouillé ‘complètement de ses feuilles. Je me disposais à tenter l'expérience au mois d'avril dernier, époque où, dans les Vosges, les bourgeons d'Epicéa n'ont pas encore commencé à s'ouvrir, quand, ayant examiné quelques aiguilles de l'année précédente pour voir si leur chlorophylle s'était déjà restaurée, j'ai été fort surpris de trouver beaucoup d'amidon dans les grains chlorophylliens de toutes celles que j'ai étudiées, non seulement sur les individus isolés, mais encore sur ceux qui se trouvaient dans le massif, non seulement dans les aiguilles de l'année précédente et dans celles qui étaient vigoureuses, mais dans les aiguilles anciennes et dans celles dont la végétation était languissante. Cet amidon s'y rencon- . rait encore pendant le développement des nouveaux bourgeons: mais, à SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1883. 83 partir du mois de juillet, il disparut des aiguilles de tous les arbres situés sous massif. ll est curieux de voir la fonction amylogénésique s'exercer dans ces organes avec la plus grande activité à une époque de l'année où la lumière n’est pas encore très vive, où les jours sont même souvent sombres, où la chaleur est aussi faible, surtout dans les montagnes des Vosges ; tandis que cette même fonction est ralentie en été et qu'on ne peut même plus en constater les résultats dans les aiguilles des rameaux ombragés. D’après cela, il semblerait que c'est à l'aide de l'amidon formé au printemps par les aiguilles anciennes que se développent les nouvelles pousses. Toutefois l'étude de cette question demande à être reprise de plus prés; il serait intéressant notamment de savoir à quel moment précis la substance amylacée commence à réapparaitre. En étudiant les diverses phases par lesquelles passent les grains chloro- phylliens des aiguilles d'Épicéas isolés, on observe que, aprés avoir été, du printemps à l'automne, pàles, arrondis, pressés les uns contre les autres, parce que renfermant beaucoup d'amidon, ils avaient augmenté de volume, ils se contractent au début de cette derniére saison, et, perdant leur amidon, deviennent plus pelits et en méme temps d'un vert plus vif, tout en conservant leur forme sphérique et la netteté de leurs contours. Ils ressemblent alors à ceux qui se trouvent dans les aiguilles des individus ombragés. Puis les contours de ces grains s'effacent, un certain nombre d'entre eux se résolvent en masse amorphe au sein de: laquelle on aper- çoit vaguement la forme de ceux qui sont moins altérés. Dans cette masse, se trouvent répandus des granules incolores et des cristaux auparavant invisibles, soit parce qu'ils n'existaient pas, soit parce qu'ils étaient ren- fermés dans les grains de chlorophylle. En méme temps on voit apparaitre quelques fins globules oléagineux; ce qui prouve que la dégradation n'a pas seulement attaqué les formes, mais la substance méme de ces grains. Ceux d'entre eux qui n'avaient pas encore perdu leur aspect le perdent ensuite; en méme temps les globules oléagineux augmentent de dimen- sions, et il ne reste plus dans les cellules qu'une masse verte renfermant des granules et de gros globules oléagineux. Le nombre et les dimensions de ces derniers sont plus considérables encore dans les aiguilles âgées. Enrésumé, j'attribue le dépérissement des fléches d'Epicéa à la réunion des causes suivantes : 4° Par suite de leur direction plus ou moins verticale, les aiguilles de ces fléches recoivent la lumiére tangentiellement à leur surface, par con- séquent sous une incidence d'autànt plus défavorable, que, d'aprés toutes les observations, la fonction amylogénésique ne s'exerce, en été du moins, dans les aiguilles de cette plante, que sous l'influence d'une lumiére directe assez vive. 84 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 2» Il s'ensuit que lorsque l'intensité de la lumière reçue vient encore à diminuer, à cause de l'interposition d'une branche voisine, l'amylogenése ne se produit plus dans ces aiguilles avec assez d'énergie, surtout pendant les jours sombres, et que leur activilé végétative diminue. 3° Dans les verticilles supérieurs, les aiguilles des pousses terminales continuant à fonctionner activement, parce qu'elles recoivent plus norma- lement une lumiére qui n'est atténuée du reste par aucun obstacle, attirent l'eau et les matiéres nutrilives au détriment de la fléche. 4 Cet organe, ayant atteint généralement un grand développement en longueur et en diamètre, exige pour l'entretien de ses tissus une quantité d'eau considérable que les aiguilles dont il est garni sont devenues im- puissantes à lui procurer. Ces derniéres ne tardent pas alors à devenir le siège d'une dessiccation qui débute par laïbase du pétiole. Celles d'entre elles qui entourent le bourgeon terminal, conservant plus longtemps leur activité par suite de cette situation et de leur plus grande jeunesse, pro- longent ainsi leur existence, à condition toutefois que le couvert qu'elles subissent et dont elles sont le plus rapprochées ne soit pas trop épais, ce qui les ferait périr au contraire plus rapidement. On comprend dés lors que les flèches se dénudent principalement sur les arbres de lisière les plus vigoureux, quand ils viennent à être ombra- gés, puisque c'est dans ces arbres que se réunissent surtout les causes de dépérissement énumérées ci-dessus. M. Malinvaud donne lecture de la note suivante : SUR UNE TRANSFORMATION DU ROSA ALPINA, par M. VÉNANCE PAYOT. Lors de la publication de ma Florule sur la chaîne du mont Blanc et ses environs, jai porté un jugement, une critique un peu sévére sur la multiplicité des espéces dans le genre Rosa, qui est essentiellement poly- morphe. Les uns ont considérablement réduit le nombre des espéces à chacune desquelles ils ont rattaché une liste plus ou moins longue de variétés, tandis que d'autres sont partisans de la multiplicité à l'infini d'espéces dont la plupart ne se retrouvent que dans les herbiers, si l'on peut considérer comme telles de simples variétés qu'on a élevées au rang d'espéce. J'ai énuméré toutes les formes qui ont été signalées dans ma circonscription, mais je n'ai admis que les formes vraiment caractéris- tiques comme espéces, puisque, sur cent trente et une formes ou espéces et variétés, j'en ai admis à peine la moitié comme étant réellement carac- téristiques, avec leurs nombreux caractères différentiels. Aussi, pour prouver à quel point ce genre est polymorphe et variable, en 1880 j'ai commencé des essais sur une espéce du genre bien établie, que SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1883. 85 les botanistes rencontrent assez fréquemment et toujours avec ses carac- téres distinctifs et permanents, sans la moindre altération, puisqu'on ne signale presque aucune variété se rattachant à elle : c'est le Rosa alpina Lin., assez fréquent dans tous les pâturages rocailleux incultes autour de Chamonix et sur la terre de bruyère. Ayant choisi deux spécimens typiques de ce Rosier, que j'avais déracinés avec précaution dans un terrain de bruyère, je les ai transplantésà peu de distance, un kilomètre à peine, de la localité primitive, dans un terrain purement siliceux, en automne 1880. Le mois de juin suivant, il fleurit comme il fait d'habitude dans sa localité naturelle, et je ne remarquai pas de différence notable, à l'exception des pétales qui étaient d'une couleur plus pâle. Il avait été planté dans le voi- sinage de mon habitation, afin de pouvoir le surveiller et l'observer plus facilement, depuis l'époque de sa premiére floraison dans sa nouvelle localité jusqu'à l'année suivante. Je l'entrevoyais souvent, sans cependant lui apporter une attention particulière, jusqu'au moment de sa deuxième floraison; mais alors je ne le reconnaissais plus du tout, tellement il S'était transformé dans l'espace d'une année. Aucun botaniste ne l'au- rait pris pour le Rosier des Alpes ; on en aurait fait une espéce nouvelle et avec raison, car je ne pouvais le rapprocher d'aucune espéce connue : au lieu d'étre dépourvu d'épines, comme dans son état normal, il s'était couvert de piquants plus forts, plus serrés que chez aucune autre espéce, plus longs et crochus, et les pétales sont devenus plus petits, plus pâles, plus échancrés; enfin, toute la plante se trouve complétement transfor- mée, au point qu'à premiére vue on la rapprocherait du Rosa spinosissima par les épines, mais non par les autres caractères. Un spécialiste n'aurait pas hésité à en faire une espèce réellement distincte, s'il avait ignoré la cause de cette transformation. Il est même surprenant qu'un arbuste de cette grosseur se transforme en si peu de temps par l'unique cause du terrain. Si je n'avais pas eu l'intention de transplanter une seconde fois encore ce méme Rosier sur un autre terrain, afin de voir s'il se convertirait encore en une nouvelle espéce et en combien de variétés dif- férentes, j'en aurais desséché des échantillons et en aurais envoyé au bureau de la Société afin d'en édifier les membres sur cette surprenante transformation. M. Rouy a la parole au sujet de cette communication et s'exprime en ces termes : Le Rosier (R. alpina L.), choisi par M. Payot, appartient justement à l'une des espéces les plus polymorphes du genre et l'une des plus suscep- tibles de se transformer, soit sous l'influence de l'hybridation, soit par tout autre cause. Au pied du Calvaire de Font-Romeu, prés Mont-Louis 86 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. (Pyrénées-Orientales), où ne croit nul autre Rosier que le R. alpina L., j'ai constaté que plusieurs pieds de celte espèce étaient totalement dé- pourvus d'aiguillons, ou présentaient de trés nombreux acicules seule- ment sur la partie inférieure des tiges, ou offraient des aiguillons moins nombreux, mais plus régulièrement disposés, sur les tiges et sur certains rameaux. Dans cette espéce, la profondeur de la dentelure des folioles, la présence ou l'absence, sur la page inférieure de ces dernières, de glandes plus ou moins nombreuses, le degré de villosité des styles, la forme et le plus ou moins d'hispidilé du fruit, la longueur des pédoncules, sont éga- lement des plus variables, souvent méme sur divers pieds poussant à une méme localité. Dans le genre Rosa, ainsi que dans tous les genres à espéces poly- morphes, ou s'hybridant facilement, il y a lieu de se montrer quelque peu circonspect pour l'acceptation des espéces. Toutefois, selon moi, il y a de justes limites à observer, el j'estime qu'entre la manière de voir de M. Gandoger, qui admet dans l'une de ses derniéres publications plus de 4000 espèces (??) de Rosiers, et celle du savant directeur du Jardin bota- nique de Saint-Pétersbourg, qui réduit ce nombre à 57 espéces seulement, il y a place pour une opinion intermédiaire, comprenant l'espéce dans un sens moins large que M. Regel ne l’accepte, tout en rapprochant, selon leurs affinités, en un méme type spécifique, des formes classées dans des sections différentes du genre. Quant à l'école, heureusement peu suivie, qui croit devoir démembrer presque à l'infini, et d'aprés des caractéres souvent insaisissables, la plupart des espéces admises dans tous les travaux autorisés, il importe de ne lui attacher qu'une importance des plus relatives. M. Malinvaud, sans nier que deux appréciations aussi divergentes que celles qu'on vient de citer à propos des Rosa ne puissent éveiller le soupçon d'une exagération dans les deux sens, ne croit pas cependant qu'on doive accepter sans contrôle cette conclusion à priori, et chercher toujours la meilleure solution dans un terme moyen. Le nombre des espéces qu'un auteur admet dans un genre critique est une conséquence des principes sur lesquels repose sa classification ; lorsque ceux-ci sont discutables, le systéme qui en découle n'est pas moins compromis. Il convient d'examiner les prémisses avant de rejeter la conclusion (1). | (1) Dans le genre Rosa en particulier, il n'est pas téméraire de prédire que les mul- tiplicateurs seront, logiquement amenés à dépasser de beaucoup le nòmbre de 4000 espèces regardé par quelques-uns comme excessif, tandis que, pour les adeptes de l'école opposée, obéissant à l'esprit de synthèse qui les guide, la réduction à 57 types SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1883. 87 Au sujet de l'expérience rapportée par M. Payot, son intérêt, dit M. Malinvaud, indépendamment du fait particulier trés remarquable qu'elle met en évidence, est de montrer par un excellent exemple l'utilité des essais par la culture pour la vérification des formes critiques. Les caractéres véritablement spécifiques résistent obsti- nément à toutes les tentatives de l'expérimentateur; ceux, au con- waire, qu'il parvient à modifier en soumettant successivement la méme plante à l'action de milieux différents n'ont au plus que la valeur d'attributs de variété. M. l'abbé Magnen, dans une lettre adressée à M. Malinvaud, annonce qu'il a découvert prés de Caissargues (environs de Nimes) le Phalaris paradoxa, qui est une plante nouvelle pour la florule du Gard. Il demande, à ce propos, pourquoi Linné avait appelé celte espèce paradoxa. M. Malinvaud pense que c'est parce que l'épi parait comme rongé à la base, les fleurs qui la couvrent étant la plupart imparfaites et avortées (1). Aussi Lamarck, employant un terme plus précis, la nommait Ph. premorsa (Alpiste rongée). M. Gaston Bonnier rend compte à la Société de quelques essais qu'il a faits au sujet de la synthése des Lichens saxicoles obtenus par des semis purs d'Algues et de spore dans un espace privé de germes, traversé par l'air humide également privé de germes. M. Bonnier, en outre, a réussi à remplacer, dans une certaine me- sure, les gonidies ordinaires par des protoplasmas de Mousses. Des plaques de cette association, actuellement vivantes et pures de tout autre mélange, mesurent jusqu'à 2 centimètres de diamètre. Lecture est donnée d'une lettre du frére Héribaud-Joseph signa- lant la découverte qui a été faite l'été dernier, par le frère Saltel, des Leuzea conifera, Ophrys Scolopaz, Phleum arenarium, dans le sud du département du Cantal, et celle du Leonurus Marrubia- principaux proposée déjà par M. Regel, loin d'avoir la valeur d'un minimum infranchis- sable, deviendra le point de départ de nouvelles simplifications. Les considérations qu'on peut faire valoir en faveur de l'une ou de l'autre de ces tendances nettement affirmée ne sauraient offrir le méme point d'appui aux partisans d'un juste milieu théorique, qui, en cherchant à combiner deux méthodes contraires, se rendent plus ou moins passibles des critiques adressées à chacune d'elles. (Note communiquée par M. Malinvaud.) (1) « Inferior dimidia spice pars habet flosculos steriles quasi præmorsos, unde hec pars quasi ab inseclis erosa apparet » (Linné, Species plantar. ed. 1763, append. p. 1665.) 88 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. strum, trouvé par M. Dumas, de Clermont, au sommet du puy de Corent (Puy-de-Dôme). M. Poisson présente de la part d’un horticulteur bien connu, M. Godefroy, deux plantes fleuries : Un Iris (I. reticulata) du groupe des Xiphium, fort élégant, et qu'on a presque abandonné dans les cultures. La seconde espéce est beaucoup plus intéres- sante, c'est la première fois que cette plante fleurit en France. C’est le Tecophilea crococæflora Leyb., jolie petite Monocotylé- donée qui a le port et la végétation d'un Crocus, mais dont les divi- sions du périanthe sont révolutées. Une douce odeur de Muguet que dégage la fleur, d'un bleu foncé ou bleu clair (suivant qu'on a affaire au type ou à sa variété Leichtlinii), donne un attrait de plus à ce Tecophilæa. Ce genre, dont la place est difficile à établir dans la classification, n’était connu que par une espèce de Bertero, publiée par Colla dans les Mémoires de Turin en 1833, le T. violæflora Bert. Mais cette dernière, il faut le reconnaitre, est bien inférieure, au point de vue ornemental, à la précédente. Toutes deux d'ailleurs sont du Chili, et méme le T. crococæ- flora présenté par M. Godefroy viendrait d'une des iles Juan-Fernandez, sur la cóte du Chili. Quoi qu'il en soit, jusqu'à présent, dans nos herbiers, la plante qui nous occupe n'est représentée que par un échantillon des collections de Philippi (n° 772), qui explora le Chili en 1867 ; c'est de la cordillère de Santiago que ce voyageur a rapporté cette plante. Les spé- cimens soumis à la Société sont issus des cultures de M. Godefroy, qui lui- méme les détient d'un amateur distingué, M. Max Leichtlin, de Baden- Baden, qui s'applique à introduire des nouveautés horticoles avec persé- vérance. M. J.-G. Baker a signalé le genre Tecophilæa dans ses Aberrant Tribes of Liliaceæ (1819). Par la réduction de ses étamines fertiles à trois et-la situation incomplétement infére de l'ovaire, on comprend qu'on soit en présence d'un type de transition intermédiaire entre les Iridées et les Liliacées. SÉANCE DU 23 FÉVRIER 1883. 89 SÉANCE DU 23 FÉVRIER 1883. PRÉSIDENCE DE M. BUREAU, M. G. Bonnier, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 9 février, dont la rédaction est adoptée. M. le Président fait part à la Société de la mort de M. le baron Vincent Cesati, directeur du Jardin botanique de Naples, l’un des auteurs du Compendio della Flora ilaliana, etc. Conformément à un avis transmis par M. le Trésorier, M. Bucquoy, médecin-major au 100° régiment de ligne à Perpignan, est pro- clamé membre à vie. M. Malinvaud donne lecture à la Société de la communication suivante : SUR QUELQUES FORMES DE NOSTOC, par M. Ch. FLAHAULT. * Tous ceux qui se sont occupés des Algues inférieures savent combien les caractères distinctifs des diverses espèces de Nostoc sont vagues et difficiles à déterminer d’une manière précise. M. Bornet, en entreprenant la révision de ce genre (1), insistait d'une facon particuliére sur la nécessité d'étudier les plantes vivantes pour dé- terminer les limites des espéces et les formes diverses qu'elles présentent suivant l’âge et les milieux. Il a lui-même entrepris cette comparaison dans les limites des ressources dont il disposait alors, portant toutefois plus particuliérement son attention sur l'étude des formes authentiques dissé- minées dans les riches herbiers qu'il a eus à sa disposition. II est inutile d'insister sur l'importance des résultats qu'il a obtenus par ces recherches; ils sont devenus classiques. Il ne faut pas s'étonner pourtant que bien des problémes soient demeurés sans solution, surtout en ce qui concerne la comparaison des formes vivantes, beaucoup d'entre elles n'ayant pu être observées qu'à de rares intervalles. | - [len est ainsi du Nostoc flagelliforme de Berkeley, considéré comme représentant le type unique d’une section caractérisée par ses frondes formant des lanières linéaires étroites très allongées (2). (1) Bornet et Thuret, Notes algologiques, fasc. II. (2) Bornet et Thuret, loc. cit. fasc. II, p. 85 et 121. 90 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Récolté par M. Ch. Wright à San-Pedro (Texas), ce Nostoc a été men- tionné pour la première fois en 1857 par M. Berkeley (1). L'année suivante, Harvey en donnait (2) la description suivante : « Nos- » toc flagelliforme Berkeley et Curtis, n° 3809. Terrestre. Fronde carti- » lagineuse, linéaire, trés étroite, comprimée et souvent canaliculée, » trés ramifiée, irrégulièrement dichotome. Rameaux pleins, remplis de » filaments moniliformes courbés, serrés les uns contre les autres. — » Frondeslongues de quelques pouces,larges d'une demi-ligne, appli- » quées sur le sol, trés ramifiées, à ramifications irréguliérement dicho- » tomes. Rameaux linéaires comprimés, souvent canaliculés d'un côté ou » des deux à la fois, amincis et plus épais sur les bords. Substance ferme » et élastique, cartilagineuse, solide, toute remplie de filaments monili- » formes entrelacés, courbés ou tortillés, disposés longitudinalement et à » peu prés paralléles les uns aux autres. Couleur olive foncé. Espéce trés » curieuse, à caractères très nets, différant des autres espèces de JVostoc » dela méme façon que le Chætophora endiviæfolia diffère des autres » formes de Chætophora ordinairement globuleuses. — La plante a été » recueillie sur la terre argileuse nue. » Les exemplaires récoltés par M. Ch. Wright et décrits par Harvey ont été distribués par MM. Farlow, Anderson et Eaton (3). C'est aprés avoir étudié ces échantillons, les seuls qu'il ait eu l'occasion de voir au moment où fut publié le deuxième fascicule des Notes algologiques, que M. Bornet accepta la détermination de Harvey. Vers la fin de l'année 1873, M. l'abbéDupuy communiquait à la Société botanique de France ufie plante récoltée par lui sur des rochers calcaires exposés au midi, à Saint-Béat, prés de Bagnères de Luchon (Haute- Garonne). Cette plante, soumise à M. Nylander, fut bientôt aprés décrite par le savant lichénologue (4) et considérée par lui comme constituant un genre nouveau de Nostochinées. Il a vu trés exactement la structure de la plante à laquelle il donne le nom de Nematonostoc rhizomorphoides, et en publie une diagnose fondée sur un examen minutieux des caractéres microscopiques. Comme il est à peine fait mention de ces caractères dans la description de Harvey, M. Nylander ne pouvait songer à comparer son Nematonostoc au Nostoc flagelliforme de Berkeley. Mais, en 1880, la Société dauphinoise pour l'échange des plantés publiait sous le n° 2719 le Nematonostoc rhizomorphoides. M. Bornet reconnut l'identité de cette plaute avec le N. flagelliforme du Texas, et l'établit par une note publiée au neuvième bulletin annuel de la Société dauphinoise (5). (1) Berkeley, Introduction to the Cryptog. Botany, p. 142. (2) Harvey, Nereis boreali-americana, t. MI, p. 115. (3) Farlow, Anderson et Eaton, Alg. exsicc. Americ. boreal. n° 100. (4) Nylander, Bull. Soc. bot. de France, 1873, t. XX, p. 263. (5) Société Dauphinoise, 9° bulletin, 1882, p. 386. SÉANCE DU 93 FÉVRIER 1888. 91 J'ai eu la bonne fortune de mettre la main sur la méme plante aux en- virons de Montpellier, dans le bois de Pins voisin du pare de Fontfroide (fig. 1). Je l'étudiai attentivement et la comparai aux échantillons authen- tiques du Nostoc flagelliforme du Texas et du Nematonostoc rhizomor- phoides Nyl. distribué par la Société dauphinoise. Une comparaison attentive de la plante du Texas avec celle que j'avais recueillie moi-méme me confirmait l'identité de ces deux plantes entre elles et avec le Nematonostoc de M. Nylander. La description de Harvey peut leur étre attribuée d'une facon rigou- reuse. Quant aux caractéres intimes, M. Nylander les a bien observés: Les trichomes ont un diamètre de 5 p.; ilssont courbés, flexueux, dispo- sés en général longitudinalement et plus ou moins parallèlement les uns aux autres. Les hétérocystes, sphériques, varient entre 5 et 7 p. Ils sont intercalaires ou terminaux, souvent séparés des trichomes. Les cellules végétatives ont une couleur vert sale; leur contenu est finement granu- leux (fig. 2). Les trichomes sont entourés de gaines le plus souvent trés distinetes vers la périphérie ou sur les bords de la fronde, plus ou moins confondues vers le milieu ; très denses et serrées sur les bords, elles y sont aussi beaucoup plus fortement colorées que vers l'intérieur. C'est à ce caractère spécial des gaines que les rameaux doivent l'aspect de crin grossier qu'ils présentent à l'état sec, l'apparence parcheminée qui les distingue lorsqu'ils sont mouillés. Je n'y ai jamais rencontré de spores, malgré toutes mes recherches. Les hormogonies se sont rencontrées fréquemment dans les échantil- lons récoltés aux environs de Montpellier. En outre j'y remarquai un phénomène signalé par M. Bornet au sujet du Nostoc ciniflonum Vauch. (1). Certains arlicles du trichome y deviennent plus gros que leurs voisins, et s'y divisent par des cloisons perpendiculaires au grand axe du trichome, de façon à former des agglomérations de 15-20 cellules serrées les unes contre les autres. La plante qui nous occupe est bien un Nostoc ; le genre Nematonostoc doit donc disparaitre. Ce n'est pas tout. Nous pouvons affirmer aujourd'hui que le Nostoc flagelliforme n'est qu'une forme du Nostoc ciniflonum Vauch. Je fonde cette affirmation sur les observations suivantes : - Lorsque je recueillis la plante pour la première fois, en décembre 1881, je fus trés frappé de ce fait, que je ne l'observais qu'au sommet d'un petit tertre trés aride et sur une étendue de quelques métres seulement. Il s'y trouvait fort abondant, formant sur le sol desséché des plaques étroitement appliquées, composées de filaments plus ou moins enchevé- (1) Bornet et Thuret, Notes algologiques, fasc. II, p. 104. 92 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. trés, ayant l'aspect de crins entortillés. En dehors de cette zone très res- treinte, je ne trouvai pas trace du Nostoc flagelliforme, non seulement à cette époque, mais lorsque, à diverses reprises, j'ai exploré avec la plus grande attentionle bois de Pinsen un point duquel j'avais trouvé la plante. Partout le N. ciniflonum de Vaucher couvrait le sol, abondant comme il l'est souvent dans les bois montueux du Midi, au milieu des Cistes et des Bruyéres. Je remarquai en méme temps que certaines frondes linéaires tortillées s'élargissaient en certains points en une lame plus ou moins déchirée, trés déprimée, aplatie au milieu, mais bordée d'nne sorte de bourrelet, comme d'un ourlet sur les bords. La figure 3 représente de grandeur na- turelle une de ces frondes distendue par un séjour de quelques ininutes dans l'eau. Au milieu des Nostoc flagelliforme criniformes, je renconträi aussi quelques frondes déchiquetées, bordées d'un cóté et trés amincies sur le reste de leur pourtour (fig. 4). L'étude microscopique me montrait que, dans le bourrelet latéral, les trichomes sont très serrés les uns contre les autres et disposés longitudinalement, à gaines épaisses, distinctes et for- tement colorées; qu'au milieu, au contraire, les gaines fusionnées le plus souvent renferment des trichomes contournés, sinueux (fig. 5), tels qu'on les rencontre dans le N. ciniflonum Vauch. Il en est de méme dans les frondes déchiquetées, bordées seulement d'un cóté. Si l'on remarque que les trichomes du N. flagelliforme ont exactement le méme diamètre que ceux du N. ciniflonum, que les cellules ont le même diamètre de part et d'autre, que les hétérocystes varient entre les mémes limites, que dans les deux plantes on trouve ces mémes formations d'amas cellulaires issus du cloisonnement de quelques cellules perpendiculairement au grand axe; si l'on remarque enfin que dans l'un et l'autre cas on n'a jamais trouvé de spores, on ne saurait s'étonner que j'aie douté de la valeur spécifique du N. flagelliforme de Berkeley. Les recherches faites sur le terrain m'ont donné la preuve que les frondes linéaires étroites passent souvent aux frondes étalées, et qu'elles peuvent atteindre une largeur de 8 à 10 millimètres. J'ai récolté de nom- breux exemplaires de ces formes de passage. M. Farlow ayant eu l'obli- geance de m'adresser des échantillons assez abondants de la plante du Texas, il me fut facile aussi d'y trouver, au milieu des formes étroitement linéaires, des frondes étalées déchiquetées, en continuité les unes avec les autres (fig. 6). L'identité spécifique des deux plantes ne pouvait guére me laisser de doute; j'avais tout lieu de considérer le N. flagelliforme comme une simple forme du N. ciniflonum. Il s'agissait de le déterminer expérimentalement. Me reportant à l'ob- servation de M. l'abbé Dupuy, qui n’a trouvé sa plante à Saint-Béat que SÉANCE DU 93 FÉVRIER 1883. 93 sur une étendue de 8 à 10 mètres, à la surface de rochers calcaires ex- posés au midi, et la rapprochant des conditions où je l’avais moi-même recueillie sur un tertre aride et ensoleillé des bois de Fontfroide, j'avais tout lieu de penser que le développement des frondes linéaires est en rapport avec la sécheresse des localités dont il s'agit. Le 15 mars 1889, je pris deux mottes de la terre argileuse du petit tertre de Fontfroide, couvertes de Nostoc flagelliforme étroitement linéaire et les plaçai dans des pots à fleur à l'exposition du nord. L'une fut ainsi conservée sur les rocailles du Jardin des plantes de Montpellier oà l'on a l'habitude de conserver les plantes alpines, l'autre dans un jardin éloigné de quelques centaines de mètres, au milieu de cultures d’Orchis qui exigeaient de fréquents arrosages. Je ne tardai pas à constater que les frondes s'élar- gissaient peu à peu. Le 27 juillet, c'est-à-dire aprés trois mois et demi de culture, les frondes avaient en certains points atteint une largeur de 4 à 5 millimétres. J'interrompis alors l'expérience pour soumettre les échantil- lons à une étude anatomique, qui confirma toutes les observations que j'avais faites précédemment. Le Nostoc flagelliforme Berk. et Curtis n'est donc, selon toute appa- rence, qu'une forme du Nostoc ciniflonum Vauch. Le Nematonostoc rhi- zomorphoides est bien la méme plante, comme l'avait reconnu M. Bornet. Sa synonymie peut étre établie de la facon suivante : Nostoc ciniflonum Vauch. forma flagelliformis. Nostoc flagelliforme Berk. et Curtis, n^ 3809 (Farlow, Anderson et Eaton, Alg. exsicc. Amer. bor. n° 100). ; Nematonostoc rhizomorphoides Nylander, Bull. Soc. bot. de France, t. XX, 1873. Les observations qui précédent devaient nécessairement appeler mon attention sur le Nostoc coriaceum de Vaucher (1). « Ce Nostoc, dit l'au- teur, n'est pas formé comme le Nostoc commun, d'une substance mem- braneuse qui se dessèche au soleil, mais la matière qui le constitue est beaucoup plus solide et sa consistance approche de celle du cuir; sa couleur est d'un brun qui tire sur le jaune. On rencontre cette espèce dans les lieux marécageux et sur la terre humide, où elle séjourne toute l'année (marais du Bossey). » Bien que Desmaziéres n'hésite pas à assimiler au Nostoc coriaceum de Vaucher la plante qu'il publie sous ce nom (2), il serait difficile de dire, d'aprés les figures que donne Vaucher, si ces deux plantes sont réelle- » » » » » » ment identiques. istoi ' eve, 1803, p. 226. 1) Vaucher, Histoire des Conferves d'eau douce. Genève, 3, P (S Desmazieres, PI. cryptog. de France, Édit. 1, fasc. XL, n° 1981. 94 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Bornet a discuté la valeur du Nostoc coriaceum des différents au- teurs. Il résulte de cette discussion, fondée sur l'observation des échan- tillons authentiques, que ce nom parait avoir été donné à des plantes différentes (1). Je n'ai d'autre intention que de confirmer l'observation de M. Bornet au sujet des exemplaires du N. coriaceum publiés par Desmazières, qui ne sont tout au plus qu'une forme du Nostoc ciniflonum. Desmazières, as- similant sa plante à l'Hormosiphon coriaceus de Kützing, déclare, dans la note qu'il joint à ses exsiccata, que ses recherches n'ont pas été afites sur le vivant, mais qu'il n'a pu observer la gaine gélatineuse partielle figurée par Kützing. La gaine individuelle existe pourtant plus ou moins nette suivant les différents points d'un méme échantillon; elle est parti- culiérement visible dans les parties les plus coriaces de la fronde, si j'en juge d'aprés l'échantillon des Plantes cryptogames de France apparte- nant à la Faculté des sciences de Montpellier. On reconnait sans aucun doute, dans cette plante récoltée par M. Cas- tagne dans les marais des environs de Marseille, le Nostoc ciniflonum, dont elle est inséparable. Les gaines sont dans cette forme plus distinctes que dans la forme type. Ce phénoméne est-il dà ici, comme dans la forme flagelliformis, à une action climatérique ? On ne saurait le dire. Je ne puis terminér sans exprimer ma vive reconnaissance à mon vé- néré maitre M. Bornet, pour la bienveillance avec laquelle il ne cesse de me prodiguer ses conseils, et le dévouement avec lequel il me fait bénéfi- cier de sa grande expérience. Explication des figures de la planche II de ce volume. (Les figures 1, 3, 4 et 6 sont dessinées de grandeur naturelle. — Les figures 2, 5,71 et 8 sont dessinées à un grossissement de 570 diamétres). Fig. 1, 2, 3, 4. — Nostoc ciniflonum Vauch. forma flagelliformis. 1. Etat ordinaire de la plante récoltée à Fontfroide prés de Montpellier 2 et 8. Formes aplaties, élargies. ' 4. Partie d’un rameau un peu élargi de la fig. 3. A gauche, les trichomes sont très serrés, parallèles, les gaines fortement colorées; c’est la région. voisine du bourrelet latéral. A droite, région plus rapprochée du milieu. Fig. 5 et 6. — Nostoc flagelliforme Berk. et Curtis, récolté à San-Pedro (Texas) 5. Fragment d'une fronde aplatie. ` 6. Partie d’un des rameaux criniformes. Fig. 7.— Partie d'un rameau criniforme du Nematonostoc rhi J ; récolté à Saint-Béat. rhizomorphoidesNy.. Fig. 8. — Fragment d'une fronde de Nostoc coriaceum Desm. (1) Bornet et Thuret, Notes algologiques, fasc. II, p. 106-107. SÉANCE DU 23 FÉVRIER 1883. 95 M. Prillieux fait à la Société la communication suivante : LE TACON DES SAFRANS, par M. Éd. PRILLIEUX. On désigne dans le Gâtinais, sous le nom de Tacon, une maladie des Safrans qui est caractérisée extérieurement par des taches noires qui se montrent sur la surface du bulbe dépouillé de ses tuniques. Ces taches, souvent nombreuses, peuvent s'étendre sur tout leur pourtour en désor- ganisant la chair de l'oignon, qui peut être rapidement changé tout entier, sous l’action de la maladie, en une sorte de terreau pulvérulent. Les caractères généraux du Tacon ont été déjà décrits avec exactitude par Fougeroux de Bondaroy, il y a un siècle ; mais on n'a jamais établi jusqu'ici quelle est la véritable nature de la maladie et à quelle cause il la faut attribuer. Montagne, qui est le seul observateur qui ait, à ma connaissance, étudié le Tacon depuis Fougeroux de Bondaroy, s’est borné à faire du tissu né- crosé des oignons malades une étude rapide d'où il a tiré seulement cette conclusion, qu'il y a une grande analogie entre le Tacon du Safran et la maladie de la Pomme de terre. Incidemment il a annoncé que dans la plupart des bulbes malades il a trouvé un Pyrénomycéte du genre Perisporium, qui envahit la couche extérieure de la partie cariée; mais il parait considérer l'apparition de ce petit Champignon sur les taches noires des oignons comme fortuite, et rien ne peut faire supposer qu'il ait soupçonné que le Tacon du Safran fût causé par un parasite. L'examen des taches de Tacon m'a toujours fait reconnaitre dans les tis- sus plus ou moins désorganisés la présence de filaments du mycélium d'un Champignon qui pénétre dans les cellules dela chair des oignons et les tue. Je ne décrirai pas ici les altérations qui se produisent dans les tissus de l'oignon envahis par le parasite; dans tous, j'ai reconnu les mêmes filaments de mycélium ; dans beaucoup dé cas, j'ai trouvé de plus dans les petits corps noirs dont le diamétre ne ! dépasse. piim en diamètre un dixième de millimètre. J'ai pu m'assurer que ce sont bien ces corps que Montagne a considérés comme les périthéces d'un Pyrénomycèté et qu'il a décrits sous le nom de Perisporium crocophilum. L'étude détaillée que j'en ai faite m'a conduit à les considérer comme des sclérotes formés par les filaments pelotonnés du mycélium qui, sur une petite profondeur, durcissent pour constituer une coque dure et friable ; tandis qu'à l'intérieur non seulement ils ne durcissent pas, mais 96 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. leurs parois se gélifient ; le plasma qu'ils contiennent, et qui se voit d'a- bord sous forme de fils continus qui se croisent à travers la masse muci- lagineuse, se divise ensuite et se condense en masses de taille et de forme assez variables. Des observations ultérieures seraient nécessaires pour décider si ces singuliers corps peuvent servir à la reproduction du Champignon et à la propagation de la maladie du Tacon. M. Malinvaud analyse une note que MM. H. Hoffmann et Egon [hne ont adressée à la Société, et dans laquelle ces deux savants, poursuivant leurs observations phénologiques, ajoutent quelques faits nouveaux à ceux qu'ils avaient communiqués l'année der- nière (1). Voici les dates relevées à Giessen, en 1882, pour un cer- tain nombre de végétaux : Maturité Premiére floraison. . du premier fruit (2). Ribes rubrum.......... ee. 15 avril........... 20 juin. — aureum........ee ete 16 — ..... ess. 1 juillet. Prunus avium ..... "QE 18 — — spinosa..... RUN Hub 19 — — Cerasus...... TPREPEED 22 — z: Padus iuei ceis 1 sois 23 — Pirus communis............ 23 — — Malus................., 28 — Lonicera tatarica........... 2 mai .......... 27 juin. Syringa vulgaris...... e 4 — Narcissus poeticus ......... 4 — Æsculus Hippocastanum..... T —.......... 17 août, Cratægus oxyacantha. ...... 9 — Cytisus Laburnum.......... 14 — Cydonia vulgaris..... e eie 16 — Sorbus aucuparia .......... 16 :— 12:1 u.s. 90 juillet. Sambucus nigra............ 28 —....... «... 11 août. Secale cereale..... e ei Mee 28 — Atropa Belladonna ........ . 28 —,......,.... 1*r août. Symphoricarpos racemosa... 4e juin........... 2 — Rubus ideus.............. 3 —........... 4 juillet. Salvia officinalis... ......... 3 — Cornus sanguinea...... vo. 5 — ........... 28 août. Vitis vinifera.............. 14 — ie grandifolia........... 22 — igustrum vulgare. ........ 22 —........... Lilium candidum... 2... 30 — eres (1) Voyez le Bulletin, t. XXIX, séances, p. 105. (2) Le moment fixé pour la première maturité par les auteurs de ce travail est celui où les fruits charnus ont pris leur coloration définitiv Ù i i a e, et où les fruits capsulai ’ou- vrent spontanément. ' oji d tes SÉANCE DU 23 FÉVRIER 1883. 97 M. Bonnier donne lecture de la communication suivante : NOTE SUR LA NATURE MORPHOLOGIQUE [DES RAMEAUX AÉRIENS DES PSILOTUM ADULTES, par M. C. Eg. BERTRAND. Bien que très semblables en apparence, les rameaux aériens des Psilo- . tum adultes ont des valeurs morphologiques très différentes; on peut y distinguer : 1° Des rameaux aériens de premier ordre, dits rameaux souches ou cladodes souches ; 2° Des rameaux aériens de 2°, 3*,... nièe ordre, ou cladodes de 2°, 3°... nième ordre ; 3° Des rameaux aériens terminaux, ou cladodes terminaux ; 4° Des branches simples aériennes ; 9" Des rameaux sporangifères, ou cladodes sporangifères. Les rameaux souches résultent du développement de la partie anté- rieure des cladodes aériens de la griffe (1); ce sont donc des cladodes. Ils sont en effet caractérisés par un cône végétatif antérieur qui présente plusieurs centres de formation. Ce cône végétatif produit sur sa périphé- rie des appendices ou frondes très gréles disposées sans ordre apparent, et par là diffère des cônes végétatifs des cladodes souterrains. Les frondes jeunes abritent le cône végétatif. Elles sont dispersées ultérieurement par suite du grand accroissement intercalaire longitudinal que prennent les régions intra-nodales du cône végétatif (2). La surface latérale des rameaux souches est lisse; elle est verte et couverte de stomates là où elle reçoit l’action de la lumière; elle est blanche sans stomates dans sa partie cachée sous le sol. La surface des cladodes souches présente des crêtes obtuses ; c’est ordinairement le long de ces crêtes qu’on rencontre les frondes, sur le rameau développé. Elles sont alors solitaires, et toutes ensemble paraissent disposées sur une hélice irrégulière qui contourne le rameau de gauche à droite. Si un cladode souche présente un dévelop- ment sympodique, on rencontre, en certains points de ses crêtes latépe- rales, des cônes végétatifs éteints qui correspondent à des sommets de (1) Les rameaux aériens de la griffe résultent du développement de certains cônes végétatifs de cladodes, qui, au lieu de croître à la manière ordinaire, se redressent vers la surface du sól en produisant des branches lisses non villeuses. Un peu plus tard ces cônes végétatifs produisent à leur périphérie des appendices ou frondes distribuées sans ordre apparent et qui abritent le sommet du cône. Ces cônes végétatifs de ra- meaux aériens sont souvent des côncs latéraux affaiblis d’un sympode de cladodes souterrains. , ; o (2) Les frondes les plus inférieures des rameaux souches développés sont réduites à de petits filaments trés courts, ou méme à de simples mamelons reconnaissables uni- quement à leurs cellules plus petites. U E T. XXX. (SÉANCES) 7 98 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. branches simples constituantes atrophiées. Ces points sont facilement reconnaissables parce qu’on y voit deux frondes contiguës coalescentes à leur base. Les cladodes souches se bifurquent de très bonne heure, avant que l'accroissement intercalaire dont la partie antérieure du cladode est le siège se produise. Il ne se produit pas de racine sur les cladodes souches. Il ne s'y produit pas non plus de bourgeon adventif endogène ou exogéne. Si l'on essaye de bouturer la plante au moyen de ses cladodes souches, ceux-ci meurent sans reprendre. Les branches de bifurcation des cladodes souches sont les rameaux de second ordre ; ce sont encore des cladodes aériens : ils sont en effet ca- ractérisés par un cône végétatif à plusieurs centres de formation, sur la ipériphérie duquel naissent des frondes disposées sans ordre apparent ; de plus leur surface est lisse. Les régions intra-nodales des cladodes de second ordre prennent un accroissement intercalaire longitudinal consi- dérable, qui a pour effet d'écarter beaucoup leurs appendices les uns des autres. La surface des rameaux de second ordre développés est identique à celle de la région supérieure des eladodes souches. Le nombre des crétes saillantes des rameaux de second ordre est moindre ou au plus égal à celui des crêtes du cladode souche. On reconnait qu'un cladode de second ordre présente un développement sympodique aux mêmes carac- tères extérieurs que ceux que nous avons signalés sur les cladodes sou- ches. Le cône végétatif des cladodes de second ordre se bifurque de très bonne heure, bien avant que ces rameaux présentent leur accroisse- ment intercalaire. Les cladodes aériens de second ordre ne portent jamais de racine. Ils ne produisent jamais de point de végétation adventif endo- gène ou exogène. Quand on bouture les rameaux aériens de second ordre, ils meurent. Les branches de bifurcation des rameaux de second ordre sont les rameaux de troisième ordre. On répéterait pour ces rameaux d'ordre 3 tout ce que j'ai dit pour les rameaux d’ordre 2, en changeant chaque fois 1 en 2 et 2 en 3. On pourrait continuer ainsi indéfiniment depuis 3 jus- qu'à n, en répétant chaque fois ce qui aurait été dit précédemment. Chez le Psilotum triquetrum, on peut aller ainsi jusqu'aux rameaux de 8* et 10* ordre. D'une maniére générale, plus l'ordre d'un rameau aérien s'é- dève, plus son développement tend à devenir sympodique. Les rameaux aériens d'ordre élevé ont une section transversale triquétre chez le Ps. triquetrum, irrégulièrement elliptique ou ovale chez les Ps. complanatum et flaccidum. Les rameaux terminaux de la ramification aérienne sont des cladodes aériens d'ordre quelconque dont le cône végétatif s'est éteint. Cet arrêt de développement peut se produire à n'importe quelle phase dela croissance du cône végétatif, SÉANCE DU 23 FÉVRIER 1883. 99 Quand, ce qui est exceptionnel, les extrémités de quelques branches simples constituantes d’un cladode aérien à développement sympodique s'allongent au delà du point où elles se séparent de ce cladode, il en. résulte, le long du cladode aérien, de petites branches simples aériennes qui paraissent latérales par rapport à ce cladode. Les branches simples aériennes sont caractérisées par un cône végétatif à un seul centre de for- mation. Ce cône s’éteint de très bonne heure, alors que la branche qu'il a formée est encore extrêmement petite; mais aprés avoir produit quel- ques frondes à sa périphérie. Ce caractère permet de différencier nette- ment les branches simples aériennes des branches simples souterraines. Lorsque, ce qui est trés rare, une branche simple aérienne porte plus de deux frondes, ces frondes y sont distribuées comme chez les Sélaginelles : on peut y distinguer une fronde antérieure droite, une fronde postérieure gauche, une fronde antérieure gauche, et une fronde postérieure droite. Je n'ai jamais vu plus de quatre frondes sur une branche simple aérienne. Les deux frondes antérieures d'une branche simple aérienne occupant la face de cette branche qui regarde le cladode support font défaut lorsque, comme c'est le cas ordinaire, cette face demeure coalescente avec la sur- face du cladode. Il ne reste plus alors des appendices de la partie libre de la branche simple que ses deux frondes postérieures rendues néces- sairement contigués et coalescentes à leur base. Il résulte de là que, par- tout où sur la surface d'un rameau aérien de Psilotum on rencontre deux frondes contigués coalescentes à leur base, on doit trouver entre elles et le rameau qui les porte un point de végétation éteint. Ces deux frondes sont les deux premiéresjfrondes postérieures de la partie libre d'une branche simple constituante du cladode qui émerge en ce point. B On appelle rameau sporangifère tout rameau aérien qui porte des sporanges. Ces rameaux sporangifères ont la valeur morphologique de .cladodes. Le développement de ces cladodes est sympodique. Un sporange résulte de la transformation du sommet d'une des branches simples aé: riennes qui émergent le long des flancs d'un cladode sporangifère. L'ap- pareil sporangial des Psilotum comprend donc en définitive: 1* un sup- port commun à plusieurs sporanges : c'est le cladode sporangifére, qui peut étre un rameau aérien de n'importe quel ordre, voire máme un cla- dode souche; 2* deux frondes contigués, coalescentes à leur base, qui sont les deux premières frondes postérieures de la branche simple aérienne dont le sommet se transforme en sporange ; 3° le sporange, qui est une capsule arrondie trilobée, partagée en trois loges distinctes par trois cloisons convergentes, Chaque loge s'ouvre supérieurement par une grande fente médiane. Les trois fentes du sporange convergent au som- met de ce sporange. Des trois loges du sporange, deux sont latérales, la 100 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. troisième est médiane et extérieure (1). Les deux frondes sporangiales correspondent aux sillons latéraux extérieurs du sporange. Les spo- ranges des Psilotum différent donc de tous les sporanges connus jus- qu'ici chez les autres Cryptogames vasculaires par leur forme et par leur origine. P. Les spores des Psilotum sont d'une seule sorte. Elles germent sur la terre humide. M. Malinvaud fait connaitre par quelques passages et dépose sur le bureau, de la part de M. Eug. Fournier, empéché par de dou- loureux devoirs d'assister à la séance, une liste que M. Mazé a bien voulu dresser: c'est un relevé des noms vulgaires français que les créoles de la Guadeloupe donnentaux végétaux les plus connus. Nul n'était plus compétent que M. Mazé, commissaire général dela marine à la Basse-Terre, maintenant en retraite, et qui y emploie ses loisirs en cultivant utilement les sciences natu- relles (2), pour l'exactitude des déterminations qui forment la base de ce travail. NOMENCLATURE DES ARBRES ET DES ARBRISSEAUX INDIGENES OU NATURALISÉS A LA GUADELOUPE, AVEC LEURS NOMS VULGAIRES, par M. MAZÉ. MAGNOLIACÉES. MYRISTICACÉES. al a . uu Ta rra pe Cachiman Myristica fragrans Houtt. — Musca- gne, pin. dier des Moluques. ANONACÉES. — fatua Sw. — Muscadier sauvage, . Muscadier à grives. Anona muricata L.— Corossol, Coros- solier. CAPPARIDÉES. — montana Macfd. — Corossol mar- ron, Corossol de montagne. Capparis cynophallophora L. — Pois — reticulata L. — Cachiman à fruits, mabouge, Mabouia. ` Caur-de-bouf. — ferruginea L. — Mabouia, Bois -— mucosa Jacq. — Cachiman mor- caca. - veuc. — amygdalina Lamk. — Cáprier lui- — squamosa L. — Pomme cannelle. sant, Arbre à méches. — palustris L. — Mammin, Bois flot. | — torulosa Sw. — Arbre à mèches. Unona odorata:Hook. f. — Canang. — frondosa Jacq. — Mabouia. (1) Nous supposons l'observateur placé comme il est dit : Définition des membres des plantes vasculaires, in Archives botaniques du nord de la France, 1881. .(2) Voyez le Bulletin 1881, Séances, p. 289, et tome XXV, 1878, Revue, p. 119. SÉANCE DU 23 FÉVRIER 1883. Morisonia americana L. —$Bois diable ou de falaise, Mabouia peau. BIXACÉES, Bixa Orellana. — Rocou, Rocouyer. EUPHORBIACÉES. Cicca antillana Juss. — Mille-branches. — disticha L. — Pomme surette. Phyllanthus faleatus Sw. — Bois fa- rine à Zombis. Sapium aucuparium Jacq. — Bois de soie, Bois la glu, Glulier. Hippomane Mancinella L. — Mance- nillier. Hura crepitaus L.— Sablier, Arbre au diable. Aleurites triloba Forst. — Noir de Bancoul, Bancoulier. Excæcaria lucida Sw. — Bois marbré. — caribæa Gn. — Cœur vert (Grande- Terre). — glandulosa Sw. — Bois d'ébene vert. Omphalea triandra L. — Ouabé, Om- phalier. NYCTAGINÉES. Pisonia aculeata L. — Crocs à chien. — nigricans Sw. — Mapou noir. — subcordata Sw. (non Choisy). — Mapou gris. MALVACÉES. Hibiscus tulipiflorus Hook. — Gombo des grands bois. Gossypium religiosum L.— Cotonnier. — barbadense L. var. B. — Coton- nier à graine verte, Cotonnier indigène. Paritium tiliaceum A. Juss. — Grand Mahot, Bois liège. Thespesia populnea Cav. — Catalpa, Catappa. BOMBACÉES. Pachira aquatica Aubl. — Châtaigne d’eau. Adansonia digitata L.— Baobab, Pain de singe. 101 Eriodendron anfractuosum DC. — Fro- mager, Bois épineux. Ochroma Lagopus Sw. — Bois flot, Mahot grandes feuilles. Myrodia turbinata Sw. — Bois de lance. STERCULIACÉES. Sterculia caribea R. Br. — Bois doux caca, Bois caca. BYTTNÉRIACÉES. Guazuma ulmifolia Lamk. — Hétregris. — tomentosa Kth. — Bois d'Orme d'Amérique. Theobroma Cacao L. — Cacao, Ca- caoyer. TILIACÉES. Sloanea Massoni Sw. — Chátaignier coco, Chátaignier franc. — sinemariensis Aubl. — Chátaignier de montagne. Mutingia calabura L. — Bois ramier, Bois de soie. RHAMNACÉES. Colubrina ferruginosa Ad. Br. — Bois couleuvre de la Guadeloupe. — reclinata Ad. Br.-- Bois costiere. TERNSTR(EMIACÉES. Ternstremia elliptica Sw. — Cacao de montagne. — obovata Rich.—Cacao dela Grande- Terre. Freziera undulata Sw. bleues des Hauts. Cleyera theoides Planch. — Graines bleues des Hauts. — Graines OCHNACÉES. Gomphia guianénsis. — Ouraté de Cayenne. GUTTIFÈRES. Clusia alba L. — Figuier maudit, Bois chique. 102 Clusia venosa. Jacq. — Mangle mon- tagne. Moronobea coccinea Aubl. — Palétu- vier jaune de montagne. Mammea americana L. — Abricotier cultivé. — . — humilis Vahl. — Abricotier bord de mer, Bois l'onguent. — lateriflora Griseb. — Abricotier marron. Calophyllum Calaba Jacq.—Galba, Bois Marie, Calaba à grandes feuilles. CANELLACÉES. Canellaalba Murr. — Cannelle blanche, Bois cannelle, Cannelle sauvage. MARCGRAVIACÉES. Marcgraavia umbellata L. — Bois pé- tard, Bois couille. Ruyschia clusiifolia Jacq. — Souroube. HYPÉRICINÉES. Marila racemosa Sw. — Bois rouge pomme de Rhodes, Casse rose. ÉRYTHROXYLÉES. Erythroxylum ovatum Cav. -- Vinette (roches calcaires). — squamatum Vahl. — Grosse Vinette (sol volcanique). — areolatum L. — Vinette. MALPIGHIACÉES. >yrsonima lucida DC., Adr. Juss.— Oli- vier de la Grande-Terre, Bois d'Arrada. — spicata Rich. — Maurécie, Bois charbon, Tan ordinaire des bois, Merisier dore. — crassifolia Kth. — Moureiller de montagne, Bois quinquina des sa- vanes. — coriacea DC. — Moureiller. Bunchosia polystachya DC. — Prunes café, Prunes malgaches. Malpighia urens L. var. a. et B. — Ce- risier capitaine, Moureiller pi- quant. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Malpighia angustifolia L. — Bois capi- laine, Cerises à côtes. — glabra L., Adr. Juss.— Merisier du pays. + — nitidaj Mill. — Cerisier capitaine, Cerises rondes. SAPINDACÉES. Cupania americana L. — Cnataignier, Cupani d'Amérique. Sapindus Saponaria L. — Savonnette;. Bois savon. Melicocea bijuga L. — Kenep, Quénette. Dodonæa jamaicensis DC. — Mangle sûre, Mangle Oseille. MÉLIACÉES. Melia sempervirens Sw. — Lilas du pays, Arbre saint, Arbre à cha- pelets. Trichilia hirta L. (non Sw.). — Bois de fer, Mombin bâtard. — spondioides Sw. — Bois amer blanc, Mombin bâtard. Guarea trichilioides L., Jacq. — Bois. pistolet. — Swartzii DC. — Bois balles. Pholacilia diversifolia Griseb. — Bois pistolet faux. Carapa guianensis Aubl. — Carapa. Swietenia Mahogani L. — Acajou meu- bles, Acajou Saint-Domingue. Cedrela odorata L: — Acajou amer, Acajou du pays. AURANTIACÉES. Citrus medica L. (2. Limonium Riss.). — Citronnier. — Aurantium L. (a. vulgaris Riss.). — Oranger. — spinosissima Mey. — Citronnier des halliers. — decumana L. — Chaddec, Fruit défendu. Murraya exotica L. — Buis de Chine OXALIDÉES. Averrhoa Bilimbi L. — Ccrnichon. — Carambola L. — Carambole. SÉANCE DU 93 ZYGOPHYLLÉES. Guajacum officinale L. — Gayac (Dé- sirade, R.). RUTACÉES. Zanthoxylum ternatum Wickst.— Épi- neux gris. punctatum West. — Épincuz rouge. Clava-Herculis L.— Épineux jaune, Bois manche-houe. aromaticum W. — Épineux jaune odorant. emarginatum Sw. — Épineux blanc, Bois de Rhodes. spinifex Jacq. — Bois chandelle épineux, Bois pian. Fagara tragodes Jacg. — Bois cabrit. Brunellia comocladia Kth.— Noyer des Antilles. Quassia amara Lin. f., Desc. — Bois amer, Bois d'absinthe, Quina Cayenne. Simaruba amara Aubl. — Acajou blanc. Picræna excelsa Lindl. — Peste à poux, Bois amer, Bilterash. Picramnia micrantha Tul. poisson. Bois ÉRICACÉES. Symphysia guadalupensis Kl. — Fausse Airelle arborescente. CYRILLÉES. Cyrilla racemosa. — Bois couchés. CÉLASTRINÉES. Elæodendron attenuatum Rich. — Bois tan rouge. Myginda latifolia Sw. a. var. f. styli- fera. — Bogarrier bâtard. ILICINÉES. llex montana Griseb. — Pruneau, Vio- lette. — sideroxyloides Gr. — Bois citron, Citronnier noir. — mohtana Griseb. var. a. — Graines vertes. ' FÉVRIER 1883. 103 URTICACÉES. Ficus lentiginosa Vahl. — Figuier maudit. — crassinervia Desf. — Figuier à grandes feuilles, Figuier gris. — pertusa L. — Figuier à petites feuilles. — laurifolia Lamk. — Figuier maudit. Artocarpus incisa L. (seminifera). — Chátaignier Malabar. — incisa L. (apyrena). — Arbre à pain. — integrifolia L. — Jaquier. Cecropia peltata L. — Trompette des bois, Bois trompette. — palmata W. — Bois trompette des Bas. Sponia micrantha Desc. — Micocoulier båtard, Arbre à cordes. POLYGONÉES. Coccoloba uvifera Jacq. — Raisinier bord de mer. — pubescens L. — Raisinier de mon- tagne. — diversifolia Jacg. — Raisinier Ja- cobolo, Bois rouge. — punctata Lun. (non Jacq.). — Rai- sinier des Coudres. TÉRÉBINTIIACÉES. Bursera gummifera Lin. — Gommier, Arbre à baume, Gomart d'Ame- rique. (deux variétés : rouge et grise). Icica altissima Aubl.— Iciquier Cedre. — heterophylla DC. — Iciquier. Hedwigia balsamifera Sw. — Bois len- cens, Bois cochon. Amyris silvatica Jacq. — Bois chan- delle blanc (Grande-Terre). — maritima Jacq. -— Bois chandelle vert. — balsamifera L. -— Bois chandelle blanc et noir. | — silvatica Rich. (non Jacq.). — Bois de citron. Spondias Monbin Jacq. — Mombin jaune. — lutea L. — Prunes Chili. 104 Spondias Myrobalanus Jacg. — Mombin rouge. — purpurea L. — Prunes d'Espagne. — dulcis L. — Pomme Cythere. Comocladia integrifolia L., Jacq.—Bois à cœur rouge (Tinet). — ilicifolia Sw. — Houx de la Grande- Terre. Mangifera indica L. -— Mango, Man- guier. Anacardium occidentale L. — Acajou, Acajou à pommes. AMENTACÉES. Casuarina equisetifolia L. — Filao. LÉGUMINEUSES. Indigofera Anil L. — Indigo du pays. Sabinea carinalis Griseb. — Bois ca- raibe. - Agati grandiflora Desv .—- Agaty, Gom- mier peau d'oignon, Colibri vé- gétal. Abrus precatorius L. — Réglisse du pays. Cajanus indicus Spreng. — Poisde bois, Pois d Angole. Erythrina Corallodendron L.— Immor- tel (Bois d’). — indica Lamk. — Holocauste. Lonchocarpus latifolius Kth. — Savon- nette blanche. — violaceus Kth.— Savonnelte jaune, Savonnelte bord de mer. Pterocarpus Draco L. — Palétuvier, Mangle médaille géant. Piscidia Erythrina L. — Bois ivrant, Bois à enivrer. Machærium arboreum Benth. — Sa- vonnette grands bois, Savonnette à cœur jaune foncé. Hecastophyllum Brownii Pers. — Bois cauret, Mangle médaille. — Monetaria DC. — Mangle mé- daille. Dalbergia Amerimnum Benth. — Bois savonnette de falaises. Andira inermis Kth. — Angelin, Bois palmiste. Ormosia dasycarpa Jacks. — Caconnier. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Hæmatoxylon campechianum L.—Cam- péche, Bois de Campéche. Parkinsonia aculeata L.— Caca à rat. Guilandina Bonduc L. — Canique jaune. — Bonducella L. — Canique grise. Poinciana regia Boj. — Flamboyant. Cæsalpinia pulcherrima Sw. — Bara- guette, Poincillade. — sepiaria Roxb. — Fernambouc, Arréte coquine. — crista L. — Brésillet faux. — bijuga Sw. — Bois campéche bâ- tard. Lebidibia Coriaria Schlecht.—Divi-divi. Cassia Fistula L. — Casse, Canéficier vrai. — alata L. — Dartrier, Herbe aux dartres. — bicapsularis L. — Canéficier bá- tard. — glandulosa L. — Canéficier à fleurs de Genét. — glauca Lamk. — Casse à siliques . plates. Tamarindus indica L., Jacq. — Tama- rin, Tamarinier. Hymenæa Courbaril L. — Courbaril. Casparea porrecta Kth. — Ebénier de montagne. Bauhinia variegata L. — Bauhinie pa- nachée. Schnella splendens Benth. — Bauhinie à feuilles dorées. Entada scandens Benth. — Liane à bœufs, Chátaigne de mer. Adenanthera pavonina L. — Arbre à corail, Condori œil-de- paon. Leucæna glauca Benth. — Macata bourse, Acacie blanche, Tamarin bátard. Acacia heterophylla W. — Tamarin des bois. — scleroxylon Tuss., Desc. — Ten- dre à caillou. — sarmentosa Desv. — Acacie de Saint-Domingue, Acacie à fleurs blanches. — Farnesiana W. — Acacie odorante, Acacia à fleurs jaunes, Acacia de Farnése. SÉANCE DU 93 Acacia macrantha H. et B. 6. glabres- cens. — Acacie arborescente. — tortuosa W. — Acacie des plaines sableuses. Albizzia Lebbek Benth. — Bois noir de l'ile la Réunion, Vieilles filles. Calliandra purpurea Benth. — Mi- meuse pourprée. Pithecolobium Unguis-cati Benth. — Collier à diable. — macradenium Benth. — Acacia de montagne. — filicifolium Benth. — Tendre à caillou bátard. Inga laurina W. — Pois doux blanc. — vera W. — Pois doux gris. — ingoides L. — Pois doux marron, Pois doux poileux. CONNARACÉES. Connarus grandifolius Planch. CHRYSOBALANÉES. Chrysobalanus Icaco L. — Icaque, Ica- quier, Prune coton. Hirtella racemosa Lamk. — Icaque montagne, Icaque à poils. Licania leucosepala Griseb. — Bois diable. ROSACÉES. Prunus sphærocarpa Sw. — Noyau. — occidentalis Sw. — Amandier du pays. Eriobotrya japonica Lin. — Néflier du Japon. MYRTACÉES. Callyptranthes pallens Griseb. — Bois cœur vert bâtard. — Syzygium Sw. — Tétet négresse. Myrcia coriacea DC. — Bois de Sainte- Lucie. — splendens DC. — Merisier petite feuille. — Duchassainiana Berg. — Guépois. — divaricata DC. — Bois affic. Caryophyllus aromaticus L. — Giro- flier. FÉVRIER 1883. 105 Syzygium Jambolanum L., DC. — Jam- bosie. | Jambosa malaccensis L. — Pomme Malacca, Jambosier. — purpurascens DC. — Pomme rose, Pomme Rosier. Eugenia uniflora L. — Cerisier can- nelle. — ligustrina W. — Merisier à feuilles de Troéne. — Pseudopsidium Jacq. — Goyavier de montagne. — Lambertiana DC. — Merisier à feuilles larges. — Barnensis Jacq. — Merisier com- mun, fruits édules. — glabrata DC. — Merisier sauvage, Merisier à cochon. — buxifolia W. — Myrte des terres basses. — Balbisiana B ^rg.— Bois pelé (écorce caduque trés odorante). — monticola DC.— Merisier de mon- tagne. — buxifolia W. 6. Poiretii DC. — Myrte Goyavier, Goyavier feuilles étroites. Aulocarpus quadrangularis Griseb. — Bois carré, Merisier des Bas. Amomis acris Berg. — Bois d'Inde noir. — pimentoides Berg. — Bois d'Inde jaune. Psidium Guava Radd. «. pomiferum L. (et B. piriferum L.). — Goyavier à fruits. — montanum Sw. —Goyavier bâtard, Citronnelle des bois. — cordatum Sims. Punica Granatum L., Desc. — Grena- dier. LECYTHIDÉES. Lecythis grandiflora L. — Canari ma- caque, Marmite à singe. MÉLASTOMACÉES. Ossæa lateriflora DC. — Bois cótelette, Mélastome à teinture. Staphidium latifolium Griseb. — Bois crécré. 106 Clidemia guadalupensis Griseb.— Bois cótelette. Diplochita Fothergilla DC.— Bois cré- cré, Fothergille élégant. Conostegia subhirsuta DC. — Arbres à méles, Bois cótelette. — calyptrata Don. — Bois cótelette. Miconia impetiolaris Don. — Bois có- telette. | — lævigata DC. — Bois côtelette, Mélastome à petits fruits. Cremanium Rivoeriæ Griseb. — Bois crécré. — tetrandrum Griseb. — Bois crécré. Blakea laurifolia Naud. — Faux Cor- mier. Bellucia Aubletii Naud. — - Nefüier..: D LYTHRARIÉES. "n Lawsonia inermis L. — Réséda. i Lagerstræmia indica L. — Gestram,| Folie des filles. — reginæ Roxb.— Gestram de laveine.: RHIZOPHORÉES. Rhizophora Mangle L. — Palétwvier: rouge. Cassipourea elliptica Poir. B. alba Gr. — Cassipourier fleurs blanches. COMBRÉTACÉES. Terminalia latifolia Sw. — Amandier: sauvage. — Catappa L:— Badamier, Amandier de Cayenne. Bucida Bucercis L.— Bois gligli, Bois grigris. Laguncularia racemosa L. — Mangle ` blanc. Conocarpus erectus L. — Mangle gris. — procumbens Jacq. — Mangle fou. THYMÉLÉACÉES. Daphnopsis Swartzii Meisn. — Bois violon. — tinifolia Gr. — Bois violon. Lagetta lintearia Lamk. — Lagel, Bois dentelle. — funifera Juss. — Mahot piment. | — floribunda Nees. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. LAURACÉES. Cinnamomum zeylanicum Bl. — Can- nellier. Phoebe montana Sw.—Bois doux Cypre. Persea gratissima Gaertn. -— Avocat, Avocatier. Hufelandia pendula Nees. — Bois doux négresse. Tetranthera laurifolia Jacq. — Avoca- tier marron. Acrodiclium salicifolium Griseb.— Bois: fourmis. Nectandra sanguinea Rottb. — Bois doux blanc, Bois doux zabel, Lau- rier des Bas. — Bois doux noir, Cypre baleine. — exaltata Griseb. Bois doux montagne, Laurier de montagne, Laurier piment. —— Oreodaphne . leucoxylon - Griseb. Bois doux ordinaire, Laurier à fleurs. jaunes: | — parviflora Nees. — Bois doux can- nelle, Laurier cannelle. — cernua Nees. — Laurier Gombo marron. — coriacea Nees. — Bois coligue. Aydendron argenteum Griseb.— Cèdre à feuilles argentées, Laurier ar- gente. Laurus chloroxylon L. (H. t. 197). — Bois doux jaune, Laurier des Hauis. : Nectandra concinna Nees. — Laurier marbré, Bois doux marbré. Laurus (spec.)— Bois doux Mabonne. Hernandia sonora L. — Myrobolan bátard, Hernandier sonore. PAPAYACÉES. ) Carica Papaya L. — Papaye, Papayer. HOMALINÉES. Homalium racemosum Jacq.— Acomat franc. SAXIFRAGACÉES. Weinmannia pinnata L. — Bois tan de montagne. SÉANCE DU 93 Weinmannia hirta Sw. — Bois tan. ARALIACÉES. Sciadophyllum capitatum Griseb. — Fi- guier tête. Panax attenuatum Sw. — Trompette à canon. OLACINÉES. Ximenia americana L. — Oranger des falaises, Prunier épineux. Heisteria coccinea Jacq. — Bois per- drix. Schæœpfia arborescens R. et S. — Bois rouge petites feuilles. RUBIACÉES. Genipa americana L. — Génipa, Géni- payer. Randia aculeata L. — Petit Coco épi- neux, Bois quenouille. — aculeata L. B. mitis L.— Petit Coco inerme. Hamelia patens Jacq. — Bois corail, Bois divin. Macrocnemum jamaicense L. — Résolu de montagne. Chimarrhis cymosa Jacq. — Résolu de rivière, Bois de riviere. — Exostemma floribundum R. et S.— Quin- quina piton, Bois tabac, Quina piton. — caribæum R. et S. — Quinquinaca- raibe, Tendre en gomme, Bois chandelle (Marie-Galante). Guettarda argentea Lamk.—Goyavier | noir. ,— rugosa Sw. — Bois madame, Bonda madame. Stenostomum lucidum Griseb. ' Laugeria lucida Sw. Chione glabra DC. — Grand Branda. Erithalis fruticosa L. — Bois chan- delle noir. Chiococca caracasana Ki. — Petit Branda. Vanguiera edulis Vahl. — Tamarin des Indes. . Ixora ferrea Benth. — Café des bois, Bois de fer rouge. Coffea arabica L. — Café de l Yémen. 107 Faramea odoratissima DC. — Café de montagne. Ronabea latifolia Aubl. — Café bâtard. Psychotria floribunda Kth. — Mapou. — corymbosa Sw. — Bois cassant. Cephælis Swartzii DC. — Ipécacuanha bâtard. Palicourea crocea DC. — Bois quinine. FÉVRIER 1883. MYRSINÉACÉES. Myrsine leta A. DC. — Bois flot noir. Jacquinia armillaris L. 8. arborea Vahl. — Bois casse-cou, Bois de fa- laises. SAPOTACÉES. Chrysophyllum Cainito L. —- Buis, Cainitier doré et argenté. — glabrum Jacq. — Bois de bouis (petit). —- oliviforme Lamk. — Cainitier mar- ron. Achras Sapota L. — Sapotille, Sapotil- lier. Sideroxylon mastichodendron Jacg. — Acomat boucan. Dipholis nigra Griseb. — bátard. — salicifolia A. DC. — Acomat bå- tard. Bumelia cuneata Sw. — Bois de bouis (grand). Lucuma pauciflorum A. DC.— Bois pain d'épices, Jaune d'œuf. — mammosum Gertn. — Sapote. Mimusops globosa Gertn. — Balata rouge, Balata de Bouillante — Balata Gert(n. — Balata de mon- tagne. Acomat STYRACÉES. Symplocos martinicensis Jacq. — Grai- nes bleues des Bas, Cacarate. — tinctoria L'Herit. — Bois jaune de montagne (Morne Citerne). ÉBÉNACÉES. Diospyros tetrasperma Sw. — Barba- coa. 108 Macreightia caribæa A. DC.— Sapo- tillier marron. OLÉINÉES. Linociera compacta R. Br. — Bois de fer blanc. — latifolia Vahl. — Bois de lance. Forestiera cassinoides Poir. — Bois de fer gris. ` APOCYNÉES. Rauwolfia Lamarckii A. DC. — Arbre à lait. — canescens L.— Arbre à lait bátard. Thevetia neriifolia Juss. — Ahouai. Tabernemontana citrifolia Jacq. Bois laiteux de montagne. — amygdalifoliaJacq.— Arbre à lait. Plumeria rübra L. — Frangipanier rouge, Arbre à couleuvre. — alba L. — Frangipanier blanc. SOLANACÉES. Brunfelsia americana Sw. — Tulipier de montagne. — fallax Duchass. — Tulipier de mon- tagne bâtard. Acnistus arborescens Schl. — Sureau . du pays. CRESCENTIACÉES. Crescentia Cujete L.— Calebasse, Ca- lebassier. — cucurbitana L. — Arbre à couis, Calebassier à feuilles larges. BIGNONIACÉES. Catalpa longisiliqua Cham. — Chêne des Antilles. Tecoma leucoxylon Mart. — Bois d'é- bene vert et brun. — triphylla Spreng. — Poirier blanc (Marie-Galante). — pentaphylla DC. — Poirier com- mun, deux variétés: grise et rouge. — stans Juss. — Fleurs jaunes. BORRAGINÉES. Cordia gerascanthus Jacq. — Bois de Cypre, Cypre oranger. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Cordia gerascanthus Jacq. B. subca- nescens DC. — Bois de rose ou de Rhodes. alba R. et S. — Arbre à perles. Sebestena Jacq. — Sébestier, Bois de rápe. collococca L. — Mapou de rivière, Mapou blanc. macrophylla Mill. — Grand Mapou. reticulata Vahl. — Mapou cochon. — salvifolia DC. — Bois noir, Ma- haut noir. — micrantha Sw. — Mapou petites feuilles. — sulcata DC. — Mapou à larges feuilles. Ehretiatinifolia L. — Bois de rosenoir. Beureria succulenta Jacg.— Arbre aux groseilles. Rochefortia cuneata Sw. — Bois vert. Tournefortia gnaphalodes R. Br. — Bois de lance. — fœtidissima L. — Mapou puant. VERBÉNACÉES. Citharexylon quadrangulare Jacq. — Bois guitare. — quadrangulare L. — Bois carré (Saint-Barthélemy). Duranta Plumieri Jacq. — Troéne des Antilles. Ægiphila martinicensis L.— Bois cabrit . Tectona grandis L. — Bois de teck, rare (Petit-Bourg). . Volkammeria aculeata L. — Amou- rettes, Z'amourettes. Cornutia pyramidata L.— Gattilier, Bois savane. Vitex Agnus-castus L. — Gattilier d'Europe. — divaricata Sw. — Bois d'agouli, Bois gouti. — multiflora Mig. — Bois d'agouti, Bois gouti. Avicennia nitida Jacg. — Mangle blanc. — tomentosa Jacq. — Palétuvier. MYOPORINÉES. Bontia daphnoides L. — Olivier des Palétuviers, Olivier bátard. SÉANCE DU 9 Mars 1883. CONIFÈRES. Podocarpus salicifolius Rich. — Lau- rier rose du pays. Taxus lancifolia Wickst. CYCADÉES. Cycas circinalis L. — Palmes, Feuilles de la Passion. PANDANÉES. Pandanus utilis Bory. — Baquois, Va- quois. — odoratissimus L. — Pandanus de T. Carludovica palmata R. P. — Seguine bátarde. 109 PALMÉES. Thrinax barbadensis Lodd. — Lata- nier. Areca oleracea Jacq. — Palmier à colonne. Oreodoxa oleracea Mart. -— Palmier, Chou palmiste. Syagrus amara Mart. — Pelit Coco, Dende. Cocos nucifera L. — Cocotier. | Phœnix dactylifera L. — Dattier. Areca Catechu Lin. — Aréquier Pal- mier. En joignant ces renseignements à ceux que l'on trouve dans un index spécial qui termine le Flora of the West Indian islands de Grisebach, on aura la liste presque compléte des noms vulgaires portés par les arbres et arbrisseaux dans les Antilles, tant en anglais qu'en francais. SÉANCE DU 9 MARS 1883. PRÉSIDENCE DE M. BUREAU. M. le Président a recu une lettre de M. Malinvaud qui lui exprime ses regrets de ne pouvoir se rendre à la séance. M. G. Bonnier, également empêché, se fait excuser. Le procès- verbal de la séance du 23 février, qu'il a adressé à M. Président, est lu par M. Edmond Bonnet, qui est prié de remplir les fonctions de secrétaire, et la rédaction en est adoptée. M. le Président fait connaitre deux nouvelles. présentations, et informe la Société de la mort bien regrettable de M. le comte de Guernisac, un de ses membres. Une lettre du frère Héribaud, de Clermont-Ferrand, fait part d'une perte trés douloureuse pour la Société et pour la botanique francaise : M. Martial Lamotte, bien connu par ses remarquables publications sur la végétation du plateau central, est décédé à Clermont-Ferrand, le 23 février, à l’âge de soixante-deux ans. 110 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Mer fait à la Société la communication suivante : RECHERCHES SUR LES CAUSES DE LA STRUCTURE DES FEUILLES, par M. E. MER. La structure des feuilles varie non seulement pour une méme espéce avec le milieu où elle se trouve, mais se modifie pour un méme individu suivant la situation. Une méme feuille présente des assises souvent bien distinctes les unes des autres. Au point de vue dela structure, les feuilles des plantes terrestres peuvent se diviser en deux groupes se différenciant par les caractères suivants : 1* groupe. — Les feuilles de ce groupe sont généralement sessiles ou faiblement pétiolées, phyllodiques, plus longues que larges. Elles ont une direction verticale, un parenchyme homogène ou symétrique. Leur épiderme est formé d'éléments semblables sur, toute la périphérie, de cellules à contours rectilignes ou légèrement sinueux; les stomates sont également répartis. 9* groupe. — Ce groupe est composé de feuilles généralement munies d'un pétiole et d'un limbe bien développés, ayant une direction horizontale et deux faces distinctes, avec un épiderme différent sur chacune d'elles, formé à la face inférieure de cellules en général plus petites, plus sinueuses, à parois moins épaisses, et renfermant moins de stomates qu'à la face supérieure. Le parenchyme de cette derniére est palissadique, tandis qu'il est composé de cellules allongées tranversalement ou arrondies, à la face opposée. De leur cóté, les feuilles des plantes aquatiques se divisent en feuilles submergées, en général petites, minces, à structure homogène, à épiderme identique, et en feuilles nageantes, plus développées et offrant deux faces distinctes. Entre ces types extrémes, se placent de nombreux types intermédiaires aussi bien par leur situation relativement à l'horizon que par leur struc- ture. Ce sont les causes de ces différences de structure que j'ai essayé d'établir, en m'appuyant sur les travaux de MM. Sorauer, Kraus, Stahl, Vesque, Ch. et Fr. Darwin, etc..., enfin sur mes recherches antérieures. PREMIÈRE PARTIE PLANTES TERRESTRES. Il est nécessaire, dans cette étude, de bien fixer les phases du déve- loppement normal d'un limbe et l'ordre d'apparition des divers éléments qui le constituent. Je prendrai pour exemple une feuille du deuxième groupe, celle de Lilas Varin par exemple. Je distinguerai dans le déve- loppement de ce limbe cinq phases: SÉANCE DU 9 mars 4883. 111 1° Largeur du limbe : 1 cent. — Il est encore en hyponastie. L'épidermie des deux pages est formé de petites cellules polyédriques. On ne distingue pas eneore de stomates, mais de nombreux poils capités, principalement le long des nervures. Les cellules du parenchyme sont pelites, constituant un tissu serré et sans.lacunes, et ont toutes une disposition en palissade. Cependant celles qui avoisinent l'épiderme, et principalement de la face qui sera plus tard supérieure, sont un peu plus allongées. 2 Longueur du limbe : 3 cent. — Le limbe est étalé en épinastie. Les cellules épi- dermiques de la page inférieure ont un peu grandi, mais sont toujours polyédriques. On y distingue déjà d'assez nombreux stomates, plus volumineux que les cellules voi- sines. D'autres, en voie de formation, sont reconnaissables à une légère fente, souvent à peine perceptible. Ils sont très rares à la page supérieure. La tête des poils, dont le pédicule n'est déjà plus visible, se trouve enfoncée dans une dépression de l'épiderme. L'épaisseur du limbe a augmenté. Les cellules en palissade ont surtout grandi. Au-dessous d'elles se distingue un second rang de cellules semblables, mais plus petites. Celles qui forment l'hypoderme inférieur se sont arrondies, tandis que celles du parenchyme interne se sont allongées transversalement, tout en restant encore serrées les unes contre les autres. 1 ; 3° Longueur du limbe : 4 cent. — Les cellules épidermiques de: là page inférieure commencent à être sinueuses. Les stomates ont atteint leur nombre définitif, mais ils n'ont pas tous acquis leurs dimensions normales. On n'apercoit plus que le sommet de la téte des poils enfoncée dans une dépression de l'épiderme. Sur plusieurs points màme, cette téte est flétrie. Les cellules palissadiques du premier rang ont encore grandi. Le second rang s'est aussi un peu développé. Le reste du parenchyme ne s'est guère modifié. 4 Longueur du limbe : 5 cent. — Le limbe n'a pas augmenté sensiblement en épais- seur, mais en largeur. Les cellules épidermiques de la face inférieure sont plus grandes et plus sinueuses. Celles de la face supérieure sont relevées en bosse et munies d'une €uticule épaisse, striée et garnie de petits prolongements. Les poils ont complétement disparu, sauf sur quelques points où l'on en voit encore des vestiges. Les stomates n'ont pas tous atteint leurs dimensions défiaitives ; ceux qui les ont atteintes sont plus grands que les cellules épidermiques. Les cellules palissadiques ne sont guére plus hautes que dans la phase précédente, mais plus larges. Les cellules de l'hypoderme inférieur com- mencent à s'allonger transversalement, mais ne présentent pas de lacunes, tandis que celles qui sont situées plus intérieurement sont allongées dans le méme sens : on y aper- çoit déjà des lacunes. o . 5° Longueur du limbe : 7 cent. — Le limbe a augmenté en largeur et en épaisseur. Tous les éléments ont atteint leurs dimensions normales. Les cellules épidermiques de la page inférieure ont grandi et en même temps sont devenues plus sinueuses. Leurs paróis sont plus épaisses. Les stomates, qui précédemment étaient plus grands que les cellules épidermiques, sont maintenant plus petits. Les cellules palissadiques du second rang sont plus larges et plus hautes. Les cellules du troisième rang présentent même sur quelques points uue disposition semblable. Ces trois rangées constituent les deux tiers de l'épaisseur du limbe. Les éléments de l'hypoderme inférieur sont séparés par de faibles lacunes, lesquelles sont au contraire plus considérables dans les régions internes : dans ces dernières, les cellules sont assez sinueuses. Cette étude préliminaire terminée, je me propose de rechercher les points suivants: ED ; I. Quelle est la cause de l'apparition des cellules palissadiques, d'une part; des cellules allongées transversalement et des lacunes, d'autre part? 112 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Il. Pourquoi les cellules épidermiques sont-elles généralement plus sinueuses et plus petites à la face inférieure, plus allongées le long des nervures ? III. A quelle cause la formation des poils doit-elle être attribuée? Pourquoi se développent-ils davantage à la surface des nervures ? IV. Pourquoi les stomates sont-ils cantonnés à la page inférieure, ou s'y trouvent-ils du moins en plus grande abondance? J. Il ressort de recherches récentes que le développement des cellules palissadiques est favorisé par l'action de la lumiére sur les cellules de la face supérieure, car à l'obscurilé il ne s'opére pas ou s'opère incomplète- ment (1). Leur présence, quoique à l'état rudimentaire dans une feuille étiolée ou en hyponastie, ne peut étre attribuée qu'à un effet héréditaire. L'épinastie doit être considérée comme le résultat du plus grand accrois- sement des cellules palissadiques sous l'influence de la lumière (2). Ce phénomène se manifestant dans un air humide et méme sous l'eau, on doit en conclure qu’il peut se produire en l’absence de transpiration, et que, par conséquent, la lumière n’agit pas sur le développement des cel- lules palissadiques en favorisant cet acte. Mais si la transpiration n'est pas indispensable à sa manifestation, elle contribue du moins à son dévelop- pement; car l'expérience montre que ces éléments n’acquièrent leurs di- mensions normales que dans un air suffisamment sec. D'autre part, l'as- similation contribue aussi à leur croissance, car celle-ci est entravée dans un air dépouillé d'acide carbonique. C'est, en somme, à l’activité de la nutrition résultant de l'action lumineuse dans un air sec qu'est dû le grand développement des cellules palissadiques. L'examen du tissu de certaines feuilles persistantes montre que ces éléments sont susceptibles de s'ac- croître pendant longtemps. La première année, ils n'atteignent générale- ment pas leur hauteur définitive; celle-ci augmente dans le cours de l'année suivante. Et il ne semble pas que méme alors elle ait atteint ses limites; car lorsque des feuilles de Lierre détachées du rameau et im- mergées par le bas du pétiole, ou enracinées dans du terreau, sont ainsi mises à méme d'accumuler dans leurs tissus tout l'amidon qu'elles for- ment, le limbe continue à croitre en épaisseur pendant un et deux ans, et (1) Voyez Compt. rend. de l'Acad. des sc. 11 décembre 1882. . (2) Si l'épinastie ne se produit pas dans les germinations étiolées de Haricot, cela tient peut-être à une insuffisance de nutrition. Ayant en effet placé à l'abri du jour cer- taines feuilles, encore en hyponastie, d'un Robinia Pseudacacia, je les vis néanmoins s'ouvrir, bien qu’assez longtemps après les’ autres. Cet épanouissement, tout tardif qu'il était, était-il dû à une influence inductive de la lumière produite pendant le court espace de temps compris entre la sortie du bourgeon et le début de l'expérience, ou bien à ceque la nutrition de feuilles même étiolées sur un arbre déjà assez âgé et vigoureux est plus active que dans des germinations ? C'est ce que des expériences ultérieures pourront établir. SÉANCE DU 9 Mans 1883. | 113 c’est principalement sur les cellules en palissade que porte ce développe- ment tardif. On voit alors non seulement les deux rangées de cellules palissadiques devenir plus hautes, mais encore les cellules de la rangée sous-jacente acquérir elles-mémes cette forme. Les dimensions de l'assise palissadique augmentant en tous sens, dans le cours du développement normal de la feuille, la surface du limbe s'étend à la partie supérieure ; mais la partie inférieure ne recevant pas un accroissement correspondant, il se produit bientôt une tension entre les deux régions. Il en résulte que les éléments situés sous les cellules palissadiques s'allongent d'abord transversalement; puis, quand cette extension est devenue insuffisante, ils se séparentles uns des autres sur certains points. Telle est l'origine des lacunes qui distinguent ce tissu. Le parenchyme inférieur ne devient donc lacuneux que parce que le paren- chyme supérieur se développe beaucoup sous l'influence de la lumiére. L'un est la conséquence de l'autre, et ce qui le prouve, c'est que les la- cunes sont nulles ou trés faibles lorsque l'assise palissadiforme est en- travée dans son développement, ainsi qu'il arrive quand on retourne une jeune feuille et qu'on l'oblige à se développer dans cette position. Le parenchyme inférieur se trouvant directement exposé à la lumiére, les cellules qui le constituent deviennent palissadiques, tout en gardant d'assez pelites dimensions. De leur cóté, celles du parenchyme supérieur, étant moins éclairées, se développent moins, surtout en hauteur, de sorte que la superficie dela feuille est plus restreinte. Il en est de méme de la tension entre les deux faces. Aussi ne se produit-ilpas de lacunes, et ces faces se ressemblent assez. Cependant le tissu qui, dans les condi- tions normales, serait seul devenu palissadique, conserve ce caractére à un plus haut degré que ne l'acquiert l'autre: ce qui doit étre attribué à l'hérédité. Dans les sols arides, de méme que dans les endroits trop ombragés, le limbe foliaire n'acquiert que des dimensions exigués. Dans ce cas, palis- sades et lacunes ne sont guére développées. On peut réaliser cette expé- rience à l'aide de germinations de Haricot dont on arrose les unes abon- damment et fort peu les autres. Dans les premiéres, le limbe prend un grand développement en surface ; les cellules de l'assise palissadique ont la forme de cônes renversés, leur large base touchant l'épiderme; aussi ne sont-elles écartées les unes des autres que dans leur partie profonde. Les grains chlorophylliens qu'elles renferment sont disséminés, ce qui donne au limbe une coloration vert pàle. La grande quantité d'eau qu'il renferme le rend en outre translucide, comme infiltré. Les cellules du parenchyme inférieur sont séparées par de grandes lacunes. Dans les ger- minations peu arrosées, les limbes n'acquiérent que des dimensions exigués en largeur ; leur épaisseur est au contraire un peu plus considé- T. XXX. (SÉANCES) 8 114 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. rable. Les palissades sont cylindriques, hautes et étroitement accolées. Les grains chlorophylliens sont d'un vert foncé et remplissent la cavité de ces éléments. Enfin les lacunes font presque défaut, et les cellules du tissu inférieur ont méme un aspect quelque peu palissadique. II. J'ai fait remarquer plus haut que les cellules del'hypoderme inférieur sont allongées moins transversalement, et souvent méme restent arrondies, que les lacunes y sont plus faibles ou méme n'existent pas. Cela tient à plusieurs causes. D'abord les éléments, y étant plus éclairés par la lumière diffuse que ceux des régions plus profondément situées, se développent davantage; leur croissance est en outre favorisée par l'apogéotropisme, qui, entrant en antagonisme avec l'épinastie, s'exerce surtout à la face in- férieure. Enfin les feuilles, méme celles qui ont les tendances diahélio- tropiques les plus accentuées, se plaçant parfois dans une direction oblique ou verticale, soit pour éviter l'ombrage des voisines, soit pour se préserver d'une lumiére trop vive, il arrive que l'assise contigué à l'épi- derme inférieur recoit alors un plus grand développement. On doit donc s'attendre à ce que, par hérédité, elle conserve cette tendance, méme quand elle se trouve dans une position horizontale. Cette nutrition plus abondante dont ils sont l'objet permet aux éléments de l'épiderme et de l'hypoderme inférieurs de mieux se préter au développement de l'assise palissadiforme, et par suite de ne pas se séparer. Cesont donc les assises médianes qui supportent la plus grande tension. En général, les cellules épidermiques sont plus grandes et à parois moins sinueuses à la page supérieure qu'à l'inférieure. Les observations suivantes vont en donner l'explication. Pour une méme page, les dimen- sions de cellules épidermiques et la rectitude de leurs contours augmentent avec la quantité de lumière reçue. C'est ainsi que dans le Syringa Varini lépiderme supérieur des feuilles bien exposées au jour est formé de grandes cellules polyédriques, à parois épaisses, tandis que ces cellules sont légèrement sinueuses, plus petites et à minces parois dansles feuilles ombragées. Dans les petites feuilles de cette plante, situées au bas des rameaux, de méme que dans celles dont le développement a été arrété, les cellules épidermiques ne sont pas sinueuses. Dans les régions du limbe qui sont le siège de galles, dont les tissus, par suite d'un excés de nutrition, se sont hypertrophiés, les cellules épi- dermiques sont plus grandes, moins sinueuses et ont des parois plus épaisses que dans les régions voisines (Vigne, Saule, Hétre). Une abon- dante nutrition a done pour résultat de donner aux cellules de l'épiderme des contours rectilignes et en même temps d'augmenter leurs dimensions. On conçoit alors que l'épiderme supérieur d'un limbe étant mieux nourri par suite de son voisinage avec le parenchyme palissadiforme où l'assimi- SÉANCE DU 9 mars 1883. 415 lation s'exerce avec activité, se développe plus que l'épiderme inférieur. Si ce dernier, pour les motifs énumérés précédemment, se trouve mieux nourri que les couches de parenchyme interne et peut mieux se plier à l'accroissement des assises palissadiques, il n'en demeure pas moins avec celles-ci dans une certaine tension, dont le résultat ne va pas jusqu'à séparer ses éléments, mais à leur donner des contours sinueux par suite d'un trouble apporté dans leur croissance. La nutrition n'y étant pas suf- fisante pour que toutes les parties de ces contours puissent s'accroitre également, certaines d'entre elles se développent moins que d'autres. C'est parce qu'elles sont mieux nourries à la surface des nervures et qu'elles n’y sont d'ailleurs l'objet d'aucune tension, que les cellules épi- dermiques y acquiérent des contours rectilignes. III. Les poils se développent pendant que la feuille est encore en pré- foliaison dans le bourgeon ; ils sont surtout larges et abondants à la sur- face des nervures. Il s'agit d'en rechercher le motif. A la suite de nom- breuses expériences, j'ai été amené à ce résultat que l'apparition des poils radicaux et caulinaires est due à accumulation des matières nutritives, le plus souvent causée par un ralentissement dans la croissance (1). Sans revenir sur le détail de ces expériences, je me contenterai d'en rappeler briévement les principaux résultats : Poils radicaux. — L'air humide est un milieu favorable au développement de ces poils, parce que la croissance des racines y est peu active. Si l’on fait développer dans. de l'air humide des germinations de Lentilles reposant sur du terreau tassé et peu arrosé, on voit, au bout de quelque temps, apparaitre des radicules dont la partie en. voie de croissance iantôt rampe à la surface du sol, tantôt se recourbe de manière à ne toucher ce dernier que par la pointe. Ces changements de situation sont dus à la cause suivante : Pendant que la portion jeune de la radicule est en contact avec le terreau par une assez grande étendue, elle absorbe suffisamment d'eau pour que sa croissance devienne assez active. Le géotropisme acquérant alors plus d'énergie, la face supé- rieure de l'organe s'accroit davantage : de là une courbure vers le bas. Mais la portion considérée se trouvant alors éloignée du sol, avec lequel elle n'est plusen contact que par l'extrémité, il en résulte que l'absorption d’eau est moins considérable. La crois- sance diminue alors, et le géotropisme perdant de son énergie, la pointe radiculaire, qui n'est d'ailleurs fixée dans sa position par aucun point d'appui (condition très défavorable, ainsi qu'on le sait, à sa pénétration dans le sol), est incapable de s'y enfoncer. Bientôt même le géotropisme diminuant de plus en plus, elle ne peut conserver cette position ; elle s'affaisse alors sur le sol, à la surface: duquel elle. se [remet à ramper jusqu'à ce que, ayant absorbé plus d'eau, son accroissement devienne de nouveau un peu plus con- sidérable. On la voit alors se redresser en se recourbant et entrainant des particules de terreau restées adhérentes à sa face inférieure. Les mouvements qui accompagnent ces changements fréquents de situation ont pour résultat de déplacer parfois la germination (1) Voyez Compt. rend. Acad. des sc. 24 mars 1879; Associat. franc. pour l'avance- ment des sc. congrés de Reims, 1880. 116 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. au point que la radicule ayant la pointe dirigée vers le haut, on est obligé de la re- mettre dans sa position normale. Cette radicule pendant ce temps se couvre de poils longs et abondants. Mais bientót on voit apparaitre des radicelles en divers points de sa surface. Celles qui naissent sur les cótés et à la face inférieure, s'allongent dans leur direction initiale, verticalement ou obliquement. Celles au contraire qui sont insérées sur la face supérieure, bien que peu sensibles, comme toutes les radicelles, au géotro- pisme, y obéissent cependant à leur sortie du corps de la radicule, parce que ce géo- tropisme s'exerce alors sur elles presque à angle droit. Au lieu de se diriger vers le haut, elles se recourbent alors vers le bas; mais dans le cours de ce mouvement le géotropisme, s'exercant sous un angle de plus en plusaigu, agit de moins en moins effi- cacement. Aussi continuent-elles à croître dans la direction oblique faisant suite à leur courbure initiale. Elles finissent bientôt par reneontrer le sol, dans lequel elles ne tar- dent pas à pénétrer. A partir de ce moment, la végétation du système radical devient plus active par suite de l'eau qu'absorbent les radicelles. La radicule, dont la position se trouve maintenant fixée par ces derniéres, se développe plus rapidement et finit elle-méme par s'enfoncer en terre (1). Au début de leur croissance, les radicelles se couvrent abon- damment de poils comme la radicule. Mais dés que les premières d'entre elles, par- venues au contact du sol, absorbent de l'eau, la croissance de celles qui sont moins avancées s'en ressent et devient plus rapide. En méme temps que dans ces nouvelles portions, le diamétre est moins considérable que dans les plus anciennes, les poils y sont plus courts et moins nombreux. Quand une radicelle, dans sa marche descendante, arrive à toucher la terre, sa croissance subit un ralentissement plus ou moins long par suite de la pression exercée contre cet obstacle. En méme temps on voit augmenter le diamètre de la partie située immédiatement au-dessus du sol et une couronne de poils y apparait. Il y a donc rela- tion évidente entre le développement pileux de l'organe et l'état de sa croissance. L'expérience montre que si les poils radicaux se développent surtout dans l'air humide et peu dans l'eau, c'est parce que l'allongement de la radicule est bien plus lent dans le premier de ces milieux que dans le second. Quand on trouve en effet le moyen d'activer cet allongement dans l'air et de le ralentir sous l'eau, le développement des poils est interverti. On obtient ce résultat de la manière suivante. On place pendant quelques jours un gros bulbe d'Allium Cepa sur le goulot d'un fla- con profond rempli d'eau, de manière qu'il en absorbe une certaine quantité par le plateau ; puis onvide en grande partie le flacon, et l'on replace le bulbe. On voit bientót apparaitre de vigoureuses radicelles qui s'étendent dans l'air humide du flacon sans se couvrir de poils. Mais, au bout de quelques jours, l'allongement de ces radicelles se ralentit, paree que la provision d'eau renfermée dans le bulbe commence à s'épuiser. Quand ce ralentissement a atteint une certaine limite, l'extrémité des radicelles se garnit de poils, puis l'eau faisant de plus en plus défaut, leur croissance s'arrête presque entièrement. La formation des poils se trouve aussi suspendue. Si lon ajoute alors une certaine quantité d'eau dans le flacon, de manière que l'extrémité des radicelles se trouve (1) Des faits précédents découle cette conclusion assez curieuse, que c'est par suite . de son géotropisme assez prononcé que la radicule en se recourbant de temps à autre, se déplace et entrave ainsi sa pénétration dans le sol, laquelle est au contraire favorisée par les radicelles, malgré leur faible géotropisme. SÉANCE DU 9 mars 1883. 117 immergée, elles recommencent à s'allonger, mais lentement d'abord. Assez souvent il se forme méme un peu en arrière de la pointe un léger renflement couvert de poils. Ceux-ci apparaissent encore pendant quelque temps; puis, à la faveur de l'eau absorbée, l'allongement devenant plus prononcé, les poils disparaissent de nouveau. D'autre part, si l'on fait reposer sur le goulot d'un flacon rempli d'eau des bulbes de Jacinthe, Crocus, Narcisse, etc., épuisés par une végétation antérieure dans l'eau, on les voit développer lentement des radicelles gréles, souvent munies de poils. Lorsque dans un tamis renfermant de la mousse et placé dans un flacon à moitié rempli d'eau, on fait développer des germinations de Lentilles, les radicules, aprés s'être allongées d'abord daus l'air humide, finissent par rencontrer la surface de l'eau. Par suite du changement de milieu, leur croissance subit un certain; arrét il se produit à là pointe un renflement plus ou moins prononcé, qui se couvre de poils radicaux et quelquefois méme de radicelles ; puis, paraissant s'habituer à leur nouveau milieu, leur allongement devient un peu plus rapide, leur diamétre en méme. temps diminue. Elles se couvrent encore de poils méme dans l'eau, mais ces poils deviennent plus clairsemés et plus petits à mesure que le diamètre des radicules diminue et que leur accroissement est plus prononcé. Ils finissent par disparaitre quand cet allongement devient suffisam- ment rapide. Si l'on fait développer sur une soucoupe renfermant une mince couche d'eau des ger- minations de Mais, les radicules se contournent, en s'appliquant sur les parois de la soucoupe. Or c'est dans les courbures, c'est-à-dire aux endroits oü la croissance est toujours un peu ralentie, que les poils radicaux sont le plus abondants. L'observation suivante est trés instructive à cet égard. Une germination de Mais ayant d'abord été plongée dans l'air humide fut disposée ensuite au-dessus d'un flacon rempli d'eau, de maniére que la radicule, longue déjà de plusieurs centimétres, fut immergée. Cette ra- dicule s'était couverte de poils, mais à son extrémité ceux qui venaient seulement d'ap- paraitre n'avaient pas encore atteint leurs dimensions. Dés qu'ils se trouvérent dans l'eau, leur croissance s'arréta complétement. Mais sur la partie de la radicule qui s'accrut dans ce milieu assez lentement d'abord, de nouveaux poils prirent naissance et devin- rent aussi grands que ceux qui s'étaient développés entièrement à l'air; puis l'accroisse- ment de l'organe devenant plus considérable, les poils devinrent plus petits et plus rares. L’allongement de la radicule s'étant, par suite d'une cause restée inconnue, ralenti de nouveau, le géotropisme fut annulé : l'organe se contourna d'abord vers le haut, puis vers le bas, et il se forma ainsi une boucle, laquelle se garnit de poils plus longs que ceux qui s'étaient formés auparavant. Les causes de ce ralentissement de croissance ayant cessé d'agir, le géotropisme reprit le dessus, l'allongement devint plus considé- rable, la radicule s'amincit, et les poils disparurent peu à peu. Dans le terreau trés arrosé, les poils radicaux font presque entiérement défaut. Aussi les radicelles agitées dans l'eau se dépouillent-elles facile- ment de toute la terre adhérente. Dans celui qui l'est peu, au contraire, les radicelles ont une croissance ralentie et se couvrent de poils. L'observation montre que l'apparition des poils caulinaires est liée aussi au ralentissement de la croissance des organes aériens. Voici quel- ques expériences qui le prouvent. La croissance des organes aériens étant activée par le séjour, soit à l'obscurité, soit dans un air humide ou dans un sol trés arrosé, il y avait lieu de rechercher si dans ces trois milieux le développement des poils se trouve en méme temps modifié. 118 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. A l'obscurité, l'expérience fut faite sur des germinations de Haricot et de Lentille. ‘Les cellules épidermiques y devinrent plus allongées et moins larges qu'au jour, y ac- quirent des contours plus rectilignes, des formes plus régulières, plus semblables les unes aux autres, signes qui indiquent une croissance active et uniforme. En comparant cette végétation à celle des mêmes plantes à la lumière et en tenant compte des diffé” rences de dimensions des cellules épidermiques, on copstate que les poils sont, sur les ntreneuds correspondants, moins abondants qu'à l'obscurité. Dans un air trés humide à la lumière, le résultat fut le même. Les entrenœuds s'al- longérent et leurs poils furent moins abondants. . Enfin, pour apprécier l'influence d'un sol trés arrosé, on fit germer à l'air libre, et à l'exposition de l'est, des Haricots qui furent divisés en deux lots : l’un arrosé trés abon” -damment, l'autre une fois seulement au début. Les plantes du premier acquirent des -dimensions bien plus considérables que celles du second, tant pour les entrenœuds que pour les pétioles et les limbes. Dans ces derniers organes, les cellules épidermiques -étaient trés grandes ; mais en tenant compte de ces différences de dimensions, on remar- -quait que les poils étaient moins abondants et surtout moins volumineux. Les poils radicaux faisaient presque entièrement défaut. Ainsi la différence d'aspect des deux lots -était frappante. Dans celui où la croissance avait été trés lente, où les organes n'avaient atteint que des dimensions exigués, par privation d'eau, les poils étaient abondants et volumineux, aussi bien dans les parties aériennes que dans les parties souterraines. Bien que les cellules épidermiques fussent plus petites, les poils y étaient plus gros et Plus longs. . Cette expérience est instructive aussi en ce qu’elle fait voir que si la transpiration favorise le développement des poils caulinaires, c'est en diminuant la quantité d'eau qui se trouve dans les éléments et en ralentis- sant par suite la croissance de ces derniers. Dans l'expérience précédente, la lumière étant de méme intensité de part et d'autre, la transpiration du lot bien arrosé devait être plus forte ; mais comme celle-ci n’était pas “excessive par suite de l'exposition à l’est, les tissus en renfermaient tou- jours suffisamment et leur développement n'était pas ralenti. L'observa- tion montre, du reste, qu'il se forme plus de poils sur une. plante quand elle est exposée dans l'air sec à l'obscurité que lorsqu'elle est placée dans l'air humide à la lumière. Les poils se forment donc quand il y a ralentissement dans la végéta- tion, parce qu'il s’accumule alors dans les tissus des matières nutritives -dont bénéficient les cellules épidermiques. Aussi, dans toutes les. circon- stances où il y a hypertrophie de tissus par accumulation de nourriture, le développement des poils est-il exagéré, C'est ce qui arrive très souvent ‘sur le limbe foliacé dans les régions où se remarquent des galles. Les poils s'y développent abondamment (feuilles de Vitis vinifera, Ribes nigrum, attaquées par les pucerons, etc.). Dans les jeunes feuilles de ‘Charme dont il a été question plus haut, maintenues retournées à l'aide de ligatures pendant leur développement, de manière à entraver celui-ci, la nervure médiane se garnissait de poils plus longs et plus nombreux -que dans l'état normal. SÉANCE DU 9 Mars 1883. 119 Les faits précédents vont servir à expliquer pourquoi les poils appa- raissent sur les jeunes feuilles dès le début de leur développement, quand elles sont encore eu préfoliaison, pourquoi aussi ils sont plus abondants; le long des nervures. Le tissu de ces organes est en effet górgé de ma- tières nutritives qui, ne trouvant pas d'emploi puisque les tissus enfermés dans le bourgeon ne peuvent se développer, se portent sur les cellules épidermiques, oü elles donnent naissance à des poils. Ces substances nutritives étant surtout accumulées aux environs des nervures, on concoit que les poils apparaissent principalement sur ces dernières dont la crois- sance devance d'ailleurs celle des tissus environnants. On sait en effet que dans le bourgeon les nervures sont bien plus développées relativement au parenchyme qu'elles ne le seront plus tard, probablement parce que les matiéres nutritives, étant peu utilisées. par ce dernier, se sont amassées dans les nervures et ont provoqué de bonne heure leur croissance, IV. Les stomates se forment à peu prés dans les mémes conditions que les poils et ont une origine analogue. Elles sont dues à une multiplication 4e cellules épidermiques sur divers points, indice d'une accumulation de matières nutrilives. Les observations suivantes montrent en effet que comme les poils, les stomates apparaissent quand il y a ralentissement dans la croissance des tissus voisins ou hypertrophie due à un excès de nutrition. Les feuilles filiformes de Potamogeton natans qui se développent les premieres au printemps et restent entièrement sous l'eau, de méme que les feuilles végétatives sub- mergées de. Potamogeton rufescens, ne portent pas de stomates, Mais si l'on détache de, Ja première de ces plantes quelques jeunes rameaux, et que, pour éviter la dessic- cation, on les fasse se développer sous cloche humide, les branches aériennes qui en naissent sont trés gréles et ont une croissance ralentie, d'abord parce qu'elles pro- viennent de bourgeons séparés de la plante, et n'ayant par conséquent en provision qu'une nourriture restreinte, ensuite parce que leur végétation est peu active, comme celle de bien des organes aquatiques, quand ils se développent à l'air. Grâce à cette circonstance, il se forme des stomates sur toute la longueur des feuilles filiformes qui sont les premières à apparaitre sur ces nouvéaux rameaux. Dans les feuilles suivantes terminées par un rudiment de limbe, les stomates s'éloignent de plus en plus dela base du pétiole, et quand ce limbe finit par acquérir des dimensions ‘suffisantes, lés stomates s'y confinent. Les feuilles de Potamogeton rufescens développées dans les mémes con- ditions sont toujours gréles, mais on y observe également la présence de stomates. On serait tenté d'attribuer, dans cette expérience, l'apparition des sto- mates à la végétation aérienne; mais si dans ces conditions de faible nutrition on fait développer pour les deux espèces de Potamogeton de jeunes feuilles sous l'eau, celles-ci, quoique moins gréles que les précé- dentes, le sont cependant bien plus que dans les conditions normales et portent également quelques stomates. On voit donc que Si ces organes 120 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sont dus à la végétation aérienne,c'est parce que l’accroissement est encore plus ralenti dans ce milieu. Dans l'expérience précitée de la végétation de Haricots en terre trés ar- rosée et peu arrosée, non seulement les poils étaient plus abondants dans cette dernière, mais encore les stomates, ce qui montre que la plus grande abondance de ces deux sortes d'organes est due à la méme cause. Les feuilles de Syringa vulgaris ont quelques stomates à la face su- périeure, mais le nombre en est plus grand au soleil qu'à l'ombre. Celles de Syringa Varini en sont dépourvues à l'ombre sur cette méme face, tandis qu'on en trouve quelques-uns au soleil. Dans les deux cas, la dif- férence doit étre attribuée à ce que le parenchyme de la face supérieure étant mieux nourri au soleil, l'épiderme qui en est voisin l'est également. Les feuilles de V. vinifera n'ont pas de stomates à la face supérieure ; on en rencontre cependant quelques-uns sur cette face dans les régions envahies par les galles. Le pétiole de la feuille de Populus italica est normalement dépourvu de stomates. Il en existe cependant de volumineux, visibles à l’œil nu, sous forme de points blancs sur les galles qui enva- hissent cet organe. Si, dans certains cas, une nutrition active favorise le développement des stomates, un excès de nutrition peut amener le résultat contraire. C'est ainsi que dans la galle de P. italica, les stomates sont plus abondants, quand cette galle n'est pas trés développée. Un effet sem- blable se remarque à la face inférieure des feuilles du Ribes nigrum, dans les régions envahies par les pucerons, ainsi que dans les galles en forme d'amande, si communes sur le limbe des feuilles de certains Salix. Au sommet de ces galles, l'épiderme, formé de cellules volumineuses, est dé- pourvu de stomates, tandis qu'à la base les cellules épidermiques sont plus petites, plus irréguliéres, plus riches en stomates que le tissu normal. Sur un lambeau d'épiderme intéressant le haut et le bas de la galle, ainsi que le tissu sain, on peut voir les trois structures. Ces différences peuvent s'expliquer ainsi: Au sommet de la galle, là où l'appel de matières nutri- tives a été le plus considérable et l'hypertrophie la plus prononcée, les cellules ont acquis un développement énorme et ont utilisé les matiéres nutritives qui leur parvenaient. Sur les bords, au contraire, le tissu de la galle, entravé dans sa croissance par le tissu normal voisin, n'a pu se développer autant: de là un excés de nourriture et l'apparition de sto- mates. À la base de la galle des Salix, comme du reste dans celle de P. ita- lica, les cellules épidermiques renferment de nombreux granules amylacés et azotés, principalement au voisinage des stomates. Ceux-ci en contien- nent encore davantage. Dans les galles précitées, on trouve, outre les Stomates bien conformés, d'autres stomates arrêtés dans leur développe- ment à diverses périodes. Dans les uns, l'ouverture est réduite à une simple fente ; dans d’autres, cette fente se dessine à peine; dans d'autres SÉANCE DU 9 Mars 1883. 191 enfin, elle fait méme défaut. On ne sait alors si l'on est en présence de stomates ou de poils rudimentaires: ce qui montre bien la similitude d'origine des deux sortes d'organes. Autour de ces stomates des galles, les cellules annexes, plus petites que les cellules épidermiques, sont généralement trés nombreuses, indice d'une multiplication active. La relation entre l'apparition des stomates et la nutrition des tissus est encore confirmée par l'observation suivante: Dans les feuilles où les stomates sont rares, ces organes se localisent assez souvent aux environs de la nervure médiane. C'est ce qu'on remarque sur les feuilles florales submergées de P. rufescens, ainsi que sur celles de Robinia pseudo- Acacia (face supérieure). D’après ce qui précède, il est possible de comprendre pourquoi les sto- mates se trouvent répartis plus abondamment à la face inférieure de feuilles aériennes qu'à la face supérieure. Je rappelle que ces organes font généralement leur apparition quand la feuille commence à entrer en épinastie.. Les cellules épidermiques de la face inférieure ne sont pas en- core devenues sinueuses, les lacunes n'ont pas encore pris naissance ; les cellules palissadiques commencent au contraire à se développer en hau- teur, mais pas encore en largeur. A ce moment, la face inférieure n'est pas encore entrée en tension avec la face supérieure; elle renferme des matières nutritives en excès, qui, s'accumulant sur divers points, y pro- voquent la multiplication des cellules: de là des stomates. Si ces organes font défaut sur l'épiderme des nervures, c'est parce que la croissance de cet épiderme s'y opére avec régularité et activité. Malgré l'abondance des matières nutritives qui y circulent, ces matières ne restent pas sans emploi. Si l'on cherche maintenant à résumer les causes de la structure d'une feuille munie d'un limbe bien développé et dont la position horizontale est habituelle, on voit que cette structure est la conséquence de la situa- tion elle-même. C'est parce que la face supérieure est éclairée normale- ment et par suite bien nourrie, que les cellules du parenchyme supérieur, acquérant un grand accroissement en largeur et surtout en hauteur, de- viennent palissadiques. Ce sont en effet ces éléments qui se développent le plus quand, indépendamment méme de l'action lumineuse, une feuille est l'objet d'une nutrition abondante, telle que l'accumulation dans ses tissus de l'amidon formé par elle, ou l'appel anormal de matières nutri- tives provoqué par les piqûres d'insectes. Les cellules épidermiques de la face supérieure, se trouvant bien nourries à cause de leur voisinage avec le parenchyme assimilateur, s’accroissent activement et régulièrement. Elles acquièrent des formes polyédriques, des parois et une cuticule épaisses. Par suite du développement dont elles sont le siège dès le dé- 192 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. but, les matières nutritives qui leur arrivent sont toutes employées ; aussi n'en reste-t-il point à l’état de dépôt et ne se forme-t-il pas de stomates. La structure de l’épiderme et du parenchyme inférieur de la feuille est la conséquence de celle de l’épiderme et du parenchyme supérieur. Le pa- renchyme inférieur, étant moins éclairé et par suite moins nourri, ne peut suivre le premier dans son développement. Aussi se produit-il bientót une tension entre les deux faces. Les cellules de la face inférieure s'éten- dent transversalement, puis finissent par se séparer, laissant entre elles des lacunes plus ou moins considérables. Leurs par ois deviennent quel- quefois légèrement sinueuses. L'assise hypodermique inférieure, étant plus éclairée et mieux nourrie que les assises internes, parce qu'elle reçoit plus directement la lumière diffuse, a aussi des caractéres qui participent un peu de ceux de la face supérieure: seséléments sont moins allongés dans le sens transversal, sou- vent méme ils sont arrondis. Les lacunes y sont faibles ou font défaut. Par suite de ce voisinage, l'épiderme inférieur peut mieux se prêter à l'agran- dissement du parenchyme supérieur. Aussi les cellules dont il est formé ne se séparent pas, mais elles restent néanmoins plus petites que celles de là page supérieure, et leurs parois deviennent sinueuses, ainsi que cela arrive généralement dans le cas d'une nutrition insuffisante. Les poils doivent leur naissance à ce que, dans le bourgeon, le limbe, n'ayant qu'un développement trés limité, est le siége d'un excés de nour- riture, principalement autour des nervures. Quant aux stomates, ils appa- raissent surtout à la fin de la période de l'hyponastie ou au début de celle de l'épinastie, dans cette phase du développement comprise entre le commencement de l'extension des cellules palissadiques en hauteur et l'apparition des contours sinueux des cellules épidermiques de la page in- férieure. C'est le moment où les cellules du parenchyme inférieur com- mencent à s'étendre transversalement. L’assise‘hypodermique inférieure, étant contigué à ce parenchyme, se trouve avec lui en tension plus con- sidérable que ne l'est l'assise palissadique supérieure, qui en est séparée par deux ou trois rangs de cellules. Aussi ne peut-elle s'étendre suffi- samment; il subsiste alors dans l'épiderme des matiéres nutritives qui n'étant pas employées, comme elles le sont dans l’épiderme supérieur, au développement des éléments, se localisent en divers points, sur lesquels elles provoquent des multiplications cellulaires qui donnent naissance aux stomates. L'épiderme qui recouvre les nervures étant l'objet d'une croissance rapide et aucune tension ne s'y manifestant, les substances nutritives sont employées à mesure qu'elles arrivent ; il ne s'y forme pas de stomates. Les cellules s'y accroissent réguliérement et ont des parois rectilignes. La vitalité des poils qui garnissent ces nervures est entretenue par cette ' SÉANCE DU 9 Mans 1883. 193 abondante nutrition ; aussi y persistent-ils plus longtemps qu’à la surface du parenchyme moins bien nourri. Puisque la structure du limbe est une conséquence du milieu où il se trouve, on doit s’attendre à le voir varier suivant les conditions de ce mi- lieu. C'est en effet ce que montre l'observation. Les feuilles qui se main- tiennent verticales ou en parhéliotropisme ont une structure homogène ou du moins symétrique, intermédiaire entre celles des deux faces d'une feuille horizontale ou diahéliotropique (Oignon, Iris, Genét, etc.). Ainsi les cellules chlorophylliennes de l'hypoderme sont palissadiques, touten l'étant à un moindre degré que ne le sont dans les feuilles horizontales les cellules du parenchyme de la face supérieure. Les cellules épider- miques sur toute Ja surface de l'organe ont les mémes formes et les mémes dimensions. Leurs contours sont légérement sinueux, moins qu'à la face inférieure, plus qu'à la face supérieure d'une feuille horizontale. Les stomates sont également distribués sur toutes les parties de l'épiderme. Mais le nombre de plantes à feuilles verticales, à structure parfaite- ment homogéne ou symétrique, est assez restreint. Il en est un plus grand nombre dont la position est plus ou moins oblique à l'horizon et dont la Structure pour ce motif est légèrement hétérogène. Les cellules du paren- chyme sont palissadiques aux deux faces, mais elles le sont un peu plus sur celle qui est le plus exposée à la luinière ; les cellules épidermiques sont sinueuses et portent des stomates sur les deux cótés, mais elles sont un peu plus sinueuses, plus petites et portent plus de stomates sur celui qui est le moins éclairé. Tl y a donc déjà là un commencement d'hétéro- généité. Cette dissemblance augmente en méme temps que l'obliquité avec la verticale, et cela non seulement dans des plantes différentes, mais dans les individus d'une méme espéce. Ainsi la structure de l'épiderme est plus homogène dans Plantago lanceolata que dans Plantago major, et pour cette derniére espéce elle l'est d'autant plus que les feuilles s'é- loignent davantage de l'horizon, ainsi qu'on peut en juger par l'exemple suivant: A. Piantago major à feuilles assez longuement pétiolées, couchées sur le sol. Face supérieure : Cellules légèremént polyédriques, parfois à contours légèrement arrondis et irréguliers, — Stomates clairsemés. Face inférieure : Cellules sinueuses. — Stomates plus nombreux. B. Plantago major à feuilles moins longuement pétiolées, obliques à l'horizon. Face supérieure : Cellules légèrement sinueuses. — Stomates plus nombreux qu'à la face correspondante des feuilles de l'individu précédent. Face inférieure : Cellules sinueuses, moins cependant qu'à la méme face de À.-Stomates un peu plus nombreux qu'à la face supérieure, mais moins qu'à la face correspondante de A. Eu somme, moins de différence entre les deux faces de B qu'entre celles de A. 124 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. On a dit que les feuilles des plantes ligneuses ne possèdent de stomates qu’à la face inférieure, tandis que celles des plantes herbacées en portent sur les deux faces. Cela tient à ce que les premières, par suite de leur insertion sur des rameaux horizontaux, possèdent généralement un limbe bien développé, ont une direction horizontale, et par suite deux faces iné- galement éclairées, tandis que les feuilles de beaucoup de plantes her- bacées, naissant directement au niveau du sol et n'ayant pas de limbe, se dressent verticalement. Cette distinction, du reste, n’est pas absolue, car il y a des arbres dont les feuilles ont une structure sensiblement hoino- gene (Abies excelsa)et qui portent des stomates aux deux faces, de méme qu'on rencontre fréquemment des plantes herbacées dont les feuilles sont munies de limbes horizontaux n'ayant de stomates qu'à la face inférieure (Fraisier). La situation par rapport à la lumiére est donc seule importante. Si l'on compare les cellules épidermiques de deux feuilles de mémes dimensions situées sur une méme plante : l'une ombragée, l| tre éclairée, on constate que dans celte dernière elles sont non seulemént moins si- nueuses, mais plus grandes, tandis que la différence est bien moindre entre deux feuilles également éclairées, mais de dimensions trés diffé- rentes. Ainsi, entre deux feuilles de Lilas Varin dont l'une était. dix. fois plus petite que l'autre, la différence de dimensions des cellules épider- miques a été trouvée à peu prés de moitié. L'intensité de l'éclairage a donc bien plus d'influence que les dimensions des feuilles sur les dimen- sions des cellules épidermiques. Assez souvent les feuilles munies de limbe sont plus petites à l'ombre qu'au soleil ; les éléments y sont plus exigus. On a vu précédemment que les cellules de l'épiderme y sont plus sinueuses et plus petites. Il en est de méme de celles de l'épiderme infé- rieur, mais c'est principalement sur les dimensions des cellules palissa- diques que porte la différence. Elles y sont bien moins hautes et moins larges. D'aprés cela, on serait conduit à penser que, le parenchyme supé- rieur s'étant moins développé, les cellules du parenchyme inférieur ont dà subir une tension moindre et s'étendre moins transversalement. Or elles sont au contraire trés allongées dans ce sens et séparées par d'assez grandes lacunes, tandis qu'au soleil elles sont presque verticales ou du moins arrondies et les lacunes y sont faibles. Cela tient à ce que au soleil les cellules méme des régions les plus internes recoivent assez de lumiére pour se développer. Malgré l'accroissement de parenchyme inférieur, la tension est alors faible ; aussi les lacunes font-elles défaut. Des recherches récentes ont montré que dans beaucoup de plantes les feuilles se placent horizontalement ou en diahéliotropisme, quand la lu- mière est faible, de manière à la recevoir sous l'incidence la plus nor- male ; tandis que lorsqu'elle est trop intense, ces mémes feuilles se dispo- sent verticalement ou en parhéliotropisme. On a vu, d'autre part, que la SÉANCE DU 9 MARS 1883. 495 situation horizontale favorise beaucoup le développement des cellules pa- lissadiques. Or une feuille placée verticalement au soleil développe plus ses cellules palissadiques qu’une feuille semblable située horizontalement à l'ombre, parce que dans le premier cas elle est encore plus éclairée que dans le second. La sinuosité des contours des cellules épidermiques, la minceur des parois, l'allongement transversal des cellules du parenchyme et l'existence des lacunes sont donc des caractéres propres aux stations ombragées, de méme que la rectitude des contours, l'épaisseur des parois, le développement de la structure palissadique et la texture serrée des éléments sont des caractéres particuliers aux feuilles exposées au soleil, parce que la nutrition est alors abondante. Quand une feuille trouve à sa disposition une quantité d'eau excessive, ses éléments se développent outre mesure, trop rapidement et souvent avec irrégularité. De là des si- nuosités dans les contours et des lacunes. Les cellules palissadiques sont trés larges et moins hautes et sont souvent coniques, au lieu d’être cylin- driques. C'est ce qui arrive aux feuilles des végétaux qui poussent rapi- dement, surtout par la culture, tels que les Laitues. En général, les différences de structure des épidermes des deux pages correspondent à des différences de structure du parenchyme qui les avoi- sine. Quand ces épidermes sont trés différents, il en est de méme du pa- renchyme, et réciproquement. Il suffit, pour s'en convaincre, d'examiner un certain nombre de feuilles ayant, par rapport à l'horizon, des positions variables. On rencontre cependant quelques exceptions à cette régle. C'est ainsi que dans Lilium Martagon le parenchyme hypodermique est le méme sur les deux faces : formé de deux ou trois rangs de cellules arron- dies, sans lacunes, tandis que les épidermes sont différents; dans l'un, les cellules sont réguliérement allongées, alignées, sans stomates. Dans l'autre, elles sont plus courtes, plus étroites, et les stomates y sont nom- breux. Réciproquement, dans Alisma Plantago, les épidermes des deux faces se ressemblent, tandis que le parenchyme avoisinant est différent: les cellules sont palissadiques d'un cóté, et de l'autre polyédriques ou arrondies. J'ai dit plus haut que l'inégalité de répartition des stomates dans les feuilles horizontales est la conséquence de l'inégalité de développement de leurs faces. Cette inégalité de développement n'existant pas dans les feuilles verticales, on conçoit que les stomates y soient répartis également, mais reste à expliquer leur présence elle-même. Le tissu interposé aux faces, qui, dans ces feuilles, pourrait être appelé mésophylle, a une struc- ture différente de celle des faces ; comme par sa situation interne il reçoit une lumière plus faible, il se développe moins que ces dernières et exerce sur elles une certaine tension. Il en résulte que celles-ci ne pouvant s’ac- croître autant qu'elles le feraient si elles étaient libres, il subsiste dans 126 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. leurs tissus un excès de nourriture : conditions favorables, comme on sait, à la formation des stomates. Puisque la situation d’une feuille par rapportà la lumière, et par suite le degré d'éclairage qu'elle reçoit, exercent une influence prépondérante sur sa structure, il y avait lieu de rechercher quelles transformations subit la structure d'une feuille habituellement horizontale, quand on l'oblige à se développer soit retournée, c'est-à-dire la face inférieure exposée à la lumiére, soit dans une position de profil. L'expérience fut faite sur de jeunes feuilles de Charme. J'ai déjà eu.l'occasion de la mentionner au commencement de cette étude. Le limbe était maintenu à l'aide de liens destinés à le fixer dans sa nouvelle position contre un support, pour com- battre ia tendance qu'il éprouvait à reprendre la situation normale. Malgré ces précautions, il se recourba, en vertu de l'épinaslie et de l'apogéotro- pisme, dans les endroits où les liens étaient trop espacés. Il en résulta des plissements et une entrave plus ou moins grande apportée à la croissance, entrave dont il faut tenir compte dans l'interprétation des résultats obte- nus. L'épaisseur du limbe augmenta, le parenchyme inférieur devint moins lacuneux. Les cellules y acquirent une direction perpendiculaire aux faces; celles. de l'épiderme inférieur furent moins sinueuses. Le nombre des stomates ne varia pas. A la face supérieure, les cellules en palissade devinrent moins hautes et l'épiderme ne se. garnit pas de sto- mates. L'influence du changement de situation est donc manifeste. La structure des deux faces tend à se rapprocher; mais si une partie des différences normales subsiste encore, cela tient à l'hérédité qui combat l'influence du milieu. En outre, la croissance du limbe étant ralentie pour les motifs énumérés précédemment, il faut attribuer à cette cause l'absence de lacunes et d'extension transversale des éléments du paren- chyme inférieur. DEUXIÈME PARTIE PLANTES AQUATIQUES. Je rappelle que les principaux caractères qui distinguent la structure des organes végétatifs des plantes aquatiques, suivant qu'ils se développent sous l'eau ou à l'air, sont les suivants : Sous l'eau, les dimensions en longueur des entrenceuds et des feuilles s'exageérent au détriment des autres dimensions. Il en est de méme de tous les éléments qui les consti- tuent. Les cellules épidermiques sont allongées, régulières et régulièrement alignées, leurs parois sont rectilignes et minces ; la cuticule est peu épaisse; les stomates et les poils sont rares. Les cellules chlorophylliennes sont allongées dans le sens de l'axe de l'organe, leurs rangées Sous-épidermiques sont peu nombreuses, les faisceaux faiblement développés; les vaisseaux, moins nombreux, ont un calibre assez étroit; les fibres libé- SÉANCE DU 9 Mans 1833. 197 riennes sont en petit nombre. Tous ces caractéres indiquent une croissance active. — Dans les formes terrestres de ces mémes plantes,les dimensions en longueur s'atténuent, tandis que les autres sont au contraire plus considérables. Les cellules épidermiques deviennent sinueuses, irrégulières ; elles ne sont plus alignées. Enfin les stomates et les poils augmentent en nombre. Sous l'épiderme, on distingue souvent un plus grand nombre de rangées de cellules chlorophylliennes. Les lacunes sont en général plus grandes ; dans quelques cas cependant elles sont plus petites. Les formes aquatiques qui viennent d'étre décrites se rapprochent beau- coup des formes étiolées. Elles apparaissent encore, quoique à un moindre degré, dans l'air humide, méme à la lumière, ce qui prouve que leur exis- tence doit étre attribuée en partie à l'absence de transpiration. Cette fonc- tion a pour résultat de développer considérablement les cellules chloro- phylliennes, en y provoquant probablement un énergique appel des matiéres nutritives, et d'appauvrir en eau les cellules épidermiques. Il en résulte que ces cellules, dont la eroissance est déjà ralentie pour ce motif, sont encore obligées de se distendre pour se préter au développement des couches assimilatrices. Or on a vu plus haut que l'insuffisance de nutri- tion et la tension exercée par les autres assises de la feuille sont des causes qui favorisent l'état de sinuosité des cellules épidermiques. D'autre part, l'observation montre que la croissance de ces plantes est bien moins active à l'air qu'elle ne l'est sous l'eau: ce que l'examen de leurs éléments permettait d'ailleurs de préjuger. Or on a vu que l'apparition des sto- mates est généralement la conséquence d'une croissance plus active. De l'examen comparatif du développement à l'air sec, d'une part, à l'obscurité ainsi qu'à l'air humide, d'autre part, ressort ce résultat général que, lorsque la transpiration est faible, les cellules s'accroissent d'une manière exagérée dans le sens de la longueur de l'organe au détri- ment des autres dimensions. Au contraire, lorsque la transpiration est plus active, l’accroissement en longueur se ralentit, tandis que celui en lar- geur et en épaisseur augmente. L'influence du ralentissement de la crois- sance sur l'apparition d'un certain nombre de caractéres distinctifs du type aérien est telle, que dans certains cas ces caractéres peuvent appa- raitre, méme dans la végétation sous l'eau. J'en ai déjà cité plus haut des exemples tirés de la végétation sous cloche de rameaux détachés de Pota- mageton natans et rufescens. C'est ce qu'on observe encore sur certaines plantes aquatiques, quand elles se trouvent dans des sols stériles. Il n'est pas rare alors de voir quelques stomates apparaitre sur les feuilles, et les cellules épidermiques acquérir dans leurs contours un certain degré d'ir- régularité (Littorella lacustris). Cela a lieu surtout lorsque les plantes végétent dans un endroit peu profond, parce que alors l'influence d'une lumiére assez intense vient s'ajouter à celle du sol pour combattre celle de l'eau, en ralentissant la croissance. On remarque assez souvent que ces 198 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. caractères aériens, quand ils apparaissent sous l’eau, se rencontrent de préférence dans les feuilles situées au sommet des rameaux, et pour une méme feuille, à l'extrémité plutôt qu'à la base (Callitriche). Ce résultat est dù à ce que la croissance dans les feuilles à développement basipéte est plus lent au début, et par conséquent plus favorable à l'apparition des ca- ractéres aériens; ensuite à ce que l'extrémité de ces organes étant toujours plus rapprochée de la surface de l'eau que la base, se trouve par là méme mieux éclairée. Enfin la persistance de ces caractères doit être attribuée à une influence héréditaire. Les feuilles supérieures étant, principalement à leur extrémité, plus souvent émergées que celles de la base des rameaux, les caractères aériens doivent y être plus fortement imprimés. Il en est surtout ainsi des stomates : l'observation montre qu'ils sont en général doués d'un remarquable pouvoir de résistance à l'influence du milieu. Outre les feuilles submergées affectant un facies terrestre ou aquatique suivant le milieu où elles se développent, et auxquelles doit être réservé le nom de feuilles végétatives, un certain nombre de plantes aquatiques possèdent d'autres feuilles qui apparaissent au moment de la floraison, et qui pour cela doivent étre appelées feuilles florales. Plus étendues en surface que les précédentes, elles apparaissent surtout dans la période de l'année où la végétation est la plus active, et principalement sur les in- dividus qui, par suite de leur âge ou de leur situation dans un sol fertile, ont acquis une grande vigueur. Elles peuvent allonger assez leur pétiole pour que le limbe, méme dans les stations profondes, s'étale à la surface de l'eau. En raison de cette situation, ce limbe posséde une structure se rapprochant de celle des feuilles aériennes horizontales, c'est-à-dire que les faces sont dissemblables : la face supérieure reconnaissable à un épi- derme plus ou moins sinueux, parsemé de stomates, l'inférieure pourvue d'un épiderme à cellules plus réguliéres, généralement sans stomates. Les causes de ces différences proviennent des différences de stations. La sinuosité plus ou moins prononcée des cellules épidermiques de la face supérieure ainsi que la présence des stomates doivent être attribuées, comme pour les types aériens des feuilles aquatiques dont il a été précé- demment question, à la transpiration dontla face supérieure de ces feuilles est le siége et au ralentissement de croissance qui en est la conséquence. Ces caractères acquis par les individus qui le plus communément se développent prés de la surface se transmettent par hérédité à ceux qui plus rarement naissent au sein d'eaux profondes. En résumé, on voit que la sinuosité des cellules épidermiques est due, soit à une insuffisance de nutrition, soit à une tension trop grande exer- cée par les assises voisines, soit aux deux causes réunies. Si l'ombre fa- vorise l'apparition de ce caractère, c'est parce que la nutrition du paren- . SÉANCE DU 9 Mans 1883. 199 chyme supérieur, et par suite celle des cellules épidermiques qui y confinent, s'opère mal dans ces conditions. Si au soleil les contours de ces dernières acquièrent plus de rectitude, c’est parce que la nutrition de la feuille s'effectue avec énergie. Il en est de même dans les régions qui sont le siége de galles. Si dans les feuilles aquatiques les cellules de la face exposée à l'air sont plus sinueuses, c'est parce que, en raison de la trans- piration dont elles sont le siége, leur alimentation en eau est insuffisante. Il faut en effet tenir compte de ce que les feuilles aquatiques, méme à la page supérieure, ont des parois bien moins épaisses que les feuilles aériennes et souffrent bien plus d'une transpiration active. Au contraire, dans les feuilles trés alimentées en eau, comme celles de ces Haricots constamment arrosés dont il a été question plus haut, les cellules épider- miques sont trés sinueuses, parce qu'elles ne peuvent se préter au déve- loppement exagéré des autres éléments. De méme les cellules épidermi- ques de la face inférieure des feuilles aériennes sont plus sinueuses que celles de l'autre face, parce qu'étant moins nourries que les assises supé. rieures, elles ne peuvent se préter à leur extension. On est amené à se demander si la tendance qu'ont les feuilles aériennes ou aquatiques munies d'un limbe à se disposer horizontalement est due à une différence originelle dans la structure de leurs faces, ou si au contraire cette difference de structure n'est pas la conséquence de leur orientation primitive. La deuxième hypothèse me semble la plus pro- bable. Les feuilles, en effet, qui ont cette disposition au diahéliotropisme avec polarité sont généralement munies d'un pétiole assez long et flexible, tandis que celles qui ont un pétiole et une nervure médiane courlis et ro- bustes (Alisma Plantago, Cochlearia) restent de préférence en parhélio- tropisme. On peut donc supposer que dans les premières le pétiole ne pouvant supporter le limbe, celui-ci s'est infléchi et, soutenu par l'apogéo- tropisme qui l'empéche de tomber, s'est maintenu dés le principe dans une position se rapprochant de l'horizontale, soit dans l'air, soit à la sur- face de l'eau. La face supérieure, se trouvant alors plus directement sou- mise à la radiation, et par conséquent plus nourrie, a développé davantage ses éléments, qui sont devenus palissadiques. Ceux-ci, conservantla pro- priété de s'accroitre plus que les autres cellules de l'organe, tendent tou- jours, lorsqu'un déplacement se produit, à remettre le limbe par épinastie et par apogéotropisme dans la position normale, position qui varie du reste avec l'intensité de la lumiére et en vertu de l'action directrice exercée par celle-ci. La tendance au diahéliotropisme serait donc une faculté acquise qui aurait donné naissance à un besoin physiologique. L'inégalité d'éclairage aurait occasionné dans les deux faces une diffé- rence de structure qui, transmise héréditairement, provoquerait à son tour, dans chacune d'elles, des exigences différentes de lumière. T. XXX. (SÉANCES) 9 130 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Maxime Cornu fait la communication suivante : CONTRIBUTIONS A L'ÉTUDE DES USTILAGINÉES, par M. Maxime CORNU. J'ai l'honneur d'appeler l'attention de la Société sur quelques Ustilagi- nées nouvelles ou peu connues. Les unes ont déjà été décrites et incom- plétement étudiées, d'autres sont entiérement inconnues encore. Parmi les genres d'Ustilaginées qui ont été cités par M. Tulasne (1) et par M. Fischer de Waldheim (2), se trouve le genre Testicularia, établi par Klotsch (3) pour une Ustilaginée américaine développée entre les balles d'un Cyperus de l'Amérique du Nord, et qu'il a nommée T. Cyperi. Les spores demeurent adhérentes entre elles de maniére à présenter l'aspect de grains de poudre. Elles sont renfermées dans une sorte de péridium pelucheux contenu entre les balles de la plante nourriciére. Le Muséum possède un petit échantillon de cette curieuse espèce, qui, depuis de longues années, parait n'avoir donné lieu à aucune remarque. Il est donc utile d'en dire quelques mots. Les spores paraissent former d'abord, dans le sein d'un mycélium feutré, un tissu qui ressemble à un tissu cellulaire, et se transforme. par sa péri- phérie successivement en spores. Ce genre, par son mode de formation des spores, s'éloigne de ceux que nous connaissons. Il semble qu'on puisse faire rentrer dans le méme genre une Ustilaginée nommée par M. Durieu Ustilago Leersiæ. Ce parasite a été recueilli par M. Letourneur sur le Leersia hexandra en Algérie. Nos botanistes algé- riens pourraient peut-être l'yretrouver de nouveau. Il déforme les caryopses, qui conservent cependant leur couleur verte. Le tissu-intérieur est consti- tué par un feutrage de filaments dans lequel se voient des masses sporifères à plusieurs états de développement. Ces masses sont composées de spores soudées déux à deux, de telle sorte que l'isthme. de soudure laisse sur la spore une sorte de court prolongement, comme. dans les cellules étoilées. Finalement, l'ensemble se résout en spores plus ou moins libres; ces spores ne sont pàs noires, elles sont pàles, faiblement teintées, rosées vues en petites masses: Cette forme et cette disposition des spores feraient croire qu'elles proviennent de la segmentation d'un filament diversement ramifié et dont les articles se sont changés en spores. Ces particularités tout à fait (4) Tulasne, Mém. sur les Urédinées et les Ustilaginées (Ann. Abd t IL p.77). g ( sc. nat. Bot. 4° série, (2) Fischer de Waldheim, Les Ustilaginées et leurs plantes no € nat. € ao. t. TÝ, p. 400! p nourricisr $ (Ann. sc. (3) Linnæa, 1839, t. VII, p. 202. SÉANCE DU 9 Mans 1883. 131 spéciales permettraient d’ériger cette espèce en un genre nouveau, s’il n'y avait point déjà le genre Testicularia, dont elle se rapproche sensi- blement. Les groupes de spores rappelant la poudre à canon se retrouvent dans le T. Leersiæ (Dur. ined.). Il y aurait lieu d'examiner si les Ustilago qui présentent cette particularité sont voisins des deux plantes précédentes. L'Ustilago axicola Berk. et Curt. se développe sur l'axe des inflores- cences des Cyperus ; il y forme un bourrelet saillant qui a peut-être été au début recouvert par l'épiderme de l'écorce. ' Si Pon observe la coupe de cette espèce, on remarque que les spores paraissent naître de points spéciaux du mycélium condensé en stroma. Ce stroma présente une forme étiolée, et dans les anfractuosités disposées entre les processus se remarque une sorte de tissu générateur de spores, Les spores se développeraient comme dans une zone génératrice, les spores étant repoussées par les nouvelles. Cette disposition ancienne, qui ne se rencontre dans aucune autre Usti- laginée, m’a engagé à la proposer comme type d’un genre nouveau que je dédie à mon ami Cintract, notre confrère, qui a été l'un de mes pre- miers compagnons dans l'étude des Cryptogames ainsi que dans les excur- sions faites dans le but d'en recueillir. Le caractére générique est puisé dans cette propriété curieuse d'émettre une série de spores qui s'écartent du stroma, repoussées par des spores nouvelles. La plante devient le Cintractia axicola. J'ai décrit, il y a douze ans (1), une Chytridinée nouvelle, parasite trés rare des feuilles de l'Alisma ranunculoides var. repens, sous le nom de Synchytrium Stellarie spec. nov. J'ai reconnu depuis que cette espèce n'est autre chose que le Physoderma maculare Wall. signalé par M. de Bary (2) comme ayant les plus grandes analogies avec le Physoderma endogenum du Galium Mollugo. Le développement du Phys. maculare que j'ai pu observer, et que M. de Bary n'avait pu voir sur les échantillons secs, dépourvus de mycélium, a la plus grande analogie avec ce qu'il in- dique pour le Phys. endogenum. Ces détails ont été indiqués dans ma communication en note : l'analogie des deux espéces est donc véritable- ment réelle. i put enl La place du Phys. endogenum élait douteuse jusquà ces derniers temps. M. de Bary (3), dans un récent mémoire, la rapproche des Chytri- dinées, et M. Woronin, dans une magnifique publication (4), montre que 1) Bull. Soc. bot. de Fr., séance du 10 février 1871. | (3 Senekenberg Academ.: Beitráge sur Morph. und Physiol. der Pilze, I Reihe (1864). p. 19. (3) Ibid., vierte Reihe (1881), p. 127. (å) Ibid., fünfte Reihe (1882), pl. IV (fig. 17-35), p 27. 439 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. c'est définitivement une Ustilaginée : le nom de Melanotænium sous le- quel il la désigne est dû à M. de Bary (1). Le Phys.maculare est donc probablement un Melanotænium également. Je ferai remarquer que l’analogie de cette espèce avec les Chytridinées avait déjà été indiquée par ce fait de la déterminer comme un Synchy- trium. ` C'est de méme au genre Melanotænium que je rapporterais un curieux parasite que j'ai rencontré dés le mois d’août 1875 sur les rhizomes du Scirpus lacustris au Muséum. Il occupe les cellules de l'écorce, qu'il brunit faiblement ; il y a une ou deux spores par cellule; ces spores sont ovales ou circulaires, brunes, tout à fait lisses ; elles ont quelque ressem- blance avec celles du Mel. endogenum. Au Muséum d'histoire naturelle se trouvent tous les ans, sur les feuilles de certains Glaucium, les spores d'un Entyloma trés abondant que je crois pouvoir identifier avec l'Ent. fuscum. Je Vai retrouvé en grande abondance au bord dela mer, au Pouliguen (Loire-Inférieure) et au Pouldü près de Quimperlé (Finistère); jusqu'ici l'Ent. fuscum n'avait été observé que sur les Papaver. MM. Doassans et Patouillard publieront prochai- nement cette espèce provenant de la dernière localité. Dans une excursion récente faite il y a quelques jours dans la Loire- Inférieure, non loin de la ville de Nozay, j'ai trouvé sur un pied de Bour- rache l'Ent. serotinum. Cette espéce n'est point rare à l'automne sur les feuilles du Symphytum officinale. Je l'ai trouvée la première fois à Gha- ville, en compagnie de M. le D" Magnus qui me la fit voir; depuis je l'ai rencontrée dans maint endroit prés de Paris, à Gisors; où elle abonde, et en Angleterre, où elle était inconnue, prés de Hereford : elle y était remarquablement commune. L'Entyloma Eryngii n'est point rare dans nos environs, et dans les départements du centre de la France sur l Eryn- gium campestre ; je ly ai récolté souvent. * Une Ustilaginée trés singuliére est celle pour laquelle je propose le genre Doassansia, dédié à M. Doassans, notre confrère, si zélé pour la botanique cryptogamique. Elle a été rencontrée dans une excursion publique au mois de juin 1874 à Meudon, sur les feuilles de l'Alisma Plantago; elle y forme des pus- tules circinantes qui rappellent certaines Puecinies. La coupe transversale de la feuille montre que les pustules sont formées d'une sorte de péridium contenant un nombre considérable de spores brillantes, presque incolores. Le contenu est blane, oléagineux. Les spores, qui ressemblent à celles des Entyloma, germent trés facilement, méme dans l'air humide, en se couronnant d'une rosette de sporidies. Le péridium est formé d’une seule (1) Bot. Zeitung (1874): Protomyces microsporus und seine Verwandten. SÉANCE DU 9 Mars 1883. 133 couche de cellules fortement pressées les unes contre les autres comme en palissade, et est étroitement appliqué sur les spores. Cette disposition est absolument spéciale; cette Ustilaginée est la forme la plus élevée parmi les Ustilaginées connues. Elle est la seule qui soit pourvue d'un péridium propre. Les Urocystis, qui s'en rapprochent notablement, sont trés différents comme taille, comme port, comme mode de dissémination des spores. C'est une plante qui avait déjà été décrite autrefois , mais on la consi- dérait comme une Sphériacée : Fries l'appela Perisporium Alismatis ; Lasch l'a nommée Dothydea Alismatis et l'a publiée dans les exsiccata de Rabenhorst, 2* édit., fascic. IT, n» 162. Ce sera désormais le Doassansia Alismatis. Mon ami M. le D" Farlow avait envoyé à M. le D" Woronin, en ce mo- ment à Paris, deux graines de Potamogeton contenant une production curieuse; une seule des graines montra le parasite signalé. Ce parasite présente une analogie singuliére avec le D. Alismatis, malgré sa maturité imparfaite ; je propose de le nommer D. Farlowii en l'honneur du bota- niste américain, professeur de botanique à Howard University (1). L'avenir nous montrera à quel point ces deux espéces sont dis- tinctes. M. Léveillé a désigné sous le nom de Puccinia incarcerata VUstilagi- née nommée depuis Ustilago (?) Cissi par M. Tulasne (2) (Uredo Cissi DC.). Il y en a plusieurs spécimens au Muséum, provenant de localités diffé- rentes. Cette espèce déforme tellement les pétioles des feuilles, que Presl a décrit la plante ainsi déformée comme un genre d'Onagrariées. Les pétioles se renflent, deviennent claviformes ; les lobes de la feuille ne se développent qu'à peine et demeurent extrêmement courts : on les pren- drait pour une corolle marcescente. La plante entière, ou du moins le rameau tout entier qui envahit le parasite, se transforme entièrement et peut ressembler ainsi à une inflorescence. C'est par erreur que M. Fischer de Waldheim (3) considère les Gemi- nella comme attaquant « les fruits, qu'ils gonflent en détruisant leur con- tenu. » C'est le pétiole tuméfié qui prend cette apparence d'un ovaire; la partie cellulaire extérieure des tissus demeure seule, le reste est détruit. Il y a donc lieu, pour cette espéce, de citer un synonyme oublié et une particularité omise. | (1) Note ajoutée après la communication. — M. de Bary, auquel M. Woronin a montré le D. Farlowii, y a reconnu le Sclerotium occultum Hoffmann, synonyme que je suis heureux de pouvoir citer ici, en remerciant l'illustre botaniste de me l'avoir signalé. (2) Mém. sur les Urédinées et Ustilaginées, p. 92. | (3) Les Ustilaginées et leurs plantes nourricières (Ann. sc. nat., 6*série, t. IV, p. 2/7. 134 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. le Président, au nom du Conseil et sur le rapport de la Commission chargée d’examiner les avis reçus des départements, propose à la Société de tenir cette année une session extraordi- naire dans les Alpes-Maritimes, et à cet effet de se réunir à Antibes le 42 mai prochain. L'assemblée adopte cette proposition. SÉANCE DU 30 MARS 1883. PRÉSIDENCE DE M. A. CHATIN. En l'absence du Président et des Vice-présidents, M. A. Chatin, secrétaire général, prend place au fauteuil et présente les excuses de M. P. Duchartre, empêché par une circonstance douloureuse d'assister à la séance. M. G. Bonnier, secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la séance du 9 mars, dont la rédaction est adoptée. M. le Président, en vertu des présentations faites dans la derniére séance, proclame membres de la Société : MM. CoLows (G.),, professeur de sciences naturelles au lycée Condorcet, rue Gay-Lussac, 66, à' Paris, présenté par MM. G. Bonnier et Seignette. Fragoso (Gonzalez), aide-naturaliste à la Faculté des sciences, rue Saint-José, 17, à Séville, présenté par MM. G. Bonnier et Mangin. M. le Président annonce ensuite six nouvelles présentations. M. Malinvaud annonce que l'herbier phanérogamique (1) de notre savant et regretté collégue Martial Lamotte a été offert par sa veuve à la Société botanique de France. Le Conseil administratif a accepté cette proposition et chargé les secrétaires de remercier, au nom de la Société, la généreuse donatrice. Cette précieuse collec- (1) Les plantes cryptogames de cet herbier ont recu une autre destination. SÉANCE DU 30 Mars 1883. 135 tion, qui renferme les types du Prodrome de la flore. du plateau central, sera conservée dans le local de la bibliothéque, sans inter- calation ni réunion à d'autres plantes. Dons faits à la Société : E. Baltet, Semis d'arbres fruitiers. T. Chaboisseau, Hommage rendu à la mémoire d'A. Méhu. L. Motelay, Catalogue des Mousses girondines de l'herbier Durieu de Maisonneuve. W. Nylander, Addenda nova ad Lichenographiam europæam, n° 40. Louis Olivier, Les procédés opératoires en histologie végétale. C. Roumeguére, Hommage à la mémoire de M.le baron V. de Cesati. Em. Burnat, Catalogue des Festuca des Alpes-Maritimes. — et À. Gremli, Supplément à la Monographie des Roses des Alpes- Maritimes (nouvelles additions, février 1883). Aug. Favrat, Les Ronces du canton de Vaud. M. T. Masters, On the Passifioreæ collected by Ed. André in Ecuador and New Granada. F. Townsend, Flora of Hampshire, including the isle of Wight. H. Hoffmann, Phánologische Beobachtungen aus Mitteleuropa. L. von Pebal, Das Chemische Institut der k. k. Universitat Graz. Jac. Bresadola, Fungi tridentini, fasc. III. G. Gibelli, Nuovi Studi sulla malattia del Castagno detta dell inchiostro. Sociedade Broteriana, Boletim annual, 1880-1882. Mittheilungen des naturwissenschaftlichen Vereines fur Steiermark (1861-1882). Par M. Vendryés : A. Petermann, Recherches sur les graines originaires des hautes latitudes. ; Ewald Bachmann, Die Entwickelungsgeschichte und der Bau der Samenschalen der Scrophularineen. M. Malinvaud donne quelques détails sur le Catalogue des Festuca des Alpes-Maritimes par M. Emile Burnat. M. Burnat a soumis ses échantillons à l'examen de M. Hackel, le bota- niste contemporain le plus compétent sur ce genre critique. On y trouve plusieurs formes ou espèces nouvelles, ou méme inédites, non signalées 136 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dansle Flora d'Ardoino: Festuca violacea Schleich. (1), F. apennina de Not., F. Fenas Lag. (F. interrupta Gr. Godr.), F. varia var. scabri- culmis Hackel, F. dimorpha Guss., F. loiiacea Curt. Le F. varia var. scabriculmis Hack. est une forme inédite qui parait spéciale aux Alpes maritimes francaises et italiennes. M. G. Sicard demande la parole et s'exprime en ces termes : J'ai l'honneur d'offrir à la Société l'ouvrage que je viens de faire pa- raitre, ayant pour titre : Histoirenaturelle des Champignons comestibles et vénéneux, par G. Sicard (2) (Préface par Ad. Chatin, de l'Institut). Ce livre a pour hut de vulgariser la connaissance des Champignons, et de donner l'habitude et la pratique nécessaires pour distinguer une espéce comestible d'une espéce vénéneuse. Mon maitre, notre savant secrétaire général, M. Chatin, a fait pour cet ouvrage une brillante Préface. Les Champignons sont tellement multipliés et de natures si diverses, soit par leur taille, la conformation de leurs parties essentielles et aeces- soires, leurs manières d’être particulières, le degré de consistance duré- ceptacle, la nature du tissu hyménial, leur couleur, leur odeur, etc., que j'ai dà exposer, au chapitre troisième, les diverses classifications propo- sées par les savants, et celles que la plupart des mycologues modernes ont adoptées, avec les modifications exigées par la connaissance plus par- faite et toute récente des organes de la fructification. Au quatrième chapitre, j'expose la méthode rationnelle de Léveillé, qui divise les Champignons en six classes, et permet en un instant d'em- brasser et de comprendre les passages naturels qui existent entre tous les groupes. La maniére dont les Champignons se reproduisent a été long- temps, méme chez les savants les plus distingués, un probléme difficile à résoudre, bien qu'il füt naturel de penser que ces plantes doivent, comme les autres, se reproduire de graines. Mais il y a, dans cet acte es- sentiel, des phénomènes si singuliers, les spores sont si difficiles à aper- cevoir, qu'on ne doit point étre surpris que les botanistes anciens aient laissé indécise la question de savoir si la reproduction des Cryptogames est l'effet de la fermentation ou de la germination. Cette question impor- tante est résolue au cinquième chapitre. La fécondation asexuée et sexuée, le polymorphisme et les générations alternantes forment trois paragraphes. La respiration, la nutrition, le (1) Le F. pilosa Hall. (F. violacea Bell.), indiqué par Ardoino (Flore, ed. 1, p. 433), est exclu par M. Hackel du genre Festuca (Poa violacea Bellardi App. ad Flor. pedem ). (2) Paris, librairie Ch. Delagrave, 15, rue Soufllot. SÉANCE DU 30 Mans 1883. 137 développement du tissu cellulaire, nous apprennent comment vivent, res- pirent et se développent les Champignons: c'est l'objet du chapitre sixiéme. Le difficile, dans un livre de la nature de celui-ci, n'est pas d'étonner les esprits, ni deles entrainer pour un moment; c'est de les attacher à l'étude par la solidité des principes, par le nombre et l'évidence des preuves; c'est surtout de le faire si clairement, qu'ils puissent voir tous les objets, et chacun d'eux en particulier, avec les caractères qui lui sont propres. Pour atteindre ce but, j'ai eru nécessaire de décrire séparément les divers organes qui composent les Champignons, et d'étudier ces mêmes organes par rapport à leur forme, leur nombre et leur situation, comme caractères distinctifs des genres et des espèces. En conséquence, les cha- pitres septième, huitième, neuvième, sont consacrés à l'organisation, à la structure interne et externe de ces plantes. Le genre Agaric est le plus intéressant pour le public; c'est celui que l'on consomme le plus communément, que nous devons par conséquent le mieux connaitre; et comme les espéces en sont trés nombreuses, qu'elles se ressemblent par certains points, mais différent par d'autres, il faut les classer suivant des caractères définis qui permettront de se rappeler leur place et de les trouver facilement. Pour distinguer deux Champignons spécifiquement distincts, on devra donc les connaitre tous ou presque tous, et dans tous les détails de leur organisation ; alors seu- lement nous pourrons les grouper de maniére à en former un ensemble, un plan naturel tel que les plus dissemblables soient éloignés les uns des autres. Au chapitre 10, les grands Agarics sont divisés, selon la méthode de Léveillé, en onze sous-genres. Dans ce groupement, l'étude d'un carac- tére unique ne suffit point, car elle méne aux erreurs inséparables des systémes. L'étude de plusieurs caractéres ne suffit pas non plus: seule la considération de tous les caractéres pourra conduire à une classification avouée par la méthode naturelle; c'est celle que je suivrai dans ce livre. Au chapitre suivant, le onzième, je décris 87 genres et 415 ‘espèces les plus utiles à l'homme et aux animaux. Ces genres, ces espèces, sont des- sinés en grandeur naturelle et coloriés d’après nature, sur soixante-quinze planches soigneusement numérotées en chiffres romains. Les espéces sont aumérotées en chiffres arabes, afin d'éviter toute confusion. Les comes- tibles sont précédées de la majuscule C, les vénéneuses de la lettre V; les suspectes se désignent par une S. | Dans le premier chapitre de la deuxième partie, essentiellement consa- cré aux données chimiques, je montre comment la nature opère ces di- verses transformations. Après quelques observations sur les Champignons comestibles et vénéneux, et les influences que ces Cryptogames exercent 138 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sur l'homme et les animaux, j'indique un moyen presque infaillible de remédier aux accidents produits par ces poisons redoutables et redoutés ; moyen que j'ai eu l'occasion d'expérimenter souvent sur les animaux. Les chapitres 5,6 et 7 sont réservés à la culture des Champignons, qui a pris un immense développement. Presque toutes les carriéres et les catacombes de Paris renferment des couches artificielles de Champignons qu'on exporte en partie au Havre et au centre de la France : exemple remarquable et peut-étre unique d'une substance alimentaire qui sort de Paris au lieu d'y étre apportée. Aprés avoir indiqué pour différents pays la manière de construire les couches à l'air libre et dans les caves, j'ai montré comment on prépare le fumier, puis j'ai dessiné une planche spé- ciale afin que l'on comprit bien les diverses phases de ces opérations. (planche LXXV, fig. 406 à 411). Ce simple exposé prouvera que j'ai cherché à faire un livre utile et à la. portée de tous. Je l'ai soumis, du reste, au jugement de M. Ad. Chatin, dont les bienveillants conseils et les excellents encouragements ne m'ont. jamais fait défaut ; et je croirai avoir atteint. mon but si je parviens. à rendre moins fréquentes les méprises, à éviter les empoisonnements et à faire adopter comme alimentaires un grand nombre d'espéces répu- tées dangereuses. M. Malinvaud, secrétaire, donne lecture de la note suivante adressée à la Société : GERMINATION DES OOSPORES DU PERONOSPORA VITICOLA, par M. Éd, PRILLIEUX. On sait que les parties des Vignes que le Peronospora a envahies sont mortes après l'hiver et qu'il ne reste pas, au printemps, de mycélium pa- rasite dans les tissus de la plante nourricière. L’invasion printanière de la maladie du Mildiou ne peut étre produite que par la germination des spores d'hiver ou oospores, que l'on trouve en quantité innombrable dans. les feuilles mortes à l'automne. Cela n'est plus contesté ; mais on ne sait. pas encore comment les spores d'hiver, qui sont sur le sol, peuvent in- fecter les feuilles sur les rameaux, car on n'en a jamais observé jusqu'ici la germination. M. de Bary a vu germer seulement les oospores du Cystopus qui pro- duit la rouille blanche des Crucifères, et il a constaté qu'elles émettent des zoosporidies qu'il a vues pénétrer par les stomates dans les cotylédons des Capsella. En l'absence d'observations spéciales, on a supposé que le développe- SÉANCE DU 30 Mars 1883. 139 ment des oospores des Peronospora est semblable à celui du Cystopus candidus, et c'est sur cette hypothèse que M. Millardet a basé l'opinion qu'il soutient, et d'aprés laquelle les pepins de raisins germant dans les champs pourraient seuls étre infectés directement par les oospores du Peronospora. ; " Mon excellent collaborateur de Nérac, M. Fréchou, a recueilli des feuilles de Vignes remplies de spores d'hiver et les a placées dans des conditions convenables pour en assurer le développement. Il vient de m'en adresser quelques fragments dans lesquels les oospores commencent à germer. La coque dure de la spore se fend comme dans le Cystopus, mais il en sort non pas une vessie remplie de zoosporidies, mais un tube de germination qui commence à se ramifier. J'espére pouvoir suivre le développement de ces germinations, mais je désire faire connaitre dés à présent à la Société ce fait fondamental pour l'histoire de la propagation des Peronospora, que la germination de leurs oospores est tout autre que celle du Cystopus, et qu'elles produisent directement un tube qui parait analogue à un filament de mycélium et non pas des zoosporidies. M. Roze fait à la Société la communication suivante : LE PARASITISME DU MORCHELLA ESCULENTA Pers. SUR L'HELIANTHUS TUBEROSUS L., par Af. E. ROZE. L'année derniére, j'ai donné communication à la Société, dans sa séance du 12 mai (1), d'une lettre que j'avais reçue de notre confrère M. Poirault, et qui avait été écrite par M. de Larclause, directeur de la ferme-école de Mont-Louis, prés de Saint-Julien (Vienne). Un échantillon de Morchella esculenta Pers., que je crois pouvoir rattacher à la var. ro- tunda de cette espéce, accompagnait cette lettre. Or l'examen de cette Morille permettait de constater qu'elle s'était développée à l'extrémité d'un rhizome d'Helianthus tuberosus L., etla lettre de M. de Larclause fai- sait connaitre qu'il en avait recueilli, avec ce spécimen, une centaine d'autres beaucoup plus volumineux pour la plupart, mais tous adhérant également à des tubercules de la méme plante nourricière. Cette récolte avait été faite en avril 4882, dans un champ ensemencé en Topinambours en 1879, et dans lequel, en 1881, on avait déjà trouvé çà et là quelques Morilles. M. de Larclause était persuadé que tous ces Champignons étaient parasites du Topinambour. (4) Voyez le Bulletin, t. XXIX, p. 166. 140 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. La publication de ce qui précède dans le Bulletin de la Société a rap- pelé des faits analogues au souvenir de notre confrère M. Feuilleaubois. Voici, en effet, ce qu'il a bien voulu m'écrire récemment à ce sujet. « Je viens de lire dans le Bulletin que, d'aprés M. de Larclause, le Morchella esculenta Pers. est parasite des rhizomes de Topinambour. Un souvenir de ma jeunesse vient appuyer celte opinion. En 1857-1859, j'étais éléve à la ferme-école de Montberneaume prés Pithiviers (Loiret) ; nous faisions deux fois par semaine, pendant les mois d'avril et de. mai, des herborisations agricoles sous la direction de notre professeur de bota- nique, l'excellent M. Morand, qui était sinon mycologue, du moins myco- phage émérite. La première partie de notre excursion était invariablement consacrée à la recherche des Morilles dans un champ de Topinambours dépendant de la ferme. Pour la plus grande facilité des préparations culi- naires, il nous était recommandé de les couper au ras du sol; mais il nous arrivait fréquemment d'oublier cette recommandation et de les arracher : alors nous constations qu'elles avaient une adhérence manifeste avec les tubercules de Topinambour. Ce fait, qui était sorti de ma mémoire, me parait aujourd'hui, comme à vous, avoir une grande importance au point de vue mycologique. Quoi qu'il en soit, ce que je puis vous affirmer encore, c'est que pendant mon séjour de trois années à Montberneaume, ni mes condiseiples, ni moi, n'avons récolté de Morilles ailleurs que dans ce méme champ de Topinambours. » Ceci confirme donc pleinement l'opinion émise par M. de Larclause relativement au parasitisme du Morchella esculenta Pers. sur l'Helian- thus tuberosus L. Je me suis alors demandé de quelle utilité pourrait bien étre la connaissance de ce parasitisme. On a cherché, mais vainement jusqu'ici, à écrire l’histoire du développe- ment du Morchella esculenta, qu'on peut regarder, sinon comme le plus estimé, du moins comme le plus recherché de tousles Champignons comes- tibles. Divers arbres, l'Órme notamment, ont été signalés pour lui être plus particulièrement favorables. Mais les preuves faisant défaut, on en arrivait méme à considérer la Morille comme uu Champignon plutôt saprophyte que parasite. Toutes les observations consignées dans notre Bulletin (1) (1) Voyez tome IX, page 234 : M. Boisduval fait connaitre l'apparition fortuite de Morilles dans des pots remplis de terre d'origine et de nature fort différentes et main- tenus dans'le méme état depuis deux ou trois années. Tome XII, page 244 : M. Eugène Robert traite de la relation qui lui parait devoir exister entre la famille des Oléinées et les Morilles. Tome XIX, page 272 : M. Chatin, à propos d'une culture problématique de la Morille par un jardinier d'Etrépagny (Eure), et aprés avoir cité quelques renseignements fournis par des paysans sur la production de ce Champignon, appelle l'attention sur l'intérét que présenterait la connaissance d'un substratum favorable à la multiplication des Morilles. SÉANCE DU 30 mars 1883. 144 ne nous apprennent rien de plus à ce sujet (1). Or, bien que le fait constaté par MM. de Larclause et Feuilleaubois ne doive point faire croire que ce Morchella est exclusivement parasite du Topinambour, il n'en est pas moins vrai que ce parasitisme peut être aujourd’hui utilisé, et il est permis, ce me semble, de songer au parti qu'on en saura bientôt tirer pour la culture de la Morille comestible. Préoccupé par cette pensée, j'ai cru devoir faire d'abord quelques recherches sur la plante nourriciére et sur les avantages que pourrait offrir sa propre culture appropriée à celle du parasite. Le Bon Jardinier donne sur le Topinambour les détails suivants : 1° Au chapitre des Plantes potagères : « ToPINAMBOUR ou Poire de terre (Helianthus tuberosus L.). — Ori- ginaire du Brésil (2). On le cultive comme les pommes de terre, mais il veut étre planté dés février et mars. Les tubercules résistant au plus grand froid, on peut n'en faire la récolte qu'à mesure du besoin, et c'est méme le mieux. Ceux qui échappent à l'arrachage se détruisent diffici- lement ; un terrain où l'on a cultivé des Topinambours peut en rester garni pour ainsi dire indéfiniment : aussi leur consacre-t-on en général . un endroit écarté. » Tome XXV, page 128: M. Condamy parle de Morilles blondes dont le pédicule est implanté sur une sorte de souche pivotante, adhérant à de nombreuses radicelles étran- gères. Il ne fait pas connaitre les plantes auxquelles appartiennent ces radicelles. Tome XXV, page 152 : M. Duchartre cite un as fort curieux de développement de Morchella semilibera sur plusieurs pots de Ramondia pyrenaica. Il compare le fait qu'il signale à celui rappelé plus haut de M Boisduval. (1) N résulte toutefois d'observations très précises que m'a fait connaitre depuis peu notre confrère M. Peltereau, que la Morille lui parait avoir une affinité réelle pour les racines dépérissantes de l'Orme. Je dois ajouter que, malgré la rareté extréme de ce Champignon cette année, il a été assez heureux pour me fournir la preuve de ce para- sitisme, en m'adressant le 30 avril dernier un échantillon de Morchella esculenta Pers. var. rotunda, qui adhérait encore à la partie de la racine d'Orme sur laquelle elle s'était développée. (Note ajoutée pendant l'impression.) (2) Cette origine est aujourd'hui trés contestée. Voici du reste ce que j'ai cru devoir extraire d'un article sur le Topinambour, dans l'ouvrage intitulé : Les Plantes pota- géres, publié cette année par notre confrére M. Henri Vilmorin : « TOPINAMBOUR, etc... Amérique du Nord. — Vivace, grande plante à tiges annuelles, maís vivace par ses pousses souterraines renflées en véritables tubercules, introduite en Europe depuis plusieurs siécles et trés répandue dans la grande culture... Les tuber- cules se forment tràs tardivement, et l'on ne doit les arracher que quand la végétation de la plante est à peu prés suspendue... Culture. — On plante les tubercules en pleine terre au mois de mars ou d'avril... La plante ne demande aucun soin, si ce n'est quelques binages. La récolte se fait au fur et à mesure des besoins. Les tubercules de Topinambour, qui résistent parfaitement au froid tant qu'ils restent en terre, deviennent trés sensibles à la gelée quand ils sont arrachés... » Enfin, comme nouvelle preuve que le Topinambour est plutót originaire de l'Amérique du Nord que de l'Amérique du Sud, je ferai remarquer que l'Helianthus tuberosus figure comme PLANTE SPONTANÉE dans le Catalogue of the Phænogamous and vascular Crypto- gamous Plants of Indiana, by Ch. R. Barnes, Crawfordsville. Ind. 1883. 149 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 2» Au chapitre des Plantes de grande culture: « Les avantages que présente la culture en grand du Topinambour sont nombreux et importants. 1l donne des récoltes considérables de tu- bercules propres à la nourriture de presque tous les animaux : ces tuber- cules ne gélent jamais ; la plante réussit sur des terrains médiocres et résiste bien aux sécheresses ; enfin les feuilles sont une bonne nourriture pour les animaux, et les tiges fournissent un combustible abondant. A la vérité, le Topinambour a aussi des défauts, celui surtout de repousser obstinément dans les champs qui en ont produit... » Énumérons maintenant les avantages offerts par le Topinambour comme plante nourriciére de la Morille: 1^ sa résistance au froid, ce qui n'arréte point le développement mycélial du parasite; 2° sa persistance dans le terrain oi on le cultive, ce qui donne l'espoir d'y rendre égale- ment durable la production du Champignon ; 3? le peu de valeur du sol où il se développe, ce qui invite à lui consacrer le plus mauvais terrain dont on puisse disposer, au cas surtout où le parasite nuirait en quelque sorte à la formation des tubercules (1) ; 4° la facilité du choix d’une époque pour la récolte de ces tubercules, ce qui permet de la faire coincider au printemps avec l'apparition des Morilles. À ces avantages pourra s'ajouter le profit que l'on tirera aisément de la culture simultanée de la plante nourriciére et de son parasite, en combi- nant les aménagements du sol qui leur seront réciproquement nécessaires. Il suffira en effet de ne retourner la terre où se troüve le plant de Topi- nambours que dans le temps méme où l'on récoltera les Morilles, de fa~- con à mettre à découvert pendant quelques jours, pour les disposer à mieux recevoir les spores du Morchella, les rhizomes et tubercules réservés spécialement à la reproduction du parasite, procédé fort simple que l'on pourrait méme appliquer à la grande culture. D'un autre cóté, j'ai déjà dit que j'avais cru pouvoir rapporter l'échan- tillon communiqué par M. de Larclause, et que j'avais présenté à la So- ciété l'année derniére, à la var. rotunda du M. esculenta Pers. Je crois pouvoir maintenir cette détermination par les considérations suivantes : L'auteur de cette variété la caractérise ainsi dans son Synopsis metho- dica Fungorum : «a. M. rotunda : flavescens, pileo areolisque rotundis. » * (1) M. de Larclause a bien voulu me transmettre de nouveaux renseignements, desquels il résulterait que ce parasitisme ne paraitrait pas nuire au développement des tuber- cules du Topinambour. Les Morilles qu'il avait récoltées étaient en effet presque toutes fixées sur les tubercules mêmes, dans la partie comprise entre les racines naissantes et les rudiments de la tige. Néanmoins chacun de ces tubercules, dont la formation datait de l'année précédente, paraissait étre en bon état; ce qui fait supposer que la Morille, dont les spores germent si rapidement, avait dù se développer en méme temps que le tubereule nourricier, sans que ce dernier ait eu à souffrir notablement de la croissance concomitante de son parasite. (Note ajoutée pendant l'impression.) 4 SÉANCE DU 30 Mans 1883. 143 Fries, dans son Systema mycologicum, ajoute à cette diagnose de Per- soon la phrase qui suit: «Color albido-pallidus, siccus stramineus vel flavescens. Apud nos rarior, sed hec sola in America: boreüli (Schweiniz) (1). » Enfin M. Gillet en donne une trés bonne figure, concor- danten tous points avec l'échantillon de M. de Larclause, dans ses Discomy- cètes de France. Il serait difficile d'ailleurs de la rapporter à la seconde variété du Morchella esculenta de Persoon, qui me semble plutôt dési- gner celle de nos bois et de nos taillis, et dont voicila diagnose : « Var. B. M. vulgaris ; fuliginosa, pileo ovali, areolis subquadrangularibus. » Quoi qu'il en soit, je suis obligé de reconnaitre que pour étre autorisé à affirmer la réussite de la culture de cette variété rotunda du Morchella esculenta, il convient de faire des essais préliminaires et d'en attendre les résultats. A ce propos, je suis heureux de pouvoir annoncer à la So- ciété que plusieurs de nos confrères se disposent à faire bientôt quelques expériences préparatoires. Le moment de l'apparition des Morilles est proche : on peut donc déjà disposer ses premiers essais de facon à voir l'an prochain le probléme se résoudre de lui-même. Il suffira pour cela, cette année, de transporter des Morilles fraiches, soit sur des plants nouveaux de Topinambours où les tubercules entiers ou coupés seront placés à ras de terre, soit sur d'anciennes cultures oü les rhizomes seront mis à dé- couvert par l'enlévement momentané du sol, ce qui facilitera d'autant, dans les deux cas, le semis des spores du parasite sur sa plante nourri- ciére; ensuite de recouvrir le tout, au bout de deux ou trois jours, d'abord de paille ou de feuilles séches, puis de fumier léger et de terre ordinaire, qu'on arrosera de temps à autre pour faciliter la germination des spores; enfin de buter le sol superficiellement pour n'y plus toucher jusqu'au mois d'avril suivant, en le maintenant seulement dans un état d'humidité suffisante. L'expérience, si elle réussit, pourra ultérieurement étre essayée, soit sous chàssis, soit en serre chaude méme, au cas où l'on aurait ainsi quelque chance de hàter l'apparition du parasite ou d'en dou- bler la production. En attendant, qu'il me soit permis d espérer tout au moins, pour l'an prochain, un succès confirmatif, si minime qu'il soit, de la facilité relative de cette intéressante culture. M. G. Bonnier, secrétaire, donne lecture de la communication suivante adresséé à la Sociélé : r ibilité du parasitisme, si bien 1) Cet habitat pourrait à la rigueur expliquer la possi aod maintenant, de cette variété du Morchella esculenta sur le Topinambour, la présence de la plante nourricière et celle du parasite ayant été successivement constatées dans l'Amérique du Nord. 144 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SUR L'INTENSITÉ DU COLORIS ET LES DIMENSIONS CONSIDÉRABLES DES FLEURS AUX HAUTES ALTITUDES, par M. Édouard HECKEL. Le 8 août 1882, M. Ch. Musset faisait insérer aux Comptes rendus de l'Académie des sciences une communication dans laquelle, prenant à partie deux notes jointes aux pages 389 et 391 de ma traduction. de Ch. Darwin « De la fécondation croisée et directe », l'auteur ne tend à rien moins qu'à accuser ces annotalions d'avoir eu pour résultat d'ébranler dans quelques esprits la notion, bien fixée cependant, de la pollinisation par les insectes. « Ces deux notes importantes, y est-il dit, » invoquent, comme un argument décisif contre la fécondation croisée » par les insectes, l'absence ou du moins la grande rareté de ces ani- » maux auxiliaires aux sommets fleuris des hautes montagnes. » Je pourrais, à la grande rigueur, me consoler du malheur de ne pas avoir été compris ; mais je puis d'autant moins laisser passer sans protes- tation cette manière de travestir mes notes, que j'ài toujours cru et que je crois toujours fermement à la pollinisation par les êtres vivants, et cer- tainement mon introduction à la traduction sus-indiquée est, à cet égard, une profession de foi qui ne peut laisser de doute dans aucun esprit non prévenu. Toutefois j'ai fait et je fais encore des réserves sur le caractére universel et exclusif de ce moyen, car je crois non moins fermement que dans beaucoup de cas connus, et surtout encore inconnus, ce mode fécon- datif, n'étant pas nécessaire, ne se trouve pas réalisé. Ch. Darwin l'a prouvé, toujours dans le méme livre sus-indiqué, en montrant que l'autofécondation longtemps continuée, loin de déprécier l'espéce comme c'est généralement le cas, peut, dans quelques conditions, avoir des ré- sultats aussi avantageux que le croisement (1). Quelles sont l'importance, la signification et l'étendue de cette exception? Nous ne le savons pas encore. Telle est ma maniére de voir; mais, d'aprés M. Musset, on pour- rait en penser autrement. Aussi, en raison de l'immense publicité qu'a recue la communication de ce savant par le recueil dans lequel elle a été insérée, et où il ne m'a pas été permis de répondre aussi longuement que (1) Voyez sur ce point : De la fécondation croisée et directe, ch. 1x. — Variétés auto- fertiles, p. 354, traduct. Éd. Heckel (chez Reinwald, Paris, 1877). — Je dois ajouter que les fleurs cléistogames constamment autofécondées, et qui, dans quelques plantes, donnent seules des graines capables de reproduire l'espéce en lui conservant ses caractères, sont une preuve plus évidente encore de l'innocuité de l'autofécondation. Or, le nombre des plantes cléistogames devient de jour en jour plus considérable à mesure que l'atten- tion des observateurs se tourne de ce côté. J'en ai donné une preuve récente dans un article intitulé : Monstruosités végétales (voy. Bull. de la Société bot. de France, séance du 19 juillet 1882). SÉANCE DU 30 Mans 1883. 145 Je devais le désirer en usant du droit de me défendre; en raison, d'autre part, de la haute portée de la négation qui m'y est attribuée fort gratuite- ment, je me crois obligé de revenir une fois encore sur cette question, soit pour dissiper, s'il y a lieu, l'impression produite par la note de M. Musset, soit dans le but de rendre à mes annotations mal comprises leur véritable sens étrangement défiguré, ainsi qu'on va le voir. Tout d'abord je considére comme nécessaire de citer les textes mémes sur lesquels reposent les assertions de M. Musset. C'est une lacune que je constate avec regret dans la critique de mon contradicteur, et elle me parait d'autant plus inopportune, que l'auteur, en respectant cette vieille pratique des discussions de bonne foi, eût certainement éclairé la con- science du lecteur et la sienne propre sur la nature vraie de mes convic- tions et de mes assertions. Je rapproche donc, comme aurait dü le faire M. Musset, le texte de Darwin de ma première note, et je lis (loc. cit. p. 389): « Nous devons certainement la beauté et le coloris de nos fleurs, aussi » bien que l'accumulation d'une grande abondance de nectar, à l'existence » des insectes. » Aprés cette affirmation, dont je me propose de discuter bientôt la valeur dans le cas spécial qui m'occupe, j'ajoute cette note : « Un fait cependant semble s'inscrire en faux contre cette assertion, » c'est que les plantes alpines des grandes altitudes produisent des fleurs » plus développées et plus brillantes que celles de la plaine, et pourtant » dans les régions élevées les insectes sont rares, sinon nuls (1). » Il ne me parait pas possible qu'un botaniste voie dans ces lignes autre chose que ce que j'ai voulu y mettre. Mon intention, bien claire- ment exprimée, je crois, était d'attaquer l'influence des insectes sur la beauté et sur le coloris des fleurs alpines. Cette maniére de voir ne sur- prendra aucun de ceux qui savent, depuis les travaux de Ch. Darwin, Wallace, H. Müller, G. Bonnier, etc., que les insectes ne fréquentent pas seulement les fleurs les plus belles, mais aussi les fleurs les plus obscures, les plus riches en nectar ou les plus odoriférantes, et que méme les plus belles fleurs ne recoivent pas toujours les plus fréquentes visites des in- sectes. Il n’y a donc pas de corrélation nécessaire entre la beauté, Fam- pleur, le coloris des fleurs et la présence actuelle des insectes pollinisa- (1) La note de la page 391 reproduit la même pensée sous une autre forme. A la phrase : « H. Müller a prouvé par ses importantes expériences que des fleurs grandes » et belles sont visitées par un plus grand nombre d'insectes que les petites fleurs » obscures », je réponds : « ll ya également des réserves à faire sur ce point, pour ce » qui touche aux plantes alpines, qui échappent évidemment, et méme de la manière la ègle spéciale aux végétaux de la plaine ou des régions sub- » plus absolue, à cette ré » alpines: » M. Musset a essayé d'établir tout au plus que les belles fleurs des Alpes sont visitées par un nombre d'insectes égal à celui donné de la plaine. T. XXX (SÉANCES) 10 146 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. teurs (1). En niant la réaction de ces insectes en tant que cause de la beauté des fleurs alpines, ai-je du même coup nié la fonction pollinisatrice qu'ils remplissent ? Personne ne voudra l'admettre, car cette négation n'cst contenue ni dans l'esprit ni dans la lettre de mes notes, et j'ajoute que le prétendu argument tiré par M. Musset de la présence des in- sectes aux hautes altitudes demeure aussi impuissant à donner la cause de cette heauté florale que ses affirmations le sont à établir la réa- lité de mes dénégations relativement à la pollinisation par les êtres vivants. C'est ce que je vais montrer aprés avoir indiqué les conditions qui m'ont conduit à écrire ces notes, si grosses de conséquences, parait-il, d'aprés l'avis du savant professeur de la Faculté de Grenoble. Pendant l'année 1877, mes fonctions. de professeur dans cette méme Faculté des sciences de Grenoble m'ayant appelé à faire de nombreuses her- borisations sur les montagnes environnantes, je constatai que les insectes étaient rares aux altitudes comprises entre 2000 et 3000 mètres. Ce fait me parut alors trés naturel ; j'étais d'accord avec d'éminents observateurs dont M. Musset ne parle pas dans sa note, et. qui l'avaient cependant si- gnalé avant moi (2). Ce savanta annoncé depuis qu'il n'en est pas ainsi, et que tous les ordres d'insectes ont des représentants jusqu’à 2300 mètres en nombre égal à celui de la plaine. J'enregistre le fait et consens à le tenir provisoirement pour exact, quoique nous soyons au moins quatre observateurs à le contredire. Je ferai remarquer toutefois que mon contra- dicteur, dans sa note, s'est chargé lui-méme de justifier l'observation contraire, en disant que « le nombre apparent des insectes nectarophiles » est en rapport physiologique et physique avec l'état calorifique et hygro- » métrique, calme ou agité de l'atmosphére, et aussi avec l’état pluvieux, » orageux, sombre ou lumineux du ciel. » A toutes ces conditions, on me permettra bien d'ajouter certaines variations annuelles dans le nombre réel de ces insectes, et alors on comprendra, sans que j'aie besoin d'in- sister, que ces diverses causes s'unissant ou cessant de se produire, peuvent donner à une période de temps plus ou moins longue des carac- teres fort divers. Dès lors qui, de M. Musset ou de nous, n'a relevé qu'une exception? f (1) Je ne prétends pas nier ici, bien entendu, que, dans le temps, la venue des insectes n'ait activé le developpement des formes et du coloris des fleurs. Les faits de l'ordre géologique et la succession des Pétalées aux Gymnospermes et aux Apétalées indiquent assez cette corrélation entre les deux règnes. Mais les Apétales ont existé avant et exis- tent encore pendant le règne des insectes; elles ont été visitées et le sont encore par ces étres dans certaines conditions (Aroidées, Serpentaires, ete.). Q) gomas Modam Ae meet any material aid to plants in fertilization? 1876. — Negeli, Entstehung u egriff der natur. art. 1865. — Gri igétati -du globe, trad. Tchihatchef, rk Ea p. 60. FRE M Hegelin SÉANCE DU 930 Mans 1883. 147 La réponse ne paraît pas douteuse; mais, pour le moment, je veux bien admettre que ce n’est pas lui. Voici pour le fait, passons maintenant aux conséquences que M. Musset en tire. À ce sujel, on va le voir, je ne pourrais, même avec la meilleure volonté possible, modifier en quoi que ce soit le sens de mes notes. Mon contradicteur, en opposant ses observations aux miennes, en me faisant dire ce qui n'a jamais été, ni dans mon esprit, ni dans mes écrits, n'a été évidemment inspiré que par le louable désir de faire connaître ce qu'il croit étre une vérité d'abord, mais surtout de laisser subsister, entiére et applicable à tous les cas, l'assertion Darwinienne que je combats dans l'espéce. Plus que personne je suis admirateur de Darwin et de son œuvre, j'en ai donné des preuves; mais j'estime qu'on déprécie la doc- trine en admettant sans: contróle les erreurs de détail qu'elle comporte forcément, tous les cas n'ayant pu étre examinés par l'auteur méme du Darwinisme. « Nous devons, a dit le maitre, la beauté des fleurs et » l'abondance du nectar à la présence des insectes (1). » La proposition est peut-étre vraie dans sa généralité, quand les conditions cosmiques sont égales ; elle ne saurait l'étre dans tous les cas. Cependant il est évi- dent que la méprise de M. Musset, en m'attribuant la négation du rôle pollinisateur des insectes, tient à ce que, pour lui, le grand nombre de ces êtres dont il croit avoir constaté la présence sur les sommets des Alpes étant cause de la beauté des fleurs, il a pensé trouver là un argument en faveur de la proposition ci-dessus. Voyons si les espérances de cet obser- vateur se sont réalisées, si ses généreux efforts ont été fructueux. Cette proposition peut s'interpréter de deux manières différentes, selon qu'on attribue à la plante le rôle actif ou le rôle passif. Ou bien on admet que les insectes, en troupes nombreuses, par leurs visites répétées aux fleurs nectariennes pourvues de corolles, ont su imprimer à ces derniers organes un développement particulier en grandeur et en coloris, ont fait naître en un mot, dans tout le verticille corollin, une hyperplasie du chro- misme et des dimensions de nalure quasi tératologique (gigantisme), réalisée par l'irritation du contact et peut-être aussi par les avantages du croisement qu'ils assurent ; ou bien on suppose, à l'instar de Wallace et ‘de Darwin (ce qui semble plus rationnel), que les fleurs se sont parées de leurs couleurs avertissantes et ont pris leur ampleur en vue de s'assurer les plus fréquentes visites de ces insectes dans le plus petit laps de temps possible, le développement des formes etle haut coloris n'étant là que pour (1) Je ne m'occuperai pas ici du nectar, c'est une question aujourd'hui vidée, et j'ai eu l'occasion, à l'époque de la discussion soulevée par M. Bonnier sur le rôle des nec- taires (a), de donner mon opinion sur cette sécrétion. Il ne s'agit, du reste, ici que de la beauté des fleurs alpines. (a) Comptes rendus de l'Académie des sciences, 18 février 1880. 148 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. servir l'acte de la fécondation croisée, qui, à son tour, maintient et assure ces caractères à la descendance. D’après la première interprétation, il faudrait admettre, pour com- prendre le phénomène au point de vue comparatif, qu'aux sommets fleuris des Alpes les insectes sont constamment en nombre beaucoup plus considérable que dans la plaine, ce que M. Musset n'a pas encore établi. C'est ainsi, par exemple, que pour nous en tenir aux fleurs d'espèce différente, si nous voulions nous expliquer la beauté et l'ampleur florale dans le Ra- nunculus glacialis L., deux fois plus accusée que dans le R. acris L. (de la plaine), nous serions conduits à supposer que les visiteurs de cette dernière plante (65 espèces d'insectes d’après H. Müller !) sont, sur les grandes hauteurs, portés au double pour la première. Le méme raison- nement s'appliquerait évidemment à presque toutes les espèces de la plaine qui ont des congénéres à fleurs plus belles sur la montagne. Or je ne pense pas que M. Musset en soit encore arrivé à soutenir que les insectes sont deux ou trois fois plus abondants à 2000 e et 3000 métres que dans nos plaines. Adopte-t-on la seconde hypothése? On est conduit alors à voir, dans le développement des fleurs alpines comparées à celles de la plaine, la réa- lisation d'une adaptation favorable à la plante qui les porte. Mais, pour justifier cette dépense de coloris et de tissu corollins, il ne convient d'in- voquer rien moins que la nécessité subie par la plante d'un appel plus facile des insectes fécondateurs. De plus, pour que les plantes aient ré- pondu à ce besoin, il faut absolument que les insectes aient été (1) ou soient en trés petit nombre, enfin que ce déploiement de splendeur ait eu ou ait pour but de les attirer sürement. Or c'est précisément le con- traire que M. Musset nous enseigne : les insectes abondent aux sommets fleuris des Alpes. Comme onle voit, le dilemme est inévitable. A quelque interprétation qu'on s'arréte,la proposition Darwinienne que M. Musset a la pieuse intention de défendre, conduit dans l'espéce, c'est-à-dire quand il s'agit des plantes alpines, à des résultats absolument contraires au fait découvert par ce savant. Mais, puisque les fleurs alpines ne peuvent avoir doublé d'étendue et de coloris sous l'influence du nombre des insectes, ni acquis cette parti- cularité en vue de suppléer à la rareté des agents fécondateurs (l'observa- tion de M. Musset nous défendrait de l'admettre, si nous en avions la (1) Pour ne pas compliquer la discussion et pour n'y laisser subsister que les condi- tions les plus favorables à la thése de mon contradicteur, je veux écarter le cas dans lequel l'ampleur et la beauté florales ne seraient que la conséquence d'une hérédité acquise sous l'influence d'une pénurie absolue des agents fécondateurs subie dans un temps déjà éloigné. Dans ces conditions, le phénomène n'aurait plus aucune significa- tion actuelle, et ne répondant qu'à une réminiscence, à une persistance sans utilité d'un état passé, ne viendrait donner aucun appui à l'influence actuelle des insectes. SÉANCE DU 30 Mans 1883. 149 pensée), il est évident que ce phénomène est dà à une autre cause. Quelle est-elle? Je vais essayer de la trouver en négligeant complétement cette influence animée (insectes), trés importante sans doute, mais à la- quelle, en raison de sa nouveauté relative, on montre beaucoup trop de tendance à vouloir tout rapporter aujourd'hui aveuglément (1). Je veux me rappeler seulement que le végétal est dans son ensemble le résultat du plexus des forces ambiantes qui l'entourent, qui l'enlacent, et qui lui impriment son cachet morphologique en s'alliant aux premiéres impres- sions plastiques données par l'hérédité. Un grand nombre de naturalistes, on le sait, admettent que, d'une maniére générale, la coloration dans le monde organique est la consé- quence d'une action directe de la lumiére et de la chaleur du soleil. Il y a cependant, sur l'exclusivisme de cette théorie, à faire des réserves sem- blables à celles que je présente ici sur l’action des insectes ; les couleurs si accusées quelquefois et si variables des graines müries en organes clos (ovaire) en sont une preuve entre beaucoup d'autres. Mais il est impossible aussi de ne pas tenir un compte rigoureux de l'influence de ces deux agents (énergie actinique et calorifique du soleil) dans l'étude du phé- noméne qui m'occupe. L'opinion de tous les savants (Grisebach, pour ce qui touche aux pays froids, et Wallace, pour ce qui a trait aux zones tor- rides, exceptés) est favorable du reste à cette interprétation. Ce dernier auteur s'est élevé contre l'influence solaire, en s'appuyant seulement sur un argument tiré de l'obscurité relative dela flore tropicale. C'est là, me semble-t-il, un côté restreint de la question, et il est du reste facile, à mon sens, de donner une explication acceptable de cette ano- malie apparente. Je la trouve dans les notions qu'ont pu me fournir un séjour de six années dans les régions chaudes de l'un et de l'autre hémisphére et un voyage dans les cinq parties du monde. L'observation de Wallace est fort juste, mais les causes qu'il en donne le sont beaucoup moins. Dans ces régions baignées de lumiére et d'humi- dité, il n'est pas douteux que le système foliaire prend, au détriment du coloris de la fleur, dans la luxuriance végétale, un développement surpre- nant qui ne répond pas à l'attente de l'observateur. Il est également vrai que les insectes y abondent et n'ont pas besoin d'étre appelés : mais les rayons du soleil abondent aussi, seraient-ils impuissants à fixer le coloris floral? Observons les arbres couverts de feuilles, là plus qu'ailleurs, for- ment des forêts touffues dont l'ombrage épais est peu favorable au déve- loppement des fleurs qu'elles recouvrent. C'est ce qu'on remarque tout (1) La nature ne cache pas tous ses secrets sous une seule formule, qui, pour étre en honneur, n'en est pas moins incapable de tout expliquer. Il en a été ainsi en physiologie de la découverte de l'osmose et des'cils vibratiles, etc..., à l'aide desquels on a voulu éclairer tous les phénomènes biologiques. 150 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. d'abord. Mais, à un second examen, on voit que dans cette région nais- sent les plus grandes, sinon les plus brillantes fleurs connues (Victoria, Rafflesia, certaines Myrtacées et Légumineuses, Erythrina, Poinciana, Bauhinia, ete.). Il est probable que si l'humidité surabondante, dont l'action est plus profitable au développement des feuilles qu'à celui du pig- ment des corolles, ne se joignait ici, pour en modérer l'action, à l'énergie calorifique et actinique du soleil, le régne végétal y serait plus splendide- ment fleuri (1). Nous avons la preuve de la vérité de cette assertion dans ce qui, sur notre hémisphére, se produit comparativement entre les flores du Septen- trion et celles du Midi. Les études de MM. Bonnier et Flahault sur la flore de Scandinavie (2) ont établi définitivement une vérité depuis longtemps entrevue, à savoir, que les plantes du Nord produisent des fleurs plus brillantes que celles des contrées méridionales. Faut-il admettre ici encore, comme le veut Grisebach (3), que les in- sectes sont plus rares dans les premiéres que dans les secondes, pour ex- pliquer cette anomalie ? L'observation faite sur les altitudes par M. Musset et susceptible d'étre étendue légitimement aux latitudes, ne nous permet- trait pas cette interprétation. Dés lors relevons la différence des climats. En Scandinavie, atmosphère beaucoup moins saturée d’humidité, en raison (1) Les tropiques fournissent assurément les fleurs les plus grandes et quelquefois sur des végétaux trés petits. N'est-ce pas là un indice trés significatif et une preuve en faveur de ce que j'avance? (2) Bulletin de la Société botanique de France, 1878. (3) « Dans la flore arctique, comme dans celle des régions alpines, les fleurs se dis- » tinguent par la richesse des couleurs et souvent par leurs dimensions, eu égard au » reste des organes. M. de Metsendorf trouva le diamétre moyen des fleurs des plantes » du Taïmyr au delà de 07,011, et chez plusieurs espèces de 07,027 à 07,040, ce qui, » vu le peu de longueur de la tige, ne les-rendrait que plus saillantes. Pour ce qui est » de l'intensité et de la pureté du coloris propres aux fleurs: des plantes alpines, on a » cru pouvoir se permettre la supposition que cette particularité pourrait bien avoir » une relation quelconque avec l'intensilé de la lumière dont jouissent ces plantes à » l'altitude où elles se trouvent; mais cette conjecture ne tient pas compte de ce que » le ménie phénoméne se reproduit dans les basses régions arctiques, oü l'action de la » lumière se comporte en un sens diamétralement opposé... Nous ne connaissons guère » à la corolle colorée d'autre destination que celle de servir aux insectes, le plus sou- » vent indispensables à l'aete de la fécondation, de lieu de débarquement et de moyen » d'orienter leur vol, lorsqu'ils transportent de fleur en fleur le pollen adhérent à leur » corps... Depuis les investigations étendues de M. Darwin, la physiologie a pu parfai- » tement apprécier combien est important le service inconscient que les insectes ailés » sont appelés à rendre aux plantes pour assurer leur propagation. Or, nous voyons les » fleurs devenir plus grandes et plus richement colorées, à mesure que, PAR SUITE DE LA » DURÉE CROISSANTE DE L'HIVER, LES INSECTES DEVIENNENT PLUS RARES. » M. Musset, s’il avait lu ce passage si important d'un livre classique, écrit en français bien avant ma traduction de Ch. Darwin, n’aurait pas été tenté d’attribuer à mes modestes notes l'ébranlement dans quelques esprits de la notion de la pollinisation par les insectes. Nægeli avait dit, en allemand, la méme chose dix ans avant Grisebach (Végétation du globe, déjà cité). SÉANCE DU 30 mars 1883. 151 méme de la plus basse température, et action prolongée, beaucoup plus que chez nous, de la lumière pendant toute la saison propice à la floraison. À quoi peut tenir le haut coloris floral, si ce n'est à cette derniére force actinique ? A coup sür, il n'est pas le résultat de l'élévation de la tempé- rature, qui est toujours supérieure dans les contrées du Midi, et je ne pense pas non plus qu'on puisse prétendre, en se servant de la donnée Darwinienne que je combats ici, l'attribuer à une plus grande abondance des insectes fécondateurs en Suède et en Norvége qu'en France, en Italie ou en Espagne. Tous ces faits et raisonnements nous conduiraient à ad- mettre que si les fleurs sont démesurément plus grandes dans les tro- piques, elles doivent le tenir de la chaleur du soleil, et, si ces mémes organes sont plus brillants dans les régions septentrionales, l'énergie actinique de cet astre, qui y est prépondérante, ne saurait être étrangère à ce phénoméne, qui, ainsi expliqué, n'aura plus lieu de nous surprendre, si nous voulons bien nous rappeler que la fructification du Blé et des céréales en général se produit plus rapidement à Upsal et à Lynden (cap Nord) que chez nous. Ce sont là des faits absolument parallèles : d'une part, la lumière, par sa force actinique, a imprimé son action profonde sur le systéme floral (coloris), elle s’est comme accumulée et fixée dans lafleur colorée ; et, de l'autre, le rayon lumineux a remplacé, par la durée de son influence, dans la mesure nécessaire, le rayon calorifique indispensable à la ma- turation de la graine. Pareille compensation né saurait se produire dans les zones tropicales, ou l'égalité des jours à toutes les saisoms et l'unifor- mité de la température entrainent l'égale répartition de la lumiére et de la chaleur. Donc, dans les tropiques, chaleur et humidité excessives concor- dant avec l'ampleur du feuillage et l'ampleur corrélative de la fleur (feuil- lage modifié); dans les zones tempérées, l'égalité dans ces deux éléments coincide avec une flore équilibrée comme forme et comme coloris; enfin, dans le Nord et aux hautes altitudes, la prédominance de l'énergie acti- nique sur la force calorifique du soleil a engendré sans doute la prépon- dérance du coloris dans ces mémes organes, avec équivalence possible entre la force actinique et la chaleur solaire pour assurer la maturation de l'ovaire (1). Si, abandonnant l'étude de ces phénoménes dans l'espace, nous inter- rogeons au même point de vue la succession des faits dans le temps, nous arrivons à des résultats confirmatifs, dans leur ensemble, de cette manière (1) Quelques auteurs n'ont pas craint d'affirmer que les effets attribués à la lumière solaire sur les plantes ne relèvent que de la chaleur inhérente à ses rayons lumineux ; mais, dans l’état actuel de nos connaissances sur les fonctions nutritives (et en particulier sur la fonction chlorophyllienne), c'est là une thèse absolument insoutenable, même pour un défenseur du talent de M. Wiesner. 152 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de voir. La période paléozoique nous donne l'époque houillére remar- quable par la chaleur et l'humidité atmosphérique et par la présence de végétaux de taille gigantesque et à frondaison abondante, mais dépourvus de fleurs. Durant la période secondaire, la température se maintient ac- compagnée d'une humidité moins grande, mais trés accusée encore, et les Gymnospermes sans fleurs, au feuillage remarquable, dominent la scène. Enfin, le régne des Angiospermes pétalées, précédées des Apétales, apparait en s'accentuant pendant la période tertiaire ou néozoique, pour prendre son plus grand développement et aboutir aux belles fleurs gamopétales durant l'époque quaternaire, pendant laquelle nos saisons actuelles se sont formées. Si l'on m'objecte que les lois du développement évolutif et du progrés organique ont seules réglé cette marche complicative allant du simple au composé, du végétal apétale au pétalé, de l’obscur pétalé au brillant polypétale, et enfin au splendide gamopétale, je répondrai que cette gradation indéniable, cette loi du progrés à laquelle semblent étre soumis tous les êtres, ne saurait exercer son empire, si les organismes, pour lui obéir, devaient se mettre en désaccord avec les influences au- trement inéluctables du milieu cosmique variable. is Påjouterai que selon toute probabilité méme, si certains organismes se sont arrétés.dans.leur marche progressive vers la complication jusqu'à arriverà nous dahs un état trés relardé, et à reproduire dans notre époque une:tonstitution: végétale caractéristique d'un autre temps perdu dans la nuit des-àges;:ce-n'est là que le résultat d'un défaut de plasticité avant engendré-une lutte-.infructueuse, inégale et prolongée contre des conditions ambiantes localisées, lesquelles, victorieuses en dernière ana- se, après :avoir-parälysé l’essor del l'espèce, l'ont fixée par l'hérédité dans une-humble condilion:d!oà elle: ñe-pent plus sortir. ‘Après cette digression nécessaire pour:expliquer et développer ma pen- sée;il ne:nie»reste plus; profitantides» faits! qu'élle:a. permis d'établir, qu'à rapprocher les distinctions quicaractérisent les: flores du nord et du midi de l'Europe, de'eelles: que nous:$avoris exister entre les; plantes de latmême espèce ou d'espèces différentes: habitant da:plaine, ou la montagne élevée, La:latitude,-nous le savons, agit:comme:l’altitude sur l’ensemble des phénomènes physiques; agirait-elle autrement surdes : fonctions vitales ?: Nona Demême: que lesiglaciers relégués: sur les cimes; perdues déo nos Alpes règnentien máitreszsurdes plages inaccessibles et :désolées di i Spitzberg, de. méme-aussi a: coloration: des fleurs: pour wne:méme espèce augmente en général pour une méme latitude avec l'altitude, à égalité de. tankea: les; autras conditione KART. elle bai Mia nite t une 3306) la constaiation aux | voyages de M. Bonnier en Scandinavie, et dans les SÉANCE DU 30 Mars 1883. 153 Alpes (1). Il n’y a rien de répugnant à admettre que ce qui est vrai pour les plantes de la méme espéce doit le rester pour les espèees dif- férentes du méme genre. Et maintenant, aprés toutes ces preuves, me sera-t-il permis de conclure qu'il est une force plus réelle à invoquer, pour expliquer le coloris et l'ampleur des fleurs alpines, que l'inter- vention multipliée des insectes, et que celte force n'est rien autre que l'énergie à la fois actinique et calorifique du soleil, énergie plus puissante et plus prolongée sur les montagnes que dans la plaine ? Je dis l'énergie calorifique, parce que les sommets de nos hautes alpes ne subissent pas les mêmes conditions, d'une façon absolue, que les plaines arctiques au point de vue de l'influence solaire. Si ces derniéres, privées d'une certaine somme de chaleur, ont besoin, pour mürir leurs graines, d'une quantité équivalente d'énergie actinique, obtenue par la longueur des jours, le rayonnement calorifique ne fait pas défaut au méme degré sur les premières. Ainsi s'expliqueraient à la fois l'ampleur etle coloris de leurs fleurs, en tenant compte de ce que nous avons relevé dans les zones torrides, tem- pérées el froides. Telle est la maniére de voir contenue explicitement dans les notes qui ont causé tant d'effroi à M. Musset. Je pense l'avoir rassuré maintenant. Je le remercie vivement de m'a- voir contraint à ne pas les maintenir plus longtemps à l'état embryon- naire, dans lequel je comptais, sans lui, les laisser dormir quelque temps encore, comme des jalons d'avenir plantés là pour éclairer une étude d'ensemble à portée plus considérable. On me permettra, en terminant, de faire remarquer que ces notes n'ont pas été heureuses. M. Bonnier (2), il y a quelques années déjà, les avait relevées en disant que j'ai été forcé d'y reconnaitre combien mes observalions contredisent la loi de Darwin relative au rôle des couleurs (florales). En réalité, mes observations avaient pour but de montrer que cette loi comporte au moins une grave exception, qui 3 été érigée par M. Bonnier en régle générale en vue de combattre les théories de Sprengel et Darwin sur le rôle des nectaires. Getle; ràgle,.dans;ces conditions; n’est que l'expression trop généralisée de quelques; faits particuliers | (3)... 11: (1) Bull. Soc. bot. 2 avril 1880. (2) Des, mectaires, étude critique, anatomique.et physiologique, 1879, p. 41: « Le », nombre des. fleurs..richement, colorées qui;ne sont pas mectarifères, ou qui sont trés a peu, visitées, par les. insectes, est considérable. Il suffit d'observer les insectes dans »,un;jardin,;ou „dans; une, prairie, pour, s'en convainere,A ce sujet, le traducteur de M. Darwin, M. Édouard, Heckel, est.obligé desconvenir que. ses abseruations contre- >: » disent cette loi sur le rôle des couleurs. » ioy ist ist = 8g _ (8). Des nectaires, étude. critique, anatomique et physiologique, 1819, p- 4 ce Qna objecté aussi au róle de la, couleur. que, dans .les. hautes latitudes et à des altitudes éle- es, les parties colorées des fleurs sont beaucoup plus riches en. pigment, tandis que les vées, les parties colorées. T8, A inscctes soni pius rares. Cette objection serait au contraire une preuve eu faveur de la 154 SOCIETÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Il me paraît évident, en effet, que si les insectes (et l'on peut l'admettre) ont été les premiers agents qui aient accentué ou fait naître dans la végé- talité l'impulsion vers l'état pétalique coloré, cette poussée primitive a pu étre ensuite accentuée ou mailrisée par des conditions fort diverses, au premier rang desquelles il convient de placer l'influence actinique et calorifique du soleil, et par conséquent celle des climats. | J'aime à penser que ce savant collégue ne se méprendra plus désor- mais, ni sur la portée, ni sur le véritable sens de ces notes, qui, comme on le voit, avaient besoin d'étre longuement développées. Quant à M. Musset, il se consolera sans doute, par la satisfaction de la découverte d'une vérité méconnue méme par les plus grands botanistes, du malheur d'avoir porté bien inconsciemment, il l'a prouvé, le dernier coup à une théorie qu'il ne continuera certainement pas à défendre dés qu'il aura envisagé, comme je viens de le faire, les conséquences de son observation. Enfin l’un et l'autre de ces observateurs, M. Bonnier surtout, seront con- vaincus, j'en suis certain aussi, que ce n'est jamais une contrainte pour moi que de reconnaitre une vérité, quelle qu'elle soit, pas plus qu'il ne m'en coüterait de revenir sur une erreur. Je la reléverais avec autant de bonne foi que je l'aurais commise. Cette petite note, eüt-elle pour unique résultat d'établir ces divers points, me satisferait pleinement et me sem- blerait ainsi suffisamment justifiée. M. Donnier est heureux de voir le développement donné par M. E. Heckel aux annotations un peu bréves dont il avait accom- pagné la traduction de l'ouvrage de Darwin. Au sujet de l'influence attribuée exclusivement aux insectes sur la coloration des fleurs, M. Bonnier constate avec plaisir que M. Heckel est d'accord avec lui. Quant aux observations de M. Musset relatives au grand nombre des insectes sur les hautes altitudes, M. Bonnier fait remarquer qu'il a séjourné pendant plus de six mois de suite aux environs de Grenoble, à Huez (Oisans), dans un chalet placé à 1750 mètres d'al- théorie d’après MM. Nægeli et Grisebach. Ces auteurs supposent que les plantes alpines ou hyperhoréennes ont développé leurs couleurs pour être apercues facilement par des insectes peu nombreux. Mais cette transformation dans l'intensité du coloris se produit dès la première année sur une plante semée sous les plus hautes altitudes (F. C. Schubeler, Die Pflanzenwelt Norwegens, Kristiania, 1875), et Pon ne saurait admettre une adaptation instantanée. J'ai fait voir avec M. Flahault’ qu'on peut beaucoup plus rationnellement rapprocher ces modifications observées de la quantité de lumière iné- gale recue par les plantes pendant la belle saison et aux diverses altitudes et latitudes. » (Bonnier et Flahault, Observations sur les modifications des végétaux, in Ann. des sc. nat. 6* série, 1879, t. VII, p. 85.) SÉANCE DU 30 Mans 1883. 155 titude, où il a observé presque continuellement les insectes melli- fères depuis 800 jusqu'à 2800 mêtres et plus ; ces observations ont été continuées pendant plusieurs années à Huez, aux mêmes alti- tudes, par M. de Layens. Il en résulte que, dans des conditions analogues, le nombre des insectes melliféres décroit avec l'altitude. Il faut naturellement observer des localités analogues ; car, si l'on compare une prairie alpine en pleine floraison avec un champ de Blé ou de Betteraves cultivé en plaine, on sera certainement de l'avis de M. Musset. M. Bonnier a pu vérifier cette méme décrois- sance du nombre des insectes melliféres avec l'altitude dans d’autres parties des Alpes du Dauphiné, dans les Alpes scandi- naves, les Carpathes, les Alpes autrichiennes et les Pyrénées- Orientales. Sur ce point, comme sur le précédent, M. Bonnier se trouve d'accord avec M. Heckel, et aussi avec Grisebach et MM. Axel, Nægeli, Meehan, etc. M. Malinvaud donne lecture de la notice suivante, adressée à M. le Secrétaire général. NOTICE SUR M. DE LARAMBERGUE, par M. D. CLOS. A la date du 13 mars courant est décédé à Toulóuse, après une courte maladie et à l'ge de soixante-quatorze ans, M. Jean-Henri Dissiton de Gazel-Larambergue, vulgairement appelé de Larambergue. Propriétaire à Angles-du-Tarn (Tarn), où il résidait la plus grande partie de l'année, il avait puisé, dans les sites pittoresques de cette belle montagne Noire au sein de laquelle il vivait, un goût passionné pour les plantes; il en avait formé un herbier assez important, et il a méme publié quelques écrits sur la botanique locale. Je citerai spécialement: 1° sa Note sur certaines plantes de l'arrondissement de Castres (in Société littér. et scient. du Tarn, 4° année, 1861, p. 444-47), où il décrit son Leucan- themum subglaucum, voisin du L. pallens J. Gay; 2° son Essai d'une géographie botanique du Tarn (ibid., 5° année, 1862 : 1"* partie, p. 317- 327 ; 2° partie, p. 403-414). Membre depuis de longues années de la Société botanique de France, il avait pris part à quelques sessions de cette Compagnie, et je crois être l'interprète de tous ceux de nos confrères qui ont eu occasion de le con- naître, en louant son aménité et son extrême obligeance: il suffisait de le voir pour étre prévenu en sa faveur. 156 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Son nom a été attaché par F. Schultz (Arch. de Flore) à un Epilo- bium que de Candolle et d'autres phytographes jont considéré comme une variété de l'E. montanum. De Martrin-Donos, aprés avoir rapporté l'Epilobium Larambergianum F. Sch. à l'E. montanum var. ramosis- simum DC., Vinscrit dans sa Florule du Tarn, p. 249, comme synonyme de l'E. montanum var. minus Wimm. et Grab. M. Rouy dit que l’ Epilobium Larambergianum F. Schultz (1858) n'est autre que l'E. carpetanum Willk. (1852), signalé seulement jusqu'ici dans la région montagneuse du Tarn, en France, et sur un seul point de la sierra de Guadarrama en Espagne. Il ajoute que cette espèce est voisine de lE. collinum Gmel. M. A. Chatin donne lecture de la lettre suivante : EXTRAITS D'UNE LETTRE DE M. L. BRISOUT DE BARNEVILLE A M. A. CHATIN. Vous trouverez ci-incluse une petite plante: Trifolium micranthumViv., que je recueille depuis plusieurs années aux friches d'Aigremont. Je l'ai aussi trouvée dans la forét de Marly. Dans votre leltre du mois de novembre, vous dites, à propos du Juncus tenuis qui se rencontre aujourd'hui dans la forêt de Saint-Germain: « Serait-il un reste de la flore obsidionale? » Je ne le crois pas. J'ai trouvé en fruit cette espèce vivace dans la localité citée, au mois d'août 1810, etles Allemands ne sont arrivés à Saint-Germain que dans le cou- rant du mois de septembre. Quant aux troupes francaises de cavalerie, il n'y en avait plus à Saint-Germain. Je n'en pense pas moins que le Juncus tenuis a été introduit dans la forét de Saint-Germain et sans doute for- tuitement. Comme vous en faites très justement la remarque, le Lobelia urens est à Aigremont dans sa station la plus septentrionale des environs de Paris. Le Daphne Laureola a été retrouvé récemment (au mois de novembre 1882) dans la forét de Saint-Germain. Ce fait est intéressant, car feu Vigineix m'avait assuré l'y avoir trouvé en 1836, et j'avais pris note de son indication; de plus, MM. Cosson et Germain, dans la 4" édition de leur Flore des environs de Paris (1845), p. 479, le signalent aussi dans la forêt de Saint-Germain, indi- cation qui n'est pas répétée [dans la 2° édition. Mais la découverte nou- SÉANCE DU 30 Mans 1883. 157 velle et récente de cette plante que je cite prouve bien l'exactitude des indications antérieures dont elle a été l'objet. | M. Chatin présente ensuite à la Société des échantillons de Crocus versicolor Gawl., recueillis en pleine floraison, le 14 mars dernier, sur le littoral prés de Nice, par M. Barla. M. C. Eg. Bertrand fait la communication suivante : LE TYPE TMÉSIPTÉRIDÉE, par M. C. Eg. BERTRAND. 1. Les Lycopodiacées à spores d'une seule espéce ont été divisées en trois familles : La famille monogénérique des Lycopodiées ; La famille monogénérique des Phylloglossées ; La famille des Tmésiptéridées, qui comprend les deux genres Tmesi- pteris et Psilotum. 2. Dans une suite de Notes à l’Académie, et dans mes Recherches sur les Tmésiptéridées (1), j'ai fait connaître ce qui est relatif à la morpho- logie et à la structure des Psilotum, ce qui est relatif à la morphologie et à la structure des Tmesipteris. Je me propose dans cette note de mon- trer comment on peut dégager de ces recherches antérieures un type d'organisation caractéristique des Tmésiptéridées actuelles, type qui doit désormais prendre place dans l'énoncé de la caractéristique familiale des Tmésiptéridées. Je montrerai ainsi que, surtout chez les Cryptogames vasculaires, la morphologie et l'anatomie doivent occuper une large place dans la caractéristique des familles naturelles. Je terminerai cette note en indiquant quelques-unes des conséquences générales auxquelles conduisent les principaux résultats de cette étude. 3. Dans une Tmésiptéridée, il y a lieu de distinguer : 1* une région souterraine ou griffe ; 2° une région aérienne. i La région souterraine est d'abord formée de rameaux gréles dichotomes, ayant la valeur morphologique de stipes simples. Chacun de ces rameaux est cylindrique, rectiligne, sans appendice. Il s'allonge antérieurement par un cône végétatif nu, d’origine exogène. Il se ramifie par dichotomie de son cône végétatif. Lorsque les deux branches d'une dichotomie sont trés inégales, la branche forte devient usurpatrice et se place dans le prolongement de la branche mère; il en résulte un système sympodique (1) Archives botaniques du nord de la France, 2° année. 158 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de branches simples. Les sympodes de stipes simples se distinguent des rameaux de la première catégorie par les points de végétation qu'ils por- tent latéralement. A ces rameaux simples succèdent des rameaux plus complexes dont la valeur morphologique est celle de cladodes à déve- loppement sympodique. Extérieurement, ces cladodes ressemblent aux rameaux grêles ; ils ne s'en distinguent que par leur cône végétatif anté- rieur, qui présente plusieurs centres de formation, et par les cônes végéta- tifs éteints qui couvrent leurs flancs. Ces derniers points de végétation sont les points d'émergence des stipes élémentaires qui entrent dans la constitution du cladode. Les cladodes sont dépourvus d'appendices, tout comme les branches simples ; ils croissent en longueur par leur cône végélatif antérieur. Le sommet végétatif des cladodes peut se bifurquer tout comme celui des rameaux simples ; il en résulte une suite de bran- ches dichotomes dont chaque terme a la valeur morphologique d'un cladode de stipesà développement sympodique ; des flanes de ces cladodes partent deci de làdes branches simples ou des sympodes de branches simples. Par suite de certaines atrophies, la ramification des cladodes souterrains donne naissance à des sympodes de cladodes souterrains, de la méme maniére que la ramification des rameaux simples donnait nais- sance à des sympodes de branches simples. Les rameaux ayant la valeur morphologique de sympodes de cladodes se reconnaissent extérieurement à leur cóne végétatif antérieur, qui présente plusieurs centres de forma- tion, et à leurs cônes végétatifs latéraux, dont certains ont plusieurs centres de formation, tandis que les autres n'en possédent qu'un seul. Il n'y a jamais d'appendices sur les rameaux de la griffe. Il n'y a jamais de point de végélation adventif endogéne ou exogéne sur les rameaux de la griffe. Les rameaux de la griffe ne sont soumis qu'à un trés faible accrois- sement intercalaire longitudinal. Les cónes végétatifs des rameaux de la griffe n'ont jamais de piléorrhize, ils sont toujours d'origne exogène et se ramifient par bifurcation. Selon le mode de vie de la Tmésiptéridée, la surface de la griffe est couverte de poils absorbants (hwmicolisme), où au contraire la partie de la surface de cette griffe qui est extérieure à la plante nourrice est lisse, imperméable à l'eau (parasitisme). 4. Lorsque la griffe va produire les rameaux aériens, on voit les cónes végétatifs de ses plus gros eladodes pointer leurs sommets vers la surface du sol. Un peu plus tard chacun de ces cônes végétatifs produit à sa péri- phérie de petits appendices distribués sans ordre apparent (1). Dès lors (1) Cette absence d'ordre apparent dans la distribution des appendices sur cette région de la plante s'explique facilement, puisque le rameau considéré a la valeur morpholo- gique d'un cladode; et chacun sait qu'au sommet d'un cladode, la distribution régulière des appendices est profondément modifiée par la régle des coalescences. y SÉANCE DU 30 Mars 1883. 159 les troncs souches de la ramification aérienne sont constitués ; chacun d'eux s'allonge par sa partie antérieure, en produisant toujours à sa péri- phérie de nouveaux appendices plus forts que les premiers formés, . et distribués sans ordre apparent; puis le cône végétatif du tronc souche de la ramification aérienne se bifurque. Plus ou moins longtemps aprés cette bifurcation, chaque région intranodale des rameaux souches est le siège d'un grand accroissement intercalaire longitudinal. Le point de végétation des rameaux souches présente, comme le sommet de tout cladode, plusieurs centres de formation. Le cône végétatif de chacune des branches de bifurcation d'un cladode aérien souche se développera comme s'est développé le cóne végétatif des cladodes souches; on pourrait répéter ainsi ce qui précéde jusqu'aux rameaux de huitième ordre pour les Psilotum. Chez les Tmesipteris, les cladodes souches ne se ramifient pas ou ne se ramifient que trés excep- tionnellement. Les diverses branches produites par la ramification des cladodes souches ont la valeur morphologique de cladodes aériens, c'est- à-dire qu'en méme temps que leur cóne végétatif présente plusieurs centres de formation, il produit à sa périphérie de petitsappendices. Plus l'ordre d'un rameau aérien est élevé, plus le sympodisme de son mode de développement s'accuse ; ceci revient à dire que les branches constituantes des derniers rameaux de la ramification aérienne tendent de plus en plus à devenir indépendantes. De là résulte, par exemple, l'indépendance des parties antérieures de la plupart des branches constituantes des cladodes aériens souches des Tmesipteris (1). — Les rameaux aériens développés se présentent sous la forme de colonnes cannelées à arétes sailla ntes portant deci delà, sur ces arétes, de petits appendices placés de champ. Ces appendices semblent distribués sans ordre apparent sur ume hélice irréguliére. Les rameaux aériens sont colorés en vert jaunâtre ; leur teinte rappelle celle du Viscum album. Leur surface est couverte de stomates chez les Psilotum, dont les appendices sont très réduits. Chaque branche simple qui émerge le long des flancs d'un cladode aérien a la valeur morphologique d'un stipe simple : elle porte deux frondes. Trés exceptionnellement une branche aérienne simple porte plus de deux frondes; ces appendices sont alors distribués par groupes de quatre, de telle maniére qu’il y ait pour chaque groupe : une fronde anté- rieure droite, une fronde postérieure gauche, une fronde antérieure gauche, une fronde postérieure droite. Je n'ai jamais rencontré plus de es de la griffe des Tmesipteris présentent une simplification iens d'indiquer en parlant des rameaux aériens de ces plantes. des Tmesipteris consistent surtout en branches simples, qui se les cônes végétatifs redressés produisent les cladodes (1) Les portions connu analogue à celle que Je v Les rameaux souterrains termiaent par des cladodes dont souches des rameaux aériens. 160 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. quatre frondes sur un méme rameau simple. Cette distribution des appen- dices des Tmésiptéridées rappelle beaucoup la distribution des appendices sur les rameaux des Sélaginelles. Il semble, dans les cas de coalescence de la face antérieure des branches simples avec la surface du cladode dont elles dépendent, que ce soient les deux frondes postérieures qui seules subsistent (1). Partout oà une branche simple aérienne vient émerger à la surface d'un cladode aérien, sa présence est indiquée par un point de végétation atrophié placé entre deux frondes contigués et la surface du cladode support. Les branches simples aériennes différent donc des branches simples souterraines par leurs appendices, par leur coloration et par leur faible développement ; de plus elles ne se ramifient pas. Il ne se forme jamais de point de végétation adventif endogéne ou exogéne sur les rameaux aériens. Les frondes des Tmésiptéridées sont toujours trés petites et mucronées. Les glandes disséminatrices ou sporanges des Tmésiptéridées se for- ment aux dépens des cônes végétatifs des branches simples qui émergent sur les flancs de leurs cladodes aériens. Les sporanges sont donc solitaires, terminaux, pluriloculaires, et aussi pauciloculaires. Ils ne produisent qu'une seule sorte de spores trés petites. Les spores des Psilotum germent sur la terre humide. Les spores des Tmesipteris germent sur le Dick- sonia antarctica. En résumé, l'appareil aérien des Tmésiptéridées est surtout un support des organes disséminateurs ; il ne semble intervenir que pour une faible part, et en l'absence de tout autre moyen, pour la préparation des réserves nutritives de la griffe. Les Tmésiptéridées sont vivaces par leurs griffes. 5. La section transversale de la région moyenne d'un rameau souter- rain de Tmésiptéridée en pleine élongation présente : 1° un massif libéro- ligneux central; 2° autour de ce massif, une gaine protectrice ; 3° entre la gaine protectrice et la surface, une couche épaisse de tissu fondamental primaire ; 4^ unc assise épidermique superficielle. — Quelle que soit la nature morphologique de la branche étudiée, la structure de la gaine protectrice, celle du tissu fondamental et celle de l'épiderme sont inva- riables. Dans les rameaux souterrains ayant la valeur morphologique de stipes simples, le massif libéro-ligneux représente un faisceau bicentre légère- ment elliptique. Les deux centres de développement de ce faisceau, ou les points d'apparition de ses premiéres trachées, sont diamétralement (1) Dans le cas spécial des branches fructifères des Tmesipteris, il semble cependant que ces branches, qui ont la valeur morphologique de stipes simples, ne portent que leurs deux premières frondes les plus inférieures. SÉANCE DU 30 Mars 1883. 161 opposés, rapprochés du bord du faisceau, sans toucher cependant la gaine protectrice. La différenciation des éléments ligneux a progressé dans ce faisceau de chacun de ses centres de développement vers son centre de figure. Les deux lames ligneuses convergentes se sont rencontrées à ce centre de figure. La région moyenne de la bande ligneuse unique du. faisceau développé est occupée par des vaisseaux scalariformes très étroits. La bande ligneuse du faisceau est séparée de la gaine protectrice par une couche de liber, dont les cellules grillagées, mêlées de fibres primitives, forment deux masses plus épaisses sur chacune des faces de la bande ligneuse, conformément à la régle de position libéro-ligneuse. Cette structure des stipes simples souterrains des Tmésiptéridées est des plus importantes à connaitre, car elle représente dans la nature actuelle le type le plus simple de la structure des STIPES, structure qui n'est trou- blée ici, ni par l'émission d'appendices, ni par l'insertion de racines. Cette structure est en effet celle desstipes à un seul faisceau. On a certainement remarqué, en lisant la description du massif libéro-ligneux des branches simples souterraines des Tmésiptéridées, que la structure de ce massif reproduit la structure du faisceau des racines à faisceau bicentre, telle qu'on la définit ordinairement, alors que cette méme structure ne répond nullement à la définition ordinaire du massif libéro-ligneux des tiges. Or, si l'on n'admet que deux catégories d'axes, les racines et les tiges, on ne sait où ranger les branches simples souterraines des Tmésiptéridées. Ce ne sont pas des tiges, la structure de leur massif libéro-ligneux s'y oppose. Ce ne sont pas des racines ; car : 1° elles sont recouvertes d'épiderme; 2° leur tissu fondamental est primaire ; 3° elles se ramifient par dichotomie ; 4* elles sont dépourvues de piléorhize ; 5" elles sont d'origine exogéne. Force est donc d'admettre la catégorie d'axes que je désigne sous le nom de stipes, en définissant les stipes comme je les ai définis dans mon mémoire sur les Définitions des membres des plantes vasculaires. Alors les branches simples souterraines des Tmésiptéridées représentent les stipes les plus simples qu'on puisse imaginer, peut-êlre aussi les stipes les plus primitifs. Dans les rameaux souterrains ayant la valeur morphologique de cla- dodes, il y a lieu de distinguer trois types principaux de structure du massif libéro-ligneux central, selon que : 1° les branches constituantes du cladode ont leurs axes de figure dans le méme plan et sont fortement coalescentes ; 2° les branches constituantes du cladode ont leurs axes de figure dans le méme plan et sont faiblement coalescentes ; 3° les bran- ches constituantes du cladode n'ont pas leurs axes de figure dans le inéme plan. — Dans les cladodes de la première série, la structure du massif libéro-ligneux est presque identiquement celle du faisceau bicentre des branches simples ; elle n’en diffère que par une moindre régularité dans T. XXX. (SÉANCES) 11 162 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. la disposition des vaisseaux scalariformes, et par la présence de quelques fibres primitives à parois minces au milieu de la bande ligneuse. Ges caractères sont trop peu importants pour permettre de reconnaître la nature morphologique du rameau par l’examen d’une seule de ses sections transversales. Il faut alors, pour faire. cette détermination, recourir à l'examen direct du point de végétation du rameau. — Dans les cladodes de la seconde catégorie, l'ellipse que figure la section transversale de la masse libéro-ligneuse centrale s'aplatit beaucoup. Le bois y forme plu- sieurs ilots distincts disposés en ligne droite le long du grand axe de l'ellipse. Les masses ligneuses extrémes sont cunéiformes avec trachées initiales extérieures ; les intermédiaires sont dépourvues de trachées, tant que le massif libéro-ligneux n'est pas profondément lobé. Les trachées initiales des masses ligneuses extrémes se sont différenciées avant tous les autres éléments ligneux, puis la différenciation a marché pour chacune de ces masses ligneuses de sa trachée initiale vers le centre de figure du massif tout entier. Pendant que se fait cette différenciation des masses ligneuses extrêmes, les premiers éléments des îlots ligneux intermédiaires se différencient successivement, puis pour chacun de ces îlots la différen- ciation ligneuse progresse des premiers éléments caractérisés vers les trachées initiales du massif tout entier. Cette structure singulière du massif libéro-ligneux des cladodes de la deuxième série est inexplicable si l'on n'admet : 1° la définition des stipes ; 2° les lois du faisceau, et 3° la règle des añastomoses. — Dans les cladodes de la troisième catégorie, la section transversale du massif libéro-ligneux est presque circulaire. Le bois et le liber sont distribués dans ce massif comme dans un faisceau polycentre irrégulier. On y voit, en effet, un certain nombre de bandes ligneuses cunéiformes convergentes à trachées initiales extérieures. Ces lames ligneuses sont inégalement distantes les unes des autres. Deux trachées initiales se différencient avant toutes les autres ; les autres se diffé- rencient successivement. La différenciation des éléments dans chaque lame ligneuse progresse de la trachée initiale vers le centre de figure du massif tout entier. Les ilots de cellules grillagées alternentavec les bandes ligneuses convergentes. Lorsque la coalescence des branches constituantes n'est pas trés accusée, le centre du faisceau est occupé par des fibres primitives à parois minces. Le point de végétation des rameaux simples est formé d'une lame der- matogéne ne présentant qu'une cellule apicale fort petite, que rien wau- torise à regarder comme une cellule initiale de ce tissu. Ce dermatogène recouvre une masse de méristéme primitif dont l'axe est occupé par une file de cellules placées bout à bout. — Le point de végétation des cladodes souterrains est également formé d’une lame dermatogène recouvrant une masse de méristème primitif; mais tandis que dans les cladodes'de la SÉANCE DU 930 Mans 1883. 163 première et de la seconde catégorie le dermatogène présente plusieurs cellules apicales disposées en ligne droite, dans les cladodes de la troi- sième catégorie le dermatogène présente plusieurs cellules apicales non disposées en ligne droite. Le méristème primitif des cladodes présente autant de files cellulaires axiales qu'il y a de cellules apicales sur le derma- togène qui les recouvre ; chaque cellule apicale du dermatogène corres- pond à une file de cellules axiales du méristème primitif sous-jacent. Le dermatogéne se poursuit postérieurement avec l'épiderme. Le méristème primitif se différencie postérieurement en tissu fondamental primaire et en massif libéro-ligneux. La structure des régions d'insertion de chacune des catégories précé- dentes de cladodes est plus simple que la structure que j'ai fait connaitre ci-dessus pour leur région moyenne. Tant que l'état du cône végétatif demeure invariäble, la structure de la région moyenne se répète dans les parties nouvellement formées sans modification. Dans les régions de bifurcation, le faisceau des branches simples se partage en deux dans son plan principal ; un peu plus loin, chacune de ses moitiés se complete et forme un faisceau bicentre. Le massif libéro- ligneux des cladodes de la première série se divise, dans les régions de bifurcation, comme un faisceau bicentre ; mais ordinairement, en méme temps que le massif tout entier se bifurque, les masses ligneuses de chacune de ces moitiés se partagent en deux lobes. Lorsqu'il y a bifurca- tion dans les cladodes de la deuxiéme série, la masse libéro-ligneuse s'étrangle perpendiculairement à son grand diamètre entre deux ilots ligneux, puis les deux lobes s'isolent. Les deux flots de bois entre lesquels s'est faite la bifurcation du massif présentent alors des trachées sur la face qui regarde le pincement. Lorsqu'il y a bifurcation dans un cladode de la troisième série, sa masse libéro-ligneuse s'étrangle et les deux lobes pro- duits s'isolent. Chaque lobe contient plusieurs lames ligneuses conver- gentes séparées les unes des autres par des amas de cellules grillagées. Il résulte de cette description sommaire des régions de bifurcation des. rameaux souterrains des Tmésiptéridées, que, dans ces régions, les rameaux souterrains présentent deux massifs libéro-ligneux dont la struc- ture est déterminée par la nature morphologique des branches auxquelles. donne naissance la bifurcation du rameau considéré. 6. Lorsque les rameaux aériens des Tmésiptéridées ne portent que des- frondes trés gréles, ces frondes sont dépourvues de faisceau, et alors la structure des rameaux aériens est la méme que celle des rameaux sou- terrains de méme valeur morphologique, à cela près : 1° que les cellules. épidermiques du rameau aérien sont fortement cuticularisées et toujours lisses ; 2 que l'épiderme des rameaux aériens porte des stomates ; 3° que le tissu fondamental primaire est différencié dans les rameaux aériens en 464 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. deux ou trois zones, une zone herbacée superficielle criblée de méats, une zone moyenne scléreuse formant gaîne mécanique, une zone profonde d'éléments à parois minces. Comme la plupart des rameaux aériens des Tmésiptéridées ont la valeur morphologique de cladodes de la troisième série, c’est-à-dire de cladodes dont les axes de figure des branches consti- tuantes ne sont pas dans le même plan, le massif libéro-ligneux de ces cladodes figure un faisceau polycentre irrégulier. Très ordinairement les fibres primitives qui occupent le centre de ce massif libéro-ligneux sont sclérifiées. Lorsque les rameaux aériens des Tmésiptéridées portent des frondes plus grandes, les rameaux ont la même structure que ci-dessus, à cela près qu’il se détache, de distance en distance, des lames trachéennes de leur massif libéro-ligneux central, des cordons libéro-ligneux grêles. Ces cordons se rendent dans les frondes; ils ont la structure de faisceaux indéterminés, c’est-à-dire que leurs trachées initiales occupent le centre de figure du massif tout entier. 1. Les frondes des Tmésiptéridées sont formées d’une lame épider- mique dont les cellules conslituantes ont leurs parois externes très forte- ment cuticularisées et trés fortement épaissies. Cette lame épidermique recouvre une masse de tissu fondamental primaire. Lorsque les frondes sont de trés petites dimensions, elles sont dépourvues de faisceau. Lors- que les frondes sont plus grandes, chaque fronde recoit un seul massif libéro-ligneux indéterminé trés gréle. 8. La paroi dela capsule du sporange des Tmésiptéridées présente à sa maturité une couche épidermique externe de grandes cellules solides élastiques. Cette assise est tapissée intérieurement par deux ou trois rangs de petites cellules à parois minces. On a vu que ces sporanges pluri-loculaires ne produisaient qu'une sorte de spores. 9. Lastructure anatomique des Tmésiptéridées offre un remarquable exemple de la concordance parfaite qui existe d'ordinaire entre les parti- cularités de la structure des étres et certaines particularités de leur mode de vie. Les vaisseaux scalariformes si gréles (1) des Tmésiptéridées indi- quent que le courant d'eau qui traverse l'appareil aquifère de ces plantes est trés faible; en d'autres termes, que daus leurs conditions ordinaires de végétation ces plantes n'ont à leur disposition qu'une quantité d'eau limitée. Cette conclusion s'accorde avec les remarques suivantes : 4° les ap- pendices des Tmésiptéridées sont petits ou nuls ; 2* la fasciation de leurs rameaux aériens est poussée à un trés haut degré qui réduit la surface aérienne de ces plantes presque aux seuls supports des organes dissémi- (1) Le trés petit calibre des vaisseaux des Tmésiptéridées est un caractère très parti- culier de ces étres, tout à fait exceptionnel chez les Cryptogames vasculaires; on ne retrouve ce caractère que chez les Ophioglossées, où il s'allie à d'autres caractères très particuliers, SÉANCE DU 90 Mans 1883. 165 nateurs ; 3° les massifs libéro-ligneux sont gréles, condensés dans l'axe des rameaux ; 4 les couches cuticulaires des cellules épidermiques des organes aériens sont trés développées, et les parois externes de ces cellules pré- sentent sur leur face profonde des épaississements spéciaux comparables à ceux du Viscum album ; 5° les Tmésiptéridées sont dépourvues de racines. Les fonctions ordinaires des racines sont accomplies chez ces êtres par des rameaux souterrains ayant la valeur morphologique de stipes ou de cladodes de stipes (1). Les fonctions ordinaires des racines sont par cela méme aussi réduites que possible. L'ensemble de ces remarques conduit à regarder les Tmésiptéridées comme des plantes xérophiles voisines des plantes grasses. Du reste, comme beaucoup de plantes grasses, certaines d'entre elles se trouvent trés bien d'une alimentation substantielle (2). — Par suite de la réduction considérable de la surface aérienne des Tmési- ptéridées, la fonction chlorophyllienne y est nécessairement réduite. Cette fonction est encore limitée par ce fait que les parties aériennes de la plante n'ont qu'une durée limitée. Si donc la fonction chlorophyllienne, quand elle s'accomplit, permet à la plante d'assurer la production de ses réserves nutritives et la réparation de ces réserves, cette fonction ne semble pas indispensable, ni suffisante dans tous les cas; on connait de nombreux exemples de végétation de Tmésiptéridées sans partie verte, alors que les réserves nutritives antérieurement accumulées sont mani- festement insuffisantes pour expliquer par leur seule consommation l'édi- fication des nouvelles branches souterraines produites. Il y a donc chez les Tmésiptéridées une alimentation directe par la griffe. Là où la griffe est couverte de poils absorbants, l'absorption se fait par ces organes dans le sol ou aux dépens des racines auxquelles la Tmésiptéridée est inti- mement accolée (Pandanus, Aspidistra). Là où la région connue de la griffe est imperméable, et où en méme temps la fasciation est la moins accentuée et où les appendices sont le plus développés, force est d'admettre que la Tmésiptéridée vit aux dépens d'une plante nourrice. Ce mode de vie parasite ou humicole des Tmésiptéridées entraine pour la structure de ces étres certaines dégradations ,comme la réduction de leurs massifs libéro-ligneux, le rapprochement de ces massifs de l'axe de figure des rameaux, etc.; mais on ne doit pas oublier que dans le cas actuel, à côté de la dégradation imprimée aux organes végétatifs par le mode de (1) Les Tmésiptéridées présentent donc un remarquable exemple de substitution phy- siologique. En l'absence de racines, certains de leurs rameaux jouent le róle de racines. Cette substitution physiologique est d'autant plus intéressante, qu'au premier abord la structure du massif libéro-ligneux est sensiblement la méme dans les rameaux souter- rains des Tmésiptéridées et dans les racines ordinaires. . (2) Trés fréquemment dans le Nord, on arrose les plantes grasses avec de la bière. J'ai remarqué que les plantes traitées de la sorte poussaient beaucoup mieux et fleuris- saient plus abondamment et plus fréquemment. 166 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. vie, il y a une simplicité première d'organisation dont il faut tenir grand compte. Les principaux produits d'excrétion des Tmésiptéridées sont de l'aspa- ragine et de la cellulose; à la longue cette cellulose se gommifie et subit un commencement d'humification. Les Tmésiptéridées, comme les autres Cryptogames vasculaires, ne contiennent pas de cristaux d'oxalate de chaux. Cette absence de cristaux d'oxalate de chaux chez les Cryptogames vasculaires est une différence physiologique trés remarquable entre elles et les Phanérogames. Je me permets de signaler de nouveau ici cette différence dans l'espoir de provoquer de nouvelles recherches sur ce Sujet. 10. Conclusions. — Il me semble ressortir de cette note quelques con- séquences générales que je résumerai comme il suit : 1» La structure des stipes simples des Tmésiptéridées ne satisfait pas à la définition ordinaire de la structure des tiges. 2» La structure des cladodes de stipes des Tmésiptéridées ne satisfait pas davantage à la définition ordinaire de là structure des tiges, ni à celle des cladodes de tiges. 3° La structure des stipes simples et celle des cladodes de stipes des Tmésiptéridées ne satisfont pas à la définition ordinaire de la structure des racines ; ou bien si l'on essaye d'assimiler cette structure à celle des racines modifiées, on est conduit à admettre que les rameaux aériens des Tmési- ptéridées sont des racines pourvues d'organes appendiculaires. 4° Of est ainsi conduit à accepter la définition que j'ai donnée de la structure des stipes dans mon mémoire sur les Définitions des membres des plantes vasculaires. 5° La structure des stipes simples des Tmésiptéridées est celle des stipes à un seul faisceau. 6° Cette structure est la plus simple qu'on puisse imaginer pour les stipes définis, comme il est dit loc. cit., et pour leur fasciation. Cette structure si simple est importante à connaitre, parce que plusieurs Crypto- games vasculaires actuelles la présentent encore dans leurs jeunes stipes, ce qui semble indiquer que les Tmésiptéridées sont peut-étre des plantes trés primitives et trés anciennes. T^ La simplicité de structure des Tmésiptéridées n'est pas seulement le résultat de la dégradation due à leur mode de vie particulier. Nulle part, en effet, dans l'histoire de ces êtres, on ne trouve de caractère permettant de supposer que par quelque cóté ces étres soient plus élevés en organi- salion que ne l'indique la simplicité de leur appareil végétatif, comme il arrive pour les Hyménophyllées filiformes, pour les Gleichéniées, pour les Lygodium. SÉANCE DU 13 AVRIL 1883. 167 M. Mangin demande à M. Bertrand comment est constitué le point végétatif des Tmesipteris. M. Bertrand fournit à ce sujet quelques explications. SÉANCE DU 13 AVRIL 1883. PRÉSIDENCE DE M. BUREAU, M. G. Bonnier, secrétaire, donne lecture de la séance du 30 mars, dont la rédaction est adoptée. M. le Président, par suite des présentations faites dans la dernière séance, proclame membres de la Société : MM. Cocnraux (Alfred), professeur de sciences naturelles à l'École normale de l’État, à Jodoigne (Belgique), présenté par MM. Bescherelle et Fournier ; RAUWENHOFF, professeur de botanique à l'université d'U- trecht (Pays-Bas), présenté par MM. Bureau et Poisson ; DóuLior, professeur de sciences naturelles au lycée de Nancy ; LEcLERC (Auguste), directeur du laboratoire de chimie végétale. de la Compagnie générale des voitures, rue du Ruisseau, 94, à Paris; RoDIER, agrégé des sciences naturelles, professeur au lycée de Bordeaux ; fesseur au lycée de Toulouse ; LECLERC DU SABLON, agrégé des sciences naturelles, pro- Ces quatre derniers présentés par MM. Gaston Bonnier et L. Mangin. M. Mangin fait à la Société la communication suivante : NOTE SUR LA VIE DES CHAMPIGNONS DANS L'AIR CONFINÉ, par MM. Gaston BONNIER et L. MANGIN. Dans une série de recherches que nous avons entreprises sur la physio- logie des Champignons,et dont nous avons communiqué les résultats 168 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. eénéraux à l'Académie des sciences (1), nous avons eu à étudier la res- piration, c'est-à-dire l'absorption d'oxygène et le dégagement d'acide carbonique. On peut examiner ce phénoméne en employant deux méthodes diffé- rentes. Dans la première, on place les végétaux soumis à l’expérience dans une atmosphère limitée, et, au bout d'un certain temps, on analyse les gaz qu'elle renferme. Dans l'autre méthode, les Champignons sont placés dans un espace où l'air est sans cesse renouvelé. Lorsqu'on emploie la premiére de ces deux méthodes, il existe des causes d'erreur trés importantes qu'il faut savoir éviter, et qu'il est, par conséquent, nécessaire d'étudier au préalable. C'est sur ce point parti- culier que nous nous proposons d'attirer aujourd'hui l'attention de la Société. Quand on place des Champignons avec leur substratum dans une atmo- sphére confinée, et qu'on joint à l'appareil un manométre qui indique à chaque instant les variations de volume de la masse gazeuse (mesurée à la méme pression), on voit que le volume de l'atmosphére diminue d'abord pendant un temps plus ou moins long; cequi prouve que la plante absorbe plus de gaz qu'elle n'en dégage. Celte diminution de volume peut égaler un dixiéme du volume total. Si, pendant cette première période, où la diminution de volume se fait réguliérement, on fait à un moment quelconque l'analyse des gaz contenus dans l'appareil, on trouve que le rapport du volume d'acide carbonique émis au volume d’oxygène absorbé reste constant. Il reste toujours une proportion notable d'oxygène. Supposons mäintenant l'expérience continuée, on s'apercoit que le volume de l'atmosphére confinée diminue moins rapidement, puis cesse de diminuer et commence à augmenter lentement. Dans cette période de transition, l'analyse des gaz montre qu'il existe encore une trés faible pro- portion d'oxygéne dans l'atmosphére. Si l'on prolonge encore la durée du séjour des végétaux dans l'atmo- sphére confinée, on voit le mercure monter réguliérement pendant des jours successifs, jusqu'à la mort de la plante; on entre alors dans une troisiéme période caractérisée parce que le volume de l'atmosphére con- finée augmente graduellement et devient plus grand que le volume initial. Pendant cette troisiéme période, on peut constater que toute trace d'oxy- gene a bientót disparu, tandis que la proportion d'acide carbonique aug- mente indéfiniment. A ce moment, on n'a plus affaire à la respiration, mais à une sorte de résistance à l'asphyxie par une fermentation propre (1) Recherches physiologiques sur les Champignons, par M. G. Bonnier et L. Mangin (Comptes rendus, 9 avril 1883). -SÉANCE DU 13 avrit 1883. 169 des sucres renfermés dans les tissus (1). Chez les Champignons à mannite, il s'y joint, comme l'a montré M. Müntz, un dégagement d'hydrogène ; mais ce dégagement n’a jamais lieu tant qu’il y a encore trace notable d'oxygène dans l'atmosphére. On voit par ce qui précède, que pour étudier la respiration par cette méthode, il faut que la durée de l'expérience soit inférieure à celle de la premiére période, celle de la respiration normale. Aucune expérience ne doit être assez prolongée pour empiéter sur la seconde ou la troisième période. Or, comme la fin de la premiére période est d'autant plus rapidement atteinte que la température est plus élevée, si l'on soumet pendant des durées égales les mémes végétaux à des expériences faites à deux tempé- ratures différentes, on pourra trouver, par exemple, que le rapport de l'acide carbonique émis à l'oxygéne absorbé est plus grand que 1 à la tem- pérature élevée et plus petit que 1 à une basse température, alors qu'en réalité ce rapport ne change pas sensiblement avec la température. Cela tiendrait à ce que, pour l'expérience à la température la plus haute, la période de respiration normale a été dépassée. M. Ph. Van Tieghem fait à la Société la communication suivante : SUR QUELQUES POINTS DE L'ANATOMIE DES CRYPTOGAMES VASCULAIRES, par M. Ph. VAN TIEGHEM. Plusieurs points de l'anatomie des Cryptogames vasculaires m'ont paru mériter de nouvelles recherches. Je me bornerai aujourd'hui à en signaler deux, en appelant l'attention de la Société d'abord sur les tissus secon- daires qui peuvent se développer dans la tige, les racines et les feuilles de ces plantes, ensuite sur les anomalies qui existent chez plusieurs d'entre elles dans la structure primaire de la racine. § I. — TISSUS SECONDAIRES. Comme ceux des Phanérogames, les tissus secondaires des Cryptogames vasculaires procédent normalement de deux assises génératrices concen- triques : l'externe dans l'écorce, formant du liége en dehors et del écorce secondaire en dedans ; l'interne dans le cylindre central, intercalée au liber et au bois des faisceaux libéro-ligneux primaires, produisant du liber secondaire en dehors et du bois secondaire en dedans. Chez quelques- (1) C'est le phénomene étudié par MM. Lechartier et Bellamy. 470 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. unes de ces plantes, il se forme dans le péricycle, en dehors des faisceaux libéro-ligneux, une assise génératrice qui produit vers l'extérieur de l'écorce secondaire, et vers l'intérieur à la fois du liber et du bois secon- daires : d’où une anomalie, semblable à celle que présentent, parmi les Phanérogames, les Dracénées, Nyctaginées, etc. Enfin, il s'y constitue quelquefois, à la périphérie de la moelle, en dedans des faisceaux libéro- ligneux, une assise génératrice produisant un méristéme dont la différen- ciation, encore inconnue jusqu'ici, semble devoir conduire à l'anomalie dont le Tecoma offre la complète réalisation chez les Phanérogames. Étudions séparément ces quatre assises génératrices. 1. Assise génératrice normale subéro-corticale. — L'assise génératrice normale subéro-corticale peut se développer dans la tige (Botrychium, Helminthostachys), dans la racine (Botrychium, Helminthostachys, Angiopteris, Marattia), et dans la feuille (Botrychium, Angiopteris, Marattia). Dans la tige des Botrychium (B. rutaceum, virginicum, ternatum, daucifolium,\ete.), c'est l'épiderme qui devient la première assise géné- ratrice subéro-corticale. Par une série de cloisonnements tangentiels, il donne en effet naissance, en dehors à ime couche de liége à parois minces et brunes, en dedans à une ou quelques assises de parenchyme cortical secondaire. Plus tard il se fait dans l’écorce, à quelque distance au-dessous de la premiére, une nouvelle assise génératrice qui se comporte de la méme maniére ; mais cette seconde assise n'est pas contenue et circulaire comme la premiére ; elle ne se forme que par endroits, et les plaques de liège qu'elle produit recourbent leurs bords vers l'extérieur de manière à se raccorder cà et là avec le liège périphérique (Botrychium daucifolium, ternatum, etc.). Il s'exfolie de la sorte un rhytidome écailleux, comme dans beaucoup de Dicotylédones. Plus tard encore, il peut se faire, dans la zone interne de l'écorce, contre l'endoderme, une nouvelle série de plaques de liège fortement concaves en dehors, se raccordant cà et là avec les plaques de la seconde série et exfoliant de nouvelles écailles de rhytidome (B. ternatum). Ce liége profond peut intéresser l'endoderme, ou méme le traverser en se formant aux dépens du péricycle et en exfo- liant l'endoderme avec le reste de l'écorce (B. ternatum). Quelquefois le liège profond succède directement au liège périphérique, et les écailles du rhytidome ont du premier coup toute l'épaisseur de l'écorce (B. Lunaria). La tige de l'Helminthostachys zeylanica produit du liège comme celle des Botrychium. Je n’en ai pas observé dans la tige des Ophioglossum (1). A M. Russow a déjà signalé en 1872 l'existence du liège dans la tige du Botry- chium, SÉANCE DU 13 AVRIL 1883. 471 Dans la racine des Botrychium (B. rutaceum, ternatum, matricariæ- folium, daucifolium, etc.) et de l'Helminthostachys, il se fait une couche “continue de liège périphérique, qui prend naissance tantôt dans l'assise externe dont les cellules ne se prolongent pas en poils, mais cutinisent fortement leur paroi extérieure, tantôt dans la seconde assise, tantôt à la fois dans les deux rangées ; je n’y ai pas observé de formation ultérieure de liège profond avec exfoliation de rhytidome. La racine des Ophioglos- sum parait ne pas produire de liége; mais en revanche les cellules de l'assise externe, qui ne se prolongent pas non plus en poils, épaississent beaucoup, brunissent et cutinisent fortement leur membrane sur la face externe ; dans l'O. palmatum, cet épaississement va jusqu'à supprimer presque complétement la cavité cellulaire. C'est également dans la rangée de cellules située au-dessous de l'assise pilifére que la couche de liége prend naissance dans la racine des Marattia- cées, comme je l'ai fait voir il y a longtemps (1). J'ajouterai seulement que dans les grosses racines d'Angiopteris, il se fait, outre le liége, une couche assez épaisse d'écorce secondaire. En ce qui concerne la feuille, je me bornerai à dire que la couche de liége de la tige se prolonge sur la base des pétioles dans les Botrychium, et à rappeler les observatious récentes de M. Potonié sur les pétioles des Angiopteris et des Marattia (2). Sur toute leur surface, ces pétioles portent des stomates disposés par groupes allongés. Au-dessous de chacun de ces groupes, les cellules sous-épidermiques de la feuille subissent une série de cloisonnements tangentiels et. produisent de dehors en dedans une lame de liége compacte à parois brunes. Chaque plaque de liége ainsi formée est un peu concave et se raecorde latéralement avec l'épiderme. En un mot, il se forme sous chaque groupe de stomates une lenticelle, et la production de lenticelles dans les feuilles de ces plantes, déjà signalée en 1875 par M. Costerus, suffit à démontrer la faculté qu'ont ces organes d'engendrer des tissus secondaires. 9. Assise génératrice normale libéro-ligneuse. — M. Russow a montré en 1872 que la tige âgée du Botrychium rutaceum possède, entre le liber et le bois de ses faisceaux primaires, une assise génératrice produi- sant une couche, peu épaisse, il est vrai, de liber secondaire en dehors, de bois secondaire en dedans (3). Cette observation était d’une grande impor- 1) Ph. Van Tieghem, Mémoire sur la racine (Ann. des sc. nat. 5° série, t. XIII, . 10, 1871). ` P (2) Potonié, Anatomie der Lenticellen der Marattiaceen (Jahrb. des k. bot. Gartens in Berlin, I, 1881). . . . , (3) Russow, Vergleichende Untersuchungen (Mémoires de l'Académie de Saint-Péters- bourg, t. XIX, 1872). 172 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tance, puisqu'elle prouvait qu'une Cryptogame vasculaire peut épaissir sa tige par le même procédé qu'une Gymnosperme ou une Dicotylédone ; elle ne parait pas cependant avoir fixé l'attention autant qu'elle le méritait (1). Pen ai vérifié l'exactitude, non seulement sur le B. rutaceum, mais sur plusieurs autres espéces (B. Lunaria, virginicum, ternatum, etc.), ainsi que sur l'Helminthostachys zeylanica. Dans les Botrychium, en méme temps que des vaisseaux ponctués et réticulés, il se fait des rayons unisé- riés qui partagent le bois secondaire en compartiments. Dans lHel- minthostachys, il se forme aussi des cellules ligneuses, mais elles sont mélangées sans ordre aux vaisseaux, ce qui donne au bois un aspect tout différent. Dans les Ophioglossum, les faisceaux primaires, qui sont, comme on sait, isolés et non pas confondus latéralement en un anneau continu, comme chez les Botrychium et Helminthostachys, ne sont le siége d'aucune production de tissus secondaires. On a icil'exemple instructif de deux genres voisins dont l'un engendre des tissus secondaires, tandis que l'autre n'en produit pas. Le bois primaire étant centrifuge dans les Ophioglossées, le bois secon- daire ne fait, pour ainsi dire, qu'en continuer le développement; les pre- miers vaisseaux secondaires se superposent directement aux derniers vaisseaux primaires, et la limite des deux formations est difficile à fixer exactement. Sous ce rapport, les choses s'y passent absolument comme chez les Gymnospermes ou les Dicotylédones. Il n'en est pas de méme dans les Cryptogames vasculaires, où le bois primaire de la tige est centripète, comme chez les Lycopodinées : là les deux formations ligneuses inverses Sont trés nettement séparées. Il est vrai que chez aucune Lycopodinée vivante on n'a observé jusqu'ici de formation de bois et de liber secon- daires par le moyen de l'assise génératrice normale. La plupart ne produi- sent méme de bois et de liber secondaires d'aucune maniére (Lycopo- dium, Phylloglossum, Tmesipteris, Psilotum, Selaginella); d'autres en forment, comme il sera dit tout à l'heure, à l'aide d'une assise anomale (Isoetes). Mais il en était autrement chez certains genres aujourd'hui dis- parus, notamment dans les Sphenophyllum et les Sigillaria. ~ (1) Dans son traité classique d'anatomie comparée (Vergleichende Anatomie der Ve- getationsorgane, Leipzig, 1877), M. de Bary n'en fait pas mention, et dit méme formel- lement que, parmi les Cryptogames vasculaires actuellement vivantes, on ne rencontre d'épaississement par formation de bois et de liber secondaires aux dépens d'une assise génératrice que chez les seuls /soetes (p. 641). Plus récemment encore, dans son Cours de botanique fossile de 1882, M. Renault allait méme jusqu'à nier l'existence d'une zone génératrice libéro-ligneuse chez les Cryptogames vasculaires. « Pour qu'un Lepidoden- dron, dit-il (loc. cit. p. 150), pùt devenir une Sigillaire, il faudrait attribuer aux Cryp- togames de l'époque carbonifère une zone génératrice fonctionnant plus ou moins activement, mais d'une manière permanente, à la manière du cambium de la grande majorité des plantes phanérogames; aucune observation faite chez les Cryptogames actuelles ne justifie cette hypothése. » SÉANCE DU 13 AvRiIL 1888. 173 Je dois à l'obligeance de M. Renault d'avoir pu examiner plusieurs des belles préparations silicifiées de tiges et de feuilles de Sphenophyllum qui ont servi de base au mémoire qu'il a publié sur ces plantes en 1873 (1) et qu'il a complété en 1882 (2). Mais l'étude que j'en ai faite m'a conduit à une maniére de voir trés différente de celle qui a été adoptée par ce savant. La tige du Sphenophyllum quadrifidum, par exemple, dont les feuilles quadrifides sont verticillées par six, a son cylindre central formé par six faisceaux libéro-ligneux rapprochés deux par deux à sa périphérie. Les bois centripétes de ces six faisceaux confluent d'abord deux à deux, puis tous ensemble jusqu'au centre, en un prisme triangulaire plein à faces légèrement concaves ; les arêtes de ce prisme, occupées par les vaisseaux les plus étroits et les premiers formés, sont donc creusées d'une petite gouttiére, et chaque bord de la gouttiére envoie un faisceau dans une feuille. Entre ce prisme ligneux centripéte et la mince couche libérienne qui l'entoure, il se constitue de bonne heure une couche libéro-ligneuse continue qu'on doit regarder comme secondaire. Le bois secondaire com- mence en trois points de la périphérie, en dehors des arétes du prisme, par des vaisseaux étroits, puis se continue de chaque cóté sur les faces concaves par des vaisseaux de plus en plus larges, qui se rejoignent au milieu; tous ces vaisseaux sont ponctués aréolés, comme ceux de la région centrale du bois primaire. A ce premier rang de vaisseaux secon- daires s'en ajoutent plus tard de nouveaux en dehors des anciens, de sorte que la couche ligneuse va s'épaississant peu à peu, en même temps que son contour, de triangulaire qu'il était d'abord, devient circulaire : le développement du bois secondaire est centrifuge. Le liber secondaire parait renfermer des canaux sécréteurs. La tige des Sphenophyllum épaissit donc son cylindre central par une assise génératrice interposée au liber et au bois primaires, comme celle des Botrychium et de l'Helminthostachys. Il y a seulement cette diffé- rence, qu'ici le bois primaire est centripète, tandis que, dans les deux genres précédents, il est centrifuge. La nature de cette couche libéro- ligneuse secondaire a été entiérement méconnue par M. Renault, tout aussi bien dans son cours de 1882 que dans son mémoire de 1873. Considérons maintenant la feuille de ce méme Sphenophyllum. Le faisceau foliaire, qui se bifurque dans l'écorce pour entrer dans la feuille, emprunte ses éléments ligneux à la fois au bois primaire sur l'aréte du prisme et au bois secondaire sur la couche des vaisseaux étroits qui recouvre cette arête. Aussi possède-t-il deux régions ligneuses : l'une (1) Renault, Recherches sur l'organisation des Sphenophyllum (Ann. des sc. nat. 5e série, t. XVIII, 1873). | (2) Renault, Cours de botanique fossile, t. 1I, 1882. 174 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. occupant le bord supérieur, primaire et centripéte, en forme de triangle tourné la pointe en bas; l'autre moins développée, secondaire et centri- fuge, étalée transversalement entre la pointe du triangle et le liber infé- rieur. L'existence de ce double bois des faisceaux foliaires a échappé à M. Renault. Passons maintenant aux Sigillaires. La structure bien connue de leurs tiges et de leurs feuilles est précisément celle que je viens de décrire dans les Sphenophyllum. En effet, dans les Sigillaria vascularis et pulcher- rima, les bois centripétes des faisceaux libéro-ligneux primaires confluent latéralement et en dedans jusqu'au centre en un massif vasculaire plein, et ce massif ne tarde pas à étre entouré d'une couche libéro-ligneuse secondaire de plus en plus épaisse. Il en est de méme dansle S. Diploxylon, à cette différence prés que les coins de bois primaire, toujours confluents latéralement, ne se rejoignent pas au centre et forment tous ensemble un cylindre creux entourant une moelle. Il en est de méme encore dans les S. elegans et spinulosa; seulement lés faisceaux de bois primaire, dilatés. en forme d'éventail, demeurent indépendants et sont disposés isolément à la périphérie d’une large moelle. Ces différences de condensation dans le bois des faisceaux primaires s'observent fréquemment, comme on sait, non seulement entre tiges d'espéces voisines, mais aussi dans les diverses régions d'une seule et méme tige, suivant l’âge et le milieu; elles sont. sans importance. Quant à la feuille des Sigillaires, elle tire ses éléments ligneux à la fois. des coins du bois primaire et du bord interne des faisceaux du bois secondaire superposés. Aussi le faisceau libéro-ligneux de la nervure a-t-il sa région ligneuse formée de deux parties : l'une triangulaire et centripéte en dessus ; l'autre étalée transversalement et centrifuge en dessous, entre le sommet de la première et l'arc libérien. En résumé, la. tige et la feuille des Sigillaria et des genres voisins, Sigillariopsis, Poroxylon, etc., est essentiellement la méme que celle de la tige et de la feuille des Sphenophyllum. On voit donc qu'il n'existe aucun motif tiré de la structure de la tige et de la feuille pour éloigner les Sigillariées des Sphenophyllum. Et comme les Sphenophyllum sont certainement des Cryptogames vasculaires hété- rosporées, il faut bien en conclure, jusqu'à preuve du contraire, que les. Sigillariées sont également des Cryptogames vasculaires hétérosporées. Parmi les Cryptogames vasculaires hétérosporées, puisque leur bois primaire est centripéte, c'est à cóté des Lycopodinées hétérosporées, et notamment des Lepidodendron, que ces plantes paraissent devoir étre placées. La seule différence, en effet, au point de vue de la structure de la tige et de la feuille, entre un Lepidodendron d'une part et un Spheno- phyllum ou une Sigillariée de l'autre, c'est que le premier genre demeure SÉANCE DU 13 AVRIL 1883. 175 dépourvu des formations libéro-ligneuses secondaires que les seconds produisent, différence qui existe aussi, nous l'avons vu, entre l'óphio- glossum et le Botrychium dans la famille des Ophioglossées. Il n'y a pas jusqu'à ces degrés inégaux de condensation des coins du bois primaire, signalés plus haut entre les différentes espèces de Sigillaria, qui ne se retrouvent entre les diverses espéces de Lepidodendron ; sous ce rapport, en effet, le Lepidodendron Jutieri correspond au Sigillaria spinulosa, le L. Harcourtii au S. Diploxylon et le L. rhodumnense au S. pulcher- rima. Ajoutons que la structure de l'écorce de la tige subit également dans ces deux genres des variations parallèles. En résumé, on voit que, sous le rapport de la structure de la tige et de la feuille, la famille des Lépidodendrinées comprend deux sortes de genres : 1° ceux qui en restent indéfiniment à la structure primaire, telle qu'on l'observe dansla plupart des Lycopodinées aujourd'hui vivantes, et notamment dans les Psilotum et Tmesipteris, en un mot qui n'ont qu'un seul bois, centripéte : les Monoxylées ; 2» ceux qui, possédant d'abord cette méme structure, la compliquent bientót par la formation, entre le liber et le bois primaires, d'un anneau libéro-ligneux secondaire, en un mot qui ont deux bois, le premier centripéte, le second centrifuge : les Diploxylées. A son tour, cette seconde catégorie peut se diviser en deux groupes, d'aprés la disposition isolée ou verticillée des feuilles..De sorte qu'en définitive les genres se répartissenl en trois tribus de la maniére suivante : I. MONOXYLÉES. Un seul bois, centripète. 1. LÉPIDODENDRÉES. Feuilles isolées, épis terminaux. Lepidodendron, Psilophyton, | Lepidophloios , Ulodendron, Bothrodendron, Halonia, Knorria. LÉPIDODENDRINÉES. | II. DIPLOXYLÉES. Deux bois, le primaire centripète, le secondaire centrifuge. 9. SIGILLARIÉES. Feuilles isolées, épis latéraux, Si- gillaria (avec Diplozylon), Sigillariopsis, Poro- æylon. 3. SPHÉNOPHYLLÉES. Feuilles verticillées. Spheno- phyllum. On verra tout à l'heure que la structure de la racine des Sigillaires con- firme la place que nous attribuons ici à ces plantes. ii Ce n'est pas ainsi que M. Renault comprend les affinités de ces trois En méconnaissant la nature de la couche libéro- dela tige des Sphenophyllum et en n'apercevant pas leur faisceau foliaire, il a été conduit à cette double ophyllum dans les Hydroptérides, à cóté des leur cherche en vain une ressemblance quel- groupes de genres. ligneuse secondaire le bois centrifuge de erreur de placer les Sphen Salvinia, avec lesquels on 176 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. conque, et de transporter les Sigillariées parmi les Phanérogames à côté des Cycadées. 3. Assise génératrice anomale extérieure aux faisceaux libéro- ligneux primaires. — La tige des Isoetes forme, comme on sait, des tissus secondaires à l’aide d’une assise génératrice située à la périphérie du cylindre central, en dehors du liber primaire, probablement dans le péricycle. Comme chez les Dracæna et autres Phanérogames douées de la même structure, cette assise engendre, en dehors une couche épaisse d'écorce secondaire, en dedans une couche mince d'éléments qui parais- sent, les uns ligneux, les autres libériens. Mais ce sujet mérite de nou- velles recherches, et je me borne pour le moment à renvoyer le lecteur à ce que M. de Bary en a dit dans sa Vergleichende Anatomie, p. 642. 4. Assise génératrice anomale intérieureaux faisceaux libéro-ligneux primaires. — Dans la tige âgée de plusieurs Botrychium (B. rutaceum, daucifolium), j'ai vu l'assise périphérique de la moelle, en contact immé- diat avec les vaisseaux les plus internes et les premiers formés, subir un certain nombre de partitions tangentielles et produire une zone continue de méristéme. Mais je n'ai pas réussi, peut-étre faute d'échantillons assez âgés, à observer la transformation des cellules de ce méristème en tissus définitifs. J'ignore par conséquent s'il produit seulement un liber interne centrifuge, comme dans bon nombre de Dicotylédones, ou s'il forme à la fois un liber centrifuge et un bois centripéte, comme dans le Tecoma radi- cans. Il n'en est pas moins certain que les Botrychium peuvent former des tissus secondaires à la périphérie de leur moelle. On n'a pas jusqu'ici rencontré avec certitude de formations libéro- ligneuses secondaires dans les racines des Cryptogames vasculaires ; aussi bien celles des Botrychium et des Sigillaria que celles des Isoetes s'en montrent dépourvues. $II. — ANOMALIES DE LA STRUCTURE PRIMAIRE DE LA RACINE. On sait que la racine de certaines Cryptogames vasculaires présente une anomalie de structure dont on n'a pas jusqu'ici rencontré d'exemple chez les Phanérogames. Le caractére général de cette anomalie consiste en ce que les divers éléments du cylindre central sont disposés de telle sorte que l'organe tout entier ne soit symétrique que par rapport à un plan. En méme temps, et c'est sans doute une conséquence de cette symétrie bila- térale, ces racines ne produisent pas de radicelles ; elles restent simples, ou si elles se ramifient, c'est par dichotomie. Ce résultat général peut être atteint de deux manières différentes. Tantôt SÉANCE DU 13 AVRIL 1883. 177 l'anomalie réside déjà dans le tronc primaire directement inséré sur la tige; tantót, au contraire, le tronc primaire est normal, et l'anomalie n'apparait que dans ses branches, à la suile de dichotomies plus ou moins fréquemment répétées. Il y a donc deux cas à distinguer. 1. Anomalie dans le tronc principal. — Le premier cas est réalisé par certains Ophioglossum, quelques Lycopodium, le Phylloglossum et ous les Jsoetes. Disons d'abord que tous les Botrychium que j'ai pu étudier, ainsi que l'Helminthostachys, ont leur racine construite sur le type normal. Sous l'endoderme et le péricycle, le cylindre central y compte ordinairement cinq ou six (Helminthostachys), quatre (Botrychium daucifolium, virgini- cum), trois (B. ternatum, rutaceum, matricariefolium, lunarioides) ou deux (B. Lunaria) faisceaux libériens. Normalement aussi, la racine de ces plantes produit cà et là des radicelles, en autant de rangées qu'il a de faisceaux ligneux et en correspondance avec ces faisceaux (1). Le genre Ophioglossum se comporte d'une maniére différente. Certaines espèces ont les racines normales avec trois faisceaux ligneux confluant en une étoile à trois branches (Ophioglossum pendulum), ou deux fais- ceaux ligneux tantôt séparés au centre par du tissu conjonctif (O. ca- pense), tantót réunis en une bande diamétrale (0. palmatum, macro- rhiza, Bergianum, ellipticum) : dans ces plantes, la racine produit cà et là, conformément à la règle ordinaire, des radicelles en superposition avec ses faisceaux ligneux. D'autres espéces, au contraire, offrent l'ano- malie en question, que j'ai signalée il y a déjà longtemps dans les Ophio- glossum: vulgatum et lusitanicum (2). Elle existe aussi dans les 0. bulbosum et reticulatum. La structure y est binaire, comme dans la plupart des espèces normales, et la bande ligneuse diamétrale, considérée à l'intérieur de l'écorce de la tige, au voisinage du faisceau libéro-ligneux oü la racine s'insère, est orientée - longitudinalement, c'est-à-dire suivant l'axe de ce faisceau libéro-ligneux. Mais l'un des deux faisceaux libériens latéraux. se déve- loppe seul, l'autre avorte complètement. Il en résulte que la bande ligneuse se trouve rejetée du cóté de ce dernier et s'applique contre le (1) Faute de matériaux suffisants, j'avais cru, en 1871, pouvoir admettre que la racine du Botrychium Lunaria, seule espéce que j'eusse alors à ma disposition, se ramifie en dichotomie. M. Holle a rectifié plus tard cette erreur (Botanische Zeitung, 1875); je ne l'eusse pas commise si j'avais pu observer les espèces à racines beaucoup plus abon- t ramifiées que j'ai appris à connaitre depuis. us daa) Ph Van Tieghem, Mémoire sur la racine (Ann. des sc. nat. 5* série, 1871, t. XIII). M Russow en 1872 et M. Holle en 1875 ont constaté la même anomalie dans l'O. vul- gatum mais sans chercher davantage à l'expliquer par l'examen comparatif des autres » nod T. XXX (SÉANCES) 12 178 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. péricycle en se courbant en arc. En traversant l'écorce, la racine tourne alors de 90 degrés sur elle-méme, de maniére à diriger l'unique faisceau libérien en haut et la bande vasculaire en bas. Une fois sortie de la tige, la racine n'est donc symétrique que par rapport au plan vertical qui passe par son axe. Dans les espèces où elle est ainsi constituée, la racine ne produit jamais de radicelles, mais en revanche elle engendre, comme on :sait, sur sa face supérieure, des bourgeons adventifs qui s'insérent direc- tement sur le faisceau libérien. M. Russow a montré en 1872 que quelques Lycopodium (L. Selago, inundatum, suberectum) ont le tronc principal de leurs racines dicho- tomes conformé de la même manière et, d’après Mettenius, le Phylloglos- sum offre la méme anomalie dans ses racines, qui ne se ramifient pas. Il en est de méme dans les /soetes. Ici, pendant que la racine descend dans l'écorce de la tige, la structure de son cylindre central est binaire et tout d'abord normale ; la bande ligneuse diamétrale est paralléle au plan tangent au cylindre central de la tige. Mais peu à peu on voit le faisceau libérien situé du côté du cylindre central de la tige se réduire de plus en plus et finalement disparaitre, tandis que la bande diamétrale vient s'appli- quer et se ramasser en ce point contre l'assise périphérique. Désormais le cylindre central de la racine posséde la méme structure bilatérale que dans les Ophioglossum cités plus haut, et pour la méme cause. En résumé, quand l'anomalie réside dans le tronc primaire, elle con- siste dans l'avortement d'un des faisceaux libériens au sein de la structure binaire normale, avortement dont la cause demeure d'ailleurs inconnue. 2. Anomalie dans leà branches d’une racine dichotome. — Quand une racine primaire à structure anomale se dichotomise, l'anomalie se conserve indéfiniment dans toutes les dichotomies (Lycopodium cités, Isoetes). Quand c'est une racine à structure normale qui se dichotomise, le nombre des faisceaux des deux espéces va d'abord diminuant chaque fois, jusqu'à se réduire à deux. Puis, la dichotomie suivante entraine dans chaque branche l'un des deux faisceaux ligneux et deux moitiés des faisceaux libériens, qui se rejoignent en un arc libérien diamétralernent opposé. Désormais la structure est devenue bilatérale, mais c'est, on le voit, par une tout autre cause que dans le premier cas. IL en est ainsi dans les Lycopodium à racine primaire normale, aprés 'un nombre de bifurcations qui dépend du nombre des faisceaux contenus „dans le tronc principal. Il en est de méme dans tous les Selaginella dès la premiére bifurcation, parce que le tronc principal y est binaire. Dans ces plantes, la première bifurcation de la racine s’opère, comme on sait, à l'intérieur du parenchyme cortical de la tige, en faisant avorter ordinaire- .ment l'une des branches, tantót la supérieure (S. cuspidata, etc.), lantôt SÉANCE DU 13 AVRIL 1883. 179 l'inférieure (S. denticulata, etc.), mais en les développant quelquefois toutes les deux également (S. Martensii, viticulosa). Il en résulte que la branche qui se développe: seule simule un tronc principal, et que l'ano- malie semble étre du méme ordre que celles des /soetes. Mais il y a long- temps déjà que j'ai rapporté l'anomalie des Selaginella et de la plupart des Lycopodium à sa véritable cause, c'est-à-dire au fait méme de la dichotomie (1). Je m'étais trompé seulement en essayant de rattacher à la méme cause, c'est-à-dire à une dichotomie interne avec avortement de l'une des branches, l'anomalie analogue présentée par les Isoetes et par certains Ophioglossum. Cette erreur se trouve maintenant réparée. Quant aux racines de Sigillaria, j'ai pu en étudier la structure sur des coupes que M. Williamson a bien voulu soumettre à mon examen et oü les tissus étaient en état de parfaite conservation. On y voit un seul fais- ceau ligneux triangulaire à pointe externe avec un faisceau libérien en forme d'arc diamétralement opposé, c'est-à-dire précisément la structure anomale à symétrie binaire dont i] est ici question. Si l'on suppose la tige verticale, la racine tourne son faisceau ligneux en bas, son faisceau libérien en haut, comme dans les Isoetes. Mais il est difficile de préciser dans ce cas l'origine de l'anomalie. Est-elle due, comme chez les Selagi- nella, à la dichotomie antérieure d'un tronc binaire? ou faut-il en voir la cause dans l'avortement d'un des faisceaux ligneux dans une structure binaire, ou de deux faisceaux ligneux dans une structure ternaire, avec confluence des groupes libériens alternes en un seul faisceau en arc, par un phénoméne en quelque sorte inverse de celui qui se produit chez les Isoetes et chez certains Ophioglossum et Lycopodium d Cette derniére hypothése tire quelque probabilité de ce fait qu'elle concilierait les obser- vations contradictoires publiées par M. Williamson et par M. Renault au sujet de la structure des appendices portés par le rhizome des Sigil- laires (Stigmaria). Ces appendices seraient tous des racines; mais il y en aurait de deux sortes. Les unes, dépourvues de radicelles, simples ou ramifiées ou dichotomie, auraient la structure anomale dont on vient de parler; les autres auraient la structure normale avec trois faisceaux ligneux confluant au centre en un prisme triangulaire, et porteraient en face des arêtes de ce prisme trois rangs de radicelles. Puisqu on la constate - daelo genre Ophioglossum entre des espèces très voisines, cette double différence pourrait fort bien, après tout, se rencontrer entre les racines portées par des régions différentes de la méme tige. Mais je suis trop incompétent pour entrer dans le fond du débat, et c'est sous toute réserve que je suggère cette explication. | | Toujours est-il que l'anomalie de structure présentée par la racine des (1) Ph. Van Tieghem, Mémoire sur la racine (Ann. des sc. nat. 5° série, 1871. t. XIH). 480 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Sigillaires contribue à classer ces plantes parmi les Cryptogames vascu- laires, où cette anomalie se trouve circonscrite, et à les éloigner des Pha- nérogames, où elle n'a jamais été observée. M. Zeiller rappelle qu’on a observé des dichotomies dans ce qu'on a décrit comme racine de Sigillaire. M. Bureau dit que les observations de M. Van Tieghem appuient d'une manière importante l'opinion de ceux qui considèrent les Sigillaires comme des Cryptogames vasculaires, et il fait ohserver que souvent les Stigmaria se trouvent sans les Sigillaires dans les mémes dépóts ; ce seraient alors des racines de Lépidodendrées, et l'on ne peut guère admettre que ces Stigmaria, à structure toujours la méme, appartiennent tantôt à des Cryptogames vasculaires, tantôt à des Phanérogames. M. Zeiller fait remarquer que, chez les Sigillaires, les cicatrices d'épis ne sont pas axillaires, et que les spores attribuées aux Sigil- laires ont une forme tétraédrique, comme celles des Lycopodinées. M. Eug. Fournier communique à la Société, de la part de M. Therry qui a assisté à la session de Fontainebleau, comme dé- légué de la session botanique de Lyon, deux mémoires manuscrits (1) contenant la liste des Champignons récoltés du 21 au 26 juin 1881 dans la forêt de Fontainebleau, élaborée avec l'aide de M. le pro- fesseur P. A. Saccardo, et des détails sur une espéce nouvelle dé- crite par M. Therry sous le nom de Coemansia repens. M. Fournier fait ensuite à la Société la communication suivante : SUR LE PREMIER ENVOI DE M. Edm. KERBER, par M. Eug. FOURNIER. Nos confréres connaissent déjà, au moins de nom, M. Edmond Kerber, dont la Revue bibliographique a annoncé (t. XXVIII, p. 239) le départ -pour le Mexique. Ils ont été invités à s’intéresser à ce voyage, entrepris dans d'excellentes conditions. M. Kerber, en effet, s'était déjà initié aupa- ravant à la connaissance de la végétation mexicaine en séjournant pendant une saison sur la cóte orientale de la Vera-Cruz. Il est revenu en Allemagne, (1) Ces deux mémoires avaient été communiqués précédemment par leur auteur à la Société botanique de Lyon (séances du 7 novembre 1882 et du 90 février 1883). La liste des Champignons de Fontainebleau vient de paraitre dans le Bulletin mensuel de cette Société pour 1883, page 16. (Note du Secrétariat ajoutée pendant l'impression). Mw 4 v SÉANCE DU 13 AVRIL 1883. 181 où il a fait preuve de connaissances spéciales dans un mémoire de phyllo- taxie accueilli favorablement par l'Académie des sciences de Berlin (1), et reparti ensuite pour le Mexique il y a prés d'un an. Il avait employé utilement son séjour en Europe, entre ses deux voyages, par des études d'herbier qui lui ont permis d'examiner une premiére collection, non vénale, rapportée par lui en 1880. Il s'est assez familiarisé ainsi avec la végétation américaine pour que, se trouvant maintenant isolé dans le nouveau monde, il puisse inscrire sur les étiquettes de ses plantes des noms génériques qui sont ordinairement exacts.. J'apporte aujourd'hui à la Société la premiére demi-centurie de M. Kerber. Si elle ne frappe pas par le nombre des nouveautés, elle intéresse par les renseignements consignés en allemand sur les étiquettes du collecteur, d'une maniére un peu cursive, il est vrai, et que je ne serais pas parvenu à déchiffrer sans l'obligeant concours de M. Julien Vesque. J'ai eru bien faire de les traduire. Plantze mexicanse a cl. Edm. Kerbero collect. 1. Salvia xalapensis Benth. Rhizoma lignosum, breve, 3 cent. crassum. Planta erecta, 17,75 alta, supra ramosa. Caulis supra terram 13"" crassus ; ramis 85 cent. longis. Corolla alba, margine violaceo, Cordoba, Julii 14. 2. gamelia patens Jacq. Frutex 3-4" altus, cortice griseo. Ubique in sepibus. Cordoba, Julii 14. 3. Cyelostigma jalapense Kl. Suffrutex caule 2-4 cent. crasso, suberecto, gracili, rigido, aliquando breviore, brachii crassitudinem æquante, erecto, ramis inferioribus 3-4" longis. Cortex pallide cinereus. Corolla et stamina albescentia. Calyx albo-viridis. In sepibus. Cordoba, Julii 14. 4. Pavonia rosea Schlecht. Suffrutex 17,50 altus, caule 5 cent. crasso, cortice griseo. Vulgaris in fruticetis. Cordoba, Julii 17. 5. Aspidium molliculum Kunze. Frons 17,90 cent. longa, simpliciter pinnata, pinnis pinnatipartitis. (1) Voyez le Bulletin, t. XXIX (Revue), p. 102. 182 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 10. M. 12. 13. Stipes reptans, lignosus, brevis, 2 cent. crassus (an rhizoma epi- gium ?) In fruticetis. Cordoba, Julii 17. . Melampodium divaricatum DC. Herba caule prostrato, 1 met. longo, 5"" crasso. Corolla aurea. In argillosis. Cordoba, Julii 19. . Spilanthes fimbriata Kunth. Herba caule prostrato radicante, ramis ascendentibus. Corolla aurea. Cordoba, Julii 19. . Polymnia maculata Cav. Suffrutex erectus, 2" altus. Caule supra terram 1^,50 cent. crasso tereti, radice globosa. Corolla lucide sulfurea. In pratis nudis. Cordoba, Julii 21. . Bidens leucanthus Willd. Herba.radice fibrosa, caule rigido erecto, 1"longo, supra terram tereti, ceterum quadrangulari. Flores tubulosi lutei, radiantes albi, ligula 5-7 lineis violaceis insignita. Vulgaris. Cordoba, Julii 22. Zinnia elegans Jacq. Herba 17,25 alta, erecta, parce ramosa, radice brevi. Flores tubulosi in tubo albi, margine luteo ; flores radiantes intus rubri, extus pallidiores, paleis intense purpureis. Aliquando capitula omnino sulfurea evadunt. An ex hortis recens camporum hospes ? Cordoba, Julii 22. Tinantia fugax Scheidw. : Caule usque 1",25 alto, ex nodis infimis radicante, erecto, supra terram 2-3 cent. crasso, tereti, ramos crassiores emittente. Calyx herbaceus. Corolla violaceo-cærulea. In imis fruticetis, in locis humidis et herbosis. Cordoba, Julii 27. Commelina pallida Willd. Herba prorepens, ex multis nodis radicosa. Calyx albus, petaloideus, corolla azurea. Cordoba, Julii 27. Maranta arundinacea L. Metrum alta. Rhizoma album, carnosum, foliis imis membranosis, vaginiformibus, non omnino clausis, amplexicaulibus, 2-6 cent. longis. Corolla nivea. — Ex flore pigmentum luteum (citrongelber). Secus vias. Cordoba, Julii 27. 14. 15. 16. 17. 18. 19. 20. o SÉANCE DU 13 AVRIL 1883. 183. Cordia crenulata Alph. DC. Frutex cortice griseo, ramis ascendentibus rigidis longis. Calyx lucide viridis, corolla alba. Baccæ purpureæ. In sepibus. Cordoba, Julii 28. Selaginella Galeottii Spring. In muris. Cordoba, Julii 28. Amarantus spinosus L. Suffrutex ad 1",50 altus, caule pallido, ramosissimo, supra terram 27,90 cent. ut maximum crasso, radice 26 cent. longa. Flos albe- scens. In fruticetis. Cordoba, Julii 29. Malvaviscus arboreus Cav. Frutex usque 2",50 altus. Rami teretes, cortice argenteo-griseo. Corolla intense purpurea. Fructus aurantiaci. In fruticetis. Cordoba, Julii 29. Datura arborea L. Frutex 3-4" altus, cortice griseo. Corolla alba, suaviter fragrans, pen. dula. Ex flore paratum unguentum adversus capitis et dentium dolores auxiliatur. An recens in inculta ex hortis transfuga? Corolla interdum duplex. Cordoba, Augusti 1. Sclerocarpus Kerberi, n. Sp. Herba annua, caule ascendente v. erecto, tum e basi, lum ex axillis summis parce ramoso, 2-pedali, tereti, piloso, rigido ; merithalliis longis, foliis omnibus etiam summis oppositis elliptico-lanceolatis, acutis, basi cuneatis, petiolatis, triplinerviis, 2" 1/2 longis, scabris, viridibus, utrinque apprime pilosis, dentatis. Capitula parva, longe peduneulata, involucri bracteis 1-seriatis late ovalibus, e basi herbaceis, exterioribus 5 magis pilosis et acutis, 2"" longis, interio- ribus paulo longioribus ; florum radiantium ligulis elongatis luteis apice dentatis, hermaphroditorum limbo apice ampliato conspicuo, 5-lobato, styli ramis inæqualibus apice clavatis; paleis 3 circa achænium connatis supra breviter liberis violaceis, apice truncatis minute serrulatis, quarum una longior. Achænia immatura. In fruticetis. Cordoba, Julii 31. Nephrolepis pectinata Schott. Rhizoma 10 cent. longum, 2°" crassum. Stipes teres. Frons 1" alte simpliciter pinnata. In quercetis. Cordoba, Aug. 3. 184 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 21. Le O 23. 24. 25. 26. 27. 28. 29. Blechnum occidentale L. Rhizoma erectum, 1 cent. crassum. Frons simpliciter pinnata, 0",30 ad 1" longa. * In quercetis. Cordoba, Aug. 3.: Pleuridium cerassifolium Link. Rhizoma 1 cent. crassum, carnosum, albescens, vasis nigrescentibus. Frons simplex, viridis. In quercetis, et in hortos grati: causa introductum. Cordoba, Aug. 3. Triodon angulatus Benth. Suffrutex 07,75 altus, e basi ramosus ligno denso. Radix crassa, cen- timetrum crassa. Corolla alba. ^ Secus vias undique vulgaris. Cordoba, Aug. 4. Dimorphostachys Schaffneri Fourn. Mex. fasc. 2, p. 15 (ined.). . Panicum Schaffneri Griseb. in sched. Culmo 17,25 alto, e brevi rhizomate gregatim erumpente. Cordoba, Aug. 4. . Tradescantia elongata E. Meyer. be . Herba ramis longis repentibus, denique geniculato-ascendentibus. Connectivum et antheræ staminum longiorum lutea, breviorum alba. Secus vias inter vepres. Cordoba, Aug. 4. À Piper citrifolium Lamk (commixtis fragmentis alius speciei). Frutex 27,50 altus. Caulis erectus, rigidus, 3 cent. crassus, cortice griseo. Vulgaris. Cordoba, Aug. 5. | Jacquemontia violacea Choisy. Herba scandens, 5-6" alta, caule tenui, ramoso, radice breviore. Corolla azurea, fauce alba. In fruticetis. Cordoba, Aug. 5. Tamonea verbenacea SW. Suffrutex 07,50 altus, cortice lucido, supra multiramosus. Corolla lucide violacea, fauce albo-lutea. Undique vulgaris. Cordoba, Aug. 5. ar Mimosa pudica L. Suffrutex a basi multiramosus, ramis infimis ascendentibus 70 cent. longis. Capitula lilacea. + Secus vias et in savanis graminosis vulgaris. Cordoba, Aug. 8. 30. 31. 32. 33. 34. 35. 36. SÉANCE DU 13 AvRIL 1883. 185 Micromeria xalapensis Benth. Corolla lilacea. Species aromatica, fragrans. In savanis graminosis. Cordoba, Aug. 8. Parthenium Hysterophorus L. Herba erecta, radice verticali. Corolla alba. In viis, vulgaris. Cordoba, Aug. 15. Ipomæa cathartica Poiret ! E nodis infimis radicans. Radices tenues, teretes. Sepala ovali-acuta, pilosa, coroll: tubo albo, margine primum azureo, dein flore mar- cescente purpureo. Cordoba, Aug. 16. Polygonum acre HBK. Herba caule prostrato, radicibus fibrosis e nodis erumpentibus crassis et longis; internodiis brevibus, ramis 0",50 longis. Corolla alba. Secus amnes, inler saxa, et prope rivos. Cordoba, Aug. 16. Phoradendron nervosum Ûliv. (e specimine Liebmanniano). Caulis super terram 5 cent. crassus. Totus frutex pallide luteolus, 2" altus. Baccæ primum luteolo-rubidæ, dein albescentes. Cordoba, Aug. 17. Dietyanthus campanulatus Rchb. Herba volubilis elata. Calyx herbaceo-albus, passim lucide viridis rubro marginatus. Corolla alba, lineis violascentibus notata. Latex albus. Cordoba, Aug. 4. Loranthus (Psittacanthus) Kerberi, n. sp. Frutex usque 2" altus, caule supra terram 3 cent. crasso, cortice griseo ; ramis compresso-alatis levibus; foliis breviter petiolatis, crassis, basi valde inæqualibus ovato-acuminatis falcatis, 4” longis, 2" latis, longioribus quam internodia, venis conspicuis incurvalis e mesonevro utrinque 5-6 collateralibus; paniculis terminalibus, ramulis apice 3-floris, pedicellis bracteam ovali-linearem caducam duplo superantibus; corolla a basi fissa aurantiaca, petalis 6 extus glabris 2" longis, filamentis longissimis, antheris parvis in medio fixis, stylo recto petala et stamina æquante, stigmate parvo capitato ; calyce brevi cupulari. Crescit in Psidio Guava Raddi aliisque arboribus, quorum lignum intumescit in locis unde parasitus emergit. Cordoba, Aug. 8. 186 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 31. 38. 39. 40. 41. 42. 43. Ipomæa variabilis Choisy. Corolla albescens, fauce roseo vel purpurascente. Cordoba, Aug. 16. Paspalum compressum Nees. Cordoba, Aug. 24. Tagetes micrantha Cav. Radiantes flores albi, tubulosi lutei. An?sillo incolarum. Ob fragran- tem odorem exquisita. Secus vias. Cordoba, Augusto. Exogonium Jalapa H. Bn. Corolla intense purpurea. Cordoba, Aug. 16. Heeria rosea Triana Monogr. 34! excl. syn. Naudin. Suffrutex 27,50 altus, ramis paucis longis, rectis, lucide brunneis. Corolla alba.vel lucide rosea, staminibus roseo-rubidis, antheris majoribus albis, minoribus flavis. Vulgaris inter vepres secus vias. Cordoba, Aug. 16. - Arthrostemma campanulare Triana. Herba caule 5" alto, prostrato, acute quadrangulari, imo 4-alato, ramis 17,50 longis, horizontalibus, rectis, parce ramulosis. Corolla rosea extus intensius purpurea. Inter vepres secus vias. Cordoba, Aug. 16. Sida carpinifolia L. Suffrutex a basi ramosus vel graciliter erectus et altius tantum ramo- sus, usque metrum altus, radice primaria valida, eaule supra terram 1",50 cent. crasso, ramis erectis. Corolla lucide vitellina vel albescens. Secus vias vulgaris. Cordoba, Aug. 24. . Elephantopus cuneifolius, N. Sp. Herba caule tum prostrato radicante, ramis erectis ; tum metrum alto, supra terram 3 cent. crasso, ramosissimo, tereti, supra viridi striato, infra glabro, supra piloso, merithalliis longis, foliis infimis oppositis, summis alternis, longius petiolatis, lozangiformibus, basi latiore cuneatis, in media superiore parte valideet irregulariter dentatis, utrinque apprime pilosis, cum petiolo 3" longis, in medio 1" 1/21aüis ; glomerulis solitariis pedunculatis, pedunculis villosis ; involucri generalis bracteis pluriseriatis elongatis subaeutis herba- ceis extus albo-villosis intus pilosis ; capitulis permultis ; involucri í $ 46. SÉANCE DU 13 AvRIL 1883. 187 specialis bracteis imbricatis, externis plus quam dimidio brevio- ribus, translucidis, linearibus, planis, obtusis, internis lanceolato- aculis siccis scabris pungentibus; corolla subregulari, candida, 5-lobata, antheris sagittatis faucem attingentibus, styli ramis recurvatis apice hirtellis. Vulgaris. Cordoba, Aug. . Spermacoce assurgens R. et P. Herba radice primaria longa, caule ascendente, 07,75 longa, ramis erectis. Corolla alba. Frequens in ruderatis, secus vias. Cordoba, Aug. Piper aduncum |. Frutex 3-4" altus, ramis conspicue angulatis. Cordoba, Aug. . Ipomæa Bona-nox L. Corolla alba, fragrans. Cordoba, Aug. 48. Panieum maximum Jaeq . 49. 90. Culmo 27,50 alto. Frequens passim circa arva e Mayde consita (idcirco non videlur hoc gramen in Mexico cultum sicut in America panamensi). Cordoba, Aug. 24. Paspalum conjugatum SW. Cordoba, Aug. 24. Quamoclit Kerberi, n. Sp. Caule... volubili, crassitie pennam corvinam æquante, cum tota planta glabro; foliis cordato-ovatis acuminatis integris, sinu latiore fere usque 3" longis, 2" latis, petiolo longo bipollicari. Pedunculi axillares divaricati semipedales, apice pluries et breviter furcati, corymbiferi. Calycis sepalis ovalibus obtusis marginatis valide nervatis, nervo infra apicem prolongato in mucronem calyce longiorem ; corolle plus quam pollicem long, purpureæ, tubo paulum incurvo, lobis vix discretis mucrone brevi cartilagineo ter- minalis; staminibus exsertis inæqualibus, stylo longo, stigmate inter antheras deciduas intermedio, capitato, muriformi... Cordoba, Aug. Ces cinquante numéros proviennent tous de Cordova, localité située envi- ron à 850 mètres au milieu des forêts qui revétent la cordillére occidentale de l'État de Vera-Cruz. Cette région a été depuis longtemps visitée par les premiers voyageurs ; M. Bourgeau, l'un des derniers, y est resté long- 188 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. temps, et la plupart de ces espèces se trouvent dans ses récoltes. Il n'y a donc pas à s'étonner que, sur ces 50 numéros, il n'y ait que quatre nou- veaulés ; d'autant moins, d'ailleurs, que la végétation de cette région du Mexique a de grandes affinités avec celle des Antilles et celle de contrées beaucoup plus méridionales du continent américain (1). Le Tamonea verbenacea Sw., des Antilies (Kerber n° 28), est nouveau pour le Mexique. L'Hamelia patens (n° 2) se distingue à peine de types analogues de la Nouvelle-Grenade. Le Spermacoce assurgens est une espéce péruvienne. Ces considérations, qu'il suffit d'indiquer ici, seront reprises sur une base plus large quand les envois de M. Kerber seront plus nombreux (2). M. Cornu a observé divers Champignons parasites des Urédinées, et il donne un résumé de l'étude qu'il en a faite (3). SÉANCE DU 27 AVRIL 1883. PRÉSIDENCE DE M. PRILLIEUX. En l'absence du Président et des vice-présidents, M. Prillieux, ancien président et membre du Conseil, prend place au fauteuil. M. G. Bonnier, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 13 avril, dont la rédaction est adoptée. M. le Président annonce deux nouvelles présentations. Dons faits à la Société : Edm. Bonnet, Petite Flore parisienne. R. de Bouillé, L'Ours dans les Basses-Pyrénées. Ant. Magnin, Fragments lichénologiques. E. Planchon, Jardin des plantes de Montpellier. — Joseph Decaisne, notice biographique. Saint-Lager, Des origines des sciences naturelles. — Quel est l'inventeur de la nomenclature binaire? (1) Voyez Grisebach, la Végétation du globe, trad. franc. t. II, p. 405. (2) Au moment oü cette note est imprimée (juillet 1882), M. Kerber a déjà envoyé quatre centuries, et des lettres de ce voyageur annoncent encore de nouveaux envois. Le Bulletin en donnera successivement la détermination; M. le D" Keck, à Aistersheim (haute Autriche), est chargé de la vente et de la distribution de ses récoltes. (3) On trouvera plus loin cette communication, dont le manuscrit, par suite d'une grave maladie de notre collégue, ne nous a été remis qu'à la fin de juillet. (Note du Secrétariat.) SÉANCE DU 27 AvRIL 1883. 189 De Saporta, Paléontologie française. Terrain jurassique: livr. 32, Suite des Conifères ou Aciculariées. C. de Candolle, Rides formées à la surface du sable déposé au fond de l'eau. F. von Mueller, Systematic Census of Australian plants. W. Nylander and Crombie; Exotic Lichens of Eastern Asia. Breidler und Förster, Die Laubmoosflora von OEsterreich Ungarn. Zopf, Die Spaltpilze. Beyerinck, Beobachtungen über die ersten Entwicklungsphasen einiger Cynipiden Gallen. J. A. Baca, Index seminum que hort. bot. universit. Valentine offert. Annales de l'Institut national agronomique, n* 6 (1880-81). M. Malinvaud, aprés avoir donné lecture de cette liste, attire l'attention sur quelques-uns des ouvrages qui y sont mentionnés. C'est, dit-il, une double jouissance que nous fait goûter M. le D" Saint- Lager, de lire les œuvres d'un savant doublé d'un érudit. Notre confrère, dans une trés intéressante brochure (1) qu'il a bien voulu nous adresser, fait justice d'un paradoxe brillamment soutenu dans la Revue Scientifique par un savant distingué, M. Louis Crié, d'aprés lequel « la nomenclature » binaire ne date pas des travaux de Linné, mais bien des ouvrages de » notre compatriote Pierre Belon (2). » M. Saint-Lager répond (page 3) à cette affirmation téméraire : Jamais le naturaliste manceau (3) n’a manifesté la moindre préoccupation au sujet de la nomenclature, et, comme ses contemporains et ses prédécesseurs, il s’est servi, pour désigner les plantes et les animaux, tantôt de noms simples, tantôt, et plus rarement, d'expressions binominales, sans aucune intention systématique arrêtée à l'avance. Sur 275 noms de plantes cités par lui dans ses observations, 205 environ sont des noms simples, comme Platane, Sycomore, Houx, etc. ; 70 seulement sont des noms binaires. Suit la liste de ces derniers sous leur forme latine, avec l'indication du nom des naturalistes, Dioscoride, Pline, Théophraste, etc, qui s'en i ' Ja première fois. ble montre que « la part d'initiative de Belon se réduit à l'adjonction des adjectifs vulgaris, spinosa et agrestis aux anciens noms Berberis, Capparis et Ceratia ». Or Dioscoride avait déjà dit : « Le Capparis, arbrisseau épineux (acanthodes). » Quant à Ceratia agrestis, c’est un lapsus calami pour Ceratia silvestris, depuis longtemps usité. (1) Quel est l'inventeur de la nomenclature binaire? — Remarques hisloriques, par le Saint-Lager. Paris, 1883. , (2) Revue scientifique, t. XXX (1882), n 24. 1518 (3) Pierre Belon était né dans le Maine vers 1918. 490 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. En résumé, l'expression Berberis vulgaris est la seule qui appartienne en propre au naturaliste manceau, et, quel que soit le mérite de cette invention, M. Crié conviendra lui-même que c'est un bagage trop léger pour faire passer sur la téte de Pierre Belon la couronne qu'il voudrait y placer. M. Saint-Lager dit avec beaucoup de raison, page 2 : Les dénominations binaires n'ont été inventées par personne en particulier. Toutefois il est certain que leur systématisation raisonnée ne remonte pas au delà des admirables travaux de Tournefort et de Linné, et que la première généralisation du système a été faite par l'illustre naturaliste suédois. L'emploi d'un nom accompagné d'un adjectif pour désigner n'importe quel objet est un procédé si naturel, qu'il serait puéril d'en rechercher l'inventeur. Les anciens botanistes, se servant pour désigner les plantes d'une énumération de caractéres, employaient une expression binominale quand elle leur paraissait suffisante pour définir l'espéce. Mais ce cas simple étant peu fréquent, ils ajoutaient souvent un second adjectif au premier, avec une suite nombreuse d'ablatifs. Linné, le premier, a réduit systématiquement la désignation de l'espéce au strict nécessaire: le nom du genre suivi d'une épithète. Au surplus, à ceux qui hésiteraient à rendre à l’illustre Suédois la justice qui lui est due, je recommande une épreuve aussi simple que décisive. C'est de prendre, parmi les ouvrages des botanistes antélinnéens, le plus riche en dénominations binaires, — voire la plus estimée des œuvres de Pierre Belon, — d'y choisir le passage qui leur paraitra le mieux partagé sous ce rapport, et de placer en regard le Species de Linné, ouvert à n'importe quelle page, puis de comparer sans parti pris. La conclusion, au point de vue du progrés accompli et du service rendu à lascience par le promoteur de cette grande réforme, se présentera d'elle-méme. M. Malinvaud lit ensuite la communication suivante : RECHERCHES CRYPTOGAMIQUES SUR LES ALTÉRATIONS DES EAUX DISTILLÉES, par M. Edmond COCARDA S. ^ Encouragé par mon maitre et ami M. Marchand, j'ai commencé en 1878 des recherches sur les végétations microscopiques qu'on rencontre dans les eaux distillées sous la forme de flocons nuageux et qui sont pour elles une cause d'altération : (Brasoerro, 1832 ; Bauprimonr, 1875; MarcnanD, 1879). Je crois intéressant de communiquer à la Société botanique les princi- paux résultats de ces recherches, me proposant de m'étendre plus longue- SÉANCE DU 97 AVRIL 1883. 191 ment sur ce sujet dans un prochain mémoire où je prouverai, avec figures à l'appui, ce que je viens avancer aujourd'hui. Les Cryptogames des eaux distillées, regardées toutes jusqu'à ce jour comme des Algues et classées comme telles (AGARDH, BIASOLETTO, Kurzin6, Roemer, RABENHORST), ne sont, pour la plupart, que l'état aqua- tique de Champignons aériens transformés dans leur nouveau milieu. Je dis : la plupart, car il en est certaines que leur port, le contenu verdàtre de leurs cellules, leur modus vivendi, nous obligent à ranger parmi les Algues. Et si les botanistes les ont regardées toutes comme des Algues, c’est qu'ils n'ont tenu compte que de leur forme et ne se sont point attachés à rechercher leur origine et leur mode de développement. Tantót on rencontre dans une eau distillée la forme Champignon ou la forme Algue séparément ; tantôt, et ce n'est pas rare, on rencontre ces deux formes développées dans le méme liquide. Les Champignons qu'on trouve dans les eaux distillées se composent essentiellement de deux éléments : 1° des filaments moniliformes ou tubuleux (état du végétal développé) ; 2° une glaire, ou plasma primordial, sorte de Zooglæa dans laquelle sont emprisonnés les filaments (état du végétal en formation). Les Algues qu'on rencontre dans les eaux distillées se présentent : 1? parfois sous la forme de filaments composés de cellules allongées placées bout à bout et rappelant à peu prés, en beaucoup plus petit, l'organisation des Conferves ; 2 parfois sous la forme de cellules arrondies, solitaires ou en colonies. A. Espèces déjà étudiées comme Algues et devant rentrer dans la classe des Champignons : Hygrocrocis gossipina Biasoletto. -- Abrotani B. — Chamomillæ B. — hypertocentrica B. — naphæ B. — Juniperi B. Leptomitus juniperinus B. — Pulegii B. — Plantaginis B. Leptomitus Salvie B. — Rubi-Idei B. — Lavandulæ B Ulvina Sambuci Kützing. Hygrocrocis Melissæ Kg. — perplexa Kg. — Lauri-Cerasi Kg. Leptomitus naphæ Kg. — Valeriani Kg. B. Espéces déjà étudiées comme Algues et devant rester dans la classe des Algues. a. Filamenteuses : Leptomitus pinnatus Biasoletto. | u b. Cellules solitaires ou en colonie: Micraloa protogenita B,. M. Pini turiorum B. Cet exposé dit assez la confusion devant laquelle je me suis trouvé. 199 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Loin de profiter de cet embarras pour surcharger encore la nomencla- ture botanique de noms nouveaux et inuliles, je conserve : 1* Pour la forme Champignon, moniliforme ou tubuleuse, le nom d'Hyerocrocis : Tilie, Naphe, Melisse, Rose, Aristolochiæ, etc. 2» Pour la forme Algue : a. filamenteuse, le nom de LEPTOMITUS, L. Rose, eic.; b. en cellules solitaires, le nom de MicRALOA, M. Rose, Lactucæ, etc., tous ces noms provisoirement, bien entendu, et dans l'espoir de pouvoir bientôt apporter une nouvelle simplification, à laquelle m'a conduit, aprés de longues heures passées sur le microscope, une étude progressive de l'organisation intime de ces Cryptogames. Je terminerai celte note en répétant que l'altération des eaux distillées est due à la présence des Champignons ou des Algues qui s'y développent aux dépens de leurs principes organiques, et j'espére appuyer cette affir- mation dans mon mémoire, non seulement par l'étude anatomique de ces organismes, mais encore par des considérations sur leur mode de repro- duction. M. Cornu présente, de la part de M. Boudier, une Pezize qui n'avait encore été signalée en France qu'à l'état de sclérote (Sclero- tium roseum Moug. et Not), le Peziza Curreyana Berk. (1). M. le Président annonce que la Société devant se réunir extraor- dinairement à Antibes le 12 mai prochain, la session ordinaire est suspendue jusqu'au 8 juin. (1) Note communiquée par M. Boudier et ajoutée pendant l'impression. — Cette espèce, qui a toutes les apparences extérieures du Peziza Duriæana Tul., en diffère principalement par ses spores linéaires souvent un peu flexueuses, par son sclérote multisillonné, cylindrique, tronqué carrément aux deux extrémités, et par son habitat. Elle vient en effet, non sur les Carez, mais sur les tiges mortes de Jonc dans les endroits humides. ; Les échantillons présentés ont été recueillis dans les marais boisés d'Écouen, le 14 avril dernier. Ils se trouvaient en grand nombre sur quelques touffes de Juncus effusus dont les tiges chargées de ce poids insolite s'étaient inclinées sur la mousse humide du marais. Cette Pezize est très bien décrite et figurée dans les 1% et 3° volumes du Selecta Fungorum Carpologia de MM. Tulasne; mais jai pu me convaincre que la sculpture si remarquable de l'intérieur de la cupule n'était pas constante, et n'était au contraire qu'un effet de l'âge. Les échantillons frais ne la présentent que rarement, à moins qu'ils ne soient trés avancés dans leur évolution. Des spécimens que j'ai reçus l'année dernière d'Angleterre, de M. William Phillips, et qui me sont arrivés en état parfait de fraicheur ne la présentaient pas non plus. Les côtes flexueuses de l'hyménium ne sont pas du reste particulières au P. Curreyana et sont fréquentes dans plusieurs espéces du méme groupe. Les P. tuberosa Hedw., Rapulum Bull., et d'autres encore, les présentent souvent dans les derniers temps de leur existence. | 2 o Aa mies pnm ON SÉANCE DU 8 JUIN 1883. 193 SÉANCE DU 8 JUIN 1883. PRÉSIDENCE LE M. BUREAU. Reprise de la session ordinaire de 1882-1883, M. G. Bonnier, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 27 avril, qui est adopté. M. le Président, par suite des présentations faites le 20 mai à la derniére séance de la session d'Antibes, proclame membres de la Société : MM. le D" GasTÉ, à Antibes, présenté par MM. Bornet et Besche- Pd relle. 4 MiLLIERE, propriétaire, villa des Phalénes à Cannes, pré- senté par MM. Bornet et Vilmorin. Sauvaigo (Émile), docteur en médecine, rue Cassini, 23, à Nice, présenté par MM. Derbés et Barrandon. NANTEUIL (Roger de), avenue de Villars, 10, à Paris, pré- senté par MM. Bornet et Vilmorin. M" Conort, boulevard Saint-Germain, 250, à Paris, pré- sentée par MM. Em. Planchon et Van Tieghem. M. le Président annonce ensuite trois nouvelles présentations et fait part à la Société de la mort bien regrettable d'un de ses mem- bres, M. le D: H. Bocquillon, agrégéd'histoire naturelle à la Faculté de médecine de Paris, qui a succombé le 16 mai dernier à une attaque d'apoplexie. Dons faits à la Société : 4° Par les auteurs : L'abbé Barbiche, Herborisations aux environs de Longuyon. — Revue critique de la bibliographie botanique locale (Alsace- Lorraine). Henri Jouan, Sur le peuplement végétal des iles de l'Océanie. Husnot, Sphagnologia europea. F. Hy, Troisième note sur les |herborisations de la Faculté des sciences d'Angers en 1882. T. XXX. (SEANCES) 13 194 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Ch. Royer, Flore de la Cóte-d'Or, tome IT. J. Vallot, Études sur la flore du Sénégal. R. Zeiller, Examen de la flore fossile des couches de charbon du Tong-king. A. et C. de Candolle, Monographie Phanerogamarum, vol. IV (Bur- séracées, Anacardiacées, Pontédériacées). A. de Vos, divers tirages à part. J.-G. Baker, On the present state of our knowledge of the Geography of British plants. M.-T. Masters, Life on the farm. — Plant life. Oswald Kihlman, Zur Entwickelungsgeschichte der Ascomyceten. V. Meschageff, Ueber die Anpassungen zum Aufrechthalten der Pflanzen. | T. Caruel, l’Herborista italiano. | Enr. A. Rowland, Relazione critice sulle varie determinazien M dell equivalente meccanico della caloria. Annuario della R. Scuola superiore d' agricoltura in Portici, vol. tT, fasc. 4 (renferme : Enumerazione delle piante apistiche del Napoletano, del D" Savastaro). | 9» De M. le Dr Faudel : Bulletin de la Société d' histoire naturelle de Colmar, 22° et23° années (1881-1882). 3 De M. le Ministre de l'instruction publique : Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de l' Yonne, 38* volume (1882). Archivos do Museu nacional do Rio-de-Janeiro, vol. V (1880) [ren- ferme le texte du Flora fluminensis de Vellozo (1790), publié par M. Ladislas Netto]. 4 De M. le Ministre de la marine et des colonies : Flore forestiére de la Cochinchine, par L. Pierre, 5* fascicule. M. Malinvaud fait remarquer que le tome II de la Flore de la Côte-d'Or, envoyé par M. Royer, termine ce remarquable ouvrage, et qu'on y trouve, comme dans la premiére partie, nombre d'ob- servations inédites du plus haut intérét sur divers points de phy- siologie végétale. "ET PU VE TIS INE . SÉANCE DU 8 JUIN 1883. 195 M. le secrétaire donne ensuite lecture des pièces suivantes de la correspondance : UN HYBRIDE INÉDIT : NARCISSUS JUNCIFOLIO-TAZETTA, par M. l'abbé MAGNEN. C'est la méthode de Schiede qui régle aujourd'hui, du moins en France, la dénomination des hybrides. Elle consiste à leur attribuer les noms des espéces génératrices, en ayant soin d'inscrire en premiére ligne la plante présumée porte-pollen, et en second lieu la plante probablement porte- graine. Il en résulte un nom composé qui révéle leur origine : ce qui n'est pas un mince avantage. Elle en offre un second non moins précieux, qui est de ramener à deux formes principales, logiques, toutes les produc- tions anormales du méme couple floral, productions nécessairement chan- geantes comme les circonstances qui les déterminent. L'excellence de . cette méthode et la faveur dont elle jouit auprés des botanistes francais la désignant à notre choix, nous l'avons suivie pour la détermination du Narcissus juncifolio-Tazetta que nous allons décrire (1). Le bulbe ovoide, les feuilles demi-cylindriques, creusées en gouttière, succulentes, la tige presque arrondie, assez profondément et réguliérement sillonnée, présentent des caractéres intermédiaires entre ceux des parents, auxquels feuilles et tiges se rapportent plus ou moins, sans doute selon l'appoint respectif de ces derniers dans la génération. Notre hybride se rapproche surtout du Narcissus juncifolius Lag. dans les individus à fleurs moins nombreuses, et vice versá, avec le nombre de celles-ci s'aug- mente sa ressemblance avec le Narcissus Tazetta L. Il tient de la première espèce par les fleurs jaunes, dont le diamètre (2 centimètres) et le nombre (4-8) rappellent la dernière. Le caractère fourni par la corolle est ici, on le voit, le plus significatif ; en outre, il tend à nous révéler, comme dans tous les cas d'hybridité, le rôle particulier des parents. M. Paris dit avoir constaté que la fleur des hybrides diffère assez peu de celle du père ; et c’est d’après ce principe d'observation que bien des floristes préjugent encore quelle espèce a fourni le pollen, partant quelle espèce l'a reçu. Notre hybride serait donc, conformément à la théorie que nous venons de mentionner, le résultat du Narcissus Tazetta L. fécondé par le Narcissus juncifolius Lag., c'est-à-dire le Narcissus juncifolio- Tazetta. (4) Voyez dans le Bulletin, tome XXVII, page 275 et suiv.,les observations échangées, dans la séance du 9 juillet 1880, au sujet de la nomenclature des hybrides. [Note du Secrétariat.] 196 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. A l'appui de cette opinion, voici quelques observations que nous avons relevées sur les lieux mémes. Le N. Tazetta était trés abondant, mais généralement défleuri. Le N. juncifolius, au contraire, était en pleine floraison. Ces deux espéces paraissent toujours ainsi, l'une à la suite de l'autre, comme mars et avril, leurs mois de floraison. N’est-il pas probable que les insectes, ces agents matrimoniaux des plantes, ont apporté sur les stigmates du N. Tazetta, avant sa complète flétrissure, la pous- siére pollinique fraiche et vivante du N. juncifolius? Cette conjecture devient presque une certitude, si l'on considére que notre plante ne croissait guère en société du N. juncifolius, mais presque uniquement auprès du N. Zazetta, comme si celui-ci, secouant ses graines, ly eüt ensemencé. Dans un cas analogue, le N. poetico-Tazetta de M. Loret (Bull. Soc. bot. Fr., t. XVI, p. 152) lui a offert les mêmes phénomènes, et la situation respective des parents et de l'hybride s'est trouvée identique des deux côtés. La conclusion qui se dégage des prémisses que l'on vient de lire nous . parait suffisamment rigoureuse; mais, afin de l'exprimer avec toute l'au- torité désirable, nous la plaçons sous la plume de M. H. Loret lui-même, une des lumiéres de la Société botanique de France dans les questions critiques de la science des fleurs. A l'envoi de notre plante encore fraiche et aux observations qui la concernaient, l'éminent floriste, frappé par l'évi- dence des faits, répondait récemment, sous la date du 24 avril, par cette déclaration péremptoire : « Vous tenez un hybride qui n'a pas encore été » publié, c'est-à-dire, comme vous l'avez présumé, le Narcissus junci- » folio-Tazetta. » Disons, pour terminer, que nous avons rencontré le N. juncifolio-Ta- zetta cette année méme, le 17 avril, dans une petite prairie située entre Brouzet-sur-Quissac et le Vidourle. UNE VARIÉTÉ INÉDITE DE L'ANEMONE NEMOROSA, T DÉCOUVERTE DE L'HIERAGIUM PRÆALTUM DANS LE DÉPARTEMENT DE L'EURE, par M. NIEL. Depuis trois années j'observe dans un petit bois à Neuvillette, hameau du Mesnil-Esnard, prés de Rouen, l'Anemone dont j'ai l'honneur de vous remettre ci-joint quelques échantillons. Cette plante avait attiré mon attention par sa forme singuliére et sa floraison tardive (elle fleurit trois semaines environ aprés l'Anemone nemorosa), ses feuilles larges d'un vert glauque et ses grandes fleurs d'un blanc mat. Les lobes des feuilles sont moins découpés que ceux de l'Anemone nemorosa, les segments de l'involucre n'égalant pas, comme dans cette dernière, la moitié de la longueur du limbe. Plusieurs de mes SÉANCE DU 8 JUIN 1883. 197 collègues ont étudié avec moi cette forme intéressante. M. l'abbé Letendre m'a dit l'avoir déjà remarquée, il y a quelques années, dans une autre localité. Elle croit dans un petit bois, sur un terrain argilo-calcaire, au milieu de touffes d'Anemone nemorosa ; ce serait probablement plutôt une variété de cette derniére, qu'une hybride, d'autant plus que l'habitat est assez éloigné des jardins. Peut-étre cette Renonculacée serait-elle ana- logue à la forme indiquée par M. Graves dans la forét de Chantilly? Je serais heureux, dans tous les cas, d'avoir votre opinion à ce sujet. Je joins à mon envoi un Hieracium que je crois être le prealtum Vill., ou plutót la variété Bauhini de Reichb. Cette plante nouvelle pour la flore du département de l'Eure, je l'ai rencontrée assez abondante dans deux localités des environs de Bernay, à Saint-Quentin des Iles et à Saint-Aubin-le- Vertueux. M. Malinvaud ajoute les remarques suivantes : L'Anémone qui a fixé l'attention de notre collégue est une variété téra- tologique de l'Anémone Sylvie. Sur les spécimens qui s'éloignent le plus de la forme normale, les organes de reproduction ne paraissent pas alté- rés, mais les sépales sont trés agrandis et surtout élargis, d'ailleurs fort inégaux et irréguliers, découpés ou laciniés au sommet, quelques-uns lobés latéralement, les externes recouvrant plus ou moins complétement les internes, au point de simuler une fleur double, quoique leur nombre ne soit pas augmenté. Les feuilles de l'involucre sont aussi profondément modifiées, à segments considérablement élargis, se recouvrant par les bords, qui sont plus ou moins ondulés et irréguliérement incisés-dentés, presque frangés ; sur un échantillon on ne voit que deux feuilles involucrales ; sur d'autres, au lieu d’être à peu prés égales, on en voit une beaucoup plus développée, la seconde de moitié plus petite, la troisième rudimentaire. Les pétioles sont dilatés. On observe les mêmes altérations, seulement un peu moins prononcées sur les feuilles radicales. Sur quelques exemplaires la fleur est indemne, le feuillage seul est anomal. La forme rencontrée par Graves dans la forêt de Chantilly, et à laquelle notre confrère a fait allusion, était caractérisée par « les segments des » feuilles de l'involucre dentelées à dentelures inégales et non pas inci- » sées-dentées. » Il n'est fait mention, dans la note qui la concerne (1), (1) Graves, Catal. Oise. — Cosson et G. Fl. envir. Paris, 2* édit. p. 9. 193 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. d'aucune irrégularité des sépales. Elle ne devait done avoir qu'un rapport assez éloigné avec la plante des environs de Rouen. L'Anémone Sylvie paraît sujette à d’assez fréquentes anomalies. Pritzel, dans son Anemonarum Revisio (1842), signale, à propos de cette espèce, des aberrationes vegetationis très remarquables : toutefois aucun des cas assez variés rapportés par les auteurs ne m'a semblé exactement ap- plicable à la curieuse monstruosité dont nous devons la connaissance à M. Niel. Le nouvel Hieracium découvert dans l'Eure appartient certainement au groupe du prealtum. Les échantillons que nous avons sous les yeux n'étant pas stoloniféres, on ne devrait pas les rapporter, d'aprés Reichen- bach (Fl. excurs. p. 263), à PH. Bauhini Schult., qui se distinguerait stolonibus longissimis ramosis de l H. prealtum Vill. stolonibus nullis. Mais je suis de l'avis de Grenier, qui attachait peu d'importance à ce caractère et attribue à PH. prealtum une souche « ordinairement munie » de stolons » (Fl. de Fr. lI, p. 350). Aussi, quoiqu'elle en soit dépourvue, je crois pouvoir réunir la forme des environs de Bernay, toute hérissée de longs poils étalés, au n* 311 bis de l'Herbarium normale de Schultz, dont l'étiquette porte : « H. prealtum Vill. var. p. decipiens Fries; var. y, » hirsutum Fr. Sch. Arch. de Fl. 1, 13; — H. fallax DC. Fl. fr. V, » 442, non Willd. » M. Petermann annonce, dans une lettre adressée à M. Malinvaud, qu'il a récolté à Saint-Quentin le Chenopodium ficifolium Sw. M. Roze présente à la Société des échantillons de l'Ergot de Seigle mis en culture en mars et portant des tétes ascophores, dont le développement, ainsi qu'il l'avait déjà constaté, coincide avec l'époque de la floraison du Seigle: I fait ensuite la communication suivante : CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE LA FÉCONDATION CHEZ LES AZOLLA, par M. E. ROZE. D’après la révision des espèces du genre Azolla que l’on doit à M. Stras- burger (1), ce genre comprendrait quatre espéces distinctes qui auraient pour patrie, les deux premières, l'A. caroliniana Willd. (A. eristata Kaulf.) etl A. filiculoides Lamarck (A. magellanica Willd.), l'Amérique, la troisième, PA. pinnata R. Br., l'Océanie, l'Asie, l'Afrique occidentale (1) Ueber Azolla (Iena, 1873). SÉANCE DU 8 JUIN 1883. 199 et méridionale, et la quatrième, lA. nilotica Dene, l'Afrique (le Nil Blanc); quant à la var. rubra de VA. filiculoides Lam. (A. rubra R. Br.), qui constituera peut-étre plus tard une espéce à son tour, elle n'aurait été signalée qu'en Océanie. Cet habitat non européen et le point de vue sous lequel ce genre curieux de plantes aquatiques avait été envisagé jusqu'alors n'avaient pas permis d'étudier d'une manière satisfaisante les phénomènes de leur fécondation. En effet, Griffith avait bien consciencieusement suivi sur le vivant le développement des organes mâles et femelles de lA. pin- nata (1) ; mais il n'en avait nullement compris le róle dans l'acte fécon- dateur. D'un autre cóté, on n'avait pu disposer que de spécimens desséchés des autres espèces, et leur mise en culture n'avait donné aucun résultat. M. Caille, jardinier en chef du Jardin botanique de Bordeaux, en culti- vant avec succès des échantillons vivants des A. caroliniana et filiculoides, et en signalant le premier (2), surl' A. caroliniana, l'apparition de fructi- fications normales, a donc rendu un véritable service. Le climat de Bor- deaux paraît, du reste, assez bien convenir à ces deux espèces américaines, car quelques poignées de la premiére en 1879, et de la seconde en 1880, jetées cà et là dans les fossés des marais de cette ville, ont donné nais- sance à une légion innombrable de ces plantes, qui ont envahi presque tous les fossés, mares et étangs du département de la Gironde ; les deux espéces commencent méme à étre signalées sur les confins des départements limitrophes, et leur multiplication, surtout celle de l'A. filiculoides, en de certains endroits est si rapide, que les Lemna, l'Hydrocharis, le Salvinia natans lui-méme, sont menacés d'y disparaitre (3). Nul doute que les fructifications de cet Azolla ne lui permettent de se maintenir, malgré le froid des hivers, dans les localités ainsi envahies, et que ce genre ne soit tout à fait acquis à la flore francaise. M. Caille avait eu l'obligeance de m'envoyer, en 1881, d'assez nombreux échantillons fructifères de l'A. caroliniana, provenant de sa récolte de l'année : la mise en culture de ces échantillons, qui avaient par malheur déjà subi l'effet de la dessiccation, ne m'a permis d'y constater, l'année suivante, aucun phénoméne biologique (4). J'eus recours de nouveau, en (1) Notulæ ad plantas asiaticas (Calcutta, 1847). (2) Actes de la Soc. Linnéenne de Bordeauz (1880). (3) Je crois devoir compléter ces détails que je dois à M. Caille, en mentionnant qu'il avait recu la première espèce en 1878, mais que la seconde ne lui était parvenue en échantillons vivants qu'en 1880, et de provenance de Londres, sous le nom d'A. pinna- tifida. Ce synonyme de l'A. filiculoides ne figure point dans l'ouvrage de M. Strasburger : il désignerait peut-être assez bien le type Azolla dans un Hortus europaus. (4) Je ne dois toutefois pas omettre de faire connaitre que la surface de l'eau de mes récipients m'a offert, aprés deux mois, un spectacle assez curieux : elle était couverte cà et là des petits plasmodiocarpes, assez irréguliers de forme, d'un Myxomycéte que j'ai cru pouvoir rapporter au Didymium Serpula Fr. Ce Myxomycète, parfaitement aqua- tique, avait dà vivre aux dépens des fructifications de l'Azolla : il se pourrait qu'il eût été en partie la cause de l'insuccés de mes cultures. 200 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 1882, aux bons soins de mon correspondant pour faire de nouvelles prépa- rations; mais pendant celte année 1882, trés pluvieuse et relativement froide, PA. caroliniana, tout en se multipliant par division des frondes, demeura stérile. M. Caille ne put me faire parvenir qu'une douzaine de frondes d'A. filiculoides portant au plus une vingtaine de fructifications. J'en détachai néanmoins ces fructifications et je les déposai sur l'eau d'une petite éprouvette que je recouvris d'une cloche à boutures. Ne connaissant pas l'époque favorable à la fécondation, j'examinai à diverses reprises le contenu de mon éprouvette à partir du mois de février jusqu'au mois d'avril; je commencai méme à désespérer du résultat, la plupart de mes fructifications étant peu à peu tombées au fond du récipient, lorsque je ne fus pas peu surpris, le 30 avril, de distinguer à la loupe, nageant à la surface du liquide, deux petits corpuscules arrondis, verdâtres, mesurant le pre- mier un demi, l'autre un millimétre de diamétre. Ces corpuscules, observés immédiatement sous un plus fort grossissement, se présentaient dans l'eau sous la forme d'un cône celluleux renversé, dont les 5/6* étaient immergés, et dont la partie supérieure aérienne avait l'aspect d'une cupule évasée, du centre de laquelle émergeaient deux rudiments foliaires (voy. fig. 19). C'étaient deux embryons d'A. filiculoides. La fécondation s'était effectuée à mon insu. J'eus le regret de ne pouvoir, malgré de nombreuses recherches, étre mis à méme de l'observer complétement et de vérifier sur cette espéce les curieux détails de la formation du prothalle et de l'embryon de IA. caroliniana publiés par M. Berggren (1). Mais j'eus le plaisir de faire d'abord quelques observations assez intéressantes sur l'organe mâle de lA. filiculoides ; puis de les faire suivre, vers la fin du mois de mai dernier, de quelques constatations sur le développement de cet organe, grâce à de nouveaux échantillons de cette méme espèce communiqués obligeamment par M. Caille. C'est un résumé de cette étude et de ces observations que je demande la permission de faire connaitre à la Société. Les Azolla font partie des Cryptogames vasculaires à spores sexuées, qui comprennent seulement les Marsiliacées (Pilularia et Marsilia), les Isoétées (Isoetes), les Salviniées (Azolla et Salvinia) et les Sélaginellées (Selaginella). Ce groupe offre un intérét particulier en ce qu'il renferme les plantes les plus élevées en organisation chez lesquelles la fécondation s'opère encore au moyen de l'eau, qui sert de véhicule à l'élément mâle doué de motilité sous la forme d'anthérozoides, et en ce que cet élément mâle s'y développe sur la plante adulte, dans des organes dont l'origine est complètement distincte de celle des organes femelles, comme le sera à son tour celle de l'étamine et du pistil. (1) Lund Univers. Arsskrift, t. XVI (voyez Rev. des sc. nat. de Montpellier, 3* série, t. I (1884), et Ann. sc. nat. 6° série, t. XIII, p. 239). We. ro M Nn SÉANCE DU 8 JUIN 1883. 901 Les espèces du genre Azolla, qui paraissent devoir être monsiques, portent sous leur fronde deux sortes de fructifications, ordinairement accouplées : ce sont deux sacs vésiculeux dont le plus grand, appelé sore par les descripteurs, renferme un bouquet de sporanges mâles (ou andro- sporanges), et dont le plus petit constitue un seul sporange femelle (ou gynosporange). L'A. filiculoides présente déjà trés visiblement en mai des sores dans lesquels on peut observer des androsporanges à tous les degrés de développement : j'en ai compté jusqu'à soixante dans un sore. L'androsporange a pour origine une cellule allongée, insérée obliquement sur le placenta commun situé au milieu de la base du sore. Cette cellule se divise en deux autres par une cloison transversale : la cellule supérieure deviendra le centre de formation du sporange proprement dit, la cellule inférieure en formera le pédicelle. On voit, en effet, la multiplication cellulaire s'effectuer assez rapidement à la partie supérieure et former bientôt une sorte de sphérule creuse où se concentre un plasma granu- leux, légèrement grisâtre (fig. 5 à 8). Puis l'organe augmente de volume, les cellules extérieures présentent cà et là quelques grains de chloro- phylle, et le plasma interne s'organise en vacuoles sphériques peu distinctes : c'est la période de formation des cellules-mères des andro- spores (1). Je n'ai pu malheureusement trouver de sporanges qui m'aient permis d'y constater la naissance par quatre de ces androspores (2) : le plasma prend effectivement alors une teinte opaline, légèrement jaunâtre, et ne permet de distinguer que les androspores, qui, avec leur teinte jaune clair et leurs trois sutures conniventes au sommet, s'y montrent déjà comme tout à fait libres. Elles sont en réalité tenues en suspension dans un plasma issu du précédent, et qui s'organise également assez vite, pendant que le sporange augmente lui-méme de volume (fig. 9). En effet, ce plasma devient presque opaque ; il se sectionne en 5-7 segments à peu prés égaux, et forme dans chacun de ces segments un assez grand nombre de cellules aériféres d'inégale dimension, parmi lesquelles se trouvent réparties les androspores (fig. 10). La surface de ces segments est re- couverte par une sorte de cuticule presque hyaline, mais finement papil- (1) Je crois devoir employer de préférence ces termes d'androspores et de gynospores pour désigner les microspores et les macrospores des auteurs : j'en ai donné les raisons dans une communication que j'ai eu l'honneur de faire à la Société, en 1867, sur la fécondation dans les Sélaginelles (voyez Bulletin, t. XIV, p. 176). (2) Griffith a donné un dessin assez net de cette naissance par quatre des androspores au sein de leurs cellules-méres plasmatiques, chez l'A. pinnata. On sait toutefois qu'il regardait l'androsporange comme un fruit capsulaire (l. c. Atlas, pl. cxx, fig. 3 1/16). [J'ai été plus heureux quelque temps aprés. J'ai pu, en effet, discerner assez nette- ment, dans le plasma d'un trés jeune androsporange, des formations celluleuses dif- fluentes, renfermant les androspores groupées par quatre, mais séparées les unes des autres et constituées par des sphérules hyalines à sommet triédrique. [Note ajoutée pendant l'impression.) 202 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. leuse; cette cuticule émet dans le même temps des poils glochidiens que l'on apercoit assez difficilement, sous la paroi externe du sporange, comme comprimés sur les segments celluleux qui leur ont donné nais- sance. Arrivés à leur point de maturité, qui coincide avec la déhiscence de la membrane du sore et de celle du sporange, les segments appelés massules par les auteurs, et qui ne sont autre chose que des flotteurs, grâce à leurs cellules aériféres, se trouvent plongés dans l'eau environ- nante (fig. 11). Ils y flottent et surnagent parfaitement ; leurs poils glo- chidiens se hérissent, et il n'est pas rare de les voir non seulement s'accrocher les uns aux autres par ces glochidies, mais se fixer aux fila- ments piliformes extérieurs de la gynospore, débarrassée dans le méme temps de la membrane basilaire de son gynosporange (1). Cette formation cellulaire si remarquable, qui constitue des flotteurs pour l'organe mâle et qui se retrouve pour y jouer le méme rôle à la partie supérieure de l'organe femelle, est particuliére au genre Azolla. Tou- tefois les poils glochidiens qui se montrent si nettement sur les A. fili- culoides et caroliniana ne constituent pas un des caractéres génériques des Azolla, car ils paraissent faire défaut chez les A. pinnata et nilotica. J'avais été surpris, dans mes premières observations, de voir les andro- spores ainsi séparées les unes des autres et enchássées au milieu d'un tissu cellulaire d'origine évidemment plus récente que là leur : on voit, par ce qui précéde, que cette disposition a pour but de grouper les andro- spores, de les rapprocher ainsi groupées de la gynospore, et de les faire flotter avec elle, pour faciliter en quelque sorte les premiéres phases de l'acte fécondateur. On sait que chez le Salvinia natans l'androspore émet au dehors, en soulevant la paroi externe du sporange, un boyau germinatif constitué par l'endospore, et qu'à l'extrémité de ce boyau germinatif se forment deux cellules au sein desquelles s'organisent les cellules-méres des anthéro- zoides. Je n'ai rien pu constater de semblable chez PA. filiculoides. Les androspores ne m'ont pas paru émettre au dehors aucun prolongement de leur membrane interne. Je n'ai réussi à y voir que l'écartement de leurs trois valves apicales. Mais j'ai remarqué qu'une résorption locale de la membrane enveloppante des flotteurs, au-dessus de l'androspore déhis- cente, probablement par suite d'un changement d'état de cette mem- brane, permettait à cette androspore de communiquer librement avec l'eau ambiante (fig. 14 et 15). L'action endosmotique de l'eau est ainsi la cause de la déhiscence de l'androspore, à sa maturité. C'est de cette facon aussi (1) Traités par le chloro-iodure de zinc, qui donne aux cellules de l'androsporange une légère couleur violacée, les massules et les androspores prennent une teinte d'un jaune rougeâtre très caractéristique : la teinte est plus foncée pour les androspores que pour le tissu cellulaire des massules. SÉANCE DU 8 JUIN 1883. 203 que les cellules-méres des anthérozoides m'ont semblé s'échapper direc- tement de l'androspore, et que les anthérozoïdes eux-mêmes, au nombre de 3-4, une fois libres par la résorption de leurs cellules-mères, se mettent en mouvement dans leliquide. Ce mouvement est fort rapide, mais il dure peu de temps dans les préparations : il est dù à l'agitation ciliaire d'une spire filiforme qui entoure d’un pôle à l'autre une vésicule plasmatique sphéroïdale contenant de très petits granules amylacés (fig. 16). Cet anthé- rozoide m'a paru ressembler en tous points à celui du Salvinia natans. Ainsi que je l'avais observé dans l'étude que j'avais faite, en 1867, des anthérozoides de ce Salvinia, j'ai été conduit à remarquer, dans mes recherches sur PA. filiculoides, que lorsque, par des pressions succes- sives sur les préparations microscopiques, on obtient des anthérozoides de moins en moins développés, on voit le filament cilié se détacher de plus en plus de la vésicule plasmatique ; il en résulte que lorsque ce fila- ment s'en sépare complétement et continue à se mouvoir seul dans le liquide, on a devant les yeux un anthérozoide anomal et incomplet (fig. 17-18). Les anthérozoides au contraire, que je crois pouvoir regarder comme normalement développés, sortaient tout d'abord les premiers de leur androspore, montrant leur filament cilié toujours enroulé autour de leur vésicule plasmatique, et demeuraient ainsi constitués jusqu'à leurs dernières vibrations ciliaires : ce qui me confirme dans l'opinion que j'ai émise antérieurement (1), touchant l'importance que ne peut manquer d'avoir, dans l'acte fécondateur, le róle.de cette vésicule de plasma. J'aurais désiré suivre également les développements successifs de l'organe femelle; mais le mauvais état de mes gynosporanges ne me le permit pas. Le travail de M. Berggren (l. c.) laisse d'ailleurs peu de chose à ajouter à ce qu'il a fait connaitre sur la formation du prothalle et de l'embryon de PA. caroliniana. Je crois devoir signaler cependant le róle particulier que me semble jouer dans l'acte fécondateur la mem- brane interne du gynosporange de l'A. filiculoides (et probablement des autres espéces d'Azolla), qui reste adhérente au sommet de la gyno- spore en se détachant de la membrane externe formant coiffe à sa partie supérieure, jusqu'à l'époque de la fécondation. Cette membrane est une cuticule presque hyaline, extrémement mince, qui, par suite d'une sorte de décollement, se retourne et prend la forme d'un entonnoir dont la base est son point d'attache sur la gynospore (2) ; celte cuticule est feutrée extérieurement de filaments piliformes extrémement fius et ondulés, qui s'en détachent surtout à sa partie inférieure. Cet entonnoir se trouve (1) Voyez Ann. sc. nat. 5° série, t. VII, p. 87. Ce mémoire contient aussi un résumé de mes observations sur les anthérozoides du Salvinia natans. (2) On peut se représenter l'effet que produit cette cuticule infundibuliforme par la figure qu'en donne M. Strasburger (loc. cit. pl. vi, fig. 92). 904 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de la sorte inséré entre les trois flotteurs, au-dessus du point même où apparaîtront successivement le prothalle, puis sur le prothalle les arché- gones : il doit donc servir à favoriser l’accès de ces organes aux an- thérozoïdes (1), ainsi que cela se passe chez les Marsiliacées, sur les gynospores desquelles une cavité comparable est constituée par leur enveloppe gélatineuse externe. L'évasement du sommet du col des arché- gones, dans d'autres classes de Cryptogames, est bien évidemment pré- paré dans le méme but. L'examen de l'embryon de lA. filiculoides ne m'a pas paru faire ressortir de différences notables avec celui de PA. caroliniana qu'a décrit et dessiné M. Berggren. Il se présente de méme sous la forme d'un cóne renversé, évasé à sa partie supérieure aérienne ; toutefois cette partie m'a semblé chez l'A. filiculoides être circonscrite par une bordure non inter- rompue de cellules (fig. 19). M. Berggren figure l'embryon de l’A. caro- liniana comme ayant au contraire un bord infléchi et faisant ouverture sur un de ses points. Mais, d'un autre côté, j'ai retrouvé sur l'embryon de PA. filiculoides les deux expansions foliaires, la naissance de la première racine, la formation du premier faisceau vasculaire reliant ia première feuille à la racine, qu'avait déjà signalées M. Berggren. Cet embryon conique flotte aussi sur l'eau comme celui de YA. caroli- niana, c'est-à-dire la pointe en bas; il est également libre de toute adhérence avec la gynospore qui lui a donné naissance et dont je n'ai pu retrouver les restes dans ma préparation. Mais qu'est-il lui-méme, ce cóne celluleux embryonnaire, cet écusson, comme l'appelle M. Berggren, pour le désigner sous le méme nom donné à l'organe similaire chez le Salvinia, sinon une formation primordiale de laquelle va sortir la jeune plantule, et qui par eonséquent est nécessaire au premier développement de celle-ci ? Or, si l'on compare entre eux, sous ce rapport, les six genres connus des Cryptogames vasculaires à spores sexuées, on sera conduità les classer en trois groupes qui répondent assez bien à l'idée qu'on pourrait se faire de plantes dépourvues ou munies de un ou de deux cotylédons. La formation pseudo-cotylédonaire manque en effet chez les Pilularia, Marsilia et Isoetes, tandis qu'elle existe, avec l'apparence d'un seul pseudo-cotylédon chez les Azolla et Salvinia, et de deux pseudo-cotylé- dons chez les Selaginella. Il n'est pas douteux qu'au point de vue de l'évolution ce groupement ne doive avoir son importance. (1) J'ai constaté l'existence de cette méme cuticule infundibuliforme sur des gyno- spores desséchées de l'A. caroliniana. Elle ne s'est pas montrée à moi comme étant composée de cellules, ainsi que la figure Mettenius (Linnea, vol. XX, 1847), mais plutôt comme en présentant l'empreinte. SÉANCE DU 8 JUIN 1883. 205 5322 022 ju 2s yj v MICHELEZ HC, Explication des figures, toutes prises de 1'Azolla filiculoides Lam. . Une fronde de grandeur naturelle, vue en dessus. . La moitié de la méme fronde, vüe de cóté, laissant voir les sores. . Un sore à androsporanges en coupe longitudinale. 22. C2 t9 — 4. Aspect extérieur d'un androsporange qui n'a pas encore atteint sa matu- rité, 39. ot , 6, 7, 8. Formation d'un androsporange jusqu'à la constitution d'un nucléus central plasmatique. 27? . 206 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 9. Coupe optique d’un androsporange montrant les androspores en suspension dans un plasma granuleux, =°. 10. Coupe optique d'un androsporange prés de sa maturité. [On apercoit des grains de chlorophylle dans les cellules extérieures; les massules (ou flotteurs) laissent voir les androspores enchássées dans leurs cellules aériféres, qui, en s'accroissant, vont doubler le volume des massules.] 11. Une massule sortie à sa maturité de l'androsporange. +°. 12. Une androspore, vue d'en haut, dégagée des cellules enveloppantes de la massule. 329. 1 13 a. et b. La méme, vue de côté, avant et aprés la déhiscence. 522. 14. Une portion de massule laissant voir la partie supérieure d'une andro- spore déhiscente; au-dessus de cette androspore apparait la résorption locale de la membrane enveloppante, sur laquelle est inséré le pied d'une glochidie. 529. 15. Coupe schématique de cette même portion de massule. ©. 16. Un anthérozoide normalement développé. 52. 17, 18. Deux anthérozoides incomplétement développés, dont l'un traine aprés lui sa vésicule plasmatique, et dont l'autre s'en est détaché et se trouve réduit à un filament cilié, 59°. 19. Un embryon tel qu'il a été observé le 30 avril. Il était constitué par un écusson conique dont la partie supérieure concave émergeait au-dessus de l'eau et laissait voir les rudiments des deux premières feuilles de la fronde ; la naissance de la premiére racine est indiquée à droite. E 600. 1 M. Vallot présente à la Société un appareil qu'il a imaginé pour hâter la dessiccation des plantes ; il le monte devant la Société et en explique le fonctionnement. DESCRIPTION D'UN NOUVEL APPAREIL DESTINÉ A LA DESSICCATION DES PLANTES DANS LES VOYAGES, par M. J. VALLOT. Tous les botanistes herborisants ont eu l'occasion de déplorer la diffi- culté qu'il y a toujours à dessécher les plantes dans les voyages, particu- lièrement dans les montagnes et dans les contrées méridionales, où les herborisations sont trés fructueuses. Plusieurs instruments de dessiccation out été imaginés, mais la plupart exigent l'emploi de grands coffres, des cheminées, méme du gaz d'éclairage, et ne peuvent étre employés que par des botanistes locaux qui rentrent chez eux au bout de deux ou trois jours, et peuvent ainsi se servir d'instruments commodes, mais peu transpor- tables. La presse en grillages de fil de fer est le seul appareil pratique en voyage ; malheureusement son emploi, excellent en Algérie oü l'air est sec et chaud, ne donne pas de bons résultats sous le climat froid des Alpes et des Pyrénées. Aprés divers essais, j'ai fini par étre convaincu que la meilleure méthode pu em SÉANCE DU 8 JUIN 1883. 2307 est celle qui est employée ordinairement, qui consiste à meltre les plantes dans des chemises de papier, ou elles restent jusqu'à dessiccation com- pléte, les chemises étant séparées par des matelas de papier. Le tout doit être étalé chaque jour et remis en presse. Pour simplifier le bagage, je supprime la presse, et je la remplace par une simple cordelette liée en croix ou en double croix autour du paquet. Pour augmenter la pression, une malle ou une grosse pierre peut étre superposée au paquet solidement lié. Ce systéme me donne des résultats aussi bons et aussi rapides que l'emploi de la presse. Une attention toute particulière doit être donnée au papier. L'ancien papier buvard des botanistes a fait son temps. Il prend, il est vrai, rapi- dement l'humidité, mais il la conserve avec une ténacité particulière, et souvent il n'est pas sec aprés douze heures d'étendage. De plus, si l'on est obligé de s'éloigner pendant trois jours seulement pour une excursion éloignée, on a beaucoup de chances de trouver au retour les plantes non encore sèches envahies par les moisissures. Depuis quelques années, M. le D' Cosson emploie pour les chemises un papier paille assez fort el en obtient un bon résultat. J'ai généralisé l'emploi de ce papier en m'en servant méme pour les matelas, et j'ai ainsi complètement proscrit le papier buvard. Le papier paille prend trés bien l'humidité, et il suffit de cinq à six heures pour le sécher ; on peut donc faire deux ou trois éten- dages par jour, ce qui double en quelque sorte l'espace. De plus, ce papier coüte trois fois moins cher (1) et pése deux fois moins que le papier buvard. Enfin, je n'ai jamais eu de moisissures par son emploi. Les préparations obtenues ainsi sont aussi belles qu'avec l'ancien papier, méme pour les plantes succulentes, et les couleurs sont mieux conservées. Dans les voyages botaniques, l'étendage des plantes est une grosse affaire. L'espace manque dans une chambre d'hôtel, et l'on est réduit à envahir les corridors, ce qui est rarement possible, ou à chercher un grenier, ce qui n'est pas toujours sans inconvénients, quand on en trouve : je me rappellerai toujours le grenier de l'hospice du Lautaret, que j'avais rempli de plantes, étendage vaste, mais habité par des lapins destinés aux gibelottes des voyageurs et qui se sont vengés en me dévorant une belle collection de Sempervivum qu'ils savaient trés bien choisir au milieu des autres plantes. Cette lecon me fut profitable, et dés lors je cherchai à construire un appareil capable de permettre l'étendage de plusieurs centaines de plantes dans une chambre. Aprés divers tàtonnements, je me suis arrété à un systéme qui réunit (1) On trouve rarement dans le commerce le papier paille du format ordinaire des herbiers. On en trouvera d'excellent chez MM. A. Féret et C^, 16, rue Étienne Marcel. Ce papier mesure 45 centimètres sur 55, la feuille ouverte, et coûte 3 fr. 50 cent. la rame de 8 kilos (480 feuilles). 208 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. les conditions de solidité, de rapidité et de facile transport. La commo- dité de cet appareil, que j'emploie depuis plusieurs années, m'a décidé à le présenter aux botanistes, et à indiquer les détails de sa construction pour que les intéressés puissent en faire construire de semblables. L'appareil démonté se renferme dans une petite caisse fermant à clef, de 90 centimètres de long sur 38 centimètres de large et 23 centimètres de haut. Quand il fonctionne, on peut y étaler de 500 à 600 feuilles. ll pèse 15 kilogrammes, y compris la caisse; 10à 12 minutes suffisent pour le monter ou le démonter entiérement, sans l'aide de personne. L'appareil, représenté fig. 1 (à l'échelle de 1/20), se compose de deux _B Ag. / i ` d RER la : sz; ] D | ^ RL Css T cadres, ABRS, CDTU, réunis par quatre barres transversales, K, N, P, Q, et maintenus par une cordelette O liée en croix. Les cadres ser- vent à porter une série de plans de ficelles, dont on parlera plus loin. Pour la clarté du dessin, je n'ai figuré que les parties principales; on se reportera aux figures suivantes pour les détails. La moitié supérieure du cadre, CDGH, est représentée fig. 2, à l'échelle de 1/10. On voit que les montants CG, DH, qui doivent être trés forts, ayant à supporter tout le poids des plantes, sont réunis par des réglettes transversales a, b, c, et par d'autres en diagonales d, e. Sur les réglettes transversales, on en a cloué d'autres, f, g, h, k, qui servent à fixer les SÉANCE DU 8 JUIN 1883. 209 ficelles. La partie inférieure du cadre est symétrique de la partie supé- rieure, et le cadre ABRS est pareil au cadre CDTU. Les montants sont percés sur toute leur longueur d'une série de trous distants de 4 centimètres, ainsi que les réglettes e, g, h, k. Des ficelles CT —I 3107]? Ag 2. ^ solides sont passées dans ces trous, de manière à former une série de plans distants de 4 centimètres ; une seule a été figurée ici pour laisser plus de clarté au dessin. On attache la ficelle en h (fig. 1), et on la passe suc- cessivement dans les trous g, f, e, d, c, b et a, où l'on attache l'autre bout. C'est sur le plan ainsi formé qu'on place les feuilles de papier, en les imbriquant comme d'habitude. J'ai figuré un des plans de feuilles en EFGH. L'appareil présente ainsi comme une série de tablettes, dis- tantes de 4 centimètres, entre lesquelles l'air circule facilement, ce qui T. NXX. (SÉANCES) 14 210 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. permet au papier de se dessécher très rapidement. On peut remarquer Fig. 3 OX vh | | K K | | | PD ou u y ; a. " U | o € NYSE que les deux faces de chaque feuille sont soumises à l'air, tandis que dan »* * . LJ l'étendage à terre, la face inférieure est en contact avec le sol. SÉANCE DU 8 JUIN 1883. 211 Les ficelles sont attachées une fois pour toutes en construisant l’appareil, et l’on n’a plus à s’en occuper. Chaque plan doit être attaché séparémen en à et en h, sans communication avec le plan supérieur ou le plan infé- rieur, pour éviter que le poids des feuilles inférieures ne tende outre Zg. 4 ne NA a A j J| Y AN AN S S KE S SUN L ? wu mesure les plans supérieurs. On cloue en CD, GH, etc., du ruban de fil, pour empêcher les parties saillantes d’accrocher les ficelles dans le montage. Chacune des barres transversales K, N, P, Q, est formée de trois piéces IK, KL, LM, réunies par des vis et fixées en I et en M. La figure 3 donne les détails de ces pièces, à l'échelle de 1/2, en plan et en élévation. On 912 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. voit que deux plaques de fer sont fixées sur la barre à, de manière à embrasser exactement le montant I. Ces plaques et le montant sont percés de trous, dans lesquels on passe une petite tige de fer d. Les traverses IK, KL, LM, sont réunies deux à deux par deux vis, comme on le voit dans la figure 3. On remarque sur cette figure que la traverse æ est percée de quatre trous, quoiqu'il n'y ait que deux vis. Ces trous en double ont un usage spécial : si les ficelles viennent à s'allonger, par suite d'un voyage dans un pays plus chaud et moins humide, on change les vis de trous pour les mettre en k et en k, ce qui produit Pallon- sement de l'appareil et tend ainsi toutes les ficelles ensemble. Pour obtenir des résultats gradués, les trous f et h, g et k, doivent être percés à un centimétre de distance en K (fig. 1) et à 2 centimètres en L (fig. 1). De cette manière, on peut avoir un allongement de 1, 2 ou 3 centimètres, suivant qu'on recule les vis K, les vis L, ou toutes en méme temps. Cet appareil, étant destiné aux voyages, doit pouvoir se replier pour se réduire à un petit volume et se mettre dans une caisse. À cet effet, les cadres ABRS, CDTU sont munis, en EF et GH, d'une articulation dont le détail est représenté fig. 4 (échelle 1/2). Les montants sont coupés en F et réunis par une charnière, aob, formée de deux plaques de fer réunies par un riveto. Un solide crochet de fer cd est placé à l'opposé de la charnière pour maintenir le cadre ouvert. Pour démonter l'appareil, on retire d'abord les traverses K, N, P, Q, en dévissant les vis en K, L, etc. ; mais on ne retire ces vis que de deux en deux, pour que les trois piéces composant chaque traverse restent réunies ; on fait tourner ces pièces autour des vis restantes pour les amener l'une contre l'autre, en faisceau. On plie ensuite les cadres autour des charnières EF, GH, et on les superpose; ensuite on raméne les ficelles en paquet au-dessus de l'appareil et on lie le tout avec des sangles. On n'a plus qu'à glisser les traverses, pliées comme nous l'avons dit, dans l'intérieur de l'appareil, où la place est plus que suffisante, et l'on introduit le tout dans la caisse, en y ajoutant le paquet de vis et le tournevis. L'appareil fermé est représenté fis. 5, tel qu'il est au moment de l'introduire dans la caisse, à la méme échelle que l'appareil monté (fig. 1). Il est important que les charniéres soient solidement construites et que les barres transversales soient toutes exactement pareilles, afin qu'on SÉANCE DU 8 JUIN 1883. 913 puisse les fixer sans les choisir. Toutes les petites pièces, ainsi que les barres transversales, seront construites en peuplier, qui est un bois léger, mais les montants doivent étre fabriqués en bois plus résistant. L'appareil, renfermé dans sa caisse, peut étre mis au chemin de fer, dans une voiture ou sur un mulet sans risquer de se détériorer. Déve- loppé, il trouve place dans la plus petite chambre d'hótel sans l'encombrer, et il permet les étendages de jour, beaucoup plus sains que les étalages de nuit. Ainsi que le fait remarquer M. Malinvaud, tous ceux qui ont l'expérience des difficultés de la préparation des plantes quand on esten voyage s'empresseront d'utiliser un appareil aussi simple qu'ingénieux pour háter leur dessiccation. M. Malinvaud entretient la Société de la réunion extraordinaire tenue à Antibes le mois dernier. Il a regretté que l'état de sa santé àce moment ne lui ait pas permis d'en suivre les travaux aussi complètement qu'il eùt désiré, et il fait appel au témoignage des confréres présents qui ont assisté à toutes les excursions. M. Bescherelle rend compte brièvement de cette session, et, au nom de tous ceux qui y ont pris part, il remercie chaleureusement MM. Bornet, Vilmorin et Flahault, membres du comité local d'orga- nisation, auxquels avaient été confiés la direction supérieure et le soin des détails d'exécution ; gráce à leur actif dévouement, le pro- gramme adopté dans la premiére séancea été intégralement rempli et le but de la session entiérement atteint. ADDITION A LA SÉANCE DU 98 JUILLET 1882. ÉTUDE SUR UN HERBIER DE BOCCONE CONSERVÉ AU MUSÉUM DE PARIS, par M. Edm. BONNET (1). Parmi les anciens herbiers conservés dans les galeries de botanique du Muséum d'histoire naturelle, il existe trois fascicules de plantes sèches à peu prés inconnus, et sur lesquels je crois utile d'attirer l'at- tention, en raison de l'intérét que l'un de ces fascicules présente pour l'étude de la flore méditerranéenne. (1) Voyez le Bulletin, t. XXIX, Séances, p. 320 2314. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Cette petite collection a été formée dans la seconde moitié du dix- septième siècle par Boccone pour le prince de Condé; au moment de la Révolution, elle devint la propriété d'Antoine-Laurent de Jussieu, et, aprés la mort d'Adrien de Jussieu, elle fut offerte par ses héritiers au Muséum de Paris. Les trois fascicules de plantes en question n'ont point la forme que l'on donne aujourd'hui aux herbiers; ils sont, suivantla coutume de l'époque, reliés en volumes : deux de ces volumes ont conservé intacte leur reliure à dos doré et gaufré dans le goût du dix-septiéme siècle ; le troisième a été recouvert d'un papier marbré moderne de couleur grisâtre. Chaque page porte, sur le recto, une ou plusieurs plantes fixées par de larges bandelettes de papier gommé; la phrase diagnostique qui tient lieu de nom spécifique est inscrite au-dessous de chaque échantillon. Mais, avant de continuer la description de ces herbiers, il est nécessaire, pour l'intelligence de ce qui va suivre, de donner quelques détails sommaires sur l'auteur de la collection. Boccone (Paolo), né à Palerme en 1633, d'une famille noble de Sicile, . se livra de bonne heure à l'étude des sciences naturelles, et acquit rapi- dement comme botaniste une réputation qui lui valut le titre d'herbo- riste du grand-duc de Toscane. Désirant augmenter ses connaissances et entrer en relation avec les principaux naturalistes de l'époque, Boccone voyagea pendantles années 1671 et 1672 en Italie, en France, en Angleterre et en Allemagne. En France, il fit la connaissance du P. Barrelier, et en An- gleterre il se lia avec Morison, qui se chargea de surveiller l'impression dulivre que Boccone publia en 1674 à Oxford sous le titre : Icones et Des- criptiones rariorum plantarum Sicilie, Melite, Gallie et Italie (1). De retour dans sa patrie, Boccone entra dans un couvent de l'ordre de Citeaux et prit, avec la robe monacale, le surnom de don Silvio. C’est sous ce dernier nom qu'il publia à Venise, en 1697, les Museo di piante rare et Museo di fisica. Pendant son séjour en France, le botaniste sici- lien avait été très bien accueilli par le prince de Condé, chez lequel il avait trouvé le vivre et le couvert : « ad vicum Chantilly suburbanum » Serenissimi Principis Condei munificentissimi Patroni nostri » (Icon. et Descript. p. 22). C'est sans doute pour répondre à un désir de son illustre protecteur que Boccone composa l'un des trois fascicules de plantes conservés au Muséum. Sur la premiére feuille de garde de ce volume, on lit en effet la mention suivante : (1) Cet ouvrage, d'une belle exécution typographique, est assez rare; l'exemplaire qui m'a servi provient de la bibliothèque Saint-Victor, trés renommée aux 16* et 17° siècles : « Et trouva la librairie de Saint-Victor fort magnifique, mémement d'aucuns livres qu'il » y trouva, » (Rabelais, Pantagruel, livre I, chap. vi.) ADDITION A LA SÉANCE DU 28 JUILLET 1882. 219 Liure de papier blanc destiné à sécher, et conseruer les Plantes curieuses qui naissent autour de Chantelly (sic) par le trauail et estude de Boccone. Si Monseigneur le Prince le souhaite, le dit Boccone luy donnera satisfaction en quattre jours. Ce titre est reproduit à la seconde page avec quelques variantes, dont la plus importante est celle-ci : « Par Paul Boccone herboriste Sicilien le vingtiesme octobre mil six cent soixante et unse. » Ce fascicule d'herbier n'a du reste qu'un intérét de pure curiosité : toutes les vulgarités de la flore parisienne semblent s'y être donné rendez-vous; les échantillons, généralement bien conservés, se réduisent pour un certain nombre d'es- péces à des rameaux stériles ou à des feuilles radicales, ce qui s'explique facilement en raison de l'époque tardive à laquelle Boccone herborisait. Chaque plante porte, indépendamment de sa phrase spécifique, une indi- cation souvent assez longue de ses propriétés : vires et usus, comme on disait alors ; le tout est écrit de la main de Boccone. Si l'on réfléchit que le volume en question contient 125 espéces, et que les ouvrages de botanique et de matiére médicale ne devaient pas étre nombreux au château de Chantilly, on conviendra que quatre jours n'étaient pas de trop pour récolter, préparer et étiqueter 125 plantes, méme vul- gaires. Les deux autres volumes avaient été apportés d'Italie et offerts par Boccone au prince de Condé. L'un, celui qui a été recouvert d'un papier moderne, porte sur son premier feuillet de garde l'en-téte suivant : RECUEIL des Plantes les plus curieuses, qui | se trouvent en diuers endroits de l'Italie apportées en France par Paul Boccone Sicilien Herboriste de Ferdinand. II de glorieuse mémoire Grand-Duc de Toscane. Il contient 62 espèces en trés bon état, la plupart décrites dans l'ouvrage publié par Boccone à Oxford en 1674. Deux échantillons de cette collection : 1^ Conyza baccifera (Inula viscosa Ait.), 2^ Jacea 216 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. capitulis globosis (Centaurea melitensis L.), méritent une mention spéciale, parce que ce sont les originaux qui ont servi pour les planches 7 et 35 des Icones rariorum plantarum. Je ne décrirai pas plus longue- ment ce fascicule, toutes les espèces qui le composent ayant été soigneu- sement citées par Gussone dans son Synopsis. Le troisième volume, dont il me reste encore à parler, est de beau- coup le plus important. Il contient 93 espèces, presque toutes en trés bon état, parmi lesquelles 75 se rapportent à des plantes mention- nées dans les Icones et Descriptiones rariorum plantarum ; 4 sont citées. dans le Museo di piante rare, et une dans le Museo di fisica. Enfin, des 75 échantillons énumérés dans les Icones et Descrip- tiones, 44 sont manifestement les originaux qui ont servi de modèle pour les planches de ce dernier ouvrage : dans quelques cas, le gra- veur a copié servilement la plante qu'il avait sous les yeux; dans d'autres circonstances il a seulement emprunté aux échantillons de cette collection un rameau, une inflorescence ou quelques feuilles. Du reste, si l'on conservait quelques doutes sur l'authenticité du volume en question, la déclaration suivante, inscrite par Boccone sur la première feuille de garde, serait, ce me semble, de nature à convaincre les plus sceptiques : Plantes Rares que Paul Boccone Sicilien a apportées d'Italie; vne partie desquelles il a déja faites grauer, et qu'il pourra publier dans peu de temps, partant ce liure est original, parceque ce sont les mesmes Plantes sur les- quelles les planches ont été grauées. Le mesme liure servira pour justifier, ou pour condam- ner les équiuoques de l'Autheur. Ce n'est donc pas sans quelque étannement que j'ai lu dans Lasègue (Musée botanique Delessert, p. 332) la phrase suivante reproduite par M. Alph. de Candolle dans sa Phytographie (p. 397) : « On conserve à la Bibliothéque impériale de Vienne un petit herbier de Boccone contenant les plantes originales déerites dans l'ouvrage qu'il a publié en 1674 sous ce titre : Icones et Descriptiones rariorum plantarum Sicilie, etc.» Il est possible que les échantillons originaux de Boccone qui manquent au Muséum de Paris soient conservés à la Bibliothéque impériale de Vienne; mais il est certain que l'indication donnée par Laségue est sinon erronée, du moins beaucoup trop affirmative (1). (4) M. le D' H. W. Reichardt, conservateur du K. K. botanischen Hofcabinet, a bien voulu, sur ma demande, examiner l'herbier de Boccone qui fait partie des collections ADDITION A LA SÉANCE DU 28 JUILLET 1882. 217 Un fait digne de remarque, c'est que Gussone, qui a consulté les herbiers de Boccone alors qu'ils appartenaient encore à Adrien de Jussieu, n'a pas su reconnaitre l'intérêt du volume dont je parle, et n'a cité que quelques-unes (sept seulement) des plantes qu'il contient. Je crois donc utile de donner ci-après une liste des espèces contenues dans le fasci- cule qui fait le principal objet de cette note. J'ai fait suivre chaque phrase spécifique de Boccone : 1° de l'indication bibliographique puisée dans les ouvrages de cet auteur; 2 du nu méro de la feuille d'herbier qui contient l'échantillon correspondant; 3^ du nom linnéen adopté dans le Synopsis Flore Siculæ de Gussone avec renvoi à cet ouvrage. Enfin, les espèces dont le nom est précédé du signe + sont celles qui ont servi de type pour les planches publiées par Boccone. Alga spiralis Icon. p. 69, tab. 38, f. Il; Herb. p. 54. — Volubilaria mediter- ranea Lamrx (1). de la K. K. Hofbibliothek de Vienne ; je transcris ci-après les renseignements que je dois à l'obligeance de mon savant confrère : « L'herbier de Boccone est inscrit au catalogue de la bibliothèque, sous le n? 11109 ; il consiste en 44 feuilles volantes in-folio. La première et la seconde feuille portent un titre et une dédicace en langue italienne, mais sans date : Piante originali e rare ostensive e relative a quelle stampate nel libro intitolato : Icones et Descriptiones rariorum plantarum Sicilie, Melitæ, Galliæ, Jtalie.... auctore Paulo Boccone. Alla Sacra Maesta Cesarea Leopoldo I, amatore e sapientissimo cultore di tutte scienze. Sur les feuilles suivantes, les plantes sont fixées par des bandelettes souvent de la largeur du doigt. Chaque espèce porte un nom; les exemplaires, généralement bien conservés, laissent un peu à désirer sous le rapport de la préparation: quelques espèces ne sont représentées que par des feuilles radicales ou de jeunes plantules accompagnées de la mention : « exordium ». Les plantes contenues dans cette collec- tion ne sont pas toutes décrites et figurées dans les Icones et Descriptiones, et parfois aussi la dénomination de quelques-unes s'écarte des noms adoptés dans ce dernier aoo oW X oL oL ow SE > xr » ouvrage. » En outre de cette collection, la bibliothèque de la Cour possède encore un deuxième » herbier de Boccone ayant pour titre : « Piante dell’ Austria osservate dal P'* Don » Silvio Boccone, Monaco Cisterciense. Alla Sacra Maesta Cesarea di Leopoldo Primo. » Cet herbier forme un volume in-folio de 32 feuilles et renferme 88 espèces. » Enfin il existe encore dansle méme établissement un troisiéme ouvrage de Boccone » portant pour titre : « Disegni naturali e originali, consecrati alla Sacra Maesta » Leopoldo Primo ». Ce volume contient, sur 42 pages in-folio, les impressions de » feuilles et de rameaux d'environ 80 espèces de plantes indigènes ou cultivées, obte- » nues par une sorte de décalque naturel. » D'après l'examen des listes dont je dois communication à l'obligeance de M. le De Reichardt, il me parait que l'herbier de Boccone conservé à la Bibliothèque impériale de Vienne forme le complément de celui conservé au Muséum de Paris; je remarque en effet que 48 espèces sont communes aux deux collections, et que 10 espèces seulement, contenues dans l'herbier de Léopold, ne sont point représentées dans la collection de Condé. (1) Pour ne pas allonger cette liste, j'ai négligé d'y faire entrer les espèces de l'her- bier que Boccone n'a signalées dans aucun de ses ouvrages. Gussone a inscrit à cóté de la phrase de Boccone le nom spécifique binaire de toutes les plantes qu'il a pu recon- naître ; j'ai soigneusement complété le travail de Gussone toutes les fois que l'état des échantillons m'a permis d'arriver à une détermination exacte. Un certain nombre de 218 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. + Alsine palustris Serpilli folio Icon. p. 48, tab. 25, f. 1; Herb. p. 33. — Bul- liarda Vaillantii DC. Guss. Syn. 1, p. 210. Alsine Lotoides Icon. p. 21, tab. 11, f. H B; Herb. p. 16. = Glinus Lotoides L., Guss. Syn. 1, p. 547. Alsine Bononiensis. non aculeata Icon. p. 22, tab. 12, f. I, A; Herb. p. 82. — Cerastium arvense L. forma. C'est à tort que Vaillant (Bot. paris. p. 7) rapporte la phrase et la figure de Boccone en synonyme à son Alsine saxatilis et multiflora, capillaceo folio ; cette dernière plante est, comme on sait, l'Alsine setacea M. et K. Alsine Paronychiz facie Icon. p. 71, tab. 38, f. IV; Herb. p. 82. — Polycarpon alsinæfolium DC., Guss. Syn. 1 p. 166. Alsine maritima longius radicata, Herniarie foliis Icon. p. 18, tab. 10, f. I A; Herb. p. 36 et 37. — Alsine procumbens Guss. Syn. 1, p. 497. + Althæa Carpini foliis, flosculis luteis Icon. p. 11, tab. 6, f. 11; Herb. p. 66. — Sida rhombifolia L. Amaranthus spicatus perennis Icon. p. 16, tab. 9; A. radice perpetuus Herb. p. 78. — Achyranthes argentea Lamk, Guss. Syn. 1, p. 279. + Anonis folio lucido serrato Icon. p. 70, tah. 38, f. II; A. non spinosa lutea ma- ritima serrata lucida annua Herb. p. 6. — Ononis variegataL., Guss. Syn. 1, p. 254. + Arisarum augustifolium minimum Icon. p. 80, tab. 42, f. IV; Herb. p. 8. — Arum tenuifolium L., Guss. Syn. 2, p. 597. + Arisarum sive Dracunculus Potamogeti folio Icon. p. 90, tab. 26; Herb. p. 12. — Ambrosinia Bassii L., Guss. Syn. 2, p. 594. Campanula Caetana rotundifolia longius radicata Icon. p. 54, tab. 27; C. He- deræ folio Herb. p. 35. — Campanula fragilis Cyr., Guss. Syn. 1, p. 250. + Capparis duplicata spina, folio acuto Icon. p. 79, tab. 42, f. IL; Herb. p. 50. = Capparis sicula Duham., Guss. Syn. 2, p. 4. + Chondrilla Tragopogonoides Icon. p. 13, tab. 7, f. A, C A; Herb. p. 52 et 55. = Sonchus Chondrilloides Desf., Guss. Syn. 2, p. 392. + Clematis tetraphylla Americana Icon. p. 31, tab. 15, f. MI, R; Herb. p. 13. — Bignonia capreolata L. Conyza capitata, seu globosa Icon. p. 14,tab. 7, f. B; Conyza baccifera Herb. p. 69. — Inula viscoa Ait. Guss. Syn. 2, p. 503. Capitules déformés par la piqûre d'un insecte. Conyza sicula annua, etc. Icon. p. 62, tab. 31,f. IV; Herb. p. 64.— Conyza sicula Willd., Guss. Syn. 2, p. 498. + Conyza retusis foliis ex Melita Icon. p. 26, tab. 13, f. IV, K et L.; Herb. p 46. — Jasonia glutinosa DC., Guss. Syn. 2, p. 451. Convolvulus Siculus minor flore parvo auriculato Icon. p. 89, tab. 48 ; Herb. p. 98. — Convolvulus siculus L., Guss. Syn. 1, p. 244. + Coronopus fruticosus platyphyllus Icon. p. 30, tab. 15, f. IL, P; Herb. p. 95. — Plantago macrorrhiza Poir., Guss. Syn. 1, p. 200. + Crithmum siculum Icon. p. 93 tab. 27, f. D, E, et tab. 28; Herb. p. 84. — Seseli Bocconi Guss. Syn. 1, p. 399. plantes mentionnées dans ma liste sont également représentées dans le second fascicule de l'herbier de Boccone; on ne sera donc pas étonné de les voir figurer dans le Synopsis Flore sicul sous un numéro différent de celui que j'indique. ADDITION A LA SÉANCE DU 28 JUILLET 1882, 219 + Digitalis Persicæ folio Icon. p. 12, tab. 6, f. IL; Herb. p. 67. — Physostegia virginiana Benth. + Eruca pumila Bursæ-pastoris folio Icon. p. 19, tab. 10, f. 11, €; Herb. p. 54. — Diplotaxis viminea DC., Guss. Syn. 2, p. 193. Eruca hirsuta, Bellidis sinuato folio Mus. di piant. p. 138, tab. 90; Sinapi aut Thlaspi media provincialis Herb. p. 87. — Diplotaxis crassifolia DC., Guss. Syn. 2, p. 191. Eryngium capitulis Psyllii Icon. p. 87, tab. 47; Herb. p. 49. — Eryngium tricuspidatum L., Guss. Syn. 1, p. 303. + Gnaphalium alpinum pumilum Icon. p. 40, tab. 20, f. E; Herb. p. 65. = Gna- phalium supinum L. y Gramen filiceum paniculis integris Icon. p. 62, tab. 33, f. Il; Herb. p. 40. — Catapodium siculum Link, Guss. Syn. 1, p. 69. + Gramen bicorne Icon. p. 20, tab. 11, f. I, A; Herb. p. 40. = Andropogon distachyon L., Guss. Sy. 1, p. 162. Heliochrysum Abrotani feminæ foliis Icon. p. 4, tab. 3, f. A, B; Herb. p. 20. = Achillea tenuifolia Lam. Heliotropium Siculum majus flore amplo odorato Icom. p. 90, tab. 49; H. amplo et odorato flore Herb. p. 18. — Heliotropium Bocconi Guss. Syn. 1, p. 211. Hippomarathrum Siculum semine sulcato et lanuginoso Icon. p. 36, tab. 18; Herb. p. 43, 44 et 45. — Cachrys echinophora Guss. Syn. 1, p. 947. + Horminum spicatum Lavendulæ odore Icon. p. 48, tab. 25, f. I; Herb. p. 11. — Nepeta Apuleji Ucria, Guss. Syn. 2, p. 63. Hypericum crispum, triquetro et cuspidato folio Mus. di piant. p. 31, tab. 12; H. crispum foliis mucronatis Herb. p. 74. — Hypericum crispum L., Guss. Syn. 2, p. 380. Jacea elatior sempervirens Lusitanica Icon. p. 73, tab. 39, f. III; Herb. p. 89. — Centaurea sp. ? (échantillon trés incomplet). Jacea cichoreis foliis, flore luteo, capite spinoso Icon. p. 14, tab. 8, f. D, I; J. longis aculeis spinosa B., Herb. p. 9 et 10. — Centaurea sicula Guss. Syn. 2, p. 517. Jacea Melitensis capitulis conglobatis Icon. p. 65, tab. 35; Spina solstitialis altera Herb. p. 92. — Centaurea melitensis L., Guss. Syn. 2, p. 51. + Jacobæa Chrysanthemi facie Sicula Icon. p. 67, tab. 36; Herb. p. 56 et 57. = Senecio squalidus L., Guss. Syn. 2, p. 475. Jacobæa multifida umbellata Icon. p. 94, tab. 51; Herb. p. 80. — Senecio Delphini foliis Vahl, Guss. Syn. 2, p. 477. + Jacobæa pumila Gallica Icon. p. 76, tab. 41, f. 1; Senecio tenuifolia gallica Herb. p. 81. — Senecio gallicus Willd., Guss. Syn. 2, p. 477. Juncellus minimus capitulis Equiseti Jcon. p. 42, tab. 20, f. IV; Herb. p. 41. — Scirpus Savii Seb. et Maur., Guss. Syn. 1, p. 49. 1 Kali floridum semine cochleato Icon. p. 59, tab. 32; K. lignosum floridum, radice peremne Herb. p. 31. — Salsola oppositifolia Desf., Guss. Syn. 1, p. 300 (échantillon fructifére). 1 Kali floribus membranaceis Icon. p. 59, tab. 31, f. 1; Herb. p. 32 (échantillon florifère de l'espéce précédente). + Leucoiun Gallicum folio Halimi Icom. p. 77, tab. 42, f. L; Herb. p. 63. — Malcolmia africana DC., Guss. Syn. 2, p. 187. + Linaria triphylla latifolia Sicula Icon. p. 44, tab. 22, f. 5; Herb. p. 5. = Li- naria triphylla Desf., Guss. Syn. 2, p. 122. 9290 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Linaria Molluginis folio Icon. p. 38, tab. 19, f. A, B, C; Herb. p. 89. = Li- naria stricta Sibth., Guss. Syn. 2, p. 222. t Limonium reticulatum supinum Icon. p. 82, tab. 44, f. L; Herb. p. 75 et 76. — Statice reticulata Auct. Voyez dans Gussone, Syn. 1, p. 571, la note sur le S. dubia Andr. Limonium maritimum Icon. p. 25, tab. 13, f. II, G; L. maritimum minimum fruticosum hirsutum Herb. p. 48 et 85. — Statice minuta L., Guss. Syn. 1, p. 373. Limonium lignosum gallas ferens Icon. p. 34, tab. 16, f. II, et tab. 17 ; Herb. p. 97. = Statice monopetala L., Guss. Syn. 1, p. 374. Échantillons chargés de galles produites par un insecte, OEcocecis Gn. ? Limonium gallis viduum Icon. p. 35, tab. 16, f. I a; Herb. p. 96. = Statice monopetala L. Limonium Siculum folio cordato Icon. p. 64, tab. 34; Herb. p. 41. = Statice cordata L., Guss. Syn. 1, p. 571. + Lithospermum umbellatum latifolium Icon. p. 75, tab. 40, f. IV, et tab. 41, f. ^; Herb. p. 34. = Lithospermum rosmarinifolium Ten., Guss. Syn. 1, p. 215. t Lithospermum umbellatum angustifolium Icon. p. 77, tab. 41, f IL, A, B, C; Herb. p. 34. — Lithospermum rosmarinifolium Ten. + Lychnis minima ex monte Argentario Icon. p. 24, tab. 12, f. IV, D. Herb. p. 33. — Silene sedoides Jacq., Guss. Syn. 1, p. 486. + Lychnis glabris et tenuibus foliis calice duriori Icon. p. 27, tab. 14, f. I, L; L. Veronica folio, capsula sulcata aspera Herb. p. 73. — Lychnis Cœli-rosa DC., Guss. Syn. 1, p. 504. + Malum aurantium Lauri angustis foliis Icon. p. 3, tab. 2; Aurantia Lau- rini foliis Herb. p. 15. — Citrus Bigaradia var. myrtifolia Riss. ? Malva moschata fol. crispis Icon. p. 68, tab. 37; Herb. p. 39. — Lavatera agrigentina Ten., Guss. Syn. 2, p. 231. Origanum lignosum, Syracusanum, perenne Mus. di piant. p. 43, tab. 38; Ò. Cretieum Herb. p. 93. — Origanum Onites L., Guss. Syn. 2, p. 86. 1 Panax Siculum semine hirsuto Icon. p. 1, tab. 1; Herb. p. 4. — Magydaris tomentosa DC., Guss. Syn. 1, p. 345. Papyrus Siculus. Mus. di fisica, p. 315, tab. 17, f. 6; P. ex Sicilia Herb. p. 21, 22 et 23. — Cyperus Papyrus L., Guss. Syn. 1, p. 47. Parietaria Sicula Alsines folio Icon. p. 47, tab. 24; Herb. p. 25. — Parietaria lusitanica L., Guss. Syn. 2, p. 641. Pastinaca hirsuta crispa Icon. p. 28, tab. 14, f. II, M: Herb. p. 51. Les échantillons conservés sous ce nom dans l'herbier ne se rapportent certainement pas à la figure citée; ils sont sans fleurs, ni fruits et paraissent appartenir au Daucus hispidus Desf., Guss. Syn. 1, p. 331. Le Pastinaca lursuta crispa est le Daucus mauri- tanicus L., Guss. Syn. 1, p. 334, représenté dans la collection de Boccone par quelques spécimens incomplets et étiquetés Daucus lucidus Bocc. + Pastinaca Œnanthes folio Icon. p. 95, tab. 40, f. III; Herb. p. 30 et 83. = Daucus Bocconi Guss. Syn. 4, p. 333. Peplis annua foliis acutis Icon. p. 24, tab. 13, f. I, F; Peplus folio acuto serine inciso aut sulcato Herb. p. 60. — Euphorbia falcata L., Guss. Syn. 1, p. 53 ADDITION A LA SÉANCE DU 28 JUILLET 1882. 221 Polygonum muscosum minimum Icon. p. 56, tab. 29, f. P, Q, R; Herb. p. 32. = Tillaea muscosa L., Guss. Syn. 1, p. 167. + Polygonum capitulis ad genicula echinatis Icon. p. 40, tab. 20, f. I; Hei b. p. 72. == Illecebrum echinatum Pers., Guss. Syn. 1, p. 279. Pseudo-Dictamnus seu Marrubium nigrum Siculum Mus. di piant. p. 151, tab. 114; Herb. p. 79. — Ballota saxatilis Guss. Syn. 2, p. 82. Psyllium laciniatis foliis Icon. p. 8, tab. 4, f. A, B; Herb. p. 14. — Plantago Psyllium L., Guss. Syn. 1, p. 201. + Pulegium tomentosum minimum Icon. p. 40, tab. 20, f. 11, A; Herb. p. 65. — Mentha Pulegium b. hirsuta Guss. Syn. 2, p. 70. Rhamnus pentaphyllos Siculus Icon. p. 43, tab. 21; Herb. p. 51 = Rhus pentaphyllum Desf., Guss. Syn. 1, p. 361. + Ranunculus Alopecuroides Ajugæ foliis Icon. p. 28, tab. 14, f. III, N, O; R. vernus Chamæpitys aut Delphinij foliis Herb. p. 91. — Ceratocephalus fal- catus Pers. Reseda gallica crispa Icon. p. 77, tab. 41, f. lI; Herb. p. 88. = Reseda fru- ticulosa L., Guss. Syn. 1, p. 529. + Rubia villosa semine duplici, hirsuta Icon. p. 10, tab. 6, f. I; Herb. p. 62. — Galium ellipticum Willd., Guss. Syn. 1, p. 187. + Saponaria acutis foliis ex Sicilia Icon. p. 58, tab. 30, f. II; Herb. p. 61. — Silene fruticosa L., Guss. Syn. 1, p. 489. Scabiosa maritima Rute canine folio Icon. p. 74, tab. 40, f. 1; Herb. p. 99. — Scabiosa urceolata Desf., Guss. Syn. 1, p. 175. + Securidaca siliquis foliaceis Icon. p. 7, tab. 4, f. H; S. erecta siliquis fa- baceis Herb. p. 17. — Astragalus bæticus L., Guss. Syn. 2, p. 313. Sedum maritimum villoso semine Icon. p. 6, tab. 4, f. C. et G.; S. frutico- sum semine villoso flore Saxifragz albæ Herb. p. 58 et 59. — Reaumuria vermiculata L., Guss. Syn. 2, p. 25. T Sium seu Sio affinis siliquis latis Jcon. p. 84, tab. 44, f. N. et 45 f. Il; Herb. p. 19. — Cardamine greca L., Guss. Syn. 2, p. 169. + Solanum spinosum maxime tomentosum fcon. p. 8, tab. 5, f. AB; Herb. p. 38. — Solanum sp. ? + Thlaspi biscutatum Raphani aut lrionis folio Icon. p. 45, tab. 23; Herb. p.42. — Biscutella lyrata L., Guss. Syn. 2, p. 146. + Thlaspi latifolium platycarpon Leucoii folio Icon. p. 55, tab. 29,f. B, D, F; Herb. p. 7.— Iberis semperflorens L., Guss. Syn. 2, p. 148. + Tithymalus maritimus Juniperi folio Icom. p. 9, tab. 5, f. Il; Herb. p. 8. = Euphorbia pinea L., Guss. Syn. 1, p. 538. + Tithymalus polycoccos Portulacæ folio Icon. p. 39, tab. 19, f. D, E; Herb. p. 29. = Euphorbia akenocarpa Guss. Syn. 1, p. 540. 1 Trachelium capitatum hirsutum foliis gramineis Icon. p. 79, tab. 42, f. il; Rapuntium capitatum Herb. p. 68. — Campanula graminifolia L., Guss. Syn. 1, p. 248. 222 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ADDITION A LA SÉANCE DU 13 AVRIL 1883 (1). SUR QUELQUES CHAMPIGNONS PARASITES DES URÉDINÉES (TUBERCULARIA PERSICINA Dittm., SPHÆRIA LŒPOPHAGA Tul. et TUBER- CULARIA VINOSA Sacc.), par M. Maxime CORNU. Les Urédinées sont attaquées quelquefois par des parasites. Le Darluca (Phoma) filum se montre à l'arriére-saison sur bon nombre d'espéces de Puccinies : je l'ai rencontré fréquemment en Sologne, prés de Romorantin, sur le Puccinia Prunorum, où il n'est pas rare dans les vergers, et à Paris, surle Puccinia Caricis, prés de Meudon. Ce n'est point une forme secondaire, mais bien la pycnide d'un petit Pyrénomycéte qui attaque la téleutospore. Un autre parasite estival, beaucoup plus commun que le précédent et bien plus visible, est le Tubercularia persicina Dittm. (2), qui attaque principalement les Œcidium. J'ai l'honneur d'en placer des exemplaires sous les yeux de la Société. L'un des échantillons a été rencontré dans une excursion que j'ai faite l'automne dernier à Saint-Hippolyte (Gard), dans les vergers à sous-sol frais et méme humide, qui sont voisins de la ville. Le Tubercularia est parasite sur le Reæstelia cancellata, qu'il. déforme singulièrement. Il était très commun dans cette localité. On sait que le Ræstelia détermine sur les feuilles du Poirier des gib- bosités très considérables, atteignant plusieurs millimètres d'épaisseur et couronnées par les péridiums si singuliers de l'Urédinée. Ces files de cellules sont réunies en une sorte de réseau rayonnant du sommet, par leur adhérence spéciale en ce point: c'est ce qui a donné le nom à l'espéce; les gibbosités sont remplies d'amidon. Ce tissu hypertrophié constitue une masse assez considérable. Dans ces échantillons, ce tissu est demeuré plat ; aucune gibbosité ne se voit; les spermogonies situées sur l'autre face ont été en partie tuées, en partie attaquées par le Tubercularia, ce qui détermine des taches violettes au milieu des points noirs et rouges. Les conceptacles cecidiens ont presque disparu ; dans certains cas méme, il n'en reste plus trace, ou du moins on n'apercoit, sur la place qu'ils devraient occuper, que des parties rompues de l'épiderme qui sont occupées par des spores violettes développées en nombre trés considérable, sur une sorte de stroma. (1) Voyez plus haut, page 188. (2) Sturm, Deutschl. Flora, erstes Heft ; erster Bd, p. 99, pl. 49 (1817). ADDITION A LA SÉANCE DU 13 AVRIL 1883. 223 On pourrait croire avoir affaire à une Urédinée ou à une Ustilaginée ; c'est en effet l'espéce qui a été décrite sous le nom d'Uredo lilacina par Roberge (1). Desmaziére l'avait publiée d'abord sous'ce nom; mais dans une seconde étiquette annexée à la première, il explique qu'il avait par erreur, en 1847, considéré le Tubercularia persicina comme un Uredo parce qu'il ne l'avait recu qu'à l'état desséché. Le parasite est publié sur des échantillons trés déformés de l'OEcidium. Thesii. Desmaziéres l'a observé sur les OEc. Tussilaginis, Convallarie, Rhamni, Epilobii; il ajoute comme synonyme Sclerotium Circææ Schum., identification que je ne puis contróler. M. Tulasne, dans son mémoire sur les Urédinées et les Ustilaginées (2), a rapproché le Spheria lepophaga sp. nova de ce Tubercularia, sur le subiculum duquel il se développe; il l'a observé sur l'OEc. (Perider- mium) Pini au mois d'octobre de l'année 1854. J'ai trouvé une Sphérie trés curieuse, mais imparfaitement développée, accompagnant l'OEc. Tussilaginis et le Tub. persicina à Chaville, au mois de novembre de l'année 1878, mais je n'ai pu l'identifier avec le Sph. lepophaga Tul., dont je n'ai pu à cette époque voir les échantillons authentiques. M. Tulasne cite comme OEcidium attaqués par ce parasite les OEc. Pe- riclymeni, Grossularie, Convallaria. J'ai observé le Tubercularia, très abondant en 1875, surl'OEc. Orchi- dum à Chaville ; en 1876, sur l'OEcidium du Polygonatum verticillatum (Œc. Convallariæ), à la grande Chartreuse, où il avait attaqué toutes les taches œcidiennes. Les spores du T. persicina semées sur l'eau germent rapidement, en émettant un filament germe plus ou moins flexueux, cloisonné, de diamètre trés variable suivant les spores : ces dernières se vident rapide- ment de leur contenu, qui s'accumule à l'extrémité, où s'observe parfois, aprés quelques jours, un renflement claviforme. Ce n'est certainement point une Urédinée ni une Ustilaginée, comme certaines personnes ont pu le penser et comme l'apparence pourrait le faire croire ; aucune sporidie ne se développe ni à l'extrémité, ni latérale- ment, méme aprés un long séjour sur l'eau, méme sur les filaments dressés et développés hors de l'eau. Ces spores se gonflent légèrement ; elles paraissent acquérir un développement bien plus considérable quand des spores d'OEcidium sont tombées dans le liquide à cóté d'elles et qu'elles les entourent. Le Tubercularia parait spécial aux OEcidium ; cependant il attaque (1) Desmaz., Cryptogames de Fr. n° 1482 de la 1'* édit. et n° 1082 de la seconde. (2). Ann. sc. nat. Bor. 1854, t. IL, p. 83 en note et page suivante. 22% SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. également les espèces du genre Endophyllum, dont la germination est celle des Puccinies, et qui par là se lie si étroitement au genre Coleo- sporium. On avait déjà signalé ce fait: M. Tulasne avait observé le Tubercu- laria sur l'Endophyllum Euphorbiæ ; je l’y ai observé moi-même dès 1867, ainsi que MM. Roze et Richon, dans le bois de Meudon (1). M. G. Poirault a recueilli cette méme espéce sur l'Endophyllum Sem- pervivi dont les échantillons vivants sont placés sous vos yeux, à Saumur, il y a quelques jours. Le parasite s'est développé sur les conceptacles jeunes et non encore parvenus en contact avec l'air; on apercoit sous l'épiderme des taches violettes abondantes qui ont pris la place de ces conceptacles. Quand l'épiderme se rompt, on voit sortir une abondante poussière violette qui est soulevée au moindre souffle. Une feuille conservée en flacon a montré en quelque jour l'envahissement progressif et complet de l'Urédinée; en méme temps les parois du flacon se sont couvertes de la poussière violette de spores. C'est dans des conditions semblables qu'on pourrait croire avoir devant les yeux une Ustilaginée. La forme parasite surle Ræstelia cancellata a été désignée par un nom nouveau par M. Saccardo : c'est son T. vinosa sp. nova. Il a été publi&dans le'journal Michelia, et la diagnose en a été repro- duite dans les exsiccata de M. Roumeguére (2), le trés habile mycologue de Toulouse. Les échantillons publiés proviennent du département de l'Ardèche. Si les deux espèces sont distinctes, elles sont sûrement bien voisines. Les Ræstelia sont distincts génériquement des Œcidium, mais il y a entre ces deux genres moins de différence qu'il n'en existe entre les OEcidium et les Endophyllum; je pense que l'on peut, sans froisser l'éminent mycologue italien, continuer à identifier les deux espéces de Tubercularia parasites des Urédinées. (1) J'ai trouvé de superbes échantillons du méme parasite sur le Cæoma Mercurialis développé sur la Mercuriale annuelle ! dans les remparts de Perpignan, le 12 mai. Le développement des spores de ce Ceoma le rapproche également beaucoup des Œcidium. (Note ajoutée par l'auteur pendant l'impression.) (2) Tubercularia vinosa Mich. t. I, p. 262; II, p. 34; Fungi ital. n° 963. — Ræstelia cancellata form. Piri. Parasite du Restelia (qu'il détruit), sur les feuilles des Poiriers cultivés dits Moussy. Aubenas, Ardèche. -— Automne 1881. Therry (n? 6395). Conidia in basidiis crassiusculis brevibus simplicibus v. parce ramulosis, acrogena, globulosa. Sporodochium plano pulvinatum. — (Revue mycologique, juillet 1882, p. 155.) SÉANCE DU 22 JUIN 1883. 225 SEANCE DU 929 JUIN 1883. PRÉSIDENCE DE M. P. MARES, VICE-PRÉSIDENT. M. G. Bonnier, secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la séance du 8 juin, dont la rédaction est adoptée. M. le Président, par suite des présentations faites précédemment, proclame membres de la Société : MM. LouBriEu (J.-G.), docteur en médecine, 50, rue de Rivoli, à Paris, présenté par M"* J. Chagot et M. J. Poisson. GoprniN, chargé de cours à l'École de pharmacie de Nancy, PRIEM, professeur au lycée Charlemagne à Paris; ces deux derniers présentés par MM. Bonnier et L. Mangin. M. le Président annonce une nouvelle présentation, et proclame membre à vie M. Comar, ancien membre réintégré sur sa demande, qui a rempli les conditions exigées pour l'obtention de ce titre. Il est donné lecture de lettres de MM. Milliére et Sauvaigo qui remercient la Société de les avoir admis au nombre de ses membres. M. le Président a le regret de faire part à la Société du décés d'un de ses plus anciens membres, M. N. Duhamel, de Paris. M. Van Tieghem présente les fascicules 7 et 8, contenant la Cryp- togamie, de son Traité de botanique. M. Malinvaud donne lecture de la communication suivante : LE TUBERCULE DE L'IGNAME EST UNE RACINE, MAIS NON PAS UN RHIZOME, par M. Ch. ROYER. Depuis qu'en 1854 Decaisne a professé que le tubercule de l'Igname (Dioscorea Batatas Decne) était un rhizome, tous les auteurs (sauf G. de Saint-Pierre, Dict. de Bot., 1870, p. 413 et 777) se sont rangés à ce sentiment, et M. Alph. de Candolle vient, dans son récent ouvrage sur l Origine des plantes cultivées (1883, p. 61), de prêter l'appui de sa haute autorité à cette opinion erronée. Cependant l'illustre botaniste genévois tient à bon droit pour racines (loc. cit., p. 43) les tubercules de la Patate (Convolvulus Batatas L.), qui ont maints rapports de végétation avec le prétendu rhizome de l'Igname. Sans entrer ici dans tous les détails que j'ai donnés (Journ. Soc. centr. T. XXX. (SÉANCES) 15 226 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. hort. de Fr., 2° série, 4873, VI], p. 135-183) sur la végétation souter- raine de l’Igname, je voudrais établir en quelques lignes que le tubercule de l’Igname a tout d'une racine et rien d'un rhizome. 4. Un rhizome est formé de mérithalles qui sont pourvus de bourgeons normaux, ordinés et aissellés par une écaille. Le tubercule de l'Igname, au contraire, est tout d'une venue et n'offre ni mérithalles, ni bourgeons. S'il reste en terre adhérent à la souche, il se résorbera entiérement au profit du bourgeon de remplacement ; si, au contraire, onle détache de sa souche, on pourra lui faire produire des bourgeons, mais ce ne seront jamais que des bourgeons adventifs, inordinés et privés d'écailles aissel- liéres comme tous ceux qui apparaissent sur une racine. 2. Le sommet d'une racine se termine par une pointe mousse et jaunátre. Il en est ainsi du tubercule de l'Igname, dont l'extrémité manque du bourgeon terminal qui caractérise le sommet de tout rhizome. 3. Le tubercule de l'Igname est pivotant. Or, si ce tubercule était un rhizome, chaque année, il devrait, comme c'est la loi pour tout rhizome, progresser par son extrémité antérieure ou sommet, dans sa direction primitive, c'est-à-dire ici dans le sens pivotant. Mais il arriverait bien vite à une profondeur incompatible avec toute végétation ; car, chaque année, il descendrait à peu prés de 30 à 35 centimétres. Le simple raisonnement suffirait donc, en dehors du témoignage irrécusable des faits, pour faire écarter l'existence d'un tel rhizome. Bien différents sont les rhizomes accidentellement pivotants de certaines plantes bulbeuses. Quand une Tulipe, en effet, plantée trop prés de la surface du sol, pédicelle son bulbe de remplacement, et, par cet artifice, le fait descendre à un niveau normal, la descente est limitée à l'espace d'une seule année; puis le bulbe garde son orientation naturelle, c'est-à-dire que le sommet ne cesse jamais de regarder en haut et non en bas. 4. Dansles Monocotylédonées vivaces, ce qui est vivace, c'estle rhizome. Cet organe est le centre végétatif, et il porte vers son sommet un ou plusieurs bourgeons de remplacement. Or, chez l'Igname, rien de pareil : son prétendu rhizome est annuel et se résorbe sans fournir aucun bour- geon de remplacement. Où est donc la partie qui a mérité à l'Igname la qualification de plante vivace ? C'est une petite souche subglobuleuse de lagrosseur d'une aveline et qui surmonte le col du tubercule, dont elle est d'ailleurs bien distincte. Chaque année, elle produit un bourgeon de remplacement et une racine tubéreuse, et elle reste marquée des cicatrices, qui résultent du double détachement annuel de la tige et du tubercule. On pourra objecter que des plantes éminemment vivaces (Ranunculus bulbosus, Crocus, Gladiolus, etc.) ont un tubercule ou rhizome annuel ; mais au printemps, un peu avant la résorption de ces tubercules, leur bourgeon terminal développe une tige et des racines, en un mot, une SÉANCE DU 22 JUIN 1885. 227 nouvelle plante ; tandis que le tubercule de l'Igname meurt tout entier et n'a aucun bourgeon qui puisse lui assurer une postérité. Ces quelques considérations sembleront peut-étre de nature à justifier le titre de cet article : Le tubercule de l'Igname est une racine, mais non pas un rhizome. Au surplus, que mes contradicteurs veuillent bien prendre la peine de cultiver pendant une saison six ou huit pieds d'Igname, d'en déterrer un chaque mois, et de juger ainsi comment se comporte la végé- tation souterraine de mois en mois jusqu'en octobre. Nous arriverons, je l'espére, à étre promptement d'accord. Il s'agit ici d'une question de fait, et pour la résoudre, on ne doit faire appel qu'à la seule observation. Si cette méthode était toujours suivie, on verrait bientót disparaitre nombre de méprises relatives aux plantes dont le système souterrain offre des particularités notables et parfois méme d'une interprétation difficile. Mais, faute de temps ou d'un jardin, ou encore par répugnance à fouiller de ses doigts la terre ou la vase, la plupart des botanistes aiment mieux adopter l'opinion de leurs prédécesseurs, qui eux-mémes avaient négligé d'observer attentivement les faits. C'est ainsi que maintes erreurs se sont glissées dans la science, et ont méme fini par y usurper un fallacieux droit de cité. M. Van Tieghem regrette que M. Morot ne soit pas présent à la séance, car il a étudié avec soin le rhizome de l'Igname, et sa con- clusion est absolument opposée à celle de. M. Royer. La structure de cet organe est entièrement celle d'une tige. L'absence de feuilles s'explique parce que le rhizome est réduit ici à son premier entre- nœud. M. J. Vallot présente un volume intitulé : Recherches physico- chimiques sur la terre végétale et ses rapports avec la distribution géographique des plantes. ll résume les observations qu'il a publiées dans cet ouvrage, dont presque toutes les conclusions sont en faveur de l'influence chimique du sol, tout en faisant souvent ressortir ce qui revient incontestablement à l'influence physique. M. Malinvaud dit que tous ceux qui s'occupent de géographie botanique consulteront avec fruit cette nouvelle publication. En soumettant au contróle de l'expérimentation les théories en pré- sence sur ces questions controversées, M. Vallot a fait la preuve de leur insuffisance et en méme temps donné un bon exemple de l'ef- ficacité de la méthode expérimentale, qui, là comme ailleurs, peu seule conduire à la vérité. M. G. Bonnier lui demande s'il n'a pas essayé, dans ses expó- 228 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. riences, de soustraire les plantes aux effets de la lutte pour lexis- tence. M. Vallot répond qu'il a cherché à remplir cette condition. Il s'empressera, quand ses recherches sur ce point seront plus avan- cées, d'en rendre compte à la Société. M. Prillieux fait la communication suivante : SUR LA GERMINATION DES OOSPORES DU PERONOSPORA DE LA VIGNE. par M. Éd. PRILLIEUX. J'ai annoncé à la Société, dans une précédente séance, que j'ai pu voir de trés bonne heure, dés le 26 mars, les commencements de la germina- tion des oospores du Peronospora sur des feuilles de Vigne provenant de Nérac. Jl résultait déjà de cette première observation que ces corps SÉANCE DU 13 JUILLET 1883. 229 reproducteurs ne produisent pas directement de zoosporidies, comme l'avait admis M. Millardet (Journal d'agriculture pratique, 6 juillet 1882) par analogie avec ce que M. de Dary avait vu pour les oospores des Cystopus. Depuis j'ai pu observer un état beaucoup plus avancé, et m'as- surer que le tube de germination sorti de l'oospore peut se ramifier et se changer en arbre conidifére. J'ai l'honneur de présenter à la Société des dessins que j'ai faits d'aprés nature, et qui mettent en pleine lumiére le mode de germination des oospores du Peronospora de la Vigne. Dans l'une des figures reproduites ci-contre, on voit une oospore encore entourée de son oogone et émettant un tube de germination. Dans l'autre, un tube de germination s'est beaucoup allongé, s'est ramifié et transformé en un arbre conidifére. On voit en outre deux autres tubes qui ont pris peu de développement et sont restés trés courts. Peut- être font-ils fonctions de racines. L'oogone est détruit, il a disparu. La coque de l'oospore semble fendillée et comme craquelée, ce qui lui donne un aspect inégal et rugueux. SÉANCE DU 13 JUILLET 1883. PRÉSIDENCE DE M. BORNET. En l'absence du Président et des Vice-présidents, M. le D' Bornet, ancien président et membre du Conseil d'administration, prend place au fauteuil. M. G. Bonnier, secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la séance du 22 juin, dont la rédaction est adoptée. Par suite de la présentation faite dans la derniére séance, M. le Président proclame membre de la Société : M"* Albert GuicHaRD, rue de l'Obélisque, à Chalon-sur-Saône, présentée par M"* Jules Chagot et M. Jules Poisson. M. le Président annonce une nouvelle présentation, et, sur un avis qu'il a recu de M. le Trésorier, il proclame membre à vie M. Bou- dier, qui a rempli les conditions exigées par les Statuts pour l'obten- tion de ce titre. M. le Ministre de l'agriculture et du commerce, donnant à la Société une nouvelle preuve de sa haute bienveillance, a bien voulu 230 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. renouveler et élever cette année encore à 1000 francs la subvention qu'il lui accorde. B M. le Président se félicite d'avoir à porter une autre bonne nou- velle à la connaissance de l'assemblée. Un confrére qui a rendu d'importants services à notre Société, où il est entouré à bon droit de l'estime et de la sympathie générale, M. Édouard Prillieux, a été nommé récemment officier de l'ordre de la Légion d'honneur. M. Costantin fait à la Société la communication suivante : INFLUENCE DU SÉJOUR SOUS LE SOL SUR LA STRUCTURE ANATOMIQUE DES TIGES, par M. COSTAN'TIN. Une plante possédant un rhizome, la tige se divise en deux organes ayant des fonctions distinctes : la partie aérienne, destinée à supporter les feuilles et les fleurs; la partie souterraine, destinée à emmagasiner des réserves et à propager l'étre. Les rôles de ces organes étant différents, la structure n'est problablement pas la méme dans ces deux régions. On sait en effet, par les recherches anatomiques de M. Vaupell (1) et de M. Chatin (2) sur les rhizomes, que leur organisation interne différe considérablement de celle des tiges aériennes. Ces dissemblances sont telles, que ce dernier auteur en avait conclu que le rhizome n'est pas plus une tige qu'une racine. Sans adopter celle opinion, on peut se croire autorisé à penser que les différences observées sont morphologiques, indépendantes de l'action immédiate du milieu. Évidemment, on concoit que le milieu ait une cer- taine influence ; une tige ne peut pas être enfouie impunément sous le sol : toutes les fonctions doivent étre modifiées ; le milieu doit donc contribuer à transformer légérement l'organisation de la tige qui vit sous terre, mais la structure fondamentale reste inaccessible à ces variations. J'ai cherché à déterminer exactement quels changements étaient dus au milieu; pour faire cette détermination, une étude expérimentale était nécessaire. Partie expérimentale. — J'ai fait pousser sous terre des tiges de plantes sans rhizome ou des tiges aériennes de plantes en possédant ; des individus semblables de la méme espèce poussaient à l'air pendant le méme temps. En examinant les sections faites dans les deux tiges aérienne et souterraine en des points séparés du sommet par le méme nombre d’entrenœuds, on a des coupes comparables. A l'aide de cette (1) Untersuch. über das periph. Wachst. (Recherches sur l'accroissement périphérique des faisceaux vasculaires des rhizomes des Dicotylédones). Leipzig, 1855. L 0) Sur les caractères anatomiques des rhizomes(voy. Bull. Soc. bot. de France, 1858, p SÉANCE DU 13 JUILLET 1882. 231 méthode, on élimine deux eauses pouvant modifier la structure des tiges : 1° L'hérédité ; 2° l'àge. Trois résultats principaux sont à retenir de ces recherches : 1^ Les modifications sont uniformes ; elles peuvent être plus ou moins intenses suivant les espéces, elles ne sont pas contradictoires, elles s'opé- rent dans le méme sens. 2° Elles atteignent tous les tissus. J^ Elles se produisent trés rapidement ; quelques jours, une semaine ou deux peuvent suffire. En résumé, on produit expérimentalement les changements suivants dans les tiges maintenues sous le sol : 1* L'épiderme se subérifie. 2» Une couche subéreuse peut se produire. 3 L'écorce s'accroît par l'augmentation du nombre et du volume des cellules qui la constituent. 4 Le collenchyme disparait. | 9* Les ponctuations endodermiques restent plus longtemps visibles que dans les tiges aériennes. 6° Les fibres libériennes diminuent ou disparaissent. 7° La couche génératrice libéro-ligneuse est retardée dans son dévelop- pement. 8 Ce dernier retard correspond à un faible développement des fais- ceaux ligneux. 9^ Le développement de la moelle, quand i! a lieu, est plus faible que celui de l'écorce. 10° Des matières nutritives peuvent s'emmagasiner dans les tissus pa- renchymateux. Ayant ainsi déterminé d'une facon exacte comment le milieu modifie l'organisation des tiges, j'ai recherché dans les tiges souterraines natu- relles des changements analogues. Tiges souterraines naturelles. — J'ai retrouvé chez les plantes pos- sédant un rhizome les modifications précédentes avec une intensité plus grande, car le séjour sous le sol est plus prolongé que dans les expé- riences. Les deux faits les plus saillants qui résultent de la partie expé- rimentale sont : 1* Diminution ou disparition des éléments fibreux formant l'appareil de soutien (l'expérience justifiant le róle qu'on lui attribuait). 2° Formation d'une couche subéreuse constituant un appareil de pro- tection. Les tiges souterraines naturelles permettent toujours d'observer cette disparition d'un tissu et cette production d'un autre. Le système de soutien est trés puissant dans un grand nombre detiges aériennes (Geum, 222 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Achillea, Thalictrum, etc.); il englobe les faisceaux libéro-ligneux et forme un anneau trés épais. Cetanneau manque toujours dans les rhizomes. J'ai observé méme, dans quelques cas, la production d'un appareil de pro- tection à l'endroit où, dans la tige aérienne, existe un tissu de soutien très important. Cette substitution s'observe chez le Lychnis dioica. L'ensemble de cette seconde partie de mes recherches montre que les changements dus au milieu sont considérables, et que les modifications morphologiques sont, contrairement à ce qu'il y avait lieu de supposer, peu nombreuses, et ne se montrent assez nettement que dans un petit nombre de cas. Cette conclusion rapprochée d'un fait bien connu, l'augmentation du nombre des plantes vivaces lorsqu'on s'éléve sur les montagnes, peut conduire à penser que l'existence d'un rhizome ou la durée d'une plante sont des caractéres moins fixes qu'on ne le suppose. C'est là une conclu- sion un peu hàtive que quelques observations justifient dans certains cas (1), car une méme espéce annuelle dans les plaines peut devenir vivace sur les hautes régions, mais des expériences nouvelles pourraient seules généraliser ce fait. En laissant de cóté cette question intéressante, qui nécessiterait de nouvelles recherches, un point important est établi par le présent travail: c'est que le changement de milieu amène des transformations considérables dans tous les tissus de la tige, et qu'elles dominent en nombre les modifi- cations héréditaires, qui sont souvent indiscernables. M. Mangin demande à M. Costantin s'il a eu l'occasion d'observer le développement des racines adventives sur les rhizomes. M. Costantin répond qu'il a vérifié, ainsi que l'avait déjà in- diqué M. Kamiensky, chez les Primulacées, la présence du réseau radicifére décrit par M. Mangin. Ce réseau est situé en dehors du liber, comme chez les Monocotylédones. LES SORBUS SCANDICA Fries, FALLACINA ET LATIFOLIA Pers DANS LA COTE-D'OR, par M. Ch. ROYER. En 1882, j'ai trouvé dans les bois de Quincy, prés Montbard, quelques individus de Sorbus scandica Fries; Gren. FI. Jur. Voici les principaux caractères que j'ai relevés sur mes échantillons. Feuilles ovales en leur pourtour, à base ordinairement arrondie, à face supérieure lisse, non (1) G. Bonnier-et Ch. Flahault, Observ. sur les modif. des végét. suivant. les conditions physiques du milieu (Ann. des sc. nat. Bor. 6° série, t. VM, p. 104). — Cosson, Bull. de la Soc. bot. de France, ? série, 1882, t. IV, p. 49. SÉANCE DU 13 JUILLET 1883. 2333 fortement ridée, comme chez le S. Aria, l'intérieure grisàtre-subtomeu - teuse, à limbe assez profondément lobé, surtout en sa partie moyenne, à lobes inégalement dentés. Fruits d'un rouge orangé, comme chez le S. Aria, ovoïdes, subglobuleux, à pulpe jaunâtre, assez fades à la blettis- sure. Le S. scandica est indiqué en France dans le Jura, les Vosges et l'Auvergne (Gren. et Godr.), et dans l'Aube (des Étangs). J'ai rencontré en outre dans les mêmes bois quatre sujets d'un Sorbus que j'appellerai FALLACINA, et dont voici la diagnose : Rameaux assez robustes, glabres, ainsi que leurs boutons. Feuilles fermes, presque coriaces, plus ou moins cunéiformes à la base, ovales en leur pourtour, incisées-pinnatilobées, à lobes décroissant de la base au sommet du limbe, aigus-acuminés, dentés, les plus grands ayant 10 centim. de profondeur, à face inférieure pubescente et gris verdâtre, la supérieure glabre et d'un vert brillant. Corymbe assez dense, à peine penché. Fruits abondants, gris jaune pointillé de roux, à pepins nombreux et fertiles. Le S. fallacina differe du latifolia par ses boutons glabres, par la grande profondeur des lobes foliaires, par la faible vestiture de la face inférieure des feuilles, par la surface luisante de la supérieure, et par ses fruits d'un jaune pàle mélé de gris et de roux. Il se sépare du torminalis par la pubescence de la face inférieure des feuilles, par son corymbe à peine penché, non étalé-renversé, par ses fruits plus gros, d'une teinte gris roux mêlée de jaune, à peine âpres avant blettissure et d'une saveur plus ou moins fade pendant ; ceux du torminalis étant trés âpres avant blettissure et d'une saveur acidule agréable pendant. Le S. fallacina se rapproche du latifolia par l’inflorescence et la saveur des fruits, et du torminalis parla glabréité des rameaux et des boutons, par les découpures des feuilles et le brillant de leur face supé- rieure. Le nom de fallacina est proposé à cause de cette double et falla- cieuse ressemblance. L'abondance el la fertilité des fruits doivent em- pécher de le tenir pour un hybride. Le S. latifolia Pers, dont j'ai signalé deux stations dans ma Flore de la Côte-d'Or (page 622), est assez fréquent dans les bois du canton de Montbard (communaux de Saint-Remy, de Buffon et de Rougemont, bois de Chaumour, de Grange, des Dames, de Canot, de Fontenay et de Quin- cerot). Mais il abonde surtout dans les bois de Quincy, à tel. point, qu'il y est aussi répandu que le S. Aria et beaucoup plus que le torminalis. Comme c'est avec le S. Aria que le latifolia peut le plus facilement être confondu, voici les différences les plus saillantes entre les deux espèces : Le latifolia a les jeunes rameaux bien nourris et robustes ; la face supérieure des feuilles légèrement ridée, l'inférieure d'un blanc sale ; le corymbe, dense, à pédicelles courts, épais et dressés; les fruits jaunes parfois pointillés d'orangé, devenant fauve-brun à la blettissure. Chez le n SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. S. Aria, les jeunes rameaux sont grêles ; la face supérieure des feuilles est fortement ridée et l'inférieure d'un beau blanc satiné ; le corymbe est làche, à pédicelles gréles, allongés, penchés-renversés du méme cóté ; les (ruits sont petits, rouge orangé et ne changeant pas de couleur à la blet- tissure. Le S. latifolia est indiqué en France dans la Loire (Lamotle), la Niévre (Boreau), l'Aube (des Étangs), mais avec une seule station pour chacun de ces départements. Kirschleger le mentionne aussi à Nancy. Mais sa plus riche localité est la forêt de Fontainebleau, où il est abondant. On le rencontre encore dans les bois des environs de Provins (Coss. et Germ.). L'avouerai-je à ma confusion, j'ai herborisé quinze années dans la plu- part des bois des environs de Montbard, avant d'y avoir constaté la pré- sence du Sorbus latifolia. C'est que, par un tort commun à la grande majorité des botanistes, l'attention, méme au sein des bois, se porte presque toujours exclusivement sur les plantes herbacées. Aussi les bota- nistes feront-ils bien de vérifier les espèces de Sorbus qui croissent dans les forêts à sol sec, sablonneux ou pierreux de leur région. Il est à croire qu'ils ajouteront plusieurs localités au petit nombre de celles qui sont déjà signalées en France pour le S. latifolia ; car les grives sont excessive- ment friandes des fruits de cet arbre, et, lors de leurs migrations d'oc- tobre, elles doivent certainement en disséminer les graines au loin. M. Malinvaud fait remarquer quele Sorbus latifolia a été indiqué en France à d'assez nombreuses localités en dehors de celles énu- mérées par M. Ch. Royer (1). Il rappelle ensuite, à propos du Sorbus Aria, l'incertitude où l'on est aujourd'hui relativement à l'existence de cette espèce dans la circonscription de la flore pari- sienne. Elle avait été signalée par d'anciens auteurs, et plus récem- ment par MM. Cosson et Germain, à Fontainebleau, oà M. Decaisne ne l'a pas retrouvée (2), et M. Bonnet, faute de preuve de sa pré- (1) Voyez notamment dans la Flore de Lorraine de Godron. (2) Dans un Mémoire de Decaisne sur la famille des Pomacées, p. 162 (Nouvelles Archives du Muséum, 1874), on trouvela note suivante, que nous reproduisons à titre de renseignement : « Je m'explique difficilement comment les auteurs de la Flore des envi- » rons de Paris ont pu signaler le Sorbus Aria comme abondant dans la forét de Fon- » tainebleau. Non seulement je ne l'y ai jamais rencontré, mais nos herbiers classiques » de la flore parisienne (Tournefort, Vaillant, Mérat, Weddell, Adr. de Jussieu) n'en » renferment aucun échantillon authentique ; les conservateurs et gardes de la forét ne » leconnaissent pas, ainsi que je m'en suis assuré. Enfin on ne comprendrait pas » comment un arbre aussi remarquable aurait pu échapper aux botanistes, qui n'ont cessé » depuis deux siècles de parcourir la forêt de Fontainebleau. » En résumé, la question reste douteuse relativement à Fontainebleau ; des recherches ultérieures sur d'autres points permettront sans doute de restituer le Sorbus Aria à la flore parisienne. SÉANCE DU 13 JUILLET 1883. 235 sence, n'a pas cru devoir l'admettre dans sa Petite Flore parisienne. M. Malinvaud est d'avis qu'on reviendra sur cette exclusion, n'étant guère présumable qu'une plante aussi répandue dans le reste de la France, et que possèdent les départements limitrophes de la ré- gion comprise sous le nom d'environs de Paris, fasse entièrement défaut dans toute l'étendue de celle-ci. M. G. Bonnier fait la communication suivante : MÉTHODES POUR ÉTUDIER L'INFLUENGE DE LA LUMIERE SUR LA RESPIRATION, par MM. Gaston BONNIER et L. MANGIN. Dans une précédente communication, nous avons rendu compte de la premiére méthode que nous avons employée pour l'étude de la respira- tion des végétaux sans chlorophylle. Mais, en physiologie, la sécurité dans les conclusions est obtenue d'une maniére beaucoup plus positive, lorsqu'on arrive au méme résultat par deux méthodes différentes. C'est pourquoi il nous a semblé nécessaire de recommencer, par un procédé tout autre, les recherches que nous avons entreprises sur la respiration. Au lieu d'employer l'appareil à atmosphére limitée que nous avons décrit, nous nous sommes servis, dans cette nouvelle série de recherches, d'un appareil où l'air était constamment renouvelé. Au lieu de faire lanalyse des gaz par la potasse et le pyrogallate de potasse, nous avons employé la méthode des liqueurs titrées. L'acide carbonique a été dosé par le précipité de carbonate de baryte formé dans une liqueur de baryte titrée et analysée par une dissolution d'acide chlorhydrique dont le titre était déterminé d'avance avec précision. L'appareil employé consiste essentiellement en une cloche ou un tube vertical dans lequel les végétaux à étudier étaient placés dans de l'air d'état hygrométrique connu. Un courant d'air provoqué par un aspirateur passe par-un tube à potasse pour retenir l'acide carbonique de l'air, par un compteur de précision donnant le volume d'air qui passe dans un temps donné et arrive dans la cloche. De là le courant parcourt un long tube incliné contenant la solution titrée de baryte, puis il traverse des flacons témoins. Cette méthode, employée pour différents végétaux sans chlorophylle, nous a donné, au sujet de l'influence de la lumiére diffuse sur la respira- tion, les mêmes résultats que la méthode de l’atmosphère limitée. L'obscurité et la lumière diffuse éclairant alternativement la cloche 9336 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dans des expériences diverses, pour les mêmes végélaux, la méme tem- pérature et le méme état hygrométrique, ont toujours donné pour la respiration produite pendant le méme temps les mémes résultats que par la méthode précédemment employée. Pour des Champignons basidiomycétes, des Mucorinées, des graines à la premiére période de leur germination, le Monotropa, etc., nous avons toujours trouvé par ces deux méthodes différentes et par les divers pro- cédés d'analyse employés, que, toute autre condition égale d'ailleurs, la lumière retarde la respiration, c'est-à-dire l'absorption d'oxygène et l'émission d'acide carbonique. SÉANCE DU 97 JUILLET 1883. PRÉSIDENCE DE M. BUREAU. M. G. Bonnier, secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la séance du 13 juillet, dont la rédaction est adoptée. Par suite de la présentation faite dans la dernière séance, M. le Président proclame membre de la Société : M. P. Lanpry, pharmacien à Dax (Landes), présenté par MM. AI. Guillaud et Foucaud. Dons faits à la Société : Berthoumieu et Bourgougnon, Matériaux pour la flore de l'Allier. Paul Brunaud, Contributions à la flore mycologique de l'Ouest. A. Chabert, Observations sur la flore montagneuse du cap Corse. — Recherches botaniques dans les Alpes mauriennes. D' X. Gillot, Étude sur quelques Poiriers sauvages de l'est de la France. — Notice sur la flore de Saint-Honoré les Bains. F. Gustave et F. Héribaud-Joseph, Flore d'Auvergne. Ed. Heckel, Des Kolas africains (in Bulletin de la Société de géo- graphie de Marseille, 1883). Ed. Lambert, Traité pratique de Botanique. Ant. Magnin, Fragments lichénologiques. D. Martin, Indication de quelques plantes non mentionnées dans la « Flore du Gard » de Pouzolz. 0. J. Richard, Étude sur les substratums des Lichens. Eloi de Vicq, Flore du département de la Somme. SÉANCE DU 27 JUILLET 1883. 231 A. de Candolle, Nouvelles Remarques sur la Nomenclature bota- nique. — L'origine des plantes cultivées. Ern. Stizenberger, Lichenes helvetici, fasc. I. J. C. Baker, Contributions to the Flora of Madagascar. Lawes, Gilbert and Masters, Agricultural, botanical and chemical Results of experiments on the mixed Herbage of permanent meadow (don de M. T. Masters). Bulletin of the United States national Museum, n° 22 (contient : Guide to the Flora of Washington and vicinity, by L. F. Ward) [don de M. Vendryès]. G. Bauer, Gedächtnissrede auf Otto Hesse. Wilh. Ritter, Die Lichenen Heidelbergs. Schriften der Physikalisch-Ükonomischen Gesellschaft zu Königs- berg, 1882. M. Martelli, Le Composte raccolte dal Dottor O. Beccari nell arcipe- lago Malese e nella Papuasia. P. A. Saccardo, Sylloge Fungorum omnium hucusque cognitorum. Pyrenomycetes, vol. II (continuatio et finis). De la part de M. le Ministre de l'instruction publique : Mémoires de la Société Linnéenne du nord de la France, 1883. Société d'histoire naturelle de Toulouse, 1882. Mission scientifique au Mexique : Recherches zoologiques, 3* partie, 2* section, Etudes sur les Batraciens, par M. Brocchi. M. Malinvaud signale particuliérement à l'attention de ses collégues quelques- uns des ouvrages qui figurent sur la liste précédente, notamment ceux de M. de Candolle, le nouveau volume du précieux Sylloge Fungorum de M. Sac- cardo, et, parmi les travaux relatifs à la flore francaise, la nouvelle publica- tion de M. de Vieq, qui présente le bilan complet jusqu'à ce jour des plantes vasculaires du département de la Somme (1), et la Flore d'Auvergne des fréres Gustave et Héribaud-Joseph, œuvre méritoire de vulgarisation scientifique, rédigée avec beaucoup de soin, oü l'on trouve condensées sous un petit format toutes les notions essentielles de botanique rurale (2). Un habile et expérimenté botaniste, M. le D" B. Martin d'Aumessas, a donné, dans une notice ci-dessus mentionnée qu'il a adressée à la Société, l'indication de ses découvertes et de celles d'un autre infatigable explorateur de la région des Cévennes M. Dioméde Tueskiewicz, dans la partie montagneuse de l'arron- dissement du Vigan. Ce compte rendu offre un intéressant aperçu sur la riche florule du département du Gard. (1) Voyez plus loin l'analyse de cet ouvrage dans la Revue bibliographique, p. 52 (2) Voyez la Revue bibliographique de ce volume, p. 91. 238 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. MM. les secrétaires donnent lecture des communications sui- vantes, adressées à la Société. SUR QUELQUES CAS D'HÉTÉROMORPHISME, par M. A. BATTANDIER. a. Plantes hétérostylées. Les plantes hétérostylées, non plus que les plantes dioiques, ne sont communes parmi les Lirioidées. Seul, le genre Pontederia a, jusqu'à présent, fourni quelques cas d'hétérostylie trimorphique (1); aussi n'est-ce pas sans étonnement que j'ai constaté dans ce groupe, et dans des loca- lités qui furent bien connues de Darwin lui-méme, deux nouveaux cas d'hétérostylie, dont un ayant à peu prés passé à la dioicité. Ces cas m'ont été fournis par des variétés algériennes de deux plantes assez répandues dans la région méditerranéenne : le Narcissus Tazetta var. algerica Kunth, N. algirus Pomel, et le Romulea Bulbocodium, Seb. et Maur. En 1884, dans ce Bulletin, page 229, j'avais déjà signalé les diverses formes des fleurs de ces plantes; je n'ai cessé de les observer depuis, et bien que mes observations ne soient pas encore complétes en ce qui concerne le Narcissus, elles m'ont néanmoins fourni des résultats intéressants. 4° Romulea Bulbocodium Seb. et Maur. var. dioica Nob. — Je dirai tout d'abord qu'aprés une étude de plusieurs années, je suis arrivé à la conviction certaine que la plante en question est bien une variété du R. Bulbocodium. Dans la 2° édition de son Catalogue, p. 33, Munby la rapporte au R. Clusiana de Lange; mais elle s'en distingue nettement par ses filets poilus à la base. On a souvent décrit des variétés grandi- flores du R. Bulbocodium, et rien n'est plus variable que les dimen- sions des fleurs de la plante d'Algérie. J'en ai mesuré qui, dans leur port normal, n'avaient pas moins de 54 millim. de diamétre; mais je me suis assuré par la culture que ces variations étaient dues à de simples influences de milieu, etne pouvaient constituer de bonnes variétés. Nous n'avons pas prés d'Alger le R. grandiscapa Webb, dont Ball fait une sous-espéce de la plante qui nous occupe. J'ai souvent rencontré dans la campagne des hampes atteignant, à la maturité des fruits, 3 décimétres; mais la culture m'a encore démontré qu'il ne s'agissait que d'individus robustes du R. Columne Seb. et Maur., seule autre espèce du genre existant dans notre région. Partout où j'ai rencontré le Romulea Bulbocodium aux environs d'Alger, il présentait deux sortes de pieds. Les uns mâles, avec des fleurs grandes, (1) Darwin, Des différentes formes de fleurs, trad. Heckel, p. 189 et suiv. SÉANCE DU 27 JUILLET 1883. 239 brillantes, à anthères remplies de pollen, à style deux fois plus long que les étamines, tels, en un mot, qu'on les décrit toujours comme le type de l'espéce (pl. 3, fig. 3); les autres femelles, à fleurs plus petites, plus pàles, à divisions plus aiguës, à anthéres rudimentaires et stériles, à style ne dépassant pas ou dépassant peu les étamines et muni de papilles plus courtes, mais bien plus nombreuses que dans la forme précédente (pl. 3, fig. 4). Les pieds de cette derniére forme sont environ trois fois plus nombreux que les autres. Je restai fort longtemps sans deviner la signi- fication de ces deux formes de fleurs; mais, en mars 1882, je surpris les abeilles en train d'opérer la fécondation croisée. Rencontrant les stigmates de la fleur femelle brachystylée juste au niveau où elles avaient rencontré le sommet des étamines dans la fleur màle, elles les couvraient abon- damment de pollen; tandis qu'elles ne pouvaient atteindre les stigmates trop élevés des fleurs måles. La saison étant déjà trés avancée, je ne pus marquer cette année-là qu'une douzaine de pieds de chaque forme encore en fleur au sommet de la Bouzareah. Les douze: pieds brachystylés donnérent tous des capsules fertiles: aucun des dolichostylés n'en donna. Lors de la floraison suivante, décembre 1882 et janvier 1883, je marquai un grand nombre de pieds des deux formes dans diverses localités : Douzareah, Fort de l'Empereur, Reghaïa, et dans mon jardin où j'enavais transplanté une cinquantaine (1). Sur 132 pieds à style court, 108 ont donné des graines, 24 sont restés stériles. Sur 84 pieds à long style, 83 sont restés stériles, un seul a donné des graines. | Des pieds à long style, artificiellement fécondés par moi avec le pollen de Ja méme forme, sont restés tout aussi stériles que les autres. Enfin, dans une localité où il n'existait pas un seul pied mâle, les pieds femelles ont trés généralement fructifié, gràce à l'apport du pollen par les abeilles. Le pied dolichostylé qui a été fertile a produit trois capsules trés petites, mais contenant de grosses graines bien développées. C'était un pied ex- traordinairement vigoureux, qui avait poussé dans mon jardin. Je ne l'avais point pollinisé. Je rapprocherai de cette exception unique le fait suivant : jai trouvé, depuis que j'observe cette plante, trois pieds de deux localités différentes, dont les anthéres et la corolle (je rote en passant cette corré- (1j; Pour établir mes remarques, j'ai toujours eu soin de choisir des pieds isolés ; quant aux marques elles-mémes, il fallait éviter qu'elles n'attirassent l'attention des bergers. Le procédé qui m'a le mieux réussi est le suivant : J'enfoncais deux petites fiches de roseau peu saillantes prés de chaque pied måle et une à côté de chaque pied emelle; je notais ensuite la localité au moyen de quelque remarque facile à se rappeler et je retrouvais facilement les fiches en promenant la main à la surface du sol. 240 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. lation) s'étaient normalement développées (fig. 5). Le pollen de ces fleurs ne m'a pas paru présenter de différence avec celui des fleurs mâles. Les anthéres dépassaient nettement les stigmates. Voici les faits observés ; je serai sobre de déductions. Que 24 pieds dela forme que je considére comme femelle soient restés stériles, cela n'a rien que de trés normal. Les Lirioidées hermaphrodites présentent sou- vent une bien plus forte proportion de pieds qui, pour une cause ou pour une autre, ne fructifient point. Une seule exception, celle du pied doli- chostylé fertile, s'oppose à ce l'on considére notre plante comme com- plétement dioique. Si, d'autre part, on rapproche de ce fait celui des femelles pollinifères, la différence de longueur des styles (différence du simple au double), et enfin la différence des stigmates, il sera, je crois, impossible de ne pas conclure que notre variété a commencé par devenir hétérostylée, et que la disjonction des sexes s'opérant de plus en plus, elle achéve actuellement de passer à la dioicité. | Dès le début de ces observations, il me parut intéressant d'examiner de prés la méme plante dans d'autres régions; c'est ce que M. le profes- seur Guillaud a bien voulu faire pour moi dans les Landes, et je suis heureux de lui adresser ici l'expression de ma bien sincére gratitude. Il résulte de ses observations que, dans cette région, les deux formes de fleurs, bien moins tranchées qu'à Alger, sont pourtant déjà apparentes et que beaucoup de pieds y demeurent stériles. 2 Narcissus Tazetta var. algerica Kunth (N. algirus Pomel, Nouveaux matériaux pour la flore atlantique, p. 384). — J'ai déjà indiqué, en 1881, l'hétérostylie morphologique de cette plante; j'en ai depuis examiné plusieurs milliers d'exemplaires de localités diverses, et jai toujours trouvé cette hétérostylie trés nette, telle que je la figure (pl. 3, fig. 1 et 2). Les styles sont deux fois plus longs dans une forme que dans l'autre. Je n'ai observé aucune autre différence, ni dans les étamines, ni dans la dimension du pollen ; mais les fleurs dolichostylées sont proté- randres. Si l'on ajoute à cela que le tube de la fleur contient une abon- dante provision de nectar, que les étamines ferment complètement le tube, laissant seulement, au moment de la déhiscence, trois petits orifices cylindriques qui semblent exactement calibrés pour la trompe d'un insecte; si l'on remarque en outre que les deux verticilles d'étamines correspondent assez bien, comme position, aux sommets des deux sortes de styles, cette plante paraitra merveilleusement adaptée à la fécondation croisée. Je n'ai pourtant jamais pu voir un insecte à trompe la visiter ; au contraire, de tout petits diptéres, à nervure costale munie de longs cils couverts de pollen, parcourent perpétuellement le tube de la fleur. Ces diptères, ainsi que de petits coléoptères, leurs commensaux, ne me semblent aptes qu'à opérer la fécondation directe. Si la fécondation croisée SÉANCE DU 27 JUILLET 1883. 241 a lieu, elle doit être opérée par des lépidoptères nocturnes, et il faudrait alors que l'action du pollen légitime annulàt les effets de l'autofécondation. Pour que, dans cette plante, l'hétérostylie, telle que l'a définie Darwin, fût évidente, il eût fallu constater la supériorité des unions légitimes sur les autres. Je n'ai pu faire encore cette expérimentation, qui est trés lon- gue et ne peut se faire que sur des pieds cultivés. M. Allard, qui a eu la bonté d'examiner les Narcissus Tazetta que les marchands de fleurs apportent à Cannes, n'y a pu constater nos deux formes. b. Plantes gyno-dioiques. Mon excellent collègue et ami, le D' Trabut, a vu qu'aux environs d'Alger, le Reseda luteola L. var. crispata Ten. (R. Gussonei Boissier) présente constamment de rares pieds femelles mêlés aux pieds herma- phrodites. c. Plantes cléistogames. Darwin donne dans son livre sur les Différentes formes de fleurs (p. 320) une liste des genres qui contiennent des espèces à fleurs cléistogames. Dans celte liste, il ne cite point le genre Portulaca; jai cependant vu plusieurs pieds de P. oleracea n'avoir. jamais que des fleurs strictement cléistogames. J'ai encore actuellement plusieurs de ces pieds dans mon jardin; jamais aucun d'eux n'a ouvert ou entrebäillé aucune de ses fleurs. Nos Viola suberosa et Riviniana présentent aussi, comme beaucoup d'autres Viola, des fleurs cléistogames vers la fin de la saison. Parmi les plantes apétales dont la cléistogamie est douteuse, je citerai en Algérie le Stellaria apetala d'Ucria, assez commun au sommet de l'Atlas. Cette plante n'est. certainement qu'une variété du St. media, car à mesure qu'on descend daus la plaine, on trouve tous les intermédiaires. d. Plantes hétérocarpées (1). C'est un fait bien anciennement connu, que certaines plantes présentent plusieurs sortes de fruits ou de graines ; mais il s'en faut que ces hétéro- morphismes aient eu, au méme degré que les diverses formes de fleurs, le don d'attirer l'attention des botanistes. Darwin dit méme, ce qui m'a bien étonné de sa part, qu'il est trés douteux que ces particularités puis- sent servir à atteindre quelque but (2). Kuhn a donné dans le Botanische (1) Ce mot a été employé par sir John Lubbock, Fruits and Seeds, lecture to Royal Institution, 18 février 1881, p. 31. (2) Les différentes formes de fleurs, trad. Heckel, p. 10 T. XXX. (SEANCES) 16 942 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Zeitung (1807, p. 67) une liste des genres, ne citant parfois que les familles où l'on peut trouver des cas de ce genre. Cette liste doit être bien incomplète, car, sans avoir fait de recherches à ce sujet, je pourrais y ajouter les genres Cardamine (C. chenopodifolia), Ceratocapnos, Glycine (1), Orobus (2), Scabiosa (Sc. semipapposa), Polygonum, section Persicaria, Emex, Alisma (3), et je suis persuadé qu'on en trouverait bien d'autres. Malgré le passage précité de Darwin, je pense, avec sir John Lubbock et la plupart des botanistes, que ces différences ont pour but manifeste de varier les conditions d'ensemencement de la plante, et de multiplier ainsi les chances de reproduction. D'ailleurs l'hé- térocarpisme n'est pas le seul moyen employé dans ce but. Chez les Crucifères, par exemple, il arrive fréquemment que le fruit offre une portion déhiscente et une indéhiscente. La graine, ordinairement unique contenue dans la partie indéhiscente, ne tombe pas au méme point que les autres ni à la méme époque. Restant longtemps attachée au squelette de la plante, elle peut étre entrainée avec lui, trés loin de son lieu d'origine ; ne se semant pas en méme temps que les autres, elle constitue une réserve précieuse, dans le cas où des conditions météorologiques inattendues empécheraient les premiéres de venir à bien. Il en est de méme des fruits des dichotomies de certaines plantes, des achaines de la circonférence de quelques Composées, etc. Dans certains fruits pyxidaires, les graines contenues dans la calotte supérieure tom- bent d'elles-mémes à la déhiscence, tandis que celles de la calotte infé- rieure attendent un choc ou un coup de vent pour se disperser. Les differences présentées par les semences peuvent encore étre d'ordre physiologique. Les graines de Frêne ne germent qu'au bout de deux ans; mais il est rare que dans un semis considérable il n'en germe pas quel- ques-unes la premiére et la troisiéme année. Dans un semis de Cigué, il y a toujours des pieds annuels mélés aux pieds bisannuels, mais ici il est possible que la graine n'y soit pour rien. Des fruits de Souci que j'a- vais semés dans un autre but ont germé dans des temps trés inégaux, de cinq jours à six mois et plus; c'est un fait assez général. Mais revenons aux fruits hétéromorphes. Tout le monde sait que dans les Légumineuses amphicarpes (Vicia, Lathyrus, etc.), de méme que dans le Cardamine chenopodifolia, les fruits aériens contiennent un grand nombre de graines soumises aux lois ordinaires de la dispersion, et destinées à fonder des colonies plus ou moins lointaines; tandis que les fruits souterrains, chargés de conserver le domicile paternel, et dont l'ensemencement (1) Gay, Bull. Soc. bot. de France, 1855, p. 508. (2) Cosson, ibid., 1855, p. 509. (3) Drummond, in Hooker's Journal of Botany, 1842. SÉANCE DU 27 JUILLET 18823. 243 n'offre aucun alea, n'ont qu'un petit nombre de graines, une seule le plus souvent; mais, par contre, cette graine, très grosse, munie d'abondantes réserves, peut donner naissance à un embryon trés vigoureux. Naturellement ces fruits souterrains proviennent de fleurs cléisto- games ; tel n'est cependant pas toujours le cas. Dans le Catanance lutea (pl. HI, fig. 6), il existe deux sortes de capitules: les capitules aériens nor- maux, dont un est figuré au sommet de la tige, et de tout petits capitules sessiles, uni-biflores, dont plusieurs peuvent se voir à l'aisselle d'écailles formées par la base persistante des premières feuilles radicales. Les capi- tules aériens, arrivés à maturité, sont très caducs, leur pédonculese coupant vers le sommet; munis d’écailles papyracées étalées, ils peuvent être entraînés très loin par le vent. Ils contiennent deux sortes d'achaines, ceux du centre plus petits, caducs, munis de cinq ailes aristées (pl. IIT, fig. 9), et ceux de la périphérie, plus gros, non caducs ct non aristés. Les capitules radicaux, formés de quelques écailles charnues, sont enfon- cés dans la terre et ne laissent émerger que leurs corolles, qui s'épa- nouissent à fleur de sol. Aux fleurs succédent un, deux gros achaines, correspondant aux achaines périphériques des capitules aériens (pl. HI, fig. 7), qui restent enfouis dans le sol et remplacent la plante mère l'année suivante. Ces capitules sont protégés contre la dent des animaux par des fibres radicales qui se redressent daus ce but et deviennent ligneuses. Les autres espéces du genre que j'ai pu voir ne m'ont rien offert de pareil ; mais l'Emex spinosus nous montre quelque chose d'analogue. Cette plante pousse déjà des axes floraux màles et femelles à l'aisselle des pre- miéres feuilles radicales. Trés généralement ces premiers axes floraux sont souterrains. Dans ce cas, l'axe màle se réduit à un seul glomérule de fleurs longuement pédonculées, dont les anthéres arrivent juste au niveau des énormes stigmates plumeux des fleurs femelles. Elles contiennent peu de pollen, mais ce pollen est identique avec celui des fleurs aériennes. Les fruits souterrains sont trés gros et trés charnus. Un trés grand nombre de genres de Synanthérées offrent des fruits de forme différente, inégalement dispersibles. Aucun genre peut-étre n'est plus curieux à cet égard que les Calendula. Si nous prenons pour exemple le Calendula arvensis, nous y trouvons quatre sortes d'achaines. Ceux du centre (achaines vermiformes) ressemblent, à s'y méprendre, à de petites chenilles enroulées; tombant de trés bonne heure, ils ne donnent aucune prise au vent. Puis viennent les fruits cymbiformes, ronds, creux, trés légers, facilement roulés parle vent et encore trés caducs, mais moins que les premiers. En troisième lieu, viennent des fruits ailés plats, dentés sur le bord et muriqués sur le dos, et enfin cinq longs fruits li- néaires arqués en forme de crochet, et dont le dos est tout recouvert de pointes papilleuses. Les fruits ailés sont également aptes à s'attacher à la 21i SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Loison des animaux ou à étre emportés par le vent. Les fruits uncinés sont seulement adaptés au premier de ces modes de dispersion. I suffit de prendre une poignée de tous ces fruits et de souffler dessus, pour les voir se disperser trés inégalement. Si on les abandonne un jour de vent sur un terrain plat, on voit que les fruits eymbiformes, qui offrent peu de prise aux obstacles, sont entrainés trés loin. Pendant la maturation, le capitule, d'abord penché, laisse tomber les fruits veriniformes ; puis il se redresse. Les vents lui enlévent peu à peu les fruits cymbiformes et trés difficilement les fruits ailés; quant aux fruits uncinés, solidement attachés sur le phoranthe par trois apophyses divergentes, ils restent longtemps en place, attendant le passage de l'animal dont la toison doit leur servir de véhicule. Les diverses espéces du genre présentent d'ailleurs une foule d'adaptations intéressantes. J'ai fait quelques expériences pour voir si le mimétisme si remarquable des fruits vermiformes du centre n'était point lié à la dispersion par les oiseaux. Ceux-ci ne mangent pas les fruits de souci et les rejettent immédiatement, s'ils les ont pris dans leur bec par mégarde. Toutefois les expériences que j'ai pu faire avec des poules, des canards, des merles apprivoisés, ne m'ont nullement démontré que ces oiseaux fussent trompés par l'apparence de ces fruits. J'ai voulu m'assurer $1 ces diverses formes de fruits mettaient des temps différents pour germer. En réalité, la germination de toutes est trés irrégulière, et mes expé- rieuces ne sont point encore assez nombreuses pour pouvoir en tirer des conclusions ; mais elles m'ont démontré que les fruits vermiformes don- nent des embryons bien plus faibles que les autres. De ces semis et d'autres analogues, je crois pouvoir tirer cette conclusion générale, bien naturelle, que, parmi les fruits polymorphes, ceux qui ont les plus grosses graines donnent les plants les plus vigoureux. Explication de la planche III de ce volume. Fic. 1. Fleur dolichostylée de Narcissus Tazetta var. algerica, fendue par le milieu pour laisser voir l'intérieur. Fic. 2. Fleur brachystylée de la méme espèce, préparée de même. Fic. 3. Fleur màle de Romulea Bulbocodium var. dioica, dont les spathes et trois pièces du périanthe ont été enlevées. Vic. 4. Fleur femelle de la méme plante semblablement préparée. Fic. 5. Fleur femelle pollinifére dela méme plante, dont on a seulement enlevé trois piéces du périanthe. Fic. 6. Pied de Catanance lutea, montrant à sa base quelques capitules radi- caux. Fic. 7, 8 et 9. Achaines polymorphes de la même plante (deux fois leur gran- deur naturelle). SÉANCE DU 27 JUILLET 1NNÀ3. 245 ORIGINE DES TULIPES DE LA SAVOIE, par M. Alfred CHABERT. L'auteur d'un ouvrage qui doit bientôt paraître, M. Reichnecker, com- battant les explications données par M. de Candolle (1) sur l'origine de certaines plantes cultivées, émet des idées parfois neuves et originales, mais souvent fort discutables, sur l'origine de nombreuses espéces dont les unes sont cultivées, les autres regardées comme adventices ou natu- ralisées et d'autres comme sauvages. Dans cet ouvrage, fruit de longues et patientes recherches, il est dit que les Tulipes de France et d'Italie sont rangées à tort par beaucoup de botanistes parmi les plantes naturalisées, que presque toutes, et notamment celles qui croissent en Savoie, sont originaires des localités ou on les recueille aujourd'hui. M. Reichnecker ne m'a pas communiqué la partie de son travail qui traite des Tulipes françaises, et les documents me manquent pour plusieurs d'entre elles; je ne discuterai donc que la question de lori- gine des Tulipes de la Savoie. Les preuves apportées par le botaniste allemand en faveur de sa thése se résument ainsi : 4° Plusieurs de ces Tulipes n'ont jamais été retrouvées dans d'autres pays. 2» On a pu obtenir par la culture des variations dans les nuances et la grandeur de leurs fleurs, des modifications dans leur taille, mais il n'a pas été possible jusqu'à présent de produire des changements dans la forme des pétales, celles des stigmates, l'indument des oignons, la pré- sence ou l'absence des stolons, qui constituent les vrais caractères spéci- fiques des Tulipes, tels qu'on les admet aujourd'hui. Les formes actuelles ne sont donc pas produites par la culture. 3 M. le docteur Levier a prouvé que la plupart des Tulipes croissant autour de Florence sont véritablement indigénes ; sa démonstration s'ap- plique bien à celles de la Savoie. 4^ Il existe, en certaines localités de l'Italie, des Liliacées, des Iridées, des Orchidées, etc., qui n'ont jamais été retrouvées en d'autres contrées, et pourtant personne n'a jamais prétendu qu'elles sont d'origine étrangère, pas même Parlatore, qui en a décrit plusieurs et les dit italiennes, tandis qu'il attribue une origine orientale aux Tulipes de Florence. Tels sont parmi les Liliacées: Gagea busambarensis Parl., Ornithogalum etruscum Parl., Leopoldia Cupaniana Parl., Allium permixtum Guss., A. Sarii Parl., A. sardoum Moris, A. ligusticum de Not., A. albidum Presl, (1) De Candolle, l'Origine des plantes cultivées Paris, 1883. — M. de Candolle wa pas parlé des Tulipes dans cet ouvrage. 246 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. A.Gherardi de Not., ete. ; parmi les Amaryllidées : Sternbergia exscapa Tin., Narcissus unicolor Ten., N. Gennarii Parl., N. obliquus Guss., N. elatus Guss., N. Ricasolianus Parl., N. siculus Parl., N. Biancæ Parl., N. spiralis Parl., etc. ; parmi les Mélanthacées : Colchicum ætnense Tin.; parmi les Iridées : Crocus Orsinii Parl., C. etruscus Parl., Gla- diolus Notarisii Parl., G. inarimensis Guss.; parmi les Orchidées : Cephalanthera Maravigne Ten., C. comosa Ten., Serapias Todari Ten., Orchis Bivonæ Tod., O. Merkusii Tin., O. sicula Tin., O. pseudo- pallens Tod., O. natalis Tin., ete., Ophrys Inzenge Ces., etc., etc. Si toutes ces plantes bulbeuses sont vraiment originaires des localités où elles croissent, pourquoi wen serait-il pas de même pour les Tulipes de la Savoie, que l’on ne trouve, elles aussi, que dans quelques localités très restreintes ? 5° Si les Tulipes ont tant de facilités à se naturaliser, pourquoi ne l'auraient-elles pas fait aux environs des grandes villes, où leur culture a été pendant les deux derniers siécles l'objet d'une si grande vogue: Paris, Bruxelles, Rome, Milan, Venise, ete. ? tandis qu’il n'en est rien. On les rencontre dans des localités perdues, au milieu des montagnes, où le goût de l'hortieulture était certainement peu développé à cette époque : Sion dans le Valais, Saint-Jean de Maurienne et Aime en Savoie, Guil- lestre en Dauphiné, etc. 6° L'indigénat des Tulipes de la Savoie a été affirmé par des observa- tions d'un grand mérite, au siècle dernier par de Saint-Réal et Bellardi, dans le siècle actuel par le cardinal Dilliet, MM. Didier, Perrier de la Dathie, Songeon, etc. L'impossibilité où elles sont de mürir leurs graines est pour M. Reichnecker la preuve qu'elles sont les derniers survivants d'une ancienne végétation aujourd'hui presque disparue et dont tous les autres représentants ont depuis longtemps abandonné nos montagnes. Comme eux, les Tulipes sont appelées à bientôt disparaître à leur tour, à cause des progrés de la culture, de la froidure du climat et de la violence des vents du printemps dans les Alpes. Des arguments donnés par M. Reichnecker, le premier n'a qu'une valeur hien médiocre; la flore de l'Orient et celle de l'Asie centrale, patries des Tulipes, sont loin d'étre bien connues et beaucoup de pro- vinces en sont encore inexplorées. Chaque année voit paraitre des décou- verles nouvelles. Difficiles à préparer et à conserver, les Tulipes sont souvent laissées de côté par les botanistes ; leur floraison a une durée très courte etla plante non fleurie reste souvent inapercue. Tl n'est pas impos- sible, du reste, que certaines espèces aient été complètement détruites dans leurs localités originelles, à l'époque où les oignons de Tulipes se ven- daient à prix d'or sur les marchés d'Europe, où ils étaient apportés en abondance du Levant par les ports de Constantinople, de Smyrne, etc. SÉANCE DU 27 JUILLET 1883. 247 Le deuxième argument tiré de la persistance des formes malgré la culture est en opposition avec le troisième, emprunté à M. Levier, comme nous le verrons bientôt. En outre ces Tulipes ne inürissant jamais ou presque jamais leurs fruits dans nos pays, excepté les T. australis Link et silvestris L., ne peuvent se reproduire, mais seulement se propager par les bulbes ou par les stolons. Elles sont donc bien moins sujettes à varier que si elles se reproduisaient de graines. La persistance des caractères d'une plante, malgré la culture, suffit-elle à prouver qu'elle est une espéce? La question est vivement discutée et difficile à résoudre. La plupart des botanistes que j'ai vus cultiver des plantes dans ce but ne se mettent nullement dans les conditions nécessaires pour obtenir une solution qui puisse être acceptée sans conteste. Ils sèment et ressèment leurs plantes dans des terrains bien préparés et dans des conditions tou- jours ou presque toujours identiques de sol, d'humidité, d'aération, d'ombrage, etc. Aussi les disciples de l'école jordanienne voient-ils les formes affines persister malgré la culture, tandis que lesautres botanistes, qui modifient à chaque génération les conditions extérieures où la plante doit vivre etse reproduire, obtiennentsouvent des résultats tout différents. Il est vrai qu'alors on leur reproche d'étre Hortulani sui errore delusus. Mais ceux qui n'ont pas de jardinier ? En troisiéme lieu, M. Levier (1) a-t-il bien prouvé que la plupart des Tulipes de Florence sont réellement indigènes ? Point du tout ; il a essayé d'expliquer leur origine par la théorie transformiste, qui est loin d'avoir obtenu l'assentiment universel. Étudions donc l'origine des Tulipes de Florence d’après les botanistes florentins, dont M. le professeur Caruel a reproduit les observations successives dans un travail fort remarqué (2) oü je puise les documents historiques suivants : D’après Mattioli (3), le T. silvestris était cultivé dans les jardins de cette ville pendant le seizième siècle, et il faut arriver au commencement du dix-huitième pour le voir figurer parmi les plantes spontanées crois- sant dans la banlieue (4). Il n'existait alors que dans une seule localité, et, aprés avoir exigé un siècle pour se naturaliser, il lui a fallu un (1) Levier, / Tulipani di Firenze ed il Darwinismo (Rassegna settimanale, II, n° 17 1878). (2) Carruel, La questione dei Tulipani di Firenze, esaminata da T. Caruel, in Atti della Società Toscana di scienze nalurali, vol. IV, fasc. 1, et tirage à part. (3) Mattioli, De plantis Epitome, p. 958. (4) Micheli, Catalogus plantarum in agro florentino sponte nascentium, manuscrit cité par Parlatore (Fl. ital. t. IV, p. 378). et par Caruel, loc. cit. p. 2 248 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. autre siècle pour devenir commun. Car ce n'est qu'en 1822 que Reboul (1) l'a signalé comme tel, et aujourd’hui M. le professeur Caruel le déclare une des plantes les plus répandues. Vers la fin du seiziéme siécle, on se mit à cultiver dans les jardins de Florence de nombreuses formes de Tulipe apportées de l'Orient (2), et c'est vers la méme époque (1607) qu'un riche amateur florentin, Matteo Caccini, communiqua à Clusius (3) la plus belle de toutes, que de Can- dolle nomma plus tard T. Clusiana. Plus de deux siècles s'écoulérent avant qu'aucune d'elles se naturalisàt autour de la ville. De 1819 à 1822, Reboul observa cà et là, dans les champs de la banlieue, les T. Clu- siana DC., precox Ten. (T. Raddii Reb.) et Oculus-solis Saint-Am., et il en décrivit (4) trois autres nouvelles observées à l’état sauvage. Dans les années suivantes (1827-1838), il en publia encore cinq autres (5), et treize ans plus tard Parlatore (6) en fit connaitre une nouvelle récemment apparue. Ces Tulipes, ou du moins la plupart d'entre elles, furent retrou- vées successivement dans les champs cultivés de diverses villes de l'Italie Dologne, Génes, Lucques, etc. Dans son Flora italiana (1), ce dernier botaniste affirma l'origine orientale des Tulipes répandues dans les champs des diverses parties de l'Italie, et particuliérement des environs de Florence, et les dit naturali- sées, se fondant sur ces deux faits : qu'un siècle auparavant le T. silvestris était la seule que l'on trouvàt autour de cette ville à l'état sauvage, et que ces Tulipes ne mürissent jamais ou presque jamais leurs fruits dans celte contrée. Le docteur Levier (op. cit.), partisan convaincu des doctrines de Darwin, admet que des Tulipes florentines, les T. precoz, Clusiana et silvestris, sont d'origine étrangére et qu'elles ont leurs formes typiques représentées en Orient ; mais, d'aprés lui, ce sont les seules. Toutes les autres espéces se sont formées, dans les lieux mêmes où on les recueille aujourd'hui, par une double transformation d'un type primitif resté inconnu jusqu'à ce jour. Ce type apporté d'Orient et cultivé se serait transformé d'abord en plusieurs formes de jardins, et celles- ci auraient ensuite donné naissance aux nouveaux types spécifiques décrits par Reboul et Parlatore, et diffé- rents de tous les types sauvages. (1) Reboul, Nonnullarum specierum Tuliparum in agro florentino sponte nascentium proprie note, 1822. (2) Caruel, op. cit. p. 8. (3) Savi, Fl. ital. cité par Caruel. (4) Reboul, op. cit. (5) Idem, Appendix, 1823. — Modificazioni ed aggiunte, 1827. — Selecta specierum Tuliparum in agro florentino sponte nascentium synonyma, 1838. (6) Parlatore, Nuovi gen. et nuov. spec. di piante monocot. (7) Idem, op. cit. t. M, p. 378. SÉANCE DU 27 JUILLET 1883. 240 Nous aurions donc assisté depuis moins d'un siècle à la genèse de plu- sieurs espéces dans une localité relativement restreinte! M. Levier rejette l'origine orientale des Tulipes florentines, parce que, pour l'admettre, il faudrait supposer qu'aucun des nombreux explorateurs de l'Orient ne les a jamais rencontrées, ou croire que les formes orientales supposées iden- tiques ont été complètement détruites, deux hypothèses que M. Levier regarde comme inadmissibles et qui certainement paraitront fort plausibles à Ja majorité des botanistes. Pour le professeur Caruel (1), comme pour Parlatore et pour la plupart des botanistes toscans, la présence des Tulipes dans les champs de Flo- rence est un fait de naturalisation. De cet exposé il résulte que M. Levier n'a nullement démontré leur indigénat : il a expliqué leur existence par une hypothése que les darwi- nistes seuls admettront; mais cette hypothèse est basée, elle aussi, sur l'apport antérieur de Tulipes étrangères. Que ces Tulipes se soient trans- formées ensuite pour constituer des espéce particuliéres, comme le veut le docteur Levier, ou des variétés ou des races comme le croient de nombreux botanistes, ou que ce soit des espéces apportées de l'Orient et S'étant conservées telles malgré la culture, comme d'autres l'affirment, il n'y a là qu’une question de mots au point de vue de l'origine primitive, puisque tous sont obligés de recourir à un transport antérieur de l'étranger pour expliquer leur présence dans les lieux oü nous les voyons au- jourd'hui. Le quatriéme argument de M. Reichnecker esttiré de la présence, dans certaines localités trés restreintes de l'Italie, de Liliacées, Iridées, Orchi- dées, etc., qui n'ont pas été vues ailleurs, et dont pourtant l'origine ita- lienne n'est pas mise en doute. Mais les formes qu'il cite ne sont pas toutes reconnues comme types spécifiques ; la plupart sont des plantes de Sicile, dont les unes n'ont jamais été revues el dont l'existence est douteuse (2). Plusieurs autres peuvent étre retrouvées en Orient, si nous en jugeons d'aprés la grande affinité de la flore de Sicile avec la flore orientale. En tout pays, du resle, il existe des espèces très localisées ; mais leur nombre diminue de jour en jour à mesure que les contrées sont mieux explorées et les flores mieux connues. Ces espèces croissent dans des lieux sauvages et non dans les champs cultivés, comme les Tulipes ; elles mürissent leurs fruits en Italie, ce que celles-ci ne font pas. M. Reichnecker s'étonne que les Tulipes ne se soient pas naturalisées auprés des grandes villes, telles que Paris, Bruxelles, Rome, Milan, Venise, etc., où leur culture a joui d'une si grande vogue pendant les (1) Caruel, op. cit. et Prodr. Fl. tosc., etc. (2) Parlatore, Flor. ital. t. IT, p. 476, 579, 583; t. IH, p. 98, 189, 268, 521, etc. — Arcangeli, Comp. della Fl. ital. 659, 694. 250 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. deux siècles derniers, et qu'elles se trouvent dans des localités perdues dans les montagnes où la passion des fleurs cultivées n'a jamais été très prononcée. Nous répondrons qu'il en est des Tulipes comme des autres plantes naturalisées ; si elles manquent aux environs de beaucoup de grandes villes, Cest qu'elles n’y ont pas trouvé les conditions nécessaires à leur existence. Lorsqu'elles les y ont rencontrées, elles se sont multipliées abondamment : Florence en est la preuve. Aucun document ne nous dé- montre, il est vrai, que le goût de l'hortieulture ait été fort développé pendant les seizième, dix-septième et dix-huitiéme siècles dans les mon- lagnes du Valais, de la Savoie et du Dauphiné ; mais une foule d'actes, de chartes, etc., les couvents et leurs ruines, nous attestent que les maisons religieuses n'y étaient pas rares, et l'on connait les soins que les religieux apportaient à la culture des plantes médicinales pour les distribuer aux malades, et des plantes à fleurs ornementales pour en décorer les autels. M. Reichnecker affirme l'indigénat des Tulipes de la Savoie en s'ap- puyant sur l'autorité de Dellardi, de Saint-Réal, de M. Didier et d'autres botanistes, et sur un travail de MM. Perrier et Songeon publié en 1855. Il voit en elles les derniers survivants d'une ancienne végétation en voie de disparaitre et dont les autres représentants sont depuis longtemps éteints. La non-maturation de leurs fruits en Savoie en serait la preuve. Les espéces ou formes observées jusqu'à présent en Savoie sont, à ma connaissance, au nombre de huit : 1° T. australis Link (T. Celsiana Perr. et Song. an DC. ?) — Prairies subalpines et alpines : Orizan, au-dessus de Cléry (P. et S.); mont Galoppa, prés Chambéry et probablement aussi sur d'autres mon- tagnes des Bauges. J'en ai vu au Chatelard que l'on m'a dit apportées d'une montagne voisine. 2 T. silvestris L. — Champs cultivés aux environs de Moutiers (Gaide); Crevin et Neydens prés de Saint-Julien (Reuter) (1). 3° T. Clusiana DC. — Dans une seule vigne, à Saint-Pierre d'Albigny, où elle est à peu prés détruite. 4 T. Gesneriana L. — Champs cultivés : Saint-Jean de Maurienne (Bellardi), Aime en Tarentaise (Perr. et Song.). 5 T. precor Ten. — Champs cultivés : Saint-Jean de Maurienne (Perr. et Song.). 6° T. Didieri Jord. — Champs cultivés : Saint-Jean de Maurienne (Didier); Aime et Macot en Tarentaise (Perr. et Song.). 1° T. Billietiana Jord. — Champs cultivés : Saint-Jean de Maurienne (cardinal Billiet). (1) Reuter (Cat. pl. Genève, édit. 2, p. 212) l'indique encore dans d'autres localités voisines de Genève. SÉANCE DU 27 JUILLET 1883. 251 8^ T. mauritiana Jord. (T. maurianensis Did.) — Champs culti- vés : Saint-Jean de Maurienne (Didier). J'ai encore observé d'autres Tulipes dans les champs cultivés de deux localités de la Maurienne éloignées de Saint-Jean : l'une était défleurie ; l'autre ne se rapporte à aucune des formes citées, autant que j'ai pu en juger par quelques pétales à moitié fanés. Des 8 espéces ou formes de Tulipe signalées en Savoie, une seule est certainement indigène : le T. australis Link, qui croit sur les pentes her- Deuses des montagnes élevées. Le T. silvestris est disséminé dans les champs prés de Moutiers et de St-Julien, comme aux environs de Genéve. Il se trouve seulement dans les champs cultivés de cette région, ou dans les champs transformés en prairies depuis peu d'années, et doit être regardé comme une plante adventice au même titre que Ornithogalum nutans L., par exemple, observé dans les mêmes conditions. M. Reichnecker, dans son travail, ne discute pas l'origine de ces deux Tulipes. En 1849, le professeur Huguenin nous enseignait que le T. Clusiana ne se trouvait en Savoie que dans la vigne de M. Picolet, à Saint-Pierre d'Albigny, vigne de trés peu d'étendue, et qu'il y provenait certainement d'une ancienne culture. Soigneusement arraché par les vignerons, il en a presque complètement disparu aujourd'hui, et, chose singulière, quoique les bulbes en soient jetés dans les chamys et les vignes du voisi- nage, il ne s'y est jamais propagé. M. Verlot (1) le citait, en 1872, comme ayant été trés abondani dans un petit bois au-dessous du jardin de la cure de Biviers, prés de Grenoble, et étant devenu excessivement rare depuis que le bois avait été défriché. Il m'a écrit récemment (27 juin 1883) qu'il y est complétement détruit. Cette station accidentelle dans un petit bois, dans un pays aussi froid que Biviers, prés Grenoble, indique bien sa provenance exotique; car dans le reste de la France, il eroit dans les champs et les vignes du Midi; en Espagne, dans les champs, d’après Willkomm et Lange (2); en Italie, dans les lieux cultivés, d'aprés Arcaugeli (3). f Étudions maintenant l'origine des cinq autres espéces de Tulipe, dont deux se retrouvent dans d'autres pays : les T. præcox et Gesneriana : deux en Maurienne et en Tarantaise (4) : les T. Gesneriana et Didieri ; deux en Maurienne seulement : les T. Billietiana et Mauritiana. Les auteurs anciens qui ont parlé de la végétation dela Savoie : Dauhin, (4) Verlot, Cat. pl. Dauph. p. 315. (2) Willkomm et Lange, Prodr. Fl. hisp. t. 1, p. 218. (3) Arcangeli, Compendio della Fl. ital. p. 686. (4) La Tarantaise et la Maurienne sont deux vallées contigués et parallèles, profon- dément encaissées dans les Alpes de la Savoie, et creusées, l'une par l'Isére, l'autre par l'Arc, affluent de l'Isère, et se terminant à l'est, l'une par le petit Saint-Bernard et le mont [seran, l'autre par le mont [seran et le mont Cenis. 2352 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Lobel, Barrelier, Boceone, Haller, Gérard, de Saussure, n'y ont signalé aucune espèce de Tulipe. Allioni n'en cite pas davantage dans le Flora pedemontana, qui a paru en 1785, et dans l'Auctarium ad Floram pede- montanam, publié en 1789. Il nomme pourtant et décrit le Crocus sati- vus All., et le signale croissant sponte in arvis S. Martin Mauria- nensium (1), localité située à 10 kilométres de Saint-Jean de Maurienne. Je ne sais quelle preuve avait Allioni de la spontanéité du Crocus sativus à Saint-Martin; mais dans cette commune, comme à Aime en Taran- taise, où il croit aussi, les traditions locales rapportent qu'il y a été autrefois l'objet d'une culture étendue. Bellardi, élève d'Allioni, est le premier botaniste qui ait signalé le T. Gesneriana en Maurienne; on lit dans son Appendix ad Floram pede- montanam (2), publié en 1791 : « Tulipa Gesneriana. » T. flore erecto, foliis ovato-lanceolatis Linn. Spec. pl. 438. » Tulipa Turcarum Cord. Hist. 213. » Licet exoticæ originis credatur, tamen abunde nascitur in montibus Sa- » baudiæ non longe à Moriena, observante cl. equite à Sancto Reale. » De Candolle a reproduit cette citation dans sa Flore francaise (3) éditée en 1805 : « Bellardi assure qu'elle croit naturellement dans les mon- » tagnes de la Savoie, prés Moriena. » La présence du T. Gesneriana à Saint-Jean de Maurienne était donc connue des botanistes dès la fin du siècle dernier. La station qui lui est attribuée par le chevalier de Saint-Réal, in montibus, ne peut évidemment étre prise à la lettre, car on ne la trouve pas en dehors des champs cultivés, et Saint-Réal et Bellardi auront d'autant plus facilement cru à sa spontanéité, que le Crocus sativus passait alors pour étre indigéne dans une localité trés rapprochée. Dés 1825, Huguenin envoyait à ses correspondants des échantillons desséchés des diverses Tulipes de Saint-Jean de Maurienne sous le nom de T. Gesneriana, à l'exemple de Linné, qui avait réuni sous ce nom toutes les espèces décrites par Bauhin et par Clusius. Il leur envoyait aussi le T. Clusiana, de Saint-Pierre d'Albigny. Lorsque, vingt-quatre ans plus tard, il fut nommé professeur d'histoire naturelle, il enseignait que toutes ces Tulipes étaient échappées des jardins, et qu'il ne les avait jamais trouvées dans une station qui permit de croire à leur indigénat. En 1837, le cardinal Dilliet affirma dans la flore de Colla (Colla, Herb. pedem., t. VII, p. 427) que le T. Oculus-solis était commun à Saint- (1) Alioni, Fl. pedem. t. I, p. 84. (2) Bellardi, Appendix ad. Fl. pedem. in Mémoires de l'Académie des sciences de Turin, année 1791, page 226. (3) De Candolle, Flore francaise, t. ME, p. 200. SÉANCE DU 27 JUILEET 1885. 295 Jean de Maurienne. La forme qu'il appelait ainsi par erreur lui fut dédiée plus tard. Il fit connaitre en méme temps la présence du Crocus sativus à Aime en Tarantaise et à Saint-Julien en Maurienne. En 1854, M. Jordan (1) décrit le T. Didieri, distingué depuis long- temps comme espèce par M. Didier, qui le croit spontané. En 1855, MM. Perrier et Songeon (2) signalérent la présence des T. Gesneriana et Didieri et du Crocus sativus à Aime en Tarantaise, du T. Didieri à Macot, et rappelérent la présence du T. Clusiana à Saint-Pierre d'Albigny. Je ne sais quelle est leur opinion actuelle sur l'origine de ces Tulipes. A cette époque, ils regardaient les deux pre- mières comme spontanées ; car ils ne font suivre leurs citations d'aucune annolation à ce sujet, pas plus que pour le T. Celsiana (T. australis), qui est évidemment autochthone; et pour les autres plantes énumérées dans leur catalogue, presque toutes subalpines ou alpines et dont l'indigénat ne peut faire aucun doute; tandis qu'ils disent du T. Clusiana « sub- spont.?» avec doute, et du Crocus sativus « subsp. » avec certitude. En 1863, ces deux auteurs citaient (3) de nouveaules T. precoz, Didieri et Billieliana comme spontanés en Savoie. M. Reichnecker est donc bien fondé à s'appuyer sur l'autorité. de Bellardi, de de Saint-Réal, de MM. Didier, Perrier et Songeon pour affirmer leur indigénat. En 1859, M. Jordan déerivit le T. Billietiana observé plus de trente- trois ans auparavant par le cardinal Dilliet, alors qu'il était évêque de Maurienne. Plus tard, dans les Jcones (4), il publia le T. mauritiana’ que M. Didier, n'ayant pas eu connaissance de ce travail de M. Jordan, dé- crivit de nouveau en 1875 sous le nom de T. maurianensis (5). En 1860, daus une Esquisse de la végétation de la Savoie (6), je rappelai, au sujet du Sa(ran et des Tulipes de la Maurienne et dela Taran- taise, une tradition locale que j'avais recueillie à Saint-Jean de Mau- rienne, et d'après laquelle ces plantes auraient été apportées jadis et naturalisées dans cette partie de la Savoie par les Sarrasins (7), qui s'y réfugièrent en 732 aprés la bataille de Poitiers gagnée par Charles-Martel. Cette tradition n'a évidemment que la valeur d'une tradition, et je n'y attache pas autrement d'importance; mais elle indique, sinon que l'exis- tence des Tulipes dans nos champs date de plusieurs siècles, tout au moins qu'elle est trés ancienne, puisque, ne sachant à qui l'attribuer, on (1) Jordan, Observ. sur les pl. de France. (2) Perrier et Songeon, Indications de quelques plantes observées en Savoie, p. 25. (3) Bull. de la Soc. bot. de Fr. t. X, p. 678-679. (4) Jordan, Icones. (5) Didier, Bulletin de la Société dauphinoise pour l'échange des plantes. (6) Bull. de la Soc. bot. de Fr. t. VIL, p. 565. (7) Plusieurs localités de la Maurienne en ont pris le nom : montagne des Sarrasins, crête des Sarrasins, pas des Sarrasins, etc. 254 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. l'a fait remonter jusqu'au moyen àge, à l'époque d'une invasion. Il serait curieux de savoir si les Sarrasins ont aussi pénétré jusqu'à Guillestre en Dauphiné et à Sion dans le Valais, où croissent plusieurs Tulipes. La présence simultanée à l'époque actuelle du Crocus sativus et des T. Gesneriana, precoz, Didieri, Billietiana, Mauritiana, dans les champs cultivés en Maurienne, du Crocus et des T. Gesneriana et Didieri à Aime en Tarantaise, du Crocus et des T. Gesneriana, Oculus- solis et maleolens à Sion dans le Valais, c'est-à-dire dans trois vallées peu éloignées et profondément encaissées dans de hautes montagnes, constitue un autre argument trés puissant en faveur de l'origine exotique de ces Tu- lipes, puisque l'on sait que le Safran, dont l'origine étrangére n'est pas discutée, y a été l'objet d'une grande culture dans les siécles passés. La non-maturation des fruits des Tulipes de la Savoie parait à M. Reich- necker une preuve qu'elles sont les derniers représentants d'une végé- tation aujourd'hui disparue. Mais alors pourquoi le même phénomène s'observe-t-il à Florence et dans toute l'Italie, comme aussi dans le midi de la France, dont le climat est bien plus chaud et plus égal, tandis que les T. australis et silvestris mürissent leurs capsules, le premier sur nos Alpes, le second dans nos champs? Pourquoi les Tulipes en question ne se trouvent-elles, en Savoie, que dans une ou deux localités trés res- treintes, dans des champs trés circonscrits, tandis que le T. Gesne- riana (1) se retrouve en Asie, de l’Altaï au Kurdistan et à l'Arménie ; le T. precox (2),'en Syrie, en Palestine et en Perse; le T. Clusiana (3), en Grèce, dans l’Archipelet à Constantinople; le T. Oculus-solis, en Gréce(4) et trés probablement aussi dans l'Asie occidentale (5)? Pourquoi, dans tous ces pays, leurs fruits arrivent-ils à maturité? Des plantes aussi belles, aussi faciles à voir, aussi importunes pour les laboureurs, auraient certainement reçu un nom de nos montagnards si elles avaient été autochthones. Mais non! en Savoie, on les nomme Tulipe, Tulippa, comme en Dauphiné; en Italie, elles s'appellent Tulipano (6), et en Espagne Tulipan (1). Quoi qu'il en soit, il est un fait sur lequel personne n'a encore appelé l'attention et qui prouve bien que les Tulipes de la Maurienne et de la Tarantaise ne sont pas indigènes, c'est qu'elles ne s’y trouvent que dans les champs cultivés, dans les terrains d'alluvion, et pas ailleurs. Ces terrains étant d'une date récente, leur végétation est évidemment d'une (1) Baker, Rev. of Tulip. in Journ. Linn. Soc. Xt. IV, p. 284. (2) Idem, op. cit. p. 281. (3) Idem, op. cit. p. 981. (4) Kunth, Enunt. t. IV, p. 222. (9) Baker, op. cit. p. 278. (6) Parlatore, Fl. ital. t. II, p. 386, 388, 390, etc. (7) Willkomm et Lange, Prodr. Fl. hisp. t. I, p. 218-219 SÉANCE DU 27 JUILLET 1883. 255 date récente aussi et bien postérieure à celle des montagnes voisines, et les plantes qui s’y trouvent ne peuvent être regardées commeles derniers survivants d’une végétation aujourd’hui presque éteinte. Le même fait s’observe à Sion dans le Valais, où les champs qui produisent les T. Ges- neriana, Oculus-solis et maleolens sont cultivés sur des terrains d'allu- vion. Je n'ai pu savoir s'il en est de méme à Guillestre en Dauphiné pour le T. platystigma (1). En résumé, les Tulipes de la Savoie, à l'exception du 7. australis, n'y sont pas indigènes. L'une, le T. silvestris, est adventice; les autres sont naturalisées et proviennent de contrées étrangéres. Nous ignoronssi toutes les formes que nous recueillons aujourd'hui sont des espèces persistant telles qu'elles ont été importées autrefois, ou si quelques-unes ne sont que des variétés ou des sous-espèces dérivées des Lypes originels cultivés d'abord. Les expériences de culture proposées par M. Levier (2) pour élucider cette question ne pourront la résoudre que lorsqu'on sera parvenu à faire arriver à maturité les fruits de ces Tulipes et à les reproduire de graines. Jusqu'à présent il n'a pas été possible de les reproduire; on n'a pu que les propager au moyen des bulbes et des stolons. Si la persistance des caractères essentiels chez une plante repro- duite par semis peut étre regardée comme une preuve qu'elle doit étre rangée parmi les espèces, aucun botaniste ne saurait atlacher la même valeur au maintien de ces caractères chez la plante multipliée par simple propagation. M. Malinvaud met à la disposition des personnes présentes des échantillons de Lepidium virginicum qu'il a récoltés sur les bords de la Marne prés de Charenton, où cette plante avait été décou- verte l'année précédente par M. Ad. Franchet, et il trace à ce sujet l'historique suivant : Dans le Prodrome (V, p. 205), l'habitat de cette espèce est indiqué « in America boreali ». Godron (Fl. de Fr.) en donne la description et la signale aux « envi- rons de Bayonne » sans autre observation (1848) ; mais dans ses Considé- rations sur les migrations des végétaux (3), aprés avoir cité diverses (1) Je l'ai demandé à M. Verlot, qui, dans son Catal. des pl. du Dauphiné, p. 315, l'indique dans les montagnes subalpines. M. Verlot m'a répondu : « La description et les » observations de M. Jordan ne précisent pas si c'est dans les cultures ou dans les pe- » louses que croît la plante ; ne l'ayant jamais récoltée, j'ai écrit plusieurs fois à M. Roux » qui l'avait découverte, mais sans recevoir de réponse. J'ai donc écrit : montagnes » subalpines, à cause de l'altitude de Guillestre, mais sans préciser la station. » (2) D" Levier, Z Tulipani di Firenze ed l Darwinismo (Rassegna settimanale, 1878) (3) Page 22 (Montpellier, 1853). 250 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. plantes étrangères dont la naturalisation serait due, selon lui, au dépôt du lest des navires dans les environs des ports de mer (1) il ajoute : « Le » Lepidium virginicum, originaire de l'Amérique du Nord, parait avoir » été introduit de la méme manière au lazáret de Bayonne, où il végète » etse perpétue depuis de longues années. » M. A. de Candolle s'autorise de cette assertion, danssa Géographie botanique (2), pour mentionner le Lepidium virginicum parmi les exemples de « naturalisation à grande distance ». En 1868, Darracq, regardant cette Crucifére comme indigène et diffé- rente de la véritable plante américaine « par les feuilles, les silicules et la forme » (3), lui impose le nom de majus « à cause de sa stature. dé- passant celle de tous les Lepidium de France, méme le sativum ». Cette distinction, que nous avons été surpris de voir adopter par M. Ny- man (4), n'a pas été admise par les floristes français (5). Le Lepidium virginicum, suwant le tracé des chemius de fer, s'est répandu dans les Landes et la Gironde (6), et se propagera sans doute de plus en plus entre ses localités initiales et les environs de Paris, où il s'est montré inopinément. Il se distingue du L. ruderale, avec lequel on pourrait le confondre au premier abord, par ses graines ailées, ses feuilles denticulées. et les silicules sensiblement ailées supérieurement, aussi larges que longues. M. A. Clavaud en a donné une description trés complète dans son excellente Flore de la Gironde (1). M. Eugène Fournier présente à la Société la suite des détermi- nations des plantes recueillies au Mexique par M. Kerber (8). L'ordre du jour étant épuisé, M. le Président déclare close la session ordinaire de 1882-1883. (1) « Aux environs de nos ports de mer, il est ordinairement un lieu où l'on dépose le lest des navires. Cette terre, recueillie sur des plages lointaines, conserve fort sou- ventdes souches de plantes sauvages ou des graines, et c'est à cette cause que nous devons l'introduction de végétaux étrangers sur diflérents points de nos cótes. » (Godr. loc. cit. p. 22.) (2) Page 724 (1855). (3) Voyez le Bulletin, t. XV, (1868), session de Pau, p. XIII.j (4) Conspectus Flore Europe, p. 64. ` (5) Voyez, à ce sujet, la note de M. le D" Bonnet in Bull. Soc. bot. de Fr. session de Bayonne, p. 63. | (6) Voy. Blanchet, Catalogue des plantes vasculaires du S. O. de La Fr . 15 (1879), et Foucauld, Herborisation dans la Charente-Inférieure, la Gironde e bs Landes (1880), p. 5. (7) Actes de la'Sociélé Linnéenne de Bordeaux, vol. XXXV (1881), p. 329 (8 Voyez plus haut, page 180. v | WO DI 1 SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 1883. SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 1883. PRÉSIDENCE DE M. BUREAU. M. le Président déclare ouverte la session ordinaire de 1883-84, el fait observer que, conformément à l'article 5 du Réglement, le procés-verbal de la séance du 27 juillet dernier a été soumis à l'ap- probation du Conseil (1). M. le Président a le regret d'annoncer à la Société qu'elle a perdu depuis sa derniére réunion quatre de ses membres : MM. Pedicino, directeur du jardin botanique de l'université de Rome, décédé le 2 août; Ch. Gaillardot, qui a succombé le 16 du méme mois, dans un village du Liban, prés de Beyrouth, à une longue et cruelle maladie dont il souffrait depuis quatre ans; Duval-Jouve, correspondant de la section de botanique de l'Aca- démie des sciences, décédé à Montpellier le 25 août (2), et le D" Bras, décédé dans sa quatre-vingt-deuxiéme année, le 2 septem- bre, à Villefranche de Rouergue. M. Malinvaud rappelle les principaux titres scientifiques de ces regrettés collègues. M. le D' Bras, auteur d'un Catalogue des plantes vasculaires de l'Aveyron (3), chercheur infatigable, a en- richi la flore francaise de deux espéces nouvelles, le Specularia castellana et le Saponaria bellidifolia (4); aucun botaniste ne con- naissait mieux que lui les plantes du département de l'Aveyron, ainsi que celles du Lot, où il avait aussi beaucoup herborisé. Le D' Charles Gaillardot, ancien médecin sanitaire de France en Égypte, ancien directeur de l'École de médecine du Caire, était né en 1814 à Luné- ville. En 1824, aprés avoir terminé ses études médicales à la Faculté de Paris, il partit pour l'Egypte en méme temps qu'un bon nombre de Francais, officiers ‘dans l'armée et médecins, qui s'y étaient rendus à l'appel de Méhémet Ali. [I fit toute la campagne de Syrie, et c'est à lui qu'on doit la premiére carte du Hauran. Aprés la guerre il resta en Syrie, oà il fut nommé médecin dans l'ar- mée turque, et se livra à ses études favorites, la géologie et la botanique. Pendant les événements de Syrie de 1860, il donna asile à un nombre consi- (1) Le n° 4 de 1883, contenant intégralement le compte rendu de la séance du 27 juillet, avait été distribué dans le courant d'octobre. (2) Une notice nécrologique sur M. Duval-Jouve sera donnée ultérieurement dans le Bulletin. (Note du Secrétariat.) (3) Voyez le Bulletin, t. XXIV, Rev. bibliogr. p. 226. (4) Ibid. t. XXV, Séances, p. 173. T. XXX. (SÉANCES) 17 958 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dérable de familles de la montagne qui étaient venues se réfugier à Saïda, et sut préserver cette ville des massacres qui ensanglantaient la contrée. En 1861, il fit partie de la mission de Phénicie, dirigée par M. Renan, et collabora trés activement à l'ouvrage qui en fut le résultat. En 1863, il fatattaché à la mission de M. de Saulcy en Palestine ; puis, nommé médecin sanitaire de France en Égypte, il s'acquitta pendant plusieurs aunées de cette fonction délicate avec une abnégation et un dévouement professionnel au-dessus de tout éloge. Il était chevalier de la Légion d'honneur depuis 1860, et membre de l'Institut d'Égypte, dont il a été à plusieurs reprises président et qui lui doit des travaux remarquables sur l’âge préhistorique et sur la flore orientale. Admis dans notre Société en 1860, il remplissait à cet égard ses obligations avec une parfaite exactitude et ne négligeait aucune occasion de nous témoi- gner sa sympathie. M. le Président fait connaitre quatre nouvelles présentations. Dons faits à la Société : V. Berthoumieu et R. du Buysson, Mousses et Hépatiques de l'Allier. D' Bonnet, Énumération des plantes recueillies par le D' Guiard dans le Sahara. — Sur quelques Jusquiames du groupe Datora. — et J.-A. Richter, Sur quelques plantes de la Côte-d'Or et des Basses-Pyrénées. A. Franchet, Plante du Turkestan recueillies par la mission Capus. D" Granel, L'Ergot, la Rouille et la Carie des céréales. Viaud-Grand-Marais et Guyonvarch, Plantes de l'ile de Groix (Mor- bihan). Zeiller, Fructifications de Fougères du terrain houiller. A. et C. de Candolle, Monographie Phanerogamarum, vol. V. (Cyrtan- dreæ, auct. C. H. Clarke). Meehan, Variations in nature. Sereno Watson, Contributions to American Botany, XI. H. Hofmann, Ueber das Aufblahen der Gewüchse. Résumé du compte rendu des travaux du laboratoire de Carlsberg (contient : Recherches sur la physiologie et la morphologie des ferments alcooliques, par M. Hansen). Atti della r. Universita di Genova, vol. IV, part. II (contient : Teoria generale della fillotassi, par F. Delpino). Saccardo et À. Malbranche, Fungi gallici, séries V. Annales du Bureau central méléorologique de France, publiées par M. Mascart (année 1881, vol. I, Il, HD. De la part de M. Mouillefarine : The international scientists Directory, compiled by Samuel e Cassino. Lo [ari e SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 1883. De la part de M. le Ministre de l'Instruction publique : Discours de M. Jules l'erry, président du Conseil, etc., prononcé à la Sorbonne, le 31 mars 1883. Lecture est donnée d'une lettre de M. le D" Loubrieu, qui re- mercie la Société de l'avoir admis au nombre de ses membres. M. Malinvaud résume et lit en partie les communications sui- vantes parvenues au Secrétariat pendant les vacances: LE SAXIFRAGA FLORULENTA Moretti, ESPÈCE FRANCAISE, par Mi. Émile BURNAT. Je vous ai envoyé (1), il y a une quinzaine de jours, un bel échantillon vivant du Saxifraga florulenta récolté sur territoire francais, dans les environs de Saint-Étienne aux Monts (Alpes-Maritimes) (2). Cette plante, si remarquable par ses caractères spéciaux, son aire géographique très restreinte et encore par l'originalité et la beauté de ses formes, affectionne surtout les parois verticales et dénudées des roches primitives, à une altitude comprise entre 2000 et 3000 métres au-dessus dela mer. Jusqu'ici les nombreuses stations dans lesquelles on a constaté sa présence sont renfermées dans un rayon de 8 à 9 kilomètres environ (à vol d'oiseau), autour d'un centre placé vers l'extrémité de la vallée piémontaise du Gesso, dans laquelle se trouvent les bains de Valdieri ou Vaudier. Aucune de ces stations n'est francaise. A la vérité, la frontière tracée en 1860, après la réunion de l’ancien comté de Nice à l'arrondissement de Grasse pour la formation du département des Alpes-Maritimes, est si étrange, qu'il est difficile dans une flore francaise de ne point comprendre les extrémités supérieures de quelques petites vallées, françaises dans leur moitié inférieure, pour s'arrêter à la crête des Alpes et à la grande ligne de partage des eaux. C'est ce qu'a fait Ardoino dans sa Flore des Alpes- Maritimes. — La nouvelle station que je viens de découvrir, et qui ajoute un nouveau. membre à la flore du territoire politiquement fran- cais, offre surtout quelque intérét parce qu'elle s'éloigne notablement de l'aire trés restreinte dans laquelle on connaissait jusqu'ici cette rare Saxifrage. La carte manuscrite que je joins à ces lignes montre que cette (1) Cette note était adressée à M. Malinvaud, et datée du 21 août. (2) Voyez la feuille n? 213 (Saint-Martin-Lantosque) de l'état-major francais. La Saxifrage se trouve sur des parois de rochers au bord du lac supérieur de Vens, près de la cascade ; puis, trés abondant, cà et là entre les deux laes inférieurs et le fond du vallon de Vens, dans la région du Pinus Cembra. J'estime que ces stations atteignent environ 2000 à 2200 mètres sup. mar. 260 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DÉ FRANCE. aire, comprenant dix-sept stations, est en entier située dans la partie orientale du grand massif de formation primitive qui s'étend entre les hautes vallées de la Stura et de la Tinée. Or les lacs de Vens, des alpes de Saint-Étienne, et le col del Ferro par lequel j'y suis parvenu le 2 août dernier, se trouvent précisément vers les limites occidentales de ce mas- sif, là où commencent les terrains jurassiques de l'Enchastraye, tandis que les monts Gelas, Ponset et Colomb, qui sont les limites orientales de l'aire du S. florulenta, touchent aux confins des terrains granitiques (1). Voici l'énumération des localités connues jusqu'ici; elles sont plus nombreuses que ne le font supposer les indications fournies par Cesati dans son excellent mémoire sur le S. florulenta (2), et par MM. Engler et J. Maw dans des publications ultérieures : COLLE DELLE FiwEsTRE !! (3) [Molineri (4) in herb. Biroli, sec. Cesati, op. cit., p. 14; Rastoin Brémond, ann. 1840, in herb. hort. bot. patav., sec. Cesati, op. cit. p. 15; Boissier et Reuter ! ann. 1852 et 1854, in herb. Boiss. et herb. Gay ; Lisa, ann. 1856, in herb. hort. bot. Taur.!; Bour- geau, Pl. Alp. marit. easicc. n? A 15, ann. 1861 !, etc. ].— Laco TRE Corpas! (Bornet in herb. Thuret, 12 juill. 1865). — Cozce DI Lovnousa !! (Saint- Robert, 1864, in Bull. Soc. bot. de Fr.t. XI, p. 336). — Rocca nr S.-Gio- VANNI (J. Ball, sec. Cesati, op. cit. ; ante ann. 1864, sec. Saint-Robert, loc. cit.). — COLLE DI FREMAMORTA (J. Ball, sec. Cesati, op. cit.). — CIMA DEL GELAS, PASSO DI CoLown!, cima DI Poxser, selon M. André de Nice (commun. verb. de 1874). — Passo pi FENESTRELLE!! (J. Maw, ann. 1815, op. cit.). — COLLE DI CIRIEGIA!! (J. Maw, ann. 1875, op. cit.). — Cima DEL BELLETZ ! ! (5) (E. Burnat, 12 juill. 1875). — CAIRE AGNEL ! (1) Voyez la carte géologique de Savoie, Piémont et Ligurie, par A. Sismonda (Turin, 1862), reproduite dans le Guide to the Western Alps de M. J. Ball (1870 et 1877). (2) V. Cesati, Illustrazione della Saxifraga florulenta Moretti, in Atti della R. Acca- demia delle sc. fis. e matem. vol. IV (sept. et oct. 1869; Naples, 1869) ; Supplément, dans le vol. II de 1870 du Nuovo Giorn. bot. ital. Engler, Monographie der Gattung « Saxifraga ». Breslau, 1872. — Ce savant ne cite pas le mémoire de Cesati. J. Maw (Gardn. Chron. déc. 1874, et Trans. Soc. Bot. Edinburgh, vol. XII, ann. 1875) a ajouté quelques renseignements à ceux fournis par Engler, mais n'a pas eu connais- sance non plus du travail de Cesati, car il reproduit l'historique erroné que l'on trouve dans la Flore d'Ardoino. Aux renseignements donnés par Cesati et Engler il faut ajouter les suivants : Cusin et Ansberque, Herbier de la Flore française, vol. IX, pl. 46. Lyon, 1868. — Jordan et Fourreau, Icones ad Floram Europa, etc., vol. 11, mars 1870, p. 5 (Tristylea florulenta Moretti, sub Saxifraga) et tab. ccxni. — Botanical Magazine, juillet 1875. — Dans ces trois ouvrages on trouve des figures du S. florulenta. (3) Les stations dans lesquelles j'ai moi-même récolté la plante sont notées ! !, et celles dont j'ai vu des ex.! (4) Molineri dit seulement qu'il a trouvé la plante prés de la Madone de Fenestre et ne parle pas du col. La découverte est antérieure à 1818, date de la mort de Molineri. (9) Sur les rochers du massif des monts Belletz et Costetta, au nord-ouest de Saint- Martin-Lantosque. SÉANCE DU Ü NOVEMBRE 1883. 261 et cima CocounpA! (Giais leg. in herb. Burnat). — COLLE DELLA Barra!! (1) (E. Burnat, 24 juillet 1876). — CoLLE MERCANTOUR!! (E. Burnat, 12 août 1876). — Monte Marro! (Crump, ann. 1882; Alf. Cérésole, ann. 1883; in herb. Burn.).— Passo DEL Lapro (Madonna delle Finestre) et VALLONE DES EnPs (Mercantour), selon M. Crump (commun. verb. de 1882). Je considère comme fort probable que la plante se trouve sur un grand nombre d'autres points situés entre ces limites : cima del Gelas (à l'est), colle della Barra (au nord) et cima del Belletz (à l'ouest). Je me suis abstenu de citer les monts Clapier et Bego dont je n'ai pas vu d'échantil- lons; ces stations ont été données par Ardoino (Fl. Alp. marit. edit. 1, p. 148), avec les noms de MM. Canut et Bornet. Ce dernier m'a dit autre- fois qu'il n'avait jamais visité ces deux montagnes; d'ailleurs presque tous les renseignements fournis par Ardoino (loc. cit.) sur le S. florulenta sont plus ou moins entachés d'erreurs qui ont été relevées par Cesati. Ardoino rapporte qu’ « un échantillon de cette magnifique espèce, » découverte vers 1820 par un touriste anglais entre les fentes des rochers » presque verticaux autour du lac d'Entrecoulpes (lago Tre Colpas), à » l'ouest de N.-D. de Fenestre, fut envoyé au professeur Moretti de Pavie, » qui en publia une médiocre description. Vainement cherchée depuis par » plusieurs botanistes, elle commençait à être regardée comme une plante » fabuleuse, lorsque Lisa la retrouva en 1856 à la méme localité, etc. » Or le premier qui récolta la rare espéce est trés probablement le modeste et intelligent jardinier de Turin, Ignace Molineri (2), qui a prété un con- cours si dévou? à Allioni. Molineri parait avoir communiqué ses échan- tillons à Bellardi, qui en transmit à Biroli (3). On trouve dans l'herbier de ce dernier botaniste une note de la main de Molineri, aiasi concue : € L'illustre Bellardi la croit appartenir à un genre nouveau parce qu'il » en possède des exemplaires qui ont trois styles; je l'ai cueillie dans » les Alpes maritimes les plus froides, sur les rochers, près de la Madone » de Fenestre; elle fleurit rarement. Je crois que c'est le S. mutata » Linn. non Haller. » — Moretti (in Giorn. fis. chim. vol. VII, ann. 1824, p. 104) écrivit les lignes suivantes : « Cette singulière espèce, tout à fait » distinete de toutes celles jusqu'à présent décrites, a été trouvée, il y a » déjà beaucoup d'années, dans les Alpes près de Nice. Je possède d'elle » un seul exemplaire en fruit, lequel me fut donné par le professeur (1) Entre la vallée du Gesso d'Entraque et celle du Gesso des bains de Valdieri. (2) Né à Montaldo-Mondovi en 1750, mort à Turin (Crocetta) le 2 décembre 1818, d’après renseignements puisés aux archives des paroisses et dus à l'obligeance de M. O. Mattirolo de Turin. — Ardoino (op. cit., p. vir) dit que Molineri est mort en 1814. (3) Auquel L. Reichenbach (Flora exc. n° 3614) attribue à tort la découverte, en re- produisant à peu prés textuellement la diagnose primitive de Moretti. 269 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. » Biroli, qui le tenait du D" Bellardi de Turin, le doyen des botanistes » italiens. » — Il est certain encore qu'après Molineri, ce n'est point le jardinier Lisa qui retrouva le premier la plante à Entrecoulpes, ce fut Rastoin Brémond, de Nice, qui la récolta au col de Fenestre en 1840. C'est encore dans la même station qu'en 1852, d’après une lettre de Reuter que m'a communiquée M. Reichenbach fils (1), et deux ans plus tard aussi, d’après les exemplaires de l'herbier Boissier, que MM. Doissier et Reuter récoltérent l'espéce décrite par Moretti. Enfin, toujours au col de Fenestre, et non à Entrecoulpes, Lisa ne la retrouva qu'en aoüt 1856. Quant à la présence sianormale des trois styles, on a vu qu'elle avait été observée dés la découverte de la plante, et non en 1864, ainsi que le pense Ardoino. Il est singulier que ni ce dernier auteur, ni MM. Jordan et Cesati, n'aient pris garde à un fait que j'avais déjà noté en partie en 1876 et que m'a signalé récemment un botaniste anglais, M. C. Lacaita. Voici ce qu'il m'éerivait à la date du 10 novembre 1882: « Le seul exem- » plaire du S. florulenta que j'ai trouvé fleuri m'a étonné. La fleur qui » termine l'axe central est plus grande que les autres et porte cinq styles, » lesautres trois, mais les fleurs latérales des ramuscules seulement deux. » En effet, sur les nombreux exemplaires en fleur que je viens de récolter aux’lacs de Vens, j'ai constaté que la fleur terminale de la grappe florale, fleur toujours plus développée que les autres, porte huit ou neuf sépales, autant de pétales, quinze étamines et cinq styles; les autres fleurs qui terminent les pédoncules latéraux ont cinq sépales, cinq pétales, dix étamines et trois styles; enfin, lorsque ces pédoncules sont biflores, la seconde fleur offre souvent deux styles, mais beaucoup d'entre elles en portent trois. NOTE SUR QUELQUES PLANTES D'ALGÉRIE NOUVELLES, RARES OU PEU CONNUES, par M. A. BATTANDIER. AraBis DouwzrmIi Cosson, Illustrationes Flore atlantice, pl. 13. Route du col de Tirourda, au pied de l'Azrout Tidjeur (Kabylie). ARABIS PUBESCENS Poiret Suppl. I, 413; Desf. Fl. atl. vol. II, p. 92, pl. 163 (sub Turritis) — var. brachycarpa Nob. (1) Le 19 juin 1854, Reuter écrivait : « Nous retournerons sous peu dans les Alpes » maritimes: nous avons à rechercher un Saxifraga qui doit être nouveau ; nous l'avons » observé il y a deux ans déjà au col de la Madone de Fenestre. Il ne ressemble en » rien à ce que nous connaissons. Nous en possédons seulement une rosette stérile qui » est encore vivante dans le jardin de Valeyres. » M. Boissier a obtenu, le 16 juin 1876, la floraison d'un pied déjà trés ancien du S. florulenta dans ses cultures de Valeyres. SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 1883. 263 A typo differt caudice perenni, foliis angustioribus, glabrescentibus, acutius dentatis, et priesertim siliquis dimidio hrevioribus, stylo longiusculo acuminatis. A. decumbenti Ball (ex icone Spicilegii flore maroccanæ), simillima, sed caulibus firmis, erectis, distineta. In cacumine Djurdjure majoris, apud indigenas Ait-Ouaban dictos, Junio ineunte, defloratam legi. ALYssUM LEIOCARPUM Pomel, Nouveaux Matériaux pour la Flore atlantique, p. 235. Cette curieuse espèce n’était connue que par un seul échantillon du Zaccar de Milianah, lorsque je l'ai retrouvée sur la crête de l'Atlas de Blidah, prés du marabout de Sidi Abd-el-Kader. Elle a l'aspect général et le port de PA. calycinum L.; mais sa capsule est absolument glabre, méme sur le pourtour. Ses pétales d'un jaune intense, ses sépales d'un vert foncé, sa taille moins élevée, etc., la séparent d'ailleurs de cette espéce. Elle est bien plus éloignée de toutes les autres espéces du genre. CAPSELLA BURSA-PASTORIS L. L'espéce typique se trouve sur les montagnes: sommet de la Mouzaia, Zaccar, Medeah (où elle est assez commune), Teniet, etc. A une altitude moindre, on ne trouve que le Capsella rubella Reuter, qui d'ailleurs ne disparait point dans les altitudes élevées. X CISTUS FEREDJENSIS Nob. Nouvel hybride des Cistus monspeliensis L. et salvifolius L. Buisson unique, du double plus élevé que le reste de la Cistée de C. monspeliensis, où il se trouve. Feuilles inférieures pareilles à celles du salvifolius, mais se rapprochant de celles du monspeliensis vers les inflorescences ; rameaux et face supérieure des feuilles offrant quelques-uns des poils étoilés du salvifolius parmi les longs poils simples du monspeliensis ; inflorescence et sépales de ce dernier; pétales à peine aussi longs que ceux du monspeliensis, mais plus larges, et se recouvrant les uns les autres ; absence complète d'étamines. Forêt de Sidi-Ferruch (en arabe pur Feredj), prés la route du Fort. L'aspect du feuillage, surtout sur le frais ; la nervation des feuilles ; les caractères tirés du système pileux, ne me laissent pas de doute sur l'hy- bridité de cette plante. Sur tout le buisson je n'ai pu découvrir une seule étamine. Ce Ciste se trouvait parmi des pieds de C. monspeliensis, à 100 mètres environ du C. salvifolius. Ce serait vraisemblablement, dans la nomenclature de Schiede, un salvifolio-monspeliensis ; mais les hybrides de ce nom déjà connus sont si différents de celui-ci, que j'ai cru devoir adopter la notation recommandée par M. A. de Candolle dans sa Phytographie. 264 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Resena PayTEuMA L., var. fragrans Texidor; R. arragonensis Loscos et Pardo, Series plant. ind. Arragoniæ. Plaine du Cheliff, près Duperré. Cette plante répand au loin une odeur de Violette très agréable et aussi marquée que dans le R. odorata L. ERODIUM MEDEENSE Sp. nov. Planta perennis, undique hispida, pilis eglandulosis, longissimis, canis, infernis retrorsis, ceteris patulis vel erectis; foliis inferioribus longissime petiolatis, crassis, ambitu ovatis, trilobis, lobo medio trilobulato ; foliis superioribus sessilibus, trilobo-serratis ; omnibus utraque pagina hispidis, margine ciliatis ; stipulis chartaceis, maximis, elongatis ; involucri bra- cteolis membranaceis, ovato-suborbiculatis, pedicellis multo brevioribus ; floribus maximis, pallidissime roseis; sepalis subeglandulosis, apice hispidissimis, oblongo-elliptieis, obtusis, abrupte et longiuscule cuspi- datis, exterioribus subæqualiter T-nerviis ; petalis calyce 3-plo longiori- bus, inæqualibus, superioribus duo brevioribus, basi macula nigrescente notatis ; omnibus linearibus, ad unguem brevissimum utrinque cilialis ; staminum fertilium filamentis edentulis; fructus rostro 8-9 centim. longo ; carpidiis sine rostro 19 millim. longis, maximis, hispidis, fo- veolis ovatis munitis, sub foveolis plica destitutis. — Aprili-Junio. In arenis montis Nador, prope Medeah, supra vicum Lodi dictum. Espèce trés voisine de D'E. mauritanicum Cosson, Bull. Soc. bot. t. IT, p. 309; E. Munbyanum Boissier in Munby plantes d'Algérie (loc. cit.), p. 283. Elle s'en distingue par ses fruits presque aussi longs et plus gros que ceux des E. Botrys et Ciconium; par ses fleurs bien plus grandes, presque blanches, à divisions linéaires; par ses tiges fermes, dressées; par ses feuilles épaisses, etc. Sa villosité trés remarquable peut tenir à l'altitude. Elle pousse dans des sables provenant de grès miocènes, qui nourrissent une flore analogue, souvent identique, à celle des sables maritimes, où pousse l'E. mauritanicum à l'est d'Alger. On y trouve méme l'Orlaya maritima. LE. mauritanicum ne diffère guère de lE. soluntinum Todaro (qui n'est lui-même qu'un E. laciniatum Willd. plus grand et plus robuste) que par sa souche vivace et ses fleurs un peu plus grandes. ERODIUM ALNIFOLIUM Gussone Flor. sic. Prodr. M, p. 307 et Syn. flor. sic. II, p. 210; Geranium crassifolium Cavanilles; Erodium malo- poides Willd. non Desfontaines; E. obliquifolium Tenore, Index sem. horti neap.; E. albiftorum Moris, Mém. de l'Académie de Turin; E. lon- gicaule,et E. elongatum Todaro olim. Kara- Mustapha, Tizi-Ouzou. — Avril-Juillet. Cette espéce, que l'on avait erue jusqu'ici spéciale à la Sicile, est bien SÉANCE DU D NOVEMBRE 1883. 265 spontanée dans les localités ci-dessus. On la retrouvera certainement ailleurs. Elle ne diffère de PE. malacoides Willd. que par l'absence de sillon sous la fossette apicale des carpelles, par ses longs poils non glan- duleux, par ses sépales à mucrons longuement ciliés, et quelques autres particularités qui passent facilement inapercues. EroDIUM MALACOIDES Willd. var. floribundum Nob. Floribus quam in specie multo majoribus, flores E. Chii Willd. æquan- tibus vel superantibus, in quacumque umbella 6-8 simul florentibus ; petalis ealyce duplo longioribus, late obovatis, superioribus duo guttatis. Planta robusta, per dumeta aliquoties scandens, mirabile floribunda. Aprili-Augusto. — Foliis notisque cæteris speciei simillima. Ad El-Affroun, Teniet-el-Haad prope vias; ad Aumale (Trabut). Plante trés ornementale, dont la distinction s'impose immédiatement. LivvM STRICTUM L. var. laxiflorum Grenier et Godron, Flore de France; L. corymbulosum | Reichenbach, Ic. 5169 et var. axillare, Gren. Godr. (loc. cit.); L. strictum c. spicatum Reichenbach, Ic. 5170. Ces deux variétés se rencontrent aux environs d'Alger cà et là avec la forme 5. cymosum Gren. Godr., beaucoup plus fréquente, et qui me semble le type méme de l'espéce. ASTRAGALUS NARBONENSIS Gouan, Illustr. p. 49. Collines broussailleuses avant d'arriver à Teniet-el-Haad. — Cette belle plante n'avait encore été signalée que dans la province d'Oran, par M. Lefranc (Bull. Soc. bot. de Fr. t. XII, p. 389). TETRAGONOLOBUS GUTTATUS Pomel, Nouv. Matér. pour la Flore atl. p. 182. Kara-Mustapha, Teniet-el-Haad. — Avril-Mai. FILAGO HETERANTHA Gussone, Suppl. au Syn. flor. sic. t. II, p. 864; Gnaphalium heteranthum Raffinesque giornale, v. 2, fasc. XII, p. 170; Filago Cupaniana Parlatore, Pl. nov. p. 13 ; Gussone, Synopsis fl. sic. p. 463; Letourn. Cat. Kab. Teniet-el-Haad, prairie prés des Cédres. Var. candidissima Nob. — Pianta indumento lanuginoso, denso, can- didissimo undique vestita; seminibus nigrescentibus. — Prairies hautes du Zaccar de Milianah, prés du sommet. — Cette plante est au F. hete- rantha ce que le F. Lagopus Parl. est au F. arvensis L. CNICUS BENEDICTUS L. Cette plante appartient bien à notre flore ; je l'ai, depuis l'année der- 266 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. nière, retrouvée à Zeralda et à Ain-Tara. Elle est d'ailleurs mentionnée comme indigène dans un catalogue manuscrit de M. le D" Cosson, dont une partie m'a été communiquée par M. Letourneux. PLANTAGO CoRowoPus L. var. Cupani Decaisne ; Pl. Cupani Gussone, Syn. fl. sic. t. IL, p. 190. Terrains sablonneux du littoral, Guyotville ! Reghaia ! Une forme voisine, mais à feuilles moins divisées, se trouve sur les sommets de l'Atlas de Dlidah. POLYGONUM LITTORALE Link. Sables maritimes à la Reghaia, sur la barre de la riviére. — Octobre. CorcHicUM AnENARIUM Waldstein et Kitaibel, Plant. rar. Hungarie, tab. 1795 variété. Aumale (legit Trabut, 1881). Les catalogues algériens ne mentionnent, en fait de Colchiques hysté- ranthés, que l'autumnale L. Jai déjà signalé le C. Bivonæ Guss. très commun aux environs d'Alger. Celui qui fait l'objet de cette nole, et que je cultive depuis deux ans, est probablement le méme que sir J. Ball a trouvé au Maroc, et qu'il rapporte avec doute au C. arenarium. Notre plante diffère considérablement de ce dernier, et se rapprocherait davan- age du C. Kochii Parlatore; mais c'est une plante plus robuste. Peut- être est-ce une espèce nouvelle. Il est bien difficile de se prononcer sur les espèces de ce groupe sans les cultiver simultanément. ANTHISTIRIA GLAUCA Desf. Fl. atl. t. II, p. 380, tab. 254! Forét de la Reghaia. Observations sur ma communication du 28 juillet 1882 (1). — Je n'ai pu retrouver à Saoula la plante qu'y avait récoltée M. Allard et que j'avais décrite sous le nom de Lathyrus Allardi. Peut-étre était-ce une plante ad- ventice. On avait importé l'année précédente, pour les minoteries, beaucoup de blés étrangers. Le Cerinthe de Fort National] dont je n'avais vu qu'un échantillon trés in- complet, avec une seule fleur dont les divisions ne s'étaient pas encore réflé- chies, est une variété à petites fleurs du C. aspera Roth. J'ajouterai à ce propos que le C. aspera des environs d'Alger est le C. strigosa Reichenbach, Icones, tab. MCCXCVIIT. Enfin le Vicia Bivonæ que je signalais est le V. Bivonæ DC. Prodr.; Vicia pseudo-Cracca Bertoloni. Cette plante est assez répandue en Algérie. (1) Bulletin, t. XXIX, p. 288. SÉANCE DU Ü NOVEMBRE 1883. 267 LES GRAMINÉES DES SOMMETS DU DJURDJURA, PHYSIONOMIE QU'ELLES IMPRIMENT A CE MASSIF, par M. L. TRABUT. Le Djurdjura traverse la Kabylie par une ligne courbe de Bougie à Palestro, et méme au delà, jusqu'au Bou Zegza. Cet important massif mon- tagneux est trés nettement limité au sud par la vallée de l'oued Sahel, qu'il surplombe comme une immense muraille en ruine. Le versant nord est au contraire étagé et couvre de ses nombreux contreforts la grande Kabylie jusqu'à la vallée de l'oued Sebaou. Les sommets les plus élevés sont au centre, les deux extrémités du croissant vont en s'abaissant, l'une vers la mer à Bougie, l'autre jusqu'à la plaine de la Mitidjah, où elle vient se confondre avec la chaine du petit Atlas. Le Djurdjura constitue un massif montagneux assez indépendant pour avoir une flore déjà riche en espéces endémiques, bien que son explora- tion botanique soit encore trés incomplète. Les conditions climatériques y sont favorables à une végétation se rapprochant de celle du centre de l'Europe; il offre des sommets élevés (2300 mètres), où les neiges séjour- nent une grande partie de l'année; les précipitations atmosphériques y sont plus fréquentes et plus abondantes que dans toutes les autres régions de l'Algérie. Sur les flancs de cette chaine s'étagent plusieurs zones bota- niques caractérisées par la présence ou la prédominance de certaines espèces ; mais nous n'esquisserons dans celte note que quelques traits de la zone supérieure qui commence vers 1500 métres, surtout sur le versant nord. D'immenses rochers calcaires appartenant pour la plupart à l'étage mummulitique, des crêtes et des cels gazonnés, de petits massifs de Cèdres et de Chênes verts, telles sont les stations qui s'offrent au bota- niste. Dans les fentes des rochers et les éboulisse trouvent une série de plantes montagnardes vivaces et méme frutescentes: Anthyllis montana, Rhamnus alpina, Lonicera arborea, Potentilla caulescens, Ribes petrewm, Cotoneaster Fontanesii, Isatis Djurdjuræ, Festuca atlan- tica, etc., etc. Les grandes surfaces gazonnées offrent un intérêt spécial; elles sont si rares sur les sommets dans les autres massifs montagneux de l'Algérie, que leur présence sur le Djurdjura devient caractéristique en donnant à cette région une physionomie alpestre. La prairie est composée de plantes vivaces auxquelles se mêlent çà et là des espèces frutescentes et même arborescentes (Juniperus Oxyce- drus), mais étroitement appliquées sur le sol, sous la double action des vents et des troupeaux. Les Graminées qui y dominent méritent d'attirer l'attention. Ce sont : 968 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Festuca ovina L., représenté par trois sous-espéces ou variétés : F.euovina Hack., Monogr. Fest. Eur.; var. duriuscula Hack. — F. du- riuscula var. «. genuina Gren. Godr. Fl. Fr. — Le F. duriuscula n'était signalé en Algérie, au moins dans notre région, que par confusion avec le F. levis Hackel; sa présence dans les prairies du Djurdjura est donc un fait intéressant au point de vue de la géographie bolanique. Il s’y présente avec des caractères qui ne permettent pas de le faire rentrer dansles sous-variétés, déjà nombreuses, énumérées par M. Hackel dans sa savante monographie des Festuca d'Europe, renseignement que nous devons du reste à M. Hackel lui-méme. F. levis Hackel (loc. cit.), var. genuina, subvar. typica, est aussi commun dans la région montagneuse du petit Atlas, et notamment au Zaccar. F. frigida Hackel (loc. cit.), var. Djurdjuræ Hackel in litt. —M. Hackel réunit dans cette sous-espéce trois variétés bien tranchées : l'une, var. glacialis (F. glacialis Miégeville in Bull. Soc. bot. Fr. t. XXI), est propre à la région neigeuse des Pyrénées centrales; une autre, var. genuina (F. Halleri Boiss. Voy. Esp.; Willk. et Lange non All.), vient dans la sierra Nevada, entre 2800 et 3200 mètres ; enfin la troisième, dont la nôtre se rapproche le plus, var. rupicaprina (F. ovina var. alpina Neilr. Fl. v. INied.-OEsterr. non Koch Syn.), est spéciale aux Alpes de Styrie, Autriche, Tyrol et nord de la Suisse. Cette variété nouvelle imprime bien un caractére alpin à la flore des sommets du Djurdjura; nous l'avons trouvée dans les fissures des rochers qui dominent à l'est le col des Ait- Ouabou, à environ 1800 mètres. Festuca atlantica Duv.-Jouve, trés abondant dans tout le Djurdjura, se retrouve dans le petit Atlas, au Zaccar, à Teniet-el-Haad, au djebel Endàtt. Cette espèce est propre à l'Algérie. Dactylis glomerata L., var. australis Willk. Prodr. fl. hisp. Lolium perenne L. Avena macrostachya Balansa, belle espèce vivace propre à l'Algérie. Avena pratensis L. Kæleria cristata Pers. var. glauca Coss. Fl. alg. — K. glauca DC. Arrhenatherum elatius Mert. et Koch var. erianthum — Arrh. erian- thum Boiss. et Reut. Pug.; Willk. et Lge, Prodr. fl. hisp. Trisetum flavescens P. B. Holcus lanatus L. Cynosurus elegans Desf. — Dans la montagne on trouve la forme à pani- cule lâche (Cynos. gracilis Viv., Cyn. effusus Link) ; mais, dans la région montagneuse inférieure, nous avons noté surtout la variété à panicule trés fournie, dense et obliquement penchée à la maturité (Cyn. obliquatus Link). SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 1883. 269 Cynosurus Balansæ Coss. Fl. alg. 24, spéc. à l'Algérie. Poa alpina L. var. Bivone — Poa Bivonæ Parl. — Le Poa alpina n'avait pas encore été signalé en Algérie, et la variété Bivonæ était regardée comme propre à la Sicile. Nous avons trouvé cette plante sous les Cèdres qui couvrent la crête d'un escarpement à l'est du col des Ait-Ouaban. C'était dans les premiers jours de juin, et il y avait encore à quelques pas des flaques de neige sur le versant nord. P. Djurdjuræ. — Cette sous-espèce nouvelle du Poa alpina est bien différente de la var. Bivone ; elle se rapproche beaucoup, d’après M. Hackel, à qui nous l'avons communiquée, du Poa pumila Host, qui est une plante des montagnes de la Carniole; elle en différe surtout par ses glumelles glabres sur les nervures et à la base; elle est aussi affine du Poa ligulata Boiss. de la sierra Nevada. Ce deuxième représentant du Poa alpina a été récolté au col de Tirourda. Poa bulbosa L. et sa forme vivipare. — C. Poa trivialis L. Phleum B«hmeri Wib., col de Tirourda. Bromus sterilis L., Br. tectorum L., Br. erectus Huds.; Hordeum bulbosum L., H. murinum L.; Anthoxanthum odoratum L. La constatation de la présence dans la zone supérieure du Djurdjura des vingt-cinq Graminées énumérées permet-elle de tirer quelques con- clusions sur les caractères de la flore de cette région? La réponse ne saurait étre douteuse. Cette famille occupe sur ces sommets une place trés importante, tant par le nombre de ses individus que par celui des espèces; elle vient en quatrième ligne, elle n'est dépassée que par les Composées, Crucifères, Caryophyllées ; elle dépasse les Légumineuses, Rosacées, Ombellifères, Labiées, etc. Il est à remarquer que cet ordre est à peu près le même que dans la zone supérieure des Alpes. Si nous cherchons maintenant à établir des séries d’après la dispersion, nous nous trouverons en face d'un mélange assez complexe ; mais c’est là un caractère de la flore montagneuse de la région méditerranéenne d'admettre des plantes d'origines trés différentes et de les réunir dans des conditions climatériques communes. Les Graminées du Djurdjura se réparlissent ainsi : 1* Exclusivement propres à la région montagneuse d'Algérie : Cynosu- rus Balanse, Avena macrostachya, Festuca atlantica. 2» Des montagnes du midi de l’Europe : Festuca levis, Cynosurus elegans. a. Espagne : Arrhenatherum erianthum. b. Sicile : Poa alpina var. Bivone. 3° De l'Europe centrale : Anthoxanthum odoratum, Avena pratensis, 970 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Poa trivialis, P. bulbosa, Hordeum murinum, H. bulbosum, Lolium perenne, Koleria cristata, Bromus tectorum, B. sterilis, B. erectus, Holcus lanatus, Festuca ovina var. duriuscula, Trisetum flavescens, Phleum Bomeri, Dactylis glomerata. 4 Des montagnes de l'Europe, flore alpine : Poa alpina L., Festuca frigida Hackel. Mais ces deux types sont représentés sur le Djurdjura par des sous-espèces ou variétés qui n'ont pas été observées ailleurs: le Pog Djurdjure et le Festuca frigida var. Djurdjure. Dans cette répartition nous trouvons seize espèces communes aux sommets de la Kabylie et à toute l'Europe. Le Djurdjura nous présente en commun avec les montagnes du midi de l'Europe quatre espéces, dont une est commune avec la Sicile seule- ment, une autre avec l'Espagne. Deux espèces sont communes au Djurdjura età la flore alpine, et encore elles sont représentées par des variétés spéciales. Enfin les espèces propres à la flore montagneuse de l'Algérie sont au nombre de trois, dont une est commune (F. atlantica) et les deux autres rares. La flore des plaines de l'Europe constitue donc le fond de la végétation de notre zone montagneuse supérieure, et l'altitude compensant la latitude, les plantes européennes retrouvent sur la cóte africaine les mémes con- ditions climatériques que dans les autres contrées plus septentrionales qu'elles habitent aussi. La flore alpine, bien que faiblement représentée, l'est cependant, et plus sur ce massif élevé que sur les autres montagnes d'Algérie. Si le fond de la végétation est européen, les trois espéces algériennes et les deux va- riétés observées seulement en Kabylie, soit cinq formes sur vingt-cinq, don nent encore à la flore du Djurdjura une certaine indépendance. De ces quelques faits nous croyons pouvoir tirer les conclusions sui- vantes : 1° La flore de la région montagneuse supérieure du Djurdjura a une grande affinité avec celle des plaines de l'Europe. 2^ Elle comprend en outre un certain nombre d'espéces alpines et des montagnes du midi de l'Europe. 3° Une grande partie des espèces sont propres à la région monta- gneuse d'Algérie. 4^ Quelques variétés ou espèces affines lui sont spéciales, pour le moment du moins. © Le Festuca ovina L. joue un rôle très important dans le gazonne- ment des crêtes et des cols, et constitue de véritables prairies alpestres SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 1883. 271 qui n’existent pas dans la plupart des autres montagnes d'Algérie, où le sol n'est occupé que par des touffes vivaces espacées, laissant de grands vides qui sont peuplés pendant une partie de l’année par un grand nombre de plantes annuelles. 6° Le massif du Djurdjura, par sa plus grande affinité pour les plantes qui atteignent les limites nord de l'Europe, par la présence d'espéces alpines et méme de formes spéciales, par ses grandes surfaces gazonnées, est suffisamment caractérisé pour étre considéré comme un district bota- nique spécial de la région montagneuse en Algéric. M. G. Bonnier, secrétaire, donne lecture de la communication suivante : SUR LA FACULTÉ ASSÉCHANTE DES ARBRES FORESTIERS, par M. GUINIER. L'opinion accréditée parmi les savants, comme dans le public, veut que le sol boisé recoive plus de pluie que le sol découvert ; — que le sol boisé retienne une plus grande quantité de l'eau qu'il reçoit; — que la péren- nité des sources et leur alimentation soient mieux assurées par l'état de boisement du sol; — que l'eau qui s'échappe du sol forestier coule plus longuement, plus régulièrement et aussi plus abondamment, si l'on con- sidere le débit moyen d'une longue période de temps. Voici, en ce qui concerne ce sujet, les quelques propositions qui sont aujourd'hui démontrées expérimentalement (1) : — Il pleut davantage sur la forêt qu'en sol découvert. — Les cimes des arbres en massif retiennent une portion de la pluie, qui atteint dans les bois feuillus jusqu'à 11 pour 100 en été (2), et descend à 5 pour 100 en hiver. Mais, en tenant compte du surplus de pluie qui tombe sur les forêts, le sol forestier est autant et plus abreuvé que le sol agricole. — L'évaporation de l'eau libre sous bois est beaucoup moins active qu'en terrain découvert : dansles mois chauds de l'année, la quantité d'eau évaporée par le sol forestier est à celle évaporée par le sol découvert dans la proportion de 1 à 4 et méme à 5. Pour toute l'année la relation est du simple au triple à peu prés. De ces résultats on déduit cette conséquence que l'état boisé est favo- rable à l'alimentation des sources et à la régularisation de l'écoulement de l'eau provenant du sol forestier (3). (1) Mathieu, Météorologie comparée agricole et forestiere, Rapport à M. le sous-se- crétaire d'État, président du Conseil d'administration des forêts. Imprim. nation., 1878. (2) Cette proportion serait méme plus forte suivant d'autres expérimentateurs, sans que le résultat final soit modifié. (3) A. Mathieu, loc. cit. p. 10, 18, 22, 272 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Cette conséquence était prévue puisque, ainsi que je l'ai dit, on admet comme le résultat d'une expérience générale, quoiqu'un peu vague, une loi de régularisation du régime des eaux et d'augmentation de leur débit par l'effet du boisement du sol d’où elles s'échappent. Et cependant, si l'on y réfléchit, il s'en faut beaucoup qu'une pareille déduction soit rigoureuse, et que le raisonnement suffise pour établir cette loi comme un simple corollaire des résultats de l'expérience cités plus haut. D'un autre cóté, il est incontestable, en fait, qu'il y a des déro- gations à celte prétendue loi de régularisation (1). Notamment, dans cer- tains cas, le débit des écoulements superficiels d’un sol forestier autrefois dénudé, ou celui des sources qui en proviennent, paraît avoir été consi- dérablement réduit ou méme supprimé par le reboisement du terrain (2). Pour nous rendre compte de ces dérogations, il faut songer qu'il inter- vient ici un phénomène important. C'est la faculté asséchante des arbres forestiers. Cette action d’asséchement, mise hors de doute par des faits nombreux et parfaitement constatés (3), parait avoir deux composantes principales, Savoir : 1° L’hygroscopicité de la couche superficielle du sol forestier, couche : formée par la masse spongieuse des racines et radicelles; — par le terreau, c’est-à-dire la couverture de feuilles mortes et de détritus végétaux à un état variable de décomposition (le terreau est émiremment hygroscopique [Schübler, Gasparin]) ; — enfin par le tapis végétal de plantes herbacées et de Mousses qui forme quelquefois uue sorte de feutrage épais à la sur- face. Eu vertu de cette hygroscopicité, le sol forestier absorbe des quan- tités trés considérables d'eau et il la retient avec énergie, comparable en cela à une éponge qui arréte toute l'eau dont on l'arrose, et ne commen- cerait à la laisser écouler que lorsqu'elle serait saturée. Cette faculté du solforestier de retenir les eaux se trouve augmentée par l'effet d'une sorte de draiaage vertical constitué par les racines, qui, pénétrant à une (1) Belgrand, Hydrologie de la Seine et de ses affluents (Ann. des ponts et chaussées, 1846 et années suiv.). — Voyez aussi Cézanne, suite à l'Etude des torrents des Hautes- Alpes, par Alexandre Surrel, chap. IV, V et VI (Dunod, 1872); — Revue des foréts, 1869, t. VILI, p. 131. (2) J'ai pu constater un phénoméne de ce genre sur le ruisseau de Labécéde qui tra- verse la petite ville de Tarascon (Ariége), en comparant le régime actuel des eaux avec le régime ancien, attesté, d'une part par de sérieux témoignages d'hommes âgés, d'autre part par la capacité extraordinaire de la partie qui subsiste encore de l'ancien lit artificiel pavé. Non-seulement le débit de l'eau aprés les grandes pluies a diminué, mais la durée des écoulements a été réduite aussi dans une proportion remarquable. Or le boisement du petit bassin montagneux de ce ruisseau est assez récent. J'ai donné les détails de ces observations dans le Bulletin de la Société ariégeoise des sciences, lettres et arts, numéro de juin 1883. o Revue des forêts, tome VIII (1869), p. 131, 180, 289, 353, 355, et tome IX (1870), p. 26 et . SÉANCE DU U NOVEMBRE 1883. 273 assez grande profondeur et dans des couches plus ou moins compactes, oüles eaux le plus souvent n'arriveraient point, permeltent, surlout quand elles sont pourries, l'accés de l'humidilé dans ces régions. 2» L'exhalation de vapeur d'eau à la surface des feuilles, exhalatiou présentant un double caractère physique et physiologique, et d’où il résulte un appel de masses d'eau importantes absorbées dans la terre par les racines et traversant incessamment le corps du végétal pour se perdre dans l'atmosphère. On conçoit donc que les arbres jouissent d'une faculté asséchante susceptible d'arréter ou de diminuer les écoulements des eaux provenant du sol forestier. Asséchante n'est pas le mot exact, et ne traduit pas rigoureusement ce phénoméne qui consiste pour une part notable dans la rétention des eaux par le sol; mais, pour abréger le langage et pour se conformer à l'usage, on peut adopter ce terme, qui est consacré. Si la faculté asséchante des massifs boisés parait bien établie théori- quement et expérimentalement, il faut bien reconnaitre cependant que ses causes et ses effets sont fort peu connus dans leurs détails et qu'on en ignore surtout l'étendue et l'énergie. Il y a plus, les constatations que l'on a pu faire à cet égard sont fréquemment en contradiction, soit avec l'observation. d'autres faits devenus vulgaires, soit avec d'autres résul- tats moins évidents, mais qui paraissaient établis par l'observation. scien- tifique. Les exemples de ces contradictions sont nombreux. Ainsi on admet que le feuillage des arbres résineux exhale moins d'humidité que celui des arbres feuillus, et le feuillage des Pins moins encore que celui des autres résineux (M. Grandeau). Cependant les Pins paraissent jouir d'un pouvoir asséchant considérable et infiniment supérieur à celui des foréts d'autres essences (1). S'il est vrai que le feuillage des Pins exhale moins d'eau, comment se fait-il qu'il y ait plus d'humidité au-dessus des massifs de Pins qu'au dessus des massifs d'arbres feuillus, et que, comme conséquence censée vérifiée, il pleuve davantage sur les bois de Pins (2)? Pourrait-on attribuer cette humidité à l'évaporation du sol, qui serait plus forte sous les bois de Pins que sous les bois feuillus (3)? Mais les terrains arides où croissent le plus souvent les Pins doivent fournir un bien faible contingent en temps ordinaire à l’évaporalion. La sensation de chaleur bien connue que l'on éprouve en été sous (1) Revue des foréts, t. VII et IX. | (2) M. Fautrat, Observations météorologiques faites de 1877 a 1878 (Exposition univer- selle de 1878). Imprimerie nationale, 1878, p. 16. (3) 1d. loc. cit. p. 28. T. XXX. (SÉANCES) 18 274 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. l'ombrage des Pins est attribuée à l'état hygrométrique de l'air qui, sous une futaie de cette essence, serait presque saturé d'humidité ; cette sen- sation ne serait pas différente de celle qu'on ressent dans les climats chauds et trés humides (1). Mais pourquoi éprouve-t-on au contraire sous l'abri des arbres feuillus une sensation de fraicheur ? Quelle que soit la cause de cette sensation de fraicheur, attribuée généralement à l'éva- poration abondante dont les feuilles sont le siège, et d'ou il doit résulter un abaissement de température, quelle que soit cette cause, dis-je, il est difficile de comprendre que les bois feuillus et les bois résineux aient à cet égard une action absolument inverse sur nos sens. Ces questions se compliqueraient encore s'il était bien constaté que les températures tant maxima que minima sont plus basses sous les Pins que dans la plaine, et que les Pius produisent en été au thermométre un abais- sement de température un peu plus prononcé que les bois feuillus (2). Si les Pins asséchent le sol dans le sens rigoureux du mot (on sait qu'une futaie de cette essence peut faire disparaitre l'état marécageux du sol), c'est que ces arbres sont capables de soutirer du terrain qui les porte des quantités d'eau considérables. On comprend mal que des végé- taux avides d'eau à ce point soient justement les plus aptes à prospérer dans des terrains arides où la plupart des autres essences se dessèchent et refusent de croitre. Évidemment toutes ces contradictions ne se produisent que par suite de notre ignorance à la fois.sur les faits et sur les causes. L'étude de la facuité asséchante des arbres en massif est, en somme, tout entière à faire, et ce qui précède montre suffisamment l'intérêt d'une pareille étude au point de vue de la physiologie végétale, de la météorologie et de la physique du globe. Et méme si l'on se place au point de vue d'une pratique tout à fait immédiate, l'utilité qu'il y aurait à éclaircir ces questions est encore palpable. Il est bien vrai que dans la pratique on opère avec une égale raison, d'une part des plantations de Pins ou autres essences, dans le but d'as- sainir un terrain humide ou marécageux, d'autre part encore des planta- tious de Pins pour rendre à un sol aride l'humidité qui lui manque (3). Il suffit, en somme, que l'expérience ait justifié complètement chacune de ces entreprises. D'ailleurs, dans ces deux cas extrêmes on peut, à ce (1) M. Fautrat, ibid. p. 36. (2) lbid., p. 36. (3) « Dans la forêt d'Ermenonville (Oise), assise sur un terrain purement siliceux, le » sol forestier, gràce à la couche de terre végétale, se trouve mieux pourvu d'eau que » les sables voisins... Le parti pratique qu'il faut en tirer, c'est qu'il convient de re- » boiser en Pins toutes les terres arides ineultes que le manque d'eau rend improduc- tives ». (M. Fantrat, loc. cit. p. 22.) SÉANCE DU !) NOVEMBRE 1883. 275 qu'il semble, admettre saus contradiction que le boisement du sol agisse, tantôt pour enlever l'humidité surabondante, tantôt pour conserver un peu d'eau dans des sols qui en sont totalement dépourvus. Mais n'est-on pas exposé, dans l'état actuel de nos connaissances, par exemple à faire disparaitre telle source précieuse par une plantation de Pins faite d'une facon malencontreuse et imprudente dans son voisinage ? Qui pourrait affirmer qu'une pareille plantation sera sans effet, ou bien dire dans quel seus cet effet s'exercera ? En résumé, il est facile de voir que la faculté asséchante des arbres forestiers en massif doit modifier le régime des eaux sortant du sol fores- tier, mais non pas toujours suivant une mesure facile à prévoir. Tout ce qu'on peut affirmer maintenant, c’est que le débit maximum d'un cours d'eau sera toujours diminué par l'état de boisement du sol dont il provient. Lorsqu'on aura pu mesurer l'action d'asséchement des massifs fores- tiers, ou au moins déterminer certaines limites de cette action, on sera moins étonné de voir des faits qui infirment la généralité de la loi de régularisation et d'abondante alimentation des cours d'eau par les forêts : on sera moins étonné surtout de voir le reboisement du bassin d'un ruisseau aboutir, dans des circonstances diverses de sol, d'essences, ete., à des résultats différents et à certains égards inverses. M. Leclerc du Sablon fait à la Société Jacommunication suivante : SUR LA TIGE DE LA GLYCINE (WISTARIA SINENSIS), par M. LECLERC DU SABLON. La tige de la Glyeine présente des modifications de nature à expliquer, dans une certaine mesure, les anomalies signalées dans la structure de quelques Lianes. Une tige qui n'est pas enroulée autour d'un support a la méme constitution qu'une tige ordinaire de Dicotylédone ; autour de la moelle se trouvent autant d'anneaux concentriques de bois que la tige compte d'années, puis vient le liber. On ne trouve pas de liber intercalé entre les différentes couches de bois. Si au contraire on examine une portion de lige qui est enroulée depuis plusieurs années autour d'un support, on remarque les particularités suivantes : De part et d'autre de la région qui est en contact avec le support, on voit apparaitre dans le liber une couche génératrice qui fonctionne exac- tement comme la couche génératrice normale. Elle produit tous les ans du bois vers l'intérieur et du liber vers l'extérieur. Cette couche généra- trice ne s'observe d'abord en section transversale que de part et d'autre 976 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. du point de contact avec le support, plus tard elle peut s'étendre du côté opposé au support ; cette extension se produit d'une façon irrégulière. Pendant ce temps le méristéme normal continue à fonctionner comme dans une tige ordinaire. En certains points il se produit done chaque année deux couches de bois et deux couches de liber. Ce résultat est facile à constater en reconnaissant l’âge d'une de ces tiges anormales. Lorsque la pression entre la tige voluble et son support devient trés forte, il arrive souvent que le mérislème normal cesse de fonctionner vis- à-vis des points comprimés. Les anneaux de bois sont alors incomplets. Mais lorsque la pression du support est faible, l'effet produit est contraire ; loin d'éteindre l’activité de la couche génératrice, le contact la développe. On observe en effet que les couches de bois sont dans ce cas plus épaisses du cóté du support. Quelquefois une troisième couche génératrice apparait dans le liber qui est extérieur à la seconde série de couches de bois. L'anomalie est alors double, et tous les ans il se produit dans une méme section transversale trois couches de bois et trois couches de liber. Mais chacune de ces couches est loin de former un cercle complet. Les tiges que j'ai observées étaient âgées de sept ans au plus. Peut-être dans les tiges trés àgées les parties enroulées ou non enroulées présen- tent-elles d'autres modifications. Le point qui me semble surtout digne de remarque dans ces observa- tions, c'est que plusieurs couches génératrices peuvent fonctionner simul- tanément dans une méme section transversale. M. G.-Eg. Bertrand expose à la Société le résultat de ses recher- ches sur l'anatomie des Phylloglossum (1). M. Malinvaud donne lecture des communications suivantes : NOUVELLES LOCALITÉS DU GOODYERA REPENS R. Br., par M. FEUILLEAUBOIS. Une des plantes phanérogames les plus intéressantes de la flore pari- sienne est sans contredit le Goodyera repens R. Br. Cette rare Orchidée n'était indiquée, dans la forét de Fontainebleau, qu'au lieu dit « le Mail de Henri IV », sa localité classique. M. Edm. Bonnet, dans sa Petite Flore parisienne publiée au commencement de cette aunée, signale encore, outre le Mail de Henri IV, la route de Cupidon, où cette plante, introduite avec les graines de Conifères, est assez commune. a) La publication de cette note a été ajournée sur la demande de l’auteur. (Note du Secrétariat.) SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 1883. 977 Les botanistes parisiens me sauront gré de leur indiquer d’autres localités, toutes découvertes par un jeune et consciencieux botaniste, M. Léon Vigne, qui a passé le mois de juillet dernier à Fontainebleau dans le but d'explorer toute la forêt. Ses recherches ont été couronnées de succès ; car, outre bon nombre d’autres plantes rares, il a découvert et noté, avec le soin le plus scrupuleux, l'existence du Goodyera repens aux endroits ci-aprés : 1° Sous les Pins du côté de la MARE D’Épisy, où il croit abondamment en compagnie du Phyteuma orbiculare. 2 Sur le flanc septentrional du RESTANT DU LONG Rocntrn, où il occupe deux circonscriptions restreintes sur le parcours du sentier Denecourt. 3 Aux environs du CARREFOUR DE LA PLAINE DE LA CHAMBRE, Où il n’a été trouvé que trois exemplaires. 4° Sur le mont Ussy, près du BELVÉDÈRE DE MONTESPAN, où il est peu commun. 5° De l’autre côté de la Seine, dans le bois du HAUT-SAMOREAU, où il a été trouvé à quatre endroits différents. 6° Au commencement de la DESCENTE DU CHASSEUR Noir, dans les GORGES D'APREMONT, où il parait être assez abondant. Dans toutes ces localités, le Goodyera repens a été trouvé dans les bois de Pins, et occupe de préférence ceux dont le sol couvert de Mousses conserve une certaine humidité. Il est permis d'espérer que, dans un avenir trés prochain, cette rare Orchidée deviendra une vulgarité sous les Coniferes de la forét de Fon- tainebleau et de ses environs. EXTRAIT D'UNE LETTRE DE M. Ch. ROYER A M. MALINVAUD. Quincy, le 3 novembre 1883. Cher Monsieur, Je vous prie d'annoncer à la Société la découverte, dans la Cóte-d'Or, du Ventenata avenacea Kol. Cette Graminée croissait en abondance dans la grande friche de la commune de Normier, canton de Semur, oü elle a été récoltée en août par M. Fautrey, instituteur à Noidan, qui m'en a communiqué des échantillons. Deux plantes qui n'avaient pas été revues depuis Lorey viennent d'étre retrouvées dans le département : l'une, le Cardamine amara L. (pré de la source de Veuxhaules : Magdelaine !) ; l'autre, l'Órchis coriophora L. (prairies des environs de Moret: D" Viallanes!). Lorey indiquait le Car- damine amara à Laroche en Breuil et à Saulieu, et l'ürchis corio- phora L. dans les prés des environs de Dijon. . . . . . .. 978 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. A la fin de sa lettre, M. Royer, dont la santé est depuis long- temps fort éprouvée, exprime à cel égard un douloureux pressen- timent (1). M. Malinvaud espére que l'événement donnera tort à ces tristes prévisions, et que le sympathique et savant auteur de la Flore de la Cóte-d'Or pourra faire part pendant longtemps encore à la Société, dans laquelle il a de nombreux amis, de ses intéres- santes communications. M. Buffet annonce à la Société qu'il a trouvé, le 1* octobre der- nier, le Lobelia urens au parc de Saint-Cloud, dans des meulières situées à la pointe ouest la plus élevée du plateau dit les Brosses, à cinq minutes de l'entrée par la porte de Marnes. Cette plante, dans ses localités les moins éloignées, croit sur l'argile des trous résul- tant de l'exploitation des meuliéres, et elle se multiplie à mesure que les progrés de cette exploitation lui procurent de nouveaux emplacements favorables. Aussi, aprés avoir été signalée pendant longtemps comme une grande rareté de la flore parisienne (RR. d'aprés MM. Cosson et Germain), elle est devenue assez commune depuis quelques années, et ses nouvelles localités sont beaucoup plus rapprochées de Paris que celles où elle était anciennement connue. M. Malinvaud confirme les observations de M. Buffet sur la nature du terrain qui convient à cette espèce; il l'a fréquemment rencontrée dans le centre et l'ouest de la France, mais jamais sur un sol calcaire (2). M. Poisson présente un Pelargonium en pot venant des cultures du Muséum, et sur lequel vit une Cuscute exotique, C. reflexa, de l'Inde, couverte de grappes de fleurs blanches parfumées. Il y a deux ans environ, un des chefs de service de la culture, M. Hame- lin, recevait d'un infatigable introducteur de végétaux étrangers, M. de Leichtlin, le premier spécimen vivant en France de ce parasite. Mais cette Cuscute fleurit tardivement, c'est-à-dire à la fin de notre automne, et ne fructifie pas, faute sans doute d'une somme de chaleur suffisante. Aprés (1) Qui n'était malheureusement que trop fondé; car nous recevions, quelque temps après, la nouvelle de la mort de notre excellent collègue (voy. plus loin, séance du 28 décembre, p. 314). (2) Voyez le Bulletin, t. XXIX, p. 325. SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 1883. 979 la floraison accomplie, les rameaux se flétrissent, et il semble que le vé- gétal périra infailliblement, sauf en un ou deux points où une faible portion de tige reste adhérente aux rameaux de la plante hospitalière et conserve un peu de turgescence. C'est de cette fraction de tige, sorte de kyste, souvent à peine appréciable, que l'année suivante sortiront des bourgeons qui continueront un nouveau cycle de végétation. M. Hamelin imagina de multiplier cette Cuscute en appliquant des sec- tions de rameau sur d'autres plantes, comme on le fait pour la greffe en approche. Il opéra d'abord sur différents Pelargonium, puis sur des plantes trés variées, vivant dans l'orangerie et l'une des serres tempérées du Muséum. Dans la plupart de ces cas, et méme sur certaines Monocoty- lédonées, la reprise réussit. Quand ce végétal ne peut saisir de ses rameaux ceux du sujet qui le le porte, alors il s'en prend à lui-même en s'enroulant autour de sa propre tige ou de ses principaux rameaux, et implante ses sucoirs dans la profon- deur de leur tissu. Les Cuscutes sont indiquées comme annuelles, ce qui est vraisemblable quand elles fleurissent et mürissent leurs graines; mais dans le cas où une solution incomplète de la plante n'en épuise pas totalement les ra- meaux, ceux-ci semblent conserver une vitalité qui permet de les greffer, ou qui favorise, selon toute apparence, la formation des sortes de kystes dont nous venons de parler. D'ailleurs cette opinion de la pérennité des Cuscutes, au moins pour les espéces de nos régions tempérées, avait été émise par A. Benvenuti, dans le mémoire qu'il publia en 1847. 11 basait son hypothèse sur des expériences de bouturage faites par lui avec succès. D'autre part, Liebmann, dans ses voyages, avait observé des Cuscutes qui se desséchaient après avoir végété, mais non fleuri, à l'exception de cerlaines portions de rameaux porlant de jeunes boutons à fleurs qui semblaient ne pas devoir s'épanouir. Ces rameaux d'inflorescence produi- saient des sucoirs abondants qui devaient puiser la nourriture nécessaire au développement ultérieur des fleurs et des fruits. Dans le cas du C. reflexa, les choses se passent un peu différemment. Le kyste se forme d'une portion de rameau stérile, et c'est sur ce rudi- ment tigellaire qu'à la saison nouvelle, naitront des bourgeons qui per- pétueront la plante. Le C. reflexa Roxb.a été trouvé dans des régions trés diverses de l'Inde : l'Himalaya, le Sikkim, la cóte de Coromandel, Ceylan, enfin jus- qu'à Java. Néanmoins il végéte parfaitement dans une serre froide ou une serre tempérée, et se propage rapidement aux plantes environnantes sans trop les incommoder. Engelmann, qui aprés Des Moulins a fait une mono- graphie complète du genre Cuscuta, dit du C. reflexa : « This beautiful 280 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. » species bears the largest flowers of any. » En effet, les fleurs blanches élégantes de cette espèce rappellent celles du Muguet, dont elles ont à peu près le parfum, et sa culture facile pourrait lui donner rang parmi les plantes dites ornementales. SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1883. PRÉSIDENCE DE M. ÉD. BUREAU. M. G. Bonnier, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 9 novembre, dont la rédaction est adoptée. M. le Président, par suite des présentations faites dans la der- niére séance, proclame membres de la Société : MM. le D' Antonio d'OLivEiRA. Davip, Cruz da Era (Bemfica), Lisbonne, présenté par MM. Daveau et Poisson. PauL (Manuel de), rüe San-Eloy, 34, à Séville (Espagne), présenté par MM. Bureau et Malinvaud. CoPINEAU (Charles), substitut du procureur dela république à Beauvais (Oise), présenté par MM. Flahault et Éloy de Vieq. M" Boparp, rue du Bac, 9, à Paris, présentée par MM. Bureau et Malinvaud. M. le Président fait connaitre une nouvelle présentation et dé- clare que, d’après une notification qu'il a reçue de M. le Trésorier, M. d'Oliveira David est admis comme membre à vie. M. Malinvaud donne lecture de la communication suivante : LES LYTHRARIÉES FRANÇAISES, par M. Émile KOEHNE. Ayant achevé ma Monographie de la famille des Lythrariées (cf. En- glers Botanische Jahrbücher, vol. I-IV) et tenant à en faire connaitre autant que possible, en France, les résultats les plus importants concer- nant ce pays, je donne ici quelques notices sur les membres français de ladite famille, dont je compte neuf, tandis que l'Allemagne n'en possède SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1883. 281 que trois. Pour des renseignements exacts, je dois renvoyer à ma mono- graphie. 1. PEPLIS PonrULA Lin. — Je ne pourrais consentir à l'opinion de M. Baillon, qui a réuni non seulement les Rosala, mais aussi les Peplis aux Ammannia. J'ai trouvé que les Rosala et les Ammannia offrent des différences trés remarquables et trés constantes, et que les premiers consti- tuent, dans la famille à laquelle ils appartiennent, un des genres les plus beaux et les mieux définis. De méme les vrais Peplis différent, autant par leurs caractères que par leur port, assez des Ammannia pour en être séparés avec raison. LYTHRUM NUMMULARIIFOLIUM Loisel. (cf. Koehne, l. c. vol. I, p. 309). — Cette espéce a de nombreux synonymes, savoir : Salicaria minima lusitanica Nummulariæ folio Tournefort; Peplis borysthenica Marsch. Bieberstein; Ammannia borysthenica Fischer et Besser sec. DC.; Peplis erecta Requien in Bentham Catal. : P. biflora Salzmann in DC. Prodr.: P. australis Gay in homer et Schultes; Lythrum biflorum Gay ; Peplis tithymaloides Bertoloni; Middendorfia hamulosa et borysthenica Traut- vetter; Ammannia Boræi Guépin; Peplis nummulariæfolia et P. Ti- meroyi Jordan; P. Borei Guépin. Il est intéressant de signaler que cette espèce s? souvent méconnue a été considérée déjà par Tournefort comme un Salicaria et par Loiseleur (en 1810) comme un Lythrum ; car, en effet, mes recherches m'ont forcé à me ranger de l'avis de ces deux botanistes et à rejeter les opinions de tous les auteurs suivants, excepté Gay, qui a décrit une forme de l'espéce en question sous le nom de Lythrum biflorum. Quoique le L. nummulariifolium ressemble assez, quant au port et à la forme du calice, au Peplis Portula, il est pourtant un vrai Lythrum, qui, par le L. hispidulum avec son calice plus tubuleux, et le L. nanum avec son calice encore plus étroit, se rattache au L. tribracteatum. ll est trés variable ; mais ses différentes variétés et formes ne se caractérisent et se distinguent qu'avec la plus grande difficulté, à cause des nombreuses transitions qu'elles offrent. La variabilité de cette espèce est cependant bien inférieure à celle du L. Salicaria. Quant à sa distribution géogra- phique, je remarque d'avance que j'ai vu, par exemple, des formes de la Russie méridionale apppartenant au Peplis borysthenica de Bieberstein, qui étaient absolument identiques, dans tous les détails, avec des origi- naux du P. Borei de Guépin. J'ai pu constater l'existence du L. numnmu- lariifoliwum dans les pays suivants : Maroc, Algérie, péninsule ibérique, la France depuis Angers et Nantes (peut-être depuis la Normandie) jusqu'à Nimes, Sardaigne et Corse, Étrurie, Roumélie, la Russie depuis Kiev et Krementschug jusqu'au Kara Irtysch, dans la Sibérie altaique. 3. L. Hispipuzum Koehne (cf. l. c. p. 311). — Synon. : Peplis hispi- dula Durieu; Lythropsis peploides Welwitsch in exsice. Cette espèce, 289 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. observée près de Montpellier, dans le Portugal méridional, en Alger et en Égypte, se rattache très étroitement à la précédente. 4. L.TRIBRACTEATUM Salzmann in Sprengel 1827 (le nom se trouve déjà chez Steudel en 1821 ; cf. l. c. p. 312). — Synon. : L. Thymifolia L. pro parte; L. Thymifolia &. major DC. ; L. thymifolium Sibthorp et Smith; L. microphyllum Karelin et Kirilof; L. dibracteatum Gussone, 1842; L. Salzmanni Jordan; L. bibracteatum Grenier et Godron; L. nanum Nyman nec Karelin et Kiriloff. Il m'est inconcevable comment on a pu réunir si souvent cetle espèce si caractéristique avec le L. Thymi- folia, qui en diffère sous tous les rapports. Le L. tribracteatum a à peu prés la méme distribution géographique que l'espéce précédente, mais il se trouve aussi dans l'Égypte inférieure, en Hongrie et en Afgha- nistan. | 9. L. THESIOIDES Marsch. Bieberstein (cf. Koehne, l. c. p. 314). — Syn. : L. geminiflorum Bertoloni. M. Bertoloni fils a eu la grande bonté de m'envoyer un échantillon du Lythrum de Mantoue établi par son père comme nouveau. Je fus bien surpris de reconnaitre daus cette plante le L. thesioides tout à fait typique. Comme la méme plante a été trouvée plus tard aussi dans la France méridionale prés de Beaucaire, elle montre une dispersion remarquable, ayant son domicile principal prés de Sarepta et dans le gouvernement de Stavropol. J'y ai ajouté comme sous-espèce encore le L. linifolium Karelin et Kiriloff (L. glaucescens C. A. Meyer, L. Thymifolia Boissier pro parte nec Linné), qui a été observé près du fleuve Tschu, dans la Sibérie altaïque, enfin près de Hérat et Kabul. 6. L. HyssoPIFoLIA Lin. 1. L. TaymirociA Lin. (cf. Koehne, l. c. p. 317). — On a rarement compris exactement cette espèce, puisqu'on l’a confondue, tantôt avec le L. tribracteatum, tantôt avec le L. thesioides, tantôt enfin avec des for- mes diandres du L. Hyssopifolia. En conséquence, on lui assigne une distribution géographique qu'elle ne posséde pas. Elle ne se trouve que le long des côtes de la Méditerranée, en outre dans les régions situées entre Sarepta et la Sibérie altaique. Quant aux moyens de la distin- guer de l'espèce précédente, il faut voir ma monographie. C'est sur- tout la grandeur du calice fructifère qui donne un caractère distinctif constant. 8. L. FLExuOsUM Lagasca sensu ampliato (cf. Koehne, l. c. p. 318).— Synon. : L. Hyssopifolia Linné herb. nec. Spec. plant. ; L. acutangulum Lagasca; L. Greefferi Tenore; L. alatum Presl nec Pursh; L. Gussonei Presl; L. punicæfolium Chamisso et Schlechtendal; L. junceum Solan- der sec. Lowe; L. maculatum Boissier et Reuter nec Kiärskou; L. meo- nanthum Link herb. Espèce bien connue des régions de la Méditerranée et distinguée du L. Hyssopifolia surtout par ses fleurs trimorphes. SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1883. 283 9. L. SALICARIA Lin. (cf. Koehne, l. c. p. 326). — Quelques synonymes moins connus sont : L. hexagonum Opiz, L. diffusum Sweet, L. alterni- folium Lorey, L. Cashmerianum Royle, L. propinquum Weinmann, L. Bocconei Durand. Aussi a-t-on confondu quelques formes japonaises de cette espèce avec le L. virgatum. Elle possède une foule de formes qui cependant se laissent toutes subordonner d'une manière très naturelle à trois variétés assez distinctes : intermedium Ledebour (speciei titulo), vulgare DC., et tomentosum DC., dont la dernière est la plus fréquente dans la région méditerranéenne, tandis que que la première ne s'y trouve guère. M. Malinvaud dit que, dans une promenade qu'il a eu l'occasion de faire au cap d'Antibes en mai dernier, deux Jours aprés la cló- ture de la session extraordinaire, il a récolté un Lythrum qui est le L. Gre fferi Ten. des floristes français (G. G., Ardoino, etc.). À moins qu'un nouvel examen ne vienne modifier une première impression, il ne voit jusqu'ici dans cette plante qu'une variété remarquable du L. Hyssopifolia (1). M. Van Tieghem donne lecture du travail suivant : NOTE SUR L'ORIGINE DES RACINES LATÉRALES CHEZ LES DICOTYLÉDONES, par M. Ad. LEMAIRE. Dans le récent Traité où il résume l'ensemble de nos connaissances en anatomie végétale, M. Van Tieghem admet que les racines latérales nais- sant sur la tige tirent leur origine de la couche périphérique du cylindre central (2), couche qu'il a nommée depuis péricycle (3). Toutefois, bien que cet énoncé soit donné sous une forme générale, le lecteur remarque facilement que les exemples à l'appui sont tous empruntés à la classe des Monocotylédones. C'est qu'en effet, pour les Dicotylédones, il manque un travail d'ensemble qui permette d'appliquer à cette classe étendue les observations faites par M. Mangin relativement aux Monocoty- lédones (4). Je me suis proposé de combler cette lacune, et je crois d'au- tant plus à l'utilité de ce travail que, dans un mémoire sur l'Histoire du développement et la morphologie des racines des Phanérogames (5), (1) Voyez l'annotation relative à cette espèce dans le numéro de la session d'Antibes. (2) Van Tieghem, Traité de botanique, p. 767. (3) Van Tieghem, Bull. de la Soc. bot. t. XXIX, 1882. (4) L. Mangin, Origine et insertion des racines adventives (Annales sciences natur. Boran. 1882). (5) Reinke, Untersuchungen über Wachsthumsgeschichte und Morphologie der Phanero - gamenwurzel (Botanisch. Abhandlungen von Hanstein, 1871). 284 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Reinke arrive à des conclusions différentes. L’auteur distingue deux types. Dans l’un, caractérisé par ce fait que les racines adventives naissent dans les espaces interfasciculaires, leur origine se réduit à l’activité des parties les plus externes de la couche cambiale. Dans l'autre, ce seraient les cellules périphériques du liber mou qui constitueraient la premiére ébauche de la jeune racine. Le premier de ces types est établi sur une seule espéce, que la saison avancée ne m'a pas permis d'étudier ; mais sur d'autres végétaux (Mentha arvensis), qui produisent leurs racines adven- tives entre les faisceaux déjà existants de la tige, j'ai pu reconnaitre que la premiére apparition de leur racine précéde l'organisation de la couche cambiale et se fait dans l'assise du cylindre central immédiatement sous- jacente à l'endoderme, c'est-à-dire dans le péricyele. Les racines se produisent au nombre de quatre au niveau de chaque nœud. Si l'on pratique des sections transversales en ce point, et sur des portions peu àgées, on se rendra compte de la structure suivante. Au-des- sous d'un épiderme s'étendent plusieurs assises de cellules corticales dont les dernières sont disposées en séries radiales. L'assisela plus interne ne présente pas encore les plissements caractéristiques qu'elle aequerra plus tard. En dedans d'elle se trouve le cylindre central nettement délimité. Celui-ci est terminé extérieurement par une couche de cellules polygonales assez petites. C'est dans cette assise que prennent naissance les racines latérales. Chacune d'elles se forme dans le voisinage de gros faisceaux primaires. Pour ce qui regarde le Veronica Beccabunga etautres plantes à racines placées vis-à-vis des faisceaux de la tige, on voit également le point végé- tatif radical s'organiser immédiatement au-dessous de l'endoderme. La couche où il prend naissance est rattachée par M. Reinke au liber du faisceau; mais elle s'en distingue par la forme et la disposition de ses cellules. Dans ce cas comme dans l'autre, c'est donc à cette assise que revient le róle formateur en ce qui touche les racines latérales. La portion cellulaire du péricycle de ces deux plantes qui doit former les racines se divise par des cloisons tangentielles en deux assises dont l'interne produira le cylindre central, tandis que l'externe se partagera de nouveau en deux autres superposées. L'assise profonde donnera l'é- corce, tandis que l'assise périphérique constituera par des divisions suc- cessives la coiffe et l'assise pilifère de la racine. Ces faits sont en désac- cord avec ceux observés par M. Reinke. Le savant allemand prétend, au contraire, que l'assise externe résultant du premier partage doit seulement fournir le dermatogène d’où naitra plus tard la coiffe, tandis que l'interne formera le péribléme et le plérome. Les limites imposées à la présente note m'empéchent d'analyser un plus grand nombre d'exemples et d'insister sur les variations secondaires SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1883. 285 qui peuvent se présenter. Cette description détaillée fera l'objet d'un tra- vail ultérieur. | M. Cornu fait remarquer qu'il existe d'autres cas, en dehors de ceux qu'on vient de citer, où des racines adventives se produisent lorsque le liber est exfolié, par exemple chez la Vigne-vierge. M. Van Tieghem reconnait que, chez les plantes où la tige a déjà rejeté son écorce et méme son péricycle, on peut voir se produire des racines adventives. M. Lemaire n'a voulu étudier que la nais- sance des racines dans la structure primaire. M. Duchartre a vu une Vigne âgée d'environ quinze ans émettre des racines adventives à la suite de l'exfoliation de plusieurs cou- ches du liber. M. Malinvaud donne lecture de la communication suivante : SUR L'EXISTENCE DE PENNISETUM A UN SEUL STIGMATE. par M. EL. TRABUT Ayant voulu récemment déterminer avec précision un Pennisetum trés répandu dans les jardins d'Alger et qui de plus tend à se naturaliser dans les environs, je n'ai pas tardé à m'apercevoir que cette plante, générale- ment connue ici sous le nom de P. longistylum, ne répondait pas du tout à la description de cette espéce dans Steudel. C'est au P. villosum R. Br. que je rapportais avec un peu de doute ma Graminée. Cette étude m'avait révélé un caractére que je ne trouvais pas mentionné dans les ouvrages à ma portée; ce Pennisetum n'a qu'un style portant un stigmate unique. Les Graminées à stigmate unique ne sont pas nombreuses. D'un autre côté, MM. Bentham et Hooker, dans leur Genera plantarum, vol. III, p. 1105 (1883), disent à l'art. Pennisetum : « Styli a basi distincti, » v. breviter, v. alte connati, stigmatibus breviter plumosis, etc. » Pour élucider ce point aussi bien que pour vérifier ma détermination, je soumis le cas à M. Hackel, et, en lui transmettant mes échantillons, je lui faisais part de ma remarque sur l'unité du stigmate, en méme temps que sur la protérogynie remarquable de ce Pennisetum dont les étamines ne paraissent au dehors que lorsque les stigmates de la méme inflorescence sont fanés. Avec son obligeance habituelle, M. Hackel me répondit qu'il avait comparé ma plante avec des échantillons authentiques : c'était bien le P. villosum R. Brown, originaire d'Abyssinie; que, dans les exem- plaires récoltés en Abyssinie comme dans ceux provenant de culture, il ne lui trouvait bien, lui aussi, qu'un stigmate ; que de plus l'examen 286 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. d'autres Pennisetum lui avait révélé ce caractère chez le P. longistylum Hochst. Quant à la protérogynie, M. Hackel l'avait déjà remarquée chez le P. japonicum Trinn. où elle est aussi des plus manifestes. En attendant qu'une étude organique vienne donner des renseigne- ments plus précis, je pense qu'il est naturel d'admettre que dans le genre Pennisetum les deux styles sont susceptibles de se souder dans toute leur longueur, et que, dans les espèces àstigmate unique, on se trouve en pré- sence de deux stigmates connés. En un mot, dans ce genre, les deux styles peuvent étre libres ou plus ou moins connés, ou bien les deux styles et les deux stigmates peuvent étre adhérents sur toute leur longueur. La dia- gnose du genre doit mentionner ce caractère; faute de le faire, elle ne s'ap- pliquerait pas à tout le défini. Elle doit alors étre ainsi modifiée en ce qui concerne le pistil : « Styli a basi distineti, vel breviter, vel aite, vel » omnino connali, stigmate unico vel stigmatibus, etc. » M. Malinvaud donne lecture d'une étude intitulée: Note sur le travail iconographique de M. le capitaine Lucand, par M. Feuil- leaubois (1). M. Gaston Bonnier lit la première partie d'un travail qui a pour titre (2) : Idées nouvelles sur la fermentation, par M. Cocardas. M. Duchartre fait la communication suivante : SUR UNE FLEUR SEMI-DOUBLE DE NÆGELIA, par M. P. DUCHARTRE. Le passage des fleurs pourvues d'une corolle gamopétale à l'état semi- double ou double est dû, tantôt à la formation de pétales supplémentaires à l'intérieur de la corolle normale; tantót et plus souvent à la multiplica- tion de la corolle, qui devient alors double, triple ou méme multiple ; tantót enfin, et c'est le cas le plus rare, àla formation d'une corolle sup- plémentaire en dehors de la corolle normale. D'aprés le relevé des faits de ce genre observés jusqu'à ce jour qui a été présenté par M. Masters (Maxwell T.) dans sa Vegetable Teratology (p. 449 et suiv.), on n'a vu de pareilles productions extérieures à la corolle normale que chez une Azalée de l'Inde et dans une variété cultivée de Gloæinia, qui a présenté en outre cette particularité remarquable qu'elle produisait d'abord des pétales distincts et séparés, alternes (d’après Ja figure) aux lobes de la corolle normale, et que la culture l'a amenée plus tard à donner, à la (1) La commission du Bulletin a décidé que cet article serait inséré dans la Revue bibliographique. (2) Voyez la séance du 11 janvier 1884. SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1882. 287 même place, une seconde corolle gamopétale ou, comme le dit M. Masters, une catacorolle, dont il semble méme, à en juger par la figure (fig. 214, p. 9252), que les lobes sont opposés à ceux de la corolle normale. En raison du petit nombre de faits de ce genre qui ont élé signalés jusqu'iei, il peut y avoir quelque intérêt à en décrire un de plus. Or, celui-ci est offert aujourd'hui, à titre de variété horticole, par une Gesné- racée à laquelle M. J. Vallerand, horticulteur à Bois-Colombes (Seine), qui en est l'obtenteur, a donné le nom de Nægelia Madame Heine. Une fleur de cette plante m'ayant été remise, voici ce que j'y ai vu. La corolle normale de la fleur n'a subi aucune altération dans sa forme naturelle : les cinq lobes de son limbe sont arrondis, trés obtus, un peu plus larges que longs; les trois inférieurs étant sensiblement plus saillants que les deux supérieurs en raison de l'obliquité de l'orifice du tube, l'ensemble est un peu bilabié. La coloration de la corolle diffère aux deux lévres, de maniére à permettre de reconnaitre les parties qui appar- tiennent à l’une et à l'autre ; c'est là un point qu'il importe de faire remar- quer. Les deux lobes de la lèvre supérieure, à leur face interne, sont colorés en beau pourpre uniforme, et, sous eux, l'intérieur du tube est d'un blanc rosé; les trois lobes de la lèvre inférieure sont largement bordés du même pourpre, et leur disque blanc rosé passe à un beau jaune qui colore, au-dessous d'eux, la gorge et l'intérieur du tube. Toute cette portion claire est marquée de points pourpres nombreux, rangés en lignes longitudinales à la base des lobes inférieurs, épars sur la portion correspondante du tube. Toute la face externe de la corolle a une teinte beaucoup plus pàle. A l'extérieur de cette corolle gamopétale adhérent cinq pétales bien distincts les uns des autres, écartés méme l'un de l'autre de 5 à 6 milli- mètres. Leur adhérence s'étend à tout leur long onglet, dont toutefois les deux bords sont libres et réfléchis en dehors; leur limbe arrondi est libre. Ils alternent régulièrement avec les cinq lobes de la corolle nor- male. Ces pétales supplémentaires ont en dehors leur face interne par- faitemeut caractérisée par une coloration identique avec celle de la face interne de la corolle normale. Les trois supérieurs ressemblent en- tiérement aux trois supérieurs de celle-ci, avec lesquels ils alternent, constituant, si l'on peut s'exprimer ainsi, l'analogue d'une lévre supérieure ternaire, tandis que les deux inférieurs ressemblent, de leur cóté, aux trois inférieurs de la méme corolle normale, formant dés lors l'analogue d'une lévre inférieure binaire. L'androcée de cette fleur n'avait subi aucune altération. On voit que, dans la fleur du Negelia Madame Heine, il existe deux corolles : une interne, gamopétale et normale; une externe, pentapétale, alterne avec la première, et que les deux se sont soudées sur une grande 288 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. longueur par leur face externe. Un pareil renversement de la corolle surajoutée paraissait exister aussi dans l'Azalea cité par M. Masters, peut-être également dans la première forme du Gloxinia observé par M. Ed. Morren et mentionné, après lui, par le savant anglais. On pour- rait done supposer que c’est là un fait général dans les corolles surajou- tées extérieurement ; mais, dans ces deux derniers cas, les pétales sura- joutés ne tenaient à la corolle gamopétale que par leur extréme base, tandis que, dans le Negelia Madame Heine, ils sont soudés avec elle sur les deux tiers environ de leur longueur totale. Quant à l'explication qu'on pourrait donner de ce genre de production anormale, elle me semble peu facile. M. Masters est porté à y voir le résultat d'une émanation, ou, comme il ledit, d'une énation de la corolle normale; mais l'alternance des cinq pétales externes avec la corolle normale, et leur soudure avec celle-ci sur les lignes qui aboutissent à ses sinus, me semblent faire naitre une difficulté pour l'admission de cette hypothèse; à moins qu'on n'ajoute que ce sontles bords des pétales nor- maux qui, se reployant en dehors, ont formé les pétales externes, et qui, par suite, se sont comportés, dans le verticille corollin et de dedans en dehors, comme il est admis que le font les feuilles carpellaires, dans les ovaires à placentation axile, pour former les placentas. Hypothése pour hypothése, celle-ci ne me semblerait pas plus hardie que la pre- mière. SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1883. PRÉSIDENCE DE M. DUCHARTRE, VICE-PRÉSIDENT. M. G. Bonnier, secrétaire, donne lecture du procès-verbal du 23 novembre, dont la rédaction est adoptée. M. le Président informe la Société qu'elle a fait une perte regrettable dans la personne de M. John Eliot Howard, décédé à Tottenham, prés de Londres, dans sa soixante-seizième année. Il annonce aussi la mort de M. Joseph Bianca, botaniste sicilien, auteur d'une Étude sur la florule d Avola (province de Syracuse), d'une Monographie du genre Amygdalus, etc. M. G. Rouy donne quelques détails sur les travaux de M. Bianca, et rappelle que M. Todaro lui a dédié le Medicago Bianco. SÉANCE DU 1^4 DÉCEMBRE 1883. 289 M. le Président proclame membre de la Société : M. Frédéric SARRAZIN, capitaine en retraite, rue Saint-Peravi, 1, à Senlis (Oise), présenté par MM. Feuilleaubois et Roze. Sur un avis transmis par M. le Trésorier, MM. Charles Copineau et A. Viaud-Grand-Marais sont proclamés membres à vie. M. le Président annonce ensuite trois nouvelles présentations. Dons fais à la Société : Brunaud (Paul), Contributions à la flore mycologique de l'Ouest. — Ascomycèles. Chabert (D' Alfred), Origine des Tulipes de la Savoie. Paillot, Vendrely, Flagey et Renauld, Flora Sequania exsiccata, ou Herbier de la flore de Franche-Comté, n° vi. Planchon (Louis), Les Champignons comestibles et vénéneux. Sahut (Félix), Le lac Majeur et les iles Borromées. Timbal-Lagrave (Ed.), Essai monographique sur les Bupleurum (sections marginata et aristata G. G.) de la flore francaise. Leiller (R.), Étude sur la constitution des combustibles fossiles. Micheli (Marc), Contributions à la flore du Paraguay. — Légumi- neuses. Saccardo (P.-A.), et G. Bizzozero, Flora briologica della Venezia. Asa Gray, Contributions to North America Botany. Jurgerstein. (Alfred), Ueber. die Aufnahme von Wasser durch die Blüthenkopfe einiger Compos iten. Cohn (Ferd.), Beiträge zur Biologie der Pflanzen, HE vol. fasc. 3. De la part de M. le Ministre de l'instruction publique : Sociélé des sciences naturelles de la Charente-Inférieure. — Anuales de 1882. Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne, 1883, XXXVII. volume. De la part de M. le Ministre de la marine : Flore forestière de la Cochinchine, par L. Pierre, 6° fascicule. M. Ramond, trésorier, donne lecture à la Société du rapport suivant : T. XXX. (SÉANCES) 19 290 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. NOTE SUR LA SITUATION FINANCIÈRE A LA FIN DE L'ANNÉE 1882, ET PROPOSITIONS POUR LE BUDGET DE 1884. fr. c. La Société avait en caisse à la fin de l'année 1881................ 29,354 04 Elle a recu pendant l'année 1882......................... 14,531 35 C'est un total de....................,..,..... 43,885 39 Les dépenses ont été de.............. TED 11,713 40 Excédant des recettes............................... 32,171 99 Il y a eu, en outre, à porter à Vactif, pour conversions de valeurs..................... 1100 » Et au passif, pour le méme objet, une somme égale, cà... e hh 1100 » (Balance.) L'excédant des recettes est représenté par les valeurs ci-aprés : Rente de 960 fr. sur l'État (4 titres nominatifs, n’ 239,064, 8* série, 269,340, 275,681 et 279,131, 6* série, etun titre au porteur, n? 189,859) : Capital, d'aprés le cours de la Bourse à l'époque oü la Société est devenue pro- priétaire de ces titres...... ees sv. 22,905 76 Dépôt au Comptoir d'escompte............. 4,085 25 Numéraire. ...... TRE ... 9,180 98 Total (comme ci-dessus) ........ 32,171 99 Les recettes et les dépenses se décomposent comme suit : RECETTES. Solde en caisse à la fin de 1881..... esset hte 29,354 04 246 cotisations annuelles (1 pour 1877, 3 pour 1878, 9 pour 1879, 19 pour 1880, 44 pour 1881, 169 pour 1882, 1 pour 1883), à 30 francs.......... 7 380 , 7390 Soldes de cotisations..................... 104 /990 >» 9 cotisations à vie, à 300 francs.................... 2700 » 9 diplômes, à 2 francs...................,....... 18 » Vente du Bulletin. ............................... 1109 60 o. Remboursements pour excédants de pages et frais de „531 35 graVUreES . ............................ em 120 » Subvention du Ministére de l'Agriculture et du Com- nO MR 1000 » Subvention du Ministère de l'Instruction publique.... ^ 1000 Rente sur PÉtat................................. 960 » Intéréts du dépót au Comptoir d'escompte........... 33 75 Recettes accidentelles...................,........ 200 » Total..,....,,,,.,............. sors 43,885 39 SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1883. 291 DÉPENSES. Impression du Bulletin (930 fr. 60 pour 1880, 2451 fr. 55 pour 1881, et 1110 fr. 90 pour 1882)..... | 44923 05: Revue bibliograph. et Table (rédaction). 1180 » Frais de gravures................... 54 25 . 744 Brochage du Bulletin................ 149 65 1148 10 | Port du Bulletin..................... 320 35 | Circulaires et impressions diverses. .... 350 80 / LOYer. ............................. 1100 ». Frais divers (contributions, assurances, ports de lettres, rémunérations di- 9115 30 \ 11,713 40 Abonnement pour chauffage et éclairage. 200 » "verses, etc.) «ccce eene 1207 50 Bibliothéque, herbier et mobilier...... 563 80 Dépenses extraordinaires............. . 44 » Honoraires du conservateur de l'herbier. 500 > Honoraires de l'agent comptable (1) et 1450 > | du trésorier-adjoint................ 600 » \ | Gages du garçon de bureau............ 990 » | Excédant des recettes (comme ci-dessus)................,... 92,171 99 Les conversions de valeurs ont donné les résultats ci-après pour nos rapports avec le Comptoir d'escompte : Encaisse à la fin de 1881.............. . 9001 50 Versements . .................... so. 900 » Total....................... 4251 50 Remboursements à déduire............ 200 » Reste................ 4051 50 A ajouter pour intéréts...........,,.. 33 75 Encaisse à la fin de 1882 (comme ci-dessus). 4085 25 CLASSEMENT PAR EXERCICES. Le Conseil a eu sous les yeux un tableau qui présente le classement des recettes et des dépenses de 1882 d'aprés l'exercice auquel elles se rapportent. Un tableau analogue pour la totalité de nos recettes et de nos dépenses depuis la fondation de la Société se résume comme suit : Recettes depuis la fondation de la Société... ..... 363,827 78 Dépenses ......... "PEE eseseetotesecetosoe 391,655 79 Excédant des recettes (comme ci-dessus)... .. . 92,474 99 (1) Y compris une allocation supplémentaire de 100 francs à l'agent comptable, qui a cessé ses fonctions le 31 janvier 1882. 292 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Les dépenses antérieures à 1883 sont toutes soldées aujourd'hui. Mais les frais d'impression du Bulletin de 1882 étaient dus pour la plus forte part au 31 décembre dernier. Les fonds que nous tenions alors en réserve pour ce payement ont grossi le solde de fin d'exercice. Il faut s'attendre àle trouver sensiblement réduit à la fin de 1883. Projet de budget pour 1884. Les prévisions pour les recettes de 1884 pourraient être fixées comme suit : 290 cotisations annuelles, à 30 fr......................... e 8700 » (On limite les prévisions à ce chiffre pour les coti- sations annuelles, afin detenir comple des retards de payement qui pourront se produire.) 3 cotisations à vie, à 300 fr..............,................... 900 » 10 diplômes, à 2fr.................,....,.............,... 20 » Vente du Bulletin......................................,,,. 1200 » Remboursements pour excédants de pages et frais de gravures... 100 » Subvention du Ministère de l’Agriculture....................... 1000 » Subvention du Ministère de l’Instruction publique............ 1000 » Rente sur l'Etat ....... TOPPED eI t ss... 960 » Intérêts du dépôt au Comptoir d’escompte...................,.. 40 » Total....................,.,...,..,.2. 13,920 » Pour les dépenses, les évaluations du budget de 1883 reproduites comme suit : į Impression du Bulletin................ ees. 6000 À Séances........ 22 feuilles. z Revue ......... 15 8 Session et Table. 8 3 & 45 feuilles, = ‘7 Revue bibliographique et Table (rédaction)... — 1180 ^? £ [Frais de gravures................,.,..... 200 Z | Brochage du Bulletin..................... 400 z | Port du Bulletin...........,............. 450 Circulaires et impressions diverses... ....... 320 Loyer............................. 1100 Loyer et frais | Chauffage et éclairage. ............. 200 du Ports de lettres et menus frais. ...... 900 matériel. [ Bibliothèque, herbier et mobilier..... 300 Dépenses extraordinaires. ........... 400 Conservateur de l'herbier........... 500 Personnel. j Trésorier-adjoint................... 500 Garçon de bureau.................. 390 Total pour les dépenses.. ... erreen e pourraient ètre » » » » » » \ g » 2950 » | » » | 1350 » » ... 12,850 » SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1883. 293 En résumé : La recette serait de............ sous. eese n] nn n nn n n nnns 13,920 D La dépense de.................... ORDEN eene sss 12,850 » Et l'exercice pourrait se solder par un excédantde .......... — 1070 > J'ai l'honneur de proposer à la Société : 1° D'ordonner le renvoi du compte de 1882 à la Commission de comptabilité ; 2° D'approuver le projet de budget ci-dessus pour 1884. Les conclusions de ce rapport sont adoptées, etla Société, sur la proposition de M. Duchartre, vote des remerciments unanimes à M. le Trésorier. M. Rouy donne lecture d'un travail intitulé : Excursions bota- niques en Espagne (mai-juin 1883), par M. G. Rouy (1). M. Bertrand fait la communication suivante : NOTE SUR LE GENRE VESQUIA, TAXINÉE FOSSILE DU TERRAIN AACHÉNIEN DE TOURNAI, par M. €. Eg. BERTRAND. . 1. On trouvait, il y a quelques années, dans le terreau argileux noir de certaines poches aachéniennes du calcaire de Tournai, c'est-à- dire dans un dépót de formation continentale compris entre la fin des terrains primaires et la base du terrain cénomanien, sans qu'il soit pos- sible d'indiquer un àge précis dans cet intervalle; on trouvait, dis-je, des graines orthotropes généralement réduitesà leur coque ligneuse, des plus remarquables par la présence dans leur région chalazienne de deux insertions vasculaires diamétralement opposées, indiquées extérieure- ment par deux orifices (2). Mes recherches antérieures sur les téguments séminaux des Gymnospermes me permirent de reconnaitre à première vue, dans ces carpolithes, les coques ligneuses des graines d'une Taxinée diffé- (1) Note du Secrétariat. — Le tome XXX ayant atteint ses limites réglementaires, la Commission du Bulletin a déeidé que cet article, qui forme une feuille d'impres- sion, serait inséré dans le tome XXXI, ainsi que les autres communications écrites dont l'heure avancée n'a point permis de donner lecture à la fin de la séance (Voyez plus loin, p. 513). (2) Ces graines m'ont été données, en 1881, par M. Ch. Barrois, maitre de confé- rences à la Faculté des sciences de l'État à Lille, et par M. Poiret, de Tournai. Je prie ces messieurs de vouloir bien agréer l'expression de ma profonde gratitude. 204 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. rente de toutes les Taxinées vivantes et fossiles actuellement connues. Je donneau genre nouveau auquel ces graines appartiennent le nom géné- rique de Vesquia (1), et à l'espéce trouvée à Tournai le nom spécifique de Vesquia Tournaisii. 2. Le genre Vesquia, et en particulier le Vesquia Tournaisii, a une importance tout exceptionnelle; car, par la structure de son tégument sé- minal, ce fossile nous révéle une forme végétale intermédiaire entre deux genres actuels trés différents l'un de l'autre: le genre Torreya d'Arnott d'une part, et le genre Taxus de Tournefort d'autre part. Le genre Vesquia vient donc combler le grand hiatus qui existe aujourd'hui dans la famille des Taxinées et qui sépare ses genres primitifs Cephalotaxus et Torreya, actuellement confinés sur les bords du grand océan Pacifique, en Chine, au Japon et en Californie, du genre Taxus, dont les espèces sont réparties dans toute la zone de l'hémisphére nord comprise entre les 30° et 55° de latitude (2). 3. On sait (3) que la fleur femelle des Conifères, dans quelque fa- mille qu'on la considére, répond toujours au diagramme suivant. Sur un axe, axe du premier, du deuxiéme ou du troisiéme ordre, que j'appelle axe de l'inflorescence, sont dispersées une ou plusieurs feuilles ou bractées mères. Chaque bractée mère reçoit de l'axe de l'inflorescence un seul. faisceau primaire monocentre, dont le centre de développement est sur la droite qui joint leur centre de figure au centre de figure de l'axe de l'inflorescence et entre ces deux points. Dans l'aisselle de chaque bractée mére est une seule fleur femelle; celle-ci comprend un axe ouvert déve- loppé, ou aiguille, que l'on appelle écaille ovulifère, et un nombre va- riable d'ovules toujours orthotropes, toujours unitégumentés. Les ovules sont insérés sur la face de l'aiguille qui regarde l'axe de l'inflorescence. Pour un observateur placé dans l'axe de l'inflorescence, le ou les fais- ceaux médians de l'aiguille, tous monocentres, ont leur centre de déve- loppement sur la droite qui joint leur centre de figure y au centre de la (1) En l'honneur du botaniste français Julien Vesque, aide-naturaliste au Muséum. (2) J'ai montré dans mon mémoire sur l'Anatomie comparée des tiges et des feuilles des Coniferes et des Gnétacées (in-8°., Paris, 1872,12 pl.), que les espèces du genre Taxus forment deux séries paralléles, l'une asiatique, l'autre américaine, et que dans chaque série les espèces les plus voisines anatomiquement sont aussi les plus voisines géo- graphiquement, comme si la dispersion de ce genre s'était faite depuis le début de la période actuelle. Les PAyllocladus, qui sont trés voisins des Taxus, malgré leur physionomie spéciale, sont localisés en Australie et dans les iles voisines, Nouvelle-Calédonie, Nouvelle-Zé- lande, Tasmanie, etc. (3) Voyez, sur ce sujet: Ph. Van Tieghem, Anatomie comparée de la [leur femelle et du [ruit des Cycadées, des Coniferes et des Gnélacées (Ann. des sc. nat. 5 série, t. X, et Comptes rendus, 1869). — C. Eg. Bertrand, Étude sur les léguments séminaux des Gymnospermes actuelles (Ann. des sc. nat. 6° série, t. VII), ct Définitions des membres des plantes vasculaires (Archives botaniques du nord de la France, t. 1). SÉANCE DU l4 DÉCEMBRE 1883. 205 figure c de l'axe de l'inflorescence et plus éloigné de ce centre de figure c que leur centre A. Cela revient à dire que le faisceau dela bractée mère et les faisceaux de l'écaille ovulifère sont orientés en sens inverse l'un de l'autre ou qu'ils se regardent. On sait de plus que la famille des Taxinées est caractérisée, parmi les Conifères, par ce fait, que dans sa fleur femelle chaque ovule, oul'ovule, si l'ovule est solitaire, est entouré complètement par un lambeau de l'écaille ovulifére ou par l'écaille ovulifére tout entière, qui ainsi ne se distingue plus du tégument séminal. C'est ce qui se passe en particulier chez les Torreya et chez les Taxus. Cette valeur morphologique si spéciale de la région superficielle du tégument ovulaire des Taxus nous explique com- ment M. H. Baillon et les botanistes qui ont accepté ses vues, ou qui les ont professées avant lui, n'ont pu, sans commettre une erreur fondamen- tale, prendre les résultats particuliers fournis par l'organogénie de la fleur femelle des Ifs, soit comme point de départ d'une théorie générale de la fleur, soit comme base de leurs discussions au sujet de la gymno- spermie. Il ressort de cette valeur morphologique spéciale du tégument ovulifère des Taxinées, qu'on trouve dans la région superficielle du tégu- ment de ces ovules des faisceaux au nombre de deux en général (1), dont les trachées sont extérieures, c'est-à-dire sur la droite qui joint le centre de l'ovule au centre de figure du faisceau et entre ce point et l'épiderme externe du tégument ovulaire. Dans la région superficielle du tégument ovulaire des Cephalotaxus et des Torreya, il y a ainsi deux faisceaux diamétralement opposés, larges, monocentres à trachées exté- rieures, c'est-à-dire plus rapprochées de la surface de l'organe que le centre de figure du faisceau dont elles dépendent. Dans les Taxus, ces deux faisceaux sont représentés parfois par deux traces procambiales. Dans les Phyllocladus, par suite de l'extréme réduction du nombre des éléments de chacune des assises du tégument ovulaire, il n'y a plus trace de faisceau. Dans les Vesquia, il x a deux faisceaux diamétralement opposés, comme chez les Cephalotaxus et chez les Torreya. J'ai montré de plus (2) que dans le tégument séminal développé des Taxinées : 1° les deux faisceaux des Cephalotaxus sont extérieurs à la coque ligneuse de la graine müre; 2 que les deux faisceaux des Torreya traversent d'abord de dehors en dedans la coque ligneuse de la graine prés de la chalaze, puis qu'aprés avoir cheminé le long de cette coque, mais à sa face interne, ils la traversent de nouveau de dedans en dehors, après quoi ils s'élévent le long de la face externe, de la coque ligneuse jus- (1) Il. pourrait y avoir plus de deux faisceaux; j'ai lieu de croire que ce fait se pré- sentait parfois chez les Vesquia, comme aujourd'hui chez nos Taxus, bien qu'à titre exceptionnel. (2) Loc. cit. 296 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. qu'au micropyle. Les points où les faisceaux traversent la coque ligneuse de la graine près de la chalaze sont oblitérés dans la graine müre. Les points où ces faisceaux sortent de la coque ligneuse sont indiqués par deux canaux diamétralement opposés, qui traversent la paroi très oblique- ment; l'embouchure et la sortie de ces canaux sont indiquées par des lévres de la coque ligneuse dont la présence caractérise la graine des Torreya entre toutes les graines de Gymnospermes actuelles. Du Cepha- lotaxus au Torreya, on voit déjà que la position relative des faisceaux et de la coque ligneuse du tégument séminal change. Les faisceaux sont plus internes par rapport à cette coque chez les Torreya que chez les Cephalotaæus ; ce qui tient à ce qu'elle se rapproche de la surface de la graine. Dans les graines mûres de Taxus, la coque ligneuse porte prés de la chalaze deux fossettes diamétralement opposées, occupées par du tissu procambial. Très exceptionnellement, il est possible de suivre un très petit cordon procambial qui part de chaque fossette et s'éléve dans l'épaisseur de la coque ligneuse jusque vers la partie supérieure de la coque à la base du micropyle. Les deux cordons procambiaux, quand ils existent chez les Ifs, cheminent donc dans l'épaisseur de la coque li- gneuse ; ils sont diamétralement opposés et placés dans la coque aux extrémités du grand axe de la section de la coque (1), (2), (3). Dans les Phyllocladus où la coque ligneusese réduit à un seul rang de cellules sclérifiées directement appliqué contre l'hypoderme externe et séparé de 'épiderme interne par deux rangs de cellules seulement, il ne saurait ètre question de faisceaux dans la coque ligneuse de la graine müre. Dans les Vesquia, la coque ligneuse de la graine contient deux faisceaux monocentres larges, diamétralement opposés, à trachées extérieures qui occupent les extrémités du grand axe des sections transversales de la coque. Les deux faisceaux des Vesquia cheminent dans toute l'épaisseur dela coque ligneuse de la chalaze au micropyle, à la base duquel ils s'étei- gnent. Les faisceaux de la coque ligneuse des graines de Vesquia sont donc rigoureusement homologables aux faisceaux du tégument séminal des Taxinées actuelles. Les Vesquia sont donc bien des Taxinées, et ils occupent dans la classification la place que je leur ai assignée. Comme vérification, j'ajouterai que les fibres ligneuses secondaires des fais- ceaux séminaux des Vesquia présentent, comme celles des Torreya, une (1) La section de la coque ligneuse de la graine des Taxus est elliptique. (2) Exceptionnellement, les graines de Taxus baccata sont triquètres. Ala base de la coque, on trouve alors trois fossettes ou trois impressions, et parfois dans la coque trois cordons procambiaux. (3) Comparée à la coque ligneuse des Torreya, la coque ligneuse des graines de Taxus est plus rapprochée encore de la surface de la graine. Elle est contiguë à l'hypoderme, qui se présente ici et chez les Phyllocladus sous la forme d'une rangée de cellules à parois minces, allongées perpendiculairement à la surface. to 97 rangée de ponctuations aréolées et les fines spires saillantes si caractéris- tiques du bois secondaire des Taxus, Torreya, Phyllocladus. On a donc pour les Taxinées le groupement en série ci-après : Cephalotaxus, Torreya. — Vesquia, Taxus, Pyllocladus ; au lieu du groupement ancien : Cephalotaxus, Torreya. — Taxus, Phyllocladus. 4. Les coques ligneuses des graines du Vesquia Tournaisii que jai étudiées se présentent sous l'aspect ie corps cordiformes droits, creux, prolongées en un bec micropylaire saillant, à section transversale nettement elliptique, portant vers leur région chalazienne, sur les carènes, les orifices de deux conduits qui ne sont autre chose que les cavités dans lesquelles cheminaient les faisceaux de ces enveloppes. L'ensemble rap- pelle donc une coque ligneuse de graine orthotrope légèrement aplatie. Les dimensions principales de ces coques sèches sont: Grand diamètre de la section transversale moyenne, 9 à 11 millimètres. Petit axe de la section transversale moyenne, 6 à 8 millimètres. Distance de la chalaze à la base du tube micropylaire, 9 à 11 milli- mètres. Hauteur du tube micropylaire, 4 millimètre 1/2. Épaisseur de la paroi, 1 millimètre à 1 millimètre 1/2 (1). Ces coques, gonflées et ramenées au volume qu’elles présentaient lors de leur récolte, ont des dimensions un peu plus fortes; il convient d'augmenter chacune des mesures ci-dessus d'environ 1/4 ou 1/3 de sa valeur. La base du micropyle qui se relie au reste de la coque par une sorte de cóne évasé sur les coques séchées, part du milieu d'une sorte de dépression sur les coques gonflées. Des sections transversales successives d'ensemble pratiquées de la cha- laze de ces coques au sommet de leur mieropyle montrent : 1° Que la section transversale de la coque est elliptique. 2° Que l'épaisseur de la coque est plus grande aux extrémités du grand axe de l'ellipse qu'aux extrémités de son petit axe. 3° Que la coque forme latéralement deux sortes de larges côtes dans lesquelles circulent les faisceaux. 4° Que sur les faces de la coque on trouve de quatre à six côtes plus petites, peu saillantes, séparées les unes des autres et des côtes des angles par de légers sillons. De plus, que ces cótes se terminent en s'atténuant doucement vers le bas de la coque et plus brusquement vers le haut de cette coque. 5° Que vers la terminaison supérieure des trois côtes médianes de SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1887. (1) Je n'ai pas eu occasion d'étudier ce tissu extérieur, le gisement de ces fossiles se prétant peu à ce genre de constatations. 208 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. chaque face, dans les sillons qui les séparent, on remarque de petites saillies abruptes, rugueuses, sortes d'éminences ou de crétes. 6° Que la surface de toute la coque est rugueuse, dépourvue d'épiderme ; ce qui montre qu'il y avait un tissu charnu plus ou moins développé entre la surface de la coque et l'épiderme externe du tégument séminal (1). T° Qu'à la base de chaque côte marginale, on trouve un gros orifice, qui se prolonge le long de la cóte dans l'épaisseur de la coque. 8° Que dans les échantillons d'une conservation exceptionnelle où il m'a été possible d'étudier le tissu qui remplissait ces lacunes ou déchirures, il y avait, du vivant de la graine, un faisceau large à fines trachées exté- rieures, à fibres ligneuses, secondaires, aréolées et spiralées, pius internes que les trachées à liber écrasé (2). 9 Que dans le tissu de la coque déjà transformé en lignite, il m'a été possible de reconnaitre la méme organisation et la méme disposition des éléments sclérifiés que l'on trouve dans la coque ligneuse des graines de Taxus et de Torreya (3). 10° Que le micropyle des coques de Vesquia a la méme structure que les micropyles des coques de Taxus et de Torreya, tout en étant plus allongé. Des coupes radiales pratiquées dans des azimuts déterminés ont permis de contróler et de compléter toutes ces indications. Il ressort de cette description, que les dimensions des coques ligneuses des graines de Vesquia sont deux à trois fois celles des coques ligneuses des graines de Taxus, et à peu prés la moitié ou le tiers des. celle des coques ligneuses des graines de Torreya nucifera. En résumé, comparé au Taxus, le genre Vesquia est caractérisé par le développement et l'écartement des deux faisceaux de la coque ligneuse de sa graine. Comparé aux Torreya, le genre Vesquia est caractérisé par les deux faisceaux de la coque ligneuse de sa graine, qui demeurent tout entiers dans cette coque de la chalaze au micropyle. | Il est trés facile, étant données nos connaissances sur la gradation des caractères des Taxinées actuelles et la place des Vesquia dans la classification, de reconstituer trés approximativement la physionomie de ces végétaux. (1) En faisant macérer pendant six à huit mois ces coques sèches dans une liqueur à base de glycérine et de potasse, on peut rendre à ces coques le volume qu'elles avaient lorsqu'on les a recueillies. Il est méme possible de ramollir suffisamment ces coques pour les couper au rasoir. Une fois gonflées, elles se conservent trés bien dans l'alcool à 35 degrés. (2) Ces coques sont dépourvues de lignes de déhiscence, ce qui les différencie abso- lument des coques ligneuses des graines de Salisburiées. (3) Il ne m'a pas été possible de constater s'il y avait ou non des glandes résinifères accompagnant le faisceau. SÉANCE DU l4 DÉCEMBRE 1883. 299 Les Taxinées les plus voisines des Vesquia qui vivaient au début de la période crétacée sont rapportées aux genres Torreya (T. parvifolia T. Dicksoniana) et Phyllocladus (Ph. subintegrifolius). Les Taæites sont ou antérieurs (T'aæites triasiques), ou postérieurs (Taxites miocènes) à cette période. M. R. Gérard fait à la Société la communication suivante : STRUCTURE DE L'AXE DES ŒNANTHE ET CONSIDERATIONS SUR LES FOR- MATIONS ANOMALES, par M. R. GÉRARD. Aprés MM. Duchartre (1), Tréeul (2) et Courchet (3), j'ai repris l'étude anatomique de l'axe des OEnanthe, végétaux intéressants par leur racine et leur tige anomales, mais en me placant à un point de vue nouveau : l'origine, le parcours et l'utilisation des formations extraordinaires Les faits que j'expose seront décrits presque entièrement d’après l'OEnanthe crocata, qui offre le maximum des complications, mais ils peuvent s'appliquer aux autres espèces (4) qui ne présentent pour la plupart que les premières phases de l'évolution que nous alions suivre. Nous prendrons successivement la racine et la tige. Racine. — Le système radical est surtout constitué par des racines adventives naissant des entrenœuds inférieurs de la tige. Celles-ci sont de deux sortes : les unes, restant gréles, conservent longiemps leur cy- lindre cortical lacuneux ; les autres, devenues tuberculeuses, se gorgent d'amidon et perdent bientót leur cylindre cortical, remplacé par les for- mations péricambiales. Ce sont les seuls points différentiels des deux ordres de racines. La racine primaire présente bien la structure propre à toutes les ra- cines d'Ombelliféres (5). Le développement du cambium suit d'abord la marche habituelle, et les jeunes organes sont encore trés normaux aprés son apparition. Mais les choses changent bientót sous l'influence de deux causes agis- sant simultanément : 1? Le cambium intra-libérien ne conserve son pouvoir générateur que dans les points oü il avoisine le bois primaire ; il cesse tout travail en face du milieu des faisceaux libériens et devient là (1) P. Duchartre, Bulletin de la Société botanique de France, 10 décembre 1869. (2) Trécul, Des vaisseaux propres dans les Ombellifères (Comptes rendus, 1866, LXIII, p. 154 et 201). (3) Courehet, Les Ombelliferes en général. Montpellier, 1882. (4) Sauf la Phellandrie, qui sans doute n'est pas un (Enanthe. (5) Voyez Van Tieghem, Recherches sur les canaux sécréteurs, (Ann. des sc. nat. Bor. 5° série, t. XVI). 300 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. parenchymateux. 2 Le tissu conjonctif qui borde latéralement et inté- rieurement les faisceaux ligneux primaires se segmente, devient cambial, et, se soudant à la partie restante du cambium ordinaire constitue un anneau générateur de bois et de liber secondaires entourant le bois primaire. La structure ne se complique pas davantage chez la plupart des OE nanthe ; mais il n'en est pas toujours ainsi, et certaines espèces présen- tent dans leur moelle un nombre variable de faisceaux libéro-ligneux à cambium circulaire ne différant de ceux que nous avons décrits que par l'absence en leur centre des éléments du bois primaire. On peut rencon- trer une quinzaine de ces faisceaux dans les racines tuberculeuses. Comme le démontre d'une facon irréfutable l'observation des faits qui se passent aux deux extrémités de la racine de l'OEnanthe crocata, ces formations nouvelles sont d'ordre secondaire et sont dues à la segmenta- tion et à l'isolement d'une partie du cambium des faisceaux externes. L'étude de la partie supérieure de la racine tubéreuse de cett» plante est des plus intéressantes ; car on assiste en ce point, non-seulement à la naissance des faisceaux médullaires, mais aussi à la jonction de la racine à la tige, et, chose extraordinaire, cette union se fait absolument selon le processus suivi par le pivot pour se fixer à la tige principale. Ce fait trouve du reste sa confirmation dans le mode d'insertion de ces racines, qui sem- blent en continuité directe avec de courts rameaux à entrenœuds très rapprochés. Il semble que le point végétatif de ce rameau se soit modifié pour donner naissance à une racine, ce qui ne serait pas invraisemblable, car le cas inverse (racine se continuant directement par une tige) a déjà été signalé plusieurs fois (racines de Neottia Nidus-avis, Ophioglossum rulgatum) (1). Quoi qu'il en soit, il reste acquis qu'il existe un véritable collet au sommet de ces racines adventives. En son contact avec la racine, la tige est normale et présente un anneau libéro-ligneux continu formé d'un certain nombre de massifs comprenant des éléments primaires et secondaires réunis par des arcs d'éléments entièrement secondaires. Le passage se faisant d'après le mode habituel, la racine est normale à son sommet, mais pendant un temps trés court, car à peine le type est-il réalisé, qu'on voitles faisceaux libéro-ligneux secondaires se segmenter en quatre parties. Les deux portions médianes s'avancent immédiatement dans la moelle et s'y soudent deux à deux, aprés s'être courbées en demi-cercle, formant chacune la moitié de l'un de nos faisceaux médullaires cylindriques; ils dérivent bien du cambium ordi- naire et en représentent des fragments. Les parties qui avoisinent le bois primaire se rapprochent de lui, puis, changeant d'orientation, tendent à le (1) Van Tieghem, Traité de Botanique, fasc. 2, page 276. SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1882. 301 déborder au-dessus et au-dessous; finalement, la partie de droite ren- contre celle de gauche et s'y unit. Le bois primaire se trouve emprisonné au milieu d'éléments secondaires. Telle est l'origine des faisceaux péri- phériques dont nous avons montré précédemment l'apparition des diffé- rents éléments. Il est des plus faciles d'assister à leur formation dans la partie supérieure du tubercule de l'ŒÆnanthe fistulosa, où les faisceaux méduilaires manquent complètement. Dans ce cas, les éléments libéro- ligneux secondaires se localisent entièrement autour du bois primaire ; le liber primaire ne change point de place. Les faisceaux médullaires peuvent se multiplier par la segmentation des faisceaux déjà existant : pour cela, ceux-ci s'allongent, de circulaires deviennent elliptiques, s'étranglent en leur milieu, se divisent ; en dernier lieu, chaque partie reprend la forme circulaire. En approchant de l'extrémité termiuale de la racine, le nombre des faisceaux médullaires diminue peu à peu, non que ces faisceaux s'étei- gnent, mais par leur fusion avec les faisceaux périphériques. L'union se fait par un procédé semblable à celui que nous venons de décrire pour la division des faisceaux médullaires, mais avec une marche inverse . les anneaux de cambium des faisceaux rapprochés s'ouvrent et s'unissent par leurs extrémités en un faisceau unique, d'abord elliptique, mais qui s'ar- rondit peu à peu. La partie détachée rentre à la masse ; il ne peut ètre question de l'indépendance des faisceaux médullaires. De nombreux canaux sécréteurs apparaissent (1) dans ces racines; ils sont tous logés, quoi qu'on en ait dit, dans le liber secondaire, où ils sont disposés en couches concentriques au cambium. Ils présentent de nombreuses anastomoses. En résumé, deux façons d'envisager l'anomalie. Si l'on étudie la partie supérieure de la racine, la conduite extraordinaire du cambium normal rend parfaitement compte des faits. Si l'on considère l'apparition des élé- ments prés du point végétatif de la racine, il faut admettre un cambium accessoire se produisant à la face interne du bois primaire. De ces deux maniéres de voir, quelle est celle que l'on doit accepter? À mon avis, c'est la première ; la seconde ne pouvant expliquer l'origine de l'anomalie, mais seulement le mode employé pour sa perpétuation. Cette facon d'envisager les choses me semble ouvrir un débouché nou- veau à l'étude des productions anomales qui peuvent intéresser aussi bien la tige que la racine. Nous allons faire l'application de ces idées à la tige des Œnanthe. Tice. — La tige des OEnanthe ne présente la structure typique des Dicotylédones que dans ses points extrémes : à son contact avec la racine, (1) Dans les formations secondaires. 302 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. d'une part; dans les entrenœuds grêles qui terminent les rameaux, d'autre part. Partout ailleurs elle devient anomale par adjonction de faisceaux libéro-ligneux placés à la face interne des faisceaux ordinaires et orientés inversement. Le nombre de ces faisceaux extraordinaires est trés variable ; fort nombreux dans les entrenœuds inférieurs, on en rencontre de moins en moins en avancant vers la parlie supérieure de la tige ; finalement, ils peuvent manquer, comme nous l'avons dit, dans les entrenœuds supé- rieurs. | ' Pourquoi ces différences dans la structure ? Quels sont l'origine et l'emploi de ces faisceaux ? Ils prennent naissance à la base de chaque nœud, à peu prés au point d'insertion de la feuille et proviennent d'une segmentation des faisceaux normaux qui envolent une parlie de leur liber et de leur bois dans l'in- térieur de la moelle. Ces deux éléments marchant de compagnie se fixent à la face interne de leur générateur pour y constituer les faisceaux extraor- dinaires. Le faisceau générateur peut se segmenter sur ses deux faces à la fois, et alors deux cas : ou les segments se réunissent en un seul faisceau médian, ou ils restent indépendants et légérement inclinés l'un sur l'autre; il peut se segmenter trois fois, et alors on rencontre à sa face interne trois faisceaux, un médian radial et deux latéraux perpendicu- laires au premier. Cette production trés active dans les entrenœuds inférieurs se fait sentir avec une intensité de plus en plus faible en avançant vers les parties. supérieures de la tige, mais elle s'effectue toujours, quel que soit le nœud que l'on considére. Mais peu aprés leur formation, en méme temps que les faisceaux fo- liaires se déjettent dans le parenchyme cortical et donnent les ramifica- tions qui mettent en relation le bourgeon latéral avec l'axe, les faisceaux de nouvelle formation s’inclinent vers la moelle, la traversent et, s'ana- stomosant entre eux, constituent le lacis du plancher nodal. Mais tandis que dans les axes gréles tous les faisceaux extraordinaires sont employés à la constitution du plancher, une partie seulement entre en jeu dans les nœuds inférieurs ; les autres, s'élevant parallèlement aux fais- ceaux normaux, vont se terminer dans un nœud supérieur. M. Duchartre avait bien vu l'origine de ces faisceaux, lorsqu'il leur assignait les nœuds comme point de départ, et M. Trécul leur róle dans la constitution des planchers. J'ai montré la cause et l'origine des formations anomales. M. Trécul, dés 1866, avait donné la seconde solution du probléme en nous faisant connaitre la marche suivie par le développement des fais- ceaux anormaux aprés leur pénétration daus la moelle. Les massifs de SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1883. 303 procambium qui fournissent déjà les faisceaux normaux donneraient nais- sance sur leur crête interne à 1-3 nouveaux faisceaux à bois opposés, nos productions extraordinaires. Cet exemple tiré de la tige me semble encore plus saisissant que celui que nous a procuré l'examen de la racine. J'espère, du reste, pouvoir bientôt appuyer mes idées (1) par l'exposition de faits nouveaux. Au sujet de la communication précédente, M. Bertrand. présente les observations suivantes : « Les productions libéro-ligueuses secondaires que M. Gérard vient de décrire dans les racines. d'OEnanthe rentrent dans la catégorie des productions libéro-ligneuses secondaires tardives, qui ont fait l'objet de la thése de M. Dutailly. Cet auteur a signalé dans les racines principales de la Scammonée (Convolvulus Scammone«) des productions identiques à celles qui viennent d'être décrites chez OE. fistulosa. M. Albert Bouriez, dans son étude sur le Jalap, a déerit trés soigneusement toute une suite de faits qui ressemblent à ceux que M. Gérard. vient de décrire dans l'OE. crocata. Seuls les rapports des racines différent dans l'OE. crocata et dans le Jalap. Je ferai remarquer que les rapports de ces productions secondaires sont soumis à une méme loi que j'ai énoncée à diverses re- prises, et dont on trouve des applications dans les travaux de mes éléves, MM. Bouriez, Gravis, etc. Je désigne cette loi sous le nom de loi des surfaces libres. « Lorsque dans une plante, phanérogame ou cryptogame vasculaire, il existe une surface libre naturelle (2) ou accidentelle (3), quelles que soient la forme et la place de cette surface libre, si une zone génératrice s'établit dans le voisinage de cette surface et se trouve sous sa dépen- dance, cette zone génératrice produira : 1? du liége entre elle et la sur- face libre; 2° du tissu fondamental secondaire sur son autre face, toutes les fois qu'elle fonctionnera comme cambiforme double (4). Si cette méme zone génératrice devient plus tard zone cambiale, elle produira : 1* du liber secondaire entre elle et la surface libre ; 2° du bois secondaire sur son autre face. » On voit aisément que toutes les productions secondaires signalées par (4) Comptes rendus Acad. sc. 22 novembre 1883. (2) Comme l'épiderme de la plante. . (3) Comme une blessure, une déchirure, une lacune, une cellule cristalligène, des cel- lules dont la vie s'est ralentie, une lame de parenchyme corné. (4) Ce cambiforme peut fonctionner comme cambiforme simple ou double; il satisfait toujours à la méme loi. 304 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Dutailly, par M. Gérard, que toutes les productions secondaires con- nues satisfont à cette loi. Quant à l'explication proposée par M. R. Gérard pour la formation des productions secondaires des OEnanthe, je ne saurais l'accepter ; il y a, me semble-t-il, une erreur de méthode dans la maniére dont M. Gérard détermine la différenciation des tissus dans les régions anomales des ra- ines d'OEnanthe. M. Gérard, en se bornant à étudier des suites de sections transversales successives, soit de bas en haut, soit inversement, semble admettre qu'il est possible de déduire de l'état du point de végétation des racines d'OEnanthe développées la différenciation des tissus aux divers niveaux de ces racines. Pour qu'il en füt ainsi, il faudrait, conformément à une méthode que j'ai indiquée depuis longtemps, montrer : 1° que la structure du point de végétation est invariable pendant toute la durée de la formation de ces racines; 2 que la structure de ces racines est inva- riable dans toute leur étendue. S'il en était ainsi, et seulement à cette condition, il serait permis de dire que les structures que présentent les sections transversales successives d'ensemble du cône végétatif (de sou sommet à sa base) représentent réellement les stades successifs de la différenciation des tissus de l'organe à un niveau donné dans le temps. Tel n'est pas le cas ici, puisque M. R. Gérard a constaté des variations de structure le long de la racine. M. Van Tieghem dit qu'il est heureux de constater que M. Bertrand admet aujourd'hui et professe la nécessité, quand on sait à un moment donné les variations de structure le long d'un organe développé, de tenir compte des modifications éprouvées par le mé- ristéme terminal de l'organe pendant le cours du développement; c'est à ce prix seulement qu'on peut faire avec certitude, dans la variation totale, la part de ce qui est secondaire et de ce qui est primaire. Il y a bien longtemps qu'il a été frappé de l'erreur de méthode que l'on commet en négligeant cette distinction, et il se souvient d'avoir, dés l'année 1878, appelé sur ce point l'attention de M. Dertrand. M. Leclerc du Sablon fait la communication suivante : SUR LA DÉHISCENCE DES FRUITS SECS, par M. LECLERC DU SABLON. La déhiscence d'un grand nombre de fruits secs peut s'expliquer par la propriété qu'ont les fibres ligneuses de se contracter par la dessiccation, moins dans le sens de leur longueur que dans les autres directions. Des SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1883. 305 mesures directes, faites par Nægeli et d'autres botanistes, ont démontré cette inégalité de contraction qu'on peut rendre sensible par l'expérience suivante. Daas un copeau de bois homogène on découpe deux rectangles égaux, de façon que la direction des fibres soit parallèle au petit côté de l'un et au grand côté de l'autre. On laisse ces deux copeaux s'imbiber d'eau; on les colle l'un contre l'autre, en sorte qu'ils coincident dans toute leur étendue, puis on les laisse se dessécher: on voit bientôt le sys- tème se recourber, les fibres parallèles au grand côté étant recourbées et sur Ja face convexe. Ce résultat ne peut s'expliquer qu'en supposant que ces fibres parallèles au grand côté se sont moins contractées dans cette direction que les fibres de l'autre copeau qui leur sont perpendiculaires. Comme ces fibres ont été prises dans un copeau homogène, il en résulte qu'elles se contractent moins dans le sens de leur longueur que dans une direction perpendiculaire. Cette disposition croisée des fibres se trouve reproduite dans plusieurs fruits déhiscents. Dans la silicule du Farsetia, par exemple. La pariie de ce fruit en contact avec l’épiderme interne est en effet formée de fibres ligneuses parallèles aux placentas, puis vient une autre couche de fibres perpendiculaires aux premières. La couche fibreuse externe se contractera donc plus, dans le sens de Paxe du fruit, que la couche interne, et chacune des valves se recourbera vers l'extérieur. Le mécanisme de la déhiscence chez le Ruta graveolens peut s'expli- quer par des considérations tout à fait semblables. On sait que la capsule du Ruta est formée par quatre carpelles soudés par leur partie inférieure et libres dans leur partie supérieure, qui s'ouvre par une fente ventrale. Dans la partie voisine de la fente, le péricarpe se compose, à partir de l'intérieur, d'une couche de fibres ligneuses perpendiculaires à la fente, puis d'une autre couche de fibres parallèles à la fente, et enfin d'une covche de parenchyme mou. La couche ligneuse est interrompue le long des lignes de déhiscence. Au moment de la dessiccation, la couche externe de fibres se contrac- tera plus que la couche interae dans une direction perpendiculaire à la ligue de déhiscence. Il en résultera une tension qui recourbera vers l'extérieur les deux bords de la fente aprés les avoir séparés. On peut expliquer de la méme facon, par l'existence de fibres croisées, l'ouverture des coques de Geranium, des follicules d'Apocynées et la déhiscence, souvent accompagnée d'une explosion, des fruits d'Euphorbe, de Mercuriale, de Ricin et surtout de l'Hura crepitans. Chez V Hellébore, dont les follicules s'ouvrent par une fente ventrale, la déhiscence est due à uae autre disposition des fibres ligneuses. La nervure médiane du corpelle est doublée vers l'extérieur d'un fais- T. NNX. (SÉANCES) 20 306 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ceau de fibres, et le bord placentaire renferme deux faisceaux fibreux séparés par deux assises de cellules, qui ne sont autre chose que les deux épidermes, qui se sont collés pour fermer le carpelle. Chacun de ces faisceaux se relie à celui de la nervure médiane par des faisceaux fibreux transversaux. Au moment de la maturité, les faisceaux longitudinaux se contracteront bien moins suivant l'axe du fruit que les parois latérales du carpelle, formées de parenchyme et de fibres transversales. Les deux faisceaux ventraux, qui sont faiblement unis, se sépareront donc et prendront une forme plus ou moins recourbée par suite de la contraction des parties du péricarpe qu'ils entourent. Pour s'assurer de l'importance du róle de ces faisceaux fibreux dans la déhiscence, il suffit de les enlever en respectant le reste du fruit ; on peut alors constater que le follicule ne s'ouvre plus. On peutexpliquer d'une facon analogue la déhiscence des autres Renon- culacées à follicules, du Datura, de l'Argemone, du Polanisia et de cer- taines Serofularinées. Chez les Liliacées, les Amaryllidées, les Iridées et certaines Malvacées, les parois du fruit renferment des fibres paralléles à une section transver- sale, tandis que l'axe est formé de fibres verticales. On s'explique donc pourquoi les valves sont recourbées vers l'extérieur, portant sur leur face convexe une cloison limitée par un faisceau fibreux provenant de la des- siccation de l'axe. L'inégale contraction des fibres dans différentes directions ne suffit pas pour expliquer tous les cas de déhiscence; il faut admettre encore que les cellules ou les fibres lignifiées se contractent d'autant plus sous l'influence de la dessiccation que leurs parois sont plus épaisses. J'indiquerai dans un travail plus étendu, que je compte publier sur la déhiscence,le lien étroit qui reste entre ces deux propositions. Pour le moment, je dirai seulement que, comme la première, la seconde se vérifie dans tous les cas où la structure des tissus rend cette vérification possible. La déhiscence de la Primevére nous en fournit un exemple. On sait que la déhiscence se fait par un certain nombre de dents ou valvules situées à la partie supérieure de la capsule. Si l'on examine la structure de ces dents, on voit que l'assise sous-épi- dermique externe est formée de cellules lignifiées à parois trés épaissies, tandis que les assises sous-jacentes et l'épiderme interne sont formés de cellules lignifiées, mais à parois bien plus minces. La partie externe se contracte plus que la partie interne, et la valvule se recourbe vers l'extérieur. A la base de la capsule, où la déhiscence ne se produit pas, l'épiderme interne seul est lignifié et la principale cause de la courbure des dents est ainsi supprimée. SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1883. 307 Souvent la déhiscence est produite par l'inégalité de contraction, non entre deux assises de cellules, mais entre les deux faces d'une méme assise. Si, par exemple, on fait une coupe dans une partie du péricarpe de l'Antirrhinum qui avoisine un des pores, on voit que la partie ligneuse se compose de deux assises de cellules : l'épiderme interne, dont les cel- lules sont aplaties et à parois minces, et l'assise sous-épidermique interne, formée de cellules allongées radialement et à parois très épaissies dans la région externe. On concoit dés lors que la partie extérieure se contracte plus par la dessiccation que la partie interne, ce qui est la cause de la formation des pores. Les parties du péricarpe éloignées des pores pré- senteut une tout aulre structure; les cellules ont une orientation quel- conque et leurs parois sont également épaissies. La déhiscence de la Linaire, des Caryophyllées, des Cistinées et des Joncées peut s'expliquer d'une facon analogue. Chez le Geranium, c'est à l'inégalité d'épaisseur des parois des fibres qu'est dà l'enroulement du filet qui surmonte chaque carpelle. Ce filet est en effet formé presque exclusivement par un faisceau de fibres paral- léles à sa direction. Celles de la partie extérieure sont celles qui ont les parois les plus épaisses, et par conséquent celles qui se contractent le plus par la dessiccation : de là l'enroulement en spirale du filet. Il se produit un phénoméne analogue chez l'Erodium, le Pelargo- nium, le Scandix Pecten- Veneris et l'Acanthe. Dans tous les exemples que je viens de citer, c'est la partie ligneuse seule qui cause la déhiscence; le parenchyme mou a une influence nulle ou tout à fait secondaire : on peut en effet dépouiller une capsule de l Antirrhinum de sa partie parenchymateuse molle, sans rien changer au mode de déhiscence. Il en est de méme pour les autres fruits que j'ai cités, lorsqu'on peut enlever ce parenchyme sans endommager la partie ligneuse. Chez les Papilionacées au contraire, le parenchyme qui recouvre la partie ligneuse a une certaine influence sur l'enroulement des valves. Si en effet on enlève le parenchyme mou d'une valve, on voit qu'elle s'en- roule notablement moins qu'une valve intacte. On peut expliquer l'in- fluence du parenchyme de la facon suivante. L'épiderme externe est formé de cellules à parois extérieures trés épaisses et allongées suivant une direction inclinée à 45° sur l'axe du fruit. La partie ligneuse au contraire est formée de fibres allongées dans une direction perpendiculaire, On a donc ici, comme dans l'expérience des copeaux, un système de fibres croisées qui peut produire un certain enrou- lement des valves. Il reste à expliquer pourquoi la partie lignifiée isolée peut encore s'en 308 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. rouler. C’est que les fibres de la partie externe sont plus courtes et à parois plus épaisses que celles de la partie interne : donc elle se contrac- teront davantage dans le sens de leur longueur. Or la couche fibreuse est toujours plus ou moins recourbée pour enclore la cavité du carpelle; cette inégalité de contraction entre les fibres externes et internes Ja redressera donc et produira par cela méme l'enroulement de la valve. Il est en effet facile de vérifier que le redressement de fibres inclinées à 45* sur l'axe d'une valve creusée en forme de nacelle est impossible sans enroulement de la valve. C'est la dessiccation des tissus qui provoque la déhiscence de tous les fruits que j'ai étudiés, et si l'on rend une quantité d'eau suffisante à un fruit déjà ouvert méme depuis longlemps, il ne tarde pas à se refermer. Mais les causes premières de la débiscence résident dans l'organisation des tissus, qui, en se desséchant, peuvent se déformer d'aprés les deux propriétés suivantes de leurs éléments : l^ Les fibres se contractent plus dans le sens de leur longueur que dans toute autre direction. 2» Les cellules ou les fibres se contractent d'autant plus que leurs arois sont plus épaisses. M. Morot fait à la Société la communication suivante : SUR L'ANOMALIE DE STRUCTURE DE LA TIGE DES STYLIDIUM A FEUILLES ESPACÉES, par MM. Ph. VAN TIEGHEM ct L. MOROT. M. Vesque a signalé ea 1878 (1), dans la tige du Stylidium adnatum et des autres espèces du méme genre où la tige allonge ses entrenœuds (St. fruticosum, dichotomum, lancifolium, bulbiferum, etc.), une ano- malie de siructure qui, si elle avait bien les caractéres que lui atiribue l'auteur, serait unique dans le règne végétal. L'assise périphérique du cylindre central située sous l’endoderme, l'assise exlerne du péricycle ea un mot, se divise par des cloisons tan- gentielles vers l’intérieur seulement et produit un mérisiéme unilatéral qui, suivant M. Vesque, se différencie de dedans en dehors ea une couche de bois secondaire composée de fibres et de vaisseaux, sans liber secon- daire. Bientôt l'activité de cette couche génératrice s'éteint, ses derniers éléments externes se différencient à leur tour en éléments ligneux, de sorte qu'à ce moment le bois secondaire confineimmédiatement à l'endo- 1 . . p . an 8%) J. Vesque, Note su” l'anatomie des Stslidium (Ann. des sc. nat. 6° série, t. VII, SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1883. 309 derme. « Celui-ci, comme on sait, dit en terminant M. Vesque, se subé- » rifie, l'écorce tombe, et alors nous sommes en présence d'une tige » privée d'écorce et dont la surface est formée par du bois! (1) » L'étvangeté de ce résultat nous a engagés à en vérifier l'exactitude, el, comme nous sommes arrivés à des conclusions différentes de celle de M. Vesque, nous croyons devoir les communiquer à la Société. La tige du Siylidium adnatum renferme un cercle de faisceaux libéro- ligneux primaires assez nombreux. Entre eux et l'endoderme parfaitement caractérisé par les plissements de ses parois, s'étend un péricycle homo- gene, formé de quatre ou cinq assises de cellules hexagonales sans méats. Chacun de ces faisceaux comprend d'ordinaire trois vaisseaux spiralés, quelquefois quatre, séparés de la pariie libérienne, beaucoup plus déve- loppée, par quelques cellules génératrices qui ne se divisent qu'un petit nombre de fois. Aussi les faisceaux primaires s’épaississent-ils trés peu; en outre, ils demeurent indépendants les uns des autres, aucun tissu secon- daire ne se formant entre eux. Plus tard le tissu conjonctif conslituant les rayons médullaires et les assises internes du péricycle se sclérifie, Quant à l'assise sous-jacente à l'endoderme, elle se cloisonne tangen- tiellement ; la cellule externe se divise à son tour de la méme maniére, et ainsi de suite, de facon à produire un méristéme interne, unilatéral et centrifuge, comme l'a fort bien vu M. Vesque. C'est dans le mode de différenciation de ce méristéme que la divergence se manifeste entre ses observatioas et les nôtres. | Le méristème se différencie par places en petits groupes ligneux accompagnés chacan en dehors d'un petit paquet de tubes criblés, en un mot en petits faisceaux libéro-ligneux ; le reste du méristème se différencie en fibres scléreuses qui enveloppent ces faisceaux dans une sorte de gangue générale. Les faisceaux primaires sont donc entourés d’une couche secondaire de nature fort hétérogène, comme on voit. Les petits groupes de liber secondaire ont échappé à M. Vesque. Ils sont en effet assez difficiles à distinguer au premier abord, chacun d'eux, sur une coupe transversale, offrant une section qui ne dépasse pas celle d'un vais- seau ou d'une fibre. De plus, M. Vesque a pris pour du sclérenchyme ligneux le tissu conjonctif sclérifié, qui est intercalé aux faisceaux. | En résumé, le Stylidium adnatum et les autres espèces à feuilles espacées présentent la méme anomalie que les Dracæna chez les Monoco- tylédones, que les Chéaopodiacées, les Nyctaginées, etc., chez les Dicoty- lédones. C’est un exemple intéressant de cette anomalie dans les Gamopé- tales, où elle n'avait pas été signalée jusqu'ici ; ce n'est pas une anomalie nouvelle et unique dans les plantes vasculaires. (1) Loc. cit. p. 208. 310 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Bertrand demande la parole et s'exprime en ces termes : ` La rectification que les auteurs de la précédente communication pré- sentent du travail de M. J. Vesque sur les Stylidium, à savoir, que la région superficielle de la tige de ces plantes présente des produciions secondaires comparables à celles des Nyctaginées, Chénopodées, etc., est connue; elle est méme enseignée dans un cours de licence, et à Lille les candidats à la licence emploient ce caractére pour déterminer la tige du Stylidium lorsqu'elle leur est présentée à déterminer sur une section transversale, alors qu'on les exerce à reconnaitre, sur une section d'en- semble de n'importe quel organe, de n'importe quelle plante vasculaire, et la nature morphologique de l'organe et le groupe végétal. Je me permet- trat de faire remarquer en outre que je ne puis accepter l'identification, faite par les auteurs de la précédente communication, des productions secondaires superficielles dela tige des Nyctaginées avec celles des Dra- cena; la grande majorité des petils faisceaux extérieurs de la tige des Dracæna ont une autre structure et d'autres rapports que les faisceaux secondaires externes de la tige des Nyctaginées. M. Ph. Van Tieghem répond que, depuis la note de M. Vesque, qui est de 1879, i] n'a été publié, à sa connaissance, ni en France, ni à l'étranger, aucune rectification du résultat singulier énoncé dans ce travail. La véritable structure de la tige des Stylidium n’était done pas connue, quoi qu'on en dise, excepté, paraît-il, à la Faculté des sciences de Lille. Mais, puisqu'il la connaissait si bien, pourquoi M. le professeur de la Faculté des sciences de Lille n'a- t-il pas pris l'initiative de la publier? il eût épargné du temps et de la peine aux auteurs de la présente Note. M. Ph. Van Tieghem fait à la Société la communication suivante : SUR LA SITUATION DE L'APPAREIL SÉCRÉTEUR DANS LES COMPOSÉES, par M. Ph. VAN TIEGHEM. On sait que l'appareil sécréteur affecte chez les Composées trois formes différentes : il se compose, soit de canaux oléiféres, soit de cellules lati- cifères anastomosées en réseau, soit de longues cellules résiniféres isolées. On sait aussi que, suivant les tribus, ces trois formes se remplacent ou se superposent. Ainsi, en laissant de côté quelques formes de transition, les Radiées n'ont que des canaux oléifères ; les Liguliflores n'ont que des SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1883. 311 réseaux laticifères ; les Tubaliflores, du moins la plupart d’entre elles, ont à la fois des canaux oléiféres et des cellules résineuses isolées. La situation des canaux oléifères dans la structure primaire chez les Radiées et les Tubuliflores est bien connue (1). Daas Ja racine, ils sont dépourvus de cellules spéciales, entaillés directement dans l'épaisseur de l'endoderme dédoublé et groupés en arcs vis-à-vis des faisceaux libériens du cylindre central. Dans la tige et les feuilles, ils sont bordés de cel- lules sécrétrices spéciales, individualisés par conséquent par rapport à l'endoderme, à la surface externe duquel ils demeurent appliqués, et leur disposition relativement aux faisceaux libéro-ligneux varie suivant les genres. Outre ces canaux sus-endodermiques, la tige et les feuilles en possèdent quelquefois à la périphérie de l'écorce ‘sous l'épiderme, et assez souvent dans la moelle. Péricycle et faisceaux en sont partout dé- pourvus. Plus tard il se fait de nouveaux canaux sécréteurs dans le liber secondaice. Ceux-ci sont conformés et disposés de la méme maniére dans les trois organes. La position des réseaux laticifères des Liguliflores et des cellules rési- neuses isolées des Tubuliflores n'a pas été fixée jusqu'ici avec la méme précision que celle des canaux oléiféres des Radiées ; la présente petite Note a pour objet de combler cette lacune. 1° Réseaux laticifères des Liguliflores. — D’après les auteurs qui en ont fait une étude spéciale, notamment l'anonyme de 1846, Hanstein (1864) et M. Trécul (1865), les réseaux laticiféres de la tige et de la feuille des Liguliflores sont situés au pourtour externe du liber des faisceaux libéro-ligneux. Plus explicite à cet égard, M. de Dary (1877) les place au bord externe de chaque faisceau demi-cylindrique de tubes criblés, et affirme qu'on en trouve aussi, en moindre nombre et plus petits, dans l’intérieur méme de ces faisceaux, parmi les tubes criblés. Il en résulterait qu'ils appartiennent au liber primaire. Il y a là, comme on va voir, quelque chose à préciser et à reclifier. Entre l'endoderme et les premiers tubes criblés des faisceaux libéro- ligneux, la tige des Liguliflores possède, comme toutes les tiges, une couche de tissu que j'ai désignée dans mon Traité de botanique sous le nom d'assise périphérique du cylindre central, ou de couche périphérique du cylindre central, quand elle contient plusieurs assises. Plus récemment, en raison de la trés grande importance de cetie couche, qui ne parait pas avoir été suffisamment comprise jusqu'ici, et pour éviter une continuelle périphrase, j'ai proposé de lui donner le nom de péri- (1) Ph. Van Tieghem, Mémoire sur les canaux sécréteurs (Ann. des sc. nat. 5° série, t. XVI, 1872). 312 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cycle (1). Vis-à-vis des rayons médullaires, le péricycle se compose d'une seule assise de cellules de parenchyme ; vis-à-vis de chacun des faisceaux libéro-ligneux, il est plus épais et reaflé en un demi-cylindre qui fait saillie, soit vers l'extérieur, en provoquant une convexité correspondante dans l'endoderme (Picridium, etc.), soit vers l'iatérieur, en rendaot con- cave le faisceau libérien sous-jacent (Cichorium, ete.). Ce demi-cylindre commence, sous l'endoderme, par une assise de cellules de parenchyme ; tout le reste forme un paquet de cellules étroites et longues, à parois bril- lantes plus ou moins épaissies suivant les plantes, devenant quelquefois de vraies fibres de sclérenchyme (Picridium, Cichorium, etc.), et destiné à soutenir le faisceau libéro-ligneux auquel il est superposé. Le tout correspond évidemment au faisceau de seléreachyme que l’on rencontre, chez un grand nombre de plantes ligneuses, en dehors du liber de chaque faisceau libéro-ligaeux de la tige et des feuilles, faisceau de soutien qui appartient aussi, comme on sait, non au liber da faisceau hbéro-ligneus, mais au péricycle. Or c'est dans l'assise de parenchyme interposée entre l'endoderme et le faisceau de soutien qu'est situé le réseau laticifère, réseau qui s'anastomose, comme on sait, avec ceux des faisceaux voisins à travers l'assise de parenchyme qui constitue à elle seule le péricycle vis-à-vis des rayons médullaires. Le réseau laticifère n’appartient donc pas au liber, puisqu'il est séparé des tubes criblés, les plus externes, par toute l'épaisseuc du faisceau de soutien; il est situé dans l'assise esté- rieure, sous-endodermique, du péricycle. Il est vrai qu'il s'étend quelque- fois à droite et à gauche sur les flanc$ du faisceau de soutien; il peut méme s'insinuer entre le liber et le faisceau de soutien, parce que les cellules internes du péricycle demeurent, comme les cellules exteraes, à l'état de parenchyme et se différencient çà et là en cellules laticifères ; il arrive aussi que certaines cellules intérieures du faisceau de soutien de- meurent parenchymateuses et contiennent du latex, ou que les branches d'anastomose poussées par les cellules laticifères externes pénètrent et cheminent dans son épaisseur. Dans ces divers cas, le réseau laticifère se rapproche du liber, mais sans y pénétrer ; il demeure confiaé daas le péricycle. L'erreur de M. de Bary était donc de regarder le faisceau de soutien comme formé de tubes criblés, et par conséquent comme partie intégrante du liber du faisceau libéro-ligneux. On sait que dans ceriaines Liguliflores (Lactuca, Sonchus, Scorzo- nera, Tragopogon, Hieracium, etc.), il se fait à la périphérie de la moelle, par cloisonnement longitudinal de certaines cellules médullaires, de petits faisceaux de tubes criblés entourés d'un rang de petites. cellules (1) Ph. Van Tieghem, Sur quelques points de l'anatomie des Cucurbitacées (Bull. de la Soc. botan. de Fr. t. XXIX, 1882). SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1883. 313 de parenchyme ; c'est dans ce rang externe que certaines cellules devien- nent Jaticiféres. Les réseaux Jaticifères de ces faisceaux libériens médul- lai: es sont donc aussi extérieurs et non intécieurs au liber. Plus tard, au coniraire, dans le liber secondaire, il se forme, comme on sait, de nombreux réseaux laticifères aux dépens de la différenciation locale des éléments du parenchyme libérien. Il en est donc, sous ce rap- port, des réseaux Jaiicifères des Liguliflores comme des canaux oléifères des Radiées. Les uns et les autres sont exclus du liber primaire et se développent abondamment dans le liber secondaire. 2 Cellules résineuses isolées des Tubuliflores. — Les longues cel- lules isolées qui, dans un grand nombre de Tubuliflores (Carduus, Cir- sium, Silybum, Lappa, Vernonia, etc.), renferment vun suc laiteux et résinifère, ont été étudiées par M. Trécul (1862), puis par M. Vogl dans la Baedane (1866). Bornons-nous à dire qu’elles occupent exactement la même situation que les cellules laticiféres anastomosées en réseau chez les Liguliclores, c'est-à-dire qu'elles sont disposées sous l'endoderme, dans l'assise estevne et parenchymateuse da péricycle, en dehors du faisceau de scléreachyme qui est superposé à chaque faisceau libévo-ligneux, qu'elles sont séparées par conséquent du liber primoire par toute l'épais- seur de ce faisceau de soutien. Plus tard il s'en développe de nouvelles dans le liber secondaire. 1l ya évidemment homologie de situation, comme il y a homologie de fonction, entre les cellules laticiféres des Liguliflores et des Tubolifloces ; la différence n'est que dans la forme des cellules et dans leurs relations mutuelles. M. Malinvaud dépose sur le bureau deux communications écrites, dont il se borne à faire connaitre, en raison de l'heure avancée, le titre et le nom de l'auteur, à savoir : 1" Note sur le Phallus impudicus L., par M. Feuilleaubois. % L'origine des Tulipes de la Savoie et de l'Italie, par M. Émile Levier (1). (1) Ces communications oat été lues dans la séance du 11 janvier 1884. 314 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE 1883. PRÉSIDENCE DE M. BUREAU. M. G. Bonnier, secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la séance du 14 décembre. A propos du procès-verbal, M. Van Tieghem dit qu'à la suite de la communication faite par M. R. Gérard dans la dernière séance, sur la structure de la racine des Œnanthe, il aurait dà signaler l'existence d'un. travail de M. Courchet sur l'anatomie des Ombel- liféres : dans ce mémoire déjà imprimé et mis en pages pour les Annales des sciences nalurelles, dont les planches sont gvavées et qui pacaitra daos les premiers jours de février, plusieurs pages sont consacrées à l'anatomie des racines des Œnanthe. La présente re- marque n'est pas faite pour diminuer l'intérét du travail de M. Gé- rard, mais seulement pour constater l'indépendance desrecherches de M. Courchet. Après cette observation, le procès-verbal de Ja précédente séance est mis aux volx et adopté. M. Maliuvaud, chargé par une famille douloureusement frappée de faire part à l'assemblée d'une bien triste nouvelle, s'exprime en ces termes : La Société a perdu, depuis sa derniére séance, un de ses membres les plus distingués, M. Charles Royer, décédé le 18 décembre au château de Quincy (Côte-d'Or), dans sa cinquante-troisième année. Dans la lettre qu’il nous adressait le mois dernier et dont nous avons lu ici quelques passages (1), notre regretté collègue, prévoyant sa fin prochaine, nous priait de considérer cette communication comme « ses adieux à la Société botanique ». Quoique péniblement affecté par ces prévisions, les attribuant au découragement produit par une longue maladie, nous gardions l'espérance. Hélas! le ferme jugement de notre confrére raisonnait mieux que notre optimisme, et ia lettre que nous rappelons a été son dernier écrii ! Qu'il nous soit permis de rendre ici témoignage aux qualités de l'homme privé. Charles Royer était un noble cœur et un charmant esprit, aimé et respecté de tous ceux qui l'ont connu. | (1) Voyez plus haut, page 277. SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE 1883. 315 Avons-nous besoin d'énumérer ses titres scientifiques ? sa Flore de la Côte- d'Or (1), récemment terminée, est un ouvrage hors de pair, avec lequel on chercherait vainement un terme de comparaison dans le commun des publica- tions analogues. On y trouve, comme dans les meilleures, les indications les plus exactes concernant la végétation locale, une classification judicieuse, des déterminalions soigneusement vérifiées, un sage discernement dans l'appréciation des espèces, et, de plus, un ensemble considérable d'observations inédites des plus intéressantes sur la physiologie et les caractères différentiels des organes souterrains des plantes, dont l'étude est généralement négligée par les floristes. Quand on laisse aprés soi une ceuvre originale et durable comme celle-là, on n'a rien à craindre de l'oubli. La mémoire de Charles Royer est à l'abri de cette injure du temps. M. le Président proclame membres de la Société, par suite des présentations faites dans la derniére séance : MM. Cl. Duvaz, chef du laboratoire des graines au Muséum, présenté par MM. Vallot et Duchartre. FERNANDO Marrozo SANTOS, directeur du Musée zoologique de Lisbonne, présenté par MM. Daveau et Poisson. Gay, licencié ès sciences, préparateur à l’École supérieure de phacmacie de Montpellier, présenté par MM. Émile Planchon et Charles Flahault. M. le Président annonce une nouvelle présentation, et, d'après un avis que lui donne M. le Trésorier, proclame membre à vie M. Niel, qui a rempli les conditions prescrites par les Statuts pour l'obten- tion de ce titre. M. Malinvaud dépose sur le bureau le manuscrit d'un travail, intitulé : Exposition systématique des Lichens de Cautereis, de Lourdes et de leurs environs, par M. Édouard Lamy de la Cha- pelle. D'après une décision de la Commission du Bulletin, ce mé- moire doit être imprimé dans le volume de cette année, à la suite des comptes rendus des séances (2). M. le secrétaire dit qu'il est (1) Voyez la Revue bibliographique du Bulletin, tome XXVIII, p. 146, et t. XXX, p. 53. (2) No:e du Secrétariat. — Nous croyons devoir rappeler, afin de prévenir des de- inandes d'insertion auxquelles il ne pourrait être donné suite, que les communications imprimées gratuitement par la Société ne peuvent dépasser certaines limites fixées annuellement par la Commission du Bulletin d’après les prévisions du budget (en moyenne 6 à 8 pages d'impression), et au delà desquelles, en vertu des articles 55 ct 60 du Règlement, les auteurs supportent une partie des frais de la publication. M. Lamy de la Chapelie, qui avait largement rempli cette condition pour son Catalogue de 1878, a offert spontanément de s'y conformer de nouveau pour le présent mémoire, 316 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. à peine besoin de faire remarquer que ce nouveau catalogue, comme celui du même auteur publié dans le Bulletin en 1878, est un document original de grande valeur pour la connaissance des Lichens de la flore française. Il est procédé, conformément aux Statuts, à l'élection du prési- dent pour l'année 1834. M. Duchartre, premier vice-président sortant, ayant obtenu 152 suffrages sur 176, est proclamé Président. La Société nomme ensuite successivement : Premier vice-président : M. Bescherelle. Vice-présidents : MM. Buffet, Malinvaud et Monod. Secrétaire : M. Joseph Vallot. Vice-secrétaire : M. Louis Mangin. L'élection de cinq membres du Conseil (1) donne lieu à un scru- tin de ballottage. Sont élus : Au premier tour : MM. Cornu, Franchet et Poisson ; Au second tour, MM. Bureau et Marès. Par suite de ce renouvellement et des anciennes nominations encore valables, le Bureau et le Conseil d'administration sont com- posés, pour l'année 1884, de la manière suivante : Président. M. P. DUCHARTRE. Vice-présidents. MM. Bescherelle, MM. Malinvaud, Buffet, Monod. Secrélaire général. M. Ad. Chatin. (1) En remplacement de MM. Bescherelle, Cosson, Monod, Petit, conseillers sortants, e: de M. Mangin, nommé à d'autres fonctions. SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE 1883. 317 Secrétaires. = Vice-secrétaires. MM. G. Bonnier, MM. L. Mangin, J. Vallot. Louis Olivier. Trésorier. Archiviste. M. A. Ramond. M. N°” (1). Membres du Conseil. MM. Éd. Bornet, MM. J. Poisson. Éd. Bureau, Éd. Prillieux, Max. Cornu, E. Roze, Eag. Fournier, Ph. Van Tieghem, Ad. Franchet, H. Vilmorin, P. Marés, R. Zeiller. Avant de se séparer, l'assemblée, sur la proposition deM. Prillieux, vote des remerciements à M. Edouard Bureau, président sortant. (1) Le Secrétariat ayant été tardivement informé que l'archivisie ne pouvait con- server ses fonctions, le Conseil a décidé de poarvciv à son remplacement en 1884. EXPOSITION SYSTÉMATIQUE LICHENS DE CAUTERETS, DE LOURDES ET DE LEURS ENVIRONS PAR M. Édouard LAMY DE LA CHAPELLE. PRÉFACE. Obligé par raison de santé de faire, pendant quatre années consécu- tives, une saison d'eaux à Cauterets, en juin, juillet ou août, j'y ai con- sacré mes instants de loisir de chaque jour à la recherche et à l'étude des Lichens de cette importante localité, qui, avec Bagnères de Luchon, Bagnères de Bigorre, Luz, Saint-Sauveur, Baréges, Gèdres, Gavarnie, se trouve enchâssée dans la longue et imposante chaîne des PYRÉNÉES CEN- TRALES. Parmi les points culminants de ce massif montagneux, je cilerai, dans la partie française, ceux du col du Riou (1943 m.), de Catarrabe (1971 m.), du col de Contente (2119 m.), du Viscos (2141 m.), de Péguère (2187 m.), de Péne-Nére (2200 m.), du col d'Ilhéou (2306 m.), du Cabaliros (2333 m.), du col d'Éstibaoude (2520 m.), d'Ereslids (2600 m.), du Monné (2724 m.), du Midi de Bigorre (2877 m.), d'Estom-Soubiran (2930 in.), d'Ardiden (2988 m.), de Néouvielle (3092 m.), du Balaïtous (3146 m.), du Marboré (3253 m.), du Vignemale (3298 m.). Ses éléments constitutifs se com- posent, en trés grande partie, de diverses variétés de graniies, de schistes et de marbres. Les bancs calcaires, de formation plus récente (du moins relativement au granite), sont tantôt isolés et restreints, tantôt au contraire d'une LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. 319 grande étendue, comme à Gavarnie et ailleurs, d'autres fois en masses, soit intercalées dans le schiste, soit alternantes par couches avec cette méme roche presque partout de nature lamelleuse. En ce qui concerne spécialement Cauterets, dont le nom primitif Cauldrès signifie eaux chaudes, les terrains qui, s'étendant du côté de la Raillére et du Pont d'Espagne, s'allongent dans les vallées de Lutour, de Gaube et du Marcadeau, sont presque complétement formés d'un granite à petits grains; ceux qui sont dans Ja direction de Pierrefitte, du Viscos, du Mamelon Vert, du Cabaliros et du Monné, se composent généralement de schistes plus ou moins ardoisiers appartenant aux terrains de transi- tion, alternant régulièrement avec des couches de schistes calcaires, plus ou moins puissantes, qui se manifestent jusqu'aux plus hautes cimes du Monné et sur divers autres points culminants. Ces schistes sont traversés, au pic de Catarrabe, par une importante éruption de mélaphyre quartzeux, qui forme tout l'espace venant de Pey- renère (1). La formation granitique, contrairement à ce qui arrive dans les Alpes, ne constitue pas les plus hautes sommités. Sauf du côté du Balaïtous, où le granite forme le sommet concurremment avec le schiste, le terrain primilif fait place au micaschiste dans les hautes vallées et sur les crétes. Ce système est quelquefois couronné par de la roche calcaire, comme au Vignemale, où le sommet est constitué par des couches crétacées, faisant partie du massif du mont Perdu et du Marboré, dont le transport à cette hauteur est encore un probléme pour les géologues. Chaque voyage à Cauterets me procurant l’occasion de m'arréter à Lourdes, je n'hésitai pas à explorer dés 1881 les schistes et les marbres des environs de cette charmante petite ville, que l'on peut considérer comme le premier vestibule des vallées de Baréges et de Cauterets, dont le second, plus en avant, serait Pierrefitte. Toutefois, malgré mon entrai- nement, je me reudis compte que les courts insiants qu'il me serait permis de passer en ce lieu ne suffiraient pas pour en faire une explora- tion sérieuse, et c'est aloes que mon correspondant el ami, M. Viaud- Grand-Marais, professeur de botanique à Nantes, dissipa mes justes préoccupations à cet égacd, en me faisant coonaiice un enfant du pays, jeune, actif et bon observateur, M. l'abbé Pomés, curé d’Aspin. Celui-ci m'a prété trés obligeamment sa collaboration, et j'ai reçu de lui un très grand nombre de Lichens. Si de ce côté ma tâche devenait plus facile, je déplocais de ne pouvoir visiter quelques cimes trés élevées des environs de Cauterets, dont mon grand âge, soixante-dix-neuf ans, ne me permettait pas de tenter la (1) On dit aussi Peyrenègre. 320 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. périlleuse ascension. A ce point de vue, mon savant collègue et ami, M. Ecnest Malinvaud, secrétaire de la Sociéié botanique de France, m'a rendu un éminent service en me mettant, au mois de juillet dernier, en rapport avec M. Joseph Vallot (1), botaniste et géologue distingué, déjà installé à Cauterets, dont il connaît bien les montagnes voisines. C'est à cet obligeant explorateur, qui dans des courses hardies fatiguait les meil- leurs guides, que je dois la connaissance assez intime de la végétation lichénique des sommets du Viscos, du Balaïtous et du Vignemale. Plus tard j'aurai souvent l'occasion de mentionner ses découvertes, ainsi que celles de M. l'abbé Pomés. Je crois utile d'entrer ici dans quelques détails sur l'état actuel de la lichénologie pyrénéenne. Peu de contrées ont été étudiées aussi complète- ment que les Pyrénées au point de vue phanérogamique; les l'ougéres, les Mousses, les Hépatiques, en sont aussi trés connues. Les Lichens n'ont pas été absolument négligés ; mais la plupart des botanistes qui les ont compris dans leurs recherches ne s'en sont pas occupés en spécialistes et se sont bornés à les annexer supplémentairement à d'autres récoltes de plantes plus en vue et d'un aspect plus attrayant. Je m'empresse de reconnaître qu'il n'en a pas été de méme de Léon Dufour, qui savait marquer du sceau de son génie tout ce que fixait sa vaste intelligence ; nul, mieux que lui, n’a connu les Lichens pyrénéens, dont il possédait une collection splendide et classique qui aurait bien mérité, aprés son décés, de prendre place au Muséum de Paris. Qu est- elle devenue? Je l'ai demandé à M. le professeur Laboulbène, de Paris (qui au moins, je le savais, avait hérité des collecions entomologiques de l'émineat naturaliste de Saint-Sever); ce savant docteur m'a gracieusement répoudu qu'il regrettait de ne pas la posséder, afa de pouvoir m'en donner sans retard communication, et il me conseillait de m'adresser directement à l'un des fils de feu Léon Dufour, qui résidait à Saint-Sever. J'ai fait cette démarche, et j'ai reca en réponse la letice la plus aimable, qui m'a appris que les précieux herbiers laissés par son père (Lichens compris) se trouvaient encore dans l'ancienne maison paternelle, occupee aujourd'hui par des étrangers, à titre de locataires, et qu'ils étaient en- tassés dans de nombreuses et énormes caisses, confondus ensemble; que, par suite de ces circonstances, les recherches nécessaires pour la com- munication que je désirais seraient longues et difficiles. Aiosi arrêté dans mes invesügations, je reste convaincu que Léon (1) M. Vallot, quoique fort jeune, a déjà publié un ouvrage estimé, qui a pouce litre : Recherches physico-chimiques sur la terre végétale et ses rapports avec la distribution géographique des plantes. Il s'occupe aussi de la flore du Sénégal, dont il a fait l'objet d'une publication importante. Je dois à son obligeance une grande partie des détails géologiques qui enrichissent mon travail. LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. 321 Dufour n’a laissé aucun travail d’ensemble sur les Lichens des Pyrénées, car ses révisions des genres Cladonia, Helopodium, Bæomyces (1), Ope- grapha (2), faites à un point de vue général, n'ont point d'application particulière à la région dont je m'occupe en ce moment (3). L'illustre Ramond, non moins connu par son mérite personnel que par ses courses hardies au mont Perdu (3494 m.), composa la Flore(4) des hautes cimes du pic du Midi de Bigorre sur une pente d'environ 15 mètres de hauteur verticale et sur une étendue générale de terrain dont la con- tenance ne dépassait pas deux ares; il mit quinze années à ce travail, et, pour le conduire à bonne*fin, s'imposa les fatigues de trente-cinq ascen- sions à des époques différentes, depuis le 1* juillet jusqu'au 15 octobre. 11 Phanérogames et 62 Cryptogames furent le remarquable résultat de ses récoltes; je dis remarquable, parce qu'il faut tenir compte de l'exiguité et de l'aridité du lieu d'exploration. 51 Lichens, disposés d’après la mé- thode d'Acharius, occupaient comme nombre le premier rang dans les Cryptogames. Grâce à une bienveillante communication de M. Vallot, je puis les signaler ici, et je m'empresse de le faire sous forme de note (5), altendu que, méme au point de vue des Lichens de Cauterets, il importe de connaitre les produits similaires déjà récoltés sur l'étendue du massif montagneux dont cette ville fait partie. hamond, ne se bornant pas à une exploration aussi limitée, avait (1) Dans les Annales générales des sciences physiques, t. VIII, Bruxelles, 1817. (2) Dans le Journal de physique, de chimie et d'histoire naturelle, t. LXXXVII (1818). (3) Léon Dufour était aussi l'auteur d'une intéressante lichénographie francaise dont M. Nylander a vu le manuscrit à Saint-Sever; cet important travail, qu'est-il aussi devenu ? (4) État de la végétation au sommet du pic du Midi de Bigorre, dans les Mémoires de l'Académie royale des sciences de l'Institut de France, année 1826. (9) Lecidea petræa 8. Ach. Urceolaria bryophila Ach. — lapicida Ach. — cinerea Ach. — biformis Ram. — ? castanea Ram. — confluens Ach. Lecanora atra «. Ach. — silacea Ach. — argopholis Ach. — umbilicata var. crustulata Ach. — glaucoma Ach. — Muscorum Ach. Lecanora craspedia Ach. — candida Ach. — Epybrion Ach. — vesicularis Ach. — bicincta ftam. — obscura Ram. — badia var. fuscata Ach. Rhizocarpon geographicum Ram. + — decipiens Ach. — Morio Ram. — cartilaginea Ac. — armeniacum Ram. — melanophthalma Ram. — atrobrunneum Ram. — electrina Ram. Gyrophora proboscidea Ach. — concolor Ram. Verrucaria Schraderi Ach. — concolor f. dispersa Ram. — umbrina Ach. — miniata Ach. — cincta Ram. — elegans Ach. Endocarpon complicatum Ram. Parmelia saxatilis Ach. T. XXX. (SÉANCES) 24 322 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. étendu ses herborisations sur d’autres points, et sa collection des Lichens pyrénéens, quoique assez restreinte, était encore plus précieuse que celle de Léon Dufour. M. Nylander a pu l'entrevoir, il y a déjà vingt ans, chez le fils de celu: qui en était l'auteur, à Neuilly prés Paris; mais malheu- reusement il ne lui fut pas permis d'étudier au microscope les beaux et rares échantillons qui lui donnaient une grande valeur scientifique. Il y avait là des choses d'un haut prix, comme le Squamaria insulata Ram.(1), et qui restent encore des énigmes. A cette occasion, je me demande encore ce que toutes ces richesses sont devenues. J'ai fait à cet égard quelques recherches sans succés. Un autre naturaliste, qui, de son vivant, voulut bien m'honorer de son amitié, entreprit aussi en 1840, à la date tardive du 17 octobre, l'ascension du pic du Midi en compagnie de Philippe (2), avec l'intention d'en publier les détails (3). Cet homme aimable et instruit, Gharles Des Moulins, écrivain distingué, aimé de tous ceux qui l'ont connu, atteignit l'altitude de 1800 mètres avant de se mettre à l’œuvre, et ce fut alors seulement qu'il s'efforça de récolter toutes les raretés végétales qui lui tombèrent sous la main; il ne négligea point les Lichens, qu'il aimait beaucoup, mais il n'en remarqua qu'une quarantaine d'espéces (4), tant il est diffi- cile, méme pour un botaniste exercé, de généraliser ses recherches dans une même excursion et de les appliquer avec un égal succès à toutes les classes du règne végétal. C'est un écueil qu'évita M. Nylander, qui, voyageant en vrai spécialiste, sut réunir promptement les matériaux nécessaires pour ses Observata lichenologica in Pyrenwis orientalibus (1873), ouvrage excellent, qui Parmelia encausta Ach. var. Cenomyce pyxidata Ach. Cetraria juniperina Ach. — coccifera Ach. — juniperina 6. Pinastri Ach. — uncialis x. Ach. — nivalis Ach. — vermicularis 8. Ach. — islandica Ach. Stereocaulon paschale Ach. Peltidea horizontalis Ach. Cornicularia spadicea a. Ach. Toute personne un peu versée dans l'étude des Lichens saura parfaitement appliquer les nouveaux noms donnés à quelques-unes des anciennes espéces créées par Ramond et Acharius. (1) De Candolle, Flore fr. HW, p. 375. (2) Philippe, d'une grande obligeance, chercheur intrépide, peu botaniste, se livra avec un certain succès au commerce des plantes pyrénéennes. [1 vendit même à divers amateurs quelques séries de Lichens dont les échantillons, mal choisis et souvent mal nommés, du moins ceux que j'ai vus, n'eurent jamais qu'une valeur scientifique trés contestable. (3) Etat de la végétation sur le pic du Midi de Bigorre, dans les Actes de l'Académie royale des sciences de Bordeaux (1844). (4) Presque tous les Lichens publiés par Ch. Des Moulins figurant déjà dans la liste de ceux de Ramond, je me bornerai à citer les suivants : Solorina crocea Ach. ; Gyro- phora hyperborea Ach.; Lecanora chrysoleuca et glaucocarpa Ach. ; Lecidea lurida Ach., L. polycarpa Fik., L. Wahlenbergii Ach. (galbula Ram.). LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. 323 peut servir de modèle à quiconque se permet d’écrire sur un semblable sujet. Plusieurs années auparavant, dès 1853, le même savant, après avoir scruté avec soin plusieurs: localités du Midi, avait consacré quelques jours à parcourir dans divers sens les vallées, les pentes et les hau- teurs qui s'étendent de Luchon à Baréges; ce fut à la suite de ces explo- rations, de peu de durée, qu’il fit paraître un ouvrage très peu répandu, le Collectanea lichenologica in Gallia meridionali et Pyrenæis, dans lequel il a décrit 20 espèces nouvelles, dont un petit nombre seulement appartiennent à la chaine des Pyrénées centrales : ces mémes espéces ont figuré plus tard, en 1857, dans son Prodromus lichenographicæ Galliæ et Algerie (1). Parmi les nombreux étrangers qui, chaque année, pour divers motifs fréquentent Cauterets et Lourdes, se rencontrent de loin en loin quelques fervents lichénologues, lesquels, le marteau à la main, s'empressent d'augmenter leurs collections en s'appropriant les petits étres de cou- leurs variées qui s'étagent sur les troncs d'arbres et les rochers du voi- sinage de ces deux villes.. Au nombre de ces explorateurs figurent Lecoq, Durieu, Ripart, Scherer (2), Weddell, MM. Richard et Viaud-Grand- Marais, tous jadis, ou encore aujourd'hui, mes correspondants et amis, dont je conserverai toujours le meilleur souvenir; mais, à mon grand regret, je crois qu'aucun d'eux n'a pensé à mettre le public dans la confi- (1) Je crois utile de grouper ici quelques espéces intéressantes récoltées par divers lichénologues, notamment par M. Nylander, sur la ligne de Luchon à Baréges; j'en ai relevé les noms dans le Collectanea, le Prodromus et le Flora, sans toutefois repro- duire ceux que j'ai déjà cités. L'examen de ce groupe stimulera le zéle et facilitera les recherches de ceux qui plus tard voudront compléter mes études des Lichens de Cau- terets : Pterygium centrifugum Nyl.; Collema pyrenopsoides Nyl.; Stereocaulon denu- datum Flk.; Pycnothelia papillaria Duf.; Usnea dasypoga Nyl.; Chlorea vulpina Nyl.; Parmelia Borreri Ach.; Physcia flavicans DC., Ph. muscigena Nyl.; Pannaria subradiata Nyl., Heppia Guepini Nyl.; Squamaria Lagascæ Nyl. Lecanora aus- tralis Nyl., L. callopisa Nyl., L. apagea Nyl., L. rubelhana Ach., L. aurea Scher., L. epanora Ach., L. chalybæa Schær., L. mougeotioides Nyl.., L. cenisea Ach., L. Agar- dhiana Ach., L. Conradi Nyl., L. verrucosa Laur., L. cupreobadia Nyl., L. torquata Nyl., L. turfacea Ach., L. tartarea Ach., L. eucarpa Nyl.; Lecidea protuberans Schær., L. lucida Ach., L. glebulosa Nyl., L. atrorufa Ach., L. tabacina Schær., L. cæsio- candida Nyl., L. conglomerata Ach., L. verrucarioides Nyl., L. cinereovirens Schær.. L. squalida Ach., L. Aglaea Sommerf., L. elata Schær., L. Kochiana Hepp, L. obscu- rissima Nyl., L. Hookeri Schær.; Arthonia parasemoides Nyl., A. galactites Duf., A. minutula Nyl., Verrucaria Schereri Nyl., V. pallida Nyl., V. umbrina Whlnb., V. lectissima Nyl., V. rhyponta Ach. . EN (2) Scherer s'est borné à désigner dans ses ouvrages quelques Lichens récoltés dans les Hautes-Pyrénées par divers botanistes ou par lui-méme, mais sans nulle application spéciale pour Cauterets. Voici les espéces que je n'ai pas encore citees : Slictina lim- bata Nyl.; Lecanora disperso-areolata Schær., L. synopisperma Nyl., L. inflata Schwr.; Urceolaria glaucopis Scheer. (Lecanora); Lecidea lygæa Ach., L. HolomelenaFIk.; Spha- rophoron fragile Pers.; Stereocaulon denudatum Flk.; Verrucaria olivacea Pers., V. catalepta (Schær.); Endocarpon pallidum Ach. 324 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dence de ses découvertes, peut-étre dans la crainte d'étre incomplet. Aussi je me félicite, malgré mon insuffisance, d'étre probablement le premier à combler au moins en partie une lacune regrettable, et ma satisfaction s'accroitra si plus tard des nouveaux venus, mes successeurs, entrepren- nent l'utile tâche d'enrichir à leur tour de nouvelles perles lichéniques le modeste écrin qui est le fruit de mes recherches. L'expression de ce désir indique assez que, dans ma pensée, il restera encore beaucoup à faire sur ce sujet, parce que mon grand âge el le manque de temps m'ont interdit les longues courses à pied, et l'on sait qu'en pareil cas la locomotion équestre est la moins avantageuse, surtout lorsqu'il faudrait gravir des pies presque inabordables ou descendre des pentes rapides et rocheuses. En étudiant les Lichens des Pyrénées, j'aifait souvent usage des réac- tifs, et à cette occasion j'ai cru devoir transmettre à M. Nylander les plaintes de quelques-uns de mes correspondants qui, disaient-ils, n'avaient pas toujours été satisfaits des résultats obtenus par ce mode d'apprécia- tion. Celui-ci, avec sa ‚bienveillance habituelle, m'adressa une lettre fort remarquable que je regrette de ne pouvoir publier, ne m'y croyant pas suffisamment autorisé. Aussi me bornerai-je à reproduire une courte notepubliée dés 1880 (1) par M. Nylander, et relative aux réactifs chimiques appliqués à la liché- nologie : « Des personnes peu initiées à l'application des réactifs à l'étude des » Lichens se sont préoccupées des formules de composition qu'il convient » de donner à ces réactifs, de leur dosage ou degré de concentration. » Peine inutile ! un bon réactif est celui qui produit de bonnes réactions, » c'est-à-dire des colorations conformes avec celles que j'ai indiquées » et précisées. Pour avoir un bon réactif, il suffit de s'en préparer un » bien concentré; il n'y a que cela à faire. Toutes les formules données » ad hoc sont parfaitement superflues et sans utilité aucune. Il est tou- » jours facile d'avoir sous la main un brin du Physcia parietina ou » Hoccella pour vérifier si votre potasse ou votre chlorure de chaux (2) » réagissent avec énergie : c'est tout ce qu'il faut en ce cas. » Pour mieux justifier l'utilité de l'emploi des réactifs, il me semble à propos d'introduire ici la note suivante de M. Stizenberger [Lichenes helvetici, fasc. II, pag. XVIII, nota ** (1883)]: « Je regrette que M. Müller, de Genève, ne tienne aucun compte des » réactions dans ses descriptions ; c'est une lacune. (1) Feuille des jeunes naturalistes, 11° année, n° 121, p. 44. (2) J'ai constaté que le chlorure de chaux peut se conserver, sans altération notable, pendant au moins un mois dans des flacons à tiges creuses. Selon M. Nylander, les autres flacons, généralement en usage, à tiges pleines, torses, ne valent rien. LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. 325 » M. Th. Fries, dans le premier volume de ses Lichens scandinaves » (1871), dédaigne les réactions, et reste, par suite de cette faute, au point » de M. Nylander dans ses Lichens scandinaves, (1861), c'est-à-dire en » arrière de dix ans, ne sachant pas distinguer une foule d’espèces même » communes, qu'il aurait facilement reconnues comme distinctes, s'il » avait appliqué les réactifs de M. Nylander à leur détermination. Ensuite, » s'étant aperçu de l'erreur grave où il était tombé, il consulte ces réactifs » avec le plus grand soin dans le volume I (1874); les réactifs y » occupent le premier rang parmi les caractères spécifiques. Ne se con- » tentant pas des réactifs ordinaires, il emploie méme au rang des réactifs » sérieux l'acide nitrique, proposé par M. le docteur Nylander (1). » Sans intervenir personnellement dans ce débat, je me bornerai à ajou- ter quelques mots sur la question importante des réactifs. Les Lichens auxquels on les applique étant d'une étude difficile, il semble opportun de ne négliger aucun moyen diagnostique pour arriver à bien les connaître. Leurs caractéres extérieurs, tels que la nuance du thalle, la forme des apothécies, sont sujets à varier; n'en est-il pas de méme pour quelques organes microscopiques? Est-ce un motif suffisant pour ne pas tenir grand compte de ces divers caractères? Les réactions sont au moins de méme valeur que la plupart des autres caractères ; qu'on ne se montre donc pas à leur égard d'une exigence démesurée. On ne peut guère s'en passer, et, dans beaucoup de cas, on arrive difficilement à des déterminations sûres sans les consulter. Un sentiment d'équité envers M. Nylander m'impose le devoir de rec- tifier une erreur commise sans nulle intention malveillante par l'un de mes amis, M. le docteur Magnin, directeur du jardin des plantes de Lyon. En parlant de l'étude chimique des Lichens (2), ce botaniste attribue à Westring la premiére idée de l'application des réactifs comme moyen de diagnostic. Ceci est une erreur grave ; car Westring, mort depuis une cin- quantaine d'années, ne s'est occupé des Lichens scandinaves qu'au point de vue de la teinture; il n'eut jamais la pensée d'employer les réactifs pour la distinction des espéces. S'il eüt fait la moindre chose dans ce sens, Acharius, son illustre ami, et les autres lichénographes de cette époque n'auraient pas manqué d'en faire mention et de s'en servir eux-mêmes. (1) M. Nylander n'a pas proposé l'acide nitrique comme réactif, mais seulement à cause de son utilité de révéler la nuance bleue dans certains tissus foncés; méme il en use rarement. . ll Inutile de dire qu'en reproduisant la note de M. le docteur Stizenberger je n'ai nul- lement entendu atténuer mes sentiments de haute estime pour les deux savants qui en sont l'objet, d'autant mieux qu'ils ont bien voulu à diverses reprises me donner des marques de leur bienveillance. | (2) Fragments lichénologiques, année 1881, fasc. Il, page 13. 396 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Ainsi, sans contestation possible, le mérite de cette utile découverte reste tout entier à M. le D" Nylander (1). J'ai déjà dit, dans mon Catalogue du Mont-Dore et de la Haute- Vienne, que les faiblesses de ma vue ne me permettant que difficilement l'usage du microscope, je devais au crayon et à l'obligeance de MM. Arnold et Nylander la connaissance des spores d'un grand nombre de Lichens du plateau central. Comme cet organe essentiel contribue puissamment à leur exacte détermination, j'ai eru devoir, surtout en ce qui concerne les espèces naines, reproduire textuellement les formes et dimensions variées de leurs spores ou de leurs spermaties d'aprés les descriptions qu'en a données M. Nylander dans plusieurs ouvrages devenus rares, et aujour- d'hui malheureusement trop peu répandus (2). En m'appropriant ces importantes données, précieuses pour mon travail, je me fais un devoir d'en reporter tout le mérite à celui qui les a intro- duites dans la science. C'est surtout dans les spores et les autres organes intimes des Lichens que M. Nylander a cherché les éléments des nombreuses descriptions d'espéces qu'il a publiées; aussi peut-on dire que son élégante classifica- tion est basée sur l'anatomie fine de toutes les parties des Lichens. Il a donné la premiére définition précise des spermogonies et des sperma- ties; on doit consulter à cet égard le-premier volume de son Synopsis, pages 34 à 42 : ce qu'il y dit est clair, concis, de compréhension facile. Je sais que, dans bien des cas, l'examen seul des spermogonies lui suffit pour la parfaite distinction d'une espéce ; aussi trouve-t-il que géné- ralement on les néglige beaucoup trop. A son avis, M. Tulasne, du reste si justement renommé, les avait mal comprises, et avait si peu déter- miné leurs vrais caractéres, que divers auteurs, venant aprés lui et égarés par lui, ont appelé les spermogonies: pycnides Tul., M. Tulasne n'ayant pas donné les caractères distinctifs des spermogonies avec les pycnides (3). Quant aux spermaties, leur caractère essentiel est d’être un corpuscule solide, n'ayant aucune cavité intérieure, et de ne jamais germer. Ceux donc qui croient voir des spermaties germer se trompent ; ils ont devant les yeux des spores, des stylospores. Ainsi l'honorable M. Richon parait avoir figuré (4) comme spermaties des organes qui n'en sont pas, (1) M. Magnin a eu la bonté de m'expliquer, par lettre du 31 mai dernier, les circon- stances qui ont motivé son erreur; il a simplement mal interprété quelques lignes de M. Th. Fries dans le Lichenographia scandinavica, 1'* partie, p. 58, et il m'autorise à dire qu'il reconnait parfaitement à M. Nylander le mérite de la priorité de l'application des réactifs à la détermination des Lichens. (2) Si parfois, exceptionnellement, j'ai fait des emprunts de ce genre à d'autres auteurs, je n’ai pas manqué de les nommer. (3) Nyl. Synops. 1* volume, p. 43 (note). 4) Bulletin Soc. bot. de France, 1882, t. XXIX, pl. IV. LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. 327 puisqu'ils n'en ont ni la forme, ni les caractères. Ses prétendues sper- maties sont cloisonnées, ce qui implique la présence d’une cavité inté- rieure : elles représentent assurément des stylospores, c’est-à-dire des spores qui ne viennent pas dans des thèques (1). Les stylospores que l’on rencontre dans certaines espèces de Champignons et de Lichens sont con- stamment douées de la propriété germinative. Plusieurs publications lichénographiques dignes d'intérét ont vu le jour pendant l'année 1883, je citerai : 1° Les LicuENs DE HEIDELRERG, classés d’après le système et avec les déterminations de M. le docteur Nylander, par M. de Zwackh-Holzhau- sen. — C'est une exposition méthodique, dont il suffit d'indiquer les auteurs pour en faire pressentir le mérite. 2» STATIONS ET DISTRIBUTION DES LICHENS HELVÉTIQUES, fasc. IT, par le D" Ernest Stizenberger. Le premier fascicule, publié depuis 1882, ne contenait pas moins de 1343 espéces. Celui de cette année renferme d'abord une Introduction intéressante sur la nature du sol et la température des lieux explorés ; puis un Index géographique trés complet, bon à consulter ; enfin quelques autres documents, de moindre importance, qu'il est avantageux de con- naitre. 3* CONTRIBUTIONS (Adjumenta) À LA LICHÉNOGRAPHIE DE LA LAPONIE FINLANDAISE ET DE LA FINLANDE BORÉALE, par le D" Ew. Wainio. — C'est un volume de 230 pages, offrant plus de 700 espéces, dont un grand nombre sont accompagnées de descriptions détaillées. En le parcourant, j'ai été frappé de la prodigieuse quantité de formes et de variétés signalées par l’auteur : le seul Lecidea macrocarpa Th. Fr. en renferme vingt-quatre. M. Arnold, dans une de ses lettres, qualifie ce travail : liber egregius ! 4° ÉTUDE SUR LES SUBSTRATUMS DES LicuNs, par M. O. J. Richard. — C'est une étude consciencieusement faite, que je recommande aux liché- nologues. La premiére partie indique l'influence des substratums sur la distribution et le développement de la végétation lichénique ; la deuxiéme présente des tableaux d'espéces trouvées sur différents substratums rare- ment observés, tels que le verre, le fer, le plomb, le cuir, les os, les débris de poteries vernissées, etc... En traitant ce sujet, l’auteur se trouve naturellement en présence de la théorie schwendénérienne, qu'il com- bat par des arguments, à mes yeux, d'une grande valeur. 5° Tu£sE de M. le docteur Félix Henneguy SUR LES LICHENS UTILES.— C'est une publication d'autant plus méritoire qu'elle a été préparée et rédigée dans moins d'un mois pour un concours à l'agrégation. Ii y est notamment question de la morphologie et de la structure anatomique du (1) Nyl. in litt. ad Lamy. 328 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. thalle, des organes de la reproduction, de la nature des Lichens, de leurs principes immédiats, de l'emploi qu'on peut en faire, etc. Dans une semblable thése, l'auteur, comme M. Richard, ne pouvait passer sous silence la théorie algo-lichénique. S'appliquant à reproduire là-dessus les nombreuses opinions, pour ou contre, déjà émises, il tire de ces controverses entre lichénographes la conclusion suivante : « En résumé, nous voyons que la théorie de Schwendener, trés sédui- sante au premier abord, ne repose que sur des faits d'observation » trop peu nombreux pour pouvoir être considérée aujourd'hui comme » démontrée. Les observations de développement direct des Lichens aux » dépens des spores seules, faites par M. Nylander, n'ont pas encore été » réfutées par les partisans de M. Schwendener, et elles ont cependant » une importance capitale que personne ne peut leur dénier. Quant » aux faits invoqués en faveur de la théorie, ils pourraient recevoir » une interprétation différente de celle qu'on en a donnée jusqu'à pré- « sent ». M. l'abbé Olivier continue par fragments, dans un Bulletin de bota- nique qui s’imprime à Auch, la publication de la Flore analytique et dichotomique des Lichens de l'Orne. M. Flagey, de son côté, ne reste pas inactif; il vient de publier la Flore des Lichens de la Franche-Comté. Ce travail, présenté au public sous des formes modestes, est parfaitement conçu et révèle de la part de l'au- teur des connaissances trés étendues. Enfin le frére Héribaud, professeur au pensionnat de Clermont, explore avec un zéle infatigable les départements du Cantal et du Puy-de-Dóme ; il réunit ainsi pour cette contrée les matériaux d'un catalogue lichénique qui devra présenter de l'intérét. Ces divers travaux, les uns déjà publiés, les autres devant l'étre plus ou moins proehainement, ne semblent-ils pas démontrer que le goüt pour l'étude des Lichens tend à se répandre et à progresser ? Je dois, en terminant, remercier quelques correspondants et amis qui, à divers titres, m'ont prété une généreuse coopération. M. le D' Nylander a déterminé avec soin un grand nombre de mes Lichens pyrénéens, dont l'étude présentait de plus ou moins grandes difficultés ; en outre il m'a donné par correspondance des indications pré- cieuses, que je me suis appliqué à utiliser. M. Arnold, dans diverses circonstances, m'a donné de nouvelles preuves de son obligeance habituelle. M. Roumeguère, directeur à Toulouse d’une revue scientifique partout très appréciée, et M. Malbranche, de Rouen, ont bien voulu m’accorder de nombreuses marques d'intérêt. M. Ernest Malinvaud m'a constamment prêté l'appui de ses bons con- w LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. 329 seils, et a bien voulu assumer la pénible tâche de diriger avec sa sagacité bien connue l'impression de ce travail. l M. Viaud-Grand-Marais, professeur à Nantes, ma signalé plusieurs Lichens récoltés par lui, soit à Cauterets, soit à Lourdes. Enfin M. le D' Thouvenet, professeur à l’école de médecine à Limoges, et M. Camille Flagey, ingénieur à Montferrand (Doubs), l'un et l'autre très habiles à manier le microscope, m'ortt parfois rendu service pour l'examen et l'analyse de quelques théques et spores. J'ai fait usage des signes abréviatifs suivants : * désigne une premiére sous-espéce. * désigne une seconde sous-espèce. Var........ Variété. C......... Commun. CC........ Trés commun. AC........ Assez commun. AR........ Assez rare. R......... Rare. RR........ Très rare. F......... Fructifié. S......... Stérile. l.c........ loco citato. pr. p...... pro parte. in litt..... in litteris ad Lamy. Exs....... Exsiccata ou exsiccavit. 330 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 1° LISTE DES AUTEURS ET DES OUVRAGES LE PLUS FRÉQUEMMENT CITÉS. ATH... Acharius, Methodus Lichenum. Holm. 1803. — Lichenographia universalis. Gotting. 1810. — Synopsis methodica Lichenum, 1 vol. in-12, 1814. ANZL... nene Anz (M.), Catalogus Lichenum provincia sondriensis. Novi-Comi, 1860. — Analecta Lichenum rariorum vel novorum Italie supe- rioris, Milano, 1868 (in Atti della Società italiana di scienze naturali XI). ARN... Arnold, Lichenologische Ausflüge in Tirol, 4 brochures publiées en mai et juin 1876, juillet 1877 et avril 1876. BRISS.............. T. P. Brisson, Lichens du département de la Marne, 1 vol., 1875. Bull. Soc.bot. de Fr. Bulletin de la Société botanique de France. Paris. DC............. De Candolle, Flore française, 3° édit. 5 vol. in-8°, 1805-1815. DuB............... Duby, Botanicon gallicum, 2 vol. in-8°, 1828-1830. DR................ Durieu de Maisonneuve, Exploration scientifique de l'Algérie pendant les années 1840,1841, 1842, 6* livr., 1846. FR............... . Fries (Elias), Systema orbis vegetabilis. Lundæ, 1825. — Lichenographia europea reformata,4 vol. in-8°, 1831. — Summa vegelabilium Scandinaviæ. Holmiæ et Lipsiæ, 1846-1849. Fn. (TH.)......... .. Th. M. Fries, Lichenographia scandinavica, 2 vol. in-8*, 1871-1874. HELLB ........ s. Hellbom, Om Nerikes Lafvegetation, 1 vol. in-4°. Stock- holm, 1871. HOFFM.............. Hoffmann, Descriptio et adumbratio plantarum e classe cryptogamica, 2 vol. in-4°. Lipsiæ, 1790. KŒRB.............. Korber, Systema Lichenum Germania, 1 vol. in-8*. Breslau, 1855. — Parerga lichenologica, 1 vol. in-8°. Breslau, 1865. LAMY.............. Lamy de la Chapelle (Édouard), Catalogue des Lichens du Mont-Dore et de la Haute-Vienne. Paris, 1880. — Supplément, Paris, 1882. LEIGHT............. Leighton (W.-A.), The Lichen Flora of Great-Britain, Ireland and the channel Islands. Ed. III, 1869. LOJKA ............. Lojka, Contributions à la lichénographie hongroise, 1873. MaG............... Magnin, Fragments lichénologiques, Lyon, 1883. MALBR............, Malbranche, Note sur les Placodium à thalle jaune ' (extrait du Bulletin de la Société des amis des sciences naturelles de Rouen, année 1877, 4° semestre). — Catalogue descriptif des Lichens de la Normandie, 1870, et Supplément, 1881. LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. 331 MULL...,.....,..., Müller (J.), Principes de classification des Lichens et i énumération des Lichens de Genève. Genève, 1862. NORRL............, Norrlin (J.-P.), Herbarium Lichenum Fenniæ, 1-450. Helsingforsiæ, 1875-1882. — Flora Karelie onegensis (Lichens), broch. in-1%. Hel- singfors, 1876. NyL........,,.... Nylander (W.), Collectanea lichenologica in Gallia meri- , dionali et Pyrenæis, in Botaniska Notiser. Stockholm. — Etudes sur les Lichens de l'Algérie, in Mém. Soc. imp. sc. nat. Cherb. II, 1854. — Prodromus lichenographiæ Gallie el Algerim, 1 vol. in-8°, Bordeaux, 1857. Expositio synoptica Pyrenocarpeorum. Andecavis, 1858. — Synopsis methodica Lichenum, 1 vol. in-8. Paris, 1858- 1860. — Lichenes Scandinaviæ, sive Prodromus lichenographiæ Scandinavie. Helsingfors, 1861. — Circa Lichenes Armorice et alpium Delphinatus obser- vationes. Helsingfors, 1863 (in Acta Socielatis scien- tiarum Fenniæ, VII). — Lichenes Lapponiæ orientalis, v. in-8».Helsingfors,1861. — Les Lichens du jardin du Luxembourg, in Bull. Soc. bot. de France, t. XMI (1866), p. 364. — Recognitio monographica Ramalinarum. Caen, 1870 (in Bulletin de la Société Linnéenne de Normandie, sér. 2, t. IV.). — Observata lichenologica in Pyrenais orientalibus, 1 vol. in-8°. Caen, 1873. — Addenda nova ad lichenographiam europæam (in Flora, 1875 à 1883). RICH.............. Richard, Catalogue des Lichens des Deux-Sèvres, grand in-8°. Niort, 1878. Rip......,........ Ripart, Notice sur quelques espèces rares ou nouvelles de la Flore cryptogamique du centre de la France (in Bull. Soc. bot. de Fr., t. XXII, 1876). SCHÆR. 4.0... Scherer (L.-E.), Lichenum helveticorum Spicilegium, sect. I-XIII. Berne, 1823-1842. | — Enumeratio critica Lichenum europæorum, 1 vol. petit in-8°. Berne, 1850. | | STIZ.......,...... Stizenberger (E.), Kritische Bemerkungen über die Leci- deaceen mit nadelformigen Sporen. Dresde, 1863. — Index Lichenum hyperboreorum, broch. in-12. Sangal- lensi, 1876. WAIN............. Wainio (Edw.), Adjumenta ad Lichenographiam illus- trandam Lapponiæ fennice atque Fenniæ borealis, 1881-1883. WEDD. — ........ Weddell (H. A.), Les Lichens des promenades publiques, el en particulier du jardin de Blossac à Poitiers (in Bull. Soc. bot. de Fr., 1. XVI, 1869). Notice monographique sur les Amphiloma de la Flore française (in Bull. Soc. bot de Fr.,t. XXIII, 1876). CCC hr t t5 gn n9 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Excursion lichénologique dans l'ile d' Yeu. Cherbourg, 1815. Zwackh (Ritter von), Lichens d' Heidelberg classés d'apres le syléme et avec les délerminations du docteur Nylander, 1883. 2» EXSICCATA. Arnold, Lichenes eæsiccati, n° 1 à 1014. Eichstadt et München, 1858 à 1883. Desmaziéres, Plantes cryptogames de France, 1'* édit., 44 fasc. de 50 espèces, ensemble 2200. Lille, 1836 à 1860. Flagey, Lichens de Franche-Comté, 1883, 5 fasc. de chacun 50 espéces (en cours de publication); jusqu'à ce jour 250 espéces. Hepp, Flechten Europeas in getrochneten, mikrosco- pisch untersuchten Exemplaren, 1 à 926 espèces. Zurich, 1853-67. Lojka, Lichenes regni Hungarici exsiccati, 1 à 330 espèces. Budapest, 1873. Malbranche, Lichens de Normandie, 8 fasc. de 50 es- pèces, ensemble 400. Rouen, 1863 à 1882. Norrlin, Herbarium Lichenum Fenniæ, 9 fasc. de chacun 50 espèces, ensemble 450. Helsingfors, 1875 à 1882. Nylander, Herbarium Lichenum parisiensium, 3 fasc. de 50 espèces, ensemble 150. Paris, 1855. Lichenes montdorienses, 9 fasc. de 35 espèces, ensemble 70. Paris, 1856. Olivier (l'abbé), Herbier des Lichens de l'Orme et du Calvados, 8 fasc. de chacun 50 espéces, ensemble 400. Auteuil, 1880 à 1883. Rabenhorst, Lichenes Europa exsiccati, 36 fasc. com- prenant ensemble 966 espéces. Neustadt-Dresden et Dresden, 1855 à 1879. Roumeguére, Lichenes selecti Galliæ, 5 fasc. de 100 espéces, ensemble 500. Toulouse, 1879 à 1883. Scherer, Lichenes Helvetici exsiccati, 96 fasc. de 25 es- péces, ensemble 650. Berne, 1823 à 1852. Zwackh (Ritter von), Lichenes germanici exsiccati. EXPOSITION SYSTÉMATIQUE DES LICHENS DE CAUTERETS, DE LOURDES ET DE LEURS ENVIRONS. Famille I. — ÉPHÉBACÉS. 1re Tribu. — SIROSIPHÉS. I. SIROSIPHON Ktz. 1. S. saxicola Næg. in Ktz. Spec. Alg. p. 316; Lojka Exs. n° 279 ad interim. Rochers granitiques ou schisteux dans les vallées de Catarrabe, de Marcadau, de Gaube et à Lourdes. On ne saurait confondre cette espéce avec le Racodium ebeneum Dillw., qui croit aussi prés de Cauterets. 9e Tribu. — PYRÉNOPSES. ]. PYRENOPSIS Nyl. 2. P. subcooperta Anzi, Annal. Lich. p. 5; Stizenb. Lich. helv. p. 2. Rochers quartzeux, prés du Pont d'Espagne. — RR. Ce Lichen étant peu connu, je crois utile d'en reproduire ici la description qu'en a donnée M. Anzi : « Thallus nigro-fuscus, crassiusculus, in pulvinos diffractus, cellulis rubro-sanguineis farctus. Apothecia atra, minuta, primum innato- urceolata, dein adnata, et explanata, margine thallodico semper pro- minente, numerosissima, sepe thallum fere totum cooperientia. Sporæ in statu, perfecto nondum invente. — Gelatina hymenis ope iodi vinose rubet. » 334 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 3 Tribu. — HOMOPSIDÉS. HI. EPHEBE (Fr.) Nyl. pro parte. 3. E. pubescens Fr.; Nyl. Syn. p. 90; Exs. Lich. paris. n° 1. Rochers granitiques et schisteux du Cabaliros, de la Raillère, du Riou; à Lourdes. 4. E. intricata Lamy Catal. p. 2; Flagey Exs. n° 94. Rochers granitiques au Marcadau, au Pont d'Espagne, au lac de Gaube. — R. 'ette espèce, que je crois solide, me paraît intermédiaire entre la précédente et l'Ephebeia hispidula (Ach.) Famille II. — COLLÉMACÉS. 4* Tribu. — LICHINES. IV. PTERYGIUM Nyl. 5. P. centrifugum Nyl. Syn. p. 92; Stizenb. Lich. helv. p. 4 (1). Rochers calcaires, à Aspin (Pomès), et Lourdes (Lamy). — R. — F 5* Tribu. — COLLÉMÉS. V. SYNALISSA DR.; Nyl. 6. S. symphorea Nyl. Syn. p. 94. — Collema symphoreum DC. Fl. fr. M, p. 582. Rochers schisteux et calcaires dans les vallées de Cambasque, de Catarrabe et sur les flancs du Peyrenére; sur la montagne du Calvaire, à Lourdes. — R. VI. OMPHALARIA DR.; Mont. 1. ©. pulvinata Nyl. Syn. p. 99: Exs. Lich. paris. n° 103. — Col- lema stygium var. pulvinatum Schær. Enum. Lich. p. 260. Rochers calcaires à Lourdes, prés du chemin de fer (Viaud-Grand- Marais); sur la montagne du Calvaire (Lamy). — R. (1) Comme j'aurai souvent l'occasion de citer cet ouvrage, je dois prévenir que j'in- diquerai constamment la pagination de son tirage à part, et non celle du recueil où il est inséré. Je ferai de méme pour les citations de mon Catalogue de Lichens de 1878. LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. 339 VII. COLLEMA Ach. 8. €. chalazanum Ach. Syn. p. 309; Nyl. Syn. p. 104; Zw. Exs. n° 164. Sur la terre qui recouvre des rochers calcaires de la montagne du Calvaire, à Lourdes (Viaud-Grand-Marais et Lamy). — R. 9. €. eyathodes Nyl. Syn. p. 105. — Arnoldia cyathodes Massal. in Flora, 1856, p. 214. Sur un rocher calcaire, à Cauterets. — R. — s. Huit spores largement fusiformes-ellipsoïdes, simples; long. 0,015-27 millim., épaiss. 0,007-10 millim. Var. subnummularium Nyl. in litt. Sur du marbre dans la vallée de Catarrabe, prés du cellier (le Ba- rére. — R. — s. Ge Lichen, à thalle ferme, presque lobé, ressemble passablement à l'OmpAa- laria nummularia DR. 10. €. auriculatum Fik. Germ. Il, p. 93; Nyl. Syn. p. 106; Zw. Ess. n? 162. Sur un rocher, parmi des Mousses, dans un bois au-dessus des bains de Pauze. — R. — s. Huit spores incolores, ovoides, 3-septées (Leighton). 11. €. granuliferum Nyl. in Flora 1815, p. 103 ; Stizenb. Lich. helv. p. 263. Schistes et rochers calcaires, derriére l'hospice de Cauterets, dans la vallée de Cambasque, dans les lacets du nouveau parc, prés du lac de Gaube et dans la sapiniére du Riou. C. sur les marbres des montagnes de Lourdes. Facile à distinguer du C. melænum par les nombreux globules isidioïdes, qui souvent se réunissent en faisceaux sur divers points du thalle. Spores 3-septées, long. 0,025-32 millim., épaiss. 0,008-0,012 millim. 19. €. flaccidum Ach. Syn. p.392; Nyl. Syn. p. 107; Arnold Exs. n? 547. Rochers granitiques ombragés, dans les parcs de Cauterets, au Pont d'Espagne, etc...; je ne l'ai rencontré qu'une seule fois fructifié. M. l'abbé Pomés me l'a envoyé de Saint-Pé. 13. €. melzenum Ach. Syn. p. 315; Nyl. Lich. Scand. p. 29; Lojka Exs. n° 295 ad int. 330 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Rochers schisteux et calcaires, derrière l'hospice de Cauterets, dans les vallées de Cambasque et de Catarrabe ; au Limagon, à Gavarnie ; sur les marbres et les schistes de Lourdes. — C. — r. 11. Collema polycarpum Korb. Parerg. p. 417; Leigth. Lichen-Flora, p. 22. Collema multifidum var. polycarpon Schær. Enum. Lich. p. 255, Exs. n° 421 ; Nyl. Syn. p. 109. Sur du marbre, à Cauterets (Ripart), et à Aspin, près de Lourdes (Pomés). — R. — F. Espèce nouvelle pout la France ! Thalle noir ou d’un noir olivâtre, orbiculaire, à divisions redressées au mi- lieu, très rapprochées et rayonnantes sur tout le contour. Apothécies nom- breuses, planes ou convexes, roussâtres, munies dun rebord thallin épais, entier ou légèrement crénelé. Spores incolores, ovoïdes, bi- ou triseptées. 15. €. pulposum Ach. Syn.p. 311; Nyl. Syn. p. 109; Arnold Exs. n? 154. Rochers schisteux et calcaires sur le chemin du Riou, prés de Cauterets, au Mamelon-Vert, dans les vallées de Cambasque et de Catarrabe, au Limaçon; sur des marbres, à Lourdes (Pomés). l0. €. crispum Ach. Syn. p. 812; Nyl. Syn p. 110; Malbr. Exs. n? 301. Rochers calcaires, dans la vallée de Cambasque et à Gavarnie. — R. Malgré ses affinités avec le C. pulposum Ach., on l'en distingue facilement par ses apothécies à bords granulés. 17. €. tenax Ach. Lich. univ. p. 635; Nyl. in Lamy Cat. p. 4; Rabenh. Exs. n° 588. Au pied d'un bloc calcaire, daus la sapiniére du Riou; sur la terre qui remplit les fissures du marbre à Lourdes. — R. — F. 18. €. ehelleum Ach. Syn. p. 310; Nyl. Lich. Scand. p. 31; Malbr. Exs. n^ 152. Schistes du chemin du Riou, au-dessus de l'ancien parc de Cau- teres; marbres et granites de Lourdes. — RR. J'en posséde un échantillon dont le thalle est couvert d ; . à - el. e pe lui donnent un aspect isidioide. petits lobules qui Parfois j'ai rencontré au-dessous du thalle de cette espéce des rhizines sem- LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. 337 blables à celles du Leptogium Hildenbrandii ; j'en témoignai ma surprise à M. Nylander, qui me répondit en style pittoresque : « Le Collema cheileum, » comme d’autres de ses congénères, a le droit de se payer, au besoin, quel- » ques faisceaux de rhizines pour se cramponner aux Mousses sur lesquelles il » se fixe cà et là ». 19. Collema conglomeratum Hoffm.; Nyl. Syn. p. 115, Exs. Lich. paris. n° 102. Sur les vieux troncs d'arbres, à Aspin, prés de Lourdes (Pomés). —R.— r. 20. €. nigrescens Ach. Sym. p. 321; Nyl. Syn. p. 114; Malbr. Exs. n? 101. Troncs d'arbres, à Cauterets, à Pauze, jusqu'au sommet du Riou, à Lourdes. 21. €. Laureri Fw. in Linn. 1850, p. 161; Leight. Lich. Flor. p. 22; Stizenb. Lich. helv. p. 10; Rabenh. Exs. n° 130. Daus la fissure d'un rocher calcaire, mélangé avec le Lecidea vesicularis, prés du lac d'Ilhéou. — RR. Thalle brun olivâtre, incisé-lobé, avec lobes arrondis et redressés, muni en dessous de quelques fibrilles blanches. Apothécies d'un roux terne, d'abord un peu concaves, puis planes ou convexes, parfois légèrement bordées. Spores linéaires-oblongues, obtuses, 3-septées ; long. 0,021-25 millim., épaiss. 0,006-7 millim. 29. €, multipartitum Sm.; Nyl. Syn. p. 116; Lojka Exs. n° 79 ad int. Rochers calcaires dans la vallée de Cambasque, au Mamelon- Vert, au Limaçon ; à Lourdes. — R. — F. Espèce nouvelle pour la France! Apothécies d'un noir roussátre. Spores cylindriques, un peu courbes, obtuses, J-septées; long. 0,028-48 millim., épaiss. 0,007 millim. VIII. COLLEMODIUM Nyl. 23. €. mierophyllum Nyl. in litt. ad Lamy. — Collema microphyllum Ach. Syn. p. 3105 Nyl. Exs. Lich. paris. n° 3. Sur divers troncs d'arbres, dans les pares de Cauterets; dans la forét de Lourdes (Pomés). Si M. Nylander m'a donné le conseil de placer cette espéce, dont on a fait tantôt un Collema, tantôt un Leptogium, dans le genre Collemodium, c'est parce qu'il lui a trouvé les indices d'une couche corticale celluleuse. T. XXX. (SÉANCES) 22 338 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 94. Collemodium polycarpoides Nyl. in litt. ad Lamy. Sur un rocher, au sommet du Viscos (Vallot). — RR. Espèce nouvelle ! (1). | Thalle noirâtre ou d’un noir olivacé, lacinié, à lanières serrées, courtes, obtuses, sinueuses, crénelées. Apothécies nombreuses, brunes ou d'un brun noirâtre, d’abord concaves ou planes avec un rebord saillant, puis convexes et presque immarginées. Thèques à 8 spores oblongues, biloculaires, un peu resserrées à l'endroit de la cloison ; long. 0,016 à 0,018 millim., épaiss. 0,007 à 0,008 millim. Paraphyses agglutinées, hyalines, à l'exception de l'extrémité, qui est d’un beau jaune. 25. €. plicatile Nyl. in Lamy Cat., p. 5; Stizenb. Lich. helv. p. 14.— Collema plicatile Nyl. Lich. Scand. p. 30. Rochers calcaires, à Lourdes (Viaud-Graud-Marais et Lamy); à Saint-Pé (Pomès). 26. €. albo-ciliatum Nyl. in Lamy Cat., p. 6; Stizenb. Lich. helv. p. 12. — Leptogium albo-ciliatum Desmaz. Exs. n* 233. Sur un rocher granitique, au Pont d'Espagne (1566 m.). — s. IX. LEPTOGIUM Fr. 27. L. myochroum Nyl. in Lamy Cat. ; Stizenb. Lich. helv. p. 15. — Lichen myochrous Ehrh.; Rabenh. Exs. n° 221. Sur les vieux troncs, près du Casino et dans la sapinière du Riou; à Aspin et dans la forét de Lourdes (Pomés). — AR.— s 28. L. Hildenbrandii Nyl. Prodr. p. 26; Malbr. Exs. n° 303.— Mallo- tium Hildenbrandii Massal. ; Rabenh. Exs. n? 220. Trones d'arbres à Cauterets; à Aspin et dans la forêt de Lourdes (Pomés). — C. — F. 29. L. sinuatum Nyl. in Lamy Cat. p. 1; Stizenb. Lich. helv. p. 14.— Lich. sinuatus Hud.; Arn. Exs. n° 294. Parmi des Mousses, à Cauterets et Lourdes, notamment dans la sapinière du Riou. 30. L. lacerum Fr.; Nyl. Syn. p. 122; Oliv. Exs. n° 171. — Collema lacerum Ach. Syn. p. 327. Sur la terre et les rochers, parmi des Mousses, à Cauterets et Lourdes. — C. — s. (1) Je n'en donne ici qu'vue description succincte et provisoire, laissant à M. Nylander le soin de la décrire plus scientifiquement et d'une façon plus complète dans le Flora, revue qui a l'heureux privilége de ses publications. LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. 339 Var. fimbriatum Hoffm.; Leight. Lich. Flor. p. 285 Rabenh. Egs. n° 74. Var. pulvinatum Ach.; Nyl. Syn. p. 122; Rabenh. Exs. ne 741. La jolie et rare variété fiiforme, publiée par M. Arnold sous le n° 296, a été récemment découverte près de Clermont-Ferrand par le frère Héribaud. 91. Leptogium Schraderi Nyl. Syn. p. 133. — Lichen Schraderi Dernh. in Schrad. — Collema Schraderi Ach. Syn. p. 328. Rochers calcaires à Lourdes. — R.— s. 32. L. microscopicum Nyl. Prodr. p. 26; Leight. Lich. Flor. p. 34. Sur un rocher granitique, dans la vallée de Marcadau (1600 m.). Ses tiges trés courtes, trés serrées, d'un brun noirátre, forment de larges coussinets. Dans son ensemble, il présente l'aspect du Sirosiphon saxicola. — R. — s. JJ. L, muscicola Fr.; Nyl. Syn. p. 434; Malbr. Exs. n° 304. — Lichen muscicola Sw. Parmi de petites Mousses, sur des rochers granitiques, près du Pont d'Espagne. — R. — F. 34 L. quadratumNyl. in Norrl. (1), Tavast. p. 170; Stizenb. Lich. helv. p. 12. — Collema quadratum Lahm. in Kerb. Parerg. p. 411; Nyl. Lich. Lapp. or. p. 405; Norrl. Exs. n° 153. Sur l’écorce d’un Chêne, dans un bois, au-dessus de Pauze. — RR. — F. Thalle mince, presque crustacé, non continu, lobulé, granuleux, de nuance olivàtre. Apothécies trés petites, nombreuses, concaves, d'abord d'un pâle terne, puis brunâtres, à rebord accentué, plus päle que le disque. Huit spores petites, irrégulièrement ellipsoïdes, obtuses aux deux extrémités, divisées en forme de croix; long. 0,011-16 millim., épaiss. 0,009-0,011 millim. X. COLLEMOPSIS Nyl. 35. €. diffracta Nyl. in litt. ad Lamy. — Collema diffractum Nyl. Syn. p. 102. Sur un rocher calcaire, dans les lacets, prés de l'hospice de Cauterets. — RR. — F. Vu sa rareté, j'en donne ici la description : n mE Thalle d'un brun-noiràtre, parfois continu, plus souvent aréolé-fractionné. (1) Norrlin, Bidrag-till Sydostra Tavastlands Flores Haftet. Helsingfors, 1876. 340 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Apothécies de la couleur du thalle, mais prenant dans l'état humide une légére teinte rougeâtre; d'abord plus ou moins concaves, puis planes avec un rebord thallin, parfois peu accentué ou nul. Huit spores ellipsoides, obtuses ; long. 0,011-15 millim., épaiss. 0,005-8 millim. Famille III. — LICHENACÉS. 6* Tribu. — CALICIÉS. XL TRACHYLIA Fr. 36. T. tympanella Fr.; Nyl. Syn. p. 166; Norrl. Exs. n° 13. Sur les vieux troncs de Sapin. — R. XII. CALICIUM Ach. JT. €. trichiale Ach. Syn. p. 62; Nyl. Syn. p. 149; Norrl. Exs. n° 6. Sur les bois et les écorces de Sapin, prés de Cauterets. — RR. 98. €. melanophzeum Ach.; Nyl. Prodr. p. 30; Norrl. Exs. n° 7. Sur les vieux bois de Sapin, prés de Cauterets. — R. 39. * €. brunneolum Schær. Enum. Lich. p. 172; Nyl. Syn. p. 151; Norrl. Exs. n° 8. Sur une vieille souche de Sapin, prés du Pont d'Espagne. — R. 40. €. rossidum Flk. — *érabinellum Ach.; Stizenb. Lich. helv. p. 24; Nyl. Lich. Scand. p. 44; Rabenh. Exs. n° 511. Sur du bois de Sapin, prés de Cauterets. — R. 4l. €. trachelinum Ach. Syn. p. 58; Nyl. Syn. p. 154; Lich. paris. n? 16. Sur du bois de Sapin au Pont d'Espagne et dans la sapiniére du Riou. — AC. 42. €. eurtum Borr.; Nyl. Syn. p. 156; Norrl. Exs. n° 9. Sur des bois de Sapin, prés de Cauterets. — R (4). (1) Si j'avais eu plus de temps à ma disposition, j'aurais probablement augmenté mes découvertes dans ce genre. M. Nylander a indiqué le Calicium saxatile Schær. et le Coniocybe pallida prés de Luchon. * 43. 44. 45. 46. 41. 48. 49. LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. 344 7° Tribu. — SPRÆROPHORÉS. XII. SPHÆROPHORON Pers. S. coralloides Pers.; Nyl. Syn. p. 171; Malbr. Exs. n° 105. Rochers granitiques et vieux troncs d'arbres. — C. — s. Var. eongestum Lamy Cat. p. 13. — Sur les rochers des lieux élevés. S. fragile Pers. in Ust. Ann. I, p. 23; Nyl. Syn. p. 172; Ess. Lich. d'Auvergne n° 4. Sur un rocher, au sommet du Péne-Nére. — R. — s. 8° Tribu. — B/EOMY CES. XIV. BÆOMYCES Pers. B. rufus DC; Nyl. Syn. p. 176; Malbr. Exs. n° 106. Sur la terre des lieux ombragés ; parfois sur des rochers. — C. Var. subsquamulosus Nyl. in Flora 1877, p. 462. Dans les cavités des rochers. — RR. B. roseus Pers.; Nyl. Syn. p. 179; Malbr. Exs. n° 5. Terrains arides, prés de Lourdes (Pomés). B. icmodophilus Nyl. Prodr. p. 35; Exs. Lich. d'Auvergne, n» 44. Sur la terre et les trones de Sapin pourris, prés du Pont d'Espagne et du lac d'Estom. —- AC. 9e Tribu. — STÉRÉOCAULÉS. XV. STEREOCAULON Schreb. S. tomentosam Fr.; Nyl. Syn. p. 243; Norrl. Exs. n° 86. Environs de Cauterets. — R. Var. alpinum Nyl. Lich. Scand. p. 64; Rabenh. Exs. n° 859; Ster. alpinum Laur. in Fr. Lichen. eur. p. 204. Sur un rocher du pie de Péne-Nére; prés du lac d'Estibaoude, 2360 m. (Vallot). S. coralloides Fr.; Nyl. Syn. p. 241 ; Malbr. Exs. n* 213. Cauterets et Lourdes. — C. 349 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 50. Stereocolon denudatum Flk.; Nyl. Syn. p. 247 ; Malbr. Exs. n» 494. Sur des rochers schisteux au Limacon et au sommet du Péne- Nére. — R. — s. Cette éspéce me parait étre moins répandue dans les Hautes-Pyrénées qu'en Auvergne, où elle fructifie fréquemment. M. Nylander l’a rencontrée aussi prés de Luchon. XVI. LEPROCAULON Nyl. 51. L. manum Nyl. in Fiora 1876, p. 518. — Stereocaulon nanum Ach. Syn. p. 285; Malbr. Exs. n° 263. Sur la terre siliceuse, dans les fissures d’un rocher, près de Cau- terets. — RR. 10° Tribu. — CLADONIÉS (1). XVII. CLADONIA (Hoffm.), Nyl. 92. €. endiviæfolia Fr.; Nyl. Syn. p. 189, Exs. Lich. paris. n° 106. — Lichen endivifolius Dick. Sur la terre, parmi des Mousses, prés de Lourdes (Pomés).— s. 93. €. aleicornis Fik.; Nyl. Syn. p. 190; Malbr. Exs. n° 205. Sur la terre, à Aspin (Pomés). 94. €. pixidata Fr.; Nyl. Syn. p. 192; Malbr. Exs. n° 57. Sur la terre des fossés, les vieux troncs d'arbres, parfois sur les rochers; Cauterets et Lourdes. — C. Les variétés costata Flk., chlorophea Fik. et Pocillum Nyl., sont très répandues. 99. €. cariosa Fik.; Nyl. Syn. p. 194; Norrl. Exs. n° 58. Sur la terrearide, au Limacon, près du lac d'Tlhéou et à Gavarnie; au sommet du Viscos (Vallot) ; à Aspin (Pomés). — s. 90. €. fimbriata Hoffm.; Nyl. Syn. p. 194; Malbr. Exs. n° 59. Sur la terre, les murs et les vieux troncs d'arbres, à Cauterets et Lourdes. — C. On rencontre sur divers points les variétés Fibula Ach., tubæformis Ach., (1) Le Pycnothelia papillaria Duf. devra se trouver dans les environs de Cauterets ; M. Nylander l'a récolté près de Bagnères de Bigorre. LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. 343 radiata Ach., ainsi que d'autres formes, notammeni celle que M. Nylander indique sous le nom de subcornuta. 57. Cladonia graeilis Hoffm.; Nyl. Syn. p. 196; Malbr. Exs. n° 8. Sur la terre, les rochers, les vieux troncs. . Espèce trés variable; j'ai noté les formes elongata Ach., chordalis Fik., aspera Fik., cornuta Nyl. 58. €. ecmocyna Nyl. Lich. Lapp. or. p. 176; Arn. Exs. n° 654. — Cenomyce ecmocyna Ach. Syn. p. 261. Sur la chaine du Cabaliros, prés du lae d'Anapéou. J'ai rencontré au méme endroit la forme tumidula Lamy, à tiges courtes, épaisses, tortueuses. Le type et la variété jaunissent par K ; cette réaction ne se produit pas dans le précédent. 99. €. fureata Hoffm.; Nyl. Syn. p. 206 ; Norrl. Exs. n^ 433. Sur les fossés et dans les lieux couverts, à Cauterets età Lourdes. — J'ai distingué les var. racemosa Flk., corymbosa Nyl., re- curva Ach., tenuissima Fik. : cette dernière forme se trouve à Aspin (Pomés). 60. * €. pungens FIk.; Nyl. Syn. p. 207 ; Malbr. Exs. n° 12. Lieux stériles, près de Cauterets et à Aspin (Pomès). 61. €. cenotea Schær. Spic. p. 315; Nyl. Syn. 208; Rabenh, Exs. n° 297. — Cenomyce cenotea Ach. Syn. p. 271. Troncs pourris dans la sapinière du Riou. — C. en cet endroit et bien fructifié. 62. €. squamosa Hoffm.; Nyl. Syn. p. 209; Norrl. Exs. n° 439. Espèce peu répandue dans les environs de Cauterets et de Lourdes. 63. €. delicata Flk.; Nyl. Syn. p. 210; Norrl. Exs. n° 14. Forét de Lourdes (Pomés). 64. €. cornucopioides Fr.; Nyl. Syn. p. 220; Norrl. Exs. n° T6. Trés rare, dans les environs de Cauterets; mal développé au col du Riou. 65. * €. pleurota Scheer. Enum. Lich. p. 186; Nyl. Lich. Scand. p. 59. — Capitularia pleurota Fik. Sur la terre qui recouvrait un mur au Pont d'Espagne. — RR. 344 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 66. Cladonia digitata Hoffm.; Nyl. Syn. p. 220 ; Norrl. n° 76. J'en ai rencontré diverses formes sur de vieilles souches de Sapin dans la forêt voisine du col du Riou. — R. L'une de ces formes était complètement dépourvue de folioles. 67. €. macilenta Hoffm.; Nyl. Syn. p. 223; Malbr. Exs. n° 16. Sur les vieilles souches et les rochers. — RR. Les espéces de ce genre sont généralement peu nombreuses dans les Hautes- Pyrénées, XVIII. CLADINA Nyl. 68. €. rangiterina Nyl. Lich. Lapp. or. p. 111. — Cladonia rangife- rina Hoffm.; Nyl. Syn. p. 241 ; Malbr. Exs. n° 111. C. partout, sous différentes formes. Les tiges jaunissent nettement au contact de la potasse : K +. 69. €. silvatica Nyl. Lich. Lapp. or. p. 176; Leight. Lich. Flor. p. 66. — Cladonia rangiferina var. silvatica Hoffm:; Rabenh. Exs. n^ 270. Deaucoup plus rare que le précédent dans les environs de Caute- reis; ses tiges sont plus délicates, d'un gris moins prononcé, presque blanches. Réaction par K nulle ou d'un jaunátre indécis, obscur. 70. €. unciatis Nyl. Lich. Lapp. or. p. 111; Leight. Lich. Fl. p. 67. — Cladonia uncialis Hoffm.; Norrl. Exs. n° 81. Sur la terre, au sommet du Cabaliros, au col du Riou, dans la vallée de Lutour. Les échantillons du Riou représentent seuls le type de l'espéce avec des po- déties peu allongées, fermement dressées et à peu prés de méme hauteur ; ceux de la vallée de Lutour s'approchent plus ou moins du Cladina destricta Nyl. 11* Tribu. — sIPHULES. XIX. THAMNOLIA Ach. 11. T. vermicularis Nyl. Syn. p. 264; Desmaz. Exs. n° 493. — Lichen vermicularis Lin. Sur les Mousses qui recouvraient un rocher prés de la cascade du Cérisey. Ro om LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. 345 J'ai remarqué la forme minor Lamy, Cat. p. 23, sur de la terre aride du sommet du Péne-Nére ; elle existe aussi au sommet du Viscos (Vallot). 12 Tribu. — RAMALINESs. XX. RAMALINA Ach. 12. R. thrausta Nyl. Syn. p. 296; Norrl. Exs. n° 23; Arn. Ems. n^ 574 d. et e. — Alectoria thrausta Ach. Syn. p. 293. Sur les trones de Sapin, dans les environs de la cascade du Cérisey, du Pont d'Espagne et du lac de Gaube; trés abondant dans la sapiniére du Riou. Ce Lichen se distingue facilement des Alectoria cana et crinalis Ach. par ses tiges moins fermes, d'un gris cendré plus blanchâtre, et surtout par ses ramifications souvent comprimées aux aisselles. Var. sorediosula Nyl. in litt. ad Lamy. Cette vàriété est remarquable par les nombreuses sorédies qui couvrent de la base au sommet ses tiges et ses rameaux. 19. R. calicaris Fr. Lich. eur. p. 30; Nyl. Ramal. p. 33; Malbr. Exs. n? 10. — Lobaria calicaris Hoffm. Troncs d'arbres. — Cauterets et Lourdes. J'en ai récolté dans la sapiniére du Riou une forme curieuse par ses rameaux supérieurs trés atténués et presque cylindriques. 74. R. fraxinea Ach. Syn. p. 296; Nyl. Ramal. p. 36; Norrl. Exs. n? 19. Cauterets et Lourdes. 15. R. fastigiata Ach. Syn. p. 296; Nyl. Ramal. p. 36; Malbr. Exs. n° 62. — Lichen fastigiatus Pers. Cauterets et Lourdes. 76. R. farinacea Nyl. Ramal. p. 34; Malbr. Exs. n° 20. — Lichen fa- rinaceus Lin. Cauterets et Lourdes. — C. J'ai récolté prés du Pont d'Espagne la forme minutula Ach. Syn. p. 298. 11. R. intermedia Del.; Nyl. Ramal. p. 68; Norrl. Exs. n° 20. Cauterets et Lourdes. 346 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. La plupart des cinq espèces corticoles qui précèdent sont rares dans les environs de Cauterets; néanmoins le R. farinacea est très répandu dans la sapi- niére du Riou. 18. Ramalina polymorpha ' ligulata Ach. Syn. p. 295; Nyl. Lich. Scand. p. 16; Lich. Pyr. or. p. 29. Rochers schisteux sur les crétes du Cabaliros. — R. — s. Divisions planes, linéaires-lancéolées, presque simples. Sorédies éparses le long des lanières thallines ou agglomérées dans les lacunes qu'offre leur sur- face. 19. * R. capitata Nyl. in Flora 1880, p. 10; Stizenb. Lich. helv. p. 43. R. polymorpha var. capitata Ach.; Nyl. Ramal. p. 51; Desmaz. Egs. n° 50 (sous le nom de R. polymorpha). Rochers schisteux et granitiques des plateaux élévés, surtout au sommet du Pène-Nère ; plus rare dans les environs de Caute- rets que sur les montagnes de l'Auvergne. — F. Laniéres du thalle obtuses, se terminant en un capitule fortement sorédié. 80. R. pollinaria Ach. Syn. p. 296; Malbr. Exs. n° 63. Sur les murs des environs de Cauterets et Lourdes; parfois sur les rochers graniteux et schisteux. Var, humilis Ach.; Malbr. Exs. n° 218. Sur des schistes, au somment du Riou. — Cette variété a aussi été trouvée par M. l'abbé Pomés sur les rochers du Theil, prés de Lourdes. 13° Tribu. — vswEEs. XXI USNEA Hoffm. . 81. U. florida Hoffm. Deutsch. Fl. p.133 ; Malbr. Exs. n° 160.— Lichen floridus Lin. Troncs d'arbres dans les bois de Cauterets ; rare, d’après M. Pomés, dans la forét de Lourdes. | 82. U. hirta Hoffm. Deutsch. Fl. p. 133; Olivier Exs. n° 1. — Lichen hirtus L. Dans les bois, à Cauterets. 83. U. ceratina Ach. Lich. univ. p. 265; Nyl. in Lamy Cat. p. 25. Sur un rocher du pic de Catarrabe. — RR. — s. (Vallot). LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. 347 84. Usnea dasypoga Nyl. in Lamy Cat. p. 25; Stizenb. Lich. helv. p. 25. — Usnea barbata var. dasypoga Ach. Syn. p. 306 ; Malbr. Exs. n^ 126. . Sur des troncs de Hêtre, prés de Barèges (Nylander). 85. U. plieata Hoffm. Deutsch. Flor. p. 132 ; Nyl. in Flora 1815, p. 103: | Exs. Lich. d Auvergne n° 10. — Lichen plicatus L. Troncs de Sapins, prés du Riou, du Cerisey, du Pont d'Espagne ; dans la vallée de Lutour. — C., souvent F. XXII. CHLOREA Nyl. 86. €. vulpina Nyl. Prodr. p. 45.— Evernia vulpina Ach. Syn. p. 245; Rabenh. Exs. n^ 494. A la base d'uu tronc rabougri de Sapin, dans la vallée de Mar- cadau. — RR. — s. — (Je n'en ai trouvé que deux échan- tillons.) 14* Tribu. — CÉTRARIÉS. XXII. CETRARIA Ach.; Nyl. 87. €. islandica Ach. Syn. p. 208; Rabenh. Exs. n° 52. Sur la terre stérile, au sommet du Pène-Nère ; sur les hauteurs de la chaine du Cabaliros, etc. — AC. — s. Je l'ai rencontré plus abondamment dans le Puy-de-Dóme et dans le Cantal. 88. €. crispa Ach. Syn. p. 341 ; Nyl. Syn. p. 299. J'ai observé les deux formes suivantes : Forme subtubulosa Fr.; Norrl. Exs. n* 105 et 106. — expallida Norri. Exs. n° 107. Sur la terre, au sommet du Péne-Nére. — RR. — s. 89. €. aeuleata Fr.; Nyl. Syn. p. 300; Malbr. Exs. n* 21. Sur les hauteurs du Péne-Nére ; quelques-uns des échantillons que j'y ai récoltés passaient à la var. edentula Ach. Var. edentula Nyl. Lich. Scand. p. 80. A la Hourquette d'Ossoue (Vallot). — RR. — s. 318 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. XXIV. PLATYSMA Nyl. 90. P. nivale Nyl. Prodr. p. 49 et Syn. p. 302; Norrl. Exs. n» 109 et 370. Sur la terre, à la Hourquette d'Ossoue, 2738 m. (Vallot).— R.— s. 91. P. cucullatum Hoffm.; Nyl. Syn. p. 103; Norrl. Exs. n° 371. Sur la terre aride, au sommet du Pène-Nère. — R. - -- s. Cette espèce et la précédente ont été aussi trouvées à Luchon par M. Ny- lander. 92. P. fahlunense Nyl. Syn. p. 309, Exs. Lich. d'Auvergne n° 28. — Lichen fahlunensis Lin. Rochers des pies élevés. — C. — F. 93. P. commixtum Nyl. Syn. p. 310; Stizenb. Lich. helv. p. 48 ; Flagey, Exs. n° 214. Rochers granitiques, au lac de Gaube et dans la vallée de Marca- dau. — R. — s. Var. imbricatum Norrl. Exs. n° 113. Dans les mémes lieux que le type. — RR. 94. P. juniperinum Nyl. Prodr. p. 19. — Cetraria juniperina Ach. ; Rabenh. Exs. nos 193 et 866. Sur le pic d'Estibaoude et à la Hourquette d'Ossoue (Vallot). — s. 95. P. Pinastri Nyl. Syn. p. 312; Norrl. Exs. n° 369. Sur divers arbres rabougris au col du Riou, dans les vallées de Lutour et de Mareadau, prés du Pont d'Espagne ; à Aspin, prés de Lourdes (Pomés). 96. P. glaucum Nyl. Syn. p. 313; Norrl. Exs. n° 140. — Lichen glau- cus Lin. C. sur les rochers et les troncs d'arbres, avec ses nombreuses va- riétés, notamment la var. fusca Fr., sur les flancs du Péne- Nère, publiée par Rabenh. sous le n° 669 e. 97. P. diffusum Nyl. in Flora 1872, p. 241; Norrl. Exs. n° 114. — Imbricaria diffusa Web. Sur les bois et les écorces des vieux arbres. — R. Parfois mélé au Parmeliopsis ambigua Ach. LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. 349 15° Tribu. — ALECTORIÉS. XXV. ALECTORIA Ach. 98. A. jubata Ach. Syn. p. 201; Nyl. Syn. p. 280, Exs. Lich. d'Au- vergne n° 11. — Lichen jubatus Lin. (C'est la forme prolixa, que M. Arnold a publiée sous les n°s 902 æ. et b.) Sur les troncs de Sapin et les rochers, prés du lac de Gaube, dans les bois entre le Cérisey et le Pont-d'Espagne, dans la sapi- nière du Riou, etc. — Rarement F. 99. A. chalibeiformis Ach. Syn. p. 291 ; Nyl. in Flora 1869, p. 444 ; Stizenb. Lich. helv. p. 50; Schær. Exs. n° 396. Sur un rocher, près du lac de Gaube, 1788 m. — R. — s. Tiges couchées sur le bois ou la pierre, d'un noir plus prononcé que dans l'A. jubata ; aisselles des plus gros rameaux parfois comprimées. 100. A. implexa Nyl. in Norrl. Kar. p. 14; Stizenb. Lich. helv. p. 50. — Usnea implexa Hoffm. — Arn. Exs. n° 913, sous le nom de Alectoria cana Ach. Sur les troncs de Sapin, souvent mêlé à l'Alectoria jubata et à l'Usnea plicata. D'aprés plusieurs lichénograplies éminents, notamment d'aprés MM. Nylander et Th. Fries, l'Alectoria implexa Hoffm. est normalement toujours pâle (fusco- pallescens vel cana); il se distingue surtout par la réaction K+ (flavens) du thalle. L'Alectoria jubata ou prolixa a au contraire le thalle toujours foncé et n'offre guère de réaction visible avec K, ou seulement une coloration jaune peu distincte. Quelquefois l'Alectoria. implexa est très fin, trés pâle ou blanchâtre ; c'est alors qu'il constituel'A. cana d'Acharius, forme sans nulle importance (1). (1) Je dois constater que M. Arnold ne pense point dela méme facon, au sujet des Alectoria implexa et cana, et il s'appuie sur le texte même du Synopsis d'Acharius, p. 291 et 292, qui en effet semble lui donner raison; mais M. Nylander (in litteris ad Lamy) affirme que les notes d'Acharius, au sujet de l'implexa, sont plus nettes dans son herbier que dans son Synopsis, puisqu'il y est dit: « fusco-pallidus vel sordide pallidus » ; il ajoute qu'à ses yeux, les Alectoria capillaris, setacea, cana, préseutés par Acharius comme des modifications d'une seule et même espèce (jubala), doivent être rapprochés de l'implexa, puisque le réactif K produit sur eux la méme coloration jaune : « Antérieurement à cette distinetion due à l'emploi des réactifs, dit M. Nylander, il » n'y avait sur ce point, comme sur d'autres, que du vague et de la confusion. » 390 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 16° Tribu. — PARMÉLIÉS. XXVI. EVERNIA Ach.; Nyl. (1). 10]. E. furfuracea Mann.; Nyl. Syn. p. 284, et Exs. Lich. d'Auver- gne n° 14. Trones d'arbres, dans les environs de Cauterets. — Rarement F. 102. E. Prunastri Ach.; Nyl. Syn. p. 285; Malbr. Exs. n° 18. — Lichen Prunastri Lin. Cauterets et Lourdes. — C. — s. Espèce variable, mais toujours facile à distinguer du Ramalina farina- cea Ach. 103. E. divaricata Ach.; Nyl. Syn. p. 285, Exs. Lich. d'Auvergne n? 14. Troncs de Sapin, dans les environs du Pont d'Espagne et du lac de Gaube. — C. dans la sapiniére du Riou, parfois sur des rochers. — Assez souvent F. XXVII. PARMELIA Ach.; Nyl. 104. P. caperata Ach. Sym. p. 196; Malbr. Exs. n° 147. — Lichen caperatus Lin. Troncs d'arbres et rochers; R. à Cauterets, AC. à Lourdes. — Rarement fructifié. 105. P. conspersa Ach. Syn. p. 209; Nyl. Syn. p. 391; Malbr. Exs. n? 270. Murs et rochers. — C. à Cauterets et Lourdes. Je l'ai rencontré fréquemment sous les formes stenophylla Ach. et isidiosa Nyl. in Weddell. La forme stenophylla se présente parfois d'une facon tellement exagérée, que les ramifications du thalle sont ténues, serrées, allongées, presque cylindriques et enchevétrées les unes dans les autres. 106. P. oiivetorum Nyl. Lich. Lapp. or. p. 180; in Flora 1872, p. 541; Stizenb. Lich. helv. p. 54; Norrl. Exs. n° 201. (1) Dans mon Supplément au Catal. des Lichens du Mont-Dore et de la Haute-Vienne, page 8, n° 121, j'explique pourquoi le genre Evernia paraît devoir entrer dans la tribu des Parméliés ; c'est, en peu de mots, parce que les espèces de ce genre ont un thalle à laciniures aplaties et parmélioides. LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. 351 Sur un rocher, parmi des Mousses, au-dessus de Pauze; entre l'ancien parc de Cauterets et le chemin du Riou. 107. Parmelia cetrarioides Nyl. in Flora 1872, p. 941; Arn. Exs. n° 982. P. perlata var. cetrarioides Delise. Sur un rocher dans un bois, au-dessus de Pauze, mélangé avec le P. olivetorum Nyl. Ces deux espèces sont rares et stériles dans les environs de Cauterets. 108. P. perlata Ach. Nyl. Syn. p. 379; Malbr. Exs. n° 65. Rochers et trones d'arbres, au-dessus des bains de Pauze. — RR.; à Saint-Pé et Aspin, prés de Lourdes (Pomés). Ce Lichen, peu répandu dans les hautes Pyrénées, est d'une excessive abon- dance sur presque toute l'étendue du plateau central de la France. 109. P. scortea Ach. Syn. p. 197 ; Duby Bot. gall. p. 601; Norrl. Exs. n? 205. C. à Cauterets et à Lourdes. — s. 110. P. titiaeea Ach. Nyl. Syn. p. 382; Malbr. Eus. n° 223. C. à Cauterets et à Lourdes. — F. Je n'ai rencontré, ni dans les Pyrénées, ni en Auvergne, le P. carporrhizans Tayl., qui ne parait différer du précédent que par la villosité de la partie infé- rieure des apothécies; il est au contraire excessivement répandu dans plusieurs départements du centre, où le P. tiliacea manque presque complètement. Cette différence d'habitat pour les deux Lichens mérite d’être notée; elle milite fortement en faveur de l'autonomie du carporrhizans comme espéce, alors que plusieurs auteurs ne veulent le considérer que comme simple variété du tiliacea. 111. P. revoluta Flk. D. L. 15; Nyl. in Flora 1869, p. 289; Schær. Enum. Lich. p. 44; Arnold Exs. n° 137 €. Sur un rocher, parmi des Mousses, à Lourdes (Pomès).— R.— s. CaCl réagit en rose sur la médulle du thalle. 112. P. Borreri Turn.; Nyl. Syn. p. 389; Malbr. Exs. n° 269. Sur un tronc d'arbre à Aspin, parfois mêlé au P. tiliacea (Pomès). — R. — F. 113. * P. stictica Del.; Duby Bot. gall. p. 601; Nyl. Lich. Pyr. or. p. 17; Desmaz. Egs. n° 1936. Troncs de Noyer et de Frêne, dans le parc de Cauterets, entre l'hospice etle Casino ; mêlé au P. verruculifera. — RR. — s. M. l'abbé Pomès l'a aussi trouvé près de Lourdes. 352 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 114. Parmclia saxatilis Ach. ; Nyl. Syn. p. 388 ; Rabenh. Exs. n^ 429 a. et c. Troncs d'arbres et rochers, à Cauterets et Lourdes. Var. I1zevis Nyl. Syn. p. 389. Sur un rocher, dans la vallée de Marcadau et sur un arbre dans l'ancien parc de Cauterets. Thalle d'un blanc cendré, lisse, nullement isidié. J'ai distingué aussi la variété furfuracea Schær., qui est moins rare. 115. P. omphalodes Ach. Syn. p. 203 ; Nyl. Syn. p. 388; Malbr. Exs. n? 158. Sur les rochers, prés de Cauterets. Var. alpestris Lamy. Thalle d'un brun-noir trés prononcé. Rochers schisteux, au col du Riou. — RR. Var. panniformis Ach. Syn. p. 203 ; Nyl. Syn. p. 388. Norrl. Exs. n? 24. Sur des rochers de la crête du Péne-Nére et prés du Pont d'Espagne. J'ai aussi remarqué au lac de Gaube la forme cæsio-pruinosa Nyl.; Lamy Cat. p. 34. 116. P. Acetabulum Dub. Bot. gall. p. 601; Nyl. Syn. p. 394 ; Malbr. Exs. n° 22. Sur un tronc de Sapin, entre les cascades du Cérisey et du Pont d'Espagne. — RR. à Cauterets et Lourdes, alors qu’il est très abondant au centre de la France. 117. P. exasperata DN. Nyl. Syn. p. 396; Rabenh. Exs. n° 613. Trones de Cerisier, à Aspin et Saint-Pé, prés de Lourdes. M. l'abbé Pomés m'en a communiqué une forme qui est munie de papilles peu nombreuses, peu proéminentes, et dont les divisions thallines sont beau- coup plus étroites que dans le type. J'en possède aussi un échantillon trés intéressant au point de vue tératolo- gique ; ses apothécies ont la surface du disque légérement papilleuses, au lieu d'étre unies et lisses. 118. P. exasperatula Nyl. in Flora 1873, p. 299; Stizenb. Lich. helv. p. 97; Norrl. Exs. n° 29. Sur un petit trone de Sapin rabougri, presque au sommet du Pène-Nère, — R. LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. 353 119. Parmelia prolixa Ach.; Syn. p. 396: Lojka Exs. n° 183 ad int. et n° 110. — [CaCl —]. Sur les rochers, à Cauterets et Lourdes. — C. Var. Delisei Dub. Bot. gall. p. 602; Malbr. Exs. n° 214.— [CaCl + (réaction rose). ] Prés de l’hospice de Cauterets, sur des rochers à fleur de terre, et dans la vallée de Catarrabe. Var. pannariiformis Nyl. in Lamy Catal. p. 35; Stizenb. Lich. helv. p. 57; Norrl. Exs. n° 207. Sur des rochers, entre l’ancien parc et le chemin du Riou. 120. * P. sorediata Nyl. Lich. Scand. p. 102; Stizenb. Lich. helv. p. 97; Norrl. Exs. n» 208 a. et b. Sur un rocher granitique, au sommet du Riou. — R. — s. 121. P. isidiotyla Nyl. in Flora 1815, p. 8 ; Lamy Cat. p. 35; Norrl. Exs. n° 30. Rochers granitiques, dans la vallée de Lutour. — R. 122. P. verruculifera Nyl. in Flora 1878, p. 247; Arn. Flora 1882, p. 407, Exs. n° 471 0. ; Lamy Cat. p. 36. La médulle rougit au contact de CaCl: | C'est peut-être le Lichen de Cauterets qui est le plus commun ; il couvre les troncs d'arbres de l'ancien et du nouveau parc. — Toujours s. Thalle granulo-verruqueux; spermaties subbifusiformes, menues, long. 0,0040- 0,0045 millim., épaiss. 0,0005 millim. 123. P. fuliginosa Nyl. in Flora 1868, p. 346 ; Stizenb. Lich. helv. p. 58 ; Zwackh Exs. n° 970 (forme saxicole) et 571 (forme corticole). Troncs d'arbres, à Cauterets et Lourdes. — R. — S. Je n'ai point cité d'exsiccata pour le type de cette espéce, qui semble généralement peu connue, puisque divers auteurs ont publié sous ce nom des échantillons qui représentent tantôt sa var. letevirens, tantôt le P. subaurifera. Var. Izetevirens Fw.; Korb. Syst. Lich. p. 18. — AC. — s. 124. * p. glabratula Lamy. Sur les trones d'arbres, dans la sapiniére du Riou. — AC. — s. Thalle mince, d'un vert olivàtre, luisant, presque toujours uni, à médulle ` rougissant au contact de CaCl. T. XXX. (SÉANCES) 23 354 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Je ne fais de ce Lichen qu'une simple sous-espèce du P. fuliginosa Nyl., parce que son thalle présente parfois des vestiges d'isidium. 125. Parmelia subaurifera Nyl. in Flora 1813, p. 8; Lamy Cat. p. 36 et Suppl. p. 9; Norrl. Exs. n° 31 a. et b. Trones d'arbres, dans les environs de Cauterets et de Lourdes.— S. Thalle souvent plus ou moins sorédié, à sorédies d'un gris blanc passant au jaune doré; cette nuance colorée se remarque aussi parfois sur la médulle. 196. P. stygia Ach. Syn. p. 264; Desmaz. Exs. n° 1942; Nyl. Exs. Lich. d' Auvergne n" 29. Sur les rochers granitiques des montagnes de Cauterets. — AC. — Parfois F. M. l'abbé Pomés me l’a envoyé de Saint- Pé. 127. P. tristis Nyl. Prodr. p. 58, Exs. Lich. d'Auvergne n° 90; Lamy Cat. p. 36. Rochers graniteux et schisteux des pics élevés, el dans les val- lées de Marcadau et du lac de Gaube. -- - C. — F. 128. P. lanata Nyl. Syn. p. 398; Rabenh. Exs. n° 683. — Lichen la- natus Lin. Presque partout sur les rochers granitiques des hautes mon- tagnes, souvent mêlé à d'autres Lichens, notamment au P. encausta. Daus les stations trés élevées, son thalle est tout à fait noir, non d'un brun foncé ou olivàtre comme dans le type: 129. P. physodes Ach. Syn. p. 218; Nyl. Syn. p. 400; Malb:. Exs. nos 24 et 272. Bois de Cauterets ; forêt de Lourdes (Pomés). — AC. — r. J'ai aussi distingué les var. platyphylla et labrosa Ach. 130. P. vittata Ach. Meth. p. 251; Nyl. in Flora 1815, p. 106; Norrl. Exs. nos 32 et 33. Troncs de Sapiu, entre la cascade de Cérisey et le Pont d'Es- pagne; dans la vallée de Lutour. — R. — s. 131. P. eneausta Ach. Syn. p. 206; Nyl. Syn. p. 401; Desmaz. Exs. n°1943. Sur les rochers du Cabaliros, du col du Riou, du Vignemale, des vallées de Marcadau et du lac de Gaube. — C. — Souvent F. LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. 355 J'ai distingué les formes candefacta, intestiniformis et textilis : cette der- niére a été publiée par Norrlin sous le n^ 203. 132. * Parmelia alpicola Th. Fries Arct. p. 51; Nyl. in Norrl. Torn. p. 325; Stizenb. Lich. helv. p. 60. Sur le pic 'de Néouvielle; découvert par l'abbé Pomés. Cette espèce était mêlée au P. lanata Nyl. XXVIII. PARMELIOPSIS Nyl. 133. P. ambigua Nyl. Lich. Scand. p. 405, et Lich. Lapp. or. p. 121 Norrl. Exs. n? 210. — Lichen ambiguus Wulf. Sur le bois de l'écorce du Sapin, prés du Pont-d'Espagne, dans les vallées de Marcadau et de Lutour, prés du lac d'Estom, au sommet du Riou, etc. — AC. — souvent F. 194. P. aleurites Nyl. Lich. Scand. p. 105, Lich. Lapp. or. p. 121; | Stizenb. Lich. helv. p. 61; Norrl. Exs. n° 34. — Parmelia aleurites Ach. Syn. p. 208. Sur les vieux troncs de Sapin (souvent mêlé au précédent), dans la vallée de Lutour, au lac d'Estom, au Pont d'Espagne, etc. — Souvent F. Il ne faut pas confondre ce Lichen avec le Platysma diffusum Nyl.; sans parler d’autres caractères importants, qu'il me suflise de dire que le premier (aleurites) a toujours le thalle sorédié, et que le second (diffusum)l'a constam- ment isidie. [. 0. Je n'ai pas réussi à rencontrer dans les Pyrénées le beau Parmeliopsis sub- soredians Nyl., que j'ai découvert sur les montagnes du Mont-Dore. 17° Tribu. — STICTÉS. XXIX. STICTINA Nyl. 135. 8. Iimbata Nyl. Syn. p. 346; Stizenb. Lich. helv. p. 62 ; Oliv. Exs. n° 325. Troncs de Chêne et de Châtaignier, à Saint-Pé et dans la forêt de Lourdes (Pomés). — S. 136. S. faliginosa Nyl. Syn. p. 341, Exs. Lich. paris. n° 30.— Lichen fuliginosus Dicks. Lieux couverts, à Cauterets. — RR. — S. 131. S. silvatica Nyl. Syn. p. 348, Exs. Lich. d'Auvergne n° 25. — Lichen silvaticus Lin. Le long des lacets du parc de Cauterets. — R. — s. e 356 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. XXX. LOBARIA Nyl. 138. L. pulmonacea Nyl. in Flora 1811, p. 233, Exs. Lich. d'Awverg. no 24, — Sticta pulmonacea Ach. Syn. p. 233. — Lichen pulmonarius Lin. Vieux trones, dans les bois des environs de Cauterets. M. l'abbé Pomés me l'a envoyé de Lourdes avec des apothécies accom- pagnées du Celidium Stictarum Tul. XXXI. RÍCASOLIA DN.; Nyl. 139. R. glomulifera DN.; Nyl. Syn. p. 368, Exs. Lich. d'Auverg. n? 26. Vieux troncs d'arbres, dans la sapinière du Riou, dans la vallée de Lutour et prés du lac d'Estom ; dans la forêt de Lourdes, et au castel de Bert (Pomès). 140, R. herbacea DN. Frammenti lichenograf. p. 1; Nyl. Prodr. p. 94; Malbr. Exs. n° 167. Trones d'arbres, prés du lac de Lourdes, dans la forét de méme nom et dans celle du castel de Bert (Pomés). — C. — F. 18° Tribu. — PELTIGÉRES. Subtribu I. — PELTIDÉS (1). XXXII. NEPHROMIUM Nyl. 141. N. Izevigatum Ach. Syn. p. 242; Nyl. Syn. p. 320; Arn. Exs. n° 479. Dans la sapinière du Riou, prés de la cascade du Cérisey ; dans la forét de Lourdes (Pomés). Le type est moins répandu que la var. parile, publiée par M. Nylander dans les Lich. paris. sous le n* 109. 142. N. tomentosum Nyl. Syn. p. 319; Norrl. Exs. n° 39. — Peltigera tomentosa Hoffm. Sur les racines saillantes d'un Sapin, prés du lac d'Estom. — R. (1) Les espèces de cette sous-tribu, à gonidimies vertes, prennent une teinte d'un vert. vif à l'état humide, coloration due à la couche gonidiale, composée de petites goni- dies d'un vert clair, appelées gonidimies. LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. ` 351 Var. helveticum Nyl. Syn. p. 319. — Nephroma helvetica Ach. Syn. p. 242; Norrl. Exs. n° 40. Sur des rochers, dans la sapiniére du Riou. XXXIII. PELTIDEA Ach. 143. P. aphthosa Ach. Syn. p. 238; Nyl. Lich. Lapp. or. p. 117; Norrl. Exs. n° 375. Sur la terre et les pierres, dans les lieux un peu humides et ombragés; sapinière du Riou, la Raillère, escarpements du Cabaliros, etc. — C. Souvent s. M. Pomés l'a récolté au pied du Ger, prés de Lourdes. 144. P. venosa Ach. Syn. p. 237; Norrl. Exs. ne 145. — Peltigera venosa Hoffm.; Nyl. Syn. p. 328. — C. sur la terre, dans la sapiniére du Riou. M. Nylander indique aussi ce Lichen à Luchon. Subtribu Il. — PELTIGÉRINÉS (1). XXXIV. PELTIGERA Hoffm. 145. P. malacea Fr.; Nyl. Syn. p. 393; Norrl. Exs. ne 376. — Peltidea malacea Ach. Sur le revers d'un fossé ombragé, entre l'hospice et le Casino de Cauterets ; M. Vallot l'a aussi récolté prés du lac d'Esti- baoude. — RR. — s. 146. P. eanina Hoffm.; Nyl. Syn. p. 324; Malbr. Exs. n° 114. Sur la terre et les rochers, à Cauterets et Lourdes. On trouve avec le type, dans la première localité, les var. ulorrhiza Schwer. et membranacea Ach. 147. P. ruiescens Hoffm.; Nyl. Syn. p. 324; Rabenh. Egs. n° 352. Cauterets et Lourdes, ‘avec la var. prætextata Flk.; Nyl. Syn. p. 325. — C. (1) Dans cette sous-tribu, les espèces à gonimies bleuâtres sont immédiatement re- connaissables « à leur thalle foncé ou d'un vert sombre à l'état humide » (voy. Nylander, in le Naturaliste, 1* janv. 1884, n° 49). [Note ajoutée pendant l'impression. 358 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 148. Peltigera limbata Del.; Nyl. Lich. Scand. p. 89; Norrl. Exs. n° 119. Dans les fissures de schistes ardoisiers, sur le chemin du Riou, près de Cauterets. — R. — s. Ce Lichen n'atteint en cet endroit que de petites dimensions. 149. P. polydactyla Hoffm.; Nyl. Syn. p. 336; Norrl. Exs. n^371. Sur la terre, les troncs d'arbres et des rochers, parmi des Mousses, à Cauterets et Lourdes. — Souvent S. ; abondant et bien fructifié dans la sapiniére du Riou. 150. P. horizontalis Hoffm.; Nyl. Syn. p. 321, Exs. Lich. paris. n? 116. Sur la terre et les rochers, à Cauterets et Lourdes. — C. XXXV. SOLORINA Ach. 151. S. saceata Ach. Syn p. 8; Nyl. Syn. p. 330; Norrl. Exs. n° 120. Sur la terre et les rochers, parmi des Mousses, souvent dans les lieux ombragés : lacets de Cauterets, cirque de Gavarnie, mon- tagne du Calvaire à Lourdes, etc. — C. — F. 152. 'S. spongiosa Nyl. in litt. ad Lamy. Solorina saccata var. spongiosa Nyl. Syn. 331. — Collema spongiosum Ach. Lich. univ. p. 661. — Lichen spongiosus Sm. Sur la terre, parmi des Mousses naines, dans la sapinière du Riou. — RR. — F. Cette curieuse sous-espéce a un thalle peu apparent, presque limité à l'éten- due des apothécies, qui sont un peu plus grandes que celles du S. saccata, trés creuses, entourées d'un rebord thallin, saillant et grisâtre (1). 19* Tribu. — PHYSCIES. XXXVI. PHYSCIA Fr. 153. P. chrysophthalma DC. Fl. fr. II, Pp. 401 ; Nyl. Syn. p. 410; Malbr. Exs. n° 226. Trones d'arbres à Lourdes, au lac de ce nom, à Saint-Pé, etc... (Pomés). (1) Le Solorina crocea Ach. existe assurément dans les environs de Cauterets, quoique je n'aie pas réussi à le trouver; il n'est pas rare sur les pentes abruptes du pic du Midi. On sait que le thalle de ce beau Lichen supporte parfois un parasite intéressant le Thelocarpon epilobum Nyl. 155. 157. 158. 159. P. LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. 359 . Physcia parietina DN.; Syn. p. 410; Malbr. Exs. n° 67. Commun partout. Sa nuance de couleur varie du jaune-verdàtre au jaune-orange: dans ce dernier cas, c'est la var. aureola Nyl. publiée par Ralienh. sous le n° 773. — Parmelia au- reola Ach. Syn. p. 210. ulophylla (Wallr. Flor. germ. II, p. 517) Nyl. in Lamy Cat. p. 45; Stizenb. Lich. helv. p. 69. P. parietina var. sores diosa Nyl. Lich. Luxemb. p. 360. Sur un vieux tronc de Chêne, dans l'ancien pare de Cauterets. RR. — s. . polycarpa Nyl. in Lamy Cat. p. 45; Stizenb. Lich. helv. p. 10. Physcia parietina var. polycarpa Nyl. Syn. p. 141; Malbr. Exs. n° 68. — Lichen polycarpus Ehrh. Sur un rocher, près de l'hospice de Cauterets. — RR. — F. Iyehnea Nyl. Lich. Scand. p.107; Oliv. Exs. n°67.— Parmelia candelaris var. lychnea Ach. Meth. p. 187. — Rabenh. Exs. n° 372, sous le nom de Physcia controversa var. lychnea Massal. Sur un rocher schisteux, au Monné; sur des troncs d'arbres au village de Gavarnie (1350 m.); à Lourdes (Pomés). — s. ciliaris DC. Flor. fr. I, p. 596; Nyl. Syn. p. 414; Malbr. Exs. n° 24. Je n'ai rencontré, ni à Cauterets, ni à Lourdes, cette espèce commune partout; mais M. l'abbé Pomés m'en a envoyé un mince échantillon stérile et rachitique, récolté sur le pic de Néouvielle: il appartient à la forme scopulorum Nyl., com- prise dans les fascicules de M. Norrlin sous le n* 95. — Cette forme saxicole parait n'étre pas trés rare sur les hauts som- mets des Pyrénées. speciosa Fr. Lich. eur. p. 80; Nyl. Syn. p. 416. — Parmelia speciosa Ach. Syn. p. 211; Rabenh. Exs. n° 426. — Lichen speciosus Wulf. Sur un rocher granitique, entre l'ancien pare et le chemin du Riou, mélangé à des Mousses. — RR. — s. — M. Nylander Pa trouvé fructifié entre Bigorre et Baréges. 360 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 160. Physcia pulverulenta Nyl. Syn. p- 419; Norrl. Exs. n° 212. — Parmelia pulverulenta Fr. Lich. Eur. p. 19. — Lichen pul- verulentus Schreb. Trones d'arbres, à Cauterets et Lourdes. — AC. — F. Var. detersa Nyl. Lich. Scand. p. 110; Norrl. Exs. n° 213. A la base des vieux troncs d'arbres, dans l'ancien pare de Cau- terets. — R. — s. 161. * P. venusta Nyl. Syn. p. 421 ; Malbr. Exs. n° 119. — Parmelia venusta Ach. Syn. p. 244. Ce Lichen est l'un des plus répandus dans les deux parcs de Cauterets, sur les vieux troncs d'arbres. — C. aussi à Lourdes. 162. P. stellaris Fr. Lich. eur. p. 82; Nyl. Syn. p. 124, Exs. Lich. d'Auvergne n° 34. — Lichen stellaris Lin. Fl. suec. n° 1082. Troncs d'arbres dans les parcs de Cauterets, et sur un rocher prés du lac d'Ilhéou (1689 m.). — C. à Lourdes. Var. leptalea Nyl. Syn. p. 425; Malbr. Ezs. n° 71. — Parmelia leptalea Ach. — R. 163. * P. tenella Nyl. Syn. p. 426; Malbr. Exs. n° 170. — Lichen tenellus Scop. Troncs d'arbres, à Cauterets et Lourdes. — C. 164. P. aipolia Nyl. in Norrl. Tavast. p. 180; Stizenb. Lich. helv. p. 13. — Parmelia aipolia Ach. Syn. p. 215; Schær. Exs. n? 439. Troncs d'arbres, à Cauterets et Lourdes. — C. 165. P. tribacia Nyl. in Flora 1874, p. 391; Stizenb. Lich. helv. p. 13; Lojka Exs. n° 246 ad int. — Lecanora tribacia Ach. Syn. p. 191. — Parmelia tribacia Schær. Enum. Lich. p. 39. Pierres et rochers, dans le pare de Cauterets; je l'ai aussi remarqué sur du marbre, prés de la cime du Monné. — Parfois F. M. l'abbé Pomés me l'a envoyé de Lourdes. 166. P. astroidea Nyl. Syn. p. 426; Malbr. Exs. no 174. — Parmelia astroidea Clém. Ens. add. p. 302 et Fr. Lich. eur. p. 85. Sur les troncs de Cerisier, à Lourdes et Saint-Pé (Pomés). — Très bien F. LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. 361 167. Physcia cæsia Nyl. Syn. p. 126; Malbr. Ezs. n° 2973. — Parmelia cæsia Fr. Lich. europ. p. 83. — Lichen cesius Hoff m. Sur des granites et des schistes au Péne-Nére, dans le parc de Cauterets, dans les vallées de Catarrabe, de Gaube, de Mar- cadau; à Lourdes, où il se présente aussi parfois sous forme corticole. — C. — F. 168. P. obscura Nyl. Lich. Scand. p. 119, Exs. Lich. d'Auvergne n° 32 et Malbr. n° 26. — Parmelia obscura Fr.—Lich. obscu- rus Ehrh. Troncs d'arbres, parfois sur les rochers, à Cauterets et Lourdes. — CC. — J'y ai remarqué aussi les var. orbicularis et vi- rella Schær. Enum. Lich. p. 31. 169. P. lithotea Nyl. in Flora 1871, p. 354; Stizenb. Lich. helv. p. 75; Norrl. Exs. n° 220. — Parmelia lithotea Ach. Syn. p. 247. (K — sur l'épithalle.) Rochers granitiques et schisteux, près de l'ancien parc de Cau- terets, dans les vallées de Lutour et de Marcadau, au Pont d'Espagne; sur du marbre, prés de la montagne du Calvaire, à Lourdes. — R. — F. 170. P. endochroidea Nyl. in Flora 1875, p. 442. Sur des rochers granitiques et schisteux dans la vallée de Lu- tour, au Pont d'Espagne, prés du lac d'Ilhéou. — AC. — F. (K — sur l'épithalle.) M. l'abbé Pomès l'a aussi trouvé sur du schiste, à Peyramale et au lac de Lourdes. Cette espéce, nouvelle pour la France, étant peu connue, il me parait utile de reproduire ici ce qu'en a dit M. Nylander : « Forsan non vere specie distat a Ph. ulotriche, sciastræ subsimilis, thallo nigricante adnato, tenuiter laciniato, laciniis latit. 0,2-0,4 millim., intus pro magna parte ochraceo-fulvescente vel variante ochraceo-cinnabarino. Apothecia nigra lecanoroideo-parmelina (latit. 0,5-0,8 millim.), receptaculo subtus fibrillis rhizinodeis nigris brevi- bus parum distincte munito. Spore longit. 0,014 -18 millim., crassit. 0,006 -8 millim. » Supra saxa in Finlandia, Korpilahti (Lang). » J'ajouterai que ce Lichen a l'aspect du Ph. lithotea Nyl., et que sa médulle l'en distingue facilement par sa couleur presque constamment d'un rouge ver- 302 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. millon. Les bords des apothécies sont parfois, mais très exceptionnellement, crénelés. 111. Physeia endocoecina Nyl. in Flora 1871, p. 354; Stizenb. Lich. helv. p. 19 ; Arnold Exs. n° 533 et Lojka n° 19. — Parmelia endococcina Korb. Par. Lich. p. 36. (K — sur l'épithalle.) Sur un rocher granitique parmi des Mousses, mélé au P. spe- ciosa, entre l'ancien pare de Cauterets et le chemin du Riou. M. l'abbé Pomès me l'a envoyé de Lourdes. — RR. — F. Thalle d'un brun grisàtre, non d'un brun noirâtre comme dans le précédent ; médulle d'un rouge vermillon ; bord des apothécies de nuance plus claire que le thalle, le plus souvent entier, parfois crénelé et méme lobulé, comme dans quelques formes du P. pulverulenta. Ces lobules sont nombreux dans les échan- tillons de Hongrie publiés par M. Lojka. 172. P. ulothrix Nyl. Syn. 428; Stizenb. Lich. helv. p. 15. — Par- melia ulothrixæ Ach. Syn. p. 217; Desmaz. Exs. n° 1045; Roumeg. Exs. n° 56. Troncs d'arbres, dans le parc de Cauterets. — R. 173. P. adglutinata Nyl. Syn. p. 128, in Flora 1862, p. 355, Exs. Lich. paris. n* 34. — Parmelia adglutinata Flok. Sur l'écorce du Peuplier, à Aspin, prés de Lourdes (Pomés). 20° Tribu. — GYROPHORES. Ainsi que M. Stizenberger (Lich. helv. p. 76), je crois devoir suivre M. Ny- lander dans sa conception des genres de la tribu des Gyrophorés, telle qu'il l'a exposée dans le Flora 1875, p. 303, et qui diffère de celle des autres auteurs. XXXVII. UMBILICARIA (Hoffm.), Nyl. 174. U. pustulata Hofm.; Nyl. Lich. Scand. p. 113; Norrl. Exs. n° 88. Rochers granitiques, dans les vallées de Lutour, du lac de Gaube et de Marcadau. Cette dernière localité, seule, m'a présenté la forme typique (si commune sur notre plateau central), à thalle trés développé, d'un gris brun à l'état sec, d'un brun verdâtre lorsqu'il est humide. — Toujours $. — (Réaction rose par CaCIT). Partout ailleurs, je n'ai rencontré qu'une forme naine, d'un gris cendré, constamment fertile, laquelle est moins rare que le type, sans toutefois étre abondante. LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. 363 XXXVII. GYROPHORA Ach., Nyl. 175. €. cinerascens Arnold Tirol, XIV, p. 52; Stizenb. Lich. helv. p. 16.— Umbilicaria cinerascens Nyl. in Flora 1869, p. 388, et Lich. Pyr. or. p. 19. — Gyrophora tessellata var. cinera- scens Ach. Syn. p. 64. Rochers schisteux, au col du Riou et au Péne-Nére. — C. sur toute la chaine des Pyrénées. — s. Thalle mince (1), grisâtre en dessus, lisse, sans rhizines, presque complète- ment noir en dessous. Apothécies saillantes, simples, à bord élevé, entier. Mes échantillons fructifiés viennent des Hautes-Alpes. Var. pallens Nyl. in Flora 1869, p. 388. Thalle pâle en dessous, parfois plus ou moins enfumé. — Tou- jours F. — R. Je l'ai récolté au col du Riou, au pic du Péne-Nére, et M. Viaud- Grand-Marais me:l'a envoyé du lac de Gaube. Cette variété est au type cinerascens ce qu'est au G. murina la forme grisea des auteurs, publiée par M. Arnold sous le n 828. 176. G. spodochroa Ach. Meth. p. 108; Stizenb. Lich. helv. p. 11; Norrl. Exs. n» 89. — Umbilicaria spodochroa Hoffm.; Nyl. Lich. Scand. p. 115. Sur des schistes, au col du Riou, à cóté du Gyrophora cinera- cens ; sur du granite, prés du village de Gavarnie. M, Vallot . Pa aussi rencontré au sommet du Peyrenére. — AR. — s. Thalle de grandeur variable, d'un gris cendré en dessus, noir en dessous avec de nombreuses rhizines. Apothécies saillantes, mais sessiles, simples, avec une forte papille au centre du disque, munies d'un rebord trés accentué. — Réac- tion rose par CaCl F. 171. €. erustulosa Ach. Lich. univ. p. 678; Nyl. iu Flora 1877, p. 232; Stizenb. Lich. helv. p. TT et 78. Rochers granitiques, dans les vallées de Lutour, du lac de Gaube et de Marcadau. — C. — F. Thalle plus rigide que celui du précédent, de nuance plus claire en dessous. Apothécies sessiles, peu saillantes, avec disque plus ou moins verruqueux. — Réaction rose par CaCl F. (1) Dans plusieurs espèces de ce genre, notamment dans celle-ci, on aperçoit, entre l'épiderme et la médulle blanche du thalle, une nuance verte plus ou moins accentuée, qui résulte d'un phénomène d'imbibition et n'est d'aueun intérêt pour la science. 304 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 118. Gyrophora depressa Ach. Lich. univ. p. 673 ; Nyl. in Flora 1871, p. 222. Rochers schisteux, au col du Riou; sur le pic de Catarrabe (Vallot). — R. — s. Thalle coriace, d'un gris blanchâtre en dessus, pâle, fortement granuleux en dessous, avec des rhizines d'un gris roussátre. Apothécies trés enfoncées dans le thalle. M. Nylander le distingue surtout par des spores oblongues, long. 0,012-25 millim., épaiss. 0,004-5 millim. (alors qu'elles sont, daus le G. crustulosa, ellipsoides, long. 0,016-25 millim., épaiss. 0,010-17 millim.).— Réaction rose par CaCI+. 179. G.proboscidea Ach. Syn. p. 64; Stizenb. Lich. helv. p. 18. — Umbilicaria proboscidea DC.; Nyl. Lich. Scand. p. 116; Desmaz. Exs. n° 1382. Sur les rochers des pics du Vignemale et du Dalaitous (Vallot). —hn.—r. M. l'abbé Pomés l'a aussi récolté au sommet du Néouvielle. Thalle membraneux, réticulé-rugueux, d'un gris fuligineux, lisse en dessous, avec ou sans rhizines, lesquelles sont blanches, d'un gris pàle au milieu, pas- sant sur le pourtour au brun. Apothécies saillantes, avec disque à plis concen- triques. 180. €. eylindriea Ach. Syn. p. 65; Stizenb. Lich. helv. p. 19. — Umbilicaria cylindrica Dub.; Nyl. Lich. Scand. p. 4117, Exs. Lich. d'Auvergne n° 33. — Lichen cylindricus Lin. Rochers granitiques et schisteux, au col du Riou, au Cabaliros, au lac de Gaube, aulac d' l'Estom, dans la vallée de Lutour, etc. — C. — Fr. Réaction nulle par K et CaCl. La var. fimbriata w'est pas plus rare que le type. 181. * &. tornata Ach. Lich. univ. p. 222; Stizenb. Lich. helv. p. 19; Lojka Exs. n° 21. — U mbilicaria cylindrica var. tornata Nyl. Lich. Scand. p. 117. Vallées de Marcadau, de Lutour, de Gaube; aux sommets du Riou, du Cabaliros et du Viscos. — C. — F. Thalle d'un brun cendré, polyphylle, à lobes serrés. ascendants, trés rare- ment bordés de quelques rhizines. Apothécies plus ou moins stipitées, à plis concentriques, ainsi que dans le précédent. Réaction nulle par K et CaCl = 182. €. floceulosa Korb. Lich. germ. p. 95; Stizenb. Lich. hel. p. 19; Norrl. Exs. n° 914. — Umbilicaria flocculosa Nyl. Lich. Scand. p. 119. LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. 365 Rochers granitiques et schisteux, au col du Riou, au Pène-Nère, au lac de Gaube, dans les vallées de Marcadau et de Lu- tour, etc. — C. — Rarement F. La forme typique, à thalle simple, large, plane, est rare; je l'ai rencontrée en quantité sur du granite dur au Pont d'Espagne, et sur des schistes, prés du sommet du Péne-Nére. Cette espèce se distingue facilement par son thalle d'un brun noirátre, plus ou moins couvert de papilles fuligineuses en dessus, concolore et lacuneux en dessous. Disque des apothécies à plis nombreux, trés accentués. 183. Gyrophora polyphylla Koerb. Lich. germ. p. 95; Stizenb. Lich. helv. p. 80; Norrl. Exs. n» 92. — Umbilicaria poly- phylla Nyl. Lich. Scand. p. 119. — Lich. polyphyllus Lin. Rochers graniliques, au lac de Gaube, dans les vallées de Mar- cadau et de Lutour. — Moins répandu que le précédent. — s. Thalle d'un brun noiràtre, nu et presque lisse en dessus, uni et noir en dessous. Apothécies sessiles, d'abord planes, puis convexes, peu compliquées J'ai aussi remarqué la forme complicata Norrl. Exs. n° 93. 184. G. reticulata Th. Fr. Lich. Scand. p. 166. — Umbilicaria reti- culata Nyl. in Flora 1869, p. 389. Umbilicaria anthracina var. reticulata Schær. Enum. Lich. p. 28. Sur les rochers, aux sommets du Vignemale et du Balaïtous (Vallot). — R. — s. Thalle monophylle, d'un gris cendré, rugueux, fortement réticulé, à plis redressés trés saillants, glabre, lisse et noirátre en dessous. 185. G. corrugata Ach. Syn. p. 64 ; Stizenb. Lich. helv. p. 80. — Um- bilicaria corrugata Nyl. Lich. Scand. p. 119. Rochers granitiques et schisteux, au col du Riou et au Pène- Nére. — R. — F. M. l'abbé Pomés l'a récolté pour moi sur les pics d'Ayré et de Néouvielle. A en juger par les échantillons que j'en possède, cette espéce n'atteindrait dans les Pyrénées que des dimen- sions restreintes (à peine 1 à 3 centimétres en tous sens); ceux que j'ai reçus des Alpes sont quatre à cinq fois plus grands Thalle d'un brun cendré, monophylle, plus ou moins fortement réticulé en dessus, noir et lisse en dessous (1). 5 in litteris), Y i éactifs intelligemment pratiqué peut 1) Selon M. Nylander (in litteris), l'emploi des réactits r l aila beaucoup la détermination des espèces dans les Gyrophorés . On doit au besoin consulter la note relative à ce sujet, qu'il a publiée dans le Flora, 1869, p. 387 à 289. 366 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 21e Tribu. — LÉCANO-LÉCIDÉÉS Nyl. (1). Subtribu 1. — PANNARIÉS. XXXIX. PANNARIA Del.; Nyl. 186. P. rubiginosa Del. var. conoplea Nyl. Lich. Scand. p. 122; Malbr. Exs. n° 231. — Parmelia conoplea Ach. Syn. p. 213. Sur les rochers parmi des Mousses, prés du Pont d'Espagne, dans les lacets du parc de Cauterets, à Pauze, dans la sapi- nière du Riou ; sur des troncs d'arbres, à Saint-Pé et dans la forêt de Lourdes (Pomès). — s. J'ai rencontré parfois des individus oü les lobes thallins manquaient complé- tement ; ils étaient remplacés par la simple granulation, qui d'ordinaire n’occupe que le milieu du thalle. 187. P. brunnea Mass.; Nyl. Lich. Scand. p. 123; Norrl. Exs. n° 121.— Lichen brunneus Sw. Sur la terre qui recouvre des rochers, au Pont-d'Espagne, à la cascade du Cérisey, dans la vallée de Lutour, au lac d'Estom, dans la sapinière du Riou. — AC. — F. 188. P. nebulosa Nyl. Prodr. p. 67, Exs. Lich. paris. n° 144.— Psora nebulosa Hoffm. Sur la terresiliceuse, dans un bois au-dessus de Pauze.— R.— F. XL. PANNULARIA Nyl. in Flora. 189. P. lepidiota Nyl. Lich. Scand. p. 290, et Lamy Cat. Suppl. p. 9; (1) Me conformant à ce qu'a publié M. Nylander dans le Flora, 1882, p. 457 et 458, j'ai placé en sous-ordre, dans cette tribu largement établie, quelques anciennes et im- portantes tribus, séparées les unes des autres par des caractéres peu fixes et dés lors peu saisissables; voici l'exposé laconique du cadre adopté : Tribu. — LECANO-LECIDEEI. Subtribu 1. Pannariei. — . 2. Heppiei. — 3. Lecanorei. — 4. Pertusariei. — 5. Thelotremei. — 6. Lecideei. Je supprimerai les Heppiei, puisque aucune espèce de cette catégorie n'existe dans mon Catalogue. Cette disposition a aussi l'avantage d'étre plus en harmonie avec celle des Stictés et Peltigérés, où les types gonidiques et gonimiques ne sont pas attribués à des tribus distinctes, mais seulement à des sous-tribus. LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. 307 Lojka Exs. n° 22. — Lecidea carnosa var. lepidiota Sommrf. Lapp. p. 114. J'ai le premier découvert cette espéce, nouvelle pour la France, d'abord au Mont-Dore, puis à Cauterets sur les rochers, parmi des Mousses, au lae de Gaube, au Pont d'Espagne, au lac d'Estom. — R. — s. M. Nylander en a donné une description, sous le nom de Pan- naria praetermissa dans ses Lich. Scand. p. 124. 190. Pannularia microphylla Nyl. in Stizenb. Lich. helv. p. 82. —- Pannaria microphylla Massal.; Nyl. Prodr. p. 68; Norrl. Exs. n. 122. — Lichen microphyllus Sw. Rochers granitiques, dans les lieux ombragés. — R. — F. 191. P. triptophylla Nyl. in Stizenb. Lich. helv. p. 82..— Pannaria triptophylla Nyl. Prodr. p. 67; Norrl, Exs. n° 123. — Lecidea microphylla var. triptophylla Ach. Syn. p. 53. Marbres et granites, à Cauterets,. au Mamelon-Vert, dans la vallée de Cambasque, etc. Var. incrassata Nyl. Lich. Lapp. or. p. 124. Sur les vieux troncs de Chéne et de Sapin, dans le pare de Cau- terets et prés du Pont d'Espagne. Thalle d'un brun noirâtre, épais, stérile. 192. P. nigra Nyl. in Stizenb. Lich. helv. p. 82. — Pannaria nigra Nyl. Lich. Scand. p. 126 : Malbr. Exs. nv 27. — Lichen niger Huds. Sur le marbre, le schiste, les rochers granitiques et quartzeux, à Cauterets et Lourdes. — C. — F. 193. P. Muscorum Nyl. in Stizenb. p. 83. — Pannaria Muscorum Nyl. Lich. Scand. p.127 ; Norrl. Egs. n° 124. — Lecanora Mus- corum Ach. Syn. p. 193. Sur des rochers granitiques, prés du Pont d'Espagne et sur les pentes qui dominent les bains de la Raillére. — AR. — F. XLI. LEPROLOMA Nyl. in Flora, 4883. 194. L. lanuginosum Nyl. l. c.— Amphiloma lanuginosum Nyl. Prodr. p. 69; Egs. Lich paris. ne 31. — Parmelia lanuginosa Ach. Syn. p. 201. 368 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Rochers granitiques ombragés, souvent parmi des Mousses. — AC. — Toujours S. Var. leprosa Lamy Cat. p. 56. Sur les rochers qui dominent les bains de Rieumiset. — Cette forme, partout granuleuse, ne présente pas, méme dans son pourtour, la moindre trace de lobes thallins. M. Nylander a cru devoir, en ce qui touche cette espéce, changer le nom générique d'Amphiloma en celui de Leproloma, parce que les espéces exo- tiques de ce genre sont fertiles et trop différentes. Subtribu 2. — LÉCANORÉS. XLI. LECANORA (Ach.), Nyl. a. Groupe du Lecanora Hypnorum (Psoroma). 195. Y. Hypnorum Ach. Syn. p. 193; Nyl. Lich. Lapp. or. p. 125, Exs. Lich. Auvergne n° 34. Sur un rocher granitique parmi des Mousses, dans un bois près du Pont d'Espagne ; dans un lieu couvert, entre l'hospice et le Casino. — R. b. Groupe du Lecanora saxicola (Squamaria). 196. E. erassa Ach. Lich. univ. p. 413; Nyl. in Flora 1872, p. 554; Suzenb. Lich. helv. p. 85; Malb. Exs. n° 274. Dans les fissures des rochers calcaires, à Cauterets, au Mamelon- Vert, au Limaçon; sur les montagnes des environs de Lourdes (Pomés). Var. periculosa Schær. Lich. Europ. p. 58; Nyl. Lich. Scand. p. 130. Sur du marbre, dans la vallée de Cambasque, au Monné, au Cellier de Barrère, sur les flancs du Peyrenère. Cette variété, dont le thalle est d'un beau blanc, est plus ré- pandue à Cauterets que le type. 197. L. gypsacea Hepp Fl. Europ. 619; Nyl. in Stizenb. Hyperb. p. 25. Lecanora crassa var. gypsacea Sch. Spicil. p. 433, Exs. n? 344. — Lichen gypsaceus Sm. LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. 369 M. Vallot l'a découvert sur le pic de Catarrabe (1) ; je l'ai aussi récolté sur la terre qui recouvre des rochers calcaires au Limaçon. Les squamules ou aréoles du thalle, d’un jaune :vert-pâle au milieu, sont d'un blanc-pulvérulent dans leur contour. — s. 198. Lecanora rubina Ach. Lich. unir. p. 412; Rabenh. Exs. n° 175.— Parmelia rubina Schær. Enum. Lichen. p. 52. — Squa- maria rubina Hoffm. — Lecanzra chrysoleuca Ach. Syn. p. 189. Les deux noms spécifiques d'Acharius étant synonymes, j'ai cru devoir adopter le plus ancien. Rochers granitiques, prés du lac de Gaube ; rochers schisteux, au col de Riou. — Trés rare dans la premiére localité; plus abondant dans la seconde. M. Vallot l'a récolté, sur la chaine qui sépare le lac d'Ilhéou de la vallée de Marcadau, dans un état splendide. 199. L. melanophthalma Schær. Exs. Lich. helv. n° 346; Stizenb. Lich. hew. p. 81. — Squamaria melanophthalma DC. Fl. fr. vol. IT, p. 376. — Lichen melanophthalma Ram. Sur les pics du Viscos, du Vignemale et du Balaitous (Vallot). — F. Cette espéce, voisine de la précédente, en différe surtout par ses apothécies souvent difformes et à couleurs variables, c'est-à-dire brunes, d'un brun-glauque ou noirátre, jamais rouges ou roses. (1) Le Catarrabe est une dépendance ou un chainon du Monné, dont la cime est formée par un schiste calcaire; en le descendant, on rencontre bientôt le massif mélaphyre de Peyrenére, dont j'ai déjà parlé, qui le sépare de la large vallée dc Catarrabe. u | La couche verticale du Catarrabe, appartenant au terrain de transition, arrive au Mamelon-Vert, coupe la vallée de Cauterets à la hauteur du parc, póur se retrouver la Grange de la Reine-Hortense et sur le plateau de Lisey. Cette couche se relie par des schistes, les uns calcaires, les autres marneux ou phylladiens, au calcaire du col d'Homme, dont le pic, tout à fait indépendant de celui de Catarrabe, malgré sa proxi- mité de ce dernier, incline ses pentes jusqu'à la vallée du Limacon. Cette montagne, l'un des chainons latéraux du Cabaliros, sc compose de rochers cal- caires, d'une désagrégation constante et facile, donnant lieu chaque année à des ébou- lements successifs qui, sur divers points, ont envahi le lit du gave, dont la route de Pierrefitte suit les rives en zigzags trés accentués. Un grand nombre de Lichens cal- cicoles, venus sans nul doute des hauteurs voisines, végetent sur les débris rocheux descendus dans la vallée ; ils forment ensemble une véritable colonie, précipitée de haut en bas par suite de leur adhérence aux éboulis qui encombrent cette étroite loca- lité : parmi eux se trouve le L. gypsacea. T. XXX (SEANCES) 21 570 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 200. Lecanora disperso-areolata Schær. Exs. Lich. helv. n° 333 et Arn. n° 988; Stizenb. Lich. helv. p. 81. — Squamaria dispersoareolata Nyl. Lich. Scand. p. 132. Surle granite, le schiste et le marbre, prés de l'hospice de Cauterets, au lac d'Ilhéou, dans le cirque de Gavarnie. — Toujours S. dans ces diverses localités. M. Vallot l'a trouvé parfaitement fructifié sur les pies du Vigne- male et du Balaitous. Thalle fractionné-aréolé, d'un jaune pâle ou d'un glauque verdâtre ; aréoles bombées, peu continues et souvent dispersées. Apothécies d'un brun pâle, à rebord thallin proéminent et entier. Spores long. 0,012-18, épaiss. 0,005-7 millimétres. 201. L. saxicola Ach. Syn. p. 180; Nyl. Lich. Lapp. or. p. 125; Malbr. Exs. n° 123. Rochers granitiques, schisteux, calcaires. Espèce répandue dans les Pyrénées à toutes les altitudes et trés variable, soit dans les formes, soit dans la nuance de couleur du thalle et des apothécies ; parfois les lobes thallins du contour manquent complétement, et alors on croi- rait avoir sous les yeux une forme du L. galactina Ach. Var. albomarginata Nyl. in Sallsk. Societ. pro Fauna et Flora fennica XI, p. 181; Lamy Cat. p. 56. Sur un rocher schisteux, à Aspin (Pomés). — R. Var. diffraeta Stizenb. Lich. helv. p. 38; Lojka Exs. n° 125. Au sommet du Riou, au lac de Gaube, dans la vallée de Marca- dau ; sur du marbre à Lourdes. 202. L. concolor Ram. Mém. Soc. Linn. Paris. IV, p. 436; Stizenb. Lich. helv. p. 89. — Placodium concolor Kerb. Parerg. p. 54; Rabenh. Exs. n° 963 et Arnold n» 585. Sur du quartz, au-dessus du lae d'Estibaoude (Vallot).— RR.— F. M. l'abbé Pomés m'a envoyé ce Lichen des environs de Baréges, mais stérile. 3. L. fulgens Ach. Lich. univ. p. 437; Stizenb. Lich. helv.p. 89. — Roumeg; Exs. n° 258.— Placodium fulgens Nyl. Lich. Scand. p. 191 ; Exs. Rabenh. n» 20. Sur la terre dans les fissures du marbre, au Limaçon et au- dessus de la vallée de Catarrabe, prés du Cellier de Barrère; parmi des Mousses, prés de Lourdes (Pomès). LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. 371 c. Groupe du Lecanora murorum (Placodium), 204. L. elegans Ach. Lich. univ. p.435 : Nyl. Lapp. or. p. 126; Norrl. Exs. nos 318 et 379. À Cauterets, Gavarnie, Lourdes, au Monné, au Vignemale, etc. — CC. Var. tenuis Ach. Syn. p. 183. — C. Var. eetaniza Nyl. in Flora 1883, p. 105; Norrl. Exs. no 120, sous le nom de Lecanora elegans Ach. var. muscicola. A Lourdes (Pomés). J'ai trouvé la méme variété au Mont-Dore (Puy-de-Dóme). Dans le type du L. elegans, tout aussi bien que dans ses variétés, les sper- maties sont oblongues, long. 0,020-%5 millim., épaiss. 0,0005-8 millim. 205. L. murorum Ach. Lich. univ. p. 433; Nyl. Lich. Lux. p. 366; Exs. Lich. paris. n° 119. — Lichen murorum Hoffm. Rochers schisteux et calcaires, à Cauterets, Gavarnie, Lourdes. Le type est peu répandu. Var. lobulata Weddell; Nyl. Exs. Lich. d'Auvergne n° 86. Près de Cauterets. — R. Var. miniata Nyl. Lich, Scand. p. 136.— Lichen miniatus Hoffm. Sur les rochers des pentes du Cabaliros et du Monné. Var. obliterata Ach., Nyl. Lich. Scand. p. 186; Malbr, Exs, n° 126. Sur du granite, dans la vallée de Marcadau ; sur du marbre, au lac d'Ilhéou et à Gavarnie. 206.' L. pusilla Nyl. in litt, ad Norrl.; Stizenb. Lich. helw. p. 91; Norrl. Exs. n* 381. Sur le marbre, au Monné; sur des granites, prés de l'ancien parc de Cauterets ; sur la rive gauche du gave, au delà du Mamelon- Vert. — AC. Spores ellipsoides, plus petites que dans le Lecanora murorum. 207. L. tegularis Nyl. in Flora 1883, p. 106. Lecanora murorum var. tegularis Ach. Syn. p. 181, et Nyl. Lich. Scand. p. 136. — Rabenh. Exs. n° 915. — Lichen tegularis Ehrh. Sur des schistes et des granites, près de l'hospice de Cauterets, dans les vallées de Cambasque et de Catarrabe. — AC. 312 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Dans cette espéce, les spermaties sont un peu plus petites que dans le Leca- nora murorum. Voici leurs dimensions : long. 0,002-3 millim., épaiss.0,0007-8 millimètres. Le thalle varie du jaune vif au jaune päle; du reste cette variation de nuance se manifeste dans la plupart des Lichens de cette couleur, suivant qu'ils croissent au soleil ou à l'ombre. Var. attenuata Lamy. — Sur du schiste compacte, entre le Casino et l'hospice de Cauterets. Très rare et jolie variété, dont les lobes rayonnants, au lieu d’être épais et arrondis, se terminent en pointe progressivement amincie et trés aigué (1). 208. Lecanora caltopiza Nyl. in Flora 1883, p. 98. Sur des rochers granitiques, près de la Raillère. Cette espéce rare, récemment publiée, est peu connue; aussi je n'hésite pas à veproduire ici la description qu'en a donnée M. Nylander: « Similis fere Lecanoræ callopismæ vel sympageæ,sed sporis sim- pliciter “ellipsoideis parte media septiformi crassitiei tertie vel quarte partis longitudinis totius spore (hec longit. 0,011-15 millim., crassit. 0,006-8 millim.). Spermatia oblonga, longit. 0,002-3 millim., crassit. 0,0005-7 millim. » Cette description a été faite d’après des échantillons récoltés dans les Alpes et à Luchon. 209. L. obliterascens Nyl. in Flora 1883, p. 99. Sur du marbre, près du cirque de Gavarnie. — R. Espèce peu connue et nouvellement décrite ; voici ce qu'en a dit M. Nylander : « Similior Lecanoræ lobulatæ Smrf. sed sporis long. 0,008-0,011 millim., crassit. 0,004-5 millim. » . Ce Lichen, trés voisin du Lecanora tegularis Nyl., avait déjà été trouvé en Ecosse, daus les Vosges, et par moi, en 1872, prés de Surdoux et de Saillat (Haute-Vienne), sur dela serpentine, du granite et du quartz; mais jusqu'à ce jour je l'avais simplement considéré comme une variété du L. murorum. C'est donc une nouvelle espèce qu'il faut ajouter à mon Catalogue des Lichens du Mont-Dore et de la Haute- Vienne. 210. L. apagea Nyl. in Flora 1883, p. 99. Sur les rochers, prés de Baréges ; altit. presque 2000 mètres. (1) Ce serait ici la place naturelle du Lecanora decipiens des auteurs (Physcia deci- piens Arnold), qui n'est pas rare à Cauterets, mais M. Nylander (in litleris) m'a déclaré qu'à ses yeux cette espèce n'étant pas tenable, il me conseillait de ne pas l'admettre. D'aprés lui, ce qu'on nomme ainsi a été de tout temps le vrai L. murorum. et il n'y am: d'autre muricole méritant ce nom : ce qu'on nomme spécialement murorum n'en iffere pas. LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. 373 Cette localité, à vol d'oiseau, est si rapprochée du groupe des montagnes de Cauterets, qu'il m'a paru convenable d'indiquer ici une espèce qui, très proba- blement, existe dans les lieux que j'ai spécialement explorés. En voici la trés bréve description, donnée par M. Nylander : « Varietas sit L. sympageæ (sporis conveniens) holocarpa, thallo vix visibili, apotheciis confertis subpulvinato-congestis. » Etiam lec facie distinguenda, peculiaris thallo fere deficiente. » 211. Lecanora cirrochroa Ach. Syn. p. 181; Nyl. Lich. Lapp. or. p. 126 ; Malbr. Exs. n° 321. Rochers calcaires, au Limaçon, au Mamelon-Vert, dans les vallées de Cambasque et de Catarrabe; environs de Lourdes, notam- ment sur la montagne du Calvaire. Var. leprosa Lamy. — Sur des rochers calcaires à Lourdes, notam- ment à l'entrée des grottes. Même dans le type, la partie centrale du thalle a une tendance à se désagré- ger, et la disparition de l'épiderme thallin met en évidence une matiére granu- leuse, intermédiaire entre la nuance orangée et la nuance citrine; parfois les lobes parmelioides manquent complètement, et alors le Lichen, dans toute son étendue, ressemble à un vrai Lepra. 212. L. callopisma Ach. Syn. p. 184; Nyl. Lich. Lux. p. 366; Stizenb. Lich. helv. p. 92; Arnold Exs. n* 388 et Malbr. n» 124. Rochers calcaires des environs de Lourdes (Pomés). Dans ce Lichen, comme dans le suivant, les jspermaties bacilliformes ont en longueur 0,040-50 millim., en épaisseur 0,0006-8 millim. 913. * L. sympagea Nyl. in Flora 1813, p. 197, et Lich. Pyr. or. p. 50; Stizenb. Lich. helv. p. 92; Zwackh, Exs. n° 58 bis. Leca- nora callopisma var. sympagea Ach. Syn. p. 184. — Am- philoma Heppianum Müller Enum. Lich. Genève, p. 39: Flagey Exs. n° 120. — Physcia Heppiana Arnold Ers. n° 380. Sur le marbre des environs de Lourdes. — AC. Ce Lichen, par son aspect extérieur, ressemble au type du L. murorum, mais par la forme de ses spores, largement quadrangulaires, il rentre dans le pré- cédent comme sous-espèce, dont on le distingue tout de suite par les lobes rayonnants du thalle, qni sont épais, bombés, non minces, plans et plus ou moins déprimés. 914. L. granulosa Nyl. in litt; Hepp Fl. Europ. n° 908; Stizenb. Lich. helv. p. 90: Weddell. Monogr. Amphil. p. 18. — Am- 374 SÖCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. philoma granulosum Müll. Enum. Lich. Genève, p. 40; — Physcia granulosa Arnold Exs. no: 340 a. et b. Rochers calcaires au-dessus des grottes de Lourdes (Lamy), à Peyramale (Pomès). — Souvent s. Thalle de nuance jaune d'œuf, complètement granulé dans la partie du mi- lieu et parfois sur toute sa superficie; granules de mince dimension, assez sou- vent crénelés, disséminés ou agglomérés par groupes non continus ; squaniules thallines du contour peu développées, courtes, anguleuses-arrondies, planes ou convexes. Apothécies sessiles, à bord d'abord entier, puis plus ou moins cré- nelé. Spores ellipsoides, souvent au nombre de huit. Spermaties oblongues- ellipsoides. Lorsque les lobules du thalle manquent complétement ou sorit peu accentués, on serait tenté de le rapprocher, soit du Lecanora citrina, soit de quelques autres Lichens du méme groupe. 215. Leeanora australis Nyl. in litt. ad Lamy. — Physcia australis Arnold, Flora 1815, p. 154, Egs. n a. et b. Rochers, prés de Baréges. Lichen nouveau pour la France, découvert par M. Nylander, à l'altitude de 1800 mètres, en compagnie des Lecanora Conradi et Hypnorum. 11 n'a rien de caractéristique extérieurement; mais, par ses spores oblongues ou fusiformes, uniseptées, on le distingue de toutes les autres espéces du groupe Placodium. Toutes les espéces ou sous-espéces comprises dans ce groupe prennent, au contact de la potasse, la nuance pourpre vineuse. d. Groupe du Lecanora cerina. 216. L. eiteina Ach. Syn. p. 176; Stizenb. Lich. helw. p. 92; Oliv. Exs. n° 223. — Placodium citrinum Nyl. Lich. Scand. p. 136. Sur du marbre, à Lourdes (Pomès). 217. L. inerustans Ach. Syn. p. 174; Nyl. in Flora 1878 p. 340; Stizenb. Lich. helv. p. 92. — Patellaria incrustans DC. Flor. fr. vol. IT, p. 361. Sur du marbre, prés de l'hospice de Cauterets. Ce Lichen est vulgaire, notamment selon M. Nylander, à Paris, sur les murs de Gentilly, mais plusieurs lichénographes l'ont confondu avec certaines formes du L. murorum. La description qu'en a donnée M. De Candolle manque d’exactitude à tel point, qu'elle ne parait pas s'appliquer à l'espéce qui en est l'objet (1). Je fis part de mes doutes à M. Nylander, qui répondit : (1) Scherer a sans doute partagé cet avis, puisque, dans son Enum. Lich. europ. p- 446, ila fait du Patellaria incrustans DC. là variété æ. incrustans de son Lecidea rupestris, la plaçant au-dessus de la var. B. calva (Dieks.). — Il me paraît certain que LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. 375 « Rassurez-vous ; l'espéce m'est connue par les échantillons de De Candolle » et Dufour, envoyés par eux à Acharius, et vus par moi dans l'herbier de ce » dernier. » En voici la description : Thalle d'un jaune pâle, incrustant, c'est-à-dire formant croûte, celle-ci nul- lement lobulée, plus ou moins fractionnée, parfois continue, verruqueuse, légé- rement pulvérulente. Apothécies trés saillantes, d'un jaune plus foncé que la surface thalline, à bord épais, tantôt entier, tantôt fortement crénelé.—La réac- tion produite par K sur le thalle est d'un rouge-vineux. Les spermaties (in Flora, 1883, p. 106) oblongues ou subellipsoides, long. 0,0020-25 millim., épaiss. 0,0005-7 millim. C'est surtout par ces caractéres qu'il differe du Lecanora decipiens Arnold, qui rentre aujourd'hui dans le L. murorum. 218. Lecanora aurantiaca Nyl. Prodr. p. 76 ; Rabenh. Exs. ne 867.— Lichen aurantiacus Leight. Sur l'écorce du Noyer, à Lourdes (Pomès). — R. 219. L. erythrella Ach. Syn. p. 175; Nyl. in Lamy Cat. p. 59. Leca- nora aurantiaca var. erythrella Nyl. Lich. Scänd. p. 142; Malbr. Exs. n° 323. Sur le schiste et le marbre, aussi bien sur les hautes montagnes que dans les vallées. — CC ; plus rare å Lourdes. La nuance du thalle varie du jaune orangé au jaune-citron ; cette dernière est la plus fréquente. J'en ai reçu de M. l'abbé Pomès une forme qui passe au L. steropea Ach. 220. L. ochracea Nyl. in Lamy Cat. p. 59; Stizenb. Lich. helv. p. 93; Lojka Exs. n° 28. — Parmelia ochracea Fr. Lich. europ. p. 164. Sur du marbre, à Cauterets, dans la vallée de Catarrabe, à Ga- varnie et Lourdes. — C. dans cette dernière localité. Les spores sont 3-cloisonnées. 291. L. Turneriana Nyl. in Lamy Cat. p. 60. — Lecidea Turneriana Ach. Syn. p. 49. Sur du marbre, prés du Mamelon-Vert. — RR. Thalle mince, d'un noir brunátre. Apothécies de consistance délicate, d'un M. :De Candolle a fait sa description sur un échantillon différent de celui quà vu M. Nylander dans l'herbier d'Acharius ; elle s'applique parfaitement au L. irrubata Nyl., et, si mes présomptions sont fondées, il faudrait exclure de la synonymie du L. incrustans Ach. le Patellaria incrustans DC. — Du reste, M. De Candolle, semble lui-méme avoir tranché la question, lorsqu'il a dit, à l'occasion de son P. incrustans : an Lichen irruba- fus Ach. ? 370 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. jaune tendre. avec un rebord entier de méme couleur, d'abord concaves, puis planes. — K, sans action sur le thalle, imprime aux apothécies la nuance rouge vineuse. 222. Lecanora steropea Nyl. in litteris; Lamy Cat. p.60. Lecanora vitellina var. steropea Ach. Syn. p. 175; Nyl. Lich. Scand. p. 136. Sur du schiste, au-dessus de l'hospice de Cauterets. — RR. Quoique Acharius rapproche ce Lichen du L. vitellina, je dois dire qu'il ne présente pas le méme aspect extérieur. Le thalle et les apothécies sont comme lui concolores, mais constamment d'un jaune orangé ; les aréoles thallines sont moins saillantes, plus minces; les apothécies plus petites. Dans son ensemble, il ressemble assez à certaines formes exigués du L. murorum. — K réagit en rouge vineux. 229. L. ferruginea Nyl. Prodr. p. 116; Malbr. Exs. n° 30. -— Lichen ferrugineus Huds. Sur des rochers schisteux, prés du Mamelon-Vert et dans la vallée de Catarrabe. — C. sur les troncs d'arbres dans la forét de Lourdes (Pomés). Var. festiva Nyl. ; Malbr. Exs. n° 275. Cauterets. — R. 224. L. Iamprocheila Nyl. in Lamy Cat. p. 61; Stizenb. Lich. helv. p. 94; Zwackh Exs. n» 704. — Patellaria lamprocheila DC. F1. fr. vol. IL, p. 557. Rochers granitiques, dans la vallée de Marcadau. — RR. 229. L. esesio-rufa Nyl. Flora 1880, p. 388; Lamy Cat. suppl. p. 10; Stizenb. Lich. helv. p. 95; Norrl. Exs. n° 272, et Arn. n» 991. — Lecidea cæsio-rufa Ach. Syn. p. 44. Rochers schisteux, au sommet du Riou, dans la vallée de Cam- basque, et prés du lac d'Ilhéou. Plus répandu que les deux précédents dans les environs de Cauterets. 226. L. eerina Ach. Syn. p. 179; Nyl. Lich. Scand. p. 144; Malbr. Exs. n° 28. — Lichen cerinus Ehrb. Troncs d'arbres, à Cauterets et Lourdes. — C. Le frére Héribaud, de Clermont, a trouvé cette espéce, au sommet du Plomb du Cantal, sur les feuilles desséchées du Saxifraga Aizoon ; j'ai cru devoir noter ce curieux habitat. J'ai rencontré dans l'ancien parc une forme complétement dépourvue de thalle. Les apothécies, mélangées à celles du Physcia obscura, semblaient en apparence, mais non en réalité, vivre en parasites sur cette dernière espèce. LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. 311 227." Lecanora hzematites Chaub. Fl. d'Agen p. 492; Stizenb. Lich. helv. p. 96 ; Malbr. Exs. n° 13. Sur une jeune écorce de Peuplier dans la forét de Lourdes (Pomés). Ainsi que dans le L. chlarona Ach., les disques des apothécies sont parfois envahis par le Sphæria epicymatia Wallr. 228. L. rubelliana Ach. Syn. p. 118; Nyl. Prodr. p. 11. — Callopis- ma rubellianum Korb. Syst. Lich. p. 130; Arnold, Exs. n* 434 b. Sur un rocher schisteux, à Lourdes (Pomés). — R. M. Nylander a aussi indiqué cette espéce dans ses Lich. Pyr. or. p. 6. Thalle mince, couleur de minium, d'un rouge vineux sous l'action de la potasse. Apothécies petites, souvent serrées et continues, concaves, d'une nuance plus vive que les aréoles thallines. Spores ellipsoides. 229. L. pyracea Nyl. Lapp. or. p. 129; Stizenb. Lich. helv. p. 97; Norrl. Exs. n» 270 (corticole) ; Malbr. Exs. n° 324 (saxicole). — Callopisma luteo-album Korb. Syst. Lich. germ. p. 128. Rarement sur les trones d'arbres; plus souvent sur le schiste et le marbre, à Cauterets et Lourdes. Je n'y ai pas remarqué le vrai Lecanora luteoalba, dont les spores sont 1-septées. Var. Persooniana (Ach.) in Lamy Cat. p. 63; Malbr. Exs. n° 325. Var. pieta (Tayl.), in Lamy Cat. p. 62; Malbr. Suppl. Cat. Norm. p. 34; Larbal. Exs. n» 55. Sur du marbre, au Mamelon-Vert, prés de Cauterets; sur du Sapin, prés du lac d'Illiéou. — K. 230. L. vitellinula Nyl. in Flora 1863, p. 305, et Lapp. or. p. 127; Lamy Catal. p. 169; Norrl. Exs. ne 171, et Lojka n° 30. Rochers calcaires, à Lourdes. — R. K réagit en rouge vineux sur le thalle et les apothécies. 231. L. irrubata Nyl. in Richard Cat. Deux-Sèvres, p. 24 (1); Norrl. Ézs. n° 44. — Lecideaj irrubata Ach. Syn. p. 40. Lecidea rupestris var. irrubata Ach. Lich. univ. p. 206. Sur le marbre, à Cauterets, au Limaçon et à Lourdes. (1) Si, comme j'en suis convaineu, ce que j'ai dit précédemment du L. incrustans est exact, le Patellaria incrustans DC. et le L. rupestris var. a. incrustans Scheer. (Enum. Lich. p. 146) devraient être considérés comme synonymes du L. irrubata Nyl. 318 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Thalle obscurément cendré, aréolé-fendillé. Apothécies d’abord planes, con- vexes, puis très saillantes, presque arrondies, parfois difformes, d'un jaune- roux. 232. * Lecanora ealva Nyl. Lich. Scand p.147; Stizenb. Lich. helv. p. 99. — Lecidea rupestris var. calva Ach. Meth. p.70. — Lich. calvus Dicks. Rochers calcaires, à Cauterets et Lourdes. — AC. Plusieurs de mes échantillons de Cauterets sont identiques à celui que Rabenhorst a publié, n° 468, sous le nom de Biatora incrustans Massal. ou Lecidea rupestris var. incrustans Scheer. Enum. Lich. p. 146. Les apothécies, au moins dans leur jeunesse, sont enfoncées dans le thalle, ou plutót dans la pierre, d'un beau jaune; c'est en vieillissant qu'elles devien- nent convexes et d'une nuance plus terne. Quelques auteurs ont donné le premier rang au Lècanora calva, dont le L. irrubata ne serait qu'une sous-espéce. En cela ils semblent avoir eu tort, attendu que le calva n'est qu'une dégradation du second, celui-ci ayant le thalle développé, alors que le premier ne l'a que trés appauvri ou nul. 233. L. eandieans Scheer. Enum. Lich. p. 59. — Placodium candicans Dub. Bot. gall. p. 661; Nyl. Prodr. p. 12. — Lichen can- dicans Dicks. Sur un rocher calcaire, prés de Lourdes (Pomés). — R. — F. Ce Lichen a des spores biloculaires; ses spermogonies sont comme chez les espéces de l'ancien genre Placodium. 294. L. variabilis Ach. Lich. univ. p. 369, et Syn. p. 165. — Lichen variabilis Pers. — Rabenh Exs. n° 794 (sous le nom de Pyrenodesmia variabilis Koerb.). Sur un rocher calcaire dans la vallée de Catarrabe, mais en mauvais état. — R. Cette espéce doit exister dans les environs de Lourdes. e. Groupe du Lecanora vitellina. 299. L. xanthostigma Nyl: Lapp. or. p. 130; Stizenb. Lich. helv. p. 102; Oliv. Exs. n° 226. — Lecidea citrina var. xantho- stigma Ach. Syn. p. 116. Vieux trones d'arbres, à Cauterets, surtout dans l'ancien parc. — C. presque toujours S. K — : c'est-à-dire sans réaction. 236. L. vitellina Ach. Syn. p. 114; Nyl. Lich. Scand. p. 141 ; Malbr. Exs. n 16. — Lichen vitellinus Ehrh. Pl. cr. n° 155. LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. 379 Sur les granites et les schistes, depuis les vallées jusqu'aux plus hauts pies des montagnes; je l'ai remarqué au Pont d'Es- pagne sur les coussinets d'une petite Mousse. K — (sans réaction). 231. Lecanora laciniosa Nyl. in Flora 1881, p. 444; Lamy Cat. suppl. * p. 11. — Parmelia laciniosa Duf. — Lecanora candelaria Ach. Syn. p. 192. — Malbr. Exs. n° 69. — Lich. concolor Dicks. Sur divers trones d'arbres, dans l'ancien parc de Cauterets, au-dessus des bains de César et de Rieumiset, au village de Gavarnie, etc. — s. 238. E. epixantha Nyl. Lapp. or. p. 127; Lamy Cat. p. 66; Zwackh Egs. n° 526. — Lecidea epixantha Ach. Syn. p. 48. Sur du marbre de la montagne de Béouth, prés Lourdes (Pomès). — R. —F. K — (sans réaction). f. Groupe du Lecanora sophodes. 239. L. mougeotioides Nyl. in Flora 1872, p. 364, et Lich. Pyr. or. p. 1; Stizenb. Lich. helv. p. 104; Lojka Ess. n° 86 ad int: Sur le marbre et le schiste, près du Mamelon-Vert, dans la vallée de Cambasque, au col du Riou, au Peyrenère, au Ba- laïtous, etc. Spores long. 0,009-0,011 millim., épaiss. 0,005-7 millim. — K réagit en jaune sur le thalle, dont les lobes rayonnants sont parfois, mais exceptionnelle- ment, trés courts et presque nuls. La plupart des auteurs ont confondu ce Lichen avec le vrai Lecanora oreina Ach., espèce arctique, sur laquelle la potassé ne produit pas de réaction jaune. 240. L. sophodes Ach. Syn. p. 153; Nyl. Lich. Lapp. or. p. 131 ; Lojka Exs. n° 465 ad int. — Lichen sophodes Ach. Prodr. p. 61. Sür des troncs de Noyer, dañs lé nouveau pare de Cauterets. — AR. 24. * L. tævigata Ach. Lich. univ. p.357; Nyl. in Flora 1818, p. 345. Sur un vieux tronc de Sapin, prés de Cauterets. — R. 249. L. exigua Nyl. in Flora 1873, p. 197 et 1874, p. 307 ; Stizenb. Lich helv. p. 105. — Lichen exiguus Ach. Prodr. p. 69. 380 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Sur du schiste lamelleux, à Cauterets; sur un rocher calcaire, à Aspin et Lourdes (Pomès). — R. Spores long. 0,010-16 millim., épaiss. 0,006-7 millim. 243. Leeanora confragosa Nyl. in Norrl.; Stizenb. Lich. helv. p. 105; Norrl. Exs. n° 214. — Parmelia confragosa Ach. Meth. Lich. Suppl. p. 33. Sur du marbre de la montagne de Béouth, prés de Lourdes (Pomés). — R. Apothécies d'un brun noirâtre ou tout à fait noires. Spores long. 0,018-23 millim , épaiss. 0,009-13 millim. 244. u. discolorans Nyl. in Flora 1868, p. 247. Lecanora confra- gosa var. lecidotropa et amphitropa Nyl.; Lamy Cat. p. 68. — Lecidea discolor Hepp Flecht. Europ. p. 319. Sur un rocher calcaire de le montagne du Calvaire, à Lour- des. — R. Deux savants lichénographes, MM. Leighton et Stizenberger, à l'exemple de Hepp, ont adopté pour ce Lichen le genre Lecidea, et je dois convenir qu'il est de ceux dont on peut reconnaitre dans une certaine mesure la nature lécidéine ; mais, le Lecanora confragosa étant trés répandu dans la Haute-Vienne, j'ai pu l'étudier fréquemment sous toutes ses formes, et j'ai constaté que, par des tran- sitions successives, il arrive à représenter les variétés lecidotropa et amphi- tropa, surtout lorsqu'il a pour substratum des rochers baignés, pendant une partie de l'année, par des eaux courantes ; sous cette pression, les bords de ses apothécies disparaissent parfois complétement, sans toutefois anéantir ses attaches intimes avec le Lecamora confragosa : d’où la sous-espèce disco- lorans. 245. L. milvina Ach. Syn. p. 151; Nyl. Lich. Scand. p. 150; Norrl. Exs. n° 244, et Lojka n° 33. — Lichen milvinus, Wahlnb. Sur un rocher granitique,dans la vallée du lac de Gaube. —R. — F. 246. L. Bischoffii Nyl. in Stizenb. Hyperb. p. 29; Stizenb. Lich. helv. p. 106. Spores long. 0,022-0,024 millim., épaiss. 0,016-017 millim. (Leighton). Le type paraît manquer à Cauterets. Var. immersa in Leight. Lich. Flora p. 221.— Rinodina Bischoffii Hepp var. immersa Kærb. Parerg. Lich. p. 15; Flagey Exs. n° 484. Sur un rocher calcaire au Cellier de Barrère, à l’extrémité de la vallée de Catarrabe. — RR. LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. 381 Apothécies trés petites, noires, concaves ou planes, enfoncées dans le thalle, qui est d'un blanc cendré ou d'un blanc terne, rarement proéminentes, immar- ginées ou munies d'un mince rebord. 241. Lecanora colobina Ach. Lich. univ. p. 358; Nyl. Lich. Scand. p. 149; Stizenb. Lich. helv. p. 107. — Rinodina colo- bina Th. Fr. Lich. Scand. p. 205; Flagey Exs. n° 185. Sur la vieille écorce d'un Chéne, au-dessus des bains de Pauze. — RR. — r. Thalle léproide, d'un cendré bleuâtre ou d'un cendré noircissant. Apothécies petites, d'abord concaves, puis planes, à disque d'un brun noiràtre avec un rebord entier de la nuance du thalle. Spores obtuses, oblongues-ellipsoïdes, un peu resserrées dans le milieu; long. 0,016-20 millim., épaiss. 0,007-9 millim. (Th. Fries). 248. L. Conradi Nyl. in Norrl. Tavast. p. 182; Stizenb. Lich. helv. p. 108; Lojka Exs. n° 123. — Rinodina Conradi Korb. Syst. Lich. germ. p. 123. — Lecanora pyreniospora Nyl. Lich. Scand. p. 151. sur les Mousses et les herbes desséchées qui couvrent les rochers. Ce Lichen, nouveau pour la France, a été découvert prés de Baréges par M. Nylander. Ses apothécies, assez semblables à celles du L. sophodes Ach.. sont à disque d'abord brunátre, puis d'un brun foncé, presque noir, avec un rebord de nuance plus claire, entier ou légérement crénelé. Spores ellipsoides, 4-loculaires, long. 0,026-32 millim., épaiss. 0,010-11 millim. 249. L. atrocinerea Nyl. in Flora 1812, p. 241; Exs. Lich. paris. n° 43. — Lichen atrocinereus Dicks. Crypt. II, p. 13. . Sur un rocher schisteux, à Aspin, prés de Lourdes (Pomès). Je l'y ai aussi rencontré moi-même, mais en très petite quantité. Dans la région du Centre, cette espèce et le L. milvina se rencontrent assez souvent sur des rochers submergés pendant quelques mois de l’année ; dans ce cas, l'action de l’eau courante use et fait en partie disparaître les bords des apothécies, mais d’une façon moins sensible que dans le L. confragosa. g. Groupe du Lecanora alphoplaca. 250. L. alphoplaea Ach. Syn. p. 187: Nyl. Lich. Scand. p. 192; Lojka Exs. n°92 ad int.—Lichen alphoplacus Whlnb. Lapp.p. 421. Sur du granite, au Pont-d'Espagne et aulac de Gaube; sur du schiste prés du lac d'Hhéou, mêlé au Lecanora circi- nata. 382 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Sous l'action de la potasse, la médulle commence par jaunir, puis passe rapi- dement au rouge vif. Cette nuance rougeátre existe parfois naturellement sur quelques points du thalle, sans l’emploi d'aucun réactif. 951. Lecanora circinata Àch. Syn. p. 154; Nyl. Lich. Scand. p. 152; Malbr. Exs. n» 328. — Lichen circinatus Pers. Sur les schistes lamelleux et les rochers calcaires, dans la vallée de Combasque, au lac d'Ilhéou, au col du Riou, prés du Mamelon-Vert, et à Lourdes. — C. Ce Lichen, à formes trés variables, se rencontre dans les vallées et jusqu'aux plus hauts sommets. Son thalle jaunit au contact de la potasse. 259. * L. subeircinata Nyl. in Flora 1873, p. 18; Stizenb. Lich. hel. p: 110. Sur le marbre, à Cauterets et Lourdes. Cette sous-espèce est moins répandue dans ces deux localités que le type, dont on la distingue facilement par l'action différente de K, dont la réaction jaune passe vite à un beau rouge vermillon. h. Groupe du Lecanora subfusca. 253. L. galactina Ach. Syn. p. 187; Nyl. Lich. Lapp. or. p. 132 Norrl. Exs. n° 139 (forme lignaria). hochers granitiques et schisteux, mais plus fréquemment sur le marbre, à Cauterets et Lourdes. — C. Spores long. 0,009-0,010 millim., épaiss. 0,005-6 millim. Je dois signaler la forme monstrosula Lamy, dont les apothécies sont d'une grandeur excessive, avec des sinuosités inégales et profondes, qui les rendent complétement irréguliéres. | 254. L. dispersa Flk. D. FI. III, p. 4; Nyl. Lich. Lapp. p. 181 ; Stizenb. Lich. hew. p. 1410; Lojka Exs. n° 125. — Lichen dispersus Pers. Sur un rocher quartzeux, derrière l'hospice de Cauterets; sur du marbre, prés du Mamelon-Vert. — R. Spores long. 0,009-0,014 millim., épaiss. 0,0045 - 0,0060 millim. Var. pruinosa Anzi, Arnold Lich. Ausfl. in Tirol. XX, p. 12. Sur du marbre, dans les lacets du parc de Cauterets. Disque des apothécies d'un bleu pále, pruineux, avec rebord blanc entier. 299. L. erenulata Nyl. Lich. Lapp. or. p. 181; Stisenb. Lich. helv. LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. 383 _p. M0; Lojka Exs. no 298 ad int. et Zwackh. n° 711. — Lichen crenulatus Dicks. Sur du marbre, prés du Mamelon-Vert. — R. Spores long. 0,010-16 millim., épaiss. 0,005-7 millim. Paraphyses articu- lées, plus grosses que dans l’espèce précédente. Dans les deux espèces galactina et dispersa, les apothécies sont assez fré- quemment à bords crénelés, et dans ce cas on serait assez disposé à les rap- porter au L. crenulata, dont les crénelures apothéciales sont tout à fait diffé- rentes, c’est-à-dire beaucoup plus accentuées, non petites, arrondies et absolu- ment continues, mais larges, presque carrées et séparées les unes des autres par un sillon profond, très apparent. 256. Lecanora subiusca Ach. Syn. p. 157; Nyl in Flora 1872, p. 250 ; Oliv. Exs. n° 33. Troncs d'arbres, à Cauterets et Lourdes. J'ai déjà dit dans mon Catalogue, page 71, que les Lecanora argentata et glabrata des auteurs rentrent dans le type de cette espéce. — La forme cam- pestris Schær. se rencontre sur les rochers; Lojka Exs. nes 170 et 493 ad int. 251. L. allophana Ach. Syn. p. 158; Nyl. in Flora 1872, p. 250; Stizenb. Lich. helv. p. 141 ; Malbr. Exs. no 282. Tronc de Noyer et de Chêne, à Cauterets; troncs de Cerisier, à Aspin, prés de Lourdes (Pomés). 258. L. horiza Nyl. in Flora 1883, p. 107 et 108; Zwackh Lich. Hei- delbergs, p. 32. L. subfusca var. horiza Ach. Syn. p. 157. Sur divers troncs d'arbres au Cellier de Barrère, à l'extrémité de la vallée de Catarrabe. Thalle rugueux-graruleux, d'un blanc cendré. Apothécies d'abord concaves, puis plus ou moins planes, avec un rebord tantôt entier, tantôt crénelé. D’après M. Nylander, l'herbier d'Acharius contenait sous ce nom deux espèces différentes, notamment le L. parisiensis Nyl. Dès lors l’ancien L. horiza Ach. n'est que pour une partie synonyme du parisiensis, et dans sa délimitation nouvelle le nom d’horiza appartient plutôt à M. Nylander qu'à Acharius. 259. L. rugosa Nyl. in Flora 1872, p. 250; Stizenb. Lich. helv. p. 111; Norrl. Exs. n° 284. — Lichen rugosus Pers. Sur divers troncs d'arbres, à Cauterets et Lourdes. — C., sur- tout dans la seconde localité. 260. L. chlarona Ach. Syn. p. 158 ; Nyl. in Flora 1872, p. 250 ; Norrl. Exs. n° 133. Troncs d'arbres. R. à Cauterets ; plus C. à Lourdes (Pomés). 284 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 261. Lecanora coilocarpa Nyl. in Lamy Cat. 72; Stizenb. Lich. helv. p. 112; Norrl. Exs. n° 134. Lecanora subfusca var. coilo- carpa Ach. Syn. p. 157. Sur un tronc de Noyer, à Cauterets et sur un tronc rabougri de Sapin, au sommet du Péne-Nére. — R. 262. L. intumescens Rebentisch; Nyl. in Flora 1881, p. 178, et Lamy Cat. p. 13; Stizenb. Lich. helv. p. 112; Arn. Exs. n° 273 et Oliv. n° 182. Troncs d'arbres, à Cauterets et Lourdes. — RR. — M. l'abbé Pomès me l'a envoyé de Baréges. 263. L. albella Ach. * subalbella Nyl. in Flora 1872, p. 365 ; Stizenb. Lich. helv. p. 142, Schær. Exs. n° 315 et Zwackh n° 499 b. Sur un tronc de Sapin, prés du lae d'Estom ; sur des pieux pi- qués enterre, au Pont d'Espagne (Viaud-Grand-Marais).— R. Dans la forêt de Lourdes (Pomés). — AC. 264. L. atrynea Nyl. in Flora 1872, p. 250, 354, 365; Arn. Exs. n° 831 et Norrl. n° 285. Lecanora subfusca var. atrynea Ach. Syn. p. 158. Sur du marbre, derriére l'hospice de Cauterets, au haut du Monné, dans la vallée de Cambasque, dans leslacets du parc ; pics de Catarrabe et du Viscos (Vallot). Spores ovales-oblongues, long. 0,012-0,015 millim., épaiss. 0,006 millim. Var. eenisia Ach., sur un rocher granitique dans un bois, avant de traverser le Pont d'Espagne. Cette variété ne diffère que par des apothécies plus ou moins pruineuses. Les échantillons typiques, récoltés dans la vallée de Cambasque, sont d'une grande beauté et remarquables par la grandeur des apothécies. 265. L. gangaleoides Nyl in Flora 1872, p. 354; Leight. Lich. Flora p. 189. Sur un rocher granitique, dans la vallée de Gaube. — R. Sur du gneiss, prés de Lourdes (Pomés). 260. L. angulosa Ach. Syn. p. 166; Nyl. in Flora 1872, p. 250, 428, 550; Norrl. Exs. n° 137. Tronc d'arbre entre le Casino et l'hospice de Cauterets ; bords du lac de Lourdes (Pomès). — RR. 267. L. glaucoma Ach.;Syn. p. 165; Nyl. Prodr. p. 87, Exs. Lich. d'Auvergne n° 31. LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. 385 Sur le granite, le schiste et le marbre, dans les vallées de Cau- terets et de Marcadau, au col du Riou; au pie du Viscos (Vallot) ; à Lourdes (Pomés). — AC(1). 268. Lecanora bicineta (Ram.) Nyl. in Flora 1872, p. 549, et Lich. Delph. in Bull. Soc. bot. de France, t. X, 1863, p. 258; Suzenb. Lich. helv. p. 113; Lojka Exs. n° 310 ad int. Sur le quartz et le schiste des cimes du Cabaliros et du Péne- Nére, au Mamelon-Vert; sur du marbre dans le cirque de Gavarnie; au lac d'Estibaoude et au Viscos (Vallot). Spores long. 0,011-14 millim., épaiss. 0,007-8 millim. 209. L. Hageni Nyl. in Flora 1872, p. 250; Stizenb. Lich. helv. p. 114; Ach. Syn. p. 167 (pro parte); Oliv. Exs. n° 32 (forme ligni- cole). Sur du schiste, prés du calvaire de Lourdes. — RR. Cette espéce était mélée au Lecidea myriocarpa Nyl. 270. L. mughicola Nyl. in Flora 1872, p. 248; Arn. Lich. Ausfl. in Tirol, XV, p. 32, et XVI, p. 22. Sur du bois de Sapin, dans la vallée de Marcadau. — RR.— F. Spores, à milieu non dilaté. long. 0,014-17 millim., épaiss. 0,005. Sper- maties courbées en arc, long. 0,015 millim., épaiss. 0,001. 271. L. cembricola Nyl. Flora 1875, p. 15; Arn. Lich. Ausfl., XVI p. 23, Exs. n° 581. Sur du bois de Sapin, prés du Vignemale. — RR. — F. Spores oblongues, obtuses, long. 0,010-26 millim., épaiss. 0,004-5 millim. Cette espéce et Ja précédente sont trés voisines l'une de l'autre. 272. L, sulfurea Ach. Lich. univ. p. 399; Nyl. Lich. Scand. p. 165, Exs. Lich. d'Auvergne n° 38; Lojka Exs. n° 126. Sur du marbre et du schiste, au Mamelon-Vert, au pic du Pène- Nére et à côté du glacier du Monné; sur du quartz, prés de Lourdes (Pomés). 273. L. symmictera Nyl. in Flora 1872, p. 249; Arn. Exs. n° 707. (1) M. Vallot m'a rapporté des hauteurs du Vignemale un Lichen avorté, pris sur du marbre, que M. Nylander a cru devoir rapporter au Lecanora glaucoma. Son thalle, d'un blanc grisátre, est couvert de pelites proéminences très rapprochées les unes des autres, qui sont, je crois, des commencements d'apothécies. Cette production, dans son ensemble, a passablement l'aspect du Pyrenothea fuscella Fr. T. XXX. (SÉANCES) 25 386 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Sur un tronc rabougri de Sapin, au sommet du Péne-Nere. — RR. — F. Les échantillons publiés par M. Arnold reposent sur les écailles du fruit d'un Pin. 274. Lecanora piniperda Korb. Parerg. p. 81; Nyl. in Flora, p. 251; Norrl. Exs. n° 130. C'est la var. a. subcarnea Korb. que j'ai récoltée abondamment sur un vieux Pin, dans les lacets du pare de Cauterets. Thalle mince et blanchátre, parfois nul. Apothécies d'abord concaves, puis planes et bombées, couleur de chair à l'état jeune et plus tard devenant bru- nâtres ; à rebord pâle, tantôt entier, tantôt légèrement crénelé, au début trés apparent, mais finissant par tout à fait disparaître. Spores oblongues-ellip- soides. K et CaCl =, c'est-à-dire sans réaction, soit sur le thalle, soit sur la mé- dulle. Cette espéce est trés voisine de celle qui suit. 275. L. metaboliza Nyl. in Flora 1875, p. 360; Lamy Cat. p. 11; Norrl. Exs. ne 288. Sur du bois de Sapin, prés du Vignemale. — R. — F. Spores oblongues, obtuses, long. 0,010-0,015 millim., épaiss., 0,0035-0,0015 millimètres. 216. L. metaboloides Nyl. in Flora 1872, p. 250 et 1181, p. 184; Sti- zenb. Lich. helv. p. 517; Arn. Exs. n° 708. Sur du bois de Sapin, prés de la cascade du Pont d'Espagne. — R. — F. Ainsi que dans le L. piniperda, les apothécies varient de la nuance couleur de chair au roux plus ou moins foncé, passant méme au noirâtre ; d'abord con- caves ou planes, elles finissent par devenir convexes, 277. L. polytropa Schær. Enum. Lich. p. 81; Nyl. in Flora 1879, p. 251 ; Norrl. Exs. n° 292. — Lich. polytropus Ehrh. Rochers granitiques, schisteux et calcaires, dans la vallée de Cau- terets, au Pont d'Espagne, au col du Riou, au Péne-Nére, sur les crétes du Cabaliros. Dans les mémes localités : Var. alpigena Ach. Syn. p. 170; Arn. Egs. n° 327. Var. illusoria Ach. Lich. univ. p. 380; Nyl. Lich. Scand. p. 164; Norrl. Exs. n^ 293. Var. aerustacea Schær. Enum. Lich. p. 81. LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. 387 278. Lecanora intricata Ach. Syn. p. 154; Nyl. in Flora 1872, p. 251, et Lich. Scand. p. 114; Arn. Exs: n° 5. Rochers granitiques, dans les vallées de Gaube et du Marcadau. Moins répandu que le précédent. 219. L. atra Ach. Syn. p. 146; Nyl. Prodr. p. 90; Norrl. Exs. n° 300. Granites, schistes et marbres,à Cauterets, Gavarnie et Lourdes. — C. Je ne l'ai pas remarqué sur les troncs d'arbres. 280. L. frustulosa Nyl. Lich. Scand. p. 156; Süzenb. Lich. helv. p. 120; Lojka Exs. n° 40. Sur des rochers granitiques, au Pont d'Espagne et au lac de Gaube ; dans cette seconde localité, le Lichen est fréquemment recouvert par des flaques d'eau. M. Vallot l'a aussi récolté au lac d'Estibaoude. i. Groupe du Lecanora badia. 281. L. badia Ach. Syn. p. 154; Nyl. Prodr. p. 91; Rabenh. Exs. n? 170. Sur le granite, le schiste et le marbre, à Cauterets, au Cabaliros, à Gavarnie et Lourdes. Var. éinerascens Nyl. Lich. Scand. p. 170; Stizenb. Lich. helv. p. 124. Col du Riou. Var. striatula Lamy. — Celte variété est trés remarquable par ses apothécies, dont le rebord est très régulièrement strié, abso- lument comme s'il avait été limé. Sur le pic du Viscos (Vallot). — RR. Le type et ses variétés s'élévent de la plaine jusqu'au plus hauts sommets. j. Groupe du Lecanora hemalomma. 982 L. hematomma Ach. Syn. p. 178; Nyl. Prodr. p. 94, Exs. Lich. paris. n* 55. Sur des rochérs granitiques ombragés, depuis le Cérisey jus- qu'au Pont d'Espagne. — R. — F. 308 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. k. Groupe du Lecanora ventosa. 283. L. ventosa. Ach. Lich. univ. p. 399; Nyl. Lich. Scand. p. 172, Exs. Lich. d'Auvergne n° 40. Sommets du Riou et du Péne-Nére; pie d'Estibaoude et envi- rons du lac d'Ihéou (Vallot). Cette espèce n'est pas rare dans les Pyrénées ; elle est répandue eu Auvergne. Ou la trouve aussi sur les montagnes de troisiéme ordre de la Creuse, de la Corréze et de la Haute-Vienne. l. Groupe du Lecanora íartarea. 284. L. tartarea Ach. Syn. p. 172 ; Nyl. Lich. Lapp. or. p. 135; Malbr. Exs. n» 218. Sur un rocher, entre le Cérisey et le Pont d'Espagne (stérile); récolté avec des apothécies dans les environs de Cauterets par M. Renauld, officier de remonte à Tarbes. M. Nylander l'a aussi rencontré sur les montagnes de Baréges. 289. ' E. pallescens Ach. Lich. univ. p. 371; Nyl. Lich. Lapp. or. p. 135, et in Flora 1881, p. 454. Sur un tronc d'arbre, dans le nouveau parc de Cauterets. — RR. Cette espéce, généralement assez rare, est presque toujours confondue avec la suivante, dont elle se sépare néanmoins trés nettement, méme à l’œil nu, par ses apothécies, dont c disque de couleur de chair pâle, nullement blan- chàtre ou cendré, la rapproche du L. tartarea et l'éloigne du L. parella ; elle s'éloigne encore de ce dernier par le rebord du disque apothécial, qui, sous l'action de CaCl, prend une légère teinte rougeàtre. Voici la dimension des soores : long. 0,032-46 millim., épaiss. 0,018-27 milli- métres. Si je n'ai cité pour ce Lichen aucun ezsiccata, c'est parce que j'ai cru ne voir dans les échantillors [ui ont été publiés que des formes corticoles du ` L. parella. 286. L. parella Ach. Syn. p.169; Nyl. Lich. Lapp. p. 135, Flora 1881, p. 454; Malbr. Exs. n° 277. Sur divers tr:ncs d'arbres, méme sur les tiges desséchées du Rhododendron ferrugineum, dans les vallées de Cauterets, du Marcadau, de Lutour, de Cambasque, etc.; je ne l'ai pas rencontré ur des rochers, alors qu'il est fréquemment saxi- cole sur le plateau granitique du centre de la France. Par les réactifs K (CaCl) l'épithécium rougit; la potasse n'agit pas sur le LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. 380 rebord des apothécies comme dans le pallescens ; de plus, le disque apothécial et le thalle sont concolores. Les spores, au nombre de quatre à six dans chaque thèque, ont les dimen- sions suivantes : long. 0,045-54 millim., épaiss. 0,030-36 millim. m. Groupe du Lecanora crea. 287. L. Boekii Rodig.; Nyl. in Flora 1879 p. 204; Arnold, Ers n° 792. Lecanora sophodopsis Nyl. in Flora 1876, p. 233. Sur un rocher granitique, prés du Pont-d'Espagne. — R. — s. Le réactif CaCl rougit le thalle. 288. L. cinerea Nyl. Lich. Lapp. or. p. 136; Stizenb. Lich. helv. p. 123 ; Norrl. Exs. n° 239, et Rabenh. n° 991. —— Lichen cinereus Lin. Sur des rochers granitiques et schisteux, à Pauze, au Cellier de Barrére, derrière les Bains de César et du Rieumiset, entre l'ancien pare. et le chemin du Riou; sur du marbre, prés de l'hospice de Cauterets et à Gavarnie ; sur des gneiss, près du lac de Lourdes (Pomés); sur du schiste, prés du Calvaire (Lamy). Sous l'action de la potasse, le thalle jaunit et passe prompte- ment au rouge vermillon. Spores long. 0,014-16 millim., épaiss. 0,0005 dans les échantillons de Cau- terets ; long. 0,014-18 dans les échantillons de Lourdes. Dans les uns et les autres les spermaties sont droites, et, d’après M. Nylander, ce caractère est essentiel pour la détermination de l'espéce. 289. L. intermutans Nyl. in Flora 1812, p. 354, et Lich. Pyr.or. p. 10; Lojka Exs. n° 167 ad int. Sur le granite, le quartz et le schiste, dans la vallée de Gaube et sur les pentes du Monné; au lae d'Estibaonde (Vallot). — AR. — F. Ce Lichen, par son aspect général, ressemble passablement aux L. cinerea, cæsio-cinerea et centromela ; il croit souvent en compagnie du L. alphoplaca. Les échantillons pris sur les hauteurs du Monné étaient beaucoup mieux fruc- tifiés que ceux du lac de Gaube. | K réagit en rouge vif sur le thalle, qui est blanchâtre ou cendré ; il prend parfois sur quelques points une teinte rougeâtre, due à la simple action de l'air. Spores long. 0,023-27 millim., épaiss. 0,012-15 millim. Spermaties long. 0,007-8 millim., épaiss. à peine 0,001 millim. 390 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. * 200. Leeanora gibbosa Nyl. Lich. Scand. p. 154; Stizenb. Lich. helv. p. 125.— Aspicilia gibbosa Korb. Parerg. lichenol. p. 91; Rabenh. Exs. n° 444.— Urceolaria gibbosa Ach. Syn. p. 139. Sur du schiste, prés de Cauterets, en allant au Riou; sur du granite, dans la vallée de Marcadau. — AR. — F. 291. ' L. subdepressa Nyl. in Flora 1813, p. 69, et Lich. Pyr. or. p. 34. Rochers granitiques, quartzeux et schisteux, aux environs de Cauterets, dans les vallées de Marcadau et de Gaube. — AC. — F. Spores, long. 0,018-24 millim., épaiss. 0,010-14 millim. Spermaties droites, long. 0,009-0,012 millim., épaiss. 0,0005 millim. environ. 292. * L. esesio-einerea Nyl. in Flora 4872, p. 364; Stizenb. Lich. helv. p. 125; Norrl. Egs. n» 242. Rochers granitiques, schisteux, quartzeux, parfois calcaires, au col du Riou, à Péne-Nére, aux lacs de Gaube et d'Théou, dans les vallées de Marcadau et de Cambasque. — C. — F. (sous- espèce très variable). 293 ''" L. tusea Nyl. in Flora 1863, p. 69, et Lich. Pyr. or. p. 34; Stizenb. Lich. helv. p. 125; Norrl. Exs. no 241. Sur du schiste, au col du Riou ; sur du quartz, au sommet du Dalaitous (Vallot), mais stérile et muni seulement de spermo- gonies. Spores long. 0,016-21 millim,, épaiss. 0,010-16 millim. Spermaties long. 0,0016-21 millim., épaiss. à peine 0,001 millim. 204. L. centromela Lamy, Nyl. in Flora 1883, p. 108. « Species accedens ad L. c:esio-cineream,thallo cinereo areolato-rimoso tenui, apotheciis subtus stratulo centrali pulvinato nigricante. Spore longit, 0,018-21 millim., crassit, 0,009-0,011 millim, Spermatia recta, longit. 0,007-0,011 millim., crassit. 0,0005 millim, Super saxa silicea ad Cauterets. » J'ai découvert cette espèce nouvelle dans la vallée de Cambasque, près de la rive du torrent qui la traverse dans sa longueur, sur un gros rocher quartzeux. Les apothécies, d'abord concaves ou planes, deviennent convexes et trés saillantes; elles sont à l'intérieur d'un noir luisant avec un rebord de la nuance du thalle, c'est-à-dire d'un gris cendré, peu consistant et finissant par tout à fait disparaitre. Lorsqu'on les entame, on constate qu'intérieurement elles sont blanches dans leur pourtour et noires au centre, d’où le nom de centro- mela. Spores ellipsoides,— K réagit en jaune sur le thalle, mais non en jaune passant au rouge, comme dans le L. intermutans, avee lequel ce Lichen a une certame ressemblance. LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. 39] 299. Leeanora Dieksonii Nyl. Lich, Scand. p. 155, et Lich. Lapp. or. p. 137; Stizenb. Lich. helv. p. 126; Lojka Exs. n° 203 ad int. — Lecidea Dicksonii Ach. Dich. univ. p. 165. Sur un rocher granitique, prés de la scierie mécanique de la haillére. — RR. — F. Thalle mince, lisse, fendillé, fractionné en petites aréoles, de couleur ochra- cée-ferrugineuse. Apothécies noires, petites, incrustées dans le thalle, concaves, avec un rebord thallin souvent peu distinct. Spores long. 0,011-14, épaiss. 0,006-8 millim. — (K =; CaCl—.) — RR. — r. 296. L. homalomorpha Nyl. in Flora 1883, p. 101. Espèce nouvelle, dont voici la description : « Thallus albidus opacus tenuis continuus levissubdeterminatus. Apo- thecia nigra opaca plana innata (latit. 0,3-0,5 millim.), marginata, circumscissa, margine thallino nullo. Spore 8-nœ ellipsoideæ, longit. 0,018-21 millim., crassit. 0,011-12 millim. Epithecium et hypothecium tncoloria, thalamium violascens; paraphyses articulate.— lodo gela- Lina hymenialis cerulescens, dein saltem thecæ vinose rubescentes. » Supra saxa calcarea in « Vallée de Cambasque» Pyreneorum (Lamy). » Species ambigui loci, apotheciis lecideinis facile Lecidea, sed affini- tates potius habens inter Lecanoras stirpis cinerea. Ex facie disponeretur inter Lecideas vicinas L. calcivoræ, at nihil analysi in apotheciis adest fusco-rufescentis. Thallus gonidia glomerulosa habet. Interdum perithecium obsolete vel tenuiter obscurum. Spermatia baciliformia, longit. fere 0,004 millim., crassit. 0,0005 millim. — Color violascens gelatinam hymenialem perfundens (inde color thalamii violascens) acido nitrico roselle tingitur. » 297. L. ealearea Sommerf.; Nyl. Scand. p. 154; Exs. Lich. paris. n° 127, et Lojka n° 174 ad int. — Lichen calcarius Lin. Sur le marbre, parfois sur les rochers granitiques et schisteux, à Cauterets, Gavarnie et Lourdes. — €. — F. — M. Vallot me l'a rapporté des hauteurs du Vignemale, où il fructifie mal. Var. Hoffmanni Ach. Syn. p. 143; Nyl. in Flora 1853, p. 199; Oliv. Exs. n° 220. Plus fréquent que le type, sur le granite et le schiste, à Caute- rets et Lourdes. Spermaties aciculaires-cylindriques, long. 0,007-9 millim., épaiss. un peu moins de 0,001 millim. Var. contorta Nyl. in Flora 1872, p. 554; Stizenb. Lich. helv. p. 126. — Urceolaria contorta Flk.; Rabenh. Exs. n° 672. 392 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Sur le marbre, à Cauterets, Gavarnie et Lourdes. Var. farinosa Flk., Th. Fries Lich. Scand. p. 275; Oliv. Exs. n? 79. Sur le marbre, à Cauterets et Lourdes. — R. Dans cette variété, le thalle est stérile ou ne présente que des apothécies avortées sous forme de points noirs pruineux, ombiliqués, irréguliérement dilatés. Var. monstrosa Lamy. Ce qu'on peut appeler le thalle se compose de fragments dissé- minés sur la pierre, sans nulle continuité, et complètement séparés les uns des autres, d'un beau blanc, arrondis, convexes ou coniques, terminés par une apothécie avortée sous forme d'un point noir ombiliqué. — Sur le marbre, à Cauterets. — AC. 298. Lecanora lacustris Nyl. Lich. Scand. p. 155 et Lich. Lapp., or. p. 137; Arn. Exs. n° 590. — Lichen lacustris With. Sur un énorme bloe de schiste ardoisier, humide, presque au début de la longue vallée de Cambasque ; les apothécies y étaient admirablement développées. Spores long. 0,010-16 millim., épaiss. 0,006-0,010 millim. n. Groupe du Lecanora chlorophano-cervina. 299. L. ehlorophana Ach. Syn. p. 183; Nyl. Lich. Scand. p. 173; Norrl. Exs. n» 250, et Lojka n° 47. — Lich. chlorophanus Wahlenb. Fl. Lapp. p. 416. | Sur du schiste, au col du Riou et au Pène-Nère. — M. Vallot me l'a rapporté du pic de Catarrabe. — R. — F. C’est assurément l'une des plus belles espèces du genre Lecanora. 300. L. peresnoides Nyl. Lich. Delphin. in Bull. Soc. bot. de France (1863), tome X, p. 263; Stizenb. Lich. helv. p. 132. Leca- nora cervina var. percæna Schwer. Enum Lich. p. 56. — Lecidea percena Ach. Syn. p. 29. Sur du marbre, dans la direction du Cabaliros et prés du gla- cier du Monné. Dans cette seconde localité, les apothécies sont mieux formées. f| LE . , m . halle blanchâtre. Apothécies nues, concaves, irrégulières, sinueuses, tantôt arrondies, tantôt allongées, parfois très pressées et se comprimant les unes les LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. 303 autres, d'abord d'un roux terne, puis passant au brun et au noir, munies d'un rebord blanc ou cendré formé par la proéminence de la croûte thalline. Spores long. 0,004-6 millim., épaiss. 0,002 millim.; paraphyses le plus sou- vent articulées. | 301. Lecanora glaucoearpa Ach. Lich. univ. p. 410; Stizenb. Lich. helv. p. 133. — Lichen glaucocarpus Whlnb. Je n'ai pas rencontré le type de cette espèce, qui a été vu par M. Nylander sur la ligne de Luchon à Baréges. Var. conspersa Nyl. in litt. «d Lamy. — Biatora conspersa Vr. Sum. veg. Scand. p. 114. Sur du marbre tendre, dans la sapinière du Riou. — RR. Thalle nul. Apothécies éparses, d'un brun roux, parfois un peu pruineuses, régulièrement arrondies, à rebord saillant et entier. C'est ce Lichen que M. Nylander avait en vue dans ses Lich. Scand. p. 175, en s'exprimant ainsi : « Apotheciis solis obveniens transire videtur (Biatora — » Fr. Lich. europ. p. 269) in L. pruinosam. » 302. L. fuscata Nyl. Lich. Lapp. or. p. 138, et Lich. Scand. p. 1155, Stizenb. Lich. helv. p. 132; Norrl. Exs. n° 249. — Lichen fuscatus Schrad. Spicil. p. 83. Sur du schiste, aux sommets du Riou et du Péne-Nére ; sur du granite, près du lac de Gaube. — AC. — Rarement F. Spores linéaires-oblongues, un peu plus longues et moins épaisses que dans le suivant.— CaCl réagit en rouge sur l'épithalle, mais il faut des précautions spéciales pour saisir les effets de lu réaction. 303. L. admissa Nyl. in Flora 1867, p. 310, et Lich. Pyr. or. p. 11. — Acarospora impressula Th. Fries Lichen. scandin. p. 244. Sur des schistes au Mamelon-Vert, au pic de Pène-Nère, au col du Riou ; et prés de Cauterets, à droite du chemin qui conduit à ce col. — AC. — F. Trés voisin du précédent. Sporesoblongues-ellipsoides, long. 0,004-5 millim., épaiss. 0,0010-15 millim. 304. L. Smaragdula Nyl. Lich. Pyr. or. p. 10,et Lich. Scand. p. 115. — Endocarpon smaragdulum Wahlnb.— Acarospora Sma- ragdula Rabenh. Exs. n° 812. Je n'ai pas rencontré prés de Cauterets le type de cette espèce, mais seulement la variété sinopica Nyl. — Lichen sinopicus Sm. E. Bot. t. 1716. 394 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Sur un rocher gneissique, en suivant le plus haut chemin de Cauterets à la Raillére. — RR. — Mal fructifié. Son thalle a la couleur du fer fortement oxydé. o. Groupe du Lecanora simplex (sarcogyne). 305. L. pruinosa Nyl. Lich. Scand. p. 116. — Lichen pruinosus Sm. E. Bot. 1. 2244. Sur le marbre, à Cauterets, au Mamelon-Vert, au Limacon et à Lourdes. — C. F. Le thalle manque parfois complétement. Les apothécies, noires, sont le plus souvent plus ou moins pruineuses. Forme muda Nyl. in Lamy Cat., p. 81. Sur du quartz, derrière les bains de César et de Rieumiset ; sur du quartz blanc, à Aspin, prés de Lourdes (Pomés). — R. Les apothécies, concaves, très ouvertes, à bord noirâtre, présentent un disque d'un rouge de brique constamment dépourvu de pruine. 306. L. privigna Nyl.; Stizenb. Lich. helv. p. 134; Ripart in Bull. Soc. bot. de France, t. XXIII (1876), p. 266. — Lecidea privigna Ach. Meth. p, 149. Sur du quartz, dans la vallée de Catarrabe; sur du marbre, dans le cirque de Gavarnie. — R. — F. 307. L. simplex Nyl. Lich. Scand. p. 116; Ripart in Bull. Soc. bot. de France, t. XXI (1876), p. 265; Lojka Exs. n° 281 ad int. — Lichen simplex Dav. Sur un rocher schisteux, à Cauterets. — RR. — F. Subtribu 3. — PERTUSARIÉS. XLII. PERTUSARIA DC. 308. P. Iutescens Lamy in Cat. p. 91; Stizenb. Lich. helw. p. 136. — Lepra lutescens Hoffm. — Pertusaria sulfurea forme cor- ticola Schær. Enum. Lich. p. 228. Troncs d'arbres, dans la forêt de Lourdes (Pomès). 309. P. flavicans Lamyin Cat. p. 91. Sur du granite et du schiste, dans la vallée de Catarrabe, à la Raillère, au pic de Pène-Nère, — R. LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. 395 Thalle non circonscrit, jaunâtre, profondément fendillé, verruqueux, souvent sorédié. — R.— s. K réagit en jaune sur le thalle. 910. Pertusaria communis DC, FI. fr. t, T, p. 320; Nyl. Lich. Scand. p. 178; Malbr. Exs. n° 33. Trones d'arbres. Trés rare à Cauterets, assez rare aussi à Lourdes. 311. P. coecodes Nyl. Lich. Scand. p. 178; Malbr. Exs. n° 331 et Zwackh n° 294. — Jsidium coccodes Ach. Syn. p. 283. Sur un tronc de Sapin, prés du lac d'Estom. — RR. — K fait passer l'épithalle du jaune au rouge pourpre. 312. P. pustulata Nyl, Nov. granat. éd. IT, p. 35; Stizenb. Lich. helv. p. 137; Flagey Exs. n^ 198, et Zwackh, n° 359. — Porina pustulata Ach. Syn. p. 110, Sur un tronc de Chéne, à Aspin (Pomés). — R. 313. P. multipunetata Nyl. Lich. Scand. p. 179; Stizenb. Lich. helv. l p. 437; Oliv. Exs. n° 268. Pertusaria communis var. sorediata Fr. Lich. europ. p. 422 pro parte; Malbr. Exs. ne 133. Le'type, sur des troncs d'arbres, prés de Lourdes (Pomès) ; la forme sorédiée à Cauterets et Lourdes. — R. 314. P. globulifera Nyl. Lich. Scand. p. 180, et Lamy Cat. p. 89. — Variolaria globulifera Turn. Trones d'arbres, au lae d'Estom, dans la sapinière du Riou, et à Lourdes. — AC. Le contour du thalle, déprimé, présente souvent des zones de nuances variées, où la nuance bleuàtre domine. 315. P. amara Nyl. in Flora 1873, p. 22; Norrl. Exs. n° 44. — Vario- laria amara Ach, Syn. p. 131. Trones d'arbres, dans la sapinière du Riou, à Cauterets et Lourdes. — AR. K et CaCl produisent, notamment sur les sorédies, une réaction rose. Cette espèce fructifie très rarement ; ses thèques sont monospores. 316. P. Inctea Nyl. in Lamy Cat. p. 90, et in Flora 1881, p. 539; Stizenb. Lich. hew. p. 138; Lojka Exs. n** 51 et 131. 396 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Sur le granite, le schiste et parfois sur le marbre à Cauterets, à la Raillère et à Lourdes. — AR. J'en ai pris de beaux échantillons prés du lac d'Estom. Théques monospermes. Spores long. 0,180-0,205 millim., épaiss. 0,0065-70 millimétres. 317. Pertusaria lIeucosora Nyl. in Flora 1811, p. 223; Lamy in Cat. p. 90. Récolté par l'abbé Pomés sur du schiste dela montagne de Ger, prés de Lourdes. — R. 318. P. corallina Th. Fries Lich. Scand. p. 319; Lamy in Cat. p. 90; Norrl. Exs. n° 265, et Arn. no 204. — Jsidium corallinum Ach. Syn. p. 28.— Lichen corallinus Lin. Sur le granite et le schiste, à Péne-Nére, au-dessus des bains de la Raillére ; prés de Lourdes (Pomés). — R. Par K réaction jaune sur l'épithalle. 319. P. Westringii Nyl. Lich. Pyr. or. p. 35; Lamy in Cat. p. 91. Sur le granite et le schiste, au Mamelon-Vert, derrière l'hospice de Cauterets et au-dessus des bains de la Raillère. Spores long. 0,120-0,200 millim., épaiss. 0,050-70 millim. — L'épithalle passe du jaune clair au jaune foncé sous l'action de K. Subtribu 4. — THÉLOTRÉMÉS. XLIV. PHLYCTIS Wallr. 320. Phlyetis agelæa Wallr. Flor. Germ. III, p. 553; Nyl. Lich. Scand. p. 184, Exs. Lich. paris. n° 51. Trones d'arbres, dans la sapiniére du Riou. 321. P. argena Wallr. Flor. Germ. MI, p. 466; Nyl. Lich. Scand. p. 184, Exs. Lich. d'Auvergne no 42. Sur les trones de Sapin, prés du lac d'Estom. — R. Je n'ai remarqué sur le thalle qu'un seul individu du Peziza Neesii Flotow, qui est commun au Mont-Dore. XLV. URCEOLARIA Ach.; Nyl. 322. U. actinostoma Pers. in Ach. Lich. univ. p. 288; Nyl. Prodr. p. 96, Exs. Lich. paris. n° 41. " LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. 397 Sur du quartz, entre Cauterets et la Raillère. — C. en cet en- droit. 323.: Urceolaria ocellata DC. F1. fr. t. U, p. 372; Nyl. Prodr. p. 95; Rabenh. Exs. n° 122. — Lichen ocellatus Vill. Marbres et schistes ardoisiers, à Aspin; sur les montagnes de Beouth et de Peyramale, prés de Lourdes (Pomés).— AC. 324. U. violaria Nyl. in Flora 1816, p. 511; Lamy in Cat. p. 93; Ar- nold Evs. n° 800. — Pertusaria violaria Nyl. in Flora 1875, p. 299. La nuance violette se produit sur le thalle au contact de CaCl. 325. U. seruposa Ach. Syn. p. 142; Nyl. Prodr. p. 96; Norrl. Exs. n° 266, et Malbr. n° 132. — Lichen scruposus Schreb. Sur le granite, le schiste et parfois sur le marbre, à Cauterets et Lourdes. — C. 326. U. bryophila Nyl. in Norrl. Kar. p. 27; Stizenb. Lich. helv. p. 142. Urceolaria scruposa var. bryophila Nyl. Lich.Scand p. 117; Rabenh. Exs. n° 638, et Oliv. ne 76.— Gyalecta bryo- phila Ach. Syn. p. 10. — Lichen bryophilus Ehrh. Sur les Mousses et les Cladonies qui recouvraient un rocher calcaire de la montagne du Calvaire, à Lourdes. — C. 327. U. gypsacea Ach. Syn. p. 142; Nyl. in Norrl. Kar. p. 27; Stizenh. Lich. helv. p. 142. Urceolaria scruposa var. gypsacea Nyl. Lich. Scand. p. 411; Malbr. Exs. n° 80. Sur le marbre et les schistes ardoisiers, souvent parmi des Mousses à courte tige, à Cauterels et Lourdes. — C. Subtribu 5. — LECIDÉÉS. XLVI. LECIDEA Ach. A. Gyalecta Ach. 398. L. exanthematica Nyl. Prodr. p. 101; Stizenb. Lich. helv. p. 143; Malbr. Exs. n» 181, et Lojka n° 234 ad int.— Lichen exan- thematicus Sm. E. Bot. t. 1184. Sur le marbre près de l'hospice, et entre Cauterets et la Grange de la Reine Hortense. — R. Spores 0,018-21 millim., épaiss. 0,007 millim. 398 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 329. Leeidea cupalaris Ach. Meth. p. 110; Nyl. Lich. Scand. p. 189; Norrl. Exs. no 301. — Lichen cupularis Hedw. Sur le marbre, à Cauterets, Gavarnie et Lourdes. — AC. Apothécies à bords parfois entiers, plus souvent crénelés. Var. earneo-rubella Nyl. Lich. Pyr. or. p. 31. Sur du marbre, dans le cirque de Gavarnie. — R. Apothécies couleur de chair, passant au rouge. Spores, long. 0,014-21 millim., épaiss. 0,008-9 millim, 330. L. protuberans Schær. Enum. Lich. p. 117; Nyl. Lich. Scand. p. 207; Lojka Exs. n’ 53. Rochers calcaires et schisteux, à Baréges (Nylander). Spores fusiformes ou oblongües uñiseptées, à cloison mince, long. 0,010-20 millim,, épaiss. 0,039 -0,045 millim. B. Biatora. a. Groupe du Lecidea lurida Ach. 331. L. larida Ach. Syn. p. 51; Schær. Enum. Lich. p. 97 ; Malbr. Egs. n° 333. Sur le schiste, le marbre, et la terre qui remplit les fissures de ces roches, depuis la plaine jusqu'aux cimes du Riou, du Ca- baliros et dn Monné. C. à Lourdes, aussi bien qu'à Cauterets et Gavarnie. Le thalle varie d'un brun roux au brun foncé. Apothécies presque noires, avec un rebord de méme nuance, qui finit par disparaître. Spores oblongues- ellipsoïdes, long. 0,012-20 millim., épaiss. 0,005-7 millim. Sur un échantillon, récolté à Lourdes, j'ai constaté la présence des spermo- gonies sur le pourtour de quelques lobes thallins; elles avaient la forme de petites proéminences noires, sphériques. Eu se rapprochant du lac d’Ihéou, on rencontre parfois cette espèce, sur le marbre et le schiste, sous forme de larges plaques réguliérement arrondies. 332. L. globifera Ach. Syn. p. 51 ; Nyl. Lich. Scand. p. 193; Norrl. Exs. n° 302. Sur lë schiste ct le marbre dans la vallée de Cambasque, en se rapprochant du lac d'Illiéou ; je ne l'ai vu que là. Nouveau pour la France! Thalle d'un brun roux, moins foncé, mais assez semblable à celui du précé- dent. Apothécies brunes, convexes, sans rebord, intérieurement blanchátres. Spores oblongues, long. 0,012-15 millim., épaiss. 0,005 millim. K. et CaCl=, c’est-à-dire sans action sur l'épithalle et la médulle. LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. 399 b. Groupe du Lecidea vernalis. 333. L. coarctata Nyl. Prodr. p. 112; Rabenh. Egs. n° 58. — Le canora coarctata Ach. Syn. p. 149. Sur des pierres gneissiques, dans les lacets du pare, prés du Pont d'Espagne, et sur du schiste au col du Riou. Sur un ro- cher, à Aspin; sur la terre qui recouvrait un rocher à Viger, prés de Lourdes (Pomés). — R. Var. elastiea Nyl. Prodr. p. 112; Malbr. Exs. n° 182.— Parmelia elastica Ach. Meth. p. 159. Sur une pierre gneissique, à Daréges (Poinés). — R. 334. L. decolorans FIk. D. Lich. 142 ; Ach. Syn. p. 315 Ny. Lich. Scand. p. 197 ; Norrl. Exs. n° 164. Sur de vieilles Mousses qui recouvraient la base d'un rocher, près du lac de Gaube. — R. — Presque toujours s. 399. ' L. flexuosa Nyl. Prodr. p 110; Exs. Lich. paris. n° 53. Sur le tranchant d’une vieille souche de Sapin, dans la sapinière du Riou. — R. — F. 330. L. fuliginea Ach. Syn. p. 35; Nyl. in Lamy Cat. p. 98; Norrl. Ex. n° 166. Sur des troncs pourris, à Cauterets et à Lourdes, — RR. — Souvent S. 337. L. ealetvora Nyl. Prodr. p. 135; Malbr. Exs. n» 87. — Lichen calcivorus Ehrh. Pl. cr. exs. 244. Sur le schiste et le marbre, dans les environs de Cauterets, dans le cirque de Gavarnie; sur la montagne du Calvaire, à Lourdes. — C. Apothécies noires, rarement pruineuses. Spores ovoides, simples, long. 0,013- 18 millim , épaiss. 0,008-9 millim. 338. L. atrosanguinea Nyl. Etudes sur les Lich. Alg. p. 330, Lich. Pyr. or. p. 21; Lojka Exs. n° 163 ad int. Lecidea fusca Th. Fr.; Nyl. Lich. Lapp. or. p. 143. L. immersa var. atrosanguinea Fik. in Berl. Magaz. HI, p. 310; Ach. Syn. p. 28. Sur un rocher calcaire, au Limacon.— R. — F. 400 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Thalle mince, d'un blanc cendré ou grisâtre, parfois nul. Apothécies planes, peu saillantes, marginées, à disque d'un noir rougeàtre, parfois tout à fait noir, convexes et sans rebord en vieillissant. fluit spores oblongues, simples, long. 0,018-21 millim., épaiss. 0,007 milim. Ce Lichen, très voisin du L. sanguineo-atra Nyl., en diffère surtout par la nuance moins sanguine et plus foncée des apothécies; il diffère peu aussi du L. calcivora Nyl. 339. Leeidea atrofusca Nyl. in Wainio Tavast. p. 110; Stizenb. Lich. helv. p. 151. — Biatora atrofusca Hepp Fl. Europ. n° 268; Arnold Exs. n° 546. Sur la terre, parmi des Mousses, dans la sapinière du Riou. — hn. — F. Thalle mince, granuleux, cendré ou gris verdàtre. Apothécies d'un brun noirâtre, d'abord planes et marginées, puis convexes et sans rebord; hypo- thécium sans couleur. Huit spores incolores, trés petites, ellipsoides, simples (Leighton). 340. L. ochracea Nyl. in Herb. Lojka; Stizenb. Lich. helv. p. 152; Lojka Exs.n° 237 ad int.— Lecidella ochracea Hepp Flecht. Europ. n° 263; Korb. Par. Lich. p. 210. Rochers calcaires et schisteux, dans les lacets de Cauterets et le long du chemin qui conduit à la Grange de la Heine Hortense, au Limacon, dans la sapinière du Riou; sur la montagne du Calvaire à Lourdes. — C. Le thalle varie du blanc cendré au gris brunátre. Apothécies saillantes, d'abord concaves, puis convexes, noires, avec un rebord entier de méme nuance, qui disparaît plus tard.— Épithalle et médulle insensibles aussi bien à K qu'à CaCl. La surface thalline et le protothalle sont parfois légèrement ochracés, mais cest un caractère peu constant, quoiqu'il ait servi à la dénomination de l'espèce. Souvent le disque des apothécies, sous l'influence de l'humidité, prend une légère teinte de rouge pâle ; parfois méme je l'ai constatée à l'état sec. 941. L. Lightfootii Ach. Lich. univ. p. 171. Var. commutata Schær. Enum. Lich. p. 138, Exs. n° 581. — Lecanora commutata Ach. Syn. p. 149. — Biatorina com- mutata Korb. Par. Lich. p. 142. Sur un tronc d'arbre, dans la sapinière du Riou. — RR. Thalle mince, cendré verdàtre, granuleux leproide, presque pulvérulent. Apothécies un peu charnues, d'un brun livide, concaves, marginées. 342. E. vernalis Ach. Syn. p. 36 ; Nyl. Prodr. p. 107 ; Malbr. Exs. n° 285. — Lichen vernalis Lin. LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. 401 Sur les Mousses qui recouvraient un rocher et un vieux tronc de Sapin, dans les bois au lac d'Estom et avant d'arriver au Pont d'Espagne. — RR. Apothécies roussâtres, convexes, de grandeur médiocre, d'un blanc pàle à l'intérieur, parfois isolées les unes des autres, plus souvent agglomérées. Spores oblongues et simples, long. 0,009-15 millim., épaiss. 0,004-5 millim. 343. Lecidea meiocarpa Nyl. in Flora 1876, p. 577; Stzenb. Lich. helv. p. 155; Norrl. Exs. n° 312, et Zwackh, n° 721. Sur un tronc de Frêne, au-dessus des bains de Rieumiset.— R. Très voisin du précédent, dont il se distingue par des apothécies moins grandes, planes avant de devenir convexes, de nuance plus foncée, et par des spores plus petites. 314. L. neglecta Nyl. Lich. Scand. p. 244; Stizenb. Lich. helv. p. 156: Arnold Exs. n° 601 a.,et Lojka n° 91 ad int. Sur la terre et des Mousses, près du lac de Gaube, à la Raillère, au Pène-Nère. — R. — Toujours s. Thalle granuleux, à grains jaunissant un peu au contact de la potasse. 345. L. tenebricosa Nyl. Lich. Scand. p. 201. — Lecanora anomala var. tenebricosa Ach. Lich. univ. p. 383 (pro p.) Sur un tronc, dans la sapiniére du Riou. — R. Apothécies brunes ou d'un noir mat dans mes échantillons de Cauterets, 'état sec ; devenant un peu rougeâtres lorsqu'on les humecte. Spores oblongues, simples, long. 0,008-0,015 millim., épaiss. 0,0040- 0,0045 millim. c. Groupe du Lecidea globulosa. 346. L. globulosa Fik. D. Lich. 181 ; Nyl. Lapp. p. 149; Norrl. Exs. no 116, et Lojka n° 56. — Biatora globulosa Korb. Syst. Lich. p. 191. Sur un vieux tronc de Sapin, prés du Pont d'Espagne. — C. Spores trés petites, étroitement oblongues ou oblongo-fusiformes, 1-septévs, long. 0,009-0,012 millim.; épaiss. 0,002-0,003 millim. 347. L. Valloti Lamy. Sur du quartz mélangé à du calcaire, au sommet du Vignemale (Vallot). — R. Espéce nouvelle ! Thalle gris terne, mince, à granulations peu serrées, parfois nul, insen- sible à K et à CaCl. Apothécies petites, nombreuses, eparses, convexes, presque d'un noir mat, d'un noir moins prononcé à l'intérieur, presque sphériques, (SÉANCES) 26 T. XXX. 402 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. . immürgiuées à l’état jéuiie, puis tout à fait sans rebord. Thèques presque cylindriques, un peu terminées en massue; très nombreuses, long. environ 0,038-0,040 millim. épaiss. 0,010-12 millim., 8 spores, rarement 9, ellipsoides, simples, hyalines, long. 0,008-0,009 millim., épaiss. 0,005-0,006 millim. paraphyses entrelacées, en partie agglutinées, presque cylindriques, peu reu- flées au šömimet. La place que doit óccuper ce Lichen paraît douteuse. 348. Leciden ligüaria Ach. Syn. p. 25; Lamy in Cat. Suppl. p. 15. — Biatora lignaria Arn. Lichenôl. Ausfl. in Tirol XXL, p. 19. Sur du bois, dans la sapinière du Riou: — R. Chaque thèque contient 12 spores, dont voici les dimensions: long. 0,007- 0,011 millim., épaiss. 0,003-0,004 millim. 349. L. denigrata Nyl. Lapp. or. p. 149; Stizenb. Lich. helv. p. 158; Norrl. Exs. n° 117. — Biatora denigrdtd Fr. Lich. europ. p. 210. Trones de Pin ét de Sapin, prés du láe d'Éstom, de la cascade du Cérisey et dü Porit d'Espagne. — C. Spores elliptico-oblôngües, 1-septées, long. 0,009:0,013, épaiss. 0,0025- 0,004 millim. | d. Groupe du Lecidea sabuletorum. 350. L. sabuletorüim Fik; Nyl. Lich. Scand: p. 204et Läpp: or. p. 151. Sur les vieux bois, les Mousses et les herbes sèches, à Caute- rets, dans la sapiniére du Riou et à Lourdes. — R. Spores fusiformes, 3 à 7-septées, long. 0,018-34 millim., épaiss. 0,006-8 millimètres. 391. L. milliaria Fr. V. Ak. Handl. 1822, p. 255 (p. parte); Nyl. in Norrl. Torri: p. 966; Leight. Lich. Flora p. 367; Rabenh. Exs. n° 322, et Lojka n° 108 ad int. Sur les Mousses et les herbes sèches qui couvrent la terre et les rochers. A Cauterets et Lourdes. — R. Les spores sont à peu près identiques à celles du précédent. 992." L. ternaria Nyl. Lapp. or. p. 151; in Flora 1877, p. 232, et 1818 p. 248; Lamy in Cat. p. 105; Norri. Ers. ne 819. Sur un tronc pourri de Pin, prés du Pont-d'Espagne. — AC. Spores 3-séptées, oblongues, obtüses, long. 0,014-99 millim.. épai - 0,0055 milliti. e g- 0,014-22 millim., épaiss. 0,0045 LICHENS UE GAUTERETS ET DE LOURDES. 403 e. Groupe du Leééidéu luteola. 393. L. luteola Ach. Syn. p. 41; Nyl. Prodr. p. 214; Malbr. Ezs. n? 35. — Lich. luteolus Schrad. Spic. p. 85. Sur un trone de Chéne, prés du Casino de Cauterets et au Cellier de Barrére. — R. Spores aciculaires, simples ou plusieurs fois septées, long. 0,027-0,040 millim., épaiss. 0,002 millim. 994. L. effusa Nyl. in Lamy Cat. p. 106. — Bacidia effusa Arnold in Flora 1858, p. 505. — Lichen effusus Sm. Var. fuseella Ff:; Leight: Lichen Flora p. 311. Lecidea luteola Ach. var. fuscella Nyl. Prodr. p. 144, Exs. Lichen. paris. n° 135. Sur un tronc d'Erable, au Cellier de Barrère. —R. — F. Apothécies petites, nombreuses, d’abord planes, puis convexes, rarement agglomérées, d'abord de nuance fauve, puis brunes ôu noirâtres. Dans lé type, 8 spores incolores, 7-septées; long. 0,035 millim., larg. 0,003 millimétres (Leighton). 355. L. Siénospora Nyl. in Flora 1869, p. 413; Stizenb. Lich. helv. p. 169; Norrl. Exs. n° 318. — Biatora stenospora Hepp Flecht. Europ. n° 516. Sur dü bois de Sapin, entre la cascade du Gérisey et celle du Pont d'Espagne. — C. Spores oblongues, obtuses, 3-septées, "f. Groupe du Lecidea vermifera. 356. i. pélidna Ach. Lich. univ. p. 158; Nyl. Lich. Pyr: or. p. 11; Norrl. Eds. ne 152. L. ùmbrina Nyl: Lich. Seand. p.209. Sür un rochér gneissique, prés du Casino de Cauterets. — RR. Thalle d'un gris-brun, passant au noir, granüleux. Apothécies petites, noires, planes ou convexes, intérieurement blanchâtres (K — CaCl—); 8-spores vermi- formi-cylindracées, courbées en spirale, {3-5-septées, long. 0,020-10 millim., épaiss. 0,0025-0,0035 milim: 957. ' E; pelidniza Nyl. in Flora 1874, p. 318; Norrl. Exs. n° 183. Sur du granite, à la Raillére. — RR. — F. L'échantillon publié par M. Norrlin repose sur l’écorre de l'Auinc. 404 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. C. Eulecidea. g. Groupe du Lecidea decipiens. 358. L. decipiens Ach. Syn. p. 52; Nyl. Lich. Scand. p. 214; Malbr. Exs. n° 348. Sur le marbre, au Limaçon, au Monné, au Peyrenère, à Ga- varnie; dans les fissures des rochers, à Aspin, prés de Lourdes (Pomés). — R. — (K = Call =). Spores, au nombre de 8, ellipsoïdes, simples. h. Groupe du Lecidea vesicularis. 359. L. vesicularis Ach. Syn. p. 51; Nyl. Lich. Scand. p. 214; Malbr. Exs. n° 339. Sur la terre qui remplit les fissures du marbre et du schiste Jamelleux, dans la vallée de Cambasque, au Mamelon-Vert, sur les pentes du Monné, à Gavarnie, sur la montagne du Cal- vaire à Lourdes. — C. Huit spores fusiformes, aiguës, 1-septées, long. environ 0,015 millim., épaiss. 0,0045 millim. Thalle insensible à K, ainsi qu'à CaCl. Var. opuntioides Nyl. Lich. Delph. dans le Bull. Soc. bot. de Fr., 1863, t. X, p. 265. Sur du marbre, près du lac d'Ilhéou. Thalle non pruineux, à lobes souvent terminés en massue et toujours plus gros que dans le type. 360. L. candida Ach. Syn. p. 50; Nyl. Lich. Scand. p. 215; Desmaz. Exs. n° 1440. — Lichen candidus Weber Spicil. p. 193. Sur le marbre et le schiste lamelleux, dans la vallée de Catar- rabe, au Mamelon-Vert, sur les flancs du Peyrenére et du Monné. —- C. aussi à Lourdes. i. Groupe du Lecidea aromatica. 361. L. einereo-virens Schær. Spicil. p. 109; Exs. n° 298 ; Nyl. Prodr. p. 122; Stizenb. Lich. helv. p. 175; Lojka Exs. n° 66. Sur un bane d'ardoise, au pied du Peyrenére, — R. LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. 405 Thalle indéterminé, d’un gris verdâtre, d'aspect noir parce que ses aréoles sont souvent séparées par de petits groupes de Sirosiphon saxicola, blanchâtre en dessous; squamules imbriquées, parfois arrondies et entiéres, plus souvent sinuées et même lobées. Apothécies noires, rarement un peu cæsio-pruineuses, d'abord planes ou concaves, avec un rebord de même nuance que le disque, puis convexes, blanches au-dessous de l'épiderme. Réfractaire à K et à CaCl. 362. Lecidea squalida Ach. Syn. p. 19; Nyl. Lich. Scand. p. 218; Norrl. Exs. n° 190. Sur la terre qui recouvrait un rocher calcaire au Limacon. — AC. en cet endroit ; RR. ailleurs. 303. L. athallina Nyl. in Flora 1813, p. 22; Stizenb. Lich. helv. p. 209; Lojka Exs. n° 66. — Biatora athallina Hepp Exs. ne 499. — Catillaria athallina Th. Fries Lich. scand. p. 984. Sur du marbre et du schiste, dans les vallées de Cambasque et de Catarrabe. — R. Thalle cendré ou blanchâtre, trés mince (K =), parfois nul. Apothécies noires, d'abord concaves ou planes, avec un rebord de la nuance du disque, puis convexes ; 8 spores ovales-oblongues, obtuses, 1-septées, long. 0,008-12 millim., épaiss. 0,004 millim, (Th. Fr.). Dans l'état humide, le disque apothécial prend une teinte plus pàle que le rebord. j. Groupe dn Lecidea parasema. 364. L. viridans Fw. in Flora 1828, p. 697; Nyl. in Lamy Cat. p. 110. — Lecidella viridans Kerb. Syst. Lich. Germ. p. 242. Sur du schiste, à Cauterets. — R. Thalle d'un gris jaunátre, finement granuleux. 8 spores elliptiques-oblongues, simples. — K (CaCl) + nuance orangée. 365. L. parasema Ach. Syn. p. 17 (pro parte); Nyl. in Flora 1881, p. 187; Exs. Lich. d Auvergne n° 51. Trones d'arbres, à Cauterets, au Cellier de Barrère et à Lourdes. Cette espèce et ses variétés sont peu répandues, surtout dans les deux premières localités. M. Malbranche, dans son Supplément (p. 47, 48 et 49), en a fait un exposé très précis qui mérite d’être lu et étudié; à l'exemple de M. N ylander, il a ré- servé le nom de parasema aux formes à spores simples hyalinées. Var. elæochroma Ach. Syn. p. 18; Norrl. Exs. no 326. 406 SOGIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Cauterets, Cellier de Barrère, sapinière du Riou. Je n'ai vu qu'à Lourdes la forme olivacea (Bigtora olivacea Hepp), qui est trés répandue dans les départements du Gentre. Var. exigua Chaub. Fl. Ag. p. 418; Nyl. Prodr. p. 124; Malbr. Eas. n° 284. Sur l'écorce des jeunes arbres, près de Cauterets. — RR. Var. glomerulosa Nyl. in Flora 1872, p. 356, et 1881, p. 187; Stizenb. Lich. helv. p. 419; Norrl. Exs. n° 192. — Patella- ria glomerulosa DC. Trones d'arbres, près de Cauterets. — RR. 366. * Lecidea latypea Ach. Syn. p. 15; Nyl. Lich. Pyr. or. p. 91. Sur un rocher quartzeux, dans la vallée de Catarrabe. — RR. Beaucoup plus rare que le suivant, Le thalle jaunit par K; i] passe au rouge par K (CaCl). 367. ** L. latypiza Nyl. in Flora 1873, p. 201, et 1874, p. 12; Lich. Pyr. or. p. 91. Ce Lichen est trés abondant dans les environs de Cauterets, depuis la vallée jusqu'aux cimes les plus élevées, notamment sur les schistes lamelleux qui forment les crétes de la chaine du Cabaliros. Son thalle, fendillé, fortement granulé-aréolé, varie, suivant les localités, de la nuance d'un beau blane à celle d'un cendré brunâtre; parfois il manque tout à fait, et alors les apothécies reposent sur la roche nue; ce fait est exceptionnel. La croûte thalline jaunit par K, et par K (CaCl) la nuance jaune disparaît. 968. L. mierospora Nyl. Prodr. Lich. p. 195. Lecidea parasema var. microspora Nyl, Collect. Lichen. in Gall. et Pyr. p. 19. Rochers calcaires, prés de Baréges (Nylander). Spores ellipsoides, long. 0,005 millim., épaiss. 0,0035 millim. 369. L. euphorea Fik. D. Lich. 4; Nyl. in Flora 1881, p. 187; Lamy Cat. Suppl. p. 11. Sur les troncs d'arbres, dans la vallée de Cauterets, au Cellier de Barrére. — R. s LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. 407 Le thalle, verrruqueux, varie de la nuance blanche au glauque cendré; il est nsensible tout aussi bien au réactif K qu'à CaCl. 370. * Leciden enterolenca Ach. Syn. p. 19; Nyl. in Flora 1881, p. 187 : Stizenb. Lich. helv. p. 179; Lojka Exs. n 159 et 173 ad int. Ce Lichen a pour synonyme le L. goniophila Kerb. Syst. Lich. Germ. p. 210. Sur le schiste et le granite, rarement sur le marbre, dans les vallées de Marcadau, de Cauterets, de Cambasque, et au sommet du Pène-Nère, etc, —C, — Je l'ai vu aussi à Lourdes. Spores long. 0,012 millim., épaiss. 0,005-0,0017 millim.; spermaties arquées. Var. subæruginosa Lamy. — Sur du schiste, dans la vallée de Catarrabe. Apothécies légèrement teintées de rouille. — R. 311. L. goniophila Fik. in Berl. Mag. 1809, p. 311; Nyl. in Flora 1881 ; Lamy in Cat. Suppl. p.17; Lojka Exs. n» 285 ad int.— Bia- tora pungens Korb. Par. lichenol. p. 161, Sur le granite et le schiste, dans les vallées de Cauterets, de Catarrahe, de Marcadau et de Gaube. — AR. Apothécies blanches à l'intérieur. Spores ovoides-ellipsoides, un peu plus grandes que dans Je L. enteroleuca ; spermaties droites. 312. L, erisima Nyl. (in litt. ad Lamy). Sur des schistes lamelleux, au sommet du Péne-Nére. — C. en cet endroit. Espéce nouvelle ! . J'en donne provisoirement la description, en attendant celle qu'en donnera plus tard M. Nylander daus le Flora. oo Thalle d’un beau blanc, lisse, uni, fendillé-aréolé, indéterminé, jaunissant par K. Apothécies noires, d'un noir plus pâle à l’intérieur, saillantes, planes, avec un rebord proéminent, rarement convexes. Spores ovales, simples; long. 0,008-0,010 millim., larg. 0,004-0,006 millim, (Nyl. in litt.). Ce Lichen a passablement l'aspect général du L. latypiza. 313. L. melancheima Tuck. Syn. p. 08; Nyl. Lapp. or. p. 164; Stizenb. Lich. helv. p. 211; Arn. Exs. n° 602. L. eupho- roides Nyl. Lich. Scand. p, 244 et 312 (Erratum). Sur du bois de Sapin, à mi-cóte de la montagne boisée qui, à gauche de la Cantine, domine le lac de Gaube. — RR. — F. Thalle continu, ferme, d'un blane d'os, rugueux ou à surface inégale par la A408 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. saillie trés accentuée des aréoles. Apothécies noires, un peu luisantes, planes, avec un léger rebord qui disparait lorsque le disque, en vieillissant, devient con- vexe, d'un gris brun à l'intérieur; hypothecium incolore comme celui du L. en- teroleuca. Spores oblongues, simples, long. 0,009-0,012 millim., épaiss. 0,0035- 0,0045 millim. Le thalle se colore avec K en jaune citron. 374. Lecidea Iutco-atra Nyl. Flora 1873, p. 299 ; Leight. Lich. Flora p. 293; Norrl. Exs. n° 333.— Biatora viridi-atra Stenham, Fries Lich. europ. p. 211. Sur un rocher granitique, dans la vallée de Marcadau. — RR. — F. Thalle parfois cendré verdàtre, ordinairement d'un jaune trés pâle, fendillé- aréolé; hypothalle noir, trés apparent dans les fentes qui séparent les aréoles. Apothécies noires, blanches à l'intérieur, planes avec un léger rebord, puis souvent devenant convexes. 8 spores incolores, linéaires-oblongues, simples, long. 0,012-0,013 millim., épaiss. 0,0055 millim. (Leighton); les spermaties sont courbées en demi-cercle. L'échantillon de Cauterets me parait étre plus typique que celui publié par M. Norrlin. D'après M. Nylander (in litteris), ce Lichen doit prendre place à proximité du L. leucophæa FIk., espèce que je n'ai pas remarquée à Cauterets. 375. L. amylacea Ach. Lich. univ. p. 112 ; Nyl. Lich. Scand. p. 221; Süzenb. Lich. helv. p. 193. Sur un rocher calcaire, au pic du Viscos (Vallot). — RR. — F. Thalle blanchâtre, continu, à peine fendillé, presque farineux, jaunissant par K, sans réaction avec CaCl. Apothécies noires, blanches à l'intérieur, d'abord planes et marginées, puis trés convexes et sans rebord. Spores ellip- soides, simples, long. 0,010-11 millim., épaiss. 0,006 millim.; spermaties fortement arquées. k. Groupe du Lecidea contigua. 316. L. petrosa Arn. in Flora 1868, p. 36; Exs. nos 358 et 358 b; Nyl. in Flora 1872, p. 360, et 1883, p. 108 (pour les sperma- ties) ; Stizenb. Lich. helv. p. 184. Sur du tuf calcaire, prés du cirque de Gavarnie. — R. — F. Thalle d'un blanc cendré ou d'un gris terne, continu, fendillé (K—, CaClI—). Apothécies saillantes, noires, avec disque trés légérement nuancé de pourpre, à rebord épais et persistant. Spores ellipsoides, simples, long. 0,016-95 millim., épaiss. 0,011-12 millim.; spermaties long. 0,006-0,010 millim. JT]. L. rhsetica. Hepp in Arn.; Nyl. in Flora 1866, p. 371; Th. Fr. Lich. scand. p. 514; Arn. Exs. nos 359 et 359 b. LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. A00 Sur du marbre, dans la vallée de Cambasque, prés du lac d'lhéou. — R. — F. Thalle d'un blanc farineux, granulé, d'abord fendillé, puis verruqueux par la proéminence des aréoles plus ou moins séparées les unes des autres, insensible aux réactifs K et CaCl. Apothécies noires à l'extérieur et en dedans, planes, marginées. Spores ovoides-ellipsoides, long. 0,020 à 0,028 millim., épaiss. 0,010- 12 millim. 318. kecidea subumbonata Nyl. in Flora 1872, p. 358; Stizenb. Lich. helo. p. 185. L. umbonata var. emersa Müll. Arg. in Flora 1870, p. 260. Sur du marbre, aux sommels du Dalaitous et du Vignemale (Vallot). M. Nylander l'a aussi rencontré sur les cimes des environs de Daréges, à cóté du L. homotropa. Thalle d'un blanc de lait parfois farineux, continu, un peu fendillé, insensible à K et à CaCl. Apothécies noires, saillantes, planes, fortement marginées. Spores ellipsoides, long. 0,011-13 millim , épaiss. 0,006-7 millim . ll ne faut pas confondre cette espèce avec celle que M. Nylander a décrite plus tard sous ce nom in Flora 1876, p. 236, et qui depuis, pour éviter toute confusion, a été nommée subumbonella. 319. L. albo-eserulescens Ach. Syn. p. 29; Leight. Lich. Flora p. 303; Arn. Exs. n° 894. Lecidea contigua var. albo-ce- rulescens Nyl. Lich. Scand. p. 221. Sur des rochers granitiques, près du Casino de Cauterets; dans la forét de Lourdes (Pomés). — R. Thalle trés uniformément continu. Apothécies planes, pruineuses, munies d'un rebord trés accentué (K— CaClI—). Spores oblongues-elliptiques, simples, long. 0,022-38 millim., épaiss. 0,010-12 millim. 380. L. contigua Fr. Lich. europ. p. 298; Nyl. Lich. Scand. p. 224; Arnold Exs. n° 509. Sur le granite, parfois sur le schiste, très rarement sur le marbre, à Cauterets et Lourdes. — C. TN . f 9x na dual 0 019 milli Spores ellipsoides, simples, long. 0,016-25 millim., épaiss. 0,008-0,012 millim. Var. favicunda Nyl. Lich. Scand. p. 224. Lecidea flavicunda Ach. Syn. p. 22. Sur les rochers gneissiques des pentes du Cabaliros, dans la vallée de Lutour, au pic du Catarrabe; prés de Lourdes (Pomés). Le thalle a la nuance de l'oxyde de fer; il est couvert dans mes échantillons de nombreux points noirs, ombiliqués, qui représentent les spermogonies. 410 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Var. phæa Nyl.; Lojka Ess. nos 244 ad int. et 68. — Biatora phaa Korb. Parerg. lichen. p. 150. À Julos, prés de Lourdes (Pomés). Var, eonvexa Fr, Lich. europ. p. 299; Arn. Egs. n° 192. Rochers granitiques, à Cauterets et Lourdes. Apothécies plus petites que dans le type, d'abord planes, puis trés convexes et sans rebord. 381. ' Lecidea platycarpa Ach. Syn. p. 11; Nyl. in Flora 1872, p. 552, Pyr. or. p. 23, et Exs. Lich. paris. n° 141; Lojka Exs. n» 240 ad int. Sur du granite, dans la vallée de Marcadau; sur du marbre au Pont d'Espagne, dans la sapinière du Riou et au Limagon; sur du schiste à Lourdes. Thalle appauvri, peu apparent, parfois méme manquant tout à fait (K---). Spores long. 0,015-30 millim., épaiss. 0,008-0,011 millim. 382. L. meiospora Nyl. in Flora 1873, p. 72; Lich. Pyr. or. p. 38; Norrl. Exs. n° 336. L. contigua var. meiospora Nyl. Lich. Scand. p. 225; Zwackh Exs. nos 543, 544 et 545. Rochers calcaires, prés du Pont d'Espagne et au Monné. — R. (Les échantillons de la seconde localité sont à peu prés dé- pourvus de thalle.) Thalle blanchâtre ou cendré, fendillé-aréolé. Apothécies noires, planes, mar- ginées, plus petites que dans le précédent, parfois un peu pruineuses. Spores long. 0,012-14 millim., épaiss. environ 0,0068 millim. 383. * L. crustulata Nyl. in Flora 1813, p. 72, Lich. Pyr. or. p. 38 ; Rabenh. Exs. n° 81. Lecidea parasema var. erustulata Ach. Syn. p. 18. Sur du granite, au Mamelon-Vert et dans la vallée de Mar- cadau. — R. Spores oblongues, simples, long. 0,014-15 millim., épaiss. 0,007-8 millim. Var. soredizodes Lamy. — Sur du marbre et du schiste, dans la sapinière du Riou. — AC. — F. Thalle mince, d'un gris blanchâtre, plus ou moins couvert de sorédies réu- nies en groupes réguliérement arrondis, épars, d'un blanc jaunátre. Apothécies très saillantes, brunes ou noirâtres. 384, L. speirea Ach. Syn. p. 31; Nyl. in Flora 1870, p. 38; Arn. Exs. n° 671. | LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. 411 Sur de l'ardoise, dans un lieu frais, presque à l'entrée de la vallée de Cambasque; sur du marbre, au Limacon et au cirque de Gavarnie. — C. dans cette dernière localité. Thalle continu, blanc, presque farineux (K—). Apothécies noires, parfois irréguliéres, planes ou convexes, marginées, souvent d'apparence lécanorine par suite de la proéminence du thalle sur leur contour. Spores long. 0,015- 18 millim., épaiss. 0,007-9 millim. 385. Lecidea turgida Schwer. Enum. Lich. p. 121, Exs. n° 521, et Arn. n° 1412; Nyl. Prodr. Lich. p. 131. Sur du marbre, dans le cirque de Gavarnie. — R. (altitude moyenne 1640 m.). | Thalle blanc ou d’un blanc-bleuâtre, continu, uni, parfois limité par quelques lignes noires (K—). Apothécies noires avec une lame blanche à l'intérieur, lar- gement enchâssées dans la croûte thalline et munies d'un rebord épais, qui se projette sur le disque en le rétrécissant et le rendant concave : ce disque est tantôt nu, tantôt légèrement pruineux, parfois méme roussâtre. Spores ovoides, long. 0,023-34 millim., épaiss. 0,011-15 millim. 380. L. sorediza Nyl. Lich. Pyr. or. p. 38; Leight. Lich. Flora p. 305; Zwackh Exs. ns 541 a. et c. Sur un racher granitique, entre l'hospice et le Casino. — RR. Trés voisin du L. contigua Fr., dont il diffère surtout par son thalle ordinai- rement plus ou moins sorédié, par des paraphyses plus grosses, des apothécies plus ou moins pruineuses. Spores fusiformes-ellipsoides, long. 0,015-22 millim., épaiss. 0,007-9 millim, 387. L. confluens Ach., Schær., Moug. St. Vog. 463; Nyl. Lich, Pyr. or. p. 23 et Lich. Scand. p. 225; Stizenb. Lich. helv. p. 188; Lojka Egs. n°s 280, 230 et 232 ad int. Sur le granite, le schiste et le marbre, au col et dans la sapinière du tiou, au Pont d'Espagne, au lac d'Ihéou, au lac d'Estibaoude, dans les vallées de Cambasque et de Marcadau. — C. — Je l'ai vu aussi à Lourdes, et M. l'abhé Pomès en a rencontré à Peyramale des échantil- lons remarquables par le complet développement de l'hypothalle, qui dé- borde en liséré d'un vert bleuàtre. Thalle blanchâtre ou grisâtre, parfois bleuâtre, plus uni, plus continu que dans le L. contigua, dont il différe aussi par des spores plus petites ; long. 0,009-0,015 millim,, épaiss. 0,005-7 millim. MEE Les apothécies, marginées, planes ou convexes, sont parfois trés irrégulières et méme agencées les unes dans les autres. La forme oxydata est assez souvent mêlée au type. 388. L. declinascens Nyl. in Flora 1878, p. 243; Lamy in Cat. p. 119; Arnold. Exs. n? 116 (forme ecrustacea). Sur du granite, prés des hauteurs du Cabaliros. — R. A19 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Espèce trés voisine du L. declinans Nyl. publié par Norrl. n° 337, dont il differe notamment par des paraphyses non articulées. Spores long. 0,010-14 millim., épaiss. 0,005-6 millim. Var. ochromeliza loc. cit.; Stizenb. Lich. helv. p. 189 ; Arnold Exs. n° 553. Sur un rocher granitique des pentes du Cabaliros. — R. Le thalle a la nuance d'un roux ferrugineux vif. M. Nylander donne aux sper- maties les dimensions suivantes : long. 0,007-0,011 millim., épaiss. 0,007-0,008 millim. Var. subterluescens Nyl. /oc. cit.; Arn. Exs. n° 801. Sur des rochers granitiques, au-dessus et au-dessous des bains de la Raillére. — R. Voici les dimensions des spermaties dans cette variété, dont je n'ai découvert que la forme à thalle ferrugineux : long. 0,010-14 millim., épaiss. 0,006 millim. 389. Lecidea polycarpa Flk. Sommerf. Lapp. p. 149; Nyl. Lich. Scand. p. 229; Norrl. Exs. n° 339. Sur du marbre, au-dessus de l'hospice de Cauterets, et sur du schiste, au sommet du Péne-Nére ; hauteurs du Vignemale (Vallot). — R. Thalle fendillé, blanchàtre, moins uni que dans le L. lactea, parfois débordé par les lignes noirâtres de l'hypothalle, passant du jaune au rouge vif sous l’action de K. Apothécies tantôt enfoncées dans le thalle et concaves, tantôt saillantes et convexes, blanches en dedans, marginées. Spores ovales-oblongues, long. 0,009-10 millim., épaiss. 0,0645-55 millim. 390. L. lithophila Ach. Syn. p. 14; Nyl. Lich. Scand. p. 226; Arn. Exs. n° 800 a. et b. Sur le granite et le schiste, prés du lac d'Anapéou. — AR. Thalle d'un blanc cendré, continu, plus ou moins fendillé. Apothécies planes, marginées, anguleuses, plus ou moins pruineuses, prenant une teinte rougeâtre à l'état humide. Spores long. 0,011-15 millim., épaiss. 0,006-7 millim. Var. ochracea Nyl. Lich. Scand. p. 227; Stizenb. Lich. helv. p. 191; Malbr. Exs. n° 341. Sur le granite et le schiste, prés du lac de Gaube et sur les pentes du col de Contente. — R. Mes échantillons sont trés beaux, à thalle complétement ochracé, avec des apothécies petites, concaves, restant noires sous l'impression de l'humidité. Var. eyanea Nyl. in Lamy Cat. p. 119; Stizenb. Lich. helv. p. 191. L. contiqua var. cyanea Schier. Enum. Lich. p. 120. LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. 413 Sur le granite et le schiste, dans la vallée et les lacets de Caute- rets. — R. . Thalle cendré bleuâtre. 391. Lecidea plana Lahm., Nyl. in Flora 1872, p. 552, et Lich. Pyr. or. p. 24. Sur le granite, dans la vallée de Cauterets. — R. Apothécies plus ou moins anguleuses, souvent très rapprochées les unes des autres, noires, blanchâtres à l'intérieur. Spores oblongues, long. 0,011-415 millim., épaiss. 0,0035-0,0045 millim. 392. L. injuneta Nyl. in Flora 1881, p. 4. Sur du marbre et du schiste, dans le cirque de Gavarnie et sur les flancs du Cabaliros. — R. Cette espèce, étant nouvelle, je reproduis ici la définition qu'en a donnée M. Nylander : « Thallus albidus areolato-rimosus, sat tenuis (crassit. circiter 0,2 millim.). Apothecia nigra subinnata plana, acutiuscule margi- nata, conferta, subangulosa (latit. 0,4-0,9 millim.), intus obscura. Spore 8-næ ellipsoideæ, long. 0,008-0,011 millim., crassit. 0,004-5 millim.; paraphyses non bene discrete. Epithecium et perithecium cæ- rulescenti-nigricantia, hypothecium incolor. Iodo gelatina hymenialis cerulescens, dein brunnescens. » Thallus K non mutatus, I medulla reagens. Accedit ad L. homa- lodem Nyl. in Flora 1875, p. 448, et L. subplanam antarcticam, sed illa jam differt sporis tenuioribus, hec sporis majoribus (longit. 0,009- 0,015 millim., crassit. 0,005-6 millim.). Spermogonia in speciminulo viso non aderant. » 393. L. promiseua Nyl. in Flora 1872, p. 357. Sur le granite, le schiste et le marbre à Péne-Nére et au. l'ont d'Espagne; au Balaitous, prés du lac d'Estibaoude (Vallot). Parfois le thalle manque tout à fait. Thalle blanchátre, mince, fendillé, insensible au réactif K. Apothécies noires intérieurement comme à l'extérieur, planes et marginées, puis convexes et sans rebord. Spores, au nombre de huit, oblongues, simples; long. 0,008-0,015 millim., épaiss. 0,0025-0,0035 millim. Var. subezesia Nyl. in litt. ad Lamy. Au sommet du Péne-Nére, au col du Riou et dans la vallée de Marcadau. MA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Les aréoles thallities, au lieu d’être blanches cotnme dans le type, sont de nuance cendrée bleuàtre. — R. Le Lecidea promiscens Nyl., dont le promiscua diffère peu, doit exister aux environs de Cauterets. M. Nylander l'indique dans les Pyréhées-Orientales. : 394. Éeéidea laëtea Fik., Schær. Enum. Lich. p. 144; Arnold. Exs. nos 470, 676, et Lojka nos 70 et 71. — C’est le même Lichen qué Rabenhorst à publié, n° 546, sous le nom de Buellia italica Massal. Sur le granite, le schiste et le marbre, prés de la Grange de la Reine Hortense, au Pène-Nèré, au lac de Gaube, au Monné, au col du Riou, à Gavarnie et Lourdes. — C. Cette espéce se distingue facilement au moyen du réactif K, qui fait passer promptement le thalle de la nuance jaune au rouge-vif. Spores simples, long. 0,012-15, épaiss. 0,006 millim. l. Groupe du Lecidea fumosa. 395: L. Brunñeri Schwer. Spicil. p. 136 ; Nyl. in Lamy Cat. p. 122. — Lecidella Brunneri Arn: Lich. Ausf. xvu, p. 40, Exs. n? 113. Sur ün rochiéf granitique, eiitre la scierie et la buvette de Mauhourat. — R. Thalle blanc ou d'un blanc-jaunâtre, plus où moins verruqueux, jàunissant par K. Apothéties noires, sans rebord, convexes, d’un noir plus pâle à l'inté- rieur. , Spores ovales, long. 0,012-0,015 millim., épaiss. 0,006 millim.; sperma- ties droites, long. 0,006-0,007 millim., épaiss. 0,0015 millim. (D'aprés M. Ar- nold). i 396. L. armeniaca Nyl. Lich. Delph. in Bull. Soc. bot. de Fr. 1863, t. X, p. 275; Stizenb. Lich. helv. p. 194; Schær. Exs. n° 114. — Rhizocarpon armeniacum DC. Fl. fr. t. II, p- 366. Sur un rocher schisteüx, aü lac dé Gaube; au Vignemale (Vallot). — RR. — F; _Thalle jaunàtre, mais changeant de nuance en vieillissant en herbier, fen- dillé-aréolé, presque verruqueux, brunissant au contact de la potasse. Apothé- cies noires, convexes, immarginées ; hypothalle d'un noir bleuàtre. Spores oblongues, long. 0,011-14 millim., épaiss. 0,0045 millim. Var, agiaeoides Nyl. loc. cit. et Pyr. or. p. 24 et 25; Arn. Exs. n° 438 et 838. LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. A15 Rochers graüiliques, prés de Baréges (Pomiès); sáns nul dotite dans les environs de Cauterets, quoique je ne l'y aie pas en- core remarqué. Le Lecidea aglaeiza Nyl. doit aussi s'y trouver. Aréoles du thalle jaunes et rugüeuses. Spores comme dañs le iype, ou du moins peu dissemblables. 997. Lecidea atro-brunnea Schær. Enum. Lich. p. 109; Nyl. Prodr. p. 138; Räbenh. Exs. no 439. — Rhizocarpon atro-brun- neum Ram., DC. Fl. fr. t. IT, p. 361. Sur le granite, lé schiste et le inarbfe, aù col du Riou, près du lac de Gaube, au Péne-Nére, au glacier du Monné, etc. — Cette derniére localité présente des échantillons magni- fiques, sous forme de larges rosettes: — M. Vallot a récolté ce Lichén sur les pies du Viscos et du Vignernale ; le comte de Bouillé l'à aussi signalé (1) sur le sommet du Balaitous. Thallé largement aréolé, d'un roüx brun plus ou moins foncé, souvent lui- Sant, insensible aux réactifs K et CaCl: Apotliécies noires; blanches à l'inté- rieur, planes, marginées. Spores ovales, leng. 0,009-10 millim., épaiss. 0,004 millim. J'en ai remarqué sur les cimes du Monné une forme dont les aréoles, très ` proéminentes, sont blanches dans leur contour. Scherer attribue ce caractère à sa var. B. grándiuscula (loc. cit.). 398. L. fumesa Whinb. Lapp. p. #15; Nyl. in Lamy Cat. p. 123; Schær. Enum. Lich. p. 109; Norrl. Exs. n° 334. Sur du grañite, dans là vallée de Marcädäu ; sur du gneiss, au col du Riou ; sur du tuf calcairé dur, à Gavarnie. — RR. CaCl réagit très légèrement sur le thalle en rose pâle." Spores ellipsoïdes, simples, long. 0,010-16 millim., épaiss. 0,005-7 millim. Vaf. fascó-atra Ach. Syn: p. 19; Nyl: Lich. Scand. p. 929; Lojka Exs. no 141. Sür du marbre, prés du Pont d'Espagne. — RB. Hypothalle noir, plus apparent qüe dáns le type. Var. badio-pallescens Nyl. in litteris ad Lamy. Lecidea badio- pallescens Nyl. in Flora 1879, p. 220; Lamy Catal. p. 124. Sur le schiste et le gneiss, au sommet du Péne-Nére. C'est avec l'assentiment de M. Nylander que jé raméne ce Lichen au L. fumosa, (1) Dans sa notice insérée au Büllelin de la Société Ramond, sous le pseudonyme de Jam. 416 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. attendu que si CaCl magit pas sur son thalle, on obtient une réaction érythri- nique bien visible avec K (CaCl), c’est-à-dire avec le chlorure de chaux suc- cédant à la potasse. 399. Lecidea grisella Nyl. Lich. Lapp. p. 160; Stizenb. Lich. helr. p. 196; Lojka Exs. n» 72. Lecidea fumosa var. grisella Fik., Scheer. Enum. Lich. p. 110. Sur du granite et du gneiss, au col du Riou, dans l'ancien parc de Cauterets, et au-dessus des bains de Rieumiset. — R. A Peyramale, Aspin et Lourdes (Pomés).:— C. La plupart des lichénographes distinguent difficilement ce Lichen du précé- dent, qui lui-même est trés variable. Les aréoles de son thalle sont de nuance plus pàle et généralement d'un blanc grisàtre. Ses apothécies, le plus souvent planes, parfois convexes, sont plus fréquemment pruineuses. Comme parfois il donne lieu à des méprises fàcheuses, je crois utile de reproduire une note de M. Nylander : « Lecidea fusco-atra specie est separanda L. grisella (Flk.), cui thallus hypochlorite calcica erythrinice rubescens ; L. grisella jam eo signo tutissime et facillime dignoscitur. » (Loc. cit. note.) 400. L. ænea Duf., Nyl. Prodr. p. 134; Leight. Lich. Flora p. 291. — Lecanora badia var. ænea Schær. Enum. Lich. p. 68. Sur un rocher gneissique, au sommet du Vignemale (Vallot). — R. — r. Thalle de nuance bronzée largement fendillé, verruqueux-aréolé. Apothécies noires, blanches à l'intérieur, anguleuses, peu proéminentes, légérement mar- ginées. Spores oblongues-ellipsoides, long. 0,0015-18 milliin., épaiss. 0,005-7 millim. 401. L. Morio Schær. Spicil. p. 133; Nyl. Lich. Scand. p. 290 et in Flora 1872, p. 553; Rabenh. Exs. no 386 et 441, sous les noms de Sporastatia testudinea Ach., Massal. et Morio Ram. — Rhizocarpon Morio DC. Fl. fr. t. II, p. 366. Sur le marbre des hautes cimes du Monné ; sur du schiste, au Péne-Nére ; sur du granite au lac d'Estibaoude, au Balaïtous, au Vignemale (Vallot). Le thalle, trés lisse, radié dans son contour, limité par une ligne hypothalline noire, varie du jaune cuivré à la nuance noirátre, et forme parfois de larges rosettes sur la pierre unie ; la médulle de ses aréoles, sous l'action de K (CaCl), devient rose ou rougeàtre. Apothécies noires, planes et peu saillantes, irrégu- liéres, munies d'un étroit rebord, à disque fréquemment ridé. Spores trés nom- breuses, sphériques ou brièvement ellipsoides, diam. 0,0035-0,005 millim. -1 LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. 41 m. Groupe du Lecidea rivulosa. (02. L. Kochiana Hepp Wurzb. p 61; Nyl. Lich. Scand. p. 223, Exs. Lich. d'Auvergne n° 56; Lojka Ezs. n° 63 ad int. Le- cidea rivulosa var. Kochiana Schwr. Enum. Lich. p. 411. Rochers granitiques, au lac de Gaube, dans la vallée de Mar- cadau, près de la scierie de la Raillère. . Thalle grisâtre ou d'un gris fumé, fendillé, légèrement verruqueux, par- lois circonscrit par une ligue noire, qui est une extension de l'hypothalle Ih — CaCl —). Apothécies inhérentes, noires, peu saillantes, irrégulières (rare- ment étroites et allongées comme une lirelle d'Opégraphe), d'abord planes avec un mince rebord, puis convexes et immarginées. Spores ovales ou ellipsoides, long. 0,008-11 millim., épaiss. 0,006-8 inillim. 103. * E. morosa Duf., Fr. Syst. orb. veget. p. 286 et Lich. europ. p. 272; Scheer. Spicil. p. 195; Nyl. Prodr. p. 136; Th. Fr. Lich. Scand. p. 452. Sur du marbre, prés du Pont d'Espagne; sur un rocher grani- tique, entre l'ancien parc de Cauterets et le chemin du Riou. — RR. — F. Trés voisin du précédent, dont il différe surtout par des apothécies plus pe- tites et par la nuance du thalle, qui est blanchátre, non d'un gris cendré ; les ` aréoles thallines, séparées par de larges fentes, sont aussi à surface moins unie, Cest-à-dire plus réellement verruqueuses. 404. L. Iygea Ach. Syn. p. 34; Schær. Enum. Lich. p. 117; Th. Fr. Lich. Scand. p. 452. Lecidea Kochiana form. lygea Nyl. Lich. Scand. p. 223. Sur les rochers granitiques, dans la vallée de Cauterets, à la Raillére, au lac de Gaube, au Pont d'Espagne, dans ia vallée de Cambasque ; au Limacon. — CC. Je l'ai aussi remarqué à Lourdes. Thalle d'un gris cendré ou fuligineux, continu ou légérement fendillé, tantót indéterminé, tantót formant de larges rosettes sur les rochers. Apothécies noirâtres, innées, saillantes et convexes, assez régulièrement arrondies, presque toujours immarginées, d'un gris corné à l'intérieur, ainsi que dans les deux espéces précédentes. Var. albescens Lamy. — Sur un rocher, prés de la cascade du Cerisey. — RR. Thalle blanchâtre, continu, indéterminé. Apothécies brunes, peu saillantes, sans rebord qui leur soit propre, mais entourées par le redressement du thalle, de nuance blanche, qui leur donne une apparence lécanorine trés accentuée. T. XXX. (SÉANCES) 27 418 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Le Lecidea lygea a passablement l'aspect du L. rivulosa Ach., qui est très répandu au centre de la France; il paraît remplacer cette dernière espèce à Cauterets. n. Groupe du Lecidea intumescens. 405. L. tenebrosa Flot. in Zw. Exs. n° 434; Nyl. Prodr. p. 127, et Lich. Scand. p. 231; Arn. Exs. n° 842. Sur les rochers granitiques, rarement sur le marbre, dans la vallée de Marcadau, au lac de Gaube, le long du chemin du Riou, à la Raillère, au pic de Catarrabe. Spores ellipsoïdes, simples, long. 0,011-17 millim., épaiss. 0,006-7 millim. K réagit légèrement en jaune terne sur la médulle du thalle. Dans mes échantillons de Cauterets, les apothécies sont généralement mieux formées que dans ceux recueillis en Auvergne. 406. L. obscurissima Nyl. Lich. Delph. in Bull. Soc. bot. de Fr. 1863, t. X, p. 263, Pyr. or. p. 24; Stizenb. Lich. helv. p. 194; Arn. Exs. n° 843. L. Mosigii Hepp. Récolté par M. Vallot, sur un rocher quartzeux, au lac d'Esti- baoude (2350 mètres). M. Nylander l'a aussi trouvé près de Baréges. Ce Lichen a l'aspect général du précédent, sans toutefois avoir avec lui une grande affinité, ses spermogonies étant d'un type particulier. Son thalle, cendré noiràtre, fendillé, avec des aréoles de petite dimension, est aussi plus mince, de nuance moins foncée ; sa médulle devient d'un jaune terne sous l'action de K. Apothécies saillantes, noires, à peu prés concolores à l'intérieur, planes, muuies d un léger rebord. Spores briévement ellipsoides, long. 0,009-0,011 millim., épaiss. 0,007-9 millim. o. Groupe du Lecidea petræa. 407. L. eoracina Ach. Syn. p. 11, pro p.; Nyl. Lich. Scand. p. 232 ; Lojka Exs. n° 326 ad int. Spores d'un brun noirâtre, simples ou parfois obscurément cloisonnées, ellipsoides, long. 0,012-17 millim., épaiss. 0,007-0,018 millim. ll ne s'agit ici que d'une forme à spores incolores, découverte par M. Ny- lander sur des rochers calcaréo-schisteux, prés de Daréges. | 108. L. geminata Flot., in litt., Nyl. Lich. Scand. p. 234; Stizenb. Lich. helv. p. 192 ; Lojka Exs. n° 77. Sur le schiste, le marbre, et plus fréquemment sur le granite dans les vallées de Cauterets, de Cambasque, de Gaube, de Marcadau, au Pont d'Espagne, au Mamelon-Vert, à Lourdes. Deux spores dans chaque thèque, long. 0,040-57 millim., épaiss. 0,025-32 millim. LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. 419 Var. albescens Lamy, Catal. p. 199. Sur des rochers granitiques, au-dessus des bains de la Raillère et près de la grange de la Reine-Hortense. Dans cette variété, le thalle est blanchâtre, non d'un roux plus ou moins foncé ou d'un gris brunâtre, comme dans le type. 109. Kecidca sublesta Nyl. in Flora 1881, p. 181. Sur un rocher quartzeux, dans les lacets du nouveau pare de Cauterets ; sur le schiste, au-dessus des bains de César et di Rieumiset. Espèce nouvelle et rare, dont M. Nylander a donné la description sui- vante : « Thallus plumbeo-obscuratus tenuis - areolatus, areolis planis. subdispersus in hypothallo nigro. Apothecia nigra, demum convexul« immarginata (lat. 0,3-04 millim.), intus obscura. Spore 8-ne ni- grescentes oblonga 1-septe, long. 0,014-20 millim., crassit. 0,005-* millim., epithecium et hypothecium nigricantia. Iodo gelatina hyme- nialis intensive carulescens. » Species peculiaris in stirpe L. atro-albæ, sporis parvis oblongis jam bene distincta. Thallus non K nec I tinctus. Paraphyses noi regulares. Epithecium K nonnihil purpurascenti-reagens. » 410. L. atro-alba Flot. in Zw. Exs. 202; Nyl. Lich. Scand. p. 232: Stizenb. Lich. helv. p. 200 ; Lojka Exs. n^ 142. Rochers schisteux et granitiques, dans les vallées de Cauterets, de Cambasque, de Marcadau, de Gaube, de Lutour, au col du Riou, etc. — CC. La couleur du thalle varie du gris pâle au brun foncé ; il est toujours riche- ment fructifié. ol Spores 1-septées, oblongues-ellipsoides, long. 0,024-0,034, épaiss. 0,012- 17 millim. 411. L. badio-atra Flk. in Spreng. N. Entdeck. II, p. 95 : Schær. Enum. Lich. p. 111; Nyl. Lich. Scand. p. 233, et Exs. Lich. d'Auvergne n° 53. Sur le granite, parfois sur le schiste et le marbre, dans les vallées de Cambasque et de Marcadau, au lac de Gaube. prés du glacier du Monné. — AR. — F. Dans la dernière localité, j'en ai rencontré, sur le marbre, une forme mal développée et stérile. Thalle brun, fendillé, à aréoles irréguliéres, presque polygonales; hvpo- 420 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. thal.e noir. Apothécies noires, légèrement bordées, planes au niveau de la croûte thalline ou peu saillantes. Spores ovales, un peu resserrées vers le milieu, à deux loges, long. 0,026-32 mill., épaiss. 0,012-16 millim. (12. Lecidea lavata Ach. Hb., Nyl,in Flora 1813, p. 23 ; Stizenb. Lich. helv. p. 201 ; Zwackh, Exs. n° 547 et 548 ; Oliv. Exs. n° 187. Sur le granite, parfois sur le schiste, dans les vallées de Caute- rets, de Cambasque, de Gaube, de Marcadau, à Lourdes. Cette espéce, trés répandue, s'éléve jusqu'aux plus hauts sommets des Pyré- nées. Son thalle varie de la nuance blanchátre ou cendrée à celle d'un roux brunàtre ou d'un brun foncé ; l'hypothalle, noir, déborde souvent cn ramifica- tions ténues et élégamment rayonnantes (forme confervoides DC.). Les apo- thécies, noires, saillantes, sont remarquables par la grosseur d'un rebord tou- jours persistant. 8 spores, incolores, oblongues, ou oblongues-ellipsoides, murali-cloisonnées, long. 0,031 millim., épaiss. 0,016 millim. (Leighton). Var. obseurata Nyl. Lich. Scand. p. 234. Lecidea lygea var. obscurata Ach. Syn. p. 34. — Rhizocarpon obscuratum Korb. Par. Lich. p. 233; Arn. Exs. n^ 815 et 853. Sur du schiste, dans la sapinière du Riou. — C. Par la synonymie qui précéde on voit qu'Acharius avait compris dans son Lecidea lygea plusieurs espèces différentes, ainsi que l'a déjà indiqué M. Ny- lander dans ses Lichenes Scandinavie, p. 233 et 231. Spores long. 0,022-0,042 millim., épaiss. 0,009-0,018 millim. (Wainio). 419. "E. excentrica Ach. Meth. p. 37; Nyl. Lich. Scand. p. 234; Lojka Exs. n° 18 et Arn. n° 654 b. Sur le granite, le schiste et le marbre, dans les vallées de ` Cauterets, de Cambasque, de Gavarnie, à Lourdes.— Espèce trés répandue dans les Pyrénées. Thalle blanc ou d'un blanc terne, parfois légèrement farineux, fendillé, fré- quemment entouré par des lignes noires hypothallines. Apothécies noires, rarement pruineuses, moins saillantes que dans le type, planes ou un peu déprimées, munies assez souvent en apparence d'un second rebord de nuance hlanche, par suite de la proéminence de la croüte thalline sur leur pour- rour. Var. geographica Lamy. — Cette forme présente sur le schiste une très grande surface, couverte d’une multitude de lignes hypothallines noires, très rapprochées les unes des autres et s'entrecroisant dans divers sens. 414. "E. eoncentriea Nyl. Lich. Scand. p. 234; Stizenb. Lich. helv. p- 201. L. petrea var. concentrica Nyl. Prodr. p. 128; Malbr. Exs. n° 85. LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. 421 Sur du marbre et du schiste, dans les lacets du parc de Caute- rets et à Gavarnie. Trés voisin de L. excentrica par la couleur et la forme du thalle. Ses apo- thécies sont un peu plus concaves et presque disposées concentriquement. 415. "' Lecidea umbilicata Ram. in Act. Soc. Linn. Paris, 1827, p. 434 ; Suzeub. Lich. helv. p. 201. L. petrea, var. umbili- cata Nyl. Prodr. p. 128. Sur du marbre, à Cauterets, le long du chemin du Riou ; dans le cirque de Gavarnie. D'aprés Charles des Moulins, ce Lichen ne serait pas rare dans les Hautes- Pyrénées, puisqu'il le possédait de cinq localités différentes, notamment du pic du Midi de Bigorre. Apothécies noires, plus ou moins recouvertes par une pruine ble 1àtre, innées, avec un épais rebord; le thalle, généralement d'une grande blancheur, souvent plus ou moins farineux, se redresse parfois autour des apothécies, de facon à simuler un second rebord blanchátre. p. Groupe du Lecidea spuria. 416. L. spuria Schwer. Enum. Lich. p. 114; Nyl. in Flora 1873, p. 202; Ripart in Bull. Soc. bot. de Fr. 1876, t. XXIII, p. 262. Sur du schiste, au col du Riou, au sommet de Péne-Nére ; sur des rochers schisteux, à Lourdes et Aspin (Pomès). Thalle blanc ou d'un blanc cendré, uni, fendillé, aréolé; hypothalle noir. Apothécies noires au dehors comme an dedans, planes, de niveau avec les aréoles ou les dépassant peu, munies d'un léger rebord; 8 spores d un brun noir, ovales, biloculaires, long. 0,014 millim., épaiss. 0,007 millim. (Ripart). La croûte thalline jaunit sous l’action de K, sans passer tout de suite au rouge vif, comme dans le L. lactea Fik. MT. L. dispersa Nyl. Lich. Pyr. or. p. 26. — Buellia dispersa Massal. Sched. crit. 150. Var. subeifizurans Nyl. in litt. ad Lamy. Sur du schiste, à Lourdes. — R. Apothécies noires, saillantes, marginées, à bord entier persistant. | Spores 1-septées, oblongues obtuses, long. 0,012-16 millim., épaiss. 0,007 millim., spermaties droites. . Le thalle jauait au contact de K 418. L. sethalea Nyl. in Lamy Catal. p. 133 (1); Stizenb. Lich. helr. (1j Ce Lichen figure à la page 133 comme variété du Lecidea atro-albella. "> € SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. b t£ p. 202; Malbr. Suppl. Lich. de la Norm. p. 54; Zwackh Exs n° 610. — Gyalecta ethalea Ach. Syn. p. 10. Sur du granite, dans la vallée de Marcadau ; sur du marbre, dans la vallée de Catarrabe. — R. Thalle d'un blanc cendré ou d'un gris fumé, uni, fendillé, aréolé, passant de la nuance jaune au rouge-brique sous l'influence de K. Apothécies noires, petites et trés nombreuses, enfoncées dans le thalle, le plus souvent concaves, jamais convexes, de forme peu réguliére. Spores long. 0,015-0,017 .millim., épaiss. 0,008-0,009 millim. (Arnold). 419. Lecidea stellulata Tayl. Fl. Hibern. II, 118; Nyl. in Flora 1872, p. 430; Leight. Lich.-Flora, p. 316. Sur un rocher schisleux trés dur, prés du Mamelon-Vert ; à Lourdes. — RR. Thalle blanc ou blanc cendré, moins mince que dans le précédent, fendillé, avec des aréoles plus ou moins proéminentes, sur lesquelles K réagit en jaune. Apothécies nombreuses, petites, proéminentes, assez réguliéres, planes, à re- bord trés accentué. 8 spores ellipsoides, d'un noir brunâtre, long. 0,009-12 millim., épaiss. 0,004-5 millim. (Th. Fr. Lich. scand. p. 604). q. Groupe du Lecidea disciformis. 420. L. albo-atra Nyl. Lich. Scand. p. 325. Var. ambigua. Nyl. loc. cit. p. 236: Ach. Syn. p. 14; Leight. Lich.-Flora p. 3485 Lojka Exs. n* 143. Sur du marbre, dans la vallée de Cambasque. — RR. Le type parait manquer à Cauterets et à Lourdes. Thalle blanchâtre ou cendré, fendillé-aréolé (K — CaCl —). Apothécies pe- tites, noires, planes, nues, trés légérement bordées, munies souvent d'un second rebord grisâtre, simulé par la proéminence circulaire de la croûte thal- line. Spores long. 0,012-18 millim., épaiss. 0,007-0,010 millim. 421. E. diseiformis Fr. in Moug. St. Vog. 145; Nyl. Prodr. p. 140, et Lich. Pyr. or. p. 25 ; Lojka Exs. n° 259 ad int. Sur l'écorce des arbres, dans la vallée de Cauterets. — R. Dans tous mes échantillons des Pyrénées, de l'Auvergne et de la Haute- Vienne, le thalle devient régulièrement jaune au contact de la potasse. Spores oblongues, brunes 1-septées, long. 0,018-24 millim., épaiss. 0,008-10 millim. — ll faut avoir soin de ne pas confondre cette espèce avec le L. parasema Ach. Forme ecrustacea Nyl. loc. cit. p. 141; Stizenb. Lich. helv. p. 205; Rabenh. Exs. n° 729 (sous le nom de Buellia para- sema var. saprophila Kaerb. Syst. Lich. p. 228). LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. A423 C. sur le bois de Sapin, dans la vallée de Marcadau, daus les bois du Cérisey et du Pont d'Espagne. Dans cette forme, les apothécies sont nombreuses, noires à l'intérieur aussi bien que dans le type, souvent convexes, ct reposent directement sur les fibres ligneuses ou parfois sur une croüte thalline tout à fait appauvrie et à peine apparente, 422. Lecidea saxatilis Nyl. Lich. Scand. p. 237. — Buellia saxatilis Korb. Syst. Lich. p. 228; Arn. Exs. n° 1660. — Calicium saxatile Schær. Spicil. p. 225. Sur le thalle stérile du Lecanora calcarea Sommerf., qui avait pour support un rocher schisteux, prés de Cauterets, le long du chemin du Riou ; sur un Lichen stérile qui recouvrait du marbre, prés de l'entrée du cirque de Gavarnie. — R. Cette espéce parasite a des apothécies noires, discoides, marginées. Théques claviformes; paraphyses simples, filiformes, un peu épaissies au sommet. 8 Spores d'un brun noir, ovales, biloculaires, long. 0,014 millim., épaiss. 0,007 millim. (Ripart in Bull. Soc. bot. de Fr. t. XXIII, 1876, p. 262). 493. L. abstracta Nyl. in Flora 1883, p. 102. Sur un rocher quartzeux, dans la vallée de Cambasque. — hn. — F. Espéce nouvelle, dont voici la description : « Thallus vix ullus (vel cinerascens leprosulus evanescens). Apo- thecia nigra plana marginata, vel convexa subimmarginata (latit. 0,3 - 0,5 millim.), intus concoloria. Spore 8-nc fusce oblonge 1-sep- tate, long. 0,010-14 millim., crassit 0,0035-45 millim. Epithecium el hypothecium fusca, paraphyses clava fusca. Iodo gelatina hymenialis cœrulescens, dein obscurata thecis vinose rubescentibus. l » Affinis Lecideæ saxatili Schær, et sit fere ejus subspecies. Compa- rari etiam possit cum L. nigritula Nyl., cujus quoque sporas habet. » r. Groupe du Lecidea myriocarpa. 424. L. myriocarpa Nyl. Prodr. p. 141 et Lich. Scand. p. 231; Lojka Exs. n° 80. — Patellaria myriocarpa DC. Flor. fr. t. II, p. 346. Sur de la terre aride et sur des plantes desséchées, au sommet du Péne-Nére; sur du schiste, à Lourdes, près de la monta- ene du Calvaire. Croûte thalline mince, blanchàtre ou d'un blanc cendré, parfois nulle. Apo- 424 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. thécies nombreuses, serrées, noires, trés petites, planes, marginées, sans rebord lorsqu'elles deviennent convexes. Spores long. 0,012-0,014 millim., épaiss. 0,006 millim. (Lojka). Var. punctiformis Schr. Enum. Lich. p. 129; Lamy in Cat. p. 139; Lojka Exs. n° 81. — Verrucaria punctata var. puncti- formis Hoffm. D. Fl. II, 193. Sur un rocher gneissique, au sommet du Riou. — RR. s. Groupe du Lecidea premnea. 425. L. Stenhgmmari Fr. Summa veget. Scand. 1846, p. 115. Sur le marbre et le schiste, à Cauterets et à Lourdes. —AC.— s. Elias Fries s'est borné à mentionner cette espéce, toujours stérile, sans la décrire. et c'est son ami Stenhammar (1) qui en a donné la description dans les Actes de l'Académie de Stockholm (1846, p. 197), publiés seulement en 1848. Cet ouvrage n'étant ni à ma disposition, ni probablement à celle des lichéno- logues francais, je crois utile de donner iei quelques détails sur mes échantil- lons pyrénéens. Je les ai récoltés dans des lieux (rais, mais non humides. Leur thalle, assez épais, est d'un beau blanc, rarement terne, légèrement farineux, lisse, déter- miné, jaunissant un peu sous la simple pression du doigt. Le contour de la croüte thalline se dilate assez fréquemment en lobes rayonnants, serrés, con- tinus, striés, trés adhérents au rocher; cette croûte rougit constamment au contact du réactif CaCl. Il ne faut confondre ce Lichen ni avec le Zoora Stenhammari Koerb., ni avec le Pertusaria Stenhammari Helb. Il aurait plus d'analogie avec lAr- thonia lobata (Flk.), publié par M. Lojka, sous le n° 92, du moins si l'on s'en rapportait à une note publiée dans les Lich. Pyr. or. p. 55; mais depuis cette époque M. Nylander (in litt. ad Lamy) pavait avoir modifié son opinion à cet égard, tout en reconnaissant la difficulté d'assigner une place convenable à une espèce dont la fructification reste inconnue. t. Groupe du Lecidea lenticularis. 426. L. ehalybeia Borr., Nyl. Prodr. p.136, Exs. Lich. paris. n° 139, et Lojka n° 82; Leight. Lich.-Flora, p. 326. Sur du schiste, le long du chemin de la Raillére. — R. Thalle d'un brun cendré ou noirâtre, d'épaisseur variable, parfois trés mince Apothécies petites, noires, planes, marginées ; hypothécium d'un brun noirátre, alors qu'il est incolore dans l'espéce suivante. Spores oblongues, uniseptées, à cloison mince, long. 0,007-0,010 millim., épaiss. 0,0025-0,0035 millim.; sper- maties ellipsoides. (1) C'est Stenhammar qui le premier a découvert ce Lichen dans l'ile de Gottland, en Suède ; il a été le collaborateur de Fries pour les Lichenes Sueci® easiccati (qu'on cite : L. S.). LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. 425 + T. Lecidea lenticularis Ach. Syn. p. 28; Nyl. Lich. Scand. p. 242: Lojka Exs. n° 238 ad int. Sur du marbre et du schiste, à Cauterets, notamment dans les lacets du parc; à Lourdes (Pomès). Thalle mince, blanchâtre ou d'un blanc grisâtre, parfois presque nul (K —); Apothécies d un roux brunàtre, rarement tout à fait noires, d’un blane gri- sàtre ou d'un brun clair à l'intérieur, planes, marginées, parfois devenant con- vexes. Spores (aprés développement complet) 1-septées, oblongues-ellipsoides, long. 0.012-0,016 millim., épaiss. 0,004-0,007 millim. (Weddell Lich. de l'ile d'Yeu, p. 281). 428. L. lapsans Nyl. in litt. ad Lamy. Sur un rocher calcaire du pic de Catarrabe (Vallot).— R. Espéce nouvelle! Thalle (1) d'un gris glauque, parfois légèrement dépassé par l'hvpothalle noir, fendillé-aréolé, à aréoles irréguliéres, un peu bombées, amincies et planes sur le pourtour de la croûte thalline ; insensible à K et à CaCl. Apothé- cies noires, nombreuses, éparses ou trés rapprochées, assises sur le cóté ou au centre des aréoles, concaves, rarement planes, quelquefois paraissant margi- nées par suite du redressement du thalle; théques peu nombreuses, ventrues, arrondies au sommet, trés atténuées à l'extrémité inférieure. Spores ovales, parfois un peu rétrécies au centre, l-septées, hyalines, long. 0,010-0,012 millim., larg. 0,005 à 0,006 millim. Paraphyses médiocrement agglutinées jaunes au sommet. La place que doit occuper cette espèce parait indécise; c’est peut-être mème un Lecanora u. Groupe du Lecidea ostreata. 429. L. xanthococea Sommerf. Supp. Lapp. p. 194; Fr. Lich. Europ. p. 345; Nyl. Prodr. p. 137; Arnold Exs. n» 550, et Lojks n° 93 ad int. Sur du bois de Sapin, à mi-côte d'une montagne qui avoisine le Vignemale. — R. — F. Espèce nouvelle pour la France ! mE vn Thalle d'un blanc-jaunâtre, non continu, verruqueux, à aréoles disjointes, saillantes, irréguliéres, se colorant par K en ochracé presque orange. Apothe- cies déprimées ou planes, d'un noir opaque, concolores en dedans, trés distinc- tement bordées. Spores ellipsoides, petites, long. 0,008-10 millim., épaiss. 0,004-5 millim. (Th. Fr. Lich. scand. p. 517). Ce Lichen a de l'affinité avec le L. myrmecina Fr. (1) Cette description est uniquement faite pour attendre celle, assurément plus exacte et plus complète, qui en sera donnée dans le Flora par M. Nylander. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. > tZ xX D v. Groupe du Lecidea sanguinaria. 430. L. sanguinaria Ach. Syn. p. 19; Nyl. Lich. Scand. p. 246 : Schær. Enum. Lich. p. 132, Exs. n° 231; Lojka Exs.n° 219 ad. int. et Malbr. n° 242. . Sur une vieille souche de Sapin, prés du Pont d'Espagne. — HR. — F. Thalle d'un blanc terne ou cendré, inégal, rugueux, jaunissant par K, à mé- dulle sanguine. Apothécies noires, au dedans comme au dehors, convexes, immarginées. Spores ellipsoides, long. 0,070-0,100 millim., épaiss. 0,028-38 millim. w. Groupe du Lecidea geographica. 431. L. alpicola Nyl. Prodr. p. 142, et Lich. Scand. p. 241; Norrl. Exs. n° 346. L. geographica var. alpicola Schwer. Lich. Europ. p. 106. Rochers granitiques, dans les vallées de Marcadau et de Gaube. Aréoles du thalle jaunes, séparées, assez grandes, planes ou convexes, repo- sant sur un substratum noir. Apothécies planes, un peu marginées, moins éle- vées que les aréoles, anguleuses. Spores 1-septées, long. 0,018-28 millim., épaiss. 0,010-15 millim. 492. L. galbula Nyl. Prodr. p. 142 et Lich. Scand. p. 247 ; Lojka Exs. n° 90. — Psora galbula Ram., DC. Fl. fr. t. II, p. 368. — Lecidea Wahlenbergii Ach. Sur des Mousses naines qui couvraient un rocher granitique, prés du lac d'Estom. — RR. — s. , Uroüte d'un jaune-citron ou d'un jaune verdâtre, composée de lobes renflés, epais, rapprochés, arrondis, plus ou moins rayonnants sur le contour du thalle, reposant sur un hypothalle noir, sans réaction, soit avec K, soit avec CaCl. Apothécies noires, apprimées, planes, marginées. Spores ellipsoides, 1-septées, long 0,010-17 millim., épaiss. 0,007-0,010 millim. Avant moi, Ramond et Ch. Des Moulins avaient découvert ce beau Lichen prés du lac de Liéou et sur le pic du Midi. 433. L. geographica Schær. Spicil. p- 124; Nyl. Lich. Scand.p. 248; Norrl. Exs. n° 347, et Arnold n° 542c. Rochers granitiques, dans les vallées et sur les montagnes des environs de Cauterets. — CC. Je l'ai vu aussi à Lourdes. Les aréoles jaunes du thalle sont de nuances et de formes très variables. Spores oblongues, plusieurs fois septées, long. 0,027-10 millim., épaiss. 0,011- 9 millim. LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. 427 Var. atrovirens Schær. Lich. Europ. p. 106. Dans les vallées de Marcadau et de Lutour, près du lac d'Estom. Var. gerontica Nyl., Rabenh. Exs. n° 961. Sur du schiste trés dur près de l'hospice et du casino de Cau- terets, à la Raillère, au col du Riou; sur le pic du Viscós (Vallot). Var. eærulescens Lamy. — Le thalle passe du jaune à la nuance bleuàtre, à tel point qu'il devient difficile de rattacher cette forme au type de l’espèce. Lac d'Ihéou (Vallot). Var. flavo-pallescens Lamy. — Vallée de Cambasque. Thalle indéterminé couvrant complètement une grande étendue de rochers, à aréoles d’un jaune très pâle, unies, petites, très rapprochées les unes des autres. Apothécies nombreuses, enfoncées dans la croûte thalline, très exiguës et peu distinctes. Var. pulverulenta Schær. loc. cit. Dans la vallée de Cambasque. — RR. Le thalle, stérile, se compose de petites aréoles d'un jaune pâle, qui se désa- grégent et tombent en poussiére. 434. Lecidea viridi-atra l'lk., Flot. in litteris ad Kærb.; Nyl. in Flora 1881, p. 533; Lamy Cat. p. 143; Lojka Exs. n° 91 et 233 ad int.— Rhizocarpon viridi-atrum Korb. Syst. Lich. p. 26; Arn. Exs. n° 943. Rochers granitiques, dans la vallée de Lutour et près du lac d'Estom. — R. Aréoles du thalle plus petites et d'un jaune verdátre plus prononcé que dans la susdite variété atrovirens Schier. Apothécies plus saillantes, planes, munies dans leur jeunesse d'un léger rebord qui disparait, si plus tard elles devienuent convexes. x. Groupe du Lecidea citrinella. 435. L. citrinella Ach. Syn. p. 25; Nyl. Lich. Scand. p. 248. — Ra- phiospora flavo-virescens Massal.; Rabenh. Exs. n° 410. Sur la terre, dans les fissures d'un rocher, près du lac d'Ilhéou. —R.—s. Spores allongées-aciculaires, multiseptées, ou du moins contenant des globules oléagineux, long. 0,036-100 millim., épaiss. 0,005-4 millim. Para- physes grèles 428 : SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. y. Groupe du Lecidea sociella (espèces parasites). 436. L. sociella Nyl. in Flora 1863, p. 307; Lich. Lapp. or. p. 165; Wainio Adj. Lapp. Fen. p. 120. i Espèce nouvelle pour la France! Parasite sur le thalle du Lecidea vernalis Ach., près du lac d'Estom et dans les bois entre le Pont d'Espagne et le lac de Gaube. — RR. — F. Apothécies petites, noires, concaves ou planes, concolores à l'intérieur, de forme trés régulière, imitant dans leur jeunesse une petite coupe élégante. 8 spores d'un brun noirâtre, oblongues ou oblongues-fusiformes, ayant 5 à 7 cloisons, long. 0,015-23 millim., épaiss. 0,005-6 millim. 437. L. Parmeliarum Sommerf. Lapp. p. 176; Ripart in Bull. Soc. bot. de Fr. 1876, t. XXIII, p. 260; Arn. Exs. n° 780. Sur le thalle du Parmelia glabratula, dans la sapiniére du Riou; sur le P. tiliacea Ach., à Aspin, près de Lourdes (Pomés). Apothécies noires, très petites, de consistance moins délicate que dans le précédent, marginées, d'abord concaves, puis planes ou convexes, souvent irrégulières et mal. développées. Théques claviformes, épaisses à l'extrémité supérieure. 8 spores d'un noir brun, obovales, biloculaires, long. 0,014 millim., épaiss. 0,007 millim. (Ripart loc. cil.). 438. L. episema Nyl. Prodr. p. 125; Leight. Lich.-Flora, p. 385; Ripart in Buil. Soc. bot. de Fr. 1876, t. XXIII, p. 261. Sur la croûte thalline du Lecanora calcarea, à Peyramale, prés de Lourdes (Pomès). Apothécies nombreuses, noires à l’intérieur comme au dehors, consistantes, planes, marginées, rarement convexes. 8 spores incolores, ellipsoides ou al- longées-ohlongues, biloculaires, long. 0,010-18 millim., épaiss. 0,004-5 millim.; paraphyses simples, un peu épaissies et fuligineuses au sommet. 439. L. Urceolarisze Nyl. in Flora 1873, p. 298; Norrl. Exs. n° 193, et Lojka n° 89. Sur le thalle de l'Urceolaria seruposa, près de l'ancien parc de Cauterets. — R. Apothécies très petites, noires à l’intérieur comme à l'extérieur, de consis- tance ferme, à disque déprimé ou plane, fortement marginées, d'aspect un peu rugueux, rarement bien développées. 8 spores brunes, oviformes-ellipsoides, l-septées, long. 0,012-18 millim., épaiss. environ 0,007 millim. Paraphyses non séparées. LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. 22° Tribu. — GRAPHIDES. XLVII. XYLOGRAPHA Fr. p. p., Nyl. 140. X. parallela Fr. S. M. ll, p. 197; Nyl. Lich. Scand. p. 250; Arnold Exs. n° 244 a. et b. — Opegrapha parallela Ach. Lich. univ. p. 253. Sur les vieux bois de Sapin, dans les environs de Cauterets. — C. — Sur du bois de Hêtre, à Baréges (Nylander). Apothécies étroites, lancéolées-linéaires, noires, mais fréquemment bru- nàtres, lorsqu'elles sont jeunes. t41. X. flexella Nyl. Prodr. p. 148, et Lich. Scand. p. 250; Arn. Exs. n9 525. — Limboria flexella Ach. Sur du bois carié de Sapin, entre le Pont d'Espagne et le lac de Gaube; sur un vieux tronc, à Saint-Pé (Pomés). XLVII. AG YRIUM (Fr. p. minima p.), Nyl. 42, A. rufum Fr. S. M. Il, p. 232; Nyl. Lich. Scand. p. 280, Exs. 4 Lich. d'Auvergne n° 62. — Stictis rufa Pers. Sur du bois de Sapin, près de Cauterets. XLIX. GRAPHIS Ach., Nyl. 443. €. scripta Ach. Syn. p. 84; Nyl. Prodr. p. 149. — Lich. scriptus Linn. Sur les troncs d'arbres, — RR. à Cauterets; moins rare à Lourdes. Var. limitata. Ach. Syn. p. 81; Malbr. Exs. n° 189. Prés de l'hospice de Cauterets. Var. pulverulenta Ach. Syn. p. 82; Rabenh. Exs. n° 113. A Cauterets et à Lourdes. Var. serpentina Nyl. Lich. Scand. p. 252; Desmaz. Exs. n° 640. — Graphis serpentina Ach. Syn. p. 83. Dans la forêt de Lourdes, à Saint-Pé (Pomès). G. dendritica Ach. Syn. p. 83; Nyl. Prodr. p. 150; Oliv. Exs. n? 282. Trones d'arbres, dans la forêt de Lourdes (Pomès). 444. 430 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 445. Graphis elegans Ach. Syn. p. 85; Nyl. Prodr. p. 151; Malbr. Exs. n? 245. Trones d'arbres, dans la forét de Lourdes (Pomés). L. OPEGRAPHA Ach., Nyl. 440. ©. monspeliensis Nyl. in herb. Dun et Planch. 1832, Classif. 2. p. 201, Prodr. Lichen. p. 153. Rochers calcaires, à Lourdes. Parasite sur le thalle du Lecanora calcarea Sommerf. et mélé au Lecidea episema Nyl. — R. Lirelles ovales ou oblongues, ordinairement simples, mais parfois plus ou moins difformes, tantôt éparses, tantôt agrégées au nombre de 2 à 3. Spores oblongues ou oblongues-ovoides, long. 0,014-16 millim., épaiss. 0,007 millim. 441. ©. pulicaris Nyl. in Flora 1873, p. 206, et Lich. Pyr. or. p. 40; Zw. Exs. n° 725 (forme lignicole). O. varia var. puli- caris Fr.; Malbr. Exs. n° 143. — Lichen pulicaris Hoffm. Troncs d'arbres, à Cauterets, au cellier de Barrére, à Lourdes. — R. Spores oviformes-oblongues ou oviformes-fusiformes, à 7 cloisons, long. 0,032-38 millim., épaiss. 0,007-9 millim. Spermaties droites. 448. ©. diaphora Ach. Syn. p. 71; Nyl. in Flora 1873, p. 206; Norrl. Exs. n° 49. Sur un tronc rabougri d'Erable champêtre, prés de l'hospice de Cauterets. — R. J'en ai trouvé sur un tronc de Fréne, au cellier de Barrére, une forme dont la plupart des lirelles sont confluentes par l'une de leurs extrémités. Espèce trés voisine de la précédente, mais à lirelles un peu plus allongées, devenant planes avec un rebord persistant. 449. ©. zonata Kerb. Syst. Lich. p. 279; Nyl. in Wainio Tavast. p. 119; Rabenh. Ezs. n° 517, et Arn. n° 183. Sur un rocher granitique, dans un bois prés du Pont d'Es- pagne. — R. 8 spores atténuées-fusiformes à cinq cloisons. 450. ©. atra Pers. in Uster N. Ann. Bot. I, p. 30; Nyl. Lich. Scand. p. 254; Malbr. Exs. n° 43. LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. 431 Sur divers troncs d'arbres, à Cauterets. — R. — Plus abondant à Lourdes, notamment sur le Noyer; parfois aussi sur les tiges du Lierre. Var. denigrata Ach. Syn. p. 15; Nyl. Exs. Lich. paris. n° 143. Sur la jeune écorce du Fréne, à Lourdes. Var. hapalea Nyl. Prodr. p. 158; Malbr. Exs. n» 32. 0. hapa- lea Ach. Syn. p. 19. Sur les arbres, à Cautérets, au cellier de Barrère, à Lourdes. 451. Opegrapha Chevallieri Leight. Brit. Graph. p- 10; Nyl. in Flora 1873, p. 203; Leight. Lich. — Flora, p. 402. Rochers calcaires, au Limaçon; sur la montagne du Calvaire. à Lourdes (Lamy); à Aspin (Pomès). — R. 8 spores incolores, en massue, arrondies à leurs extrémités, long. 0,017-0,019 millim.; épaiss. 0,006 millim. Spermaties cylindriques, droites ou à peine cour- ées (Leighton, loc. cit.). 452. ©. cinerea. Chev. Flore env. Paris, p. 528; Oliv. Exs. n° 146. Opegrapha difficilis Duf. Sur les troncs d'arbres, dans la sapinière du Riou. — R. J'ai donné la description de cette espèce peu connue dans mon Cat. p. 149, n? 550. 153. ©. herpetiea Ach. Syn. p. 12; Nyl. Prodr. p. 100; Malbr. Exs. n? 45 et Oliv. n° 145. Sur l'écorce du Frêne, au cellier de Barrère. — R. La var. fuseata Schær. Enum Lich. p. 156, se rencontre au même endroit. Sa croûte thalline est brune ou olivàtre. 154 ©. confluens Stizenb. Stein. Opegr. p. 22, et Lich. helr. p. 219: Leight. Lich.-Flora p. 401. O. lithyrga var. confluens Ach. Lich. univ. p. 241; Nyl. Exs. Lich. paris. n° 144 et Rabenh. n° 339, mais l'un et l’autre sous des noms différents. Sur des rochers calcaires, prés de l'hospice de Cauterets et au Limacon ; sur du schiste, dans la sapinière du Riou. Les lirelles, noires, courtes, simples, droites ou courbes, sont en pariie . iré its mamelons disséminés sur le éparses, mais la plupart agglomérées en petits mamelous dis sur d t halle. Spores triseptées. 132 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DÉ FRANCE. 455. Opegrapha saxicola Ach. Syn. p. 71; Nyl. Lich. Scand. p. 254; Leight. Lich.-Flora, p. 401. O. rupestris Pers. in Uster. Ann. XI, p. 20; Malbr. Exs. n° 146. Sur le schiste et le marbre dans un bois, prés du casino de Cauterets, et le long du chemin qui conduit à la grange de la Reine-Hortense. — R. à Lourdes (Pomès). Lirelles ovales ou oblongues, petites, droites ou plus ou moins obtuses, pro- éminentes, avec un sillon que domine un rebord épais. Spores obtuses aux deux extrémités, linéaires-oblongues ou terminées en massue, 3-septées, long. 0,017-0,019 millim., épaiss. 0,005 millim. (Leighton in loc. cit.). Var. Persoonii Leight. Lich.-Flora,p. 493; Stizenb. Lich. helv. p. 220. O. Persoonii Ach. ; Nyl. Lich. Scand. p. 254. Sur du schiste, à Lourdes. — R. Spores fusiformes, 3-septées, long. 0,021-25 millim., épaiss. 0,006-7 millim. LI. ARTHONIA Ach. 190. Arthonia astroidea Ach. Syn. p. 65 Nyl. Prodr. p. 166; Norrl. Exs. n° 232. Sur diverses écorces d'arbres, à Cauterets et Lourdes. Var. radiata Ach. Syn. p. 6; Nyl. Lich. Scand. p. 6; Oliv. Exs. n? 46. — Opegrapha radiata Pers. Sur divers arbres, à Cauterets et Lourdes. — R. Var. obseura Schær. Enum. Lich. p. 155. — Arthonia obscura Ach. Syn. p. 6. Trones d'arbres à Cauterets et Lourdes. — R. L 91. A. punctiformis Ach. Syn. p. 4; Nyl. Syn. Arth. p. 99; Norrl. Exs. n» 234. Sur les jeunes écorces, à Cauterets et Lourdes. — R. 158. A. dispersa Nyl. Lich. Scand. p. 261; Stizenb. Lich. helv. p. 224 ; Norrl. Exs. n° 41. — Opegrapha dispersa Schrad. Sur la jeune écorce du Peuplier, à Aspin (Pomés). 199. A. varians Nyl. Lich. Scand. p. 260; Norrl. Exs. n» 231 (sur le Lecanora angulosa). — Lichen varians Dav. in Trans. Linn. Soc. lI, t. 28, f. 3. Sur le disque des apothécies du Lecanora glaucoma, à Cauterets. LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES, 433 23° Tribu. — PYRENOCARPES, LIL NORMANDINA Nyl. 400. N. pulehetla Nyl. Antill. p. 82; Stizenb. Lich. helv. p. 228. Normandina Jungermannie Nyl. Prodr. p. A13, Exs. Lich. paris. n° 80. — Verrucaria pulchella Borr. in Engl. Bot. Suppl. t. 2602, f. T. Troncs d'arbres, parmi des Hépatiques et des Lichens, dans la forêt de Lourdes (Pomés). LHI. ENDOCARPON Hedw., Nyl. A 461. E. miniatum Ach. Syn. p. 101; Nyl. Lich. Scand. p. 264; Norrl. Exs. n° 385 et 386. Sur le granite, le schiste et le marbre, dans les environs de Cauterets. — C. La vallée présente de beaux échantillons de toute grandeur, sans toutefois dépasser la dimension d’une pièce de 5 francs ; J'ai aussi rencontré cette espèce à Lourdes. Sur les hautes cimes du Cabaliros, du Riou, du Monné, etc. , ce Lichen change le plus souvent d'aspect et présente les formes suivantes : Var. eomplicatum Nyl. Lich. Scand. p. 265; Norrl. Exs. n° 387. 'Thalle divisé en lobes nombreux, larges, redressés, compliqués. Var. compaetum Lamy Catal. p. 156. Lobes thallins horizontaux, peu développés, trés serrés, compactes. Var. panniforme Lamy Catal. p. 156. Thalle occupant parfois un espace étendu et formant une croüte épaisse, d'un gris brunàtre;lobes disposés comme dans la variété précédente, mais plus nombreux et beaucoup plus petits. 462. E. fluviatile DC. Fl. fr. II, p. 43; Nyl. Lich. Scand. p. 265; Malbr. Exs. n° 148. Sur des rochers granitiques humides, qui dominent l'établisse- ment de la Raillére et au-dessus de la buvette du haut Ma- hourat ; à Saint-Pé, prés de Lourdes (Pomés). T. XXX. (SEANCES) 28 134 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 403. Endocarpon ruiescens Ach. Syn. p. 1 00; Ny. Lich. Scand. p. 265: Rabenh. Egs. n° 5. Sur la terre, dans les fissures des schistes et des marbres, depuis la vallée jusqu'au glacier du Monné; je l'ai aussi re- marqué dans la vallée de Cambasque, parfois mêlé au Lecidea lurida. -— Il n'est pas rare à Lourdes. LE 464. E. hepatieum Ach. Lich. univ. p. 298; Nyl. Prodr. p. 116, Exs. Lich. paris. n° 87. Sur du quartz blanc, au cellier de Barrère ; sur la terre qui re- couvrait un bloc de marbre au Limaçon; dans les fissures d'un rocher calcaire, sur la montagne du Calvaire à Lourdes. Souvent mélé au Lecidea lurida Ach., dont il ne se distingue pas toujours ‘rès facilement. LIV. VERRUCARIA Pers., Nyl. a. Groupe du Verrucaria tephroides. 465. V. erenulata Nyl. Expos. Pyrenocarp. p. 48; Lamy Cat. p. i58. Sur la terre aride au pied d’un rocher calcaire, près du lac d'IHhéou, à côté de l Endocarpon rufescens; sur la terre qui recouvrait un bloc de marbre, près du cirque de Gavarnie. — R. Le thalle se compose de petites squamules d'un blane cendré ou d'un gris glauque, crénelées, parfois séparées, plus souvent rapprochées et formant une large et assez épaisse croûte. Apothécies de mince dimension, noires, sail- lantes, obtuses. Spores oblongues-ovoides, souvent uniseptées, long. 0,016- 20 millim., épaiss. 0,006-7 millim. b. Groupe du Verrucaria umbrina. (00. V. umbrina Whlnb. Fl. Suec. p. 811; Nyl. Exp. Pyrenocarp. p. 21; Norrl. Exs. n° 398. Sur les rochers granitiques habituellement mouillés par les flaques d’eau des lacs, dans les environs de Cauterets. M. l'abbé Pomés me l'a envoyé du lae d'Escouhous, qui est assez rapproché de Daréges. M. Nylander l'indique aussi dans les Pyrénées. Thalle d'un brun foncé ou noiràtre, peu épais, tantót lisse, tantót granuleux et inégal, indéterminé et présentant parfois une large surface. Apothécies de moyenne grandeur, assez proéminentes, de la nuance de la croûte thalline. Spores long. 0,045-55 millim., épaiss. 0,018-22 millim. LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. 435 107. Verrucaria clopima Whlnb. in Ach. Meth. Suppl. p. 19; Nyl. Lich. Scand. p. 269; Zwackh Exs. n° 619. — Sagedia clo- pima Fr. Lich. Europ. p. 415. Sur des rochers schisteux, dans un bois au-dessus de Pauze, dans la vallée de Cambasque, au bord du torrent qui s'é- chappe du lac d'Hhéou ; prés du lae de Lourdes (Viaud-Grand Marais). Thalle de nuance moins foncée que dans le précédent, parfois d'un brun oli- vâtre, verruqueux-aréolé. Spores linéaires-oblongues, iong. 1,040-57 millim., épaiss. 0,015-23 millim. (Nyl. Lich. Delph.). 408. V. areolata Nyl. Flora 1873, p. 300; Stizenb. Lich. helv. (addi- tamentum), p. 269. — Pyrenula areolata Ach. Syn. p. 122. Sur un rocher calcaire, prés du lac d'Hhéou. — R čspèce trés voisine du Verrucaria clopima, dont elle mérite à peine d’être séparée. — Croüte thalline assez épaisse, d'un brun noirátre, fortement fen- dillée-aréolée; aréoles planes, verruqueuses, dominées par les apothécies, qui sont au sommet légérement ombiliquées; gonidimies hyméniales oblongues ou cylindracées-oblongues (Nylander). ` c. Groupe du Verrucaria rupestris. 469. V. nigrescens Pers. in Ust. Ann. VIH, p. 36; Nyl. Scand. p. 271; Malbr. Exs. n° 94. Rochers granitiques, schisteux, calcaires, au-dessus des bains de la Raillère, dans le parc et les lacets de Cauterets, dans la vallée de Cambasque, au Limacon, ete. — C.; souvent aussi je l'ai remarqué à Lourdes. Thalle noir ou noirâtre. Spores ovales-oblongues, long. 0,030-35 millim., épaiss. 0,018-20 millim. 110. V. subnigrescens Nyl. in litt.;; Süzenb. Lich. helv. p. 294. Verr. fusca Pers.; Nyl. Pyr. or. p. 60. Sur un rocher quartzeux, prés de Cauterets. — R. Spores plus petites que dans le V. nigrescens, long. 0,009-24 millim.,épaiss. 0,009-0,011 millim. 471. V fusco-nigreseens Nyl. in Flora 1813, p. 203, et Lich. Pyr. or. p. 60; Lojka Exs. n° 302. Spores oblongues, plus étroites et plus allongées que dans le V. nigrescens. du moins d'aprés les dessins qu'a bien voulu m'en donner M. Nylander. Sur des rochers calcaires, au Limacon, et sur du schiste, à Lourdes. 436 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. A12. Verrucaria nigrata Nyl. Prodr. Lich. p. 184. Verrucaria gelati- nosa Nyl. Collect. Lich. Gall. et Pyr. p. 15 (non Ach.). Sur les tiges du Weissia crispula, prés de Baréges (Nylander). Spores ellipsoides, intérieurement granuleuses, long. 0,029-0,049 millim., épaiss. 0,020-27 millim. 413. V. polysticta Borr. in E. Bot. Suppl. M, t. 2741; Sehr. Lich. Europ. p. 216; Lamy Cat. p. 159. Sur du tuf calcaire, prés dela montagne du Calvaire, à Lour- des. — h. Thalle assez épais, à fond blanchâtre ou d'un cendré glauque, mais mélangé de noir, fractionné-aréolé, déterminé. Apothécies petites, nombreuses, noires, enfoncées dans la croüte thalline, planes et à peine saillantes. 8 spores sim- ples, étroites-oblongues, long. 0,016 millim., épaiss. 0,006 millim. (Leighton). 414. VW. viridula Ach. Lich. univ. p. 675; Schwer. Enum. Lich. p. 215; Nyl. Exp. Pyrenocarp. p. 23; Rabenh. Exs. n» 875. — Endocarpon viridulum Schrad. Rochers granitiques et quartzeux, dans l'ancien pare de Cau- terets, au-dessus des bains de Rieumiset, au cellier de Bar- rére, au Limaçon, à Gavarnie; rochers calcaires de la mon- tagne du Calvaire, à Lourdes. — Parfois stérile. T halle d'un brun pâle à l'état sec, d'un vert-olive lorsqu'on l'humecte, sub- déterminé, tantôt uni et lisse, tantôt fractionné-aréolé. Apothécies noires, enfoncées dans les aréoles, coniques et peu saillantes. Spores largement ellip- tiques, simples, long. 0,021-23 millim., épaiss. 0,010-11 millim. (Nyl. in litteris ad Lamy). 419. V. eataleptoides Nyi. Lich. Scand. p. 272, et Delphin. Bull. Soc. bot. de Fr. t. X, 1863, p. 268. Sur du schiste au bord du torrent qui s'échappe du lac d'Ilhéou, mais non dans l'eau. — R. Thalle épais, déterminé, d'un brun foncé ou noirâtre, fendillé-aréolé. Apo- thécies fortement enchässées dans les aréoles, mais trés proéminentes. Spores, iong. 0,018-24 millim., épaiss. 0,010-12 millim. 416. V. plumbea Ach. Syn. p. 94; Nyl. Exp. Pyrenocarp. p. 24; Malbr. Exs. n° 348, et Rabenh. n° 257. Sur le schiste et le marbre, à Cauterets et Lourdes. Thalle d'un brun ou d'un gris plombé, fendillé, presque continu, uni, déter- miné, à hypothalle d'un brun foncé, peu apparent au dehors. Apothécies années, noires, blanches à l'intérieur, peu saillantes, convexes ou déprimées. Spores ellipsoides, simples, long. 0,015-19 millim., épaiss. 0,007-8 millim. LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. 437 4171. Verrucaria sethiobola Schær. Lich. helv. 990; Lamy Cat. p.160; Arn. Exs. n° 861. — Pyrenula œthiobola Ach. Syn. p. 125. — Verrucaria margacea var. «æthiobola Whlnb. Fl. Lapp. p. 465. Sur du schiste, dans la sapinière du Riou. Espèce très variable, à thalle souvent d'un vert olivàtre. Spores plus petites que dans le V. margacea, long. 0,014-24 millim., épaiss. 0,007-0,010 millim. 418. V. aerotella Ach.; Nyl. Lich. Scand. p. 293; Arn. Exs. n° 102. Environs de Cauterets. On s'accorde généralement à donner ce nom à des Verrucaires mal définies, qui, par l'ensemble de leurs caractéres, se rapprochent plus ou moins du pré- cédent. 419. V. peloclita Nyl Flora 1877, p. 421; Leight. Lich.-Flora p. 452 ; Lojka Exs. n° 253 et 258 ad int. Sur le marbre, prés du casino de Cauterets. — RR. Thalle gris ou d'un gris cendré brunûtre, mince, aréolé-fractionné, parfois continu, déterminé, uni, à hypothalle d'un brun noiràtre. Apothécies pro- éminentes, petites, noires, parfois luisantes. Spores oblongues, simples, long. 0,011-0,015 millim., épaiss. 0,005-0,006 millim. Mes échantillons s’éloignent passablement du type par leur croûte thalline nullement aréolée, pas même fendillée et tout à fait continue ; c’est la forme subexclusa Nyl. in litter. ad Lamy. 480. v. papillosa Ach. Lich. univ. p. 286; Anzi Catal. p. 111; Arnold Exs. n» 52, et Rabenh. n° 572. Verrucaria mar- gacea Whlnb. var. papillosa Nyl. Lich. Scand. p. 272. Sur du schiste lamelleux, le long du chemin qui conduit au Riou, prés de Cauterets. — R. Thalle blanchàtre ou d'un gris brun pâle, fendillé. Apothécies proéminentes, élargies par la base, coniques, terminées par une pápille aigué, d'un noir lui- sant, à laquelle succède un petit orifice. Spores, long. 0,030-35 millim., épaiss. 0,016-21 millim. 481. V. mauroides Schær. Enum. Lich. p. 215; Leight. Lich.-Flora, p. 450; Lamy, Cat. p. 160. Sur du schiste, dans la vallée de Cambasque; sur du marbre, derriére l'hospice de Cauterets et à Lourdes. Thalle d'un brun noiràtre ou tout à fait noir, continu ou fendillé. Apothécies petites, noires, sphériques, terminées par une papille ostiolée. Spores oblon- . NAT A 1 ] - yx 1 aj gues, simples, long. 0,0165- 0,017, épass. 0,008-0,009 mill. (Leighton). 453 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ! 482. Verrucaria devergens Nyl. Flora 1872, p. 362. Sur du marbre, en allant à la grange de la Reine- Hortense, près de Cauterets. — R. Thalle grisàtre ou d'un gris cendré, mince, continu ou à peine fendillé. Apo- thécies noires, de médiocre grandeur, saillantes, coniques, ostiolées. Spores oblongues-ellipsoides, simples, plus longues que daus le V. integra, long. 0,028-33 millim., épaiss. 0,011-15 millim. (Nyl. in litt. ad Lamy). 483. V. myriocarpa Hepp Flecht Europ. 430; Stizenb. Lich. helw. p. 244; Leight. Lich.-Flora, p. 156; Lojka Exs. n° 108, et Arnold n° 198. Verrucaria Patientit Massal. Misc. p. 2 e mte Sur du marbre, dans la vallée de Cambasque, à peu de distance du Mamelon-Vert. — R. Thalle blanchâtre ou plus souvent d'un gris cendré, continu, un peu fari- neux. Apothécies petites, noires, éparses, nombreuses, convexes, peu saillan- tes. Spores oblongues, simples, long. 0,011-0,018 mill., épaiss. 0,008 millim. (Leighton). | 484. V. Dufourei DC. Fl. fr. If, p. 318; Nyl. Lich. Scand. p. 215; Malbr. Exs. n° 97. Sur le schiste et plus souvent sur le marbre, à Cauterets et Lourdes. — C. Dans la seconde localité. Thalle assez épais, gris clair ou foncé, parfois légérement violacé, déterminé, continu, uni. Apothécies noires, peu proéminentes, plus larges que hautes, ayant presque la forme lécidéine, plutót planes que bombées, surmontées au milieu d'une trés petite papille. Spores oblongues, simples, long. 0,015-22 millim., épaiss. 0,007-10 millim. (Nyl. in litt. ad Lamy). 189. V. limitata Krmplh. Lich.-flor. Bay. p. 241; Nyl. Lich. Scand. p. 215, et Flora 1881, p. 536; Korb. Parerg. Lich. p. 314. Sur un rocher schisteux, prés du casino de Cauterets. — R. | Thalle d'un blanc grisátre ou cendré, continu, lisse, plus ou moins fortement circonscrit par des lignes protothallines d'un brun noiràtre. Apothécies noires, coniques, un peu moins grandes que daus le précédent, plus proéminentes, plus sensiblement ostiolées. Spores ellipsoides, long. 0,015 millim., épaiss. 0,004-0,005 millim. (Lojka). 486. V. papularis Fr. Lich. Europ. p. 434; Zwackh Exs. n° 361. Sur du marbre, au cellier de Barrére. — RR. Espéce nouvelle pour la France! ~ A , ° . a . , ` e 1 Croüte d'un blanc cendré ou grisàtre, parfois légèrement pruineuse, mince, LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. 439 continue, nullement fendillée. Apothécies noires, éparses, de moyenne gran- deur, coniques, à moitié enfoncées dans le thalle, terminées par une papille remplacée après sa chute par une très petite cavité. Spores oblongues, obtu- ses, J-seplées, long. 0,030-39 millim., épaiss. 0,011-14 millim. (Nylander in litteris). i81. Verrucaria rupestris Schrad. Spicil. Fl. Germ. p. 109; Nyl. Exp. Pyrenocarp. p. 30, et Lich. Scand. p. 215; Malbr. Exs. n° 96. — Lecidea immersa var. tuberculosa Schær. Enum. Lich. p. 127. Parfois sur le schiste, plus fréquemment sur le marbre, à Cau- terets, Gavarnie, Lourdes. — C. Thalle blanc ou d'un blanc terne, quelquefois nul, mince, continu, uni, apo- thécies petites, nombreuses, hémisphériques, peu proéminentes, enchàssées dans la pierre, fragiles, noires extérieurement, pàles ou blanchätres dans la partie inférieure, qui ne se voit pas. Spores ellipsoides, simples, long. 0,023-42 millim., épaiss. 0,010-15 millim. (Nyl. in Flora 1878, p. 344). J'ai récolté à Lourdes un échantillon qui présentait en même temps des apo- thécies typiques et d'autres absolument semblables à celles du Limboria sphinctrina Duf., Lichen qui n'est qu'une forme amorphe des V. rupestris et calciseda, dont la fragilité du périthécium parait ètre Ja cause. Dès lors je n'hésite pas à dire qu'à mes yeux le Limboria sphinctrina Duf. doitétre sup- primé comme espèce autonome; il ne représente qu'une sorte d'état tératolo- gique des deux Lichens susnommés (1). 483. ' V. ealciseda DC. Fl. fr. p. 311; Nyl. Pyr. or. p. 21; Muller Enum. Lich. Genève, p. 16; Arn. Exs. n» 309. V. rupestris var. calciseda Schær. Enum. Lich. p. 217. Sur le marbre, à Cauterets, Gavarnie, Lourdes. Thalle blanc, semblable à celui du précédent. Apothécies trés petites. Spores ellipsoides, simples, long. 0,020-0,021 millim., épaiss. 0,010 millim. (Leighton). 48). W. Hochstetteri Fr. Lich. Europ. p. 495; Anzi Catal. Lich. p. 112. V. rupestris var. Hochstetteri Nyl. Exp. Pyrenocarp. p. 91. Sur du marbre, à l'entrée du cirque de Gavarnie.— RR. M. Ny- lander l'a aussi indiqué prés de Luchon. Thalle d'un blanc grisátre, boursouflé, verruqueux, et par suite, en apparence, beaucoup plus épais qu'il ne l'est réellement. Apothécies noires, enfoncées dans la pierre: leur partie saillante est dominée par un bourrelet thallin, épais, qui forme au-dessus d'elles une sorte d'urcéole. Spores long. 0,022.24 millim., épaiss. 0,009-10 millim. (1 J'avais déjà manifesté cette opinion, dont l'initiative appartient à M. Nylander. dans mon Catalogue, p. 161 (note) ; mais aujourd'hui je me erois fondé à l'exprimer d'une facon formelle. 410 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 490. Verrucaria hiascens Nyl. in litt. ad Lamy ; Müller Lich. Genève, p. 15. — Pyrenula hiascens Ach. Syn. p. 119; Nyl. Exp. Pyrenocarp. p. 31. Sur le schiste et le marbre, dans les lacets de Cauterets. Thalle blane ou d'un gris pâle, continu et uni. Apothécies éparses sous forme de verrues saillantes dont le rebord circulaire, dressé et régulièrement arrondi, un peu créneié, abrite un périthécium noir, conique, légèrement atté- nué en ostiole. Spores long. 0,022-24 millim., épaiss. 0,009-10 millim. Ce Lichen différe peu du V. Hochstetteri Fr.; il s'en distingue surtout par des spores plus petites (1). 491. V. muralis Ach. Syn. p. 05; Nyl. Lich. Scand. p. 215; Arnold Ers. n° 174, et Lojka, n° 162 et 299 ad int. Sur le schiste et le marbre, dans la vallée de Catarrabe, dans la sapiniére du Riou, dans le cirque de Gavarnie. — C. à Lour- des. — R. Thalle blanchâtre ou d'un gris pâle, mince, continu, parfois nul ou presque nul. Apothécies petites, noires, hémisphériques, saillantes, à base enchássée dans le thalle, plus résistantes que dans le V. rupestris. Spores oblongues, simples, long. 0,023-30 millim., épaiss. 0,010-12 millim. (Nyl. in Litteris). 492. * v. vicinalis Arn. Lichenol. Ausfl. in Tirol, XX, p. 311, Exs. n? 712 et Zwackh n^ 512. vochers calcaires et schisteux, dans la vallée de Catarrabe et au cellier de Barrère; prés de la montagne du Calvaire, à Lourdes. — R. Thalle mince, blanchâtre ou d'un blanc grisátre. Apothécies de grandeur médiocre, noires, éparses, saillantes, perforées au sommet, parfois un peu déprimées. Spores ovales-oblongues, simples, long. 0,016-20 millim., épaiss. 0,008-10 millim. (Nyl. in ütteris). Cette sous-espèce ne diffère guère du type muralis que par des spores un peu plus petites. 403. V. submuralis Nyl. Flora 1815, p. 14. Sur un rocher schisteux, prés de Cauterets, le long du chemin qui conduit au Riou. — R. Thalle d'un blanc grisàtre, mince, continu. Apothécies noires, un peu plus grandes que dans le V. muralis. Spores ellipsoides, simples, long. 0,019-23 millim., épaiss. 0,009-0,011 millim. (1) A l’occasion de ces deux espèces, M. Nylander m'a écrit ce qui suit: « Il est » probable que les V. Hcchstetteri et hiascens ne forment que des états du V. integra » à substratums déformés par des gibbosités portant les apothécies. Les auteurs décri- » vent ces petites gibbosités comme appartenant au thalle, ce qui est une erreur. » LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. 441 Ce Lichen, par ses apothécies, se rapproche surtout du V. devergens, dont il , , Jg TEMPER . n'est probablement qu'une forme ou variété à spores moins longues. 494. Verrucaria purpurascens Hoffm. PI. Lich. I, p. 745; Stizenb. Lich. helv. p. 240; Flagey Exs. n^ 93. V. rupestris var. purpurascens Schær. Enum. Lich. p. 217; Nyl. Exp. Pyrenoc. p. 31. Rochers calcaires, à Lourdes. Le thalle, mince, continu, uni, à fond blanchâtre, semble teint en rose pour pre. Apothécies plus grosses que dans le V. rupestris, fortement immergées, à périthécium sphérique dont la partie saillante est d'un brun foncé ou noi- râtre, un peu luisante, arrondie et obtuse. Spores long. 0,022-0,023 millim., épaiss. 0,012-0,013 millim. (Leighton). 495. V. integra Nyl. Lich. Scand. p. 276; Malbr. Exs. n° 248. V. rupestris var. integra Nyl. Exp. Pyrenoc. p. 31. Sur du marbre, au Liinacon. — R. Apothécies un peu plus grandes que dans le V. rupestris et un peu plus petites que dansle V. purpurascens Spores ellipsoides, long. 0,023-30 millim., épaiss. 0,009-0,015 millim. d. Groupe du Verrucaria pyrenophora. 406. V. pyrenophora Ach. Syn. p- 94 ; Nyl. Lich. Scand. p. 273. Sur du marbre, dans le cirque de Gavarnie; sur du schiste, près du casino de Cauterets. — R. Thalle blanchàtre ou gris, continu ou fendillé, déterminé. Apothécies noires, grandes, très saillantes, conoides, tronquées au sommet et ombiliquées ; thèques larges, irrégulières, non accompagnées de paraphyses, contenant 8 à 10 spores ellipsoides, 1-septées, presque semblables à celles du V. conoidea, long. envi- ron 0,025 millim., épaiss. environ 0, 011 millim. 497. * Y. verrucosa Nyl. in litt. ad Lamy. — Pyrenula verrucosa Ach. Lich. univ. p. 314 et Syn. p. 119. Sur du marbre, dans les environs du cirque de Gavarnie. — C. en cet endroit. Thalle blanchàtre ou d'un gris cendré, épais, fendillé, rugueux, presque verruqueux. Apothécies à peu prés semblables à celles du type, planes au sommet ou plus ou moins concaves après l'affaissement de l'apicule terminal. 498. V. planatula Nyl. Flora 1882, p- 459. Sur du marbre, près de la montagne du Calvaire à Lourdes. — RR. — F. Espèce nouvelle ! 44% SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Nylander en a publié la description suivante : « Thallus macula murina indicatus. Apothecia lecideoidea, non prominula, pyrenio deplanato dimidiatim nigro (latit. 0,3-0,5 mil- lim.). Spore 8-næ incolores oviformi-oblongæ 1-septatæ, longit. 0,017- 22 millim., crassit. circiter 0,001 millim. Todo gelatina hymenialis rinose rubescens. » Species e stirpe Verrucariæ pyrenophoræ, sporis vero fere ~* in stirpe V. epidermidis. » 409. WVerrucaria Sprucei Leight. Angioc. Lich. t. 23. f. 4-6 (1); Nyl. Flora 1881, p. 536; Stizenb. Lich. helv. p. 242. V. pyreno- phora var. Sprucei Nyl. Lich. Scand.:p. 263. Sur des ardoises, dans la vallée de Cambasque, prés du Mame- lon-Vert. — R. Thalle d'un gris brunàtre ou tout à fait brun, uni, peu fendillé. Apothécies grandes, saillantes, conoides, à périthécium tronqué, ombiliqué, noir en dedans comme à l'extérieur. Spores oblongues-ellipsoïdes, plus grandes que celles du T V. pyrenophora, 3-septées (exceptionnellement 1 ou 5 septées), long. 0,040- 49 millim., épaiss. 0,015-17 millim. 500. V. ealeivora Nyl. in litt. ad Lamy; Lojka Exs. n° 195 ad int. V. pyrenophora var. Sprucei (forme calcivora) Nyl. Expos. Pyrenoc. p. 21 (note). Sur du schiste et du marbre, au Limacon et dans la sapinière du Riou. — R. Thalle blanchâtre, mince, continu, non fendillé, Apothécies noires, immer- gées, peu saillantes. Spores oblongues, 3-septées, long. 0,045-55 millim., épaiss. 0,014-18 millim. (Nyl. in litt.). 501. V. pertusula Nyl. Flora 1881, p. 540. Sur du marbre, dans les lacets du parc de Cauterets. — RR. Espèce nouvelle! — Voici la description qu’en a donnée M. Nylander : « Forsan ut subspecies consideranda est Verrucariæ Sprucei accedens ad calcivoram Nyl. et presertim differens ostiolis minutulis (latit. vix 0,1 millim.), supra foramine substrati visibilibus et sæpe foramine hoc prominulo thelotremoidello. Sporæ 3-septatæ, long. 0,035-50 millim., crassit. 0,014-18 millim. Thallus (viz verus) solum macula umbrino- fusca indicatus. » | (1) M. Leighton (ANGIOCARPOUS LICHENS, p. 54) dit que le révérend Churchill Ba- bington a donné ce nom (V. Sprucei) à des échantillons venant du mont Gorsi, près des Eaux-Bonnes, dans les Pyrénées. LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. 445 e. Groupe du Verrucaria intercedens. 002. V. nidulans Stenh. in litt. ad Kerb., Parerg. Lichenol. p. 340. Sur du marbre, au Limaçon, près de Cauterets. Nouveau pour la France. Cette espéce étant peu connue, je crois utile d'en reproduire ici textuelle- ment la description qu'en a donnée M. Kærber : « Thallus orbiculari-effusus tenuissimus tartareus marmoratus rubicundo-fuscus quandoque lineolis sulcatis (protothallo? ) decussa- tus. Apothecia minutissima globosa atra immersa solo vertice obsolete papillato tandemque pertuso prominula. Spore in ascis clavato-sac- catis octone, viz majuscule, ellipsoidee, e tetrablasto obsolete mu- riformi-polyblaste, diam. 1-2-plo longiores, tandem obscure fusce. » Les apotuécies, trés petites, enfoncées dans la pierre, émergent rarement au- dessus du thalle; elles se terminent par une courte papille, qui plus tard devient perforée. 903. V. albida Nyl. in Lojka Hung. 148 ; Stizenb. Lich. helv. p. 245; Lojka Exs. n* 148 et 290 ad int. — Polyblastia albida Arnold Flora 1858, p. 251, et 1869, p. 290, Exs. n° 28 a. et b. Sur du marbre, dans la vallée de Cambasque. — R. Thalle blanchâtre ou d'un blanc grisàtre, mince, continu, uni, rarement fen- dillé. Apotbécies petites, noires, immergées, peu proéminentes, subconiques, à ostiole court, d'abord aigu, puis légèrement ombiliqué. 8 spores ohlongues- ellipsoides ou oblongues-ovoides, murali-divises. Var. subochracea Lamy. Sur du marbre, dans la sapiniére du Riou. Cette variété, qui n’est pas rare au lieu indiqué, a la croûte thalline de nuance presque ochracée. u o u mE Spores ellipsoides, long. 0,032-36 millim., épaiss. 0,016-21 millim. (Nyl. in litt. ad Lamy). 504. V. intereedems Nyl. Lich. Scand., p. 276 et Exp. Pyrenoc. p. 33; Leight. Lich.-Flora, p. 481; Arnold Exs. n° 146. Sur un rocher granitique, prés du Pont d'Espagne. — R. Thalle cendré ou gris brunâtre, mince, continu ou fendillé. Apothécies de grandeur moyenne, noires, proéminentes, coniques, à sommet obtus, légére- ment ombiliqué. Spores ellipuques, murali-divises, long. 0,02;-35 millim., épaiss. 0,015-18 millim. 444 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 505. Verrucaria pallescens Nyl. in Arnold Tir. X, p. 42; Stizenb. Lich. hew. p. 246. — Polyblastia pallescens Anzi Symb. Lich. p. 26. Sur du granite et du schiste, dans le bois qui domine le Casino de Cauterets et dans la vallée de Cambasque. — R. Thalle d'un gris clair ou cendré brunátre, assez épais, un peu rugueux, fen- dillé. Apothécies de grandeur moyenne, noires à l'extérieur et à l'intérieur, proéminentes, presque coniques, obtuses, à ostiole court, légèrement ombi- liqué. Spores oblongues murali-divises, long. 0,043-0,050 millim., épaiss. 0,015-0,020 millim. (Anzi). Dans mes échantillons de Cauterets, les spores ont les dimensions suivantes : long. 0,032-40 millim., épaiss. 0,021-23 millim. (Nylander). 906. W. fartilis Nyl. Flora 1881 p. 7; Stizenb. Lich. helv. p. 247. Sur le schiste et le marbre, dans les lacets du pare de Caute- rets. — R. Espèce nouvelle ! Voici sa description, daprès M. Nylander : « Verrucaria fartilis dicatur prope Cauterets in Pyrenæis centralibus lecta (a cl. Lamy) super saxa calcarea, vix differens a V. subviridi- cante Nyl. in Flora 1877, p. 566, nisi præsertim sporis majoribus. Thallus albidus tenuis rugulosus. Apothecia in verrucis thallinis (prominentiis convexis latit. 1 millim. vel nonnihil minoribus) in- clusa, pyrenio subdimidiatim niqro obducto et non nisi ostiolo denu- dato. Spore 8-næ incolores ellipsoidee murali-divisæ, longit. 0,065-88 millim., crassit. 0,038-48 millim. — Addatur quod V. subviridicans solum statu recenti nonnihil virescit, in sicco albidus evadit sicut V. fartilis et forsan ambe ad unam pertineant speciem, cujus subviri- dicans sisteret subspeciem (sporis longit. 0,046-70 millim., crassit. 0,024-30 millim.) » En résumé, le V. fartilis ne parait guère différer du V. subviridicans, et les deux touchent le V. inumbrata Nyl. dans le Flora 1864, p. 355. Les dif- férences sont minces. f. Groupe du Verrucaria chlorotica. 507. V. chlorotica Ach. Syn. p. 94; Nyl. Expos. Pyrenoc. p. 36 et Flora1881, p. 456. — Sagediaatrata Mull. Flora1867, p.431. Sur un rocher gneissique, dans les bois qui dominent le casino. — R. Thalle cendré ou d’un brun olivâtre, mince, opaque, continu, légèrement fendillé. Apothécies petites, noires, proéminentes, presque sphériques, termi- nées par une courte papille. Spores fusiformes, 3-septées, long. 0,016-18 mill., épaiss. 0,004-5 millim. LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. 445 508. * Verrucaria suaveolens Nyl. in Litt. ad Lamy. — Sagedia macularis var. suaveolens Anzi Cat. Lich. p. 107. Sur du marbre, au-dessus de Phospice de Cauterets. — R. Thalle d’un brun olivåtre, peu épais, continu ou à peine fendillé. Apothé- cies un peu plus fortes que dans le chlorotica, noires, sphériques, terminées par une papille, qui souvent devient perforée ; paraphyses filiformes, flexueuses peu serrées; théques cylindrico-allongées. Spores fusiformes, 4-loculaires, long. 0,0187-0,0243 millim., épaiss. 0,0037-0,0058 millim. (Anzi). Le thalle parait émettre une certaine odeur de violette, d’où le nom suaveo- lens donné à ce Lichen, qui, en réalité, n'est guère distinct du V. chlorotica. g. Groupe du Verrucaria nitida. 509. V. nitida Schrad. Journ. 1801, I, p. 79; Nyl. Lich. Scand. p. 919 et Exp. Pyrenoc. p. 45; Malbr. Exs. n° 98; Rabenh. Exs. n° 2. — Pyrenula nitida Schær. Sur un tronc de Hétre, dans les lacets du parc de Cauterets. — R. Spores fusiformi-ellipsoides, long. 0,014-22 millim., épaiss. 0,007-10 millim. Var. nitidella Flk.; Nyl. Lich. Scand. p. 279; Rabenh. Exs n° 451. Sur le Hêtre, prés du nouveau parc de Cauterets. Cette variété ne différe du type que par des apothécies plus petites. h. Groupe du Verrucaria gemmata. 510. v. gemmata Ach. Syn. p. 905 Nyl. Exp. Pyrenoc. p. 93; Lich. Scand. p. 280, et Exs. Lich. paris. n° 93. Sur l'écorce des arbres, dans la vallée de Cauterets. — R. Spores ellipsoides 1-septées, long. 0,020-34 millim., épaiss. 0,010-12 millim.; paraphyses gréles et serrées. 511. * Y. conoidea Fr. Lich. Europ. p. 433 ; Nyl. Lich. Scand. p. 280 et Pyr. or. p. 61, Lojka Exs. n° 34 ad. int. Sur du schiste et du marbre, à Lourdes (Pomés). Thalle cendré ou d'un rose pàle, continu ou fendillé, indéterminé. Apothé- cies noires, assez grandes, larges par ia base, proéminentes, conoides, se fen- dant parfois irréguliérement, terminées par une petite papille. Spores ellip- soides, 1-septées, long. 0,016-33 millim., épaiss. 0,008-0,012 millim., à peu près semblables à celles du V. pyrenophora, dont le V. conoidea diffère suv- tout par des thèques cylindracées et des paraphyses abondantes. 446 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. i. Groupe du Verrucaria epidermidis. 512. V. fallax Nyl. in Lamy Cat. p. 165; Stizenb. Lich. hew. p. 254. — V. epidermidis var. fallax Nyl. Prodr. p. 190; Oliv. Exs. n° 297. Sur les jeunes écorces, à Cauterets et Lourdes. Spores, long. 0,020-0,022 millim., épaiss. 0,007 millim. (Leighton). 513. V. epidermidis Ach. Syn. p. 89; Nyl. Lich. Scand. p. 280, Exs. Lich. paris. n° 148; Lojka Exs. n° 452 ad int. Sur l'Érable, le Bouleau, le Peuplier, à Cauterets et Lourdes. — R. Spores oblongues ou ovoides-oblongues, L-septées, long. 0,013-25 millim., épaiss. 0,006-7 millim. Var. analepta Ach. Norrl. Exs. n° 149. Sur l'Érable, à Cauterets. — R 514. V. punetiformis Ach. Syn. p. 87; Nyl. in Lamy Catal. p. 166; Schær. Enum. Lich. p. 220; Norrl. Exs. n° 390. Sur diverses écorces, à Cauterets et Lourdes. Spores linéaires-oblongues, 1-septées, long. 0,011-15 millim., épaiss. 0,0045 millim. (Nyl. Pyr. or. p. 66). Var. atomaria Scheer. Enum. Lich. p. 2205 Desmaz. Exs. n° 599. Sur les jeunes écorces, à Cauterets et Lourdes. 915. V. oxyspora Nyl. in Bot. Not. 1852, p. 179; Exp. Pyrenoc. p. 61, et Exs. Lich. paris. n° 149. Sur l'écorce du Bouleau, prés de Lourdes. Spores fusiformes, simples ou rarement 3-5 septées, long. 0,020-34 millim.. épaiss. 0-003-4 millim. LV. SARCOPYRENIA Nyl. 916. s. Gibba Nyl. Exp. Pyrenoc. p. 69; Stizenb. Lich. helv. p. 260. — Verrucaria gibba Nyl. Lich. Alger. p. 342, et Prodr. p. 185. Sur un rocher calcaire, le long du chemin qui conduit au Riou, prés de Cauterets. — RR. — F. Ce Lichen étant peu connu, je crois utile de reproduire ici la description qu'en a donnée M. Nylander : LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. 447 « Apothecia hemisphærico-gibba atra (strato externo corticali ni- gro), intus (strato stromatis hymenium excipiente) cinerea, majuscula in hac tribu (latit. 0,5 millim.), nucleo hymeneo relative parvo (latit. 0,25 millim.). Spore vermiformes (plus minus nonnihil flexwuosa), longit. 0,030-40 millim., crassit. 0,003-0,0035 millim. Gelatina hyme- nea iodo non tincta. — In Algeria ad saxa calcarea (Balansa). ». Avant ma découverte dans les Pyrénées, M. Nylander m'avait signalé la pré- sence de cette curieuse espéce sur deux pierres taillées d'un parapet dans le pare réservé de Meudon, près de Paris. 24e Tribu. — PÉRIDIÉS. LVI. ENDOCOCCUS Nyl. 917. E. erratieus Nyl. Lich. Scand. p. 283; Arnold Exs. n° 247. | Parasite sur le thalle de diverses Lécidées. Spores trés nombreuses (environ 100 dans chaque théque), 1-septées, ellip- soides, brunes, long. 0,007-0,011 millim., épaiss. 0,004-0,006 millim. 918. E. gemmifer Nyl. Exp. Pyrenoc. p. 64; Norrl. Exs. n° 100. — Verrucaria gemmifera Tayl. Fl. Hib. 2, p. 95. Sur le thalle des Lecidea contigua et confluens. 8 spores dans chaque théque, long. 0,008-0,011 millim., épaiss. 0,006-0,007 millimétres. 919. E. macrosporus Nyl. in Lamy Cat. p. 168.— Trichothecium ma- crosporum Hepp in Arn. Tir. III, p. 14. Sur la croûte thalline du Lecidea geographica, près de Caute- rets. 8 spores dans chaque thèque, brunes, oblongues ou ellipsoides, 1-septées. long. 0, 014-0,020 millim., épaiss. 0,007 millim. 520. Endococeus triphractus Nyl. in Flora 1872, p. 364. Sur le thalle du Lecidea exentrica, au Limaçon, prés de Caute- rets, et à Lourdes. 8 spores dans chaque thèque, brunes, oblongues-fusiformes, 3-septées, long. 0,011-0,016 millim., épaiss, 0,004-0,006 millim. Je donne ci-aprés le tableau méthodique des familles, tribus et genres compris dans ce catalogue, avec l'indication du nombre des espèces mentionnées dans chacun de ces groupes. Hi © y " FAMILLES. TRIBUS. z $5 GENRES. 225 Zaz z = 5 = zg, = c Éphébacés Y I. Sirosiphés ss... eco t t | n ng 1 I. Sirosiphon. 1 (4 espèces). II. Pyrénopsés "m 1 IL. Pyrenopsis. 1 À HT. Homopsidés..…....................| 2 ut. Ephebe. 2 IV. Lichinés........................... 1f IV. Pterygium. 1 . v. Synalissa. 1 Collémacés V. Collémés vr. Omphalaria. 1 (34 espèces). . Collémés...............,,.......... 30 vir. Collema. 45 | vit. Collemodium. 4 . IX. Leptogium. 8 | \ x. Collemopsis. 1 VI. Caliciés cesse. diner carences 7 f XU. Trachylia. 1 . . , i XII. Calicium. 6 VII. Sphærophorés seii the 9 xir, Sphærophoron. 2 VIII. Bæomycés.......................... 3 | xiv. Bæomyces. 3 IX. Stéréocaulés . ...................... 4 f Xv. Stercocaulon. 3 À xvr. Leprocaulon. 1 . UN adoni: 16 X. Cladoniés. ..................... f. xvm. Cladonia. ou ) 1e UU 19 | xvm. Cladina. 3 XL. Siphulés ........................... 1 XIX. Thamnolia. 1 XII. Bamalinés.............. "EE 9 xx. Ramalina. 9 > uu" ( XXI. Usnea. 5 XI. Usnéés......,.....,.,.,............ G ! xxu. Chlorea. 1 V Cétraniéc ( xxHI. Cetraria. 3 XIV. Cétrariés............,.............. 14 4 XXIV. Platysma. 8 XV. Alectoriés . see esse secs 3 | xxv. Alectoria. 3 u . Û xxvi. Evernia. 3 XVI. Parméliés............... Mee ee 34 ) XXVII. Parmelia. 29 XXVIII. Parmeliopsis. 2 . uU \ XXIX. Stictina. 3 XVII. Stictés.................... TEE 6 ) XXX. Lobaria. 1 Liet SUBTRIDUS. ns Nn i 9 Achénaeés / uad { XXXII. Nephromium. 2 (485 espèces). (xvm. Peltigérés. ...... y L Peltidés...... ^ | xxx. Peltidea. 2 ! II. Peltigérinés.. 8 f$ XXXIV. Peltigera. 0 mu . ! xxxv. Solorina. 2 {XIX. Physciés........,..,.,,............ 21 | xxxvi. Physcia. 21 X ; \ XXXVII. Umbilicaria. 1 XX. Gyrophorés...........,.......,..... 12. ixxxvin. Gyrophora. al SUBTRIBUS \ XXXIX. Pannaria. 3 L. Pannariós . 9 XL. Paunularia. 5 UT ) XLI. Leprolema. 4 V , rene IL. Lecanorós,...| 443 |. Xt. Lecanora. H3 XXI. Lécano-Lécideés.{ III, Pertusariés...| 42 XLIII. Pertusaria. 12 , , - XLIV. Phlyctis. 2 IV. Thélotrémés. , 8 { XLV. Urceolaria. 6 V. Lécidéés..... 412 | xev. Lecidea. 112 XLVII. Xylographa. 2 u XLVII. Agyrium. 1 XXII. Graphidés .....,,,................. 20 XLIX. Graphis. 3 L. Opegrapha. 10 LI. Arthonia. 4 LII. Normandina. 1 XXIH. Pvrénocarpés........ LIII. Endocarpon. 4 d Bises enne tU 57 | LIV. Verrucaria. 54 AVIV Das Lv. Sarcopyrenia. 1 XXIV. Péridiés..... .,..,... snsorssesses 4 LvI. Endococcus. 4 \ __— 520 ) 520 V LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. 449 Le tableau qui précède présente un total de 520 espèces, dont 13 tout à fait nouvelles pour la flore universelle ; en voici les noms : Collemodium polycarpoides Nyl.5 Parmelia glabrata Lamy; Leca- nora centromela Lamy; L. homalomorpha Nyl.; Lecidea Valloti Lamy, L crisima Nyl., L. injuncta Nyl., L. sublesta Nyl.; L. abstracta Nyl., L. lapsans Nyl., Verrucaria planatula Nyl., V. pertusula Nyl., V. far- tilis Nyl. A ces nouveautés entièrement inédites, il faut ajouter 6 espèces qui jusqu'à ce jour n'avaient pas été signalées en France; je crois utile de les mettre ici en relief : Lecanora australis Nyl.; Lecidea globifera Ach.; L. xanthococca Sommrf., L. sociella Nyl.; Verrucaria papularis Fr., V. nidulans Stenh. En parcourant avec soin toute l'étendue de mon Catalogue, il serait facile d'y distinguer environ 150 espèces d'une assez grande rareté, ct par suite dignes d'intérêt ; je n’en rappellerai ici qu'un petit nombre : Pyrenopsis subcooperla Avzi; Ephebe intricata Lamy; Pterygium centrifugum Nyl.; Collema cyathodes Nyi., C. polycarpum Kærb., C. Laureri Fw., C. multipartitum Sm.; Collemodium albociliatum Nyl., Leptogium Schæreri Nyl., L. microscopicum Nyl., L. quadratum. Nyl.; Collemopsis diffracta Nyl.; Cladonia pleurotu Schær.; Parmelia cetra- rioides Nyl.; Peltigera malacea Fr.; Solorina spongiosa Nyl.; Physcia endochroidea Nyl., P. endococcina Nyl.; Pannaria lepidiota Nyl.; Lecanora gypsacea Hepp., L. callopiza Nyl., L. obliterascens Nyl., L. apagæa Nyl., L. granulosa Nyl., L. Turneriana Nyl., L. rubelliana Ach., L. Bischoffii Nyl., L. colobina Ach., L. mughicola Nyl., L. cem- bricola Nyl., L. Bockii Rodig., L. Dicksonii Nyl., L. percænoides Nyl.; Pertusaria flavicans Lamy ; Urceolaria violaria Nyl.; Lecidea protu- berans Schær., L. melancheima Schær., L. luteo-atra Nyl., L. rhætica Hepp, L. morosa Duf., L. umbilicata Ram., L. Stenhammari Fr., L. sanguinaria Ach., L. atrofusca Nyl., L. galbata Nyl.; Verrucaria areolata Nyl., V. nigrata Nyl., V. peloclita Nyl., V. papillosa Ach., V. myriocarpa Hepp, V. Hochstetteri Nyl., V. hiascens Nyl., V. vici- nalis Arn., V. verrucosa Nyl., V. Sprucei Leight., V. calcivora Nyl., V. albida Nyl., V. suaveolens Nyl.; Sarcopyrenia gibba Nyl. Parmi les Lichens qui caractérisent les cimes élevées, je me bornerai à citer les suivants : Collema polycarpoides Nyl.; Thamnolia vermicu- laris Nyl.; Ramalina tirausta Nyl.; Cetraria crispa Ach.; Chlorea vulpina Nyl.; Platysma cucullatum Hoffm., P. nivale Nyl., P. fahlu- nense Nyl., P. juniperinum Nyl., P. commixtum Nyl.; Parmelia en- causta Ach., P. alpicola Th. Fr., P. stygia Ach., P. lanata Nyl., P. tristis Nyl.; Gyrophora proboscidea Ach., G. tornata Ach., G. reti- T. XXX. (SÉANCES) 29 450 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. culata Th. Fr., G. corrugata Ach.; Lecanora chrysoleuca Ach., L. me- lanophthalma Schær., L. disperso- areolata Nyl., L. concolor Ram., L. mougeotioides Nyl., L. chlorophana Nyl.; Lecidea protuberans Schær., L. subumbonata Nyl., L. Brunneri Schær., L. armeniaca Nyl., L. «nea Duf., L. Morio Schær., L. obscurissima Nyl., L. alpicola Nyl. De l'examen du susdit tableau ressort le nombre assez remarquable de 34 CoLLéMacés, parce que sans doute le marbre et le schiste calcaire leur conviennent comme substratum. Les CALIcIÉS sont réduits à 7, et j'en attribue la cause, du moins en partie, à ce que les espèces de ce groupe, presque toutes corticoles, n'ont rencontré pour support que des essences d'arbres peu variées, no- tamment le Pin et le Sapin. Les CLApoNIÉS sont mal représentés (19 espèces), et sous ce rapport le plateau central de la France est plus riche. Les PAnwÉLIÉs (34 espèces) rivalisent pour le nombre avec ceux du Puy-de-Dóme, du Cantal, de la Creuse, de la Corréze et de la Haute- Vienne. Prés de Cauterets et de Lourdes le P. tiliacea est trés répandu, alors qu'on n'y rencontre pas le P. carporrhizans, lequel abonde dans les départements du Centre, où le vrai tiliacea est trés rare. Cette double et remarquable particularité me semble militer en faveur du carporrhizans comme espèce autonome. Les STICTÉS, seulement au nombre de 6, ne comprennent pas le Lobarina scrobiculata Nyl., qui parait manquer au massif des Hautes- Pyrénées, alors qu'il est trés commun au pied ou sur les flancs de cer- taines chaines de montagnes de troisième ordre. Le Ricasolia herbacea DN., peu rare dans la forêt de Lourdes, n'a pas encore été découvert dans les localités qui rayonnent autour d'Auril- lac, de Clermont, de Guéret, de Tulle et de Limoges. Les PELTIGÉRÉS comprennent une seule espèce remarquable par sa forme et sa grande rareté, le Solorina spongiosa Nyl. — Une autre espèce très belle, le Solorina crocea Ach., a été trouvée sur les pentes du pie du Midi de Bigorre par M. Charles des Moulins; je l'ai aussi récolté sur les flancs abrupts du pie du Sancy en Auvergne. Les Paysciés des environs de Cauterets et du plateau granitique de notre région centrale s'équilibrent à peu prés (21 à 23 espèces). J'ai noté que le Physcia ciliaris DC., très répandu presque partout, fait défaut dans la premiére localité; on n'y rencontre que la forme scopulo- rum Nyl., en petite quantité, sur les rochers des hautes crêtes. Les GYROPHORÉS sont largement représentés (12 espèces). Je n'ai ren- contré qu'une seule fois, dans la vallée de Marcadau, la forme typique de l'Umbilicaria pustulata Hoffm., qui est d'une excessive abondance sur les LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. 451 rochers granitiques de la région du Centre. Le Gyrophora torrida, que j'ai découvert au Mont-Dore, parait ne pas exister dans les Pyrénées, mais il est noblement remplacé par le G. hyperborea Ach., signalé sur divers points du pic du Midi. Les LÉcANORÉS se composent de 113 espèces, dont plusieurs sont cal- cicoles et, sans doute pour ce motif, absentes sur les trachytes et les ba- saltes du Mont-Dore : tels sont Lecanora crassa DC., L. fulgens Ach., L. cirrochroa Ach., L. callopisma Ach., L. sympagea Nyl., L. gra- nulosa Nyl., L. ochracea Nyl., L. irrubata Nyl., L. circinata Ach.. L. percenoides Nyl., etc. La différence d'altitude peut aussi servir à expliquer pourquoi certai- nes espèces pyrénéennes semblent èlre étrangères à l'Auvergne ; je me bornerai à citer lesLecanora chrysoleuca Schær., L. melanophthalma Schær., L. concolor Ram., L. mougeotioides Nyl., L. frustulosa Nyl., L. Dicksonii Nyl., L. chlorophana Ach. Les LÉCIDÉÉS comprennent 112 espèces, et les observations relatives, soit au substratum calcaire, soit à l'altitude, s'appliquent aux Lichens de cette tribu aussi bien qu'à ceux de la précédente. Parmi les calcicoles, je signalerai les Lecidea œanthomatica Nyl., L. lurida Ach., L. caleivora Nyl., L. ochracea Nyl., L. decipiens Ach., L. vesicularis Ach., L. candida Ach., L. petrosa Arn., L. rhatica Hepp, ete. Aucune de ces espèces ne me paraît être au Mont-Dore. En ce qui touche les hautes altitudes, je nommerai les Lecidea Val- loti Lamy, L. crisima Nyl., L. amylacea Ach., L. ænea Duf., L. Mo- rio Schær., L. obscurissima Nyl., L. galbula Nyl., etc. Ces divers Lichens manquent au groupe des montagnes montdoriennes. Les Grarmpés, au nombre de 20 seulement, manifestent d'autant plus leur mesquine représentation, qu'ils prennent rang à la suite des deux riches tribus dont je viens de parler ; aussi n'ai-je à citer comme espéces légèrement dignes d'intérét que les Graphis dendritica Ach., G. elegans Ach.; Opegrapha monspeliensis Nyl. * Les PynÉNocanPÉs (57 espèces) présentent quelques raretés, surtout parmi les calcicoles. La surface unie du marbre, d'une substance tendre relativement à celle du granite, offre une installation facile à plusieurs espéces de ce genre, dont les apothécies sphériques ou coniques, se plai- sent à être plus ou moins enchássées dans la roche qui leur sert de sub- stratum. Du reste, sans tenir compte de la nature de ce dernier, je met- trai en relief les Lichens de cette tribu, qui me semblent dignes d'une mention spéciale. Les voici : Verrucaria areolata Nyl., V. nigrata Nyl., V. cataleptoides Nyl., V. peloclita Nyl., V. papillosa Ach., V. devergens Nyl., V. myriocarpa I» A22 SOCIÉTÉ BOTANIQUE BE FRANCE. t Hepp, V. papularis Fr., V. Hochstetteri Fr., V. hiascens Nyl., V. vici- nalis Arn., V. verrucosa Nyl., V. planatula Nyl., V. Sprucei Leight., V. calcivora Nyl., V. pertusula Nyl., V. nidulans Stenh., V. albida Nyl., V. pallescens Nyl., V. fartilis Nyl., V. suaveolens Nyl.5 Sarcopy- renia gibba Nyl. Les Lichens des environs de Cauterets et de Lourdes s'élèvent à 520; ceux non compris dans mon catalogue, que j'ai désignés dans la préface comme produit des recherches de divers lichénographes distingués sur toute l'étendue du haut massif pyrénéen, sont au nombre de 60. — Ces deux catégories, par leur réunion, présentent un ensemble de 580. Je crois que l'exploration plus complète des hautes chaines de Luchon à Cauterets permettrait d'y ajouter 120 espèces, ce qui porterait à 700 leur nombre total. TABLE Cette table est disposée, sans recourir à la pagination, à l’aide des numéros d'ordre des espèces. Les noms de genres sont imprimés en petites capitales, les noms d'espèces en carac- téres romains ordinaires, ceux des formes et variétés en petit texte, les synonymes ^n italiques ACAROSPORA. impressula Th. Fr.......... 303 AGYRIUM. rufum Fr.............,..... 442 ALECTORIA. chalybeiformis Ach.......... 99 implexa Nyl..... enne 100 jubata Ach................. 98 thrausta Ach........... 72 AMPHILOMA. granulosum Müller......... 214 Heppianum Müller. ...... ... 213 lanuginosum Nyl............ 194 ARNOLDIANA. cyathodes Mass............. 9 ARTHONIA. astroidea Ach........ sous. 456 obscura Schær. 456. radiata Ach. 456. dispersa Nyl.......... ss... 458 obscura Ach.............. .. 456 punctiformis Ach...... ees 457 varians Nyl................. 459 ASPICILIA. gibbosa Kœærb............ ... 290 BACIDIA. effusa Arn ................. 354 D.EOMYCES. iemadophilus Nyl...... el 47 B.EONYCES. roseus Pers....... VI .. rufus DC...... MP . subsquamulosus Nyl. 45. BIATORA. atrofusca Hepp............ . conspersa, Fr.......... denigrata Fr............... globulosa Kerb............. lignaria Arn............... olivacea Hepp.............. Phaca Kœrh............... pungens Kærb.............. stenospora Hepp............ viridi-atra Stenh........... BIATORINA. commutata Koerb........... BUELLIA. | dispersa Massal........... el saxatilis Koerb..... so... CALICIUM. * brunneolum Schær..... el. curtum Borr...... soso melanophæum Ach.......... roscidum * trabinellum Ach... saxatile Schær.............. trachelinum Ach....... trichiale Ach............... 339 301 349 346 348 365 380 372 ar 00 197, J14 404 CALLOPISMA. luteo-alba Korb...........- rubellianum Kœrb......... . CAPITULARIA. pleurota FIk........ TED CATILLARIA. athallina Th. Fr. ........... CENOMYCE. cenotea Ach....... e tn ecmocyna Ach.......... e CETRARIA. aculeata Fr........... EDEN edentula Nyl. 89. crispa Ach................. expallida Norrl. 88. subtubulosa Fr. 88. islandica Ach..... sonne. juniperina Ach............. CHLOREA. vulpina Nyl...... e ULADINA. rangiferina Nyl.......... je silvatica Nyl..... BE uncialis Nyl................ ULADONIA. alcicornis Fik............... cariosa Flk................. cenotea Schær.............. cornucopioides Fr........... delicata Flk................ digitata Hoffm.............. ecmocyna Nyl........,...... tumidula Lamy, 58. endiviæfolia Fr.......... OM fimbriata Hoffm.......... Fibula Ach. 56. radiata Ach. 56. subcornuta Nyl. 56. tubæformis Ach. 56. furcata Hoffin.....,..... corymbosa Nyl. 59. racemosa Flk. 59. recurva Ach. 59. tenuissima Flk. 59. gracilis Hoffm....... aspera Flik. 57. chordalis Flk. 57. Ct -1 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. CLADONIA. cornuta Nyl. 57. elongata Ach. 57. macilenta Hoffm............ * pleurota Schær............ * pungens FIk............... pyxidata Fr................ chlorophæa Flk. 54. costata FIk. 54. Pocillum Nyl. 5f. rangiferina KIk............. — silvatica Hoffm... squamosa Hoffim............. uncialis Hoffm.............. COLLEMA. auriculatum Flk............. chalazanum Ach............. cheileum Ach...... een conglomeratum Hoffm........ crispum Ach................ cyatodes Nyl............. es diffractum Nyl......... e flaccidum Ach.............. granuliferum Ach............ lacerum Ach............... Laureri Fw................. melænum Ach............... microphyllum .............. multifidum var. polycarpon Schær.........,........ multipartitum Sm........... nigrescens Ach.............. plicatile Nyl....:........... polycarpon Kœærb............ pulposum Ach.............. quadratum Lahm..........- Schraderi Ach......... FETE spongiosum Ach....... TP stygium v. pulvinatum Schær. symphoreum DG............ tenax Ach.........,... eA COLLEMODIUM. ecc t n albo-ciliatum Nyl............ microphyllum Nyl.......... . plicatile Nyl......... T polycarpoides Nyl........... LICHENS COLLEMOPSIS. diffracta Nvl................ ENDOCARPUN. fluviatile DC....... Suns. hepaticum Ach.............. miniatum Ach............... compactum Lamy, 461. complicatum Nyl. 461. panniforme Lamy, 461. rufescens Ach............... smaragdulum Whlnb...... viridulum Schrad..... cu... ENDococcus. | erraticus Nyl..... ette . gemmifer Nyl............ e macrosporus Nyl........... . triphractus Nyl.............. EPHEBE. intricata Lamy........... . pubescens Fr............ ele. EvER NIA. divaricata Ach.............. furfuracea Mann............. Prunastri Ach............... vulpina.................... GRAPHIS. dendritica Ach.............. elegans Ach................ scripta Ach................ . limitata Ach. 443. pulverulenta Ach. 443. serpentina Nyl. 443. serpentina Ach............. GYALECTA. elhalea Ach...... TOPPED bryophila Ach.............. GYROPHORA. cinerascens APn.,.,.......... pallens Nyl. 175. corrugata Ach..... sou... crustulata Ach.............. cylindrica Ach.............. fimbriata, 180. depressa Ach............. e flocculosa Kerb.......... DE CAUTERETS ET DE LOURDES. GYROPHORA. polyphylla Kœrb............ complicata Norrl. 183. proboscidea Ach....... e. reticulata Th. Fr............ spodochroa Ach............. tessellata v. cinerascens Ach. * tornata Ach............... IMBRICARIA. diffusa Web................ ĪSIDIUM. LECANORA. admissa Nyl................ albella Ach. * subalbella Nyl.. allophana Ach.............. alphoplaca Ach...... ee angulosa Ach...........,... anomala v. tenebricosa Ach.. apagea Nyl.............. " atra Ach...............,... atrocinerea Nyl............. atrynea Nyl................. cenisea Ach. 264. aurantiaca Nyl.............. crythrella Nyl. 219. australis Nyl................ badia Ach.................. cinerascens Nyl. 281. striatula Lamy, 281. «nea Schær. 400. bicincta (Ram.)............ . Bischoffii Nyl.......... ee immersa Leight. 246. Dockii Rodig......... ett ** cæsio-cinerea Nyl......... cæsio-rufa Nyl.............. calcarea Sommrf............ contorta Nyl. 297. farinosa Flk. 297. Hoffmauni Ach. 297. monstrosa Lamy, 297. callopisma Ach.............. sympagea Ach. 213. callopiza Nyl......... TOPPED 97 311 318 303 263 257 250 266 345 210 279 249 264 218 215 281 212 208 456 LECANORA. * calva Nyl........... ns... candelaria Ach............. candicans Schær............ cembricola Nyl.............. centromela Lamy............ cerina Ach................. cervina var. percena Schær.. chlarona Ach......... sos chlorophana Ach............ chrysoleuca Ach............ cinerea Nvl................. circinata Ach...... FPEM leprosa Lamy, 211. citrina Ach.............. .. coilocarpa Nyl..... e ee. colobina Ach..... TOREM concolor Ram............... confragosa Nyl.............. amphitropa Nyl. 244. lecidotropa Nyl. 214. Conradi Nyl................ crassa Ach................. gypsacea Scheer. 197. periculosa Schær. 196. crenulata Nyl........ so... Dicksonii Nyl............... * discolorans Nyl...... e dispersa Flk......... e pruinosa Anzi, 254. disperso-areolata Schwr...... elegans Ach............,,. . ectaniza Nyl. 204. muscicola Norrl. 204. tenuis Ach. 204. epixantha Nyl......... cs... erythrella Ach...,.......,... exigua. Nyl....... sors. ferruginea Nyl...... sors... festiva Nyl, 293, frustulosa Nyl..... fulgens Ach..,..... fuscata Nyl..... galactina Ach............... gaugaleoides Nyl.... 232 237 233 271 294 226 300 260 299 198 288 251 211 216 261 247 202 243 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. LECANORA. gibbosa Nyl......... sos... glaucocarpa Ach..... nous conspersa Nyl. 501. glaucoma Ach....... eth granulosa Nyl..... TEES gypsacea Hepp.............. * hæmatites Chaub.......... hæmatomma Ach............ Hageni Nyl................. homalomorpha Nyl.......... horiza Nyl.................. Hypnorum Ach....... T incrustans Ach.............. intermutans Nyl............. intricata Ach............... intumescens Rebent......... irrubata Nyl................ laciniosa Nyl............. e lacustris Nyl........... ec * lævigata Ach........ "E lamprocheila Nvl............ *** Jusca Nyl..... eoe melanophthalma Schaor....... metaboliza Nyl.............. metaboloides Nyl............ milvina Ach.......... se. mougeotioides Nyl........... mughicola Nyl......... eM murorum Ach........ ena lobulata Weddell. 205. miniata Nyl. 205, obliterata Ach. 205. tegularis Ach. 207. Muscorum Ach............. obliterascens Nyl............ ochracea Nyl.... ......,.. * pallescens Ach ............ parella Ach......... e percænoides Nyl............. piniperda Kœærb............. polytropa Schær............. acrustacea Schær, 277. alpigena Ach. 277. illusoria Ach. 277. privigna Nyl..........,..... pruinosa Nyl..... eec c] |] | 09 n 290 301 207 214 197 227 282 269 296 258 195 217 289 278 252 231 237 298 241 324 205 199 215 276 245 239 270 205 193 209 220 285 286 300 274 211 306 305 LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. LECANORA. nuda Nyl. 305. * pusilla Nyl........ ORE pyracea Nyl............... Persooniana (Ach.: 229. picta (Tayl.) 229. pyreniospora Nyl..... er rubelliana Ach..... ....... . rubina Ach...... conso rugosa Nyl....... eh saxicola Ach. ...... 'albo-marginata Nyl. 201. diffracta Stizenb. 201. simplex Nyl........ ...... smaragdula Nyl....... EPOD sinopica Nyl. 304. sophodes Ach.............. sophodopsis Nyl............. steropea Nyl....... ODE * subcircinata Nyl........... * subdepressa Nyl....... e.. subfusca Ach........ T atrynea Ach. 264. campestris Schær. 256. coilocarpa Ach. 261. horiza Ach. 258. sulfurea Ach.............. .. symmictera Nyl............. *sympagea Nyl..... Lessons tartarea Ach................ tegularis Nyl................ attenuata Lamy, 207. tribacia Schær............. Turneriana Nyl............ e. variabilis Ach............... ventosa Ach.......... e vitellina Ach............ ell steropea Ach. 222. vitellinula Nyl............ e. xanthostigma Nyl............ LECIDEA. ænea Duf................... æthalea Nyl...... eem .. abstraeta Nyl...,...... se. albo-atra Nyl............... ambigua Nyl. 420. albo-cærulescens Ach....... 272 273 213 281 207 165 221 234 283 236 230 235 400 418 423 420 97 519 LECIDEA. alpicola Nyl................ amylacea Ach............... armeniaca Nvl............. . aglaeoides Nyl. 396. athallina Nyl........... atro-alba Flot............ .. atro-brunnea Schar......... atro-fusca Nyl...... - atro-sanguinea Nyl.......... badio-atra Flk...... poses. badio-pallescens Nyl......... Brunneri Schær.,..... on... cæsio-rufa Ach.............. calcivora Nvl............... 'andida Ach......... e carnosa. v. lepidiola Smmrf. . chalybeia Borr.............. cinereo-virens Schær......... citrina v. ranthostigma Ach. citrinella Ach............... coarctata Nyÿl..,............ elastica Nyl. 333. commutata Ach......,..... . ** concentrica Nyl....... T» confluens Ach............... oxydata Lamy, 387. ert n contigua Fr................. albo-cerulescens Nyl. 379. convexa Fr. 330. cyanea Schær. 390. llavicunda Nyl. 380. meiospora Ny. 382. phæa Nyl. 380. coracina Ach.......... sus crisima Nyl..... T je. * crustulata Nyl............. soredizodes Lamy, 383. cupularis Ach......... er carneo-rubella Nyl. 329. decipiens Ach........,...... declinascens Nyl............ ochromeliza Nyl. 388. subterluescens Nyl. 388. decolorans Flk.......... ell denigrata Nyl........ TEE Dicksonii Ach.............. 363 410 297 339 JON 111 398 395 225 997 . 221 260 189 426 361 235 435 999 341 414 387 BRO 198 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ÆCIDEA. disciformis Fr............... ecrustacea Nyl. 421. discolor Hepp.............. dispersa Nyl............... . subeffigurans Nyl. 417. effusa Nyl.................. fuscella Fr. 354. * enteroleuca Ach............ subæruginosa Lamy, 370. episema Nyl................ epizantha Ach............. . euphorea FIk............... euphoroides Nyl............ exanthematica Nyl........... "excentrica. Ach............ geographica Lamy, 413. flavicunda Ach............ A ' flexuosa Nyl............. - fuliginea Ach........... T fumosa Whlnb.............. badio-pallescens Nyl. 398. fusco-atra Ach. 398. grisella Fik. 399. fusca Th. Fr............... galbula Nyl................. geminata Flot.....,........,. albescens Lamy, 468. geographica Schar.......... alpicola Scheer. 431. atrovirens Scheer. 433. cærulescens Lamy, 433. flavo-pallescens Lamy, 433. gerontica Nyl. 433. pulverulenta Schær. 433. globifera Ach.. ..... sous. globulosa FIk............... goniophila FIk.............. goniophila Kerb............ grisella Nyl................ immersa v. atrosanguinea Fik. — — tuberculosa Schwr... injunetà Nyl................ irrubata Ach.......,....... Kochiana Hepp lygea Nyl. 404. lactea Flk.. 332 346 311 370 399 338 487 392 231 402 LECIDEA. lapsans Nyl........ eere * latypea Ach............... ** Jatypiza Nyl......... - lavata Ach.,................. confervoides DC. 412. obscurata Nyl. 412. lenticularis Ach............. Lightfootii Ach.............. commutata Scheer. 341. lignaria Ach................ lithophila Ach......... - cyanea Nyl. 390. ochracea Nyl. 390. lurida Ach...... VENE je luteo-atra Nyl............... luteola Ach................. fuscella Nyl. 354. lygea Ach.................. albescens Lamy, 404. obscurata Ach. 412. meiocarpa Nyl.............. meiospora Nyl.............. melaucheima Tuck........... Ach..................... microspora Nyl............. miliaria Fr................ * morosa Duf............... Mosigii Hepp............... myriocarpa Nyl......... e punctiformis Schær. 424. neglecta Nyl................ obseurissima Nyl............ ochracea Nyl............... parasema Ach.............. crustulata Ach. 383. elæochroma Ach. 365. exigua Chaub. 365. glomerulosa Nyl. 365. microspora Nyl. 368. Parmeliarum Sommrf........ pelidna Ach................. * pelidniza Nyl........... e percena Ach........ et 437 350 391 300 LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. LECIDEA. petræa v. concentrica Nyl.... t umbilicata Nyl. 415. petrosa Arn..............,... plana Lahm................ * platycarpa Ach............ polycarpa FIk............. - privigna Ach.......... TE promiseua Nyl.............. subcæsia Nyl. 393. protuberans Schær..... rhætica Hepp............. e rivulosa v. Kochiana Schær. rupestris v. calva Ach...... t irrubata Ach. 231. sabuletorum Flk............. sanguinaria Ach............ saxatilis Nyl................ sociella Nyl........... ses. sorediza Nyl................ speirea Ach................ . spuria Schær........... eA squalida Ach........ TP stellulata Tayl......... TD Stenhammari Fr...... et stenospora Nyl........ eA sublesta Nyl................ subumbonata Nyl...... tenebricosa Nyl....... et tenebrosa Flot.............. * ternaria Nyl............ T» urgida Schær.............. Turneriana Ach............ *** umbilicata Ram.......... umbonata v. emersa Müll.... umbrina Nyl............ » Urceolariæ Nyl..... TT" Valloti Lamy... ..... T" vernalis Ach.......... e vesicularis Ach.......... e. opuntioides Nyl. 359. viridans Fw................. viridi-atra FIk.............. Wahlenbergii Ach.......... xanthococca Smmrf......... . 414 376 391 381 389 306 393 330 377 402 232 350. 130 | 422 436 | 386 384 | M6 362 419 A 355 | | 37 345 405 352 385 221 415 378 356 439 347 342 359 364 434 432 429 LECIDELLA. LEPRA. lutescens Hoffm............. LEPROCAULON. nanum Nyl....... .....,... LEPROLEMA. Januginosum Nyl............ leprosum Lamy, 194. LEPTOGIUM. albo-ciliatum Demaz.. ..... Hildenbrandii Nyl....,...... lacerum Fr............,.... fimbriatum Hoffm. 30. pulvinatum Ach. 30. microscopicum Nyl........ je muscicola Fr....,.......... myochroum Nyl............. quadratum Nyl.............. Schraderi Nyl............... sinuatum Nyl..... TOPPED LICHEN. alphoplacus Whlnb. ........ ambiguus Wulf............. atro-cinereus Dicks...... aurantiacus Leight.......... brunneus SW............... bryophilus Ehrh............ cesius Hoffm............... calcarius Lin............,.. calcivorus Ehrh.......... .. calvus Dicks............ elt candicans Dicks............ caperatus Lin............ je. cerinus Ehrh............ - chlorophanus Whlnb........ cinereus Lin............... circinatus Pers. ..... ours concolor Dicks.............. corallinus Lin.......... .. crenulatus Dicks............ cupularis Hedw............ cylindricus Lin............. dispersus Pers.............. © © 460 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. LICHEN. LICHEN. effusus Smmrf.............. 354| sophodes Ach............... 240 endiviefolius Dick.......... B2| speciosus Fr............... . 159 exanthematicus Smmrf....... 328 | spongiosus Sm.............. 152 exiguus Ach................ 942| stellaris Lin..®.....1...... 162 fahlunensis Lin...... su... 92 tegularis Ehrh............. 207 farinaceus Lin....... sos 16 tenellus Scop se e ttt 163 fastigiatus Pers............ 75| variabilis Pers............. 234 [errugineus Huds........... 923 vermicularis Lin........... 11 floridus Lin................ 81 vernalis Lin........... els. 342 fuscatus Schrad ............ 302| vitellinus Ehrh............. 236 glaucocarpus Whlnb........ 201 | LIMBORIA. glaucus Lin................ 96| flexella Ach................ AM gypsaceus Smmrf......... . 1497) sphinctrina Duf............ 48T hirtus Lin..... ............ 82 | LOBARIA. Jubatus Lin............... 98! calicaris Hoffm............. 73 lacustris With.............. 298| pulmonacea Nyl.......... . 138 lanatus Lin............. ... 128 | NarroTICM. luteolus Schrad........ ess 999| Hildenbrandii Massal.....- o 98 melanophthalma Ram......- 199 | Ngpunowa. microphyllus Sw. ........ s 190| helvetica Ach............... 112 milvinus Whlnb ............ 245 | NEPHROMIUM. miniatus Hoffm............. 205) Lovieatum Ach...... a A murorum Hoffm..... "OD 205 parile Nyl. 141. muscicola Sw.....,........ 33 tomentosum Nyl............. 112 myochrous Ehrh.......... S 21 helveticum Nyl. 142. niger Huds.............,.. . 192| NonwANDINA. —— obscurus Ehrh e eh 168| Jungermanniæ Nyl.........- 460 ocellatus Vill............... 323 pulchella Nyl...... TOP 460 plicatus Lin..... sise. 89 | OMPHALARIA. polycarpus Ehrh............ 156 pulvinata Kyl............... 1 polyphyllus Lin......... ess 183 | OPEGRAPHA. | polytropns Ehrh............ 271| atra Pers NEN see. 450 pruinosus Sim............... 305 denigrata Ach. A50. E Prunastri Lin........ ess. 102 hapalea Nyl. 450. pulicaris Hoffm............. 4AT] Chevallieri Leight........... 451 pulmonarius Lin.......... .. 138] cinerea Chev................ 452 pulverulentus Schreb........ 160| confluens Stizenb....... .... 454 rugosus Pers........,...... 259| diaphora Ach....... T" 448 Schraderi Befrnh........... 31! difficilis Duf.............. .. 4952 scriptus Lin........ ........ 443| dispersa Schrad....... ee 158 scruposus Schreb..... es. 325| hapalea Ach................ 150 silvaticus Lin.........,,... 131| herpetica Ach.............. 159 simplex Dav.......... eee. 307 fuscata Schær. 453. sinopicus Sm......... THPER 304| lithyrga v. confluens Ach... 454 sinuatus Huds.......... .. . 29| monspeliensis Nyl..... ..... 446 LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. OPEGRAPTA. parallela Ach.............. Persoonii Ach.............. puliearis Nyl. ............. radiata Pers............... rupestris Pers.............. saxicola Ach................ Persoonii Leight. 455. varia v. pulicaris Fr........ zonata Kerb............... PANNARIA. brunnea Mass..... Poser microphylla Mass........... Muscorum Nyl....... ect nebulosa Nyl................ nigra Nyl..............., . prælermissa Nyl............ rubiginosa Del. v. conopleu PANNULARIA. lepidiota Nyl............... microphylla Nyl............. Muscorum Nyl.............. nigra Nyl................... triptophylla Nyl............. incrassata Nyl. 191. PARMELIA. Acetabulum Dub............ adglutinata Flk............ aipolia Ach................ aleurites Ach............... * alpicola Th. Fr............ astroidea Nyl....... TOPPED aureola Ach................ Borreri Turn............... cesia Fr............ so... candelaris v. lychnea Ach... caperata Ach................ cetrarioides Nyl.......... .e confragosa Ach............. conoplea Ach....,..... os. conspersa Ach.......... . isidiosa Nyl. 105. stenophylla Ach. 105. PARMELIA. encausta Ach............... candefacta Ach. 131. intestiniformis Nyl. 131. textilis Ach. 131. endococcina Kœrh........... exasperata DN.............. exasperatula Ny1............ fuliginosa Nyl............... lætevirens Fw. 123. * glabratula Lamy........... isidiotyla Nyl.............,. laciniosa Duf............... lanata Nyl.................. lanuginosa Ach............. leptalea Ach................ lithotea Ach....1........... obscura Fr......... OPEP ochracea Fr................ olivetorum Nyl............. omphalodes Ach............ alpestris Lamy, 115. panniformis Ach. 115. perlata Ach......... sos. cetrarioides Del. 107. physodes Ach............... labrosa Ach. 129. platyphylla Ach. 129. prolixa Ach................ Delisei Dub. 119. pannariiformis Nyl. 119. pulverulenta Fr............. revoluta FIk................ rubina Schær.............. saxatilis Ach..............., furfuracea Schær. 114. lævis Nyl. 114. scortea Ach................ * sorediata Nyl...... ereere speciosa Ach............... * stictica Del................ stygia Ach................. subaurifera Nyl............. tiliacea Ach................. tribacia Schzer..,.......... tristis Nyl...... e 2. ulothrix Ach............ el 129 462 PARMELIA. venusta Ach................ verruculifera Nyl........ ee vittata Ach................: PARMELIOPSIS. aleurites Nvl................ ambigua Xyl............... PATELLARIA. incrustans DG.............. glomerulosa DC............. lamprocheila DU........... myriocarpa DC............. PELTIDEA. aphthosa Ach............... malacea Ach.............., venosa Ach................. PELTIGERA. canina Hoffm............... membranacea Ach. 146. ulorrhiza Schær. 146. horizontalis Hoffm........... limbata Del................ malacea Fr....... ......... polydactyla Hoffm........... rufescens Hoffm............. prætextata Flk. 147. tomentosa Hoffm........... venosa Hoffm............... PERTUSARIA. amara Nyl..........,....... coccodes Nyl................ communis DC............... sorediata Fr. 313. corallina Th. Fr............ flavicans Lamy.............. globulifera Nyl...... lactea Nyl...........,...... .eucosora Nyl.........,..... lutescens Lamy......,...... multipunctata Nyl..... pustulata Nyl............... sulfurea f. corticola Scher... violaria Nyl... Westringii Nyl ss 161 122 130 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. PHLYCTIS. agelæa Wallr............... argena Wallr............... PHYSCIA. adglutinata Nyl............. aipolia Nyl................. astroidea Nyl......... australis Arn............... cæsia Nyl.............. TP chrysophthalma DC.......... eiliaris DG.................. scopulorum Nyl. 158. endochroidea Nyl........... endococcina Nyl............. lithotea Nyl................ lychnea Nyl................ obscura Nyl................ orbicularis, 168. virelia Schær. 168. parietina DN............... aureola Nyl. 154. polycarpa Nyl. 156. sorediosa Nyl. 155. polycarpa Nyl...... sos. . pulverulenta Nyl............ detersa Nyl. 160. speciosa Fr................. stellaris Fr................. leptalea Nyl. 162. * tenella Nyl................ tribacia Nyl........ enn ulophylla Nyl............... ulothrix Nyl................ * venusta Nyl.......... PLACODIUM. candicans Dub............. citrinum Nyl............. je concolor Kœærh............. fulgens Nyl................. PLATYSMA, commixtum Nyl........... (e. imbricatum Norrl. 93. cucullatum Hoffm......... .. diffusum Nyl................ fahlunense Nyl............. LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. PLATYSMA, glaucum Nvl................ fusca Fr. 96. juniperinum Nyl...... ene nivale Nyl.............. - Pinastri Nyl................ POLYBLASTIA. albida Arn............. je. pallescens Anz............., PORINA. pustulata Ach.............. PsORA. galbula Ram............. . nebulosa Hoffm........ es PTERYGIUM. centrifugum Nyl............. PYRENOPSIS. subcooperta Anzi............ PYRENULA. ethiobola Ach..... ODE areolata Ach..... ee hn hiascens Ach............ e. nitida Schrad.......... in verrucosa Ach. .... ect. RAMALINA. calicaris Fr............... e. * capitata Nyl............ T" farinacea Nyl...... TOPPED minutula Ach. 76. fastigiata Ach............... fraxinea......... eh e hn intermedia Del. ............. pollinaria Ach........... humilis Ach. 80. polymorpha * ligulata Ach.... — capitata Ach........... thrausta Nyl.........,..... . sorediosula Nyl. 72. RAPHIOSPORA. flavo-virescens Mass....... . RHIZOCARPON. armeniacum DG............ atro-brunneum Ram........ 96 94 90 95 503 505 312 tz RHIZOCARPON. viridi-atrum Korb......... RICASOLIA. glomulifera DN............. herbacea DN............... RINODINA. Bischoffii Hepp v. immersa Kærb.........,.......... colobina Th. Fr............ ConradiKærb.............. SAGEDIA. atrata Müll.......... en clopima Vr......... TD macularis v. suaveolens Auzi. SARCOPYRENIA. gibba Nvl..............,... SIROSIPHON. saxicola Næg........... ess SOLORINA. saccata Ach.......... sie spongiosa Nyl. 152. * spongiosa Nyl........ es.. SPHÆROPHORON. coralloides Pers............. congestum Lamy, 43. fragile Pers............ e SQUAMARIA. disperso-areolata Nyl.. melanophthalma DC. ........ rubina Hoffm.............. . STEREOCAULON. alpinum Laur...... noue . coralloides Fr........ ou ou. denudatum FIk.......... nanum Ach............... . tomentosum Fr............ . alpinum Nyl. 48. STICTINA. fuliginosa Nyl............... limbata Nyl................. silvatica Nyl........ STICTIS. rufa Pers.... A64 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SYNALISSA. symphorea Nyl.............. 6 THAMNOLIA. vermicularis Nyl............ 71 minor Lamy, 71. TRACHYLIA. tympanella Fr.............. 36 TRICHOTHECIUM. macrosporum Hepp.......... 510 UMBILICARIA. anthracina var. reticulata Schær...............,.... 184 cinerascens N\1............. 115 corrugata Nyl.............. 185 cylindrica Dub............. 180 var. tornata Nyl. 181. flocculosa Nyl.............. 182 polyphylla Nxl.............. 183 proboscidea DC ......... esf 11 pustulata Hoffm............ . 174 reticulata Nyl.............. 184 spodochroa Hoffin........... 176 URCEOLARIA. actinostoma Pers............ 322 bryophila Nyl......... so... 326 contorta Fik............... 297 gibbosa Ach................ 290 gypsacea Ach............... 327 ocellata DC..... serres 323 scruposa Ach ............. .. 325 bryophila Nyl. 326. gypsacea Nyl. 327. violaria Nyl................ 324 USNEA. barbata v. dasypoga........ 84 ceratina Ach...... VPN 83 dasypoga Nyl............... 84 florida Hoffin............... 81 hirta Hoffm ................ 82 implexa Woffm............ .. 100 plicata Hoffm.............. . 85 VARIOLARIA. amara Ach................. 315 globulifera Turn........... . 914 VERRUCARIA. acrotella Ach............... AS æthiobola Schær............ 417 albida Nyl.................. 503 subochracea Lamy, 503. areolata Nyl................ 468 * calciseda DC.............. 488 calcivora Nyl..... ettet 500 cataleptoides Nyl............ 415 chlorotica Ach.............. 507 clopima Whinb.............. A61 * conoidea Fr............... 511 crenulata Nyl.......,........ 465 devergens Ny!l.............. 482 Dufourei DC................ 484 epidermidis Ach............. o15 analepta Ach. 513. fallax Nyl. 512. fallax Nyl................... 512 fartilis Nyl................. 506 fusca Pers ................. 470 fusco-nigrescens............. AT gelatinosa Nyl.............. 472 gemmata Ach............... 510 gemmifera Tayl............. 518 gibba Nyl............ Sees. 016 hiasceus Nyl................ 490 Hochstetteri Fr......... s... 489 integra Nyl................. 495 intercedens Nyl........ ees 504 limitata Krmplh............. 485 margacea v. æthiobola Whlnb. 477 — v. papillosa Nyl......... 480 mauroides Schær........ .... 481 muralis Ach................ 491 myriocarpa Hepp............ 483 nidulans Stenh.............. 502 nigrata Nyl....... eh A12 nigrescens Pers.....,....... 469 nitida Schrad..........,.... 500 nitidella FIk...,.,.....,.,.... 509 oxyspora Nyl....... eret 505 pallescens Nyl.............. 505 papillosa Ach...... e .. 480 papularis Fr......,......... A86 Patientii Massal...,........ 483 LICHENS DE CAUTERETS ET DE LOURDES. 465 VERRUCARIA. VERRUCARIA. peloclita Nyl................ 479 calciseda Schær. 488. pertusula Nyl.....,......... 501 Hechstetteri Nyl, 489. x integra Nyl. 495. planatula Nyl......... ...... 498 purpurascens Scheer. 494. plumbea Ach........ sus... 476 Sprucei Leight 499 polysticta Borr...... e . 473 aee d x F D Ut O8 pulchella Borr.. ,........... 460 Veo eS Yee nene . . submuralis Nvl......... ees. 495 punctata var. punctiformis . N subnigrescens Nyl........ ... 470 Hoffm................. ... 424 : : ` , . . umbrina Whlnb............. 466 punctiformis Ach......... e 014! , - p - verrucosa Nyl.......... e... 497 atomaria Sch. 514. wf qp vicinalis Arn........... ... 492 purpurascens Hoffm......... 494 ,| viridula Ach........ sors. 474 pyrenophora Ach............ 490| Sprucei Nyl. 499. XYLOGRAPHA. Sprucei (f. calcivora) Nyl. 500. parallela Fr......... ous... 440 rupestris Schrad............ A81| flexella Nyl........ eu... .. 4M ANNOTATIONS AU 4e FASCICULE DES MENTHÆ EXSICCATÆ PR.ESERTIM GALLICÆ, par M. Ernest MALINVAUD (suite et fin) (1). 104. MENTHA ROTUNDIFOLIA L. ex parte. M. MEDUANENSIS Déségl. et Dur. Descriptions de nouvelles Menthes, in Bull. Soc. roy. de bota- nique de Belgique, t. XVII, p. 310; tirage à part, p. 9 (1879). — Saòne- et-Loire : Autun, pont Saint-Andoche. MM. Déséglise et Durand ont décrit cette Menthe comme il suit (l. cit.): Tige de 2-5 décim., droite, simple ou rameuse dans sa partie supérieure, velue, à poils plus ou moins abondants, courts, blancs, crépus, étalés ou ré- tiéchis dans les deux tiers supérieurs. Feuilles médiocres, vertes, 3 à 3 1/2 centim. de largeur sur 4 à 4 1/2 centim. de longueur, subarrondies ou ovales-obtuses, parsemées de poils en dessus, blanches-tomenteuses en dessous, à tomentum en réseau, sessiles, cordiformes à la base, à dents irréguliéres, plus ou moins déjetées, peu profondes. Épis compactes, assez courts, 4-5 centim. de long. | Calices campanulés, globuleux après la floraison, à dents subulées, conni- ventes, faiblement hérissées de poils courts. Pédoncules glabres ou glabrescents. Corolle carnée ; étamines saillantes ; anthères lie de vin; style blanc, éga- lant les étamines. Nucules brunâtres, glabres. HaB.— Saône-et-Loire: Autun, pont Saint-Andoche (Lucand); Mayenne, etc. Les exemplaires de ce Mentha provenant de la localité des environs (1) Voyez le Bulletin, t. XXVIII, pp. 266 et suiv. T. XXX. (SÉANCES) 30 466 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. d'Autun mentionnée par les auteurs sont généralement conformes à la description ci-dessus. Sur quelques-uns, les épis, dont les verticilles sont plus ou moins écartés, surtout à la base, atteignent 8 à 10 centim. de lon- gueur, au lieu des 4 à 5 que leur assignent les auteurs; mais, indépen- damment des différences observées à cet égard d'un individu à l'autre, on sait que l'axe de l'inflorescence s'allonge notablement pendant toute la durée de la floraison, et les données que sa mesure peut fournir sont par suite trés incertaines. MM. Déséglise et Durand classent leur M. meduanensis parmi les Sil- vestres venosæ (1), à côté du M. Linnæi Dés. et Dur. (qui est le n° 8 de notre exsiecata, M. rotundifolio-silvestris Legrand) et du M. Ripartii dont nous nous occupons un peu plus loin. Ce classement, au point de vue des affinités, est véritablement paradoxal, et l'on en serait à bon droit surpris si l'on ne connaissait les idées particulières à M. Déséglise sur le M. rotundifolia (2). Pour le commun des botanistes, le M. medua- nensis est une forme parfaitement légitime et normale du groupe Rotun- difolia. Doit-on aussi le rattacher au M. macrostachya Ten., cité par les auteurs les plus autorisés (Koch, Gren. Godr., etc.) comme synonyme de l'espéce linnéenne? Ceci demande quelques éclaircissements. M. macrostachya et M. rotundifolia ne sont pas, comme on pour- rait le croire, deux termes équivalents. Dans le Sylloge (add. p. 608), Tenore a conservé l'espéce linnéenne à cóté de son nouveau type et pré- cisé leurs caractéres différentiels dans les termes suivants : 2. M. MACROSTACHYA..... Obs. — Characteres in specie constantes mihi visi sunt: flores in spicis amplis oblongo-ovatis, densis, basi tantum interruptis ; folia elliptica acuta vel obtusata cum mucrone, sessilia, superius griseo-viridia subtus canescentia, utrinque villosiuscula, remote et leviter dentata; bracteæ lineari-lanceolatæ corollas sub- æquantes. 3. M. rotundifolia. L..... _ Obs. — A M. macrostachya differt spicis gracilibus e verticillis depauperatis interruptis; foliis orbiculatis circinatis apice omnino rotundatis, supra læte viri- (1) Dans le travail intitulé : Descriptions de nouvelles Menthes, MM. Déséglise et Durand nomment et décrivent 24 formes de la section des Spicatæ et les rangent en cinq groupes : Venosæ, Velutine, Tomentosæ, Mollissimæ, Pubescentes. (2) « Nous ne comprenons dans le groupe ftotundifolie, disent les auteurs, que les « formes à feuilles crénelées ; les formes à feuilles dentées, mais qui par leur facies » rappellent le M. rotundifolia Auct., rentrent dans notre groupe Venosæ (M. medua- » nensis, etc.). » Les feuilles de ce dernier sont autant crénelées que dentées; et il n est pas rare de trouver sur le méme individu des feuiiles (surtout les supérieures) irrégelièrement dentées, avec d’autres simplement crénelées : c’est donc une distinction tout à fait artificielle. SÉANCE DU 98 DÉCEMBRE 1883. 467 dibus glabris, subtus pallidis, utrinque rugosissimis, margine obiter acute crenalis ; bracteis lanceolatis, verticillis longioribus. A M. macrostachya elon- gata cui magis affinis deprehenditur, foliis supra griseis non læte viridibus . . . . . . . . . . > exquisite orbiculatis nec ellipticis facillime dignosei potest. La confiance témoignée par ies derniers mots dans la précision de cette diagnose sera peu communicative, si l'on essaie d'en faire l'application dans la nature ou sur les échantillons que renferment les herbiers. On ne tardera pas à reconnaitre qu'une telle délimitation est entièrement illusoire et que les deux prétendues espèces sont étroitement reliées par de nom- breux intermédiaires offrant tous les passages de l'uneà l'autre. On reléve à ce sujet dans les ouvrages de Tenore, et mieux encore sur les étiquettes des échantillons distribués ou nommés par lui, de singulières contradic- tions qui montrent l'embarras oü il s'était mis lui-méme avec sa nouvelle nomenclature. Ainsi une forme spicis elongatis e verticillis remotis, etc., après avoir d'abord figuré (p. 282 du Sylloge) dans le nombreux cortège des variétés du .M. macrostachya, en est détachée plus loin (addenda, p. 608) et reléguée à la suite du M. rotundifolia, etc. On trouve dans les herbiers riches en échantillons typiques des preuves surabondantes de l'incertitude relative à ces deux espéces, et en général de l'enchevétrement des types créés par Tenore dans le genre Mentha. Nous rapportons, comme spécimen à l'appui, le détail ci-aprés de onze exemplaires réunisdans une feuille double que renferme l'un des paquets de Menthes de l'herbier général du Muséum. Chemise contenant 6 feuilles simples : Fol. 1. — Deux éch. : l'un étiqueté « Mentha macrostachya Ten. » est un rotundifolia pur, provenant de l’herbier d'Adr. de Jussieu. Le second « Mentha macrostachya [Ten. ad rivulorum margines] (1) Tenore », très diffé- rent du premier, est une hybride voisine des M. rotundifolia var. angustifolia Schultz et longistachya Timbal (2). Fol. 2. — Quatre éch. : « Mentha macrostachya Ten. — Sicilia.— ex herb. Gasparrini 1846 » semblables au M. rotundifolia publié sous le n° 1 dans les Mentha exsiccate presertim gallice. Fol. 3. -— Deux éch. (ex herb. Adr. de Jussieu), dont l'un nommé par Tenore « [Mentha neglecta Ten. in inundatis et fossis Bagnoli] » est un rotundifolia pur; l'autre « Mentha neglecta Ten. in humentibus et fossis Fl. neap. — M. Tenore 1852 » rappelle l'exemplaire hybride signalé sur la première feuille. Fol. 4. — Un rameau défleuri « [ Mentha rotundifolia L. in fossis aquosis] » ne parait pas distinct du second macrostachya de la feuille 1, et ses feuilles elliptiques ou oblongues aiguës sont en désaccord avec la citation précédente du Sylloge : M. rotundifolia a macrostachya differt... foliis orbiculelis cir- cinatis apice omnino rotundatis. 1) La teneur d'une étiquette est placée entre guillemets; les mots entre crochets sont de l'écriture de Tenore. (2) Malvd, Menth. exsicc. pres. gal.., n°12. 108 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Fol. 5. — Forme hybride velue blanchàtre € Mentha serotina [ Ten. in fossis frequens ] Tenore », assez conforme en effet à la diagnose du M. serotina, in Syll., p. 281. Fol. 6. — Un éch. « Mentha serotina Ten. — Dagnoli — Tenore 1828 — ex herb. Ad. Brongniart » parait se rapporter, avec les exemplaires des fol. 4 et 5, à un méme type hybride. Il est difficile d'imaginer un amalgame plus confus : — des formes qu'on ne peut différencier sur le sec sont étiquetées successivement ma- crostachya, rotundifolia, neglecta, serotina ; par contre, un M. rotun- difolia pur et une variété hybride, assurément trés dissemblables, sont réunis sur la feuille 1 et baptisés l'un et l'autre M. macrostachya ; puis on les retrouve ensemble sur la feuille 3 avec une dénomination com- mune, mais cette fois c'est le M. neglecta. On voit quelle illusion se cachait sous les mots: ..... facillime dignosci potest (1). Ce n'est pas seulement dans l'herbier du Muséum de Paris, mais dans toutes les collections qui en possèdent, que les échantillons authen- tiques des Menthes de Tenore présentent ces contradictions. Le M. meduanensis se rattache sans aucun doute au M. macrostachya, peut-être à la variété Bauhini (2). Tenore réservait probablement le nom linnéen rotundifolia pour une variété méridionale à épis grèles, fleurs très petites, étamines incluses, etc., qui se relie par de nombreux pas- sages aux formes plus répandues du M. macrostachya. M. le D' X. Gillot, qui a eu la complaisance de récolter pour notre exsiccata le M. meduanensis dans une de ses localités typiques, nous à transmis les observations suivantes : « Je crois que le M. rotundifolia L. » renferme dans nos pays deux groupes secondaires différents : l'un, » caractérisé par ses feuilles plus minces, plus obtuses, à dents courtes » et obtuses, comme crénelées, parait devoir répondre au M. rotundi- » folia (genuina) d es auteurs ; l'autre a des feuilles plus épaisses, plus » rugueuses, d'un vert sombre, avec des dents trés prononcées, comme » en scie, surtout dans les feuilles supérieures. Ces caractères sont exa- » gérés dans le M. meduanensis, mais il me parait impossible de le » séparer du type linnéen, car on trouve à cóté de cette Menthe toutes les » varialions possibles. C'est, comme mon M. bellojocensis, une forme » foliis serratis du M. rotundifolia. » 105. MENTHA INsULAnIS Requ.; Exsiccata Soc. dauph. 2216.— Corse : Dastelica. Aoüt 1878. (4) Note ajoutée pendant l'impression. — Dans le volume VI du Flora italiana de F. Parlatore, continué par M. Caruel, le M. macrostachya Ten. est simplement mentionné dans la synonymie du M. rotundifolia, page 77, sans aucune allusion aux deux espèces ni aux variétés distinguées dans ce groupe par Tenore. (2) D. var. Bauhini : foliis. superioribus rotundatis, spicis abbreviatis, staminibus exsertis (Tenore, Sylloge, p. 283) SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE 1883. 109 Godron a donné la description suivante, Fl. de Fr. t. Il, p. 649 : MENTHA INSULARIS Requien (inéd.) ; M. silvestri et rotundifolim affinis, in Flora, 1834, p. 17 (1). — (lomérules de fleurs disposés en épis cylin- driques, aigus, gréles et interrompus; bractées linéaires lanceolées, acumi- nées, égalant la fleur. Calice petit, strié, campanulé, ventru et globuleux à la maturité, non contracté à la gorge, à dents courtes, lancéolées, acuminées, à la fin dressées. Feuilles tres brièvement pétiolées, minces, fortement ridées en réseau et bosselées, ovales, aiguës, élargies et un peu en cœur à la base, crénelées, vertes et presque glabres en dessus, d'un vert blanchâtre et molle- ment velues en dessous. Tige dressée, finement velue, rameuse au sommet ; rameaux élalés, gréles, assez longs. Souche rampante. — Plante de 4-7 décim.; fleurs assez grandes, violettes. — Corse. Aoüt. D'aprés le méme auteur (loc. cit. p. 648), le M. rotundifolia pré- sente : ... bractées ovales, lancéolées ...; calice à dents lancéolées-subulees, à la fin conniventes. Feuilles sessiles, épaisses, arrondies au sommet... Ces différences entre les deux Mentha, méme si elles étaient con- stantes, seraient à peine suffisantes, à notre avis, pour donner lieu à la distinction de deux types spécifiques d'égale valeur. I} s'en faut d'ailleurs qu'elles soient toujours trés marquées. Nous avons recu de M. Ch. Damiens, sous le nom de M. insularis forma compacta, un échantillon récolté par M. Mabille, le 27 juillet 1868, sur les bords de l'étang de Biguglia (Corse), et qui, par ses épis à glomérules serrés, ses feuilles sessiles, épaisses, arrondies au sommet, etc., reproduit exactement, au moins à l'état sec, le type rotundifolia du continent. Entre ce dernier et le véri- table M. insularis on trouve tous les intermédiaires, non seulement en Corse, mais dans d'autres iles méditerranéennes. Voici, par exemple, comment nous avons apprécié, en 1880, deux Mentha récoltés à Minorque par notre confrère M. Rodriguez et au sujet desquels notre collègue et ami M. Paul Marės nous avait demandé une note qu'il a bien voulu publier daus son Gatalogue raisonné des plantes vasculaires des iles Baléares, p. 334-335 : 1^ Mentha rotundifolia L. var. se rapproche du M. insularis Requ. par la tenue des épis très allongés, aigus, gréles et interrompus, par ses bractées (1) Le Flora de 1834 renferme un article intitulé : « Aufzählung der in Korsika und » zunüchst um Bastia von mir bemerkten Cotyledonar-Pflanzen ; von Hrn Ulysses » Salis-Marschlins », où l'on remarque, page 17, le passage suivant : « Mentha silvestri et rotundifoliæ affinis, quarum priorem Bastiie tamen nunquam » vidi. — Spicis terminalibus lateralibusque gracilibus subinterruptis, foliis vix petio- » latis cordato-oblongis serratis acutiusculis subtus albidis cauleque hirsutis. Pedicelli » brevissimi calycesque hirsuti. Stamina corolla violacea plerumque multo longiora. » A la page précédente, l'auteur signalait le M. rotundifolia parmi les plantes qu'il avait vues en Corse: c'était sans doute la forme latifolia du M. insularis, laquelle est en effet intermédiaire à ce dernier et au M. rotundifolia du continent. 410 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. linéaires-lancéolées; mais en différe par ses feuilles sessiles, ses fleurs petites, d'un blanc rosé, à étamines incluses, etc. 9» Mentha rotundifolia L. form. spicis compactis : les feuilles, par la forme du limbe étroitement oblong, rappellent le M. insularis, mais elles sont ses- siles; épis courts et compactes; fleurs d'un blane rosé, assez grandes; éta- mines exsertes, etc. Ces deux variétés sont intermédiaires au M. rotundifolia L. et au M. insu- laris Requ., qui n'est peut-étre lui-méme qu'une race locale par rapport à l'espéce linnéenne ; l'existence des formes mixtes que nous venons de mention- ner est un argument d'une grande valeur à l'appui de cette manière de voir (1). ll est probable que l’une ou l'autre de ces formes, sinon toutes les deux, se rattache au M. insularis var. balearica Willk. On ne sera pas surpris que les botanistes dont la maniére de voir sur l'espéce en général s'éloigne de la nótre soient, relativement au M. insu- laris, d'un avis différent. M. P. Mabille, dans ses Recherches sur les plantes de la Corse (1869), p. 46, s'esprime comme il suit : Le M. rotundifolia de la Corse a paru présenter des caractères suflisants à MM. Grenier et Godron pour étre séparé comme espéce, cette séparation nous a paru fort juste ; mais une observation assez longue d'une grande quan- tité de formes de la méme plante nous a démontré qu'elle n'avait aucun rap- port avec le M. rotundifolia du nord de l'Europe, et que celui-ci n'existait pas en Corse. L'espéce qui croît dans l'ile est un type spécial renfermant beaucoup de variétés, qui pourront un jour étre séparées, mais qui toutes pré- sentent des caractéres généraux communs que n'a pas l'espéce du continent. N'étant point parvenu, malgré quelques essais de culture, à saisir des carac- teres différentiels entre les formes que nous avons étudiées, nous avons pu- blié dans l'Herbarium corsicum celles qui nous ont paru digues d'une atten- tion particulière (2). (1) C'était aussi à peu près l'opinion de F. Schultz. On lit en effet dans ses Archives de Flore, p. 194 : « Ce que j'ai vu sous le nom de M. insularis Requ. de la Corse me » semble être une variété du M. rotundifolia, que j'appelle 8. parvifolia. » Le terme stenophylla conviendrait peut-être mieux à la forme genuina du M. insulüris, mais les caractéres tirés des feuilles sont loin d'étre constants. (2) Voici les descriptions, données par M. Mabille (loc. cit. p. 47), des trois variétés qu'il distingue dans le Mentha insularis : Forma A. genuina (Herbar. cors. n° 324). — Viridis, atroviridis, parum pubescens ; pagina folio- rum inferiorum vix cinerea ; folia plerumque sub anthesim refracta ; spica florum longa et lon- gissima, verticillis semper discretis, sub fructificationem omnibus separatis, floribus roseis, majoribus; planta altior, interdum scəndens, cæspitosa. Forma B. cinereo-virens (Herb. cors. n° 324 bis). — Planta speciosa, foliis latioribus, sæpius horizontalibus, superne viridibus, inferne tomento-incanis, rugosissimis, obtusis, folia M. ro- tundifoliæ revocantibus ; flores pallide rosei; spicis crassioribus, longissimis, verticillis prius parum discretis, dein intervallis sat conspicuis, Cultura semper a præcedente separanda. Forma C. compacta (Herb. cors. n° 321 ter). — Foliis parvis suborbicularibus, rugosissimis, in- terdum hirsuto-vilosis, aut utrinque viridibus, spicis compactis, apice rotundo; flores albi. Cultura ad przcedentem accedit, spicis tum laxifloris, statura in majus succrescente, sed tamen diversa videtur. Ces trois formes se retrouvaient, avec des individus intermédiaires, dans les récoltes de M. insularis que M. Reverchon avait rapportées de Corse, SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE 1883. A411 D'autre part, notre collégue M. Debeaux, qui a naguére herborisé dans le nord de la Corse et nous a complaisamment fourni de trés utiles ren- seignements, nous a fait part en ces termes du résultat de ses recherches : « Le type rotundifolia du continent ne se rencontre pas dans le nord de » l'ile de Corse. Depuis le cap Corse jusqu'au Bivineo à Corte, au Nebbioà » Saint-Florent, etc., il n'y a que l'insularis sous les diverses formes » décrites par M. Mabille. » Les déclarations de ces deux expérimentés botanistes, d'accord avec les auleurs de la Flore de France sur la valeur spécifique d'un type qu'ils ont pu observer à l'état vivant; ces déclarations ont une importance que nous nous empressons de reconnaître en les reproduisant in extenso. Sans être ébranlé dans notre sentiment par des citations qui lui sont con- traires, nous cherchons moins à trancher positivement ici une question douteuse qu’à montrer avec le même soin les deux solutions qu’elle peut recevoir. Le botaniste du Flora cité par Godron, et qui appelait le M. insularis « Menthæ silvestri et rotundifoliæ affinis », exprimait sommairement ainsi une pensée juste. Le M. insularis, par les caractères tirés de la forme des feuilles, des bractées, des dents du calice, etc., s'éloigne du M. rotundi- folia continental et tend à se rapprocher du M. silvestris L. ; il franchit en quelque sorte une première étape qui abrège la distance existant nor- malement entre les deux types linnéens. Le M. tomentosa, avec lequel il a de grands rapports, parait le remplacer dans la partie orientale du bassin méditerranéen (1) et se rapproche encore davantage du M. silres- tris, auquel toutefois on a tort, selon nous, de le rapporter. [Note ajoutée pendant l'impression. — Dansle volume VI, récemment publié, du Flora italiana de Parlatore, continué par M. Th. Caruel, page 77, le Mentha insularis est réuni au M. rotundifolia, et l'auteur fait à ce sujet l'observation suivante, page 79: « Non trovo nella Mentha insularis di Corsica alcuno di que » caratteri che si ritengono specifici in questo genere. » On trouve dans le méme volume, page 77, les indications bibliogranhioues ci-après : ' « Mentha insularis Requ. Lett. in Giorn. bot. ital. ann. 2, part. 3,p. 111,116 … Bert. Flor. ital. 10, p. 519; — Genn. Flor. Capr. p. 112; — Mars. Cat. pl. Corse, p. 111; — Ces. Pass. Gib. Comp. fl. ital., etc. » | Les lettres de Requien ci-dessus indiquées, au nombre de deux, ont été insé- rées dans le Giornale botanico italiano compilato... da F. Parlatore. La pre- miére se termine par une liste de plantes récoltées en Corse, parmi lesquelles le « Mentha insularis Nob. » est mentionné (p. 111) sans aucun détail. A la fin de la seconde lettre (datée de Pise, 1* novembre 1847), p. 116, se trouve «il » Catalogo delle piante che non trovo nella Flora Caprarie, che ho riportato » da quest’ Isola. » On y voit encore le « Mentha insularis Nob. », au sujet duquel on lit à la page précédente une courte remarque ainsi conçue : « ..... (1) Le M. insularis n'est pas mentionné par M. Boissier dans le Flora Orientalis. 472 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. » Mentha che io chiamo insularis, stata probabilmente confusa da’ botanici che » hanno visitato la corsica con la rotundifolia dalla quale la credo ben distinta, » com" anche dalla macrostachya, per le sue spighe gracili e sottili, le sue » foglie sempre acute, ec. » Requien n'a publié que cette phrase, au moins à notre connaissance, sur son Mentha insularis.] ` 105 bis. MENTHA INSULARIS Requ. var. glabrata Debeaux (M. insu- lari-citrata Debeaux). — Corse : Bastia, bords du torrent du Fango, terr. micaschisteux, au milieu des M. insularis et citrata. 2-15 aoùt 1869. Póstérieurement à la publication du fascicule contenant cetle plante, et à la suite des renseignements relatifs au M. insularis, M. Debeaux a joutait dans la même lettre : « La forme glabrata (M. insulari-citrata) » a été rencontrée par moi, d'abord le long d'un cours d'eau arrosant un » jardin abandonné et où croissait le M. citrata à odeur forte et péné- » trante. Je crus être en présence d'une hybride; mais ayant ensuite » observé la méme forme glabrata dans une localité située en dessous de » la première, et vivant là au milieu de M. aquatica, j'ai été ébranlé » dans ma première opinion, et je pense aujourd'hui qu'on doit attribuer » à l'exposition ombragée la glabrescence relative de cette forme, tandis » que dans les parties exposées au soleil la plinte est fortement velue- » tomenteuse. » Nous adhérons aussi à cette conclusion. 111. MENTHA ROTUNDIFOLIO-SILVESTRIS Timbal, Ess. monogr. Menth. pyrén. in Bull. Soc. bot. de Fr. t. VII, page 353. M. rotundifolio-Ben- thamiana Timb. recentius (1). — Havte-Garonne: vallée de Luchon, Pyrénées centrales. Septembre 1878. M. Timbal a décrit comme il suit cette hybride (loc. cit.) : Véritable intermédiaire entre les M. rotundifolia et silvestris, elle se dis- tingue par ses feuilles bosselées, mais cependant rugueuses, elliptiques, à dents égales non étalées, mais en forme de scie, égales comme dans le sil- vestris ; eiles sont en outre sessiles, un peu en cœur à la base, moins atténuées au sommet ; les supérieures sont embrassantes comme dans le rotundifolia ; ses fleurs sont disposées en épis assez longs, moins atténués aux deux extré- mités et plus renflés au centre. — Cette plante a une odeur trés agréable, qui n'est pas celle de ses parents présumés ; elle a en outre des graines en appa- rence bien conformées et d'autres qui semblent avortées : caractéres qui font considérer cette Menthe comme une véritable espéce par plusieurs botanistes. (1) M. Timbal-Lagrave éléve au rang d'espéce plusieurs variétés du M. silvestris L. et les nomme M. candicans, mollissima, Benthamiana, cinerascens, etc. (voyez le Massif du Laurenti par E. Jeanbernat et Timbal-Lagrave, p. 216). SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE 1882. 473 M. Timbal cite, comme synonyme de son M. rotundifolio-silvestris, le M. gratissima Wigg. — Il a été fait, suivant les auteurs et sans preuve suffisante à l'appui, des applications si différentes de ce dernier nom, que nous nous bornons à les mentionner successivement à titre de rensei- gnements, n'ayant jamais eu sous les yeux un spécimen authentique du véritable M. gratissima Wigg. (1). Parmi les formes hybrides si nombreuses dans le genre Mentha, — et la méme remarque est sans doute applicable à celles qu'on . observe dans d'autres genres, — les unes, grâce à leur faculté de propagation au moyen d'organes végétatifs, semblent pouvoir se fixer et en quelque ‘sorte consolider leurs caractères pour un laps de temps indéterminé, durant lequel la fructification, si elle est habituellement rudimentaire ou nulle, peut aboutir dans certains cas à des graines bien conformées, au moins en apparence. On comprend ainsi comment les auteurs les plus recommandables et de consciencieux observateurs persistent à regarder comme normaux et spécifiques des types qu'ils voientse maintenir indéfi- niment sans altération dans la nature et dont ils recoivent des échantil- lons à peu prés identiques de contrées diverses. Par contre, d'autres productions, issues des mémes croisements, tra- hissent le secret de leur naissance illégitime par une variabilité désor- donnée, donnant lieu, pour un seul semis, à une collection d'individus dissemblables, dont les uns se rapprochent davantage du pére, les autres de la mére, offrant ainsi tous les élats intermédiaires par rapport à leurs parents : tel est le cas du M. rotundifolio-Benthamiana Timbal, dont la description ci-dessus empruntée à l'auteur ne représente fidéle- ment que l'état moyen. Quelques exemplaires ont les feuilles oblongues aiguës et régulièrement dentées en scie du M. silvestris, avec ses brac- tées florales, son indumentum, etc. D'autres au contraire représentent si exactement le type rotundifolia, qu'il semblerait impossible d'attribuer à ces deux formes extrémes la méme origine, si l'on ne constatait sur d’autres échantillons toutes les nuances intermédiaires. On conçoit com- bien il était difficile, avec de telles variations, de constituer, pour ce n? 111, de nombreuses parts exactement uniformes. Il suffit de savoir que tous les individus sont issus de parents cominuns, et qu'ils ont été récoltés par M. Ed. Timbal-Lagrave. 113. Mentua RiparTi Déségl. et Dur. in Bull. Soc roy. de bot. de (1) Nous avons dit ailleurs à ce sujet : « De nombreuses Menthes, parmi les Spicatæ sessilifoliæ, dont l'odeur a paru mériter une épithète élogieuse, ont été successivement décorées du nom de gratissima, sans que les auteurs qui le décernaient en témoignage de leur gratitude se soient suffisamment préoccupés de s'accorder sur son emploi. » (in Lamotte, Prodr. p. 982.) 414 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Belgique, t. XVII, p. 313. — Haute-Savoie : Annemasse, bords des eaux. 18 aoùl, 5 septembre 1878. MM. Déséglise et Durand ont décrit celte Menthe comme il suit (loc. cit.) : M. Wuranrit Déségl. et Dur.; M. rotundifolio-silvestrisWirtg. Menth. rhen. ed. 1, n° 4? (1). Tige atteignant un mètre de hauteur et quelquefois plus, droite, rameuse dans sa partie supérieure, verdâtre ou rougeàtre, velue, à poils crépus. Feuilles d'un vert gai en dessus, grandes, 3-4 centim. de largeur sur 6-8 de longueur, ovales-elliptiques, subaigués on subobtuses, pubescentes en dessus, à pubescence courte et qui disparaît en partie dans les feuilles inférieures adultes, blanchâtres pubescentes en dessous, à tomentum farineux en réseau, les caulinaires sessiles, cordiformes à la base, les raméales plus petites et de même forme; dents médiocres, assez régulières, ascendantes. Épis lâchement compactes, à verticilles paraissant un peu espacés aprés la floraison, surtout les glomérules inférieurs, atteignant 5 à 8 centimétres de longueur. Calices légèrement hérissés, à dents aiguës, rougeâtres ou verdâtres ; pé- doncules glabrescents. Bractée inférieure lancéolée, égalant ou dépassant le glomérule; les autres linéaires. Corolle rose ou carnée ; étamines saillantes; anthéres lie de vin ; style blanc, égalant les étamines. Nucules petites, brunâtres, glabres. HaB. — Aoüt-septembre. —- Lieux humides, bords des eaux. — Saóne-et- Loire : Monthelon (Gillot); Haute-Savoie : Annemasse, etc. 113 bis. Mentua Riparti Dés. et Dur. loc. cit. — Saône-et-Loire : Monthelon, pàture des Granges, prés secs mais inondés l'hiver, sol argi- leux, alt. 300 mètres. 9 septembre 1879, 16 aoüt 1880. M. Déséglise lui-même a nommé cette plante. Nous donnons un peu plus loin l'appréciation de M. le D" Gillot et la nôtre sur le M. Ripartii. 114. MENTHA GiLLorI: Dés. et Dur. loc. cit. p. 924. — Saône-et-Loire : Roussillon en Morvan, bords des eaux, haies et prés à la Verrerie, sol granitique, altit. 520 métres. 26 sept. 1879, 17 aoüt 1880. Voici la description princeps : (1) M. Déséglise, dans une note qu'il a signée seul, fait des réserves sur ce rappro- chement, parce qu'il ne peut répondre que des plantes qu'il a vues. « La collection de » Wirtgen, dit-il, n'est pas irréprochable, et la valeur scientifique que certains auteurs » donnent à cette collection est loin d’être justifiée. Une grande confusion règne dans » la distribution des échantillons, et sous le même numéro il a été distribué des formes » différentes, quoique portant le même nom spécifique... » Nous pensons que ces re- proches sont trop sévères. Wirtgen mérite d'être mieux traité, et ses travaux sur le genre Mentha ont réalisé un progrès notable dans l'étude de ces plantes critiques. SÉANCE DU 93 DÉCEMBRE 1883. 475 M. GizLorit Dés. et Dur. Plante de 4-6 décimétres, donnant des tiges floriferes et foliiferes tout à la fois et formant souvent d'énormes touffes; tige pubescente, rameuse. Feuilles des tiges florifères lancéolées-elliptiques, aiguës ou subobtuses, 2 1/2 centim. à 3 centim. de largeur sur 5 à 6 centim. de longueur, sessiles ou subsessiles, vertes glabrescentes en dessus, blanchâtres pubescentes en dessous, à tomentum en réseau sur les feuilles raméales, à dents peu profon- des, couchées; les feuilles des tiges foliiféres lancéolées-elliptiques, 3 centim. de Jargeur sur 5-6 de longueur; les inférieures obtuses au sommet, les autres aiguës, terminées un peu brusquement en pointe courte. Epis courts, compactes, 3 à 4 1/2 centim. de longueur. Bractée inférieure lancéolée, les autres linéaires. Calices et pédoncules glabrescents. Corolle rose clair; étamines saillantes; style saillant. HAB. — Sept. Lieux humides, bords des eaux. — France. Saône-et-Loire : Roussillon en Morvan, etc. M. le D' Gillot nous a communiqué les observations suivantes sur cette Menthe (1): Le M. Gillotii est une forme que M. Déséglise a élevée au rang d'espéce, mais dont je suspecte la validité comme pour le M. meduanensis. Cette plante présente une singulière végétation. Les tiges fleuries sont, au moment même de la floraison, accompagnées d'un grand nombre de tiges stériles qui cou- vrent souvent de grands espaces dans les prés où végète la Menthe. Je ne l'ai encore observée que dans le Morvan et au parc de Montjeu près Autun. Il n'y a auprès d'elle, et à une grande distance, aucun pied de M. rotundifolia. M. Déséglise prétend qü'à part son M. genevensis, il n'a rencontré aucune autre Menthe offrant ce mode de végétation. Evidemment les stolons, hypogés d'abord, se développent de bonne heure et arrivent à fournir, en méme temps que les tiges floriféres, des tiges stériles plus développées que daus les autres Menthes. J'ai vu du reste des M. rotundifolia offrant le méme phénoméne qui est déterminé peut-être par des conditions particulières de terrain et d'humi- dité... Les feuilles larges et molles me font croire qu'on doit rapporter le M. Gillotii au M. nemorosa Willd. (si tant est qu'on doive admettre cette espèce) indiqué par Boreau dans le Morvan. C'est hien dans tous les cas au moins une forme de ce qu'entendent sous le nom de M. nemorosa les floristes du centre de la France, Boreau, Carion, etc. Qu'est-ce au juste que le M. nemorosa ? Les auteurs cherchent ordi- nairement la Menthe ainsi nommée par Willdenow parmi les variétés à feuilles élargies du groupe Silvestris, qui sont généralement des hybrides, et ceux qui les élévent au rang d'espéces réservent spécialement à l'une d'elles le nom de M. nemorosa : aussi trouve-t-ón dans les herbiers sous cette rubrique une série nombreuse de formes variées. Lejeune et Courtois ont su faire à cet égard une distinction qui témoigne de leur discernement. (1) M. le D' Gillot a bien voulu nous autoriser, avec une courtoisie et une complai- sance dont nous le remercions, à extraire de ses notes et de ses lettres toutes les cita- tions qui nous paraitraient opportunes. 476 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. lis ont nettement délimité le M. silvestris linnéen, ne lui rapportant à fort peu prés que ses formes légitimes et groupant les variétés spuriæ (sauf le M. velutina) sous la dénomination commune de M. nemo- rosa (1). 115. MENTHA WiLLpENOwII Dés. et Dur. loc. cit. p. 317. — Saône- et-Loire : Autun, bords de la route, près de Couhard. 8 août 1880. Les auteurs de ce Mentha lont décrit comme il suit : Plante à odeur forte et désagréable, atteignant 1 mètre à 1 mètre 30; tige rameuse, pubescente, à villosité courte. Feuilles grandes, 3 1/2 à 4 centim. de largeur sur 7-8 de longueur, ovales- elliptiques, brusquement acuminées, épaisses, glabrescentes en dessus, pu- bescentes grisâtres en dessous, sessiles, cordiformes à la base; dents peu pro- fondes, écartées, étalées ou un peu ascendantes. Epis interrompus, tres longs, gros, de 7 à 12 centim. de longueur. Calices et pédoncules hérissés de poils courts. Bractee inférieure lancéolée, réfléchie, plus longue que le glomérule; les autres linéaires, égalant les glomérules. Corolle rose; étamines saillantes; style blanc, saillant. Nucules ovoides, brunàtres, glabres. M. le D' Gillot nous a adressé la note suivante : € Les M. Ripartii et Willdenowii sont deux types très répandus chez nous, trés constants et aussi. distincts que le M. silvestris (M. candi- cans Auct.). Ces deux espèces offrent sans doute bien des formes, mais méme dans ces varialions il est toujours possible de les reconnaitre. Pour moi, aprés quatre ans d'observations, je les considére comme de très légitimes espèces, et je crois qu'il y a lieu de les admettre, au lieu de M. rotundifolio-silvestris, silvestri-rotundifolia, etc. Rien n'in dique leur hybridité, et du reste, à mon avis, les hybrides sont assez rares ; en cela mon opinion s'éloigne de la vôtre. » Nous reconnaissons volontiers l'importance de ces observations. Notre collègue a sur nous, qui ne pouvons juger ces deux Menthes que d’après des échantillons d'herbier, le grand avantage de les avoir étudiées vi- vantes et dans leurs stations naturelles. Nous ne sommes pas en position de fournir actuellement la preuve directe et indiscutable de leur hybri- dité; cette preuve, l'expérimentation méthodique par la culture permet- trait sans doute de l'obtenir, et nous souhaitons ardeinment qu'il nous soit donné de la faire un jour. En attendant l'acquisition de données rigou- reusement certaines, nous devons mettre à profit celles que nous possé- dons, et c'est par la facon différente d'en tirer parti que l'examen des mémes plantes et l'appréciation des mémes faits conduisent des esprits xy xy ux y Y Y x ux (1) Compend. flor. belg. t. M, pp. 221-225. SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE 1883. #77 également sincères, et désireux d'atteindre la vérité, à des conclusions souvent opposées. Les M. Gillotii, Ripartii eWilldenowii sont pour nous des Silvestres spuriæ. N'ayant pas ici à faire l'histoire de ce groupe, nous indiquerons seulement comment se pose la question. Pour bien apprécier la signification et l'étendue des variations de ces plantes, on ne doit pas se tenir à l'examen des formes observées dans un seul pays, mais les comparer avec celles qui leur ressemblent le plus dans d’autres contrées. Aprés avoir réuni dans ce but des matériaux suf- fisants, en les analysant avec soin, rapprochant ensuite les observations et les faits comparables, de manière à en déduire les analogies et les traits communs, on est conduit, par une synthèse méthodique, aux remarques suivantes : 1° On connait de vastes régions, des étendues de pays considérables, où les Menthes Spicatæ sessilifoliæ ne sont représentées dans la végéta- tion spontanée que par le M. rotundifolia et ses variétés; il en est ainsi, par exemple, dans un rayon de plusieurs lieues aux environs de Paris, dans une grande partie de la Haute-Vienue et d'autres départements, etc. Ailleurs au contraire, quoique plus rarement en France, on ne trouve que du M. silvestris. S'il en était toujours de méme, la question qui nous occupe serait trés simplifiée ; les types linnéens rotundifolia et silvestris, nettement circonscrits, n'offrivaient Pun et l'autre que des formes légi- times, c'est-à-dire sans altération ni mélange des caractères essentiels propres à chacun d'eux (1). Mais dans un troisiéme cas, non moins fré- quent, les Mentha silvestris et rotundifolia croissent en société ou à proximité l'un de l'autre (2), et alors, constamment, invariablement, à côté des formes légitimes et bien tranchées on en rencontre d'intermé- diaires qui présentent diversement combinés les caractères de ces deux espèces. Comme les auteurs les plus autorisés, J. Koch, Grenier et (1) Rappelons les principaux caractères différentiels : MENTHA ROTUNDIFOLIA : — tomentum laineux (pilis crispulis); feuilles suborbiculaires ou ovales obtuses, parfois légèrement acuminées ou plus rarement subaigués, crénelées ou grossièrement dentées, plus ou moins rugueuses et bosselées en dessus, à nervures saillantes et réticulées en dessous; bractées linéaires, lancéolées, acuminées; calice à dents courtes lancéolées. M. SILVESTRIS: — tomentum soyeux ; feuilles ovales ou oblongues lancéolées aiguës, réguliérement dentées en scie, non rugueuses ni bosselées, à nervures secondaires peu apparentes sur la face inférieure; bractées très étroites, linéaires sétacées; calice à dents subulées. (2) A proximité ne veut pas dire nécessairement dans la méme localité. Nous avons déjà fait remarquer (voy. le Bulletin, t. XXVII, p. 278) que les Menthes hybrides, dont la végétation est souvent très vigoureuse, peuvent, dans certaines circonstances, sup- planter et faire disparaitre pour un temps les espèces génératrices; mais on retrouve celles-ci dans des localités voisines. AS SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Godron, ete., rapportent ces intermédiaires au M. silvestris (méme ceux qui s'en éloignent le plus, tels que le M. velutina Lej.), nous les dési- gnons collectivement sous le nom de Silvestres spuriæ, par opposition aux Rotundifoliæ ou aux Silvestres legitimæ, chez lesquels restent in- tacts, au milieu des variations secondaires, les attributs spécifiques essentiels du type auquel ils se rattachent. Nous croyons pouvoir, sans grande témérité, défier nos honorables contradicteurs de nous signaler les M. rotundifolia et silvestris (1) voisins l'un de l'autre dans n'importe quel pays, sans étre accompagnés d'une ou plusieurs de ces formes spuriæ. Nous les défions également de nous montrer l'un de ces Silvestres spuriæ existant seul, dans une cir- conscription florale bien définie, à l'exclusion des M. rotundifolia et silvestris genuina, ou seulement de l'un d'eux (2). . 2» L'étude comparée de la fructification dans les formes legitime et dans les spuriæ conduit à une remarque qui a ici sa valeur. Sans aucun doute les premières peuvent être stériles et les secondes se montrer fer- tiles; on ne saurait donc établir à cet égard une règle absolue. Rappe- lons d'abord que toute Menthe végétant dans un terrain favorable et trés humide y développe avec exubérance ses organes végétatifs, par suite ne mürit pas ses fruits; on ne doit pas faire entrer en ligne de compte les individus se trouvant dans ees conditions. Si l'on évite cette cause d'er- reur, si l'on a soin en outre de ne pas se limiter à quelques faits et de ne conclure qu'aprés avoir réuni et comparé un grand nombre d'observa- tions, on arrivera à constater de la façon la plus évidente que dans les formes legitime la fertilité est de beaucoup la régle générale et la stéri- lité exceptionnelle; pour les formes spuriæ, au contraire, la fructifica- tion parfaite est trés rare: nous disons parfaite, parce qu'il faut ici se garantir d'une illusion. Indépendamment des eas où les calices sont en- üérement vides après la floraison, beaucoup d'individus ne sont pas moins stériles, quoique présentant des achaines en nombre normal et en apparence bien conformés : si l'on séme ces fruits, ils ne lévent pas. 3° L'examen, au point de vue descriptif, des Silvestres spuriæ vient confirmer les données précédentes. On y voit partout la juxtaposition ou le mélange, à tous les degrés imaginables, des caractéres propres aux types rotundifolia et silvestris : tantót le premier domine, par exemple dans les numéros 12 (M. longistachya Timb.) et 14 (M. rotundifolio- Benthamiana Timb.) de notre exsiccata; plus souvent, c'est le second, (15 Nous entendons largement ici le M. silvestris, c'est-à-dire en y rattachant (à l'exemple de J. Koch, de M. Boissier, etc.) le M. viridis comme race ou variété glabre. (2) L'un des parents est quelquefois adventice ou échappé d'un jardin (voy. plus loin M. Lamyi); le plus souvent, dans ce cas, le produit hybride, ne pouvant se renouveler, reste confiné dans l'endroit où il a pris naissance et ne tarde pas à s'éteindre. SÉANCE DU 98 DÉCEMBRE 1883. 419 comme on peut le voir dans les M. Ripartii, Gillotii et surtout Willde- noii. Les feuilles sont, dans ces trois formes, rugueuses à leur face supérreure, avec un tomentum en réseau à la face inférieure, et, dans les deux premiéres, inégalement crénelées-dentées : tel est leur princi- pal rapport avec le M. rotundifolia, presque tout le reste appartient au M. silvestris. Ce n'est, nous ne saurions trop le répéter, que par l'étude compara- tive d'un trés grand nombre de Silvestres spuriæ récoltés dans des pays divers et éloignés, qu'on peut exactement apprécier les variations presque infinies qui trahissent leur double origine. Si l'on choisit alors comue points de repére quelques-unes de ces formes les mieux connues, notam- ment les M. Ripartii et Willdenowii, l'un et l'autre répandus en Saóne- et-Loire, où de bons observateurs les regardent comme de vraies es- pèces, on arrive aisément, par la sélection d'échantillons provenant d'autres localités, à les relier de la facon la plus étroite, d'une part au M. silvestris, de l'autre au rotundifolia légitime, de sorte que ces deux types linnéens, si l'on se refusait à admettre l'hybridité des degrés inter- médiaires, ne représenteraient plus que les variations extrêmes d'une seule et méme espèce. Une telle conclusion ne condamne-t-elle pas sans appel la négation qui lui sert de prémisse? En résumé, les Silvestres spuric se rencontrent toujours à proximité des M. rotundifolia et silvestris, offrent des caractères intermédiaires à ceux de ces deux espèces et sont généralement stériles. 11 nous semble qu'on admet l'hybridité de beaucoup de plantes sans présenter à l'appui d'aussi bonnes raisons. A ceux qui nous reprocheraient la fragilité de notre opinion, comme n'étant pas fondée sur une démonstration directe, nous ferons observer qu'ils seraient peut-être plus embarrassés que nous si, usant de représailles, nous manifestions à leur égard la méme exigence. En se refusant à voir des hybrides dans les Silvestres spurie, ils s'obli- gent à les rattacher comme variétés aux anciennes espèces ou à les décrire comme espèces nouvelles ; on chercherait vainement en effetune quatrième solution. Or nous venons de montrer qu'en les attribuant en bloc au M. silvestris, on est logiquement conduit à réunir au méme groupe le M. rotundifolia et ses variétés; car on est en présence d'un massif inextricable de formes se reliant étroitement, comme nous l'avons dit, les unes aux autres et ne laissant entre elles aucun vide appréciable, aucun interstice de nature à autoriser une disjonction spécifique. A for- tiori, si l’on ne réussit pas à limiter deux espèces dans ce massif, doit-on renoncer à en séparer plusieurs. L'erreur de ceux qui l'ont essayé est due à l'insuffisance des matériaux dont ils eroyaient pouvoir se contenter. Lorsqu'en cherchant à classer des plantes critiques, on croit y distinguer le premier des formes bien limitées, parce qu'on n'a pas en méme temps 480 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sous les veux les degrés intermédiaires, on décerne facilement à ces nouveautés le brevet d'espèce nouvelle, on s'empresse de les nommer, de les décrire, et l'on se persuade qu'on a fourni ainsi un apport appréciable à l'édifice de la classification des Menthes. — Hélas ! avec une semblable méthode, cet édifice, comme la tour de Babel, ne serait jamais terminé! On remarquera que les impossibilités auxquelles se heurtent les autres solutions sont une justification indirecte de celle que nous avons indiquée. Si les Silvestres spuriæ ne sont ni des espèces nouvelles, ni des variétés des anciennes, leur hybridité est une conclusion qui s'im- pose, et elle rend compte trés simplement de tous les faits observés. Nous n'ignorons pas que des esprits distingués, invinciblement dominés par certaius préjugés, ne se rallieront jamais à une explication, quelles que soient les preuves à i'appui, qui trouble toutes leurs idées sur l'ordre moral et providentiel établi dans la nature, tel qu'ils le conçoivent. Pour eux, toute hybridation est un dérangement funeste de l'harmonie géné- rale. Ils ne sauraient admettre qu'une telle dérogation aux lois natu- relles ne soit pas excessivement rare et qu'on puisse la signaler comme un phénomène permanent dans un groupe quelconque de végétaux. A cet égard leur siége est fait, leur parti pris est inébranlable. C'est ainsi qu'on s'expose innocemment à frapper d'ostracisme la vérité, lorsque, sous l'empire de considérations subjectives et préalablement à l'examen des faits, on pose délibérément des conclusions que cet examen seul devrait suggérer. Mais, dira-t-on, — nous rapportons ici une observation qu'on nous à faite, — vous réservez les noms binaires d'aprés le systéme de Schiede aux hybrides dont l'origine est expérimentalement démontrée, et vous reconnaissez que les Silvestres spuriæ ne sont pas dans ce cas; aussi leur donnez-vous des noms simples comme à des espéces légitimes. Dés lors qu'importe le point de vue théorique si vous procédez comme ceux dont vous combattez les idées? Le raisonnement est spécieux et mérite qu'on s'y arrête. Il est vrai qu'en prineipe nous préférons l'emploi des noms simples pour les hybrides spontanés, parce que le rôle des parents présumés ne nous est presque jamais parfaitement connu; mais l'appréciation des formes à classer, si elle est sans influence sur la maniére de les nommer, en a une considérable sur la méthode à suivre pour leur étude. Le phytographe, en présence d'espèces légitimes à déterminer, s'effor- cera de définir celles qu'il juge nouvelles, d'en constater les caractéres, les variations et les limites, telles que ia nature elle-même a pris soin de les fixer. C'est par une convention de langage qu'on dit qu'il crée les types qu'il a le premier distingués et signalés, il se borne à les recon- naître et apprécie la place qui leur convient dans la nomenclature. Sa SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE 1883. 481 tâche est simple et relativement aisée; elle est tout autre et plus délicate quand il étudie des productions hybrides spontanées. La variabilité et le facies parfois si dissemblable des formes nombreuses auxquelles souvent donne lieu le croisement de deux espèces, l'ignorance du rôle des parents présumés, l'impossibilité habituelle d'établir des diagnoses pré- cises avec des caractères qui se dérobent, toutes ces causes d'incertitude exigent une méthode particulière, à défaut de laquelle tout travail pour- suivi avec les procédés ordinaires sera frappé de stérilité, et c'est ce qui explique pourquoi le genre Mentha, malgré les consciencieuses recherches et les nombreuses publications dont il a été l'objet, est encore aujourd'hui si mal connu. Nous ne pouvons entrer ici dans de plus amples détails à ce sujel, nous réservant d'y revenir en temps plus opportun. 118. >< MENTEA Lamy: Malvd in Bull. Soc. bot. de Fr., t. XXVII (1880), p. 335; M. nemorosa Bor. Fl. centr. éd. 3, n° 1916 (pro parte). — Haute-Vienne : très localisé, quelques pieds seulement sur un coteau, le long d'un mur à Aixe, prés de Limoges. Le M. rotundifolia est c. dans le pays, le M. silvestris y fait défaut; les M. viridis et piperita, cultivés à Aixe, se rencontrent cà et là échappés des jardins. Aoüt-sep- tembre 1874-76. Cette plante est une hybride des M. rotundifolia et viridis (ou peut- être piperita ?). Elle offrait, lors de sa découverte, les caractères suivants : Tige dressée de 6 à 12 centimétres, robuste, rameuse, couverte de poils blancs et crispés formant parfois un indumentum épais et laineux à la partie supérieure. Feuilles subsessiles, les inférieures et les raméales briè- vement pétiolées, nombreuses et rapprochées sur la tige et les rameaux, larges, épaisses, subcordiformes, presque arrondies en 1874, oblongues elliptiques aiguës en 1876, à sommet subobtus ou acuminé, dentées en scie presque dés la base, à dents nombreuses, aigués et assez réguliéres; leur face supérieure est d'un vert foncé, souvent rugueuse, parsemée d'une villosité courte, celle-ci plus abondante et blanchâtre avec de longs poils sur les nervures à la face inférieure. Épis de longueur variable, souvent uniques au sommet des rameaux, compactes ou plus rarement à elomérules écartés. Bractées lancéolées acuminées, bractéoles linéaires sélacées. Pédoncules pubescents. Calices hérissés, campanulés, à dents roides, sétacées, un peu élargies à la base. Corolle d'un blanc rosé, assez grande, velue extérieurement, glabre à l'intérieur du tube, à lobes plus ou moins émarginés. Étamines longuement saillantes, à filet blanc et anthéres d'un pourpre foncé. Style blanc, de méme longueur que les étamines. Fructification incomplète ou nulle; 1 ou 2 achaines glabres I. NXX. (SEANCES) 91 482 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. et blanchâtres, rarement 3 ou 4. Odeur sensible quand on froisse les feuilles et rappelant celle des M. viridis et piperita. En résumé, cette plante s'éloigne du M. viridis surtout par la pubes- cence, et du M. rotundifolia par les feuilles, le calice, l'odeur, etc. [ndépendamment des données fournies par l'examen de ses caractères, on est averti de son hybridité par sa localisation sur un espace peu étendu et le développement excessif des organes végétatifs coincidant avec l'absence ou l'avortement ordinaire des achaines. Boreau rattachait cette Menthe à son M. nemorosa, avec d'autres formes assez distinctes de celle-ci; aussi avons-nous ajouté pro parte. 190. Mentua Lamarckn Ten. Syll. flor. neap. p. 282 ; M. crispa var. a. Lamk Encycl. t. IV, p. 106 (non L.) ; M. nemorosa var. undulata V. Sch. [Sch. et Winter, Herb norm. (Phanerog.) n° 123]; M. undulata Schur (herb. Cosson), an Willd.? — Cult. àl'École de botanique du Muséum et dans plusieurs jardins sous le nom de M. crispa. Août 1878-80. Les particularités tératologiques désignées par le terme crispa ont été observées sur la plupart des Menthes, et parfois sous des aspects diffé- rents chez des individus de la méme espéce. La nomenclature de ces formes diverses est assez confuse, par suite du désaecord des auteurs sur l'emploi des expressions crispa, crispata, undulata, etc., qui leur sont consacrées. La Menthe dont nous nous occupons ici était cultivée depuis prés d'un siécle au Jardin des plantes de Paris, sous le nom controversé de M. crispa auquel a été récemment substitué celui plus moderne et précis de M. La- marckii Tenore. Ellea été, dela part des deux auteurs mentionnés dans cette dénomination, l'objet de descriptions et de remarques intéressantes que nous croyons utile de rapporter avant d'y ajouter les nótres. L'article de Lamarck relatif à cette plante (in Encyclopédie métho- dique, BorANIQUE, t. IV, pp. 105-106) débute par une phrase diagnos- tique : MENTHE FRISÉE ; Mentha crispa, M. foliis cordatis, serratis, undulatis sub- sessilibus, verticillis spicatis (1). Viennent ensuite les références aux vieux auteurs, souvent douteuses et que nous passons sous silence. Aprés avoir indiqué une variété f. « foliis. nudiuseulis, floribus subcapitatis », sur laquelle nous aurons occasion de revenir, Lamarck décrit comme il suit son M. crispa : (1) Linné place son M. crispa parmi les Capitatæ (Spec. p. 806), et le définit en ces termes : « M. spicis capitatis, foliis cordato-dentatis undulatis sessilibus, staminibus » Corollam æquantibus. » On voit tout de suite les différences avec la Menthe frisée de Lamarck, classée par son inflorescence parmi les Spicatæ. SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE 1883. 483 La première de ces plantes se distingue du M. rotundifolia à ses feuilles cordiformes, pointues, profondément dentées en scies, ondulées sur les bords et comme frisées. Elle a les tiges herbacées, tétragones, velues, rameuses, légè- rement et. irréguliérement flexueuses, hautes au moins d'un pied à un pied et demi (1). Les feuilles sont sessiles ou portées sur de trés courts pétioles, assez grandes, cordiformes, pointues, profondément dentées en scies, à dents aiguës, grossiéres, un peu inégales. Ces feuilles sont ridées, molles, épaisses, nervées obliquement, plus ou moins ondulées sur les bords, comme crépues ou frisées, longues communément d'un pouce et demi à deux pouces (3 à 6 centimétres). Leur surface supérieure est velue, d'un vert médiocrement foncé (2) : l'infé- rieure est cotonneuse, d'un blanc sale. Les fleurs sont petites, purpurescentes ou un peu violettes, et disposées, aux extrémités des tiges et des rameaux, en épis allongés, cylindriques, rétrécis en pointe au sommet, qui ont quelquefois une forme ovale, surtout avaut leur parfait développement. Le calice est velu, tubuleux, terminé par cinq dents droites, aigués, ciliées. La corolle, légére- ment pubescente à l'extérieur, une fois plus longue que le calice, a la décou- pure supérieure de son limbe superficiellement échancrée, un peu plus large que les autres. Les étamines sont pour l'ordinaire un peu moins longues que la corolle, et ont les anthéres petites, ovales, d'un brun jaunâtre. Cette plante croit naturellement en Europe. On la cultive au Jardin-des-Plantes. Certains exemplaires me montrent, entre eile et le Mentha rotundifolia, des nuances intermédiaires qui feraient presque soupconner que ces deux plantes ne doivent pas étre distinguées spécifiquement l'une de l'autre. Cette dernière observation est superficielle. Les caractères de l'épi du M. Lamarckii (bractées, calice, etc.) révélent une parenté manifeste avec le M. silvestris, auquel la plupart des auteurs l'ont rattaché. Au con- traire les feuilles, indépendamment des particularités tératologiques, ont en général plus de rapport avec celles du M. rotundifolia. Aussi nous pensons que la plante normale dont le M. Lamarckii serait une forme à feuilles ondulées crispées doit être cherchée parmi les Silvestres spu- rie. Les variations de cette monstruosité confirment notre manière de voir; elles ne portent guère sur l'épi, qui, dans tous les exemplaires que nous avons eus sous les yeux, appartient franchement au type silvestris. Quant aux feuilles, chez les individus cultivés au Muséum, nous les avons vues se modifier sensiblement d'une année à l'autre. Tantót très plissées et rugueuses, presque entiérement arrondies, à bords trés irréguliérement frangés et laciniés, elles sont d'autres fois ovales- aiguës, à peine ridées, grossièrement dentées, en un mot à peu prés semblables à celles du Mentha nemorosa Auctor., ou méme, quoique (1) Environ 32 à 50 centimètres. — De nos jours, à l'École de botanique du Muséum, probablement sous l'influence de la culture, le M. Lamarckii a pris un grand déve- loppement; sa hauteur est souvent dcuble de celle indiquée par Lamarck. (2) Depuis que nous observons cette Menthe au Muséum, la face supérieure des feuilles est généralement d'un vert foncé et parfois presque glabre; la diminution de la villosité est sans doute l'effet des soins donnés à la plante, notamment du fréquent arrosage. 484 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. plus rarement, tout à fait conformes à celles du M. rotundifolia forma serrata. A la suite de la description de sa « Menthe frisée », Lamarck donne celle d'une variété B., qui, au lieu d’être tomenteuse et blanchâtre comme la précédente, « est au contraire d'un vert sombre ou noiràtre et à peu » prés aussi dénuée de poils que le Mentha gentilis, etc. ». Nous pu- blierons dans notre exsiccata cette plante sous le nom de M. cordifolia Opiz. Tenore la regarde comme le véritable M. crispa L. et approuve Lamarck de l'avoir distinguée de la forme velue (1), qu'il nomme en l'honneur de ce botaniste et définit comme il suit (Syllog. p. 282) : MENTHA LAMARCKII : Spicis oblongis, verticillis approximalis ; foliis cordatis serratis undulatis subsessilibus, dentibus divergentibus, cuspidatis, supra vi- ridi-pubescentibus subtus incanis ; calycibus pedunculisque hirtis ; staminibus corollam æquantibus, bracteis linearibus integerrimis. Ten. Flor. nap. app. V, p. 19... M. crispa Hort. paris. (fide speciminis quod in eodem horto ipse, anno 1824, legi).... Tenore cite, comme synonymes de son M. Lamarckii, les M. crispata Schrad., lævigata Willd., cordifolia Opiz, ete. Il y a là autant d'erreurs que de mots. Aussi jugeons-nous inutile de rapporter ici in extenso celte énumération peu intéressante. Une forme rustique ou subspontanée, à feuilles incanes supérieure- ment (au moins sur nos échantillons), du M. Lamarckii, vécoltée par F. Schultz « le 12 août 1861, au bord des ruisseaux, sur le diluvium dans » la région des collines, prés de Weissenburg, en Alsace », a été par lui publiée et étiquetée (loc. cit.) comme il suit : MENTHA NEMOROSA Willd. Sp. LI, p. 75, var. UNDULATA ; — M. silvestris var undulata Koch Syn. 632 ; — M. undulata Willd. Enum. herb. berol. 6, p. 608. F. Schultz, gràce à quelques travaux personnels, ainsi qu'aux mani- pulations et à la correspondance que réclamait la préparation de ses exsiccalas, avait acquis une grande habitude de la détermination des plantes de l'Europe centrale, mais il avait peu consulté les herbiers typiques, avait peu d'ouvrages à sa disposition, et son érudition sous ce rapport était trés limitée. On s'en apercoit fréquemment dans ses écrits surle genre Mentha, qui ne manquent pas d'une certaine originalité, quoiqu'il ait longtemps suivi la voie tracée par Wirtgen. Il n'y tient aucun compte des publications de Sole, Becker, Host, Tenore, et de bien d'autres, qu'il n'est pas permis d'ignorer lorsqu'on s'occupe spécialement de ces plantes critiques. On a ainsi l'explication des inexactitudes et des (1) « Sub eodem M. crispæ nomine duas latuisse species satis distinctas, qua- » rum differentias primus recte adumbravit cl. Lamarck in Flor. nap. Prodr., mani- » ICSLAVI, » SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE 1883. 485 lacunes que présentent souveni ses étiquettes. Son M. undulata ci-dessus (nom ordinairement attribué à une autre forme, probablement dérivée du M. silvestris legitima) doit être rapporté au M. Lamarckii. Un autre botaniste dont l'érudition laissait aussi beaucoup à désirer, F. Schur, a signalé, dans son Enumeratio plantar. Transsilvanic,p. 515, un M. undulata qui, d'aprés les exemplaires authentiques que nous avons vus chez M. Cosson, west autre que le M. Lamarckii Ten. Nous pouvons ajouter que d'autres échantillons de la méme plante, provenant aussi de l'herbier de Schur, avaient été nommés par lui M. balsamea. Ce n'est point d'ailleurs la seule confusion, ni la plus grave, que présentent les étiquettes des Menthes de cette collection. 131. MENTHA SILVESTRIS L. Sp. 804; Lejeune Fl. Spa, & partie, p. 15; M. silvestris var. «. Lejeune et Court. Compend. flor. belg. M, p. 224, et Choix de plantes, n° 289. M. candicans nonnull. auctorum. M. Wondracekii Opiz (e specim. auth. in herbar. hort. reg. bruxell.). — Pyr.-Orientales : marais au bord de la Tet, à Perpignan. 20 juil- let 1879. On ne saurait équitablement faire un reproche à Linné, passant en revue et disposant en bon ordre dans son Species tout le régne végétal connu de son temps, de s'étre borné à esquisser dans chaque genre critique les divisions principales, sans s'arréter aux points obscurs ou difficiles qu'il n'avait pas le loisir d'examiner. Il faisait entrer dans son Mentha silves- tris la plupart de nos Silvestres spuriæ, et cette notion a été encore élargie par des auteurs contemporains, J. Koch, M. Boissier, etc., d’après lesquels le M. viridis ferait aussi partie du groupe Silvestris. Sans approuver complétement ce systéme, nous l'estimons préférable à celu qu'ont suivi, d'aprés Fries, les auteurs de Flore de Fr. (1) [t. II, pp. 649- 650], groupant sous le nom de silvestris les variétés hybrides, (M. nc- morosa, velutina, gratissima) dont les caractères s'écartent le plus de la diagnose linnéenne (2), tandis que les formes legitima et parfaite- ment typiques (M. candicans, Brittingeri, etc.) sont rattachées, comme variété canescens, au M. viridis. Sur ce point, comme nous l'avons déjà observé (3), Lejeune et Cour tois (4) ont été plus judicieux. Sans pressentir l'hybridité des formes que nous qualifions de spuric, ils en ont fait leur groupe nemorosa, les é- parant ainsi des legitime, auxquelles était réservé le nom spécifique lin néen, et les caractérisant respectivement comme il suit : (1) Voy dans le Bulletin, t. XXV, pp. 140 et suiv., nos remarques sur le même suj: ! (2) « Mentha spicis oblongis, foliis oblongis tomeritosis serratis sessilibus, stamini- » bus corolla longioribus. » (Spec. p. 801.) (3) Matér. pour hist. Menth. (Révis. Menth. herb. de Lej.), page 18. (4) Compend. flore belg. Vi, p. 224. 4806 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. MENTHA SILVESTRIS Willd. Sp. MENTHA NEMOROSA Willd. Sp. Verticillis spicatis; foliis oblongo-| —Verticillis spicatis ; foliis ovato-ellip- lanceolatis, acutis vel acuminatis, basi | ticis, subcordatis, subsessilibus, rugo- subcordatis, subsessilibus, argute ser- | sis, obtuse serratis, subtus villoso-to- ratis, subtus imprimis tomentosis ; ca- | mentosis, calycibus pedicellisque hirus; lycibus bracteisque villoso-tomentosis; | staminibus inclusis. staminibus plerumque exsertis. C'est en effet surtout par les caractères des feuilles, ordinairement plus larges, plus ou moins rugueuses et moins réguliérement dentées en scie dans les Silvestres spuriæ que dans les legitima, qu'on distingue assez facilement, dans la plupart des cas, les premiéres de celles-ci. Lejeune et Courtois ont établi des subdivisions dans leur groupe Silves- tris, notamment une variété 4. « foliis supra canis, subtus albo-tomento- sis », et une variété 2. «foliis supra virescentibus, subtus canescentibus ». Ils citent le M. candicans Opiz comme synonyme de la seconde. Nous ferons remarquer que les différents aspects présentés par l'indu- mentum des feuilles constituent de simples variations en rapport avec les circonstances du milieu, telles que la nature du terrain, le plus ou moins d'humidité, l'exposition, etc. La Menthe de notre n° 131 est un Silvestris legitima typique, à tige élevée et rameuse, couverte, surtout à sa partie supérieure, de poils fins, courts et appliqués; les entrenœuds égalent souvent, parfois même dé- passent la longueur des feuilles. Celles-ci sont étroites, lancéolées aiguës, sessiles et subcordées à la base, un peu incanes ou vertes en dessus, tomenteuses blanchâtres en dessous, dentées en scie à dents fines et aiguës assez écartées. Épis allongés et gréles; corolle petite, étamines incluses. Achaines bien conformés. Cette Menthe nous a paru correspondre au M. Wondracekii Op. (1), et elle a quelque rapport avec le M. Brittingeri Op., au moins d’après les exemplaires authentiques de ces deux types Opiziens que posséde l'herbier du jardin botanique de Bruxelles. 133. MENTUA siLvEsTIuS L. forma LEPIDIOIDES Malvd apud Legrand Stat. bot. Forez, p. 305; diffusa, angustifolia, spicis abbreviatis, stam. inclusis. — Loire : Veauchette, sur des décombres dans un fossé du village ; assez abondant en cet endroit, mais ne se rencontre pas ailleurs. Aoüt-sept. 1876-77. Nous voyons dans cette plante une variété rudérale résultant d'un ha- bitat accidentel, et caractérisée surtout par une singuliére modification de (1) D'après les recherches de M. Déséglise, le Jf. Wondracekii serait simplement mentionné par Opiz, sans description, dans un catalogue de plantes publié à Prague en 1852, sous ce titre : Seznam rostlin kveteny ceské . «i stator aee ud z EEE rania eiaeia iR MEE a —————— SÉANCE bU 28 DÉCEMBRE 1882. ANT l'inflorescence : celle-ci forme une vaste panicule ramifiée de nombreux petits épis comme avortés, souvent ovoides ou globuleux, dont l'ensemble rappelle vaguement une sommité de Lepidium latifolium. Cette variété, sauf la quasi pulvérisation de l'inflorescence, se rapproche par les autres caractères d'une espèce Opizienne déjà citée, le M. Brittingeri. 134. MENTHA siLvESTRIS L. var. foliis angustior. inæqual. denticula- tis, petiolulatis, summis sæpius reflexis. M. reflerifolia Opiz a. (saltem proxima, sec. specimen authent. e collectione de Cloet in herb. hort. reg. bruxell.). — Loire : Bouthéon, lieux humides, dans les balmes, sur le sentier d'Andrézieux. Rare (1). Août 1876-77. Cette variété angustifolia a les feuilles étroites et allongées acumi- nées, plus ou moins longuement pétiolulées (surtout les raméales), vertes en dessus, blanchàtres en dessous, denticulées à dents aigués, peu pro- fondes et espacées, Ces feuilles sont parfaitement semblables à celles que présente un exemplaire étiqueté « Mentha reflexifolia Opiz (coll. Lejeunei) » dans lherbier du jardin botanique de Bruxelles; mais il convient d'ajouter que les étamines sont incluses sur le spécimen Opi- zien et exsertes sur la plante de Bouthéon. 142. MENTHA viriis L. sp. 804, forma angustifolia, fol. inæqual. den- ticulatis, stamin. inclus. (affinis M. Lejeune Opiz et Holubyi Schur). — Cantal: entre Dienne et la Vigerie, dans les fossés qui bordent la route. 17 sept. 1879. Ce Mentha varie à feuilles trés étroites, souvent pliées et déjetées, ou au contraire larges (devenant méme trés amples par la culture). — La première forme correspond au M. viridis f. angustifolia Lej. et Court. (M. Lejeunet Opiz) (2), qui est le méme que M. Holubyi Schur (herb. Cosson). 178. MENTHA GENTILIS L. pro parte. M. CANTALICA Fr. Héribaud in Bull. Soc. bot. de Fr. t. XXVII (1880), p. 167 ; Lamotte, Prodr. t. lI, p. 591. M. cardiaca Ger. apud Baker On the Engl. Mints (ex icone), non exsicc. Billot, n° 3750. — Cantal: dans les mares d'eau et les endroits humides (4) [Note ajoutée pendant l'impression.— M. Legrand, dans sa Deuxième notice, etc. (Bulletin Soc. bot. de Fr., t. XXX, p. 71), a publié la remarque suivante au sujet de notre n° 134 : « C'est le M. silvestris B. major de ma Statist. bot. du Forez, suppl. » p. 305. Les échantillons publiés proviennent de la localité antérieurement signalée » par moi. C'est une très belle forme atteignant 1 mètre à 1 m. 1/2. Ce développement » peu ordinaire est dà à la nature de la station trés humide, marécageuse et trés om- » bragée. D'autre part ses feuilles pétiolées en font une forme remarquable. »] (2) « M. viridis à. angustifolia. N. Chx de pl. n° 464. — Foliis lineari-lanceolatis, » remote serratis, calycis dentibus villosis, staminibus inclusis. M. Lejeunei Opiz. » (Lej. et Court. Compend. M, p. 226.) — Voyez aussi notre Révision des Menthes de l'herb. de Lejeune, page il. A88 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. du communal de la Gravière, alt. 1250 m. environ, au milieu des M. ar- vensis, saliva, silvestris, etc. Le M. piperita est cult. dans les jardins du village, et le M. viridis f. angustifolia (n* 142 ci-dessus) se trouve dans les environs. Sept. 1879-1880. Nous reviendrons, dans une étude ultérieure, sur ce rare et intéressant Mentha, dont le frére Héribaud a donné une bonne description. 199. MENTHA cERvINA L. Spec. 807 (1). Preslia (2) cervina Fres. in Syll. Soc. ratisb. V, p. 238; G. G. Fl. Fr. I, p. 654. Pulegium cervi- num Mill. Dictionn. Forma palustris, erecta, fol. latior. — Pyr.-Or. : ma- rais du grau de la Massane, prés d'Argelés-sur-mer. 7 août 1879. 200. MENTHA CERVINA L. forma terrestris, prostrata, fol. angustior. — Pyr.-Or. : sables humides, au grau de la Massane. 12 aoüt 1879. Nous croyons devoir rapporter l'observation ci-après du regretté D" Warion (in Bull. Soc. Pyr.-Or. t. XXIV, p. 252). Preslia cervina Fres. — Très commun au grau d'Argelés, où il se présente sous deux formes : l'une, qui croit au bord de l'eau, dans les marais, a les tiges rcdressées, les feuilles larges; l'autre, qui vit dans les mares desséchées, les sables humides, est couchée sur le sol et a les feuilles trés étroites. Voici comment Godron a décrit le Preslia cervina (Fl. de Fr.) : Preslia cervina Fres. — Glomérules de fleurs gros et compactes, axillaires, à paires toutes écartées les unes des autres ; axe floral terminé par plusieurs paires de feuilles stériles; bractéoles fortement nerviées, palmatifides ; feuilles florales semblables aux caulinaires, plus longues que les fleurs. Calice glabre ou presque glabre, oblong campanulé, à dents velues intérieurement, triangu- laires, obtuses, munies au-dessous du sommet d'une aréte blanche, sétacée. Feuilles vertes et glabres, ponctuées, sessiles, entiéres, obtuses; les princi- pales linéaires lancéolées, munies à leur aisselle d'un rameau trés court et couvert de feuilles étroites et linéaires. Tiges couchées, redressées au sommet, obtusément anguleuses. Souche rampante. — Plante de 1 à 4 décim.; fleurs roses. Si l'on sépare le groupe Pulegium du genre Mentha, à fortiori doit-on admettre le genre Preslia, distingué par son calice à quatre dents con- caves et aristées au-dessous du sommet. Toutefois il serait peut-être pré- férable de conserver le genre linnéen dans son intégrité, en établissant trois sous-genres : Eumentha, Pulegium et Preslia. (1) Mentha cervma. — Floribus verticillatis, foliis linearibus, staminibus corolla ongioribus. (Linné, Species, 807.) (2) Le genre Preslia a été créé par Opiz, in Flora (1824), page 322. —— BOURLOTON. — [mprimeries réunies, A, ruc Mignon, 2, Paris. Buzz. Soc. BOT. DE FR. T. XXX. Pr. I. et 9. — Poulards sortis d'un Blé tendre et d'un Blé dur (le n° 2 est à barbes caduques). 1 3. Blé dur sans barbes sorti d’un Blé tendre et d'un Poulard. 4. Épeautre rameux sorti d'un Blé tendre et d'un Blé dur. 5. Pollen des Triticum sativum, turgidum, durum et Spella. 6. Pollen du Triticum monococcum. € » Fe T €) » «© i M) quet i = C 6 IÍ eS Zone [2d ` f | i o y f - E D, ` en£390m n i t o > T N s mE MAPPE / 2^ pee cs ^. a so: Ab re 7 à LR N, E pus ERI H X PSE Due ms! Ês DA BLL QETESIA, 7 VE, S S M 3L x S L9 6»... 4 N Cz. LODEL e Ñ eor 0n oc? X poc son ` 22298 : AARD OQ m 6c x 738 GoSGO5E MS ` : i g b, Zu les 9. E X Q Ju ooa, > R D a - 2 ` ux eS , VS EYED BA x ^ ) 4 fy = N | coe Qg CODCUU OS. E: EN SERO ] ï - UE. oner O X < TPES X < ` X eX N VENA LEL h lec c Bull. Soc.Bot. de France. Tome XXX . PI. 3. J.. A. Bat. del. ` N Imp.Becquct fr. Paris. Tisseron lith t N 1 _2. Narcissus lazetta var Algerica. 3 5. Romulea Bulbocodium var dioica. 9. Catanance lutea. Bull. Soc. bot. de Fr. Tome XXX. PI. IV. PLAN DE LA VILLA THURET. Maison d'habitation. Maison du jardinier chef. Petite maison de jardinicr. Serre chaude, Serre hollandaise. 6, H, I, , L. M, N, O, S, V. Massifs d'arbres et. d'arbustes. P. Portes principales. p. Petites portes pour piétons R. Réservoirs. T. Rocailles à plantes grasses. W. Plantation de Bambous. X. Bàches. Z. Rocher. Tom.XXX PI. 4 3ull.de la Soc. Bot.de France V "s f ) y V 4 N^ z7 r i à Y r t b N | SN j » X A AUN { N j ( —( y C of A TN l r--3( 7 © - = SE + . | kp 7 ` i 2 y > ( Vox sk > PORC Y Y t \ Ó t i ) ) i l , i < js. E: 2 ass st { 7 ^ x ox | ) ` A x - ; / x i - i ) | i m " ( 4 { 4. 2 4 / [4 f Flahault det Lithoderma fontanun: REVUE BIBLIOGRAPHIQUE ' (JANVIER-FÉVRIER 1883). N. B. — On peut se procurer les ouvrages analysés dans cette Revue chez M. Savy, libraire de la Société botanique de France, boulevard Saint-Germain, 77, à Paris. Mémoire sur la formation de la houille; par M. C. Grand'- Eury (extrait des Annales des mines, livraisons de janvier-avril 1882). Un volume in-8° de 196 pages, avec 4 planches. M. Grand'Eury a divisé l'exposé de ses recherches et de ses opinions sur la structure et la formation de la houille en deux parties. La première partie est botanique et stratigraphique; la seconde est physique et chi- mique. Nous extrairons de cet important ensemble de faits les conclusions qui s'adressent principalement à nos lecteurs. M. Grand'Eury tient toutes les houilles pour étre entiérement d'origine végétale. Elles laissent toujours entrevoir au microscope des traces d'or- ganisation. Malgré cela, l'auteur tient pour certain que la roche houillére est de nature sédimentaire, et que la grande masse des substances végé- tales qui la forment a été amenée sous forme de débris foliaires et corticaux, de méme que sous forme de substances ulmiques, produites par la désorganisation des tissus au pied des foréts marécageuses. Tantót les écorces et feuilles se déposaient presque seules avec des fragments de bois; tantôt, et le plus ordinairement, c'était avec des parcelles et de la vase telle qu'on la trouve encore aujourd'hui dans certaines forêts tropi- cales baignées par l'eau. Il en résulte les diverses sortes de houilles bien connues des géologues. Le dépóta été plus ou moins rapide, selon l'épais- seur des fragments et le mode de stratification; mais M. Grand'Eury croit qu'on a beaucoup exagéré la durée de la formation des couches de houille. D'ailleurs,à part les Stigmaria (p. 65), il n'y a dans la houille ni souches ni racines en place ; et il est trés probable que les couches à Stigmaria se sont formées en eau profonde. Mais les terrains houillers présentent des tiges enracinées (Calamites, Calamodendron et Psaronius), qui sont encore aujourd'hui dans leur sol natal. Dans les forêts fossiles à sol mul- tiple, composées principalement de ces genres, les arbres se développaient successivement à différents niveaux dans un sol mobile sujetà une éléva- tion incessante par un apport continuel de sédiments. Les racines y appa- T. XXX. (REVUE) 1 2 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. raissent toujours peu développées, comme celles des arbres qui croissent dans un sol minéral sans humus. Pour M. Grand'Eury, la végétation houillère était plutôt assise sur le sol qu'implantée dedans. M. Grand'Eury a comparé la structure des lignites avec celle de la houille. Tout convie à croire, dit-il, que le lignite ordinaire s'est formé, dans des laes, des débris des plantes en majeure partie herbacées qui les bordaient. Sous ce rapport, il n'y aurait donc entre la houille et le lignite que la différence du temps et de la flore. On doit considérer, avec M. de Saporta, qu'il n'y a beaucoup de lignite qu’en bas du miocène et en haut de la série crétacée, c'est-à-dire à des époques de l’histoire de la terre où les plantes fossiles indiquent une température plus humide, égale et chaude qu'avant et aprés, condition qui a aussi existé à l'époque liasique et qui a été portée à sa plus haute expression à l'époque houillére. ll est permis de croire que cette condition a influé aussi considérablement sur l'importance de la formation charbonneuse. Palæontologischer Charakter der oberen Steinkohlen- formation und des Rothliegenden im erzgebirgischen Becken (Le caractére paléontologique de la formation carbonifére supérieure et du grés rouge dans les couches des Erzgebirge) ; par M. T. Sterzel (Siebenter Bericht der naturwissenschaftlichen Gesellschaft zu Chemnitz, pp. 155-270). Chemnitz, chez Karl Brunner, 1881. Ce grand mémoire contientle résumé des observations de paléontologie faites pendant les explorations entreprises pour le tracé de la carte géo- logique de la Saxe, et qui ont donné lieu à d'autres travaux de détail, publiés tant dans le Zeitschrift der deutschen geologischen Gesellschaft, que dans l'Erleuterung zur geologischen Specialkarte des Kænigreichs Sachsen. M. Sterzel a saisi l’occasion de faire une étude approfondie du terrain houiller de la Saxe, et de le comparer avec le terrain houiller d'autres points de l'Allemagne, notamment du Palatinat. Relativement à la France, il s'est appuyé, pour établir ses comparaisons, sur les travaux de M. Grand'Eury et de M. Zeiller. Au point de vue de la flore fossile, ses observations sont fondées sur une base assez large, puisqu'il a recueilli dans les couches de la Saxe 124 espèces fossiles, savoir: Filicacées, 57 ; Lyco- podiacées, 25 ; Calamariées, 25 ; Nœggerathiées, 3; fructus et semina, 13. Son mémoire se termine par un appendice important, consacré spéciale- ment à la description des espéces fossiles. Il y établit un genre nouveau et plusieurs espéces nouvelles. Son genre nouveau Dicksoniites présente pour caractéres principaux des sores dorsaux, arrondis, à l'extrémité d'une nervure, sur les bords inférieurs de la foliole, et quand celle-ci est courte, uniques sur l'auricule inférieure de ce bord inférieur recourbé. Le genre Dicksoniites est fondé sur l'ancien Pecopteris Pluckeneti, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 8 qui, dit-il « est vraisemblablement une Dicksoniée ancienne de la famille des Cyathéacées ». Parmi les espèces nouvelles, nous devons citer : Dic- tyopteris Weigeli, Neuropteris Scheiberi, Callipteridium subplebeium, Caulopteris Siegerti, Lepidophyllum subhastatum, Sphenopteris Krei- scheri ; puis, dans les grès rouges, Callipteridium Schneideri et Cordaites Liebeanus. M. Sterzel cherche à établir, comme la conclusion dominante de l'en- semble de ses recherches, que la flore carbonifére, dans la chaine des Erzgebirge, ne peut étre décomposée en couches, et qu'il est impossible d'y distinguer une zone supérieure des Fougéres et une zone inférieure des Sigillariées. Note sur la flore des Asturies; par M. R. Zeiller (Mémoires de la Société géologique du Nord, tome 1, fascicule 3); tirage à part en broch. in-4° de 22 pages. Lille, impr. Six-Horemans, 1882. Ce mémoire est fondé sur les échantillons rapportés des Asturies par M. Ch. Barrois en 1877 et sur des empreintes qui font partie de la collec- tion Paillette, déposés au Muséum d'histoire naturelle. M. Zeiller v fait d'abord des réserves surles déterminations des fossiles houillers, publiées en 1875 dans le Bulletin de la commission de la carte géologique d'Es- pagne. Il donne ensuite la liste des espèces qu'il a reconnues, en indiquant les remarques auxquelles l'a conduit l'étude de ces espéces; il termine par les conclusions suivantes : ` En résumé, les empreintes recueillies par M. Ch. Barrois établissent positivement l'existence, dans les Asturies, des deux grands étages entre lesquels se subdivise le terrain houiller. Le houiller supérieur est repré- senté à Tineo, à Lomes, à Arnao et à Ferrones : les dépóts de Tineo et de Lomes venant se placer dans l'étage sous-supérieur et vraisemblablement, tout au moins ceux de Tineo, versle haut de cet étage; ceux d'Arnao et de Ferrones occupant peut-être une position un peu plus élevée encore, c’est-à-dire le sommet méme de l'étage sous-supérieur, sinon la base de l'étage supérieur proprement dit. Le houiller moyen est représenté dans tout le bassin central... Enfin le terrain houiller inférieur, l'étage du Culm, se montre dans la Cordal de Leña, à l'ouest de Pola de Leña. Ce travail était rédigé depuis quelques semaines lorsque l'auteur a recu de M. Ch. Barrois communication d'une note manuscrite de M. Grand'- Eury, qui avait eu ces empreintes entre les mains, et avait été conduit, ‚par un examen rapide, à des conclusions stratigraphiques analogues aux précédentes (1). (1) La note de M. Grand'Eury a été publiée dans les Annales de la Société géologique du Nord, t. 1x p. 1 (1881). 4 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Ueber Medullosa elegans; par M. Schenk (Botanische Jahr- bücher für Systematik, etc. t. ut, 2° livraison, 1882, pp. 156-161). M. Schenk ne partage pas, sur la structure et surtout sur l'attribution du fossile connu sous le nom de Medullosa elegans Cotta, l'opinion de M. Renault (1), non plus que celle dé M. Gæœppert. Pour lui, le Medullosa elegans n'est pas un prototype et ne présente pas les éléments combinés de divers organismes ; et il retrouve dans la structure de ce fossile celle du pétiole des Cycadées vivantes, et notamment des genres Aulacophyllum et Macrozamia, et de l'espéce cultivée sous les noms d'Encephalartos cycadifolius ou de Zamia Ghellinkii (2). Les Sigillaires et les Lépidodendrées ; par MM. W.-C. Wil- liamson et Marcus M. Hartog (Ann. scienc. nat., 6* série, t. xxii, pp. 331-352). La lecture du Cours de botanique fossile publié par M. Renault (2, année) (3) a engagé les auteurs à étudier de nouveau les Sigillaires et les Lépidodendrées, afin de constater jusqu'à quel point les faits justi- fieraient les théses de M. Renault. Cette étude les a convaincus « de l'in- suffisance des faits qu'il rassemble, de l'inexactitude absolue de ses conclusions ». Leur mémoire tout entier est écrit, en effet, pour com- battre certaines opinions de notre savant confrére du Muséum. Il y a entre les auteurs anglais et lui des différences fondamentales d'inter- prétation, qui sont méme des différences d'éeole. L'école anglaise, fondée sur des collections différentes des nôtres, n'admet aucune distinction entre les Lépidodendrées et les Sigillaires, tandis que l'école francaise, fondée par M. Brongniart, considère les premiers comme des Cryptogames et les seconds comme des Gymnospermes. Pour MM. Williamson et Hartog, il est établi que les Sigillaires etles Lépidodendrées de la Grande-Bretagne émettaient de la base de leur tige aérienne des racines dichotomes, par- fois de dimensions gigantesques; que ces racines (Stigmaria ficoides) ne donnaient qu'une sorte d'appendices, des radicelles, sans aucun mélange d'organes foliaires; que nous ne connaissons aucun exemple de tiges aériennes produites par ces organes ; et que malgré leur structure anomale, comparée aux racines des plantes récentes, ce ne sont point des rhizomes. Dans la critique détaillée qui suit ces remarques préliminaires, MM. Williamson et Hartog se bornent aux types britanniques, qui sont, (1) Voyez le Bulletin, t. xxv1 (Revue), p. 228. (2) M. Renault a répondu à ces critiques dans son Cours de botanique fossile, 3° année, p. 163. (3) Voyez le Bulletin, t. xxvii (Revue), p. 202. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 5 disent-ils, les plus nombreux et les mieux connus. Ils s’efforcent de prou- ver que ces types ne sont pas conformes aux diagnoses de M. Renault, et de constater que, dans une grande mesure, les conclusions de l'auteur francais ne leur sont pas applicables. « De méme que les Sigillaria elegans » et spinulosa ont une structure autre que notre Sigillaria vascularis » et nos Diploxylon, les Stigmaria français ne peuvent rien prouver » d'absolu pour les Stigmaria anglais ». Cette citation exprime l'un des caractéres du différend. Bien que M. Renault ait eu plusieurs fois, depuis le commencement de ses travaux, l'occasion de critiquer les opinions de M. Williamson, ce différend n'est pas seulement personnel; élevé aussi contre unautre éléve de Brongniart, M. Grand'Eury, il se présente comme un dissentiment fondamental entre deux écoles puisant chacune leurs moyens d'informations dans des centres houillers différents, et s'appuyant, selon l'expression de M. Alph. de Candolle, sur des preuves différentes (1). Les auteurs anglais suivent pas à pas, paragraphe par paragraphe, en les contestant, les différences que M. Renault établit entre les Sigillariées et les Lépidodendrées. Ils terminent en disant que si le Stigmaria est la racine des Lépidodendrées aussi bien que des Sigillaires, il faut altribuer à ces plantes une partie souterraine à axe vasculaire unique- ment exogéne, ce qui ne leur parait nullement inadmissible. Cours de botanique fossile fait au Muséum d'histoire naturelle ; par M. B. Renault. Troisième année. In-8° de 241 pages, avec 35 planches. Paris, G. Masson, 1883. La préface de ce troisième volume est une réponse aux attaques diri- gées contre le volume précédent par MM. Williamson et Hartog. M. Re- nault revient, paragraphe par paragraphe, sur les critiques des savants anglais. Il formule ses opinions d’après les échantillons de la collection du Muséum, en insistant sur la nécessité de n’accepter comme base des des- criptions, et de ne prendre comme types que des échantillons parfaitement caractérisées par leur surface externe, pour la détermination générique et spécifique, comme par la structure interne, pour l'étude histologique. « MM. Williamson et Hartog, dit-il, ont étudié seulement les tiges de » cinq plantes fossiles, mais aucun de leurs échantillons n'a pu étre » jusqu'iei déterminé rigoureusement; à notre grand regret, nous n'en » pouvons tenir aucun compte. quand il s'agit d'accepter leurs conclu- » sions touchant les Sigillaires et les Lépidodendrées déterminées d'une » manière certaine. » Il reproduit les affirmations claires et catégoriques (1) Nos lecteurs trouveront, dans la séance du 13 avril 1883, des documents nouveaux et d une grande importance sur ce sujet controversé. 6 SOCIÉTÉ DOTANIQUE DE FRANCE. déjà données par lui d’après l'étude d'excellents échantillons, offrant une conservation suffisante aussi bien à l'extérieur qu'à l'intérieur. L'étude anatomique des Stigmaria d'Autun, de Falkenberg et de Lower foot mine lui a montré que ces Stigmaria sont des rhizomes, qu'ils ont porté des feuilles à la partie antérieure, des racines à la partie postérieure, et que leurs racines se développaient quand les feuilles commençaient à se détacher. Le cours de la troisiéme année, consacré aux Fougéres, comprend d'abord une étude générale de ces plantes et de leur répartition à l'état fossile. Ensuite M. Renault décrit les genres et espèces de Fougères fossiles qui, d'aprés la considération des organes de fructification, ont été rapportées à différentes tribus de cette grande famille. Il fait ensuite l'histoire de celles dont les rapports immédiats sont moins certains ; puis il traite des Fougéres fossiles qui constituent des tribus nouvelles ou qui me sont connues que par leurs organes végétalifs (frondes, pinnules, pétioles). Les tribus nouvelles sont surtout celle des Botryoptéridées B. Renault, dont les fructifications se trouvent placées à l'extrémité des di- visions ultimes de la fronde, et celle des Pécoptéridées. Celle-ci comprend non-seulement des genres fondés sur la forme des feuilles, mais aussi les stipes qu'on a désignés provisoirement sous les noms de Caulopteris et de Psaronius. Les fructifications connues rapprochent ce groupe du .groupe actuel des Marattiées, bien qu'il s'en écarte beaucoup par la con- figuration de ses frondes; mais il faut reconnaitre qu'on y a inséré des types singulièrement différents, que les progrès de la science obligeront -sans doute à en séparer. M. Renault a eu la bonne fortune de découvrir plusieurs formes nouvelles de fructifications de Pecopteris, annonçant -des genres nouveaux, et lui-même reconnait implicitement la nécessité de la révision future que nous prévoyons, en déclarant qu'il ne eroit pas -cette étude suffisamment avancée pour une classification définitive. Les Prepecopteris de M. Grand'Eury, dont les capsules isolées ou partielle- ment soudées ont un connecticule disposé en forme de calotte, lui paraissent notamment rapprochés des Schizéacées. Certaines pinnules de Scaphidopteris, genre trouvé dans des gisements silicifiés de Saint- Étienne etd'Autun, et qu'il comprend parmi les Pécoptéridées (caractérisé par des loges sporiféres allongées dans le sens de la nervure et plongées dans le parenchyme), lui ont offert à l'extrémité des nervures des organes aqui- fères dont la turgescence peut avoir joué un rôle important dans l'écartement -des bords des loges sporifères, et avoir aidé à la dissémination des spores. Ces organes aquifères, ouverts à la surface du limbe et en forme de bou- 'teille, ne sont pas sans quelque ressemblance avec des archégones. « Si » cette ressemblance était réelle, certaines Fougères de l'époque houil- » lére auraient eu un mode de reproduction plus simple que celui des v REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 7 » Fougères vivantes, le prothalle actuel n’existant pas pour elles, et des » pinnules aériennes charnues auraient porté à la fois les archégones et les anthéridies. » Les Nevropteris, comme les anciens Pecopteris, consti- tuent encore un groupe peu homogéne; témoin les sores figurés par M. Heer pour le N. flexuosa, et par M. Renault pour le N. Loshii. Les Dictyopteris (1), d'aprés une observation de M. Zeiller, ont les sporanges analogues à ceux du Pecopteris polymorpha, ev,loin de rentrer dans le type des Marattiées, constituent une tribu spéciale par le mode de déhis- cence de leurs grandes capsules. La meilleure manière de profiter du travail et de l’enseignement de M. Renault, est d'examiner avec soin les belles planches lithographiées sous sa direction par M. Boirin, attaché au laboratoire de botanique, et dont l'esquisse est distribuée à ses auditeurs, à chaque lecon, par M. Granjon, préparateur. C'est particulièrement nécessaire pour com- prendre les types fossiles qui ne sont pas encore identifiés avec les tribus ou les genres actuellement vivants. Il semble que cet examen doive diminuer la part prépondérante que l'on est habitué à faire, dans l'ensemble des Fougères fossiles, aux Marattiées, qui, selon M. Renault, n'ont pas été rencontrées plus bas que le trias. On arrivera ainsi à rappro- cher les Lomatopteris des Cheilanthées, les Cycadopteris des Pellea, les Glossopteris des Antrophyum par leur forme et leur réseau, et le Nevropteris Loshii des Antrophyées, à cause de linelusion de ses sporanges dans une gouttière profonde de la fronde; les Scleropteris de certains Nephrodium à fronde coriace, les Callipteridium des Glei- chenia, le Sphenopteris Hanighausi des Odontoloma, le Sph. trida- ctylites des Trichomanes, les Diplothmema des Darea, etc. Observations sur quelques cuticules fossiles ; par M. R. Zeiller (Ann. sc. nat. 6° série, t. xii, pp. 217-238, avec 3 pl.). Ce mémoire de M. Zeiller doit étre rapproché des communications que ce savant confrére a faites à la Société, dans les séances du 10 décembre 1880, du 28 janvier et du 22 juillet 1881. Les sujets traités à nouveau sont éclaircis par des planches faites pour les Annales et par quelques documents complémentaires. Dans notre Bulletin, M. Zeiller émettait cette opinion que le genre Bothrodendron, auquel il attribue les cuticules fossiles de Tovarka, devait étre enlevé aux Lycopodiacées pour étre placé (1) Il est assez curieux de noter, comme une preuve de l'indépendance avec laquelle travaillent quelquefois les paléontologistes, qu'en regard du genre de Fougères fossiles Dictyopteris Gutbier, se trouve le genre de Fougères vivantes Dictyopteris Presl, et qu'au Dictyopteris Brongniarti Gutbier, du terrain houiller supérieur, correspond (par le nom seulement) le Dictyopteris Brongniartii (Polypodium Brongniartii Bory), de la Malaisie. . 8 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dans les Gymnospermes. Il revient sur cette opinion, l’examen attentif des cicatricules latérales de la cicatrice foliaire lui ayant montré qu'elles sont réellement punctiformes comme celles des Lépidodendrées, et non pas allongées ou arquées comme celles des Sigillaires. De plus, dit-il, les grandes dépressions à contour circulaire n'ont leurs analogues que dans les Lépidodendrées, parmi les Ulodendron, et, d'aprés une observation récente de M. B. Renault, chez certains Lepidophloios, genre dont les liges sont trop bien connues dans leur structure anatomique, pour qu'on puisse songer à les écarter des Lépidodendrées. On Lepidophloios, à genus of carboniferous Plants ; par M. Macfar- lane (Transactions of the Botanical Society of Edinburgh, t. xiv, pp. 181-190, tab. 7 et 8). M. Stur avait réuni les genres Ulodendron et Lepidophloios au genre Lepidodendron. M. Mac Farlane combat cette opinion. Il a examiné principalement le Lepidophloios laricinus, abondant dans le calcaire carbonifére de Lothian et de Fife ; il lui réunit comme de simples formes le L. tetragonus Dawson et le L. quadratus Schimp. Cette espèce est caractérisée par l'angle presque droit des bifurcations dichotomiques. Parmi ses rameaux, dont l'épaisseur est environ de deux pouces anglais, il en est qui sont munis de petites protubérances disposées en quinconce : ce sont ceux qu'on a baptisés du nom spécial d'Halonia; les rameaux dépourvus de protubérances se trouventsur le méme échantillon que ceux qui en sont pourvus. Déjà M. Dawson avait regardé les Halonia comme des rameaux fertiles de Lepidophloios ; MM. Dawes, Binneyet Williamson ont trouvé que la structure anatomique est la méme dans les deux cas. Aussi M. Schimper a-t-il pensé que ces protubérances, dans lesquelles pénétrent des cordons venant du cylindre fibro-vasculaire central, corres- pondent au point d'attache des fruits. Or M. Mac Farlane a trouvé dans le calcaire carbonifère des cônes qu'on peut distinguer de ceux du Lepido- dendron Veltheimianum, longs de quatre pouces et demi, épais de 6 mil- limétres, portés sur un pédoncule long de plus d'un centimétre, dont la coupe est elliptique-rhomboidale et offre trois faisceaux; ila vu ces cônes en relation avec des rameaux de Lepidophloios. Dans leur jeunesse, on pourrait les confondre avec des Cardiocarpa. Leurs écailles sont lan- céolées, avec une nervure médiane et des sporanges à la base interne. Étude sur la flore de l'oolithe inférieure aux environs de Naney; par MM. Fliche et Bleicher (extrait du Bulletin de la Société des sciences de Nancy, 1881); tirage à part en brochure in-8° de 50 pages. Les terrains jurassiques moyens ont fourni en Lorraine de belles em- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 9 preintes végétales qui ont rendu classiques les localités de Gibeaumeix et de Saint-Mihiel. L’oolithe inférieure, où abondent les fossiles animaux dans cette partie de la France, n’avait rien révélé de la flore terrestre contemporaine de ces fossiles. L'un des auteurs a été assez heureux pour rencontrer, au commencement de l'année derniére, une couche riche en débris végétaux dans les terrains de cet àge, sur le plateau de Haye, au lieu dit les Daraques de Toul, à 5 kilomètres de Nancy; ils l'ontretrouvée depuis dans une autre localité. Malheureusement les débris végétaux, ren- fermés dans une couche de 5 centimètres au plus d'épaisseur, sont en mauvais état; ils ont dà séjourner longtemps dans la mer avant leur enfouissement. Ils sont aussi peu nombreux : un rhizome de Fougére, deux empreintes d'Equisétacées, de nombreux restes de Cycadées et de Coniféres, et deux ou trois empreintes rapportées aux Monocotylédones. Parmi les Conifères, les auteurs ont reconnu les genres Pachyphyllum, Araucaria, Pinus, Elatides, des écorces et des chatons d'Abiétinées, une écaille de Leptostrobus (Taxinée), un fragment de feuille d'une Salisburiée. Berättelse afgifven till kongl. Vetenskaps Akademien, om en med understöd afallmänna medel utfird vetenskaplig resa till Schweiz och Tyskland (Compte rendu, fait à l’Académie royale suédoise des sciences, d'un voyage scientifique en Suisse et en Allemagne exécuté aux frais de l'Etat); par M. A.-G. Nathorst (Üfversigt af Vet. Akade- miens Fürhandlingar, 1881, n° 1, pp. 61-84, avec une planche). Le principal résultat du voyage scientifique, ou plutót paléontologique, de M. Nathorst, est de faire connaitre d'une maniére un peu plus exacte la flore fossile du Keuper et celle de l'étage rhétien, qui, d’après lui, dérive immédiatement de la précédenté. Il décrit et figure un Conifére nouveau, Cyparissidium Heeri Nath., et consigne plusieurs identifications intéres- santes. D’après lui, le Cladophlebis Resserti Presl a parfois les divisions dentées, et se confond par conséquent avec le C. nebleensis Brongn. Il nomme Rhizomopteris Schenkii le fossile connu sous le nom de Dictyo- phyllum, et rattache à cette espèce le Nilssonia polymorpha Schenk, et aussi le N. brevis, tandis que pour lui le Pterophyllum Münsteri Gæpp. est un véritable Nilssonia extrémement voisin du N. compta de l'oolithe; aussi un Nilssonia, l'Anomozamites Schaumbergensis du Weald-Clay. Enfin le Dewalquea Haldemanniana Sap. et Mar. serait identique au Cycadites Nilssoni Brongn., et devrait par conséquent porter le nom de Dewalquea Nilssoni Nath. Fossile Pflanzen der blauen Erde; par M. A. Caspary (Sitzungsberichte der physikalisch-ækonomischen Gesellschaft zu . Kanigsberg, 1881, pp. 22-31). Il s'agit dans ce mémoire des fossiles conservés dans les résines fossiles, 10 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. telles que le suecin et divers bitumes, qui ont l'avantage d'offrir aux recherches des parties végétales fort bien conservées. M. Caspary a pu examiner ainsi dix espèces de Chênes fossiles, des inflorescences d'espèces éteintes de Castanea, de Myrica, d'Acer et d’Ilex, méme une fleur de Pittosporée décrite sous le nom de Billardierites longistylus. Ces espèces, avec deux Osyris et le Thuites lamelliformis Casp., constituent la flore du sucein. Le bitume noir (Schwarzharz) a fourni à M. Caspary le Pinus Kunowii (1). Dansle bitume brun (Braunharz), il a observé des fragments du Sequoia Sternbergii Gapp.; le Carpolithus paradoxus Casp., fruit à trois loges qui est vraisemblablement celui d'une Monocotylédone ; une feuille attribuée avec doute aux Protéacées sous le nom de Proteacites pinnatipartitus, et des fragments rapportés par lui aux genres Zamites, Alethopteris et Phyllites. Ueber einen neuen böhmischen Carpolithen ; par M. K. Feist- mantel (Sitzungsberichte der K. bühmischen Gesellschaft der Wis- senschaft, février 1881, 8 pages et une planche). L'auteur pense que beaucoup de fruits et de graines fossiles sont les représentants de plantes qui ne sont conservées par aucun autre de leurs organes. C'est ce qu'il pense notamment du nouveau fruit fossile qu'il décrit dans cette note et qu'il peut à peine distinguer du genre Rhabdo- carpum de Goeppert. Il a trouvé quatorze de ces fruits sur une seule plaque d'argile schisteuse, et suppose qu'ils ont pu appartenir à une inflo- rescence. Die Flora der bóhmischen Kreideformation (La flore de la formation crétacée en Bohème); par M. J. Velenovsky (Beiträge zur Palæontologie Ósterreich-Ungarns, hersgg. von E.-V. Mojsico- vics und M. Neymayr, t. 11 (1882), 1°° livr. pp. 8-32, tab. 3-8). L'auteur, dans ce mémoire qui ne contient que la premiére partie de ses recherches, s'est occupé des Crednériées et des Araliacées. Il regarde les Crednériées, dont ou ne posséde ni fleurs ni fruits, pour un ordre spé- cial trés voisin des Morées, et pense que les genres Aspidiophyllum et Protophyllum, trouvés dans la craie de l'Amérique du Nord (2), sont trés voisins des Crednériées d'Europe. Les Credneria de Bohéme sont au nombre de cinq, tous nommés par l'auteur : C. bohemica, C. rhomboidea, C. levis, C. arcuata et C. superstes, celui-ci se trouvant dans les couches (a) C'est le naturaliste Kunow qui, en 1867, a fait connaitre ces bitumes fossiles. découverts par lui dans la « terre bleue ». (2) La flore crétacée. de l'Amérique du Nord a été étudiée particulièrement l'an der- nier par M. Hemberg (voyez le journal anglais Nature, 1881, n° 609, pp. 191-192). REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 11 supérieures de l'étage, mélé à des formes tertiaires, et n'appartenant peut- étre pas au genre. Les Araliacées décrites et figurées par l'auteur sont les suivantes : Cunonia partita Vel., Aralia chlomekeriana Vel. (trouvé dans les cou- ches de Chlomeker), A. formosa Heer, A. anisoloba Vel., A. triloba Vel., A. Kowalewskyana Sap. et Mar., A. minor Vel., Hedera primor- dialis Sap., H. credneriæfolia Vel., intermédiaire entre l'espéce précé- dente et l'Aralia transitiva Vel. Beitrüge zur Kenntniss fossiler Coniferen-Hôlzer (Recher- ches sur les bois de Coniféres fossiles) ; par M. J. Felix (Botanische Jahrbücher, t. 111, 3* livr. pp. 260-340, avec une planche). Ce travail a été fait principalement sur la collection Hohenegger, qui se trouve au musée paléontologique de Munich. Il vient dans l'ordre chronologique aprés ceux de M. Conwentz (1). L'auteur y examine suc- cessivement, par succession stratigraphique, les bois du dyas, du terrain jurassique, de la craie et du terrain tertiaire. Le mémoire se termine par quelques mots sur des bois constatés dans les sables du diluvium. Ainsi qu'on le devine facilement, le mémoire de M. Felix s'appuie principalement sur les monographies classiques de M. Goeppert. Note sur les Sphenozeamites; par M. B. Renault (Archives botaniques du nord de la France, publiées par M. Ch.-Eug. Bertrand, cahier de mars 1881, pp. 180-184, avec une planche). Le genre Sphenozamites n'était connu jusqu'ici que des terrains secon- daires, savoir depuis l'oolithe de Mamers jusqu'au Weald-clay de Witby. M. Renault en décrit une espéce nouvelle provenant des couches beaucoup plus anciennes du dyas de Lally, prés d'Autun. Cette nouveauté se dis- tingue du type classique, le Sph. undulatus Sternb., par les folioles atténuées à la base, de manière à constituer presque un pétiole. M. Re- nault la nomme SpA. Rochei, en l'honneur du naturaliste qui l'a décou- verte. Comme d'autre part, selon lui, le Neggerathia foliosa, du calcaire carbonifère moyen, se rapproche des Sphenozamites, il se trouve que le Sph. Rochei comble une lacune entre certains types houillers et les Za- mites du terrain secondaire. A cóté de ces types se trouve celui du Ptero- phyllum, déjà observé dans le dyas, et que M. Renault a trouvé éga- lement dans le calcaire carbonifère supérieur. Il faut observer que ces Pterophyllum, à l’état d'empreintes de feuilles, se trouvent en méme (1) Voyez cette Revue, t. xXxvIi, p. 156, et t. XXVIII, p. 170. Voyez aussi une note de M. Schenk, t. XXVIII, p. 97. 12 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. temps que les tiges silicifiées qu'il a nommées Cycadoæylum, et dont la structure correspond à celle des Cycadées vivantes. Examen de la flore fossile des couches de charbon du Tong-King ; par M. R. Zeiller (extrait des Annales des mines, sept.-oct. 1882) ; tirage à part en brochure in-8* de 56 pages, avec 3 planches. Paris, Dunod, 1882. | Ce mémoire contient dans toute leur étendue les recherches dont un extrait a été imprimé dans les Comptes rendus et analysé ‘dans cette Revue, t. xxix, p. 101. M. Zeiller y décrit et presque toujours y figure les empreintes végétales qui en ont été la base. Il entre dans tout le détail de synonymie et de discussion nécessaire pour établir la détermination de chaque espéce. Aprés cette exposition, il applique les documents acquis à la fixation du niveau géologique, et compare la flore fossile du Tong- King à celles des contrées et des étages qui la rappellent le mieux. Il termine par des conclusions dont nous avons déjà reproduit l'essence, mais dont nous voulons retenir le passage suivant : « Il n'est pas sans in- térét, aprés avoir reconnu la présence, dans la région sud-asiatique, des types habituels du rhétien d'Europe, de rappeler que c'est dans cette région ou sur ses confins (1) que se retrouvent aujourd'hui plusieurs des formes végétales qui paraissent le plus étroitement alliées à ces types an- ciens, pour ne parler du moins que de la classe des Fougères... Je citerai notamment les Dipteris, auxquels les Clathropteris semblent se rattacher par leur port et leur nervation, et dont il faut peut-étre rapprocher aussi les Dictyophyllum, avec leurs frondes palmées et presque peltées (2) ; les Matonia, avec lesquels les Laccopteris (non encore observés, il est vrai, au Tong-King) ont une si frappante ressemblance par le mode de découpure de leurs frondes comme par la disposition et l'organisation de leurs sporanges ; enfin, les Angiopteris et les Marattia, prés desquels viennent, selon toute vraisemblance, se placer une partie des Tæniopteris rhétiens ou jurassiques (3). (1) Voyez le Bulletin, t. xxvi (Revue), p. 58. Dans l'article auquel nous renvoyons, M. Heer traitait, il est vrai, de la flore tertiaire. Les données de M. Heer sont encore fortifiées par l'étude que M. Schenk a publiée récemment dans les Botanische Jahrbücher de M. Engler, t. 111, 4° livraison, 1882, pp. 353-358, et dans laquelle il est établi qu'il existe dans les formations tertiaires de l'Inde des bois fossiles analogues par leur struc- ture aux bois d’Araucaria et de Dammara. (2) Voyez tome xxvt (Revue), p. 82. (3) Aux exemples intéressants de Fougéres actuelles de l'Asie méridionale alliées à des formes anciennes de la méme région, il est probable qu'il faut en joindre un autre, en comparant les Glossopteris aux Selliguea. On sait que la méme espèce de Selliguea, selon son développement, peut présenter des sores allongés ou une succession de sores punctiformes formant une série, et qu'à cause de cela plusieurs espèces de ce genre ont été placées indüment dans le genre Polypodium. Si la comparaison était vraie, elle expliquerait pourquoi on rencontre dans le genre Glossopteris précisément ces deux formes de fructifications, en apparence si dissemblables. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 13 Ueber die versteinerten Hölzer von Frankenberg in Sachsem (Sur les bois pétrifiés de Frankenberg en Saxe); par M. J. Felix (Berichte der naturforschenden Gesellschaft zu Leipzig, séance du 9 mai 1882) ; tirage à part en brochure de 4 pages. L'auteur a trouvé dans le grés rouge inférieur de Gersdorf, prés de Frankenberg, des bois silicifiés qui appartiennent à deux espéces. L'une est l’ Araucarioxylon saxonicum Felix, l'autrele Cordaioxylon Brand- lingi Felix, qui a la structure de la tige des Cordaites décrite par M. Re- nault. Cette derniére espéce parait encore se retrouver à Altendorf, prés de Chemnitz, et à Potsberg, prés de Wolfstein, dans le Palatinat. Déjà M. Sterzel avait fait remarquer que le cylindre médullaire de l'Arauca- rioxylon medullosum, mis à nu, répond ‘parfaitement à la moelle des Cordaites. Forudtskickadt meddelande om tertiñrfloran viel Nan- gasaki på Japan (Exposition préliminaire de la flore de Nan- gasaki au Japon); par M. A.-G. Nathorst (Geologiska Füreningens i Stockholm Förhandlingar, t. v, n^ 12, pp. 539-551). Les fossiles qui font le sujet de cette étude ont été rapportés du Japon par M. Nordenskjöld. Ils sont empâtés dans une argile blanche et brillante recouverte de tufs volcaniques assez puissants, et ont été trouvés sur le bord de la mer. Ils ne renferment aucune Fougeére, et en fait de Coniféres un simple fragment du Sequoia Langsdorffii Brongn., déjà constaté au Spitzberg. Les Monocotylédones ne sont représentés que par une feuille d'Arundinaria. Aucun fruit de Dicotylédone, mais de nombreuses em- preintes de feuilles. Celles d'un Fagus forment les 9/10*: de l'ensemble ; elles rappellent beaucoup celles du F. ferruginea Ait., et peuvent mériter le nom de F. ferruginea var. pliocenica. Sur deux espèces de Chéne, l'une ressemble de prés au Quercus glauca Thunb. Sur deux Juglandées, l'une a les feuilles du Juglans regia, l'autre rappelle le Pterocarya rhæifolia Sieb. et Zucc. On rencontre encore des feuilles d'un Carpinus, des traces des genres Myrica, Salix et Betula. Les Ulmacées offrent un Zellkova qu'on ne saurait distinguer du Z. Keakii Sieb., et l'Aphananthe aspera Planch. Peut-étre doit-on signaler encore un Celtis et deux Laurinées, voisines l'une du Lindera glauca, l'autre du Litsæa dealbata. Les Styracées offrent le Styrax japonicum, et une espèce voisine du Clethra barbinervis Sieb. et Zucc. Le genre Liquidambar a deux types, qui rappellent l'un le L. styraciftuum et l'autre le L. Taiwanense de Formose. Signalons encore, outre des représentants des genres Corylopsis, Deutz ia, Philadelphus, Prunus, Tilia et Clematis, Acer Mono Maxim. var. pliocenicum, el un autre Acer voisin de l'A. palmatum Thunb. 14 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Ces faits démontrent que l'agglomération de ces plantes s'est faite au voisinage d'une localité boisée d’un caractère en général plus septen- trional que ne l'a aujourd'hui la flore de Nangasaki. Cela pouvait tenir à l'élévation relative du pays dans lequel vivaient ces végétaux sous le climat pliocène de l'ancien Japon, et dont le dépôt a pu être descendu par un affaissement au niveau de la mer; d'autant que les flores miocènes de Sachalin et d'Alaska montrent que pendant la période miocène le climat du Japon était méme un peu plus chaud qu'à l'époque actuelle. M. Nathorst nous parait avoir attribué le caractére tempéré de la flore fossile de Nan- gasaki à l'influence de la période glaciaire, étendue jusque dans le sud du Japon, mais il lui aurait fallu pouvoir déterminer d'une manière plus précise l'époque de cette flore. On pourrait lui objecter la conservation . actuelle des types subtropicaux du Japon méridional. Il répond par une supposition, c'est qu'un continent ou une grande ile a relié jadis le sud du Japon à des terres plus méridionales par lesquelles ces types ont pu remonter vers le nord aprés la disparition des phénoménes de la période glaciaire. M. Engler (Botanische Jahrbücher, 1. 111, p. 247) incline au contraire à penser que les types subtropicaux du Japon méridional y ont été portés du Nippon par les froids de la période glaciaire. C'est une autre hypothése. Ce que démontre le mieux le mémoire de M. Nathorst, c'est que pour étudier avec fruit la flore fossile du Japon, il faut avant tout fort bien connaitre la flore actuellement vivante de celte partie du monde (1). Prahistorische Pflanzen aus Ungarn (Plantes préhistoriques de Hongrie), par M. Staub. Ce mémoire, publié en allemand dans les Botanische Jahrbücher de M. Engler, t. 11, 3° livr., pp. 281-287, n'est qu'un extrait de l'ouvrage important de M. le baron E. Nyari, publié en langue madgyare, en 1881, par l'Académie hongroise des sciences, et relatif aux cavernes à stalactites de Baradla, situées prés d'Agytelek, dans le comitat de Gómór. M. Nyari a considéré ces cavernes comme un cimetière préhistorique. A côté de chacun des squelettes humains trouvés dans ces cavernes et près de la (4) Nous avons fait connaître ce mémoire à l'aide du résumé allemand que M. Na- thorst lui-méme en a rédigé dans les Botanische Jahrbücher. Les Annales des sciences naturelles en ont dernièrement publié un autre, beaucoup plus détaillé, rédigé d’après une traduction du texte suédois par M. A. de Saporta, et dans lequel se trouvent d'impor- tantes notes critiques de M. le marquis G. de Saporta. Ce savant fait remarquer avec beaucoup de raison combien, dans l'état encore précaire de nos connaissances, les in- terprétations tirées des documents fossiles sont encore diverses et contradictoires. « Cette , diversité, dit-il, est elle-même un enseignement : elle fait voir à quel point on doit se garder de conclure prématurément à propos de faits trop récemment observés, et sut- tout trop peu nombreux, pour inspirer une entière confiance. » REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 15 tète gisait un pot rempli de graines, dont la nature prouve que les habi- tants de ces cavernes pratiquaient l'agricullure. Ces graines, parfois bien conservées, d'autres fois toutes carbonisées, ont été examinées par M. E. Deininger, qui a reconnu parmi elles le Triticum vulgare, le T. monococcum, le Panicum miliaceum ; un Hordeum qui se rapproche de celui que M. Heer a nommé Hordeum hexastichum sanctum ; le Lathyrus sativus, le Vicia Faba, le Pisum sativum (variété à trés petites graines), l'Ervum Lens; le Camelina sativa, à petites graines aussi, mais très abondant. La présence de cette graine huileuse, dans l'agriculture de cetle population préhistorique, est d'autant plus intéressante, que le Lin parait lui avoir manqué. Outre ces plantes cultivées, les dépôts de graines ont indiqué la ‘présence de plusieurs plantes sans intérêt économique, entre autres de l'Hibiscus Trionum L. Il est fort à remarquer que parmi ces graines, qui accompagnaient celles des espéces cultivées, on ne trouve aucune trace de Agrostemma Githago ni du Centaurea Cyanus. Les résultats énoncés dans ce mémoire doivent étre soigneusement rapprochés de ceux qu'on doit à M. Heer, à M. Sordelli et à d'autres savants soigneusement cités dans l Origine des plantes cultivées de M. de Candolle, p. 5, ainsi que des constatations faites dans les fouilles du sol de la Troade par M. Schliemann, et dont M. Wittmack a plusieurs fois déjà entretenu la Société de botanique du Brandebourg (1). On Central-Africam Plants collected by Major Serpa Pinto ; par MM. de Ficalho et P. Hiern (Transactions of the Linnean Society, 1'* série, t. 11 (1881), 36 pages et 4 planches). Les plantes qui ont faitle sujet de ce mémoire ont été recueillies par M. le major Serpa Piuto en 1878 sur le cours supérieur du Winda, un affluent du Zambèze, sur le côté occidental du haut plateau (1150 mètres environ). Le climat est dans ces pays trés sec pendant sept à huit mois, très humide pendant deux ou trois autres mois. Le terrain prédominant est leterrain métamorphique. Cette collection ne se monte qu'à 65 espèces, dont 25 Graminées, 10 Cypéracées, 9 Légumineuses, 4 Composées, etc. Elle est trop peu nom- breuse pour prêter à une conclusion importante de botanique géogra- phique. Les espéces qu'elle contient se retrouvent en partie dans l'Afrique tropicale, partie dans l'Afrique extratropicale. (1) MM. Ascherson et Wittmack ont aussi eu l'occasion de s'occuper des restes de végétaux trouvés dans les cavernes de Baradla (voyez les publications de la Société berlinoise d'anthropologie, d'ethnologie et d'histoire primitive, séance du 21 juillet 1871). 16 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Catalogus plantarum vascularium chilensium adhuc descriptarum ; par M. F. Philippi. In- 8° de 377 pages. Santiago de Chile, 4881. ` Nous empruntons aux Botanische Jahrbücher de M. Engler quelques détails sur ce mémoire que nous n’avons vu nulle part en France, et que son auteur aurait dû avoir quelque intérêt à répandre. Il a paru dans les ‘Annales de l'université du Chili. Il commence par l’énumération des “botanistes qui ont recueilli ou décrit des plantes du Chili. Vient ensuite un catalogue dressé suivant la série Candollienne. Dans l'intérieur des genres sont mentionnées alphabétiquement les espèces, avec la biblio- graphie et les synonymes, mais sans l'indication d'aucune localité. Les “espèces sont au nombre de 5358. Les genres les plus riches sont les sui- vants : Senecio avec 219, Adesmia avec 134, Oxalis avec 82, Calan- drinia avec 18, Solanum et Chloræa avec 64, Carex et Valeriana avec 60, Baccharis avec 56, Haplopappus avec 53, Alstræmeria avec 51, Viola avec 48, Plantago avec 41, Eritrichium et Escallonia avec 43, Gnaphalium, Verbena et Poa avec 41, Ranunculus, Cristaria et Mu- tisia avec 40 espèces. Upon the Development of the cortex in Chara; par M. T.-F. Allen (Bulletin of the Torrey botanical Club, t. 1x, 1882, pp. 31-41, avec 8 planches). M. Allen se sert du mode de développement de l'écorce des Chara comme d'un nouveau moyen pour classer les espéces de ce genre, qu'il répartit en huit catégories. Dans la premiére, sont les espéces dépourvues de tubes corticaux, dont la tige reste nue (Chara coronata Ziz). Dans la deuxième, il existe un tube cortical unique, qui est si petit, qu'il ne parvient pas à en joindre le tube émané de la feuille voisine (Chara inconnexa Allen). Dans la troisième, on voit quelques nœuds corticaux développer des épines, mais non pas encore des tubes secondaires ; les tubes primaires se rejoignent et entourent complétement la tige (Chara crinita Wallr.). Dans la quatrième, quelques tubes corticaux montrent le développement partiel de tubes secondaires (Chara evoluta Allen). Dans la cinquième, quelques tubes corticaux développent une seule cellule secondaire, qui devient aussi longue que la cellule primaire, mais qui est d’un plus petit diamètre (Chara excelsa Allen, Chara intermedia Al. Br., Ch. con- traria Al. Br.). Dans la sixième, quelques tubes développent ‘seulement ‘une cellule corticale latérale, qui devient plus large que la cellule pri- maire et la couvre par tiellement, de sorte que la cellule primaire semble située au fond d’un sillon (Chara fœtida Al. Br.). Dans la septième, on REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 17 voit certaines cellules corticales émettre une cellule latérale parfaite, et une autre imparfaite (Chara aspera Willd.). Dans la huitième, les cellules latérales émises ainsi sont parfaites toutes deux (Chara fragilis Desv., Ch. gymnopus Al. Br.). M. Allen développe ces considérations en les appliquant à la descrip- tion de trois espèces américaines nouvelles : Chara inconnexa, Ch. evoluta et Ch. excelsa. Recherches sur les Cycadées; par M. Melchior Treub (Annales du Jardin botanique de Buitenzorg, 1881, pp. 32-53, et Ann. sc. nat. 6* série, t. xir, pp. 212-232, avec 7 planches). M. Treub s'occupe dans ce mémoire du développement des sacs polli- niques du Zamia muricata, puis de celui de l'ovule et du sac embryon- naire dans le Ceratozamia longifolia. Vient ensuite le chapitre des conclusions, auquel nous empruntons ce qui suit, en respectant, bien eutendu, le vocabulaire de l'auteur, qui est en partie celui de M. Warming (1). Chaque écaille du cóne femelle, dans le Ceratozamia longifolia, porte deux lobes sporangiféres, qui donnent naissance chacun à un macrosporange. On distingue le macrosporange à l'intérieur du lobe avant qu'aucune différenciation soit visible à l'extérieur. Dans chaque macrosporange, on reconnait plus tard une couche pariétale externe, une couche pariétale interne de plusieurs assises, et les cellules repro- . ductrices, ou cellules-méres primordiales. Chez le Ceratozamia, il n'y a qu'une seule cellule-mère primordiale, et celle-ci ne se divise pas ulté- rieurement; elle produit une macrospore unique de la méme manière que se forme le sac embryonnaire en général. Le macrosporange des Cycadées, développé à l'intérieur du lobe sporangifére, est parfaitement homologue à un sporange d'Ophioglossum. Quant au nucelie et au tégument, ce seraient des créations nouvelles, dont on ne trouve pas d'homologues chez les Cryptogames. Les Cycadées étant les plus anciennes des Phanérogames, il était naturel que M. Treub cherchàt l’analogie de leur structure parmi les Cryptogames. Il compare le sporange de l'Ophioglossum et le macro- sporange du Ceratozamia; lhomologie entre les deux n'est pour lui pas douteuse. D'un autre cóté, pour comprendre le passage des Cycadées aux Phanérogames, il s'agirait, suivant lui, de se représenter la transition d'un lobe sporangifére, portant nucelle et tégument, à l'ovule des Angiospermes. Ilse pourrait, dit-il, que petit à petit la formation du nucelle et du tégument eût devancé la production du macrosporange; en méme temps (1) Voyez le Bulletin, t. xxv (Revue), pp. 127 et 170. T. XXX. (REVUE) 2 18 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. les cellules-méres des macrospores auraient dù monter dans le nucelle: de la sorte, le lobe sporangifère eùt été réduit au mamelon ovulaire des Angiospermes, tandis que l'unique cellule-mére de macrospore aurait fini par prendre naissance dans l'assise sous-épidermique du nucelle. Mais M. Treub ajoute qu'on ne doit sans doute pas considérer les Gymnospermes actuels comme reliant directement les Angiospermes -aux Cryptogames vasculaires. D'un autre côté, il fait remarquer que les phases transitoires sus-indiquées existent en partie dans les Coniféres et les Gnétacées, comme on le sait par les belles recherches de M. Stras- burger. Ainsi, quant au développement de l’ovule, les Abiétinées se rapprochent beaucoup des Cycadées, tout en se rattachant aux Gnétacées par l'intermédiaire du Thuia occidentalis, du Taxus baccata et du Gingko biloba. Le développement du sae embryonnaire se fait dans les Gnétacées à peu prés comme dans les Angiospermes. Observations sur les Loranthacées ; par M. Treub (Annales du Jardin botanique de Buitenzorg, vol. m, pp. 54-76, et vol. 11, pp. 1-12; et Ann. sc. nat. 6° série, t. xit, pp. 250-282, avec 8 pl.). M. Treub trace d'abord une esquisse historique, puis il décrit l'em- bryogénie du Loranthus sphærocarpus Bl. et celle du Viscum articu- latum Burm. Sur la première plante, M. Treub, en présence des hypothèses diffé- rentes qui ont été émises, pense que la seule soutenable est que la région axile du mamelon constitue un placenta, et que les trois ou quatre segments latéraux libres qui se produisent sont des ovules rudimentaires. La pluralité des cellules-méres de sacs embryonnaires, dans chaque segment, empéche d'assigner, selon lui, le rang d'ovules aux sacs em- bryonnaires. Cette hypothèse se trouve singulièrement appuyée par ce qui a lieu dans la famille voisine des Santalacées. Tandis que les Thesium peuvent servir de type pour ces Santalacées où les ovules sont insérés vers le sommet de la colonne placentaire centrale, le genre Santalum se rapproche déjà ‘plus des Loranthus, en tant que ses ovules, dépourvus de téguments comme ceux de toutes les Santalacées, sont insérés près de la base du placenta. En comparant des fleurs adultes, on serait tenté d'identifier le gynécée du Loranthus sphærocarpus, du moins quant à l'essentiel, avec celui du Viscum articulatum, à part l'inégalité dans le nombre des sacs embryon- naires. Cependant les deux cas sont bien différents. Chez les Viscum suf- fisamment étudiés jusqu'ici, la dégradation est bien plus profonde encore que chez les Loranthus, car non-seulement on n'y trouve plus de pla- ; centa, mais il n'y a plus méme d'ovules. On se voit obligé de dire avec ‘M. Van Tieghem : l'ovule n'existe pas; il n'y a que des sacs embryon- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 19 naires. Ce qui mérite d’être signalé, c'est que les cellules-méres des sacs embryonnaires chez le Viscum articulatum tirent leur origine de l'assise sous-épidermique, comme c'est la régle générale lorsqu'elles naissent dans des ovules d'Angiospermes. Ce caractère s'est conservé malgré la dégra- dation intrinséque. Le Viscum articulatum est descendu à un degré plus bas encore que le Gui. Chez ce dernier, il y a encore un certain rap- port entre les sacs embryonnaires et les carpelles. Chez le Viscum arti- culatum, le nombre et la disposition des sacs ne dépendent plus du tout des feuilles carpellaires, pas plus dans leur nombre que dans leur position. Beiträge zur Kenntniss der Pollenentwickelung der Cycadeen und Coniferen (Recherches sur le développement du pollen chez les Cycadées et les Coniféres) ; par M. L. Juranyi (Bota- nische Zeitung, 1882, n" 47 et 48). L'auteur a publié, il y a quelques années, dans les Jahrbücher de M. Pringsheim, un mémoire sur le développement du pollen dans le Ceratozamia longifolia, et, relevant dans le mémoire de M. Treub des passages qui contredisent son opinion, il en a pris sujet d'écrire la note que nous signalons et qui est à son tour une critique de certaines opinions et de la rédaction de M. Treub. Malgré cela, il y a quelque concordance sur des points importants. M. Treub avait écrit: « D’après ce que j'ai vu » dans le Zamia muricata , il n'y aurait pas du tout production libre » d'une enveloppe de cellulose autour des jeunes grains de pollen. Ce » qu'on nomme membrane propre du grain ne serait que la couche in- » terne s'épaississant petit à petit des cloisons qui entourent les quatre » cellules-filles d'une méme cellule-mére du pollen. » M. Juranyi dit à son tour: « Pour ce qui concerne la constitution des grains polliniques » et spécialement le mode de leur formation, je ne puis que confirmer » sur ce point les assertions de M. Treub, et cela d'autant plus que le » procédé indiqué par lui ne s'observe pas seulement chez les Conifères » etles Cycadées, mais aussi chez les Angiospermes que j'ai examinées, » par exemple chez les espéces suivantes : Allium odorum, A. senescens, » A. nutans, Tradescantia pilosa, Eucomis punctata, Ophiopogon » spicatus. » Dans tous ces cas, il a vu, comme M. Treub, la membrane propre du grain se colorer par le vert de méthyle, propriété qui appartient aussi à la couche la plus interne de la paroi de la cellule-mére. Dans la suite de sa note, M. Juranyi donne quelques détails sur les cel- lules-filles du grain, observées par lui chez les Cycadées et par M. Stras- burger sur les Conifères, et généralement comparées au prothalle màle de certaines Cryptogames supérieures. M. Juranyi en rapproche surtout les microspores [des Isoëtes, qui, d’après M. Millardet, se cloisonnent en quatre cellules, dont une seule se transforme en anthéridie. 20 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Freïe Zellbildung im Embryosack der Angiospermen (Développement cellulaire libre dans le sac embryonnaire des Angio- spermes); par. M. F. Soltwedel (Jenaische Zeitschrift für Natur- wissenschaft, t. xv (nouvelle série, t. vir), 1881, pp. 341-380, avec 2 planches. M. Strasburger avait déjà vu, chez l'Orchis pallens, la vésicule em- bryonnaire se développer seule aprés la fécondation, tandis que les synergides, les antipodes et la cellule-mére de l'endosperme secondaire étaient résorbées. L'auteur a observé le méme fait chez le Begonia Frobelii. Chez l'Alisma Plantago, les quatre premiers noyaux endosper- miques se trouvent libres et en état de partition dans le revétement protoplasmique interne du sac embryonnaire, sans arriver à la formation d'un endosperme secondaire. L'auteur décrit en outre des faits où le développement de l'endosperme secondaire résulte de la partition d'une cellule-mère, par exemple chez des plantes à graines petites et à endosperme mince, notamment chez le Lamium album et le Veronica Buxbaumii, où il ne se produit pas d'endosperme secondaire dans la partie supérieure du sac. Il a observé des phénomènes particuliers chez le Loasa tricolor, où le sac, assez grêle, pousse avant la fécondation, à travers le tissu du nucelle, une protubérance dans laquelle émigre un noyau cellulaire, qui n'y subit que quelques partitions, tandis que celles de la cellule-fille inférieure produisent un corps endospermique abondant où descend l'embryon. Chez le Scrofu- laria vernalis et le Pedicularis silvatica, c'est aprés la fécondation que le sac forme un prolongement évasé, dans lequel l'auteur a trouvé jusquà quatre noyaux cellulaires libres. En somme, M. Soltwedel a constaté le développement de l'endosperme. par formation cellulaire libre, chez des plantes d'organisation fort diverse, telles que Lysimachia Ephemerum, Lilium Martagon, Leucoiunr estivum, Polygonum Bistorta, Urtica pilulifera. Un résultat principal de ses recherches, c'est que tous les noyaux libres qui apparaissent aprés la fécondation dans le sac embryonnaire des Angiospermes dérivent des noyaux secondaires du sac; que, quand le sac embryonnaire est étroit, l'endosperme se forme par partition, et, quand il est large, par formation cellulaire libre, à tel point que les deux modes de formation se rencontrent dans le méme sac, celui du Lamium album notamment, selon salargeur. Recherches sur le sac embryonnaire des Phanérogames angiospermes; par M. L. Guignard (Revue des sciences natu- relles, 1882, et Ann. sc. nat. 6* série, t. xir, pp. 136-193). Ce mémoire peut étre considéré comme faisant suite à la thése de REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 21 M. Guignard, analysée ici l'an dernier (1). Il y étudie des types apparte- nant aux familles suivantes: Graminées, Commélynées, Mélanthacées, Liliacées, Amaryllidées, Iridées, Broméliacées, Cannées, Rosacées, Ona- grariées, Lythrariées, Ribésiacées, Saxifragées, Mésembrianthémées, Caryophyllées, Nyctaginées, Berbéridées, Renonculacées, Crucifères, Rutacées, Polygalées, Euphorbiacées, Malvacées, Labiées, Bignoniacées, Jasminées, Borraginées, Solanées, Caprifoliacées, Composées, Lobélia- cées et Campanulacées. Il expose ensuite les résultats auxquels il est ar- rivé. Le sac embryonnaire, dit-il, ne provient jamais de la fusion de deux cellules. Outre cela, le caractére de son résumé est de nous faire remar- quer des différences importantes de développement entre des genres qui appartiennent à la méme famille, des analogies entre des groupes fort éloignés et de fréquentes exceptions dans les caractéres généraux. Aussi bien est-il nécessaire, pour le détail, de recourir au mémoire méme de M. Guignard. Mais le point de vue le plus important de l'auteur est la maniére dont il fait comprendre la transition des Cryptogames aux Phanérogames. I fait valoir avec raison l'analogie du microsporange avec le sac pollinique, de la microspore avec le grain. Là n'est plus la difficulté. Il rappelle que M. Strasburger et M. Elfving (2) ont fait connaitre aussi l'existence d'une division dans le grain pollinique des Angiospermes. Quant à l'organe femelle chez les Gymnospermes, le sac embryonnaire ou macrospore donne naissance à un endosperme ou prothalle produisant des corpuscules(R. Br.) ou archégones qui restent enfermés dans la macrospore. L'archégone con- siste en une cellule surmontée d'une ou deux assises de quatre cellules. Chez les Abiétinées, cette cellule se divise, d'aprés M. Strasburger, pour donner une cellule de canal au-dessus de l'oosphére. Ici encore la comparaison est formulée depuis longtemps. Pour les Angiospermes, l'opinion que M. Guignard regarde comme la plus rationnelle est celle qu'a émise M. Strasburger dans son dernier ouvrage. Le sac embryonnaire étant as- similable à une macrospore, le prothalle, qui se forme dans la spore, est représenté : chez les Gymnospermes, par l'endosperme ; chez les Angio- spermes, par les cellules de l'appareil sexuel, les antipodes et les deux noyaux polaires. Les cellules endospermiques peuvent s'adapter à des fonctions spéciales. Chez les Gymnospermes, l’une d'elles forme un ar- chégone rudimentaire, et méme chez le Welwitschia elle devient direc- tement oosphére. Cette réduction de l'archégone se continue chez les An- giospermes : les synergides, naissant en méme temps que l'oosphére, ne peuvent pas étre comparées aux cellules de canal des archégones; ce (1) Voyez cette Revue, t. xxvitt, p. 237, (2) Voyez le Bulletin, t. xxvi (Revue), p. 142. 23 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sont des cellules endospermiques qui, par une adaptation à une fonc- tion nouvelle, ont acquis une forme et une place spéciales. Enfin l'al- bumen, en naissant aprés la fécondation par la division du noyau secon- daire du sac embryonnaire, ne fait que reprendre un développement interrompu. Études chimiques sur le squelette des végétaux; par MM. Fremy et Urbain (Ann. sc. nat. 6" série, t. xut, pp. 360-382). On se rappelle que M. Fremy a déjà consacré plusieurs mémoires à l'étude des corps qui constituent le squelette des végétaux. Nous ren- voyons à ce sujet à la méthode générale d'analyse des tissus végétaux, publiée par lui il y a plusieurs années (1). Les analyses qu'il a exécutées avec le concours de M. Urbain ont porté sur les tiges, les racines, les feuilles, les fruits et les graines, et méme sur les pétales de fleurs, lesquels sont constitués, au point de vue chimique, comme les feuilles : ils sont enveloppés par un épiderme formé de cutose et de paracellulose ; leur tissu utriculaire est constitué par la cellulose; leurs trachées déroulables sont formées presque exclusivement de vasculose. Le court mémoire inséré dans les Annales ne présente guére que des exemples des recherches de M. Fremy, et des conclusions. Ces recherches démontrent que les tissus des Champignons présentent la méme consti- tution chimique que ceux des Lichens, contenant tous les deux de la métacellulose ; que dans les bois, la proportion de vasculose augmente avec la dureté et la densité; que la subérine de M. Chevreul est composée de cutose et de vasculose ; que l'épicarpe des fruits présente trois membranes superposées : une extérieure, constituée par de la cutose; une intermé- diaire, par de la vasculose ; une troisiéme, à base de paracellulose; que le périsperme, une fois débarrassé de l’amidon, des matières azotées et des corps gras qu'il contient, est formé presque exclusivement de cellulose; que dans l'endocarpe, la vasculose entre pour plus de la moitié du poids total, et que la dureté de ce tissu augmente avec la proportion de cette substance. La vasculose est retirée par M. Fremy, pour étre obtenue pure et définie, de la moelle de sureau. C'est elle qui constitue les couches d'épaississement des tissus ligneux. Elle est inso- luble dans les dissolvants neutres, mais elle est rapidement altérée par les agents d'oxydation, et produit sous leur influence une série d'acides résineux. M. Fremy a longuement étudié l’action des alcalis sur la vasculose, action utilisée dans la fabrication du papier de bois et de paille. La baryte et la chaux agissent comme les alcalis. On obtient ainsi, dans certaines conditions de température et de pression, une série (1) Voyez le Bulletin, t. xxir (Revue), p. 195. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 93 d'acides d'abord insolubles dans l'aleool, et qui, sous l'influence pro- longée des alcalis, deviennent solubles d'abord dans l'alcool, et ensuite dans l'éther. C'estla vasculose seule qui donne les différents acides ulmiques, tandis que la cellulose produit des acides acétique et oxalique. Lorsque la distillation agit sur le bois, c'est la vasculose qui engendre particulièrement l’alcool méthylique. Les fabricants d'acide pyroligneux ont d'ailleurs reconnu que les bois qui produisent ces deux corps pyro- génés en plus grande quantité sont précisément les bois lourds, qui sont riches en vasculose. Un grand nombre de fibres corticales sont associées à une couche de vasculose d'une épaisseur variable. La cutose, qui recouvre et protège les organes aériens des végétaux, se rapproche beaucoup des corps gras. M. Fremy l'a retirée des feuilles d'Agave venant du jardin d'Antibes. Les dissolutions alcalines, à la température de l'ébullition, dissolvent, dit-il, la cutose et la changent en une sorte de savon. La cutose, sous cette influence, donne naissance à deux acides gras nouveaux, l'un solide, l'acide stéarocutique, l'autre liquide, l'acide oléocutique. Les auteurs ont reconnu que sous des influences nombreuses, ces deux acides se modifient et reprennent presque tous les caractéres dela cutose. Cette transformation se produit sous l'influence d'une température de 100 degrés, ou méme par l'action dela lumiére; elle est isomérique. La membrane cutosique peut donc étre considérée comme ayant pour base principale une combinaison de l'acide oléocutique avec l'acide stéarocutique ; seulement ces deux corps- se trouvent dans la cutose, sous des modifications isomériques qui les rendent insolubles. La cutose ne se trouve pas seulement à la surface des feuilles, des fleurs, des fruits et des tiges ; elle pénétre souvent dans l'intérieur des organes : les auteurs ont trouvé jusqu'à 43 pour 100 de cutose dans leliége, et aussi des proportions notables de celte substance dans les faisceaux formés par les fibres textiles. M. Fremy et son collaborateur abordent ensuite la question du rouis- sage. Déjà M. Van Tieghem avait prouvé que dans l'opération du rouis- sage, les Amylobacter dissolvent le tissu cellulosique que retenaient les faisceaux fibreux, et mettent ces faisceaux en liberté. En outre, M. Kolb. a démontré que, pendant la méme opération, il se produit une fermen- tation spéciale, celle que M. Fremy avait jadis désignée sous le nom de fermentation pectique. Or il résulte des études exposées ici que les faisceaux fibreux du lin, du chanvre, de la ramie, etc., sont souvent retenus dans les tissus non-seulement par le corps cellulosique que les Amylobacter dévorent, et par de la pectose qu'une fermentation spéciale transforme en acide métapectique soluble dans l'eau, mais aussi par la culose et par la vasculose. On n'arrive à un rouissage chimique complet qu'en faisant usage des réactifs qui peuvent dissoudre la cutose et la 24 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. vasculose, c'est-à-dire en employant les alcalis, caustiques ou carbonates, tantót à la pression ordinaire, tantót sous pression et à des températures qui varient avec la nature des faisceaux que l'on veut extraire. MM. Fremy et Urbain arrivent ainsi à remplacer par un rouissage chimique le rouis- sage ordinaire, basé sur la fermentation putride, qui présente de si graves inconvénients, puisqu'il compromet la santé des ouvriers et qu'il altére souvent la qualité des fibres. Beitrage zur näheren Kenntniss der Holzsubstanz und der verholzten Gewebe (Recherches sur la substance ligneuse et sur le tissu lignifié) ; par M. Max Singer (Sitzungsberichte der kais. Akademie der Wissenschaften, math.-naturw. Classe, avril-mai 1882, pp. 345-360). Si l'on fait agir l'eau bouillante sur le bois ou sur un tissu lignifié, on en extrait plusieurs substances, savoir : 1° Un corps reconnaissable par les réactions caractéristiques du tissu ligneux et par l'odeur de vanille qui se dégage de l'extrait qui s'obtient aprés l'action de l'eau bouillante prolongée sur le bois dix heures par jour pendant un mois et demi. L'auteur a constaté que la vanilline pure, trai- tée par les réactifs de la substance ligneuse, produit les colorations carac- téristiques de la lignification, qu'elle est soluble dans l'eau chaude, la so- lution de soude et l'alcool, tout comme le composé contenu dans les tissus lignifiés, et se détruit comme celui-ci quand elle a été élevée à une haute température. Il en résulte, d'aprés l'auteur, une identification qu'on n'at- tendait guére. | 2» Un deuxième corps qui, en présence de la soude, du phénol et de l'acide chlorhydrique, se colore plus ou moins en bleu céleste. Plusieurs physiologistes sont d'accord pour reconnaitre là de la coniférine. 3° Une sorte de gomme que l'alcool précipite de l'extrait aqueux, amorphe et facilement soluble dans l'eau, qui se distingue par quelques caractères de la « gomme ligneuse » de M. Thomson. 4° Un corps que l'acide chlorhydrique colore en jaune et que l'on peut extraire du bois aprés quelques jours d'ébullition. La nature chimique en est encore inconnue. Aguilanneuf, origine, étymologie trouvée; par M. l’abbé Joseph Dulac. In-8° de 45 pages. Paris, Ed. Rouveyre et G. Blond. Tiré à 100 exemplaires. Ce travail est dédié à la mémoire de notre confrère si regretté M. Ad. Méhu. M. l'abbé Dulac y traite en archéologue et en botaniste des traditions relatives au Gui et du cri de joyeuses étrennes : Aguilanneuf, déjà maintes fois examiné par les philologues. Il étudie d'abord, après REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 95 M. Edm. Bonnet, le nombre des plantes sur lesquelles on a trouvé le Gui. Il cite plusieurs exemples dans lesquels le Gui a été trouvé sur le Chêne, et de nombreux passages des poésies populaires ou des travaux d'érudi- tion dans lesquels se trouvent des documents sur l'Aguilanneuf et ses diverses transformations. Des érudits tels que l'illustre Jacob Grimm, Hersant de la Villemarqué, le comte Jaubert, l'abbé Léonce Couture, sont d'accord pour croire que dans le refrain Aguilanneuf, transformé en Au Gui l'an neuf, il n'y a qu'une altération de mots du dialecte breton de Vannes : Eghinané ! Eghinané ! « des étrennes ! des étrennes ! » et qu'il n'y est point question du Gui. M. de la Borderie, l'ancien député, signale une autre interprétation intéressante par le breton : an guin, an ed, « le vin, le blé ! » les quémandeurs d'étrennes ayant dà demander du vin et du blé (1). M. Dulac croit que c’est le nom du Gui (2) qui se trouve réel- lement dans le cri populaire, et fortifie cette opinion dans une longue et ingénieuse discussion où nous regreltons de ne pouvoir le suivre. Notes sur quelques fleurs monsírueuses; par M. Élie Mar- chal (Comptes rendus des séances de la Société royale de botanique de Belgique, séance du 14 octobre 1882, pp. 146-148). M. Marchal a observé la duplicature de la corolle sur le Geranium molle, le Cardamine pratensis et le Sagina procumbens. Dans chacun de ces trois cas, l'augmentation du nombre des pétales paraissait due à la trans- formation .des étamines. Chez le Geranium, replanté au jardin hotani- que, la fécondation et la maturation se sont accomplies, ei la monstruosité, malgré l'altération des étamines, s'est maintenue pendant trois ans, à dater de 1879. Chez le Sagina, les pétales, au nombre de 20 dans une seule fleur, et plus grands dans le type, émaillaient la verdure assez agréablement, pour que l'horticulture en puisse tirer une plante nouvelle pour l'ornement des rocailles. Symbolæ licheno-mycologicæ, par M. A. Minks. 1" partie. Cassel, 1881. M. Minks récapitule dans cette publication les faits sur lesquels il a fondé sa théorie des microgonidies (3), et recommande le Leptogium (1) Voyez un mémoire de M. Duseigneur ,de Brest, dans la Revue de Bretagne et de Vendée, année 1875, 1* semestre, pp. 101-106 et 212-219. (2) Ce n'est pas l'avis des gens spéciaux, tels que M. H. Gaidoz, directeur de la Revue celtique (voyez son étude sur la Religion gauloise et le Gui de Chêne, Paris, Ernest Leroux, 1880). D'ailleurs les érudits actuels sont bien revenus des opinions anciennes fondées à peu prés exclusivement sur un passage de Pline, et M. d'Arbois de Jubainville se refuse à voir lc nom du Chéne dans celui des Druides (Mémoires de la Société de linguistique de Paris, t. v, 2* fascicule, 1883, page 127). (3) Voyez le Bulletin, t. xxvi (Revue), p. 97. 96 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. myochroum comme exceptionnellement favorable pour l'étude de ces organites. Il regarde la théque des Lichens comme un hypha fortement différencié, dont la cellule terminale a la facilité de se diviser et de pro- duire des spores. Ces derniéres, selon M. Minks, ne correspondent aux ascospores des vraies Ascomycétes, ni dans les phases de leur développe- ment, ni dans celles de leur structure, et leur mode de germination aussi est différent. M. Minks a l'intention de traiter monographiquement les Lichens. Cette première partie contient la description de 170 espèces. Miustrationes Flors» Hispaniæ insularumque Balea- rium; par M. M. Willkomm. Livr. v, 2 feuilles de texte et 8 pl. coloriées. Stuttgart, chey E. Schweizerbart, 1882. Comme dans les livraisons précédentes, la diagnose de chaque espéce, en latin, est suivie de la synonymie et de l'indication des localités ; puis viennent, en français el en espagnol, des observations historiques et critiques. La 39* planche représente le Trichonema Clusianum Lange, con- fondu jusqu'ici avec le T. Bulbocodium, et le T. purpurascens Ten. var. uliginosum Willk. Deux Carex sont figurés sur la 40° planche : le C. Loscosii Lange, que lors de sa découverte due à M. Loscos, M. Willkomm avait considéré comme une variété du C. Mairii Coss. et Germ. ; et le C. asturica Boiss. La planche 41 nous donne le Brachypodium mucro- natum Willk., voisin du B. pinnatum P. Beauv., etla planche 42, deux autres Graminées récemment décrites par M. Hackel, le Brachupodium macropodum et l'Hordeum Winkleri. Dans une note additionnelle, M. Willkomm dit que ce dernier nom est reconnu par M. Hackel lui-méme comme synonyme de l'Hordeum Gussonianum Parl., déjà figuré par Gussone, mais mal décrit par Parlatore. La 43° planche représente le Senecio minulus DC. var. gibraltaricus Willk., différent du type par la taille plus grande, la dimension et la découpure de ses feuilles. Deux Campanula figurent. sur la planche 44, le C. Bolosii Vayra et le C. speciosa Pourr., qui avaient été mal à propos confondus. La planche 45 donne le Valerianella multidentata Loscos et Pardo, qui rappelle le V. coronata et le V. discoidea, et y joint l'analyse de ce dernier. Deux Anagallis se trouvent sur la planche 66, l'A collina Schousb. var. hispa- nica Willk., qui mériterait d'étre cultivé comme plante d'ornement, et PA. parviflora Hoffmansegg et Link var. nana Willk., de l'ile Majorque. Vient ensuite, planche 47, le Cratæqus brevispina que Cambessèdes a réuni au C. Oxyacantha L. Enfin la 48° planche présente le Cytisus Kunzeanus Willk., que Kunze avait décrit en 1843, lorsqu'il publia les REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 97 récoltes du premier voyage de M. Willkomm, sous le nom de Genista eriocarpa. BUCHINGER. Ueber den Bau und das Wachsthum der Zellhaute (Sur la structure et la croissance de la membrane de la cellule); par M. E. Strasburger. Iéna, 1882. On sait que la théorie de l'aceroissement par intussusception, fondée surtout sur les travaux de M. Nägeli, a été longtemps considérée comme classique. Cependant, depuis quelques années, MM. Dippel, Sanio et Schmitz ont publié une série de faits dans lesquels l'épaississement de la paroi cellulaire semble bien avoir eu lieu par juxtaposition. Cela paraissait cependant exceptionnel. Dans le présent mémoire, M. Strasbur- ger va plus loin, car il se montre disposé à regarder l'accroissement par juxtaposition comme l'expression d'une loi générale, aussi bien pourl'exten- sion en largeur que pour l'extension en épaisseur. Il s'appuie pour établir cette opinion, non seulement sur quelques faits mis en lumière par les observateurs susnommés (trabécules de tissu cellulaire des Caulerpa, cellules médullaires des Clematis, cellules libériennes et ligneuses des Co- niféres, cellules eristalliféres des Citrus (celles-ci signalées par M.Pfitzer, mais encore sur des faits nouveaux, que nous ne pourrions tous repro- duire ainsi. Les principales des conclusions que M. Strasburger en tire sont: 4° que la stratification des membranes ne consiste pas toujours dans l'al- ternance d'une couche plus épaisse avec une couche plus mince, et 2° que chaque couche d’accroissement nait de la transformation de la couche la pius extérieure de protoplasma. Ces deux résultats d'observation avaient déjà été annoncés par M. Schmitz ; l'auteur ne fait que les confirmer, en en déduisant: 3? que les couches sont déposées au fur et à mesure à l'inté- rieur par apposition. Il établit, en outre, 4^ que pendant les accroisse- ments en hélice, etc., les microsomes du plasma sont dés avant le commencement de l'aecroissement ordonnés suivant la méme disposition que l'accroissement révélera plus tard; et 5° que jamais il ne se ren- contre dans la méme lamelle des systèmes différents de stries. Parmi les faits que M. Strasburger passe en revue, il faut distinguer ce qu'il dit des grains d'amidon, chez lesquels il reconnait également l'ap- position de nouvelles couches ; des remarques sur les cristalloides, sur la double réfraction de certaines formations organisées, sur l'assimilation de l'acide carbonique, sur le rôle du noyau cellulaire, sur le sillonne- ment des membranes, sur l’accroissement du grain de pollen (1), etc. Il (1) Cet épaississement de la membrane du grain s'opére à la fois sur la face externe aux dépens du liquide nutritif ambiant, et sur la face interne aux dépens du proto- plasma (voyez Van Tieghem, Traité de Botanique, p. 841, 813). 28 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. importe de rappeler que l’auteur, lorsqu'il traite de la partition de la cellule, répudie certaines de ses anciennes opinions et adopte l'idée d'une cloison simple formée par la transformatiou d'une couche de protoplasma. Rides formées à la surface du sable déposé au fond de l'eau, et autres phénomènes analogues ; par M. C. de Can- dolle (Archives des sciences physiques et naturelles, mars 1873). En dépit de son titre, ce grand mémoire de physique générale doit trouver place ici, parce que certaines des déductions qu'on en doit tirer peuvent expliquer des mouvements du protoplasma. Aprés avoir considéré les rides qui se forment à la surface du sable déposé au fond des eaux courantes ou agitées par le vent, dans les lacs et méme dans la mer, M. de Candolle a fait de nombreuses expériences d’où il résulte une loi : c'est que « toutes les fois qu'une matière chassée par la force centrifuge » éprouve le frottement oscillatoire d'un liquide, elle chemine le long » de rayons distincts, au lieu de se répandre en nappe uniforme, ainsi » que cela auraitlieu sous l'influence de la force centrifuge agissant seule. De plus, l'écartement de ces rayons, et par suite leur nombre, dépendent de l'amplitude du frottement oscillatoire. » Tous ceux qui se donneront la peine de répéter mes expériences, dit M. C. de Candolle, seront frappés de la ressemblance qui existe, abstrac- tion faite des dimensions, entre les rides produites dans les espaces clos et les rebords saillants ou autres rugosités qui revétent intérieure- ment les parois des cellules végétales, spécialement dans les trachées et les vaisseaux. Les rides formées par les liquides visqueux, tels le goudron, lorsqu'elles se soulévent en lames sous l'influence de la com- pression latérale, rappellent certainement la formation des cloisons dans la segmentation des cellules. Lorsque ces rides visqueuses s'écoulent sous l'action de la pesanteur ou de la force centrifuge, on ne peut s'em- pécher de les comparer aux courants qui entrainent les granulations du protoplasma (1). On sait d'ailleurs aujourd'hui, que la formation des rebords saillants à la surface des parois des cellules est précédée par des courants de protoplasma, se mouvant sur les emplacements qu'occu- peront plus tard ces rebords eux-mêmes, et leur donnant naissance (2). On a aussi toute raison de croire que la structure fibreuse que pré- sentent les couches d'épaississement de la membrane, parallélement à leur surface, résulte également d'une répartition du protoplasma par stries correspondant aux fibres qui constituent ces couches. y Yy (D Cette manière de comprendre l'accroissement des végétaux concorde avec la théorie exposée par M. Strasburger dans le mémoire précédent. ` (2) Voyez Dippel, Die Entstehung der wandstændigen Protoplasmastrómchen in den Pflanzenzellen, analysé dans cette Revue, t. xiv, p 58. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 29 Le corps réellement vivant de la cellule, le protoplasma, se compose, dit M. de Candolle, d'une substance transparente incolore, l'hyaloplasma, qui ne se manifeste que par son pouvoir réfringent, et d'une multitude de corpuscules, ou de microsomes, flottant dans cette substance et entrainés par elle. En fait, on ne connait les mouvements internes de la masse du protoplasma que par les déplacements des microsomes ; l’opacité relative de ces derniers rend seule visibles les courants de l'hyaloplasma qui les charrient en sens divers, pendant toute la période d'activité du protoplasma.,Ce dernier est creusé de cavités, les vacuoles, non pas vides, mais pleines d'une séve liquide. La cellule en voie de développement est comme un vase clos occupé par une masse liquide constamment agitée, composée de couches différant entre elles par leur consistance ou leur viscosité, et tenant en suspension des corpuscules qui se groupent en filets ou rubans plus ou moins épais, dans les courants visibles du protoplasma. Ceux de ces courants qui tapissent les parois des cellules donnent naissance aux éléments de la membrane en voie d'épaississement et aux rebords saillants qui naissent à sa surface. Les microsomes qu'ils char- rient forment, en s'accumulant, les premiéres ébauches de ces rebords, et même des cloisons qui donnent lieu à la segmentation ultérieure de la masse protoplasmique. Telles sont en gros les circonstances qui accompagnent l'épaississement de la membrane des cellules. On voit que ce sont précisément celles qui s'observeraient si les mouvements de la masse liquide contenue dans la cellule donnaient lieu au phénomène des rides. De méme qu'un animal qui nage peut, à l'aide de ses membres solides, utiliser la résistance de l'eau pour se déplacer, de méme, dans l'hypothèse de M. de Candolle, le protoplasma pourrait, gràce à sa fluidité, utiliser les mouvements de sa nrasse et les frottements auxquels ces mouvements doivent donner lieu, pour grouper et orienter les matières qui se séparent de sa substance. Les procédés opératoires en histologie végétale (microchi- mie); par M. Louis Olivier (extrait de la Revue des sciences naturelles, septembre 1882) ; tirage à part en brochure in-8° de 39 pages. Ce travail est un exposé, fait d'ensemble et avec la compétence spéciale d'un observateur expert, des procédés délicats et multiples que l'histolo- giste emprunte à la chimie pour reconnaitre sous le microscope la nature des tissus et des substances. M. Olivier appelle d'abord l'attention sur ce fait, qu'un méme réactif ne fait pas toujours subir des modifications iden- tiques à tous les éléments dont la composition fondamentale est la méme. Pour qu'il produise les mémes effets dans tous les organes où se rencon- trent les éléments qu'il décéle, il doit souvent étre employé à des degrés 30 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. divers de concentration, et quelquefois son action doit étre précédée de celle d'un autre agent qui élimine de tel de ces éléments les substances capables de masquer la réaction. M. Olivier examine successivement les procédés de clarification, la fixation des formes, la contraction du protoplasma, la précipitation et la cristallisation de certaines substances, la dissolution ou destruction de certaines substances, les agents de coloration si divers, et enfin la conser- valion des préparations anatomiques. Dans cette exposition, longue et précise à la fois, dont on ne saurait trop recommander l'étude aux débutants, M. Olivier s'est inspiré tout le temps des travaux les plus récents, et notamment de ceux de M. le pro- fesseur Van Tieghem, autant que de son expérience personnelle. Catalogue des Mousses girondines de l'herbier Durieu de Mai- sonneuve; par M. L. Motelay (extrait du xxvi* volume des Actes de la Société Linnéenne de Bordeaux); tirage à part en brochure in-8° de 22 pages. Bordeaux, impr. J. Durand, 1882. La liste publiée par M. Motelay se recommande par la certitude des dé- terminations, toutes faites par Durieu ; elle emprunte un autre intérêt à ce que les documents publiés jusqu'ici sur les Mousses de la Gironde sont anciens, incomplets et incertains, sauf pour les espéces indiquées par Chantelat (1), et dont les types sont aujourd'hui dans l'herbier de M. E. Henry Brochon. Parmi les espèces cataloguées par M. Motelay, on re- marque le Barbula ruraliformis Besch., qui manque au Synopsis de Schimper, et le Scorpiurium cyrtocladum Schimp. (Hypnum cyrto- cladum DR.). Fungi tridentini novi, vel nóndum delineati, descripti et iconibus illustrati ; auctore Jacopo Bresadola. Fasc. III. Trieste, typis J.-B. Monanni, januario 1883) (1). Ce fascicule contient la description et la figure des espèces suivantes: Armillaria Ambrosii Bres. n. sp.; Clitocybe conglobata Vitt., Cl. con- nata Schum., Cl. semitalis Fr.; Omphalia demissa Fries, O. Kalchbren- neri Bres. n. sp., Mycena nigricans Bres. n. sp., M. lasiosperma Dres. n. sp.; M. lutea Bres. u. sp.; Pleurotus canus Quél. n. Sp., Inocybe prætervisa Quél. n. sp., Paneolus guttulatus Bres. n. sp., Lac- tarius helvus Fr., Russula roseipes Bres. (Agaricus roseipes Sécrétan); Marasmius chordalis Fries, M. cauticinalis Fries; Helvella Queletii Bres. (Peziza helvelloides Quél. non Fries), Verpa fulvocincta Bres., (1) Voyez le Catalogue que cet auteur a publié en 1843 dans le tome x or , . , ) de la Société Linnéenne de Bordeaux. Au des Actes REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 3l Geoglossum vitellinum Bres., Peziza leucoxantha Bres., Mollisia Ta- maricis Bres. (Peziza Roum., Mollisia Myricariæ Bres. antea) (1). Notice sur la naturalisation à Bayonne d'une nouvelle plante exotique; par M. le D' Blanchet. In-8° de 15 pages. Dax, impr. J. Justère. Cette plante est une Graminée vulgaire dans la région intertropicale de l'Amérique, le Sporobolus tenacissimus R. Br. Trouvée prés de l’ancien domaine de Marrocq, elle a été déterminée par M. Edm. Bonnet. M. Bu- bani l'a déjà observée en 1853 sur le rivage prés de Rosas en Catalogne. Elle couvre aux environs de Bayonne prés de 650 métres sur 250. Proba- blement elle a été introduite par les emballages de plantes américaines que faisait venir M. le comte de Roullée, propriétaire du domaine autour du- quel elle s'est naturalisée. Cela est d'autant plus probable, qu'une autre Graminée du méme genre, le Sporobolus Sacatilla Grisebach, a été trouvée par M. J. Poisson au Champ de Mars, parmi les débris d'em- ballages provenant de la section mexicaine, lors de l'exposition de 1878. M. Blanchet donne ensuite quelques détails sur les nombreuses plantes qui se sont acclimatées spontanément dans les environs de Bayonne. En outre, il donne la liste des plantes qu'il a observées au printemps de 1882 à Cambo et à ltsatsou, ainsi que la liste de celles qui ont apparu pour la première fois dans la région de l'extréme Sud-Ouest pendant l'année 1882, et de celles qui, trouvées à une date récente, n'avaient pas encore été signalées. Parmi ces dernières, se trouvent l'Aldrovandia vesiculosa, l'Euphorbia polygonifolia, et vingt-trois espéces du Centre ou du Midi. Matériaux pour servir à la révision de la flore portugaise, accompagnés de notes sur certaines espèces ou variétés critiques de plantes européennes; par M. G. Rouy (extrait du journal le Natura- liste en 1882); tirage à part en brochure in-8° de 52 pages. M. Rouy commence par retracer, à partir des explorations de Welwitsch, l'histoire des travaux et des efforts dont la flore portugaise a été l'objet, et notamment la fondation de la Sociedade Broteriana (2) groupée autour de M. Henriques, directeur du jardin botanique de Coimbre, ainsi que les herborisations de M. J. Daveau, inspecteur du jardin botanique de Lis- bonne. Il donne ensuite des notes sur la famille des Labiées. Dans ces notes se trouve la description de sept espèces nouvelles: Teucrium vin- (1) Voyez les conditions de vente t. xxix (Revue), p. 12. (2) Cette Société a publié en 1883 le n° 1 de son Boletim annual, où se trouvent des instructions pour la formation des collections, la liste des membres, et celle des espèces distribuées par les soins de la Société. Viennent ensuite quelques notes concernant cer- taines de ces espèces, etc. On y lit que M. Coutinho a découvert en Portugal le Genista Hystrix L., l'Hermodactylus tuberosus L. et l'Iris susiana L. 39 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. centinum, du Portugal (Welw. Fl. algarb. n° 583); T. majoricus, de Majorque, [communiqué par M. Boissier; T. micropodioides (T. Po- lium L. var. purpurascens Sintenis et Riga Ezsicc. Cypr. 1880, n° 566); Nepeta lusitanica (N. multibracteata Hoffm. et Link non Desf.); Thymus sublaxus (Th. vulgaris Brot. non L.); Mentha Welwitschit (M. aquatica Welw. non L.), peut-être hybride entre le M. citrata Ehrh. et le M. piperita Huds., et Lycopus laciniatus (L. europeus Welw. non L.). M. Rouy a accepté comme espèces légitimes quelques types qui n'étaient considérés que comme des variétés ou de simples synonymes, sa- voir: Salvia oblongata Vahl, Brunella intermedia Brot., B. hastifolia. Brot., Stachys lusitanica Brot., Sideritis hirtula Brot., ete. Il a signalé plusieurs localités nouvelles pour des plantes déjà indiquées en Portugal, et acquis à la flore de ce pays les espèces suivantes: Teucrium Hænse- leri Boiss., T. Chamedrys L., Nepeta reticulata Desf., Origanum ba- learicum Camb., Calamintha bætica Boiss., et Reut. et Micromeria tenuifolia Ten. Enfin il donne un grand nombre de notes sur diverses Labiées critiques appartenant en général à la partie occidentale de la flore méditerranéenne. Des plantes caractéristiques de la flore méditerranéenne dans le Roussillon; par M. O. Debeaux (extrait du xxv: Bulletin de la Société agricole, scientifique et littéraire des Pyrénées-Orien- tales) ; tirage à part en brochure in-8° de 12 pages. Paris, F. Savy, 1882. Ce mémoire, daté du 1° avril 1880, contient la liste des plantes qui caractérisent, dans le département des Pyrénées-Orientales : 1° la végé- fation qui borde à droite la route de Narbonne à Perpignan, dans les. vignes et les collines calcaires; 2° celle des prairies marécageuses et sau- mâtres qui longent à gauche la méme route; 3° celle de la plaine du Roussillon qui s'étend de Salses à Collioure, soit dans les garrigues sèches, soit sur les sables et graviers des petites rivières, soit sur les sables maritimes ; 4° enfin celle des falaises souvent abruptes qui bordent le rivage de Collioure à Banyuls-sur-mer et à Cerbére, et qui donnent les plantes les plus spéciales de la région. M. Debeaux termine en énumé- rant les types de la végétation arborescente du Roussillon et les plantes étrangères acclimatées aujourd'hui dans la région. Origine et insertion des racines adventives, et modificalions corrélatives de la tige chez les Monocotylédones ; par M. L. Mangin. Thèse pour le doctorat és sciences naturelles (extrait des Ann. sc. nat. 6° série, t. xv, 1882); tirage à part en brochure in-85, p. 215-363, avec 8 planches gravées. Paris, G. Masson, 1882. Les recherches de M. Mangin, commencées au laboratoire de botanique REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 33 de la Faculté des sciences de Nancy, ont été terminées dans l’un des laboratoire du Muséum, sous la direction de M. Van Tieghem. Elles por- tent sur plus de deux cents espèces de plantes réparties entre trente-deux familles de Monocotylédones. M. Mangin formule de la manière suivante les conclusions qu'il en a tirées : 1» Chez toutes les Monocotylédones, les racines adventives prennent naissance, aprés la constitution des tissus de la lige, dans un méristéme spécial formé par l'assise périphérique du corps central qui joue le róle d'assise génératrice. 2° Le corps central et l'écorce de la jeune racine paraissent seuls formés par ce méristéme ; sa coiffe serait constituée par les assises internes de l'écorce. ) 3« Ce méristéme, que j'appelle couche dictyogène, développe en outre un système particulier de faisceaux libéro-ligneux servant d'intermédiaire entre les racines et la tige. Ce systéme offre des dispositions variables. 4 Dans un premier groupe de plantes comprenant la majorité des Monocotylédones (plantes à tige annuelle ou vivace, aérienne ou souter- raine), les faisceaux vasculaires servant de lien entre les racines et la tige forment les mailles d'un réseau qui occupe toujours la périphérie du corps central : c'est le réseau railicifére. Tantót il se prolonge dans toute l'étendue de la tige (Ruscus, Acorus); tantôt il n'y existe qu'au nfveau des nœuds (Convallaria) ; tantôt enfin il se rencontre seulement à sa base (Antholyza, Asphodelus, Crocus). Ce réseau se tient en communication, d'une part avec les terminaisons inférieures des fais- ceaux communs, et d'autre part avec les lames vasculaires et libériennes des racines. 5° Dans un second groupe de plantes, comprenant les Monocotylédones à croissance variable en épaisseur, la couche dictyogène, au lieu de pren- dre son activité aussitót aprés le développement des racines, comme chez les plantes précédentes, conserve un certain temps son activité. On observe alors des phénomènes différents. Tantót (Aloe) la couche dictyogène organise plusieurs plans de faisceaux anastomoses sur lesquels s'insérent, à une profondeur variable, les racines adventivés; puis son activité s'éteint et la présence de l'endoderme annonce la fin de cette activité. Tantôt (Agave) la couche dictyogéne demeure à l'état actif pendant toute la durée de la vie de la plante et provoque la formation d'une masse puis- sante de faisceaux libéro-ligneux. Elle favorise ainsi l'établissement de nombreuses racines adventives. 6* Chez les Dracena, les Yucca, on trouve, à la place de la couche dictyogène, un méristème secondaire qui détermine la formation de faisceaux, sans relation avec les feuilles, et sur lesquels s’insèrent les racines adventives. Ce méristéme secondaire, par son origine et son róle, T. XXX. (REVUE) 3 34 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. représente l'équivalent de la couche dictyogène. Il a, en outre, un rôle nouveau à accomplir ; il constitue les organes de soutien des plantes chez lesquelles il est développé. 7° Les Pandanées et un grand nombre de Palmiers offrent une dispo- sition qui exclut la formation du réseau radicifére; en effet, chez ces plantes, la couche dictyogène organise les racines, et, sous l'influence de celles-ci, le système de faisceaux qui la rattachent à la tige se développe en affectant la forme de faisceaux sinueux pénétrant plus ou moins pro- fondément dans le corps central et s'accolant aux faisceaux communs. 8* On peut distinguer, chez les Monocotylédones, deux sortes de tiges : les tiges sans racines et les tiges à racines. Les tiges sans racines, sup- portant les organes de reproduction et souvent les feuilles, sont toujours dépourvues de la croissance en épaisseur. Leur structure, trés constante, est caractérisée par l'existence, à la limite de l’écorce et du corps cen- tral, d'une gaine externe formée par la lignification des assises extérieures du corps central et constituant le principal appareil de soutien pour ces tiges. Les tiges à racines, trés variables dans leur structure, sont carac- térisées par l'existence de la couche dictyogène et par la présence de l'endoderme, formé par l'assise corticale interne. Quelques-uns possèdent une croissance en épaisseur, temporaire (Aloë) ou permanente (Yucca, Dracena); mais la plupart des tiges de Monocotylédones sont dépourvues de cette propriété (Pandanées, quelques Palmiers, Liliacées, Iridées, etc.). La zone génératrice, ou l'anneau d’accroissement décrit par quelques anatomistes chez les Monocotylédones, n’est autre chose que la couche dictyogène, dont le rôle est de former les racines et le système vascu- laire qui les unit à la tige. Petite Flore parisienne, contenant la Description des familles, genres, espéces et variétés de toutes les plantes spontanées ou culti- vées en grand dans la région parisienne, avec des clefs dichotomiques couduisant rapidement aux noms des plantes, augmentée d'un Vocabu- laire des termes de botanique et d'un Memento des herborisations parisiennes ; par M. Edm. Bonnet. In-12 de 528 pages. Paris, F. Savy, 1883. — Prix : 5 francs. Nous n'avons pas à insister sur le plan de ce livre, plan défini par le titre, et qui d'ailleurs est à peu prés celui des autres ouvrages de méme genre. Mais disons tout de suite qu'il se distingue de plusieurs de ceux-là par la connaissance spéciale que l'auteur a de la flore parisienne, ainsi que par le soin extréme apporté aux diagnoses des familles, des genres et des espèces. Pour celles-ci, M. Bonnet a adopté le systéme déjà suivi par M. Clavaud dans sa Flore de la Gironde, qui consiste à imprimer en caractères plus fins les formes qualifiées par certains botanistes de sous- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 39 espèces, comme le Cardamine silvatica par rapport au C. hirsuta, les Erodium distingués dans l'E. cicutarium, le Ranunculus Amansii, le R. Delacouri, le R. polyanthemoides etle R. Questieri par rapport au R. nemorosus, etc. Au point de vue de la nomenclature, il imporle de signaler quelques modifications introduites par M. Bonnet. Le nom de Danthonia DC. céde le pas à celui de Sieglingia Bernhardi; celui de Knautia à celui de Trichera Schrad.; celui de Vinca L. à celui de Pervinca Tourn.; celui d'Atropa L. à celui de Belladona Tourn. Parmi les espéces, nous devons citer : Ranunculus flabellatus Desf. var. acutilobus Freyn (R. chero- phyllos Auct.non L.); Helleborus occidentalis Reut. (H. viridis Auct. gall. non L.); Papaver silvestre Dal. (P. somniferum L.); Sedum pur- purascens Koch (S. Telephium Coss. et Germ. non L.); S. pruinatum Brot. (S. elegans Lej.); Ononis subocculta Vill. (O. Columnæ All.); Epi- lobium adnatum Griseb. (E. tetragonum Auct. an L.?); Peucedanum gallicum Latourr. (P. parisiense DC.); Valerianella rimosa Bast. (V. au- ricula DC.) ; Senecio barbareæfolius Krock. (S. erraticus Auct. paris. an Bert.?); Filago apiculata G.-E. Sm. (F. lutescens Jord.); Linaria viscida Mench (L. minor Desf.); L. carnosa Mench (L. arvensis Desf.); L. filiformis Mœnch (L. supina Desf.); Globularia Willkommii Nyman (G. vulgaris Auct. non L.); Potamogeton coloratus Horn. (P. planta- gineus Ducr.); P. alpinus Balbis(P. rufescens Schrad.). Les recherches de M. Bonnet ont amené quelques constatations nou- velles : Ranunculus confusus Godr., Viola elatior Fries, Valeriana excelsa Poiret (1), Artemisia selengensis Turez. (A. Verlotorum La- motte). Il compte neuf Rubus dans la flore parisienne. Il a donné un soin particulier à l'étude des hybrides et notamment de ceux des Verbascum. Il exclut un grand nombre d'espéces, et se montre à cet égard un peu sévére pour les plantes dites naturalisées. M. Bonnet a complété utilement son livre par quelques pages oü sont énumérées par ordre alphabétique de localités les plantes intéressantes que l'on peut récolter dans une herborisation. Traité élémentaire du microscope: par M. Eugène Trutat. In-8° de 322 pages. Paris, Gauthier-Villars, 1883. Nous n'avons encore sous les yeux que la premiére partie de cet ou- vrage, intitulée le Microscope et son emploi. Elle contient une préface, puis se divise en deux livres consacrés, le premier à l'exposition des diffé- rentes sortes de microscopes, le second à l'emploi de cet instrument. On y trouvera des conseils précieux sur les soins à donner au microscope, sur les corpuscules étrangers aux préparations, sur la représentation des objets microscopiques, etc. Nous ferons remarquer que l'auteur a traité 36 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. son sujet surtout au point de vue français, en laissant de côté les com- plications offertes par des instruments fabriqués à l'étranger. Ueber die Anordnung der Staubblætter in einigen Blü- then (De la disposition des étamines dans quelques fleurs) ; par M. K. Gobel (Botanische Zeitung, 1882, n° 22-25, avec 2 planches). L'auteur s'est occupé principalement des Rosacées, puis des genres Loasa, Helianthemum, Reseda et Typha. Il débute par l'examen du type le plus simple des Rosacées, les Agri- monia. On sait que celles-ci ne présentent assez souvent que cinq éta- mines. Quand ce nombre augmente, chez l'Agrimonia Eupatoria par exemple, Payer a constaté que « quel que soit leur nombre, les étamines sont toujours groupées en cinq phalanges alternes avec les pétales ». M. Goebel reconnait qu'il en est ainsi dans l'Agrimonia odorata Ait. (que les meilleurs floristes regardent comme une simple variété de l'A. Eupa- toria), mais il soutient que chez PA. pilosa les étamines qui dépassent le nombre d'un verticille quinaire appartiennent à un deuxième verticille, dont il ne se développe que quelques éléments. Le diagramme que l'au- teur donne comme s'appliquant d'une maniére générale à la tribu des Potentillées semble avoir été construit sur cette phrase de l'Histoire des plantes de M. Baillon (I, 367) qui concerne les Fraisiers : « Les étamines sont le plus souvent au nombre de vingt et disposées dans ce cas sur trois verticilles ; cinq d'entre elles sont insérées en face de la ligne médiane d'un sépale, cinq en dedans de la ligne médiane d'un pétale, et les dix autres sont placées de chaque côté de ces cinq dernières. » Des différences peuvent résulter de dédoublements. M. Goebel parait s'étre attaché à saisir, soit entre différents genres, soit dans la méme espéce et entre fleurs dif- férentes, des différences de ce genre. Il nous paraît avoir tenu compte méme de cas tératologiques, ce qui infirmerait la valeur d'une des principales conclusions de son mémoire, à savoir, l'inconstance du déve- loppement floral. Il a cherché à travers cette inconstance apparente à démêler les causes. Il se refuse à accepter l'influence du dédoublement, affirmant que les mamelons d'origine sont distincts à leur apparition. Il n'accueille pas non plus l'idée d'une composition du faisceau staminal ; à ce compte, il y aurait notamment des étamines composées chez les Hype- ricum, et elles produiraient des appendices sur leur cóté ventral, ce qui est le propre des axes, et non des organes appendiculaires. Il n'en est pas de ces étamines comme de celles qui constituent les fleurs mâles des Typha. Les Loasées ne lui servent qu'à fortifier son opinion sur le déve- loppement des Rosacées à cause de l'analogie; il s'appuie pour cela sur les figures de Payer qu'il reproduit. Ce nesont pas non plus pour lui des phé- nomènes d'adhérence entre les filets staminaux qui expliquent certaines REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 37 anomalies du développement. Sa dernière conclusion, c’est que les mêmes phénomènes de variation offerts dans le nombre et la situation des étamines chez les Rosacées, Loasées, Résédacées, etc., se rencontrent dans les premiers commencements de beaucoup d’autres organes. Il faudra, dit-il, tenir un compte très sérieux de ces coïncidences pour res- treindre les hypothèses construites en vue d'expliquer le développement floral. Om spar af nágra evertebrerade djur..... och deras paleon- tologiska betydelse (Sur les traces de quelques Invertébrés..... et sur leur importance paléontologique); par M. A.-G. Nathorst (Svenska Vetenskaps Acad. Handlinger, 1880, t. xvi, n° 7). Stockholm, 1881. Si nous signalons ici ce mémoire, que son titre parait placer dans un ordre de faits étrangers à nos études, c'est parce que M. Nathorst a eu pour but principal d'enlever au régne végétal des fossiles que plusieurs d'entre nous, comme on le verra plus loin, sont au contraire décidés à y rattacher. Ce sont surtout les groupes désignés dans les traités de paléon- tologie sous les noms de Chordophycées, Paléochondritées, Mésochon- dritées, Néochondritées, Cylindritées, Arthrophycées, Paléophycées, etc., qui, pour lui, disparaitraient presque complètement, et ceux des Confer- vitées, Caulerpitées et Sphérococcitées, qui disparaitraient en partie. Les empreintes fossiles que l'on a classées dans ces groupes ne seraient que des traces d'Invertébrés. Pour les ordres (fossiles) des Spongiophycées, Fucoiditées et Dictyophytées, il n'y aurait parmi eux que quelques-unes de ces « traces » ; mais la plus grande partie de leurs représentants appar- tiendraient aux Spongiaires. Les Alectoruridées auraient été produites d'une manière purement mécanique, par les remous descourants d'eau (1). Ce que l'on nomme ÆEophyton ne serait que la trace des sillons pro- duits par des Algues trainant dans la vase. Dans toute sa discussion, M. Nathorst s'appuie toujours sur l'absence de résidu organique dans les fossiles dont il combat la nature végétale (2). A ce compte, aucun fossile imprimé en creux ou relevé en relief ne devrait provenir d'une plante (3). A propos des Algues fossiles; par M. le marquis de Saporta. In-4» de 76 pages, avec 10 pl. lithographiées. Paris, G. Masson, 1882. - M. de Saporta a songé d'abord, en préparant ce mémoire, à répondre (1) Voyez plus haut, page 28, le mémoire de M. Casimir de Candolle. (2) Cette opinion est en contradietion avec la maniere de voir de M. Grand'Eury, qui, dans son travail Sur la formation de lu houille, signalé plus haut (page 1), est d'avis que la fossilisation fait disparaître la matière gélatineuse et demi-fluide des Algucs. (3) Une traduction francaise de ce mémoire a paru à Stockholm en novembre 1882, rédigée par Schulthess, avec des additions de l'auteur. .38 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. à des assertions de M. Nathorst qui contredisaient directement les déter- minations faites par lui dans quelques-uns de ses travaux. Il a repris -dans ce but, à un point de vue général, en la perfectionnant, l'étude de diverses Algues dont il avait publié et figuré plus ou moins succinctement les caractères, soit dans sa Paléontologie francaise (1), soit dans l’Évolu- tion des Cryptogames. Son mémoire commence par une introduction où ‘il expose, de concert avec son collaborateur habituel, M. le professeur Marion, les caractères généraux qui permettent de reconnaître une Algue à l’état fossile, et les raisons qui autorisent à repousser la manière de voir absolue de M. Nathorst, tout en admettant que ce savant puisse avoir -vu juste dans quelques cas particuliers. Il y insiste sur l'étude des divers modes de fossilisation, et spécialement sur celui qu'il a appelé en demi- relief (2). Vient ensuite une partie spéciale, dans laquelle M. de Saporta étudie, avec le secours d'excellentes figures, les types fossiles appartenant aux genres suivants : Delesseria, Halymenites, Spherococcites, Lamina- rites (3) (auquel on peut rattacher une partie des Cylindrites de Goeppert), -Chondrites, Phymatoderma, Cancellophycus, Taonurus, Glossophycus, Arthrophycus (observé sur place par M. Leo Lesquereux et regardé par lui comme végétal), Gyrophyllites. M. de Saporta continue par des con- sidérations pleines d'intérét et où se condense toute la substance de son différend, et qui concernent les Bilobites, ces fossiles des mers siluriennes. Nous ne le suivrons pas dans ces considérations, en renvoyant nos lec- teurs au travail que M. le professeur Bureau a présenté à la Société, et dans lequel il résume avec autorité les détails de cette controverse. Il clôt son mémoire par des réflexions finales où, avec la bonne foi du véritable savant, il reconnait, aprés avoir fait justice dans une foule de acas des allégations trop absolues de M. Nathorst, que gràce à lui on peut relever certaines erreurs d'attribution, que les linéaments ou traits accolés en double rangée paraissent maintenant suspects (Gyrochorte de Heer et Crossochorda de Schimper, peut-être Eophyton Morierei Sap. et Mar.); que parmi les objets signalés comme pouvant être dori- .gine végétale, des tubulures contournées, repliées sur elles-mémes, pa- 'raissent se rapporter à des trous de vers ou de larves (les Tenidium de M. Heer, le Chondrites vermicularis Sap., probablement les Cylin- drites). Il termine en défendant contre les critiques de certains natura- listes le principe de l'évolution, dont la valeur reste, dit-il, indépendante -de l’histoire particulière des Algues fossiles et del'incertitude où l'on peut -être sur la nature de quelques-unes d'entre elles, (1) Voyez le Bulletin, t. xvin (Revue), p. 148. (2) Ibid., t. xxvii (Revue), p. 108. (3) Ibid., t. xxix (Revue), p. 140. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 39 Histoire naturelle des Champignons comestibles et vé- néneux; par M. G. Sicard, avec une Préface par M. Ad. Chatin. Un vol. grand in-8° de 272 pages avec 75 planches coloriées. Paris, Ch. De- lagrave, 1883. Le beau livre publié par M. Sicard, qui joint à une connaissance profonde du sujet une belle exécution typographique et de nombreuses chromo- lithographies, se divise en deux parties. La première renferme des consi- dérations générales ; l’exposé des différentes classifications, et notamment de celle de Léveillé, que l’auteur adopte ; l'étude de la reproduction des Champignons, de la fécondation sexuée et asexuée, du polymorphisme et des générations alternantes ; puis celle de la respiration, de la nutrition et du développement, de leur structure interne, et notamment des caractères des lamelles et des spores, si importants pour la classification; enfin l'étude monographique et synonymique des genres et des principales espèces. La deuxième partie débute par une étude de chimie, d'hygiène et de toxicologie. M. Sicard dit avoir réussi à enrayer chez les chiens l'action du principe toxique des Champignons en leur injectant sous la peau, vers le milieu du dos, avec une seringue de Pravaz, une solution contenant 2 milligrammes de nitrate de pilocarpine. Il passe ensuite à l'étude de la eulture des Champignons. L'ouvrage se termine par un supplément à la description des espéces, par un index bibliographique, et par une table alphabétique des espéces. L'Histoire naturelle des Champignons est précédée d’une préface de M. Chatin, dont nous recommandons la lecture à ceux de nos confrères que séduisent les théories darwiniennes. Joseph Decaisne, notice biographique; par M. J.-E. Planchon (extrait de la Flore des serres, xxiu* volume) ; tirage à part en broch. in-4 de 36 pages. Comme le dit fort bien M. Planchon, le caractère particulier du maitre que nous avons perdu l'an dernier consiste en ceci que, parti du rang jardinier dans la plus humble acception du mot, et parvenu aux premiers honneurs dans la botanique pure, il établit toujours un concours fécond entre la théorie et la pratique. Mais M. Planchon lui-méme, aidé des documents que lui a fournis M. le docteur Pierre Decaisne, rectifie une légende qui s'introduisait déjà dans l'histoire de la science, et qui ferait croire à trop de facilité de fonder à notre époque les développements scientifiques d'une vie illustre sur les commencements € d'un humble jardinier ». La mère de Decaisne, restée veuve sans fortune, par suite de revers commerciaux, avait quatre enfants, dont l'ainé, le peintre Henri 40 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Decaisne (1), put seul, par un travail précoce, l’aider à élever les trois autres. Il entraîna sa famille, en 1821, à Paris, où Joseph Decaisne pout- suivit ses classes commencées dans le lycée de Bruxelles ; puis il entre- prit, sous les yeux de son frère Henri, les études de dessin qui plus tard ont lant servi au botaniste, et par l'intermédiaire du docteur Frapart entra dans le laboratoire de Breschet (plus tard professeur à la Faculté) pour y dessiner.des piéces anatomiques. C'est de ce milieu scientifique qu'il partit pour suivre les herborisations du Muséum, s'attachant à un jardi- nier, nommé Colin, qui récoltait, dans ses excursions, des plantes vivantes pour l'école botanique du jardin. Colin s'étant retiré, Joseph Decaisne prit probablement sa place : c'était en 1824. Il trouva d'abord chez ses compagnons un accueil peu sympathique, à cause de son éducation, et dut comme au collégerecourir à un acte de pugilat pour se faire sa place. Il parait que l'un des premiers qui le distingua au Jardin, en voyant sa lumière briller le soir aux fenêtres du magasin des graines, ce fut Étienne Geoffroy St-Hilaire, bien avant qu'Adrien de Jussieu se l'adjoignit comme aide-naturaliste, situation déjà éminente, où il y eut cependant plus d'un moment d'amertume pour le subordonné. Nous ne suivrons pas plus loin M. Planchon dans le récit d'une vie dont les travaux ont été sous les yeux de tous nos lecteurs, et ont été rappelés dans les discours prononcés sur la tombe de Decaisne, et reproduits dans le Bulletin de la Société. M. Planchon les reproduit aussi, ainsi que la liste de ses travaux ; en plus une notice de M. Henri de Parville, insérée dans le Journal des Débats du 17 février 41882; une autre notice publiée par M. Dehérain dans les Annales agronomiques, 1882, pages 140-145; une autre notice, intitulée Un botaniste bruxellois, et signée dans l'Office de publicité de Bruxelles, n* du 5 mars 1882, des initiales H.-L., qui sont celles de M. l'avocat Henri Lavallée; enfin (2), une Notice biogra- phique publiée par M. Ch.-Eug. Bertrand dans les Archives botaniques du nord de la France et où l'on ne trouve guère de renseignements que sur les quinze dernières années de la vie de Decaisne. Comme M. Planchon, M. Bertrand nous fait toucher du doigt combien peu Decaisne était darwiniste : (1) L'orthographe primitive du nom est De Caisne. Ainsi l'écrivait son père Victor ; ainsi signait ses premiers travaux le peintre Henri, qui plus tard renonca volontairement à cette séparation de la particule à cause de ses sentiments républicains. Il n'est pas sans intérét d'ajouter que Victor De Caisne était natif de Beauchamp, arrondissement d'Abbeville, et que Bruxelles étant réuni à la France en 1807, son fils Joseph, né dans cette ville le 7 mars 1807, se trouva de droit Francais sans avoir besoin de naturalisa- tion. Il paraît d'ailleurs que la famille De Caisne est originaire des environs de Noyon, où un Jean De Caisne figurait dans une liste des principaux bourgeois de la ville en 1349, avec le titre de chandrelier. , (2) Une notice biographique est insérée en téte du Catalogue de la bibliothèque de M. Decaisne, classé par les soins de M. J. Vesque. Celle-ci est due à M. Éd. Bornet. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 41 « Il ne voyait dans le transformisme qu'une mode prête à disparaître, » dont il annonçait la fin à brève échéance. Ce qui lui répugnait, c'était » surtout l'imprudence de certains théoriciens qui prétendent dresser, » sans le secours de l'expérience, des généalogies fantaisistes. Il crai- » gnait surtout que, dans la pratique, la doctrine nouvelle, en affaiblis- » sant la eroyance à une constance au moins relative de l'espéce, n'en- » trainàt les botanistes descripteurs à refaire l'ancien chaos des espèces » linnéennes, et à réunir sous une formule générale et vague des formes » qui veulent étre soigneusement distinguées. » La notice de M. Planchon est précédée de la reproduction d'une excel- lente photographie de Decaisne faite à Anvers en 1879. De linfluence du milieu sur la structure anatomique des végétaux; par MM. J. Vesque et Ch. Viet (Annales de l’Insti- tut national agronomique, 3° année, et Ann. sc. nat. 6° série, t. xut, pp. 167-176). Les auteurs rapportent des expériences de laboratoire faites dans un air artificiellement confiné et des expériences de culture en plein air. Ils concluent des premières que l'air humide produit sur le développement des plantes le méme effet que l'obscurité. Cela se rapproche des opinions que M. Mer a exprimées dans plusieurs travaux. Ils concluent inversement de la seconde série d'expériences que par l'action combinée de la lumière et de la ventilation (deux agents qui accélérent la transpiration), on obtient l'augmentation de l'épaisseur totale de la feuille, le développement plus fort du parenchyme en palissade, et aussi un développement exagéré des poils tant en nombre qu'en longueur. Ces observations sont facilement applicables à la constitution des variétés en botanique descriptive. L'espéce végétale considérée au point de vue de l'anato- mie comparée; par M. J. Vesque (Ann. sc. nat. 6° série, t. xii). Le lecteur se rappelle que, dans un travail précédent (1), M. Vesque avait cherché à reconnaitre la famille d'une plante à l'aide des caractéres anatomiques offerts par les organes de la végétation. Dans ce nouveau travail, son but est de démontrer que l'étude de l'anatomie de la feuille peut conduire à la connaissancé de la famille et de l'espéce, et même que lé simple examen d'un petit fragment de feuille permet de définir les conditions de milieu dans lesquelles le végétal aura vécu. M. Vesque se montre trés ouvertement transformiste dans ce mémoire, qui résume de longues recherches. Il y nomme épharmonie, l'adaptation (1) Voyez le Bulletin, t. xxix (Revue), p. 36. 49 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de l'espèce au milieu, et établit qu'il existe deux sortes de caractères, ceux qui trahissent encore les affinités ancestrales, malgré l'interven- . tion d'adoptions multiples, et les caractères épharmoniques. Ces derniers sont : pour la tige, le développement relatif des vaisseaux, la structure de l'enveloppe verte ; pour la feuille, la structure du mésophylle, le dévelop- pement de la partie mécanique, le revétement pileux, dans certains cas l'aphyllie plus ou moins complète etle transfert des fonctions de la feuille à l'écorce primaire de la tige. Au moment où les différenciations éphar- moniques ont fait leur apparition, elles ont porté sur une série de formes qu'il serait fort raisonnable encore aujourd'hui, dit M. Vesque, de consi- dérer comme des espèces, car elles seules sont les homologues des espèces animales. On peut, en remontant moins haut, considérer comme espèce l'ensemble des végétaux descendant d'un méme ancétre sur lequel l'éphar- monie était venue agir, et qui sont adaptés au milieu ambiant par les mémes organes, ne différant entre eux que par le développement relatif de ces organes: c'est à peu préslà l'espéce linnéenne. Enfin, pour les Jordaniens, l'espéce est l'ensemble des végétaux d'une méme division phylétique pré- sentant les mémes organes épharmoniques au méme degré de dévelop- pement. La premiére définition est pour l'auteur la plus logique. Elle obligerait de renoncer à la nomenclature binaire, et nécessiterait le retour à l'an- cienne phrase, mais systématisée. Au lieu de Capparis galeata, on aurait, pour nommer l'espéce dans le genre Capparis, la phrase suivante : « Eucapparis pedicellaris pilis fusi- formibus, centromalacophylla xerophila, megalangiophora glabra », c'est- à-dire, dans le groupe spécifique des Eucapparis de la section des Pédi- cellaires et à poils unicellulés fusiformes, une variété caractérisée par un mésophylle centrique et dépourvu d'éléments mécaniques, construite pour vivre dans les déserts, pourvue de grands réservoirs vasiformes, et glabre. Avec des chiffres et des lettres, on pourrait obvier à la cacopho- nie d'une pareille méthode, sans tomber dans le systéme de la Phytono- matotechnie de Bergeret. On pourrait aussi employer des désinences en oide : la forme oléoide serait celle dans laquelle les feuilles sont parcou- rues en tous sens par des fibres, parce que cette disposition est fréquente dans les Olea, etc. Mais M. Vesque reconnait lui-méme que l'emploi de la premiére défini- tion est irréalisable dans la pratique. Il se rabat sur la seconde, en recon- naissant qu'on se heurtera à bien des difficultés quand on voudra donner des noms aux subdivisions. l Dans la suite de son mémoire, il s'occupe des caractères épharmoniques tirés de l'anatomie de la feuille, et trace des idées générales sur la marche à suivre dans la création de l'anatomie comparée. Il termine par des apho- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 43 rismes. Nous y relevons le suivant, qui nous paraît résumer la partie la plus pratique des recherches de l’auteur : « Les principaux caractères de l’espèce tirés de l’anatomie de la feuille sont : la présence ou l'absence des cristaux, soit en général, soit dans l'épiderme; la nature, mais non la densité des dessins cuticulaires; l'épi- derme simple ou multiple; la présence ou l'absence de l'hypoderme; la structure bifaciale ou centrique du mésophylle; la présence ou l'absence de massifs fibreux accompagnant les faisceaux ; la présence ou l'absence des réservoirs vasiformes ; la présence ou l'absence de fibres parcourant le mésophylle; enfin la présence ou l'absence de cellules scléreuses, leur siège et la nature de leur accroissement. » Dans ce mémoire, les exemples sont empruntés aux Capparidées ligneuses de la tribu des Capparées, dont M. Vesque publie à la suite du mémoire précédent une monographie anatomique et descriptive. Dans cette monographie, son but principal, abstraction faite de tout souci de £éographie, est de prouver que les caractéres anatomiques de l'espéce sont beaucoup plus nets et plus précis que les caractéres organographiques employés jusqu'à ce jour. Entwickelung, Sprossung und Thcilung einiger Flechten- Apothecien (Développement, ramification et partition de quelques apothécies de Lichens); par M. G. Krabbe (Botanische Zeitung, 1882, n** 5, 6, 7 et 8 (avec 2 planches). L'auteur n'a examiné qu'un petit nombre de genres de Lichens, princi- palement des Sphyridium et des Cladonia. Il a illustré les résultats de ses recherches par un grand nombre de figures, malheureusement appli- quées à des espéces différentes, de sorte qu'on ne peut pas suivre sur ses planches le développement d'une apothécie depuis sa première ébauche jusqu'à la maturation des spores. D'ailleurs il ne parait tendre qu'à faire ressortir quelques points de détail. ll a observé, sur le Pertusaria leioplaca, la formation d’une cloison au milieu d'une apothécie, d’où l'introduction du mot de Theilung dans le titre de son mémoire. Quant au développement, il figure l'apothécie d'un Bæomyces (1) née dans la couche médullaire et traversant la couche gonidiale; il insiste sur la croissance des « écailles du thalle » (Thallusschüppchen) des Sphyri- dium, qui constituent, en s'élevant au-dessus de sa surface, des mame- lons végétatifs ou des mamelons fertiles, ceux-ci plus volumineux et plus hauts, et portant à leur sommet des apothécies. Cet ensemble est pour l'auteur un Fruchtkerper, et la partie qui supporte l'apothécie un (1) Sur le développement des Bæomyces, voyez une note de Kuttlinger dans le Flora, 1845, p. 571. AA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE. FRANCE. Fruchtstiel. Chez les Cladonia, l'auteur. distingue, dans les organes qui portent les apothécies (Fruchttrüger), deux catégories différentes : les podetia, qui sont des ramifications du thalle portant cà et là des apo- thécies en relation avec leur couche médullaire, et les pseudopodetia , résultant de l'élongation d'un des Thallusschüppchen, creusés peu à peu et vidés dans leur intérieur par le développement prépondérant de leur circonférence, et portant une apothécie à leur sommet. L'auteur admet, dans un grand nombre de cas qu'il spécifie, la ramifi- cation des apothécies. Il s'agit d'axes (Sprossungen) naissant sur elles. Ces axes peuvent naître sur un point quelconque des apothécies, soit sur l'hyménium (Cladonia papillaria, Lecidea Pilati), soit sur l'eccipulum proprium, chez les Pertusaria, soit sur l'hypothécium chez les Phlyctis. Les lichénographes constateront un résultat négatif de ce travail : c'est que pour l’auteur le développement de l'apothécie n'est pas consécutif à . un acte sexuel, comme M. Stahl l'avait constaté pour les Collémacés. Ueber Vampyrella ; par M. Julius Klein (Botanische Zeitung, 1882, n° 12 et 13, avec une planche). Ici on trouve au contraire les états successifs d'une méme espéce suivis et figurés par l'auteur. Cela était d'autant plus important, qu'il s'agit d'étres placés sur les confins des deux régnes, que M. Hæckel et MM. Hertwig et Lesser ont classés parmi les animaux, et que les re- cherches de M. Klein permettent d'attribuer définitivement au règne végétal, comme l'avait fait dés l'origine M. Cienkowski, créateur du genre Vampyrella. Le V. variabilis Klein n. sp. forme des corpuscules arrondis, quel- quefois irréguliérement lobés, qu'on rencontre attachés à des filaments de Conferves, et constitués par une enveloppe remplie d'un protoplasma plus dense vers le centre. Pendant les progrés du développement, ce corpuscule émet quatre prolongements en croix ; chacun d'eux se dilate à son sommet, où s'accumule la matière protéique, où se dessine un nucléole, et d’où partent des cils vibratiles. Peu à peu l'observation microscopique ne révèle plus, dans le corpuscule primitif et quasi vidé, que quatre cellules cruciales partant du centre et claviformes à leur ex- trémité considérablement dilatée et pourvue de ces cils; puis la vie de ces quatre cellules se concentre dans leur extrémité, qui devient libre. Il existe alors quatre zoospores ciliées, et, si l'on n'avait suivi pas à pas les phénoménes, on serait bien loin de les identifier génériquement et spécifiquement avec le-corpuscule immobile accolé au filament de la Con- ferve. Plus tard on voit se produire des phénomènes de copulation entre les zoospores,phénoménes qui d'abord rappellent ceux des Palmellées, et notamment du Pandorina, si bien étudié jadis par M. Pringsheim, mais REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 45 qu’il faut rapprocher bien plutôt de la coalescence des Myxomycètes. On voit, en effet, trois de ces zoospores s'aboucher successivement entre elles, et former ainsi un plasmodium qui enveloppe ensuite le tube d'une Conferve, à laquelle il semble demander un soutien. Ce n'est pas seule- ment un soutien. Les zoospores du Vampyrella pendula Cienk., qui s'at- tachent par un col étroit àla cellule d'un OEdogonium, sucent vraiment, à certain moment, la chlorophylle contenue dans cette cellule préalablement perforée. C'est aprés cet acte de nutrition que se constitue la spore ultime, ou Dauercyst, qui restera appendue à l'OEdogonium jusqu'à sa fragmentation en zoospores lors d'une évolution nouvelle. Quelquefois il existe un pédicule de la spore pénétrant dans la cellule de la Conferve, dont il absorbe le contenu; quelquefois la spore émet deux pédicules péné- trant chacun dans une cellule différente de la Conferve. Ce sont ces faits de nutrition qui ont fait placer les Vampyrella dans le règne animal, où ils ont constitué les genres Hyalodiscus Hertwig et Lesser, Plakopus F. E. Schulze, avec des épithètes empruntées à la couleur rouge de leur plasmodium. Mais ce sont là des phénomènes qu'on est habitué à rencon- trer chez des Péronosporées, des Saprolegniées, notamment des Chytri- dium (1), et par bien des points les Vampyrella tiennent des Myromy- cétes. D'ailleurs leur membrane se colore en bleu par l'action de l'iode et de l'acide sulfurique. En tout cas ce sont des végélaux bien inférieurs, chez lesquels il ne semble pas que les gamétes concourant à la copula- tion soient doués chacun d'une sexualité spéciale. M. Klein décrit les caractéres du genre Vampyrella et de ses sept espéces, dont trois nouvelles. Sur les rapports qui existent entre Palmella uvæ- formis et une Algue de l'ordre des Confervacées; par M. J.-B. Schnetzler (Bulletin de la Société vaudoise des sciences naturelles, vol. xvin, n° 87, p. 115). M. Schnetzler a cultivé une petite Algue unicellulaire, le Palmella uvæformis Kütz., trouvée par lui dans un ruisseau des environs de Lau- sanne, et a vusortir des colonies de ce Palmella des zoospores qui, après avoir vivement nagé dans l'eau, allaient se fixer sur les parois du verre, qu'elles tapissaient d'un enduit verdâtre ; puis bientôt elles germaient et produisaient des filaments ramifiés à cellules d'abord cylindriques. Lors- que l'eau qui les contenait se fut évaporée presque complétement, les cel- lules de ces Algues, qui présentaient tous les caractères des Confervacées, prirent une forme globuleuse, et, en se détachant, constituèrent de nou- (1) On sait qu'il a été décrit des phénomènes de copulation chez les Chytridiacées. A6 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. velles colonies gélatinisées de Palmella. Cette transformation eut lieu à la fin d'aoüt et au commencement de septembre. M. Schnetzler fait observer lui-méme que ce fait n'est pas isolé, et se relie à d'autres observations déjà publiées par M. Cienkowski et par M. Famintzin. Ce dernier, en concentrant la solution des sels inorgani- ques du liquide nourricier, réussit à désagréger un Stigeoclonium, et à le résoudre en cellules de Protococcus. Or l'eau du ruisseau étudiée par M. Schnetzler était fortement calcaire. Énumération des plantes recueillies par le D' Guiard dans le Sahara; par M. Edm. Bonnet (Nouvelles Archives du Muséum d'histoire naturelle, 2° série, 1882, t. v, pp. 129-152.) M. le D' Guiard était attaché à la mission Flatters, comme M. Roche, qui a publié dans la Revue scientifique (21 novembre 1880) des notes sur l'itinéraire de la mission. L'herbier de M. Guiard a été formé pen- dant la première expédition du colonel Flatters, entre Ouargla (32 N.) et le point extréme qu'ait atteint la mission vers le sud, le lac Menkhough (26° N.), qui nourrit un poisson du groupe des Silures, et mesure un kilomètre de long sur 400 mètres de largeur. Cet herbier se compose seulement de 122 espéces, la plupart spéciales à la région désertique. Sur ces 122 espéces, 17 étaient inconnues à Munby lors de la rédaction de la 2* édition de son Catalogue, et trois peuvent étre considérées comme nouvelles pour la flore atlantique, savoir : Zygophyllum simplex L., Solenostemma Arghel Hayne et Chloris mec- cana Hochst. Deux de celles-ci étaient déjà connues au cap Vert et en Arabie ; et le Chloris a été récemment retrouvé dans la Nubie inférieure par M. Letourneux. Un autre. fait intéressant est la découverte du Lotus trigonelloides Webb, qui, en dehors des Canaries, n'avait été signalé qu'une fois par M. Cosson dans le Maroc. Le Pin silvestre et sa culture en Sologne ; par M. A. Mar- tinet (extrait du Journal d'agriculture pratique) ; tirage à part en brochure in-8° de 46 pages. Paris, libr. agricole, 1882..— Prix : 4 fr. A la suite des désastres de l'hiver 1879-80, les terrains de la Sologne où le Pin maritime avait péri, ont été généralement replantés en Pin silvestre. La réussite fut souvent nulle, presque toujours mauvaise, et cela, selon l’auteur, parce que l’on n’a pas observé dans ces plantations les règles convenables. Il a écrit sa brochure pour rappeler à l'observa- tion de ces régles. Aprés avoir fait le procés à l'organisation de l'ensei- gnement spécial, tel qu'il est donné dans l'Ecole forestière de Nancy M. Martinet expose les conditions de vie et de culture du Pin silvestre ; traite spécialement de la graine (qui ne se présente sur les cónes à l'état REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 47 de semence complète que tous les quatre ou cinq ans) et de sa prépara- tion (fort compliquée dans le travail artificiel par lequel on détermine l'écartement des écailles des cônes), puis les opérations du semis, la plantation, l'établissement des pépinières, etc. En résumé, M. Martinet conseille, pour les repeuplements à effectuer en Sologne, l'emploi du Pin silvestre. Il préfere les plantations aux semis, les plants de un ou de deux ans, les racines nues, aux plants levés en moltes. Il considère la plantation comme süre, à la condition d'ameublir profondément le sol, de n'employer que des sujets pourvus d'un abondant chevelu, vigoureux, bien développés, provenant de pépinières convenable- ment installées, soigneusement cultivées et amendées, dans lesquelles on n'aura pas poussé à une production exagérée pour livrer les plants au cent ou au mille, ou pour certifier des états administratifs avantageux. Recherches sur Il Hibiscus ou Ketmie rose du Sud- Ouest ; par M. J. Guillaud In-12 de 14 pages. Bordeaux, typogr. G. Gounouilhou. L'Hibiscus roseus Thore (H. palustris Thore antea), jadis trés abon- dant sur le bas Adour et sur les bords des bois ou étangs de la cóte, est devenu beaucoup plus rare, comme une plante destinée à disparaitre. En voyageant en 1881 aux États-Unis, dans les marais qui avoisinent New- York et l'embouchure de l'Hudson, M. Guillaud fut surpris d'y rencon- trer la méme Ketmie. Il résulte des études auxquelles il s'est livré, tant en Amérique qu'à Bordeaux et au Muséum d'histoire naturelle de Paris, que, parmi les nombreuses Ketmies, il est un groupe d'espéces herbacées, vivaces, inermes, à fleurs roses ou lavées de rouge et automnales, qui habitent toutes l'Amérique du Nord ; ce sont les suivantes : Hibiscus militaris Cav., H. grandiflorus Mich. et H. Moscheutos L. (H. palus- tris L., H. roseus Thore, H. aquaticus DC.), qui croît non seulement aux États-Unis dans les marécages de la côte, mais encore dans notre Sud-Ouest, sur les bords du Pô et prés des lagunes de l'Adriatique et en Asie Mineure (Aucher-Éloy). L'Hibiscus Moscheutos a été pour la première fois décrit par Cornut, sous le nom d'Althea rosea peregrina sorte Rosa Moscheutos Plinii. Il n'est guère probable qu'on puisse y voir la plante sommairement signalée par Pline, qui disait d'elle : « Alia (Rosa) funditur e caule malvaceo, folia Ole: habente. » M. Guillaud rap- pelle que Virgile, le poète de Mantoue, a signalé deux fois l'Hisbicus. I ajoule avec raison que ce mot grec latinisé pouvait s'appliquer à la Gui- mauve. Cela est d'autant plus probable, que la Guimauve est le Bismalva des Capitulaires de Charlemagne, où Bis-Malva est l'altération de Bisco- Malva, mot hybride dont les éléments disposés inversement ont donné le nom espagnol de la Guimauve, Malvavisco (Malva-Bisco). 48 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. NOUVELLES. (5 juin 1883.) — M. le docteur H. Bocquillon, agrégé d'histoire naturelle à la Faculté de médecine de Paris, a succombé le 16 mai dernier à une attaque d'apo- plexie. — M. Nyman a terminé la publication de la deuxième édition de son Conspectus Flore europææ, disposée, comme on sait, sur un plan tout nouveau que nous avons fait connaitre (1). C'est un ouvrage que la plu- part de nos confréres voudront placer dans leur bibliothéque. — Nous faisions ressortir dans le dernier numéro combien était incer- taine l'opinion qui attribuait la propagation de la phthisie à des Bacillus. Un physiologiste expérimenté, M. le docteur L. Malassez, a récemment communiqué à la Société de biologie (séance du 12 mai 1883) des expé- riences d'inoculation faites par lui, avec de la matiére tuberculeuse, sur plusieurs séries successives de cochons d'Inde. Dans ces phénoménes de transmission expérimentale et directe (comparables au point de vue pathologique avec l'inoculation de la syphilis), il n'a observé aucun Ba- cillus, mais en revanche, dit-il, une tout autre forme de micro-organis- mes. C'étaient « des masses zoogleiques, de forme et de volume varia- » bles, et constituées par de nombreux Microcoques ou Sphérobactéries » parfaitement immobiles, trés rapprochés les uns des autres, irés petits » et tous à peu prés de méme volume ». — La première réunion de la Société royale d'horticulture de Londres a été marquée par la présentation d'un melon développé sous l'influence de la lumière électrique par les soins de M. Buchanan, jardinier de M. Siemens. On a fait remarquer que ce phénomène se serait produit tout aussi bien dans les conditions ordinaires de culture; pour peu qu'on l'eüt voulu, dans le méme temps et à la méme époque. Le goût du fruit n'avait du reste rien de flatteur ; ce qui prouve que l'éclairage électrique, quelque intense qu'il füt, n'avait pas suffi pour la production de l'amidon et sa transformation en sucre (2). l (1) Voyez le Bulletin, t. Nxv (Revue), p. 130. (2) Voyez le Bulletin, t. xxvii (Revue), pp. 203 et suiv.), et le Journal de la Société nationale et centrale d'horticulture de France, 1882, pp. 254 et suiv. Le Rédacteur de la Revue, Dr EUGÈNE FOURNIER. Le Secrétaire général de la Société, gérant du Bulletin, ` AD. CHATIN. Imprimeries réunies, A, rue Mignon, 2, Paris. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE (MARS-MAI 1883.) N. B. — On peut se procurer les ouvrages analysés dans cette Revue chez M. Savy libraire de la Société botanique de France, boulevard Saint-Germain, 77, à Paris, Illustrationes Floræ atlanticæ, seu Icones plantarum novarum, rariorum vel minus cognitarum in Algeria nec non in regno Tunetano et imperio Maroccano nascentium, in Compendio Flore atlantice descriptarum ; auctore E. Cosson. Fasciculus primus, tab. 1-15, a Ch. Cuisin ad naturam delineatæ. Parisiis, typogr. nation., septembre 1882. Aucune introduction ne précède encore ce premier fascicule des Jllu- strationes Flore atlanticæ, qui consiste, comme l'indique le titre, dans la représentation des espèces nouvelles décrites dans le Conspectus Flore atlantice, et dont plusieurs ont été déjà signalées par M. Cosson dans notre Bulletin ou publiées par lui dans divers exsiccata. En outre, l'ex- plication des planches comprend dans les Jllustrationes un texte qui embrasse la synonymie, une diagnose parfois trés détaillée, l'indication des localités et des observations. Les espéces figurées dans le premier fascicule sont les suivantes : Ranunculus xantholeucos Coss. et DR.; R. rectirostris Coss. et DR.; Delphinium mauritanicum Coss.; D. Ba- lansæ Boiss. et Reut.; Epimedium Perralderianum Coss. ; Papaver atlanticum J. Ball, voisin du P. pilosum Sibth. et Sm., dont il diffère par des caracléres certains, et plus encore du P. rupifragum, dont le sépare cependant M. Cosson, ainsi que du P. lateritium Koch; Hype- coum Geslini Coss. et Kral., qui par la forme des fruits se rapproche sur- tout de PH. imberbe Sibth. et Sm.; Platycapnos saxicola Willk., que M. Cosson distingue soigneusement du P. spicatus Bernh.; Fumaria numidica Coss. et DR., espéce à laquelle M. Cosson réunit aujourd'hui les types qu'il avait désignés avec M. Durieu sous les noms de F. sarco- capnoides et de F. longipes ; Matthiola maroccana, que ses pétales oblongs linéaires et livides placent auprés du M. livida DC., et qui en differe parles fleurs du double plus grandes, les siliques point ou à peine glanduleuses, et le style complètement dépourvu d'appendices dorsaux ; Cheiranthus semperflorens Schousb., connu seulement du Maroc ; Arabis Pseudoturritis Boiss. et Heldr., des montagnes de la Grèce comme de T. XXX. (REVUE) 4 50 - SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. celles de l'Atlas ; A. Doumetii Coss., qui se place auprès de l'A. muralis Bert. ; Morettia canescens Boiss., du Maroc et du Sahara algérien, qui se retrouve en Arabie ; Malcolmia ægyptiaca Spreng., plante variable qui englobe dans son aire spécifique plusieurs types de différents auteurs, et dont les caractéres bien compris permettent de supprimer le genre Eremobium Boissier; Sisymbrium Doumetianum Coss.; S. malcol- mioides Coss. et DR. ; Erysimum Kunzeanum Boiss. et Reut.; Brassica scopulorum Coss. et DR., voisin du B. balearica Pers.; B. dimorpha Coss. et DR. ; B. aurasiaca Coss. et Kral. (B. humilis Coss. antea non DC.), dont les graines sont « irregulariter subuniseriata, et qui cependant se rapproche beaucoup des Diplotaxis, chez lesquels le carac- tére tiré du mode de sériation des graines est du reste incertain ; Brassica setulosa Coss., que le B. aurasiaca rattache comme intermédiaire au genre Brassica; Erucastrum leucanthum Coss. et DR., qui diffère de l'E. obtusangulum surtout par sa fleur blanche ; Moricandia divari- cata Coss. Il suffira de parcourir les localités de ces espéces pour avoir de nou- velles preuves de ce grand fait de géographie botanique, déjà mis en lumière depuis longtemps par les explorations de M. Cosson, à savoir, que les plantes de la région atlantique et saharienne, quand elles ne sont pas spéciales à l’Afrique, trouvent leurs semblables dans les montagnes de la Grèce ou de l'Asie Mineure, ou bien dans les déserts de l'Arabie. Ordre d'apparition des premiers vaisseaux dans les feuilles des Crucifères. Démonstration de la ramification fran- chement basipète dans ces feuilles; par M. A. Trécul (Comptes rendus, séance du 4 décembre 1882). M. Trécul a déjà combattu l'opinion absolue suivant laquelle la ramifi- cation des tiges et des feuilles s'opérerait toujours suivant la direction acropéte. Parmi les Crucifères, presque toutes les feuilles dentées ou lobées développent de haut en bas leurs dents ou leurs lobes primaires. Mais ces lobules se produisent parfois de bas en haut, d’où résultent des types de formation mixte. A cause de l'accroissement prédominant de la partie supérieure des jeunes feuilles, on devrait s'attendre à trouver d'or- dinaire le premier vaisseau dans la région supérieure de la feuille. Cela arrive quelquefois, mais ce n'est pas le cas le plus fréquent. Le plus sou- vent le premier vaisseau de la feuille apparait à sa base; il a alors com- mencé dans l'axe, il peut étre engagé à la fois dans l'axe du bourgeon et dans celui de la tige mère du bourgeon. Quand ce premier vaisseau s'est étendu dans toute la longueur de la nervure médiane, celle-ci se com- porte diversement. Dans les feuilles à développement franchement basi- péte, les premiers rameaux vasculaires sont produits prés du sommet. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 51 Dans certaines feuilles de formation mixte, les premiers rameaux sont formés plus bas dans la région moyenne de la feuille, avec ou sans vais- seaux latéraux basilaires. Il y a, du reste, de grandes variations, dont M. Trécul fait connaitre de nombreux exemples. Il existe méme, comme chez l'Hutchinsia, des modifications dans le développement vasculaire suivant la position que la feuille occupe sur la tige. M. Trécul a donc toute raison de protester ici contre une théorie organogénique absolue. Ramification de l'Zsetis linctoria ; formation de ses inflores- cences ; par M. A. Trécul (Comptes rendus, 2 janvier 1883). Dans les Cruciféres, dit M. Trécul, l'inflorescence proprement dite, c'est-à-dire le corymbe ou la grappe, qui ne porte que des rameaux uni- flores, est basifuge ou acropéte par la naissance des pédoncules et par l'épanouissement des fleurs. Au contraire l'inflorescence générale, repré- sentant l'ensemble des rameaux florifères de la plante entière, ou d'une grande branche, est basipète, par l’apparition et le développement des inflorescences partielles, au moins chez un grand nombre de ces plantes. L'Isatis offre un type de ce genre, avec floraison progressive sur chaque rameau et régressive dans l’ensemble. M. Trécul examine ce sujet dans de grands détails, et s’occupe aussi de l'apparition des premiers vaisseaux dans les bourgeons florigènes. L'ordre d'apparition des vaisseaux dans ces bourgeons ne suit pas celui des feuilles. Les feuilles décroissent à peu prés réguliérement de bas en haut, suivant leur ordre de naissance, tandis que les bourgeons supé- rieurs, qui constituent la sommité, naissent ordinairement avant ceux. qui sont situés plus bas sur la région moyenne de la tige, et que, dans. cette sommité méme, les bourgeons de la région moyenne sont d'abord plus développés que ceux qui sont situés au-dessus et au-dessous. Cela influe sur l'ordre d'apparition des vaisseaux. Ce sont en effet les plus gros bourgeons de celte sommité qui les premiers obtiennent des vais-- seaux. Ceux qui sont au-dessus et au-dessous n’en obtiennent qu’ensuile (1). Sur l'existence du genre Todea dans les terrains juras- siques; par M. B. Renault (Comptes rendus, séance du 8 janvier 1883). Parmi les échantillons qui ont figuré à l'Exposition universelle de 1878, provenant du Queensland, se trouvaient, entre autres, des empreintes. de Fougères rapportées au Pecopteris australis Morr. (Alethopteris aus- tralis Schimper). L'examen attentif de ces échantillons, dont quelques- uns portaient des fructifications, a permis à M. Renault d'y reconnaitre (1) Les tableaux joints par M. Trécul à cette communication du 2 janvier ont. été- reproduits dans le numéro du 15 janvier d'une manière qui en rend l'intelligence beau— coup plus facile. 59 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. des frondes ou des portions de frondes de Todea. Dans cette espèce, les sporanges, qui paraissent avoir été moins nombreux que dans les espèces vivantes de Todea, occupent seulement les nervures secondaires et for- ment des rangées obliques, sensiblement parallèles. Les couches qui renferment ces empreintes avaient d’abord été regardées comme remon- tant jusqu'à la période carbonifère; mais M. Carruthers, d'accord avec MM. Morris, Mac Coy et Bunbury, pense qu'elles ne doivent pas être plus anciennes que les dépôts oolithiques. Cette opinion est du reste confirmée par une observation qu'a faite M. Zeiller dans les mémes gisements, celle du genre Echinostrobus, spécial au terrain jurassique. Flore du département de la Somme; par M. Éloy de Vicq. In-12 de xxvt et 562 pages. Abbeville, P. Prévost, 1883. La mort n'a pas permis à notre regretté confrère M. B. de Brutelette de terminer et de signer avec M. Éloy de Vieq cette Flore qu'ils avaient long- temps préparée en commun, el dont la rédaction leur était pour ainsi dire imposée par la distinction flatteuse que l'Académie des sciences avait accordée à leur premier ouvrage, le Catalogue des plantes vascu- laires du département de la Somme (1). On saura beaucoup de gré à M. de Vicq d'avoir persévéré dans l'exécution du projet concu à deux, et de n'avoir pas laissé sans emploi tant de documents laborieusement rassemblés. Le plan de cet ouvrage a été arrété d'aprésles Flores de M. de Brébisson et de M. Lloyd: il renferme une introduction, un aperçu topographique du département de la Somme au point de vue de sa flore, la liste des botanistes de ce département, où sont consignés des renseignements bi- bliographiques tout spéciaux, le tableau analytique des familles et la flore elle-méme. Les botanistes qui voudront se reporter au Bulletin, t. 1v, p. 1033, y trouveront, dans une note de M. de Vicq, l'indication des plantes les plus intéressantes du littoral. de la Somme. Le Catalogue est de 1865. Il a paru depuis un Supplément, et la nouvelle édition de ce supplément (2) en 1873. En outre, l'Etude des Cuscutes (3) et celle des plantes inté- ressantes de la vallée de la Bresle (4) ont fourni à M. de Vicq le sujet de mémoires spéciaux ; il a méme étendu aux Mousses, avec le concours de M. Wignier (5), et aux Hépatiques (6), des études qui ont plus que (1) Voyez le Bulletin, t. xu (Revue), p. 107, et t. xxn (2) Ibid. t. xvit (Revue), p. s P Revue), p. 108. (3) Ibid. t. xx (Revue), p. 126. (4) Ibid. t. xxv (Revue), p. 32. i) Ibid. t. xxv (Revue), p. 29. (6) Rid. t. xxix (Revue), p. 122. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 53 justifié l'attribution du prix de La Fons Mélicoq décerné à M. Éloy de Vicq’ par l'Académie des sciences, dans sa séance du 14 mars 1881. Nous avons signalé, dans les articles consacrés à chacun de ces travaux et cités ici en bas de page, les faits les plus intéressants de la végétation du pays exploré si soigneusement par lui, ce qui nous empéche d'y revenir aujour-. d'hui. Mais nous devons insister sur le soin qu'a pris l'auteur de la Flore de la Somme pour constater les espéces vraiment naturalisées. Le Centaurea solstitialis et le Barkhausia setosa, si fréquents dans les champs du Midi, commencent à paraitre dans les prairies artificielles de la Somme, de méme que l'Alysson incanum, venu depuis peu d'Allemagne. Le Geranium phœum, qui se maintient autour de Montdidier, où il a été constaté par Besse (in Pauquy Flore), y aurait été introduit vers 1800 avec des graines de Houblon venant de Belgique. Le Lathyrus mari- timus Bigelow, si connu à la pointe du Hourdel, parait être une espèce américaine, comme l'Hibiscus roseus Thore. Plusieurs Veronica sont regardés par M. de Vicq comme introduits, non seulement le V. Bux- baumii Ten. et le V. polita Fries, mais encore les V. triphyllos L., V. precoz, V. acinifolia et V. verna ; il émet la méme opinion pour les Bromus arvensis L., squarrosus L., secalinus L., inermis Leyss. (celui-ci introduit à Amiens, sur le quai de la Somme, par des bateaux venant du nord-est de la France). ! Aux plantes rares de la Somme, déjà signalées dans les articles aux- quels nous renvoyons, il conviendrait d'ajouter les trois espéces sui- vantes : Galium neglectum Le Gall, Lappa pubens Boreau et Chara polyacantha A. Br. Flore de la Côte-d'Or, avec déterminations par les parties souter- raines ; par M. Ch. Royer, t. 11, in-8°, pp. 347-693. Paris, F. Savy, 1883. Les détails dans lesquels nous sommes entrés lors de la publication de cet important et original ouvrage (1) nous dispensent d'en rappeler le plan. Le second volume le termine entièrement. On y remarquera com- bien l'auteur accorde à la partition (axe floral des Borraginées, origine des rameaux des Lappa ; pétioles de lP Alchimilla vulgaris, des Spiræa Ulmaria et Filipendula; division anomale dela hampe des Tulipa; par- tition du rhizome des Fougéres dans la production successive des pétioles). On lira avec beaucoup d'intérét ses observations sur l'influence que l'éla- gage exerce sur la croissance du tronc, qu'il empéche de grossir (p. 435) ; sur l'amputalion de la tige centrale des Euphorbes, qui donne lieu à des fleurs disposées en cyme et non plus en ombelle; sur le bleuissement de diverses espéces aprés la récolte (p. 424); sur le latex et la version spon- (1) Voyez le Bulletin, t. xxvur (Revue), p. 146. 54 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE. FRANCE. tanée des feuilles des Lactuca (1) ; sur les bourgeons de remplacement des Carduacées et du Senecio Jacobæa, qui, ordinairement bisannuel (S. nemorosus Jord.), a pourtant assez souvent des bourgeons de rempla- cement et devient alors pérennant (2); sur l’évolution des bourgeons flori- fères des Carex ; sur la torsion des feuilles et de l'aréte des Graminées ; sur l'anthése des Salix, dont l'inflorescence subit des complications, de méme que celle des Dipsacus ; sur la structure des cladodes, pour laquelle M. Royer n'accepte pas l'interprétation de M. Duval-Jouve. Il y aurait encore un grand nombre d'observations de détail à citer, car l'ou- vrage de M. Royer est comme un traité de morphologie procédant par le détail et par des exemples particuliers. Certains sujets sont pris cepen- dant par lui au point de vue général, comme la structure des bulbes, et l'inflorescence, témoin les réflexions que nous reproduisons sur celles des Liliacées : « Les pédicelles des Lilium Martagon, candidum, cro- » ceum, pyrenaicum, etc., portent une bractée. Pour cette cause, une » cyme raméale est peut-élre sous-entendue ; mais comme elle n'est pas ». effective, l'inflorescence doit être rattachée à la progression. Il faut se » décider sur ce qui existe et non sur ce qui pourrait exister. » Au point de vue de la flore proprement. dite, M. Royer insiste sur ce que la structure de certaines parties souterraines, celle des Aster notam- ment, leur permet de s'enraciner facilement dans les lieux où on les a jetées : il a souvent l'occasion de rectifier les déterminations inexactes consignées dans l'ouvrage de Lorey et Duret. Plusieurs espéces ont été signalées par lui dans le département de la Cóte-d'Or à titre de nou- veautés. Il est probable méme qu'il reste à y trouver, quand on voit le territoire restreint de Saint-Remy (que M. Royer habitait) posséder des espèces telles que Draba muralis, Pirola rotundifolia, Chlora perfo- liata, Gentiana ciliata, Allium rotundum, Arum italicum, Vallisne- ria spiralis, Helodea canadensis (3) et Ophioglossum vulgatum? Aux recherches personnelles de M. Royer se sont ajoutées, pour augmenter le catalogue de ce département, celles de feu M. Lombard, et des zélés confréres qui ont l'année derniére si heureusement dirigé les herborisa- tions de notre session de Dijon. Voici les principales constatations nou- velles que l'on doit, tant à eux qu'à M. Royer et aux herborisations de la Faculté des sciences (4) : Ranunculus ophioglossifolius, Silene Armeria, (1) Voyez le Bulletin, 1. xxx (Revue), p. 201. (2) Il en est parfois ainsi du Digitalis purpurea. (3) L'Helodea canadensis s'est naturalisé jusqu'en Hongrie, à ce que rapporte M. V.de im dans une note spéciale ((Esterreichische botanische Zeitschrift, janvier 1883, p. 21). jj (4) Ces herborisations se sont faites habituellement dans les environs de Dijon, sous là direction de M. le professeur Émery, doyen de la Faculté, et avec le concours de MM. d'Arbaumont, Genty, Morizot et Rochet. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 55 Hypericum Desetangsii Lamotte, Meconopsis cambrica, Cardamine deciduifolia Ch. R. n. sp., Diplotaxis muralis, Hirschfeldia adpressa, Lepidium Draba, Senebiera pinnatifida, Rapistrum rugosum, Viola alba Besser (V. scotophylla Jord.), Genista germanica, Lotus uligi- nosus, Prunus silvatica Desv., Spiræa hypericifolia, Potentilla mi- crantha Ramond, Sorbus latifolia, Bupleurum tenuissimum, Ammi Visnaga, OEnanthe pimpinelloides, OE. silaifolia Bieb., Seseli colora- tum, Grammica Bidentis Ch. R., Linariaalpina, Centaurea paniculata, C. melitensis, Galanthus nivalis, plusieurs Potamogeton, Carex para- doxa, C. strigosa, C. canescens, C. Hornschuchiana, C. lævigata, C. teretiuscula, C. nutans Host, C. filiformis, Scirpus mucronatus, Eriophorum vaginatum, Schænus ferrugineus, etc. La Flore de la Côte-d'Or se termine par plusieurs tables, l'une de morphologie, les autres relatives aux familles, aux genres et aux espèces, et aux plantes mentionnées quoique étrangères au département, enfin par une table des noms vulgaires. Nous remarquons dans celle-ci quelques appellations locales : Anottes (Carum Bulbocastanum), Auzeraule (Acer campestre), Bal (Veronica Beccabunga), Biquette (Helleborus fotidus), Boulichet (Primula officinalis), Canneuler (Cornus mas), Canguoins (Anemones, Primevères), Carafée (Cheiranthus Cheiri), Chaigneau (Centaurea Jacea), Cornouelle (Trapa natans), Diajeu (Iris Pseuda- corus), Emeron (Euphorbia verrucosa), Feuillotte (Polygonum Bistorta), Grainjon (Salix triandra), Jargerie (Vicia Cracca et tenuifolia), Liarge (Sonchus), Lusso (Jex Aquifolium), Machard (Helleborus fætidus), Peusiaux (Lathyrus tuberosus), Pible (Ulmus major), Pouverne (Rham- nus Frangula), Préceints (plusieurs Salix), Soupe-au-vin (Cardamine pratensis, etc.). Sur la Ficoïde glaciale; par M. Hervé Mangon (Comptes rendus, séance du 8 janvier 1883). On sait que toutes les parties du Mesembrianthemum sont chargées de vésicules transparentes et remplies de liquide. Ce liquide a une saveur franchement salée. Il laisse 33 pour 100 de résidu solide, formé de sel marin presque pur. En prenant la moyenne des résultats obtenus, on voit que les cendres du végétal, formées de sels de soude et de potasse, pèsent 43 pour 100 du poids de la plante sèche. Le mètre carré, cultivé en Ficoïde, ayant donné à M. Mangon, dans le département de la Manche, 135,100 de plantes fraîches, il en conclut un rendement de 131 000 kilo- grammes par hectare. La récolte de ces 131 000 kilogrammes contien- drait 1820 kilogrammes de cendres renfermant elles-mêmes 335 kilo- grammes de chlore, autant de soude, et 588 kilogrammes de potasse pouvant fournir 863 kilogrammes du carbonate de cette base. Ce chiffre 56 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. est à peu près égal au poids de carbonate de soude fourni par la récolte d'un hectare de soude d’Alicante. Il est donc probable que la culture de la Ficoïde permettrait d'enlever aux terrains salés du littoral de la Méditer- ranée les sels salins dont l'excés les frappe de stérilité. Sur la Cristalline ou Glaciale; par M. Éd. Heckel (Comptes ren- dus, séance du 26 février 1883). M. Heckel avait fait connaître avant M. Hervé Mangon (1) la composi- tion chimique du Mesembrianthemum, d’après des échantillons recueillis en Provence, où domine la variété annuelle (M. glaciale Haw.). Cette variété serait préférable, pour l’extraction de la potasse, à celle de la Normandie. Les organes sécréteurs de la Glaciale ont été étudiés de près par M. Martinet, mais M. Heckel en a suivi le développement. Il sort de la graine, dit-il, une plantule dont les cotylédons sont couverts de simples. soulèvements épidermiques, comparables à ceux des pétales de la Pensée. Sur les secondes feuilles, ces papilles prennent l’aspect d’un poil unicel- lulaire, long, à base large et à pointe acérée, Même état sur la tige. Sur les feuilles suivantes, les poils perdent leur pointe, leur base se dilate et se déjette en un corps ellipsoïde, rattaché à l’épiderme par un étran- glement linéaire. Seuls les poils de la face interne des pétales restentdans leur état primitif, cependant ils se font remarquer par une légère oblité- ration de la pointe et une coloration rouge carmin de leur contenu. Ce contenu vésiculaire, que certains auteurs considèrent comme une gomme, est liquide et semblable au suc général de la plante : quelques gouttes de ce liquide jetées dans l'eau y font naître un trouble opalin dû à un mucilage protoplasmique. Sur la maladie des Safrans connue sous le nom de Tacon; par M. Éd. Prillieux (Comptes rendus, séance du 26 fé- vrier 1883). Le Tacon ou Taconnet est caractérisé, dans le Gâtinais, par des taches d'un noir mat qui se montrent à la surface du bulbe dépouillé de ses tuni- ques. Depuis Fougeroux de Boudaroy, Montagne est le seul qui ait examiné le Tacon, mais il s'était borné à faire une étude rapide du parenchyme malade, et à établir une grande analogie entre le Tacon du Safran et la maladie de la Pomme de terre. M. Prillieux a constaté, dans tous les tissus (1) C'est dans le Bulletin de la Société des pharmaciens des Bouches-du-Rhône. M: Heckel y avait étudié la Glaciale au quadruple point de vue botanique, histologique, chimique et thérapeutique. La composition de la plante explique bien qu'elle ait donné n -— dans le traitement de certaines affections justiciables de la médication caline: REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 57 envahis par le Tacon, tant à la surface que dans la profondeur des bulbes, des filaments de mycélium identiques, et en connexion avec eux de trés petits corps noirs qu'il considére comme des sclérotes formés par les fila- ments pelotonnés du mycélium. Ces sclérotes, sur une petite épaisseur, durcissent et conslituent une coque noire et friable, tandis qu'à l'intérieur non seulement ils ne durcissent pas, mais leurs parois se gélifient; le plasma qu’ils contiennent, d'abord à l'état de fils entrecroisés à travers la masse mucilagineuse, se divise ensuite et se condense en masse de taille et de forme assez variables (1). Bacterien als directe Abkómmlinge einer Alge (Les Bac- _téries considérées comme une descendance directe des Alques); . par M. Hugo Zukal (Œsterreichische botanische Zeitschrift, mars 1883). L'auteur a observé végétant sur le sol humide d'une serre chaude des Algues telles que le Drilosiphon Julianus Külz., le Nostoc parietinum Rabenh., le Glæocapsa fenestralis Kütz. et le Leptothrix muralis Kütz. Son mémoire a pour objet d'établir que ces différents types ne sont que des formes d'une méme espéce. Il figure, pour en convaincre le lecteur, le Drilosiphon dans ses divers états, avec ses filaments typiques, ses cel- lules terminales raccourcies, ses hétérocystes et les hormogonies chargées de reproduire l'espéce ; la manière dont celles-ci se constituent dans le tube du Drilosiphon, et leur germination, qui développe à chacune des extrémités de l'hormogonie une série de cellules raccourcies et enfermées dans un tube de peu d'épaisseur. Plus ce tube s'allonge, plus il augmente d'épaisseur en se gélatinifiant, plus il perd sa couleur, relativement aux cellules renfermées dans son intérieur. Il se transforme ainsi en un fila- ment de Nostoc, et l'auteur figure en regard un filament typique du Nostoc parietinum Rabenh. pour faire saisir l'analogie des deux. Une autre figure nous représente des cellules de Nostoc sorties de leurs séries gràce à la gélatinification compléte des parois du tube, et groupées en une formation analogue à celle des Aphanocapsa. L'une de ces cel- lules se développe en une colonie nouvelle de Nostoc, de l'autre pousse un filament de Drilosiphon. D'autres cellules isolées de Nostoc pro- duisent les colonies du Glæocapsa fenestralis. Enfin, des filaments de Drilosiphon produisent des hormogonies de Leptothrix, de celui qu'on a nommé longtemps L. parasitica ; le Leptothrir muralis Kütz., que M. Zukal nous semble avoir particuliérement étudié, est le point de dé- part, selon lui, de nouvelles phases. Aprés avoir glissé hors de la gaine (1) On trouvera dans le Compte rendu de nos séances, page 95, des détails circon- stanciés sur ce sujet. 58 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. qui les enveloppait, les hormogonies du Leptothrix, dit-il, se plient en zigzag et se résolvent en articles isolés qu'on ne saurait distinguer des Bacillus, qui acquièrent des mouvements, et se présentent raidis ou si- nueux comme des Vibrions. Ueber das Scheitelwachsthum des Gymnospermenstam- mes (Sur la croissance apicale de la tige des Gymnospermes); par M. H. Dingler. In-8° de 85 pages, avec 3 planches. Munich, Acker- mann, 1882. L'auteur a divisé son mémoire en deux parties, dont la premiere est un résumé historique, et la seconde consacrée à l'exposé de ses propres recherches. Il révoque en doute l'exactitude des observations sur les- quelles on a affirmé l'existence de plusieurs cellules apicales au sommet organique de l'axe des Coniféres. Cependant il y a plusieurs espéces (Pinus silvestris, P. Laricio, Juniperus communis, Ephedra distachya) sur lesquelles il n'a pu constater directement l'existence d'une seule cel- lule apicale. Le dernier chapitre de sa thése contient une discussion étendue, dans laquelle il défend la théorie de M. Nägeli sur la cellule apicale contre l'opinion soutenue par M. Sachs. Eine neue Floridee; par M. F. Hauk (Hedwigia, 1882, n° 9). Cette Floridée, trouvée au large de Singapour par le conservateur du musée de Trieste, M. de Marchesetti, dans son deuxiéme voyage aux Indes orientales, constitue un nouveau genre nommé par l'auteur Marchesettia, qui appartient à la famille des Areschongiacées. Le M. spongioides est encore counu des parages de Nossi-bé (Hildebrandt) et de la Nouvelle- Calédonie, d'aprés des échantillons du Muséum de Paris. Sull' accrescimento intercalare della Lonicera chinen- sis Wats. ; par M. L. Macchiati (Nuovo Giornale botanico italiano, janvier 1883). . | Cette étude de l’allongement des mérithalles sur un Lonicera prouve que la rapidité de cet allongement est en raison inverse de l'intensité de la lumière, et qu'elle a son maximum avant l'aurore, son minimum avant le coucher du soleil, la force qui le produit allant en augmentant pendant l'obscurité, et en diminuant pendant que la plante est soumise à la lu- mière. Le fait ne peut guère compter que comme un nouvel exemple acquis à la science. Quant à la moyenne de l'accroissement diurne, c'est vers le douzième jour qu’elle est le plus forte sur les mérithalles de ce Chèvre- feuille. Un entrenœud considéré en lui-même s'allonge d'abord uni- formément dans toutes ses parties, puis, vers les derniers jours, l’accrois- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 59 sement tend à se localiser dans une zone transversale voisine du nœud supérieur. Plantas in itinere africano ab J.-M. Hildehrandt lectas deter- minare pergit W. Vatke (Linnea, nouvelle série, t. 1x, 7° livr. pages 507-544). Cette nouvelle partie des travaux que M. Vatke consacre depuis Si longtemps à l'étude des plantes de l'Afrique orientale concerne la famille des Convolvulacées, celle des Verbénacées et celle des Pédalinées. On y trouve des espèces nouvelles dans les genres Jpomæa, Convolvulus, Evolvulus, Breweria, Lantana, Bouchea, Stachytarpheta, Premna, Vitex, Clerodendron, Tinnea et Josephinia. M. Vatke n'accepte pas le genre Vatkea que M. O. Hoffmann a établi pour le Martynia diandra, fondé surtout sur les loges monospermes, le caractére du nombre des ovules dans chaque loge étant, selon lui, variable dans cette famille. C'est pour cela qu'il a rapporté au genre Josephinia son nouveau J. Africana, bien que cette espéce ait les loges trispermes. Die Entwickelung des Stengels und des Blattes von Gingko biloba L. (Salisburia adiantifolia Smith)(Wissenschaft- liche Beilage zu dem Programm des städtischen Gymnasiums in Bern); par M. J. Fankhauser. In-4° de 11 pages, avec 4 planches. Berne, typogr. Stämpfli, 1882. M. Fankhauser a commencé ce court mémoire par quelques citations bibliographiques auxquelles il faudrait joindre, à un point de vue plus général, des travaux de paléontologie (1). La partie Ja plus intéressante de ses recherches nous parait étre celle qui concerne la feuille, qu'entou- rent dans le bourgeon des écailles analogues par leur structure, pour le principal, à celles des Cupressinées. Ces écailles ou feuilles inférieures squamiformes ont ordinairement des cellules à membrane subérifiée. Tandis que sur le bourgeon terminal elles suivent une spirale, elles con- stituent sur les bourgeons latéraux deux à quatre paires décussées, que suivent de vraies feuilles disposées suivant le cycle. La spirale tourne de droite à gauche. Les écailles ne possèdent qu'un seul faisceau vasculaire, non partagé,qui peut méme chez les écailles rudimentaires manquer com- plétement, et qui, chez les plus développées, pourvues d'un commencement de limbe, commence aussi à se diviser. Le limbe se développe transver- salement à l'écaille, pourvu à sa partie médiane d'une échancrure qui devient promptement une fente. Le limbe croit toujours suivant la marge (4) Voyez notamment le 62* Jahresversammlung der Schweizerischer Naturforschen- den Gesellschaft in St-Gallen, 1878-1879. 60 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de la jeune feuille, mais plus tard les partitions cellulaires intercalaires l'emportent en importance sur la eroissance marginale. On trouve en effet, dans le jeune âge, de dix à vingt cellules entre deux nervilles consécu- tives, tandis qu'il y en a environ cent sur la feuille adulte. Quant au déve- loppement de ces nervilles, l'auteur se range à une opinion soutenue par M. Prantl, et pense que les extrémités de ces nervures, pendant le déve- loppement de la feuille, jouent le rôle de points de végétation. Le faisceau vasculaire de la feuille subit en la parcourant une série de dichotomies véritables. L'auteur a remarqué des cellules à parois cannelées placées en spirale à droite età gauche de chaque point de bifurcation de la ner- vure, au-dessus duquel se trouve la place d'un canal résinifère. Le déve- loppement des canaux résinifères est trés étroitement lié à celui du faisceau vasculaire. Tandis que la partition marche activement dans les diverses régions de la feuille, les cellules qui se trouvent au-dessus de ladite bifurcation se résorbent et laissent une place à la sécrétion de la résine. Les cellules qui bordent cette lacune poussent parfois des poils dans son intérieur. Quant au pétiole des feuilles, il a la structure des « aiguilles » de Pin, et il est développé bien avant elles (1). L'auteur ajoute que les « aiguilles » du Taxus et de la plupart des Conifères peuvent être com- parées aux feuilles des Lycopodiacées et des Isoétes. Le limbe de la feuille du Gingko unit, selon lui, les feuilles des Cryptogames à celles des Dicotylédones. Nuovi Studi sulla malattia del Castagno detta dell Inchiostro ; par M. G. Gibelli (extrait de la 4° série, t. 1v, des Me- morie dell” Accademia delle scienze dell Istituto di Bologna, séance du 14 décembre 1882). M. le professeur Gibelli avait été chargé, dès le printemps de 1875, d'étudier la maladie du Châtaignier, dont traite ce mémoire, parle minis- tère de l’agriculture et du commerce, et publia à ce sujet quelques travaux qui en provoquérent d'autres. Il examine successivement la répartition géographique de cette maladie et ses caractéres histologiques. Reconnais- sant ensuite que la maladie pourrait être due soit à un défaut de maté- riaux alibiles dans le terrain des plantations de Châtaigniers, soit à des parasites, animaux ou végétaux, il a institué des recherches chimiques sur ce terrain, et l'a trouvé trés pauvre en potasse et en acide phosphorique. Mais il a constaté la méme pauvreté du sol dans des forêts de Châtaigniers en parfaite santé. Il a planté de jeunes pieds de Châtaignier dans des localités déjà dévastées par la maladie, en observant d'ajouter dans le (1) Voyez un mémoire de M. Thomas dans les Jahrbücher de M. Pringsheim, t. 1v; p. 24. , REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 61 terrain de ces plantations la potasse et l'acide phosphorique qu'on pour- rait leur juger utiles, mais les nouvelles plantations n’en sont mortes que plus vite. I1 a facilement mis hors de cause tout parasite animal. La question des parasites végétaux avait déjà été traitée non seulement par l'auteur, mais par M. de Seynes et par M. J.-E. Planchon (1). M. Gibelli se refuse encore à admettre que le dommage soit causé par le mycélium de l'Agaricus melleus, parce que les symptómes sont tout différents chez les Müriers tués par cet Agaric. Cependant il ne conclut pas d'une ma- nière précise, mais parait disposé à partager l'opinion de M. de Seynes. Die Entwickelungsgeschichte und der Bau der Samen- schalen der Scrophularineen (Le développement et la structure du test des graines des Scrofularinées); par M. Ewald Bachmann. Dissertation inaugurale, in-4° de 179 pages, avec 4 planches lithogra- phiées (extrait des Nova Acta der Kaiserl. Leopold-Carol. deutschen Akademie der Naturforscher, t. xvn). Halle, 1880. Nous regrettons de rendre compte aussi tardivement de ce mémoire, qui n'est parvenu que récemment à la Société. L'auteur est éléve de M. le professeur Schenk. Après une introduction bibliographique écourtée, il entame son sujet en détail, genre par genre, suivant l'ordre du Genera d'Endlicher, et parfois consacrant un paragraphe à telles ou telles espèces. Il en résulte une trés grande quantité de faits de détail. Parmi les faits généraux, les seuls que nous puissions examiner dans ce résumé, il y en a de deux sortes. Les modifications que l'on constate dans les caractères des graines d'une famille, comme les modifications d'un caractére quel- conque, peuvent étre causées par des lois générales, supérieures aux caractères particuliers de la famille, ou bien être dues à des différences d'organisation spéciales à certains membres de cette famille. C'est à la première catégorie qu'appartiennent les faits en apparence anomaux présentés par les genres Mimulus, Mazus et Lindenbergia. C'est en effet une loi formulée par M. Strandmark, que pour compenser la min- ceur ou l'absence de l'une des couches du testa, l’albumen ou méme lembryon prend une consistance insolite. Cela a été annoncé par M. Strandmark pour les Hydrophyllées, les Tropéolées et les Balsaminées, et vérifié par M. de Solms-Laubach pour les Rafflésiacées. Les Linaria nous offrent l'application d'une autre loi générale : c’est que si une graine müre est aplatie, anguleuse, ou dévie d'une manière importante de la formearrondie et simple, c'est qu'il s'est produit, àl'intérieur de son tégu- ment ou de son albumen, des développements locaux qui ont altéré cette forme naturelle. D'aprés M. Fickel, il y a dans les parties anguleuses des (1) Voyez le Bulletin, t. xxix (Séances), p. 17. 62 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. graines des Cucurbitacées un plus grand nombre de couches que sur d'autres points ; d’après M. Strandmark, les plis des graines du Tropæo- lum sont formés par l'endosperme. Si les graines des Linaria sont aplaties, comme ailées, c'est par le développement du tissu intermédiaire; méme quand ce tissu se résorbe à mesure du développement de l'endo- sperme, il en reste des prolongements qui motivent les saillies aliformes du tégument. Les graines singuliérement clypéiformes ou conchiformes des Veronica doiventleur forme à des phénoménes de croissance unila- térale manifestés à l'intérieur de l'endosperme, et en sens perpendicu- laire à celui suivant lequel a lieu l'aplatissement des Linaria. Nous ne trouvons dans le résumé de M. Bachmann qu'un petit nombre de faits à citer comme spéciaux à la famille, et en première ligne celui-ci, qui était inattendu : c'est que (d'aprés ce qu'a écrit M. Lohde sur les graines des Solanées) celles-ci diffèrent d'une manière générale de celles des Scrofularinées, par les caractéres de la couche la plus extérieure de l'embryon. Au contraire, la tribu des Buddléiées ne lui a rien offert dans ses graines qui s'écartàt des Scrofularinées en général, et l'on sait qu'il y à des auteurs qui attribuent aux Buddléiées une situation taxinomique toute différente. Enfin mentionnons des sections de genre caractérisées, comme la section Cymbalaria du genre Linaria, par une couche de cellules réticulées ; des espèces aberrantes, comme le Pentstemon Digi- talis; d'autres qui, comme le Mimulus ringens, doivent former proba- blement un genre distinct, etc. Flora of Hampshire, including the isle of Wight, or List of the flowering plants and Ferns found in the county of Southampton, with. localities of the less common Species; par M. Frederick Townsend. Petit in-8° de xxiv et 524 pages. Londres, L. Reeve et Ci°, 1883. Cet ouvrage contient une introduction où se trouvent des détails sur la topographie, le climat, la constitution géologique, les régions botaniques. du pays et les autres renseignements d'usage. La flore ne renferme aucune description ni diagnose, non plus qu'aucune clef dichotomique, mais une. indication trés soigneuse des localités. M. Townsend a eu le soin de noter: les noms vulgaires anglais. | ! Son livre se termine par une récapitulation dressée en tableaux qu'in-- dique la répartition et la fréquence de chaque espèce dans les diverses. régions botaniques, au nombre de deux, entre lesquelles il a partagé le sol de sa flore. Il caractérise ensuite chacune de ces régions par sa végé- tation. Vient ensuite une comparaison de la flore du Hampshire avec. celles des comtés voisins, une page de références à la théorie de Thur- mann, puis une liste des espéces introduites. L'ouvrage se termine par un appendice renfermant des notes critiques REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 63 sur certaines espéces de la flore. Ces espéces sont les suivantes: Viola Reichenbachiana Bor., Cerastium pumilum Curt., Stellaria umbrosa Opiz et St. media L., Prunus domestica L. et espèces voisines, Petrose- linum segetum Koch, Œnothera crocata L. (note médicale comme la précédente), Limodorum abortivum Sm., Orchis incarnata L., Epipactis violacea Durand-Duquesnay Cat. Pl. Lisieux p. 102, Scirpus uniglu- mis Link, Eriophorum gracile Koch, Glyceria declinata Bréb., Sclero- chloa maritima Lindl. et Festuca ciliata Danth. M. Townsenda figuré PErythrea capitata Willd., espèce perdue qu'il a retrouvée sur les rivages de la Manche (1). Supplément à la Monographie des Roses des Alpes-Ma- ritimes, etc. ; par MM. Emile Burnat et Aug. Gremli. Juin 1882- février 1883. In-8° de 84 pages. Genève, Bâle et Lyon, chez H. Georg. Ce travail doit étre considéré comme une seconde édition de celui que les mémes auteurs ont publié auparavant à Lausanne (2), augmentée des pages 62-84. La précédente publication avait coincidé avec celle du 6* fas- cicule des Primitie monographie Rosarum de M. Crépin, et une nou- velle campagne d'herborisation dans les Alpes-Maritimes à la fin de l'été dernier leur a fait récolter un assez grand nombre de Roses dont plu- sieurs méritaient d’être signalées. Ce sont là les deux causes des addi- lions que nous signalons. En appréciant le 6° fascicule des Primitiæ, les auteurs reproduisent certaines critiques que M. Christ avait formulées dans le Botanisches Centralblatt, 1882, p. 299. Ce qu'il y a de plus remarquable dans ces. critiques, c’est la considération de formes alpestres qui se substituent dans les montagnes (vicarirende Bergformen) aux types de la plaine, sans cesser d'appartenir à la méme espéce. MM. Durnat et Gremli font d'ailleurs d'autres critiques de détail, d’où ressort clairement la nécessité d'observer géographiquement le genre Rosa sur place et dans des limites étendues, pour concevoir les types spécifiques et le parallélisme de leurs variations. MM. Burnat et Gremli sont beaucoup plus rapprochés de la maniére de voir de M. Christ, dans mainte occasion de détail, que de celle de M. Crépin. Parmi les formes de Rosa recueillies récemment par les auteurs, on distingue surtout le nouveau R. coriifolia, var. à. Brigianorum. Catalogue des Festuca des Alpes-Maritimes; par M. Émile Burnat. In-8° de 15 pages. Lausanne, impr. Georges Dridel, 1882. M. Ed. Hackel, dont nous avons fait connaitre ici un ouvrage important. (1) Voyez tome xxix (Revue), p. 121. (2) Ibid. p. 115. 64 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sur les Festuca d'Europe, a bien voulu déterminer et annoter toutes les espèces de Festuca des Alpes-Maritimes de l'herbier de M. Ém. Burnat, ainsi que celles de l'herbier Thuret et Bornet, d’après lequel a été en général écrite la Flore des Alpes-Maritimes d'Ardoino. M. Burnat a fait connaître les localités des espèces et des formes, en suivant exactement ]a méthode de M. Hackel. Il résulte de ce travail que les Alpes-Mari- times (1) possédent douze espéces (sous-espéces ou variétés pour M. Hackel) non connues d'Ardoino. Le Festuca dimorpha Guss. (F. flavescens Ard. non Bell.), abondant dans les montagnes de Tende, sur le sol ita- lien comme sur le sol francais, est nouveau pour la flore de France; le F. scabriculmis est spécial à la méme région. Die nähere Vorgänge bei der Sporenbildung der Salvi- nia natans, verglichen mit der der übrigen Rhizocarpeen; par M. Emil Heinricher (Sitzungsberichte der kais. Akademie der Wis- senschaften, math.-naturw. Classe, avril-mai 1882, pp. 494-521). La formation des organes reproducteurs chez les Rhizocarpées a été l'objet d'un grand nombre de mémoires, dont les principaux sont ceux de Griffith (2), de Mettenius (3) et de M. Juranyi (4). Aprés ces savants, il ne devait rester que des observations de détail à faire. M. Heinricher en a tracé beaucoup en suivant la macrospore depuis sa première origine et la formation de tétrades jusqu'à son complet développement, puis le micro- sporange. Il fait connaitre ensuite quelques anomalies; il termine par une étude comparative et phylogénétique des Cryptogames supérieurs. Il a observé, comme déjà Mettenius, des cas où un même conceptacle de Salvinia portait des anthéridies et des sporanges. Ce fait, selon lui, doit être regardé comme un cas d'atavisme, et prouve que la séparation des sexes est un caractère acquis pendant la suite des temps. Les Marsilia- cées, à ce point de vue, seraient dans l'ordre phylogénétique antérieures aux Salviniées. Notes agronomiques recueillies pendant un voyage dans l'Asie centrale; par M. G. Capus (Annales agronomiques, cahiers de juillet et d'octobre 1882). Comme il est avéré aujourd'hui que l'Asie centrale a été, vers le plateau de Pamir, le point de départ de l'antique migration des peuples aryens, (1) M. Burnat admet pour la flore des Alpes-Maritimes une circonscription plus éten- due qu'Ardoino. (2) Ueber Azolla und Salvinia (Calcutta Journal of natural History, 1844, traduit et annoté par Schenk dans le Flora de 1846, n° 31). ' (3) Beiträge zur Kenntniss der Rhizocarpeen. Francfort-sur-Mein, 1846. i Ueber die Entwicklung der Sporangien und Sporen der Salvinia natans. Berlin, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 65 l'étude du climat et des cultures du pays queles Russes ont conquis depuis une vingtaine d'années, le long des rives de l'Oxus et de ses affluents, de- puis Khiva jusqu'à Bokhara et Samarkand, offre un grand intérét pour l'ethnographie et pour l'histoire de la civilisation. Il en est de méme des noms portés par les plantes cultivées dans ces lointaines régions, et qui sont en général doubles, appartenant, les uns aux idiomes des Khirghiz ou des Ouzbecks, c'est-à-dire à une souche touranienne, les autres à ceux des Sartes ou des Tadjiks, c'est-à-dire à une souche iranienne, et par conséquent trés rapprochée du sanscrit (1). A ce point de vue, les docu- ments trés précis consignés par M. Capus dans ses notes de voyage, s'ils avaient été connus plus tôt, auraient été mis utilement à profit dans l’Ori- gine des plantes cultivées de M. de Candolle, ne füt-ce que comme supplément d'information. En arrivant dans les vallées du Syr-Darya et de l'Amou-Darya, M. Ca- pus el son compagnon de voyage, M. Bonvalot, ont eu d'abord à y con- stater ce que l'administration russe, secondée par des savants de grand mérite, a déjà fait pour la transformation agricole de ces contrées. Des stations météorologiques, établies dans les principaux endroits du Turkestan russe, y possédent de bons instruments réglés sur ceux de l'Observatoire central de Saint-Pétersbourg. Il existe méme une Société dite en langue russe Société turkestanienne des amis des sciences, dans le Bulletin de laquelle, en 1879, M. Teich a résumé des données climato- logiques résultant d'observations commencées dés 1870 (2). Le général Korolkoff, mis à la têle du service forestier, a dirigé des travaux de reboisement qui ont déjà eu la plus heureuse influence sur le climat du pays et sur le bien-étre de la population dans la province du Ferghànah (l'ancien khanat de Khokhand), travaux fondés sur l'établis- sement de vastes pépinières. Les essences qui se prêtent le mieux au reboisement de ces contrées sont le Populus alba, l'Ailantus glandulosa, le Robinia Pseudacacia et le Pinus halepensis. L'introduction du Riz sec (3) a été un bienfait pour les terrains auxquels l'eau d'irrigation n'est distribuée qu'avec une parcimonie nécessaire. Le gouvernement russe fait travailler les indigénes à la destruction des sauterelles. Un champ d'ex- (4) Il est intéressant d'en donner quelques exemples tirés du mémoire de M. Capus, en se tenant en garde contre les fautes typographiques. Le blé, Gandoum, est gódhüma en sanscrit; l'orge, djaou, est yava en sanscrit (le grec Cía); le millet, arzan, est en sanscrit rasá, rasaná ; le haricot (Phaseolus vu!garis L. selon M. Capus), masch, corres- pond au máshá nommé parmi les grains d'offrande dans le Vrihadáranyaka, et rapporté par les dictionnaires sanscrits au Phaseolus radiatus; le chanvre, bank, est en sanscrit bhangá, en zend banha, etc. (2) Voyez le mémoire de M. Fedschenko dans les Mittheilungen de Petermann pour 1874, t. xx, p. 201. (3) On sait que les Chinois cultivent deux sortes de Riz, et que celui qu'ils nomment Riz sec demande beaucoup moins d'eau que l'autre. T. XXX. (REVUE) 5 66 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. périences, établi à Samarkand, permet des essais de cultures de céréales importées de la Russie d'Europe et de la Sibérie, qui donnent sous ce climat (plus méridional) d'excellents résultats, et le seul district de Kouldja a exporté en 1876 pour plus de 100 000 roubles de céréales. M. Capus fait connaitre, dans son mémoire, d'abord le climat du Turkestan, puis la nature de son sol, le régime de ses eaux, les instruments agri- coles, et enfin les cultures qu'il répartit entre cinq catégories: céréales, fourrages, cultures industrielles, cultures maraichéres et cultures frui- tières. Il comprend parmi les céréales : le Froment, l'Orge, le Riz, le Sorgho, le Millet, le Panicum italicum, le Mais, le Haricot, la Féve et le Pois. Comme fourrage, il ne signale guère que la Luzerne. Les prin- cipales cultures industrielles et commerciales sont celles du Coton, du Tabac, de la Garance, du Pavot, du Lin, du Sésame, du Chanvre, de l'Eruca sativa, etc. Le Melon est pour ainsi dire le fruit national; une charretée de melons ne coüte qu'un rouble (2 fr. 60) (1). Parmi les arbres fruitiers, M. Capus énumère l'Abricotier, le Pécher, le Pommier, le Poirier, le Prunier, l'Amandier, le Pistachier, le Cerisier, le Noyer, le Figuier, le Grenadier, le Coignassier, l'Elgagnus hortensis, la Vigne et le Mürier. Petite Flore de Belgique à l'usage des écoles; par M. Alfred Cogniaux. In-12 de xvi et 232 pages. Mons, Hector Manceaux, 1883. La simplicité a été, dans la rédaction de cet ouvrage, la constante préoccupation de M. Cogniaux. Il espére avec raison que les commen- cants, et méme certains éléves d'école primaire, pourront, à l'aide de son ouvrage (d'un prix trés modique), parvenir assez facilement au nom des plantes. Ils y trouveront, en France aussi bien qu'en lgique, le cata- logue des espéces qui forment le fond de la végétation, avec les diagnoses des familles et des tribus, des clefs dichotomiques des genres et des es- pèces, ete. Dans les tableaux analytiques, M. Cogniaux a pensé que l’on devait revenir à la méthode de Lamarck, en cherchant premiérement le genre, sans passerau préalable par l'analyse difficile des familles, dont les caractères généraux présentent plus d'une exception génante. Pour l'ana- lyse des espéces, il a parfois pris pour guide le Synopsis de MM. Cosson et Germain de Saint-Pierre. Quel est l'inventeur de la nomenclature binaire ? Remar- ques historiques ; par M. le D" Saint-Lager. In-4° de 16 pages. Paris, J.-B. Bailliére et fils, 1883. M. Saint-Lager rappelle d'abord que, d'aprés Tournefort, chaque plante (1) La charrette indiquée ici est l'arba, sorte de chariot à deux roues trés écartées. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 67 doit être désignée par un nom générique suivi d'une notation spéci- fique (1). Il reconnait ensuite que le principe formulé par Tournefort a été magistralement développé par Linné, mais que l'usage de la nomen- clature binaire remonte beaucoup plus haut qu'à Pierre Belon. Il fait sur ce point le procés à M. Crié (2). Il nous apprend que des termes comme Cassia fistularis et Rubia tinctorum se trouvent déjà chez Albert le Grand. Il a relevé des dénominations binaires chez les plus anciens au- teurs du xv* siècle, particulièrement dans l Hortus sanitatis, dont l'au- teur inconnu a dü, pense-t-il, puiser des renseignements dans les écrits de Matthæus Silvaticus et de Platearius. Enfin il rappelle des exemples de telles dénominations fournies par Galien, Columelle, Pline, Dioscoride et Théophraste. Il est d'ailleurs bien connu, ajoute-t-il, que la définition du genre et de l'espéce, base philosophique de la nomenclature binominale, était une des thèses de prédilection d'Aristote. Même parmi les poétes, Virgile a su trouver souvent l’épithète exacte qui convient à chaque plante et a employé avec un grand bonheur d’expression une sorte de nomen- clature binaire. C'est lui qui aurait écrit Saliz viminalis, Acanthus viridis, Avena mollis, Avena sterilis, Carex acuta, Lilium candi- dum, etc. M. Saint-Lager fortifie sa thèse et ses critiques contre les opinions de M. Crié par des citations de la nomenclature zoologique d'Aristote. Ces détails sont en partie extraits d'un grand mémoire antérieurement publié par lui à la méme librairie (3), et où il a appliqué au point de vue zoo- logique les principes qu'il avait ‘déjà défendus dans sa Réforme de la nomenclature botanique. Les Ombellifères en général, et les espèces usitées en pharmacie en particulier; par M. Lucien Courchet. In-4^ de 221 pages, avec 3 planches lithographiées. Paris, F. Savy, 1882. — Prix : 7 francs. L'auteur embrasse tout. d'abord les Ombellifères dans une étude d'en- semble, et fait connaitre successivement leurs caractères botaniques gé- néraux, les principaux traits de leur structure, leurs affinités, leur distri- bution géographique, leurs propriétés générales, enfin leur historique et leur classification. La description des plantes utiles à connaitre constitue (1) Voici le texte de Tournefort : « Nomina plantarum sunt quedam veluti definitiones, « quorum prima vox genus plante, cetera differentiam exprimunt. » (Institutiones ret herbariæ, t. 1, p. 63.) (2) Voyez t. xxix (Revue), p. 176. (3) Des origines des scienaes naturelles, suivies de Remarques sur la nomenclature zoologique (extrait des Mémoires de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de: Lyon, t. xxvi, classe des sciences). In-4° de 134 pages. Paris, J.-B. Baillière, 1883. 68 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. la seconde partie. Elles sont classées suivant l'ordre taxinomique. Dans leur description, M. Courchet tient un grand compte de la structure histo- logique. Il est à remarquer qu'il n'accepte pas les réductions génériques proposées par M. Baillon dans la famille des Ombellifères. Recherches sur linfluence des matiéres minérales dans la germination ; par MM. P.-P. Dehérain et E. Bréal (Annales agronomiques, t. 1x, n° 2, cahier de février 1883). Ces recherches ont été faites à Grignon et comparées à des travaux de M. J. Boehm, ainsi qu'à des expériences antérieures de M. Dehérain. Elles ont porté sur des Lentilles, des Haricots et du Blé. Les auteurs en tirent les conclusions suivantes : Pendant la premiére partie de leur développement, les jeunes plantes absorbent une quantité considérable de matiéres minérales et méme, en quantités notables, certaines d'entre elles qui ne paraissent avoir aucune influence avantageuse sur leur développement. De toutes les substances minérales employées, la chaux est celle qui exerce l'influence la plus avantageuse. L'influence des sels de chaux est particulièrement sensible sur le développement de la racine. La forme sous laquelle la chaux est présentée est loin d'étre indifférente : elle exerce une action sensi- blement plus avantageuse quand elle est combinée avec l'acide ulmique que lorsqu'elle est unie à l'acide azotique, comme si cet acide ulmique concourait directement à la nutrition de la jeune plante. Cependant on ne peut pas admettre que l'addition de chaux étrangére à la graine soit nécessaire à l'évolution; car, en exposant des graines placées dans l'eau distillée à une température de 30 à 35 degrés, on les voit souvent se développer normalement, sans que l'on puisse déceler de chaux dans les organes nouvellement formés. Étude botanique sur le Danaïs fragrans Commerson ; - par M. Raoul Bourdon (Annales des sciences naturelles de Bordeaux et du Sud-Ouest, 1° série, 1882, mém. n° 2, pp. 101-135, avec 2 planches). Le Danais fragrans Commers. a été étudié déjà par M. Ch. Frappier, de Saint-Pierre, dans le Bulletin de la station agronomique de l'ile de la Réunion, en octobre 1879. C'est le même naturaliste qui a mis l'auteur, pharmacien de 2° classe de la marine en service à la Réunion vers le milieu de l'année 1879, sur la voie d'une foule de particularités concer- nant le Danais fragrans. Cette Rubiacée porte à la Réunion les noms de Liane jaune, Liane de bœuf (à cause de la force de sa tige) et de Lingue noir (Lingue, résultat de la créolisation du mot malgache lingou, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 69 qui signifie liane, et celle-ci ayant des jeunes pousses d’un violet pres- que noir). M. Bourdon décrit successivement la végétation de cette plante, sa tige d’abord carrée, puis arrondie ou même fasciée, ses fleurs dimor- phes (longistyles ou brévistyles), à odeur de Curcuma. C'est ce dimor- phisme qui a fait eroire à Commerson que les femelles prédominaient, « suffoquant presque absolument les masles qui sont dans la méme » fleur »; d’où ila tiré le nom mythologique de Danais, par allusion aux Danaides qui étoufférent leurs maris pendant la premiére nuit des noces. La plante à fleurs dimorphes est aussi hétérophylle, ce qui fait dispa- raitre les caractéres sur lesquels ont été établies plusieurs espéces aux dépens de l'unique Danais fragrans Comm. M. Bourdon fait connaitre le genre et l'espéce, puis sa distribution géographique dans les iles Mas- careignes et sur une étroite zone du sol de Madagascar, et surtout sur les pentes (siliceuses) des anciens cratères. Il a observé histologiquement la racine, la tige, la feuille et la graine de cette plante, qui, gràce au suc abondant et coloré dont sa racine est pourvue, sera peut-étre employée comme tinctoriale, et qui est d'ailleurs usitée comme vulnéraire à la Réunion. Étude sur la formation des grains niellés du Blé (salles de l'Anguillule du Blé, Tyleuchus Tritici Bastian) ; par M. Éd. Prillieux (extrait des Annales de l'Institut national agronomique, 4° année, n° 5); tirage à parten broch. in-8° de 16 pages avec une planche. Paris, Jules Tremblay, 1882. Les Anguillules du Blé, maintes fois observées depuis Needham, et notamment par feu M. Davaine (1), produisent, à la place des grains de Blé, de petits corps de forme presque globuleuse, mais peu régulière, souvent partagés par des sillons longitudinaux, et divisés ainsi en deux ou trois lobes, ordinairement peu marqués du reste, que terminent autant de pointes. Durs et noirs, ces corps, dit M. Prillieux, sont assez semblables de taille et de couleur à des grains de Nielle (Agrostemma Githago) (2), d’où le nom de blé niellé qu'on leur a donné. Il rappelle les travaux publiés avant lui, dans lesquels il reléve des contradictions touchant la nature méme et la formation de ce grain niellé. Il a vu, sur (1) Comptes rendus, t. XLI, p. 435, et t. xui, p. 148. (3) On sait que le nom oriental du Nigella sativa, plante de Syrie jadis fort usitee comme condiment, est Gith, terme qui se retrouve dans l'Histoire naturelle de Pline et dans les Capitulaires de Charlemagne, et que Nigella est le diminutif de nigra. L'épithète Githago correspond donc exactement au terme nielle, dans lequel le g médian est tombé. M. Littré ne nous parait pas dans le vrai quand il tire du latin nebula l'étymo- logie de la nielle (maladie du grain), qu'il considére comme déterminée par un brouillard ou une rosée, et qu'il distingue de la Nielle (plante croissant parmi les Blés). 70 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. semis de blés sains mélangés avec des grains niellés et envahis pendant la végétation par les Anguillules, celles-ci abandonner à certain moment les gaines des feuilles pour chercher à s’insinuer entre les parties nais- santes des fleurs qui commençaient à se former sur les épillets. C'est au moment où les mamelons staminaux apparaissent, qu’elles pénètrent entre les glumes ; on voit leur tête s'enfoncer au milieu d'une petite masse cellulaire trés gonflée qui occupe le fond de la fleur naissante. C'est le premier rudiment du grain niellé, trop petit encore pour contenir le corps entier des Anguillules, dont il n'entoure que l'extrémité antérieure. Les observations publiées dans le Wiener landwirthschaftliche Zeitung du 6 octobre 1877, par M. Haberlandt, sont en somme exacles ; mais dans l'interprétation qu'il en exprime, cet auteur avait eu le tort d'aller beaucoup au delà des données de l'examen, en supposant que les étami- nes et les paléoles ont disparu, parce qu'à l'état de première jeunesse elles avaient été consommées par les parasites. M. Prillieux examine dans de grands délails la galle qui se forme à la plaee de la fleur aprés leur pénétration. Les étamines naissantes s'hyper- trophient alors, ainsi que le fond de la fleur, et produisent, en se confon- dant, la première origine du grain niellé, qui, d'abord ouvert à son sommet, se referme plus tard en emprisonnant les Anguillules dans son intérieur. Mentho nove, imprimis europææ; auctore Michaeli Gandoger (Bulletin de la Société impériale des naturalistes de Moscou, année 1881, n° 4, pp. 223-277). M. Gandoger explique dans quelques mots d'introduction qu'il n'y a pas là une monographie, mais simplement des descriptions d'espéces nouvelles, avec une vue d'ensemble sur la classification des genres de la petite section des Menthoidées. Il apprécie d'abord brièvement quelques- uns des travaux publiés sur le genre Mentha. La classification qu'il estime le plus est celle de M. Malinvaud, laquelle, dit-il, « est au fond, à peu de chose prés, celle que j'avais adoptée depuis plus de dix ans pourle classement des Menthes de mon herbier ». Il publie ensuite le Conspectus dichotomicus de la sous-tribu des Menthoidées, et caracté- rise les genres Preslia Opiz, dont il décrit 3 espèces françaises établies aux dépens du Mentha cervina L. ; Menthella Pérard (Audibertia Benth. in Bot. Reg. n* 1228), dont il décrit 2 espèces nouvelles; Pulegium Mill., qui comprend pour lui 21 espèces; et Mentha L. Il fait connaitre, à l'aide de clefs dichotomiques et de diagnoses, 76 espèces de ce genre en général signées de lui, dont plusieurs fondées sur des numéros d'exsiccata connus. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 71 Die neue Krankheit des Weinstocks, der falsche Mehlthau oder Mildew der Amerikaner ; par M. P. Magnus (extrait du Garten- Zeitung). Berlin, Paul Parey, 1883. L'auteur suit pas à pas l'envahissement du Peronospora viticola, qui, constaté en France dés 1878 par MM. Planchon, Millardet, Therry et Cornu, sur des Vignes d'origine américaine, a élé successivement observé dans l'Italie supérieure par M. Pirotta en 1879, dans le canton de Genéve en 1879, et dans les cantons de Thurgovie, de Saint-Gall et de Zurich en 1880 par M. G. Winter ; puis en Hongrie, dans la Carniole, le Tirol méri- dional, la Styrie et l'Autriche inférieure. En 1882, le Champignon a apparu en Alsace et plus tard dans le Palatinat. ` M. Magnus expose l'histoire de ce dangereux parasite d’après les tra- vaux de M. de Bary, de M. Farlow et de M. Millardet. Nous l'avons fait ici méme assez souvent pour pouvoir nous borner cette fois à ces bréves indications. Prima Contribuzione alla flora briologica della Calabria: par MM. A. Bottini, G. Arcangeli et L. Macchiati (Atti della Società crittamologica italiana, sér. 2, t. ur, 2* livr.). Les Mousses comprises dans cette énumération au nombre de 115, ont été recueillies à l'extrémité la plus méridionale de l'Italie. L'indica- tion des localités, de la synonymie, des remarques sur les caractéres spécifiques, en font un travail spécial intéressant. On y trouve un Bryum nouveau, trés voisin probablement du B. argenteum, recueilli par M. Macchiati, le 30 mai, sur des murs de terre aux environs de Reggio. Funghi agrumicoli (Champignons parasites des Orangers) ; par M. O. Penzig (Michelia, num. vir, pp. 385-508). Ce grand mémoire comble une lacune de la littérature botanique, et nous parait devoir éclaircir définitivement un sujet qui a été abordé déjà plusieurs fois par la Société, notamment dans sa session de Nice. Il y a un grand nombre de Champignons qui attaquent les Citronniers et les Orangers, notamment ceux qui constituent la fumagine. D'autres ne font qu'emprunter à ces arbres un substratum, sans compromettre leur vie ou leur fécondité. M. Penzig a rassemblé tout ce que l'on connait sur ces divers parasites, au nombre de 153. Il n'y en avait que 34 daus l'ouvrage publié en 1879 par M. Cattaneo, sous le titre de 1 Miceti degli Agrumi. Parmi ces 153, se rencontrent quelques nouveautés : par exemple Helo- tium Citri, observé dans une serre aux environs de Pavie, voisin de rH. vitreolum Karst.; Lestadia socia, Spherella sicula, etc., trouvés en Sicile sur les feuilles tombées du Citrus Limonum ; Physalospora citri- 72 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cola, Microthyrium Citri, Amphisphæria Hesperidum, Leptospheria citricola, Dendrophora valsispora, Septoria Arethusa, S. flexuosa, S. Tibia, Coniothyrium fusco-atrum, Ascochyta Citri, Gleosporium depressum, Vermicularia glæosporioides, Coryneum concolor, Ramu- laria Citri, Torula dimidiata, Cladosporium elegans, C. sphero- spermum, Cercospora fumosa, Fusarium constrictum, Epicoccum granulatum, etc., constatés dans les cultures des environs de Padoue. Le genre Phyllosticta s'augmente, grâce à ce travail, de quatre espèces, et le genre Phoma de huit. Le mémoire de M. Penzig se termine par plusieurs index. L'un est dichotomique, et permet de déterminer, à l’aide de tableaux multipliés, les Champignons parasites des Aurantiacées ; le second est alphabétique, c’est un dictionnaire des termes; le troisième est systématique, et le der- nier est l’index alphabétique des espèces décrites et de leurs synonymes. Fungi gallici, lecti a cll. P. Brunaud, C.-C. Gillet, Abb. Letendre, A. Malbranche, J. Therry et D. Libert ; recensiti a P. A. Saccardo (Michelia, num. vii, 1* décembre 1882, pp. 583-648). Il y a plusieurs années déjà que M. Saccardo, honoré de la confiance et des notes du vénérable M. Berkeley (1), s'est constitué en Europe, pour la détermination et la classification des Champignons, comme le succes- seur scientifique de l'illustre savant suédois que la science a perdu. L’obligeance érudite de M. Saccardo a été mise à contribution princi- palement par nos compatriotes, et a trouvé plusieurs fois un organe dans l'utile publication que M. Roumeguére consacre à la mycologie. Le mémoire que nous signalons aujourd'hui dans le Michelia forme la quatrième série des études vouées par M. Saccardo aux Champignons de France, élaborée avec l'assistance de M. O. Penzig. Elle signale en France, dans les régions où ont herborisé les botanistes nommés dans le titre de ce mémoire, la présence de 533 Champignons, nombre que la réunion des quatre séries porte à 2154, et qu'il faudrait encore augmenter de travaux publiés dans la Revue mycologique ou dans le Bulletin de la Société botanique de Lyon. Nous ne pouvons dans cet ensemble relever que les nouveautés, savoir : GILLETIA, nov. gen. Phycomycetearum : Hyphæ conidiophoræ simplices, continuæ, apice inflatulæ, ibique sterigmata bacillaria undique exerentes. Conidia globulosa, continua, subhyalina, in apice sterigmatum solitarie acrogena. — n pagina inferiore foliorum languidorum Erigerontis canadensis pr. Eybens (Isére) lecta a cl. Therry. TuRRYA Sacc., nov. gen. Pyrenomycetearum : Perithecia epidermide (1) Voyez le Bulletin, t. xx1x (Revue), p. 124. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 73 velata, maxima, applanata, vix papillata. Asci paraphysati octospori. Sporidia fusi-filiformia, utrinque setigera, hyalina, continua. — In cortice leviore Pini aqua diu immerso pr. Malesherbes a cl. Therry lecta (1). MaLBRANCHEA Sace., nov. gen. Hyphomycetearnm : Hyphæ repentes, intricate, conlinuæ, hyalinæ v. late colorate, hinc inde in ramulos arcualos abeuntes; ramuli seriatim plurinucleati, dein ex apice (more Sporoschimatis) conidia cuboidea v. teretiuscula, continua, hyalina v. læte colorata exerentes. — Genus Oosporis quibusdam subaffine, sed ramulis arcuatis, conidiis initio endogenis, optime distinctum. — In charta crassiore humida a cl. Malbranche lecta. En outre, un grand nombre d'espéces. Parmi les Pyrénomycétes : Calosphæria capillaris Sacc. et Penz., sur le bois mort du Noyer (Therry); Chætomium macrosporum Sacc. et Penz., sur le papier d’herbier à demi- pourri (Therry); Didymosphæria massarioides Sacc. et Brunaud, sur les rameaux du Lycium barbarum ; Colospheria media Sacc., sur les branches pourries de l'Órme en Suisse (Morthier); Diaporthe Therryana Sacc. et Penz., sur la tige de l Helleborus fetidus (Therry); Diaporthe Delogneana Sacc. et Roum., sur les rameaux du Daphne Mezereum (Libert); D. crustosa Sacc. et Roum., sur les rameaux de l'7lex Aquifo- lium (Libert); D. didymelloides Sace. et Malbranche, sur les rameaux du Chévrefeuille; D. incompta Sacc., surles rameaux de l'Ampelopsis hede- racea (Therry); Lestadia silvicola Sacc. et Roum., sur les feuilles du Quercus Robur (Libert) ; Leptosphæria salebrosa Sacc., sur la tige morte du Gentiana lutea (Therry); L. setulosa Sacc. et Roum., sur la tige pourrie du Seigle (Libert); L. oreophiloides Sacc. et Penz., sur la tige morte du Laserpitium angustifolium (Therry); Melanopsamma mendax Sacc. et Roum., sur les sarments du Framboisier (Libert) ; Pleospora leptosphærioides Sacc. et Therry, sur la tige morte du Ruscus aculeatus ; P. abscondita Sacc. et Roum., sur les feuilles du Phragmites (Libert); Spherella maculans Sacc. et Roum., sur la page inférieure des feuilles du Spiræa Ulmaria (Libert); Sph. sarracenica Sacc. et Roum., sur les feuilles mortes du S. sarracenicus (Libert); Sph. erysiphoides, sur les feuilles du Tecoma radicans (P. Brunaud); Stigmatea silvatica Sacc., sur les feuilles du Genévrier à Fontainebleau, à el. Therry lecta (2) ; Theicospora pilosella Sacc. et Roum., sur les branches de Pin (Libert) ; T. oxystomoides Sacc., sur les bases des tiges du Thym (Therry); Valsa strobiligena, sur les écailles des cônes de Sapin (Libert); Nectriella papyrogena Sace. el Penz., sur le papier non collé des herbiers (Therry); (1) Ce nouveau genre a été trouvé par M. Therry pendant la session extraordinaire tenue par la Société à Fontainebleau en 1881 (voyez le Compte rendu des séances du 13 avril 1883). 74 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Mazzantia sepium Sacc. et Penz., sur les tiges mortes du Convolvulus sepium (Malbranche, P. Brunaud) ; Glonium minusculum Sacc. et Penz., sur le bois des racines du Buis (Therry); G. sublectum Sacc. et Roum., sur les écailles des cónes de Sapin (Libert). Parmi les Sphéropsidés: Phoma Aquilinæ Sacc. et Penz., sur la tige morte du Pteris (Therry); Ph. entomogena Sace. et Penz., sur les feuilles déformées par des piqûres d'insectes (Therry); Ph. nobilis Sace., sur les rameaux du Laurus nobilis (P. Brun.); Ph. Cichoriacearum Sacc., sur les tiges mortes d'un Crepis (Malbranche) ; Ph. Achilleæ Sacc., sur les tiges mortes de l Achillea Millefolium (Malbranche) ; Ph. Clematidis Sacc. (Malbranche); Ph. lirelloides Sace. et Penz., sur les rameaux de l'Évonymus japonicus (Letendre) ; Ph. vaginæ Sacc., sur les gaines du Phragmites (Therry); Ph. Saxifragarum Sacc. et Roum. (Libert); Ph. galbulorum Sacc. et Therry, sur les fruits d'un Genévrier ; Ph. tha- lictrina Sacc. et Malbr.; Ph. sarmentella Sacc., sur les sarments du Houblon (Malbranche) ; Ph. phyllostictea Sacc. et Penz., sur la tige du Ballota purpurascens (Therry); Ph. miftutella Sacc. et Penz., sur les tiges du Haricot cultivé (Malbranche) ; Dendrophoma eumorpha Sacc. et Penz., sur la partie intérieure de l'écorce détachée des Pins (Therry); D. orientalis, sur les rameaux du Kerria japonica (Malbranche) ; D. hormococcoides Sacc. et Penz., sur le chaume inondé du Phragmites (Therry); Dothiorella pithyophila Sace. et Penz., sur la partie intérieure de l'écorce des Pins (Therry); D. advena Sacc., sur les rameaux du Chéne (Libert); Phyllosticta erysiphoides Sacc., sur les feuilles du Tecoma radicans (P. Brunaud); Ph. acorella Sacc. et Speg., sur les feuilles de l'Acorus (Therry) ; Phyllosticta Hederæ (Libert); Ph. fallax Sacc. el Roum., sur les feuilles de l'Acer Pseudoplatanus (Libert); Ph. populorum Sace. et Roum. (Libert); Ph. Angelicæ Sace. (Libert) ; Ascochyta phyllachoroides Sacc. et Malbr., sur la page inférieure des feuilles de Graminées malades ; A. volubilis, sur les feuilles du Polygo- num Convolvulus (Malbranche) ; A. densiuscula Sacc. et Malbr., sur les rameaux du Sarothamnus ; A. anethicola Sacc. (Malbranche); A. tener- rima Sacc. et Roum., sur les feuilles du Lonicera tatarica (Libert) ; A. teretiuscula Sacc. et Roum., sur les feuilles d'un Luzula (Libert); Diplodia Spegazziniana Sacc. et Roum., sur les rameaux morts du Poinciana envoyé par M. Spegazzini et cultivé dans les jardins de Tou- louse; D. ditior Sacc. et Roum., sur les rameaux du Platanus orien- talis (Libert); D. Staphyleæ (P. Brun.); D. Rusci Sacc. et Therry; Coniothyrium hortense Sacc. et Malbr., sur les tiges mortes des Pois; C. silvaticum Sacc. et Malbr., sur les tiges de l'Euphorbia silvatica (Malbranche); C. conorum Sace. et Roum., sur les écailles des cônes de Sapin (Libert); C. sublineatum Sacc. et Malbr., sur les rameaux du REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 75 Sarothamnus ; Septoria Melianthi Sace. (P. Brun.); S. ascochytula Sacc.; sur les feuilles du Rhamnus Alaternus (Roum.); S. conigena Saec. et Roum., sur les écailles des cónes du Sapin (Libert); S. Brissa- ceana Sacc. et Let., sur le Lythrum Salicaria, dédié à M. le comte de Brissac, qui ouvre obligeamment aux recherches des cryptogamistes rouennais l’accès de son domaine forestier de Quevilly; Septoria La- chastreana Saec. et Let., sur les feuilles de Guimauve; Fusicoccum castaneum Sacc., sur l'écoree du Chátaignier (Therry); F. pithyum Sace. et Penz., sur l'écorce des Pins (Therry); F. bacillare Sacc. et Penz., sur l'écorce des Pins (Therry) ; Cytispora duriuscula Sacc., sur l'écorce du Hétre (Therry) ; Sirococcus conorum Sacc. et Roum., sur les écailles des cônes du Sapin (Libert); Hendersonia hortensis, sur les tiges des Haricots; H. Malbrancheana Sacc., sur les sarments de l'Églantier ; H. macrosperma Sace. et Roum., sur les feuilles des Graminées (Libert) ; H. dolosa, sur les chaumes du Phragmites (Libert) ; Camarosporium Tilie Sacc. et Penz., sur les rameaux du Tilleul (Letendre) ; Vermicu- laria orthospora Sacc. et Roum., sur la tige du Solanum tuberosum (Libert) ; Sacidium chartarum Sacc. et Penz. (Therry); S. Ulmaria Sacc. et Roum. (Libert); Leptostroma septoroides Sacc. et Roum., sur des feuilles desséchées de Graminées (Libert) ; Melasmia punctata Sacc. et Roum., sur les feuilles de l Acer Pseudoplatanus (Libert). Parmi les Mélanconiées, Glæosporium leptostromoides Sace. et Penz., sur les aiguilles de Pin maritime (Malbranche) ; G. arvense Sacc. et Penz., sur la page inférieure des feuilles du Veronica hederifolia (Therry); G. conigenum, sur les écailles des cônes du Sapin (Libert) ; G. pyrenoides Sacc. et Malbr., sur les tiges mortes du Libanotis montana ; Coryneum microstictoides Sacc. et Penz., sur les tiges gelées des Pivoines (Therry); C. affine Sacc., sur les tiges mortes des Rumex (Malbranche). Parmi ies Hyphomycètes : Sporotrichum tortuosum Sace. et Therry, sur le tronc pourri du Hêtre ; Sepedonium spinosum Sacc., sur les écorces pourries du Sapin en Suisse (Morthier) ; Botrytis lutescens Sacc. et Roum., sur les feuilles mortes du Hêtre (Libert); Oospora sulfurea Sacc. et Roum., sur des écorces pourries (Libert); Ramularia Leonuri Saec. et Penz. (Letendre) ; Ovularia Doronici (Therry, Malbranche) ; Septocylindrium aromaticum Sacc., sur les feuilles del Acorus Calamus (Therry); Trichosporium crispulum Sacce. et Malbr., sur les rameaux des Rosiers et du Myrtille ; Hadrotrichum virescens Sacc. et Roum., sur les feuilles des Graminées (Libert) ; H. microsporum Sacc. et Malbr., sur les feuilles des Agrostis (Malbranche) ; Sporodesmium trigonellum Sacc., sur l'écorce de l'Ailante (Libert) ; Helminthosporium biseptatum Sace. et Roum., sur les tiges pourries (Libert); Cercospora unicolor Sacc. et Penz., sur la page inférieure des feuilles du Laurus nobilis au jardin 76 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de Grenoble (Therry); Coniothecium helicoideum Sacc. et Roum., sur les Graminées (Libert) ; Heterosporium Dianthi Saec. et Roum., sur les feuilles du Dianthus barbatus (Libert); Myrothecium Lachastre, sur les feuilles pourries du Hêtre (Letendre); Colletotrichum Volutella Sacc. et Malbr., sur le tronc de l'Orme; Sporocybe rhopaloides Sace. et Roum., sur les feuilles du Cynosurus (Libert); Dendrodochium microsporum Sacc., sur l'écorce intérieure (Malbranche); D. rubellum Sacc., sur les tiges du Ricin et du Chou (Letendre, Libert); D. subaffine Sacc. et Penz., sur les rameaux du Sureau (Malbranche); D. albo-cinereum Sacc. et Malbr., sur les racines des Rumez ; Cylindrocolla succinea Sacc. et Penz., sur les Spirea et le Sedum reflexum (Malbr., Therry) ; Spheridium candidum Sacc. et Roum., sur les écailles des cónes du Sapin (Libert) ; Sph. album Sacc. et Roum., sur les feuilles des Graminées (Libert). Nous avons tenu à citer la plupart de ces créations nouvelles, qui inté- ressent la flore de France et prouvent l'utilité des efforts de plusieurs de nos cryptogamistes. Nous ne devons pas dissimuler cependant que plusieurs d'entre elles pourraient ne désigner que des états (spermogonies ou pycnides) d'autres Champignons déjà connus, et que par conséquent le travail méme de M. Saccardo sollicite encore sur bien des points l'obser- vation de ses zélés correspondants. Ajoutons que son mémoire, d'un caractère international, est écrit tout entier en latin, suivant un excellent usage qui, on ne sait trop pourquoi, se perd graduellement aujourd'hui. Recherches physico-chimiques sur la terre végétale, et ses rapports avec la distribution géographique des plantes, par M. J. Vallot. Un vol. in-8° de 344 pages. Paris, Lechevalier, 1883. M. Vallot a entrepris de vérifier la théorie des sols de Thurmann, et cherche à répondre à quelques-unes des questions posées par M. Contejean à la fin de son premier mémoire de l'Influence du terrain sur la végé- tation. Il a. divisé son travail en sept chapitres. Le premier est consacré à l’énumération des travaux faits sur l'influence du sol; il l'augmente d'un Supplément placé à la fin du volume. Le deuxieme renferme les expériences de l'auteur sur les propriétés chimiques des sols et la vérifi- cation critique des expériences de Thurmann. Dans le troisiéme, il donne les analyses des terrains expérimentés, et il indique les propriétés physi- ques de chaque sol. Le quatrième est relatif à la*composition chimique des terrains calcaires et au diluvium siliceux qui les couvre souvent. Il répond à la dixième question de M. Contejean. Le cinquième traite de la composition chimique des terrains habités par le Châtaignier, qui ne croit guère, d'une manière authentique, que sur calcaire. Le sixième est con- sacré à la végétation des terrains étudiés, considérée dans ses rapports avec la composition chimique et les propriétés physiques de ces terrains. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 77 Enfin dans le septième, l’auteur donne une liste systématique des princi- pales plantes qu'il a observées, en y joignant l'indication des sols où il les a rencontrées. M. Vallot a voulu seulement, dans cet exposé des résultats de ses premiéres recherches, comparer les sables calcaires aux sables siliceux et aux terres calcaires compactes, les sables siliceux aux terrains argi- leux, et les argiles aux calcaires. Ces résultats lui ont montré que « l'in- » fluence chimique est presque toujours prépondérante, quoique les » propriétés physiques du sol aient une grande importance, et que les » exceptions observées ne peuvent pas plus étre expliquées par l'humidité » ou l'agrégation du sol que par sa composition chimique. » C'est princi- palement en le suivant dans l'étude du Pteris Aquilina et de l Asplenium septentrionale que l'on appréciera les causes d'erreur si nombreuses dans ce sujet, déjà mises en lumiére il y a quelque vingt ans par M. Lejolis dans un mémoire qui avait élé fort remarqué. De l'anatomie des tissus appliquée à la classification des plantes ; par M. Julien Vesque. Deuxième mémoire (extrait des Nouvelles Archives du Muséum d'histoire naturelle, 2* série, t. v, pp. 291 à 387, avec 5 planches lithographiées). M. Vesque continue dans ce mémoire les recherches commencées par lui sur le groupe des Ranales (1). Il y traite principalement del'anatomie systématique de la feuille chez les familles appartenant aux classes des Parietales et des Polygalineæ, c'est-à-dire, d'une part chez les Sarracé- niées, les Papavéracées, les Fumariacées, les Crucifères, les Capparidées, les Résédacées, les Cistinées, les Violariées, les Canellacées et les Bixinées ; d'autre part chez les Pittosporées, les Trémandrées et les Polygalées. Nos lecteurs connaissent le point de vue auquel s'est placé M. Vesque, bien fixé par lui dans son récent Essai d'une monographie anatomique des Capparidées (2). Nous en donnons comme exemple la diagnose histo- logique qu'il trace de la famille des Crucifères : « Poils unicellulés simples ou rameux à des degrés divers; stomates » entourés de trois cellules, dont une plus petite que les deux autres; » ostiole ordinairement parallèle à sa dernière cloison formée ; faisceaux » du pétiole disposés en un croissant largement ouvert en haut ; cristaux » nuls ; laticiféres et autres organes sécréteurs nuls. » Les morphologistes sont en droit de demander dans quelle mesure l'histo- logie confirme les divisions établies parla botanique descriptive. Il y en a quel- ques exemples dans ce mémoire. Ainsi les Fumariacées ont les caractères (1) Voyez le Bulletin, t. xxix (Revue), p. 36. (2) Voyez plus haut, page 42. 78 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. anatomiques des Papavéracées non lactescentes ; la seule affinité anato- mique bien nette des Résédacées est celle qui les rattache aux Cappa- ridées. La structure anatomique des Canellacées est à peu près identique avec celle des Magnoliacées-Wintérées, dont Miers les avait rappro- chées (1), et l'appareil stomatique du Canella est lui-même semblable à celui des Magnoliacées. L'analogie histologique est encore confirmée par celle des propriétés, car l'écorce de Canella alba a été quelquefois appelée fausse écorce de Winter. Mais, d'après M. Vesque, le Cinnamosma fragrans H. Bn., de Madagascar, ressemble plus par son appareil stoma- tique à celui des Bixinées, en méme temps que les cellules pigmentaires de cette plante, qui font défaut au Canella, rendent cette affinité encore plus probable. Il y aurait donc lieu (en vertu de l'anatomie) de fragmenter et de supprimer la famille des Canellacées, laquelle actuellement ne contient que cinq espéces. Notons encore que dans les Violariées les Sauvagesia se distinguent par l'épaisseur de leur épiderme chargé de mucilage, ainsi que par leurs cristaux sphériques. D'un autre cóté, l'anatomie parait encore bien souvent impuissante. Ainsi en cas d'absence simultanée de laticiféres et de poils, la distinction rigoureuse des Papavéracées et des Renonculacées parait impossible, à moins d'une connaissance trés étendue de la disposition habituelle des faisceaux dans les nervures etle pétiole de ces plantes. Ainsi encore aucun caractère anatomique ne saurait séparer les Violariées des Bixi- nées. On sait que pour M. Vesque le genre n'existe guére dans la nature, et que les résultats histologiques ne fournissent guére que des caractéres de famille ou d'espéce. Cependant dans la famille des Polygalées, qui actuel- lement esl loin d'étre naturelle, les genres se laissent nettement définir par l'anatomie, surtout Bredemeyera, Securidaca, Krameria, Moutabea. Ce cas, trés rare, lui fait penser que l'on a ici affaire, sous le nom de genres, à des groupes d'une dignité plus élevée. L'Aydrurus et ses affinités; par M. J. Rostafinsky (Ann. sc. nat. t. xiv, 1882, pp. 1-25, avec une planche). L'Hydrurus se rencontre dans les ruisseaux de montagne de l'Europe orientale, et dont l'eau froide coule rapidement sur un fond calcaire. L'Algue établie sous le nom générique d'Hydrurus par Ch. Agardh en 1874 avait été signalée pour la première fois par Villars dans le tome ut de son Histoire des plantes du Dauphiné, sous le nom de Conferva fetida. Depuis, plusieurs espèces ont été successivement établies, surtout d’après des mesures de longueur. M. Rostafinsky les ramène à une seule. (1) Ann. of Nat. Hist., ser. 3, 11, 34. Voyez H. Baillon, Hist. des pl. t. 1, p. 173. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 79 Il décrit le développement de cette plante, la division primitive des cellules de son thalle en deux moitiés dyssymétriques et la manière diffé- rente dont elles se comportent ensuite, se superposant pour l'allongement de ce thalle ou se juxtaposant pour son épaississement. M. Rostafinsky n'a pu en observer la reproduction que la nuit et sur place, se mettant à l'eau toutes les dix minutes, retirant alors du ruisseau, à l'aide d'une lan- terne, des matériaux frais, pour les.soumettre aussitót à l'étude microsco- pique, observant avec un faible grossissement et dans une goutte d'eau non recouverte, précautions nécessaires ; car, sous une lamelle qui per- met d'employer les fortes lentilles, les spores meurent avant qu'on puisse les observer. Ces spores, formées par rajeunissement, prennent la forme d'un tétraédre dont chaque sommet s'allonge en forme de bec occupé par le chromoplasma (1). Plus tard la partie médiane de ce protoplasma se sépare de la région externe ou épiplasma, sous forme d'une cellule munie d'une membrane, qui est l'origine d'un nouveau thalle, lequel se ramifie suivant le mode latéral. Chaque cellule de ce thalle, rendue libre par la dissolution de la membrane gélatineuse, devient une spore. D'aprés l'auteur, la. prolongation en bec des angles du tétraédre provient d'une adaptation au milieu. Sphérique, la spore roulerait sur les pierres du ruisseau sans y saisir un appui, mais à l'aide de ses crochets visqueux elle peut s'attacher à quelque aspérité. M. Rostafinsky étudie tout particulièrement les affinités de l'Hydrurus, en se placant à un point de vue trés général. Il constitue pour ce genre et pour le Chromophyton Wor., qu'il augmente d'une espèce, le groupe des Syngénétiques. Ce nom exprime que toutes les cellules du thalle se transforment en méme temps en spores, ce qui est, selon lui, un caractére essentiel de cette famille. Les Syngénétiques se rapprocheraient, d'un côté des Diatomées, de l'autre des Phéosporées ; elles auraient été le premier chainon de parenté entre ces deux groupes, aujourd'hui si distincts. Les Diatomées ne se distinguent essentiellement des Syngéné- tiques qu'en ce que leurs membranes cellulaires sont siliceuses et formées de deux moitiés emboitées. La parenté consisterait en ce que le chromo- plasma de la cellule forme, dans les deux cas, une couche colorée à la fois par la chlorophylle et la phycoxanthine, en ce que jamais le produit de l'assimilation n'apparait dans la cellule sous forme d'amidon, mais bien comme une substance particuliére de composition inconnue, réfractant fortement la lumière. D'autre part, par le Chromophyton, qui possède des zoospores, les Syngénétiques se rapprochent des Phéospo- rées, ou du moins des types inférieurs de cette série, que dans l'état actuel (1) Voyez Nebelung, Spectroscopische Untersuchungen, etc., in Botanische Zeitung, 1878, col. 388 et 417. 80 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de la science on peut supposer asexués. Les Phéosporées conduisent aux Cutlériées, aux Fucacées et aux Dictyotées. Recherches sur le développement de lanthére et du pollen des Orchidées; par M. Léon Guignard (Ann. sc. nat. t. xiv, pp. 26-45, avec une planche). L'étude des Orchidées indigénes suffit pour reconnaitre que le pro- cessus de la formation des tétrades est différent, dans cette famille, de celui qu'on a observé chez la plupart des Monocotylédones. En effet, la bipartition du noyau primitif n'est pas suivie de la bipartition de la cellule mére. Malgré cela, on reconnait qu'entre les deux noyaux secondaires les filaments se multiplient aux dépens du protoplasma cellulaire, comme si la division de la cellule allait suivre celle du noyau. La situation respec- tive des quatre noyaux de la tétrade est d'ailleurs variable ; mais, quelle que soit cette position, les cloisons qui les séparent restent trés minces chez les Ophrydées. Parmi les Orchidées à pollen également cohérent, comme le Calanthe, le Maxillaria, qui font partie de la tribu des Vandées, le développement ressemble beaucoup à ce qu'il est chez les Ophrydées. Mais à la maturité les tétrades, tout en étant réunies les unes aux autres, se séparent facilement par la pression. On constate [dés lors que non-seulement elles possédent une cuticule trés épaisse et granuleuse àla périphérie des grosses masses polliniques formées par elles, et qui sont au nombre de huit dans le Calanthe veratrifolia, de quatre dans le Maxillaria squalens ; mais en outre que chacune d'elles est pourvue d'une exine à surface également granuleuse dans l'intérieur de la masse. Des différences encore plus tranchées existent chez les Néottiées, soit qu'il s'agisse de genres oü les tétrades se séparent entiérement les unes des autres dans les loges de l'anthére (Neottia, Spiranthes), soit que la sépa- ration ait lieu méme entre les quatre grains de pollen de chaque tétrade (Cephalanthera, Limodorum). M. Guignard a constaté que les choses ne se passent pas chez les Orchidées comme M. Treub croit l'avoir vu chez le Ceratozamia. Il a eu d'ailleurs l'occasion de se (aire une conviction personnelle pendant ses recherches sur la valeur relative des théories de l'intussusception et de l'apposition, de nouveau balancées dans ces derniers temps. Il ne croit pas qu'on soit fondé à considérer la formation du pollen à l'intérieur de chacune des quatre cellules filles comme un rajeunissement de leur contenu ; et que, méme dans la théorie de l'apposition, on pourrait fort bien expliquer la plus grande densité et l'aiternance d'hydratation des couches parallèles de la membrane par la pénétration, à l'intérieur de cette membrane primitivement homogène, de molécules se séparant et se dépo- sant pour donner des couches plus ou moins hydratées. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. hil M. Guignard a suivi la germination des tubes polliniques des Orchidées. Presque aussitót, dit-il, aprés que le tube est sorti de l'exine rompue, le gros noyau, reconnaissable à son nucléole et à son aspect, vient occuper l'extrémité renflée ; à quelque distance est le noyau végétatif granuleux, allongé et s'étirant en raison du diamétre du tube pollinique. Le proto- plasma, passant avec les noyaux dans le tube, se rend dans la partie anté- rieure, et en arrière le tube se ferme, au fur et à mesure que l'allongement progresse, par des bouchons de cellulose dont le nombre est trés consi- dérable dans les espèces où les tubes ont une longue distance à parcourir. C'est ce qu'on remarque surtout chez les Ophrydées, où des milliers de tubes, réunis en une masse unique en arrivant dans la cavité de l'ovaire allongé et tordu, se séparent en volumineux faisceaux qui descendent le long des placentas, dont ils se détachent isolément pour chercher le micropyle des ovules (1). Pour opérer la fécondation, le noyau déformé situé à l'extrémité du lube se résout en une substance amorphe qui reste colorable par l'hématoxyline, et passe à travers la paroi du tube amincie, en dehors et au contact de laquelle elle se rassemble souvent en une petite boule dont le réactif fait facilement reconnaitre la nature. Die Krysíalloide der Meeresalgen ; par M. Julius Klein (Prings- heim's Jahrbücher für wissenschaftliche Botanik, t. xiu, 1" livr. pp. 23-59, avec une planche). L'auteur distingue en deux catégories les « cristalloides » que l'on observe chez les Algues marines. Les uns se rencontrent chez les Algues vivantes comme partie intégrante du contenu de leurs cellules, et ressem- blent par leurs propriétés essentielles à ceux qu'on observe chez les autres plantes ; il n'y a done aucune raison de leur donner un nom nouveau. Les autres, qui naissent par suite de l'action de certains réactifs sur le contenu des cellules des Floridées, sont ici l'origine d'une coloration rouge, et apparaissent méme en dehors des cellules. Il était nécessaire de leur assigner un nouveau nom, et l'auteur accepte celui de cAedospentbine proposé par M. Cramer (2). Jusqu'à présent on ne connaissait guére les cristalloides que dans les grains d'aleurone des semences huileuses, où ils sont évidemment des réserves de substance protéique. Dans le pédoncule fructifére du Pilobolus, ils ne paraissent pas d'une grande utilité, puisque ce pédoncule éclate en lancant les sporanges, et retombe sur le sol avec son contenu, sans que sa substance puisse étre employée à un développement ultérieur. Il n'en est pas de méme chez les Algues: dans l'Acetabularia, par exemple, les (1) Nous reproduisons exprés cette phrase en réponse aux assertions étranges de M. Kruttschnitt (voyez cette Revue, t. xxix, p. 203). (2) Voyez Klein, Algologische Mittheilungen, in Flora, 1877, p. 291. T. XXX. (REVUE) 6 82 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cristalloïdes ne se voient que sur les individus qui n'ont pas de spores, et paraissent aussi, par conséquent, constituer des réservoirs temporaires de substances protéiques. Chez d'autres Algues, ces singuliers corps seraient plutót des états provisoires de repos sous lesquels se concentreraient des éléments protéiques surabondants, en attendant qu'ils soient employés à la formation des spores. La partie de ce mémoire qui concerne la rhodospermine consiste surtout dans l'étude de ses propriétés chimiques. vergleichende Anatomie des assimilatorischen Gewebe- systems der Pflanzen (Anatomie comparée du système vascu- laire assimilateur des plantes) ; par M. G. Haberlandt (Pringsheim's Jahrbücher der wissenschaftliche Botanik, t. xu, 1'* livr. pp. 14-188, avec 6 plauches). Aprés une introduction qui constitue le premier chapitre de ce grand mémoire, l'auteur consacre le second chapitre aux cellules assimilatrices. Il traite d'abord de leur morphologie. Il reconnait comme servant à l'assimilàtion quatre types de cellules : 4° les cellules en palissade, dispo- sées perpendiculairement à la surface de l'organe, et qui sont simples ou composées, celles-ci caractérisées par des apophyses dirigées perpendicu- lairement vers l'épiderme (Sambucus nigra, Peonia tenuifolia), celles-là présentant une variété remarquable, les cellules en entonnoir, à grand cercle touchant l'épiderme inférieur des feuilles mal éclairées (Taxus baccata, Fougères, Sélaginelles) ; 2° les cellules tabulaires polyédriques, parfois avec plissements rentrants de la paroi (Conifères et Graminées) ; 3° les cellules isodiamétriques ; et 4° les cellules étoilées. L'auteur se demande à quelle forme de ces cellules est dévolu le maximum d'énergie assimilatrice. Pour répondre à cette question, il compare la quantité des grains de chlorophylle. Il établit que le nombre de ces grains est approxi- mativement de 76 dans une cellule en palissade, de 20 dans une cellule étoilée ; que sur un millimétre carré d'une feuille de Ricin il y a 11200 cellules en palissade et 4600 cellules étoilées, soit pour 100 environ 71 des premiéres et 29 des secondes. Le troisiéme chapitre traite de certains principes de structure. Le premier de ces principes est la compression réciproque des cellules et le plissement de leur membrane, qui ont pour but d'augmenter l'élendue de la surface assimilante. De méme que les cellules en palissade sont perpendiculaires à l'épiderme, de méme les plis des membranes se dirigent ordinairement vers le centre de la cellule perpendiculairement à sa paroi, et méme, dans le cas contraire, ils ont dans l'intérieur de cette cellule leurs parois couvertes de grains de chlorophylle. Le second principe, c'est que les produits de l'assimilation doivent étre emmenés par le chemin le plus court, ce qui régle toute la REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 83 constitution du mésophylle, d'accord avec la loi précédente. L'extréme variété de structure du mésophylle dépend de l'inégale prédominance de l'une ou de l'autre de ces deux lois. L'auteur distingue de celte struc- ture dix types répartis entre trois systémes. Dans l'un des trois, ce sont les mémes organes qui servent à l'assimilation et à l'abduction des pro- duits assimilés ; dans le second, ce sont des organes différents ; dans le troisième, il existe des organes vecteurs d'apport, indépendamment des organes d'assimilation et de ceux d’abduction. Le quatrième chapitre concerne la structure et la disposition du système d'assimilation dans ses rapports avec la lumiére, dont les rayons pénétrent le parenchyme dans une direction voisine de la perpendiculaire, témoin la direction que pren- nent spontanément la plupart des feuilles. Le cinquième système est consacré à l'étude de la pénétration de l'air dans le systéme assimilateur. Chaque cellule assimilatrice, en effet, avoisine quelque méat aérifére, méat qui rend impossible toute abduction des produits de l'assimilation par une autre voie que la voie la plus courte. Vient ensuite l'étude des qualités de résistance du systéme d'assimilation et surtout des cellules en palissade, qui sont munies de couches d’accroissement en forme de stries allongées (feuilles de Cycas) ou ordonnées d'aprés le principe de la construction en voûte. Le septième chapitre envisage l'assimilation locaie chez des organes tels que des poils glanduleux ; l'auteur regarde les grains de chlorophylle placés dans les cellules stomatiques comme des organes d'assimilation locale. Enfin, le huitième chapitre contient des données sur le développement du systéme assimilateur qui procéde du tissu fonda- mental et quelquefois du cambium (Cyperus pannonicus). Les palissades, chez des Fougéres et des Sélaginelles, proviendraient de la couche supé- rieure de la feuille, laquelle ne jouerait pas le róle d'un épiderme, mais celui d'un tissu assimilateur, et prend graduellement sur les cótés le caractére d'un véritable épiderme. Le neuviéme chapitre renferme l'exposé des résultats. Beiträge zur Kenntniss der Pflanzenathmung (Recherches sur la respiration végétale) ; par M. Paul Godlewski (Mémoires de l'Académie de Cracovie, t. vn, et Jahrbücher der wissenschaftliche Botanik, t. xut, 3° livr, pp. 491-543). Nous transcrirons, selon notre habitude, les principaux résultats de l'auteur. 1. Pendant la période de dilatation qui précéde la germination, aussi bien chez les graines amylacées que chez les graines huileuses, le volume de l'acide carbonique sécrété est à peu de chose prés le méme que celui de l'oxygène absorbé, et seulement un peu plus faible. — 2. Quand cette dilatation a lieu à l'abri de l'air, et-par exemple sous l'eau, il s'opére dans 84 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. son intérieur une respiration intramoléculaire ; cette fonction ne cesse pas immédiatement quand les graines sont exposées à la lumière, mais elle est peu à peu remplacée par une respiration normale. — 3. Dès que les graines huileuses commencent à pousser leur radicule, le volume de l'acide carbonique sécrété commence à rester de plus en plus au-dessous de celui de l'oxygéne absorbé. Pendant la période de la plus forte respi- ration de la jeune plante, on constate environ pour 100 volumes d'oxygéne absorbé 55 à 65 volumes d'acide carbonique sécrété, et ce rapport demeure constant pendant quelque temps. — 4. La production transitoire d'amidon, pendant la germination des graines huileuses, tient trés vraisemblablement à ce que chaque molécule d'huile, sous l'action de l'oxygéne atmosphé- rique, se divise en acide carbonique, eau, trois molécules d'amidon et une certaine quantité d'une substance indéterminée... — 5. Lors d'une phase plus avancée de la germination, outre la matiére grasse, l'amidon produit transitoirement commence à être aussi employé dans la respiration ; alors les volumes d'acide carbonique et d'oxygène tendent graduellement vers l'égalité et finissent par l'atteindre. — 6. Pendant la germination des graines amylacées, le volume de l'acide carbonique sécrété persiste à peu prés semblable à celui de l'oxygéne dans toutes les phases de la germi- nation. Pendant la germination de la Lentille, le premier de ces deux volumes est tantót plus fort, tantót plus faible; pendant celle du Blé, il est toujours un peu plus grand (à l'exception des premiers jours de la germination). — 8. Les fruits mürs et huileux sécértent par la respiration un volume d'aeide carbonique nolablement plus considérable que celui de l'oxygène absorbé. — 9. Les modifications de la tension de l’oxygène in- fluencent l'énergie de la respiration d'une manière très différente suivant les plantes ; dans les cas où la matière grasse est complètement dépensée au travail respiratoire, l'énergie de ce travail dépend plus dela tension de l'oxygène que dans les cas où la respiration s'accomplit complètement aux dépens de l'acide carbonique. — 10. Dans les cas où la tension de l'oxy- géne est assez diminuée pour que la respiration normale soit réduite à un minimum, la respiration intramoléculaire commence à se manifester, ce qui modifie conséquemment le rapport entre les volumes des deux gaz. Theoretisches zum Assimilationsproblem (Considérations théoriques sur le probléme de l'assimilation) ; par M. J. Reinke (Bota- nische Zeitung, 1882, n** 18 et 19). Nous disions dans le cahier précédent (page 209) qu'il se faisait depuis quelque temps une réaction contre les opinions d'abord généralement ac- ceptées, que M. Pringsheim a formulées sur le mode intime de la fonction assimilatrice. Le mémoire de M. Reinke est une nouvelle preuve de celte réaction. Pour M. Reinke, s'il est utile de formuler des hypothèses, c'est REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 85 à condition que ces hypothèses seront seulement des questions adressées à la nature, auxquelles l'expérimentation pourra répondre, soit par l'affir- mative, soit par une négation plus ou moins absolue. Il ne peut discuter l'assimilation qu'en admettant au préalable que les substances du grain chlorophyllien ne prennent pas part chimiquement au travail réducteur ; mais que celui-ci dépend uniquement de la lumière, laquelle est capable de vaincre les affinités les plus fortes. Cela admis, il examine théoriquement par quelles transformations chimiques l'acide carbonique CO?H? (1) peut passer pour produire l'amidon (2). Il reconnait que la molécule d'acide carbonique, renfermant trois mo- lécules d'oxygéne, peut donner naissance, par réduction ou soustraction d'oxygène, à trois produits différents, c'est-à-dire: 1° l'acide formique, CH?0?; 2» l'aldéhyde formique, CH?0; 3° le méthyléne, CH2. Or ce dernier n'existe qu'à l'état théorique, et partout où on l'a dégagé de ses combinai- sons, il s'est spontanément polymérisé en quelqu'un de ses homologues plus élevés dans la méme série. Pour l'acide formique, M. Reinke s'est convaincu qu'il se développe dans toute cellule végétale, et M. Erlenmayer l'a considéré comme le premier produit de l'assimilation du carbone (Bericht der deutschen chemischen Gesellschaft, 1877, p. 634). Mais cet acide nait aussi bien dans les racines que dans les feuilles, daus les plantes étiolées et dans les Champignons. C'est à l'obscurité que les acides volatils augmentent, et ce n'est pas à la lumiére. Cela fait penser à l'auteur que l'acide formique développé dans les végétaux pro- vient d'une métamorphose régressive, et non pas de l'assimilation. Reste T'aldéhyde formique, qui a la méme composition centésimale que le gly- «ose, qui est éminemment susceptible de polymérisation, et que M. Reinke a déjà considéré ailleurs comme le produit de l'assimilation végétale (3). Il ajoute que cet aldéhyde formique est trés oxydable, et qu'avant de se polymériser pour donner du glycose, il a besoin d'étre protégé contre les rayons solaires par la chlorophylle (4). (1) L'ancienne notation était CO'-- HO; on sait que maintenant les anciens équiva- dents d'eau entrent dans la constitution de l'acide, et que l'ancien équivalent de l'hydro- gène a été doublé. , (2) D'après les recherches de M. Pfeiffer (Ueber Verbindungen einiger Kohlenhydrate mit Alcalien, Gættingue, 1881, p. 37), la plus petite formule possible de l'amidon est C#H*0* (ce qui est simplement une manière nouvelle d'écrire l'ancienne formule CH0 -- 2HO, en la doublant, en considérant l'équivalent de l'hydrogène comme double de celui de l'oxygène et en supprimant les équivalents d'eau). M. Nægeli (Bei- 4rüge zur näheren Kenntniss der Stürkegruppe, dans les Comptes rendus de l'Académie de Munich en 1881) triple l'ancienne formule, qu'il écrit C*H*0?: et MM. Brown et Heron (Annalen der Chemie, t. Cxcix, p. 242, lui accordent méme 120 atomes de carbone. (3) Voyez son mémoire Ueber aldehydartige Substanzen in chlorophyllhaltigen Pflan- zen, dans le Berichte der deutschen chemischen Gesellschaft, t. xiv. Voyez aussi tome xxix (Revue). p. 180. (4) On trouvera dans les Annales agronomiques, cahier d'octobre 1882, une exposition plus complète des raisonnements et des hypothèses de M. Reinke. 86 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Veber das Hypochlorin und seine Entstehungsbedin- gungen (Sur l'hypochlorine et les conditions où elle prend nais- sance) ; par M. A.-B. Frank (Sitzungsberichte der botanischen Vereins der Provinz Brandenburg, t. xxu, séance du 14 février 1882). Les données que M. Pringsheim a fait connaitre au sujet de l'hypochlo- rine ont engagé l'auteur à examiner de plus prés les conditions du déve- loppement de cette substance. Il est demeuré constant que la réaction de l'hypochlorine est en relation trés étroite avec la présence de la matiére colorante de la chlorophylle, et que cette relation est la seule constante, tandis qu'il n'y en a aucune entre cette réaction et la présence ou l'absence des conditions de l'assimilation. Pour établir cette proposition, l'auteur fait remarquer que l'hypochlorine se laisse déjà séparer dans des cellules trés jeunes, mais non encore dépourvues de chlorophylle, et qu'on en observe les réactions méme chez des parties végétales qui ont vécu dans un air dépourvu d'acide carbonique et qui ne contiennent aucune trace d'amidon. Ces faits ne sont pas conciliables avec l'hypothése qui fait de l'hypochlorine un produit de l'assimilation ; ils semblent bien plutót indi- quer que cette substance est un produit de la décomposition de la ma- tière verte, opéré par l'action des acides. Si l'on traite par l'alcool des parlies vertes qui ne donnaient pas la réaction, et l'extrait alcoolique par l'aeide chlorhydrique, la réaction s'obtient aprés ce second traitement. L'auteur conclut que l'hypochlorine doit prendre naissance quand les propriétés diosmotiques des formations protoplasmiques des cellules ont été modifiées par l’action défavorable des circonstances extérieures, de telle sorte que les sucs acides contenus dans les cellules puissent agir sur la matière colorante de la chlorophylle en la détruisant. Ueber die Natur der Hypochlorin-Krystalle Prings- heim's ; par M. Arthur Meyer (Botanische Zeitung, 1882, n° 32). M. Pringsheim, dit l'auteur, croit que les formations cristallines pro- duites par la « réaction de l’hypochlorine » doivent leur origine à un corps contenu dans les grains de chlorophylle à cóté de leur matiére colorante, corps hypothétique qu'il a nommé l'hypochlorine. Il s'appuie, pour lui répondre, sur le mémoire précédent de M. Frank etsur des obser- vations présentées par M. Wiesner dans le Botanisches Centralblatt, 1882, n° 7. Mais ces deux auteurs, ajoute-t-il, n'ont pu prouver contre M. Pringsheim que ces masses brunes cristallines ne doivent pas leur origine à un corps accompagnant toujours la chlorophylle. Pour résoudre la question en litige, M. Meyer la transporte sur le terrain de la chimie. Quand on a traité une solution de chlorophylle (il s'agit ici des feuilles de l'Iris) par l'acide chlorhydrique étendu, et qu'on a obtenu les cristaux ou REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 87 cristalloïdes bruns, si l'on traite le mélange par de l'acide acétique pur, on voit naître aussitôt de la coupe de nouvelles gouttes d’un liquide vert d'où se séparent pendant leur solution de nombreux cristaux bruns. Quand la coupe est complètement décolorée, les cristaux cessent de s’augmenter. Tout est terminé en un quart d'heure, quelquefois méme en cinq minutes. Ces cristaux, obtenus par l'acide acétique, ont abso- lument les mémes propriétés chimiques que ceux qu'a étudiés M. Prings- heim et que le chlorophyllan de M. Hoppe Seyler (1). Si maintenant on échauffe avec une goutte d'huile de Ricin la coupe d'une feuille d'Iris dont la chlorophylle a été complètement transformée en cristaux bruns par l'acide acétique, on voit ces cristaux bruns se dissoudre, et la solution offre les mêmes caractères optiques que la solution de chlorophyllan. En terminant, M. Meyer répond à quelques-unes des assertions que M. Prings- heim a émises dans le mémoire publié par lui dans le tome xii des Jahrbücher. La distribution de l'énergie dans le spectre solaire et la chlorophylle: par M. C. Timiriazeff (Comptes rendus, séance du 5 février 1883). D'aprés les recherches de M. Langley sur la distribution de l'énergie dans le spectre normal, le maximum d'énergie est fixé dans l'orangé, et précisément dans la partie du spectre qui correspond à la bande caracté- ristique de la chlorophylle. Or, M. Timiriazeff, dans un travail antérieur (2), avait démontré qu'il existe une relation intime entre la quantité de . lumière absorbée par la chlorophylle et l'intensité du phénomène chimi- que produit. Il avait méme pensé que la décomposition de l'acide carbo- nique pouvait dépendre de l'énergie du rayonnement. Il arrive donc maintenant à conclure que la chlorophylle peut étre considérée comme un absorbant spécialement adopté à l'absorption de ceux des rayons solaires qui possédentle maximum d'énergie. Il paraitrait, d'aprés des expériences de M. Timiriazeff, que la plante, dans ces conditions les plus favorables, transforme en travail chimique utile jusqu'à 40 pour 100 de l'énergie solaire absorbée par la chlorophylle. Ueber Sauerstoffausscheidung von Pflanzenzellen im Mikrospectirunan (Du dégagement d'oxygène par les cellules végé- tales dans un spectre solaire microscopique); par M. Th.-W. Engelmann d'Utrecht (Botanische Zeitung, 1882, n° 26). Il s'agit dans ce mémoire d'apprécier l'influence des rayons colorés (1) Voyez le Botanische Zeitung, 1879, p. 815. (2) Ce travail a été communiqué à notre Société dans sa séance du 22juin 1877, mais . imprimé dans les Annales de chimie et de physique, 5° série, t. xit. 88 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sur le dégagement d'oxygène. Cela a été fait bien des fois. Mais la mé- thode de l’auteur est nouvelle. Il fait usage d'un réactif nouveau pour mesurer l'intensité physiologique des rayons de différentes couleurs. C'est un réactif vivant qu'il a déjà fait connaitre l'année précédente (1). C'est la Bactéridie de la putréfaction, le Bacterium Termo Cohn, qui, dans le champ du microscope, ne s'agite que dans les endroits où existe, où se forme l'oxygéne nécessaire à l'activité de sa vie. A l'aide d'un appareil spécial, d'une fente de dimensions convenables, etc., le faisceau prisma- tique est étalé sur le champ du microscope où sont en méme temps des Conferves, et oà les Bacterium Termo se rassemblent et s'agitent le plus sur les points où se dégage le plus d'oxygéne. Ces poinis, comme on pouvait s'y attendre, correspondent aux bandes d'absorption de la chlorophylle. Farbe und Assimilation (Couleur et assimilation); par M. Th.-W. Engelmann (Botanische Zeitung, 1883, n% 1 et 2). Puisque M. Pringsheim attribue à la chlorophylle le róle d'un simple écran protecteur, il importait de vérifier si réellement les organes paren- chymateux dépourvus de chlorophylle décomposent l'acide carbonique, quelque peu que ce soit. M. Engelmann, fondé sur le réactif vivant indiqué dans le précédent mémoire, a examiné les feuilles décolorées (albinos) du Lierre et de l'Érable; les cellules des pétales, les poils des étamines du Tradescantia, les poils radicaux de l'Hydrocharis, les filaments mycéliens de divers Champignons, le plasmodium du Didymium Serpula, les parties incolores du plasma de différentes espéces de Spirogyra, de . Mesocarpus, de Zygnema, de Callithamnion, etc. On a dans ces expé- : riences fait varier à l'infini l'intensité et la couleur de la lumiere ; on a essayé l'écran de M. Pringsheim, en interposant entre la source lumineuse et l'objet soit une feuille verte et vivante, soit une solution de chloro- phylle. Dans aucun cas on n'a pu observer le dégagement de la moindre trace d'oxygéne, tandis que le plus petit corpuscule de chlorophylle en dégage trés visiblement. ` Dans une autre série de recherches, M. Engelmann a recherché dans quelles conditions le dégagement d'oxygéne est opéré par les cellules vertes (Algues nombreuses), brunes (Diatomées), bleu verdàtre (Oscilla- riées) et rouges (Floridées). Il a reconnu, en opérant sur des plantes vivantes, soit à la lumiére du soleil, soit à celle du gaz, qu'il y a deux maxima d'assimilation pour les cellules vertes, pour les cellules brunes et pour les cellules rouges. Pour les cellules vertes, le premier maximum plus fort, situé dans le rouge entre les raies B et C, correspond à la pre- (t) Voyez le Botanische Zeitung, 1881, p. 441. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 89 mière et à la plus forte bande d'absorption de la chlorophylle; le second maximum, à la raie F, tombe sur le commencement de la grande absorp- tion de l'extrémité droite du spectre. Pour les cellules brunes, le premier maximum est le méme ; le second, plus fort, tombe dans le vert, entre D et E. Pour les cellules rouges des Floridées, le premier maximum, plus fort, est entre D et E; le second à la raie F, dans le bleu. Pour les cellules d'un vert bleuâtre des Oscillaria et des Nostoc, il n'y a qu'un seul maxi- mum dans le jaune. Tous ces maxima d'absorption coincident avec des maxima d'absorption. Il est donc bien établi que les rayons lumineux agissent d'autant plus fortement sur l'assimilation, qu'ils sont plus forte- ment absorbés. La conclusion vaut aussi contre l'interprétation de M. Pringsheim. La matière colorante qui absorbe transforme la lumière absorbée en travail chimique. Et selon la nature de cette matiére colorante, selon sa colora- tion, c'est un élément différent du spectre qui est absorbé, et qui sert en définitive à la libération de l'oxygéne. Ce sont toujours les rayons complé- mentaires de cette coloration qui agissent le plus fortement dans le phéno- mène. Sans matière colorante, le protoplasma ne peut rien. Le stroma incolore du grain coloré est ainsi comparable à la plaque photographique de gélatine; chacun des deux, réduit à soi-méme, est sans action sur la lumière ; mais la couleur est pour le grain ce que le sel d'argent est pour la plaque, et la sensibilité de ce grain aux différentes longueurs d'onde dépend des propriétés optiques de ses matières colorantes. Quelques auteurs ont pensé que la chlorophylle est le premier produit de l'assimilation, et M. Pringsheim n'a pas cru que cela füt impossible. M. Engelmann pense tout le contraire. Comment, en effet, la couleur du produit pourrait-elle déterminer l'énergie du phénomène auquel ce pro- duit doit son existence ? Il ressort encore de ces fécondes observations des corollaires bien inattendus sur la vie des végétaux marins. Ce n'est pas aux dépens de la méme lumiére que vivent les différentes Algues. Déjà en 1844 M. (Ersted, dans sa dissertation inaugurale, De regionibus marinis, avait distingué dans la mer quatre régions de profondeur, caractérisées par la couleur des plantes et des animaux. Tout récemment M. G. Berthold (1), étudiant la distribution des Algues dans le golfe de Naples, affirmait que la végétation des grandes profondeurs se compose de Floridées, distinguées par leur couleur rouge. Or, l'eau absorbe d'une maniére remarquable le jaune et le rouge (2), et le maximum d'assimilation des Floridées est dans le vert. (4) Mittheilungen aus der zoologischen Station zu Neapel, 1882, t. ni, p. 415. (2) Le spectre obtenu avec un rayon solaire qui a traversé un tube de 14 mètres de longueur rempli d’eau n'a plus de rouge et peu de jaune (F. Bas, Beiträge zur Er- kenntniss der Farbe des Wassers, Kiel, 1881; Vogel, Ann. der Physik und Chemie, 1855, t. CLVI, p. 325; Spring in Revue scientifique du 10 février 1883). 90 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. A la profondeur où vivent ordinairement ces Algues, celles qui ont besoin d’absorber la lumière rouge ne trouveraient pas les conditions de leur existence. Aussi celles-ci habitent-elles les couches supérieures de l'eau. Ueber die Möglichkeit die unter gewöhnlichen Verhältnissen durch grüne beleuchtete Pflanzen verarbeitete Kohlensäure durch Kohlen- oxydgas zu ersetzen (De la possibilité de remplacer par l'oxyde de car- bone l'acide carbonique décomposé dans certaines circonstances par les plantes vertes éclairées); par M. L. Just (Wollny's Forschungen auf dem Gebiete der Agrikulturphysik, t. v, cahiers 1 et 2; et Bota- nische Zeitung, 1882, n° 33). D’après une hypothèse émise par Baeyer, l'acide carbonique serait dé- composé par les feuilles insolées en oxygène et en oxyde de carbone, et ce dernier s'unirait à l'hydrogène de l'eau pour former de l'aldéhyde formique. M. Just a fait végéter des Azolla et des Lemna dans une solu- tion convenable que recouvrait une cloche remplie d'un mélange gazeux privé d'acide carbonique, mais contenant environ 1/20 pour 100 d'oxyde de carbone (des quantités plus fortes ont été nuisibles). M. Just est arrivé ainsi à démontrer que l'oxyde de carbone u'est pas assimilé par les plantes. Resterait à savoir si ce gaz à l'état naissant est traité par le tissu végétal comme s'il était chimiquement préparé à cet état. Toujours est-il que cela est loin de fortifier l'hypothése de Daeyer. Sur la respiration des plantes aquatiques ou des plantes aquatico-aériennes submergées ; par M.A.Barthélemy (Comptes rendus, séance du 5 février 1883). Nos confrères savent par expérience qu’il n'est guère de notion si bien établie dans la science qui nesoit susceptible d'étre ébranlée, ou du moins mise en question. M. Barthélemy a déjà soutenu(1) que les plantes aqua- tiques, dans les conditions normales, ne rejettent pas de gaz au soleil ; que c'est seulement dans des circonstances accidentelles qu'on voit se dégager à leur surface des bulles gazeuses « qui n'ont aucun rapport » avec l'acte respiratoire, et dont lenombre ne pourrait servir de mesure » à l'énergie respiratoire. » Les expériences qu'il invoque dans cette nou- velle note n'ont pu étre décrites dans les Comptes rendus avec des détails suffisants pour qu'on puisse les bien apprécier. Il a fait végéter des feuilles de Nymphæa dans une eau chargée d'acide carbonique : l'absorption a lieu; mais enlacérant la surface épidermique, on arrête le phénoméne, parce que la solution d'acide carbonique tue le protoplasma vert. Il pense (1) Voyez les Annales de chimie et de physique pour 1878. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 91 que l'hydrate carbonique doit pénétrer à travers la surface cuticulaire. Il fait remarquer de plus que la production d'oxygène présente toutes les allures d'une véritable fermentation. Selon lui, des organismes élémen- taires pourvus de chlorophylle et exodynames reçoivent à travers la cuti- cule l'hydrate d'acide carbonique ou peut-être un polymére; à l'acide de la lumière, ces éléments exodynames dissocient l'acide carbonique hydraté en matière cellulosique et en oxygène. L'oxygene, dans ces cas, est dégagé parla section du pétiole quand la feuille est détachée du rhizome; alors celle feuilleagitcomme une cornue munie d'un tube de dégagement. Au contraire des feuilles de Nymphæa, celles des Nelumbium retien- nent à leur surface une forle couche d'air condensée, grâce aux papilles cuticulaires dont leur surface est pourvue, de sorte que la dissolution carbonique n'est pas en contact avec la cuticule. On ne voit alors aucun dégagement s'opérer par le pétiole, mais de grosses bulles gazeuses s'étendre à la surface de la feuille et s'y dégager. Flore d'Auvergne, contenant la Description des familles, genres, espèces et variétés de toutes les plantes vasculaires qui croissent spon- tanément dans les départements du Puy-de-Dôme et du Cantal; lindi- cation de leurs propriétés usuelles; des clefs analytiques conduisant aux noms spécifiques, et un vocabulaire des termes techniques employés dans cet ouvrage; par F. Gustave et F. Héribaud-Joseph, de l'Institut des Frères des écoles chrétiennes. 1n-16 de 576 pages. Clermont- Ferrand, typogr. et libr. F. Thibaud, 1883. Ce livre est dédié à la mémoire de Martial Lamotte, dont il représente l'enseignement et continue la tradition, en attendant qu'une main amie ait achevé la publication de son Prodrome de la Flore du Plateau central. Il débute par une introduction que remplissent en partie d'utiles notions de géographie botanique, et quelques emprunts bien choisis aux publica- tions de M. Lecoq. Sur la question controversée de l'espéce, les auteurs. partagent les opinions de M. Loret (1), qui a bien voulu revoir leurs plantes critiques. [ls signalent (et on leur en saura gré) une quinzaine d'espéces qui figuraient par erreur dans la Flore de France de Grenier et Godron comme, appartenant à l'Auvergne. L'important herbier du Pensionnat de Clermont, qui comprend d'une manière générale les plantes. de France et la plupart de celles de l'Europe centrale, leur a permis de comparer leurs espéces avec celles de régions plus éloignées. Les soins apportés dans la rédaction des clefs dichotomiques, dans la description des espéces et dans la subordination des variétés font de ce (1) Voyez le Bulletin, t. xxix (Revue), p. 130. 92 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. petit ouvrage une œuvre entièrement originale, où sont soigneusement relatées les localités des types intéressants dans la flore de l'Auvergne. Ueber die Bezichungen der Rindenspannung zur Bildung der Jahrringe und zur Ablenkung der Markstrahlen (Des rapports de la tension de l'écorce avec la formation de la couche annuelle et l'inflexion des rayons médullaires) ; par M. G. Krabbe (Sitzungs- berichte der k. preussischen Akademie der Wissenschaften zu Berlin, 1882). On a jusqu'à présent admis d'une manière générale que chez les végé- taux ligneux, ce qui cause la séparation des couches annuelles, c'est l'augmentation de la pression dans l'écorce pendant l'automne : opinion exprimée d'abord par M. J. Sachs, et que plus tard M. de Vries a cherché à justifier par des expériences. Au contraire, M. Krabbe pense que cette augmentation de pression automnale est inexacte. A prés une introduction à la fois historique et critique, il cherche à résoudre les questions de 'savoir : 1^ Si et dans quelle proporlion la tension corticale augmente du "printemps à l'automne, quel rôle elle joue dans l'origine de la couche annuelle, comment elle s'établit sur des axes à structure excentrique, si elle est prédomine du côté de la plus forte ou de la plus faible crois- sance; si, par conséquent, la déviation des rayons médullaires est chez eux un effet d'attraction ou d'impulsion, ou de ces deux causes à la fois. La méthode que l'auteur a employée pour mesurer la tension corticale est la suivante. ll enlève des bandes transversales d'écorce d'une largeur déterminée ; ces bandes subissent spontanément un raccourcissement plus ou moins fort, et il estime que la force qui peut leur rendre leur dimension primitive est égale à la tension naturelle de l'organe. Il a examiné des Conifères, un Fraxinus, un Salix, dont l'écorce est parti- culièrement ductile, car celle qui se déchire quand on la distend n'est guére propre à ces procédés d'observation. Les résultats sont exposés dans 37 tableaux du mémoire de M. Krabbe. L'un des principaux est que la tension tangentielle de l’écorce, considérée dans des régions différentes d'un méme arbre, augmente avec l'épaisseur du corps li- gneux, là où l'écorce n'est pas encore modifiée par quelque accident. Il tire ensuite la pression radiale de la tension tangentielle d’après nat: ( cette équation Pr.— pr étant le rayon. Il en déduit que la pression radiale diminue avec l'épaisseur du corps ligneux. En outre, l'auteur a opéré au printemps et à l'automne sur des individus d'essence différente et de même diamètre. Il a reconnu ainsi que la pression radiale diminue du printemps à l'automne, mais d'une quantité si faible, que]les modifi- cations que subit la couche annuelle ne peuvent pas étre expliquées par i REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 93 les différences de cette pression. Quant aux phénomènes obtenus par M. de Vries dans ses expériences, l'auteur croit que ce sont des phéno- ménes pathologiques. Dans une seconde partie de son mémoire, il examine l'inflexion des rayons médullaires sur des axes à structure excentrique, et il arrive, à leur sujet, à une autre opinion que MM. Sachs et Detlefsen. II pense, aprés des expériences analogues à celles qui viennent d'étre rapportées, que la ten- sion tangentielle est le plus forte sur les points où le développement est le plus fort. Si M. Kny est arrivé à des conclusions contraires, c'est pour n'avoir pas tenu compte d'un élément important, l'épaisseur de l'écorce elle-méme. La pression corticale est, selon lui, à peu prés la méme dans le sens du rayon sur tous les points des organes à structure excen- trique, et par conséquent l'inflexion des rayons médullaires n'est pas déterminée par une pression agissant dans le sens du rayon, mais par une attraction agissant suivant la tangente; les rayons médullaires sont déviés vers le côté de la plus forte croissance, parce que c'est de ce côté que l'effort de contraction de l'écorce est le plus considérable. Ueber die Theilung der Kerne in Spirogyra-Zellen (De la partition du noyau dans les cellules de Spirogyra) ; par M. Ed. Tangl (Sitzungsberichte der kais. Akademie der Wissenschaften, math.- naturw. Classe, avril-mai 1882, pp. 268-291, avec 2 planches). Les phénoménes délicats de la disposition des molécules du protoplasma - et de la partition du noyau sont plus faciles à observer, proportion gardée, sur les filaments du Spirogyra que sur bien d'autres agrégats cellulaires. C'est ce qu'avait déjà tenté M. Strasburger, qui s'en est spécialement oc- cupé dans son mémoire si connu, intitulé: Zellbildung und Zellthei- lung (1). Il est probable que l'espéce examiuée par M. Tangl, et qu'il ne parait pas s'étre occupé de déterminer, est fort différente des deux espèces examinées par le professeur d'Iéna, car les résultats exprimés par chacun de ces deux physiologistes ne concordent pas aussi étroitement qu'on devrait s'y attendre. La principale différence organogénique, c'est que d’après M. Tangl le système des bâtonnets horizontaux (2) s'étend, après l'écartement des deux moitiés de la plaque équatoriale, dans tout l'inté- rieur de la chambre cellulaire bordée latéralement par la membrane d'en- veloppe et à ses deux extrémités par les deux nouveaux noyaux en voie de formation. (1) Voyez notamment ia 3* édition de ce mémoire, pp. 172, 175, 184, 187, fig. 27 bis à 30. (2) Il les nomme Verbindungsfäden, « filaments d'union », supposant qu'ils ont pour fonction de réunir les deux moitiés disjointes du nucléole, en constituant l'appareil bombé dans son centre, qui a reçu à cause de sa forme le nom assez singulier de tonneau. 94 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Beiträge zur Kenntniss der absoluten Festigkeit von Pflanzen-Geweben (Recherches sur la solidité absolue du tissu végétal) ; par M. Franz Lukas (Sitzungsberichte der kais. Akademie der Wissenschaften, math.-naturw. Classe, avril-mai 1882, pp. 292- 3211). M. Lukas a calculé expérimentalement la résistance des faisceaux fibro- vasculaires de différentes espéces, en tenant compte de la longueur et de l'épaisseur, et principalement de l'étendue offerte par la surface de sec- tion du faisceau. La résistance à la traction est d'autant plus forte, pour la méme espéce, que cette surface est plus large, et pour des espéces diffé- rentes, que les fibres du faisceau ont leurs parois plus incrustées. Ces dif- férences sont trés notables. Si la surface de section est évaluée exacte- ment, la résistance, toutes choses égales d'ailleurs, croit de 172 grammes chez le Dattier pour une augmentation d'un millimétre carré dans cette surface; et à une augmentation d'épaisseur d'un millimétre carré dans la paroi cellulaire correspond une augmentation de résistance de 254 grammes chez l'Aspidistra. L'épiderme exerce aussi une certaine influence sur la solidité, influence analogue pour son résultat à celle du collenchyme. In- versement, la dilatabilité des tissus (qui décroît en proportion de leur lignification) est en raison inverse de leur résistance à la traction. Celle-ci alteint dans quelques cas une valeur « égale à celle des métaux les plus résistants ». Catalogue des Mousses et des Hépatiques récoltées aux envi- rons de Stenay et de Montinédy; par M. J. Cardot. In-8° de 40 pages. ~ Montmédy, impr. Ph. Pierrot, 1882. M. Cardot a depuis plusieurs années exploré soigneusement la pointe septentrionale du département de la Meuse. Les Mousses récoltées par lui dans les cantons de Montmédy, de Stenay et de Dun, sur un sol accidenté qui atteint parfois 400 métres, au nombre de 194, appartiennent à la zone silvatique inférieure de l'abbé Boulay, et quelques-unes à la zone silva- tique moyenne. Beaucoup sont indifférentes à la nature du sol; un petit groupe croit tout particulièrement sur les argiles du terrain oxfordien. Les sables liasiques fournissent une florule bryologique à la fois calcicole et silicicole. Il n'y a pas d'espèce nouvelle dans le Catalogue de M. Cardot, mais quelques variétés intéressantes ou non encore signalées, entre autres le Barbula cylindrica Schimp. var. sinuosa Lindl. (Dicra- nella sinuosa Wils.), qui n'avait pas encore été trouvé en France (1). Les Hépatiques sont peu abondantes dans la région explorée par M. Cardot. (1) Voyez le Bulletin, t. xxix (Séances), p. 167. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 95 NOUVELLES. (5 aoùt 1883.) — Nous avons le regret d'annoncer la mort de M. W. Schaffner, qui a enrichi les herbiers européens de nombreuses collections mexicaines, décédé récemment à San-Luis de Potosi, et celle de M. Charpentier, jardi- nier en chef du palais de Trianon, à Versailles, décédé le 10 juin dans sa quatre-vingt-septiéme année. L'Imventaire des cultures de Trianon, rédigé par M. le comte Jaubert avec le concours de M. W. de Schenefeld, avait rendu à ce vétéran de l'horticulture un hommage bien mérité. — M. Éd. Prillieux, ancien président dela Société, vient d'étre promu au grade d'officier dans l'ordre de la Légion d'honneur, sur la proposition de M. le Ministre de l'agriculture. — M. G. Planchon, professeur à l'École supérieure de pharmacie de Paris, M. le D" Lortet, doyen de la Faculté de médecine de Lyon, et M. Bleicher, professeur à l'École supérieure de pharmacie de Nancy, sont nommés officiers de l'instruction publique. M. Guillaud, professeur à la Faculté de médecine de Bordeaux, est nommé officier d'académie. — M. J.-C. Ducommun, au Palais fédéral, à Berne, se propose de livrer dans le courant de septembre prochain des plantes du canton du Tessin et de la région des grands lacs de l'Italie septentrionale, au prix de 25 francs la centurie. Il pense rapporter de son exploration estivale environ 200 espéces. — On sait que le rarissime Marrubium Vaillantii a été retrouvé à Fontainebleau par nos confrères MM. Ed. Bonnet et Th. Delacour (1). On apprendra avec plaisir que M. J.-B. Yvon, horticulteur, 44, route de Chatillon, à Vanves prés Paris, ayant recu quelques rameaux de cette plante, l'a multipliée et se trouve en mesure d'en fournir des pieds vivants. Ce Marrubium, d'aprés lui, serait une intéressante recrue pour les ama- teurs de mosaiculture. — L'herbier de Lichens de feu M. de Krempelhuber a été acquis par le gouvernement bavarois pour le musée de l'université de Munich. — Dans le dernier numéro de la Revue mycologique, M. Roumeguére recommande de méler à la solution de sublimé préparée pour l'empoi- sonnement des plantes un peu de dextrine, soit 0,50 centigr. par litre. L'emploi de la dextrine assure l'adhérence du sublimé aux échantillons. Ce procédé était, dit-il, employé par Moquin-Tandon, qui le tenait de Dunal. (1) Voyez le Bulletin, t. xxvi, p. 282. 96 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. — M. Roumeguére va entreprendre la publication d'un exsiccata des Algues fluviales et terrestres de France, avec le concours de MM. A. Mougeot et Ch. Manoury. Le premier noyau de cet exsiccata est dans les Reliquit provenant de Desmazières et des autres correspondants de J.-B. Mougeot, et notamment dans les préparations faites jadis par J.-F. Demangeon, de Remiremont, qui légua ses collections (et aussi ses nombreux dessins d'Algues) à son ami M. Mougeot. Il est heureux que ces documents ne soient pas perdus pour la science. M. Roumeguére se propose de compléter successivement cet exsiccata par des dessins analy- tiques pris sur le vif et indiquant l'organisation de la fructification et des tissus, et dont l'ensemble formera un Genera complet de la famille. — On trouve dans le Guide à Saint-Honoré-les-Bains, récemment publié par M. le D' Binet, une Notice intéressante sur la flore de cette station thermale et de ses environs. Cette notice, tirée à part (Tournus, impr. D. Bellenand, 1883), comprend un aperçu de la flore du Morvan, rédigé par M. le D" X. Gillot, et dont les éléments ont déjà été fournis à notre Bulletin par M. Gillot lui-méme lors de la session d'Autun en 1870. — Un naturaliste distingué, M. Germain, est parti à Saint-Nazaire pour le Brésil. Il doit débarquer à Para et remonter le plus loin possible l'Ama- zone ou ses principaux affluents, en explorant de préférence les terri- toires les moins connus de cette vaste région. Notre président, M. Édouard Bureau, a écrit à Sa Majesté don Pedro, Empereur du Brésil, que notre Société s'honore de compter parmi ses membres, pour recommander notre compatriote à son auguste bienveillance. M. Germain était préparé à ce voyage par un séjour de plusieurs années au Chili, où il s'est acquitté avec succès de diverses missions scientifiques pour le gouvernement de ce pays. Il formera, à un petit nombre d'exemplaires exactement uniformes et numérotés, un Herbarium amazonense, au prix de 45 francs la cen- turie. — S'adresser, pour souscrire et pour tous les renseignements à ce sujet, à M. Malinvaud, secrétaire de la Société botanique de France, rue de Grenelle, 84, à Paris. — Le journal allemand Linnœæa a cessé de paraître avec le 9° cahier du tome xLur. Le rédacteur actuel, M. V.-Aug. Garcke, a publié avec ce dernier cahier une Table alphabétique des matiéres traitées dans les 43 volumes du journal. Il fait savoir à ses lecteurs qu'ils doivent, en fait, considérer le Jahrbuch des keniglichen botanischen Gartens und des botanischen Museums in Berlin comme la suite de cette publication. Le Rédacteur de la Revue, a , Dr EE F Le Secrétaire général de la Société, gérant du Bulletin, Sug nE UMEN AD. CHATIN. Imprimeries réunies, A, rue Mignon, 2, Paris. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE (3UIN-AOUT 1883.) N. B. — On peut se procurer les ouvrages analysés dans cette Revue chez M. Savy, libraire de la Société botanique de France, boulevard Saint-Germain, 77, à Paris, Nouvelles Remarques sur la nomenclature botanique ; par: M. Alph. de Candolle. Supplément au Commentaire du méme au- teur qui accompagnait le texte des Lois de la nomenclature botanique recommandées par le Congrès international de 1867. In-8° de 79 pages, Genéve, H. Georg, 1883. Ce travail débute par une introduction où l'auteur rappelle ce qui a été écrit au sujet des lois de la nomenclature, depuis le Congrés de 1867, tant par lui-méme (1) que par M. Dall, dans son rapport à l'Association américaine siégeant à Nashville, le 31 août 1877 (in-8° de 56 pages, Salem, 1871), par M. Douvillé dans son rapport à la commission du Con- grés géologique, par M. Chaper dans son rapport à la Société zoologique de France, et par M. Saint-Lager (2). M. de Candolle, aprés avoir con- damné la tentative de M. Saint-Lager, conclut de l'examen de ces travaux qu'une source d'erreurs dans les usages botaniques de nomenclature est l'imitation de ceux que l'on suit en zoologie. Aprés cette introduction vient une premiére partie, traitaut d'obser- vations à divers articles du recueil de 1867, puis une seconde, relative à des questions suscitées depuis peu de temps, ou sur lesquelles le Con- grés de 1867 n'avait pas jugé à propos de voter. M. de Candolle termine par une réimpression du texte primitif, avec les additions et modifica- tions qu'il lui parait convenable de proposer. A travers la discussion, toujours intéressante et courtoise, à laquelle se livre M. de Candolle, et sans s'arréter aux additions ou modifications trés peu nombreuses qu'il fait au texte primitif des Actes du Congrès de 1861, il se dégage de son travail un sentiment principal et trés vif, plus vif qu'il ne l'a été dans ses publications précédentes sur le même sujet, (1) Voyez notre Bulletin, séance du 26 février 1869, puis le Nuovo Giornale botanico italiano, 1870, vol. 11, p. 146, et le Bulletin de la Société royale de botanique de Bel- gique, 1876, p. 477. (2) Voyez le Bulletin, t. xxvii (Revue), pp. 21 et 299, et t. xxviii (Séances), p. 149. Voyez aussi le Journal des savants, juillet-aoüt 1880. T. XXX. (REVUE) 7 98 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. celui de restreindre tout changement de nom à des cas très rares, tels que l'exemple fort connu de l’Asclepias syriaca. M. de Candolle aimerait peut-être mieux encore une interdiction absolue. La nomenclature, dit-il (page 36), n'est pas une affaire littéraire, et les meilleurs noms sont ceux qui ne signifient rien, comme Alge, Fungi, Aves, Vermes, et qui traversent les siècles sans chagriner l'esprit d'un naturaliste philologue. Le nom est pour lui un étalon; il n'a d'importance que comme moyen de dénommer, et non pas comme moyen de caractériser. Une fois dûment établi, selon les règles de la publication prescrites par la section mı du code des Lois, le nom doit persister en dépit de sa forme erronée, hybride, défectueuse. M. de Candolle a facilement raison contre M. Saint-Lager. Il eüt jadis, certainement, dans cet ordre d'idées, provoqué les observations du botaniste consciencieux et érudit, W. de Schœnefeld, qui fixa la forme de notre Bulletin et y introduisit l'usage d'écrire Pirus et non Pyrus (1). Cypripedilon et non Cypripedium, Aétheonema, et non Æthionema, etc. Pour la première de ces modifications, M. de Candolle répond que Pyrus ayant été adopté par Linné, a la priorité parmi les noms botaniques du genre. À son sens (page 10), pour l'histoire naturelle, c'est le latin de Linné qui doit servir d'exemple. Entre autres sujets sur lesquels insiste M. de Candolle, il faut citer l'abus des abréviations, qui devient de plus en plus incommode à mesure que le nombre des auteurs augmente. Il faudrait, dit-il, avec raison, que les abréviations ne fussent pas trop grandes et qu'elles fussent conformes à l'usage latin, qui était de supprimer la dernière partie du nom. Une habitude venue, il semble, d'Allemagne, est de joindre les derniéres lettres du nom à la premiére (Nke pour Nitzschke). Cela devient inintel- ligible, et si cet abus s'accroît, on sera obligé de recourir à la réforme radicale de ne plus abréger aucun nom. Un autre point trés important est de ne jamais faire dire à un auteur ce qu'il n'a pas dit clairement. C'est une faute qu'on commet quand on attribue à L.-C. Richard les genres de Michaux ; à MM. Bentham et Hooker le Lachnostoma maritimum, parce qu'ils ont fait rentrer dans le genre Lachnostoma de Kunth l'Ibatia maritima Decaisne ; et surtout quand on écrit Evax exigua Sibthorp sub Filago, ou toute autre notation compli- quée analogue. Le nom n'est qu'un nom, et ne doit pas étre remplacé par une phrase, sous prétexte d'y renfermer des indications historiques; la citation du nom de l'auteur n'est que l'abréviation d'un renseigne- ment bibliographique. Ce dernier point de vue doit étre recommandé spécialement à l'attention des paléontologistes. (1) Pyrus a le double tort d’être une faute d'orthographe, puisque les Latins écri- vaient Pirus, et de sembler transcrire le grec «ypó;, froment, sans compter qu'il fait songer à la pyrotechnie. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. , 99 Enfin on retiendra du travail de M. de Candolle ce qu'il dit de la divi- sion infinie des types linnéens, d'autant plus qu'il n'en blàme pas lè principe. Si MM. Jordan et Gandoger avaient, dit-il, poussé leurs recher- ches sur les variétés jusqu'à des expériences sur la fécondation et l'héré- dité, elles auraient autant de valeur que celles de Darwin. Il reconnait parfaitement, dans l'intérieur d'une espéce qui parait.homogéne, de « petits groupes », ordinairement vagues, transitoires et passagers, faci- lement croisés entre eux ou détruits par l'hérédité, mais dont les uns constituent le faisceau de l'espéce, et d'autres des formes aberrantes ou méme monstrueuses, dont l'étude est précieuse. On pourrait appeler ces groupes, en nombre indéfini et minimes, des micromorphes. Le grand tort de l'école multiplicatrice est d'y avoir vu des espèces. C'est une grave erreur de nomenclature et d'histoire, le mot species ayant été, une fois pour toutes, consacré par Linné dans le sens pratique bien connu de tous. Cette erreur de nomenclature, dit M. de Candolle, est comparable à celle d'un géographe qui désignerait les parcelles de chaque propriété comme des districts, ou les ondulations du terrain comme des colliues et des montagnes. Revue du genre Polygonum ; par M. Michel Gandoger. In-8 de 66 pages. Paris, F. Savy, 1882. Ce travail de M. Gandoger a paru dans la Revue de botanique dirigée par M. Lucante. Elle est précédée d'une préface où M. Gandoger répond briévement aux critiques formulées contre la division infinitésimale de l'espéce. Il dresse ensuite le tableau dichotomique de 71 Polygonum nouveaux distingués par lui en France, et méme presque tous dans le dé- partement du Rhóne. Suit une énumération classée des Polygonum euro- péens, au nombre de 166 d'aprés l'auteur, et une table alphabétique. Troisième Note sur les herborisations de la Faculté des sciences: d'Angers en 1882 , par M. l'abbé Hy, professeur (extrait des Mémoires de la Société nationale d'agriculture, sciences et arts d'Angers, 1882); tirage à part en broch. in-8° de 14 pages. Le principal intérét des notes de la troisiéme année des excursions dirigées par M. l'abbé Hy est dans l'étude du genre Polygonum. Si l'on examine attentivement, dit-il, l'inflorescence normale de l’une quelconque de nos espéces de Polygonum, on y remarque deux sortes de fleurs bien distinctes. Les unes, promptement fermées, de couleur plus foncée, sou- vent vertes à la base et solidement fixées sur leur pédoncule, renferment chacune un achaine; les autres, de couleur pâle, rose tendre ou blanchátre, restent longtemps épanouies el finissent par se désarticuler sans avoir formé de graines. Ces fleurs stériles sont les seules, ou à peu prés, à gar- 100 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. nir les inflorescences d'un petit nombre d'individus épars au milieu des formes normales. Ce sont pour l'auteur des témoignages d'hybridité, notamment pour les formes suivantes : 1° Polygonum Persicaria X P. mite ; 2 P.. Persicaria X P. minus ; 3° P. minus X P. Hydropiper ; 4° P. minus X P. mite. Outre ces observations d'hybridité, M. l'abbé Hy a constaté que dans chaque groupe du genre on retrouve des variations purement accidentelles, telles que la pubescence des feuilles et des gaines et les variations de coloration, sans qu'elles en altérent les caractéres essentiels. Dans les cas rares, l'examen des achaines suffit pour caracté- riser l'espéce suivant le tableau suivant : Achaines tous conformes, biconcaves........................... P. lapathifolium. Achaines dimorphes tuberculeux...........................,... P. Hydropiper. Achaines dimorphes lisses ternes............... gus etn P. Persicaria. noirs trés luisants, de { utt nnm P. mite. 2mm, aeree P. minus. M. Hy répond par ces observations à la multiplication des espéces admise pour le genre Polygonum par M. Gandoger dans le mémoire pré- cédent. Il ajoute que l'Ustilago utriculosa Tul. s'attaque de préférence au Polygonum Hydropiper et au P. Persicaria, et U. Candollei toujours au P. mite. Les Ronces du canton de Vaud, essai monographique; par M. Aug. Favrat (extrait du Bulletin de la Société vaudoise des sciences naturelles, vol. xvir, n° 86, 1881); tirage à part en broch. in-8» de 62 pages). Cet ouvrage contient : 1* une partie historique ; 2° les caractères géné- raux des Rubus ; 3° la classification dans laquelle l'auteur suit en grande partie le Synopsis Ruborum Germanie de M. Focke. Les descriptions de M. Favrat sont soignées. Il accorde beaucoup aux hybrides. Les hybrides ont pu étre produits artificiellement entre Rubus. Ce sont surtout le R. cæsius et le R. tomentosus qui les donnent. Ces hybrides ont une grande force de végétation, par laquelle la nature supplée au défaut des graines. En effet, les inflorescences, trés riches en fleurs, sont cependant moins fécondes que celles des parents. Grâce à cette force de végétation, l'hy- bride peut avoir persisté dans des stations d’où les parents ont disparu. M. Favrat ne reconnait dans le canton de Vaud que vingt-neuf espéces légitimes de Rubus, parmi lesquelles le R. Barbeyi Favrat et Gremli, dédié à notre confrére M. W. Barbey de Valleyres. Il accepte cà et là quelques sous-espéces, notamment le nouveau R. erythrostemon. Clef analytique des Mousses de la famille des Grim» miées ; par M. Robert du Buysson (Feuille des jeunes naturalistes, 1* mars 1883). REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 101 M. du Buysson classe ainsi les quatre genres schimpériens de la tribu des Grimmiées : 1. Côte des feuilles ronde des deux côtés....................,,... Schistidium. 2. Côte des feuilles concave en dessus : Capsule pendante avant la sporose...... ................... Eugrimmia. Capsule toujours dressée : Pédicelle en S renversée......... weht hts Gasterogrimmia. Pédicelle droit...........,...........,,..............., Gumbelia. Il donne ensuite des tableaux dichotomiques permettant de parvenir à la détermination des espèces, savoir : 4 Schistidium, 11 Eugrimmia, 4 Gasterogrimmia et 12 Gumbelia. Le Grimmia arvernica Philibert in Revue bryologique 1882, n° 2, a été placé par lui dans le genre Gastero- grimmia, où il lui semble rentrer à cause de son pédicelle, de sa capsule, etc. De la détermination histologique des feuilles médici- males; par M. Adrien Lemaire. Thèse inaugurale soutenue à la Faculté de médecine de Nancy. In-4° de 184 pages, avec 8 planches. Nancy, typogr. N. Collin, 1882. Ce mémoire se divise en cinq chapitres, intitulés : Histologie générale de la feuille; Technique; Description des feuilles ; Clef dichotomique ; Conclusions générales. Dans le premier chapitre, l'auteur parle d'aprés les matériaux spéciaux qu'il a observés. Sous le nom de Technique, il expose les manipulations nécessaires pour soumettre à l'examen micros- copique les feuilles desséchées des drogueries. Dans le troisiéme chapitre, il s'est adressé aux feuilles que signalent le Codex francais, le traité de M. G. Planchon et celui de MM. Flückiger et Hanbury. Le quatrième chapitre a pour but de rendre rapide la détermination histologique du limbe des feuilles utiles à la médecine ou pouvant être substituées à celles-ci. Le système y est établi d’après des caractères microscopiques que l'on peut constater sans trop de peine; l'auteur tàche de grouper ensemble les espèces appartenant à la méme famille végétale. Parmi les conclusions du cinquiéme chapitre, nous devons signaler les suivantes : III. La forme des cellules épidermiques et la structure de la masse générale du mésophylle sont sujettes à de si grandes variations dans les diverses espéces qui constituent par leur réunion une famille végétale, qu'elles ne peuvent servir à caractériser les feuilles ; mais elles fournissent d'excellents caractéres génériques et spécifiques. IV. Les productions épidermiques (poils ordinaires, poils glanduleux), les organites du mésophylle et de la nervure (cellules cristalligénes, glandes internes, vaisseaux laticifères, canaux sécréteurs), et certains tissus neuraux (liber interne), ont une haute importance. Leur présence est 102 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. constante, leur constitution générale offre souvent une remarquable fixité dans les végétaux de quelques familles. V. Certaines familles végétales, parmi lesquelles on doit ranger les Labiées, les Solanées, les Borraginées, les Synánthérées, peuvent se distin- guer par leur structure microscopique. Ces familles se différencient en effet entre elles par un ensemble très tranché de caractères. La thése de M. Lemaire se termine par une table des matiéres et par un Index alphabétique des espéces étudiées. Les planches sont dues à M. Abel Thomas, actuellement pharmacien à Saint-Quentin. Leucogaster, eine neue Hymenogastreengattung ; par M. R. Hesse (Pringsheim's Jahrbücher für wissenschaftliche Botanik, t. xu, 2° livr. pp. 189-194). Dans la tribu des Gastéromycétes, la sous-tribu des Hyménogastrés ‘embrasse en nombre rond 60 espèces, réparties entre les genres Hymeno- gaster, Rhizopogon, Hysterangium, Hydnangium, Gautieria, Octa- viania et Melanogaster, qu'a bien distingués M. Tulasac dans un travail classique. Le genre nouveau Leucogaster que leur ajoute M. Hesse a été observé sous les feuilles de Hêtre dans humus du sol forestier, son mycélium en sociélé avec celui du Rhizopogon rubescens Tul. ou de l'Oclaviania asterospora Vitt. Il se rapproche du genre Melanogaster en ce que les chambres de la gleba sont remplies de gélatine par suite de la dilatation des basides altérées, et des genres Octaviania et Hydnan- gium par la forme de ses spores ; mais ce qui le distingue de tous les Hyménogastrés, c'est la structure de la membrane de ces spores. Lorsque celles-ci sont nées sur la baside (au nombre de trois le plus ordinaire- ment), leur membrane ne s'épaissit pas avant qu'elles aient atteint le maximum de leur volume ; alors cette membrane se sépare en deux couches. L'endospore, plus épais, s'entoure à la fin d'une enveloppe gélalineuse transparente. Die Entwickelung des Samens von Monotropa Hypo- pitys ; par M. L. Koch (Pringsheim's Jahrbücher für wissenschaft- liche Botanik, t. xui, 2° livr., pp. 202-252, avec 3 planches). ` Le développement des graines du Monotropa a été examiné déjà dans plusieurs mémoires, notamment par Hofmeister et Schacht, et par M. Strasburger (1). L'étude que Karl Müller a insérée en 1847 dans le Botanische Zeitung le comprenait aussi ; mais ce savant a eu le tort de considérer l'embryon comme le Stammaxe d'un corps dans lequel il (1) M. Koch ne parait pas avoir eu connaissance de la note publiée par M. Duchartre (Ann. sc. nat., 3° série, t. vi). REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 103 comprenait l’endosperme. M. Koch a poursuivi ce développement, depuis le moment où la première cellule du futur ovule se caractérise dans le placenta, jusqu'aux phénomènes consécutifs à la fécondation. On suit pas à pas sur ses planches la formation du mamelon ovulaire sur le placenta, son élongation, l'apparition de la première cellule du sac, l'incurvation du sommet de l'ovule, l’accroissement du tissu superposé au sac, tissu qui d'abord encapuchonne l'ovule et le rend campylotrope, puis complète- ment anatrope. Il insiste sur les phénoménes qui caractérisent le dévelop- pement du sac, et qui d'une part en réduisent l'enveloppe à un petit nombre de couches, d'autre part allongent démesurément le canal micro- pylaire. Il a apporté un soin tout particulier à élucider la formation de l'embryon singulier et indivis du Monotropa, ainsi que le développement de l'endosperme, dont les cellules inférieures encastrent la téte de cet embryon (Embryonalkugel) et lui coustituent une enveloppe spéciale de cellulose. M. Koch croit que la structure spéciale du Monotropa indique une adaptation à la vie parasitaire. Il la rapproche de la structure embryon- naire des Cuscutes, des Orobanches (1), voire méme des Orchidées. Sur le latex de l Euphorbia Lathypsés: par M. J. Schullerus (Sitzungsberichte des botanischen Vereins der Provinz Branden- burg, 1882, pp. 26-93). M. Schullerus pense que le latex de cet Euphorbe n'est ni un produit d'excrétion ni une matière de réserve, mais une substance actuellement et directement utile à la nutrition de la plante. Les laticifères qui le con- liennent existent déjà tous dans l'embryon, et là seulement dans le voisi- nage du parenchyme cortical. Il leur reconnait des ramifications, mais non des anastomoses. Leur séve spéciale ou latex a des propriétés nutri- tives dépendant de la proportion d'amidon qu'elle contient. M. Schullerus regarde aussi comme nutritif le latex du rhizome d'autres espèces (Euphorbia palustris, E. orientalis, E. Pityusa [2], E. trigonocarpa), latex pauvre en principes amylacés, mais riche en principes albumi- noides. Le latex est doué, selon l'auteur, d'une faculté de mouvement en masse, correspondant à l'impulsion générale qui entraine les matériaux nutritifs vers les points ou ont lieu des formations nouvelles (3). (1) Voyez les mémoires que le méme auteur a publiés tant sur le développement des Cuscutes (Hanstein, Botanische Abhandlungen, t. 11, 3* livr.) que sur celui des graines des Orobanches (Pringsheim's Jahrbücher, t. x1). (2) Parmi les réformes orthographiques qui s'imposent, il faut compter celle-ci. On ne peut écrire Pithyusa sans commettre une faute d'orthographe, comme l’a justement fait observer M. Saint-Lager. (3) On trouvera dans les Annales du jardin botanique de Buitenzorg, vol. 111, pre- mière partie, une note de M. Treub, où il relate des expériences faites sur l'Euphorbia 104 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Ueber den Plasmakórper der gegliederten Milchróhren (Sur le corps protoplasmique des laticifères articulés) ; par M. Emile Schmidt (Botanische Zeitung, 1882, n° 21 et 28). L'auteur a constaté qu'il existe un corps protoplasmique dans les latici- féres de plantes appartenant à diverses familles, telles que: Euphorbiacées, Urticacées, Apocynées et Asclépiadées. Les « protoplastes » des cellules qui fusionnent pour constituer les laticiféres s'unissent en une grande utricule unique, relativement épaisse dans le jeune âge, et qui diminue avec l’âge comme dans la plupart des cellules; ses phénomènes optiques, la manière dont elle se colore sous l'influence des réactifs, ne présentent rien qui la différencie du protoplasma des cellules parenchymateuses (pourvu que celles-ci ne soient pas considérées trop jeunes). Les noyaux des cellules primitives persistent en général aprés cette fusion jusqu'à un àge avancé des laticifères, si ce n'est dans la partie périphérique de la racine des Chicoracées ; dans le liber, le nombre de ces noyaux devient avec l’âge extrêmement faible. Aprés la fusion des cellules en un système laticifère, celui-ci s'allonge encore d'une maniére notable, surtout chez le Carica, et quelquefois méme s'épaissit. On le voit pousser encore alors des excroissances laté- rales. Ces raisons engagent à regarder l'utricule protoplasmique interne comme encore vivante aprés la fusion des cellules, ainsi que beaucoup d'autres raisons théoriques. Une grande partie du mémoire de M. Schmidt est consacrée à prouver que le latex est analogue à la séve cellulaire, et qu'il est produit dans l'utrieule protoplasmique, méme avant l'abouchement des cellules isolées en un système général, dans les mêmes conditions physiologiques que quand cet utricule est unique dans l'ensemble du systéme. Nous ne croyons pas que ces idées soient contestées aujourd'hui (1). Scrinia Flor: selectæ, fasc.2, 1883; par M. Ch. Magnier. Ce nouveau fascicule d'une publication qui prouve le zèle de son auteur dans l'étude de notre flore, reproduit un mémoire de M. Gillot Sur quel- ques Poiriers sauvages de l'est de la France, mémoire publié aupara- vant dans la Revue de botanique, et contient en outre des notes sur les espéces distribuées récemment par M. Ch. Magnier. M. Gillot a eu recours en méme temps, pour élucider un sujet trés difficile, à l'étude consciencieuse, faite sur le vif, des formes végétales trigona. Il a reconnu que l'amidon disparaît des laticifères dans les rameaux soustraits par une enveloppe d'étain à l'action de la lumière. Sa conclusion, on le voit, est ana- logue à celle de M. Schullerus. (1) Voyez Van Tieghem, Traité de botanique, p. 653. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 105 spontanées et de leurs modifications morphologiques, et aux résultats de la culture. M. Ch. Ozanon a bien voulu se charger de rechercher avec lui les types sauvages les plus tranchés du genre Pirus, de les récolter en fleur et en fruit, et de noter sur le vif les principaux caractéres de leurs organes. Grâce à cette collaboration aussi compétente que dévouée, M. Gillot a pu réunir et décrire quatorze variétés de Pirus provenant de localités trés voisines les unes des autres, et dont les spécimens pu- bliés dans le Flora selecta de M. Magnier serviront de preuves à son étude. Il rattache, comme races ou variétés, la plupart de nos Poiriers sauvages aux types décrits par Boreau sous les noms de Pirus Piraster et de P. Achras, en faisant observer que le P. Achras Gærtn. est le P. Piraster Bor. Dans chacun de ces types il a distingué un certain nombre de formes caractérisées par la forme du fruit et par celle des feuilles. L'une d'elles pourrait, dit-il, étre regardée comme un transitus entre le P. Piraster et le P. Achras. Il ressort de ses descriptions mêmes que ces formes de Pirus sont pour la plupart trés voisines les unes des autres. En faire autant d'espéces sans autres preuves que les données d'une analyse minutieuse jusqu'à l'excés, et d'une transmission hérédi- taire, c'est, dit-il, disjoindre les parties d'un tout homogène dans son apparente diversité ; c'est tomber dans un chaos inextricable, dans la pulvérisation de l'espéce au grand détriment de la science méme qu'on prétend édifier. Les botanistes qui, plus réducteurs que lui, ne voudraient admettre comme espèce légitime que le Pirus communis L. se trouveront toujours bien de conserver les deux types de Boreau à titre de sous- espéces, comme l'a fait M. de Candolle pour le Quercus Robur L , divisé en Q. pedunculata et Q. sessiliflora (1). Parmi les notes relatives aux espéces publiées par M. Magnier se trou- vent celle de M. Timbal-Lagrave sur le Conyza ambigua DC., espéce introduite à la méme époque que l'Erigeron canadensis, et qui a pour synonymes Erigeron bonariensis, E. crispus Pourret et E. linifolium Willd.; celles de M. Gandoger sur le Campanula macrorrhiza J. Gay (C. nicæensis Risso), et sur le Rosmarinus ligusticus Gand. n. sp.; celle de M. Malinvaud sur le Mentha ciliata L. pro parte; celles de M. Burnat, etc. Etude sur les substratums des Lichens; par M. O.-J. Richard (extrait des Actes de la Société Linnéenne de Bordeaux) ; lirage à part en broch. in-8° de 88 pages. Niort, L. Clouzot, 1883. Ce mémoire se compose de deux parties. La premiére est une étude (1) On voit que M. Gillot se place à un tout autre point de vue que M. de Morogues. D'obligeantes communications de ce sylviculteur lui ont permis de se prononcer sur la plupart des espèces établies par lui, 406 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. générale de l'influence qu'exercent les substratums sur la distribution et le développement de la végétation lichénique ; la seconde consiste dans l'énumération de faits particuliers et concerne une série d'espéces dispo- sées suivant la nature des substratums et suivant l'ordre taxinomique. Dans la premiére partie, M. Richard s'appuie d'abord sur les observa- tions publiées par lui dans son Catalogue des Lichens des Deux-Sèvres, dont plusieurs passages ont été reproduits par différents lichénographes. Il s'appuie également sur l'opinion de M. Nylander, quia revu la plupart de ses échantillons. Dans tout son exposé, M. Richard combat la théorie du consortium algo-lichénique et les naturalistes qui la partagent, nolam- ment à l'occasion des Lichens vitricoles (au nombre de 35). « L'examen » microscopique des fragments de verre couverts par les arborisations » délicates des Lichens naissants ou par les thalles des Lichens parfaits » démontre l'impossibilité de l'existence des Protococcus autour de la » spore à l'état de germination ; d'ailleurs, puisqu'on voit les gonidies se » transformer dans les cellules des jeunes glomérules thallins, nés sur » l'hypothalle, il ne peut plus être question ni de gonidies, ni de Proto- » coccus venant du dehors. » Aprés le verre, M. Richard étudie des substratums tels que le plomb, le cuir, les os (1), les ardoises des toits, qui offrent des condilions privilégiées au développement des Lichens. Il vient ensuite à l'étude des Lichens silicicoles et calcicoles. Il émet ici une opinion nouvelle. « Peu importe au Lichen, dit-il, que son substratum » soit calcaire, siliceux, métallique, organique ou neutre. Des divers » éléments de ces corps le Lichen n'a que faire, puisqu'ils ne doivent pas » servir à sa nutrition. S'il les rencontre autour de lui, il pourra les » absorber et en étre imprégné d'une facon pour ainsi dire involontaire, » mais il peut s'en passer.... En un mot, il n'exige de son substratum » qu'un point d'appui. » M. Richard est partisan de la théorie de Thur- mann quant aux Lichens. On a trouvé, dit-il, des calcicoles soi-disant exclusifs et silicifuges sur des substratums siliceux, mais d'une faible consistance. Le Lecanora calcarea a été constaté par lui sur les ardoises, les granites, les gneis, les grès, le cuir, et enfin le fer. Le Placodium candicans, le P. callopismum et le Lecanora teicholyta, cités par Weddell comme ne pouvant vivre que sur le calcaire, ont été trouvés sur les grès tous les trois aux environs de Château-Thierry, etc. Les Lichens saxicoles sont communs aux roches de toute nature. Pour les Lichens corticicoles, on trouve encore quelques cas exceptionnels d’un habitat saxicole. D'ailleurs le rôle du support n'admet pas de classification com- parable à celle de Thurmann. Le support sera plus ou moins mou, dur | (D Dans l'ancienne pharmacopée, on employait, en lui attribuant des propriétés mer- Yeilleuses, l'Usnée recueillie sur les crânes desséchés des pendus. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 107 ou glissant ; c'est à peu prés tout ce que l’on peut dire. D'un autre côté, M. Richard n'admet pas, comme l'a écrit M. l'abbé Olivier (1), que la constitution chimique du thalle des Lichens varie selon la nature des substratums. Fragments lichénologiques ; par M. Ant. Magnin. Fasc. 2 (extrait des Annales de la Société botanique de Lyon, année 1881); tirage à part en br. in-8° de 20 pages. Lyon, Association typographique, 1883. Nous avons rendu compte du premier fascicule des Fragments liché- nologiques de M. Magnin (t. xxix, p. 230). Le second fascicule renferme des observations : 1? sur la distribution géographique de quelques Lichens calcicoles dans le Lyonnais ; 2° sur une localité de l'Umbilicaria torrida Nyl.; 3* sur l'emploi des réactifs chimiques pour la détermination des Lichens, et particuliérement des Lichens du Lyonnais. Dans cette commu- nication, M. Magnin a traité successivement: 1° de l'organisation générale des Lichens ; 2° des différents caractères d’après lesquels on a établi les classifications de ces végétaux et qui ont servi à les déterminer ; 3° des principes colorants qui existent dans les Lichens et de leurs différences ; 4 de l'utilisation de ces différences pour la détermination des espèces. Cette derniére question, la principale par l'actualité des controverses qu'elle a suggérées, est traitée avec développement par l'auteur. Il croit qu'on peut faire des réactions chimiques un utile emploi pour la déter- mination rapide et quelquefois certaine des espèces affines ; malheureu- sement ces réactions ne sont pas toujours constantes ; elles peuvent varier avec l'état des réactifs, l’âge ou la provenance des échantillons. On ne doit donc les considérer que comme un moyen auxiliaire, et non comme un témoin infaillible dans la reconnaissance d'un type. C'est à peu près l'opinion de Th. Fries (Lichenes Scandinavie, I, p. 58). C'est aussi celle qu'a développée M. l'abbé Olivier (2) : elle nous parait prédominer aujourd'hui parmi les lichénographes. Addenda nova ad Lichenographiam europæam ; exponit W. Nylander (Flora, 1883, n° 1). Collemopsis obpallescens, prope Thermas Herculisin Hungaria (Lojka) ; Collema isidiodes, in alpibus Bavariæ (Arnold), et in Anglia, Warton Crag (Martindale); Physcia ectaneoides, super saxa calcarea pr. Monspes- sulanum (ipse); Lecanora callopiza, in alpibus Rhælicis supra saxa calcarea, in alpinis Delphinatus supra saxa quartzosa, in subalpinis Pyræ- neorum pr. Luchon, supra saxa argillaceo-schistosa (Massal. Lich. ital. (1) Voyez le Bulletin, t. xxix (Revue), p. 132. (2j lbid. p. 133. 108 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. n° 63); Lecanora miniatula in Scoti: subalpinis (Crombie); L. oblite- rascens, in Scotia (Crombie), Vogesis (Mougeot), Haute-Vienne (Lamy); L. brevilobata, in Pyrenæis orientalibus pr. La Massane ; L. apagea, in Pyrenæis centralibus supra Baréges ; L. tenuatula, pr. Monspessulanum ; L. subaurella, supra saxa granitica maritima in insula Noirmoutiers (Viaud-Grand-Marais) ; L. inconnexa, supra saxa dolomitica pr. Mons- pessulanum ; Lecidea circinatula, supra saxa silicea marina in Anglia (Crombie) ; Lecanora homalomorpha, supra saxa calcarea in Vallée de Cambasque Pyrenæorum (Lamy); Lecidea aggregatula, supra saxa porpy- roidea in Anglia (Larbalestier) ; L. præposita, pr. Zuberecz in Hungaria (Lojka); L. abstracta, quartzicola ad Cauterets (Lamy); Verrucaria canella, in Anglia occidentali (Griffith); Verrucaria pertundens, e comi- tatu Aroa Hungari: (Lojka); V. subsidua, supra calcem in Gothlandia (Zetterstedt); Melanotheca subpuncta, pr. Aroam in Hungaria (Lojka). M. Nylander fait suivre ces descriptions de quelques observations sur les espèces déjà décrites. Nous y remarquons une note sur le genre Nematonostoc Nyl. in Bull. Soc. bot. Fr. 1873 (Séances), p. 263- M. Nylander connaît aujourd'hui trois espèces de ce genre : 1. N. rhizo- morphoides Nyl. loc. cit. (D. Dupuy exsicc. Soc. dauph. 1882) (1); 2. N. flagelliforme (Nostoc flagelliforme Berk. et Curtis) ; 3. N. intri- catum (Omphalaria intricata Arn. in Flora 1869, p. 254, exsicc. n? 399). Plante Davidianæ ex Sinarum imperio; par M. A. Fran- chet (Nouvelles Archives du Muséum d'histoire naturelle, 2* série, t. v, pp. 193-272, avec 10 planches). Ce travail commence par une importante lettre de M. l'abbé Armand David, qui résume les renseignements recueillis par lui pendant ses voyages en Chine, au point de vue du climat et de la végétation du pays, et pour la plupart déjà consignés dans les publications dont ces voyages ont été l'objet (2). M. Franchet a dressé le catalogue des récoltes de M. David, avec la deseription des espéces nouvelles et des notes sur certaines des espéces déjà connues, par exemple sur le Clematis tubu- losa, au sujet duquel il n'admet pas les idées de M. Decaisne; sur le Ranunculus ternatus Thunb., auquel il réunit le R. Vernyi Franch. et Sav. et le R. japonicus Langsd. . Les espéces nouvelles décrites par M. Franchet dans ce mémoire sont les suivantes : Thalictrum tenue, voisin du Thal. elegans Wall. ; (1) M. Nylander maintient cette détermination contre les observations de M. Éd. Bornet (voy. le Bulletin, t. xxix, Revue, p. 48). (2) Le troisième voyage de M. l'abbé David vient d’être publié par la librairie Hachette, avec 42 gravures et 3 cartes, en 2 vol. in-16. — Prix : 8 francs. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 109 Hypecoum chinense, voisin de lH. leptocarpum Hook. et Thoms. ; Corydallis chinensis, voisin du C. edulis Maxim., et dont quelques fleurs présentent un cas remarquable de pélorie qui les rend analogues, pour la corolle, au Dicentra cucullaria ; C. micropoda, qui se dis- tingue du C. incisa Pers. par l'extréme brièveté de ses pédicelles ; C. albicaulis ; Cardamine? scaposa ; Dontostemon matthioloides, dont les étamines longues adhérent par paires; Erysimum alyssoides, dont les fleurs sont blanches en dedans, lilas en dehors; E.? stigmatosum ; Lepidium chinense, voisin du L. incisum; Viola mongolica, qui a des affinités avec le V. vaginata Maxim. et avec le V. pachyrrhiza Franch.; Krascheninikowia Davidi, qui rappelle par la forme de ses feuilles le Kr. heterophylla Miq., mais qui s'en distingue par ses pétales entiers ; Adinandra Drakeana, qui n'offre de rapports qu'avec l'A. du- mosa Jack et avec l'A. acuminata Korth., et qui différe du premier par ses feuilles entiéres, ses pétioles deux fois plus courls, ses sépales ovales- aigus ; du second par ses feuilles épaisses, brièvement acuminées, à bords roulés en dessous; Actinidia Davidi, qui rappelle PA. Championi Benth. par la forme et la dimension de ses feuilles; Impatiens Davidi, qui a le port de lI. spirifer Hook. et Thomson, et qui en diffère par l'éperon courbé en hameçon et les fleurs toutes axillaires d'un jaune citrin ; Ilex Pernyi,qui se distingue nettement de l'J. cornuta Lindl. par la forme des feuilles et la pubescence des rameaux ; Crotalaria rufescens, qui diffère du C. chinensis « racemis elongatis, fructibus duplo longiori- bus, stipulis angustioribus lineari-subulatis »; Astragalus sciadophorus, dela section Lotidium, subgen. Pogonophaca Bunge, trés voisin de VA. lutoides ; A. Hoantchy, du sous-genre Phaca, avec le facies de lA. coluteocarpus, fameux reméde chinois contre les insolations, parla racine dont on boit l'infusion froide; A. tataricus, dans la section Cenantrum, subgen. Phaca, où il se distingue par la gracilité, la petitesse des fleurs et la forme de l'étendard ; A. ulachanensis, de la section Craccina, voi- sin de l'A. bayonnensis ; Oxytropis Drakeana, qu ne ressemble qu'à rO. cabulica Boiss.; O. Davidi, de la section Baicalia, où il se place prés de l'O. inaria et de lO. silvicola; O. chrysotricha, de la même section, voisin de l'O. ochrantha Turez.; O. uratensis, de la méme sec- tion, voisin de l'O. bicolor, dont il diffère par l'absence des glandes du rachis et la grandeur de ses parties; Guldenstadtia squamulosa (Astra- galus glanduliferus O. Debeaux !); Lespedeza Davidi, voisin des L. elli- ptica et L. Buergeri, qui rappelle par le calice les espèces dela section Lespedezaria Torr. et Gray; Prunus Davidiana (Persica Davidiana Carr., Dne Jard. fruit. du Mus. vit, p. 43), commun en Mongolie et aux environs de Pékin ; Spirea uratensis, voisin du S. canescens. 410 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Ein Beitrag zur africanischen Flora; par M. L. Radlkofer (extrait des Abhandlungen des naturwissenschaftlichen Vereines in Bremen, t. vin) ; tirage à part en br. in-8° de pp. 369-442, portant la date de février 1883. M. Radlkofer a saisi l'occasion qui lui était offerte par l'examen des collections de M. Hildebrandt et des Reliquie de Rutenberg (1), à lui envoyées par M. le D" Buchenau, pour étudier un grand nombre de plantes d'Afrique appartenant à diverses familles végétales. Ces familles sont les Malpighiacées, les Méliacées, les Rhamnées, les Rubiacées, les Apocynées, les Loganiacées, les Convolvulacées, les Acanthacées et les Nyctaginées. M. Radlkofer a donné sur les espéces de ces familles recueillies par MM. Hildebrandt et Rutenberg, des détails nombreux résullant d'un examen trés attentif, et d'une référence très soignée aux sources. Bien que ces plantes aient été déjà l'objet de plusieurs travaux, il a trouvé parmi elles, ce qui nous étonne un peu, plusieurs nouveautés, et d'abord deux genres nouveaux, savoir: Adenoplea (Loganiacées-Buddléiées), à fruit bacciforme, et distinct du Nicodemia par l'ovaire à quatre loges, et renfermant des glandes qui s’accroissent à la maturité (d’où le nom géné- rique), recueilli à Madagascar par Rutenberg; Cladostigma (Convolvula- cées), qui se distingue du Seddera Hochst par la corolle divisée jusqu'au- dessous de son milieu, et qui appartient à un groupe caractérisé par sa dioicité et par ses stigmates lobés, du Habab, en Abyssinie (Hildebrandt); Pseudocalyx (Acanthacées), qui parait tenir le milieu entre les genres Mendoncia et Thunbergia, de Nossi-Bé (Rutenberg); Phæoptilum (Nyc- taginées), trouvé dans le Hantam par Meyer, en 1869, et conservé dans l'herbier de Berlin, genre anomal par plusieurs points, qui a le port du Tricycla de l'Amérique méridionale, et se rapproche surtout du Colli- gnonia par les caractères de la fleur et du fruit. En outre, M. Radlkofer décrit des espèces nouvelles dans les genres Triaspis, Trichilia, Helinus, Coffea, Vahea (2), Clitandra, Ellertonia, Alafia, Oncinotis et Thunbergia. Ses descriptions empruntent souvent des preuves à la structure histologique du tronc, des poils, etc. Ce mémoire a été distribué par M. Radlkofer, dans le même cahier, avec une autre note extraite du même recueil, t. vin, pp. 461-471 (avril 1883), et intitulée Drei Pflanzen aus Central-Madagascar. Ces trois plantes sont encore de M. Hildebrandt. Ce sont le Dodonæa madagasca- (1) Voyez tome xxix (Revue), p. 208, et tome xxvii (Revue), pp. 161-163. Le mémoire de M. Otto Hoffman, signalé tome XXVIII, p. 162, est extrait du Festschrift zur Feier des 200-jührigen Bestehens des Friedrich- Werderschen Gymnasiums (Berlin, 1881). M. Radlkofer a l'occasion de faire plusieurs critiques à ce mémoire ; nous pourrions nous vanter d'avoir prévu dans l'article cité la nature de ces critiques. (2) Voyez le Bulletin, t. xxix (Revue), p. 137. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 111 riensis, le Mendoncia madagascariensis et l'Adenoplusia axillaris, qui, comme l'Adenoplea, constitue un nouveau genre de Loganiacées- Buddléiées. Il est très voisin de celui-là, et son fruit est une drupe. Contributions to the Flora of Madagascar; par M. J.-G. Baker. In-8° de 217 pages, avec planches. M. Baker a eu une heureuse pensée en rassemblant sous une méme couverture et avec une pagination unique les mémoires qu'il a publiés dans le Journal of the Linnean Society, tant en 1882 qu'en 1883, sur la flore de Madagascar. Pour réunir ses travaux sur ce sujet, il faudrait encore joindre à ces Contributions les mémoires qu'il a publiés antérieu- rement, soit dans le méme recueil (1), soit dans le Journal of Botany (2). Cette fois M. Baker décrit et des genres nouveaux et un grand nombre d'espéces nouvelles. Les genres nouveaux sont les suivants : Microsteira, de la famille des Malpighiacées et de la tribu des Hiréées, à port volubile, à trois car- pelles, à feuilles opposées, à pétales entiers obscurément unguiculés, à fleurs polygames ou dioiques par avortement. — Schismatoclada, de la famille des Rubiacées et de la tribu des Cinchonées, arbre élevé qui a le port des Psychotria, à capsule septicide comme le genre Hymenopogon de l'Himalaya. — Tetraspidium, de la famille des Scrofulariées et de la tribu des Gérardiées, herbe parasite noircissant par la dessiccation, voisine des genres Alectra et Harveya, et en différant par l'avortement de la seconde loge de toutes les anthéres. — Monachochlamys, de la famille des Acanthacées et de la tribu des Thunbergiées. — Forsythiopsis, de la méme famille et de la tribu des Ruelliées, différant des Ruellia par le tube de la corolle courtement cylindrique, le limbe allongé et deux étamines imparfaites. -Les espèces nouvelles appartiennent aux genres suivants : Clematis, Wormia, Tetracera, Polygala, Symphonia, Garcinia, Psorospermum, Leptolæna, Schizolena, Kosteletskya, Pavonia, Hibiscus, Dombeya, Sparmannia, Trochetia, Melhania, Rulingia, Grewia, Elæocarpus, Erythroxylum, Oxalis, Impatiens, Evodia, Toddalia, Cassiniopsis, Chailletia, Gymnosporia, Elæodendron, Vitis, Crotalaria, Argyrolo- bium, Indigofera, Tephrosia, Mundulea, Æschynomene, Desmodium, Mucuna, Rhynchosia, Eriosema, Cadia, Rubus, Alchimilla, Wein- mannia, Crassula, Bryophyllum, Kalanchoë, Kitchingia, Dicoryphe, Eugenia, Veprecella, Dichætanthera, Medinilla, Memecylon, Homa- lium, Pharnaceum, Hydrocotyle, Pimpinella, Panaw, Cussonia, (1) Voyez le Bulletin, t. xxvii (Revue), p. 161. (2) Ibid., t. xxix (Revue), p. 181. 119 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Danais, Pentas, Urophyllum, Mussenda, Plectronia, Vangueria, Psychotria, Otophora, Anthospermum, Vernonia, Psiadia, Micro- glossa, Helichrysum, Stenocline, Siegesbeckia, Aspilia, Epallage, Emilia, Senecio, Gerbera, Lightfootia, Agauria, Philippia, Ana- gallis, Lysimachia, Mesa, Embelia, Ardisia, Oncostemum, Jasminum, Carissa, Vinca, Tabernemontana, Buddleia, Gærtnera, Exacum, Tournefortia, Cynoglossum, Solanum, Halleria, Alectra, Utricu- laria, Echinacanthus, Mimulopsis, Strobilanthes, Isoglossa, Justicia, Hypoestes, Lippia, Vitex, Clerodendron, Plectranthus, Micromeria, Salvia, Stachys, Ajuga, Selago, Corrigiola, Cyathula, Polygonum, Peperomia, Tambourissa, Cryptocarya, Ocotea, Faurea, Dais, Peddiea, Loranthus, Viscum, Exocarpus, Euphorbia, Uapaca, Croton, Aca- lypha, Macarangu, Ficus, Obetia, Urera, Pilea, Myrica, Burmannia, Aristea, Crinum, Dioscorea, Aloë, Kniphofia, Depcadi, Hyacinthus, Chlorophyllum, Iphigenia, Xyris, Eriocaulon et Mesanthemum. Le mémoire se termine par une vingtaine de pages dues à M. Clarke, qui renferment l'énumération monographique de toutes les Cypéracées connues de l'Afrique orientale, et la description de quelques Graminées de Madagascar, appartenant aux genres Stenotaphrum, Andropogon, Stipa, Lophatherum et Bromus, ainsi que de deux Cyathea. La plupart des nouveautés de Madagascar signalées dans cet important mémoire ont été recueillies dans la partie centrale de cette ile par le voyageur Baron ; quelques-unes aussi viennent de Bojer, encore inédites. Nous avons déjà émis la crainte que de nombreux travaux publiés à la fois sur la flore de Madagascar, par des savants travaillant à l'insu les uns des autres, ne créassent pour l'avenir des difficultés de syno- nyme. Cette crainte se vérifie. Il nous semble bien que l'un des genres nouveaux de M. Baker, Monachochlamys, est identique avec le Pseudo- calyx de M. Radlkofer, sur lequel il aurait la priorité, et que (pour nous borner à ces deux exemples) l'un des Cadia décrits par M. Baker diffère bien peu du Cadia anomala Vatke in Linn. t. xxu, 1882, p. 335. Matabele Land and the Victoria Falls, from the Letters and Journals of the late Frank Oates. Appendix V. Botany ; par M. D. Oliver. Tirage à part en broch. in-8° de 4 pages, avec 2 planches coloriées. Cette courte énumération d'une soixantaine d'espéces recueillies par M. Oates dans l'Afrique méridionale (et dont plusieurs sont seulement rapportées à leur genre) aurait peu d'intérét si elle ne contenait deux nouveautés, toutes deux décrites par M. Baker, l'Anthericum Oatesii Baker in Journ. of Bot. 1818, p. 314, et l'Adiantum Oatesii Baker, très voisin de PA. pedatum L., dont il diffère par les divisions de la fronde moins nombreuses, les extérieures non falciformes, et les REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 113 segments ultimes courtement pétiolés, moins nombreux, plus larges et imbriqués le long du rachis. Excursions botaniques en Espagne; par M. G. Rouy (Revue des sciences naturelles, 3* série, t. 11, n* 2, décembre 1882, pp. 298 et suiv.). Ces excursions sont celles que M. Rouy a faites en 1881 et 1882, aprés celles dont le compte rendu a été publié par lui dans notre Bulletin. Il y a étudié principalement la végétation des environs de Murcia, Orihuela, Hellin, et s'est rendu de Murcia à Velez-Rubio, dans le but d'explorer la sierra de Maimon, voisine de la sierra de Maria. Il a été accompagné en 1882 par notre confrére M. A. Guillon. Il décrit les excursions qu'il a faites le long de cette derniére route, et autour de chacun de ces points, pris comme centre. Aucune espéce absolument nouvelle n'a été recueillie dans ces excursions, mais un grand nombre de listes intéressantes, don- nant les associations des différents points, et de véritables raretés, entre autres le Teucrium thymifolium Schreb., espèce exclusivement espa- gnole, dont aucune localité précise n’avait encore été indiquée, rapportée du point le plus élevé de la sierra de Maimon (5700 pieds), d’où l'on entrevoit les sommets neigeux de la sierra Nevada. Zwei Bildungsabweichungen am Pistill von Grasern (Deux anomalies observées sur le pistil des Graminées) ; par M. Ed. Hackel (Botanisches Centralblatt, 1881, n° 44). Il s'en faut de beaucoup que les morphologistes entendent d'une facon concordante la structure du pistil des Graminées. On s'est appuyé sur le type vulgaire des Monocotylédones complètes, offrant dans la fleur cinq verticilles ternaires, pour rechercher chez les Graminées l'ébauche d'une structure analogue. On sait qu'il existe dans cette famille, à côté d'une série principale de types à fleur trimére, une série latérale (Nebenreihe) de types à fleurs dimères (Anthoxanthum, Tetrarrhena, Microlæna, fleurs hermaphrodites des Hierochloa). Dans les fleurs triméres, le pistil doit se composer à l'origine de trois carpelles, dont chacun se termine en stigmate. Il en est ainsi chez la plupart des Bambusées, et pour celles qui sont construites sur le type dimére, et qui sont de beaucoup les plus communes, on admet l'avorlement du carpelle antérieur. Cette opinion a été soutenue par Kunth, par Roper et par M. Dœll. Au contraire, Payer, en se fondant sur une étude organogénique, a démontré, ainsi que plus tard M. Wigand, qu'il n'existe à l'origine, chez les Graminées, qu'un seul carpelle, le carpelle antérieur et médian, dont les parties latérales dépas- sent la partie centrale dans leur croissance, la compriment, la font avor- ter, et donnent naissance à deux stigmates latéraux, entre lesquels le T. XXX. (REVUE) 8 114 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. stigmate médian, ou persiste intact, comme chez certaines Bambusées, ou se réduit à un petit apicule, comme dans le genre Oryza. En tout cas il n'existe jamais qu'un seul ovaire avec une sulure poslérieure. C'est ce qui a engagé M. Eichler, dans ses Blüthendiagramme, t. 1", pp. 126-127, à se prononcer pour la simplicité du pistil des Graminées, ce qui était déjà l'opinion de R. Brown (1). Les monstruosités qu'a observées M. Hackel jet- tent quelque jour sur l'interprétation de ces phénoménes. L'une d'elles a été fournie par le Zea Mays, dont un pied portait des épillets femelles vires- cents dans leur partie inférieure. lci l'axe floral, au lieu de se terminer par un pistil, se développait en un rameau muni de plusieurs petites feuilles formant autant d'utricules fermés et distiques sur l'axe. Chacun de ces utricules, d'aprés M. Hackel, représente un pistil, et se prolonge à son sommet en deux organes réunis à leur base et représentant les stig- mates ; il est formé par une feuille simple à bords repliés sur elle-même, ce qui fortifie l'idée de la simplicité du pistil chez les Graminées. — La deuxième monstruosité a été observée sur le pistil de la fleur hermaphro- dite de l'Hierochloa australis R. et S., dont les inflorescences, pendant trois années de suite, ont offert des ovaires à trois siigmates ; le stigmate surnuméraire a divers degrés de développement, et toujours sur le cóté antérieur du sommet de l'ovaire. M. Hackel fait observer que la situation de ce troisième stigmate ne cadre pas avec la théorie de M. Dœll (2), selon laquelle la fleur des Phalaridées serait construite sur le type dimére, y compris les carpelles. Ce fait serait bien plutót en harmonie avec la con- stitution de la fleur des Dambusées et avec une anomalie du Briza media figurée par Kunth dans l'Enumeratio (t. xxv, fig. 2 c). Ici le tubercule antérieur, normal dans l'ovaire du Briza, est transformé en un troisième stigmate plus court que les deux stigmates normaux (3). Ce qui surprend dans les explications données par M. Hackel, c'est le fait des deux parties latérales d'un organe se développant aux dépens de la partie centrale frappée d'atrophie. Le savant agrostographe de Saint- Pölten fait observer que chez les Graminées méme il y a de l'analogie (1) Vermischte Schriften, pp. 66-69. (2) 34° Jahresbericht des Vereins für Naturkunde in Mannheim (1868), et 36° Jahres- bericht de la même Société. (3) Il serait intéressant de rapprocher de ces faits l'étude du genre Ceratochloa et du genre Bromus. Chez le Bromus Schraderi, l'ovaire est d'abord trigone, portant à sa partie supérieure et médiane les deux stigmates parallèles ; puis il se développe sur les parois de l'ovaire trois mamelons, savoir, un antérieur et deux postérieurs. Par les progrès du développement, le mamelon antérieur disparaît, tandis que les deux postérieurs se sou- dent, et forment un corps épais qui s'enfonce entre les stigmates, les sépare en les rejetant latéralement et s'éléve au milieu d'eux. Il en résulte, au sommet du caryopse mûr, un bord supérieur obtus et tronqué qui appartient au corps résultant de la soudure E donx mamelons postérieurs, et au-dessous duquel paraissent naître latéralement les stigmates. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 115 entre ce développement et celui de la pailletle antérieure. Les deux pa- léoles, que l'on a généralement regardées comme les deux éléments d'un verlicille ternaire dont un élément aurait avorté, sont considérées par lui comme les deux moitiés d'un élément unique qui se seraient séparées par un développement bilatéral et par l'avortement de la partie médiane (1). La glumelle montre parfois, chez les Graminées, un développement bila- .téral de ce genre, par exemple chez le Thrasya paspaloides HBK., dans sa fleur mâle (Enum. t. ui, p. 50, tab. x, fig. 3). Notiz über insektenfressende Pflanzen (Notice sur quelques plantes insectivores); par M. A.-F.-W. Schimper (Botanische Zei- tung, 1882, n^ 14 et 15). Ces notes concernent le Sarracenia purpurea et des Utricularia, tous observés aux États-Unis. L'auteur décrit avec soin les feuilles ascidi- formes du Sarracenia. Il assure étre convaincu que les substances orga- niques en décomposition que l'on rencontre dans leurs cavités pénètrent dans les cellules de la feuille, vu les changements qui ont lieu dans le protoplasma de ces cellules. Il décrit dans ces cellules un phénomène analogue à ce que Darwin a nommé l'agrégation du protoplasma (2). Le tannin ou l'un de ses dérivés parait jouer un certain róle chimique dans la « digestion » du Sarracenia. Les Utricularia de l'Amérique du Nord sont au nombre de trois : l'auteur a examiné surtout U. cornuta. Cette plante n'a pas de racines (sans doute à l'état adulte); le rhizome se ramifie à son extrémité amincie en deux ou trois organes analogues à des racines par leur aspect seulement, car ils n'ont aucune coléorrhiae. Ces organes se décomposent dans la profondeur du sol en ramuscules déliés qui réapparaissent à la surface et s'allongent. Ils se terminent par des feuilles graminiformes, et supportent de grandes quantités de vésicules. M. Schimper décrit avec détails ces vésicules, analogues dans leur essence à celles de lU. vul- garis, dans lesquelles il a trouvé des Diatomées, des Rotifères et de petits crustacés, jamais vivants, ordinairement décomposés, comme si leur suc frappait de mort les animaux et les plantes. Il pense que les poils de ces vésicules agissent comme des organes d'absorption. Le proto- plasma de leurs cellules éprouve les mémes changements que l'on a notés chez les Sarracenia et les Drosera; et de méme que pour les Dionea, un excès de « nutrition » parait préjudiciable à la plante. (1) Voyez les Untersuchungen über die lodicule der Gräser, in Engler's Jahrbücher, t. 1, p. 336. On peut observer sur plus d'une Graminée la soudure des deux paléoles, notamment chez le Ceratochloa unioloides DC. (2) Voyez cette Revue, t. xxix, p. 193. 116 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Sur les urnes du Dischidia Rafflesiana Wall.; par M. Mel- chior Treub (Annales du jardin botanique de Buitenzorg, vol. ut, 17* partie, Leyde, 1882, pp. 13-36). Comparés aux autres genres à ascidies, les Dischidia, qui appar- tiennent à la famille des Asclépiadées, constituent une catégorie à part. Quelques espéces du genre seulement portent des urnes (1). M. Treub a pu étudier vivant le Dischidia Rafflesiana Wallich, dont les rameaux volubiles s'entrelacent aux branches des arbres où leurs racines adven- tives les fixent, tandis que leurs parties postérieures se desséchent. Les feuilles, pendant leur jeunesse, sont accompagnées de processus ligulés partant, soit du commencement du limbe, soit à la fois du pétiole et de la tige, et servant probablement à la protection des bourgeons. Plusieurs bourgeons axillaires produisent des rameaux qui ont d'emblée le carac- tére volubile ; mais de temps en temps on rencontre sur les parties plus ügées de la tige d'autres jeunes rameaux d'origine axillaire, petits, droits et épais. Ces rameaux ne portent qu'un chétif bourgeon terminal, placé entre une paire de membres latéraux ; un de ceux-ci n'est qu'une petite feuille ordinaire, mais opposée à celle-ci on voit une singuliére produc- tion plus ou moins en forme de capuchon : une jeune urne. Cette urne n'est pas autre chose qu'un limbe de feuille; sa surface interne corres- pond à la face inférieure de la feuille, et sa surface externe à la face supérieure. La forme de capuchon est due à ce qu'à un moment donné l’accroisse- ment se localise dans le milieu de la feuille. Lorsque la jeune urne com- mence à affecter la forme d'une outre allongée, on voit se produire quelques racines advenlives sur son pétiole, et celles qui poussent prés de l'embouchure entrent dans l'urne. En ouvrant une urne adulte, on y trouve normalement une ou deux longues racines adventives munies d'un système de radicelles trés développé. Le plus souvent la production d'ascidies ne s'arréte pas là. Les feuilles de la premiére paire peuvent toutes deux se transformer en urnes ; puis le bourgeon terminal peut continuer son évolution et engendrer d'autres urnes aux nœuds suivants. Dans les parties ascidifères, les entrenœuds sont beaucoup plus courts, et quand la production d’ascidies est termi- née, le bourgeon terminal se transforme en partie volubile à nœuds espacés. M. Beccari (Malesia, fasc. 1, 1878, p. 236) avait supposé que les ascidies des Dischidia, causées primitivement par l'irritation d'un para- (1) Voyez R. Brown, Remarks on the structure and affinities of Cephalotus (Misc. Works, vob n, p. 357), et Dickson, Journal of Botany, mai 1881. M REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 117 site, étaient restées héréditaires, en vertu de la continuation indéfinie et répétée du phénomène. M. Treub hésite à faire entrer des considérations de ce genre dans l'explication de particularités morphologiques normales. Nous ne pouvons que l'en approuver. Nous l'approuverons aussi de protester contre les exagérations de la théorie des plantes insectivores, au nombre desquelles on a songé à placer les Dischidia. Tant dans la mousson pluvieuse que dans la saison sèche, il n'a pas trouvé d'insectes dans la majorité de leurs urnes, qui sont dressées, horizontales ou pen- dantes. Ces ascidies sont souvent de véritables nids de fourmis, abritant des centaines d'individus vivants et beaucoup de larves; ces insectes entrent dans l’urne et en sortent avec la même facilité, grâce aux radi- celles qui leur forment comme des échelles et que souvent ils rongent en partie. D'ailleurs le revêtement cireux des ascidies (qui forment un revétement annulaire autour des stomates) (1), le défaut de glandes et la présence constante d'air dans l'inlérieur de ce revêtement, tendent ensemble à empêcher que l'absorption de solutions nutritives n'ait lieu par l'épiderme de Purne. Au point de vue physiologique, les ascidies des Dischidia sont pour M. Treub des organes destinés à l'absorption de l'eau, qui les remplit lors des averses tropicales. Il les compare au godet que forment les bases des feuilles de nos Dipsacus (2). Fonction chlorophyllienne du Drosera rotundifolia; par M. Ch. Musset (Comptes rendus, séance du 16 juillet 1883). M. Musset étudie depuis trois ans, en Dauphiné, au col de Prémol, sur là tourbe en formation qui tend à combler le lac Lieutel, comment se comporte la croissance du Drosera rotundifolia. Il n'a jamais pu voir un seul insecte captivé par les « tentacules » de ses feuilles. Il a fait une expé- rience en remplissant de l'eau méme du lac cinq entonnoirs égaux, à tube fermé et gradué, contenant chacun un gramme de feuilles : 1° de Drosera; 2» de Carex pauciflora; 3° de Sphagnum capillifolium ; 4 de Polytri- chum commune; 5° d'Oxycoccos palustris. Ces entonnoirs étant ren- versés dans l'eau sous des coupes également de verre, par une tempéra- ture élevée, le dégagement de l'oxygéne a commencé aussitôt. Or les cinq plantes différentes, fonctionnant en poids égaux, ont donné des volumes d'oxygène que l'observateur a pu regarder comme égaux. En deux heures, par deux fois, il a obtenu dans ces conditions, de chaque plante, 3 cen- timétres cubes d'oxygéne. Les entonnoirs ayant été soumis dans le labo- ratoire à l'influence des divers rayons dela lumiére blanche, les radia- tions jaunes et orangées se sont montrées les plus actives. Somme toute, le (1) Comme chez le Strelitzia ovata. Voyez A. de Bary, Vergleichende Anatomie, p. 87, et Botanische Zéitung, 1871, col. 147. (2) Voyez le Bulletin, t. xxv (Revue), p. 166. 118 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Drosera parait devoir sa nutrition, de méme que les plantes avec les- quelles il vit, aux fonctions de sa chlorophylle, et nullement à la capture d'inseetes quelconques. Contribution à la connaissance du collenchyme; par M. C. van Wisselingh (Archives néerlandaises des sciences exactes et naturelles, t. xvii, 1882, pp. 23-58, avec 2 planches). M. van Wisselingh est au fond d'accord avec M. Sachs quant à l'origine du collenchyme, dérivé directement du tissu fondamental. Chez toutes les plantes qu'il a examinées, les faisceaux vasculaires existaient déjà à l'état de procambium avant la formation du collenchyme. 1l n'a trouvé aucun exemple de l'origine commune du collenchyme avec le mestome, quoi qu'en ait dit sur cette communauté MM. Haberlandt et Ambronn (1). Le nombre des couches de cellules trouvées dans l'état le plus jeune entre l'épiderme et les faisceaux vasculaires a varié de deux à dix ou méme plus. Le plus ordinairement, dans les tissus intermédiaires entre l'épiderme et les faisceaux vasculaires, la division des cellules joue un róle trés important, mais seulement aprés l'épaississement du collen- chyme. Quant à l'époque de cet épaississement, elle varie selon la fonc- tion mécanique que le collenchyme doit remplir dans les jeunes organes de la plante. Ueber eine eigenthümliche Form des Stercoms bei gewissen Farnen (Sur une forme particulière du stéréome chez certaines Fougères); par M. E. Giltay (Botanische Zeitung, n° 41). Il s'agit, dans cette note, des cellules incomplétement scléreuses qui se rencontrent dans certaines Fougéres, notamment dans le rhizome de l'Aspidium Berteroanum Colla, qui ne sont épaissies que d'un seul côté, et forment des trainées dans lesquelles elles ne sont en contact réci- proque que par leur face épaissie, les faces restées minces avoisinant des cellules parenehymateuses. Ces trainées servent puissamment à soutenirle tissu fondamental qu'elles traversent. Parfois une cellule se trouve englobée dans la trainée, et devenue toute sclérenchymateuse. Ueber das Dickenwachsthum des Holzkærpers in seiner Abhängigkeit von áusseren Einflüssen (De la croissance en épaisseur du corps ligneux, dans la dépendance où elle est des influences exté- rieures); par M. L. Kny. Berlin, 1882. Il s'agit principalement ici des lois qui régissent la croissance des axes (1) Voyez cette Revue, t. xxix, p. 95, et Pringshein's Jahrbücher, t. xu, p. 473. Le terme mestome a été établi par M. Schwendener dans son mémoire intitulé : Das mechanische Princip. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 119: non verticaux. D’après l'auteur, dans un très grand nombre des cas, ces axes se développent davantage du cóté supérieur, du moins les rameaux âgés. Chez quelques types seulement, le développement ligneux est en. avance du cóté inférieur, notamment chez les Coniféres. Souvent l'iné- galité de l’accroissement des deux côtés augmente avec l’âge. Elle est peu appréciable dans les couches annuelles, méme nulle dans l'anneaw ligneux de la première année. Il est méme possible, l'auteur le reconnait, que l'épaisseur de la couche ligneuse annuelle prédomine d'abord pen- dant quelques saisons inférieurement, et que le phénoméne se renverse dans les années suivantes. Il y a encore d'autres exceptions de détail pour l'étude desquelles nous renvoyons au mémoire lui-méme, en rappelant les travaux publiés sur le méme sujet par M. N.-J.-C. Müller (1) et par M. Detlefsen (2). Om stammens og bladenes bygning hos Vochysiaceerne (Sur la structure de la tige et des feuilles chez les Vochysiacées) ; par M. N. Wille (Oversigt over det Kongelige danske Videnskabernes Selskabs Forhandlinger, 1882, n° 2, pp. 1-28). Les Vochysiacées se distinguent par une structure assez spéciale de la moelle. Chez le Vochysia laurifolia, le V. oppugnata et autres espéces du genre, il se trouve, dans le canal médullaire, du liber mou et du liber dur (sclérenchyme). Chez quelques espéces, notamment chez le V. emar- ginata, on rencontre parfois des faisceaux de liber mou isolés courant le long du bois. Ils naissent, au-dessous du sommet de la tige, d'une cellule médullaire (rarement de plusieurs), partagée par des cloisons longitudi- nales plus nombreuses que les cloisons des cellules voisines. Ces faisceaux possèdent des cellules conductrices, et parfois s'anastomosent entre eux. Chez le Salvertia, la structure de la moelle est presque identique. Chez le Qualea Glaziovii et d'autres espéces de Qualea, les faisceaux de liber dur sont épars dans la moelle, tandis que le liber mou forme un anneau au dedans du bois primaire. Dans les tiges plus àgées, il se produit dans- cet anneau, au voisinage du bois, un cambium qui développe au bout de quelque temps de nouveaux éléments du méme liber mou en direction. centripéte, ce qui comprime graduellement les éléments anciens. Chez le Callisthene, le liber dur fait presque complètement défaut dans la moelle : on trouve seulement un anneau de liber mou, situé le long du cóté interne du bois, et dans lequel il se développe aussi du cambium. La tige du genre Erisma ressemble à celle des Vochysia par la structure de sa moelle, mais montre aussi quelque tendance à produire du liber mou au cóté interne du cylindre ligneux. (1) Botanische Untersuchungen, t. 1*, pp. 512. (2) Voyez le Bulletin, t. xxix (Revue), p. 158. 190 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ^ La structure du bois chez les Vochysiacées est celle du bois de beau- coup de Dicotylédones. Le genre Erisma se distingue par des faisceaux de liber mou parcourant l'intérieur du bois, et qui proviennent de la transformation partielle du cambium normal. C'est le méme fait qu'on a observé chez les Strychnos et les Salvadora. Les Vochysiacées appar- tiennent, d’après M. Wille, à la catégorie des plantes munies de faisceaux bicollatéraux (1). Ces plantes possèdent d'ailleurs plusieurs espèces d'organes de sécré- tion. Chez presque toutes les espèces, l'écorce et la moelle ont des cellules tannifères. L'oxalate de chaux s'y trouve presque toujours, chez le genre Vochysia dans des glandes, chez les Qualea dans des cristaux isolés. IT faut citer encore de grandes lacunes à gomme de nombre déter- miné, réguliérement disposées dans la moelle, et qui parcourent aussi la nervure médiane des feuilles, sans s'anastomoser. Ces canaux manquent chez les Qualea, dont plusieurs espéces cependant possédent des réser- voirs à gomme dans l'écorce, la moelle et la couche épidermique inté- rieure de la face supérieure des feuilles. Il est à remarquer que les constatations anatomiques faites par M. Wille conduisent à la méme division des Vochysiacées que les constatations d'ordre morphologique faites par M. Warming. Quelques mots sur le peuplement végétal des iles dc l'Océanie; par M. Henri Jouan (extrait du Bulletin de la Société Linnéenne de Normandie, 3* série, vi* volume) ; tirage à part en broch. in-8" de 25 pages. M. Jouan retrace l'histoire des principales espéces comestibles cultivées sur les diverses iles de l'Océanie, soit avant, soit aprés l'arrivée des Euro- péens, et rappelle les principales causes, migrations humaines (2), cou- rants marins, vol des oiseaux, transports par le vent, qui peuvent en avoir facilité l'extension. De ces faits bien connus il passe à une caté- gorie de faits qui le sont moins. Il rappelle les noms d'un petit nombre de plantes qui semblent s'établir partout, entre les tropiques, sur le littoral, et ne conteste pas qu'on ne puisse en justifier l'extréme diffu- sion. Mais comment expliquer la présence du Drosera longifolia à 2400 mètres d'altitude aux iles Sandwich?, et à la Nouvelle-Zélande de (1) Il en est autrement chez les Verbénacées, du moins chez l'Avicennia nitida, d'après un travail publié par le méme anatomiste dans le Botanisk Tidsskrift en 1882, t. xui, 1" livr., pp. 33-44. (2) On pense généralement que ces migrations ont eu lieu de l'Asie orientale dans les iles de la Polynésie. M. A. Lesson. l'ancien compagnon de Dumont d'Urville sur l'Astro- ' labe, publie un ouvrage considérable sur les Polynésiens, où il regarde comme la patrie des Polynésiens la Nouvelle-Zélande. Il serait bien difficile qu'ils en eussent tiré les végétaux utiles des iles de l'Océanie tropicale. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 121 , plantes qui y ont. été trouvées dés l'époque de Forster, savoir : Phalaris canariensis, Chenopodium fruticosum, Convolvulus sepium? Le Pteris esculenta Vorst. de nos antipodes se retrouve aux Sandwich, et aujourd'hui la plupart de nos botanistes le réunissent à notre Pteris Aquilina, qui serait cosmopolite. Les moyens de transport actuels n'expliquent pas cette diffusion. Il faudrait pour la comprendre supposer des causes antérieures à l'état de choses actuel, mais lesquelles? Ueber das Auftreten bicollateraler Gefüssbündel in ver- schiedenen Pflanzenfamilien, und über den Werth derselben für die Systematik (De l'apparition de faisceaux vasculaires bicollatéraux chez diverses familles de plantes, et de sa valeur taxinomique) ; par M. O.-G. Petersen (Botanische Jahrbücher für Systematik, 1882, t. 11, 4* livr., pp. 359-402, avec 5 planches). On sait que l'expression de faisceaux bicollatéraux a été introduite dans la science en 1877 par M. de Bary (4), pour désigner les faisceaux qui possédent du liber mou non seulement à l'extérieur, mais aussi à leur cóté interne et médullaire en dedans des trachées. M. Petersen a entrepris de grandes recherches sur ce point d'anatomie, principalement pour obéir à une tendance assez générale aujourd'hui, celle de contróler et de con- firmer les résultats de l'examen morphologique, et quelquefois de suppléer à leur insuffisance. M. Petersen a ajouté des détails intéressants à nos connaissances ; mais, quant à la valeur taxinomique des faisceaux bicolla- téraux, il ne parait pas être arrivé à des résultats probants, sans doute à cause dela nature des choses. D'une part, en effet, il reconnait que la présence de ces faisceaux n'est pas cónstante dans les familles suivantes : Polygonées, Euphorbiacées, Acanthacées, Loganiacées, Borraginées, Chicoracées et Campanulaeées; dans ces familles, elle ne pourrait servir qu'à caractériser des genres. Elle est constante au contraire dans les familles suivantes : Myrtacées, Thymélées, (Enothérées, Trapées, Lythra- riées, Mélastomacées, Cucurbitacées (2), Vochysiées, Solanées, Convol- vulacées, Nolanées, Asclépiadées, Apocynées et Gentianées (3). Mais si l'on s'éléve aux classes de M. Brongniart, on constate par exemple, pour (1) Vergleichende Anatomie, p. 331. (2) Les Bégoniacées, d'aprés l'auteur, s'écartent beaucoup des Cucurbitacées. Sur la structure des Bégoniacées, et surtout sur la symétrie de leur fleur, on peut consulter un travail récent de M. Franz Benecke dans les Botanische Jahrbücher, 1882, t. 111, 2° livr., pp. 288-318. La grosse difficulté, celle de l'affinité des Bégoniacées, n'est pas résolue par l'auteur, qui incline àregarder le genre Hillebrandia Oliver comme le type de la famille, et aurait créé pour elle la classe des Hillebrandinées, si le nom de Plagiophyl- lées, proposé par Al. Braun (in Ascherson Flora der Provins Brandenburg), n'existait pas déjà. (3) Une énumération analogue a été déjà donnée par M. Russow dans ses Betrach- tungen über das Leitbündel- und Grundgewebe, p. 21. 192 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. les Myrtoidées, que si les faisceaux bicollatéraux existent dans les Myrta- cées, ils manquent dans les Calycanthus et des Monimiacées ; pour les Daphnoidées, que s'ils sont constants dans les Thymélées, ils font défaut dans les Laurinées et l'Hernandia. Parmi les Convolvulinées, ils man- quent dans les Polémoniacées, etc. Parmi les Composées, on ne les trouve que chez les Chicoracées et le Gumbelia, etc. Il est vrai que M. Petersen restreint dans des limites assez étroites ce qu'il entend par liber interne. Ainsi il se refuse à placer les Lobéliacées dans la catégorie des familles à faisceaux bicollatéraux (à côté des Campanulaeées) parce que chez les genres Lobelia, Tupa, Siphocampylus et Isotoma, les vaisseaux à latex, qui existent bien dans la moelle, n'y sont pas cependant accompagnés de liber mou. Les Goodéniacées et les Stylidiées, qui appartiennent avec les familles précédentes à la classe des Campanulinées de M. Brongniart, sont mises par lui hors de cause, parce que le liber mou, qui se trouve, à la vérité, dans l'intérieur de leur corps ligneux, n'y est pas précisé- ment à la partie interne. En adoptant un point de vue plus général, M. Petersen serait sans doute parvenu à présenter les résultats du travail histologique en accord plus fréquent avec ceux des observations de mor- phologie. Verhalten des Protoplasma in den Geweben von Urtica ur ens (Rôle du protoplasma dans les tissus de l'Urtica urens); par M. Fr. Kallen (Flora, 1882, n° 5-7, avec une planche). 1^ Dans toutes les cellules de l'Ortie, le noyau est dés le plus jeune âge, et vu les proportions de la cellule, extrêmement développé. 2° L'ap- parition des premiers granules de chlorophyHe autour du noyau a été constatée pour les cellules de l'épiderme, du collenchyme, du paren- chyme cortical et de la moelle. 3° On rencontre souvent des preuves de la partition des cellules à un àge avancé, tant dans la moelle que dans l'écorce et les cellules du parenchyme ligneux non épaissies. 4° Le proto- plasma, finement ponctué, offre souvent, à un âge avancé, une structure grossiérement réticulée, par exemple dans les cellules médullaires; les espaces intermédiaires aux mailles du réseau sont recouverts d'une couche hyaline de protoplasma, de sorte que l'utricule protoplasmique ne subit nulle part aucune solution de continuité. 5? Dans toutes les cellules examinées, on a constaté, pour cel utricule et pour son noyau, une durée de vitalité plus longue qu'on ne l'avait auparavant soupconné. 6° Ordinairement, le noyau ne disparaît pas avant le protoplasma, si ce n'est, comme on le sait, dans les vaisseaux criblés; dans les fibres libé- riennes, à un âge avancé, on observe une dissolution partielle du noyau. T Nulle part le noyau ni le plasma ne disparaissent dans le genre Urtica, si ce n'est dans les vaisseaux du bois. 9 Dans les noyaux des poils urti- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 193 cants on a trouvé parfois des cristalloides. 10° Les fibres libériennes à plusieurs noyaux des Urtica contiennent du latex. 11° Les noyaux des fibres libériennes des Urtica se multiplient non par division, comme l’a admis M. Treub, mais par fragmentation. L'acide formique dans les plantes; par M. A. Vogel (Sitzungs- berichte der K. bayer. Akademie, math.-phys. Classe, 1882, p. 345). On sait qu'on a soupconné la présence de l'acide formique libre dans les poils de l'Urtica urens et de plantes analogues. M. Vogel a rencontré l'acide formique dans une poudre faite avec les poils du Negretia pru- riens. La quantité en est si petite, qu'il attribue une grande part à l'irritation mécanique dans la cuisson causée par la piqüre. L'existence de l'acide formique dans le régne végétal s'explique facilement par l'oxy- dation des matières albuminoides et de l'acide carbonique, et par l'action de l'acide oxalique sur la glycérine (1). Il a été découvert non-seulement dans les poils urticants, mais encore dans les feuilles, dans l'écorce et dans le bois du Pin de Spruce, dans la séve du Sempervivum, dans les fruits du Tamarindus et dans ceux du Sapindus Saponaria. On sait qu'il se rencontre aussi dans le miel (avec d'autres acides végétaux) et qu'il contribue à en assurer la conservation. L'acide formique du miel provient d'une excrétion de la glande urticante de l'abeille. Untersuchungen ueber das Vorkommen der Ameisen- saure und Essigsaure.in den Pflanzen, und über die phy. siologische Bedentung derselben im Stoffwechsel (Recherches sur la présence de l'acide formique et de l'acide acétique dans les plantes, et sur le róle physiologique de ces acides dans les échanges de la nutrition); par M. Émile Bergmann (Botanische Zeitung, 1882, n” 43-45). L'auteur a étudié un grand nombre de plantes différentes, entre autres des Champignons. Nous reproduisons ses conclusions : 1. L'acide formique et l'acide acétique se trouvent, comme substances composantes du protoplasma, répandus dans l'ensemble du régne végétal, dans les parties les plus diverses d'un méme organisme, et aussi bien chez les plantes pourvues que chez les plantes dépourvues de chloro- phylle. — 2. Ces deux acides doivent étre considérés comme des pro- duits chimiques constants du travail de nutrition effectué dans le proto- plasma. — 3. Il est vraisemblable qu'on peut en dire autant de différents membres de la série des acides gras, tels que l'acide butyrique, etc. — 4. Dans un organisme végétal soustrait à la lumiére, dont l'assimilation (1) Voyez plus haut, page 85. 124 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. est génée, et qui se trouve réduit à l'état d'inanition, on trouve une augmentation dans la proportion des acides volatils. — 5. L'acide formique et l'acide acétique appartiennent par conséquent à la série des résultats d’une métamorphose régressive. — 6. Dans un organisme végétal soustrait à la lumière à une température inférieure à la tempéra- ture minimum de l'aceroissement, il n'y a au contraire aucune augmenta- tion dans la proportion des acides volatils. La production de ces acides ne parait par conséquent pas liée à la respiration. The Colours of Flowers, as illustrated in the British Flora; par M. Grant Allen. In-8° de 119 pages. Londres, Macmillan et C^, 1882. Ce petit livre est une réédition d'articles insérés d'abord dans le journal Nature, et dont la première idée avait fourni à l'auteur un article publié dans le Cornhill Magazine. On sait la différence fondamentale établie jadis par A.-P. de Candolle entre la série cyanique et la série xanthique des fleurs. On sait aussi que cette différence a été jugée depuis beaucoup moins tranchée qu'il ne l'af- firmait (1). M. Grant Allen tend à la réduire encore, et cela en insistant dans maint endroit de son mémoire sur les changements qui se produi- sent dans la coloration d'une méme fleur depuis l'état de bouton jusqu'à la chute ou la marcescence de la corolle. Il rappelle les exemples fournis par les Myosotis, notamment par le Myosotis versicolor, par la Giroflée des murailles et par la Giroflée de Mahon. Les pétales du Stylidium fruticosum, d'abord d'un jaune påle, deviennent bientôt d'un rose clair. L'OEnothera tetraptera les a d'abord blancs, puis rouges; le Cobæa scandens va du blanc verdátre au violet; l'Hibiscus mutabilis, du blanc carné au rouge. M. Fritz Müller a fait connaitre un Lantana qui, jaunele premier jour, est orange le second et pourpre le troisième. Il en est à peu prés ainsi du Lippia citriodora (2). Nous laissons de cóté, sans faireautrement que de les signaler, les vues émises par l'auteur sur la relation que ces changements de couleur ont avec les visites des insectes (qui, suivant lui, seraient attirés surtout par (1) La différence principale, histologique, consiste en ce que la matière colorante est à l'état de granules solides dans la série xanthique, à l'état de solution dans la série cyanique. Or dans le genre Eschschollzia, à fleurs généralement jaunes ou orangées, et à matière colorante granuleuse, il existe une variété à fleurs rosées, mise au commerce parla maison Vilmorin, dans laquelle la coloration rose est donnée par le suc cellulaire. Dans la fleur des Zinnia, on trouve des demi-fleurons, assez charnus, offrant différentes couches, et ces couches appartiennent tantót à la série cyanique, tantót à la série xan- thique. C'est méme là ce qui donne à ces fleurs leur teinte veloutée et ordinairement un peu fausse. (2) 0n remarquera que la mutation a lieu dans le sens du spectre. M. Grant Allen la rattache à des degrés d'oxydation de la matière colorante. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 195 la couleur bleue), et par suite avec la fécondation. Mais nous ne pou- vons laisser passer la théorie singuliére qu'il qualifie de « central idea » de son mémoire. C'est que les pétales dérivent non de la transformation des feuilles, mais de celle des étamines, qui sont jaunes. C'est pour cela qne les pétales jaunes seraient les plus communs. Ils auraient été primi- tifs dans l'ordre d'évolution. Cette bizarre application de la conception darwinienne a été facilement combattue par M. Asa Gray (1). Ce ne sont pas les étamines qui sont jaunes, mais hien le pollen ; et daus combien de cas n'observe-t-on pas, au point de vue dela coloration, des gradations entre les feuilles et la corolle? Il suffit dese rappeler les bractées colo- rées du Poinsettia, du Salvia splendens, pour approuver la critique de M. Asa Gray. Étude sur les Mucorinées ; par M. G. Bainier. Thèse de phar- macie. In-4° de 136 pages avec 13 planches gravées. Paris, Pichon et Cotillon, 1882. M. Bainier a présenté ce travail comme un résumé des observations spéciales faites par lui sur les Mucorinées, observations dont il a déjà fait profiter à diverses reprises les lecteurs de ce Bulletin ; il y a en outre joint l’exposé des connaissances acquises, de sorte qu'en dépit des réserves modestes qu'il formule, son travail aura pour le présent l'utilité d'une de ces monographies générales qui manquent trop souvent pour l'instruction des débutants. Il en a extrait d'ailleurs, pour les Annales des sciences naturelles, t. xv, n° 2, février 1883, les résultats nouveaux les plus intéressants, concernant l'étude des espéces suivantes : Mucor racemosus; differents Pilobolus, dont le P. exiguus, n. sp.; Rhizopus reflexus, n. sp., quise cultive facilement sur du pain bouilli, surtout lorsqu'il fait froid ; Helicostylum piriforme, n. sp., dont le sporange ressemble à une poire; les Mortierellera, les Piptocephalis, dont le F. cylindrospora, n. sp., etles Syncephalis, maintenant au nombre de treize, dont deux nouveaux, S. curvata, trouvé au printemps sur des cosses de petit Pois, et le S. fusigera, trouvé vers la fin de l'automne sur la Mousse au pied de divers Agarics. Un genre nouveau, Pirella, est établi par M. Bainier. Le Pirella diffère des Absidia par la membrane du sporange non diffluente; il s'éloigne des Circinella par la forme de sa columelle, extrémement allongée, et par scs sporanges piriformes. Outre ces espéces nouvelles, il a figuré dans les nombreuses planches de sa thése dessinées par lui et gravées par M. Taillardat, la plupart des autres espèces connues de Mucorinées, surtout dans leur état de conjuga!son et toujours d'aprés nature. (1) The American Journal, mars 1883, p. 236. 196 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Sur les zygospores des Mucorinées ; par M. G. Bainier (Ann. sc. nat., 6° série, t. xv, n° 6, pp. 342-356, avec 3 planches). M. Bainier s'est d'abord préoccupé des conditions expérimentales dans lesquelles se forment les zygospores. Il a reconnu que pour les obtenir, il faut non seulement donner une nourriture convenable, mais encore la disposer convenablement. I emploie comme liquide de culture le jus de pruneaux bouilli et additionné d'alcool, enfermé dans des porte-objets cellulaires maintenus dans des boites de plàtre suffisamment humides. Dans d'autres solutions, la production des zygospores se ralentit ou s'arréte. Un des résultats les plus eurieux de ces nouvelles observations de M. Bainier, c'est que, selon le liquide nourricier, on voit varier consi- dérablement les ramifications, les attitudes des plantules, et jusqu'aux dimensions des sporanges. Il s'est vu une fois sur le point d’être con- vaincu qu'il avait affaire à six espèces différentes. Un autre fait est la production d'azygospores spéciales. C'est là, dit-il, un des cas les plus nets de parthénogenése, et des plus faciles à obtenir. Il le décrit sur le Mucor tenuis. Les azygospores se constituent le long d'un filament dressé qui part du mycélium et présente latéralement, dés son origine, des excroissances analogues à des hernies. Ces hernies ont la forme de doigts de gant, et se séparent bientôt de leur axe par une cloison transversale. La portion extérieure grossit, s'arrondit, cuticularise sa membrane, se couvre d'aspérités, prend une couleur brun rougeâtre, et ressemble à une zygospore portée à l'extrémité d'un seul suspenseur. Parfois le pédicule de cette azygospore devient lui-méme le siége d'une nouvelle hernie, et produit une seconde azygospore à cóté de la premiére. Rapport sur le dépérissement et la mort des Müriers: par M. Max. Cornu, inspecteur général de la sériciculture (extrait du Bulletin de l'agriculture) ; tirage à part en broch. in-8° de 9 pages. Paris, Impr. nationale, 1883. Ce rapport, daté du 3 novembre 1882, est une pièce officielle adressée à M. le Ministre de l'agriculture. M. Cornu pense que les parasites ne doivent pas être considérés comme la cause unique de la mortalité qui frappe les Müriers. Il y a, dit-il, d'autres causes encore, dues à la ma- nière dont les arbres sont traités. Il passe en revue successivement les conditions de la culture ; les maladies de la feuille, attaquée par le Chei- laria Mori, des branches, du tronc, sur lequel se développe le Polyporus hispidus, et des racines. Celles de la racine sont peut-étre les plus im- portantes. M. Cornu rappelle les études auxquelles a donné lieu le para- sitisme de l'Agaricus melleus (1). Il pense que ce Champignon pé- (1) Voyez plus haut, page 60. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 127 nétre par la racine dans les hótes qu'il attaque et sous la forme d'un Rhizomorpha. Il ne partage pas, sur le mode d'action de ce parasite, les vues de M. Planchon. L'Agaricus melleus attaque le Figuier, le Cerisier, l'Acacia, le Noyer, le Prunier épineux, le Prunier domestique et méme la Canne de Provence. M. Cornu, pour le traitement des plantations affec- tées, conseille de sacrifier les arbres envahis. La manière dont dépéris- sent les sujels doit donner l'éveil ; il est facile de vérifier si le soupcon est bien fondé par l'examen des racines et par la phosphorescence du mycélium frais. Contributions à la flore mycologique du Sud-Ouest; par M. P. Brunaud (extrait du Bulletin dela Société Linnéenne de Nor- mandie, 2* série, t. vi). Il s'agit seulement dans ce mémoire de la tribu des Mélanconiés. M. Brunaud en caractérise, d’après la classification de M. Saccardo, 14 genres, entre lesquels il répartit 48 espéces observées par lui, soit dans la Charente, soit dans la Charente-Inférieure. Ces espéces sont distinguées par leurs conidies portées sur des basides de forme variée, naissant d'un pseudostroma lui-même plus ou moins varié. On remarque dans le travail de M. Drunaud bon nombre d'espéces nouvelles, sinon pour la France, du moins pour la contrée où il herborise. Sur quelques inversions phénologiques ; par M. L. Rahn (Berichte der oberhessischen Gesellschaft für Natur- und Heilkunde, t. xxt, 1881, pp. 113-114, avec une planche). Sous le terme d'inversion phénologique, M. Rahn entend l'inversion dans la succession ordinaire de l'épanouissement des fleurs, causée par des anomalies dans les conditions météorologiques. Il résulte pour lui, d'observations poursuivies pendant vingt ans au jardin botanique de Giessen, que l'époque de la premiére anthése, pour une espéce donnée, dépend non-seulement de la température quotidienne minimum, mais aussi de la quantité de la rosée, et il établit les régles générales suivantes: 1* L'épanouissement d'une espèce quelconque dépend d'une certaine somme de température, qui dans nos latitudes doit étre comptée à partir du 1* janvier (1) ; et aussi del'élévation de la température minimum de la journée. 2» À une température minimum supérieure à la moyenne corres- pond un épanouissement plus précoce; à une température minimum inférieure à la moyenne correspond un épanouissement plus tardif. (1) Sur la méthode des sommes de chaleur, il importe de consulter un travail de M. Staub, publié dans le tome xviii des Mémoires de l'Académie des sciences de Hongrie et réimprimé en extrait dans le Botanische Jahrbücher für Systematik, 1882, t. 1m, 5° livr., p. 481. 198 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 3» L'influence du minimum journalier est balancée par l'élévation du maximum diurne, par les conditions hygrométriques, par l'action des gelées récentes... 5° Des pluies qui coincident avec un minimum élevé retardent toujours le premier épanouissement. 6° Des pluies coincidant avec un minimum bas aboutissent toujours à une floraison précoce. 7 L'humidité précédant. la première floraison lui cause toujours du retard. 8 Le défaut d'humidité hâte la floraison quand le minimum quo- tidien est bas, et la retarde quand ce minimum est élevé. Les gelées retardentle premier épanouissement d'une plante, quand elles ne la tuent pas.... 11° Les inversions, qui sont les cas extrêmes de l'irrégularité de l'épanouissement, sont ordinairement le résultat d'une humidité abon- dante. 12° Les plantes munies de racines profondes sont moins affectées par la sécheresse que par l'humidité ; la sécheresse agit surtout sur les plantes à racines superficielles. Phyllosiphon Arisari ; par M. F. Schmitz (Botanische Zeitung, 1882, n* 32-35). Ce Phyllosiphon, Algue que M. Schmitz est disposé à placer parmi les Siphonées ou à leur voisinage, est parasite en Italie sur les feuilles de P Arisarum vulgare. Il a déjà été étudié par M. L. Just (1). Les filaments de son thalle pénètrent dans les espaces intercellulaires du parenchyme foliacé immédiatement au-dessous de la couche de cellules en palissade, où ils se ramifient dichotomiquement. Les spores se forment à l’extré- mité des divisions ultimes de ces filaments, sans formation préalable d'une cloison, sans que la partie végétalive et la partie reproductrice du thalle soient non plus distinctes l'une de l'autre. La paroi du filament est simple à l'extrémité en activité de croissance, double dans les parties plus anciennes, la couche extérieure étant cuticularisée. Le protoplasma con- tient un nombre de nucléus d'une forme irréguliérement sphérique ou lenticulaire, dont chacun ordinairement posséde un nucléole. Ce proto- plasma, qui dans les extrémités végétantes est absolument incolore, prend, à mesure qu'il est plus àgé et qu'on le considère sur un point plus infé- rieur, une couleur d'abord d'un jaune verdâtre, puis complètement verte, due à une infinité de petits corpuscules de chlorophylle accompagnés de granules de nature amylacée. Tout le protoplasma est employé à la for- mation des spores, qui s'échappent par distension dela couche interne de la paroi et rupture de la couche. externe. (1) La note antérieure de M. Just avait paru dans les Verhandlungen des naturhisto- rischen Vereins der preussischen Niederlande und Westfalens, 37° année, Sitzungsb., p. 194. Le même auteur a accentué les différences qui séparent ses observations de celles de M. Schmitz dans le n° 35 du Botanische Zeitung de 1882. Il y écrit qu'il se propose encore de revenir sur le méme sujet aprés des observations nouvelles. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 129 Sur les Algues de Suède appartenant aux tribus des Pédiastrées, Protococcées et Palmellées ; par M. C. Lagerheim (Öfversigt af Kon- glika Vetenskaps-Akademiens Fórhandlingar, 1882, pp. 47-81, avec 2 planches). M. Lagerheim décrit soixante-huil espèces appartenant à vingt-neuf genres, provenant du lac Hammarby et des rochers de Danviken prés Stockholm. Il donne, chemin faisant, des remarques sur les tribus susnom- mées et sur plusieurs de leurs types génériques et spécifiques déjà connus. Il sectionne d'une facon nouvelle le genre Scenedesmus, en deux groupes dont l'un se rattache aux Pédiastrées et l'autre aux Palmellées. Il fait connaitre chez le genre Selenastrum un mode de reproduction non encore observé, par cænobia, et fait remarquer que ce genre sert de trait d'union entre ces deux tribus. Il a observé la formation des cœnobia dans le genre Dictyosphærium. Il décrit sous le nom d'Actinastrum un nouveau genre de Palmellées, avec la diagnose sui- vante : « Cellulæ fusiformes, rarius fere obclavatæ v. cylindricæ, a centro communi radiatim exeuntes, familias quadricellulares v. octocel- lulares, libere natantes, formantes. Propagatio divisione succedanea cytisplasmatis cellularum fit, et familia filialis eo modo formata ruptura membran: cellulæ matricalis libera fit. Zoosporæ ignotæ. » Les Vignes de Longleat. Traité pratique de la culture des Vignes en serre; par M. W. Taylor; traduit en français par M. H. Fonsny (extrait du Bulletin de la Fédération des sociétés d'horticulture de Belgique pour 1883) ; tirage à part en broch. In-8° de 78 pages. Liége, 1883 (1). M. W. Taylor est jardinier en chef, depuis une quinzaine d'années, au chàteau de Longleat, résidence du marquis de Bath, prés Warminster, dans le Wiltshire. Il dirigeait auparavant les serres à Vignes de M. Mere- dith, dont les raisins pourvoyaient la table royale. Consciencieux, passionné pour son art, bon observateur et praticien studieux, M. Taylor a réuni en un mince volume de précieux renseignements et le résultat d'une judicieuse expérience sur la maniére de cultiver la Vigne en serre. Sa (1) S'adresser à M. le Secrétaire de la Fédération, Boverie, à Liége. On se procurera à la méme adresse le tirage à part d'un document fort important pour la géographie botanique. M. le professeur Eug. Warming a écrit en danois le récitde ses voyages au Brésil. Une traduction allemande de ce récita été publiée par M. Henry Zeise dans la revue que le D" Karl Muller dirige à Berlin sous le titre de Die Natur, en 1881. L'édi- tion française du méme mémoire, rédigée sur le texte allemand par M. H. Fonsny, a paru récemment dans la Belgique horticole. Elle intéresse vivement tous les botanistes qui ont à citer des plantes du Brésil d'aprés les récoltes de M. Warming, et forme d'ailleurs un récit de voyage des plus attrayants et des plus élégamment écrits. T. XXX. (REVUE) 9 130 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. méthode diffère de celle qui est le plus généralement suivie, mais les résultats parlent en sa faveur. L'ouvrage de M. Taylor a été édité à Londres parle Journal of Horti- culture du D' Hogg. On saura gré à M. Fonsny d'avoir surmonté l'aridité de la traduction. d'un ouvrage utile, mais écrit d'une maniére à la fois technique, vulgaire et assez diffuse, et à M. Éd. Morren d'en avoir assuré la publication. Notiz über Schlingpflanzen (Notes sur les plantes grimpantes) ; par M. Julius Sachs (Arbeiten des botanischen Instituts in Würzburg, t. 11, 4° livr.). Ce mémoire de M. Sachs a pour but de répondre à celui de M. Schwen- dener, qui a été analysé dans cette Revue, t. xxix, p. #1. M. Schwendener avait dit que les mouvements d'enroulement qui persistent aprés s'étre formés en l'absence d'un support sont des exceptions qui ne sont aucune- ment liées avec les faits d'enroulement normal autour d'un support. M. Sachs fait connaitre des observations desquelles il résulte que ces phénoménes d'enroulement spontané en l'absence de support sont des plus commnus dans la nature, et qu'on peut les déterminer, d'une manière fort belle et réguliére, sur un troncon coupé d'une plante grimpante de 20 à 25 centimètres de longueur. Il faut pour cela introduire ce tronçon dans un tube de verre de 30 centimétres de longueur et de 3 à 4 centi- mètres de diamètre, dont le fond est rempli d'une couche d’eau épaisse d'un centimètre environ. Le tronçon ainsi disposé s'enroule à l'intérieur du tube de verre, mais jamais les tours de spire ne touchent la paroi interne du tube. Zur Kenntniss der Schraubenwindungen schlingender Sprosse (Sur l'enroulement en hélice des rameaux grimpanls) ; par M. Schwendener (Pringsheim's Jahrbücher, t. xiu, 2* livr.). Cette note est une réponse à la précédente. M. Schwendener y fait remarquer que les exemples allégués par M. J. Sachs ne sont point des faits d'enroulement normaux, mais doivent étre considérés, ou comme des phénomènes de nulation toute pure, ou bien comme déterminés par des tensions intérieures, tensions indépendantes de la nutation ou du géo- tropisme, et n'offrant jamais les tensions enroulées antidromes qui appa- raissent sur les jets enroulés autour d'un support. Sur une nouvelle catégorie de plantes grimpantes ; par M. Melchior Treub (Annales du jardin botanique de Buitenzory, vol. n1, 47 partie, pp. 44-73). Ch. Darwin a divisé les plantes grimpantes en quatre classes, suivant REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 134 qu'elles s'élévent à l'aide de tiges volubiles, de racines adventives, d'épines ou d'aiguillons arqués, ou bien d'organes irritables. La dernière classe peut étre subdivisée en quatre catégories, d'aprés l'irritabilité : savoir, des vrilles, des feuilles et des branches vrilliformes, ou enfin des crochets. Ces crochets sont les organes arqués chez lesquels l'irritabilité se traduit exclusivement par un épaississement amené, soit par une pression, soit par des frottements. Ce sont ou des pédoncules, ou des branches, ou des épines transformés. Il les examine chez les genres Uncaria, Ancistro- cladus, Artabotrys, Luvunga, Olax, Hugonia et Strychnos. Ueber den Zellkern (Sur le noyau cellulaire) ; par M. E. Zacharias (Botanische Zeitung, 1882, n° 31-39). Ce long mémoire, qui tient compte des travaux des zoologistes, est sur- tout consacré à l’étude chimique du nucléus, du nucléole, et des substances figurées qui apparaissent pendant la division de la cellule et du nucléus. L'auteur y cite un trés grand nombre d'observations et d'opinions diffé- rentes, notamment les travaux de Strasburger et de Flemming, auxquels il s’en réfère pour la bibliographie du sujet (1). Il établit facilement que la grande majorité des observateurs, tant zoologistes que botanistes, a considéré le noyau comme différent chimiquement du protoplasma, sur- tout à cause de la maniére différente dont il se comporle en présence des réactifs colorés. Il a fait des études personnelles sur quelques plantes, notamment sur le Phajus grandifolius et sur des Characées. Il regarde comme un résultat acquis que le nucléus, indépendamment de substances solubles dans l'alcool et le suc gastrique, se compose essentiellement de nucléine et de plastine, et que les caractéres morphologiques offerts per le nucléus chez différents tissus ou différentes plantes dépendent de la proportion relative et de la répartition de ces deux substances. Evi- demment la « substance fondamentale » que M. Schmitz attribue au nu- cléus, et qu'il dit trés voisine du protoplasma, se compose essentielle- ment de plastine, et sa chromatine de nucléine (si l'on sépare le nucléole quil y comprend). Ce que M. Flemming considère comme de la chro- matine est formé, partie de nucléine, partie de plastine. Pendant les modifications que détermine la division de la cellule, les éléments des plaques et ceux des fibres ou stries correspondent, parla maniére dont ils se comportent en présence des réactifs, les premiers à la nucléine, les seconds à la plastine, ce qui est démontré notamment par l'examen des cellules-méres du pollen des Tradescantia, et par celles des anthé- rozoides des Characées. La distinction, dans bien des cas, doit être dif- (1) Le travail de M. Flemming, qui est principalement un travail de zoologie, a paru en 1879 dans les Archiv für mikroskopische Anatomie. 132 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ficile, puisque l'auteur admet que: dans les nucléus de l'Œdogonium, qu'a étudiés M. Strasburger, il y a des granules de nucléine enfermées dans un réseau de plastine (1). Ueber das Scheitelwachsthum der Phanerogamen- wurzeln (De la croissance du sommet de la racine chez les Pha- nérogames); par M. S. Schwendener (extrait des Sitzungsberichte der k. Akademie der Wissenschaften zu Berlin, 1881, in-8* de 19 pages). M. Schwendener ne s'appuie, dans ce mémoire d'un caractère général, que sur l'examen d'un petit nombre de plantes choisies parmi les grandes divisions du régne végétal. Les préparations et les dessins nécessaires ont été faits par M. Westermaier. On peut dire, d'une maniére essentielle, que M. Schwendener conclut dans le méme sens que l'avait déjà fait M. Flahault. Comme notre savant confrère de Montpellier, le professeur de Berlin admet entre les Monocotylés et les Dicotylés une différence fondamentale au point de vue de la genése des tissus de la racine. Chez les premiers, la coiffe ne provient jamais de l'épiderme développé du corps radiculaire, ce qui est toujours le cas chez les Dicotylédones. En outre M. Schwen- dener traite assez longuement de la séparation et de la non-séparation des histogénes qui donnent naissance, soit à la coiffe, soit au corps de la racine. On observe l'un ou l'autre de ces deux cas, tant chez les Dico- tylédones que chez les Monocotylédones. Le cas d'histogénes séparés, c'est-à-dire le type d'Helianthus de M. Reinke, a été observé, d’après l'auteur, sur 100 plantes appartenant à 40 familles différentes, et notam- ment parmi les Monocotylédones, chez les Graminées, les Joncées, les Cannées; la séparation a lieu dans la région apicale méme de la racine. Le second cas a été de méme constaté dans 40 familles diffé- rentes, et a été signalé aussi par M. Treub et M. Flahault chez quelques Monocotylédones. Il y a un troisième groupe de racines dans lequel la coiffe est produite, non-seulement par la partition des cellules de l'épi- derme , mais aussi par celle des cellules extérieures de l'écorce. M. Schwendener ne se contente pas de résumer l'état de la science sur ce sujet, d’après les travaux de ses devanciers et les siens : il s'élève dans une région théorique supérieure, sans cesser de s'étayer sur les résultats de l'observation. On sait comment M. Hanstein a établi la division histogénique des tissus en dermatogéne, péribléme et plérome. (1) On consultera avec intérét, relativement à la constitution chimique du noyau, un mémoire Sur la division du nucléus dans les cellules-méres du pollen de quelques Lilia- cées, de M. A. Zalewski, mémoire publié d'abord en langue polonaise, en 1881, dans le Journal de la Société des naturalistes polonais dirigé par M. N. Copernicus, à Lem- berg, et reproduit en abrégé dans le Botanische Zeitung, 1882, n» 29. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 133. On sait aussi que cette théorie a été quelque peu ébranlée par les tra- vaux de MM. Westermaier, Nægeli, Kny et Magnus. Sur des coupes longi- tudinales de racines de Graminées et d'autres plantes, telles que Trades- cantia, Maranta, Amarantus, Helianthus, on voit que les initiales du dermatogéne, du péribléme et du plérome tirent par trois ou par deux à la fois leur origine de la méme cellule-mére. Si la théorie de M. Han- stein sur la différence fondamentale des trois méristèmes primordiaux s'écroule, on voit disparaitre en méme temps les trois types de racines conçus par lui d’après ces différences. Il y aurait, à ce compte, si les idées de M. Schwendener venaient à prévaloir, bien d'autres modifica- tions à opérer dans les travaux d'histologie publiés dans ces derniéres années. Neue Cyperaceen, beschreiben von O. Bôückeler (Flora, 1882, n 1 et 2). Cyperus Renschii, des Comores (Hildebrandt n. 1740); C. Rudioi, du Brésil (Mart. herb. fl. brasil. n. 860); C. fucatus, de l'Afrique orientale (Hildebr. n. 2437); C. Rohlfsii, d'Abyssinie (Rohlfs et Stec- ker); C. trispicatus, du Brésil (Mart. herb. fl. brasil. n. 964); Scirpus atropurpureo-vaginatus, de lile Amsterdam (Vélain); Ficinia Ludwigii, de Cape-town (Ludwig); Fuirena Hildebrandtii, de Madagascar (Hildebr. n. 3303); Hypolytrum Soyauxi, H. Ascher- sonianum, H. scaberrimum, de l'Afrique septentrionale; Rhyncho- spora Schottmuelleri et R. Rudioi, de Rio de Janeiro; Scleria Bour- geaui, du Mexique (Bourg. n. 2740); S. hirta, du Mexique (Schaffner n. 007); S. longifolia, de Nossi-Bé (Hildebr. n. 2924); S. setuloso- ciliata, du Guatemala (Bernouilli n. 567); S. ciliolata, de Nossi-Bé (Hildebr. n. 2921); Carex Glazioviana, de Rio; C. Krullii, des iles Chatham; C. rubescens, C. Donitzii, du Japon; C. pilosiuscula , des montagnes Rocheuses (Dœnitz); C. granularis, de la vallée de Mexico (Schaffn. n. 513); C. Schmidlii, de l'ile Sachalin; C. tokioensis, du Japon (Denitz) ; Uncinia rigida, de l'ile Saint-Paul. Einige neue Cyperaceen aus der Flora von Rio de Janeiro, nebst Bemerkungen über die Sclerieen-Gattungen Cryptangium Schrad. und Lagenocarpus Nees; par M. Bæckeler (Flora, 1882, n° 22). Les nouveautés décrites dans cette note sont les suivantes : Heleocharis valida, du Brésil (Glaziou n. 13300) et de Cuba (Wright n. 709, ubi Scirpus | constrictus Wright non Griseb.); Cryptangium comatum (Glaziou n. 13314); C. arundinaceum; Scleria Glazioviana (Glaziou n. 13306). M. Bœckeler, après ces descriptions, fait connaitre que les deux genres Cryptangium et Lagenocarpus doivent étre réunis, que le 134 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. nom de Lagenocarpus Nees devrait prévaloir comme antérieur, mais que ce nom ayant été donné par Klotzsch à un genre d' Éricacées, il croit plus convenable de conserver celui de Cryptangium Schrader. Neue und kritische Laubmoose (Mousses critiques et nou- velles); par M. G. Limpricht (Flora, 1882, n° 13). L'Hypnum styriacum, n. sp., trouvé dans la région alpestre, en Syrie, par M. J. Breidler, se distingue par ses fleurs androgynes dans le groupe des Limnobium. — Le Limnobium cochlearifolium Venturi in Hedwi- gia, 1872, p. 71, est l'espéce dont la forme stérile a été nommée Hypnum Goulardi par M. Schimper (et H. Gounodii par M. Venturi, Revue bryol., 1879, p. 62, menda typographica). Cette espèce est connue du Tyrol, de la Carinthie et des Pyrénées. — Le Brachythecium Ven- turi Warnstorf in Flora, 1881, n° 34, est, d’après l'auteur, un syno- nyme du Brachythecium amænum Milde in Hedwigia, 1869, n° 4, et sans doute une forme critique du B. populeum Br. et Schimp. C'est ce qu'on verrait facilement par le texte du Bryologia silesiaca, si la remarque qui concerne le B. populeum dans cet ouvrage, au lieu d'étre placée page 335, ne se trouvait placée à la page 336, comme si elle concer- nait le B. plumosum. — Le Dicranum comptum Schimp. Syn., éd. 2, p. 97, est une forme du D. circinatum Wils. — Le Rhacomitrium papillosum Kindberg ex Warnstorf in Hedwigia, 1881, n° 11, est une forme stérile du Grimmia elatior Br. et Schimp., forme stérile déjà connue de plusieurs localités. Die Keimpflanze der Dentaria digitata Lam.; par M. A. Winkler (Flora, 1882, n° 18). M. Warming a remarqué sur le Dentaria bulbifera L.(1) que l'une des feuilles cotylédonaires devient épigée, tandis que l'autre reste hypo- gée. Il n'en est pas ainsi chez le Dentaria pinnata Lam., déjà étudié par M. Winkler (2), non plus que chez le D. digitata Lam., dont la ger- mination ressemble beaucoup à celle du D. pinnata. Chez le D. digitata méme l'axe épicotylé reste souterrain. Il ne s'allonge guère la première année. Il se borne à produire, à l'aisselle de quelques écailles latérales, des ramuscules de deuxième génération qui se chargent d'écailles analo- gues. Il n'y a point à la base de racine primaire, mais un rhizome déjà rameux qui, dès l'origine, n'a supporté que quelques radicelles ramifiées. Dans le second été, il apparait au sommet de l'axe primaire une troi- siéme et une quatriéme, sur les pieds vigoureux méme une cinquième (1) Botanisk Tidsskrift, 3° série, t. 1*, 1876, p. 84 ct suiv. (2) Voyez le Bulletin, t. xxvi (Revue), p- 189. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 135 feuille. Ce n'est que la troisiéme année que l'on observe des fleurs. Le Dentaria enneaphylla L. se comporte à peu prés de méme. Ueber die dursichtigen Punkte in den Blättern (Sur les ponctuations translucides des feuilles) ; par M. Th. Bokorny (Flora, 1882, n* 22-26). Ce mémoire a été couronné par la deuxième section de la Faculté de philosophie de Munich, qui en avait mis le sujet au concours. L'auteur a examiné un trés grand nombre de plantes appartenant aux genres sui- vants : Rajania, Dioscorea, Testudinaria, Tamus, Attaccia, Paris, Trillium, Medeola, Drymophila, Streptopus, Prosartes, Polygonatum, Convallaria, Asteranthemum, Clintonia, Majanthemum, Smilacina, Medora, Smilax et app., Ophiopogon, Flüggea, Gingko, de nom- breuses Saurinées, les genres Piper, Chavica, Peperomia, Houttuynia, Saururus, Saururopsis, Monimia, Ruizia, Kibara, Citrosma, Hedy- carya, Mollinedia, Doryphora, Laurelia, Atherosperma ; plusieurs genres de Myrsinées, de Primulacées, un grand nombre de Myrtacées, quelques Légumineuses, et en outre un certain nombre de groupes chez lesquels les glandes intérieures ont été signalées, et chez lesquels il ne les a pas trouvées, par exemple les Myricées. Les « puncta resi- nosa » de la page inférieure de leurs feuilles sont de petites écailles. Il y à aussi des « points résineux » qui ne sont pas dus à des glandes intérieures. Dans les Thymélées, l'épiderme du Gnidia involucrata con- tient deux sortes de cellules, les unes qui sont des cellules épidermiques ordinaires, les autres qui font saillie dans le parenchyme et dont la membrane intérieure est, à ce niveau, gélatinifiée. Si l'on ajoute de l'eau, cette membrane interne se dilate et parait composée de plusieurs couches. On rencontre parfois ces cellules saillantes disposées par groupes, et elles donnent tout à fait la sensation de points translucides. Chez le Callicarpa longifolia (Verbénacées), une illusion analogue est causée par de petits enfoncements de l'épiderme, au fond desquels se trouve une glande, et qui parfois correspondent entre une face et l'autre de la feuille. Dans les Combrétacées, les points blancs et transparents sont des cellules plus ou moins grosses du parenchyme en palissades occupées par des glandes cristallines; il n'y a point de matiére huileuse ou résineuse. Il en est à peu prés de méme chez beaucoup d'Euphorbiacées, des Alan- giées, quelques Méliacées et Rhamnées. Chez les Dioscorées, Smilacées, le Decumaria (Saxifragées), des Ampélidées, Balsaminées et quelques Ternstræmiacées, les points transparents sont produits par des cellules remplies de rhaphides d'oxalate de chaux. Chez les Moutabea et les Gnetum, les points transparents sont causés par des cellules spiculaires. Lorsqu'il s'y trouve une substance huileuse ou résineuse, c'est tantôt dans 136 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. les cellules (Laurinées, Monimiacées, Pipéracées, quelques Myrsinées, et aussi des plantes appartenant aux familles des Méliacées, Sapindacées, Canellacées, Anonacées et Magnoliacées); tantôt dans des lacunes (le Gingko, des Myoporinées, Myrsinées, quelques Primulacées, Samydées, Myrtacées, Légumineuses, Rutacées et Hypéricinées). L'auteur, après avoir établi cette distinction, reconnait cependant qu'elle n'est pas fondamen- tale, et que les cellules résineuses ne différent pas radicalement des lacunes résineuses quand celles-ci sont lysigénes (1); les lacunes schizo- gènes en diffèrent plus essentiellement. Il ressort de ce qui précède que l'expression de « puncta pellucida » n'a que bien peu de valeur taxino- mique; tandis qu'il est fort important pour la classification d'un genre de savoir comment sont constitués ces organes transparents. Chez les Dioscorées, les Smilacées et les Taccacées, la présence d'utricules à rhaphides est constante dans les feuilles. Celles des Laurinées sont tou- jours ponctuées par des cellules contenant de la résine ou du mucilage. L'existence de cellules remplies de résine ou d'huile essentielle est con- stante chez les Pipéracées et les Monimiacées. Les Myrsinées sont caracté- risées par des glandes intérieures remplies d'une résine brune rayonnante et cristallisée, qui manque rarement chez les Primulacées, etc. Beiträge zur Entwickelungsgeschichte einiger Ascomy- ceten (Recherches sur le développement de quelques Ascomycèles) ; par M. C. Fisch (Botanische Zeitung, 1882, n° 49-51, avec 2 planches). L'auteur a figuré le développement du Polystigma rubrum, celui du Xylaria polymorpha et celui du Claviceps purpurea. ll a serré de plus prés qu'on ne l'avait fait encore le probléme de la fécondation chez les Champignons ascosporés, en se fondant sur les résultats déjà obtenus par M. Stahl de l'étude des Collémacés (2). C'est surtout le genre Polystigma qui peut leur étre comparé. Dans cette Urédinée, M. Fisch a suivi la germination des spores, la formation d'une deutérospore de laquelle part l'utricule perforant qui traverse l'épiderme d'une feuille de Prunier, et le développement du perithecium qui, a lieu consécutivement au-dessous de cet épiderme. Dans l'intérieur de ce perithecium apparait un asco- gone, enroulé sur lui-méme et cloisonné, dont l'extrémité supérieure sort par un stomate, en revétant au niveau de ce stomate la forme d'une olive plus ou moins renflée dans son milieu. Cette extrémité est pour M. Fisch un trichogyne. Il figure d'autre part les spermaties issues des spermo- gonies. Mais il ne montre pas les spermaties attachées aux trichogynes, (1) Voyez le Bulletin, t. xxix (Revue), p. 235. (2) Voyez le Bulletin, t. xxiv (Revue), p. 102. M. Fisch ne partage pas les doutes exprimés sar l'interprétation de M. Stahl par M. Brefeld dans ses Schimmelpilze, t. 1v, pp. 140, et 158-160. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 137 comme MM. Thuret et Bornet l'ont indubitablement observé chez les Flori- dées. Hàtons-nous d'ajouter que cependant l'ascogone subit pendant la maturation du perithecium des changements qui plaident en faveur d'une fécondation. Cet ascogone se fragmente, et de ses fragments naît par germi- nation un tissu nouveau, ramifié à la base du perithecium : c'est la couche ascogène. De cette couche en effet partent les théques, qui seraient consé- cutives à une fécondation. Les faits sont moins probants chez le Xylaria. On observe bien de grandes cellules (les hypha déjà vus par M. Woronin) (1) analogues, par leur situation centrale et leur enroulement, à des fragments de l’ascogone ; on y observe le tissu ascogéne donnant naissance aux théques, mais rien ue permet de soupconner une fécondation. On n'observe non plus aucune intervention sexuelle dans les perithecium du Claviceps, chez lequel l'auteur ne parait méme pas avoir pu constater l'existence d'un ascogone. Notes on the Life-History of a Crocus, and the Classification and geographical Distribution of the Genus; par M. George Maw (The Journal of the Linnean Society, vol. xix, 1882, n° 122, pp. 348-373, avec 2 planches). Ce mémoire contient l'exposé des résultats auxquels est parvenu M. Maw en étudiant le genre Crocus, dont il prépare depuis longtemps la monographie. Il examine successivement le bulbe, les feuilles, la hampe, les spathes, le périanthe et les organes sexuels. Il s'est attaché particu- lièrement à l'étude des stigmates. Relativement à la classification, il pré- fere la méthode d'Herbert, basée sur les caractéres de la spathe basi- laire et des bulbes, à celle de M. Baker, fondée sur le degré de subdivision des stigmates. Il a déerit soixante-sept espéces, et s'étend sur leur distri- bution géographique. Il est à remarquer qu'un grand nombre de ces espéces sont localisées en des points assez bornés de la région méditer- ranéenne et de la Perse. On some undescribed and imperfectly known Indian Species of Primula and Androsace ; par M. George Watt (The Journal of the Linnean Society, 1882, vol. xx, n 123-124, pp. 1-18, avec 18 planches). Ce mémoire, rédigé à l'aide des matériaux recueillis dans le Sikkim par M. Watt, et des notes communiquées par lui, est en réalité l'œuvre de sir J. Hooker. Il comprend la description de vingt-quatre Primula et de six Androsace. Toutes ces espèces sont figurées, méme leurs variétés. (1) Voyez de Bary et Woronin, Beiträge zur Morphologie und Plesologie der Pilze, 4 série, p. 117. 138 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. La plupart d’entre elles sont nouvelles et signées de M. Watt, qui a aussi fait connaitre des espèces nommées par M. King dans l'herbier de Calcutta, mais non publiées, et éclairci des types encore mal connus de M. Klatt. Note on the Origin of Cassia lignea ; par M. W.-T. Thiselton- Dyer (The Journal of the Linnean Society, 1882, vol. xx, n” 123-124, pp. 19-24, et Pharmaceutical Journal, numéro du 20 janvier 1883). Aprés quelques mots sur le commerce dont cette drogue exportée de Chine en Europe était l'objet chez les anciens (1), M. Thiselton-Dyer traite de la plante qui la fournit. Il est aidé dans cette recherche par des docu- ments officiels fournis par le gouvernement local de l'ile de Hong-kong. M. Ch. Ford, administrateur des foréts, a été chargé de visiter en Chine les districts du Kouang-si et du Kouang-toung où est cultivé le végétal qui produit cette précieuse écorce, afin d'en tenter l'acclimatation à Hong- kong. Il a décrit ces localités dans la narration de son voyage que tran- scrit M. Thiselton-Dyer ; il en a envoyé à Kew des échantillons qui permettent d'établir ce que l'on supposait déjà sans grandes preuves à l'appui : c’est que cette écorce est bien formée par une Laurinée, le Cinna- momum Cassia de Blume. Il est probable que cette espèce n'est que cultivée en Chine, mais qu'elle est originaire d'un point plus méridional, sans doute de la Cochinchine. L'écorce, d'aprés M. Ford, n'est enlevée pour la premiére fois à un arbre de cette espèce que quand il est àgé de six ans ; l'écorcage se fait de mars à la fin de mai. Les feuilles fournissent par distillation l'huile de Cassia. Les « boutons de Cassia » sont des fruits non parvenus à leur inaturité. On the Passifloreæ of Ecuador and New-Granada collected by M. Edouard André ; par M. Maxwell T. Masters (The Journal of the Linnean Society, 1883, vol. xx, n° 125, pp. 1-25). Dans ce nouveau mémoire consacré aux résultats de l'important voyage de M. Ed. André, M. Masters se référe aux Contributions to the natural History of the Passifloraceæ, qu'il a publiées en 1871 dans les Transac- tions de la Société Linnéenne de Londres. Les Passiflorées rapportées par M. André sont au nombre de quarante environ. Ses excellents échantillons, et les notes précieuses qui les accom- . (1) L'écorce est toujours venue de l'extrême Orient, quoique la plupart des écrivains, à l'exemple de Dioscoride (I, cap. xir), laient crue originaire de l'Arabie. Le nom persan de darsini signifie « bois de Chine » (Ibn Beithàr, trad. L. Leclerc, n. 841). On trouve en sanscrit darasita, et en hindoustani dar-cheeni (Piddington, Index, p. 51), termes qui ont toute l'apparence d'étre empruntés à la langue persane. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 139 pagnaient, comme toujours, ont permis à M. Masters de faire connaître d’une manière plus précise des espèces déjà signalées, et de décrire de fort belles nouveautés, entre autres Tacsonia hederacea Masters et André, Passiflora macrophylla Mast., P. Andreana Mast., P. anfracta Mast. et André, P. lorifera M. et A., P. resticulata M. et A. Des notes additionnelles de M. Masters concernent le Passiflora stipu- lata Aublet, le P. glauca Solander et le P. alba Link et Otto, du Mexique (Linden n. 897, Galeotti n. 5664, Hahn n. 2437, Liebm. 33 et 34), de la Trinité (Fendl. 374), et de Bogota (Triana). New Passifloreæ ; par M. Maxwell T. Masters (The Journal of Botanu, février 1883). M. Masters fait connaitre dans cette note un genre nouveau de Passi- florées, Mitostemma, dont la couronne offre des modifications spécia:cs, et dont les étamines hypogynes sont complètement séparées du gyno- phore. Il comprend deux espèces, le M. Glaziovii, de, Rio (Glaz. n. 42741}, et le M. Jenmanii, de la Guyane anglaise. M. Masters décrit en outre des espèces nouvelles, savoir : Tacsonia (Eutacsonia) infundibularis, du Venezuela (Funck et Schlim n. 1381); Passiflora (Astrophea) deficiens, de la Guyane anglaise ; P. (Astrophea) platystyla, de Rio (Glaziou n. 13454) ; P. (Plectostemma) Pavonis, de la Nouvelle-Espagne (Ruiz et Pavon in herb Mus. Brit.), voisin du P. mexicana Juss.; P. (Plecto- stemma) Kalbreyeri, de la Nouvelle-Grenade (Kalbr. n. 1253); et P. (Murucuja) ianthina, de la Bolivie. The Plants of Buffalo and its vicinity; par M. David F. Day (Bulletin of the Buffalo Societu of natural Sciences, vol. 1v, n° 3, 1882, pp. 65-152). La ville de Buffalo est située presque à l'embouchure du Niagara dans le lac Erié, et doit à l’atmosphère extrémement humide qui l'entoure un climat peu variable, et des hivers moins rigoureux qu'on ne l'attendrait de la latitude du pays. Ses environs, dans un rayon de 50 milles qui donne les limites de la florule, ont une constitution minéralogique assez variée, et vers le sud, dans le comté de Cattarangus, on atteint à Salamanca l'altitude de 2250 pieds, tandis que les bords du lac nourrissent une végétation maritime, et que les marais à Sphagnum ne sont pas rares autour de Buffalo. Ces raisons expliquent la variété de la flore du pays, qui ne comprend pas moins de 1217 Phanérogames, dont un bon nombre sont considérés par l’auteur comme introduits : Ranunculus acris, Nigella damascena, Delphinium Consolida, Draba verna, Reseda alba, Saponaria officinalis, Arenaria serpyllifolia, Geranium dissectum, Medicago Lupulina, Sedum acre, Valeriana officinalis, Leucanthe- 140 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. mum vulgare, Cirsium lanceolatum, Leontodon autumnale, etc.; c'est- à-dire ou des plantes cultivées, ou des espéces européennes qui auraient été apportées avec les graines de céréales ou les graines de gazon. Le catalogue dressé avec beaucoup de soin par M. Day n'indique les localités que pour les plantes rares. Fort intéressant pour les botanistes européens qui seraient curieux de comparer la flore d'une localité sep- tentrionale de l'Amérique du Nord avec la nôtre, il. prête aux mêmes observations que nous avons déjà faites pour le catalogue des plantes de l'État de Michigan (1). Contributions to American Botany; par M. Sereno Watson (Proceedings of the American Academy of Arts and Sciences, vol. xvii, pp. 316-382). Ces Contributions renferment deux mémoires. Le premier est une Liste des plantes du Texas occidental et du Mexique septentrional, recueillies principalement par M. E. Palmer en 1879-80. La portion texienne de ce catalogue est relativement peu importante en raison de la saison oü le voyageur a herborisé. L'étude des plantes recueillies au Mexique dans les provinces de Coahuila et de Nuevo-Leon est au contraire trés importante. Les documents qu'elle introduit dans la science viennent s'ajouter à ceux que nous devons déjà aux explorations de Berlandier, de Wislizenus et de Gregg, faites dans la méme région, et à ceux qu'avaient rassemblés l'année précédente, dans la province plus méridionale de San- Luis de Potosi, M. Palmer lui-même en compagnie du D" Parry. M. Watson a introduit encore à leur place taxinomique, dans l'énumération quil nous a donnée, des plantes reçues de M. le D" W. Schaffner, et d'autres qui lui ont été envoyées par notre compatriote, M. le D" Alfred Dugés, ancien éléve de Moquin-Tandon, aujourd'hui médecin et natura- liste à Guanajuato, oü l'on sait qu'il s'occupe avec succés de zoologie. Le second mémoire de M. Watson est consacré à la flore des États-Unis, et a pour objet la description d'espéces nouvelles provenant des terri- toires de l'Ouest. Il caractérise 66 espéces, dont 47 Polypétales. Prodromus Bryologiæ argentinicæ, pars 2; auctore Carolo Müller halensi (Linnæa, t. 1x, livr. 5 et 6, pp. 341-486). La première partie de ce travail avait paru antérieurement dans le (1) Voyez le Bulletin, t. xxvin (Revue), p. 219. On trouvera encore des renseigne- ments sur la flore d'une autre province des États-Unis, l'Illinois, dans le tome v du Természetrajzi Füsétek, édité, comme on sait, par le Musée national de Hongrie. Le mémoire que nous citons ici est l'œuvre de M. Friedrich Brendel, et contient en 107 Md un catalogue de la flore des environs de Peoria, oü il habite dans le centre e l'Illinois. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 141 tome XLII du méme recueil (1). La mort inopinée de M. Lorentz, sur- venue le 6 octobre 1881, a décidé l'auteur à ne pas différer davantage la publication des récoltes de ce botaniste, dont on ne pouvait plus rien attendre. M. Müller a joint à son travail la description des trouvailles faites par M. le professeur Schnyder, de Buenos-Ayres. Tout cela lui a dônné lieu de faire connaître, par ce mémoire, non moins de 138 espèces nouvelles, et méme de deux genres nouveaux. L'Astomiopsis est à l'Asto- mum ce que le Tristichiopsis est au Tristichum, et nous pourrions ajouter ce que le Phasconica est au Phascum. Tous deux sont des genres alpins. Note pour servir à l'histoire de la formation de la houille; par M. B. Renault (Comptes rendus, séance du 20 août 1883). M. Renault a signalé autrefois (2) la structure conservée de certains fragments de jayet trouvés dans les schistes d'Autun, et celle de feuilles de Cordaites de Saint-Etienne; depuis lors il a examiné de nombreux fragments de houille recueillis, soit au milieu méme des couches exploi- tées, soit autour du moule interne de troncs variés, et dans presque tous les cas il a constaté que la structure était conservée. Le nombre de ces troncs dépasse deux cents, tous relevés et cotés avec soin par M. Fayol, directeur des houilléres de Commentry. Les uns sont couchés horizonta- lement, les autres sont debout ; tous possèdent une enveloppe de houille noire, brillante, se comportant avec les réactifs comme de la houille ordinaire. Quelle que soit leur position, ils sont cimentés par un grés fin non imprégné de houille ni de bitume, qui les sépare. La houille qui les recouvre ne peut donc provenir d'une infiltration quelconque, mais résulte de la transformation méme des tissus végétaux. Le boiset l'écorce de ces troncs ont conservé la plupart de leurs éléments caractéristiques, ce qui a permis à M. Renault de les comparer à des fragments analogues qu'on rencontre à l'état silicifié dans les gisements d'Autun et de Saint- Etienne. Il est résulté de cette comparaison que les éléments convertis en houille ont diminué sur toutes leurs dimensions. Les trachéides se pré- sentent serrées les unes contre les autres. Sous la pression lente, mais continue, des terrains d'alentour, les parois latérales, celles qui portaient les ornements rayés, sont venues au contact. La dimension en longueur a diminué également ; on s'en rend compte en comparant le nombre des ornements rayés sur une partie silicifiée et sur une partie transformée en houille. (1) Voyez le Bulletin, t. xxvit (Revue), p. 178. (2) Cours de botanique fossile, 1880, pp. 15 et 89. 142 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Agricultural, botanical and chemical Results of experiments on the mixed herbage of permanent Meadows, conducted for more than twenty years in succession on the same land (Résultats agricoles, botaniques et chimiques d'expériences poursuivies pendant plus de vingt ans sur le méme sol, relativement à la composition des prairies permanentes) ; par sir John Bennet Lawes, J.-H. Gilbert et Maxwell T. Masters. Part it. The botanical Results (extrait des Philosophical Transactions of the Royal Society, part 1v, 1882); tirage à part en un volume in-4° de pp. 1181-1413. Tout le monde agricole connait les expériences poursuivies depuis plus de vingt ans à Rothamsted sous l'intelligente et persévérante direction de sir J. Lawes, et dont il a été fréquemment publié des comptes rendus annuels. Mais on n'avait pas encoresous les yeux l'ensemble des documents compris dans cette vaste publication, dont la partie agricole a paru déjà dans la première partie des Philosophical Transactions pour 1880 (1). Il ne s'agit ici, il est vrai, que de la constitution des prairies fixes, el seule- ment sous les points de vue qui sont de préférence ceux du botaniste, savoir : la nature du tapis végétal spontané , l'antagonisme réel ou supposé des espéces, l'étude des moyens par lesquels elles assurent leur durée dans la lutte pour l'existence ; l'absence ou la prédominance de certaines d'entre elles; enfin la valeur agricole de chaque espéce de Graminée ou de Légumineuse entrant dans la constitution de chaque prairie natu- relle (2), et l'influence que chacun des principaux engrais exerce sur sa croissance. On a méme consacré un paragraphe spécial à chacune des espèces sauvages qui tendent à s'introduire dans les champs cultivés (3), surtout pour en apprécier le degré de nocuité. (1) On aura sous les yeux un précis de l'histoire de l'établissement fondé à Rothamsted dans une publication datée de juin 1883 et intitulée : Memoranda of the Origin, Plan and Results of the Field and other Experiments, conducted on the Farm and in the Laboratory of Sir John Bennet Lawes at Rothamsted. On y lira, entre autres détails, que cet agronome a mis depuis longtemps en réserve une somme de 2,500,000 francs qui doit être léguée, conjointement avec une certaine étendue de terrain, pour la continuation de ses expériences aprés sa mort. (2) Une de ces espèces est l'Anthyllis Vulneraria, d'une grande rusticité, puisqu'elle croit jusqu'au voisinage des glaciers. Sa culture, depuis longtemps pratiquée en Angle- terre, a été introduite dans nos départements de l'Ouest aprés la guerre de 1870-71, par les Anglais, qui sont venus à l'aide des paysans francais ruinés par l'invasion. C'est l'un des résultats du Peasant Farmers Relief’s Fund, erganisé au lendemain de nos désastres par la puissante initiative de M. Drouyn de Lhuys et la générosité des grands pro- priétaires anglais. (3) L'un des ennemis les plus acharnés des cultures de Légumineuses est, on le sait, l'Orobanche ; mais ce qu'on sait moins, c'est que quand on fait manger aux animaux, en vert, une coupe de Tréfle mélangée d'Orobanches, on leur occasionne de trés fortes coliques (Annales agronomiques, décembre 1882, p. 504). REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 143 NOUVELLES. (10 octobre 1883.) — La Société a fait récemment une perte bien douloureuse dans la personne de M. Joseph Duval-Jouve, membre correspondant de l'Aca- démie des sciences pour la section de botanique, inspecteur honoraire d'académie, décédé à Montpellier le 25 aoüt dernier, dans sa soixante- quatorziéme année. Les travaux de M. Duval-Jouve sur la structure des Cryptogames vasculaires et notamment deleur prothalle, ses délicates études d'histologie, poursuivies principalement sur des Graminées et des Cypéracées, qui lui permettaient de faire entrer les caractéres anatomi- ques dans la diagnose de l'espéce, sont connus de tous les botanistes. — On apprendra avec un vif regret la mort de M. le D" Ch. Gaillardot, ancien médecin sanitaire de France en Égypte, ancien directeur de l’École de médecine du Caire, à qui l'on doit des collections importantes d'Égypte et de Syrie. M. Gaillardot a suecombé le 16 août à Baudoun, près Beyrouth, à la cruelle maladie dont il souffrait depuis quatre ans. Il était né à Lunéville en 1804. — M. N.-A. Pedicino, directeur du jardin botanique de l'université à Rome, est décédé le 2 aoüt dernier. — Notre honorable confrère M. le D" Bras, ancien membre du conseil général de l'Aveyron, auquel on doitle Catalogue des plantes vasculaires de ce département, est décédé le 2 septembre dernier. — Le conseil général des Vosges a voté, dans sa session d'avril, une somme de 8000 francs pour une deuxième édition de la Statistique géné- rale du département. On sait que dans la premiére édition, qui date de 1845, la partie botanique avait été écrite par J.-B. Mougeot (1). Il est vivement à désirer que M. le D" A. Mougeot accorde son concours à cette deuxiéme édition, et la fasse profiter des connaissances dont les collec- tions de son pére et les siennes se sont incessamment accrues depuis celte époque. — Les éditeurs du Botanical Magazine viennent de publier une Table générale des matiéres comprenant tous les volumes de ce recueil à partir de sa fondation. — Un abonné de la Revue horticole, M. Victor Guyon, jardinier au (I) Voyez le Bulletin, t. v, pp. 496 et 562. 144 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. chàteau de Brain, par Decize (Niévre), vient de signaler dans ce recueil un fait curieux. Des chévres ont été gravement malades, et l'une d'elles est morte, pour avoir mangé des graines de Kalmia latifolia. La rédaction de la Hevue horticole rapproche avec raison ce fait des accidents produits par le Rhododendrum ponticum. — L'herbier dépendant de la succession de M. Jules Bonhomme, à Millau (Aveyron), est en vente. Cet herbier comprend environ 4000 espéces francaises, et en outre 8 cartons de Cryptogames trés bien pré- parés etconservés. — S'adresserpour renseignements à M. Ivolas, membre de la Société botanique de France, à Millau. — Une lettre récente de M. Sacc (Comptes rendus, séance du 16 juil- let) nous apprend que depuis dix ansles meilleures espéces de Quinquinas sont cultivées sur une large échelle en Bolivie; et que dans la zone cin- chonifére on les sème par millions dans des pépinières où les cultivateurs viennent les chercher pour les repiquer à demeure. M. Sacc donne, par province, le relevé exact des Quinquinas qui ont été plantés. Il ajoute que les arbres sont en plein rapport à l'àge de dix à quinze ans. — Les graines de l'Abrus precatorius sont employées au Brésil, prin- cipalement dans les provinces de Ceara et de Piauhy, contre les inflam- mations de la conjonctive et de la cornée. Ces graines sont traitées par l'eau bouillante pendant quelques heures, aprés quoi on les laisse digé- ver dans l'eau froide pendant trois ou quatre jours, puis on les réduit en poudre, et cette poudre est mise à macérer dans l'eau pendant vingt- quatre heures. Cette eau, ayant été filtrée, est instillée dans les yeux. Elle est extrémement active et peut causer des accidents si l'on en use incon- sidérément. Plusieurs médecins brésiliens ont écrit sur le Jequirity, nom vulgaire de l’Abrus au Brésil. Un de nos oculistes les plus distingués, M. de Wecker, a reconnu dans l'inflammation substitutive que détermine l'emploi de cette poudre un moyen de détruire les granulations de la conjonctive (1). (1) Voyez, pour le renvoi aux mémoires originaux, le Pharmaceutical Journal, numéro du 7 juillet 1883, et aussi la note de M. de Wecker imprimée aux Comptes rendus, séance du 14 mai 1883. Le Rédacteur de la Revue, Dr EUGÈNE FOURNIER. L> Secrétaire général de la Société, gérant du Bulletin, AD. CHATIN. Imprimeries réunies, A, rue Mignon, 2, Paris. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE .(SEPTEMBRE-OCT@BRE 1883 ) N. B. — On peut se procurer les ouvrages analysés dans cette Revue chez M. Savy, libraire de la Société botanique de France, boulevard Saint-Germain, 77, à Paris, Versuch einer Entwicklungsgeschichte der Pflanzenwelt, insbesondere der Florengebiete seit der Terliárperiode (Essai d’une histoire du développement du règne végétal, en particulier des régions florales depuis la période tertiaire); par M. Ad. Engler. 2 vol. in-8°, publiés, le premier en 1879, le deuxiéme en 1882. C'est toujours une grande difficulté pour cette Revue, dont le cadre est si étroit, de rendre compte d'un ouvrage important, dont il faudrait à la fois faire connaitre le plan et indiquer les principaux détails. Le plan de M. Engler est de suivre par régions l'étude des flores différentes, en dis- cutant, chemin faisant, les théories que le sujet souléve. Dans sa seconde partie (1), il examine ce qu'on peut connaitre par conjecture sur l'his- toire des végétaux dans les régions tropicales et dans l'hémisphére austral. Il termine par un chapitre de conclusions, auquel nous ferons quelques emprunts, d'aprés la traduction que M. Alph. de Candolle en a publiée dans les Archives des sciences physiques et naturelles, cahier de décembre 1882. M. Engler rappelle que les races sont aussi constantes que les espéces, et que c'est toujours dans les régions où un genre abonde en espèces que ces espéces présentent un plus grand nombre de variétés (les Hieracium des Alpes, les Saxifraga des Pyrénées, les Salvia du Mexique, les Pelar- gonium du Cap, les Astragalus de la Perse, les Saules de la région arctique, les Rhododendrons de l'Himalaya, etc.). Ce que nous nommons variétés, ce sont tout simplement de nouvelles formes, produites et con- servées par des conditions exceptionnellement favorables, qui ne sont pas encore séparées des formes anciennes par des caractères aussi tranchés que le sont entre elles les espéces. Ces conditions exceptionnellement favorables, réalisées artificiellement pour les plantes cultivées, permettent d'en mieux conserver les races parfois innombrables. (1) Voyez cette Revue, t. xxvii, p. 122. (REVUE) 10 446 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Engler admet que la variation remonte plus haut que dans les cas où, selon les auteurs, les formes ambigües sont rattachées à un type unique ou à des types spécifiquement différents. « Il peut se former dans l'en- » veloppe florale des modifications qui favoriseraient l'attraction des » insectes vivant dans une nouvelle aire occupée par la plante. Il peut » aussi se produire un changement dans la conformation de la corolle, de » telle sorte que nous attribuerions la plante à un nouveau genre, surtout » lorsque la forme primitive aurait disparu. Il peut en outre se produire » une modification dans le nombre et la position des ovules qui nous pa- » raisse suffisante pour permettre de fonder sur ce caractére un nouveau » genre. Il peut se produire des variations dans la conformation du fruit. » Les conditions locales peuvent aussi étre telles que l'embryon se trans- » forme rapidement en graine et assimile l'albumen avant la germination, » de sorte que les graines ne contiennent plus d'albumen, tandis qu'elles » en avaient peut-être à l'origine... » — « Il est clair que dans des groupes ə de formes comme les Crucifères, les Ombellifères, les Papilionacées, les » Composées, les Orchidées, chez lesquels la conformation des fleurs et » des fruits présente une grande uniformité, des formes de contrées res- » pectivement éloignées, mais d'origine différente, peuvent étre tellement » semblables entre elles, quant aux caractéres employés pour la distinc- » lion des genres, que les botanistes les attribuent au méme genre. C'est » dire qu'un grand nombre des genres distingués par eux peuvent bien » être polyphylétiques. Tl est aussi parfaitement possible que ce cas se » présente pour quelques familles, et c'est justement la tàche de la classi- » fication scientifique d'éclaireir le système de pareils genres polyphylé- » tiques par les recherches les plus étendues. Sans doute le point de vue » des bolanistes différents peut aussi varier à ce sujet. Le botaniste pra- » tique préférera laisser subsister les genres polyphylétiques, parce qu'en » admettant les genres monophylétiques on arrive à trop multiplier les » genres; il peut aussi dire que pour lui l'idée de genre est tout aussi » relative que l'idée d'espéce, et que les différentes branches qui sont » réunies dans un genre polyphylétique ont cependant eu une fois une » origine commune. Par contre, le botaniste théoricien s'efforcera tou- » jours de séparer de son genre les rameaux qui appartiennent jusqu'à un » certain point à une autre branche... Dans beaucoup de cas, les recher- » ches de géographie bolanique pourront éclaircir le sujet en montrant » des lignes convergentes dans le développement des groupes de formes, » lesquelles lignes se rencontrent du reste assez fréquemment. D’après » ces considérations, je n'hésite pas maintenant à me déclarer partisan de » la théorie de l'unité de l'origine d'un genre, mais seulement pour les » genres naturels. » En continuant les considérations générales, M. Engler étudie l'influence REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 147 de l'humidité, des moyens de propagation ; il admet pour chaque genre ou espèce une vitalité plus ou moins grande. La vitalité consiste surtout dans la faculté de produire des descendants susceptibles de variation, c'est-à-dire d'adaptation, et par conséquent bien pourvus dans la lutte pour l'existence. Aprés l'examen des différentes flores et le résumé des conditions qui influent sur la distribution des végétaux, l'auteur trace une division du globe par régions que M. de Candolle préfére à toutes celles qu'on a pro- posées jusqu'à présent. M. Engler part de l'idée qu'à l'époque tertiaire il existait déjà quatre grandes régions végétales distinctes, qu'il nomme : 1° arctique ; 2° paléotropique (tropicale de l'ancien monde); 3° néotro- pique, et 4° altocéanique (australe extratropicale). De là les divisions plus nombreuses de notre époque, lesquelles se subdivisent elles-mêmes. Ce sont les « royaumes, provinces, zones et cercles », dont on ne pourrait bien saisir la délimitation qu’en ayant sous les yeux la carte géographique qui termine le second volume de l'ouvrage. Revue critique de la bibliographie botanique locale ; par M. l'abbé Barbiche (extrait du xv* Bulletin de la Société d'histoire naturelle de Metz) ; tirage à part en brochure in-8° de 35 pages. Aprés avoir critiqué comme ils le méritent, et comme ils l'ont été déjà plus d'une fois, les livres de M. Waldner et de M. Bossler sur la flore de l'Alsace-Lorraine, M. l'abbé Barbiche trace la bibliographie de la flore messine à partir du livre de L. Hanin (1806). On y remarque l'analyse des communications de botanique présentées à la Société d'histoire natu- relle par MM. Kremer, Lasaulce, Holandre et Terquem ; l'auteur a encore l’occasion de citer la Florule de l'arrondissement de Thionville, publiée par lui en 1870 et que nous n'avons pas connue, les Observations sur le genre Viola (1876), de M. F. de Saulcy, et l'Essai monographique sur les Roses du bassin de la Moselle, par M. le docteur Humbert. M. Darbiche insiste avec raison sur la nécessité de réviser la flore de Metz dont cer- taines localités ont subi de si grandes modifications (1). Herborisations faites nux environs de Longuyon ; par M. l'abbé Barbiche (extrait du xv* Bulletin de la Société d'histoire naturelle de Metz) ; tirage à part en broch. in-8° de 16 pages. Ces herborisations ont été faites aux environs de Pierrepont et de Lon- guyon. Dans la première de ces deux localités, le Phyteuma orbiculare, (1) Nous ajouterons aux indications données par M. Barbiche que pour une certaine période de la botanique messine, les plus amples renseignements se trouvent dans l'her- bier de feu M. le D' A. Warion, qui appartient aujourd'hui à notre excellent secrétaire M. Joseph Vallot. 148 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. l'Ornithogalum sulfureum, le Stellaria glauca, ont récompensé le zèle du botaniste. La seconde, qui s’élève jusqu’à 320 mètres, appartient à un plateau calcaire qui offre Actea spicata, Rumex scutatus, Allium ursi- num, Ornithogalum sulfureum, Cephalanthera pallens, etc. Matériaux pour la flore de l'Allier; plantes nouvelles et loca- lités d'espèces intéressantes non encore signalées dans l'arrondisse- ment de Gannat; par MM. l'abbé Berthoumieu et Ch. Bourgougnon (extrait du Bulletin de l'Emulation de l Allier); tirage à part en bro- chure in-8° de 21 pages. Moulins, impr. C. Desrosiers, 1883. L'arrondissement de Gannat contient à la fois des terrains métamor- phiques et des dépôts lacustres, terrains sillonnés par deux grandes val- lées, celles de la Sioule et de la Bouble. Le point culminant de l'arron- dissement est le signal de la Bosse, à la hauteur de 773 mètres. Dans cette contrée entièrement granitique, où s'étendent de vastes forêts de Chênes et méme de Hétres, on rencontre de plus quelques bonnes tourbières. L'altitude des montagnes d'Auvergne, d’où découlent les rivières, donne au département de l’Allier quelques plantes qu'on est surpris de rencon- trer aussi bas : Geranium phœum, Knautia silvatica, Sempervivum arachnoideum, Lilium Martagon, Doronicum austriacum, Festuca spadicea. Le terrain de micaschiste offre en outre: Umbilicus pendulinus, Silene Armeria, Lychnis Viscaria, Isopyrum thalictroides, Scilla bi- folia, Asplenium Breynii, Lepidium Smithii, Sedum maximum, Pha- langium Liliago, etc.; tandis que sur les coteaux calcaires on peut citer : Thalictrum montanum, Th. minus, Peucedanum alsaticum, Lonicera etrusca, Salvia Æthiopis, Pyrethrum corymbosum, Chrysocoma Lino- syris, Aster Amellus, Verbascum montanum, etc. Les herborisations de MM. Berthoumieu et Bourgougnon, auxquelles s’est joint le vénérable M. Migout, ont d'ailleurs enrichi la flore de Allier des espèces suivantes : Vicia purpurascens DC., Carduus crispus L., Veronica anagalloides Guss., Polycnemum arvense L., Potamogeton pectinatus L., Carex dwisa Huds., C. Hornschuchiana Hoppe, et Poly- pogon monspeliensis, ce dernier apporté par les sables de l'Allier. Florule de Marche-les-Dames; par M. André De Vos. In-8° de 26 pages. Gand, impr. C. Annoot-Braeckmann, 1883. Le village de Marche-les-Dames forme la première station du chemin de fer de Namur à Liége. On y trouve, dans les roches qui surplombent la Meuse, le terrain anthracifère du Condroz, du zinc, du plomb, de la do- lomie, des pyrites : localité extrêmement variée, parcourue par plusieurs botanistes, entre autres par feu l'abbé Bellynck. Le résultat de leurs recherches a été consigné par ce dernier dans la Flore de Namur REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 149 en 1855. M. De Vos et M. F.-J. Simon, instituteur à Vezin, ont continué l’œuvre de leurs devanciers. Le catalogue dressé par M. De Vos résume l’ensemble des recherches faites dans ce petit et riant coin de terre où il a passé son enfance et qu’il a toujours revu avec prédilection. Quelques mots sur la flore des monts Euganéens; par M. J. Camus (Feuille des jeunes naturalistes, numéro du 1* juil- let 1883). M. Camus conseille à tous les botanistes qui voyagent en Italie, surtout au mois de mai, de s'arréter à Padoue pour faire une excursion aux monts Euganéens auxquels est adossé le petit village d'Arquà. Ces monts sont des collines dont la plus haute, le Venda, ne dépasse pas 986 mètres. Le terrain, volcanique et tertiaire, y est trés mélangé. La plus grande rareté est l'Haplophyllum patavinum Juss., qu'accom- pagnent Sideritis montana, Delphinium peregrinum et Orobanche Picridis. Le trait caractéristique de la flore est la variété. « Par suite de » leur situation au milieu d'une plaine très basse, s'étendant au sud et à » l'ouest jusqu'aux Apennins, et bornée au nord par les Alpes, à l'est par » les lagunes, les collines euganéennes forment une sorte d'écran sur » lequel viennent se déposer les germes de plantes d'origine fort diverse. » Ainsi on en rencontre qui appartiennent à la flore alpine, telles que » Trifolium alpestre, Carea gynobasis, Genista pilosa, Geranium » macrorrhizum, Asplenium septentrionale, Leucanthemum maxi- » mum, Centaurea montana, ete.; d'autres à la flore maritime, par » exemple : Crithmum maritimum, Linum maritimum, Sonchus mari- » timus, Atriplex littoralis, Juncus maritimus, Lagurus ovatus, »Polypogon monspeliensis, etc. ; d'autres enfin provenant de contrées » souvent fort éloignées de la Vénétie, corame c'est le cas pour les espéces » suivantes : Grammitis leptophylla, Asplenium lanceolatum, Trifo- » lium Bocconi, Orobanche speciosa, ete. » Il est intéressant de rap- procher ces considérations de ce que nous apprennent la géologie et l'archéologie sur ces contrées, qui étaient placées sous les eaux à l'époque où les habitants de l'Italie septentrionale habitaient sur pilotis. Sans doute les monts Euganéens formaient une ile au milieu d'un territoire inondé, et dés cette époque qui précéde immédiatement l'époque histo- rique, les courants descendus des Alpes, ou provenant de collines relati- vement voisines, ont pu peupler leur rivage d'espéces qui en sont aujour- d'hui bien distantes. Des Kolas africains; par M. Éd. Heckel (Bulletin de la Société de géographie de Marseille, n° 4-5-6, avril-mai-juin 1883, pp. 105-127, avec une planche coloriée). Nous avons déjà fait connaître ici (t. xxix, p. 29) les premières re- 150 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cherches de M. Heckel sur la noix de Kola. En les continuant grâce à de nouveaux envois et renseignements, il s'est apercu qu'il avait été partiel- lement induit en erreur. Le Kola femelle, ou Kola vrai, est bien, comme il l'avait dit, four ni par le Sterculia acuminata et par quelques autres espèces du même genre. Mais le Kola mále, ou faux-Kola, estle méme que le Kola-bitter ; il est fourni (comme l'avait soupçonné M. Oliver) par un arbre de la famille des Guttiféres auquel M. Heckel donne le nom de Garcinia Kola. Il n'en peut décrire que le port, les feuilles, le fruit et les graines. Par ses caractéres connus, ce végétal se rapproche beaucoup du Garcinia Morella, lequel est exclusivement asiatique. Les graines du Kola mále sont employées comme celles du vrai Kola, bien qu'elles ne contiennent ni caféine ni théobromine. M. Vohsen, représentant à Sierra- Leone de la maison Verminck de Marseille, a informé M. Heckel que c'es un reméde (rés précieux contre les rhumes de toute nature, plus fré- quents qu'on ne le croirait dans ces pays brülés par le soleil. Il suffirait, pour s'en débarrasser, de mâcher cinq ou six de ces semences en six heures. Développement et structure de Bégonias tubéreux à Fétat jeune; par M. Henri Duchartre (Comptes rendus, séance du 9 juillet 1883). M. Henri Duchartre a examiné sur divers Begonia appartenant au sous- genre Lemoinea : 1° les développements qui conduisent à la formation du tubercule; 2° la structure anatomique de l'axe avant la formation de ce méme tubercule. L'identité des faits observés chez ces diverses espéces permet de les supposer applicables au sous-genre tout entier. L'axe de la plantule, avant la formation du tubercule offre, jusqu'au ni- veau des cotylédons une structure réduite aux éléments les plus simples. Le tégument n'a pas de stomates et ne se distingue sur le pivot que par les dimensions plus faibles de ses éléments et par la présence de poils radicaux assez variables, à développement basifuge. Le pivot n'a pas la moindre trace d'une piléorrhize. L'écorce primaire forme la majeure par- tie de l'axe; elle ne se distingue guère, dans l’entrenœud hypocotylé, que par la faculté de développer de la chlorophylle. Son assise la plus interne forme un endoderme. Reste un étroit cylindre central qui comprend seu- lement deux vaisseaux annelés, séparés en un point par une moelle formée de quelques cellules allongées ; chacun d'eux représente un faisceau vas- culaire de racines réduit à un seul élément; en croix avec eux sont deux faisceaux libériens composés d'un trés petit nombre de cellules camb:- formes. D'autres cellules semblables forment sous l'endoderme une mem- brane rhizogéne. Les caractéres radicaux et la simplicité de cette struc- ture sont attribués par l'auteur à ce que l'axe reste enterré jusqu'à une REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 151 hauteur assez considérable, et à ce que les Bégonias en question se développent dans le terreau humide. Le début de la formation du tubercule varie, selon la vigueur des indi- vidus, depuis le moment où la première feuille se déploie (cas habituel) jusqu'à celui où la troisième apparaît à l'extérieur. A la germination, on voit la partie radicale de la jeune plante s’accroître en diamètre sans presque s'allonger, de manière à former dans son ensemble, à la base de la plantule, un renflement à peu prés sphérique ou méme aplati, dont la surface inférieure se reléve ensuite dans sa partie médiane, d'abord en un mamelon conique, puis en un cylindre allongé. Le tubercule est formé par la partie supérieure de l’entrenœud hypocotylé; il est d'abord piri- forme, lerenflement en haut ; puis il devient plus ou moins réguliérement sphérique, et enfin revêt sa forme définitive. Il se garnit en méme temps de racines qui sont bientót seules chargées de le nourrir, par suite de la destruction de toutes les parties de la plante situées au-dessous de lui. De l'action du froid sur les végétaux pendant l'hiver 1879-80, ses effets dans les jardins, les pépinières, les pares, les forêts .et les vignes, avec la nomenclature des arbres et des arbustes qui ont succombé ou résisté à la gelée; par M. Baltet (exirait du tome cxxvii des Mémoires de la Société nationale d'agriculture de France); tirage à part en un vol. in-8° de 340 pages. Paris, G. Masson, 1882. Nous avons déjà eu souvent l'occasion de citer ici des travaux inspirés par les effets du grand hiver, mais aucun qui ait eu un caractére aussi général que celui-ci, dont l'auteur a obtenu une médaille d'or de la Société d'agriculture. M. Baltet, en effet, ne s'est pas contenté des docu- ments locaux qu'il avait recueillis dans le département de l'Aube, où le canton de Louvigny a souffert jusqu'à 35 degrés de froid ; il a résumé les principaux témoignages formulés par M. Prillieux (1), par M. Duchartre (2) et par les différents observateurs des départements (3). Il a examiné succes- sivement la situation des végétaux devant la persistance du froid, le róle de la neige pendant la gelée, l'action du soleil sur les végétaux déjà com- promis par le froid, et la détérioration de leurs tissus. Ensuite il étudie les effets de la gelée sur les arbres, les arbrisseaux et les arbustes de pleine terre, spontanés ou cultivés en France ; ils sont distribués par ordre alphabétique de nom commun sans préjudice des indications techni- ques utiles, et chacun d'eux est l'objet d'une notice spéciale indiquant (4) Voyez le Bulletin, t. xxvii (Revue), p. 233. 2) Journal de la Société centrale d'horticulture, 1880, p. 678, et 1881, p. 89. (3) Voyez le Bulletin, t. xxvii (Revue), p. 41. 152 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. comment il s'est comporté dans sa résistance au froid. Viennent ensuite des observations météorologiques. On extrairait facilement du livre de M. Baltet une foule de renseigne- ments intéressants. Nous citons au hasard. Dans certains jardins les végé- taux qui avaient échappé au froid ont fleuri et fructifié davantage. A Gand, des rameaux encore verts, mais raides, coupés sur des Aucuba et des Rhododendron au moment des plus fortes gelées, furent utilisés avec succés au bouturage, tandis que les souches-méres noircirent et mouru- rent avant méme que les boutures fussent enracinées. Les mémes espéces ont eu des variétés résistantes et d'autres sensibles au froid. Au Bois de Boulogne, les Coniféres exotiques n'ont été conservés que sur une butte bordant le bassin où s'épanche l'eau du puits artésien à sa sorlie, à plus de 20 degrés de chaleur. Dans la Sologne, le Pin maritime n'a résisté qu'au domaine de Lacour, où l'altitude est de 240 à 256 mètres. Dans la majeure partie des genres, la décomposition des tissus atteints par le froid a provoqué le développement de Cryptogames peu connus, rares ou inédits, etc. L'Erborista italiano : clave analitica per aiutare a trovare solleci- tamente il nome delle piante che nascono selvatiche in Italia; par M. Th. Caruel. In-12 de 162 pages. Pisa, typogr. T. Nistri, 1883. — Prix : 2 francs. M. Caruel trace d’abord le tableau général de la classification qu’il a adoptée, et qu’il a exposée avec développements dans ses Pensieri sulla tassinomia. Il donne ensuite la clef des ordres, puis celle des familles, puis celle des genres. Une fois le genre trouvé, un système de numéro- tage renvoie le lecteur aux ouvrages plus détaillés concernant la flore italienne où il trouvera la description du genre et des espèces. Nous recommandons vivement ce petit livre de M. Caruel à ceux de nos confrères qui sont déjà familiarisés avec la végétation française ; ils y trouveront l’abrégé d’un système de classification nouveau dans quelques parties et dont il faut tenir compte. Il s’en faut bien que tout soit réglé encore dans la disposition relative des familles et dans la constitution des classes. Metamorphogenese des Ovulums von Aquilegia; par M. Ferd. Pax (Flora, 1882, n» 90). M. Pax a décrit avec détail la virescence des carpelles chez l Aquilegia vulgaris el PA. formosa, avec des considérations spéciales sur l'origine de l'ovule. Il arrive à ia méme conclusion que MM. Ad. Brongniart et Celakovsky, à savoir, que les deux téguments de l'ovule constituent une foliole sur le côté supérieur de laquelle le nucelle équivaut à un blas- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 453 tème secondaire. Il regarde comme évidente l'identité de cette foliole et de la pinnule d'une fronde fertile de Fougére. On a collection of Exotic Lichens made in Eastern Asia by the late D" A.-C. Maingay; par MM. W. Nylander et James M. Crombie (The Journal of the Linnean Society, 1883, vol. xx, n° 125, pp. 48-68). Ces Lichens proviennent partie du Burmah, partie de Malacca, partie des environs de Chang-Hai, partie du Japon. Ils ont été acquis par sir J. Hooker aprés le décés du D' Maingay. Le mémoire des éminents liché- nographes qui les ont examinés offre un double intérêt, des notions acquises sur la distribution d'espéces déjà connues, et la description d'espéces nouvelles, en assez grand nombre. Sur les fonctions des substances résineuses; par M. H. de Vries (Archives néerlandaises des sciences exactes et naturelles, 1882, pp. 99-82). Il est généralement admis que les substances résineuses produites par les Cruciféres sont des résultats de la désorganisation des tissus et des matières excrémentitielles. M. de Vries combat cette opinion, surtout par des raisonnements. La térébenthine est un produit trés riche en carbone, dont la production absorbe une quantité relativement considérable de substances préalablement assimilées, du glycose spécialement, dont elle dérive probablement par une longue série de transformations chimiques ; il n'y a là rien d'analogue à l’excrétion de la gomme des Amygdalées. M. de Vries a examiné, d'une manière générale, la formation de résine, de gomme et de latex dans le régne végétal. Comme ces substances font défaut dans plusieurs groupes importants, leurs fonctions sont évidem- ment en rapport avec des circonstances spéciales. Ce qui indique que ces substances ont des fonctions analogues malgré leur variété, c'est qu'elles se remplacent l'une l'autre dans certaines plantes ou certains groupes de plantes. Tant qu'elles demeurent dans leurs réservoirs, elles sont complétement inactives; elles y sont méme soumises à une certaine pression qui en améne l'écoulement quand ce réservoir est entamé. Toutes ces substances, produites par le durcissement du latex et d'autres fluides résineux au contact de l'air, telles que la résine, le caoutchouc, la cire, etc., sont admirablement aptes à protéger les blessures contre les agents extérieurs et aussi; contre les moisissures. En quittant leur ré- servoir, elles se dissocient en deux éléments : un liquide d'une grande fluidité, et une substance d'une grande densité auparavant dissoute dans le premier, comme la résine dans la térébenthine chez les Coniféres. Chez certains végétaux inférieurs, le seul procédé que la nature ait à sa disposition pour préserver les tissus endommagés, c'est la mort des 154 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cellules lésées qui forment alors une enveloppe morte et protectrice aux tissus sains. La résine, au contraire, chez des plantes d'une organisation plus élevée, donne un vernis qui recouvre les parties lésées, et leur forme comme une « écorce traumatique ». Ueber Photoepinastie der Blätter; par M. W. Detmer (Bota- nische Zeitung, 1882, n° 46). L'objet de cette note est d'insister sur une différence physiologique assez inattendue. Les feuilles ressentiraient de facon opposée l'influence de la lumiére selon le résultat qu'elles en attendent. Les effets de nutation ou d'héliotropisme, que les Allemands appellent épinastie, seraient in- dépendants du verdissement de la feuille et ne se produiraient pas en méme temps (1). Par exemple, de courtes périodes d'insolation, entre- mélées de périodes d'obscurité, suffiraient pour incurver les feuilles étiolées vers la lumière mais sans les faire verdir, tandis que l'exposition prolongée à une lumiére, diffuse aménerait le verdissement sans l'épi- nastie. Ueber die Antheridienstænde von Polytrichum (De l'in- florescence måle des Polytrichum); par M. K. Goebel (Flora, 1882, n? 21, avec une planche). Il s'agit ici de la prolification, assez fréquente chez les Polytrics, qui traverse par le milieu le groupe des anthéridies en continuant l'axe qui les porte. On sait que M. Leitgeb a regardé comme une règle générale (déduite de l'examen du Fontinalis) que la premiére anthéridie sort de la cellule apieale et termine l'axe primaire (2). M. Goebel conteste la géné- ralité de cette règle. Chez les Polytrichum, dit-il, tout au contraire on peut retrouver au milieu des organes sexuels la large cellule apicale de l'axe primaire, et par conséquent il est impossible que la premiére anthé- ridie en provienne. Il n'y a pas d'anthéridie qui occupe la situation d'une feuille; au contraire, on voit de chaque segment supportant une feuille naitre au-dessous de cette feuille un groupe d'anthéridies; ces groupes sont superposés sur deux ou trois verticilles différents. Au milieu de chacun d'eux se trouve un grand nombre de paraphyses qui contribuent, avec les feuilles légèrement modifiées, à l'enclore. Quant áu sommet organique de la tige, dont chaque segment produit une feuille, d'abord saillant, il s'arréte ensuite dans son développement, et quand les anthé- ridies sont müres, ce sommet se trouve situé dans une dépression cupu- (1) Voyez une note de M. J. Wortmannn dans le Botanische Zeitung, n° 52 de 1882. (2) Entwickelung der Antheridien bei Fontinalis antipyretica, in Sitsungsberichte der K. K. Akademie der Wissenschaften zu Wien, 1868. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 455 liforme. Pour le développement de chaque anthéridie en particulier, il concorde avec celui des anthéridies du Fontinalis. Il résulte de ces observations (et de bien d’autres faits déjà connus) que ce n’est pas le lieu d’origine d’un organe qui en détermine la valeur morphologique. M. Leitgeb a répondu à M. Gobel dans le n° 30 du Flora de la méme année. On trouvera dans le Botanische Zeitung du 12 janvier 1883 une nouvelle critique de M. Goebel. Ueber den systematischen Werth der Pollenbeschaf- fenheit bei den Acanthaceen (De la valeur systématique de la constitution du pollen chez les Acanthacées); par M. L. Radlkofer (extrait des Sitzungsberichte der mathem.-phys. Classe der k. baye- rischen Akademie der Wissenschaften, t. xiir, 2° livr.); tirage à part en broch. in-8° de 58 pages. Munich, 1883, typogr. F. Straub. L'établissement du genre Pseudocalyx (1), qui présente la constitution du pollen des Thunbergia avec la déhiscence propre aux anthères des Mendoncia, a été pour l’auteur l’occasion des recherches résumées dans ce mémoire. Il se trouve déjà des documents sur la constitution du pollen chez les Acanthacées dans les mémoires de Fritsche et de Mohl, et Nees y a porté son attention en monographiant les Acanthacées du Flora brasiliensis, mais avec des moyens optiques insuffisants. M. Radl- kofer a examiné environ les deux tiers des cent vingt genres reconnus dans les Acanthacées par MM. Bentham et Hooker. Mohl avait attribué cinq formes principales au pollen des Acanthacées ; M. Radlkofer divise en deux la cinquième catégorie de Mohl et en obtient six, savoir: 1? le pollen sillonné des Thunbergia; 2° le pollen favéolé des Ruellia, arrondi dans son pourtour général, mais avec de petites et multiples facettes, ressemblant chacune à l'ouverture de l’alvéole d’un gâteau de miel; 3» le pollen valvaire des Acanthus, dont la surface cylindro-ellip- soïdale est parcourue par trois fentes linéaires, découpant par la manière dont elles se rencontrent comme des valves dans l'exine; 4 le pollen en tabatière lisse des Gendarussa ; 5° celui del'Adhatoda capensis et du Rostellaria diffusa, qui ressemble au précédent : c'estle pollen en taba- tière tuberculeux, ou plus simplement le pollen tuberculeux. Le pollen en tabatiére est constitué essentiellement par un équateur mince sur le- quel semble tomber de chaque cóté un couvercle lisse dans un cas, chargé de stries tuberculeuses dans l'autre. Dans le sixième cas (Hypoëstes verticillaris), chacun des couvercles est séparé en deux par une fente longitudinale bâillante. Peut-être les trois dernières catégories devraient- elles être réunies. On comprend, sans que nous y insistions, combien il peut exister de variétés de détail. (1) Voyez plus haut, page 112. 156 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Radlkofer s'est surtout occupé du point de vue systématique,.ce qui l'améne d'abord à examiner les diverses classifications proposées pour les Acanthacées. Il reconnait comme démontré par l'observation qu'en général chez les Acanthacées les espéces d'un méme genre ont le pollen conformé de méme. Quand la structure du pollen varie dans un méme genre, on observe aussi dans d'autres caractères des variations qui indiquent que le genre est peu naturel, et qu'il y a de ce cóté un perfectionnement à apporter à la divi- sion admise. Il est à remarquer que d'aprés l'auteur, c'est avec les modi- fications introduites dans la classification des Acanthacées par M. An- derson, puis par M. Bentham, que cadre le mieux la structure du grain pollinique, et que cette structure, dans un certain nombre de cas, exige encore des modifications nouvelles. Certains genres paraissent devoir étre retirés de la tribu où ils sont contenus, d'autres genres devoir être scin- dés. Il indique ces difficultés dans la revue qu'il trace des caractères pol- liniques de chacune des tribus et sous-tribus, mais il ne parait pas s'étre occupé d'exécuter lui-méme les modifications dont il fait pressentir la nécessité. De l'orientation des feuilles par rapport à la lumière ; par M. E. Mer (Comptes rendus, séance du 16 avril 1883). M. Mer, dans cette note, rappelle les lois connues qui déterminent l'orientation des feuilles éclairées, et décrit des particularités observées par lui sur la végétation de l'Épicéa. Sur la fléche terminale, les feuilles sont sensiblement cylindriques et se dressent presque verticalement par suite de l'apogéotropisme, qui, agissant avec d'autant plus d'énergie que les organes sont plus vigoureux, triomphe de l'action directrice de la lumière. Sur un rameau, les aiguilles qui sont insérées sur sa face supérieure se distinguent déjà par un léger aplatissement. Elles présentent leur tranche à la lumière pour ne pas se porter mutuellement ombrage. A la face infé- rieure, où leur aplatissement est plus sensible encore, elles s'écartent, de part et d'autre, par une torsion du pétiole, pour s'étaler horizontalement, ménageant ainsi entre elles un espace libre ou raie longitudinale. Ce déplacement latéral leur permet de se soustraire à l'ombre du rameau. Mais cette raie longitudinale n'existe pas sur les rameaux dont la végéta- tion languit. Dans les endroits ombragés, où elle est peu active, ‘les ai- guilles de la flèche s'inclinent vers l'horizon, d'abord parce que la gravi- tation agit faiblement dans ce cas, ensuite parce qu'elles cédent à la tendance qu'éprouvent généralement les feuilles à faire un angle droit avec les rayons incidents. Sur une branche retournée, les plus jeunes feuilles se redressent en s'orientant avec lenteur, les plus vieilles s'orien- tent encore, mais ne se redressent presque plus. Les feuilles d'autres REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 157 végétaux, munies de renflements moteurs, conservent bien plus longtemps la faculté d'obéir à la lumiére. La lumiére ne parait pas indispensable à la manifestation des mouvements qu'elle proveque ordinairement. Lors- qu'un rameau de Lilas, par exemple, est placé à l'obscurité aprés avoir été retourné, les feuilles qui le garnissent semblent se redresser et s'orien- ter à peu prés comme elles le feraient au jour. De méme, lorsqu'on sous- trait à la lumière un bourgeon d'Épicéa en évolution, on voit bientôt se dessiner à la face inférieure du rameau la raie longitudinale caracté- ristique (1). Nouvelles Rhubarbes hybrides ; par M. H. Baillon (Revue hor- ticole, cahier du 16 septembre 1883). Le jardin botanique de la Faculté de médecine de Paris posséde un pied de Rheum Collinianum H. Bn, plante qui a été envoyée par Ms" Chauveau comme produisant la véritable Rhubarbe de Chine (2), et à 4 métres environ de distance un pied de R. officinale H. Bn type (3). Pendant la floraison, les insectes ont abondé sur les inflorescences des deux plantes, si bien qu'elles se fécondérent réciproquement. Les fruits furent fertiles, et il en résulta, à la base de chacun des deux plantes- mères, plusieurs centaines de jeunes pieds de Rheum assez variés, et dont les variations furent les mémes des deux cótés. Méme les racines étaient lantót jaunes, tantót rouges. En 1882, un grand nombre de ces jeunes pieds produisirent des fleurs et des fruits, et ces fruits furent fer- tiles. M. Baillon décrit trois formes de cette provenance, sous les noms de Rhubarbe hybride Florentin, Faguet et Carriére. Ce sont de fort belles plantes d'ornement, et il semble en effet que ce soient des hybrides fertiles. Cependant, dit M. Baillon, « certaines d'entre elles sont telle- » ment différentes de leurs parents de l'un et de l'autre sexe, que bien » des botanistes à qui je les ai montrées n'ont pas hésité à les recon- » naitre comme de bonnes espéces... Les Rheum Florentin et Carriére, » par exemple, sont plus différents de leurs parents que ne le sont l'un » de l'autre bien des Rheum que nos classiques considèrent comme des » espèces de valeur...., et je ne serais point étonné que les Rheum hy- » bridum, Collinianum, et même officinale et palmatum, fussent à une » époque relativement peu éloignée sortis, comme on l'a dit, d'un seul » et méme type primitif. » M. Baillon s'étaye sur ces faits pour formuler une profession de foi transformiste contre laquelle la rédaction de la Revue horticole se croit (4) Voyez dans les Annales agronomiques, cahier du 25 mai 1883, des observations sur ce mémoire. (2) Voyez le Bulletin de la Société Linnéenne de Paris, n* 19, p. 146. (3) Voyez cette Revue, t. xxu, p. 81. 158 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. obligée de faire des réserves, et pour laquelle i] s'appuie sur l'autorité de Linné,'qui, à propos du Prunella laciniata, écrit (Sp.plant., éd.2, p. 831): « Fructificatio omnino P. vulgaris, a qua olim orta » ; et à propos des Scorpiurus (p. 1054) : « Species hasce omnes olim ex una specie ortas esse dubium non est. » Illustrationes flor: hispanicæ imsularumque Balea- rium; par M. M. Willkomm. Livr. vi, 2 feuilles de texte et 9 pl. col. Stuttgart, chez E. Schweizerbart, 1882. La planche 48 représente le Cytisus Kunzeanus Delile, décrit dans la livraison précédente. Puis vient le Sideritis stachyoides Willk. Cette intéressante espèce, à port touffu, découverte en 1845, lors du premier voyage de l'auteur en Espagne, n'a été trouvée jusqu'ici que dans une seule des chaines de montagnes de l'Espagne. — Le Bellis cordifolia Willk., publié par Kunze sous le nom de Bellium cordifolium, comprenait le Bellis rotundifolia Boiss., qui est particulier au Maroc et à l'Algérie. Jusqu'à nouvel ordre, l'auteur considère la plante africaine comme es- pèce distincte par le manque de stolons, par les pétioles plus étroits, par la forme des feuilles et par l'extréme briéveté de l'aigrette. — Le Crepis . Hackelii Lange, de la section des Barkhausia, n'a été trouvé que près d'Orihuela. La méme planche offrele Crepis Friasii Willk. (Barkhausia Friasii Marès et Vigineix). — Le Thymelæa Ruizii Loscos offre quelque affinité avec le Th. cordifolia Endl., particulier au nord de l'Espagne et du Portugal. — L'Orchis ecalcarata Costa et Vayreda est une nouveauté de la Catalogne, voisine de FO. ustulata. — Le Crocus Cambessedesii J. Gay, des Baléares, fleurit depuis septembre jusqu'à février, et par suite on a établi à ses dépens deux espèces distinctes, le C. versicolor Bar- celo et le C. magontanus Rodriguez. — Sous le nom d' Allium gadita- num, M. Perez-Lara (1) a envoyé à l'auteur une espèce nouvelle du groupe Porrum, offrant de l'affinité avec l'A. margaritaceum Sibth. et Sm. — L'Allium purpureum Loscos, recueilli dans deux localités seulement de l'Aragon, ne se rapproche que du seul A. vineale. — La dernière planche de la 6° livraison représente les trois Crucifères suivantes : Lo- bularia strigulosa Willd., décrit par Kunze sur une plante recueillie jadis dans la Bétique par M. Willkomm sous le nom de Pilotrichum strigulosum, qui fleurit vers la fin de l'année; Alyssum hispidum Loscos et Pardo, var. granatense Boiss. et Reut., des provinces de Grenade et de Murcie, dont Ræmer a fait à tort une espèce particulière sous le nom d'Alyssum Willkommii; et Iberis granatensis Boiss. et Reut. (I. umbel- lata Webb, I. spathulata Webb, I. nana Boiss. Voy. non All.). — Enfin (1) Voyez plus loin, page 174. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 159 la dernière page de la présente livraison donne le texte de l'Hutchinsia arragonensis Loscos et Pardo (H. petræa Loscos et Pardo Ser. inconf. non R. Br.), dont la prochaine livraison donnera la figure. BucHINGER. Quelques faits de dispersion végétale observés en Italie; par M. Ch. Contejean (Comptes rendus, séance du 7 mai 1883). M. Contejean soutient de nouveau (1) que les plantes calcifuges évitent la chaux, et que les plantes caleicoles la recherchent. Il fortifie cette théorie par la discussion de quelques faits qu'il a récemment observés en Italie. « Tout verdoyant de magnifiques foréts de Chénes, le massif des monts Albains, prés de Rome, nourrit une flore quise distingue peu de celle du centre de la France ; à peine quelques espèces, telles que Quercus Ilex, Bellis silvestris, Plumbago europea, Smilax aspera, Lagurus ovatus, indiquent-elles une latitude plus chaude. Sur le trajet du chemin qui con- tourne le bord méridional du eratére d'Albano, entre Castel-Gandolfo et l'emplacement d’Albe la Longue, on peut observer, au milieu de beaucoup de plantes indifférentes sur la nature du terrain, les Helleborus fœtidus, Delphinium peregrinum, Arabis hirsuta, Lepidium graminifolium, A cer opulifolium, Hippocrepis comosa, Orobus vernus, Eryngium cam- pestre, Micropus erectus, Conyza squarrosa, Centaurea amara, Lac- tuca Scariola, L. saligna, Lithospermum purpureo-ceruleum, Digitalis parviflora, Salvia Verbenaca, Calamintha officinalis, C. Acinos, C. Nepeta, Clinopodium vulgare, Prunella alba, Teucrium Chameædrys, Mercurialis perennis et Andropogon Ischæmum, la plupart calcicoles exclusives (2). Mais au milieu de cette végétation se remarquent les touffes vigoureuses du Sarothamnus scoparius et les grandes frondes du Pteris aquilina; les taillis sont remplis de jeunes Châtaigniers ; le Cistus salvi- folius foisonne dans les rocailles ; le Cotyledon Umbilicus, le Polypo- dium vulgare, Y Asplenium lanceolatum, tapissent les rochers ombragés. On est donc en présence d'une association extrémement remarquable de calcicoles et de calcifuges. Or la roche sous-jacente est un péperino assez dur, passant souvent à l'état de bréche, et tout rempli de fragments anguleux solidement cimen- tés par la boue volcanique. On y distingue beaucoup de cristaux de pyro- xène et de mica noir. Elle ne fait point effervescence avec les acides, non plus que la terre végétale ; mais l'une et l'autre renferment assez de chaux pour suffire aux exigences des calcicoles, et n'en renferment pas assez pour exclure les calcifuges. (1) Voyez plus haut, page 26. | (2) Cette liste est sans doute incomplète à cause de la date automnale où M. Conte- jean a observé. 160 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Ce sont peut-être des faits analogues qui ont fait croire à Thurmann que les plantes xérophiles (calcicoles) s’accommodent des sols eugéogènes (schistes, granite, pouzzolanes, etc.), dans les pays méridionaux, parce qu'elles y trouvent des conditions de siccité suffisantes. Il n'en est rien, dit M. Contejean. Il a pu reconnaître qu'en Italie et en Sicile les flores sont aussi tranchées que dans le centre et le nord de l'Europe. Le con- traste est extrêmement remarquable entre les montagnes crétacées tra- versées par la voie ferrée de Rome à Naples, dans la contrée de Rocca- secca et de Cassino, et le diluvium siliceux de Mignano ; entre le massif granitique de l'Aspromonte, à l'extrémité de la Calabre, et les collines pliocénes de Catanzaro ; entre les rochers voleaniques de l'Etna et les calcaires de Taormina, de Melliti et de Syracuse : partout, en Italie comme en France, le Chàtaigner, le Sarothamnus et le Pteris caractérisent les terrains siliceux, ou, plus exactement, les terrains qui ne renferment pas de chaux à l'état de carbonate. Sur l’organisation méthodique du grain de pollen; par M. J. Vesque (Comptes rendus, séance du 4 juin 1883). Le grain de pollen est protégé contre une trop grande perte d'eau par a cuticularisation de l'exine et par l'enduit gras ou cireux dont sa sur- face est fréquemment recouverte. En perdant de l'eau, le grain peut di- minuer de volume, soit que sa forme devienne partiellement concave, de convexe qu'elle était, soit qu'elle reste’ géométrique. La membrane du grain présente une ou plusieurs places perméables (pores) qui lui per- mettent d'absorber l'eau nécessaire à la germination, et ces pores sont disposés de telle manière que, dans quelque position que le grain tombe sur le stigmate, au moins un de ces pores soit ordinairement en contact avec la membrane humide des papilles stigmatiques. Plus le grain est volu- mineux, plus le nombre des pores (ou des plis) augmente ; ce nombre ne peut donc pas étre considéré comme d'une valeur taxinomique bien grande. M. Vesque a trouvé des grains polliniques d'Hieracium à trois et à quatre pores, et cela dans la méme anthére. La disposition des pointes, des lames, des réseaux qui ornent la surface du grain de pollen ne parait pas dépendre du mode de développement du grain ; elle semble obéir uniquement à une loi géométrique qui ne serait autre que la loi de la phyllotaxie, étendue à tous les organes saillants de la plante, et la loi d'économie. Ainsi le grain de pollen des Chicoracées, si compliqué, s'il était complètement sphérique, serait un dodécaédre pen- tagonal; mais, comme il est un peu ellipsoide, le réseau hexagonal, éco- nomique pour les surfaces cylindriques, s'y combine avec le réseau pen- tagonal. Dans le cas le plus simple, celui des Scolymus, on observe sur l'équateur du grain trois faces hexagonales portant les pores, les douze REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 161 autres faces étant pentagonales. Il est évident que le nombre des faces hexagonales sera d'autant plus grand que le grain se rapprochera davan- tage de la forme cylindrique. Ainsi, chezles Sonchus, Helminthia et Lac- tuca, le grain de pollen est un corps à vingt et une faces, dont trois hexa- gonales avec pores, six hexagonales sans pores et douze pentagonales. Die Bewegungen der Blüthen und Früchte (Les mouvements des fruits et des fleurs) ; par M. Hermann Vóchting. In-8° de 199 pages, avec 2 planches et 4 gravures sur bois. Bonn, 1382. L'auteur a prineipalement porté son attention sur les mouvements qu'exécutent les pédoncules des bourgeons, des fleurs et des fruits. Ces mouvements sont fort variés, comme les forces qui les déterminent. La principale de ces forces est assurément la gravitation ; elle peut agir seule ou combinée avec d'autres. Elle ne détermine pas toujours le méme effet sur le méme organe ; cela dépend de l’âge. Les pédoncules du Pavot sont positivement géotropiques avant l'anthése, et négativement après l'épauouissement et pendant la formation du fruit. Il en est tout au- trement pendant les diverses phases de la floraison du Tussilago Far- fara. Le méme pédoncule ne se comporte pas non plus toujours de méme à l'égard de la lumiére; cela dépend de l'intensité de l'éclairage. Les jets de l'Erodium cicutarium se dirigent vers la lumière quand elle est faible et s'en écartent quand elle est plus forte. Cet héliotropisme négatif peut étre assez fort pour vainere complétement le géotropisme négatif et obliger un rameau à s'étaler sur le sol. L'auteur affirme qu'il en est de méme chez le Taraxacum officinale. Il y a, paraît-il, des pédoncules indifférents à l'action de la pesanteur comme à celle de la lumiére. L'auteur cite comme tels ceux du Galan- thus nivalis et de divers Helleborus. Chez ces plantes, l'inclinaison des fleurs serait produite par leur propre poids et par l'insuffisance méca- nique de leur support. M. Vóchting reconnait aussi, comme agissant sur la courbure du pé- doneule, des forces internes, tantôt de méme sens que les forces externes, tantót de sens contraire. Il nomme ces forces internes la rectipétalité et la curvipétalité. Ce sont des forces simples ou des composantes. La pre- mière agit généralement d'accord avec la gravitation. Nous devons signa- ler encore une opinion émise par l'auteur, c'est que la situation relative de l'ovule a une importance notable pour le développement de l'embryon. Die Autoxydation in der lebenden Pflanzenzelle ; par M. J. Reinke (Botanische Zeitung, 1883, n° 5 et 6). Nous avons tenu nos lecteurs au courant des idées qui règnent depuis T. XXX. (REVUE) !1 102 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. quelques mois sur les réactions par lesquelles s'effectue l'assimilation (1), et notamment des travaux de M. Reinke, sans dissimuler que ce savant ne fait guère qu'agiter des hypothèses. Nous devons appeler leur atten- tion sur ce nouveau mémoire, qui serre la question d'un peu plus prés. M. Reinke établit d'abord que les cellules vivantes sont le siége d'oxyda- tions spéciales, dont il caractérise d'ensemble le phénoméne par le terme d'Autozydation. Ainsi, par exemple, une solution de sucre de raisin n'est pas attaquée par l’oxygène de l'air à une basse température, tandis que dans le protoplasma vivant une solution semblable est, suivant lui, transformée tout entiére par une combustion moléculaire. Le but de son mémoire est de déterminer les causes prochaines de cette combustion, et surtout le mode d'action des substances qui la déterminent, et qu'il nomme Autoxydatoren. Il admet que ces substances sont capables, à une faible température, de s'oxyder par la décomposition de l'eau au milieu du protoplasma alcalin ; que par leur oxydation il se produit un « superoxyde d'hydrogéne », et que ce dernier corps, en présence de la diastase (et sans doute aussi d'autres ferments), est capable de détermi- ner des phénoménes d'oxydation d'une grande énergie. Un exemple de ces corps « auto-oxydateurs » serait fourni par l'acide tannique, d'aprés les recherches de Schænbein; un autre par le suc frais de pomme de terre, qui colore en bleu la teinture de Gaiac ; l'auteur affirme que cette réaction est déterminée par le superoxyde d'hydrogéne produit par les corps auto-oxydateurs de la pomme de terre. Nous ne voyons nulle part qu'il le démontre. Il donne aussi comme preuve de l'existence d'auto-oxy- dateurs dans le suc des Champignons l'action que le Penicillium exerce sur l'acide acétique, qu'il transforme en acide carbonique. II nous semble que ces phénomènes ont été expliqués déjà d'une manière moins com- pliquée (2). Over het ontstaan van knoppen em wortels uit bladen (De la naissance de bourgeons et de racines sur les feuilles) ; par M. M.-W. Beijerinck (Nederlandsch kruidkundig Archief, 2 série, 3° partie, 4° livraison, 1882, pp. 438-493, avec 2 planches). Le but principal de cette étude est de montrer que les phénomènes de reproduction par bourgeons nés sur les feuilles, observés chez les végé- taux supérieurs, s'accordent fort. bien avec les idées des anciens physio- logistes, tels que Duhamel du Monceau, Knight, A.-P. de Candolle et méme Hugo Mohl. On sait que, d'aprés ces savants, la séve ascendante, comprenant l'eau et les sels, montant par le bois, a une influence directe (1) Voyez plus haut, page 84. (2) Voyez le Bulletin, t. 1x, p. 94; t. xxv (Séances), p. 292. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 163 sur le développement des bourgeons, tandis que la sève descendante, comprenant surtout des matériaux plastiques, transportée par l’écorce, exercerait surtout son influence sur le développement des racines. Or, la formation de bourgeons et ceîle de racines sur les feuilles (comme sur tout organe) sont des processus absolument indépendants l'un de l'autre. Beaucoup de feuilles possèdent la propriété d'émettre des racines; tandis que celle d'émettre des bourgeons leur est plus rare. Chez le Bryophyllum calycinum, le Cardamine pratensis, le Nastur- tium officinale, le Lilium tigrinum, VAsplenium bulbiferum, on voit bien sans doute une feuille donner naissance à un nouvel individu, mais ici c'est le bourgeon lui-méme qui forme à sa base les racines nécessaires, et l'on ne saurait considérer celles-ci comme tirant leur origine immédiate de la feuille. Celles qui sont dans ce dernier cas, bien qu'elles puissent vivre plusieurs années, périssent invariablement aprés une plus ou moins longue existence, sans prendre une part directe à la reproduction de l'espéce. C'est seulement chez quelques feuilles coriaces qu'on pourrait à la rigueur constater une exception à cette régle : on voit parfois, en effet, sortir du bas de leur pétiole des racines qui forment avec un bour- geon né sur la base du limbe un méme individu, auquel le pétiole sert de tige. Le pétiole devient alors le siége d'un accroissement secondaire, dû à une zone génératrice développant du liber et du bois dans les con- ditions ordinaires. Mais cela n'a été observé que dans les cas où l'on avait inséré par la greffe un bourgeon sur le limbe. Les feuilles, dit M. Beijerinck, peuvent contribuer de deux maniéres àla reproduction, soit directement par la formation de bourgeons, soit indirectement par celle du callus qui émet ensuite les bourgeons. L'appa- rition des racines dans les feuilles est indépendante du callus; méme dans le cas où elles semblent en naître, comme chez les Peperomia, il est évident qu'elles émergent immédiatement des faisceaux libériens de la feuille. Siles bourgeous formés sur le callus doivent produire de nouveaux individus (Peperomia, Theophrasta, Gloxinia), il faut qu'ils produisent eux-mémes leurs racines; et alors les racines émises sous le callus par la feuille périssent au bout de quelque temps sans faire partie de l'indi- vidu nouveau. M. Beijerinck adopte volontiers la théorie de la sève descendante, que plusieurs savants sont enclins à regarder aujourd'hui comme surannée. Il admet qu’elle circule dans la partie libérienne du faisceau, et que dans les feuilles cette partie étant le plus souvent tournée en bas ou vers la terre, les racines, nourries par cette sève descendante, pous- sent par conséquent sur la face dorsale des feuilles, comme sur les bases des morceaux coupés de feuilles (c'est-à-dire sur le bord supérieur 164 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. des incisions) correspondant à la troncature inférieure du morceau supé- rieur (1). Les bourgeons adventifs des feuilles se trouvent aux endroits où les nervures se ramifient, toujours chez les Dicotylédons, le plus souvent chez les Fougères, et quelquefois chez les Monocotylédons. D’après M. Vôchting, il en est de méme des cladodes de certains Rhipsalis (2). Ordinairement chez les Dicotylédons, le bois des faisceaux est situé du cóté supérieur ou ventral de la feuille, et il en est de méme des bour- geons adventifs de cette feuille, lesquels se trouvent, de plus, dans le voisinage du plus fort faisceau libéro-vasculaire. lls correspondent avec les racines qui émergent du plan opposé du limbe. Chez les feuilles pennées, à développement basipète, des Cardamine et des Nasturtium, le bourgeon le plus vigoureux se trouve à la base de la foliole terminale, ce qui concorde avec le volume prépondérant du faisceau libéro-ligneux qui pénètre dans cette foliole. Selon l'auteur, ces faits montrent combien est intime le rapport entre la disposition des bourgeons et la fonction principale des faisceaux ligneux, qui est de conduire la séve ascendante, notamment au bout su- périeur de tiges ou de racines; de méme que le rapport qui relie la dis- position des racines à celle du liber des feuilles, qui distribue la séve descendante. Les forces qui entretiennent le mouvement des séves sont cependant, avoue-t-il, extrémement faibles; il peut étre modifié par des causes telles que la gravitation et la lumière, la succion opérée par la croissance des organes, la constitution des réserves nutritives, les effets d'un traumatisme, etc. La maniére dont les deux séves opérent semble à M. Beijerinck dépendre plutót de la direction de leur mouvement que de leur intensité, The Grasses of the United States, being a Synopsis of the Tribes and Genera, with Descriptions of the Genera, and a List of the Species; prepared by D" Geo. Vasey, botanist of the Department of Agri- culture. Washington, Government printing Office, 1883. Cette brochure présente, restreint aux genres de Graminées qui ha- bitent les Etats-Unis, un synopsis des tribus et des genres qui est, d'une (1) On se rappelle que le jardinier Hooibrenk, dont les procédés ont été examinés sous l'empire par une commission que présidait le maréchal Vaillant, assurait repro- duire les Jacinthes et autres plantes bulbeuses par des trongons de feuille maintenus humides en vase clos et dans une situation verticale. Il parait que dans cette condi- tion il se forme des bulbes à la base des troncons. (2) Le mémoire de M. Vóchting est dans le Botanische Zeitung pour 1880, p. 594. Cet auteur a conclu à l'existence d'une force intérieure mystérieuse qui seule pourrait expliquer la polarité qu'on observe entre la naissance du bourgeon et celle des racines sur le limbe des feuilles. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 165 manière générale, transcrit du Genera Plantarum de MM. Bentham et Hooker. M. Vasey a consulté les meilleurs auteurs pour établir les dia- gnoses des genres. La liste des espèces est réduite à leur nom suivi du nom d'auteur, sans aucune indication bibliographique, et la station n'est indiquée que par la citation de l'État dans lequel l'espéce a été trouvée. Sphagnologia europæa. Descriptions et figures des Sphaignes de de l'Europe ; par M. T. Husnot. In-8° de 15 pages avec 4 planches litho- graphiées. Paris, F. Savy, 1882. — Prix : 3 francs. Nous avons déjà signalé cette publication (1), qu'a précédée celle de M. Braithwaite (2). M. Husnot décrit successivement la tige et les ra- meaux, les feuilles, les fleurs de chacun des deux sexes, la fécondation et la fructification. Il insiste sur les conditions de la récolte et de l'étude des Sphaignes. Les auteurs qui les ont décrits sont loin d'étre d'accord sur le nombre des espéces, quoique ce nombre soit peu considérable. M. Warnstorf en a admis 13, M. Lindberg et M. Braithwaite 18, feu M. Schimper 20. M. Husnot en a 17 (ou 16 en retranchant le S. sedoides, espéce nouvelle pour l'Europe) (3). Pour ceux, dit-il, « qui ne veulent pas » admettre le transformisme (quoique ce genre soit un de ceux qui prou- » vent le mieux cette théorie), et qui ne considérent comme espéces que » les formes qui ne se rattachent pas à d'autres par des intermédiaires », le nombre des espéces ne doit pas étre de plus d'une dizaine. Le SpA. sedoides Bridel avait été indiqué par cet auteur au mont Saint-Michel, mais aucun auteur n'avait reproduit cette indication, confirmée récem- ment par M. Camus, qui a aussi trouvé cette espéce américaine au Menez- Hem (Finistère). M. Husnot décrit et figure utilement pour l'étude les 17 espéces avec plusieurs de leurs variétés. [l cite, pour s'en être servi avec fruit, le Sphagnotheca belgica (4). A Handbook of Cinchona Culture; par M. Karel Wesel von Gor- kom, ancien inspecteur en chef des cultures dans l'Inde hollandaise. Londres, Trubner, 1883. In-8^ de vii et 292 pages. Ce Manuel de la culture des Quinquinas a été traduit du hollandais par le secrétaire de la Société Linnéenne de Londres, M. Jackson. Le (1) Voyez le Bulletin, t. xxix (Revue), p. 237. (2) Ibid., t. xix (Revue), p. 181. (3) L'une de ces 17 espèces, le Sphagnum Austini Sullivant, qui n'était pas encore connu en France, a été récemment découvert par notre confrére M. J. Cardot aux environs de Rocroy (Comptes rendus des séances de la Société royale de botanique de Belgique, 1883, p. 97). (4) Cet important exsiccata a été préparé par M. Gravet (à Louette-Saint-Pierre, can- ton de Gedinne, Belgique). Le fascicule unique, in-4°, est de 20 francs. 466 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. titre de cet ouvrage, exact quant à son but principal, serait insuffisant pour en indiquer l'étendue, car il embrasse l’histoire des Quinquinas, la description des espéces les plus connues et cultivées dans l'Inde, un résumé de l'introduction des Quinquinas à Java, et méme la préparation de la quinine. Life on the Farm. Plant-Liüe (La vie à la ferme. La vie de la plante) ; par M. Maxwell T. Masters. Petit in-8° de 142 pages. Londres, 1883, Bradbury, Agnew et C°. Ce petit livre fait partie d'une collection éditée par M. J. Chalmers Morton sous le titre de Handbook of the Farm series. On peut le con- sidérer, d'autre part, comme le résumé de la vie menée à la ferme célébre de Rothamsted (1), dont les expériences et les cultures ont été activement et utilement suivies par M. Masters. L'ouvrage contient neuf chapitres, où sont étudiés successivement la nutrition, dans ses maté- riaux et dans son mécanisme, la croissance, la sensibilité, le développe- ment, la multiplication de la plante. L'auteur la suit dans la « bataille de la vie ». Il a résumé dans ce septième chapitre l'effet relatif des diffé- rents engrais sur les espéces les plus généralement cultivées. On y voit que les Légumineuses, qui contiennent dans leur composition plus d'azote que les céréales, ne bénéficient cependant pas des engrais azotés d'une maniére aussi spéciale qu'elles. Il faut surtout aux Légumineuses des: engrais minéraux où entre la potasse comme base. On remarque que des espéces voisines du méme genre réclament des conditions de nutrition différente, et des espéces de genres fort éloignés des conditions de nutri- tion identiques. Ainsi le Poa trivialis etle Bromus mollis se plaisent au nitrate de soude, tandis que le Poa pratensis s'en trouve mal, et demande des sels ammoniacaux. D'une maniére plus générale, les engrais azotés nuisent au Festuca ovina, tandis qu'ils favorisent l'Agrostis vulgaris. Il paraitrait que les plantes à racines profondes se trouveraient mieux du nitrate de soude, lequel pénétrerait plus bas dans le sol que les sels dont l'ammoniaque forme la base. M. Masters fait connaitre les changements que les engrais aménent dans la végétation d'un pré, et aussi ceux qui surviennent spontanément, au bout de quelques années, dans un herbage non fumé, et qui doivent être dus tant aux influences des saisons qu'au desséchement progressif du sol. Indépendamment de la présence ou de l'absence des engrais, des causes telles que l'action des insectes ou des Champignons peuvent aussi modifier la végétation d'une prairie. Le huitiéme chapitre est consacré à des questions de pratique et à la bréve description de certaines opérations agricoles. Les conditions du (1) Voyez plus haut, page 142. > NT ee ns REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 167 choix des graines y sont rapportées dans des termes qui rappellent ceux qu'a employés M. Henry Vilmorin dans la préface d'un livre récent (1). Dans le neuviéme et dernier chapitre, M. Masters étudie la mort des plantes et les diverses conditions où elle se produit. Revisione dei Trifogli dell America settentrionale; par M. Lojacono (Nuovo Giornale botanico italiano, avril 1883). Ce grand mémoire, qu'accompagnent quatre planches, a pour objet la monographie des Trifolium qui croissent dans l'Amérique septentrionale. L'auteur embrasse dans l'aire de ses recherches les espéces recueillies par MM. Parry et Palmer dans le nord du Mexique. Il se rencontre directe- ment avec M. Watson (2), et différe de ce naturaliste parce qu'il comprend l'espéce d'une manière moins large. Les nouveautés qu'il établit résultent en général de dédoublements pratiqués sur les typestels que les compren- nent les botanistes anglais et américains, par exemple pour le Trifolium amabile et le T. tridentatum. Il est curieux de voir que pour la syno- nymie des Trifolium recueillis au Mexique et pour la citation des numé- ros d'exsiccata, il ne concorde pas avec M. Watson (non plus, croyons- nous, qu'avec M. Hemsley). Parmi ses principales nouveautés il faut citer, en effet, Zrifolium Hemsleyi (Parry et Palmér n° 136), T. potosanum (Parry et Palmer n° 137), T. goniocarpum (Parry et Palmer absque n°); puis le T. appendiculatum, analogue et peut-être identique au T. ob- tusiflorum Hook.,etle T. Grayi (T. barbigerum Torrey var. Andrewsii Kellogg). M. Lojacono décrit en grand détail les espéces, à peu prés toutes examinées par lui, grâce à M. Watson qui en a enrichi son herbier. Il a figuré le Trifolium potosanum, le T. Grayi, le T. Hemsleyi et le T. amabile H.B.K. Ueber Starkebildung aus Zucker (De l'amidon formé du sucre); par M. J. Boehm (Botanische Zeitung, 1883, n 3 et 4). Dès 1873, dans les Comptes rendus de l'Académie des sciences de Vienne, M. Bœhm avait laissé entendre que l'amidon contenu dans les grains de chlorophylle pourrait bien n'étre pas toujours un produit direct de l'assimilation (3). On s'est évertué depuis à pénétrer le mystère de l'assimilation végétale, et à établir quel serait le corpsle premier formé par suite de la décomposition de l'acide carbonique. Pour M. Bæhm, le pre- mier corps qui soit constatable est le sucre (comme pour quelques autres (4) Voyez cette Revue, t. XXIX, p. 135. (2) Voyez plus haut, page 140. (3) Voyez encore Berichte der deutschen Gesellschaft, t. CLXXXVI, p. 1801; et les Landwirthschaftliche Versuchsstationen, année 1879, t. xxi, p. 124. 168 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. physiologistes), et l'amidon de la chlorophylle résulterait d'une transfor- mation isomérique du sucre. Ce sont les feuilles débarrassées de leur amidon par un séjour assez prolongé dans l'obscurité que l'on emploie pour justifier expérimentalement cette opinion. L'expérience prouve qu'en mettant ces feuilles ou d'autres organes verts, tels que des troncons de tiges de Haricot, en contact avec une solulion sucrée, on voit l'ab- sorption de cette solution étre promptement suivie du développement de grains amylacés dans un parenchyme qui n'en contenait plus. Peu im- porte que dans celte expérience on emploie du glycose ou du sucre de canne. La quantité d'amidon obtenue dépend de la concentration de la solution sucrée. Et il est à remarquer que parfois la production de l'ami- don parait plus rapide aux dépens d'une solution moins concentrée ; cela se référe évidemment aux lois de l'endosmose. D’après la manière de voir de M. Bæhm, l'amidon ne serait pas, ou au moins ne serait pas toujours un produit autochthone de la cellule, comme l'a soutenu M. J. Sachs (1). Ueber die Entwickelung der Chlorophyllkórner und Farb- kórper (Sur le développement des grains de chlorophylle et des corpuscules colorés) ; par M. A.-F.-W. Schimper (Botanische Zeitung, n** 7-10, avec une planche). Les parties de la plante qui sont des points de végétation, qu'elles soient blanehes ou vertes, donnent à l'observation les mémes résultats. Dans le premier cas, elles contiennent des formations incolores physiolo- giquement identiques avec les grains où se forme l'amidon, et qui se produisent par division au lieu de naître du plasma par différenciation. On les distingue déjà sur la plantule, dans le point végétant de la tigelle, et ce sont elles qui produisent par division tous les grains de chloro- phylle, tous les amyloplastes (2), tous les corpuscules colorés de l'orga- nisme considéré dans son ensemble, à l'exception de ceux des racines, qui descendent d'une maniére analogue des amyloplastes contenus à l'ori- gine dans le point végétant de la racine. Or les amyloplastes, qu'ils appartiennent au point végétant de la tigelle ou à celui de la racine, font trés vraisemblablement partie de la postérité directe des corps analogues existant dans l'embryon, lesquels ne se forment pas pendant la germination, mais proviennent de ceux de la plante-mére. Toutes ces formations si répandues et dérivant les unes des autres doivent, suivant l'auteur, recevoir un nom unique. Il les nomme plastides (3) : les grains vl) Voyez, sur les diverses théories de l'amylogenése, une leçon de M. Heckel, pu- iée dans la Revue scientifique du 8 avril 1882. (2) C'est ainsi que M. L. Errera, dans sa thèse sur le glycogène (p. 74), propose, d'accord avec M. Schimper, de traduire le terme allemand Stürkebildner. (3) Ce sont les leucites de M. Van Tieghem. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 469 de chlorophylle sont pour lui des chloroplastides, les formations non colorées signalées plus haut des leucoplastides, et les corpuscules colo- rés des chromoplastides. Les chloroplastides dérivent des leucoplas- tides de méme que les chromoplastides. M. Schimper donne des détails sur ces trois sortes de plastides, en revenant sur un sujet déjà traité par lui en 1880 dans le méme recueil. Cette fois il s'occupe plus parti- culièrement des chromoplastides, qu'il répartit en trois types : au pre- mier d'entre eux appartiennent les chromoplastides sphériques, au deuxième ceux qui ont deux ou plusieurs sommets, au troisième ceux qui ont la forme d'un bàtonnet arrondi à chacune de ses extrémités. Le pre- mier de ces types peut coexister avec l'un des deux autres dans un seul et méme organe, mais jamais dans la méme cellule, tandis que le second et le troisième s’excluent réciproquement et absolument. Il n'y a d'ailleurs aucun rapport entre la forme des plastides et l'affinité naturelle des plantes. Les chromoplastides possèdent différentes nuances variant du rouge carminé au jaune verdàtre; on n'en connait pas de bleus. Les sphé- roides bleus d'anciens auteurs sont des vacuoles, et leurs corps colorés dendritiformes des arborisations cristallines. Les chromoplastides nais- sent soit des leucoplastides, soit des chloroplastides, et les angles qu'ils présentent parfois tiennent à une modification de forme, et non à une division des plastides primitifs. Beitrag zur Kenntniss niederer Myxomyceten ; par M. V. Fayod (Botanische Zeitung, 1883, n° 11). M. Fayod a étudié le développement d'un Myxomycéte que M. de Bary avait remarqué dans son laboratoire dans des cultures faites sur du crot- tin de cheval et de la bouse de vache. Il pense que ce petit étre est une forme nouvelle de Guttulina, qui a peut-étre été déjà décrite sous le nom collectif dAmæba Limax Duj. Il la nomme, à cause de ses varia- tions, Guttulina protea. Son développement ressemble à celui du Guttu- lina rosea étudié par M. Cienkowski. L'auteur l'a suivi depuis l'essai de l'amibe vibratile hors de la spore. Aprés une bipartition et la disparition de son noyau, cet amibe semble revenir à l'état de spore, et sort du liquide pour s'attacher à quelque objet. On le voit constituer avec d'autres corpuscules analogues des amas de matiére blanche et comme cristalline sur l'excrément employé dans la culture dont il s'agit. Si la culture a'est pas arrosée, ils s’enkystent dans cet état, et peuvent persister ainsi un mois, tandis que dans des circonstances favorables ils semblent germer de nouveau. L'auteur a figuré plusieurs phasés de l'état dit de « mierocyste » des amibes, sur lequel il semble que la science ait encore quelque lumière à acquérir. 170 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. pie Laubmoos-Flora von Œsterreich-Ungarn (Bryologie de l'Autriche-Hongrie). Ouvrage posthume de M. J. Juratzka, contenant la description de Mousses croissant dans l'Autriche-Hongrie, à l'excep- tion des tribus des Leskéacées, Hypnacées, Andréacées et Sphagnacées. Publié par MM. J. Breidler et J.-B. Fórster, au nom de la Société zoo- logico-botanique de Vienne. In-8^ de 385 pages, avec un portrait de Juratzka. Vienne, chez Braumuller, 1882. Le titre de ce livre suffirait pour en indiquer le sujet et l'étendue, et le nom de l'auteur pour en faire valoir l'importance. Dien que la mort de cet auteur l'ait laissé incomplet, il n'est pas douteux que les bryologues ne soient obligés de le placer dans leur bibliothèque. Ils y remarqueront, indépendamment de quelques changemeuts de nomenclature, des genres et méme des espéces nouvelles, soit pour la science, soit pour la flore de l'Europe moyenne. Plusieurs de ces nouveautés ont déjà été signalées par M. Juratzka dans les Verhandlungen de la Société zoologico-bota- nique de Vienne. Ou trouvera spécialement dans cet ouvrage trois dénomi- nations génériques nouvelles : Pterygoneuron, avec trois espéces, savoir : Pottia subsessilis Br. eur., Pottia cavifolia Ehrh. et P. cavifolia & barbuloides Schimp.; Crossidium, établi pour les Barbula de la sec- tion Chloronote Schimp. Syn.; enfin Euzygodon, nouveau genre de Grinmiées fondé lui-même sur une espèce complètement nouvelle, E. Sendtneri Jur. Les autres nouveautés spécifiques sont le Didymodon alpigenus (D. rubellus & dentatus Schimp.); le D. ruber, connu déjà de beaucoup de localités ; le Bryum arenarium (B. atropurpureum Garov. non Br. eur.) ; le B. ovatum (B. pseudo-triquetrum 8 cavifolium Sant.); et enfin le Grimmia Ungeri Jur., déjà connu de l'ile de Chypre, et re- trouvé dans le Tirol et dans les Siebenbürgen. MM. Breidler et Fórster, qui auront bien mérité de la science en la dotant de cette monographie, l'ont fait précéder d'une notice biographique sur Jakob Juratzka, né en 1821 à Olmutz et décédé le 22 novembre 1878, avec le grade d'ingénieur en chef préposé à la direction générale de cer- tains travaux de l'Etat. On regrette de ne pas trouver dans cette notice l'énuinération de ses travaux de bryologie, espacés et disséminés depuis 1855 dans des recueils différents. Die Lichenen Heidelbergs nach dem Systeme und den Bestim- mungen D' William Nylander'; par M. le chevalier de Zwackh- Holzhausen. In-8° de 84 pages. Heidelberg, chez G. Weiss, 1883. Cet ouvrage doit être considéré comme une nouvelle édition de Enu- meratio Lichenum flore heidelbergensis, que l'auteur avait publiée en 1862 dans le Flora, et fait suivre en 1864 d'un supplément. Cette se- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 171 conde édition est d'autant plus précieuse que l'auteur l'a faite aprés avoir profité des conseils de M. Nylander pour redresser, dit-il, des détermi- nations fautives. La plus grande partie des Lichens signalés par lui se trouve dans son exsiccata spécial, qui a paru en 14 fascicules jusqu'au n? 134. Il n'y a pas d'espéce nouvelle établie dans ce mémoire, les nouveau- tés recueillies par l'auteur ayant été déjà décrites par M. Nylander dans le Flora. Un appendice signale des Léprariées, ainsi que des Champignons et des Algues classés par certains auteurs parmi les Lichens. Die Schleimorgane der Marchantieen (L'organe muqueux des Marchantiées) ; par M. Rudolf Prescher (Sitzungsberichte der kais. Akademie der Wissenschaften, mathem.-naturw. Classe, t. LXXXVI, juin-juillet 1882, pp. 132-158, avec 2 planches). L'organe muqueux des Marchantiées a été signalé pour la première fois par Nees d'Esenbeck, au tome 1v de son Naturgeschichte der euro- pæischen Lebermoose, dans la description de la structure anatomique du Fegatella conica. La côte médiane (du thalle) se compose, dit-il, de cellules parenchymateuses trés allongées, qui forment sur la coupe transversale un hexagone à côtés étroitement accolés, et offre du côté ventral 4 ou 5 ouvertures arrondies, entourées chacune de 5 ou 6 cellules, qui sont les ouvertures d'autant de cavités horizontales. On trouvera plus récemment des détails sur cet appareil dans les mémoires de M. A. Voigt (1) et de M. Goebel (2). Les organes étudiés par ces anatomistes sont, d'aprés M. Prescher, fort nombreux chez les Marchantiées. Ce sont des cellules muqueuses isolées chez divers Marchantia (M. polymorpha, M. cartilaginea, M. cheno- poda, M. paleacea, Preissia commutata, P. quadrata, Clerea hyalina, Plagiochasma Rousselianum); des cellules et aussi des utricules allongées chez le Fegatella conica. Ces cellules muqueuses se rencontrent non seulement sur le thalle, mais encore sur les réceptacles mâles et femelles, et de préférence dans les tissus dépourvus d'interstices, au-des- sous des couches qui renferment les chambres à air. Dans des cas plus rares, on les observe aussi dans l'épiderme (M. cartilaginea, M. cheno- poda), et dans les cloisons des chambres à air (Clerea, Plagiochasma, Marchantia chenopoda). Les utricules muqueuses du Fegatella sont exclusivement propres au tissu compacte qui constituela nervure médiane du thalle. Ces organes sont extrêmement précoces dans leur apparition (1) Beurag zur vergleichenden Anatomie der Marchantwen, diss. inaug. Leipzig, 79. (2) Dans les Arbeiten des bolanischen Institutes in Wurzburg, t. 1, 3° livr. 172 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. et se distinguent de bonne heure par des membranes minces et un proto- plasma très riche. Le liquide muqueux est dû à une sécrétion ; l'auteur expose les carac- tères chimiques qui le classent parmi les gommes végétales. Les cellules qui le sécrètent augmentent de grosseur même pendant cette sécrétion, ce qui force à reconnaître que leurs parois s’accroissent par intussuscep- tion. Ces parois ne se gélatinifient pas pendant le cours de leur dévelop- pement; elles persistent telles quelles jusqu'à la fin de la vie du thalle. Beitrage zur Entwickelungsgeschichte der Lebermoos- antheridium (Recherches organogéniques sur l'anthéridie des Hépatiques); par M. Hans Satter (Sitzungsberichte der kais. Akademie der Wissenschaften, math.-naturw. Classe! t. rxxxvi, juin-juillet 1882, pp. 179-182, avec une planche). On sait par les recherches de M. Leitgeb et de M. Janczewski que l'archégone se développe d'une façon unique chez les Hépatiques. Il résulte des observations de M. Satter qu'il n'en est pas de méme de l'an- théridie. Celle-ci se développe, dit-il, soit par la croissance du sommet et la formation de cloisons disciformes (Scheibe) superposées, soit par la croissance de tous les cótés, à l'exception du sommet. Le premier mode de développement, exclusivement propre aux Ricciées et aux Marchan- tiées, a été observé pour la premiére fois par Hofmeister et depuis par M. Kny (1) et par M. Strasburger (2). Le second type appartient aux Jungermanniées et aux Anthocérotées. Il a été signalé chez les Junger- mannes par M. Leitgeb (3) et chez les Anthoceros par M. Waldner. On manquait de recherches relatives aux anthéridies des Pellia et des Aneura. M. Satter a comblé cette lacune pour les Pellia, et pense, d'aprés quelques observations, que les Aneura se rapprochent des Pellia. Dien que dans ces genres les anthéridies soient immergées dans les thalles, le développement de ces organes ne différe pas chez eux essen- tiellement de ce qu'il est chez les Radula. M. Satter s'est demandé si les caractères si tranchés de ces deux modes de développement de l'anthéridie avaient une importance systématique comparable à leur importance morphologique. Il a remarqué que quelques Hépatiques, dont la place parait pour des raisons convaincantes assurée parmi les Jungermannes, c'est-à-dire le Monoclea et les Riella, offrent cependant dans leurs anthéridies le mode de développement propre aux Marchantiées. Enfin chez le Corsinia marchantioides il constate un fait (1) Voyez les Jahrbuecher de M. Pringsheim, t. v, p. 376. (2) Ibid., t. vit, p. 411. (3) Abhandlung über Radula, p. 29. (4) Sitzungsb. der Kais. Akad. der Wissensch., 1871. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 173 plus singulier encore : la cellule-mère donne naissance à deux anthéri- dies placées l'une au-dessus de l'autre; la supérieure, qui proémine et devient libre au-dessus de la surface, appartient au type des Junger- mannes, et l'inférieure, qui demeure immergée dans le thalle, au type des Marchantia. L'auteur conclut que le développement de l'anthéridie n'a pas un caractére de grande valeur pour la classification. Eine neue Flechte : Ephebe Kerneri ; par M. Hugo Zukal (OEster- reichische botanische Zeitschrift, juillet 1883, avec une planche). Ce nouveau Lichen a été recueilli par M. Kerner dans le Tirol, à 1700 mètres d'altitude, sur un terrain de trias. Nous en reproduisons la diagnose : « Thallus pulvinatus, nigricans. Ram: irregulariter adnati, versus thalli apicem paululum aggregati, sspe leniter inflexi. Gonidia prorsus iis Sirosiphonis pulvinati similia. Hyphæ membrana crassa et conspicue gelatinosa insignes ; hymenium in tuberculo semilaterali, inæquah, fusco - rubro inclusum. Paraphyses desunt. Sporæ in ascis elongato-clavifor- mibus v. oblongo-ellipsoideæ, octonæ, hyalinæ, minutæ, dilatatæ, incon- spicue uniseptatæ, 3-4 p latæ et 3-4-plo longiores. Spermogonia... » Zwei unbeschriebene Pilze der Flora Krains (Deux Cham- pignons nouveaux de la Carinthie) ; par M. Wilhelm Voss (OEster- reichische botanische Zeitschrift, juin 1883). L'un de ces Champignons, trouvé sur les feuilles du curieux Daphne Blagayana, est le Phyllosticta carniolica : « Peritheciis epiphyllis, minu- tissimis, atris, gregareis, conicis, in macula expallescenti, plerumque margine fusco-purpureo cincta; spermatiis ovalibus, cylindraceis vel piriformibus, simplicibus, 2-3-guttulatis, hyalinis, magnitudine varia. » Le second, observé sur les feuilles du Scopolia atropoides, est le Ramularia Scopoliæ : « Maculis epiphyllis irregularibus, fuscis; cæspi- tulis hypophyllis effusis, griseis; hyphis brevibus; conidiis cylindraceis, simplicibus v. uniseptatis, hyalinis. » Ueber den Soorpilz (Sur le Muguet); par M. F.-A. Kehrer. In-8 de 71 pages. Heidelberg, chez C. Winter, 1883. — Prix : 2 marks. L'auteur de cette brochure est professeur d'accouchement et de gyné- cologie à l'université d'Heidelberg. Aprés avoir étudié briévement les caractéres et le développement de la Torulacée connue en France sous le nom vulgaire de Muguet, qui, aprés avoir été l'Oidium albicans Ch. Robin, est devenue le Saccharomyces albicans Reess, et que M. Grawitz regarde comme un Mycoderma, l'auteur étudie surtout la maniére dont se nourrit et se détruit ce Cryptogame, son róle pathogé- 174 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. nique, ainsi que le traitement de l'affection qu'il détermine. Les bota- nistes seront intéressés par les moyens de culture qu'il décrit. Pour les médecins, il importe ici de rappeler une opinion fortement motivée que professait notre regretté maitre et confrère M. Gubler : c'est que le Muguet est sans influence sur la production d'un état morbide, qu'il se développe notamment dans les liquides acides (par exemple chez l'enfant : à la mamelle), et que s'il apparait souvent à la fin des maladies graves, il en présage plutót qu'il n'en détermine la terminaison funeste et pro- chaine, son apparition étant favorisée par l'acescence des premières voies, qui est elle-méme un symptóme de fermentation alors des plus graves. Plantarum novarum aliquarum descriptio ad floram gadita- nam perlinentium ; auctore J.-M. Perez Lara (Anales de la Sociedad española de historia natural, tome xi, Madrid, 1882). L'auteur a recueilli aux environs de Cadix quelques plantes qu'il regarde comme les types d'espéces nouvelles, savoir : Carregnoa dubia, Betonica Clementei, Veronica racemifoliata, Vicia debilis (voi- sin du V. lathyroides), et V. erecta, lequel est un Ervum analogue à l'E. gracile. Synonymia Henthoarem par M. V.de Dorbas (OEsterreichische botanische Zeitschrift, avril 1883). L'auteur de cette note reconnaît pour identiques : 1° Mentha adulterina Borbas (1871) et M. Linnæi Déséglise et Durand (1879); —- 2° M. Brit- tingeri Opizet M. recta Dés. et Dur. ; — 3° M. transmota Dés. et Dur. et M. cinerea Wierzbicki non Holuby; — 4° M. platyphylla Borbas et M. pannonica Borbas, ce dernier ne différant guére du M. pubescens Willd. que par une villosité moins prononcée, l'épi plus court et moins fourni ; — 5* M. calaminthefolia Borbas et M. Schleicheri Opiz; — 6* M.aquatica var. subspicata Neilr. ou verticillata Wirtgen et M. inter- media Opiz; — T M. recurva Rochel et M. verticillata L. var. hirsuta Koch (M. subspicata Déségl. exsicc.). Enumerazione delle piante apistiche del Napoletano : par M. L. Savastano (Annuario della R. Scuola superiore d'agricol- tura in Portici, vol. nr, 1* fascicule). In-4^ de 47 pages. Les plantes dites apistiche par l'auteur sont les plantes que recherchent les abeilles, et dont la culture est une branche d'industrie agronomique assez importante aux environs de Naples. M. Savastano dresse la liste de ces plantes (par ordre alphabétique de familles). Il a fait sur son sujet quelques remarques intéressantes. Les abeilles, dit-il, sont loin de recher- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 175 cher également toutes les espèces d'un méme genre. A l'encontre de beaucoup d'espéces de Marrubium, le M. Pseudodictamnus n’est pas visité par elles; non plus que le Teucrium fruticans. Elles fréquentent les fleurs du Satureia montana et laissent de cóté celles du S. greca. L'auteur reconnait que dans le Teucrium fruticans la cavité est trop longue pour que la trompe de l'abeille puisse atteindre les nectaires du fond, que la sécrétion sucrée est presque nulle chez le Satureia greca. Dans d'autres[cas, la gorge de la corolle est trop étroitement fermée pour l'entrée de l'insecte. Quelquefois le liquide est sécrété, dit l'auteur, par la face externe de la corolle, et alors l'insecte fait pénétrer sa trompe entre la corolle et le calice (Salvia Grahami Benth.) (1). Quand le nectar au fond d'une longue corolle est inaccessible pour elles par la voie ordi- naire, les abeilles profitent d'une ouverture normale ou accidentelle du tube de la corolle ou de celui du calice pour y pénétrer (Dianthus) (2). Les explications ici sont précises, et d'ailleurs utiles à prendre en considéra- tion dans l'étude de la fécondation croisée (3). Dans d'autres cas, elles sont beaucoup plus difficiles. Parmi les Onagrariées, il y a des types, tels que les Clarkia elegans et puchella, trés abondamment visités par les insectes, et qui ont une sécrétion relativement faible, tandis queles genres OEnothera, Godetia et Eucharidium, beaucoup plus riches en nectar, ne sont pas visités. Il y a des cas où les organes glanduleux recherchés par les abeilles se trouvent sur les feuilles, notamment à la base des cótes des phyllodes de quelques Acacia. Les observations de M. Savastano doivent étre rapprochées de celles qu'a publiées M. Müller (Die Befruchtung der Blumen durch Insektean), lequel a signalé 189 plantes visitées par les abeilles (4). Monographiæ Phanerogamarum. Prodomi nunc continuatio, nunc revisio, editoribus et pro parte auctoribus Alphonso et Casimir de Candolle. Vol. 1v, cum tabulis 15. Paris, G. Masson, 1883. Ce nouveau volume des Monographie Phanerogamarum contient les Burséracées et les Anacardiacées, traitées par M. Engler, et les Pontédé- riacées, par M. de Solms-Laubach. On sait que les anciennes Térébin- thacées sont maintenant fragmentées d'une manière qui a varié selon les auleurs. Voici comment M. Engler s'explique dés le début sur les déli- (1) Voyez O. Comes, Studii sulla impollinazione, 1874, p. 24. (2) Voy. Van Tieghem, Traité de botanique, p. 462. (3) Il est évident qu'elles tendent à en restreindre l'étendue. (4) Parmi les plantes utiles à cultiver pour l'éducation des abeilles, il convient de citer spécialement la Balsamine géante (Impatiens glanduligera Royle), originaire de l'Himalaya, et dont la culture est si facile chez nous, qu 'elle se resséme spontanément. Elle a été présentée à l'exposition apicole de Potsdam en septembre 1881. 176 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. mitations nouvelles qui en résultent, à propos des Burséracées : « Ordo, » Amyrideis expulsis et in Rutacearum ordine posilis, omnino naturalis, » à Rutaceis et Simarubaceis structura anatomica satis diversus, attamen » illis ob ovulorum situm, rhaphem ventralem atque micropylem superam » magis affinis quam Anacardiaceis, quibuscum congruit imprimis simili » phloëmatis indole. » M. Engler trace ensuite le conspectus des treize genres de Burséracées, qu'il fait précéder de ces courtes considérations : « Plurima genera inter se invicem quam maxime affinia sunt, et typum eumdem in fructu tantum variantem demonstrant. Partium floralium numerus sepe in eodem genere variat ; qua de causa si aliæ nolæ non adsunt, petalorum et staminum numerus diversus aliud genus indicare non polest. » On trouve dans les Burséracées un genre apétale : Ganophyllum Blume, deux genres à corolle gamopétale : Hedwigia Swartz et Trattinickia Willd.; des fleurs polyganes et des fleurs hermaphrodites, des embryons droits et un embryon en fer à cheval (Crepidospermum Hook. f.). Le défaut de ponctuations glanduleuses, les feuilles alternes et sans stipules, les étamines libres insérées sur le bord ou à la base du disque, l'existence d'une drupe renfermant de 2 à 5 loges, sont, avec le port bien connu. les principaux traits d'un ensemble qu'on aimerait à voir mieux caractérisé. Comme modifications principales apportées par M. Engler à la classifi- cation de cette famille, il faut citer le genre Thyrsodium Benth. joint au Garuga par M. Bentham lui-même (Gen. pl. I, 323), et reporté parmi les Anacardiacées; le Filicium Thw. (Benth. et Hook. Gen. pl. I, 325), rap- porté aux Sapindacées d'accord avec M. Radlkofer. M. Engler réunit aux Bursera les Elaphrium, que leur pétiole ailé en distinguait pratiquement d'une manière commode, mais en exclut les genres Protium, Icica et Marignia, que M. Baillon y comprenait. Comme exemple de ces perpé- tuels changements de nomenclature, qui rebutent les personnes étran- géres au maniement des herbiers et au réglement strict des droits de priorité, citons les noms que portent dans le livre de M. Engler les drogues si connues du Mexique ou d'Arabie. On doit dire dorénavant que la résine Tacamaque est fournie par le Protium heptaphyllum Marchand, le copal du Mexique par le Protium Copal Engler ; l'Ópobalsamum, le baume de la Mecque et le baume de Gilead, soit par le Commiphora Opobalsamum Engler, soit par le C. Berryi Engl. Le nom de Commiphora Kataf est un autre exemple de la suppression du genre Balsamodendron, dont l'eu- phonie et l'étymologie satisfaisaient l'oreille et l'esprit. Le Balsamea de Gleditsch a méme disparu de la nouvelle monographie. Relativement aux Anacardiacées, M. Engler relate les divers travaux dont elles ont été l'objet, notamment celui de M. L. Marchand. Relative- ment à la circonscription et aux divisions admises, il renvoie à ses autres y y ux y REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 177 travaux (1), qu'il résume ainsi : « Congruunt (Anacardiacearum) omnia » genera in plerisque florum fructuumque characteribus neque minus » in organis vegetationis et structura anatomica... Semper (2) carpidia » uniovulata sunt, semper ovuli integumentum primarium uno latere » ovulum obvelat, altero latere modo obturatoris obtegit; semper ovulum » funiculo appensum, qui plus minusve ascendit, nunc liber, nunc cum » pariete loculi connatus, ita ut ovulum prope apicem loculi suspensum » videatur. Etiam antherarum fabrica in omnibus generibus eadem. » Omnium rami atque ramuli in sectionibus transversalibus exhibent » zonam cortici interiori proximam, e vasis succum resinosum continen- » tibus constitutam, et extus libro circumdatam, insuper strato scleren- » chymatico. Denique semper folia exstipulata..... Jam amplius exposui » Burseraceas Simarubaceis atque Rutaceis affines esse, neque aliter » ab iis differre quam corticali structura ; Anacardiaceas autem ab illis » ordinibus toto ccelo distare et esse Sapindacearum, ovulorum quidem » atque funiculi constitutione, arctius confines. Sabiaceæ vero cum Ana- » cardiaceis conjungi nequeunt, quum stamina petalis isomera iisque » opposita habeant, atque ovula 2 in quovis loculo ovarii 2-3-locularis. » Les principales créations nouvelles établies par M. Engler dans ce tra- vail sont les suivantes : Pleiogynium, pour un Spondias d'Australie ; Pseudospondias pour le Spondias microcarpa Rich. de la Sénégambie; Pseudosmodingium (Smodingium H. Bn).Le genre Cotinus de Tournefort est rétabli pour le Rhus Cotinus L. Ces deux importants travaux sont rédigés complétement en latin. M. lecomte de Solms-Laubach a. éerit en allemand l'introduction de son mémoire sur les Pontédériacées, renfermant les considérations géné- rales, relatives à l'organographie et à la distribution géographique. Cette famille renferme pour l'auteur cinq genres : Heteranthera R. et P., Mono- choria Presl, Eichhornia Kunth, Pontederia L. et Reussia Endl. Ces trois monographies, entrant dans le cadre nouveau tracé par M. de Candolle, tiennent dans la description, et surtout dans les citations biblio- graphiques, un compte des travaux d'histologie nécessité par les progrés de la science. Les Index offrent les mémes utiles renseignements que ceux des volumes précédents. Traité de botanique; par M. Ph. Van Tieghem. Fasc. 3-6. In-8°. Paris, F. Savy, 1882-83. Nous avons donné ici (t. xxvi, p. 1) le plan de cet important ou- (4) Botanische Jahrbuecher, 1, p. 365; et cette Revue, t. xxvi, p. 65; t. xxvi, p. 86. Voyez aussi les Abhandlungen der naturforschenden Gesellschaft zu Halle, t. xut (1874). (2) A l'exception toutefois du genre Sclerocarya. T. XXX. (REVUE) 12 178 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. vrage, qui se continue, sans étre encore terminé actuellement, en élar- gissant son cadre à chaque fascicule, et dans des conditions aussi heureuses pour le lecteur qu'imprévues pour l'éditeur, lequel s'est vu obligé d'en élever le prix. Les fascicules 3, 4, 5 et 6 terminent la Botanique générale, c'est-à- dire d'abord le livre premier, consacré à la forme extérieure et aux fonc- tions externes de la plante, puis le livre second, consacré à l'anatomie ou morphologie interne, à l'histologie et à l'histogénie. Nous avons ici, de- puis plus de dix-huit mois, eu assez fréquemment l'occasion de renvoyer, en vue d’éclaircissements nécessaires, aux développements donnés par M. Van Tieghem sur des sujets nouvellement entrés dans le domaine de la science, pour que nos lecteurs aient pu s'assurer par eux-mémes de l'importance et de l'originalité de son enseignement, ainsi que de la forme toujours actuelle et vivante qu'il sait lui donner, eu se maintenant au courant des travaux les plus récents. Le sommeil des plantes est traité d'aprés les observations de Darwin ; l'héliotropisme des fleurs, d'aprés celles de M. Wiesner; la croissance des grains d'amidon, d'aprés M. W. Schimper (la théorie de l'intussusception étant définitivement ab an- donnée);la structure du collenchyme, d'aprés MM. Haberlandt et Ambronn; le tissu criblé, d’après MM. Russow et Janczewski ; l'origine des racines latérales, d’après M. Mangin ; l'évaluation de l'acide carbonique décomposé pendant la respiration, d'aprés la méthode de M. Engelmann ; le développe- ment des grains de pollen, qui s'opére par apposition, d'aprés MM. Schmitz et Strasburger ; celui du sac embryonnaire, d'aprés M. Vesque. Un grand nombre de points sont traités par M. Van Tieghem d'aprés ses propres recherches, exécutées seules ou de concert avec M. Bonnier, relativement à la vie latente des graines, à la végétation dans l'huile, au développe- ment des tubes polliniques, à la structure interne de la racine et de la tige. Parmi les sujets qui, dans cet exposé considérable d'une science de jour en jour plus étendue, semblent porter plus particuliérement le cachet de l'auteur, il faut citer encore la ramification des étamines, dont le mode varié se préte utilement à la subordination des groupes de Polypé- tales ; la ramification des carpelles, d’où résultent et la placentation cen- trale, et la pluralité des stigmates chez les Graminées, et les loges mul- tiples de l'ovaire des Mauves ; la division du grain de pollen et du sac embryonnaire chez les Gymnospermes, division dont les produits seule- ment sont mis en rapport dans l’acte fécondateur. On remarquera ce que M. Van Tieghem dit de la concrescence, ou communauté de croissance des organes, qui tend à réunir entre eux les verticilles, et qui ménage des transitions entre le périanthe des Liliacées et des Amaryllidées, comme entre le réceptale d’une Amygdalée et celui d’une Pomacée ; concrescence dont le dernier terme est de placer l'ovaire au-dessous de l'insertion REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 179 apparente des parties externes, füt-ce en conservant entre éléments su- perposés de verticilles différents la communauté de nervation. On lira avec un intérét particulier le vaste sujet condensé dans l'étude des leu- cites, portions déterminées de protoplasma, les anciennes « formations vésiculaires » de M. Trécul, qui se distinguent par leur réfringence, et parmi lesquels sont considérés successivement les leucites passifs ou de réserve (c'est-à-dire les grains d'aleurone), les leucites actifs, dont l'acti- vité se manifeste principalement en formant de l'amidon (Stärkebildner ou amyloplastes de M. Schimper), et aussi en développant dans leur in- térieur, soit une matière jaune, l'étioline ou xanthophylle (ce sont les xan- tholeucites), soit enfin la chlorophylle. Ce sont alors les corps chloro- phylliens ou chromoleucites (1). Parmi les nombreux faits de « différen- ciation » caractérisés par l'auteur, on distinguera ceux qui affectent la membrane, qui peut se trouver partagée en plusieurs systémes de couches, comme celle qui revét le grain pollinique de l'If ou du Thuia, et ceux qui affectent la division de la cellule elle-même, en produisant l'ana- stomose, la conjugaison, la rénovation simple ou multiple, et le cloison- nement. M. Van Tieghem fait connaitre avec de grands détails le déve- loppement des tissus, soit dans la racine, soit dans la tige, aux dépens de cerlaines initiales, mais en restreignant l'importance qu'il convient d'accorder à ces divers modes de cloisonnement, qui se retrouvent iden- tiques chez des végétaux fort éloignés les uns des autres et varient entre les diverses racines de la méme plante (2). On lui saura gré d'avoir in- sisté sur les divers modes que présente la ramification des faisceaux sui- vant les familles. Dans son étude détaillée du tissu sécréteur, il s'éloigne de M. de Bary en réunissant tous les éléments sécréteurs, et surtout en considérant ce tissu comme formé de cellules vivantes et non de cellules mortes. Les grandes questions du développement monstrueux ou normal de l'individu, de la race ou de l'espéce, ont inspiré à l'auteur des opinions qu'il faut connaitre. Les anomalies de la fleur (qu'il distingue en pro- gressives ou régressives) ont parfois, dit-il, le mérite de mettre en pleine évidence la véritable nature morphologique des feuilles florales le plus fortement différenciées. Dans le développement de la plantule, il distingue les cas où ce développement se fait en plusieurs fois, et mène par étapes progressives à une succession d'individus de plus en plus nombreux et de plus en plus forts, issus les uns des autres, et tous de la plantule primi- (1) On trouvera un résumé bien fait des travaux récents publiés sur la chlorophylle (et principalement de ceux de M. Pringsheim) dans l'Address lu à la Société botanique d'Édimbourg par son président, M. Bayley Balfour (Transactions and Proceedings, vol. xv, part 111, 1883). (3) Voyez plus haut, page 133. 180 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tive, par fractionnement du corps végétatif. Il étudie dans un livre particu- lier le développement de la race, en réduisant la parthénogenése à un défaut de différenciation du gaméte femelle, et l'apogamie à des cas de substitution d'un mode de reproduction à un autre, et en résumant, pour l'instruction deséléves, les principales bases delathéoriede la descendance. M. Van Tieghem parait disposé à adopter l'idée d'une filiation des diffé-. rents groupes; seulement, dit-il, « si l'on veut conserver à la théorie sa valeur scientifique, il est nécessaire de n'en tirer les conclusions qu'avec prudence, en s’efforçant toujours de les contrôler par l'observation di- recte et par la méthode expérimentale. » Le Traité de botanique, encore loin d'étre terminé, s'arréte avec le 6* fascicule à la page 982. Flore cryptogamique de la Belgique ; par M. G.-H. Delogne. 1" fascicule : Mousses, avec 4 planches. In-8°. Bruxelles, chez H. Manceaux, 1883. Dans son introduction, l'auteur divise la classe des Muscinées en Mous- ses, Hépatiques et Sphaignes. Il consacre ensuite six chapitres à l'étude anatomique et physiologique des Mousses, à leur utilité, à leur róle dans l'économie de la nature, à la maniére de les récolter, de les préparer, à la méthode nécessaire dans leur étude. Cet exposé est accompagné de quatre. planches dont les figures sont extraites des ouvrages de Schimper, et suivi de la partie taxinomique et phytographique. Une diagnose résu- mant les caractéres généraux des Mousses précéde un tableau qui fait connaitre la classification adoptée par l'auteur. Cette classification est celle que Schimper avait adoptée dans la deuxième édition de son Sy- nopsis, sauf quelques modifications, entre autres la suppression du genre Rhynchostegium. M. Delogne résume en tableaux l'analyse des ordres, tribus, familles et genres de la famille des Mousses ; il passe ensuite à la description trés détaillée des genres, àl'analyse et à la dispersion des espéces. Sur l’organisation du faisceau foliaire des Spheno- phyllum ; par M. B. Renault (Comptes rendus, séance du 10 sep- tembre 1883). Le faisceau libéro-ligneux, étudié dans les feuilles des Sphenophyllum, ne comprend jamais que 5 à 12 trachées extrêmement gréles entourées d'un ou deux éléments libériens. Il n'y existe ni éléments ligneux centri- pétes, ni zone génératrice externe, ni bois ni liber secondaires. Chaque faisceau ligneux est compris entre deux cordons de fibres hypodermiques, exclusivement composés de cellules allongées à parois épaisses, ne lais- sant entre elles aucune solution de continuité. Cette disposition ne per- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 181 met pas de supposer qu'à aucun moment il y ait eu dans cette région une zone génératrice comparable à la zone cambiale du faisceau foliaire des Cycadées actuelles. Les différentes couches de cellules hypodermiques des deux cordons se perdent à la base de la feuille, là où elle s'articule sur le rameau. On ne peut donc assimiler ni l'un ni l'autre de ces cor- dons, soit à du hois centripéte, soit à du bois centrifuge. M. Renault conclut que cette structure « est celle des trés petits fais- » ceaux libéro-ligneux des feuilles des Cryptogames vasculaires. Par con- » séquent, on ne trouve pas dans ces faisceaux les caractères des faisceaux » foliaires diploxylés des Porophyllum ou des Sigillaires; on ne peut » donc baser sur une similitude de structure anatomique un rapproche- » ment entre le Sphenophyllum et les Sigillariées. » Die Stärke und die Mahlproducte (L'amidon et les produits amylacés) ; par M. Franz v. Hohnel. In-8° de 120 pages avec 33 fig. Cassel et Berlin, chez Th. Fischer, 1882. Après une introduction, l’auteur traite : 1° des produits bruts qui con- sistent essentiellement en amidon ou en quelqu'un de ses dérivés ; 2 des propriétés de l'amidon ; 3* des plus importantes variétés d'amidon conte- nues dans le commerce ; 4° de la manière d'en reconnaitre la valeur et les sophistications ; 5° de l’inuline ; 6° de la farine; 7° de l'examen micro- scopique des produits amylacés. Des figures bien exécutées représentent l'amidon des différentes plantes qui en fournissent le plus particulière- ment, telles que les Céréales et des Légumineuses. Die Schutzscheiden und ihre Verstarkungen (Les gaínes protectrices et leurs renforcements) ; par M. S. Schwendener (Abhand- lungen der k. Akademie der Wissenschaften zu Berlin, 1882). La gaine protectrice de M. Caspary peut être distinguée en gaîne gé- nérale (endoderme de M. Van Tieghem) et en gaine partielle, selon qu'elle enveloppe l'ensemble des faisceaux ou un faisceau libéro-ligneux séparé. Leurs cellules sont ordinairement plus ou moins cutinisées, et d'une maniére générale sont moins perméables que celles des tissus environnants. Mais de ce que l'acide sulfurique concentré laisse dans chaque cellule une membrane de cutine, il ne faudrait pas conclure à une imperméabilité compléte. Il faut tenir compte des pores à tra- vers lesquels s'effectue l'endosmose, et qui persistent alors que les parois ont commencé à s'épaissir. Chez beaucoup d'Orchidées et de Liliacées, comme chez les Fougéres, et méme chez de nombreuses Dicotylé- dones, il existe des gaines formées de deux sortes de cellules, cer- taines d'entre elles seulement ayant les parois minces et perméables. Les 189 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. régions de la gaine qui restent perméables ont reçu de l'auteur le nom de Durchgangstellen (points de passage). Il est intéressant de remarquer que ces places perméables sont con- stamment situées en face des faisceaux vasculaires primaires. Un certain nombre d'auteurs pensent qu'elles facilitent le passage des sucs vers l'écorce fraiche et vivante. M. Schwendener admet que les vaisseaux fonc- tionnent surtout comme des réservoirs destinés à fournir ou à enlever de l'eau aux tissus voisins, selon les besoins. Leurs pores ne seraient destinés qu'à augmenter leur perméabilité sans diminuer leur solidité. L'épaississement des parois cellullaires de la gaine, de méme que les cellules épaissies qui avoisinent cette dernière, conslituent un appareil de soutien. M. Schwendener distingue l'épaississement des parois cellu- laires de la gaine, celui des parois des cellules corticales voisines, les deux cas précédents simultanés; l'épaississement simultané des cellules de la gaine et des cellules intérieures adjacentes ; le renforcement de la gaine par le revétement libérien situé au-dessus des faisceaux deliber mou ; enfin celui qui est dà soit à des bandes d'épaississement dansle parenchyme voisin, soit à un anneau de parenchyme à consistance cornée, séparé de la gaine par deux à quatre assises de cellules corticales à parois minces. La perméabilité de la gaine est modifiée par la subérisation de ses éléments. La subérisation, selon l'auteur, ne diminue pas seulement la perméabilité, mais encore l'extensibilité, tandis qu'elle augmente la soli- dité absolue. La station et le climat influent certainement sur les caractéres de la gaine. Chez les plantes des lieux secs, on trouve les gaines externes et internes trés développées, tandis que certaines plantes des lieux humides (appartenant aux mémes groupes que celles de la série précédente) ne possèdent qu'une gaine à parois minces avec un renforcement à peine appréciable. Ce contraste est bien plus accentué entre des plantes des pays chauds, par exemple entre les Aroidées épiphytes et celles des lieux hu- mides. En terminant, M. Schwendener fait connaitre quatre modes diffé- rents de développement de la gaine. Il résulte de cette multiplicité d'origine qu'une classification des tissus doit s'appuyer sur la fonction et la structure, et non sur des détails variables de développement (1). Observations sur les Algues calcaires confondues avec les Foraminifères, et appartenant au groupe des Siphonées dichotomes; par M. Munier-Chalmas (Bulletin de la Société géologique de France, 3° série, t. vi, pp. 661 et suiv.). M. Munier a pour but de démontrer que les organismes fossiles connus (1) On trouvera dans la Revue des sciences naturelles, cahier de mars 1883, une ana- yse beaucoup plus détaillée de cet important mémoire. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 183 sous le nom de Dactylopores, et rapprochés jadis des Foraminifères, sont en réalité des Algues représentées encore dans les mers actuelles. Les Polytrypa fossiles rentrent, d’après lui, dans le genre Cymopolia de La- mouroux. Il n'est pas possible de distinguer génériquement les Corallio- dendron vivants des Ovulites fossiles. Les uns et les autres présentent à travers les parois de leur enveloppe calcaire des canaux ouverts pour livrer passage aux prolongements dont la cellule est hérissée. Toutes les formes vivantes ou fossiles que réunit de la sorte M. Munier- Chalmas doivent étre confondues, et constituent dans le groupe des Algues vertes une section importante de la grande famille des Siphonées, les Si- phonées verticillées. Elles comprennent plus de cinquante genres, la plu- part triasiques, jurassiques, crétacés et tertiaires. Les mers actuelles n'en renferment plus que sept genres, dont le plus connu est le Dasycladus Ag., autour duquel se groupent les genres suivants : Halicoryne Harv., Cymopolia Lam., Polyphysa Lam., Acetabularia Lam., Neomeris Lam., et enfin le Bornetella, établi par M. Munier aux dépens de certaines es- pèces de Neomeris (N. nitida Harv.), dans lesquelles la position du spo- range diffère de ce qu'elle est dans les vrais Neomeris. Les Corallio- dendron sont encore des Algues Siphonées. Contributions à la flore du Paraguay : LÉGUMINEUSES; par M. Marc Micheli (extrait des Mémoires de la Société de physique et d'histoire naturelle de Genève, t. xxvin, n° 7); tirage à part en br. in-8° de 64 pages, avec 23 planches gravées. Genève, H. Georg, 1883. — Prix : 20 francs. Ce travail a été exécuté sur l'herbier de M. Balansa, lequel a séjourné longtemps à Assomption et rayonnait autour de ce point central. Il s'y trouve 58 genres et 212 espèces de Légumineuses, savoir, pour 100: 51 Papilionacées, 15 Gésalpiniées et 34 Mimosées. Cette répartition n'est pas tout à fait la méme qu'au Brésil, où l'on a, pour 100 : 43 Papi- lionacées, 25 Césalpiniées et 31 Mimosées. Il manque en effet à la flore du Paraguay, bien qu'elle conserve un caractére tropical marqué, beau- coup de genres de Césalpiniées qui caractérisent les régions chaudes du Brésil. Les rapports sont, par contre, trés grands entre la végétation du Paraguay et celle de la partie méridionale du grand empire brésilien, notamment celle des provinces de Minas-Geraés, Saint-Paul, Rio-Grande do Sul, dans lesquelles se retrouvent tous les genres, sauf deux, et presque toutes les espéces de Légumineuses du Paraguay. Une douzaine d'espéces seulement n'avaient été jusqu'à présent recueillies que dans l'Amérique centrale, le Brésil septentrional, etc., mais il se peut fort bien qu'elles se trouvent dans les régions intermédiaires de l'empire. Il y a beaucoup moins d'affinités entre la flore du Paraguay et celle de la république 184 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Argentine. M. Grisebach a estimé à un tiers environ la proportion des plantes récoltées au Paraguay et se retrouvant dans les collections de la république Argentine. Pour les Légumineuses spécialement, M. Micheli n’est arrivé à cet égard qu'au chiffre de 18 pour 100. M. Micheli a été amené à décrire deux genres nouveaux : Bergeronia, dédié à M'* B. Bergeron, qui a dessiné et lithographié avec talent les 43 planches, tirées à Paris chez Lemercier (ce genre est voisin du Lon- chocarpus) ; et Holocalyz, voisin des Swartzia. Sur 28 espèces nouvelles, 18 appartiennent aux Papilionacées, 2 aux Césalpiniées et 8 aux Mimosées. Elles présentent en général des carac- tères bien tranchés, qui les séparent nettement des espèces brésiliennes voisines. M. Micheli, pour éviter des longueurs de rédaction inutiles, s'est dispensé de répéter les diagnoses des genres et espéces déjà connus, lesquelles se trouvent dans les volumes du Flora brasiliensis consacrés aux Légu- mineuses, et dus, comme on sait, à M. Bentham. British Fresh-Water Algæ, excl. of Desmidieæ and Diatomaceæ ; par M. C. Cooke. 4 livr. parues, ensemble 146 pages avec 56 planches. Londres, Williams et Norgate, 1883. — Prix : 34 sh. (42 fr. 50 c.). Ce livre renferme la description de toutes les Algues d'eau douce trou- vées jusqu'ici en Angleterre, à l'exception, comme l'indique le titre, des familles des Desmidiées et des Diatomées. Une planche coloriée est con- sacrée à chaque espéce. Il importe cependant au lecteur de savoir que l'ouvrage de M. Cooke ne semble pas avoir une valeur originale, et que nombre de ses descriptions paraissent traduites du Flora europea Algarum de Rabenhorst; on ne pourrait affirmer que la traduction soit toujours fidèle. Il a méme été émis sur la valeur scientifique de cet ouvrage, dans les colonnes du Botanische Zeitung, des doutes fort sévères par une plume autorisée, celle de M. Askenasy, ainsi que par M. Wille, qui s'est plaint de voir ses travaux d'algologie restés inconnus à M. Cooke. Ueber Eiweiss, Nuclein and Plastin (Sur l'albumine, la nu- cléine et la plastine) ; par M. Zacharias (Botanische Zeitung, 1883, n* 13). Cette nouzelle note du professeur extraordinaire de Strasbourg a pour but de préciser, en les développant sur quelques points, des idées déjà ex- posées par le méme savant (1). Elle vise principalement les amyloplastes, (1) Voyez plus haut, page 131. ais REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 185 dont l'auteur a entrepris l'examen chimique, examen d'autant plus fa- cile que les amyloplastes sont plus superficiels (1). Comme M. Schimper l'a annoncé, il est indubitable que ces corpuscules renferment surtout de l'albumine, tandis que dans le protoplasma qui les entoure la plastine est prédominante ; enfin le nucléus se compose essentiellement de nucléine, et dans les nucléoles la plastine reparait. L'auteur ajoute que la coloration bleue obtenue par le moyen de certains réactifs n'est pas seule et toujours l'indice suffisant de la constitution chimique des substances contenues dans la cellule. M. Zacharias a aussi examiné la composition des grains de chlorophylle. La partie de leur substance qui reste insoluble dans l'aleool se compose essentiellement, dit-il, de plastine et d'albumine, mais l'albumine n'y prédomine pas comme dans les amyloplastes. L'acquisition de ces premiéres données améne M. Zacharias à exa- miner les modifications qui se produisent, vers la fin dela végétation, dans les parties constituées azotées, et insolubles dans l'alcool, du con- tenu cellulaire. Ce contenu est, on le sait, généralement plus pauvre en matiéres protéiques à l'automne qu'au printemps et pendant l'été. Il s'agit ici de savoir si la diminution porte également sur les trois sub- stances examinées par l'auteur, ou inégalement. Il a examiné à cet égard (comme il l'avait fait dans son étude des grains de chlorophylle), le Sambucus nigra. Il a reconnu que par les progrès de la végétation, c'est le chloroplastide lui-méme qui s'annihile en grande partie, tandis que le protoplasma de la cellule et le noyau restent indemnes. Par les progrès de la végétation, c’est surtout, dit-il, l'albumine qui disparaît, tandis que la plastine persiste dans le protoplasma et dans les débris des grains. L'examen des feuilles d'Orchis l'a conduit à des conclusions analogues. Indication de quelques plantes non mentionnées dans la Flore du Gard, qui ont droit à une place sur le Catalogue botanique de ce département; par M. B. Martin (extrait du Bulletin de la Société d'étude des sciences naturelles de Nimes, 10° année, n° 8 à 12); tirage à part en broch. in-8° de 141 pages. L'intention de M. B. Martin, en rédigeant ce travail, a été de faire con- naître ce que M. le docteur Dioméde Tweskiewicz et lui avaient trouvé de nouveau dans la région montagneuse de l'arrondissement du Vigan (2), (1) On sait qu'il en existe dans certaines cellules épidermiques (voyez le Botanisches Centralblatt, 1882, n° 44), notamment chez les Orchidées et le Tradescantia virginica, que l'auteur a examiné. (2) Ce travail reproduit les indications contenues dans le catalogue inséré dans notre Bulletin, en 1875, par M. Martin. 186 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. depuis la publication de la Flore de Pouzols. Cette région, dit M. Martin, répond assez exactement à la terminaison, dans les Cévennes du Gard, d'un de ces vastes rayonnements géologiques qu'émet le plateau central de la France. Elle offre sur un espace restreint une échelle altitudinale à écarts assez divergents pour se préter à l'établissement, sur des points rapprochés, de stations climatologiques différentes, et pour y favoriser la formation d'associations végétales se reliant à des florules d'origine multiple. Cette région est si variée, par sa configuration comme par sa structure géologique, que la richesse et l'originalité de sa végétation pa- raissent fort naturelles. Parmi les principales espéces signalées comme nouvelles par M. Martin, il importe de mentionner : Corydallis fabacea Pers., Clypeola levigata Jord., Iberis panduræformis Pourr. (I. Martini Timb.-Lagr. in litt.), Polygala calliptera Legrand, Trifolium leucanthum M. Bieb., Rosa media B. Martin (de la section des Synstylæ, que Grenier avait jadis regardé comme hybride entre le R. arvensis et le R. sempervirens), Cen- taurea montana L. var. granitica B. Martin (qui a peut-être une valeur spécifique), Gentiana acaulis L., Euphrasia cebennensis B. Martin, Thymus nitens Lam. (qui appartient au groupe du Thymus Herba Ba- rona), Ophrys scolopax Cav., Agrostis olivetorum G. G. L'épiplasme des Ascomycètes et le glycogène des végé- taux; par M. L. Errera, docteur és sciences naturelles, professeur agrégé à l'université de Bruxelles. Thése d'agrégation. In-8 de 81 pages. Bruxelles, 1882. M. Errera a employé, pour extraire la matière glycogénique des Cham- pignons et de quelques autres plantes, le procédé de Brucke (1), légère- ment modifié dans quelques cas. Le glycogéne, que Claude Bernard a découvert chez les animaux supérieurs, et M. Kühne chez les Protistes, existe aussi chez les plantes. Beaucoup de Champignons ascomycétes en contiennent dans leurs tissus et leurs théques. On en trouve aussi dans le Pilobolus, dans la levüre de biére. L'auteur soutient que ce principe est identique chez les mammifères et chez le Peziza vesiculosa, où il l'a particuliérement étudié. L'épiplasme des théques des Ascomycétes, soupçonné par M. Tulasne (2) et décrit sous ce nom par M. de Bary (3), (1) Voyez les Sitzungsberichte de l'Académie des sciences de Vienne, t. LXII, ID 1871, p. ?14, et les Vorlesungen über Physiologie de M. Brücke, 3e édit. 1881, pp. 324 et suiv. Voyez aussi Hoppe-Seyler, Handbuch der physiologisch- und pathologisch-che- mischen Analyse, 4* édit. 1875, p. 132. (2) Fungi hypogæi, p. 44, et pl. vit, f. 1 et 6. (3) Ueber die Fruchtentwickelung der Ascomyceten, pp. 8, 23 et passim; Morphologie und Physiologie der Pilze, pp. 103-104. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 187 se distingue par sa réfringence plus forte du protoplasma dans lequel naissent les spores; il consiste en une masse spongieuse, probablement albumineuse, et pénétrée de glycogéne. Outre les Champignons, cette substance existe chez les Lemanea et probablement chez des Phanéro- games (Linum, Mahonia, Solanum). Quand le glycogène est en trés petite quantité, il peut être décelé par des moyens microchimiques. L'iode (1) lui communique une coloration d'un brun acajou, différente de celle qu'il donne au protoplasma. Chez les Ascomycétes, le glycogéne est à l'origine répandu dans tous les tissus de la jeune plante, comme chez le fœtus dans le règne animal ; plus tard il s'aecumule en grande quantité dans les thèques, et disparaît graduellement avec la maturation des spores, dont il contribue probable- ment à fournir la matiére huileuse. Le glycogéne, hydrate de carbone voisin de l'amidon, ne peut plus, comme on le voit, étre qualifié d'amidon animal, et ne fournit point, comme on l'avait cru, un critérium chimique entre les deux régnes organisés. M. Errera s'étend encore sur les propriétés de deux groupes parallèles de substances, partant, les unes du glycogéne, et les autres de l'amidon, pour aboutir toutes deux au sucre (2). Sur le glycogéne chez les Mucorinées ; par M. Léo Errera (Bulletins de l'Académie royale de Belgique, 3* série, t. 1v, n^ 11, novembre 1882). Cette note est comme un appendice au mémoire précédent. Déjà dans ce mémoire, l'auteur signalait le glycogéne chez le Pilobolus crystallinus ; il en a constaté depuis l'existence chez le Phycomyces (où il parait être utilisé pour la constitution du contenu des spores), chez le Mucor Mucedo et le M. stolonifer; chez le Pilobolus Kleinii Van Tiegh. et le Pilairia Cesatii Van Tiegh. Il a aussi vu chez le Chætocladium Bre- feldii Van Tiegh., le Piptocephalis Freseniana de Bary et Wor., le Syn- cephalis nodosa Van Tiegh. etle S. minima Van Tiegh., sous l'influence de l'iode, le contenu des filaments végétatifs et fructifères et celui de leurs spores se colorer en brun acajou. Pendant l'impression de cette note, l'auteur a encore reconnu le glyco- gène chez deux Basidiomycétes : le Tremella mesenterica et le Coprinus evanidus. Ce dernier en contient, dans sa jeunesse, d'énormes quantités. Il se pourrait, dit M. Errera, que chez les Champignons le glycogéne tint ieu, trés généralement, de l'amidon des plantes à chlorophylle. (1) L'auteur a fait usage d'une solution assez concentrée d'iode dans l'iodure de potassium. La teinture d'iode donne de moins bons résultats. (2) Voyez Behm et Hoffmann, Beiträge sur Kenntniss des Glycogens und seiner De- rivate, in Archiv für experiment. Pathologie, x, 1879. 188 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Studien über das Welken von Blüthen und Laubspros- sen (Études sur la fanaison des fleurs et des rameaux feuillés); par M. Wiesner (Sitzungsberichte der kaiserl. Akademie der Wis- senschaften zu Wien, novembre 1882). Chez le plus grand nombre des plantes, la feuille transpire plus que la fleur, et habituellement se fane plus vite qu'elle sur les rameaux feuillés coupés ou insuffisamment pénétrés par l'eau. Si les fleurs sont coupées, leur fanaison est moins prompte que si elles se trouvent encore adhérentes aux rameaux détachés, ce qui prouve que la transpiration des feuilles du rameau enléve de l'eau aux fleurs. Le méme fait peut se produire daus les cultures sur certaines plantes insuffisamment arrosées. La feuille, une fois développée, peut aussi enlever de l'eau aux jeunes pédoncules de fleurs et de rameaux, quand l'eau ne parvient pas du sol assez abondamment. La fanaison des sommités n'est dans ce eas que secondaire. On la constate méme sur des sarments de vigne coupés et plongés dans l'eau par leurs extrémités. Au contraire, des plantes de méme espéce étant cultivées cóte à côte et bien enracinées, mais insuffisamment arrosées, celle dont on con- serve les feuilles a les extrémités fanées plus tót que celle sur laquelle on les a supprimées. L'anthése des fleurs est souvent causée par des phénoménes de trans- piration, et se trouve par conséquent favorisée par des phénoménes qui améneraient la fanaison des mêmes fleurs déjà ouvertes. Ainsi que l'ont constaté MM. Haberlandt et J. Boehm, des fleurs coupées et maintenues un certain temps sous l'eau se fanent à l'air libre plus vite que sans ce trai- tement. Il en est de méme des feuilles et des rameaux. Si l'humectation de la feuille augmente la transpiration, c'est parce que la membrane cel- lulaire en contact avec l'eau se dilate, ce qui diminue la résistance à la transpiration. Les feuilles absorbent ordinairement plus d'eau par la page inférieure. Aussi la pluie et la rosée ne leur apportent-elles pas grand'chose direc- tement. Mais elles agissent indirectement en restreignant la transpiration. Au contraire elles activent celle-ci quand elles ont cessé de tomber, comme on peut l'inférer de l'expérience précédente (1). La rosée peut par conséquent étre défavorable aux plantes. Il est à remarquer que quand les plantes se desséchent, certaine torsion de leurs pétioles améne la face inférieure à recevoir l'eau de la pluie d'une manière utile pour elles. Neue Beobachtungen über den Befruchtungsact der Gattungen Achiya und Saprolegnia (Nouvelles recher- (1) On pourrait en déduire queles averses momentanées ou giboulées du printemps ont pour effet d'accélérer la végétation. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 189 ches sur l’imprégnation chez les genres Achlya et Saprolegnia); par M. N. Pringsheim (Sitzungsberichte der k. preussischen Akademie der Wissenschaften zu Berlin, cahier du 19 octobre 1882). Il y a dans ce travail de M. Pringsheim une part d'observation et une part d'interprétation. Nous résumerons avec lui de la maniére suivante les principaux résultats de l'observation. « On trouve constamment, dit-il, dans les espéces du genre Achlya, une union solide, indissoluble, entre l'oosphére et le pollinide. Chez l'Achlya prolifera, le point d'union est caractérisé par une papille saillante, au niveau de laquelle la membrane de l'oosphére ne se constitue qu'en dernier lieu, aprés avoir été sur tous les autres points de son pourtour reconnaissable par les réactifs appro- priés. On voit, aussi bien chez l'Achlya prolifera que chez l'A. racemosa et PA. lignicola (1), apparaitre dans le protoplasma de l'anthéridie, à l'époque de la fécondation, les formations plasmiques munies d'un mou- vement amœæboïde (spermoamibes), qui plus tard pénètrent dans le polli- nide. Les spermoamibes ont la faculté de traverser la membrane du pol- linide (soit isolément, soit en entrainant avec eux le plasma qui remplit cet organe, et qui se rassemble en eux ou autour d'eux), mais sans pour cela qu'il existe un canal de communication évident et ouvert. L'issue des spermoamibes el du plasma a lieu aux extrémités en cæcum du pollinide, que celui-ci reste à l'extérieur de l'oogone ou pénétre dans son intérieur à la rencontre de l’oosphère (2). Pendant ce trajet, il ne s'opére aucune différenciation dans le plasma ni dans les spermoamibes. Les spermoamibes (3) de M. Pringsheim font songer aux corpuscules solides qui ont été signalés depuis longtemps dans le boyau pollinique des Angiospermes, notamment chez des Aurantiacées. M. Pringsheim ne récuse pas l'analogie. Il en fait d'ailleurs remarquer une autre, celle de lanthéridie émettant plusieurs pollinides, et du boyau pollinique du Juniperus se fragmentant pour aller féconder plusieurs archégones (4). Il compare aussi les phénoménes d'imprégnation examinés dans le régne animal par O. Hertwig et résumés dans la Physiologie der Zeugung de Hensen (où nous renvoyons pour d'utiles citations bibliographiques). On (1) M. Pringsheim réunit ces deux espéces sous le nom collectif d'Achlya colorata voyez les Jahrbuecher für wissenschaftliche Bolanik, t. 1x, p. 205). (2) Chez l'Achlya polyandra, M. Pringsheim parait penser que ce double phénomène existe à la fois, d'aprés la légende de la planche. (3) M. Zopf, en rendant compte du travail de M. Pringsheim dans le Botanisches Cen- tralblatt (4882, n° 49), a émis l'opinion, un peu inattendue, que ces spermoamibes seraient des parasites amoeboides qui auraient pénétré dans l'anthéridie et passeraient de là dans l'oogone. M. de Bary, qui à certaines critiques de M. Pringsheim fait une réponse extrémement vive dans la forme, partagerait volontiers, au moins en partie, l'opinion de M. Zopf (Bot. Zeit. 1883, n* 3, col. 60). Ajoutons que dans un récent cahier des Jahrbuecher (t. xiv, 17? livr.), M. Pringsheim a répondu à ces deux savants. (4) On sait que ce terme est aujourd'hui fréquemment employé à la place de celui de « corpuscule », en usage depuis les travaux de Robert Brown. 190 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sait que la comparaison entre la valeur des deux éléments copulateurs, de l’un à l’autre des deux règnes, admise assez généralement, a été prin- cipalement formulée par M. Strasburger (1). Mais M. Pringsheim ne par- tage pas cette idée. Il ne croit pas que le processus histologique de l'im- prégnation consiste dans la copulation d'éléments de méme valeur. Pour lui, l'essence de l'imprégnation, c'est l'attraction réciproque d'éléments de valeur inégale. Il ne voit pas dans l'observation des phénoménes la fusion de deux noyaux cellulaires, mais l'union de deux formations de nature trés diverse, dont l'une n'est point identique au noyau cellulaire de l’œuf, pas plus que l'autre n'est identique au noyau cellulaire du spermatozoide, bien que chacune des deux soit trés vraisemblablement, à un certain degré de génération, le représentant de l'une de ces unités morphologiques. Il viendra à chacun l'idée d'opposer à M. Pringsheim ce qui se passe dans la copulation des zoospores, et ce qu'il a décrit lui-même, en 1869, chez les Pandorina. Il répond que dans ces cas ce qu'il y a de plus par- ticulier aux zoospores, savoir les cils etles points rouges, ne disparait pas après la fusion des deux zoospores en une (2). Ueber die Zelltheilung der Closterieæ (De la partition cellu- laire chez les Clostériées) ; par M. Alfred Fischer (Botanische Zei- tung, n° 14-11, avec une planche). Le développement des Closterium, comme le dit dans ses conclusions M. Fischer, différe notablement de celui des autres Desmidiées. Mais les différentes espèces de Closterium, à ce point de vue, ne concordent pas parfaitement entre elles. On distingue en effet entre elles trois types, le type normal, le type bilatéral et le type périodique. Il n'existe entre eux aucune différence jusqu'à l'isolement des deux moitiés de la cellule. Jusque-là tout ce que l'auteur voit d'important à noter, c'est dans chacune des deux moitiés, séparées par la cloison, la migration du noyau, la divi- sion extréme du chromoplaste, etc. (1) Ueber Befruchtung und Zelltheilung, 1818, p. 75 et sq. (2) On ne trouvera probablement pas la réponse suffisante et on lui demandera en quoi different les deux gamètes chez les Mucorinées et les Spirogyra. M. Pringsheim ne parle pas de ceux-ci. Il parait évident que vers ce qu'on est convenu de nommer le bas de l'échelle, en un point qui touche à peu prés aux deux régnes, la valeur des deux gamètes est la méme. De là vient que chez les Sporodinia, Absidia, quand les deux rameaux renflés dont la conjugaison constitue ordinairement l’œuf de ces plantes, n'arrivent pas à se toucher, chaque cellule terminale grossit cependant, passe ensuite à l'état de vie latente, et plus tard germe comme l’œuf lui-même (Van Tieghem, Traité de botanique, p. 955), suivant un procédé qu'on a bien improprement nommé parthéno- genèse. À ce point de développement, il semble qu'il n'y ait pas encore de sexualité. Mais si l'on s'écarte en divergeant suivant les séries de chacun des deux règnes orga- nisés, la sexualité se prononce bientôt par la spécialisation de plus en plus marquée des deux gamètes. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 191 Le développement normal s'observe chez le Closterium Delpontii. Ici l'ancienne membrane de la cellule persiste sans modification. Le déve- loppement bilatéral a été constaté chez le Closterium moniliferum. Les moiliés de la cellule y prennent chacune un certain accroissement, ce qui modifie plus ou moins le volume du nouvel individu. Le développe- ment périodique a été offert par le Closterium erectum (comme par le Penium interruptum, d’après M. de Bary). Dans ce troisième cas, les moitiés de la cellule s’accroissent en deux périodes séparées par un inter- valle de repos. Traité pratique de botanique, par M. Ed. Lambert. [n-12 de 901 pages, avec de nombreuses figures intercalées dans le texte. Paris, Firmin Didot, 1883. L'auteur de ce Traité pratique commence par donner quelques conseils sur la maniére de recueillir, de préparer et de conserver les plantes, et conduit comme par la main le botaniste collecteur dans la campagne en lui indiquant les époques où il devra recueillir les plantes, leur habitat ordinaire, les conditions dans lesquelles il convient d'herboriser, l'ar- rangement des plantes en herbier. Il donne ensuite pour la France, bien entendu, un calendrier pharmaceutique végétal. Le Manuel lui- méme est distribué suivant l'ordre habituel des familles, à commencer par les Renonculacées. L'auteur s’y est fait un devoir d'éclaircir surtout la connaissance des espéces les plus importantes tant par leur struc- ture que par leur histoire. Ce long exposé est accompagné d'un grand nombre de figures représentant quelques détails d'organographie et plus souvent le port des plantes, ces derniéres fort bien exécutées et fort bien tirées sous les presses de la maison Didot. NOUVELLES. (20 décembre 1883.) — Nous avons le vif regret d'apprendre la mort de M. Alfred Déséglise, décédé à Genéve le 15 décembre dernier. — M. Costantin, docteur és sciences, vient d'étre nommé, pour l'année scolaire 1883-84, maitre de conférences de botanique à la Faculté des sciences de Bordeaux. — M. Boisselot, dansle numéro dela Revue horticole du 16 novembre dernier, décrit un moyen nouveau de multiplier un Lis. Des oignons de Lilium lancifolium, plantés sur le côté, à l'automne, furent recouverts d'un morceau d'ardoise, de sorte que, pour sortir, les tiges ont dû dévier sous le sol. Dans ces conditions, sur la partie oblique et cachée, elles ont développé plusieurs caieux magnifiques. 192 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. — On lit, dans un des derniers numéros de la Papeterie, que pour constater dans le papier la présence de la pâte de bois, il suffit (d’après des expériences faites au Musée technologique de Vienne) d'humecter le papier qu'on veut essayer d'une goutte d'un liquide composé de trois parties d'acide nitrique et d'une partie d'acide sulfurique. Si le papier contient du bois, il doit se colorer en brun. — M. Chapman a fait paraitre, au commencement de celte année, une seconde édition de son ouvrage intitulé Flora of the Southern States, dans lequel il envisage la flore des États-Unis méridionaux, mais seulement à l'est du Mississipi, abstraction faite, par conséquent, de la végétation de l'Utah, des montagnes Rocheuses et de la Californie. — Le Kryptogamen-Flora de M. Rabenhorst, qui a toujours été en se modifiant et en s'étendant, donne naissance à des publications impor- tantes annoncées par la librairie Ed. Kummer à Leipzig, savoir : les Al- gues marines de l'Allemagne et de l'Autriche, par Ferdinand Hauck; les Algues d'eau douce, par Paul Richter ; les Mousses et les Hépatiques, par G. Limpricht. — M.H. Müller-Thurgau a dernièrement (Naturforscher, t. xv, p. 949) montré qu'en maintenant pendant quelque temps des tubercules de. pommes de terre à une basse température, on transforme l'amidon en glycose. Cette température ne doit pas étre supérieure à — 3* C. Une fois la transformation commencée, elle marche rapidement. Il y a de notables différences dans la quantité de sucre produite selon la variété de pomme de terre. La transformation est favorisée par la présence d'une grande quantité d'eau. Elle est due à un ferment de la nature des diastases, dont la propagation est favorisée par un abaissement de tem- pérature (1). (1) La fermentation diastasique de l'amidon peut aussi, selon M. J. Wortmann (Zeitschrift für physiologische Chemie, t. vi, p. 287), être causée par des Bactéries, qui n'attaquent l'amidon que s'il est pur. Lorsqu'il est accompagné de matières albumi- noides, c'est à celles-ci que s'adresse d'abord le parasite. Il faut rapprocher des obser- vations de M. Wortmann celles que M. V. Marcanoa fait connaître par une note insérée aux Comptes rendus, 1882, t. xxv, p. 345, relativement à la fermentation du Mais. Lorsque ce grain est employé par les indigènes de l'Amérique méridionale pour la pré- paration de la chicha, il se développe, selon ce physiologiste, un organisme qui se pré- sente sous trois formes successives, celle d'un Vibrion, celle d'un Torula et celle de tubes de mycélium ; ce microbe attaquerait directement l'amidon du grain de Mais pour lui faire subir les différentes phases de la fermentation alcoolique. Le Rédacteur de la Revue, Dr EUGÈNE FOURNIER. Le Secrétaire général de la Société, gérant du Bulletin, AD. CHATIN. Imprimeries réunies, A, rue Mignon, 9, Paris. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE (NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1883.) N. B. — On peut se procurer les ouvrages analysés dans cette Revue chez M. Savy, libraire de la Société botanique de France, boulevard Saint-Germain, 77, à Paris Genera plantarum ad exemplaria imprimis in herbariis kewensibus servata’ definita; auctoribus G. Bentham et J.-D. Hooker. Voluminis tertii Pars secunda. Londres, 1883. L'infatigable persévérance de MM. Bentham et Hooker, et l'admirable richesse des collections et des documents rassemblés à l'herbier de Kew, leur ont permis de mener à son entier achèvement l’œuvre la plus consi- dérable que la botanique descriptive ait produite dans ces dix dernières années. Le fascicule considérable que nous signalons à nos lecteurs (pp. 441-1258) renferme en effet l'ensemble des Monocotylédones. Cet embranchement du règne végétal est partagé par les auteurs en sept séries, qui sont: 1? les Microspermées (Hydrocharidées, Burmanniacées, Orchidées) ; 2 les Épigynes ; 3° les Coronariées; 4° les Calycinées (Fla- gellariées, Joncées et Palmiers); 5° les Nudiflores (Pandanées, Cyclan- thées, Typhacées et Aroidées) ; 6° les Apocarpées (Triuridées, Alismacées, Naiadées) ; et enfin les Glumacées. Nos lecteurs n'attendent pas de nous que nous leur signalions par le inenu les diverses créations génériques nouvelles comprises dans cette immense série, ni que nous leur développions l'ordre suivant lequel est traitée chaque famille. Le présent cahier n'y suffirait pas. D'ailleurs nous avons fait connaitre, d’après des publications spéciales de M. Bentham, les plus importantes de ses idées sur la classification des Orchidées et des Graminées. ` On a reproché aux auteurs d’exagérer parfois le principe de la réunion des genres. C’est une question d’école. Mais plus on voit de haut et plus l’ensemble qu’on embrasse est étendu, grâce à la variété des types de connexion et au nombre des échantillons qu'on a sous les yeux, plus on se sent porté à réunir beaucoup plutót qu'à séparer, comme le font les botanistes qui ne peuvent étudier que des collections trop fragmentées et trop locales. Il faudrait du reste une autorité que nous n'avons pas pour apprécier dignement une œuvre comme celle que les botanistes de T. XXX. . (REVUE) 13 194 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Kew viennent de terminer. Cette appréciation a été d’ailleurs faite en toute connaissance de cause dans un article récemment paru en anglais dans le journal scientifique Nature. Traité de botanique; par M. Ph. Van Tieghem. Fasc. vir-ix. Paris, F. Savy, 1883-84. M. Van Tieghem a aussi terminé le monument qu'il vient d'élever à la botanique anatomo-physiologique. Nous avons assez fréquemment, à divers endroits de cette Revue et souvent en bas de page, cité les opinions de l'auteur et renvoyé nos lecteurs à son ouvrage, pour que dans l'ex- tréme abondance des matiéres il nous soit permis d'indiquer briévement le contenu de ses trois derniers fascicules. Les fascicules vir et viri sont consacrés à la description des familles de Cryptogames. On trouvera un grand attrait de nouveauté dans les cha- pitres qui exposent les familles de la cryptogamie inférieure. Outre l'im- portance des citations, on appréciera un ordre en certains points diffé- rent de l'ordre suivi jusqu'ici, et une intuition scientifique remarquable des rapports qui réunissent certains types de Champignons incomplets à des types bien mieux connus, par exemple la levüre aux Pezizes, et les Aspergillus aux Tubéracés. Le fascicule 1x traite des familles de plantes phanérogames. Pour les Angiospermes, les limites de ce traité, déjà si considérable, n'ont permis ni d'intercaler aucune figure, ni de citer les trés nombreux travaux des-- criptifs auxquels les familles de ce sous-embranchement ont donné lieu. Des tableaux intercalés en leur lieu et place y résument les divisions accep- tées par l'auteur en ordres et familles, avec les caractéres dichotomiques. Les familles de Monocotylédones sont étudiées avec détails. Pour la classe des Dicotylédones, dont l'auteur admet 446 familles, il n'a étudié avec les mémes développements que 21 familles principales, auxquelles il a rattaché les familles moins importantes, objets d'une description plus sommaire. Suivant la marche adoptée par lui, M. Van Tieghem commence par les Apétales à ovaire supére pour finir par les Gamopétales à ovaire infère. Il indique pour chaque famille ce qu'on sait de ses repré- sentants à l'état fossile. Aprés cette longue étude des familles, l'auteur a tracé le résumé d'un traité de géographie botanique. Il y étudie d'abord l'influence de l'oxy- gène, puis celle de l'eau, celle de la radiation, celle de l'aliment; l'in- fluence des autres étres vivants sur la distribution d'une espéce végétale, l'influence de la répartition antérieure, etc. Un long article est consacré à l'aire des espéces, puis l'auteur entre avec M. Grisebach dans l'étude des flores naturelles. Enfin les dernières pages traitent des formes végé- tales pendant les périodes géologiques. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 195 Sur les causes et les limites des variations de struc- ture des végétaux; par M. Julien Vesque (Annales agrono- miques, t. 1x, 1883). On sait combien M. Vesque s’est occupé déjà de l'influence des agents extérieurs sur les modifications de la structure interne des végétaux, tant au point de vue philosophique qu’au point de vue des applications. La principale pensée philosophique qui se dégage de ces recherches, c’est qu'il n'y a pas de lien direct entre l'effet physiologique d'une modifica- tion introduite dans la structure d'un végétal et la cause méme de cette modification. Il est vrai qu'on assiste quelquefois à des phénomènes d'autorégulation, mais celle-ci ne constitue pas plus une cause finale que le régulateur à force centrifuge d'une machine à vapeur, qui, par sa vitesse méme, s'oppose à l'exagération de celle de la machine. : Les conclusions relatives à cette question de philosophie naturelle sont ainsi déduites par M. Vesque : 4. Les cellules en palissades se développent sous l'influence de la transpiration ; elles sont au contraire surtout utiles dans l'assimilation du carbone. — 2. La transpiration est également la cause première des sinuosités des parois verticales de l'épiderme. — 3. Les poils des parties aériennes se multiplient et s'allongent dans un milieu sec et éclairé, mais on ne parvient pas à faire naitre des poils sur une plante entiérement glabre. Chez elle l'action du méme milieu se traduit par l'épaississement de la cuticule. — 4. La disposition des stomates dépend en premiére ligne d'une habitude héréditaire, mais c'est la transpiration qui met en jeu cette habitude. Le nombre des stomates dépend de la transpiration. — 5. Le degré de développement des méats intercellulaires est une fonction de la grandeur de la transpiration. Ces méats sont d'autant plus volumi- neux que la transpiration est plus faible, d’où résulte une véritable auto- régulation de la transpiration. — 6. Les formes spéciales des plantes étiolées sont dues à la diminution excessive de la transpiration. — 7. La carnosité provient : 1° de la température élevée du sol; 2° des solu- tions alternativement concentrées et diluées qui l'imbibent ; elle rend les plantes aptes à résister à des sécheresses périodiques. — 8. La culture, et notamment la culture maraichére, peut tirer parti de ces influences du milieu. ; Ueber die Anpassungen zum Aufrechtbehalten der Pflan- zen und die Wasserversorgung bei der Transpiration (Des conditions qui assurent la rectitude des plantes, et de la manière dont l'eau est fournie à la transpiration) ; par M. V. Meschayeff (Bul- letin de la Société des naturalistes de Moscou, 1882, n* 4); tirage à part en broch. in-8° de 26 pages. Moscou, 1883. 196 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Bien que publié dans l’année 1882 du Bulletin de Moscou, ce mémoire est daté de mars 1883. L'auteur y rappelle le travail précédent de M. Elfving, et aussi une expérience de M. Vesque, consignée dans le mé- moire cité plus haut, p. 41. M. Vesque avait fait remarquer que les parties dures, formant le squelette des plantes, ne se développent bien qu'à l'air sec, c'est-à-dire quand les plantes sont soumises à une transpiration abondante, et parcourues par conséquent par un courant séveux plus in- tense de la racine vers les extrémités. M. Meschayeff envisage tout à fait de méme l'un des résultats de la transpiration végétale, et s'éloigne au contraire beaucoup des idées de M. Schwendener, contre lequel il for- mule différentes critiques en examinant les conditions mécaniques de la rectitude de la plaute. Il n'y a, dit-il, aucun système en particulier qui soit chargé de l'assurer, et ce qu'il faut considérer surtout dans le résultat organique obtenu, ce sont les conditions de développement qui agissent pour préserver les organes contre la plicature ou la flexion fréquente chez les tiges mal éclairées et mal aoütées, chez lesquelles la transpira- tion n'a pas été suffisante, comme chez les pédoncules qui se développent trop promptement pour que dans .leurs tissus il puisse se former des trainées d'induration suffisantes, ou encore lorsque le développement exagéré de l'appareil floral dû à la culture (Dianthus, Tagetes, etc.) triomphe de la résistance bornée de leur support. Ajoutons que M. Meschayeff a tenu plus de compte que la plupart des auteurs du róle que jouent, dans le cas d'une évaporation active, la moelle en fournissant de l'eau qu'elle tient en réserve dans son tissu làche (pen- dant la jeunesse de la plante), et l'écorce en se contractant sur le paren- chyme (1). Ueber die Wasserleitung in Holz (Sur le transport de l'eau dans le bois); par M. Fred. Elfving (Botanische Zeitung, 1882, n* 42). Depuis Hales, on sait que le courant d'eau provoqué par la transpira- tion chez les plantes terrestres monte des racines aux feuilles par le bois. Mais comment l'eau monte-t-elle dans le bois? Ou bien ce sera par les cavités des éléments ligneux, en traversant les cavités des éléments qui les séparent ; ou bien ce sera dans l'épaisseur méme des membranes li- gnifiées, et par imbibition. La première manière de voir n'a jamais cessé d'étre admise et enseignée en France (2), mais elle a été abandonnée en (1). Sur la transpiration végétale, il y a lieu de consulter une note de M. Tschaplo- witz, note insérée dans le Botanische Zeitung du 1° juin 1883. M. Tschaplowitz y admet l'existence d'un optimum de trauspiration. (2) Van Tieghem, Traité de botanique, pp. 669, 677, 806 et suiv., et Ann. sc. nat. 6* série, t. xv, n° 1, p. 16 (en note). REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 191 Allemagne pour l'opinion contraire, que formula d'abord Unger (1), que défendit M. Pfeffer (2), et que soutint définitivement M. Sachs (3). Une réaction a été commencée en Allemagné par M. Bohm (4), dont M. Vesque a fait connaitre et partagé les idées (5). M. Elfving, qui a fait des expériences sur des Conifères et.sur un cerlain nombre d'autres essences, a des opinions particuliéres que nous résumons. Si, dit cet observateur, on étudie au microscope, à un faible grossissement, la sec- tion longitudinale d'un morceau de branche, pendant qu'on insuffle un liquide par un tube de caoutchouc adapté à la branche, on voit bientôt les bulles d'air enfermées dans les trachéides se contracter, puis se dilater alternativement. L'emploi de l'éosine comme liquide dans ces expériences d'insufflation montre les trachéides remplies alternativement par des bulles de gaz, par du liquide rouge et par. du liquide incolore. M. Elfving s'est convaincu que la membrane des trachéides non intéressées dans la seclion demeure toujours incolore, ce qui prouve que la solution d'éosine ne se déplace pas entre les moléeules des membranes, mais bien dans les cavités, en filtrant de trachéide à trachéide. Les contenus rouges de deux trachéides voisines semblent étre complétement séparés par la membrane incolore, et ne se trouver en contact que dans l'espace lenticulaire des ponctuations aréolées. Ces ponctuations n'existent que sur les faces tan- gentielles des trachéides, et ce n'est que dans le sens tangentiel qu'un cylindre découpé dans le bois du Conifére laisse passer la solution co- lorée. C'est donc par ces ponctualions que filtre le liquide. D'autre part, en injectant dans les trachéides du beurre de cacao (qui fond à 30 degrés), on opère l'occlusion de leur calibre, et l'on ne peut plus ensuite faire pénétrer la solution d'éosine par ces trachéides ; et cependant leur mem- brane ne pourrait avoir perdu ainsi sa prétendue faculté d'imbibition. En injectant du beurre de cacao dans une tige de Mais, on voit que l'injection ne pénètre que dans les vaisseaux : M. Sachs supposait donc à tort quele transport de l'eau s'effectue dans la tige des Monocotylédones parles gaines scléreuses des faisceaux libéro-ligneux. Chez plusieurs autres plantes, M. Elfving a constaté également que le bois perd sa con- ductibilité dés que les calibres de ses éléments sont bouchés. C'est donc un fait général que l'eau de transpiration monte par les cavités et non (1) Weitere Untersuchungen über die Bewegung der Pflanzensafles, in Sitzungs- berichte der kais. Akademie der Wissenschaften zu Wien, 1868, t. Lv. (2) Pflanzenphysiólogie, 2 21. (3) Ueber die Porositüt des Holzes, in Arbeiten des botanischen Instituts in Würzburg, t. ij. (4) Voyez la table du volume xx1v du Bulletin, art. Bæhm. (5) Voyez tome xxix (Revue), p. 146. Les idées émises dans une note inséréc aux Comptes rendus par M. Vesque ont été depuis développées par lui dans les Annales des sciences naturelles, 6* série, t. Xv, pp. 1-15. 198 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. par les membranes des éléments. Ce sont les vaisseaux, soit les vaisseaux ouverts, soit les trachéides, qui se montrent les éléments conducteurs par excellence. Chez les Coniféres, la plus grande portion de la mem- brane sert de soutien pour le vaisseau et pour la plante tout entiére, tandis que les ponctuations aréolées sont les places réservées à la filtra- tion. Dans les plantes à bois plus compliqué, le rôle de soutien est rem- pli par des éléments spéciaux, pourvus de membranes uniformément épaissies, qui sont les fibres. Les épaississements des membranes des vaisseaux n’ont alors d’autre but que de maintenir les vaisseaux ouverts et de les protéger contre la pression des éléments voisins. Ueber die Wasservertheilung in der Pflanze (De la répar- tition de l'eau dans la plante); par M. G. Kraus. Halle, 1881, chez M. Niemeyer. Il s'agit principalement dans ce mémoire de la période diurne du gon- flement des plantes, période qui, selon l'auteur, est générale chez les vé- gétaux. L'épaisseur des feuilles des plantes grasses diminue jusqu'aux premières heures de l'aprés-midi, où elle atteint un minimum pour s’ac- croitre de nouveau. Elle est plus grande la nuit que le jour. Les plantes privées de leur racine n'ont qu'une périodicité irréguliére. Lorsqu'on em- péche la transpiration, l'épaisseur augmente ; lorsqu'on n'arrose pas les plantes, les changements périodiques sont supprimés. Ces faits et le do- sage de la matiére séche prouvent que les changements de volume dépen- dent de ceux de la quantité d'eau contenue dans les feuilles. Les boutons de Roses, les capitules des Dahlia, les cónes des Coniféres, différents fruits charnus, présentent le méme phénoméne. La périodicité est sup- primée lorsqu'on détache ces parties de la plante-mère ; elle est done due aux oscillations de la quantité d'eau contenue daus la plante tout entiére. La période diurne du gonflement du tronc est plus compliquée. Con- trairement à ce que l'auteur croyait antérieurement, le bois peut y prendre part aussi. bien que l'écorce. Tantót, comme chez le Fréne, c'est le bois seul qui se gonfle; tantôt l'écorce se gonfle avec le bois ; tantôt l'écorce se gonfle seule, ce qui est rare. Plusieurs séries d'expériences ont encore montré que ces changements de volume sont dus à la quantité variable de l'eau contenue dans le bois ou dans l'écorce. Ueber die Wasserbewegung in den Pflanzen (Du mouvement de l'eau dans les plantes); par M. R. Hartig (Untersuchungen ans dem fürstbotanischen Institut, 1882 et 1883, et Botanische Zeitung, 1883, n* 45). M. Hartig se demande d'abord quelle est la partie du bois qui conduit REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 199 la sève ascendante. Le duramen ne le fait que chez un certain nom- bre d’espèces. Les organes qui servent à transmettre la sève sont, dit- il, reconnaissables à leurs ponctuations aréolées; ce sont surtout les trachéides, et à certain moment les vaisseaux; on ignore dans quelle mesure et pendant combien de temps les vaisseaux prennent part à ce phénomène dans les diverses parties du hois. L'auteur examine ensuite l'absorption de la sève par les racines. Elle est, dit-il, presque indépendante de l'ascension de la séve dans le corps ligneux ; elle est causée par les forces osmotiques de la racine vivante et en particulier des poils radicaux; elle ne dépend pas de la quantité d'eau que la plante exige. La rapidité de l'absorption dépend en premiere ligne de la température du sol et de l'état du systéme radiculaire, ainsi que de l'humidité du soi. Lorsqu'une plante est tellement chargée d'eau que l'air inclus se trouve à une pression voisine de celle de l'atmosphére, et que l'absorption ra- diculaire se continue sans que la transpiration puisse rétablir l'équilibre, cet air ne tarde pas à subir une compression, et détermine ainsi les pleurs spontanés ou occasionnés par une blessure. D’autres fois, indé- pendamment de la fonction des racines, la force élastique du gaz inclus peut étre mise en jeu par l'action directe du soleil. Quant à la cause de l'ascension de la séve, elle n'est autre, selon M. Hartig, que la différence de pression de l'air contenu dans les diffé- rents organes, différence de pression qui chasse l'eau liquide de cellule en cellule et de bas en haut. M. Hartig n'admet pas la mobilité extréme de l'eau d'imbibition, à l'exemple de M. Sachs ; il se rapproche beaucoup plus des opinions de M. Elfving et de M. Bæhm (1). Selon lui, le passage de l'eau n'a lieu qu'à travers les parois délicates des ponctuations aréolées, et méine surlout à travers le bord extrémement mince de ces parois. Le petit disque épaissi qui occupe le centre de cette membrane tend la partie périphérique élastique et sert en méme temps de soupape de süreté, en s'appliquant, lorsqu'il y a différence de pression entre deux cellules voisines, à l'orifice de l'aréole, et en évitant ainsi les déchirures. Il faut ajouter à tout cela que dans les éléments conducteurs la pesan- teur de l'eau est annulée par la capillarité, de sorte qu'il ne peut pas se produire de mouvement de descente. Au contraire, la diminution de pres- (1) Cependant, comme l'a indiqué M. Vesque dans les Annales agronomiques (mai 1883, p. 234), M. Hartig accorde à l'osmose des racines une importance beaucoup plus considérable que M. Bæhm. M. Vesque fait remarquer que la pression atmosphé- rique doit intervenir au moins dans certains cas, par exemple lorsque, le sol étant pauvre en eau, l'absorption a été faible pendant longtemps et l'air inclus à une faible pression, et qu'il survient une pluie ou une forte rosée. En tout cas, la théorie de l'im- bibition étant à peu prés abandonnée aujourd'hui, le nœud principal de la question est l'évaluation exacte de la poussée des racines. 200 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sion causée dans la couronne de l’arbre par la transpiration se transmet jusqu’à la base pour faire monter l'eau de cellule en cellule. Ueber die Wassertheilung in heliotropisch gekrümm- ten Pfianzentheilen (De la répartition de l'eau dans les parties des plantes qui subissent des incurvations héliotropiques) ; par M. Alexander Thate (Pringsheim's Jahrbuecher, 1. xiu, 4° livraison, pp. 708-729). M. Kraus, dans son mémoire sur la répartition de l'eau dans la plante, avait affirmé que chez les organes soumis à une courbure héliotropique positive, le côté ombragé contient plus d'eau que le côté éclairé. M. Thate, aprés des expériences assez nombreuses et variées (Coleus, Clematis, Phaseolus, Sambucus, Dahlia, Silphium), pense au contraire qu'il n'y a pas de différence entre la proportion d'eau contenue dans chacune des deux moitiés de l'organe incurvé. Tout au moins est-il vrai qu'il n'a pu en constater aucune. On serait disposé à lui reprocher quelque défaut dans la conduite de ses expériences, mais c'est lui au contraire qui re- proche des causes d'erreur à la méthode employée par M. Kraus. Il sou- tient que cette méthode ne pouvait donner que des résultats approxi- matifs. Ueber Wasserauscheidung in liquider Form an den Bláttern hóherer Pflanzen (De l'excrétion d'eau liquide sur les feuilles des végétaux supérieurs) ; par M. G. Volkens. Thèse inau- gurale. In-8° de 36 pages, avec 3 planches. Berlin, 1882. M. Volkens décrit la partie supérieure de la feuille du Calla, qui est disposée pour la sécrétion de l'eau. Outre les stomates ordinaires, l'épi- derme de l'extrémité cylindrique de cette feuille est muni d'organes de méme nature, mais modifiés et, trés élargis, qu'il nomme « fissure d’excré- tion ». Le tissu intérieur est formé d'un parenchyme assimilateur qui entoure les extrémités des trachées; celles-ci se trouvent en contact immédiat avec un tissu à minces parois et à contenu aqueux que l'auteur nomme épithéme. Les cellules de l'épithéme forment un tissu spongieux, dont les espaces intercellulaires, larges et nombreux, sont toujours rem- plis d'eau. M. Volkens admet que l’excrétion de l'eau est déterminée par la force d'absorption de la racine. Les Aroidées sont la seule famille de Monocotylédones qui posséde un véritable appareil sécréteur. Dans les autres familles, l'épiderme livre passage au sommet organique de la feuille, et les vaisseaux déchargent leur superflu aqueux dans la fissure qui en résulte. Quand il existe des organes excréteurs spéciaux, ces organes occupent ordinairement le sommet et les dents de la feuille; mais quelquefois, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 201 comme chez les Crassula et les Urtica, ils sont disséminés sur toute la surface de la feuille. Note pour servir à lhistoire de la formation de la houille ; par M. D. Renault (extrait des Mémoires de la Société des sciences naturelles de Saône-et-Loire) ; tirage à part en broch. in-4° de 5 pages. M. Renault revient dans cette note sur un sujet considérable qu'il a déjà traité (1), mais qu'il considére cette fois sous un point de vue un peu différent. Non-seulement, dit-il, la houille ne peut provenir que de la transformation sur place des éléments qui constituent les végétaux, et dont elle a conservé la figure; mais encore le bois, aussi bien que l’écorce, a contribué à la formation de la houille. Il est vraisemblable, dit-il, d'ad- mettre entre la composition de la houille pure et celle des éléments orga- niques dont elle dérive, une relation que des analyses ultérieures feront connaitre. Pour lui, le pouvoir calorifique des houilles est également en relation avec le mode de condensation et la composition primitive des éléments organiques qui les ont produites. Deuxième Note pour servir à l’histoire de la formation de la houille; par M. B. Renault (Comptes rendus, séance du 3 novembre 1883). M. Renault poursuit maintenant dans les détails les preuves des faits qu'il a énoncés auparavant d'une maniére générale comme résultant de ses observations sur la formation de la houille. Il s'attaque cette fois à la famille des Calamodendrées, représentée par les genres Calamodendron Ad. Br., Arthropitus Goepp. et Asolenoloxylon B. Ren. Il décrit les caractéres de cette famille d'aprés les écliantillons silicifiés. Or la houille de Calamodendron a conservé, dit-il, les caractéres de ce genre, étudié particulièrement par lui sur le Calamodendron congenium et sur le C. striatum. Sur les cassures fraiches, on reconnait les bandes alternantes caracté- ristiques du genre, les unes plus brillantes, les autres plus mates. L'ana- lyse microscopique a montré que les bandes brillantes correspondent aux gaines prosenchymateuses. On y distingue la lame de tissu fondamen- tal secondaire qui sépare les coins ligneux. Les bandes plus ternes sont dues au tissu ligneux qui, suivant les espéces, est composé de trachéides rayées, ponctuées ou réticulées. Les différences anatomiques constatées par M. Renault entre les deux Calamodendron cités plus haut se conser- vent dans la houille provenant de leur bois. La contraction éprouvée par (1) Voyez plus haut, page 141. 202 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. € leurs éléments organiques en se transformant en houille varie de la moitié au cinquième des dimensions primitives, et dépend en partie des compres- sions extérieures que la plante a subies. Troisième Note pour servir à l'histoire de la formation de la houille; par M. D. Renault (Comptes rendus, séance du 17 décembre 1883). Cette fois c'est au genre Arthropitus Gopp. que M. Renault demande la confirmation de sa théorie. Ne pouvant, faute d'espace, passer en revue toutes les espéces de ce genre qu'il a retrouvées à l'état de houille, il se borne à étudier principalement : 1° PA. bistriata, caractérisé par la pré- sence, entre les coins de bois, de lames de tissu fondamental secondaire bien distinctes, s'étendant d'une articulation à l'autre et du centre à la périphérie, ayant les trachéides rayées, et les cellules des rayons médul- laires trois à cinq fois plus hautes que larges, dont enfin l'écorce offre à la périphérie des bandes parallèles de tissu hypodermique; — 2° PA. gigas, si remarquable par sa taille et par la quantité de houille qu'il a laissée. M. Renault a reconnu, dans de la houille qui lui a été envoyée par M. Fayol, un fragment qui présentait tous les caractéres de l'Ar- thropitus bistriata. Dans l'A. gigas converti en houille, la contraction des éléments est environ des 16/17 du volume primitif. Fructifications de Fougères du terrain houiller; par M. R. Zeiller (Ann. sc. nat., 6*j sér., tome xvi, pp. 177-209, avec 4 planches). Suivant l'impulsion donnée aujourd'hui à la paléontologie végétale, et la trace de travaux antérieurs, M. Zeiller arrive à préciser la place, parmi les tribus de Fougères, d’un certain nombre d'anciens Pecopteris et Sphe- nopteris. D'heureuses circonstances lui ont permis de trouver dans les collections de l'École des mines, parmi une grande quantité d'échantillons provenant du terrain houiller moyen, un certain nombre de pennes de Fougéres en assez bon état de conservation. Sur quelques-unes d'entre elles, les sporanges eux-mémes, bien que transformés en charbon, avaient, gràce à la finesse de la roche schisteuse, conservé tous les traits exté- rieurs de leur organisation, et montraient assez nettement le réseau cel- lulaire de leurs parois pour que M. Zeiller ait pu les étudier. Les uns ont offert la constitution des sporanges des Marattiacées, d'autres un anneau ou une bande élastique. M. Zeiller a pu distinguer, parmi les premiers, divers types qu'il figure : le genre nouveau Crossotheca, dont les sporanges pendent sous forme de frange au bord des segments fertiles, et dont les segments stériles sont REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 203 considérablement réduits et modifiés; — le Calymmatotheca Stur (1), chez lequel les organes disposés en étoile autour d'un petit réceptacle orbiculaire sont non pas des fragments d'indusium (comme l'avait cru M. Stur), mais des sporanges, ainsi que l'ont constaté M. Lesquereux et M. R. Renault ; — le Dactylotheca Zeill., nov. gen. (Pecopteris dentata Ad. Br.), dont les sporanges sont étalés, surtout sur les lobes inférieurs, à peu prés comme les doigts de la main ; — Renaultia Zeill., nov. gen. (Sphenopteris gracilis, Sph. cherophylloides), dont les sporanges res- semblent beaucoup à ceux des Angiopteris, mais sont isolés au lieu d'étre groupés ; — Myriotheca Zeill., nov. gen., qui simule une Acrostichée à cause de la densité de ses fructifications; mais celles-ci sont des sporanges absolument dépourvus d'anneau et tout semblables à ceux des Renaultia. Ces découvertes augmentent encore l'importance et la diversité des Ma- ratliacées houilléres. Parmi les types à sporanges annelés, M. Zeiller a distingué les genres Senftenbergia Corda, chez lequel la déhisceuce se faisait en long suivant l'un des méridiens, comme chez nos Schizéacées; — Oligocarpia Goepp., dont les sporanges reproduisent ceux des Gleichéniacées ; — Hymeno- phyllites Gœpp., chez un représentant duquel, le Sphenopteris delica- tula Sternb., les sporanges rappellent exactement ceux de nos Hyméno- phyllées actuelles, sans qu'on puisse cependant en fixer nettement la place générique; — Diplotmema Stur, dont M. Zeiller ne peut pas encore préciser l'affinité naturelle, mais qu'il rapprocherait volontiers des Lygo- dium; — Grand'Eurya Zeill., nov. gen., que son anneau élastique à plusieurs rangs de cellules écarte complètement de toutes les familles de Fougères vivantes, qu'il ne peut rapprocher que des sporanges des Bo- ltyoptéridées, et qui lui parait avoir avec les Zygopteris des rapports du méme genre que ceux des Todea avec les Osmunda ou des Cyathea avec les Thyrsopteris. Les Botryoptéridées, dit M. Zeiller, constituent en effet pnrmi les Fougères une famille de méme ordre que les Gleichéniacées, les Cyathéacées ou les Polypodiacées, si méme elles ne doivent pas être rangées dans un groupe spécial, au méme titre que les Marattiacées. Les organismes vivants de l'atmosphère; par M. P. Miquel. Un vol. in-8° de 310 pages, avec fig. Paris, Gauthier-Villars, 1883. Nous avons déjà, à diverses reprises, entretenu nos lecteurs des travaux de M. Miquel, que ce livre résume en grande partie, ce qui nous permet, pour plusieurs de ses chapitres, d'en signaler simplement le titre. Le chapitre 1° est consacré à l'étude des poussières atmo- (1) Stur a écrit Calymmotheca. M. Zeiller a raison de rectifier cette orthographe vicieuse. . 904 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sphériques, minérales ou organiques, qui ne sont pas des spores de végétaux; — le n° principalement à celle de ces poussiéres qui sont des spores de végétaux cryptogames, el qui se retrouvent abondantes dans l'air des égouts.— Le chapitre 11 traite de l'existence dans l'air des germes des Bactéries et de la théorie de la génération spontanée.— Le chapitre tv est plus spécial. L'auteur y étudie successivement les Micrococcus et leurs dispositions diverses (formant les états que l'on a nommés Torula et Sarcina), les Bacterium, les Vibrions et Microbes spiralés. Ce clia- pitre est éclairci par d'importantes figures. L'une d'elles représente des variations intéressantes. Si l'on ne veut pas tomber dans des excés regrettables pour la microbotanique, de créer sans cesse de nouvelles variétés d'organismes, il faut, dit M. Miquel, s'habituer dés le début aux formes diverses que peuvent adopter transitoirement beaucoup de micro- phytes. Une différence de grosseur entre deux individus de la méme cul- ture s'explique trés naturellement, si l'on songe que les derniéres géné- rations de microbes apparaissent dans un milieu peu propice à leur nutrition, épuisé ou méme empoisonné par le produit des excrélions des premiers Schizophytes. Parmi ces Schizophytes étudiés par M. Miquel se trouve un Bacterium anaérobie, qui transforme le soufre en hydrogène sulfuré, ei qui, notamment, en altérant les tubes de caoutchouc vulcanisé, rend sulfhydrique en vingt-quatre heures l'eau qui les traverse (1). Intro- duit dans une solution de Cohn renfermant de Purée artificielle, en société avec le Micrococcus ureæ, le Bacterium sulfhydrogéne développe promp- tement du sulfhydrate d'ammoniaque, ce qui parait réaliser dans le labo- ratoire le phénoméne si fréquemment observé dans les cabinets d'aisances mal tenus. M. Miquel s'efforce de distinguer les uns des autres les types nommés Micrococcus, Bacterium, Bacillus, et qui pour plusieurs auteurs récents, notamment pour M. Van Tieghem, n'ont point la valeur de genres. Selon le physicien de Montsouris, le Bacterium se sépare du Micrococcus non pas tant par sa forme que par sa mobilité, et les Bacte- rium ne produiraient pas les spores brillantes tant de fois observées chez les Bacilles. En outre, si le mierobe meurt à une température de 60 degrés et se montre incapable de se rajeunir dans une infusion semblable à celle où il est né, tout doit faire présumer, selon M. Miquel, que c'est un Bacterium et non un Bacillus. La germination du «gros Bacille », que, d’après M. Miquel, on rencontre dix à douze fois sur cent dans l'atmosphére, est assez curieuse : la spore s'étrangle d'abord, puis se dédouble en deux globules qui prennent séparément la forme d'ellipsoides, puis celle de bàtonnels; la scission des articles s’achève plus tard quand les deux filaments accolés ont acquis assez de force pour se (1) Voyez le Bulletin de la Société chimique de Paris, t. xxxu, p. 117. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 205 séparer aprés de nombreux mouvements de flexion et de contreflexion exécutés au niveau de l'articulation. Le « Bacille rameux », rencontré deux fois dans l'air puisé au centre de Paris, est formé de filaments branchus nés d'un filament principal, et laisse apparaitre dansl'intérieur de ses filaments des spores réfringentes. M. Miquel, aprés avoir cultivé pendant cinq ans les Bactéries sur le porte-objet, confesse n'avoir rien vu qui puisse ébranler sa conviction sur limmutabilité des espèces. Il indique cependant quelques exemples, observés par lui, de métamorphoses remarquables, ou plutôt d'accom- modation à un milieu donné. Le Micrococcus bacilliforme, qui générale- ment se multiplie par scissiparité du globule qui forme son article adulte, germe parfois à la manière des spores des Mucédinées et des Bacilles, fournit un mycélium droit ou contourné en tous sens, présente dans son parcours de nombreux renflements; ceux-ci passent par segmentation à l'état de gros grains, dont le diamétre peut atteindre la largeur des globules du sang de l'homme (1). Le chapitre v est relatif aux procédés employés pour récolter les germes aériens des Bactéries et pour obtenir des liqueurs parfaitement stérilisées „par la chaleur ;— le chapitre vı et le chapitre vii, à certaines expériences de laboratoire. M. Miquel passe ensuite aux résultats qui intéressent lhygiéne et la pathologie, d’après des expériences effectuées à l'Hótel- Dieu et à la Pitié. Il termine par l'étude des divers antiseptiques. Les trois antiseptiques les plus puissants sont l'eau oxygénée, le sublimé el le nitrate d'argent. Le chloroforme immobilise les Bactéries comme il immo- bilise passagèrement les cellules nerveuses des centres sensibles, mais il ne les tue en aucune facon. L'acide thymique est bien supérieur à l'acide phénique. Le chlorure de calcium, si peu coüteux, est trés efficace pour arrêter le développement des Bactéries. Die Spaltpiltze, nach dem neuesten Standpunkte bearbeitet (Les Schi- zomycètes, examinés sous le point de vue le plus récent), par M. W. Zopf (extrait de l'Encyclopaedie der Naturwissenschaften). Un vol. in-8° de 100 pages, avec de nombreuses gravures sur bois. Breslau, chez Ed. Trewendt, 1883. L'auteur examine successivement la morphologie, là physiologie des Schizomycétes, fait connaitre la méthode employée par lui pour leur exa- men, et en trace la monographie systématique. Dans la dernière partie, M. Zopf admet quatre tribus, savoir : 1° Coc- cacées (Leuconostoc); 2^ Bactériacées (Bacterium, | Clostridium) ; 3° Leptothricées (Crenothrix, Beggiatoa, Phragmidiothrix, Leptothrix); (1) Ce n'est certainement pas là un Micrococcus d’après la définition de M. Cohn. 206 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 4 Cladotrichées (Cladothrix). Toute cette partie est illustrée par des figures, et contient l’histoire de chacun de ces petits êtres avec de nom- breux renseignements bibliographiques, loin d’être bornée à une stérile accumulation de diagnoses. Elle sera des plus utiles aux observateurs, nombreux aujourd’hui, qui croient découvrir dans des phénomènes natu- rels, normaux ou pathologiques, l'influence d'un Bacterium (1). Ils devront surtout étudier dans le livre de M. Zopf les transformations de ces petits êtres, tout Bacterium pouvant se présenter aussi sous la forme de Coccus, de Bacillus et de Leptothrix (2). Le r* chapitre, consacré à l'anatomie des Schizomycétes, met particulièrement en relief, notammeni. dans l'étude du Crenothrix Kuhniana (3), ce polymorphisme que M. Zopf parait disposé à étendre (4) beaucoup. De bonnes figures font comprendre la formation des embryons vibratiles (Schwermer), la naissance des spores à une extrémité des bâtonnets, celle des colonies dites zooglea, etc. Dans la partie physiologique, M. Zopf a résumé les principaux faits de la nutrition des Schizomycètes, c'est-à-dire de leur action sur les mi- lieux aux dépens desquels ils vivent (5), et il a (traité par conséquent, bien qu'en abrégé, des fermentalions, en s'étendant de préférence sur linfluence qu'exercent sur ces phénomènes biologiques les forces phy- siques telles que la température, la lumière, l'électricité (6), etc. On a remarqué que M. Zopf, à l'exemple de M. Nægeli, emploie l'expres- sion de Schizomycètes, persistant à regarder les Bactériens comme des Champignons. On s’accorde à les considérer comme des Algues à cause de certains phénomènes de coloration et de leur affinité avee les Oscilla- toriées. Même M. Zopf a décrit récemment (7), sous le nom de Gliothrix (1) Voyez la Gazette hebdomadaire de médecine et de chirurgie, numéro du 25 jan- vier 1884 et suivants. (2) Plusieurs de ces transformations, notamment le passage de la forme de Bacterium à celle de Spirillum, ont été figurées par M. H. Kurth, sur son nouveau Bacterium Zopfii (Botanische Zeitung, 1883, n. 231). (3) Voyez le Bulletin, t. xxix (Revue), p. 175. (4) M. C. Nægeli va jusqu'à soutenir que toutes les formes de Schizomycètes sont re- liées entre elles par des phases de transition, et qu'il n'y a aucun moyen scientifique d'y reconnaitre des espèces, les formes connues étant déterminées par le milieu dans lequel on les cultive (Untersuchungen ueber niedere Pilze aus dem pflanzenphysiologischen Institut, Munich, t. I, 1882, pp. 129-139). (5) On sait que cette action produit souvent des substances nuisibles aux parasites eux-mémes, qui en génent et empéchent la reproduction ou la vie; de ce nombre est l'aleool, qui, à la proportion de 15 pour 100, arrête complètement la fermentation déve- loppée par la levüre, d’après les observations de M. Hagduck (Zeitschrift für Spiritus- Industrie, t. v, 1882, p. 183). (6) Voyez Cohn et Mendelsohn, Ueber Einwirkung des electrischen Stromes auf die Vermehrung von Bacterien, in Beiträge zur Biologie, t. 1, 1"° livraison. Voyez aussi, pour l'ensemble du sujet, une autre publication du méme auteur: Zur Morphologie der Spaltpflanzen. Leipzig, 1882, avec une planche. se 7) Sitzungsberichte der botanischen Vereins der Provinz Brandenburg, 1882, pp. 5l- dv). REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 207 tenerrima, un organisme qui forme un enduit fétide verdàtre à la sur- face de l'eau, et qui lui parait être un Schizophyte parce qu'il ne se forme qu'à la lumiére et qu'il fournit le spectre de la chlorophylle. Cependant le Gliothrix a des filaments analogues pour leur ténuité aux plus fins Schizomycétes ; dans le cours de son développement il ressemble beaucoup à certains Bactériens (notamment au Bacterium cyanogenum), etse pré- sente tantôt sphérique, tantôt filamenteux, tantôt aggloméré en masses zoogleiques. New Species of Micrococcus; par M. T.-J. Burrill (American Naturalist, t. xvii, 1883, pp. 319-320). Le Micrococcus amylivorus habite les tissus des plantes et y détruit l'amidon par une fermentation locale, en formant à sa place de l'acide carbonique, de l'acide butyrique et de l'hydrogéne. On peut le cultiver dans de l'eau d'empois à une température modérément chaude. Le Micro- coccus toxicatus se trouve dans les espèces de Rhus, et ce serait lui qui constituerait le venin de ces plantes, en pénétrant à travers l'épiderme de l'homme et en causant l'inflammation du derme. Le Micrococcus insectorum a été trouvé dans les organes digestifs du Blysmus leucopte- rus, et détermine chez cet insecte une maladie d'apparence contagieuse. Le nom de M. gallicidus est donné à l'organisme qui apparait dans le sang des volailles domestiques, quand elles sont attaquées par le choléra des poules, et qui, quoique signalé souvent, n'est pas encore décrit. De méme le nom de M. suis est donné à la forme qui parait l'élément dan- gereux dans le Aog-cholera. Influence of Light on the Development of Bacteria; par M. L. Jamieson (Proceedings of the Royal Society of Victoria, 6 juin 1882). Ce médecin, attaché à l'hópital de Melbourne, a instillé dans un ballon rempli du liquide de Cohn des gouttes du liquide émis par une chair putréfiée et plein de Bacterium Termo. On croyait avant ses expé- riences que toujours les rayons directs du soleil tuaient les Dactéries. M. Jamieson a établi qu'il n'en est pas ainsi quand la température est suffisamment basse, et qu'alors les Schizophytes ne sont méme pas entravés dans leur développement. Au contraire, quand ils sont secs et exposés en été à l'action directe des rayons du soleil, ils sont détruits en trois ou quatre jours. Flora brasiliensis. Fasc. LXXXIX : MELASTOM ACE.E. Tribus 1°: MicnoLiciks. Exposuit Alf. Cogniaux, pp. 204, tab. 48. Lipsiw, Fleischer, 1883. — Prix : 52 Marks. Ce fascicule contient la division de l'ordre des Mélastomacées, que 208 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Cogniaux partage en deux sous-ordres. Celui des Mélastomées Naud. est réparti entre sept tribus : Microliciées, Tibouchinées, Rhexiées, Méria- niées, Bertoloniées, Miconiées, Blakéées. Celui des Mémécylées Benth. et Hook. ne comprend que la tribu des Mouririées. Le présent fascicule, lequel forme à lui seul une œuvre trés importante, ne contient que la premiére tribu, celle des Microliciées, nouvelle preuve, aprés tant d'autres, de l'extréme richesse de la flore brésilienne. Elle se divise en treize genres, tous déjà connus et classés entre eux surtout, comme on s'y attend, par les caractères de l'androcée. Parmi ces genres, le Microlicia contient 95 espèces, le Rhynchanthera 33, le Lavoisiera 38, etc. M. Cogniaux a évidemment eu entre les mains, pour la rédaction de son travail, de trés nombreuses collections brésiliennes. Flora brasiliensis. Fasc. xci: TURNERACEÆ. Exposuit Ign. Urban, pp. 85-170, tab. 31-48. Lipsiæ, Fleischer, 1883. — Prix: 20 Marks. La famille des Turnéracées ne comprend au Brésil que deux genres, Piriqueta Aubl. (Barkardia Scop., Erblichia Seem.), avec 14 es- péces, et T'urnera L., avec 49 espéces. Il est impossible d'analyser ce travail monographique. Mais il est intéressant de signaler le résumé thé- rapeutique qui lui est joint. Nous y lisons que le Turnera diffusa var. aphrodisiaca est en usage au Mexique, de temps immémorial, sous le nom de Damiana, « tum ad nervos confirmandos, tum pro remedio ad- versus impotentiam concubandi ». On en extrait une huile éthérée qui € vim gignendi emorluam recreat ». Probablement, dit M. Urban, cette huile est contenue dans les papilles sessiles abondantes sur diverses par- ties de la plante. Flora brasiliensis., Fasc. xc: GRAMINEÆ. V. Exposuit Ed. Hackel, pp. 245-326, tab. 59-74. Lipsiæ, Fleischer. — Prix : 21 Marks. Les Graminées auront été traitées dans le Flora brasiliensis par M. Doll et par M. Hackel, lequel a rédigé seulement les tribus des Andro- pogonées et des Tristéginées. Au point de vue de la nomenclature des organes, qui a toujours varié singulièrement dans cette famille, M. Hackel distingue dans l'épillet parfait des Andropogonées cinq glumes, deux qui sont les glumes des auteurs français, une troisième qui est la glumelle inférieure de la fleur mâle et qui est parfois vide, enfin deux termi- nales, inégales, embrassant la fleur terminale hermaphrodite ou plus rarement femelle, et qui sont les glumelles de cette fleur. M. Hackel range parmi les Andropogonées les Rottboelliées et les Tripsa- cinées, comprenant dans la flore du Brésil les genres Tripsacum et Zea, auxquels il conviendrait d'ajouter le genre Euchiæna dans la flore de l'Amérique centrale. Cette classification nous parait entiérement conforme REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 209 aux progrès de la science. L'auteur accepte comme genres 7schemum L., et méme Trachypogon Nees, mais a relégué Schizachyrium et Diec- tomis au rang de sections du genre Andropogon. Les Tristéginées comprennent pour M. Hackel les genres Arthropogon Nees, Arundinella Raddi et Melinis Beauv. Ainsi restreinte, cette tribu ne paraît guère qu'une section des Andropogonées. On lira avec intérêt le résumé géographique tracé par M. Hackel, dans lequel il embrasse la totalité des Graminées étudiées, soit par lui, soit par M. Doell. Il y accorde une grande importance à l'humidité de la sta- tion, comme l'avait déjà fait M. Fournier pour les Graminées mexicaines. Le Composte raccolte dal dottor O. Beccari nell arcipelago malese e nella Papuasia ; par M. R. Martelli (Nuovo Giornale botanico italiano, juillet 1883). Les Composées rapportées par M. O. Beccari de son voyage dans l'ar- chipel malais et la Papouasie sont seulement au nombre de quarante et une. Comme l'a déjà fait remarquer M. Beccari dans son ouvrage intitulé Malesia, la famille des Composées n'offre pas à Java uu seul genre spécial, et bien peu d'espéces qui le soient. L'une des plus remarquables y est notre Artemisia vulgaris, trouvé à Java sur le sommet du mont Pangherango. Selon ce naturaliste, la grande humidité atmosphérique de ces régions les rend peu propres au transport des graines aigrettées des Composées; et l'on n'y trouve pas les Diptères dont beaucoup de ces plantes ont besoin pour assurer la fécondation de leurs fleurs. Il importe d'ajouter que toutes les espèces de Composées appartenant à la flore de la Nouvelle-Guinée ont une aire géographique extrémement étendue. Les tableaux joints au mémoire de M. Martelli montrent que beau- coup des 41 espèces de M. Beccari se retrouvent en Asie, en Afrique et en Amérique. Il n'y a qu'un trés petit nombre d'entre elles qui soient nouvelles, savoir : Blumea arfakiana (du mont Arfak dans la Nouvelle- Guinée), Senecio sumatranus et Lactuca Kanitziana (1). Beiträge zur Kenntniss der Wurzelverwachsungen (Re- cherches sur les faits de soudure de la racine), par M. Fraucke (Beiträge zur Biologie der Pflanzen, de M. Cohn, t. m, 3* livraison). On sait qu'il a été distingué, d'aprés l'àge des parties végétales soudées (1) L'étude de la distribution géographique des Composées empruntera quelques docu- ments à un mémoire de M. G. Macloskie. Ce savanta étudié les poils attachés à leurs achaines (il ne s'agit point là du pappus), et les a trouvés différents selon les tribus, absents chez les Anthémidées et les Chicoracées. (Americen Naturalist, t. xvii, 1883, pp. 31-36.) T. XXX. (REVUE) 14 210 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. entre elles, trois types de soudures : 1° la soudure congénitale, terme em- ployé par Payer dans des recherches d'organogénie; 2° la soudure de parties entourées d'un épiderme capable de développement, fait que M. Magnus a mis le premier en lumière il y a environ deux ans; 3° enfin la soudure de parties adultes et déjà munies d'une écorce subéreuse, ce qui est connu depuis longtemps par les phénoménes du greffage. L'auteur, en observant la racine, a observé des cas de soudure congé- nitale sur les racines aériennes du Tecoma radicans Juss., et il en décrit le mécanisme anatomique. Il a constaté la soudure de racines mu- nies d’un épiderme capable de développement chez l'Hedera Helix et l'Hoya carnosa, et la soudure entre racines adultes chez le Fagus sil- vatica. Permian Plants of Colorado, par M. L. Lesquereux (Bulletin of the Museum of comparative Zoology, vol. vit, n° 8). M. Lesquereux a recu de M. le professeur Scudder les végétaux re- cueillis dans les red-beds de South Park, Colorado, prés de Fairplay. Il a distingué dans ces fossiles les types suivants, tous caractéristiques du terrain permien : Ullmannia frumentaria Gœpp., U. selaginoides Geinitz, U. Bronnii Gepp., Walchia piniformis St., W. longifolia Gepp., Callipteris conferta Weiss, Odontopteris obtusiloba Naum., O. cordata Gœpp., Cyclopteris rarinervis Gœpp., Hymenophyllites Leuckerti Gein. et une espèce de Schizopteris. Flora fluminensis, seu descriptionum plantarum præfectura flumi- nensi sponte nascentium liber primus, ad systema sexuale concinna- tus. Augustissimæ Dominæ Nostræ, per manus Illmi ac Exmi Aloysii de Vasconcellos y Souza, Brasiliæ pro-regis quarti, sistit Fr. Josephus Marianus a Conceptione Velloso, præsb. ord. S. Franc. Reform. Prov. flumin. 1790. — Flumine januario, apud Machado e C., 1881 (Archi- vos do Museu nacional do Rio de Janeiro, vol. v, 1880, pp. 1-461). Nous avons eu l’occasion de retracer ici méme, il y a dix-huit mois (1), la biographie de l'auteur du Flora fluminensis, Fr. José Mariano dà Conceição Velloso, et nous rappelions que le texte en avait été publié à Rio avant les planches, en 1825. Cette publication (faite 35 ans après la rédaction du manuscrit) n'a pas été complétée, à ce que nous apprend M. L. Netto, directeur général du musée de Rio, dans une courte (2) (1) Voyez le Bulletin, t. xxvur (Revue), p. 136. . (2) On aurait attendu de M. Netto une réponse à la singulière notice de M. de Porto- Seguro, signalée dans l'article auquel renvoie la note précédente. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 211 préface. Le bibliothécaire de Rio, Fr. Antonio da Arrabida (1), devenu plus tard évêque d'Anemuria, avait conservé inédite une partie du ma- nuscrit dans cette bibliothèque, où l’a retrouvée le bibliothécaire actuel, M. Ramiz Galvào. La publication de 1825 n'était, du reste, guère parvenue en Europe, où l'on ne rencontrait ordinairement dans les ventes que la col- lection de planches, souvent incompléte d'ailleurs. Aussi saura-t-on gré à la direction du Museu nacional d'avoir imprimé à nouveau, et cette fois complètement, l'œuvre de Velloso; il ne lui reste qu'à établir, d’après les travaux publiés en ce siècle et spécialement d’après la collection du Flora brasiliensis, la concordance entre la nomenclature de Velloso et celle qui est généralement suivie. Elle contribuerait probablement ainsi à faire disparaitre de la synonymie un certain nombre d'énigmes qui l'encom- brent encore (2). ‘On the outer Peridium of Broomeia, par M. George Murray (Journal of the Linnean Society, vol. xx, n° 128, 1883, pp. 311-313, avec une planche). Le genre Broomeia appartient aux Gastéromycètes. Il a été établi par M. Berkeley, en 1844, dans le Journal of Botany d'Hooker, tome in, p. 193; et depuis cette époque M. Léveillé (Ann. sc. nat., 3* sér., t. IX, p. 129) a enrichi d'une espéce le genre monotype de M. Berkeley. D'après les descriptions de ces cryptogamistes, le genre Droomeia parais- sait dépourvu de tout péridium externe. Or M. Murray, sur des échan- tillons du B. congregata Berk., apportés en 1879 de la région du Cap par M. Een, a constaté l'existence d'un péridium externe blanchàtre et charnu qui se relie au stroma, enveloppe sur le bord le péridium interne de chaque individu, et méme se glisse entre les individus les plus externes de l'agrégat qui constitue ce Gastéromycète. Ueber einige neue und seltene Pflanzen Preussens (Sur quelques plantes rares et nouvelles de la Prusse); par M. R. Caspary (Schriften der physikalisch-mkonomischen Gesellschaft zu Kænigs- berg, 1882, pp. 26-27). M. Caspary a découvert le 25 juillet dernier, aux environs de Thora, c'est-à-dire dans la vallée de la Vistule, et dans les eaux du petit lac de Czistochleb, l'Aldrovandia vesiculosa, très abondant. Cetle loca- lité, située à 58° 44 de latitude boréale, est la plus septentrionale à (1) On sait que généralement les genres et les espèces établis par Velloso sont attri- bués à Arrabida dans les ouvrages de botanique deseriptive. (2) Voyez Alph. de Candolle, la Phytographie, pp. 138, 140, 141. 212 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Jaquelle on ait jusqu'à présent observé cette espèce (1), connue d'ailleurs dans plusieurs lacs du nord de l'Allemagne. Le méme petit lac a fourni l'Utricularia intermedia. M. Caspary expose en outre ses recherches sur l'extension en Prusse du Puccinia Malvacearum (2). Il fait remarquer qu'en faisant venir de Russie des graines de céréales et d'autres plantes, ainsi que des convois de bestiaux, on a favorisé l'extension ou l'introduc- tion de certaines espèces, parmi lesquels il cite : Salvia verticillata, S. silvestris, Bunias orientalis, Sinapis juncea, Nepeta grandiflora Bieb. (N. racemosa Lam. 5 Reichenbachiana). Le Potentilla digitato- flabellata A. Braun et Bouché, dont Vorigine était incertaine, a été trouvé prés de Tilsitt et sur les glacis de Kænigsberg. L'auteur ajoute qu'il conviendra d'examiner les rapports de cette espèce avec le P. inter- media. Zur Entwickelungsgeschichte der Ascomyceten (Sur le dé- veloppement des Ascomycètes); par M. Oswald Kihlmann (extrait des Acta Societatis scientiarum fennicæ, t. xum); tirage à part en broch. in-4° de 43 pages et 2 planches. L'auteur de cette thèse, faite à Strasbourg dans le laboratoire de M. de Bary, n'a examiné en détail que le Melanospora parasitica Tul. et le Pyronema confluens Tul. Le Melanospora, qui se rencontre ordinairement sur les chenilles attaquées par PIsaria farinosa Fr., avait été regardé d'abord par M. Tu- lasne (2) comme un parasite de cet /saria, puis par M. Bail (4) comme formant avec ces périthéces, au contraire, la phase ultime de développe- ment d'un Champignon dont l'Isaria, muni de conidies, aurait constitué le premier état. Les recherches de M. Kihlmann prouvent que la vérité est du cóté de M. Tulasne. Dans ses expériences, les spores prises dans le périthèce du Melanospora, et cultivées isolément dans des liquides va- riés, n'ont jamais offert que des commencements de germination. Quand (1) On serappelle que M. Caspary a consacré plusieurs mémoires à étudier la distribui- tion géographique de l'Aldrovandia, notamment dans le Botanische Zeitung, en 1859 et 1861. On sait aussi que cette espèce présente l'un des exemples les plus remarquables de l'aire géographique étendue habituelle aux espèces aquatiques, puisqu'elle a été découverte dans l'Afrique centrale, le long du Bahr el Ghazal, par Schweinfurth, et en Australie, prés de Rockhampton. L'extréme extension de cette aire fait penser à M. Caspary que l'Aldrovandia est une très ancienne habitante du globe, Il n'en est que plus curieux de constater que les exemplaires recueillis à plusieurs milliers de lieues l'un de l'autre sont parfaitement semblables. M. Caspary fait remarquer que ce fait milite contre la théorie transformiste. | (2) Une note spéciale du méme auteur, sur ces progrès, est contenue dans le méme fascicule des Schriften. (3) Ann. sc. nat., 4 série, t. viri, p. 40. (1) Dans une des séances du Congrés de naturalistes tenu en septembre 1869, à Inspruck (voy. le Botanische Zeitung, 1869, n° 45). REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 213 il eut ajouté dans le liquide des conidies d'Isaría, il vit les jeunes tubes issus des spores du Melanospora se greffer sur les hyphas beaucoup plus gréles nés des conidies de l'Isaria. Dans cette implantation, les deux membranes respectives des cellules persistent sans altération, comme on le reconnait par l'emploi de l'iode, qui colore en jaune rou- geàtre le protoplasma de l’Isaria et en brun rouge foncé celui du Mela- nospora. Le parasitisme du Melanospora est un parasitisme nécessaire. D'ailleurs ce parasite présente des conidies outre ses périthéces, coni- dies qui ressemblent beaucoup à celles du Cordyceps. L'auteur a soi- gneusement décrit et figuré les divers états que prend successivement l’ascogone, et qu'avait trés sommairement indiqués M. Brefeld (1). M. Kihlmann est parvenu à distinguer facilement de l'ascogone et de ses dédoublements le tissu formé autour de lui par les ramuscules nés prés de sa base et leurs segmentations; l'éosine, en effet, colore vivement les premiers et fort peu les secondes. Il est à remarquer que souvent aucun de ces ramuscules ne prend un développement plus actif ou prépondé- rant, qu'on puisse comparer à celui d'une anthéridie. Aussi M. Kihl- mann n'est-il pas disposé à reconnaitre là une fécondation. Cependant l'éléve de M. de Bary ne s'écarte pas de son maitre, quant à certaines idées taxinomiques bien connues, et il continue de regarder les Ascomy- cétes comme dérivant de types où les organes sexuels étaient nettement séparés, tels que les Péronosporés. Pour lui, les ramuscules latéraux dont la segmentation graduelle constitue autour de l'ascogone du Melanospora une, deux et méme parfois trois enveloppes, sont bien morphologique- ment de la nature des anthéridies, mais ils ont perdu leurs fonctions en retournant à l'état végétatif, et ne peuvent plus étre distingués des fila- ments de mycélium ordinaire. . Dans le Pyronema confluens, la sexualité est, selon l'auteur, beaucoup plus nette. Ici, à la base de l'ascogone, il nait un rameau (paracyste) plus court que lui el toujours de méme proportion, quelquefois double par ramification naissant de sa base. L'ascogone (qu'on a nommé macrocyste) porte prés de l'extrémité opposée à son insertion un prolongement étroit né de sa convexité, qui, à un moment donné, se met en relation par son sommet avec le paracyste. Le paracyste joue le rôle d'anthéridie et le prolongement celui de trichogyne. L'auteur rapproche ces faits de ceux que M. Stahl a constatés sur les Collémacés. Plantes du Turkestan; par M. A. Franchet (Ann. sc. nat., 6° série, t. xv, pp. 214-268, avec 4 planches). On sait que les plantes du Turkestan étudiées dans le mémoire de (1) Untersuchungen über die Schimmelpilze, t. iv, p. 136. 914 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Franchet ont été rapportées par M. Capus, qui l’a fait précéder dans les Annales de quelques considérations sur le climat et la végétation de ce pays (1), et a indiqué soigneusement l'itinéraire qu'il avait suivi avec M. Bonvalot. Les études de M. Franchet ont confirmé ce qu'on savait déjà par les travaux des botanistes russes sur la végétation des steppes de l'Asie centrale, des vallées irriguées par la main de l’homme aux environs de Bokhara, de Taschkend et de Samarcande, et des massifs montagneux du Tiàn-Schàn, par lesquels un grand nombre d'espèces caractéristiques de la steppe remontent et côtoient les espèces alpines. Les espèces nouvelles contenues dans ce mémoire (qui s’arrête après les Légumineuses) sont les suivantes : Ranunculus rufosepalus, R. turkes- tanicus, Nigella diversifolia, Pachypterygium. stelligerum, Hymeno- physa macrocarpa, Isatis hirtocalyx, Saponaria corrugata, Gypso- phila intricata, Silene tachtensis (de la section Auriculatæ), Acer pu- bescens, Haplophyllum pilosum, Chesneya turkestanica; 1 Astragalus; 2 Oxytropis ; Hedysarum cephalotes et Onobrychis elegans. Sur quelques Ustilaginées nouvelles ou peu connues; par M. Maxime Cornu (Ann. sc. nat., 6° série, t. xv, pp. 269-296, avec 3 planches). Les types étudiés par M. Cornu sont les suivants : Testicularia Cyperi Klotzsch, Testicularia Leersie, Cintractia axicola, Doassansia Alis- matis et D. Farlowii, Melanotænium maculare Wallr., M. scirpicola et Geminella exotica. Le Testicularia Cyperi Klotzsch in Linn., t. vir, p. 208, originaire de l'Amérique du Nord, était resté fort peu connu. M. Cornu le fait con- naitre plus complétement d'aprés un échantillon de l'herbier du Muséum. Le Testicularia Leersiæ M. Cornu, recueilli en Algérie sur les fruits du Leersia hexandra par M. Letourneux, avait été envoyé par Durieu à M. Tulasne sous le nom d'Ustilago Leersiæ, et se rapproche de l'espèce précédente par beaucoup de caractères, de méme que l Ustilago Synthe- rismæ Schw., de l'Amérique du Nord (U. Cesatii F. de W.). Le geure Testicularia parait caractérisé par une propriété curieuse de la masse sporifère, celle de se résoudre en glomérules formés d'un trés grand nombre de spores (plusieurs centaines) longtemps agglomérées en sores et ne se séparant qu'à la longue à une maturité complète. — Le Cintractia axicola, dédié à notre excellent confrére, M. Cintract, est établi pour l'Ustilago axicola Berk. Chez ce parasite, les spores se forment d'une maniére persistante et continue, et l'axe qui subsiste inaltéré au-dessus supporte des inflorescences d'aspect normal. — Le nouveau genre Doas- (1) Voyez plus haut, page 64. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 915 sansia est dédié à M. le D" Doassans, jadis attaché au Muséum d'histoire naturelle. Il est établi pour l'ancien Perisporium Alismatis Fr. (Dothi- dea Alismatis Lasch), qui doit passer des Pyrénomycetes dans les Ustila- ginées, et pour une espéce signalée récemment par M. Farlow dans les graines d'un Potamogeton, qu'Hoffmann avait déjà connue et figurée sous le nom de Sclerotium occultum. — Les deux Melanotænium ne sont encore attribués à ce genre qu'avec quelque doute. Le M. maculare est le Physoderma maculare Wallr. (Synchytrium Alismatis M. Cornu antea) ; le M. scirpicola nov. sp. a été trouvé sur le rhizome du Scirpus lacustris, dans l'un des bassins du Muséum. — Enfin, M. Cornu a étudié dans l'herbier du Muséum quatre exemplaires du curieux Geminella exo- tica F. de W. (Puccinia incarcerata Lév.). De la lignification de quelques membranes épider- miques; par M. Ad. Lemaire (Ann. sciences nat., 6° série, t. Xv, pp. 297-302). M. Lemaire a constaté par l'emploi dela phloroglycine que les mem- branes épidermiques et les parois des stomates renferment de la lignine chez plusieurs Gymnospermes et sur le pétiole de quelques Fougères. Il. existe dans l'épiderme du Dioon edule deux zones membraneuses trés: distinctes qui se sont transformées en ligneux, et en outre une cuticule: et une lamelle cutinisée. Chez le Cycas revoluta, Y Encephalartos cafra, la lignification n'atteint qu'un système de couches. Chez le Cycas, la paroi lignifiée est munie de ponctuations; chez l'Encephalartos, elle est lisse. Chez le premier, la lamelle cuticularisée ne pénétre point dans les parois latérales; chez le second, la lamelle envoie des prolongements: latéraux vers la face interne de l'épiderme sans toutefois l’atteindre. Un certain nombre de Coniféres rentrent dans ce type. L'Abies pectinata pos- Séde aussi une membrane épaisse lignifiée, mais la lamelle est parallèle à la surface sans produire de saillies internes. Le pétiole des Nephrolepis, de l'Aspidium aculeatum, du Pteris longifolia, caractérisé par un épi- derme dépourvu de couche cuticularisée, offre une cuticule et une paroi lignifiée; la cavité des cellules épidermiques est entourée d'une membrane épaissie, qui se comporte vis-à-vis des réactifs commelasubstance ligneuse. Quant aux stomates, leur paroi, chez les Gymnospermes, est toujours capable de subir, au moins partiellement, la lignification. L'auteur en décrit comme un bel exemple l'appareil stomatique de l'Encephalartos cafra. Gebánderte Wurzeln eines Epheustockes (Racines fasciées d'une tige de Lierre) ; par M. R. Caspary (Schriften der physikalisch- œkonomischen Gesellschaft zu Kænigsberg, 1882, pp. 112-114, avec une planche). l 916 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Sur le méme côté d'une tige de Lierre, il s'est produit des racines aériennes allongées qui se sont fasciées et ramifiées. A l'origine, la coupe de Ja racine maîtresse montrait un corps ligneux central et unique, déjà elliptique avec neuf faisceaux vasculaires ; la moelle, également elliptique, avait dans sa partie la plus interne un groupe de cellules à parois très minces, que n’a pas la moelle normale du Lierre. Sur la pre- mière ramification de la racine fasciée, le corps ligneux s'aplatit davan- tage; la moelle devient linéaire; une coupe faite plus loin sur cet axe secondaire montre méme deux corps ligneux elliptiques juxtaposés à l'une des extrémités de leur grand axe; l'un des deux a treize faisceaux vascu- laires, l’autre quatorze; plus loin encore, sur le méme axe, les deux corps ligneux sont plus écartés; ils montrent de bonne heure l'indice de la ramification future de cet axe. Dans un autre exemple, une des divi- sions de la racine fasciée offre trois corps ligneux dont un central plus allongé. Tout cela prouve bien qu'une fasciation n'est pas due à la sou- dure de plusieurs axes distincts (c'est ce que soutenait déjà Moquin-Tan- don) (1), et concorde aussi avecl'opinion d'Alex. Braun (2), d’après lequel la fasciation est fondée anatomiquement sur la partition du point de végé- tation en deux parties égales. Sylloge Fungorum omnium hucusque cognitorum; digessit T.-A. Saccardo. PYRENOMYCETES, vol. 11 (continuatio et finis). Un vol. in-8° de 813 et LXIX pages. Padoue, 13 juin 1883. — Prix : 60 francs. Le second volume que nous annonçons termine d’abord la famille des Sphériacées par l'examen des tribus des Phéophragmiées, Hyalophrag- miées, Dictyosporées et Scolécosporées, que suitla mention des Sphæriaceæ imperfecte cognitæ. Vient ensuite la famille des Hypocréacées, celle des Dothidéacées, celle des Microthyriacées, celle des Lophiostomacées et celle des Hystériacées. Chacune de ces tribus est pourvue d'une clef dichotomique des genres et terminée par un index des plantes nourri- ciéres sur lesquelles on rencontre les espéces de cette tribu. Le livre est clos par des Addenda fort importants au premier volume et par un index alphabétique des Pyrénomycètes. Versuch einer Flora von Pilsen; par M. Paul Hora (Lotos, 1883, pp. 81-108), Cette florule est bornée à un trés étroit rayon autour de la petite ville de Pilsen, dont le climat représente celui de la Bohéme occidentale et moyenne. Elle comprend les Algues, les Lichens et les Champignons. (1) Tératologie végétale, p. 152. (2) Individuum der Pflanze, p. 56. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 217 Descriptiones plantarum novarum et minus cogni- tarum, fasciculus VIT; auctore E. Regel (Acta horti petropolitani, t. vin, fasc. I, pp. 271-279). Les espéces nouvelles ou peu connues décrites dans ce mémoire sont : 1° Acantholimon Fetisowi, des monts Iskander au Turkestan ; Allium Grimmi, A. Kesselringi, du Turkestan ; Columnea ringens, de la Colom- bie, voisin du C. nicaraguensis Hanstein ; C. Kienastiana, du méme pays, voisin du C. microcalyx Hanst. et du C. glabra Hanst. ; Exacum affine Balfour, de l'ile de Socotora; Gentiana Renardi, de l'Alatau occi- dental; Mamillaria sanguinea, du Mexique et du jardin de Haage; Octomeria Glazioveana, envoyé vivant du Brésil par M. Glaziou au jardin de Saint-Pétersbourg; Rosa Alberti, du Tiàn-Schàn, et Tulipa brachy- stemon. M. Regel augmente de nouveaux détails la description déjà don- née par lui du genre Renarda, de la famille des Ombellifères. Systematic Census of Australian Plants, with Chronology, Literary and Geographic Annotations; par M. le baron Ferdinand de Müller. Part. 1: VAscuLAREs. In-4 de 152 pages, Melbourne, 1882. Ces pages sont dédiées à M. Bentham, l'auteur du Flora australiensis, ainsi qu'à MM. J. Hooker et Alph. de Candolle, « who as heirs of great names, worthily sustain world-wide ancestral fame ». On y trouve un recensement complet avec la date de leur publication de tous les docu- ments concernant la flore australienne, recensement important, parce qu'une partie d'entre eux sont disséminés dansles Fragmenta et autres publications de M. de Müller, et parce que les premiers volumes du Flora australiensis ont vieilli et se trouvent forcément incomplets. En somme,le Census renferme 850 espéces de plus que n'en avait encore fait connaitre la publication du célébre botaniste de Kew, et nous apprend beaucoup relativement à leur extension géographique. Le Census of Australian Plants n'est qu'un catalogue, mais un cata- logue bien soigneusement dressé. On y trouvera les indications biblio- graphiques les plus exactes (et les plus précieuses) sur l'établissement, non seulement des espéces, mais des familles et des classes. Le scrupule de l'auteur est si grand, qu'il écrit, par exemple : Ranunculus Tour- nefort Inst. 285, t. 149 (1700) from Bock (1553). En outre, sur la même ligne, la mention de chaque espéce est suivie d'indications qui font con- naître sa distribution géographique en Australie, et le passage où elle se trouve décrite, soit dans le Flora australiensis, soit dans les Frag- menta Phytographie Australie. Le respect de la priorité, dont l'au- teur s'est toujours montré jaloux (1), l'a engagé à ne rien modifier aux (1) Voyez le Bulletin, t. xxix (Revue), p. 137. M. de Müller ne se trouve pas d'accord 918 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. désinences imposées aux noms de familles par le botaniste qui a le pre- mier usé de ces noms. Il écrit Monimieæ avec A.-L. de Jussieu, Onagreæ avec Adanson, etc. Le livre se termine par des additions faites au nombre des espèces et aux indications géographiques. Vient ensuite une liste des 148 familles comprises dans le Census, indiquant la proportion de leurs espèces. Les Légumineuses sont en tête de beaucoup, avec 1058; viennent ensuite les Myrtacées (651), les Protéacées (586), les Composées (529), les Cypéra- cées (312), les Graminées (346) et les Épacridées (273) (1). La famille des Pontédériacées est la dernière avec une espèce (2). Description de plusieurs Rosiers de la flore française; par M. Alfred Déséglise ; fase. 11 (Annales de la Société botanique de Lyon, 9° année, n° 2, pp. 1-16). Après quelques pages de réflexions générales, dirigées contre certaines” tendances multiplicatrices, et contre les hybridomanes, l’auteur décrit les espèces suivantes, savoir : 4° dans les Systylæ arvenses, Rosa engo- lismensis Déségl. et Guillon (c'est-à-dire d'Angoulême), et R. irregu- laris Déségl. et Guillon; 2° dans les Caninæ hispidæ, Rosa disparilis Lucand et Ozanon, R. hirsuta Déségl. et Ozanon, et autres espèces des mêmes auteurs déjà décrites en 1881 dans le Bulletin de la Société dau- phinoise ; enfin dans les Tomentosæ pomiferæ, le R. Gillotii Déségl. et Lucand, trouvé dans les départements de Saóne-et-Loire, de l'Ain et des Dasses-Pyrénées. Herborisations dans la grande Kabylie; par M. le D' Perroud (Annales de la Société botanique de Lyon, 9° année, n°2, pp. 11-55): M. Perroud raconte dans ces pages l'excursion botanique qui a été faite en Kabylie, sous la direction de M. le D" Trabut, pendant la session que tint à Alger l'Association francaise pour l'avancement des sciences. Nous devons une mention à ce récit bien fait, entremélé de listes de plantes exactement déterminées, et des constatations faites sur divers points de l'itinérae par MM. Battandier et Trabut. Il aura un réel intérêt à la lecture, et en aurait davantage pour les botanistes que tenterait un voyage sur plusieurs de ces points avec M. de Candolle, non plus qu'avec M. Asa Gray, qui a publié récemment des observations fort intéressantes sur les Lois de la momenclature en décembre 1883. (1) Ces chiffres modifient un peu les documents anciens : rassemblés par M. Alph. de Candolle dans sa Géographie botanique raisonnée, pp. 1225, 1226. (2) Une Méliacée nouvelle, le Dysozylon Schiffneri, de l'Australie orientale, a été dé- crite par M. de Müller dans les Transactions and Proceedings de la Société botanique d'Edimbourg, vol. xiv, 1883, pp. 369-371. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 2919 dansle méme pays, et qui auraient seulement à se méfier de la nomen- clature adoptée dans les publications de la Société botanique de Lyon. De l'influence de la température sur le développement des végétaux ; par M. G. Coutagne (Annales de la Société bota- nique de Lyon, 9* année, n° 2, pp. 81-127). Il ne s'agit pas iei d'un travail original, mais d'un mémoire où l'auteur s'est proposé de résumer l'état de la science sur un sujet spécial. Pour définir l'évolution d'une plante, M. Coutagne a recours à des formules mathématiques ; il apprécie au moyen d'intégrales la « vitesse évolutive », laquelle est pour lui « la dérivée du développement par rapport au temps ». Il cherche aussi à déterminer expérimentalement cette vitesse, en s'ap- puyant sur ce que, « à un moment quelconque, la vitesse évolutive d'un » individu est proportionnelle à la vitesse de variation de l'un quelconque ` » des éléments qui peuvent définir géométriquement sa forme, ainsi qu'à » la vitesse avec laquelle il rejette hors de son organisme les substances » qui y sont élaborées. » Il rapporte les différents procédés de mensura- tion imaginées par les physiologistes. Il fait ensuite observer que depuis longtemps en géographie botanique on a, à partir de Réaumur, employé la méthode improprement dite des sommes de chaleur (1), qui ne donne que des nombres proportionnels à la quantité de calories absorbées par les plantes pendant un certain nombre de semaines ; il expose les modifica- tions successivement faites à cette méthode, qu'il s'ingénie encore à repré- senter par des formules mathématiques. Ces formules se prêtent à l'exa- men des conditions qui font varier la limite septentrionale ou méridionale d'une espéce, notamment à celui de la température optimum. Les Sac- charomycètes et les Bactériens sont très propres à montrer l'influence de ces températures. En terminant, M. Coutagne juge avec raison que la cause première de tous les phénomènes produits sur les végétaux par l'influence de la tem- pérature doit étre cherchée dans l'activité relative du protoplasma. A ce compte interviendrait l'iufluence de la température sur la vitesse des réactions chimiques. Mais ce qui montre que le fait n'est pas d'une simplicité mécanique quand il s'agit d'étres organisés, c'est, d'une part, qu'on voit des plantes étiolées évoluer quand méme, et se contenter de fort peu de matériaux pour élever leur édifice ; d'autre part, que le blé d'automne, par exemple, semé au printemps avec du blé de mars, se développe beaucoup moins vigoureusement que lui. Il faut donc recon- naître une loi d'hérédité (à laquelle certains naturalistes réduiraient (1) Voyez les tableaux publiés en 1774 par le P. Cotte, dans son Traité de météoro- ogie. 220 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANUE. volontiers l'influence de l'espéce), et dont la loi antagoniste est celle de l'adaptation au milieu. De la croissance en surface de la paroi cellulaire; par M. F. Schmitz (Sitzungsberichte der Versammlung deutscher Natur- forschender und Aertzte in Eisenach, séance du 19 septembre 1882). Il s'agit dans cette communication de la théorie de l'intussusception, qui, comme on sait, est battue en bréche depuis quelques années. M. Schmitz pense que l'apposition peut étre démontrée non seulement pour la croissance en épaisseur, mais encore pour la croissance en surface. Il tire ses arguments de la structure offerte par la paroi cellulaire des Zygnema, des Spirogyra, des Ulothrix, et d’autres Algues filamenteuses, chez lesquelles la surface extérieure de la paroi cellulaire porte de trés fines stries ou méme de trés petites ponctuations. Si l'accroissement de cette paroi avait lieu par intussusception, les stries iraient en s'écartant - réciproquement et en grossissant, ce qui n'est pas le cas. Au contraire, la surface extérieure de la cellule est fréquemmentle siége, chez ces Algues comme chez d'autres plantes, de ruptures qui ne s'accordent qu'avec la théorie de l'apposition. Europas och nord Amerikas Hvitmossor, jämte en inledning om utvecklingen och organbildningen inom mossornas ulla tre grupper (Sphaignes de l'Europe et de l'Amérique septentrionale, avec des données organogéniques et morphologiques sur les trois groupes de Muscinées) ; par M. S.-O. Lindberg. In-8° de 116 pages. Helsingfors, 1862. L'auteur divise les Sphaignes en trois sections. La section Eusphagnum comprend : A. Sph. palustria (S. portoricense, S. imbricatum, S. pa- pillosum, S. palustre); B. Sph. subsecunda (S. tenellum, S. laricinum, S. subsecundum) ; C. Sph. compacta (S. Angstræmii, S. molle, S. com- pactum); D. Sph. cuspidata (S. squarrosum, S. fimbriatum, S. stric- tum, S. nemoreum, S. Wulfii, S. Lindbergii, S. cuspidatum). — La section 7socladus comprend le S. macrophyllum et le S. cribrosum n. sp.; la section Hemitheca, qui a peut-être une valeur générique, les S. Pylaiei et S. cyclophyllum. M. Lindberg n'a pu trouver chez les Spha- gnum les deux sortes de spores signalées par M. Schimper. Il donne des descriptions soignées des sections transversales des feuilles. M. Lindberg fait connaitre dans quelques pages accessoires la germi- nation et le protonema des Mousses, leur racine, leur tige, leur « inflo- rescence », c'est-à-dire ce que les botanistes nomment généralement leurs fleurs, et les différents organes qui en décrivent. Il divise les Hépatiques REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 291 en deux sections, selon que les archégones sont pédicellés ou enfermés à leur base dans la partie supérieure de la tige. Un nouvel Entyloma; par M. P. Magnus (Hedwigia, t. xxi, pp. 129-130, avec une planche). L'Entyloma Helosciadii vit sur l'Helosciadium nodiflorum. C'est la seconde espéce de ce genre connue pour attaquer une Ombellifére. Celle-ci se distingue des espéces affines par sa taille plus petite et par la forme allongée de ses spores. Sur la nature de l'imprégnation ; par M. E. Strasburger (Sit- zungsberichte der niederrheinischen Gesellschaft für Natur- und Heilkunde. Bonn, séance du 4 décembre 1882). M. Strasburger résume les différents modes suivant lesquels les élé- ments sexuels, phanogamètes ou aphanogamétes, sont unis dans les diffé- rentes familles d'Algues. Il avait déjà exprimé antérieurement cette idée que l'imprégnation consiste essentiellement dans l'union de deux cellules morphologiquement équivalentes. Cette union, ajoute-t-il, doit cepen- dant étre concue comme restreinte au protoplasma et au noyau cellulaire, et ne s'étend pas aux chromatophores. La réduction de grosseur des sper- matozoides coincide avec une dimension de la quantité de protoplasma et une augmentation dans la proportion de la substance du noyau; cela a conduit à penser que le phénomène essentiel de imprégnation est le transport de la substance nucléaire, tandis que le protoplasma cellulaire de l'oosphére fécondée joue le rôle d'une accumulation de force. D'autre part, il ne faudrait pas croire que toute union des nucléus soit nécessai- rement un acte d'imprégnation, témoin la coalescence des plasmodiums chez les Mysomycétes (1). Das Markstrahlengewebe und seine Beziehung zu den leitenden Elementen des Holzes (Le tissu des rayons médullaires et ses rapports avec les éléments conducteurs du bois); par M. P. Schulz. Thése inau- gurale. In-8° de 23 pages, avec une planche. Berlin, 1882. L'auteur décrit chez 48 espéces de Coniféres les pores observés dans les parois contigués des trachéides et de cellules appartenant aux rayons médullaires, pores qui font respectivement communiquer entre eux ces éléments. Les ponctuations des rayons médullaires sont toujours dé- pourvues d'aréoles. Celles des trachéides sont pourvues d'épaississements qui les protégent contre la pression exercée par la turgescence de leurs voisines. C'est dans les Abiétinées que ces relations sont le plus intéres- (1) Voyez plus haut, page 189. 9233 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. santes à examiner. L'auteur décrit des dispositions spéciales offertes par chacun des genres Pinus, Cedrus, Lariæ, Abies. Quant aux cellules aréolées de la moelle, elles sont mortes et remplissent tout au plus la fonction de réceptacles d'eau. - Chez les Dicotylédones, les rayons médullaires sont aussi réunis aux vaisseaux par des pores, qui quelquefois atteignent une très grande lar- geur. Là aussi le parenchyme et les rayons médullaires sont dans une trés étroite relation avec les vaisseaux. L'auteur admet que la sève monte par le parenchyme et les rayons, qu'elle passe dans les vaisseaux pour y séjourner quaud elle est trop abondante, et qu'elle leur est ensuite reprise. Male Prothallium of Equisetum ; par M. H. Campbell (Ame- rican Naturalist, t. xvii, 1883, pp. 10-15, avec 2 planches). M. Campbell a suivi dans son développement l'Equisetum arvense, dont les spores, semées sur le sol humide, germent immédiatement. Il recon- nait que le mode de division du prothalle varie considérablement. Les premiers anthérozoides mürs ont été constatés six semaines aprésle semis des spores. À ce moment, les cellules qui entourent la cavité de l'anthé- ridie se séparent, laissant une ouverture par laquelle les anthérozoides s'échappent. La décharge de l'anthéridie, qui ne dure ordinairement que quelques minutes, est quelquefois plus lente. Chaque anthérozoide est entouré par une membrane qui éclate comme un sac comprimé intérieu- rement, et dont les restes demeurent atiachés au côté intérieur de l’anthé- rozoide. Celui-ci est tué rapidement par l'iodine; alors les cils deviennent rigides et étendus en tous sens à partir de sa grosse extrémité. Torula spongicola, n. sp.; auctore J. Dufour (Bulletin de la Société vaudoise des sciences naturelles, t. xvii, 1882, pp. 144-147). Les taches noires que ce parasite forme sur l'éponge officinale coin- cident avec l'écartement des fibres de l'éponge et sont causées par la cou- leur des spores, de 004 à 007 mm. de diamétre. Ces spores, qui forment des chapelets (d'oà le nom de Torula), produisent aussi par germination un mycélium rameux à l'extrémité duquel se reforment des spores nées par bourgeonnement successif, la dernière étant toujours la plus jeune. Ce n'est plus là tout à fait le caractére des Torula. On débarrasse les éponges de ce parasite par l'eau bouillante, ou bien par une solution assez concentrée, soit d'acide carbonique, soit d'acide salicylique. Die Chromatophoren der Algen; par M. F. Schmitz. In-4° de 180 pages, avec une planche. Bonn, 1882. Comme on doit s'y attendre, l'auteur comprend parmi ses « chroma- tophores » les grains de chlorophylle et les granules renfermant une REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 223 substance colorée, mais non verte. La substance fondamentale des chro- matophores concorde par ses réactions avec le protoplasma cellulaire : Cest simplement une portion de ce protoplasma adaptée à des fonctions spéciales. Quelquefois, dit l’auteur, cette substance constitue tout le chromatophore, qui reste alors incolore ; mais cette circonstance, très fréquente chez les végétaux supérieurs, est rare parmi les Algues. M. Schmitz s'étend beaucoup sur la forme des chromatophores, forme qui demeure, quant à son essence, identique dans la même espèce, malgré des variations apparentes, et qui fournit aussi des caractères à la distinction des genres. Le chromatophore vivant a en apparence une homogénéité parfaite ; mais, sous des grossissements considérables, celui du Spirogyra majuscula, par exemple, offre une ponctuation évidente. L'acide picrique peut servir à rendre visible cette disposition. Les pyrénoides, auxquels l'auteur consacre un chapitre spécial, se ren- contrent parmi les chromatophores d'Algues brunes, rouges ou vertes, à l'état de corpuscules incolores, mais réfractant fortement la lumière. Dans les Algues vertes, ils sont ordinairement surmontés par de l'amidon; ce sont alors des amyloplastes. Ces pyrénoides sont susceptibles de crois- sance et de division (précédée d'une constriction), et quand ils sont enveloppés d'une couche d'amidon, ils constituent parfois, par division, des pyrénoides composés. La division du pyrénoide précéde celle du chromatophore. Les grains d’amidon des Floridées, qui se distinguent des grains amy- lacés ordinaires par la couleur brune ou rouge que l’iodine leur commu- nique, se forment en dehors du chromatophore. Il en est de méme dans les Phéophycées, mais ici les grains ne sont point colorés par l'iodine. Les grains de paramyle des Euglena se comportent essentiellement comme ceux des Phéophycées. Ils constituent une enveloppe fermée autour du chromatophore. Les faux amyloplastes des Némaliées ont la méme origine. Dans certains chromatophores, l'amidon est remplacé par des substances solubles dans l'alcool qui forment des gouttelettes à sa surface, mais n'apparaissent jamais dans son intérieur. Finalement l'auteur compare les chromatophores aux nucléus des cellules. Tous deux ressemblent étroitement au protoplasma par leurs pro- priétés. Les pyrénoides ont les mémes réactions que les nucléoles. Le procédé de multiplication par division offre une analogie de plus entre ces différents organites. Fauna und Flora des Golfes von Neapel. 8t Monographie : BANGIACEEN ; par M. (i. Berthold. In-4* de 28 pages, avec une planche. Leipzig, 1882. Cette monographie embrasse les genres Bangia, Porphyra, Erythro- 994 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. trichia, et aussi le genre anomal Goniotrichium. Nous n'avons pas besoin de dire qu'elle entre dans de grands détails d'histologie. Les tétraspores des trois premiers de ces quatre genres sont décrites comme jouissant environ d'une mobilité intrinséque de quarante-huit heures aprés leur libération; elles germent aprés l'expiration de cette période, mais sans avoir présenté d'état amœboïde. Les organes mâles ou spermaties des Porphyra et des Bangia ressemblent beaucoup à ceux des autres Floridées. Chez le Bangia fusco-purpurea et le Porphyra laciniata, on les voit naitre de toutes les cellules de certains individus; chez le Porphyra leucosticta, seulement de certaines parties du thalle (lesquelles peuvent être regardées comme mâles, car le thalle ne produit d'ailleurs que des spores non sexuées ou des procarpes). Les spermaties n'ont jamais ici de mobilité individuelle. L'auteur fait connaitre égaleinent la structure des cellules femelles ou procarpes, ainsi que le mode de fécondation qui aboutit à la formation de cystocarpes. Les cellules femelles ne différent à aucun égard essentiel des cellules végétatives ordinaires. Les cystospores formées sont ordinaire- ment au nombre de huit, les octospores de M. de Janczewski, mais peu- vent étre réduites jusqu'à l'unité. Chez les échantillons femelles du Porphyra laciniata, les procarpes mûrs sont blanchâtres, et les cysto- spores müres d'un beau rouge, tandis que les procarpes non fécondés se flétrissent en passant par diverses teintes jaunes et vertes pour devenir incolores. Dans le genre Goniotrichium, dont la reproduction sexuelle est encore inconnue, les spores non sexuées correspondent étroitement à celles des Bangiacées. M. Berthold: regarde comme homologues les spores non sexuées, les spermaties et les cystospores, le procarpe correspondant à la cellule- mére des spores non-sexuées et des spermaties. Il en résulte que le pro- carpe est homologue non avec l'oosphére des Chlorosporées et des Mélano- sporées, mais bien avec sa cellule-mére. Ces détails montrent que les Bangiacées constituent évidemment une tribu inférieure de la famille des Floridées. Sur la motilité des Diatomées ; par M. C. Onderdonk (Ameri- can monthly Microscopical Journal, t. 1v, 4883, pp. 61-62). Cet auteur soutient que le mouvement des Diatomées est caché par ce qu'il nomme le pallium mobile, sorte d'enveloppe gélatineuse et invisible qui enveloppe complétement l'individu des Navicula, par exemple, in- complétement dans d'autres genres. Il dit avoir réussi à rendre cette enveloppe visible, à la durcir et à la détacher, et en pouvoir montrer un certain nombre de préparations. Le pallium est naturellement plissé au- tour de la Diatomée. Sous l'action « du réactif », il se déplie. Ce n'est pas REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 995 la « membrane enveloppante » dont ont parlé quelques observateurs, car celle-ci est promptement détruite par l'alcool ou les acides. Le méme réactif fait voir une enveloppe gélatineuse analogue autour des Oscillaria. D'après M. Onderdonk, le mouvement d'une Diatomée n’a lieu que quand l’une de ses valvules est en contact avec un corps solide d’un plus grand poids que le sien, sur lequel le pallium puisse ramper (1). Selon M. Hogg, le mouvement des Diatomées est causé par des filaments contractiles et préhensiles. Il s’en est démontré la présence en examinant comment se comportent dans le voisinage d'une Diatomée les atomes d'une matiére colorante introduite dans la solution (2). D'un autre cóté, M. E. van Ermengem dit que malgré l'emploi de divers réactifs eolorés, tels que les couleurs d'aniline, l'hématoxyline, etc., il n'a jamais pu découvrir la plus faible trace d'aucune sorte d'organes locomoteurs (3). On the continuity of Protoplasma in the motile Organs oi Leaves; par M. W. Gardiner (Proceedings of the Royal Society, t. xxiv, 1882, pp. 2712-2714). M. Gardiner a vu dans un grand nombre de cas l'utricule primordiale contractée reliée à la paroi de la cellule par de fins linéaments de proto- plasma. Il a remarqué encore qu'entre deux cellules voisines ces linéa- ments s'insérent souvent l'un vis-à-vis de l'autre. En traitant la prépara- tion par le chlorure de sodium, on obtient le détachement de ces fines trabécules de protoplasma. L'auteur paraît croire qu'au niveau de leur double insertion, le protoplama passerait d'une cellule à l'autre. Sur le développement de l'embryon des genres Ruppia et Zannichellia ; par M. N. Will (Videnskabelige Meddeleliser fra den naturhisloriska Forening i Kjübenhavn, 1882). Chez le Ruppia rostellata, l'embryon a presque la forme d'un 8, etles synergides y sont relativement petites et disparaissent promptement. Après l'imprégnation, la vésicule embryonnaire se divise en deux cellules selon l'usage. L'auteur suit de prés la division de la cellule embryonnaire jus- qu'à la formation du dermatogéne, aprés laquelle l'embryon consiste en un corps ellipsoide de l'extrémité supérieure duquel sort bientót le coty- (1) Dans le fascicule consacré aux Diatomées, dans l'Encyclopaedie der Naturwissen- schaften de M. Schenk, fascicule dont l'auteur est M. Pfitzer, le mouvement des frus- tules est attribué (suivant l'opinion de Schultze) aux prolongements du protoplasma qui passeraient à travers les fissures de la paroi de la cellule, opinion toujours hypothé- tique. M. Pfitzer a rejeté les idées de M. Mereschkowski, qui adopte un courant osmo- tique. 12) Bulletin de la Société belge de microscopie, t. 1x, 1883, pp. 37-44. (3) Ibid. T. XXX. (REVUE) 15 226 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. lédon. Dans la dépression inférieure à celui-ci se forme la seconde feuille, et du côté ventral de celle-ci, la troisième feuille et peut-être la tige. Le cotylédon enveloppe la plumule à la maniére d'une gaine. Il n'y a aucune racine ressemblant à celle de la plupart des Angiospermes. A sa place il se forme de bonne heure une racine secondaire, à la base et sur le eóté ventral de la gaine cotylédonaire, et cette racine est d'origine exogéne. Le développement du Zannichellia palustris se rapproche davantage de celui des Monocotylédons normaux. Il n'y a d'analogie avec le Ruppia qu'à l'origine. Le cloisonnement de l'embryon ne s'opère pas de même. Dans le Ruppia, le suspenseur reste indivis ; dans le Zannichellia, il consiste en deux rangées de cellules. Il existe ici une racine primaire. Morphology and Development of the Perithecium of Meliola; par M. H. Marshall Ward (Proceedings of the Royal Society, t. xxxiv, 1882-83, pp. 388-90). Le mycélium trés rameuxde ce parasite consiste en hyphas cylindriques à parois endurcies, brunes ou noires, et un contenu protoplasmique fine- ment granuleux; ces hyphas sont étroitement attachés à l'épiderme des plantes tropicales par des suçoirs rudimentaires qui adhérent à la cuticule, mais sans perforer aucune cellule. Il existe en outre des soies qui se développent sur le mycélium et lui restent attachées, qui ne paraissent remplir aucune fonction, et qui ne sont certes pas des tubes ouverts pour livrer passageà des spores. D'autres appendices développent de nouveaux mycéliums ; d'autres enfin préludent à la formation de périthéciums, par celle d'un ascogone que l'auteur a suivi. Les théques sont ici de minces sacs claviformes contenant de deux à huit spores ; chaque spore déve- loppe un sucoir rudimentaire et un nouveau mycélium. Les Meliola paraissent former un groupe voisin de celui des Erysiphe, mais dans lequel l'action sexuelle est encore plus rudimentaire. Le tort causé par ce parasite paraît être dû surtout à ce qu'il prive les feuilles d'air et de lumiére, et à ce qu'il bouche les stomates. Le rajeunissement du thalle des Vaucheria; par M. J. Schaarschmidt (Magyar növénytani Lapok, t. vi, 4882, pp. 10-13). On sait depuis certain travail d'Hanstein que si le thalle des Vaucheria demeure non cloisonné tant qu'il est dans des conditions de végétation facile; cependant, dés qu'un filament est lésé, le protoplasma de la partie non lésée se contracte immédiatement et se garantit par la formation d'une cloison qui le sépare de la partie lésée (1). M. Schaarschmidt a (1) Il convient de rapprocher de ce fait l'observation de M. F. Bates, qui a trouvé sous la neige des filaments cloisonnés de Vaucheria, et a envoyé des préparations REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 297 répété les expériences de Hanstein et a obtenu des résultats analogues. C'est ainsi qu'il a vu se conduire le Vaucheria sessilis, mais aux dépens de sa faculté ordinaire de reproduction; il se sépare en tronçons qui germent au bout d'un temps variable et produisent alors de nouveaux filaments. Il en résulte une certaine ressemblance avec le Gongrosira, et plus encore avec les tubes protoplasmiques qu'émettent les zoosporanges sur les rhizoides du Botrydium granulatum. M. Schaarschmidt a observé une faculté de rajeunissement analogue sur le Conferva bombycina. A Synopsis of the genus Selaginella; par M. J.-G. Baker (Journal of Botany, 1883). En rédigeant cet important mémoire, M. Baker n'a pas eu l'intention (il le dit lui-même) de refaire la monographie classique de Spring, mais de rédiger un Synopsis dans le goût de son Synopsis Filicum. Il divise le genre en quatre sous-genres, principalement d’après la forme et la sé- riation des feuilles, savoir : cunctis similibus, multifariis...,..................... Selaginelle genuina. Foliis | biformibus, biseriatis, superioribus minoribus et magis adscendentibus ; + bracteis uniformibus........................ Stachygynandrum. baie bi aooe anina ) non resupinatis... Homostachys. + bracteis biformibus ; spicis | resupinatis........ Heterostachys. Deux de ces groupes, le second et le quatriéme, les plus considérables, sont ensuite divisés ou méme subdivisés par l'auteur. Parmi les nouveautés établies par M. Baker, nous devons citer: S. Ma- riesii, du Japon (Maries); S. Mittenii, des monts Usassura, dans l'Afrique centrale (Mitten); S. Welwitschii, de Pungo-Andongo; S. somaliensis (Hildebrandt n. 1484); S. arenaria, de la vallée supérieure du fleuve des Amazones (Spruce) ; S. valdepilosa, de la Guyane hollandaise (Jen- man); S. tuberculata Spruce, des rochers qui bordent le rio Uaupés ; S. brevifolia, du rio Negro (Spruce); S. brevicaulis, de Cuba (Wr. 941); S. Jamesoni, de Quito; S. panurensis (Spruce); S. vestiens et S. cladostachya, tous deux de Goyaz (Burchell); S. trifurcata et crypto- gæa, de la vallée supérieure des Amazones (Spruce); S. tarapotensis et S. acanthostachys, du Pérou septentrional (Spruce); S. Lindbergii, de Minas-Geraés et de Saint-Paul au Brésil; S. incurvata (S. vaginata Liebm. non Spring); S. revoluta, de l'Orénoque (Spruce 3621); S. ovalis, des rapides de la vallée des Amazones (Traill n. 1416); S. azorica, vivant à Kew; S. plagiochila, de Cuba (Wr. 942). à M. Cooke, lequel voit dans ce cloisonnement, et dans un commencement d'agrégation du protoplasma, une préparation à la formation de zoogonidies (Grevillea, t. xi, 1883, pp. 104-106). 998 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Le Selaginella spinulosa A. Braun devient le S. spinosa P. Beauv. Æthéog. 112. Two new Potamogetons; par M. Arthur Bennett (Journal of Botany, mars 1883, avec une planche). L'un de ces deux nouveaux Potamots, le P. Cheesemannii, est de la Nouvelle-Zélande, et voisin des P. nutans, P. polygonifolius, etc. L'autre, le P. Griffithii, a plus d'intérét pour les botanistes qui s'occupent de notre flore, puisqu'il a été trouvé dans un lac du pays de Galles (dans le comté de Caernarvon). Il a le port du P. prelongus Wulfen, mais la ner- vation de ses feuilles et les caractéres de ses épis l'en éloignent notable- ment. Les feuilles flottantes rappellent celles du P. Claytonii Tuckerm., de l'Amérique du Nord, et les feuilles submergées celles du P. longifolius Bab. non J. Gay. New Chinese Cyrtandre: ; par M. H.-F. Hance (Journal of Bo- tany, juin 1883). Nous trouvons dans cette note deux genres nouveaux : 1? Petrocodon, voisin du Didymocarpus, avec la corolle urcéolato-campanulée;2» Primu- lina, lequel simule le genre Primula par son port et par ses fleurs, et se distingue des genres Didymocarpus, Oreocharis et Chirita par sa corolle hypocratérimorphe à tube cylindracé. Le Primulina Tabacum, recueilli dans le voisinage de Canton, exhale une odeur trés pénétrante de tabac, et il est nommé par les indigènes Shek-in, en anglais Rock-Tobacco. Outre ces deux genres, M. Hance fait connaitre quelques espéces nou- velles, savoir : Oreocharis filipes, Didymocarpus demissa, Æschy- nanthus apicidens, Chirita eburaca, Chirita Julie et Bea dictyoneura. I] n'y avait en 1861, quand M. Bentham publia le Flora hongkongensis, que trois Cyrtandrées connues pour la flore de tout l'empire chinois. L'Asplenium germanicum, connu déjà dans l'Himalaya (à 6000 pieds), a été récemment constaté aussi à Hong-kong. Ajoutons qu'à Formose M. T. Watters a constaté une nouvelle espéce du genre Podo- phyllum, le P. plecanthum Hance. Handbook to the Ferns of British India, Ceylon, and the Malay Peninsula ; par M. le colonel Beddome. In-8° de xiv et 500 pages, avec 300 figures. Calcutta et Londres, Thacker and C». On connait les grands ouvrages publiés sur les Fougéres de l'Inde, par M. le colonel Beddome, jadis conservateur des foréts à Madras, ouvrages malheureusement d'un prix trés élevé à cause de leur grand format et du luxe de leurs planches, au nombre de 660, tant pour les Ferns of Sou- thern India que pour les Ferns of British India et le Supplement. On REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 9299 saura donc gré à M. Beddome d’avoir employé les loisirs de sa retraite et de son séjour à Londres à nous donner un ouvrage portatif, résumant le synopsis des genres et des espèces. Ces genres sont au nombre de 98, ce qui parait considérable ; mais cela tient à ce que M. Beddome a suivi les auteurs tels que Presl, J. Smith et M. Th. Moore, qui accordent une grande importance à la nervalion dans la constitution des genres. On voit par le titre quel est le cadre géographique adopté par M. Bed- dome. C'est précisément celui du Flora of British India de sir J. Hooker et de ses collaborateurs. Les Clématites à grandes fleurs : CLEMATIDES MEGALANTILE. Description et iconographie des espèces cultivées dans l’Arboretum de Segrez ; par M. Alph. Lavallée. In-4° de 84 pages, avec 24 planches dessinées d’après nature, par D. Bergeron. Paris, J.-B. Baillière et fils, 1884. On sait combien l'introduction d'espéces et la création de quelques variétés nouvelles aménent ordinairement de confusion dans la nomencla- ture d'un genre de plantes cultivées. Cette observation s'applique en par- ticulier au genre Clematis. Les noms les plus fantaisistes donnés aux variétés génent la distinction des véritables espéces. M. Lavallée fait observer avec raison que l'étude des plantes à l'état vivant est le meilleur moyen de déméler les chaos des groupes embrouillés (1); les travaux de MM. Naudin et Decaisne parlent hautement dans le méme sens. Il est vrai que ce mode de travail n'est pasà la portée de tout le monde, et qu'il faut éviter de se laisser prendre, dans l'examen d'une forme cultivée, aux résultats d'une sélection volontaire ou involontaire, quelquefois déjà ancienne. L'étude des types vivants permet de prononcer assez facilement sur la valeur de ces innombrables hybrides qui encombrent les catalogue. d'horticulteurs. Ainsi on considère depuis longtemps comme issu d'un croisement le Clematis Hendersonii Hort. (C. eriostemon Dne), qui se resséme seul sans donner lieu à aucune variation appréciable. Un pré- tendu hybride obtenu en Angleterre, il y a prés de dix ans, et répandu dans tous les jardins sous le nom de C. Jackmanni, s'est trouvé. n'étre que le C. hakonensis Franch. et Sav., du Japon. Il y a cependant des Clématites incontestablement hybrides, presque constamment s'ériles, offrant peu de pollen, dont la postérité fort rare retourne à l'un des deux parents. M. Lavallée a étudié dans le genre Clematis les sections suivantes : 1° PATENTES, de l'Asie orientale, avec trois espèces, le C. lanuginosa (1) Le caractère de rameaux grimpants ou simplement assurgents ne se peut obser- ver sur des échantillons d'herbier. 230 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Lindl., du nord de la Chine, les C. patens Morren et Dne et C. hakonen- sis Franch. et Sav. Le C. tunbridgensis Hort. est un hybride du C. pa- tens et du C. hakonensis. 2» FLonID&E, avec une seule espèce, C. florida Thunb. 3 VITICELLÆ, avec deux espèces, C. viticella L. et C. campaniflora Brot. Le C. francofurtensis Hort. est un hybride du C. viticella et du C. hakonensis. 4* AROMATICÆ, avec une seule espèce, C. aromatica Lenné et C. Koch, originaire probablement de la Sibérie. 5° ERIOSTEMON, qui renferme quatre espèces : C. Bergeronis A. Lav., dédié par l'auteur à l'artiste qui a dessiné ses belles planches, M'* B. Bergeron, espèce qui se reproduit facilement et identiquement ; C. dis- torta A. Lav. (C. crispa Hook. f. Bot. Mag. tab. 1892 non L., C. Viornæ Andrews Bot. Repos. 1, tab. 71 non L.); C. Eriostemon Dne; et C. cylin- drica Sims. Cette dernière, des États-Unis, est la seule du groupe dont l'origine soit connue. 6° UnNIGERE, renfermant sept espèces : C. crispa L., de la partie méridionale des États-Unis; C. Pitcheri Torr. et Gray, étendu des États- Unis au Mexique ; C. reticulata Walter, de la Caroline et de la Géorgie, retrouvé au Mexique dans la province de Chihuahua ; C. Viorna L., qui habite les régions maritimes du nord des États-Unis ; C. Sargenti A. Lav. (C. Pitcheri Sargent non Torr. et Gray, dont la patrie n'est pas connue d'une manière précise); C. texensis Buckley et C. fusca Turcz., de la Mandchourie. T° MECLATIS, avec une seule espèce, C. orientalis L. 8° ANEMONIFLORE, avec une seule espèce, C. montana Buchanan, ori- ginaire de toute la région montagneuse qui sépare l'Inde de l'empire chinois. M. Lavallée termine par des remarques sur le dernier mémoire pos- thume de Decaisne,la revue des Clématites du groupe des Tubuleuses. Qu'il est triste de songer que c'est là le dernier ouvrage de l'auteur! The plants indigenous around Sharks bay amd its vi- cinity, chiefly (rom collections of the hon. John Forrest, surveyor general of Western Australia ; enumerated by baron Ferd. von Mueller. In-folio de 24 pages. Perth, 1883. M. le baron de Müller fait d'abord l'historique des découvertes géogra- phiques et botaniques faites dans l'Australie occidentale depuis que le capitaine hollandais Dirk Hartog y aborda pour la première fois. Il donne ensuite le catalogue des plantes qui font partie de la collection de M. Forrest, avec les localités spéciales, et en y joignant celles qu'ont fait connaitre les explorateurs antérieurs. On est surpris de la pauvreté de REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 931 cette collection en Epacridées, en Dilléniacées et en Fougères ; on n’y ren- contre pas une seule Orchidée. On n’y trouve aucune nouveauté, mais nombre d'observations intéressantes sur des espèces déjà connues. Fragments lichénologiques; par M. le D" Ant. Magnin, fasc. iui (extrait des Annales de la Société botanique de Lyon) ; tirage à part en broch. in-8° de 23 pages. Lyon, 1883. Ce fascicule contient trois notes, savoir : 1° Contrastes en petit présentés par la végétation lichénique des pou- dingues glaciaires des environs de Lyon. — Ces contrastes en petit sont les contrastes offerts par des espèces dites calcicoles sur certains points d'une région granitique, et inversement, par des espèces silicicoles dans des localités spéciales d'une région calcaire. M. Magnin a déjà signalé plusieurs de ces contrastes en petit dans le mont d'Or (1), dans le Beau- jolais calcaire (2) et dans le Bugey (3). Il signale aujourd'hui un autre exemple de méme genre dans la végétation lichénique des poudingues, des alluvions glaciaires dans les environs de Lyon. Les variations de com- position du substratum y sont telles, que, sur une surface de quelques centimétres carrés, on peut recueillir de nombreuses espéces de Lichens, les uns propres aux régions calcaires, les autres ne croissant que dans les régions granitiques. C'est qu'en effet ces poudingues sont constitués par d'anciens cailloux roulés, généralement siliceux, mais réunis entre eux par un ciment calcaire plus ou moins résistant. 2» Compte rendu d'une excursion lichénographique dans les environs de Riviére et de Saint-André-la-Cóte. — On a dans celte excursion décou- vert le Gentiana campestris, assez abondant dans les pelouses du signal de Saint-André. 3 Note sur quelques Lichens de la région lyonnaise, du Jura, de la Chartreuse, etc. — Ces Lichens sont les suivants : Psora testacea Hoffm., Lecanora Villarsii Ach., Callopisma aurantiacum var. 3. velanum Mas- salongo, C. ochraceum Keoerb., Lecidea jurana Schær., Lecidea petrosa a. nuda Th. Fries, etc. Apuntes para la flora de la provincia de Sevilla ; par M. Romualde Gonzalez Fragoso (Annales de la Sociedad Española de Historia natural, tome xm, 1883); tirage à part en brochure in-8° de 28 pages. Aprés une courte introduction oü l'auteur nous apprend que l'herbier (1) A. Magnin, Recherches sur la géographie botanique du Lyonnais, p. 147. (2) Id., Ann. Soc. bot. de Lyon, t. ur, p. 305. (3) Id., Statistique botanique du département de l'Ain, pp. 34, 41, 43, 52. 232 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de Boutelou est conservé à Séville, il trace l'énumération des espèces qu'il a recueillies depuis le Protococcus viridis jusqu’au Selaginella denticulata. On voit qu'il n'atteint pas la phanérogamie. Il ne décrit aucune nouveauté et ne signale guére que des espéces fort connues, pour lesquelles il a le mérite d'indiquer des localités précises. Étude générale du genre Pommier, et particulièrement des Pommiers microcarpes ou Pommiers d'ornement; par M. E.-A. Carrière. Un vol. in-16 de 176 pages, avec 18 fig. xylogr. dans le texte. Paris, libr. agricole, 1883. Dans une brève introduction, l'auteur énumére les principaux caractères de végétation des Pomacées, et divise ce vaste groupe en Pomacées vraies et Pomacées anomales. Le premier de ces deux groupes contient quatre genres: Malus, Pirus, Cydonia et Chænomeles. Le second renferme les genres Amelanchier, Aria, Aronia, Cormus, Cotoneaster, Rhaphio- lepis, Photinia, Eriobotrya, Sorbus, Torminaria, Mespilus et Cra- (æqus. La classification, dans le genre Malus, est tirée de la coloration des anthères, qui est jaune ou rouge. Dans la première section, à anthères jaunes, rentrent les Pommiers domestiques, comprenant les fruits à cidre et les fruits à couteau, puis les Pommiers microcarpes. Ceux-ci, à leur tour, sont divisés en quatre sections, selon que les fruits sont déli- quescents, pulpeux, marcescents ou farinacés. Le nombre de ces Pom- miers microcarpes est de 62 dans le livre de M. Carrière. Ce sont des arbres ou arbrisseaux tous très décoratifs, les uns par leurs fleurs nom- breuses et élégantes, le plus grand nombre par leur multitude de fruits blancs ou jaunâires dans quelques sortes, plus ou moins vivement colorés en rose ou en rouge dans d’autres. Dans la troisième partie, M. Carriére s'occupe spécialement de la cul- ture et de la multiplication des Pommiers microcarpes. Monographie des Zsoëteæ; par MM. L. Motelay et Vendryès (extrait des Actes de la Société Linnéenne de Bordeaux) ; tirage à part en in-8° de 100 pages, avec 10 planches dessinées par Mesdames D. Bordeaux, impr. J. Durand, 1884. Dans une introduction soignée, M. Motelay (qui posséde l'herbier de Durieu de Maisonneuve) et M. Vendryés exposent l'histoire, l'organisa- tion et la distribution géographique du genre Jsoëtes. Ils n'acceptent pas les coupes génériques proposées par Gennari, non plus que certaines espèces de cet auteur. Ils divisent le genre en deux groupes : Aquaticæ et Ter- restres. Le premier, Aquaticæ, est lui-même divisé en trois sections : submersæ, palustres, amphibie ; le deuxième n’a qu'une section. Cette REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 933 classification, judicieusement fondée sur des caractéres organographiques qui varient avec l'habitat, s'éloigne peu de celle d'Al. Braun, dont les auteurs ont accepté en principe la maniere de voir. Les principaux caractères spécifiques, dans le genre Isoëtes, sont four- nis par les rhizomes (au point de vue du nombre de leurs lobes), les gaines des feuilles, le voile, la ligule, l'écorce et les phyllopodes, mais surtout par les spores des deux sortes, qui peuvent suffire à distinguer les espéces. MM. Motelay et Vendryés ne font connaitre aucune espèce nouvelle. L'intérêt principal de leur travail est d'avoir soigneusement décrit les espéces connues (d'abord par une description latine, puis par des obser- vations en français, des notes sur les caractères et sur l'aire géogra- phique, etc.), et de citer les renseignements manuscrits extraits des notes et de l'herbier de Durieu. C'est pour Durieu aussi qu'avaient été faits, par Mesdames D..., des dessins fort remarquables des spores d'un grand nombre d'espèces, dessins qui sont répartis entre les dix planches de l'ouvrage, et quelquefois aussi du port des plantes. En somme, cette im- portante et coüteuse publication, qui a dü exiger beaucoup de temps et de peines, honore à la fois, et ses auteurs, et la mémoire de Durieu de Maisonneuve, et la Société qui en assure la publication, et qui du reste nous a habitués à des preuves d'une activité scientifique et matérielle dont seraient incapables des associations moins sérieusement soutenues par leurs fondateurs et leurs membres principaux. Sur le Palillo ; par M. Alfred Dugès (Comptes rendus de la Société de biologie, 1883, pp. 695 et suiv.). Palillo est le nom vulgaire au Mexique, dans la province de Guana- juato, du Croton morifolius. Les gens du peuple y prennent cette plante en infusion dans les cas de gastralgie ou de simple atonie de l'estomac. On la prépare absolument comme celle de Citronnelle, de Menthe ou de Sauge. L'huile des graines a été expérimentée quatre ou cinq fois par M. Dugès et M. Ed. Armendaris; deux à trois gouttes de cette essence dans un véhicule convenable purgent doucement comme une dose moyenne d'huile de ricin. L'alcoolature des feuilles donne les meilleurs résultats dans les névralgies, notamment dans celles de la face, soit en frictions, soit en instillations dans les oreilles, à la dose de dix à quinze goultes dans de l'eau de fleur d'oranger sucrée. Petite excursion botanique au ballon d'Alsace; par M. N. Haillant (extrait des Annales de la Société d'émulation des Vosges); tirage à part en broch. in-8° de 4 pages. On applaudit toujours aux réunions, méme momentanées, que forme 934 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dans l'intérét de la science l'initiative de quelques hommes intelligents et instruits. Il nous en vient depuis quelques années de nombreuses preuves de l'est de la France, méme de parties qui ne répondent plus que par le cœur à cet élan national. La Société d'émulation des Vosges est, à cet égard, le centre d'un travail de renouveau qui nous a déjà valu plus d'une note intéressante. On y joindra celle de M. Haillant, dont l'itinéraire coincide en partie avec celui d'une course entreprise en 1858 par notre Société, pendant la session de Strasbourg, de Remiremont à Thann, par Saint-Maurice et la vallée de Saint-Amarin. Les pentes alpestres de la région offrent à la récolte : Viola lutea, Ar- nica montana, Knautia dipsacifolia, Angelica pyrenea Spreng., Ru- mex montanus Desf., Gentiana lutea, Lycopodium Selago, Saxifraga stellaris, Senecio Jacquinianus Rchb., Sonchus alpinus L. (non accom- pagné du S. Plumerii L.). Il faudrait, pour bien faire cette excursion, coucher à Saint-Maurice, aller le lendemain déjeuner à la Source vers huit heures, puis explorer les escarpements alsaciens jusque vers trois heures. Essai monographique sur les Bupleurum, sections Mar- ginata et Aristata G.G. de la Flore française; par M. Éd. Timbal- Lagrave, avec 8 planches dues à M. le D" Bucquoy. Fascicule 11 (extrait des Mémoires de l'Académie des sciences, inscriptions et belles- lettres de Toulouse, 2 semestre 1883) ; tirage à part en brochure in-8^, pp. 29-44). Nous renvoyons pour la premiére partie de ce travail à une analyse antérieure. La section Marginata comprend les espéces suivantes : Bupleurum falcatum L., nanti d'une foule de variétés qui le rendent trés polymor- phe; B. petiolare Lap., mal caractérisé par son auteur, et spécial aux Pyrénées méridionales, auquel M. Timbal-Lagrave réunit, mais comme variété distincte, le B. petiolare Willk. et Lange ; B. corbariense Timb.- Lagr., de la haute vallée de l'Aude; B. alpigenum Jord. (B. brassici- folium Arvet-Touvet, in herb. Soc. dauphin. n. 191); B. rigidum L., qui habite les lieux stériles de tout le Midi. Le B. oppositifolium Lap., connu par un seul échantillon qu'a examiné M. Clos, parait à l'auteur étre un hybride, d'une part du B. fruticosum, et d'autre part du B. falcatum ou du B. petiolare. La section Aristata comprend les espèces suivantes: B. opacum Willk. et Lange (B. aristatum G.G. non Bartling, B. Odontites Lap. non L., B. divaricatum Lam.), espèce trés répandue en France, d’où probable- ment on doit exclure le vrai B. aristatum Bartl. etle B. Odontites L. Ajoutons à cette trop brève analyse une nouvelle importante : c'est que REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 235 M. Timbal-Lagrave prépare une Flore de la Haute-Garonne en collabo- ration avec M. le D" Jeanbernat. Recherches sur Fhabitat en France du Rosa cinna- momea L.; par M. Alfred Déséglise (extrait du Bulletin de la So- ciété d'études scientifiques d'Angers, année 1883); tirage à part en broch. in-8° de 11 pages. Genève, 21 avril 1883. Aprés de nombreuses citations, M. Déséglise conclut ainsi : « Je suis porté à croire que le R. cinnamomea L. serait étranger à la flore fran- çaise ; les localités où il s'y trouve sont dues à d'anciennes cultures, et la forme la plus fréquente y est la forme à fleurs plus ou moins pleines. Le R. cinnamomea L. ne me paraît pas plus appartenir à la flore francaise que le R. blanda Ait., ce dernier originaire de l'Amérique, naturalisé sur divers points de l'Europe, et souvent pris pour le R. cinnamomea. » Flora Sequaniæ exsiccata, ou Herbier de la flore de Franche- Comté ; par MM. Paillot, Vendrely, Flagey et Renauld (extrait des Mé- moires de la Société d'émulation du Doubs); tirage à part en broch. in-8°, pp. 113-151. Un mémoire unique occupe ce sixième fascicule du Flora Sequaniæ exsiccata, communiqué à la Société d'émulation dans sa séance du 1" avril 1882. C’est la liste des plantes rares ou nouvelles pour le dépar- tement de la Haute-Saône et les parties limitrophes du Doubs. Cette liste embrasse les Fougéres et les Mousses. Nous y remarquons comme types intéressants ou rares : Ranunculus trichophylloides Humnicki, Malva fastigiata Cav., M. italica Pollini, Rhamnus saxatilis L.; Trigonella multiflora Humnicki, lequel paraît à M. Vendrely une monstruosité du Medicago lupulina ; les Prunus de M. Paillot, plusieurs des Rubus de M. Genevier ; Valeriana excelsa Poiret, Artemisia Verlotorum Lamotte, Bidens radiatus Thuill., Tragopogon Shuttleworthii Godet; de nom- breux Mentha, Potamogeton cæspitosus Humnicki, n. sp. (non descrip- tus), Juncus tenuis Willd., etc. — Le Berteroa incana a disparu des environs de Besançon, où il avait abondé pendant quelques aunées après la guerre. Statistique botanique du département de l'Ain; par M. le D" A. Magnin. 1* partie. In-8° de 68 pages. Cette première partie est extraite d’un ouvrage publié par la Société de géographie de l'Ain et relative à la géographie de ce département. Elle renferme le précis d'une géographie botanique de l'Ain. Ce département est divisé par M. Magnin en trois régions botaniques : la région des vallées et des coteaux du Rhóne et de la Saóne; la région à étangs du plateau 236 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. bressan ; enfin la région montagneuse. La première de ces trois régions est caractérisée par son climat chaud, par la présence d'espèces xéro- philes, souvent calcicoles ou plutôt thermophiles, et qui ne remontent pas plus haut dans le bassin du Rhône. La deuxième a un climat plus froid, une végétation hygrophile et silicicole spéciale. La région montagneuse contient trois sous-régions, les vallées chaudes du Bugey méridional, dont la flore se rapproche de celle des coteaux et des vallées du Rhône; le bassin de Bellay, dont une partie possède une végétation analogue à celle du plateau bressan; puis la montagne proprement dite, dans laquelle l'auteur distingue encore trois zones d'altitude. M. Magnin expose successivement les caractéres de chacune de ces régions et de ces sous-régions. Il termine en étudiant les particularités de la végétation du département, en se plaçant au point de vue général de M. Grisebach. En faisantle relevé des espéces de l'Ain (abstraction faite des formes critiques de Rubus, Rosa, Galium, Hieracium, etc.), il arrive au chiffre de 4887 espèces. Le département de l'Ain l'emporte ainsi environ de 300 à 350 espèces sur celui du Jura. Cette différence est due principalement à la richesse de la partie méridionale du département de l'Ain en plantes thermophiles de la vallée du Rhóne. Des racines caulinaires ; par M. D. Clos (extrait des Mémoires de l’Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse); tirage à part en broch. in-8° de 55 pages, avec 3 planches. Ce travail, lu à l'Académie de Toulouse le 12 juillet 1883, forme le troisième des mémoires consacrés par M. Clos à la rhizotaxie. Il y rappelle d'abord les travaux de M. Ch. Royer, puis il partage l'exposé de ses résul- tats en trois chapitres, intitulés : 1° Symétrie des racines dites adven- tives; 2° De quelques modes particuliers de développement des pseudo- rhizes ; J^ Rapports des pseudorhizes avec la racine principale chez les Dicotylés. Le mémoire de M. Clos est rempli d'observations personnelles, faites sur un grand nombre de genres et d'espéces. Il ne parait pas cependant qu'il en résulte des faits devant fortifier ce qu'ón pourrait nommer la détermination histologique des familles. On la reconnaitra certainement par l'exposé (trés abrégé) du grand tableau qui résume son mémoire. Les racines caulinaires sont, dit M. Clos, ou bien nodales, ou bien mérithal- liennes, ou bien mérithalliennes et nodales. Les racines nodales sont ou essentiellement nodales, ou bien sous-nodales, ou surnodales. Dans le groupe des essentiellement nodales, nous trouvons les racines articulaires (Rhipsalis); pulvinales, c'est-à-dire naissant en l'absence de feuilles sur le coussinet d'un Opuntia immergé; nodales proprement dites (Grami- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 237 nées, Lirioidées, Orchidées, Aroidées, Pipéracées, Aurantiacées, Poly- gonées, Urticées, Renonculacées, Ombellifères, Saururus) ; interfoliaires (Mentha, Columnea, Cerastium, Verbena, Herpestis, Lindernia, Mi- mulus, Elatine); interfoliaires et bilatéro-foliaires (Vinca); latéro- foliaires proprement dites (Scrofularia, Physostegia, Mentha, Teu- crium, Lithospermum, Salpichroma, Aristolochia, Sedum, Dichondra, Vanilla, Angrecum, Berberis) ; oppositifoliées (Monstera, Marcgravia, Helxine); commissurales (Veronica, Chrysosplenium, Arenaria, Ce- rastium). Il nous faudrait, pour continuer ces citations, beaucoup plus d'espace que nous n'en avons. Mais fussent-elles plus longues, elles ne dispense- raient pas nos confréres de la lecture de ce mémoire, important surtout, à ce qu'il nous semble, parles exemples histologiques qu'il donne de l'influence des milieux. Les Champignons comestibles et vénéneux de la région de Montpellier et des Cévennes, aux points de vue économique et médical ; par M. Louis Planchon. Grand in-8& de 223 pages. Montpellier, impr. centrale, 1883. Ce travail, qui fait immédiatement songer à la thése si connue de M. Jules de Seynes (fréquemment citée par l'auteur), se présente avec une portée plus modeste et plus directement pratique. Aprés un résumé de l'organisation des Champignons, l'auteur passe en revue les moyens proposés pour reconnaitre les Champignons comestibles et les Champi- gnons vénéneux, puis il étudie la distribution géographique, dans laquelle il adopte les idées de M. de Seynes. Il passe ensuite à la description des espéces, en reléguant au rang de tribu les genres de Fries. Il a eu le soin de faire connaitre les noms vulgaires. Il donne la diagnose, l'habitat de chaque espéce, en fait connaitre les propriétés comestibles ou nocives, et les moyeus de la distinguer des espéces avec lesquelles on pourrait les confondre. Les paysans ont dans la collerette une confiance qui les induit souvent en erreur. Et l'erreur, on le sait, est terrible. La seule ville de Lodéve, en 1882, a fourni une quinzaine de cas d'empoisonnement. M. L. Planchon les fait connaitre à l'état d'observations médicales sou- vent corroborées par la connaissance de l'agent vénéneux. C'est le plus ordinairement dans cette région l'Agaricus bulbosus qui cause les acci- dents : ces accidents se produisent, soit au printemps, au moment où sor- tent les Amanites printaniéres, soit surtout à l'automne, aprés les grandes pluies de septembre. L'Agaricus bulbosus sort aux deux époques. Il suffit d'un pied de cette espèce pour causer la mort de plusieurs personnes. On trouvera dans la thése de M. Louis Planchon des détails précieux sur la qualité nocive ou comestible (dans les régions étudiées par lui) 938 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. d'espèces qui sont diversement appréciées par les auteurs au point de vue de leur action sur l'homme. NOUVELLES. (10 mai 1884.) — L'Académie des sciences a tenu, le lundi 8 mai 1881, sa séance publique annuelle sous la présidence de M. Em. Blanchard. Le prix Bordin, qui devait couronner des recherches relatives à la pa- léontologie botanique ou zoologique de la France ou de l'Algérie, a été décerné à M. Grand'Eury. Le prix Desmazières a été partagé entre MM. Bonnier et Mangin pour leurs recherches sur les Champignons. Un encouragement a été accordé à M. Charles Magnier qui concourait pour le prix de la Fons-Mélicoq. Le second des prix Bordin proposés pour 1883 a été obtenu par M. Costantin. — Par décret en date du 17 décembre 1883, M. Musset, docteur és sciences, a été nommé professeur de botanique à la Faculté des sciences de Grenoble. — Par décret du 4 mars, M. Max. Cornu a été nommé professeur de culture au Muséum, en remplacement de M. Decaisne. — M. Julien Vesque, docteur és sciences, a été nommé maitre de con- férences de botanique à la Sorbonne, et M. A. Magnin, docteur és scien- ces, maitre de conférences à la Faculté des sciences de Besancon. — M. Alph. Lavallée, président de la Société nationale et centrale d'horticulture, est décédé subitement, le 3 mai, dans son domaine de Segrez (Seine-et-Oise). — On annonce la mort du docteur Engelmann, de Saint-Louis de Missouri (États-Unis). C'est une grande perte pour la science que celle de ce soigneux investigaleur, qui a beaucoup fait pour l'étude des Vignes indigènes de l'Amérique, des Cactées, des Yucca et de certains genres de Conifères. — Le Jardin botanique de Liége vient d’être l’objet de perfectionne- ments remarquables. M. Éd. Morren, tout en prenant pour base le plan primitif de son père, y a ajouté toutes les installations réclamées par la science moderne. Il a droit à la reconnaissance des amis de la nature, qui trouveront désormais à Liége un Institut botanique modèle, digne du savant qui le dirige et de la ville qui lui a fourni les moyens de réa- liser son ceuvre (1). (1) M. Morren a communiqué à quelques amis les plans de son Institut. On trouvera la réduction des deux principaux de ces plans dans le Journal de la Société nationale REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 239 — M.E. Laurent a fait récemment à la Société royale de botanique de Belgique une communication sur le Ræsleria hypogæa, qwil considère comme une forme physiologique d’un Lichen, le Coniocybe pallida Fr. A la profondeur où le Ræsleria a été rencontré, dit M. Laurent, on peut nier le développement de la chlorophylle, et par conséquent, dans le con- sortium algo-lichénique, l'Algue doit abandonner le Champignon à ses habitudes de parasite à l'égard des racines en voie de décomposition. Dans divers échantillons de Coniocybe, M. Laurent a constaté des tran- sitions qui conduisent au Ræsleria. — M. Frédéric Townsend (Honington-Hall, Shipston-on-Stour, Angle- terre), désirant faire une étude monographique du genre Euphrasia, prie ses collègues de vouloir bien lui communiquer les formes de ce groupe particuliéres au pays qu'ils habitent. — M. le professeur Hieronymus, auquel on doit d'importantes collec- tions faites dans la république Argentine, est aujourd'hui fixé à Breslau, Elisabethstrasse, n° 1. Il vient de commencer la publication d'une série de cartes murales de botanique, que M. Morren, dans la Belgique horti- cole, recommande spécialement pour la morphologie végétale. — Ceux de nos confrères qui ont jadis connu le vénérable Léon Dufour, de Saint-Sever, éprouveront un grand intérét à lire son Mémorial (1180- 1865), que publie par fragments la Gazetle des hôpitaux, dirigée par notre excellent confrére M. le D' E. Le Sourd. Ils y trouveront la descrip- tion des premières herborisalions faites aux environs de Paris par le jeune étudiant, déjà lichénographe, et ponctuées des remarques ajoutées plus tard par le savant parvenu à sa maturité. —- M. Ch. Magnier a publié récemment dans la Revue de botanique le Catalogue des plantes intéressantes des marais de la Somme, auprès de Saint-Quentin (Aisne). — Une Exposition internationale d'horticulture aura lieu le 20 mai 1885, aux Champs-Élysées, sous les auspices de la Société nationale d'horticulture de France. — Il sera décerné, en 1884, au nom de la ville de Dijon, par l'Aca- démie, une médaille d'or de 200 francs et trois médailles de vermeil aux meilleurs travaux sur les sciences géologiques, zoologiques ou botaniques et leurs applications dans le département de la Cóte-d'Or. Les manuscrits inédits et les travaux imprimés, portant la date de 1883 ou 1884, qui n'auraient pas obtenu déjà une récompense, seront seuls admis au concours. Ils devront être en langue française ou latine. et centrale horticulture de France, cahier de février 1884, où ils font l'ornement d'un excellent rapport consacré par M. Ch. Joly à la création de M. Éd. Morren. 240 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Les envois seront adressés franco au secrétaire de l'Académie, rue de la Préfecture, 28, à Dijon, et devront lui parvenir avant le 1* décembre 1884, terme de rigueur. Les mémoires envoyés au concours ne seront pas rendus. Cependant les auteurs des manuscrits pourront étre autorisés par l'Académie à en prendre copie à leurs frais. — La maison de librairie Th. Fischer, à Cassel, informe les botanistes que le prix de l'abonnement annuel au Botanische Centralblatt est baissé de 28 marks (35 fr. 50 cent.) à 21 marks (25 fr. 25 cent.). M. Fischer céderait en outre les volumes déjà publiés de ce répertoire avec une réduction de 25 pour 100, ou peut-être méme avec une réduction plus forte, pour laquelle il traiterait directement avec l'acheteur. — La maison Hachette vient de faire paraitre le 16* fascicule du Dic- tionnaire de botanique de M. Baillon (picH-pNAB). On y remarque les articles Digestion (de Lanessan), Dissémination et Dimorphisme (Ed. Tison), et une magnifique planche, due au pinceau de M. Faguet, repré- sentant le Peziza cupressina Fr. — M. Ch. Magnier (24, rue Longueville, à Saint-Quentin, Aisne) nous prie d'annoncer qu’il a en dépôt les doubles de l'herbier Durieu de Maisonneuve, consistant en plantes de France, de Corse, d'Algérie, d'Espagne et d'Orient, récoltées par Durieu ou cultivées par lui de graines. M. Magnier peut offrir des séries d'Avena, de Marsilia et d'Isoétes (1). Les prix sont ainsi fixés : Plantes de France et de Corse, 15 francs la centurie; plantes d'Espagne, d'Algérie ou d'Orient, 20 francs la centurie ; les espèces au choix, 30 francs la centurie. — M. Ch. Magnier va distribuer prochainement le 3* fascicule du Flora selecta. exsiccata, lequel contiendra 327 planches, et sera vendu 52 francs avec le numéro correspondant du Scrinia. Entre autres espèces intéressantes (dont nous avons la liste sous les yeux), on trouvera dans ce troisiéme fascicule: le Stellaria Cupani Nyman, du Var, nouveau pour la flore francaise, l'Elatine Brochoni Clavaud, n. sp., de la Gironde; l'Asphodelus Arrondeaui Lloyd, et de nombreuses raretés appartenant à la flore du Portugal, de l'Autriche, de la Crète, de l'Italie, etc. (1) Voyez plus haut, page 232. Le Rédacteur de la Revue, Dr EUGÈNE FOURNIER, Le Secrétaire général de la Société, gérant du Bulletin, AD. CHATIN. BouRLoroN.— Imprimeries réunies, A, rue Mignon, 2, Paris. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE TOME TRENTIÈME (Deuxième série. — TOME V). N. B. — Les noms de genre ou d'espèce rangés par ordre alphabétique sont les noms latins des plantes. Ainsi, pour trouver Igname, cherchez Dioscorea, etc. Les chiffres arabes se rapportent aux Comptes rendus des séances de la Société; les chiffres ro- mains, à la Session extraordinaire; et les chiffres arabes entre crochets [ ], à la Revue bibliogra- phique. A Abies excelsa (De l'influence de l'ombre et de la lumière surla structure, l'orien- tation et la végétation des aiguilles d’), 40. — (Du dépérissement des cimes d'Epicéas), 77. Abrus precatorius [144]. Académie des sciences de Paris (Prix dé- cernés et proposés par l’) [238]. Acanthacées (Pollen chez les) [155]. Acantholimon Fetisowi Regel sp. nov. [217]. Achlya (Imprégnation chez les) [188]. Actinastrum (Palmellées) Lagerheim nov. gen. [129]. Actinidia Davidi Franchet sp. nov. [109]. Adenoplea (Loganiacées-Budléiées) Radl- kofer nov. gen. [110]. Adiantum Oatesii Baker sp. nov. [112]. Adinandra Drakeana Franchet sp. nov. [109]. gr^ ^an apicidens Hance sp. nov. 228], Afrique (Plantes d’) [110] [111] [112]. Acanpü (J.-G.), cvi. Aguilanneuf [24]. Ain (Statistique botanique du département del’) [235]. Aira cespitosa L. et parviflora Thuill., 72. Alectoria implexa Nyl., 349. Algérie (Flore d'). Sur quelques plantes nouvelles, rares ou peu connues, 262. — Les Graminées des sommets du Djurdjura, physionomie qu'elles impri- ment à ce massif, 267. — Alyssum leio- T. XXX. carpum Pomel, 263. — Anthistiria glauca Desf., 266. — Anthoranthum odoratum L., 269. — Arabis Doumetii Coss., 262. — A. pubescens Poiret, 262, — Arrhenatherum elatius Mert. et Koch var. erianthum, 268. — As- tragalus narbonensis Gouan, 265. — Avena macrostachya Balansa, 268. — A. pratensis L., 268. — Bromus erec- tus Huds., 269. — Br. sterilis L., 269. — Br. tectorum L., 269. — Capsella Bursa-pastoris L., 263. — C. rubella Reut., 263. — Cistus feredjensis (hy- bride) Batt., 263. — Cnicus benedic- tus L., 265. — Colchicum arenarium Waldstein et Kitaibel, 266. — Cynosu- rus Balansæ Coss., 269. — C. elegans Desf., 268. — Dactylis glomerata L., 268. — Erodium alnifolium Gussone, 264. — E. malacoides Willd. var. flo- ribundum Batt., 265. — E. medeense Batt. sp. nov., 264. — Festuca atlantica D.-Jouve, 268. — F. ovina L., 268. — Filago heterantha Gussone var. candidis- sima Batt., 265. — Holcus lanatus L., 268. — Hordeum bulbosum L., 269. — H. murinum L., 269. — Koleria cris- tata Pers. var. glauca Coss., 268. — Linum strictum L. var. laxiflorum G. G., 265. — Lolium perenne L., 268. — Phleum Bæhmeri Wib., 269. — Plantago Coronopus L. var. Cupani Dcsne, 266. — Poa alpina L. var. Bivonæ, 269. — P. bulbosa L., 269. — P. trivialis L., 269. — Polygonum littorale Link, 266. -- Reseda Phyteu- 16 242 ma L. var. fragrans Texidor, 264. — Tetragonolobus guttatus Pomel, 265. — Trisetum flavescens P. B., 268. Algues, 89, xcu, cu [45] [57] [78] [81] [128] [129] [184]. — (Les chromato- phores des) [222]. — calcaires [182]. — fossiles, 57 |37]. ALLEN (T.-F.). Sur le développement de l'écorce des Characées [16]. Allier (Flore du département de l’) [148]. ALLIONI (C.), cvi. Allium Grimmi Regel sp. nov. [217]. Alpes-Maritimes (Roses des) [63]. — (Fes- tuca des) (63]. — (Bibliographie de la flore des), cvir. Alsace (Plantes de l’) [233]. Alyssum leiocarpum Pomel, 263. Amarantus spinosus L.,183. Amérique (Plantes de I) [133] [138] [139] [140] [164] [167] [183] [208] [210] 220 Anacardiacées [175]. Anatomie végétale, 169, 230 [22] [41] [77] [82] [171]. Anchusa sempervirens L., 70. Androsace de l'Inde [137]. Anemone (Observations sur les Anémones de Grasse et des environs) LXXV. —- alba Goaty et Pons, LXXIX. — cocci- nea Jordan, Lxxvi. — coronarioides Hanry, Lxxvi. — hortensis L., LXXXI. — grassensis Goaty et Pons, rxxvir. — Mouansii Hanry, LXXVI. — nemo- rosa (Une variété inédite de l'), 196. — pavonina DC., rxxxur. — rosea Hanry, rxxxvur. — Rissoana Jordan, Lxxvnt. — stellata Lamk, LXXXII. Angleterre (Algues d’) [184]. Annonces, voy. Nouvelles. Annotations au 4° fascicule des Menihe exsiccatæ presertim gallice, 465. Anomalies, voy. Monstruosités. Anthericum Oatesii Baker sp. nov. [112]. Anthistiria glauca Desf., 266. Anthoxanthum odoratum L., 269. Antibes (Alpes-Maritimes) (Session extra- ordinaire de la Société à) r-ccxv. — (Séances de la session à), v, XLIX, xci. — (Rapport sur une visite faite par la Société au cap d’), cxu, — (Liste des plantes récoltées pendant la session d’). CLXXX. Aquilegia (Ovule de I") [152]. Arabis Doumetii Coss. et pubescens Poi- ret, 262, Araliacées fossiles [11]. Arbres (Nomenclature des) et des arbris- seaux indigènes ou naturalisés à la SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Guadeloupe, avec leurs noms vulgaires, 100.— forestiers (Sur la faculté assé- chante des), 271. ARCANGELI (G.). Voy. Bottini. ARDOINO (H.), cix. Aristolochia pallida Willd., cxcv. Arrhenatherum elatius Mert. et Koch var. erianthum, 268. Arthropitus (foss.) bistriata et [202]. Arthrostemma campanulare Triana, 186. Ascomycètes (Développement des) [136] [212]. — (L'épiderme des) [186]. Aspidium molliculum Kunze, 181. Asplenium | Lamotteanum fr. Héribaud, 74, 76. — septentrionale (Note sur une station de l’) sur le quartzite com- pacte de Ledéve, xvii. Assimilation (Recherches sur le probléme de l’) [84]. Astragalus Hoantchy, sciadophorus, tata- ricus et ulachanensis Franchet sp. nov. [109]. — narbonensis Gouan, 265. Australie (Flore de I) [217] [230]. Autriche-Hougrie (Mousses de I') [170]. Auvergne (Flore de i") [91]. AVÉ-LALLEMANT (J.-L.), cix. Avena macrostachya Balansa et praten- sis L., 268. Azolla (Contribution à l'étude de la fécon- dation chez les), 198. gigas B Bacuwaxw (E.). Le développement et la structure du test des graines des Scro- fularinées [61]. Bactéries [57]. — (Développement des) [207]. Bapano (G.-B.), cx. Bea dictyoneura Hance sp. nov. [228]. BAGLIETTO (F.), cx. Bano (H.). Rhubarbes hybrides [157]. Bavier (G.). Etude sur les Mucorinées, [125]. — Sur les zygospores des Muco- rinées [126]. Baker (J.-G.). Contributions à la flore de Madagascar [111]. — Synopsis du genre Selaginella |227]. Basis (G.-B.), cx. Barrer. De l'action du froid sur les végé- taux pendant l'hiver 1879-80 [151]. Bangiacées [223]. BARBICHE (l'abbé). Revue critique de la bibliographie botanique locale [147]. — Herborisations faites aux environs de Longuyon [4147]. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. Barbula cylindrica Schimp. var. sinuosa Lindl. [94]. Bana (J.-B.), cxi. BARTHÉLEMY (A.). Sur la respiration des plantes aquatiques ou des plautes aqua- tico-aériennes submergées [90]. BATTANDIER (A.). Sur quelques cas d'hé- téromorphisme, 238. — Sur quelques plantes d'Algérie nouvelles, rares ou peu connues, 262. BarrEnsBy (Ch.-H.), cxt. BavDor (de), cxi. Beccari (D'). Voy. Martelli. BEDDOE (le colonel). Fougères de l'Inde anglaise etde la péninsule malaise [228]. Begonia tubéreux (Développementet struc- ture des) [150]. BELERINCK (M.-W.). De la naissance de bourgeons et de racines sur les feuilles [162]. Belgique (Plantes de) [148] [180]. BELLARDI (C.-A.-L.), cxt. BENwNETT (A.). Deux nouveaux Potamogeton [228]. BrwrHaM (G.) et Hooker (J.-D.). Genera plantarum [193]. Bergeronia (Légumineuses) Micheli nov. gen. [184]. BERGMANN (E.). Recherchessur la présence de l'acide formique et de l'acide acéti- que dans les plantes, et sur le róle phy- siologique de ces acides dans les échan- ges de la nutrition (123]. BERTERO (C ), cxi. Berthelot (L).. Sa mort, 39. BERTHOLD (G.). Faune et flore du golfe de Naples; Bangiacées [223]. BERTHOUMIEU (l'abbé) et BOURGOUGNON (Ch.). Matériaux pour la flore de l'Allier[148]. Berri (J.), cxi, BErTOLONI (A.), cxi. BERTRAND (Eug.). Note sur la nature mor- phologique des rameaux aériens des Psilotum adultes, 97. — Le type Tmésiptéridée, 157. — Note sur le genre Vesquia, Taxinée. fossile du ter- rain aachénien de Tournai, 293. — Ob- servations sur les racines d'OEnanthe et de Stylidium, 303, 310. — Obs., 167, 276. BEscHERELLE (E.). Mousses récoltées pen- dant la session d'Antibes, ccu. — Obs., 213. Betonica Clementei Lara sp. nov. [174]. Bianca (J.). Sa mort, 288. Bidens leucanthus Willd., 182. Biographie, cvn [39]. 243 BinoLt (G.), cxut, BtawcHET (D') Notice sur la naturali- sation à Bayonne d'une nouvelle plante exotique [31]. Blechnum occidentale L., 184. BrricHER. Voy. Fliche. Blumea arfakiana Martelli sp. nov. [209]. Boccone (Etude sur un herbier de) con- servé au Muséum de Paris, 213. Bocquillon (D" H.). Sa mort, 493 [48]. BoeckELER (O.). Cypéracées nouvelles (133]. — Quelques nouvelles Cypé- racées de la flore de Rio de Janeiro [133]. Borum (J.). De l'amidon formé du sucre [167]. Boissier (Edm.), cxi. Boxorny (Th.). Sur les ponctuations trans- lucides des feuilles [135]. Bonnert (Edm.). Etude sur un herbier de Boccone conservé au Muséum de Paris, 213. — Petite Flore parisienne [34]. — Enumération des plantes recueillies par le D" Guiard dans le Sahara [46]. BoxwiER (G.). Observations sur un article de M. Heckel, 154. — Obs., 87, 227. — et MAnGix (L.). Note sur la vie des Champignons dans l'air confiné, 167. — Méthodes pour étudier l'influence de la lumière sur la respiration, 235. Borsas (V. de). Synonymia Mentharum [174]. Bonnet (Ed.), cxu. -— Liste des Algues maritimes récoltées à Antibes par MM. Flahault et —, cciv. Bornetella (Algues) Munier nov. gen.[183]. Botanique (Traité de) [177] [194]. — (Traité pratique de) [191]. — fossile (Cours de) [5]. Botaniques (Recherches) dans les Alpes de la Maurienne, 2. — (Promenades) aux environs de Cannes et d'Antibes, cLxxiv. Botanistes qui ont contribué à faire connai- tre la flore des Alpes-Maritimes, biblio- graphie et collections botaniques, cvit. Borrini (A.), ARCANGELI (G.) et MACCHIATI (L.). Première contribution à la flore bryologique de la Calabre [71]. Bouvier (E.). Membre à vie, 229. — Note sur la découverte en France du Peziza Curreyana Berk., 192. BouLaY (l'abbé), cxiv. BounpoN (R.). Etude botanique sur le Da- nais fragrans Commerson [68]. BourGEAU (E.), cxiv. BourGOUGNON (Ch.). Voy. Berthoumieu. Bras (le D"). Sa mort, 257 [143]. 244 Brasiliensis (Flora) [133] [207] [208]. Bn&aL (E.). Voy. Dehérain. BnrsanoLa. (J.). Fungi tridentininovi [30]. Brésil (Mélastomacées, Turnéracées et Gra- minées du) (207] [208]. Brisout DE BARNEVILLE (L.). Lettre sur quelques plantes rares des environs de Saint-Germain en Laye, 156. Bromus. erectus Huds., sterilis L. et tec- . torum L., 269. . Broomeia (Péridium des) [211]. BnuNAUD (P.). Contributions à la flore myco- logique du sud-ouest de la France [127]. Bruxo (Dr), cxiv. Bryologie de l'Autriche-Hongrie [170]. Bucouoy (Eug.). Membre à vie, 89. — Voy. Timbal-Lagrave. Buffalo (Plantes de) [139]. Burrzr (J.). Obs., 278. Buxiva (M.-F.), CXV. Bupleurum sections Marginata et Aris- tata G. G. (Monographie des) [234]. Bureau (Ed.). Obs., 36, 57, 180. Bureau et Conseil de la Société pour 1884, 316. — Je la session d'AÁntibes, ri. Bursar (Em.). Le Saxifraga florulenta Moretti, espèce française, 259. — Bota- . mistes qui ont contribué à faire connai- tre la flore des Alpes-Maritimes, biblio- graphie et collections botaniques, cvi. |. — Lettre et dons de diverses publica- tions sur la flore des Alpes-Maritimes, + LXXXVII: — (Notice sur), cxv. — Sur quelques plantes des Alpes-Maritimes, cxcvi. — Catalogue des Festuca des Alpes-Maritimes [63]. —- et GrREMLI (Aug.). Supplément à la Monographie des Roses des Alpes-Maritimes [63]. DunniL (T.-J.). Nouvelles espèces de Micro- coccus [207]. Burséracées [175]. Buysson (R. du). Clef analytique des Mousses de la famille des Grimmiées [100]. C Cæoma mercurialis (Urédinées); xcu. Calabres (Mousses des) [71]. Calendula arvensis, 243. CampPBELL (H.). Sur le prothalle des Equi- setum [222]. . Camus (J.). Quelques mots sur la flore des . monts Euganéens (Italie) [149]. CANDOLLE (Alph. de). Nouvelles remar- ques sur la nomenclature botanique [97]. — et Cannoice (C. de). Monogra- phie Phanerogamarum, vol. IV [175]. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. CaNDoLLE (Aug.-P. de), cxv. CaxpoLLE (C. de). Rides formées à la sur- face du sable déposé au fond de l'eau, et autres phénomènes analogues [28]. — Voy. Alph. de Candolle. Caxvr (Th.), cxvi. CaPELLi (C.), cxvi. Capsella Bursa-pastoris L. et rubella Reut. 263. Carus (G.). Notes agronomiques recueillies pendant un voyage dans l'Asie cen- trale [64]. Cardamine amara L., 277. — ? scaposa Franchet sp. nov. [109]. CanpoT (J.). Catalogue des Mousses et des Hépatiques récoltées aux envirous de Stenay et de Montmédy (Meuse) [94]. Carex Dœnitzii, Glazioviana, granularis, Krulli, pilosiuscula, rubescens, Schmid- tii et tokioensis Bæckeler sp. nov. [133]. Carregnoa dubia Lara sp. nov. [174]. CanRIERE (E.-A.). Etude générale du genre Pommier [232]. CanuEL (Th.). Le botaniste herborisant en Italie [152]. CaspanY (A.). Plantes fossiles de la terre bleue [9]. CasparY (R.). Sur quelques plantes rares et nouvelles de la Prusse [211]. — Raci- nes fasciées d'une tige de Lierre [215]. Cassia lignea (Origine du) [138]. Castanea vulgaris. Maladie des Châtai- gniers [60]. Catalogue des plantes vasculaires de l'ile de Groix (Morbihan), 25. Catananche luten, 243. Cesari (le baron V.), cxvi. — Sa mort, 89. CuaBERT (A.). Reckerches botaniques dans les Alpes de la Maurienne, 2. — Ori- gine des Tulipes de la Savoie, 245. Champignons, 19, 36, 95, 130, 136, 139, 180, 188, 190, 198, 222, 286, LXXXVII, xci, xcu, [30] [39] [44] [71] [72] (102] [127] [136] [169] [173] [186] (187| [190] [205] [207] [211] [242] [214] [216] [224] [222] [237] — (Sur la vie des) dans l'air continé, 167 CHAPPELLIER. Crocus présentés en son nom, 2, Chara [16]. —- evoluta, excelsa et incon- nexa Allen sp. nov. [17]. CHAREYRE (J). Sur la formation des cysto- lithes et leur résorption, vir. Charpentier. Sa mort [95]. CuariN (Ad.). Obs., 24,157.— Voy. Sicard. Chenopodium ficifolium Sw. récolté à Saint- Quentin (Aisne), 198. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. 245 Chili (Plantes du) [16]. Chine (Plantes de Ja) [108] [228]. Chirita eburaca et Julie Hance sp. nov. [228]. CunisT (H.), cxvi. Chromophyton (?) Woronini Cornu sp. nov. (Sur une Algue à pigment bruu trouvée dans l'eau douce), xcu. Cinchona. Culture des Quinquinas [165]. Cintractia axicola Cornu sp. nov., 134. Cistus feredjensis (hybride) Batt., 263. ^ — olbiensis Huet et Hanry, découv. rt au golfe Juan (Alpes-Maritimes), xcv. Cladostigma | (Convolvulacées) Ra‘lko'ér nov. gen. [110]. Clematides megalanthæ [229]. CLos (D.). Notice sur H. de Larambergue, 155. — Des racines caulinaires [236]. Clostériées (Cellules des) [190]. Cnicus benedictus L., 265. - Cocarpas (Edm.). Recherches cryptoga- miques sur les altérations des eaux dis- tillées, 190. Coemansia repens Therry sp. nov., 180. CocNiaUx (A.). Petite Flore de Belzique à l'usage des écoles [66]. — Flora brasi- lensis, fasc, LXXXIX : Melastomaceeæ. Tribus 42 : Microlicieæ [207]. Colchicum arenarium Waldstein et Ki- taibel, 266. COLLA (L. -A.), cxvi. Gonet Laureri Fw., 337. — multipar- litum Sm., 337. — polycarpum Kærb., 336. Collemodium polycarpoides Nyl. sp. nov., 338. Collemopsis diffracta Nyl., 339. Columnea Kienastiana et ringens Regel sp. nov. [217]. Comar. Membre à vie, 225. Commelina pallida Willd, , 182. Commissions des archives, 9. — du Bul- letin, 2. — de comptabilité, 2,— pour la détermination des plantes de France et d'Algérie, 2. — pour la session extra- ordinaire, 2. Composées de l'archipel Malais et de la Papouasie [209]. — (Sur l1 situation - de l'appareil sécréteur dans les), 310. Coniféres (Pollen des) [19]. — fossiles [11]. Constant (A.)a découvert leCistus olbien- sis au gol'e Juan (Alpes-Maritimes), xv. CoxTE1EAN (Ch.). Quelques faits de disper- sion végétale observés en Italie [159]. Cooke (C.). Les Algues d'eau douce d'An- gleterre [184]. CoPixgAU (Ch.). Membre à vie, 289. Cordia crenulata Alph. DC., 183. Corxu (M.) présente un ouvrage de M. Pa- touillard : Tabulæ ana/yticæ Fungorum, XCt. — Recherches sur les Péronospo- rées, 36. — Contributions à l'étude des Ustilaginées, 130. — Sur quelques Cham- pignous par.sites des Urédinées, 222. — Notes sur deux Urédiuées recueillies autour de Perpignan, et sur une Algue à pigment brun trouvée dans l'eau douce (Chromophyton (?) Woronini sp. nov.), xcu, — Don, 36. — Ohs.,188, 192, 285. Rapport sur le dépérissement et la mort des Müriers [126]. — Sur quelques Ustilaginées nouvelles ou peu connues [214]. Corydalis àlbicautis, chinensis et,micro- poda Franchet sp. nov. [109]. Cossox (E.). Hlustrationes Flore Atlanticæ 49]. "M (J.). Influence du séjour sous le sol sur la structure anatomique des tiges, 230. — Obs., 232. Cóte-d'Or (Flore du département de la) 93]. - Pi (L.). Les Ombellifères en gé- néral, et les espèces usitées en pharmacie en particulier [67]. CovracNE (G.). De l'influence de la tempé- rature sur le développernent des végé- taux [219]. Crédnériées fossiles [10]. Crocus, 2 [137]. — Le Tacon des Safrans, 95 [56].— (Influence de la température sur l'épanouissement et la fermeture des fleurs des), 64. — versicolor Gawl., 157. CROMBIE (J.-M.). Voy. Nylander. Crossotheca (foss.) Zeiller nov, gen. [202]. Crotalaria rufescens Franchet sp. nov. [109]. Croton morifolius [233]. Crucifères [50]. Crypsis alopecuroides Schrad., 72. Cryptangium arundinaceum. et comatum Bæckeler sp. nov. [133]. Cryptogames vasculaires (Sur quelques points de l’anatomie des), 169. Cryptogamiques (Recherches) sur les alté: rations des eaux distillées, 190. Cuwino (P.), cxvir. Cuscuta reflexa en fleur, 278. Cycadées [17]. — (Pollen des) [19]. Cyclostigma julapense Kl., 181. Cynosurus Balansæ Coss., 269. — elegans Desf., 268. 246 Cyparissidium Heeri (foss.) Nath. sp. nov. [9]. Cypéracées nouvelles [133]. Cyperus fucatus, Renschii, Rohifsii, Ru- dioi et trispicatus Bæckeler sp. nov. [133]. Cyrtandrées nouvelles [228]. Cystolithes (Sur la formation des) et leur résorption, vii. D Dactylis glomerata L., 268. Dactylotheca (foss.) Zeiller nov. gen. [203]. Danais fragrans Commerson [68]. Daphne Laureola, 156. Datura arborea L., 183. Dav (D.-F.). Les plantes de Buffalo et ses environs [139]. Deseaux (O.). Des plantes caractéristiques de la flore méditerranéenne dans le Rous- sillon [32]. Decaisne (Notice sur J.) [39]. Deuérain (P.-P.) et BréaL (E.). Recher- ches sur l'influence des matières miné- rales dans la germination [68]. DELoGxE (G.-H.). Flore cryptogamique de la Belgique, 4°". fasc. : Mousses [180]. Dentaria digitata Lamk (La plantule du) [134]. D£sÉcLisE (A.). Description de plusieurs Rosiers de la flore francaise |218]. — Recherches sur l'habitat en France du Rosa cinnamomea L. [235]. — Sa mort [191]. Dessiccation des plantes (Sur un nouvel ap- pareil destiné dans les voyages à la), 206. Dermer (W.). Sur l'épinastie des feuilles [154]. Dianthus pungens Timbal.-L. et Requienit G.G., 69. Diatomées (Motilité des) [224]. Dicksonites (foss.) Sterzel nov. gen. [2]. Dicotylédones (Sur l'origine des racines latérales chez les), 283. Dictyanthus campanulatus Rchb., 185. Didymocarpus demissa Hance sp. nov. [228]. Dimorphostachys Schaffneri Fourn., 184. DinGcer (H.). Sur la croissance apicale de la tige des Gymnospermes [58]. Dioscorea Batatas. Letubercule del'Igname est une racine, mais non pas un rhizome, 225. Dischidia Rafflesiana Wall. (Urnes du) [116]. Discours de M. Heckel, vi, xxv. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 132. — Doassansia Cornu nov. gen., Alismatis et Farlowii, 133. Dons, 1, 36, 39, 63, 134, 135, 136, 188, 193, 194, 225, 227, 229, 236, 237, 258, 259, 289, LXXXVIII, XCI. Dontostemon matthioloides Franchet sp. nov..[109]. Drosera rotundifolia (Fonction chloropbyl- lienne du) [117]. Dusv (Le pasteur J.-E.), cxvi. DUCHARTRE (H.). Développement et struc- ture de Bégonias tubéreux à l'état jeune [150]. DUCHARTRE (P.). Nommé Président de la Société pour 4884, 316.— Influence de la température sur l'épanouissement et la fermeture des fleurs des Crocus, 64. — Sur une fleur semi-double de Næge- lia, 286. — Don, 39. — Obs., 2, 285, Durour (J.). Torula spongicola sp. nov. [222]. ; Durour (L.), cxvu. Duets (A.). Sur le Palillo [233]. Duhamel (L.-N.). Sa mort, 225. Ducac (l'abbé J.). Aguilanneuf, origine, étymologie trouvée [24]. DuranDo (G.), cxvi. Duva-Jouve (J.), cxvi. — Sa mort, 257 [143]. , E Eaux distillées (Altérations des), 190. Elatine Brochoni Clavaud sp. nov. [240]. Elections pour 1884, 316. Elephantopus cuneifolius Fourn. sp. nov., 186. Errvixc (F.). Sur le transport de l’eau dans le bois [196]. ELov pk Vico. Voy. de Vicq. ENGELMANN (Th.-W.). Du dégagement d’oxygèue par les cellules végétales dans un spectre solaire microscopique [87]. — Couleur et assimilation [88]. — Sa mort [238]. EwGLER (Ad.). Essai d'une histoire du dé- veloppement du règne végétal, en par- ticulier des régions florales depuis la pé- riode tertiaire [145], Entyloma | Helosciadii. Magnus sp. nov. [221]. — Eryngii, fuscum et serotinum, 132. Ephebe Kerneri Zukal sp. nov. (173]. Epilobium Larambergianum Sch., 156. Equateur (Passiflorées de I") |138] [139]. Equisetum arvense (Prothalle de l ) [222]. Ergot de Seigle, 198. Erodium alnifolium Gussone et medeens- TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. Batt. sp. nov., 264. — malacoides Willd. var. floribundum Batt., 265. Errera (L.). L'épiplasme des Ascomycètes et le glycogène des végétaux [186]. — Sur le glycogène chez les Mucorinées [187]. Erysimum alyssoidex et? stigmatosum Franchet sp. nov. [109]. Espagne (Plantes d’) [26] [113] [158] [174] [231]. Etats-Unis (Graminées des) [164]. Eucalyptus (Notice sur les), LXVI. Euphorbia Lathyris (Latex de V) [103]. Europe (Mousses d’) [165]. Euzygodon (Grimmiées) Juratzka nov. gen. [170]. Exacum affine Regel sp. nov. [217]. Exogonium Jalapa A. Bn, 186. F FANKHAUSER (J.). Du développement de la tige et de la feuille du Gingko biloba L. [59]. FAUDEL D"). Don, 194. FavraT (Aug.). Les Ronces du canton de Vaud, essai monographique [100]. Favop (V.). Recherches sur les Myxomy- cètes inférieurs [169]. FEisTMANTEL (K.) Sur un nouveau fruit fossile de Bohéme [10]. Feux (J.). Recherches sur les bois de Co- | , nifères fossiles [11]. — Sur les bois pé- trifiés de Frankenberg en Saxe [13]. Festuca [63]. — atlantica D.-Jouve et ovina L., 268.— dimorpha Guss. [64]. — nouveaux pour les Alpes-Maritimes, 135. — varia var. scabriculmis Hack., forme inédite, 136. FeviLLEAUBOIS. Nouvelles localités du Goo- dyera repens R. Br., 276. — Note sur le travail iconographique de M. le capi- laine Lucand, 286. — Note sur le Phal- lus impudicus L.,3138. . Feuilles (Recherches sur les causes de la structure des), 440. — (Ponctuations translucides des) [135]. FicaLRo (de) et Hiern (P.). Sur lesplantes du centre de l'Afrique récoltées par le major Serpa Pinto [15]. Ficinia Ludwigii Beeckeler sp. nov. [133]. Filago heterantha Gussone var. candidis- sima Batt., 265. Fiscu (C.). Recherches sur le développe- ment de quelques Ascomycètes [136]. FiscnER (A.). De la partition cellulaire chez les Clostériées [190]. 247 FLAGEY (C.). Voy. Paillot. FLAHAULT (Ch.). Sur quelques formes de Nostoc, 89. — Sur le Lithoderma fon- tanum, Algue phéosporée d'eau douce, cir. — et MaLiNvAUD (E.). Compte rendu des herborisations de la Société dans la zone littorale de la Méditerranée (Alpes- Maritimes), cxtu. — Voy. Bornet. Fleurs (Sur l'intensité du coloris et les di- mensions considérables des) aux hautes altitudes, 144. FLicue (P.) et BLeicuer. Étude sur la flore de l'oolithe inférieure aux environs de Nancy [8]. Flora fluminensis [210]. — Sequanie exsiccata [235]. Flore de l'Afrique, voy. Radlkofer. — d'Algérie, voy. Algérie. — des Alpes- Maritimes (Botanistes qui ont contribué à faire connaitre la), cvir. — fossile des Asturies (Espagne), voy. Zeiller. — atlan- tique, voy. Cosson. — d'Australie, voy, F. de Müller. —- bryologique de l'Au- -triche-Hongrie, voy. Juratzka. — d'Au- vergne, voy. frère Gustave. — des iles Baléares, voy. Willkomm. — de Bel- gique, voy. Cogniaux, Delogne. — de Bohéme, voy. Velenovski. — du Brésil, voy. Cogniaux, Hackel, Urban. — de Cadix (Espagne), voy. Perez-Lara. — bryologique de la Calabre, voy. Bottini. — de la Cóte-d'Or, voy. Royer. — des monts Euganéens (Italie), voy. Camus. — fluminensis, voy. Velloso. — de France, voy. France. — Sur quelques plantes nouvelles pour la flore de France, xii.— mycologique du sud-ouest de la France, voy. Brunaud. — de la Franche-Comté, voy. Paillot. — «du Gard, voy. Martin. — du Hampshire (Angleterre), voy. Townsend. — de l'ile de Madagascar, voy. Baker. — de Marche-les-Dames (Belgique), voy. de Vos. — de Metz (Meurthe-et-Moselle), voy. abbé Bar- biche. — fossile des environs de Nancy (Meurthe-et-Moselle), voy. Fliche. — fossile de Nangasaki (Japon), voy. Na- thorst. — du golfe de Naples, voy. Ber- thold. — de Paris, voy. Paris. — du Paraguay, voy. Micheli. — de Piisen (Bohéme), voy. Hora. — de Portugal, voy. Rouy. — de Prusse, voy. R. Cas- pary. — des Pyrénées (Notice sur l'her- bier et la flore) de Philippe, 50. — de Rio de Janeiro (Brésil), voy. Beeckeler. — méiiterranéenne du Roussillon, voy. Debeaux. — de la province de Séviile 248 (Espagne), voy. Fragoso. — du départe- ment de la Somme, voy. Eloy de Vicq. — fossile du Tong-king, voy. Zciller. — du Turkestan, voy. Franchet. Floridée nouvelle [58]. Fosssy (H.). Voy. Taylor. Forsythiopsis (Acanthacées) Baker nov. gen. 111]. rie) 57, 169, 293. — Voy. Bleicher, A. Caspary, Feistmantel, Felix, Fliche, Grand'Eury, Hartog, Lesquereux, Mac- farlane, Munier-Chalmas, Nathorst, de Saporta, Schenk, Sterzel, Velenovsky, Williamson, Zeiller. Fougères [62] [118] [235]. — de l'Inde [228]. — fossiles [6] [202]. Fournier (Eug.). Sur le premier envoi de plantes de M. Edm. Kerber, 180. — Obs., 180, 256. FnAc0so (R.-G.). Notes sur la flore de la ` province de Séville (Espagne) [231 ]. France (Flore de). Recherches botaniques dans les Alpes de la Maurienne, 2. — Catalogue des plantes vasculaires de l'ile de Groix (Morbihan), 25; — Sur l'her- bier et la Flore des Pyrénées de Philippe, 50. — Lettre sur l'Asplenium Lamot- leanum, 75. — Lettre sur le Pha- laris paradoxa L., 87. — Lettre sur quelques plantes rares des départements du Cantal et du Puy-de-Dóme, 87. — Lettre sur quelques plantes rares des environs deSaint-Germain en Laye, 156. — Observations sur l'Anemone nemo- rosa ei sur l'Hieracium præaltun, 196. — Découverte de l’ Hieracium præaltum dans le département de l'Eure, 496. — Les Sorbus scandica Fries, fallacina et latifolia Pers. dans le département de la Cóte-d'Or, 232. — Origine des Tu- lipes de la Savoie, 245. — Sur le Le- pidium virginicum aux environs de Paris, 255. — Le Saxifraga florulenta Moretti,espèce française, 259. — Nou- velles localités du Goodyera repens R. Br., 276. — Lettre sur la décou- verte du Ventenata avenacea dans la Côte-d'Or, 277 . — Les Lythrariées fran- caises, 280. — Exposition systématique des Lichens de Cauterets, de Lourdes et de leurs environs, 318. — Session extraordinaire à Antibes (Alpes-Mari- times), 1-ccxv. — Sur quelques plantes nouvelles pour la flore de France, xi. — Sur une station de l Asplenium sep- tentrionale sur le quartzite compacte de Lodève, xvi. — Lettre sur des plantes SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. des Alpes-Maritimes, xxi. — Observa- tions sur les Anémones de Grasse et des environs, Lxxv. — Sur deux Uré- dinées recueillies autour de Perpignan et sur une Algue à p'gment brun trouvée dans l'eau douce, xcii. — Sur quelques plantes récoltées à Antibes, exc. — Herborisations faites par la Société pendant la session d'Antibes, CXXXIV-CLIXIII, Espéces décrites ou signalées : Aira cespitosa L., 72. — A. parviflora Thuill., 72. — Alectoria implexa Nyl., 349. — Anchusa sempervirens L., 70. — Anemone alba Geaty et Pons, LXXIX. — À. coccinea Jordan, LXXVI. — À. co- ronarioides Hanry, LXXVI. — À. gras- sensis Goaty et Pons, txxviit. — À. hor- tensis L., LXXXI. — A. Mouansit Hanry, LXXVII. — À. pavonina DC., LXXXII. — A. Rissoana Jerdan, xxvn. — A. rosea Hanry, Lxxvin.— A. stellata Lamk Lxxx. — Asplenium Lamottea- num fr. Héribaud, 74, 76. Barbula cylindrica Schimp. var. sinuosa Lindl. [94]. Cardamine amara L., 277. — Chenopo- dium ficifolium Sw., 198. — Chro- mophyton (?) Wcronini Cornu sp. uov., xci. — Cistus olbiensis Huet et Hanry, xcv. — Coemansia repens Therry sp- nov., 480. — Collema Laurei Fw., 337. — C. multipartitum Sm. sp. nov., 337. — C polycarpum Karb. sp. nov., 336. — Collemodium polycarpoides Nyl. sp. nov., 338. — Collemopsis dif- fracta Nyl., 339. — Crocus versicolor Gawl., 157. — Crypsis alopecuroides Schrad., 72. Daphne Laureola, 156. — Dianthus pun- gens Timbal-L., 69.— D. Requienii G.G., 69. — Donssansia Cornu nov. gen., 432. — D. Alismatis Cornu sp. nov., 133. — D. Farlowii Cornu sp. nov., 133. Elatine Brochoni Clavaud sp. nov. [240]. — Entyloma Eryngii, 432. — E. fus- cum, 132. — E. serotinum, 132. — Epilobium Larambergianum, 156. Festuca [63]. — F. dimorpha Guss. [64]. Gilletia (Phycomycètes) Sace. nov. gen. [72]. — Gyrophora cinerascens Arn., 363. — G. depressa Ach., 364. — G. proboscidea Ach., 364. — G. spodo- chroa Ach., 363.—G. tornata Ach. ,364. Hieracium buglossoides Arv. Touv.!, 70. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES, — H.caricinum Arv.-Touv.!, 70. — H. cymosum L., 70, LXXXIX. — H. gallicum Jord., 74. — H. insuetum Jord., 7A. — H. juranum Fries, 70. — H. Liottardi Vill., 70. — H. salicifolium Arv.-Touv.!, 71. — H. sphærocephalum Fræl. var. corsicum Gillot, xui. — H. tridentatum Fries var. angustifolium Uechtritz, 71. — Hypnum arcuatum Lindb., 75. Juncus bufonius L. forme major, 72. Lecanora australis Nyl. sp. nov., 374. — L.callopiza Nyl., 372. —.L . centromela Nyl.sp. nov., 390. — L. colobina Ach., 381. — L. Conradi Nyl., 381.— L. dis- perso-areolata Schær., 370, — L. gra- nulosa Nyl., 373. — L. homalomor- pha Nyl. sp. nov., 391. — L. incrus- tans Ach., 374. — L, obliterascens Nyl., 372. — L. pallescens Ach., 388. — L. percænoides Nyl., 392. — L. piniperda Kærb., 386. — Lecidea abstracta NM. sp.nov., 423. — L. æthalea Nyl., 421. — L. albo-atra Nyl., 422. — L. albo- cærulescens Ach., 409. — L. 'alpicola Nyl., 426. — L. umylacea Ach., 408. — L.armeniaca Nyi., 444. — L. athal- lina Nyl., 405. — L. atro-brunnea Schær., 445. — L. atro-sanguinea Nyl., 399. — L. badio-atra Fik.,449. — L. Brunneri Schær., 444. — L. chalybeia Borr., 424. — L. cinereo-virens Schær., 404. — L. citrinella Ach., 427. — L. confluens Ach., 444. — L. crisima Nyl. sp. nov., 407. — L. disciformis Fr., 422. — L. dispersa Nyl., 421. — L, episema Nyl., 428. — L. excen- trica Ach., 420. — L. galbula Nyl., 426. — L. geographica Schær., 426, — L. globifera Ach. sp. nov., 398. — L. grisella Nyl., 4146. — L. injuncta Nyl. sp. nov., 443. — L. Kochiana Hepp, 447. — L. lapsans Nyl. sp. nov., 425: — L. lavata Ach., 420. — L. len- ticularis Ach., 425. — L, lurida Ach., 398. — L. luteo-atra Nyl., 408. — L. lygea Ach., 447. — L. meiospora Nyl., 410. — L. Morio Schær., 446. — L. myriocarpa Nyl., 423. — L. obscu- rissima Nyl., 448. — L. Parmeliarum Sommerf., 428. — L. pelidna Ach., 403. — L. petrosa Arn., 408. — L. po- lycarpa Fik, 442. — L. promiscua Nyl., 443. — L. rhætica Hepp, 408. — L. sanguinaria Ach., 426. — L. saxatilis Nyl., 423. — L. sociella Nyl. Sp. nov., 428. — L. speirea Ach., 410. — L. spuria Schær., 421. - L. stellu- 249 lata Tayl., 422. — L. Stenhammari Fr., 424. — L. sublesta Nyl. sp. nov., 419, — L. subumbonata Nyl., 409, — L. tenebrosa Flot., 448. — L. turgida Schær., 444. — L. Urceolariæ Nyl., 428. — L.. Valloti Lamy sp. nov., 401. — L. xranthococca Sommerf., 425. — Leonurus Marrubiastrum, 87. — Lepidium virginicum, 255. — Lep- togium quadratum Nyl., 339. — Leu- coium Hernandezii Cambess., 72. — Leuzea conifera, 87. — Lobelia urens, 278. — Lycopodium Chamacyparissus A. Br., 75. — Lythrum flexuosum La- gasca, 282, — L. Græfferi Ten., 283. —- L. hispidulum Kœhne, 281. — L. Hyssopifolia Lin., 282. — L. nummu- larüifolium Loisel., 281. — L. Salicaria Lin., 283. — L. thesioides Marsch., 282. — L. Thymifolia L., 282. — I, tribracteatum Salzmann, 282. Marrubium Vaillantii |95]. Mentha candicans auct., 485. — M. can- talia fr. Héribaud, 487. — M. cardiaca Gér., 487. — M. cervina L., 488, — M. crispa Lamk, 482. — M. gentilis L., 487. — M. Gillotii Dés. et Dur., 474. — M. insularis Requ., 468. — M. insu- laris var, glahrata Debeaux, 472. — M. Lamarckii Ten., 482. — M, X Lamyi Malvd, 481. — M. macrostachya Ten., 466. — M. meduanensis Dés. et Dur., 465. — M. nemorosa Willd., 475, 486. — M. nemorosa var. undulata V. Sch., 482. — M. reftexifolia Op., 487. — M. Ripartii Dés. et Dur., 473. — M. rotundifolia L. (ex Tenore), 466. — M. rotundifolio-silvestris Timb.-L., 472. — M. silvestris var. a. ; Lej. et : Court., 485. — M. silv. f. major Legr., 71. — M. silv. var. lepidioides Malvd, 486. — M. undulata Schur, 482. — M. Willdenowii Dés. et Dur., 476. — M. Wondracekii Op., 485. Narcissus Pseudonarcissus L. var. lorifo- lius, xv. — Nostoc flagelliforme Berk. et Curt., 89. Ophrys Scolopax, 87. — Orchis coriophora L., 277. — Ornithogalum narbonense L.,72.— Opegrapha Chevallieri Leight., 431, — 0O. monspeliensis Nyl., 430. — O. pulicaris Nyl., 430. — O. saxicola Ach., 432, Parmelia verruculifera Nyl., 353. — Pe- plis Portula Lin., 281. — Peziza Cur- reyana Berk., 192. — Phalaris para- doxa L.,87.— Phleum arenarium. 87. 250 — Physcia endochroidea Nyl. sp. nov., 361. — Ph. endococcina Nyl., 362. — Poa anceps Boreau, 72. — Polygala vulgaris L. forme ciliata, 68. — Po- lygonum Debeauxti Legr., 71. — Pyre- nopsis subcooperta Anzi, 333. Romulea ramiflora Ten., 72. — Rosa ar- duennensis Crép., 70. — R. cinerascens Dumort., 70. — R. Friedlanderiana Besser, 70. — R. Grenieri Déségl., 69. — R. hemitricha Ripart, 69. — R. ne- morivaga Déségl., 69. — R. Pugeti Boreau, 69. — R. trachyphylla Rau., 70. Sambucus nigra L. var. decussata Gillot, xu. — Saponaria bellidifolia, 257. — Sarcopyrenia gibba Nyl., 446. — Scro- fularia vernalis L., 70. — Specularia castellana, 257. — Stellaria Cupani Nyman [240]. Therrya (Phycomycètes) Sacc. nov. gen. [72]. — Thesium italicum DC., xiv. — Thlaspi alliaceum L., 68. — Trifolium micranthum Viv., 156. Verbascum thapsiforme-Blattaria G. G. forme simplex, 70. — Veronica arven- sis L. forme glandulosa, 70. — Ver- rucaria albida Nyl., 443. — V. areo- lata Nyl., 435. — V. calcivora Nyl., 442. — V. cataleptoides Nyl., 436. — V. chlorotica Ach., 444. — V. clopima Whinb , 435. — V. conoidea Fr., 445. — V. crenulata Nyl., 434. — V. de- vergens Nyl., 438. — V. Dufourei DC., 438. — V. fartilis Nyl. sp. nov., 444. — V. hiascens Nyl., 440. — V. Hoch- stetteri Fr., 439. — V. intercedens Nyl., 443. — V. limitata Kremplh., 438. — V. mauroides Schær., 437. — V. mu- ralis Ach., 440. — V. myriocarpa Hepp, 438. — V. nidulans Stenh, sp. nov., 443. — V. pallescens Nyl., 444. — V.papillosa Ach., 437. — V. papu- laris Fries sp. nov., 438. — V. pelo- clita Nyl., 437. — V. pertusula Nyl. sp. nov., 442. — V. planatula Nyl. sp. nov., 441. — V. plumbea Ach., 436. — V. polysticta Borr., 436. — V. purpurascens Hoffm., 441. — V, pyrenophora Ach., 441. — V. rupestris Schrad., 439. — V. Sprucei Leight., A42, — V. suaveolens Nyl., A45. — V. submuralis Nyl., 440. — V. umbri- na Whlnb., 434. — V. vicinalis Arn., A40. — V. viridula Ach., 436. — Vicia Barbazite Ten. et Guss., 69. Voy. abbé Berthoumieu, Bonnet, Brunaud, SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Burnat, Debeaux, Déséglise, Eloy de Vicq, Gandoger, frére Gustave, Hail- lant, abbé Hy, Magnier, Magnin, B. Martin, Motelay, Paillot, L. Plan- chon, Royer, Saccardo, Timbal-Lagrave. FRANCHET (A.). Plante Davidianæ ex Si- narum imperio [108]. — Plantes du Turkestan [213]. Franche-Comté (Flore de la) [235]. Francke. Recherches sur les faits de sou- dure de la racine [209]. Frank (A.-B.). Sur l'hypochlorine et les conditions où elle prend naissance [86]. Fremy et Urgain. Etudes chimiques sur le squelette des végétaux [22]. Fruits secs (Sur la déhiscence des), 304. Fuirena Hildebrandtii Beeckeler sp. nov. [133]. Fumaria Bastardi Bor., cxcun. Fungi gallici [72]. — Voy. Champignons. Fungorum (Sylloge) [216]. G GapEAU DE KrnviLLE. Membre à vie, 39. Gaillardot (D* Ch.). Sa mort, 257 [143]. — Notice nécrologique, 257. GANDOGER (M.). Menthe nove, imprimis europe [70]. -— Revue du genre Poly- gonum [99 |. Gard (Plantes du département du) [185]. GanbiNER. (W.). De la continuité du pro- toplasma dans les organes mobiles des feuilles [225]. GanioD (H.). Membre à vie, L. Gay (Lettres et fragments de correspon- dance de feu Jacques) avec le botaniste collectionneur Philippe Salzmann, L. GENNARI (P.), cxviii. Gentiana Renardi Regel sp. nov. [217]. GENTILE (G.), cxviii. Geny (Ph.), cxvur. Geranium Perreymondi Shuttl., cxciv. GÉRARD (Louis), cxvn. GÉRARD (R.). Structure de l'axe des Œnan- the et considérations sur les formations anomales, 299, GERMAIN. Son voyage au Brésil [96]. GHERARDI (B.), CXIX. l GIBELLI (G.). Nouvelle étude sur la mala- die des Châtaigniers [60]. GizserTt (J.-H.). Voy. Lawes. Gilletia (Phycomycètes) Sacc. nov. gen. 2 GiLLOT (X.). Note sur quelques plantes nouvelles pour la flore de France, XII. — Promenades botaniques aux environs TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. de Cannes et d'Antibes, cLxxiv. — Obs., xcv. — Sur quelques Poiriers sauvages de l’est de la France [1041]. Gicray (E.). Sur une forme particulière du stéréome chez certaines Fougères [118]. Gingko biloba L. [59]. GirauDy (H.), cxix. GivpicE (J.-B.), CXIX. GivsrA (P.), cxix. Goary (l'abbé E.), cxix. | GopLEWskr (P.). Recherches sur la respi- ration végétale [83]. GoEBEL (K.). De la disposition des étamines dans quelques fleurs [36]. — De l'inflo- rescence mâle des Polytrichum [154]. Goodyera repens R. Br. (Nouvelles loca- lités du), 276. Gorkou (Karel Wesel von). Manuel de la culture des Quinquinas [165]. . Graminées, 285 [31] [113]. — des Etats- Unis [164]. — du Brésil [208]. — (Les) des sommets du Djurdjura, physiono- mie qu'elles impriment à ce massif, 267. Grande-Bretagne (Flore de la) [62] [184]. GRAND'Euny (C.). Mémoire sur la formation de la houille [1]. Grand'Eurya (foss.) Zeiler nov. [203]. GRANT ALLEN. La couleur des fleurs [124]. Gras (Aug.), cxix. GnEMLI (Aug.), cxix. Voy. Burnat. GRENIER et GODRON, CXX. Grimmiées [100]. Groix (Catalogue des plantes vasculaires de l'ile de), 25. Guadeloupe (Nomenclature des arbres et arbrisseaux de la), 100. Guernisac (le comte de). Sa mort, 109. Guard (D'). Voy. Bonnet. GuiGNARD (L.). Recherches sur le sac em- bryonnaire des Phanérogames angio- spermes [20]. — Recherches sur le dé- veloppement de l'anthére et du pollen des Orchidées {80]. GuizcauD (J.). Recherches sur l'Hibiscus ou Ketmie rose du Sud-Ouest [47]. GuiNiER (E.). Sur la faculté asséchante des arbres forestiers, 271. Guldenstadtia squamulosa Franchet sp. nov. [109]. GUSTAVE (frère) et HÉnipAUD-Josspn (frère). Flore d’Auvergue [91]. GuYoNvAncH (l'abbé). Voy. Viaud-Grand- Marais. Gymnospermes (Tiges des) [58]. gen. 251 Gyrophora cinerascens Arn., 363. — de- pressa Ach., 364. — proboscidea Ach., 364. — spodochroa Ach., 363. — tor- nata Ach., 364. H HABERLANDT (G.). Anatomie comparée du système vasculaire assimilateur des plantes [82]. HackEL (Ed.). Deux anomalies observées sur le pistil des Graminées [113]. — Flora brasiliensis, fasc. XC: Gramineæ [208]. HAILLANT (N.). Petite excursion botanique au ballon d'Alsace [233]. Hamelia patens Jacq., 181. Hance (H.-F.). Nouvelles Cyrtandrées de Chine [228]. Hanry (Hipp.), cxx. Hanric (H.). Du mouvement de l'eau dans les plantes [198]. Hanroc (M.-H.). Voy. Williamson, Haux (F.). Une nouvelle Floridée [58]. Hawker (W.), cxx. HeckeL (Ed.). Discours d'ouverture de la session d'Antibes, vr. — sur la villa Thuret, xxv. — Sur l'intensité du co- loris et les dimensions considérables des fleurs aux hautes altitudes, 144. — Obs., viui. — La Cristalline ou Gla- ciale [56]. -— Des Kolas africains [149]. Heeria rosea Triana, 186. Heidelberg (Lichens d’) [170]. HEiLMANN (J.), cxx. HeiNRicHer (E.). Du développement des spores du Salvinia repens comparé à. celui des autres Rhizocarpées [64]. Heleocharis valida Bockeler sp. nov. [133]. Hépatiques [94]. — (Anthéridies des) [172]. | Herbier (Sur l') et la Flore des Pyrénées de Philippe, 50. — (L°) Lamotte donné à la Société, 134. — (Sur un) de Boc- cone conservé au Muséum de Paris, 213. Herborisations de la Société aux cap d'Au- tibes, Golfe Jouan, massif de l Esterel, colline de Biot, iles de Lérins, cxLn. — aux environs de Grasse, cLxi. — Voy. abbé Barbiche, Caruel, Gillot, Haillant, abbé Hy, Malinvaud, Perroud, Rouy. H£niBAUD-JosEPH (frère). Leitre sur quel- ques plantes rares des départements du Cantal et du Puy-d -Dôme, 87. — Lettre annonçant la mort de M. La- motte, 109. — Voy. frère Gustave. 252 Hesse (R.). Leucogaster, nouveau genre d'Hyménogastrés [102]. Hétéromorphisme (Sur quelques cas d"), 238. . Hibiscus roseus Thore [47]. Hieracium buglossoides Arv.-Touv.!, cari- cinum Arv.-Touv.!, cymosum L., galli- cum Jord., insuetum Jord., juranum Fries, Liottardi Vill., salicifolium Arv.- Touv. ! et tridentatum Fries var. angus- tifolium Vechtritz, 70-71. — cymosum L., 70, Lxxxix. — prealtum [Décou-! verte de l’) dans le département de l'Eure, 196. .— spherocephalum Fral. var. rorsicum Gillot, xni. Hiers (P.). Voy. de Ficalho. WitpkenANpr (J.-M.). Voy. Va ke. HorrwasN (H.) et hixg (Egon). Observa- tions phénologiques, 96. HonsEt (F. von). L'amiden et les produi's amylacés [181 |. Holcus lanatus L., 268. Holocalyx (Légumineuses) Micheli nov. gen. [184]. Hoxsonar (S.-J.), cxx. Hooker (J.-D.). Voy. Bentham. Hora (P.). Florale de Pilsen (Bohème) [216]. Hordeum bulbosum et murinum L., 269. Houille (Mémoires sur la formation de la) [1] [141] [201] [202]. Howard (J.-E.). Sa mort, 288. Hue (l'abbé). Membre à vie, 39. Husxor (Th.). Sphagnologia europea [165]. Hy (l'abbé), Troisième note sur les herbo- risations de la Faculté des sciences d'Angers en 1882 [99]. Hybrides, 195, xcv |1400] [157]. Hydrurus |78]. Hypecoum chinense Frauchet sp. nov. [109]. Hypnum arcuatum Lii db., 75. — stria- tum Limp. sp. nov. [134]. Hypolytrum — Aschersonianum, | scaberri- mum et Soyauzió Beckeler sp. nov. [133]. Iconographia taurinensis, cxxi. IuxE (Egon). Voy. Hoffmann. lex Pernyi Franchet sp. nov. [109]. Impatiens Davidi Franchet sp. nov. [109]. Inde (Primula et Androsace de V) [137). — (Fougères de 1") [228]. INGEGNATTI (A.), cxx, Ipomæa Bona-nox L., 187. — cathartica Poiret !, 185, — variabilis Choisy, 186. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Iris reticulata, 88. Isatis tinctoria [51]. [soetec (Monographie des) [232]. Italie (Plantes d’) [149] [159] [174] [223] J Jacquemont (Deux lettres inédites de Vic- tor), Lxiv. Jacquemontia violacea Choisy, 184. Jamiesox (L.). Influence de la lumière sur le développement des Bactéries |207}. Jauvy (Fr.-P.), cxx. Jovan (H.). Quelques mots sur le penple- ment végétal des iles de l'Océanie [120]. Juncus bufonius L. forme major, 72. — tenuis, 156. Juranyi (L.). Recherch s sur le développe- ment du pollen chez les Cycadées «t les Conifères [19]. Juratzka (feu J.). Bryologie de l'Autriche- Hongrie [170]. Just (L.). De la pos-ibilté de remplacer par l'oxyde de carbone l'acide carboni- que décompo:é dans certaines circon- stances par les plantes vertes éclairées [90]. K KALLEN (Fr.). Róle du protoplasma dans les tissus de l’Urtica urens [122]. Kampmanx (F.-E.), cxxi. Kenrer (F.-A.). Sur le Muguet (Oidium) [173]. Kerger (Sur le premier envoi de plantes de M. Edm.), 180. KiHLmaxn (0.). Sur le développement des Ascomycètes [212]. KLEIN (J.). Sur le Vampyrella 144]. — Les cristalloides des Algues marines [81]. Kny (L.). De la croissance en épaisseur du corps ligneux, dans la dépendance ou elle est des influences extérieures [118]. Kocu (L.). Développement des graines de Monotropa Hypopitys [102]. . KoguwE (Em.). Les Lythrariées françaises, 280. Keleria cristata Pers. var. glauca Coss., 268. Kolas africains [149]. . Krasse (G.). Développement, ramification et partition de quelques apothécies de Lichens [43]. — Des rapports de la tension de l'écorce avec la formation de la couche annuelle et l'inflexion des rayons médullaires [92]. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. 353 Krascheninikowia Davidi Franchet sp. nov. [109]. Kraus (G.). De la répartition de l'eau dans la plante [198]. Krempelhuber. Son herbier de Lichens [95]. Kusze (Gustave), cxxit. L Labiées nouvelles [31 ]. Lactuca Kanitziana Martelli sp. nov. [209]. LAGERHEIM (C.). Sur les Algues de Suède appartenant aux tribus des Pédiastrées, Protococcées et Palmellées [129]. Lae (Eug.), cxxi. LawsERT (Ed.). Traité pratique de bota- nique [191]. Lamotte (M.). Sa mort, 109. Lamorre (Me veuve) fait don de l'herbier phanérogamique de feu Martial Lamotte, 134. Lamy DE LA CHAPELLE (Éd.). Exposition systématique des Lichens de Cauterets, de Lourdes et de leurs environs (Pyré- nées-Orientales), 315, 318, 465. Larambergue (H. de). Sa mort, 155. — Notice nécrologique, 155. Latex. Laticiferes [103]. LAvaLLÉE(Alph.). Les Clématites à grandes fleurs : Clematides megalanthæ [229]. — Sa mort [238]. Lavy (J.), cxx. Liwes (J. Bennet), Gicsert (J.-H.) et Masters (Maxwell T.). Résultats agri- coles, botaniques et chimiques d'expé- riences poursuivies pendant plus de vingt ans sur le méme sol, relativement à la composition des prairies perma- nentes [142]. Lecanora australis Nyl., 374. — callopiza Nyl., 372.— centromela Lamy sp.nov., 390. -- colobina Ach., 381. — Con- radi Nyl., 381. — disperso-areolata Schær., 370. — granulosa Nyl., 373. — homalomorpha Nyl. sp. nov., 391. atra Fik., 449. — Brunneri Schær., 414. — chalybeia Borr., 424, — cine- reo-virens Schær., 404. — citrinella Ach., 427. — confluens Ach., 411, — crisima Nyl., 407. — disciformis Fr., 422. — dispersa Nyl., 421. — episema Nyl., 428. — ercentrica Ach., 420. — galbula Nyl., 426. — geographica Schær., 426. — globifera Ach., 398. — grisella Nyi., 416, — injuncta Nyi., 413. — Kochiana Hepp, 417. — lap- sans Nyl., 425. — lavata Ach., 420. — lenticularis Ach., 425. — lurida Ach., 398. — luteo-atra Nyl., 408. — lygea Ach., 417. — meiospora Nyl., 410. — Morio Schær., 416, — myrio- carpa Nyl., 423. — obscurissima Nyl., 418. — Parmeliarum Sommrf., 428. — pelidna Ach., 403, — petrosa Arn., 408. — polycarpa Fik., 412. — pro- miscua Nyl., 413. — rhetica Hepp, 408. — sanguinaria Ach., 426. — saza- tilis Nyl., 423. — sociella Nyl., ^28. — speirea Ach., 410, — spuria Schar., 421. — stellulata Tayl., 422. — Sten- hammari Fr., 425. — sublesta Nyl., 419. — subumbonata Nyl., 409. — te- nebrosa Flot., 418. — turgida Schær., 411. — Urceolariæ Nyl., 428, — Valloti Lamy sp. nov., 401. — zan- thococca Sommrf., 425. LecuERC DU SABLON., Sur la tige de la Gly- cine, 275. — Sur la déhiscence des fraits secs, 304. Le GnaNp (A.). Deuxième notice sur quel- ques plantes critiques ou peu commu- nes, 68. — Lettre sur l'Asplenium La- motteanum, 75. LEGRELLE (A.). Membre à vie, 4. Légumineuses du Paraguay [183]. LEMAIRE (Ad.). Note sur l'origine des ra- cines latérales chez les Dicotylédones, 283. — De la détermination histolo- gique des feuilles médicinales [101]. — De la lignification de quelques mem- branes épidermiques [215]. — incrustans Ach., 374. — oblitera- scens Nyl., 372. — pallescens Ach., 388. — percænoides Nyl., 392.— pini- perda Kerb., 386. Lecidea abstracta Nyl., 423. — æthalea Nyl., 421. — albo-atra Nyl., 422. — aibo-cærulescens Ach., 409. — alpicola Nyl., 426. — amylacea Ach., 408. — armeniaca Nyl., 414. — athallina Nyl., 405, — atro-brunnea Schær., 415. — atro-sanguinea Nyl., 399. —- badio- Leonurus Marrubiastrum, 87. Lepidium chinense Franchet sp. nov.|109]. — virginicum, 255. Lépidodendrées [4]. Lepidophloios (foss.) [8]. Leptogium quadratum Nyl., 339. Lespedeza Davidi Franchet sp. nov. [109]. Lesquereux (L.). Plantes permiennes du C^lorado [210]. Lettres de MM. Brisout de Barneville, Burnat, frere — Héribaud - Joseph, Lc 254 Grand, Loret, abbé Magnen, Peter- mann, Royer, voy. ces noms. — et frag- |: ments de correspondance de feu Jacques Gay avec le botaniste collectionneur Philippe Salzmann, L. — (Deux) inédites de Victor Jacquemont, LXIV. Leucogaster (Hyménogastrés) Hesse nov. gen. [102]. Leucoium Hernandezii Cambess., 72. Leuzea conifera, 87. Levier (Em.). L'origine des Tulipes de la Savoie et de l'Italie, 313. Lichénologiques (Frazments) [107] [231]. Lichens, 87, 315 [25] [43] [153] [170] [173]. — (Exposition systématique des) de Cauterets, de Lourdes et de leurs environs (Hautes-Pyrénées), 315, 318- 465. — (Substratum des) [105]. — d'Europe [107]. LiwPnicuT (G.). Mousses critiques et nou- velles [134]. LixpsERG (S.-0.). Sphaignes de l’Europe et de l'Amérique septentrionale, avec des données organogéniques et mor- phologiques sur les trois groupes de Muscinées [220]. Linnæa. Fin de ce journal [96]. Linum strictum L. var. laxiflorum G. G., 265. Lisa (D.), cxxit. Lithoderma fontanum (Sur le), Algue phéospcrée d'eau douce, cir. Lobelia urens, 278. Loyacono. Revue des Trèfles de l'Amérique septentrionale [167]. Lolium perenre L., 268. Lonicera chinensis Wats. [58]. Loranthacées [18]. Loranthus Kerberi Fourn. sp. nov., 185. Lorer (H.). Notice sur l'herbier et la Flore des Pyrénées de Philippe, 50. — Lettre sur diverses plantes des Alpes-Mari- times, xxi. — (Notice sur), cxxi. Lorraine (Plantes de la) [147]. Lukas (F.). Recherches sur la solidité absolue du tissu végétal [94]. Lycopodium Cham«ecyparissus A. Br., 75 Lycopus laciniatus Rouy sp. nov. [32]. Lythrariées françaises (les), 280. Lythrum flexuosum Lagasca, Græfferi Ten., hispidulum Kæhne, Hyssopifolia Lin., nummulariifolium Loisel., Sali- caria Lin., thesioides Marsch., tribra- cteatum Salzmann et Thymifolia Lin., 281-283. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M Maccuaiati (L.). Sur l'accroissement du Lonicera chinensis [58]. — Voy. Bottini. MACFARLANE. Sur le Lepidophloios, genre de plantes carbonifères [8]. Madagascar (Flore de) [111]. MaGNEN (l'abbé). Lettre sur le Phalaris paradoxa L. découvert aux environs de Nimes, 87. — Un hybride inédit : Nar- cissus juncifolio- Tazetta, 195. MAGnier (Ch.). Scrinia flore selectæ, fasc. 2, 1883 [104]. MaGnix (A.). Fragments lichénologiques [107] [231]. — Statistique botanique du département de l'Ain [235]. Macwus (P.). La nouvelle maladie de la Vigne, ou Mildew des Américains [71]. — Un nouvel Entyloma [221]. Maire d'Antibes (le) souhaite la bienvenue aux membres de la session d'Antibes, v Maladies du Blé (69]. -— des Chátaigniers, uxxxvui [60]. — des Müriers [126]. — des Orangers [71]. — des Safrans, 95 [56]. — de la Vigne, 19, 36, 228 [71]. Malbranchea (Hyphomycètes) Sacc. nov. gen. [73]. MaLiNvaUD (E.) présente les observations phénologiques de MM. Hoffmann et Egon lhne, 96. — Observations sur l'Asplenium Lamotteanum, 76. — sur un ouvrage de M. Saint-Lager, 189. — sur les Anemone nemorosa (variété téra- tologique) et Hieracium præaltum, 196. — sur le Sorbus latifolia, dans la flore parisienne, 234.— sur quelques ouvrages offerts à la Société, 237. — sur le Lepi- dium virginicum aux environs de Paris, 255.— sur le Lythrum Græfferi, 283.— sur l'Hieracium cymosum Fries, LXXXIX. — Plantes récoltées à Mougins et au cap d'Antibes, CLXXVII-CLXXX. — List? méthodique des plantes récoltées pen dant la ses-ion d'Antibes et observ. sur quelques espèces, cLxxx. — Notices né- crologiques sur MM. Bras, Gaillardot et Ch. Royer, 257, 314. — Annotations au 4° fascicule des Menthæ exsiccate presertim gallice, 465. — Les Melica du groupe ciliata, à propos d'une lettre de M. Hackel, xxiv, xcvi. — Obs., 25, 35, 39, 86, 87, 100, 134, 135, 194, 213, 227, 278, 315. — Voy. Flahault. Malus. Etude du genre Pommier [232]. Malvaviscus arboreus Cav., 183. Mamillaria sanguinea Regel [217]. sp. nov. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. 255 Mancın (L.). Obs., 167, 232. — Origine et insertion des racines adventives, et modifications corrélatives de la tige chez les Monocotylédones [32]. — Voy. Bonnier. Maxwcos (Hervé). Sur la Ficoide glaciale [55]. Maranta arundinacea L., 182. MancHAL (E.). Notes sur quelques fleurs monstrueuses [25]. Marchantiées (L'organe muqueux des) [171]. Marchesettia (Floridées) Hauck nov. gen. [58]. ManciLLy (Louis), cxxut. Marrubium Vaillantii [95]. Marsma Warn (H.). Morphologie et développement du périthécium des Me- liola [226]. ManrELL: (R.). Les Composées récoltées par le Dr O. Beccari dans l'archipel malais et dans la Papouasie [209]. Manris (B.). Indication de quelques plantes non mentionnées dans la Flore du Gard, qui ont droit à une place sur le Cata- logue botanique de ce département [185]. ManrisET (A.). Le Pin silvestre et sa cul- ture en Sologne [46]. Masters (Maxwell T.). Sur les Passiflorées récoltées par M. Ed. André à l'Equateur et à la Nouvelle-Grenade [138]. — Nouvelles Passiflorées [139]. — La Vie à la ferme. La Vie de la plante [166].— Voy. Lawes. Matabele Land (Flore de) [112]. Maurienne (Recherches botaniques dans les Alpes de), 2. Maw(G.). Etudes sur le genre Crocus, classification et distribution géogra- phique [137]. Mazé. Nomenclature des arbres et des ar- brisseaux indigènes ou naturalisés à la Guadeloupe, avec leurs noms vulgaires, 100. Medullosa elegans (foss.) Cotta [4]. Melampodium divaricatum DC., 182. ' Melanotenium de Bary, 132. Mélastomacées du Brésil [207]. Melica (les) du groupe ciliata, à propos d'une lettre de M. Hackel, xxiv, xcvi. Meliola (Périthécium du) [226]. Mentha candicans auct., 485. — canta- lica fr. Héribaud, 487. — cardiaca Gér., 487. — cervina L., 488. — crispa Lamk, 482. — gentilis L., 487. — Gilloti Dés, et Dur., 474. — insu- laris Requ., 468. — insularis var. glabrata Debeaux, 472. — Lamarckii Ten., 482. — X Lamyi Malvd, 481. — macrostachya Ten., 466. — medua- nensis Dés. et Dur., 465. — nemorosa Willd., 475, 486. — nemorosa var. un- dulata F. Sch. , 482. — reflexifolia Op. 487. — Ripartii Dés. et Dur., 473. -— rotundifolia L. (ex Tenore), 466. — ro- tundifolio-silrestris Timb.-L., 472, — silvestris var. a. Lej. et Court., 485. — Silv. B. major Legr., 71. — silv. var. lepidioides Malvd, 486. — undulata Schur, 482. — Welwitschii Rouy sp. nov, [32]. — Willdenowii Dés. et Dur., 476. — Wondracekit Op., 485. Menthe exsiccate presertim gallice (An- notations au 4° fascicule des), 465. — nove, imprimis europee [70]. Mentharum Synonymia [174]. Mer (E.). De l'influence de l'ombre et de la lumière sur la structure, l'orientation et la végétation des aiguilles d'Abzes excelsa, 40. — Du dépérissement des cimes d'Epicéas, 77. — Recherches sur les causes de la structure des feuilles, 110. — De l'orientation des feuilles par rapport à la lumiere [156]. MERCEY (A.-B.), cxxviii. Mescuayerr (V.). Des conditions qui assu- rent la rectitude des plantes, et de la manière dont l'eau est fournie à la transpiration [195]. Mesembrianthemum |55] [56]. Meuse (Mousses du départ. de la) [94]. Mexique (Plautes du), 181. Meyer (A.). Sur la nature des cristaux d'hypochlorine [86]. Micueut (M.). Contributions à la flore du Paraguay: Légumineuses [183]. Micrococcus (Nouvelles espèces de) [207]. Micromeria xalapensis Benth., 185. Microsteira (Malpighiacées) Baker nov. gen. [111]. Mimosa pudica L., 184. Ministre de l'agriculture et du commerce. Don, 229. — de l'instruction publique. Dons, 194, 237, 259, 289. — de la marine et des colonies. Dons, 194, 289. Mixks (A.). Symbole licheno-mycologice 25]. uber. (P.). Les organismes vivants de l'atmosphère [203]. Mitostemma (Passiflorées) Masters nov. gen. [139]. — Glaziovii et Jenmanii [139]. MosceniDeE (J.-T.), cxxi. 256 Monnet (J.-B.), cxxiv. Monachochlamys (Acanthacées) Baker nov. gen. [111]. Monotropa Hypopitys (Développement des graines de) [102]. Monstruosités et Anomalies, 84, 286, 299, 308 [25] [113]. MoxroLivo (l'abbé), cxxiv. Morchella esculenta Pers. (Le parasitisme du) sur l'Hedianthus tuberosus L., 139. Monor (L.). Voy. Van Tieghem. Morphologie végétale, 97 [226]. Morus. Maladie des Müriers [126]. MorzLaY (L.). Catalogue des Mousses gi- rondiues de l'herbier Durieu de Mai- sonneuve [30]. — et VrwDpnvEs (A.). Monographie des /soetee [232]. MOUILLEFARINE (E.). Don, 258. Mousses [30] [71] [94] [100] [125] [126] [127] [134] (440] [165] [170] [172] [180] [220] [235]. — récoltées à An- tibes, cor. Mucorinées [125]. — (Les zygospores des) [126]. — (Le glycogène chez les) [187]. MuzLLER (Ch.). Prodromus Bryologiæ ar- gentinice |440]. MuELLER (le baron F. de). Recensement systématique de la flore d'Australie [217]. — Plantes indigènes autour de Sharksbay (Australie) [230]. Muguet (Oidium) [173 |. MuwiER-CHALMAS. Observations sur les Algues calcaires confondues avec les Foraminifères, et appartenant au groupe des Siphonées dichotomes [182]. Murray (G.). Du péridium externe des Broomeia [211]. Mtsser (Ch.). Fonction chlorophyllienne du Drosera rotundifolia [117]. Mycologie, voy. Champignons. Myriotheca (foss.) Zeiller nov. gen. |203]. Myxomycètes inférieurs [169]. N Nægelia (Sur une fleur semi-double de), 286. Narcissus juncifolio-Tuzetta Magnen (Un bybride inédit :), 195. — Tazetta var. algerica Kunth, 240. — Pseudonarcis- sus L. var. lorifolius, xv. — minor L. CXCVI. Naruonsr (A.-G.). Compte rendu, fait à l'Acadéinie royale suédoise des sciences, d'un voyage scientifique en Suisse et en Allemagne exécuté aux frais de l'Etat [9]. — Exposition préliminaire de la SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. flore tertiaire de Nangasaki au Japon [13].— Sur les traces de quelques inver- tébrés... et sur leur importance paléon- tologique [37]. Naupix (Charles), Notice sur les Eucalyp- fus, LXVI. Nécrologie, 39, 89, 109, 155, 193, 225, 257, 288, 314 [48] [95] [143] [191] [238]. Nematonostoc rhizormophoides Nyl., 90. Nepeta lusitanica Rouy sp. nov. [32]. Nephrolepis pectinata Schott., 183; NigL. Membre à vie, 315. — Une variété inédite de l'Anemone nemorosa, et dé- couverte de l Hieracium prealtum dans le département de l'Eure, 196. Nomenclature botanique [97]. Nostoc (Sur quelques formes de), 89. Noranis (G. de), cxxiv. Nouvelles [48] (95] [143] [191] [238]. NyLANDER (W.). Addenda nova ad Liche- nographiam europæam [107]. — et CroMBIE (J.-M.). Sur une collection de Lichens exotiques de l'Asie [153]. 0 Océanie (Composées de l’) [120]. Octomeria | Glazioveana Regel sp. nov. [217]. OEnanthe (Structure de l'axe des) et con- sidérations sur les formatious anomales, 299. — (Sur les racines des), 303,314. OrivEmA Davin (A. d’). Membre à vie, 280. OrivER (D.). Le pays de Matabele et de Victoria Falls dans l'Afrique méridio- nale; botanique [112]. Ouivier (L.). Les procédés opératoires en histologie végétale (microchimie) [29]. Ombellifères [67]. OxpEnpexk (C.). Sur la motilité des Diato- mées [224]. Opegrapha Chevallieri Leight., 431. — monspeliensis Nyl., 430. — pulicaris Nyl., 430. — saxicola Ach., 432. Ophrys Scolopax, 87. Orchidées (Anthère et pollen des! [80]. Orchis coriophora L., 277. Oreocharis filipes Hance sp. nov, [228 Ornithogalum narbonense L., 72. Oxytropis chrysotricha, Davidi, Drakeana et uratensis Franchet sp. nov. [109]. P ParLoT, VENDRELY, Fracrv (C.) et RE- NAULD (B.). Flora Sequaniæ exsiccala, TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÉRES. 257 ou Herbier de la flore de Franche- Comté [235]. Palmella uvæformis Kütz. [45]. Panicum maximum Jacq., 187. Pauizzi-Savio (F.), cxxv. Paraguay (Légumineuses du) [183]. Paris (Flore de). Lepidium virginicum, 255. — Sorbus latifolia, 234. — Voy. Bonnet. PARLATORE (Ph.), Cxxv. Parmelians carporrhizans Tayl , 351. — verruculifera Nyl., 353. Parthenium Hysterophorus L., 185. Paspalum | compressum Nees, 186. — conjugatum Sw., 187. Passiflora Andreana Mast., anfracta Mast. et André, (Astrophea) deficiens Mast. , (Murucuja) ianthina Mast, , (Plec- tostemma) Kalbreyeri Mast., lorifera Mast. et André, macrophylla Mast., (Plectostemma) Pavonis Mast., (Astro- phea) platystyla Mast. et resticulata Mast. et André [139]. Passiflorées de l'Equateur [138] [139]. PATOUILLARD. Don de son ouvrage : Ta- bulæ analyticæ Fungorum, xc. Pavonia rosea Schlecht., 181. Pax (F.). Transformation de l’ovule chez les Aquilegia [152]. Payor (V.). Sur une trausformation du Rosa alpina, 84. Pedicino {N.-A.). Sa mort, 257 [143]. Pennisetum (Sur l'existence de) à un seul stigmate, 285. Penzie (O.). Champignons parasites des Orangers [71]. — (Notice sur), cxxvr. Peplis Portula Lin., 281. PEnEz-Lama (J.-M.). Plantarum novarum aliquarum descriptio ad floram gadita- nam pertinentium [174]. Peronospora (Etudes sur le) de la Vigne faites dans le cours de l'année 1882, 19. — (Sur la germination des oospores du) de la Vigne, 138, 228. —viticola [71]. Péronosporées (Recherches sur les), 36. PERREYMOND (J.-H.), cxxvi. Perroup (D'). Herborisations dans la grande Kabylie [218]. Petermann (A.) adécouvert le Chenopodium ficifolium Sw. à Saint-Quentin, 198. Petersen (0.-G.). De l'apparition de fais- ceaux vasculaires bicollatéraux chez diverses familles de plantes, et de sa valeur taxinomique [124]. Petrocodon (Cyrtandrées) Hance nov. gen. [228]. Peziza Curreyana Berk., 192. T. XXX. Phæoptilum (Nyctaginées) Radlkofer nov. gen. [110). Phalaris paradoxa L., 87. Phanérogames [132] [175]. Phénologiques (Observations), 96. — In- versions [127]. PHILIBERT, CXXVI. Philippe (Notice sur l'herbier et la Flore des Pyrénées de), 50. Pairi (F.). Catalogus plantarum vascu- larium chilensium adhuc descriptarum [16]. ma arenarium, 87. — Bohmeri Wib., 269. Phoradendron nervosum, 185. Phyllosiphon Arisari [128]. Phyllosticta carniolica Voss sp. nov. [173]. Physcia endochroidea Nyl., 361. — endo- coccina Nyl., 362. Physoderma endogenum Wullv., 131. PiccoxE (A.), cxxvr. Pinus, Pin silvestre [46]. Piper aduncum L., 187. — citrifolium Lamk, 184. Pirella (Mucorinées) Bainier nov. gen. [125]. Pirus. Poiriers sauvages de l'est de la France [104]. PLANCHON (J.-E.). Nommé Président de la session extraordinaire, 11. — Lettres et fragments de correspondance de feu Jac- ques Gay avec le botaniste collectionneur Philippe Salzmann, t. — Deux lettres inédites de Victor Jacquemont, LXIV. — Quelques mots sur une maladie des Chátaigniers dans les Cévennes, LXXXVII. — Quelques remarques sur des Fritillaires, xcv.— Joseph Decaisne, notice biographique [39]. PrawcHuow (Louis). Les Champignons co- mestibles et vénéneux dela région de Montpellier et des Cévennes, aux points , de vue économique et médical [237]. Plantago Coronopus L. var. Cupani Dcsne, 266. Plantes apistiches [174]. — critiques ou peu communes (Deuxième notice sur quelques), 68. — insectivores [115- 417]. — grimpantes [130]. — (Sur quelques) d'Algérie rares, nouvelles ou peu connues, 262. — permiennes du Colorado [210]. Pleuridium crassifolium Link, 184. Poa alpina L. var. Bivonæ, bulbosa L. et triviulis L., 269. — anceps Bor. 72. Poisson (J.). présente l'Iris reticulata et le Tecophilea crococæflora Leyb. en 17 958 fleur, 88. — Quelques remarques sur le Cuscuta reflexa Roxb., 278. Pollen (Organisation du grain de) [160]. Polygala vulgaris L. forme ciliata, 68. Polygonum (Revue du genre) [99]. — acre H. B. K., 185.— Debeauzxii Legr., 74. — littorale Link, 266. Polymnia maculata Cav., 182. Polytrichum (Inflorescence mâle des) [154]. Pons (l'abbéA.). Observations sur les Ané- mones de Grasse et des environs, Lxxv. — Compte rendu des herborisations faites dans les environs de Grasse, les 18 et 19 mai 1883, crLxi, — (Notice sur), CXXVII. Pontédériacées [175]. Portugal (Flore du) (31]. Potamogeton cæspitosum Humnicki sp. nov. [235]. — Cheesemannü et Grif- fithii Bennett sp. nov, [228]. PRESCHER (R.). L'organe muqueux des Marchantiées [171]. Preslia cervina Fres., 488. PRILLIEUX (Ed. ) nommé officier de la Légion d'honneur, 230 [95]. — Etudes sur le Peronospora de la Vigne faites dans le cours de l’année 1882, 19. — Le Tacon des Safrans, 95 [56]. — Germi- nation des oospores du Peronospora vi- ticola, 138, 228. — Sur la formation des grains niellés du Blé [69]. Primula de l'Inde [137]. Primulina (Cyrtandrées) Hance nov. gen, [228]. PRINGSHEIM (N.). Nouvelles recherches sur limprégnation chez les genres Achlya et Saprolegnia [188]. Prunus Davidiana Franchet sp. nov. [109]. Prusse (Plantes de la) [170] [211]. Pseudocalyx (Acanthacées) Radlkofer nov. gen. [110]. Psilotum adultes (Sur la nature morpholo- gique des rameaux aériens des), 97. Puiseux (V.-A.), cxxvit. Puy-de-Dóme (Flore du département du) [91]. Pyrénomycètes [216]. Pyrenopsis subcooperta Anzi, 333. Q Quamoclit Kerberi Fourn. sp. nov., 187. R Rabotin (Ch.). Sa mort, 39. Racine de l'Igname, 225. — (Croissance SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. du sommet de la) [132]. — (Soudure de la) [209]. — adventives [32]. — cau- linaires hs. — fasciées du Lierre [215]. — sur les feuilles [162]. — la- térales (Sur l’origine des) chez les Dico- tylédones, 283. RADLKOFER (L.). Recherches sur la flore d'Afrique [110]. — De la valeur systé- matique de la constitution du pollen chez les Acanthacées [155]. Rann (L.). Sur quelques inversions phéno- logiques [127]. Rameaux aériens (Sur la nature mor- phologique des) des Psilotum adultes, RamonD (A.). Situation financière de la Société à la fin de 1882, 290. Ramularia Scopolie Voss sp. nov. [173]. Ranunculus chærophyllos L., et bulbosus var. meridionalis Lev., cxcu. — Re- noncules des Alpes-Maritimes (R. ma- crophyllus Desf., R. Grenieranus Jord., etc.),lexcvir-cc. Rapport sur la situation financière de la Société à la fin de 4882, 290. — sur la visite faite par la Société aux jardins du golfe Jouan (Alpes-Maritimes), CXXXIV. Rapports sur les excursions de la Société pendant la session d'Antibes, voyez Flahault et Malinvaud, Pons, Vilmorin. RE (G.-F.), cxxvir. ReceL (E.). Descriptiones plantarum nova- rum et minus cognitarum [217]. REICHENBACH (Gustave H.), cxxvir. Reinke (J.). Considérations théoriques sur le probléme de l'assimilation [84]. — L'auto-oxydation dans les cellules vi- vantes [161]. . Remerciments à M. Ramond, 293. — à M. Bureau, 317. — à M. le Maire d'Antibes, v, cvi. — à M. Burnat, Lxxxix, — à MM. Bornet, Flahault, Malinvaud et Vilmorin, cvit. RENAULD, Voy. Paillot. , RENAULT (B.). Cours de botanique fossile fait au Muséum d'histoire naturelle [5]. — Note sur les Sphenozamites [11]. — Sur l'existence du genre Todea dans les terrains jurassiques [51]. — Note pour servir à l'histoire de la formation de la houille [141] [201]. — Sur l'organisa- tion du faisceau foliaire des Spheno- phyllum [180]. — Deuxième note pour servir à l'histoire de la formation de la houille [201]. — Troisième note [202]. Renaultia (foss.) Zeiller nov. gen. [203]. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÉRES. Reseda Phyteuma L. var. fragrans Texidor, 264. Respiration (Méthodes pour étudier l'in- fluence de la lumiére sur la), 235. — végétale [83]. — des plantesaquatiques [90]. REUTER (G.-F.), cxxviii. REVERCHON (E.), cxxviii. Rheum. Rhubarbes hybrides [157]. Rhizocarpées [64]. Rhynchospora Rudioi et Schotimuelleri Beckeler sp. nov. [133]. Ricca (L.), CXXIX. RicHARD (0.-J.). Etude sur les substratums des Lichens [105]. Risso (Ant.), cxxix. Ræsleria hypogea [239]. Romulea ramiflora Ten., 72. — Bulboco- dium var. dioica Battand., 238. Rosa [63]. — Roses de la flore française [218]. — des Alpes-Maritimes [63]. — Alberti Regel sp. nov. [217]. — alpina (Sur une transformation du), 84, 85. — arduennensis Crép., cinera- scens Dumort., Friedlanderiana Besser, Grenieri Déségl., hemitricha Ripart, nemorivaga Déségl., Pugeti Boreau et trachyphylla Rau, 69-70. — cinnamo- mea L. [235]. Rosrariwskr (J.). L'Hydrurus et ses affi- nités [78]. Roussillon (Plantes du) [32]. Roux (H.), cxxix. Rouy (G.). Observations sur une transfor- mation du Rosa alpina, 84. — Excur- sions botaniques en Espagne, 293 [113]. —. Obs., 77, 156, 288. — Matériaux pour servir à la révision de la flore por- tugaise [31]. Royer (Ch.). Le tubercule de l'Igname est une racine, mais non pas un rhizome, 225. — Les Sorbus scandica Fries, fal- lacina et latifolia Pers. dans la Cóte- d'Or, 232. — Lettre sur la découverte du Ventenata avenacea, etc., dans ]a Cóte-d'Or, 277. — Flore de la Cóte- d'Or, avec déterminations par les parties souterraines (53]. — Sa mort, 314. Roze (E.) présente l'Ergot de seigle mis en culture, 198. — Le parasitisme du Morchella esculenta Pers. sur l'Helian- thus tuberosus L., 139. — Contribution à Vétude de la fécondation chez les Azolla, 198. Rubus, Ronces du canton de Vaud [100]. Ruppia (Embryon des) [225]. 259 S SACCARDO (P. A.). Fungi gallici [72]. — Sylloge Fungorum omnium hucusque co- gnitorum, Pyrenomycetes, vol. u [216]. Sacus (J.). Notes sur les plantes grim- pantes [130]. Sahara (Plantes du) [46]. SAINT-LAGER D"). Quel est l'inventeur de la nomenclature binaire? Remarques historiques, 189 [66]. — (Notice sur), CXXX. Salvia xalapensis Benth., 481. Salvinia repens [64]. SALZMANN (Philippe) (Lettres de J. Gay à), L. Sambucus nigra L. var. decussata Gil- lot, xir. Saponaria bellidifoliu, 257. SAPORTA (le marquis G. de). A propos des Algues fossiles, 57 [37]. Saprolegnia (imprégnation chezles) [188]. SARATO (C.), cxxx. Sarcopyrenia gibba Nyl., 446. Sarracenia purpurea, plante insectivore [115]. - Sasst (Ag.), CXXX. SATTER (Hans). Recherches organiques sur l'anthéridie des Hépatiques [172]. SAYASTANO (L.). Enumération des plantes apistichés de Naples [174]. SAVIGNONE (F.), cxxxi. Saxifraga florulenta Moretti, espèce fran- çaise, 259. SCHAARSCHMIDT (J.). Le rajeunissement du thalle des Vaucheria [226]. Schaffner (W.). Sa mort [95]. Scaexx. Sur le Medullosa elegans [4]. Scuimper (F.-W.). Notice sur quelques plantes insectivores [145]. — Sur le développement des grains de chlorophylle et des corpuscules colorés [168]. ScaimPer (W.-Ph.), cxxxi. Schismatoclada (Rubiacées) Baker nov. gen. [141]. Schizomycètes [205]. Scuwipr (E.). Sur le corps protoplasmi- que des laticiferes articulés [404]. Scuuirz (F.). Phyllosiphon Arisari [128]. — De la croissance en surface de la paroi cellulaire [220]. — Les chromatophores des Algues [222]. SCANETZLER (J.-B.). Sur les rapports qui existent entre le Palmella uvæformis et une Algue de l'ordre des Confervacées [45]. 260 ScHULLERUS (J.). Sur le latex de l’Euphor- bia Lathyris [103]. Scuzz (P.). Le tissu des rayons médul- laires et ses rapports avec les éléments conducteurs du bois (221 ]. ScHWENDENER (S.). Sur l'enroulement en bélice des rameaux grimpants [130]. — De la croissance du sommet de la racine ehez les Phanérogames [132]. — Les gaines protectrices et leurs renforce- ments [181]. Scirpus atropurpureo-vaginatus Bœckeler sp. nov. [133]. Scleria Bourgeaui, ciliolata, Glazioviana, hirta, longifolia et setuloso-ciliata Bæ- ckeler sp. nov. [133]. Sclerocarpus Kerberi Fourn. sp. nov.,183. Scrinia flore selecte [104]. Scrofularia vernalis L., 70. Scrofularinées (Graines des) [61]. Selaginella acanthostachys, arenaria, azo- rica, brevicaulis, brevifolia, cladosta- chya, cryptogæa, incurvata, Jamesoni, Lindbergii, Mariesii, Mittenii, ovalis, panurensis, plagiochila, revoluta, soma- liensis, tarapotensis, trifurcata, tuber- culata, valdepilosa, vestiens et Wetwit- schit Baker sp. nov. [227]. — Galeottii Spring, 183. Senecio sumatranus Martelli sp. nov. [209]. SxnPaA-PivTO (le major). Voy. Ficalho. Session extraordinaire en 1883 à Antibes (Alpes-Maritimes), 1-ccxv. — Fixation de la), 134. — (Membres qui ont as- sisté à la), it. — (Autres personnes qui ont pris part à la), n. — (Réunion préparatoire de la), ir. — (Bureau de la), 11. — (Programme de la), IV. — (Séances de la) v, xxv, XLIX, XCI. — (Herborisations de la), voy. Herbori- sations. SHUTTLEWORTA (R.-J.), cxxxt. SICARD (G.) présente son Histoire natu- relle des Champignons comestibles et vénéneux et en donne un aperçu, 136. — Histoire naturelle des Champignons comestibles et vénéneux, avec une pré- face de M. Ad. Chatin [39]. Sida carpinifolia L., 186, Sigillaires [4]. SINGER (M.). Recherches sur la substance ligneuse et sur le tissu lignifié [24]. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE France. Membres nouveaux pour 1882, i. — honoraires, vj. — à vie, vj. — décédés, vj. — Commis- sions pour 1883, 2. — Elections pour 1884, 316. — Situation financière de la SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Société pour 1882, 290. Vœu relatif à une augmentation de traitement pour l'entretien de la villa Thuret, xlix. — Bulletin de la Société, civ. SocrwenEeL (F.). Développement cellulaire libre dans le sac embryonnaire des An- giospermes [20]. Somme (Flore du département de la) [52]. Sorbus scandica Fries, fallacina et latifolta Pers, dans la Cóte-d'Or, 232. — /atifo- lia dans la flore parisienne, 234. Specularia castellana, 257. Spermacoce assurgens R. et P., 187. Sphæria Lepophaga Tul., 222. Sphagnologia europea [165]. Sphagnum cribrosum Lindberg sp. nov. [220]. — sedoides Bridel [165]. Sphaignes d'Europe et d'Amérique [220]. Sphenophyllum (foss.) (Faisceau foliaire des) [180]. Sphenozamites (foss.) [11]. Spilanthes fimbriata Kunth, 182. Spiræa uratensis Franchet sp. nov. [409]. Spirogyra (Du noyau dans les cellules de) 3 Sporobolus tenacissimus R. Br. [34]. or Plantes préhistoriques de Hongrie 44]. sale Cupani Nyman [240]. SrERzEL (T.). Le caractère paléontologique de la formation carbonifère supérieure et du grès rouge dans les couches des Erzgebirge [2]. SrinE (F.), cxxxr. STRAFFORELLO (J.), CXXXI. STRASBURGER (E.). Sur la structure et la croissance de la membrane de la cellule [27]. — Sur la nature de l'impre- gnation [221]. Stylidium (Sur les racines de), 303, 310. —- (Sur l'anomalie de structure de la tige des) à feuilles espacées, 308. Suède (Algues de la) [129]. Suisse (Flore de la) [100]. Synopsis du genre Selaginella [227]. T Tacon (le) des Safrans, 95 [56]. Tacsonia hederacea et infundibularis Mas- ters et André sp. nov. [139]. Tägetes micrantha Cav., 186. Tamonea verbenacea Sw., 184. Tane (Ed.). De la partition du noyau dans les cellules de Spirogyra [93]. Taxinéees fossiles, 293. Tavion (W.). Les Vignes de Longleat; TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. traité pratique de la culture des Vignes en serre, traduit par M. H. Fonsny [129]. Tecophi/ea crococæflora Leyb., 88. Température (Influence de la) sur les mouvements du périanthe des Crocus), 64. Tératologie végétale [25]. Testicularia, 130. Tetragonolobus guttatus Pomel, 265. Tetraspidium (Scrofularinées) Baker nov. gen. [111]. Teucrium majoricum, micropodioides et vincentinum Rouy sp. nov. [34]. Thahctrum Bauhini Crtz, cxu. — tenue Franchet sp. nov. [108]. THATE (A.). De la répartition de l’eau dans les parties des plantes qui subissent des incurvations héliotropiques [200]. Taerry (Mémoires présentés au nom de M.), 180. Therrya (Pyrénomycètes) Sacc. nov. gen. [72]. Thesium italicum DC., xiv. THiseLTON-DyER (W, -T.). Note sur l'origine du Cassia lignea [138]. Thlaspi alliaceum L., 68. TBunET (G.-Ad.), xxvi, CXXXI. Thuret (La villa), xxvi. Thymus sublaxus Rouy sp. nov. [32]. Tige (Sur la) de la Glycine, 275. — (In- fluence du séjour sous le sol sur la struc- ture anatomique des), 230. TimBAL-LAGRAVE (Ed.). Essai monographique sur les Bupleurum, sections Marginata et Aristata G.G. de la flore française, [234]. TiuiniazErr (C.). La distribution de l'éner- gie dans le spectre solaire et la chloro- phylle [87]. Tinantia fugax Scheidw., 182. Tmésiptéridée (Le type), 157. Todea (foss.) [51]. Torula spongicola J. Dufour sp. nov. [222]. TowxsenD(F.). Flore du Hampshire(Grande- Bretagne) [62]. — (Notice sur), cxxxu. TnanuT (L.). Les Graminées des sommets du Djurdjura, physionomie qu'elles im- priment à ce massif, 267. — Pen- nisetum à un seul stigmate, 285, Tradescantia elongata E. Meyer, 184. TnAvznso (C.), CXXXII. TRÉcuL (A.). Ordre d'apparition des pre- miers vaisseaux dans les feuilles des Cru- cifères [50]. — Ramification de l'/sat:s tinctoria ; formation de ses inflores- cences [51]. Trésorier de la Société (Rapport du), 290. 261 TnEvB (M.) Recherches sur les Cycadées [17]. — Observations sur les Lorantha- cées [18]. — Observations sur les urnes du Dischidia Rafflesiana Wall. [116]. — Sur une nouvelle catégorie de plantes grimpantes [130]. Trifolium. Trèfles de l'Amérique septentrio- nale [167]. — micranthum Viv., 156. Triodon angulatus Benth., 184. Trisetum flavescens P. B., 268. Triticum. Expériences de croisement entre des Blés différents, 58. TRUTAT (E.). Traité élémentaire du micro- scope [35]. Tubercularia persicina Dittm. et vinosa Sacc., 222. Tulipa. Origine des Tulipes de la Savoie, 245. — brachystemon Regel sp. nov. [217]. Turkestan (Plantes du) [213]. Turnéracées du Brésil [208]. Tyleuchus Tritici Bastian (69]. U Uncinia rigida Beckeler sp. nov. [133]. UNGERN-STERNBERG (le baron F.), cxxxi. URBAIN, Voy. Fremy. UrgaN (J.). Flora brasiliensis, fasc. XCI : Turneraceæ [208]. Urédinées (Sur quelques Champignons pa- rasites des), 222.— (Sur deux) recu. il- lies autour de Perpignan, xci, Urtica urens (Protoplasma dans |") [122]. Ustilaginées nouvelles [214]. — (Contri- butions à l'étude des), 130 [214]. Utricularia, plantes insectivores [115]. V VaLLoT (E.). Membre à vie, 63. VALLOT (J.). Don, 227. — Description d'un nouvel appareil destiné à la dessic- . cation des plantes dans les voyages, 206. — Note sur une station de l’Asplenium septentrionale sur le quartzite compacte de Lodève, xvii. — Obs., 227, 228. — Recherches physico-chimiques sur la terre végétale [76]. Vampyrella variabilis Klein sp. nov. [44]. Van Tieçnem (Ph.). Sur quelques points de l'anatomie des Cryptogames vascu- laires, 469. — Sur la situation de l'ap- pareil sécréteur dans les Composées, 310. — Observations sur l'anatomie des racines d'OEnanthe, 345.— Obs., 225, 227, 285, 304, 310. — Traité de bo- 262 tanique [177] [194]. — et Monor (L.). Sur l'anatomie de structure de la tige des Stylidium à feuilles espacées, 308. Vasey (G.). Les Graminées des Etats- Unis [164]. Varke (W.). Plantes d'Afrique récoltées par M. J.-M. Hildebrandt [59]. Vaucheria (Thalle des) [226]. VELLOsO (F.-J.-M. da Cowcxicio). Flora fluminensis (210]. VELONOVSKY (J.). La flore de la formation crétacée en Bohême [10]. VENDRELY. Voy. Paillot. VrNpnYEs (A.). Don, 135, — Voy. Mo- telay. VERANI (J.), CXXXII. Verany (J.-B.), CXXXII. Verbascum thapsiforme-Blattaria G. G. forme simplex, 70. Veronica arvensis L. forme glandulosa, 90.— racemifoliata Lara sp.nov. [174]. Verrucaria albida Nyl., 443. — areolata Nyl., 435. — calcivora Nyl., 442. — cataleptoides Nyl., 436. — chlorotica Ach., 444. — clopima Whlnb., 435. — conoidea Fr., 445. — crenulata Nyl., 434. — devergens Nyl., 438. — Du- fourei DC., 438. — fartilis Nyl. sp. nov. , 444. — hiascens Nyl., 440. — Hochstetteri Fr., 439. — intercedens Nyl., 443. — limitata Krmplh., 438. — mauroides Schær., 437. — muralis Ach., 440. — myriocarpa Hepp, 438. — nidulans Stenh., 443. — pallescens Nyl., 444. — papillosa Ach., 437. — papularis Fr., 438. — peloclita Nyl., 437. — pertusula Nyl., 442. — plana- tula Nyl., 441. — plumbea Ach., 436. — polysticta Borr., 436. — purpura- scens Hoffm., 441.— pyrenophora Ach., A41. — rupestris Schrad., 439. — Sprucei Leight., 442. — suaveolens Nyl., 445. — submuralis Nyl., 440. — um- brina Whlnb., 434. — vicinalis Arn., A40. — viridula Ach., 436. Vesoue (J.). L'espèce végétale considérée au point de vue de l'anatomie comparée [41]. — De l'anatomie des tissus appli- quée à la classification des plantes [77]. — Sur l'organisation métbodique du grain de pollen [160]. — Sur les causes et les limites des variations de structure des végétaux [195]. — et Vier (Ch.). De l'influence du milieu sur fà ind anatomique des végétaux 1]. Vesquia (Sur le genre), Taxinée fossile SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. du terrain aachénien de Tournai, 293. Viale (G.), cxxxui. ViaUD-GnaNp-Manais (A.). Membre à vie, 289. — et GuyoNvancn (l'abbé). Cata- logue des plantes vasculaires de l'ile de Groix (Morbihan), 25. Vicia Bartazitæ Ten. et Guss., 69. — de- bilis et erecta Lara sp. nov. [174]. Vico (Eloy de). Flore du département de la Somme [52]. Vier (Ch.). Voy. Vesque. ViLwoniN (H.). Expériences de croisement entre des Blés différents, 58. — La villa Thuret, xxvi.— Rapport sur la vi- site de la Société aux jardins du golfe Jouan (Alpes-Maritimes), cxxxiv. — Obs., XVIII. ; Viola esterelensis Chan. et Mill., cc. — Jordani Hanry, cci. — mongolica Fran- chet sp. nov. [109]. Vitis. La nouvelle maladie de la Vigne 74]. i Ve haces (Tige et feuilles des) [119]. VoEcuriNG (H.). Les mouvements des fruits et des fleurs [161]. VocEL (A.). L'acide formique dans les plantes [123]. Vorkens (G.). De l'excrétion d'eau liquide sur les feuilles des végétaux supérieurs [200]. Vos (André de). Florule de Marche-les- Dames (Belgique) [148]. Voss (Wilhelm). Deux Champignons nou- veaux de la Carinthie [173]. Vries (H. de). Sur les fonctions des sub- stances résineuses [153]. W WarsoN (S.). Contributions à la botanique américaine [140]. . Warr (G.). Sur quelques espéces de Pri- mula et Androsace de l'Inde [137]. WixswER (J.). Etude sur la fanaison des fleurs et des rameaux feuillés [188]. WiLLE (N.). Sur la structure de la tige et des feuilles chez les Vochysiacées [119]. — Sur le développement de l'embryon des genres Ruppia et Zannichellia [225]. Wizciamsox (W.-C.) et HaRroe. (M.-M.). Les Sigillaires et les Lépidodendrées [4]. WiLLkomM (M.). Illustrationes Flore His- panice insularumque Balearium [26] [158]. . WiwkLER (A.). La plantule du Dentarta digitata Lamk [134]. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES, WissELINGH (C. van). Contribution à la connaissance du collenchyme [118]. Wistaria sinensis. Sur la tige de la Gly- cine, 275. Worr (F.-0.). Membre à vie, L. Z ZacHARAS (E.). Sur le noyau cellulaire [131]. — Sur l'albumine, la nucléine et la plastine [184]. Zannichellia (Embryon des) [225]. ZüLLER (R.). Obs., 180. — Note sur la flore houillère des Asturies [3]. — Observations sur quelques cuticules fos- 263 siles [7]. — Examen de la flore fossile des couches de charbon du Tong-king [12]. — Fructifications de Fougères du terrain houiller [202]. Zinnia elegans Jacq., 182. Zorr (W.). Les Schizomycétes examinés sous le point de vue le plus récent [205]. Zuxaz (H.). Les Bactéries considérées comme une descendance directe des Algues [57]. — Un nouveau Lichen : Ephebe Kerneri [173]. ZUMAGLINI (A.-M.), CXXXIII. ZwACKH-HOLZHAUSEN (le chevalier de). Les Lichens d'Heidelberg (Prusse) [170]. FIN DU TOME TRENTIÈME. AVIS AU RELIEUR, Planches. — La planche I de ce volume doit prendre place en regard de la page 60 des séances ; — la planche II, en regard de la page 94; — la planche III, en regard dela page 244; — la planche IV (plan de la villa Thuret), en regard de la page xxvi (Session extraordinaire); — enfin une cinquième planche (numérotée pl. 4 par erreur, et représentant le Lithoderma fontanum), doit être placée en regard de la page cur (Session extraordinaire). Classement du texte. — Comptes rendus des séances, 488 pages. — Session extraor- dinaire, 245 pages. — Revue bibliographique et Table, 264 pages. ERRATA. COMPTES RENDUS, page 124, ligne 7 (en remontant), au lieu de : de parenchyme infé- rieur, lisez : du parenchyme supérieur. page 130, ligne 23, au lieu de : Letourneur, lisez : Letourneux. page 131, ligne 27, au lieu de: Wullv., lisez : Wallr. page 133, ligne 10, au lieu de : Dothydea, lisez : Dothidea. — ligne 18, au lieu de : Howard, lisez : Harvard. page 323, ligne 11, au Jeu de : lichenographicæ, lisez : licheno- graphiæ. — ligne 4 de la note {en remontant), au lieu de : synopisperma, lisez : sinapisperma. page 330, ligne 12, au lieu de : 1876, lisez : 1878. page 331, ligne 21, au lieu de : 1861, lisez : 1866. page 340, n° 40, au lieu de : rossidum, lisez : roscidum. page 342, ligne 1, au lieu de : Stereocolon, lisez : Stereocaulon. page 416, ligne 17, au lieu de : calcicu, lisez : calcico. SESSION EXTRAORDINAIRE, page cxxxviri, ligne 41 (en remontant), au lieu de : couverts, lisez : ouverts. Les auteurs des articles publiés dans le Bulletin sont priés de vouloir bien signaler en temps utile, au Secrétariat de la Société, les fautes d'impression qui auraient échappé à la correction des épreuves. 5133. — BOURLOTON. — Imprimeries réunies, A, rue Mignon, 2, Paris. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE SESSION EXTRAORDINAIRE TENUE A ANTIBES EN MAI 1883. La Société, donnant suite à sa résolution du 9 mars (1), s’est réunie extraordinairement à Antibes le 12 mai et y a tenu quatre séances : l'une, le 13 mai, à la villa Thuret, et les autres, les 12, 17 et 20 mai, dans une des salles de la mairie. Elle s'est surtout proposé, pendant son séjour sur les cótes de Provence, de repren- dre, sur d'autres points que ceux qu'elle avait visités en 1865 (2), l'étude des plantes de la zone littorale, remettant à plus tard l'ex- ploration de la région alpine du département, où plusieurs sommets dépassant 3000 métres offrent une végétation analogue à celle de la Norvége et de la Laponie. La flore de ces hautes altitudes, n'atteignant son entier développement que vers le milieu de l'été, pourrait faire une autre année l'objet d'une session spéciale néces- sairement tardive. Trois membres du comité local d'organisation, que leur parfaite connaissance du pays désignait pour cette mission, MM. Éd. Bornet, Ch. Flahault et H. Vilmorin, avaient été chargés de préparer le programme des herborisations. C'est aux efforts réunis de ces dévoués collégues, secondés par un temps constamment favorable, qu'on doit surtout rapporter, de l'aveu unanime de ceux qui y ont pris part, le succès si complet de cette session (3). (1) Voyez plus haut, page 134. | (2) Voyez la session de Nice, dans le tome XII du Bulletin. (3) Voyez plus haut, page 213, le témoignage qui leur a été rendu spontanément dans la séance du 8 juin. T. XXX. A Il SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Les membres de la Société qui se sont rendus à Antibes sont : MM. Barrandon. MM. Finot. MM. Millière. Bescherelle. Flahault. Motelay. Billiet. Gasté. Mouillefarine. Bornet. Gérard (A.). Nanteuil (de). Boullu (l'abbé). Gillot (D"). Ozanon. Chareyre. ` Gontier. Planchon (J.-E.). Cintract. Heckel. Sauvaigo. Constant. Hullé. Simpson (le Rév.). Cornu. Larcher (Ad.). Vilmorin (H.). Derbés. Legrelle. M": Conort. Dumée. Malinvaud (Ern.) Durand (E.). Martin (B.). Parmi les personnes étrangères à la Société qui ont assisté aux séances ou suivi les herborisations, nous citerons : MM. NAUDIN (Ch.), membre de l'Institut, directeur de la villa Thuret. THENARD (le baron), membre de l'Institut. VIDAL, maire d'Antibes. MM. Ampayrac, professeur au lycée de Nice. BLANCHARD DE FARGES, consul général de France à Londres. CHARNAUD. DESMARETZ, professeur d'hydrographie à Antibes. FÉRUS, inspecteur adjoint des forêts à Grasse. GARNIER, professeur au lycée de Nice. GuiBOUT, professeur à Villefranche. GUÉDEL, docteur en médecine à Grenoble. GRASIDOU, jardinier en chef à l'école de pharmacie de Montpellier. JEANNEL, inspecteur général du service militaire de santé, en retraite à Villefranche. JEANNEL (S.), préparateur à la Faculté de médecine de Montpellier. JOUBERT, botaniste (Algues), à Nice. MaLINYAUD (Amable). MarcHaIs, chef de culture à la villa Thuret. PERAGALLO, directeur des contributions indirectes à Nice. PERAGALLO fils, botaniste (Diatomées), à Nice. PERROUD, docteur en médecine à Lyon. PLANCHON (Louis), préparateur à la Faculté de médecine de Montpellier. Pons (l'abbé), aumónier de l'hospice de Grasse. PORREAUX, architecte à Antibes. RICHARD, pharmacien à Grenoble. ROUET (l'abbé). ROUDIER, jardinier en chef du Jardin des plantes de Montpellier. Mmes CHARNAUD, GUÉDEL, de NANTEUIL, NAUDIN, RICHARD, etc. SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. Ill Réunion préparatoire du 12 mai 1883. Le rendez-vous était donné pour huit heures à la mairie d'Antibes, dans la salle du Conseil, que M. le Maire avait bien voulu mettre à la disposition de la Société. La réunion est présidée par M. Bornet, ancien président de la Société et président du comité local d'organisation ; il est assisté de MM. Constant, Finot, Flahault et H. Vilmorin, membres de ce comité. M. le Président a recu une lettre de M. Ernest Malinvaud, secré- taire de la Société, retenu à Paris par une indisposition, et qui exprime son profond regret de ne pouvoir se réunir à ses collégues dés le premier jour de la session. Sur l'invitation de M. le Président et conformément à l'article 51 du Réglement, M. Ch. Flahault donne lecture du chapitre de ce Réglement relatif à la tenue des réunions extraordinaires. Il est ensuite procédé, ainsi que le prescrit l'article 11 des Statuts, à l'élection du Bureau spécial, qui doit étre organisépar les membres présents pour la durée de la session. Sont nommés à l'unanimité : Président honoraire : M. Ch. NauniN, membre de l'Institut, directeur de la villa Thuret. Président : M. J.-E. PLANCHON, correspondant de l'Institut, professeur à la Faculté de médecine de Montpellier. Vice-présidents : MM. Dznn£s, professeur honoraire à la Faculté des sciences de Marseille. HECKEL, professeur à la Faculté des sciences de Marseille. CoxsrANT, propriétaire au golfe Jouan, prés de Cannes. Secrétaires : MM. BzscuERELLE, chef de bureau au Ministère des travaux publics. FLAHAULT, chargé de cours à la faculté des sciences de Montpellier. GiLLOT, docteur en médecine à Autun. M. Flahault, au nom du Comité exécutif, donne lectur: du projet IV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de programme suivant, pour la réalisation duquel toutes les me- sures nécessaires ont été prises. EXCURSIONS PRINCIPALES. SamED1 12 MAI. — A 8 heures, rendez-vous à l’hôtel de ville d'An- tibes ; séance préparatoire, consacrée à l'organisation de la Session. A 9 heures, séance publique. A midi et demi, excursion au cap d'Antibes par Notre-Dame, la Garoupe, le Cap et la Pinéde du golfe Jouan. 6 kilométres à pied, aller et retour. DrumANcuE 13 Mar..— A 1 heure, visite à la villa Thuret. Lunp: 14 Mar. — Excursion dans le massif montagneux de l’Esterel. — AG h. 37 du matin, départ d'Antibes pour la gare des Trayas. — Herborisation au Col du Lentisque. — Déjeuner au Pas de lEcureuil — Départ de la station d'Agay pour Antibes, à 4 h. 31 ou 7 h. 40. Trajet à pied de 13 kilomètres, 10 avant déjeuner et 3 après. Manni 15 Mar. — A midi et demi, départ en voiture pour Biot, situé à 3 kilomètres d'Antibes. — Exploration de la Colline de Biot, for- mée de trachyles. — Retour vers 5 heures en voiture. 4 kilométres de marche au maximum. MercreDI 16 Mar. — Départ d'Antibes à 8 heures, en bateau à vapeur, pour l'ile Saint-Honorat. — Déjeuner. — Herborisation à l'Ile Sainte- Marguerite. — Retour au port d'Antibes vers 6 heures (1). Jeuni 17 Mat. — A midi, départ en voiture pour le Golfe Jouan. —Visite des principaux jardins. — Retour en voiture vers 5 heures. VENDREDI 18 mar. — Départ de la station d'Antibes à 6 h. 37 du matin (1) Les bouches du Var proposées en premier lieu par le comité local d'organisa- tion comme but d'une excursion constituaient autrefois une localité des plus intéres- santes. Une gréve caillouteuse d'une grande étendue, coupée de marais saumátres ou d'eau douce formés par les levées exceptionnelles de la mer ou du torrent, permet- tait un grand développement de la flore littorale spontanée. C'est là, d'autre part, qu'on vint pendant longtemps jeter le lest que les navires déchargeaient à Nice. Quelques plantes absolument orientales s'y étaient ainsi naturalisées. Cette localité était trés remarquable il y a quinze ans encore; mais de savants colinatages poursuivis depuis cette époque ont transformé ces champs de galets en terres fertiles, sur lesquelles la culture maraichére n'a pas tardé à s'étendre, chassant et détruisant toute la flore d'au- trefois. Les deux membres du comité local qui ont visité les bouches du Var avant l'ouverture de la session n'y ont plus trouvé d'autres plantes intéressantes que Carex punctata Gaud., Typha minor Smith, Hedysarum obscurum L., apporté sans doute de la haute vallée du Var par les fréquents débordements du torrent. SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. Y pour Grasse. — Arrivée à 8 h. 9, visite de la ville et des environs. — Trajet en voiture (8 kilom.) jusqu'au village de Gourdon, où l'on déjeu- nera. — Herborisation à pied dans les Gorges du Loup. — Retour en voiture. — Diner et coucher à Grasse. | SAMEDI 19 uar. -- Trajet en voiture (4 h. 1/2) de Grasse à Caussols, où l'on déjeunera. — Exploration du Plateau de Caussols, attei- gnant plus de 1100 mètres d'altitude. — 8 à 10 kilomètres de marche dans une région montueuse. — Retour en voiture à Grasse (2 heures), et par chemin de fer à Antibes avant ou aprés diner. — Ceux qui crain- draient de faire cette course pourront aller explorer le Bois de Gour- don, par lequel s'effectue le retour du plateau de Caussols. DIMANCHÉ 20 mar. — Séance de clôture. Ce programme, à l'appui duquel M. Flahault fournit divers éclair- cissements, est mis aux voix et adopté. SÉANCE DU 12 MAI 1883. A l'issue de la réunion préparatoire, la Société se réunit à neuf heures du matin dans la salle du Conseil de l'hótel de ville. M. H. Vilmorin, délégué par le*Conseil d'administration de la Société, procéde à l'installation du Bureau spécial, nommé dans la réunion préparatoire comme il a été dit plus haut. En conséquence, M. Édouard Heckel, vice-président, en l'absence du Président, prend place au fauteuil et invite M. le maire d'Antibes à s'asseoir au bureau. M. le Maire, au nom de la ville d'Antibes, souhaite la bienvenue aux représentants de la Société botanique de France ; il les remercie d'avoir bien voulu se donner rendez-vous cette année dans une ville située d'ailleurs si favorablement pour les études botaniques, et qui s'honore de souvenirs scientifiques glorieux et récents. Il les invite dés maintenant à un banquet que la municipalité veut leur offrir, le jour de la clóture de la session, au Grand Hótel du Cap. M. Heckel adresse à M. le Maire les vifs remerciments de la Société et prononce le discours suivant : VI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. DISCOURS DE M. HECKEL. Messieurs, Dans ce fauteuil, où m'appelle une fortune aussi peu méritée qu'inat- tendue, vos yeux cherchent l'éminent morphologiste à qui vous avez jus- tement confié le soin de présider cette session extraordinaire. Votre attente ne sera pas longue : M. Planchon, retenu par une fête de famille, arrivera au milieu de nous dans quelques jours. Vous y aurez perdu, Messieurs: car, au lieu des enseignements d’une parole autorisée aussi savante à interpréter les secrets de notre science qu'habile dans l'art de bien dire, vous n'aurez dans la mienne qu'un écho altéré de la pensée du maitre. Cette situation, dont j'ai le sentiment profond, m'impose le devoir de vous faire oublier par la briéveté du discours l'imperfection de l'orateur. Aussi bien n'est-ce pas pour entendre discourir que vous avez quitté vos occupalions et vos demeures lointaines. Les fleurs de rhétorique ne sont pas de celles qui puissent captiver votre attention, el je crois répondre à la fois à vos sentiments intimes et à votre légitime impatience de rem- plir le but de cette session, en vous faisant gràce de tout vain étalage de littérature ou de profession de foi. S'il est du devoir de ceux qui dirigent avec autorité les destinées de notre science de proclamer hautement leurs idées philosophiques, syn- thèse d’une fructueuse expérience, vous auriez le droit de taxer sévère- ment une inexpérience prétentieuse qui, profitant d'une faveur fortuite, viendrait inconsidérément vous dire, au risque de débuter par un désac- cord profond avec vos convictions, quelle doctrine a fixé prématurément ses préférences. Du reste, il n'y a ici ni évolutionnisles, ni transformistes, ni créationistes; je ne vois que des botanistes ardents, désireux de se mieux connaitre et de travailler en commun. Vous me permettrez done d’être bref. Mais il est deux devoirs auxquels je ne veux point me sous- traire. Je suis certain d’être l'interprète de vos pensées en adressant ici l'expression cumulative de notre profonde gratitude à la municipalité bienveillante qui nous offre gracieusement l'hospitalité de ses murs et de son riche domaine, et au comité d'organisation qui nous en a préparé avec sollicitude la jouissance facile. Permettez-moi encore, Messieurs, — et ce sera une autre forme de notre reconnaissance — de jeter avec vous un rapide coup d'œil sur ce pays, théâtre prochain de nos investigations et de nos récoltes, sur cette splendide région que nous allons parcourir ensemble. Ce ne sera qu'un avant-goüt bien atténué des surprises qui nous y sont réservées ; je ne me pardonnerais pas de les avoir déflorées. SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. vil L'un de nos collégues les plus éminents, M. Van Tieghem, en inaugu- rant naguére à Fontainebleau une de ces assises extraordinaires, nous disait, sous l'empire de préoccupations attristées : « C'est ainsi que, » fermant le cycle de nos pérégrinations, nous voilà revenus au point » de départ. Mais que de changements se sont opérés ! » D'une voix affectée aussi par les pénibles pensées de la mort, je puis répéter aujourd'hui les mémes paroles. En moins de vingt ans, vous vous étes réunis deux fois dans la méme région privilégiée ; mais que de chan- gements sur cette zone baignée par l'éternel flot bleu de la Méditerra- née! En 1865, vous siégiez à Nice. Votre centre d'action s'est déplacé en 1883, pour se rapprocher de la villa Thuret, qui, vivant souvenir d'une de nos plus pures gloires scientifiques, retrace à votre esprit tout un passé de labeur, et consacre la mémoire d'une générosité et d'un dévoue- ment à la science dont l'exemple ne sera pas perdu. Nous revoyons du moins parmi nous le collaborateur et l'ami de celui que la science pleure, et vous avez voulu que la premiére place dans ce congrés füt occupée par cet autre maitre non moins ardent quand il s'agit de la gloire du pays, M. Ch. Naudin, l'éminent directeur de la villa Thuret. C'est un récon- fortant pèlerinage scientifique que nous faisons aujourd'hui; il honore notre Société, comme nous honorons le souvenir qui en fait l'objet. A cóté de cette douloureuse mais inéluctable mutabilité humaine, se dresse immuable le cadre dans lequel vous allez faire mouvoir votre acti- vité investigatrice. C'est toujours cette méme région mouvementée, dont peu de pays au monde présentent, dans un espace aussi restreint, les grandioses accidents de terrain, les zones de végétation les plus variées. La nature semble ici s'étre mise en frais tout exprés pour vous; car, depuis les neiges éternelles qui réservent aux plus intrépides, sur les hauts sommets, les espéces de la Norvége et de la Laponie, jusqu'aux plages embaumées où végèlent, sur un littoral enchanteur, les plantes du midi de l'Europe, se dérouleront devant nous successivement tous les climats avec les flores qu'ils comportent. Quel contraste ! Là-haut, sur la cime blanchie de ces massifs alpestres, les froids intenses avec leur cortége de mort ; ici le soleil avec ses chauds rayons qui engendrent la vie la plus active dans ses manifestations les plus diverses. L'homme lui-méme n'a pas échappé à l'influence de ces chaudes effluves, et sur cette zone maritime rajeunie et transformée par lui, que de changements admirables dus à son ceuvre créatrice! Aprés avoir contemplé l’âpre austérité des plantes de la montagne, vous des- cendrez sur ces côtes bénies, berceau d'une vie nouvelle, où vous admi- rerez, sur une zone chaque jour agrandie, le travail d'envahissement progressif d'une flore d'apparat, qui, empruntée aux continents les plus divers, aux régions les plus lointaines, vient transformer ce coin privi- VIII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. légié de notre France en un nouvel Eden. Tout ce que l’alma mater enfante de plus brillant, dans les pays de la lumière et du soleil, y vit et y prospère pour la satisfaction des yeux. Le monde végétal du globe entier est venu là au-devant du botaniste enchanté ; il se presse sous sa main anxieuse et sollicite ses regards scrutateurs. Où trouver ailleurs tant de merveilles, tant de sujets réunis d’admiration et de méditation ! Tout nous sourit, Messieurs, et les éléments eux-mêmes, par une combi- naison heureuse, semblent s’être concertés pour répondre à nos vœux intimes, en apportant une utile modération à une végétation printanière souvent trop précipitée. A l’œuvre donc! Je déclare ouverte la session extraordinaire d'Antibes ! Lecture est donnée de lettres de divers membres qui s'excusent de ne pouvoir assister à la session. À ce propos, M. le Président exprime, au nom de la Société, le regret que lui cause l’absence de son zélé secrétaire, M. Malinvaud, à l'initiative et aux soins duquel sont dues la réalisation actuelle et la préparation administrative de la session d'Antibes. Le mauvais état de sa santé l'a malheureuse- ment obligé de retarder de quelques jours son départ de Paris. M. le Président proclame membres de la Société, par suite des présentations faites dans la séance du 27 avril à Paris : MM. l'abbé BARBICHE, curé de Bionville (Lorraine annexée), pré- senté par MM. Quélet et Malinvaud. Parisot (Jean-François), capitaine en retraite, place du Bel-Air, à Saint-Mandé (Seine), présenté par MM. Bureau et Poisson. M. le Président annonce ensuite une nouvelle présentation. M. Jules Chareyre fait à la Société la communication suivante : SUR LA FORMATION DES CYSTOLITHES ET LEUR RÉSORPTION, par M. Jules CHAREYRE. Dans une note récemment communiquée à l'Académie des sciences, je dounais le résultat de mes recherches sur le développement et la signifi- cation morphologique des formations cystolithiques, recherches qui me permettent de distinguer deux catégories de cystolithes : ceux des Acan- thacées et des Urticées de la section des Procridées, qui existent dans tous les tissus, et se développent de trés bonne heure aux dépens des SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. IX parois de la cellule qui les contient; et, d'autre part, les cystolithes de la plupart des Ürticinées, qui, exclusivement épidermiques, se développent souvent aux dépens d'un poil, quelquefois à ceux d'un épaississement cellulosique, qui représente ce dernier organe: ce mode particulier de développement, chez les cystolithes des Urticinées, me permettait de les rattacher à certains poils calcaires, tels que ceux des Borraginées. — Je viens aujourd'hui faire connaitre quelques particularités de leur his- toire physiologique qu'il m'a été possible de mettre en lumiére. Mes recherches à ce sujet ont porté sur deux points : le développement des cystolithes dans des semis placés sur des sols différents; et la facon dont ils se comportent dans les feuilles étiolées. Voici les résultats géné- raux de ma première série d'expériences, faites sur des graines d'Urtica Dodartii L., Urt. pentandra Leop., Cannabis sativa L., Acanthus mollis L., A. lusitanicus Few., Thunbergia alata Hook., Androgra- phis paniculata Vahl, etc., mises à germer sur des sols divers (terre ordinaire, silice, carbonate de chaux, sulfate de chaux) à la lumiére et à l'obscurité. 4° Toutes les graines d'Urticinées que j'ai examinées avant la germi- nation présentent des réserves alimentaires uniquement formées de grains d'aleurone, dans chacun desquels on peut distinguer un globoide arrondi. Les graines d'Acanthacées sont dans le méme cas, à l'exception. des Acanthes et de l'Hexacentris coccinea Nees, plantes dépourvues de cys- tolithes, et dans lesquelles les réserves de la graine sont constituées en majeure partie par de l'amidon. 2» Les réserves calcaires contenues dans les graines sous forme de globoides disparaissent plus rapidement lorsque la germination a lieu sur un sol formé de silice pure, que sur un sol formé de carbonate de chaux ou de terre ordinaire. Cependant aucune partie de ces réserves ne contribue à la formation de dépóts de carbonate de chaux, soit sous forme de cystolithes, soit à tout autre état. 3° Elles ne sont pas utilisées non plus pour la formation des cristaux d'oxalate de chaux ; aucun de ces derniers ne s'étant encore montré dans les diverses parties de mes jeunes plantes, un mois aprés la germi- nation. 4* Dans les semis qui se sont développés sur de la silice pure, les cys- tolithes n'atteignent pas leur entier développement : le pédicule se con- stitue bien, mais son extrémilé libre ne devient jamais le siége d'une accumulation de cellulose, et elle demeure toujours entiérement dépourvue de calcaire. 5° Dans les semis faits sur de la terre ordinaire, la formation des rudi- ments cystolithiques est plus rapide et plus précoce que dans le cas pré- cédent. Ils apparaissent dés que les cotylédons, verts, se sont dégagés des X SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. enveloppes séminales, et ne s'arrétent pas dans leur évolulion, mais atteignent rapidement leur état parfait. 6° Sur un sol formé de carbonate de chaux pur, l'apparition des cysto- lithes a lieu au même moment que sur la terre ordinaire, mais leur déve- loppement est un peu plus rapide. T° Les mêmes faits se reproduisent, avec une rapidité un peu moins grande, sur un sol formé de sulfate de chaux. 8» Des graines semées sur de la terre ordinaire ou sur du carbonate de chaux, mais maintenues à l'obscurité, ont donné des semis pourvus seu- lement de rudiments cystolithiques, sans carbonate de chaux. La seconde série d'expériences a été déterminée par un certain nombre de faits d'observation, qu'il convient de rappeler brièvement : Des feuilles jaunes, mourantes, de diverses Urticinées (Urtica, Parie- taria, Belmeria, Ficus, Morus, Ulmus, Broussonetia; Cannabis, ete.), comparées aux feuilles vertes, présentent des cystolithes pourvus d'une bien moindre quantité de carbonate de chaux ; il en est de méme pour les poils calcaires des Cerinthe, Myosotis, Symphytum, Anchusa, etc. On peut constater en outre, chez ces derniéres plantes, que les formations caleaires du calice deviennent de plus en plus pauvres en chaux, à mesure que la fleur se développe ; à l'épanouissement, la matiére calcaire a tota- lement disparu. Des échantillons d’Urticinées conservés en herbier portent souvent des cystolithes déformés, pauvres en matiére calcaire. Ajoutons que les formations calcaires sont réguliérement absentes dans les parties dépourvues de chlorophylle. — Tous ces phénoménes ne se produisent pas chez les Acanthacées et les Pilea, dont les cystolithes demeurent intacts dans les mémes circonstances. Il fallait donc étudier l'influence de la mort ou de l'étiolement de la feuille sur la quantité de chaux que contiennent les cystolithes. En main- tenant à l'obscurité, pouren déterminer l'étiolement, des pieds de diverses Acanthacées et Urticinées, j'ai obtenu les résultats suivants : 4° Chez les Acanthacées, l'étiolement et méme la mort des feuilles n'exercent aucune influence sur l'état des formations cystolithiques, qui paraissent complétement inertes. 2» Chez les Urticinées (et particulièrement le Ficus elastica Roxb., sur lequel ont surtout porté mes expériences), l'obseurité détermine, aprés dix à quinze jours, une disparition compléte du carbonate de chaux des cystolithes. 3 Cette disparition du carbonate de chaux estliée moins à l'état d'étio- lement de la feuille qu'à la cessation de la fonction chlorophyllienne, puisqu'elle se produit, non-seulement dans les feuilles jaunes, mais aussi dans celles qui n'ont pas encore eu le temps de s'étioler et sont demeu- rées vertes. (Dans les feuilles étiolées, prises sur une plante soumise aux SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. XI conditions normales, la disparition de la matiére calcaire n'est pas com- pléte, et l'on constate seulement une diminution dans sa quantité. Ce fait tient sans doute à ce que, ici, la cessation de la fonction chlorophyllienne n'est pas générale, mais locale.) 4 La disparition du carbonate de chaux n'est pas due simplement à sa transformation en bicarbonate (par suite de la présence d'un excés d'acide carbonique); car des coupes de feuilles et de tiges, dans des plantes soumises à l'action de l'obscurité, ne contiennent pas de traces de ce sel, qui ne se montre pas non plus dans le latex. 9° Le carbonate n'est pas le seul sel calcaire qui disparaisse dans ces conditions, et l'oxalate parait subir le méme sort. Si l'on se base, pour apprécier ces variations, sur le nombre de macles que contient une coupe d'une surface donnée (procédé fort peu exact, sans doute, mais qu'il est difficile de remplacer par un autre plus précis, et qui m'a d'ailleurs fourni des indications trés nettes et toujours concordantes), on peut constater que, dans une plante soumise à l'obscurité depuis quinze jours, la tige contient à peine 20 à 25 pour 100, et la feuille 10 à 15 pour 100 du nombre de macles que présentent une tige et une feuille de plante placée dans des conditions normales, soit une diminution de 80 à 90 pour 100. Pour la tige, on peut répartir ainsi la diminution suivant les tissus: moelle, 75 pour 100; liber, 85 pour 100; écorce, 75 à 80 pour 100, environ. 6° En traitant par l'acide sulfurique deux coupes de tige, l'une prise sur une plante soumise à l'obscurité, l'autre sur une plante placée dans les conditions normales, on voit se former des cristaux de sulfate de chaux beaucoup plus abondants dans la première que dans la seconde; d’où il faut conclure que la chaux disparue du limbe foliaire est venue dans la lige se combiner avec un nouvel acide. T° Il ya tout lieu de croire que cet acide est, au moins pour une partie, l'acide pectique; car, en traitant des coupes par l'acide chlorhydrique étendu, qui décompose le pectate de chaux et laisse l'acide pectique à l'état insoluble, on obtient un résidu beaucoup plus abondant avec une coupe de tige éliolée qu'avec une coupe de tige normale. On peut donc conclure de ce qui précéde que, sous l'influence de l'obscurité et de la cessation de la fonction chlorophyllienne, le carbo- nate de chaux des cystolithes d'Urticées disparait des feuilles, et va dans la tige se transformer, au moins en partie, en pectate de chaux. Je me fais un devoir et un plaisir d'ajouter, en terminant cette commu- nication, que les recherches inédites de M. le professeur Heckel, mon maitre, avaient, il y a déjà plusieurs années, établi plusieurs points de l'histoire des cystolithes, notamment l'origine trichomalique de certains d'entre eux, et leur disparition plus ou moins complète dans des feuilles XII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. étiolées et des plantes malades. C’est sur ses avis et sous sa direction que j'ai continué ces recherches au laboratoire de botanique de la Faculté des sciences de Marseille. Aussi dois-je lui témoigner ici toute ma grati- tude pour la bienveillance avec laquelle il m'a toujours offert son aide et ses précieux conseils. M. X. Gillot fait à la Société la communication suivante : NOTE SUR QUELQUES PLANTES NOUVELLES POUR LA FLORE DE FRANCE, par le D' X. GILLOT. Depuis plus d'un quart de siècle, gràce à l'impulsion donnée aux recherches botaniques par la Société botanique de France, la flore fran- caise est mieux connue, et il est assez difficile aujourd'hui d'y signaler de nouvelles espéces. Quelques régions cependant, moins explorées, per- mettent encore au botaniste herborisant d'y faire de rares trouvailles. J'ai eu ces années derniéres l'heureuse chance de mettre la main sur quelques plantes intéressantes à signaler, soit comme espèces nouvelles pour la flore de France, soit comme formes remarquables d'espéces connues; et leur étude permettra d'éclaircir quelques points de géographie botanique ou de synonymie. 1° Sambucus nigra L. var. decussata N. — Caractères généraux du Sambucus nigra L., dont il diffère par sa taille moins élevée, ses ra- meaux plus gréles, à écorce d'un gris blanchâtre, presque lisse; Ses fleurs de moitié plus petites dans toutes leurs parties, en ombelles serrées, à pédicelles filiformes ; et surtout par ses feuilles plus courtes, à folioles ovales-lancéolées, atténuées aux deux extrémités, de moitié plus petites que dans le type. Mais tandis que dans celui-ci la feuille, 7-foliolée, a seulement trois paires de folioles latérales, dans la variété decussala chaque foliole latérale porte à sa base une foliole supplémentaire plus petite et divergente, ce qui donne à chaque paire de folioles l'apparence en sautoir ou décussée. Dans quelques feuilles, la paire de folioles la plus inférieure reste simple, mais les supérieures sont toujours dédoublées. La feuille, dans son ensemble, est donc à 11 ou 13 folioles. HaB.— Corse : monte Piano, près Corte; ravin de la Nocaria, à une alti- tude de 800 à 1000 mètres, dans les rochers granitiques. — 5 juillet 1877 (Ch. Burnouf). Cette curieuse variété du Sambucus nigra L. a été découverte en Corse par M. Ch. Burnouf, alors directeur du collége Paoli à Corte, qui me la communiquée lors de la session extraordinaire de la Société botanique de France en Corse (1877). J'ignore si elle est répandue dans l'ile, et St elle y constitue une race régionale, ou si elle se retrouve ailleurs dans SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. XII la région méditerranéenne. Je n'ai trouvé dans aucun auteur l'indication de cette forme si remarquable cependant. Rappelons à ce sujet que dans la famille des Ombellifères, où la dispo- sition décussée des folioles est constante chez beaucoup d'espèces, il en est d'autres dont les folioles, ordinairement simples ou lobées, se dédou- blent également, et prennent l'apparence décussée, l'Heracleum Sphon- dylium L. par exemple, dont une forme à folioles étroites et disposées en sautoir n'est pas rare dans les montagnes du Morvan, et a été décrite sous le nom de H. decussatum Carion (Catalogue des plantes phanéro- games du département de Saóne-et-Loire, p. 51). C'est une affinité de plus à ajouter entre les Sambucinées et les Ombellifères (cf. H. Baillon, Hist. des plantes, VII, p. 174). 2° Hieracium sphserocephalum Frœl. var. corsicum N. — Souche rampante, à stolons trés courts ou presque nuls. Tige ascendante, de 8-15 centim., hérissée de longs poils roux étalés, ordinairement bifur- quée vers le milieu et biflore, plus rarement 1-3-flore, munie d'une seule feuille caulinaire étroitement lancéolée et trés aigué. Pédoncules toujours dressés méme avant la floraison. Feuilles oblongues ou spatulées, sub- obtuses, briévement mucronées, hérissées sur les deux faces de longs poils roux et renflés à la base. Anthodes globuleux. Involucre hérissé de poils roux et de poils glanduleux plus courts, à écailles subobtuses. Fleurs petites. Ligules jaunes, d'un rouge livide en dessous, fortement dentées au sommet, à dents glabres. HaB.— Corse : monte Rotondo, prés Corte, pentes herbeuses des bois de Pins, le long du sentier qui monte dela gorge du Timozzo aux bergeries du monte Rotondo, vers 1200 à 1500 métres. — 7 juin 1877. J'ai récolté cet Hieracium en fleur lors de la session extraordinaire de la Société botanique en Corse, mais jusqu'à présent je n'ai malheureuse- ment pas pu me le procurer en fruit pour examiner les caractères de l'involucre aprés la floraison et ceux des achaines. Néanmoins il est facile de le classer sans hésitation dans le sous-genre Pilosella, sect. I Pilosel- lina (Fries); et il ne peut se rapporter qu'à l'Hieracium sphærocepha- lum Frœl. in DC. Prodr. VII, p. 201, n° 8; E. Fries, Epicr. Hierac. (1872), p. 14, n^ 5 — H. furcatum Hoppe ex Koch. Syn. édit. 3, p. 381, n° 4. Tel est en effet l'avis du monographe français le plus autorisé du genre Hieracium, mon savant ami M. C. Arvet-Touvet, qui a bien voulu étudier cette plante. Il n'y voit « qu'une forme d'H. sphærocephalum Frœl. (furcatum, pusillum, angustifolium Hoppe, p. p.) », et trouve la découverte de cet Hieracium « trés intéressante pour la flore fran- çaise. » En effet, PH. spherocephalum Frœl. habite les Alpes du centre de l'Europe, de la Suisse, de l'Autriche (Bohème, Tirol, Carinthie, Silésie), de la Baviére, etc. Il n'a pas encore été signalé en France, où il XIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. atteint peut-être sur les hauts sommets de la Corse sa limite méridio- nale. Il n’a de rapports qu'avec certaines variétés d'H. Pilosella L.; avec l'H. pseudo-Pilosella Ten., celui-ci plus grêle, à involucres églanduleux, à poils noirs, etc.; et avec PH. bifurcum M. Bieb., qui en diffère par ses feuilles aigués, blanches tomenteuses en desous, etc. L'H. spherocephalum Frœl., comme beaucoup d'autres espèces du méme genre, parait trés polymorphe. De Candolle (Prodr. VII, p. 201) lui attribue six variétés. Hoppe a décrit sous des noms différents (H. uni- florum, pusillum, furcatum, etc.) plusieurs formes de cette espèce (cf. E. Fries, loc. cit.). L'H. alpicola Tausch n'en parait qu'une forme plus robuste et plus velue, etc. La plante de Corse différe aussi du type par sa taille courte, sa villosité plus prononcée, ses feuilles vertes sur les deux faces, hérissées de poils roux sétiformes plus nombreux et à peu près dépourvues de poils étoilés à leur face inférieure, et par ses ligules rou- geàtres en dessous : ce dernier caractère la rapproche de la var. 0. dis- color Frœl. in DC. Prodr. (loc cit.). Elle me parait constituer une race ou variété méridionale de l'H. spherocephalum, à la suite duquel je pro- pose de la ranger sous la rubrique de var. corsicum. 3° Thesium italicum DC. Prodr. XIV, p. 644, n° 13. — Racines gréles, rameuses. Souche vivace, gréle, dépourvue de stolons. Tiges peu nombreuses (4-10), de 10-15 centim., faibles mais ascendantes, simples ou subrameuses. Feuilles nombreuses, les inférieures trés courtes (2-4 millimètres), ovales-aigués; les supérieures de plus en plus allongées (jusqu'à 3-4 centim.) et linéaires, sans nervures apparentes, trés finement scabres sur les bords, surtout au sommet. Fleurs en grappes allongées, à rameaux gréles, lisses, à demi étalés, allongés (5-8 millim.), deux à trois fois plus longs que la fleur. Dractées linéaires, scabriuscules, la moyenne beaucoup plus longue (9-6 fois) que la fleur et le fruit, les latérales trés étroites, mais dépassant aussi le fruit d'une facon sensible. Périgone divisé dans ses deux tiers supérieurs en cinq lobes obtus, verts, à marges lar- gement blanchâtres. Fruit ellipsoide, brièvement pédicellé, fortement nervié, surmonté par les lobes du périgone enroulés en dedans et conni- vents. Has. — Corse : monte Rotondo, pelouses au-dessus des bergeries, vers 1500 mètres (7 juin 1877). — Corte, à la Tassetta, bords des bois vers 1000 mètres (14 juin 1877). Ce Thesium me paraît assez répandu en Corse. Outre mes récoltes personnelles, j'en ai reçu des exemplaires fructifiés de M. Ch. Burnouf, et M. P. Mabille m'a écrit l'avoir récolté dans le cap Corse, à Furioni et au monte Stello. C'est probablement cette espèce que M. de Marsilly a in- diquée sous le nom de Th. ramosum dans son Catalogue des plantes vasculaires de la Corse, p. 125, n° 1475. Mais le Th. ramosum Hayn. SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. XV en diffère beaucoup par ses.tiges plus robustes et rameuses, sa panicule plus ample, ses rameaux dressés, ses feuilles trinerviées, ses bractées plus courtes que le fruit, ses fruits sessiles, etc. Les caractères de notre plante cadrent au contraire trés exactement avec la description que De Candolle a donnée de son Th. italicum dans le Prodromus, XIV, p. 644, n° 13, où il lui donne comme synonymes : Th. intermedium Bertol. Amon. it. p. 345; Moris Stirp. sard. elench. II, p. 11 ; Ten. Fl. nap. III, p. 213, non Schrad. — Th. linophyllum Bertol. Fl. it. IT, p. 139. — Cette espèce croit principalement dans l'Italie centrale et montagneuse, dans les Abruzzes (Gussone) et en Sardaigne (Moris). Il n’est done pas étonnant de la rencontrer en Corse, et du reste Nyman, Consp. fl. europ. p. 643, vient tout récemment de la signaler dans cette ile, sans indiquer la source à laquelle il a puisé. En m'étendantsur l'étude du Th. italicum, déjà trouvé en Corse avant moi, mais qui n'a pas encore été admis dans les flores françaises, je n'ai d'autres prétentions que de compléter la description de cette espéce, mal connue de De Candolle lui-méme d'aprés son propre aveu, et d'en préciser les stations frangaises. 4 Narcissus Pseudonarcissus L. var. lorifolius (N. lorifolius R. et Sch.). — Bulbe gros et ordinairement composé. Hampe comprimée, verte, de 13-30 centimètres. Feuilles larges, planes, vertes sur les deux faces, trés obtuses, munies d'un large mucron jaunâtre au sommet, régu- liérement distiques et étalées en éventail de chaque côté de la hampe, qu'elles égalent ou dépassent. Spathe engainante ovale, bien plus longue que le pédicelle ; celui-ci deux fois plus long que l'ovaire. Fleur grande, solitaire, toujours penchée. Tube du périgone infundibuliforme évasé. Divisions périgonales d'un jaune pâle, ovales-lancéolées, subobtuses, mucronées, toutes égales, ou les internes un peu plus larges, égalant la couronne. Celle-ci d'un jaune foncé cylindrique, à six lobes droits, peu profonds et à peine plissés. Étamines non déjetées, un peu plus courtes que le style. Capsule grosse, subglobuleuse, trigone. Hag. — Basses-Pyrénées : Saint-Jean Pied-de-Port ; montagnes d'Oris- son, dans les fentes humides des rochers calcaires de Plan-Pignon, à l'altitude de 1067 mètres, où j'ai, lors de la session extraordinaire de la Société botanique de France à Bayonne, récolté les bulbes de ce Narcisse le 22 juillet 1880. Depuis trois ans, je le cultive, et il n'a pas varié, conservant ses carac- téres différentiels d'avec le N. Pseudonarcissus type. Ce dernier, en effet, à l'état spontané ou dans des conditions identiques de culture, en diffère à première vue par sa hampe glauque plus élevée, dépassant les feuilles ; par sa spathe plus allongée; par ses feuilles plus étroites, canaliculées, trés glauques, làches et comme diffuses, plus ou moins tordues sur elles-mémes, à peine mucronées; par ses divisions XVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. périgonales contournées, plus étalées, cormme,déjetées, les externes plus larges, dépassant la couronne, qui est évasée en entonnoir, à six lobes larges, crénelés, sinués, étalés et méme renversés, d'un jaune plus tendre; par ses capsules plus petites ; par sa floraison plus précoce de quinze jours, et surtout par son mode de végétation souterraine. En effet, dans le N. Pseudonarcissus, le bulbe émet rarement des caïeux latéraux, ou, lorsqu'il s'en produit, les tuniques externes, qui les enveloppent, se détruisent rapidement, et les mettent en liberté; aussi les bulbes flori- feres sont-ils presque toujours simples, isolés et régulièrement arrondis. Dans le N. lorifolius, le bulbe est composé, c'est-à-dire qu'il émet habi- tuellement deux caieux opposés qui végétent sous les tuniques externes brunes et trés résistantes, se rompant tardivement. Il en résulte que le bulbe mère et ses caieux prennent une forme comprimée et se dévelop- pent en série réguliére, émettant plusieurs hampes floriféres. C'est la résistance des tuniques externes et leur résorption tardive qui produisent ce phénoméne, et en méme temps la disposition distique des feuilles étroite- ment maintenues au collet des bulbes par la constriction des tuniques externes. Malgré ces différences objectives, en apparence si tranchées, malgré ce mode de végétation quelque peu différent, je ne crois pas devoir séparer spécifiquement le N. lorifolius du N. Pseudonarcissus L. Je suis dis- posé au contraire à n'y voir qu'une race régionale issue du type primitif, modifiée par les conditions de végétation auxquelles elle a dà s'adapter, et qui a fini par se fixer au point de conserver, en dehors de ces condi- tions méme, ses caractères acquis, tout au moins pendant une longue suite de générations. En effet, la plante pyrénéenne végéte une grande partie de l'année sous la neige et dans un terreau peu humide. Ses tuniques épaissies sont le siége d'une destruction plus lente, et leur épi- derme devient plus résistant; cette vie souterraine prolongée favorise le développement des caieux destinés à suppléer aux incertitudes de la fructification. Lors de la floraison, en été, les réserves alimentaires four- nies par le bulbe plus gros, plus charnu, sous l'action de la chaleur intense et de la lumière, favorisent le développement des feuilles et Pin- tensité de la coloration chlorophyllienne. La dureté du sol à percer fait épaissir l'épiderme de l'extrémité de la feuille, et l'arme d'un mucron large, épais et de consistance cornée, etc. Ces conditions biologiques influencées par la nature du sol, le climat, etc., me paraissent étre la cause des variations du type spécifique primitif, et favorisent la forma- tion de races régionales ou locales, dont on a fait trop souvent, à un examen superficiel, des espéces dont la nomenclature encombre nos flores, mais qu'il est en général facile de grouper autour du type spécifique qui à dù leur donner naissance. C'est ainsi que les Narcissus major Curt., SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883.. XVII bicolor Gouan, abscissus Haw., lorifolius R. et Sch., etc., me paraissent de simples races du N. Pseudonarcissus L., pris dans un sens spécifique large, et doivent y étre rattachés dans une série naturelle. Je suis loin toutefois d'admettre la transformation des espèces au sens du darwinisme actuel. Il me parait en effet difficile d'établir que deux types aussi dis- tincts que les Narcissus Pseudonarcissus L. et N. poeticus L. aient une origine commune et puissent se transformer l'un dans l'autre; mais il est trés rationnel de croire, en s'appuyant sur les données de plus en plus nombreuses de l'observation et de la culture, que chacune de ces espéces peut varier dans une large mesure, et produire des variétés ou races plus ou moins tranchées, tout en conservant entre elles des relations évidentes par la persistance des caractéres principaux, essentiels, du type spé- cifique d'origine. C'est la voie féconde dans laquelle tendent de plus en plus à s'engager les botanistes descripteurs de notre époque (Lamotte, Cla- vaud, etc.), et qui méne, à mon avis, à la conception la plus naturelle de l'espèce. Certains genres, du reste, se prêtent singulièrement à ces variations, à cette espèce de polymorphisme, entre autres le genre Narcissus, comme en font foi les nombreuses espèces admises par les auteurs (Haworth, Salisbury, De Candolle, Redouté, Curtis, Rœmer et Schultz, etc.), et la -synonymie inextricable de la plupart d'entre elles (1). D'où la réaction qui, par un excés opposé, conduit nombre de botanistes à revenir aux espèces linnéennes, et, par une réduction à outrance, à négliger certaines formes remarquables. Tous les efforts de la botanique descriptive actuelle me paraissent devoir tendre à dégager les types vraiment spécifiques, considérés dans une large acception, et à grouper autour d'eux, à titre de sous-espèces, races ou variétés, les formes accessoires ou dérivées. À ce point de vue, le N. lorifolius R. et Sch. me semble une race des plus remarquables du N. Pseudonarcissus L., et a été méconnu des floristes français. Il a été probablement confondu avec le N. Pseudonarcissus 8. bicolor G. G. Fl. fr. II, p. 254; Willk. et Lge, Prodr. flor. hisp. I, p. 154, n° 694; N. bicolor Lap. Abr. Pyr. p. 177 (2), qui en diffère surtout par ses divisions périgonales blanches ou presque blanches. La synonymie de notre plante doit donc être ainsi établie : Narcissus Pseudonarcissus L. var. lorifolius ; N. lorifolius R. et Sch. Syst. VII, (1) « Genus valde intricatum et numerosissimis dubiis oppressum. » (Reem. et Sch. Syst. VII, p. 932.) (2) Le Narcissus bicolor L. est mal connu, les uns le rattachant au N. Pseudonar- cissus L., les autres au N. moschatus L. Rien de plus variable que la coloration des divisions périgonales dans ces deux espèces. Le N. bicolor L. devrait probablement étre supprimé et divisé entre deux variétés des espèces précitées : N. Pseudonarcissus var. bicolor G. G. (N. bicolor Lap.), et N. moschatus var. bicolor DC. Red. (Ajax bicolor Salisb.), ete. T. XXX. ` B XVIII . SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.. pars 2, p. 944, n° 19.— Ajax lorifolius Haw. Suppl. suec: p. 149; Ajax bicolor a. lorifolius Kunth, Enum. plant. V, p. 119, n° 5. Ajoutons qu'en décrivant le N. lorifolius, les auteurs précédents déclarent ignorer son lieu d'origine. Steudel seul (Nomencl. bot. 2* édit. II, p. 182) l'indique en Espagne. La découverte de cette plante à l'état spontané dans les Basses-Pyrénées ne sera donc pas le moindre intéré de ce travail. M. le D' Gillot dépose sur le bureau et soumet à l'examen de la Société des exemplaires authentiques des plantes qu'il vient de décrire, notamment plusieurs pieds en pleine floraison de son Nar- cisse pyrénéen. M. H. Vilmorin reconnait en effet le Narcissus lorifolius des auteurs anglais, qu'il possède depuis longtemps dans ses cultures, avec un grand nombre d'autres espèces ou variétés de Narcisse. Il signale l'incertitude qui régne encore sur l'origine et la valeur spécifique de certains Narcisses, dont l'étude serait à reprendre tout entiére. M. Gillot remercie M. H. Vilmorin de ses renseignements. Il est heureux de voir sa diagnose confirmée par l'autorité de son savant collégue, et d'avoir pu, en découvrant une station précise du N. lo- rifolius, établir sa nationalité francaise. Lecture est donnée de la communication suivante : NOTE SUR UNE STATION DE L'ASPLENIUM SEPTENTRIONALE SUR LE QUARTZITE COMPACTE DE LODÈVE, par M. J. VALLOT. Les botanistes ont remarqué depuis longtemps les préférences des plantes pour certains terrains, mais ces préférences ont élé altribuées tantót aux propriétés physiques, tantót aux propriétés chimiques des terres. Lorsqu'on apporte quelque soin aux études de phytostatique, on ne tarde pas à remarquer que les propriétés chimiques d'uu sol sont presque toujours accompagnées de propriétés physiques concomitantes, et qu'à la composition chimique d'une roche correspond ordinairement une désagré- gation physique déterminée. Ainsi les calcaires sont presque toujours compactes et les terrains siliceux, grès ou granites, sont sablonneux. C'est cette concordance entre les diverses propriétés des sols qui annule les résultats tirés de l'observation, car chaque fait de dispersion peut étre SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. XIX attribué à deux causes, l'une physique et l'autre chimique, dont l'exis- tence simultanée empêche de discerner la prédominance spéciale. Pour obtenir des résultats probants en faveur de l’une ou de l’autre des théories en présence, il faut rechercher les rares terrains où n’existe pas la concordance dont nous venons de parler. On devra donc étudier la végétalion des calcaires sablonneux et celle des terrains siliceux com. pactes. Les calcaires eugéogènes n'existent guère dans la nature qu'à l’état de dolomies ; quant aux sols siliceux compactes, on les rencontre chez les porphyres et les quartzites. C'est à cette dernière espèce qu'ap- partient la roche sur laquelle se trouve l'Asplenium septentrionale dans la localité que nous allons étudier. L'Asplenium septentrionale est très rare autour de Lodève. MM. Loret et Barrandon, dans la Flore de l'Hérault, ne l'indiquent pas dans les environs immédiats de la villeet le signalent seulement sur l'Escandorgue et sur le Larzac. La chaine de l'Escandorgue étant en grande partie formée de terrains primitifs ou basaltiques, il n'est pas étonnant d'y voir l'indi- cation d'une plante calcifuge ; j'ajouterai que je n'ai pas rencontré l’ Asple- nium dans les rochers calcaires du Pertus et du Mas de Mourié. M. Aubouy, dans sa notice sur les Plantes intéressantes de l'arrondis- sement de Lodève, indique l'Asplenium septentrionale à Romiguières et à Lodève. La première de ces localités est probablement celle que MM. Loret et Barrandon ont voulu indiquer sur le Larzac; le terrain y est basaltique. Enfin, dans Deux herborisations dans le département de l'Hérault, M. Aubouy indique l'Asplenium sur la colline à pentes her- beuses et hérissées de rochers, qui fait suite, en s'infléchissant un peu à droite, à la chaine de l'Escalette, sur le Larzac. Je me hàte de dire que la plante est indiquée au milieu de listes d'herborisation, sans que l'auteur paraisse y attacher d'importance. L'indication de cette station sur terrain calcaire m'a paru d'antant plus étonnante, que j'ai parcouru maintes fois le plateau du Larzac, et notam- ment les rochers de l'Escalette, sans jamais y trouver l'Asplenium. J'y suis retourné dans le but de vérifier la présence de cette espéce; mais, aprés de longues recherches sur la colline désignée, j'ai dü repartir sans avoir trouvé l Asplenium septentrionale, mais en rapportant de nombreux échantillons d'Asplenium Ruta-muraria, qui est commun dans cette localité et sur tout le plateau du Larzac. Comme cette derniére espéce se présente sous une forme rabougrie, à pinnules souvent réduites à trois, et qu'elle n'est pas indiquée dans la liste de M. Aubouy, je ‘suis persuadé qu'elle aura été confondue avec l'Asplenium septentrionale, que je ne suis pas parvenu à trouver. L'indication de cette derniére espéce sur la dolomie saccharoide est donc à retrancher. Dans les environs immédiats de Lodève, l'Asplenium septentrionale XX SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. est très rare. M. Arnaud, professeur au collége de Lodève, l'a rencontré à l'Ambayran, localité située sur le grès bigarré, et à la Roche percée. C'est de cette derniére localité que nous allons nous occuper. Elle est d'autant plus intéressante, qu'elle rentre dans la classe des terrains dont nous avons parlé, qui sont en méme temps siliceux et dysgéogènes. La Roche percée, située dans le domaine de Montplaisir, est un filon, ou plutôt un dyke quartzeux, qui se dresse verticalement au milieu du calcaire devonien. On sait qu'un dyke est une espèce de mur de matière dure qui traverse des masses de roches, et forme souvent saillie hors de leur surface; il présente l'étendue d'une couche qui ne suit pas la stra- tification des roches qu'elle traverse. La formation des dykes est dueà l'introduction de roches étrangéres, généralement ignées, dans les fentes des montagnes. La Roche forme une sorte de muraille de 20 à 30 métres de long, s'éle- vant verticalement à environ 10 mètres au-dessus du sol. Son épaisseur n'est que de 2 métres. La composition de la Roche n'est pas la méme dans toute son étendue. Il résulte de plus de irente essais chimiques d'échantillons pris de tous les cótés, qu'elle est formée par un quartzite plus ou moins imprégné de dolomie et de sulfate de baryte. Partout où la roche est carbonatée, l Asplenium septentrionale ne se montre pas. Il ne se trouve qu'à deux endroits, au sommet, et surtout au nord-ouest, où il est très vigoureux et tapisse une surface assez considérable. La plante pousse dans des fentes ne contenant qu'une terre extrémement rare, qui ne renferme que des traces de carbonates terreux. La roche en ces endroits est un quartzite noirâtre excessivement compacte et ne se délitant pas. Le calcaire qui entoure la Roche percée est dolomitique, mais compacte, dysgéogéne selon Thurmann. Cependant ila fini par étre entrainé par les influences atmosphériques; ce qui prouve que la Roche percée, qui est restée debout et intacte, est encore plus compacte et dysgéogène. D'aprés M. Contejean, l'Asplenium septentrionale est une des meil- leures caractéristiques de la silice; il n'est donc pas étonnant, au point de vue chimique, de le trouver sur une roche siliceuse enclavée au milieu du calcaire. Mais, d'aprés Thurmann, « l'Asplenium septentrionale est » une préférente des granites, des grés, de certains schistes, de certaines » roches voleaniques, moyennant que celles-ci soient convenablement » psammogènes, et parait exclusivement adhérente aux roches pourvues » de ce dernier caractère » (Phytostatique, t. I, p. 291). Le méme auteur indique cette espèce comme hygrophile, habitant les terrains eugéogènes psammiques. Nous allons voir si la Roche percée remplit toutes ces con- ditions. Nous avons vu que l’Asplenium pousse dans les fentes d'une roche dure, compacte, n'absorbant pas l'humidité et ne contenant qu'une terre SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. XXI presque nulle; toutes ces conditions réunies, ajoutées au climat méri- dional trés chaud, constituent une station trés sèche, très nuisible pour une plante hygrophile. La roche étant plus dysgéogène que les calcaires les plus compactes, et présentant le mode de désagrégation pélique, forme un terrain nuisible aux plantes des terres eugéogénes psammiques ou sablonneuses. Je puis donc affirmer que l'Asplenium septentrionale est repoussé par l'état hygroscopique de la terre, aussi bien que par son mode d'agré- gation physique. Et cependant cette plante, rare dans la région, hygro- phile et amie des roches sablonneuses, a choisi pour s'établir précisément la roche la plus sèche et la plus compacte des environs de Lodève, et s'est méme cantonnée sur les parties les plus dures et les plus dysgéo- gènes de cette roche. Je ne puis trouver dans la théorie de l'influence physique prépondé- rante du sol aucune raison qui puisse expliquer ce fait curieux de dis- persion, tandis qu'au point de vue de l'influence chimique, il suffit de remarquer que le sol est purement siliceux, pour y expliquer la présence d'une espèce calcifuge. C'est cette manière de voir que j'adopterài pour le cas présent. LETTRE DE M. H. LORET A M. LE PRÉSIDENT DE LA SESSION D'ANTIBES Montpellier, 1°% mai 1883. Monsieur le Président, La Société botanique va explorer un pays oü j'ai herborisé longtemps, et je ressens plus que jamais la privation que m'impose l'impossibilité de prendre part à vos courses. Permettez-moi du moins, monsieur le Pré- sident, de me dédommager un peu en venant vous parler de ces plantes provencales qui ont fait mes délices, et de la Flore des Alpes-Maritimes, dont l'auteur fut mon intime ami. Ardoino avait débuté, en 1862, par un catalogue des plantes de Menton et Monaco ; mais ses goüts un peu changeants le portant à tout effleurer, il fit pendant quelque temps infidélité à la botanique, pour s'occuper tour à tour de philosophie, de littérature, d'agronomie, etc. « J'ai un » ennemi terrible », me disait-il dans une de ses lettres : « c'est la paresse, » qui m'empéche de rien faire ; aussi, dans mes herborisations pleines de » nonchalance, j'ai la monstrueuse habitude de ne cueillir que quelques » brins incomplets des espéces les plus intéressantes. » Funeste habitude, en effet, dont son petit herbier, que j'avais vu à Menton, m'avait déjà donné la preuve. XXII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Je croyais cet excellent homme perdu pour notre aimable science, lorsqu'il m'écrivit, en 1863, que sa vie botanique était entrée dans une nouvelle phase : « J'étudie plus sérieusement nos plantes », me dit-il alors, « et MM. Thuret et Bornet, à force d'aimables instances, m'ont embarqué » dans un projet que je regarde comme gigantesque, la Flore des Alpes- » Maritimes. Aidez-moi, mon excellent ami, et, à partir d'aujourd'hui, je » ne veux pas que vous restiez plus d'un mois sans m'éerire. » Il était préoccupé surtout de la maniére dont il pourrait, dans sa Flore, satisfaire les gens du monde et les savants. « Il faut de toute nécessité », m'écrivait-il, « ou dégoüter les gens du monde, ou faire sourire de pitié » les savants. Si je m'éléve dans la mesure de mes forces, à la hauteur de » la botanique moderne ; si je parle de l'embryon, du hile, etc., je puis » compter sur trois lecteurs en Europe ; mais mon livre n'aura aucune uti- » lité dans le pays. Si j'adopte, au contraire, un langage accessible aux » amaleurs, je n'éviterai pas l'indifférence des vrais botanistes. Qu'en » pensez-vous et quel parti dois-je prendre entre les amateurs et les sa- » vants? » Je l'engageai à casser un bras aux uns, une jambe aux autres, de façon que chacun s'estimát heureux qu’on ne lui eùt pas tranché la tête. Ce passage de ma réponse que je trouve dans une de ses lettres lui avait beaucoup plu; mais il faut avouer qu'il a fait la part des gens du monde un peu forte et qu'il a presque décapité les savants. Comme je le trouvais trop restricteur, il me reprochait d’être jordanien. Son modèle était l'au- teur du Carex Ardoiniana, De Notaris, qu’il considérait, non sans raison alors, comme le premier des botanistes italiens. Il s'était adressé à lui pour avoir son avis sur la Flore de France de Grenier et Godron qu'il voulait se procurer, et, pour ne pas altérer l'expression de son opinion, il me traduisit littéralement, comme il suit, la réponse du botaniste génois : «La Flore de MM. Grenier et Godron est infiniment meilleure que le » Botanicon gallicum de M. Duby et le Flora gallica de Loiseleur, mais » bien inférieure, selon moi, au Synopsis de Koch. MM. Grenier et Go- » dron, sur les brisées de M. Jordan, de Lyon, multiplient outre mesure » les espéces, et je crains qu'il ne soit bientót plus possible de se recon- » naître dans les genres nombreux et difficiles. Il est bien de distinguer les » variétés ; mais créer une espéce à chaque déviation accidentelle du type » fondamental me parait un déplorable systéme. » La Flore achevée, j'eus occasion plus tard, en faisant une revue de mon herbier, de noter les espéces omises par Ardoino et qui croissent à Cannes, où j'avais herborisé pendant plusieurs printemps. Il me remercia vivement et je lis dans une de ses lettres : « Si jamais il m'arrive, ce qui » n'est pas probable, d'entreprendre une seconde édition, j'aurai toujours » sous les yeux vos précieuses lettres, surtout les deux dernières et celles » que je vous supplie de m'écrire encore. Et maintenant », ajoutait-il avec SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. XXIII modestie, « que vous avez trouvé une soixantaine de fautes dans une » soixantaine de mes pages, vous reconnaitrez sans doute que vous vous » étiez toujours fait une fausse idée de mon mérite. » Il ne lui a pas été donné malheureusement de faire une seconde édition, qui eüt mieux valu assurément que la première, et il est regrettable que son éditeur, au lieu de profiter des notes qu'on eüt trouvées sans doute dans les papiers d'Ardoino et de prendre l'avis des botanistes du pays, se soit contenté de reproduire littéralement le premier travail de l'auteur. Je n'ai aujourd'hui qu'une partie des notes que j'envoyai dans le temps à mon ami relativement aux plantes de Cannes; mais, depuis trente à quarante ans la ville s'est tellement agrandie, qu'il serait difficile sans doute de retrouver toutes les espéces intéressantes dont les champs voi- sins étaient alors remplis. Les raretés qui me firent le plus de plaisir à cette époque sont le Colchicum provinciale Loret, que je découvris au pied d'une haie prés de la ville, et que Jacques Gay sanctionna depuis ; le Cyperus globosus All., dont quelques pieds se présentèrent à moi au delà de Cannes et prés d'une petite fontaine voisine de la mer; le Medi- cago Soleirolii Duby, sur le talus d'un fossé et prés d'un ponceau, à 2 kilomètres de Cannes, sur la route d'Antibes ; l'Hymenocarpus circi- natus Savi, couvrant un sentier, et dont je donnai 80 exemplaires frais à un botaniste suisse de passage à Cannes, qui le distribua plus tard en laissant croire que c'était lui qui avait découvert cette espèce nouvelle pour le continent francais. Cette plante n'existe point prés de Montpellier, où l'indiquent les auteurs de la Flore de France, et la localité où je l'ai rencontrée à Cannes a dü être détruite, hélas! par les maçons, qui ne sont guére botanistes et dont la truelle est parfois aussi redoutable que la dent des herbivores. J'ai des mêmes lieux, dans mon herbier, le Corrigiola littoralis L., qui est peut-être ce que l'auteur de la Flore nomme C. tele- phiifolia Pourr., à moins que ces deux espéces ne se trouvent l'une et l'autre à Cannes. On a omis aussi dans ce livre Typha Shuttleworthii Koch, Taraxacum levigatum DC., Scandix australis L., etc. En revan- che, j'y vois figurer le Linaria triphylla Mill., qui n 'existait que dans le voisinage des jardins, et le Vulpia setacea Parlat., plante rentrant aujourd’hui dans le genre Loretia que M. Duval-Jouve a bien voulu me dédier, et que j'ai trouvée à Hyères et non pas à Cannes, comme les auteurs de la Flore de France, et aprés eux Ardoino, l'ont dit par erreur. La Société trouvera mieux peut-étre dans les environs de Grasse, qui, sans mériter aujourd'hui la qualification de gueuse parfumée, s'est peu agrandie néanmoins et dont les stations rupestres n'ont pu étre détruites par les constructions. Si l'on ne trouvait pas trop éloignée la solitaire et gracieuse vallée de Thorenc, à laquelle il n'a manqué que des bains et des próneurs étrangers pour lui faire la réputation de celle de Campan, XXIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. qui m'a toujours paru surfaite, on y rencontrerait sans doute comme moi d'intéressantes espèces. Qu'il me suffise de nommer: Cerinthe auricu- lata Ten.; Primula marginata Curt.; Smyrnium perfoliatum L., prés du vieux chàteau oü je fus recu alors par M. Fanton d'Andon; Genista Perreymondi Lois.; Potentilla Saxifraga Ardoino, qu'on pouvait consi- dérer alors comme nouveau pour la France, et sa congénère voisine, le P. alba L., que je communiquai à Ardoino, quoiqu'il voulüt bien accepter par avance ma détermination. J'avais signalé à mon ami le curieux parallélisme qui existe entre les flores de Montpellier et de Menton, parallélisme dont j'ai parlé depuis dans mon introduction à la Flore de Montpellier, p. xxiv, et que j'expo- serai un jour peut-élre plus complétement. « Vos remarques sur le paral- » lélisme dela végétation de Menton et de Montpellier », m'écrivit Ardoino, « m'ont vivement intéressé. Je crois comme vous que les montagnes qui » bornent au nord le littoral méditerranéen doivent étre regardées comme » la cause principale de l'exclusion si singulière chez nous des espèces » ubiquistes. A Albenga, où les montagnes subissent une forte dépression, » puisqu'elles n'atteignent pas 800 métres, on voit apparaitre plusieurs » des plantes que vous me signalez comme absentes de Menton et de » Montpellier. » Quoique ma lettre soit déjà longue, permettez-moi, monsieur le Prési- dent, avant de terminer, d'extraire des nombreuses lettres d'Ardoino, qui presque toutes offrent de l'intérét, quelques observations utiles à men- tionner pour plusieurs botanistes. « Je tiens », m'écrivait-il, « du profes- » seur Moris, que le Vinca acutiflora Bert. est bien le V. media Gren. » et Godr., mais non celui d'Hoffmansegg et Link de Lisbonne... M. Gre- » nier m'a écrit, comme vous, que le Dianthus Godronianus Jord. est le » D. longicaulis Ten.... Quant au Galium tenuifolium All, distin- » guons, s'il vous plait : le G. tenuifolium de la Flore d'Allioni est le » G. corrudefolium de Villars, comme l'a remarqué De Candolle ; mais » le G. tenuifolium de l’herbier d'Allioni est un bel et bon G. rubidum » Jord., ce qui prouve que les herbiers des grands botanistes ne sont pas » toujours des modéles d'exactitude ; vous le savez du reste mieux que » moi, vous qui avez fait, en collaboration avec M. Clos, un si beau travail » sur l'herbier de ce pauvre Lapeyrouse. » Lecture est donnée de la premiére partie d'une étude de M. Malinvaud sur les espèces litigieuses du genre Melica (1). A la fin de la séance, M. Flahault, secrétaire du bureau de la (1) Cette premiére partie a été réunie àla seconde, qui a été lue dans la séance du 20 mai (voyez plus loin, page xcvi. SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. XXV session, fait connaitre à l'assemblée le programme des herborisa- tions qui a été arrété dans la réunion préparatoire de ce jour (1), et il donne à ce sujet diverses explications. SÉANCE DU 13 MAI 1883. PRÉSIDENCE DE M. HECKEL. . La Société se réunit dans la grande salle du laboratoire de la villa Thuret. M. le Président s'exprime en ces termes : Messieurs, Vous venez de parcourir la splendide villa Thuret ; vous avez admiré la savante harmonie de son jardin, son heureuse exposition, et surtout le soin judicieux dont s'est inspiré son créateur dans la recherche et la dis- position des espéces exotiques qu'on y voit prospérer comme dans leur patrie. Vous avez été également frappés de la sollicitude éclairée avec laquelle notre illustre Président d'honneur, M. Naudin, directeur de cette villa, aidé de son excellent jardinier, M. Marchais, conserve à la science ce précieux héritage. Beaucoup d'entre nous, pour ne point parler des étrangers, pourraient vous dire, et je me place dans ce nombre, avec quelle bienveillance M. Naudin se met à la disposition de tous les cher- cheurs qui veulent bien se servir des ressources que leur offre la villa et demander à notre Président les conseils de sa profonde expérience. Maintenant, Messieurs, il convient de nous recueillir un instant en écoutant la lecture du rapport dont M. Henri Vilmorin a bien voulu se charger, et que nul ne pouvait nous présenter avec plus de compétence et d'autorité. | Nous exaninerons ensuite, pour donner satisfaction à un sentiment que plusieurs d’entre vous ont témoigné, si les ressources budgétaires de la villa Thuret sont en concordance avec les besoins d’une appropriation, je ne dirai pas nouvelle, mais plus étendue, au progrès de la science, et nous formulerons tel vœu qui se dégagera de l’impression que nous éprou- (1) Voyez plus haut, page 1v. XXVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. vons tous en voyant ces immenses richesses naturelles accumulées infruc- tueusement en face d'un outillage plus que modeste. L'administration supérieure nous saura certainement gré d’avoir saisi l'occasion de lui présenter, sur une question qui l'intéresse vivement, l'expression d'un sentiment collectif que la compétence toute particuliére de cette assem- blée recommandera à son attention et à sa haute bienveillance. M. le Président donne ensuite la parole à M. Henri Vilmorin, qui s'exprime en ces termes : LA VILLA THURET, par M. Henri VILMORIN. Non loin des embouchures du Var, entre le golfe Jouan et la baie de Nice, s'étend vers le sud une langue de terre presque complétement en- tourée par les eaux bleues de la Méditerranée: c'est la presqu'ile ou cap d'Antibes, un des sites les plus gracieux de la cóte de Provence, si riche pourtant en beautés naturelles. Du sommet des mamelons dont se hérisse la surface rocheuse et ondulée de la presqu'ile, l'oeil découvre un des plus admirables paysages qu'il soit possible de contempler. Tournant le dos à la haute mer, on voit devant soi les plis du terrain s'élever les uns par-dessus les autres, revétus au premier plan de la verdure cendrée des Oliviers, puis de bois sombres que dominent au loin des crêtes âpres et dénudées. A gauche, derrière les iles de Lérins, le massif de l'Esterel pro- file sur le ciel ses sommets élégamment découpés, et à droite, par-dessus la ligne blanche des constructions de Nice, se dressent les hauts sommets des Alpes couverts de neige pendant les trois quarts de l'année. Ce rem- part de hauteurs garantit la campagne d'Antibes des vents glacés du nord; la mer qui l'environne y entretient un climat exceptionnellement doux et égal. En méme temps l'air y est plus chargé d'humidité que sur la plupart des autres points de la côte, où l'extréme chaleur est achetée au prix d'une sécheresse excessive. Le sol, conquis sur le rother par un travail séculaire, est riche et profond ; les nombreuses plantations d'Oran- gers dont le cap est parsemé indiquent bien que la localité est éminem- ment propre à la culture de cette catégorie nombreuse de végétaux, ligneux ou herbacés, qu'on réunit sous la. dénomination générale de plantes d'orangerie. C'est la beauté incomparable de la vue dont on y jouit qui fixa au cap d'Antibes M. Gustave Thuret, amené sur les cótes de Provence par l'état de sasanté. En 1856, il choisit, pour l'emplacement de sa future rési- SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. XXVII dence d'hiver, un terrain situé vers le milieu de la presqu'ile, au pied du monticule qui porte le sanctuaire de Notre-Dame d'Antibes et le phare de la Garoupe, terrain. s'élevant d'un côté jusqu'à l'aréte qui forme la limite entre les deux versants et s'abaissant de là par des pentes assez rapides dans la direction du nord-est, vers la ville d'Antibes et le golfe de Nice. Une addition faite un peu plus tard à la propriété l'étendit jusqu'aux terres basses el fraîches de la Salis, où sont situés les principaux jardins maraichers d'Antibes. Plusieurs des propriétés qui avoisinent la villa Thuret peuvent donner l'idée de ce qu'elle était alors. Des champs de médiocre étendue dans les parties relativement planes, des terrasses superposées partout oü la pente du sol était plus accusée, le tout planté en vignes et en cultures morcelées, avec des lignes d'Oliviers bordant les champs et les terrasses. Le terrain, une fois choisi, fut promptement transformé. L'emplace- ment de l'habitation fut marqué sur le point culminant ; les terrasses firent place à des pentes douces ou rapides, mais toujours harmonieuses. Homme de goût en toutes choses, doué d'un penchant héréditaire pour le jardinage dans toutes ses formes les plus artistiques, connaissant de vue les plus beaux jardins de la France, de l'Angleterre, de l'Italie et de l'Orient, M. G. Thuret chercha dans la création de sa résidence d'Antibes à tirer le meilleur parti des beautés pittoresques du pays encadrées dans une végétation appropriée aux sites; on peut méme dire qu'au début la préoccupation artistique et pittoresque domina pour lui toutes les autres. Mais, savant botaniste et véritable amateur des plantes, il ne pouvait tarder à apprécier les avantages du climat d'Antibes au point de vue de la formation d'une sorte de musée végétal des plantes provenant de pays analogues par leur température aux rivages francais de la Méditerranée. Quand il se fixa à Antibes, M. G. Thuret avait quarante ans. Héritier d'un nom respecté, possesseur d'une belle fortune, il n'avait d'autre ambition que de consacrer le reste de sa vie aux études scientifiques auxquelles il se livrait depuis sa jeunesse. Ce qu'il demandait avant tout à sa nouvelle résidence, c'était la retraite en compagnie de bons amis, le calme, le loisir au milieu des sujets d'étude que lui offriraient son jardin et les rochers de la cóte ; c'était aussi des aspects gracieux et des points de vue variés, lui permettant de satisfaire sans fatigue son goût prononcé pour les grands spectacles de la nature. Pendant que dans un coin du jardin étaient plantés des Pins parasols destinés à former voüte au-dessus de l'échappée par oü l'on voit Nice couronnée de pics neigeux et se reflétant dans l'azur foncé de la mer, d'autres tableaux gracieux ou sévéres étaient ménagés en avant de la ter- rasse qui règne des deux côtés de l'habitation, et du rez-de-chaussée méme de celle-ci la vue pouvait s'étendre sur les deux golfes, tous deux XXVIII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. si beaux, quoique de caractères si différents. Les diverses parties du jardin étaient ensuite disposées, chacune avec son caractére spécial, en vue des groupes de plantes qui s'adaptaient le mieux à chaque exposition differente. Dans le Midi, la plantation d'un jardin n'est pas chose aussi simple que dans nos pays plus frais des environs de Paris. Les sécheresses terribles de l'élé, les intempéries irréguliéres de l'hiver, les vents violents en ioute saison, sont des obstacles contre lesquels on ne lutte pas toujours heureusement. Une des conditions essentielles du succés, c'est la création d'abris sous la protection desquels les végétaux délicats peuvent se déve- lopper et acquérir assez de force pour résister ensuite au vent et aux coups de soleil. Les Oliviers sont, à ce point de vue, des arbres pré- cieux : leur feuillage rare et léger tamise la lumière plutôt qu'il ne l'ar- réte; il empéche l'excessif rayonnement nocturne sans retenir l'eau des pluies, et en méme temps leurs racines n'épuisent pas assez le sol pour qu'on ne puisse cultiver d'autres plantes à leur pied. Tous les Oliviers qui exis- taient sur la propriété, sauf ceux qui se rencontraient sur le passage des allées, furent done conservés avec soin et existent encore pour la plupart. Dans les portions découvertes l'abri fut constitué au moyen de Chénes verts et de Pins d'Alep, arbres rustiques et d'une végétation plus rapide que celle de l'Olivier. Sous ces plantations, destinées à disparaitre aprés avoir rempli leur róle de protection temporaire, furent installés, dans un heureux mélange qui n'excluait pas l'ordre ni la méthode, les divers genres de plantes vi- vaces et d'arbustes à feuillage persistant et à floraison hivernale. Il était inutile, en effet, de planter dans une propriété habitée seulement d'oc- tobre en mai des végétaux fleurissant en été, et, quant aux arbres et arbustes à feuilles caduques, leur mélange avec ceux à feuillage persis- tant eüt été du plus malheureux effet, en suggérant l'idée d'arbres morts au milieu d'autres pleins de vie. Petit à petit vinrent se grouper dans le jardin Thuret les plus beaux Palmiers rustiques de l'ancien et du nouveau monde; une collection choisie de Cycadées; la plupart des Acacias de l'Australie et de la Nou- velle-Zélande ; les Eucalyptus, les Pittosporum, les Rhus, les Bougain- villea ; les Passiflores et les Tacsonia; les diverses espèces d'Orangers et de Citronniers; puis les innombrables Protéacées, Grevillea, Hakea, Banksia, ainsi que de nombreuses espèces d' Agave et d'Aloés, de Sedum et de Mesembrianthemum. Des Coniféres, Pins, Sapins, Cyprés, Arau- caria, y trouvaient aussi leur place, et sous l'ombre épaisse de leur feuil- lage se détachaient gaiement les fleurs éclatantes des Tecoma ou des Rosiers grimpants et celles des innombrables Anémones dont les gazons étaient et sont encore émaillés. SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. XXIX Il faut se souvenir qu'à l'époque où M. Thuret créait son jardin, il n'avait pas encore de modèle à suivre sur cette côte où l'horticulture a fait depuis lors de si grands progrés. De rares introductions faites isolé- ment par des voyageurs et des marins donnaient bien déjà quelques indi- cations sur les plantes qui convenaient le mieux au climat, mais, en somme, presque tous les essais étaient à faire. C'est principalement par la voie des semis que le jardin de M. Thuret a été peuplé, etles espéces à essayer étaient choisies le plus souvent sur les indications des Flores ou des grands ouvrages de botanique horticole, comme le Botanical Magazine et la Flore des serres et des jardins. Beaucoup provenaient d'échanges faits avec les jardins botaniques et d'envois du Muséum d'histoire naturelle de Paris. Toutes ne réussissaient pas, el les registres, admirablement tenus, des expériences faites accusent un chiffre d’insuccès à peu prés égal à celui des résultats heureux. Il serait fort intéressant d'en avoir la liste, dont la connaissance dispenserait bien des amateurs du littoral de recommencer en pure perte des essais longs et coüteux. Au bout de quelques années, la transformation de la propriété en un jardin féerique était compléte. Les arbres du pourtour avaient grandi, formant une muraille de verdure qui l'isolait de tout voisinage immédiat, et en faisait, suivant l'expression de Georges Sand, qui a consacré à la description du jardin Thuret une page admirable (1), un vallon fermé par delà les bords boisés duquel on ne voyait que la Méditerranée etla chaine des Alpes. Pour le voyageur, amateur des beautés naturelles, la villa Thuret était dés lors une merveille; pour le botaniste, c'était un écrin précieux renfermant des trésors. C'est que le créateur de ce beau domaine, en méme temps qu'il cher- chait à étendre ses collections, se préoccupait avec raison de les tenir tou- jours dans l'ordre le plus parfait et d'avoir toutes ses plantes correcte- ment nommées. L'étude de tous les catalogues botaniques et commer- ciaux, la comparaison de chaque plante reçue ou obtenue de semis avec la description et les figures authentiques, l'étiquetage définitif de chaque végétal mis en place, la révision annuelle des collections, constituaient un travail considérable, surtout si l'on réfléchit qu'il s'ajoutait à ces recher- ches laborieuses sur les Algues qui ont fait l'objet de tant de communica- tions intéressantes. Le temps ni les forces d'un seul homme n'auraient pas suffi à cette double tàche. Heureusement M. G. Thuret avait auprés de lui le savant collabora- teur et l'ami dévoué, compagnon fidéle de sa vie el de ses travaux, M. le docteur Ed. Bornet, que la Société de botanique étail heureuse, (1) Voyez Revue des deux mondes, numéro du 15 juillet 1868, p. 380. XXX SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. l'année derniére, de saluer comme son président. Le travail commun se divisait entre les deux amis, aussi instruits, aussi judicieux, aussi scrupu- Jeusement exacts l'un que l'autre, et, grâce à ce concours soutenu de deux intelligences d'élite, l'œuvre commune progressait constamment, aussi bien dans le domaine de la science pure que dans celui de la botanique expérimentale et de l'horticulture scientifique. La trés grande part per- sonnelle prise par MM. Thuret et Bornet à tous les travaux de création et d'entretien des collections explique comment un résultat aussi complet a pu étre obtenu relativement à aussi peu de frais ; tellement, qu'en admi- rant leur création commune, on ne sait si l’on doit s'étonner davantage de la perfection de l’œuvre, ou de la simplicité et de la modicité des moyens employés pour l'accomplir. Mais, hélas ! rien n'est complétement durable en ce monde. Aprés avoir fait de son jardin un des joyaux du littoral ; aprés y avoir recu la visite de nombreux savants français et étrangers, de voyageurs illustres et d'ama- teurs distingués devant qui s’ouvraient gracieusement les portes fermées seulement à la curiosité banale, M. Thuret fut enlevé presque subitement, le 10 mai 1875, à l'affection de sa famille et de ses amis et à la sympathie universelle du monde scientifique. Il n'entre pas dans notre plan de redire le tribut de louanges qui fut payé alors dans toute l'Europe à son mérite et à son caractére. Plusieurs voix s’élevèrent alors, mais aucune avec plus d'autorité que celle de son ami et collaborateur M. le docteur Bornet (1), pour faire connaitre le large esprit et le grand cœur de celui qui, modeste autant que savant, venait de mourir presque incounu du publie, sauf de quelques intimes qui voyaient en lui un maitre. Certes sa mémoire fut alors dignement ho- horée ; mais l'hommage le plus éclatant et le plus honorable ne lui fut rendu que plus tard, lorsque sa famille et ses amis, réunis dans une méme pensée de pieux souvenir et de dévouement à la science, assurérent la perpétuité de sa belle création d'Antibes. Faire de son jardin un éta- blissement public d'instruction, voilà le plus beau monument qu'on pou- vait élever au botaniste et au savant. C'est ce qui fut fait. M. Thuret avait dans sa famille une personne d'un esprit élevé et ou- vert aux grandes choses. M"* Henri Thuret, éloignée de Paris par les funestes événements de l'année 1870, avait passé l'hiver de la guerre à Antibes, du mois de décembre au mois d'avril, au milieu des riches col - lections, alors dans tout leur éclat, de la propriété de son beau-frére. L'impression produite sur elle par cette création fut profonde et durable ; aussi, quand cinq ans plus tard on put craindre que la villa Thuret, pas- (1) Voyez la Notice biographique sur M. G. Thuret, Annales des sciences naturelles, 6° série, 1875, Bor. t. II, p. 308. SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. XXXI sant des mains du frère de son fondateur dans celles d'étrangers, ne vint à être perdue pour les études botaniques et horticoles, M"* Henri Thuret pensa-t-elle immédiatement à assurer la conservation de ce monument des travaux et des recherches de son beau-frère. Après qu'on eut essayé de diverses combinaisons successivement aban- données, des négociations furent entamées avec le Ministére de l'instruc- tion publique en vue de l'acquisition de la propriété par l'État et de sa transformation en un établissement d'études supérieures. Mais le Ministre d'alors, ménager des deniers de l'État, hésitait à entreprendre une création qui impliquait une charge pour le budget. C'est alors que M": H. Thuret fit don de la somme nécessaire pour acheter la villa Thuret, somme fixée à 200 000 francs, et nelaissa de la sorte au Ministre que la charge des dépenses annuelles de personnel et d'entretien. Il fallut de longues et patientes négociations pour mener l'affaire à bonne fin. M.le docteur Bornet, que l'on trouve toujours quand il s'agit de bien à faire ou de services à rendre, s'y employa plus que personne ; enfin, grâce à la bienveillance de M. du Mesnil, directeur de l'enseigne- ment supérieur, toutes les difficultés furent successivement levées. Un traité définitif fut signé le 24 octobre 1877, faisant de la villa Thuret un établissement de l’État sous le titre de Laboratoire d'enseignement supé- rieur, attaché comme annexe à l'enseignement des chaires de botanique et de culture des Facultés et du Muséum d'histoire naturelle de Paris, et la dotation fut acceptée par décret du 8 novembre 1877, inséré au Journal officiel du 10 du méme mois. Délégué provisoirement dans la fonction de directeur du nouvel éta- blissement, M. le docteur Bornet fut chargé de prendre possession de la villa Thuret au nom du Ministre de l'instruction publique, de l'organiser à nouveau et d'en préparer le réglement. Sur sa demande, il fut relevé de cette fonction aussitót que la maison fut préte à recevoir son directeur définitif. Mais en quittant la villa, il ne se désintéressa point de ce qui s'y passait. Il savait que le laboratoire était bien dépourvu, qu'on n'y trou- vait ni bibliothèque, ni herbier. Héritier des livres et des collections de M. Thuret, il sut, malgré ses goüts de bibliophile, en détacher un choix d'ouvrages magnifiques de botanique illustrée (356 volumes contenant prés de 20000 planches), qu'il joignit à l'herbier phanérogamique pour en faire don àla villa Thuret. La donation fut acceptée par décret du 23 juin 1879. Il abandonna, entre autres ouvrages principaux, ceux de Jacquin, le Botanical Magazine, le Botanical Register, la Flore des serres et des jardins de l'Europe, ouvrages dont la valeur cominerciale représente une fraction considérable de la somme donnée par M"* Thuret. Il est bien juste que les savants et les amateurs qui les trouvent et en XXXII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. peuvent user à la villa Thuret sachent à qui ils sont redevables de ces guides presque indispensables pour la détermination des plantes du jardin. Acquis par l'État, pourvu des ouvrages nécessaires aux recherches, le laboratoire de la villa Thuret devait étre mis entre les mains d'un direc- teur capable d'en tirer tout le parti qu'on était en droit d'en attendre. Le choix eüt peut-étre présenté des difficultés, si les circonstances n'avaient semblé au contraire le déterminer de la façon la plus évidente. Il se trou- vait à ce moment, dans le midi de la France, éloigné de Paris par son état de santé, un savant botaniste, membre de l'Institut, M. Ch. Naudin, à qui l'élévation de son esprit et l'originalité de ses recherches faisaient une place éminente dans la science. M. Decaisne, professeur au Jardin des plantes, qui connaissait et appréciait M. Naudin, l'ayant eu longtemps pour collaborateur, le proposa et le fit accepter comme directeur de la villa Thuret. On ne pouvait souhaiter mieux. D'une part c'était meltre àla téte d'une création nouvelle un esprit large et ouvert, capable d'en comprendre toute l'utilité et de la diriger vers son but véritable, et de l'autre c'était donner à un des expérimentateurs les plus habiles et les plus entreprenants de notre temps un champ d'études digne de son acti- vité. La suite a montré combien le choix du Ministre avait été heureux. Les relations personnelles de M. Naudin avec presque tous les jardins botaniques du monde, son assiduité à se tenir au courant de tous les pro- grés dela botanique et de l'horticulture en France et à l'étranger, ont fait depuis cinq ans affluer à la villa Thuret directement, au moins autant que par l'intermédiaire du Muséum, toutes les espéces ou races de végétaux qui peuvent avoir un intérét pour le midi de la France, et celles dónt l'étude peut se faire aux bords de la Méditerranée mieux que sous un autre climat. Grâce à des dons nombreux et à de fréquents échanges, les collections n'ont pas cessé de s'accroitre; et si la culture de quelques espèces a dû être abandonnée, celles-là ont été remplacées par des intro- ductions nouvelles en plus grand nombre. Outre ses études de toute sorte sur les plantes nouvelles et ses obser- vations météorologiques et climatologiques, M. Naudin a entrepris, depuis qu'il est à la villa Thuret, un travail de longue haleine, qui promet d’être aussi utile pour l'État et pour les particuliers qu 'il est pour l'auteur hé- rissé de difficultés. Nous voulons parler de la révision des Eucalyptus et de leur classification et description. A peine entrées depuis trente ans dans la pratique des plantations forestiéres, ces précieuses Myrtacées de l'Océanie sont. actuellement l'objet d'un engouement bien justifié. Mais, dans ce genre comme ailleurs, il y a à choisir, et toutes les espéces ne con- viennent pas également bien à tous les terrains ni à tous les emplois. Malheureusement et en dépit des efforts les plus consciencieux, une grande confusion régne dans la nomenclature des Eucalyptus, et cela SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. XXXIII méme dans les ouvrages botaniques, qui devraient servir de guide aux importateurs de graines et aux pépiniéristes. La grande variabilité des caractères d'une méme espèce depuis le plus jeune âge jusqu'à l’âge adulte est une des grandes causes de l'obscurité qui règne dans l’histoire de beaucoup d'Euealyptus. Pour les connaitre à fond, il faut voir germer, grandir, fleurir et fructifier chaque espèce. C’est ce travail de patience que M. Naudin n'a pas craint d'entreprendre : au prix de longues re- cherches en Provence et en Algérie, ainsi que par correspondance, il a réuni à la villa Thuret environ 130 espèces ou formes distinctes d’ Eu- calyptus, dont une bonne partie a déjà fructifié et dont l'étude compara- tive lui fournira les matériaux d'un travail qui sera aussi intéressant pour le botaniste qu'instructif pour le planteur. La visite que la Société va faire des jardins de la villa Thuret lui montrera qu'ils continuent à mériter leur ancienne réputation et sont toujours les plus soignés et les mieux tenus du cap d'Antibes. Peu de propriétés, méme à Cannes et à Nice, peuvent rivaliser sous ce rapport avec la villa Thuret, et ici le directeur est grandement assisté par le jar- dinier en chef, M. Marchais, aussi habile semeur et multiplicateur que connaisseur consommé de la flore provençale spontanée et introduite. Et pourtant, jusqu'à ces derniers temps, tenir le jardin frais et vert en toutes saisons n'était pas chose aisée ; on peut dire qu'il y fallait des pro- diges de soin et d'habileté prévoyante, car en été l'eau manquait absolu- ment et ne pouvait étre obtenue qu'à grands frais et en quantités fort insuffisantes. L'année derniére il a pu étre installé un service de distri- bution d'eau qui porte la fraicheur et la fécondité dans le jardin tout entier.. On doit espérer que cette amélioration ne restera pas isolée, et qu'il pourra étre fait plus encore pour un établissement qui le mérite si bien à tous égards. [l n'est pas possible de faire dans une après-midi, quelque bien employée qu'elle soit, l'inventaire de toutes les richesses végétales de la villa Thuret, et la seconde partie de cette notice, qui sera consacrée à l'énumération des principaux végétaux de l'établissement, n'en pourra signaler que les plus remarquables. Elle est surtout destinée à renseigner ceux de nos collégues et des lecteurs du Bulletin qui n'ont pu prendre part à la session actuelle. Quant à ceux qui sont présents, un quart d'heure de promenade leur en apprendra plus que toutes mes descriptions. IT Le visiteur qui entre dans le grand jardin de la villa Thuret par la grille principale, celle qui s'ouvre sur la route du Cap, au bas du parce et en face de l'entrée du potager, se trouve entouré dés les premiers pas par T. XXX. XXXIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. la végétation spéciale dont on a cherché à réunir là les principaux repré- sentants. Ce ne sont, tout à l’entour, qu'arbres et arbustes à feuilles per- sistantes, entremélés de Palmiers, garnis de plantes grimpantes et for- mant des massifs qui sont bordés sur le devant d'une double ou triple rangée de plantes fleuries presque en toute saison. Une large allée tournante monte de l'entrée vers l'habitation, que l'on ne découvre pas avant d'étre parvenu au moins aux deux tiers du chemin. On remarque, surtout dans le massif de droite, de superbes exemplaires de Photinia ser- rulata Lindl. (Cratægus glabra Thunb.), de Myrsine africana Lin. Quelques Oliviers, conservés comme abris, sont garnis de Roses Banks de Fortune, de Muhlenbeckia complexa Meissn. et d'Ephedra altissima Desf. Le sous-bois du massif est composé de Buddleia americana L. et salvifolia Lamk, d'Arbutus andrachnoides Link, d'Adenocarpus grandiflorus Boiss., de Viburnum cotinifolium Don, de Gardoquia Gilliesii Grah., de Myoporum ellipticum R. Br., d’Elæodendron cro- ceum DC., au-dessus desquels s'élèvent des Acacia dealbata Link, decurrens Willd., retinodes Schlecht., acuminata Benth., Melano- a:ylon R. Br., et des Eucalyptus Globulus Labill., cinerea F. Müller et concolor Schauer. Sur les bords du massif, ou se dressant au-dessus du . feuillage, on remarque les Cordyline ensifolia Hort., indivisa Steud. et congesta Steud.;le Sabal havanensis, qui supporte parfaitement les hivers; le Yucca Itzotl; les Abutilon striatum Hort., venosum Hook. et vexillarium Morren; enfin, caché dans l'ombre près du mur de clôture, le trés curieux Corokia Cotoneaster Raoul. Le massif de gauche en entrant, composé en général de plus grands arbres, n'est pas moins riche en espèces rares et intéressantes. On y remarque : Arbutus coccinea Hort. Pittosporum eugenioides Cunn. — Andrachne L. Chilianthus arboreus Benth. Phyllocladus trichomanoides Don. Lithræa venenosa Miers. Rhus lucida L. Lippia ligustrina Hort. Thur. Melaleuca Preissiana Schauer. Jasminum heterophyllum Roxb. Diosma alba Thunb. Panax aculeatum Ait. Pittosporum revolutum Ait. Garrya elliptica Dougl. — Mayi Hügel. — macrophylla Hort. — tenuifolium Gertn. | au-dessus desquels s’élèvent : Acer oblongum Wall. Gingko biloba L. Libocedrus decurrens Torr. Quercus Mirbeckii Durieu. Eucalyptus pendula Cunn. — populifolia Desf. Au bord du massif : Dasylirion longifolium Zucc. | Erianthus Ravennæ P. Beauv. Yucca Treculeana Garr. SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. XXXV Dépassant l'allée transversale qui coupe l'allée principale vers le tiers de sa longueur, on trouve à gauche un massif étendu qui renferme la plupart des plus grands arbres de la villa Thuret. C'est là que se trou- vent deux ou trois pieds d'Eucalyptus Globulus, qui, bien qu'àgés de vingt-cinq à vingt-six ans à peine, peuvent faire l'effet d'arbres cente- naires; ils forment une futaie imposante, associés à Eucalyptus viminalis Labill. — melliodora Cunn. Acacia dealbata Link. — mollissima Willd. Angophora lanceolata Cav. Alnus cordifolia Ten. Quercus rubra L. Pinus sabiniana Dougl. — leiophylla Schied. et Deppe. — pyrenaica Lap. En dessous de ces grands arbres s'entreméle une variété presque infinie d'arbrisseaux et d'arbustes curieux : Quercus virens Ait. — glauca Thunb. — glabra Thunb. Ceanothus azureus Desf. Hakea semiplana F. Müll. — saligna R. Br. Elæagnus reflexa Decsne. Osmanthus fragrans Lour. Celastrus edulis Vahl. Tarchonanthus camphoratus L. Juniperus flaccida Schlecht. — excelsa Willd. Juniperus drupacea Labill. Callistemon salignus DC. Podocarpus Totara Don. — macrophylla Don. — neriifolia Don. Ficus rubiginosa Desf. Melianthus major L. — comosus L. Cliffortia ilicifolia L. Magnolia grandiflora L. Melaleuca fulgens R. Br. Sur le bord méme de l'allée on remarque : Ruscus Hypoglossum L. — Hypophyllum L. — racemosus L. — androgynus L. Acacia cultriformis Hook. — obliqua Desv. — pravissima F. Müll. et le Malva f ragrans Jacq., presque constamment couvert de ses jolies fleurs roses. Au bout de ce massif s'ouvre vers la gauche une large percée qui laisse entrevoir l'habitation drapée dans ses Lianes fleuries et le massif de Pins parasols qui domine tout le jardin. En face, de l'autre cóté de l'allée, s'étend une rocaille garnie de plantes qui s'appuie à un massif épais composé surtout de Coniféres : Cupressus sempervirens (sous ses deux for- mes : horizontalis Mill., fastigiata DC.). — funebris Endl. — Corneyana Knight. — Goweniana Gord. — torulosa Don. — excelsa Royle. Juniperus thurifera L. Pinus sabiniana Dougl. — halepensis Mill. — devoniana Lindl. — longifolia Roxb. Thuia Menziesii Dougl. Libocedrus decurrens Torr. XXXVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. A ces arbres résineux sont mêlés quelques arbustes d'autres familles : Azara Gilliesii Hook. et Arn. Rhus aromatica Ait. — integrifolia R. et Pav. Cassia Sophera L. Après l’échappée sur le gazon dont il vient d’être question, on longe sur la gauche, en continuant à suivre l'allée, un nouveau massif composé surtout d'arbustes de taille médiocre : Garuga pinnata Roxb. Lippia ligustrina Hort. Thur. Genista ramosissima Poir. Jasminum heterophyllum Roxb. Tristania laurina R. Pr. Escallonia floribunda H. et B. Baccharis xalapensis H. et B. — pteroclada Hook. Rhus incisa Thunb. Viburnum Awafussi Hort. Berberis tenuifolia Lindl. Beschorneria yuccoides Hook. Arbutus longifolia Loisel. Brusquement les deux massifs qui côtoyaient l’allée se terminent et sont remplacés par des tapis de gazon ; entre ceux-ci et l’allée elle-même, de petits parterres garnis en toutes saisons de plantes fleuries entourent le pied des Dattiers et des grands Orangers qui forment avenue jusqu’à la maison elle-même. Rien n’est plus pittoresque et plus original que cette allée sur laquelle forment voûte les longues feuilles des Dattiers et que sa courbe fait paraître bien plus longue qu’elle ne l’est en réalité. Les petits jardinets qui la bordent, toujours parfaitement entretenus, offrent aux amateurs une foule de jolies plantes annuelles et vivaces peu connues dans les jardins du nord de la France. Au pied même de la maison, et à main gauche du visiteur qui s’ap- proche de la porte d'entrée, est un massif formé de quelques-unes des plantes lesplus rares du jardin. C’est là qu’on remarque entre autres l'Aca- cia glaucoptera Benth., une des plus curieuses espèces du genre, dont les phyllodes longuement décurrents sur les rameaux portent des fleurs jaune foncé réunies en groupes sphériques plus petits que ceux del'Acacia Farnesiana Willd.; le Jacaranda mimosæfolia Don, arbre des bords de l'Amazone, qui vit et fleurit à Antibes; l'Euclea undulata Thunb ., au feuillage touffu toujours vert et toujours frais; l'Hakea florida R. Br., l'Eleodendron croceum Dec.; et sur le devant l Aloe soccotrina Lamk, le Senecio præcox DC., le Grevillea Thelemanniana Hügel, et l'Aloe Hanburyana ou roseo-cincta Haw. A droite de la porte méme, un im- mense Agave coccinea Roezl, un Aloe fruticosa Lamk aux mille bran- ches, et un spécimen, unique en son genre, d'Aloe ferox Lamk, forment un groupe des plus remarquables. C'est du fond méme de ces deux massifs que partent les plantes grimpantes dont la maison est toute tapissée sur cette face : Aloe ciliaris Haw.,Tecoma australis R. Br., Bougainvillea spectabilis Willd., Disemma coccinea DC., etune superbe Passiflore non déterminée, à feuilles d'Aristoloche. SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. XXXVII A ces belles Lianes viennent s'entrelacer les rameaux de Rosiers de Banks à fleur blanche, d'Holbellia latifolia Willd., d'Akebia quinata Decne, de Jasminum revolutum Sims, et de Solanum jasminoides Paxt., plantés sur deux autres faces de l'habitation. Grâce à la douceur du climat, entretenue par le voisinage de la mer, la floraison de ces plantes grimpantes est à peu prés perpétuelle, de sorte que la verdure toujours fraiche dont elles entourent la villa est presque constamment relevée par le contraste de leurs fleurs aux couleurs variées. Comme on a pu s'en rendre compte par la description précédente, les massifs viennent toucher et presque entourer la villa; outre l'espace libre en face de la porte d'entrée, il n'y a d'étendue sans plantation qu'au nord-ouest et au nord-est. Dans ces deux directions s'étendent des pe- louses d'inégale étendue, mais toutes deux parsemées d'arbres rares ou curieux. Sur celle du nord-ouest qui s'étend entre l'allée des Dattiers et ` les massifs, on remarque un splendide Jubæa spectabilis H. et B., qui est aux yeux de beaucoup d'amateurs la plante la plus remarquable du jardin. Agé de vingt-cinq ans environ, ce magnifique Palmier mesure plus de 4 mètres de circonférence, et le stipe, plus gros qu'un tonneau de belle taille, est déjà dénudé sur un mètre au moins de hauteur. On voit autour de lui de plus jeunes spécimens de Brahea filamentosa et Rezlii, de Cocos australis Mart., et diverses variétés du Chamerops humilis, dont une fort curieuse par la disposition des pinnules de ses feuilles, qui forment un soleil complet, celles de droite et de gauche se réunissant sur le pétiole méme de la feuille. Non loin de ces Palmiers, est un fort beau spécimen d'Araucaria Bidwillii Hook., un Cedrus atlantica Manetti, un Podocarpus neriifolia Don, un trés grand Pinus canariensis Sm. et un groupe remarquable de Yucca filamentosa L., ayantdes troncs de 3 mètres de hauteur. La pelouse s'étend de l'autre côté encore de la grande allée, et présente, entre autres objets intéressants, une collection de Cycadées, parmi lesquelles il y a lieu de citer de trés beaux échantillons de Cycas revoluta Thunb., les Encephalartos cafer Lehm. et Lehmanni Lehm. et un Dioon edule Lindl. qui a bien résisté aux derniers froids. Quelques Palmiers dispersés sur ce gazon sont encore à citer : le Sabal Adan- soni Guers., Livistona australis Mart., Chamærops Fortunei Hook. et Phonix microphylla; et enfin un Yucca de Smetiana se fait remar- quer par sa jolie panachure, et un Yucca longifolia Karw. par la hau- leur de son tronc. La pelouse qui s'étend vers le nord-est, celle au-dessus de laquelle on voit la ville d'Antibes et la chaine des Alpes,est moins garnie d'arbres ; on n'y voit guére que quelques Coniféres, remarquables pour la plupart par leur grande dimension. Vers le milieu est un Cupressus macro- carpa Hartw. de grande taille et de l'effet le plus imposant. Plus bas ' XXXVIII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. on remarque plusieurs Abies Pinsapo Boiss., un Cedrus atlantica Man., un Cupressus funebris Endl., un Actinostrobus pyramidalis Miq., des Juniperus excelsa Willd. et Oxycedrus L. En continuant à descendre la pelouse pour rejoindre l'allée d'arrivée, on trouve encore quelques beaux spécimens de Conifères : un remarquable Cupressus lusitanica Mill., un Abies Morinda Nels., plusieurs Abies cilicica Carr., et quelques beaux Palmiers : Chamærops macrocarpa et autres variétés de humilis, Phænix tenuis (reclinata), et un groupe de formes diverses du Phænix dactylifera. Entre ces différents arbres sont semées des touffes de Férule dont le feuillage finement découpé et les grandes tiges florales produisent au printemps un effet ornemental des plus heureux. La pelouse dont nous venons de parler s’étend à main droite, quand on regarde le nord, bien au delà de la maison d'habitation ; elle est plantée, dans sa partie supérieure, d'un bois de Pins parasols destinés, dans la pensée de M. Thuret, à former une voùte de verdure opaque en dessous de laquelle le golfe de Nice et les Alpes éclairées parle soleil formeraient un tableau d'autant plus éclatant quele spectateur pourrait l'admirer du fond d'une ombre plus épaisse. Ces arbres sont déjà grands et produisent, dans une certaine mesure, sinon complétement, l'effet qu'on attendait d'eux; leurs cimes commencent à se rejoindre et à donner un ombrage touffu. De la plantation de Pins parasols une large allée redescend vers la porte d'entrée, complétant le circuit dont nous supposons que le visiteur a déjà accompli la moitié. Nous dirons tout à l'heure quelles richesses végétales on cótoie en la suivant; il nous reste avant cela à parler des plantations qui forment le pourtour du jardin vers le sud et entourent de ce cóté la maison d'un mur de verdure. La premiére des pelouses dont nous avons parlé ne s'étend pas jusqu'aux limites du jardin ; elle est sé- parée du mur de clôture par une plantation dans laquelle on remarque, au milieu de plantes précédemment citées, les : Banksia integrifolia L. Tamarix (diverses espèces). Dammara australis Lamb. Polygala umbellata Thunb. Myrsine Urvillei DC. Hypericum canariense L. Dombeya natalensis Sond. Pittosporum coriaceum Ait. Grevillea glabrata Meissn. — revolutum DC. Leptospermum lanigerum Ait. — eugenioides Cunn. Cerasus caroliniana Mich. En se rapprochant de la maison d'habitation, cette bordure d'arbres et d'arbustes s'élargit beaucoup, et devient un véritable massif où l'on doit citer particuliérement les espéces suivantes. Parmi les arbres d'une certaine taille : Acer oblongum Wall. Angophora lanceolata Cav. var. hirsuta. Eucalyptus cornuta Labill. Araucaria Cookii R. Br. Acacia capensis Burch. Brachychiton populneum R. Br., etc. SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. XXXIX Parmi les grands arbustes : Halleria lucida L. Bambusa mitis Poir. Banksia marcescens R. Br. Coprosma lucida Forst. Malva umbellata Cav. Olinia capensis Klotzsch. Agonis flexuosa Schauer. Melaleuca Wilsoni F. Muell. Acacia bonariensis Gill. — linearis Ker. Acacia aspera Lindl. Hakea semiplana F. Muell. Yucca conspicua Haw. Litsæa glauca Nees. toyena lucida L. Pittosporum crassifolium Soland. Barnadesia spinosa L. fil. Ceanothus africanus L. Berberis trifoliata Hartw. Au bord du massif et le long du sentier qui le traverse, quelques jolies plantes ou petits arbustes fleurissant : Hakea Victoriæ Drumm. Edwardsia chilensis Miers. Duranta Plumierii L. Oxypetalum cæruleum Decsne. Cantua dependens Pers. — pirifolia Juss. Malvaviscus mollis Dec. Visnea Moccanera L. fil. Au delà d'une grille qui, tout près de la maison, donne entrée dans le jardin en venant du petit chemin de Saramartel, la ceinture de planta- tions se continue au sud en revenant vers la grande route du Cap; le massif N s'étend en cet endroit depuis la limite de la propriété jusqu'à la maison elle-méme. C'est dans sa portion la plus large que l'on a caché le réservoir des eaux d'arrosement, R. Dans ce massif, qui est assez étendu, ont été plantés en grand nombre de jeunes Eucalyptus, qui pour la plu- part ne sont pas encore déterminés, mais ils se trouvent associés à de nombreux arbres et arbustes divers dont la plantation remonte à la créa- tion du jardin. Il convient de citer dans celte partie quelques beaux ar- bres déjà grands : un Acacia dealbata Link, un Grevillea rohusta Cunn., un Eucalyptus concolor Schau., et un Abies cilicica Carr., qui do- mine déjà toute la plantation. Signalons en outre : Chilianthus arboreus Benth. Rhus glauca Desf. : f Aberia cafra Hook et Harv. — incisa Thunb. Edwardsia grandiflora Salisb. Melaleuca hypericifolia Smith. — violacea Schauer. — linariæfolia Smith. — diosmæfolia Andr. — densa R. Br. Evonymus fimbriatus Wall. Aralia trifoliata Meyen. Stranvesia glaucescens Lindl. Buxus balearica Lamk. Dodonæa attenuata Cunn. Tetranthera japonica Spr. Eugenia myrtifolia Ker. Mimosa acanthocarpa Benth. Parmi les plantes grimpantes, il faut mentionner : Ephedra altissima Desf. Plumbago capensis Thunb. Parmi les plantes fleurissant : Buddleia madagascariensis Lamk. XL SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Jasminum odoratissimum £L. Escallonia rubra Pers. — macrantha Hook. Cassia eremophylla Cunn. Cheiranthus Delileanus Hort. — mutabilis L’ Hér. Penstemon Lobbii Hort. De l'angle sud-est du jardin où ce massif nous a amené, il en part un autre, O, qui longe la route du Cap, s'étendant entre elle et l'allée descen- dante qui a été mentionnée tout à l'heure. En suivant cette allée, on trouve à sa droite : Baccharis halimifolia L. Fabricia myrtifolia Hort. Laurus canariensis Willd. . Duvaua dependens DC. Teucrium fruticans L. Callistemon salignus DC. Quillaja Saponaria Poir. (l'arbre au savon, qui donne l'écorce dite de Panama). Callitris quadrivalvis Vent. Acacia longifolia Willd. — verticillata Willd. — exsudans Lindl. — cyanophylla Benth. — retinodes Schlecht. — prominens Cunn. — salicina Lindl. Sur le bord méme de l'allée : Medicago arborea L. Teucrium fruticans L. Correa alba Andrews. Spirea Reevesiana Lindl. Lycium rigidum Thunb. Eriocephalus africanus L. Freylinia cestroides Colla. Une étroite allée qui descend de la maison en coupant la grande pe- louse sépare la portion inférieure de ce massif d'avec le masssif G, l'un de ceux qu'on rencontre en entrant par la grille principale; vers l'extré- mité de celui-ci, se trouve une cuvette oblongue faite pour recevoir les eaux de pluie amenées par toutes les rigoles du jardin, et garnie de quel- ques plantes aquatiques parmi lesquelles le Jussiæa grandiflora Mich. parait seul s'étre vraiment naturalisé. Entre l'allée que l'on vient de suivre et la grande pelouse, s'étend un des massifs qui renferme le plus de plantes intéressantes, S. On y remarque, entre autres, un grand nombre d'Acacias : Acacia pycnantha Benth. — iteaphylla F. Müll. — decurrens Willd. — dodonæifolia Willd. — acinacea Lindl. — lineata Cunn. — calamifolia Sweet. — imbricata F. Müll. — nematophylla F. Müll. Abelia triflora R. Br. Callistemon amoenus Lemaire. Cocculus laurifolius DC. Hakea purpurea Hook. Cotoneaster lanata Link. Coprosma Baueriana Endl. Genista ætnensis DC. Ephedra distachya L. Brachychiton acerifolium F. Müll. Agonis flexuosa Schauer. Melaleuca abietina Smith. — cuticularis Labill. — incana R. Br. Lippia chamædrifolia Steud. Grevillea rosmarinifolia Cunn. Hypericum balearicum L. Raphiolepis ovata Lindl. Philadelphus mexicanus Schlecht. Berberis Darwinii Hook. — Wallichiana DC. ` Cerasus ilicifolia Nutt. Citriobatus multiflorus Cunn. Pistacia alantica Desf. SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. XLI Le visiteur qui aurait accompli toute la tournée que nous venons de supposer n'aurait pas encore vu complètement pour cela le grand jardin de la villa Thuret; il aurait laissé sur sa droite une large bande comprise entre la grande allée qu'il a parcourue tout d'abord et les limites du jardin vers le nord-ouest : c'est justement dans cette portion qu'ont été réunies les plus importantes collections de plantes grasses. Pour les visiter, il faut quitter vers son milieu la grande allée des Dattiers, et prendre un sentier qui se dirige au couchant: on arrive promptement à des rocailles étagées, T, disposées en plusieurs groupes et garnies de plantes succulentes de différentes espéces. En donner la liste compléte nous entraînerait trop loin ; nous citerons simplement les plus intéres- santes, en les groupant par familles et par genres : LILIACÉES. Aloe soccotrina Lamk. — suberecta Haw. Dasylirion filifolium. — umbellata DC. — glaucophyllum Hook. — virens Haw. — gracile Zucc. — vulgaris Lamk. Gasteria acinacifolia Haw. — angulata Haw. — Hartwegianum Zucc. — longifolium Zucc. — quadrangulatum. — angustifolia Haw. — robustum. — brachyphylla Salm. — serratifolium. — candicans Haw. — strictum. — carinata Haw. — tenuifolium. — elongata Salm. Beaucarnea stricta Lemaire. — ensifolia Haw. Dianella cærulea Sims. — excavata Haw. — divaricata R. Br. — glabra Haw. — elegans Kunth et Bouché. — maculata Haw. — longifolia R. Br. — nigricans Haw. — revoluta R. Br. — nitida Haw. — scabra Lodd. | — obtusifolia Haw. Bulbine frutescens Willd. Aloe albo-cincta Haw. — arborescens Mill. — cæsia Salm. — chinensis Haw. — ciliaris Haw. — Commelini Willd. — depressa Haw. — distans Haw. — echinata Willd. — frutescens Salm. — glauca Mill. — incurva Haw. — mitræformis Willd. — nobilis Haw. — obscura Mill. — plicatilis Mil. — pluridens Haw. — purpurascens Haw. — roseo-cincta. — rubescens DC. pulchra Haw. scaberrima Salm. subcarinata Haw. trigona Haw. verrucosa Mill. vittata Schult. Haworthia altilinea Haw. — — — — arachnoides Thunb. atrovirens DC. attenuata Haw. clariperla Haw. coarctata Haw. cymbiformis Schrad. fasciata Haw. granata Haw. lætevirens Haw. limpida Haw. margaritifera Haw. mirabilis Haw. parva Haw. Radula Haw. XLII Haworthia reticulata Haw. — rigida Haw. sordida Haw. subattenuata Salm. subrigida Schult. torquata Haw. tortuosa Haw. translucens Haw. turgida Haw. viscosa Haw. Yucca aloifolia L. (avec la variété foliis variegatis). — baccata Torrey. Bolanderi. conspicua Haw. — cornuta. — De Smetiana Hort. — filamentosa L. flaccida Haw. flexilis Car. gloriosa L. Itzotl. lineata. quadricolor Hort. AMARYLLIDÉES. Agave americana L. — var. mediopicta. angustifolia Haw. applanata Hort. Celsiana Hook. coccinea Hort. filifera Salm. heteracantha Zucc. micracantha Salm. potatorum Zucc. schidigera Lemaire. Scolymus Karw. striata Zucc. univittata Haw. xylinacantha Lemaire. Fourcroya aspera ftem. — gigantea Vent. — tomentosa. — tuberosa Ait. HÉMODORACÉES. Anigosanthus flavida Red. — rufa Labill. BROMÉLIACÉES. Dyckia brevifolia. — Mazeli. — remotiflora Olto et Dietr. COMPOSÉES. Kleinia articulata Haw. — ficoides Haw. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Kleinia Haworthii DC. — repens Haw. — tropæolifolia. Senecio præcox DC. — pyramidatus DC. ASCLÉPIADÉES. Ceropegia stapeliæformis Haw. Stapelia bufonia Jacq. — cespitosa Mass. — conspurcata Willd. — grandiflora Mass. planiflora Jacq. revoluta Mass. rugosa Jacq. trisulca Jacq. uncinata Jacq. EUPHORBIACÉES. Euphorbia anacantha Ait. — canariensis L. — Caput-Medusæ L. — cereiformis L. dendroides L. grandidens Haw. mellifera Ait. neriifolia L. octogona Hort. officinarum L. splendens Bojer. virosa Willd. OXALIDÉES. Oxalis bipunctata Hook. Bowieana Lodd. carnosa Molina. compressa Lin. fil. corniculata var. foliis purpureis. elongata Jacq. filicaulis Jacq. flava L. grandiflora Jacq. pentaphylla Sims. purpurea Jacq. tetraphylla Cav. tubiflora Jacq. variabilis Jacq. versicolor L. PORTULACÉES. Portulacaria afra Jacq. MÉSEMBRIANTHÉMÉES. Mesembrianthemum acinaciforme L. — agninum Haw. — australe Ait. — barbatum L. — bulbosum Haw. SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. Mesembrianthemum calamiforme L. — candens Haw. -— caninum Haw. — caulescens Mill. — congestum Salm. — conspicuum Haw. — cordifolium L. — crassicaule Haw. — crassifolium L. — croceum Jacq. — curviflorum Haw. — cylindricum Haw. — deltoides Mill. — diversifolium Haw. — dolabriforme L. — emarginatum L. — falcatum L. — falciforme Haw. — fissum Haw. — formosum Haw. — glaucum L. — hispidum L. — intonsum Haw. — lacerum Haw. — linguæforme Haw. — lunatum Willd. — ]uteum Haw. — maximum Haw. — molle Ait. — multiceps Salm. — multiflorum Haw. — muricatum Haw. — murinum Haw. — mutabile Haw. — noctiflorum £. — puniceum Jacq. — roseum Jacq. — rostratum L. — Salmii Haw. — scapiger Haw. — spectabile Haw. — spinosum L. — splendens L. — tenuifolium L. — tigrinum Haw. — uncatum Salm. — variabile Haw. CACTÉES. Cereus Baumanni Hort. paris. — candicans Gill. — chalybæus Hort. berol. — cinerascens DC. — Forbesii Hort. berol. — geomętrizans Mart. — leptacanthus Salm. — macrogonus Hort. berol. — marginatus DC. Cereus multiplex Hort. berol. — nycticalus Link. — oxygonus Link. — rostratus Lemaire. — serpentinus Lagasca. — tortuosus Forb. — turbinatus Pfeiff. Epiphyllum Phyllanthus Haw. Opuntia albicans Salm. — amyclæa Tenor. — andicola Hort. angl. — aoracantha Lemaire. — arborea Sleud. — corrugata Gill. — curassavica Mill. — cylindrica DC. — decumana Haw. — decumbens Salm. — dejecta Salm. — Ficus-indica Mill. — grandis Hort. angl. — megacantha Sulm. — microdasys Lehm. — monacantha Haw. — nigricans Haw. — orbiculata Salm. — ovata Pfeiff. — polyantha Haw. — pusilla Salm. — robusta Wendl. — rubescens Salm. — Salmiana Parm. — stricta Haw. — tomentosa Salm. — tunicata Hort. berol. — vulgaris Mill. Rhipsalis funalis Salm. — paradoxa Salm. — pentaptera Pfeiff. CRASSULACÉES. Bryophyllum calycinum Salisb. — proliferum Bowie. Cotyledon macrantha. — maculata Salm. — orbiculata L. — ovata Haw. — teretifolia Thunb. Crassula cacalioides. — cordata Ait. — ericoides Haw. — falcata Willd. — lactea Ait. — lycopodioides L. — perfoliata L. — perfossa Lamk. — portulacea Lamk. — spathulata Thunb. XLIII XLIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Crassula tetragona L. Echeveria rubra. Echeveria acutifolia Lindl. — secunda Booth. — agavoides Lem. — spicata. — bracteosa Hort. — undulata. — californica. Kalanchoe ægyptiaca DC. — coccinea DC. — rotundifolia Haw. — coelestis. Sempervivum arboreum L — dasyphylla. — — var. foliis purpureis. — discolor. — aureum Smith. — eminens. | — balsamiferum Webb. — farinosa Lindl. — barbatum Smith. — glauca. — canariense L. — grandifolia Haw. — cespitosum Smith. — Hookeri Lemaire. — cuneatum Webb. — linguifolia Lemaire. — glutinosum Ait. — metallica Hook. — Haworthii Salm. — mucronata Schlecht. — Paivæ Lowe. — pumila Schlecht. — tortuosum Ait. — racemosa Cham. — velutinum. — retusa Lindl. — Youngianum Webb. — rosea Lindl. — Webbii. Entre les deux pelouses et venant toucher la terrasse au nord de la maison, s'étend un massif épais, V, dans lequel on trouve encore quelques arbustes intéressants : Dodonæa cuneata Smith. Eucalyptus Lhemanni Preiss. Aristotelia Macqui L'Herit. Rhodotypus kerrioides Sieb. Eupatorium Morisii Vis. Genista ætnensis DC. Lycium afrum L. Heteromeles arbutifolia Rem. Berberis Fortunei Lindl. Callistemon salignus DC. Eugenia myrtifolia Ker. Pomaderris aspera Sieb. Thomasia solanacea Gay. Rhus lancea Lin. fil. Justicia Adhadota L. et plusieurs autres espéces qui ont été déjà mentionnées. Parmi tous ces arbres et arbustes se voient encore en grand nombre les Pins d'Alep et les Chénes verts plantés dans le principe pour donner de l'ombrage, et destinés à disparaître successivement à mesure que la place sera plus complétement occupée par les végétaux intéressants. La grande route du Cap sépare, comme il a été dit, le parc ou jardin proprement dit, attenantà l'habitation, d'avec le potager, qui est situé plus bas en descendant vers la mer, du côté de la Salis. Ce potager, qui est un terrain d'un hectare et demi environ, renferme les habitations des jardi- niers, B et C, les serres, D et E, les bâches des châssis, X, el quelques col- lections intéressantes. Les serres, peu importantes comme étendue, servent surtout aux semis et aux multiplications. L'une d'elles, installée depuis trois ans seulement, a été pourvue d'un appareil de chauffage qui permet d'y entretenir en tout temps la température de serre chaude, Contre la maisonnette qu'on trouve tout d'abord à main gauche en venant de la ville, est palissé un beau pied de Bauhinia purpurea L., qui fleurit à peu SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. XLV près tous les ans, mais n'a pas jusqu'ici amené ses graines à maturité. Un abri en forme de tonnelle qui régne le long du mur de la route est recou- vert de Senecio deltoides, plante assez rare qu'il ne faut pas confondre avec le Delairea suaveolens (Senecio mikanioides Otto), commun dans toute la région méditerranéenne; il s'en dislingue par ses bouquets de fleurs beaucoup plus petits et ses feuilles nullement charnues. Quelques grands Oliviers qui bordent la route servent d'abris à des rocailles et à des suspensions garnies de différentes espéces de Crassula et de fort belles touffes de Statice puberula Webb et macrophylla Brouss. Tout auprés de la grille d'entrée est le joli chalet habité par le jardinier en chef et que garnissent tout à l'entour des plantes grimpantes : Lierre du Caucase, Hedera Rœgneriana Hort., Roses multiflore et jaune de Fortune, Ronce à fleur rose double, Hexacentris coccinea Nees, etc... On remarque prés d'un réservoir en maçonnerie, non loin des bâches, une rangée de beaux exemplaires de Casuarina quadrivalvis Labill., et à peu de distance, au milieu d'un massif de Rosiers, s'éléve un beau sujet isolé de Casuarina tenuissima Hort. Le mur qui forme le fond du potager à l'opposé de la route, est garni tout du long d'un abri en roseau, que traverse et domine un pied énorme d'Opuntia tomentosa Salm, abri sous lequel on conserve d'ordinaire les multiplications et semis en pots qui sont destinés à garnir les plates-bandes et les massifs du jardin, et dont le surplus est libéralement distribué aux amateurs du pays; sous cet abri prospére toute une collection de plantes grimpantes, dont la liste suit : Aloe ciliaris Haw. Ampelopsis dissecta Carr. Arauja albens Don. Asclepias carnosa L. Bignonia Caroline Lindl. — populifolia DC. — Sonderi Bureau. — Unguis L. Boussingaultia baselloides H. et B. Cissus vitiginea L. foliis variegat is. Clematis campaniflora Brot. Clytostoma Sciuri-pabulum Bureau. Gelsemium nitidum Mich. Hexacentris coccinea Nees. Inga pulcherrima Cervant. Ipomea candicans Sweet. — bonariensis Hook. Hedera colchica C. Koch. —- algeriensis Hort. Jasminum Bouquetii. — glaucum Ait. Maurandia antirrhiniflora Willd. — semperflorens Ort. Tout le long des allées qui séparent les carrés du potager sont plantés Myrsiphyllum asparagoides Willd. Muhlenbeckia Cunninghami. — varians Meissn. Passiflora cærulea L. — kermesina Link et Otto. Pithecoctenium Squalus DC. — Vitalbæ DC. Rubus parvifolius L. — rosæfolius Smith. Pisonia hirtella H. et B. Rhynchospermum jasminoides Lindl. — sinense Hort. Sollya fusiformis Hort. Thur. Tecoma Mac-Kennii. — Manglesii Hort. — jasminoides Lindl. — capensis Lindl. Testudinaria elephantipes Burch. Tropæolum pentaphyllum Lamk. — tricolor Sweet. Vitis antarctica Benth. — cinerea Engelm. XLVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. des arbres fruitiers, dont quelques-uns, comme les diverses variétés de Grenadiers et de Néfliers du Japon, sont caractéristiques de la région mé- diterranéenne. La portion la plus basse du potager est traversée par un fossé qui donne écoulement à toutes les eaux supérieures, et sert notamment de trop-plein à la cuvette dont nous avons eu occasion de parler. Le long de ce fossé est établie une plantation de Dambous, W, où l'on remarque principalement : Bambusa mitis Poir., — Mazeli, — aurea Hort., — nigra Lodd., viridi-glaucescens Carr., scriptoria Dennst., Arundina- ria verticillata N. v. E. La partie du potager qui s'étend en remontant vers le sud est, à pro- prement parler, un verger où les intervalles entre les arbres fruitiers sont occupés, non par des cultures potagéres, mais par des collections de divers végétaux ; une des plus curieuses, mais dont il ne reste que des débris, est celle des formes hybrides de Cistes, obtenues autrefois par M. le D" Bornet à la suite de croisements nombreux entre les diverses espéces du midi de l'Europe et de l'Algérie. Les plus belles plautes provenant de ces semis ont été transportées dans le grand jardin, et quelques pieds isolés restent seuls dans le potager, où ils étaient réunis autrefois au nombre de plusieurs centaines. Une autre col- lection fort intéressante, c'est celle des plantes bulbeuses, qui comprend de nombreuses espéces dont la plupart trés ornementales : Albuca aurea Jacq. Bellevalia romana Reichb. — fastigiata Dryand. — spicata Boiss. — major L. — trifoliata Kunth. Allium fragrans Vent. Crinum capense Herb. — neapolitanum Cyril. Crocus autumnalis Mill. — triquetrum L. — biflorus Mill. Alstreemeria hæmantha Ruiz et Pav. — medius Balb. — pelegrina L. — vernus Smith. — psittacina Lehm. — versicolor Ker. Amaryllis aulica Ker. Cyclamen africanum Boiss. et Reut. — Belladonna L. — europæum' L. — bifida Spr. — neapolitanum Tenor. — chloracra Herb. — persicum Mill. — glauca Lindl. | Eucomis punctata Ait. — Gravinæ Mel. — regia Ait. — rosea Spr. Funkia lancifolia Spr. — sarniensis L. Galanthus Imperati Bertol. — undulata L. — nivalis L. Anomatheca cruenta Lindl. Gladiolus Borneti Ardoino. Antholyza æthiopica L. — byzantinus Mill. — bicolor Gasp. — dubius Guss. — præalta DC. — floribundus Jacq. Asphodelus albus Willd. — psittacicus Hook. (et nombreuses va- — cerasiferus J. Gay. riétés hybrides de gandavensis). — microcarpus Vivian. Hæmanthus coccineus L. Babiana villosa Ker. — puniceus L. SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. Herbertia elatior. — pulche]la Sweet. Himantophyllum miniatum Hook. Hyacinthus albulus Jord. — orientalis L. — provincialis Jord. Ixia capitata Andr. — maculata L. — polystachya L. Ixiolirion montanum Herb. — Pallasii Fisch. et Mey. Lachenalia luteola Jacq. — pendula Ait. — quadricolor Jacq. — tricolor Thunb. Leucoium autumnale L. — hiemale DC. — oporanthum Jord. — pulchellum Jord. — trichophyllum Brotero. — vestitum. Lilium auratum Lindl. — candidum L. — croceum Chaix. — fulgens Morr. — Pomponium L. — roseum Wall. — speciosum Thunb. — tigrinum Ker. Narcissus biflorus Curt. — chrysanthus DC. — cupularis Salisb. — decorus Haw. — discolor Jord. — dubius Gouan. — floribundus Schult. — formosissimus Tod. — incomparabilis Curt. — intermedius Loisel. — italicus Ker. — juncifolius Req. — Junquilla L. — micranthus Jord. — multiflorus Lamk. — odorus [. — olbiensis Hort. Thur. Narcissus papyraceus Ker. — poeticus L. — scutellatus Bianca. — serotinus L. — syriacus Boiss. — Tazetta L. — Tenorii Parl. — venustus Tod. Pancratium carolinianum L. — illyricum L. Romulea Bulbocodium Sebast., — ramiflora Tenor. Scilla amena L. — campanulata Ait. — cernua Link. — Cupani Guss. — elongata Parlat. — fugax Moris. — Hughii Tineo. — hyacinthoides L. — italica L. — japonica Thunb. — ligulata Steud. — lusitanica L. — maritima L. — nutans Smith. — patula Redouté. — peruviana L. — sicula Tineo. — undulata Desf. Sparaxis Liliago Sweet. — pendula Ker — tricolor Ker. Tritonia aurea Pappe. — crocata Ker. Tulipa Celsiana Red. — Clusiana Vent. — Didieri Jord. — Gesneriana L. — Lortetii Jord. — silvestris L. — suaveolens Roth. Vallota purpurea Herb. Veltheimia capensis Red. Watsonia coccinea. XLVII En suivant, le long de la route, la haie de Rosiers qui forme de ce côté la clôture du terrain, on rencontre sur une large bordure de gazon de petites corbeilles contenant une collection des plus curieuses d'Anémones indigènes : ce sont les nombreuses variations des Anemone coronaria et hortensis, qui se trouvaient autrefois si abondantes dans les prairies de la Brague et sur tous les coteaux d'Antibes à Grasse. On peut voir là com- bien ces plantes sont variables, méme à l'état sauvage; car certainement XLVIII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. les formes diverses de ces deux seuls types sont là au nombre de cin- quante pour le moins. Les arbres du verger sont principalement des Orangers d'espéces à fruits comestibles, des Mandariniers: Citrus deliciosa Ten. et C. nobilis Lour.;des Kakis de la Chine (Diospyros chinensis Blum.) et du Japon (Diospyros Mazeli et costata Carr.); VAsimina triloba Dun. Deux ou trois plates-bandes situées vers le haut du terrain contiennent une belle collection d'Iris renfermant les espèces suivantes : — alata Lamk. Iris olbiensis Hénon. — amoena Red. — pallida Lamk. — australis Tod. — persica L. — belgica Hort. — pseudo-pumila. — bohemica Schmidt. — pumila L. et ses nombreuses variétés. — cærulea Spach. — reticulata Bieb. — cretensis Janka. — sambucina L. — fimbriata Vent. — sibirica L. — florentina L. — sicula Tod. — fætidissima L. — spuria L. — fulva Ker. — squalens L. — germanica L. — subbiflora Brot. — graminea L. — tuberosa L. — halophila Pall. — variegata L. — Monnierii Red. — virescens. — notha Fisch. — Xiphium L. Tout au sommet du potager se trouvent quelques rocailles, Z, et carrés d'essais, où sont confiées d'abord à la pleine terre quelques-unes des plantes les plus curieuses provenant des semis des graines exotiques ; on y voit plusieurs espèces de Rosiers, de Cucurbitacées et de Légumi- neuses non encore déterminées d’une façon définitive. Enfin, tout autour de cette portion du potager est plantée une série de jeunes Eucalyptus destinés à l'étude, parmi lesquels il y a lieu de citer les espéces suivantes, dont plusieurs portent des noms provisoires ou encore incertains : Eucalyptus alpina Lindl., espéce détruite dans son pays natal; E. amygdalina Labill., E. amygdalina Troubetskoi, qui pour M. Naudin est une forme du viminalis; E. bicolor A. Cunn., botryoides Smith, calophylla R. Br., cinerea F. Müll., coccifera J. Hook., colossea Hort., coriacea Cunn., cornuta Labill., corinocalyx F. Müll., cosmo- phylla F. Müll., concolor Schauer, diversicolor F. Müll. (qui est proba- blement le même que colossea), exserta F. Müll., Globulus Labill., gomphocephala DC., goniocalyx F. Müll., gracilis F. Müll., Gunnii Hook., hemiphlæa F. Müll., Lehmanni Benth., leucoxylon F. Müll. et variété à fleur rose, megacarpa F. Müll., melliodora Cunn., occiden- talis Endl., polyanthemos Schauer, pilularis Smith, Planchoniana F. Müll., pulverulenta Link, resinifera Smith, rostrata Schlecht., rudis Endl., Stuartana F. Müll., tereticornis Smith, urnigera SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1833. XLIX Cette liste incomplète est dés à présent rectifiée par les recherches de M. Naudin sur les Eucalyptus, recherches qui ne tarderont pas à étre publiées et dont un avant-goüt sera donné à la Société pendant la session méme d'Antibes. A la suite de cette lecture, la Société, sur la proposition de M. le Président, émet à l'unanimité le vœu, que la somme affectée annuellement à l'entretien de la villa Thuret soit augmentée actuel- lement de 4000 francs, lesquels seraient affectés, par moitié, à l'accroissement du traitement du directeur, et, pour l'autre moitié, à l'entretien du jardin et du laboratoire, ainsi qu'à l'augmentation des colleetions et de la bibliothéque. Le Bureau de la Société est chargé de faire parvenir ce vœu à M. le Ministre de l'Instruction publique. La séance étant levée, M. et M"* Naudin font de la manière la plus gracieuse les honneurs de la villa à leurs visiteurs. Sous leur con- duite, les membres de la Société parcourent jusqu'au soir ces beaux jardins, qui leur offrent à chaque pas de nouveaux sujets d'étude, et ils sont heureux d'avoir, pour leur en expliquer l'his- toire et l'intérêt, les guides les plus affables et les plus compétents. SÉANCE DU JEUDI 17 MAI 1883. PRÉSIDENCE DE M. J.-E. PLANCHON. La séance est ouverte à huit heures et demie du matin, dans la erande salle de la mairie d'Antibes. M. Planchon remercie la Société d'avoir bien voulu le désigner, malgré son absence dans les premiers jours, pour les fonctions de Président de la session extraordinaire d'Antibes. M. le Président annonce une nouvelle présentation et. proclame l'admission de : M. l'abbé S£jouRNÉ, professeur du petit séminaire de Blois, pré- senté dans une précédente séance par MM. Bureau et Poisson. T. XXX. p L SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Gariod, procureur de la république à Saint-Étienne, ancien membre de la Société réintégré sur sa demande, et M. Ferdinand Otto Wolf, s'étant conformés aux conditions spécifiées dans l'ar- ticle XH des Statuts, sont proclamés membres à vie. M. Planchon fait à la Société la communication suivante : LETTRES ET FRAGMENTS DE CORRESPONDANCE DE FEU JACQUES GAY AVEC LE BOTANISTE COLLECTIONNEUR PHILIPPE SALZMANN, communiqués par M. J.-E. PLANCHON. Par un privilège de mon àge, j'ai connu, dans la période de leur vieillesse, les deux hommes dont je viens d'inscrire ici les noms: Jacques Gay, le type accompli du travailleur passionné dans le champ de la bota- nique descriplive ; Philippe Salzmann, le modèle de ces collectionneurs infatigables, dont les voyages d'exploration ont largement contribué aux progrés de la connaissance de la végétation du globe. L'herbier du pre- mier, perdu pour la France, mais heureusement recueilli à Kew, est un vrai monument de patience, d'érudition, d'exactitude poussée jusqu'aux dernieres limites de la conscience scientifique, résumé d'une longue vie consacrée à l'étude désintéressée des plantes, en dehors de tout devoir officiel. L'herbier dusecond, légué à la Faculté des sciences de Montpellier, y représente aussi une énorme somme de labeur personnel, voyages loin- tains, étude patiente de la flore du midi de la France, échange de plantes avec de nombreux correspondants qui n'étaient pas seulement des sous- cripteurs, mais des confréres vis-à-vis du marchand de plantes et d'insectes que la science rapprochait d'eux. Le portrait de Salzmann pourra me tenter un jour : je dois à cette figure originale et peu connue au moins les honneurs d'une esquisse, dont je trouverai aisément les traits dans les souvenirs des membres de la famille Lichtenstein, et particuliérement de mon savant et charmant confrère M. Jules Lichtenstein, l'héritier des collections entomologiques de Salzmann. Salzmann avait avec les botanistes de son temps une correspondance étendue. Malheureusement, dans l'hospice des vieillards infirmes où se passérent ses derniers jours, d'énormes liasses de ses lettres furent em- ployées, à son insu, à allumer les poéles de l'asile. Quelques épaves échappées à ce regrettable autodafé m'ont été données par M. Lichtenstein, et dans le nombre figurent onze lettres écrites par Jacques Gay de 1822 à 1827, et relatives, soit au voyage de Salzmann dans le sud de l'Espagne et à Tanger, soit à des remarques sur les plantes rapportées de cette derniére localité. Tout dans ces lettres est à l'honneur de Gay : on y voitson ardeur pour résoudre les questions minutieuses qui SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. LI l'absorbaient en ce moment, ardeur qui fit successivement de chacun de ses sujets d'étude une préoccupation presque fébrile : on y voit sa géné- rosité, sa prodigalité presque, lorsqu'il s'agissait des objets de sa passion pour l'exactitude minutieuse. On y trouve surtout ce ton d'urbanité par- faite, qui distingua toujours, même au milieu de ses vivacités de savant, l'homme admis dans l'intimité de M. de Semonville et du monde distingué qui fréquentait les salons de ce haut fonctionnaire de la Chambre des pairs. Arrivé à l'aisanee par un labeur assidu, Jacques Giv, dans ses vieux jours, ouvrit aux botanistes le seul salon où étrangers, provinciaux et parisiens étaient heureux de se rencontrer. Le temps nous semble bien loin de ces causeries familiéres autour d'une modeste table à thé. Je m'y reporte un peu, pour ma part, en retrouvant dans ses lettres de jeune homme le bon sens, le style simple et net, l'ardeur pour la vérité que nous admirions chez ce vétéran de la botanique, dans sa retraite du petit Luxembourg. Je range les lettres de Gay par ordre chronologique, me contentant pour un petit nombre d'une courte analyse ou de simples extraits, et reprodui- sant le reste en entier. PREMIÉRE LETTRE. Paris, le 5 décembre 1822. [Gay remercie Salzmann des plantes (de Corse, probablement) qu'il lui a com- muniquées, et notamment de l'Asphodelus microcarpus, dont il constate l'iden- tité avec le ramosus Tenore Fl. nap., qu'il connait par un échantillon authen- tique cueilli à Reggio eu Calabre. Notre botaniste s'occupait déjà des trois espèces d'Asphodéle (albus Mill., ramosus Gouan, microcarpus Salzm. et Viv.) auxquelles il a consacré trente-cinq ans plus tard une note intéressante dans le Bulletin de la Société botanique de France (t. IV, p. 607-612). Il donne ensuite de très sages conseils à Salzmann pour le voyage en Espagne que ce dernier va faire : conseils non inutiles, car, dans ce temps agité, Salzmann, arrété un jour comme espion, en Andalousie, ne se tire des griffes de la police espagnole que grâce à l'influence de correspondants de ses amis de Montpellier, MM. Lichtenstein et Vialars.] DEUXIÈME LETTRE. Perpignan, le 21 septembre 1823. Je reçois à Perpignan, monsieur, la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire, de Tanger, le 17 juillet dernier. Depuis deux mois et demi, je par- cours les Pyrénées, et me voilà enfin arrivé au terme de mon voyage, aprés LII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. avoir visité toutes les principales vallées et les sommets les plus remarquables de la chaine. J'ai abordé ces helles montagnes dans des circonstances favo- rables, ayant une longue expérience des Alpes. Aussi ai-je lieu d’être content de mes récoltes: une vingtaine d'espéces qui n'avaient pas encore été observées dans les Pyrénées, trois ou quatre espéces entiérement nouvelles, plusieurs localités jusqu'ici inconnues d’espèces trés rares. J'apporte toutes ces richesses à Paris, où je compte être de retour dans dix jours environ. J'attendais avec une vive impatience de vos nouvelles, et c'est avec une grande jouissance que j'apprends par votre lettre que vous avez échappé aux dangers qui pouvaient vous menacer dans le midi de l'Espagne, vu les circon- stances dans lesquelles vous y étes arrivé. Elles ont bien changé depuis, et jaime à croire que si vous vous décidez à revenir à Malaga, vous y trouverez toute la protection que vous pouvez désirer. Certainement je vous procurerai une recommandation auprès du consul de France à Tanger. Je m'en occuperai aussitót aprés mon retour à Paris, et je ferai mon possible pour qu'elle vous parvienne promptement. De cette maniére vous vous trouverez protégé par deux consuls, c'est-à-dire par des hommes publies qui jouissent partout d'une grande considération, et avec leur appui vous pourrez, j'espére, réaliser le projet que vous formez de visiter les mon- tagnes situées dans le voisinage de la ville. Récoltez-y le plus que vous pour- rez, tout, s'il est possible, ne füt-ce que pour faire connaitre exactement la vé- gétation de cette région. Tâchez d'y trouver le Crocus versicolor Bor. Mac. (Cr. vernus FL. ATL.), que Desfontaines a cueilli en hiver sur les basses mon- tagnes des environs d'Alger. Je ne crois pas que vous fissiez bien de passer toute l'année prochaine à Tanger. Que faire en été dans un pays brûlé par le soleil? Mieux vaudrait, ce me semble, revenir au commencement de juin dans les montagnes de l'Anda- lousie, ou aller à Tunis récolter des Ombelliféres qui, en général, fleurissent tard, et y attendre un autre printemps. M. Guys, consul général de France dans cette place, n'avait pas encore quitté Paris au moment de mon départ. J'ignore s'il s'est embarqué depuis, mais il sera infailliblement rendu à son poste avant la fin de l'année, et vous pouvez compter de sa part sur la meilleure réception. En partant, je lui ai laissé une note indiquant votre nom, le but de votre voyage, et la possibilité que vous eussiez besoin de quelque argent. Je le prie, dans ce cas, de vous en fournir jusqu'à concurrence de 1200 francs. J'aurais spécifié une somme plus forte, si mes trés faibles moyens m'avaient permis davantage. Je vous prie, monsieur, d'user de ce crédit: sans vous gêner; à votre retour, je risque d'étre votre débiteur pour une somme considérable, car je suis abonné auprès de vous pour tout ce que vous aurez récolté, et il m'est indifférent de faire ce déboursé un peu plus tót ou un peu plus tard. Votre Jonc articulé annuel m'intéresse beaucoup, et je vous prie d'en récolter abondamment. Quand recevrai-je votre premier envoi? M. Steven m'écrit de Symféropol en Crimée (j'ai reçu sa lettre aujourd'hui, en méme temps que la vôtre), qu'il prendra une de vos collections et qu'il l’attend impatiemment. Plusieurs autres personnes m'ont fait la même demande; je vois que je ne serai pas embarrasse d'en placer une dizaine. Écrivez-moi plus souvent que vous n'avez fait jusqu'ici. Ce sera une distrac- tion pour vous, un moyen de passer le temps; pour moi, ce sera une vraie jouissance de vous lire, surtout si vous entrez dans quelques détails sur vos herborisations. Je vous engage à étre long, afin que je puisse extraire de votre SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. LIII correspondance de quoi faire connaitre votre voyage dans un nouveau journal scientifique qui se publie à Paris et où j'insére quelques articles. hecevez, monsieur, l'expression de mon fidéle dévouement et de ma considé- ration distinguée. J. Gav. TROISIÈME LETTRE. Paris, le 3 novembre 1823. Votre lettre du 17 juillet, monsieur, m'est parvenue le 20 septembre, à Per- pignan, au moment où je quittais les Pyrénées après un séjour de deux mois dans ces montagnes. J'y ai répondu immédiatement, en profitant de la complai- sance d’un négociant qui m'offrait de transmettre ma lettre à un de ses corres- pondants à Marseille, seule voie qui parût être ouverte à cette époque. Dans cette lettre, monsieur, je vous annonçais qu’aussitôt après mon retour à Paris, je ferais tout ce qui dépendrait de moi pour vous procurer des recom- mandations qui vous missent en rapport avec le consul général et chargé d'af- faires de France, afin que par sa protection spéciale vous puissiez réaliser des projets, des excursions si utiles pour la science. Je n'ai point perdu de vue cette promesse, monsieur. Deux lettres adressées à M. Sourdeau, sous le méme couvert, seront portées aujourd'hui aux affaires étrangéres pour étre acheminées par voie ministérielle. Nous ne savons pas encore quelle route elles prendront. Nous voudrions éviter Marseille, d’où il part trés peu de bâtiments pour Tanger. La voie d'Angleterre a un autre inconvé- nient, elle est peut être moins sûre; vraisemblablement le prochain départ du consul de France à Cadix fournira un autre moyen au Ministére, et celui-là réunira sûreté et promptitude. L'une des deux lettres est de M. Guys, collègue de M. Sourdeau à Tunis. L'autre est de mon patron, M.le marquis de Semonville, grand référendaire de la Chambre des pairs, dont la famille a eu autrefois des rapports avec celle de M. Sourdeau. Ces deux lettres renferment l'expression la plus forte de l'intérét que vous inspirez, et j'ai tout lieu de croire qu'elles vous procureront la protection active que vous désirez et dont vous avez besoin pour tirer parti de votre séjour sur la cóte d'Afrique. Je vous engage, si cette lettre vous parvien! à temps, à annoncer de suite à M. Sourdeau l'envoi de ces recommandations, et à le prier de vous couvrir dés à présent de son aile. M. Guys est encore ici. Mais son départ n'a été retardé que par la présence d'une flotte francaise devant Cadix. Cette cause n'existant plus, il est probable qu'il recevra incessamment l'ordre de se rendre à son poste. Il me répète tous les jours qu'il fera son possible pour vous bien accueillir et vous étre utile. ll est toujours convenu entre lui et moi que vous trouverez chez lui assistance pécuniaire jusqu'à concurrence de 1200 francs. | Si quelque envie vous prenait de ne pas vous arrêter en si beau chemin et de pénétrer en Afrique, soit par mer, soit par terre (ce dernier cas west pas vrai- semblable), jusque dans les pays situés entre les tropiques, vous trouveriez au Sénégal un ami de la science, sur la protection duquel vous pourriez compter. M. Roger, gouverneur de cette colonie francaise, m'a déjà fait plusieurs envois de plantes séches, et a accueilli avec une extréme bienveillance toutes les per- sonnes que je lui ai adressées. Si vous étiez ici, je n'hésiterais pas à vous pro- LIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. poser pour une mission qui doit étre faite dans ce pays et qui est relative à l'histoire naturelle. M. Roger m'en parle dans une lettre toute récente, et il me fait l'honneur de me dire qu'il voudrait un homme de mon choix. Maintenant que l'Espagne est pacifiée, j'espére que vous ne reviendrez pas en Europe avant d'avoir exécuté votre plan de voyage tel que vous l'aviez concu en partant. Une année entiére passée aux environs d'Alicante serait trés profi- table à la science, surtout si vous pouviez vous avancer au nord jusqu'aux mon- tagnes de Grenade, qui paraissent étre trés élevées. Quelque part que vous alliez, monsieur, vous savez que je recevrai toujours de vos nouvelles avec un extréme intérét. Je ne saiss'il y a quelqu'un qui en attache autant que moi à vos succés, mais bien certainement il n'y en a pas qui en attache davantage. l'acquiers tous les jours davantage la certitude que vos collections feront for- tune ici. Dans votre intérêt, et afin d'obtenir un débit plus assuré, je vous engage spécialement à les composer essentiellement de plantes étrangéres au sol de France, de n'y admettre que de bons échantillons, et de les réduire au plus bas prix qu'il vous sera possible, sans vous priver du profit légitime que vous devez retirer de vos sueurs. Quant à moi, il est toujours entendu que je prendrai double collection de tout ce que vous aurez récolté. Si vous pénétrez cet hiver dans les montagnes voisines de Tanger, veuillez ne pas négliger le Crocus vernus Desf. Atl. J'ai trouvé qu'il n'a aucun rapport avec le vrai Cr. vernus, et qu'il appartient au Cr. versicolor du Bor. Mac. — Je suis fort curieux de voir votre Jonc articulé annuel. — Il y a une espèce nouvelle parmi les échantillons, appartenant à ce groupe, que vous m'aviez adressés de Montpellier. — Veuillez faire une attention particulière aux Gra- minées, notamment aux espéces de Roseaux qui ressemblent à l'Arundo Phrag- mites. J'ai trouvé dans le Roussillon l'Arundo isiaca Delile, qui est trés voisin, mais qui en différe par sa taille de 16 pieds, son chaume plus gros, sa panicule plus longue, jaunátre, non violette, etc. Vous le retrouverez sans doute dans le royaume du Maroc. Je serais fort curieux de savoir si le vrai Phrag- mites y existe. — Le Mais est-il cultivé aux environs de Tanger, et sous quel nom arabe? Veuillez me recueillir sur cette plante et sur le Safran officinal tous les renseignements que vous procureront et votre propre expérience et vos rapports avec les hommes instruits du pays. ll me parait essentiel que vous ne négligiez aucune des plantes qui s'offri- ront à vos veux sur la cóte d'Afrique. Les plus communes méme auront de l'in- térêt, parce qu'elles nous fourniront de nouvelles données sur la géographie botanique. — Je profiterai de la premiére occasion pour annoncer dans le Flora de Ratisbonne, etdans un autre journal scientifique qui parait ici, et votre voyage et les résultats immanquables que la science s'en promet. . Recevez, monsieur, l'expression de mon fidèle dévouement et de ma consi- dération distinguée. J. Gay. QUATRIÈME LETTRE. Paris, le 6 avril 1824. Votre lettre du 8 janvier, monsieur, m'est parvenue le 1° février, et si je n'étais aussi accablé d'occupations, j'y aurais répondu depuis longtemps. C'est méme par un véritable hasard que je me trouve en état de vous adresser quel- SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. LV ques mots aujourd’hui. Un voyageur qui va à Constantinople et à qui je remets plusieurs lettres, m'a forcé d'interrompre une certaine monographie qui depuis trois mois absorbe toutes mes pensées. Maintenant que la brèche est faite, il n'est pas difficile de l'élargir assez pour vous livrer passage. Vous serez le der- nier, et aussitót cette lettre partie, je fermerai la porte pour retourner à mes moutons. J'ai grand plaisir à vous annoncer que mes efforts pour vous étre utile n'ont pas été entièrement superflus. Quatre de vos collections sont demandées en Angleterre, une et peut-être deux en Hollande, une à Simféropol, en Crimée, et quatre à Paris, y compris les deux que j'ai arrétées d'avance. En tout dix ou onze. Notez bien que, daus le nombre des botanistes parisiens, qui ne se sont pas fait inscrire, il y en a trois ou quatre qui ne résisteront pas au plaisir de s'enrichir de vos plantes, lorsqu'ils les auront sous les yeux. Ainsi je ne serais point surpris si, au moment de votre retour, j'avais à réclamer de vous quinze collections. | Vous me parlez, monsieur, d'un Crocus à stigmates multifides qui croit aux environs de Tanger. La plante de Bonifacio ne m'a pas paru être autre chose que le C. minimus, malgré ses stigmates légérement laciniés, et je lui conser- verai cette détermination jusqu'à ce que vous m'ayez dit positivement qu'elle fleurit en automne. Quant à celle de Tanger, je ne puis croire, et cela par des raisons déduites de la localité et du climat, qu'elle appartienne au C. multifidus des Pyrénées. La démonstration sera complète si cette plante pousse ses feuilles en méme temps qne ses fleurs, car le C. mullifidus est, à ma connaissance, le seul dont les feuilles se développent manifestement aprés les fleurs, je veux dire quelques semaines aprés. Resteraient les Crocus serotinus Salisb. et odo- rus Biv. Le premier est originaire de Lisbonne; l'autre n'a jusqu'iei été observé qu'en Sicile. Quoi qu'il en soit, votre plante est de la plus haute importance pour mon travail. Vous en avez, sans doute, desséché un grand nombre d'échan- tillons. Vous me promettez même de m'en rapporter quelques bulbes. Quelques ne sont pas assez, et pendant qu'il en est encore temps, je viens vous supplier de m'en arracher au moins une centaine. Vous savez la place oü il croit, et, quoique la fleur soit depuis longtemps passée, les feuilles ou les fruits, dans la saison oü ma lettre vous parviendra, vous permettront, sans doute, de retrouver la plante. Ce sera une grande jouissance pour moi que de vous devoir un fait de plus à constater dans mon travail. D. La raison qui m'a empéché de vous écrire plus tôt s'est aussi opposée à ce que j'examinasse le bel Erodium dont vous m'avez envoyé des fragments dans votre lettre. Je m'en occuperai avec plaisir aussitót que mes loisirs me le per- Inettront. . Vos amis d'Allemagne étaient inquiets de vous. La Flora de Ratisbonne les à rassurés en leur communiquant une lettre de M. Ziz, avec de bonnes nouvelles de vous. Cette Flora est vraiment une utile entreprise et un moyen excellent de communication. Pourquoi n'avons-nous pu maintenir en France le journal de botanique qui s'y était établi ? . . Il me reste une prière à vous faire. Vous me parlez d'un Leucojum autum- nale qui est au nombre de vos plantes récoltées, et vous ne me dites rien d'une espéce que M. de Schousboe a appelée trichophyllum et qui croit sans doute aussi aux environs de Tanger. Cette derniére espéce m interesse d autant plus qu'elle parait trés voisine du L. hiemale DC. Fl. fr. Suppl., que je cultive (recu de Corse), que j'ai vu fleurir et qui m'a paru pouvoir constituer un genre nouveau. Si vous avez rencontré ce trichophyllum, si vous vous rappelez la LVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. place, si les feuilles ou les hampes à fruits vous permettent de le retrouver, soyez assez bon pour m'en rapporter un bon nombre de bulbes. Vous rendrez service, et à moi et à la science. M. Guys, consul général de France à Tunis, est arrivé depuis peu de temps à son poste. Nous avons nouvelles de lui de la fin de janvier. Je vois que vous n'étes pas disposé à aller le joindre, et je suis d'autant plus éloigné de m'en plaindre qu'ainsi nous vous reverrons bien plus tót en France. Quand pouvons- nous espérer votre retour? J'imagine que les chaleurs de l'été, desséchant toute la végétation, et arrétant subitement vos excursions, auront une grande in- fluence sur ce retour. Je vous attends donc au mois d'aoüt, au plus tard, Les seuls bons instruments du genre de ceux dont vous me parlez se fabri- quent à Londres, chez un opticien nommé Banks, et coütent 100 francs ou un peu plus. Quand vous serez décidé à en faire l'acquisition, je vous ferai venir un de ces microscopes. Recevez, monsieur, la nouvelle expression de mon dévouement et de ma considération distinguée. J. GAY. CINQUIÈME LETTRE. Paris, le 25 janvier 1825. Mon cher monsieur, je n'ai recu que le 13 de ce mois la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire le 29 décembre pendant votre quarantaine. J'étais inquiet de votre silence, et je craignais que vous ne fussiez retenu malgré vous sur une terre étrangére. J'ai donc appris avec une extréme jouissance que vous étiez de retour et que nous ne tarderions pas à recueillir les fruits de votre beau voyage. Vous ne me donnez, monsieur, aucun détail sur vos récoltes. J'ignore si vous en étes content, et si vous avez pu étendre vos excursions dans l'intérieur des terres. Il serait bien fàcheux, à mon avis, que les circonstances dont vous me parlez vous eussent obligé à stationner pendant ces dix-huit mois sur un rivage qui ne doit pas différer beaucoup de celui de Provence. J'espére, monsieur, que vous voudrez bien satisfaire ma curiosité à ces deux égards, aussitót que vous serez un peu remis de vos fatigues. Tous les renseignements que vous me four- nirez seront recus avec un extréme intérét. D'aprés la derniére lettre que je vous ai adressée à Tanger, une seule per- sonne m'a exprimé le désir d'acquérir vos collections. Je vous envoie les noms, les adresses des souscripteurs, et le nombre d'exemplaires demandés par cha- cun. ll va sans dire qu'ils ont accepté conditionnellement, c'est-à-dire dans la supposition que le prix etle contenu des collections leur conviendraient. Je vous engage donc, monsieur, à leur écrire directement, pour leur donner tous les éclaircissements qu'ils peuvent désirer. Je ne fais d'exception que pour moi, qui me rappelle fort bien vous avoir demandé une double collection de tout ce que vous aurez pu recueillir. Voici la liste des souscripteurs : M. de Steven, conseiller d'État de S. M. l'Empereur de Russie, à Simféropol, en Crimée. Russie méridionale (un exemplaire). M. Fischer, directeur du Jardin botanique impérial de Saint-Pétersbourg, à Saint-Pétershourg (deux exemplaires). | SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. LVII M. le docteur Hooker, professeur de botanique à Glascow, en Écosse (un exemplaire). M. Talbot, à Londres (trois exemplaires). Je n'ai pas son adresse, mais il doit arriver incessamment à Paris, je lui donnerai les renseignements néces- saires, et vous pouvez vous dispenser de lui écrire. M. H. C. van Hall, docteur en médecine, à Amsterdam, sur le Heerengracht (c'est le nom du quartier qu'il habite et où son père est très connu comme avocat distingué) (un exemplaire). M. Delacour, substitut de M. le procureur du roi, à Beauvais, départe- ment de l'Oise (un exemplaire). M. Mérat, docteur en médecine, rue des Petits-Augustins, n° 15, à Paris (un exemplaire). Je me charge des paquets que vous destinerez à MM. Talbot, Delacour et Mérat, parce qu'ils sont ou à Paris, ou dans le voisinage. Mais les autres devront étre expédiés directement, à moins que les souscripteurs ne vous don- nent des instructions contraires. Paris figure pour bien peu de chose dans la liste que je vous adresse. J'espére cependant que quatre ou cinq exemplaires pourront y étre placés, en sus de ceux qui sont déjà demandés, si le prix en est modéré et que la collection ren- ferme un grand nombre d'espéces étrangéres à la flore francaise. Je vous dois des remerciements, monsieur, ponr les noms arabes que vous m'avez envoyés; ils enrichiront ma synonymie, déjà trés considérable, du Mais. Vous ne me dites rien du Crocus de Tanger, et cela est de mauvais augure. J'avoue que je serais vivement affligé s'il vous avait été impossible de m'en apporter des bulbes; c'est une occasion que je ne retrouverai jamais. Soyez persuadé, monsieur, de tous mes sentiments d'attachement et de con- sidération distinguée. J. Gay. P. S. — En avril 1822: M. Steven a expédié à MM. Delile et Bouchet, par la voie de Caffa, et à l'adresse de M. Lichtenstein, des paquets de plantes dont il n'a point de nouvelles. Il me charge de prendre des informations à ce sujet. Je n'ai pas le temps d'écrire à Delile pour cela. Veuillez prier MM. Lichtenstein et Vialars de voir sur leurs registres s'ils ont recu les paquets réclamés. SIXIÈME LETTRE. Paris, le 23 avril 1825. Je répondais aujourd'hui, monsieur, à une lettre de M. Delile, du 3 février, et je lui disais que j'étais aussi en retard avec vous, mais que votretour n etait pas arrivé et que je m'acquitterais plus tard envers vous. Mon temps (le peu dont je puis disposer pendant la session) était en effet réclamé par des réponses plus arriérées. Mais, toute réflexion faite, il vaut autant procéder géographiquement que chronologiquement, et puisque je paye mes dettes dans le département de l'Hérault, vous serez compris dans la liquidation. Je ne puis pas assez vous remercier, monsieur, d'avoir gardé à mon Crocus une si bonne place dans votre souvenir. Malgré la gelée survenue aprés son expédition, je ne crois pas qu'il ait souffert en route, je veux dire qu'il soit arrivé LVIII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ici plus malade qu'il n’était en quittant Montpellier. S'il succombe, ce ne sera pas à cause du thermomètre, mais bien à cause du long temps qu'il a passé hors de terre, et parce qu'il a été planté prés de cinq mois après l'époque de sa floraison. Je n'ai, en ce moment, ni crainte ni espoir à concevoir; je le soigne comme un malade, et l'automne seul décidera de sa guérison, si elle doit avoir lieu. Les mémes raisons qui m'ont empéché de répondre à votre lettre, et qui m'ont mis en faute vis-à-vis de plusieurs correspondants, s'opposent à ce que je vous offre mes services pour la détermination des plantes que vous avez récoltées dans le cours de votre beau voyage. Dien loin de pouvoir vous aider dans ce travail, depuis le commencement de l'hiver, j'ai à peine un moment, chaque jour, à consacrer à la botanique, et ce moment ne suffit pas, à beaucoup prés, pour maintenir ma propre collection dans l'ordre qui serait désirable. Mon appartement est encombré de paquets qui attendent la fin de la session et qui, peut-étre alors, devront attendre encore, parce que mes loisirs seront en grande partie absorbés par une dissertation depuis longtemps commencée et à laquelle je veux, le plus tót possible, mettre la derniére main. Je tiens d'ailleurs à avoir, écrits de votre propre main, les noms sous les- quels votre collection sera publiée. Je n'aurais pas la méme certitude sur l'identité des espéces si je n'avais d'autre moyen de reconnaissance que les numéros par lesquels vous les auriez désignés. A cette occasion, j'ai une faveur à vous demander. J'ai coutume d'écrire de ma main, sur chaque étiquette d'une plante recue, le nom de la personne qui me l'a envoyée, ainsi que l'année et le mois dans lequel m'a été fait l'envoi. Vos étiquettes sont ordinairement micro- scopiques, et par cette raison je ne vois qu'en tremblant arriver un de vos pa- quets. Il vous serait bien facile de convertir cette crainte en sentiment de joie; il suffirait pour cela que vous voulussiez m'accorder des étiquettes de grandeur ordinaire. Je tiens beaucoup à ce que vous fassiez droit à celte requéte. Puis-je l’espérer ? Vous me demandez, monsieur, si vous devez joindre les plantes d'Espagne à ma collection ? Assurément, pourvu que les localités soient exactement indi- quées et que vous m’accordiez quelque latitude pour le payement. Je ne vous ferai pas attendre longtemps, mais il est douteux que je puisse m'acquitter envers vous aussitót aprés avoir recu votre caisse. J'ai informé M. Fischer de votre arrivée, par écrit; MM. Hooker et Talbot, de vive voix. M. Talbot me charge de recevoir pour lui. Je recevrai vraisembla- blement la méme instruction de M. Fischer. Un de ses jardiniers doit arriver bientót à Paris pour faire des emplettes destinées à réparer les dégàts de l'inondation de Saint-Pétersbourg. ll retournera par mer, dans un bâtiment frété ad hoc; ce sera une excellente occasion pour votre caisse, si elle arrive à temps. Je vous remercie des détails que vous voulez bien me donner sur l'aspect général de la végétation de Tanger. Ce tableau double l'impatience que j'ai d'en examiner les détails. — Vos Joncs et Luzules sont vivement désirés. Tàchez qu'au moins cette partie de la collection me parvienne promptement. Je vou- drais qu'ils pussent être cités dans une monographie qui va paraitre, que J al favorisée et que je veux favoriser jusqu'au bout. Veuillez dire à M. Bouchet que la pire de toutes les routes pour écrire en Crimée est celle de mer par Toulon. J'écris toujours par Brody, en Galicie, en affranchissant jusqu'à Huningue, et toutes mes lettres sont parvenues. Si M. Bouchet veut me transmettre les siennes, de manière qu’elles m'arrivent SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. LIX franches de port, je me ferai un vrai plaisir de les acheminer de la manière la plus convenable. — Au premier jour, je donnerai à M. Steven le résultat des informations que vous avez bien voulu prendre. M. Schousboe, que vous avez connu à Tanger, et M. Schousboe, auteur d'un fascicule de plantes publié à Copenhague, en 1800, sous le titre de : Jagtta- gelser over Vextriget i Marokko, sont-ils une seule et méme personne ? Recevez, monsieur, avec mes regrets bien sincéres, l'expression de mon bien sincére attachement. J. Gay. Ün voit par un curieux passage dé cette lettre l'intérét que Gay prenait à inscrire sur les étiquettes des plantes des renseignements sur leur auteur, sur les dates de réception. Pour qui connait les étiquettes exiguës de Salzmann, l'observation de Gay paraitra toute légitime. SEPTIÈME LETTRE. Néris (Allier), le 23 juillet 1825. Vous aviez prévenu mes vœux, mon cher monsieur, et lorsque je vous écri- vais de Nyon, dans les premiers jours de ce mois, votre réponse était à Paris depuis plusieurs jours. Je l'ai trouvée à mon retour, et, comme je repartais immédiatement pour Néris, je l'ai emportée avec moi, afin d'avoir sous les yeux tous les éléments de la réponse que je devais vous faire ici. Cinquante francs pour une centurie de plantes paraîtraient vraisemblablement à MM. Talbot, Fischer et Steven, surtout aux deux derniers, un prix trop élevé. Ces messieurs sont d'ailleurs trop éloignés de moi pour que je puisse les consulter à temps. Je vous prie, en conséquence, de ne m'envoyer pour eux que les trois ou quatre fascicules, de soixante plantes chacun, dont vous vous pro- posez de publier successivement le catalogue, et que vous vendrez à tout le monde. Je vous parlais, monsieur, d'une excellente occasion que j'aurais dans le cou- rant de l'été pour faire parvenir à MM. Fischer et Steven les collections que vous leur auriez réservées. Cette occasion est malheureusement perdue. Le jardinier que M. Fischer devait envoyer à Paris pour réparer les dégâts de l'inondation de Saint-Pétersbourg arrivait dans la capitale pendant mon séjour en Suisse. Il était sur son départ lorsque j'ai quitté Paris, et quelque diligence que vous fissiez, au reçu de ma lettre, vous arriveriez trop tard. Cela est fâcheux, parce que de pareilles occasions ne se retrouvent plus, lorsqu'on les a une fois manquées. Mais c’est une raison pour moi de vous engager, monsieur, à ne me faire votre quadruple envoi que lorsque vous aurez pu compléter le mien. Cinq ou six espéces seulement y manquaient, à la date de votre lettre. ll s’est écoulé plus d'un mois depuis cette époque. J'ai donc lieu de croire qu'au recu de ma réponse, vous pourrez m'expédier la totalité des plantes phanérogames que vous avez rapportées, sott d'Alicante, soit de Gibraltar, soit de Tanger. E 24 . lu fai J'ai fait pour vous, monsieur, beaucoup moins que je n auras voulu taire, » les travaux de la dernière session me l'avaient permis. Je wai donc que de LX SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. faibles titres à la faveur que vous voulez me faire, en m’envoyant, si je com- prends bien votre lettre, toutes les plantes phanérogames que vous avez récol- tées, même celles que vous n’avez pas le projet de vendre. Cette preuve de votre bienveillance sera reçue avec d’autant plus de reconnaissance. Veuillez, monsieur, joindre à votre envoi toutes les Fougères que vous pouvez avoir récoltées. Plus tard je vous demanderai les autres Cryptogames. Veuillez me dire de quoi elles se composent. Je présume que les plantes marines en constituent la majeure partie; car il ne doit y avoir ni Champignons, ni Lichens, ni Mousses sous le climat de Tanger. J'ignore si je pourrai m'acquitter envers vous, monsieur, aussitôt aprés avoir recu votre envoi. Mais je prendrai mes mesures pour ne pas vous faire attendre trop longtemps, et, selon toute apparence, je serai libéré avant la fin de l'année. Veuillez, monsieur, me dispenser de l'addition, et me dire, en somme, ce que je vous devrai. Je serai de retour à Paris le 12 du mois prochain, au plus tard. Le mémoire de Schoushoe, dans lequel est figuré l'Onopordon macracan- thum, avec plusieurs autres plantes, a été publié à Copenhague, si je ne me trompe, en 1805. Je ne posséde que l'édition danoise. Le travail avait été rédigé par Vahl, dont la mort prématurée a empéché la publication d'un second fascicule. Les graines de Crocus dont vous me parlez étaient effectivement au fond de la boite. Je les conserve avec soin, mais j'espere qu’elles ne seront point néces- saires pour propager l'espéce. Plusieurs de nos tubercules avaient poussé des feuilles avant mon départ pour la Suisse, et je les considérais comme sauvés. Recevez, monsieur, la nouvelle assurance de mon sincére attachement. J. Gay. HUITIÈME LETTRE. Nyon (Suisse), le 2 juillet 1825. [ Sans intérét scientifique : Gay presse Salzmann de lui envoyer, ainsi qu'à M. Steven et à M. Talbot, des collections d'Espagne et de Tanger. ] NEUVIÈME LETTRE. Paris, 1° octobre 1825. Mon cher monsieur, A mon retour de Néris, le 12 du mois d’août, je trouvai ici l'envoi que vous m'aviez annoncé par votre lettre du 22 juillet. Mon appartement était alors tellement encombré de plantes, reçues depuis le 1* janvier, qu'aprés y avoir mürement pensé, je crus n'avoir rien de plus pressé à faire que d'examiner tous ces envois, les uns aprés les autres, dans l'ordre chronologique, et de les réunir successivement en une seule masse, différant jusqu'à d'autres temps le soin de les intercaler dans l'herbier. SESSION EXTRAORDINAIRE À ANTIBES, MAI 1883. LXI Sept semaines, mon cher monsieur, ont été entièrement consacrées à ce tra- vail, et c'est hier seulement que j'ai achevé l'enregistrement de vos plantes de Motril, Malaga, Gibraltar et Tanger. Voilà pourquoi vous recevez si tard de mes nouvelles. Avant de vous accuser réception de l'envoi, je voulais le connaitre et, si possible, rassembler quelques observations qui pussent vous être utiles. Malheureusement je n'ai pu consa- crer que quelques jours à cette étude, pour laquelle je n'ai pas ouvert une seule fois mon herbier. Vous ne recevrez donc, cette fois, qu'un trés petit nombre d'observations. Toutes celles que je pourrai faire par la suite vous seront exac- tement transmises. N'ayant pu vous écrire, j'ai du moins averti sur-le-champ M. Talbot. Il m'annoncait dans sa réponse qu'il vous avait déjà fait payer à Montpellier, et qu'il ferait prendre chez moi le paquet qui lui était destiné. Je l'ai en effet remis peu de jours aprés à la personne qui est venue le réclamer de sa part. — Celui de M. Steven n'arrivera pas si tót à sa destination; ayant perdu l'occasion que me fournissait l'envoyé de M. Fischer, je ne pense pas trouver un moven d'expédition convenable avant le printemps prochain. Mes remarques sur votre envoi se bornent aux suivantes : Votre Anthoxanthum lasiostachyum de Tanger me parait être absolument la méme plante que l'Anth. ovatum Lag., tel que vous me l'avez envoyé de Corse, et tel que je l'ai cultivé de graines envoyées par l'auteur. Lagasca l'avait recu de Gibraltar. Votre Cyperus humilis de Gibraltar ne différe en rien du C. olivaris Targ. Tozzett. ou C. rotundus Fl. fr Suppl. que j'ai cueilli à Menton prés de Nice, et que De Candolle assure n'étre point rare dans la région des Oliviers, méme en Languedoc. Votre Juncus foliosus de Tanger, et celui de l’herbier de Desfontaines, ne sont autre chose que J. bufonius caule aitiore. Parietaria judaica de Malaga et de Tanger. — Le P. judaica L. est une plante fort peu connue, qui diffère de toutes les autres espèces par ses nervures partant de la base méme de la feuille, non de la cóte moyenne (voy. Mert. et Koch Deutschl. Fl. tom. 1). M. Cambessédes a trouvé cette plante à Majorque. — La vôtre ne me paraît pas différer du P. erecta Mert. et K., qui est l'offici- nalis des auteurs. Votre Plantago lusitanica de Malaga est le PI. Lagopus B. DC. Fl. fr. Suppl. Votre variété caulescens est une autre espéce, mais je ne puis pas dire si c'est le vrai lusitanica. . Votre Lycopus longifolius de Tanger est-il différent de l’exaltatus ? Votre Thymus diffusus de Gibraltar peut-il être distingué du Thymus vul- garis ? s Vinca major de Tanger. — C'est le V. media Audib. in DC. Cat. monsp., tel qu'il croit à Montpellier et ailleurs dans le Midi. Votre Caucalis cretica de Tanger est le C. maritima Gouan. Willdenow cite l'Acacia gummifera à Mogador. Votre plante en est trés diffé- rente. Ce n'est pas, non plus, l'Acacia qui- fournit la gomme au Sénégal (Ac. Senegal), dont j'ai des échantillons sous les yeux, ni l'A. vera ou nilotica, ni enfin l'Ac. arabica, deux espéces dont on extrait aussi la gomme en Nubie. Qu'est-ce donc ? Je l'ignore. La question sera trés difficile à décider sans les fruits. Cependant votre échantillon a les plus grands rapports avec l'Ac. Farnesiana, qui est cultivé en Provence, et dont les parfumeurs de Paris, de Grasse, etc., font grand usage. LXII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Medicago Echinus de Tanger.— Je crois être certain que c’est le M. inter- texta Wild. Voilà, monsieur, à quoi se réduisent pour le moment mes observations. Si je ne me trompe, je pourrais vous en fournir un grand nombre d'autres, car bien souvent ma mémoire ne s'est pas trouvée d'accord avec vos déterminations, et, sans doute, l'étude m'aurait donné quelquefois raison, si j'avais eu le temps de m'y livrer. Quand est-ce que je trouverai un peu de liberté pour cela? Je vous ai annoncé dans ma dernière lettre qu'il me serait difficile de m’ac- quitter de suite envers vous. Je vous demande encore un peu de patience, ear je n'ose vous garantir que ma volonté soit d'accord avec mes moyens avant le 15 décembre. Mais vous pouvez compter sur moi, au plus tard, pour cette époque. Il me réste à vous dire que vos échantillons laissent souvent beaucoup à désirer, quant à leur grandeur, mais qu'ils sont parfaitement desséchés; que vous avez eu le soin de les rendre instructifs en y ajoutant des fruits, toutes les fois que cela était nécessaire, et qu'en général je suis content de votre envoi. Votre Drosophyllum lusitanicum m'a fait beaucoup de plaisir. J'attends avec impatience toutes vos Cryptogames d'Espagne et de Tanger. Adieu, monsieur, soyez persuadé de mon sincére attachement. J. GAY. DIXIÈME LETTRE. Paris, le 3 décembre 1825. Quand recevrai-je les Cryptogames de votre voyage? Veuillez ne pas tarder davantage à me les expédier. Je les attends avec impatience. N'avez-vous pas cueilli le Glycyrrhiza glabra aux environs de Montpellier, et ne pourriez- vous pas m'en envoyer quelques échantillons par la méme occasion? Voici quelques nouvelles observations sur vos plantes d'Espagne et de Tanger. Votre Aira minuta appartient-elle à l'espéce de Linné ? Je l'ignore. Ce qui est certain, c'est qu'elle ne différe point de l'Airopsis pulchella Tenore Fl. nap. HE, tab. 102. Votre Trisetum lusitanicum de Malaga et votre Trisetum hispanicum de Malaga, Gibraltar et Tanger, constituent une seule et méme espéce qui est trés commune en Italie, et à laquelle appartiennent comme synonymes Avena pa- nicea Lamk III. et Desf. Atl., Avena neglecta Savi, Trisetum neglectum Tenore et Trisetum. pisanum Pers. Vous me l'avez envoyée de Corse sous le nom d'Avena punicea. Votre Festuca loliacea de Gibraltar est le Lolium perenne. Votre Crocus tingitanus a fleuri le mois dernier, et je l'ai reconnu pour une légère variété du C. autumnalis Brot. Je l'ai décrit sousle nom de C. autum- nalis B. Salzmanni.— Qu'est ce que peut-être le C. vernus Schousb.? Pour en avoir satisfaction, j'ai écrit, il y a quelques semaines, à M. de Schousboe lui- méme. Enfin votre Euphorbia leiosperma est Y Euph. provincialis Willd., dont l'E. neapolitana Ten. ne mérite pas d'étre distinguée. Elle est rare en France ; j'en SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. LXIII possède plusieurs exemplaires qui viennent du Roussillon. — Quant à votre Euph. purpurascens, son port est bien différent, mais les graines sont parfai- tement semblables, et, en dernier résultat, il faudra peut-être aussi la réunir au provincialis. Jai quelque soupçon, mais seulement un soupçon, que votre Arum Ari- sarum n'est pas celui de France. Veuillez les comparer et men dire votre avis. Adieu, monsieur, soyez persuadé de mon sincère attachement, J. Gay. ONZIÈME LETTRE. Paris, le 19 juin 1827. Vous n'étes pas plus surpris que moi, monsieur, du long retard qu'a éprouvé cette réponse, car il ne s’est pas écoulé un jour, depuis le 17 janvier, sans que j'aie senti le besoin de vous remercier des renseignements que vous m'aviez donnés, tant sur la partie cryptogamique que sur les Phanérogames de votre der- nier envoi. Malheureusement j'ai eu cette année plus que des devoirs journaliers à remplir. Trois mois entiers ont été employés à faire un pes décisif à ma mono- graphie des Crocus; le travail n'est cependant point achevé, et il ne le sera pas encore cette année ; mais il est tellement avancé, qu'une seule saison me suf- fira pour le compléter. C'est aussi depuis le jour de l'an que j'ai entrepris et conduit à bonne fin une monographie du genre Xeranthemum, qui paraitra vers le 41°% août. Maintenant que la fin prochaine de la session me laisse un peu de liberté, je me hâte de m'acquitter envers vous, et par ma réponse, et par l'envoi d'un effet de 80 francs montant de la somme que je vous devais encore pour les Cryp- togames de votre dernier voyage. Je ne retrouve pas en ce moment la lettre où vous m'en indiquiez le prix; je crois me rappeler qu'elle portait tout juste 80 francs ; si je suis dans l'erreur, vous voudrez bien m'en informer prompte- ment, afin que je puisse éteindre immédiatement cette petite dette. Vous me proposez, monsieur, plusieurs questions sur les plantes que vous n'avez encore pu déterminer avec certitude. Hélas ! je n'ai point eu le temps de m'en occuper moi-même, et vous le comprendrez facilement par ce que je vous ài dit de mes occupations et de mes divers travaux. Comme j'ai fait la monographie du genre Adenocarpus, je puis cependant lever vos doutes sur l'espéce que vous avez rapportée de Malaga. C'est le Cytisus telonensis de Loiseleur, et par conséquent 'Adenocarpus telonensis Gay Monogr. ined. (non DC. Fl. fr. Suppl.). Mon travail, rédigé dés le commencement de l’année dernière, devait être imprimé depuis longtemps. Un seul changement à y faire, exigeait le remaniement de quelques pages; je n'ai pas eu le temps d'y travailler : ce sera l'affaire du prochain mois de juillet, s'il ne survient point de nouvel empéchement. Votre Lythrum flexuosum (de Tanger) ne parait pas être le fleruosum Lag. ll diffère aussi de l'acutangulum de Lag. J'en parle d'après la comparaison des phrases spécialement données par Lagasca, dans son Appendice au catalogue du jardin des plantes de Madrid. M. de Cassini avait aussi reconnu votre Hieracium tingitanum pour un Barkhausia. ` LXIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Là se bornent pour le moment mes observations : je suis honteux de ma pau- vreté, et vous prie de l'excuser en recevant la nouvelle expression de mon sincère attachement. J. Gay. Ici se termine ce que j'ai en mains de cette correspondance. Les bota- nistes qui se sont récemment occupés de la flore du sud de l'Espagne et du Maroc, M. Edm. Boissier, sir Joseph Hooker, M. Ball, M. Cosson, ete., y trouveront peut-étre quelques renseignements utiles. Pour moi, je ne veux y voir que l’occasion de rappeler avec honneur la mémoire d'un homme qui resta longtemps, en France, sans rival dans la connaissance de la flore de l'Europe et de tout le bassin de la Méditerranée. DEUX LETTRES INÉDITES DE VICTOR JACQUEMONT, communiquées par M. J.-E. PLANCHON. La mode est aux confidences posthumes, aux indiscrétions épistolaires. On peut abuser de ce désir de rechercher l'homme dans son style, mais il est permis d'y céder lorsque, sous la plume d'un écrivain de race comme Jacquemont, on retrouve, à quarante-deux ans d'intervalle, l'im- pression vivante de choses qui faisaient vibrer les cœurs vers l'année 1830. Telle est mon excuse, en publiant les deux lettres suivantes écrites par Jacquemont à son ami Jacques Cambessédes. La première m'a été donnée en original par Cambessédes lui-méme, alors que, depuis long- temps retiré du monde botanique et devenu savant agriculteur, il m'ac- cueillait avec une bonne gràce charmante dans son domaine de Férussac, prés de Meyrueis (Lozère). Je ne possède de la seconde qu'un fragment: encore est-ce une simple copie qui fait regretter l'original, resté sans doute avec d'autres lettres chez les héritiers de Cambessédes. Comme Cambessèdes est peu connu sans doute de la génération actuelle des botanistes, je rappellerai qu'il fit partie, avec Adrien de Jussieu, Prosper Mérimée et le comte Jaubert, du cercle intime oü Jacquemont, avant son départ pour l'Inde, exercait sa verve caustique ; qu'il fut, comme botaniste descripteur, de l'école correcte de Kunth et d'Auguste de Saint-Hilaire ; que, chez lui, le savant était doublé d'un homme du monde voué aux exercices du sport, avant de l'étre aux travaux sérieux de l'agriculture; enfin, que, pendant la période d'effervescence qui signala les premiéres années du régne de Louis-Philippe, il fut, dans la garde nationale, l'aide de camp et le compagnon fidèle de son oncle à la mode de Bretagne, le général Mathieu Dumas (1). Ceci doit suffire pour expli- quer certaines allusions des lettres que j'ai hàte de transcrire. (1) Voyez, pour plus de détails, ma notice sur J. Cambessèdes, in Bull. de la Sot. bot. t. X, p. 543 et suive SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. LXV PREMIÉRE LETTRE. A M. J. Cambessédes. 31 octobre 1821. A la source de l'Hydaspe, au diable ! tout au fond des montagnes de Cachemyr, le 21 juillet 1831. ` Vous savez bien par expérience, mon cher ami, la besogne qui accueille à son retour au gite ceux de notre métier qui viennent de grimper le matin à cinq ou six mille pieds au-dessus, pour ne pas excuser la brièveté [préméditée de ces lignes. J'étais nubicole ce matin et ne suis pas revenu les mains vides de la région des nuages oü les trésors à notre usage ne manquent pas. La besogne me déborde. Mais la rare occasion d'un courrier se présente, et je laisse à mes gens le soin de mes herbes pour satisfaire à quelques dettes urgentes. Il y avait juste un an que je n'avais pas recu de nouvelles d'Europe, quand une masse énorme de correspondance est venue fondre sur moi dans la solitude. H y a deux jours; je tremble encore de la diversité des émotions que leur lecture a exci- tées en moi. Vous étiez, mon bon ami, au nombre de ceux dont je n'aurais pas assuré la téte; car j'étais bien persuadé que vous n'auriez pas regardé les autres faire il y a un an à pareil mois. Mon père m'écrit : Ton ami Cambessèdes est un fier luron, ma foi ; — et les journaux de Paris, que l'extréme obligeance du gouverneur général me fait parvenir à 200 lieues de ses frontiéres, m'apprennent que le capitaine Cam- bessèdes, aide de camp de son oncle et inspecteur lui-même au petit pied des gardes nationales, passe des revues en province, fait tourner à gauche et à droite, puis fait former le cercle, exprime sa satisfaction, remonte à cheval pour recommencer ailleurs, et court encore. On me dit que j'ai 12000 francs, ce n'est pas encore assez pour bien faire. Mais, qui me ledit ? C'est le Jardin d'une part et le ministre Guizot de l'autre. Il vaudrait mieux que ce fût mon banquier de Calcutta, qui n'en sait pas le plus petit mot. Heureusement que pour le présent, mon bon ami, le successeur de feu Porus, pourvoit à tout. Adrien (de Jussieu) n'a-t-il pas aussitôt prévenu M. De Lessert ? M. De Lessert aurait-il oublié d'envoyer à son correspondant de Calcutta une lettre de crédit supplémentaire en ma faveur ? Je ne sais qu'en penser, mais n'y pense pas trop, parce que, sür d'avoir cet argent quelque part, je l'emprunterai facilement daus l'Inde d'amis auglais qui ne manquent pas, Dieu merci. — Mon père m'a dit la chaude part qu'Adrien avait prise au Jardin dans mes intéréts, lorsque M. Guizot lui fit la proposition en ma faveur. Dites- lui que je l’attendais de son amitié et que je le remercie de cœur. Je commencerai dans peu à vous écrire des lettres que vous ne garderez pas pour vous seul comme ce billet. Mais pour porter de Cachemyr à Paris, et seu- lement de Cachemyr à Calcutta, mes montagnes de caisses, je n'ai pas le dieu Mercure à mes ordres. La distance est de quelque 6 à 700 lieues au travers de dominations diverses, sans roulage accéléré, ni ordinaire, vous le pensez bien. Patience donc, messieurs! mais le jour viendra. Adieu, mon cher ami, je vous embrasse de tout mon cœur. VICTOR JACQUEMONT. T. XXX. E LXVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. + DEUXIÈME LETTRE. Extrait d'une autre lettre écrite de l'Inde. .. Mon père m'écrivait, au mois de mars dernier, que vous aviez mis de côté votre grand sabre et vos éperons pour reprendre la loupe, la pointe de canif et la plume. Il m'a dit aussi que vous aviez accepté la place de Toscan (aide- naturaliste au Muséum) pour prouver à vos parents de Montpellier que vous deviez rester à Paris. J'imagine que, par le temps qui court, la politique divise bien des familles, surtout dans votre Midy, et que l'air de Paris est re- gardé comme fort mauvais par bien des habitants de votre province. Tel, à ma connaissance, est arrivé de Touraine à Paris passablement orthodoxe, il y a plusieurs années, que voilà devenu un enragé : Taschereau, par exemple. De- puis la démission de M. de La Fayette, votre oncle M. Dumas (le général Mathieu Dumas) me parait retiré dans la coulisse, et déjà je pense que vous aurez avec lui quitté fes grandeurs chevauchantes. Ardent comme vous l'étes, cet entr'acte de vos études accoutumées a dû vous intéresser vivement. Mais quand le mouvement se prolonge, il finit par paraître aussi monotone que le repos. Cela est vrai méme de la tempéte, sans méta- phore. Quand elle dure plus de vingt-quatre heures, on ne songe plus à admirer sa beauté, elle ne semble qu'incommode..... [ Le reste de la lettre est charmant et sur le mode enjoué, avec une pointe de raillerie rabelaisienne qui ne devait pas déplaire à Cambessédes, aide-natura- liste à ses heures, mais plus mondain d'allures que ses collégues des galeries du Muséum. — Je retranche cette fin à regret, mais je la supprime par respect pour certains noms mis en scène. ] M. Flahault, secrétaire, donne lecture du travail suivant : NOTICE SUR LES EUCALYPTUS, par M. €h. NAUDIN. Messieurs, Permettez-moi de vous entretenir quelques instants d'une expérience à la fois botanique et culturale commencée il y a plus de vingt ans par l'illustre fondateur du jardin de la villa Thuret, et que j'ai entrepris de continuer. C'est une expérience de longue haleine, que je ne puis pas me promettre d'achever ; mais, si peu qu'il me soit donné d'y contribuer, jaurai peut-étre réussi à amasser des matériaux pour ceux auxquels leur jeunesse et des circonstances favorables permettront de la mener à bonne fin. Il ne s'agit de rien moins, en effet, que de l'étude, sur le vivant, d'un vaste groupe d'arbres australiens, les Eucalyptus, qui ont déjà exercé la sagacité de beaucoup de botanistes, et dont l'introduction, relativement SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. LXVII récente en Europe, a été saluée avec acclamation par tous ceux qui ont à cœur d'augmenter nos ressources forestières, si malheureusement di- minuées à l'heure qu'il est. On ya vu encore d'autres promesses, celle surtout de servir à l'assainissement des pays ravagés par la fièvre, et méme de fournir un médicament fébrifuge presque égal en valeur aux écorces de Quinquinas. A ce double point de vue, les Eucalyptus ont inspiré de nombreux écrits, la plupart intéressants. mais où le lecteur est à tout instant arrété par l'incerlitude de la nomenclature. C'est qu'effec- tivement peu de genres de plantes ont autant embarrassé les descripteurs et occasionné plus de contradictions dans la caractéristique des espéces, et par suite plus de fàcheuses méprises pour les agriculteurs. Ces obscurités tiennent à plusieurs causes : d'abord à ce que les Euca- lyptus sont originaires d'un pays fort éloigné de l'Europe, où les voyages d'exploration ont été longtemps difficiles et périlleux ; puis à cette vieille habitude de composer les monographies presque uniquement à l'aide d'échantillons d'herbier, inévitablement incomplets et insuffisants quand il s'agit de grands arbres ; enfin, et c'est là la principale cause des diffi- cultés, à la variabilité extraordinaire des espéces, et l'ou peut dire aussi au polymorphisme des individus, qui changent fréquemment de figure dans les phases successives de leur vie. Ici espéces et individus sont de véritables Protées qu'on ne peut saisir qu'en les observant depuis la ger- mination des graines jusqu'à l’âge adulte, et encore n'est-on pas sûr, aprés de longues et palientes recherches, d'avoir mis la main sur des caractéres assez constants pour qu'on puisse toujours s'y fier. Ce que j'ai fait jadis au Muséum d'histoire naturelle pour l'étude des Cucurbitacées, je le fais aujourd'hui pour celle des Eucalyptus ; le procédé est le méme, avec cette différence toutefois que les Cucurbitacées, qui sont de simples herbes, ne demandent que deux ou trois ans de culture pour donner des résullats, tandis que les Eucalyptus tont attendre l'expérimentateur pendant une série d'années souvent fort longue. On ne connait pas encore exactement le nombre des espéces dont se compose le genre ; les auteurs varient sur ce point suivant leur maniére de comprendre l'espèce et leur tendance à l'élargir ou à la resserrer ; mais, en admettant comme bonnes celles qu'on trouve décrites dans les ouvrages les plus récents et les mieux élaborés, tels, par exemple, que le Flora australiensis de Bentham, ce nombre approcherait de 200. Toutes appartiennent au continent australien et à la Tasmanie, hormis une seule qui a été découverte dans l'ile de Timor, et qu'on soupconne méme s'étre échappée du continent voisin. Ce grand nombre d'espèces, ou du moins de formes réputées spécifiques, nellement caractérisées génériquement et toutes renfermées dans une aire géographique relative- ment restreinte, donne lieu à réfléchir. Pour moi, j'y voisla preuve d'une LXVIII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. origine commune, c'est-à-dire la descendance d'un premier ancètre, dont la postérité s’est subdivisée, dans le cours des siècles, en ces formes secondaires que nous appelons des espèces, et dont un certain nombre ne semblent pas encore totalement fixées aujourd’hui. Quoi qu’il en soit de cette vue, que les variations aient été provoquées par la diversité des milieux, ou qu’elles se soient produites uniquement par une force inté- rieure, une impulsion purement biologique, toujours est-il que les Euca- lyptus se rencontrent d'un bout à l'autre de l'Australie, au nord et au sud du tropique, à l'est et à l'ouest, chaque espéce étant. disséminée sur des espaces plus ou moins étendus, et se montrant plus sensible, en ap- parence, à la nature minéralogique du sol qu'à la différence des climats. Elles abondent surtout dans la moitié méridionale et extratropicale du continent ; quelques-unes méme s'élévent assez haut sur les montagnes de la Tasmanie pour mériter la qualification d'alpines. Ce sont ces der- nières qui, naturellement, ont pour nous le plus d'intérét, puisque habi- tuées dans leur site natal à de véritables hivers, leur introduction dans le midi méditerranéen de la France ne saurait offrir de grandes difficultés. C'est d'ailleurs un fait à remarquer, que les Eucalyptus, en général, réussissent beaucoup mieux dans les pays tempérés chauds qu'entre les tropiques. Peu d'espéces sont capables de vivre et de se conserver dans la zone torride proprement dite, surtout si à la chaleur constante s'ajoute une grande humidité de l’atmosphère ; aussi est-ce en vain qu'à maintes reprises on a essayé d'y naturaliser les espéces qui s'accommodent si bien du climat de l'Europe méridionale et du nord de l'Afrique. Les Eucalyptus nous offrent de grandes diversités de figures dans la série de leurs espéces, comme aussi dans les proportions qu'elles peuvent atteindre. Quelques-unes s'élévent à plus de 100 mètres de hauteur, dé- passant même les gigantesques Sequoia ou Wellingtonia de la Cali- fornie; d'autres ne sont que des arbrisseaux, ou méme de modestes arbustes, qui compensent souvent l'exiguité de leur taille par la grandeur ou l'originalité de leurs fleurs. Un autre trait, qui a été fort remarque parce qu'il est de premiére importance pour le cultivateur et le forestier, c'est la rapidité extraordinaire de la croissance de certaines espèces. Nous en avons un exemple devenu classique dans PE. Globulus, dont on voit tant et de si beaux échantillons dans ce pays. D'autres espéces, au con- traire, sont lentesà se développer. On pourra juger des différences qu'elles présentent entre elles sous ce rapport en visitant la collection d'Euca- lyptus de la villa Thuret, où, à côté de jeunes arbres de 4 à 7 mètres de haut à leur quatrième année, on en rencontrera de même âge, et dans les mêmes conditions de culture, qui n'arrivent pas à 50 centimètres. Je n'ai rien dit jusqu'ici du caractére botanique essentiel du genre, celui qui lui a valu le nom qu'il porte. La structure des fleurs est, d'une SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. LXIX manière générale, celle des Myrtacées-Leptospermées, avec cette parti- cularité que la corolle y est métamorphosée en un opercule parfaitement clos, qui, au moment de la floraison, tombe tout d’une pièce, laissant les étamines s'étaler en rosace. Cet opercule, dont la forme et la grandeur varient suivant les espèces, fournit ordinairement de bons caractères pour les distinguer. Il est tantôt allongé en figure de corne, droite ou courbe ; tantót conique ; tantót réduit à une simple calotte hémisphérique plus ou moins déprimée, apiculée ou obtuse, etc. Quand cet opercule est beau- coup plus long que le tube du calice, les étamines qu'il recouvre res- tent droites; s'il est, au contraire, à peu prés de méme longueur que lui ou plus court, elles s'infléchissent et portent leurs anthères vers le centre de la fleur. Dans ce dernier cas, les anthéres sont toujours plus courtes que dans celui oü les étamines peuvent s'allonger librement sous l'opercule. | J'ai dit tout à l'heure que cet opercule n'est qu'une modification de la corolle, dont toutes les piéces, quatre ou cinq, plus rarement six, sont congénitalement soudées dans toute leur étendue, etsi intimement, qu'on n'y découvre aucune trace de sulure. Leur nombre est donc supposé, au moins dans la majeure partie des cas. Au premier abord il semble que c'est au calice que l’opercule devrait être rapporté; mais, pour l'attribuer à la corolle, comme je viens de le faire, je m'appuie sur l'existence d'un second opercule, ordinairement sphacélé de trés bonne heure et fugace, qui, sur les boutons de fleurs naissants, recouvre comme un capuchon l'opercule intérieur longtemps persistant. Ce petit opercule extérieur est pour moi le limbe du calice. Je fais d'ailleurs remarquer qu'il n'est pas toujours réduit à une pellicule qu'un souffle d'air emporte, el que, chez un petit nombre d'espéces, il est presque aussi développé et aussi persis- tant que l'opercule intérieur ou corollin. L'ovaire, à trois, quatre, cinq et quelquefois six loges, est assez habi- tuellement soudé dans toute ou presque toute sa longueur avec le tube calicinal. Il y a cependant des espèces où il n'est qu'à moitié adhérent. Il en résulte une capsule plus ou moins libre par sa partie supérieure, c'est- à-dire dépassant notablement le bord tronqué du calice, ce qui est un assez bon caractère spécifique. Dans d'autres cas, la capsule affleure le bord du tube calicinal, ou est profondément incluse dans cet organe. Au total, le fruit étant ce qui varie le moins dans une espéce, c'est lui qui aide le plus à la reconnaitre; il faut dire cependant qu'à lui seul il ne suffirait que rarement, et que, pour la plupart des espèces, il faut lui associer d'autres caractéres, tirés de l'inflorescence, de la forme de l'opercule, etc. Je passe sous silence beaucoup d'autres particularités qui n'ont d'inté- rét que pour l'eucalyptographe, et j'en viens tout de suite à l'histoire trés LXX SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, abrégée des espèces sur lesquelles les hygiénistes et les agriculteurs fon- dent le plus d’espérances. La plus célèbre, celle qui pour beaucoup de personnes résume tout le genre, est ce gigantesque E. Globulus, si commun aujourd'hui en Pro- vence et qui est justement renommé pour la rapidité avec laquelle il croit. En dix ans, s'il est en bon sol, c'est déjà un arbre puissant, haut de 15 à 16 mètres, et dont le tronc peut fournir une forte solive. Lorsqu'il est isolé, il prend du corps et élargit sa téte; planté en massifs, il file droit comme une fléche, se ramifie peu, et devient par là plus propre aux grandes constructions. A l’état que j'appelle juvénile, c'est-à-dire dans ses deux premières années, ses larges feuilles ovales sont sessiles, oppo- sées, horizontales, glauques-pruineuses, et exhalent une forte odeur de camphre. A sa troisième ou quatrième année, lorsqu'il est déjà haut de 5 à 6 mètres, elles changent insensiblement de figure, deviennent pé- tiolées, alternes, longuement lancéolées et plus ou moins falciformes ; le pétiole subissant alors une demi-torsion, leur limbe se place dans un sens ou un plan vertical, en méme temps qu'elles deviennent pendantes et qu'elles perdent la. pruinosité blanchàtre du premier àge. Le port et l'aspect de l'arbre sont alors tout différents de ce qu'ils étaient dans la période juvénile ; mais, vient-on à le couper par le pied, il repousse une abondante cépée dont les brins reprennent la figure du premier àge : larges feuilles sessiles, opposées et pruineuses. Celte régression vers un état antérieur se montre aussi sur les parties plus élevées de l'arbre, à la suite de quelque mutilation ou de la rupture d'une branche, quelquefois méme sans qu'aucun accident visible l'ail provoquée, et, si l'on ne con- naissait d'avance cette particularité, on pourrait croire qu'on a sous les yeux deux espèces différentes, dont l'une aurait été greffée sur l'autre. Par sa manière de végéter, son port et son aspect général, PE. Globulus diffère tellement des arbres de nos climats, qu'on le distingue de loin, et du premier coup d'œil; aussi imprime-t-il au paysage un caractère parti- culier qu'au point de vue de l'esthétique chacun peut juger différemment. Personne ne niera cependant qu'arrivé à l’âge adulte et couronné par une téte large et massive, comme nous la présentent quelques-uns de ceux de la villa Thuret, l'arbre ne soit réellement imposant. La gràce méme ne lui fait pas entiérement défaut, lorsqu'en hiver sa verdure un peu grise s'émaille de milliers de fleurs blanches. Cette floraison, d'ailleurs, n’est pas réglée comme celle de nos arbres indigènes ; elle arrive, suivant les individus, à diverses époques de l'année, mais principalement entre le commencement de l'automne etla fin du printemps. Ainsi que je l'ai dit plus haut, les agriculteurs, les hygiénistes, les mé- decins, et méme quelques liommes d'État, se sont beaucoup occupés de l'E. Globulus, dans lequel on a vu un moyen rapide et surtout économique SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. LXXI d’assainir les lieux insalubres, et nombre de mémoires ont été publiés à ce sujet en France, en Algérie et ailleurs. Je n'oserais pas affirmer que ses émanations ont le pouvoir, comme plusieurs le prétendent, de purifier l'air vicié par des miasmes palustres; mais, ce qui est incontestable aujourd'hui, c'est que, par l'énergique succion de ses racines, il desséche en peu de temps les terres imbibées d'eau. Ce qui est également acquis à la suite d'expériences répétées, c'est qu'en Algérie des localités jadis très malsaines ont été rendues parfaitement salubres par des plantations d'Eucalyptus. Le méme fait se reproduit en ce moment près de Rome, sur un des points les plus redoutés de l'Agro romano, à l'abbaye des Trois-Fontaines, où des trappistes francais ont planté déjà près de cent mille Eucalyptus. Il serait trop long d'exposer ici les résultats obtenus de cette vaste plantation ; on en trouvera le détail dans les mémoires du sénateur Torelli, ainsi que dans les rapports de MM. Vallée et Meaume, publiés récemment dans la Revue des eaux et foréts. Assainir et rendre habitables des lieux dont l'insalubrité faisait un désert, et y ramener la vie avec une population d'agriculteurs, est déjà un grand point, mais ce n'est pas le seul bienfait qu'il y ait à attendre de la plantation en grand des Eucalyptus ; il faut aussi tenir compte des profits de plus d'une sorte qui en résulteront pour l’agriculture et l'in- dustrie. En premier lieu, ce sera la production du bois, c'est-à-dire d'une matière première tous les jours plus rare et plus chère, et pour laquelle nous payons à l'étranger un tribut annuel de plus de 200 millions de francs (1). Cette pénurie si inquiétante peut, à un moment donné, devenir désastreuse, et il faut à tout prix y remédier dans le plus bref délai par la reconstitution de nos anciennes foréts. Or, de tous les arbres qui sont actuellement connus, il n'en est point qui, dans un laps de temps déter- miné, produisent autant de bois, et d'excellent bois, que certaines espèces d'Eucalyptus, et l'on peut sans exagération porter au quadruple de celle d'un Chêne de nos climats la production ligneuse de l'E. Globulus. Ainsi, à vingt-cinq ans, un de ces arbres équivaudrait en moyenne à un Chêne àgé de cent ans. Si le temps est vraiment de l'argent, comme le disent les Américains, il est facile de calculer les bénéfices d'une économie de trois quarts de siècle. Il ne faut pourtant pas se faire illusion. Ce n’est point avec des Euca- lyptus qu’on reboisera les montagnes arides et dénudées du Languedoc et de la Provence, où des troupeaux de moutons et de chèvres trouvent à peine une maigre subsistance. Si le reboisement y est encore possible, (1) D’après la dernière statistique, nos achats de bois étrangers atteignent le chiffre de 280 millions de francs ; nos exportations arrivent à peine à 30 millions, les écorces à tanner comprises. Li LXXII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ce ne peut être qu’à l’aide de nos arbres et arbrisseaux indigènes les plus durs et les plus résistants au froid et à la sécheresse, l'Yeuse, le Pin d'Alep, cà et là le Pin silvestre ou le Chéne-liége, les Phyllirea et autres arbustes lents à croilre, mais se contentant des plus mauvais sols. Le produit direct en serait minime et se ferait longtemps attendre, mais ces reboisements exerceraient une heureuse influence sur le climat, en modi- fiant trés avantageusement le régime des eaux pluviales. Tout cela ayant été dit et mille fois répété, je n'y insiste pas davantage. Là où les Eucalyptus seront vraiment utiles, c'est dans le midi de l’ Eu- rope, et, pour nous plus particulièrement, en Algérie, où ils ont d'ailleurs fait leurs preuves. Autantet plus encore que la France, l'Algérie a besoin d’être reboisée. C'est en couvrant d'arbres ses hauts plateaux actuelle - ment dévastés par la vaine pâture, mais qui heureusement conservent encore leur terre végétale, qu'on luttera victorieusement contre le fléau des longues sécheresses, qu'on amorlira la violence des vents, qu'on rendra le climat général plus clément et surtout moins meurtrier pour l'enfance. L'Algérie n'a pas seulement des montagnes ; elle a aussi de vastes et superbes plaines, dont la fertilité serait sans égale si elles étaient plus souvent visitées par la pluie. C'est là, plus qu'ailleurs, que les plan- tations d'Eucalyptus pourront être florissantes ; là qu'elles produiront, en méme temps que l'ombrage si nécessaire sous ce climat, les bois de construction et le combuslible, des écorces pour le tannage des cuirs, peut-étre des substances médicamenteuses, et méme, si on le veut, des huiles essentielles et des résines qu'un jour ou l'autre l'industrie saura utiliser. Si gigantesque que devienne lE. Globulus avec les années, il a cepen- dant des rivaux, dont quelques-uns méme le surpassent. Citons parmi eux PE. amygdalina des montagnes de la Tasmanie, qui, au dire du savant botaniste australien, M. Ferdinand Müller, atteint jusqu'à 120 et 130 m. de hauteur, sur un tronc dont le volume est proportionné à cette colos- sale stature. Jl est devenu célèbre, dans ces dernières années, comme étant le plus riche de tout le genre en principes éthérés, et, par suite, le plus propre à purifier l'air fébrigène des pays marécageux. Je fais les mêmes réserves que plus haut sur cette propriété. Il a toutefois un avan- tage considérable sur l'E. Globulus dans sa rusticité sensiblement plus grande, aussi est-il souvent demandé par les arboriculteurs du Midi, en en dehors de la région de l'Olivier. Malheureusement cet arbre est encore rare chez nous, et je n'en connais qu'un petit nombre d'exemplaires qui soient d'âge à4fleurir et à produire des graines. C'est un arbre élégant, qu'on reconnait de loin à la légèreté de son feuillage étroitement linéaire et d'une verdure foncée. ll est aussi trés caractérisé par ses inflorescences, qui sont des ombelles axillaires et pluriflores, c'est-à-dire contenant nor- SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. LXXIII malement plus de sept fleurs. Pour ceux que la question intéresserait d'une manière plus particulière, j'ajouterai que partout ou je l'ai ren- contré, il portait le nom impropre T'E. piperita, qui appartient à une espèce trés différente, et que l'arbre vendu par les horticulteurs sous le nom d'amygdalina n'est autre chose que l'E. viminalis, déjà assez commun en France et ailleurs. Ce dernier est aussi un bel arbre, dont on peut voir des exemplaires adultes à la villa Thuret. On le reconnait aisément à sa taille élancée, à son tronc lisse et presque blanc quand il a dépouillé sa vieille écorce, à ses feuilles étroitement lancéolées et à ses inflorescences axillaires et triflores. De méme que lE. Globulus, c'est une espèce biforme, dont le premier àge ne ferait pas soupconner la figure qu'il présentera plus tard. Moins grand peut-être que le Globulus, il l'emporte sur lui en rusticité, car on l'a vu supporter sans en souffrir des froids auxquels ce dernier à toujours succombé. Sa culture a déjà commencé dans le sud-ouest de la France, où M. le D" Guillaud, professeur à la Faculté de médecine de Bordeaux, s'occupe de le propager. Il n'est d'ailleurs pas le seul qui ait des chances de réussite sous ce climat; on peut lui adjoindre l E. coriacea (ou E. pauciflora de F. Müller), l'E. coccifera, qui passe sans graud dommage les hivers du sud de l'Angleterre, et l'E. Gunnii, grand arbre des montagnes de la Tasmanie, qui jouit aussi d'une cerlaine rusticilé relative. Si nous nous en rapportons aux récits des voyageurs qui ont parcouru l'Australie, PE. diversicolor, plus connu sous son autre nom de colossea, serait, par l'énormité de ses proportions, le rival et peut-étre le vainqueur des E. Globulus et amygdalina. C'est le célèbre Karri des colons de l'Australie occidentale, auxquels il fournit le bois de toutes leurs construc- tions. Cet arbre, qui en grandissant change moins de figure que la plu- part de ses congénéres, est déjà assez commun dans les jardins et les pépinières de la Provence maritime. Son introduction étant encore ré- cente, les plus grands exemplaires que nous en possédons ne dépassent guère une dizaine de mètres, néanmoins quelques-uns commencent à fleurir ; car, soit dit en passant, c'est une particularité de plusieurs Euca- lyptus de grande taille de fleurir dés la troisième ou la quatrième année, quelquefois méme à la deuxième. Il est un peu moins rustique que PE. Globulus, et dans les hivers exceptionnellement froids il perd l'extré- mité de ses branches, accident d'ailleurs bientót réparé par la naissance de bourgeons adventifs à l’aisselle des feuilles ou sur le bois resté sain. A tout prendre, lE. diversicolor est un arbre d'avenir pour les parties les plus chaudes du midi de l'Europe, la Corse et l'Algérie. Non moins intéressant est l'E. rostrata, ainsi nommé de la forme de son opercule prolongé en bec, et sans doule aussi de sa capsule, terminée LXXIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. en pointe par suite de la persistance de la base endurcie du style. Ce n’est plus un colosse comme ceux dont je parlais tout à l'heure, mais c'est encore un trés gros et trés grand arbre, dont le tronc mesure de 4 à 6 mètres de circonférence à la base, lorsqu'il a pris toute sa croissance. Planté isolément, il s'éléve droit, mais en laissant retomber ses derniéres branches, longues et menues, ce qui, joint à ses feuilles étroitement lan- céolées et pendantes, lui donnerait quelque ressemblance avec un Saule pleureur, s’il n’en différait totalement par son port pyramidal. La grande valeur de cet arbre, à notre point de vue utilitaire, c'est l'excellence de son bois, presque incorruptible et préféré en Australie à tous les autres pour les constructions navales. On assure, en effet, qu'il n'est jamais attaqué par les tarets (Teredo navalis), ce redoutable mollusque qui a causé la perte de tant de navires en perçant leurs coques. Il y a encore d'autres services à en attendre : son écorce, qui est trés épaisse, sert avantageusement au tannage des cuirs, et son exubérante floraison en fait un arbre précieux pour l'éleveur d'abeilles. L'E. rostrata est rustique au méme degré que le Globulus, et, comme lui, il ne sortira guère de la région où l'Oranger est cultivé à l'air libre; mais mieux que lui il se plait dans les terres trés imbibées d'eau, méme dans celles qui restent quelque temps inondées par les pluies de l'hiver. Si à tous ces avantages on ajoute que sa croissance est presque aussi rapide que celle de l'E. Globulus, on accordera que c'est une des espèces du genre qui se recommandent le plus à l'agriculieur et au forestier. Je ne veux pas abuser de votre attention et de votre temps en vous citant d’autres espèces, acquises ou naturalisées, intéressantes à divers litres, comme arbres ou arbrisseaux décoratifs. Peu d'entre elles sont bien connues quant aux services qu'elles peuvent nous rendre, et la plu- part méme ne sont pas déterminées botaniquement d'une maniére assez certaine pour que j'ose les signaler. Il y a là une lacune que je m'efforce de combler à l'aide des livres, des mémoires, des notes dispersées dans diverses publications, et surtout par l'observation et la comparaison des arbres de tout âge. Pour accomplir cette tâche embrouillée et difficile, je mets à profit, non-seulement les jeunes arbres obtenus de nos semis à la villa Thuret, mais aussi les arbres que je trouve tout venus dans les jardins de la région, à Hyéres, Cannes, Nice, le golfe Juan, la Mortola, et méme dans les cultures de l'Algérie. Parmi ces derniéres, je dois une mention spéciale à celles de MM. Cordier et Trottier, deux agronomes éminents qui, les premiers, ont compris quels services les Eucalyptus devaient rendre à notre grande colonie transméditerranéenne, et qui en possédent aujourd'hui d'incomparables collections. L'accueil bienveillant que j'ai trouvé chez eux ne sortira jamais de mes souvenirs. Je n'ose pas me flatter, Messieurs, de vous avoir beaucoup intéressés SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. LXXV par cette notice, qui vous semblera peut-être trop longue, el où j'ai si volontiers sacrifié la science à la pratique; mais vous me pardonnerez, je l'espére, d'avoir essayé de vous communiquer ma passion pour les arbres et les reboisements. Sylvæ sunt consule digna, vous n'en doutez pas, mais vous devez regretter qu'elles n'aient pas eu, pour plaider leur cause devant vous, un avocat-plus habile que l'obscur expérimentateur-horti- culteur de la villa Thuret. OBSERVATIONS SUR LES ANÉMONES DE GRASSE ET DES ENVIRONS, par M. Pabbé PONS (1). Parmi les fleurs que la main de Dieu a semées avec tant de profusion dans les champs de notre doux et fortuné climat, les Anémones occupent une des premières places par leur nombre, par l'éclat et la variété de leurs couleurs et de leurs formes. Depuis le pourpre le plus vif et le plus brillant, depuis le violet le plus intense jusqu'au rose le plus tendre et au blanc le plus pur, toutes les nuances les plus délicates s'étalent sous le regard ravi du touriste et éveillent l'attention des botanistes. Parmi ces derniers, les uns, s'obstinant dans une opinion préconcue et déterminés à n'admettre que les deux espèces linnéennes, se bornent à admirer la variété des formes et des couleurs ; d'autres, enthousiastes, amateurs de nouveautés, voudraient admettre autant d'espéces qu'il ya de formes. La vérité ne se trouve point dans ces deux extrémes. 1l serait assurément puéril de compter autant d'espéces que de formes ou de cou- leurs, et l'on est aussi dans l'erreur, selon nous, en s'obstinant à ne vou- loir jamais admettre que les deux espéces du célébre botaniste suédois. Sans autorité pour traiter la question si indécise encore de la délimi- tation des espéces, nous nous contenterons, aprés avoir décrit aussi exac- tement que possible les différentes Anémones qui croissent naturellement à Grasse et dans les environs, de rapporter quelques observations et expé- riences, nous bornant à dire ce que nous avons vu par nous-méme. Notre but est d'amener les botanistes plus expérimentés que nous à étudier sérieusement nos Anémones de Provence. Linné, dans son Species, admet dans la section des Anémones caule folioso, seminibus caudatis, trois espèces : l'Anemone coronaria, VA. hortensis et VA. palmata. Les deux premières seulement se trouvent (1) Note du Secrétariat. — M. le D" Bornet, ayaut bien voulu, à propos de l'intéres- sant travail de M. l'abbé Pons, nous faire part, avec son obligeance habituelle, d'utiles renseignements complémentaires sur le méme sujet, nous les avons rattachés à la communication ci-dessus sous forme de notes ajoutées au bas des pages XXX et suiv., €t accompagnées de l'abréviation [D' B.], qui marque leur origine” LXXVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. à Grasse et dans les environs. Ce sont ces deux espèces ou plutôt ces deux groupes que nous allons décrire et qui font depuis vingt ans l'objet de nos observations. PREMIER GROUPE. ANEMONE CORONARIA TL. 1° Anemone coccinea Jordan, Diagn. d'esp. nouv. I, p. 91. — Ane- mone coronaria Hanry, Prodr. d'hist. nat. du Var, p. 142 et auct. gall. pro parte. Cette plante est trés commune dans les champs cultivés à Grasse, Mouans, le Bar et tous les environs. Partant du bord de la mer, elle s'ar- réte à 350 et 400 mètres au plus d'altitude. Fleurs ordinairement à 5-6 sépales, rarement 7, jamais plus, trés grandes. Sépales largement obovés, trés courtement acuminés, d'un beau rouge vermillonné, plus pàle vers l'onglet ; ne présentant jamais au fond du calice une couronne réguliére et franchement marquée. Style recourbé, laineux à la base, gréle. Filets des étamines d’un violacé rougeâtre. Carpelles obovés, laineux. Capitule fructifère petit, ovoide, violacé noirátre. Graines stériles. Hampe forte, raide, élevée de 4-5-6 décimètres. Folioles de l'involucre sessiles, bi-tripartites, laciniées. | Feuilles radicales ternatiséquées, à segments plus ou moins découpés ou multifides dentés. Nous n'avons jamais pu faire doubler la fleur de cette plante en la sou- mettant à la culture. 2° Anemone coronarioides Hanry, Prodr. d'hist. nat. duVar. p. 142. Aprés la plante que nous venons de décrire, mais trés rarement mélée à elle dans la méme station, on trouve, dans les mémes localités et en aussi grande abondance, l Anemone coronarioides Hanry, dont les sta- tions ne s'élévent qu'à 300 métres. Fleur beaucoup plus petite que la précédente, d'un bleu foncé avant l'anthése et passant graduellement à un bleu plus tendre ; jamais de cou- ronne au fond du calice. Sépales 5, assez souvent 6, quelquefois 7, obovés, courtement acu- minés, moins fortement nerviés que dans lA. coccinea Jord. | Style noirâtre, recourbé dès la base, flexueux, un peu renflé sur le milieu. SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. LXXVII Filet des étamines roussátre; carpelles obovés laineux. Capitule fructifère arrondi, terminé en pointe, noirâtre violacé. Graines trés rarement fertiles. Hampe gréle, un peu flexible, atteignant à peine 20 à 35 centimétres. Folioles de l'involuere incisées, laciniées. La fleur parait d'abord sessile dans l'involucre, mais le pédoncule s'allonge au moment de l'anthése et atteint le tiers de la longueur de la hampe. Feuilles radicales trois fois ailées, à folioles découpées en laniéres trés étroites peu ou point dentées. Les quelques graines que nous avons pu semer ont reproduit la plante mére. Nous n'avons jamais pu faire doubler la fleur de cette plante. La floraison de l'Anemone coronarioides Hanry est de dix à quinze jours plus précoce que celle de l'Anemone coccinea Jordan. 3° Anemone Mouansii Hanry, Prodr. d hist. nat. du Var, p. 143. Fleurs de couleur variable, ne présentant jamais de couronne régu- lière et bien marquée au fond du calice, de grandeur moyenne. Sépales ordinairement 6-7, trés rarement 8, arrondis ou elliptiques, trés briévement aigus. Style grêle, courbé en demi-circonférence ou en forme d'S. Filet des étamines rose à la base, blanc à la pointe. Capitule fructifère, allongé subconique, grisâtre. Graines assez ordinairement fertiles, reproduisant la plante mère avec les principaux caractères, mais non quant à la couleur. Feuilles radicales à folioles largement découpées, dentées. Floraison très précoce, quinze ou vingt jours avant les autres plantes de ce groupe. Habitat : 200 à 300 mètres au plus au-dessus du niveau de la mer. La couleur de l'Anemone Mouansii n'est pas stable, mais elle ne revêt jamais une couleur identique aux autres Anémones. Si on la considère par rapport à son coloris on peut compter, trois formes différentes : «. Anemone Mouansii flore violaceo. 6. Anemone Mouansii flore albo-violaceo. y. Anemone Mouansii flore purpureo-violaceo. La première se trouve à Grasse, quartier de Saint-Jacques; la deuxième à Grasse, quartier de Saint-Antoine, et la troisième à Grasse, sur le pla- teau qui domine la gare au sud. | Cette dernière forme nous paraît être le type décrit par M. Hanry dans le Prodrome du Var. Mais nous n’avons jamais trouvé cette Anémone à Mouans. Nous n'avons jamais pu faire doubler cette fleur. LXXVIII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 4* Anemone rosea Hanry, Prodr. d'hist. nat. du Var, p. 143. Fleur de moyenne grandeur, rose violacé, quelquefois plus pâle, presque blanche à l'extrémité des sépales, qui sont au nombre de 5 ou 6, arrondis, non acuminés et fortement nerviés ; jamais de couronne au fond du calice. Style recourbé, pas ou peu flexueux, non renflé sur le milieu. Filet des étamines d'un violet foncé, à base blanchâtre. Capitule fructifére ovoide globuleux. . Graines ordinairement fertiles. Nous n'avons pu encore nous convaincre par nous-méme si elles reproduisent exactement la plante mère. Hampe de 2-4 décimétres, assez raide, mais bien moins forte que celle de l'Anemone coccinea Jordan. Involucre, 2-3 folioles dentées. Feuilles radicales trois fois ailées ; folioles trés découpées et dentées au sommet. Habitat : Magagnosc, au-dessus du hameau de Saint-Laurent, de 350 à400 mètres d'altitude. , Nous n'avons jamais pu faire doubler la fleur de cette plante. 5° Anemone Rissoana Jordan in litteris (non Ardoino, Flore des Alpes- Maritimes). Fleur d'un blanc argenté, clair, brillant, avec flammes purpurines, ou fleurs rouges purpurines avec flammes blanches; couronne réguliére et toujours bien marquée au fond du calice. Sépales le plus souvent 7-8 et 9, obtus et courtement acuminés. Style gréle, dépassant à peine les poils laineux qui recouvrent l'ovaire. Filets des étamines à peine rosés aux deux extrémités et foncés sur le milieu de leur longueur. Anthéres mutiques. Capitule fructifère ovoide allongé, grisàtre. Graines toujours fertiles, reproduisant la plante mére avec ses princi- paux caractéres et donnant des fleurs semi-doubles et méme tout à fait doubles. Hampe de 2 à 4 décimétres, flexible et non raide. Folioles de l'involuere petites, plus profondément et plus finement incisées et découpées que dans les autres formes d'Anémones décriles. Feuilles radicales trois fois ailées, assez réguliérement dentées. Habitat : Grasse, quartiers Saint-Antoine et Saint-Jacques, 200 à 250 métres d'altitude. 6° Anemone grassensis Goaty et Pons, mscr. Fleur de moyenne grandeur, d'un beau rouge carminé et non vermil- SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. LXXIX lonné ; quelquefois des reflets plus pàles se montrent à l'extrémité de ses sépales; jamais de liséré blanc argenté ; onglet gris argenté, présentant toujours une large et belle couronne bien marquée au fond du calice. Sépales le plus souvent 7 et 8, oblongs et franchement acuminés. Style courbé, flexueux. Filet des étamines violacé à la base, plus pàle vers le haut, à pointe blanche. l Capitule fructifère en forme de cône, arrondi à son extrémité, d’un gris cendré avec les styles noirâtres appliqués contre les ovaires supé- rieurs. Graines toujours fertiles, dont les semis reproduisent la plante mère, et donnent aussi des sujets à fleurs semi-doubles et doubles. Hampe de 15 à 35 centimètres, un peu flexible, sur laquelle on re- marque cà et là, surtout à la naissance de l’involucre, des teintes d'un rouge carminé. Folioles de l'involuere plus profondément incisées que dans A. cocci- nea Jordan et à lanières plus larges que dans l'Anemone Rissoana du méme auteur. Feuilles radicales trois fois ailées; folioles à segments assez réguliére- ment dentés et à peu prés égaux. Floraison de quinze à vingt jours plus précoce que celle de PA. cocci- nea Jordan. Les greffes de cette Anémone livrées à la culture donnent trés promptement des fleurs semi-doubles et doubles. Habitat : Grasse, quartier de Saint-Antoine, rare ; 200 à 250 mètres d'altitude. 1° Anemone alba Goaty et Pons, mscr. Fleur de moyenne grandeur, d'un blanc pur. Sépales 6-7, obovés plus ou moins obtus. Style court à pointe gréle, courbé en faux. Filet des étamines jaunâtre plus clair au sommet; anthéres d'un bleu clair et non d'un noir violacé. Capitule fructifère obové. Graines toujours fertiles et reproduisant exactement la plante mère. Hampe courte, 10-25 centimètres, raide, d'un vert jaunâtre. Folioles de l'involuere petits, à lanières peu profondes. Feuilles radicales tripennées, à segments régulièrement dentés. Souche très florifère. l Nous n’avons pas encore pu faire doubler la fleur de cette plante. Habitat : Grasse, Rocavignon, 450 à 500 mètres d'altitude. Mentionnons encore dans ce groupe : LXXX SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ]* Anemone coronaria, varietas floribus majoribus, cæruleis, laci- niatis. Nous tenons cette plante de M. le D' Bornet; elle a été récoltée dans les olivettes entre Antibes et Mougins. Fleur trés grande, hampe trés forte. Feuilles radicales découpées en lanières très étroites, comme dans l'Anemone coronarioides Hanry, mais avec laquelle on ne peut la confondre. Serait-ce l'Anemone cyanea Risso, que nous ne connaissons pas et que M. Hanry nous a assuré différer de son Anemone coronarioides? Nous l'ignorons. N'ayant jamais rencontré cette Anémone dans nos herborisations, nous n'avons pu faire sur elle aucune étude particuliére. Nous avons remarqué plusieurs fois sur des Anémones de ce groupe l'incision que l'on voit sur cette fleur. æ Anemone Ventreana Hanry (Prodr. d'hist. nat. du Var), qui ne se trouve point dans les environs de Grasse et que nous n'avons jamais pu nous procurer. Dilfére-t-elle de l'Anemone Rissoana Jordan ? Nous l'ignorons ; par la description que l'auteur en donne, nous avons toujours pensé qu'il y avait de grandes ressemblances entre ces deux plantes (1). Nous avons observé que, parmi toutes les Anémones qui composent le groupe des Coronaria, Anemone Rissoana et l'A. grassensis sont les seules dont les fleurs doublent facilement. Ce sont aussi les deux seules races qui offrent au fond de leur calice une couronne régulière et très franchement marquée ; les seules aussi qui, avec notre Anemone alba, donnent toujours des graines fertiles. Nous avons observé aussi que ces deux Anémones ne doublent point de la méme manière. Dans Anemone Rissoana, les sépales augmentent d'abord en nombre sur lé méme rang, puis les rangs des sépales augmen- tent à mesure que les étamines se transforment, et tous les sépales se rétrécissent graduellement. Lorsque la fleur est entièrement double et qu’elle ne renferme plus ni étamines ni ovaires, tous les sépales, sans exception, se sont considérablement rétrécis, les intérieurs sont linéaires- aigus ; les couleurs primitives ont presque perdu tout leur éclat, cà et là se montrent des lignes verdàtres. C'est alors l'Anemone stellata Risso, non Lamarck, Anemone Rissoana Ardoino, non Jordan, ou l’Anémone à fleur de Chrysanthème des jardiniers. On remarque les transformations successives des fleurs de cette plante dans leurs diverses stations naturelles du quartier de Saint-Antoine à Grasse, et nous les avons obtenues toujours constamment les mémes par la culture. Dans l'Anemone grassensis, les sépales extérieurs conservent toujours (1) L'Anemone Ventreana provenant de la localité oríginale indiquée par M. Hanry était cultivée dans le jardin Thuret. La plante répondait exactement à la variété d'Ane- mone coronaria figurée dans le Botanical Magazine. [D* B.] SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. LXXXI leur forme primitive ; les étamines se transforment en sépales étroits et très courts, violacés, et forment une collerette entre les sépales primitifs et les sépales provenant des ovaires transformés. Ces derniers sont d'abord d'une couleur verte, imbriqués au milieu de la fleur; ils s'allongent ensuite, se dressent, dépassent les sépales extérieurs, dont ils prennent la couleur brillante : la plante offre alors l'aspect de l'Anémone double des jardiniers. On trouve cette Anémoue à l'état double : 1^ à Grasse, quartiers Saint- Jacques, Saint-Antoine, Pont-de-Nice ; 2° à Magagnosc, quartier Sainte- Thérèse; 3° au Bar, quartier des Vallettes. Soumise à la culture, on re- marque d'abord que le nombre des sépales augmente. On en compte 8, 9 et méme 10 au lieu de 6, 7 et 8. Ou croitun instant obtenir des fleurs subissant les transformations successives que l'on observe dans l'Ane- mone Rissoana Jordan. Mais quelques années après on obtient avec les mêmes griffes des fleurs entièrement doubles, en tout semblables à celles que nous venons de décrire ; les sépales extérieurs ne sont point considé- rablement rétrécis, ils ont gardé leur forme primitive, el les couleurs sont vives et brillantes comme dans les fleurs simples. Voilà les faits naturels que nous avons observés, et qui nous ont fait croire que l'Anemone Rissoana Jordan différait, sinon quant à l'espèce, du moins comme race, de Anemone grassensis. DEUXIÈME GROUPE, ANEMONE HORTENSIS L. Ce groupe se distingue du précédent : 4° par ses feuilles palmées à lobes cunéiformes, incisés, dentés ; 2° par le style plus allongé, raide, non ap- pliqué ; 3° par son involucre à folioles entiéres peu ou pas dentées ; 4^ par l'aspect de ses fleurs à sépales généralement plus étroils. Voici les plantes de ce groupe : 1° Anemone fulgens Gay, in Reichb. Icon. bot. cent. IIT (1825), p. 1, tab. 201 ; — hortensis Thore, Chlor. land. p. 238 (non L.); — Regina Risso, Fl. de Nice, p. 65 — pavonina Loisel. Fl. gall. 1, p. 400 (non DC.) ; hortensis 8. fulgens Gren. et Godr. Fl. de Fr. | 2 A. pavonina DC. FI. fr. V, p. 634; — hortensis y. pavonina Gren. et Godr., loc. cit.; Ardoino, FI. des Alp.- Marit. p. 12. 3» A. stellata Lamarck, Dict. I, p. 166; — hortensis z. stellata Gren. et Godr. loc. cit.; Ardoino, loc. cit. | 4» A. variata Jordan Diagn. esp. nouv. l, p. 99 (4. versicolor Jordan, Pugil. plant. nov. p. 1, non Salisb.). T. XXX. F LXXXII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 5° A. lepida Jordan, Diagn. desp. nouv. I, p. 59. 6° A. purpurata Jord., ibid. 1* A. chlorantha Hanry, in litteris. M. Hanry nous a signalé cette derniére plante récoltée à Notre-Dame d'Hyéres. Nous n'avons jamais vu à Grasse une Anémone de ce groupe à fleurs simples entiérement blanches (1). Toutes les autres se trouvent dans nos environs à Grasse, Mouans, le Dar. Si les stations des Anémones formant le groupe des Coronaria sont parfaitement délimitées et dis- tinctes ; si chaque plantea son habitat particulier, et qu'il soit assez rare de trouver plusieurs d'entre elles dans la méme station, il n'en est plus de méme lorsqu'il s'agit des plantes formant le groupe de l'Anemone hortensis. C'est un mélange, une confusion de formes et quelquefois de couleurs qui étonne et qui ravit. Voici notre opinion sur ce groupe; elle ne s'est formée qu'aprés les observations les plus minutieuses dans les stations naturelles de ces plantes et dans le jardin où nous les avions réunies. La station de Mouans renfermant toutes les formes et toutes les cou- leurs, nous avons tout d'abord compris que ce n'était point là qu'il fallait étudier les Anémones. Il nous a été trés facile de trouver des localités où se trouve l'Anemone stellata Lamk, sans aucun mélange d'autres Ané- mones. Nous avons trouvé ensuite des localités où l'Anemone fulgens Gay, Regina Risso et l'Anemone pavonina DC., vivaient ensemble, sans aucun mélange de stellata ni autre. Nous n'avons jamais trouvé une station exclusivement propre à l'une de ces deux plantes ; nous avons aussi vainement cherché des stations propres aux Anemone variata, lepida, purpurea. Nos lieux d'observation choisis, nous avons pendant plusieurs années scrupuleusement et rigoureusement observé les phé- noménes qui ont pu s'accomplir. Voici le résultat de ces observations. 1° Anemone stellata Lamk. Selon nous, cette espéce comprend deux variétés ou races bien dis- tinctes : ' 1° Anemone stellata grandiflora. — Plante à floraison très précoce, très florifére et se prolongeant jusqu'au mois d'avril et mai. Fleurs grandes, 8-12 centimètres de diamètre; sépales 10 à 15, larges de T à 10 millimétres, jamais arrondis à l'extrémité, assez fortement veinés; (!) MM. Thuret et Bornet ont trouvé plusieurs fois l'Anemone stellata à fleurs en- tièrement blanches parmi les innombrables variétés qui croissaient dans la plaine de Mouans. Les anthères mêmes étaient blanches. Cette variété a persisté pendant plu- sieurs années sans changement aucun. [D" B.] SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. LXXXIII ordinairement d'un violet plus ou moins clair, quelquefois d'un rose plus ou moins intense, jamais pourpre ni rouge vif; couleur toujours unico- lore; jamais de couronne au fond du calice. -— Anthéres bleuátres, style non appliqué. — Capitule fructifère cylindrique-allongé et arrondi à l'extrémité, d'un gris clair; pédoncule long, assez flexible. Involuere à folioles rarement toutes dentées. Feuilles radicales grandes, palmati- partites, dentées. Les graines sont fertiles, parviennent toujours trés bien à leur maturité et reproduisent la plante mére, sinon quant à la couleur, du moins avec les caractères distinctifs. — Hab. : le Bar, Mouans, Grasse, dans ies cultures. 2» Anemone stellata var. parviflora. — Fleurs toujours violettes, petites, 4 à 7 centimètres de diamètre ; sépales étroits, 3-5 millimètres, au nombre de 14 à 18. Hampe grêle, courte, 8 à 15 centimètres. Feuilles de moitié plus petites que dans la variété précédente. Floraison plus tardive. Graines fertiles, parvenant très bien à maturité et reproduisant la plante mère. Habit. dans tous les environs, au milieu des gazons, sur le bord des ruisseaux. L'Anemone stellata grandiflora double facilement par le semis; nous avons trouvé dans les stations naturelles du Bar des plantes à fleurs doubles ayant deux involucres: le premier, rapproché de la fleur, était pétaloide et trés double; l'autre, vers le bas de la hampe, à trois folioles entiéres. 2* Anemone pavonina DC. Fl. fr. V, p. 634; — fulgens Gay (D), in Reichb. Icon. bot. cent. IIT, p. 1, pl. 20; — Regina Risso, FI. de Nice, p. 6. Tout botaniste qui examine attentivement nos stations d Anemone pa- vonina DC. sans mélange de stellata ne tarde pas à se convaincre de ce fait : que si les couleurs sont identiques, la forme des fleurs varie presque à chaque plante. Ici ce sont des fleurs à sépales larges, avec une belle couronne jaune au fond du calice; là, une fleur à sépales plus étroits et largement arrondis au sommet, ayantaussi sa couronne au fond du calice; à cóté, une autre fleur à sépales plus nombreux, plus étroits, quelques lignes verdàtres se montrant sur leur face extérieure; enfin, (1) Dans son bel ouvrage intitulé Contributions to the Flora of Mentone, 3* édit., 1874, pl. I, J. T. Moggridge donne à cette variété le nom gA. hortensis 8. ocellata, ne jugeant pas que la dénomination d'A. fulgens Gay lui soit applicable. Il fait obser- ver que cette dénomination a été donnée expressément à une plante des environs de Dax, qui differe notablement de celle de Provence. Elle a les fleurs plus petites, d'un rouge moins brillant et n'offrant pas d'anneau jaune autour des étamines; en somme, elle est bien plus rapprochée des formes ordinaires du stellata. [D* B.] LXXXIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tout prés on remarque une autre fleur complètement double, plus d'éta- mines, plus d'ovaires ; sépales linéaires très étroits et aigus, les extérieurs formant comme un calice vert autour des intérieurs, colorés d'un rouge qui a perdu tout le brillant vermillonné de la fleur simple. Au milieu de cette diversité de formes florales, involucre, hampe, feuilles, restent iden- tiques. Il n'y a donc qu'une seule espèce de plante qui se présente avec des fleurs d'aspect différent. Pour nous, les Anemone fulgens Gay, hortensis Thore, Regina Risso, pavonina DC., sont des formes diffé- rentes d'une seule et méme plante. Voici nos preuves: Nous avons choisi, à trois reprises différentes, des plantes ayant des fleurs simples à sépales larges ; nous avons soumis leur griffe à la cul- ture. A la cinquiéme année, la méme griffe nous avait donné les trois formes principales de fleurs, et nous n'avions plus, l'année suivante, que des fleurs entiérement doubles. Nous avons méme obtenu, une année, deux formes différentes de fleurs partant d'une méme griffe. Parlons maintenant de la grande station de Mouans qui a été en partie détruite par la construction du chemin de fer de Cannes à Grasse et considérablement ravagée par une foule d'herboristes spéculateurs. Là se trouvaient réunies dans la méme localité, les unes à cóté des autres : l'Anemone coccinea Jordan, les différentes formes de l Anemone pavo- nina DC., et les deux formes de l'Anemone stellata Lamk. Au milieu de ce mélange un remarquait un grand nombre d'Anémones aux formes intermédiaires, aux couleurs les plus variées, les plus changeantes, aux nuances les plus délicates, les Anemone variata, lepida, purpurata Jor- dan, et ces trois Anémones ne se trouvaient et ne se trouvent encore que là dans tous les environs de Grasse. Si l'on a trouvé une ou deux Anémones ayant les mémes formes et les mémes caractéres dans les environs, le fait est sirare, qu'on peut dire qu'il n'existe pas. Nous avons été amené à con- clure que la plus grande partie de ces plantes sont de véritables hybrides. Nous disons la plus grande partie seulement, parce que nous sommes persuadé que ces Anémones n'ont pas été étudiées d'assez prés et qu'une partie d'entre elles appartient à l'Anemone stellata grandiflora. Les hybrides de l'Anemone pavonina DC. avec l Anemone stellata L. se distinguent par une couronne blanche ou jaunâtre dans le fond du calice ou par des sépales franchement arrondis à leur extrémité. Trois essais de semis que nous avons faits avec des graines récoltées sur des plantes de cette nature ne nous ont point réussi : aucune graine n'a germé ; tandis que les graines récoltées sur des plantes dont les fleurs ne présentaient aucune couronne dans le fond de leur calice, et dont les sépales étaient franchement acuminés, ont produit toujours d'autres plantes ayant les caractères de l'Anemone stellata grandiflora, quoique leur couleur fût d'un violet ou d'un rose plus ou moins intense. SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. LXXXV Voici un fait d'hybridation naturelle qui éveilla notre attention et qui vient à l'appui de notre opinion: Dans la même station de Mouans nous avions trouvé, avec M. l'abbé Goaty, une Anémone que nous avons nommée Anemone pavonino- coccinea, qui très certainement est une hybride de ces deux plantes. Les fleurs ont la forme et les caractères de l'Anemone pavonina DC., et les feuilles sont finement découpées comme celles de l'Anemone coc- cinea Jordan. Nous crûmes d’abord que ce fait d’hybridation naturelle était si rare, qu’on pouvait le dire unique. Depuis nous avons rencontré la même hybride à Grasse, quartier Saint-Jacques, dans la campagne Laugier, où les Anemone coccinea et pavonina se trouvent aussi mélés ensemble. Si le fait d'hybridation entre ces deux Anémones est plus rare que l'hybridation qui se fait entre l Anemone pavonina et lA. stellata gran- diflora, l'explication se trouve dans la remarque que nous avons faite, que l'Anemone coccinea mürit trés rarement ses graines, tandis que l'Anemone stellata grandiflora les mürit toujours. Passons à d'autres observations auxquelles nous fümes amenés par un fait tout à fait fortuit. Dans une de nos herborisations à Mouans, nous rapportàmes, avec M. l'abbé Goaty, quelques griffes d' Anemone variata, purpurata, et peut- être aussi des Anemone lepida. Quelques-unes de ces griffes furent plantées au Bar dansun petit coin deterre écarté de toute station d'autres Anémones, sans nous donner d'autre souci que celui de les mettre dans une terre ordinaire ; elles furent abandonnées entiérement aux soins de la Providence. L'année suivante, la plupart de ces griffes nous donné- rent des fleurs entièrement doubles, blanches ou verdâtres; l'année sui- vante, les plantes qui avaient donné ces monstruosilés ne reparurent plus, ou, si elles donnèrent encore quelques feuilles, elles disparurent totale- ment aussitót. Nous avons voulu renouveler l'expérience et faire passer par la méme épreuve toutes les variétés d'Anémones des environs de Grasse. Nous avons d'abord choisi et séparé avec soin toutes les différentes formes d'Anémones qui se trouvaient dans la station de Mouans, appartenant toutes au groupe de l'Anemone hortensis. Nous les avons transplantées dans un terrain argilo-calcaire. Deux ans aprés, toutes les griffes qui avaient donné primitivement des fleurs à sépales arrondis, étroits ou avec couronne au fond du calice, subirent à peu prés les mémes transforma- tions que la première fois ; tandis que les plantes dontles fleurs n'offraient aucune couronne au fond du calice, ou dont les sépales étaient franche- ment acuminés, n'avaient subi aucune variation de forme ni presque de couleur. Les Anemone lepida ont résisté plus longtemps; ils n'ont LXXXVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. point donné de fleurs doubles, mais leur couleur perdait toutes les années de leur éclat, ils dépérissaient, ne multipliaient pas; le seul pied qui nous restait a donné il y a deux ans, à Magagnosc, dans le petit jardin du presbytère, une fleur rouge-brique sans aucun éclat. Ramené à Grasse, dans le jardin de l'hópital, nous avons pu constater que, dés la premiére floraison, il était revenu à ses couleurs primitives. Nous avons remarqué que l’Anemone pavonina DC. ne variait jamais quant à sa couleur. ll perd son brillant à mesure que les fleurs deviennent doubles. | Quant aux Anémones du groupe Coronaria, non seulement nous les avons transportées dans un terrain et un climat différents; mais nous avons transplanté au milieu de stations naturelles de plantes du groupe à fleurs rouges des plantes à fleurs blanches ou violettes, et dans la station de plantes à fleurs violettes ou blanches des plantes à fleurs rouges. Nous avons pu constater que lA. coccinea Jord., l'Anemone alba Goaty et Pons, et l'A. coronarioides Hanry, ne se déforment jamais et gardent toujours leur couleur respective avec son brillant et son éclat. L'Anemone grassensis prenait invariablement des reflets plus pâles à l'extrémité de ses sépales lorsqu'il se trouvait mêlé à VA. alba. Nous avions remarqué cette petite variation dans la station naturelle de cette plante. L'Anemone Rissoana donne des fleurs d'un beau rose vif purpurin flammé de blanc, ou des fleurs d'un blanc argenté flammé rose vif purpurin, suivant qu'il se trouve transporté au milieu des Anemone coccined, grassensis, pavonina, ou au milieu d'Anémones blanches. L'Anemone rosea donne des fleurs plus violacées, s'il se trouve dans une station de l Anemone coronarioides, et des fleurs tout à fait rosées, s’il est transplanté au milieu d'Anemone coccinea, grassensis, etc. L'Anemone Mouansii prend une des trois formes que nous avons signalées dans la description de cette plante, suivant qu'il se trouve au milieu d'Anémones à fleurs bleues, blanches ou rouges. Au milieu d'une station d'Anemone coronarioides, nous avons toujours obtenu à trés bref délai l'Anemone Mouansii var. a. flore cœæruleo-violaceo ; dans la station de Anemone alba la variété B. flore albo-violaceo, et dans les stations d'Anémones à fleurs rouges la var. y. flore purpureo-violaceo. Il résulte de toutes ces observations : 4° Les Anemone coccinea Jordan, coronarioides Hanry et alba Goaty et Pons n'ont jamais varié ni quant à leur forme, ni quant à leur couleur. 2° Les autres Anémones du groupe Coronaria changent plus ou moins de couleur, suivant la nature du terrain dans lequel on les place, el subissent plus ou moins l'influence de la coloration des Anémones qu! les SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. LXXXVII entourent, et dès lors leur couleur ne saurait être regardée comme un caractère stable el spécifique. 9° L'Anemone grassensis et l'A. Rissoana sont les seuls qui ont tou- jours au fond de leur calice une couronne très régulière et très forte- ment marquée, et ce sont les seules Anémones du groupe dont les fleurs doublent naturellement et facilement. Mais, comme nous l'avons fait remarquer, la transformation ne s'opère pas de la méme manière. Nous avions commencé à Magagnosc une étude comparative entre ces deux Anémones et les Anémones simples des fleuristes dites de Caen. Nous n'avons pu mener cette étude à bonne fin, à cause du manque d'eau qui se fit sentir d'une maniére toute particuliére dans ce pays l'année de notre expérimentation, et ensuile à cause d'un changement de domicile. Nous nous proposons de reprendre cette étude à Grasse dés cette année. 4 Dans le groupe de l'Anemone coronaria, les A. grassensis, Ris- soana et alba sont les seuls qui, dans nos contrées, donnent toujours : des graines ferliles et parvenant toujours à leur maturité compléte. Ensuite Anemone Mouansii et l'A. rosea sont ceux qui fructifient le mieux. Quant à l'Anemone coccinea et à lA. coronurioides, ce n'est que par exception, et dans des cas trés rares, qu'ils donnent des graines fertiles, et cependant ce sont les deux Anémones les plus répandues dan nos campagnes. 9" Les caractéres les plus constants que nous avons observés sonl: 4° la forme des sépales pour l'Anemone grassensis : ils sont toujours franchement acuminés ; 2 la couronne au fond du calice pour les Ane- mone grassensis et Rissoana dans le groupe des Coronaria, et pour l'Anemone pavonina dans le groupe de l'hortensis ; 3° la découpure des feuilles radicales ainsi que la forme et les découpures des folioles de l'involucre ; 4^ la couleur des anthéres et du filet des étamines; 5° la forme du style, surtout dans l'Anemone Mouansii, l'A. rosea et PA. Ris- soana. 6° Aucune de nos Anémones ne se multiplie et ne peut vivre plus de deux années au milieu de la station de Anemone alba, qui se trouve tout à fait isolée de ses congénères à une altitude de 500 mètres, c'est-à- dire environ 100 mètres au-dessus de toutes les autres Anémones (1). * (1) Pour ceux de nos lecteurs qui ne possédent pas les Contributions fo the Flora of Mentone de J. Tr. Moggridge, nous dirons que ces observations de M. 1 abbé Pons sont d’accord avec les résultats obtenus par M. Ed. Bornet dans ses expériences de croise- ments artificiels, résultats que Moggridge résume de la manière suivante : « M. Bornet a fait une série d'expériences sur le croisement des Anemone ocellata et stellata. M a obtenu, par ce moyen, toutes les variétés de couleurs et de formes qui lient ces deux plantes, à une seule exception prés. Cette exception est la variété distinguée par M. Jordan sous le nom d'A. lepida, variété remarquable par la couleur de ses fleurs, qui sont rouge-brique à l'intérieur et violet pourpre au dehors. M. Bornet n'a pas LXXX VIII - . SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Planchon dit quelques mots de la maladie des Châtaigniers dans les Cévennes, dont il a déjå traité devant la Société botani- que (1). Confirmé par des études nouvelles dans l'idée que la cause principale, sinon unique, du mal est l'action du mycélium de l'Agaricus melleus, il s'attache surtout à réfuter l'idée que l'ab- sence habituelle de la forme fructifiée de cet Agaric soit une preuve que son mycélium n'existe pas dans l'écorce de la plante sous la forme bien connue du Rhizomorpha subcorlicalis. La stérilité de beaucoup de mycelia dans des circonstances données est un fait des mieux établis : pour que ces mycelia se mettent à fruit, il faut des conditions que nous ignorons parfois. Une de ces conditions pour le Rhizomorpha subcorticalis semble être l'accés de l'air par des crevasses de l'écorce. C'est en effet dans des crevasses mettant les couches corticales internes à nu que M. Planchon a toujours trouvé les carpophores d'Agaricus melleus. Du reste, des études nouvelles lui permettront de revenir sur ce sujet, et c'est pour cela qu'il se borne pour le moment à quelques indications générales, réservant pour une communication ultérieure les détails mémes qu'il pourrait donner aujourd'hui (2). Dans une lettre adressée à M. Bornet, M. E. Burnat exprime le regret de ne pouvoir se rendre à Antibes, et il ajoute : « J'ai l'in- » tention d'envoyer à MM. les membres de la Société botanique qui » se rendront à Antibes mes modestes publications sur la flore » des Alpes maritimes. Je prendrai la liberté de vous adresser lundi » prochain un petit paquet à distribuer à ceux qui se soucieront » de ces brochures. Aurez-vous l'obligeance, cher monsieur, de » vous charger dela distribution? » Les modestes brochures an- noncées par notre sympathique confrére de Nant-sur-Vevey sont les obtenu la reproduction exacte de cette combinaison de nuances, bien que certains de ses hybrides eussent quelque tendance à s'en rapprocher. Ila en outre réussi à obtenir un produit du croisement des A. coronaria et ocellata. Les enfants de cette union contre nature étaient complètement stériles et remarquables en ce qu'ils ressemblaient beaucoup plus à l’A. coronaria qu'à l'A. ocellata, que le coronaria remplit dans la for- mation de l'hybride le rôle du père ou celui de mère. » [D" B.] (1) Voyez le Bulletin, t. XXIX, séance du 13 janvier 1882. (2) Depuis cette communication sommaire, j'ai eu l'occasion, en octobre dernier, de voir dans les alluvions du Gardon, à Saint-Christol, prés d'Alais (Gard), la propriété de M. Léonce Destremx, ancien député, de beaux Chátaigniers morts ou mourants, au pied desquels l'un des ouvriers de la ferme a recueilli, deux ans de suite, des touffes de Champignons comestibles qui ne peuvent, d’après la description de leurs caractères, avoir été autres que des Agaricus melleus. (Note communiquée pendant l'impression par M. E. Planchon.) SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. LXXXIX importants travaux, élaborés avec tant de soin, de conscience et de savoir, qui ont pour titre : Les Roses des Alpes maritimes avec les suppléments ; le Catalogue des Festuca des Alpes maritimes ; le Catalogue raisonné des Hieracium des Alpes maritimes. Ces ouvrages, déposés sur le bureau, sont distribués entre les membres de la Société qui ne les possédaient pas encore. Ceux-ci chargent M. Bornet de transmettre à M. Durnat leurs vifs remerciements. M. Malinvaud distribue aux personnes présentes à la fin de la séance, dela part de M. Malvezin, d'Aurillac, des échantillons de l Hieracium cymosum du Cantal, provenant des localités suivantes : Cantal : coteaux secs et rocailleux, sous les rochers de Cuze, prés de Sainte-Anastasie (altil. 850 mètres), et escarpement des rochers de Lafage, prés de la station de Molompize; terrain volcanique (altit. 830 métres).— Juillet 1882. M. Malinvaud rappelle brièvement le débat dont cette plante a été l'objet. et persiste à y voir, malgré les dénégations réitérées d'un honorable collègue (1), la forme absolument typique de H. cymo- sum L. ex Fries, etc. | [Note communiquée par M. Malinvaud et ajoutée pendant l'impres- sion. — Ce même Hieracium, récolté par M. Malvezin pour le Flora selecta de M. Ch. Magnier et publié par ce-dernier sous le n° 327, avait été préalablement soumis à M. Arvet-Touvet, dont nous empruntons la réponse suivante (2) à la publication de M. Magnier : « Les échantillons d'Hieracium cymosum du Cantal que vous m'avez com- muniqués appartiennent, sans le moindre doute, à la forme typique (genuina) de Fries et des auteurs suédois. | » Dans cet état, il n'est pas possible de le confondre avec aucune des espèces voisines (H. glomeratum Fræl., sabinum Seb. M., pratense Tausch, praaitum Vill., etc.), et l'on est à bon droit surpris qu’un certain nombre d'auteurs anciens aient si longtemps réuni ces plantes sous le nom commun de cymosum. Je parle des auteurs qui nous séparent de Linné; car, quant aux Patres, c'est- à-dire les auteurs antérieurs à Linné, ils les distinguaient déjà trés bien, géné- ralement, comme on peut le voir en consultant les ouvrages de Raius, Columna, Triumphetti, Bauhin, Dillenius, Vaillant, etc. . Ll » Le n° 327 de vos Exsiccata, sous lequel est publié cet Hieracium, méri- tera, selon moi, d'étre cité par les botanistes descripteurs, comme représentant (1) Voyez le Bulletin, t. XXVIII (1881), p. 295, et t. XXIX (1882), p. 98, 140, 145. (2) Scrinia Flore selectæ, n° 2 (1883), p. 52. XC SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. on ne peut mieux l'espéce de Linné, Fries, etc., telle que la comprennent encore aujourd'hui les principaux, pour ne pas dire tous les auteurs suédois, fran- çais, etc. > Quant aux auteurs allemands, ils continuent en général, à la suite de Koch, à donner à cette plante le nom de H. Nestleri Vill.; mais ils la confondent souvent avec l’H. sabinum Seb. M., à l'exemple de Fréd. Schultz, Herbar. norm. n? 898. » Je vous envoie ci-jointe la synonymie de cet Hieracium (1), aussi exacte et compléte que possible, avec citation des ouvrages à l'appui. » Il m'a paru convenable de faire une réserve, en ce qui concerne le vrai H. Nestleri Vill., qui ne me semble pas exactement celui de Koch, et qui, d’après la description (l. c. p. 62), d’après la figure et d’après quelques échan- tillons que j'ai vus provenant de la localité classique, pourrait bien étre une variété remarquable du cymosum L., et non un simple synonyme, comme on l'admet généralement. » On nous permettra de rappeler que nous disions nous-méme, dans la séance du 28 avril 1882 (voy. le Bulletin, t. XXIX, p. 143): « S'il y a lieu » d'établir une distinction quelconque entre les H. cymosum L. et Nes- » tleri Vill., c'est au premier, et non à l’espèce de Villars, qu'on doit » rapporter les échantillons communiqués par M. Malvezin. » On voit que le savant monographe du genre Hieracium, aprés examen de la plante du Cantal, est arrivé précisément à cette conclusion, qui ne laisse aucun doute dans son esprit.] (1) Voici cette synonymie : HIERACIUM CYMOSUM L. Sp. p. 1126! p. p. (incl. H. glomerato Frœl.,ut e Burseri herb. palet sec. Fries). H. cymosum Fries Symb. p. 40! Epicr. p. 36! Wallr. Sched. crit. p. 415! Gaud. Pl. helv. V, p. 84! Grenier in Fl. de Fr. Il, p. 352! Grisb. Comment. p. 10 ! Reichb.! Ic: t. 17, f. 34. — Lindeb. Scand. Hier. p. 8! et Auct. scand. H. Nestleri Vill. Voy. p. 62 et t. 4, f. 1 ( Ic. Villarsii plantam robustiorem, foliis re- pando-dentatis, ceterum. conformem repraesentat). An var. ? H. Nestleri Koch Syn. 3° éd. p. 384! et Auct. germ. H. cymosum p. p. Frelich ap. DC. Prodr. VII, p. 207 (incl. H. Sabino). — Monnier Ess. monogr. p. 24, et Fr. Nov. p. 251 (incl. plur.), non Besser, nec Flora danica, nec Fleisch., nec Leers, nec Schleich., nec Willd., etc. H. premorsum All. Ped. n° 777 ! et herb. secund. Burnat. Pilosella minori flore, hirsutior et elatior non repens. J. Bauh. Hist. 1I, p. 1040. (Arvet-Touvet.) SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. XCI SÉANCE DU DIMANCHE 20 MAI 1883. PÉSIDENCE DE M. E. PLANCHON. La Société se réunit à neuf heures du matin dans la grande salle de la mairie d'Antibes. M. le secrétaire donne lecture du procès-verbal de la dernière séance, dont la rédaction est adoptée. Il présente à la Société les excuses de M. Malinvaud, qui n'a pa venir à la séance. Par suite de la présentation faite le 17 mai, M. le Président pro- clame membre de la Société : M. le pasteur David Simpson, tour de Bellevue à Antibes, pré- senté par MM. Bornet et Flahault. M. le Président fait ensuite connaitre cinq nouvelles présenta- tions. M. Max. Cornu demande la parole et s'exprime en ces termes : J'ai l'honneur d'offrir à la Société, de la part de notre confrére M. Patouillard, pharmacien à Poligny (Jura), lauréat de l'Ecole supérieure de pharmacie, le premier fascicule d'un ouvrage de mycologie intitulé: TABULÆ ANALYTICÆ FUNGORUN. Descriptions et analyses microscopiques de Champignons nou- veaux, rares ou critiques, n** 1-100 (Poligny, Jules Gindre, imprimeur, 1883). Cet ouvrage; contient des planches, au nombre de trente et une, coloriées à la main, et quarante pages de texte. L'auteur, botaniste ardent, chercheur plein de zéle, pour ne pas étre arrété par.les difficultés que chacun rencontre dans la publication de ses études, a pris un parti héroique: il a dessiné lui-méme ses planches, les a coloriées ; puis il a édité lui-méme son ouvrage, aprés l'avoir fait imprimer dans la ville qu'il habite. . Ces procédés sont trop pleins de la hardiesse courageuse de la jeunesse pour ne pas inspirer une touchante sympathie dés le premier abord. | Les récoltes de M. Patouillard indiquent des localités bien plus riches que celles qui sont à notre disposition et à notre portée prés de Paris; il y a surtout une abondance merveilleuse des petits Hyménomycètes appartenant aux genres Typhula et Pistillaria, dont les analyses sont très utiles, car les minuscules individus disparaissent complètement dans les collections sèches, les spores tombent, et les échantillons deviennent méconnaissables. | | La simplicité, je dirais même la naïveté de certaines figures nej doit point être reprochée à cette. publication faite sincèrement, et qu'il faut accepter de méme. L'auteur doit étre félicité d'avoir eu la pensée de réunir ses observations, quelles qu'elles fussent, et de nous en faire part. Combien n'estil pas à re- xci SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. gretter que nos confrères, MM. Richon, Quélet, Boudier et tant d’autres cher- cheurs, qui ont leurs cartons pleins de notes curieuses et de découvertes inté- ressantes, les laissent sommeiller sans. profit pour personne, au grand détri- ment de la flore mycologique de notre pays. C'est un exemple qui leur est donné par un plus jeune qu'eux, et dont ils auront peut-étre à s'inspirer. J'espére que la Société voudra bien recevoir cette publication avec faveur et bienveillance. M. Cornu fait ensuite la communication suivante : NOTES. SUR DEUX URÉDINÉES RECUEILLIES AUTOUR DE LA VILLE DE PERPI- GNAN, ET SUR UNE ALGUE A PIGMENT BRUN TROUVÉE DANS L'EAU DOUCE [CHROMOPHYTON (?) WORONIMNI sp. nov.], par M. Maxime CORNU. I. — M. Naudin, membre de l'Institut, directeur des laboratoires de la villa Thuret, ne manque aucune occasion d’être utile à ses confrères de la Société botanique, et chacun de nous connait son inépuisable com- plaisance. A la fin du mois de février dernier, pendant son voyage en Algérie, il eut l'extréme obligeance de m'adresser des échantillons d'une Urédinée bien connue, le Ceoma Mercurialis, provenant des environs d'Alger; mais, à ma grande surprise, la plante nourriciére était le Mer- curialis annua; or, d'ordinaire, c'est sur le Mercurialis perennis que cette espèce se rencontre. Comme la plante avait été un peu altérée par un voyage de plusieurs jours par la poste, j'écrivis à M. Naudin, qui voulut bien me confirmer la détermination de la plante phanérogame; en l'examinant avec plus de soin, il me fut d'ailleurs possible de recon- naitre avec toute certitude qu'il en était bien véritablement ainsi. Le parasite était encore assez frais pour qu'il füt possible de faire, à l'aide de ses spores, quelques inoculations et quelques essais de culture; je me mis en quéte de Mercurialis annua. L'hiver n'avait épargné aucune des germinations qui peuvent se rencontrer dés la fin de lau- tomne en pleine terre, car ces plantes sont fort sensibles à la gelée. Enfin, sous l'abri de quelques bàches, vides et demeurées telles aux pépiniéres du Muséum, je finis par trouver quatre ou cinq pieds de Mer- curialis annua qui furent déplantés, placés dans des vases à fleurs et transportés chez moi. Malheureusement les gelées terribles qui survinrent, comme on le sait, au commencement du mois de mars, détruisirent absolument ces plantes, qui ne résistent pas à l'abaissement de la tem- pérature. | Il y a quelques jours, obligé par mes fonctions de passer à Perpignan, Je me promenais dans les fossés des fortifications de la ville; j’aperçus en grande abondance plusieurs Urédinées, et notamment le Cæoma Mercu- rialis, qui avait déterminé des sores énormes, d'une couleur rouge orangée SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. XCIII magnifique, sur des pieds de Mercuriale annuelle, d’une taille considé- rable. Je retrouvais aussi l'Urédinée envoyée par M. Naudin, et là, dans un état magnifique de développement. Ce n'est donc pas un cas particulier à l'Algérie, et le Ceoma se ren- contre aussi en France, mais dans la région méridionale seulement sans doute. M. Winter, dans sa Flore d'Allemagne, ne l'indique que sur la Mercuriale vivace. Les sores étaient envahis par le Tubercularia persicina, parasite qui attaque les OEcidium, le Cæoma et un OEcidium sans péridium. Avec cette Urédinée, il y en avait, comme je l'ai dit, quelques autres, notamment le Puccinia Malvacearum, en abondance extraordinaire. Il y avait aussi sur l'Hordeum murinum un curieux Uredo qui couvrait les limbes de la feuille engainante de la tige portant l'épi; le limbe, à sa face supérieure, était couvert d'une quantité d'espéces telle, qu'il avait revétu une couleur orangée des plus intenses (1). Il y avait des milliers d'Hor- deum daus ces places stériles et à terrain compacte; leur végétation était celle de toutes les localités semblables si communes dans les villes; les terrains abandonnés se couvrent généralement de cette plante, qui pullule et s'étend sur des espaces considérables ; je ne l'ai jamais vue attaquée par ce parasite : il donne aux tapis de cette Graminée une apparence caracté- ristique, et qui, par sa couleur si intense, par la déformation particu- lière qu'il imprime aux plantes, frappe l'oeil de l'observateur le moins attentif. Il y a plus, je n'ai jamais vu d'Urédinée sur l'Hordeum muri- num ; très rarement, et dans des années humides, j'ai observé les sclé- rotes du Claviceps purpurea, notamment en Sologne: la présence d'un Uredo sur l Hordeum murinum m'avait vivement étonné. Je recommande l'étude de cette plante à mes confréres du Midi. II. — M. le docteur Woronine (2) a décrit et figuré le développement d'un curieux organisme, le Chromophyton Rosanoffii ; c'est d'une pro- duction trés analogue qu'il va étre question ici. J'ai observé le 14 juin 1873, sur une Algue d'eau douce dans une fon- taine d'eau froide du bois de Meudon, une Algue brune qui y vivait accompagnée d'un Navicula très abondant. Cette Algue, ou du moins je la considérai comme telle, était pourvue d'un pigment jaune, ayant la couleur de celui des Diatomées, et je fus tout d'abord porté à la rappro- (1) J'aurais bien désiré pouvoir déterminer l'espèce à laquelle appartient l’ Uredo ; mais les échantillons ont été égarés, ainsi que diverses notes, pendant une maladie grave contractée vers cette époque. C'est avec regret que Je nai pu compléter cette observation. h (2) Botanische Zeitung, 1880, p. 626, avec une belle planche coloriée. XCIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cher des Diatomées ; il y a plus, je me demandai, sans résoudre la ques- tion, si elle ne serait pas en relation génétique avec le Navicula. Le fait capital, c’est que cet organisme possède une membrane siliceuse avec une sorte de nodule latéral, autour duquel la paroi présente une légére modification sur le contour. La matière jaune est disposée le long de la surface; elle n’occupe qu'une partie de cette surface, de maniére à en laisser libre la moitié. Dans ce cas, elle est constituée par une sorte de demi-calotte ; au-dessous d'elle, il y a des globules réfringents comme ceux qui se voient souvent dans les Diatomées. Fréquemment, cette matière colorante présente deux vacuoles; souvent elle est segmentée en deux demi-calottes dont les bords sont plus nette- ment circonscrits; les angles de ces quartiers sont arrondis aux deux extrémités. Ces demi-calottes ou quartiers ont un peu l'aspect d'une barque creuse, et elles se présentent 'sous des dispositions trés diverses suivant leur situation. Elles offrent aussi des vacuoles, prélude de leur segmen- tation en deux parties: cet état m'a paru bien plus commun que le précé- dent; aussi a-t-il été possible de voir plusieurs formes successives. Ces deux vacuoles paraissent se réunir et se rapprocher du bord, de maniére à produire dans la demi-calotte une disposition en fer à cheval : les deux demi-calottes peñvent présenter, à un degré différent, la modification des deux vacuoles. Le diamétre de ces corps variait de 0,016 à 0,020. Il m'a semblé que cette fragmentation conduisait à un nombre de parties orangées de plus en plus petites jusqu'à 32; mais j'ignore ce que ces par- ties deviennent ultérieurement. Un accroissement en diamétre de l'or- ganisme paraissait la conséquence de cette division; il atteignait jus- qu'à 07,03. On trouvait cà et là, sur les filaments de l'Algue d'eau douce, des cellules elliptiques, moitié plus petites que les premiéres, ne contenant qu'un seul amas de pigment et munies d'une sorte de pied ou de support. Je me croyais autorisé à voir là, soit le début de la formation des corps sphériques primitifs, soit la germination de corps agiles issus de la seg- mentation précédente; mais je n'ai eu Aucune preuve qu 'il en fût réelle- ment ainsi. J'ai rencontré plusieurs fois, libres et détachées, des productions ana- logues, mais plus manifestement piriformes, avec un col trés évident ; je n'ai pas pu décider si elles appartenaient au cas précédent ou au cas suivant. Sur plusieurs points, j'ai rencontré, fixées par une sorte de pédicule trés gréle, des sortes d'ampoules (ou de bouteilles) munies d'un col trés SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. XCY court et fermé, selon l'apparence, par une sorte de bouchon muqueux; je n'ai rien vu sortir de ces formations. Par contre, j'ar observé des corpuscules agiles s'échapper d’une cellule ovale, libre, munie d'une ouverture, mais dépourvue de col. Y avait-il là dissolution et chute du col? ces différentes sortes de cellules sont-elles une seule et méme nature de sporanges? Je n'en puis rien dire. Enfin, ces différentes formations étaient accompagnées, dans la méme localité, de productions semblables, mais bien plus petites, groupées les unes à cóté des autres, à membrane trés mince, peu colorées ou inco- lores, présentant entre elles une cellule plus grosse et à membrane plus épaisse. Les plus petites, souvent vidées, montraient l'existence d'une ouverture dans leur paroi. Il y a, avec les faits signalés par M. Woronine pour le Chromophyton Rosanoffii, une certaine analogie; il y a aussi des différences notables. M. Woronine a vu les dessins représentant celte production, et y a reconnu un organisme analogue au Chromophyton, mais qui semble bien distinct. Il a été revu l'année d’après et plusieurs fois ensuite, mais toujours pendant l'été et uniquement à cette localité. Si incompléte que soit l'histoire de cette espéce, j'ai cru qu'il conve- nait de la signaler afin de provoquer quelques nouvelles recherches. Je propose de la désigner sous le nom de Chromophyton (?) Woronini sp. nova: ce qui la distinguerait des Chr. Rosanoffii, c'est son enveloppe siliceuse et les sporanges (?) pédiculés. M. Em. Planchon, à propos des herborisations faites par la Sociélé aux environs de Grasse, passe en revue quelques-unes des espéces les plus remarquables qu'on y a récoltées. S'en référant à son étude sur les Fritillaires de France(1), publiée en 1873 dans le Bulletin de la Société, il fait ressortir les différences spécifiques qui existent entre les Frilillaria involucrata All., montana Hopp. (F. caussolensis Goaty et Pons), et pyrenaica Gawl. M. le D' Gillot signale la découverte au golfe Juan du Cistus ol- biensis Huet et Hanry, à rameaux gréles, à feuilles uninerviées non visqueuses, à fleurs petites, etc. (cf. Bull. Soc. bot. de Fr. t. VII, 1860, p. 345). C'est notre collégue M. A. Constant, qui vient de trouver ce joli Ciste dans les pinédes, le long d'un sentier qui monte de sa villa Niobé à l'hôtel du Globe. Il n'en existe qu'un seul pied (1) Voyez le Bulletin, tome XX, p. 96. XCVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. au milieu de touffes innombrables de C. monspeliensis L. et de C. salviæfolius L., dont il est manifestement un hybride (C. salviæ- folio-monspeliensis Timb.-Lag.), comme en témoignent non seule- ment ses caractères intermédiaires entre ceux des parents, mais la stérilité de ses étamines avortées et presque nulles, et l'avortement des ovules. M. Flahault donne lecture de la seconde partie de la communi- cation suivante (1) : LES MELICA DU GROUPE CILIATA, A PROPOS D'UNE LETTRE DE M. HACKEL ; par M. Ernest MALINVAUD. Ayant eu l’occasion d'écrire à M. le professeur Hackel, je le priai de vou- loir bien me faire connaitre son opinion sur les Melica litigieux du groupe ciliata. Avant de communiquer divers passages de la réponse du savant agrostographe, je rappellerai brièvement ici l'état de la question. Dans une note relativeà ces plantes critiques, insérée au Bulletin de l'an dernier (2), M. G. Rouy, discutant une appréciation que j'avais formulée précédemment (3), est d'avis que le nom de ciliata, au lieu de convenir, comme je le pensais, à l'ensemble des formes auxquelles la diagnose linnéenne de cette espéce est rigoureusement applicable, ne doit étre attribué qu'à une plante de l'ile d'(Eland répandue dans une grande partie de l'Europe,« à cette plante, et à elle seule ». Il serait logique, dans ce systeme restrictif, d'exclure les M. glauca F. Sch. et Magnolii Godr., qui ne sont ni l'un ni l'autre, pour M. Rouy, la plante d'(Eland, du bénéfice, je dirai presque du monopole concédé à celle-ci ; cependant, par une heureuse contradiction, notre collègue, moins absolu dans sa conclusion que dans les prémisses, réunit ces trois plantes spécifiquement à titre de variétés équivalentes du M. ciliata, dans la nomenclature qui termine son article. Ceci me conduit à une remarque plus importante. Dans la manière de voir des partisans de la multiplication indéfinie des espéces, les courtes diagnoses linnéennes, qui généralement nous paraissent à priori si précises, si nettes, si limpides, auraient au con- traire besoin d'étre « complétées » ou expliquées, et seraient, sans le secours de cet éclaircissement nécessaire, autant de phrases sibyllines (1) Voyez plus haut, p. xxiv. (2) Bull. Soc. bot. de Fr. t. XXIX, p. 87-90. (3) Ibid. t. XXVIII, p. 240-242. SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. XCVII cachant, sous le mirage d'une clarté trompeuse, un sens réel très diffé- rent de celui qu'elles nous présentent. L'habileté du commentateur con- sisterait dès lors à savoir discerner ou plutòt deviner, parmi les formes variées rentrant dans la définition donnée par l'auteur, celle que ce der- nier avait en vue, à l'exclusion de toute aulre. Cette sorte d'exégèse par voie d'interprétation subjective wa été malheureusement que trop pra- tiquée et n'a pas peu contribué à créer dans beaucoup de genres la syno- nymie confuse, trop souvent même inextricable, qui jette tant d'obscurité sur leur étude. Daus Pespèce qui nous occupe, cette méthode éclectique serait-elle justifiée? Il est vrai que, dans un premier ouvrage consacré à une flore locale, Linné indique son Melica ciliata dans l'ile d'Œland. Mais à la page 98 du Species plantarum, il dit de la même plante : « Habitat in » Europæ collibus sterilibus saxosis. » Ne faisant aucune distinction parmi les exemplaires provenant de diverses parties de l'Europe, qu'il a eus sous les yeux, il rapporte à un seul et méme type les formes secondaires élevées de nos jours au rang d'espèce et qui ont toutes également le ca- ractère unique auquel se borne la diagnose linnéenue « flosculi inferioris » petalo exteriore ciliato » (1). Mais revenons aux vicissitudes modernes du Melica ciliata. Il y a environ trente ans, les botanistes français étaient à cet égard dans une parfaite quiétude, et cette espèce, facilement reconnaissable aux longs cils blancs de la glumelle inférieure, était de celles qui, n'offrant aucune difficulté, dédommagent un peu le botaniste herborisant des tribulations que lui réservent les formes critiques. Avec la Flore de France de Grenier et Godron, ouvrage considérable mais inégal et souvent fautif, s'ouvre lere des complications. On y voit (2) le Melica ciliata L. rayé, ou peu s'en faut, du cadre des espèces françaises, la variété orientale qui con- serve ce nom étant trés rare dans notre pays. Par contre, le type linnéen, émigré vers l'est, est remplacé par deux espèces nouvelles, les Melica Magnolii et nebrodensis, dont les noms furent substitués, sur des mil- liers d'étiquettes, au M. ciliata des anciens temps. Il est vrai que le par- tage des exemplaires d'herbier entre ces deux nouveaux types n'était pas toujours bien aisé, et l'on attribuait souvent sans une conviction bien ferme à celui-ci tel échantillon douteux qu'on aurait pu avec autant. de raison transférer à celui-là. On s'était cependant habitué à cette cote mal ! inté ó intitulée : lques plantes critiques du (1) Dans une intéressante étude intitulée : « Note sur quelq t Pora monspeliensis de Linné » (Bull. Soc. bot. de Fr. t. X, p. 10-20), M. Duval- Jouve fait remarquer que le Melica ciliata qui figure parmi les plantes du Languedoc déterminées par Linné ne pouvait être que le Melica Magnolii G. et Gr., ou le Melica nebrodensis Parl., que l'auteur du Species plantarum ne distinguait pas du Melica ci- liata des contrées septentrionales. (2) Fl. de Fr. t. UL, pp. 550-551. T. XXX. XCVIII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. taillée, que chacun, au moins dans notre pays, pratiquait de son mieux depuis un quart de siècle, et rien ne faisait prévoir un réveil de cette question litigieuse, lorsqu'on s'apercut que la plante orientale mise na- guère en possession de l'adjectif linnéen devait le restituer à l'une des formes existant en France, et prendre pour elle celui de transsilvanica créé par Schur et mieux approprié peut-être à sa distribution géogra- phique. Enfin, à peine avons-nous eu le temps de corriger nos étiquettes en conséquence, et nous voici menacés par l’honorable M. Rouy d’une troisième réforme, qui rendrait au Melica ciliata une partie de ses anciennes limites, sauf le M. transsilvanica, dont l'autonomie est res- pectée, et le M. nebrodensis définitivement congédié repasserait la mer pour revenir en Sicile se localiser dans son habitat primitif. Un changement aussi inattendu a fortifié mes doutes sur l'opportunité de ces divers démembrements du Melica ciliata. Il me semble que, lorsqu'on erée une espéce nouvelle aux dépens d'un ancien type, on doit pouvoir la distinguer de celui-ci à l'aide, au moins, d'un caractère différentiel reconnu fixe et pouvant être défini dans un langage précis. Ma raison se refuse à admettre des espèces dont les attri- buts distinctifs sont insaisissables, servant de thème à ces descriptions aussi interminables que nébuleuses, où l'on voit se succéder les plus et les moins, sans rien, absolument rien de posilif et de net. Or une étude minutieuse des Melica dont il s'agit montre que le Me- lica Bauhini seul, par rapport au M. ciliata, d'après les nombreux échantillons examinés jusqu'à ce jour, satisfait à la condition élémentaire que je viens d'énoncer. Dans l'ancienne espèce, la glumelle inférieure est munie de cils de la base au sommet; dans le M. Bauhini, elle en est dépourvue au-dessus du milieu : voilà une différence précise et facile à constater. Quant aux Melica Magnolii, nebrodensis, transsilvanica, etc., qu'un enchainement ininterrompu de formes douteuses relie au type ciliata vulgaris, ce sont d'intéressantes variétés ou sous-variétés, dont on a fait à tort de détestables espéces (1). (1) Leur déchéance du rang d'espèce n'affaiblit pas l'intérét que présentent les va- riétés, au point de vue notamment de la géographie botanique ; assurément il n'est pas sans intérêt, lorsqu'elles sont bien caractérisées, de savoir distinguer du Melica ciliata typique les formes transsilvanica, Magnolii, etc., en tant que plantes spéciales à cer- taines régions. Au surplus, en rétablissant la hiérarchie et l'ordre naturel dans la clas- sification, en ramenant à leur juste valeur les subdivisions de l'espéce, on ne supprime n ne restreint aucune étude ; on prévient seulement la confusion que fait toujours naitre une erreur de méthode. SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. XCIX Voici maintenant ce que M. Hackel nous écrit à ce sujet : EXTRAITS D'UNE LETTRE DE M. HACKEL. €... Le Melica ciliata est trés polymorphe, on en distingue dans nos pays deux variétés principales : a. Linnaei Hackel. — Panicule lâche à rameaux serrés contre l'axe ; les pri- maires ont 5 à 10, et les secondaires naissant prés de la base des primaires 9 à 5 épillets dont le plus inférieur est supporté par un ramuscule tertiaire simple, etc. — C'est la plante que Linné décrivit d'abord dans son OElandska et gotlandska Resa (1145), p. 297, et dans son Flora suecica (1745), d'où elle est passée dans le Species plantarum. Cette forme, dont il est facile de se procurer des échantillons provenant de la localité classique, est répandue dans toute l'Europe, et croit chez nous sur les collines séches jusqu'à la zone sous-alpine. Dans l'Europe méridionale, une sous-variété à panicule plus riche, lobée et souvent interrompue (M. Magnolii G. G.), se rencontre surtout dans les plaines, tandis que la forme typique se retire sur les hautes montagnes. Le Melica ne- brodensis Parl. (de la localité classique !) ne diffère du M. ciliata d'(Eland que par sa panicule encore plus pauciflore, les rameaux secondaires ne portant que 1 à 2 épillets qui sont un peu plus grands (7 millim.). Le M. nebrodensis de Grenier-Godron (M. glauca Schultz) est absolument identique avec la forme genuina de l'espéce linnéenne. 8. transsilvanica Hackel; M. transsilvanica Schur ; M. ciliata Godron. — Panicule épaisse à rameaux un peu étalés, les primaires portant 12-20, les se- condaires 5-6 épillets et un ramuscule tertiaire (naissant à la base du secon- daire) ramifié à son tour et portant 3à 5 épillets. La forme de la panicule est assez variable, la sous-variété à panicule lobée est le M. lobata Schur. Cette plante appartient plus spécialement au sud-est de l'Europe; répandue jusqu'à l'Oural, elle se retrouve au Daghestan et occupe une aire continue en Transsil- vanie, Hongrie, jusqu'à la Silésie et la Basse-Autriche (deux localités). Plus à l'ouest elle devient rare (Bozen dans le Tyrol, Alsace, provinces rhénanes, Pala- tinat, en France Haute-Loire, etc.). Si l'on reconnait aisément ces deux variétés principales sur les échantillons qui s'y rattachent franchement, ou est souvent embarrassé pour rapporter à l'une ou à l'autre les degrés intermédiaires. Suivant les individus, la panicule est plus ou moins épaisse, les dimensions des glumes peuvent aussi varier; les feuilles sont glauques ou vertes, etc. Les caractères tirés du fruit par Godron sont illusoires, étant en rapport avec le degré de maturité. Les feuilles de la variété a. deviennent planes dans les lieux ombragés, etc. Mes observations sur tous ces points s'accordent à merveille avec les vôtres. Les caractéres attribués par M. Rouy au M. nebrodensis Parl. consistent en des plus et des moins, et ne sauraient, à mon avis, constituer, je ne dis pas une espéce, mais méme une variété. Tout au plus peut-on voir dans la plante ainsi décrite une sous-variété ou forme locale. Relativement au Melica transsilvanica, M. Rouy pourra signaler un chan- gement dans ma manière de voir; mais festime que lorsqu'un hotaniste est amené, par l'examen de documents plus complets ou la connaissance de nou- veaux faits (par exemple la découverte de formes intermédiaires), à modifier son premier jugement sur une espèce, il doit l'avouer franchement. D ailleurs je reconnais que mes idées sur l'espéce en général ont subi certaines modifica- C SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tions à l’occasion de mon étude monographique des Festuca et surtout de mes recherches récentes sur les Andropogonées du Brésil (1). Linné a donné le premier le nom d'espèce à un certain degré dont la notion ressort suffisamment de la lecture de ses ouvrages; la priorité lui appartient pour la fixation de ce terme, et c'est apporter de la confusion dans notre langue scientifique que d'appeler species ce que Linné appelait varietas. Efforcons- nous de n'appliquer le mème rom qu'à des unités comparables, au lieu de placer au méme niveau, comme on le fait trop souvent, méme dans nos Flores les plus estimées, des groupes de valeur trés inégale. Dans le Prodromus flore hispanice de Willkomm et Lange par exemple, on trouve des espéces trés largement comprises, telles que leur Festuca duriuscula ou leur F. indigesta qui renferment 2 ou 3 formes si distinctes, que je les regarde comme des - espèces (il en est de même de leur Deschampsia flexuosa), tandis qu'ils sépa- rent spécifiquement les Melica ciliata, nebrodensis et Magnolii, ainsi que les Stipa Lagascæ et gigantea, etc., qui ne présentent que de faibles différences. Mon Catalogue raisonné des Graminées du Portugal, pour lequel j'ai suivi en général le Prodromus de Willkomm, reproduit des fautes semblables que j'es- père éviter dans mes futures publications. . . + . . . . . . . + . Le Melica Cupani Guss. me paraît plus distinct du M. ciliata (genuina) que ne l'est le M. transsilvanica; je pense toutefois qu'un examen complet de ses variations permettra de le ranger comme sous-espéce à la suite du type, dans le groupe ciliata. Le M. humilis Boiss., que M. Rouy distingue spécifiquement du M. Cupani, n'en est tout au plus qu'une faible variété (2)... . . . . . . . . . En résumé, M. Hackel, confirmant à cet égard notre conclusion pré- cédente, replace dans le cadre de l'espèce linnéenneles Melica transsilva- nica, nebrodensis, Cupani, et clót ainsi le débat avec l'autorité qui lui appartient en cette matière. Nous serons dorénavant fixés sur les Melica Magnolii, ciliata et nebrodensis de la Flore de France, qui nous inté- ressent particuliérement. , 4° Le M. Magnolii west qu'une forme méridionale de l'espéce lin- néenne. Cette création parasite, aujourd'hui condamnée sans appel aprés avoir induit en erreur dans notre pays, par suite de la réputation légi- time de ses parrains, toute une génération de botanistes, est un exemple de la confusion apportée dans la science par des hommes éminents, lors- (1) Obligé de nous en tenir aux passages relatifs à la question des Melica, nous re- grettons de ne pouvoir reproduire l'intéressante digression de l'auteur sur l'espéce en général. (Ern. M.) (2) Note communiquée pendant l'impression. — M. Boissier lui-méme (Flora Orienta- lis, t. V, p. 590) cite son Melica humilis comme simple synonyme du M. Cupani Guss. Au surplus, cet auteur mentionne le M. Magnolii à titre de synonyme de M. ciliata L., passe entièrement sous silence le M. transsilvanica, classe le M. nebrodensis Parl. parmi les variétés du type ciliata, et termine énumération de celles-ci par la remarque Suivante: « Inter formas supra enumeratas transitus manifesti observantur. Auctores » nonn illi species plures distinguunt, el ego prius nonnullas proposui, sed speciminum » m locis confertorum copia characteres differentiales evanescunt ». (Loc. cit. p. 989.) SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. CI , que, se laissant abuser par une observation liàtive et incomplète (1), ils prêtent légèrement l'appui de leur nom au démembrement arbitraire des anciennes espèces en les remplaçant par des types artificiels qui suscitent pour une longue période de stériles controverses. 2° Le M. ciliata des mêmes auteurs est la variété orientale distinguée par Schur sous le nom de transsilvanica. 3° Enfin le M. nebrodensis de Grenier et Godron correspond à la plante plus septentrionale, qui est la forme genuina de espèce linnéenne ; et nous devons ici prévenir M. Rouy qu'il est mal informé au sujet du Melica nebrodensis de Parlatore, lorsqu'il suppose cette forme particu- lière à la Sicile : Parlatore lui-même déclare qu'il l'a reçue provenant de localités francaises (2). Les formes dont nous venons de nous occuper seront donc groupées comme il suit : MELICA CILIATA L. Subsp. A. Linneæi Hackel: z. genuina (M. nebrodensis G.G., M. glauca Schultz). Sous-var. Magnolii. 8. transsilvanica Schur (M. ciliata G. G.). — B. Cupani Guss. (M. humilis Boiss.). (1) Parmi les caractères propres au Metica Magnolii d’après la description originale, un seul parait avoir de la valeur, et il en aurait une grande s'il était constant. Si le caryopse était toujours frés lisse dans cette plante et au contraire plus Qu moins ridé dans les autres formes du groupe ciliala, une note différentielle fournie par un organe aussi important serait un titre sérieux à l'autonomie spécifique. Mais, comme je l'ai vérifié moi-même après M. Hackel, ce caractère est « illusoire », et voici ce qu'écrivait à ce sujet M. Crépin dès 1859 (Notes sur quelques plantes rares ou critiques de la Bel- gique, tirage à part, p. 24) : « Des graines récoltées, en 1856, sur des pieds de Melica » nebrodensis à feuilles étroites-enroulées ei à caryopse chagriné à la face ventraie et » lisse sur le dos, ont produit, dans mon jardin, des pieds à feuilles planes n'ayant » aucune tendance à s’enrouler, même à la fin de la saison. Une récolte faite sur ces » pieds cultivés, le 20 juillet 1858, me donna des graines chagrinées d'un côte el lisses de » l'autre, comme celles employées au semis, et par une autre récolte du 21 aoüt suivant » j'obtins des graines dont les trois quarts étaient complètement lisses: » . D'autre part, M. Cosson, dans la Flore des environs de Paris (2° édit., 1811, pages 818-819), s'exprime ainsi: « Nous avons rapporté le Melica nebrodensis Parl. comme variétė au M. ciliata, car nous avons rencontré un ass’z grand nombre d'échantillons que nous n'avons pas pu déterminer avec précision, et d'ailleurs les caractères donnés comme distinctifs des deux plantes ne nous paraissent pas suffisamment constants. Nous avons été également amenés à rapporter, mais comme simple synonyme, au M. ciliata, 1c M. Magnolii Gren. et Godr., qui n en diffère que par le carvopse lui- sant et lisse, car dans la plante ob:ervée par Pun de nous en Algérie, nous avons trouvé le caryopse indifféremment lisse ou rugueux ; les rugosités du earyopse nous ont, en outre, paru être dues à un arrêt de développement plutôt qu'à une disposi- tion particulière du péricarpe. » 2n (2) Parlatore, Flora italiana, t. V, p. 300 (publié en 1848). Wo tor Wo rz rou r CII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Flahault fait à la Société la communication suivante : SUR LE LITHODERMA FONTANUM, ALGUE PHÉOSPORÉE D'EAU DOUCE, par M. Ch. FLAHAULT. Les Algues zoosporées caractérisées par des chromatophores bruns, et généralement connues sous le nom de Phéosporées, sont très abon- dantes dans les eaux salées, Si l'on excepte les Diatomées et les Hydru- rées, que leurs caractères morphologiques et physiologiques éloignent des principaux types de ce grand groupe, la présence de représentants des Algues brunes dans les eaux douces doit être considérée comme un fait exceptionnel ; il est d'autant plus intéressant de les signaler, que le défaut d'observations positives a fait parfois contester leur existence. Al. Braun a donné le nom de Pleurocladia lacustris à une petite plante observée par lui aux environs de Berlin, et qu'il rapprocha des alfsia ; ce savant ne publia malheureusement rien sur les zoospores de iplante qu'il avait découverte. En 1875, M. Bornet trouva dans un torrent de la Provence une nou- velle plante trés voisine de celle qu'Al. Braun avait fait connaitre ; il lui donna le nom provisoire de Pleurocladia ralfsioides, mais n'en put terminer l'étude en observant l'émission des zoospores (observation inédite). La méme année, M. Areschoug publiait (1) la description d'un nouveau genre d'Algue phéosporée, représenté par une espéce marine et une espéce d'eau douce. Il lui donna le nom de Lithoderma. Ce nouveau genre est très voisin des Ralfsia ; comme dans les Ralfsia, les sporanges sont réunis en groupes, mais ils sont entourés de paraphyses dans le Ralfsia et nus dans le Lithoderma. M. Areschoug, en publiant la dia- gnose du genre, décrit les sporanges uniloculaires et pluriloculaires dont la présence simultanée est si fréquente chezles Phéosporées de ce groupe. Ces caractères sont une présomption en faveur de l'opinion formulée par l'auteur sur la position du genre Lithoderma, mais il n'en signale pas les zoospores, qui par la position de leurs cils vibratiles auraient fourni un caractère distinctif de plus grande valeur encore. On pourrait donc mettre en doute l'existence du Lithoderma d'eau douce, comme on a contesté celle du Pleurocladia. Nous pouvons aujourd'hui lever tous les doutes sur ce point. Nous avons, depuis deux ans, suivi pas à pas le développement d'une nouvelle espéce de Lithoderma qui croit abondamment dans les eaux douces trés (1) Acta regie Societatis scientiarum upsalensis, série 111, vol. X, p. 22. -- Botan. Zeitung, 18771, SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI NN: CIH aérées des sources du Lez prés de Montpellier. Cette plante, à laquelle j'ai donné le nom de Lithoderma fontanum, est beaucoup plus grande que le Lithoderma fluviatile Aveschoug : celui-ci forme sur les pierres des taches brunes à peine visibles; la plante du Lez s'étale en larges plaques à contours lobés (fig. 1) qui recouvrent la surface des pierres sur une étendue qui atteint 12-15 centimètres. L'aspect de la plante est exactement celui d'un Ralfsia marin ; comme ses voisines, elle adhère étroitement au substratum ; le thalle a une co- loration brune presque noire. Vu par la face supérieure, le thalle manifeste le méme mode de déve- loppement que les Coleochæte ; on y voiten effet des séries rayonnantes de cellules qui s'élargissent et se dédoublent en s'éloignant du centre de développement de maniére à produire l'aspect d'éventail si souvent décrit à propos des Coleochete (fig. 2); le thalle, formé d'une seule couche de cellules sur les bords, s'épaissit vers le centre. Une coupe transversale le montre formé de séries de cellules qui se divisent un petit nombre de fois par des cloisons tangentielles à la surface, en direction centrifuge, de facon à former des files régulièrement superposées de 5 à 20 cellules (fig. 3). Les plus anciennes, moulées sur le substratum, perdent peu à peu leur vitalité à mesure que le thalle s'éleve ; les chromatophores, de forme variée, sont situés le plus souvent vers la face supérieure, la plus éclai- rée, de chaque cellule; ils ont la forme irrégulièrement lobée qu'on leur connait dans la plupart des Eetocarpées. Toutes les cellules superficielles du thalle sont susceptibles de se transformer en sporanges. On rencontre ceux-ci en plus ou moins grand nombre à toutes les époques de l'année; toutes les cellules superficielles ne se transforment pourtant pas en sporanges. ll n'est pas difficile de reconnaitre que les cellules méres des spores sont groupées, qu'elles constituent des sores (fig. 3); ces sores sont toutefois mal délimités; il existe encore entre les sporanges des cellules qui n’ont subi aucune transformation ; réciproquement, on rencontre cà etlà quelques sporanges épars au milieu de surfaces généralement stériles. Si, d'autre part, on observe des sporanges pendant toute l'année, les premiers mois parais- sent les plus favorables à leur développement; ils sont alors très nombreux, se succèdent et se remplacent continuellement : c'est pendant les mois de janvier et de février que j'ai pu suivre sans interruption tout le dévelop- pement de la plante. | La surface extérieure du thalle stérile présente l’aspect d’un épiderme ; la paroi supérieure de ses cellules est légèrement bombée. Elles ne se modifient pas, si elles doivent demeurer stériles. Si elles sont appelées à former des éléments reproducteurs, elles se renflent en massue, prennen, une forme ovoide allongée (fig. 3); leur hauteur est alors de 22 p environ CIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sur 15 p de largeur. Le contenu s'épaissit et augmente en méme temps que la cellule elle-méme ; il est trouble, formé par le mélange du proto- plasma et des matières nutritives qui s’y accumulent. Il n'est pas facile d'observer les phénomènes intimes de la division lors de la formation des zoospores. On voit le contenu séparé en deux moi- tiés; mais je n'ai pu suivre tous les détails de la formation des noyaux en raison de l'accumulation des matières nutritives dans la cellule mère (fig. 4); le contenu forme finalement de 12 à 16 zoospores, le plus sou- vent 16, à ce qu'il m'a paru. Au moment de la maturité des zoospores, la paroi du sporange s'est amincie, surtout vers son extrémité supérieure, qui forme une petite proé- minence. La paroi s'y rompt (fig. 3), et les zoospores sortent successive- ment de leur cellule mére. Je n'ai pas trouvé de sporanges plurilocu- laires. Les zoospores encore enfermées dans le sporange sont sphériques ou à peu prés, colorées en brun et fortement granuleuses. Au moment de l'émis- sion, leur coloration est plus faible, les granules trés petits, l'ouverture du sporange étant toujours trés étroite, ils s'étranglent et s'amincissent pour sortir, restent quelque temps immobilesau voisinage de l'ouverture, s'allongent et manifestent quelques mouvements amiboides : c'est aussitót aprés l'émission qu'apparaissent les cils vibratiles. Au moins n'ai-je pu les découvrir sur les zoospores encore incluses, pas plus qu'au moment de leur sortie. La forme de la zoospore se caractérise alors (fig. 5): on voit apparaitre un bec antérieur légèrement infléchi et incolore; une partie postérieure, renflée et granuleuse, un peu colorée, présentant souvent des gouttelettes jaunes trés réfringentes, d'aspect huileux, un cóté convexe et un cóté concave. Un peu au-dessous du bec, du cóté concave, on voit un point rouge; c'est immédiatement au-dessous de lui que s’insèrent les deux cils vibratiles, l'un antérieur, l'autre postérieur, un peu plus court que le premier. En un mot, les zoospores du Lithoderma présentent tous les caractères qu'on leur connait chez les Algues Phéosporées. Leurs dimen- sions sont plus faibles que dans la plupart des représentants marius de ce groupe, leur longueur ne dépasse pas 5-7 p. Dès que les cils ont apparu, les zoospores se meuvent rapidement et irréguliérement autour de leur axe, en conservant parfois en méme temps les mouvements amiboides qu'elles manifestaient aussitót aprés leur émission. On voit surtout le bec s'allonger et se rétracter fréquemment; le moment le plus favorable pour les observer en grand nombre est le matin, aux premières heures du jour. Le mouvement des zoospores se prolonge pendant trois heures environ ; on les voit ralentir peu à peu leur allure, s'arréter de temps en temps, décrire des courbes plus étendues, puis elles s'arrétent définitivement ; les SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. CV cils disparaissent. La zoospore s'arrondit en méme temps que les granula- tions jaunes réfringentes se confondent en goutteletles; la tache rouge demeure intacte, parfois pendant plusieurs jours. Il était important d'observer s'il y a, ou non, fusion des zoospores, comme on l'a signalé depuis quelques années chez beaucoup d'Algues. Je n'ai pu observer, méme dans les préparations les plus favorables, la moindre tendance des zoospores à s’attirer et à s'unir. Trés nombreuses parfois, elles se heurtent, roulent les unessurles autres, mais de la facon évidemment la plus fortuite. Au moment où elles se fixent, les zoospores ont une seule tache rouge; une seule fois seulement j'ai découvert au milieu d'une foule d'autres une zoospore déjà immobile et arrondie qui possédait deux points rouges au voisinage l'un de l'autre. Je suis tout dis- posé à croire que c'était là un phénomène accidentel. Quoi qu'il en soit, les zoospores se fixent et germent sans fusion préa- lable. Dès les premières heures de leur fixation, elles subissent d'intéres- santes modifications : les granulations jaunes, qui ne paraissent autre chose qu'une matière grasse destinée à nourrir la jeune plante, s'éparpil- lent dans la petite sphére; vingt-quatre heures aprés la fixation, il est facile de reconnaitre une membrane cellulosique à la surface. Dès ce moment, le protoplasma se sépare des autres matiéres contenues dans la cellule. Un chromatophore irrégulier s'individualise; le noyau est diffi- cile à observer à cause de sa réfringence, qui tend à le confondre avec les gouttelettes jaunes. Le second jour, le plus souvent, la sphére émet un prolongement sans changer elle-méme de forme. C'est le début de la germination. Le point rouge disparait vers ce moment; la spnére se sépare du filament germi- natif par une mince cloison. Le filament s'allonge et atteint une longueur trois à quatre fois égale au diamètre de la sphère (fig. 6); il forme en méme temps deux ou trois cloisons transversales qui en font une file cel- lulaire, puis l'allongement cesse pour faire place à un bourgeonnement latéral des cellules terminales de ce systéme; les courls rameaux ainsi formés se séparent du filament principal par des cloisons plus ou moins obliques (fig.7). C'est là, vraisemblablement, l'origine directe du thalle que nous avons décrit en commençant; nous n'avons pu en suivre le développement ulté- rieur. Toutes nos tentatives pour prolonger nos cultures ont été infruc- tueuses. Dix ou quinze jours après le semis, les jeunes cultures ont toujours été envahies par des végétaux étrangers, par des Bactéries sur- tout, qui retardent, puis arrétent complètement le développement des jeunes plantes. Quoi qu'il en soit de ce point, nous pouvons résumer en quelques lignes ce que nous savons du Lithoderma fontanum : CVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Les Lithoderma sont des Algues phéosporées, de la famille des Ralf- siées, differant du genre Ralfsia par leurs sporanges qui se développent directement sur la surface du thalle, au lieu d’être plus ou moins inclus et protégés par lui. La plante que nous venons d'étudier répond parfaitement aux carac- tères génériques attribués par M. Areschoug au Lithoderma ; mais les- péce d'eau douce déerite par se savant diffère en plusieurs points de celle que nous avons en vue. M. Areschoug attribue en effet au Lithoderma fluviatile un thalle à peine visible, une épaisseur de 5 à 6 cellules seulement. Le Lithoderma auquel j'ai donné le nom de fontanum en raison de la station où l'on peut le recueillir abondamment, forme sur les pierres des plaques qui attei- gnent 15 centimètres de largeur; l'épaisseur du thalle est souvent de 20 cellules environ. Je n'y ai trouvé que des zoosporanges uniloculaires. Voici la diagnose de la nouvelle espèce : LiTHODERMA Areschoug, Acta reg. Societatis scientiarum upsalensis, sér. 3, vol. X, 1875. L. fontanum : — Crusta majore, 10-15 centimetris lata, nigrescenti- fulva, arcte adnata, margine lobata ; filis cellularum verticalibus e cellulis 15-20 formatis. Zoosporangia unilocularia, ovata, transformatione filorum cellulæ terminalis exorta, sessilia vel breve pedicellata, zoosporas 12-16 continentia. Hab. in fontibus rivuli Lez dicli, prope Montpellier, frequens per totum annum. Explication de la planche III de ce volume. Fic. 1. Fragment de thalle adhérent à la pierre sur laquelle il s'est déve- loppée (grandeur naturelle). Fragment de thalle vu par la face supérieure. Dans cette figure, comme dans la suivante, les cellules ont été supposées vides, pour montrer le mode de développement du thalle (grossiss. de 570 diam.). Fic. 3. Coupe verticale du thalle passant par un groupe de sporanges. Sur le cóté gauche de la figure, on remarque un sporange ouvert au sommet, qui a laissé échapper ses zoospores (grossiss. de 570 diam.). Fic. 4. Un sporange isolé peu de temps avant l'éinission des zoospores (grossis. de 570 diam.). Fic. 5. Zoospores, au sommet où elles viennent de quitter le zoosporange. Fic. to FIG. 6 et 7. Germination des zoospores: — fig. 6, le quatrième jour aprés l'émission ; fig. 7, le huitième jour aprés I émission (grossiss. de 700 diam.). Avant de prononcer la clôture de la session, M. le Président, se rendant l'interprète des sentiments unanimes de l'assemblée, adresse SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. CVIH de vifs remerciments à tous ceux qui ont donné à la Société, dans celte circonstance, des marques de dévouement et de sympathie : MM. Bornet, Flahault et Vilmorin, inspirateurs du programme des excursions qui a été adopté dans la première séance et intégra- lement rempli, grâce à leurs soins prévoyants ; — à M. le Maire et à la municipalité, pour l'accueil si bienveillant que la Société a recu à Antibes; — enfin au secrétaire et représentant du Bureau per- manent, M. Ernest Malinvaud, qui, aprés avoir pris l'initiative du projet de réunion à Antibes, s'est occupé de tous les détails relatifs à l'exécution, et ainsi a notablement contribué au brillant succès de cette session. La séance est levée à dix heures et demie. BOTANISTES QUI ONT CONTRIBUÉ A FAIRE CONNAITRE LA FLORE DES ALPES- MARITIMES, BIBLIOGRAPHIE ET COLLECTIONS BOTANIQUES ; par M. Émile BURNAT (1). Les limites de la chaine des Alpes Maritimes ont été l'objet d'opinions très diverses. D’après notre manière de voir, il convient d'adopter les limites suivantes : à l'ouest, le col de la Maddalena ou de Larche, qui sépare les Alpes Maritimes des Alpes Cottiennes ; à l'est, le col de San- Bernardo, qui confine aux Apennins de la Ligurie ; au nord, le cours de la Stura, Cuneo, Mondovi et Ceva, et au sud, le littoral, depuis Albenga jusqu'à la rade d'Agay, prés de Fréjus, bornent cette région. — La circonscription ainsi comprise nous semble trés naturelle au point de vue de la géographie botanique ; elle est rationnelle aussi en ce qui concerne la division des Alpes en diverses chaines (conf. Roses des Alpes Marit. par Burnat et Gremli, pp. 8-13). Nous n'avons cité, parmi les Flores générales de France et d'Italie, que celles dont les auteurs ont publié des renseignements précis sur les Alpes Maritimes. Notre énumération est sans doute un peu longue, mais un triage est malaisé à opérer ; d'ailleurs ces uotes ne peuvent offrir quelque intérét qu'à la condition de fournir des renseignements qu'on ne trouve- (4) M. Burnat a bien voulu se rendre à notre désir en destinant à ce Bulletin, et terminant en temps utile pour étre inséré dans le présent numéro, le trés impor tant mémoire ci-dessus que lui seul pouvait conduire à bonne fin. Pour arriver à une par- faite exactitude, aussi désirable que difficile à obtenir dans un aussi grand nombre de détails, l'auteur n'a épargné aucune démarche ; il s'est méme imposé des déplacements qui lui ont permis de faire lui-méme à Turin, à Génes, etc., de minutieuses recher- ches et de rectifier ou d'éclaircir les points douteux. Qu'il nous soit permis de remercier ici M. Burnat de sa complaisance, au nom des lecteurs du Bulletin. (Ern. M.) CVITI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. rait pas facilement ailleurs. — Au point de vue de la phanérogamie, il ne faut pas se dissimuler que le nombre des travailleurs n'implique point ici une exploration compléte de toute la région. Alors qu'on a fouillé le littoral assez à fond, en certaines saisons, on a toujours par- couru les mémes districts de la montagne, tandis que d'autres étaient à peine traversés rapidement. Pour certains genres critiques, la circon- scription entière reste inexplorée ; il en est de méme en ce qui concerne les Cryptogames, à l'exception des Fougéres el des Algues marines. Les Mousses du littoral ont seules été l'objet de quelques recherches, et pour les Lichens on n'a encore sérieusement étudié que ceux de la Ligurie. Quant aux Champignons, peu de botanistes s'en sont occupés, et il est probable qu'il reste beaucoup à faire. AGARDH (JAKOB GEoRG). * Lund, 1813 (1). — Professeur honoraire à l'Uni- versité de Lund, fils de Karl Ad. Agardh (* 1785 + 1859). — Alge maris Mediterranei et Adriatici, observationes, etc. Paris, 1842. 8. x, 164 pages, contenant beaucoup de renseignements sur la végétation mariue de la Ligurie occidentale et de Nice. ALLIONI (CARLO) * Turin,23 sept. 1728, + 31 juill. 1804 (selon Mich. Buniva ; mais Pritzel et Delponte ont donné d'autres dates). — Docteur en médecine. En 1760, aprés Vit. Donati, Allioni fut nommé professeur et directeur du Jardin bot.; en 1781, son élève P. M. Dana le remplaça. — Allionia Linn. Gen., n° 117. — Biogr. : * M. Buniva, Réflexions sur tous les ouvrages publiés et inédits de C. Allioni, avec notice historique, etc. Turin, 1810. 8. 150 pages. * Gras in Bull. Soc. bot. de Fr. 1860, p. 579, et 1865, p. xLit. — Allioni a visité la vallée de la Stura etles env. de Valdieri, mais n'est jamais allé dans l'ancien comté de Nice. lla eu des renseignements sur cette contrée par Giudice et Verani, puis par Bellardi et Dana, qui y voyagérent en 1766 et 1772; ce dernier visita aussi Garessio, Oneille` et Carnino. P. Cornaglia, peintre et jardinier en chef avant Molineri, est cité pour les plantes de Casotto, Oneille et du val Pesio. Mais ce fut surtout Ign. Molineri (voy. ce nom) qui rendit des services à Allioni. : * Rariorum Pedemontii stirpium specimen primum. Aug. Taurin. 1755. 4. 55 p., 12 tab. — * Stirpium precipuarum littoris et agri Nicæensis enu- meratio methodica. Parisiis, 1757. 8. xxi et 255 p. (env. 500 esp.). — * Synopsis methodica stirpium horti regii Taurin. (t. ll des Miscellanea Taurin. 1700-61, p. 48) 29 pages. Dans cet ouvrage, Allioni n'admet la nomen- clature binaire que pour les espèces décrites dans le Species de Linné; celles qui lui paraissent douteuses ou nouvelles sont l'objet d'un renvoi à une note avec phrase diagnostique. — * Auctarium ad Synopsim methodicam stirpium horti regii Taurin. (t. V et dernier des Miscell. Taurin., mélanges de philos. et mathém. de la Soc. roy. de Turin, pour 1770-73, pp. 53 et suiv. du volume qui renf. 267 pag.) 43 pages. Cet ouvrage est le premier dans lequel l'auteur à adopté complétement la nomenclature binaire. Oublié de la plupart des auteurs; (1) Lorsque la date de la naissance d'un auteur et celle de sa mort sont indiquées au commencement de sa notice, la première est précédée par le signe * et la seconde par le signe +. — Parmi les ouvrages signalés, ceux que nous possédons, ou au moins que nous avons eus entre les mains, sont distingués par lesigne * placé avant ou apres l'intitulé. SESSION EXTRAORDINAIRE À ANTIBES, MAI 1883. CIX ce premier Auctarium doit être consulté pour reporter à leur vraie date un assez grand nombre d'espèces que l'on fait ordinairement procéder du Flora Ped. (conf. Gras, in Bull. Soc. bot. de Fr. VII, p. 270). —* Flora Pedemontana, sive Enumeratio methodica stirpium. indigenarum Pedemontii. August. Taurin., 1785. 3 vol. in-fol., 92 tab. — Allioni a attribué au comté de Nice un assez grand nombre de plantes étrangères à ce pays. Dans V énumération des Algues marines et d'eau douce des env. de Nice et d'Oneille on trouve quelques espèces de l'Océan qui n'ont jamais été rencontrées dans la Méditerranée, — * Auctarium ad Floram Pedemontanam cum notis,ete., 1789. 4. 53 p., 2 tab. La correspondance d'Allioni, classée en 20 vol. in- £^, appartient à l'Académie des sciences de Turin. Les lettres de Giudice manquent à cette collection. L'herbier d'Alliont a appartenu à Balbis, puis à Math. Bonafous, son ami. Conservée au jardin bot. du Valentin (Turin), cette collection, précieuse malgré les déprédatious qu'elle a subies avant. son entrée au musée (conf. Gras, in Bull. Soc bot. de Fr. X, p. 126), contient beaucoup d'envois de Jacquin, Pourret, Haller, Vahl, etc., correspondants d'Allioni (environ 6000 espèces, d'après Buniva). ARDOINO (HoNon£ JEAN-BaPr.). * Menton, 19 sept. 1819, + Menton, 24 août 1874. — * De l'annezion du comté de Nice à la France, au point de vue de la botanique (in Bull. Soc. bot. de Fr. VIIL, 317, ann. 1860). Liste de 40 espèces nouvelles pour la France. — * Catalogue des plantes vasculaires qui crois- sent spontanément aux env. de Menton et de Monaco, avec l'indication des principales especes de Nice, Sospel, Vintimille, S.-Remo, etc. Turin, 1862. 8. xir, 46 p. —* Flore analytique du département des Alpes-Maritimes (entre le versant est de l'Esterel et la Roïa, les Alpes et la mer). Menton, 1867. 8. Xv, 468 p. Ouvrage réimprimé en 1879, mais sans la plupart des rectifications qui se trouvent à la page 451 de la première édition. Ardoino a rendu des services signalés en résumant, bien que trés imparfai- tement, les connaissances possédées en 1867 sur notre flore (conf. Loret, Bull. Soc. bot. de Fr. XXX, sess. Antibes, p. xxi). Le travail qui lui a surtout servi de base a été le catalogue des espéces de l'herbier de MM. Thuret et Bornet (1858-67). La collection laissée par Ardoino est peu importante, il n'a d'ailleurs guère étendu ses recherches au delà des env. de Menton, S.-Aune de Vinai, où il a séjourné, est une station qui se trouve, ainsi que d'autres souvent citées (val Pesio, Carlin, Lupega, Viosenne, etc.), en dehors des limites de sa circon- scription. — Ardoino a découvert le Potentilla Saxifraga Ard. (1) (in de Not. Ind. sem. hort. Gen. 1848, p. 25) et le Cytisus Ardoini Fourn. (in Bull. Soc. bot. de Fr. 1866, p. 289). AVÉ-LALLEMANT (JuLes, LÉOP. ÉpovAnD). * Lübeck, 1803, t 1867. — * De plantis quibusdam Italie borealis el Germanie australis rarioribus (Disser- tatio inauguralis, ete., 1829), Berolini. 4. 20 p., 1 tab. L'auteur avait herborisé en 1826 à Vintimille, Menton, Nice et Tende, oü il a observé 26 esp. (sur 46 mentionnées) dont plusieurs n'ont pas été retrouvées (mal déterminées ?). Deux (1) M. G. H. Reichenbach nous écrit (oct. 1884) que cette espèce, d'après une commu- nication que lui a adressée V. Cesati, avait déjà été récoltée par Ign. Molineri, et plus tard par de Charpentier, dans l'herbier duquel elle existe sous le nom de Potentilla Charpentieri Schimper mss. — Nous venous en effet de trouver cette plante dans les collections du musée de Lausanne, avec la mention : Tende, 1* juin 1827; P. Charpen- tieri Schimper, 7 décembre 1836. CX SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE figurent comme nouvelles: Typha nana Avé-L. (Nice, au Var), qui n'est qu’ur T. Laxmanni Lepech. Acta Petrop. (1801) — T. minima Funk (1805), et Tra- gopogon sinuatus Avé-L. (T. australis Jord.?). — Le Fritillaria Meleagris var. lutea (col de Tende) — F. Delphinensis var. Moggridgei Planch. Le Sta- Lice echioides (Vintimille) — S. Avei de Not. Prosp. flor lig., est une forme se rattachant à cette espéce de Linné et qui ne se retrouve plus dans nos régions. BADARO (Giov. BaTr.). * Laigueglia, 1793, + au Brésil, 1831. — Docteur en médecine ; élève de Viviani et Moretti. — Badaroa Bertero herb. — Sicyos L. — Ce botaniste a envoyé à Bertoloni des plantes des Alpes voisines d'Albenga et du littoral d'Oneglia, Albenga, etc. — * Plantarum Liguriæ occidentalis centuriæ decem quas in materiam florem Italie exhibet J. B. Badaro, Laigueglia, févr. 1826 (in Botanico italiano ossia discussioni sulla Flora Italica del prof. Gius. Moretti. Pavia, 1826. 4. 44 p.,3 tab.). Liste de 320 esp. souvent accompagnées de notes, avec les descriptions originales du Fumaria major Bad. (p. 10) et de l'Helianthemum semiglabrum Bad. (p. 14). — Osserv. sopra alcune piante di Liguria, etc., in Giorn. di fisica, chimica, etc. Pavia, vol. VII, 1824. Cité par de Notaris (Rep. fl. Lig. p. 2). L'herbier de Badaró appartient à l'Université de Génes et a été réuni à l'her- bier général de cet établissement. BAGLIETTO (Francesco). * Voltri prés de Gênes, sept. 1826. — Docteur en méd. à Voltri; lichénologue; assistant à la chaire de botanique de l'Univ. de Gênes. — * Enumerazione dei Licheni di Liguria (Mém. Acad. Turin, t. XVM, ann. 1858, p. 373; mém. approuvé le 13 janv. 1856 par l'Acad.) ; comprend 340 esp. dont 8 nouvelles d'aprés l'auteur. (Conf. de Not. in Mém. Acad. Turin, t. XVII, p. 68.) BALBIS (Grov. BATT.). * Moretta, Saluzzo, 17 nov. 1765, + Turin, 13 févr. 1831. — Docteur en méd.; élève d'Allioni; professeur de botanique, matière médicale, et directeur du jardin de Turin de 1801 à 1814; il fut le successeur de P. M. Dana (voy. Allioni). De 1819 à 1830, Balbis fut prof. de bot. et directeur du jardin de Lyon. G. Biroli le remplaca à Turin. — Balbisia Cav. in Ann. sc. nat. VM. Balbisia DC. — Vendredia H. Baill. Balbisia Willd. — Thridaz L. — Biogr. : * Colla, Elogio storico, Torino, 1832. Grongnier, discours à l'Acad. Lyon, 1821. De Candolle in Bibl. Genev. XLVI, 1831. Enumerazione delle piante che crescono intorno alle sorgenti di Valdieri, dans V. Giobert, de l'analyse des eaux de Vaudier, etc. (Colla op. cit. p. 29). — * Observations sur les OEillets, avec descr. de 3 nouv. esp. (D. tener, alpes- tris et furcatus), 4 p. et 3 tab.; extr. des Mémoir. Acad. Turin, 1801-3, vol. VII, p. 145; lu 8 thermid. an IX. — * De Crepidis nova specie ; adduntur etiam aliquot Cryptogame flor. pedem., perlecta 24 niv. ann. XII (vol. VIII, 1805, Act. Acad. Turin. p. 66 à 88,2 tab.). Description du Crepis ambigua Balb. (Ligurie occid.) = Tolpis virgata Bert., et de quelques Cryptogames de notre flore. — * Miscellanea botanica, etc. (vol. VII et IX des Mém. Acad. Turin), 1804-6. I, 68 p., 11 tab.; Il, 43 p., 2 tab. — * Horti Academici Taurinen- sis stirpium minus cognitarum, etc., fasc. I, Taurini, 1810. 4. 28 p., 7 tab. Descr. et fig. de l'Artemisia pedemontana Balb. — * Elenchus recentium stirpium quas Pedemontanæ Flore addendas censet Balbis; 8 juill. 1806 et 26 mai 1816, Aug. Taurin. 4. 11 p. Catalogues sans descript. ni indication de localités pour les espéces. L'herbier de Balbis, légué à son neveu le doct. Vinc. Balbis, a été, par les SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI Î8N3. CXI soins du prof. Moris, acquis par l'État et conservé dés lors dans les collections du Jard. bot. de Turin, où il a été réuni à l'herbier général. BARLA (JEAN-BaPrISTE). * Nice, 3 mai 1817. — Directeur du musée d'hist. nat. de la ville de Nice, depuis 1865 (voy. Verany). — Barlia Parl. Due nuovi gen. Monoc., 1858. Barlea Rchb. fil. in Linnæa, ann. 1876 — * Description et fig. de quatre espèces de Champignons (extr. vol. XXVI, Nova Acta Acad. Leop. Carol. nat. cur.,12 oct. 1857) — * Les Champignons de la province de Nice et princip. les espèces comestibles, suspectes ou veneneuses. Nice, 1859. 4. 48 tab. col. — * Flore illustrée de Nice et des Alpes marilimes. Iconographie des Orchidées. Nice, 1868. 4. 1v, 83 p., 63 tab. col. — * Des- cription et fig. du Xanthium spinosum, etc. Nice, 1876. 4. 6 p., 1 tab. col. — M. Barla posséde une précieuse collection de planches, peintes à la main sous sa direction; elle est intitulée : * Icones stirpium agri Nicwensis, et composée de Phanérogames, Cryptogames vascul. et Champignons, avec indi- cation de la localité et époque de floraison pour chaque échant. figuré (1). Le musée de Nice renferme une superbe collection de Champignons des env. de Nice, moulés et coloriés d'aprés nat. par les soins de M. Barla. Commencée en 1854 et continuée jusqu'à ce jour, cette collection comprend aujourd'hui des spécimens de presque toutes les espéces d'Europe connues comme comestibles ou vénéneuses. — L'herbier posséde principalement des plantes de l'ancien comté de Nice, représentées par les récoltes de MM. Sarato, Canut, Risso neveu, Giaume et Deleuse. Ces deux derniers, collecteurs au service du musée, ont fourni surtout des espéces des env. de l'Escaréne et de Drap. Les Roses et les Hieracium publiés par MM. Burnat et Gremli se trouvent également au musée. BARLET. — Voy. PoNs. BATTERSBY (CHARLES-HENRI). * 1836. — Docteur en méd. à Cannes. Posséde un herbier de plantes récoltées aux env. de Cannes, Saint-Dalmas de Tende et Thorenc. On y trouve: Lathyrus hirsutus L. (Thorenc), Carpesium cernuum L. (S.-Dalmas), Vicia pannonica Jacq. (Cannes), esp. nouvelles pour le départe- ment ; puis des stations nouvelles des : Delphinium fissum W. K. et Primula Allionii Lois. (Saint-Dalmas de T.), Linaria reflexa Desf. (Cannes), Opopanaz Chironium Koch (Saint-Vallier). BAUDOT (pe). — Des plantes des environs de Grasse ont été envoyées par lui à Grenier et Godron. Ces auteurs lui ont dédié le Hanunculus Baudotii qu'il avait découvert. Le méme a publié une note sur quelques espéces de Pri- mulacées (Ann. sc. nat. sér. 2, vol. XX, p. 350). BELLARDI (Canto ANTONIO Lupovico). * Cigliano, 30 juill. 1741, + Turin, 4 mai 1826. — Docteur en médecine, élève d'Allioni et son assistant au Jardin botanique. — Bellardia Colla, Mém. Acad. Turin = Microseris Don. Bel- iardia Schreb. Gen. — Coccocypselum Swartz. Bellardia All. Fl. Ped. = Bartsia L. — Biogr. : * Giac. Carena, Elogio storico, in Mém. Acad. Turin, (1) L'une de ces planches qui figure le Saxifraga florulenta (du 22 août 1840) a été lithographiée par les soins de M. Barla (vers 1840). Cette planche (lithogr. Carlin à Nice) est antérieure à celle publiée par Bertoloni (Mém. Bonon. XI, t. 12, ann. 1861); on y voit des fleurs figurées avec 3 styles et d'autres à 2. La plante dessinée par M. Barla lui avait été rapportée,'encore vivante, de Saint-Martin-Lantosque par Rastoin Brémond, qui la tenait lui-méme d'un touriste anglais avec lequel il avait herborisé! (Conf, Burnat, in Pull. Soc. bot. de Fr. 1883, p. 261.) CXII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. XXXIII, p. 52, 1828. * Balbis Hort. Acad. Taur. stirp., etc. p. 8. — Osser- vazione botaniche con un saggio d'appendice alla Flora Pedemontana, etc. Torino, 1788. 8. 63 pages. Nous ignorons si cet ouvrage renferme des renseigne- ments sur notre flore. — * Appendix ad Florum Pedemontanam, Auguste Taurin. 4. 80 pages, 7 pl. color. (lu à l'Acad. de Turinle 18 déc. 1791, in vol. X. Mem. acad. Turin, ann. 1793); renferme l'indication de plantes phanér. et crypt. des environs de Limone, val Pesio, Tende, etc. — * Stirpes nove vel minus cognite Pedemontii descriplæ, etc. Torino, 1808. 4. (Mem. Acad. Turin, vol. VII, p. 452). Descr. et fig. de plantes des environs de Limone envoyées par Viale (Bupleurum bicaliculatiun, Imperatoria angustifolia, Lactuca Via- lea). — Catalogus stirpium quas addidit Flore Pedem. L. Bellardi, in Act. Acad. Taurin. XIV, cxx. Travail cilé par Carena (op. cit.). L'herbier de Bellardi, conservé au Jardin botanique de Turin, se compose surtout d'une collection format in-4? qui renfermait les descriptions des espèces découvertes ou observées par ce botaniste, avec les échantillons qui s'y rappor- taient. Malheureusement, à l'époque où il appartenait à Bonafous, cet herbier fut mutilé et un assez grand nombre de plantes intéressantes ont disparu. (Conf. Cesati, Ilustr. Saxifr. florul. app., p. 14.) BERTERO (CARLO). * 1789, en Piémont, + 1831. — Docteur en médecine à Turin (thése de 1811). — Berteroa DC. Syst. veg. — Biogr.: * Elogio storico par L. Colla, in Act. Acad. Taur. 1851-38. — Bertero a envoyé à de Notaris et Bertoloni de nombreuses plantes récoltées par lui dans les Alpes maritimes de Ligurie, aux environs de Valdieri, de la Madone de Fenestre, etc. Il quitta le Piémont en 1816 pour les Antilles, parcourutle Chili, Juan Fernandez, Tahiti, et périt dans un naufrage. — Ses manuscrits et son herbier sont conservés au Jardin botanique de Turin. BERTI (Josken). — Docteur en médecine à Port-Maurice. — Bertia de Not., Cenn. piren. in Att. VI riun. sc. Ital. — Ce botaniste a fourni un grand nombre de plantes à de Notaris et à Parlatore, provenant de ses herborisations sur le littoral de Menton à Albenga, de la région montagneuse et des Alpes voisines d'Ormea, etc. Les Senecio Personii et Micromeria thymoides, espéces décrites par de Notaris et spéciales à ces régions, ont été découvertes par Berti. — Son herbier est conservé à l’Institut technique de Port- Maurice. ' BERTOLONI (ANTOINE). * Sarzana 11 février 1775, + Bologne 17 avril 1869. — Professeur de botanique à Bologne depuis 1815. — Bertolonia Raddi (1820) conf. Baillon, Dict. de bot. p. 410.— Biogr. : Saccardo, Storia flor. venet., 135. Nuov. Giorn. bot. it. 1, 149. * Cam. Versari, Orazion funebre, 21 avril 1870, 32 pages. — * Flora Italica, années 1833- 54, 10 vol. in-8. Ont surtout fourni des matériaux à l'auteur pour la Ligurie occidentale et le comté de Nice : Durando, Bertero, Barla, Sassi, Molineri, Moris (professeur à Turin, * 1796, + 1869), Gherardi, Panizzi, Balbis, de Notaris, Gennari, Savignone, etc. Poar les Cryptogames (Flora It. crypt. 1858-67, 2 parties), Bertoloni a donné fort peu de renseignements sur nos régions. — * Amænitates Italice, etc. Bononiæ, 1819. 4. Cet ouvrage contient, entre autres mémoires, 4 décades des Rariorum Ligurie plantarum, dont les 3 premières déjà publiées en 1805, 1806 et 1810 (plant. div. de Ligurie occidentale et Alpes maritimes), puis : Appendix ad specimen Zoophytor um portus Lune et Historia Fucorum maris Ligustici, avec 3 pl. Ces deux derniers mémoires donnent 39 espèces d'Algues marines et 3 prétendus zoophytes qui sont de véritables Algues. SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. CXII La plupart des espéces proviennent de la Spezia et de Génes, mais Nice est parfois citée. Bon livre et bonnes planches (note de M. Édouard lornet). — * Miscellanea botanica (1812-63), contenant : vol. VII (1818), Manipolo 1 et 2 di piante della Liguria, avec fig. de 8 espèces de notre flore ; puis, vol. XXI, . 2, une figure du Saxifraga florulenta Mor., qui se trouve aussi dans les Mémoires de l'Acad. des sciences de Bologne (1861, t. XI, p. 200, tab. 12). Ant. Bertoloni a laissé 3 collections : 1° Herbier du Flora Italica, envi- ron 350 paquets, tous en bon ordre; 2» Herbier général, plantes étrangères à l'Italie; 3° Herbier deplantes médicinales, environ 10 paquets. — Un Herbier de la flore bolonaise, formé par Joseph Bertoloni (fils d'Antoine, * 1804, + 1878) et continué par son neveu Antoine Bertoloni, est conservé avec les trois autres collections, chez ce dernier, à Bologne. BIROLI (Giovanni). * Novare, 1772, + Novare, 1827. — Fut nommé (1815), aprés Dalbis, professeur de botanique, matiére médicale, et directeur du Jardin botanique de Turin. Jl était plus agronome que botaniste. C. Capelli le rem- placa en 1817. — Birolia Bell. Add. nov. gen. Ped. 1808 — Elatine L. — Biogr. in Mém. Acad. Turin, vol. XXXIII. — Catalogus plantarum reg. hort. Taurin. Aug. Taurin.,1815. 8. 86 pages; nous n'avons pas vu cet ouvrage. — On trouve daus * Giorn. fisic. di Pavia, ann. 1820 (Bibl. Jard. bot. Turin), un mémoire de Biroli (3 pages, 1 tab.) sur un Androsace affinis, sp. nov., des hautes Alpes de Mondovi (prob. A. obtusifolia L. var.). BOISSIER (Epmonp). * Genève, 10 mai 1810. — Boissiera Hochst., in Steud. Nom. l, p. 213. — Le savant auteur du Flora Orientalis (1867-84) est proba- hlement le botaniste de notre siècle qui a accompli en phytographie l’œuvre personnelle la plus considérable et l'une des plus parfaites. Ses collections sont pour la flore d'Europe, avec ceiles de Kew et l'herbier de M. Cosson, entre les plus complétes qui existent. Elles contiennent un grand nombre de plantes des Alpes maritimes, provenant de son premier voyage botanique (année 1832) et de plusieurs autres accomplis avec Reuter. Ce dernier a fait, en 1843, avec D. Lisa et M. G. H. Reichenbach, un voyage dans la province de Nice, à la suite duquel il a publié des collections. MM. Boissier et Reuter ont découvert dans les Alpes maritimes: Mœhringia papulosa Bert. (Boissier leg. 1832), Asplenium fissum W.K., Euphorbia variabilis Cesati (1). — * Diagnoses plantarum nova- rum, etc., par E. Boissier (3 séries, 1842-59), renferment les descriptions de quel- ques espéces de notre flore : Campanula stenocodon, lI, 3, 112(C. stenosiphon Rchb. ic. 19, 116; non Boiss. et Heldr.); Aquilegia Reuteri, Il, 1, 10; Saxi- fraga lantoscana, ll, 2, 63. — * Pugillus plantarum novarum, etc., par Boissier et Reuter, année 1852; contient les descriptions des Luzula pedemon- tana, p. 115, et Oreochloa pedemontana, p. 126 (voy. Reuter). BORNET (ÉpovAnp). * Département de la Nièvre, 2 sept. 1828. — Docteur en médecine. — Bornetia Thuret, Mem. Soc. sc. nat. Cherb. t. HI, ann. 1855. — Collaborateur de G. Thuret depuis 1852 jusqu'en 1875, ami et compagnon insepa- rable du savant d'Antibes dont il partageait les travaux, M. Bornet n'a publié comme lui que des recherches sur les végétaux cryptogames, à l'exception d'un remarquable * Mémoire sur le Phucagrostis major Cavol. (Ann. sc. nat. sér.5, sai i issi DC. Prodr. XV. 2, p. 158). M. E. 1) Saint-Martin-Lantosque, Buissier et Reuter leg. (DC. Proc V. 2, ) Burrat lya retrouvé en 1815 ! — D'après une lettre de M. G. H. Reichenbach (octobre 1884), cette espèce avait été déjà découverte par lui près de Tende en 1843. H T. XXX. CXIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. t. I, p. 5-51, et 11 tab.), espèce exclue à tort de la Flore francaise (Gr. Godr.), trouvée à Cannes et Antibes (conf. Bull. Soc. bot. de Fr. VII, 888, et VIII, 456). M. Bornet a communiqué à Schimper des Mousses du littoral des Alpes-Mari- times. Il a publié (Annal. sc. nat. ann. 1859) : Description. d'un nouveau genre de Floridées des côtes de France (genre Lejolisia), dont l'unique espèce, L. mediterranea, est une Algue d'Antibes. L'herbier formé par MM. Thuret et Bornet pour les plantes des Alpes mari- times renferme des récoltes des environs de Nice, Cannes, de l'Esterel, les vallées du Var, de la Vésubie et de Pesio; puis les collections de Bourgeau, ainsi que les envois de divers botanistes, qui de 1857 à 1875 ont parcouru la circonscription de la Flore d'Ardoino. Aprés la mort de Thuret qui avait légué à M. Bornet toutes ses collections, l'herbier des Alpes-Maritimes a été donné à M. E. Burnat. BOULAY (labbé). * Vagney, Vosges, 11 juin 1837. — Professeur de bota- nique à l'université catholique de Lille. — Dans ses * Études sur la distribution géographique des Mousses en France (Paris, 1877. 8. 259 pages), ce savant bryologue a donné, page 234, un apercu de la végétation bryologique des envi- rous d'Allos, district des Basses-Alpes quitouche à nos limites; puis, page 84, une liste des Mousses récoltées par lui dansl'Esterel en déc. 1874 (80 espèces); enfin, page 90 et suiv., des renseignements touchant les Mousses caractéris- tiques de la région méditerranéenne francaise. — Dans un travail récent (Mus- cinées de la France, Paris, 1884. l partie, Mousses. 8. CLxXxIV et 624 pages), M. Boulay a cité et résumé, à l'occasion de chaque espéce, les résultats les plus saillants des recherches, partiellement inédites, pour les Alpes-Maritimes, de MM. Bescherelle, Husnot, de Mercey, Philibert, etc. BOURGEAU (EUGENE). * 1813, en Savoie, + Paris, févr. 1877. — Bourgæa Cosson Pl. crit. Esp. 39.— Biogr.:* E. Cosson, Bull. Soc. bot. de Fr. 1866, p. 1, et 1876, p. 237. — Voyageur et collecteur d'une grande activité, Bourgeau a récolté en 1848 plus de 800 espéces en Corse et aux environs de Fréjus et Toulon, qui ont été distribuées dans plusieurs grands herbiers. En 1861, il par- courut les environs de Nice, Menton et du col de Tende, puis le littoral de Nice à Fréjus, et publia 374 espèces avec numéros d'ordre, plus 139 à 20 exemplaires environ et 255 à un ou plusieurs. En tout, 768 espèces. L'herbier de MM. Thuret et Bornet renferme cette dernière collection presque complète. BRUNO. -- Docteur en médecine; a rendu des services à Balbis, en lui com- muniquant des plantes des environs de Cuneo, Tende et du val Pesio; il a découvert le Mehringia dasyphylla (Balb. Misc. bot. 1, p. 20). Nous n'avons pu obtenir d'autres renseignements sur Bruno. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 30 vol., 1854-1883 inclus. — Renferme diverses notices concernant la végétation des Alpes-Maritimes. Voy.: Loret, Ardoino, Gras, Bornet, Kampmann, Marcilly, Reuter, Duval-Jouve, Burnat. Puis, VIL (1860), p. 888, P. Duchartre, Sur la découverte du Cymodocea æquorea Konig. — VIIL (1861), p. 237, Ad. Gubler, Observations sur la flore du département des Alpes-Maritimes, et méme volume, p. 431, De la mer comme source de calcaire pour les plantes du littoral. — XI (1864), p. 336, Saint-Robert, Sur une nouvelle localité où fleurit le Saxifraga florulenta Mor. — XII, p. 1 à Lx, Session extraordinaire à Nice, en mai 1865. — XIII (1866), p. 99, M. Maurice Bonnet, Sur l'Oxalis libyca. — XIII, p. 389, E. Four- nier, Descr. du Cytisus Ardoini. — XIV (1867), p. 179, de Saporta, Notice sur SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. CXV l'Asplenium Petrarchie.— XVI (1869), p. 100, Ch. Martins, Anagyris fætida. — AVIL (1870), p. 42 et 189, comte Jaubert et Germain de Saint-Pierre, Sur la végétation du littoral des Alpes-Maritimes. — XX (1873), page 96, J.-E. Planchon, Sur les espèces de Fritillaires de France, etc. (F. involu- crata, montana et delphinensis des Alpes-Maritimes). BUNIVA (MicH.-FRanG.). *1761, + 4834. Docteur en médecine, — * Nomen- clator Linnæanus Flor. Pedemont., auct. Buniva et Brugnone ; Aug. Taurin. 1790. 12. xxxv et 189 pages. Catalogue par ordre alphabétique du Flora Ped. et de Auctarium d'Allioni, avec renvois à ces ouvrages; pas d'indications de localités. — Dans sa notice sur Allioni, Buniva a publié (p. 99à 150) un * Catalo- gue complet des plantes qui ont été ajoutées à la Flore piémontaise du célè- bre Allioni, par MM. Balbis, Bellardi et Cumino. Balbis a été l'auteur princi- pal de cette liste. — Sur Carl.-Giov. Brugnone (1141-1818), voy. Mém. Acad. Turin, février 1819. BURNAT (Euize). * Vevey, 21 octobre 1828. Ingénieur (Éc. centr. Paris, 1851). — Burnatia Micheli in DC. Monogr. Phaner. vol. IH.— Depuis 1871 a parcouru chaque année les Alpes-Maritimes. MM. J.-J. Vetter (conservateur de l'herbier Darbey) et A. Gremli ont souvent contribué à ces explorations. — Catalogue des Festuca des Alpes-Maritimes, d'aprés les déterminations de M. Hackel (dont le Monogr. Festuc. Europ. 1882, décrit toutes les espéces, variélés et sous- variétés mentionnées dans ce catalogue), Lausanne, 1882. 8. 15 p. — Notes sur diverses espèces des Alpes-Maritimes (Bull. Soc. Dauph. n° 707, 838, 838 bis, 1257, 2404, 2797, 3117, 3255, 3309, 3859). — Note sur la Flore de Grasse (Feuille des jeunes naturalistes, l** mai 1881). — Le Saxifraga florulenta Mor., espèce francaise (Bull. Soc. bot. de Fr.t. XXX,259). — En collaboration avec M. Aug. Gremli : les Roses des Alpes-Maritimes, Genève, 1879. 8. 136 p. — Supplément à la Monographie des Roses des Alpes-Maritimes, Genéve, juin 1882, février 1883. gr. in-8°, 84 pages. — Catalogue raisonné des Hiera- cium des Alpes-Maritimes, Genéve, mai-octobre 1883. gr. in-8°. xxxv et 84 pages, — Avec l'herbier spécial de MM. Thuret et Bornet (2$ paquets), les collec- tions de M. Burnatcomprennent un herbier des Alpes-Maritimes (62 paquets), en dehors d'un herbier général, exclusivement européen, d'environ 8000 espéces phenérog (selon Nyman Syll. Fl. europ.) représentées par prés de 65 000 parts. CANDOLLE (AUGUSTIN PYRAMUS DE). * Genève, février 1778, + septembre 1841. — Candollea Labill. Pl. Nov.-Holl. — Biogr.:* Mémoires et Souvenirs de A. P. de Candolle, par A. DC., 1862. Voy. aussi Pritzel Thes., éd. 2, p. 52. — Cet illustrebotanistea compris la région des Alpes-Maritimes entiére dans sa * Flore française (3° édit. Paris; 1805, tomes I à IV, et le tome V, ann. 1815). M men- tionne, comme avant recu d'eux un précieux secours, Balbis, Bellardi, Jauvy et Risso. — De Candolle est allé deux fois dans les Alpes-Maritimes (Notes de voyage manuscrites, in biblioth. DC. Voyez aussi dans les Memoires cités, pp. 527-9). En 1808, parti le 1* juin de Montpellier, il visita F réjus, Cannes, puis Antibes et Nice, oü il herborisa avec Risso jusqu'à Luceram el à la Mairis (24 juin-2 juillet); récolta : Chamarops humilis spontané (aujourd hui détruit), Medicago circinata, Lamarckia aurea, Leucoium hyemale, Cyperus di- stachyos, ete. Près de l'Escavéne :, Plagius Allioni, Sesleria cylindrica, Iberis ciliata. En 1809, voyage dans la Provence et le Piémont. Des Basses- Alpes par le col de Larche (22 juin) à Cuneo, où de Candolle vit Cumino, à Limone (voy. Viale) et à Valdieri-les-Bains, il passa ensuite à Tende (27 juillet) CXVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. et récolta dans la vallée de la Minière les Dianthus furcatus et tener Balb. A Turin le savant Génevois séjourna une semaine avec Balbis, Bertero et Molineri. Les Notes renferment des observations sur 48 espèces du Flora Pedemon- tana d'Allioni, d’après l'herbier de ce botaniste. « J'ai vu, dit-il, qu'il fallait accorder à cet ouvrage bien moins de con(iance que je ne le eroyais. » CANUT (TuéopuiLe). * Lyon, 1827. — A été professeur à l’école de commerce, puis au lycée de Nice; actuellement à Carouge, prés Genéve. A fait, de 1852 à 1869, de nombreuses herborisations dans les Alpes-Maritimes francaises, aux environs de Saint-Martin-Lautosque, de Tende et dans la haute vallée de la Tinée. M. Canut a fourni à Ardoino des renseignements utiles età MM. Thuret et Bornet un grand nombre de plantes; il a récolté aussi des espèces pour le musée de Nice et donné un précieux concours à M. Barla pour son Iconographie des Orchidées. L'herbier du musée de Florence et celui de M. Al. Jordan ren- ferment des plantes recueillies dans les Alpes-Maritimes par M. Canut. CAPELLI (CAnLO). * 1765, + octobre 1831. — Mathématicien, s'occupait aussi d'anatomie; fut nommé professeur de botanique et matiére médicale à Turin en 1817, aprés Diroli. G. Moris lui succéda en 1829. — Capellia Blume Bijdrag., 9. — * Catalogus stirpium que aluntur in reg. hort. bot. Taurinensi. Aug. Taurin., 1821. 8. 67 pag. A ce catalogue est annexé un appendice comprenant environ 90 espèces phanérogames et cryptogames nouvelles ou rares à ajouter àla flore du Piémont, entre lesquelles des plantes des environs d'Albenga, Alassio, Vinadio et Valdieri, récoltées par Piottaz et Giusta. CESATI (VINCENZO, baron de). * Milan, 1806, + Naples, février 1883. -— Pro- fesseur et directeur du jardin botanique à Naples, depuis 1868 à sa mort. Cesatia Endl., Gen. (ann. 1839). Cesatia Rabenh., Herb. mycol. (ann. 1851). Cesatiella Saccardo, Michelia, 1, p. 250 (1879). — Biogr. : * Or. Comes, Atti del R. Istituto scienz. nat., Portici, 1883. — * Stirpes Italice rariores v. novæ, etc., fasc. I-II], 1840; renferme les monogr. des Convolvulus saba- tius de Not., Sedum alsinefolium All., Euphorbia variabilis Ces., Poly- gonum crassinerve Ces., et Carex curvula All., plantes de notre flore. — * Illustrazione della Saxifraga florulenta Moretti, in-4°, 15 pages, 1 tab.; Naples, 1869 (tirage à part des Act. Acad. sc. phys. et math. » 4 septembre et 2 octobre 1869, vol. IV) et supplément dans le vol. II, ann. 1870, du Nuov. Giorn. bot. Ital., 3 pages. — Cesati a collaboré jusqu'à sa mort à la remar- quable publication : * Compendio della Flora Italiana, avec MM. Passe- rini et Gibelli, ouvrage non encore achevé (préface du 19 aoüt 1867). CHRIST (HERMANN). * Dàle, 12 décembre 1833. — Docteur en droit, à Bâle. Auteur d'importants travaux sur la végétation de la Suisse, la géographie botanique, les Conifères et les Roses, etc.; a publié dans le *Journal of Botany de mai-juiu 1876 un travail sur les Roses des Alpes-Maritimes. Ce botaniste a le premier porté la lumiére sur ce genre diflicile en débrouillant le chaos des Roses de la Suisse et de l'Europe centrale. Le genre Carex est actuellement l'objet de ses études. M. Christ a déterminé et annoté toutes les espéces de ce genre des herbiers du musée de Nice, Barla, Thuret et Burnat. Ce dernier renferme 10 espèces de Carex et 3 var iétés ou sous-espéces des Alpes-Mari- times, nouvelles pour ces régions. COLLA (Luici ALoys). * Avril 1766, + Turin, décembre 1848. — Jurisconsulte. Possédait à Rivoli, prés de Turin, un jardin remarquable dont il a publié la SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. CXVII description (1824-28). — Collæa DC., in Ann. sc. nat. sér. 4 (Collæa Lind}. — Pelexia Voit.; Collea Spreng. — Chrysanthellum Rich.).— Biogr. : * Parlatore, 1850. 8. 20 pages; * Delponte, Mém. Acad. Turin, vol. XII, 1852. — * Herba- rium Pedemontanum, ete., T vol. in-8^, texte, et 1 vol.in-4°, tables et planches: Aug. Taurin., 1833-37. Cet ouvrage a été le premier important rédigé en Italie d’après la méthode naturelle; il comprend Phanérogames et Cryptogames, en énumérant les additions faites à la flore piémontaise par les successeurs d'Al- lioni, notamment par l'auteur et ses contemporains, Balbis et Bertero, avec lesquels il a été trés lié, puis Bellardi, Re, Biroli, Cumino, etc. Colla ne parait point avoir herborisé dans nos régions. — Son herbier, classé par ordre alpha- bétique, est conservé à part au jardin botanique de Turin; il renferme un grand nombre de plantes récoltées par Bellardi, Balbis, etc. CONSOLAT. — Voy. Pons. CUMINO (PAUL), en religion Hugo Maria. — A été chartreux à Pesio, puis pharmacien à Cuneo, la Chartreuse ayant été supprimée en 1802. Il envoya à Bellardi et à Dalbis des plantes de la vallée de Pesio. — * Specimen Fungo- rum vallis Pisii, 68 p. et 3 tab., in Mém. Acad. Turin, ann. 1801. DUBY (JEAN-ÉTIENNE). * Genève, 1798. — Pasteur à Genève. — Dubyea DC., Prodr. VII. — * A. P. de Cand. Botanicon Gallicum, sive Synopsis plan- tarum in Flora Gallica descriptarum. Edilio II. Ex herbariis et schedis Candollianis propriisque digestum a Duby. Ann. 1828-30, 2 vol. in-8°. M. Duby a profité, pour la rédaction de cet ouvrage, des herborisations de son compatriote Stire, établi à Nice. DUFOUR (Louis). * Gênes, 27 novembre 1830. — Docteur en médecine et fabricant de produits chimiques à Génes. — « A publié dans le Commen- » tario della Soc. crittogamologica Italiana, 1864, un Elenco delle Alghe » della Liguria, qui comprend 229 espéces. Génes et la Spezia sont les seuls » points de la cóte ordinairement cités par M. Dufour, mais les mémes Algues » se rencontrent sur tout le littoral. » (Note manuscrite de M. E. Bornet.) DURANDO (GaETANO). * Caraglio, Piémont, avril 1811. — Durandoa Pomel, Mat. fl. AU. (Baill., Hist. pl. 8, 86). — 1830-38, officier en Piémont; 1839- 42, étudie à Paris (licencié és sciences naturelles); 1843, séjourne à Nice, où il herborise avec Barla, G. H. Reichenbach, Montolivo, Verany, et envoie à Bertoloni un grand nombre de plantes. — M. Durando est fixé à Alger de- puis 1850; « il est un des explorateurs qui ont le mieux mérité de la Flore de l'Algérie ». (Cosson, Comp. Fl. Atl., 1, 36.) DUVAL-JOUVE (Joseru). * 1810, + 1883. — A été régent à Castellane (1824. 32), où il s'occupa de botanique et géologie avec Emeric (naturaliste qui a exploré les environs d’Annot, les côtes de Provence, Ligurie, ete., et rendu des services à Loiseleur, Perreymond, Risso, Balbis, etc). Duval fut professeur au collége de Grasse (1832-52) , puis inspecteur d'académie à Alger, Strasbourg et Montpellier. — Biogr.: Flahault, Bull. Soc. bot. de Fr. 1884, p. 167. — Aux environs de Grasse, Duval-Jouve a découvert le Quercus Pseudosuber Santi. Présde Cannes, Caréz edipostyla Duval-Jouve (Bull. Soc. bot. de Fr. XVII, p. 257 et LXX; XXI, p. 205), Jsoetes Duriæi Bory et Hystrix Durieu. — Daus ses beaux travaux sur les Aira (1865), Cyperus (1874) et Vulpia (1880), ce botaniste a décrit plusieurs ospéces du littoral des Alpes-Maritimes. — En 1848, il a publié CXVIII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. une carte de l'arrondissement de Grasse. — Son herbier a été légué à la Fa- culté des sciences de Montpellier. GENNARI (PATRIZI0). — Professeur à l'université de Cagliari (Sardaigne) et directeur du jardin botanique. — Gennaria Parl. Fl. It., Ill, 404 et 674. — * Plantarum Ligusticarum cent. 1-III repertorio Flore Ligustice addenda, etc. (Act. Acad. sc. Turin, cent. I, t. XIV, 1853, p. 249, exhib. 18 apr. 1852; cent. IH, t. XVII, 1857, p. 453). La centurie II n'a pas été publiée, à notre connaissance. — * Cryptogameæ vasculares Ligustice, seu Equisetacearum, Marsileacearum (Isoetearum), Lycopodiacearum ac Filicum, etc., Synopsis (exhib. 16 novembre 1856, in Act. Acad. sc. Taurin. vol. XVIII, ann. 1859, p. 139). — L'auteur a herborisé dans la région des Alpes-Maritimes : aux monts Bertrand et Fronte, environs de Lupega et Viosenne, Alpes de Nava, Rezzo et Triora, puis sur le littoral voisin d'Albenga et Oneille. M. Baglietto (Enum. Lich. di Lig.) a énuméré quelques Lichens provenant de ces voyages. GENTILE (Giacomo). * Gênes, 22 juillet 1835. — Professeur d'histoire natu- relle à l’Institut technique de Port-Maurice, et pharmacien. — * Monografia sulle piante forestali, industriali e fruttifere, spont. o natural., nel cir- condario di Porto Maurizio, etc. Oneglia, 1879, gr. in-8°, 46 p. — M. Gentile a beaucoup herborisé dans les environs de Port-Maurice, sur le littoral jusqu'à Albenga et dans les Alpes de Rezzo, Nava et Ormea; il a fourni à Parlatore et à M. Burnat un bon nombre de plantes de ces régions, ainsi que divers ren- seignements utiles. GENY (PuiLIPPE). *Strasbourg, 1809, + Nice, mai 1875. — Horticulteur, pro- fesseur à l'école d'agriculture, et inspecteur des promenades de Nice. Eléve et collaborateur de Risso; a herborisé dans l’ancien comté de Nice et laissé un herbier précieux pour l'étude de cette flore, lequel appartient à ses enfants (jardin Geny à Nice, prés de la propriété Risso). GERARD (Louis). * Cotignac, Var, juillet 1733, + Cotignac, novembre 1819. — Docteur en médecine à Cotignac. — Biogr.: Oct. Teissier, Toulon, 1859. 8. 100 pages et portrait. — * Flora Gallo-provincialis. Parisiis, 1761. 8. XXVII, 585 p., 19 tab. et 1 carte. La circonscription de cet ouvrage s'étend jusqu'au Var, dont elle comprend en entier la haute vallée depuis Puget-Théniers. L'au- teur a herborisé au mont de Lachen (nos limites) et dans les Alpes de Vinadio (All. Flor. Ped. préf., p. v). — Gérard n'a pas adopté la nomenclature binaire; sa classification est un essai de méthode naturelle d’après les idées que Ber- nard de Jussieu venait d'adopter au pare de Trianon; ce dernier ne les ayant pas publiées, Gérard fut le premier à les propager. Les figures sont bonnes pour l’époque. Phanérogames énumérées, environ 1600 espéces; Mousses, environ 60. — « L'herbier de Gérard est conservé à la bibliothéque de Dra- » guignan. Cette collection est en bon état; les plantes généralement sans indi- » cations de localités (notamment Andropogon n° 4, p. 107, fig. 4 == A. » provincialis Lamk (1), plante qui n'a pas été revue à l'état spontané de- » puis Gérard), dont la Flore est d'ailleurs trés sobre. Parfois les stations sont » mentionnées dans le livre et point dans l'herbier, etc. » (Note manuscrite de M. Hanry.) .. (1) D'après M. jBornet l'Andropogon provincialis n'existerait que dans les jardins; il était cultivé à la villa Thuret. M. Franchet a constaté que cette plante n’était autre que l'A. furcatus Muelh., originaire de l'Amérique du Nord. SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, Mat 1883. CXIX GHERARDI (BARTHÉLEMY). * Albenga, 1782, + Albenga, 1857. — Professeur de chirargie à l'Université de Gênes. — Envoya à de Notaris et Bertoloni des plantes récoltées dans les Alpes-Maritimes de Ligurie, — Son herbier se trouve chez son fils, aujourd'hui médecin à Albenga. GIRAUDY (Honoré). *?, + Marseille, 1862. — Pharmacien à Grasse, puis conservateur des collections d'histoire naturelle à la Faculté des sciences de Marseille. — Giraudia Derbés et Solier, Suppl. Cat. pl. Mars. par Castagne, 1851, et Mem. physiol. Algues in Supp!. Compt. rend. Acad. sc. Paris, t. 1, 1853. — Il a distribué un grand nombre de plantes de la Provence, notamment à MM. Grenier, Godron, Hanry du Luc, etc. « C'était un homme excellent ; » il n'a rien publié; il avait- une vraie passion pour les Algues, qu'il connais- » sait bien. Il fut durant de longues années le pourvoyeur de M. Lenormand, » qui distribuait ses récoltes dans le monde entier. Giraudy quitta Grasse pour » aller, à Marseille, se rapprocher de son ami Solier; il a pris une grande part » aux travaux de MM. Derbés et Solier. » (Note manuscrite de M. Ed. Bornet.) GIUDICE (J.-B.). Originaire de Nice, + 1755 (selon Buniva). — Passa à Turin plusieurs années, durant lesquelles il fut trés lié avec Allioni. De 1750 à sa mort, Giudice, prétre et secrétaire de l'évéque de Nice, envoya à Allioni les princi- paux matériaux à l'aide desquels cet auteur décrivit la végétation de Nice. (Conf. AM. Stirp. Nic. enum., p. vit, et J.-B. Toselli, Biogr. niçoises, 1860, 1, 230.) GIUSTA (PigrRO). * Montaldo-Mondovi, 1764, + juillet 1857. — Après les frères Molineri et J. F. Piottaz, leur aide depuis 1801, P. Giusta fut jardi- nier en chef du Valentin (Turin); ces deux derniers ont mérité les éloges de Balbis (Hort. Taur. stirp. icon. 1810, p. 13) et de Capelli (Cat. hort. Taur. 1821). — L'herbier de Giusta, qui renferme des plantes des Alpes-Maritimes, acquis d'abord par M. Defilippi, jardinier en chef actuel du Valentin, est main- tenant chez M. Negri à Casale. GOATY (l'abbé E.). * Hyères, 1830. — Professeur de botanique, puis supé- rieur du séminaire de Grasse (1867-68); actuellement curé à Lorgues (Var). — M. Goaty a herborisé avec zéle dans les environs de Grasse, de 1856 à 1875, explorant surtout Mouans et la Roquette, les bords de la Siagne, les Maures du Tanneron et les environs de Caussols. Il a fourni beaucoup de renseignements à Ardoino et un grand nombre de plantes du département des Alpes-Maritimes à MM. Thuret et Bornet, dont plusieurs espèces non mentionnées par Ardoino ; par exemple: Thalictrum Bauhini Crantz, Delphinium fissum W. K., Sideril is montana L., etc. — L'herbier de M. Goaty est depuis 1875 au séminaire de Grasse (voy. Pons). GRAS (AuGUsTE). *Nice, août 1819, + Turin, mai 1871. — Bibliothécaire et, en 4870, membre de l'Acad. des sc. de Turin. — Biogr. : * Bull. Soc. bot. de Fr. XXI, 236, et Nuov. Giorn. bot. Ital. 1874. — * Quelques rectificalions de synonymie [Bull. Soc. bot. de Fr. VIIL (1861), p. 270, et X (1865), p. 602]. Ces mémoires concernent des questions de priorité pour quelques espèces de la Flore d'Allioni. — * Sur la correspondance inédite de Villars el de La- peyrouse avec Allioni[Bull. Soc. bot. de Fr. VIE (1860), p. 579, et NM (1864), p. XXXIX]. GREMLI (AuGusTE). * Mars 1833, Thurgovie. — Depuis 1876, conservateur CXX SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de lherbier Burnat (voy. ce nom). Auteur de l'Excursions Flora für die Schweiz (ed. 1, 1807; ed. 4, 1881). GRENIER er GODRON. * Flore de Franc, 3 vol.: l, 1848; Il, 1850; III, 1855. — Grenier (Charles). * 1808, + 1875. — Godron (Dom.-Alex.). * 1807, 14880. — L'herbier du premier, au Muséum d'hist. naturelle de Paris; celui du second (flore de France), au musée de Nancy (conf. Bull. Soc. bot. de Fr. 1876, 169. et 1880, Rev. bibl. p. 92). — L'arrondissement de Grasse faisait partie, avant 1860, du département du Var; les auteurs de la Flore de France citent assez souvent: Grasse, d’après Puiseux, de Baudot, Giraudy, Duval-Jouve ; Fréjus, d’après Perreymond; les environs de Cannes, et, dans le vol. III, le val Thorenc, d'aprés M. Loret. — Plusieurs espéces signalées dans la France entiére ne croissent pas dans ces régions, alors que d'autres, exclues du bassin méditerranéen, s'y rencontrent. HANRY (HiPPoLvTE). * 15 juin 1807, Casale (Monferrato), où son père, origi- naire de Fox-Amphoux (Var), était employé. Depuis 1831, au Luc (Var), où il a été juge de paix. — * Prodrome d'histoire naturelle du département du Var, par Panescorse et divers auteurs, 1"° partie, Draguignan, 1853. 8. 490 pages. Botanique, par Manry, p. 135-397. — Catalogue d'environ 2650 espèces de Phanérogames, puis Équisétacées, Marsiléacées, Lycopodiacées, Fougères et Characées. -- L'auteur, zélé botaniste et bon observateur, a bien fait connaitre a végétation des environs du Luc et des Maures, par ses envois de plantes à divers botanistes, mais il a à peine abordé dans ses herborisations l'arron- dissement de Grasse. — * Catalogue des Mousses et des Hépatiques de la Pro- vence (extrait des Actes du Congrés scientifique tenu à Aix en. décembre 1866; Aix, 1867. 8. 22 pages). — L'auteur vient de terminer un * Supplément manuscrit à ce dernier catalogue, lequel contient 538 Mousses et 65 Hépatiques, ajou- tant ainsi 117 Mousses et 33 Hépatiques à l'énumération publiée en 1867. — L'herbier phanérogamique de M. Hanry a été donné par lui à l'établissement des Frères Maristes, au Luc. Les Cryptogames sont chez M. Hanry, au Luc. HAWKER (W.). Botaniste anglais, a rendu des services à Ardoino (Fl. Alp.-Mar. p. xi), qui le cite pour une trentaine d'espéces des environs de Menton, Fontan, Saorgio, etc. HEILMANN (Josué). * Mulhouse, mai 1828. — Depuis 1874, conservateur du musée de Cannes. A découvert plusieurs plantes intéressantes dans la région littor. voisine de cette ville : Ophrys tenthredinifera Willd., Microlonchus salmanticus DC., Ephedra distachya L., Mibora verna P. Beauv., etc. HONNORAT (SIMON-JuDE).* Allos (Basses-Alpes), 1783, + Digne, 1852. — Mé- decin à Digne, naturaliste distingué (entomologie, paléontologie et botanique) et philologue savant. — Biogr. : * Ch. Gueit, Paris JF. Levé, imp. 8. 31 p., ann. 1883. — M. Saint-Lager (Flore Bass. Rhône, in Ann. Soc. bot. Lyon, 1873, p.10)a donné le renseignement bibliographique suivant : « Catalogue des » plantes de Provence, par Honorat (sic), dans le t. II des Ann. des sciences » el ind. du Midi, Marseille, 1832.» Nous n'avons pu trouver cette publication, qui n'est pas mentionnée par M. Gueit. — Honnorat a laissé divers manuscrits (Flore des insectophiles, avec indication des plantes récoltées par lui dans les Basses-Alpes); puis un Catalogue des noms patois ou vulgaires des plantes des Basses-Alpes (conf: Gueit, op. cit. p. 15-16). Il a recueilli pour A.-P. de Candolle des plantes de Provence (conf. DC. FI. fr. V, 8). — L'herbier d'Hon- SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. CXXI norat appartient au fils de M. Rendu, inspect. gén. de l'Université. Villars (conf. Verlot, Cat.Dauph. p. vit) avait donné à Honnorat, son élève, un herbier trés intéressant qui est actuellement chez M. J. Achintre, à Aix en Provence. ICONOGRAPHIA TAURINENSIS (et JARDIN BOTANIQUE DE TURIN). — On conserve à la bibliothèque de l'Université de Turin une remarquable collection de plantes peintes à la main. Souvent citée par Allioni et par Colla, cette publication conte- nait déjà, en 1785, 28 volumes in-folio et plus de 4000 espéces, avec un index. Elle renferme aujourd'hui 6& volumes avec 7294 planches (d’après les indica- tions données à la fin de chaque volume) figurant à peu prés autant d'espèces, piémontaises ou exotiques, ces dernières provenant du jardin botanique de Turin. Les volumes 1 à VIT portent pour titre : * Stirpium que in horto regio botan. Taurin. inveniuntur Index et icones ad vivum delineate, etc., opus Caroli Emanuelus Sardinie Regis, etc., avec les dates 1752 à 1756. Les volumes IX etsuiv. : * Herbe ac stirpes indigene et exoticæ nalivis coloribus ad vivum expresse, vol. IX à XVI, année 1765; les volumes suivants sans date, sauf volume XXXVI, année 1805, et ceux LX à LXIV, années 1853 à 1868. Les figures, de valeur trés inégale, sont généralement bien faites, mais sans analyses suffisantes. ll est regrettable que, pour les espèces piémontaises, il ne se trouve aucuneindication de provenance des exemplaires figurés. Le nom du peintre est toujours omis. À partir du volume XXIII, les espèces sont désignées par leur nom binaire liunéen; pour le volume XXXII, les noms manquent. — Voyez au sujet des auteurs de cette publication et aussi des professeurs et directeurs du jardin botanique de Turin : * Allioni, Fl. Ped. 1, p. 1v; * Guida allo studio delle piante coltiv. nell? Orto botan. reg. univ. di Torino, ann. 1874. 8. xui, 107 p., 1 pl., par G.-B. Delponte (+ 18 mai 1884). Professeur de botanique et directeur du jardin, Delponte avait succédé à G.-G. Moris et fut lui-même remplacé en 1879 par M. Arcangeli, actuellement professeur à l'Université de Pise. M. G. Gibelli a succédé à ce dernier en juillet 1883; il a pour assistant M. O. Mattirolo et pour jardinier en chef M. Defilippi. — ll est regrettable que l'Iconographia soit conservé à la bibliothéque de l'Univer- sité, au lieu d’être réuni aux précieuses collections du jardin botanique du Valentin, qui renferment, avec un grand nombre d'ouvrages botaniques, un herbier général dans lequel ont été intercalées les collections laissées par Balbis avec les Cryptogames de l'herbier d'Allioni; puis les herbiers, conservés à part, d’Allioni (Phanérogames), Bellardi, Biroli, Colla, Bertero, Lavy, Stire, Lisa et Moris. L'herbier particulier du professeur Gibelli renferme, entre autres, la helle publication de l'Erbario crittogamico Italiano. (Voy. de Notaris.) INGEGNATTI (A). — Docteur en médecine et chirurgie, professeur d'histoire naturelle au lycée et à l'Institut technique de Mondovi. — . Catalogo delle principali specie vegetali che crescono spont. nel circondario di Mondovi. Mondovi, 1877. 4. 16 pages; catalogue par ordre alphabétique, sans descrip- tions ni notes. L'auteur ne possédant pas la collection des plantes mention- nées et observées par lui, les preuvesfont défaut à l'appui de ce travail qui en réclamerait sur bien des points. JAUVY (Fn.-P.). * 1760, + 1822, selon Ardoino, Flore Alp.-Mar. p. vin — Médecin à Grasse, d’où il a envoyé des plantes à A. P. de Candolle, matériaux qui ont été utilisés dans le tome V (1815) de la Flore francaise. — Son herbier ne se trouve pas à Grasse. (Note de M. l'abbé Pons). KAMPMANN (Fn£Dp.-Ep.).— * Colmar, Alsace, 1797, + Genève, 1873. — * Notice CXXII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sur l'ile Sainte-Margueritle et ses environs, avec liste des plantes observées dans cette ile et ses environs. Publiée dans le Bull. Soc. hist. nat. Colmar, o° année, 1864, p. 17-34. Supplément dans le Bull. Soc. bot. de Fr. XN, 1866, p. 44. — L'auteur a séjourné à diverses reprises à Sainte-Marguerite (Lérins), dont son gendre, M. Déel, commaudait le fort. Les listes, comprenant environ 220 Phanérogames spontanées, sont fort incomplètes et mentionnent plusieurs espèces qui n’ont pas été rencontrées par d’autres dans ces localités. KUNZE (GusTAVE). * 1799, + 1851. — Professeur de botanique à Leipzig. — kunzea Rchb. Consp. 175. — Voyagea en 1834 en Italie, visita le mont Baldo avec de Notaris. De là à Gênes, à Nice, Cannes et envir. Il est cité parfois dans les Icones de Reichenbach et dans Willkomm, Icon. et descript. plant. Eur. austr. occ. vol. l, pour des plantes de la Ligurie et des Alpes-Maritimes. LAIRE (EUGÈNE). — Décédé à Saint-André, près Nice, le 18 février 1880, âgé d'env. trente ans. — A passé à Nice les dernières années de sa vie et a herbo- risé avec ardeur dans les Alpes-Maritimes. Il avait formé une belle collection de plantes et fait quelques envois à M. Ern. Malinvaud, qui y a reconnu des espéces non mentionnées dans la Fiore d'Ardoino, notamment le Lippia repens Spreng. rec. prés de Nice. Son herbier a dù être vendu aprés sa mort. LAVY (JEAN). * Turin, 1775, + 28 août 1851. — Docteur en médecine à Turin. * Stationes plantarum Pedemontio indigenarum. Taurini, ann. 1801. 8. 103 pages; catalogue des plantes croissant en diverses localités du Piémont, énu- mérées par localités et précédées de la liste générale des ubiquistes, les espèces saus noms d'auteurs. Pages 94 et suiv. : stations du Nord de la chaine des Alpes-Maritimes; celles de l'ancien comté de Nice manquent. Ces listes con- tiennent des erreurs manifestes. — * Genera plantarum subalpinam regionem exornantium, etc. Taurini, ann. 1802. 8. xxxv et 305 p. Cel ouvrage donne les caractéres des genres sans mentionner les espéces. L'herbier laissé par Lavy est conservé à part au jardin de Turin. LISA (Domenico). * Pecetto Torinese, 1801, + mai 1867. — Jardinier en chef du jardin botanique de Turin, successeur de P. Giusta. A publié un catalogue des Mousses des environs de Turin.— Une précieuse collection, due aux voyages de Lisa dans les Alpes du Piémont (y compris les Alpes-Maritimes presque entières), est conservée au jardin botanique de Turin; elle est en bon ordre, indications de localités suffisantes, échantillons complets et bien prépares, mas en général non déterminés. Ardoino (Flore, préf., p. x) n'a pas tiré un parti suffisant de cet herbier, dans les premiers paquets duquel on trouve par exemple : Barbarea intermedia Bor., Nasturtium palustre DC., Hesperis silvestris Crantz, Fumaria Vaillantii Lois., etc., provenant des Alpes-Maritimes et dont cet auteur ne parle pas. — Maddalena Lisa, née Mussino, femme de D. Lisa, morte en février 1869, a travaillé la dernière à l'Iconographia Tauri- nensis ; elle a dessiné 84 planches du Flora Sardoa de Moris. LORET. (HENRI). *11 octobre 1811. — Loretia Duval-Jouve, Vulpia franc. dans la Rev. sc. nat. juin 1880, p. 22. — Auteur de la Flore de Montpellier 2 vol., 1876), en coopération avec M. A. Barrandon. — M. Loret a publié dans le Bull. Soc. bot. de France, vol. VI, ann. 1859 : * Glanes d'un botaniste, avec des observations sur quelques espèces du midi de la France. Ce sont 14 listes de plantes généralement peu répandues, dont environ 45 ont été récoltées dans es environs de Cannes, Grasse, Saint-Vallier et Thorenc, en d'assez longs SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. CXXIII séjours que l’auteur fit dans ces localités de 1848 à 1852. Plusieurs des espèces mentionnées font l'objet de notes intéressantes. MARCILLY (Louis). * Guise, Aisne, 28 avril 1823. — Conservateur des forèts, en retraite. A été chargé, de 1866 à 1870, du service de l'inspection de Nice-Ouest (arrondissements de Grasse et de Puget-Thén.); possède une belle collection de plantes, fruit de ses herborisations sur le littoral, de Menton à Saint-Raphael, et dans les montagnes du versant sud des Alpes-Maritimes, situées à l'ouest des vallées de la Gordolasca et de la Vésubie. Les espéces suivantes (non signalées par Ardoino) ont été recueillies par M. Marcilly : Erysimum virgalum Roth, Astragalus Cicer L., Cracca Bertolonii Gv. God., Polerium Magnolii Spach, Cotoneaster tomentosa Lindl., Montia minor Gmel., Myosotis Marcillyana Buru. inéd. (trés voisin du M. speluncicola Schott, Boiss. Fl. Or.), Herniaria cinerea DC., Daphne Verloti Gr. God., Salix hastata L. et arbuscula L., Spar- ganium minimum Fries, Orchis brevicornis Viv. (voy. sur ce dernier: Marcilly in Bull. Soc. bot. de Fr. 1869, t. XVI, p. 344). Dans le même Bulletin (t. XIN, 290), se trouve une note du méme auteur sur le Solanum nigrum de Nice. — M. Marcilly a communiqué à M. Burnat de nombreuses plantes de ses collec- tions; ce dernier lui doit aussi une note sur les limites des diverses essences forestières dans les Alpes-Maritimes, observations faites par M. Burel (inspecteur de Nice-Est), lesquelles paraissent offrir plus de précision que celles publiées par M. Moggridge, avec lesquelles elles ne sont pas toujours d'accord. MERCEY (ALBERT-BOURGEO!S de). — Médecin à Cannes (1884). — Merceya Schimp., Syn. Musc. Europ. édit. 2, p. 852, « genus... cl. de Mercey, flor: » bryologicæ hyerensis et pyrenaicæ scrutatori acutissimo, dedicatum ».— M. de Mercey, qui a abandonné l'étude des Mousses, a publié, en collaboration avec M. Bescherelle, une Note sur les Mousses récoltées aux environs de Nice (Bull. Soc. bot. de Fr. 1865, p. LVII). MOGGRIDGE (JouN TRAHERNE). *8 mars 1842, + Menton, 24 novembre 1874. — * Contributions to the Flora of Mentone and to a winter Flora of the Ri- viera, including the coast from Marseilles to Genoa, 97 planches coloriées, avec texte. Pritzel (Thes. édit. 2, p. 220) mentionne : « Part. 1-2, 1864-68. vit, 75 fol., 75 tab. col.,sign. 1-73. » Il y a eu trois éditions; la dernière (1874) contient pour le texte d'assez nombreux changements, au moins pour une partie des planches 1 à 25. — * Ueber Ophrys insectifera L. (part.); mit vier Tafeln. Extract from Verhandlungen der Kais. Leop. Carol. deuischen Akademie, etc., t. XXXV. Dresden, 1869. — Le premier ouvrage contient les monographies de nombreuses espéces des Alpes-Maritimes, la plupart récoltées par M. M. Mog- gridge (pére de J.-Tr.), qui a parcouru à pied les Alpes-Maritimes durant plus de dix ans, d'octobre à mai. Le second ouvrage donne d'excellentes figures coloriées de nombreuses formes des environs de Cannes, Menton, Hyères, ete., des sous-espéces : Ophrys aranifera, integra, Bertolonii, arachnites, Scolo- paz et apifera. — J.-T. Moggridge était un fort bon observateur; il est connu en zoologie par des travaux intéressants sur les mœurs des fourmis (conf. Archiv. sc. phys. etnat. Genève, 1874, t. L, 49. Son père a donné dans di- verses publications anglaises (Gardener’s Chronicle, déc. 187 L, p. 1553, et Edin- burgh bot. Soc. etc.) des observations faites de 1866 à 1872 sur les limites de quelques végétaux ligneux dans les Alpes-Maritimes. — L'herbier formé par MM. Moggridge a été donné au musée de Kew. — M. Burnat a recu de Moggridge plusieurs espèces des Alpes-Maritimes nouvelles pour ces régions : CXXIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Alyssum campestre L., Lotus parviflorus Desf., plusieurs Medicago, Silene cretica L:, Vicia tricolor Seb. et Maur., etc. MOLINERI (IcNAcE-BERNAnD). * Montaldo-Mondovi, 1750, + Crocetta, Turin, 2 décembre 1818. — Molineria Parl. Fl. Ital., I, 237. — Démonstrateur et jar- dinier en chef du jardin botanique de Turin (1800), directeur du jardin (1802), démonstrateur à l'école vétérinaire (1812). Ignace Molineri avait un frére nommé Pierre, avec lequel il fut d'abord jardinier en second. Pierre s'occupait aussi avec succés d'entomologie. Allioni, puis Dalbis, qui succéda en 1801, aprés P.-M. Dana, à l'auteur du Flora Pedem., comme professeur et directeur du jardin, se sont hautement loués des services qu'Ignace Molineri leur a rendus (conf. All. Fl. Ped. p. v; Balbis, Misc. bot. 1, p. 3, et II, p. 1; Balbis, Stirp. hort. Taur. icon., préf., p. 9 et 12). Son mérite était bien au- dessus de celui d'un jardinier ordinaire : il avait appris le francais, le latin, les rudiments du grec, l'histoire naturelle en général, la géographie et méme la géométrie et l'astronomie. C'est lui qui découvrit le Saxifraga florulenta (conf. Cesati, Illustr. Saxif. florul.)'et une foule de plantes rares du comté de Nice, qu'il parcourut, ainsi que les Alpes de Garessio, Ormea et Oneille. MONTOLIVO (l'abbé JusTIN-IGNACE). * Nice, 9 févr. 1809, + Nice, 18 février 1881. — Bibliothécaire de la ville de Nice. — Montolivea Rchb. fil. Otia bot. Hamburg. fasc. 2, p. 107, 1881. — A parcouru durant de longues années le département des Alpes-Maritimes et fourni d'utiles renseignements à Ardoino et de Notaris. ll était le visiteur assidu de la villa Thuret à Antibes et a fait de nombreuses explorations avec les savants qui l'habitaient jusqu'en 1875. Par son inépuisable complaisance et sa connaissance parfaite du pays, Montolivo a été un guide des plus utiles pour les botanistes qui visitaient Nice. Son herbier, riche autrefois pour les plantes du département, était réduit à bien peu à l'époque de sa mort, par suite de la libéralité de son possesseur. Montolivo n'a publié qu'une liste de plantes des environs de Nice, dans Nice et ses environs par Louis Roubaudy, ann. 1843. NOTARIS (GrusEPPE de). * Milan, 18 avril 1805, + Rome, 22 janvier 1877. — De 1839 à 1872, professeur de botanique à l'Université et directeur du jardin botanique de Génes, puis professeur et directeur du jardin à l'Université de Rome. — Notarisia Colla (Hépatique, conf. Cesati, Biogr. de Not. p. 92). — Noturisia Hampe (conf. Schimper, Syn. édit. 2, p. 291).— Biogr. : * Lessona et Delponte, Act. Acad. sc. Turin. XIl, 1877 ; * Cesati, t. III des Mem. Soc. Ital. scienze, Naples, 1879; * Issel et Piccone, Discours à l'inauguration des bustes de Viviani etde Notaris, Génes, 1882, 45 pages. A la page 41, M. Piccone a donné la liste compléte des publications de de Notaris, avec la mention de Six notices biographiques sur ce savant. * Repertorium Flore Ligusticæ. Taurini, 1844. 4. 495 p.; avec préface datée du 3! décembre 1842. Tirage à part des Mém. Acad. sc. Turin, série 2, vol. VIII, p. 1-90, 1846, exhib. 12 janvier 1843; t. IX, 1848, p. 125-529. — * Prospetto della Flora Ligustica,etc. Genova, 1846, 1 vol. gr. in-8°, 80 pages. Tirage à part de Descrizione di Genova e del Genovesato, vol. I, publié à l'occasion de la huitiéme réunion des savants italiens. — Ces deux ouvrages sont des catalogues rédigés avec soin et d'un grand intérêt pour l'étude des plantes des Alpes-Maritimes. Le premier (rare en librairie) contient de nombreuses notes sur les espèces nouvelles, rares ou critiques; le second renferme des notices sur les caractéres de la végétation ligurienne et les diagnoses de SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. CXXV 21 Phanérogames nouvelles [20 espèces (1) et une variété]. L'auteur a recu des plantes de Berti, Traverso, Gherardi, Bertero, Sassi et Savignone pour les Alpes et le littoral de la Ligurie occidentale, de Montolivo et G. H. Reichenbach pour le comté de Nice, de Panizzi pour les environs de S.-[temo, etc. — On doit à de Notaris deux publications principales sur les Algues liguriennes : Algologiæ maris Ligustici specimen, dans les Mém. Acad. Turin, série 2, t. IV, 1842, p. 273, 7 tab.; l'auteur énumére 127 espèces, dont un grand nombre récoltées par lui à Nice et Villefranche. Puis, dans le * Prospetto cité (p. 64-74, 3 tab.), de Notaris a ajouté et décrit 26 espéces nouvelles. — Sur les Mousses et Hépa- tiques de l'Italie, le méme a publié depuis 1833 divers ouvrages et mémoires (conf. Piccone, op. cit. p. 41-44), dont le dernier et le plus important est : Epilogo della Briologia Italiana. Genova, 1869. 8. max. xxiv, 781 pages. («opus eximium », Schimper, Synopsis, édit. 2, p. cxx); l'auteur men- tionne quelques Mousses de Nice et environs. — Sur les Champignons et les Lichens de FItalie, de Notarisa écrit plusieurs mémoires pour lesquels nous renvoyons aux biographies citées.— En 1858, il fonda la Société cryptogamique italienne et dirigea la publication de l'Erbario crittogamico Italiano, au- jourd'hui composé de 2900 espèces (série 1, fasc. 1, 1858, et fasc. XXX, 1867; série 2, fasc. 1, 1868, et fasc. XXVIII, 1884). Son herbier de Cryptogames se trouve au jardin botanique de Rome; celui des plantes phanérogamiques de la Ligurie est conservé à part à l'Université de Génes. Cette derniére et précieuse collection renferme entre autres la plu- part des plantes récoltées en Ligurie par M. Gennari. PANIZZI-SAVIO (FRANCESCO). * S.-Remo, 1817. — Pharmacien à S.-Remo (Ligurie). — * Descrizione di una specie nuova del genere Narcissus (N. Remopolensis), in Giorn. bot. Ital. part. I, t. ll, page 3 (conf. Bert. FL. It.8, 643). — * Sopra l'esistenza dell' ossalato di calce nella Moehringia frute- scens, di F. Panizzi ; mémoire sans date, qui se trouve à la bibliothéque du jardin botanique de Turin (Miscell. bot. vol. XXXI, 219) et que Bertoloni cite (Fl. It., 8, 0411); ce mémoire contient (p. 4) une description du Mehr. frut. que Bertoloni a rapporté, à tort, au M. papulosa, et qui ne differe pas du M. dasyphylla Bruno in Balbis Misc. — * Degli Imenomiceti che crescono nel circondario di San-Remo. San-Remo, 1872; 13 p. (tirage à part du Comm. Soc. crittogam. Ital., n° 1, février 1861). — M. Panizzi a publié en outre : * La Flora Sanremese fotografata. S.-Remo, jul. 1870 et ult.; chez Pietro Guidi, photographe à S.-Remo. Environ 150 planches, fig. grandeur naturelle, ont paru, donnant les espéces spontanées les plus intéressantes. — M. Panizzi a envoyé un grand nombre de plantes à Bertoloni, de Notaris, Gennari, Darla, Parlatore et à l'herbier général du jardin de Turin. PARLATORE (PniLiPPE). * Palerme, 8 août 1816, + Florence, 9 sept. 1877. — Professeur de botanique à Florence depuis 1841. — Parlatoria Boissier, Ann. sc. nat. 1842; non Meisner, 1843. — Biogr. : * V. Cesati, Alla mem. di sei ill. natural. ital. iu Mem. Soc. Ital. scienze, t. II, Naples, 1879. * Ludw. Haynald, Denkrede über Phil. Parlatore, Buda-Pesth, 1879. (1) Deux de ces espèces sont décrites dans le Prospetto et non dans le Repertorium (Orobanche superba et Statice Avei); elles ont été établies en 1846. Mais pour les autres il est, en vérité, assez difficile de leur attribuer une date. Comparer les dates de publication des Mém. de l'Acad. de Turin, du tirage à part (évidemment. antidaté), de la présentation à l'Académie (en ce qui concerne le Repertorium), et enfin du Prospetto CXXVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. * Flora Italiana, 5 vol. in-8^, ann. 1848-72 (1). 38 familles de la mé- thode naturelle sont seules traitées dans cet ouvrage et 1381 espèces décrites. L'auteur a eu beaucoup de renseignements sur la végétation des environs de Nice et de la Ligurie occidentale, et les indications à ce sujet deviennent de plus en plus nombreuses à partir du vol. III. Outre les collecteurs cités par Bertoloni, on trouve : Ricca, Bourgeau, Sarato, Berti, Gentile, Ardoino, de Contes (environs de Nice), Canut, Thuret et Dornet, G. H. Reichenbach, Boissier et Reuter. — L'herbier de Parlatore a été réuni à l'herbier général du musée de Florence. (Conf. Parlatore, Coll. bot. mus. Flor. 1814.) PENZIG (docteur O.). Directeur de la station agronomique de Modéne (Italie). — Funghi délla Mortola. Venezia, G. Antonelli, 1884. 8. 25 pages, 2 pl. — Nous ne connaissons ce travail que par une notice qui a été publiée dans l'OEsterr. bot. Zeitschrift, nov. 1884. L'auteur énumére 58 espéces de Cham- pignons, dont 23 nouvelles sont décrites par MM. Penzig et Saccardo; toutes recueillies dans les jardins de M. T. Hanbury, prés de Menton, sur des végétaux tant exotiques qu'indigènes. PERREYMOND (Jean-Honoré). * Fréjus, 13 janv. 1794, + Fréjus, 18 juill. 1849. — A été inspecteur des écoles primaires et musicien compositeur. * Plantes phanérogames qui croissent aux environs de Fréjus, etc. Paris et Fréjus, 1833. 8. 90 p., préf., add. et corr. Les limites du territoire ex- ploré par l'auteur empiétent sur les nótres dans la région de l'Esterel. Ce cata- logue est un travail consciencieux. — On trouve dans la Statistique du départ. du Var (1842 et années suiv.) une liste du même auteur, d'environ 100 es- péces les plus remarquables du département, y compris l'arrondissement de Grasse, avec leurs habitats. — Deux des plantes les plus intéressantes du dépar- tement des Alpes-Maritimes, au point de vue de la géographie botanique, ont été découvertes par Perreymond : Fritillaria montana Hoppe, et Cam- panula petra'a L.— Nous n'avons pu apprendre ce qu'est devenu l'herbier de ce botaniste; aucun meinbre de sa famille n'habite aujourd'hui Fréjus. PHILIBERT, professeur de philosophie à la Faculté d'Aix (Bouches-du-Rhóne), actuellement en retraite. — Bryologue fréquemment cité dans la 2* édition du Synopsis de Schimper; a publié dans la Revue bryologique de M. Husnot, ann. 1882, p. 17, une note sur * l'Identilé des Leptobarbula berica e£ me- ridionalis de Schimper; cette dernière Mousse découverte par Schimper en 1873, aux environs de Cannes. Dans la méme Revue (1882, p. 49, et 1883, p. 1), on trouve une notice * Sur quelques Hépatiques observées à Cannes et dans UEsterel, du méme auteur. PICCONE (ANTONIO) * Albissola marina, Lig., 1844. — Professeur d'histoire naturelle au lycée royal Cristof. Colombo de Génes. — * Elenco dei Muschi di Liguria. Genova, 1863. 8. 50 p.; tirage à part du Commentario della Soc. criltogam. Ital. vol. 1, p. 240-287. Dans un * Supplément (in Nuovo Giorn. bot. Ital. vol. VII, juillet 1876), l'auteur a ajouté 18 espèces et variétés. Ges listes comprennent 218 espéces et 12 variétés. Le comté de Nice ancien est compris dans la circonscription de M. Piccone. — * Appunti sulla distribu- zione geograf. del Polyporus Inzengæ Cesati et de Not. Champignon décou- (1) Le vol. V (1872) n'a été achevé qu'en 1875. — Cet important ouvrage est continué aujourd'hui par M. Théod. Caruel. Le vol. VI, part. 1, vient de paraître (Globulariées, Lamiacées ou Labiées, et Verbénacées), sept. 1884. SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. CXXVII Giorn. bot. Ital. vol. VIII, 1876. — * Appendice al « Saggio di una biblio- grafia algologica Italiana » del prof. V. Cesati (méme journal, vol. XV, octobre 1883). — M. Piccone a en préparation un supplément à l'Énumération des Algues de Ligurie de MM. Ardissone et Strafforello, lequel comprendra des Diatomées récoltées à Albenga. vert au mont Grande (Alpes-Maritimes de Ligurie); tirage à part du Nuov. PONS (l'abbé ALEXANDRE). * 1838. — Aumónier à l'hospice de Grasse; a par- ticipé à la plupart des herborisations de M. Goaty et continue à étudier avec zèle la végétation des environs de Grasse (voy. ses Observations sur les Ané- mones de Grasse dans le présent Bulletin, p. Lxxv). Ces deux explorateurs sont de ceux qui ont le mieux mérité de la flore du département. — M. E. BARLET, curé à Bouyon, puis à Saint-Paul du Var, actuellement à Coursegoules, et M. P. CONSOLAT, curé à Bézaudun, actuellement à Plascassier (Grasse), ont herborisé de 1865 à 1875 dans ces localités voisines, à l’est des districts explo- rés par MM. Goaty et Pons. — L'herbier Thuret renferme un assez grand nombre de plantes recueillies par M. Goaty, et celui de M. Burnat des envois importants de MM. Consolat et Barlet. Ces derniers ont découvert les espèces suivantes, non énumérées par Ardoino: Anemone Halleri All., Delphinium fissam W. K., Brassica nigra Koch, Alyssum campestre L., Pirola chlorantha Sw., Satu- reia hortensis L., Rosa rubella Sm. non Ardoino, Veratrum nigrum L. Cette dernière espèce se trouve aussi au musée de Nice, récoltée au mont Farguet, près de l'Escaréne, par Deleuse. PUISEUX (VicTOR-ALEX.). * 1820, +1883. — Professeur d'astronomie à la Sorbonne ; récolta pour Grenier et Godron des plantes de Grasse. N'a rien pu- blié sur la botanique. RE (Giovanni FRANCESCO). * Condove (Susa), 1772, + Turin, 1833. — Docteur en médecine, professeur de botanique, chimie, etc., à l'Ecole vétérinaire de Turin. — Biogr.: dans la préface de son Flora Segusiensis (1805), réédité en 1881, par B. Caso. — * Ad Floram Pedemontanam appendix prima. Tau- rini, 1821. 8. 62 p.; * Appendiz altera, in Mem. R. Accad Torino, t. XXXI, 1824, p. 189-224. Avec l'indication de quelques espèces des Alpes-Maritimes, notamment des environs de Mondovi. — * Reliquig Bellardianæ, note lue à l'Académie des sciences de Turin, le 9 décembre 1827, 6 p. Indication de 21 espèces du comté de Nice et des vallées de Pesio et Limone, trouvées dans l'herbier de Bellardi; plusieurs d'entre elles nous paraissent douteuses. — L'her- bier de Re est actuellement à l'université de Sassari (Sardaigne), à laquelle il a été donné par le professeur Reviglio, l'un de ses éléves. REICHENBACH (Gustave H.). * Leipzig, 3 janv. 1824. — Professeur de botan. et directeur du jardin de Hambourg.— Fils de H. G. Ludwig Reichenbach. 1793, + 1879 (Reichenbachia Curt. Spreng. Bull. philom. 1823); auteur du * Flora Germanica excursoria (1830-1832). Le territoire de l'Europe moyenne, dont cet ouvrage étudie la végétation phanérogamique, comprend l'Italie septen- trionale avec le comté de Nice. 0. | * Icones Flore Germanice (22 vol.,le 23° en cours de publication, années 1824-1884), 2915 tab. in-4* et texte. Les 12 premiers volumes, par L. Rei- chenbach, donnent les figures des espéces décrites dans le Flora ezcurs. A partir des volumes XIII et XIV (Orchidées), cette importante publication a été continuée par G. H. Reichenbach, qui a dessiné la presque totalité des planches et rédigé des descriptions nouvelles et plus completes. Les espéces des Alpes- CXXVIII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Maritimes sont signalées avec soin, d'aprés les récoltes de Boissier et Reuter, Lisa, Barla, de Charpentier, Kunze, Balbis, etc., et surtout d’après les recherches de M. G. H. Reichenbach lui-mème, qui fit un premier voyage dans ces régions avec Reuter et Lisa, en 1843, puis d’autres nombreux durant ces dernières années. Le savant botaniste de Hambourg a découvert entre autres : Pirola media Sw. (col de Tende), Utricularia minor L. (Var, Nice), Euphorbia va- riabilis Ces. (Tende). —Les volumes XV et suivants des Icones renferment les descriptions originales des espèces suivantes des Alpes-Maritimes : Centaurea Reuteri (1852) Rchb. (non Boiss. Diagn. 1), Cirsium Morisianum (1853), An- drosace pedemontana (1855), Galium Tende (1855), Galeopsis Reuteri (1858), Polygala Morisiana (1858), Hieracium Morisianum (1859), Orobanche Deu- calion et O. Pyrrha (1862). — Le Saxifraga cochlearis a été décrit dans Reichenbach, Flor. exc. n° 3617 (non dans Rchb. Pl. crit. X !); espèce re- marquable des Alpes-Maritimes, découverte par de Charpentier (* 1786, + 1855; dont l'herbier, au musée de Lausanne, renferme quelques plantes récoltées par lui dans un voyage de Nice à Tende). — Les familles principales qui restent à traiter dans les Icones sont : Papilionacées (part.), Lythrarićes, Onagrariées, Rosacées, Crassulacées, Saxifragées, Polygonées, Chénopodées, etc. REUTER (GEORGE-FRANC.). * Paris, 30 novembre 1805, + Genève, 23 mai 1872. — Conservateur de l'herbier Boissier (voy. ce nom); directeur du jardin bot. de Genève. — Reutera Boiss. Elench. pl. nov. Hisp. — Peu de botanistes ont su herboriser comme Reuter, auquel rien n’échappait et qui déterminait à première vue avec une sùreté d'appréciation fort rare. L'herbier laissé par lui appartient à M. W. Barbey Doissier (à Valeyres, par Orbe, Suisse); il contient un grand nombre de plantes dues aux voyages que Reuter a faits dans les Alpes-Maritimes, entre lesquelles des espéces restées inédites ou qui ont été publiées plus tard par d'autres: Potentilla pedemontana Reut., Sem. hort. Genev., 1861, p. 4, Thlaspi limosellefolium Reut. ined., Gentiana Rostani (Verlot Cat. Dauph. 212), Hieracium Valderium (Burn. et Gr. Cat. Hier. 18), puis Festuca Rhododendri(— F. dimorpha Guss.), ce dernier découvert par Reuter au col de Tende. — lieuter a décrit le premier l'Orobanche fuliginosa des environs de Cannes (DC. Prodr., XI, 23). — Dans le Bull. Soc. bot. de Fr. 1869, XVI, on trouve une note du méme sur le Primula Allionii Lois. REVERCHON (ELISÉE). — Depuis 1867, ce botaniste collectionneur a publié des collections de plantes des départements des Hautes-Alpes, Basses-Alpes et Vaucluse; il a passé plusieurs mois, en 1874 et 1875, à Annot (bassin du Var, Basses-Alpes) et dans la haute vallée du Var (Guillaumes, Entraunes, Esteng; Alpes-Maritimes). Durant les années suivantes, ila parcouru les îles de Corse, Sar daigne et Crète. — M. Reverchon a découvert dans la haute vallée du Var des espèces qui n’y étaient pas connues avant lui, telles que: Adonis pyrenaica DC., Ranunculus confervoides Fries, Nastur tium palustre DC., Heracleum mini- mum Lamk, etc.; leur présence dans ces régions a été confirmée par des recher- ches ultérieures. Les collections qui ont été distribuées en 1874 et 1875 sont admirablement préparées ; malheureusement on ne peut admettre les indications relatives aux localités et les dates, quelque précises qu'elles soient, au moins en ce qui concerne les récoltes de 1874! Il nous en coûte de faire cette déclaration, mais elle nous est imposée par le fait que la confiance qu'on serait tenté d'ac- corder aux étiquettes, répanducs aujourd'hui dans un grand nombre d'herbiers, avec la mention d'Annot et environs, ou parfois de Cannes, jetterait à tort une perturbation compléte dans les connaissances acquises et de bon aloi sur la flore SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI [NND. CNNIN des Alpes-Maritimes. — Le fait est qu'un nombre très considérable de ces espèces sont de tout autre provenance, sortent des magasins du collecteur, et font partie de récoltes antérieures à 1874, dans les Alpes du Deuphiné, de la Provence ou d'autres régions encore. Une méme part peut être représentée par des échantillons provenant de localités trés différentes. RICCA (Luici). 41881, àgéd'environ 45 ans. — Employé aux douanes à Port- Maurice. — * Catalogo delle piante vascolari spontanee della zona olearia nelle due valli di Diano Marina e di Cervo, gr. in-8°, 84 pages; extrait des Actes Soc. ital. scienc. nat., vol. XML, fasc. 2, ann. 1870. Travail conscien- cieux (807 espèces). — Ricca a recueilli pour Parlatore un grand nombre de plantes de la Ligurie occidentale. Son herbier est, avec ceux de Berti et de M. Gentile, conservé dans le cabinet d'histoire naturelle de l’Institut technique de Port-Maurice. RISSO (ANTOINE). * Nice, 1777, + Nice, 25 août 1845. — Pharmacien à Nice et professeur au collège. — * Flore de Nice, et des principales plantes exotiques naluralisées dans ses environs. Nice, 1844. 8. 588 pages et 24 pl. — Histoire naturelle des principales productions de l'Europe méridionale, et particu- lièrement de celles des environs de Nice et des Alpes-Maritimes. Paris, 1826- 1828; 5 vol. 8. 46 pl., 2 cartes géogr.; comprenant pour la botanique un catalogue des plantes des Alpes-Maritimes. — Histoire naturelle des Orangers, par Risso et A. Poiteau. Paris, 1818-1819, in-folio. 280 p., 109 pl. color. — Essai sur l’histoire naturelle des Orangers, etc., cultivés dans le départe- ment des Alpes-Maritimes. Paris, 1813. 4. 74 p., 2 pl. — La Flore de Nice pourrait donner lieu à des critiques sévéres, mais « quelle que soit (dit Ardoino, » préf. Flore Alp.-Marit., p. 1x) la valeur de cet ouvrage, elle ne saurait » infirmer l'incontestable mérite de l'Histoire naturelle: il ne sera jamais » permis d'oublier qu'à une époque oü l'étude dela nature commencait à peine à » prendre son essor, Risso mit les ressources de son zèle au service de pres- » que toutes les branches de l'histoire naturelle, dota l'ichthyologie de plusieurs » observations curieuses el de renseignements nouveaux, et parvint à fixer » l'attention du monde savant sur ce pays privilégié. Son nom restera toujours » attaché à quelque découverte essentielle dans cette science. » Ce jugement est équitable. — Son herbier se trouve à Nice, chez son neveu J.-B. Risso. RISSO (ANTOINE). * Nice, 27 janv. 1844. — Petit-neveu du précédent, a com- muniqué quelques plantes des environs de Nice, Uteile, etc., à Ardoino, et à M. Burnat une liste de diverses espéces recueillies dans les mémes localités. ROUX (HowonE). * Marseille, 19 novembre 1812. — Membre actif de la cor- poration des portefaix de Marseille jusque vers 1874, M. Roux a consacré à] his- toire naturelle les rares loisirs que lui laissait sa pénible profession ; il s'est occupé de Lépidoptéres, de géologie et surtout de botanique. Personne ne connait aussi bien que lui la flore des Bouches-du-Rhône, dont il a distribué à divers botanistes les espèces les plus remarquables, notamment à Duval- Jouve et à Grenier. — M. Roux publie dans le * Bulletin de la Societe bota- nique et horticole de Provence (depuis mars 1883 réuni à la Revue horticole des Bouches-du-Rhône) un * Catalogue des plantes de la Provence. "Thalami- llores (tirées à part), ann. 1879-1881. Caliciflores (jusqu aux Amygdalées incl.), ann. 1881-83. Les Rosacées sont à l'impression avec diverses familles jusqu aux Dipsacées (inel.). Ce catalogue est surtout precieux pour la flore des Bouches - du-Rhóne. Pour le Var, il comprend de non'breuses additions au catalogue de l T. XXX. CXXX SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Hanry, d’après les envois de divers botanistes et les récoltes de l'auteur, avec des rectifications, notamment en ce qui concerne les indications de Robert, qui a fort embrouillé la flore du Var par de fausses déterminations et par les semis qu'il a pratiqués. Pour les Alpes-Maritimes, M. Roux reproduit généralement les renseignements donnés par Ardoino, mais en ajoutant cà et là des localités dont les plantes lui ont été fournies par divers botanistes, MM. Mog- gridge, Reynier et d'autres. Ce dernier était un employé typographe qui a séjourné quelque temps à l'ile Saint-Honorat. SAINT-LAGER. — Le D* Saint-Lager a publié (1873-82), dans les * Annales de la Société botanique de Lyon, un * Catalogue de la flore du bassin du Rhóne, comprenant la portion du département des Alpes-Maritimes située en decà du cours du Var, c'est-à-dire la moitié environ de la circonscription de la Flore d'Ardoino. Le dépouillement qui a été fait de ce dernier ouvrage laisse beaucoup à désirer. Ainsi, tout en omettant d'assez nombreuses espéces qui se trouvent daus les limites indiquées, l'auteur en a admis d'autres qu'Ardoino ne mentionne qu'au delà des bassins du Var et de la Tinée. Enfin, certaines loca- lités italiennes du revers nord des Alpes maritimes sont parfois énumérées sans avertissement, quoiqu'elles se trouvent absolument en dehors des limites adoptées par l'auteur. — M. Roux n'a pas échappé non plus à quelques erreurs de ce genre, d'ailleurs difficiles à éviter avec un guide tel qu'Ardoino. — Les modifications considérables que M. Saint-Lager propose d'apporter à la nomen- clature linnéenne ont été discutées par M. Alph. de Candolle (Nouv. Rem. sur la mom. bot., 1883, pp. 19, 20, 35), qui n'hésite pas à les repousser. SARATO (César). * Nice, 4 janvier 1830. — Conservateur du musée d'histoire naturelle de Nice. — Excellent observateur qui a étudié avec zéle la flore des environs de Nice et fourni des renseignements trés utiles à Ardoino, à Parla- tore et à M. Barla. M. Burnat a recu de M. Sarato des espèces rares ou critiques de Nice, accompagnées de notes précieuses, notamment les espéces suivantes, non mentionnées dans la Flore d'Ardoino : Fumaria densiflora DC., Sagina ciliata Fries, Stellaria Boreana Jord., Linum liburniéum Scop., Medicago Tenoreana Ser., Crepis leontodontoides All., Crepis recognita Hall., Calamintha ascendens Jord., Tulipa Sarati Barla (inéd.), etc. — M. Sarato a spécialement étudié le genre Spergularia, pour lequel il a fourni des renseignements à.M. Lebel (* Revis. Sperg., ann. 1868, in Mém. Soc. Cher- bourg, t. XIV), et à M. Burnat une monographie manuscrite concernant les espèces des Alpes-Maritimes, avec les descriptions des S. nicæensis Sar., campestris Aschers., Saratoi Lebel (avec 4 variétés), S. Dillenii Lebel var. australis, et S. marginata Patze, M. E., Fl. Preuss. SASSI (AcosriNo). * Ceriale, prés d'Albenga, + Gênes, 1852. — Doct. en méd., a remplacé pendant deux ans Viviani comme professeur d’histoire naturelle à l’Université de Gênes. Après la nomination de de Notaris à ces fonctions, Sassi est devenu professeur de zoologie et minéralogie. — Il communiqua à Bertoloni et de Notaris des plantes des Alpes maritimes de Ligurie, ainsi que du litto- ral voisin d'Oneglia et d'Albenga. — « Son herbier est au R. Liceo Cristoforo » Colombo, à Génes (A. Piccone, in * Nuov. Giorn. bot. Ital., vol. IX, juill. » 4877); il a publié : Osservazioni sopra alcune specie di piante della Li- » guria occident., puis Descrizione dell Anthrocephalus italicus (Atti I » riun. scienz. ltal. Visa, 1840, p. 157), concernant une Hépatique découverte » à Albenga. » (Note de M. A. Piccone.) SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. CXXXI SAVIGNONE (Francesco). * Gênes, 19 mai 1818. — Docteur en médecine à Gênes, assistant à la chaire de physique de l'Université, — Bertoloni et de Notaris ont recu de lui des plantes des Alpes maritimes de Ligurie. Dans le compte rendu de la 8' réunion des savants italiens à Gênes en 1846, p. 601, M. Savignone a annoncé qu'il possédait une centurie d'espéces à ajouter à l'énumération de de Notaris. Cette liste n'a pas été publiée. SCHIMPER (WiLHELM PHILIPP). * janv. 1808, + 20 mars 1880. — Professeur à l'Université de Strasbourg. — Biogr.: *Ch. Grad, 1880. 8. 44 pages avec portr. — Get éminent savant et bryologue a fait quelques herborisations dans les Alpes maritimes littorales. Dans la 2* édit. du * Synopsis Muscorum europæarum, il signale spécialement une dizaine de Mousses recueillies par lui dans nos ré- gions, et quelques autres trouvées aux environs d'Antibes par Mme Bornet. SHUTTLEWORTH (ROBERT JAMES). * Devonshire, 1810, + Hyères, 19 avril 1874. — Biogr. : * Guthnick, Bern. Mittheilung. 1874, n° 841; Berne. — Il a herborisé aux environs de S.-Remo, Cannes et surtout à Hyères; a découvert le Polygala monspeliaca L. à S.-Remo, l'Equisetum littorale Kühl. prés de Nice, le Ranunculus aquatilis L. (Gr. Godr.!) près d'Agay. Il a distingué le Gera- nium Perreymondi Shuttl. du G. bohemicum L. — La correspondance qu'il échangeait avec Ch. H. Godet de Neuchâtel et avec M. Burnat renferme un grand nombre d'observations intéressantes sur quelques plantes du Var et des Alpes-Maritimes. — Un catalogue raisonné des plantes de la Provence et des Alpes-Maritimes rédigé par Shuttleworth doit étre entre les maius de M. Huet, ancien professeur à Toulon, actuellement à Pamiers dans l'Ariége (conf. Guth- nick op. cit. p. 102), auquel a été léguée la partie trés importante de l'herbier Shuttl. concernant la flore de la Provence. STIRE (FERDINAND). — « Stire, de Genève, maitre de l'hótel des Etrangers » à Nice, avait récolté, vers 1822, dans tout le comté de Nice, une riche mois- » son de plantes, la plupart déterminées par son compatriote J. E. Duby, » auteur du Botanicon Gallicum, 1828-30. Cet herbier précieux, aprés la mort » de Stire, fut acheté par M. Perez, qui le donna, en 1861, au Jardin bota- » nique de Turin, où j'ai pu le consulter avec fruit. » (Ardoino, Flore des Alpes- Maritimes, p. x.) — M. Ad. Perez, actuellement à Rome, a été professeur au collége de Nice. — La collection laissée par Stire contient aussi des plantes des Alpes, de la Savoie, de la Suisse, etc.; elle est dans un état qui laisse à désirer. Beaucoup de plantes sont mal déterminées, d'autres sans indications de pro- venance; il y a des confusions entre des échantillons provenant de localités différentes, etc. STRAFFORELLO (ILpEFONSE). * Port-Maurice, octobre 1823. — Secrétaire de la municipalité de Port-Maurice. — F. Ardissone et Strafforello, Enumerazione delle Alghe di Liguria. Milano, 1877-78. 8. 238 pages. « 612 espéces tant mari- » nes que d'eau douce sont mentionnées dans cet important ouvrage, dont » l'utilité pour les botanistes serait bien plus grande encore si le nom des » espèces était suivi d'une courte diagnose. » (Note de M. Ed. Bornet.) -- M. Strafforello s'est occupé aussi des Phanérog. de la Ligurie ; il en a commu- niqué plusieurs à M. Burnat, notamment des Hieracium. — M. Francesco Ardissone (* Diano, Ligurie, 8 sept 1831), professeur de botanique à | École royale supérieure d’agriculture de Milan, etc., a publié des ouvrages généraux sur les Algues italiennes : Prospetto delle Ceramwe italiche. Pesaro, 1867. — Le Floridee italiche descritte ed illustrate, 2 vol.,36tab. color. Milano-Firenze, 1868-78. — Phycologia mediterranea, vol. 1, Floridee. Varese, 1883. CXXXII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. THURET (GUSTAVE-ADOLPHE). * Paris, 23 mai 1817, + Nice, 10 mai 1875. —Thuretia Decaisne (— Dictyurus Bory).— Biogr. : * Ed. Bornet, Notice biogr. Paris, 1876. 8. 55 p. (voy. Bornet). — Les publications scientifiques de ce savant « dont les travaux offrent un tel caractére d'exactitude et de précision » qu'aucun n'a jamais été contesté » (Duchartre, cité par Bornet), ne concernent pas la flore des Alpes-Maritimes. Néanmoins la mort prématurée de Thuret, suivie peu aprés du départ de son ami M. Bornet, a été une bien irréparable perte pour les botanistes qui s'occupent de la végétation de ce pays. La villa d'Antibes, créée en 1857, fut, durant prés de 17 années, le rendez-vous de tous ceux qui, s'occupant de botanique, visitaient la contrée ou y séjournaient. Tous, méme les plus humbles, étaient recus avec une affabilité parfaite et tous trou- vaient à s'instruire dans ces visites. Ceux qui étudiaient les végétaux phanéro- games indigénes pouvaient en observer dans les cultures d'assez nombreux qui faisaient l'objet d'études suivies; ils ne manquaient pas de s'intéresser aux expériences poursuivies durant de longues années sur les hybrides (Cistes, Anémones, etc.), et à d'autres sur les espéces jordaniennes, qui ont élucidé des questions longtemps controversées (voyez sur ces dernières expér. : Planchon, Revue des deux mondes, sept. 1874, p. 10). Les ressources encore qu'offraient un riche herbier général, celui spécial aux Alpes-Maritimes et une bibliothèque de choix, étaient à la disposition de ceux qui ont eu le privilége de recevoir l'hospitalité de MM. Thuret et Bornet. TOWNSEND (FRÉDÉRICK). *Rawmarsh, Yorkshire, 1822.— Botaniste anglais habitant Honington-Hall, Warwickshire; auteur du Flora of Hampshire (aun. 1883). — A fait, en 1871 et 1872, plusieurs séjours à Cannes, durant les- quels il a récolté diverses plantes nouvelles pour cette flore: par exem- ple, Ranunculus Drouetii Schultz, Lotus conimbricensis Brot., Sonchus tenerrimus L., Lobelia Laurentia DC., Festuca ciliata Danth. var. glabra — F. ambigua Le Gall (conf. Journ. of Bot. 1879.195), Asplenium lanceo- latum Huds. — M. Townsend a découvert à Canues l'existence d'un rachéole sur le Carex œdipostyla Duval-J. (Bull. Soc. bot. de Fr. XVII, p. Lxx), organe qui avait échappé à l'auteur de cette curieuse espèce (Conf. Journ. of Bot. juin 1873 et Bull. cité, XXI, 1874, p. 206.) TRAVERSO (Caro). * Pegli, Gênes, 1809, + Sanpierdarena, 1857. — Jardi- nier en chef du jardin de l’Univ. de Gênes, jusqu'en 1845 (date à laquelle il a été remplacé par M. J. Bucco, jardinier actuel). Il a recueilli pour de Notaris des plantes des environs d'Oneille, Albenga, Triora et de la haute vallée du anaro. UNGERN-STERNBERG (baron François), de Dorpat. — Doct. en médecine, auteur du Synopsis Salicorniearum (in Atti cong. bot. Firenze 1874, 1876, p. 259). — A été médecin de la commune de Tende (vers 1872). A découvert le Scorzonera aristata Ram. ! au mont Urno, prés de Tende, et donné à M. Burnat diverses indications sur les plantes des environs de Tende. Son herbier est chez lui à Turin (via Bava, 7). VERANI (JEAN), médecin à Villefranche, a envoyé à Allioni des plantes du comté de Nice (AU stirp. Nic. enum. etc., p. x1). . VERANY (J.-B.), a été le fondateur du musée d'hist. nat. de Nice. — En 1844, il a fait don à la ville de sa collection zoologique. En 1862, le musée, d'abord installé dans le bàtiment de la bibliothèque communale, a été transporté dans SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. CXXXIII son local actuel. J.-B. Verany en fut le directeur jusqu'à sa mort, en 1865. M. J.-B. Barla, qui en était déjà le directeur honoraire, lui succéda à cette date avec M. l'abbé ANTOINE VERANY (frère de J.-B.), comme conservateur, fonction qu'il partage aujourd'hui avec M. C. Sarato. — André Verany (1814 + 1863), frère cadet des deux précédents, fut (aprés Risso) professeur de botanique et de chimie au collége, devenu lycée de Nice. C'était un botaniste distingué, mais il n'a rien publié. VIALE (Gto vANNI). * 1753,7 9 oct. 1827. — Pharmacien à Limone — A. P. de Candolle, dans ses notes de voyage inédites (hiblioth. DC.), rapporte qu'il a visité le 26 juillet 1809 Viale, alors maire de Limone. « V. m'a fait récolter le » Lactuca Vialea Bell., dans les buissons d'un sol pierreux, puis une fraise par- » ticulière qu'on nomme afrousa dans le pays et qu'il a l'intention de donner » comme une espéce nouvelle... J'ai vu dans son jardin l'Imperatoria angus- » tifolia de Bellardi, en fruit; elle croit dans ce pays, aussi bien que la > Linnoa...; il m'a montré le projet d'une Flore de Limone, etc». — Le Lac- tuca Vialea, d'après Bert. Fl. ital. 8.401, serait le L. stricta W. K. V'Im- peratoria, qui, à notre connaissance, n'a pas été retrouvé depuis Bellardi et Viale, n'a pas été récolté par DC. à l'état spontuné (conf. DC. Prodr. 1v. 182). La présence du Linnæa xa point été confirmée. — Viale a rendu des services à Dellardi et à Balbis en leur communiquant des plantes de Limone. ZUMAGLINI (ANT.-Maun.). * Biella, Piém., sept. 1804, + nov. 1865. — Biogr.: par * Corinna Zumagliui; Torino, 1882. 8. 33 pages. — * Flora Pedemon- tana, sive Species plant. phanerog. in Pedemonte et Liguria sponte nascen- tium, etc., vol. I, August Taurin. 1849 (préf. nov. 1848). 12. 435 pages; vol. H, Bugellæ, 1864.12. 444 et 1v pages; mais, p. 444,il est dit que l'impression était achevée en octobre 1860 (voy. Bull. Soc. bot. de Fr. ann. 1868, Revue bibl. p. 213). Cet ouvrage renferme bien peu de renseignements utiles ou nouveaux sur la flore des Alpes-Maritimes, dont la circonscription est, en majeure partie, comprise dans celle de Pauteur. RAPPORTS SUR LES EXCURSIONS DE LA SOCIÉTÉ RAPPORT DE M. H. VILMORIN SUR LA VISITE DE LA SOCIÉTÉ AUX JARDINS DU GOLFE JOUAN. Le jeudi 17 mai, à midi et demi, une vingtaine de membres de la So- uiété prenaient, sur la grande place d'Antibes, une voiture qui devait les conduire aux principaux jardins du golfe Jouan. Le soleil, qui pen- dant toute la session a été de la partie, faisait rage ce jour-là, et les coteaux de Cannes-Eden justifiaient plus peut-être qu'il n’eût été agréa- ble aux visiteurs le dicton qui en fait la serre chaude de celte partie du littoral. Aprés les affreuses rampes de la Badine, montées et descendues au milieu de nuages de poussiére, la voiture entre sur le territoire du golfe Jouan, et les visiteurs peuvent juger de la configuration du pays et de la nature du sol qui rend ces pentes si propices à la culture des plantes d'orangerie. Une chaine de coteaux s'étend depuis la pointe de la Croisette en remontant vers le nord-est dans la direction de Vence, mais elle se brise, dés les environs du bourg de Vallauris, en une quan- tité de croupes qui diminuent de hauteur à mesure qu'elles s'étalent sur une plus grande largeur de pays. C'est donc entre Vallauris et la mer que ces coteaux forment un rempart ininterrompu contre les vents les plus à craindre, ceux de la partie du nord-ouest. Depuis la Croisette, où les coteaux se terminent vers la mer, non pas par une pointe simple, mais par une sorte d'épatement oü deux ou trois vallons forment des cirques ouverts seulement vers le midi, jusque tout prés du hameau du golfe Jouan, les hauteurs viennent plonger dans la mer, de telle sorte qu partir du rivage le terrain s'éléve en pente-assez rapide. A partir du ha- meau du golfe au contraire, le rivage de la mer s'infléchissant vers l'est et le sud-est, tandis que les coteaux s'éloignent vers le nord-est, il existe une plaine ou plutôt un vaste amphithéâtre en pente douce formè par les alluvions des torrents, abrité par les hauteurs, et dont la fertilité SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. CXXXV est remarquable. C'est là que s'étendent ces plantations d'Orangers, vé- ritables bois, dont pendant les nuits de printemps les brises de terre portent l'odeur au large jusqu'à une distance incroyable. C'est tout au commencement de cetle petite plaine, à vingt pas du pied du coteau, qu'est situé le jardin de M. Mazel, le premier qu'ait visité la Société. D'une superficie de 5000 métres seulement, en forme de rectangle trés allongé, ce terrain présente une végétation merveilleuse et une réunion de plantes rares en magnifiques exemplaires, comme en peuvent offrir hien peu des plus grands jardins des environs; et encore ce qu'on en voit aujourd'hui n'est que la moindre partie des richesses qui s'y sont déve- loppées, car l'encombrement des belles choses a rendu nécessaire Pen- lévement, à plusieurs reprises, de spécimens magnifiques de Palmiers, dont la valeur réunie dépassait de beaucoup celle du terrain. JI reste néanmoins de superbes Palmiers dans le jardin, notamment un Phoenix silvestris âgé de dix-sept ans, qui a déjà 2",50 de tronc et 1 mètre de circonférence ; un Phœnix leonensis du méme âge et de la méme hau- teur, mais plus gros d'un tiers ; un Phenix reclinata un peu plus jeune et dont la tige s'éléve déjà à 37,60; un Corypha australis de quinze ans seulement, qui a les proportions d'un arbre et dont le tronc atteint presque 6 mètres de hauteur, avec une circonférence de plus de 2 mètres; un La tania borbonica presque aussi gros et haut de plus de 3 mètres; un Bra- hea nitida moins àgé que tous les arbres précédents et d'une hauteur déjà respectable. Parmi les Conifères, plusieurs Araucaria excelsa, dont les pousses annuelles atteignent quatre et cinq pieds de longueur; un Araucaria Cookii d’une douzaine de mètres d'élévation et déjà cou- vert de cônes; un Dammara Brownii haut de 11 mètres et d'une végé- lation des plus vigoureuses. Les Eucalyptus dépassent encore de beaucoup les Coniféres par la ra- pidité de leur croissance : un Eucalyptus Globulus de treize ans est par- venu à 28 mètres de hauteur sur 27,50 de circonférence; un Eucalyptus yoniocalyx, à peine plus âgé, a 18 mètres de hauteur el 1",20 de circon- férence ; un Eucalyptus leucoxylon de douze ans mesure 11 mètres de hauteur et 1",15 de circonférence, pendant qu'un Eucalyptus polyan- hemos de méme âge a atteint 44 mètres de hauteur sur 17,70. TI faut en- core citer parmi les plantes les plus remarquables de ce jardin des exemplaires superbes de Yucca Llenneana et de Yucca Mazeli, qui ap- prochent de 4 métres de hauteur avec des trones dont la circonférence atteint 17,96 pour le premier et 1",60 pour le second; des Aralia Browni: et dactylifera, qui forment l'un et l'autre des arbres de plus de 5 metres de hauteur; un Ficus macrophylla de 11 mètres de haut: un Spondias pleiogyne, arbre fruitier de 10 mètres de hauteur; un bel exemplaire de Pilocarpus pinnatus, le fameux « Jaborandi » de la Chine; toute une CXXXVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. collection de Protéacées, Grevillea, Banksia, Hakea, Dryandra: les Strelitzia Nicolai et augusta, le Theophrasta imperialis et un Banksia integrifolia de plus de 10 métres; enfin des Pittosporum eriocarpum, Stadmannia australis, Jacaranda mimosæfolia, Grevillea Hillie et Inga splendens, qui sont de vrais arbres et dont aucun cependant n'a plus de dix-sept ans d’âge. Mais ce que la description ne peut pas rendre, c'est l'aspect de force et de vigueur de toutes ces plantes entremélées, serrées les unes contre les autres et formant pour ainsi dire deux ou trois étages de végétation superposés. Il faut que le sol soit d'une perméabilité et d'une profondeur remarquables pour donner aux racines de tant de plantes l'espace dont elles ont besoin. Quant à la nourriture, des fumures très abondantes et des arrosements copieux l'apportent aussi largement qu'il est nécessaire. Malgré l'ombre épaisse que donnent tant d'arbres à feuilles persistantes, le sol n'ést pas dénudé, mais au contraire est garni de Violettes, d'Oxalis, de Primevéres, d'Ophiopogons et d'Himantophyl- lum miniatum, qui vivent, fleurissent et fructifient en pleine terre aussi hien que chez nous le Muguet des bois. De nombreux Rosiers grimpants, mélangeant leurs branches à celles les arbres ou recouvrant les clótures et se répandant au dehors, achévent de donner au jardin un aspect tout à fait enchanteur. Du jardin de M. Mazel à celui des Cocotiers, propriété de M. le comte d'Eprémesnil, il n'y a littéralement qu'un pas, les deux terrains étant limitrophes sur une partie de leur étendue. Cependant il est difficile de voir deux eréations plus différentes. Dans le premier, le sol est plat, et tout le mérite du jardin vient de la splendeur -de la végétation; la pro- priété des Cocotiers, déjà située dans les pentes, tire une grande partie de son aspect pittoresque des accidents de terrain fort habilement mis à profit dans le tracé du jardin. Le sol est entiérement composé des débris de là roche qui forme le coteau : un gneiss rose presque schisteux, très riche en miea. Extrêmement dure quand elle est en place, cette roche se délite facilement par l'action de l'air et de l'eau, et forme en se pulvéri- sant un sol trés léger, poreux, extrémemeut perméable à l'eau el trés fa- vorable au développement et à l'action des racines; il est surtout riche en potasse et convient merveilleusement aux Palmiers, aux plantes grasses et aux Bambous. Ces trois groupes de plantes sont, avec les Légumineuses etles Araliacées, les plus largement représentés dans le jardin des Cocotiers. En entrant par la grande route de Cannes, on monte d'abord une ave- nue bordée à droite de Bambous variés et à gauche d'arbustes fleuris- sants ou à feuillage toujours vert. Dans une pépiniére de Palmiers située entre l'avenue et le jardin Mazel, on remarque tout un carré de Brahea Ræzlii, Palmiers nouveaux de l'Amérique du Nord, remarquables par la SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. CXXXVII teinte glauque de leur feuillage. Plus haut sont des abris remplis de plantes intéressantes, parmi lesquelles on remarque surtout des Cycas revoluta dont les troncs, atteignant près de 2 mètres, indiquent un âge de plus de cent ans. En face de l'avenue s'ouvre le jardin proprement dit, qui s'élage à droite et à gauche d'un petit ravin demi-naturel, demi-artifi- ciel. La portion inférieure de ce ravin, un peu élargie, forme une cuvette ouverte seulement vers le midi, dont les bords sont plantés d'Eucalyptus formant déjà une voùte presque continue et dont le fond et les pentes sont garnis des plantes les plus précieuses. La fraicheur y est entretenue en toute saison par un ruisseau dont les eaux sont remplacées, quand elles ne coulent plus naturellement, par une dérivation du canal de la Niagne. Dans ce coin privilégié sont réunies plusieurs des plus belles plantes du jardin : par exemple, des Cocotiers, Cocos Romanzoffiana, Cocos Datel, Cocos flexuosa de 5 mètres de hauteur ou méme davantage : un Ptychosperma Alexandre de 2 mètres; des Areca sapida, Thrinar brasiliensis et Cocos Yatay, encore jeunes, mais déjà d'une grande beauté, Sur le bord de Vallée qui contourne le ravin s'élève le Palmier le plus remarquable de la propriété, un Brahea (Pritchardia) filamentosa, qui, àgé seulement de six ans, dépasse 4",50 de hauteur avec un trone de 27,90 de circonférence au niveau du sol et déjà dépouillé de feuilles sur une hauteur de 80 centimètres. On trouve encore, mélées aux Palmiers dans le fond du ravin, plusieurs Cycadées remarquables : Cycas revoluta, C. siamensis, C. celebrica, C. plumosa ; Encephalartos horridus, E. Wromii, variété épineuse de l'Encephalartos Altensteinii, E. Lehmanni et villosus; Zamia Loddigesii et muricata, ainsi que plusieurs autres étiquetés de noms d'une authenticité incertaine (Zamia vernicosa, dupli- cata, carolinea et glauca) ; Dioon edule et Ceratozamia Miqueliana. De nombreuses Fougéres arborescentes donnent à la plantation un carac- tère tout particulier. On remarque, parmi les plus belles, les Cyathea dealbata et medullaris, de la Nouvelle-Zélande; les Alsophila excelsa, australis et capensis, le Cibotium Schiedei ; Todea africana, Balan- tium antarcticum, et le Lomaria ciliata. Enfin nous citerons encore dans cette portion du jardin les Yucca conspicua et quadricolor, et le Dracæna Thunbergii en exemplaires déjà grands, et toute une collection de Camellias et de Rhododendrons hybrides à grandes fleurs, qui occupent, regardant le levant, le cóté le plus ombragé du vallon. Eu s'élevant plus haut, sur la pente, on trouve des massifs mélangés d'Acacias, d'Eucalyptus, de Protéacées et de nombreux Aralias, parmi lesquels il faut citer les Aralia Sieboldii, papyrifera, Wallichiana, pla- tanifolia, integrifolia, elegantissima, australis et dactylifolia. Plus haut encore est une sorte de grotte artificielle, vaste bassin entouré de murs circulaires, couvert d'un toit de roseaux à claire-voie et destiné à CXXXVIII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ombrager en méme temps qu'à garantir du froid et du vent quelques plantes délicates à fleurs et à feuillage. A peine installé encore, cet abri contient surtout des Fougères arborescentes ou herbacées: Gymno- gramme japonica, Adiantum formosum, Polypodium aureum, Ma- rattia erecta, furfuracea et macrophylla. Au-dessus et au-dessous de cet abri, les allées sont bordées par une magnifique collection d'Agave, de Fourcroya, et d'Aloe. Pour éviter des répétitions, nous ne citerons dans ces trois genres que les plantes qui n'ont pas été mentionnées dans celles de la villa Thuret: Aloe Salm Dyc- kiana, plicatilis, spicata, barbadensis, aristata; Fourcroya tuberosa, Lindenii ; Agave Besseriana, chloracantha, attenuata, Beaucarnei, Consideranti, geminiflora, striata, macrodonta, elongata, Maximi- liana, Candelabrum, marmorata, perbella, etc. On trouve encore, parmi les individus de grande taille du jardin, des Cocos Syagrus et peruviana atteignant environ 5 métres de hauteur ; des Cocos Bonnetii et campestris déjà forts, quoique sans tronc; Thrinax brasiliensis, Areca sapida, Sabal umbraculifera et Chamærops Martiana, qui tous pro- mettent de devenir promptement des arbres remarquables. Il semble im- possible aux personnes qui ne sont pas habituées à la végétation de la Provence de croire que les plantations du jardin des Cocotiers n'ont été cominencées qu'en 1879, et cependant c'est l'exacte vérité. Aucun de ces Eucalyptus qui atteignent 8 et 10 métres de hauteur n'a plus de quatre ans de plantation. Quant aux Palmiers et aux plantes rares qui se trans- portent facilement en caisse, un grand nombre ont été apportés déjà âgés. Un simple ravin sépare le jardin des Cocotiers de celui du Château- Robert, propriété de M. Ferdinand Dervieu. En passant de l'une à l'autre, les membres de la Société de botanique ont pu constater l'extréme variété que présentent entre eux les domaines de ce pays. Beaucoup plus vaste que tous les autres jardins des environs, celui du Chàteau-Robert a été plus qu'un autre disposé à la maniére de ceux du Nord, c'est-à-dire avec de grands espaces couverts et gazonnés et des massifs considérables d'ar- bres et de plantes de grande dimension. La grande route, sur laquelle la propriété est en facade sur une longueur de 500 à 600 mètres, est bordée d'une plantation alternée d'Eucalyptus Globulus et de Casuarina tenuis- sima, qui forment un mur large et élevé, et pourtantà peine suffisant pour arrêter les nuages de poussière blanche qui s'élévent de la route. A tra- vers de vastes massifs d'Orangers, sous lesquels règne une ombre épaisse, de larges allées, bordées de Dattiers dont le tronc vigoureux commence à s'élever, conduisent les membres de la Société entre d'immenses champs de Rosiers en pleine fleur, dont l'aspect est des plus merveil- leux. Les plus zélés botanistes ne peuvent regretter le temps donné SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. CXXXIX à cette promenade, car on rencontre là le Rosa Camellia du Japon, à grandes fleurs simples blanches et à feuilles larges, vernissées et d'un vert foncé, plante encore trés rare dans les jardins. Et puis, dans l'amphi- théâtre rocheux qui domine le château, les touffes de Bananiers à fruits comestibles, les Musa Ensete, de grands Cocotiers dominant des Cycas et des Zamia variés, forment un ensemble d'un aspect tout à fait tropical. Mais personne ne peut se refuser à douner un peu de son temps et de son admiration à ces plantations de Rosiers comprenant plus de 30 à 40000 pieds, dont plusieurs forment des buissons hauts de 2 mètres et larges en proportion, et qui sont tous absolument couverts des plus belles fleurs auxquelles un soleil de mai préte un éclat extraordinaire. Au-dessus des champs de Roses s'étagent encore des plantations de Mandariniers dominées par un mamelon rocheux dans les flancs duquel se cache un immense réservoir creusé dans le roc et contenant les eaux nécessaires à l'arrosement des deux vallons que renferme la propriété. De là, par cent canaux, elles sont conduites vers les diverses plantations, suivant les allées et les animant de leur gai murmure. Nulle part plus qu'en Provence, où l’œil est si souvent attristé par le spectacle de l'aridité et de la sécheresse, on n'est sensible au charme des eaux courantes. Les pentes qui longent les allées sont en maints endroits garnies de massifs d'Acacias et d'arbustes fleuris. Au Chàteau-Robert plus que par- tout ailleurs on a tiré bon parti de l’Acacia petiolaris ou A. pycnantha, dont la croissance est trés rapide et dont les rameaux pendants, longs et llexibles, se couvrent à la fin de l'hiver de grappes d'un jauné superbe qui semblent des cascades d'or roulant du haut en bas des talus. Mais la journée s'avance, la chaleur est terrible, le temps manque pour parcourir en détail toutes ces belles choses; force est donc de regagner le château, et avec autant de plaisir que de reconnaissance la Société fait honneur à la collation gracieusement préparée par ordre de M. Dervieu. Le président de la session, M. Planchon, exprime au nom de tous les remerciements de la Société et prie l'ami de M. Dervieu, M. Charpentier, de transmettre au propriélaire, empéché de recevoir lui-méme la Société, toute sa gratitude pour une hospitalité si bien exercée en son absence. Réconfortés et reposés, les membres de la Société remontent en voiture à deux heures, pour aller visiter les jardins de M. Dognin, qui forment le dernier mais le plus important article du programme de la journée. | Les deux villas Valetta et Camille Amélie, propriétés de M. Camille- Dognin, peuvent passer à juste titre pour les modèles de tous les jardins de la côte. Non seulement elles sont disposées et entretenues avec un soin qui n’est surpassé nulle part; mais, par leur situation naturelle, par le choix des plantes cultivées, la beauté des exemplaires et le goùt qui a présidé à leur groupement, elles Pemportent sans conteste sur tout ce CNL SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. qu'il ya de plus beau dans le voisinage. Ce sont des créations artistiques dans toute la force du terme, où l’on sent que la préoccupation dominante a été de produire des eifets pittoresques et gracieux par l'adaptation des différents végétaux aux différentes places et aux différents points de vue. Botaniquement parlant, les collections ne comprennent pas beaucoup d'espéces qui ne soient représentées, soit à la villa Thuret, soit au jardin des Cocotiers; mais, ce qui fait le caractére particulier des jardins de M. Dognin, c'est le splendide développement des sujets et la beauté du cadre dans lequel on les admire. Les deux jardins se déploient l'un au-dessus de l'autre sur une des croupes du coteau de Cannes-Eden, à l'endroit où il vient plonger dans la mer entre le cap de la Croisette et la pointe Fourcade, en face de l'ile Sainte-Marguerite. L'exposition est en plein midi et la nature du terrain la méme que chez M. d'Eprémesnil. Cependant des vallonnements habilement ménagés, des rideaux d'arbres faisant ombrage, et surtout l'eau à profusion, entretiennent dans la plus grande partie de ces jardins la fraicheur d'un vallon des Vosges. Sur les gazons admirablement verts et unis sont dispersés des Palmiers et des plantes grasses parmi lesquelles nous notons quelques espèces nouvelles, méme aprés qu'on a parcouru plusieurs des jardins les plus riches de la contrée: le Brahea nitida en un bel exemplaire presque unique sur la cóte; l'Agave Troubeskoiana, l'Agave attenuata, endommagé mais non détruit par les froids du mois de mars dernier ; l'Opuntia tunicata et la superbe plante appelée par M. Dognin O. argentea ; le Theophrasta im- perialis et le Strelitzia Nicolai, qu'aucun de nous probablement n'avait jamais vu hors des serres, excepté aujourd'hui chez M. Mazel; un groupe d'Agave ferox en magnifiques exemplaires, et le long d'un mur au nord le Citrus australis plein de vigueur. Nous remarquons encore des spéci- mens fleuris de plusieurs Palmiers dont les inflorescences fraiches ne se voient pas souvent en France: l Areca sapida et le Livistona australis. Deux autres plantes dont la floraison intéresse à juste titre les bota- nistes présents sont le Beschorneria yuccoides (appelé quelquefois à tort Yucca Parmentieri), et l'Agave Salmiana, dans lequel la hampe flo- rale, laute et grosse comme un poteau télégraphique, est complétement recouverte par les bractées. Nous remarquons dans un coin chaud et trés abrité des pieds de Musa Ensete qui sont en fleur depuis prés d'un an, et dont l'inflorescence, longue de plus de 2 mètres, promet de toucher promptement la terre, vers laquelle elle se recourbe comme une trompe d'éléphant. Le long des ruisseaux qui serpenlent à travers le jardin, la vigueur des Bambous et des Calla æthiopica est vraiment surpre- nante, Après avoir traversé le pont qui réunit les deux jardins, on arrive à un petit carrefour d'ou l'on peut embrasser, non pas d'un seul coup d'œil, SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. CXLI mais en tournant simplement la tête, les deux tableaux les plus différents qu'on puisse imaginer. Deux percées pratiquées en sens opposé au milieu d’un massif de Pins maritimes laissent voir d'un côté un profond ravin et la colline qui en fait l'autre bord entiérement recouverte de la verdure sombre des Pins, des Arbousiers et des grandes Bruyères, le tout dominé au loin par les sommets des Alpes couverts de neige. On pourrait se figurer une vue de Norvége ou d'un sommet des Alpes. De l'autre côté, on aperçoit la mer bleue, les roches de l'Esterel roussies par le soleil, et au premier plan un coin du jardin tout peuplé des végétaux les plus caracté. ristiques du Midi : Palmiers, Agaves, Bananiers, le tout enveloppé d'une atmosphère chaude et dorée. Il est impossible de rêver un contraste plus complet et plus pittoresque. A côté de la vaste terrasse où s'abritent la galerie couverte et le nym- phœum de réputation européenne, se déploie pour les botanistes un des plus curieux tableaux de végétation subtropicale dont on puisse jouir dans nos pays. Une ancienne carriére formant cirque et exposée en plein midi à été transformée avec un peu de terre et beaucoup d'eau en un amphi- théâtre de verdure où l'on ne voit pour ainsi dire pas une seule plante qui ne soit une rareté ou une merveille de vigueur et de développement. Du haut des escarpements des Buddleya madagascariensis laissent tomber des cascades de longues grappes jaunes, au-devant desquelles grimpent des Ficus repens tellement vigoureux, que les plus experts ont peine à les reconnaitre. Du bord de la pièce d'eau qui occupe le fond de l'excava- lion s'élance à plus de 10 métres de hauteur un Cocotier. | Dans les anfractuosités de la roche croissent des touffes de Bananiers ou des Aloe aux fleurs écarlates (Aloe ferox, A. ciliaris), et d'immenses Rosiers sèment leurs fleurs au milieu de la verdure des Aralias et des Fougères. Un peu plus bas le jardin se termine sous des Eucalyptus d'aspect centenaire, bien qu'ils n'aient pas vingt ans. l v. A cinq heures, la Société prend à regret congé de l'aimable propriétaire de tant de belles choses, pour rentrerà Antibes au milieu de la chaleur el de la poussière que les beaux ombrages et les verts gazons lui avaientfait un moment oublier. COMPTE RENDU HERBORISATIONS DANS LA ZONE LITTORALE DU 12 AU 16 MAI 1883 (CAP D'ANTIBES, GOLFE JOUAN, MASSIF DE L'ESTEREL, COLLINE DE BIOT, ILES DE LÉRINS); PAR MM. FLAHAULT & MALINVAUD I Le cap d'Antibes (12 mai). Le samedi 12 mai, le rendez-vous est donné pour midi sur la place d'Antibes. Le ciel est pur et nous promet de faire valoir comme il con- vient les charmes naturels de notre Provence. Il s’agit aujourd'hui d'explorer le cap d'Antibes, qui nous offrira un type accompli de la végé- tation littorale de cette partie de la Méditerranée. On s'attend à y trouver la plupart des plantes vulgaires, caractéristiques de la région, mais rares, il est vrai, pour beaucoup de nos confréres, et qui auront surtout le mé- rite de les familiariser immédiatement avec les caractéres généraux de la flore provençale. Chacun s'est armé en prévision de riches moissons. Le cap d'Antibes, situé approximativement par 48*,45' de latitude N. et 5^,30' de longitude E., est, par sa position topographique, l'un des points les plus intéressants de la cóte de Provence. Constitué, comme presque toute la région que nous avons à étudier, de roches calcaires trés dures appartenant aux formations jurassiques (ox- fordien), il doit nous intéresser surtout parce qu'il présente, au point de vue climatérique, les conditions que l'on peut considérer comme moyennes pour les cótes de la Provence orientale. Il appartient essentiellement à la région de l'Oranger. Si nous comparons son climat à celui de la basse vallée du Rhóne, nous remarquons d'abord qu'Antibes échappe à l'action funeste du mis- tral. Les courants froids venant du nord suivent la vallée du fleuve avec une énorme vitesse, desséchant toute végétation et provoquant des abais- sements de température qui peuvent atteindre — 8° et méme —- 12° C. SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. CXLI Le mistral s'épanouit au delà d'Arles sur le delta du Rhône et se répand, en s'affaiblissant, sur le Languedoc et la Provence. Très violent à Marseille, il a déjà perdu de sa force à Toulon, et sans cesse contrarié et coupé par les montagnes des Maures, de l'Esterel et par les plateaux des Alpes maritimes, il arrive au cap d'Antibes considérablement affaibli. D'autre part, Antibes n'est pas directement appuyé contre la mon- tagne. Ici point de ces chauds espaliers, comme ceux de la Californie à Cannes, de Villefranche, de Beaulieu, de Monaco, de Menton. La mon- tagne est à 14 kilométres au nord ; il en résulte que les Citronniers qui couvrent les hauteurs de Menton sont moins abrités à Antibes : ils y gélent quelquefois et ne pourraient y étre l'objet de grandes cultures. Les Bananiers, le Ficus elastica et tant d'autres arbres tropicaux, qui trouvent des conditions favorables sous l'abri immédiat des montagnes, ne supportent pas le climat du cap. Si pourtant l'hiver y est moins chaud, l'été y est aussi moins sec; sans cesse caressé par la brise de mer, rece- vant ses bienfaisants effluves de l'ouest, du sud et de l'est, il offre une végétation spontanée plus luxuriante que tous les autres points de cette côte, et ne pourrait être comparé qu'à la presqu'ile d'Hyéres. C'est en raison de ces conditions caractéristiques que le cap d'Antibes à été choisi comme but d'une premiére excursion. Nous y trouvons d'ailleurs des stations trés variées : rochers battus par la mer, plages adossées à des dunes, terres cultivées, vignes; nous pour- rons y étudier surtout. des garigues extrémement riches, nous présen- tant la végétation spontanée des cótes provençales sous sa forme la plus normale, et des bois de Pins sous lesquels cette flore prend aussi un remarquable développement. Nous n'attendons pas nos guides : MM. Bornet et Vilmorin sont là des premiers. La colonne se met en marche, serrée, compacte, s'allongeant dans les rues étroites du vieil oppidum étouffé par ses remparts. A peine a-t-on dépassé les voûtes de la Poterne, que la longue bande s'épanouit en éventail sur les glacis et dans le fossé planté d'Acacias et d'Eucalyptus. C'est que déjà, sur ces pentes herbeuses exposees au souffle de la mer et daus les fentes des rochers, on a reconnu : Frankenia intermedia. Evax pygmæa. Celtis australis. Erodium romanum (1). Spergularia media. Bellis annua. est celui dans lequel les espèces ont été récoltées loin une récapitulation méthodique et complete, du nom de l'auteur, que nous supprimons, pour (1) L'ordre observé pour ces listes ou signalées, — Il en sera fait plus avec l'indication, pour chaque espéce, simplifier, dans les listes partielles. CXLIV Statice cordata. Trifolium suffocatum. - resupinatum. stellatum. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Trigouella mouspeliaca. Vaillantia muralis. | Hyoseris radicata. | — scabra. La marche devient lente des le début. Nos confrères se rallient sur un petit promontoire, où ils peuvent récolter abondamment les plantes pré- cédentes et apercevoir, au pied des falaises, les prairies marines du Posidonia Caulini. Puis, en avant! Passant entre la villa Guide et la villa Aubernon, nous nous engageons dans le chemin qui se détache de la route vers la gauche pour nous diriger vers le phare. Que de retardataires déjà! que de fois il faut proclamer bruyamment le nom d'une plante précieuse pour faire gagner du terrain à ceux qui fouillent les haies, les murs et les cultures! Nous récoltons en effet dans les moissons et dans les vignes : Pterotheca nemausensis. Diplotaxis erucoides. Œnanthe peucedanifolia. Allium roseum. — acutiflorum. Ranunculus muricatus. Allium nigrum. Chrysanthemum Myconis. — segetum. Fumaria major. — capreolata (pallidiflora Jord.). Medicago pentacycla. Vicia bithynica. et le magnifique Urospermum Dalechampii Desf., qui étale au soleil ses capitules d'un jaune soufre, aux tons si délicats. Les haies nous procurent: Crategus monogyna (C Aubépine de la France méditerranéenne), Jasminum fruticans, Pistacia Terebinthus et P. Lentiscus. Dans les murs de pierres sèches, les amateurs récoltent : T'heligonum Cynocrambe, Ceterach officinarum. Nous atteignons un petit bois de Chênes verts entrecoupé de clairières. Les boites et les cartables se remplissent rapidement, car sous les buissons de Quercus Ilex on rencontre : Rhagadiolus stellatus. Scrofularia peregrina. Campanula Erinus. Carex Linkii. Cephalanthera pallens. — ensifolia. Limodorum abortivum. Sedum rubens. Osyris alba. Hippocrepis unisiliquosa. Galactites tomentosa. Scorpiurus subvillosus. Lepidium hirtum. Coronilla scorpioides. Plantago Bellardi. Saxifraga granulata. Des groupes se forment autour de nos guides, pour discuter les carac- tères des Valerianella et des Lathyrus dont les espèces sont ici trés variées. On est bientôt fixé, car MM. Barrandon et Boullu nous appor- tent, sur les points douteux, le secours de leur grande expérience; 0n peut nommer avec certitude : SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. CXLV Valerianella microcarpa. Lathyrus sphæricus. — puberula. — angulatus. — discoidea. — Clymenum. — echinata. — setifolius. Lathyrus Ochrus. Le genre Vicia est aussi largement représenté : Vicia hirsuta. Vicia bithynica. — lathyroides. — hirta. — sativa var. macrocarpa. À mesure que nous montons vers le phare, le bois revét de plus en plus l'aspect de garigue (1), caractéristique de nos plaines méridionales. Ce ne sont plus des bois, mais des broussailles souvent impénétrables, qui croissent sans terre végétale entre les fentes des rochers calcaires. Les buissons sont formés surtout de : Myrtus communis. Cistus monspeliensis. Spartium spinosum. — albidus. Rhamnus Alaternus. Pistacia Lentiscus. Daphne Gnidium. — Terebinthus. Quercus Ilex. Vitex Agnus-castus. Quercus coccifera. au milieu desquels on récolte abondamment : Dorycnium hirsutum. Ophioglossum lusitanicum — süffruticosum. Hutchinsia petræa. Euphorbia spinosa. Cytinus Hypocistis. Cneorum tricoccum. Psoralea bituminosa. Tyrimnus leucographus. Les chaudes senteurs des Thymus vulgaris, Lavandula Stechas, Pso- ralea, etc., parfument l’atmosphère. Nous voici arrivés au phare. Il domine la mer de 74 mètres; chacun s'arréte instinctivement sur la terrasse de l'ermitage. Pour tous, ou à peu prés, c'est une ravissante découverte, car le paysage est merveilleux sous ce ciel d'azur. Partout où la vue se porte, le spectacle est admirable, et il arrache des exclamations d'enthousiasme à ceux qu'enveloppait hier encore l'éternelle brume du climat de Paris. | l | Vers l’est, au delà des lignes vigoureuses de la pittoresque ville d An- übes, avec ses hauts bastions battus par la vague et ses tours carrées marquant le souvenir de la puissance romaine, se dessine la courbe gra- cieuse de la baie des Anges, dont les flots sont souillés au loin par les eaux torrentielles du Var. Au delà, c'est Nice et la promenade des Anglais a manière dont il est prononcé dans orthographe indiquée par Littré, c. gariga, garriga, chénaie, (1) Ce mot est parfois écrit avec deux r, que la M" le Midi semble justifier. Nous avons cependant suivi qui dit « garigue, lande, terre inculte. Étym. provenc Phone Rowvre » Nous ei. » auquel se rattache sans doute Gariés, un des ns coccifera terons anssi Garoulia, nom languedocien du Quercus c j T. XXX CXLVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. qui se profile en blanc par-dessus la ligne des eaux. Plus loin encore, c'est la silhouette de la Tête de chien, le cap de Villefranche, le cap Martin, et la pointe de Bordighera confondant ses légers contours avec le ciel et les flots bleus dans un horizon d'une incomparable finesse. Dominant tout cela, les grandes Alpes neigeuses, éblouissantes de blan- cheur, font ressortir par le contraste le charme enchanteur de ces rivages privilégiés. Au nord, nous voyons se dessiner, au delà des collines de Biot, de Mougins et de Grasse, les premiers plateaux des Alpes maritimes, coupés de profondes crevasses: les rochers de Saint-Jeannet, le Cheiron, les plateaux de Caussols et de Coursegoules. Vers l'ouest, au-dessus des Pins parasols du golfe Jouan, les coteaux de Vallauris et du golfe, émaillés de villas, dominent cette autre baie, rivale de la baie des Anges et non moins brillante. De ce cóté, c'est Cannes, modestement cachée derrière les bois d'Orangers du cap de la Croisette, encadré lui-même par le profil dentelé du massif éruptif de l'Esterel aux lignes heurtées, et l'on distingueà l'horizonles promontoires de la chaine des Maures. Vers le sud-ouest, nous apparaissent les iles de Lérins, tapis de ver- dure sur lequel les ruines du célébre cloitre de Saint-Honorat semblent jetées comme une sentinelle avancée au devant de ces cótes, auxquelles leur richesse a suscité tant d'ennemis. Et, pour reposer la vue, nous avons au sud la grande mer, calme, unie, et ses gracieuses balancelles aux voiles blanches, qui semblent autant d'oiseaux de mer prenant leur vol en lais- sant derriére eux un léger sillage. Ainsi notre vue peut embrasser tous les points que nous désirons visiter pendant la Session ; mais il faut repartir. La marche est toujours lente, car on annonce successivement et tout le monde recueille : Sedum stellatum. Rumex bucephalophorus. Centranthus Calcitrapa Lathyrus setifolius. Medicago minima. Anthyllis tetraphylla. — orbicularis. Astragalus hamosus. Lathyrus annuus. Seriola ætnensis. Reseda Phyteuma. Melilotus sulcata. Trifolium tomentosum. Galium lucidum. Ervum Lens. Tolpis barbata. Sideritis romana. Verbascum Boerhavii. Quelques initiés ont pu récolter, dans l'unique station connue à Antibes (une fente de rochers près du rivage), le précieux Scolopendrium Hemio- nitis; mais le gros de la troupe pénétre bientót dans un bois de Pinus halepensis Mill., sous le couvert duquel se développe une riche végéta- tion de plantes herbacées (1). On y récolte en quelques instants : (1) Ces sortes de bois, en raison du grand développement qu'ils procurent aux plantes qu'ils abritent, sont connus dans le pays sous le nom d'herbages. SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. CXLVII Serapias neglecta. Vicia peregrina. Gladiolus byzantinus. — sativa L. var. macrocarpa. Euphorbia serrata. Salvia officinalis. Phillyrea latifolia. — Verbenaca. Sinilax aspera. et deux autres plantes, introduites il y a quinze ans et complétement naturalisées aujourd'hui : Hymenocarpus circinatus, Ferula nodi- flora. Battant ensuite les cultures et les fossés qui bordent le chemin de la villa Close, nous trouvons encore : Convolvulus althæoides. Medicago denticulata. Cerinthe major. Trifolium glomeratum. Scilla hyacinthoides. Symphytum tuberosum. Plantago Bellardi. Euphorbia exigua. Lotus edulis. — peploides. Medicago sphærocarpa. Bromus rubens. — tribuloides. L'attrait des frais ombrages dont nous jouissons sous les grands Pins et la certitude d'y faire toujours de nouvelles découvertes nous attirent de nouveau dans les bois ; on y signale : Erythrea maritima. Coris monspeliensis. Globularia Alypum. Lithospermum apulum. Ononis minutissima. Ophrys Bertolonii. — reclinata. Il faut pour nous en arracher qu'on nous montre dans les champs voi- sins les hampes de l'Orobanche speciosa DC., hautes de 07,60 à 1 mètre, envahissant toutes les cultures de Légumineuses et surtout celles de Féves. Cette plante se présente sous trois aspects: au milieu d'exemplaires à fleurs purpurines, les plus nombreux, nous trouvons abondamment aussi deux variétés, l'une à fleurs blanches,et la seconde à fleurs jaune-soufre. En méme temps nous prenons : Galium saccharatum. Fumaria capreolata (F. speciosa Jord.). Festuca rigida. Hedypnois polymorpha. Specularia hybrida. Linaria Pelliceriana. Torilis nodosa. Stachys arvensis. Linaria chalepensis. Euphorbia Peplis. Fumaria parviflora. Festuca ligustica. Silene muscipula. Allium nigrum. Cynoglossum pictum. La nombreuse troupe se rallie de nouveau au carrefour de l'hótel Beau Séjour. Un omnibus allant de l'extrémité du cap vers la ville s arréte un instant, dans l'espoir de tenter quelques botanistes fatigués ; mais per- sonne ne faiblit. Il est cinq heures du soir, et nous n avons parcouru que la moitié de notre itinéraire. Il faut pourtant s arréter encore, car nous voici dans une prairie tout émaillée de : CXLVIII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Ophrys Bertolonii. Euphorbia segetalis. Serapias Lingua. Zacintha verrucosa. Thesium divaricatum. Lathyrus Clymenum, etc. Nous nous dirigeons alors versla villa Agar, récoltant le long du che- min le Gladiolus Borneti Ard., au milieu des nombreux exemplaires du G. segetum Gawl. Nous voici enfin sur la cóte occidentale du cap, sous les murs de la riche villa en construction sur le rocher du Croton. Dans les fentes et les creux exposés à l'ouest, chacun peut récolter : Asplenium Petrarchæ. Ruta bracteosa. Mercurialis ambigua. Mais depuis longtemps les boites sont pleines, les cartables bondés, et chacun porte sous les bras de grosses gerbes qu'il faudra mettre sous presse ce soir et demain matin. On demande grâce, et il est convenu qu'on terminera l'excursion le lendemain, avant et aprés le déjeuner. La journée a été bonne pour tous, et l'on se sépare pour gagner son hôtel ou la demeure hospitalière où l'on est attendu. Rendez-vous est donné pour le lendemain à onze heures, sur la place d'Antibes. II La Pinéde du golfe Jouan (13 mai). A onze heures, soixante botanistes quittaient la ville pour se diriger, par la poterne, vers la Pinède du golfe Jouan. Il s'agissait d'achever le tour du cap, à partir de l'endroit où nous l'avions laissé la veille, c'est-à-dire au point où les rochers calcaires sont remplacés par des plages sablonneuses. C'est vers ces plages que nous nous dirigeons, n'ayant plus pour le reste qu'à compléter nos observations sur la flore des terres cultivées. Aprés avoir dépassé les glacis et le fossé que nous négligeons aujour- d'hui, nous prenons le premier chemin à droite de la route du cap. À peine y sommes-nous engagés, que nous récoltons dans les décombres le Smyrnium Olusatrum, puis dans les champs et sur le bord des chemins : Bromus madritensis. Silene gallica. Specularia hybrida. Medicago Murex. Ægilops ovata. Fumaria Bastardi. Trifolium subterraneum. Stachys hirta. Bartsia latifolia. Raphanus Landra. Lathyrus sphæricus. Inula odora. — pratensis. Pinardia coronaria. — Ochrus. Urtica membranacea. Vicia hybrida. Allium neapolitanum. SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. CXLIX et la plupart des plantes que nous avions observées la veille dans les champs cultivés. Nous voici bientót arrivés à une prairie'un peu marécageuse, où l'on dirait que toutes les Légumineuses [de la région se sont donné rendez- vous, notamment : Melilotus arvensis. Trifolium glomeratum. — scabrum. Lathyrus angulatus. — Clymenum. En outre : Romulea ramiflora. Aira intermedia. Andropogon hirtus. Anthoxanthum odoratum. Carex punctata. Lotus Allionii. — edulis, — ornithopodioides. Vicia bithynica. — lathyroides, etc. OEnanthe globulosa. Knautia hybrida. Juncus capitatus. Orchis laxiflora. . La bande se disperse bientót sous les grands Pins parasols qui fixent les dunes de la Pinéde, pour récolter les plantes littorales qu'on y trouve à profusion : Malcolmia parviflora. Ornithopus compressus. — ebracteatus. Lupinus reticulatus. Gastridium lendigerum. Serapias Lingua. Cistus salvifolius. Silene gallica var. quinquevulnera. Linum angustifolium. Aira Cupaniana. Desmazieria loliacea. Gaudinia fragilis. Erodium Botrys. Paronychia cymosa. Lagurus ovatus. Dans les dépressions marécageuses de la dune, au milieu des Cares, parmi lesquels nous reconnaissons les C. pallescens et panicea, nous pouvons récolter l'Isoetes Duriæi. Mais voici qu'on nous appelle. Il ne s'agit plus de récolter les fleurs, mais de faire honneur au déjeuner qui nous est gracieusement offert par M. et M^: de Vilmorin. Le couvert est dressé à 200 mètres du rivage, qui nous apporte sa douce brise, sous le couvert épais des Pins séculaires. De ce premier plan qu'aucun rayon de soleil ne peut atteindre, nous ad- mirons la plage ensoleillée, éblouissante de chaude lumiére et les vagues légères qui étincellent en passant par toutes les teintes du bleu d'azur au jaune d'or. Ce n'est pas tout: aux botanistes sont venues se joindre d'aimables personnes, l'élite de la société antiboise, la famille et les amis de nos hótes...... | Mais il n’est si aimable réunion qui ne finisse par se séparer ; il fallut prendre congé, pour atteindre, à travers les bois de Pins et de Chénes Veris, la villa Agar, où nous avions terminé l'excursion de la veille. CL SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Nous pouvons en passant comparer, croissant ensemble dans la ga- rigue, les Ruta bracteosa et angustifolia. Nous retrouvons toutes les plantes caractéristiques de cette sorte de station; on recueille aussi : Gastridium scabrum, Stipa Aristella, Festuca ligustica, etc. De là nous sommes bientôt à la villa Thuret, où d’autres merveilles nous attendent. III L'Esterel (14 mai). Dés six heures et demie du matin, deux wagons réservés par l'adminis- tration du chemin de fer P.-L.-M. emportaient vers la gare du Trayas tous nos confrères disposés à continuer leur moisson. Le ciel, toujours clément, nous promettait ses faveurs. A Cannes, nous embarquons encore quelques-uns des nôtres, et nous voici engagés dans les ravins et les tunnels de l’Esterel. On s’arrête, on se compte; nous sommes soixante-six. Notre but est d'explorer aujourd'hui une partie du massif montagneux de l'Esterel, dont les roches éruptives et siliceuses. aux allures uniformes, s'élévent du niveau de la mer à un maximum de 600 mètres. Il est pro- fondément raviné, couronné de crêtes déchiquetées et abruptes; mais tous les ravins y ont la méme, apparence, et, grâce au service des Forêts qui a patiemment reboisé toute la région, des ruisseaux coulent au fond de chacun d'eux. L'Esterel, en raison de sa nature siliceuse, présente une physionomie qu'on ne retrouve nulle autre part en Provence. Le Chéne-Liége (Quercus Suber) y prospère mieux que le Quercus Iles ; aussi en a-t-on fait des plantations considérables qui fournissent un ren- dement important. Le Pinus maritima est ensuite la principale essence de la forêt. On y rencontre aussi des Pinus halepensis et Pinea. La gare du Trayas a été créée pour le service forestier. Il n'y a, dans son voisinage, ni village, ni villas ; une maison forestière, entourée d'une pépinière d'Acacia et d'Eucalyptus, est la seule habitation qu'on y trouve. Mais nous n'avons pas à songer aux guides. M. l'Inspecteur des Foréts a été assez aimable pour nous envoyer un brigadier et deux gardes forestiers, et M. le garde général Siegés veut bien se réunir à nous dès la descente du train. On se met en marche; une longue guirlande d'ex- cursionnistes se déroule en quelques minutes le long du sentier qui serpente sur les flancs du coteau, ayant en tête et en queue un forestier chargé d'empécher de trop grands écarts, et bientôt tout notre monde, échelonné le long des talus boisés, recueille avec bonheur toutes les vul- garités de l’Esterel : SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. Euphorbia biumbellata. Fumana viscida. Helianthemum guttatum. — Tuberaria. Psoralea bituminosa. Erythræa maritima. Stipa juncea. Urospermum picroides. Simethis bicolor. Phalangium Liliago. Asterolinum stellatum. Lonicera implexa. Helichrysum Stæchas. Silene gallica. Euphorbia Characias. Stæhelina dubia. et çà et là, au milieu du tapis formé Barbarea præcox. Carduus Sanctæ-Balmæ Knautia hybrida. Ornithogalum umbellatum. Genista germanica. Peucedanum Cervaria. Potentilla hirta. — recta. Euphorbia spinosa. Orobanche cruenta. Galium corrudæfolium. Serapias cordigera. CLI Genista pilosa. Senecio lividus, Inula odora. Teucrium Chamædrys. Piptatherum cærulescens. Polygala nicæensis (var. flor. cæruleo et fl. roseo). Passerina hirsuta. Picridium vulgare. Erica arborea. Cistus monspeliensis. — albidus. — salvifolius. Genista hispanica. Geranium purpureum. Stachys recta. par les plantes précédentes : Serapias Lingua. Biscutella Iævigata. — ambigua. Hex Aquifolium. Leucanthemum pallens. Asphodelus cerasifer. Dorycnium suffruticosum. — rectum. Cineraria maritima. Carex œdipostyla. Aira Cupaniana. Nous voici au col du Lentisque, bien nommé, car nous y récoltons le Pistacia Terebinthus en pleine floraison. On s'arréte pour permettre de se reposer un instant; mais nul n'en a souci, et l'on s'éparpille de nouveau sur les coteaux. La végétation est du reste uniforme, les mêmes plantes se retrouvent abondamment partout; il est vrai que les espèces méridionales sont en grand nombre et ne laissent que l'embarras du choix. Les coteaux sont parfumés par les Cistes, les Lavandes, les Thyms et le Romarin. Le fond des ravins est tapissé d'Osmunda rega- lis L., tranchant par la fraicheur de ses frondes sur la teinte sombre des Végétaux à feuilles persistantes, qui l'emportent ici sur toute autre végé- tation. M. Bescherelle est partout où il y a des Muscinées. MM. Bornet et Flahault suivent le lit des ruisseaux pour y trouver des Algues et font de riches récoltes. T à nous M. Boullu, qui était resté un moment en arriére, ne tarde pas à nous rejoindre ; il apporte et distribue : CLII Viola canina. — Riviniana (1). Melica ramosa. Carex gynobasis. Euphorbia segetalis. — exigua. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Mohringia pentandra. Silene italica. Antirrhinum Orontium. Biserrula Pelecinus. Hieracium præaltum. Linaria supina. Linum strictum. Centaurea rigidula. Geranium purpureum. Vincetoxicum officinale. Aristolochia Pistolochia. Euphorbia amygdaloides var. pubescens. — Clematitis. Carex basilaris. Nous descendons maintenant le long d'un c hemin forestier qui domine un ruisseau aux bords escarpés. La bande est trés disséminée. Notre confrére M. Barrandon, reconnaissable de loin, avec sa vaste boite, à la grande satisfaction de ceux qui le cherchent pour lui demander conseil, y entasse les récoltes qu'il a faites avec M. Roudier pour le jardin des plantes de Montpellier; et toujours tout à tous, fouillant par lui-méme tous les coins, il ne laisse rien échapper. Aussi lui devons-nous de pré- cieuses trouvailles : Rubus tomentosus. Iberis linifolia. Leucanthemum montanum. Helianthemum procumbens. Seriola ætnensis. Melica major. Carex olbiensis. Orchis intacta. — Œderi. Aira intermedia. — glauca var. erythrostachys. Asplenium Adiantum-nigrum. Il est onze heures et demie quand nous atteignons le pas de l'Ecureuil. On fait halte avec plaisir aprés trois heures et demie de recherches et de course à travers les rochers, dans les éboulis et le lit des ruisseaux. Il s'agit d'attendre là le déjeuner que l'administration des Forêts, tou- jours bienveillante, a fait transporter jusqu'ici. Il n'est pas encore arrivé. On s'assied, et chacun met un peu d'ordre dans sa boite ou son cartable ; puis quelques-uns des nótres se détachent en éclaireurs pour aller au- devant de nos provisions. A cent pas de là, à l'un des détours du torrent, ils trouvent le couvert mis sur un tapis de mousse. Les forestiers, ayant trouvé l'endroit charmant, nous faisaient la surprise de nous procurer, en méme temps qu'un repas solide, les charmes du paysage le plus ravissant. Les eaux vives du ruisseau courent sous nos pieds en murmurant au mi- lieu des Fougères. A droite et à gauche, nous sommes garantis contre les ardeurs du soleil par de hautes murailles déchiquetées, couvertes de Pins tortueux, que surmontent de hautes aiguilles aux formes fantastiques. En avant et en arrière, grâce aux méandres de l'eau, les deux falaises sem- (1) La saison était trop avancée pour nous permettre de récolter en bon état le Viola esterelensis Chanay et Milliere, localisé dans un ravin près du Trayas (voy. P. Millière in M de la Société des sciences natur. et histor., etc. de Cannes, VIII, page 119 et pl. VI). SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. CLIII blent se rejoindre et nous enfermer dans un cirque aux lignes hardies, au fond duquel est un berceau de verdure. La réfection est terminée. En route! messieurs! En route! Par ici la sortie! — Boîtes, cartables, reprennent leur place sur l'épaule, et les groupes s'avancent de nouveau vers l'ouest, continuant à longer le torrent. Quels merveilleux effets de lumiére! Le soleil est vite couché pour le fond du ravin et pour les falaises exposées à l'est; les Sorbiers (Sorbus torminalis), les Arbousiers (Arbutus Unedo), les Micocouliers (Celtis australis), marient les nuances délicates de leur jeune verdure aux teintes sombres des Chénes verts, des Chénes-Liége, des Pins et des Lauriers-Tins (Viburnum Tinus L.). Leshautes aiguilles, éclairées par le soleil, desquelles se détache cà et là un Pin rabougri, apparaissent en clair sur le ciel d'un bleu profond. Partout les roches suintent, et tout lelong des filets d'eau le gracieux Adiantum Capillus-Veneris forme tapis. Sur le bord du torrent, le Pteris aquilina s'élève au-dessus des massifs d'Osmunda regalis. A chaque courbe du ruisseau, c'est un changement à vue. Nous récoltons toujours; les rochers sont moins secs, car le chemin suit de plus prés le lit du torrent. Nous retrouvons en abondance : Serapias longipetala. Tulipa Celsiana (T. australis Jord.). — cordigera. Trifolium striatum. Iris italica. Lathyrus angulatus. Ranunculus chærophyllos. Knautia collina. Tamus communis. Scrofularia lucida. Narcissus poeticus. Antirrhinum latifolium. Hypochoeris glabra. Nous arrivons à la maison forestiére du Gratadis. C'est ici que réside le brigadier qui nous accompagne : le téléphone le met, depuis plusieurs années, en communication directe avec le garde général de Fréjus et avec toutes les maisons forestières de l'Esterel ; grâce à cette disposition, les désastres causés naguére par de continuels incendies peuvent étre à peu prés évités maintenant. Nous avons, pendant toute cette journée, admiré le soin qui préside à l'entretien de la forét, les bandes garde-feu larges de 20 mètres, courant le long! des crêtes, et ces chemins nés comme par enchantement le long des rochers. M. de Vilmorin veut bien se charger de remercier tout le personnel de l'administration des Foréts, dont le con - cours si dévoué venait de nous rendre agréable et facile une exploration qu'on eût à bon droit considérée comme impossible il y a quelques années encore. On est surpris et charmé de trouver, dans cette région accidentée et sauvage, une forêt si bien aménagée, qu'elle peut être considérée comme un modèle pour la France méridionale. M. de Vilmorin se rend aussi l'interpréte de la Société en regrettant que M. Muterse, inspecteur CLIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. des Forêts, qui a pris l'initiative des dispositions arrêtées pour cette excursion, ait été appelé par son service sur un autre point de l'Esterel, et qu'il ne puisse recevoir lui-même l'hommage unanime de notre recon- naissance. Le temps nous manque pour visiter en détail la pépinière où sont cul- tivés les éléves destinés à peupler l'Esterel; un jeune massif d'Euca- lyptus Globulus de belle venue s'offre à nos regards. Nous cueillons quelques rameaux bien fleuris de Teucrium fruticans et de Melia Aze- darach, naturalisés. Chemin faisant, nous constatons le début de la végé- tation de quelques espéces remarquables, à floraison estivale ou autom- nale: Iberis umbellata, Epilobium rosmarinifolium, Peucedanum officinale, Thapsia villosa, Picnomon Acarna, Solidago Virga-aurea var. nudiflora (S. nudiflora Viv.), Schænus nigricans, ete. Mais la journée s'avance, et nous prenons congé de quelques-uns de nos guides, tandis que les autres nous accompagnent jusqu'à Agay, d’où ils vont rejoindre leur poste. Nous voici bientót sortis du ravin, au niveau du ruisseau, et longeant avec lui le bord méme du massif del'Esterel, dont les falaises tourmentées semblent sortir de la plaine d'alluvions. Nous avons à notre gauche des pentes abruptes; à droite, la plaine cultivée, au milieu de laquelle les dé- tours sinueux de la riviére sont dessinés par les Micocouliers, les Aulnes, les Lauriers-Roses et les Tamariz qui en fixent les rives. Voici, à la grande joie de tous, Echium creticum couvrant les bords du chemin, et de plus: Raphanus Landra. Lathyrus Clymenum. Andryala integrifolia. Filago gallica. Neslia paniculata. Silene italica. Erodium ciconium, Linaria Pelliceriana. Fumaria Bastardi. Valerianella carinata. Trifolium Cherleri. — scabrum. Verbascum Boerhavii. Avena barbata. Vicia atropurpurea. — bithynica. Rubia peregrina. Euphorbia dulcis. — capreolata. Lamium maculatum. -— speciosa. Plantago Bellardi. — parviflora. Cyperus longus. Centranthus Calcitrapa. Festuca ligustica. Le soleil baisse, les crêtes profilent au loin leur ombre sur les coteaux ; le paysage prend plus de relief et de douceur. Voici la plage d'Agay, à la courbe gracieuse, opposant la simplicité de son dessin aux lignes heur- tées de la montagne, du bas de laquelle elle se détache, opposant aussi son sable blanc aux porphyres rouges qui la limitent des deux côtés. Nous allons recueillir P Asphodelus microcarpus, que nous pouvons com- SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. CLV parer sur place à PA. cerasifer, en attendant que le train nous ramène vers nos quartiers généraux (1). Notre itinéraire ne nous a pas permis de recueillir nous-mêmes l'Al- lium siculum Ucria (Nectaroscordium siculum Lindl.), dont la seule lo- calité française est voisine du col des Adrets, àla Suvière de l'Esterel (2); mais il ne convenait pas que la Société botanique vint ici sans constater la présence de cette précieuse espéce. Un de nos guides, averti d'avance, en a récolté vingt-cinq exemplaires qui ont été distribués pendant l'excur- sion à ceux qui les ont désirés. En somme, chacun est satisfait de l'emploi de sa journée et se propose de consacrer la matinée du lendemain au soin de ses récoltes. IV Colline de Biot (15 mai). À midi et demi, nous remplissons les voitures qui doivent nous per- mettre de réaliser en peu de temps et sans trop de fatiguele programme que nous nous sommes tracé. Comme l’Esterel, les collines de Biot constituent un point particulière- ment intéressant de la flore littorale. Une éruption trachytique, s'étendant sous forme de coulées plus ou moins irréguliéres sur un espace de quel- ques kilomètres, leur a donné naissance. Elles sont constituées par une roche homogène de dureté moyenne, se désagrégeant lentement à la surface, et qui renferme sous forme d'enclaves une quantité énorme de débris éruptifs de diverse nature; on voit presque partout la roche à peine désagrégée, à la surface du sol: ce qui a valu sans doute à ce petit massif la dénomination de colline des Aspres qu'on lui donne quelque- fois. Grâce à l'imperméabilité de ce sol compacte, il se forme, dans toutes les dépressions, des sources, des filets d'eau qui arrosent les moindres vallons et y favorisent le développement d'une riche végétation. De plus, des carriéres, qu'on y exploite cà et là pour l'extraction de dalles réfrac- taires à l'action des acides et du feu, se transforment peu à peu en mares précieuses pour le botaniste. . Mais, avant d'aborder les collines, arrétons-nous un instant sur les alluvions dela Brague, que nous traversons en ce moment. Si nous n avions devant nous le village de Biot, qui se dresse à la manière italienne sur un (1) On trouve non loin de là le Biserrula Pelecinus L. cantonné dans un étroit espace. (2) Suviére est un lieu planté de Quercus Suber (en provencal, suve). — perrey mond s'exprime ainsi, au sujet de l'Allium siculum, dans son Catalogue s es ki ant s ph née games qui croissent aux environs de Fréjus, page 4 (1833): « J'ai trou » espèce dans le Malpey, sur le versant nord-ouest de la Suviero. » CLVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. mamelon escarpé, et au-dessus de nous un ciel d’un bleu profond qui nous éblouit, nous pourrions nous croire en Flandre dans ce petit coin. Le ruisseau, presque toujours réduit à un simple filet d'eau « susurrans sub gramine »,est tristement célébre par les désastres que, tout récem- ment encore, ses débordements ont causés. Ce n'est pas cependant qu'il manque d'espace pour s'étendre; une plaine horizontale de 3 kilomètres le sépare de l'étang de Vaugrenier, dans lequelil peut au besoin déverser une partie de ses eaux. Il faut avoir étudié le régime des pluies dans les vallées déboisées du Midi pour se faire une idée de la masse d'eau qui peut étre amenée en quelques instants sur un point déterminé. Nous nous laissons tenter par les hautes herbes des prairies, et nous ne tardons pas à y récolter : Bartsia viscosa. Vicia peregrina. Orchis latifolia. — hirta. Ranunculus ophioglossifolius. | OEnanthe peucedanifolia. — velutinus. Veronica Anagallis. Vicia disperma. | — chærophyllos. ! i OEnanthe globulosa. et nombre de plantes que lon rencontre dans les prairies de la France tempérée. Le bord des fossés est couvert de Selaginella denticulata, formant un tapis des plus gracieux. Nous arrivons bientôt au pied du village. Nos voitures vont nous attendre pendant que nous explorons les collines, que ne dessert aucun chemin carrossable. Nous traversons un chemin d'exploitation, et nous voici à l'extrémité d'une coulée de trachyte. La végétation change d'aspeet. Un tapis de Graminées de petite taille, tout émaillé de Bellis annua s'épanouissant au soleil par milliers, est bientót exploré ; nous y récoltons : Ophrys aranifera. Aira Cupaniana. — Bertolonii. Phalaris cærulescens. Galium divaricatum. Trifolium resupinatum. — eminens. Aristolochia Pistolochia. Ranunculus chærophyllos. Psilurus nardoides. Dans les vallons, la végétation est plus luxuriante. Au milieu des buis- sons impénétrables de Quercus Ilex, d'Erica arborea et de Spartium spinosum, on récolte encore : Tolpis barbata. Erythræa maritima. Linaria Pelliceriana. Ophioglossum lusitanicum. Asphèdelus fistulosus. En s'écartant un peu du gros de la troupe, quelques-uns d'entre nous ont pu recueillir en abondance l'Isoetes Duriæi, qui forme tapis au fond SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. CLVII dun ravin. Sur le bord des coulées, là où la masse est plus mouvementée, on trouve sous chaque bloc une touffe de Notochlena Marante, et sur les talus abrités s'offre à nos regards le gracieux Grammitis lepto- phylla, associé souvent à l'Aspidium fragile et à l'Adiantum Capillus- Veneris. Nous cherchons en vain le Molineria minuta que M. Bornet, notre guide, trouvait naguére en cet endroit. C'est la seule plante remarquable signalée à nos recherches, qui jusqu'ici nous ait fait défaut. Il faut pour- tant y renoncer, l'heures'avance, et, du plateau où nous sommes, le village de Biot nous apparaît si coquettement perché sur ses rochers, que nous ne pouvons résister à l'envie de le voir de plus prés. Nous redescendons le long d'un étroit sentier adossé au trachyte, bordant d'autre part des cultures d'Orangers et d'Oliviers, au milieu desquelles nous remarquons : Veronica Cymbalaria. Vicia lutea. Campanula Erinus. Crassula Magnolii. Medicago minima var. longiseta. Zacintha verrucosa. Aprés avoir traversé le ravin qui nous sépare de Biot, nous gravissons les pentes conduisant au village ; tandis que les uns y arrivent en montant un escalier tortueux, à travers un dédale de ruelles pittoresques, d'autres, àl'arriére-garde, fatigués par le soleil ardent, prennent un chemin plus long, mais beaucoup plus facile, car il est accessible aux mulets. Nous parvenons enfin à de hautes terrasses dominant le vallon, vrais observatoires d'oü les habitants de Biot peuvent le soir contempler leurs cultures, et nous avançons au milieu d'un labyrinthe de hautes maisons aux toits plats, presque sans fenétres, au seuil élevé. Nous voici enfin sur la place; une plaque de tóle peinte aux couleurs nationales, servant à la fois de girouette et de drapeau, surmonte le campanile de la modeste église. Une galerie voütée court tout autour de la place, abritant contre les ardeurs du soleil le café et les maisons aristocratiques de l'endroit. Les enfants, tout à l'heure paresseusement couchés dans la poussière, habiles déjà dans l'art du far-niente, se sont réveillés à notre approche et nous escortent en masse sur la place. Nous confions aux plus grands, trés fiers de leur mission, la garde des boites et des cartables accumulés en haute pile, et nous envahissons le café, trop étroit pour nous contenir. Tandis que nous absorbons tout ce qu'on peut nous offrir, des groupes se forment ; aux enfants, qui nous regardent avec des yeux étonnés, sont venus se joindre des jeunes gens et des hommes, puis des femmes et des jeunes filles, l'amphore de terre cuite sur la téte, les mains sur les hanches, qui reviennent, pieds nus, du vallon avec leur provision d'eau. Quel gracieux tableau ! et combien d'entre nous ont regretté de ne pouvoir en fixer le Souvenir! Cette nature tout italienne, ce village pittoresque doucement éclairé par le soleil couchant, et ces femmes à la haute stature, à la taiile U CLVIII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. élancée, au teint foncé, à l'œil noir, gravissant lentement le long esca- lier ; ces amphores aux formes antiques, ces chevreaux effarouchés qui gambadent : tout cela réalise une idylle vivante que nous ne nous lassons pas d'admirer, et qui demeurera longtemps gravée dans notre esprit! Mais nous voici de nouveau au bas du village; nous remontons en voi- ture, et, longeant la rive droite dela Brague, nous ne tardons pas à rentrer à Antibes, où nous avons beaucoup à faire ce soir pour mettre en ordre nos récoltes. V Excursion aux iles de Lérins (16 mai). À huit heures du matin, le vapeur Ville-de-Cannes chauffait dans le port d'Antibes. Une tente abritait l’arrière, sur lequel se trouvaient réu- nis déjà presque tous nos collègues. Les voitures se succédaient sur le quai, et nous embarquions bon nombre d'invités de distinclion, qui nous faisaient l'honneur de s'associer à nous. A l'heure convenue, tout le monde est à son poste, les matelots s'apprétent à lever l'ancre ; on n'at- tend que le signal du départ. Mais voici que s'élévent de toutes parts des chants de féte et des cris joyeux; une voiture impatiemment attendue arrive encore. « Vive notre Président! Vive M. Planchon! » crie-t-on à l'unisson. C'est que notre savant et vénéré Président nous arrive enfin. Il est entouré, recu, fété, et, avant méme qu'il ait eu le temps de songer à se rendre à bord, il y est installé au milieu de ses nombreux amis, et le bateau double la jetée qui abrite le port contre les vents d'est. La journée promet d’être chaude: une brume légère, qui sera bientôt dissipée, nous cache l'horizon; l'air est calme et sans brise, la mer est d'huile, et nous pouvons suivre sous ses eaux limpides toutes les variations du fond : roches couverles d'Algues calcaires, sables fins, prairies de Posidonia, remplaçant ici les Zostères des côtes de Bretagne. Tous les points que nous avons parcourus samedi dernier se déroulent successivement devant nous : la pointe Bacon, le phare et les falaises de la Garoupe, le cap Gros, les luxueuses villas. Nous passons au plus près du plan de l’Ilette, et nous mettons le cap sur la pointe nord de l'ile Saint-Honorat. Le temps est toujours aussi calme, la navigation l'est aussi; tout est joyeux à bord, et l'on arrive sans impatience en face de Saint-Honorat, signalé de loin par le haut clocher de son couvent. Nous longeons l'ilot de Saint-Ferréol, les récifs du nord, et, virant de bordà la pointe Barbier, nous nous engageons dans le chenal qui sépare Saint-Honorat de Sainte- Marguerite. Un débarcadère en pilotis reçoit bientôt tout notre monde, et nous nous répandons allègrement dans les cultures et sous les Pins, pen- dant qu’on dresse le couvert. SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. CLIX La flore de Saint-Honorat n'offre rien de particulier ; aussi acceptons- nous sans hésiter la pensée de visiter les ruines de l'ancien couvent, l'un des plus célèbres dans l'histoire par la science de ses premiers habitants en méme temps que par les luttes opiniàtres et glorieuses qu'ils soutin- rent pendant de longs siécles contre les Maures. Fortifiés par le péril de tous les jours et par l'étude, les moines de Saint-Honorat furent longtemps les gardiens des grandes traditions philosophiques et littéraires de la chrétienté. Mais la paix et l'opulence devinrent pour eux, comme pour toute société, des causes de déchéance ; n'ayant plus à soutenir de guerre défensive, leur activité se tourna vers les luttes politiques, jusqu'au moment de leur ruine. Aujourd'hui Saint-Honorat possède encore quelques moines, occupés de la culture de la terre et du soin des orphelins. L'un d'entre eux nous fait les honneurs du vieux donjon battu par la vague, dernier reste de la puissance d'autrefois. Nous y admirons un cloitre bien conservé; nous admirons surtout la vue dont on jouit de la plate-forme, et nous redescendons bientót à l'ombre des Pins, aprés avoir cueilli à ütre de souvenir le Matthiola incana. i Au milieu des vignes et des terres labourées qui entourent le monas- tère, nous retrouvons presque toute la végétation du cap d'Antibes : Papaver hybridum, Medicago scutellata, Vicia bithynica, Valeria- nella puberula, Hyoscyamus albus, Scrofularia peregrina, Euphorbia peploides, Ornithogalum narbonense, etc., etc. L'heure du déjeuner est venue; tout le monde est prêt à y faire hon- heur et se concentre peu à peu vers la côte septentrionale de l'ile. De blanches nappes couvrent les tables rustiques; nos matelots, sous la di- rection d’un des plus habiles marins d'Antibes, sont à leurs fourneaux. Le patron du Maris-Stella tient à montrer qu'il est aussi vaillant devant le feu qu'à la barre de son cotre ; personne n'hésite à déclarer que des fées ont dà, pendant notre courte absence, seconder ses efforts et veiller aux préparatifs, car des hommes seraient inhabiles à ordonner les choses avec un goût si délicat. mE Peu de temps aprés, la Ville-de-Cannes mettait ses embarcations à la meret nous débarquait, par séries de dix, sur la gréve solitaire, de l'autre côté du chenal. . . Nous voici à Sainte-Marguerite, longeant le chemin forestier qui court tout le long de la rive méridionale, ayant d’un côté les épais fourrés de Pinus Pinea, de l'autre la mer, dont nous ne sommes separes que par une étroite bande plantée de Pins. Ici encore nous retrouvons ce con- traste charmant d'une mer d'azur et de l'ombrage épais de la forét; ici, plus que partout ailleurs, nous pouvons admirer cette végétation du climat méditerranéen avec ses grands Pins battus par la vague et qui semblent Sans cesse en lutte avec elle. CLX SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. A peine débarqués, nous trouvons en abondance, commençant à fleu- rir sous les taillis de Pins, le Ferula nodiflora L., l'une des plantes les plus caractéristiques et les plus abondantes de l'ile, d’où elle a été intro- duite au cap d'Antibes. Il nous suffit d'entrer dans le bois pour cueillir : Cineraria maritima. Cistus crispus. Galium murale. Viburnum Tinus. Rubia peregrina. Ornithogalum narbonense. Orobanche Epithymum (sur Thymus vul- | Rosmarinus officinalis. garis). Serapias cordigera. — fuliginosa (Sur les racines du Cineraria | — Lingua. maritima). Malva nicæensis. — concolor. — silvestris. Asterolinum stellatum Vicia gracilis. Carex basilaris. Trixago apula. Spartium junceum. — viscosa. Thymelea hirsuta. Aristolochia rotunda. Cakile littoralis. Dans les endroits découverts et sur les rochers battus directement par la mer, nous retrouvons : Frankenia levis. Lavatera Olbia. — intermedia. Anarrhinum bellidifolium. Nous arrivons bientót au bord du marais salant qui occupe la pointe occidentale de l'ile; nous nous y arrétons longtemps, car la flore en est très particulière et intéressante. On y signale, au milieu des jeunes plan- tations d Eucalyptus : Reseda Luteola. Erythræa spicata. Ononis breviflora. Carex setifolia. — reclinata. Airopsis globosa. — mitissima. Galium murale. Lotus tenuis. Urtica membranacea. — hispidus. Asphodelus fistulosus. — edulis. Festuca arundinacea. Lythrum Hyssopifolia. Milium multiflorum. Mercurialis ambigua. Ruppia maritima. Asphodelus fistulosus. Aristella bromoides. —- microcarpus. Gastridium scabrum. Romulea ramiflora. Hypericum australe. Astragalus hamosus. Ferula nodiflora, Potentilla hirta. Chara alopecuroides Del. var. Wallrothii- Silybum Marianum. Braun. Anacyclus radiatus. Sur les rives mêmes du marais, nous recueillons le curieux petit Lau- rentia Michelii; au milieu des décombres et des ruines prospèrent : Hyoscyamus albus et Smyrnium Olusatrum. Nous nous approchons ensuite du château si tristement célèbre dans notre histoire contemporaine, et nous récoltons au pied de ses murs : SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. Matthiola incana. Cheiranthus Cheiri. CLXI Silybum Marianum. Plantago Lagopus. Et, pendant que quelques-uns d'entre nous vont visiter le cachot du mvsté- rieux Masque de fer et voir l'endroit par où l'on prétend qu'est descendu, le long de la haute falaise, l'ex-maréchal Bazaine, la plupart des nótres, satisfaits de leurs récoltes et fatigués par l'éclat de la lumière plus que par la chaleur, vont attendre le moment du départ dans un café cham- pêtre. Ils y sont servis par un fils du Prophète, beau garçon devingt-cinq ans, qui paraît fort peu soucieux de sa captivité et de l’abaissement de sa race. Que lui importe que ses pères soient venus ici en vainqueurs et qu'il y languisse misérablement! N'a-t-il pas ici le soleil d'Afrique et la liberté de dormir tout le jour? Il a pourtant conservé quelque chose de la fierté native des anciens Maures, car il refuse avec une charmante naiveté les pourboires qu'on lui offre. À cinq heures, notre vapeur, mouillé sous le fort, donnait un premier signal ; les chaloupes sont bientót à terre, et, tout le monde répondant à l'appel, nous sommes à bord en un instant. Quelques minutes aprés, la Ville-de-Cannes reprenait sa course, cinglant vers l'E. N. E. Nous ne tardons pas à laisser loin derrière nous le fort de Sainte-Marguerite et la forél de Pins ; tout cela se voile peu à peu dans la brumelointaine. Nous voilà en face du plan de l'Ilette. Nous y débarquons un de nos confrères que ses devoirs forcent à se séparer de nous, et, pendant que nos regards et nos vœux le suivent de loin, déjà nous avons repris notre course. Voici le cap Gros et le phare; voici enfin le port et les quais, où nous débarquons, chargés d'un gros butin et trés heureux de la journée. COMPTE RENDU DES HERBORISATIONS FAITES DANS LES ENVIRONS DE GRASSE, LES 18 ET 19 MAI 1883 (GORGES DU LOUP, PLATEAU DE CAUSSOLS, BOIS DE GOURDON); par M. l'abbé PONS. La Société botanique de France, pendant la session extraordinaire tenue à Antibes, a consacré deux journées d'herborisations aux environs de Grasse. Elle a exploré, le 48 mai, les gorges du Loup; le 19, le plateau de Caussols et le bois de Gourdon. . Grâce à une succession rapide de stations diverses dans un pays trés accidenté, peu de régions offrent plus d'intérêt au touriste et plus d a- gréables surprises au botaniste. Soit que l'on parcoure la prairie s! ler au bas du coteau sur lequel Grasse semble s'être assise pour contemp er ses belles campagnes et respirer l'air embaumé de sa ceinture de jardins K T. XXX. CLXII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. plantés d'Orangers, de Jasmins, de Tubéreuses, de Jonquilles et de Roses; soit que l'on gravisse les coteaux ombragés par des foréts d'Oliviers, ou que l'on traverse les petites vallées herbeuses dont ils sont entrecoupés, partout se trouvent de véritables trésors botaniques. Nous sommes au mois de mai; les Narcisses, les Anémones, les Tulipes et les Jacinthes sont passés, et l'on ne peut plus que montrer les empla- cements où ces belles plantes fleurissent de décembre en avril. De la promenade du Cours, on peut voir, daus toutes les directions, les stations où elles croissent. Au midi, tout au fond de la prairie et de la plaine que traverse le chemin de fer de Cannes à Grasse, est Mouans, magnifique et incomparable localité d’Anémones renfermant le groupe entier de PA. hortensis L. Anemone stellata Lamk. Anemone variata Jord. — ocellata Moggridge. — lepida Jord. — pavonina Lamk. Plus prés de la ville, sur le plateau qui domine la gare au sud, l’ Ane- mone Mouansii Hanry var. purpurea ; sur le versant qui suit, le quartier Saint-Antoine se reliant du côté du couchant au quartier Saint-Jacques, on trouve : Anemone coccinea Jord. Anemone Rissoana Jord., et var. flore pleno — coronarioides Hanry. (stellata Risso). — Mouansii Hanry var. cærulea. — grassensis Goaty et Pons, et var. flore — — var. albo-cærulea. pleno. Tout à côté, sur les bords des sentiers, dans les haies et sur le bord des ruisseaux, fleurissent en même temps : Narcissus incomparabilis Mill. — biflorus Curt. — Tazetta L. Narcissus aureus Lois. — chrysanthus DC. — odorus L. Dans les champs cultivés, sous les Oliviers: Tulipa præcox Ten. Tulipa Clusiana DC. — Oculus-solis Saint-Am. Dans le quartier Saint-Antoine, sur le plateau des Ouaspres, se trou- vait, il y a une vingtaine d'années, une station de magnifiques Tulipes à la hampe élevée de 30 à 50 centimètres, aux corolles d'un beau jaune d'or, le Tulipa Billietiana Jordan, aujourd'hui détruite par les proprié- taires et aussi par les vandales qui ravagent toutes les localités de nos belles plantes. Pendaut que ces fleurs s'épanouissent sous les chauds rayons du soleil de notre Provence, l'Hyacinthus orientalis L. couvre littéralement de SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. CLXIII ses fleurs bleues (et quelquefois blanches) la plus grande partie de nos champs cultivés. De toutes ces intéressantes espèces, il ne reste plus à cette heure que quelques feuilles desséchées et brülées par les froids tardifs et inaccou- tumés qui ont désolé cette année notre beau pays. Pendant que nous énumérions ainsi les récoltes que nous aurions pu faire deux mois plus tôt, le train était arrivé en gare de Grasse, et une longue file de voitures s’élevait le long des lacets de la route, transportant les membres de la Société botanique, dont nous avions le plaisir de devenir le guide. Sans prendre un instant de repos, et les ordres étant donnės pour le soir et le lendemain, on repart aussitôt, défilant sur la promenade du Jeu de ballon devant les oisifs et les curieux, qui se demandent ce que peuvent bien aller faire un si grand nombre de personnes munies de boites et de cartables. Nous voilà sortis de la ville, nous dirigeant vers l’est. Tout en admirant le magnifique panorama qui s'étend sous nos yeux, sur le parcours de la route de Grasse au Bar, la plus belle, la plus agréable du pays, et qui se déroule en serpentant sur le flanc de la montagne, on observe les plantes qui forment le fond de la végétation indiquée. Nous sommes à 350 métres d'altitude, sur un terrain calcaire juras- sique oà domine la marne argileuse, au milieu d'énormes Oliviers qui ombragent ia route. Dans les champs cultivés s'élevant en terrasses sou- tenues par de grands murs qui donnent au paysage un aspect tout parti- culier, dans les ravins, sur quelques pentes incultes et rocheuses qui dominent la route, on remarque : Nigella damascena. Silene italica. Papaver Rhoeas. Lavatera punctata. — dubium. Erodium romanum. — hybridum. — malacoides. Fumaria officinalis." Trifolium lappaceum. — capreolata. Hippocrepis unisiliquosa. — Bastardi. Bifora testiculata. Arabis Thaliana. Vinca major. Lithospermum purpureo-cæruleum. — sagittata. mur Diplotaxis erucoides. Anchusa jtalica, ' iscutella lævigata. syr 2 Raphanus Landra. Ornithogalum divergens. Reseda Phyteuma. — narbonense. Polygala nicæensis. Allium nigrum, etc., etc. Saponaria ocymoides. Nous saluons en passantle Quercus Fontanesii Guss.; il est au fond de la vallée, à droite de la route, à la fontaine des Gavots, quartier de Saint- lean, non loin d'un bouquet de Chénes oü l'on remarque, au milieu de Quercus pubescens Willd., le Quercus pedunculata Erhrh. et trois pieds CLXIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de Quercus CerrisL. Au milieu de la pelouse on peut récolter le Genista tinctoria et le Neottia Nidus-avis. En passant à Magagnosc, groupe de petits hameaux appartenant à la commune de Grasse, nous voyons, sur un des talus de la route, les larges feuilles du Nardosmia fragrans Reichb., au milieu desquelles s’élèvent des hampes desséchées des Narcissus aureus Lois. et chrysanthus DC. Tout près se trouve une station des Anemone rosea Hanry et grassensis (flore pleno). Un ravin situé entre le hameau de Saint-Laurent et celui du Thouronet est entiérement bordé de Laurus nobilis L., au pied desquels se trou- vent de grandes touffes du Scilla hyacinthoides L. qui fleurit rarement, et une belle station des Narcissus biflorus Curt. et major L. var. obesus; dans les environs, quelques touffes du Narcissus constantinopolitanus à fleurs doubles, tandis que, dans l'intervalle des pierres qui forment les vieux murs, au milieu de l Asplenium Trichomanes et du Ceterach offi- cinarum, on apercoit cà et là des touffes de Cheilanthes odora Sw. A un kilométre de distance, on arrive au pré du Lac, ainsi nommé parce qu'il est entouré de coteaux et se trouve au-dessous du niveau des routes qui l'entourent, de telle sorte que les eaux pluviales y séjournent quelques jours à la saison d'hiver. 'Si le temps le permettait, il faudrait s EM quelques instants pour récolter dans le pré : Saponaria vaccaria. Trifolium resupinatum. Trifolium maritimum. — nigrescens. — scabrum. ' Orchis laxiflora. — glomeratum. — maculata. et différentes formes du Narcissus Tazetta L. Gravissant ensuite le petit coteau de la Treille, nous aurions trouvé en graine l'Iberis pinnata, et en pleine floraison: Phyteuma orbiculare. Ophrys aranifera. Euphrasia officinalis var. nemorosa. — atrata. Phelipæa Muteli. — Bertolonii. Orobanche Epithymum. — apifera. Orchis papilionacea. — lutea. — coriophora. Il faut se contenter de saluer en passant cette petite station ; nos che- vaux précipitent leur allure, nous avons bientôt tourné le coteau, et nous roulons sur une pente assez rapide, laissant derrière nous la vue de la mer bleue, de Grasse et de son riche bassin. En face s’élève le pic de Courmettes, qui, dépouillé de ses Chênes séculaires, ne présente plus aujourd'hui que des pentes dénudées, abruptes et rocailleuses. La route se trouve en ce moment resserrée entre le flanc de la montagne, au nord, SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. CLXV et une série de collines aux crêtes ondulées, du côté de la mer; leur ver- sant nord est en grande partie planté de vignes et d'arbres fruitiers. (à et là on remarque des parties herbeuses couvertes de Coriaria myrti- folia, Spartium junceum et spinosum. Bientôt la vallée s'élargit; le nouveau bassin qui s'offre à nos regards n'est ni moins riche, ni moins fertile, ni moins riant que celui que nous venons de franchir, et il est sans contredit plus pittore:que. Tout au fond et au nord, apparait le Cheiron, la téte encore couverte de neige. Les montagnes de Caussols, courant de l’est à l'ouest, semblents'en détacher et descendre d'étage en étage jusqu'au-dessus de nos tétes; des rochers escarpés forment la crête de Auriac, au sommet de laquelle on trouve les traces d'un vieux camp retranché remontant au temps des Ligures. Au fond de la vallée on aperçoit des prairies verdoyantes, et l'on devine un cours d'eau à la ligne de Saules et de Peupliers qui les traverse. C'est Ja petite rivière le Loup. Elle semble dormir et se reposer en ces lieux ombragés, aprés sa course précipitée et ses bonds furieux à travers les rochers et les précipices vers lesquels nous nous acheminons. Devant nous, sur le flanc dela montagne, au pied d'un rocher exposé aux chauds rayons du soleil, apparait un vieux village bàti en amphi- théâtre, dominé par la tour de son clocher et la masse informe de son château féodal démantelé. Aprés un détour la route passe au pied du Bar. On devine des rues étroites et montueuses. Mais quelle belle ceinture d'Orangers, de Citronniers! quel doux climat! quelle végétation luxuriante ! Ces murs décrépits, ces maisons croulantes, seraient un contraste pénible, dans ce ravissant paysage, avec cette vigueur sans cesse renouvelée de ia végétation, avec ces jardins parfumés qui les entourent, si ce spectacle ne nous enseignait la différence qui existe entre les œuvres de l'homme et celles du créateur de la nature. La route tourne le village, le paysage n'est plus le méme. En face sont les gorges du Loup; là-haut, sur les hauteurs à gauche, le village de Gourdon, sur son rocher taillé à pic à plusieurs cenlaines de mètres au- dessus de nos têtes ; à droite, les pentes rapides de Courmettes ; au fond de la vallée qui se rétrécit de plus en plus, le Loup hurlant et grondant. Le signal est donné, les voitures s'arrêtent, les herborisations commen- cent. Sur le bord du ruisseau qui sépare le territoire de la commune du Bar de celui de la commune de Gourdon, nous cherchons vainement le Scilla italica L.; il est complètement passé : nous le trouverons demain sur la montagne. On récolte : Pulmonariu saccharata, Symphytum tu- berosum, Lithospermum purpureo-ceruleum et quelques autres p antes communes dans la localité. On prend ensuite le sentier qui conduit direc- tement aux gorges du Loup. CLXVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE LE FRANCE. Nous ne sommes point de simples touristes, je ne décrirai donc point ces belles horreurs de la nature que l'on revoit toujours avec un nouveau plaisir. Devant ces masses imposantes de rochers taillés à pic s'élevant à des hauteurs vertigineuses au-dessus de nos têtes et sur les flancs des- quels l'étroit sentier semble suspendu, à la vue de ces filets d'eau tombant en cascades au milieu de la mousse et des arbustes qui sortent de l'an- fractuosité des rochers, on éprouve toujours un saisissement d'admiration dont on ne peut se défendre. Aprés une halteà la grotte du Fugueiret, pendant laquelle nos crypto- gamistes observent les Mousses, les Algues et les Lichens, tout le monde se met en marche et butine à droite et à gauche de l'étroit sentier. Là se trouvent : Campanula macrorrhiza (qu'on apercoit | Spartium spinosum. dans toutes les fissures des rochers). | — junceum. Ranunculus parviflorus. Helleborus fœtidus. Brassica Robertiana. Hesperis laciniata. Erysimum australe. Sisymbrium Irio. Arabis auriculata. — sagittata. Alyssum halimifolium. Aethionema saxatile. Biscutella lævigata. — Burseri. Calepina Corvini. Cistus albidus. Belianthemum lævipes. — italicum. — vulgare. Polygala nicæensis. Silene italica. Saponaria officinalis. — ocymoides. Linum narbonense. — tenuifolium. Hypericum Coris. Androsæmum officinale. Tilia silvestris. Malva nicæensis. Lavatera maritima. Geranium lucidum. — purpureum. Erodium malacoides. Ruta bracteosa. Vitis vinifera. Acer opulifolium. — campestre. Rhamnus Alaternus, Pistacia Terebinthus. Rhus Cotinus. Genista pilosa. — cinerea. — hispanica. Cytisus sessilifolius. — argenteus. Anthyllis Vulneraria. — tetraphylla. Dorycnium suffruticosum. Astragalus monspessulanus Colutea arborescens. Psoralea bituminosa. Lathyrus angulatus. — silvestris. Scorpiurus subvillosa Coronilla Emerus. — minima. — scorpioides. Hippocrepis comosa. Potentilla recta. — reptans. — verna. — caulescens. Rosa sepium. Sorbus Aria. Amelanchier vulgaris. Saxifraga cuneifolia. Orlaya grandiflora. Laserpitium gallicum. Peucedanum Cervaria. Feniculum officinale. — piperitum. Molopospermum cicutarium . Cephalaria leucantha. Echinops Ritro. — sphærocephalus. Carduus Sanctæ-Balmæ. Phagnalon sordidum. — saxatile. SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. Catananche cærulea. Rhagadiolus stellatus. — edulis. Urospermum Dalechampii. — picroides. Lactuca muralis. Picridium vulgare. Pterotheca nemausensis. Hieracium murorum. Fraxinus Ornus. Olea europa. Vinca major. Vincetoxicum officinale. Chlora perfoliata. Erythrea Centaurium. Echium tuberculatum. Solanum Dulcamara. — nigrum. — miniatum Veronica Chamædrys. — Teucrium. — arvensis. — agrestis. — hederætolia. — Cymbalaria. Scrofularia lucida. Digitalis lutea. Antirrhinum latifolium. Salvia Sclarea. — Verbenaca. Stachys heraclea. Ballota spinosa. Melittis Melissophyllum. Coris monspeliensis. Samolus Valerandi. Plumbago europæa. Rumex scutatus. — Acetosa. Daphne Laureola. — Gnidium. Thesium divaricatum. Osyris alba. Aristolochia Pistolochia. — rotunda. Euphorbia spinosa.. — nicæensis. — Characias. Humulus Lupulus. Celtis australis. Ulmus campestris. Ficus Carica. Quercus pubescens. — Ilex. Ostrya carpinifolia. Salix alba. — fragilis. — purpurea. Taxus baccata. Juniperus Oxycedrus Orchis tridentata. — Simia. — pyramidalis. — odoratissima. Ophrys aranifera. — Scolopax. — apifera. — fusca. Aceras anthropophora. Cephalanthera ensifolia. — rubra. Epipactis latifolia. Asparagus acutifolius. Smilax aspera. Aphyllanthes monspeliensis. Potamogeton crispus. Arum italicum. Juncus conglomeratus. — effusus. — glavcus. Carex divulsa. — distans. Stipa tortilis. Sesleria cærulea. Melica Bauhini. — major. Milium cærulescens. Arundo Donax. Ceterach officinarum. Polypodium vulgare. — Asplenium Ruta-muraria. Scolopendrium officinale. Equisetum arvense. — palustre. CLXVII Afin que l'herborisation füt compléte, il aurait fallu, aprés le déjeuner, explorer rapidement les gazons ombragés de Chénes qui se trouvent à mi- hauteur du coteau, sur la rive gauche du Loup, oü croissent bon nombre d'Orchidées, puis se diviser en deux bandes, suivre les deux B de la rivière jusqu'au pont de la vieille route de Vence et remonter au Bar par le quartier des Vignes : on aurait alors considérablement augmenté les CLXVIIT SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. récoltes de la journée; mais la course eüt été longue et pénible, il fallait ménager ses forces pour la longue course du lendemain. A cinq heures on donne le signal du départ. Nous gravissons assez rapidement la cóte. En traversant de nouveau les hameaux de Magagnosc, un bois qui se dérobait le matin à nos observations se dresse en face de nous sur le flanc d'une pente rapide et descend des hauteurs de la montagne jusqu'au bord de la route. Là croissent : Ostrya carpinifolia, Quercus Ilex, Q. pubescens, Sorbus Aria, Acer opulifolium, A. campestre, Arbutus Unedo. Au pied des rochers se trouve une magnifique localité du Lilium Pomponium. Cà et là, bon nombre de plantes spéciales à la contrée. Nous félicitons et remercions M. le commandant Raynaud, pro- priétaire de Malbosc. Cottage, d'avoir su respecter cette magnifique station dans les réparations et embellissements qui ont fait de son bois la promenade la plus agréable et la plus ravissante de Grasse ; les tou- ristes etles hommes de scienee sont assurés d'y recevoir toujours un gra- cieux et sympathique accueil. l Quelques minutes après, nous arrivions à Grasse pour nous reposer des fatigues de la journée et nous préparer à l’excursion du lendemain. Le samedi 19 mai, ceux d’entre nous qui devaient faire l’excursion du plateau de Caussols partaient à cinq heures et demie par la route de Saint-Vallier et le col de Ferriez. C'est avec regret qu'on avait dü renoncer à passer par le plateau de la Melle, l'exploration préparatoire ayant montré que les meilleures plantes de cette localité, parmi lesquelles le Smyrnium perfoliatum L., Alyssum halimifolium L., le Ranun- culus albicans Jord., wétaient point en état d’être récoltées. La route de Grasse à Saint-Vallier est montueuse ; aprés 2 kilomè- tres de marche on quitte la région de l'Olivier, et l’on se trouve en pleine montagne, entre 600 et 700 mètres d'altitude, toujours dans le terrain calcaire. La route traverse un terrain vague et rocailleux. Dans l’anfrac- tuosité des pierres, au milieu des rochers, nous remarquons : Linum strictum. Polygala nicæensis. Cistus albidus. Helianthemum vulgare. — lævipes. — Fumana. Coris monspeliensis. Lavandula Spica. Cynoglossum cheirifolium. Lepidium hirtum. Polygala monspeliaca. Cerastium arvense. Erodium romanum. A mesure que l'on s'élève, quelques plantes alpines commencent à se Erodium cicutarium. Ruta bracteosa. Pistacia Terebinthus. Rhus Cotinus. Argyrolobium Linnæanum. Galactites tomentosa. Carduus pycnocephalus. — carlinæfolius. Helichrysum Stæchas. Echium pustulatum. Euphorbia spinosa. — Cyparissias. — falcata. | SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. CLXIX montrer, mais elles sont rares encore. Au détour du grand vallon, nous avons sous nos pieds le quartier de Clarettes, où se trouve l Anemone alba Goaty et Pons (560 métres d'altitude). Nous saluons de loin le village de Cabris perché sur son rocher, on y récolterait l'Iberis ciliata All. Le Cerastium arvense L. commence à étaler, sur les bords de la route, ses grandes fleurs blanches. Gà et là, sur les rochers, on aperçoit les feuilles du Stipa pennata. Nous arrivons au Pilon de Saint-Vallier; la route cesse de monter, les chevaux accélèrent leur marche, et il nous est impossible d'étudier la flore de cette partie du trajet. Ces taillis et ces gazons que nous voyons à notre droite et à notre gauche cachent cepen- dant bien des richesses botaniques. La pente du col de Ferriez est rocailleuse et dénudée, les Genista cinerea, Euphorbia spinosa, Sedum acre, Thymus vulgaris et Th. Serpyllum sont les seules plantes que nous remarquous. Aprés nous étre un instant reposés sous les premiers Hétres de la forét, nous prenons la route qui conduit au plateau de Caussols. Dans la forêt, on récolte : Primula suaveolens. Orchis conopea. Orchis Morio. Scilla italica. — tridentata. Fritillaria iuvolucrata. En montant la cóte du plateau de Caussols, nous remarquons : Erysimum australe. Aethionema saxatile. Barbarea vulgaris. Lepidium campestre. Arabis alpina. Helianthemum italicum. — muralis. — Fumana, Holosteum umbellatum. — pulverulentum. Draba muralis. Viola arenaria. Hutchinsia petræa. Le Lilium Pomponium montre à peine ses premiéres feuilles, aiusi que beaucoup d'autres plantes que nous retrouverons sur le plateau de Caussols. Nous arrivons au sommet, au quartier des Planestel, à 1100 mètres d'altitude. L'aspect du côté nord-ouest du plateau est aride et rocailleux ; on aperçoit quelques gazons brûlés par le froid de l'hiver, au milieu des pierres quelques touffes de Thymus vulgaris et Satureia montana, des buissons de Prunus spinosa; çà et là des pieds du Stellaria Holos- tea étalent leurs blanches fleurs; dans les cultures, on récolte l Androsace maxima et le Veronica præcox. On arrive enfin au quartier Saint- Lambert, où se trouvent la chapelle et le presbytère au milieu d’un bouquet d'arbres, parmi lesquels nous remarquons les Acer campestre, A. opu- lifolium, Salix alba, et un magnifique pied de Marronnier d Inde, dont nous avons admiré la vigueur. CLXX SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Ici l'aspect du pays change. Du côté de l’est, s'étend une longue bande de gazon verdoyant arrosé par de nombreuses sources qui entretiennent la fraicheur et la vie. C'est le pré de Caussols, formant une petite vallée au milieu du plateau, dominée au nord par les montagnes de Calerm, atteignant 1450 mètres d'altitude, etau midi par les crêtes de Ferriez et du Montet, hautes de 1425 métres. La plus haute cime de Calern domine immédiatement le quartier Saint-Lambert; on peut y arriver directement par le passage du Renard et récolter : Saxifraga lingulata Bell., Alyssum halimifolium L., Alche- milla alpina L., Laserpitium Siler L., Papaver collinum Bogh., Po- tentilla caulescens L., Iris germanica L., etc., etc. Mais le sentier est difficile et méme dangereux ; nous renonçons à explorer cette partie du territoire de Caussols. Surles bords de la prairie, dans le quartier du Défens, sont les plantes les plus rares et surtout le Fritillaria montana Hoppe (F. caussolensis Goaty et Pons), but prin- cipal de l'excursion. On se dirige de ce cóté : c'est une véritable surprise que de rencontrer, au milieu des rochers, une localité aussi riche que celle du Défens de Caussols; il s'en faut de beaucoup que toutes les raretés botaniques qui y sont réunies soient découvertes. Voici la liste des prin- cipales plantes que l'on a pu récolter ou observer dans la journée : Ranunculus trichophyllus. Hutchinsia petræa. — gramineus. Aethionema saxatile. — aduncus. Iberis saxatilis. — acris. Lepidium hirtum. — repens. — campestre. — albicans. Biscutella lævigata, — arvensis. — Burseri. — muricatus. Calepina Corvini. Trollius europæus. Neslia paniculata. Pæonia peregrina. Helianthemum italicum. Berberis vulgaris. - — salicifolium. Papaver dubium. — vulgare. — Argemone. — pulverulentum. — hybridum. Viola hirta. Corydalis solida. — arenaria. Fumaria parviflora. — tricolor. Erysimum australe. Polygala comosa. Barbarea vulgaris. — nicæensis. Nasturtium officinale. — monspeliaca. — silvestre. Silene Otites. . Arabis brassicæformis. — saxifraga. — alpina. | Saponaria ocymoides. — auriculata. Holosteum umbellatum (1). — muralis. Stellaria Holostea. Draba aizoides. Linum narbonense. — muralis. Hypericum Coris. (1) L'Arenaria montana L. a été trouvé, en 1864, dans cette localité, mais a échappé à des recherches ultérieures. SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. Geranium dissectum. — pyrenaicum. — nodosum. Erodium cicutarium. Rhamnus saxatilis. Genista cinerea. Ononis breviflora. — cenisia. Anthyllis montana. — Vulneraria. — tetraphylla. Trifolium incarnatum. — fragiferum. — resupinatum. — montanum. — alpinum. — nigrescens. Tetragonolobus siliquosus. Astragalus monspessulanus. — depressus. — hypoglottis. — vesicarius. Lathyrus filiformis. — vernus. — niger. Vicia onobrychioides. Onobrychis montana. Geum urbanum. Potentilla verna. — argentea. — Tommasiniana. — micrantha. — rupestris, Cotoneaster vulgaris. Sedum acre. — Cepæa. Sempervivum tectorum. Umbilicus pendulinus. Saxifraga tridactylites. — granulata. — cuneifolia. Ribes Uva-crispa. — alpinum. Viscum album. Trinia vulgaris. Viburnum Lantana, Lonicera Xylosteum. Valeriana tuberosa. Carduus nutans. Cirsium acaule. Carlina acaulis. — acanthifolia. Centaurea Scabiosa. Serratula nudicaulis — heterophylla. — tinctoria. nula montana. Senecio Gerardi. Leucanthemum graminifolium. Achillea tomentosa. Scorzonera hispanica. Lactuca perennis. Phyteuma orbiculare. Pulmonaria saccharata. Lithospermum permixtum. Myosotis versicolor. — stricta. — alpestris. Veronica Beccabunga. — Teucrium. — præcox. Erinus alpinus. Digitalis lutea. Linaria supina. Lavandula vera. Thymus vulgaris. — Serpyllum. — Chamædrys. Calamintha alpina. — Acinos. Nepeta lanceolata. Stachys. germanica. — heraclea. Ajuga genevensis. — Chamæpitys. Teucrium Botrys. — montanum. Primula suaveolens. Androsace maxima. Armeria plantaginea. Globularia cordifolia. Plantago serpentina. — fuscescens. — Cynops. Chenopodium Bonus-Henricus. Rumex scutatus. Daphne alpina. — Cneorum. — Laureola. — Gnidium. Buxus sempervirens. Alchemilla vulgaris. Orchis Morio. — tridentata. — maculata. — conopea. — odoratissima. — laxiflora. Crocus versicolor. Bulbocodium vernum, Polygonatum officinale. Narcissus minor. — poeticus. Tulipa australis. CLXXI CLXXII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Fritillaria involucrata. Carex distans. — montana. Phleum pratense. Gagea arvensis. Echinaria capitata. — saxatilis. Sesleria cærulea. — lutea. Briza media. Ornithogalum tenuifolium. — minor. Scilla italica. Poa annua. Erythronium Dens-canis. — alpina. Muscari neglectum. — compressa. Potamogeton crispus. Polypodium vulgare. Sparganium ramosum. Aspidium rigidum. Juncus compressus. — fragile. Carex muricata. | Asplenium Halleri. — divulsa. — Ruta-muraria. On a fait une ample récolte de Fritillaria montana ; chacun a dù se contenter ensuite de prendre ce qu'il rencontrait sur son passage, en parcourant à la hâte une partie de cette vaste localité qui demanderait plusieurs jours pour étre explorée sérieusement. Les heures étaient comptées, et malgré le désir de prolonger une her- borisation fructueuse, on se rend au signal du départ. Nous descendons le plateau du cóté de l'est, pour rejoindre ceux de nos collégues qui explo- raient le bois de Gourdon. Aprés trois quarts d'heure de marche à travers les rochers, nous arrivons sur les hauteurs qui dominent l'Embarnier, laissant à notre droite le versant nord du Montet, où nous aurions pu récolter quelques bonnes plantes alpines. Nous nous hâtons de descendre la cóte rapide par le sentier pierreux qui conduit le plus directement au bois de Gourdon. Nos collégues, qui nous ont apercus, viennent à notre rencontre jusqu'à l'extrémité supérieure du bois. Ils ont visité Gourdon et rencontré dans leur course quelques bonnes plantes qui leur avaient été signalées ; dans une grotte sur les bords de la nouvelle route, notam- ment le Sedum alsinæfolium All. Nous avions découvert la station de cette plante trois ans auparavant, Les anfractuosilés des rochers taillés à pic sont tapissées de Potentilla caulescens L. et de Campanula ma- erorrhiza J. Gay. Aux alentours du village : Hesperis laciniata All., Isatis tinctoriaL., Iris germanica L. Dans le bois : Erinus alpinus L., Carduus nigrescens Vi!l., Lamium maculatum L., Euphorbia hiberna L., Narcissus minor L., Scilla italica L., Orchis bifolia L. On avait cherché vainement le Cytisus al- pestris Thuret et Bornet. Nous avons eu la bonne fortune d’en rencontrer un pied, mais nous n'avons pu retourner à sa véritable station. Le bois de Gourdon est riche en plantes; mais, outre que la saison n'était pas propice, il faut de plus un guide botaniste familier avec ces senliers qui se croisent et ces chénaies impénétrables au milieu desquelles croissent les plantes. Un garde forestier seul peut indiquer le sentier qui SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. CLXXI n'égare point. Aussi avons-nous vivement regretté que le temps et la fatigue ne nous aient pas permis de visiter la partie la plus riche du bois qui n'avait pas été explorée dansla journée, et de récolter quelques bonnes plantes non loin desquelles on était passé sans les apercevoir, soit qu’elles ne fussent point en fleur, soit qu’elles fussent cachées derrière des fourrés qu'il aurait fallu tourner. Sous nos pas, avant d’alteindre la route, nous rencontrons un pied du Viola Jordani (Hanry Prodr. du Var), puis Ophrys atrata Lindl., Aceras hircina Lindl., Genista sagittalis L., Lilium Pomponium L. et Lilium Martagon L. en feuilles. Nous pouvons reconnaitre le Xeran- themum inapertum Willd. et le Verbascum Chaizii Vill. L'heure du départ est sonnée, il faut regagner Grasse et prendre le train desix heures et demie pour rentrer à Antibes le soir méme. Notre mission était remplie; il ne nous restait plus qu'à remercier MM. les membres de la Société, et en particulier M. le président Planchon, des attentions délicates et des bontés qu'ils ont eues pour leur guide pendant ces deux journées. Nous en gardons un précieux souvenir et nous serons heureux toutes les fois que nous pourrons étre agréable, soit à la Société botanique, soit à quelqu'un de ses membres. CLXXIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. PROMENADES BOTANIQUES AUX ENVIRONS DE CANNES ET D'ANTIBES, par M. le D' X. GILLOT. I Golfe Jouan. La plage sablonneuse qui s’étend en demi-cercle des dernières mai- sons du golfe Jouan aux pinèdes du cap d’Antibes fournit une ample moisson d'espèces littorales que nous n'avons pas rencontrées ailleurs, ou du moins en aussi grande abondance; les unes, sur le sable méme de la gréve ou des dunes que leurs souches rampantes ou leurs longues racines aident à retenir : Malcolmia parviflora. Cakile maritima (C. littoralis Jord.). Medicago marina. — littoralis. — tribuloides. Orlaya maritima. Echinophora spinosa. Helichrysum angustifolium. Crepis bulbosa. Stachys hirta. Euphorbia Peplis ! Polygonum maritimum. Cyperus schoenoides. Polypogon monspeliensis. Kæleria phleoides. Festuca maritima. les autres au pied des murs, ou le long des chemins et des sentiers, entre la mer et la route de Cannes à Antibes : Papaver Rhoeas. — hybridum. Fumaria parviflora. Sisymbrium Columnæ ! Hirschfeldia adpressa. Raphanus Landra. Spergularia rubra. Sagina maritima. Erodium moschatum. Ononis spinosa. Trifolium angustifolium. — Cherleri. Trigonella monspeliaca. Vicia segetalis. Anchusa italica. Orobanche minor ! (sur les Légumineuses, le Daucus Carota, et l'Helichrysum angustifolium). Stachys arvensis. Plantago Psyllium. Atriplex hastata. Obione portulacoides. Euphorbia Peplis. — nicæensis (var. Salzmanni ?). Phalaris brachystachys. Aira Cupaniana. Bromus maximus. — rigidus. Vulpia bromoides. — ciliata. Dactylis hispanica. Hordeum murinum. Brachypodium distachyon. Cà et là dans les fossés, le long de quelques ruisselets descendant à la mer ou dans quelques prés humides, on peut récolter : Ranunculus muricatus, Nasturtium siifolium. — silvestre. Trifolium maritimum. OEnanthe globulosa. Veronica Anagallis. SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. CLXXV Rumex conglomeratus. I Phalaris nodosa. Orchis laxiflora. Glyceria distans. Juncus fasciculatus. Agrostis verticillata. Heleocharis palustris. Gaudinia fragilis et Cressa cretica L. (non Cyperus longus. fleuri), sur les talus humides d'un Carex extensa. fossé prés de la route d'Antibes. Accordons une mention particulière à un petit marais situé à l'entrée des pinèdes du golfe Jouan, où les Pins font place au Populus alba L. et où de superbes buissons de Tamarix africana Poiret abritent une belle station des plantes hygrophiles citées plus haut, et en outre du Tha- lictrum flavum var. angustifolium G. G. (Th. nigricans DC.). Pour compléter l'herborisation du golfe Jouan, il faut franchir la route d'Antibes à Cannes et la ligne de villas qui, de plus en plus nombreuses, se pressent au pied des coteaux, et font peu à peu disparaitre la flore locale dans leurs constructions et leurs jardins. Ce n'est qu'à mi-cóte que la végétation spontanée reprend ses droits et présente, sur ces pentes fortement insolées et de plus en plus éloignées de la mer, quelques espéces introuvables plus bas. Les herborisations sont aujourd'hui singuliérement facilitées par des routes nouvelles et nombreuses, aboutissant toutes, au-dessus de Cannes, aux promenades favorites des étrangers, à la Cali- fornie ou au Grand-Pin. Les garigues et le sous-bois des pinédes sont formés des mémes ar- bustes qu'au cap d'Antibes : Calycotome spinosa, Lavandula Stæchas, Lonicera implexa, Juniperus Oxycedrus, Cistus albidus, C. salvifolius, C. monspeliensis, etc., et quelquefois des hybrides de ces deux dernières espèces, tels que le C. olbiensis Huet et Hanry (C. salvifolio-monspe- liensis Timb.), découvert par notre collégue M. A. Constant au-dessus de sa villa Niobé, et qui doit probablement se rencontrer ailleurs avec les parents. L'Erica arborea y domine par places, et le Smilax aspera remplace les Ronces des pays du Nord. Le sol, surchauffé en été, et la roche effritée ne donnent naissance qu'à une maigre végétation d'espèces psammophiles : Helianthemum guttatum. Ornithopus ebracteatus. — Tuberaria. Tolpis barbata. Silene gallica, — avec des formes nom- | Erythrea maritima. breuses. Bromus madritensis. Trifolium glomeratum. Festuca sciuroides, etc. Ornithopus compressus. Les Orchidées : Serapias cordigera et S. Lingua, Limodorum abor- tivum, y abondent en superbes échantillons. Mais, dés qu'un filet d'eau produit un peu d'humidité, une végétation plus riche surgit au pied des rochers et ramène les espèces de la plaine, et en outre : CLXXVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Hypericum australe. Juncus capitatus. Melilotus parviflora. Scirpus Savii. Tillæa muscosa. Carex divulsa. Centranthus Calcitrapa. — distans. Sonchus glaucescens. — A la Californie. Equisetum ramosissimum, etc., etc. Aristolochia rotunda. Dans les canaux de dérivation qui, depuis Grasse et Mougins, aménent à Cannes et au golfe Jouan les eaux de la Siagne, pullulent, au point de les obstruer, les Zannichellia dentata, Potamogeton densus et Chara fœtida, tandis que, sur les bords et dans les ravins, croissent : Coria- ria myrlifolia, OEnanthe globulosa, Symphytum tuberosum, Carex hispida, C. glauca var. erythrostachys, race méridionale qui remplace complétement le type, Melica major, Pteris aquilina, etc. Dans les bois qui courounent les collines du golfe Jouan, citons parmi les espéces dominantes et spéciales : Polygala nicæensis. Aphyllanthes monspeliensis. Euphorbia nicæensis. Carex Halleriana, etc. Asparagus acutifolius. et sur les coteaux rocailleux : Lepidium hirtum. Salvia horminoides. Argyrolobium Linnæanum. Thymus vulgaris. Astragalus hamosus. Orobanche cruenta (sur Genista pilosa). Hippocrepis unisiliquosa. Sideritis hirsuta. Hieracium Pilosella. Euphorbia segetalis. Jasminum fruticans. — exigua (variant à glandes jaunes et à Coris monspeliensis. glandes pourpres). Bartsia latifolia. Ægilops evata var. nigrescens (Æ. nigre- Salvia officinalis. scens Jord.), etc., etc. tandis que sur les plateaux, du cóté de Cannes ou de Vallauris, repa- raissent sur les cultures et au bord des champs : Adonis autumnalis. Vicia narbonensis. Silene nocturna. — atropurpurea. Medicago marginata. Valerianella Morisonii. — Murex. — coronata. — pentacycla. — discoidea. — muricata. Veronica Cymbalaria. — sphærocarpa. ' |Allium roseum. Vicia hybrida. Gladiolus segetum. — peregrina. Avena barbata, etc., etc. — sativa var. macrocarpa. Signalons enfin une curieuse forme de Myrte observée par M. Constan dans un bois de Pins, entre Mougins et Vallauris. L'arbuste est bien plus petit et plus gréle dans toutes ses parties que le Myrte commun, et ses feuilles sont étroitement lancéolées et trés aiguës. Il se rapporte au SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. CLXXVII Myrtus communis var. mucronata L. (Sp. 674), variété que, longtemps avant Linné, C. Bauhin avait déjà décrite sous le nom de M. foliis mini- mis et mucronatis, et M. minima angustifolia, lugd. (Pinax, 469.) II Iles de Lérins. Au sud-ouest de l'ile Saint-Honorat, s'élèvent deux lots d’une super- ficie trés restreinte, mais dont la flore diffère singulièrement. L'ilot Saint- Ferréol, plus élevé au-dessus de la mer, est presque entiérement couvert de Rue, Ruta bracteosa, dont l'odeur pénétrante et fétide se fait sentir de loin. Quelques Lentisques rabougris et de petits buissons de Lonicera implexa dépassent çà et là les touffes de Rue. Ces broussailles étouffent presque toute autre végétation, et nous n'y avons guére recueilli que : Ononis reclinata. Evax pygmæa. Lotus edulis. Sideritis romana. L'ilot de Tradelière n'est qu'un récif d'accès difficile et que les vagues recouvrent dans le gros temps. Aussi, à distance, le rocher a-t-il l'air nu, etl'on est tout surpris, quand on l'aborde, des richesses qu'il révéle. C'est le seul point où nous ayons trouvé en abondance : Daucus gum- mifer, Pancratium maritimum et Iris olbiensis Hénon. Le Dorycnium hirsutum y croit en fortes touffes qui entrelacent les tiges volubiles de Smilax aspera et Convolvulus althæoides. Les rochers sont couverts par le Statice pubescens. Enfin sur le sable croissent : Frankenia inter- media, Lotus Allionii, Vaillantia muralis, Galium tricorne, Allium aculiflorum, etc. L T. XXX. CLXX VIII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. PLANTES RÉCOLTÉES SUR LES COLLINES DE MOUGINS LE 20 MAI 1883, par M. Ernest MALINVAUD. La commune de Mougins est située sur une hauteur, à 7 kilomètres au N. de Cannes (1). Ranunculus muricatus. — arvensis. Malcolmia maritima. Alyssum maritimum. — calycinum (en fr.). Lepidium Draba. Rapistrum rugosum. Polygala nicæensis. Silene italica. Lavatera arborea. Erodium cicutarium. Rhamnus Alaternus. Genista hispanica. Cytisus argenteus. Ononis minutissima. Anthyllis tetraphylla. Medicago græca. — denticulata. — tribuloides. Melilotus sulcata. Lotus ornithopodioides. Psoralea bituminosa. Scorpiurus subvillosa. Hippocrepis unisiliquosa. Vicia hirta. — hybrida. — sativa var. macrocarpa. — peregrina. Lathyrus Aphaca. — annuus. — Ochrus. Potentilla recta. Poterium muricatum. Sedum anopetalum (non fleuri). Orlaya platycarpos. Valerianella truncata. Anthemis arvensis. Helichrysum Stæchas. Urospermum Dalechampii. Tragopogon australis. Seriola ætnensis. Rhagadiolus stellatus. Jasminum fruticans. Vincetoxicum officinale (non fleuri). Vinca major. Convolvulus althæoides. Cerinthe aspera. Lithospermum arvense. — purpureo-cæruleum. Hyoscyamus albus. Antirrhinum Orontium. — latifolium. Veronica arvensis. Orobanche cruenta. Rosmarinus officinalis. Salvia officinalis. Stachys recta. Teucrium Chamæpitys. Coris monspeliensis. Globularia vulgaris Plantago Psyllium. Osyris alba. Euphorbia spinosa. — nicæensis. — segetalis. — exigua. Orchis pyramidalis. -— hircina. Ophrys Bertolonii. — Scolopax. Serapias longipetala. Cephalanthera pallens. Gladiolus segetum. Smilax aspera. Allium roseum. Aphyllanthes monspeliensis. Carex hispida. Avena barbata. Briza maxima. Ægilops ovata. Malcolmia maritima Rob. Brown, abondant sur le mur d'une ter- rasse dans le viliage de Mougins. — Cette espèce, signalée dans les sables (1) Le clocher de Mougins (260 mètres d'altitude) est mentionné sur les cartes ma- rinos comme servant de point de reconnaissance pour les triangulations hydrogra- phiques. SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. CLXXIX maritimes à Marseille et Toulon, n’est pas mentionnée par Ardoino et ne serait pas spontanée, d’après M. Burnat (1), dans les Alpes-Maritimes. Elle y est du moins très rare et peut-être seulement adventice. L'herbier de Martial Lamotte (2) en renferme un échantillon ainsi étiqueté : « Mal- » colmia maritima R. Br. — Provence, bords de la mer à Antibes, avril » 1840 — ex herb. Lecoq. » Medicago dentieulata Willd. — Les échantillons récoltés étaient in- termédiaires aux M. denticulata Willd. et lappacea ou pentacycla DC., réunis avec raison par M. Boissier, dans le Flora Orientalis, comme variétés de la méme espéce. | Medicago tribuloides Desr. et M. Murex Willd. — Le second, d'aprés M. Boissier (3), est une forme spinis adpressis du premier ; j'ai observé à Antibes divers passages de l'un à l'autre. Godron les distingue (4) par des caractéres de la gousse dont il a exagéré l'importance, notamment la spire du fruit tournantà gauche (M. tribuloides) ou à droite (M. Murez); il est depuis longtemps reconnu que ce caractére peut varier dans la méme espéce (5). Psoralea bituminosa L. — Nommé P. plumosa Rchb. par Ardoino. Il m'est impossible de distinguer le Psoralea des environs d'Antibes de celui qui est répandu dans le midi de la France et rapporté par tous les auteurs au P. bituminosa. Vicia hirta Dalb. — Variété du V. lutea. Les feuilles ont 5 à 8 paires de folioles : beaucoup d'auteurs (Godron, Ardoino, etc.) n'en comptent que 5 à 7. Lathyrus annuus L. — D'aprés Godron (Fl. de Fr. I, 482), les feuilles de cette espèce seraient à deux paires de folioles, et Ardoino la place dans une section caractérisée par des « pétioles tous pourvus de deux à six paires de folioles ». Cette singulière inadvertance crée une dif- ficulté insurmontable, si l’on cherche le nom spécifique de cette plante dans les ouvrages des auteurs que je viens de citer. Les feuilles du Lathyrus annuus n'ont en effet qu'une paire de folioles, comme celles des L. hirsutus, Cicera, sativus, ete. Potentilla recta L. — Ardoino lui attribue des tiges vertes, et au (1) In litteris. | (2) Cet herbier fait partie des collections (3) Flora Orientalis, t. II, p. 99. ($) Fl. de France, 1, 394. hort. berol. 1871. Cet auteur affirme que le 9) Voy. end. plantar. ue . M Muren Godt, r4 de Fr.) est très différent du véritable M. Murex Willd., qui serait à peine distinct du M. sphærocarpa Bert. de la Société botanique de France. CLXXX SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. P. hirta des tiges rougeàtres ; celles du P. recta récolté à Mougins étaient d'un rouge brun. Valerianella truncata Rchb. — Cette rare espèce, signalée par les auteurs de la Flore de France à une seule localité, n'avait pas été ren- contrée précédemment dans les herborisations de la Société. D'aprés M. Burnat, elle est assez commune aux environs de Cannes et d'Antibes. PLANTES RÉCOLTÉES AU CAP D'ANTIBES LE 22 MAI 1883, par M. Ernest MALINVAUD. Nous ne citerons que les espéces non mentionnées dans le compte rendu de l'herborisation du 12 mai (1) : Alyssum maritimum. Cakile littoralis. Raphanus Landra. Silene cruentata. — nocturna. Medicago littoralis. — maculata. — greca. — depressa. — muricata. Trifolium scabrum. — subterraneum forma major. Lotus ornithopodioides. — Allionii. Ecballium Elaterium. Lythrum Græfferi. Herniaria hirsuta. Polycarpon tetraphyllum. Galium murale. Centranthus ruber. Asteriscus aquaticus. Anthemis arvensis. Carduus pycnocephalus. Rhagadiolus stellatus. Sonchus oleraceus. Zacintha verrucosa. Picridium vulgare. Echium pustulatum. Lithospermum arvense. Plantago Lagopus. — Coronopus forma major. — Psyllium. Salsola Kali (forme glabre). Aristolochia Clenatitis. Juncus bufonius. Phalaris brachystachys. Polypogon monspeliensis. Koeleria phleoides. Dactylis hispanica. Cynosurus echinatus. Festuca pseudo-Myuros. Bromus madritensis (2). Hordeum murinum var. major. Ægilops ovata. LISTE MÉTHODIQUE DES PLANTES PHANÉROGAMES ET CRYPTOGAMES SUPÉ- RIEURES RÉCOLTÉES PENDANT LA SESSION D'ANTIBES (MAI 1883), SUIVIE D'OBSERVATIONS SUR QUELQUES ESPÈCES; par M. Ern. MALINVAUD. Presque toutes les plantes énumérées ci-aprés étaient en fleur ou en fruit à l'époque de la Session. Un petit nombre, plus précoces ou au contraire plus tardives, étaient reconnaissables à leurs tiges et au feuillage; (1) Voyez plus haut, page cxLir. (2) Avec la forme à épillets pubescents. Ardoino a trop généralisé en altribuant exclusivement des épillets glabres à cette espèce (Fl. Alp.-Mar. 17 édit. p. 434). SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. CLXXXI leurs noms, dans les deux cas, sont entre crochets [ ]. — Celles qu'on a récoltées aux environs de Grasse les 48 et 19 mai, et qui sont propres, pour la plupart, à la région des basses montagnes ou nese retrouvent qu'exceplionnellement dans la zone littorale proprement dite (1), sont distinguées par le signe 1. — Enfin les espèces dont les noms sont en ita- liques avaient été signalées dans le compte rendu dela session de Nice, et représentent par conséquent un fonds commun aux deux sessions (2). En conservant, sauf un petit nombre de rectifications, les noms (géné ralement conformes à la nomenclature d'Ardoino ou de G. G.) dont on s'était servi pour signaler les espèces pendant les herborisations, nous n'avons entendu préjuger aucune question de doctrine ou de synonymie. Il suffit que les plantes soient bien nommées; écartant scrupuleusement tous les renseignements douteux, nous n'avons admis que les détermina- tions certaines (3). (1) On peut diviser ce pays en trois régions naturelles et bien distinctes: « la région » littorale, la région montagneuse et la région alpine. J'entends par région littorale » une zone de 70 kilom, de longueur, bordant de Vintimille à Agay le rivage de la mer, » sur 12 kilométres de largeur, pourvu que le terrain ne s'y éléve pas au-dessus de » 800 métres d'altitude. A cette hauteur, partout oü elle se trouve, de méme qu'à » 12 kilomètres de la mer, quelle que soit l'élévation du sol, commence pour nous la » région montagneuse ; elle occupe toutle reste du département, excepté les hautes » chaînes de montagnes qui dépassent 1600 mètres d'altitude et qui constituent la » région alpine. » (Ardoino, préface de la Flore des Alpes-Mar.) (2) Le nombre des espéces mentionnées dans les rapports de la session de Nice ne s'élève pas à 300; le méme total, pour la session d'Antibes, en n'y comprenant que les plantes indigènes, dépasse 800 espèces. (3) Nous n'aurions pu arriver au degré d'exactitude que nous espérons avoir obtenu, sans l'obligeant concours de plusieurs de nos collégues, auxquels nous adressons ici le témoignage de notre vive gratitude. M. le D" Bornet nous a généreusement donné une importante collection de plantes desséchées et bien nommées des Alpes-Maritimes, provenant des doubles de l'herbier Thuret et Bornet, et dont la comparaison avec les exemplaires incomplets ou douteux récoltés pendant la Session nous a été souvent d'un grand secours. — M. Émile Burnat a bien voulu examiner, avec l'autorité décisive que lui donne sa parfaite connaissance des espèces de cette région, un grand nombre de formes litigieuses qui lui ont été communiquées, et il ne s'est jamais lassé de nous aider de ses précieux avis. — M. le D" Gillot, qui avait pris une part trés active aux travaux de la Session, nous a fourni avec une extrême complaisance tous les rensei- gnements que nous lui avons demandés et nous a fait part de nombreuses observations, fruit de ses recherches personnelles ou de celles de ses amis, MM. Constant et Ozanon. — Nous sommes aussi redevable d'utiles communications à MM. Barrandon, Billiet, l'abbé Boullu, Cintract, le D" B. Martin, Mouillefarine, R. de Nanteuil et l'abbé Pons, ainsi qu'à notre collaborateur et ami M. Ch. Flahault, principal auteur des Rapports que nous avons signés en commun. (Ern. M.) CLXXXII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 1° Liste méthodique des plantes, Phanérogames et Cryptogames supérieures, récoltées pendant la session d'Antibes (mai 1883). [Clematis Flammula L. var. mari- tima G. G.] (Gillot). Thalictrum flavum L. $. angusti- folium G. G. (Th. mediterra- neum Jord.). + [— Bauhini Crantz.] + Anemone Hepatica L. (Gillot). Adonis autumnalis L. (Gillot). + Ranunculus trichophyllus Chair. + — gramineus L. — ophioglossifolius Vill. — chærophyllos L. + — albicans Jord. aduncus G. G.] velutinus Ten. bulbosus L. var. meridionalis Levier (R. neapolitanus G. G. non Tenore). arvensis L. muricatus L. — parviflorus L. + Trollius europæus L. + Nigella damascena L. + Pæonia peregrina Mill. + Berberis vulgaris L. Papaver Rhæas L. — dubium L. — hybridum L. — Argemone L. Glaucium flavum Crantz. 1 Corydalis solida Sm. Fumaria capreolata L. (F. pallidi- flora et speciosa Jord.). — Bastardi Bor. — major Bad. — officinalis L. — parviflora Lamk. u Matthiola incana R. Brown. Nasturtium officinale var. siifolium (N. siifolium Reichb.). — silvestre R. Br. Barbarea præcox R. Br. + — vulgaris R. Br. t Arabis alpina L. + — brassicæformis Wallr. — Caus- | sols (Gillot). + [ + Arabis auriculata Lamk. T — sagittata DC. + — muralis Bert. + Hesperis laciniata All. Malcolmia parviflora DC. — Golfe Jouan: — maritima Brown. — Mougins (subsp. ?). + Sisymbrium Irio L. — Columnæ Jacq. (Gillot). + Erysimum australe Gay. + Brassica Robertiana Gay. Diplotaxis erucoides DC. (Brassica erucoides Ard.) Sinapis incana L. (Hirschfeldia adpressa Moench) (Gillot). Alyssum maritimum Lamk. + — halimifolium Willd. + Draba aizoides L. + — muralis L. Thlaspi perfoliatum L. Iberis linifolia L.— L'Esterel (Bar- randon). [— umbellata L.] — L'Esterel (Gillot). — pinnata L. — saxatilis L. Biscutella Burseri Jord. — lævigata L. — ambigua DC. (B. polyclada Jord.). — L'Esterel (Gillot). Lepidium hirtum DC. i -graminifolium L. (L. virgatum Jord.) (Gillot). — Draba L. + — campestre R. Br. Hutchinsia petræa R. Brown. + Aethionema saxatile R. Brown. + Isatis tinctoria L. Neslia paniculata Desv. +t Calepina Corvini Desv. Bunias Erucago L. — L'Esterel. Cakile littoralis Jord. (Bunias Ca- kile L. ex p.). Rapistrum rugosum L. t + + + + Raphanus Landra Moretti. SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. Cistus crispus L. — Ile Sainte-Mar- guerite. albidus L. monspeliensis L. — salvifolius L. olbiensis Huet et Hanry (Cistus florentinus Lamk p. p.). — Golfe Jouan (Gillot). Helianthemum Tuberaria Mill. — guttatum Mill. — salicifolium Pers. — Fumana Mill. procumbens Dun. — levipes Willd. glutinosum Pers. italicum Pers. vulgare Gærtn. — pulverulentum Pers. + Viola arenaria DC. T — hirta L. [— esterelensis Chanay et Mil- - lière.] + — Jordani Hanry. + — nemausensis Jord. — Caussols. Reseda Phyteuma L. — Luteola L.— Ile Sainte-Margue- rite. | Polygala nicæensis Risso. t — comosa Schrank. 1 — monspeliaca L. Frankenia intermedia DC. + Dianthus hirtus Vil. — liburnicus Bartl. — Cap d'An- tibes (Ozanon). 1 — longicaulis Ten. + Saponaria vaccaria L. Y — ocimoides. L. Silene gallica L. et var. quinque- vulnera (S. cruentata Jord.). — nocturna L. italica Pers. nutans L. — L'Esterel (Billiet). Otites Sm. muscipula L. T — Saxifraga L. (Buffonia perennis Pourr.] — L'Es- terel (Ozanon et Gillot). Sagina maritima Don. Alsine laxa Jord. (Gillot). Spergularia rubra Pers. — media L. var. marginata Fenzl. — CLXXX11I Mæhringia pentandra Gay. — L'Es- terel. + Holosteum umbellatum L. + Stellaria Holostea L. Cerastium brachypetalum Desp. — Saint-Vallier (Gillot). + — arvense L. Linum strictum L. + — tenuifolium L. + — narbonense L. — angustifolium Huds. Malva nicæensis All. + — parviflora L. — silvestris L. (M. hirsuta Viv.). — ambigua Guss. — lle Sainte- Marguerite (Gillot). Althæa hirsuta L. Lavatera Olbia L. — Ile Sainte-Mar- guerite. — punctata Al. + — maritima Gouan. — cretica L.—Golfe Jouan (subsp.). — arborea L. (subsp.). + Tilia silvestris Desf. Citrus medica Risso, — Limonium Risso. — Aurantium Risso. + Androsæmum officinale AU. Hypericum ciliatum Lamk. — Ile Sainte-Margüerite. — australe Ten. — Golfe Jouan (Gillot). + — Coris L. + Acer opulifolium Vill. + Vitis vinifera L. + Geranium pyrenaicum L. + — lucidum L. — purpureum Vill. + — nodosum L. — Perreymondi Shuttl. (G. bohe- micum G. G an L.?). — V'Es- terel (M'* Conort). Erodium romanum Willd. — moschatum L'Herit. — ciconium Willd. — (Gillot). — Botrys Bert. — Golfe Jouan. — malacoides Willd. Ruta bracteosa DC. — angustifolia Pers. + Coriaria myrtifolia L. L’Esterel CLXXXIV Rhamnus Alaternus L. + — saxatilis L. Pistacia Terebinthus L. — Lentiscus L. + Rhus Cotinus L. Cneorum tricoccum L. Spartium junceum L. — spinosum L. (Calycotome spi- nosa Link). Genista hispanica L. — germanica L. — L'Esterel. t — cinerea DC. — pilosa L. + — tinctoria L. t — sagittalis L. + Cytisus sessilifolius L. T — alpestris Thur. et Born. — argenteus L. (Argyrolobium : Linnæanum Walp.). Lupinus reticulatus Desv. — Cap d’Antibes. Ononis breviflora DC. [— cenisia L.] — ramosissima Desf. — lle Sainte- |: Marguerite (Gillot). — reclinata L. — mitissima L. — lle Sainte-Mar- guerite. — minulissima L. T Anthyllis montana L. + — Vulneraria L. var. rubriflora. — tetraphylla L. Medicago circinata L. — Cap d’An- tibes. — orbicularis All. marginata Willd. (Gillot). scutellata All. marina L. littoralis Rhode. — denticulata Willd. — pentacycla DC. — maculata Willd. — minima L., et var. longiseta DC. (M. greca Horn.). — tribuloides Desr. in Lamk (M. truncatula Gærtn.). — Murex Willd. — Gerardi Willd. — depressa Jord. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Medicago sphærocarpa Bert. — muricata Benth. (Gillot) (1). Trigonella monspeliaca L. Melilotus parviflora Desf. — arvensis L. — sulcata Desf. Trifolium angustifolium L. — lappaceum L. striatum L. (Gillot). scabrum L. maritimum Huds. Cherleri L. stellatum L. suffocatum L. — Cap d’Antibes. glomeratum L. nigrescens Viv. montanum L.] - subterraneum L. — Cap d’An- tibes. — resupinatum L. + [— alpinum L.] — tomentosum L.— Cap d'Antibes. Dorycnium suffruticosum Vill. — rectum DC. — L’Esterel. — hirsutum DC. Lotus edulis L. — ornithopodioides L. — Allionii Desv. — hispidus Desv. Marguerite. Tetragonolobus siliquosus Roth. Psoralea bituminosa L. t Colutea arborescens L. Astragalus hamosus L. + — depressus L. + — hypoglottis L. — Caussols. + — monspessulanus L. t — vesicarius L. Biserrula Pelecinus L. — Agay. Scorpiurus subvillosa L. Coronilla Emerus L. — valentina L. (Billiet). T — minima L. — scorpioides Koch. Ornithopus ebracteatus Brot. — compressus L. Hippocrepis unisiliquosa L. Hedysarum obscurum L. — Bouches du Var (Bornet et Flahault). — Ile Sainte- (1) Le Medicago arborea L., naturalisé au golfe Jouan, y était en pleine floraison. SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. T Onobrychis montana DC. Pisum elatius Bieb. — Saint-Arnoux (Ozanon). Vicia atropurpurea Desf. + — onobrychioides L. — gracilis Lois. — disperma DC. — Biot. — sativa var. macrocarpa Moris. — angustifolia Roth. — peregrina L. — lathyroides L. — Cap d'Antibes. — ]utea L. — hirta Balb. — hybrida L. — bithynica L. — hirsuta Koch. — narbonensis L. (Gillot). Lathyrus Aphaca L. — Clymenum L. — Ochrus DC. — sphæricus Retz. — Cicera L. setifolius L. annuus L. angulatus L. silvestris L. — latifolius L. — lle Sainte-Mar- guerite (Mouillefárine). t filiformis J. Gay. -- Bois de Gourdon. t — vernus Bernh. 1 — niger Wimm. + [Geum urbanum L.] Rubus tomentosus Borckh. Potentilla recta L. ++ — hirta L. t [— argentea L.] — verna L. + — Tommasiniana Schultz.— Caus- sols. T — caulescens L. t — micrantha Ram. t — rupestris L. + Rosa sepium Thuill. [— sempervirens L.] '— Antibes. + Alchemilla vulgaris L. Cratægus monogyna Jacq. + Cotoneaster vulgaris Lindl. Amelanchier vulgaris Mench. + Sorbus Aria Crantz. — torminalis Crantz — L'Esterel. CLXXXV Myrtus communis L. Ecballium Elaterium Rich. [Epilobium rosmarinifolium Hæn- cke.] — V'Esterel (Gillot). Lythrum Grofferi Ten. — Cap d'An- tibes. — Hyssopifolia L. — lle Sainte- Marguerite (Gillot). Tamarix africana Poir. Herniaria hirsuta L. Paronychia cymosa Lamk. — Golfe Jouan. Polycarpon tetraphyllum L. Tillea muscosa L. (Gillot). Sedum rubens L. — cæspitosum Cav. (Crassula Ma- gnolii DC.). — Biot. — stellatum L. + — alsinæfolium All. + [— acre L.] + [— Cepæa L.) [— anopetalum DC.] Umbilicus pendulinus DC. + [Sempervivum tectorum L.] + Saxifraga lantoscana Boiss. et Reut. + — cuneifolia L. — granulata L. + Ribes Uva-crispa L. + — alpinum L. + Trinia vulgaris DC. | Œnanthe peucedanifolia Poll.— Biol. — pimpinelloides L. (Billiet). — globulosa L. + [Fœniculum officinale L.] [— piperitum DC.] + [Seseli tortuosum L.]. — Gorges du Loup (Gillot). Ferula nodiflora L. + Peucedanum Cervaria Lap. | ' [— officinale L.] — L'Esterel (Gil- lot). [Thapsia villosa L] — L'Esterel (Gillot). + Laserpitium Siler L. + — gallicum L. + Orlaya grandiflora Hoffmann. — platycarpos Koch. — maritima Koch. Daucus gummifer Lamk. — Ilot de Tradelière (Gillot). Torilis nodosa Gaertn. CLXXXVI + Molopospermum cicutarium DC. [Echinophora spinosa L.] Smyrnium Olusatrum L. + Bifora testiculata DC. Viscum album L. Viburnum Tinus L. + — Lantana L. Lonicera implexa Mt. + — Xylosteum L. Asperula galioides Bieb. (Billiet). Rubia peregrina L. Galium eminens Gren. Godr. — Biot. — divaricatum Lamk. — Biot. . — lucidum All. (G. corrudæfolium Vill.). parisiense L. tricorne With. saccharatum All. — murale All. Vaillantia muralis L. + Valeriana tuberosa L.— Caussols. Centranthus ruber DC. — Calcitrapa Dufr. Valerianella microcarpa Lois. — Morisonii DC. (Gillot). — carinata Lois. — echinata DC. — Cap d'Antibes (Gillot). — puberula DC. truncata DC. — Mougins. coronata DC, — discoidea Lois. + [Cephalaria leucantha Schrad.] Knautia hybrida Coult.- — collina G. et G. — L'Esterel. (Gillot). + [Nardosmia fragrans Reichb.] Bellis annua L. Evax pygmæa Pers. [Solidago Virga-aurea L. var. nudi- flora (S. nudiflora Viv.)]. — L'Esterel (Gillot). + [Buphthalmum grandiflorum L.]. Asteriscus aquaticus Mænch. Inula odora L. [— crithmoides L.] — Iot Trade- lière (Gillot). t [— montana L.] Phagnalon sordidum DC. — saxatile Cass. Filago gallica L. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Helichrysum Stæchas DC. — angustifolium DC. + Achillea tomentosa L. Anthemis montana L. a. Linnæana (A. Gerardiana Jord.). — L’ Esterel, gorges du Grenouil- ler. Anacyclus radiatus Lois. — lle Ste- Marguerite. Leucanthemum montanum DC. (?). — pallens, Gay. + — graminifolium Lamk. Chrysanthemum Myconis L. — segetum L. Pinardia coronaria Less. — Cap d'An- uibes. Senecio lividus L. — L'Esterel. [— erucifolius L.] (Gillot). — Cineraria DC. + [— Gerardi G. G.] + [Echinops sphærocephalus L.] + [— Ritro L.] + [Cirsium bulbosum DC.] [Picnomon Acarna Cass.] (Gillot). Galactites tomentosa Mœnch. Tyrimnus leucographus Cass. Carduus pycnocephalus L. + [— carlinæfolius Lamk.] + — Sanctæ-Balmæ Lois. — Grasse, Esterel. + — nigrescens Vill. [Carlina corymbosa L.] (Gillot). + [— acaulis L.] + [— acanthifolia Al] Silybum Marianum Gærtn. — lle Sainte-Marguerite. Stehelina dubia L. — Le Trayas (Gillot). t [Serratula tinctoria L.] + [— nudicaulis L.] + [— heterophylla Desf.] + Leuzea conifera DC. Centaurea paniculata L. var. este- relensis Burnat. — Esterel (Gillot). [— amara var. bracteosa Scop.] (Gillot). Crupina vulgaris Cass. (Billiet). T Xeranthemum inapertum DC. Rhagadiolus stellatus Gerín. T — edulis Gærtn. SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. Cichorium divaricatum Schousb. (Gillot). + Catananche cærulea L. Hyoseris scabra L. — radiata L. Hedypnois polymorpha DC. Tolpis barbata Gærtn. — virgata Bert. (Gillot). Urospermum Dalechampii Desf. — picroides Desf. Tragopogon australis Jord. + Scorzonera hispanica L. Hypochæris glabra L. — L'Esterel. Seriola etnensis L. Lactuca muralis Less. + — perennis L. Sonchus glaucescens Jord. (Gillot). Picridium vulgare Desf. Zacintha verrucosa Gærtn. Pterotheca nemausensis Cass. Crepis bulhosa Cass. Hieracium præaltum Vill. — L'Es- terel. — sabinum Seb. et M. T — murorum £L. [Andryala integrifolia L.] Laurentia Michelii A. DC. — Ile Sainte-Marguerite. + Phyteuma orbiculare L. Campanula Erinus L. + — macrorrhiza J. Gay. Specularia hybrida A. DC. [Arbutus Unedo L.] [Erica arborea L.] lex Aquifolium L. — L'Esterel. Olea europea L. Phillyrea latifolia Lamk. + Fraxinus Ornus L. Jasminum fruticans L. Vincetoxicum officinale Mænch. — contiguum G. et G. — Le Bar, Saint-Arnoux (Gillot). Vinca major L. [Nerium Oleander L:] — Agay (Gil- lot). . Chlora perfoliata ix [Erythræa spicata Pers. ] — lle Ste- Marguerite (Gillot). — maritima Pers. a5; Convolvulus althæoides L. — Cantabrica L. CLXXXVII [Cressa cretica L.] — Golfe Jouan (Constant et Gillot). Cynoglossum pictum Ait. (C. creti- cum Vill.). + — cheirifolium L. Omphalodes linifolia Mench. — Cap d'Antibes, subsp. (Mouillefa- rine). Anchusa italica Retz. Symphytum tuberosum L. Cerinthe aspera Roth. Echium tuberculatum Hoffm. et Link (E. pustulatum G. G.). — plantagineum L. — italicum L. — calycinum Viv. — Antibes. — creticum L. — Agay. t Pulmonaria saccharata Mill. Lithospermum purpureo-cæruleum L. + — permixtum Jord. — apulum Vahl. — Cap d'Antibes. Myosotis versicolor Ehrh. + — stricta Link. + — alpestris Schmidt. Solanum miniatum Bernh. — nigrum L. 4 — Dulcamara L. Hyoscyamus alhus L. + Verbascum Chaixii Vill. — Boerhavii L. + Scrofularia lucida L. — peregrina L. + Digitalis lutea L. Antirrhinum latifolium DC. Linaria Peliceriana Mill. — supina Desf. — L'Esterel. — chalepensis Mill. — Cap d'An- tibes. Anarrhinum bellidifolium Desf.-— lle Sainte-Marguerite. + Erinus alpinus L. + Veronica Teucrium L. + — precox All. — — polita Fries (Billiet). — puxbaumii Ten. — Cymbalaria Bod. — Anagallis L. + — Chamædrys L. Orobanche cruenta. Bert. — fuliginosa Reut, — lle Sainte- Marguerite. CLXXX VIII Orobanche Epithymum DC. — minor Sutt. (Gillot). — concolor Duby. — Île Sainte- Marguerite. — speciosa DC. — Cap d'Antibes. Phelipæa Muteli Reut. Bartsia latifolia Smith. — Golfe Jouan. — viscosa L. (Trixago viscosa Rchb.). — Trixago L. (T. apula Stev.). T Euphrasia officinalis var. nemorosa. Lavandula Stæchas L. + — vera DC. — Spica DC. — latifolia Vill. (Gillot). Rosmarinus officinalis L.— Mougins. Salvia officinalis L. T — Sclarea L. — Verbenaca L. — horminoides Pourr. Thymus vulgaris L. + [— Chamedrys Fries.] + [Satureia montana L.] + [Calamintha alpina Lamk.] + [— Acinos Clairv.] [Melissa officinalis L. var. (M. hir- suta Balb.).] — Golfe Jouan (Ozanon et Gillot). + [Nepeta lanceolata Lamk.] + Melittis Melissophyllum L. + Lamium maculatum L. + Stachys heraclea All. [— germanica L.] — hirta L. — arvensis L. Sideritis romana L. — hirsuta L. (Gillot). 1 Ballota spinosa Link. T Ajuga genevensis L. Teucrium flavum L. — Saint-Ar- noux (Gillot). — fruticans L. — Naturalisé (Gil- lot). [Vitex Agnus-castus L.] -— Cap d'An- tibes (Gillot) Acanthus mollis L. — Biot. Anagallis cærulea Lamk var. parvi- flora. — Ile Sainte-Margue- rite. Coris monspeliensis L. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Asterolinum stellatum Link. — Ile Sainte-Marguerite. t Androsace maxima L. T Primula suaveolens Bert. — Caus- sols. Samolus Valerandi L. Globularia Alypum L. — cordifolia L. — Caussols. Armeria plantaginea L. Statice pubescens DC. [Plumbago europæa L.] Plantago Lagopus L. — Bellardi All. + [— fuscescens Jord.]. — Coronopus form. major. — Psyllium L. [Salsola Kali L.] Suæda fruticosa Forsk. — Remparts d'Antibes (Gillot). [Obione portulacoides Moqu.] Theligonum Cynocrambe L. Rumex bucephalophorus L. : + — scutatus L. T — Acetosa. Polygonum maritimum L. [Thymelæa hirsuta Endl.] — Ile Ste- Marguerite. [Daphne Gnidium L.] + [— Laureola L.] + [— alpina L.] + [Laurus nobilis L.] Thesium divaricatum Jan. Osyris alba L. Cytinus Hypocistis L. Aristolochia rotunda L. — pallida Willd. — Gorges du Loup (de Nanteuil). + — Pistolochia L. — Clematitis L. + [Buxus sempervirens L.] Euphorbia Chamæsyce L.— Antibes (Boullu). Peplis L. — hyberna L. + — dulcis L. T — verrucosa Lamk. spinosa L. Cyparissias L. nicæensis All. — Y. Salzmanni DC. (Gillot). serrata L. — SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. Euphorbia biumbellata Poir. — L'Es- terel. — segetalis L. — peploides Gouan (Gillot). — taurinensis All. (Gillot). — Peplus L. — falcata L. — exigua L. — amygdaloides L. var. pubescens. — L’Esterel (Gillot). — Characias L. Mercurialis ambigua L. | Urtica membranacea Poir. — Ile Sainte-Marguerite. [Ficus Carica L.] Celtis australis L. Quercus pubescens Willd. — sessiliflora Sm. — l’Esterel (Gillot). 1 — pedunculata Ehrh. + — Cerris L. + — Fontanesii Guss. — Ilez L. — Suber L. — Auzandi G. et G. — Cap d'An- tibes (Ozanon et Gillot). — coccifera L. — Cap d'Antibes. + Ostrya carpinifolia Scop. + [Salix fragilis L.] + [— alba L.] + [— purpurea L.] [— incana Schr.] — L'Esterel (Mouillefarine). Populus alba L. 1 [Taxus baccata L.] T [Juniperus Oxycedrus L.] Pinus maritima Lamk. — Pinea L. — Iles de Lérins. — halepensis Mill. — L'Esterel. + Potamogeton crispus L. — densus L. (Gillot). Ruppia maritima L. (Gillot). Zannichellia dentata Willd. — Canaux du golfe Jouan (Gillot). [Posidonia Caulini Kon.] Typha minor Sm. — Bouches du + Sparganium ramosum Huds. Arum italicum Mill., + Orchis Simia Lamk. |. . F — tridentata Scop. (Orchis varie- gala All.). Var. + — CLXXXIX Orchis ustulata L. — Saint-Arnoux (Gillot). coriophora L. Morio L. mascula L. laxiflora Lamk. — papilionacea L. — maculata L. — latifolia L.— Biot. — pyramidalis L. (Anacamptis py- ramidalis Rich.). — Mougins, bois de Gourdon. conopea L. (Gymnadenia cono- pea R. Br.). odoratissima L. (Gymnadenia odoratissima Rich.). — hircina Ail. (Himantoglossum hircinum Rich.). — Mougins. intacta Link ( Himantoglossum secundiflorum Reichb.). — L'Esterel. — bifolia L. (Platanthera bifolia Rich.). + Ophrys lutea Cav. + — fusca Link. — Bertolonii Moretti. + — ++ apifera Huds. , Scolopax Cav. arachnites Hoffm. (Boullu). aranifera Huds. T — atrata Lindl. T Aceras anthropophora R. Br. Serapias cordigera L. — longipetala Poll. — LinguaL. — neglecta de Not. Limodorum abortivum Sw. Cephalanthera pallens Rich. — ensifolia Rich. + — rubra Rich. + Epipactis latifolia L. + Neotia Nidus-avis Rich. Iris germanica L. — italica Parl. (L.olbiensis Hénon). — L’Esterel ; îlot de Trade- lière. Gladiolus segetum Gawl. — Borneti Ard. — Cap d’Antibes. — byzantinus Mil. Romulea ramiflora Ten. t [Narcissus major Curt. var. obesus.] CXC SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. T Narcissus minor L. Cyperus schoenoides Griseb. — poeticus L. — L'Esterel, Caus- | Schænus nigricans L. sols. Heleocharis palustris R. Br. — Golfe [Pancratium maritimum L.] — Ilot Jouan (Gillot). de Tradelière (Gillot). Polygonatum officinale All. [Asparagus acutifolius L.] Scirpus Savii Seb. et M. (Gillot). Carex Linkii Schk (C. gynomane Bert.). — Cap d'Antibes. [Smilax aspera L.] — œdipostyla Duval-J. — Le + Tamus communis L. Trayas (Gillot). Tulipa australis Link (T. Celsiana — divisa Huds. DC.). — V'Esterel. — setifolia Godr. + Fritillaria involucrata All. — divulsa Good. + — montana Hoppe (F. caussolensis | + — humilis Leyss. Goaty et Pons). — gynobasis Vill. (C. Halleriana + Lilium Pomponium L. Asso). — L’Esterel. + — Martagon L. — basilaris Jord. (Gillot). Asphodelus microcarpus Viv. — glauca L. var. erythrostachys — fistulosus L. (C. erythrostachys Hoppe). — cerasifer J. Gay. — L’ Esterel. — olbiensis Jord. — L'Esterel. Phalangium Liliago Schreb. — L'Es- — Œderi Ehrh. terel. — distans L. Simethis bicolor Kunth (Anthericum — extensa Good. (Gillot). planifolium L.). — L'Esterel. Ornithogalum divergens Bor. — narbonense L. + Gagea arvensis Schult. Y — saxatilis Koch (G. bohemica G. — punctata Gaud. — Cap d'Antibes. — hispida Willd. Andropogon hirtus L. Phalaris cærulescens Desf. — brachystachys Link. G.). — Caussols (Pons). — nodosa L. + — lutea Schult. Crypsis aculeata Ait. — Golfe Jouan + Scilla italica L. (Gillot). — hyacinthoides L. Muscari racemosum L. (Gillot). Allium siculum Ucria (Nectaroscor- dum siculum Lindl.). — L'Es- terel. — nigrum L. — roseum L. — neapolitanum Cyr. — Cap d'An- tibes. — acutiflorum Lois. Aphyllanthes monspeliensis L. Juncus capitatus Weig. — Cap d'An- tibes. — maritimus Lamk. — lamprocarpus Ehrh. var. ma- crocephalus G. G. (J... trice- phalus Gay).— L'Esterel (0za- non et Gillot). — bufonius L. et var. fasciculatus (J. fasciculatus Bert.). Cyperus longus L. Polypogon monspeliensis Desf. Agrostis verticillata Vill. (Ozanon et Gillot). Lagurus ovatus L. Calamagrostis Epigetos Roth. — L'Esterel (Gillot). Gastridium lendigerum Gaud. — scabrum Presl. — lle Sainte- Marguerite. Milium cærulescens Desf. — multiflorum Cav. — lle Sainte- Marguerite. Stipa tortilis Desf. — juncea L. + [— pennata L.] — Aristella L. — Ile Sainte-Mar- guerite. [Arundo Donax L.] T Echinaria capitata Desf.— Caussols. Sesleria cærulea Arduin. + — argentea Savi (S. cylindricaDC.) SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. Kœleria phleoides Pers. Lamarckia aurea Mœnch. Airopsis globosa Desv. — Ile Sainte- Marguerite (Gillot). Avena barbata Brot. Aira intermedia Guss. — Cupaniana Guss. + Melica Bauhini All. — major Sibth. et Sm. — ramosa Vill. (M. minuta L.).— L'Esterel. Briza maxima L. Desmaziera loliacea Nym. (Poa lo- liacea Huds.). — Cap d'An- tibes. Glyceria distans Vahl. — Golfe Jouan (Gillot). Dactylis hispanica Roth. Cynosurus echinatus L. CXCI Bromus rigidus Roth. — maximus Desf. — rubens L. Gaudinia fragilis P. B. Hordeum murinum L. var. major. Ægilops ovata L. (Æ. nigrescens Jord.). Lepturus incurvatus Trin. (Billiet. Psilurus nardoides Trin. Equisetum palustre L. — ramosissimum Desf. Isoetes Duriæi Bory. — Golfe Jouan, Biot. Selaginella denticulata Koch.— Biot. Ophioglossum lusitanicum L. Osmunda regalis L. — L'Esterel. Grammitis leptophylla Sw. — Biot. + Aspidium fragile DC. (Cystopteris fragilis Berhn.). T Asplenium Halleri DC. — Caussols. + — Petrarche DC. — Golfe Joùan. — Adiantum-nigrum L. + Scolopendrium officinale Sm. — Hemionitis Sw. — Cap d'Antibes. Adiantum Capillus-Veneris L. T Cheilanthes odora Sw. Notochlæna Marantæ R. Brown. — Biot. Chara fœtida A. Br. (Gillot). — alopecuroides Delile var. Wall- rothii Br. — Ile Sainte-Mar- guerite (Gillot). Festuca rigida Kunth. -- maritima DC. — Pseudomyuros Soy.-Will. — sciuroides Roth. — Myuros Rchb (Vulpia ciliata Link). — bromoides L. (Vulpia bromoides Rchb.). — ligustica Bert. — arundinacea Schreb.— {Ile Sainte- Marguerite. Brachypodium distachyon P. B. Bromus madritensis L. Nous avons volontairement omis, dans l’énumération ci-dessus, les plantes ubiquistes, au nombre de plus de 100, répandues dans les Alpes- Maritimes comme dans toute la flore française, et par suite de peu d'in- térêt au point de vue de la géographie botanique ; du reste la plupart n’ont pas été récoltées. Voici celles dont nous avons eu des exemplaires sous les yeux : Ranunculus acris, R. repens, Helleborus fœtidus, Arabis Thaliana, Alyssum calycinum, Viola tricolor, Saponaria officinalis, Silene inflata, Acer campestre, Geranium dissectum, Erodium cicutarium, Ononis spinosa, Trifolium incarna- tum, T. fragiferum, T. procumbens, Hippocrepis Mert) P de” dites Potentilla reptans, Sedum acre, Poterium muricatum, Saxi re actyntes, Anthemis arvensis, Centaurea Scabiosa, Erythræa Centaurium, | ca Perum arvense, Antirrhinum Orontium, Veronica Beccabunga, v. crim Ch: agres us, V. hederæfolia, Thymus Serpyllum, Th. Chanwdrys, Tee 3 ari T. Botrys, T. montanum, Stachys recta, Globularia v garis, nt ex bas a a, Humulus Lupulus, Ulmus campestris, Juncus conglomeratus, J. effusus, J. glau- CXCII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cus, Carex muricata, Briza media, Poa annua, Dactylis glomerata, Equisetum arvense, Ceterach officinarum, Polypodium vulgare, Asplenium Trichomanes, A. Ruta-muraria. 2% Observations sur quelqnes espèces. Thalictrum Bauhini Crantz Austr.; Reichb. Jc. pl. x — Th. angusti- folium L. (in Gren. Fl. jurass.) auct. gall. plurim., non Jacq. nec auctor. germ. — Th. galioides Pers. Syn.; Koch, Syn. — Cette synonymie est due à M. Burnat, qui a vu la plante en question ; celle-ci parait aussi trés voisine des Th. alpicolum Jord. Diagn., p. 43, et simplex Jord., Obs. n? 5. Cette espèce n'est pas signalée dans la Flore d'Ardoino. Ranuneulus chærophyllos L. — Un savant monographe des Renon- culacées, M. Freyn, a proposé, en 1876 (1), de remplacer le vieux nom linnéen par celui de R. flabellatus Dest. , adopté depuis par quelques bola- nistes. Me réservant de discuter plus tard l'opportunité de ce changement, je me borne à ajouter ici que M. Edmond Boissier maintient aussi l'ancien nom (2). Ranunculus bulbosus var. meridionalis Levier. — Non loin du Ranunculus velutinus de Biot, dans les fossés humides bordant la route, se trouvait en abondance une forme élevée de R. bulbosus, à souche plus ou moins bulbiforme, munie de fibres épaisses et charnues, et à segments des feuilles élargis, qui fut déterminée sur place R. neapolitanus Ten., et quelques-uns de nos collégues qui l'ont récoltée lui conservent peut- étre encore ce nom sur leurs étiquettes. L'erreur ainsi commise est d'au- tant plus excusable que les auteurs de la Flore de France ont donné de l'espéce de Tenore une description peu exacte, en désaccord manifeste avec la diagnose originale, et qui permet déjà de pressentir de leur part une cer- taine confusion ; l'examen des échantillons typiques qu'on peut consulter dans les herbiers du Muséum vient confirmer ce soupçon. D’assez longues recherches, que j'exposerai prochainement plus en détail, m'autorisent à conclure que l’existence du véritable R. neapolitanus Ten. dans les (1) Œsterr. botan. Zeitschr. 1876, p. 196. (2) Une des Renoncules récoltées à Biot avait été rapportée au R. spicatus Desf., mentionné sur quelques-unes des listes qu'on m'a communiquées pour cette herborisa- tion. Ne pouvant appliquer ce nom, dans ce que j'ai vu, à aucun des exemplaires des environs d'Antibes, j'ai fait part de mes doutes à M. Burnat, qui m'a répondu : » Le R. spicatus Desf. diffère toto celo de tout ce qui a été trouvé à Biot jusqu'ici. Au » surplus, l'aire. du R. spicatus Desf. est tout-à-fait en dehors des Alpes-Maritimes. » Seulement on rencontre à Biot un R. cherophyllos Auct. qui mérite une mention » particulière en raison de ses carpelles à bec recourbé-onciné comme dans le R. mil- « lefoliatus, et non arqué ou à peu près droit comme dans la forme la plus répandue, » et à limbe des feuilles glabrescent ou peu velu..... » J'ai eu sous les yeux plusieurs échantillons de R. chærophyllos récoltés pendant la Session ; aucun d'eux ne m'a paru se distinguer du type ordinaire de cette espèce. SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. CXCNI limites de la flore française ne repose, quant à présent, sur aucun fait positif. M. Burnat possède en herbier des échantillons semblables au R. neapolitanus G. G. (non Tenore)de Biot, sous le nom de R. bulbosus var. meridionalis Levier inéd., qui met fin à toute équivoque. Fumaria Bastardi Dor. — M. Burnat était d'avis de substituer à ce nom, ainsi que l'a proposé Haussknecht (1), celui de F. Gussonii Boiss. Tout en conservant le premier nom comme plus ancien (2) et mieux connu des botanistes francais, je crois devoir reproduire l'observation sui- vante, qui a une grande valeur, de notre trés érudit et scrupuleux con- frére : « Haussknecht a bien reconnu que le F. Bastardi avait été créé » antérieurement au F. Gussonii, mais Boreau y comprenait les F. Borei, » confusa et vagans de Jordan. Or le F. Boræi est distingué par Hauss- » knecht spécifiquement, au méme titre que le F. Gussonii Boiss., et ce » dernier a pour synonymes à la fois les F. confusa et vagans Jord., qui » ne sont méme pas des variétés différentes, d'aprés Haussknecht. C'est » pour cela que cet auteur a adopté le nom de F. Gussonii. Jusqu'ici le » F. Borœi n'a pas été trouvé dans les Alpes-Maritimes. » (Burnat in litt.) — D’après Willk. et Lange (Prodr. fl. hisp. III, p. 882), F. Gus- sonii Boiss. aurait pour synonymes F. Bastardi Bor. et F. Petteri Rchb. Les mémes auteurs réunissent dans le groupe spécifique du F. media Lois., à titre de variétés, les F. Gussonii (Bastardi), Borei, mura- lis, etc. La classification et la synonymie des Fumaria de cette section sont trés diversement présentées suivant les auteurs. Bunias Erucago L. — Récolté par M. Flahault, le 9 mai, dans une exploration préparatoire à l'Esterel. D’après Ardoino, celte espèce serait rare dans la région littorale (3). Arenaria montana L. — Je n'ai pas cru devoir laisser cette espèce dans la Liste, quoique signalée dans les environs de Caussols, parce qu'elle n'y a pas été trouvée en 1883. M. l'abbé Pons l'avait récoltée sur la montagne de Calern, prés de Caussols, en juin 1864, mais l'y a vaine- ment recherchée depuis. Elle n'est pas indiquée dans la Flore d'Ardoino et ne se rencontre peut-étre qu'accidentellement dans les Alpes-Maritimes, situées un peu en dehors de son aire géographique. Malva parviflora L. — hare espéce des Alpes-Maritimes récoltée aux environs du Bar par M. Gillot, et retrouvée cette année à Cannes par M. de Nanteuil. 1) In Flora, 1873, p 515. »» T S Fumaria Bastardi Bor. in Rev. bot. 1847. Fumaria Gussonii est de Ia her (3) Elle est au contraire assez commune, d’après M. Burnat, qui n Villefranche ! bier de plusieurs localités de cette région (Albenga: près Vintimille * Ville : Nice! Vaugrenier prés Antibes! Cannes à la Croisette! etc.). M T. XXX. CXCIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Geranium Perreymondi Shuttl. (in litt. ad Burnat 1872) et in Bull. Soc. bot. Prov. ann. 1880, sine descr.; — G. bohemicum Gren. Godr. Fl. Fr.; Ardoino (sec. herb. Thuret); — Parlat. Fl. ital. (non L.); — G. divaricatum Lois. Fl. gall. sec. Gren. Godr.;— Perreym. Catal. Fréj., p. 31 (non Ehrh.). Nous empruntons cette synonymie à la note relative aux G. Perrey- mondi et bohemicum, publiée par M. Burnat dans le 8* Bulletin de la Société dauphinoise (1881, page 323) (1). M. Roger de Nanteuil nous transmet, au sujet de la récolte de cette plante, les détails suivants : « Le Geranium Perreymondi (G. bohemicum Ardoino, etc.) a été » trouvé, au cours de l'herborisation du 14 mai, dans l'Esterel, par » M'* Conort, qui seule, à ma connaissance, l'a récolté; j'ai assisté à » cette précieuse trouvaille : c'était dans le vallon du Mal Infernet (entre » l'endroit où l'on a déjeuné et le vallon du Gratadis). Personne ne savait » le nom de ce Geranium, excepté M. Bornet, qui reconnut le G. bohe- » micum de la Flore d'Ardoino. » « Je crois, comme M. Burnat, ajoute M. de Nanteuil, cette plante rare » dans l'Esterel; je ne l'y ai rencontrée, comme lui, qu'une fois, sur la » montagne des Suviéres..... » Medicago Gerardi Willd. — M. Jordan a distingué dans le groupe du M. Gerardi cinq types secondaires : M. Timeroyi, depressa, ger- mana, Morisiana et cinerascens (2). M. le D' Gillot a rapporté au M. cinerascens une forme qu'il a observée prés d'Antibes. Celle que j'ai récoltée au cap représente, par ses gros fruits glabrescents à longues épines, le M. depressa signalé à Cannes par Ardoino et que.je possède aussi en herbier des iles d'Hyères. Coronilla valentina L. — Récolté par M. Billiet, le 12 mai 1883, « dans les broussailles du cap d'Antibes », où cette espèce avait été semée naguére par M. Bornet. Rosa sempervirens L. — Nom substitué par M. Burnat à celui de R. scandens mentionné en premier lieu. « Ce qu'une certaine école a » voulu distinguer, sous ce dernier nom, du type linnéen, n'est méme » pas une variété. » (Burn. in litt.) (1) D'après M. Burnat (loc cit.), le Geranium bohemicum (L. Sp., Koch Syn., Gaud. Fl. helv., non G. G. nec Parl.) de Scandinavie et de la Suisse diffère du G. Perreymondi de Provence et de la Corse : 1° par la configuration de ses feuilles; 2 par ses pédi- celles fructiféres plus allongés et moins étalés; 3° par ses fleurs plus grandes, ainsi que les carpelles et les graines; 4° par ses graines trés nettement et finement alvéolées, avec une couleur d'un brun rougeâtre ; 5° par la forme des cotylédons, etc. (2) Voyez Archives de la flore de France et d'Allemagne de C. Billot, p. 316. SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. CXCV Lythrum Grzefferi Ten. — C'est la plante ainsi nommée par les flo- ristes francais, Gren. Godr., Ardoino, etc. — Sur les individus récoltés au cap d'Antibes le 22 mai, les fleurs avaient des étamines de deux sortes : la moitié de celles-ci étaient exsertes ; les autres, beaucoup plus courtes et incluses dans la corolle. Ayant remarqué dans les herbiers de nom- breuses formes intermédiaires aux L. Græfferi Ten. (Gren. Godr.) et Hys- sopifolia L., j'incline à ne voir dans le premier qu'une variété méridio- nale, tout au plus une sous-espéce, par rapport au second. Centaurea amara var. bracteata Scop. non Balb. (Burnat). — Récolté non fleuri par M. Gillot sur les bords du canal de la Siagne, au-dessus de Cannes. Centaurea paniculata var. esterelensis Burn. — Forme voisine des C. polycephala Jord. et rigidula Jord. Ce dernier se récolte en juillet au cap d'Antibes (1). On rencontre aussi en été, surles coteaux de Vallauris, le Centaurea leucophæa Jord. (Ém. Burnat). Veronica præcox All. — Caussols (abbé Pons). Cette espèce n'est pas mentionnée par Ardoino. M. Burnat la possède en herbier, de Caussols, avec la mention : « Leg. Gremli, 22 mai 1879. » Euphrasia oíficinalis L. var. nemorosa. — Cette forme avait été d'abord désignée sous le nom d'E. officinalis var. parviflora. M. Burnat m'écrit au sujet de ce groupe : « La forme d'E. officinalis à laquelle » on a généralement conservé le nom linnéen est plutót une plante de » l'Europe centrale et septentrionale; elle parait trés rare dans les » Alpes-Maritimes, d’où je ne la possède que de trois localités subal- » pines. Nous avons dans les Alpes-Maritimes : E. Rostkoviana Hayne » (E. officinalis auctor. plurim.), puis une variété brevipila Burn. et » Grem. (2) assez répandue, une variété montana (E. montana Jord.), » E. hirtella Jord., E. puberula Jord., E. nemorosa H. Mart., E. mi- » nima Jacq. avec trois variétés, E. salisburgensis, et enfin E. alpina » Lamk (la plus répandue). » Nepeta laneeolata Lamk. — Est la plante que Grenier et Godron désignaient sous ce nom, d'aprés les stations indiquées, et que Ardoino appelait N. Nepetella. Elle est assez répandue dans les Alpes-Maritimes. Aristolochia pallida Willd. — Non mentionné dans la Flore de iqué jouté dant l'impression. — [« Je pos- 1) Note communiquée par M. Burnat et ajoutée pen Ie Je - "m des exemplaires de Centaurea rigidula (ex herb, Thuret et Bornet) Pn envi "Anti du 27 juin au 22 juillet. M. Gillot l'a trouvé défleurt, le 17 sept. te s d ine Ipcalité.. Quant au Centaurea polycephala Jord., inconnu jusqu'ici dans les Alpes-Maritimes, je l'ai découvert, dans une herborisation faite à Sainte-Mar- guerite (Lérins) avec M. de Nanteuil, le 9 août de l'année dernière. »] (2) Townsend, Journal of Botany, 1884, p. 167. CXCVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. France de Grenier-Godron, et indiqué par Ardoino comme très rare dans les Alpes-Maritimes. — M. R. de Nanteuil nous écrit au sujet de celte plante : « Je l'ai récoltée dans les Gorges du Loup, sur la rive » gauche du torrent, le jour de l'herborisation de la Société ; elle y était » abondante. M. Marcilly (Bull. Soc. bot. de Fr. XVI, 345) Va signalée » sur une grande étendue dans le massif du Cheiron qui domine le cours » du Loup. Elle se retrouve à Caussols, sur les bords de la route de » Saint-Vallier à Thorenc. Elle existe aussi dans l'Esterel, où M. Marcilly » l'indique prés d'Agay et où je la connais dans le vallon de la Ragne et » dans le vallon situé entre la montagne du Marsaou et la route de Cannes » à Fréjus..... » Euphorbia nieæensis Var. Salzmanni DC. — Trouvé par M. Gillot el communiqué à M. Burnat, qui a confirmé la détermination. « L'échan- » tillon est en fleur sans fruits; le port est un peu différent de celui » de l'E. nicæensis : feuilles moins épaisses, rayons de l'ombelle plus » gréles, etc., indépendamment de la forme anormale des bractées. » (Burnat in litt.) Quercus Auzandi G. G. — Espèce dédiée à Auzande, jardinier (sous la direction de Robert) à Toulon. Il faut donc écrire Auzandi, et non Auzandri comme dans la Flore de G. G. Ce Quercus, probablement hybride, n'est pas mentionné par Ardoino. Narcissus minor. — Caussols (abbé Pons). N'est peut-être qu'une forme minor du N. Pseudonarcissus, ce dernier type existant d'ailleurs sur divers points des Alpes-Maritimes, Tende, etc. Nous laissons à regret le nom de N. minor L. qui peut étre discuté. M. Burnat nous commu- nique la note suivante de Reuter relative à ce Narcisse. « Le vrai N. mi- » nor, indiqué en Espagne seulement, que je cultive au Jardin bota- » nique de Genéve, provenant de celui de Paris, me semble différer du » vôtre par sa fleur concolore citrine, son ovaire plus oblong et plus lon- » guement pédicellé. La couronne me semble aussi moins élargie au sommet ; les feuilles sur le vif sont glauques et étalées sur la terre. Il serait intéressant de cultiver la plante de Caussols, qui me paraît res- » sembler beaucoup au N. minor. » (Reuter in litt. 26 décembre 1872.) y y Carex humilis Leyss. — Gorges du Loup (abbé Pons). « J'ai retrouvé, » nous écrit M. Burnat, une note de M. Townsend, de 1875, qui l'indique » à la méme localité, non mentionnée par Ardoino pour cette espèce el » plus basse que celles qu'on lui connaissait jusqu'ici dans les Alpes- » Maritimes. » SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. CXCVII NOTES SUR QUELQUES PLANTES DES ALPES-MARITIMES, par M. BUBNAT. 1. Renoncules à ajouter à l'énumération donnée par Ardoino pour les Alpes-Maritimes. l. Ranunculus trichophyllus var. Drouetii Loret, Flor. Montp. p. 792; R. peucedanifolius All. Fl. ped., 1469! pro parte; R. Drouetii Schultz, Gr. et Godr. Albenga**!! (E. Burnat, 11 juin 1879); la Brague prés Antibes * !! (Fr. Townsend, in herb. Burnat); Caussols* (Consolat, in herb. Huet); Cuneo ** !!, en diverses stations (1). lI. R. contervoides Fries Summ. veg. Scand. (anno 1846-49); Ba- trachium confervoides Fries, Bot. not., p. 141 (anno 1845); Dumort. Monogr. p. 14; Ranunculus lutulentus Perr. et Song. in Billot, Annot. p. 181 (anno 1859). Environs d'Esteng, sources du Var, marais de la bergerie de Sangui- niére, ann. 1875 (Reverchon leg., in herb. Burnat). Nous ne l'avons pas rencontré dans celte localité en 1877 (2), mais nous n'avons pu y faire des recherches suffisantes ; la station noussemble conforme à celles dans lesquelles nous avons récolté cette rare espéce en Suisse. La synonymie ci-dessus nous a été communiquée par feu Godron, qui avait comparé nos exemplaires récoltés par M. Reverchon avec ceux de MM. Perrier et Songeon. IIT. R. aquatitis L.; Gr. et Godr. Fl. Fr.! Ruisseau d'Agay!! (Shuttleworth leg. anno 1865, sub R. quinque- lobatus Shutlw. ined., in herb. Burnat; Marcilly leg. in herb. Burnat). — Malgré quelques différences avec les formes les plus répandues de ce type, M. Godron n'avail pas hésité à lui rapporter la plante d'Agay, d’après les exemplaires que nous lui avons soumis. IV. R. parnassifolius L. | Versant sud du mont Meunier (Barra di Meunier)!!*, en fruit le 4 août 1876. Leg. E. Burnat et J. J. Vetter. iti — ** localités italiennes; (1) !! récolté, ! vu par E. Burnat, des Alpes-Maritimes. 0 * localités françaises. "n “impression. — lu Le 2 (2) Note communiquée par M. Burnat et ajoutée pendant impression: | l us août dernier, M. de Nanteuil et moi avons rencontré cette espèce dans una localité trés voisine de la précédente, à savoir : étang dans la partie moyenne du vallon de Jallorgues. »] CXCVIII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. V. R. nemorosus DC. Syst. (ann. 1818); R. aureus Schl. Cat. (1821), Rchb. Ic. 4608; R. silvaticus Gren. et Godr., non Thuill. (1). ' Mont Galero ** !! (limite des Alpes-Maritimes à l'orient); partie moyenne de la vallée de Thorenc* !! ; Saint-Martin d'Entraunes* (Reverchon leg., in herb. Burnat); Esteng, aux sources du Var* !!. Oss. — Le nom de R. nemorosus a été souvent remplacé, en Alle- magne et en Autriche, par celui de R. Breyninus Crantz (ann. 1769); mais M. Kerner (Sched. ad flor. exsicc. austr.-hung. I, p. 24) a établi que la plante de Crantz était le R. Hornschuchii Hoppe (1826) — R. Villarsii Koch et plur. auct., donc une forme du R. montanus Willd. VI. R. lanuginosus L.; R. umbrosus Tenore! sec. herb. Boissier ; R. Grenieranus Ard. Fl. Alp.-Marit. (ex herb. Thuret !) non Jordan! Environs de Garessio**! (herb. Allioni); vallée de Pesio *!! (herb. Thuret); vallon du Boréon, prés de Saint-Martin-Lantosque !! ** (partie italienne). La localité donnée par Bertoloni, aux bains de Valdieri **, est fort douteuse. — Cette espèce croît en diverses stations des Maures du Var! VII. R. macrophyllus Desf. Flor. Atl.; R. palustris Boiss. FI. Or.!; Mab. Exs. cors. 202! an Sm.? Cette espéce a les fibres radicales trés épaissies, les pédoncules sillon- nés (au moins aprés la floraison), le réceptacle velu, les carpelles à caréne munie de chaque cóté d'un sillon prononcé; ses sépales sont trés étalés plutót que réfléchis. Nous avons trouvé cette plante entre Cannes et Antibes en 1879 ; elle y était sans doute adventice, ainsi qu'à Toulon, où elle s’est répandue sur certains remparts de la ville, et d’où l'a distri- buée autrefois M. Huet sous le nom de R. velutinus Ten. et plus tard (exsice. Soc. dauphinoise, 1877, n° 1075) sous le nom de R. palustris Sm. — Le R. velutinus que l'on a observé en abondance aux environs d'An- tibes a des caractères très différents de ceux mentionnés ci-dessus; il ne croit pas à Toulon, où Grenier et Godron l'ont indiqué. Le R. macro- phyllus a été trouvé accidentellement à Marseille (décombres, H. Roux leg., in herb. Burnat). 2. Remarques sur quelques Renoncules mentionnées dans la Flore d'Ardoino. Les 7 espéces ou variétés ci-dessus complétent l'énumération des 29 espèces (y compris le R. trilobus Desf.; Ard. Fl. Alp.-Marit. p. 451, 1" éd.) donnée par Ardoino pour les Renoncules des Alpes-Maritimes. Ces (1) « J'ai vu à Genève l'échantillon authentique de Thuillier, qui m'a paru se rap- porter à une forme du groupe R. acris .(Voy. Grenier, Revue fl. jur. p. 28.) » (Note communiquée par M. Burnat pendant l'impression.] SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. CXCIX T espèces ont toutes été observées dans la circonscription d'Ardoino. — Au sujet des Renoncules que cet auteur a admises, il convient de faire quelques réserves. Ranunculus rutæfolius L.— A Carlin? et au mont Bego **, d’après Risso et Stire. Je ne l'ai pas trouvé dans la collection de ce dernier, oü existent d'ailleurs quelques confusions avec des plantes des Alpes de l'Europe centrale. Dans les Alpes-maritimes, notamment dans les loca- lités indiquées par Ardoino, je n'ai pas encore rencontré cette espéce. R. alpestris L. — Fort rare dans les Alpes-Maritimes et jusqu'ici non observé, à ma connaissance, dans la circonscription de la Flore d'Ardoino; je ne l'ai rencontré que : prés de la croix de Malabera, à une heure environ du sommet, sur le versant du val Pesio** (col entre le val Pesio et la Briga), puis assez abondant à la Raschera ** (Rascaira d'Al- lioni, des Alpes-Maritimes de Mondovi). R. Thora L. — Je ne l'ai vu que du val Pesio**, bien qu'Ardoino indique la région alpine; il est vrai que c'est d'aprés Risso et Stire, deux de ses sources de renseignements les moins süres. Allioni a dit : « Ex alpibus vinadiensibus habeo. » Si cette espéce ne croit que dans les Alpes de Pesio et de Vinadio **, elle devra être exclue de la Flore d'Ardoino. R. Grenieranus Jord. — Ardoino a désigné sous ce nom, d'abord un R. Villarsii, que de Notaris signale comme trés répandu dans la haute région montagneuse, en citant DC. Prodr., et Koch Syn. (conf. de Not. Rep. p. 12). Fort probablement l'espéce que de Notaris a voulu men- tionner n'est que le R. montanus Willd., assez répandu en Ligurie. Ardoino donne ensuite la localité du val Pesio (en dehors de ses limites), d’après MM. Thuret et Bornet, dont la plante, ainsi que le témoigne leur herbier, se rapporte au R. lanuginosus L. Sous le nom de R. Villarsii DC. — R. aduncus Gren. et Godr., Ardoino a voulu désigner une sous-espéce assez distincte du R. mon- tanus, que Reuter avait récoltée dans les Alpes de Tende et distribuée sous le nom de R. Gouani. Ce R. aduncus est assez répandu dans les Alpes-Maritimes, où il descend plus bas dans la région montagneuse que le R. montanus. Quant au R. Villarsii DC., d'aprés l'herbier du Pro- drome, il se compose non seulement du A. aduncus, dont un échantil- lon avec carpelles mürs ne peut laisser de doute, mais aussi d autres Spécimens sans fruits, dont une partie au moins ne peuvent étre dis- tingués du R. montanus. On devrait abandonner définitivement le nom de R. Villarsii, « dont les échantillons authentiques,comme les descrip- » tions de De Candolle, ne donnent qu'une notion confuse ; nom sons » lequel, d’ailleurs, chaque auteur comprend une forme différente du CC | SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. » Ranunculus montanus » (Neilreich, Aufzæhl. p. 240, et Nachtr. p. 68). R. sceleratus L. — Je l'ai vu des bords du Var (?), où Ardoino le mentionne, dans l'herbier de l'abbé Montolivo, sous la forme d'un maigre échantillon dont ce botaniste n'a pu me donner la provenance exacte. Il ne parait pas qu'on ait observé cette espéce récemment sur le littoral des Alpes-Maritimes; dans la Ligurie occidentale elle n'est pas citée. Par contre, elle parait assez fréquente aux environs de Cuneo et de Mondovi, au pied du versant nord des Alpes-Maritimes, d'aprés les indi- cations des botanistes de ces localités. En résumé, il résulte des observations ci-dessus, que sur les 29 Renon- cules énumérées par Ardoino, cinq doivent probablement étre exelues du domaine de la Flore de cet auteur ; mais, sur ces dernières, deux au moins appartiennent bien à la région des Alpes-Maritimes. 3. Le Viola eslerelensis Chanay et Millière. Le Viola esterelensis est trés voisin du V. alba Besser, et n'en diffère guére que par la coloration de ses pétales et l'absence assez générale de stolons. De plus, dans nos échantillons, les feuilles ont un sinus moins ouvert que dans le V. alba; elles sont aussi moins pointues ; l'éperon ne dépasse pas les appendices calicinaux, mais il est plus long que ces der- niers dans toutes les variations du V. alba que nous avons vues. Ce der- nier caractère est-il constant? Il n'a pas, dans tous les cas, dans ce groupe, l'importance qu'il faut attribuer à celui tiré de la forme des sti- pules. — Le V. hirta var. picta Moggr. Conir. fl. Ment., pl. 54, dont les pétales sont blancs, veinés de lilas, a ses affinités dans le méme groupe (loin du V. hirta!), mais il présente des stipules (voy. la figure citée) lancéolées, plus larges que celles du V. alba, qui les possède linéaires ou linéaires-lancéolées. D'ailleurs nulles différences (sur le sec) avec le V. esterelensis, à part celle déjà signalée, concernant la longueur de l'éperon. Moggridge dit bien que les fleurs de son Viola sont dénuées d'odeur, tandis que le V. esterelensis est légérement odorant, ainsi que le V. alba, mais cela est de peu d'importance ; par certains temps, ce dernier n'offre parfois pas trace d'odeur.— A ces deux variétés du V. alba (este- relensis et picta) on peut en ajouter une autre trouvée par M. L. Marcilly au val de Menton, à pétales latéraux glabres, ainsi que la capsule. Le V. Jaubertiana Marés, Cat. Bal. p. 37, tab. 2, des Baléares, est pour nous une autre variation du V. alba, avec des capsules glabres et des fleurs d'un beau violet. Dans les Alpes-Maritimes comme dans l'Hé- rault (conf. Loret, Fl. Montp. I, p. 75), le V. alba a parfois des pétales entiérement violets. — Ajoutons enfin qu'Ardoino a, bien à tort, omis le SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. CCI V. alba dans sa Flore des Alpes-Maritimes. est assez répandu dans la région littore:e, d'Alassio à Cannes. MM. Thuret et Bornet avaient depuis longtemps constaté sa présence sous la forme V. scotophylla Jord. à fleurs blanches et éperon violacé (par exemple à la Drague, près d'An- tibes), sans aucune différence, au moins sur le sec, avec les formes de l'Europe centrale. 4. Viola Jordani Wanry Prodr. Var (ann. 1853), p. 169; V. elatior Ard. Fl. Alp.-Marit.? non Fries. Tiges dressées de 25 à 35 centimètres de hauteur, rarement moins, glabrescentes. Feuilles finement pubescentes, surtout sur les nervures et sur les bords, ovées, un peu acuminées, subcordiformes à la base, les in- férieures presque aussi larges que longues. Stipules trés grandes, folia- cées, plus ou moins incisées dentées vers la base, celles du milieu de la tige au moins aussi longues que le pétiole. Bractées sous-florales plus grandes que dans les espèces précédentes (1). Fleurs d'un bleu pâle. Capsule subaigué (dans nos exemplaires), non tronquée apiculée. Cette sous-espéce est trés voisine du V. elatior Fries (V. persicifolia Rchb. Je. 4508, non Roth, nec Fries), mais cette dernière nous parait devoir étre distinguée : par ses feuilles plus longues, moins larges, lancéo- lées, à base arrondie ou un peu cunéiforme ; ses pétioles plus nettement dilatés à la partie supérieure; ses tiges pubescentes, au inoins à la partie supérieure; ses stipules seulement dentées ou parfois presque entiéres; son éperon plus gros, plus court (et non mince, courbé, dépas- sant longuement les appendices calicinaux). Has. — Bois de Gourdon! (Consolat in herb. Burn.) ; Bouyon! (Darlet in herb. Burn.) ; lieux découverts sur le chemin de Collongues à Sigale ! (herb. Marcilly ; sous une forme plus basse, plus rameuse, de 12 à 15 centimètres de hauteur); sous les buissons à Gars! (herb. Marcilly); Tournon sur Siagne! (Goaty in herb. Thuret). — Fl. avril-mai. — M. Haury (Prodr. Var, l. cit.) a trouvé cette espèce à Aups et au Cannet du Luc, d'où il a en l'obligeance de nous l'envoyer. Ardoino (Fl. Alp.-Marit. p. 92, 1* (éd. indique le V. elatio" fr. à Saint-Vallier (Lorel) et à Figaret sur Coarazza (Montolivo). : . d'Ungern de Sternberg (quia été médecin com- munal à Tende durant deux ou trois ans) nous a signalé, sous le nom de V. elatior, une plante qu'il a trouvée entre Saint- Dalmas de Tende et la Briga, vers le milieu de mai. Il y aurait enfin à examiner si les loca- lités de Draguignan et Castellane (Gren. et Godr. Fl. Fr, t. I, 181) se rapportent au V. elatior Fries ou au V. Jordani Hanry. (1) V. pumila Vill., V. Ruppii Aioni, V. canina L. ct var. CCII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. NOTE DE M. Émile BESCHERELLE SUR LES MOUSSES RÉCOLTÉES PENDANT LA SESSION D'ANTIBES, La fin du mois de mai n'était pas une saison favorable pour la. récolt des Mousses dans cette région de la France, et surtout dans les localité visitées par la Société, localités presque toujours dénudées et brülées par le soleil. Nous avons cependant pu recueillir quelques espéces intéres- santes que nous croyons devoir signaler. Les différentes courses faites au cap d'Antibes en allant visiter la villa Thuret, et en nous rendant à l'hótel où la municipalité nous avait offert à déjeuner, nous ont donné: Hymenostomum microstomum var. f. bra- | Trichostomum nitidum (stér.). chycarpum. — flavo-virens (stér.). Gymnostomum tortile. Bartramia stricta (c. f.). Trichostomum crispulum var. longifolium. | Eurhynchium circinatum (stér.). La course de Biot a été plus fructueuse. Nous avons trouvé : 1° Sur la route en venant d'Antibes, sous un ponceau : Barbula Brebissonii (c. f.). Lunularia vulgaris. Funaria calcarea. 2° En quittant la route pour nous diriger sur la colline : Bartramia stricta (c. f.). Bryum murale. Gymnostomum calcareum var. y. Barbula squarrosa (stér.). Cette derniére espéce recouvrait d'un manteau de pourpre les parois d'un ponceau. Eurhynchium pumilum (stér.). Targionia hypophylla (CCC.). Bryum torquescens. — alpinum var. mediterraneum. Eurhynchium crassinervium (stér.). La colline trachytique ne nous a rien offert d'intéressant ; mais en la quittant pour gagner le plateau boisé, nous avons récolté dans un ruis- seau Scorpiurum rivale Sch. (stérile). Les échantillons récoltés par Durieu de Maisonneuve dans la Garonne, à Lauzon, et en Algérie, et qui ont servi à Schimper pour établir son genre Scorpiurum, sont identiques, ainsi que j'ai pu m'en convaincre par la communication que M. Motelay a bien voulu m'en faire, à ceux que nous avons recueillis à Biot. On ne peut y voir, comme l'a trés bien remarqué SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. cci M. l'abbé Boulay, qu'une variété, trés remarquable d'ailleurs, de l'Eu- rhynchium circinatum (1), et à laquelle j'ai conservé le nom de rivale donné par Schimper. En redescendant la colline, chacun a pu recueillir Funaria calcarea et Reboulia hemisphærica. La forêt de l'Esterel, dont nous n'avons visité que la partie incendiée, en suivant la nouvelle route d'Agay au Trayas, est trés pauvre en Mousses. Nous n'avons rencontré que les espéces suivantes : Weisia viridula var. gymnostomoides. Bartramia stricta (c. f.). Fissidens taxifolius. Philonotis marchica (fl. màl.). — adiantoides. Bryum atropurpureum. Campylopus polytrichoides (fl. fem.). — alpinum. Barbula squarrosa (stér.). — torquescens. — cuneifolia, Pterogonium gracile. Entosthodon Templetoni. Grimaldia barbifrons. L'excursion des gorges du Loup, au-dessus de Grasse, nous a donné : 1° Dans les environs du pont de Pataras : Eucladium verticillatum (stér.). Barbula atro-virens var. edentula. Gymnostomum calcareum var. y. — tortuosa (stér.). — tortile. Bryum alpinum (stér.). Trichostomum mutabile. Eurhynchium striatum var. 6. — crispulum var. elatum. 2 En remontant le torrent, sous le château de Gourdon : Cinclidotus fontinaloides, très commun sur les blocs calcaires humides, dans une grotte qui n’est inondée que l'hiver et où il fructifie bien, quoique Schimper dise (Bryol. Europ.) qu’en dehors de l’eau cette Mousse reste stérile. — Homalia lusitanica (stér.), Mousse d'un vert sombre à ra- meaux terminés par de nombreuses flagelles. Elle diffère des échantil- lons de Corse et d’Algérie par des feuilles plus petites, moins largement obtuses, arrondies, et ornées au sommet de dents aiguës moins fortes ; la nervure est aussi plus courte. Encalypta streptocarpa (stér.). | Eurhynchium prelongum var. rigidum. Au château de Gourdon et dans le bois, nous n'avons à signaler, mal- gré l'altitude plus élevée, que des Mousses vulgaires, telles que : Orthotrichum cupulatum. Encalypta streptocarpa (stér.). Bryum alpinum (stér.). Mnium stellare (stér.). Gymnostomum tortile. Barbula membranifolia. — inermis. — tortuosa (stér.). (1) Voyez Boulay, Muscinées de la France, p. 115, et Bescherelle, Catal. des Mousses d'Algérie, p. 37. CCIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Il en est de méme du plateau de Caussols, d’où MM. Flahault et Cintract nous ont rapporté entre autres : Distichium capillaceum (stér.). | Barbula subulata var. integrifolia. LISTE DES ALGUES MARITIMES RÉCOLTÉES A ANTIBES, par MM. Éd. BORNET et Ch. FLAHAULT. Aux excursions projetées pour la session d'Antibes, la Commission avait proposé d'ajouter une herborisation à la mer, qu'auraient dirigée MM. Bornet et Flahault. Une liste générale des Algues récoltées à An- tibes avait été dressée en prévision de cette éventualité qui n'a pu être réalisée, tout le temps disponible ayant été pris par les herborisations phanérogamiques. Quelques-uns de nos confrères ont pensé que l'inser- tion de cette liste dans le Bulletin ne serait pas sans intérét. Nous la don- nons ici en y joignant divers renseignements sur les endroits que nous aurions visités si le programme primitif avait été complétement rempli. Entre les sables du golfe Jouan et l'interminable plage de galets qui s'étend du fort Carré à l'embouchure du Var, s'allonge, du nord au sud, sur une longueur de 3 kilomètres, la presqu'ile rocheuse du cap d’An- tibes. Les contours en sont trés irréguliers. La cóte présente une succes- sion de saillies et d'anfractuosités, de falaises abruptes et d'anses sablon- neuses qui offrent des conditions variées à la végétation sous-marine. Les deux versants de la presqu'ile ne sont pas également favorables à l'her- borisation. En général, le versant oriental est peu accessible. Presque partout les roches plongent immédiatement en eau profonde et sont sté- rilisées par le choc des grandes vagues poussées par le vent d'est, qui est à Antibes le plus fort et le plus fréquent. Sur le versant qui borde le golfe Jouan, la mer est plus calme, et les rochers s'enfoncent dans l'eau par une pente moins rapide. Les points de la côte les plus riches en Algues sont: le port, l'anse Greuille, la Croupatassiére, la pointe de l’Ilette, le Graillon, l'Olivelte et les Nielles. Dans le port, on visite les jetées et les pierrailles abritées par le fort Carré. L'anse Grenille comprend le plateau peu profond qui s'é- tend de la pointe Grenille, oà la route du cap aboutit à la mer, et les remparts, au-dessous desquels il se prolonge pendant une assez longue distance. On nomme Croupatassiére (de croupatas, nom provençal du SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. CCV corbeau) la falaise à pic sur laquelle est bâti le château d'Eilenroc, tout à faità la pointe de la presqu'ile. A la base de l'escarpement se trouvent des fentes, des bassins abrités par des rochers tombés du sommet de la falaise, où croissent quelques-unes des plantes les plus rares de la région. Cette localité ne peut être visitée qu’avec la permission de M. Wyllie, le propriétaire actuel, qui l'accorde, du reste, avec beaucoup de bonne gràce. En face de la Croupatassiére, à gauche du Grand-Hótel du cap, s'étend une pointe basse, hérissée de roches aigués, coupée à l'extrémité par des rigoles profondes, sans cesse traversées par un rapide courant. Cette pointe de l'Ilette est la meilleure et la plus étendue des localités algolo- giques d'Antibes. À marée basse et par un temps calme, on est toujours certain d'y récolter des espéces intéressantes. De méme qu'à la Croupa- lassiére, les eaux sont pures et toujours en mouvement ; les Algues de la mer profonde et des rochers battus y croissent de préférence. Les rochers du Graillon, au-dessous de Ja batterie de ce nom, sont en quelque sorte le prolongement de la pointe de l'Ilette; on y trouve à peu près les mêmes espèces. Au delà du Graillon, en se dirigeant vers la Pinède, on rencon- trait jadis une série de petites baies (l'Olivette, les Nielles, le Croton) dont l'eau tranquille et chaude, reposant sur un fond de cailloux légère- ment vaseux, nourrissait un assez grand nombre d'Algues particulières. L'Espera mediterranea, l'Anadyomene stellata, le Rivularia hos- pita, Y Entophysalis granulosa, y formaient en quelque sorte des tapis. La route nouvelle qu'on a construite sur le bord méme de la mer a pro- fondément modifié cette partie du rivage. Les Algues mentionnées ci-aprés sont exclusivement celles que nous avons récoltées à Antibes, mais non toutes celles qu'on y peut rencontrer. D'une part, nous n'avons jamais herborisé que pendant une partie de l'année ; de l'autre, nous avons exclu les espéces provenant du golfe Jouan, de Cannes et des iles de Lérins, dont nous n'avons pas en herbier d'échantillons antibois. A trés peu d'exceptions prés, ces Algues ont été prises à la main ou à l'aide d'une petite drague emmanchée d'un bâton, à une profondeur qui n’excède pas un mètre et demi. Des draguages exécu- tés dans les champs de Posidonia qui garnissent le fond du golfe. Jouan ajouteraient sans doute quelques espèces. Le M icrodictyon umbilicatum Zanard., que nous n'avons pas trouvé à la côte parmi les épaves, a ele retiré du fond de l'eau, sur une souche de Posidonia, par une ligne que M. le docteur Talmy, de la marine francaise, avait jetée par le hublot de sa cabine. » Nous avons suivi l'ordre des genres adopté par M. Berthold dans l'énu- mération qu'il a donnée des Algues du golfe de Naples, afin de rendre plus facile la comparaison des deux listes. CCVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. CRYPTOPHYCEZÆ Thur. Entophysalis granulosa Kütz. — Olivette. Au niveau supérieur de la marée. Spiralina tenuissima Kütz. — La Pinède. Sur les roches. Lyngbya polychroa Menegh. — Graillon. Sur Bornetia secundiflora. Lyngbya margaritacen Kütz. — Ilette, Croupatassière. Lyngbya Iuteo-fusca Àg. — Port. Calothrix erustacea Thur. — Port. Calothrix scopulorum Ag. — Port, Nielles. Isactis plana Thur. — Les Nielles. Sur les pierres un peu vaseuses. Rivularia atra Roth. — Ilette. Sur les rochers à la limite supérieure de la marée. Rivularia mesenterica Menegh. — Pinède, Ilette. Sur les rochers. Rivularia hospita Kütz. — Les Nielles. Rochers vaseux toujours sub- mergés. Hormactis Balani Thur, — llette. Rochers battus, à la limite supérieure de la marée. CHLOROSPOREA. Tetraspora Giraudyi Derb. et Sol. — Le Croton. Palmophyllum orbiculatam Thur. mscr. — Croupatassière. Sur les rochers et les pierres polies qui ne découvrent pas. Ulva rigida Ag. — Ports, remparts, etc. Enteromorpha intestinalis Link. — Marais de la Pinéde. Enteromorpha Linza J. Ag. — Partout. Enteromorpha compressa Grev. — Anse Grenille. Enteromorpha clathrata Ag. — Partout. Chsetomorpha serea Kütz. — llette, remparts, etc. Sur les pierres et di- verses Algues. Chætomorpha rigida Kütz. — Anse Grenille. Sur les Cystosira. SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. CCVII Chætomorpha tortuosa Kütz. — Ilette. Chætomorpha implexa Kütz. — Ilette. Cladophora prolifera Kütz. — Croupatassiére. Dans les trous des ro- chers. Cladophora catenata Kütz. — Ilette, Croupatassiére. Mêlé au précé- dent. Cladophora pellucida Kütz. — Remparts. A la base des rochers om- bragés. Cladophora sericea Kütz. — Partout. Cladophora pumila Kütz. — Golfe Jouan. Cladophora Rudolphiana Kütz. — Quais du port. Anadyomene flabellata J. Ag. — Les Nielles. Sur les vieilles souches de Posidonia. Valonia utricularis Ag. — La Pinéde, Graillon, etc. Dans les fentes ombragées des rochers. Bryopsis Balbisiana Lamour. — Croupatassière. Sur les rochers. Bryopsis muscoides Lamour. — Ilette, remparts. Rochers battus. Bryopsis adriatica Kütz. — Ilette, Croupatassière Fentes des rochers. Bryopsis plumosa Grev. — Port. Espera mediterranea Decaisne. — Ilette, la Pinède au-dessous de la villa Riouffe. Codium tomentosum Ag. — Olivette, Croupatassière. Sur les ro chers. Codium difforme Kütz. — Ilette. Parois verticales des rochers. Codium Bursa Ag. — Les Nielles, Graillon. Entre les Zostères. Udotea Destontainii Decaisne. — Les Nielles, Graillon, etc. Port. Sur les rochers un peu vaseux. Halimeda Tuna Kütz. — Nielles, llette, etc. Parois des rochers exposés à la mer ouverte. Dasycladus clavætormis Ag. — Nielles. Sur les pierres dans les en- droits calmes un peu vaseux. Acetabularia mediterranea Kütz. — Le Croton, les Nielles, Sur toule la côte, excepté aux endroits exposés à la grande mer. Ilette, etc. CCVIIL SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Derbesia Lamourouxii Solier. — Croupatassière, Ilelte. Sur des rochers abrités. PHÆOSPOREÆ. Scytosiphon Lomentarius Endl. — Port, les Nielles, etc. Sur les pierres ‘dans les endroits abrités. Colpomenia sinuosa Derb. et Sol. — Port, Ilette, Croupatassiére. Sur les rochers et les Algues presque à fleur d'eau. Asperococcus bullosus J. Ag. — Iletie, Croupatassiére. Sur les pierres. Asperococcus compressus J. Ag. — Port. Murs du quai. Striaria attenuata J. Ag. — llette. Sur les pierres. Panctaria iatifolia Grev. (Giraudy!) — Port. Laminari:: (Phyllaria) remiformis Lamour. — Croupatassière. Sur les pierres au-dessous d'un rocher en surplomb. Nereia filiformis Zanard. — Croupatassière, Graillon, etc. Sur les pierres. Stilophora rhizodes J, Ag. — Ilette. Sur les Cystosira. Stilophora papillosa J. Ag. — Ilette. Mêlé au précédent. Nemaeystus ramulosus Derb. et Sol. — Ilette. Sur les pierres dans les endroils abrités. Castagnea Posidonise Thuret. — Golfe Jouan. Liebmannia Leveillei J. Ag. — llette, Croupatassière. Sur les pierre et les Corallines exposées à la mer. Myrionema vulgare Thur. — Sur les Ulves, Enteromorpha, etc. Myrionema orbieulare J. Ag. — Anse Grenille. Sur les feuilles de Posidonia. Giraudia sphacelarioides Derb. et Sol. — Remparts. Ause de la Ga- ` roupe. Sur les feuilles de Posidonia. Ralfsia verrucosa J. Ag. — Ilette, Croupatassière. Sur les pierres. Streblonema sphserieum Thuret. -— Pointe de l'Iette, Sur Lieb- mannia. Ectocarpus siliculosus Lyngb. — Pointe de l’Ilette. Sur les pierres à peu de profondeur. SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. COX Ectocarpus irregularis Kütz. — lette, pointe Dacon, etc. Sur les ro- chers au niveau de l'eau. Ectocarpus eæspitulus J. Ag. — Ilette, etc. Sur Cystosira amentacea. Ectocarpus geminatus Menegh. — Ilette. Avec l’Ect. siliculosus. Sphacelaria cirrosa Ag. — Ilette, Olivette. Sur les pierres dans les flaques abritées. Sphacelaria scoparia Ag. — Partout. Sphacelaria filicina Ag. — Plus rare que l'espéce précédente. Ilette. Cladostephus verticillatus Ag." — Croupatassière. Sur les pierres. Zanardinia collaris Crouan. — Ilette, Croupatassiére. Sur les pierres et les rochers. Cutleria adspersa de Notaris. — Avec le précédent. FUCACEÆ. Sargassum linifolium Ag, — Ilette, Dans les flaques en communica- tion avec la mer. Cystosira discors Ag. — Anse Grenille. Cystosira amentacea Dory. — Rochers battus sur toute la cóte. Cystosira barbata Àg. — Anse Grenille. Cystosira Hoppii Ag. — Méme localité. Cystosira erinita Duby. — Même localité. DICTYOTEÆ. Dictyota dichotoma Lamour, — Îlette, elc. Sur les pierres et diverses Algues, Dictyota linearis Ag. — Graillon. mour: — Ilette. Moins commun que le précédent. Dictyota Fasciola La g. — llette, Graillon. Sur les rochers exposés Dilophus repens J. À aux vagues. Taonia atomäria J. Ag. — Ilette, Croupatassière, remparts, etc. Sur les pierres dans les endroits un peu abrités. " T. XXX. cCx ` S SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Padina pavonia Gaillon: — Partout, dans les flaques peu profondes. Dictyopteris polypodioides Lamour. — Ilette. Sur les pierres. Zonaria Tournefortii Montag. — — Croupatassière. Sur les pierres dans des fentes ombragées. “FLORIDEÆ. Bangia fusco-purpurea Lyngb. — Remparts, pointe Bacon, etc. Sur les rochers exposés au rejaillissement des vagues. Bangia Le Jolisii de Notaris. — Quais du port. Porphyra leucosticta Thuret. — Remparts. Rochers à fleur d'eau. Porphyra laciniata Ag. — Même localité. | Goniotrichum elegans Zanard. — Parasite sur beaucoup d'Algues, les feuilles de Posidonia. Chantransia microscopica Berthold. — Olivette. Sur les fibres qui hérissent les vieilles souches de Posidonia. Chantransiä Nemalionis de Not. — Croupatassiére, Sur Nemalion lubricum. Chantransia secundata Thuret. — Anse Grenille. Sur les feuilles de Posidonia. Nemalion lubricum Duby. — Remparts, Graillon, Ilette, Croupatas- sière. Sur les rochers battus à haute mer. Liagora viscida Lamour. — Pinéde, Croupatassière. Sur les pierres dans les endroits abrités. Liagora distenta Lamour. — Croupatassière, Ilette. Sur les pierres à plus grande profondeur que le précédent. Seinaia furcellata Bivona. — Port. Sur les murs du quai. Galaxaura adriatica Zanard. — Olivette. Fente de rochers à peu de profondeur. Trouvé un seul échantillon. Caulacanthus ustulatus Kütz. — llette, etc. Sur les pierres. Gelidium corneum Lamour. var. plur. — Remparts, rochers battus. Pterocladia eapillacea Bornet, — Remparts, Croupatassiére, etc. Hypnea musciformis Lamour. — Graillon, Croupatassière, Ilette. Sur les rochers battus en arrière de la ligne du Cystosira amentacea. SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. CCXI Centroceras elavulatum Ag, — Ilette. Sur les rochers à fleur d'eau. Ceramium strictum Harv. — Pointe Grenille. Sur les Posidonia. Ceramium nodosum Harv., — Ilette. Ceramium rubrum Ag. — llette, Graillon, etc. Ceramium ciliatum Ducluzeau. — Partout. Ceramium echionotum J. Ag. — Ilette, la Garoupe. Spyridia filamentosa Harv. — Partout, sur les rochers à fleur d'eau. Callithamnion Borreri Harv. — Remparts, Croupatassiére, etc. Sur les rochers. Callithamnion tripinnatum J. Ag. — Croupatassière. Callithamnion caudatum J. Ag. — Remparts, Ilette, etc. Sur la paroi verticale des rochers ombragés, au niveau de l'eau. Callithamnion byssoides Arnott. — Olivette, Graillon. Sur Codium tomentosum. Callithamnion corymbosum Lyngb. — Remparts, Graillon. Callithamnion granulatum Ag. — llette, Croupatassiére. Sur les rochers;au niveau de la marée. | Antithamnion cruciatum Næg. — Ilette, la Garoupe. Sur les rochers et les Corallines presque à fleur d'eau. Antithamnion Plumula Thuret. — Anse Grenille, Croupatassiére. Jeté. Griffithsia phyllamphora J. Ag. — Croupatassière. Sur les rochers ombragés. Griffithsia opuntioides J. Ag. — Graillon, Croupatassiére. Parois des rochers ombragés. | Griffithsia setacea Ag. — Croupatassière. Même situation. Griffithsia Schousboei J. Ag. — Remparts. Même situation. Crouania attenuata J. Ag. — Remparts, Graillon. Sur les pierres dans les flaques tranquilles. Crouania Schousboei Thuret. — Croupatassiére. Sur les grosses pierres à faible profondeur. Spermothamnion flabellatum Bornet. — Croupatassiére. Sur Codium tomentosum . CCXII < "SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Spermothamnion Turneri Aresch. — Ilette, remparts. Sur diverses Algues. Bornetia secundiflora Thuret. — Graillon, Ilette. Fentes des rochers ombragés. Monospora pedicellata Solier. — Croupatassière, Ilette. Sur les roches qui ne découvrent pas. Sphondylothamnion multifidum Næg. — llette. Wrangelia penicillata Ag. — Pinéde, Ilette, etc. Sur les pierres dans les fonds tranquilles, rochers à Corallines battus par la mer. Naccaria gelatinosa J. Ag. — Croupatassière. Sur les grosses pierres à faible profondeur. kejolisia mediterranea Bornet. — Olivette. Sur Udotea flabellata. Vidalia volubilis J. Ag. — Olivette, llette. Dans les trous des rochers. Rhytiphlea tinctoria Ag. — Ilette, la Garoupe, etc. Sur les pierres dans les flaques abritées. Polysiphonia furcellata Harv. — Remparts. Rochers abrités. Polysiphonia fruticulosa Spreng. — llette, etc. Parasite sur les Cystosira. Polysiphonia opaca J. Ag. — Ileite. Sur les rochers qui découvrent. ‘Polysiphonia flexella J. Ag. — Ilette. Flaques abritées. ‘Polysiphonia Derbesii Solier. — Ilette. Flaques abritées. Polysiphonia flocculosa Kütz. — Ilette, fort Carré. Sur les pierres et les Cystosires dans les endroits abrités. Polysiphonia spinosa J. Ag. — Port (Farlow !). Polysiphonia subulata J. Ag. — Graillon, Ilette. Sur les rochers battus. . ‘Polysiphonia sertularioides J. Ag. — Ilette, Croupatassiére, etc. Sur les rochers exposés à la limite de la mer. ‘Polysiphonia simplietuseula Crouan. — Ilette. Au fond des flaques où l'eau se renouvelle continuellement. ‘Polysiphonia phleborrhiza Külz. Ilette, la Garoupe. Sur les rochers battus, à la limite du flux. SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. CCXIH Polysiphonia pennata J. Ag. — Croupatassière, la Garoupe. Polysiphonia secunda Zanard. — llette, Croupatassière, etc. Sur diverses Algues. Chondria Boryana J. Ag. — Ilette, Graillon. Sur les rochers battus, à la limite inférieure du flot. | Chondria tenuissima Ag. — Ilette. Chondria dasyphylla Ag. — Ilette. Eaurencia obtusa Lamour. — Partout. Laurencia papillosa Grev. — Ilette, anse de la Garoupe. Flaques abritées. Laurencia pinnatifida Lamour, — Port, Ilette. Sur les rochers exposés à la vague. Janczewskia verrucseformis Solms. — Anse de la Garoupe. Sur Laurencia obtusa. Ricardia Montagnei Derb. et Sol. — Olivette. Sur Laurencia obtusa. Bonnemaisonia asparagoides Ag. — Croupatassière. Sur la paroi des rochers. Digenea simplex Ag. — Olivette, Ilette. Dans les fentes des rochers abrités. | Alsidium helminthochorton J. Ag. — Giraudy! Dasya arbuscula Åg. — Croupatassière. Dasya ocellata Harv. — Remparts, Ilette, Croupatassière. Parois des rochers un peu abrités. Dasya Wurdemanni Bailey. — La Garoupe. Parasite sur diverses Algues à haute mer. Dasya plana Ag. — Ilette. Waiidie(yon mirabile Zanard. — Croupatassière. Sur le Cladophora catenata. Chylocladia kaliformis Hook. — Ilette. Chylocladia mediterranea J. Ag. — Port, remparts, Ilette, etc. Sur les rochers à faible profondeur. Chrysymenia Uvaria J. Ag. — Ilette. Parois verticales des rochers abrités. CCXIV | SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Chrysymenia pinnulata J. Ag. — Ilette, port. Plocamium coccineum Lyngb. — Remparts, Ilette, etc. Sur les rochers battus par la mer. Rhizophyllis dentata Montag. — Olivette, Croupatassière, etc. Appliquée sur la fronde du Peyssonnelia Squamaria. Rhodophyllis bifida Kütz. — Port. Murs du quai. Sphærococcus coronopifolius Ag. — Ilette, Croupatassière, etc. A la base des gros rochers dans l'eau profonde. Gracilaria compressa Grev. — Port, Garoupe. Gracilaria dura J. Ag. — Port. Nitophyllum punctatum Harv. — Ilette, etc. Sur diverses Algues. Nitophyllum uncinatum J. Ag. — Ilette, Port. Delesseria Hypoglossum Lamour. — Remparts. Fentes des rochers. Dudresnaya purpurifera J. Ag. — Ilette, Croupatassière. Parois verti- cales des rochers ombragés. Calosiphonia dalmatica (Ardiss.). — Croupatassière. Sur les rochers un peu abrités. Grateloupia dichotoma J. Ag. — Ilette, Croupatassière. Parois des rochers ombragés. | Grateloupia filicina Ag. — Port, Croupatassière, Ilette. Cryptonemia Lomation J. Ag. — Anse Grenille, Croupatassière. Parois verticales des rochers. Peyssonnelia Squamaria Decaisne. — Partout. Peyssonnelia rubra J. Ag. — Ilette, Croupatassiére. Parois des rochers en eau profonde. Peyssonnelia Dubyi Crouan. — Olivette, Graillon. Sur les s galets pres- que au niveau de l'eau. Hildenbrandtia rosca Kütz. — Partout. Corallina mediterranea Aresch. — Partout. Sur les rochers battus. Jania virgata Zanard. — Anse de la Garoupe. Sur les Cystosira. Jania corniculata Lamour. — Méme localité. Sur Cladostephus. Jania rubens Lamour. — Méme localité. Sur diverses Algues. SESSION EXTRAORDINAIRE A ANTIBES, MAI 1883. CCXY Amphiroa rigida Lamour. — Remparts, Ilette, etc. Amphiroa verruculosa Kütz. — Ilette, Croupatassière. Melobesia corticiformis Kütz. — Sur Gelidium. Melobesia farinosa Lamour, — Sur Cystosira. Melobesia granulata Menegh. — Sur Udotea. Melobesia pustulata Lamour. — Sur Gelidium, Posidonia L. Lithophyllum Lenormandi Rosanof. — Croupatassière. Grottes om- bragées. Lithophyllum Notarisii Dufour. — Les Nielles. Sur les galets et les pierres dans les endroits tranquilles. Lithophyllum cristatum Rosanof. — Ilette, Croupatassiére, etc. Sur les rochers battus. Lithophyllum expansum Philippi. — llette. Dans les fentes profondes parcourues par de forts courants. Gigartina acicularis Lamour. — Partout. Au niveau moyen de la marée. Rissoella verruculosa J. Ag. — Ilette, etc. Rochers battus, à la limite du flot. Gymnogongrus Griffthsise Martius. — Remparts. Sur les pierres cou- vertes de sable. Kallymenia microphylla J. Ag. — Ilette, Port. Constantinea reniformis Post et Rupr. — Ilette (Woronine !) Phyllophora nervosa Grev. — llette, Croupatassière. Au pied des rochers ombragés. Phyllotylus siculus Kütz. — Ilette. Sur les parois verticales des rochers ombragés. Le Secrétaire général, gérant du Bulletin, E. MALINVAUD. ——— BoUnLOTON. — Imprimeries réunies, A, rue Mignon, 2, Paris.