SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE DovnLorox. — lmprimeries réunies, A, rue Mignon, 2, Paris. BULLETIN SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE FONDÉE LE 23 AVRIL 1854 ET RECONNUE COMME ÉTABLISSEMENT D'UTILITÉ PUBLIQUE PAR DÉCRET DU 17 AOUT 1875 TOME TRENTE ET UNIÈME (Deuxième série. — Tome VI: —— ose Q I ————— —— — PARIS AU BUREAU DE LA SOCIÉTÉ RUE DE GRENELLE, 84 1884 ADDITIONS ET CHANGEMENTS A LA LISTE DES MEMBRES , DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE PENDANT LANNÉE 1883 MEMBRES NOUVEAUX. * BARBE, rue Cantrabe, 48, à Cannes (Alpes-Maritimes). Bargicue (l'abbé T.), curé à Biouville (Alsace-Lorraine). Borarp (M'*), rue du Bac, 9, à Paris. CocwiAvx (Alf.), professeur à l'École normale de l'État, à Jodoigne (Delgique). Corown (G.), professeur au lycée Fontanes, rue Gay-Lussac, 66, à Paris. * Comar (Ferd.), boulevard Henri IV, 46, à Paris. CowonT (M'*), boulevard Saint-Germain, 250, à Paris. CopPiNEAU (Ch.), substitut du procureur de la république, à Beauvais (Oise). , D£rLers (A.), botaniste voyageur, rue d'Aulan, 28, à Dax (Landes). Dovrior, professeur au lycée de Nancy. DuméE (Paul), pharmacien, à Meaux. Duvar (Cl.), chef du laboratoire des graines, au Muséum. Fnacoso (Rih. R. Gonzalez), rue San-José, 17, à Séville (Espagne). GASTÉ (D^, place d'Armes, à Antibes (Alpes-Maritimes). Gay (F.), préparateur à l'École supérieure de pharmacie de Montpellier. GoprRIN, chargé de cours à l'École de pharmacie de Naney. GurcHARD (M"°), rue de l'Obélisque, à Chalon-sur-Saône. Lanpry (P.), pharmacien à Dax (Landes). LECLERC (Aug.), rue du Ruisseau, 91, à Paris. LECLERC DU SABLON, agrégé-préparateur à l’École normale supérieure, rue d'Ulm, 45, à Paris. LounRiEU (D^), rue de Rivoli,[50, à Paris. N. B. Le signe *,est appliqué aux anciens membres admis par réintégration à faire de nouveau partie de la Société. vj SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. MANUEL DE PauL, rue San-Eloy, 34, à Séville (Espagne). Marié-Davy (Paul), rue Charles Nodier, 20, aux Prés-Saint-Gervais (Seine). Marrozo Santos (Fern.), directeur du Musée zoologique polytechnique, Lisbonne (Portugal). MiLLIÈRE, villa des Phalènes, à Cannes (Alpes-Maritimes). NANTEUIL (Roger de), avenue de Villars, 10, à Paris. Orıverra Davip (Antonio d"), Cruz da Cra (Bemfica), prés de Lisbonne (Portugal). ‘à l'École * OrivER (P. J. Vincent), pharmacien à Collioure (Pyrénées-Orientales). Saint-Mandé (Seine). PRIEM, professeur au lycée de Rennes. RAUWENKHOFF, directeur du Jardin botanique à Utrecht (Pays-Bas). Ropier, professeur au lycée de Bordeaux. SARRAZIN (Fréd.), capitaine en retraite, rue Saint-Peravi, 1, à Senlis (Oise). SAUVAIGO (D^), rue Cassini, 28, à Nice. SÉJOURNÉ (l'abbé), professeur au petit séminaire de Blois. SIMPSON (Révérend David), tour de Bellevue, à Antibes (Alpes-Mari- times). VALLOT (Émile), ingénieur civil, avenue d'Antin, 61, à Paris. ADMIS COMME MEMBRES A VIE. BoubpiER. Bucovoy. Comar. COPINEAU. GADEAU DE KERVILLE. GARIOD. Hue (l'abbé). LEGRELLE. NIEL. OLivEiRA Davip (d^). VaLLor (Émile). ViauD-GRAND-MARaAIs. Worr. PanisoT (Jean-François), capitaine en retraite, place du Bel-Air, à LISTE DES MEMBRES. MEMBRES DÉCÉDES. BERTHELOT. Bocovirrow. Bras. CESATI. DunaMEL (C. N.) Duvar-Jouve. GAILLARDOT. GvERNISAC (de). Howann. LAMOTTE. PEDICINO. RABOTIN. Rover. vij STATUTS DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE Moplés dans la séance du 24 mai 1854, et modifiés dans celle du 25 juillet 1875, pour les mettre en concordance avec la jurisprudence du Conseil d'État, ARTICLE 1*. La Société prend le titre de Société botanique de France. ART. 2. Elle a pour objet : 1° de con- courir aux progrès de la Botanique et des sciences qui s'y rattachent; 2? de faciliter, partous les moyens dont elle peut disposer, les études et les travaux de ses membres. ART. 3. Pour faire partie de la Société, il faut avoir été présenté dans une de ses séances par deux membres qui ont signé la présentation, et avoir été proclamé dans la séance suivante par le Président. — Les Français, quel que soit le lieu de leur rési- dence, et les étrangers, peuvent également, et au méme titre, étre membres de la Société. — Le nombre des membres résidant à Paris ne pourra pas dépasser quatre cents. Celui des membres résidant dans les départements ou à l'étranger est limité à six cents. ART. 4. La Société tient ses séances habi- tuelles à Paris. Leur nombre et leurs dates sont fixés chaque année, pour l'année sui- vante, dans la dernière séance du mois de décembre. — Tous les membres de la Société ont le droit d'assister aux séances. Ils y ont tous voix délibérative. — Les délibérations sont prises à la majorité des voix des mem- bres présents. ART. 5. Les délibérations relatives à des acquisitions, aliénations ou échanges d’im- meubles, et à l'acceptation de dons ou legs, sont soumises à l'autorisation du Gouverne- ment, préalablement à toute exécution. AnT. 6. L'administration de la Société est confiée àun Bureauet à un Conseil, dont le Bureau fait essentiellement partie. ART. 7. Le Bureau est composé : d'un président, de quatre vice-présidents, d'un secrétaire général, de deux secrétaires, de deux vice-secrétaires, d'un trésorier et d'un archiviste. ART. 8. Le président et les vice-présidents sontélus pour une année. — Le secrétaire général est élu pour cinq années; il est rééligible aux mêmes fonctions. — Les se- erétaires, les vice-secrétaires, le trésorier et l'archiviste sont élus pour quatre années ; ces deux derniers sont seuls rééligibles. — Le Secrétariat est renouvelé par moitié tous les deux ans. ART. 9. Le Conseil est formé en outre de douze membres, dont quatre sont remplacés chaque année. ART. 10. Le Président est choisi, à la pluralité des voix, parmi les quatre vice- présidents en exercice. Son élection a lieu dans la dernière séance du mois de décembre. Tous les membres de la Société sont appelés à y participer directement ou par corres- pondance. — Les autres membres du Bureau et les membres du Conseil sont élus dans la méme séance, à la majorité absolue des voix des membres présents. ART. 11. La Société pourra tenir des séances extraordinaires sur des points de la France qui auront été préalablement déter- minés. — Un Bureau sera spécialement or- ganisé par les membres vorésenis à ces réunions. ART. 12. Un Bulletin des travaux de la Société est délivré gratuitement à chaque membre. ART. 13. Chaque membre paye une coti- sation annuelle de 30 francs. — La cotisation annuelle peut, au choix de chaque membre, étre remplacée par une somme de 300 fr. une fois payée. ART. 14. La Société établit chaque année son budget pour l'année suivante. Dans la première séance du mois de mars de chaque aunée, le compte détaillé des recettes et des dépenses de l'année précédente est soumis à son approbation. Ce compte est publié dans le Bulletin. ART. 15. Les fonds libres sont déposés dans une caisse publique jusqu'à leur emploi définitif. — Les sommes recues, qui n'ont pas été employées dans le cours d'un exer- cice, sont placées en rentes sur l'État, en obligations de chemins de fer francais (dont le minimum d'intérét est garanti par l'État), en actions de la Banque de France, ou en obligations du Crédit foncier, sauf celles que la Société juge nécessaires pour couvrir les dépenses de l'exercice suivant. — Les valeurs ainsi acquises ne peuvent étre alié- nées qu'en vertu d'une délibération de la Société. ART. 16. La Société est représentée, dans les actions judiciaires qu'elle a à exercer ou à soutenir, et dans tous les actes passés en vertu de ses délibérations, par le Trésorier ou par l'un des membres du Conseil qu'elle a désigné à cet effet. ART. 17. En cas de dissolution, tous les membres de la Société sont appelés à déci- der sur la destination qui sera donnée à ses biens, sauf approbation du Gouverne- ment. Ces slatuls ont été délibérés et adoptés par le Conseil d'État, dans sa séance du 5 août 1875.— Aucune modification ne pourra plus y être apportée sans une autorisation du Gouvernement, a LISTE DES PUBLICATIONS QUI SONT RECUES EN ÉCHANGE DU BULLETIN DE LA SOCIETE 4° De Paris. Comptes rendus de l’Académie des sciences. Nouvelles Archives du Muséum d'Histoire naturelle (par le Ministère de l'Instruc- tion publique). Annales des sciences naturelles, Botanique (sous la direction de M. Van Tieghem) (1). Bibliothéque de l'Ecole des hautes études.— Section des sciences naturelles (par le Ministère de l'Instruction publique). Comptes rendus et Mémoires de la Société de biologie (par le Ministére de l'In- struction publique). Bulletin de la Société géologique de France. Revue des travaux scientifiques, publiée sous la direction du comité des travaux historiques et scientifiques au Ministére de l'Instruction publique. Bulletin mensuel de la Société zoologique d’acclimatation. Journal de la Société nationale et centrale d'Horticulture. Annales agronomiques (sous la direction de M. Dehérain). Revue scientifique (sous la direction de M. Charles Richet). > De France. Revue des sciences naturelles, fondée à Montpellier par M. E. Dubrueil. Actes de la Société Linnéenne de Bordeaux (par le Ministère de l'Instruction publique). Mémoires de la Société des sciences naturelles de Cherbourg. Annales de la Société botanique de Lyon. Mémoires et Bulletin de la Société Linnéenne du nord de la France (par le Ministère de l'Instruction publique). Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de lYonne (par le Ministére de l'Instruction publique). (1) Ce recueil scientifique est donné à la Société par son directeur actuel M. Van Tieghem, qui a bien voulu continuer ainsi une libéralité de son prédécesseur, J. De- caisne. LISTE DES PUBLICATIONS. VII 3» D'Allemagne. Sitzungsberichte der K. preussischen Akademie der Wissenschaften zu Berlin. Berichte der deutschen botanischen Gesellschaft. Jahresbericht der schlesischen Gesellschaft für vaterlándische Cultur. Botanischer Jahresbericht (sous la direction de M. L. Just). Verhandlungen des naturhistorischen Vereins der preussischen Rheinlande und Westfalens (sous la direction de M. le D" C. J. Andrä). Jahrbücher für wissenschaftliche Botanik (sous la direction de M. Pringsheim). Nova Acta Academiæ cæsareæ Leopoldino-Carolinæ germanicæ Nature Curio- sorum. Botanische Zeitung (sous la direction de MM. A. de Bary et L. Just). Botanische Jahrbücher für Systematik, Pflanzengeschichte und Pflanzengeogra- phie (sous la direction de M. A. Engler). 4* D'Autriche-Hongrie. Sitzungsberichte der kaiserlichen Akademie der Wissenschaften (matematisch- naturwissenschaftliche Classe). Verhandlungen der k.-k. zoologisch-botanischen Gesellschaft in Wien. Lotos (journal de la Société d'histoire naturelle de Prague). (Esterreichische botanische Zeitschrift (sous la direction de M. Al. Skofitz). 5° De Baviere. Sitzungsberichte der mathematisch-physikalischen Classe der k. b. Akademie der Wissenschaften zu München. Flora (sous la direction de M. le docteur Singer). 6° De Belgique. Bulletin de la Société royale de botanique de Belgique. La Belgique horticole (sous la direction de M. Éd. Morren). Bulletin de la Fédération des sociétés d'horticulture de Belgique. "^ De Danemark. Oversigt over det Kongelige danske Videnskabernes Selskabs Forhandlingar. Videnskabelige Meddelelser fra den naturhistoriske Forening i Kjóbenhavn. Botanisk Tidsskrift. 8° Des États-Unis. Proceedings of the American Academy of Arts and Sciences, Boston. Proceedings of the Boston Society of natural History. Proceedings of the Academy of natural Sciences of Philadelphia. The American Journal of Science (sous la direction de MM. Silliman et Dana). VHI LISTE DES PUBLICATIONS. 9» De la Grande-Bretagne Journal of the Proceedings of the Linnean Society. Journal of the Royal Microscopical Society. The Journal of Botany (sous la direction de M. J. Britten). The Gardeners' Chronicle (sous la direction de M. Masters). Pharmaceutical Journal and Transactions. Transactions of the Botanical Society, Edinburgh. 10° D'Italie. Rendiconto dell' Accademia delle scienze physiche e matematiche di Napoli. Atti del Reale Istituto Veneto di scienze, lettere ed arti. Atti della Società italiana di scienze naturali in Milano. Nuovo Giornale botanico italiano (sous la direction de M. Caruel). 11° Des Pays-Bas. Verslægen en Mededeelingen der Koninklijke Akademie van der Weten- schappen. Nederlandsch Kruidkundig Archief. Annales du jardin botanique de Buitenzorg (sous la direction de M. Melchior Treub). 12» De Russie. Mémoires de l'Académie impériale des sciences de Saint-Pétersbourg. Bulletin de l'Académie impériale des sciences de Saint-Pétersbourg. Bulletin de la Société des naturalistes de Moscou. Travaux du Jardin botanique impérial de Saint-Pétersbourg. Notiser ur Sállskapets pro Fauna et Flora fennica Fórhandlingar. 13 De Suède et Norvége. Ofversigt af Kongliga Svenska Vetenskaps-Akademiens Fórhandlingar. Bihang till Kongliga Svenska Vetenskaps Akademiens Handlingar. 14» De Suisse. Mittheilungen der naturforschenden Gesellschaft in Bern. Archives des sciences physiques et naturelles de Genéve. LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE” DOM PEDRO II D'ALCANTARA EMPEREUR DU BRÉSIL, MEMBRE ASSOCIÉ ÉTRANGER DE L'INSTITUT DE FRANCE. MEMBRES PERPÉTUELS (9). * THIBESARD (Josern). t LAGRANGE (D°). M. DUCHARTRE (PrærRE), membre de l'Institut, rue de Grenelle, 84, à Paris. (L'astérisque indique les membres à vie.) MM. * ABZAC DE LADOUZE (marquis p^, au château de Borie-Petit, par Péri- gueux. * ALANORE, pharmacien, à Clermont-Ferrand. ALLARD (GASTON), propriétaire, à la Maulévrie, route des Ponts-de-Cé, à Angers. ALMANSI (EMMANUEL), Borgo San-Croce, 54, à Florence (Italie). AMBLARD (Louis), docteur en médecine, rue Paulin, 14 bis, à Agen (Lot-et- Garonne). AMBROSI (Fn.), directeur du Musée, à Trente (Tyrol, Autriche). ANDOUARD (A.), professeur à l'École de médecine, rue Clisson, 8, à Nantes. ANDRÉ (ÉpouAnD), rédacteur de la Revue horticole, rue Chaptal, 30, à Paris. ANDREÆ (V.), pharmacien, à Fleurier, canton de Neufchâtel (Suisse). (1) Arrétée au 1° mars 1885. (2) Sont Membres perpétuels ceux qui ont donné à la Société un capital dont la rente représente au moins la cotisation annuelle; le nom du donateur est maintenu d perpé- tuité sur la liste des membres de la Société. (Décision du Conseil, approuvée par la Société dans la séance du 28 mai 1880 : voyez tome XXVII, p. 172.) + indique les membres à perpétuité décédés. X SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ARBAUMONT (JuLes D’), membre de l'Académie de Dijon, rue Saumaise, 43, à Dijon. * ARNAUD (CHARLES), à Layrac (Lot-et-Garonne). ARNAUD (JosEPH-CHARLES), étudiant en médecine, rue Saint-Guillem, 14, à Montpellier. AROZARENA (D. G. DE), rue de la Aduana, 15, à Cadix (Espagne). ASHER, libraire, 5, unter den Linden, Berlin, W. AVICE, docteur en médecine, à Paimpol (Cótes-du-Nord). * BABINGTON (CHARLES CARDALE), professeur à l'Université de Cambridge (Angleterre). BAGUET (CHARLES), docteur en droit, rue des Joyeuses-Entrées, 6, à Louvain (Belgique). BAILLET, directeur de l'École vétérinaire, à Toulouse. BAILLIÈRE (Émile), libraire-éditeur, rue Hautefeuille, 19, à Paris. BAINIER (GEORGES), pharmacien, rue de Belleville, 44, à Paris. * BALANSA, port Saint-Etienne, 15, maison Esparvier, à Toulouse. BALL (Jonn), 10, Southwell Gardens, Queen's gate, South Kensington, à Londres. BARBE, propriétaire, rue Centrale, 48, à Cannes (Alpes-Maritimes). * BARBEY (William), à Valleyres-sous-Rances, canton de Vaud (Suisse). BARBICHE (l'abbé T.), curé à Bionville (Alsace-Lorraine). BARLA (J.-B.), directeur du Musée, à Nice. BARNSBY (Davib), directeur du Jardin des plantes, quai du Ruau Sainte- Anne, 36, à Tours. BAROTTE (E.), pharmacien-chimiste, rue Thiers, 3, à Troyes. BARRANDON, conservateur du Jardin des plantes, à Montpellier. BARY (A. DE), directeur du Jardin botanique de Strasbourg (Alsace-Lorraine). Correspondant (1). BATTANDIER, professeur à l'École de médecine, rue Desfontaines, 9, à l'Agha, à Alger-Mustapha. BAZOT (Louis-ManiE), officier de l'Instruction publique, professeur de l'Uni- versité en retraite, propriétaire aux Perriéres, prés Dijon. BEAUTEMPS-BEAUPRÉ (CHARLES), vice-président du Tribunal de la Seine, rue de Vaugirard, 22, à Paris. BÉDIER, professeur au lycée de Saint-Denis (ile de la Réunion). BEHREND, libraire, 5, unter den Linden, Berlin, W. BERTRAND (CH.-EUGÈNE), professeur de botanique à la Faculté des sciences de Lille, rue d'Alger, 14, à Amiens. BESCHERELLE (ÉwiLE), chef de bureau au Ministère des travaux publies boulevard Montparnasse, 42, à Paris. i BILLIET (P.), percepteur, rue de la Poudriére, 1, à Clermont-Ferrand. * BLANCHE (lstpoRE), consul de France, à Tripoli (Syrie). - (1) Les Correspondants sont des directeurs ou rédacteurs en chef d i ienti : : er í fiques que la Société reçoit en échange de son Bulletin. nr PM * * * * LISTE DES MEMBRES. XI BOBARD (M!*), rue du Bac, 9, à Paris. BOIS (D.), préparateur au Muséum, quai aux Fleurs, 7, à Paris. BOISSIER (Epmonp), rue de l'Hótel-de-Ville, 4, à Genève. BOLLE (CARL), docteur és sciences, place de Leipzig, 13, à Berlin. BONNET (Epmoxp), docteur en médecine, préparateur au Muséum, rue Claude Bernard, 11, à Paris. BONNIER (GASTON), maitre de conférences à l'École Normale supérieure, rue Amyot, 7, à Paris. BOREL (J.), quai des Brotteaux, 5, à Lyon. BORNET (Ép.), docteur en médecine, quai de la Tournelle, 27, à Paris. BOUDIER (ÉMILE), pharmacien honoraire, membre correspondant de l'Aca- démie de médecine, rue de Grétry, 20, à Montmorency (Seine-et-Oise). BOUILLÉ (comte ROGER DE), au Colombier, par Vivonne (Vienne). BOULAY (abbé), docteur és sciences, professeur à l'Université catholique, rue des Fréres-Vaillant, 9, à Lille. BOULLU (abbé), rue de Bourbon, 31, à Lyon. BOURGOUGNON (CLaupius), à Chassignet, par Chantelle (Allier). BOURGUILLAUT DE KERHERVÉ (LupGER), rue du Cherche-Midi, 42, à Paris. BRIN (PrERRE), docteur en médecine, à Saint-Macaire (Maine-et-Loire). BRITTEN (JawES), esquire, 3, Gumley-row, lsleworth (Angleterre). Corres- pondant. BROCHON (E. HENRY), avocat, rue du Temple, 25, à Bordeaux. BROUSMICHE (Épouanp), pharmacien de la marine, attaché au corps expé- ditionnaire, à Phu-lang-thuong (Tonquin). BRUNAUD (PAUL), avoué-licencié, rue Saint-Vivien, 3, à Saintes (Charente- Inférieure). BUCHINGER, directeur du comptoir d'échange de botanique à Strasbourg (Alsace-Lorraine). Membre honoraire. BUCQUOY (EUGÈNE), médecin-major au 100* régiment de ligne, à Perpignan. BUFFET (JULES), pharmacien, rue d'Aboukir, 99, à Paris. BULLEMONT (L. DE), à Aulnay-Essommes, par Château-Thierry (Aisne). BUREAU (Éo.), professeur-admin. au Muséum, quai de Béthune, 24, à Paris. BURLE (AUGUSTE), rue Villars, 7, à Gap (Hautes-Alpes). BURNAT (EuiLE), à Nant-sur-Vevey, canton de Vaud (Suisse). CABASSE (PauL), pharmacien, à Raon-l'Étape (Vosges). CAGNIEUL (ALBERT), préparateur à la Faculté des sciences de Bordeaux. CAILLETET (Louis), corrrespondant de Institut, à Châtillon-sur-Seine (Cóte-d'Or). CALLAY (A.), pharmacien, au Chesne (Ardennes). CALMEIL, docteur en médecine, avenue de Fontenay, 4, à Fontenay-sous- Bois (Seine). CAMUS (EDMoND-GUSTAVE), pharmacien, boulevard Saint-Marcel, 58, à Paris. CANDOLLE (ALPH. DE), associé étranger de l'Académie des sciences de Paris, Cour Saint-Pierre, 3, à Genéve. CANNART D'HAMALE (DE), sénateur, à Malines (Belgique). XH SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. * * * * *o* * * CARBONNAT (PROSPER DE), licencié és sciences, place d'Armes, à Aurillac. CARDOT (Jures), propriétaire, à la Jardinette, prés de Stenay (Meuse). CARON (ÉpovARD), à Rubempré, prés de Villers-Bocage (Somme). CARON (HewRi), à Bulles (Oise). CARUEL (Tn.), directeur du Jardin et du Musée botanique à Florence (Italie). CASPARY (RonEnT), professeur à l'Université de Koenigsberg (Allemagne). CASTELLO DE PAIVA (baron DE), à l'Académie polytechnique, à Oporto (Portugal). CAUVET, docteur en médecine et és sciences, professeur à la Faculté de mé- decine, grande rue Saint-Clair, 146, à Lyon. CHABERT (ALFRED), médecin en chef à l'hópital militaire de Marseille. CHAGOT (Mr: JuLES), avenue Montaigne, 68, à Paris. CHAREYRE (JuLEs), professeur au lycée, place de l'Église Saint-Michel, 7, à Marseille. CHASTAINGT, conducteur des Ponts et chaussées, rue du Commerce, 31, à Tours. CHATIN (Ap. membre de l'Institut, directeur de l'École supérieure de pharmacie, avenue de l'Observatoire, 4, à Paris. CHATIN (Joannès), professeur agrégé à l'École supérieure de pharmacie, boulevard Saint-Germain, 128, à Paris. CHEVALIER (chanoine E.), rue de l'Évéché, 12, à Annecy (Haute-Savoie). CHEVALLIER (abbé Louis), professeur de sciences au petit séminaire de Précigné (Sarthe). CINTRACT (DÉSIRÉ-AUGUSTE), boulevard Saint-Germain, 208, à Paris. CLOS (D.), correspondant de l'Institut, prof. de botanique à la Faculté des sciences, dir. du Jardin des plantes, allée des Zéphyrs, 2, à Toulouse. COCARDAS, pharmacien, place de la Mairie, 7, à Choisy-le-Roi (Seine). COGNIAUX (ALFRED), professeur de sciences naturelles à l'École normale de l'État, avenue Hanlet, 2, à Verviers (Belgique). COINCY (DE), au château de Courtoiseau, par Triguéres (Loiret). COLOMB (G.), professeur au lycée, place Richebé, 15, à Lille. COLVIN (Rév. RosznT-F.), Church-Hill, Morning-Side, Édimbourg (Écosse). COMAR (FERDINAND), boulevard Henri IV, 46, à Paris. CONORT (Me), boulevard Saint-Germain, 250, à Paris. CONSTANT (ALEXANDRE), villa Niobé, à Golfe-Juan, commune de Vallauris (Alpes-Maritimes). CONTEST-LACOUR (Epmoxb), rue Vincent, 73, à Marseille. COPINEAU (CHARLES), juge à Doullens (Somme). COQUET (abbé Louis), rue de la Verrerie, 14, à Nantes. CORNU (MAxIME), professeur-administrateur au Muséum, rue Cuvier, 27, à Paris. COSSON (ERNEST), docteur en médecine, membre de l'Institut, rue de La Boétie, 7, à Paris. COSSON (PauL), chez M. le docteur Cosson, rue de La Boétie, 7, à Paris. COSTANTIN (JULIEN), aide-naturaliste au Muséum, rue de Buffon, 63, à Paris. COURCIÈRE, inspecteur d'académie honoraire, cours de la Éiberié, à Lyon. LISTE DES MEMBRES. XIII CRÉPIN (François), directeur du Jardin botanique de l'État, secrétaire géné- , ral de la Société royale de botanique, rue de l'Esplanade, 8, à Bruxelles. CRÉVÉLIER (J. J.), juge d'instruction, à Confolens (Charente). DAGUILLON, préparateur à l'École normale supérieure, rue d'Ulm, 45, à Paris. DALMON (JuLES), pharmacien, rue du Faubourg-Saint-Denis, 80, à Paris. DAVEAU (JuLEs), inspecteur du Jardin botanique de l'École polytechnique, à Lisbonne. DEBEAUX (Opon), pharmacien principal à l'hópital militaire de Toulouse. DEFLERS (ALBERT), botaniste voyageur, rue d'Aulan, 28, à Dax (Landes). DEHOUX (JEAN-BAPTISTE), directeur de l'École de médecine de Port-au Prince (Haiti). DELACOUR (THÉODORE), quai de la Mégisserie, 4, à Paris. DELAMARRE (ERNEST), médecin colonial, à Miquelon. DERBES, chemin des Chartreux, 42, à Marseille. DES MÉLOIZES, rue Jacques-Cœur, à Bourges. DEZANNEAU (docteur ALFRED), professeur à l'École de médecine d'Angers, à Saint-Pierre-Montlimart, par Montrevault (Maine-et-Loire). DOASSANS (ÉMILE), docteur en médecine, à Nay (Basses-Pyrénées). DOLLFUS (ADRIEN), rue Pierre Charon, 35, à Paris. DOULIOT, professeur au lycée de Vanves, rue de Bréa, 25, à Paris. DOUMET-ADANSON (NaPOLÉON), au château de Baleine, par Villeneuve-sur- Allier (Allier). DRAKE DEL CASTILLO, rue de Vigny, 7, à Paris. DREVAULT, jardinier en chef de l'École supérieure de pharmacie, avenue de l'Observatoire, 4, à Paris. DUBREUIL, sous-inspecteur des forêts, rue du Hameau, 7, à Pau. DUBY (pasteur), rue de l'Évéché, 5, à Genève. DU COLOMBIER, inspecteur des lignes télégraphiques, rue des Murlins, 53, à Orléans. DUFFORT (L.), pharmacien, rue Marengo, 40, à Angouléme. DUFOUR (L.), rue Lacépède, 20, à Paris. DUHAMEL (HENRY), à Giéres, par Grenoble. DULAC (abbé JosEPH), à Sauveterre, par Maubourguet (Hautes-Pyrénées). DUMÉE (PAUL), pharmacien, vis-à-vis de la cathédrale, à Meaux. DUPUIS (JuLEs-ÉMILE), rue du Pont-de-Pierres, Saint-Lucien-lés-Beauvais (Oise). DURAND (EUGÈNE), inspecteur des forêts, rue d'Obiliou, 1, à Montpellier. DUROUX, major au 64° régiment de ligne, 1° bataillon, à Ancenis (Loire- Inférieure). DUSSAU , pharmacien , place de Rome , 9, à Marseille. DUTAILLY (GUSTAVE), député, boulevard Saint-Germain, 181, à Paris. DUTEYEUL (abbé), placé Saint-Pierre, 4, à Chartres (Eure-et-Loir). DUVAL (Cr.), chef du laboratoire des graines au Muséum, rue Poliveau, 2, à Paris. XIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. * * DUVERGIER DE HAURANNE (EMMANUEL), membre du Conseil général du * Cher, à Herry (Cher). ÉLOY DE VICQ (Léon), place de Cerisy, à Abbeville (Somme). ÉMERY (H.), doyen de la Faculté des sciences, rue de la Préfecture, 64, à Dijon. ESTÈVE (comte PAvL), villa Sainte-Lucie, à Pau. ESTÈVE (vicomte HENRI), à Heudicourt, par Etrépagny (Eure). FARÉ (HENRI), ancien conseiller d'État, ancien directeur général des foréts, rue de Rivoli, 156, à Paris. FAURE (abbé), supérieur du petit séminaire du Rondeau, à Grenoble. FEUILLEAUBOIS, lieutenant en retraite, rue de Neuville, 12, à Fontainebleau (Seine-et-Marne). FINANCE, pharmacien, boulevard Rochechouart, 5, à Paris. FINOT (PIERRE-ADRIEN), capitaine d'état-major en retraite, rue Saint-Honoré, 27, à Fontainebleau (Seine-et-Marne). FLAHAULT (CHARLES), docteur és sciences, professeur de botanique à la Faculté des sciences, à Montpellier. — FLICHE (PauL), professeur à l'École forestière, rue Saint-Dizier, 9, à Nancy. FOUCAUD (JuLiEN), chef-jardinier botaniste de la marine, au Jardin bota- nique de Rochefort (Charente-Inférieure). FOURNEREAU (abbé), professeur à l'Institution des Chartreux, à Lyon. FRAGOSO (Lic. R. GONZALÈS), FRANCHET, attaché à l'herbier du Muséum, rue Monge, 111, à Paris. FRANQUEVILLE (comte ALBERT DE), au château de Bisanos, par Pau. FREMINEAU (H.), docteur en médecine et és sciences naturelles, place de la République, 21, à Paris. GADECEAU (ÉMILE), négociant, rue des Hauts-Pavés, 11, à Nantes. GALLÉ (ÉMILE), industriel, avenue de la Garenne, 2, à Nancy. GANDOGER (MicHEL), à Arnas (Rhône). GARIOD, procureur de la république, à Saint-Étienne. GARNIER (l'abbé GUSTAVE), professeur au petit séminaire de Pignelin, par Nevers (Nièvre). GARROUTE (abbé), chez M. le marquis de Saint-Exupéry, à Agen (Lot-et- Garonne). GAUTIER (Gaston), place Saint-Just, à Narbonne (Aude). GAUTIER (LÉON), négociant, Grande-Rue, 81, à Cette (Hérault). GAY (F.), prof. agrégé à l'École supérieure de pharmacie, à Montpellier. GENTY (PAUL), rue de Pouilly, 15, à Dijon. GÉRARD (ALBERT), rue Drouot, 8, à Paris. Membre à vie. GÉRARD (CLAUDE), conservateur des hypothéques, à Belfort. GÉRARD (R.), docteur és sciences, professeur-agrégé à l'École supérieure de pharmacie, rue du Val-de-Grâce, 18, à Paris. GILLOT (XAVIER), docteur en médecine; avenue de la Gare, 4, à Autun (Saône-et-Loire). * LISTE DES MEMBRES. XV GIORDANO (JosEPH-CAMILLE), professeur de sciences naturelles au royal Institut technique de Naples (Italie). GLAZIOU (A.), directeur des Jardins impériaux, à Rio-de-Janeiro (Brésil) ; correspondant : M. É. Bailliére, libraire, rue Hautefeuille, 19, à Paris. GODFRIN, chargé de cours à l'École de pharmacie de Nancy. GOMONT (M.-A.), artiste-peintre, rue du Cherche-Midi, 16, à Paris. GONOD D'ARTEMARE (Euc.), rue Pascal, 30, à Clermont-Ferrand. GONSE (E.), pharmacien de 1"° classe, rue Duméril, 7, à Amiens. GONTIER, docteur en médecine, rue Saint-Honoré, 364, à Paris. GRAND'EURY, ingénieur, cours Saint-André, 23, à Saint-Étienne. GRAY (Asa), professeur de botanique à l'Université Harvard, à Cambridge (Massachusetts), États-Unis. Correspondant. GRILLET, boulevard de la Madeleine, 17, à Paris. GUÉDON (ADRIEN), ancien avoué, cours Pinteville, 41, à Meaux (Seine-et- Marne). GUERMONPREZ, docteur en médecine, rue du Faubourg-de-Tournai, 52, à Fives-Lille (Nord). GUIARD (abbé V.), rue de Bayeux, 26, à Caen. GUICHARD (M»e ALBERT), rue de l'Obélisque, à Chalon-sur-Saône (Saône- et-Loire). GUIGNARD (Léon), professeur de botanique à la Faculté des sciences, à Lyon. GUILLAUD (ALEX.), professeur de botanique à la Faculté de médecine, à Bordeaux. GUILLON (ANATOLE), directeur des Contributions indirectes, place Jean- Faure, 7, à Angouléme. GUILLOTEAUX-BOURON (Joannès), villa Saint-Joseph, petit Juan, prés de Cannes (Alpes-Maritimes). GUINIER (ERNEST), inspecteur des foréts, à Gap (Hautes-Alpes). HACQUIN (JuLEs), rue des Cornes, 10, à Paris. HARIOT (PAUL), pharmacien, préparateur au Muséum, rue de Buffon, 63, à Paris. HASSKARL (docteur J. K.), à Cléves (Allemagne). HECKEL (ÉpouaRp), professeur à la Faculté des sciences, et à l'École de médecine, cours Lieutaud, 31, à Marseille. HENNECART (JULES), ancien député, rue Neuve-des-Mathurins, 7, à Paris. HENRIQUES (J.-Avc.), professeur à l'Université et directeur du Jardin bota- nique de Coimbre (Portugal). HÉRAIL, maitre de conférences à l'École supérieure de pharmacie, rue Corneille, 5, à Paris. . HERINCQ (F.), conservateur des galeries de botanique au Muséum, rue Cuvier, 91, à Paris. HERVIER-BASSON (abbé), grande rue de la Bourse, 31, à Saint-Etienne. HOUSSAY, agrégé-préparateur à l'École normale supérieure, rue d'Ulm, 45, à Paris. * HOVELACQUE (MAURICE), rue des Sablons, 88, à Paris. XVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. * * HOWSE-(Ta.), Weybank House, Guildford (Surrey), Angleterre. HUE (abbé AUGUSTE- MARIE), avenue Montaigne, 73, à Paris. HULLÉ (A.), professeur honoraire d'hydrographie, à Blaye (Gironde). HUSNOT (Tn.), maire de Cahan, par Athis (Orne). HY (abbé FÉLix-CHARLES), professeur à l'Université catholique, rue Loriol- de-Barny, 5, à Angers. IVOLAS (J.), professeur de physique au collége de Milhau (Aveyron). JATTA (ANTONIO), à Ruvo di Puglia, province de Naples (Italie). JEHENNE (ADRIEN), pharmacien, rue des Quatre-Vents, 16, à Paris. JOLEAUD (A.), officier d'administration, professeur à I École d'administration militaire, à Vincennes (Seine). JORDAN (ALExis), rue de l'Arbre-Sec, 40, à Lyon. JOUSSET (EUGÈNE), pharmacien de 1** classe, rue Lafayette, 1, à Rochefort- sur-mer (Charente-Inférieure). JULLIEN-CROSNIER, conservateur du Musée, rue d'llliers, 54, à Orléans. JUST (LÉOPOLD), professeur à l'École polytechnique de Carlsruhe (Grand- duché de Bade), Allemagne. Correspondant. KERVILLE (HENRI GADEAU DE), rue Dupont, 7, à Rouen. KRALIK (Louis), à Tresserve, par Aix-les-Bains (Savoie). LABOURDETTE, propriétaire, à Quatre- Mares-Sotteville, par Rouen. LACROIX (FRANCISQUE), pharmacien de 4"° classe, à Mâcon. LAFFITTE (abbé CHARLES), au grand séminaire de Tarbes (Hautes-Pyrénées). LAMY DE LA CHAPELLE (EDOUARD), ancien banquier, rue du Saint-Esprit, 17, à Limoges. LANDRY (P.), pharmacien à Dax (Landes). LANGE (JoHANN), professeur de botanique à l'École royale supérieure d'agri- culture et d'horticulture, à Copenhague. LANNES, capitaine des Douanes, à Briancon (Hautes-Alpes). LARCHER (ADOLPHE), rue Claude Bernard, 82, à Paris. LARCHER (Oscar), docteur en médecine, rue de Passy, 97, à Paris. LAVAU (G. DE), au château de Moncé, par Pézou (Loir-et-Cher). LE BRETON (ANDRÉ), rue de Buffon, 21, à Rouen. LECLERC (AUGUSTE), directeur du laboratoire de chimie végétale de la Compagnie générale des voitures, rue du Ruisseau, 91, à Paris. . LECLERC DU SABLON, agrégé-préparateur à l'École normale supérieure, rue d'Ulm, 45, à Paris. LEC(EUR, pliariif.eien, à Vimoutiers (Orne). LECOMTE, professeur agrégé des sciences naturelles au lycée Saint-Louis, rue Berthollet, 13 bis, à Paris. LE DIEN (ÉMILE), ancien avocat à la Cour de cassation, boulevard Malesherbes, 140, à Paris. LEFEBVRE (V.), boulevard de l'Ouest, 73, au Raincy, par Villemonble (Seine). LISTE DES MEMBRES. XVII LE GRAND (ANTOINE), agent voyer en chef du Cher, rue Coursarlon, 28, à Bourges. LEGRELLE (A.), docteur ès lettres, boulevard de la Reine, à Versailles. LEGUAY (baron LEON), au château de la Goujonnaye, par la Membrolle (Maine- et-Loire). LEGUÉ (LÉON), propriétaire, rue Beauvais de Saint-Paul, à Mondoubleau (Loir-et-Cher). LEMAIRE, préparateur de botanique à la Faculté des sciences de Nancy. LEMOINE (ÉmiLe), licencié és sciences naturelles, rue de l'Étang, 32, à Nancy. LEMOINE (Vicron), professeur à l'École de médecine, rue de la Belle-Image, à Reims (Marne). LE MONNIER (GEORGES), professeur à la Faculté des sciences, rue Héré, 23, à Nancy. LE SOURD (ERNEST), docteur en médecine, directeur de la Gazelte des hôpitaux, rue de l'Odéon, 4, à Paris. LETOURNEUX (ARISTIDE), rue de l'École, à Saint-Eugéne, prés d'Alger. LEUDUGER FORTMOREL, docteur en médecine, à Saint-Drieuc. LHIOREAU (E.), pharmacien, rue du Cháteau-d'Eau, 49, à Paris. LICOPOLI, directeur adjoint au Jardin botanique de Naples. LIEURY (J.-D.), rue du Petit-Salut, 19, à Rouen. LIEUTAUD (ÉMILE), professeur à l'École de médecine, directeur du Jardin des plantes, boulevard des Lices, 19, à Angers. LOCHE (AUGUSTE), à Ligniéres (Cher). LOMBARD-DUMAS (ARMAND), à Sommières (Gard). LORET (HENRI), rue de la Merci, 14, à Montpellier. LOUBRIEU (JEAN-GEORGES), docteur en médecine, inspecteur des plantes officinales aux Halles centrales, rue de Rivoli, 50, à Paris. MAGNIN (ANTOINE), docteur és sciences, maitre de conférences à la Faculté des sciences de Besancon. MAILLARD (AUGUSTE), docteur en médecine, professeur à l’École de méde- cine, rue du Petit-Potet, 34, à Dijon. MALINVAUD (EnNEsT), secrétaire général de la Société, rue Linné, 8, et au Secrétariat de la Société, rue de Grenelle, 84, à Paris. . MALINVERNI (ALessio), à Quinto, prés de Verceil (Italie). MALVEZIN (JEAN-EUGENE), attaché à la C'e du chemin de fer d'Orléans, route de Tulle, enclos du Bel-Air, à Aurillac. MANGIN (Louis), docteur ès sciences, professeur agrégé d'histoire naturelle au lycée Louis le Grand, rue de la Sorbonne, 2, à Paris. MANUEL DE PAUL, rue San-Eloy, 34, à Séville (Espagne). MARCAIS (abbé), rue Ninau, 19, à Toulouse. MARCHAND (LÉON), professeur de botanique cryptogamique à l'École supé- rieure de pharmacie de Paris, à Thiais, par Choisy-le-Roi (Seine). MARCILLY (L.), conservateur des forêts en retraite, rue de Chastillon, 10, à Châlons-sur-Marne. MARÈS (PauL), docteur en médecine, boulevard Saint-Michel, 91, à Paris. XVIII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. * * MARIÉ (PauL), docteur en médecine et és sciences, pharmacien de 1** classe, rue des Martyrs, 10, à Paris. MARJOLIN, chirurgien des hópitaux, rue Chaptal, 16, à Paris. MARMOTTAN (HENRI), docteur en médecine, rue Desbordes-Valmore, 31, à Passy-Paris. MARTELLI (UGOLINO), botaniste, via della Forca, 8, à Florence (Italie). MARTENS (Épovanp), professeur à l'Université de Louvain (Belgique). MARTIN (BERNARDIN), docteur en médecine, à Aumessas, par Arre (Gard). MARTIN (ÉutLE), président honoraire du Tribunal civil, à Romorantin (Loir- et-Cher). MARTIN (GABRIEL), avocat, avenue de la République, 5, à Guéret (Creuse). MARTIN (HENRI), rue du Faubourg-Saint-Denis, 157, à Paris. MARTIN (JosEPH DE), docteur en médecine, à Narbonne (Aude). MARTIN fils (Louis DE), docteur en médecine, boulevard du Jeu-de-Paume, 22, à Montpellier. MASCLEF (abbé), professeur au petit séminaire, à Arras. MASSON (G.), libraire-éditeur, boulevard Saint-Germain, 120, à Paris. MASTERS (MaxwELL T.), 41, Wellington Street, Strand, W. C. Londres. Correspondant. MATHIEU (AuG.), sous-directeur de l'École forestière en retraite, rue du Fau- bourg-Saint-Jean, 21, à Nancy. MATTOSO SANTOS (FERNANDO), directeur du Musée zoologique à l’École polytechnique, à Lisbonne. MAUGERET, inspecteur du télégraphe, rue du Cherche-Midi, 102, à Paris. MAUGIN (GUSTAVE), rue du Pont-des-Pierres, 22, à Douai (Nord). MAUPASSANT (HENRI DE), pension Monplaisir à à Cannes (Alpes-Maritimes). MAURY, préparateur à l'École des hautes études, rue Censier, 53, à Paris. MAW (GEORGE), membre de la Société géologique de Londres, Benthall Hall, Broseley, Shropshire (Angleterre). MÈGE (abbé JAcQUES), curé de Villeneuve, par Blaye (Gironde). MÉNIER (Cn.), professeur à l'École des sciences et lettres, place Graslin, 1, à Nantes. MER (ÉwiLE), à Longemer, par Gérardmer (Vosges). MICHEL (AUGUSTE), sous-chef de bureau au Ministére des finances, à Car- riéres-sous-bois, par Maisons-Laffitte (Seine-et-Oise). MICHELI (Marc), propriétaire, au Crest-Jussy, près de Genève. MIÉGEVILLE (abbé), à Notre-Dame de Garaison, par Castelnau-Magnoac (Hautes-Pyrénées). . MINGEARD-RANDAY (HENRI), Saint-Laurent de Vaux, par Vaugneray (Rhône). MONOD (ALFRED), conseiller à la Cour de cassation, rue Jacques Dulud, 39, à Neuilly-sur-Seine (Seine). MORIÉRE (J.), doyen de la Faculté des sciences, rue de Bayeux, 51,à Caen. MOROT (Louis), docteur ès sciences naturelles, rue Tournefort, 28, à Paris. MORREN (ÉpouARD), professeur à l'Université, directemiduJakdia botanique, Boverie, 1, à Liége (Belgique). Gorr espondant. MOTELAY ( LÉONCE), cours de Gourgues, 4, à Bordeaux. * LISTE DES MEMBRES. XIX MOUGEOT (ANTOINE), docteur en médecine, à Bruyéres (Vosges). MOUGENC DE SAINT-AVID (HyAcINTHE-MICHEL-LÉONARD-MARIE), docteur en médecine, à Parmain l'Ile-Adam (Seine-et-Oise). MOUILLEFARINE (EDMOND), avoué, rue Sainte-Anne, 46, à Paris. MUE (HENRI), commis principal à la direction des Contributions indirectes de la Seine, rue de l'École-de-Médecine, 4, à Paris. NANTEUIL (ROGER DE), avenue de Villars, 10, à Paris. NIEL, propriétaire, rue Herbiére, 28, à Rouen. NOUEL, directeur du Musée d'histoire naturelle, cloitre Saint-Aignan, 9, à Orléans. NYLANDER (WILLIAM), passage. des Thermopyles, 61, à Paris. Membre hono- raire. OLIVEIRA DAVID (D' ANTONIO J.), Cruz da Era (Bemfica), prés de Lisbonne. OLIVER, pharmacien à Collioure (Pyrénées-Orientales). OLIVIER (ERNEST), propriétaire, aux Ramillons, par Moulins (Allier). OLIVIER (Louis), docteur és sciences, rue de Rennes, 90, à Paris. OZANON (CHARLES), à Saint-Emiland, par Couches-les-Mines(Saóne-et-Loire). PAILLOT (Justin), pharmacien, rue de Belfort, 45, à Besancon. PARIS (général E.-G.), à Quimper. PARISOT (JEAN-FRANGOIS), capitaine en retraite, rue d’Alayrac, 57, à Fou- tenay-sous-Bois (Seine). PASCAUD (EncahR), juge au tribunal de 17* instance, rue Porte-Jaune, 5, à Bourges. PATOUILLARD, pharmacien, rue du Parc, à Fontenay-sous-Bois (Seine). PAUCHON, chargé de cours à la Faculté des sciences, rue du Tapis-Vert, 60, à Marseille. PAYOT (VENANCE), naturaliste, à Chamonix (Haute-Savoie). PELLAT (Ap.), ancien vice-président du Conseil de préfecture de l'Isére, propriétaire à Fontaine, par Grenoble. PELLETIER, avocat àla Cour d'appel de Paris, à Madon, par Blois. PELTEREAU (ERNEST), notaire, à Vendóme (Loir-et- Cher). PÉNICAUD (GEORGES), rue Taitbout, 27, à Paris. PÉRARD (ALEXANDRE), rue de Paris, à Montluçon (Allier). PETIT (PAUL), pharmacien, boulevard Saint-Germain, 17, à Paris. PIERRE, directeur du Jardin botanique de Saïgon (Cochinchine), en mission, avenue de Gravelle, 67, à Charenton (Seine). PIERSON, propriétaire, à Tournan (Seine-et-Marne). PIQUOT (ALPHONSE), propriétaire, quartier de la Croix-Rouge, à Vimoutiers (Orne). PLANCHON (J.-ÉwiLE), correspondant de l'Institut, professeur à la Faculté de médecine et directeur du Jardin des plantes, à Montpellier. PLANCHON (GusTAvE), professeur à l'École supérieure de pharmacie, boule- vard Saint-Michel, 139, à Paris. POIRAULT (GEORGES), licencié és sciences physiques, rue des Trois-Piliers, 36, à Poitiers. XX SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. * * * * POISSON (JuLEs), aide-naturaliste au Muséum, rue de Buffon, 63, à Paris. POLI (HENRI DE), rue des Acacias, 37, à Paris. POMEL, ancien sénateur, directeur de l'Institut scientifique, Tournant Ro- vigo, 4, à Alger. PONS (abbé), aumónier des Hospices-réunis, à Grasse (Alpes-Maritimes). PORTES (Lup.), pharmacien en chef de l'hópital de Lourcine, à Paris. POSADA-ARANGO (AwpnES), docteur en médecine, professeur de botanique à l'Université de Medellin (Etats-Unis de Colombie). PRIEM, professeur de sciences naturelles, rue Laromiguiére, 7, à Paris. PRILLIEUX (Épouanp), inspecteur général de l'enseignement agricole, rue Cambacérés, 14, à Paris. PRINGSHEIM, membre de l'Académie des sciences de Berlin, Bendlerstrasse, 31, à Berlin. Correspondant. PRUDON (MicuEL), pharmacien, rue de Lyon, 3, pharmacie Barnoud, à Lyon. QUÉLET (Lucien), docteur en médecine, officier d'académie, à Hérimoncourt (Doubs). QUINQUAUD (EUGÈNE), médecin des hôpitaux et professeur agrégé à la Faculté de médecine, rue de l’Odéon, 5, à Paris. RAMES riLs, pharmacien, à Aurillac. RAMOND (A.), administrateur des Douanes, rue du Cardinal-Lemoine, 1 à Paris. RAMOND (GEORGES), rue du Cardinal-Lemoine, 1, à Paris. RAUWENHOFF (N. W. P.), professeur à l'Université, directeur du Jardin botanique, à Utrecht (Pays-Bas). RAVAIN (abbé J.-R.), professeur à l'Université catholique, rue Bernier, 14, à Angers. REBOUD (V.), méd.-inajor en retraite, hótel de Paris, à Constantine (Algérie). RÉCHIN (abbé), professeur au collége de Mamers (Sarthe). REMY (JuLES), à Louvercy, par Chàlons-sur-Marne. RIBEIRO DE MENDONÇA (F.), docteur en médecine, à l'hópital de Santa Casa da Misericordia, à Rio de Janeiro (Brésil). RICHON (CHARLES), docteur en médecine, à Saint-Amand-sur-Fion (Marne). RICHTER (J.-A.), receveur principal des Douanes, à Saint-Jean Pied-de-Port (Basses-Pyrénées). RIVIÈRE, professeur départemental d'agriculture, à Versailles. ROCHEBRUNE (ALPH. DE), rue Monge, 89, à Paris. RODIER, agrégé des sciences naturelles, maitre de conférences à la Faculté des sciences, rue David-Johnston, m à Bordeaux. RODRIGUEZ (Juan), rue Isabel 2a, 46, à Mahon. ile de Minorque (Espagne). ROUSSEL (àbbé), passage des Annonciades, 3, à Vesoul (Haute-Saône). ROUY (GEoRGES), secrétaire du syndicat de la presse parisienne, avenue Reynaud, 4, à Bois-Colombes (Seine). ROYET (Euc.), docteur en médecine, à Saint-Benoît du Sault (Indre). ROZE (EnNEST) chef de bureau au Ministère des Finances, rue Claude Ber- nard, 72, à Paris. 2 ^ * * * ^ LISTE DES MEMBRES. XXI SACCARDO (P.-A.), professeur de botanique à l'Université de Padoue (Italie). SAGOT (PauL), docteur en médecine, boulevard St-Jean, 19, à Melun (Seine- et-Marne). SAINT-LAGER, docteur en médecine, cours de Brosses, 8, à Lyon. SAINT-MARTIN (CH. DE), avenue du Maine, 22, à Paris. SALATHÉ, docteur en médecine, ancien préparateur àla Faculté de médecine de Strasbourg, rue Michel-Ange, 27, à Auteuil-Paris. SAPORTA (marquis GASTON DE), correspondant de l'Institut, à Aix en Provence (Bouches-du-Rhóne). SARGNON, rue Vaubecour, 15, à Lyon. SARRAZIN (FRÉDÉRIC), capitaine en retraite, rue Saint-Peravi, 1, à Senlis (Oise). . SAUVAIGO (ÉwiLE), docteur en médecine, rue Cassini, 28, à Nice. SAUZE (abbé), curé de Marcieu, par la Motte-Saint- Martin (Isére). SAVASTANO (Louis), professeur de botanique à l'École supérieure d'agri- culture de Portici, prés de Naples. SAVATIER (Lupovic), médecin en chef de la marine, rue Martron, 7, à Roche- fort-sur-mer (Charente-Inférieure). SAVY (F.), libraire, boulevard Saint-Germain, 77, à Paris. SCHINDLER (HENRI-EMMANUEL), conseiller à la Cour, rue Saint-Augustin, 8, à Alger. SCHMITT (CHARLES-MARIE-JEAN-BAPTISTE), pharmacien principal à la Phar- macie centrale des hópitaux militaires, rue de l'Université, 160, à Paris. SCHŒNEFELD (Mte MARGUERITE DE), rue Vaneau, 19, à Paris. SEIGNETTE (ADRIEN), professeur agrégé d'histoire naturelle au lycée Fon- tanes, rue Tronchet, 21, à Paris. SÉJOURNÉ (abbé A.), professeur au petit séminaire de Blois. SEYNES (JULES DE), professeur agrégé à la Faculté de médecine, rue de Cha- naleilles, 15, à Paris. SICARD (GUILLAUME), pharmacien de 1'* classe, à Noisy-le-Sec (Seine). SINGER (D'), prof. de sc. natur., à Ratisbonne (Bavière). Correspondant. SKOFITZ (ALEx.), v. Schlogasse, 15, à Vienne (Autriche-Hongrie). Corres- pondant. SOTOMAYOR (DE), médecin-major en retraite, rue de la Citadelle, 4, à Calais (Pas-de-Calais). SUIS, vétérinaire, à Beaumont de Lomagne (Tarn-et-Garonne). SURINGAR (W. F. R.), prof. de botanique à l'Université de Leyde (Pays-Bas). TARDIEU (MAURICE), rue Vivienne, 10, à Paris. TARRADE (A.), pharmacien, avenue du Pont-Neuf, 65, à Limoges. TASSEL (RAouL), négociant, rue de la Barrière, 58, à Elbeuf (Seine-Infér.). TCHIHATCHEF (PIERRE DE), correspondant de l'Institut, piazza degli Zuavi, 4 à Florence (Italie). TEMPÈRE (J.), professeur, rue Saint-Antoine, 168, à Paris. THÉRY, docteur en médecine, à Langon (Gironde). THOREL (CLovis), docteur en médecine, place d'Eylau, 3, à Passy-Paris b xxu SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. * TIMBAL-LAGRAVE (Épouanp), rue Romiguiére, 15, à Toulouse. * * * * * TODARO (commandeur AUGUSTIN), sénateur du royaume, directeur du Jardin botanique, via Cintorinari, 7, à Palerme (Sicile). TOURLET (E.-H.), pharmacien, à Chinon (Indre-et-Loire). TOWNSEND (FRÉDÉRIC) , Honington-Hall, Shipston-on-Stour (Augleterre). TRABUT (docteur Louis), professeur à l'École de médecine, rue Desfon- taines, 7, à l'Agha, à Alger-Mustapha. TRIADON caper (Jean-François), rue Saint-Christol, à Pézénas (Hérault). TROUILLARD (CHARLES), ancien banquier, rue de la Levée d'enceinte, à Saumur (Maine-et-Loire). VALLOT (ÉMILE), ingénieur civil, avenue d'Antin; 61, à Panis. VALLOT (JosEPHR), avenue d'Antin, 61, à Paris. VAN TIEGHEM (PH), membre de l'institut, professeur-administrateur au Muséum, rue Vauquelin, 22, à Paris. VENDRELY, pharmacien, à Champagney (Haute-Saóne). VENDRYÈS (ALBERT), rue de Madame, 34, à Paris. Membre honoraire. VERRIET-LITARDIÈRE, docteur en médecine, à Mazières en Gâtine (Deux- Sévres). VÉSIAN (DE), propriétaire, rue de Châteaudun, 25, à Paris. VIALLANES (ALFRED), professeur à l'École de médecine, à Dijon. VIAUD-GRAND-MARAIS (AMBROISE), professeur à l'École de médecine, place Saint-Pierre, 4, à Nantes. VIDAL, inspecteur des Contributions directes, à Privas. VILMORIN (HENRI LÉVÊQUE DE), boulevard Saint-Germain, 149, à Paris. VILMORIN (Maurice L. DE), rue de Solferino, 4, à Paris. VUILLEMIN (PAUL), docteur en médecine, engagé conditionnel à la 1'* section d'infirmiers, à l'hópital militaire de Lille (Nord). WALKER (ARTHUR), doct. en médecine, Beeche lodge, Wimbledon common, prés de Londres, S. W. WIGNIER (CHARLES), propr'*, rue de la Tannerie, 22, à Abbeville (Somme). WOLF (FERDINAND OTTO), professeur, à Sion (Valais), Suisse. ZEILLER (RENÉ), ingénieur en chef des Mines, rue de Rennes, 43, à Paris. MM. les Membres de la Société sont priés, dans leur intérét, d'informer sans retard le Secrétariat de leurs changements d'adresse. Les numéros qui viendraient à s'égarer par suite de quelque omission de ce genre ne pourraient étre remplacés. LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ RANGÉS PAR PAYS ET EN FRANCE PAR DÉPARTEMENTS. Aisne. Bullemont (de). Allier. Bourgougnon. Doumet-Adanson. Olivier (E.). Pérard. Alpes (Hautes-). Burle. Guinier. Lannes. Alpes-Maritimes. Barbe. Barla. Constant. Guilloteaux-Bouron. Maupassant (de). Pons (abbé). Sauvaigo. Ardèche. Vidal. - Ardennes. Callay. Aube. Barotte. Aude. Gautier (G.). Martin (J. de). Aveyron. Ivolas. Bouches-du-Rhône. Chabert. Chareyre. Contest-Lacour. Derbès. Dussau. Heckel. Pauchon. Saporta (marquis de). Calvados. Guiard (abbé). Morière. Cantal. Carbonnat (de). Malvezin. Rames. Charente. Crévelier. Duffort. Guillon. Charente-Inférieure. Brunaud. Foucaud. Jousset. Savatier. Cher. Des Méloizes. Duvergier de Hauranne. Le Grand. Loche. Pascaud. Cóte-d'Or. Arbaumont (d). Bazot. Cailletet. Emery. Genty. Maillard. Viallanes. Cótes-du-Nord. Avice. Leuduger Fortmorel. Creuse. Martin (G.). Dordogne. Abzac de Ladouze (mar- quis d"). Doubs. Magnin. Paillot (J.). Quélet. Eure. Estéve (vicomte H.). Eure-et-Loir. Duteyeul (abbé). Finistére. Paris (général). Gard. Lombard-Dumas (A.). Martin (B.). Garonne (Haute-). Baillet. Balansa. Clos. Debeaux. Marcais. Timbal-Lagrave. Gironde. Brochon. Cagnieul. Guillaud. Hullé. Mège (abbé). Motelay. Rodier. Théry. Haut-Rhin (Belfort). Gérard (CI.). Hérault. Arnaud. Barrandon. Durand. Flahault. Gautier (L..). Gay. Loret. Martin (L. de). Planchon (J.-E.). Triadon. Indre. Royet (Eug.). XXIV Indre-et-Loire. Barnsby. Chastaingt. Tourlet. Isère. Duhamel (H.). Faure (abbé). Pellat. Sauze (abbé). Landes. Deflers. Landry. Loir-et-Cher. Lavau (de). Legué. Martin (Em.). Pelletier. Peltereau. Séjourné (abbé). Loire. Gariod. Grand'Eury. Hervier-Basson (abbé). Loire-Inférieure. Andouard. Coquet (abbé). Duroux. Gadeceau. Ménier. Viaud-Grand-Marais. Loiret. Coincy (de). Du Colombier. Jullien-Crosnier. Nouel. Lot-et-Garonne. Amblard. Arnaud. Garroute (abbé). Maine-et-Loire. Allard. Brin. Dezanneau. Hy (abbé). Leguay. Lieutaud. Ravain (abbé). Trouillard. Marne. Lemoine. Marcilly. Remy. Richon. Meurthe-et-Moselle. Fliche. Gallé. Godfrin. Lemaire. Lemoine. Le Monnier. Mathieu. Meuse. Cardot. Nièvre. Garnier (abbé). Nord. Boulay (abbé). Colomb. Guermonprez. Maugin. Vuillemin. Oise. Caron (H.). Dupuis. Sarrazin. Orne. Husnot. Lecœur. Piquot. Pas-de-Calais. Masclef (abbé). Sotomayor (de). Puy-de-Dôme. Alanore. Billiet. Gonod d'Artemare. Pyrénées (Basses-). Doassans. Dubreuil. Estéve (comte P.). Franqueville (de). üchter. Pyrenees (Hautes-). Dulac (abbé). Laffitte (abbé). Miégeville (abbé). Pyrénées-Orientales. Bucquoy. Oliver. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Rhône. Borel. Boullu (abbé). Cauvet. . Courcière. Fournereau (abbé). Gandoger. Guignard. Jordan. Mingeard-Randay. Saint-Lager. Sargnon. Saône (Haute-). Roussel (abbé). Vendrely. Saône-et-Lorre. Gillot. Guichard (M™°). Lacroix. Ozanon. Sarthe. Chevallier (abbé L.). Réchin (abbé). Savoie. Kralik. Savoie (Haute-). . Chevalier (abbé E.). Payot (V.). Seine (1). Calmeil. Cocardas. Joleaud. Lefebvre. Marchand. Monod. Parisot. Patouillard. Pierre. Sicard. Seine-et-Marne. Dumée. Feuilleaubois. Finot. Guédon. Pierson. Sagot. Seine-et-Oise. Boudier. Legrelle. Michel. (1) Les membres résidant à Paris ne sont pas mentionnés sur cette liste, Mougenc de Saint-Avid. Rivière. Seine-Inférieure. Kerville (de). Labourdette. Le Breton. Lieury. Niel. Tassel. Sèvres (Deux-). Verriet-Litardière. Somme. Bertrand Caron (E.). Copineau. Eloy de Vicq. Gonse. Wignier. Tarn-et-Garonne. Suis. Vienne. Bouillé (de). Poirault. Vienne (Haute-). Lamy de la Chapelle. Tarrade. Vosges. Cabasse. Mer. Mougeot. Algérie. Battandier. Letourneux. Pomel. Reboud, Schindler. Trabut. Ile de la Réunion. Dédier. Ile de Miquelon. Delamarre. LISTE DES MEMBRES. Allemagne. Asher. Behrend. Bolle. Caspary. Hasskarl. Just (Léopold). Pringsheim. Singer. Alsace-Lorraine. Barbiche. Buchinger. Autriche. Ambrosi. Skofitz. Belgique. Baguet. Cannart d'Hamale (de). Cogniaux. Crépin. Martens. Morren. Danemark. Lange. Espagne. Arozarena. Fragoso. Manuel de Paul. Rodriguez. Grande-Bretagne. Babington. Ball. Britten. Colvin. Howse. Masters (Max. T ). Maw. Townsend. Walker. Italie. Almansi. XXV Caruel. Giordano. Jatta. Licopoli. Malinverni. Martelli, Saccardo. Savastano. Tchihatchef (de). Todaro. Pays-Bas. Rauwenhoff. Suringar. Portugal. Castello de Paiva. Daveau. Henriques. Mattoso Santos. Oliveira David (d"). Suisse. Andres. Barbey. Boissier. Burnat. Candolle (de). Duby (pasteur). Michel. Wolf. Syrie. Blanche. États -Unis d'Amérique. Asa Gray. Antilles. Duhoux. Brésil. S. M. Dom Pedro II. Glaziou. Ribeiro de Mendonca. Autres Etats de l'Amérique du Sud. Posada-Arango. Siége de la Société, rue de Grenelle, 84, à Paris. Membres décédés en 1884. BENTHAM. - BOUTIGNY. CHABERT (Eug.). FOURNIER (Eug.). KRESZ. LAGRANGE. LÉPINE. PENCHINAT. RIVET. THIÉBAULT. Rayés par décision du Conseil d'administration (1), pour défaut de payement de cotisations arriérées. MM. FUGAIRON (Louis), licencié és ciences naturelles, à Ax-sur-Ariége (Ariége). MOYNIER DE VILLEPOIX (H.) ancien pharmacien, à Abbeville (Somme). (1) Séances des 16 janvier et 20 février 1885. BOURLOTON. — lmprimeries réunies, A, rue Mignon, 2, Paris. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE SÉANCE DU 11 JANVIER 1884. PRÉSIDENCE DE M. DUCHARTRE. M. Duchartre, en prenant place au fauteuil, remercie la Société d'avoir bien voulu l'appeler encore une fois à l'honneur de la pré- sider, et.il l'assure de son entier dévouement. M. G. Bonnier, secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la séance du 28 décembre, dont la rédaction est adoptée. Par suite de la présentation faite dans la derniére séance, M. le Président proclame membre de la Société : M. BEDIER, Agrégé des sciences naturelles, professeur au lycée de Saint-Denis (Ile dela Réunion), présenté par MM. G. Bon- nier et Mangin. M. le Président annonce ensuite une nouvelle présentation. Dons fails à la Société : J. Foucaud, Note sur le Chara imperfecta Braun. — Notes sur les principales plantes méridionales qui croissent dans le département de la Charente-Inférieure. A. Lemaire, Catalogue des Diatomées des environs de Nancy. — Liste des Desmidiées observées dans les Vosges jusqu'en 1882. P. A. Saccardo, Genera Pyrenomycetum schematice delineata. — et C. Roumeguère, Reliquiæ mycologicæ Libertianæ, series tertia, F. von Mueller, Geological Survey of Victoria. Observations on new vegetable Fossils of the auriferous drifts, second decade, J. Aug. Henriques, Expedicáo scientifica à serra da Estrella em 1881. — Secçào de botanica. T. XXXI. (SÉANCES) 1 9 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Malinvaud, en déposant le tome XXXVI des Actes de la So- ciélé Linnéenne de Bordeaux, attire l'attention sur une intéres- sante Monographie des Isoétées par MM. Motelay et Vendryés, qui est insérée dans ce volume. Ce travail est accompagné de dix planches parfaitement dessinées et en partie coloriées, qui mon- trent d'une facon trés nette les principaux détails de l'organisation d'un grand nombre d’espèces, dont la plupart sont figurées pour la premiére fois. M. Bertrand fait à la Société la communication suivante : LOI DES SURFACES LIBRES, par M. €. Eug. BERTRAND. 1. Au moment méme où je publiais dans mon Mémoire sur la théorie du faisceau lesrégles auxquelles sont soumis: 1? les rapports de position du bois et du liber secondaires dans les faisceaux primaires et dans les faisceaux secondaires qui en dépendent ; 2° les rapports de position du liége et du tissu fondamental secondaire, M. G. Dutailly faisait con- naitre, dans son travail sur les productions secondaires tardives des tiges et des racines des Dicotylédones, un grand nombre d'exemples de produc- tions secondaires qui, sans rapports immédiats avec les tissus primaires, semblent soumis à de tout autres lois, ou, pour mieux dire, semblent 5chapper à toute loi, toutes les combinaisons possibles de rapports de tissus s'y rencontrant. Depuis le travail de M. Dutailly, divers auteurs, parmi lesquels je me bornerai à citer M. A. Weiss dans sa Botanique générale, M. J. E. Weiss dans ses Remarques sur les faisceaux médullaires, M. Ph. Van Tieghem dans ses Observations sur l'anatomie com- parée des Cryptogames vasculaires, et dans son Traité de Botanique, M. A. Lotar dans son Essai sur l'anatomie comparée des organes végé- tatifs des Cucurbitacées, M. A. Gravis, dans son Mémoire sur P Ana- tomie des Orties, et surtout M. Bouriez dans son Mémoire sur les Jalaps, puis M. R. Gérard dans ses Notes sur la structure des racines des (Enan- the, ont déerit ou signalé des faits du méme genre. On en trouve encore de plus nombreux exemples dans les travaux des auteurs qui, depuis Mirbel et Gaudichaud jusqu'à nos jours, se sont occupés de la cicatrisation des plessures des végétaux, de leurs bourrelets, de leurs cals, de leurs galles, des nécroses et des néoformations provoquées par des causes physiques ou par des parasites, des boutures, des greffes ou méme simplement de la décortication, de la chute des feuilles, des canaux sécréteurs. Depuis longteinps déjà et de tous les cótés, on le voit par ces sujets si divers, SÉANCE DU 11 JANVIER 1884. 3 l'attention des observateurs était attirée sur ces tissus secondaires que M. Dutailly a qualifiés de tardifs. Chaque anatomiste a décrit quelques- unes de ces anomalies, appliquant à la dénomination des tissus produits les idées dominantes à son époque; mais jusqu'ici, à ma connaissance, on s’est contenté de considérer ces productions singulières comme des anomalies que ne régit aucune régle. Je crois cependant qu'il n'en est pas ainsi, car depuis longtemps déjà j'ai reconnu que, si variées que puis- sent paraitre ces productions secondaires tardives, leurs rapports de posi- tion sont soumis à une loi générale qui indique à priori, dans tous les cas,la position relative des tissus secondaires, de quelque nature qu'ils soient, bois secondaire, liber secondaire, tissu fondamental secondaire, liège, par rapport à leurs zones génératrices et aux surfaces libres qui ont provoqué ces zones génératrices. Ayant été conduit à citer cette loi devant la Société, dans la séance du 14 décembre, à propos de la communication de M. Gérard sur la struc- ture des racines d'OEnanthe, je demande la permission d'ajouter quel- ques mots sur ce sujet que j'expose chaque année aux éléves de la Faculté des sciences de Lille, dans mon cours de premiére année, de- puis 1881. 2. Lorsque des productions secondaires tardives se forment dans un organe, elles sont toujours dues à l'activité d'une zone génératrice à cloi- sonnements tangentiels dépendante d’une surface libre naturelle ou acci- dentelle, réelle ou virtuelle. Par surface libre dans la plante j'entends: 4° la surface du corps de la plante; 2° la surface limite de ses cavités intérieures, lacunes, déchirures, méats, et plus généralement de toute solution de continuité de ses tissus, qu'elle soit naturelle ou accidentelle, qu'elle soit ou non en communication, avec l'air extérieur; 3° par exten- sion (1), la surface limite d'un tissu modifié ou écrasé, la surface d'une cellule cristalligène, celle d'un sclérite ou d'un vaisseau plein d'air, de gomme ou de résine, une paroi cuticularisée, et plus généralement la sur- face de tout tissu, füt-il réduit à une cellule, à une paroi cellulaire oü la vie se ralentit, ne serait-ce méme que temporairement, alors que les tissus voisins continuent d'étre trés actifs. On sait depuis longtemps que, lorsque des éléments où la vie est ralentie ou éteinte sont en contact avec un tissu oü la vie est active, ces derniers tendent à s'isoler des premiers; il s'éta- blit entre les deux tissus une zone génératrice qui entoure les éléments où la vie s'éteint, qui les isole et les sépare ; ce sont ces zones isolantes qui donnent naissance aux produits secondaires tardifs. Qu'on enfonce uneaiguille dans un organe, les cellules transpercées meurent, mais les (1) Ce sont ces dernières que j'ai en vue lorsqu'on parle de surfaces libres vir- tuelles. 4 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. éléments vivants (1), voisins de la solution de continuité qu'on vient de faire, s'hypertrophient, se cloisonnent une première fois perpendiculai- rement à leur nouvelle direction de maximum d’accroissement. Chacune des nouvelles cellules produites peut,à son tour se subdiviser, mais on remarque que les nouvelles cloisons sont paralléles à la surface de la solution de continuité ; bientót il se constitue ainsi une zone génératrice à eloisonnements toujours paralléles à la surface de la blessure et dont les produits isolent la blessure des tissus vivants. Les tissus extérieurs sont sacrifiés. Si la zone génératrice dont on vient de provoquer la for- mation fonctionne activement, elle pourra produire autour de la blessure du liège, du tissu fondamental secondaire, du bois secondaire, du liber secondaire. De méme que nous venons de voir s'établir une zone géné- ratrice isolante par rapport à une surface libre provoquée accidentelle- ment par une blessure, de méme on voit s'établir spontanément, et de la méme manière, des zones génératrices isolantes par rapport à la surface de sclérites, de cellules cristalligénes, d'une paroi cellulaire inerte, d'un méat, d'un canal, les éléments entourants se segmentant parallélement à la surface de la cellule, de la paroi, du canal à isoler. Si cette zone géné- ratrice fonctionne pendant quelque temps, ses produits seront du liége et du tissu fondamental secondaire; si la zone fonctionne plus longtemps, une partie, devenant zone cambiale secondaire, produira du bois secon- daire et du liber secondaire. 9. D'une maniére générale, lorsqu'une zone génératrice cambiforme est sous la dépendance d'une surface libre, elle produit du liége entre elle et la surface libre, du tissu fondamental secondaire sur sa face opposée. On a donc sur toute l'étendue de la zone génératrice : Distance surface au liège < distance surface au cambiforme « distance surface au tissu fondamental secondaire, ou, en désignant par S la sur- face libre, Lg le liège, Cbf son cambiforme, Tf, le tissu fondamental secondaire : S. Lg < S. Cbf < S. Tf. Sile cambiforme est simple, c'est-à-dire s'il n'est que cambiforme phellique ou cambiforme fondamental, la méme régle s'applique, Lg ou Tf, faisant défaut, la double inégalité se réduisant à un terme. Toute zone cambiale dépendante d'une surface libre produit du liber _ (1) Les divers éléments morts ou inertes depuis très longtemps, comme les fibres ligneuses vidées, les sclérites contigus à la blessure, ne participeront pas à ce regain LL Ils feront ordinairement partie de la surface libre accidentelle qu'on vient € laire., SÉANCE DU 11 JANVIER 1884. 5 secondaire entre elle et la surface libre, du bois secondaire sur sa face opposée. On a donc pour ces zones cambiales : Distance surface au liber secondaire << distance surface au cambium < distance surface au bois secondaire, ou, en désignant par S la surface libre, Lb, le liber secondaire, Cb le cambium, et Ba le bois secondaire produit: _S.Lb: < S. Cb < S. B: Je donne à cette loi le nom de Loi des surfaces libres. En vertu de cette loi, on a donc, en partant de la surface libre, quelle qu'en soit la forme, qu'elle soit enveloppante ou enveloppée ou paralléle à la zone génératrice, la succession suivante, et cela quelles que soient la nature et l'orientation des tissus au sein desquels se font ces produc- tions secondaires tardives : COMBINAISON I. COMBINAISON II. COMBINAISON III. a. Surface libre. a. Surface libre. a. Surface libre. 8. Tissu sacrifié. B. Tissu sacrifié. B. Tissu sacrifié. = 1' Liège. 1' Liège y. Zone génératrice. . y. Cambiforme double. y. Cambiforme double. 2' Liber M ) — 1" Tissu fondam. sec. 1" Tissu fondam. sec. | Y, Cambium ; " Bois second. 8. Tissu vivant. 6. Tissu vivant. 6. Tissu vivant. Le tissu sacrifié peut étre réduit à zéro dans chacune de ces trois combi- naisons ; cela arrive très fréquemment lorsque la surface libre est virtuelle, comme lorsqu'il s'agit de la surface d'un sclérite, d'une cellule cristalli- gène, d'un vaisseau vide, d'un tissu ralenti, d'un petit méat. De méme le liége peut faire défaut dans la seconde et dans la troisiéme de ces combi- naisons, ou se réduire à un rang de cellules. Le tissu fondamental peut faire défaut dans la seconde et, quoique bien rarement, dans la troisième com- binaison. Il est à remarquer que, lorsque le liège vient à manquer, le tissu fondamental secondaire existe, et vice versá. En se rappelant les descriptions données des rapports de position des productions secondaires tardives, on voit que toutes satisfont à cette loi. J'en citerai néanmoins quelques-unes plus particulièrement, pour bien montrer la multiplicité des exemples auxquels s'applique la Loi des sur- faces libres. On reconnaitra ainsi en particulier que les régles formulées dans la théorie du faisceau sur les rapports de position du bois et du liber secondaire dans les faisceaux primaires ne sont qu'un cas particulier de la Loi des surfaces libres. (1) Ce système pouvant être répété plusieurs fois dans le méme ordre, au sein du tissu fondamental secondaire. 6 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 4. — Exemples. A. Lors de la décortication des tiges ligneuses des Platanes, des Gro- seilliers, des Pins et de la grande majorité des vieilles tiges des arbres de nos pays, on a, en pénétrant de la surface de la tige dans la profondeur de celle-ci, la succession des tissus ci-après, dont l'énoncé suffit pour nous faire connaitre le mécanisme de la décortication : a. Surface de la plante ou tissus modifiés superficiels remplissant le róle de surface libre. La surface libre réelle, confondue avec la surface du corps, est envelop- pante par rapport à la zone génératrice. . 8. Rhytidome ou tissus sacrifiés. 1'. Liège. y. Cambiforme double, à la fois phellique et fondamental, formant une zone géné- ratrice enveloppée par la surface libre. 1". Tissu fondamental secondaire ou parenchyme herbacé secondaire (1). 8. Tissus de la tige. B. Dans la plupart des tiges et des racines dites anomales parce qu'elles présentent plusieurs couches concentriques de faisceaux secondaires, et parmi lesquelles je citerai les Nyctaginées, les Chénopodées, les Crassu- lacées, les Gnetum, les Welwitschia, les tiges àgées des Cycadées actuelles, les Ménispermées, les Bauhinia, les racines des Beta, des Nyctaginées et les racines de Bryone exceptionnellement grosses, les tiges des Stylidiées, etc., on a, en allant de la surface de la tige au centre, la succession des tissus suivants : «. Surface de la tige ou de la racine (surface primitive ou surface déjà décor- tiquée, peu importe) remplissant le róle de surface libre. Cette surface libre réelle enveloppe la zone génératrice. B. Rhytidome = tissus sacrifiés ou bien tissu fondamental externe. 1'. Liège. y. Cambiforme double formant une zone génératrice enveloppée. Cette zone produit : Ou bien du tissu fondamental secondaire seulement d'une maniére continue, ce qui donne : 1", Tissu fondamental secondaire. Ou bien cette zone, qui ordinairement produit du tissu fondamental secon- daire, devient de temps à autre zone cambiale, et produit des faisceaux libéro-ligneux secondaires dont les tissus sont rencontrés dans l'ordre suivant dans la masse du tissu fondamental secondaire : 2, Liber secondaire. y. Cambium. (2) 2". Bois secondaire. à. Faisceaux et tissu fondamental primaire. 1 (1) Dans un grand nombre de plantes ligneuses, le cambiforme étant simple, phel- lique seulement, le tissu fondamental secondaire n'existe pas. ; (2) Cette succession de tissus libéro-ligneux pouvant se répéter plusieurs fois. SÉANCE DU 11 JANVIER 1884. 7 L'énoncé de cette succession d'assises nous dit comment s’opère l'ac- croissement diamétral de ces tiges et de ces racines (1). C. Autour de la région centrale des grosses racines adventives de Thladiantha, on a la succession des tissus suivants, en allant du centre de ces racines à leur surface : æ. B. Fibres primitives recloisonnées formant une moelle centrale vide, sèche, parfois déchirée, établissant au centre de lorgane une surface libre ordinairement virtuelle, qui sera enveloppée par la zone génératrice. Le tissu central est le tissu sacrifié, en méme temps que sa surface est la surface libre. 1'. Liège. y. Cambiforme double formant zone génératrice enveloppante. 2!’, Tissu fondamental secondaire. En certains points, dans de trés grosses racines, aprés le cambiforme double y, on trouve dans le tissu fondamental secondaire la succession : 2'. Liber secondaire. y. Cambium. 2". Bois secondaire. 8. Tissus ligneux primaires et secondaires ordinaires. L'énoncé méme de ces tissus nous dit assez le mécanisme de ces for- mations. D. Dans la tige du Chou moellier, on trouve parfois une grande lacune autour de laquelle les tissus sont disposés comme il suit : «a. Déchirure formant une surface libre réelle. Cette surface libre est enveloppée par la zone génératrice. B. Tissus mortifiés. l'. Liège. 29', Liber secondaire Cambium ou cambiforme double formant zone génératrice enveloppante, a, Bois secondaire 1". Tissu fondamental secondaire. ò. Moelle. Je ne crois pas utile de répéter chaque fois la remarque qui termine l'exemple C. E. Je tiens de M. A. Bouriez pour les tiges des Convolvulacées, de M. M. Hovelacque pour le Tecoma radicans, qu'on rencontre dans ces tiges, autour de la moelle, en allant du centre à la périphérie, la suc- cession suivante : a. B. Moelle séche ou inerte formant une surface libre virtuelle, enveloppée par la zone génératrice. La moelle est le tissu sacrifié. (1) Nous reconnaissons par suite que, comme les faisceaux secondaires de ces racines et de ces tiges ne sont que des dépendances des productions secondaires de ‘leurs faisceaux primaires, la loi des surfaces libres s’applique aux formations secondaires des faisceaux primaires. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. . Liège réduit à un rang d'éléments, exceptionnellement plus développé, parfois méme semblant faire défaut. Liber secondaire. . Cambium formant une zone génératrice enveloppante (1). . Bois secondaire. . Tissu fondamental secondaire, réduit vecti a um à un ou deux rangs d'élé- ments, parfois méme semblant faire défaut, ailleurs un peu plus développé. Bois de la couronne libéro-ligneuse ordinaire de ces tiges. On trouve ce méme dispositif dans les grosses tiges de Bryone et de Cucur- bita blessées intentionnellement et que l'on a évidées, dans les Solanées sou- mises au méme traitement. On en connait des exemples dans les Campanulacées à couronne ligneuse intérieure continue. F. Dans la moelle des tiges des Choux-navets, d'un grand nombre de Composées, de Campanulacées, on trouve des massifs libéro-ligneux secondaires qui ont la succession ci-aprés, en allant du centre organique de chaque massif à sa périphérie : a. p. 1^ g. 1 8. Un canal sécréteur, une cellule cristalligène ou une paroi épaissie forme une surface libre virtuelle intérieure, et représente le tissu sacrifié. Liège. — Ce liège manque ou est représenté par un rang de cellules. Liber secondaire. . Zone cambiale formant une zone génératrice et entourant le tout. Bois secondaire. Tissu fondamental secondaire. Moelle. G. Dans les grosses racines de la Chicorée dite « à grosse racine de Bruxelles », on trouve parfois autour d'un vaisseau ligneux secondaire isolé, gorgé de résine, la suecession suivante, en s'éloignant du vaisseau dans n'importe quel azimuth : a. B. Vaisseau ligneux secondaire vidé ou gorgé d'excreta, formant une surface libre H. réelle enveloppée par la zone génératrice. La paroi du vaisseau représente le tissu sacrifié. . Liége transformé en épithélium sécréteur. . Liber secondaire. - Zone cambiale formant zone génératrice double, enveloppant la surface libre. . Bois secondaire. . Tissu fondamental secondaire ordinairement réduit à zéro. Bois secondaire de la racine. Dans les massifs libéro-ligneux de la moelle des tiges de Rheum officinale, on trouve, d'aprés les figures de M. Dutailly, en allant du centre de chaque massif à sa périphérie: (1) Ce cambium n'est pas nécessairement continu. Là où il fait défaut, au lieu du système : 2' liber secondaire, y' cambium, 2" bois secondaire, on trouve la succession : y cambiforme, 1" tissu fondamental secondaire. SÉANCE DU 11 JANVIER 1884. 9 æ. B. Tissu sclérifié, probablement liber primaire, mort, écrasé, formant une surface 'U 9! libre virtuelle enveloppée par la zone génératrice. — Ii représente le tissu sacrifié. Le liège manque. . Liber secondaire. . Zone cambiale formant zone génératrice double, enveloppant la surface libre. . Bois secondaire. Le tissu fondamental secondaire manque. Bois primaire ou moelle. I. Dans le rhizome de Raifort, autour de canaux sécréteurs établis en plein bois, on a comme succession, en s'éloignant du canal dans n'importe quel azimuth : a. 8. Vaiseeaux ligneux secondaires, vides ou oblitérés, remplissant le rôle de sur- T. y- 1" 8. face libre réelle enveloppée par la zone génératrice. — La paroi du vaisseau est le tissu sacrifié. Liège formant un épais épithélium sécréteur. Cambiforme double, phellique et fondamental, enveloppant la surface libre. Tissu fondamental secondaire trés épais. Bois secondaire ordinaire. Il en est ainsi partout où il y a un élément anatomique à isoler, comme les vaisseaux, canaux sécréteurs des grosses racines de Panais, de Cir- sium, des groupes de vaisseaux, comme dans les racines d'Althea offici- nalis, d'Helleborus niger, etc. K. Dans la Scammonée, le Jalap, l'(Enanthe, il ressort pe études de M. Bouriez et de M. Gérard, que l'on a autour d éléments ligneux, d'une cellule cristalligéne, d'un massif ligneux entier qui reste actif alors que tout le reste du tissu se ralentit, en s'éloignant de cet élément dans n'im- porte quel azimuth : ^ 0. 41" 9" Y- LA 1, Groupe actif, enveloppé. Tissu fondamental secondaire, réduit, souvent nul. . Bois secondaire souvent réduit à du parenchyme ligneux. Zone cambiale enveloppée par la surface libre ou paralléle à cette surface Liber secondaire. Liège nul. a. B. Surface libre de tissu écrasé enveloppant le tout, ou simple paroi inerte, ou tissu ralenti, formant une surface libre virtuelle. L. Lors de la formation d'un canal sécréteur chez les Coniféres, les Araliacées, et quelle que soit la position de ces canaux, on rencontre la succession des tissus ci-aprés en s'éloignant du canal : a. B. t. Surface du canal remplissant le róle de surface libre réelle. — Elle est enve- loppée par la zone génératrice. Manque. Liège remplissant la fonction d'épithélium sécréteur. 10 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. y. Zone génératrice ou cambiforme, phellique simple, enveloppant le tout. 1". Manque. 8. Tissus de l'organe. M. Dans la formation des thylles des racines de Cueurbitacées, des racines et des tiges de Convolvulacées, dans les tiges des Malpighiacées, des Vitis, dans les racines de Rumex acetosa, etc., on a la succession suivante en s'éloignant des vaisseaux : «.Q. Vaisseau ligneux vide, remplissant le rôle de la surface libre. — La paroi du vaisseau est le tissu sacrifié. 1’. Liège ou épithélium thyllaire qui peut être sécréteur. y. Zone génératrice. 1". Manque. à. Bois entourant. N. Autour des concrétions pierreuses de la moelle des tiges des Plan- tago lanceolata, P. rufescens, on trouve, en s’éloignant du centre de la concrétion, la succession des tissus suivants : a. Cellule morte, ou paroi cuticularisée, ou encore sclérite initial, formant une surface libre virtuelle, enveloppée par la zone génératrice. à Q. Tissu sacrifié, ne comprenant que la cellule morte ou la paroi cuticularisée. l'. Liège composé uniquement de cellules scléreuses. Cambiforme ordinairement simple, plus rarement double, enveloppant la surface libre. ` 1". Tissu fondamental secondaire quand il existe. à. Moelle. Les conerétions pierreuses de la plupart des fruits ont la méme orga- nisation. Il en est'de méme de la plupart des coques solides qui forment le noyau de la plupart des fruits. Le seul énoncé de la succession des tissus dans ces concrétions nous fait connaître le mécanisme de leur production. O. Lors de la chute des feuilles, on trouve dans la région où se fait la séparation la structure ci-après, dans les’cas les plus complexes, c'est-à- dire lorsqu'il y a simultanément cicatrisation de la feuille et de la tige : ^ à. La feuille. 1". Exceptionnellement tissu fondamental secondaire; plus ordinairement cette couche fait défaut. y. Cambiforme phellique ; exceptionnellement cambiforme double, parallèle à la surface libre. l'. Liège souvent sclérifié. 8. a. eta. 6. Ligne de séparation, d'abord virtuelle, puis réelle des tissus. Cette sur- face forme une surface libre d'abord virtuelle, plus tard réelle, parallèle à la zone génératrice. La rangée de cellules détruites représente le tissu sacrifié. l'. Liège souvent sclérifié. y. Cambiforme phellique, plus rarement cambiforme double parallèle à la surface Jibre. SÉANCE DU 14 JANVIER 1884. 11 1". Tissu fondamental secondaire quand il existe, ou néant. à. Tissus de la tige. L'énoncé de ces tissus dans l'ordre ou on les rencontre nous fait con- naitre et le mécanisme de la chute de la feuille, et le mécanisme de la cicatrisation de la tige. P. Autour d'un cuf enfermé dans une galle, on rencontre la succession des tissus ci-après en s'éloignant du centre de l'œuf : «a. Solution de continuité formant une surface libre réelle, enveloppée, sauf du cóté de l'orifice de la galle, par la zone génératrice. Tissus blessés sacrifiés, souvent transformés en une lame de parenchyme corné. . Liége transformé souvent en une sorte d'épithélium sécréteur, gorgé de sub- stances azotées. y. Cambiforme double, plus rarement simple, formant une zone génératrice qui enveloppe la surface libre. 1". Tissu fondamental secondaire gorgé d'amidon (1). à. Tissus de la plante. > TD L4 Les galles du Chéne, si bien étudiées par M. Ed. Prillieux, les blessures des pucerons présentent ce dispositif. Q. Autour d'une blessure, on trouve, dans les cas de trés grands déve- loppements des tissus cicatriciels, la succession suivante, en allant de la blessure vers les parties conservées : æ. Solution de continuité accidentelle formant une surface libre, réelle, de forme quelconque. 8. Tissus mortifiés blessés formant l'escarre ou tout au moins la surface de l'escarre. l'. Liège dont la partie extérieure tout au moins est sclérifiée. y. Cambiforme double formant une zone génératrice parallèle à la surface libre. 1". Tissu fondamental secondaire. Parfois dans ce tissu fondamental secondaire on trouve des groupes libéro-ligneux dans mer on rencontre successivement : 2. Du liber secondaire. y'. Une zone cambiale. 2". Du bois secondaire. à. Les tissus conservés. Les cals inférieurs des boutures, les cicatrices des- blessures produites par écrasement, rentrent dans ce méme type. Ces quelques exemples suffisent, je crois, pour montrer la multiplicité des applications de la Loi des surfaces libres. En terminant, je me permettrai de faire quelques remarques : 1° Je n’ai pas cru, dans cette note, devoir parler des faisceaux dia- phragmatiques, ni des massifs libéro-ligneux médullaires des Ricins, des (1) Il y a parfois, mais rarement, production de massifs libéro-ligneux dans ce tissu fondamental secondaire (galle du Térébinthe). 49 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Begonia, des Aralia, des Rheum, etc. (1). Ces massifs sont primaires, leur étude ne rentrait donc pas immédiatement dans le cadre de cette note. Ils feront l'objet d'une note ultérieure. 2 Je n'ai pas cru devoir employer l'expression de faisceaux libéro- ligneux tertiaires pour désigner les productions libéro-ligneuses placées sous la dépendance des surfaces libres, d'abord pour éviter un nom nou- veau ; puis, de même qu'il y a des formations tardives par rapport aux productions libéro-ligneuses secondaires ordinaires, de méme il y a des formations tardives par rapport à celles-ci, et ainsi de suite: on devrait dire alors faisceaux tertiaires, faisceaux quaternaires, etc. Il m'a paru préférable d'éviter ces noms, et de me borner à dire formations libéro- ligneuses dépendantes d'une surface libre. 3° Il ressort de cette note quelques conclusions physiologiques intéres- santes, parmi lesquelles je signalerai la nature subéreuse de la plupart des épithéliums sécréteurs, la possibilité à une masse subéreuse de jouer le róle de réservoir d'amidon. 4 La notion de la loi des surfaces libres ne s'arréte pas, je crois, à la botanique, eton la retrouve trés peu modifiée dans la régénération des os par le périoste, dans la rénovation incessante de l'épiderme des animaux, dans la rénovation de leur épithélium intestinal. Je me borne à ces quelques indications. M. Malinvaud donne lecture de la seconde partie de la communi- cation suivante (2) : IDÉES NOUVELLES SUR LA FERMENTATION, par M. Ed. COCARDAS. Toute fermentation. est corrélative d'une végétation. Nous ne con- naissons encore qu'un forl petit nombre de fermentations relativement au grand nombre de minéraux, de végétaux et d'animaux répandus à la sur- face de la terre, car les fermentations alcoolique, acétique, butyrique, lactique, etc., sont bien peu de chose au prix de toutes les fermentations complexes qui s'accomplissent constamment et à chaque instant sur notre globe. La différenciation dans le protoplasma constitue l'individualité. Jl y a autant de fermentations que de protoplasmas. À chaque protoplasma correspond une fermentation spéciale suivant les éléments qui le composent. C'est dire que le nombre des fermentations (1) En ce qui concerne les Rheum, je me suis borné à étudier les productions se- , condaires de ces groupes libéro-ligneux diaphragmatiques. (2) Voyez tome XXX, séance du 23 novembre 1883. SÉANCE DU 14 JANVIER 1884. 13 est infini et que l'homme sera encore longtemps à les connaitre. Je puis méme ajouler que le jour où il les connaîtra parfaitement, il aura surpris un des secrets de la création; car si le nombre des éléments inorganiques est relativement restreint, les proportions dans lesquelles ils se trouvent associés varient à l'infini. À quel moment s’opère la fermentation? Dès qu'un individu ou portion d'individu est frappé de mort apparente, dés qu'une masse protoplasmique quelconque a cessé son rôle actif, immédiatement, et sans transition aucune, un travail de décomposition commence, lent d'abord, mais ne tardant pas à se manifester d'une maniére plus sensible pour nous; car dans la nature la mort est un non-sens et n'existe pas en réalité; et on me mettrait dans le plus grand embarras si l'on me demandait où com- mence la vie et où elle finit. Il y a en effet un échange continuel et inces- sant entre les éléments, et rien ne vient déranger ce cycle admirable! Ce travail de décomposition qui a pour but de ramener à l'état inorga- nique les éléments qui forment la substance méme des étres organisés est la fermentation. Mais s'il y a autant de fermentations que de protoplasmas divers, en est-il de méme des ferments? et à chaque fermentation déterminée trouve- t-on un ferment spécial qui la caractérise? On admet aujourd'hui autant de ferments que de fermentations ; il y aurait un ferment lactique, un ferment alcoolique, un ferment butyrique, etc., etc. Il n'en est point ainsi cependant. Non-seulement il n'y a pas de spéci- ficité des ferments, mais c’est le méme ferment, toujours le méme fer- ment qui produit toutes les fermentations : le méme ferment qui produit la fermentation alcoolique, si la matière fermentescible est susceptible de se décomposer en alcool et en acide carbonique; le méme ferment qui produit la fermentation acétique, si la substance fermentescible est sus- ceptible de donner les éléments de la fermentation acétique; le même ferment qui produit la fermentation butyrique, si la matière fermen- tescible peut donner les éléments de la fermentation butyrique, etc... C’est toujours le même ferment qui est la cause de la fermentation; mais cette dernière varie nécessairement avec la nature des éléments qui com- posent le corps fermentescible. Où donc se trouve ce ferment curieux, ce ferment de destruction et de vie en même temps, puisqu'il décompose les organismes mortifiés en leurs éléments, et permet à ces derniers de retourner aux organismes vivants? 14 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Les opinions sont partagées : 1* Les autogénistes prétendent, sans avoir pu le prouver jusqu'à pré. sent, que le ferment se forme de lui-méme avec les éléments. 2 Les panspermistes prétendent au contraire qu'il existe un cycle de générations, et que tout ferment procède d’un germe. Pour eux, celui-ci se trouve dans l'eau, mais surtout dans l'air, où il est aussi indispen- sable que l’oxygène, l'azote, l'acide carbonique. Il semble que la vérité est entre ces deux opinions, qui ont le seul tort d'étre trop absolues et par là exclusives. Quoi qu'il en soit, sa premiére forme est celle de corpuscules de la plus grande ténuité, forme sous laquelle les cryptogamistes qui n'ont pas suivi son évolution compléte ne peuvent le reconnaitre. Sous cette forme, il est répandu également partout à la surface du globe, dans toutes les parties du monde, dans les pays les plus chauds comme dans les pays les plus froids, emporté par les vents tantót dans une direction, tantót dans une autre. Lorsqu'un rayon de soleil pénétre à travers une ouverture pratiquée dans le volet d'une chambre fermée, on peut apercevoir des milliers de corps en suspension qui donnent une idée trés exacte de la facon dont le ferment peut flotter dans l'air; mais il ne faudrait pas confondre avec lui toutesles matiéres organiques animales ou végétales qu'on rencontre dans l'air en abondance d'autant plus grande qu'on se rapproche davantage de la terre connue: débris d'acariens, fibres de coton, grains de pollen, poils de plantes, etc... Il en est de méme des liquides, dans lesquels on rencontre aussi presque toujours ces mémes débris provenant de l'air lui-même ; mais la confusion qu'on pourrait facilement faire à l'œil nu ne tarderait pas à disparaitre sous le champ du microscope. La premiére condition, la condition iudispensable pour que le travail de la fermentation commence, est que la matière fermentescible soit en contact avec l'air; la deuxiéme est que le ferment, de nature végétale, puisse végéter, et, pour sa végétation, qu'une certaine quantité d'eau soit dans la substance elle-même ou dans l'air ambiant. Une substance bien séche, placée dans un endroit humide finit par se décomposer. La substance est-elle humide, la décomposition se fait encore plus vite. L'eau est donc indispensable à la vie du ferment et à la production de la fermentation, et la fermentation ne peut en aucune facon avoir lieu sans le contact de l'air. Il y a plusieurs cas à examiner. La matière fermentescible peut être solide ou liquide ; le liquide lui-même peut être rendu très visqueux, soit SÉANCE DU 11 JANVIER 1884. 15 parla grande quantité de matiére dissoute ou de matiére insoluble tenue en suspension. Dans ces différents cas, le ferment semble différer, mais cela tient à l'habitat. Il peut rester constamment en contact avec l'air et y suivre le cycle naturel de son développement, ou bien il peut étre submergé. Souvent méme cette submersion est telle que sa vie est tout aquatique, et les transformations qu'il subit sont si grandes, qu'un observateur non prévenu pourrait facilement le méconnaitre. D'autres fois il vit à demi dans l'air, à demi submergé, et dans ce cas on peut suivre sa forme aérienne et sa forme aquatique. Selon les milieux dans lesquels il se trouve, le fermentse présente sous différents états. Ce sont ces différents états que les botanistes ont regardés comme des espèces particulières sous les noms de : Bactéries (ancienne dénomination). Torula (ancienne dénomination). Bacillus. — Eurotium. — Micrococcus. — Botrytis. — Mycoderma. — Penicillium. — Saccharomyces. — Aspergillus. — Hygrocrocis. — Mucor, etc. ^ Leptomitus. — Tous ces organismes ne sont que des états du ferment Champignon unique, et ce ferment Champignon unique est le Penicillium (nouvelle dénomination). Oui, c'est le Penicillium qui est le ferment universel, le ferment par- tout répandu, le ferment qui altére les eaux distillées, le ferment qui altére les dissolutions salines, les liqueurs sucrées, les extraits, les infu- sions végétales, les opiats, les électuaires, les pâtes amygdalines, les pommades, les huiles, les aliments de toute nature, etc... Dans un placard humides vous trouverez du Penicillium sur un livre dont le papier est tout sali.. Faites à une pièce de vin un trou imperceptible, suffisant pour laisser suinter le liquide sans lui permettre de couler, et bientót il y aura pro- duction de Penicillium. Faites la méme chose à un tonneau d'huile, vous ne tarderez pas à avoir la méme production. Abandonnez dans une tasse du vin bien limpide et en parfait état de conservation...; laissez-le s'évaporer lentement. Lorsque tout le liquide sera évaporé, le fond de la tasse sera tapissé de Penicillium. C'est le Penicillium qui fait tourner la bière, c’est le Penicillium qui fait aigrir le lait, c'est le Penicillium qui fait sûrir la compote; c'est le 16 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Penicillium qui fait fermenter les fruits, c'est le Penicillium qui dévore les fraises humides et n'en laisse que les ovaires! Peu importe le véhicule, que ce soit du vin, du vinaigre, de l'huile, du lait, de la bière, etc..., partout et toujours apparait le Penicillium. Une fois que le ferment a pris les différentes formes que nous lui con- naissons : Penicillium, Mucor, Aspergillus, etc., il peut par ses fruc- tifications aériennes s'accroitre à l'infini sur la substance fermentescible, jusqu'à ce qu'elle soit entiérement décomposée. J'avais du lacto-phosphate de chaux qui me servait à la préparation du sirop de lacto-phosphate de chaux médicinal. Un jour qu'aprés avoir été longtemps sans m'en servir, je voulus en faire.usage, quelle ne fut pas ma stupéfaction de ne retrouver que du Penicillium ! Le lacto-phosphate de chaux avait été complètement trans- formé. Mais si le ferment a l'inconvénient de décomposer la plus grande partie des produits pharmaceutiques et d'amener une foule de transformations désagréables pour celui qui en souffre, son róle de destruction n'en est pas moins utilisé. C'est le Penicillium, en effet, qui préside au vieillis- sement du vin et de tous les jus de fruits; c'est lui qui produit dans le fromage la modification et la saveur qu'on y recherche, et les modifica- lions qu'il produit dépendent de son état de végétabilité. Maisil n'y a pas dans un champ de Blé que du Blé, vous y trouverez toutes sortes de végétaux. Est-ce à dire que le Blé et ces végétaux soient la méme chose parce qu'ils poussent ensemble et dans le méme terrain? Voilà la question naturelle que me poseront les botanistes que ne peut convaincre [a présence constante du Penicillium dans toutes les fermen- tations, et qui me diront avec beaucoup de raison que la matiére fermen- tescible est susceptible de recevoir tout ce que l'air apporte avec lui, et par conséquent de donner la vie à toutes sortes de productions. Sans doute, cette présence constante du Penicillium dans toutes les fermentations dit beaucoup, mais ne serait pas une raison suffisante pour admettre l'unité du ferment de décomposition ; et je ne viendrais pas faire avec tant d'assurance cette affirmation devant la Société bota- nique, si je n'avais vu, de mes propres yeux vu les corpuscules forma- leurs au contact de l'air se transformer en Bactéries et en Bacillus et former le Zooglæa ; si je n'avais pas vu ces Bactéries s’endiguer dans des tubes hyalins pour donner des Hygrocrocis ; si je n'avais vu ces Hygro- crocis donner comme fructifications indistinctement des Mucor, des Aspergillus, des Penicillium,etc.; si je n'avais vu les Saccharomyces, qui ne sont autre chose que des spores tombées des organes de fructifica- lion précités, me donner tantót des Mucor, tantót des Aspergillus ; si je "'IXXX 'L Z (saoNY3S) Ferment développé. PENICILLIUM (nouvelle dénomination) FERMENT UNIQUE DE DÉCOMPOSITION. Ferment en formation. ———— m BET nt / 1° ÉTAT CORPUSCULAIRE : Corpuscules formateurs. 2 ÉTAT BACTÉRIDIEN : Bacterium, Bacillus, Spirillum, etc. (ancienne dénomination). / a. Zooglæa primordial ou gra- 3» ÉTAT ZOOGLAIRIEN : Zooglæa, etc. (modification plus complète des deux premiers états). nuleux. l b. Zooglæa végétatif ou pelli- ; À culaire. 4° ÉTAT FILAMENTEUX SIMPLE : Hygrocrocis, Leptomitus, Torula, Byssus, etc. (ancienne dénomination). 5° ÉTAT FILAMENTEUX FRUCTIFÈRE : A. Spores adhérentes aux | État sporangial sphérique ou piriforme, filaments ou renfer- solitaire ou agrégé, ou sporifère in- 5 Fructification aquatique. mées encore dans les ) complet. Mucor, Aspergillus, Penicillium, etc. | (ancienne dénomination). sporanges : \ État capsulifère ou sporifère complet. : Fructification aérienne. | B. Spores détachées des filaments ou déversées \ des sporanges à la surface des liquides ou des E : e. substances humides avec lesquels ils sont en Micrococcus, Mycoderma, Saccharomyces, etc. (ancienne dénomination). contact : 18 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. n'avais obtenu, non pas une fois, mais bien souvent sur le méme filament mycélien : la forme Penicillium et la forme Mucor ; sur le méme fila- ment mycélien : la forme Mucor et la forme Aspergillus. Devant de telles preuves, il est donc impossible d'admettre plus long- temps la spécificité des ferments. Il n'y a donc pas de spécificité des ferments. I wy a donc qu'un. seul ferment : le Penicillium, qui peut prendre des formes variées suivant les milieux dans lesquels il vit, et produire autant de fermentations diverses que de protoplasmas différents. C'est le Penicillium qui fait toutes les fermentations, et la composition de chaque matière fermentescible qui fait la particularité de chaque fermentation. Si nous devons à l'école allemande d'avoir retardé la solution de la question, nous devons cette justice aux savants français qu'ils ne s'en sont pas beaucoup écartés, et que si l'on avait tenu davantage compte de leurs recherches, il y a peut-être plus de quarante ans qu'elle serait résolue. Si le Penicillium se montrait toujours trés distinctement avec tous ses caractères, mes recherches eussent été moins longues et les contradictions des savants moins nombreuses; mais pour étre unique, le ferment de décomposition n'en affecte pas moins, suivant les milieux où il provoque la fermentation et les circonstances plus ou moins favorables dans les- quelles il se développe lui-méme, des formes assez différentes d'aspect pour qu'on ait pu les considérer jusqu'à ce jour comme des espéces autonomes. Ces formes ne sont pourtant que les différents états du Penicillium ferment, états qu'on peut ainsi résumer dans le tableau ci-contre (1) : A lasuite de celte communication, un certain nombre de membres de la Société, notamment MM. Duchartre, Bornet, Van Tieghem, Roze, Cornu, Mangin, Bescherelle, Bonnier, protestent contre les conclusions du travail envoyé par M. Cocardas et contestent formel- lement l'exactitude des faits cités par notre confrére. M. Eug. Fournier fait observer que les opinions soutenues par M. Cocardas, dans le mémoire qui vient d'étre lu, se réduisent à deux principales : l'une, c'est que les ferments sont constitués par (1) Note du Secrétariat. — Nous croyons devoir rappeler que la Société n’est pas responsable des opinions développées par les auteurs des communications insérées au Bulletin. SÉANCE DU 11 JANVIER 1884. 19 un être unique ; l'autre, c'est que cet être unique est une phase de développement du Penicillium glaucum. Il rappelle que la premiére de ces deux opinions a été soutenue par Billroth, qui nommait ce ferment unique Coccobacteria septica, et l'autre par M. Ernest Hallier, dans un livre fort connu, et par M" Lüders, dans des articles publiés au Botanische Zeitung. ll en résulte que les opinions de M. Cocardas, quelque étranges qu'elles paraissent, n'ont pas méme le mérite de la nouveauté. M. Mangin fait à la Société la communication suivante : SUR L'ABSENCE D'ABSORPTION OU DE DÉGAGEMENT D'AZOTE DANS LA RESPIRATION DES CHAMPIGNONS, par MM. €. BONNIER et Ec MANGIN. Dans les diverses expériences qui ont été faites sur la respiration des Champignons, on a plusieurs fois signalé un dégagement trés faible d'azote par ces végétaux. Dans nos expériences, nous avons trouvé tantót un peu d'azote en plus, tantót un peu d'azote en moins, mais les quantités de ce gaz qui auraient été dégagées ou absorbées étaient, en général, infé- rieures à l'erreur maxima de la méthode employée. Il nous a cependant paru que ces expériences ne tranchaient pas la question d'une manière décisive, quoiqu'elles nous aient donné une forte présomption en faveur de l'absence de dégagement ou de l'absorption d'azote. Pour changer cette présomption en certitude, nous avons repris les expériences en les conduisant d'une autre maniére. On a vu plus haut que, pendant le séjour des Champignons dans une atmosphére confinée, on observe toujours une diminution de volume cor- respondant à une absorption d'oxygéne plus grande que le volume d'acide carbonique dégagé dans le méme temps. Cette diminution de volume se traduit dans l'appareil par une diminution de pression que l'on peut éva- luer au moyen du manométre. D'autre part, l'analyse des gaz avant et aprés l'expérience nous permet de calculer, sans connaitre le volume de l'air, la diminution de volume, et par suite la diminution de pression qu'aurait dû subir l’atmosphère ga- zeuse, en admettant que le volume de l'azote n'ait pas varié. D’après cela, si la température et la pression n'ont pas changé pendant une expérience, on pourra trouver deux choses : ou bien la diminution de pression lue sur le manométre et la diminution de pression calculée d'aprés l'analyse des gaz seront égales, ce qui démontrera qu'il n'y a pas absorption ou dégagement d’azote ; ou bien ces deux diminutions de pres- 20 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sion seront différentes, et l'écart existant donnera la valeur en centiémes du gaz azote dégagé ou absorbé. Les résultats de plusieurs séries d'expériences ont confirmé la première alternative, et par suite nous ont montré qu'il n'y a pas de dégagement ni d'absorption d'azote. Nous mentionnerons à titre de démonstration les deux expériences sui- vantes : Expérience n° 1. 120 grammes d'Agaricus campestris ont été placés dans une atmos- phère de 570 cc, Au début de l'expérience, la pression intérieure était......... 1497", 54 A la fin de l'expérience (3 h. 42 m. aprés), la pression intérieure. — 720"",08 Par suite, la diminution de pression causée par l'absorption des gaz égale 23"",46. La composition centésimale de l'air était au début : C0?— 0,43 0 28,41 Az = 19,09 A la fin elle est devenue : CO*z 4,71 O 213,15 Az —81,53 Si nous supposons que le volume de l'azole soit resté constant, la pro- portion d'azote que nous constatons à la fin de l'expérience aurait dà cor- respondre à : 0,44 pour 100 d'acide carbonique, 29440 — d'oxygéne. Comme il exis:e réellement 4,26 pour 100 d’acide;carbonique, 13,75 | — d'oxygéne, il en résulte que, pendant la durée de l'expérience, les Champignons ont dégagé 4,26 pour 100 d'acide carbonique et qu'ils ont absorbé dans le méme temps 7,35 pour 100 d'oxygène. Il y a donc une diminution de volume égale à 3,09 centiémes du volume total. Cette diminution de vo- lume correspondrait à une diminution de pression égale à j 169 X 3,09 PR D i2 e 100 = 23,16. SÉANCE DU 14 JANVIER 1884. 21 Or, cette diminution de pression est sensiblement égale à la diminution de 23"",46 que nous avions directement mesurée au moyen du mano- mètre ; par suile, la supposition que nous avons faite en admettant le volume de l’azote constant se trouve démontrée. Expérience n 2. 120 grammes d'Agaricus campestris placés dans une atmosphère de 2130'* ont séjourné une heure à la température de 14 degrés et à la pression de 760"", qui sont restées constantes. Pression intérieure au début de l'expérience....... 152mm 4 — — à la fin de l'expérience......... 749% ,8 La diminution de pression causée par l’absorption des gaz est donc ge» 0, La composition centésimale de l'air était au début : C0:— 0,42 O —18,92 Az — 80,65 Elle est devenue, à la fin de l'expérience : CO?= 0,84 O —18,22 Az = 80,03 Si le volume de l'azote est resté constant, la proportion de ce gaz que nous trouvons à la fin aurait dû correspondre à 0,42 d'acide carbonique, 18,98 d'oxygène. Comme il existe réellement 0,84 d'acide carbonique, 18,22 d'oxygène, il en résulte que les Champignons ont dégagé 0,42 pour 100 d'acide carbonique et qu'ils ont absorbé en méme temps 0,76 pour 100 d'oxy- gène. Par suite, la diminution de volume égale 0,34 pour 100 et la dimi- nution de pression correspondante est : 760 X 0,34 _ Cette diminution calculée est égale à la diminution de pression lue sur le manomètre. o9 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Nous sommes donc en droit de conclure que pendant la respiration normale il n’y a pas d'absorption ou de dégagement d'azote. M. Malinvaud donne lecture de la communication suivante : DE LA VÉGÉTAT ION A BERCK-PLAGE, canton de Montreuil-sur-mer (Pas-de-Calais), par M. Ch. WIGNIER. Berck -Plage et ses environs, sans offrir cette diversité de végétaux qui attire l'attention sur le littoral de la Somme, ne doivent pas cependant être dédaignés par les botanistes désireux de s'initier à la connaissance de la flore des côtes septentrionales de la France. Dans cette partie res- treinte de la région maritime du Pas-de-Calais, ils rencontreront des plantes intéressantes appartenant, soit aux espèces spéciales du voisinage de la mer, soit à d’autres espèces qui trouvent dans la nature variée des terrains environnants les conditions nécessaires à leur existence. Un séjour prolongé à Berck-Plage nous a permis d’observer la plupart des plantes qui y eroissent. Nous allons signaler ici les plus remarquables, en donnant l'indication de leur habitat. Notre désir est de venir en aide aux explorateurs qui voudraient suivre nos traces. C'est un essai que nous leur présentons avec l'intention de continuer nos recherches et de leur en faire connaitre un jour le résultat. Plantes intéressantes de Berck-Plage et ses environs. Ranunculus Flammula var. reptans Brébiss. — Berck-Plage. — Dunes. Diplotaxis muralis DC. — Berck-Plage. — Hospice maritime. Alyssum incanum L.— Berck-Plage. Cochlearia danica L. — Berck-Plage. — Dunes. Lepidium ruderale L. — Berck-Plage. Cakile Serapionis Lobel, Icon.; E. de Vicq, Fl. Somme, p. 48. — Berck-Plage. — Dunes. Viola sabulosa Boreau, Not. pl. Fr. in Bull. Soc. ind. Angers; E. de Vicq, Fl. Somme, p. 52. — Berck-Plage. — Dunes. Parnassia palustris L. — Berck-Plage. — Merlimont. — Dunes. Saponaria officinalis L. — Gare de Verton, Cucq. Lychnis Flos-Cueuli E. var. flore pleno. — Berck-Plage. Silene conica L. — Berck-Plage. Sagina nodosa var. maritima DC.; E. de Vicq, Fl. Somme, p. 61. — Berck- Plage. Honkeneja peploides Ehrh.; E. de Vicq, Fl. Somme, p. 68. — Berck-Plage. — Phare. Arenaria serpyllifolia L. var. macrocarpa Lloyd. — Berck-Plage. SÉANCE DU 11 JANVIER 1884. 23 Cerastium pumilum Curt. Fl. Lond. — Berck-Plage. Althæa officinalis L. — Fossés entre Berck et Grofliers. Erodium cicutarium L'Hérit. var. pilosum DC. Prodr. — Berck-Plage. Ononis spinosa L. — Grofliers. Ononis procurrens Wallr. var. maritima Gren. et Godr. — Berck-Plage. — s.-var. flore albo E. de Vicq, Fl. Somme, p. 100. — Berck-Plage. Anthyllis Vulneraria L. var. maritima Koch. — Berck-Plage. Lotus corniculatus L. var. villosus Coss. et Germ. — Berck-Plage. Lotus tenuifolius Rchb.; E. de Vicg, Fl. Somme, p. 111. — Berck-Plage. Tetragonolobus siliquosus Roth. — Pâturages entre Vieux-Berck et Merlimont. Melilotus alba Link. — Berck-Plage. (Enothera biennis L. — Berck-Plage, derrière l'hospice maritime. Herniaria hirsuta L. — Berck-Plage, au phare. Hydrocotyle vulgaris L. — Berck-Plage. — Marais des dunes. Eryngium maritimum L. — Berck-Plage. — Dunes. Apium graveolens L. — Cucq. Helosciadium nodiflorum Koch. — Berck-Plage. — Marais. — repens Koch. — Berck-Plage. (Enanthe fistulosa L. — Berck-Plage. — Lachenalii Gmel. — Berck-Plage. Anthriscus vulgaris Pers. — Berck-Plage. — Sables, décombres. Galium verum L. var. littorale Brébiss. — Berck-Plage. — Dunes. — palustre L. — Berck-Plage. — Marais. Valerianella Morisonii DC. — Berck-Plage. — Moissons. Silybum Marianum Gærtn. — Verton. — Gare. Serratula tinctoria L. — Bois de Verton. Matricaria Chamomilla L. — Berck-Plage. Artemisia vulgaris L. — Grofliers. — — var. maritima Koch.; E. de Vicq, Fl. Somme, p. 229. — Berges de l’Authie. — — var. gallica Koch. — Berges de l'Authie. Tanacetum vulgare L. — Vieux-Berck. Erigeron canadensis L. — Verton. Senecio silvaticus L. — Berck-Plage, près du poste de l'écluse. — erucifolius L. — Grofliers. — aquaticus Huds. — Marais de Verton. — Cucq. Thrincia hirta Roth. var. arenaria DC. — Berck-Plage.,— Dunes. Crepis virens Vill. var. diffusa Coss. et Germ. — Berck-Plage. Hieracium umbellatum L. — Berck-Plage. Specularia hybrida Alph. DC. — Champs. — Grofliers. Pirola rotundifolia var. arenaria Koch.; E. de Vicq, Fl. Somme, p. 268. — Merlimont. — Marais. Menyanthes trifoliata L. — Berck-Plage. — Prés. Gentiana amarella L.; E. de Vicq, Fl. Somme, p. 215. — Marais près Merlimont. Erythrza littoralis Friés. — Berck-Plage. Convolvulus Soldanella L.; E. de Vieq, Fl. Somme, p. 218. — Dd Pege. 94 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Anchusa italica Retz. — Berck-Plage. Lycopsis arvensis L. — Berck-Plage. Myosotis hispida Schlecht. — Berck-Plage. — versicolor Rchb. — Berck-Plage. Cynoglossum officinale L. — Berck-Plage. Solanum Dulcamara L. — Berck-Plage. Lycium vulgare Dun. — Berck-Plage. Hyoscyamus niger L. — Berck-Plage. Pedicularis palustris L. — Berck-Plage. — Étang Magnier. Samolus Valerandi L. — Berck-Plage. Centunculus minimus L. — Verton. Armeria maritima Willd. — Berck-Plage. Plantago Coronopus L. — Berck-Plage. — Étang Magnier. — arenaria W. et Kit. — Berck-Plage, derriére le phare. Blitum rubrum Rchb. var. crassifolium Mog.-Tand. — Berck-Plage. Atriplex hastata L. var. prostrata Boucher; E. de Vicq, Fl. Somme, p. 362. — Berges de l'Authie. Salicornia herbacea L. — Berges de l'Authie. Chenopodina maritima Mog. Tand. — Berges de l'Authie. Rumex palustris Smith. — Berck-Plage. — Fossés. Polygonum amphibium L. — Berck-Plage, pâtis. Hippophae rhamnoides L. — Berck-Plage. Euphorbia Paralias L. — Berck-Plage, prés le chalet Rothschild. Alisma ranunculoides L. — Berck-Plage. — Etang Magnier. Butomus unibellatus L. — Verton, fossés. Triglochin maritimum L. — Berck-Plage, pâtis. Allium vineale L. — Berck-Plage. Orchis laxiflora Link. var. palustris Coss. Germ. — Berck-Plage, derriére l'hospice. Epipactis latifolia AU. — Merlimont. Schoenus nigricans L. — Berck-Plage. Scirpus maritimus L. — Berck-Plage. Carex arenaria L. — Berck-Plage. — Dunes. — trinervis Déségl. — Berck-Plage, prés du poste de l'écluse. — Œderi Ehrh. — Berck-Plage. Calamagrostis Epigeios Roth. — Berck-Plage. — Dunes. Ammophila arenaria Link. — Berck-Plage. — Dunes. Agrostis alba Schrad. — Berck-Plage. --- Dunes. Phleum arenarium L. — Berck-Plage. — Dunes. Alopecurus bulbosus L. — Berck-Plage. — Fossés. Corynephorus canescens P. B. — Berck-Plage. — Dunes. Bromus tectorum L. — Berck-Plage. — Dunes. Festuca sabulicola L. Duf.; E. de Vicq, Fl. Somme, p. 07. — Berck-Plage. — Dunes. ; Kæleria cristata Pers. — Berck-Plage. — Dunes. Glyceria fluitans R. Br. — Fossés entre Verton et Vieux-Berck. SÉANCE DU 141 JANVIER 1884. 95 Glyceria plicata Fries. — Fossés entre Verton et Vieux-Berck. Agropyrum junceum P. B. Agrost. — Berck-Plage, derrière l’hôtel de Paris. Hordeum secalinum Schreb. — Berges de l’Authie. — maritimum With. — Berges de l'Authie. Chara polyacantha A. Braun.; E. de Vicq, Fl. Somme, p. 580. — Marais de Merlimont. Nous pensons devoir ajouter à cette liste les noms de trois plantes qui méritent d'étre citées et que l'on peut récolter à peu de distance de nos limites, à l'embouchure de la Canche, au Trépied prés Etaples : Matricaria maritima L.; E. de Vicq, Fl. Somme, p. 226.— Digues des bords de la Canche (E. de Vicq). Scirpus Rothii Hopp.; E. de Vicq, Fl. Somme, p. 464. — Prés salés entre les Dunes et la Canche (E. de Vicq). Obione pedunculata Mog.-Tand.; E.de Vicq, Fl. Somme, p. 363. — Une des es- péces maritimes les plus rares de la flore française (méme localité, E. de Vicq). M. Malinvaud dit que l’une des plantes les plus intéressantes signalées par M. Wignier est l'Erythrea littoralis Fries, trouvé pour la première fois sur cette partie du littoral par M. Tillette, de Clermont, dont M. Éloy de Vicq annonce la découverte dans une note insérée au Bulletin en 1857 (1). M. G. Bonnier donne lecture de la communication suivante : INFLUENCE DU MILIEU SUR LA STRUCTURE ANATOMIQUE DE LA RACINE, par M. J. COSTANTIN. La premiére étude que j'ai faite de l'influence du milieu sur les tiges aériennes et souterraines m'a conduit à chercher si la racine n'offrirait pas des modifications analogues lorsqu'elle se développe dans l'air, dans la terre et dans l'eau. La racine présente dans sa structure plus d'uniformité que la tige, car la méme organisation primaire peut s'observer chez les racines des der- niers Cryptogames vasculaires et chez celles des Angiospermes les plus élevés; cette identité de structure retrouvée chez des plantes soumises à des conditions si diverses d'existence pourrait faire penser que la racine est un organe offrant plus de résistance que la tige à l'influence du milieu. (1) Tome IV, p. 1034. 26 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Je me suis proposé, dans le présent travail, de chercher si la racine était modifiable et si les modifications qu'elle offre ont quelque rapport avec celles que la tige présente. Les botanistes (1) qui se sont occupés de ce sujet n'ont abordé que l'étude des modifications externes ou des changements que présentent les poils radicaux. Il reste donc à examiner les transformations internes. Le principe de la méthode que j'ai suivie est le méme que celui que j'ai indiqué à propos de la tige: ne comparer expérimentalement que des parties de méme âge, toutes les conditions de développement étant les mémes, sauf une. Voici, en peu de mots, comment je disposais mon appareil de culture : Dispositif expérimental. — Je séme sur deux tamis, contenant une légère couche d'une méme terre, des graines de la méme espèce. Dans une série d'études, un premier tamis repose sur un seau, un second sur un cristallisoir de verre, ces deux vases contenant une certaine quantité d'eau. La germination ayant lieu, les tiges se développent librement dans l'air et, par l'assimilation du carbone, prennent un aceroissement impor- tant. Pendant ce temps les racines traversent le treillage du tamis et s'allongent dans l'air saturé d'humidité : les premiéres racines, dans le seau, croissent à l'obscurité ; les secondes, dans le cristallisoir, sont expo- sées à la lumière. Si l'on veut étudier les racines souterraines, il suffit de semer les graines, le méme jour que dans le cas précédent, dans un pot. L'arrosement se faisant au méme moment et de la méme facon pour les individus comparés, les appareils étant dans la méme chambre, à la méme température, il en résulte que les racines et les plantules se déve- loppent exactement dans les mémes conditions, sauf. celle dont on veut déterminer l'influence. Cette étude comprend deux parties : 1. — Comparaison des racines aériennes et souterraines. 2. — Comparaison des racines aquatiques et souterraines. 1. — Racines aériennes et souterraines. a. Quand une racine est maintenue à la lumière : 1° L'épaisseur de l'écorce est moindre que dans une racine restée sou- terraine. (1) Perseke, Ueber die Formveründerung der Wurzel in Erde und Wasser (Sur le changement de forme de la raeine dans la terre et dans l'eau). Leipzig, 1877. Masters, Notes on Root-hairs and Root-growth (Note sur les poils radicaux et sur la croissance de la racine). (Journal of the R. Hort. Soc. 1879). Mer, Des modifications de structure et de forme qu'éprouvent les racines suivant les milieux ou elles végéetent (Assoc. franç. pour l'avancem. des sciences, 4880). SÉANCE DU 11 JANVIER 1884. 27 2 Le cylindre central est au contraire plus développé. Il est utile de rappeler que j'ai obtenu deux résultats absolument in- verses lorsque j'ai contraint des tiges, normalement aériennes, à se déve- lopper dans le sol. Le milieu souterrain agit donc pour les deux organes dela méme manière. Par conséquent, on ne peut donner comme caractère de structure de la racine (l'inverse pour la tige) le grand développement de l'écorce et la faible puissance de la moelle; ces deux caractères étant des fonctions du milieu souterrain. 3 Les ponctuations endodermiques, si nettes chez les racines souter- raines, deviennent indistinctes, et cette membrane est souvent mécon- naissable. On sait que lorsqu'on examine les racines aériennes de certaines Orchi- dées ou Aroidées, on se trouve assez embarrassé pour dire quelle assise est l'homologue de l'endoderme. On constate, par exemple, chez les Vanda Vexistence d'une assise de cellules à parois trés épaisses qui a été assimilée à l'endoderme ; pour s'assurer de l'exactitude de cette affirma- tion, il suffit de contraindre la racine aérienne de cette plante à se déve- lopper sous le sol : on voit réapparaitre les ponctuations endodermiques. Il résulte donc de ce fait et d'autres observations analogues que l'endo- derme offre ses plissements surtout chez les organes souterrains ; ce ré- sultat s'accorde entiérement avec celui que l'étude de la tige m'a fourni. 4* Tous les tissus fibreux sont plus développés soit dans le cylindre central, soit dans l'écorce. 9^ La lignification est beaucoup plus avancée que dans les organes souterrains. Dans les tiges souterraines, les tissus fibreux sont peu développés et la lignification reste faible ; les deux propositions précédentes montrent que la racine jouit des mêmes propriétés. 11 est curieux de voir la lignine se former si difficilement dans les organes développés à l'abri de la lumiére. b. J'ai également comparé les racines poussées à la lumiére et à l'obscurité. L'étude intéressante de M. Rauwenhoff sur les tiges déve- loppées à l'obscurité a montré que la structure des plantes étiolées est très dégradée, mais que les tissus parenchymateux, et surtout l'écorce, prennent un grand accroissement. La comparaison des racines déve- loppées à l'air et à la lumiére à celles qui ont pris leur accroissement à l'obscurité fait voir que ces dernières offrent les mêmes caractères. A l'obscurité, les tissus parenchymateux de la racine prennent un grand accroissement et l'épaisseur de l'écorce devient bien plus grande. Ce résultat offre un certain intérêt. Si, comme cela est probable, c'est à un ralentissement de la transpiration qu'il faut attribuer cette espéce de tur- gescence des tissus parenchymateux, la méme cause doit produire les mémes effets chez la racine comme chez la tige: c'est ce qui a lieu. 28 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 2. — Racines aquatiques. L'étude des racines aquatiques m'a conduit aux mémes résultats que l'examen des tiges développées dans le méme milieu aqueux. On sait de- puis longtemps que les plantes aquatiques ont des caractéres communs qui les font reconnaitre immédiatement : 4° On y observe un système lacunaire. 2» L'appareil vasculaire est peu développé. Ceci s'applique aussi bien à la tige qu'à la racine. L'universalité de ces caractères peut amener à penser, avec de fortes présomptions, que le milieu aquatique est la cause de l'apparition des lacunes et de la dimi- nution des vaisseaux. L'anatomie comparée est insuffisante pour résoudre une pareille ques- tion, l'expérience seule peut donner une réponse précise. J'ai pu constater, lorsqu'une plante aquatique se trouve transportée en terre ferme et s'y développe, que : 1* Le systéme des lacunes s'y réduit. 2% Les vaisseaux deviennent plus nombreux et la lignification plus intense. Ces résultats sont d'ailleurs aussi vrais pour les tiges que pour les racines. En résumé, la racine, comme la tige, subit l'influence du milieu dans lequel elle se trouve ; et l'on peut dire que, non seulement elle se modifie, mais elle se modifie comme la tige, les mêmes causes produisent des effets analogues. Les études de ce genre permettront donc, sinon d'expli- quer l'origine de tous les éléments anatomiques des organes de la plante, du moins d'isoler ce qui est fixe de ce qui est variable, et de mieux con- naitre ce qu'il y a d'essentiel dans la structure d'un organe. M. Mer demande si M. Costantina fait développer les racines dans de l'air relativement sec. M. Bonnier répond que M. Costantin indique des résultats obte- nus dans l'air saturé d'humidité. M. J. Vallot donne lecture d'une communication de M. Feuil- leaubois (1) sur le Phallus impudicus L. M. Van Tieghem fait à la Société la communication suivante : (1) Note du Secrétariat. — Cette communication, ayant été insérée in extenso dans la Revue mycologique, ne peut étre reproduite dans notre Bulletin. SÉANCE DU 11 JANVIER 1884. 29 SUR LES CANAUX SÉCRÉTEURS DU PÉRICYCLE DANS LA TIGE ET LA FEUILLE DES OMBELLIFÈRES ET DES ARALIÉES, par M. Ph. VAN TIEGHEM. J'ai décrit autrefois la situation des canaux oléifères dans l'organisation primaire de la racine des Ombelliféres et des Araliées (1). Ils sont, comme on sait, dépourvus de cellules spéciales, entaillés directement dans l'épais- seur du péricycle cloisonné à cet effet, et disposés à la fois vis-à-vis des faisceaux ligneux et vis-à-vis des faisceaux libériens. En face de chaque faisceau ligneux, ils sont rapprochés cóte à cóte en nombre impair, le médian seul quadrangulaire, les autres triangulaires, et creusés dans la moitié externe de l'épaisseur du péricycle, contre l'endoderme. En face de chaque faisceau libérien, ils sont solitaires, quadrangulaires ou pen- tagonaux, et creusés daus la moitié interne de l'épaisseur du péricycle, contre le liber, dont leurs deux ou trois petites cellules internes ont l'air de faire partie. Il en résulte que si 2 est le nombre des faisceaux ligneux ou libériens de la racine, le péricycle se trouve partagé en 4n arcs, alter- nativement oléifères et non oléifères, en 8 arcs s'il s'agit du pivot, qui est binaire. Les arcs non oléifères seuls pouvant donner naissance à des radicelles, il en résulte, comme on sait, que les radicelles se trouvent normalement disposées sur la racine mère en 2n rangées longitudinales qui alternent avec les faisceaux ligneux et libériens, en 4 rangées s'il s'agit des radicelles du premier ordre du pivot. Si l'on passe de la racine à la tige, on voit la disposition des canaux sécréteurs du péricycle se maintenir dans la tigelle, jusqu'à peu de dis- tance des cotylédons, telle qu'elle était dans le pivot. Sous les cotylédons, les canaux se bordent de cellules sécrétrices spéciales, s'individualisent, S'écartent et se disposent de maniére qu'il y en ait un au dos de chacun des six faisceaux libéro-ligneux qui se rendent trois par trois dans chaque feuille primordiale. Chacun des trois faisceaux cotylédonaires est enve- loppé par un péricycle propre et par un endoderme spécial ; c’est dans l'épaisseur du péricycle, en dedans de l'endoderme spécial, qu'est situé le canal quadrangulaire supra-libérien. Racine, tigelle et cotylédons n'ont donc de canaux oléifères que dans leur péricycle, général ou spé- cial; leur parenchyme en est dépourvu. Au-dessus des cotylédons, je n'avais pas, à cette époque, poursuivi l'étude de la disposition des canaux sécréteurs dans la tige et les feuilles. M. Trécul venait de faire ce travail avec beaucoup de soin et de détail (2); (1) Ph. Van Tieghem, Mémoire sur la racine (Ann. des sc. nat. 5* série, XIII, 1871), et Mémoire sur les canaux sécréteurs (Ann. des sc. nat., 5° série, XVI, 1872). (2) Trécul, Des vaisseaux propres dans les Ombelliferes (Comptes rendus, LXIII, 1866) ; Des vaisseaux propres dans les Araliacées (Comptes rendus, LXIV, 1867). 30 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. il y avait lieu de croire la question épuisée. Depuis lors je me suis apercu qu'il y subsistait au contraire une lacune, que la présente Note a pour objet de combler. Les canaux sécréteurs étudiés par M. Trécul dans l'organisation pri- maire de la tige et de la feuille de ces plantes appartiennent en effet à l'écorce et à la moelle ; ils forment un systéme différent de ceux que j'ai signalés dans le péricycle de la racine, de la tige hypocotylée et des coty- lédons, systéme qui s'arréte dans la tige au niveau des cotylédons et qui ne pénétre pas dans les racines. Il y a donc lieu de se demander ce que devient, au-dessus des cotylédons, le systéme de canaux du péricycle. S'arréte-t-il, pour étre remplacé par le systéme de canaux du parenchyme cortical et médullaire, ou bien se continue-t-il au contraire dans toute l'étendue de la tige et des feuilles, en se superposant à ce second sys- téme? C'est cette derniére alternative qui est effectivement réalisée, comme on va voir par quelques exemples. Considérons d'abord le cas le plus simple, mais aussi le plus rare, celui où l'écorce et la moelle de la tige, ainsi que le parenchyme de la feuille, sont également dépourvus de canaux sécréteurs, où le système étudié par M. Trécul n'existe pas; ce cas est réalisé par l'Hydrocotyle vulgaris. Le cylindre central de la tige de cette plante est enveloppé par un endoderme à plissements échelonnés, qui fait saillie vers l'extérieur vis-à-vis de chaque faisceau libéro-ligneux. Sous l'endoderme, s'étend un péricycle parenchymateux, plus mince en face des rayons médullaires, où il ne comprend que deux ou trois rangs de cellules, plus épais en face des fais- ceaux libéro-ligneux, où il remplit les saillies de l'endoderme. C'est dans chacun de ces épaississements du péricycle, vis-à-vis du milieu de l'arc libérien, que se trouve un canal séeréteur, dont les cellules de bordure touchent en dehors les cellules plissées de l'endoderme. La feuille de celte plante a dans son pétiole trois faisceaux libéro-ligneux, enveloppés chacun d'un péricycle spécial et d'un endoderme propre, le médian plus petit, les latéraux plus grands. Le premier a dans son péricycle, vis-à-vis du milieu de l'arc libérien, un seul canal oléifére; les seconds en ont chacun deux, situés vis-à-vis des côtés de Parc libérien : de telle sorte que l'unique plan de symétrie de la feuille s'accuse nettement dans la dis- position de son appareil sécréteur. On voit donc que, dans l'Hydrocotyle vulgaris, les canaux sécréteurs du péricycle se continuent dans toute l'étendue de la tige et des feuilles, et méme qu'ils constituent le seul sys- téme sécréteur de la plante. Comme second exemple, nous pourrons prendre le Bupleurum fru- ticosum, qui n'a pas non plus de canaux oléifères dans l'écorce, mais qui en possède dans la moelle. Chacun des faisceaux libéro-ligneux présente en effet un canal de chaque côté de sa région ligneuse ; à vrai dire, ces SÉANCE DU 11 JANVIER 1884. 31 canaux sont plutôt dans les rayons médullaires que dans la moelle. Plus tard, quand les rayons se sclérifient, les cellules de bordure des canaux S'épaississent à leur tour, et ils semblent disparaître dans la masse du sclérenchyme ; leur disparition a donc lieu par suite d'une selérification propre, et non, comme l'a déerit M. Trécul (1), par suite de la compres- sion exercée sur eux par les cellules environnantes et qui les écraserait. Outre ces canaux médullaires, la couche uniforme de parenchyme qui constitue, entre l'endoderme et le liber des faisceaux, le péricyele de la tige, contient, vis-à-vis du liber, des canaux oléifères signalés par M. Tré- cul comme appartenant à la zone interne de l'écorce. Ici les canaux du péricycle se continuent donc encore dans la tige et les feuilles, mais en se superposant à un systéme de canaux médullaires. En troisiéme lieu, considérons le cas de beaucoup le plus général, celui où la tige possède des canaux à la fois dans son écorce et dans sa moelle. Les canaux du péricycle ne s'en prolongent pas moins dans toute l'étendue de la tige, sous l'endoderme général, et dans toute la longueur des feuilles, en dedans des endodermes spéciaux qui, dans cette famille, enveloppent toujours individuellement les faisceaux foliaires. Ils y affectent, suivant les genres, des dispositions diverses: Le plus souvent (Myrrhis, Cherophyllum, Panax, Hedera, etc.), ils sont disposés en forme d'arc et en nombre impair dans le bord interne de l'arc de soutien, plus ou moins fortement scléreux, que le péricycle constitue en dehors du liber de chaque faisceau libéro-ligneux, tantót recouverts en dedans par une couche plus ou moins épaisse d'éléments scléreux, qui les séparent du liber, tantót directement en contact avec le liber et pouvant paraitre alors libériens. En réalité, pas plus que les canaux supra-libériens de la racine, qui sont aussi contre le liber, ils n'appartiennent au liber lui-même, mais bien au péricycle ; il faut convenir cependant que quand ils sont situés ainsi à la limitle des deux formations, la chose peut demeurer douteuse. Il n'en est pas de méme dans les cas où ils occupent au contraire le bord externe de l'arc scléreux du péricycle, prés de l'endoderme ou méme en contact direct avec lui. Bornons-nous à citer les Eryngium, où les canaux du péricycle affectent en outre une disposition trés curieuse. : Dans le pétiole de Eryngium planum, par exemple, chaque faisceau libéro-ligneux, enveloppé d'un endoderme spécial amylifère, possède sous cet endoderme, daus son péricycle propre, réguliérement sept canaux oléi- fères. En dehors du liber, le péricycle est fortement épaissi et constitue un arc de sclérenchyme ; en dedans du bois, il est épaissi aussi, mais moins et demeure parenchymateux ; sur les flancs du faisceau, il se réduit à une ou deux rangées de cellules de pareachyme. Les sept canaux qu'il (1) Loc. cit. p. 904. 32 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. renferme sont disposés ainsi : un médian dans l'épaississement situé en dedans du bois; deux latéraux au bord externe de l'arc scléreux situé en dehors du liber; un de chaque cóté sur les flancs du liber, un de chaque côté sur les flancs du bois. On pourrait multiplier beaucoup ces exemples ; ceux qu’on vient de donner suffisent pour montrer que le système de canaux sécréteurs qui existe seul dans les racines, dans la tigelle et dans les cotylédons, se con- tinue indéfiniment au-dessus des cotylédons dans la tige et les feuilles, à sa même place, c’est-à-dire dans le péricycle, général ou particulier, plus ou moins près du liber des faisceaux libéro-ligneux, mais non dans ce liber. Ce système existe quelquefois seul (Hydrocotyle); mais le plus sou- vent il se superpose à un second système de canaux, situés dans le paren- chyme, quelquefois exclusivement médullaires (Bupleurum fruticosum) ou exclusivement corticaux (Bupleurum ranunculoides), ordinairement à la fois médullaires et corticaux. C’est ce second système seul que M. Trécul a étudié et dont il a signalé les principales modifications sui- vant les genres ; le premier systéme lui a échappé. M. Bonnier donne lecture d'une communication de M. Levier (1) sur l'Origine des Tulipes de la Savoie et de l'Italie. (1) Note du Secrétariat. — Cette communication a été retirée par son auteur, qui se propose d'en faire l'objet d'un travail plus étendu. SÉANCE DU 11 JANVIER 1884. 33 ADDITION A LA SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1883. EXCURSIONS BOTANIQUES EN ESPAGNE (Mai-Juin 1883), par M. G. ROUY (1). DENIA. — MADRID. I. Comptes rendus des herborisations. l. DENIA. Ville maritime située au pied du Mongo, montagne presque abrupte sur laquelle Biot et Arago vinrent mesurer le méridien de Paris, Denia est une des principales cités de la province d'Alicante. Sous la domination arabe, elle devint méme le siége du gouvernement d'un émir; mais, dé- chue de sa splendeur, elle ne reprit une certaine importance que sous le règne de Philippe III, grâce à l'influence du duc de Lerma, favori du roi et marquis de Denia. De nos jours, cette ville s'est entiérement adonnée au commerce et à l’agriculture, et son exportation, assez considérable, consiste en citrons, oranges et surtout raisins secs, qu'elle expédie plus particulièrement en Angleterre. Son extension est d'ailleurs à prévoir, par suite du prolongement, actuellement terminé, du chemin de fer de Carcagente à Gandia, et de la création, encore à l'étude, d'une rade plus spacieuse et plus süre. Sa situation piltoresque, la diversité que présentent ses alentours, de méme que l'aménité des habitants etle bien-étre relatif qu'y trouve le voyageur, font de Denia l’un des points les plus agréables à visiter dans l'est de la péninsule ibérique. Au point de vue botanique, Denia est une des meilleures localités de la province d'Alicante, et ses environs possédent méme quelques plantes spéciales, entre autres: Bisculella rosularis, Arenaria valentina, Hippocrepis valentina, Carduncellus dianius, Convolvulus valentinus, etc. La végétation des environs de Denia peut étre appréciée dans les ex- cursions suivantes, que j'aifaites autour dece centre en mai et juin 1883 : 4° Ruines de San-Nicolas ; 2 Benitachel ; (1) Voyez Bulletin, XXVIII (1881) et XXIX (1882), excursions à Játiva, à Valldigna à la sierra Mariola, et Revue des sciences naturelles, années 1882 et 1883, excursions à Orihuela, Murcia, Hellin, Velez-Rubio, Madrid, Irun. T. XXXI. (SÉANCES) 3 3° Promontoire d'Hifac; 4 Massif du Mongo; 5° Sierra de Segarria. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 1? Ruines de San-Nicolas. Distantes d'environ 3 kilométres de la ville, ces ruines sont celles d'une église, ou mieux d'une grande chapelle située au sommet d'un coteau peu élevé, non loin du cap de San-Antonio. Le trajet à parcourir en suivant, à l'aller, les bords de la mer et en coupant, au retour, à travers champs, procure la plupart des plantes ubiquistes des environs de Denia, parmi lesquelles il convient de citer : Dans les, champs, au pied des murs ou au bord des chemins et des fossés : Diplotaxis erucoides DC. Lepidium ruderale L. Medicago Murex Willd. var. macrocarpa Urb. (M. macrocarpa Moris). Melilotus parviflora Desf. Trifolium angustifolium L. Poterium Magnolii Spach. Lythrum acutangulum Lag. Paronychia argentea Lamk. Torilis nodosa Gærtn. Galium parisiense L. var. vestitum Gren. et Godr. (G. litigiosum DC.). — saccharatum All. — murale All. Sherardia arvensis L. Vaillantia hispida L. Scabiosa Columbaria L. Anacyclus clavatus Pers. Asteriscus spinosus Gren. et Godr. var. sub- acaulis Nob. Gnaphalium luteo-album Z. Cynara Carduneulus L. Silybum Marianum Geærtn. Carduus tenuiflorus Curt. Centaurea pullata L. — melitensis L. — Calcitrapa L. Hedypnois tubæformis Ten. Picridium tingitanum Desf. var. diversifo- lium DC. Sonchus tenerrimus L. var. perennis Lge. (S. pectinatus DG.). Xanthium spinosum L. Campanula Erinus L. Convolvulus althæoides L. Lycium mediterraneum L. Solanum nigrum L. Hyoscyamus niger L. Verbascum sinuatum L. Micromeria græca Benth. Salvia clandestina L. Sideritis romana L. Stachys hirta L. Ajuga. Iva Schreb. Plantago Cynops L. — Lagopus L. Euphorbia serrata L. — exigua L. Lamarckia aurea Mænch. Bromus rubens L. Ægilops ovata L. Brachypodium distachyum P. B. — ramosum R. et Sch. Dans les sables maritimes ou voisins de la mer: Glaucium flavum Crantz. Malcomia littorea R. Br. Frankenia hirsuta L. var. intermedia Boiss. (F. intermedia DC.). Silene gallica L. var. divaricata Gren. et Godr. (S. lusitanica L.). . Spergularia media Pers. Malva nicæensis All. Centaurea Seridis L. var. maritima Willk. (C. maritima Duf.). — aspera L. et var. stenophylla Willk. (C. stenophylla Duf.). SÉANCE DU 1] JANVIER 1884. Plantago Coronopus L. Beta maritima L. Salsola Kali L. Euphorbia Peplis L. — Paralias L. 35 Euphorbia terracina L. var. retusa Boiss. Lagurus ovatus L. ; Polypogon maritimum Willd. Hordeum maritimum With. Sur le coteau de San-Nicolas, croissent : Koniga maritima R. Dr. Cistus monspeliensis L. var. minor Reichb. Viola arborescens L. Polygala rupestris Pourr. Silene glauca Pourr. var. minor Rouy. Arenaria montana L. var. intricata DC. (A. intricata Duf.). Linum narbonense L. — gallicum Z. Ruta angustifolia Pers. Rhamnus oleoides L. Ulex parviflorus Pourr. Argyrolobium Linnæanum Walp. Ononis minutissima L. var. calycina Willk. (0. barbata Cav.). Dorycnium suffruticosum Vill. var. hispa- nicum Nob. Asperula aristata L. f. var. macrosiphon Lge. Hymenostemma Fontanesii Willk. s.-var. discoidea. Phagnalon saxatile Cass. Filago germanica L. var. lutescens Coss. et Germ. (F. lutescens Jord.). Galactites Duriæi Spach. Carduus granatensis Wülk. var. gracilis Nob. Centaurea prostrata Coss. Atractylis humilis L. Cuscuta Epithymum L. var. macranthera Engelm. Echium pustulatum Sibth. et Sm. Orobanche Epithymum 4. Lavandula dentata L. — multifida L. Thymus Barrelieri Rouy var. intermedius. Satureia cuneifolia Ten. var. obovata Boiss. (S. obovata Lag.). Rosmarinus officinalis L. Sideritis pungens Benth. — romana L. var. nana Nob. Ballota hirsuta Benth. Phlomis Lychnitis L. Teucrium pseudo-Chamæpitys L. — capitatum L. var. intermedium Rouy. Globularia Alypum L. Daphne Gnidium L. Passerina hirsuta L. Asparagus aphyllus L. — acutifolius L. Stipa tortilis Desf. Avena bromoides Gouan. Dactylis glomerata L. var. lobata Rouy. Melica minuta L. var. saxatilis Coss. 2 Benitachel. C'est aux alentours de ce village que Cavanilles a signalé son Convolvulus valentinus. Très désireux de retrouver et d'étudier sur le terrain le port et les caractères de cette rarissime plante, afin d'en donner une descrip- tion plus compléteet de pouvoir en distribuer quelques exemplaires à mes correspondants, je quittai Denia en « tartana », le 28 mai et me fis con- duire à Benitachel. Disons ici qu'une seule route aboutit à Denia: celle d'Ondarra. C'est de ce dernier bourg que part la route qui va à Gandia, et que partent égale- ment celles qui, de l'autre cóté du Mongo, se dirigent sur Alicante, par Gata et Benisa, et de Gata sur Jávea. De quelque facon done que l'on veuille sortir en voiture de Denia, il faut toujours parcourir les 6 kilo- mètres de la route qui mène à Ondarra. C'est le massif du Mongo, presque à pic, et son prolongement formant le cap San-Antonio, qui rendent dif- 36 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ficile la création de chemins que ne comporterait d'ailleurs pas l'impor- tance des villages situés au pied de l'autre versant. Entre Denia et Ondarra, le long de la route bordée de vignes, de champs, de cultures de Mais, de Figuiers et d'Oliviers, on peut prendre, outre un certain nombre de plantes mentionnées dans l'herborisation pré- cédente : Fumaria parviflora Lam. Thrincia hispida Roth. Lepidium graminifolium L. Urospermum Dalechampi Desf. Hypericum perforatum L. Andryala integrifolia L. Daucus Carota L. Chlora grandiflora Viv. Eryngium campestre L. Anchusa italica Retz. Picnomon Acarna Cass. Mercurialis tomentosa L. Galactites tomentosa Mænch. Triticum Duvalii Loret. Cichorium Intybus L. ; Entre Ondarra et Gata se rencontrent de plus : Lepidium Draba L. Phagnalon sordidum Cass. Helianthemum glaucum Pers. Lactuca tenerrima Pourr. — pulverulentum DC. i Convolvulus althæoides L. -— lavandulæfolium DC. — arvensis L. Silene Cucubalus Wib. Micromeria græca Benth. var. latifolia Rosa sepium Thuill. Boiss. Agrimonia Eupatoria L. Andropogon hirtus L. subspec. pubescens Polycarpon tetraphyllum L. (A. pubescens Vis.). Sedum altissimum Poir. De Gata à Benitachel, dans les champs, les vignes, les garrigues, ou sur les murs, existent aussi : Fumana glutinosa Boiss. Bellis annua L. Dianthus sætabensis Rouy var. minor. Phagnalon saxatile Cass. Ononis minutissima L. Trachelium cæruleum L. Anthyllis cytisoides L. Antirrhinum Barrelieri Bor. Trifolium Cherleri L. Linaria hirta Mench var. media Nob. — stellatum L. Marrubium vulgare L. Lathyrus latifolius L. Polypodium vulgare L. Cupularia viscosa Gren. et Godr. Adiantum Capillus-Veneris L. Arrivé à Benitachel, village situé sur une éminence et environné de nombreuses montagnes, il s'agissait d'aller du bon côté, car l'indication donnée par Cavanilles pour la localité du Convolvulus valentinus était quelque peu vague: « in regno Valentino prope Benitachel ». Aprés avoir examiné à la longue vue les diverses hauteurs voisines, d'aspect peu varié, je me dirigeai de préférence vers une colline élevée, portant sur la carte le nom de cerro de la Umbria, mais que les gens du pays nomment el Puche, et qui se trouve entre Benitachel et le cap de la Nao, espérant ainsi recueillir, à défaut du Convolvulus méme, quelques plantes intéressantes, tant maritimes que des régions des basses monta- SÉANCE DU 11 JANVIER 1884. 37 gnes. — M'acheminant donc vers un bois de Pins situé à la base d’el Puche, je pris entre le village et ce bois : Rapistrum rugosum Berg. Cynoglossum pictum Ait. Spergularia rubra Pers. Digitalis obscura L. Polycarpon tetraphyllum Z. Trixago apula Stev. Torilis nodosa Gærtn. Salvia clandestina L. Duriæa hispanica Boiss. et Reut. Sideritis pungens Benth. Galium saccharatum All. — Cavanillesii Lag. Scabiosa maritima L. Thymus Cephalotus L. Asteriscus maritimus Mænch. ; Micromeria græca Benth. var. latifolia Boiss. Pulicaria odora Reichb. Rumex bucéphalophorus L. Bellis annua L. Euphorbia serrata L. Centaurea melitensis L. Asparagus acutifolius L. — pullata L. Bromus rubens L. Andryala integrifolia L. Ægilops triuncialis L. L'ascension jusqu'au col d'Umbria me mit à méme de récolter entre les blocs de rochers, dansles éboulis ou sur le bord du sentier: Biscutella stenophylla Duf. Pyrethrum corymbosum Willd. var. gra- Cistus albidus L. cilicaule Nob. — crispus L. Asteriscus spinosus Gren. et Godr. var. — salvifolius L. minimus JVob. Helianthemum marifolium DC. Centaurea prostrata Coss. var. decumbens Viola arborescens L. Nob. Polygala rupestris Pourr. Scorzonera graminifolia L. var. interme- Dianthus sætabensis Rouy var. minor. dia Rouy. Linum narbonense Z. Erica multiflora L. Ruta angustifolia Pers. — Cynoglossum cheirifolium L. Haplophyllum hispanicum var. rosmari- |Teucrium capitatum L. var. genuinum nifolium Nos. Rouy. Rhamnus balearicus Willk. Salvia valentina Vahl. Ulex parviflorus Pourr. Rosmarinus officinalis L. Anthyllis Vulneraria L. subspec. A. hispida | Thymus Barrelieri Rouy var. intermedius. Boiss. et Reut. var. valentina Nob. | Quercus coccifera L. s.-var. rubriflora. Stipa tortilis Desf. Hedysarum humile L. Avena bromoides Gouan var. microstach ya Asperula aristata L. f. var. macrosiphon Willk. Lge. Dactylis glomerata L. var. lobata Rouy. Cephalaria leucantha Schrad. Melica minuta L. var. vulgaris Coss. Au col, je m'arrétai un instant pour admirer le paysage s'étendant de- puis la sierra Helada, qui s'avance dans le golfe au-dessus de Benidorm, jusqu'aux hauts sommets de la province d'Alicante fermant l'horizon à l'ouest, puis je me dirigeai vers la mer. Bientót, sur le plateau aride qui s'étend jusqu'au cap de la Nao, j'apercus entre les rocailles le premier pied de Convolvulus valentinus. Je n'eus ensuite qu'à me baisser pour faire une ample provision de cette espéce, qui ne parait pas avoir été récoltée, ou toutau moins distribuée, depuis Cavanilles, et qui est trés lo- calisée. Unenote lui sera consacrée dans la troisiémé partie dece mémoire : OBSERVATIONS, REMARQUES ET DIAGNOSES. Plus loin, entre les tiges et 38 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. les feuilles de Chamerops humilis L., si commun sur toutes les chaines de la province voisines du littoral, croît en abondance l'Arenaria montana L. var. intricata DC., puis aussi les: Linum strictum L. var. cymosum Gren. et Godr. Argyrolobium Linnæanum Walp. Ononis Natrix L. var. media Boiss. (0. picta Desf.!). Medicago suffruticosa Ram. subspec. leio- carpa Urb. (M. leiocarpa Benth.). Paronychia nivea DC. Galium rigidum Vill. var. tenuissimum Lge. Galactites Duriæi Spach. Helichrysum Stechas DC. var. cespito- sum Willk. Olea europæa L. var. silvestris. Erythræa latifolia Sm. Echium pustulatum Sibth. et Sm. Thymus micromerioides SP. NOV. Euphorbia falcata L. var. rubra Lge. (E. rubra Cav.). Wangenheimia Lima Trin. Pressé par l'heure, il ne me fut pas possible de gagner l'extrémité du cap dela Nao qui, d'ailleurs, ne semble pas différer sensiblement des autres promontoires voisins, et ne présente ni l'altitude du Mongo, ni la situation exceptionnelle du roc d'Hifac. Revenantdone rapidement à Beni- tachel, et reprenant ensuite le chemin de l'aller, j'arrivai vers huit heures à Denia, trés satisfait de mon herborisation, quoique, jusque vers trois heures, la pluie n'eüt cessé de nous accompagner. Mais il ne me déplaisait point de me voir, à la fin de mai, en pleine province d'Alicante, sous un parapluie, à la recherche du Convolvulus valentinus... et surtout de le trouver. 3 De Denia à Calpe par Gata et Benisa ; roc d'Hifac. De Denia à Gata, le trajetest le méme que dans l'excursion précédente ; à Gata, laissant sur la gauche le chemin de Jávea et de Benitachel, on doit prendre la route d'Alicante. Entre Gata et la sierra del Castellar, peu d'es- péces à signaler, citons pourtant : Dianthus sætabensis Rouy var. media. Linum narbonense L. Hippocrepis ciliata Willd. Centranthus ruber DC. Onopordon Acanthium L. et quelques autres déjà nommées. Pterotheca sancta C. H. Schutz. Picridium vulgare Desf. Antirrhinum Barrelieri Bor. Orobanche speciosa DC. Brachypodium ramosum R. et Sch. Mais dés que la route s'engage dans la montagne, il convient de fairele trajet à pied et méme de gravir cà et là le versant des « cerros ». C'est ainsi que j'ai pu recueillir, principalement sur la premiére de ces hautes collines : Biscutella laxa Boiss. et Reut. — montana Cav. var. patula Nob. Cistus albidus L. Tunica saxifraga Scop. Arenaria montana L. var. intricata DG. Opuntia vulgaris Mill. Elæoselinum Asclepium Bert. Asperula aristata L. f. SÉANCE DU Å JAN VIER 1884. 39 Pyrethrum corymbosum Willd. Orobanche barbata Poir. Helichrysum serotinum Boiss. Ceratocalyx fimbriata Lge. Carduus malacilanus Boiss. et Reut. Teucrium capitatum L. Centaurea prostrata (7088. Lavandula dentata L. Serratula flavescens Poir. s.-var. leucantha | Salvia valentina Vahl. (S. leucantha DC.). Buxus sempervirens L. Nerium Oleander L. Stipa parviflora Desf. Digitalis obscura L. Entre Teulada et Benisa, où l’on peut déjeuner, existent, sur les bords de la route, Reseda alba L. (rare dans cette région et, du reste, peu com- mun en Espagne), Diplotaxis viminea DC., Rhagadiolus edulis Gærtn., Gladiolus segetum Gaw. De Benisa à Calpe on traverse quelques garrigues oü végètent Helian- themum lavandulæfolium DC., Anthyllis cytisoides L., Dorycnium suffruticosum Vill., Thymus Barrelieri Rouy, var. intermedius, et cer- taines autres espèces communes dans les garrigues de cette province. A Calpe, inutile de s'arréter; il faut prendre le chemin, à peine tracé parmi les rocailles et les sables maritimes, qui aboutit au promontoire d'Hifac. Sur les bords de ce chemin croissent: Senecio linifolius L., Kentrophyllum arborescens Hook., Carthamus tinctorius L. (subspon- tané), Andryala integrifolia L., Cynoglossum cheirifolium L., Urtica pilulifera L. var. balearica Lge. (U. balearica L.). Dans les marais, j'ai pu reconnaitre parmi les quelques espèces fleuries ou prés de fleurir : les Frankenia pulverulenla L., Inula crithmoides L., Statice virgata Willd., Atriplex rosea L., Salsola Kali L., Salicornia macrostachya Moric. Près des quelques maisons qui composent le hameau d'Hifac, se ren- contre en abondance, parmi les rocailles, le joli Helianthemum Caput- felis Boiss., en compagnie des Medicago suffruticosa Ram. subspec. leio- carpa Urb. (M. leiocarpa Benth.), Lotus creticus. L., Helichrysum decumbens Camb. — Hifac est la seule localité connue en Europe pour l'Helianthemum Caput-felis, et cette rare plante n'a été indiquée ailleurs qu'aux environs d'Oran. Le promontoire se dresse à nos pieds. C'est un énorme rocher de 220 métres de hauteur surenviron 1000 métres de longueur et 400 métres de largeur, absolument abrupt du cóté de la mer, qui l'entoure presque entièrement. Il ne tient à la péninsule que par le petit isthme que je venais de parcourir depuis Calpe, et de ce cóté l'ascension en est possible jusqu'à environ 120 métres d'altitude. Nous n'entrerons point ici dans de plus longs détails, la description du roc d'Hifac, offrant quelque analogie avec celui de Gibraltar, ayant donné lieu à l'une des pages les plus intéressantes du Voyage botanique dans le Midi de l'Espagne (I, p. 20), de M. Boissier. J'ajouterai pourtant que les AQ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. fameuses cordes qui servaient jadis aux habitants de la côte pour se hisser au sommet de ce roc inaccessible afin de surveiller les pirates bar- baresques, y sont encore, mais dansun tel état de vétusté, que ce serait folie d'essayer actuellement une ascension méme partielle du rocher. Cepen- dant j'ai dà me servir de l'une d'elles, mais avec énormément de précau- lion, pour constater ce qu'était une petite plante touffue munie de tiges courtes surmontées d'une ombelle de fleurs roses, située seulement à 5 ou 6 métres au-dessus du sol et qui me paraissait devoir étre quelque chose de bon. C'était en effet un Silene possédant les feuilles arrondies ou obtuses des S. gibraltarica Boiss. et S. auriculæfolia Pomel et certains caractères du S. velutina Pourr. Je le décrirai plus loin sous le nom de S. hifacensis. Mais revenons à notre point de départ, c'est-à-dire au pied des cultures qui s'étendent presque jusqu'à la base de la partie abrupte du promon- toire. Le long d'un petit sentier qui traverse ces cultures existent : Carrichtera Velle DC. Filago spathulata Presl. var. erecta Willk. Viola arborescens L. Centaurea tenuifolia Duf. Polygala rupestris Pourr. Hedypnois cretica Willd. Ononis ramosissima Desf. var. vulgaris | Picridium vulgare Desf. Gren. et Godr. Haloxylon articulatum Bunge. Coronilla juncea L. Osyris lanceolata Hochst. et Steud. Rubia peregrina Z. : Ephedra distachya L. Galium parisiense L. var. vestitum Gren. | Asparagus aphyllus L. et Godr. Stipa tortilis Desf. Galium saccharatum All. Brachypodium distachyum P. B. Les éboulis, au pied même du rocher, procurent : Fumaria capreolata L. var. speciosa Hamm. (F. speciosa Jord.), Succowia balearica Med., Trifolium procumbens L., Arisarum vulgare Targ. (ces quatre plantes dans les lieux un peu frais) ; puis: Moricandia arvensis DC. Cistus Clusii Dun. Reseda lutea L. var. brevipes Rouy. Ajuga Iva Schreb. Silene cerastioides L. Nepeta tuberosa L. Ferula tingitana L. var. hispanica Nob. Thymus Barrelieri Rouy var. intermedius. Erica multiflora L. Thymus valentinus HYBR. Nov. — T. Barre- Convolvulus lanuginosus Desr. var, seri- lieri X T. Webbianus Rouy. ceus Boiss. (C. linearis DC.). Plantago Lagopus L. Lithospermum fruticosum L. -— albicans L. Cynoglossum cheirifolium L. Euphorbia exigua L. var. rubra L. Teucrium aureum Schreb. var. latifolium | Avena bromoides Gouan var. macrostachya Willk. Willk. Enfin, tant après les parois du roc que dans les fissures, abondent, mais souvent difficiles à atteindre : SÉANCE DU 95 JANVIER 1884. Biscutella montana Cav. — var. longifolia Nob. (B. tomentosa Lag.). — var. brevifolia Nob. (B. rosularis Boiss. et Reut.). Silene hifacensis SP. NOv. Hippocrepis fruticosa Rouy var. valentina (H. valentina Boiss.). Umbilicus gaditanus Boiss. Hedera Helix L. Lonicera implexa Santi. Rubia peregrina L. subspec. angustifolia (R. angustifolia L.). Galium fruticescens Cav. Cephalaria leucantha Schrad. var. incisa DC. 41 Scabiosa saxatilis Cav. Centaurea intybacea Lam. — prostrata Coss. var. decumbens Nub. Sonchus tenerrimus L. var. pereunis Lge. (S. pectinatus DC.). Teucrium rotundifolium Schreb. Lavandula dentata L. Thymus Webbianus SP. NOV. = T. barona Webb non Loisel. Euphorbia rupicola Boiss. Smilax aspera L. Ceterach officinarum Willd. Asplenium Petrarchæ DC. — Halleri DC. llerba- En redescendant à Hifac par le versant sud du promontoire et les ruines de Calpe el Viejo, on rencontre sur un petit monticule les Fagonia cre- tica L., Astragalus macrorhizus Cav., Kentrophyllum arborescens Hook., Atractylis humilis L. — Enfin, dans les sables maritimes et les cultures prés de la mer, on peut encore récolter : Cakile maritima L. var. hispanica Nob. (C. hispanica Jord.). Ononis ramosissima Desf.var.vulgaris G.etG. — hispanica L. f. Orlaya maritima Koch. var. peduncularis Nob. (0. Bubania Philippe). et dans le voisinage des maisons, S. Irio L. Centaurea Seridis L.var. maritima Willk. Thrincia hispida Roth. Euphorbia terracina L. var. retusa Boiss. Imperata cylindrica P. B. Arundo Donax L. Catapodium loliaceum Link. les Sisymbrium Columnæ All. et Il convient alors de retourner à Benisa pour y passerla nuit. Le len- demain, le retour à Denia s'effectue par le chemin de l'aller. SÉANCE DU 25 JANVIER 1884. PRÉSIDENCE DE M. DUCHARTRE. M. G. Bonnier, secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la séance du 11 janvier, dont la rédaction est adoptée. Par suite de la présentation faite dans la dernière séance, M. le Président proclame membre de la Société : M. Duroun, professeur de sciences naturelles au lycée de Tou- louse, présenté par MM. G. Bonnier et Mangin. A9 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. le Président annonce ensuite une nouvelle présentation. M. le Président donne lecture du rapport de la Commission de comptabilité pour 1882. PROCÈS-VERBAL DE VÉRIFICATION DES COMPTES DU TRÉSORIER DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE PAR LA COMMISSION DE COMPTABILITÉ POUR LES ANNÉES COMPTABLES 1881-1882. La Commission de comptabilité a vérifié dans tous leurs détails les comptes présentés par M. Ramond, trésorier de la Société. Lesdits comptes se soldent, au 31 décembre 1882, par un excédant de recettes de 32,171 fr. 99 cent., ainsi qu'il résulte du tableau suivant : fr.i*c: Solde au 31 décembre 1880........ ii ipa xs 25,156 10 Recettes de 1881... ES va o FR Cond 28,117 » Fois ouis ii. 2. “53,8713 10 Dépenses de 1881... ee ka ei 24,519 06 Solde au 31 décembre 1881........ onee de 29,354 04 Recettes de 1882........... Du dpud AE 15,631 35, Roa e a RES 44,985 39 Dépenses do DN nie... oeo 2*435.2 12,813:40 Solde au 31 décembre 1882.............. 32,171 99 La Commission a reconnu la compléte régularité de ces comptes. Elle propose en conséquence, à la Société, de les déclarer approuvés, et de renouveler à M. Ramond l'expression de toute sa gratitude. Paris, le 23 janvier 1884. Les membres de la Commission : E. Cosson, Ap. Lancnzgn, E. ROZE. Le Président, P. DUCHARTRE. M. Malinvaud présente des échantillons de Saxifraga florulenta Mar. que lui a adressés M. Émile Sauvaigio, de Nice, et donne lec- ture de quelques passages de la lettre qui accompagnait cet envoi (1). Ces exemplaires, provenant des « Alpes de Fenestre, 16 août 1883 », seront déposés dans l'herbier de la Société. (1) Voyez, au sujet de cette plante, l'intéressante note de M. Burnat, publiée dans le Bulletin, t. XXX, Séances, p. 259. SÉANCE DU 95 JANVIER 1884, 43 M. Van Tieghem fait à la Société la communication suivante : SUR LES CANAUX SÉCRÉTEURS DU PÉRICYCLE DANS LA TIGE ET LA FEUILLE DES PITTOSPORÉES, par M. Ph. VAN TIEGHEM. J'ai fait connaitre en 1872 (1) la disposition des canaux sécréteurs dans dans la structure primaire de la racine, de la tige et de la feuille des Pittosporum. Dans la racine, ces canaux sont, comme on sait, trés étroits, dépourvus de cellules spéciales, entaillés directement dans l'épaisseur du péricycle cloisonné à cet effet, et disposés ordinairement trois par trois en face de chaque faisceau ligneux, le médian quadrangu- laire, les deux latéraux triangulaires. De là urre ressemblance singulière avec les Ombellifères et les Araliées. Mais en méme temps apparaît une différence avec ces deux familles: ici le péricycle n'a pas de canaux vis- à-vis des faisceaux libériens, de telle facon que les radicelles peuvent naitre, comme elles naissent en effet, en correspondance avec le milieu des faisceaux libériens et sans doubler le nombre de leurs séries longitu- dinales. Que deviennent ces canaux du péricycle quand on passe de la racine à la tige et de la tige à la feuille ? La tige n'a de canaux sécréteurs ni dans l'écorce, ni dans la moelle. Sous l'endoderme, le péricycle est constitué par une couche continue de cel- lules à parois peu épaisses, blanches, molles, et comme collenchyma- teuses. En dehors du liber de chaque faisceau libéro-ligneux, cette couche renferme, suivant la largeur du faisceau, un, deux ou trois canaux assez larges, bordés de petites cellules sécrétrices. Les cellules de bordure tantót touchent directement l'endoderme, tantót en sont séparées par une ou deux assises de cellules à paroi blanche et molle. La feuille n'a pas non plus de canaux sécréteurs dans son parenchyme. Chacun des faisceaux libéro-ligneux du pétiole est enveloppé d'un endo- derme propre, el, sous cet endoderme, il possède, dans son péricycle de cellules blanches et molles, un canal sécréteur au dos de son arc libé- rien, Les choses se passent dans la tige et la feuille des Sollya (Sollya fru- ticosa) comme dans celles des Pittosporum, avec cette différence qu'ici le péricycle forme un arc fibreux en dehors de chaque faisceau libéro- ligneux. C'est dans l'épaisseur de cet arc fibreux ou contre son bord in- terne, qu'est situé le canal sécréteur. Enfin la tige et la feuille des Bur- saria (Bursaria spinosa) ne se comportent pas autrement que celles des (1) ke Van Tieghem, Mémoire sur les canaux sécréteurs (Ann. des sc. nat. 5° série, AVE 2). 44 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Pittosporum. Au sujet de cette dernière plante, -il y a une rectification à faire à mon mémoire de 1872. J'ai dit alors (page 168) n'y avoir observé de canaux sécréteurs ni dans la tige, ni dans la feuille. Depuis j'ai pu me convaincre qu'ils sont tout aussi bien développés dans ces deux organes que chez les autres Pittosporées. Les canaux sécréteurs de la racine se continuent donc, chez les Pitto- sporées, dans toute l'étendue de la tige et des feuilles sans quitter la ré- gion qui leur est propre, c'est-à-dire l'épaisseur du péricycle. Regardant en 1872, ainsi que les auteurs le font encore aujourd'hui, le tissu inter- posé entre l'endoderme et les faisceaux libéro-ligneux comme appartenant au liber de ces derniers, j'ai décrit alors les canaux de la tige et de la feuille des Pittosporées comme compris dans le liber méme des faisceaux, comme libériens. Il en résultait cette conséquence, faite pour étonner, que, en passant de la racine à la tige, le système des canaux sécréteurs quittait la région oü il avait séjourné jusqu'alors pour pénétrer dans une région toute différente. La présente petite Note a pour objet de faire dis- paraitre cette singularité, en montrant qu'il y a unité de lieu pour le sys- tème sécréteur dans toute l'étendue du corps de ces plantes. M. J. Vallot donne lecture de la communication suivante : RECHERCHES SUR L'ANATOMIE COMPARÉE DES COTYLÉDONS ET DE L'ALBUMEN, par M. J. GODFRIN. La communication que j'ai l'honneur de présenter à la Société bota- nique est le résumé d'un mémoire qui sera prochainement publié in extenso. 1. — Cotylédons. — On doit considérer, dans les cotylédons, la trame tissulaire et le contenu des cellules. Bien qu'il existe, entre ces deux par- ties constituantes quelques relations constantes, elles ne sont pas, l'une par rapport à l'autre, dans un rapport absolu et général de dépendance. Tissus. — Au point de vue de leur structure, les cotylédons se divisent en deux groupes extrémes, entre lesquels se placent de nombreux inter- médiaires : les cotylédons épais, que j'appellerai tuberculeuz, et les coty- lédons minces, auxquels je réserve l'épithéte de foliacés. Les cotylédons tuberculeux comprennent, à l'état de maturité, un épi- derme simple, sans stomates et sans poils. A l'intérieur de l'épiderme, un parenchyme épais, à cellules grandes et globuleuses, laissant entre elles de nombreux méats aérifères. Ce parenchyme est homogène; cepen- dant, au voisinage des épidermes et des nervures, ses éléments deviennent fréquemment plus petits qu'au centre de l'organe. La nervation est le SÉANCE DU 95 JANVIER 1884. 45 plus souvent palmée, sans anastomoses (Aruchis hypogæa, Eriobotrya japonica, Quercus Mirbeckii, Citrus Aurantium). Pendant le dévelop- pement embryonnaire de ces cotylédons, la multiplication des cellules cesse de bonne heure ; le cotylédon est bien loin de sa grandeur définitive lorsque ses cellules deviennent inaptes à se multiplier. L'accroissement considérable que prend ensuite l'organe est dà uniquement à l'agrandis- sement des éléments existants. La nervation se constitue aussi trés rapi- dement, au moins quant à la course des faisceaux. Pendant la germination, les cotylédons dont il s'agit ne font que se gonfler, et leurs tissus ne se modifient pas sensiblement. Lorsque les ner- vures étaient à la maturité à l'état procambial, elles se différencient, à un moment qui sera bientót fixé, en liber, cambium et bois. Toutes les ner- vures forment ensuite de nouveau bois et de nouveau liber par le jeu de la couche génératrice intrafasciculaire. Les cotylédons foliacés présentent des caractères opposés à ceux des cotylédons tuberculeux, et qui peuvent se résumer en une perfection beaucoup plus grande de leurs tissus. A l'état de vie latente, leur épi- derme, toujours simple, posséde souvent des stomates, ou complétement développés (Gleditschia triacanthos), ou seulement ébauchés (Linum usitatissimum, Coulteria tinctoria, Trigonella Fenum-grecum, Hedy- sarum sibiricum). Le parenchyme peu épais de ces cotylédons ne comprend jamais qu'un petit nombre d'assises cellulaires, variant le plus souvent de dix à quinze; chez le Sterculia platanifolia, il est de quatre seulement. Ce paren- chyme, toujours hétérogène, se divise en une couche supérieure palissa- dique, à petits méals, et en une couche inférieure à éléments globuleux, comprenant entre eux de plus grands espaces aérifères. La nervation des cotylédons foliacés présente un riche développement; . Jes nervures s'anastomosent entre elles, de maniére à former un réseau à mailles polygonales serrées, analogue à celui des feuilles ordinaires. Rarement la distribution des nervures a lieu selon le mode penné (Tri- gonelle, Tilleul); le plus fréquemment on rencontre la distribution pal- mée (Sterculia platanifolia, Schotia latifolia, Coulteria tinctoria, Coffea arabica, Casuarina quadrivalvis, Hedera Helix, Acer plata- noides, etc.). On verra plus tard comment est composée la nervure. Le développemegt embryonnaire des cotylédons de ce groupe diffère de ce qui a été dit pour les cotylédons tuberculeux en ce que la multi- plication des cellules persiste plus longtemps et dure jusqu'au moment où le cotylédon a atteint presque sa grandeur définitive. L'accroissement des cellules joue donc ici, pour l'agrandissement du cotylédon, un bien plus faible rôle que précédemment, et ainsi s'explique pourquoi les coty- lédons foliacés sont composés de trés petites cellules, pendant que les A6 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cotylédons tuberculeux présentent au contraire des cellules de grandes dimensions. : Des stomates se forment pendant le développement intra-ovarien de ces cotylédons, d'aprés les modes qui ont été décrits chez les feuilles ordinaires. Pendant la germination, les cotylédons foliacés n'évoluent pas tous de la méme facon, et, sous ce rapport, se divisent en deux groupes : les uns ne s'étendent que peu, sans multiplier le nombre de leurs cellules (Coul- teria, Hedysarum, Linum, etc.) ; les autres s'agrandissent notablement, à la fois par l'accroissement et la division de leurs éléments (Ricin, Café, Lierre, etc.). Les membranes cellulaires, le plus souvent minces et cel- lulosiques, s'épaississent considérablement par un dépót de granulose chez les Schotia latifolia, Tamarindus indica, Mucuna urens, etc. Tous ces cotylédons forment des stomates par la division en deux cel- lules filles, d'une cellule quelconque de l'épiderme, qui devient la cellule mére du stomate. Les cotylédons foliacés de plantes velues peuvent seuls se recouvrir de poils pendant la germination; ces formations se présentent avec les mêmes caractères essentiels que sur la plante adulte. Cependant les Solanum marginatum, Aralia hispida, Datura Stramonium, Rapha- nus sativus, Althea rosea, Dipsacus ferox, Onopordon Acanthium, Cucurbita Pepo, Torilis Anthriscus, etc., dont les feuilles sont pileuses à différents degrés, ont les cotylédons tout à fait glabres. Les feuilles cotylédonaires qui ne multiplient pas leurs cellules pen- dant la germination ont déjà à l'état de maturité leur nervation complète- ment constituée ; celles au contraire où les éléments se divisent pendant cette période n'ont de formées, à l'état de repos, que les nervures princi- pales; les plus fines ramifications ne naissent que plus tard. Les ner- vures, toujours au début à l'état procambial, se différencient, pendant . la germination, en liber, bois et cambium, et s'épaississent en outre par le jeu de cette couche génératrice. J'ai déjà dit qu'entre les deux groupes de cotylédons ainsi caractérisés, il existe des intermédiaires. Par exemple les cotylédons de Laurus to- mentosa, Æsculus Hippocasianum, Amygdalus communis, Phaseolus vulgaris, etc., qui se rangent, par la plupart de leurs caractéres, parmi les cotylédons tuberculeux, possédent une nervation à anastomoses ; les nervures sont toutefois peu abondantes, se détachent l'une de l'autre sous des angles trés aigus, et ne constituent jamais un réseau aussi compliqué que celui des cotylédons foliacés. Il en est de méme pour les stomates ; plusieurs cotylédons épais (Dipteryx odorata, Erythrina Crista-galli, Phaseolus vulgaris) possédent des stomates à l'état de maturité ou en forment pendant la germination. SÉANCE DU 25 JANVIER 1884. 47 Les diverses formes d’appareils sécréteurs se rencontrent chez les cotylédons. Les massifs sécrétants existent chez plusieurs Myrtacées (Eugenia, Zyzygium, Jambosa, etc.) dès le plus jeune âge du cotylédon ; ils ne se forment dans celui de l'Oranger que pendant la germination. Je n'ai trouvé de canaux sécréteurs, à la maturité de la graine, que dans la famille des Térébinthacées, dans celle des Araliacées et chez quelques Composés ; chez les autres familles, ils naissent pendant la germination. Les vaisseaux laticifères ont, chez toutes les plantes, un développement tardif, ils n'apparaissent que dans la période germinative. Contenu cellulaire. — I faut considérer le protoplasma et les corps figurés qui en dérivent. Le corps protoplasmique se présente avec les mêmes caractères chez tous les cotylédons. Au début de leur existence, le protoplasma est mas- sif, granuleux, et contient à son centre un noyau relativement volumi- neux, muni d'un nucléole brillant. Bientót des vacuoles apparaissent, et le corps protoplasmique consiste encore en une couche pariétale assez épaisse, reliée au noyau, encore central, par des filaments de substance plasmatique. Puis les filaments, devenant de plus en plus déliés, finissent par se rompre, et l'on ne trouve plus qu'un enduit mince de protoplasma tapissant la membrane cellulaire et contenant le noyau en un de ses points. Ces transformations se succédent rapidement et le dernier état persiste pendant tout le reste de la vie du cotylédon. Chez plusieurs familles de plantes appartenant plus particuliérement aux Dicotylédones thalamiflores, jamais aux Monocotylédones ni aux Gymnospermes, les embryons jeunes sont colorés en vert (Cruciféres, Vio- lacées, Malvacées, Géraniacées, Linées, Rutacées, Légumineuses, Dipsa- cées, Valérianées, Convolvulacées, Dasellacées, etc.). La coloration est due à un dépôt de chlorophylle sur le protoplasma et les enclaves cellu- laires ; il ne s'est pas formé de corps spéciaux chargés de servir de sub- stratum au pigment vert. La plupart de ces embryons se décolorent avant la maturiié; quelques-uns cependant restent toujours verts (Citrus nobi- lis, Eugenia axillaris, Zyzygium jambolanum, Jambosa vulgaris, Pistacia vera, Acer, plusieurs Légumineuses, ete.). Sous le rapport des différents corps figurés qui naissent dans leurs cel- lules par suite de l'activité du protoplasma, les cotylédons se partagent en deux groupes bien distincts, reconnaissables au seul examen de la graine müre : les uns ne contiennent que des grains d'amidon; les autres ren- ferment toujours de l'aleurone, soit seule, soit mélangée à l'amidon. La présence de l'aleurone dans ces cotylédons coincide avec une évolution du contenu de leurs cellules entiérement différente de celle qui a lieu chez les cotylédons exclusivement amylacés. Il convient d'examiner d'abord quels sont les organites qui se suc- A8 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cedent daus les cellules pendant l'existence de chacun de ces groupes de cotylédons; on verra ensuite comment ces organites naissent et se ré- sorbent. Chez les cotylédons qui, à l'état de vie latente, contiennent uniquement de l'amidon, les choses se passent trés simplement, cette substance étant a seule que le cotylédon renferme durant toute son existence. L'amidon nait dans le cotylédon dés le début de sa croissance; les grains aug- mentent en nombre et en volume jusqu'à la maturité de la graine; puis se résorbent pendant la germination. Les cotylédons qui possédent, au contraire, de l'aleurone au moment de la maturité, présentent, quant aux corps dérivés de leur protoplasma, des phénoménes plus compliqués. Pendant le développement embryon- naire, deux cas peuvent se présenter : ou bien il nait d'abord des grains d'amidon, et lorsque ceux-ci sont arrivés à leur maximum de grandeur, naissent seulement les grains d'aleurone. Mais, ici, l'amidon se comporte de deux façons différentes : il arrive quelquefois qu'il disparaît avant la maturité de la graine, qui ne contient plus, à ce stade, que de l'aleurone (Coulteria tinctoria, Trigonella, Corylus, etc.) ; d'autres fois il per- siste jusqu'à la maturité, et le cotylédon contient à la fois des grains d'amidon et des grains d'aleurone : ce cas est le plus fréquent (Phaseo- lus, Hedysarum, Arachis, etc.). Enfin, l'évolution est beaucoup plus simple quand il ne se forme que des grains d'aleurone; ceux-ci naissent dés le commencement de l'exis- tence du cotylédon, s'agrandissent peu à peu jusqu'à la maturité de la graine, où ils ont atteint leur taille maximum. La résorption des grains d'aleurone est le premier phénoméne, histolo- giquement observable, qui signale le commencement de la germination. Lorsqu'ils ont presque complétement disparu, il se produit de nombreux grains d'amidon, particuliérement autour des faisceaux vasculaires. Cet amidon de seconde formation se résorbe à son tour, et là se termine, pour bon nombre de cotylédons, la phase germinative. Chez d'autres, presque tous foliacés, il nait ensuite des grains de chlorophylle, et alors com- mence pour l'organe un nouveau mode d'existence: jusque-là le cotylédon avait fonctionné uniquement comme réservoir de substance nutritive ; maintenant il assimile lui-méme et joue, par rapport à l'embryon, le róle d'une véritable feuille. Les grains d'amidon, qu'ils soient d'origine primaire ou d'origine secondaire, naissent toujours, comme M. Schimper l'a démontré pour d'autres organes, à la surface ou à l'intérieur de plastides qui sont une différenciation du protoplasma. Ils se résorbent d'aprés les modes qui ont été souvent décrits, le plus fréquemment par dissolution égale, plus rare- ment par dissolution locale (Eriobotrya japonica, Zea Mays, etc.). SÉANCE DU 25 JANVIER 1884. 49 Les grains d'aleurone naissent par deux procédés. Tantôt ils se diffé- rencient tout d'une pièce, avec leur largeur définitive, à la surface de la couche pariétale de protoplasma; d'abord trés minces, ils s'épaississent peu à peu, en faisant de plus en plus saillie vers la cavité cellulaire, et arrivent ainsi à la forme adulte (Coulteria tinctoria). D'autres fois ils doivent leur naissance à un procédé plus compliqué. On voit d'abord apparaitre, dans le protoplasma pariétal, de petits bàtonnets courbes qui semblent n'avoir aucune relation les uns avec les autres; ces bâtonnets s'agrandissent et ils se groupent entre eux de manière à figurer un anneau interrompu; puis cet anneau devient complet, et enfin, épaississant ses parois, il diminue progressivement son ouverture; celle-ci arrive à se combler, et l'anneau est transformé en un corps plein, qui est le grain d'aleurone. Chacun de.ces modes de naissance peut se trouver isolé dans un méme cotylédon : le premier s'observe exclusivement chez le Coul- teria tinctoria, le second chez la Trigonelle ; le plus fréquemment on les rencontre ensemble (Acer platanoides, Prunus Cerasus, Schotia latifolia). Quant à leur place dans la cellule, les grains d'aleurone, demeurant petits, peuvent rester adhérents à la couche protoplasmique pariétale dans laquelle ils sont nés (Phaseolus vulgaris, Schotia latifolia, Ery- thrina Crista-galli), ou bien, grossissant suffisamment pour occuper ensemble une plus grande surface que celle du protoplasma pariétal, ils s'en détachent et tombent dans la cavité cellulaire, où ils se trouvent libres de toute adhérence (Ricin, Arachide, etc.). Les divers plastides formateurs d'amidon qui se rencontrent dans le cotylédon, à différentes époques de son évolution, naissent toujours par l'épaississement et la condensation, en certains points, de l'utricule proto- plasmique. Contrairement aux assertions de MM. Schmitz et Schimper, je n'ai pu constater leur provenance de la plante mère, ni leur descen- dance les uns des autres. Toutefois les grains de chlorophylle qui naissent à la fin de la germination dans les cotylédons foliacés ne sont que les leucites producteurs de l'amidon secondaire régénérés. Lorsque l'ami- don contenu dans ces leucites disparait, ils s'aplatissent; puis ils s'épais- sissent de nouveau pour former les grains de chlorophylle. On a vu plus haut qu'il existait certaines relations entre la structure interne du cotylédon et la nature du contenu de ses cellules. Maintenant que nous eonnaissons l'une et l'autre, ces relations peuvent étre indi- quées. Ce sont les suivantes : 4° Les cotylédons foliacés ne contiennent que de l'aleurone. 2* Les cotylédons tuberculeux renferment le plus souvent un mélange de grains d'amidon et de grains aleurone; dans quelques eas rares on y trouve cependant, ou exclusivement, de l'amidon (Quercus, Castanea, Eriobotrya, Æsculus, etc.), ou exclusivement de T, XXXL (SÉANCES) 4 50 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. l'aleurone (Amygdalus, Prunus, Corylus, Juglans, etc.). Enfin on remarque encore, entre la nature du contenu cellulaire et la composition des nervures, un rapport intéressant : 4° Les cotylédons à réserve pure- ment amylacée ont les nervures différenciées en bois, liber et cambium, de trés bonne heure, dès le début de la formation de l'amidon. 2° Les cotylédons aleuriféres ont les nervures formées de tissu procambial jus- qu'à l'apparition, pendant la germination, de l'amidon secondaire. Il existe donc une connexion étroite entre la différenciation du cordon pro- cambial et l'arrivée de l'amidon. Albumen. — Nous étudierons d'abord l'albumen en lui-même ; nous verrons ensuite quels sont ses rapports avec le cotylédon. L'albumen est formé d'une masse parenchymateuse dont l'épaisseur varie depuis celle d'une mince pellicule (Amygdalus, Juglans) jusqu'à À ou 5 millimétres et plus (Ricin). Les cellules, toujours disposées, à cause du mode de formation du tissu, en séries radiales, ont les membranes épaissies à tous les degrés. On peut les grouper, sous ce rap- port, en trois catégories : 1? celle à membranes tout à fait minces (Ster- culia platanifolia, Euphorbiacées, Conifères, Mais, Arum); 2° celle dont les membranes sont suffisamment épaisses pour communiquer au tissu une certaine dureté, tout en conservant un lumen assez grand (Pal- miers, Noix vomique, Féve de Saint-Ignace, Café, ete.) ; 3° celle où les parois se sont épaissies jusqu'à faire disparaitre toute trace de cavité ; l'albumen, examiné dans l'alcool, forme une masse homogéne et comme anhiste (Trigonelle). Les parois périspermiques sont presque toujours formées de cellulose. Chez plusieurs Légumineuses (Cercis Siliquastrum, Trigonella, Gle- ditschia, Poinciana, etc.), la paroi, épaisse, est presque entiérement gélifiée. Enfin l’albumen du Sideroxylon atrovirens a les membranes composées de granulose. Les cellules de l'albumen contiennent, ou de l'amidon pur (Graminées, Arum), ou de l'aleurone pure. Ce dernier cas est le plus fréquent. Rarement j'ai trouvé l'amidon mélangé à r aleurone (Sterculia platani- folia, Myristica moschata). Les albumens amylacés ont toujours des cellules à parois minces. Chez les autres, les parois s'épaississent plus ou moins. Il n'y a donc pas de dif- férence essentielle entre l'albumen corné du Dattier et l'albumen charnu du Ricin. D'ailleurs il existe une foule de transitions entre ces deux types. Le développement de l'albumen est trés simple. Au moment où je com- mence son examen, c'est-à-dire lorsque les cotylédons se présentent sous la forme de deux petits mamelons, l'albumen est toujours composé de grandes cellules polyédriques à parois minces, sans méats. Pour arriver à l’état de maturité, elles ne font plus qu'épaissir leurs membranes, lors- SÉANCE DU 95 JANVIER 1884. 51 qu'il s'agit d'un albumen corné, par juxtaposition, sur la membrane pri- miltive, de cellulose ou de gélose. Quelques rangs de cellules, les plus internes du tissu, sont en partie détruites par l'embryon s’accroissant, et leurs parois, amincies et appliquées les unes contre les autres, forment là une couche feuilletée. La formation des grains d'amidon et des grains d'aleurone se fait essen- tiellement comme chez les cotylédons, et il n'y a pas lieu d'y revenir. Pendant la germination, l'albumen ne suit pas, le plus souvent, l'exten- sion du colylédon ; il est résorbé par celui-ci au fur et à mesure de son agrandissement, et seulement à son contact (Mais, Latanier, Dattier, ete.) ; il est donc, dans ce cas, passif. Chez le Ricin, au contraire, l'altération du contenu des cellules a lieu en méme témps dans toute l'épaisseur de l'albumen; ce qui prouve qu'elle est due à l'activité propre du proto- plasma, et non à l'action du cotylédon. En outre, les cellules s'agran- dissent et se déforment, mais sans produire de méats; leur plus grand diamétre était perpendiculaire à la surface, il lui devient paralléle, et de celte facon l'albumen peut suivre, au moins pendant quelque temps, l'extension du cotylédon, auquel il reste adhérent. L'albumen est donc doué ici d'une vie propre ; mais la résorption des parois-est alors réser- vée au cotylédon, qui agit comme dans le cas où l'albumen est inerte, J'ai constaté, entre les cotylédons et l'albumen, les relations sui- vantes : 1° Les embryons dont les cotylédons renferment de l'amidon, soit seul, soit mélé à l'aleurone, ne sont jamais accompagnés d'albumen. 2 Ceux, méme épais, qui ne contiennent que de l'aleurone (Amygda- lus, Armeniaca, Prunus, Corylus, Juglans, Carya, ete.), peuvent pos- séder un albumen ; dans ces cas, cependant, l'albumen est toujours trés mince. 3» D'autre part les embryons à cotylédons foliacés ne sont pas néces- sairement pourvus d'un albumen. Les graines d’ Hedysarum sibiricum, Casuarina quadr ivalvis, Grevillea robusta, Hakea saligna, Acer, tous les genres et la plupart des Composées en sont des exemples. La communication suivante est déposée sur le bureau, et sa lecture est ajournée à une prochaine séance, en raison des commu- nications orales qui sont encore inscrites à l'ordre du jour : Le Penicillium ferment dans les eaux distillées, par M. Cocardas. 52 ADDITION A LA SÉANCE SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. DU 14 DÉCEMBRE 1883. EXCURSIONS BOTANIQUES EN ESPAGNE, par M. G. ROUY (suite). 4 Le Mongo. Nous avons dit que Denia se trouve au pied du Mongo. Cela ne signifie point que la cité est adossée à la base méme de la montagne comme sont situées les villes de Játiva et d'Orihuela visitées par nous les années pré- cédentes, et, avant d'entreprendre l'ascension du Mongo, il est nécessaire de parcourir une certaine étendue de terrain couverte de cultures, vignes, etc. Cette partie de l'excursionpermet de récolter de nouveau la plupart des plantes déjà signalées, aux alentours de la ville, dans la course de San-Nicolas et entre Denia et Ondarra. L'herborisation ne commence, en fait, qu'aux garrigues qui précédent les éboulis des grands rochers avoisinant la Cueva del Agua. Ces garrigues procurent : Cistus crispus L. — albidus L. Polygala rupestris Pourr. Ulex parviflorus Pourr. Ononis minutissima L. var. calycina Willk. (0. barbata Cav.). Trifolium stellatum L. Psoralea bituminosa L. Coronilla juncea L. Poterium Magnolii Spach. Sedum altissimum Poir. Galium saccharatum All. Vaillantia hispida L. Pulicaria odora Reichb. Cupularia viscosa Gren. et Godr. Asteriscus spinosus Gren. et Godr. Helichrysum serotinum Boiss. Micropüs bombycinus Lug. Carlina lanata L. Centaurea prostrata Coss. Microlonchus Clusii Spach. Urospermum picroides Desf. Crepis taraxacifolia Thuill. var. laciniata Willk. Campanula Erinus L. Ballota hirsuta Benth. Phlomis Lychnitis L. Stachys hirta L. Euphorbia exigua L. var. retusa L: — Peplus L. Briza maxima L. En continuant l'ascension du barranco, on peut prendre parmi les rocailles : Viola arborescens L. Silene glauca Pourr. Paronychia nivea DC. Sedum acre L. Hymenostemma Fontanesii Willk. var. in- termedia Nob. Anacyclus valentinus L. Cirsium odontolepis Boiss. Leuzea conifera DC. Scolymus hispanicus L. Scorzonera graminifolia L. var. interme- dia Rouy. Campanula dichotoma L. Coris monspeliensis L. Erythræa latifolia Sm. — Barrelieri Duf. Phelipæa Muteli F. Schultz. Ajuga Iva Schreb. Rosmarinus officinalis L. Melica ciliata L. var. intermedia Rouy (M. glauca F. Schultz). 93 On arrive alors à l'ancienne fontaine arabe qui porte le nom de Cueva del agua (grotte de l'eau). Au fond d'une haute et spacieuse grotte, par- faitement praticable, se trouve le réservoir d'eau, et ce n'est pas une mince satisfaction pour le touriste que de rencontrer, surtout à l'époque des fortes chaleurs, cette belle source. Mais avant de s'y reposer, il faut, méme au moyen de cordes ou autres instruments (petites échelles, etc.) dont un botaniste avisé doit toujours munir ses guides ou porteurs dans ces régions où les montagnes ne sont composées que d'énormes rochers entassés les uns sur les autres et presque dépourvus de végétation arbo- rescente, il faut, dis-je, explorer les rocs élevés qui dominent la fontaine car là se trouvent : SÉANCE DU 25 JANVIER 1884. Sarcocapnos crassifolia DC. subspec. spe- ciosa (S. speciosa Boiss.). Biscutella montana Cav. var. subdecurrens Nob., et var. genuina (forma siliculis lævibus et forma siliculis scabriusculis). Geranium Robertianum L. var. mediterra- neum JVob. (G. mediterraneum Jord.). Erodium Chium Willd. Hippocrepis fruticosa Rouy var. valentina (H. valentina Boiss.). Poterium ancistroides Desf. Umbilicus gaditanus Boiss. Sedum dasyphyllum Z. Galium fruticescens Cav. — setaceum Lam. — parisiense L. subspec. decipiens (G. de- cipiens Jord.). Scabiosa saxatilis Cav. Helichrysum rupestre DC. SUBSPEC. Nov. valentinum. Centaurea prostrata Coss. var. decumbens. Picridium prenanthoides SP. Nov. Crepis albida Vill. SUBSPEC. Nov. scor- zoneroides. Antirrhinum Barrelieri Bor. Linaria Cavanillesii Chav. Teucrium flavum Z. var. glabratum Nob. Lavandula dentata L. Calamintha menthæfolia Host. Thymus vulgaris L. var. verticillatus Willk. — Webbianus SP. NOV. = T. Herba-barona Webb non Loisel. Buxus sempervirens L. Euphorbia rupicola Boiss. Juniperus communis L. var. hispanica Endl. (J. hispanica Booth). Ruscus aculeatus L. Ceterach officinarum Willd. Asplenium Petrarchæ DC. Adiantum Capillus-Veneris L. et le splendide Carduncellus dianius Webb, localisé sur ce versant du Mongo, son unique station: j'en donnerai plus loin une diagnose étendue. — Le botaniste peut alors se reposer à l'entrée de la Cueva, et méme y déjeuner, déjà satisfait de ses récoltes, en contemplant le beau panorama qui s'offre à ses regards. Il convient ensuite de gagner la Cueva Menor. Pour se rendre à cette petite grotte, dépourvue d'eau et située à la base méme du roc le plus élevé de la montagne, du cóté de la mer, il faut traverser la partie supé- rieure de deux petits bois de Pins trés clairsemés, et suivre autant que possible la base des grands rochers, de façon à recueillir dans les éboulis à leur pied, mais surtout sur leurs parois, quelques espéces des plus intéressantes : Diplotaxis brassicoides Rouy (Brassica Rouyana Janka) var. maritima Nob. Thalictrum tuberosum L. Erucastrum brachycarpum sP. NOV. 54 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Helianthemum paniculatum Dun. var. |Scorzonera hispanica L. var. latifolia Koch. grandiflorum Willk. Campanula rotundifolia L. var. saxicola Arenaria montana L. var. saxicola Nob. Nob. (C. macrorhiza J. Gay p. p.). Malva althæoides Cav. Scrofularia sciaphila Willk. var. tenuifolia Pistacia Lentiscus L. Nob. (S. Grenieri Reut.). ; Rhamnus lycioides L. Ceratocalyx fimbriata Lge. Anthyllis Vulneraria L. subspec. A. hispida | Rumex intermedius DC. var. heterophyllus Boiss. et Reut. var. valentina Nob. Willk. s.-var. albiflora, flaviflora et rubri- | Ficus Carica L. fiora. Festuca ovina L. var. capillata Hackel (F. Conopodium ramosum Costa (Heterotænia capillata Lamk., F. tenuifolia Sibth. arvensis Goss. ?). et Sm.). Lonicera implexa Santi. Avena bromoides Gouan. Leucanthemum montanum DC. et var. gra- | Asplenium leptophyllum Lag. cilicaule DC. (L. gracilicaule Duf.). | — Adiantum-nigrum L. et cà et là encore quelques pieds de Carduncellus dianius. De la Cueva Menor on peut monter, à travers les éboulis, au sommet du Mongo, constitué par un assez large plateau sur lequel a été établi un obser- vatoire militaire. Ce trajet, quelque peu pénible, ne m'a procuré, en fait de plantes non encore rencontrées dans cette excursion, que les Convol- vulus lanuginosus var. sericeus Boiss., Ornithogalum umbellatum L., Muscari racemosum Mill., Gladiolus illyricus Koch, G. Reuteri Boiss. var. subuniflorus Nob., Anacamptis pyramidalis Rich., Stipa jun- cea L., Piptatherum miliaceum Coss. var. Thomasii Nob. (P. Tho- masii Kunth), Deschampsia flexuosa Griseb., Avena barbata Brot. var. media Rouy. Mais il faut peut-être attribuer la pénurie botanique actuelle de cette partie de la montagne à l'incendie qui, en 1881, a détruit presque entiérement la végétation des rocailles supérieures, ainsi qu'une partie des bois de Pins. La descente sur Denia s'effectue d'abord à travers les coulées d'é- boulis presque à pic qui partent de la base du roc de la Cueva Menor, puis ensuite à travers des garrigues et des vignes, où aucune plante non signalée dans les listes précédentes n'a attiré mon attention. En résumé, l'ascension du Mongo, massif relativement peu élevé (115 mètres), mais dont la base touche à la mer méme, est une des courses les plus productives qu'il soit possible de faire dans la province d'Ali- cante, car, relativement à la valeur et au nombre des espéces qu'on peut y récolter, celte montagne ne le cède guère à la sierra Mariola (1), dont la renommée s'étend fort loin dans l'est de la Péninsule. D^ Sierra de Segarria. g De toutes les plantes intéressantes signalées jusqu'alors dans les envi- rons de Denia, une seule avait échappé à mes recherches : c'était P Are- (1) Voyez Bulletin, t. XXVIII, p. 160 et suiv. 55. naria valentina Boiss., indiqué seulement, d'aprés l'herbier Pavon, au Mongo et à la sierra de Segarria. Ne Payant point trouvé sur le Mongo, je ne voulais pas quitter Denia sans avoir fait le possible pour récolter cette rare espèce. Dans ce but, et malgré l'aspect dénudé de la sierra de Segarria, se dressant derrière le bourg d'Ondarra, je me décidai le 4 juin à en faire l'ascension. Mais l'aridité de cette chaîne et la diffi- culté de gagner la partie supérieure des « peñas » qui la couronnent, ne m'engageaient nullement à y passer la journée entière, désirant seulement essayer de rencontrer l'Arenaria. Nous allàmes donc de Denia jusqu'à une habitation sise au pied méme de la sierra, non loin du village de Vergel, et où nous laissámes la « tartana ». Me dirigeant tout d'abord vers les premiers grands rochers qui des- cendent jusqu'à mi-hauteur de la chaine, je recueillis encore, au-dessus des excavations ou galeries creusées dans le roc, l'Hippocrepis fruticosa var. valentina, qui y est pourtant rare. Les Sarcocapnos crassifolia DC. subspec. speciosa, Stellaria media Vill. var. australis Nob. (S. apetala Ucria non Bor.), Umbilicus gaditanus Boiss.,Centaurea intybacea Lamk., Parietaria lusitanica L. var. hispanica Nob., Cheilanthes odora Sw., Asplenium Petrarchæ DC., tapissaient les rochers voisins. Je suivis ensuite la base des grands rochers, en récoltant dans les rocailles : SÉANCE DU 95 JANVIER 1884. minor Biscutella lævigata L. var. collina Nob. (B. collina Jord.). — coronopifolia L. var. glareosa Nob. (B. glareosa Jord.). — stenophylla Duf. Helianthemum origanifolium Lamk. Silene glauca Pourr. Tunica saxifraga Scop. Galium parisiense L. var. vestitum Gren. et Godr. Asperula aristata L. var. macrosiphon Lge. Galactites Duriæi Spach. Carduus granatensis Willk. Scorzonera graminifolia L. var. Willk. (S. pinifolia Gouan). Borrago officinalis L. var. saxicola Nob. Serofularia sciaphila Willk. var. inter- media Nob. Teucrium capitatum L. var. intermedium Rouy. Lavandula multifida L. Rosmarinus officinalis L. Plantago Psyllium L. Mercurialis annua L.forma ambigua J. Müll. (M. ambigua L. f.). Et enfin un pied, malheureusement unique et presque défleuri, d'une espèce fort rare que j'ai déjà récoltée en 1879 à Játiva, où jusqu'alors elle était seulement connue : le Crambe glabrata DC. Il m'a toutefois semblé en apercevoir un autre pied suspendu prés du sommet d'un rocher sur lequel je pris encore: Erodium petreum L'Hérit. var. valen- tinum Lge. (E. valentinum Boiss. et Reut.), Scabiosa saxatilis Cav. Lavandula dentata L. Bientôt je me trouvai en face d'une éminence (peñon) au pied de laquelle existe une petite propriété et quelques maigres cultures: c'est à partir de cet endroit que dans toutes les fissures abonde l'Arenaria va- lentina, que l'on trouve méme jusqu'auprés d'une petite source située sur le flanc du peñon. 56 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Mon ambition était amplement satisfaite, car dans ma boite se trou- vaient alors non seulement l'Arenaria valentina, mais aussi quelques autres plantes qu'il n'y avait guére lieu de s'attendre à rencontrer là. Il ne me restait donc plus qu'à regagner Denia; mais, mis en goût par ces découvertes, et malgré la chaleur accablante nous annonçant un orage prochain, je crus devoir faire un léger détour afin d'explorer le peñon. — Entre les grands rochers et la propriété que j'ai signalée ci-dessus, végètent de nombreux pieds de Phlomis purpurea L., puis aussi : Helianthemum asperum Lag. var. grandiflo- | Orobanche minor Sutt. rum Willk. s.-var. latifolium. Phelipæa nana Rchb. f. Erodium chium Willd. Sideritis pungens Benth. Malva althæoides Cav. Satureia cuneifolia Ten. var. obovata Boiss, Lathyrus saxatilis Boiss. (S. obovata Lag.). Santolina Chamæcyparissus L. var. virens | Thesium divaricatum A. DG. Willk. (S. squarrosa Willd.). Enfin, au bord des champs rocailleux, en descendant sur Vergel, je recueillis de plus: Anthyilis tetraphylla L., Astragalus pentaglottis L., Lathyrus setifolius L., Hyoseris scabra L., Euphorbia flavicoma DC. var. hispanica Nob., Phalaris brachystachys Link. — Retour à Denia. Ainsi comprise, cette excursion ne demande pas plus de six à sept heures. . SÉANCE DU 8 FÉVRIER 1884. PRÉSIDENCE DE M. DUCHARTRE. M. G. Bonnier, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 25 janvier, dont la rédaction est adoptée. Par suite de la présentation faite dans la derniére séance, M. le Président proclame membre de la Société : M. Maurice HovELACQUE, rue des Sablons, 88, à Paris, présenté par MM. Bertrand et Duchartre. M. le Président fait connaitre à la Société la composition des diverses commissions nommées par le Conseil dans sa derniére séance, conformément aux Statuts. SÉANCE DU 8 FÉVRIER 1884. 57 1* Commission de comptabilité : MM. E. Cosson, Ad. Larcher, E. Roze. 2 Commission des archives : MM. Mangin, Marès et A. Ramond. 3° Commission du Bulletin : MM. Bescherelle, Bornet, Buffet, Bureau, Franchet, Eug. Fournier, E. Malinvaud, Mer, Prillieux, Van Tieghem, et MM. les membres du Secrétariat. 4 Comité consultatif, chargé de la détermination des plantes de France et d'Algérie soumises à l’examen de la Société : MM. Bainier, Cornu, E. Cosson, Eug. Fournier, Franchet, Malinvaud, Petit, Poisson, et Rouy. 5° Commission chargée de formuler une proposition relative au siège et à l'époque de la Session extraordinaire: MM. G. Bonnier, Bornet, Cosson, L. Olivier, Petit et J. Vallot. Dons faits à la Société : P. Brunaud, Contributions à la flore mycologique de l'Ouest (Helvel- lacées, Trémellinées, Périsporiacées). Ch. Flahault, Sur quelques formes de Nostoc. M. Gandoger, Menthe nove, fasc. IL. À. Magnin, Fragments lichénologiques. Malbranche et Letendre, Champignons nouveaux ou peu communs récoltés en Normandie, 2* liste. Motelay et Vendryés, Monographie des Isoétées. Ch. Naudin, Mémoire sur les Eucalyptus introduits dans la région méditerranéenne. Em. Planchon, Catalogue des graines récoltées en 1883 au Jardin des plantes de Montpellier. Ch. Bagnet, Nouvelles acquisitions pour la flore belge. Th. Christy, New commercial Plants and Drugs. G. Fragoso, Apuntes para la flora de la provincia de Sevilla. — Cryptogames. M. le Président lit une lettre de M. F. Sarrazin, qui remercie la Société de l'avoir admis au nombre de ses membres. M. Mer fait à la Société la communication suivante : 58 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. RECHERCHES SUR LE MÉCANISME ET LA CAUSE DE LA PÉNÉTRATION DANS LE SOL ET DE L'ENRACINEMENT DE L'EXTRÉMITÉ DES TIGES DE RONCE, par M. Ém. MER. On sait qu'à l'automne l'extrémité des tiges de Ronce pénétre dans le sol et se couvre de radicelles. La région ainsi enterrée devient le siége d'un abondant dépôt d'amidon et se transforme en tubercule. En méme temps le bourgeon qui la termine se redresse. Ce phénoméne a déjà été l'objet des recherches de plusieurs observateurs, et, pour ne citer que ceux des dernières années, de MM. Germain de Saint-Pierre et Lefèvre, qui se sont contentés de décrire le phénoméne (1). Plus récemment, M. Costantin s'est attaché à faire ressortir les différences de structure ana- tomique des régions souterraine et aérienne (2). Enfin M. Wiesner a fait une étude plus approfondie du sujet, en cherchant à découvrir le méca- nisme et la cause de la pénétration en terre (3). Je n'ai lu la notice de M. Wiesner qu'aprés avoir terminé mes études sur la méme question, et comme mes conclusions sont sur plusieurs points différentes des siennes, je me décide à les publier. Elles n'infirment du reste en rien celles de M. Wiesner; mes observations complétent seulement les siennes et éclai- rent la question sous un jour différent. I.— Le mode d'enracinement de la Ronce varie beaucoup, suivant les individus. Tantót l'extrémité pénètre en terre dés qu'elle touche le sol ; tantót, avant de s'y enfoncer, elle rampe plus ou moins longtemps à sa surface. La longueur de la partie rampante atteint parfois 60 centimétres. La reptation peut méme n'étre jamais suivie de pénétration. Enfin, dans certains cas assez rares, l'extrémité de la Ronce se transforme en tuber- cule et se couvre de radicelles rudimentaires, sans étre arrivée au contact du sol. On doit donc distinguer dans une tige de Ronce, pendant la période de son développement annuel, une région ascendante, une région de courbure, une région descendante, une région rampante et une région souterraine, ces deux dernières pouvant l'une ou l'autre, et parfois l'une et l’autre, faire défaut. A la fin de l'automne, on trouve à peine des traces de feuilles sur les parties souterraine et rampante; celles de la partie ascendante ont également disparu. Il n'en subsiste le plus souvent que dans la région de courbure et dans le haut de la région descendante. La (1) Germain de Saint-Pierre, Bull. Soc. bot. de France, t. XXII, p. iu; Lefèvre, ibid. t. XXIV, p. 366. (2) Bull. Soc. bot. de France, t. XXIX, p. 76, Ann. sc. nat. et Bot. 1883. (3) Comptes rendus de l'Acad. impér. des sc. de Vienne (4 janvier 1883). SÉANCE DU 8 FÉVRIER 1884. . HON longueur des entrenceuds varie beaucoup dans ces diverses régions, sui- | vant l'époque de leur apparition. Dans la région ascendante, qui se déve- loppe au printemps, les entrenœuds sont plus courts que dans la région de courbure, et dans celle-ci plus que dans la région descendante, toutes deux développées en été; mais c'est surtout dans les régions ram- pante et souterraine, qui sont produites à l'automne que cette briéveté- est le plus prononcée. D’après un certain nombre de mesures, j'ai con- staté que si l'on représente par 8 la longueur moyenne des entrenœuds dans la région de courbure, cette longueur est de 10 dans la région des- cendante, et de 4 dans la région rampante. La diminution de longueur. est déjà appréciable dans la derniére partie de la région descendante. En méme temps que les entrenœuds deviennent plus courts, les feuilles se réduisent dans leurs dimensions; elles finissent par n'étre plus représen- tées que par de très petites languettes. Dans les individus vigoureux, on , observe parfois ces languettes sur 10 et 15 nœuds. La région souterraine, devenant le siége d’un abondant dépôt d’amidon, se transforme en tubercule de grosseur variable. Tantôt ce tubercule est très volumineux, tantôt il est un peu plus gros seulement que la partie aérienne. Dans certains cas, l’augmentation de diamètre est limitée à la région souterraine; assez fréquemment elle s'étend à la région rampante contigué et méme à une portion plus ou moins longue de la région descen- dante. En général le tubercule est d'autant plus gros et s'étend sur une longueur d'autant plus grande, que la végétation de l'individu auquel il appartient est plus vigoureuse. Le plus souvent l'extrémité de la tige s'enracine seule; quelquefois, mais rarement, les bourgeons latéraux, insérés sur la portion de la région rampante la plus rapprochée de l'extrémité, se développent en rameaux qui pénétrent en terre et s'enracinent. C'est ce qui se remarque sur les individus très vigoureux. Dans ce cas, les entrenœuds de la région ram- pante sont parfois garnis de radicelles, mais en général les rameaux ne s'enracinent pas. Toutefois, quand le sommet de la tige a été mutilé ou coupé, le bourgeon le plus voisin se développe en rameau qui remplace l'extrémité de la tige et s'enracine dans le sol. Les radicelles ne sont géné- ralement pas insérées à l'origine de la région soulerraine, mais un peu au delà. Ce résultat ne peut s'expliquer qu'en supposant qu'elles apparais- sent seulement aprés que la tige a commencé à s'enterrer, ou bien en admettant avec M. Wiesner qu’elles naissent avant la pénétration de la tige dans le sol, et qu'en se raccourcissant, elles y attirent celle-ci. Si l'observation n'est pas toujours favorable à cette derniére maniére de voir, il faudra donc expliquer : 4° pourquoi les extrémités de Ronce pénètrent dans le sol; 2 pourquoi elles se couvrent ensuite de radicelles. Bien que trés fréquent, l'enracinement des tiges de Ronce n'est pas 60 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cependant général. Il en est qui, ayant une croissance peu active, mattei- gnent pendant la durée de leur végétation qu’une faible longueur et ne se recourbent même pas. On n’y observe donc qu’une région ascendante. D'autres, après être entrées dans la période descendante, ne s'allongent pas assez pour toucher le sol. En général ce sont les individus à végéta- tion vigoureuse qui s'enracinent (1). Ce fait, joint à quelques-uns de ceux qui ont été cités plus haut, tels que l’enracinement des rameaux dans les individus vigoureux ou dans ceux dont le sommet a été supprimé, montre déjà que le phénoméme en question se trouve sous la dépendance de la nutrition. IT. — Cette relation devient plus manifeste par l'examen de la réparti- tion de l'amidon dans la tige, quelque temps aprés la pénétration en terre de son extrémité. Cette substance se distribuait de la maniére suivante dans une Ronce de vigueur moyenne que j'ai examinée. Prés du bour- geon terminal, l'amidon remplissait toutes les cellules de la moelle, celles des rayons médullaires et de l'écorce. A un centimètre en arrière du bourgeon, on observait déjà une différence notable. Les cellules médul- laires étaient différenciées : les unes, plus petites, à parois plus épaisses, tantót isolées sur une coupe transversale, tantót réunies par groupes de deux à trois, renfermaient seules de l'amidon (2). Cette substance était surtout abondante dans les cellules de la moelle annulaire. On la ren- contrait aussi dans les rayons médullaires et l'écorce. A 3 centimètres du bourgeon terminal (vers l'origine de la région souterraine dans l'exemple considéré), on ne voyait plus d'amidon que dans les cellules de la moelle annulaire les plus rapprochées des rayons et dans les parties de ces der- niers contigués à la moelle annulaire. Enfin, à 50 centimétres en arriére de la pointe, on retrouvait de nouveau cette substance dans les petites cellules de la moelle, dans la moelle annulaire et les rayons. L'amidon de la tige était donc attiré des parties voisines dans le tubercule souterrain, et surtout à son extrémité. Immédiatement en arriére de lui, se trou- vait une région de laqueHe l'amidon avait presque entièrement émigré. Ce n'est qu'à une certaine distance qu'on retrouvait cette matière, l’attraction exercée par le bulbe ne s'étant pas fait sentir jusque-là. Dans les individus trés vigoureux, on ne remarque pas de zone presque entiérement dépourvue d'amidon, comme le montre l'exemple précité ; tandis que dans ceux qui sont peu vigoureux, presque tout l'amidon de la (1) Ces individus se reconnaissent à la grosseur de leur tige, à l'ampleur de leurs feuilles et au grand nombre de leurs entrenœuds (parfois 20 à 30). (2) La moelle de la Ronce appartient à la catégorie des moelles réticulées d'A. Gris. Les cellules amylifères y sont disposées en un réseau dans les mailles duquel se trou- vent des cellules dépourvues d'amidon, bien plus vastes et à minces parois. SÉANCE DU 8 FÉVRIER 1884. 61 tige s'est concentré dans le tubercule. Au contraire, dans les individus non enracinés et dépourvus de tubercule, on rencontre fort peu d'amidon prés du bourgeon terminal. De ces diverses observations il résulte que l'extrémité de la Ronce, dés qu'elle est parvenue au contact du sol, attire avec une grande énergie la matière amylacée renfermée dans le reste de la tige. C'est grâce à cette accumulation d'amidon que l'extrémité de celle-ci s'épaissit, que ses tissus se modifient et qu'elle acquiert la structure plus ou moins caractérisée d'un tubercule. Comme ce sont précisément les individus les plus vigou- reux, ceux dont la réserve en matière amylacée est par conséquent le plus considérable, qui parviennent dans leur croissance à toucher le sol, on comprend pourquoi les régions qui précédentle bourgeon terminal renfer- ment cette substance plus abondamment dans les tiges qui parviennent jusqu'à la terre que dans celles qui restent dressées. Cette différence dans la répartition de l'amidon doit aussi étre attribuée à ce que dans ces der- niéres toute végétation est arrétée au sommet dés le début de l'automne, par suite de l'abaissement de la température, tandis que l'influence du froid se fait moins sentir sur l'extrémité des Ronces qui rampent dans les herbes, les feuilles mortes, ou sous terre. La végétation s'y poursuit sans interruption. On conçoit dès lors que l'amidon soit attiré dans cette ré- gion, où se concentre l'activité végétative de toute la plante. Mais l'obser- vation montre que si la croissance se continue, elle ne le fait qu'avec un grand ralentissement, et c'est précisément parce que l'emploi de l'ami- don à l'édification des nouveaux tissus est loin d’être proporlionnel à son appel, qu'il s'y dépose aussi abondamment. III. — Au commencement de l'été, les tiges de Ronce sont généralement dressées ; cependant on en voit parfois qui rampent dés cette époque, mais ne paraissent pas encore aptes à pénétrer dans le sol. C'est du moins ce qui ressort de quelques expériences que j'ai faites au mois de juin (1). Il n'en est plus ainsi à l'automne. Vers le milieu de septembre (2), j'ai vu les extrémités des tiges de Ronce qui avaient déjà atteint le sol s'incur- ver vers celui-ci. Les unes y pénétraient peu de temps aprés l'avoir touché. Généralement elles rampaient un certain temps à la surface avant d'y pénétrer, ce qui dépendait de la vigueur du sujet et de la résistance plus ou moins grande offerte par le terrain. Parfois la région située en arrière (4) J'ai enterré les extrémités de plusieurs Ronces trainantes, en ayant soin de maintenir humide la terre qui les recouvrait. Je n'ai vu apparaitre ni trace de géo- tropisme, ni radicelles. Mais peut-étre l'espace de quinze jours, pendant lesquels s'est prolongée l'expérience, était-il insuffisant, peut-étre aussi la sécheresse qu'il faisait à cette époque a-t-elle été un obstacle. (2) Cette observation était faite dans les Vosges, entre 700 et 800 mètres d'altitude. 62 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de la pointe se relevait en décrivant une courbe plus ou moins accusée, et l'extrémité de la tige, redescendant verticalement, appuyait sur terre le bourgeon terminal. L'aspect était à peu présle méme que celui d'une forte radicule de Mais placée sur un substratum humide. Les extrémités de Ronce qui se trouvaient ainsi enfouies dans les herbes et les feuilles mortes, par conséquent à l'abri de la lumière, se distinguaient déjà des régions supérieures par une coloration plus pàle et une consistance plus molle. Elles étaient en méme temps plus épaisses, ce qui se remarquait aussi sur celles qui, commençant seulement à toucher le sol, restaient encore exposées à la lumière. Parfois la région rampante était tordue, onduleuse (indice d'une puissante nutation), formant des anses à cour- bures opposées, analogues à celles qu'on remarque sur les radicules des germinations placées dans un air humide à la surface d’un sol tassé (1). A cette époque, on ne remarquait pas encore un dépôt sensible d'amidon. M. Wiesner, dans le mémoire précité, attribue l'entrée des Ronces dans le sol à l'action des radicelles qui, d’après lui, se développeraient toujours prés du bourgeon terminal avant la pénétration en terre de celui-ci. Ces radicelles, s’enfonçant dans le sol, se raccourcissant conformément aux observations de H. de Vries sur les racines en général, attireraient ainsi le bourgeon dans le sol. M. Wiesner s’élève contre l’objection qui pour- rait lui étre faite (opinion qu'il parait seulement prévoir, car il ne cite aucun auteur comme l'ayant formulée), à savoir que l'introduction dans le ‘sol serait due directement au rameau, à la suite d’une courbure géotro- pique et sans le secours des radicelles. Tout invraisemblable que puisse paraitre ce fait à M. Wiesner, il n'en existe pas moins, car j'ai observé d'une manière trés nette l'existence de ces courbures géotropiques sur un grand nombre d'individus. J'ai eu en outre maintes fois l'occasion de constater que les rameaux commengaient à pénétrer dans les herbes, les feuilles mortes et méme en terre, alors que leur extrémité ne portait que des rudiments de radicelles, ou méme en était encore complétement dépourvue. Seulement, pour observer ces faits, il est nécessaire de saisir le moment propice, el, dans une méme localité, cette période est assez courte, car peu de temps auparavant lestiges ne sont pas encore parvenues au contact du sol; un peu plus tard elles sont enterrées et couvertes de radicelles. Il peut donc y avoir pénétration en terre sans radicelles, de méme que (1) je retüarquais souvent que l'extrémité recourbée ne s'enfoncait pas immédiate- ment, soit que la nutation ne füt pas assez énergique, soit que le sol füt trop résistant à cet endroit, soit que le rameau ne maintint pas sa position assez fixe, condition indis- pensable, ainsi qu'on le sait, à la pénétration en terre des racines. Il est probable que la reptation des Ronces sous les herbes facilite leur enfouissement, en leur donnant plus de stabilité, ainsi que le font les poils radicaux. SÉANCE DU 8 FÉVRIER 1884. 63 l'apparition des radicelles peut se produire sans que la pénétration en soit la conséquence. Je ne prétends pas que les radicelles n'apparaissent jamais avant la pénétration du bourgeon terminal dans le sol, ne la facilitent pas, n'en soient méme souvent la cause déterminante. Mais ce que je tiens à établir, c’est que l'extrémité des tiges de Ronce tombantes est affectée à cette époque de l'année d'un géotropisme mauifeste, et que ce géotropisme est une des causes et souvent la seule cause de la pénétration, quaud les ra- dicelles font défaut par exemple. Lorsque celles-ci se développent ensuite, les observations de M. Wiesner montrent qu'elles facilitent et aclivent l'enfouissement du bourgeon terminal. L'accomplissement de cet acte est donc favorisé par des causes multiples. IV. — Puisque le géotropisme de l'extrémité de la Ronce est manifeste à une certaine époque de l'année, il reste à en rechercher la cause im- médiate. D’après ce qui précède, ce géotropisme coincide avec le ralentis- sement de la croissance et l'accumulation des matières nutritives qui en est la conséquence. Or les exemples dans lesquels les tendances géo- tropiques ou apogéotropiques se trouvent modifiées par la nutrition sont trés nombreux : 1° On sait que, lorsque l'extrémité d'un arbre est supprimée, l'une des branches les plus voisines se reléve, aequiert une plus grande vigueur parce qu'elle absorbe les matières nutritives qui se rendaient à la partie terminale, et tend à remplacer cette derniére. C'est ce qui se remarque principalement dans les Abies (1). L'apogéotropisme des branches se trouve donc ainsi augmenté par suite de la plus grande somme de nourriture mise à leur disposition. Il en est de méme pour le géotropisme des racines. M. Sachs, en effet, a montré que si l'on sectionne le pivot, une ou plusieurs radicelles qui jus- qu'alors eroissaient obliquement prennent une direction plus verticale. Ch. Darwin a obtenu des résultats semblables en entravant l'arrivée des matières nutritives dans les flèches et dans les pivots, à l'aide de pinces fixées à demeure qui en comprimaient les tissus. J'ai observé des effets analogues à la suite de gelées printanières qui avaient détruit une partie des bourgeons dans les branches basses d Abies excelsa et pectinata, en respectant ceux des branches élevées. Ces derniers donnérent naissance à des rameaux de dimensions anormales, par suite de la grande quantité de substances plastiques qui leur arrivaient. Les fléches acquirent des dimensions inusitées (70 à 80 centimètres). Ill en fut de même des rameaux du dernier verticille; mais, en outre, ceux-ci, au lieu de rester (4) Dans Y'A. excelsa, j'ai constaté que ce remplacement de la flèche par une branche d'un verticille inférieur peut se faire, méme quand celle-ci est âgée de plusieurs années. 64 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. comme d'habitude horizontaux, se redressèrent plus ou moins jusqu'à devenir presque verticaux et paralléles à la fléche. En méme temps, au lieu de conserver une direction rectiligne, ils acquéraient des formes sinueuses dues probablement à la nutation énergique dont ils étaient le siège. à Ces mêmes courbures en sens divers se remarquaient dans la flèche. Sur quelques individus, certains bourgeons latéraux des branches avaient été gelés, tandis que d'autres, moins avancés dans leur croissance ou mieux abrités, ne l'avaient pas été. Les rameaux provenant de ces der- niers, ayant profité de la nourriture destinée à ceux qui avaient péri, s'étaient développés davantage et étaient devenus verticaux; ce qui don- nait à ces arbres une apparence bizarre. — M. de Bary a fait remarquer que les bourgeons d'Abies pectinata attaqués par l'Œcidium elatinum donnent naissance à des rameaux verticaux. Les branches qui se dévelop- pent ensuite sur ces rameaux, au lieu d’être disposées comme d’habitude au nombre de deux dans un même plan, le sont suivant un verticille, au nombre de 4, 5, 6, de sorte que ces rameaux ont l'aspect d'autant de petits arbres. 9» M. Meehan cite deux espèces d'Euphorbe et le Portulaca oleracea dont les branches, d’ordinaire horizontales ou obliques, se dressent ver- ticalement quand elles sont attaquées par un OEcidium. 3° M. Elfving rapporte que les rhizomes de Sparganium ramosum croissent horizontalement dans la terre, mais qu'ils se redressent lors- qu'ils se développent dans l'eau. Il est probable que dans ce milieu l'ac- croissement est ralenti et que les matières plastiques s'accumulent dans le rhizome. Le méme résultat est obtenu, suivant cet auteur, quand on courbe jusqu'à fendillement la tige aérienne de cette plante ou quand on la tord. Il en serait à peu prés de méme, suivant Kraus, dans le Triticum repens. Lorsque le rhizome de cette plante est en partie immergé, il tend à devenir apogéotropique, tandis que dans la terre il est diagéotropique. Il devient également apogéotropique quand on supprime la partie aérienne. 4 Pendant l'été, les rhizomes de Lysimachia vulgaris, qui poussent prés des cours d'eau, s'étendent horizontalement dans le liquide ; les entrenœuds sont longs, et les feuilles sont représentées par de simples écailles. Mais quand à l'automne l'accroissement se ralentit, les entre- nœuds deviennent trés courts; des radicelles s'y forment. En méme temps l'extrémité du rameau se redresse brusquement, de telle facon que le bourgeon terminal dépasse la surface de l'eau. Sur les rameaux vigoureux, les bourgeons latéraux des derniers entrenœuds se dévelop- pent à l'automne en rameaux dont les nœuds sont trés rapprochés et mu- nis de radicelles, comme le rameau terminal; leur extrémité se recourbe aussi en l'air. L'aspect de ces rhizomes rappelle done celui de la Ronce. SÉANCE DU 8 FÉVRIER 1884. 65 Le sens des courbures est seulement différent. Comme dans cette plante, l'exirémité se transforme en tubercule et emmagasine de l'amidon. Dans les exemples qui viennent d'étre cités, le ralentissement de la croissance augmente le géotropisme (ce terme étant pris dans son accep- tion la plus générale), mais elle l'augmente dans le sens propre à l'or- gane, c'est-à-dire que la tige tend à devenir plus apogéotropique et la racine plus géotropique. Toutefois il est des cas où, pour le même motif, cette modification a lieu en sens inverse. C'est ainsi que, lorsque des graines de Pois, Lentille, Avoine, etc., sont mises à germer sur des flotteurs, les radicules ou radicelles qui se développent dans l'eau ont une croissance lente pendant les premiers temps de la germination et acquiérent une assez grande épaisseur. C'est au bout d'un certain temps seulement que, paraissant s’être habituées à ce milieu, elles acquièrent un accroissement plus rapide et deviennent plus minces. Or, pendant la pre- mière période, leur géotropisme est modifié. Elles s'étendent obliquement, horizontalement, et méme parfois remontent vers la surface du liquide ; en méme temps elles sont sinueuses, forment des boucles plus ou moins accentuées. Dans la deuxième période, au contraire, elles sont verticales et rectilignes. Le même effet se remarque quand [on immerge une radicule qui jusque-là s'était développée dans des milieux terrestres (air, terre, sciure de bois, Sphagnum, feuilles mortes, etc.). Le ralentissement de la croissance causé par le changement de milieu diminue dans tous ces cas le géotropisme des racines, et en même temps augmente leur nutation. Il semble méme que toute modification importante dans la nutrition d'un organe ait une tendance à faire varier son géotropisme et à accroitre sa nutation, et que cela arrive aussi bien quand il y a affaiblissement dans la nutrition que lorsqu'il y a augmentation. C'est probablement pour ce motif que les flèches d'Epicea, dominées par le couvert d'autres arbres, sont sinueuses et se courbent en divers sens. J'ai montré que dans ce cas leur nutrition est trés affaiblie (1). — Les rameaux d'Abies excelsa sont d'autant plus apogéotropiques que leur croissance est plus vigoureuse. En méme temps la division des feuilles en deux rangées séparées par une raie longitudinale tend à disparaitre. Or, j'ai remarqué que sur de jeunes individus appartenant à cette essence, qui avaient souffert d'une transplantation effectuée dans de mauvaises conditions, ou qui se trou- vaient envahis par des herbes, les rameaux, trés gréles, se dressaient presque verticalement au lieu de s'étendre en direction horizontale, ainsi que cela a lieu sur des sujets de vigueur moyenne. La raie séparatrice des feuilles avait aussi disparu. Ainsi un grand affaiblissement, comme un (1) Bull. Soc. bot. de France, t. XXX, p. 77 et suive T. XXXI. (SÉANCES) 5 06 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. excés de vigueur dans la végétation, parait produire sur le géotropisme des rameaux de cet arbre des effets analogues. C'est en m'appuyant sur les nombreux faits énumérés plus haut que je crois pouvoir attribuer la courbure automnale des extrémités de Ronce aux modifications produites dans le géotropisme de cette plante par le ralentissement de sa croissance à cette époque de l'année, ainsi qu'à l'ac- cumulation de nourriture qui en est la conséquence. L'aphéliotropisme ne parait pas d'ailleurs intervenir dans le phénoméne, car on voit des Ronces pénétrer aussi bien dans le sol sous un épais massif d'herbes et de feuilles mortes, par conséquent dans un milieu presque entièrement obscur, qu'en terrain découvert. V. — Il est maintenant facile d'expliquer l'apparition des radicelles sur les tubercules de Ronce. Elles sont dues à l'accumulation anormale d'amidon dans cet organe. Si elles peuvent se développer quand celui-ci rampe à la surface du sol, de méme que lorsqu'il n'y est pas encore par- venu, on comprend que leur production soit plus assurée lorsque le tu- bercule a pénétré sous terre. Sa croissance est en effet encore plus ralentie, parce que, aux causes précédentes, s'ajoute l'entrave occasionnée par la végétation dans le sol (1). L'accumulation d'amidon devient alors plus considérable, circonstance qui, jointe à l'humidité du milieu et à sa situation abritée, favorise le développement des radicelles. Ces organes donnent au tubercule un surcroît d'activité végétative, d’où résulte un appel d'amidon plus énergique encore. Par suite de cette nutrition anor- male, le géotropisme de l'organe se trouve de nouveau modifié, et le bour- geon terminal se redresse. M. Wiesner attribue, à ce que j'ai cru comprendre, l'épaississement de l'extrémité des tiges de Ronce à la double absorption d'eau et de matières nutritives effectuée, d'un cóté par les radicelles dont est garnie cette extré- mité, de l'autre par le systéme radiculaire de la plante. Mais cette cause n'est pas la seule, car l'observation montre que la présence des radicelles à l'extrémité de la tige n'est pas indispensable à sa tuberculisation, puisque, en général, le sommet s'épaissit avant que les radicelles appa- (1) L'observation suivante montre que la présence d'obstacles, en ralentissant davan- tage encore la croissance, favorise la production des radicelles. J'ai eu l'occasion d'exa- miner un tubercule de Ronce qui s'était introduit verticalement de quelques centimétres entre des pierres et dont l'extrémité s'était aplatie contre elles. Il était très renflé et couvert de radicelles rudimentaires. Les exemples d'apparition de radicelles, à la suite d'un ralentissement dans da croissance, sont du reste assez fréquents. Quand, en été, les rameaux de Ranunculus aquatilis, arrivés à la surface de l'eau, sont couverts de feuilles nageantes, leur crois- sance en longueur, si rapide jusqu'alors, se trouve ralentie. Ils deviennent]le siège d'un dépót d' amidon assez abondant. Cette partie de l'axe se garnit alors de radicelles et de rameaux latéraux. SÉANCE DU 8 rÉvRIER 1884. 67 raissent, et parfois même sans qu'elles se forment ou qu’elles arrivent même à toucher le sol. D’après ce qui a été dit plus haut, cet épaississe- ment provient de l'accumulation anormale d'amidon dans l'extrémité de la tige des individus vigoureux, par suite du ralentissement de l'accroisse- ment en longueur. De ce qu'il peut se produire sans qu'il y ait contact avec le sol, on aurait tort de conclure que la pénétration en terre ne joue aucun róle dans le phénoméne. En effet, la végétation dans un milieu humide, à l'abri de la lumière et offrant à l'allongement de l'axe une ré- sistance plus ou moins grande, facilite la croissance en diamètre que favo- rise aussi la présence des radicelles. Outre que celles-ci, par leur activité végétative, constituent autant de centres d'attraction sur la substance amylacée, elles enrichissent, ainsi que le croit avec raison M. Wiesner, les tissus en développement du tubercule par les substances qu'elles absorbent. Les partisans des causes finales se demanderont quelle peut étre l'uti- lité de la pénétration en terre et de l'enracinement des Rouces. En voyant cet acte se produire à l'automne, on pourrait penser qu'il a pour but de préserver les bourgeons de la destruction par le froid. 1l est incontestable que l'extrémité enterrée se trouve mieux préservée des gelées; mais cette précaution n'est-elle pas en général superflue? La Ronce ne parait pas étre d'un tempérament trés délicat. Aprés un froid quiatteignit 12 degrés pendant huit jours au mois de décembre dernier, j'ai examiné les bour- geons terminaux d'un assez grand nombre de Ronces non enracinées, et je n'ai pas constaté qu'ils fussent gelés. A la vérité, pendant l'hiver rigou- reux 1879-80, les parties aériennes des Ronces périrent, mais il en fut de méme dans beaucoup d'autres plantes qui ne s'enracinent jamais. Si la pénétration en terre de la Ronce s'effectue dans un but utile, de nouvelles recherches sont nécessaires pour mettre le fait en évidence. M. Van Tieghem fait à la Société la communication suivante : SUR UNE MANIÈRE DE DÉNOMMER LES DIVERSES DIRECTIONS DE COURBURE DES OVULES, par M, Ph. VAN TIEGHEM.. Je demande à la Société la permission d'appeler un instant son atten- tion sur l'utilité qu'il y a de dénommer les diverses directions de cour- bure des ovules et sur la convenance qu'il me parait y avoir à emprunter dans ce but quelques expressions simples qui sont d'usage courant en Morphologie. Il est assez rare, on le sait, qu'en se développant, l'ovule eroisse égale- ment Lout autour de son axe de figure, qu'il soit orthotrope. Le plus sou- 68 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. vent sa croissance est inégale et s'opére de facon à présenter un maximum le long de l'une des deux lignes du contour situées dans le plan de symé- trie, un minimum le long de la ligne opposée; il en résulte une forte courbure de l'axe de figure dans le plan de symétrie. Si la flexion se pro- duit autour du milieu du corps ovulaire comme charniére, l'ovule est campylotrope; si elle a lieu autour du hile comme charniére, le corps ovulaire demeurant droit et se rabattant tout entier contre le funicule, l'ovule est anatrope; je laisse de cóté les formes intermédiaires. Qu'il y ait campylotropie ou anatropie, la courbure se produit tantót verticale- ment, tantót horizontalement. Ne considérons pour le moment que la courbure dans le plan vertical : elle peut avoir lieu dans deux directions opposées. Si l'ovule est horizontal, par exemple, il s'infléchit soit vers le haut, soit vers le bas; il est facile alors d'exprimer cette différence par la position respectivement supére ou infère du micropyle, parce que cette position ne dépend pas du mode de placentation axile ou pariétale. Mais ' si l’ovule est dressé, pour définir ces deux mêmes courbures inverses par la position, toujours infère dans ce cas, du micropyle, il faut em- ployer des expressions, non-seulement différentes des premiéres, mais qui changent suivant le mode de placentation, et dire le micropyle res- pectivement interne ou externe, quand la placentation est axile, respec- tivement externe ou interne, au contraire, quand elle est pariétale. ll en est de méme, mais en sens inverse, si ovule est pendant; le micropyle est alors respectivement externe ou interne quand la placentation est axile, respectivement interne ou externe, au contraire, quand elle est pariétale. On voit done que, pour caractériser, dans les trois cas, les deux modes de courbure verticale des ovules, on est conduit à des périphrases qui, devant tenir compte en méme temps de la direction des ovules dans l'ovaire et du mode de placentation, prennent nécessairement, toutes les fois que ces deux derniers éléments varient, une forme différente pour exprimer le méme mode de courbure et une forme semblable pour dé- finir les deux flexions inverses, ce qui est bien fait pour dérouter l'éléve. Or, on sait que le sens de la courbure des ovules est un caractére beau- coup plus constant, et par suite beaucoup plus important que leur direc- tion horizontale, dressée ou pendante, et que le mode axile ou pariétal de leur placentation. De sorte que c'est précisément l'objet principal et constant à définir que ces périphrases ont le défaut de noyer au milieu d'autres objets accessoires et variables. Particuliérement frappé de cet inconvénient pendant que je rédigeais la dernière partie de mon Traité de Botanique, où j'ai exposé en détail les caractères morphologiques dé la fleur dans les diverses familles des Angiospermes, j'ai été conduit à chercher une expression claire et pré- SÉANCE DU 8 FÉVRIER 1884. 69 cise qui püt s'appliquer directement et dans tous les cas à l'objet en ques- tion. A la vérité, je suis loin d’être le premier à qui cette difficulté ait apparu et qui ait cherché à en sortir. Il y a longtemps qu'Agardh a pro- posé de dire l'ovule anatrope épitrope, quand il est réfléchi vers le haut, anatrope apotrope quand il est réfléchi vers le bas. Mais il faut convenir que l'homophonie de ces nouveaux adjectifs avec ceux qui désignent déjà la position de la charniére dans la courbure en rend l'emploi bien diffi- cile; et de fait, ils n'ont été appliqués que rarement et par exception, ils n'ont pu devenir classiques. L'ovule est, comme on sait, de nature foliaire; il est constitué par un lobe ou segment différencié de la feuille carpellaire. On est donc conduit à chercher s'il n'existe pas déjà, en morphologie foliaire, des termes courants pour désigner des phénoménes analogues à ceux dont il est ici question. ' Il est assez rare que la feuille ou segment de feuille, pendant son déve- loppement, croisse également tout autour de son axe de figure, de maniére à demeurer droite (Pin, Sapin, etc.), ce qui correspond au cas de l'ovule orthotrope. Le plus souvent sa croissance est inégale, offre un maximum le long de l'une des deux lignes du contour qui sont dans le plan de symé- trie, un minimum le long de la ligne opposée : d’où une courbure de l'axe de figure dans le plan de symétrie. Tantót c'est la face dorsale qui s'accroit davantage etla courbure a lieu vers le haut : la feuille est dite alors hyponaste. Tantôt la croissance prédomine au contraire sur la face ven- trale, et la flexion s'opére vers le bas : la feuilleest dite alors épinaste. Il ya hyponastie dans le premier cas, épinastie dans le second. Par une extension naturelle, quand les bords de la feuille s'incurvent aussi, on dira qu'il y a exonastie, sila flexion marginale a lieu vers la face supé- rieure du limbe ; endonastie, si elle s'opère vers la face inférieure. Puisque l'ovule est un lobe de feuille et que la flexion qui le rend campylotrope ou anatrope, suivant le point autour duquel elle se fait, est due, comme daus la feuille, à une inégalité de croissance, il parait légi- time, donnant aux mêmes choses les mêmes noms, d'appliquer aux divers modes de cette flexion les termes que je viens de rappeler. Si l'on ne considére d'abord, comme on l'a fait plus haut, que les deux flexions verticales, on dira donc que l'ovule, campylotrope ou anatrope, est hypo- naste, toutes les fois que sa courburea lieu vers le haut; épinaste, toutes les fois qu'elle s’opère vers le bas: Dans le cas, très fréquent aussi, comme chacun sait, où l'ovule se courbe horizontalement vers la nervure médiane du cóté de la face supérieure du carpelle, il sera dit exonaste. S'il lui arrivait de se courber horizontalement vers le bord du carpelle, il serait dit endonaste. Ainsi défini, le sens de courbure des ovules demeure souvent constant 10 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dans toute l'étendue d'une famille, malgré les changements qui peuvent s’y opérer dans la direction des ovules et dans leur mode de placen- tation. Par exemple, l'ovule est hyponaste : avec anatropie, dans les Typhacées,! Thyméléacées, Cupulifères, Ménispermées, Euphorbiacées, Rhamnées, Ombellifères, Borraginées, Valérianées, Composées, etc.; avec campylotropie, dans les Morées, Cannabinées, Celtidées, Cruciféres, elc. Il est épinaste : avec anatropie, dans les Graminées, Cypéracées, Triglo- chinées, Nyctaginées, Protéacées, Eléagnées, Monimiacées, Lauracées, Buxées, Papavéracées, Célastracées, Vitées, Cornées, Convolvulacées, Labiées, Dipsacées, etc.; avec campylotropie, dans les Chénopodiacées, Phytolaccacées, Caryophyllées, Portulacées, etc. Il est exonaste dans les Liliacées, Amaryllidées, Iridées, Scitaminées, etc. Ce caractére permet de distinguer l'une de l'autre des familles trés voisines : c'est ainsi que les Thyméléacées différent des Eléagnées, les Euphorbiacées des Buxées, les Rhamnées des Vitées, les Ombellifères des Cornées, les Borraginées des Labiées, les Composées des Dipsacées, ete., notamment parce que l'ovule est hyponaste dans les premières, épinaste dans les secondes. Ailleurs il varie dans la méme famille. Il aide alors à caractériser les tribus : ainsi l'épinastie de l'ovule distingue les Lépidocaryées des autres Palmiers, les Limnanthées des autres Géraniacées; chez les Anacar- diacées, les Anacardiées ont l'ovule épinaste, tandis qu'il est hypo- naste dans les Bursérées; parmi les Rosacées, il y a hyponastie dans les Prunées, Rosées, Chrysobalanées, épinastie dans les Pyrées; parmi les Renonculacées, il y a épinastie dans les Renonculées et Clématidées, exonastie dans les Helléborées, etc., etc. Ou bien il sert à définir cer- tains genres aberrants : ainsi le genre Nitraria se distingue de toutes les autres Zygophyllées, et le genre Illicium de toutes les autres Magno- liacées par l'épinaste des ovules, tandis que le genre Aitonia diffère de toutes les autres Sapindacées par des ovules hyponastes. Il serait facile de multiplier ces exemples. M. Gaston Bonnier présente à la Société un échantillon d'une Bactériacée formant une masse blanche volumineuse, découverte par M. Gomont sur le bord de certains étangs en Normandie, et que MM. Bornet et Gomont ont fait récolter à Chaville aux élèves dans une des dernières herborisations de l'École Normale supé- rieure. Il ajoute à ce sujet quelques observations, et compare au Leuconostoc mesenleroides V. T. cet organisme qu'il se propose d'étudier et de cultiver. M. Van Tieghem rappelle à ce sujet une remarque qu'il a déjà SÉANCE DU 8 FÉVRIER 1884. 71 faite devant la Société sur la grande dimension et la forte consis- tance que le thalle des Bactériacées peut acquérir dans certaines circonstances naturelles, bien qu'il soit de mode aujourd'hui d'ap- peler les Bactériacées des microbes. Yl fait observer que celle-ci, par exemple, peut étre apercue et récoltée en herborisation plus facilement que bien des espèces d'Agaries. M. Morot fait à la Société une communication Sur l'analomie des Basellacées (1). ADDITION A LA SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1883. EXCURSIONS BOTANIQUES EN ESPAGNE, par M. &. ROUYX (suitc). Il. MADRID. De passage à Madrid, revenant en France, mon premier soin fut d'aller voir mon aimable et érudit correspondant dans cette ville, M. le docteur Blas Lázaro é Ibiza, secrétaire de la Sociedad Linneana Matritense. M. Lázaro me recut de la facon la plus cordiale, et, sur mon désir de faire en sa compagnie une ou plusieurs excursions aux environs de la capitale, il fut convenu que, dès le lendemain, nous nous rendrions au Cerro Negro, puis qu'ensuite le parc royal de la Casa de Campo, que j'avais déjà parcouru l'année précédente dans la société de M. A. Guillon, aurait notre visite, et qu'enfin nous terminerions nos explorations autour de Madrid par une herborisation à la Mar de Ontigola, prés d'Aranjuez. Avant de nous séparer, M. Lázaro me fit faire connaissance avec un de mes honorables collègues de la Société botanique de France, M. le docteur Gonzalez Fragoso, qui nous accompagna le lendemain au Cerro Negro. Voici le compte rendu succinct de ces trois excursions : 1° Cerro Negro. On comprend, sous la dénomination de Cerro Negro, non une seule éminence, mais toute une série de petits mamelons qui s'étendent depuis (1) Le manuscrit de M. Morot n'étant pas encore parvenu au Secrélariat, sa commu- nication sera imprimée ultérieurement. 72. SOCIÉTÉ BOTANIQUE. DE FRANCE. les bords du Mauzanarez et le chemin de fer d'Andalousie, jusqu'à Val- cares, sur une longueur de plusieurs kilométres. I] ne pouvait entrer dans nos vues de parcourir, en un laps de temps relativement court, une] aussi grande étendue de terrain, en majeure partie couverte de cultures et présentant d'ailleurs, me dit M. Lázaro, une certaine uniformité botanique. Notre excursion se borna donc à l'explo- ration des champs, terrains incultes et garrigues herbeuses situés entre la ville, le Manzanarez et les lignes d'Andalousie, et de Madrid à Sara- gosse. Dans les lieux vagues ou sur les talus du chemin de fer, nous vimes en abondance plusieurs espéces ubiquistes; citons parmi les moins vul- gaires : Trigonella polycerata L., Orlaya platycarpos Koch, Crucia- nella angustifolia L., Echinops strigosus L., Echinaria capitata Desf., Ægilops triuncialis L. Dans les champs situés avant le monticule plus particulièrement dénommé Cerro Negro, et qui se trouve sur le bord de la ligne d'Anda- lousie, croissent : Malcolmia patula DC. var. gracilis Nob. (M. castellana Rouy olim). Reseda lutea L. var. mucronulata (R. mu- cronulata Tin.). Lathyrus erectus Lag. Linaria filifolia Lag. Calamintha graveolens Benth. var. interme- dia Nob. (C. rotundifolia Willk. p.,p.). Trigonella polycerata L. var. pinnatifida Lge. (T. pinnatifida Cav.). Rumex tingitanus /. Polygonum Bellardi All. Au Cerro Negro méme, nous constatons, rare, l Astragalus scorpioides Pourr., et, plus abondants, les : Eruca sativa L. var. polysperma Rouy (E. orthosepala Lge.). Erodium ciconium Willd. Ononis viscosa L. Medicago rigidula Desr. (M. Gerardi W. et K.). Astragalus Stella Lamk. Onobrychis matritensis Boiss. et Reut. Hippocrepis scabra DC. Valerianella discoidea Loisel. Microlonchus spinulosus sP. NOV. Hedypnois tubæformis Ten. Linaria amethystea Hoffg. et Link. — cæsia DC. Salsola vermiculata L. var. villosa Mog. (S. villosa DC.). Nardurus tenellus Reichb. var. genuinus Godr. Dans les champs maigres, situés sur le plateau, existent : Adonis au- tumnalis L., Silene cretica L., Vicia narbonensis L., V. calcarata Desf., Onopordon nervosum Boiss., Bromus squarrosus L. et var. villo- sus (B. villosus Gmel.), et çà et là, fort rare, le Cynara Tournefortii Boiss. et Reut. Les garrigues herbeuses procurent, entre autres plantes intéressantes : Astragalus narbonensis Gouan, Carduncellus Monspeliensium All., Teucrium capitatum L., Thymus Zygis L., etc. — Retour à Madrid. SÉANCE DU 8 FÉVRIER 1884. 73 X Casa de Campo. J'ai déjà mentionné, dans le compte rendu de mes Excursions en Espagne en 1881 et 1882 (1), un certain nombre de plantes récoltées dans le parc royal de la Casa de Campo. Mais, grâce à la parfaite con- naissance que posséde M. Lázaro des plantes intéressantes de cette loca- lité, nous pümes recueillir en outre, sur le bord des ruisseaux ou dans les lieux boisés humides : Ranunculus hederaceus L. Cynoglossum pictum Ait. var. umbrosum Rosa Pouzini Tratt. var. nuda Crép. Nob. — — var. subintrans Crép. Scrofularia lyrata Willd. Lonicera hispanica Boiss. et Reut. Aristolochia longa L. Dans les champs herbeux : Papaver hybridum L., Cynara Tourne- fortii Boiss. et Reut. (toujours rare et par pieds isolés), Onopordon ner- vosum Boiss., O. Acanthium L., Senecio gallicus Chaix var. difficilis DC., Micropus erectus L., Campanula Læflingii Brot. var. matritensis Lge., Lithospermum apulum L. Parmi les taillis de Quercus Ilex L.: Cistus ladaniferus L. var. albi- florus Willk. et var. maculatus Willk., Silene hirsutissima Otth var. laxiflora Nob. (S. laxiflora Brot.), Anthyllis lotoides L., Galium diva- ricatum Lamk. var. tenellum Nob. (G. tenellum Jord.). Dans les garrigues ou dans les sables des chemins : Diplotaxis virgata DC. Anagallis linifolia L. Malcolmia patula DC. et var. gracilis Nob. | Nonnea alba DC. Helianthemum guttatum Mill. var. Linnæi | Scrofularia canina L. et var. pinnatifida Willk. (H. eriocaulon Dun.). Boiss. (S. pinnatifida Brot.). Biserrula Pelecinus L. Linaria amethystea Hoffg et Link. Tillæa muscosa L. : Cleonia lusitanica L. Evax exigua DC. Enfin, je retrouvai et fis récolter à M. Lázaro l Andryala Rothia Pers., croissant principalement sous les Pins, avec ses variétés major, stricta et ramosa Nob. 9? Aranjuez et la Mar de Ontigola. Tout a été dit sur Aranjuez, le Versailles de l'Espagne, dont la flore a été des mieux explorées par de nombreux botanistes ou collecteurs. Je me bornerai donc à signaler ici les plantes que M. Lázaro et moi nous avons rencontrées, le 10 juin 1883, entre cette ville et la Mar de Ontigola, ainsi qu'autour de l'étang salé qui porte ce nom. (1) Voyez Revue des sciences naturelles, années 1882 et 1883 74 Partis de Madrid par le premier train du matin, nous arrivàmes à . Aranjuez vers neuf heures; et, aprés une légère collation destinée à permettre de supporter plus facilement la température élevée et un retard obligatoire sur l'heure de notre déjeuner, nous primes la direction des trois coteaux séparant Aranjuez de la Mar de Ontigola. Sur ces émi- nences, dont la végétation était déjà bien avancée, nous trouvàmes encore : SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Arabis parvula Duf. — auriculata Lamk. Erysimum Kunzeanum Boiss. et Reut. Eruca vesicaria Cav. Helianthemum salicifolium L. var. macro- carpum Willk., var. gracile Nob. (H. intermedium Thib.) et var. bra- chycarpum Nob. Reseda Phyteuma L. var. integrifolia Texid. Alsine tenuifolia Crantz var. confertiflora Fenzl. Trigonella polycerata L. var. minor Nob. (T. polyceratoides Lge.) Bupleurum opacum Lge. — semicompositum L. Crucianella angustifolia L. Scabiosa stellata L. Artemisia Herba-alba Asso var. glabrescens Boiss. (A. valentina Lamk.). Filago Pseudo-Evax Rouy. — spathulata Presl var. erecta Willk. Micropus bombycinus Lag. Asteriscus aquaticus Less. var. pygmæus Schultz Bip. Crupina vulgaris Cass. Xeranthemum inapertum Willd. Leontodon hispanicum Mér. Campanula Erinus L. Androsace maxima L. Lithospermum apulum L. Cleonia lusitanica L. Zizifora hispanica L. Statice echioides L. Avellinia tenuicula Nym. (Vulpia tenuicula Boiss. et Reut.). Bromus squarrosus L. Nardurus tenellus Reichb. var. genuinus Godr. Le versant qui touche à un petit marais formant la queue de la Mar de Ontigola nous procure : Helianthemum squamatum Pers. — strictum Pers. var. racemosum Rouy (H. racemosum Dun. ). -— strictum Pers. var. genuinum. Fumana glutinosa Boiss. var. hispidula Nob. (F. hispidula Losc. Pard.). Frankenia Reuteri Boiss. Silene tridentata Desf. Ononis viscosa L. Hedysarum humile L. var. major Lge. (H. Fontanesii Boiss.).. Sedum gypsicolum Boiss. et Reut. Centaurea hyssopifolia Vahl. Linaria glauca Ait. Thymus Zygis L. Dactylis glomerata L. var. australis Willk. (D. hispanica Roth). Kæleria castellana Boiss. et Reut. et var. villosa Willk. Vulpia gypsophila Hackel. Scleropoa rigida Gris. var. glaucescens Guss. Dans le marais, M. Lázaro me fit récolter son Lavatera rotundata, non encore bien en fleur; nous y vimes aussi: Pulicaria dysenterica Giertn., Cirsium monspessulanum All. — Au bord du chemin, sur les berges et prés de l'écluse séparant le marais de la mar méme, existent : Lepidium Cardamines L. >< L. ambiguum Lge. (L. Cardamines x L. subulatum), L. subulatum L., Onopordon nervosum Boiss., Nonnea alba DC., Statice dichotoma Cav., Dactylis glomerata L., Lepturus in- curvatus Trin. Dans l'étang croît le Ranunculus Baudotii Godr. var. fluitans Gren. et Godr. SÉANCE DU 8 FÉVRIER 1884. 15 Notre retour à Aranjuez s'effectua par les coteaux qui dominent, sur la gauche, la partie méridionale de la Mar de Ontigola. C'est là que pousse le gigantesque Reseda bipinnata Willd. (R. suffruticosa Lœf., R. gi- gantea Pourr. sec. Lge.), et que se rencontrent également : Matthiola tristis R. Br. Conringia orientalis Bess. Alyssum serpyllifolium Desf. Iberis subvelutina DC. Biscutella laxa Boiss. et Reut. var. stricta Nob. (B. sempervirens DC.). Helianthemum paniculatum Dun. var. ge- nuinum Willk. — asperum Lag. var. grandiflorum Willk. s.-var. angustifolium. — hirtum Pers. var. teretifolium Dun. Fumana glutinosa Boiss. var. juniperifolia Willk. (Helianthemum juniperifolium Lag.). Reseda Gayana Boiss. var. brevipes Rouy. — Luteola L. var. australis J. Müll. Silene Almolæ J. Gay. Malva trifida Cav. var. genuina et var. he- terophylla Willk. et Costa. Haplophyllum hispanicum Spach var. Bar- relieri Nob. Astragalus gypsophilus SP. NOV. Pistorinia hispanica DC. Pimpinella dichotoma Cav. Inula montana L. Serratula pinnatifida Poir. Andryala ragusina L. Campanula decumbens A. DC. Omphalodes linifolia Mænch. Teucrium capitatum L. var. polioides Rouy. — gnaphalodes Vahl s.-var. albiflorum (T. lanigerum Lag.). Salvia lavandulæfolia Vahl. Macrochloa tenacissima Kunth. Stipa Lagascæ R. et Sch. Enfin, au bord des champs, croissant en société du Reseda. lutea L. var. hispidula J. Müll., et non loin du R. stricta Pers. (R. erecta Lag.), abondant sur les coteaux qui dominent la route, je recueillis un pied de Reseda ramosissima Pourr. — A Aranjuez, après un déjeuner bien mé- rité, nous n'eümes plus qu'à attendre le train qui nous ramena à Madrid dans la soirée. Le lendemain, je prenais congé de MM. Lázaro et Fragoso, et il était entendu avec le premier de ces botanistes que, en 1884, à mon passage à Madrid, nous prendrions nos dispositions pour aller à Toléde et consacrer trois ou quatre jours à l'exploration des montagnes qui avoisinent cette ville. Je souhaite vivement que nous puissions l'un et l'autre mettre à exécution ce beau projet, car cette excursion est une de celles que depuis longtemps je me propose de faire; l'aimable compagnie de M. Lázaro ne pourra que la rendre plus fructueuse. 16 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SÉANCE DU 22 FÉVRIER 1884. PRÉSIDENCE DE M. DUCHARTRE. M. G. Bonnier, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 8 février, dont la rédaction est adoptée. M. le Président annonce une nouvelle présentation, et donne ensuite lecture d'une circulaire de M. le Ministre de l'Instruction publique, relative à la vingt-deuxième réunion des Sociétés savantes à la Sorbonne, du 15 au 19 avril prochain. M. G. Bonnier donne lecture de la communication suivante : SUR LA DÉTERMINATION DES RIVULAIRES QUI FORMENT DES FLEURS D'EAU, par MM. Éd. BORNET et Ch. FLAHAULT. Il y a longtemps déjà qu'on a remarqué l'apparition presque subite d'Algues microscopiques à la surface des eaux. Par une comparaison assez naturelle avec ces petits flocons qui se développent sur le vin, la biére, le vinaigre, dans certaines conditions d'altération, on a désigné d'une ma- niére générale, sous les noms de Fleurs d'eau, Flos aque, Wasserblüthe, les organismes assez divers qui constituent ces nappes flottantes. Souvent la floraison des eaux est aussi fugace qu'elle a été rapide; une averse copieuse, un changement dans la direction ou la force du vent, la font par- fois disparaître en quelques heures. Accumulées dans certains cas sur un étroit espace, jetées en masse à la cóte par les coups de vent, les Fleurs d'eau s'y décomposent en exhalant une infecte et pénétrante odeur de marécage à laquellé on a plusieurs fois attribué une influence fâcheuse sur la santé de l'homme et des animaux. Les Fleurs d'eau le plus communément signalées dans l'eau douce sont l'Aphanizomenon Flos-aquæ Ralfs (Limnochlide Kützing), les Ana- bena Flos-aque Kützing et circinalis Rabenhorst, le Clathrocystis eruginosa Henfrey, le Celosphericum Kützingianum Nægeli, etc. Dans les mers chaudes, le Trichodesmium | Ehrenbergii Montagne couvre parfois des étendues immenses. Mais ce ne sont pas les seules Algues qui donnent naissance à ce phénomène. Les Rivulariées, notam- ment, ont été assez souvent observées, surtout dans ces derniers temps, àl'état de Fleurs d'eau. Nous nous proposons de rassembler ici ces observations, qui appellent sur plusieurs points des remarques critiques. SÉANCE DU 22 FÉVRIER 1884. 77 Notre but serait atteint si ce petit travail avait pour résultat de pro- voquer une étude plus complète des Rivulaires flottantes (4), dont la détermination, tant générique que spécifique, est encore des plus incer- taines. Rappelons d'abord que parmi les genres établis aux dépens de l'ancien genre Rivularia, il en est un, le plus répandu dans les eaux douces, qui se distingue des autres par la présence de grandes spores cylindriques situées à la base des trichomes, immédiatement au-dessus de l'hétérocyste. Les trés jeunes individus n'ont pas de spores, et sont par conséquent indé- terminables génériquement. Pourtant, méme chez de trés petits exem- plaires, on arrive à trouver les premiéres traces des spores lorsqu'on les cherche avec persévérance. Ce sont les exemplaires les plus fermes et les plus opaques chez lesquels on ale plus de chance de les rencontrer. La premiére mention que nous connaissions de Rivulaire flottante re- monte à l'année 1804. Dans la planche 1378 de l'English Botany (1™ édi- tion), Smith représente sous le nom de Conferva echinulata (Rivularia echinulata in indice) une Algue consistant en petits globules formés de filaments rayonnant autour d'un point central solide. Cette Algue, décou- verte par le Rév. H. Daviessur un lac de l'ile d'Anglesey, est indubitable- ment une Rivulariée ; mais, sans échantillons authentiques, il nous parait impossible d'en déterminer le genre et l'espéce (2). Grâce à des exemplaires originaux contenus dans l'herbier de Lenor- mand, nous savons d'une maniére un peu plus précise ce que sont les plantes observées par M. Dickie en 1846, 1847 et 1848 dans les environs d'Aberdeen (3), et qu'il a distribuées sous ce méme nom de Rivularia echinulata. L'Algue est jeune; ses filaments, en voie de reproduction par hormogonies, ont les cellules remplies de granules noirátres. Quelques spores commencent à se former. Celles-ci sont assez développées pour montrer qu'il s'agit d'un Glæotrichia, mais pas assez pour fournir des caractères spécifiques suffisants. Selon toute apparence, le Rivularia echinulata de M. Dickie est un Glootrichia Pisum jeune; il ne nous parait pas possible d'étre plus affirmatifs. (1) Par Rivulaires flottantes, nous entendons exclusivement ici les plantes de petite dimension et de grandeur uniforme qui constituent les Fleurs d'eau; il n'est pas ques- tion des formes ordinaires, telles que les Glæotrichia natans et punctulata, dont les frondes de toutes grosseurs se rassemblent à la surface des eaux tranquilles. (2) Le Conferva (Rivularia) echinulata Smith se trouve sous le nom d'Echinella ar- ticulata dans C. Agardh (Syst. Alg. p. 16) et dans Harvey (Hook. Brit Fl. ed. 1'*, II, p. 398; Man. of. Brit. Alg. p. 187). Le genre Echinella, fondé par Acharius pour des productions aquatiques de nature douteuse, a été ensuite appliqué à des Diatomées, des Desmidiées, etc. Il a disparu de la nomenclature. (3) Botanist's Guide to Aberdeen, Banff and Kincardine, 1880, p. 310. 78 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Dans le 3° volume de ses Tabule phycologice (p. 4, t. 18, fig. 11), M. Kützing décrit et figure sous la dénomination de Chætophora puncti- formis une Algue du lae d'Ellesmere, dans le comté de Shrop (Angle- terre). Il l'avait reçue de J. Ralfs comme Rivularia non déterminé. La couleur et la densité du thalle de cette production (atra, durissima), la consistance de ses gaines et leur cohérence (frichomatibus.... maxime cohærentibus ; vaginis cartilagineis duris....), rendent entièrement vrai- semblable, malgré l'apparence indécise dela figure, que la détermination générique de Ralfs était juste. L'auteur ne disant pas si le Chætophora punctiformis était flottant ou fixé, nous n'aurions pas fait mention de cette plante si M. Cooke (Grevillea, t. X, 1882, p. 112) ne croyait devoir la rattacher au Rivularia echinulata de l'English Botany, ainsi qu'à une Rivulaire trouvée en 1880 dans le méme lac d'Ellesmere par M. W. Phil- lips. Dans une note intitulée : Breaking of the Meres, qui a paru dans le volume IX du Grevillea (septembre 1880, p. 4, pl. cxxxiv), M. Phillips nous apprend que, dans la saison où il écrit (août), plusieurs des lacs du Shropshire se couvrent parfois d'une épaisse écume verte qui persiste pendant une ou plusieurs semaines, et que cette écume est formée par l'Echinella articulata Agardh. C'est, ajoute M. Phillips, une croyance accréditée parmi les pécheurs qu'il est inutile de pécher quand l'eau est dans cet état, parce que le poisson passe pour malade et ne veut pas mordre. Le texte ne contient aucun détail technique, les figures ne repré- sentent que des filaments jeunes; rien par conséquent ne permet, à qui n'a pas vu la plante en nature, de savoir si elle doit étre rangée parmi les Glæotrichia ou classée parmi les Rivularia proprement dits. Aucun doute ne subsiste au contraire relativement au Rivularia Echi- nulus Areschoug (Alg. Scand. exsic. ser. 2*, n° 315, 1872) Cette plante a été récoltée dans une fontaine prés de l'angle septentrional du lac de Trehórning, en Suède. Elle était mêlée à l'Anabena Flos-aque et flottait dans l'eau comme une poussière d'un vert jaunàtre. Les spores, bien développées, sont semblables, pour la forme et la grandeur, à celles du Glæotrichia Pisum. En 1878, M. le professeur Cohn a fait connaitre, sous le nom provi- soire de Rivularia fluitans (Hedwigia, 1818, t. XVI, p. 1), une Rivu- lariée découverte l'année précédente par le docteur A. Schmidt dans la riviére Leba, prés de Lauenburg, en Poméranie. La plante couvrait un espace de plusieurs milles d'étendue. Ses globules avaient l'apparence et la grandeur de colonies de Volvox et étaient si nombreux, que l'eau parais- sait complétement verte. Le phénoméne dura trois jours avec des inter- mittences périodiques; il se manifestait dans sa plusgrande intensité vers le milieu du jour et disparaissait le soir. D'abondantes pluies d'orage qui survinrent le firent cesser complètement. Nous avons constaté sur des SÉANCE DU 99 FÉVRIER 1884. 79 échantillons de cette Algue, les uns secs, les autres conservés dans l'al- cool, des commencements de spores bien caractérisées. Quelques-unes de celles-ci mesurent environ 35 v de longueur sur 7 à 12 » de large. On peut done affirmer que l'Algue de la Leba est un Gleotrichia. En lab- sence de spores assez avancées, il est hasardeux d'aller au delà. Tout au plus, si l'on considère les trichomes peu serrés et la consistance molle de la. plante, l'inégalité d'épaisseur el la faible longueur relative des spores, la présence de gaines bien nettes dans quelques individus, tout au plus pourrait-on soupconner que nous n'avons pas affaire au Glæotrichia Pisum. Des observations ultérieures dont la Leba fournira l’occasion pro- chaine, puisque l'apparition dont M. Schmidt a été témoin ne parait avoir été ni la première, ni la seule qui se soit présentée dans cette rivière, résoudront définitivement la question. En cette méme année 1877, M. Chr. Gobi observa dans la mer, sur la cóte méridionale du golfe de Finlande, des amas de Rivulaires flottantes qui formaient, mêlées à l’ Aphanizomenon Flos-aque, de grandes trainées sur les eaux tranquilles du golfe (Hedwigia, 1878, XVI, p. 37). Ces trai- nées disparaissaient quand la mer était agitée et se reformaient au retour du calme. M. Gobi crut d'abord que cette Algue était marine. D'aprés des renseignements qu'il a bien voulu coinmuniquer à l'un de nous, M. Gobi a reconnu depuis qu'il n'en était rien, et que cette Rivulaire avait été apportée à la mer par les ruisseaux voisins. M. Gobi regarde l'Algue qu'il a observée comme identique au Rivularia fluitans Cohn, nom qu'il pro- pose de changer en celui de R. Flos-aquæ. Nous devons à l'obligeance de l'auteur d'avoir étudié sa plante. Bien que jeune encore, elle a néan- moins des spores assez développées pour mettre hors de doute qu'elle a sa place à côté du Glæotrichia Pisum. Les Rivulaires flottantes ne sont pas propres à l'ancien continent. En juillet 1882, une espéce apparut en immense quantité sur le lac de Water- ville, Lesueur county, Minnesota, dans les États-Unis d'Amérique. La mort subite d'un certain nombre d'animaux domestiques qui avaient bu de l'eau du lac appela sur cette particularité l'attention des riverains, et M. J. C. Arthur, de l’lowa Agricultural College, a publié sur ce sujet une note insérée dans le Bulletin de l'Académie des sciences naturelles de Minnesota, vol. IT, mai 1883. Enfin, au mois d'aoüt 1883, M. le profes- seur W. G. Farlow a trouvé le lac Minnetonka, Minnoseta, couvert de Rivu- laria fluitans et de Nostoc ceruleum. Le lendemain il s'éleva un grand vent, et ces Algues disparurent, Nous avons vu les Rivulaires recueillies par MM. Arthur et Farlow: elles sont jeunes comme presque toutes celles qui ont été observées en Europe ; cependant, dans quelques exemplaires, se montrent déjà des spores assez avancées pour qu'on ne puisse pas hésiter à les mettre dans le genre Glæotrichia, tout prés du G. Pisum. 80 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Ajoutons que cette dernière espèce se trouve dans les lacs de la méme région, attachée à diverses plantes aquatiques, et qu'il ne semble pas possible de la séparer par aucun autre caractére de la plante flottante sur les eaux. De l'exposé précédent il résulte que les Rivulariées qui donnent nais- sance au phénoméne des Fleurs d'eau paraissent devoir étre toutes rap- portées au genre Glæotrichia. Leur détermination spécifique est moins süre. Dans quelques cas il n'y a pas de différence appréciable entre elles et quelques-unes des formes groupées sous le nom de Glæotrichia Pisum; mais le plus souvent les plantes sont trop jeunes pour qu'il soit possible de les rattacher à une des espéces connues ou de les caractériser comme espèces distinctes. L'observation suivie des plantes sur place, dans leur lieu natal, conduira seule à une conclusion certaine et définitive, le fait d'étre flottantes ne constituant pas à lui seul un caractére dis- tinctif. Examinons maintenant par quels moyens des Glæotrichia, d'abord submergés ou fixés, peuvent donner naissance à ces myriades d'individus flottants. On sait que ces plantes se multiplient de deux maniéres : par spores hibernantes et par hormogonies. Les spores produites à la fin de la végé- tation annuelle s'accumulent dans la vase au fond des riviéres et des marais. Le printemps venu, elles germent. Le filament germinatif repro- duit immédiatement une colonie de Glæotrichia (de Bary, Bornet et Thuret), ou se coupe en hormogonies qui se dispersent et deviennent autant d'individus distincts. Ceux-ci formés, leurs trichomes ne cessent de pro- duire, tout en se rajeunissant à mesure, des essaims d'hormogonies, Source inépuisable de nouveaux individus qui se répandent autour de la plante mére. Si l'on veut bien considérer qu'un seul filament germinatit donne une moyenne de 5 hormogonies, que chacune de celles-ci produit en quelques jours un trichome capable d'en fournir autant, on compren- dra la rapidité avec laquelle, en trés peu de temps, une masse innom- brable de jeunes peuvent se développer sous l'influence de conditions biologiques exceptionnellement favorables. Que l'eau s'échauffe alors, qu'un soleil radieux détermine une assimilation énergique, des bulles de gaz se produiront dans l'intérieur des cellules, s’emprisonneront entre les trichomes si la plante est pleine, dans sa cavitési elle est creuse, et bientôt, détachée du fond, chacune des petites sphérules viendra flotter à la surface de l'eau. L'affaiblissement de l'intensité lumineuse a pour effet de dimi- nuer la quantité de gaz émis; celui-ci se dissolvant, les colonies s'en- foncent. C'est là sans doute l'explication de l'apparition et de la dispari- tion périodiques de la Rivulaire de la Leba signalées par M. Schmidt. SÉANCE DU 22 FÉVRIER 1884. 81 Le phénoméne du soulévement des Algues à la surface de l'eau par des bulles de gaz emprisonnées dans la masse des espéces filamenteuses, dans les replis des espéces étalées en membranes ou creusées de cavités intérieures, est connu depuis longtemps; nous l'avons maintes fois observé sur une foule de plantes dans les marais du midi de la France. Il arrive souvent que, flottantesou fixées, ces Algues conservent le méme caractére, le méme aspect, et qu'on ne songe pas à voir dans cette différence d'état une différence spécifique. Il n'en est pas toujours de méme surtout pour les Algues inférieures. Bon nombre de Nostochinées (Tolypothrix, Scy- tonema, Lyngbya) offrent une apparence différente, suivant qu'elles gazonnent au fond de l'eau ou viennent s'étaler à sa surface. La longueur des filaments, l'épaisseur et la couleur des gaines, la coloration des trichomes, présentent souvent des dissemblances aussi notables que troinpeuses. De là l'établissement de tant d'espéces de cabinet, qui n'au- raient jamais été proposées si l'on eüt mieux étudié les conditions dans lesquelles elles ont pris naissance. M. Van Tieghem fait à la Société la communication suivante : SUR LES FEUILLES ASSIMILATRICES ET L'INFLORESCENCE DES DANAE, RUSCUS ET SEMELE, par M. Ph. VAN TIEGHEM. La famille des Liliacées renferme, dans sa tribu des Asparagées, trois genres voisins : Danae, Ruscus et Semele, remarquables par une singu- lière anomalie morphologique, qui chez le premier n'intéresse que l'ap- pareil végétatif, mais chezles deux autres retentit plus tard sur l'inflores- cence. Cette anomalie a recu les interprétations les plus diverses, et bien que la question soit entrée depuis quelques années dans la voie d'une solution définitive, il ne parait pas qu'elle se trouve encore complètement élucidée. C'est ce qui me décide à communiquer à la Société les résul- tats auxquels j'ai été conduit sur ce point par l'étude anatomique compa- rative des cinq espèces qui composent ces trois genres, savoir : les Danae racemosa, Ruscus Hypophyllum, R. Hypoglossum, H. aculeatus et Semele androgyna. Quelques mots d'abord sur l'état de la question. Guidés par la forme extérieure, tous les anciens botanistes, je veux dire Linné, ses prédécesseurs et ses successeurs jusque dans les premiéres années de ce siécle, regardaient les lames vertes des Ruscus comme des feuilles, et quand elles portent fleurs et fruit, comme des feuilles floriféres et fructifères. Sans doute ils commettaient l'erreur de les considérer comme des feuilles ordinaires, c'est-à-dire comme les propres feuilles de T. XXXI. (SÉANCES) 6 82 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. la tige et des branches, tournant leur face dorsale en bas, leur face ven- trale en haut; mais il aurait suffi de corriger ce point, et de donner au mot florifère le sens morphologique qu'il a reçu depuis dans plusieurs cas analogues, pour arriver tout de suite à la vérité. Au lieu de cela, quand Turpin eut remarqué, en 1820, que les feuilles propres de la tige et des branches demeurent rudimentaires dans les Ruscus, et que les lames vertes sont situées à leur aisselle, du fait seul de cette situation axillaire il s'em- pressa de conclure que ces lames sont autant de rameaux aplatis en forme de feuille. Chose singulière, cette conclusion, si peu en harmonie avec la forme extérieure de l'organe, si contraire méme à l'évidence, surtout quand on considère les espèces autres que le Ruscus aculeatus, a été aussitôt et sans autre preuve admise et enseignée par tous les maîtres en morphologie, et, par suite, unanimement acceptée. En terminant cette note, on essayera d'expliquer ce trop facile accueil. Seuls, Nees d'Esenbeck et Koch se sont, en 1837, rapprochés des anciens botanistes, en regardant la lame verte comme composée d'une feuille, mais d'une feuille toujours unie avec le rameau axillaire dont elle procéde jusque vers le milieu de sa nervure médiane et libre seulement au delà; il faut ajouter que cette opinion, d'ailleurs toute théorique et dénuée de preuves, n'a trouvé pen- dant longtemps aucun crédit. Ce n'est que tout récemment, en 1877, que notre regretté confrère Duval-Jouve l'a reproduite devant la Société botanique, en la modifiant et la fondant, ainsi modifiée, sur des preuves tirées de l'anatomie; à la vérité, ces preuves ne paraissent pas avoir con- vaincu tout le monde, sans doute parce qu'elles sont incomplètes et qu'elles laissent sans explication plusieurs des difficultés du sujet. Duval-Jouve s'est borné à l'étude du Ruscus aculeatus, et il y dis- tingue avec raison deux cas, suivant que la lame verte est stérile ou qu'elle perte fleurs (1). Quand elle est stérile, la lame est, contrairement à l'opi- nion de Koch, une simple feuille, parce que toute son anatomie, notam- ment dans la disposition et la structure des faisceaux libéro-ligneux, est celle d'une feuille ordinaire. Il eût fallu montrer encore que la structure d’un véritable rameau aplati est tout à fait différente. Ensuite l’auteur se demande ce qu'est cette feuille, et il répond : C'est la première feuille du rameau axillaire, sa préfeuille, au-dessus de laquelle le rameau a avorté. Mais de.cela il ne donne aucune preuve, oubliant que l'anatomie pouvait lui en fournir une, à la fois simple et décisive, comme on le verra plus loin. Quand elle est fertile, la lame est formée, dans sa moitié inférieure et jusqu'au groupe floral, par la concrescence du rameau axillaire avec sa (1) Duval-Jouve, Étude histotaxique de ce qu'on appelle les cladodes des Ruscus (Mé- moires de l'Académie des sciences de Montpellier, t. IX, 1877). — Étude histotaxique des -cladodes du.Ruscus aculeatus (Bull. Soc. bot. de France, t. XXIV, avril 1877). SÉANCE DU 22 FÉVRIER 1884. 83 préfeuille; dans sa moitié supérieure, au delà du groupe floral, elle est une simple feuille, comme dans le cas précédent. En effet, dans la région inférieure, l'auteur distingue, unis dans un parenchyme commun, deux systèmes libéro-ligneux différents : celui de la feuille, étalé dans un plan, et celui du rameau, formant un cylindre autour d'une moelle; tandis que dans la région supérieure, le premier continue seul, le second ayant pé- nétré dans le groupe floral. En un mot, les choses se passent ici comme dans l'inflorescence du Tilleul et des ‘cas analogues : Bougainvillea, Thesium ebracteatum, Erythrochiton hypophyllanthus, Chailletia epiphylla, ete. L'opinion de Koch est, dons ce cas, entièrement conforme à la vérité. Mais alors on doit s'attendre à ce que le rameau florifère, concrescent avec la face ventrale de sa préfeuille, émerge constamment sur le cóté inféricur de la lame verte. Or, c'est exactement le contraire qui a lieu, au moins presque toujours, dans le Ruscus aculeatus. Duval-Jouve ne s'est méme pas préoccupé de cette difficulté. On voit donc qu'il reste quelque chose à faire pour élucider la question relativement au Ruscus aculeatus, aussi bien dans le premier cas, où la lame verte est seule, que dans le second, où l'inflorescence vient se com- biner avec elle; il reste aussi à étudier comparativement sous ce rapport les quatre autres espéces. Considérons d'abord la lame verte en elle-même, là où elle est seule, c'est-à-dire aux nœuds stériles, puis dans ses rapports avec l'inflorescence, aux nœuds fertiles. 1* Le nœud qui porte la lame verte est stérile. — Il en est toujours ainsi, comme on sait, dans le Danae racemosa; les nœuds à lame verte, qui se succédent en grand nombre dans la région inférieure des branches, sont tous stériles, tandis que les nœuds à fleurs, qui occupent la portion terminale des branches, sont tous dépourvus de lame verte. En d'autres termes, la fonction assimilatrice et la fonction reproductrice s'y montrent entièrement séparées le long de chaque branche; aussi l'inflorescence est- elle, comme l'indique le nom spécifique, une grappe terminale de cymes unipares. Dans les quatre autres espèces, au contraire, non seulement les nœuds florifères sont toujours pourvus d'une lame verte qui entre en re- lation étroite avec l'inflorescence voisine, mais c'est dans la région infé- rieure des branches qu'ils se succédent, et c'est dans la portion terminale de celles-ci que l'on rencontre un plus ou moins grand nombre de nœuds stériles où la lame verte existe seule. Quoi qu'il en soit de cette différence, la lame verte, quand elle est seule, est-elle une feuille ou un rameau aplati? Si c'est une feuille, comment cette feuille est-elle orientée et où faut-il, par conséquent, marquer la place du rameau qui l'a produite, rameau toujours situé, comme chacun sait, du cóté ventral de la feuille? Pourvu que l'on ait présents à l'esprit les caractères anatomiques des 84 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. feuilles et ceux que présentent les véritables rameaux aplatis, l'anatomie de la lame permet de décider immédiatement ces deux qnestions. Les caractères anatvmiques de la feuille sont trop connus pour que j'aie à les rappeler ici; mais il n'est peut-étre pas superflu de retracer en quelques mots la structure des rameaux aplatis. On sait que l'aplatissement d'un rameau, dû à la prédominance de sa croissance transversale suivant un de ses diamètres, peut avoir lieu de deux manières différentes : 4° par le cylindre central, l'écorce conservant son épaisseur normale et uniforme, comme dans les Opuntia et le Müh- lenbeckia platyclada; 2 par l'écorce, ou mieux par la concrescence des feuilles distiques entre elles et avec l'écorce, le cylindre central con- servant sa forme circulaire normale, comme dans les Epiphyllum, les Phyllanthus de la section Xylophylla et les Phyllocladus. Dans le premier cas, chez les Opuntia, par exemple, la section trans- versale du rameau montre les faisceaux libéro-ligneux du cylindre central disposés en une ellipse plus ou moins aplatie autour d'une moelle de méme forme, vers le centre de laquelle ils tournent tous leur moitié ligneuse, et enveloppés par une écorce d'épaisseur uniforme sur tout le pourtour. Dans le Mühlenbeckia platyclada, où l'aplatissement est extréme, les faisceaux des deux moitiés de l'ellipse se touchent presque par leurs pointes ligneuses, séparées seulement par une trés mince couche de moelle; mais d'ailleurs la structure n'est en rien altérée, la tige con- serve tous les caractéres qu'elle posséde dans sa région non aplatie, et notamment sa symétrie par rapport à l'axe, symétrie d'autant plus parfaite que les feuilles portées par ces branches aplaties demeurent, comme on sait, rudimentaires. Dans le second cas, les faisceaux libéro-ligneux demeurent rangés dans dans la région centrale du rameau en un cylindre étroit autour d'une moelle circulaire, comme si le rameau n'était pas aplati; c'est l'écorce qui, énormément développée suivant les deux génératrices d'insertion des feuilles distiques et traversée par les faisceaux libéro-ligneux qui montent opliquement vers ces feuilles, forme sur les flancs du rameau deux larges ailes qui portent les feuilles rudimentaires; ou plutót et mieux, ce sont déjà les feuilles qui, beaucoup plus longues qu'elles ne le paraissent, sont concrescentes entre elles par leur parenchyme dans les deux rangées qu'elles forment, à l'exception de leurs extrémités, qui sont seules libres. A vrai dire, les organes de cette sorte sont des rameaux ailés par la con- crescence des feuilles, des pousses à parties concrescentes,non des rameaux aplatis. Leur section transversale présente dans chaque aile un certain nombre de faisceaux libéro-ligneux destinés à autant de feuilles supé- rieures, tournant tous leur bois vers le cylindre central et leur liber vers l'aréte extérieure. Quand ces feuilles concrescentes produisent des SÉANCE DU 29 FÉVRIER 1884. 85 rameaux floraux à leur aisselle, ces rameaux sont naturellement eux- mêmes concrescents avec les feuilles entre lesquelles ils se développent, et leurs cylindres centraux entrent avec les faisceaux foliaires dans la composition de l'aile. La section transversale montre alors, en dedans de chaque faisceau de feuille fertile, un petitanneau libéro-ligneux, qui estla coupe du cylindre central du rameau axillaire de cette feuille. Dans les Phyllocladus, il arrive cà et là que ces rameaux axillaires concrescents produisent eux-mémes, en ordre distique longitudinal, deux rangées de feuilles conerescentes; il en résulte une lame lobée, qui est une pousse composée à parties concrescentes. Sur la section transversale, chacun des petits anneaux libéro-ligneux de l'aile principale présente alors à droite el à gauche un certain nombre de petits faisceaux foliaires de second degré, issus de:lui et tournant leur bois vers lui; ceux de ces faisceaux qui sont destinés à la rangée inférieure des feuilles, et situés vers le bord de l'aile, se trouvent donc orientés comme les faisceaux foliaires inférieurs du premier degré, tandis que ceux qui sont destinés aux feuilles de la rangée supérieure, et situés vers le milieu de l'aile, tournent au contraire le dos aux faisceaux foliaires supérieurs du premier ordre. Connaissant bien la structure des rameaux aplatis et des rameaux ailés, revenons maintenant aux lames vertes des Ruscus, pour voir si nous y trouverons quelque chose de semblable. Remarquons d'abord qu'aux nœuds stériles, ces lames vertes ne portent jamais aucune trace de feuilles rudimentaires. C'est déjà une raison de croire qu'elles ne sont pas des rameaux ailés; mais elles pourraient fort bien être des rameaux aplalis réduits à leur premier entrenœud. Voyons donc leur structure, telle que la montrent les sections transversales pra- tiquées depuis la base jusqu’au sommet. A la base même, qui est étroite et presque cylindrique, les faisceaux libéro-ligneux sont rangés en cercle autour d’une petite moelle : c’est le cylindre central du rameau axillaire. Au-dessus de cette base, le cercle s'ouvre en avant, et tous les faisceaux s'étalent dans le plan transversal pour s'élever ensuite en divergeant et en se ramifiant dans toute l'étendue de la lame. Aussi la section transversale de l'organe, pratiquée à une hauteur quelconque, montre-t-elle daus le parenchyme une seule rangée de faisceaux libéro-ligneux de diverses grandeurs, tous orientés de la méme maniére, liber en haut, bois en bas, c'est-à-dire disposés comme il convient à une feuille, non à un rameau aplati. De plus, cette feuille tournant vers le haut son liber, c'est-à-dire sa face dorsale, vers le bas son bois, c'est-à-dire sa face ventrale, se trouve orientée en sens inverse de la feuille mére, en d'autres termes sé- parée de cette feuille mére par une divergence de 180 degrés; elle ne lui est pas superposée. Cette orientation de la feuille, qui est un élément in- dispensable de la démonstration, a échappé à Duval-Jouve; il est même 86 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. impossible de la déduire de ses dessins, car le liber des faisceaux u'y est pas distingué du bois. La lame verte est donc bien une feuille, comme elle en a toute l'apparence, et cette feuille est bien la premiére du rameau axillaire, sa préfeuille; quant à ce rameau lui-méme, situé entre la petite écaille mère et la préfeuille, il ne se prolonge pas au-dessus de sa pre- mière feuille, il avorte aprés l'avoir produite. Dans les branches dressées des Ruscus Hypophyllum et R. Hypoglossum, les préfeuilles demeurent disposées horizontalement, tournant la face dorsale vers le ciel, la face ventrale vers la terre, en un mot orientées en sens inverse des feuilles ordinaires. Dans les trois autres espéces, au contraire, elles se tordent autour de leur base étroite, de maniére à se placer dans le plan de la branche qui les porte. Avant d'aller plus loin, remarquons que ce fait d'un rameau né à l'ais- selle d'une feuille rudimentaire, qui produit une feuille verte ou un petit nombre de feuilles vertes et avorte ensuite, estloin d'étre isolé. L'exemple des Pins est bien connu: dans le Sciadopitys, les deux feuilles produites par le rameau sont concrescentes en arriére et forment une lame verte qui tourne, comme dans le cas actuel, sa face dorsale vers le haut, sa face ventrale vers le bas. On peut citer encore les Pereskia, où lerameau axillaire de la feuille rudimentaire produit souvent une seule feuille verte et avorte au-dessus d'elle. Tous ces exemples réunis montrent qu'il n'est pas permis, comme on l'a fait longtemps, d'ériger en axiome qu'une feuille ne peut exister à l'aisselle d'une feuille, que tout ce qui est situé à l'aisselle d'une feuille est, par cela seul et nécessairement, un rameau. On reviendra tout à l'heure sur ce point. 2 Le nœud qui porte la lame verte est fertile. — Dans toutes les espéces autres que le Danae racemosa, comme il a été dit plus haut, les fleurs, groupées en petites cymes unipares, sont portées, à chaque nœud fertile, par la lame verte de ce nœud, cette lame conservant d'ailleurs la méme forme, la méme position, et sans doute aussi la méme nature mor- phologique que lorsqu'elle appartient à un nœud stérile. Les rapports de l'inflorescence avec la lame verte s'établissant d'une maniére un peu différente suivant les quatre espéces, il y a lieu de considérer celles-ci séparément. Dans les Ruscus, il n'y a le plus souvent qu'un seul groupe de fleurs attaché sur la ligne médiane de la lame vers le milieu de sa longueur, à l'aisselle d'une petite écaille. Considérons d'abord le R. Hypophyllum. Ici, comme l'indique le nom spécifique, c'est sur la face inférieure de la lame que le groupe floral est habituellement inséré. Les sections trans- versales, pratiquées depuis la base de l'organe jusqu'au niveau du groupe toral, montrent que la lame a la méme structure et notamment la méme disposition et la même orientation des faisceaux libéro-ligneux qu’au nœud SÉANCE DU 22 FÉVRIER 1884. 87 stérile, mais avec quelque chose en plus et quelqre chose en moins. En effet, le long de la ligne médiane on y voit, dans l’épaisseur du paren- chyme, un petit cylindre central bordé par un péricycle scléreux, constitué par des faisceaux libéro-ligneux tous orientés vers le centre et disposés sur deux ou trois cercles concentriques irréguliers, en un mot, ayant tous les caractères du cylindre central d’un rameau non aplati. Mais en revanche, les faisceaux médians propres de la lame, ceux qui en occupent la ligne médiane aux nœuds stériles, n’existent pas. C'est seulement au- dessous de l'insertion du groupe floral qu'ils émergent du bord supérieur du cylindre central du rameau, avec lequel ils étaient jusque-là confondus, pour venir compléter le système libéro-ligneux propre dela préfeuille. En. méme temps ce cylindre émet vers le bas quelques petits faisceaux pour la bractée, puis il devient libre et entre tout entier dans le pédicelle floral. Aprés le départ de ce dernier, la lame possède désormais la méme structure et la méme orientation qu'au nœud stérile. De ce qui précède, il résulte que, dans le Ruscus Hypophyllum, à chaque nœud fertile, le: rameau axillaire, après avoir produit sa préfeuille comme au nœud stérile, au lieu d'avorter, se développe au-dessus d'elle et en méme temps entre en concrescence avec elle dans toute l'étendue de son premier entre- nœud, c'est-à-dire jusqu'à l'insertion de sa seconde feuille, qui, suivant la premiére en ordre distique longitudinal, se trouve superposée à l'écaille mère. L'état habituel des choses dans celte espèce est donc par- faitement normal et tout à fait d'accord avec la maniére de voir de Koch défendue par Duval-Jouve. Il faut seulement remarquer que la concres- cence des deux organes n'est pas limitée au parenchyme; elle porte aussi sur une partie du systéme libéro-ligneux, puisque nous avons vu les faisceaux médians de la feuille demeurer unis au cylindre central du ra- meau dans toute la longueur de son premier entrenceud. C'est d'ailleurs le méme genre de concrescence que l'on observe dans le Tilleul et dans les autres cas analogues cités plus haut. Mais les choses ne sont pas toujours aussi simples et aussi réguliéres. Il n'est pas rare de voir à certains nœuds fertiles, situés dans la région inférieure de branches plus vigoureuses que les autres, la lame verte porter d'abord un groupe floral sur sa face ventrale inférieure, comme il vient d’être dit, puis, un peu plus haut sur la ligne médiane, un second groupe floral sur la face supérieure, à l'aisselle d'une seconde bractée. Dans une des branches étudiées, qui comptait vingt et un nœuds, la lame verte était de la sorte fertile sur ses deux faces aux six nœuds inférieurs, fertile sur sa face ventrale seulement aux cinq nœuds sui- vants, stérile aux dix nœuds supérieurs. Comment expliquer la présence de ce second groupe floral supérieur? Y aurait-il un bourgeon surnumé- raire superposé au premier et dont le rameau concrescent à la face supé- 88 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. rieure de la préfeuille, commele rameau normal l'est à sa face inférieure, se détacherait plus haut pour produire à son tour une bractée et un groupe floral? Mais alors la section transversale de la région inférieure devrait montrer deux cylindres centraux distincts et parallèles. Or, il n'y en a en réalité qu'un seul, comme dans le cas habituel. La seule diffé- rence est que, au lieu de compléter la préfeuille et de passer ensuite tout entier dans le groupe floral, ce cylindre central se divise dansle plan médian au-dessous de la premiére bractée; la portion inférieure entre dans le premier pédicelle, l'autre continue sa marche dans la ligne mé- diane jusqu'au niveau du second groupe ; là seulement il complète la pré- feuille vers le bas, en lui donnant quelques faisceaux à liber supérieur, émet vers le haut quelques faisceaux à bois supérieur pour la seconde bractée, et entre enfin dans le second pédicelle. En un mot, l'inflores- cence, simple cyme unipare dans le eas ordinaire, se développe ici en une cyme unipare ramifiée dans le plan radial, et concrescente avec la pré- feuille dans toute la longueur des deux premiers articles du sympode. Cette ramification de la cyme correspond, comme il a été dit plus haut, à une plus grande vigueur au nœud considéré. Mais ce qu'il y a de singulier et de tout à fait anormal, c'est de voir le second groupe floral apparaitre, non sur la face ventrale de la préfeuille comme le premier, mais sur sa face dorsale, comme si le second article du sympode l'avait traversée de part en part. Dans le méme Ruscus Hypophyllum, d'autres nœuds, plus rares que les précédents, offrent une troisième disposition. La préfeuille ne porte qu'un groupe floral, mais elle le produit sur sa face dorsale supérieure et non sur la face ventrale comme dans le cas habituel. Le traversement de la préfeuille, réalisé tout à l'heure par le second article du sympode, se trouve opéré ici par son premier et unique article. Le Ruscus Hypoglossum et le Ruscus aculeatus ne se comportent pas autrement, en somme, que le R. Hypophyllum ; on y observe encore les trois manières d'étre qui viennent d’être étudiées et point d’autres; mais leurs degrés de fréquence s'étagent en sens inverse. Le cas le plus rare dans le R. Hypophyllum, celui où le groupe floral unique émerge de la face supérieure dorsale de la préfeuille, est iei le plus fréquent, surtout dans le R. aculeatus, tandis qu'il est plus rare de voir, surtout dans cette derniére espéce, le groupe floral unique apparaitre sur la face inférieure et ventrale. Les choses sont bien différentes dans le Semele androgyna. Ici à chaque nœud fertile, le rameau axillaire subit à sa base une bifurcation dans le plan transversal, parallèlement à la préfeuille. Ses deux moitiés, concrescentes avec la préfeuille, divergent et, parvenues au bord du limbe, y produisent chacune, dans une échancrure correspondante, un groupe floral. SÉANCE DU 29 FÉVRIER 1884. 89 Au-dessous de ce groupe, le rameau émet, dans le plan de la feuille et du cóté qui regarde la nervure médiane, un ramuscule concrescent avec la pré- feuille, qui s’incurve en dehors et vient à son tour se terminer plus haut dans une échancrure du bord par un groupe floral; au-dessous de ce second groupe, le rameau de second ordre produit, du cóté de la nervure médiane, un ramuscule de troisiéme ordre qui monte de méme en s'in- curvant vers l'extérieur, gagne le bord, et s'y termine en un troisième groupe de fleurs. En un mot, l'inflorescence est ici une double cyme uni- pare scorpioide à sympodes convergents. Dans toute l'étendue de ses deux sympodes, cette double cyme est concrescente avec la large pré- feuille produite par le rameau axillaire avant sa bifurcation. Aussi la section transversale de la lame montre-t-elle, d'une part les faisceaux libéro-ligneux de la préfeuille orientés liber en haut, bois en bas, comme lorsqu'elle est stérile, de l'autre, vers chaque bord, un cylindre central qui est celui du rameau floral correspondant. Aux nœuds inférieurs des branches, les deux moitiés de la cyme peu- vent produire chacune au maximum quatre articles ou groupes floraux ; mais, à mesure qu'on s’élève et que la vigueur diminue, on voit l'une des moitiés d'abord, puis l'autre à son tour, ne développer que trois articles, puis deux, puis enfin un seul article. Au delà, l'une des branches de la bifurcation se raccourcit, ramenant le groupe floral qui la termine sur la face supérieure de la feuille, et plus haut encore, cette branche avorte tout à fait. L'autre branche, demeurée seule, forme d'abord son groupe floral au bord du limbe, comme à l'ordinaire ; mais plus haut, elle se rac- courcit et ramène le groupe floral sur la face supérieure de la préfeuille ; en méme temps elle se rapproche de la ligne médiane, et l'on obtient presque la disposition simple et symétrique du Ruscus aculeatus. Enfin aux derniers nœuds, la préfeuille peut être complètement stérile. En résumé, dans les quatre espèces qui ont une lame verte aux nœuds fertiles, cette lame verte conserve la même valeur morphologique qu'aux nœuds stériles : c’est toujours une feuille inverse, la préfeuille du ra- meau axillaire. La complication ne vient que de l'inflorescence et consiste simplement en une concrescence entre l'inflorescence, simple ou rami- fiée, et cette préfeuille. Cette concrescence, au moins dans les trois espèces de Ruscus, car dans le Semele les nervures médianes dela pré- feuille sont libres dés la base, porte à la fois sur le parenchyme et sur le systéme libéro-ligneux des deux organes; et c'est de là sans doute que vient la possibilité pour le rameau de produire ses feuilles suivantes et ses fleurs indifféremment pour ainsi dire sur les deux faces de la pré- feuille, la traversant de parl en part toutes les fois qu'il les améne sur sa face supérieure ou dorsale. C'est seulement daus ce traversement qu'il y a lieu de voir une anomalie, car sans cela tout serait parfaitement normal. 90 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Mais c’est une anomalie de l'inflorescence, comme il y en a tant, et non de la préfeuille. Pour terminer, on voit que l'étude anatomique conduit tout simple- ment à revenir, avec les corrections et modifications nécessaires, à l'opi- nion que la forme extérieure avait suggérée aux anciens botanistes. Pour s'en écarter, tant elle est naturelle, il semble qu'il eüt fallu exiger les preuves les plus décisives, et pourtant on a vu, en commençant, avec quelle légèreté on a cru pouvoir juger la question. La chose s'explique sans doute par la longue domination qu'a exercée sur les esprits ce pré- tendu axiome morphologique que je rappelais plus haut: « Il n'y a pas de feuille à l'aisselle d'une feuille; tout ce qui est à l'aisselle d'une feuille est un rameau. » La premiére partie de cette proposition n'est pas vraie, et la seconde ne le devient qu'à la condition de mettre pousse au lieu de rameau. Toute production axillaire d'une feuille est en effet une pousse. Cette pousse est ordinairement complète, c'est-à-dire composée d'un ra- meau avec ses feuilles; mais elle peut fort bien étre incompléte, se trou- ver réduite à l'un de ses deux membres parce que l’autre a avorté. Tantót elle ne forme que son rameau sans produire de feuilles, en d'au- tres termes elle n'allonge de son rameau que le premier entrenceud en le faisant avorter au-dessous de sa première feuille : c'est le cas de l’ Asperge et des plantes à épines raméales simples. Tantót au contraire le rameau demeure trés court, produit à sa base quelques feuilles comme dans les Pins, les Cédres, les Mélèzes, etc., deux feuilles comme dansle Sciado- pitys, ou méme une seule feuille comme dans le cas actuel, comme aussi dans les Pereskia, et avorte au-dessus. L'application de ce prétendu principe a conduit d'ailleurs à bien d'autres erreurs en morphologie, notamment à une conception tout à fait inexacte de la fleur femelle.des Conifères, à laquelle il a bien fallu renoncer. Toujours est-il que si l'on voulait citer un exemple d'erreur contre le bon sens, universellement commise par l'application dogmatique et aveugle d'un principe faux, on n'en saurait trouver de meilleur que celui des Ruscus. M. Mangin demande si les faisceaux surnuméraires, dans le cas où le rameau débouche en haut, sont retournés par rapport au rameau et à la préfeuille. M. Van Tieghem répond que ces faisceaux sont retournés par rapport au rameau ; la préfeuille a toujours ses faisceaux orientés de la méme manière, y compris les faisceaux surnuméraires. M. J. Vallot donne lecture de la communication suivante : SÉANCE DU 22 FÉVRIER 1884. 91 NOTICE SUR LE PAPAVER ROUBLÆI Vig., diss. 39, t. I, fig. 1, par M. Henri LORET, Nous nous sommes tous mépris jusqu'à présent, selon moi, sur le Papaver Roubiæi Vig. Quelques botanistes, notamment Grenier et Go- dron, en ont fait une variété du P. Rhœas L.; d'autres l'ont considéré comme une espéce distincte. M. Timbal, qui déclare (Herboris. dans les Albères, p. 37) que « cette plante ne saurait appartenir au groupe du P. Rhœas », ajoute peu aprés qu'il l'a distribuée à quelques amis sous le nom de P. Penchinati Timb.-Lagr.; mais que, mieux renseigné plus tard, il lui a restitué le nom de P. Roubiæi Vig. Il pourrait se faire que la plante de notre ami füt différente de la nótre, puisqu'il l'éloigne du groupe auquel la nótre appartient, et que, daus un autre travail (Bull. Soc. d'histoire nat. de Toulouse, vol. IV, p. 159), il la dit trés répandue aux environs de Montpellier, où le vrai P. Roubiæi est inconnu. Viguier, dans son Histoire naturelle des Pavots, indique sa plante à Frontignan, où Roubieu en a trouvé quelques pieds une seule fois, mais où personne ne l’a revue depuis. Lorsqu'il me demanda de passer son herbier en revue, il me donna un exemplaire de ce rare Pavot qu'il devait tenir de Rou- bieu, puisqu'il dit ne l'avoir vu que sec dans l'herbier de son ami. Cette singulière plante, peu de temps après avoir été signalée par Viguier et par de Candolle, fut trouvée sur la plage d'Argelés (Pyrénées-Orientales) par un correspondant de De Candolle, Xatart, de Prats-de-Mollo, dans l'her- bier duquel je l'ai vue avec une étiquette de sa main portant le nom de P. Roubiæi et l'habitat précis où Xatart l'avait rencontrée. Ce Pavot, qu'il me tardait de voir vivant, est trés abondant sur cette belle plage d'Argelés, où j'ai été le recueillir, le 28 mai 1882, avec mon ami M. Oliver, de Collioure. La capsule, qui, en approchant de la maturité, est trés atténuée comme celle du P. dubium, et non pas arrondie à la base, comme celle du P. Rhoas, m'impressionna vivement; et en voyant au méme lieu, à la limite des sables et des cultures voisines, le P. du- bium type, je considérai naturellement la plante des sables comme une variété de cette espéce due à la station. Cette opinion est devenue pour moi une certitude, lorsque, l'année suivante, je constatai à Montpellier que la graine d'Argelés, semée dans un terrain normal, avait produit un Pavot où il était impossible de ne pas reconnaître déjà, et après une seule année de culture, le P. dubium ordinaire. Comment se fait-il, dira-t-on peut-étre, qu'on se soit mépris si long- temps sur l'origine de cette plante? Cela tient, croyons-nous, à plus d'une cause. 92 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. D'abord l'opinion de Viguier ne s'étant formée qu'à l'aide de quelques échantillons secs, puisqu'il dit n'avoir vu vivants ni le P. dubium (v. s. in herb. DC.), ni le P. Roubiæi (v. s. in herb. Roubieu), sa description devait laisser à désirer. Partagé entre le P. Rhæas et le P. dubium, il eut le tort, en effet, de caractériser la capsule de sa plante par l'épi- théte de subrotunda, répétée plus tard par de Candolle, bien que le mot subclavata convint beaucoup mieux, comme le prouvent les échantillons de l'herbier Roubieu et l'excellente figure due au crayon de Node-Véran. Le mot subrotunda, si peu exact, semble indiquer la prévention de Viguier en faveur du P. Rhœas, prévention qui n'avait fait que s'accroitre puisque, devenu vieux, il m'a dit plus d'une fois que son Pavot n'était plus pour lui qu'un P. Rhœas, et qu'il se repentait de l'avoir élevé au rang d'espéce. Le P. dubium Vavait embarrassé néanmoins au début; car, après avoir dit (loc. cit., p. 43): « Ce joli petit Pavot a quelques rap- ports avec le P. Rhoas, dont il diffère surtout par le lobe de l'extrémité des feuilles », il ajoute : « Il a de méme du rapport avec le P. dubium. Ne serait-ce qu'une variété d'une de ces deux espèces ? Si cela était, je craindrais fort qu'il n'y eût beaucoup de plantes que nous regardons comme espéces qui ne fussent des variétés. » Une autre cause qui a dü porter quelques botanistes à voir dans le P. Roubiæi une variété du P. Rhæas, c'est que le professeur Dunal a dis- tribué à ses nombreux correspondants, sous le nom de P. Roubiæi, un P. Rhœas de Frontignan, qui ne diffère du type que par sa forme plus gréle, et Viguier nous a dit lui-méme que cette erreur du profes- seur de Montpellier avait puissamment contribué à faire méconnaitre sa plante. En définitive, il est facile de voir que la plante d'Argelés-sur-mer que j'ai recueillie pour la Société dauphinoise n'est qu'une variété du P. du- bium L. rabougri par le sol sablonneux de la plage, dont l'influence cesse de se faire sentir dans les cultures voisines, oü l'on rencontre le type de cette espèce. La capsule claviforme et à 6-8 stigmates au plus de ce Pavot nous donnerait suffisamment raison ; mais les fleurs sont également celles du P. dubium un peu amoindries. Quant aux feuilles dont la dent termi- nale est égale aux autres, comme cela a lieu dans le P. dubium, il vaut mieux évidemment y voir une ressemblance de plus et un nouveau motif de le rapporter en variété à cette espèce, que de dire, comme Viguier, que c'est là le principal caractère qui le sépare du P. Rhæas, dont les feuilles ont presque toujours le lobe terminal allongé en laniére. D'un autre côté, on ne pourrait douter que la plante d’Argelès ne soit le vrai P. Roubiæi : il suffit, pour s’en convaincre, de la comparer à celle de l'herbier Roubieu et à l'excellente figure que Viguier en a publiée. Xatart d'ailleurs, contemporain de Viguier et correspondant de De Can- SÉANCE DU 22 FÉVRIER 1884. 93 dolle, n'a écrit qu'à bon escient sur l'étiquette de la plante d’Argelès le nom de P. Roubiæi. M. J. Vallot, secrétaire, dépose sur le bureau le travail suivant : CONTRIBUTIONS A L'ÉTUDE MONOGRAPHIQUE DU GENRE GRAPHIS, par M. A. MALBRANCHE. Jai été engagé à entreprendre la revision du genre GnaPnmis par le désir de rectifier quelques déterminations de mon Catalogue et de mes Exsiccata, par l'étude monographique sommaire du Graphis scripta que M. Arnold a publiée dans le Flora et par les contradictions que j'avais remarquées dans plusieurs collections, contradictions dues. à des déter- minations trop hàtées ou au défaut d'identité absolue entre les échantil- lons d'exsiccata. Le genre Graphis offre une grande quantité de formes que l'on néglige souvent, soit parce qu'on ne leur reconnait que peu d'importance, soit parce que, préoccupés de vues plus générales, les maitres en lichéno- logie ne leur accordent qu'une attention trés secondaire, soit par les dif- ficultés que présente leur détermination. J'ai pensé que ces variations pouvaient, comme l'ont fait Acharius, Chevallier, Hepp, Leighton, étre étudiées, au mémetitre que celles des Cladonia, Lecanora, etc., en leur assignant toutefois le rang modeste qui leur convient; le nom de formes suffit à désigner ces légéres variations. J'ai cherché surtout à rattacher tout ce que j'ai pu étudier à des noms existant déjà dans la science. Je ferai aussi observer que les différences entre nos formes ne sont ni trés tranchées, ni considérables, que l'on trouve des transitions faciles de l'une à l'autre. On ne saurait en être surpris : sans cela, ce ne serait pas des variétés ou des formes, mais des espèces. Il s'agit en effet de dis- tinctions légéres qui embarrassent cependant le chercheur et obscurcissent la nomenclature. Il y a des formes anormales qui croissent sur des écorces mourantes ou envahies par des Algues, qui ne méritent pas d'étre décrites. Les formes à lirelles trés étroites (tenerrima, spathea), à disque peu appréciable, ne sont peut-étre que des états plus ou moins stériles; les spores y sontrares. Le genre Graphis, séparé des Opegrapha par la plupart des auteurs modernes, s'en distingue aisément par les lirelles plus ou moins immer- gées, et surtout par ses spores bien plus grosses età cloisons nombreuses. Le thalle commence par être hypophléode. Cet état persiste dans quel- ques espèces, mais souvent le thalle se fait jour autour des lirelles, qui en naissent nécessairement, il les ocelle, et finit, en s'étendant, par se substi- 94 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tuer à la pellicule épidermique. Daus d'autres, il est à l'origine évidem- ment épiphléode. J'ai cherché si quelque réaction chimique ne pourrait pas être mise à profit dans les cas incertains, et j'ai remarqué que l'eau iodée (1) brunissait le thalle libre (la couleur est brun rougeátre), tandis que le thalle hypophléode, protégé par l'épiderme, ne changeait pas de couleur. Cette réaction m'a offert peu d'exceptions, dues probablement à ce que quelques fissures de l'épiderme laissaient pénétrer l'iode. Un thalle hypophléode ne laisse voir d'ailleurs que l'épiderme membraneux, lisse et plus ou moins brillant. L'iode ne bleuit pas l'hyménium, mais les loges des spores prennent une teinte foncée brun rougeâtre, analogue à celle affaiblie que prend le thalle (fig. 9). Les lirelles (apothécies) sont à l'origine aigués, et deviennent quelque- fois obtuses avec l'àge. Les spores jeunes sont souvent piriformes ou cla- viformes, atténuées à un bout; adultes, elles sont elliptiques ou ellip- tiques-cylindracées et hyalines; séniles, elles sont déformées, un peu toruleuses et brunes (fig. 7, 8). L'espéce anguina me parait mériter de former un genre particulier, comme l'avaient pensé Montagne et Leighton, à cause de ses spores paren- chymateuses; elles ne sont pas murales dans le sens habituel de cette expression, généralement appliquée à une disposition différente. Le plasma est partagé en petits cubes ou fragments disposés par rangs (fig. 13, 14, 15). Le genre Ustalia, créé par Montagne, est aussi légitime que d'autres établis sur des caractéres de méme valeur. Tels sont le Graphis Lassalia, séparé des Gyrophora ; le Graphis Thelenella, des Verrucaria, etc. J'ai reproduit quelquefois les diagnoses des auteurs que j'ai cités, afin que le lecteur puisse juger lui-méme du mérite de mes détermi- nations. Il me reste à remercier ici les botanistes qui ont bien voulu m'aider par leur communication, et en particulier M. Arnold; M. l'abbé Hue, qui m'a envoyé des Vosges d'importantes récoltes; MM. Lamy, Roumeguére, Richard, Brunaud, Grandmarais, Olivier, dont les collections ont été gracieusement mises à ma disposition. GRAPHIS Ach. Thalle hypophléode ou épiphléode. Lirelles plus ou moins immer- gées, moyennes ou longues, simples ou rameuses, pruineuses, plus (1) lode, 1; iodure de potassium, 3; eau, 500. SÉANCE DU 22 FÉVRIER 1884. 95 rarement nues, bordées par le thalle. Spores pluriseptées, d'abord hyalines, à la fin brunes et un peu resserrées aux cloisons. Des para- PESTE 20 A Ole po goè&s ES e 90BB8898809 Fic. 1, 2,3, 4, 5, 6. Spores de Gr. scripta, serpentina, jeunes et adultes, hyalines. — 7,8. Spores des mêmes, séniles, déformées ct colorées. —- 9. Effet de l'iode sur les spores. — 10, 11, 12. Grandes spores de la forme elongata. — 13, 14, 15. Spores d'Ustalia anguina. — 16. Graphis dendritica (Chênes, Sapins). — 17. Graphis dendritica f. acuta (Hétres). — 18. Graphis Smithii (inusta Leight). — 19. Graphis Smithii f. divaricata. — 20, 21. Graphis Smithii f. macularis. — 22. Graphis dendritica f. obtusangula. physes libres ou plus souvent agglutinées ; des spermaties ovales. Plantes corticoles. A. Lirelles étroites plus ou moins saillantes (Eugraphidec). nues... Scripta. Thalle hypophléo 2 Lirelles plus ou moins immergées proineuses pulverulenta. Lirelles superficielles sillonnées.......... elegans. : Lirelles superficielles...... ....,....... abietina. Thalle épiphléode. | Lirelles immergées... serpentina. B. Lirelles larges-planes (Arthonioideæ). : ; à rayons nombreux, acuminés.............. dendritica. Lirelles radiées | à rayons peu nombreux, obtus............. var. oblusangula. Lirelles à rayons courts ou nuls......... Smithii. Lirelles à rayons trés larges peu rameux ; thalle olivàtre. ..... M Queue ACE Lyelli. 96 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. A. Lirelles étroites plus ou moins saillantes. EUGRAPHIDEZÆ. 4. G. scniPTA L., Ach. Lich. univ., Syn. p. 81; Chevall. Fl. Par. 536 ; Kerb. Syst. Lich. Germ. 281; Nyl. Prodr. p. 149; Malbr. Cat. Lich. Norm. p. 219; Leight. Lich. Brit. 3° éd. p. 428; Arnold, Lich. frag. xxiv in Flora (section A). — Opegrapha scripta Schr. Enwm. p. 150 (excl. var. arthonioidea). — Graphis serpentina Leight. Br. Graph. p. 32, Exs. 21, 22; Herb. Desmaz. (Mus. Par.); Herb. Mus. Par.; Hepp 885! Coryli, 885? Alni; Malbr. Exs. 189; Schær. Lich. helv. 87; Roumeg. Typ. norm. 3; Olivier Lich. Orne, 94. Thalle hypophléode, uni, un peu brillant, cendré olivàtre ou cendré blanchâtre, limité ou non par une ligne noire. Lirelles émergentes, moyennes ou longues, rarement courtes, éparses ou rapprochées, simples ou rameuses, ordinairement étroitement enchássées par le thalle dressé autour; rarement formant une bordure isolée par une fente; à disque étroit nu ou légérement pruineux (dans le type), ou élargi et pruineux (dans la var. pulverulenta). Spores d'abord claviforines ou oblongues, puis oblongues-cylindracées, hyalines et à cloisons nombreuses, enfin brunes et un peu torulées; elles mesurent de 25 à 60 sur 7 à 9; 5 à 8 cloisons. Sur beaucoup d’essences forestières, et partout (Hêtre, Coudrier, Chêne, Charme, Pommier, Aulne, Tilleul, etc.; n’a jamais été vu sur le Sapin). Dans le type on peut distinguer les formes suivantes : a. limitata Pers. in Ust. Ann. de bot. — Thalle limité par des lignes noires. b. minuta Leight.; Hepp 886? minor (Mus. Par.).— Lirelles courtes, simples ovales ou elliptiques. C. divaricata Leight.; varia ScHÆR., Enum. apoth. « divaricato-ramo- sis. » — Lirelles rameuses radiées divariquées ; bord propre un peu épais, saillant. d. typographa Willd. in Flora berol. (1787), ex Arn. l. c. n° 4 (nomen antiquius). — Opegrapha recta Humb. (1793); Fries Lich. eur. 311, Exs. 344; Anzi Ital. m. v. 343; Op. scripta, var. recta b. nuda Mull. ex Hepp; Schær. Enum. 151 ; Leight. Lich. Brit. ; Op. Cerasi DC. ; Herb. Mus. Par. (pr. p.); Pers., Ach. Syn. p. 883; Op. Betulæ DC. (Mus. Par.) (non Graphis betuligna Ach.); Exs. Hepp 888 b et 46 pr. p. (Mus. Par.); Malbr. Exs. 90; Olivier Lich. Orne, 95. — Lirelles un peu SÉANCE DU 22 FÉVRIER 1884. 97 saillantes, allongées, simples, droites, paralléles, à disque étroit nu ou à peine pruineux. Cerisiers, Bouleaux, Aulnes (Lamy). e. tenerrima Ach. l. c. p. 82: « apoth. longissimis, angustissimis simplicibus flexuosis et anastomosantibus, marg. thallode subnullo » ; Nyl. Lich. Scand. 252; Fr. Exs. 124; Hepp 890 (sub. scripta serp. f. tremu- lans), non tremulans Leight. nec Mudd. (in herb. Lahm); Malbr. Cat. p. 220. — Thalle typique, uni, brillant, semé souvent de fines protubé- rances. Lirelles longues, trés étroites, à fente à peine visible, simples habi- tuellement ou bifurquées, flexueuses, éparses ou rapprochées emmélées- anastomosées ; bord thalloide presque nul. Quelquefois le thalle se fait jour autour des lirelles. Chéne, Peuplier-Tremble. — Vu dans quelques herbiers sous le nom de macrocarpa. f. hebraica Ach. /. c. ex specim. in Herb. Par. et in herb. meo. — Ces échantillons de la collection de Delise, distribués par Lenormand, cadrent assez bien avec la description d'Acharius: « crust. effusa cinereo- fuscescente; apoth. confertis breviorib. rectis curvatis et ad angulum rectum ramosis ». J'y joins quelques spécimens sur Fréne el sur Charme, que M. Arnold rapporteà radiata Leight. En résumé : Thalle moins égal, ridé fendillé, se faisant jour autour des lirelles; celles-ci fines aigués, courtes ou moyennes, simples ou un peu rameuses à angle droit, subocellées par le thalle. Spores rares. Forme mal définie, peu distincte de radiata. g. varia Ach. l. c.: « crust. effusa subdeterminataque alba incana alboque virescente ; apoth. confertiusculis, flexuosis simplic. ramosisque »; Chevall. Fl. Par. 531 répéte à peu prés les mémes termes. M. Arnold, l.c. n° 2: « Apoth. plus minus flexuosa regulariter simpliciuscula » ; Leight. Brit. Graph. p. 33: « Lir. elongated, very various in shape, size and disposition, rather crowded, simple or branched or furcate, straight or wavy... », non Schær., qui dit : « apoth. divaricato-ramosis » ; Herb. Mus. Par.; Nyl. in plur. herb. ; Olivier Lich. Orne, 278. — Thalle blan- châtre étalé ou subdéterminé, quelquefois bruni naturellement (acciden- tellement envahi par des Algues vertes), égal ou rugueux-ridé (brunissant souvent un peu par l'iode). Lirelles éparses ou pressées, simples pour la plupart, courbées flexueuses, serpentant quelquefois les unes dans les autres, étroites, nues ou à peine pruineuses. Spores 28-48 x 6-0; 7-9 cloisons. Cette forme est commune sur le Hêtre, où elle varie quant au tassement, à la taille des lirelles et à la couleur du thalle. Ses lirelles sont quel- quefois si réduites etsi pressées, qu'on la prendrait pour un microcarpa. En y regardant de prés, on voit que le thalle a un autre caractére et les T. XXXI. (SÉANCES) 7 98 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. lirelles une autre distribution. Dans le microcarpa, le thalle est fendillé, crevassé (comme dans serpentina) et chaque fragment porte 3 à 6 lirelles petites, un peu pruineuses. Var. pulverulenta Ach. Lich. univ., Syn. p. 82; Schwer. Enum. p. 151; mais son exs. 89.se rapporte plutôt à serpentina; Nyl. Prodr. et dans plusieurs herbiers; Arn. l. c. n° 1 « a limitata. non aliter quam disco pruinoso differt »; Malbr. Cat. p. 220, Exs. 39; Anzi 341^; Olivier Lich. Orne, 242; Hepp 886? f. ra- diata ; Leight. Lich. Brit. 3* éd. (non Chevall. Fl. Par.; Roumeg. Types normaux, n° 5, nec Larbalestier, 236 : ce dernier appar- tient à anguina). Le thalle est encore franchement hypophléode cendré, olivàtre dans la f. elongata, parfois avec des tons cendré bleuâtre ou glaucescents qu'on retrouve dans peu de variétés (elegans, anguina). Lirelles trés nom- breuses, pressées, dans le type, de forme variable, simples ou rameuses, courtes, moyennes ou grandes, allongées flexueuses, mais toujours plus ou moins planes et manifestement pruineuses, Bord propre saillant. Spores du type spécifique, mais généralement plus grandes dans la f. elongata. Chéne, Noyer, Hétre, Aulne, Peuplier, Fréne. — Normandie, Bretagne, Touraine, Paris, Mont-Dore, Vosges, Marne. a. minor Hepp 886?; f. curta; Chevall.? « crust. crassiuscula albida, lirell. immers. simplicibus obtusatis, disco dilatato pruinoso ; ad truncos Tiliæ ». — Thalle brillant, blanchâtre ou glaucescent cendré. Lirelles courtes, simples en grande partie ou un peu rameuses, à disque un peu élargi et pruineux. : Sur Tilleul. — Vosges, Normandie. — Le ton glauque du thalle dans les Vosges, et de grosses spores, lui assignent sa place entre pulveru- lenta et elongata. b. elongata Ehrh. PI. crypt. (1193) ex Arn. Lich. fragm. xxn et xxiv, n* 9 in Flora : « apoth. flexuosa, subsimplicia, regulariter lon- giora, discus tenuis parum pruinosus »; f. flexuosa Ilk in Schær. l. c. exs. 88 (non Leight.); Graphis scripta pulver. major Hepp 886+; Nyl. Lich. Par. 10 (sub fraxinea); Gr. scripta c. macrocarpa (Pers.) Ach. 1. c. 82; Schleicher in herb. Desmz. (Mus. Par.). — Opegrapha pulve- rulenta DC. (Herb. Mus. Par.). — Thalle variant du clair cendré au cendré olivàtre et méme au cendré plombé (f. plumbea Chevall.), non limité ou bordé-décussé de lignes noires. Lirelles plus longues et plus saillantes que dans seripta (type), éparses ou rapprochées, flexueuses, à disque un peu ouvert, pruineux, à spores souvent grosses, de 40-68 >< 8-10 (voy. fig. 10, 11, 12). SÉANCE DU 22 FÉVRIER 1884. 99 Aulne, Chêne, Épine, Alisier, Bouleau, Pommier, Tilleul. —- Vosges, Normandie. Cette forme confine au type scripta dont elle a encore parfois les tons olivàtres, à la var. pulverulenta par la pruine des apothécies, et à la f. varia dont elle a quelquefois l'aspect. Le savant lichénologue de Munich ne les différencie guère que par l’ absence ou la présence de la pruine; il dit méme d'elongata « parum pruinosus; Planta f. varie analoga ». €. betulizna (Pers.) Ach. Syn. p. 83. Voici la description de Persoon, Ust. Ann. de bot. p. 31, fig. 5 A, a : « Albida ; lirellis simplicibus rectis subparallelis. Descriptio : Crusta vix adest late lineolis serpentinis termi- nata ; lirellæ prominent, erumpunt, lin. 1-1 1/2 long., subpulverulentæ, strictæ ut plurimum sibi parallele. » Arn. l. c., n° 11; Malbr. Suppl. p. 56, Exs. 295. — Thalle hypophléode, blanc, limité ou non par des lignes noires. Lirelles émergentes, à disqueun peu large, pruineux, à bord propre élevé, le thalloide peu visible; elles sont petites ou moyennes, sim- ples, subparalléles ou 2-3-furquées. Sur Bouleau. — Normandie, Paris, Vosges. On trouve aussi sur Bouleau la f. typographa, mais dont le port est bien différent. C'est peut-étre à elle que Chevallier fait allusion quand il décrit : « lirell. linearibus longissimis »; cependant il ajoute: « passim stellatis, disco rimæformi subpruinoso ». 2. G. ABIETINA Scheer. Enum. p. 151; Exs. 90, 92; Korb. Syst. Lich. Germ. p. 287; Arn. l. c. n° 16; Malbr. Cat. p. 220, Exs. 141 (pro max. parte); Anzi Ital. m. v. 340 (Mus. Par.); Hepp 887? (sub pulve- rulenta abietina flexuosa); Gr. serpentina diffusa Leight. in litt. « lir. elongated, simple, curved, distantly scattered in all directions ; epithec. rimæform, plane, naked; proper margin narrow, curved, flexuose, crisped » (Lich. Brit., p. 428). Thalle épiphléode, blanc lacté ou cendré clair, étalé, uni mat, mince (dans les foréts de la plaine) ou épais (dans les échantillons de montagne). Lirelles émergentes, presque toutes simples, éparses en tous sens ou sub- parallèles (horizontalis Leight.), courbées ou peu flexueuses; moyennes ou courles (rarement allongées), bord propre saillant, étroites, nues ou peu pruineuses (plaine) ou larges et pruineuses (montagne). Spores 32- 22 X 1; 10 cloisons. Sapins. — Vosges, Jura, Normandie, Bretagne. Il n’est pas possible de séparer les deux formes que je viens d'essayer de décrire. On trouve tous les passages de l'une à l'autre. M. Arnold dit du diffusa Leight., qu'il se trouve dans toute l'Allemagne avec ses grandes 100 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. apothécies éparses, dressées, courbées, unies, sur l'écorce la plus lisse des Sapins (Flora, 1861). Ceci convient trés bien à notre plante. 3. G. SERPENTINA Ach. Syn. p. 83; Herb. Desmz. 9, 7 (specim. Acharii); Roumeg. Typ. norm. 13. (coll. Brunaud); Nyl. Lich. Scand. 252 et in plur. herbar.; Schær. Enum. 151; Exs. 89, 91 (spec. malo); Arn. l. c. n° 22; Krempelh. in Herb. Par.; Chevall. Fl. Par. 538; Hepp 886 * ; Malbr. Cat. p. 220; Exs. 294 (sub eutypa); Gr. scripta Duf. in pl. herb.; Gr. diffracta Leight. Br. Graph. 39; Gr. scripta var. serpentina Leight. Lich. Brit. 3* éd. p. 429. Thalle subhypophléode ou épiphléode, un peu épais, inégal, ruguleux crevassé, déterminé, blanchàtre, submembraneux (dans le type) ou pul- vérulent (dans plusieurs formes). Acharius dit : € cartilagineo-membra- nacea ». Lirelles immergées, petites, pressées, simples ou un peu rameuses, flexueuses, obtuses, à disque plan, pruineux, à bord thalloïde latéral, ne dépassant pas les lirelles, indiqué souvent par une fente. Spores 25-40 X 8. Charme, Chêne, Hêtre, Châtaignier. — Paris, Normandie, Gironde, Mont-Dore, Toulouse. à. microcarpa Ach. Syn. p. 83 : « crusta subinæquali, lactea ; apoth. rectiusculis longe elliptie. subsimplicibus, sparsis, disco subcanalicul. pruinoso; » Chevall. Fl. Par. 538 : « crusta irregulari, membran. rugu- losa albida ; lirellis sparsis, brevibus angustis rectiuscul., simplicib. ra- rius furcatis, disco emerg. rimoso atro » ; Hepp 887? minor ; Malbr. Cat. p. 221, Exs. 244 (pr. max. p.). — Thalle bientôt ruguleux crevassé- fragmenté. Lirelles petites, pressées, ovales-elliptiques ou un peu allon- gées, 3à 5 dans chaque fragment; disque nu ou un peu pruineux, bord thalloide peu visible. Sur les Hétres. — Normandie, Mont-Dore. b. eutypa Ach. Syn. p. 84: « crusta determ. subpulv. albo-grisea ; apoth. immers. brevibus simpliciuscul. flexuosis subpruinos. ; disco cana- licul., margine thallode crassiusculo crustam non superante »; Chevall. Fl. Par. 538 ; Hepp 340; Anzi, 342; Arn. l. c. n° 23 a. b. — Thalle blanc grisâtre, pulvérulent, crevassé-rugueux. Lirelles pressées, petites, immer- gées, simples ou peu rameuses, à disque étroit pruineux, à bord thalloide égalant les lirelles ou les dépassant un peu, ou nul. C. spathea Ach. Z. c. — Ce n’est peut-être qu'une forme appauvrie et souvent stérile. Le thalle est blanc pulvérulent. Les lirelles sont linéaires flexueuses, rameuses, souvent sans disque et sans bord distinct. M. Ar- nold la place dans une section à apoth. sans pruine et à disque linéaire. SÉANCE DU 99 FÉVRIER 1884. 101 Acharius décrit : « Crusta inæquabili subpulverulenta alba; apoth. im- mers., elongatis flexuosis ramosis nudiusculis, disco rimæformi-canali- culalo, margine thallode subnullo ». Chevallier répète à peu près les mémes termes. Olivier, Lich. Orne, 280. On ne peut éloigner de ces formes du serpentina : Opegrapha lactea Duf. (herb. Desmz. in Mus. Par.). d. aggregata Malbr. Cat. Lich. suppl. p. 55. — Thalle blanchàtre, inégal, presque couvert par les lirelles nombreuses, entassées, assez courtes, simples ou peu rameuses, à bords libres, noirs et très onduleux, à disque plan pruineux, à extrémités obtuses. Sur les Sapins. — Brionne (Eure). e. stellaris Mey. in Schær. Enum. 151; Arn. l. c."(sub f. pulveru- lenta); Roumeg. Types norm. 12. (coll. Brunaud). — Lirelles radiées- stellées, immergées, aigués, rappelant un peu le dendritica, mais bord propre visible. Cerisiers, Chéne, Sapins àgés. — Normandie, Champagne. f. Cerasi Ach. Syn. p. 83; Herb. Mus. Par.; Anzi, 343; herb. Desmz. 9, 4; Arn. l. c. n° 10; Gr. pulverulenta. var. Cerasi Chevall.; Gr. recta Schær. (Herb. Mus. Par.); Gr. scripta horizont. b. pruinosa Hepp 889. — Opegrapha scripta rectu pruinosa Mull. — Graphis scripta pulver. recta Hepp 46, pr. p. — Thalle mince-épiphléode, blanchätre. Lirelles courtes, pressées subparalléles, à disque élargi pruineux. Voisin, mais bien distinct, de typographa. Cerisiers, Bouleaux. — Pyrénées, Champagne, Lille. 4. G. ELEGANS (Dorr.) Ach. Syn. p. 85; Schær. Enum.152, Exs. 515; Kerb. Par. p. 255; Leight. Lich. Brit. p. 427; Nyl. Lich. Par. 69; Prodr. p. 151; Malbr. Cat. p. 222, Exs. 245; Herb. Mus. Par.; Herb. Desmz. 9, 11; Olivier, Lich. Orne, 243. — Aulacogra- pha elegans Leight. Br. Graph. 45. — Opegrapha sulcata Pers.; Duf.; Moug. Stat. Vosg. 360; DC. Fl. fr. suppl. 845; Chevall. Fl. Par. p. 536; Op. rimulosa Montg. Syll. Thalle submembraneux ruguleux, blanchâtre. Lirelles allongées, super- ficielles, presque libres du thalle, éparses, simples, droites ou rarement rameuses, à disque trés étroit, pruineux, puis nu et à bords sillonnés. Charmes, Houx, Bouleaux, Châtaigniers, Cerisiers, Hétre (?). — Paris, Normandie, Gironde, Vendée, Bretagne, Vosges, Haute-Vienne, Charente- Inférieure, Deux-Sévres. à. genuina. — Lirelles éparses dans plusieurs directions. b. parallela Schær. — Lirelles subparallèles. Hepp 552. 102 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. c. eondensata Malbr. — Lirelles pressées-épaisses; thalle rugueux. d. eatenula Chevall. — Lirelles brisées moniliformes. B. Lirelles larges tout à fait planes. ARTHONIOÏDEÆ. 5. G. DENDRITICA Ach. Syn. p. 83; Nyl. Prodr. 150; Herb. Desmz. 9, 6; Korb. Par. p. 256; Leight. Lich. Brit. p. 431; Schær. Enum. 152, Exs. 585; Malbr. Cat. p. 222, Exs. 296 (pr. p.); Oliv. Lich. Orne, 282, 284 (non Roumeg., Types norm. 23, Coll. Brun.). — Platygramma Mey. — Hymenodecton Leight. Br. Graph. p. 42. — Arthonia Duf. Journ. phys. 4818 ; Chevall. Fl. Par. 540. Thalle blanc, d'abord membraneux, puis pulvérulent, épiphléode inégal, formant quelquefois de larges plaques couvertes de lirelles; celles-ci sont complétement immergées, rameuses, radiées-stellées, à rayons aigus, à disque large plan, d'un noir opaque, nu, à rebord propre, peu visible ou enveloppé et caché par le thalle. Hymenium noirâtre dans toute son épaisseur. Spores oblongues cylindracées, 23-36-44 >< 7-8-9. Chêne, Hêtre, Sapin, Chêne vert, Houx, Sorbier, Charme, Châtaignier. — Normandie, Bretagne (très beau), Paris (plus rare), Vendée, Màcon, Gironde, Charente-Inférieure, Deux-Sèvres. On peut distinguer les formes suivantes : Acuta Leight. l. c. Lirelles nombreuses, ramifiées sous des angles trés aigus, rayonnantes, acumi- nées aux extrémités. Trés beau sur Hétre (Olivier), Chéne, Sapin. — Ma- culans Oliv. Lich. Orne, 286, et rugosa, 285, ne peuvent pas être séparés. Les lirelles sont trés pressées, déformées, subarrondies au centre et encore rayonnantes à la circonférence. Le thalle est rugueux. — Obtus- angula (Duf.). Scheer. Enum.; Arthonia Duf. ex specim. ipsius in Herb. Desmz.; Graphis dendritica f. obtusa Leight. l. c. Lirelles plus courtes, seramifiant sous des angles larges, arrondies, à extrémités obtuses, à bord thalloide presque nul. Spores un peu larges, 30-34 x 9-10, à cinq cloisons. Sur Tilleul, Chêne. L'échantillon des Lichens de l'Ouest, n° 287 (ex specimine misso) est différent. Cela me parait un état sénile du den- dritica. Le disque hyménien n'existe plus qu'à l'extrémité des lirelles, qui sont trés longues. — L'Arthonia medusula DC. (sub Opegrapha); Hepp 898; Nyl. Lich. Par. 84; Malbr. Cat. 238, Exs. 194; Ach. Syn.add. p. 394, n'est vraisemblablement que le dernier terme de la dégradation de cette espéce sur les vieilles écorces de Chéne. 6. G. Swrrum Leight. Br. Graph. p. 44; Nyl. Prodr. 150 et Herb. Mus. Par.; Roumeg. Types norm. 22; Malbr. Cat. 222, Exs. 40; Oliv. SÉANCE DU 22 FÉVRIER 1884. 103 Lich. Orne, 283; Gr. inusta Leight. Lich. Brit. 3* éd. p. 431 (viz Acharius Syn. p. 85, qui avait en vue une plante du Canada). Cette espèce, dont quelques auteurs ne font qu'une variété de la précé- dente, à laquelle elle se rattache par quelques transitions, se distingue aux caractéres suivants : Lirelles plus courtes et moins ramifiées, à disque un peu large; hypothecium incolore, blanchâtre sur le sec. Spores un peu plus courtes, 30-35 Xx 9, de bonne heure brunies (M. Leighton dit: « spor. fuscescent ») (voy. fig. 18-21). Chêne, Sapin, Houx, Châtaignier, Cerisier, Frêne, Chêne vert. — Normandie, Bretagne, Noirmoutier, Gharente-Inférieure, Deux-Sèvres. a. maeularis Leight. Br. Graph. 42; Lich. Brit. 432; Oliv. Lich. Orne, 244; Malbr. Cat. p. 222, Exs. 395. — Lirelles arrondies, ovales, oblongues ou vaguement rameuses. Thalle rugueux et lirelles pressées dans les échantillons bretons ; thalle lisse et lirelles espacées dans notre exsiccata. b. divaricata Leight. l. c. — Lirelles étroites, un peu our dM à angle droit, nullement étoilées. C. simpliciuscula Leight. l. c. — Lirelles petites, simples, dis- persées. 7. G. LveLL1 (Sm.) Ach. Syn. p. 85; Schær. l. c. 152; Nyl. Prodr. 151 ; Oliv. Lich. Orne, 281. — Arthonia marginata Duf. in Herb. Desmz. (non Moug.). — Chiographa Lyelli Leight. Br. Graph. p. 16. Thalle membraneux, hypophléode, lisse, påle olivàtre (Scherer dit à la fin: « pulvérulent etblane »; cela ne convient nullement aux échantillons bretons). Lirelles plus superficielles que dans Smithii, adnées, planes, simples, elliptiques ou un peu allongées, peu rameuses; bord propre visible ou à peine recouvert par le thalle; Die très large, pruineux, bientôt nu. Spores 27-34 X 8-10. Chêne (trés beaux échantillons reçus de M. Olivier), Hêtre (de la Godelinais). — Bretagne, Gironde. USTALIA (Montg. cent. III, n° 79; Sylloge, p. 352). Thalle membraneux ou pulvérulent. Lirelles minces, immergées, li- néaires flexueuses, simples ou un peu rameuses, à disque étroit nu ou pruineux; à bord thalloide proéminent, tuméfié quelquefois, cachant presque le disque. Spores ovales ou oblongues, parenchymateuses, multi- cellulaires murales (plus larges que dans aucune espéce du genre Graphis). 104 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. U. ANcuINA Montg. l. c. — Graphis anguina Nyl. Prodr. p. 149; Malbr. Cat. 219, Exs.394; Gr. scripta Leight. Br. Graph. p. 21.— Thal- loloma anguina, Leight. Lich. Brit. exs. 18, 19, 20. — Graphis sophistica Leight. Lich. Brit. p. 434. Une seule espèce, caractères du type. Spores 35-60 X 14-20 ; 9-10 cloi- sons ; avec les formes suivantes : a. flexuosa Leight. — Thalle ridé-rugueux, glaucescent. Lirelles flexueuses, presque cachées par le bord thalloide épais. C'est la forme que j'ai publiée. b. pulverulenta Leight. Exs. 20. — Thalle mince, blanchátre, pulvé- rulent. Lirelles courtes, simples ou peu rameuses, à disque un peu élargi, pruineux. Forêt de Fougères (de la Godelinais; herb. Viaud). €. spathina Malbr. (elle rappelle tout à fait la forme spathea du ser- pentina). — Graphis scripta (anguina) f. pulverulenta Larbalestier 236; Gr. sophist. f. rugosa, (Ach.) ; dela Godelinais (Herb. Letendre).— Thalle blanc assez épais, pulvérulent. Lirelles fines, immergées, simples ou rameuses, à bord thalloide presque nul. Chéne, Châtaignier, Charme, Yeuse, Lierre, Hêtre. — Normandie, Bretagne, Vendée, Deux-Sévres, Gironde. M. G. Bonnier donne lecture d'une communication de M. Ed. Cocardas sur Le Penicillium ferment dans les eaux distillées (1). M. Morot dépose sur le bureau le manuscrit de la communication suivante, qu'il a faite dans la séance du 8 février : NOTE SUR L'ANATOMIE DES BASELLACÉES, par M. L. MOROT. Moquin-Tandon a proposé de retirer des Chénopodées, parmi lesquelles on les rangeait précédemment, les genres Boussingaultia, Anredera et Basella, pour en former, sous le nom de Basellacées, une famille dis- tincte caractérisée par des fleurs pédicellées, un périanthe double, des anthères sagittées, et surtout par son port. Pour Endlicher, les Anredera et Boussingaultia forment dans la tribu des Chénopodées la sous-tribu des Anrédérées, tandis que les Basella for- ment dans la tribu des Spirolobées la sous-tribu des Basellées. (1) La décision de la Commission du Bulletin n'étant pas encore prise, ce travail ne pourra prendre place dans la présente séance. SÉANCE DU 22 FÉVRIER 1884. 105 Le Maout et Decaisne, adoptant la maniére de voir de Moquin-Tandon, placent les Basellées comme famille spéciale entre les Tétragoniées et les Chénopodées. « Les Basellées, disent-ils, sont intermédiaires aux Chénopodées et Amarantacées ; elles se rapprochent un peu des Portulacées, et leur tige grimpante rappelle celle de quelques Polygonées ; mais elles s'éloignent de toutes ces familles par leur port, leurs tiges volubiles à droite, leur calice accompagné de bractées persistantes et souvent ailées, leurs étami- nes à anthéres sagittées et à filets dilatés inférieurement, etc. » Enfin, dans le Genera de Dentham et Hooker, ces plantes constituent unesous-famille dans la famille des Chénopodiacées, que les auteurs parta- gent en Chénopodées, à lige non volubile, et Basellées, à tige volubile. Cette sous-famille est divisée elle-méme en deux tribus : les Eubasellées, àembryon spiralé, sans albumen, comprenant les genres Basella, Tour- nonia et Ullucus, et les Doussingaultiées, à embryon semi-annulaire et à albumen farineux, comprenant les genres Zoussingaultia et Anredera. On voit par là que les auteurs ne sont pas d'accord sur la valeur du groupe qui nous occupe et sur la place qu'il convient de lui attribuer dans la classification. L'anatomie peut nous aider à résoudre la question, car elle montre chez - les Basellacées une structure tout à fait différente de celle des Chénopo- diacées. La tige des plantes de cette dernière famille est caractérisée au point de vue anatomique par l'existence de cercles concentriques de fais- ceaux libéro-ligneux tertiaires, constitués aux dépens de couches succes- sives et centrifuges de méristéme, nées dans le parenchyme secondaire, qui provient lui-méme du cloisonnement répété des cellules du péricycle. Or rien de semblable ne s'observe dans les tiges de Basellacées. Par contre, celles-ci présentent autour de la pointe des faisceaux ligneux des groupes libériens de formation plus ou moins tardive, entaillés dans des files de cellules médullaires. L'existence de ce liber interne, parfaitement caractérisé par la présence de tubes criblés, n'a pas été, à ma connais- sance, signalée jusqu'ici; du moins il n'en est pas fait mention dans un travail sur les faisceaux bicollatéraux publié par M. Petersen, qui a ajouté aux exemples connus précédemment la liste d'un certain nombre de plantes appartenant à diverses familles chez lesquelles on trouve du liber interne (1). Mes observations ont porté sur trois espéces de genres différents : Ba- sella rubra, Boussingaultia baselloides et Ullucus tuberosus, qui m'ont donné des résultats identiques. (1) O. G. Petersen, Ueber das auftreten bicollateraler Gefüssbündel, ete. (Bot. Jahr- bücher, octobre 1882). 106 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Le Basella rubra présente, sous une écorce assez épaisse, un péricycle formé de deux zones distinctes : l'externe, à deux ou trois assises, est sclé- reuse, fibrifiée ; l'interne, à cinq ou six assises, reste parenchymateuse. En dedans de celle-ci, on trouve quatre grands faisceaux libéro-ligneux et un nombre variable de faisceaux interealaires beaucoup plus petits, nés postérieurement aux premiers. L'anneau fibreux du péricycle empéchant la dilatation du cylindre central,le liber primaire se trouve écrasé et forme au dos de chaque faisceau une trainée quirend extrémement nette la limite entre le liber et le parenchyme extérieur appartenant au péri- cycle. En méme temps la moelle, comprimée par le développement se- condaire des faisceaux, a aussi une tendance à s'écraser dans sa région centrale. Autour dela pointe des faisceaux ligneux, dont les premiers vaisseaux étroits sont dissociés, se forment plus ou moins tardivement, comme je l'ai indiqué plus haut, de petits groupes libériens dont le nombre va en augmentant avec l'àge. Dans la portion inférieure de la tige, qui est renflée, charnue, le péri- cycle ne comprend qu'un petit nombre d'assises et reste entièrement pa- renchymateux ; la moelle est trés-développée; le liber interne est peu abondant et se produit plutót sur les cótés du bois qu'à sa pointe. La tige du Boussingaultia baselloides présente les mêmes caractères essentiels que celle du. Basella rubra, avec quelques modifications de détail. L'anneau scléreux du péricycle y est plus épais et comprend jusqu'à six assises de fibres. Il existe en dedans de la zone parenchymateuse trois et quelquefois quatre grosfaisceaux libéro-ligneux et d'autres plus petits inter- calés aux premiers. La moelle est de bonne heure complétement écrasée, et au bout d'un certain temps l'anneau fibreux du péricycle se fragmente pour permettre la dilatation du cylindre central. Les groupes de liber in- lerne sont plus: nombreux que dans le Basella et prennent naissance non seulement à la pointe des faisceaux ligneux, mais encore sur leurs flancs. La base de la tige se renfle en un gros tubercule dont les dimensions sont dues au développement exagéré de la moelle. Dans l’ Ullucus tuberosus on retrouve encore la méme organisation essentielle. Seulement le péricycle ne comprend qu'une seule assise fibreuse, parfois méme interrompue cà et là, et une à trois assises de parenchyme. Le liber interne est trés abondant et arrive à constituer un arc complet à la pointe du bois des faisceaux. La tige de l'Ullucus tuberosus émet des rameaux souterrains qui se renflent à leur extrémité entubercules arrondis dans lesquels le développe- ment de la moelle est. prépondérant. En résumé, la structure anatomique des Basellacées, structure qui est SÉANCE DU 14 Mans 1884. 107 la méme pour les divers représentants de ce groupe, diffère de celle des Chénopodiacées par un double caractère, l'un positif, formation de liber interne dans la moelle, l'autre négatif, l'absence de faisceaux libéro-ligneux tertiaires dérivés du péricycle. Il y a done lieu de revenir à l'opinion de Moquin-Tandon et de Decaisne, et de regarder les Basellacées comme une famille spéciale, que peut-étre méme on devra placer plus loin des Ché- nopodiacées que ne l'avaient fait ces auteurs. A la suite de cette communication, M. Van Tieghem a fait ob- server que, par sa structure anatomique, ce groupe de végétaux s'éloigne ainsi à la fois des Chénopodées et de toutes les familles de Dicotylédones qui présentent la même anomalie de structure que les Chénopodées. SÉANCE DU 44 MARS 1884. PRÉSIDENCE DE M. DUCHARTRE. M. G. Bonnier, secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la séance du 22 février, dont la rédaction est adoptée. Par suite de la présentation faite dans la derniére séance, M. le Président proclame membre de la Société : M. ArNauD (Joseph-Charles), étudiant en médecine, rue Saint- Guilhem, 14, à Montpellier, présenté par MM. Barrandon et Flahault. M. le Président annonce ensuite deux nouvelles présentations, et lit une lettre de M. Antonio d'Oliveira David, qui remercie de son admission. M. le Président annonce à la Société la mort de M. Engelmann et prononce quelques paroles au sujet de la perte de ce botaniste. Dons faits à la Société : M. Gandoger, Flora Europe, tome I. Husnot, Muscologia gallica, livr. 1. Magnier, Plantes intéressantes des marais de la Somme. Vilmorin-Andrieux, Supplément aux fleurs de pleine terre. 108 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Fliche, Étude sur les tufs quaternaires de Resson. Zeiller, Sur quelques genres de Fougéres fossiles nouvellement créés. Farlow, Notes on some Species in the third and eleventh centuries of Elliss North American Fungi. — Notes on some Ustilagineæ of the United States. — Enumeration of the Peronosporeæ of the United States. — Notes on the Cryptogamic Flora of the White mountains. Dr Savastano, Les plantes apistiques. -— Le pincement de la Vigne. — Di alcune varietà di Agrumi. — Annuario della r. Scuola superiore d'agricoltora in Portici. De la part de M. le Ministre de l'instruction publique : Revue des Sociétés savantes, 3 série, t. III, année 1880. Bulletin de la Société Linnéenne de Normandie, 3° série, T° volume (1882-1883). - De la part de M. le Ministre de l'agriculture : Annales de l’Institut national agronomique, 6° année, 1881-82, et Supplément au n° 7. M. G. Rouy offre à la Société son travail sur ses Excursions bota- niques en Espagne en 1881 et 1882. M. Mangin offre à la Société le travail de MM. G. Bonnier et Mangin sur la Respiration et la Transpiration des Champignons. M. Van Tieghem présente à la Société, de la part de M. Vuillemin, chef des travaux d'histoire naturelle à la Faculté de médecine de Nancy, la communication suivante : REMARQUES SUR LA SITUATION DE L'APPAREIL SÉCRÉTEUR DES COMPOSÉES, par M. VUILLEMIN. Dans une récente communication à la Société botanique de France, M. Ph. Van Tieghem étudiait la Situation de l'appareil sécréteur dans les Composées (1). Mes recherches me permettent d'étendre et de préciser quelques points de cet important travail. I. Canaux oléifères des Radiées et des Tubuliflores.— En ce qui con- cerne les canaux oléifères chez les Radiées et les Tubuliflores, M. Van (1) Bull. Soc. bot. de France, 1883, t. XXX, p. 310. SÉANCE DU 14 MARS 1884. 109 Tieghem se borne à rappeler les conclusions d'un mémoire antérieur (Mém. sur les canaux sécréteurs, in Aun. des sc. nat. 5° sér. t. XVI, 1872), résumées dans cette formule : « Dans la racine, les canaux sécréteurs sont dépourvus de cellules » spéciales, entaillés directement dans l'épaisseur de l'endoderme dé- » doublé... Dans la tige et les feuilles, ils sont bordés de cellules sécré- » trices spéciales, individualisés par conséquent par rapport à l'endo- » derme. » Nous avons relevé de nombreuses exceptions à ce dernier point. Elles se raménent à deux cas. 1° Les canaux sécréteurs de la tige sont entaillés directement dans l'épaisseur de l'endoderme dédoublé. M. Van Tieghem lui-même en cite un exemple (loc. cit.) ayant trait au Tussilago Farfara ; mais il s'agis- sait seulement de la tige souterraine et des feuilles, et l'on pouvait regar- der le fait comme exceptionnel. M. Costantin (Ann. sc. nat. 1883), qui, nous ne savons comment, rapproche le méme Tussilago de quelques Chicoracées par l'absence prétendue de canaux oléifères, a figuré égale- ment cette disposition dans le rhizome d'un Doronic, mais sans y faire allusion dans le texte. Outre les rhizomes des Doronicum Pardalianches, D. caucasicum, Petasites officinalis, Tussilago Farfara, elle existe dans la tige florale de cette derniére plante, à la base et au sommel, ainsi que dans les tiges aériennes et souterraines des Adenostyles albifrons, Homogyne alpina, Cacalia suaveolens, C. intermedia, Eupatorium cannabinum, E. melissoides, Aronicum scorpioides, Senecio vulgaris, S. paludosus, Nardosmia fragrans, Biotia commixta, Palafoxia texana, Stevia ivæ- folia, Serratula tinctoria, S. coronata. Dans les Lasthenia glabrata et Cinara corsica, on trouve tantót celte forme, tantót l'état habituel. L'Inula Helenium ne nous l'a présentée que dans les pédoncules com- muns de l'inflorescence. Cette disposition spéciale se retrouve avec une certaine constance dans certains groupes naturels. Pourtant elle n'est pas un indice infaillible des affinités. Ainsi le type ordinaire est réalisé par le Cacalia repens, tandis qu'une espèce du genre Senecio nous offre la deuxième exception, que voici : 2 Les canaux sécréteurs sont situés en dedans de l'assise à plisse- ments. Nous ne connaissons cette disposition que dans le Senecio corda- tus, recueilli dans les Alpes suisses. Les cellules de bordure présentent tout autour du canal l'aspect caractéristique. Ce fait admettait deux expli- cations : ou bien l'appareil oléifére est d'origine péricyclique, ou bien l'assise ponctuée n'est pas à ce niveau l'endoderme. L'étude du dévelop- pement démontre que la seconde alternative est la vraie. L'endoderme, 110 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. multipliant activement ses cellules, produit de trés bonne heure les cel- lules oléiféres. C'est une couche plus externe qui prend et ses fonctions, et sa structure. II. Réseaux laticifères des Liguliflores. — Nous avons constaté sur un grand nombre d'exemplaires l'origine exclusivement péricyclique et des laticifères à la période primaire, et des èellules épaissies extra-libé- riennes. Nous n'ajouterons rien à ce point, qui est le fonds du mémoire de M. Van Tieghem. Nous remarquerons seulement que dans les ilots libériens médullaires, le rang de petites cellules de parenchyme où se localisent les laticifères à la période primaire ne se distingue du liber ni par son origine, ni par une limite tranchée. Ne pouvant se loger hors du liber, les laticiféres ne s'enchevétrent pas avec les éléments essentiels de ce tissu, mais s'étalent en réseau à la périphérie. Ils appartiennent bien au parenchyme libé- rien. Ce fait, loin de diminuer le rôle du péricycle, le met mieux en relief, puisque c’est seulement en son absence que l’on trouve des laticifères dans le liber primaire. III. Cellules résineuses des Tubuliflores. — Nous avons étudié leur formalion dans le Silybum Marianum. Elles apparaissent seulement lorsque les faisceaux des cotylédons ont quitté le cylindre central. Ces faisceaux sont de deux ordres. Les uns, fournis par la racine, entrainent avec ses canaux oléifères l'endoderme, qui dans la tigelle était dédoublé dans tout son pourtour. Les autres, provenant des faisceaux de la tige, s'échappent les premiers. Sur leur face externe, et avant leur sortie, le péricycle s'était différencié en un massif de cellules nacrées, s’avançant .jusqu'à l'écorce. Ils sont done dépourvus de tout système sécréteur, car l'endoderme se divise en deux demi-gaines pour leur livrer passage. La troisième assise de l'écorce, reconnaissable déjà dans la tigelle hypo- cotylée à ses trés gros grains d'amidon, devient l'endoderme sur le dos de ces faisceaux aussi bien que dans toute la tige et les feuilles. Dés que les faisceaux de la nervure médiane des cotylédons ont en- trainé hors de la limite du cylindre central l'endoderme oléifère, tous les autres faisceaux se revétent de cellules nacrées péricycliques, séparées de l'endoderme par une assise d'éléments à parois minces. Celles-ci, par un cloisonnement actif, donnent un massif de cellules résineuses qui s'étale- ront en arc au cours du développement. Nous voyons là une remarquable suppléance physiologique entre les canaux oléifères de la racine et les cellules résineuses de la tige. Ceux-ci apparaissent sur tous les faisceaux de la tige, sauf sur la paire unique, qui s'en échappe avant la disparition de l'appareil oléifère. SÉANCE DU 14 MARS 1884. 144 A la suite de cette communication, M. Van Tieghem présente les remarques suivantes : Cette sorte de canaux sécréteurs, entaillés dans l'épaisseur méme de l'endoderme, que l'on rencontre dans la tige etles feuilles de certaines Radiées et qui font l'objet du premier paragraphe de la note de M. Vuille- min, m'était parfaitement connue en 1872. Pour la tige, j'ai signalé ces canaux, non seulement dans le Tussilago Farfara, comme le rappelle M. Vuillemin, mais encore dans les Cineraria maritima et Cirsium arvense (loc. cit. p. 130). Pour la feuille, je me suis exprimé ainsi à leur sujet : « Quelquefois, comme dans les Tussilago Farfara, Cineraria maritima, etc., on voit le canal entaillé dans l'épaisseur méme de l'endo- derme, comme s'il provenait de la division en quatre d'une de ses cel- lules » (loc. cit. p. 133). Cette citation montre que je connaissais d'autres exemples de cette disposition ; et en effet,en feuilletant ce matin mon an- cien cahier d'observations, je l'y ai trouvée signalée et figurée notamment dans le Petasites niveus, non cité par M. Vuillemin, et dans le Senecio vulgaris,qui fait partie de sa liste. Cette liste est d'ailleurs fort intéres- sante; elle prouve que la disposition dont il s'agit est moins rare qu'on ne l'avait cru jusqu'ici. . D'autre part, tout en la distinguant avec soin de la forme habituellement offerte par les canaux oléiféres dans la tige et la feuille des Radiées, je ne pense pas qu'il faille pour cela l'assimiler à la disposition des canaux dans la racine de ces plantes, comme semble le faire M. Vuillemin. En réalité, les canaux sécréteurs des Radiées affectent, par rapport à l'endo- derme, auquel ils appartiennent, trois modifications principales. Daus la racine, ils sont dépourvus de cellules spéciales, puisque chaque cellule sécrétrice de l'endoderme a la méme forme et la méme dimension que les cellules non sécrétrices et déverse ses produits à la fois dans les deux méats qu'elle touche ; cette disposition se conserve dans la région infé- rieure de la tigelle et se rencontre aussi dans certaines tiges souterraines (Tussilago Farfara, Cirsium arvense, etc.). Dans la tige et les feuilles, au contraire, ils sont bordés de cellules spéciales, qui ne déversent leur produit que dans un seul méat et qui sont plus petites que les cellules non sécrétrices de l'endoderme. Mais il y a deux degrés dans cette spé- cialisation. Tantót le cloisonnement qui découpe les cellules de bordure se produit vers l'un des bords de l'endoderme dilaté, en séparantle canal de l'assise à plissements, en l'individualisant par rapport à l'endoderme proprement dit : c'est le cas de beaucoup le plus fréquent. Presque tou- jours alors c'est vers le bord externe,en dehors des plissements, que le cloi- sonnement s'opére, de maniére à rejeter le canal du cóté de l'écorce; quelquefois, comme M. Vuillemin vient de le montrer dans un Senecio, 4112 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. c'est au contraire vers le bord interne, en dedans des plissements, de fa- con àrefouler le canal du côté du péricycle. Tantôt le canal se forme au plein milieu de l'endoderme non dilaté, par la simple division cruciale d'une cellule plissée,de manière à demeurer compris dans l'épaisseur de l'endo- derme, vis-à-vis duquel il ne s'individualise pas : c'est le cas le plusrare, celui dont M. Vuillemin vient de citer de nouveaux exemples. Les quatre cellules qui bordent le méat n'en sont pas moins des cellules spéciales, puisque chacune d'elles n'a que le quart de la dimension d'une cellule endodermique ordinaire. C'est pourquoi ce troisième cas, évidemment in- termédiaire aux deux autres, me semble plus rapproché du second que du premier. C'est aussi la raison pour laquelle, dans la note visée par M. Vuillemin, ayant à résumer en deux mots la forme et la situation de l'appareil oléifere endodermique des Radiées, je m'étais contenté d'op- poser aux canaux #0n bordés de la racine les canaux bordés de la tige et des feuilles. M. Van Tieghem fait à la Société la communication suivante : SUR LA SITUATION DE L'APPAREIL. SÉCRÉTEUR DANS LA RACINE DES COMPOSÉES, par M. Ph. VAN TIEGHEM. Dans deux Notes précédentes (1), j'ai montré à la Société que chez les Ombelliféres et les Araliées d'une part, chez les Pittosporées de l'autre, les canaux sécréteurs du péricycle de la racine se continuent, eu se bor- dant de cellules spéciales, dans le péricycle de la tige et des feuilles, for- mant ainsi un systéme continu qui, dans toute l'étendue du corps de la plante, occupe la méme région anatomique. On sait aussi que les canaux oléifères de la racine des Composées, quand ils se continuent en se bor- dant de cellules spéciales dans la tige et dans les feuilles, y demeurent situés dans la méme région anatomique, qui est ici l'endoderme. Cette unité de lieu de l'appareil sécréteur parail toute naturelle. Il est pourtant nécessaire de la constater directement dans chaque cas particulier. Il faut en effet se garder de croire qu'elle soit constante et qu'il soit per- mis, par conséquent, de conclure à son sujet d'un membre à l'autre. De ce que, par exemple, l'appareil sécréteur est situé à l'intérieur du péricycle dans la tige et la feuille d'une certaine plante, il ne s'ensuit pas nécessai- rement qu'il occupe la méme position dans la racine de cette plante, et vice versá. On connait déjà des exemples d'une localisation différente de (1) Ph. Van Tieghem, Sur les canaux sécréteurs du péricycle dans les Ombelliferes et les Araliées (Bulletin Soc. bot. de France, 1884, t. XXXI, p. 29). — Sur les canaux sécréteurs du péricycle dans les Pittosporées (ibid. p. 43). SÉANCE DU 14 Mars 1884. 113 l'appareil sécréteur dans la racine et la tige de la même plante. Ainsi, parmi les Clusiacées, les Xanthochymus, Rheedia et Garcinia ont lé- corce de la racine dépourvue de canaux sécréteurs, mais munie en re- vanche de deux assises oléiféres, l'une en dehors, qui n'est autre que l'assise subéreuse, l'autre en dedans, qui n'est autre que l'endoderme dans les ares subérifiés superposés aux faisceaux libériens ; la tige de ces mémes plantes a au contraire son écorce creusée de canaux sécréteurs, mais par contre dépourvue d'assises oléiféres. Ainsi encore, parmi les Coniferes, les Abies, Cedrus et Pseudolarix possèdent, dans la racine un canal médullaire axile sans canaux corticaux, dams la tige au contraire, des canaux corticaux sans canal médullaire axile (1). La présente Note va nous montrer chez les Composées un exemple encore plus frappant de ce changement de lieu d'un appareil sécréteur quand on passe dela tige à la racine. Dans une précédente communication (2), j'ai établi que le réseau lati- - cifère des Liguliflores, ainsi que les cellules résinifères isolées des Tubu- liflores, appartiennent, dans la tige et la feuille de ces plantes, à l'assise exlerne du péricycle, séparés du liber, c'est-à-dire des tubes criblés les plus externes, par toute l'épaisseur du faisceau de soutien qui se con- titue, comme on sait, aux dépens de la région interne du péricycle. Je n'ai rien dit alors de la racine de ces Composées, et c'est cette lacune que je désire combler aujourd'hui. 1. Racine des Liguliflores. — Considérons d'abord les Liguliflores, et prenons pour premier exemple la Scorsonére (Scorzonera hispanica). Avant l'apparition des formations secondaires, le cylindre central du pivot de cette plante comprend quatre faisceaux ligneux avec autant de faisceaux libériens alternes, disposés à la périphérie d'une assez large moelle et sé- parés de l'endoderme par une seule assise de cellules formant le péricycle. Chaque faisceau libérien a la composition suivante. Contre le péricycle sont adossés quelques petits îlots de tubes criblés très étroits, au nombre de trois à cinq ordinairement, séparés l’un de l’autre par une ou deux cellules de même diamètre qu’un îlot tout entier; chacun de ces petits faisceaux criblés provient en effet du cloisonnement longitudinal d'une seule cellule de l'assise sous-péricyclique, pareille à celles qui subsistent éntre eux. En dedans de cette première assise, qui est le lieu des tubes criblés, il yen à ordinairement deux autres, formées de cellules de même largeur que celles qui séparent les îlots criblés dans l’assise externe. (1) Ph. Van Tieghem, Mémoire sur les canaux xod dita des plantes (Ann. des sc. nat. 5° série, 1872, XVI, p. 177 et p. 187). (2) Ph. Van Tieghem, Sur la situation de |l'appareil PETES dans les Composées ( Bull. Soc. bot. de France, 1883, t. XXX, p. 310). T. XXE (SÉANCES) 8 114 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Aprés quoi, vient la rangée de cellules conjonctives dontle cloisonnement tangentiel produit plus tard la zone génératrice des formations secon- daires, rangée qui borde le liber et le limite en dedans comme le péricycle le borde et le limite en dehors. Dans le cylindre central ainsi constitué, où sont situés les réseaux lati- cifères? On n'en trouve pas dans le péricyele, dont toutes les cellules sont hyalines,souvent méme rendues trés réfringentes parla présence de l'inuline en dissolution dans le suc cellulaire. Ils appartiennent aux deux rangées de cellules situées au bord interne du faisceau libérien, en dedans des tubes criblés. La majeure partie de ces cellules renferme du latex, tandis que les cellules de parenchyme qui séparent les ilots criblés dans l'assise externe du liber n'en contiennent pas; cependant, sur les flancs de l'arc libérien, les laticiféres viennent toucher le péricycle. Les coupes longitu- dinales montrent que les cellules laticifères se sont fusionnées dans . chaque série verticale par la destruction des cloisons transverses, qui demeurent marquées par un léger bourrelet circulaire; de plus, les mem- branes qui séparent deux séries longitudinales voisines se montrent cà et là percées de trous ronds qui permettent un mélange direct des contenus laiteux dans le sens transversal. Quand deux séries de cellules laticifères sont isolées par une série de cellules de parenchyme ordinaire, leur mem- brane pousse vers ces cellules ordinaires un grand nombre de protubé- rances coniques dont la plupart demeurent courtes et closes au sommet ; certaines seulement, situées cà et là en face d'une cloison transverse, se prolongenten s'insinuant dans l'épaisseur de la cloison entre deux cellules ordinaires superposées et viennent s'aboucher avec le laticifère situé de l'autre cóté. : Ainsi donc, dans la racine, le réseau laticifère occupe le bord in- terne du liber en dedans des tubes criblés, tandis que dans la tige et la feuille il occupe, comme on sait, le péricycle en dehors des tubes criblés. Comment se fait, au collet, le passage de la première disposition à la seconde? Une série de sections transversales, pratiquées depuis la base du pivot jusque assez avant dans la tigelle, montre que le latex apparait dans le péricyele avant d'avoir disparu du liber; il y a un courtespace où les deux systèmes coexistent ; dans cette région, ils contractent de nombreuses ana- stomoses, aussi bien à travers la couche des tubes criblés par le moyen des cellules de parenchyme qui séparent les îlots, que sur les flancs du liber, où, comme on sait, les laticifères libériens touchent directement le péricycle. Un peu plus haut les laticifères libériens cessent tout à fait, etle système sécréteur du péricycle existe seul désormais. Il n'y a donc pas simplement passage du réseau laticifère de la face interne des tubes criblés sur leur face externe, comme on l'aurait pu croire ; il y a en réalité deux réseaux SÉANCE DU 14 Mans 1884. 115 distincts, qui se remplacent, en s'anastomosant dans la courte région où ils coexistent (1). Avant de quitter la Scorsonère, remarquons encore que l'endoderme de la racine, simple vis-à-vis des faisceaux ligneux, y est dédoublé en face des faisceaux libériens et creusé de méats oléifères. Il y a donc, dans la ra- cine de cette plante, coexistence des deux appareils sécréteurs, laticifère et oléifère, et c'est un nouvel. exemple à ajouter à celui des Scolymus, où j'ai signalé cette méme coexistence en 1872 (loc. cit. p. 128). Dans la tigelle, le cloisonnement de l'endoderme cesse,et avec lui prend fin lappa- reil oléifère, qui-cède la place à l'appareil laticifère dans la tige et les feuilles. Laracine du Salsifis( Tragopogon porrifolius) se comporte comme celle de la Scorsonère, pour les laticifères, comme pour le dédoublement de l'endoderme en face des faisceaux libériens et le creusement de méats entre les cellules dédoublées ; mais il m'a été impossible d'apercevoir la moindre trace d'huile dans ces méats. On sait d’ailleurs que dans les Cicho- riumet Lapsana le dédoublement de l'endoderme a lieu sans que les cellules s’écartent pour former des méats,tandis que chezd'autres Liguli- flores (Hieracium, Chondrilla, Hypochæris, etc.) ce dédoublement ne s'opère méme plus du tout (loc. cit. p. 128). A partir des Scolymuset Scor- zonera, on suit donc pas à pasla réduction progressive de l'appareil oléi- fére endodermique de la racine, à mesure que s'y développe l'appareil laticifére libérien. Les laticifères occupent la même situation dans le liber chez toutes les autres Liguliflores étudiées (Hypocheris,Hieracium, Chondrilla, etc.). 2. Racine des Tubuliflores. — Un certain nombre de Tubuliflores ont, comme on sait, de longues cellules isolées, pleines d'un suc laiteux rési- nifére dans l'assise externe du péricycle de la tige et des feuilles. Ces cellules sécrétrices existent-elles aussi dans la tige de ces plantes el où sont-elles situées? Les Carduus, Cirsium, Silybum, Lappa, étudiés sous ce rapport,ne m'ont montré de cellules résineuses ni dans le liber, ni dans le péricycle. La cause en est peut-étre dans ce fait que le systéme (1) L'origine libérienne des laticifères de la racine des Liguliflores a déjà été indiquée dans mon mémoire de 1872 : « Dans l'organisation primaire de la racine, oi ils ne pa- raissent pas avoir été étudiés, les laticifères des Liguliflores appartiennent aux groupes libériens primitifs, dont ils ne sont que certaines files de cellules transformées » (loc. cit. p. 127). Mais il y a quelque chose à rectifier et à compléter dans ce que je disais alors de leur distribution dans le liber, car j'ajoutais : « Ils sont assez irrégulièrement mélangés aux autres cellules libériennes. Dans le trés jeune àge, il semble méme que tous les éléments libériéns soient également remplis de latex et que ce ne soit que plus tard que le sue laiteux se localise dans certaines cellules. » Je n'avais pas à cette époque analysé avec autant de précision qu aujourd'hui la composition du faisceau libérien, ni fixé aussi exactement la place des tubes criblés par rapport au parenchyme. 116 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. oléifère endodermique est plus développé chez les Tubuliflores que dans la plupart des autres Composées (loc. cit. p. 126) ; quelquefois méme l'endoderme y est dédoublé et creusé de méats oléifères également dans tout son pourtour (Carduus, Lappa, etc.). Pourtant, dans le Vernonia præalta, j'ai observé dans chaque faisceau libérien, en dedans du groupe de tubes criblés et vers les bords de ce groupe, quelques cellules rési- nifères, tandis que le péricycle en était dépourvu. C'en est assez pour montrer que lorsque les cellules résineuses existent dans la racine des Tubuliflores,elles y occupent la méme situation queles réseaux laticifères des Liguliflores ; en d'autres termes, quand le système de cellules résini- feres de ces plantes se prolonge de la tige dans la racine, il change de lieu, quittant le péricycle pour se placer dans le liber. 3. Racine des Radiées et des Labiatiflores. — La raeine des Radiées est toujours, comme on sait, munie d'un appareil oléifére endodermique, mais entièrement dépourvue aussi bien de réseaux laticifères que de cellules résiniféres isolées. Quant aux Labiatiflores, àen juger du moins par les Barnadesia spinosa et le Stiftia chrysantha, seules plantes de cette tribu que j'aie pu étudier, leur racine est tantôt dépourvue (Barnadesia), tantôt munie (Stiftia) de canaux oléiféres endodermiques, mais toujours dénudée de réseaux lati- ciferes libériens ; dans le Stiftia, l'endoderme subit, en face des faisceaux libériens, deux divisions tangentielles, et c'est entre la seconde et la troi- siéme assise que sont creusés la plupart des méats oléifères. La tige et la feuille de ces plantes se montrent d'ailleurs également dépourvues de canaux sécréteurs et de laticifères. M. Duchartre demande à M. Van Tieghem s'il pense que le latex doit toujours, et dans tous les cas, étre considéré comme un produit de sécrétion inutile au végétal. M. Van Tieghem répond qu'il considére en général le latex comme un produit sécrété. Il appuie cette opinion par la compen- sation qui s'établit souvent entre l'appareil laticifère et le système des canaux sécréteurs : c'est ainsi que les Chicoracées présentent seu- lementun rudiment d'appareil oléifère, alors que le latex s'y montre abondant; c’est le contraire chez les Tubuliflores. La principale ob- jection contre cette maniére de voir réside dans ce fait qu'on trouve parfois dans le latex des substances dites de réserve, telles que le sucre, l'amidon, etc., mais on ne saurait faire une distinction ab- solue entre les substances de réserve et les substances éliminées. Ainsi le sucre est une matière de réserve dans la racine de Betterave SÉANCE DU 14 mars 1884. 117 et une matière d'élimination dans les fruits charnus ; l'huile est une substance de réserve dans la graine du Pavot et une substance d'éli- mination dans le fruit de l'Olivier ; l'amidon, qui est si souvent une substance de réserve, est éliminé quand il se trouve dans les sto- mates d'une feuille détachée à l'automne ou lorsqu'il est entrainé et abandonné par un anthérozoide. Il serait facile de multiplier ces exemples. M. Duchartre rappelle que cependant M. Costerus affirme que le latex de l Euphorbia Lathyris est une substance de réserve. M. de Seynes fait remarquer que les substances de réserve non employées sont souvent accumulées en certains points, simplement parce qu'elles sont là les dernières substances formées par la plante. M. Van Tieghem fait remarquer que l'appareil laticifère est un des appareils les plus précoces de la plante; il est souvent diffé- rencié avant les vaisseaux et les tubes criblés, comme cela a lieu aussi pour les canaux qui sécrétent la gomme, l'huile essentielle et la résine, toutes matiéres unanimement considérées comme sub- stances d'élimination. M. Bonnier rappelle que M. Treub a fait des expériences sur le latex de certaines Euphorbes, et qu'il en a conclu que, dans ce cas, le latex joue le róle de réserve ; d'ailleurs ne peut-on admettre que le latex est tantót composé de substances mises en réserve, et tantót de substances sécrétées? Cela peut dépendre de la plante considérée ou même des circonstances extérieures ; les laticifères et les canaux sécréteurs sont. définis morphologiquement, et il serait bien extra- ordinaire que cette définition morphologique impliquát un róle physiologique toujours le méme. M. Bonnier, d'autre part, fait remarquer qu'on peut ajouter l'aleurone aux substances citées par M. Van Tieghem comme étant tantót mises en réserve, tantót éliminées. L'aleurone est mise en réserve dans les graines; elleest éliminée lorsqu'on la trouve, ainsi que l'a observé M. Leclere du Sablon, dans le péricarpe des fruits secs. M. Van Tieghem dit que les expériences de M. Faivre sur les Chicoracées ont été reprises récemment dans son laboratoire par un de ses éléves, M'* Leblois, et qu'elles ont donné des résultats 118 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tout différents. M" Leblois communiquera ces résultats à la Société dans la prochaine séance. M. Duchartre ajoute qu'il conserve une lettre de M. Faivre, où ce dernier revient sur ce que ses affirmations antérieures avaient de trop absolu, et où il reconnait que le latex peut être tantót éli- miné, tantót mis en réserve. M. Bonnier fait à la Société la communication suivante : SUR LES ÉCHANGES GAZEUX ENTRE LES LICHENS ET L'ATMOSPHERE, par MM. Gaston BONNIER et Louis MANGIN. On sait que les Lichens sont ordinairement considérés comme des végétaux indépendants du substratum sur lequel ils croissent, au moins au point de vue du carbone qu'ils assimilent. Nous nous sommes proposé de rechercher si l'acide carbonique de l'air suffit à l'assimilation des Lichens, et s'il n'est pas nécessaire que le carbone assimilé par eux soit emprunté à une autre source. Considérons la partie sans chlorophylle du Lichen, l'ensemble des hyphes: le protoplasma de cette partie du Lichen absorbe constamment de l'oxygéne et émet constamment de l'acide carbonique; il ne peut y avoir par ces échanges gazeux qu'une perte de carbone pour le Lichen. Considérons maintenant la parlie verte, l'ensemble des gonidies: le protoplasma de ces cellules respire comme le précédent; d’où nouvelle perte de carbone. Mais, le jour, à la lumiére, comme ces cellules con- tiennent de la chlorophylle, au phénoméne de la respiration se superpose celui de l'assimilation chlorophyllienne ; un certain volume de l'acide carbonique de l'air est décomposé, et il se dégage de l'oxygéne; d’où un gain de carbone. Ainsi, la nuit, perte de carbone par la respiration de toutes les parties du Lichen; le jour, perte de carbone par ces mémes parties, et en outre gain de carbone par les gonidies. Il s'agit de savoir si ce gain de carbone surpasse l'ensemble des pertes de ce méme corps ; autrement dit, il faut chercher la résultante de l'en- semble de ces divers échanges gazeux. Nous avons opéré, pour ces premiéres recherches, par la méthode de l'atmosphére limitée dans les conditions où elle ne trouble pas les échan- ges gazeux normaux, et au moyen d'appareils sur la description desquels nous croyons inutile de revenir (1). (1) Voyez G. Bonnier et L. Mangin, Sur la respiration et la transpiration des Cham- pignons (Ann. sc. nat. t. XVII, p. 210). SÉANCE DU 14 Mans 1884. 119 Les espéces sur lesquelles nous avons opéré sont les Cladonia rangi- ferina, Evernia Prunastri, Parmelia caperata et Peltigera canina. A l'obscurité, à la lumiére diffuse, au soleil, et à diverses températures depuis 10 degrés jusqu'à 32 degrés, nous avons toujours trouvé pour la résultante des échanges gazeux une absorption d'oxygéne et un dégage- ment d'acide carbonique, méme en opérant dans l'air saturé, condition qui semble la plus favorable au développement des Lichens. C'est ainsi que le Cladonia rangiferina, exposé au soleil intense, à 30 degrés, dans l'air saturé, absorbe en deux heures 6,75 pour 100 d'oxy- gène, et dégage pendant le méme temps 4,64 pour 100 d'acide carbo- nique. Par un soleil faible, à la lumiére diffuse et à des températures moins élevées, nous avons trouvé des résultats analogues. Il en est de méme pour les autres espéces citées. Ainsi, jamais l’action chlorophyllienne, méme dans les conditions d'éclairement, de température et d'humidité où il semble qu'elle doive être le plus favorisée, ne-compense la respiration. Les Lichens, le jour comme la nuit, perdent du carbone, à ne considérer que leurs échanges gazeux avec l’atmosphère. En revanche, les Lichens assimilent de l'oxygène; car dans toutes les séries d'expériences que nous avons faites, nous avons trouvé pour les diverses espéces citées que le volume d'acide carbonique produit est tou- jours plus petit que le volume d'oxygéne absorbé. C'est ce que M. God- lewski avait déjà constaté à l'obscurité pour le Borrera ciliaris. Il résulte de ces expériences, que ce n'est pas à l'air que les Lichens empruntent tout le carbone qui leur est nécessaire. Reste à déterminer si c'est à des matiéres organiques attaquées par les hyphes ou à l'acide carbonique dissous dans l'eau que ce carbone est emprunté. C'est ce que décideront peut-étre de nouvelles recherches. MM. Van Tieghem et Morot déposent sur le bureau la communi- cation suivante, qui sera faite dans la prochaine séance : Sur l'ana- tomie des Stylidiées. 190 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SÉANCE DU 98 MARS 1884. PRÉSIDENCE DE M. DUCHARTRE. M. G. Bonnier, secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la séance du 14 mars, dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la derniére séance, M. le Président proclame membres de la Société : MM. Camus (Edmond-Gustave), pharmacien, boulevard Saint- Marcel, 58, présenté par MM. A. Chatin et Malinvaud. CAGNIEUL (Albert), préparateur à la Faculté des sciences de Bordeaux, présenté par MM. G. Bonnier et Costantin. M. le Président fait ensuite connaitre trois nouvelles présenta- tions. M. le Président annonce la perte regrettable que vient de faire la Société ; une lettre d’un de nos confrères lui annonce la mort de M. Lépine, membre de la Société. M. Malinvaud demande la parole pour présenter un ouvrage, et s'exprime en ces termes : Le livre que je suis chargé d'offrir à la Société est dà à la collaboration de deux de nos jeunes collégues, dont les noms rappelleront aux lecteurs de notre Bulletin la publieation récente de travaux estimés (1). Il est intitulé : FLORE D'ALGER ET CATALOGUE DES PLANTES D'ALGÉRIE, ou Énumération systématique de toutes les plantes signalées jusqu'à ce jour comme spontanées en Algérie, avec description des espèces qui se trouvent dans la région d'Alger ; par MM. Battandier et Trabut, professeurs à l'École de médecine et pharmacie d'Alger (2). Ce titre fait substantiellement connaitre le plan et l'objet de l'ouvrage. Les auteurs comprennent dans la région d'Alger le petit Atlas etl'espace qui s'étend entre la mer et cette chaine de inontagnes; c'estenviron la superficie d'un grand département francais. Ils donnent la description de toutes les espéces rencontrées jusqu'à ce jour dans ces limites, et indiquent avec soin si elles sont spontanées, cultivées, naturalisées ou adventices. Habitant Alger et explorant (1) Voyez le Bulletin, tome XXX, p. 238, 262, 967, 285. : (2) Chez Adolphe Jourdan, libraire-éditeur, 1884. SÉANCE DU 98 mars 1884. 194 assidüment cette région depuis plusieurs années, ils ont récolté eux-mémes toutes ces plantes, sauf de rares exceptions, à l'occasion desquelles ils ne man- quent jamais de fournir les références nécessaires. Aprés avoir mentionné les stations et habitats de chaque espéce dans leur circonscription, ils donnent un apercu de son aire de distribution géographique. C'est, à notre avis, une innovation des plus heureuses d'avoir introduit ainsi dans un livre élémentaire ces notions si intéressantes de géographie botanique qui sont trop souvent confinées dans des traités spéciaux et peu répandus. Les auteurs énumérent dans chaque groupe, sous la responsabilité des bota- nistes cités, à la suite des espéces de leur région seules décrites, celles qu'on a observées ailleurs en Algérie. Cette publication offrira donc, en méme temps qu'une flore descriptive des environs d'Alger, c'est-à-dire de la partie de l'an- cienne régence qui a le plus d'intérét pour les Européens, et particulièrement pour nous, un catalogue systématique exactement dressé de toutes les richesses végétales de l'Algérie. MM. Battandier et Trabut étudient leurs espèces douteuses avec une persé- vérance et un soin scrupuleux auxquels tous leurs correspondants rendront hommage. Aucune recherche, aucune démarche ne les arréte, dans les cas liti- gieux, pour arriver à la certitude scientifique; on peut avoir une entiére con- fiance dans la süreté de leurs déterminations. Ils expliquent dans leur préface comment ils ont à peu prés renoncé à l'emploi des clefs dichotomiques qu'ils avaient d'abord généralisé. « Cette méthode, » disent-ils, a pour nous le grave inconvénient de faire de la botanique systé- » matique une espéce de jeu mécanique qui masque complétement au débutant » les affinités naturelles de la plante qu'il étudie, et méme l'ensemble de ses » caractères, de sorte qu'il arrive à en savoir le nom sans la connaitre réelle- » ment. » Ils ont préféré avec raison multiplier les tableaux synoptiques, qui ont l'avantage, tout en facilitant la détermination des espéces, de mettre en évidence l'ensemble de leurs affinités réciproques, en méme temps que la série des différenciations spécifiques successives. Leur conception de l'espéce est des plus correctes. Ils sont en principe sagement linnéens, admettant cependant dans une juste mesure les espèces nouvelles, qu'ils rattachent souvent aux anciennes à titre de variétés. En résumé, les auteurs ont visé à faire, ainsi qu'ils le disent dans leur pré- face, « une flore usuelle », dont les proportions modestes, et nous pouvons ajouter le prix très réduit (1), sont tout à fait en harmonie avec ce but. On ne peut que souhaiter l'heureux et prompt achévement d'une œuvre de vulgarisation si bien commencée ; elle était particuliérement désirée, et elle sera d'autant mieux accueillie avec un sentiment de gratitude dans notre pays, par ceux de nos col- légues, nombreux aujourd'hui, qui regardent une certaine connaissance des plantes de l'Algérie comme un complément nécessaire à l'étude de la flore francaise. Ce premier volume comprend les Monocotylédones. Les Glumacées et les Jon- cées ont été décrites par M. le D" Tràbut, les autres familles par M. Battandier. (1) Le prix du volume publié est de 3 fr. 50 cent. 199 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Parmi les nouveautés pour l'Algérie qui y sont signalées, on remarque : Potamogeton plantagineus Ducros (Maison-Carrée), Naias muricata Delile (Oued Reghaïa), Alopecurus fulvus Sm. (Teniet el Haad), Poa alpina L. var. Bivonæ et var. Djurjuræ Hackel (Djurjura), Ægilops triaristata var. tri- spiludata Hackel (djebel Mouzaïa, Beni-Salah), Colchicum Bivonæ Guss. (C. autumnale Munby non L.), Colchicum arenarium Lois. var. (vel species nova ?), Romulea Bulbocodium Seb. et Maur. var. dioica Battand., Orchis tephrosanthos Villars, O. Markusii Tineo, etc. M. Van Tieghem communique à la Société le travail suivant : SUR LE ROLE DU LATEX DANS LES COMPOSÉES, par M'° A. LEBLOIS. Dans la derniére séance de la Société, à la suite d'une communication de M. Van Tieghem sur la situation de l'appareil sécréteur dans la racine des Composées et sur le balancement physiologique qu'on remarque dans cette famille entre le système laticifère et le système des canaux oléifères, une diseussion s'est élevée au sujet du róle des laticiféres, qui, pour M. Van Tieghem, sont des organes sécréteurs, pour d'autres auteurs, no- tamment M. Faivre, des organes de réserve. Ayant entrepris depuis plusieurs mois, au laboratoire de botanique du Muséum, quelques expériences de contróle sur ce sujet, je demande à la Société la permission de lui en présenter les résultats. De ses Études sur les laticiféres et le latex pendant l'évolution germinative normale chez l'embryon du Tragopogon porrifolius (1), M. Faivre a conclu que le latex est une matière de réserve. « La composition fondamentale du latex est, par l'abondance de ses matiéres grasses et azotées, celle d'une substance utile à l'organisme.: » Le latex apparait dans les plantules dés le début de leur évolution ; il se constitue, comme d'autres réserves, en dehors de l'action de la lumiére et de la présence de la chlorophylle. . » Si l’on provoque, par l'absence de la lumière, l'étiolement des plantules, elles perdent leur latex, comme les plantes à réserve dans des conditions sem- blables. > » L'action des rayons jaunes favorise la production du latex comme elle fa- vorise dans les grains de chlorophylle la formation de l'amidon ou de la graisse. » À l'air confiné et à une température élevée, les effets de l'étiolement chlo- rophyllien se manifestent, et par la diminution du latex, et par la diminution de la réserve plasmique. » A l'air libre et à une température peu élevée, il se produit une augmenta- tion du protoplasme, comme il se produit dans les mémes conditions une aug- mentation dans la réserve amylacée. (1) Mémoires de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon, 1879. SÉANCE DU 28 wans 1884. 123 » L'action des sols, soit qu'ils activent avec excès, soit qu'ils retardent l'évo- lution des plantules, améne, comme à l'égard d'une réserve, soit la diminution, soit l'augmentation du latex. » > Telles sont les conclusions de ce travail. Or, quand on répète quelques- unes des expériences de M. Faivre sur la Scorsonère (Scorzonera hispa- nica), par exemple, on obtient des résultats différents, et bien des objec- tions se présentent à l'esprit. Le latex ne se trouve pas dans l'embryon. Si l'on pratique des coupes de l'embryon, dans les cotylédons, par exemple, avant la germination, on n'y trouve pas trace de latex, tandis que toutes les cellules sont remplies de substances de réserve. Si l'on fait germer les graines sur du sable, la température ambiante étant de 15 degrés, le latex n'apparait que deux ou trois jours aprés la germination, lorsque la radicule fait saillie au dehors de l'achaine. S'il fallait tirer quelque conséquence de ce fait, il semble- rait plus naturel de penser que le latex n'est pas une matiére de réserve, puisqu'il ne se trouve pas dans la graine, que d'y voir une matiére de réserve, parce qu'il apparait dans les plantules vers le début de leur évolution. Dans les cotylédons de la Scorsonére, plus faciles à étudier sous ce rap- port que la tigelle ou la radicule, les laticifères sont situés, comme on sait, dans le péricycle qui entoure individuellement chaque faisceau libéro-ligneux en dedans de son endoderme spécial. Observés sur une coupe transversale, ils forment un arc d'une rangée de cellules, en dehors du liber, au dos des faisceaux libéro-ligneux. A mesure que les plantules se développent, on voit la substance de réserve diminuer; mais le latex suit une marche inverse, il augmente, et l'on apercoit de nouveaux latici- féres au dos de petits faisceaux nouvellement formés par le cloisonnement longitudinal de certaines cellules du parenchyme foliaire. Les plantules développées à la lumiére et placées ensuite dans une chambre noire s'étiolent bientót, mais présentent toujours du latex ; des coupes de cotylédons devenus presque blancs et dont la partie supérieure commence même à se dessécher, montrent les laticifères absolument rem- plis de latex. Ces plantules, venues sur du sable, placées à l'obscurité et toujours arrosées avec de l'eau distillée, étaient pourtant dans les meil- leures conditions pour utiliser leur latex, s'il avait été pour elles une substance de réserve. Des graines mises à germer dans une chambre noire développent des plantules qui forment du latex, tout comme les plantules développées à la lumière ; des coupes faites à travers les cotylédons, au bout d'un mois de germination, présentent toujours du latex. La disparition du suc laiteux ne se manifeste que lorsque les plantules commencent à se dessécher, comme la chose se voit aussi d'ailleurs pour les plantules développées à la 194 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. lumiére. De ce dernier fait, on peut conclure seulement que le latex dispa- rait dans une plantule qui meurt, de méme que le suc cellulaire disparaît dans une cellule qui cesse de vivre. ` Ainsi, tandis que la plantule emploie pour croitre les matiéres de réserve qui étaient contenues dans l'embryon, le latex au contraire se forme; il augmente à mesure que ces matières diminuent; il persiste dans les plantules qui s'étiolent. Les Chicorées que l'on fait étioler peu- vent encore servir d'exemple, puisque méme alors elles présentent un latex abondant. La composition du latex et notamment l'abondance des matiéres grasses et azotées, signalées par M. Faivre à l'appui de sa maniére de voir, ne paraissent pas étre un argument décisif ; car on sait bien que toutes les catégories de substances, aussi bien les matières grasses et azolées que les autres, peuvent étre, suivant les conditions, utilisées par la plante ou éliminées par elle. Maintenant, lors méme que les rayons jaunes favoriseraient la produc- tion du latex, lors méme que l'air confiné et une température élevée pro- voqueraient sa diminution, résultats que nous n'avons pas encore pu vérifier par l'expérience, pourquoi s'ensuivrait-il nécessairement que le latex est une matiére de réserve? Il est probable que des recherches plus approfondies et plus étendues montreront, comme certains faits tendent déjà à le prouver, que les laticifères, loin d’être des organes de réserve, sont au contraire des organes sécréteurs. M. Rouy fait à la Société la communication suivante : . ADDITIONS A LA FLORE DE FRANCE, par M. G. ROUY. Dans les diverses communications que j'ai eu l'honneur de faire à la Société, depuis prés de quinze ans, sur la flore de la France, j'ai eu déjà l'occasion de signaler la découverte de quelques plantes non encore men- tionnées sur notre territoire. Je citerai notamment: Vicia Barbazitæ, Ten. et Guss., découvert en Corse par M. Burnouf; Ranunculus Alec Willk., que j'ai recueilli dans les Pyrénées-Orientales; Cineraria arver- nensis Rouy, qui a été indiqué à tort en Auvergne sous le nom de Se- necio brachychetus DC., par confusion avec cette dernière espèce, dont la seule forme francaise est la var. macrochæta Willk., que M. Richter a revue sur notre versant des Dasses-Pyrénées; Rosa alpicola Rouy, dont la découverte dans le département de l'Isére est due à M. Gaston Bonnier; Centaurea druentica Rouy, hybride des C. aspera L. et C. solstitialis L., etc. Je rappellerai aussi mes indications de l'Hieracium cymosum L. dans le département du Var, de l'Ephedra helvetica C. A. Mey. dans les SÉANCE DU 28 MAns 1884. 125 Bouches-du-Rhône, du Thlaspi arenarium Jord. dans le Cantal, du Glo- bularia Linnæi Rouy (G. vulgaris L. non auct. plur.) dans les Basses- Alpes, où ces diverses plantes n'étaient point connues ; enfin ma note sur la radiation du Melica nebrodensis Parlat. de la flore francaise, opinion adoptée dans plusieurs ouvrages récents. Jannoncerai aujourd'hui à la Société que la flore de France doit être considérée comme plus riche decinq plantes : Stellaria Cupaniana Nym., Vicia maculata Presl, Rosa genevensis Puget, Knautia subscaposa Boiss. et Reut., Lippia nodiflora Spreng. Les diagnoses de ces espéces ne figurant pas dans la Flore de France de Grenier et Godron, je crois utile de donner les caractères différentiels qui permettent de les reconnaitre facilement, sans entrer cependant dans des descriptions trop étendues. Stellaria media Cyr. var. CUPANIANANob.— Alsine major Cup. Pamph. sicul. II, t. uvi; A. media var. c. grandiflora Guss. Syn. fl. sicul, I, p. 494; A. Cupaniana Jord. et Fourr. Breviar. pl. nov., fasc. I1 (1868), p. 19. — Stellaria Cupaniana Nym. Conspect. fl. europ., p. 111. — «A. peduneulis sepalisque breviter denseque glandulo-pilosis; capsula ca- lycem vix æquante ; corolla calycem paulo excedente, petalorum lobis latis fere contiguis ; foliis late ovatis basi in petiolum abrupte contractis, eliam subcordatis ; caulibus diffusis, e basi prostrata ascendentibus, subru- bentibus » Jord. et Fourr. (loc. cit.). Has. — Département du Var : Bois au aord d'Hyères.— Leg.. Albert. Oss. — Cette intéressante forme glanduleuse du S. media Cyr. avait été adressée à M. Magnier pour ses Exsiccata et sous un nom spécifique nouveau, par M. Albert, zélé botaniste du Var, auquel on doit de nom- breuses additions à la flore de ce département. M. Magnier m'ayant de- mandé si elle n'appartenait pas à la flore de quelque pays voisin, j'ai con- sullé mon herbier et vu qu'elle n'était autre que le S. Cupaniana, distribué par M. Todaro. Ce Stellaria était jusqu'ici particulier à la flore italienne. : Vicia maculata Presl. Fl. sicul. XXIII ; Cesati, Passerini e Gibelli, Compend. della fl. ital., p. 688.— Se distingue du V. sativa L. par ses fleurs environ de moitié plus petites, ses gousses noirâtres à la maturité, se tordant par la dessiccation ; ses feuilles à 3-6 paires de folioles, celles des feuilles inférieures en cœur renversé, celles des feuilles supérieures oblongues-cunéiformes, échancrées, longuement mucronées, à mucron 'égalant au moins les lobes de la foliole. Se sépare du V. cordata Wulf. par ses fleurs plus petites, à dents du calice moins longues que le tube, ses gousses pubescentes, bosselées sur les faces, devenant noiràtres à la maturité, ses feuilles supérieures sensiblement moins échancrées. S'écarte 126 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. du V. cuneata Guss. par ses fleurs souvent géminées, ses gousses réti- culées, noiràtres, pubescentes, ses feuilles relativement larges, les supé- rieures jamais linéaires-cunéiformes. Hag. — Coteaux arides d’Aby, prés Ampus (Var). — Leg. Albert. Oss. — De méme que la plante précédente, ce Vicia fut communiqué par M. Albert à M. Magnier, qui me l'envoya à déterminer en m'écrivant qu' « aucun des botanistes auxquels l'avait soumis M. Albert n'avait pu lui en donner le nom ». La chose, quoique bizarre, s'explique cependant, carle V. maculata n'est pas encore trés répandu dans les herbiers parti- culiers, el sa description, plus ou moins complète, est localisée dans un très petit nombre d'ouvrages exclusivement consacrés à la flore italienne. C'est en comparant la plante du Var aux échantillons recus de MM. To- daro et Lojacono que j'ai déterminé cette espéce, qui appartient au groupe assez difficile des V. sativa, Consentini, macrocarpa, angustifolia, cordata, pimpinelloides, cuneata, lathyroides el pyrenaica. Rosa terebenthinacea Besser var. GENEVENSIS Dorbas Primit. monogr. Rosar. imp. hungarici, p. 506 ; R. genevensis Puget ap. Désé- glise Catal. rais. genre Rosier, p. 312.—Rosier appartenant à la section des TowENTOs.E Déségl.— Feuilles, à folioles doublement dentées-glandu- leuses, grandes, ovales-aigués ou obtusiuscules, glanduleuses sur la page inférieure et abondamment pubescentes ou velues sur les deux faces ; pédoncules hispides-glanduleux, ainsi que l'urcéole ovoide couronnée jusque vers la maturité par les divisions calicinales redressées. Glandes des pédoncules descendant plus ou moins sur les ramuscules floriféres, ceux-ci le plus souvent inermes. Fleurs assez grandes; styles hérissés, non velus. Fruit ovoide ou presque oblong, hispide, contracté au som- met et parfois atténué aussi à la base. Han. — Saint-Quentin (Aisne): haie vers Savy. — Leg. Magnier. Les caractères indiqués ci-dessus séparent ce Rosa des autres formes francaises à feuilles doublement dentées et glanduleuses en dessous de la section TOMENTOSÆ. Le R. genevensis n'avait encore été signalé qu'aux environs de Genéve et de Schaffhouse. Les exemplaires distribués par M. Magnier ont été vus par Déséglise, et l'examen que j'en ai fait ne m'a pas laissé de doute sur le bien-fondé de leur détermination. La plante de Suisse a, parait-il, une origine hybride, étant le produit du croisement des R. tomentosa Sm. et R. gallica L., ou de formes de ces deux Rosiers ; cette origine semble faire défaut dans la plante du département de l'Aisne (1). Mais on sait qu'il existe des plantes hybrides présentant le facies et les caractères d'au- (1) Dans les échantillons reçus de M. Magnier, les fruits sont réguliers et fertiles. D'autre part, ce botaniste vient de me faire savoir (27 mars) que les seuls Rosa exis- SÉANCE DU 28 Mans 1884. 197 tres plantes qui ne le sont aucunement. Je me bornerai à mentionner ici certains cas bien connus, tels que celui du Potentilla hybrida Wallr. (P. alba >< P. Fragariastrum ; P. splendens, Koch non Ram.) qui est sem- blable à notre P. splendens Ram., lequel croit aux environs de Paris et dans nombre d'autres localités où le P. alba L., plante alpestre, fait défaut; celui du P. adscendens Gremli (P. reptans X P. Tormentilla), qu'il est souvent impossible de distinguer du P. procumbens Sibth. (1). Dans le genre Rosa méme, on peut citer au moins deux cas: le R. tomentosa Sm. forma anthracica Christ, qui, n'étant pas hybride, ressemble, à s'y méprendre, au R. tomentosa X sæpium, et le R. rubella Sm. d'Angle- terre, pays oü ne croit pas le R. alpina L., qui présente les mémes carac- tères que certaines formes du R. gentilis Sternbg., hybride des R. spino- sissima et R. alpina. Je pourrais énumérer certains cas encore dans ces mêmes genres et dans d'autres, mais ce serait là sortir du sujet que je traite aujourd'hui, et je n'ai cité ces quelques exemples que pour montrer la possibilité de voir la diagnose du R. genevensis s'appliquer tout aussi bien à une forme hybride (R. tomentosa X gallica = R. fimbriata Gremli!) qu'à une plante n'ayant point pareille origine. Trichera subscaposa Nym. Sylloge fl. europ., p. 60. — Knautia subscaposa Boiss. et Reut. Pugillus, p. 53. — Plante voisine du Trichera collina Nym. (Scabiosa collina Req., Knautia collina Gren. et Godr.), dont elle se distingue par ses tiges presque scapiformes ; par ses feuilles ramassées vers la base, les caulinaires se réduisant à deux, opposées, situées àenviron 3 ou 4 centimètres du col de la racine, et àl'aisselle desquelles se trouve généralement un autre rameau cauliforme, muni, lui aussi, de deux feuilles disposées de méme, toutes plus larges que dans le T. col- lina, moins profondément et plus làchement pinnatipartites, parfois irré- tant dans le voisinage du R. genevensis de Saint-Quentin, sont les R. dumalis Bechst. et R. rubelliflora Rip., plante du groupe des BISERRATA, et H. rubiginosa L. — Il ne peut done y avoir ici possibilité d'hybridation entre le R. tomentosa et le R. gallica, comme pour le Rosier de Suisse. J'ajouterai que dans les exemplaires de la plante de l'Aisne, les soies ou acicules glanduleux des ramuscules floriferes ne descendent que peu sur ces ramuscules et qu'ils peuvent parfois manquer; c'est pourquoi je n'ai pas cru devoir conserver cette forme comme sous-espèce, ou espèce de second ordre, et l'ai admise seulement comme variété du R. terebinthinacea Bess. — Dans le cas de la plante hybride, il est évident que plus elle se rapprochera du R. tomentosa, moins les soies des ramuseules seront abondantes ; tandis qu'au contraire plus elle tiendra du R. gal- lica, plus nombreux seront les acicules glanduleux. — (1) Puisque je suis amené à parler de formes hybrides dans le genre Potentilla, je rappellerai que dans ce genre, aussi bien que dans d'autres de la famille des Rosacee, il existe des hybrides assez nombreux, presque tous signalés d ailleurs dans le travail publié en 1881 par W. O. Focke: Die Pflanzen-Mischlinge. Cette réflexion m’a été suggérée par une phrase que j'ai lue dans l'excellent et complet. Traité de botanique de M. Van Tieghem, où il est dit (page 965) que « chez les Rosacées, les Geum produi- sent des hybrides, mais non les Potentilla ». 128 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. guliérement sinuées-pinnatifides, les caulinaires largement dilatées et arrondies à la base ; par les folioles de l'involuere ovales-lancéolées, plus allongées, à peine plus courtes que les fleurs roses rayonnantes de la cir- conférence du capitule ; par le limbe du calice subsessile. Han. — Calvaire de Font-Romeu, prés Montlouis (Pyrénées-Orientales). — Legi G. Rouy. Ops. — Cette plante était jusqu'ici particulière à la péninsule ibérique, où je l’ai récoltée en 1880 et 1882. Lippia repens Spreng. Syst. II, p. 752 ; Willk. et Lge. Prodr. fl. hisp. II, p. 387. — Cette Verbénacée se distingue des Verbena officinalis L., V. supina L., Vitex Agnus-castus L., seuls représentants européens de cette famille, par ses fleurs disposées en capitules nus ou en épis trés serrés, à la fin ovoides, au sommet de pédoncules axillaires ordinairement longs ; par ses tiges herbacées, radicantes, ascendantes seulement au som- met; par ses feuilles opposées, ovales-cunéiformes, uninervées, souvent épaisses, entiéres jusque vers le milieu, puis plus ou moins dentées, à dents aigués, etc. Han. — Fitou (Aude): ruisseaux vaseux prés de l'étang de Leucate — Legi G. Rouy. Ops. — Le L. repens existe dans la partie méditerranéenne de l'Espagne, notamment en Catalogne; il s'avance méme parfois dans l'intérieur, mais ordinairement dans des terrains plus ou moins saliféres. Cette espéce existe de méme sur la cóte italienne, depuis la Sicile jusqu'à la Ligurie. M. Nyman (Conspectus fl. europ., p. 563) l'indique en Corse, et Eug. Laire me l'a procurée de Nice, où elle croit non loin du Lazaret. Le L. repens a donc été jusqu'à présent recueilli dans trois départements : Corse, Alpes- Maritimes, Aude. C'est une plante se naturalisant d'ailleurs facile- ment, à rechercher dans les Pyrénées-Orientales, au bord des haies ou des ruisseaux vaseux peu éloignés de la mer. M. Mangin, vice-secrétaire, donne lecture de la communication suivante : RECHERCHES SUR LES MASSIFS LIBÉRO-LIGNEUX DE LA TIGE DES CALYCANTHÉES, par M. Octave LIGNIER. On sait que la tige des Calycanthées présente, à l'extérieur d'une cou- ronne libéro-ligneuse, quatre massifs libéro-ligneux dans chacun desquels la disposition des éléments est inverse de celle qui existe daus la cou- ronne, c'est-à-dire que les trachées y sont extérieures. Nous appellerons ces massifs, massifs angulaires,. parce que, sur la section transversale SÉANCE DU 28 MARS 1884. 199 quadrangulaire d'une jeune tige, ils occupent chacun des angles de cette section (1). : Cette anomalie, signalée et discutée par Mirbel, Gaudichaud, Lindley et Treviranus, fut étudiée plus complètement, en 1860, par M. Woronine dans une note publiée dans le Botanische Zeitung. Gaudichaud a constaté que, chez toutes les Calycanthées, chaque pétiole recoit 3 faisceaux, 1 gros médian, qui sort de la couronne centrale, et 2 petits latéraux, qui lui viennent des massifs angulaires voisins. M. Woronine a décrit en outre, à la hauteur du nœud : 4° une commissure transversale réunissant les deux faisceaux corlicaux situés du méme cóté du plan de symétrie des feuilles; 2° une anastomose qui se rend des massifs angulaires au faisceau médian de la feuille voisine ; 3° une ana- stomose entre chaque massif angulaire et la couronne libéro-ligneuse cen- trale; 4° dans le pétiole, une anastomose qui se rend du faisceau médian à chacun des deux faisceaux latéraux. Une étude méthodique d'échantillons méthodiquement choisis nous conduisant à des résultats sensiblement différents de ceux de M. Woronine, nous nous proposons dans cette note de mettre en relief les principaux points sur lesquels reposent ces différences ; nous y ajouterons en méme temps quelques données complémentaires sur l'anatomie de la tige des Calycanthées et sur la valeur morphologique de leurs faisceaux angu- laires. 1° L'origine des 3 faisceaux que reçoit le pétiole, et la disposition de la commissure entre les deux massifs angulaires situés de chaque cóté du plan de symétrie des feuilles (2), sont bien telles qu'elles ont été décrites par Gaudichaud et M. Woronin; à aucun nœud les faisceaux latéraux des pétioles ne sortent du cylindre central, comme certains auteurs ont cru pouvoir l'affirmer, en se basant sur ce que tous les faisceaux du pétiole sont orientés de la méme facon, alors que, d'aprés eux, la naissance des faisceaux latéraux sur les massifs angulaires voisins entrainerait nécessai- rement une orientation inverse. 2° Contrairement à ce qu'a dit M. Woronine, je n'ai jamais vu d'ana- stomose entre les massifs angulaires et le cylindre central dans la traversée de la région nodale. (1) On sait que chez toutes les Calycanthées les feuilles sont disposées deux par deux en verticilles alternes, vis-à-vis le milieu des faces de la tige. (2) Exceptionnellement ces commissures sont incomplètes ou sont simplement indi- quées par des lobes de faisceaux qui, de chaque cóté, se détachent du massif angulaire et s'éteignent presque aussitôt; ces lobes eux-mêmes peuvent ne pas exister. If peut arriver aussi que le cordon anastomotique, au lieu d'étre horizontal, soit plus ou moins oblique et s'étende ainsi sur la plus grande partie de l'entreneeud inférieur; il semble exister dans €e cas, sur une section transversale de cet entrenœud, ainsi que l'a con- staté M. Woronine, 5 ou 6 massifs angulaires au lieu de 4. T. XXXI: (SÉANCES) 9 130 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 3° Aprés sa sortie de la couronne libéro-ligneuse centrale, le faisceau médian du pétiole émet de chaque côté un lobe qui, décrivant une courbe à concavité intérieure, vient se jeter EN MONTANT sur le massif angulaire voisin. Ce fait,trés constant et trés important pour la com- préhension de la valeur morphologique des massifs augulaires, a échappé à M. Woronine. 4° Chaque faisceau latéral se rendant au pétiole émet successivement deux branches anastomotiques vers le faisceau médian, au lieu d'une seule, comme l'a cru M. Woronine. Ces deux branches recoivent elles- mémes des anastomoses du lobe que le faisceau médian envoie en mon- tant au massif angulaire voisin. 5° Nous n'avons pas rencontré dans le pétiole la branche anastomo- tique indiquée par M. Woronine comme se rendant du faisceau médian à chacun des faisceaux latéraux. 6° Pour trouver la valeur morphologique des massifs angulaires et des réseaux nodaux, nous nous sommes successivement adressé à la structure de la tige développée, au mode de différenciation des tissus, et aux rapports des massifs angulaires, d'une part à la based'une tige d'ordre quelconque, et de l'autre à celle d'une tige principale. 7° La structure de la tige développée ne permet pas, seule, de déter- miner la signification morphologique des massifs angulaires et des réseaux nodaux. 8» Dans un bourgeon terminal quelconque les mamelons foliaires sont simples et sans stipules. À partir du deuxième nœud en arrière du cône végétatif, il se développe extérieurement un petit bourrelet transversal qui relie entre eux les deux appendices. 9» L'étude méthodique et raisonnée de la différenciation des tissus dans le bourgeon nous a montré que jamais les massifs angulaires, ni le réseau anastomotique cortical, ni les faisceaux latéraux du pétiole, n'exis- tent, à quel état de développement que ce soit, avant le troisiéme entre- nœud au-dessous du cône végétatif, tandis qu'au contraire les faisceaux foliaires médians existent déjà à l’état procambial dans le premier nœud et possédent une ou deux trachées dans le second. A aucun niveau nous n'avons pu distinguer d'endoderme autour des massifs angulaires ; d'ail- leurs, méme autour du cylindre central, cette couche n'est pas discernable. 10* Les massifs angulaires se montrent à partir du troisième entre- nœud comme de petits ilots procambiaux formés par un recloisonnement vertical de quelques cellules du parenchyme cortical. Plus tard, dans ces ilots procambiaux, les premiéres trachées se caractérisent prés du bord externe, et les premières cellules libériennes prés du bord interne ; la différenciation ligneuse se fait ensuite vers l'intérieur et la différenciation libérienne vers l'extérieur. SÉANCE DU 28 MARS 1884. 131 11* Le réseau anastomotique cortical ne se différencie que postérieure- ment aux massifs angulaires ; dans ce réseau, les premières branches différenciées sont celles qui se rendent en montant du faisceau médian aux massifs angulaires voisins ; ensuite la différenciation s'étend de bas en haut dans les faisceaux latéraux du pétiole et dans le réseau anastomo- tique nodal ; en dernier lieu, elle gagne, vers le cinquième nœud à partir du sommet végétatif, les arcs anastomotiques transversaux. 12° Une section transversale de l’entre-nœud d'insertion d'un rameau axillaire quelconque présente, de même que tout autre entre-nœud, une couronne libéro-ligneuse et 4 massifs angulaires. 13° Au niveau où le parenchyme cortical du rameau axillaire se confond avec celui du rameau support, les deux massifs angulaires du rameau axillaire, qui sont situés du même côté du plan de symétrie, contenant les deux axes, s'écartent de ce plan en se rapprochant l'un de l'autre, puis se fusionnent en un seul cordon qui se dirige directement sur le massif angulaire voisin du rameau support et s'insére sur lui. 14° Chez un embryon pris dans une graine múre, il n'existe, ni dans l'axe hypoeotylé, ni dans le nœud cotylédonaire, ni méme dans la gem- mule représentée par un cône végétatif et deux mamelons foliaires, au- cune trace des massifs angulaires ni du réseau cortical. 15° Dans l'embryon en germination, on constate : 1° que chaque cotylé- don recoit un seul faisceau, qui est médian et toujours représenté par deux lobes assez écartés l'un de l'autre ; 2° que l'axe hypocotylé ne présente pas de massifs angulaires; 3° que le premier entre-nœud au-dessus des coty- lédons posséde 4 massifs angulaires. Ces derniers faits ont été signalés par M. Woronine, mais cet auteur ne semble pas s'étre inquiété du mode de terminaison inférieure des massifs angulaires du premier entre-nœud, malgré toute l'importance que présente la connaissance de cette terminai- son ; aussi avons-nous porté toute notre attention sur ce point. 16» Dans le nœud cotylédonaire, chacun des lobes qui composent les faisceaux médians des pétioles émet par son bord extérieur et EN MoN- TANT un lobe qui, décrivant un arc de cercle à concavité intérieure, vient se placer dans le parenchyme cortical prés de la couronne centrale ; ce lobe s'élève ensuite verticalement dans l’entre-nœud supérieur, où il constitue l'un des massifs angulaires. Il existe en plus, à ce niveau, de même qu'à celui des autres nœuds, une anastomose transversale entre les deux nouveaux massifs angulaires situés du méme cóté du plan de symétrie des cotylédons. 17° Si maintenant nous comparons le nœud cotylédonaire à un nœud quelconque, et si nous nous rappelons que chaque massif angulaire, à la base d'un de ces nœuds quelconques, émet, avant de se rendre dans l’entre-nœud supérieur, un lobe qui sort dans le pétiole et y devient le 139 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. faisceau latéral de ce côté, nous pouvons dire que le faisceau médian de toute feuille émet sur ses flancs des lobes qui vont former ou aider à former les massifs angulaires de l’entre-nœud immédiatement supé- rieur, et sortir dans les nœuds suivants. Irésulte de là que si les fais- ceaux latéraux et la partie du réseau cortical qui en dépend manquent dans les pétioles et dans le nœud cotylédonaire, si de même les massifs angulaires manquent le long de l’axe hypocotylé, cela tient uniquement à l'absence de nœuds et d’entre-nœuds inférieurs. 18 Il n’est peut-être pas inutile d'ajouter que cette manière d’être n'existe pas chez les Calycanthées seules, et qu'elle se retrouve dans les familles voisines, notamment, parmi les Lécythidées, chez le Gustavia. En effet, chez le G. augusta, chez lequelles feuilles sont disposées sui- vaut le cycle 2[5 et trés rapprochées les unes des autres, les faisceaux émis par le cylindre central vers une feuille d'ordre n envoient incontes- tablement des lobes aux pétioles n + 2, n + 3, n + 5, qui sont situés, le premier à sa droite, le second à sa gauche et le troisième au-dessus d'elle. L'allure spéciale de ces lobes chez les Calycanthées et leur disposition en 4 massifs angulaires est trés probablement due à la disposition des feuilles deux par deux en verticilles alternes, et au grand allongement des entre-nœuds. L'insertion des bourgeons axillaires du Gustavia rappelle de méme complètement celle des Calycanthées ; car, de méme que chez ces dernières, les massifs angulaires de la tige support sont les lieux d'insertion des massifs angulaires des tiges axillaires, de méme, chez le Gustavia, le réseau anastomotique extérieur situé à la base de la feuille mère est le lieu d'insertion des faisceaux corticaux se rendant aux feuilles inférieures du bourgeon. Ce dispositif, chez le Gustavia, est une réponse immédiate à l'objection qu'on pourrait nous faire au sujet de la présence des massifs angulaires le long de l’entre-nœud d'insertion des rameaux axillaires chez les Calycanthées. En somme, il résulte de cette étude que les faisceaux extérieurs des Calycanthées se montrent comme un systéme mettant en rapport les feuilles des verticilles successifs bien plus que comme une portion fon- damentale de la tige. À la suite de cette communication, M. Ph. Van Tieghem pré- sente les observations suivantes.: SÉANCE DU 28 MARS 1884. 133 SUR LES FAISCEAUX LIBÉRO-LIGNEUX CORTICAUX DES VICIÉES, par M. Ph. VAN TIEGHEM. |! . Comme les Calycanthées, dont il vient d’être question, les Papilionacées de la tribu des Viciées, à l'exception des Cicer, qui doivent être exclus de celte tribu, ont leur tige munie de faisceaux libéro-ligneux corticaux, faisceaux déjà signalés dans la Fève (Faba equina) par Lestiboudois en 1848, et dont la course a été étudiée en 1858 par M. Nägeli dans la Gesse (Lathyrus Aphaca, L. Pseudaphaca, L. purpureus). Seulement, les feuilles des Viciées étant distiques, le nombre des faisceaux corticaux S'y réduit à deux, au lieu de quatre ; de plus, ils sont orientés normalement, liber en dehors, bois en dedans, et non en sens contraire, comme dans les Calycanthées, où leur orientation inverse demeure d'ailleurs inex- pliquée ; enfin, leurs relations avec le cylindre central d’une part, et avec les feuilles de l’autre, sont le plus souvent différentes de celles qui vien- nent d’être nr chez les Calycanthées. Ayant éludié ces relations, en 1871 et 1872, sur bon nombre d'espèces et dans chacune d'elles à divers àges, j'ai remarqué qu'à l'état adulte elles ne sont pas les mémes dans les diverses espéces, et que, dans une espéce donnée, elles changent avec l'àge de la plante, c'est-à-dire avec le numéro d'ordre de la feuille compté à partir des cotylédons. Je saisis l'occasion qui m'est offerte au- jourd'hui d'appeler l'attention de la Société sur cette double variation, et de lui faire connaitre en méme temps les principaux résultats d'observa- tions qui remontent déjà à plus de douze années. 1. Variations dans la plante adulte suivant les espèces. — Considé- rons d'abord la plante adulte, nous verrons les choses s'y passer d'une maniére assez différente suivant les espéces. Le plus souvent, pendant que le faisceau foliaire médian quitte le cylindre central et s'incurve horizontalement vers l'extérieur, les deux faisceaux corticaux se courbent aussi en dehors et passent tout entiers avec lui dans la feuille. En méme temps, ou un peu après, le cylindre central émet de chaque côté un faisceau qui demeure dans l'écorce, où il remplace le faisceau cortical disparu, sans contracter d'anastomose avec lui. En un mot, il y a, à chaque nœud, départ total et réparation totale des faisceaux corticaux (Vicia lathyroides, V. cassubica, Cracca major, C. minor, C. tenuifolia, Ervum telraspermum, Ervilia sativa, Lens esculenta, Faba vulgaris, Pisum sativum, Lathyrus Aphaca, Orobus niger, 0. alpestr is). Dans les feuilles supérieures de la région florifère, il arrive que le remplacement des faisceaux corticaux tarde à se faire, ne s'opère que vers le milieu ou les trois quarts de l’entre-nœud suivant, ou 134 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. méme seulement au-dessous du nœud supérieur (Pisum sativ um, etc.). En s'effacant ainsi progressivement, pour disparaître tout à fait dans le pédicelle floral, anomalie nous montre sa vraie nature : elle consiste simplement dans une sortie précoce des deux faisceaux latéraux de la feuille prochaine, faisceaux qui s'échappent du cylindre central un entre- nœud trop tôt. Ailleurs chaque faisceau cortical se divise au nœud en deux branches, dont l'une se rend dans la feuille, tandis que l'autre continue sa marche verticale dans l'écorce. En méme temps le cylindre central émet de chaque cóté un faisceau qui vient s'unir à la branche persistante pour la grossir et compenser la perte qu'elle a subie. Il y a départ partiel et répa- ration parlielle des faisceaux corticaux (Vicia sepium, Lathyrus sil- vestris). C'est le cas qui se rapproche le plus de celui des Calycanthées. Ailleurs enfin, chaque faisceau cortical émet au nœud une branche qui se rend dans la feuille, tandis que le reste continue dans l'écorce comme dans le cas précédent. Mais le cylindre central ne produit rien pour rem- placer la branche émise. Il. y a départ partiel des faisceaux corticaux, sans réparation (Lathyrus odoratus, Vicia sativa). Dans la plante adulte, les faisceaux corticaux se comportent donc aux nœuds de trois manières différentes, suivant les espèces. 2. Variations dans la méme espèce suivant l’âge de la plante. — Voyons maintenant comment, chez une espéce quelconque du premier type, les choses se passent dans la plantule en germination, depuis le collet jusqu'au nœud où pour la première fois se trouve établi le régime définitif. | Dans l’entre-nœud hypocotylé, la tige est dépourvue de faisceaux cor- ticaux. Au premier nœud, le cylindre central envoie un faisceau dans chacun des cotylédons qui ne sont pas opposés ici, mais situés, comme on sait, ordinairement à 1/3 de circonférence, quelquefois comme dans la Féve, à 2/5 de circonférence. Aussitót aprés le départ des faisceaux cotylédonaires, des bords de chaque ouverture du cylindre central partent deux faisceaux libéro-ligneux qui s'élévent verticalement dans l'écorce. Mais ces quatre faisceaux corticaux sont fort inégaux : les deux qui cor- respondent au petit intervalle cotylédonaire sont très grêles et ne montent que jusqu'au tiers ou à la moitié de l’entre-nœud, après quoi ils s’effilent et disparaissent (Pisum, Faba, etc.); ils peuvent méme avorter tout à fait (Lens); les deux qui répondent au grand intervalle cotylédonaire sont plus gros et s'élèvent jusqu'au nœud suivant. L'anomalie caracté- ristique de la tige des Viciées s'établit donc dés le second entre-nœud et comporte quatre faisceaux corticaux, dont deux avortent à peu de dis- tance de leur point d'origine. Au second nœud, chaque faisceau cortical se divise en une petite SÉANCE DU 28 MARS 1884. 135 branche qui se rend dans la feuille, et en une grosse branche qui continue simplement sa course à travers l’écorce, sans que le cylindre central lui fournisse aucun appoint. Il y a départ partiel, sans réparation, comme à l'état adulte dans les espèces du troisième type. Au troisième nœud, chaque faisceau cortical se dédouble encore : l'une des moitiés entre dans la feuille, l'autre reste dans l'écorce; mais en méme temps le cylindre central émet de chaque cóté un faisceau qui s'unit à la branche corticale pour réparer la perte qu'elle vient de subir. Il y a départ partiel et réparation partielle, comme à l'état adulte dans les espéces du second type. Au quatrième nœud, chaque faisceau cortical passe tout entier dans la feuille, tandis que le cylindre central émet de chaque cóté un faisceau qui le remplace; il y a départ total avec réparation totale, et désormais cet état de choses se conserve aux nœuds suivants. Ainsi, dans les espéces du premier type, c'est seulement au quatriéme nœud que l'état définitif est atteint. Quelquefois les choses s'y passent au troisième nœud comme au second, ou bien au quatrième nœud comme au troisième ; c’est alors seulement au cinquième ou même au sixième nœud que l’on obtient l’état stationnaire. Il y a d’ailleurs, sous ce rapport, des variations entre les diverses plantes d’une même espèce (Pisum sativum, Vicia sativa, etc.). Supposons maintenant que les choses se maintiennent jusqu'à l'état adulte telles que nous venons de les décrire au troisième nœud, nous obtiendrons le second des types étudiés plus haut. Imaginons qu'elles demeurent indéfiniment comme au deuxième nœud, nous aurons le troi- siéme type. Le second et le troisiéme des types offerts par l'état adulte ne sont donc que des arréts de développement du premier. Le rameau axillaire recoit du cylindre central de la tige deux faisceaux latéraux en regard. A son inserlion méme, le rameau n'a pas de faisceaux corticaux, mais déjà à une faible distance de l'insertion son cylindre central émet un faisceau en avant et un autre en arriére ; tous deux mon- tent dans l'écorce pour se rendre, au premier nœud, dans la première feuille, qui est latérale. Aussi bien à la base des branches et des rameaux qu'à celle de la tige principale, les faisceaux corticaux procédent donc directement du cylindre central et non des faisceaux foliaires inférieurs aprés leur sortie du cylindre. En résumé, on voit que chez ces plantes il n'est pas possible de décrire d'une manière unique et applicable à tous les cas les relations des fais- ceaux libéro-ligneux corticaux avec le cylindre central et avecles feuilles. Il y faut tenir compte à la fois de l’espèce et de l'àge. 136 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. G. Bonnier, secrétaire, donne lecture de la communication suivante : PENA DE AISCORRI, par M. Wiliam HARBEY. La peña de Aiscorri est une courte chaine de montagnes de 1450 mètres d'altitude, en Guipuzcoa, province basque du nord de l'Espagne. Elle domine, à l'ouest, le chemin de fer de Saint-Sébastien à Alsasua, bifur- cation des lignes de Pampelune et Vittoria. Cette montagne n'ayant pas encore été visitée par les botanistes, nous profitàmes d'un séjour à Biarritz, en juillet 1882, pour en faire une ex- ploration sommaire. Le résultat de cette course n'a pas été aussi rému- nérant que nous l'attendions, aussi avons-nous hésité à en parler à la Société ; toutefois nous croyons qu'elle pourrait étre reprise avec fruit, et c'est ce qui nous engage à résumer ici notre itinéraire. La carte de l'état-major espagnol ne se trouve pas en librairie, de sorte que nous n'avions d'autre guide que l'atlas Stieler. A Biarritz, ce qui est de l'autre côté de la Bidassoa est « terra incognita » : les libraires de Bayonne n'ont aucun ouvrage à offrir pour renseigner sur le Guipuzcoa. Aussi le mardi matin, 10 juillet 1883, en quittant à 5 h. 50 la station de la Négresse pour Irun, nous n'avions aucun renseignement sur la région où nous voulions nous rendre. Grâce à l'obligeance de M. le pasteur Noga- ret, de Bayonne, nous avions pu nous assurer les services d'un homme trés intelligent, boulanger béarnais parlant l'espagnol. Accoutumé à accompagner, en qualité de courrier, les familles anglaises en Espagne, il l'était moins à endurer les fatigues des deux rudes journées qui nous attendaient. Chacun sait que les chemins de fer espagnols ont une voie plus large que les francais : à la frontière, il faut transborder, et nous avons le temps de parler au mécanicien français du train espagnol. Il nous apprend que le point culminant de la voie est entre Zumarraga el Alsasua: le guide anglais Murray indique bien entre ces deux localités une station Oazurza, mais il parait que ce n'était qu'une halte pour alimenter les locomotives et que les trains ne s'y arrétent plus maintenant. Quittant la mer à Saint-Sébastien, le chemin de fer suit la pittoresque vallée de l'Urumea, en s'élevant graduellement. Le train s'arréte aux di- verses stations suivantes : Hernani, Villabona, Tolosa, Legoretta, Villa- franca, Beasain, Zumarraga, Brincola, Otzaurte. Si nous énumérons ces différentes haltes, c'est qu'elles ne sont pas toutes mentionnées sur le guide officiel des chemins de fer espagnols, et que pour le naturaliste il peut y avoir avantage à pouvoir s'arréter à quel- SÉANCE DU 28 MARS 1884. 137 qu’une de ces petites localités qui souvent correspondent à des vallées latérales. | De Zumarraga on commence déjà à apercevoir les premiers contre- forts de la chaîne que nous cherchons, mais ce n’est qu'aux environs de Brincola que la voie est tout à fait dominée par la montagne: elle pré- sente l'apparence des Aiguilles de Baulmes dans notre Jura vaudois, la crête allongée se terminant en une succession de pointes escarpées, s'ap- puyant au nord sur un talus gazonné, tandis que la face sud est accessible par des éboulis pierreux assez raides. Nous ne quittons pas le train tant que nous sentons que la voie monte; mais, arrivés à la petite halte de Otzaurte, nous descendons, car ici le chemin de fer s'engage sous un petit tunnel qui marque le sommet du col séparant le versant atlantique du méditerranéen. Dans la direction d'Alsasua la descente est assez rapide. Un miquelet au béret rouge, le fusil sur l'épaule, nous conduit, un quart d'heure plus haut sur la grand'route, à la venta qui lui sert de poste. La vue est découverte et nous nous rendons bien compte du but de notre excursion : au nord-ouest, la montagne que nous désirons explorer parait étre à quelque 20 kilométres. Nous en apprenons pour la pre- mière fois le nom : c'est la peña de Aiscorri, localité que nous n'avons vue écrite nulle part. Aiscorri dérive de deux mots basques signifiant « ro- chers rouges » : leur apparence justifie assez cette étymologie ; c'est du calcaire plus ou moins coloré par l'oxyde de fer. Au sud-est, la chaine s'abaisse en une dépression où nous devons aller coucher le soir à la venta de San-Adrian, puis se reléve en un som- met plus arrondi, moins déchiqueté, qui est la peña Arraza. Notre cice- rone nous dit que le pâturage y est bien meilleur qu'aux Aiscorri: cela tient sans doute moins à la qualité du fourrage qu'à la eroupe plus large, offrant plus d'espace aux troupeaux. Pendant que les braves tenanciers de la venta nous préparent un mo- deste repas, nous cueillons aux environs du col: Ranunculus sardous Crantz, Helleborus occidentalis Reuter, qui ne figure pas dans les es- pèces numérotées de Willkomm et Lange (Prodromus flore hispanicæ), mais dans les species inquirenda, avec la note: probabiliter quoque his- panice (III, 974); la plante est en fruit. Sur les rochers: Sacifraga tri- dentata Schrad., fleurs passées; Jasione perennis Lamk 8 carpetana Willk. Lge (loc. cit., 284), Wahlenbergia hederacea Rchb., Brunella grandiflora Mænch 8 pyrenaica G. G., Teucrium pyrenaicum L., Digi- talis purpurea L., Scirpus Savii Seb. et Maur., Blechnum Spicant Roth, au pied des vieux Hétres, sous d'épais fouillis de Pteris aquilina L. qui stérilise toute la région environnante. Aprés un frugal repas, nous affrétons un bourriquet et un gamin pour nous guider à San-Adrian. Le sentier s'éléve sur une croupe couronnée 138 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. par un bois de Hêtres, arbres caractéristiques de cette contrée. Leurs ma- gnifiques troncs, atteignant parfois un mètre de diamètre, ne s'élèvent pas à plus de 4 à 5 mètres ; là ils se ramifient en courtes mais vigoureuses branches, ce qui maintient les arbres bas: on dirait que les bücherons n'ont ni la force ni les outils pour s'attaquer à ces superbes troncs co- lossaux. Heureusement qu'ils subsistent, car nous n'avons nulle part ren- contré de jeunes arbres, et pas la trace d'un Conifère; s'ils disparaissaient, ces montagnes deviendraient à tout jamais aussi désolées et chauves. que le reste de l'Espagne. Quelques huttes de bergers se cachent sous ces bois: elles sont en pierres séches ; la toiture est formée de larges et minces plaques de gazon retournées l'herbe en bas, pas de cheminée, la fumée sortant par la trés basse porte; au fond, une seconde toute petite piéce, où l'on tient la maigre pitance de lait caillé qui sert de nourriture aux pâtres Nous avancons au milieu d'un maquis d'Erica scoparia L., Daboecia polifolia Don, Uleg nanus Forst., U. europeus L., Genista hispanica L., sous lesquels nous cueillons: Hypericum pulchrum L., Arabis hirsuta Scop., Hypochæris radicata L., Anthemis nobilis Gay, Pedicularis sil- vatica L., Aira caryophyllea L. Au fond des replis du terrain, l'humidité fait croître des Sphagnum avec Drosera rotundifolia L., Epilobium palustre L., Scutellaria minor L., une variété à fleurs parfaitement blanches de l’Orchis conopsea L., Narthecium ossifragum Huds. En montant, nous nous rapprochons insensiblement de la paroi de ro- chers qui barre le sentier, au col, entre peña de Aiscorri et peña Arraza, à 685 mètres au-dessus dela mer; nous y arrivons vers les cinq heures. Ce curieux passage avait fasciné nos regards depuis une heure en effet : la paroi abrupte du rocher est, en ce point, excavée en une vaste grotte ogivale de quelque 15 métres de hauteur ; une maison à deux étages s'y abrite, et sa facade blanchie nous intriguait dés longtemps. Le sentier s'engage sous la grotte et passe entre la maison et le rocher, pour sortir de l'autre cóté de la montagne par un tunnel en entonnoir. On nous as- sure que c'est ici que passait l'ancienne route royale de Madrid à Paris. Au premier abord, cela nous parait incroyable; mais, aprés avoir constaté des vestiges d'une chaussée assez importante et avoir observé l'orientation géographique, nous croyons l'assertion plausible. Pendant que notre brave courrier fait l'inspection de ce qui doit être notre gite pour la nuit, nous explorons les rochers, qui présentent l'aspect d'un vrai jardin botanique: Arabis stricta Huds., Hutchinsia Auers- waldii Willk., Erucastrum obtusangulum Lois., Arenaria grandiflora All., Silene nutans L., Geranium lucidum L., Vicia pyrenaica Pourr., Galium Mollugo L., Saxifraga trifurcata Schrad. en belles fleurs, Saxifraga hirsuta L., Leucanthemum maximum DC., Leontodon pyre- SÉANCE DU 28 Mans 1884. 139 naicus Gouan, Crepis lampsanoides Fról., Hieracium phlomoides Fról., Campanula Scheuchzeri Vill., Campanula patula L., Phyteuma orbi- culare L., Pinguicula grandiflora Lamk en fruits, Erinus alpinus L. et typicus, Euphrasia salisburgensis Funk., Rhinanthus major Ehrh., Globularia nudicaulis L., Rumex Acetosa L., Armeria plantaginea Willd.?, Festuca rubra L. var. fallax, forma nigrescens teste Hackel (litt. 1884), Cystopteris fragilis Bernh. Le soleil baisse rapidement à l'horizon, un brouillard glacé s'éléve de la plaine, et nous nous réfugions dans la venta : son apparence était si repoussante, que nous nous étions étendus pour la nuit sur la seule table de l'établissement. A peine installés, les deux miquelets du poste rentrent de la foire de Salvatiera et insistent pour que nous occupions un lit que leurs braves ménagéres nous avaient préparé. Pour ne pas leur déplaire, nous l’occupons et y passons une excellente nuit. Le mercredi 11 juillet, à cinq heures, nous étions debout, mais les pré- paratifs de départ nous retardent ; nous faisons fausse route ; et, au lieu de gravir directement la montagne, notre miquelet nous la fait contourner par l'ouest. Aprés une heure de marche, nous nous apercevons de la ma- nœuvre, qui avait pour but de nous mener par la route la plus directe sur le couvent d'Arancacua et de nous escamoter la pénible corvée de lascen- sion. Nous protestons, et, tournant brusquement à l'est, nous faisons face au côté ouest de la peña de Aiscorri; il est trés rapide de ce côté, dé- nudé, rocailleux, mais non inaccessible comme le versant oriental. Avant de commencer l'ascension, nous cueillons le long du sentier : Ranunculus Flammula L., Ranunculus bulbosus L., Trifolium ochro- leucum L., Gentiana lutea L., Veronica officinalis L., Thymus sp., Daphne Laureola L., Lycopodium clavatum L. Nous traversons un pàturage occupé par des moutons et des pàtres de Biscaye : de gros chiens féroces nous assaillent. En les écartant, le mique- let nous explique que ces animaux sont nécessaires pour défendre les troupeaux contre les loups. Le vendredi précédent, ces fauves avaient marqué, suivant l'expression pittoresque de la localité, une dizaine de brebis, dont l'une tellement mal, que nous la vimes débitée, à la porte d'un des chalets, par les pàtres. Un sentier rapide nous améne en une heure au « Cristo », chapelle construite en corps de garde fortifié sur la crête de la montagne, à quelque 500 métres au sud du sommet. Le fameux curé de Santa-Cruz, aumónier de don Carlos, a souvent gravi ce sentier détourné, nous dit le miquelet, carle Cristo servait de poste d'obser- vation aux carlistes. Rien de beau comme la vue dont on jouit de ce sommet. On croit voir tout le nord de l'Espagne: la grande plaine de Vittoria, une chaine nei- geuse du côté de Madrid; une autre aussi blanche, peut-être les Picos de 140 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Europa, plus à l'ouest; au nord, deux sommités trés élevées entre Bilbao et Saint-Sébastien; les Pyrénées vues de profil; les montagnes de Pam- pelune avec un pic particulièrement élevé qui m'avait déjà beaucoup frappé la veille ; puis les grands plateaux du sud. La brume nous cachait la mer, mais le reste du ciel était pur, un vent assez fort soufflait de l'ouest. Courrier et miquelet sont fatigués, nous n'avions pas de vivres, et, pressés de redescendre, ils se reposent pendant que seul nous atteignons la pyramide qui marque le sommet à 1450 mètres de l'anéroide. La flore qui nous environne est tout à fait pyrénéenne. Jamais nous n'avions her- borisé aux Pyrénées, mais, gràce aux luxuriantes cultures de Valleyres, nous saluons avec joie d'anciennes connaissances: Aquilegia vulga- ris L., Draba Dedeana Boiss. abondant en fruits; un petit Biscutella en fleur, Helianthemum vulgare Gærtn. b. flavum grandiflorum, 8 disco- lor Willk. et Lge (Prodr. fl. hisp. MI, p. 731), Viola lutea Sm. 8 pyre- naica, flore violaceo, Silene saxifraga L., Alsine verna Bert., Arena- ria grandiflora All., Cerastium arvense L., Rhamnus pumila L. Notre plante ne présente pas le caractère : « calycis viridi-lutescentis lobis lan- ceolalis acuminatis tubo longioribus », dont parlent les auteurs du pro- drome espagnol, mais c'est bien cette espèce ; Alchemilla vulgaris L. Rosa alpina L. var. pyrenaica en fleurs éclatantes ; Potentilla alchemil- loides Lap., très abondant, mais en boutons ; Epilobium Duriæi Gay, Sedum dasyphyllum L., Saxifraga granulata L., Saxifraga hirsuta L., Saxifraga Aizoon Jacq., Sax. trifurcata Schrad., Ribes alpinum L., Dethawia tenuifolia Endl., Valeriana montana L., Asperula aris- tata L., Achillea Millefolium L., Leontodon Taraxaci Lois., Scorzonera hispanica L. 8 glastifolia Wallr., Hieracium mixtum Fról., Hieracium espèce de la section Cerinthoidea, mais qui ne s'accorde bien avec la description d'aucune des vingt-deux espèces de cette section décrites dans Willk. et Lge (Prodr. fl. hisp.) ; Campanula hispanica Willk.?, Pin- guicula grandiflora Lamk en fleur, Calamintha Clinopodium Benth., Lamium maculatum L., Euphrasia officinalis L., Orchis conopsea L., Lilium pyrenaicum Gouan en superbes fleurs, dans une crevasse de ro- chers; Festuca rubra L. var. fallax forma nigrescens ; Poa alpina L. C'est bien à regret que nous quittons cette belle crête, sans avoir le temps d'explorer les parois verticales tournées au nord. Il ne serait pas trés difficile d'en suivre la base, à la naissance des vastes cónes d'ébou- lement qui s'étendent presque jusqu'à la voie ferrée. Dans ces nombreuses anfractuosités doit se cacher une flore des plus intéressantes que nous recommandons à l'attention des futurs voyageurs. Nous redescendonsau nord-ouest par un casse-cou de Gon entassés et nous atteignons un nouveau pâturage. Une vraie scène bucolique se présente à nos yeux : un groupe d'honnêtes pâtres, rangés en cercle « sub SÉANCE DU 28 MARS 1884. 144 tegmine fagi » et revétus de pittoresques habits, sont paisiblement occupés à carder, filer, tricoter la laine de leurs troupeaux. Nous y trouvons une eau délicieuse et dévorons quelques œufs avec de l'excellent pain. Res- taurés, nous traversons les 2 kilométres du pàturage d'Arbelas, qui nous améne au sommet d'une descente où nous retrouvons notre « burro ». L'herbe serrée, tondue ou plutót rasée par les moutons, ne laisse qu'une rare récolte au botaniste; nous en avons rapporté un Ranunculus en fleurs, Sagina subulata Sw., Eryngium Bourgati Gouan, Trifolium fili- forme L. que nous avions déjà récolté à Otzaurte, Potentilla Tormen- tilla Sibth., Potentilla splendens Ram., Jasione humilis Lois., Bellis perennis L., Euphrasia minima Schleich. Le sentier reste à l'abri de beaux bois de Hétres mutilés, il nous amène en une heure et demie au couvent de Arançaçua, vaste construction in- cendiée dans les guerres carlistes et que l'on reléve à grands frais. Nous n'y trouvons pas le véhicule sur lequel nous comptions ; laissant le cour- rier se débrouiller avec les bagages, nous suivons seul une excellente route graduée qui en une heure trois quarts de marche forcée nous amène à ORate. A force de baragouiner l'espagnol, nous finissons par com- mander une voiture pour Zumarraga et réclamer une personne « que habla frances » : un aimable jeune homme, polytechnicien de Madrid, nous fait les honneurs de sa ville. L'université, transformée en caserne, est un admirable bâtiment qui a comme pendants la cathédrale et le palais de Charles-Quint: cette architecture mérite à elle seule le voyage . d’Oñate. Dans l'entre-temps, le courrier arrive avec le bagage. Une excellente voiture nous fait remonter la vallée, passer un col, redescendre à Zumar- raga pour trouver le train en gare. À 9 h. 40, nous étions à Irun, saus autre moyen de poursuivre notre roule qu'une voiture découverte qui nous débarque à minuit et demi à Biarritz, aprés quarante-quaire heures d'absence. M. Van Tieghem fait à la Société la communication suivante : SUR LA DISPOSITION DES CANAUX SÉCRÉTEURS DANS LES CLUSIACÉES, LES HYPÉRICACÉES, LES TERNSTROEMIACÉES ET LES DIPTÉROCARPÉES, par M. Ph. VAN TIEGHEM. M. Konrad Müller a publié récemment, dans les Botanische Jahrbücher de M. Engel, un mémoire sur l'anatomie comparée des Clusiacées, Hypé- ricacées, Diptérocarpées et Ternstræmiacées, où il a étudié la disposi- tion des canaux sécréteurs de ces végétaux au point de vue de la détermi- -142 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. nation de leurs affinités (1). N'opérant que sur les plantes sèches des herbiers, dans la plante séche ne considérant que la tige, et dans la tige qu'un fragment quelconque d’entre-nœud, ce botaniste n'a pu donner à la question qu'une solution fort incompléte. C'est sans doute aussi à l'im- perfection de sa méthode de recherches qu'il faut attribuer le désaccord entre plusieurs de ses, résultats et ceux auxquels je suis arrivé, de mon cóté, au sujet de ces mémes plantes, en poursuivant sur les canaux sécréteurs le travail dont j'ai publié la premiére partie en 1872 (2). J'ai cru devoir en effet, autant que possible, étudier la plante vivante dans ses trois membres : racine, tige et feuille, aux divers états de leur déve- loppement. C'est seulement aprés que la dispositiou de l'appareil sécréteur a été fixée, avec toute l'exactitude qu'elle comporte, dans quelques types vivants de chaque famille, que j'ai utilisé les ressources de l'Herbier du Muséum pour rechercher jusqu'à quel point cette disposition se retrouve dans les autres genres ; encore ai-je toujours, dans ce cas, étudié simul- tanément la tige et la feuille. A mon sens, et sous peine de discréditer la méthode anatomique, on ne saurait apporter trop de soin et de précision dans la recherche des caractères internes qui peuvent servir de base à la détermination des affinités, et parmi ces caractères, l'un des plus précieux parce qu'il est l'un des plus précoces, parce qu'il est aussi l'un de ceux qui échappent le mieux à l'influence des conditions de milieu, est assu- rément la disposition de l'appareil sécréteur. Réservant tous les détails pour un mémoire plus étendu, je me bornerai aujourd'hui à l'exposé sommaire des résultats obtenus au sujet des quatre familles citées plus haut comme ayant fait l'objet du travail de M. Müller. 1. Clusiacées. — Dans mon mémoire de 1872, un chapitre est con- sacré à la famille des Clusiacées (3). Sur plusieurs points essentiels, no- tamment pour tout ce qui concerne la racine, ainsi que pour la présence fréquente de canaux sécréteurs dans le liber primaire ou secondaire des faisceaux libéro-ligneux de la tige et de la feuille, j'y ai complété le tra- vail publié par M. Trécul en 1865. M. Müller signale et utilise les re- cherches de M. Trécul; il ne cite méme pas les miennes. Je m'y étais pourtant placé précisément sur le terrain de l'application des caractéres anatomiques à la détermination des affinités, et notamment je n'étais servi de la disposition différente des canaux sécréteurs pour décider une (4) K. Müller, Vergleichende Untersuchung der anatomischen Verhältnisse der Clu- siaceen, Hypericaceen, Dipterocarpaceen und Ternstræmiaceen (Botanische Jahrbücher für Systematik, Il, p. 430, Leipzig, 1882). (2) Ph. Van Tieghem, Mémoire sur les canaux sécréteurs (Ann. des sc. nat., 5e série XVI, 1872). , (3) Loc. cit. p. 174. SÉANCE DU 28 MARS 1884. 143 question pendante entre MM. Planchon et Triana d'une part, M. Grisebach de l'autre, au sujet de la distinction des genres Mammea et Rheedia (loc. cit. p. 180). Il est vrai que M. Müller veut ne considérer que la tige sèche; ce qui est relatif à la plante vivante, notamment à la racine et à la feuille, semble ne pas l'intéresser. I] n'en faut pas moins convenir que ne pas citer un travail publié dans un des recueils scientifiques les plus répandus, et qui se trouve étre beaucoup plus complet que celui qu'on entreprend soi-méme dix ans plus tard sur le méme sujet, est un procédé heureusement peu commun dans la science. Laissant à la Société le soin de l'apprécier, je me borne ici à rappeler briévement le résultat de mes observations anciennes, en y ajoutant celles que j'ai pu faire depuis (1). Dans la racine, on sait que les canaux sécréteurs affectent trois dispo- sitions différentes. Chez les Clusia, l'écorce est abondamment pourvue de canaux sécréteurs, le cylindre central n'en contient pas. Dans les Garci- nia, Xanthochymus et Rheedia, l'écorce est au contraire dépourvue de canaux ; ils y sont remplacés par deux assises oléifères : l'une, extérieure, continue, qui n'est autre que l'assise subéreuse, située au-dessous de l'assise pilifére; l'autre, intérieure, discontinue, qui n'est autre que l'en- doderme dans les arcs fortement subérifiés qui sont superposés aux fais- ceaux libériens. Par contre, le cylindre central renferme un canal sécré- teur dans chacun de ses faisceaux libériens primaires, et plus tard il s'en fait de nouveaux dans le liber secondaire. Enfin les Calophyllum et Mammea ont à la fois des canaux corticaux, comme les Clusia, et des canaux libériens, comme les Garciniées. Cette différence dans la disposition des canaux sécréteurs de la racine permet de décider à quelle tribu il convient de rattacher certains genres dont les affinités sont demeurées jusqu'ici incertaines. Tel est, par exem- ple, le genre Ochrocarpus, placé avec doute par MM. Bentham et Hooker dans la tribu des Garciniées. La racine de l'Óchrocarpus sur inamensis se montre, comme celle d'un Calophyllum. ow d'un Mammea, pourvue de canaux sécréteurs à la fois dans l'écorce et dans le liber primaire ou secondaire; il en faut conclure que ce genre appartient à la tribu des Calophyllées, non à celle des Garciniées. Dans la tige et dans la feuille, la disposition des canaux sécréleurs varie moins que dans la racine. Partout la tige en renferme à la fois dans l'écorce et dans la moelle (2). Partout aussi le pétiole, dont le systéme (1) Je laisse de côté les Quiina, qui sont, comme on sait, dépourvus de canaux sécréteurs, et doivent probablement être exclus de cette famille. i (2) D’après M. Müller, le Symphonia globulifera n'aurait pas de canaux sécréteurs dans l'écorce, mais seulement dans la moelle (loc. cit. p. 437). Or, se reportant à la page 434, on voit que l'échantillon étudié par l'auteur avait perdu son écorce. Je me suis assuré, sur un échantillon en bon état, que dans cette plante l'écorce renferme des 144 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. libéro-ligneux forme un arc continu à bords reployés en dedans, en con- tient non seulement dans le parenchyme extérieur à l'are, où ils conti- nuent les canaux corticaux de la tige, mais encore dans le parenchyme intérieur à l'arc, où ils prolongent les canaux médullaires de la tige; dans ce parenchyme interne, ils se réduisent quelquefois à trois (Mesua), à deux (Ochrocarpus), ou à un seul médian, placé dans la gouttière de l'arc (Garcinia, Symphonia, etc.). Pourtant quelques variations se mani- festent à l'intérieur des faisceaux libéro-ligneux: le bois, primaire ou secondaire, y est toujours dépourvu de canaux sécréteurs; mais dans le liber on observe, suivant les genres, trois maniéres d'étre différentes. Tantót le liber, primaire ou secondaire, est entiérement dénué de ca- naux (Clusia (1), Arrudea, Tovomita, Havetiopsis, Pilosperma, Penta- desma, etc.). Tantót le liber primaire est encore dépourvu de canaux, mais il s'en forme plus tard dans le liber secondaire de la tige; les faisceaux de la feuille demeurent alors privés de canaux (Mesua, Havetia, Gar- cinia, Xanthochymus, Rheedia, Calophyllum, Symphonia). Tantôt enfin les canaux apparaissent dés le liber primaire, pour se multiplier ensuite dans le liber secondaire; les faisceaux de la feuille en renferment alors, tout aussi bien que ceux de la tige (Mammea, Ochrocarpus). L'embryon subit, comme on sait, des modifications fort étendues chez les Clusiacées. Celui des Clusia posséde une tigelle tuberculeuse, sur- montée de deux trés petits cotylédons, différenciée en une écorce trés épaisse, riche en matiéres grasses, sans amidon, et en un cylindre cen- tral trés étroit. Ce dernier est dépourvu de canaux sécréteurs, mais l'écorce en posséde un grand nombre; dans le Clusia rosea, ils sont disposés en un seul cercle prés de la périphérie et se prolongent dans les deux petits cotylédons (2). Méme tigelle tuberculeuse, mais avec des cotylédons tout à fait rudimentaires ou méme nuls, dans les Montrouziera et Discostigma ; elle est encore différenciée en une écorce épaisse munie de canaux sécréleurs et un étroit cylindre central dépourvu de canaux; canaux tout aussi bien que a moelle. D'autre part, il y a, sous ce rapport, une petite rectification à faire à mon mémoire de 1872, où le Xanthochymus pictorius a été signalé comme manquant de canaux médullaires (loc. cit. p. 178); je me suis assuré depuis, en effet, que la tige de cette plante possède dans sa moelle, non loin de la périphérie, un cercle de canaux sécréteurs pareils à ceux de l'écorce. Je dois ajouter pourtant que je n'ai pas rencontré de canaux médullaires dans le fragment de tige sèche de Pilo- sperma caudatum, que j'ai eu à ma disposition. (1) Y compris le Clusia alba, cité par M. Müller comme ayant des canaux libériens. (2) Outre l'embryon normal, 'la graine du Clusia rosea renferme un, deux, quelque- fois trois petits embryons rudimentaires : c'est un exemple de polyembryonie, analogue à celui des Citrus. A en juger par la germination d'une graine à deux embryons du Xanthochymus dulcis, décrite et figurée par MM. Planchon et Triana (Ann. des sc. nat. 4 série, t. XIV, pl. 17, fig. 15, et t. XVI,!p. 301), cette polyembryonie se rencontre aussi dans d'autres. genres de la famille. SÉANCE DU 28 Mans 1884. 145 le parenchyme cortical et médullaire est bourré de grains d'amidon dans le Discostigma ; i est surtout gras dans le Montrouziera, mais contient aussi de l'amidon en petits grains. Dans les Xanthochymus, l'embryon est également dépourvu de cotylédons; mais sa tigelle tuberculeuse, qui mesure 35"" de longueur sur 20"" de largeur dans le X. pictorius, est différenciée en une écorce mince et un trés large cylindre central: le pa- renchyme cortical et médullaire est amylacé et contient de nombreux canaux sécréteurs, uniformément dissénfinés de la périphérie jusqu'au centre. Dans les Calophyllum et Mammea, au contraire, la tigelle est très courte et porte deux énormes cotylédons; le parenchyme cotylédonaire, oléagineux dans les Calophyllum, amylacé dans les Mammea, se trouve, dans les deux cas, traversé par un grand nombre de larges canaux sécré- teurs pleins d'un produit jaune clair, fluide et limpide dans les Calophyl- lum, ayant la consistance et l'opacité du beurre dans les Mammea. Dans ce dernier genre, les canaux colylédonaires se réduisent çà et là à des poches plus ou moins allongées, poches qui se retrouvent aussi, comme on sait, dans le limbe foliaire de ces plantes. Quelle que soit sa conformation, l'embryon est donc richement pourvu de canaux sécréteurs, et les Clusiacées sont un exemple remarquable d'une sécrétion trés abondante opérée pendant la vie embryonnaire (1). En résumé, les deux seules régions anatomiques oü l'on ne trouve pas de canaux sécréteurs chez les Clusiacées sont, d'une part le péricycle, qui, dans la tige, forme un anneau scléreux, de l'autre, le bois, primaire ou secondaire, des faisceaux ligneux ou libéro-ligneux. Or c'est précisé- (1) Note ajoutee pendant l'impression. — L'embryon du Pentadesma bulyracea, que ’ai pu étudier récemment à l'état de complète maturité dans la collection du Muséum, fait à cette régle une remarquable exception. Par sa conformation externe, il ressemble à celui des Clusia; par sa différenciation interne, à celui des Xanthochymus. Son énorme tigelle aplatie, creusée sur chaque face d'un sillon médian et échancrée à la base, porte au sommet deux petits cotylédons minces, rabattus en dehors en forme de manchette, et qui cachent entre eux une gemmule bien développée. Cette tigelle tuber- culeuse mesure 45^? de longueur, 30°" de largeur et 10"" d'épaisseur. Elle est diffé- renciée en une écorce trés mince et un trés large cylindre central. Les faisceaux libéro- ligneux de ce dernier, voisins de la périphérie, ont leurs vaisseaux annelés et spiralés complètement, épaissis, et projettent des branches horizontales non seulement l'un vers l'autre dans le plan tangent, mais encore vers la profondeur de la moelle dans le plan radial. Le parenchyme cortical et médullaire est entièrement dépourvu de canaux sécréteurs. Cependant, bien qu'elle manque d'organes spéciaux, la fonction sécrétrice ne s'en accomplit pas moins; seulement elle est réduite à s'opérer individuellement dans chaque cellule du parenchyme: au lieu d'étre localisée, elle est diffuse. Outre son contenu gras, dont une partie cristallise en un paquet de longues et fines aiguilles, comme dans le Montrouziera et plusieurs autres Clusiacées, chaque cellule du paren- chyme produit en effet une oléorésine jaune brun; ce produit de sécrétion est intime- ment appliqué contre la membrane, qu'il revét d'une couche plus ou moins épaisse; cà et là il forme, en outre, un globule dans la cavité. Il en résulte que, sur ies sections, T Lu e (SÉANCES) 10 146 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ment par ce double caractère que cette famille se distingue, comme on va voir, des Hypéricacées et des Diptérocarpées. 2. Hypéricacées. — Tout le monde connait les petites lacunes oléi- fères qui pointillent le limbe des feuilles de la plupart des Hypericum, et qui ont fait donner à ces plantes le nom de Millepertuis; mais il n'y a pas longtemps que la véritable origine de ces organes sécréteurs a été déter- minée. M. de Bary les croyait encore issus, comme ceux des Myrtes et des Citronniers, de la destruction locale d'un groupe compact de cellules sécrétrices (1). M. Frank, et plus récemment M. Wieler, ont montré qu'ils procèdent au contraire de la dissociation des cellules sécrétrices, qui continuent indéfiniment à en tapisser la paroi; en un mot, que ce sont des poches sécrétrices et non des nodules sécréteurs désorganisés. Plus tard, en étudiant à l'état sec la tige de plusieurs Hypéricacées ligneuses (Vis- mia, Cratoxylon, Ancistrolobus, Endodesmia), M. Müller y a trouvé des canaux sécréteurs de méme nature que ceux des Clusiacées : dans les Vismia, ils appartiennent au liber; dans les Cratoxylon et Ancisiro- lobus, au liber et à la moelle; dans l'Endodesmia, à la fois à l'écorce, au liber et à la moelle. Il en conclut à une parenté très étroite entre les Hypéricacées et les Clusiacées, et ne se montre méme pas éloigné de réunir ces deux familles en une seule. Ayant étudié à l'état vivant la racine, la tige et la feuille de bon nombre d'Hypericum et d'un Ancistrolobus (A. pulchellus), puis à l'état sec la tige et la feuille des autres genres de la famille, je suis arrivé à des conclu- sions un peu différentes de celles de M. Müller. Considérons dabord les Hypericum, et prenons pour exemple PH. ca- lycinum. Dans la tige quadrangulaire de cette plante, l'écorce est pour- vue à chaque angle d'un canal sécréteur rapproché del'épiderme ; elle est terminée en dedans par un endoderme subérifié à plissements trés nets. Le péricycle, tout entier parenchymateux, se compose de trois ou quatre rangées de cellules; l'assise externe est incolore ; et c'est elle qui produit le liège en exfoliant l'écorce, y compris l'endoderme; les autres assises contiennent de la chlorophylle, et dans cette couche verte se trouvent en- le tissu offre l'aspect d'un fin réseau jaune brun, dont les mailles sont occupées par la matière grasse. On comprend, sans qu'il y ait besoin d'insister, tout l'intérét qui s'at- tache par là à l'embryon du Pentadesma. On voit aussi que, suivant les genres, l'em- bryon des Clusiacées offre, dans sa conformation, cinq maniéres d'étre, que l'on peut résumer ainsi : Cotylédons tuberculeux..... MEE UT INE S. Calophyllum. Mammea, ete. { petits... Clusia, etc. t nuls sis: Montrousiera, etc. petits.... Pentadesma. nuls..... Xanthochymus. ( par l'écorce ; cotylédons Tigelle tuberculeuse | parla moelle; cotylédons (1) De Bary, Vergleichende Anatomie, 1877, p. 218. SÉANCE DU 28 MARS 1884. T A41 taillés d'étroits canaux oléiféres en forme de losange, bordés ordinaire- ment par quatre cellules sécrétrices et disposés en un seul cercle en dehors du liber. Celui-ci, entièrement dépourvu de fibres, ne renferme pas de canaux dans sa région primaire, mais en contient un grand nombre aux diverses profondeurs de sa région secondaire. Le bois ainsi que la moelle en sont dépourvus. Dans la feuille, le canal cortical correspondant de la tige se prolonge d'abord dans le parenchyme inférieur à la nervure médiane, mais il s'ar- réte avant d'avoir atteint le milieu du limbe; ce dernier ne renferme pas non de plus poches sécrétrices dans son parenchyme. L'unique faisceau libéro- ligneux qui entre dans la feuille entraine naturellement avec lui ses canaux péricycliques et libériens; les premiers sont entaillés dans l'arc de collen- chyme que forme le péricyele sous l'endoderme et en dehors du liber; les derniers sont disposés en are dans le liber secondaire du faisceau. Les uns et les autres suivent tout le cours des nervures. La racine a son écorce dépourvue de canaux. En dehors des faisceaux libériens et ligneux, le périeycle n'y compte qu'un seul rang de cellules; mais dans les intervalles, il comprend deux assises, et dans l'assise interne se trouve entaillé, à droite et à gauche de chaque faisceau libérien, un canal oléifère bordé de quatre cellules sécrétrices. Cette disposition des canaux sécréteurs de la racine, en alternance avec les faisceaux libériens et ligneux, au sein d'un péricycle localement épaissi, est fort remarquable et n'a pas été observée jusqu'à présent ailleurs que dans les Hypérica- cées. Les faisceaux libériens primaires sont dépourvus de canaux; mais, comme dans la tige, il s'en produit plus tard un grand nombre dans le liber secondaire. En résumé, l'Hypericum calycinum possède trois systèmes de canaux oléifères : 4° les canaux primaires corticaux, propres à la tige et ne se pro- longeant que faiblement dans la feuille; 2° les canaux primaires du péri- cycle, qui s'étendent à la fois dans la racine, la tige et la feuille ; 3* les canaux secondaires du liber, également répandus dans toute l'étendue du corps végétatif. Dans les autres Hypericum, la racine demeure semblable à celle que nous venons d'étudier, mais la tige et la feuille subissent quelques modifi- cations. Sans entrer ici dans le détail de toutes ces variations spécifiques, bornons-nous à en signaler quelques-unes. Dans la tige, les canaux corti- caux font d'ordinaire entiérement défaut (H. Elodes, H. perforatum, H. quadrangulun, etc.) ; quelquefois ils sont seulement interrompus çà et là, entrecoupés par du parenchyme et remplacés par autant de séries de poches sécrétrices: dans V H. balearicum, par exemple, la tige a deux côtes correspondant aux feuilles supérieures, et chacune de ces cótes renferme une série de poches fortement saillantes à l'extérieur. Par contre, les 148 ' SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. feuilles, outre les canaux péricycliques et libériens de leurs nervures, ont habituellement leur parenchyme parsemé de poches sécrétrices. Les poches oléiféres des Millepertuis ne sont donc qu'une portion d'un vaste système de canaux sécréteurs, répandu dans tout le corps de la plante et qui était jusqu'ici demeuré inconnu. Cette transformation locale des ca- naux sécréteurs en poches sécrétrices dans le parenchyme foliaire est un phénoméne qui n'est pas sans exemple dans d'autres familles: on l'observe, notamment, chez les Composées dans les Tagetes, chez les Clusiacées dans les Mammea. Toutes les autres Hypéricaeées étudiées (Ascyrum, Vismia, Ancistro- lobus, Eliwa, Haronga, Cratoxylon, Psorospermum) possèdent des canaux sécréteurs, conformés et disposés essentiellement comme dans les Hypericum. Mais on y observe, suivant les genres, notamment dans la tige et dans la feuille, diverses modifications secondaires, dont je dois me borner à signaler ici quelques-unes. Dans les types arborescents, la tige a son péricycle sclérifié et dépourvu de canaux sécréteurs ; l'assise interne demeure pourtant à l’état de parenchyme et produit le liège, qui exfolie ici, non seulement l'écorce, mais encore l'anneau fibreux du péricycle. Ajoutons que l'écorce de la tige est tantót pourvue (Haronga, Psorosper- mum), tantôt dépourvue (Ancistrolobus) de canaux sécréteurs, et que la moelle tantôt en possède (Ancistrolobus, Eliea), tantôt en est privée (Ascyrum, Psorospermum). Remarquons enfin que le pétiole, outre les canaux libériens deson faisceau libéro-ligneux, offre d'ordinaire dans son parenchyme inférieur un certain nombre de larges canaux disposés en arc, et cela, méme quand l'écoree de la tige est dépourvue de canaux (Ancistrolobus, etc.); tandis que le parenchyme supérieur n'en a pas, méme quand la moelle de la tige en possède (Ancistrolobus, Eliæa, etc.). Par la production constante de canaux sécréteurs et par la disposition générale de ces organes, les Hypéricacées ressemblent donc beaucoup aux Clusiacées ; mais en méme temps elles en différent par la présence dans le péricycle d’un système de canaux qui ne se rencontre pas dans les Clusiacées. Ces deux familles doivent donc étre rapprochées, mais pour- tant maintenues distinctes. 3. Ternstremiacées, — M. Müller a signalé l'existence de canaux sécréteurs dans les Bonnetia et Kielmeyera, deux genres de Ternstræ- miacées appartenant à la tribu des Donnétiées: dans les Bonnetia tomen- tosa et Kielmeyera excelsa, on les rencontre à la fois dans l'écorce, la moelle et le liber; dans le Kielmeyera rubriflora, seulement dans l'écorce et la moelle. J'ai vérifié cette observation sur le Kielmeyera coriacea, où les canaux sont localisés dans l'écorce et la moelle de la tige ; le liber n'en a pas. Le pétiole, dont le systéme libéro-ligneux forme un arc continu à bords re- SÉANCE DU 28 MARS 1884. 149 ployés en dedans comme dans les Clusiacées, renferme un grand nombre de canaux disposés en cercle dans le parenchyme extérieur à l'arc et un seul canal dans le parenchyme intérieur. Les Mahurea palustris et Caraipa tereticaulis ont également des canaux sécréteurs dans l'écorce et la moelle de la tige, dans le parenchyme externe et interne du pétiole ; mais en outre ils en possédent à l'intérieur du liber, aussi bien dans la feuille que dans la tige. Par contre, l'Archytea elegans a sa tige et sa feuille entièrement dé- pourvues de canaux sécréteurs. Il en est de méme dans les deux espèces de Bonnetia que j'ai examinées (B. anceps, B. ovata); je wai pas eu à ma disposition le B. tomentosa étudié par M. Müller. Par ces quelques genres pourvus de canaux sécréteurs et où ces organes affectent la méme disposition générale que chez les Clusiacées et les Hy- péricacées, les Ternstræmiacées se rattachent évidemment à ces deux fa- milles, mais plus étroitement encore aux Clusiacées qu'aux Hypéricacées. 4. Diptérocarpées. — M. Müller a étudié les canaux sécréteurs dans la tige sèche de plusieurs Diptérocarpées (Dryobalanops, Dipterocar- pus, Shorea, Vatica, Hopea). D’après lui, ces canaux appartiendraient àla moelle, et chaque faisceau libéro-ligneux, en émergeant dans la feuille, entrainerait avec lui, sur son bord interne, unou plusieurs de ces canaux médullaires. De l'existence de ces canaux et de leur mode de disposition, il conclut à l'étroite affinité des Diptérocarpées avec les familles précédentes. Ayant étudié à l'état vivant la racine, la tige et la feuille du Diptero- carpus Bailloni, à l'état sec la tige et la feuille des autres genres de la famille (Dryobalanops, Shorea, Vatica, Vateria, Hopea, Doona, Ani- soptera, Ancistrocladus, Lophira), j'ai pu me convaincre que les canaux sécréteurs de ces plantes ont une situation tout autre que celle qui leur est assignée par M. Müller, et qu'il en résulte aussi des conséquences toutes différentes au sujet des affinités de cette famille. La jeune racine du Dipterocarpus Bailloni a son écorce dépourvue de canaux sécréteurs. Sous l'endoderme, s'étend un péricyele épais, formé de quatre à six rangs de cellules, qui enveloppe deux faisceaux ligneux non confluents au centre et deux faisceaux libériens alternes. Ces derniers nerenferment pas de canaux sécréteurs; mais, en dehors de chaque faisceau ligneux, on voit un canal oléifère bordé de quatre à six cellules sécrétrices dont les internes s'appuient directement contre les vaisseaux les plus étroits (1). Ce canal appartient-il au péricyele ou au faisceau ligneux? Il appartient au bois, car, dans la tige, en méme temps que le faisceau li- gneux se renverse, de centripéte devenant centrifuge, le canal tourne avec lui et se retrouve à la pointe interne du bois, contre la moelle. Plus tard (1) Au lieu d'un canal unique, on en trouve quelquefois deux côte à côte. 150 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. la racine exfolie son écorce par une couche de liège formée dans l'assise externe du péricyele, et développe en dedans de ses deux faisceaux libé- riens primaires deux faisceaux libéro-ligneux secondaires; ceux-ci demeu- rent séparés par deux larges rayons de parenchyme, au fond desquels se retrouvent les deux canaux sécréteurs primitifs. Le liber secondaire, formé de couches alternatives de fibres et de tubes criblés, demeure à tout àge dépourvu de canaux oléifères; mais le bois secondaire, à mesure qu'il s'épaissit, produit de nombreux canaux disposés en cercles concentriques. Dans la racine des Dipterocarpus, les canaux sécréteurs affectent donc exactement la méme situation que dans celle des Pinus et des Larix parmi les Coniféres ; c’est jusqu'à présent le seul exemple connu de cette disposition chez les Angiospermes. Dans la jeune tige, les canaux sécréteurs sont tous situés au bord in- terne du bois primaire, contre la moelle. [l n'y en a ni dans l'écorce, ni dans le liber, ni dans la moelle elle-méme. Pour passer dans une feuille, les faisceaux libéro-ligneux quittent le cylindre central à quelque distance au-dessous du nœud, et c’est dans l'écorce qu'ils achévent leur trajet. Chacun d'eux entraine naturellement, d'abord dans l'écorce et plus tard dans la feuille, le canal sécréteur qui appartient à son bois. Plus tard, aprés que les productions libéro-ligneuses se sont formées et progressive- ment épaissies, le bois secondaire renferme de nombreux canaux oléifères disposés en cercles concentriques plus ou moins réguliers, et c'est de ces canaux ligneux secondaires que s'écoule l'huile essentielle, le wood-oil des Anglais, quand on entaille le bois de ces arbres. Le liber secondaire, dépourvu de canaux sécréteurs, est stratifié, entrecoupé par des rayons fortement dilatés en dehors; en un mot, il offre tous les caractères du liber secondaire bien connu des Malvacées et notamment du Tilleul. Dans le pétiole, les faisceaux libéro-ligneux offrent une disposition fort compliquée : ils forment notamment deux courbes fermées concentriques, dont l'intérieure renferme en outre deux faisceaux latéraux isolés; le tout n'a qu'un plan de symétrie. Les faisceaux dela courbe externe, au nombre de neuf à onze, ont chacun un canal oléifère dans l’échancrure de leur bois ; trois de ceux de la courbe interne ont aussi un pareil canal ligneux. Méme disposition des canaux sécréteurs, méme structure du liber se- condaire et méme arrangement des faisceaux dans le pétiole, chez la plu- part des autres genres étudiés à l'état sec (Dryobalanops, Shorea, Vatica, Vateriu, Hopea, Doona, Anisoptera); la principale différence porte sur le nombre des canaux du bois primaire de la tige, qui peut descendre à ciuq (Doona nervosa) ou méme à trois (Dryobalanops Camphora) ; cette dernière plante a en outre, dans son péliole, trois canaux corticaux. Seuls les Lophira et Ancistrocladus se sont montrés dépourvus de canaux sécréteurs, aussi bien dans la tige que dans la feuille. SÉANCE DU 28 Mans 1884. 151 En résumé, si par la présence presque constante de canaux sécréteurs dans les divers membres du corps végétatif, les Diptérocarpées se rap- prochent des Clusiacées et des Hypéricacées, elles différent nettement de ces deux familles par la situation de ces canaux dans le bois, caractére qui les distingue en méme temps de toutes les autres Angiospermes. Elles en différent aussi par la stratification du liber secondaire et par la dispo- sition compliquée des faisceaux dans le pétiole, deux caractères qui les rapprochent des Malvacées. M. Bureau s'associe pleinement à la maniére de voir de M. Van Tieghem au sujet de l'application de l'anatomie à la botanique sys- tématique, et fait ressortir l'importance, pour ce genre d'études, des collections nombreuses de plantes vivantes dans les jardins bota niques. —— M. Mer fait à la Société une communication sur les mouvements nyclitropiques des feuilles (1). M. Mangin, vice-secrétaire, donne lecture de la communication sulvante : LISTE DES PLANTES VASCULAIRES OBSERVÉES DANS LE DÉTROIT DE MAGELLAN ET A LA TERRE DE FEU, par M. Paul HARIOT membre de la mission francaise du cap Horn. Les régions magellaniques sont formées par le vaste archipel limité au nord par le détroit de Magellan, au sud par le cap Horn, à l'est parle cap des Vierges, à l'ouest par le cap Pilares et la péninsule Tres Montes. La végétation de cette vaste région présente, à divers points de vue, un vif intérêt: c'est en effet là que se trouve, suivant l'expression de Hooker, le grand centre végétal de l'Océan antarctique; c'est de là que semblent avoir divergé les formes végétales pour peupler les ilots antarctiques, le nord de la Nouvelle-Zélande, les archipels des Auckland et de Camp- bell, Tristan d'Acunha et Kerguelen. Il est permis d'admettre, en pré- sence de ces faits remarquables, l'hypothése d'un vaste continent disparu dont il ne resterait que les points les plus élevés au-dessus des flots, con- tinent limité par Tristan d'Acunha et Kerguelen. La Terre de Feu elle- méme, d'aprés la belle expression de Darwin, peut étre comparée à une chaine de montagnes dont les vallées sont envahies par la mer. (1) L'épreuve et le manuscrit de M. Mer étant retenus, par suite d'une erreur, à la direction générale des postes, sa communication ne pourra prendre place que dans une prochaine séance. 459 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. L'étude des flores antarctiques tend à corroborer l'hypothèse émise plus haut: la végétation de Tristan d'Acunha, ilot situé presque à égale distance de l'Afrique et de l'Amérique, est essentiellement austro-améri- caine avec les mêmes formes qu'à la Terre de Feu (Acæna, Nertera, etc.); de méme pour Kerguelen, quoique distant de 5000 milles du cap Horn. L'analogie n'est pas moins frappante avec l'archipel de Campbell et des Auckland, où la flore est revétue d'un facies ornemental qu'on ne retrouve pas dans le grand centre magellanique; là dominent les Rubia- cées arborescentes; à la pointe américaine, ce sont les Composées qui l'emportent. Si l'on jette les yeux sur la végétation dela Terre de Feu, on voit qu'elle est essentiellement composée d'une quantité considérable d'individus appartenant à un petit nombre d'espéces (300 environ). Les végétaux arborescents sont représentés par le genre Fagus, le Drimys Winteri et une Conifére, le Libocedrus tetragona. Du niveau de la mer jusqu'à 1700 pieds d'élévation (au Kater-pic de l'ile Hermite), s'étendent les vastes foréts de Hétres ainsi constituées : dans le détroit, le Fagus antarc- tica, trés abondant dans la plaine,et en plus petite quantité le Fagus betuloides. Mais à mesure que l'on s'avance vers l'ouest et vers le sud, le dernier l'emporte, et l'on ne retrouve plus le Hêtre antarctique que sur les montagnes, oü il forme des buissons qui, s'enchevétrant les uns dans les ` autres, gênent considérablement la marche. Le sol de ces forêts est entiè- rement formé par une tourbière où dominent un certain nombre de plantes (Forstera, Donatia, Astelia, Gunnera, etc.) qui, par leur décomposition rapide sous ce climattoujours saturé d'humidité, donnent continuellement naissance à de Ja tourbe. Il est à remarquer que, contrairement à ce qui se passe en Europe, le róle des Sphagnum y est à peu près insignifiant. Au-dessus de la zone de végétation frutescente, on ne trouve plus qu'un maigre gazon de plantes alpines et de Glumacées: déjà à 1500 pieds, on ne remarque plus que 11 plantes à fleurs, et à 1700 pieds 4 seulement peuvent se compter. A 1000 mètres les neiges éternelles commencent, tandis que tout prés de là, au Chili, il faut monter à plus de 3500 métres dans la Cordillére des Andes pour se retrouver dans les mémes conditions. La présence des glaciers est corrélative de la faible élévation où se montrent les neiges perpétuelles et, par 46 degrés lat. S. on rencontre déjà un glacier, tandis que dans l'hémisphére nord il faut aller jusqu'à 71 degrés lat. N. Le nombre total des Phanérogames magellaniques est d'environ 300, et encore dans ce nombre compte-t-on celles qui croissent sur la côte pata- gone, se rapprochant plus de la végétation des Pampas. L'époque avancée de l'année ne m'a permis d'en recueillir que 160 environ, et 2 seulement sont entièrement nouvelles: un Schænus et un Verbena. D'ailleurs, après SÉANCE DU 28 Mans 1884. 153 les magnifiques travaux de Hooker, qui ajoutait ses recherches person- nelles à celles antérieures de Dumont d’ Urville, de Gaudichaud,de Hombron et les explorations postérieures de Wilkes et de Cunningham, le champ semblait étre déjà bien appauvri. Pour nous, arrivés plus tard, il ne nous restait plus qu'à glaner. J'espère pouvoir prochainement présenter à la Société la continuation de mon étude avec la liste des Algues magel- laniques. CRYPTOGAMES VASCULAIRES. FILICINÉES. Hymenophyllum marginatum Hook. et Grev. — lle Clarence (Sholl bay)! Hymenophyllum secundum Hook. et Grev. — lle Clarence (Sholl bay)! ile Hermite ! ile Horn! baie Orange! Hymenophyllum tortuosum Banks et Sol. — Trés abondant, Punta Arenas! sud et ouest de la Terre de Feu. L Hymenophyllum magellanicum qui existe dans l'ouest du détroit de Magellan, à Port- Famine, etc., est trés voisin de cette espèce. Hymenophyllum subtilissimum Kunze. — Ile Clarence (Sholl bay)! baie Orange! Trichomanes cespitosum Hook.—1le Dawson! ile Clarence! baie Orange, etc. Abonde sur l'écorce des vieux arbres et entre les pierres sur les monta- genes. o Cystopteris fragilis.Bernh. — Ile Clarence : caverne obscure à la baie Tran- sition. Aspidium mohrioides Bory. — Canal du Beagle : environs d'Ooshooia! Asplenium magellanicum Kaulf. — Ile Clarenee! ile Dawson! tout le sud de la Terre de Feu! Lomaria alpina Drown. — Abonde dans les bois et les buissons. Lomaria magellanica Desvaux. — lle Clarence ! abonde dans tou , sud. Grammitis australis Brown. — Sur le bois mort : ile Clarence (Sholl bay)! ile Cambden ! Gleichonia acutifolia Hook. — lle Clarence (pointe Ariadne)! LYCOPODINÉES. Lycopodium clavatum L.; var. magellanicum Hook. (Fl. ant.). — Punta Arenas! canal du Beagle : environs d'Ooshooia! baie Orange, autour des habitations de la Mission et sur les hauteurs ! PHANÉROGAMES. GYMNOSPERMES. CONIFÈRES. Libocedrus tetragona Endl.— Rare dans le détroit de Magellan : baie Saint- 154 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Nicolas! Terre de Feu: iles Dawson et Clarence! ile Burnt! baie Orange (ile Hoste)! Plante trés rare dans le sud, devenant plus fréquente à mesure qu'on se rapproche de l'ouest. — Abonde dans les canaux latéraux de Patagonie. ANGIOSPERMES. MONOCOTYLÉDONES. GRAMINÉES. Alopecurus alpinus Smith. — Ile Otarie (Wollaston)! Agrostis antarctica Hook. f. — Baie Orange (ile Hoste)! Arundo pilosa d'Urville. — Baie Orange (ile Hoste)! Hierochlon magellanica Hook. f. — Baie Orange (ile Hoste)! ile Clarence (Sholl bay)! Aira Kingii Hook. f. — Baie Orange (ile Hoste) ! Aira parvula Hook. — Ile Horn! Trisetum subspicatum Deauv. — Baie Orange (ile Hoste)! ile Horn! Poa annua L. — Punta Arenas (détroit de Magellan)! Introduit dans les jardins et les lieux publics. Festuca fuegiana Hook. f. var. vivipara. — Abonde dans toute la Terre de Feu. Festuca arenaria Link. —- Ile Wollaston! Festuca Commersonii Franchet? — Baie Orange (ile Hoste) ! L'état de la plante ne me permet pas d'affirmer la détermination exacte, mais elle me semble avoir des rapports avec le Festuca Commersonii. Festuca gracillima Hook. — Ile Wollaston ! Dactylis cespitosa Forster. — Iles Hermite (Wollaston)! ile Gordon (Murray narrows, etc. Abonde dans le sud ; préfère les falaises Viae pou en contact continuel avec les va- pears salines. Agropyrum repens Beauv. — De nombreuses variétés habitent les plages sablonneuses du détroit et de la Terre de Feu: baie Orange! ile Wollas- ton !etc. Une forme trés glauque existe à Kelp point (ile Dawson)! CYPÉRACÉES. Oreobolus obtusangulus Gaudich. — Baie Orange! ile Horn !. Chætospora antarctica Hook. f. — Baie Orange! Cette plante doit rentrer dans le genre Schænus, ainsi que la suivante. Scho nus sodalium Nob. Espèce nouvelle, non encore décrite, mais déjà recueillie à la baie Orange par l'expé- dition du capitaine Wilkes. — Rappelle, à première vue, par la coloration noir foncé, le Chœætospora laxa, mais s’en éloigne par l'inflorescence compacte à épillets uniflores. Je dédie cette nouvelle espèce à mes compagnons de la mission du cap Horn. Q SÉANCE DU 28 Mars 41884. 45 Carpha schænoïdes Banks et Sol. — Ile Grevy (Wollaston)! Carex trifida Cav. — lle Otarie (Wollaston)! Espèce nouvelle pour la Terre de Feu; n'était indiquée qu'aux iles Malouines. Uncinia. Espèce indéterminable, vu le mauvais état des échantillons. Paraît se rapprocher de VU. Kingii Hook. f. Isolepis pygmæn Kunth.— Ile Clarence (Sholl bay)! île Horn ! ile Wollas- ton! etc. CENTROLÉPIDÉES. Gaimardia australis Gaud. — Baie Orange (île Hoste)! TRIGLOCHINÉES. Tetroncium magellanicum Willd. — Baie Orange (ile Hoste)! JONCACÉES. Rostkowia grandiflora Hook. — Abonde dans toute la Terre de Feu. Les chaumes servent aux Fuégiens à la fabrication de leurs paniers. Rostkowia magellanica Hook. — Ile Saddle! île Horn! baie Orange! Juncus scheuchzerioïdes Gaud. — Punta Arenas (détroit de Magellan) ! Luzula alopecurus Desv. — Punta Arenas! ile Otarie (Wollaston) ! ile Horn! LILIACÉES. Astelia pumila Drown. — Abonde sur tous les points tourbeux. Philesia buxifolia Lamk. — Canal du Beagle! ile Clarence (Sholl bay)! baie Saint-Nicolas (détroit de Magellan) ! Rare dans le sud, abonde dans l’ouest et les canaux de Patagonie, où il remplace le Lapageria du Chili. Callixene marginata Comm. Une des plantes les plus fréquentes des régions magellaniques. C'est l'Almond- [lower des colons des Malouines. IRIDÉES. Tapeinia magellanica Just. Contribue avec l'Astelia à la formation des tourbières. Symphyostemon narcissoides Miers. — Punta Arenas (détroit de Magellan)! Je l'ai rencontré dans un jardin, provenant des environs de la ville. Sisyrinchium laxum Link. — Punta Arenas (détroit de Magellan)! ORCHIDÉES. Codonorehis Lessonii Lindl. — Baie Orange, à l'anse Forges! 156 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Asarca odoratissima Pœp.? — Canal du Beagle: environs d'Ooshooia. Je n'ai eu que des échantillons desséchés qui ne me permettent pas de donner ma détermination comme certaine. DICOTYLÉDONES. URTICACÉES. Urtica mageltanica Poiret. — Ile Burnt! baie Orange ! Urtica dioica L. — Punta Arenas ! jardins. Urtica urens L.— Punta Arenas! jardins. POLYGONÉES. Rumex Acetosella L. — Abonde à Punta Arenas ! On a indiqué sur la plage de Punta le R. magellanicus (R. crispus Hook. non L.). PROTÉACÉES. Embothrium coccineum Forst. — Vulg.: Cerrolillo (Chiliens). Punta Are- nas (détroit de Magellan)! Ile Dawson (Wille's bay)! Canal du Beagle! baie Orange ! etc. THYMÉLÉACÉES. Drapetes muscosa Lamk. — Ile Otarie (Oreille de Wollaston)! ile Horn! baie Orange! toujours sur les hauteurs. CUPULIFÉRES. Fagus antarctica Forst. C'est le Hétre que l'on rencontre le premier en entrant dans le détroit; c'est aussi celui qui s'avance le plus loin vers le sud et atteint les altitudes les plus élevées; le Fagus Pumilio (Popp. et Endl.) ne parait en être qu'une forme montagnarde qui monte jusqu'à 8000 pieds dans la Cordillére chilienne. C'est le Roble des habitants de Punta Arenas, tandis qu'au Chili et à Chiloe le même nom est appliqué à une espèce voisine mais bien distincte, le Fagus obliqua Mirb., qui n'a pas été rencontré dans l'est au delà de Port-Famine. Les Fuégiens distinguent dans cet arbre deux formes (Hanis et Kataran), principale- ment aux caractères de l'écorce et à la couleur du bois: il en est de méme à Punta Arenas, oü les arbres venus dans les lieux marécageux donnent un bois plus foncé, plus estimé (Roble de Vega). Fagus betuloides Mirbel. C'est le plus commun des arbres forestiers dans le sud. — Assez rare à Punta Arenas, il domine sur le littoral dans l'ouest et s'éléve moins sur les hauteurs que le Fagus antarctica. Sur les plateaux tourbeux, on le rencontre n'ayant que quelques pouces. Ses variations foliaires ont donné naissance au Fagus Dombeyi Mirb. et peut-étre au Fagus alpina, qui parait n'en étre que la forme des montagnes du Chili. Les Chiliens le connaissent sous le nom de Coigué. SÉANCE DU 98 Mans 1884. 157 SANTALACÉES. Nanodea muscosa Gærtn. — Ile Otarie (Wollaston)! baie Orange! Myzodendron punctulatum Banks et Sol. — Punta Arenas! ile Hermite! etc. Le plus commun des Myzodendron ; differe des autres par l'absence de feuilles. Myzodendron brachystachyum DC. — Ile Hermite (baie Saint-Martin) ! baie Orange ! Myzodendron oblongifolium DC. — Canal du Beagle : environs d'Ooshooia! Les diverses espèces de Myzodendron sont parasites sur les Hétres, auxquels elles communiquent un aspect et une coloration spéciaux. RENONCULACÉES. Anemone decapetala L. — Daie Freshwater (détroit de Magellan)! Ranunculus biternatus Smith.— Ile Hermite! ile Gambden! Ranunculus peduncularis Smith. — Punta Arenas (détroit de Magellan)! Caltha sagittata Cav. — Baie Orange! ile Horn! Caltha appendiculata Pers. — Ile Horn! etc. Se rencontre partout, mêlé au C. dioneæfolia et aux plantes turficoles habituelles. Caltha dionecefolia Hook. Forme des tapis à ras du sol : les échantillons fleuris sont fort rares. Cette plante manque aux Malouines. MAGNOLIACÉES. Drimys Winteri Forst. Arbre de forme pyramidale, qui forme une ceinture littorale et s'élève peu sur les hauteurs. Il est peu commun à Punta Arenas, mais est plus fréquent déjà à Port-Fa- mine, et abonde dans l'ouest et le sud jusqu'à l'ile Horn. C'est le Cannello des Chiliens et le Liouche des Fuégiens. BERBÉRIDÉES. Berberis ilicifolia Forst. — Punta Arenas (détroit de Magellan)! Terre de Feu : est, ouest et sud ! C'est le Bitsai des Chiliens et le Tcelia des Fuégiens. Werberis buxifolia Lamk. — Punta Arenas! rare dans le sud, baie Orange ! canal du Beagle! etc. Les Chiliens en consomment le fruit sous le nom de Calafat. Berberis empetrifolia Lamk. — Punta Arenas ! canal du Beagle ! Sa distribution parait être à peu près la même que celle du précédent. Je ne l'ai pas rencontré à la baie Orange. EMPÉTRÉES. Empetrum rubrum Vahl. Abonde dans le détroit de Magellan et sur tous les points de la Terre de Feu et des Malouines. 158 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. VIOLACÉES. viola maculata Cav. — Punta Arenas! viola magellaniea Forst. — Punta Arenas! baie Orange! CRUCIFÈRES. Cardamine antiscorbutica Banks; C. hirsuta Hook. (Fl. ant.). — Punta Arenas ! Abonde principalement sur les tas formés par les débris de coquillages qui ont servi de nourriture aux Fuégiens. On a signalé à la baie Orange le C. corymbosa Hook. Cardamine geraniifolia DC. — Bords des ruisseaux à Punta Arenas! Draba incana L., var. magellanica. — Punta Arenas! rencontré en rosettes de feuilles au mois de mai. Thlaspi magellanicu m Pers. — Punta Arenas! avec le précédent et dans les mémes conditions. Capsella Bursa-pastoris Mœnch. — Punta Arenas! jardins. Sisymbrium magellanicum Hook. — Canal du Beagle: environs d'Ooshooia ! GÉRANIACÉES. Geranium sessiliflorum Cav. — Punta Arenas! Geranium. — Canal du Beagle! D'après la forme des feuilles radicales, ce Geranium me parait se rapprocher des G. magellanicum et patagonicum, qui sont peut-étre identiques. Oxalis magellanica Forst. — lle Otarie (Wollaston) ! 9xalis enneaphylla Cav. — Punta Arenas! Signalé déjà par Hombron dans le détroit, et depuis par Cunningham. CRASSULACÉES. Bulliarda moschata d'Urville. Une des plantes qui habitent dans le voisinage le plus direct de la mer, atteinte quelquefois à marée haute. CARYOPHYLLÉES. Colobanthus subulatus Hook. f. — Ile Clarence (pointe Ariadne)! ile Horn! baie Orange! Les Colobanthus ont été rapportés aux Portulacées dans la première partie du Flora antarctica. Stellaria media With. — Punta Arenas! Cerastium arvense L. — Le type à l'ile Clarence (Hope harbour)! baie Orange! etc. La var. strictum à Punta Arenas ! La var. fuegianum, dans l'ile Horn! SÉANCE DU 28 MARS 1884. 159 Cerastium vulgatum L. — Punta Arenas, ile Clarence, autoür des huttes abandonnées ! LÉGUMINEUSES. Vicia magellanica Hook. f. — Punta Arenas! Trifolium repens L. — Punta Arenas! lieux cultivés, introduit. ROSACÉES. Geum magellanicum Comm. — Punta Arenas! canal du Beagle: environs d'Ooshooia ! Rubus geoides Smith. — Punta Arenas! peu commun, baie Saint-Nicolas! ile Clarence! baie Orange ! Le fruit est mangé par les Chiliens sous le nom de Frutillas. Acæna pumila Vahl. — Punta Arenas! ile Horn! baie Orange! île Cla- rence !, etc. C'est, avec l'Acena adscendens, le plus commun des Acæna. Acæna venulosa Griseb. — Punta Arenas! Plante découverte à Punta Arenas, où elle est fort commune, par Lechler, et publiée dans les Plante magellanice de Hohenacker. Acwna multifida Hook. — Punta Arenas ! Acæna adscendens Vahl. — Punta Arenas! Toute la Terre de Feu! particu- liérement au bord de la mer, près des huttes des indigènes. Plante glauque, longuement couchée, se distinguant nettement de ses congénéres. CÉLASTRACÉES. Maytenus magellanicus Hook. — Punta Arenas! ile Clarence (Sholl bay)! baie Orange! canal du Beagle ! Leña dura (Chiliens), Ayakou (Fuégiens). Myginda disticha Hook. f. — Canal du Beagle: environs d'Ooshooia! PITTOSPORACÉES. Chalepoa magellanica llook. f. — Ile Clarence (Sholl bay)! baie Orange ! Hooker rapporte à cette famille, mais avec doute, cette curieuse espèce trouvée d'abord par King à Port-Famine, mais sans fleurs ni fruits. Cunningham la retrouva plus tard en beaux échantillons qui permirent de la déterminer. Je crois que c'est plutót dans les Saxifragées qu'il faudrait la placer comme forme aberrante, la structure anatomique ne donnant point les caractères distinetifs des Pittosporacées. RHAMNÉES. Colletia discolor Hook. — Canal du Beagle: environs d'Ooshooia! ile Wol- laston ? 160 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SAXIFRAGACÉES. Ribes magellanicum Poiret. — Punta Arenas! dans toute la Terre de Feu! surtout au voisinage des lieux habités. | Son fruit est consommé au Chili, et rappelle par sa couleur et sa saveur celui du Cassis. C’est le Parrilla des indigènes. Escallonia serrata Smith. — Abonde dans toutes les parties de la Terre de Feu! principalement sur les plages, qu'il émaille de ses jolies fleurs blanches étoilées. Chrysosplenium macranthum Hook. — lle Clarence (Hope harbour)! baie Orange ! Donatia fascicularis Forst.— Partout, contribue à la production de la tourbe. (ENOTHÉRACÉES. Fuchsia magellanica Lamk. -— Dans l'ouest du détroit de Magellan à partir de Freshwater, Port-Famine ! etc. Dans l’intérieur, sur les bords du canal Fitz- Roy qui fait communiquer Skyring et Otway-water! Terre de Feu: ile Cla- rence! sur les plages et au bord des bois. Trés rare dans le sud. Epilobium tetragonum L. — Punta Arenas! échantillon de petite taille, ile Burnt! où il est trés développé. HALORAGÉES. Myriophyllum elatinoides Gaudich. — Lac d'eau douce prés d'Ooshooia (canal du Beagle)! indiqué à Punta Arenas (Cunningham). Callitriche verna L. — Ile Hermite! baie Saint-Martin, forme exondée dans les lieux humides du rivage. €unnera magellanica Lamk.— Extrémement abondant dans toutes les régions magellaniques et à toutes les altitudes. Gunnera lobata Hook. f. — Terre de Feu: ile Clarence! ile Dawson! iles Wollaston! Hermite! Horn! baie Orange ! Je n'ai pas rencontré cette plante en fleur ou en fruit. MYRTACÉES. Myrtus Nummularia Poiret. -- Terre de Feu : abonde dans toutes les parties tourbeuses. Les tiges rampantes sont d'un fréquent usage sous le nom de Thé des Falkland. OMBELLIFÈRES, Azorella filamentosa Lamk. — Ile Maxwel! île Hermite! île Horn! baie Orange! En compagnie des Colobanthus et Bulliarda, sur les rochers maritimes. Azorella trifurcata Gaertn. — Punta Arenas! SÉANCE DU 28 MARS 1884. 161 Bolax glebaria Comm: — Tout le sud de la Terre de Feu, où il couvre de grandes étendues de terrain s'élevant quelquefois à prés d’un mètre de hauteur. C'est le Balsam-bog (baume des tourbières) des habitants des Malouines. Azorella Ranunculus d'Urville. — lle Horn ! Plante des Malouines dont nous avons trouvé un seul échantillon à la localité indiquée Apium graveolens L.; Apium australe Du Petit-Thouars. — Abonde dans le détroit et sur toute l'étendue de la Terre de Feu, recherchant l'embouchure des rivières et les amas de coquilles laissés par les indigènes. Les tiges fournissent une agréable nourriture bien connue des marins. — Apio (Chi- liens), Ouchoun (Fuégiens). Osmorhiza chilensis Hook. et Arn. — Punta Arenas! canal du Beagle! baie Orange (anse Forges)! La racine est consommée par les Fuégiens pendant les périodes de famine, sous le nom de Aouanim. ÉRICACÉES. Pernettya mucronata Gaudich. — Extrémement abondant partout. Partage avec toutes les baies rouges l'appellation de Mutillas, de la part des Chiliens. Pernettya pumila Hook. — Punta Arenas! ile Cambden! ile Clarence ! Gaultheria microphylla Hook. f. — Commun dans tout l'archipel de la Terre de Feu, depuis la plaine jusque sur les sommets. ÉPACRIDÉES. Prionotes americana Hook. — Partout, xb a les troncs des arbres de ses longues tiges entrelacées. PRIMULACÉES. Primula farinosa L. var. magellanica. — Punta Arenas! canal du Beagle' baie Orange! Ne parait différer du P. farinosa d'Europe que par sa taille plus élevée. PLUMBAGINÉES. * Armeria maritima. — Sur toutes les plages, à l'embouchure des cours d'eau. Une forme alpine monte jusque sur les sommets (A. alpina?). GENTIANÉES. Gentiana magellanica Gaudich. — Punta Arenas! baie Orange! où j'ai ren- contré des débris de cette plante en fruits passés. Y. XE (SÉANCES) 11 162 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SCROFULARINÉES. Calceolaria nana Smith.— Punta Arenas! canal du Beagle? Calceolaria plantaginea Smith. — Punta Arenas! avec le précédent. veronica elliptica Forst. — Dans tout le sud de la Terre de Feu et l'ouest du détroit de Magellan! Habite de préférence les plages caillouteuses (Wollaston, ile Horn, etc.). LABIÉES. La famille des Labiées est représentée aux environs de Punta Arenas par une petite plante fort abondante dans la pampa de Patagonie, le Micromeria Darwini, fréquemment usité sous le nom de Thé de Santa-Cruz. UTRICULARIÉES. Pinguicula antarctica Vahl. — Baie Orange! en fruit. VERBÉNACÉES. verbena sp. nov. Hook. (in litt. febr. 1884).— Possession bay! détroit de Ma- gellan. Il m'est impossible de donner un nom à cette espéce nouvelle en l'absence de fleurs et de fruits. PLANTAGINÉES. Plantago maritima L. — Punta Arenas ! Plantago monanthos d'Urville. — Abondant dans tous les lieux herbeux du rivage, où il forme de larges gazons. LOBÉLIÉES. Pratia repens Gaudich. lle Cambden ! STYLIDIÉES. Phyllachne uliginosa Forst. — Extrémement abondant. Formant de vastes tapis d'un beau vert pâle, en société avec les Donatia, le Caltha, Tapeinia, etc. RUBIACÉES. Galium Aparine L. — Punta Arenas! baie Orange! voisinage des lieux habités. Nertera depressa Banks. — Très rare à la Terre de Feu, île Otarie (Wollas- ton) ! Oazy harbour (détroit de Magellan) ex Hooker. VALÉRIANÉES. Valeriana lapathifolia Vahl. — Punta Arenas! SÉANCE DU 28 Mars 1884. 163 COMPOSÉES. Chiliotrichum amelloides Cass. — Extrémement abondant aussi bien dans le détroit de Magellan que dans la Terre de Feu, à toutes les altitudes. C'est avec le Veronica, le seul représentant de la végétation arborescente aux Ma- louines. — Rosmarillo (Chiliens), Yeya (Fuégiens). Aster Vahlii Hook. et Arn. — Ile Clarence (Sholl bay)! baie Orange! Erigeron alpinus L.; var. myosotifolius Hook. (Fl. ant.); E. Myosotis Pers.? — Punta Arenas! sables maritimes. Erigeron spienlosus llook et Arn. — Punta Arenas! Lag>nophora Commersonii Cass. — lle Clarence (Sholl bay)! Lepidophyllum cupressiforme Cass. — Gregory bay! Trés abondant sur la cóte de Patagonie, s'avancant un peu dans les parties sablon- neuses des Pampas. Les Pampistes se servent de cette plante pour allumer du feu, dans des régions oü souvent elle constitue la seule production végétale (Mata megra, buis- son noir). Les rameaux sont couverts de feuilles imbriquées visqueuses et odorantes, qui lui donnent le port d'un Cyprès. Hooker n'a pas cité cette espèce, quoiqu'elle ait été déjà recueillie par Commerson, dans le détroit de Magellan, à la baie Boucaut (1767). Hombron recueillit sous ce nom, à la baie Saint-Nicolas et à la baie Bougainville, le Libocedrus tetragona! (Cf. Herb. Mus. Par.). Baccharis magellanica Pers. — Punta Arenas! Baccharis patagoniea Hook. et Arn. — Punta Arenas! ile Horn! Connu des colons francais sous le nom de Buis de Magellan. Madia sativa Molin. — Punta Arenas! Leptinella scariosa Cass. — Abonde au bord des plages dans toute la Terre de Feu. Gnaphalium spicatum Lamk. — Punta Arenas! forme naine, Slogett bay (Terre de Feu)! Senecio candidans DC. — Punta Arenas! pointe Sainte-Marie (détroit de Magellan)! Senecio patagonicus Hook. et Arn. — lle Dawson (Kelp point)! Senecio Danyausii Homb. et Jacq. — Punta Arenas! Senecio vulgaris L. — Punta Arenas! introduit. Senecio smithii DC. — Punta Arenas! Terre de Feu: le long de toutes les plages. Le Senecio Smithii est une des plus belles plantes des régions magellaniques, et rappelle par son feuillage et son inflorescence les Cinéraires des jardins. — Marguerite (colons Francais), Goufien (Fuégiens). Senecio trifurcatus Less. — ile Horn! baie Orange! lieux élevés. Senecio acanthifolius Homb. et Jacq. — He Horn! baie Orange! Sholl bay (ile Clarence)! Nassauvia suaveolens Willd. — Baie Orange (Read Hill)! Perezia magellanica Lagasca. — Trés abondant à toutes les hauteurs et sur tous les terrains. 164 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Homoianthus echinulatus Cass. — Punta Arenas! canal du Beagle! Ooshooia! baie Orange! Taraxacum lævigatum DC. — Punta Arenas! Commun. Macrorhynchus pumilus DC. — Punta Arenas! Indiqué seulement aux Malouines, cette petite Composée parait assez fréquente dans le détroit de Magellan : elle est consommée comme salade à Punta Arenas. M. Morot fait à la Société la communication suivante : SUR L'ANATOMIE DES STYLIDIÉES, par MM. Ph. VAN TIEGHEM et L. MOROT. Dans une séance antérieure (1) nous avons présenté à la Société quel- ques remarques sur la structure de la tige des Stylidium. La présente Note a pour objet de compléter nos observations précédentes par l'examen anatomique de la racine des mémes plantes et par celui des autres genres de la famille des Stylidiées. Nous avons fait voir que, dans les espèces du genre Stylidium qui, comme le S. adnatum, allongent leurs entre-nœuds, la tige présente, au point de vue deson développement anatomique, la particularité qu'on peut désigner sous le nom d'anomalie des Chénopodiacées : c'est-à-dire que le péricycle y produit, par le cloisonnement répété de ses cellules, un méristéme qui, àson tour, se différencie cà et là en petits faisceaux libéro- ligneux plongés au milieu d'une gangue générale provenant de la selérifi- cation du tissu conjonctif qui réunit les faisceaux. La méme anomalie s'observe dans la racine, non seulement chez les espèces à feuilles espacées, mais aussi chez celles qui n'ont qu'une tige courte et ramassée portant une rosette de feuilles. Nous prendrons comme exemple la racine du Stylidium gramini- folium, étudiée sur un échantillon vivant. Cette racine, à l'état primaire, présente généralement cinq faisceaux ligneux réduits chacun à un ou deux vaisseaux, et, alternant avec eux, cinq faisceaux libériens composés chacun de un à trois tubes criblés. Le péricycle, réduit à une seule assise en dehors du liber, en comprend deux ou trois en dehors du bois. Il se produit tout d'abord dans cette racine une zone génératrice normale intra-libérienne. Mais, pendant que cette assise continue encore quelque temps à donner du bois et du liber secondaires, le péricycle se cloisonne tangentiellement sur tout son pourtour et forme un méristéme qui se comporte comme celui de la tige. Bientót, par conséquent, les faisceaux primaires, avec les productions secondaires issues de la zone génératrice (1) Buil. Soc. bot. de France, 14 décembre 1883, t. XXX, p. 308. SÉANCE DU 28 Mans 1884. - 165 normale, sont entourés d'un anneau scléreux dans lequel se voient épars de petits faisceaux libéro-ligneux peu nombreux d'ailleurs. La structure primaire de la racine du Stylidium adnatum est la méme que celle du S. graminifolium, avec cette différence peu importante que les faisceaux ligneux et libériens y sont moins réduits. Quant à la genése des formations ultérieures, elle est identique à celle que nous venons de décrire. Nous avons étudié la structure des autres genres de la famille des Sty- lidiées sur des échantillons secs du Coleostyles Preisii, des Forstera Bidwilli et F. sedoides et du Phyllachne muscifolia. La tige du Coleostyles Preisii posséde un grand nombre de faisceaux libéro-ligneux peu développés, irréguliérement disposés et à éléments dissociés. Entre ces faisceaux et l'endoderme trés net qui limite l'écorce, l'échantillon que nous avons eu à notre disposition nous a montré un anneau scléreux, dans lequel nous n'avons pu distinguer de faisceaux libéro-ligneux. Cet anneau est-il primaire ou provient-il d'un cloisonne- ment du péricycle? C'est ce que nous ne saurions décider d'une façon absolue, le Coleostyles étant une herbe annuelle, et nos observations ayant porté sur un échantillon où le développement était complètement terminé. La tige du Forstera Bidwilli présente une écorce épaisse, et au con- traire un cylindre central relativement étroit. Les faisceaux libéro- ligneux y affectent la méme disposition que ceux du Coleostyles, disposi- tion qui, du reste, est celle qu'on observe déjà chez les Stylidium. Mais ici le péricyele, homogène, est réduit à une seule assise ; il ne forme pas de méristéme secondaire et reste entièrement parenchymateux. Le Forstera sedoides présente identiquement les mêmes caractères, avec cette parlicularité que la moelle est formée d'éléments à parois épaisses et molles, d'apparence collenchymateuse. Ces observations ont été faites sur des échantillons provenant de l’her- bier du Muséum. La tige du Phyllachne muscifolia, dont nous avons étudié des exem- plaires rapportés par M. Hariot du cap Horn, nous a montré la même structure essentielle, avec une réduction extréme de la moelle. La racine de la même plante possède deux ou trois faisceaux vasculaires confluents. Elle est douée d’un accroissement normal. Mais, en outre, nous avons observé dans les échantillons les plus âgés dont nous avons pu disposer un cloisonnement tangentiel de quelques cellules du péricycle en dehors du liber, c'est-à-dire le début de la formation d'un méristème semblable à celui qui, chez les Stylidium, se produit dans la tige et la racine. 466 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SÉANCE DU 18 AVRIL 1884. PRÉSIDENCE DE M. DUCHARTRE. M. J. Vallot, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 28 mars, dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la séance du 28 mars, M. le Président proclame membres de la Société : MM. VuiLLEMIN, chef des travaux pratiques d'histoire naturelle à la Faculté de médecine, rue Saint-Georges, 43, à Nancv, présenté par MM. Le Monnier et Mangin. LemaIRE (D' Adrien), préparateur de botanique à la Faculté des sciences de Nancy, présenté par MM. Le Monnier et Mangin. SAVASTANO, professeur à l'école d'agriculture de Portici, prés de Naples (Italie), présenté par MM. Prillieux et Duchartre. M. le Président annonce ensuite deux nouvelles présentations. Dons faits à la Société : P. Brunaud, Contributions à la flore mycologique de l'Ouest. Descrip- tions des Myxomycètes trouvés dans les environs de Saintes. — Phy- comycètes trouvés dans les environs de Saintes. J. Cardot, Découverte du Sphagnum Austini SuLLIV. dans le départe- ment des Ardennes. P. Fliche, Sur les lignites quaternaires de Bois-l'Abbé, pràs d'Épi- nal. Eug. Fournier, Les Schizophytes ou Schizomycètes au point de vue médical. Fr. Gay, Essai d'une monographie locale des Conjuguées. Eug. Grignon, Étude comparée des caractéres anatomiques des Loni- cérinées et des Astéroidées. F. Morellet, Le Caoutchouc, origines botaniques, procédés de récolte. Saccardo et Malbranche, Fungi gallici, series V. Saccardo et Roumeguére, Reliquiæ mycologicæ Libertianæ, series IV. Schulzer, Mueggenburg et Saccardo, Micromycetes slavonici. Ea SÉANCE DU 18 AVRIL 1884. 167 W. Gardiner, On the continuity of the protoplasm through. the walls of vegetable cells. J. Macoun, Catalogue of Canadian Plants : PoLYPETALAE. Selwyn, Commission géologique et d'histoire naturelle du Canada. — Rapport des opérations de 1880-81-82 (trad. en francais). W. Beijerinck, Onderzoekingen over de Besmettelijkheid der gom- ziekte bij planten. Divers numéros de the Botanical Gazette (vol. 1X), publié à Indiano- polis, et du Boletim da Sociedade de geographia de Lisboa. De la part de M. le Ministre de l'instruction publique : MISSION SCIENTIFIQUE AU MEXIQUE ET DANS L'AMÉRIQUE CENTRALE.— Recherches zoologiques, III* partie: Études sur les Reptiles et les Batra- ciens, par MM. Aug. Duméril et Docourt, 9° livraison. — IV* partie : Études sur les Poissons, par MM. Léon Vaillant et Bocourt, 3* livraison. M. Malinvaud annonce que M. Herm. Knoblauch, président de la Société Léopoldine-Carolinienne des curieux de la nature, de Halle, a demandé, au nom de cette savante compagnie, à la Société l'échange de leurs publications respectives. Par suite de cette offre que le Conseil d'administration s'est empressé d'accepter, la Société a reçu le tome XLII. de l'important recueil intitulé : Nova Acta Acad. Cœæsareæ Leopoldino-Caroline germanice nature curioso- rum. — Sur cinq mémoires publiés dans ce volume in-4° avec de nombreuses planches, quatre sont botaniques et ont pour auteurs : MM. Théod. Bachmann, Structure et développement des enveloppes de la graine dans les Scrofularinées ; Gust. Beyse, Recherches ana- tomiques sur quelques espèces du genre Impatiens ; Oscar Drude, Développement de la feuille dans le Victoria regia; Herm. Engel- hardt, Contribution à l'étude des plantes fossiles de la Bohéme. M. J. Vallot, secrétaire, donne lecture de la communication sui- vante : NOTICE BIOGRAPHIQUE SUR M. DUVAL-JOUVE, par M. Ch. FLAHAULT. Lorsqu'en 1854 quelques botanistes s'associérent pour fonder jla Société botanique de France, M. Duval-Jouve, l'un des premiers, apporta à nos confréres de Paris son adhésion et son concours. Depuis cette époque jusqu'à sa mort, il a toujours pensé que le titre de membre fon- 168 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dateur lui imposait envers notre Société des devoirs spéciaux. Chaque année, à l'époque du Congrés des sociétés savantes, il accomplissait son pélerinage scientifique à Paris; jamais il ne manquait d'apporter à nos séances quelque intéressante communication. Le Bulletin a recu la pri- meur de tous ses travaux ; il fut un ouvrier de la premiére heure et nous demeura toujours fidéle: il convient donc que la Société botanique con- serve le souvenir de cette vie mélée intimement à la sienne et qu'elle rende hommage à la mémoire d'un savant dont le nom demeurera parmi ceux qui nous font le plus honneur. Duval (Joseph) naquit le 7 août 1810 à Boissy-Lamberville (Eure); son pére, qui occupait une position modeste, mourut cinq ans aprés, victime de la brutalité des soldats alliés auxquels nos désastres avaient livré nos plus belles provinces. La pauvre mére sut réaliser assez d'économies pour envoyer au collége de Bernay l'enfant, qui faisait preuve d'une vive intel- ligence; il fut convenu que l'écolier passerait le dimanche chez sa mère toutes les fois qu'il serait le premier de sa classe ; il ne fut, assure-t-on, jamais privé de cette faveur. Personne ne s'étonnera que cet éléve mo- dèle ait inspiré à ses maîtres un sérieux attachement. Il terminait ses études classiques, lorsque M. Nicolas, neveu de Frayssinous et principal du collége de Bernay, fut chargé de diriger le collége d'Arles. M. Nicolas décida la famille de son éléve à lui confier le jeune homme afin de lui faire poursuivre ses études et de lui ouvrir la carriére universitaire. Le jeune Duval accepta et partit pour la Provence; il était alors âgé de dix-sept ans. La végétation méridionale exerca sur lui, dés les premiers moments, une séduction profonde. Il avait parfois employé les loisirs de ses vacances d'écolier studieux à lire les articles du Dictionnaire d'histoire naturelle de Valmont de Bomare; peut-être tout le mérite de ce livre avait-il résidé pour lui dans l'amitié de l'auteur pour son pére; toujours est-il qu'il y puisa le goüt des sciences d'observation. Il conserva toute sa vie, avec un soin religieux, cet exemplaire du Dictionnaire où il avait puisé les premiéres notions de la connaissance des plantes. La ville d'Arles était alors entourée de marais que de savants colma- tages ont transformés depuis en terres fertiles; M. Duval les parcourait souvent et rapportait de chacune de ses promenades une moisson abon- dante et variée. Ayant appris un jour que le professeur de seconde s'oc- cupait de Botanique, il lui soumet ses récoltes; leur détermination n'était pas facile, car ni le maître ni l'éléve ne possédaient de flore. M. Rames baptisait les plantes qu'il connaissait ; mais la plupart demeuraient sans nom. Un heureux hasard mit un jour entre les mains de M. Duval le Prodromos theatri botanici de Bauhin; ce fut une révélation. Dés lors. Duval peut se passer de maître et se charge de déterminer lui-même ses récoltes. Ceux qui connaissent les gravures naives de l'ouvrage de SÉANCE DU 18 AVRIL 1884. 169 Bauhin saisissent tout ce qu'il fallut de volonté pour ne pas se décourager devant une pareille entreprise. Avec une ardeur qu'il a toujours con- servée, il communiquait aux éléves qu'il avait à surveiller son goüt pour l'étude, leur vantait pendant la promenade les charmes de la botanique et les égayait des anecdotes qu'il avait lues autrefois dans Valmont de Bomare. Il s'oublie souvent avec eux aux marais du Rhóne, aux coteaux de Mont-Majour, aux rochers de la montagne des Cordes, et parfois le surveillant est obligé, pour éviter des reproches, d'accélérer l'allure au retour et de porter ceux des petits qui ne peuvent suivre « les grands ». Cette époque de sa vie laissa toujours dans l'esprit de M. Duval de char- mants souvenirs. La botanique n'absorbait pas pourtant tous les instants du jeune Duval et ne lui faisait pas négliger ses études classiques, la préparation du bac- calauréat, qui devait lui ouvrir les portes de l'Université. Au mois de juin 1829, il est reçu bachelier : il espère dés lors qu'il pourra se consacrer plus librement à son goût pour la botanique ; mais au mois de novembre il est nommé régent de la classe de quatrième au collège de Marseille. La perspective d’habiter une grande ville ne convenait pas à ses goûts. Il part aussitôt pour Aix, et supplie le recteur de l'envoyer dans un pays montagneux. Comme bien on pense, il ne fut pas difficile de trouver un confrère heureux de le remplacer à Marseille, et Duval fut envoyé à Castellane. Il eut la bonne fortune d’y rencontrer un homme distingué qu'il se plut toujours à considérer comme son maitre. Qu'on nous permette de nous arréter quelques instants sur un savant dont le nom est souvent cité et qui nous parait trop peu connu. Emeric fut un travailleur et un érudit; entré de bonne heure dans l'ordre de Saint-Benoît, d’où l'avait chassé la Révolution, il avait conservé de son passage chez les Bénédictins un esprit de recherche qu'il appliquait surtout aux sciences naturelles et à la philosophie. Pendant plusieurs années, il fut greffier du juge de paix à Annot, dans les Basses-Alpes. Dénoncé comme ayant des écoliers qui ne payent point l'impót au « grand maitre de l'Université », il fut obligé de quitter Annot et se retira à Castel- lane. En 1804, il fut nommé « contróleur à cheval pour suppléer l'inspec- teur de la régie ». Emeric entretenait des relations suivies avec Loiseleur- Deslongchamps, qui lui dut beaucoup pour la connaissance de la flore des Alpes, avec Picot de Lapeyrouse, avec Perreymond, avec Risso, avec Balbis. Pendant ses congés, il explorait les cótes de la Provence et de la Ligurie, depuis Nice jusqu'à Toulon, et ce n'était pas toujours sans danger à cette époque de guerres continuelles. Encouragé par ceux qui s'occu- paient de la flore française, il donnait au Jardin du Roi une part de toutes ses récoltes. Spach, alors jeune, faisait par lui connaissance avec la flore des Alpes. En novembre 1816, il s'ingéniait avec Picot de Lapeyrouse à 170 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. fournir à Balbis des moyens d'existence. Le malheureux professeur de Turin et ses collégues se voyaient refuser par le gouvernement piémon- tais, leurs appointements arriérés, sous le prétexte que le gouvernement francais avait à les payer. : Mais il n'était pas seulement botaniste. Il était en relations suivies avec Cordier et Blainville. Placé dans une région favorisée au point de vue des restes fossiles, il enrichissait les collections du Muséum de précieux documents, et surtout de Bélemnites, sur lesquelles Blainville avait appelé son attention. Telle était la situation d'Emeric lorsque M. Duval le rencontra à Cas- tellane en 1829. Sous la direction d'un tel maitre, le développement du jeune professeur fit de rapides progrés. Les deux amis passent ensemble toutes les heures de liberté à explorer la riche vallée de Castellane, à étudier sa flore et sa constitution géologique. Emeric n'eut pas de peine à décider son élève à entreprendre l'étude géologique et paléontologique d'une région si remar- quable. Ayant sous les yeux une collection de plus de 10000 Bélemnites, recueillies par son maitre et par lui, Duval publia en 1841 un travail qui eüt fait honneur aux maitres de la science. Quelques années à peine avant cette publication, les opinions les plus contradictoires régnaient sur la nature des Bélemnites. Blainville et Agassiz avaient affirmé leur véritable nature; mais il régnait encore beaucoup d'incertitude relativement à la distinction des espéces. Duval, comme le reconnut le savant rapporteur de la Commission de l'Institut chargée d'examiner son mémoire, suivit pas à pas les changements qui se manifestent dans la forme et la structure de ces coquilles ; il multiplia les coupes destinées à montrer la disposition de leurs parties constituantes et put apprécier la valeur des variations qu'on y observe. Il détermina ainsi l'influence qu'exercent les progrès de la croissance sur la con- figuration de ces corps, montra que des fractures amènent souvent des déformations bizarres, accidentelles, sur lesquelles on s'est fondé trop souvent pour édifier des espéces. Il en réduisit singuliérement le nombre et en étudia la distribution dans les terrains crétacés des Basses- Alpes. Les progrés des sciences géologiques ont consacré les conclusions de ce mémoire ; malgré sa date déjà ancienne et les recherches poursui- vies depuis sur le méme sujet, le travail de.M. Duval demeure comme un des documents les plus précieux sur la géologie et la paléontologie des terrains secondaires. Un homme de cette valeur ne pouvait pourtant conserver longtemps la position modeste qu'il avait ambitionnée. En 1832, la volonté de ses chefs l'enleva à l'amitié d'Emeric, à la vallée de Castellane qu'il aimait tant, pour le placer à Grasse, où il fut chargé d'enseigner la rhétorique. C'est là SÉANCE DU 18 AVRIL 1884. 174 qu'il termina ses recherches ; mais, éloigné de son guide, il parcourait souvent à pied les 60 kilométres qui le séparaient de lui, recevait ses conseils, et rentrait à Grasse au moment méme où il allait commencer sa classe. C'est à la meule d'un charron, établi prés du collége de Grasse, qu'il fit les coupes de ses Bélemnites. Les plateaux des environs de Grasse fournissent moins de richesses géologiques que Castellane; au contraire, les abords méme de la ville pro- curent les récoltes botaniques les plus merveilleuses. L'Esterel et ses gorges, avec leur flore luxuriante; le plateau de Caussols et ses plantes sub- alpines, l'enlevérent définitivement à la géologie. Notre regretté confrére ne poursuivit pas, en effet, les recherches qu'il avait commencées sur les Ammonites et les autres Céphalopodes. En 1834, il épousa la fille du principal du collége de Grasse ; depuis ce moment, se conformant aux coutumes de quelques-unes de nos provinces, il joignit le nom de sa femme au sien : c'est du nom de Duval-Jouve qu'il signa tous ses travaux. En 1833, le ministre lui confia l'enseignement de la philosophie en méme temps que la classe de rhétorique. En 1836, il alla passer sa licence és lettres à Toulouse; il aimait à raconter quelle avait été sa déception lorsqu'on lui annonca, au moment de subir les épreuves, qu'une décision rectorale venait de suspendre les opérations des professeurs. Il obtint pourtant un sursis à cette mesure, motivée par une révolte des étudiants. L'enseignement de la philosophie convenait beaucoup mieux que celui des belles-lettres à sa nature d'esprit. Tout ne l'intéressait pourtant pas également dans son programme. La Psychologie et la Théodicée ne fournis- saient pas de données assez certaines à son esprit positif. La Morale et la Logique devaient nécessairement le séduire: la première, parce qu'elle est tout entiére appuyée sur la Logique ; la seconde, parce qu'elle fournissait à son esprit sévére une régle de conduite. Il prend soin de nous éclairer lui-méme, dans son Essai d'instruction morale, sur les principes qu'il mettait depuis longtemps en pratique : « L'homme, dit-il, est toujours, tant qu'il est homme, capable de la raison et du raisonnement. Et, puis- que nous possédons ce moyen d'arriver à la vérité, il n'est ni sage ni permis de s'en interdire l'usage. » (Préface, page 3.) Le Traité de Logique qu'il publia en 1855 nous parait étre l'un des ouvrages de philosophie les mieux faits. On n'y trouve rien de vague, rien d'indéeis: « Ce qui doit diriger toutes nos études, c'est l'amour de la vérité. » M. Duval-Jouve développe dans un style simple et clair les procédés par lesquels on s’élève de la simple constatation des phénomènes et des faits à la certitude scientifique, à la perception des lois et des principes. Les belles pages dans lesquelles il expose les principes de l'induction, les pro- 172 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cédés d'analyse et de synthèse, d'observation et d'expérimentation, les limites où la comparaison des faits est possible, peuvent être considérées comme l'exposé le plus net de la méthode scientifique. Cette méthode, dont il ne s'est jamais départi, donne à toute son ceuvre un remarquable caractére de continuité et d'unité. Les études philosophiques paraissent étre la préoccupation dominante de M. Duval-Jouve pendant le reste de son séjour à Grasse. En 1852, il est nommé inspecteur d'académie à Alger, et ce changement de position lui ouvre de nouveaule domaine de la botanique. A peine arrivé dans cette ville, il se lie avec MM. Durando, Letourneux, Clauson, Debeaux. Il est en relations continuelles avec ces botanistes; explore, avec ceux d'entre eux qu'il a prés de lui, les environs d'Alger; enrichit le Jardin des plantes de Paris de nombreuses espéces. Ses fils l'accompagnent dans ses excursions et recoivent les enseignements de leur pére. À peine avait-il eu le temps d'apprécier quelques-uns des charmes de notre belle colonie, qu'il était appelé à occuper le poste d'inspec- teur d'académie à Strasbourg. Il y rencontra Schimper, Kirschleger, l'excellent Billot, avec lequel il se lia d'une étroite amitié; il s'y mit en rapport régulier avec Grenier et Godron, avec Durieu de Maisonneuve. M. Buchinger lui fit un accueil sympathique et lui demeura toujours dévoué. Jusque-là M. Duval-Jouve s'était attaché exclusivement à la connais- sance des espéces ; il l'avait fait avec une sagacité rare, car, avant d'avoir rien publié, il avait acquis parmi ses correspondants une remarquable autorité. Vers cette époque une révolution se fait dans sa vie scientifique. Le goüt qu'il avait pour la solution des problémes les plus difficiles l'avait souvent amené à constater que les formes extérieures peuvent étre insuf- fisantes pour déterminer les caractéres spécifiques. Appliquant alors la méthode qui lui avait fourni de si brillants résultats dans l'étude des Bélemnites, il cherche à reconnaitre dans quelle mesure l'organisation interne peut fournir des garanties au point de vue de la détermination des espèces. Il nous apprend lui-même que la lecture des mémoires de Presl, que les études anatomiques de M. Fée sur les Fougères, lui ont inspiré l'idée de chercher dans la structure du pétiole un caractère qui permit de distinguer les Fougères indigènes de l'Alsace. De 1856 à 1862, il appelle l'attention sur « l'importance des caractères tirés de la constitution intime pour l'établissement des rapports généraux et pour la distinction légitime des espéces ». Il formule sans ambiguité cette double conclusion : «1° Si deux espèces sont vraiment des types bien distincts, aux différences saillantes de leur ensemble extérieur corres- pondent des différences réelles dans les détails de leur organisation intime. 2° Si dans l'ensemble de leur aspect et dans leur constitution SÉANCE DU 18 aAvniL 1884. 173 intime deux espéces sont identiques, et que leurs différences ne soient qu'à la surface et ne consistent qu'en des modifications d'organes secon- daires, en développements ou arréts d'une ou de plusieurs parties de ces organes, il n'y a dans cette identité d'ensemble et de constitution, et malgré cette différence dans quelques détails éloignés, qu'un seul et méme type modifié par des circonstances extérieures, quelquefois appré- ciables, souvent encore inconnues. » Convaincu des bons résultats qu'aurait dans les cas difficiles l'examen des caractères tirés de la structure anatomique à côté de l'étude des formes, il entreprend des recherches sur les Equisetum, s'y consacre pendant sept années (1856-63), et se décide à écrire la monographie des espèces françaises de ce genre. Le 27 novembre 1861, il présente à l'Académie des sciences le résultat de ses longues observations. Bron- gniart, chargé d'examiner ce travail, emporte le manuscrit; il tombe malade peu aprés, demeure longtemps éloigné des séances de l'Institut et dans l'impossibilité de répondre aux lettres de M. Duval-Jouve ; un silence de plus d'un an mit celui-ci dans une vive inquiétude. Ce fut, il se plaisait à le redire, une émouvante épreuve que d'attendre, avec une espérance qui finissait par s'évanouir, le jugement d'une assemblée pour laquelle il avait un profond respect, et qu'il regardait comme un aréopage dont les arréts sont définitifs. Aussi quelle joie ce fut pour l'inspecteur de Strasbourg d'apprendre qu'enfin l'Académie avait décidé l'insertion de l’histoire des Equisetum dans les Mémoires des savants étrangers (23 mars 1863). Elle ne fut pourtant pas imprimée dans ce recueil ; le long temps qui s'était écoulé entre la présentation du mémoire et la décision de l'Académie faisait craindre à M. Duval-Jouve de perdre la priorité des résultats qu'il avait obtenus si l'impression subissait de nouveaux retards: aussi prit-il le parti de le faire paraître chez J.-B. Baillière. Dans son rapport, M. Brongniart insistait d'une facon toute particu- lière sur l'importance de la monographie des Equisetum de France. Lorsque le savant professeur enseigna pour la dernière fois la crypto- gamie dans l’amphithéätre du Muséum de Paris, en 1874, il se plut à rappeler que M. Duval-Jouve avait, l'un des premiers, appelé l'attention sur le fait que les prothalles de tous les Equisetum sont ordinairement unisexués, et que celte découverte avait eu pour conséquence de nous éclairer sur la différenciation de plus en plus hâtive des appareils sexués, à mesure qu'on s'éléve des Fougères aux Cryptogames vasculaires supé- rieures. On pourrait s'étonner que Brongniart ne se soit pas étendu plus qu'il ne l'a fait sur les résultats anatomiques du travail de M. Duval-Jouve; il termine en effet par cette bréve appréciation : « Les études anatomi- 174 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ques et organogéniques si étendues et si exactes que ce mémoire com- prend lui donnent un earactère plutôt physiologique que de botanique purement descriptive. » En réalité, personne, à cette époque, n’eût été plus que Brongniart à méme de saisir la portée des méthodes appliquées par M. Duval-Jouve; mais il n'avait pas encore entrepris ses recherches sur les graines et les bois fossiles, et ne savait pas tout ce que l'anatomie comparée des plantes peut jeter de lumière sur la paléontologie. M. Duval- Jouve devançait son temps; il lui a été donné, dans ses dernières années seulement, de constater que les recherches inaugurées par lui étaient définitivement consacrées par les remarquables résultats qu'elles four- nissent aux géologues pour la connaissance des végétaux fossiles. A partir de ce moment, jusqu'à l'instant où une maladie sans remède vint le frapper, M. Duval-Jouve ne cessa de multiplier ses publications. Le Bulletin de la Société botanique de France, les Annotations à la flore de France et d'Allemagne, de Billot, les Mémoires de l'Académie des sciences de Montpellier, le Bulletin de la Société languedocienne de géographie, témoignent assez de sa grande activité; il aceorda surtout à l'euvre de Billot une collaboration active que la mort de son ami vint malheureusement arrêter. Sa nomination d'inspecteur d'académie à Montpellier, en 1868, ne changea rien à la nature de ses travaux; il y trouva des hommes éclairés capables dele comprendre, il s'y fit des amis dévoués qui s’associèrent à ses travaux et lui prétérent leur concours. Il reprit l'étude de la flore méridionale qu'il connaissait mieux que tout autre peut-étre. Toutes ses recherches tendaient au méme but; le programme ne changeait pas. Nous ne pouvons songer à analyser cette longue série de mémoires qui s'échelonnent entre 1855 et 1880. Parfois M. Duval-Jouve crut devoir synthétiser ces œuvres éparses; il le fit avec un remarquable succès dans un mémoire publié en 1871 (Des compa- raisons histotaxiques et de leur importance dans l'étude critique des espéces végétales). Ce travail est bien plutót un chapitre de Logique qu'un mémoire botanique. Les piantes n'y sont qu'un prétexte; le fond de cette étude, c'est la méthode scientifique, qui fut toujoursla principale préoccupation de M. Duval-Jouve. Il y développe cette idée génératrice de toute son œuvre, que si les caractères superficiels ne suffisent pas pour établir sur des bases solides les rapports des êtres entre eux, il faut chercher dans l'organisation intime le critérium de la valeur spécifique des formes. Il est à peine besoin d'insister sur ces principes, aujourd'hui que les Gymnospermes sont, grâce à leur application, définitivement séparés des Angiospermes ; ne leur devons-nous pas aussi tout ce que nous savons sur les affinités qui unissent les Cryptogames vasculaires aux Phanéro- games? La paléontologie végétale ne repose-t-elle pas de plus en plus SÉANCE DU 18 AVRIL 1884. 175 sur les caractères histologiques? M. Duval-Jouve voyait avec joie les progrès de l'idée qu'il défendait avec tant de succès. En septembre 1877, il fut mis à la retraite ; le 25 mars 1878, l'Acadé- mie des sciences le nommait, presque à l'unanimité, correspondant pour la section de Botanique. C'était une récompense bien méritée d'une vie modeste et tout entiére consacrée à la recherche de la vérité. Débarrassé des soins administratifs qui avaient occupé vingt années de sa vie, il chercha un moyen d'occuper les heures qu'il ne pouvait con- sacrer aux observations microscopiques et aux recherches bibliographi- ques qui s'y rapportaient. L'àge d'ailleurs lui imposait la nécessité d'un repos relatif qu'il ne s'était jamais accordé. Dés lors il se fait historien. Le matin, avant l'aurore, il dépouille les documents que ses amis lui procurent et qu'il va lui-même chercher partout où il croit pouvoir les trouver. Toujours avide de savoir la vérité, impatient de tout ce qu'il ignore, il se livre à des investigations dans les bibliothèques et les archives; il interroge les vieillards; il cherche à saisir la raison des noms donnés à nos vieilles rues, et finit par s'éprendre pour l'histoire de l'anüque cité qu'il habite. Peu de villes, il faut le dire, offrent, au point de vue de l'histoire, plus d'intérét que Montpellier. Sa brillante université, les luttes religieuses et politiques dont elle a été le théâtre, ont laissé partout leur empreinte. Depuis longtemps d'ailleurs M. Duval-Jouve avait préludé à ses recher- ches sur l'histoire locale par ses études sur la prétendue transformation de l'Ivraie en Froment, par ses notes sur l'enquéte ordonnée en 1772 par l'impératrice Marie-Thérése d'Autriche, à l'effet de découvrir les causes de la mortalité excessive des détenus et des soldats, par ses études critiques sur le Flora monspeliensis de Nathorst, élève de Linné, par sou travail sur les Graminées de la flore francaise contenues dans l'herbier de Linné. Il ne nous appartient pas de juger ses œuvres historiques. Ce ne serait pas ici le lieu de le faire, et l'on pourrait avec raison nous accuser d'incompétence. Une congestion cérébrale vint le frapper le 23 février 1881, au lende- main méme du jour où paraissait le second volume de son Histoire de Montpellier pendant la Révolution. Son esprit se prêtait mal à l'oisiveté à laquelle le condamnait son corps défaillant. Il laissait ina- chevés plusieurs importants travaux, sur le fruit des Ombelliféres, sur les Géraniées, etc. Il n'aimait pas qu'on lui en parlàt; sans espoir de guérison, il attendait avec une impatience parfois mal contenue l'heure de la délivrance; tout entier à la pensée de sa famille, fier des succés des fils qu'il avait formés (1), il s'entretenait volontiers de l'avenir des (1) M. Duval a laissé deux fils: l'ainé est médecin distingué à Arles; le second est M. Mathias Duval, le savant professeur de la Faculté de,médecine et de l'École d'an- thropologie de Paris. ; 176 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. siens : l'intérét qu'il leur portait le rattachait seul à la vie. Aprés deux années de souffrance qui ne furent qu'une longue agonie, il s'éteignit le 25 aoüt 1883. Sa mort a fait un grand vide parmi les savants dont le pays s'honore. Pour nous qui avons connu cet esprit ardent, passionné pour la vérité, nous regretterons toujours son amitié et les conseils qu'il nous donnait peu de jours encore avant sa mort. Sa vie doit étre un encouragement et un exemple pour tous ceux qui se sentent épris de l'amour du travail, et qui, voyant le but trop éloigné, pourraient faiblir devant les difficultés de la route. Sa famille a voulu constituer la Faculté des sciences de Montpellier gardienne des riches collections réunies par M. Duval depuis cinquante ans. Nous en avons accepté la responsabilité, certain qu'elles n'y seraient pas ensevelies dans l'oubli. Les botanistes auxquels il a tracé la voie y viendront chercher les enseignements qu'il ne ménageait pas à ceux qui, de tous les points du monde, faisaient appel à son expérience. Nous espérons pouvoir avant peu publier le catalogue de son herbier, et rédiger, autant que possible, les notes laissées par luisur les questions qu'il étudiait au moment où la maladie l'a arraché pour toujours à ses travaux. LISTE DES TRAVAUX SCIENTIFIQUES DE M. DUVAL-JOUVE. Botanique systématique, Morphologie (1). 1855. Description d'une nouvelle espèce du genre Dianthus (D. Barati) des en- virons d'Alger (Bull. Soc. bot. de France, t. II, p. 350). — Causeries [Sur les Lolium temulentum e£ arvense] (Annot. à la flore de France et d'All. par Billot. Haguenau, 1855-61, p. 34). 1857-1858. Causeries [Étude sur le Leersia oryzoides] (Annot. à la flore de France et d'All. par Billot Haguenau, 1855-61, pp. 111 et 159). 1858. Sur une déformation des tiges du Pinus silvestris L. (Bull. Soc. bot. de France, t. V, p. 510). 1859. [Description du Festuca atlantica sp. nov.] (Bull. Soc. bot. de France, t. VI, p. 484, en note. — Annot. à la flore de France et d'All. par Billot. Haguenau, 1855-1861, p. 242). — Note sur l'Equisetum inundatum LascH, trouvé en France (Bull. Soc. bot. de France, t. VI, p. 602). — Sur les organes de reproduction de l'Equisetum arvense (Bull. Soc. bot. de France, t. VI, pp. 699, 730, 765). (1) On a mis entre crochets la désignation des lettres ou des notes qui n'ont pas de titre. 1860. SÉANCE DU 18 AvRIL 1884. 477 Sur un Polypogon d'Algérie (P. Clausonis D.-J.), et sur les espécés méditerranéennes du genre Polypogon (Annot. à la flore de France et d'All. par Billot. Haguenau, p. 206). Sur une particularité que présente do hiemale L. ri Soc. bot. de France, t. VII, p. 164). Lettre sur la persistance de végétabilité des souches de l'Isoetes setà- cea et de VI. Duriæi (Bull. Soc. bot. de France, t. VII, p. 168). . |Lettre sur la vie et les travaux de Clauson] (Annot. à la flore de France et d' All. (1) par Billot. Haguenau, 1856-1861, p. 213). Note sur l'acumen qui termine l'épi de quelques espèces d'Equisetum (Buli. Soc. bot. de France, t. VIII, p. 368). [Lettre dans laquelle Duval-Jouve propose le mot sporose pour dési- gner le moment de la fructification des Fougères] (Bull. Soc. bot. de France, t. VIII, p. 35). Note sur la synonymie d'une espèce d'Equisetum (E. maximum LAMK) (Bull. Soc. bot. de France, t. VIII, p. 637). [Lettre sur l'Aldrovandia vesiculosa découvert à Arles] (Buil. Soc. bot. de France, t. VIII, p. 518). Mémoire pour servir à l'histoire naturelle des Equisetum de France (Comptes rendus Acad. sc. t. LII, p. 955). . Note sur un Catabrosa aquatica à épillets multiflores et sur le genre Catabrosa (Bull. Soc. bot. de France, t. XI, p. 8). Note sur le Catabrosa aquatica à épillets uniflores (Bull. Soc. bot. de France, t. IX, p. 437). [Lettre sur l’étymologie du mot Telmateia| (Bull. Soc. bot. de France, t. IX, p. 525). Note sur la synonymie du Poa palustris L. (P. serotina EHRH., P. fer- tilis Host.) (Buil. Soc. bot. de France, t. IX, p. 453). Sur une forme naine de l'Aira media Gouax (Bull. Soc. bot. de France t. IX, p. 527). . Notes sur quelques plantes critiques du Flora monspeliensis de Linné (Bull. Soc. bot. de France, t. X, p. 10). Note sur les caractères que les arêtes et les feuilles peuvent fournir pour la division en sections du genre Avena (Bull. Soc. bot. de France, t. X, p. 50). Le nom de Poa Chaixii ViLL. a la priorité sur celui de Poa sudetica ILENKE, et celui de Juncus pediformis CHaix in Vi. (Bull. Soc. bot. de France, t. X, p. 71). Le Carex nitida Hosr. est-il synonyme du Carex obesa ALL. ? (Bull. Soc. bot. de France, t. X, p. 124). Doutes et prières au sujet de quelques espèces de Glyceria du groupe des Halophiles (Bull. Soc. bot. de France, t. X, p. 151). (4) Dans la Notice sur les titres et les ouvrages scientifiques de M. Duval-Jouve (Mont- pellier, 1871), cette lettre est indiquée par erreur dans le Bull. Soc. bot. de France, où elle n’a pas été publiée. T. XXXI. (SÉANCES) 12 178 1863. 1865. 1866. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Sur les élaléres des Equisetum (Bull. Soc. bot. de France, t. X, p. 186). Sur la floraison et la fructification du Leersia oryzoides (Bull. Soc. bot. de France, t. X, p. 194). [Lettre et discours prononcé aux obsèques de Billot] (Bull. Soc. bot. de France, t. X, p. 215). Leersia oryzoides (Botan. Zeitung, t. XXII, p. 204). Recherches sur l'aréte des Graminées (les Mondes, par l'abbé Moigno, t. V, p. 179). Sur le Carex axillaris GOOD., que M. le docteur Crouzet a trouvé en France (Bull. Soc. bot. de France, t. Xl, p. 15). Sur la nature morphologique de l'aréte des Graminées (Bull. Soc. bol. de France, t. XI, p. 105). Nouvelles localités du Scirpus Rothii (Bull. Soc. bot. de France, t. M, p. 259). ; [Lettre sur la découverte du Coleanthus subtilis en Bretagne] (Bull. Soc. bot. de France, t. XI, p. 265). Sur la signification morphologique d'une anomalie que présentent les utricules de quelques Carex (Bull. Soc. bot. de France, t. XI, pp. 269, 318). Étude sur les Aira de France (Bull. Soc. bot. de France, t. XII, pp. 6, 50, 83). Variations parallèles des types congéneres (Bull. Soc. bot. de France, t. XII, p. 196). Sur deux cas tératologiques du Bromus secalinus L. (Bull. Soc. bot. de France, t. XII, p. 308). [Sur les Brachypodium et sur l’importance de la saillie des nervures des Graminées] (Bull. Soc. bot. de France, t. XII, p. 220). Note sur le Cynosurus echinatus L. (Ann. Soc. linn. du départ. de Maine-et-Loire, t. VII, p. 133). L'herbier de Linné et les Graminées françaises, d'après les travaux de MM. Ph. Parlatore, C. Hartman et W. Munro (Bull. Soc. bot. de France, t. XI, p. 106). Étude sur le genre Crypsis et sur ses espéces frangaises (Bull. Soc. bot. de France, t. XII, p. 317). Étude sur les stimulus d'Orlie (Bull. Soc. bot. de France, t. XIV, p. 36). [Sur l'évaporation de la moelle du Chou] (Bull. Soc. bot. de France, t. XIV, p. 125). Note sur les mouvements des feuilles du Bryophyllum calycinum SALISB. (Bull. Soc. bot. de France, t. XV, p. 11). Des Salicornia de l'Hérault. Examen des caractères différentiels et morphologiques (Bull. Soc. bot. de France, t. XV, p. 132). Des Salicornia de l'Herault. Examen des caracteres differentiels et discussion de la synonymie (Bull. Soc. bot. de France, t. XV, p. 165). SÉANCE DU 18 AVRIL 1884. 179 1869. Sur les feuilles et les nœuds de quelques Graminées (Bull. Soc. bot 1870. 1872. 1873. 1876. de France,t. XVI, p. 106). Note sur une localité française du Pilularia minuta DR. (Bull. Soc. bot. de France, t. XVI, p. 210). Sur le nom princeps du Sporolobus pungens Aucr. (Bull. Soc. bot. de France, t. XVI, p. 293). Sur des galets calcaires attaqués par l'Euactis calcivora (Bull. Soc. bot. de France, t. XVI, p. 343). Sur quelques Ægilops de France (Bull. Soc. bot. de France, t. XVI, p. 381). [Lettre sur la découverte d'un nouveau Carex aux environs de Mont- pellier : C. ædipostyla] (Bull. Soc. bot. de France, t. XVII, p. ^57). Sur un nouveau Carex (Carex ædipostyla D.-J.) (Bull. Soc. bot. de France, t. XVII, p. Lxx. — Mém. Acad. sc. et lettr. de Montpel- lier, sect. des sc. t. VII, 1867-1871). [Projet d'une statistique botanique] (Bull. Soc. bot. de France, t. XVII, p. 209). Sur une nouvelle espéce du genre Althenia: A. Barrandonii (Comptes rendus Acad. des sc. t. LXXV, p. 95. — Bull. Soc. bot. de France, t. XIX, p. LXXXVI). [Lettres sur le Zostera nodosa Ucria} (Bull. Soc. bot. de France, t. XIX, p. 287). Sur la synonymie de quelques Cypéracées (Bull. Soc. bot. de France, t. XIX, p. 344). Sur une déformation du Zostera nana ROTH. due à la présence d'un Champignon entophyte (Bull. Soc. bot. de France, t. XX, p. 48). Particularités des Zostera marina L. et Z. nana RoTH. (Bull. Soc. bot. de France, t. XX, p. 81. — Revue des sc. nat. Montpellier, t. M, 1874, p. 66). Sur deux Graminées des environs de Montpellier (Bull. Soc. bot. de France, t. XX, p. 138). [Lettre sur les Zostera marina et nana] (Bull. Soc. bot. de France, t. XX, p. 164). [Lettre sur le Scirpus Michelianus] (Bull. Soc. bot. de France, t. XX, p. 289). 14. [Sur deux jours d'herborisation à Aigues-Mortes] (Bull. Soc. bot. de France, t. XXXI, p. 182).). . Sur l'Althenia filiformis rencontré avec l'A. Barrandonii (Bull. Soc. bot. de France, t. XXII, p. 233). Sur quelques plantes récoltées en 1875 aux environs de Montpellier (Bull. Soc. bot. de France, t. XXII, p. 285). Sur les Scleropoa rigida et Hemipoa (Bull. Soc. bot. de France, t. XXII, p. 310). Note sur quelques plantes dites insectivores (Bull. Soc. bot. de France, t. XXIII, p. 130. — Rev. des sc. nat. Montpellier, t. V). Si l'on peut établir des règles pour une distinction rationnelle 180 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. entre les groupes qu'on désigne par les noms d'espéce, race, va- riété, et cela surtout en vue des limites à poser aux apprécia- tions individuelles des phytographes (Actes du congres bot. de Florence, 1876). 1876. Causerie botanique (sur les plantes carnivores) (Rev. des sc. nat. Montpellier, t. V). -- Observations sur deux plantes carnivores, l'Aldrovandia vesiculosa et l'Utricularia vulgaris (Congres des soc. sav. à la Sorbonne, .. 19 avril 1876). s 1878. [Lettre sur une déformation du Delphinium Staphisagria] (Bull. Soc. bot. de France, t. XXV, p. 74). — Note sur quelques pluntes récoltées en 1871 dans le département de l'Herault (Mém. Acad. sc. et lettr. de Montpellier, sect. des sc. t. IX. — Rev. des sc. nat. Montpellier, t. VIT). 1880. Sur les Vulpia de France (Rev. des sc. nat. Montpellier, 1880). Histotaxie, Anatomie végétale. 1856-1861. Études sur le pétiole des Fougères (Annot. à la flore de France et d'All. par Billot. Haguenau, 1855-1861, pp. 50, 149, 245). 1858. Sur les Equisetum de France (Bull. Soc. bot de France, t. V, p. 512.— (Annot. à la flore de France et d'All. par Billot. Haguenau, 1860, p. 255). 1863. Note sur les caractères que les arêtes et les feuilles peuvent fournir pour la division en sections du genre Avena (Bull. Soc. bot. de France, t. X, p. 50). 1864. Histoire naturelle des Equisetum de Fränce (Paris, 1 vol. gr. in-4°). 1868. Études sur les vaisseaux des Fougères (Bull. Soc. bot. de France, t. XV, p. 38). 1869. Étude anatomique de quelques Graminées et en particulier des Agro- pyrum de l'Herault (Mem. Acad. sc. et lettr. de Montpellier, sect. des sc. t. VII, p. 309). — Sur les parois cellulaires du Panicum vaginatum GonD. et GREN. (Bull. Soc. bot. de France, t. XVI, p. 110). — Sur quelques tissus de Juncus et de Graminées (Bull. Soc. bot. de France, t. XVI, p. 404). 1870. Des comparaisons histotaxiques et de leur importance dans l'étude critique des espèces végetales (Mém. Acad. sc. et lettr. de Mont- pellier, sect. des sc. t. VIL, p. 471). 1871. Sur quelques tissus de Joncées, de Cypéracées et de Graminées (Bull. Soc. bot. de France, t. XVIII, p. 231. — Étude anatomique de l'aréte des Graminées (Mém. Acad. sc. et lettr. de Montpellier, sect. des sc. t. VIII, p. 33). 1872. Diaphragmes vasculaires des Monocotylédones aquatiques (Mém. Acad. sc. et lettr. de Montpellier, sect. des sc. t. VIII, p. 157). -- Sur une forme de cellules épidermiques qui paraissent propres aux SÉANCE DU 18 AVRIL 1884. : 181 Cypéracées (Mém. Acad. sc. et lettr. de Montpellier, sect. des sc. t. VIII, p. 226. — Comptes rendus Acad. des sc. t. LXXV, p. 371 — Bull. Soc. bol. de France, 1873, t. XX, p. 91). 1872. Sur les diaphragmes et les vaisseaux fibro-vasculaires des tiges et des feuilles de certaines Monocotylédones (Comptes rendus Acad. des sc. t. LXXV, p. 715). — [Lettre sur l’arêle des Graminéesj (Bull. Soc. bot. de France, t. XIX, p. 38). — Sur l'anatomie des cloisons que présentent les feuilles de certains Juncus (Comptes rendus Acad. des sc. t. LXXVI, p. 948). 1873. De quelques Juncus à feuilles cloisonnées, et en particulier du J. la- genarius et J. Fontanesii Gay, et du J. striatus Scuse. (Rev. des sc. nat. Montpellier, t. 1, p. 117). — Sur une forme des cellules épidermiques qui paraissent propres aux Cypéracées (Bull. Soc. bot. de France, 1. XX, p. 91. — Comptes rendus Acad. des sc. 1872, t. LXXV, p. 371). 1874. Sur les moelles à employer dans les travaux de microtomie (Bull. Soc. bot. de France, t. XXI, p. 113). — Étude histotaxique des Cyperus de France(Mém. Acad. sc. et lettr. de Montpellier, sect. des sc. t. VIII. — Bull. Soc. bot. de France, t. XXI, p. 114). — Sur la présence d'un rachéole dans l'utricule du Carex ædipostyla D.-J. (Bull. Soc. bot. de France, t. XXI, p. 205). 1875. Histolaxie des feuilles de Graminées (Ann. sc. nat. 6° sér., t. I, p. 294. — Bull. Soc. bot. de France, t. XXII, p. 115). — Histotaxie du genre Schenefeldia (Bull. Soc. bot. de France, t. XXII, - p. 262). 1877. Étude histotaxique de ce qu'on appelle les cladodes des Ruscus (Mém. Acad. sc. et lettr. de Montpellier, sect. des sc. t. IX, p. 71. — Bull. Soc. bot. de France, t. XXIV, p. 143. — Rev. des sc. nat. Mont- pellier, t. V, p. 425). 1878. Observations botaniques [Nymphéacées, Palmiers, Quercus Ilex) (Rev. des sc. nat. Montpellier, t. VII). Géologie et Paléontologie. 1841. Bélemnites des terrains crétacés inférieurs aux environs de Castel- lane (Basses-Alpes) (Comptes rendus Acad. des sc. t. XIII, p. 582. — The Edinburgh new Phil. Journ. 1842, t. XXXII, p. 159). — Bélemnites des terrains crétacés des Basses-Alpes (Paris, 1841, 1 voi. gr. in- 4^). Philosophie. 1843. Traité de Logique. ou Essai sur la théorie de la science (Paris, 1 vol. in-8 ; — 2* édit., Paris, 1855). 1848. Essai d'instruction morale (Paris, 1 vol. in-12). 182 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 1844-1853. [Rédaction des principaux articles de Logique dans le Diction- naire des sciences philosophiques] (Paris, 6 vol. in-8). Histoire. 1876. Montpellier pendant la Révolution, première période, de 1789 à la République (Montpellier, 1 vol. in-12). — Les noms des rues de Montpellier, étude critique et historique (Mont- pellier, 1 vol. in-12). 1878. La carte des gabelles en 1781 (Bull. Soc. languedoc. de géogr.). 1881. Montpellier pendant la Révolution, deuxième période, de 1192 à l'an VIII (Montpellier, 1 vol. in-12). M. Rouy fait à la Société la communication suivante : LE STERNBERGIA COLGHICIFLORA Waldst. et Kit. var. ÆTNENSIS Guss. EN ESPAGNE, ET LE LAVATERA MOSCHATA Miergues EN PORTUGAL, par M. G. ROUY. Divers voyages en Espagne m'ont permis d'ajouter à la flore de la péninsule ibérique, outre certaines espéces inédites, quelques plantes européennes ou africaines n'y ayant pas encore élé rencontrées,notamment Eruca stenocarpa Boiss. et Reut., Clypeola microcarpa Moris, Rham- nus balearicus Willk., Eleoselinum Asclepium Bert., Chlora grandi- flora Viv., Orobanche Spartii Guss., etc. Je signalerai aujourd'hui à la Société deux découvertes intéressantes au point de vue de la géographie botanique de l'Europe: celle du Stern- be gia colchiciflora W. et K. var. œtnensis Guss. Syn. fl. sicul. I, p. 812 (S. etnensis Guss. Prodr. I, p. 595), à deux localités du centre de l'Espagne, et celle du Lavatera moschata Miergues en Portugal. C'est un botaniste espagnol, M. Lacassin, qui le premier, en mai 1882, a constaté la présence du Sternbergia à Uclés (province de Cuenga). Il en communiqua quelques exemplaires à M. Loret, qui voulut bien partager avec moi,l'hiver dernier, les plantes espagnoles recues de M. Lacassin, et, entre autres, cette Amaryllidée. Un an plus tard, un botaniste francais, déjà bien connu de plusieurs de nos collégues, M. Auguste de Coincy, trouva cette méme plante, non plus dans une localité comme Uclés, peu visitée par les naturalistes, mais à Aranjuez, aux portes de la ville, sur les coteaux qui avoisinent la Mar Chica. Le Sternbergia colchiciflora avait été jusqu'alors trouvé dans les pays suivants : Dalmatie, Serbie, Esclavonie, Transylvanie, Macédoine, Pélo- ponnése, Taurus, lbérie, Anatolie, Bithynie, et la var. ætnensis exclusive- SÉANCE DU 18 AVRIL 1884. 183 ment dans l'Italie centrale et en Sicile; sa découverte en Espagne aug- mente donc trés sensiblement l'aire de dispersion de ce Sternbergia. La description de cette plante ne se trouvant dans aucun des ouvrages classi- ques publiés sur la flore de l'Europe occidentale, ni méme dans le Synop- sis de Koch, je crois utile de reproduire ici la bréve mais trés suffisante diagnose figurant dansles Diagnosen der in Ungarn und Slavonien..... (p. 122) de Neilreich, ouvrage complétant, pour la flore de l'Autriche- Hongrie, les données du Synopsis flore germanice et helvetica. Sternbergia colchiciflora Waldst. et Kit. — Bulbo tunicato unifloro ; flore autumnali basilari aphyllo, perigonii laciniis linearibus, exte- rioribus apiculatis, interioribus obtusis; foliis linearibus obtusis vere proximo prodeuntibus ; capsula stipitata foliis laterali iisque multoties breviore. %.— Perigonium cum tubo 1-2" altum, ejus laciniæ 1-2"" latæ; limbus flavus, tubus albus, folia usque 6" longa, 1-2" lata. La var. etnensis se distingue par ses feuilles étalées à la surface du sol, plus étroites, plus courtes (2-4"), plus ou moins roulées en forme de tire-bouchon (spiraliter convoluta Guss. loc. cit.), et par ses fleurs moins longues. Le Lavatera moschata Miergues est, mieux encore, nouveau pour la flore européenne. Cette curieuse Malvacée, qui ne saurait être classée, par la forme de son fruit, qu'à cóté du L. trimestris L., lequel existe également en Portugal, était jusqu'iei particulière à l'Algérie, d'où mon honorable ami M. Battandier me l'a adressée. La description du L. moschata a été publiée dans ce Bulletin méme (t. V, p. 593); je n'y reviendrai donc point. C'est à Venda do Pinheiro, prés de Torrés Vedras, que M. J. Daveau a recueilli ce Laratera, qu'il a bien voulu m'envoyer à déterminer. Il peut trés bien avoir échappé aux investigations. des botanistes espagnols ou portugais, car il a dü plus d'une fois être pris pour un Malva hispanica de haute taille, possédant en effet la couleur des fleurs, presque la pubescence ou villosité grisâtre des feuilles (celles-ci pourtant un peu plus grandes et les supérieures plus anguleuses), enfin le port de cette Mauve. Si donc, la plante étant en fleur, on ne l'examine pas de prés en constatant la forme du calicule, on peut fort bien la négliger, dans des régions où le Malva hispanica est une espèce commune et dés lors ordinairement laissée de côté. Nous eroyons devoir attirer sur ce point l'attention des botanistes du sud de la péninsule ibérique, car le Lavatera moschata se trouvant à Alger et non loin de Lisbonne, il ne serait pas impossible qu'il se ren- contrât également dans la région méditerranéenne de l'Espagne, aux en- virons de Cadix ou en Algarve. M. Malinvaud annonce que M. le D' Avice a découvert l’Jsoetes 184 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Hystrix dans le département des Cótes-du-Nord et en a envoyé à la Société de. nombreux exemplaires pour étre distribués aux un. sonnes présentes à la séance. so - M. Malinvaud fait remarquer que l'Tsoetes Hystrix est une espèce méridionale qui, avec quelques autres, remonte à louest jusque dans lé nord, en $uivant le littoral. = A propos de cette communication, M. Duchartre raconte que Durieu de Maisonneuve, ayant été prié par un de ses amis, pendant son séjour en Algérie, d'ouvrir l'estomac des oiseaux qu'il pourrait se procurer, afin de noter la nature des aliments et spécialement les grains dont se nourrit chaque espèce, trouva un jour dans le gésier de l'un d'eux des petits corpuscules arrondis qu'il ne con- naissait pas. Son attention s’étant portée en méme temps sur le gazon qu'il avait à ses pieds, il vit qu'il était formé d’Isoetes dont les fructifications étaient entiérement semblables aux didis om qu'il avait sous les yeux. | M. Cornu dit que la découverte des Zsoetes aux environs de Bor- deaux fut également accompagnée de circonstances àssez singu- liéres. Durieu de Maisonneuve, persuadé qu'on devait rencontrer ces plantes dans la Gironde, était allé à leur recherche avec quelques amis. Aprés unelongue course infructueuse, on s'était assis sur une pelouse pour déjeuner. Durieu, donnant divers détails sur les petits végétaux qu'on cherchait, insistait sur les différences qui distinguent leurs feuilles de celles des Graminées, et, à l'appui de sa description, il déracina avec sa fourchette une touffe du gazon sur lequel on était assis et qu'il supposait formé par des Graminées ; or il s'aper- cut que la pelouse était un tapis d'Zsoetes. M. J. Vallot, secrétaire, donne lecture de la communication sui- vante : TROISIÈME NOTICE SUR QUELQUES PLANTES CRITIQUES OU PEU COMMUNES, par M. Antoine LE GRAND (1). Diplotaxis intermedia Schur. — Ne paraît différer du D. mura- lis DC. que par des tiges plus abondamment feuillées, par les lobes des feuilles plus nombreux, plus profonds, plus aigus. {1}. Voyez le Bulletin, t. XXVIII, p. 52, et t. XXX, p. 68. SÉANCE DU 18 AVRIL 1884. 185 Des échantillons que j'ai récoltés dans la Loire, à Andrezieux, me semblent tout à fait analogues à la plante que je possede de Transyl- vanie. Dianthus attenuato-monspessulanus Richter et Loret (Bull. Soc. bot. de France, t. XXVII, page 210). — Pyrénées-Orientales : coteaux boisés de Vernet-les-Bains, juillet 1883. Les notes que M. Loret donne à sa plante sont parfaitement repro- duites par celle-ci : le calice est celui du D. attenuatus, mais les péta- les sont profondément dentés, à laciniures bien moindres cependant que dans le monspessulanus ; j'ajouterai que mes échantillons ont la coloration verte de ce dernier et non la teinte foncée glaucescente de l'attenuatus. Les aflinités de cette plante avec les deux parents ne sont pas douteuses. Mes spécimens, comparés au D. Warionii ou D. catalonico-monspes- sulanus Timbal-Lagr. (Essai monogr., p. 20), ont les feuilles bien plus longues et les dents des pétales plus profondes. Le D. attenuato-monspessulanus a déjà été signalé dans les Pyrénées- Orientales, à Thués (Loret, loc. cit.) etle D. Warionii, dans les Albéres, à la vallée de Lavail (Timbal et Warion). Leucanthemum meridionale Le Grand (Bull. Soc. bot. de France, t. XXVIII, p. 56). — Le frére Saltel, qui a découvert cette forme inté- ressante, m'a adressé des notes prises sur le vif qui me permettent de compléter comme il suit ce que j'en ai dit précédemment : Différe du L. vulgare par sa souche et son port gréles ; ses tiges plus courtes, simples ou peu rameuses, trés cassantes; ses fleurs pelites; ses feuilles un peu charnues, les inférieures étroites et allongées, longuement atténuées en pétiole à la base, à lobes atteignant souvent la nervure mé- diane; les moyennes linéaires, à dents profondes, étalées, souvent déje- tées. Écailles de l'involuere pàles ou bordées de brun; achaines plus gros que dans le L. vulgare, à côtes plus larges et plus saillantes. Plante d'un vert sombre, pourvue d'un suc propre, odorante, surtout au moment de l'anthése. Floraison de quinze jours plus tardivé que celle du vulgare, dans les mémes lieux. - Il parait que ce Leucanthemum a donné lieu à une méprise qu'il con- vient de signaler. Ce serait cette forme que, d'aprés le frére Saltel, l'au- teur du Catalogue des plantes de l'Aveyron aurait indiquée au puy de Wolf, sous le nom de L. graminifolium : ce dernier ne se rencontre point dans cette localité. Hieracium florentinum All. — Parmi les nombreux échantillons d'H. caricinum Arv.-Touv., recus de Bastia de M. Debeaux, s'est ren- contré un exemplaire rapporté par M. Arvet-Touvet au florentinum, comme « forma subcymosa pseudo-prealta ». L'H. florentinum 186 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. n'avait pas encore été signalé en Corse (conf. Bull. Soc. bot. de France, . t. XXX, p. 70). Hieracium subrude Arvet-Touvet! — Loire: rochers des bords du Lignon, à Boen ! 17 juillet 1868 et bois de Pins au-dessus de Courreau, 22 juillet 1871 ! « Se distingue du buglossoides principalement par son péricline plus petit, verdàtre et non noirâtre, par ses poils sétiformes, courts. et non allongés, par sa teinte vert glaucescente et non glauque, par ses feuilles brusquement et non trés insensiblement attéuuées en pé- tiole, etc. ; néanmoins l'un et l'autre ne sont peut-être que deux sous- espèces de I'H. onosmoides Fries » Arvet-Touvet in Sched. ! Hieracium Liottardi. Vill. — L'indication que j'ai donnée précédem- ment de cette espèce à Culoz, dans l'Ain, ayant été critiquée un peu vive- ment par Déséglise, j'ai dà m'en référer au sagace monographe de ce genre, M. Arvet-Touvet, qui a confirmé ma délermination de la maniére suivante: « Conforme à la description et à la figure de « Villars ». — Je reconnais toutefois que les Hieracium Liottardi et andryaloides sont bien voisins, et qu'il conviendra peut-étre de les réunir spécifique- ment. Hieracium Legrandianum Arvet-Touvet ! Sp. nov. — Voici la des- cription que m'a communiquée l'auteur : « E. sect. Pseudocerinthoidea Koch, grege Amplexicaulia Fries, H. cordato Scheele vicinum. — Ha- bitus fere omnino H. cordifolii Freel., H. neocerinthi Fries, quoque non absimile, sed undique glandulosum, etc. Phyllopodum et eriopodum pilis niveis, sericeis, simplicissimis. Caulis gracilis sed firmus, farctus, haud facile comprimendus, subflexuoso-erectus, circiter 2-3 decim. altus, a basi-ad apicem dense glandulosus, 2-4-phyllus, superne vel a medio ra- mosus, subcorymbosus, oligo-vel polvcephalus (pili glandulosi pallidi, albido-luteoli). Periclinium subparvum, squamis acuminatis, nisi inti- mis parum acutis, subadpressis ; ligul ciliatæ, stylo luteo. Receptaculum dense pilosum, quasi lanatum. Achenia matura pallide fulra, sublutea. Folia denticulata, subintegerrima vel parum dentata, pilis glandulosis minutis dense obsita et ab eis quasi vellerea, basilaria anguste-subovato- lanceolata, mucronata vel acuminata, in petiolum villosum (villo molli, niveo, caduco) attenuata, caulina 2-4, basi subamplexicaulia, lanceolata, acuminata, unum alterumve obscure panduræformia. »— Juin-Juillet, Ver- net-les-Bains (Pyrénées-Orientales), d'oü celte espéce m'a été rapportée par M. Germain, naturaliste-voyageur ; Prats de Mollo, in herb. Freyn (teste Arvet-Touvet). Ogs. — Cette forme, une des plus belles du groupe Amplexicaulia, ne peut être comparée qu'à H. cordatum Scheele, dont elle se rapproche par le port, mais dont elle se distingue bien par ses poils d'un blanc de neige et soyeux et non simplement blanchàtres, à peine denticulés à une SÉANCE DU 18 AVRIL 1884. 187 forte loupe, et non assez fortement dentés ; par son réceptacle tomenteux laineux et non simplement hérissé, par ses achaines jaunátres et non noirâtres, par ses styles jaunes, et non bruns, par ses ligules fortement ciliées, etc. Scrofularia alpestris Gay. — Aveyron; bois de Costemalle, prés de Salles-Curon, où il abonde à 850 mètres d'altit.; arrondissement de Millau. Cette espèce n'était indiquée par Bras qu'à l'Aubrac, où elle était déjà connue de Prost (voy. Lamotte, Prodr., p. 561). La découverte de cette intéressante localité est due au frére Saltel. Mentha nepetoides Lej. — Aveyron: bords du Lot, à Livinhac-le- haut, 22 août 1883 (frère Saltel). Ces spécimens sont tout à fait comparables au n° 124 de l'Herb. Norm. de Schultz, quant au port, à la forme des feuilles, dont la couleur est blanchàtre pàle en dessous; leurs épis sont seulement un peu plus gréles et la villosité moins abondante. Mais l'échantillon publié sous le n° 23 de l'Exsiccata Malinvaud est aussi bien moins velu blanchâtre que la plante de Schultz. Celle du Lot tient le milieu sous ce rapport. Allium ochroleucum W. K. — Aveyron: forêt des Palanges (arron- dissement de Rodez), à 850 métres d'altitude, en société avec Allium victorialis. Découvert par le frère Couderc et communiqué par le frère Saltel. L'Allium ochroleucum n'a pas encore été signalé en France, et c'est par erreur que Grenier et Godron, dans la Flore de France, t. II, p. 211, en ont fait un synonyme de lA. ericetorum Thore. Il diffère de ce dernier par ses capitules plus gros, à fleurs plus serrées, jaunes (ochroleuci); parfois lavées de rose, ainsi que la spathe (dans la plante de l'Aveyron), par ses feuilles plus larges, planes, atteignant 3-5 millimètres ; sa floraison plus précoce, puisque les échantillons récoltés le 15 juillet, à 850 mètres d'altitude, sont en pleine floraison, tandis quel' Allium ericetorum Thore, de l'Ouest et du Sud-Ouest, fleurit environ un mois plus tard (je posséde des échantillons bien épanouis, recueillis le 16 septembre 1883, par M. Richter, dans les Basses-Pyrénées, et d'autres au commencement d'octobre dans la Loire-Inférieure), et présente des feuilles trés étroites, un peu canaliculées, ne dépassant pas 2 millimétres de largeur; de plus il a les fleurs blanches, un peu lavées de rose, jamais jaunes. Je dois à l'extréme obligeauce de M. Freyn (de Prague) d'avoir pu coin- parer l’Allium de l'Aveyron avec l'ochroleucum de la Croatie, dont il se rapproche tout à fait et dont il ne différe que par la teinte purpurine qu'offrent souvent la spathe et le périgone. A M. Marchesetti, directeur du musée de Trieste, je dois des échantil- lons du mont Concusso, en Istrie, qui se rapprochent beaucoup aussi de l'Allium ochroleucum par ses fleurs jaunes el ses feuilles planes; mais 188 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. celles-ci ne dépassent guére 3 millimétres de largeur. Enfin M. Freyn m'a offert généreusement des exemplaires d’Allium ericetorum du Tyrol (de la localité où a été récoltée la plante publiée sous ce dernier nom par Kerner dans Flora exsiccata austro-hungarica), lesquels sont en effet bien voisins du type de Thore, dont ils diffèrent toutefois par les fleurs jaunes, les feuilles un peu plus larges, le port plus raide. Une étude plus approfondie sur des échantillons plus nombreux en fleur et en fruit permettra de décider si les divers Allium en ques- tion doivent étre réunis spécifiquement, ainsi que le propose Nyman dans le Conspectus flore europeæ, p. 139, ou si, au contraire ils constituent des espèces distinctes (1). Quoi qu'il en soit, la découverte de l'Allium ochroleucum type, dans l'Aveyron, constitue une importante acquisition pour la flore de France (2). Carex cyperoides L. — J'ai eu la bonne fortune de visiter, le 13 sep- tembre dernier, un étang desséché de la commune de Lassay, prés de Romorantin (Loir-et-Cher), oü pullulait cette curieuse espéce el d'en faire par conséquent une abondante moisson. L'étang en question, dit étang Bezard, n'avait, de mémoire d'homme, été desséché, et cette opé- ration avait été nécessitée par la réparation de la chaussée. Il ne sera donc plus vraisemblablement mis à sec que dans des cas tout à fait im- prévus, si bien que de longtemps notre espéce n'y reparaitra. C'est à notre excellent et zélé confrère M. Martin, président honoraire du tribunal civil, connu de tous autant par sa sagacité que par son amé- nité et son extrême bienveillance, dont j'ai tout particulièrement en ce qui me concerne à le remercier bien cordialement, qu'est due celte re- marquable découverte, faite le 4 aoüt 1883. Il a eu le plaisir, du reste, d'en constater une seconde localité dont il m'a fait part comme il suit: « Affriandé par cette découverte, je me suis » mis en quête des étangs à sec; on m'en a indiqué cinq ou six que j'ai » visilés, mais je n'ai eu la bonne fortune de retrouver le Carex cype- » roides que dans un seul de ceux-ci, dans l'étang Dernier (7 aoüt), sis » commune de Loreux, à un myriamétre à peine de Romorantin, et » encore, malgré mes recherches, je n'y ai trouvé que sept pieds: quatre sont dans mon herbier, j'ai laissé les trois autres... » (1) M. Kerner a publié, d'après ce que m'a écrit M. Freyn, une étude sur les Allium suaveolens, ochroleucum et ericetorum dans la Gazette autrichienne de botanique (1878). (2) Note ajoutée pendant l'impression. — Voici les caractères distinctifs des Allium ochroleucum et ericetorum, d'aprés Kerner : A. ochroleucum W. K. — Feuilles persistantes pendant.la floraison, larges de3a7 millimètres, planes, un peu épaisses, non enroulées par la dessiccation. Capsule mûre pas plus longue que le périgone. A. ericetorum Thore. — Feuilles flétries en partie pendant la floraison, larges de 1 à 2 millimétres, ne dépassant pas la largeur de la tige ; minces, enroulées par la des- siccation. Capsules mûres dépassant la longueur du périgone. SÉANCE DU 18 AVRIL 1884. 189 On sait du reste que le Carex cyperoides se rencontre ordinairement dans ces conditions, et que c'est ainsi qu'il vient d'étre retrouvé dans les environs de Paris. Enfin je rappellerai que, dans le bassin de la Loire, Boreau ne l'a cité qu'en Saóne-et-Loire, d'ou Puel et Maille l'ont distri- bué dans lerb. des flores loc., n° 243. Agropyrum obtusiusculum Billot exsicc. 4084. — Le type de Lange est assez peu connu. M. Boreau n'a pas peu contribué à la confusion, en déterminant sous ce nom des plantes différentes, se rapportant, les unes à l'A. campestre (forma longiglumis), les autres à des formes glauces- santes de l'A. repens. Celle qui nous occupe n'est probablement qu'une forme du premier. F. Schultz, à qui je l'avais également fournie, devait publier sous un nom nouveau la plante de la Loire (j'ignore si elle l'a été dans ses centuries posthumes). Auparavant il l'avait communiquée à M Lange, qui, à la date du 18 avril 1874, lui écrivait: « Je doute fortement que votre plante soit identique à mon À. obtu- siusculum, au moins ce n'est pas la forme typique de nos dunes. Celle-ci a les feuilles presque entièrement enroulées (dans la plante de la Loire, elles sont, méme aprés l'exsiccation, planes); notre plante a les épillets à 4-7 fleurs, la vôtre les a à 3-4 fleurs, et les épillets bien plus petits que ` ma plante. Ce pourrait être une forme de l'intérieur, mais je crois plutôt qu'elle doit être référée à l'A. glaucum R. et S. (peut-être la var. mi- crostachyum)... » Vous pourrez probablement obtenir le vrai A. obtusiusculum de M. Le Jolis, à Cherbourg, qui, l'année passée, l'a envoyé en abondance à notre Société botanique sous le nom d'A. acutum DC. Les échantillons récol- tés à Cherbourg répondent parfaitement à mon obtusiusculum, qui, chez nous, n'est trouvé que dans les dunes de Zylland, le plus à l'ouest de notre flore. Celui-ci diffère considérablement de l'A. laxum Fr. (A. affine De- thard, qui est trés commun chez nous et, si je ne me trompe, est le vrai A. acutum DC.). Au reste, je ne suis passür que ma plante ne soit pas synonyme del A. pycnanthum, dont je n'ai pas vu d'échantillon ; la des- cription de Grenier et Godron me le ferait présumer. » On voit, d'aprés les explications du savant M. Lange, combien sont encore critqiues toutes ces formes d'Agropyrum, malgré les nom- breux travaux dont ce genre a été l'objet. J'ajouterai que, contraire- ment à l'avis de ce botaniste, la plante de la Loire ne peut pas étre rap- portée à IA. glaucum (qui y est du reste assez fréquent), pas plus qu'à PA. obtusiusculum, dont j'ai reçu depuis de très beaux échantillons de M. Le Jolis. Asplenium Adiantum-nigrum L., var. Lamotteanum Héribaud. — L'avis que j'ai donné sur cette variété (Bull. Soc. bot. de France, t. XXX, p. 74) est confirmé par M. Déséglise, qui m'écrivait récem- 190 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ment : « Je ne puis y voir, malgré la meilleure volonté, que PA. Serpen- tini. » Campylopus polytrichoides De Not. — Trés abondant sur les rochers schisteux des bords du Lot, à Agrés (Aveyron). Campylopus brevifolius Schimp. — A ma prière, le frère Saltel a bien voulu rechercher cette rare espèce dans sa région classique, car c'est d’après les échantillons récoltés à Carcenac, dans l'Aveyron, que Schimper a constitué son espèce (conf. Synopsis Muscorum europ., ed. 2, p. 106). Cet appel a porté ses fruits. Le zélé botaniste, dont nous ne sommes plus à compter les découvertes, a constaté le Campylopus brevifolius prés de Livinhac-le-Haut, et me l'a envoyé en nombre pour être publié dans les Centuries de Billot, continuées par M. Vendrely (rochers schisteux à Laroque). M. J. Vallot, secrétaire, donne lecture de la communication sui- vante : TRIBUS, SOUS-FAMILLES, FAMILLES UNISSANTES, par M. D. CLOS. Adanson, dans ses Familles naturelles de plantes, n’admet comme groupes naturels que les familles, les genres, les espéces et les variétés, sans faire mention des sections en lesquelles il divise un certain nombre de familles, et que R. Brown introduit aussi, au méme titre, en 1810 dans son Prodromus flore Novæ-Hollandiæ. A.-L. de Jussieu se borne à indi- quer par des chiffres les divisions admises par lui dans ses Ordines na- turales (Gen. plant.), imité plus tard par Kunth (Enum. plant. 1833- 1850) ; tandis que Ventenat fait précéder ces chiffres du signe d'(Tabl. du règne vég.), et que Bartling a cru devoir désigner les divisions primaires des familles par des lettres, les secondaires par des chiffres (Ordines nat. 1830). À ma connaissance, le mot tribu, appliqué à la division des familles, apparaît pour la première fois en 1806 dans le Synopsis plantarum in Flora gallica descriptarum de Lamarck et de Candolle, mais d'une ma- niére timide, et limité à un petit nombre d'entre elles: Champignons, Hypoxylées, Liliacées, Urticées, Jasminées, Rhinanthacées, Composées, Rosacées. En 1808, de Candolle soumet à l'Institut ses Observations sur les plantes Composées ou syngenéses réparties en trois tribus. En 1813, il fixe la valeur de ce mot (Théor. élém. de la Bot., 1* édit., 194), qu'on cherche en vain dans les trois derniers volumes de la Flore française, SÉANCE DU 18 AVRIL 1884. 191 3* édit. portant la date de 1815, par Lamarck et de Candolle, et oà certaines familles (Composées, Rosacées, etc.) sont divisées en ordres (1). Dans ses Éléments de physiologie végétale etde botanique, publiés en 1815, de Mirbel qualifie de sections les divisions qu'il adopte dans un certain nombre de familles: Synanthérées, Renonculacées, Cruciféres, Caryophyllées, Légumineuses, Rosacées, Coniféres, etc. En 1817, Cuvier, dans son Règne animal, divise certaines familles en tribus, et en 1818 de Candolle, dans son Regni vegetabilis systema na- turale, reprend cette dénomination que l'on retrouve appliquée aux sec- lions naturelles des nombreuses familles dont il donne les monographies, à partir de 1821 (Cruciféres) et 1825 (Légumineuses). Toutefois encore, en 1820, A.-L. de Jussieu, dans son Mémoire sur la famille des plantes Rubiacées, la divise en sections. En 1822, Choisy agit de méme pour les Guttifères (Mém. Soc. d'hist. nat. de Paris), et Lindley, soit dans son Natural System of Botany (1836), soit dans son Vegetable Kingdom (1846-1853), n'admet que des ordres, sous-ordres, alliances et groupes (voy. son Nat. Syst. XIII). Mais en 1828 Reichenbach publie son Conspectus regni vegetabilis per gradus naturales evoluti... Dispositio regni vegetabilis secundum classes, ordines, formationes, tribus, genera et subgenera; et, chose étrange, on cherche en vain les tribus dans son Flora excursoria portant la date de 1830 à 1832. A partir de 1829, à la suite de Dumortier(Analyse des familles des plantes), la plupart des botanistes qui traitèrent des familles, divisibles en groupes subordonnés, appelérent ceux-ci tribus ; mais il faut bien le reconnaitre, il n'est pas de terme dont la phytographie ait plus abusé. De Candolle avait écrit en 1813: « Quelquefois... les genres d'une fa- mille se rapprochent les uns des autres, de maniére à former quelques groupes bien prononcés et qu'à la rigueur on pourrait considérer comme autant de petites familles; dans ce cas, ces groupes recoivent le nom de tribus, et chaque tribu porte un nom particulier » (Théor. élém., 1"° édit., 194). L'auteur détournait ainsi ce mot de la signification que lui donnait Linné : « Tribus vegetabilium tres vulgo numerantur : Monocotyledones, Dicotyledones, Acotyledones », et qu’acceptait Marquis dans ses Frag- ments de philosophie botanique (101). Mais il n'y aplus à retourner en arrière, et l'usage a définitivement consacré la place du mot tribu comme groupe naturel de genres. Néanmoins un nouvel élément, introduit aussi, mais ultérieurement, par de Candolle, est venu faire concurrence en quelque sorte au mot tribu, (1) M. Alph. de Candolle nous dévoile le secret de cette énigme, écrivant : « La véritable date de la Flore française est 1802; mais le libraire a vendu beaucoup d'exemplaires avec un titre portant 1815, qui est la date du supplémen ou 6° volume. » La Phytographie, p. 346, note.) | 192 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. pris dans ce dernier sens: j'entends la sous-famille. Puis la tribu appe- lait les sous-tribus; enfin on a eu recours aux séries pour les cas oü les divisions précédentes paraissaient ou insuffisantes ou trop peu naturelles. C'est en 1821, à la suite de ses recherches sur les Crucifères, et à propos de la division de cette grande famille, que de Candolle propose à la fois, et dans les Mémoires du Muséum d'histoire naturelle (t. VIII, p. 229), et dans le second volume de son Systema, ce degré d'association supérieur aux tribus, la sous-famille, heureuse innovation admise par Endlicher dans son Genera plant. (1836-1840), mais qui ne se trouve signalée, ni par M. Alph. de Candolle en 1835, traitant des degrés de la classification (Introd. à la Bot., p. 531), ni en 1844 par Bischoff, dans le 3* volume, consacré à ce sujet, de son Handbuch der botanische Terminologie. Germain de Saint-Pierre écrivait en 1851, dans son Guide du bota- niste (p. 806) : « On donne le nom de tribu à des divisions qui constituent des sous-familles dans la famille. » Mais il y a lieu d'étre surpris de re- trouver la méme définition dans le Dictionnaire de botanique du même auteur (p. 1294), publié en 1870. Tout récemment encore, dans son sa- vant Traité de botanique, M. Van Tieghem repousse cette distinction, écri- vant (p. 983) : « L'on distingue... des sous-familles nommées ordinaire- ment tribus, des sous-ordres, etc. » De Candolle établit dans les Ombellifères, comme il l'avait fait pour les Cruciféres, des divisions primaires basées sur la graine, et qu'il qualifie également de sous-familles, et ces vues ont été adoplées par un grand nombre de phytographes. Toutefois MM. Bentham et D. Hooker ont pré- féré dans ce cas, et aussi pour les divisions des Chénopodées en Cyclolo- bées et Spirolobées, le nom de séries à celui de sous-familles, en ce qu'il n'implique pas affinité évidente entre les étres groupés en chaque série. C'est aussi le sentiment de M. Alph. de Candolle, écrivant de son pére: « Il aurait évité certains reproches qu'on lui a faits s'il avait appelé Divi- sio ou Series les coupes artificielles des Crucifères basées sur la seule flexion des parties de l'embryon, et la division des Ombelliféres d'aprés la courbure ou non-courbure des parlies du fruit, au lieu de les intituler Subordo comme des sous-familles naturelles » (la Phytogr. p. 10, note). Il est seulement à regretter que M. Baillon, traitant des familles natu- relles, ait divisé persque toujours chacune d'elles « en un certain nombre de séries qui répondent souvent, mais non constamment..., à ce que les auteurs appellent des tribus » (Hist. des plant. I, IX). Cet auteur écrit encore, à propos des Rosacées : séries ou tribus (ibid. p. 42). Voilà donc deux sens différents attribués à ce mot série. La sous-famille implique une différence du premier ordre, la tribu des différences d'un degré au-dessous. Ainsi je ne puis admettre avec M. Cha- lon que les Taxinées, les Cupressinées et les Abiétinées aient autant de SÉANCE DU 18 aAvniL 1884, . 193 droits au titre de famille que les Cycadées et les Gnétacées (De la place des Gymnosp., p. 43) ; elles ont trop le méme air de parenté et trop dana- logie également dans les caractéres floraux, pour n'étre pas considérées comme trois tribus des Conifères. Entre M. D. Hooker rapportant le Wel- witschia aux Gnétacées, et M. Caruel élevant ce genre au rang de famille (Conifloræ ou Welwitschiaceæ, Pensieri sulla Tassin. bot. 1881, p. 92), n'y a-t-il pas un moyen terme, le maintenir dans les Gnétacées à titre de sous-famille? En 1806, Lamarcket de Candolle (loc. cit.255-296) donnent le nom de tribus aux trois divisions admises par eux dans les Composées (Chicoracées, Cynarocéphales, Corymbiféres) ; en 1808, dans ses Obser- vations sur les plantes Composées présentées à l'Institut, de Candolle y distingue les trois tribus des Chicoracées, des Labiatiflores et des Tubu- leuses. De 1826 à 1834, Cassini, soumettant cette famille à une scrupuleuse revision, y reconnait vingt tribus naturelles, d'aprés ce principe: « Une tribu naturelle des Synanthérées est une réunion de plusieurs genres qui se ressemblent suffisamment par l'ovaire, parle style, par les étamines et par la corolle » (Opusc. phyt. TII, 25-28), tandis que dans son Synopsis generum Compositarum (1832), Lessing réduit le nombre des tribus à 8, disant : « Characterem tribuum primarium e stylo floris staminigeri sem- per duxi », et on lui doit cet aveu: « Tribus ipse nimis amplæ et vastæ sunt ut plantze ad unam eamdemque tribum pertinentes sibi similes sint » (p. 435). De nos jours, MM. Bentham et D. Hooker divisent sans intermé- diaires les Composées en treize tribus sous-divisées en sous-tribus, tout en déclarant cette distribution très difficile (Gen. pl. II, 164); mais Le Maout et Decaisne ont été, à mon sens, mieux inspirés en reprenant à titre de sous-familles et à l'exemple d'Endlicher (Genera plant.),les trois tribus de de Candolle sousles noms de Liguliflores, Labiatiflores, Tubuli- flores, sous-familles divisées en tribus (Traité gén. de bot. p. 139-143). Jl y a lieu de présumer, à priori, que la plupart des groupes naturels admis comme familles par les principaux taxinomisles, mais rapportés à d'autres familles par les botanistes réducteurs, ont droit à figurer dans celles-ci à titre de sous-familles plutót qu'à titre de tribus, contraire- ment au principe adopté par MM. Bentham et D. Hooker : telles les Schizandrées, considérées par eux comme tribu des Magnoliacées. Lärdizahalees -o-ren Am oi Berbéridées. Néumbonées.:.......-...../.. tnnehpuecdivaser s Nymphéacées. Famériacéés .... uv .oecoleeohoempportesedetieuose Papavéracées. Réaumuriées et Fouquiérées......... nn zin El»ocarpées.......- een Mtem iliacées. Erythroxylées.......................+...: ses. Linées. — Tropæolées, Limnanthées, Oxalidées, Dalsaminées.... Géraniacées. Aurantiées........... LE, SUR O OS M. oie tur ho Rutacées. T. XXXI (SÉANCES) 13 194 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Gédrélacóus nue aad ti- rahe ie ion uiia Méliacées. Hippocgatéacées- ne an dt tn cm aite ne Célastrinées. Malesberhiacées, Papayacées...........,.......,... Passiflorées. Mollnginees sa QU em eee irre ut ce - Ficoïdées. Gyrostémonées....... a à Phytolaccées. PirotaceeSs 0 V SECTETUR TET .. Éricinées. Nolanacées, Cuscutées, Dichondrées. ............... Convolvulacées. Hydroleacees 2500 SSLUAUIU UN. 8 HDI. Hte Hydrophyllées. Lobéliacées et Cyphiacées ........... ARTS ES, UD Campanulacées. REB. UNE AIL OUO. 2944 LRL EKRUIR IU e es Pipéracées. Ces prétendues tribus ne mériteraient-elles pas aussi bien le titre de sous-familles que les Sapindées, Mélianthées, Staphyléacées, trois groupes que ces savants phytographes qualifient de sous-ordres des Sapindacées, ou que les Mémécylées, considérées aussi comme telles dans les Mélasto- macées ? Si, avec MM. Bentham et D. Hooker, on fait rentrer les Basellées dans les Chénopodées, on sera fondé, à leur exemple, à y voir deux sous- familles ; et si, avec le premier de ces botanistes, on admet que les Buxées, naguère encore séparées des Euphorbiacées, doivent leur être restituées, elles auront, à mon avis, le droit d'y figurer à titre de sous-famille. Cette dernière qualification ne convient-elle pas également aux Césal- piniées et aux Sophorées, qu'Endlicher tient pour des tribus des Papi- lionacées? La famille des Cassythacées (Lindley), devenue tribu des Cassythées (Le Maout et Decaisne, MM. Bentham et Hooker) dans les Lauri - nées, a, semble-t-il, droit à étre reconnue pour sous-famille dans celles-ci. Les Loranthacées de Jussieu sont maintenues comme famille et sans division supérieure aux genres par Le Maout et Decaisne (oc. cit.), scindées en deux tribus par MM. Bentham et Hooker (loc. cit.), en deux familles, Viscacées et Loranthacées, par M. Caruel. Ces deux groupes ne inéritent-ils pas plutótle nom de sous-familles? Et n'en est-il pas ainsi des Corylacées, Quercinées, Bétulinées, tribus pour les auteurs anglais, familles pour Le Maout et Decaisne ? Des Théophrastées, famille pour Ad. Brongniart, tribu pour Endlicher, Le Maout et Decaisne, MM. Bentham et D. Hooker ? Des Cyrtandracées, famille pour Jack, Meisner, de Candolle, section des Bi- gnoniacées pour Blume, tribu des Gesnériacées pour R. Brown, Endlicher, Lindley, MM. Bentham et D. Hooker, J.-B. Clarke? Des Pirolacées, si, mal- gré la différence des graines, on croit devoir les rapporter aux Éricinées ? Des Aquilariées (famille pour Endlicher), si elles doivent perdre ce titre de famille au profit des Thymélées? Des Cestrinées, élevées par Ad. Bron- gniart au rang de famille et constituant, avec les Solanées, sa classe des Solaninées ? Des Lécythidées, famille pour Lindley, Brongniart, tribu des Myrtacées pour Le Maout et Decaisne? Des Hypoxidées, famille pour Bron- gniart, Endlicher, Le Maout et Decaisne, tribu des Amaryllidées pour SÉANCE DU 18 AVRIL 1884. 195 MM. Bentham et Hooker? Des Vellosiées, famille pour Brongniart, Le Maout et Decaisne, tribu pour les deux auteurs anglais? Contrairement aux cas qui viennent d'étre cités, il convient, à mon sens, de faire descendre d'un degré certains groupes élevés par quelques taxi- nomistes au rang de sous-familles. Tandis que Endlicher voit des sous- familles (subordines) dans les Tulipacées, Agapanthées, Asphodélées, Aloinées, ces divisions ne doivent, ce semble, étre tenues que pour tribus des Liliacées. Les familles établies par ce botanistes dans les Algues, les Champignons, les Hépatiques, le Fougères, sont en général et plus rationnellement, je crois, considérées comme tribus. Tous les phytographes s'accordent à reconnaitre les rapports intimes des Caprifoliacées et des Rubiacées, bien que cette derniére famille con- stitue seule la classe des Cofféinées d'Ad. Brongniart. Mais nul n'a suivi, et à bon droit, l'exemple de Lindley formant des Cinchonées et. des Ga- liacées deux familles séparées par celle des Caprifoliacées (Veg. Kingd.). Adoptera-t-on les vues de M. Baillon, qui réunit aux Rubiacées les Capri- foliacées, y représentant les 12*, 13* et 14* séries (Diervillées, Lonicérées, Sambucées) ? Mieux vaudrait, à mon sens, constituer les Rubiacées et les Caprifoliacées en une cohorte ou alliance, les premiéres divisées en deux sous-familles subdivisées en tribus, les secondes en tribus. Si les Granatées de Don, admises comme famille par de Candolle (Prodr. III, 3), par Brongniart, par Le Maout et Decaisne, ne sont guère caractérisées, au dire des deux derniers phytographes, que par la struc- ture de leur ovaire à deux étages, et si, comme ils l'ajoutent, ce fruit est probablement monstrueux (loc. cit. p. 295-6), elles méritent à peine de prendre rang de tribu dans les Myrtacées ; aussi Lindley les réduit-il, comme A.-L. de Jussieu, au rang de genre compris dans la tribu des Myrtées. Le nom de tribu a été trop souvent appliqué à toute division suffisam- ment tranchée, qu'elle fût ou non naturelle. Aussi voyons-nous le plus grand désaccord à cet égard. Indépendamment de l'exemple, cité plus - haut, des Composées, deux autres familles également monopétales, Sola- nées et Scrofularinées, pourraient, à elles seules, fournir la preuve de ces divergences. La première, abstraction faite de la sous-famille des Cestrinées (tenue tour à tour pour tribu et pour famille), se trouve divisée, suivant les auteurs, en deux tribus (d'aprés la nature du fruit sec ou charnu), en trois, d'aprés l'embryon, en quatre (Dumortier, Le Maout et Decaisne), en cinq (MM. Bentham et Hooker), en deux familles (Gillet et Magne). La se- conde, non moins diversement démembrée, est divisée — et je me borne aux termes extrémes — en dix tribus par Brongniart, en trois sous-familles 196 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. par Bentham, par Le Maout et Decaisne. Quel dédale pour les jeunes gens en quéte des principes de la Taxinomie! Veut-on encore quelques exemples de l'arbitraire ou plutót de la con- fusion qui règne en pareille matière, mais à un autre point de vue? Dans un grand travail sur les Apocynées de l'Amérique méridionale, publié en 1878, Miers divise la famille en trois classes subdivisées en tribus. Grenier a établi dans sa Flore de la chaine jurassique, I, 38, chez les Cruciféres, des paragraphes, des divisions subdivisées en (ribus, celles- ci basées sur la déhiscence ou l'indéhiscence des siliques ou silicules ; tandis qu'en 1821, de Candolle, dans un grand travail sur cette famille, aprés avoir constaté que les caractères déduits de la fleur sont trop peu importants et trop peu variés pour pouvoir suffire à la division des Cruci- feres, y établissait « vingt et une tribus..., toutes fondées sur la combinaison des formes de l'embryon et du péricarpe, c'est-à-dire sur les caractères les plus importants ; et elles Sont, ajoute-t-il, tellement naturelles, que J'étais arrivé aux mêmes coupes, à de légères nuances prés, par une simple méthode de tâtonnement » (Mém. du Muséum, t. VII, p. 218). Grenier et Godron, dans leur Flore de France, III, 175, après avoir . divisé les Liliacées francaises en deux paragraphes d'aprés la présence ou l'absence de bulbes, les rapportent à (rois tribus, mais en déclarant que l'arrangement adopté par eux est artificiel ; or ce dernier mot ne jure-t-il pas avec celui de tribu? Kirschleger, dans sa Flore d'Alsace, remarquable à tant de litres, qua- lifie d'ordres les Serofularinées, Euphorbiacées, Urticées, Aroidées, sub- divisés, le premier en six familles, le second et le quatriéme en trois, le troisiéme en cinq. Un auteur moderne a méme appliqué le mot de tribu à certains genres, un autre aux divisions de genres. Ces exemples, que l'on pourrait multi- plier, engageront peut-étre des phytographes trop dédaigneux de la tra- dition à baser désormais tribus et sous-familles sur les définitions de de Candolle, aujourd'hui acceptées par la grande majorité des botanistes, par ceux qui font autorité. Mais il ne faut point se dissimuler que la con- stitution des sous-familles et des tribus est, encore plus que celle des genres et des sous-genres, affaire de tact et d'appréciation personnelle, et que dés lors il y aura toujours divergence à cet égard ; seulement, à l'avenir, il appartiendra aux taxinomistes de ne les établir qu'à bon escient. Il convient d'établir, le plus rigoureusement possible, une sorte d'égalité d'importance entre toutes les tribus d'une famille. La comparaison des quatre tribus admises par MM. Bentham et D. Hooker dans les Gentia- nées Exacées, Chironiées, Swertiées, Ményanthées (loc. cit. IIT, 800), SÉANCE DU 18 AVRIL 1884. 197 semble indiquer qu'elles ont à leurs yeux la même valeur, tandis que des caractères d'ordre inférieur séparent les deux premières et que la quatrième a été et est souvent encore considérée, à bon droit, comme sous-famille. Comment admettre, à l'exemple des deux phytographes, dans la famille des Géraniacées, à cóté de la tribu des Géraniées, celle des Pélargoniées (dont les fleurs passent si facilement au type régulier), sur le méme rang que les tribus des Tropæolées, des Lim- nanthées, des Oxalidées et des Balsaminées? Bien des auteurs comptent de six à huit tribus chez les Rosacées ; n'est-il pas plus logique de diviser la cohorte ou alliance des Rosinées en trois familles: les trois groupes d'A.-L. de Jussieu, Pomacées, Amygdalées, Rosacées, cette dernière famille se subdivisant en tribus, Rosées (Rosa, Rubus), Dryadées ou Fragariées, Sanguisorbées, Spiréacées? Si les Pomacées ont droit au titre de famille, ce n'est pas seulement par leur ovaire infére, mais parce qu'elles constituent, à tant d'autres égards, un type bien distinct des Amyg. dalées et des Rosacées; aussi ne saurais-je approuver l'exemple de M. Maximowicz, réunissant aux Pomacées (à titre de tribu?) les Spi- réacées, en considération du genre Sportella aux follicules plongés jusqu'au milieu dans le tube réceptaculaire accrescent et charnu, car les Spiréacées (Spiræa, Kerria et Rhodotypos) forment un petit groupe à part. Quant aux degrés d'associations qualifiés de familles, mais ne différant les uns des autres que par l'ovaire infére ou supére, il convient de les considérer comme des sous-familles, et de les disposer, sans intermé- diaire, à la suite les uns des autres. Est-il logique de séparer, comme on l'a fait, les Liliacées des Amaryllidées, les Éricinées des Vacciniées, par l'interposition de quelques familles, alors que Primulacées, Gesné- riacées (entendues dans le sens le plus large), Nymphéacées, et tant d'autres, y compris le genre Saxifrage, offrent la réunion de ces deux sortes d'ovaires ? Des familles unissantes. — Depuis l'établissement des familles na- turelles, certains petits groupes ont été tantôt considérés comme telles, tantót rapportés tour à tour à l'une ou à l'autre des deux familles voi- sines ; telles : 1° Les Verbascées, famille pour Bartling, Le Maout et Decaisne, tribu des Serofularinées pour Brongniart, pour Endlicher, pour MM. Bentham et D. Hooker (Loc. cit. II, 915), genre des Solanées pour A.-L. de Jussieu. 2» Les Salpiglossidées, tribu des Scrofularinées pour Endlicher, des Solanées pour MM. Bentham et Hooker (loc. cit. 907), sous-famille des Scrofula- rinées, d’abord} pour Bentham, et encore pour Le Maout et Decaisne, (loc. cit. 190). | 3° Les Nolanées, intermédiaires aux Borraginées et aux Solanées. 4 Les Lobéliacées, lien d'union des Campanulacées et des Chicoracées. 198 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 5° Les Boopidées, les Dipsacées, auxquelles les rapporte M. Baillon, joignant aux Composées. 6° Les Datiscées, rapportées aux Saxifragées par M. Baillon, aux Bégoniacées par M. Caruel. 7° Les Mysodendrées, « groupe intermédiaire entre les Loranthacées et les Santalacées (Le Maout et Decaisne, loc. cit. 472) ». 8° Les Joncaginées, reliant les Alismacées aux Potamées. 9» Les Ophioglossées, unissant les Fougéres aux Lycopodiacées. Et tant d'autres qu'on pourrait citer. Lindley a eu la trés heureuse idée, qu'on regrette de ne pas voir adoptée par les taxinomistes ayant traité après lui des familles, de montrer aux yeux les affinités les plus proches de chacune en l'intercalant entre deux autres dont la séparent un trait à droite et un à gauche (Vegetable King- dom). Pourquoi n'adopterait-on pas le méme artifice pour la famille servant de lien d'union, avec cette légére modification que les traits antérieur et postérieur seraient doubles et rappelant l'égalité ; ex. : Solanées — Ver- bascées — Scrofularinées ? M. Malinvaud a écouté avec un vif intérêt les observations com- muniquées par M. Clos. Il ne pense pas que les termes qui en sont l'objet comportent un sens rigoureux et absolu en dehors des règles de la nomenclature relatives à la subordination des groupes. Lors- qu'on intercale plusieurs degrés entre ia famille et le genre, les expressions sous-famille, tribu, sous-lribu, indiquent un ordre hiérarchique précis et bien défini. Si un terme suffit, il semble indifférent de dire sous-famille ou tribu, l'un et l'autre désignant clairement une division de la famille supérieure au genre. En cher- chant un niveau idéal ou une parfaite équivalence des tribus dans les diverses familles, on risque de se heurter aux appréciations divergentes des auteurs sur l'importance relative de ces groupes et de soulever ainsi un débat à peu prés sans issue. M. Malinvaud ajoute que J'espéce est le seul groupe dont la nature a véritable- ment tracé et fixé les limites, les autres sont des arrangements con- ventionnels et par suite plus ou moins facultatifs (1). (1) En croyant à la stabilité de l'espéce largement comprise suivant la tradition lin- néenne, nous restons fidéle à une doctrine qui ne compte plus aujourd'hui que de rares partisans. C'est notre intime conviction qu'en laissant de côté les phénomènes térato- logiques qui sortent de l'ordre normal, les modifications d'un type, spontanées ou dues à la eulture, n'entament dans aucun cas ses attributs spécifiques; la résistance inébran- lable de ceux-ci aux influences perturbatrices sert à les distinguer expérimentalement des caracteres de deuxiéme et de troisieme ordre sur lesquels reposent les subdivisions de l'espèce. (E. Malinv.) SÉANCE. DU. 18 AVRIL 41884. 199 M. Duchartre fait remarquer que les auteurs ne sont pas mieux d'accord sur les groupes supérieurs aux familles, tels que les classes, cohortes, etc., que sur les limites respectives des sous- familles et tribus. Ce qui est surtout important, c'est que les divi- sions, quel que soit le terme adopté, demeurent bien établies. Il est permis de douter que l'espéce elle-méme soit un groupe parfaitement naturel, surtout à en juger par les travaux des botanistes diviseurs. M. Malinvaud est d'avis que lorsqu'une espéce est controversée et parait manquer de précision, c'est par suite d'une étude insuf- fisante ou d'une appréciation défectueuse de ses caractéres. M. Cornu cite, comme un argument contraire à la stabilité de l'espéce, la fixation de certaines variétés horticoles dans lesquelles les caractéres de l'espéce, souvent aussi ceux du genre, ne sont plus reconnaissables. M. Duchartre partage l'opinion de M. Cornu, et rapporte des exemples de variations trés étendues dans la méme espéce, obte- nues par la culture, entre autres la Primevére de Chine et sa variété dite à feuilles de Fougére, dont les feuilles sont fort dissemblables. M. Malinvaud dit qu'il ne faut pas alors chercher dans la feuille les caractéres spécifiques, qui n'en seront pas moins fournis par d'autres organes. M. l'abbé Hy croit qu’on peut obtenir au bout d'un temps plus ou moins long, par des essais méthodiques de culture, le retour au type spécifique des formes qui s'en sont écartées. M. Duchartre fait à cet égard des réserves, Il rappelle le fait de l Ægilops speltæformis (1) cultivé par M. Groenland, chez M. Vil- morin, pendant quinze à vingt ans, sans avoir présenté. pendant ce long laps de temps aucune variation. MM. Bornet et l'abbé Hy croient que ce dernier fait mériterait confirmation. La culture dont il s'agit a eu pour point de départ une graine unique, au sujet de laquelle une erreur a pu étre commise. M. Duchartre rapporte que M. Lavallée, dans son récent et beau travail sur les Clématites, a vu dans le Clematis Jackmanni, non pas un hybride, comme d'autres auteurs le pensaient, mais une espéce légitime décrite par MM. Franchet et Savatier. Or M. Jack- (1) Voyez le Bulletin, 1858 à 1861. 200 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. mann a affirmé qu'il avait bien créé lui-méme cette plante par le croisement de deux autres espèces. M. Rouy rappeile que sa derniére communication (1) renferme aussi plusieurs exemples d'hybrides présentant les caractéres d'es- pèces légitimes, dans les genres Rosa et Potentilla. M. Guinier fait à la Société la communication suivante : SUR LA RÉGÉNÉRATION NATURELLE DES FUTAIES, par M. E. GUINIER. La méthode de traitement des forêts dite méthode allemande, ou méthode du réensemencement naturel et des éclaircies, consiste à élever une futaie en massif plein et régulier (c'est-à-dire en massif sutfisamment serré, et formé de tiges de dimensions à peu prés uniformes) depuis le plus jeune àge jusqu'à l'époque de l'exploitation. Le seul probléme difficile que l'on ait à résoudre dans l'application de cette méthode, c'est de faire succéder un jeune repeuplement complet à la vieille futaie que l'on met en coupes et qui doit disparaitre dés qu'elle a atteint l'àge de l'exploitation. Pour arriver à obtenir cette régénération naturelle de la futaie, l'atten- tion du forestier se porte surtout sur deux points : 1* Maintenir le couvert aussi complet que possible, jusqu'au moment de provoquer le réensemencement du sol, afin que les graines puissent germer sur un sol meuble et substantiel, tel que le rend la présence d'une couverture épaisse de feuilles mortes et de terreau en l'absence de végétation herbacée. 2° Ne faire participer les jeunes semis, une fois levés, que d'une façon progressive à l'influence de la lumiére, et dans ce but ne faire disparaitre que successivement et avec précaution les arbres de la vieille futaie. Par l'abri ainsi ménagé on conjure non seulement le danger d'une insolation trop vive, et celui du desséchement du sol, mais encore le danger du re- froidissement par rayonnement nocturne. Ici il est nécessaire de définir clairement l'abri. « Abri, dit le Dictionnaire de Littré, ce qui protége contre... ce qui préserve. » Mais il y a, de la part des arbres de futaies, deux modes d'abriter, car ils agissent par leur couvert ou par leur ombrage. Pour définir à leur tour ces deux mots (dont Littré confond le sens, car il définit le couvert : « l'ombrage que donne un massif d'arbres »), ou- (1) Voyez le Bulletin, t. XXXI, 1884, p. 127 SÉANCE DU 18 AvRIL 1884. 201 vrons le Cours de culture des bois de Lorentz et Parade (5° édit., Paris, 1867, p. 347) : « Le couvert exerce son action sur lespace de terrain que la cime et les branches de l'arbre surmontent et recouvrent immédiatement : ; il est constant et nuit à la végétation en affaiblissant les effets de la lumière et de Ja pluie et en empéchant la formation de la rosée. » L'ombrage, au contraire, proméne son influence sur une certaine étendue, suivant les différentes positions du soleil pendant le jour. Il est presque tou- jours salutaire à la croissance du bois en ce qu'il tend à conserver la fraicheur au solet aux plantes sans priver celles-ci de l'action bienfaisante de l'atmos- phére et de la lumière. » Ces deux mots de couvert et d'ombrage iadaa aussi la surface même qui est couverte ou ombragée. » Nous remarquerons que l'action bienfaisante de l'ombrage nous semble bien moins évidente et moins générale que ne l'admettent les auteurs du Cours de culture : son innocuité méme peut étre quelquefois sérieuse- ment contestée. Il suffit, pour partager ce doute, de voir combien les plants cultivés au nord d'une rangée d'arbres ou d'une haie élevée paraissent souffrir, et combien ils sont gréles et clair-semés, méme quand ils se trouvent bien en dehors du couvert direct de tout feuillage. Il nous parait évident que les effets de l'ombrage se rapprochent parfois singulié- rement de ceux du couvert. En résumé, l'abri résulte tant du: couvert que de l'ombrage d'une futaie. — Pour certaines raisons, l'abri est nuisible à la végétation des jeunes plants ; pour d'autres raisons, ce méme abri leur est, soit utile, soit méme indispensable. — La réussite des semis et la bonne végétation des jeunes plants pendant leurs premiéres années dépendent donc de la mesure suivant laquelle l'abri est ménagé au sol, et de la maniére plus ou moins opportune dont on diminue successivement cet abri pour le faire enfin disparaitre complétement. On conçoit, d’après cet exposé succinct, que le probléme de la régéné- ration naturelle d'une futaie soit difficile et délicat, ainsi que nous l'avions tout d'abord annoncé. On a méme été jusqu'à déclarer ce probléme inso- luble et inabordable. Il n'en est que plus nécessaire et plus intéressant d'étudier les influen- ces diverses qui peuvent agir sur les phénoménes et les phases de la régé- nération naturelle. Le but du présent travail est de signaler deux de ces influences jusqu'ici assez mal connues, savoir: l'influence de la nature minéralogique et géologique du sol, et en second lieu l'influence des variations de la radiation solaire suivant le climat. Dans tout ce qui suivra, pour fixer les idées et restreindre les limites des faits à étudier et à prendre pour exemple, nous aurons en vue surtout 202 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. la régénération des futaies résineuses de la montagne, peuplées de Sapins et Épicéas avec ou sans mélange de Hétres et autres feuillus. I. — Influence de Ja nature minéralogique et géologique du sol. Quelque belles et florissantes que soient les futaies résineuses dans certains terrains évidemment favorables à leur croissance, elles ne peu- vent cependant s'y renouveler qu'avec lenteur et difficulté, dés qu'elles ont été attaquées par la hache du bücheron. Ainsi un contraste saisissant existe au point de vue de la régénération entre les foréts assises sur les montagnes de la rive droite de l'Isére, le long de la riche vallée du Graisivaudan, et celles qui occupent les versants de la rive gauche. D'un cóté se dressent les massifs calcaires de la Grande-Chartreuse (terrains dysgéogénes de Thurmann); de l'autre, s'éléve la chaine des Chalanches et de Belledonne, formée de terrains granitiques ou liasiques eugéogénes. Ces deux régions si voisines ont cependant une flore assez différente. Thurmann (1) a caractérisé cette différence en faisant observer que la végétation, considérée sur les deux rives de l'Isére, présente les mémes contrastes que les végétations vosgienne et jurassique. Les foréts, il est vrai, different peu quant aux essences qui entrent dans leur composition ; on peut seulement remarquer que sur les terrains caleaires dysgéogénes, le hétre est plus répandu, le Pin silvestre pres- que absent, l'Épicéa peut-être un peu plus rare. Mais les différences se réveillent saillantes et remarquables, si l'on observe de près la vie et le mode de végétation des forêts. Laissons la parole à Thurmann (2) : « Le tapis végétal est plus élevé sur le sol eugéogène ; il faut ajouter qu'il est surtout plus dense, plus développé en rameaux et en feuilles, plus herbacé, plus aqueux et moins vigoureux en réalité, quant à la consistance des pro- duits ligneux ou analogues. L'observateur qui sort des foréts du Jura pour entrer dans celles des collines mollassiques suisses ne saurait manquer d'étre frappé du contraste, et il en est à peu prés de méme en passant sur sol alsa- tique, vosgien ou bressan. lci c'est la vigueur ligneuse; là, la luxuriance herbacée éclate de toutes parts. Sur les mollasses, des foréts d'Épicéas, serrées, verdoyantes, abondant en individus jeunes, d'un beau développement feuillu, mais à tissu relâché et lymphatique, n'atteignant pas à l'état adulte des propor- tions colossales, et passant rapidement d'une maturité précoce à une mort prématurée. Sur les calcaires, au contraire, des futaies plus rares, moins peuplées, plus aérées et plus séches, à foliation d'un vert moins délicat, d'une (1) Thurmann, Essai de phytostatique. Berne, 1849. t. I, p. 248. . (2) Id., ibid., p. 315. SÉANCE DU 18 AvRIL 1884. 203 croissance moins rapide, offrant dans leur jeunesse un aspect moins florissant, mais arrivant plus sürement dansleur àge mür à des proportions vigoureuses, annonçant partout la force et la condition d'une longue vie; enfin, n'offrant que rarement le spectacle d'une décrépitude anticipée. » À ce tableau, tracé d'une facon magistrale, nous allons essayer de joindre les caractéres différentiels dus au mode de génération naturelle, à sa rapidité et à ses allures. Lorsque dans une futaie, d'Épicéas par exemple, amenée à un état suffi- samment clair, il se produit et il germe un semis, et que les jeunes plants sont assez nombreux pour occuper complètement le terrain et assez vigoureux pour former une jeune forét capable de remplacer la vieille futaie,— on a obtenu ce que nous appellerons la régénération immédiate directe. C'est là le mode de régénération en quelque sorte normal, le seul que la théorie de la méthode allemande ait prévu. Mais cette simplicité dans la marche des choses est bien loin de se ren- contrer partout ; de là les difficultés d'application de cette méthode. Eh bien! la régénération immédiate et directe est particuliére aux sols eugéogénes. Les choses se passent autrement en sol dysgéogéne. Voici, à titre d'exemple, ce qu'on observe dans la forét de la Grande-Chartreuse. Souvent quand la futaie est assez éclaircie pour qu'on puisse attendre des repeuplements, le sol se gazonne et se couvre d'une végétation her- bacée trés drue, composée de Fougères des genres Polystichum Koch et Aspidium R. Br., Graminées (Elymus europeus L. et autres), Joncées du genre Luzula DC., Caricinées diverses, et de nombreuses Dicotylédones, notamment des genres Epilobium L., Polygonatum Tourn., Adenostyles Cass., etc. Il semble que cette végétation doive s'opposer à tout jamais à ce que le bois rentre en possession du sol. Cependant il lui succéde au bout de deux ou trois ans une végétation sous-frutescente formée de Ronces, Fram- boisiers, Chévrefeuilles, Sureaux, ete. Quelques années. encore, .et dans ces broussailles éclaircies, apparaissent d'abord quelques Saules, puis de jeunes Érables, des Sorbiers, des Hétres naissants. Plus tard encore, c’est un fourré de bois feuillus où domine le Hêtre, et sous lequel on découvre enfin des semis de Sapin, semis irréguliers comme distribution, inégaux comme âge, mais qui s'élendront successivement, quoique len- tement, sur toute la surface à régénérer. | Quant à l'Épicéa, il se reproduit d'une manière plus irrégulière encore et plus accidentelle que le Sapin : souvent dans les coupes anciennes on chercherait en vain de jeunes sujets de cette essence ailleurs que sur les souches en décomposition, sur les vieux troncs couchés et pourris sur 904 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. place, circonstance oü les graines ont trouvé des conditions spécialement favorables à la germination. Ainsi, dans les terrains dysgéogénes, il ne parait pas se produire de régénération directe. Le sol se repeuple en essences forestiéres, mais aprés diverses phases de végétations intermédiaires : la nature semble se livrer à une eulture par assolement, et préparer le sol avant d'y placer la récolte définitive. On n'y trouve point les semis d'Épicéa drus et régu- liers comme des cheneviéres, qui occupent en sol eugéogéne les vides et leslisiéres des futaies, ou les champs cultivés voisins quand on les a laissés en repos quelques années. En ce qui concerne les forêts, les sols eugéogènes offrent en résumé, d'aprés Thurmann (1) : « Une plus grande diversité d'espéces, une plus facile mobilisation; — une supériorité générale de taille, sauf pour certains végétaux ligneux; — une plus grande ampleur de végétation; — un plus grand développement her- bacé, mais un moindre développement ligneux et une moindre longévité chez certaines espéces arborescentes. » Nous nous croyons fondé à ajouter : Une plus grande aptitude pour les foréts résineuses à se régénérer naturellement d'une facon direcle , c'est-à-dire sans que le sol soit occupé par plusieurs générations de végétaux herbacés ow sous- frutescents, avant que les bois n'en prennent de nouveau possession. Cette observation est d'ailleurs en harmonie avec l'ensemble des carac- téres différentiels établis par Thurmann, et desquels il résulte que la nature est moins exubérante et moins primesautiére en sol dysgéogène. Thurmann lui-méme a effleuré ce sujet des différences de la régéné- ration suivant les sols mais sans le traiter véritablement. « Dans les districts du Jura bernois (2), dit cet auteur, « les cultures forestié- res et les repeuplements sont plus faciles sur les calcaires bruns que sur les blanes, et les cótes oolithiques, abandonnées à elles-mémes, se repeuplent spontanément, tandis que les coralliennes restent nues beaucoup plus long- temps. » i Thurmann, que je suis amené à citer sans cesse, est loin d'étre en faveur cependant de nos jours : ses idées et la conclusion de son ouvrage sur la prédominance des propriétés physiques du sol ne sont plus admises actuellement; il n'en est pas moins vrai que sa Phytostatique renferme des observations précieuses et des tableaux saisissants de la végétation (1) Thurmann, Phytostatique, t. I, p. 317. (2) Id., ibid., t. 1, p. 164. SÉANCE DU 18 AVRIL 1884. 905 dans un lieu donné. Du reste les différences que présentent les divers sols au point de vue de la régénération ne paraissent pas étre en relation avec la composition chimique de ces sols. Les sols eugéogènes de la chaine de Belledonne que nous avons cités appartiennent en effet à des formations trés différentes au point de vue de la composition chimique, puisque ce sont, soit des terrains cristallins, soit des calcaires du lias, soit des mollasses. Nous n'avons pas eu la prétention, dans ce qui précéde, de décrire en général le phénomène de la régénération ; nous avons voulu seulement faire ressortir, d'aprés des exemples, combien peuvent varier ces phéno- ménes, suivant la nature du sol. Ainsi nous n'avons point à expliquer ici comment la facilité de la régénération et les circonstances qui l'accompa- gnent varient suivant le tempérament du jeune plant de chaque essence, c'est-à-dire suivant la propriété qu'ont ces plants de résister plus ou moins aux influences atmosphériques, ou d'étre, comme on le dit, plus ou moins rustiques. Avant de quitter l'étude de l'influence du sol, nous devons faire remar- quer que la régénération ne s'opére point directement sur tous les terrains eugéogènes sans distinction. Sur les sables siliceux, en effet (terrains eu- géogènes perpsammiques de Thurmann), le sola une tendance, dés que la futaie a été fortement éclaircie, à se couvrir de Fougère impériale (Pteris aquilina L.), de Sarothamnus scoparius Koch., de divers Genéts, de Myrtille (Vaccinium Myrtillus L.), de Bruyère commune (Calluna Erica DC.), et autres plantes dites autrefois silicicoles. L'invasion de la Callune Bruyére est méme particuliérement à redouter, parce que cette plante appauvrit et desséche le sol, qu'elle développe un lacis de racines susceptible de s'opposer à la venue de tout autre végétal, et qu'elle menace ainsi de rester en possession presque indéfiniment du sol. Ordinairement, à ces végétaux succédent divers arbrisseaux, puis le Bouleau, et enfin les essences primitivement en possession du sol. Nous avons donc ici l'exemple d'un cas où les choses peuvent se passer comme dans les terrains dysgéogènes, c'est-à-dire où la régénération ne se produit qu'aprés l'envahissement succes:if du sol par des végétaux divers associés d'une maniére déterminée et se remplagant dans un cer- tain ordre. Il. — influence de la radiation solaire. Dans les climats du nord de la France, daus les foréts des Vosges, par exemple, les semis prospérent sous un abri assez complet et prolongé. Les forestiers de cette région tiennent les coupes serrées, n'éclaircissent successivement la vieille futaie qu'avec beaucoup de précautions, se gar- dent de créer des clairières méme peu étendues, et admettent qu'une 206 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. coupe rase ou à blanc étoc ne peut que ruiner la forét et faire disparaitre tout espoir de régénération naturelle. Au contraire, dans le midi de la France, les jeunes semis paraissent ne se produire et se maintenir que difficilement sous l'abri : les forestiers du Midi pratiquent volontiers des coupes claires, admettent que les semis réussissent bien dans les petites clairiéres ou trouées pratiquées dans les massifs, et assez mal au contraire dans les futaies où l'ombrage et le cou- vert sont uniformément répartis ; ils pensent méme (non sans y étre auto- risés par des exemples) que les coupes à blanc étoc elles-mémes se régéné- rent quand les conditions ne sont pas trop défavorables. Cette divergence d'opinions est certainement extraordinaire, car il semble au contraire que l'insolation est beaucoup plus à redouter dans le Midi que dans le Nord, et qu'à ce point de vue l'abri y est bien plus indispensable; d'ailleurs la lumière étant plus vive dans le Midi, on pourrait croire que les jeunes semis participent suffisamment à l'influence de cet agent, méme quand ils sont abrités d'une facon assez complète. L'énoncé des faits établis par l'observation, et l'explication elle-méme que donne la science de ces faits, vont dissiper tous les doutes et les con- tradictions apparentes à ce sujet. « Ce sont les poétes, dit M. Duponchel (1), qui nous ont fait la légende de l'oasis, ce paradis de fraicheur et d'éternelle verdure, faisant pendant à la légende du désert, l'enfer brûlant de la mer des sables. Pour moi, j'avais toujours eu beaucoup de peine à comprendre par avance cette végétation de fleurs et de fruits se développant le plus souvent sur des terrains salés, tou- jours sous la voüte ombreuse des Dattiers. Chacun sait en effet que chez nous l'ombre est d'autant plus contraire à la végétation que le soleil est plus ardent. Sous.les climats humides du Nord, on voit l'herbe des pelouses s'étendre d'elle-méme en moelleux tapis de verdure dans des cours étroites ombragées d'arbres et de murs, tandis que sur le littoral de la Méditerranée, dans des conditions identiques et en dépit de toutes les irrigations, il est impossible de faire pousser ni fleurs ni gazon. » Circulant sous ces dómes de verdure, impénétrables aux rayons du soleil, j'ai pu constater que l'absence d'air et de lumière n’était pas moins nuisible que chez nous au développement de la végétation. » D'un autre cóté, MM. Gaston Bonnier et Flahault (2) nous apprennent que les arbres de la Norvége fournissent une ombre beaucoup plus épaisse que les mémes arbres sous nos latitudes; d'aprés ces auteurs, les branches ombragées de l'arbre n'y sont pas dégarnies par l'étiole- ment. (1) Duponchel, Les oasis et la culture du Dattier dans le Sahara (Revue des deux mondes, livraison du 15 mai 1881). (2) Bonnier et Flahault, Bull. Soc. bot. de France, t. XXV, 1878, p. 302. SÉANCE DU 18 AVRIL 1884. 207 Ces témoignages, et bien d'autres qu'on pourrait y joindre, établissent ce fait que i'ombre est plus nuisible à la végétation dans le Midi que dans le Nord; et l'on comprend dés lors que les semis forestiers souffrent davantage de l'abri dans le Midi. Ce fait lui-même s'explique à peu prés comme il suit (1) : L’atmosphère intercepte au passage une partie de la chaleur envoyée par le soleil à la terre. Mais il s'en faut que cette portion soit perdue pour la surface du globe; au contraire l'atmosphère se comporte comme réservoir de chaleur et régulateur de la température. Le pouvoir absorbant de l'atmosphére est notablement augmenté par la présence de la vapeur d'eau; mais la vapeur d'eau jouit encore d'une autre propriété, celle de transformer les radiations à la fois calorifiques et lumineuses qui la traversent en radiations obscures, pour lesquelles elle devient opaque ou athermane. Au lieu de retourner dans l'espace après réflexion sur les corps terrestres, une partie des radiations solaires est ainsi main- tenue ou emmagasinée dans l’atmosphère par la seule action de la vapeur d'eau, qui joue un róle analogue à celui des vitres d'une serre. Ce phénoméne est d'autant plus manifeste, que l'air est plus voisin de l'état de saturation. Il suit de là que dans les climats secs, la radiation solaire agit presque uniquement suivant la direction des rayons solaires, et qu'elle est interceptée presque totalement par le feuillage des arbres ou par tout autre objet faisant l'office d'écran. Dans les climats humides au contraire, les objets placés à l'ombre ne sont pas privés du bienfait de la radiation solaire, puisque l'action du soleil est diffusée pour ainsi dire dans toutes les parties de l'atmosphére. Cette diffusion est accentuée encore par l'état nuageux du ciel. Les climats du Nord (au moins dans les limites de l'étendue de la France) sont plus humides que ceux du Midi, et l'état nuageux de l'atmos- phère y est également plus fréquent. L'influence de l'abri doit donc être plus nuisible dans le Midi. En outre il faut observer que le climat des montagnes est plus sec que celui des plaines et des vallées voisines et que la sécheresse de l'atmos- phére augmente avec l'altitude. Donc dans les montagnes du midi de la France, dans les Alpes par exemple, il se produit un véritable cumul des conditions propres à accentuer l'influence nuisible de l'abri. Il n'y a donc plus à s'étonner de la prédilection des forestiers du Midi pour les coupes claires, de leur aversion pour le couvert, et enfin des divergences d'opinions constatées à ce sujet dans le Midi et dans le Nord. (1) Voyez Tyndall, La chaleur. — Voyez le résumé des travaux de M. Violle (Hevue des deux mondes, livraison du 1* novembre 1875. Une expédition scientifique au Mont- Blanc, et dans la Revue scientifique, 1878, p. 944). 908 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Il semble du reste que le probléme de la régénération naturelle des futaies devrait étre beaucoup plus difficile à résoudre dans le Midi que dans le Nord, puisque dans le Midi l'abri et l'absence d'abri y sont des conditions toutes deux plus nuisibles. Mais il faut remarquer en premier lieu que ce raisonnement repose sur l'hypothése de situations extrêmes où l'on serait placé, et que ce sont justement ces situations extrémes que l'on évite dans la pratique. En second lieu, il est certain que partout, et dans tous les climats, la forét se reforme spontanément quand elle a été détruite partiellement (ou méme totalement), si aucune nouvelle cause de destruction ne persiste ou ne survient. Cette reconstitution est plus ou moins lente, plus ou moins pénible; il peut en résulter dans la distribution des essences des changements plus ou moins importants, mais elle s'accomplit en vertu d'une loi dont la généralité nous semble hors de doute. Cette observation justifie l'entreprise de la régénération naturelle d'une futaie et démontre à priori la possibilité d'y arriver. Il est vrai que les théories forestiéres procédent d'un raisonnement absolument différent. Quand le forestier fait des coupes dans le double but de procéder d'abord à la récolte ligneuse, qui est le but principal de la culture du bois, puis d'obtenir la régénération de la vieille futaie, il a la prétention de ne point détruire la forét, méme partiellement, mais bien de produire au contraire des conditions pareilles à celles où la futaie devrait toujours arriver à étre placée, dans un avenir plus ou moins éloigné, si elle était complétement abandonnée à elle-méme ; il a la pré- tention, en d'autres termes, d'imiter l'éclaircissement des arbres qui se produirait par la mort naturelle et successive des vieux arbres (1). Mais cette prétention n'est nullement justifiée. Des coupes faites en vue de provoquer le remplacement d'une vieille futaie, sur une surface donnée et dans un nombre d'années limité, par un jeune repeuplement régulier et uniforme, aboutiront nécessairement à une destruction partielle de la forêt, destruction qui est en dehors des conditions natu- relles de la vie de la forét. Eh bien! cette nécessité est moins fâcheuse qu'on ne pourrait le penser et que ne l'ont admis ceux qui ont reconnu le fait, puisque la forét se reconstituera d'elle-méme, ainsi que nous l'avons constaté. Toutefois il s'est. produit à ce sujet un malentendu qu'il faut. dissi- per. Le forestier attend la régénération telle que l'ont prévue et prédite la théorie et l'exposé de la méthode, c'est-à-dire une régénération rapide, directe, régulière. Or la nature ne se conforme pas aux formules des auteurs : ces for- (1) Voyez Lorentz et Parade, Culture des bois, p. 221. SÉANCE DU 18 AvRIL 1884. 909 mules ne sont pas fausses, mais elles sont générales, succinctes et absolues dans leur libellé. La nature ne laisse pas ainsi réglementer sa capricieuse fécondité ; elle prend son temps, choisitses moyens: le temps est variable, les moyens fort divers. Mais lorsqu'on a constaté qu'elle refuse de se mouvoir dans le cadre étroit où l'on cherchait à la renfermer, et lors- qu'on en a conclu qu'il faut renoncer à la régénération naturelle, cette conclusion était certainement prématurée et beaucoup trop absolue. M. Duchartre est surpris d'entendre dire que, dans le Midi, l'ombre est contraire à la végétation. Il a remarqué que, dans les conirées méridionales, on cherche au contraire à protéger les cultures contre le soleil, par exemple au jardin du Hamma, à Alger, où l'on est obligé de couvrir de claies les plantes herbacées pour les empécher d’être grillées. Dans les pays tropicaux, les forêts sont extrêmement fourrées, et cependant elles renferment une riche végétation d'herbes et de lianes, qui croît sous le couvert. Au sur- plus, les pays chauds ne sont pas toujours secs, et, dans un de ses ouvrages, M. Sagot explique l’insuccès des cultures des plantes européennes à la Guyane par le manque de lumière causé par le brouillard humide et l’état du ciel toujours couvert. Au sujet de la végétation tropicale, M. Guinier fait remarquer que les climats tropicaux sont ordinairement très humides, ce qui vient à l'appui de sa thèse et montre que l'humidité de Pair peut remplacer la chaleur directe du soleil. M. J. Vallot, secrétaire, donne lecture de la communication sui- vante : NOTE SUR L'APPARITION PRÉCOCE DES MORILLES EN 1884, pr M. BOUDIER. La douceur exceptionnelle de l'hiver que nous venons de passer, si favorable à la végétation phanérogamique, ne l'a pas été moins à la poussée des Champignons, dont l’évolution n'a, pour ainsi dire, pas été arrétée un seul instant. De plus, elle a donné lieu à quelques particu- larités remarquables, dont une surtout, relativeà l'apparition des Morilles, mérite d’être citée. Tout le monde sait en effet que ces Champignons si recherchés dans nos environs viennent en avril. Avril est le mois des Morilles, disent tous les auteurs, et Léveillé, dans un de ses articles du Dictionnaire d'histoire naturelle de d'Orbiguy, dit positivement qu'elles T. XXXI. (SÉANCES) 14 210 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ne paraissent jamais sous la latitude de Paris avant ce mois, et le plus souvent dans la seconde quinzaine; que rarement on en rencontre en mai ; mais il confirme déjà le fait qu'elles commencent en mars dans le midi de la France. M. Barla, dans son bel ouvrage sur les Champignons de Nice, dit au contraire que dans ses environs elles paraissent en avril et mai. On peut donc regarder ce Champignon comme spécial au mois d'avril, et en effet on a remarqué que, contrairement à bon nombre d'es- pèces, il ne déplace pas d'une manière sensible son époque d'apparition ; quelques jours avant, quelques jours aprés, etc'esttout. Si la saison a été favorable, les Morilles sont relativement abondantes ; dans le cas contraire, on en trouve peu, ou méme elles manquent presque complétement, mais toujours sans se montrer enautre temps. Elles sont constamment fort rares fin mars aux environs de Paris, où je n'en avais jamais encore trouvé en ce mois qu'une seule fois, en 1867, comme elles le sont aussi en mai, ou l'on ne rencontre guére alors que quelques individus échappés aux recherches et cachés par les plantes voisines. Elles ont acquis alors un volume considérable qui dépasse souvent celui des deux poings. Passé le 15 mai, on n'en rencontre plus; seuls, parmi les genres voisins, quel- ques Mitrophora, quelques Verpa, ou plus tardifs encore quelques Helvella printaniers, se montrent cà et là. C'est donc avec une grande surprise que j'ai vu cette année une avance considérable dans l'apparition de ces beaux Champignons. Non seulement j'ai trouvé prés de Montmo- rency, le 23 de ce mois, en état complet de croissance, le Morchella esculenta (1) var. blonde, plus tardive généralement d'une quinzaine de jours que les variétés ou espéces grises ou fuligineuses, mais encore un habitant du pays m'en a remis le 3 mars un spécimen de la méme espèce, jeune il est vrai, et appartenant à la forme grise plus précoce, qui avait été récolté dans un bois des environs huit ou dix jours auparavant, c’est-à-dire vers la fin de février, et non pas en unique exemplaire, mais au nombre d'une dizaine. De plus, je dirai que depuis cette époque, j'ai queslionné à diverses reprises et en divers endroits des gens de la (1) Cette Morille, que j'avais donnée à un de nos confrères, s'est trouvée stérile comme celle que j'avais examinée le 3 mars. Depuis, j'en ai retrouvé le 31 du même mois, et jen ai analysé plusieurs autres exemplaires récoltés le méme jour par un habitant du pays; aucun ne présentait de spores et les thèques paraissaient très jeunes. Tous cepen- dant avaient atteint une taille normale. Une autre Morille que j'ai recueillie le 3 avril n'était pas plus avancée, quoique appartenant comme les autres à des formes toujours ha- bituellement fertiles. Faut-il conclure de ce fait intéressant que la précocité des Morilles cette année a influé sur la production des spores? La température printanière ayant forcé ces Champignons à se montrer un mois plus tót, se sont-ils toujours maintenus immatures au moins dans les mois où ils ne se montrent pas d'habitude, ou méme ont- ils été frappés de stérilité ? Ce sont là des faits qui demandent encore d'autres observa- ine celles que je présente n'étant ni assez nombreuses, ni assez généralisées, pour conclure. SÉANCE DU Í8 AVRIL 1884. 214 campagne, qui m'ont assuré « qu'on en avait déjà vu ». C'est donc un fait établi, que dés la Jin de février et tout le mois de mars 1884, c'est- à-dire tout un grand mois en avance, on a récolté aux environs de Paris des Morilles. C'est là, dis-je, un fait insolite, qui, je crois, n'a pas encore été constaté et que j'ai pensé pouvoir intéresser la Société, Déjà à Paris, on voit depuis quelque temps, chez les marchands de comestibles, ce Champignon, probablement récolté dans les environs; mais habituellement, si l'on en voit chez ces commergants en mars, il provient, comme je m'en suis assuré plusieurs fois, de régions plus favorisées par la température. j Il résulte done de ces observations, que les Morchella ont suivi cette année, dans leur apparition, la marche habituelle des autres productions végétales, et qu'ils peuvent donc dans cerlains cas, rares il est vrai, l'avancer et probablement aussi la retarder suivant les circonstances climatériques, tout en restant essentiellement et exclusivement des pro- ductions printanières. C'est probablement aussi à une circonstance analogue qu'on peut croire due la récolte en janvier, signalée il y a plus de soixante ans par Balbis, d'une Morille, le Morchella hiemalis Fr., trouvée en Italie sur un mur exposé au nord, car cette espèce, peut-être accidentelle, ne paraît pas avec certitude avoir été rencontrée depuis. M. l'abbé Hy fait remarquer que la variété grise se montre en mars aux environs d'Angers, et la variété blonde en mai. M. J. Vallot, secrétaire, donne lecture de la communication sui- vante : SUR LA DIVISION DU NOYAU CELLULAIRE DANS LES CHARACÉES, par M. A. CAGNIEUL. ' Les travaux récents sur la division du noyau cellulaire tendent à démontrer que ce phénomène, dans ses points essentiels, suit partout une marche analogue. Les résultats fournis à M. Strasburger par l'étude des cellules végétales concordent presque toujours avec ceux qu'a obtenus M. Flemming, qui a surtout observé des cellules animales, malgré quelques divergences dans l'interprétation de plusieurs détails secon- daires. Il existerait cependant, d’après certains auteurs, des cas de division du noyau qui s’écarteraient d'une façon notable du type général de la caryocinése. Chez les Characées, par exemple, M. Johow (1) aurait observé que la division du noyau résulte toujours d’un simple étrangle- (1) F. Johow, Die Zellkerne von Chara fœtida uBolanische Zeitung, 11 nov. 1881). 919 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ment, et cela dansles organes les plus différents. D'aprés lui, la chromatine serait disposée daus le noyau toujours avec la plus grande irrégularité, et ne formerait jamais un filament pelotonné. Pendant la segmentation, on n'observerait jamais ni plaque nucléaire, ni fuseau d'achromatine, ni aucune des autres particularités qui accompagnent d'ordinaire ce phéno- méne. J'ai observé la division du noyau dans un certain nombre de Characées, el notamment dans le Nitella intricata et le N. opaca, et les résultats auxquels je suis parvenu différent sensiblement de ceux qu'a publiés M. Johow. S'il est vrai, ainsi que l'a observé l'auteur allemand, que dans les cellules des entre-nœuds la division du noyau procède d'un simple étranglement, il semble déjà bien difficile d'interpréter de la méme facon la bipartition du noyau dans les cellules terminales de la tige et des rayons et dans celles qui constituent les nœuds. Mais en admettant que la division du noyau puisse donner lieu, méme dans ces derniers cas, à des interprétations diverses, il n'en saurait être de méme si l'on observe les cellules mères des anthérozoides, où la marche ordinaire de la division du noyau se montre avec la plus grande netteté. — Ces éléments ont des formes et des dimensions variables suivant l'àge de l'anthéridie. L'accroissement longitudinal du cordon que ces cellules constituent, étant toujours beaucoup moins rapide que la multiplication des cellules elles-mémes, il en résulte que celles-ci ont leur grand axe trés long dans les anthéridies jeunes, trés court dans celles qui sont déjà presque müres. Le noyau possède un nucléole trés apparent, et aprés l'action des réactifs (bichlorure de mercure, acide picrique, acide osmique, matières colorantes, etc.), on y apercoit aussi un filament pelotonné de chroma- tine. Au début de la segmentation, lorsque le noyau s'est dilaté, le filament de nucléine, visible alors sans le secours des réactifs, est nettement divisé en fragments. Bientót aprés se forme la plaque nucléaire, et à partir de ce moment le fuseau de segmentation, composé d'un trés grand nombre de filaments d'achromatine, se montre d'une facon trés évidente. Ce fuseau est presque toujours dirigé suivant une des diago- fiales de la coupe optique de la cellule. Dans le stade suivant, la plaque cellulaire se dédouble, et ses deux moitiés, composées de filaments recourbés en forme de V, se dirigent vers les pôles du fuseau, en même temps que ce dernier tourne sur lui-méme de 30 ou 40 degrés environ, jusqu'à ce que son axe coincide avec celui de la cellule. Bientôt se forme la plaque nucléaire, et un nucléole apparait alors dans chacun des noyaux nouvellement formés. Les observations que je viens d'exposer établissent donc les résultats suivants : 4° La division du noyau cellulaire dans les Characées se fait toujours ADDITION A LA SÉANCE DU 28 Mans 1884. 213 suivant la marche ordinaire quand elle est accompagnée de la bipartition de la cellule. 2° C'est dans les cellules mères des anthérozoides que le phénomène se montre avec la plus grande netteté. 3° La bipartition du noyau qui résulte d'un simple étranglement ne s'observe que dans les entre-nœuds et n'est jamais suivie, par consé- quent, de la division de la cellule. ADDITION A LA SÉANCE DU 28 MARS 1884. RECHERCHES SUR LES MOUVEMENTS NYCTITROPIQUES DES FEUILLES, par M. Émile MER. Les mouvements nyctitropiques des feuilles ont été depuis une vingtaine d'années l'objet de nombreux travaux, notamment de la part de Pfeffer et de Ch. Darwin. Il m'a semblé cependant que l'étude de ce sujet difficile ne devait pas étre considérée comme épuisée et que de nouvelles recher- ches feraient peut-étre avancer la question. Ces recherches ont principalement porté sur les quatre points suivants : I. Étude du jeu des renflements moteurs. II. Les mouvements nyctitropiques ont-ils, ainsi qu'on l'a soutenu, un rapport direct avec la transpiration et l’assimilation ? IIl. Quelles sont les diverses influences qui peuvent provoquer dans les feuilles des mouvements analogues à ceux d’où résulte la position de sommeil ? IV. Existe-t-il quelque analogie entre la cause des mouvements dits provoqués etcelle des mouvements nyctitropiques? Quelle est dans ces derniers la part à attribuer à l'hérédité et à l'induction? I. — Mes recherches ont été faites sur les plantes suivantes: Robinia Pseudacacia, Trifolium repens et pratense, Phaseolus vulgaris, et surtout Oxalis Acetosella. a.) Sur une feuille d'Oxalis Acetosella étalée, on sectionne la partie inférieure d'un renflement moteur. La foliole opérée s'abaisse tout de suite. Cette position n'est pas due à son poids, car, en renversant la feuille, la foliole reste dans la même situation. C'est la portion supérieure du renflement qui agit dans cette circonstance : en effet, si on la MA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ` sectionne à son toyr, la foliole cède alors à son poids, dans quelque situation qu'on la place. Assez souvent l'une des folioles et méme les deux folioles voisines de celle cn expérience s'abaissent aussi, à cause de l'ébranlement communiqué à tout l'organe par l'opération; mais cet abaissement est moins accentué et eesse au bout de quelques heures, tandis que la foliole opérée ne peut plus se relever et reste désormais en posi- tion de sommeil. 8.) Sur une autre feuille étalée, on sectionne la partie supérieure d'un renflement, la foliole correspondante s'abaisse d'abord. Il en est généralement de méme des deux voi- sines,"par suite de l'ébranlement qui leur a été communiqué. Au bout de quelques heures, celles-ci reprennent leur première position, tandis que la foliole opérée ne peut plus s'abaisser et reste désormais en position de veille. Quand on immerge cette feuille, la foliole opérée, loin de s'abaisser, ainsi qu'elle le ferait si elle était intacte, se redresse au-dessus de l'horizontale. Lorsque les trois folioles d'une feuille sont opérées et immer- gées ensuite, elles se relèvent en forme de coupe. Cet effet est dû à l'absorption d'eau par la partie inférieure des renflements; ce qui augmente la turgescence de ceux-ci et leur permet de redresser les folioles, mouvement qui n'est plus combattu par les renflements supérieurs disparus. — L'arrivée de la nuit ou le transport à l'obscurité sont impuis- sants à abaisser les folioles dont le renflement supérieur a été sectionné; mais, quand on les expose au soleil, elles se rabattent un peu, quoique trés inégalement. Si l'action d'une vive lumiére semble exercer dans cette occasiom plus d'effet que l'obscurité, cela tient probablement à ce que le renflement inférieur, perdant par transpiration une cer- taine quantité d'eau, qui s'échappe par la plaie béante du renflement supérieur, exerce sur la foliole une action moins énergique. Ce qui semble le prouver, c'est que lorsqu'on expose au soleil, aprés les avoir immergées,ces folioles qui ont perdu leur renflement supérieur, non-seulement elles ne s'abaissent pas, mais se redressent au contraire. Dans ce cas, l'eau, au lieu de s'échapper du renflement inférieur par la plaie du ren- flement supérieur, y pénètre sans doute par la même voie. — La section du renfle- ment supérieur s'effectue plus facilement et produit plus d'effet quand elle a lieu pen- dant la position de sommeil. Ce renflement est alors bien plus gonflé et il est plus facile de l'exciser. y.) Dans Robinia Pseudacacia, la suppression du renflement inférieur produit aussi l'abaissement immédiat des folioles, mais ce n'est qu'au bout d'un temps assez long que l'excision du renflement supérieur amène le redressement de celles-ci. 8.) Si l'on retranche le renflement supérieur d'une feuille de Trifolium pratense, lequel représente pour cette plante le renflement inférieur des deux plantes précédentes, les folioles se redressent pour se mettre en position de sommeil et y restent désormais, Quand on coupe le renflement inférieur, aucun mouvement ne se produit d'abord, pro- bablement à cause de l'ébranlement qui provoque la position nocturne, mais la foliole prend bientôt une position diurne irrévocable. Si l'on immerge des feuilles de Trèfle dans lesquelles le renflement supérieur d’une foliole a été retranché, le renflement infé- rieur devient turgescent, et la foliole se redresse. Quand on essaye de l'abaisser, le renflement inférieur, agissant comme un ressort, la reléve. Les expériences dont il vient d’être question produisent les mêmes résultats avec des feuilles détachées. — 1l est à remarquer que dans ces plantes la position de sommeil correspond à la position de fanaison ; cela provient de ce que le renflement dont l'action est prépondérante dans la position nocturne conserve plus longtemps que l'autre sa turgescence et son acti- vité. Dans une feuille de Robinia, les folioles s'infléchissent en se flétrissant à l'au- tomne; cet effet n'est pas dà à leur poids, car, en renversant la feuille, elles conser- vent leur position, ce qui prouve que le renflement supérieur exerce sur clles une pression. Ce renflement reste turgescent et agit trés longtemps, alors que le limbe est complètement fané et séché. ADDITION A LA SÉANCE DU 28 Mans 1884. 915 e.) ll arrive parfois, au début de l'hiver, que les feuilles d'Oxalis Acetosella, avant ce se faner, se maintiennent fermées, même pendant le jour. Si alors on essaye de les ouvrir en soulevant les folioles, elles reviennent à la position de sommeil, parce que le renfle- ment supérieur, étant resté plus turgescent que l'autre, agit comme un ressort. Mais si on les immerge pendant un ou deux jours, le renflement inférieur absorbe de l'cau, et la feuille peut de nouveau effectuer ses mouvements habituels. On remarque parfois aussi, à cette époque de l'année, que pendant le jour la pression des doigts suffit pour faire fermer les feuilles et les maintenir ainsi un certain temps. On voit le renflement supérieur se gonfler de plus en plus : ce qui prouve combien, dans cette saison, le ren- flement inférieur abandonne facilement l'eau qu'il renferme. Les observations précédentes montrent que les mouvements effectués par les feuilles pourvues de renflements moteurs sont bien dus aux variations de turgescence de ces renflements et à l'antagonisme exercé par leurs faces opposées. Il.— On a cherché à expliquer les mouvements nyctitropiques des feuilles en les rattachant à la transpiration et à la glycogenése. Comme on avait remarqué que le soir les renflements sont plus turgescents que le matin, le sucre, croyait-on, formé pendant la journée s'accumulait le soir dans les renflements et y attirait l'eau des tissus voisins, qui, par suite du ralentissement dans la transpiration, s'en trouvaient abondamment pour- vus. Le matin, la transpiration devenant plus active et la provision de sucre étant épuisée, les deux parties du renflement se vidaient et ne ren- fermaient pas plus d'eau l'une que l'autre. Mais lors méme que les choses se passeraient ainsi, on n'expliquait pas pourquoi l'eau s'aceumule davan- tage dans une partie du renflement (tantôt la supérieure, tantôt l'infé- rieure). Les expériences suivantes montrent que cette théorie ne saurait étre maintenue et que les mouvements nyctitropiques des feuilles ne sont pas placés sous l'influence de la transpiration et de l’assimilation. a.) Des Oxalis sont mis en expérience au mois de septembre, les uns complètement immergés, les autres ayant leurs feuilles hors de l'eau. Dans les deux lots, les feuilles exécutent des mouvements sensiblement synchroniques. Dans un air saturé, les mouve- ments ontlieu absolument comme à l'air libre. Or, si la transpiration exercait quelque influence, il devrait se manifester des différences notables, soit dans les heures aux- quelles commence le sommeil, soit dans la manière dont s'effectue l'oeclusion; car, en admettant méme (ce qui a été soutenu) que la transpiration puisse avoir lieu sous l'eau, il est évident que ce doit être dans une moindre mesure qu'à l'air.— D'autre part, comme il est reconnu que les feuilles aériennes ne forment sous l'eau ni sucre ni ami- don, l'intervention de la glycogenése ne saurait davantage étre invoquée. Les mouvements des feuilles immergées se poursuivent trés longtemps, jusqu'à l'entier dépérissement du limbe; ce qui prouve que sous l'eau de méme qu'à l'air, les renflements résistent plus que les limbes à la décomposition. Toutefois, dans la dernière période, ces mouvements sont moins amples et plus irréguliers. Les jeunes feuilles qui se développent dans l'eau exécutent aussi des mouvements, méme quand elles sont en préfoliaison. 8.) A l'automne, les feuilles de Robinia continuent à effectuer certains mouvements 216 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. quand déjà elles sont dépérissantes et hors d'état d'assimiler. Les feuilles d’Oxalis, méme quand elles sont presque entièrement jaunes et ne peuvent plus s'étaler, se re- dressent encore légèrement pendant le jour. III. — Puisque ni l'assimilation ni la transpiration ne peuvent rendre compte des mouvements nyctitropiques, voyons si ceux-ci ne pourraient être rapprochés d'une certaine catégorie de mouvements dits provoqués, mouvements qui consistent dans l’occlusion des feuilles par suite de chocs, ébranlements, ete. On a prétendu que la cause qui produit les mouvements provoqués devait différer de celle qui produit les mouve- ments nyctitropiques : 1? parce que les premiers disparaissent avant les seconds sous l'influence des anesthésiques ; 2° parce que dans le cas des mouvements provoqués, on a eru voir que les renflements sont flas- ques et mous, tandis qu'ils sont gonflés dans le cas des mouvements nyctitropiques. Ces motifs ne semblent pas avoir grande valeur. Il est naturel que, sous l'influence des anesthésiques, les mouvements nycti- tropiques disparaissent plus tard que les mouvements. provoqués, parce qu'ils sont bien plus imprimés dans les habitudes de la plante, par suite de l'hérédité. Quant au deuxiéme motif sur lequel on s'appuie, outre qu'il est difficile d'apprécier si un renflement moteur renferme plus d'eau dans une circonstance que dans l'autre, lors méme que le fait serait vrai, il n'en demeurerait pas moins établi que d'un cóté, par suite d'une diminution dans l'éclairage et de l'autre sous des influences diverses, ainsi qu'on va le voir, il se produit un défaut d'équilibre dans la distri- bution d'eau des renflements. C'est là le point important à considérer, car c'est cette rupture d'équilibre qui est la véritable cause du mouvement. Je vais passer en revue quelques-unes de ces influences que j'étudierai plus spécialement sur l'Oxalis Acetosella. a.) Sectionnement des feuilles. — Si dans un massif d'Oxalis situé à l'ombre et dont les feuilles sont étalées, on en détache une, les folioles de celle-ci ne tardent pas à s'abaisser, sans qu'il y ait variation dans l'éclairage, et cela méme quand le bas du pétiole est immédiatement plongé dans la mousse humide ou dans l'eau, méme quand la feuille, est aussitót aprés l'opération, placée dans un milieu saturé de vapeur d'eau. jì semble donc que l'occlusion de cette feuille soit plutôt le résultat de l'ébranlement produit par le sectionnement que celui de l'insuffisance d'eau, ou du moins que cette der- niére cause ne soit pas la seule. Une feuille ainsi détachée, recevant de l'eau par le pétiole et maintenue à la lumière diffuse, peut rester fermée pendant huit et quinze jours. On arrive parfois à Jui faire reprendre ses mouvements en l'immergeant pendant quelque temps. Elle absorbe ainsi une certaine quantité d'eau qui semble rétablir le jeu des renflements. Cette feuille vit moins longtemps que si elle était restée fixée à la tige ; elle finit par jaunir. Ses mouvements deviennent alors moins amples : elle ne s'ouvre et ne se ferme pas complètement. Toutefois on remarque une différence, commune du reste à toutes les feuilles d'Oxalis dépérissantes, dans l'effet produit par la lumiére directe du soleil ou par l'arrivée de la nuit. L'occlusion est moins parfaite dans le premier cas que ADDITION A LA SÉANCE DU 28 MARS 1884. 217 dans le deuxième. Elles perdent donc plus vite leur sensibilité à une vive lumière qu'à l'obscurité. B.) Chocs et ébranlements. — Une feuille d'Ozalis qu'on secoue ne tarde pas à se fermer. Une foliole s'abaisse méme sous Fébranlement causé par la section de la foliole voisine. Il suffit dans un massif d'Oxalis d'arracher quelques pieds, ou seulement quel- ques feuilles, pour produire une occlusion assez prononcée des folioles appartenant aux individus voisins. — Lorsqu'on frappe à plusieurs reprises une branche de Robinia, les folioles s'infléchissent plus ou moins vite et demeurent ainsi pendant un certain temps. y-) Changements de position.— 11 suffit souvent, pour mettre une feuille de Robinia en position de sommeil nocturne, de tordre la branche qui la porte, de manière que les folioles soient retournées. — Quand on courbe une feuille d'Ozalis, les folioles se ra- battent entre le pétiole ; ce qui ne saurait être attribué à l'action de la lumière, puisque ` le fait a lieu également à l'obscurité. — Le méme mouvement se produit quand on dispose une feuille de la même plante de manière qu'elle soit éclairée sur la face infé- ricure. Mais, dans les deux cas, les folioles ne tardent pas à prendre une position résul- tant du géotropisme et de l'action directrice de la lumière. Quand les feuilles d'Oxalis sont devenues presque inertes, soit par suite de leur âge, soit par suite de l'abaissement de la température, elles continuent à se fermer si elles sont placées de facon à étre éclairées par la face inférieure, mais elles ne peuvent plus ensuite s'ouvrir. C'est ce qui ressort de l'expérience suivante, faite au mois de décembre, devant une fenétre. Chaque matin les feuilles s'ouvraient une à deux heures avant le jour; puis, dés que celui-ci se levait, elles commençaient à se fermer, trés lentement il est vrai, surtout par les temps sombres: il leur fallait parfois deux heures pour arriver à une occlusion compléte. Elles se maintenaient ainsi fermées jusqu'au lendemain matin ; de sorte que dans les joùrs clairs, elles ne restaient guère ouvertes que pendant une heure. Cela dura ainsi douze jours, sans que la feuille püt tourner la face supérieure de son limbe vers la lumiére. à.) Immersion. — Lorsqu'on immerge une feuille d'Oxalis, elle commence d'abord par se fermer, effet dà à l'ébranlement produit par le changement de milieu; puis elle continue à effectuer ses mouvements comme à l'air libre, abaissant ses folioles sous l'influence de la nuit comme sous celle d'une vive lumière. £.) État hygrométrique de l'air. — Le 23 octobre, vers deux heures du soir, des Oxalis placés dans une chambre fermée à un jour assez faible furent transportés à l'ex- térieur, où l'air était trés humide. Bien que la lumière fût plus vive, sans que cependant le soleil parût, les feuilles, qui étaient ouvertes jusque là, se fermérent, puis une demi- heure après commencèrent à se rouvrir lentement. A trois heures, elles étaient complè- tement étalées et restérent ainsi jusqu'à la tombée de la nuit. Cette occlusion rapide était bien due à l'état hygrométrique du milieu dans lequel les feuilles se trouvaient brusquement transportées, et non à la différence d'intensité lumineuse, car l'expérience ayant été faite en méme temps sur des individus immergés, les feuilles de ceux-ci ne se fermèrent pas. L'une d'elles méme, toute jeune encore, qui était fermée auparavant s'ouvrit aussitôt aprés le transport au dehors, parce qu'elle recevait une plus,vive lumière. —Je cherchai plusicurs fois à répéter cette expérience dans les mémes conditions, mais sans y parvenir. — La suivante au contraire réussit à diverses reprises. Le 11 décembre, à deux heures du soir, je plaçai des Oxalis sous une cloche renfermant de l'air humide. 218 . .SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Au bout d'un quart d'heure, les folioles commençaient à s'incliner. Une heure après, elles étaient presque fermées. Sorties de la cloche, elles continuèrent à s'abaisser, bien que sur d'autres individus placés comme témoins à cóté des précédents, les feuilles fussent encore entièrement ouvertes. La lumière du jour était peut-être trop faible pour redresser les folioles abaissées, quoiqu'elle füt encore assez vive pour maintenir ou- vertes les feuilles qui l'étaient déjà. t.) Variations de température. — On verra plus loin que les feuilles d'Oxalis se maintiennent souvent ouvertes à l'obscurité, aprés un certain temps de séjour dans ce milieu. Le 7 octobre, à huit heures du soir, des feuilles qui étaient ouvertes depuis plu- sieurs jours dans une armoire obscure furent transportées au dehors, oü la température n’était qu'à quelques degrés au-dessus de zéro. Au bout de deux heures, un certain nombre de feuilles commençaient à se fermer. Replacées dans leur premier milieu, elles se rouvrirent peu à peu. Quelques-unes toutefois restèrent longtemps en ocelusion. Le 8 décembre, cette expérience fut renouvelée, la température extérieure étant à — 10 de- grés. Les folioles s'abaissérent plus rapidement ct ne tardèrent pas à être gelées. n.) Variations dans l'éclairage. — Les feuilles d'Oxalis se ferment quand elles sont transportées à l'obscurité ou à une lumiére trop faible. Mais l'effet produit est différent suivant qu'il a lieu l'été ou l'hiver, ainsi que le constatent les expériences suivantes : Par une chaude journée du mois d'aoüt, on transporte à l'obscurité, à neuf heures du matin, une touffe d'Oxalis prise à l'ombre et dont les feuilles sont bien ouvertes. Elles se ferment rapidement et restent ainsi trente-six à quarante-huit heures, puis elles s'ouvrent pour ne plus se refermer pendant les quinze jours que dure l'expérience. A cette époque, quelques-unes d'entre elles ont jauni, mais en restant ouvertes, tandis qu'au jour les feuil- les, en vieillissant, prennent toujours la position de sommeil. A l'obscurité, le renflement inférieur conserve donc sa turgescence plus longtemps que le supéricur. Le contraire a lieu à la lumière. On replace au jour cette touffe. Celles de ses feuilles qui sont restées vertes s'ouvrent et se ferment le soir en effectuant les mouvements ordinaires, ce qui prouve que leur séjour à l'obscurité ne les a pas rendues inertes. — Cette méme expé- rience répétée en octobre donna des résultats un peu différents. L’occlusion ne se pro- duisit pas aussitôt aprés le transport à l'obscurité, comme cela avait eu lieu en août, probablement parce que la sensibilité des feuilles était déjà bien affaiblie. Celles-ci ne se fermèrent qu'au bout de deux, trois et quatre heures, les unes aprés les autres, suivant leur degré de sensibilité. Toutes cependant étaient closes avant la chute du jour. Le lendemain matin elles s'ouvrirent pour se fermer vers deux heures, avec une certaine avance par conséquent, sur les feuilles soumises aux conditions normales. Le surlende- main, elles se rouvrirent pour ne plus se fermer pendant huit jours. Puis un certain nombre de folioles recommencèrent leurs mouvements, mais la durée de la période diurne était abrégée; elles s'ouvraient vers six heures du matin et se fermaient vers midi. Dans d'autres individus les mouvements étaient plus irréguliers. Mais en général les feuilles s'ouvraient le matin. L'heure du réveil se rapprochait done plus de ce qu'elle était pour les individus laissés au jour que celle du sommeil. — Un Oxalis fut transporté en décembre à l'obscurité. Pendant les deux premiers jours les feuilles accomplirent leurs mouvements à peu prés aux heures habituelles, puis elles se tinrent constamment ouvertes pendant quinze jours, au bout desquels elles effectuèrent de nouveau des mou- vements, mais trés lents et irréguliers. Ainsi, pour une méme feuille, tantót une seule foliole se fermait, tantôt deux se fermaient pendant que la troisième restait ouverte. Les mouvements qui s'exécutent irréguliérement à l’obscurité peuvent étre régularisés, au moins pendant quelque temps, par un séjour de vingt- quatre à quarante-huit et parfois méme de quelques heures seulement à la ADDITION A LASÉANCE DU 98 MARS 1884. 919 lumière. Un Oxalis ayant été transporté au soleil, le 28 novembre, pen- dant toute la journée, aprés être resté quinze jours à l'obscurité, fut ensuite soustrait à la lumiére. Le lendemain, les feuilles s'ouvrirent le matin et se fermérent le soir, puis restérent ouvertes pendant toute une semaine. — Les feuilles d'Oxalis même détachées peuvent exécuter longtemps des mouvements à l'obscurité, pourvu que le bas du pétiole soit immergé. L'une d'elles effectua des mouvements assez réguliers pen- dant plus de quinze jours, quoique entiérement sous l'eau. Si l'on transporte à l'obscurité un rameau de Robinia, les feuilles qui le garnissent se placent en position nocturne avec une rapidité qui varie suivant leur vigueur et la température. Mais dans ce milieu les mouvements de cette plante sont beaucoup moins sensibles que ceux de l'Üzalis. Ainsi, dans aucune des expériences que j'ai faites, je n'ai vu les folioles se placer au-dessus de l'horizontale, ni méme l'atteindre. Les mouvements étaient toujours exécutés au-dessous. Il en est de méme des feuilles détachées que l'on soustrait au jour en immergeant le pétiole. Quand la température est élevée, elles sont le siége de certains mouvements, ce qu'on remarque en mesurafñt à diverses heures de la journée la distance qui sépare deux folioles opposées. Expérience faite en juillet : 1" feuille.. 8 h. mat., 38 mill.; 2 h. soir, 41 mill.; 6 h. s., 53 mill.; 10 h. s., 47 mill. 2* feuille... — 50 — 59 — 44 — 39 3* feuille... -- 40 — 18 — 33 — #49 L'optimum L'optimum de la position diurne de la position nocturne avait lieu avait lieu Pour la première feuille....... à 6 h. soir. à 8 h. matin. Pour la deuxième feuille....... 2 h. soir. 10 h. soir. Pour la troisième feuille....... 8 h. matin. 2 h. soir. On voit que ces mouvements correspondent peu aux mouvements ordinaires ct qu'ils sont bien irréguliers. Ce n'est pas seulement quand on transporte les plantes de la lumière à l'obscurité que des mouvements s'effeetuent, mais encore quand il y a variation dans l'intensité lumineuse, soit que cette intensité diminue, soit qu'elle augmente au delà d'une certaine limite. Ainsi lorsqu'un Oxalis recoit la lumiére directe du soleil, ses feuilles se ferment. C'est ce qu'on a appelé le sommeil diurne. Dans les mêmes circonstances R. Pseudacacia redresse ses folioles. Mais lorsque le ciel vient à se couvrir brus- quement, on voit celles-ci descendre d’abord jusqu’à la position hori- zontale, puis au-dessous, et se placer en sommeil nocturne. Le mouve- ment s'effectue parfois en quelques minutes. Il ne se produit pas cependant, parce que la lumière est trop faible d'une manière absolue, car en ce moment elle se trouve plus vive qu'elle ne l'est dans la soirée, alors que les feuilles ne se sont pas encore endormies. C'est donc bien par suite du passage brusque à une lumière affaiblie que 990 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. les feuilles de Robinia se placent ainsi. Elles se comportent de la méme manière que sous l'influence d'un chec. On voit par ce qui précède que toutes les modifications qui surviennent rapidement dans les conditions extérieures agissent sur les plantes diles sensibles comme le ferait un ébranlement. Toutefois l'apparition de mouvements nyctitropiques à l'obscurité nous prouve qu'un autre élément intervient. Ce fait qui res- sortait de l'étude du sommeil provoqué ressort encore plus de l'exameu du sommeil naturel, ainsi qu'on va le voir. ` IV. — En été, dans nos climats, les heures auxquelles les feuilles d'Oxalis s'endorment et se réveillent coincident sensiblement avec les heures d'arrivée de la nuit et du jour. La période nocturne est donc très courte dans cette saison. A l'automne, il n'en est plus ainsi. Les feuilles se ferment un peu aprés la tombée de la nuit et s'ouvrent un peu avant l'arrivée du jour. A mesure que la saison avance, la différence est plus sensible. Voici quelques observations relevées dans le mois de décembre sur des Oxalis et des Trifolium pratense. 17 décembre. — Les plantes en expérience sont maintenues dans une piéce oü le jour ne pénètre qu'à 8 heures. A 6 heures, quelques feuilles d'Oxalis sont déjà ouvertes. Les autres s'ouvrent successivement, les folioles d'une méme feuille ne s'ouvrant géné- ralement pas à la fois. Elles se ferment une heure aprés la chute du jour. — 18 dé- cembre. Le jour tombe à 4 h. 30 min. Les feuilles d'Oxalis se ferment à 5 h. 30 min, celles de Trèfle à 7 h.— 19 décembre. La nuit arrive à 4 h. 15 min. Sur six feuilles d'Oxalis aucune n'est fermée. Celles de Tréfle ne le sont pas davantage. — 4 h. 45 min., deux feuilles d'Oxalis sont à demi closes, deux autres commencent à se fermer, les deux der- niéres sont encore ouverles. — 6 h., toutes sont closes, à l'exception de quelques folioles ; mais, en pressant celles-ci avec les doigts, elles se maintiennent ensuite in- fléchies. — 7 h., aucune feuille de Tréfle n'est fermée. — 8 h., elles le sont toutes. Deux faits ressortent de ces observations : 4° La durée de l'éclairage parait régler celle du sommeil. 2° Il existe cependant une influence qui empêche que cette subordination soit complète, puisque la durée de la veille est en somme un peu plus longue au mois de décembre que celle du jour. Afin de mieux mettre en évidence ces deux faits, un certain nombre d’Oxalis et de Tréfles ne furent, à partir du 19 décembre, expo- sés à la lumiére que quatre heures environ par jour (de midi à la tombée de la nuit). Voici quels furent les résultats de cette expérience. 20 décembre.— Le jour se lève à 7 h. 30 min.— 8 h., les feuilles d'Oxalis sont encore toutes fermées, celles de Trèfle sont ouvertes.- 9 h., les Oxalis commencent à s'ouvrir. — 11 h. 30 min., sur huit feuilles d'Üxalis, deux sont ouvertes complètement, les six autres sont ouvertes aux trois quarts. Quelques folioles sont plus ouvertes les unes que les autres. On met au jour les sujets en expérience. — 4 h., le jour tombe. Plusieurs Oxalis ont commencé dés trois heures à se fermer, — 5 h., les Oxalis sont aux trois ADDITION A LA SÉANCE DU 28 Mans 1884. 291 quarts fermés. On constate quelques inégalités suivant les folioles. Les Trèfles sont ouverts. — 7 h., Oxalis et Trèfles sont en sommeil. 21 décembre, 9h. mat., les Tréfles sont ouverts. Sur huit feuilles d'Oxalis, deux sont ouvertes, six à demi-fermées. — Midi, elles ne sont qu'aux trois quarts ouvertes. On les met au jour ainsi que les Tréfles. — 5 h. 30 min. (le jour est tombé à 4 h. 30 min.), Oxalis fermés à moitié, Trèfles ouverts. — 6 h., Oxalis fermés, Trèfles ouverts. — 8 h., Trèfles incomplétement fermés. — 9 h., Trèfles entièrement fermés. 22 décembre, 7 h. matin, Tréfles ouverts, Oxalis fermés. — 9 h., sur huit feuilles d'Oxalis, deux sont ouvertes complètement, quatre à demi et deux ne le sont pas. — Midi, trois feuilles d'Oxalis sont ouvertes, cinq aux trois quarts seulement. Transport àu jour.— 5 h. 45 min., Oxalis à demi-fermés, sauf deux feuilles encore ouvertes ; Tréfles complètement ouverts. Quand la durée de l'éclairage était réduite à quatre heures, celle du sommeil était d'environ seize à dix-sept heures, ce qui prouve que la durée du sommeil, tout en dépendant de celle de l'éclairage, n'y est pas complétement subordonnée. Dans l'étude du sommeil provoqué, on a vu plus haut qu'en automne : 1° Les feuilles d'Oxalis ne se ferment pas immédiatement après leur transport à l'obscurité, et qu'aprés s'étre fermées, elles exécutent leurs mouvements habituels avec assez de régularité pendant vingt-quatre à trente-six heures, puis elles ne les exécutent qu'irréguliérement ou méme plus du tout. 2° Il suffit de les soumettre pendant quelques heures à une lumiére assez vive, pour que ces mouvements s'accomplis- sent ensuite plus réguliérement à l'obscurité pendant un ou deux jours. 3 En été, le transport à l'obscurilé est suivi d'une occlusion immédiate qui persiste pendant les deux premiers jours, et ensuite la feuille s'ouvre et se maintient telle, sans que l'on constate la plupart du temps de mou- vements consécutifs. — Les mouvements qui se produisent ainsi à l'obs- curité doivent étre attribués à l'hérédité. Ce qui le prouve, c'est qu'ils ont lieu méme dans les feuilles étiolées. J'ai fait à ce sujet de nombreuses observations sur le Phaseolus vulgaris. Ils résultent d'habitudes innées dans la plante, de méme que les mouvements de eircumnatation. Mais, comme pour ces derniers, la présence de la lumière pendant un certain temps est nécessaire pour qu'ils s'effectuent régulièrement. Cette régula- rité provisoire est alors due à l'inductios, ou « Nachwirkung » des Alle- mands, c’est-à-dire que l'effet régulateur de l'éclairage se fait sentir plus ou moins longtemps encore aprés que l'éclairage a cessé. Il faut donc bien distinguer ici l'influence de l'hérédité de celle de l'induction, et Pfeffer aussi bien que Darwin, en attribuant uniquement ces fails, le premier à l'induction et le deuxiéme à l'hérédité, me paraissent avoir été trop exclusifs. Lesommeil dans lequel entrent les feuilles à la tombée de la nuit, etleur réveil permanent en été, quand l'obscurité persiste, indiquent que la 222 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. eause des mouvements nyctitropiques doit étre rapprochée de celle qui préside à l'occlusion provoquée, c'est-à-dire que la disparition naturelle de la radiation agit à la manière d'un ébranlement, ainsi que cela se passe pour toute modification apportée dans les conditions végétatives de la plante. Si l'obscurité persiste, l'effet de cet ébranlement dure vingt-quatre, trente-six el quarante-huit heures ; puis, quand il a cessé, la feuille reprend sa position horizontale, qu'elle conserve alors indéfiniment, car elle n'a aucun motif pour en changer, aucune modification ne se présentant dans le milieu extérieur. De temps à autre, surtout quaud la végétalion est languissante, l'influence de l'hérédité se manifeste, et alors on voit l'or- gane exécuter quelques mouvements plus ou moins ordonnés. Les feuilles d'Oxalis peuvent donc garder la position de veille à l'obscurité comme à la lumiére, de méme qu'elles peuvent prendre celle de sommeil à la lumière comme à l'obscurité. La variation dans les effets de l'obscurité suivant les saisons semble pouvoir étre expliquée ainsi qu'il suit. En été, la sensibilité de la plante est exaltée. Le milieu exerce sur elle une grande influence qui annule jusqu'à un certain point l'effet antagoniste de l'hérédité. Aussi les feuilles se ferment-elles dés que la nuit arrive et s'ouvrent-elles dés quele jour parait. En hiver, au contraire, la plante est moins sensible; l'in- fluence de lhérédité triomphe alors dans une cerlaine mesure de celle du milieu. La plante, étant accoutumée à avoir un sommeil d'une certaine durée, empiéte un peu sur la longueur de la nuit. Les points principaux de ce travail peuvent étre résumés ainsi qu'il suit : < 1° Les mouvements provoqués et nyclitropiques des feuilles dites sen- sibles sont dus à l'antagonisme des parties supérieure et inférieure de leurs renflements. Cet antagonisme provient des variations de turgescence dont ces parties sont le siége, par suite d'absorption ou de perte d'eau. Je crois avoir confirmé par quelques observations nouvelles ces faits déjà établis. Maissi le mécanisme du mouvement est connu, la cause intime qui le détermine nous échappe complétement. Nous ne pouvons com- prendre encore comment une variation dans l'éclairage, un abaissement de température, un ébranlement, peuvent retentir sur le renflement, de telle sorte que le mode de répartition de l'eau qu'il renferme se trouve immédiatement modifié. 2° Les mouvements nyctitropiques des feuilles ne sont sous la dépen- dance ni de la transpiration, ni de l'assimilation. 9? Toute modification un peu brusque dans les conditions extérieures provoque dans la feuille des mouvements plus ou moins étendus, plus ou moins rapides. SÉANCE DU 9 mar 1884. 223 4 Les mouvements nyctitropiques semblent devoir être rattachés à une cause analogue, c'est-à-dire au changement apporté dans le milieu par la succession du jour et de la nuil; mais en outre ils sont assurés et régu- larisés par les habitudes héréditaires et l'action inductive qu'exerce sur le sommeil le séjour antérieur à la lumiére. M. Duchartre demande à M. Mer s'il peut expliquer le jeu des renflements moteurs. M. Mer répond qu'il ne connait aucune explication de ce méca- nisme, et que ses études n'ont pas porté sur cet objet. SÉANCE DU 9 MAI 1884. PRÉSIDENCE DE M. DUCHARTRE. M. J. Vallot, secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la séance du 18 avril, dont la rédaction est adoptée. M. le Président a le regret d'annoncer le décés de MM. Ch. Thiébaut, le D' Lagrange et Alphonse Lavallée. M. Ch. Thiébaut, capitaine de frégate, officier de la Légion d'honneur, décédé à Brest le 28 avril dernier, dans sa quarante- septième année, venait de rentrer en France, et a succombé aux atteintes d'une maladie dont il avait pris le germe pendant son der- nier séjour à Madagascar. Il était versé dans l'étude des Algues, et avait rapporté de ses voyages de précieux matériaux qu'il n'a pas eu le temps d'utiliser. Il appartenait à la Société depuis 1869. Le I! Lagrange, décédé à Paris le 30 avril, à l’âge de: soixante- six ans, élait membre de la Société depuis l'année de sa fondation (41854). Sa perte sera vivement ressentie par la Société, dont il était devenu un des bienfaiteurs en lui faisant donation, dans l'année méme où furent créés les membres perpétuels, de la somme dont le versement donne droit à ce titre. — Son nom sera maintenu à perpétuité sur la liste des membres. M. Alphonse Lavallée, président de la Société nationale d'hor- ticulture, ancien vice-président de la Société botanique de France, 224 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dont il était membre depuis 1856, officier de la Légion d'hon- neur, etc., est mort subitement au château de Segrez (Seine-et- Oise), dans sa quarante-neuviéme année, le 3 mai dernier. Par suite des présentations faites dans la derniére séance, M. le Président proclame membres de la Société : MM. Brocuon (Henry), avocat, rue du Temple, 25, à Bordeaux, présenté par MM. Ramond et Motelay. Pons (l'abbé), aumónier de l'hospice de Grasse (Alpes-Ma- ritimes), présenté par MM. Bornet et Malinvaud. M. le Président annonce ensuite une nouvelle présentation et proclame membres à vie MM. Duffort et Pierre, qui ont rempli les condilions exigées pour l'obtention de ce titre. Lecture est donnée de lettres de MM. Savastano et Bedier, qui remercient la Société de les avoir admis au nombre de ses membres. : M. Bescherelle donne lecture du discours qu'il devait prononcer sur la tombe de M. Lavallée (1) : Messieurs, . Àu nom de la Société botanique de France, je viens, en l'absence de son président, M. Duchartre, retenu à la Sorbonne par les devoirs de son enseignement, rendre un dernier hommage à M. A. Lavallée, qui a fait partie pendant de longues années de notre compagnie, et a été associé à ses travaux, soit comme membre du conseil, soit comme vice-prési- dent. Bien que M. A. Lavallée ait appliqué de préférence son admirable faculté d'observation à l'étude des questions qui se rapportent plus spé- cialement à la culture des plantes de jardin, il n'en a pas moins attaché son nom à des travaux que la science peut revendiquer comme étant de son domaine. Dans cet ordre d'idées, je citerai: l'Arboretum segrezianum, qui comprend l'énumération des arbres et arbrisseaux cultivés dans les pro- priétés de Segrez et donne des renseignements intéressants sur l'origine de ces plantes; les Jcones selectæ arborum et fruticum in hortis segre- zianis collectorum, dont cinq livraisons seulement ont paru; enfin et surtout, les Clématites à grandes fleurs cultivées dans l'arboretum de Segrez. Ce dernier ouvrage, exécuté avec beaucoup de soin, ne cessera d'étre (4) Une circonstance indépendante de sa volonté a empéché M. Bescherelle de pro- noncer ce discours. SÉANCE DU 9 MAI 1884. 995 consulté par ceux qui se livrent à l'étude des espèces; il suffira, à lui seul, à perpétuer le souvenir du savant alors qu'aura péri l'arboretum, que l'amateur avait créé avec tant de peines, de sacrifices et d'amour. Tous les botanistes qui ont eu des rapports avec M. A. Lavallée ressen- ront vivement la perte que nous venons de faire, et je ne veux pas laisser se fermer sa tombe sans lui adresser en leur nom un supréme et doulou- reux adieu. Dons faits à la Socielé : Gustave Camus, Guide pratique de botanique rurale. W. Nylander, Lichenes novi e freto Behringii. W. Gardiner, On Tannins in the vegetable cell. — On the physiological Significance of water Glands and Nectaries. — Cell-wall and middle lamella. M. T. Masters, Comparative Morphology of Sciadopitys. E. Hackel, Gramina nova vel minus nota. A. Meyer, Die Trophoplasten. P. A. Saccardo, Conspectus generum Discomycetum. Bulletin of the California Academy of Sciences, n* 1. Mémoires de la Société nationale d'agriculture, sciences et arts d'Angers, tomes XXIV et XXV (1882-83). Annales du Bureau central météorologique de France, publiées par E. Mascart. — Année 1881, t. IL, Observations françaises et Revue cli- inalologique. M. Malinvaud présente à la Société un ouvrage intitulé : Essar SUR LA FLORE DU PAVÉ DE PARIS LIMITÉ AUX BOULEVARDS EXTÉ- RIEURS, ou Catalogue des plantes qui croissent spontanément dans les vues et sur les quais, suivi d'une Florule des ruines du Conseil d'État, par M. Joseph Vallot. Ce petit livre, dit M. Malinvaud, sera la consolation de ceux qui aiment les plantes et que leurs occupations ou leur genre de vie condamnent à un inter- nement forcé dans l'intérieur de la grande ville. Ils ne doivent pas renoncer à tout espoir de se faire eux-mémes un petit herbier, pouvant réunir les 209 espéces spontanées dont se compose au total cette florule intra muros. Les quais, avec un prélévement de 187, sont la station la plus riche, et les rues elles-mémes, surtout si l'on s'éloigne des quartiers centraux, ont aussi leur con- tingent : on y a récolté jusqu'à 106 de ces plantes éminemment sociables qui vivent pour ainsi dire dans la familiarité de l'homme, s'atlachant à ses pas et l'accompagnant presque jusque dans sa demeure. A cóté de plantes vulgaires, on y trouve plus d'une rareté pour la flore pari- sienne : Diplotaxis bracteata, Alyssum incanum, Senebiera pinnatifida, Amarantus deflexus, Urtica pilulifera, ete. T. XXXL (SÉANCES) 15 296 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. L'auteur a étudié avec soin la florule des ruines du Conseil d'État, destinée sans doute à disparaitre, et elle lui a fourni une occasion d'utiliser ses récentes recherches sur les rapports de la végétation avec la nature du sol. ll y a en effet, dans cet espace restreint, des spécimens de sols différents. Le terrain siliceux de la grande cour offrait aux espéces calcifuges un substratum propice qui leur a permis de se grouper, tandis que les calcicoles se sont assemblées sur les décombres calcaires entassés dans les salles. Cependant, comme pour montrer que cette répartition n'est pas liée à une régle absolue, l'auteur si- gnale en abondance sur ces platras calcaires le Pteris aquilina, qui préfère habituellement les habitats siliceux. On remarquera, dans l'introduction, des détails historiques sur l'ancien Paris, qui ne sont pasle moindre attrait de cette intéressante publication. M. G. Bonnier dit quelques mots du travail de M. Gardiner qui vient d'étre mentionné, et fait remarquer que, dans la seconde partie de son mémoire, M. Gardiner a confirmé les observations et les expériences de M. Bonnier sur les nectaires. M. le President propose à la Société, au nom du Conseil, de tenir cette année sa session extraordinaire à Charleville (Ardennes), vers le milieu du mois d'aoüt. Cette proposition est ratifiée par la Société. M. Rouy rappelle que le Bulletin a publié, en 1875, des indica- tions de localités nouvelles, découvertes par lui en 1872 dans le département des Ardennes, pour quelques plantes rares de cette intéressante flore. M. Van Tieghem fait à la Société la communication suivante : MONASCUS, GENRE NOUVEAU DE L'ORDRE DES ASCOMYCÉTES, par M. Ph. VAN TIEGHEWM. En poursuivant, sur le développement des Ascomycètes, la série de recherches dont j'ai communiqué plusieurs résultats à la Société (1), j'ai rencontré, il y a plusieurs années, une forme nouvelle, remarquable entre toutes parce que son périthéce ne renferme qu'un seul asque poly- sporé, et parce que ce périthéce est porté au sommet d'un filament dressé, à la manière d'un sporange de Mucor. Ce double caractère m'a conduit à nommer cette plante Monascus mucoroides. Tout récem- ment j'ai trouvé une seconde espèce du même genre, différant de la (1) Bull. Soc. bot. de France, séances des 10 mars, 28 juillet, 10 novembre 1876, 22 février, 27 avril, 22 juin 1877. SÉANCE DU 9 MAI 1884. 227 premiére par ses périthéces rouges portés sur des pédicelles beaucoup plus courts; je la nommerai Monascus ruber. Ayant cultivé ces deux plantes à l'état de pureté, et les ayant observées aux divers états de leur développement, au moyen de cultures en cellule sur le porte-objet, je suis en mesure aujourd'hui de communiquer à la Société les principaux traits de leur histoire. Je considérerai d'abord le Monascus ruber, dont jai en ce moment sous les yeux tous les états vivants; je signalerai en- suite, d'aprés mes observations anciennes, les différences qui caractérisent le Monascus mucoroides. 1. Monaseus ruber. — Le Monascus ruber est apparu pour la première fois comme végétation étrangère sur des tranches de pommes de terre cuites où l'on avait semé et cultivé un autre Champignon; ces tranches de pommes de terre, disposées sur une soucoupe poreuse entourée d'eau, étaient placées sous cloche dans une étuve réglée à 35 degrés. On a cultivé ensuite la plante à l'état de pureté dansles mêmes conditions de milieu. Composé de filaments assez gros, réguliérement cloisonnés, abon- damment ramifiés en fausse dichotomie, le thalle envahit d'abord toute la surface nutritive, puis s'étend en rampant tout autour sur les corps inertes voisins, d'abord sur les bords de la soucoupe, puis sur l'assiette qui la contient et jusque sur la cloche qui la recouvre. Chemin faisant, les filaments principaux émettent sur leur face inférieure cà et là des rameaux gréles, ramifiés en crampons. Une fois constitué, le thalle ne tarde pas à fructifier en produisant d'abord des conidies, bientót aprés des périthéces. L'appareil conidifére est incolore, mais les périthéces sont rouges, et, comme ils sont trés petits, trés nombreux et trés rappro- chés, le thalle adulte parait coloré uniformément en rouge-brique dans toute son étendue. Pour produire les conidies, les filaments rampants du thalle dressent dans l'air des rameaux plus gréles. Chacun de ceux-ci renfle son extré- mité en une boule qui se sépare par une cloison, et forme une conidie; immédiatement au-dessus de celle-ci, le rameau se renfle de nouveau et forme une seconde conidie, puis de méme une troisième au-dessous de la seconde, et ainsi de suite. La formation des conidies a donc lieu en chapelet et de haut en bas. Cà et là on rencontre effectivement, au som- met des rameaux conidiféres, des chapelets de deux, trois ou quatre conidies adhérentes; mais le plus souvent la première conidie se détache dès que la seconde est formée, la deuxième tombe dés que la troisième se constitue, et ainsi de suite; de sorte que les conidies semblent naître iso- lément à l'extrémité des rameaux. Parfois aussi le rameau, au lieu de se rer- flersousla première conidie, pousse latéralement un ramuscule oblique assez long qui se termine à son tour par une conidie; la chose peut se répéter 928 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. plusieurs fois, et il se forme ainsi un sympode conidifére. Les conidies sont incolores, à protoplasma peu réfringent, sensiblement sphériques, parfois atténuées à la base et piriformes : elles mesurent en moyenne 077,010 à 0,12. Pour produire un périthèce, un filament rampant du thalle dresse un rameau assez gros, qui cesse bientôt de croître et renfle légèrement son extrémité en massue. Au voisinage du sommet se fait une cloison trans- versale qui sépare une cellule terminale hémisphérique, parfois un peu arquée ; le reste du rameau prend en outre une, deux, quelquefois trois cloisons. Sous la dernière cloison, le rameau pousse tout autour un verticille de ramuscules qui, tout en grandissant, seramifient de manière à se joindre latéralement et en méme temps se recourbent au-dessus de la cellule terminale, de maniére à l'envelopper enfin complétement. Pendant leur croissance et leur flexion, ces rameaux, assurément fort rapprochés de la cellule terminale, ne paraissent cependant la toucher en aucun point, ce qui tient sans doute à la forme surbaissée de cette cellule; c'est un peu plus tard seulement, quand elle commence à grandir, que le contact s'établit. Je n'insiste pas ici sur cette question dont on sent tout l'intérét, me réservant d'y revenir tout à l'heure à propos du Monascus mucoroides, où elle ne laisse place à aucun doute. Une fois la cellule terminale complétement enfermée dans sa calotte de ramuscules enchevétrés, elle se colore en rouge-brique, et cette coloration s'étend plus tard aux rameaux de l'enveloppe. En méme temps le tout grandit jusqu'à former un petit nodule sphérique rouge, mesurant 077,040 à 077,054 de diamètre. A partir de ce moment, la cellule centrale continue seule à grandir, en absorbant, à cet effet, toute la substance protoplasmique de l'enveloppe; les ramuscules enchevétrés qui composent celle-ci se vident, leurs membranes comprimées s'écra- sent et n'apparaissent bientót plus que comme un épaississement irrégu- lier et rouge brun de la membrane de la cellule centrale. Enfin, le protoplasma de cette cellule se décolore, puis se divise en un trés grand nombre de petites masses ovales, qui sont autant de spores. Parvenu ainsi à l'état de maturité, quoique assez petit pour n'étre visible qu'à la loupe, le périthéce se compose donc d'un seul asque sphérique à membrane épaisse, rouge brun, marquée sur sa face externe de saillies et de stries réticulées qui correspondent aux rameaux écrasés de l'enveloppe; cet asque est porté par un pédicelle court, dépassant rarement son propre diamètre, et renferme un trés grand nombre de petites spores libres, c'est-à-dire dépourvues de matière interstitielle. Ces spores sont ovales, incolores et brillantes, à protoplasma homogène et trés réfringent; elles mesurent 0"",007 à 0*",008 de longueur sur SÉANCE DU 9 Mai 1884. ; 229 077,004 à 077,005 de largeur. Elles ne sont mises en liberté que par la déchirure de la membrane. Le périthéce peut s'arréter dans sa croissance à une dimension encore beaucoup moindre que celle qui vient d'étre indiquée; l'asque unique qu'il contient renferme alors aussi beaucoup moins de spores. Il peut ne mesurer, par exemple, que 0"",016, et ne contenir que 8 à 10 spores; il peut méme ne renfermer que 4 spores, et se réduire à 077,011, c'est- à-dire à la dimension moyenne d'une conidie. Conidies et spores germent aussitót semées dans le milieu nutritif. Les conidies poussent directement un ou deux filaments, sans se renfler au préalable; les spores, au contraire, se gonflent fortement d'abord, deviennent sphériques et poussent ensuite un ou deux tubes germinatifs. Du semis à la maturité des périthéces, dans les conditions de nutrition et de température indiquées plus haut, il ne s'écoule pas plus de trois à quatre jours. Par l'ensemble des caractéres qui viennent d'étre signalés, cette plante doit étre classée dans la famille des Périsporiacées et prendre place dans la tribu des Périsporiées, à cóté des genres encore bien peu connus Apiosporium et Cystotheca. 2. Monascus mucoroides. — Le Monascus mucoroides a été d'abord rencontré en mélange, puis cultivé à l'état de pureté sur du tourteau de lin. Comme dans l'espéce précédente, le thalle rampe au loin tout autour du milieu nutritif, et produit rapidement des conidies et de trés petits périthéces. Les conidies se forment au sommet de rameaux plus courts et plus gros que dans le M. ruber; elles sont aussi plus grandes et mesurent 077,015 à 077,018. Elles sont d'ailleurs également sphériques, incolores, et ordinairement solitaires, quoique leur formation ait lieu en chapelet. Le rameau dressé qui produit et porte le périthéce est beaucoup plus long que dans l'espéce précédente, et entrecoupé aussi de plus nombreuses cloisons; il atteint, en effet, quinze à vingt fois le diamètre de la sphère terminale. Au-dessous de lui, et pour le soutenir, le filament rampant pro- duit d'ordinaire un pinceau de crampons. Au sommet de ce rameau, le périthèce se forme comme il a été expliqué plus haut, à une seule diffé- rence prés : ici les ramuscules nés sous la derniére cloison, en grandis- sant, en se ramifiant pour se rejoindre et s'enchevétrer latéralement, en se recourbant enfin au-dessus du sommet, forment une enveloppe sphérique, d'abord réticulée, bientôt pieine, beaucoup plus grande que la cellule ter- minale surbaissée qu'elle recouvre, laissant par conséquent entre elle et cette cellule un large espace vide. C'est seulement plus tard que la cellule terminale, croissant rapidement à son tour, vient toucher l'enveloppe à la fois par toute sa périphérie et en remplir complètement la capacité. Après 230 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE quoi, continuant de grandir, elle épuise les rameaux de l'enveloppe, en écrase les membranes, et les réduit à ne faire plus que dessiner à sa surface un épaississement irrégulier. A toute époque, le protoplasma de la cellule centrale et celui des rameaux d’enveloppe demeure ici inco- lore. La croissance terminée, le protoplasma de la cellule centrale se divise en un grand nombre de petites portions sphériques, qui sont les spores. A la maturité, le périthèce mesure environ 0"",060 à 0"7,070 ; mais on en rencontre aussi de plus petits. Les spores sont sphériques, incolores et brillantes, à protoplasma homogène et très réfringent ; elles mesurent en moyenne 0"",008. . Dressés au sommet de pédicelles assez longs dont la membrane se cuti- nise, et trés rapprochés les uns des autres, les périthéces offrent dans cette espèce l'aspect d'un petit Mucor à sporanges brièvement pédicellés; aussi, en l'apercevant pour la première fois, ai-je eru tout d'abord avoir affare à un Mucor. Mais comme il n'y a pas de columelle, et comme les Mucorinées dont le sporange sphérique et polysporé est dépourvu de columelle, les Mortierella par exemple, ont la membrane sporangiale dif- fluente et non cutinisée, il n'y a pas de confusion possible. Aussi cette ressemblance avec un Mucor, bien plus apparente après tout que réelle, n'est-elle pas le point le plus important de l'histoire des Monascus. Un intérêt plus grand, à mon sens, s'attache à ce caractère que les ramuscules formateurs de l'enveloppe ne touchent pas d'abord la cellule ascogène, que l'enveloppe se constitue dans une entière indépen- dance vis-à-vis de cette cellule, circonstance qui exclut du méme coup l'hypothése d'une relation sexuelle entre la cellule ascogène et l'un quel- conque des rameaux de l'enveloppe. Ce caractère est surtout frappant, il est vrai, dans le Monascus mucoroides ; maïs je puis dire, en terminant, que je l'ai rencontré avec tout autant de netteté dans un genre de Péri- sporiacées tout différent de celui-ci; ce genre fera l’objet d'une communi- cation ultérieure. M. Roze demande à M. Van Tieghem pourquoi on ne considére- rait pas le rapprochement des rameaux comme indiquant une sexualité. ; M. Van Tieghem répond qu'en tout cas ce contact ne serait pas ici placé au même moment du développement que chez les autres Ascomycètes. Il faudrait admettre aussi qu'il y a fécondation simultanée par toute l'enveloppe. M. Duchartre fait remarquer que la fécondation s'opére toujours entre des organes nettement déterminés, et, dans le cas actuel, on SÉANCE DU 9 war 1884. 23 aurait un grand nombre de filaments jouant à la fois le róle fécon- dateur. M. Roze demande à quoi servirait alors la formation de ces fila- ments. M. Van Tieghem répond que ce serait un tissu nutritif analogue à celui qui se constitue dans le périthéce des Aspergillus, Ery- siphe, ete., jusqu'à un certain point comparable physiologiquement à l'albumen des plantes supérieures. M. Rouy résume un travail sur ses Herborisations en Espagne (1). M. J. Vallot, secrétaire, donne lecture de la communication sui- vante : HERBORISATIONS AUX PYRÉNÉES-ORIENTALES ET EXAMEN DE QUELQUES ÉCRITS RELATIFS AUX PLANTES DE CETTE RÉGION, par M. LORET. J'ai beaucoup herborisé, il y a trente ans, dans les Pyrénées-Orientales, et j'ai passé des mois entiers dans la vallée de la Tét, sous la direction d'un habile botaniste du pays, le regrettable Aimé Massot, qui prépara longtemps une flore de cette région. Cette flore, que la mort ne lui permit pas de rédiger, eüt mieux valu assurément que celle de son compatriote Companyo, qui, en voulant faire marcher de pair toutes les branches de l'histoire naturelle, prouva, malgré son intelligence, qu'un homme ne peut seul aujourd'hui embrasser un si vaste cadre. Depuis cette époque, on a beaucoup écrit sur les plantes des Pyrénées- Orientales, et MM. Timbal et Debeaux y ont exploré surtout le littoral méditerranéen et la riche vallée du Tech. Ces messieurs appartiennent, on le sait, à une école dont le systéme a conduit un botanophile du Midi à faire presque autant d'espèces qu'il rencontre de variétés ou méme de variations passagéres. Ils connaissent mieux que lui, il est vrai, l'art d'enrayer et sont loin encore de l'excés dont je parle ; mais cet excès ne découle-t-il pas naturellement d’un système dont les partisans tiennent difficilement compte de cette subordination des caractères qui nous a valu un chef-d'œuvre de classification pour les familles, et qui doit être appli- quée aussi d’une certaine façon aux espèces et aux variétés ? Les écrits de nos deux botanistes m'ont suggéré l'idée de passer l'été de 1882 sur le littoral et dans la vallée où ils ont signalé de nombreuses nouveautés. J'es- pérais trouver dans l'herbier public de Perpignan les types dont ils ont (4) Cette communication sera imprimée à la suite de la prochaine séance. 939 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. parlé, types que leurs parrains devraient aimer à faire connaitre en les mettant à la portée des botanistes, surtout des botanistes locaux. Mon attente a été déçue; car l'herbier en question ne renferme aucune des nouveautés que je voulais étudier. J'avais besoin néanmoins de voir ces plantes, pour en parler en connaissance de cause. J'allai trouver dans ce but mon ami M. Oliver, de Collioure, qui connait bien les localités men- tionnées dans sa région pour toutes les espéces bonnes ou mauvaises. J'étais certain de m'entendre avec lui; car, sans se donner comme un botaniste de premier ordre, M. Oliver a, chose capitale, une idée de l'espèce beaucoup plus conforme à la vérité que les botanophiles qui, dans leurs minutieuses et interminables descriptions, semblent attacher une importance presque égale à tous les caractéres. Nous exploràmes ensemble ou séparément les sables maritimes d'Argelés et de Collioure, ainsi que les roches voisines, et je me rendis ensuite, vers la mi-juin, à Prats-de- Mollo. J'avais la certitude que le zélé botaniste de Collioure ne manquerait pas d'employer les deux à trois mois que je devais passer au sommet de la vallée du Tech à recueillir les plantes signalées sur le littoral et dans les montagnes de la région maritime. Nous poursuivions surtout les - Dianthus; car l'Essai monographique sur les Dianthus des Pyrénées françaises, publié récemment par men ami M. Timbal, m'avait vivement intéressé. Nos découvertes en ce genre ont été si fructueuses, que je dois me borner aujourd'hui, pour ne point dépasser les limites accordées aux articles du Bulletin, à parler de quelques plantes publiées par M. Timbal, sauf à étudier plus tard celles de M. Debeaux, qui, en fait de fractionne- ment des espéces, me parait dépasser encore le botaniste toulousain. Parlons donc de l Essai monographique, qui semble clore aujourd'hui la nombreuse série d'articles que M. Timbal publie depuis longtemps et où figurent le plus souvent des Dianthus francais. On sait que lorsqu'un naturaliste traite fréquemment ou prématurément un sujet difficile, il faut s'attendre à trouver dans ses écrits des erreurs plus ou moins nom- breuses ; mais, lorsqu'il a le bon esprit d'appeler à son aide ou le-bonheur de rencontrer sur sa route une critique amie, il est rare qu'il n'améliore pas son œuvre, et, s’il vient à publier une rétractation analogue à ceile qu'un grand botaniste italien a intitulée ses Pentimenti, rien, selon moi, ne lui fait plus d'honneur. Notre ami, qui ne parait pas étranger à ces heureuses dispositions, dit dans son introduction à l'Essai : « Nous avons modifié quelques observations; car il ne faut jamais craindre de dire qu'on s'est trompé. » Cette réflexion nous a paru excellente ; mais n'est-elle pas applicable également à l'Essai monographique lui-même, où nous croyons avoir remarqué aussi beaucoup de choses à modifier ? Puisse l'auteur de l Essai ne pas craindre ici de répéter qu'il s'est trompé, comme il vient de l'avouer pour ses brochures précédentes, oü des con- SÉANCE DU 9 mal 1884. . 238 tradictions, que nous n'avons pas voulu relever plus tôt, permettraient quelquefois de réfuter l'auteur par lui-même. Comme je suis très loin de me croire infaillible, après avoir étudié avec des Dianthus authentiques l’ Essai en question, j'ai cru devoir communi- quer mes plantes et mes notes à M. Willkomm, l'auteur des Dianthus du Prodromus flore hispanice, et j'ai eu le plaisir de voir confirmées par cet illustre botaniste toutes les réflexions que je lui avais transmises dans une longue lettre. Je ne m'en tins pas là néanmoins, et, comme je savais que le célèbre professeur de Prague n'avait point vu l'Essai monogra- phique, je le lui adressai plus tard, pour qu'il püt se prononcer avec plus de certitude et en pleine connaissance de cause. J'étais persuadé que celle brochure ferait sur M. Willkomm l'impression que j'avais éprouvée moi-méme en la lisant. Il en fut ainsi en effet, et je me contenterai, pour en donner la preuve, d'extraire de la dernière lettre de l'éminent bota- niste le court passage suivant: « L'étude de l'Essai de M. Timbal-Lagrave m'a confirmé ce que vous avez dit dans vos lettres antérieures. » Le pré- sent article devant reproduire en substance les lettres dont parle ici M. Willkomm, on m’excusera sans doute de m'étre, par cet avant-propos, donné un garant dont personne ne contestera l'autorité. DiaNTHUS BENEARNENSIS Loret. — Par où maintenant commencerai- je l'examen de l’Essai et des autres brochures de M. Timbal, où figurent plusieurs espéces sur lesquelles je ne puis, à mon grand regret, étre d'accord avec l'auteur ? Jl me sembie naturel d'aborder en preinier lieu le D. benearnensis publié par moi en 1858 (Bull. Soc. bot. de France, t. V, p. 321, cum ic.). Je suis censé, en effet, bien connaitre cette espèce, et je vais prouver que M. Timbal l'a souvent méconnue, quoique je l'aie décrite, pour ainsi dire, sous ses yeux, en 1858, à Toulouse, que j'habitais à cette époque. Lors de la session extraordinaire de Pau, en 1868, M. Timbal, dans le compte rendu de l'excursion de Panticosa à Cauterets, a publié (p. LXXXV) une note C qu'il a intitulée : « D. benearnensis Loret ». Il s'y agit d'un Dianthus qu'il a recueilli, dit-il, sur les bords du lac de Panticosa, Dian- thus trouvé aussi par M. Manceau, botaniste présent à la session, lequel lui a communiqué une note qu'il transcrit textuellement et dont voici un extrail : « La fleur est celle du D. attenuatus.....; le calice estaussi à peu près le méme, mais les dents n'y sont pas ciliées ; les feuilles radicales..... sont oblongues, spatulées , obtuses, les caulinaires ligneuses (sic), planes, subaiguës, non subulées. » M. Willkomm (in Prodr. fl. hispan.) a fait preuve d'une bien grande sagacité en parlant de cette note. Il dit en effet, à propos des species inquirendeæ de son Prodromus, au nombre desquels il place le D. benearnensis que je lui ai donné récemment, mais qu'il ne possé- dait pas alors :« La Société botanique de France a trouvé en 1868 à Panticosa 234 | SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. une plante que M. Timbal a prétendu être le D. benearnensis Loret; or, ajoute-t-il avec raison, les caractères indiqués par M. Timbal ne s’accordent ni avec la description ni avec la figure qu'en a données M. Loret : « Sed characteres illo loco indicati neque cum descriptione neque cum icone Loretii conveniunt. » Rien n'est plus vrai, et la plante de Panticosa qui m'a été donnée et que j'ai communiquée à M. Willkomm n'est pour lui, comme pour moi, que le D. pungens Godr. (in Flore de France, 1, p. 234) espèce que M. Timbal vient de débaptiser, en l'appelant D. subulatus Timbal, et dont nous discuterons bientôt les titres. M. Timbal dit, avant de transcrire la note malencontreuse de M. Man- ceau, qu'il n'a pu observer convenablement la plante dont il parle. Il est regrettable qu'il l'ait donnée comme D. benearnensis, puisqu'il pouvait, avant d'envoyer son rapport au Bulletin, Ja comparer à mon espéce que je lui ai donnée autrefois, et éviter ainsi l'erreur en question. Quatre ans aprés la confusion dont je viens de parler, M. Timbal, dis- sertant (in Bull. Soc. bot. de France, t. XIX, p. xcv) sur le D. gemini- florus Lois., parle de la réunion de cette plante au D. furcatus Balb. par Seringe et au D. Seguieri Chaix par Godr. et Gren., rapprochement qui lui parait plus exact; mais, ajoute-t-il, « depuis la publication de la Flore de France, le D. Seguieri a été divisé en plusieurs espèces ; d’où il résulte que le D. geminiflorus doit étre rapporté au D. benearnensis de mon savant ami M. Loret ou en devenir méme le nom princeps ». Cette manière de parler d'une plante qui n'a de commun avec la mienne que les caractères génériques paraîtra sans doute trop peu claire et susceptible de donner le change aulecteur. On doit craindre, lorsqu'on insiste trop sur le morcellement d'un groupe d’espèces, d'imiter les rebaptisants, en donnant un nom malencontreux à une plante nommée déjà depuis longtemps; or c'est ce qui est arrivé à M. Timbal relativement à son D. aragonensis, qui n'est pour M. Willkomm, comme pour moi aujourd'hui, qu'une forme à grandes fleurs du D. be- nearnensis. Le dessinateur, qui est avant tout malacologiste et méme, parait-il, malacologiste distingué, a représenté les plantes que lui a don- nées M. Timbal, le D. benearnensis 2/3 grandeur et le D. aragonensis de grandeur naturelle. Qu'on augmente de 1/3 le dessin de mon espèce, pour le mieux comparer au D. aragonensis, et l'on verra que les deux plantes, à part les pétales, sont tout à fait semblables. Pour les comparer, il faut être bien fixé sur leurs caractères. L'auteur de l'Essai parait mieux apprécier mon Dianthus benearnensis aujourd'hui qu'à l'époque où il lui donnait (Observat. sur quelques Diauthus, p. 16) un calice non atténué; mais il n'eüt pas fallu, dans l'Essa?, lui supposer des tiges de 4-6 fleurs, aprés les avoir dites avec raison bi-triflores dans l'analyse dichotomique du méme ouvrage, et biflores seulement (Observat., etc., SÉANCE DU 9 Mart 1884. 35 p. 16). M. Timbal, aprés avoir rapproché d'abord son D. aragonensis du D. Requienii, a fini par reconnaitre, dit-il, que c'est avec le D. benear- nensis qu'il a les plus grands rapports. La chose n'est pas douteuse, et les rapports sont tels qu'on n'y peut voir qu'une variété. M. Timbal donne à sa plante « une aréte longue, herbacée; une capsule dépassant le tube du calice ; des pétales à onglet dépassant le calice et formant par ses adhé- sions (adhérences) un tube qui dépasse le calice » (sic). Or, en regardant ma plante de prés et à tous les âges, on y trouve ces caractères avec de notables variations qui affectent également le D. aragonensis. Ces deux plantes ne différent en réalité que par la dimension des pétales. qui sont un peu plus grands dans le D. aragonensis, et qui, sans étre frangés comme le dit l'auteur, ni méme incisés, y sont un peu plus profondément dentés que dans notre espèce où les dents sont plus courtes el souvent, non toujours, bi-tridenticulées. Ce caraetére des pétales est-il ici vraiment spécifique? Nous ne le pensons pas. Les Œillets sont trés variables à cet égard, à pétales plus ou moins grands, dentés méme ou entiers sur la méme souche, comme le dit dans sa Flore de Tarn-et-Garonne, Lagrèze- Fossat et comme nous l'avons observé aprés lui sur le D. brachyanthus de Saint-Antonin. M. Timbal (Observat. sur quelques Dianthus, p. 11) qualifie, il est vrai, les « dentelures des pétales » de caractère trés signi- ficatif dans ce genre » ; mais, d'un autre cóté, dans son nouveau D. pun- gens, les pétales dentés ne concordant pas avec la diagnose linnéenne, il déclare que ce caractère des pétales est « trés variable et de peu d'im- portance; car,sur la quantité, dit-il, on trouve des pétales entiers » (voy. la description du Dianthus pungens Timbal, in Gautier Herborisa- tion, etc., p. 34 in fine). On trouvera peut-étre que ces pelites assertions contradictoires finissent par amoindrir l'autorité d'un auteur; mais nous savons par expérience qu'il faut être indulgent en matière aussi difficile. L'auteur de l' Essai (p. 16) dit par deux fois que M. Bordère a trouvé son D. aragonensis à Boucharo. Or j'étais à Gédre, en -1877, lorsque le neveu de M. Bordére arriva de Boucharo chargé de plantes rares. Au mo- ment où il étala son butin sur une grande table scolaire : « Vous avez là mon Dianthus benearnensis, dis-je à M. Bordére. — Oui, me dit-il, je l'ai déjà soumis à M. Grenier, qui m'a répondu: « C'est l’Œillet de M. Loret. » C'était mon type ; mais nous croyons volontiers que M. Bordére, qui a été plus d'une fois à Boucharo, y a trouvé aussi la forme D. aragonensis à tiges souvent uniflores et à pétales plus fortement dentés, plante que M. Willkomm réunit aujourd'hui comme moi en variété grandiflorus à mon Dianthus benearnensis. «s M. Leclerc du Sablon fait à la Société la communication sui vante : 236 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SUR LA CHUTE DES FEUILLES MARCESCENTES, par M. LECLERC DU SABLON. Les feuilles de certains arbres, tels que le Hétre ou le Chéne (Q. Robur), se dessèchent dés l'automne et restent cependant encore adhérentes à la tige pendant quelque temps, souvent méme jusqu'au printemps suivant; on leur a donné le nom de marcescentes pour les distinguer à la fois des feuilles tombantes, qui ne restent sur l'arbre que du printemps à l'au- Lomne de la méme année, et des feuilles persistantes, qui restent vertes el vivantes pendant plus d'un an. L'étude de la chute des feuilles mareescentes présente un intérêt spé- cial; il y a lieu en effet de se demander d'abord pourquoi elles ne tom- bent pas, comme les autres feuilles, au moment où elles commencent à se dessécher et à se faner, et, en second lieu, pourquoi, à un moment donné, elles se séparent de la tige sans qu'il se soit produit dans leur aspect extérieur de changement notable. L'examen anatomique de la région du pétiole où se fait la séparation entre la tige et la feuille suffit pour éclair- cir ces différentes questions. Je prendrai pour exemple le Hétre (Fagus silvatica), qui peut être regardé comme le type des arbres à feuilles marcescentes. Les résultats obtenus pourront ètre appliqués dans ce qu'ils ont d'essentiel aux feuilles du Charme, du Chéne et de la plupart des arbres à feuilles marcescentes. Sur une feuille encore verte qui ne présente encore aucune trace de jaunissement, les éléments cellulaires de la base du pétiole n'ont subi aucune modification notable; le point précis où doit se faire la chute n'est révélé par aucun indice. En automne, au contraire, alors que la feuille est désséchée, on voit, dans une coupe longitudinale, qu'à partir d'une ligne bien nette les tissus du pétiole sont lignifiés : ils se colorent en rouge par la fuchsine et en jaune par le sulfate d'aniline de la méme facon que les éléments du bois. Cette lignification des faisceaux libéro- ligneux aussi bien que du parenchyme se prolonge du cóté du limbe sur une longueur de 2 ou 3 millimétres, et se termine d'une facon moins nette que du cóté de la tige. Chez un certain nombre de feuilles tombantes, on remarque bien la lignification du parenchyme, mais les faisceaux libéro-ligneux restent in- tacts, et assurent ainsi, pendant quelque temps encore, le bon fonction- nement de la feuille. Dans ie cas qui nous occupé, non seulement le liber est lignifié complétement, mais les trachées du bois ont, dans la région considérée, leurs parois modifiées de telle sorte que leur cavité se trouve complétement obturée par une sorte de tampon ligneux. Les échanges de SÉANCE DU 9 uai 1884. 237 liquide entre la tige et la feuille sont ainsi rendus bien difficiles, sinon impossibles; on concoit donc que la feuille meure et se desséche sans qu'il y ait pour cela de raison pour qu'elle se détache de la tige. Si vers la fin de l'hiver, au moment où la feuille va tomber, on étudie les parois des cellules encore vivantes qui avoisinent la base de la partie lignifiée, on voit qu'elles ont subi un commencement de gélification ; le bleu d'aniline leur communique en effet, aprés lavage à la glycérine, une légére coloration bleue et le chloro-iodure de zine les colore moins forte- ment que les parois des cellules plus éloignées de la région lignifiée. Cette modification, quelque faible qu'elle soit, qui s'étend dans toute l'épaisseur du pétiole, peut en diminuer notablement la résistance, et facilite ainsi la chute de la feuille. On concoit d'ailleurs qu'entre la base du pétiole mort et les tissus vivants de la tige, l'adhérence soit devenue plus faible et que les coups de vents fréquents à cette époque de l'année puissent souvent provoquer leur séparation. La plaie qui se trouve ainsi formée sur la tige ne tarde pas à se cicatriser par la lignification d'un certain nombre d'as- sises de cellules, comme cela se produit souvent en pareil cas. Il faut remarquer que dans l'étude qui précéde, on n'a pas vu appa- raitre de méristéme secondaire destiné à former des tissus qui facilitent la chute de la feuille ou la cicatrisalion de la plaie. Ce sont les éléments existant dans la structure primaire qui, par l'épaississement ou la trans- formation chimique de leurs parois (lignification et gélification partielle), suffisent pour expliquer le mécanisme de la chute. M. Duchartre demande comment M. Leclerc du Sablon comprend lalimitation nette du plan à partir duquel commence la lignifi- cation. M. Leclerc du Sablon répond qu'en suivant le développement de la feuille jusqu'à ce qu'elle soit desséchée, on n'apercoit aucune couche séparatrice. M. J. Vallot, secrétaire, donne lecture de la communication sui- vante : SYNONYMIE DES ANDROSACE DIAPENSIOIDES ET PYRENAICA, DES ANTIR- RHINUM SAXATILE ET SEMPERVIRENS, par M. D. CLOS. En 1858, dans une note sous ce litre: Pourret et son Histoire des Cistes, je cherchais à démontrer, grâce à la découverte d'un manuscrit de Pourret, que quelques espèces de Cistes attribuées à Lamarck devaient, en vertu des lois de l'antériorité, porter les noms que leur avait donnés 938 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Pourret(voy. Mémoires de l'Académie des sciences de Toulouse, 5* série, t. II, p. 244 et 265). I. La revue d'un recueil de la main de Picot de Lapeyrouse intitulé : Mémoires pour servir à l'histoire des plantes des Pyrénées et d'expli- cation à l'herbier de ces montagnes, 1110, 2 vol. in-folio, en la posses- sion de la Faculté des sciences de Toulouse, m'a convaineu que Lamarck s'était injustement approprié, en créant son Androsace pyrenaica, VA. diapensioides de Lapeyrouse, et malgré mon admiration pour un des plus grands naturalistes francais, j'ai cru devoir reveadiquer les droits du bo- taniste toulousain. Lapeyrouse dit avoir vu en fleur l'A. diapensioides le 17 octobre 1774, sur les rochers surbaissés de la montagne d'Averan, et il en donne dans ses Mémoires une longue description à la suite de laquelle on lit: « En- core en fruit le 7 octobre 1736. Tout était fortement gelé sur les mon- tagnes. » I! n'est question ni d'A. diapensioides ni dA. pyrenaica dans la des- cription des espèces connues de ce genre due à Lamarck, en 1783, dans le 1* volume du Dictionnaire botanique de l'Encyclopédie. Lapeyrouse déclare dans son Histoire abrégée des plantes des Pyré- nées, p. 94, que les dessins de cette espéce en furent montrés en 1788 à Lamarck, qui n'y vit d'abord qu'une variété de l’Aretia alpina, mais qu'à la vue des beaux échantillons envoyés par Lapeyrouse, il reconnut enfin son erreur et se rendit. En 1795, Lapeyrouse faisait figurer et décrivait longuement l Andro- sace diapensioides dans ses Figures de la Fiore des Pyrénées, t. I, tab. 3, ajoutant : « Je ne connais ni description, ni synonyme, ni figure de cette plante », assertion pleinement justifiée par cette circonstance que cette année méme (en l'an Ill ou 1794-95) paraissait la 2° édition de la Flore française de Lamarck, où l'espéce n'est pas signalée. On comprend l'étonnement de Lapeyrouse et son indignation en appre- nant qu'elle avait été décrite en 1791 par Lamarck dans son /llustration des genres, t. I, p. 432, n° 1953, sous le nom d'A. pyrenaica (1) sans synonyme, la diagnose étant suivie de ces mots : « Les Pyrénées : Comm. par M. Picol de Lapeyrouse. » Depuis lors elle reparait sous ce nom en , (1) Cette dénomination, qui figure en tête de la diagnose latine, manque d'indication d'auteur, tandis qu'à la colonne correspondante le nom d’Androsace des Pyrénées, en téte de la diagnose francaise, est suivi de: Dict. suppl. Or, le premier volume de l’Illustration des genres est de 1791, tandis que le premier volume du Supplément du dictionnaire contenant la description de PA. pyrenaica Lamk est de 1810. Comment, si la date de l'/llustration est exacte, cherche-t-on en vain l’espèce dans la Flore fran- çaise, 2° édition, dont la publication est postérieure? Le tome III donne à son Supplé- ment, p. 642, n° 121i, l'A. alpina avec cette localité : en Dauphine, sur le mont Colo. SÉANCE DU 9 Mai 1884. 239 1806, dans le Synopsis plantarum in Flora gallica descriptarum de Lamarck et de Candolle, où, il est vrai, les dénominations des espèces manquent des noms d'auteurs ; en 1810, danslesupplément du Diction- naire botanique de l'Encyclopédie par Poiret (t. I, p. 360), mais avec le synonyme À. diapensioides, et cet exemple est suivi par tous les phytographes, par de Candolle (Fl. frang.), par de Candolle et Duby (Botan. gall., t. I, p. 382), par Duby (in Prodr. regni veg.), par Zet- terstedt, par Grenier et Godron, etc., à l'exception de Mutel. La priorité seule du nom imprimé appartient à Lamarck. Mais la dé- couverte de l'espéce, la première description manuscrite, sont la propriété de Lapeyrouse ; la communication et des pieds et de la planche avant sa publication est adressée par lui à Lamarck, qui reconnait avoir recu les échantillons de Lapeyrouse. Et celui-ci ajoute dans sou Supplément, p. 34: « Pendant plus de vingt ans, seul j'ai trouvé et connu la station de cette plante; j'en ai distribué des échantillons aux botanistes de tous les pays. » Elle l'intéressait tellement, qu'il voulait la conserver vivante ; mais, dit-il dans ses Mémoires : « elle ne supporte pas la culture. Ses graines, quoique trés bonnes, u'ont pas levé, méme sous la mousse et dans la terre de bruyére. Des pieds transportés à diverses reprises dans le jardin y ont repris, y ont méme fleuri; mais ils ont toujours langui et sont morts au bout d'un an. » Ma conclusion sera donc celle qu'émettait en 1836 Mutel dans sa Flore francaise, t. HL, p. 67: « Je conserve à cette espèce le nom donné par Lapeyrouse, n'ayant rien trouvé qui infirmât ses réclamations. » II. Linné avait dénommé Antirrhinum saxatile une plante d'Espagne devenue Linaria saxatilis Hoffmsg et Link (Flore portug.), et adoptée sous ce dernier nom par tous les botanistes. Tournefort découvre dans les vallées de Campan et de Baréges, au- tour des bains et le long du torrent, son Antirrhinum saxatile, Ser- pylli vel Buxi folio, magno flore. A son tour, Picot de Lapeyrouse avait rencontré sur les murs de l'église de Gerdre (sic) la méme espèce appelée, par lui Antirrhinum semper- virens, et qu'il décrivait en 1770 dans ses Mémoires (manuscrits) pour servir à l'histoire des plantes des Pyrénées, p. 448, où il le compare à PA. molle L., signalant les différences des deux espèces. A la suite de la préface de son Histoire abrégée des plantes des Pyré- nées (1813), Lapeyrouse publie la Topographie botanique de Tournefort, où figure l'A. saxatile p. Lxit, que l'on s'étonne de ne pas retrouver dans les Institutiones Rei herbariæ de ce dernier auteur, et que Lapeyrouse rapporte en synonyme à son Antirrhinum sempervirens (Hist. abrég. p. 354). C'était à bon escient, puisque, à l'exemple de Linné, il n'ad- 240 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. mettait pas le genre Linaria de Tournefort, bien qu'il eût dù, pour rap- peler les droits de Tournefort, transformer son Antirrhinum semper- virens en A. Tournefortii. Mais, du moment que les deux genres ont été universellement adoptés en botanique, la justice voulait que lA. semper- virens Lap. cédàt le pas à l'A. saxatile Tourn. et n'en fût qu'un synonyme ; et pourtant les droits de Tournefort sont tellement méconnus à cet égard, que, dans sa Monographie des Antirrhinées Chavannes, à propos de lA. sempervirens décrit page 82, omet de citer la première dénomination due au découvreur de l'espéce. Ne pourrait-on pas, dans le cas actuel, appli- quer à Lapeyrouse ce reproche adressé par lui aux successeurs de Tournefort : «Ils n'ont fait pour la plupart que ressusciter les espèces qu'il avait signalées par des phrases, il est vrai, trop vagues et trop peu caractéristiques (Préf. de l'Hist. abrég. des pl. des Pyrén., xxiv)? » M. Mangin présente à la Société un pied de Bellis perennis à ca- pitules proliféres, trouvé près de la forêt de Villers-Cotterets, où cette anomalie de la Páquerette était présentée par les individus croissant spontanément. M. Rouy dit que l'intéressante communication de M. Mangin portant sur une plante prolifére est une occasion pour lui de mentionner comme devant être comprise parmi les plantes sujettes à se rencontrer proliféres, le Daucus polygamus Gouan (D. Gouani Nym.), plante rare d'Espagne, sur laquelle cette anomalie ne pa- rait pas avoir encore élé constatée, quoiqu'elle se produise parfois sur certaines espèces du genre Daucus. M. G. Bonnier présente à la Société un certain nombre d'échan- tillons accompagnés de dessins, et fait ensuite la communication suivante : SUR LES DIFFÉRENTES FORMES DES FLEURS DE LA MÊME ESPÈCE, par M. Gaston BONNIER. Si l'on compare deux échantillons tels que ceux que je présente à la Société, appartenant, par exemple, au genre Pulmonaria, on pourrait opposer les caractéres suivants : A. B. Calice renflé distant de la corolle. Calice étroitement appliqué sur la corolle. Tube de la corolle cylindrique. Tube de la corolle renflé vers le haut. Anthéres exsertes. Anthéres incluses. SÉANCE DU 9 mar 1884. 944 Filets développés, de 3-5 millim. Filets des étamines nuls. Faisceaux de poils inférieurs aux| Faisceaux de poils supérieurs aux étamines. étamines. Style égal au tiers du tube de la| Style égal au double du tube de a corolle. corolle. Stigmate subglobuleux. Stigmate aplati. Ceux de nos confrères qui s'occupent particulièrement de la descrip- tion des espèces voient au premier coup d'œil que ces caractères opposés de ces deux échantillons de Pulmonaires ne sont pas des caractères con- stants pouvant servir à l'établissement d'une distinction spécifique. Si des espèces n'étaient établies que sur des variations dans la longueur rela- tive des organes floraux ou dans leur plus ou moins grande concrescence, ces espéces n'auraient aucune valeur. Mais si ces deux formes de fleurs qu'on peut reconnaitre ici chez le Pulmonaria officinalis, ou dans ces autres échantillons, chez le Primula officinalis, présentent des carac- téres aussi tranchés, on peut se demander pourquoi, dans une descrip- lion complète de l'espèce, on ne devrait pas les énoncer. On enseigne maintenant, dans la plupart des livres classiques de bota- nique, que ces fleurs sont dimorphes, c'est-à-dire qu'il y aurait, par exemple dans la Pulmonaire, les deux formes que je viens de décrire, et non d'autres. Ce n'est pas seulement, d'ailleurs, au point de vue de la description des espèces que ce dimorphisme serait important à considérer. D’après un grand nombre d'auteurs, ces deux formes de fleurs auraient pour róle de forcer les plantes hermaphrodites à fonctionner comme plantes diclines, en facilitant, par l'intermédiaire des insectes, la fécondation croisée. On enseigne méme que le pollen à grains petits des fleurs longistyles est adapté aux papilles peu développées du stigmate des fleurs brévistyles, et réciproquement. C'est ce que montre nettement, trop nettement, comme nous allons le voir, ces tableaux d'enseignement en usage en Allemagne, et que je mets sous les yeux de la Société. Nous pouvons ainsi nous proposer de vérifier ces deux propositions souvent admises, et nous demander : 4° Si les plantes citées ont réellement desfleurs absolument dimorphes. 2e S'il y a une adaptation croisée des stigmates et du pollen chez les fleurs dimorphes. 1* Polymorphisme floral. — On peut se rendre compte très facile- ment, en recueillant dans une herborisation un grand nombre d'échan- tillons de la méme espèce et en les comparant, de l'exagération avec laquelle on a décrit les différentes formes de fleurs de méme sorte. Pour la Pulmonaire et la Primevére que je viens de citer, voici une T. XXXI. (SÉANCES) 16 949 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. série d'intermédiaires entre les fleurs dites brévistyles et celles dites longistyles. La disposition relative des étamines et du style est des plus variables; il n'est pas vrai de dire que ces espèces sont dimorphes, elles sont polymorphes ; et l'on trouve entre une fleur presque màle et une fleur presque femelle tous les cas de transition imaginables. Dans certains cas, où le fait était trop évident au premier abord, on a décrit la plante comme ayant des fleurs trimorphes, par exemple le Lythrum Salicaria ; il est bien facile de s'assurer qu'il n'y a pas trois formes de fleurs seulement chez cette espéce, mais une infinité. Voici des échantillons nombreux du Saxifraga granulata, espèce qui n'a pas été décrite, à ma connaissance, comme trimorphe, mais qui aurait pu l’être aussi bien que d'autres; il en est de méme que pour la Sali- caire. On peut voir chez ce Saxifraga des fleurs presque mâles, des fleurs presque femelles, et en outre tous les intermédiaires. Ainsi donc, pour ces espèces, il n'y a pas de véritable dimorphisme’ ou trimorphisme. Certaines formes de fleurs peuvent étre plus fréquentes que les autres, mais il y en a un trés grand nombre de formes trés diverses. On pourrait signaler, méme chez les espéces qu'on ne considére que comme n'ayant qu'une seule sorte de fleurs, des variations trés visibles, quoique moins grandes. Les fleurs de l'Erodium cicutarium offrent tantôt des stigmates qui sont étalés au-dessus des étamines au moment de l'anthése, tantót au- dessous, ou parfois juste au méme niveau. Des variations encore plus grandes sont offertes par le Potentilla verna, dont on peut voir ici des échantillons à types extrêmes. L'Anemone Pulsatilla, les espèces du genre Viola, et même l'une des fleurs qui semblent le plus rigoureuse- ment hermaphrodites, la Pervenche, présentent aussi des variations du gynécée et de l'androcée. Dans les espèces du genre Viola qui ont des fleurs cléistogames, même dans le Viola mirabilis dont le dimorphisme semble, évident, les inter- médiaires s'observent aussi assez fréquemment entre les deux sortes de fleurs; mais ici ces intermédiaires et ce dimorphisme n'ont pas le méme intérét que celui des autres espéces citées, puisque certaines fleurs sont entièrement stériles, et certaines autres entièrement hermaphrodites, sans intervention possible dans la fécondation des agents extérieurs acci- dentels. D'autre part, tous ceux qui ont souvent herborisé savent qu'il n’est pas rare de trouver chez les espèces dioïques des exemplaires à fleurs poly- games ou même des individus à fleurs hermaphrodites (Lychnis dioica, Valeriana dioica, Salix Caprea, etc.), tandis que des fleurs herma- phrodites, au contraire, peuvent être accidentellement diclines (Lychnis Flos-Cuculi, Valeriana officinalis, etc.). SÉANCE DU 9 MAI 1884. 243 En résumé, si l’on veut exprimer simplement les faits relatifs aux diffé- rentes formes de fleurs, on peut dire que toutes les fleurs sont plus ou moins polymorphes, plus ou moins polygames, et qu’on trouve tous les intermédiaires entre les fleurs absolument dioïques et les fleurs absolu- ment hermaphrodites. 2° Germination du pollen chez les fleurs de formes différentes. — Arrivons maintenant à la seconde question que nous nous sommes posée. Estil vrai de dire que le pollen des étamines peu développées germe de préférence sur les stigmates d'autres fleurs à papilles peu développées; que le pollen des étamines des fleurs brévistyles, au con- traire, germe de préférence sur le stigmate des fleurs à gynécée prédo- minant ? Tout d'abord on sait que la dimension des grains de pollen, dans un méme sac pollinique, n'a rien d'absolu. On ne peut pas caractériser une espéce phanérogame par la dimension de ses grains de pollen, comme on peut le faire souvent pour les Thallophytes, en donnant la dimension des spores. Il n'est donc pas possible de séparer par leur grandeur les grains de pollen des fleurs différentes. En outre, on peut voir facilement, par les dessins ci-joints, que la germination des grains de pollen sur les papilles des stigmates appar- tenant aux diverses formes florales de la méme espèce se fait; d'une maniére quelconque ; les gros grains de pollen peuvent germer au contact des stigmates à petites papilles, et réciproquement. Aussi, d'une part la dimension des grains de pollen n'est pas absolu- ment définie dans une méme anthére; d'autre part la maniére dont ils germent sur les papilles stigmatiques n'est pas en rapport avec cette dimension, ni avec celle des papilles. Il faut seulement remarquer, bien entendu, que le pollen avorte ou que les étamines restent souvent indéhiscentes chez les fleurs presque femelles, qui ont été citées plus haut, dans les espéces hermaphrodites, et que chez les fleurs presque mâles les papilles stigmatiques sont le plus souvent peu développées, ou que souvent méme le tissu conduc- teur fait complètement défaut. J'ajouterai que la visite des insectes peut s'opérer de manières trés dif- férentes chez les diverses formes de fleurs d'une méme espèce, et dès lors l'explication de la fécondation croisée doit étre modifiée. l On peut aussi remarquer que les fleurs non visitées par les insectes (Graminées, etc.) présentent un polymorphisme aussi développé que les autres. On voit done par ces observations, dont je pourrais facilement citer un plus grand nombre, ce qu'a de trop absolu la maniére dont on a J44 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. décrit les diverses formes de fleurs: les faits ne démontrent en aucune manière que les fleurs hermaphrodites se sont adaptées à la dioicité; les intermédiaires sont nombreux entre les deux cas extrêmes, et l'existence de ces intermédiaires peut tout aussi bien étre interprétée dans le sens d'une évolution vers l'hermaphrodisme que dans le sens contraire. M. Roze présente à la Société, de la part de M. Aug. Michel, empéché de se rendre à la séance, un spécimen de Morille fort curieux au point de vue de l'histoire biologique de ce Champignon. Il s'agit, en effet, d'un pied de Morchella esculenta var. rolunda Pers., qui s'est développé sur le cóté d'un troncon de bois mort, d'environ 0",20 de longueur, provenant d'une forte branche d'Orme brisée par le vent et tombée à terre. L'échantillon dont il s'agit a été trouvé vers les premiers jours d'avril dans la forét de Marly. M. Roze fait remarquer qu'il est difficile de ne pas admettre que cette Morille a pu croître aux dépens de la branche morte, et qu'en rapprochant ce fait de celui qu'il a signalé l'an dernier, du déve- loppement de cette méme variété de Morchella esculenta sur les tubercules du Topinambour, on se trouve conduit à en conclure que la Morille peut étre considérée comme un Champignon à la fois saprophyte et parasite. M. G. Bonnier, secrétaire, donne lecture de la communication suivante : NOTE SUR UN MÉMOIRE DE M. E. TANGL, par M. GOMONT. Mes études ayant eu particulièrement pour objet, depuis quelque temps, la famille des Oscillariées, j'ai cru devoir lire avec attention un mémoire de M. E. Tangl sur la morphologie des Cyanophycées (Zur Morphologie der Cyanophyceen, Wien, 1883), et relatif à une plante . trouvée par lui dans un aquarium, à l'Institut zoologique de Czernowitz. La plupart des idées émises par l'auteur ne me paraissant pas appuyées sur des expériences suffisamment concluantes, on me permettra de passer rapidement en revue cette brochure, en indiquant les points qui sont contestablés. La plante qui fait l'objet du mémoire présente à premiére vue, dit l'auteur, toutes les apparences d'une Oscillaire, avec tous les mouvements caractéristiques de cette famille. Ce qui a déterminé M. E. Tangl à en faire un genre nouveau sous le nom de Plaxonema, c'est la présence, au SÉANCE DU 9 mar 1884. 245 milieu de quelques-unes des cellules, d’un ou de plusieurs corps lamelli- formes d’une couleur bleue plus intense que le reste du plasma, et qu’il regarde comme des chromatophores. La régularité de contours qu'ils pré- sentent, d’après les figures données (fig. 4 et 7), nous les ferait consi- dérer plutôt comme des cristalloïdes que comme de véritables chro- matophores. Il ne parait pas d’ailleurs que la possibilité d'une erreur de cette nature se soit présentée à l'esprit de l'auteur, et qu'il ait cherché à s'éclairer par des moyens chimiques sur la nature réelle de ces formations. En raison du point où elles se sont arrêtées, on ne trouvera peut-être pas non plus suffisamment concluantes les expériences sur la reproduc- tion de la plante. Celle-ci se fait, suivant l'auteur, par la mort de cer- taines cellules, pour lesquelles il croit devoir créer le nom de nécrides. Ces cellules, d'un vert de chlorophylle, aménent la rupture des filaments, dont les fragments se séparent sous l'influence des agents extérieurs, car, dit M. Tangl, les filaments qui se désarticulent deviennent immobiles. Nous ferons remarquer que cette couleur verte, comme chacun a pu S'en convaincre en cultivant des Oscillaires, est toujours le signe de la mort des cellules, qu'elle se présente sur des points isolés ou sur des filaments entiers. Elle ne nous parait done point pouvoir étre considérée comme un mode de reproduction. La formation des nécrides n'est d'ail- leurs pas indispensable pour déterminer la rupture des filaments. On voit souvent, en particulier chez les Oscillaires pourvues de gaines (Lyngbya), deux cellules contigués s'arrondir, tout en conservant leur couleur normale et leur vitalité; puis se séparer, les deux filaments s’écartant ensuite par leur propre mobilité et glissant dans la gaine com- mune. Quant à l'immobilisation des trichomes dans la plante de M. Tangl, au moment où celle-ci se reproduit, bien que nous ne puissions la con- tester d'une maniére absolue, nous avouerons en étre quelque peu étonné: la mobilité, méme là où elle n'existe pas à l'état ordinaire, apparaissant presque toujours, chez les Cyanophycées filamenteuses, au moment de la reproduction. L'auteur disant d’ailleurs lui-même n'avoir vu ni le développement des fragments, ni la formation de l'extrémité acuminée typique dans cette espéce, nous ne pouvons voir, jusqu'à preuve contraire, dans le phéno- méne décrit par lui, qu'un commencement de mort et de décomposition générale des filaments observés. Méme remarque sur la formation de certains corps désignés par lui sous le nom de Zooglæa. Ils prennent naissance, si l'on conserve la plante sous un couvre-objet ou dans une goutte d'eau suspendue à l'intérieur d'une cellule de verre (plus rapidement dans le premier cas que dans le second, suivant l'auteur), mais ne se produisent aucunement lorsque la 246 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. plante est cultivée en grandes masses et dans des conditions plus nor- males. Ils consistent d’ailleurs en fragments uni- ou pluricellulaires, désarticulés et renfermés dans une masse gélatineuse. Nous avons, dit M. Tangl, choisi la culture sur le porte-objet, de préfé- rence à la culture en cellules, comme conduisant plus rapidement au résultat. Cette rapidité méme, due à l'emploi d'un mode de culture chan- geant radicalement les conditions d'existence du végétal, rapprochée de ce fait qu'aucun phénoméne de méme nature ne se produit lorsque la plante vit dans un milieu plus favorable, aurait dà, ce me semble, inquiéter l'observateur sur la valeur du résultat obtenu, d'autant qu'il avoue, en terminant, n'avoir, là aussi, observé aucun développement ultérieur, ni dans les cellules vivantes, ni chez les Zooglæa. Je ne suivrai pas l'auteur dans la description longue et minutieuse, accompagnée de figures, qu'il donne de ces formations. Cette partie du mémoire nous intéressera vivement lorsque M. Tangl pourra nous faire voir, dans un travail ultérieur, le développement des cellules de Zooglæa, soit qu'elles reproduisent la plante primitive, soit, comme il le pense, qu'elles viennent prendre place dans un autre genre de la famille des Cyanophycées. En effet, partisan convaincu des théories de M. Zopf, l'auteur nous affirme que les cellules isolées de Plaxonema, ainsi que les Zooglæa, sont destinées à se transformer, les unes en Synechococcus, les autres en Aphanothéce. Mais, outre que les théories de M. Zopf ne nous parais- sent jusqu'ici nullement hors de doute, une affirmation non suivie de preuves expérimentales ne peut constituer en aucune facon un argument scientifique. Nous attendons donc, avec tout l'intérét qu'elles méritent, que les théories de M. Tangl soient appuyées par des résultats com- plémentaires. SÉANCE DU 93 MAI 1884. PRÉSIDENCE DE M. DUCHARTRE. M. G. Bonnier, secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la séance du 9 mai, dont la rédaction est adoptée. M. le Président a le regret d'annoncer le décés de M. le docteur Charles Penchinat, médecin à Port-Vendres (Pyrén.-Or.). Il était âgé de soixante-dix-neuf ans et membre de la Société depuis 1854. SÉANCE DU 23 MAI 1884. 247 Par suite de la présentation faite dans la séance du 9 mai, M. le Président proclame membre de la Société : M. VipaL (G.), inspecteur des contributions directes à Privas (Ardéche), présenté par MM. Ern. Malinvaud et J. Vallot. M. le Président annonce ensuite une nouvelle présentation. Lecture est donnée d'une lettre de M. Henri Brochon, qui re- mercie la Société de l'avoir admis parmi ses membres. M. Malinvaud a recu pour la bibliothéque de la Société la der- nière partie du Flora Orientalis (volumen quintum, fasciculus secundus). [I ajoute, à ce propos, qu'il sera certain d’être l'interpréte des sentiments unanimes de l'assemblée « en adressant à M. Boissier » de respectueuses félicitations pour avoir mené à si bonne fin ce » bel ouvrage, en méme temps que de vifs remerciements pour le » bienveillant empressement avec lequel l'éminent auteur a bien » voulu nous en envoyer successivement toutes les livraisons ». M. le Président dit qu'il s'associe, au nom de la Société, à un hommage si justement rendu, à l'occasion d'une des œuvres scien- tifiques les plus marquantes de la seconde moitié de ce siècle. M. Van Tieghem fait à la Société la communication suivante: SUR LES CANAUX SÉCRÉTEURS DES LIQUIDAMBARÉES ET DES SIMARUBACÉES, par M. Ph. VAN TIEGHEM. Dans une précédente séance, j'ai fait voir que les Diptérocarpées ont, dans toute l'étendue du corps végélatif, leurs canaux sécréteurs situés àla pointe du bois primaire, pointe qui est, comme on sait, externe, tour- née vers le péricycle, dans la racine, interne au contraire, tournée vers la moelle, dans la tige et dans la feuille; plus tard il s'y développe sou- vent de nouveaux canaux oléifères dans le bois secondaire (1). Cette localisation des canaux sécréteurs dans le bois est assez rare. D'après mes observations de 1871 et 1872, elle se rencontre, comme on sait, dans la racine et dans la tige de quelques Gymnospermes (Pinus, Lariz, dès le bois primaire; Picea, Pseudotsuga, seulement à partir du bois secon- (1) Ph. Van Tieghem, Sur la disposition des canaux sécréteurs dans les Clusiacées, les Hypéricacées, les Ternstræmiacées et les Diplérocarpées (Bull. Soc. bot. de France, séance du 28 mars 1884). 248 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. daire); mais elle était inconnue jusqu'ici chez les Angiospermes. L'objet du présent travail est d'établir qu'elle se retrouve, au moins dans la tige et dans la feuille, chez plusieurs autres Dicotylédones: d'un cóté, chez les Liquidambarées, de l'autre chez bon nombre de Simarubacées. 1. Liquidambarées. — On sait que les Liquidambarées, petit groupe composé des deux genres trés voisins Liquidambar et Altingia, sécré- tent des banmes fort usités en Orient: le plus célèbre est le styrax liquide, riche en cinnaméne, en acide cinnamique et en styracine, qui provient du Liguidambar orientalis d'Asie Mineure; d'autres, moins estimés, sont produits dans l'Amérique du Nord par le L. styraciflua, en Chine par le L. formosana et l'Altingia chinensis, au Japon par le L. acerifolia, à Java par l'A. excelsa. C'est de l'écorce de ces arbres, au sens ancien du mot, et surtout de l'écorce interne, que.le baume est extrait; mais les auteurs sont loin d'étre d'accord surla maniére dont il y est sécrété. D'aprés M. Planchon, « dans les jeunes tiges et les rameaux, on ne voit dans l'écorce que quelques cellules remplies de baume ou de résine, dispersées principalement dans les couches internes ; mais, dans les vieux troncs, le baume se trouve en abondance, aussi bien dans les épaisses cellules fibreuses de la couche libérienne que dans le paren- chyme cortical qui relie entre eux les faisceaux fibreux, et dans les rayons médullaires qui coupent radialement ces couches. Il ne parait pas y avoir d'organe sécréteur spécial ; c'est dans les cellules mêmes que se fait le produit, et peut-étre par une transformation de leurs parties consti- tuantes » (1). MM. Fluckiger et Hanbury ne donnent aucune indication précise à cet égard; mais, dans une note ajoutée à la traduction francaise de l'ouvrage, le traducteur, M. de Lanessan, s'exprime ainsi au sujet du Liquidambar orientalis : « Les organes sécrétants de la plante sont des canaux sécréteurs véritables... Dans un rameau âgé de cinq à six ans, la moelle offre un cercle de canaux disposés dans le voisinage de l'extré- mité interne des faisceaux ligneux et arrivés à un degré de développe- ment assez avancé, quatre ou cinq couches concentriques de cellules sécrétantes entourant la cavité centrale. Dans le parenchyme cortical et le liber, un certain nombre de ces canaux sont en voie de forma- tion (2). » Cellules sécrétrices isolées dans l'écorce et dans le liber; canaux sécréteurs formés d'abord dans la moelle et plus tard aussi dans l'écorce et dans le liber : telles sont donc les deux opinions en présence. L'étude que j'ai faite de la racine, de la tige et de la feuille des Liquidambar (1) Planchon, Traité pratique de la détermination des drogues simples d'origine végétale, Il, p. 265, 1875. (2) Fluckiger et Hanbury, Pharmacographia, trad, franc. I, p. 492, 18:8. SÉANCE DU 23 mar 1884. 949 , styraciftua et orientalis à l'état vivant, confirmée par l'examen de la tige et de la feuille des Liguidambar formosana et acerifolia, ainsi que des Altingia excelsa et chinensis, conservés dans l'herbier du Muséum, me permet de fixer la part de vérité contenue dans chacune de ces deux assertions. Dans la jeune radicelle, l'écorce, limitée en dedans par un endoderme subérifié, est dépourvue d'éléments sécréteurs. Le cylindre central com- mence par un péricycle formé d'une seule assise de cellules ; de trés bonne heure, bien avant l'apparition de la couche génératrice des productions libéro-ligneuses secondaires, cette assise se segmente'tangentiellement et forme une couche de liège, qui exfolie l'écorce tout entière, y compris l'endoderme. Sous ce péricycle, des faisceaux ligneux centripétes, ordi- nairement au nombre de trois dans les radicelles étudiées et confluents au centre en étoile, alternent avec pareil nombre de faisceaux libériens. Chaeun de ceux-ci comprend, adossé au péricycle, un arc de deux rangs de tubes eriblés, et sous cet arc un large canal oléifère bordé de cinq ou six grandes cellules sécrétrices. Ces cellules de bordure ne sont séparées des vaisseaux, en dedans et sur les cótés, que par deux assises de cellules conjonctives, dont l'externe se cloisonnera plus tard pour former l'arc générateur des productions libéro-ligneuses secondaires. Dans son organi- sation primaire, la racine de ees plantes posséde done un canal sécréteur au bord interne de chaque faisceau libérien. On ne peut manquer d’être frappé de la ressemblance qui existe sous ce rapport entre les Liquidam- barées et les Anacardiacées. Plus tard, aprés l’exfoliation de l'écorce, aprés que les arcs générateurs sous-libériens ont conflué en dehors des faisceaux ligneux en une couche génératrice continue, et que cette couche génératrice a produit un anneau libéro-ligneux secondaire de plus en plus épais, les canaux sécréteurs du liber primaire sont refoulés vers la périphérie, au voisinage de la couche de liége issue du cloisonnement centripéte du péricycle, séparés seulement de cette couche par deux ou trois rangs de cellules pleines d'amidon pro- venant du cloisonnement centrifuge du péricyele et par la lame cornée qui résulte de l'écrasement des tubes criblés du liber primaire. C'est là qu'on les retrouve à tout àge, en nombre toujours égal à celui des faisceaux libé- riens primaires de la racine considérée, mais plus larges qu'au début ; leurs cellules de bordure se sont en effet acerues et cloisonnées, non seulement suivant la tangente, de manière à circonscrire en plus grand nombre une lacune plus large, mais encore suivant le rayon, de facon à envelopper la cavité de trois ou quatre assises de cellules tabulaires super- posées. lls demeurent d'ailleurs seuls à toute époque; car aucun canal sécréteur nouveau ne se forme ni dans le liber secondaire, ni dans le bois secondaire. Le liber secondaire, dépourvu de fibres, contient beaucoup 250 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. d'amidon et quelques macles d’oxalate de chaux dans le parenchyme interposé aux tubes criblés ; dans les rayons unisériés qui le traversent, un grand nombre de cellules, de méme forme: que les autres, isolées ou juxtaposées aussi bien suivant la longueur que dans le sens radial, sont remplies d'un baume incolore et trés réfringent; ces cellules sécrétrices cessent brusquement au niveau de la zone génératrice, et dans le bois secondaire les rayons ne renferment que de l'amidon. En résumé, l'appareil sécréteur de la racine se compose de canaux oléifères localisés dans le liber primaire et de simples cellules disséminées notamment dans les rayons du liber secondaire. Dans la tige, l'écorce, qui forme son liège sous l'épiderme, est dépour- vue de canaux ou de cellules résiniféres ; on y voit seulement d'assez nombreuses macles d'oxalate de chaux et quelquefois des cellules sclé- reuses (Altingia chinensis). Sous l'endoderme, le péricycle est composé de petits groupes fibreux séparés par du parenchyme. Le liber, primaire ou secondaire, est privé de canaux sécréteurs ; mais les rayons du liber secondaire contiennent, comme dans la racine, un grand nombre de cel- lules pleines d'un baume incolore. Le bois secondaire n'a ni canaux, ni cellules résiniféres, mais chaque faisceau de bois primaire renferme un canal sécréteur. Ce canal est situé à la pointe méme du faisceau, en dedans des vaisseaux annelés et spiralés les plus étroits et les premiers formés, de facon qu'au premier abord on pourrait le croire à la périphérie de la moelle; mais ses cellules de bordure, qui se segmentent plus tard tangentiellement de maniére à en former trois ou quatre rangées, sont directement reliées aux vaisseaux par des cellules étroites, identiques à celles qui réunissent latéralement entre elles les séries rayonnantes des vaisseaux, c’est-à-dire par du parenchyme ligneux. Le canal est donc creusé, comme on l'a vu chez les Diptérocarpées, dans le parenchyme ligneux qui occupe la pointe extréme du faisceau. On compte huit ou neuf de ces canaux sur la section transversale de la tige du Liqui- dambar orientalis. La moelle est entièrement dépourvue de canaux sécréteurs. L'appareil sécréteur de la tige se compose donc, comme celui de la racine, de canaux primaires et de simples cellules secondaires; mais tandis que ces dernières occupent la méme situation que dans la racine, c'est-à-dire principalement les rayons du liber, les premiers ont une disposition toute différente : ils étaient au bord interne du liber, ils sont maintenant au bord interne du bois. Cette migration de l'organe sécréteur, qui passe du liber primaire de la racine au bois primaire de la tige, est un fait trés remarquable, dont on ne connait pas jusqu'ici d'autre exemple. La feuille recoit de la tige trois faisceaux, qui y passent avec leur canal sécréteur. Dans le pétiole, prés de l'insertion, chaque faisceau est arqué SÉANCE DU 23 Mai 1884. 251 et loge le canal dans sa gouttière ; plus haut, il se ferme complètement autour du canal et devient concentrique ; plus haut encore, les trois fais- ceaux concentriques s'ouvrent latéralement et s'unissent en une courbe fermée. Quand les faisceaux se ramifient, les canaux se divisent en méme temps, de maniére à suivre le cours des principales nervures. En ce qui concerne la tige, seul organe qu'ils aient étudié, il se trouve donc que les deux auteurs cités plus haut ont entrevu chacun une partie de la vérité. D'un côté, il y a bien en effet des canaux sécréteurs au pourtour de la moelle, comme l'a signalé M. de Lanessan; seulement ils appartiennent au bois, non à la moelle, et de plus ni l'écorce, ni le liber ne contiennent de canaux sécréteurs, soit formés, soit en voie de forma- tion. De l'autre cóté, le liber secondaire ne renferme en effet que de simples cellules à baume, comme J’a dit M. Planchon; en sorte que le pro- duit commercial, puisqu'il est extrait de l'écorce de l'arbre, provient, du moins en partie, de ces cellules disséminées. Je dis: du moins en partie, car à chaque nœud le liber et l'écorce sont traversés obliquement, comme on sait, par trois canaux ligneux qui y subsistent aprés la chute des feuilles; si donc on vient à fendre et à déchirer ces deux zones, non seu- lement tous les canaux obliques qu'elles renferment laisseront écouler leur baume, mais encore, par les ouvertures béantes, le baume des ca- naux verticaux du bois, fortement comprimé par la formation du bois secondaire, ne pourra manquer de s'écouler au dehors. On recueillera donc le baume du bois, en méme temps que celui du liber. En résumé, les Liquidambar et les Altingia ont tout leur corps végé- tatif traversé par un systéme de canaux oléiféres qui appartient au liber primaire dans la racine, au bois primaire dans la tige et dans la feuille. Sous ce rapport, on peut dire que ces plantes combinent la racine d'une Anacardiacée avec la tige et la feuille d'une Diptérocarpée. A ces canaux s'ajoute plus tard un ensemble de simples cellules qui occupe la méme situalion dans le liber secondaire des trois membres. Considérées longtemps comme un petit groupe à part, d'affinités d'ail- leurs assez obscures, les Liquidambarées ont été dans ces derniers temps rattachées comme tribu à la grande famille des Saxifragacées (1). Les genres Bucklandia (B. populea), Hamamelis (H. virginiana), Rhodo- leia (Rh. Championi), ete., qui, dans cette manière de voir, sont consi- dérés comme les plus proches voisins des Liquidambarées, se sont montrés cependant complétement dépourvus à la fois de canaux sécré- teurs et de cellules résinifères. Sous le rapport de l'appareil sécréteur, les deux genres Liquidambar et Altingia forment donc bien un petit groupe à part, qui ne peut méme étre comparé à aucun autre; car, sil (1) Bentham et Hooker, Genera, I. — Baillon, Histoire des plantes, Ili, p. 397, 1871. 952 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ressembleaux Diptérocarpées et aussi, comme on va voir, aux Simaru- bacées par la tige et par la feuille, il diffère de ces deux familles par la racine. 2. Simarubacées. — M. Trécul a signalé l'existence de canaux oléoré- sineux dans la tige et la feuille des Ailantus glandulosa et Brucea fer- ruginea. Ils sont situés entre les pointes internes des faisceaux libéro- ligneux, et appartiennent, suivant lui, à la zone périphérique de la moelle de la tige et du pétiole (1). Il constatait en méme temps la présence de pareils canaux médullaires dans quelques Anacardiacées (Spondias, plu- sieurs espèces de Rhus), et cette analogie de structure pouvait porter à croire que les Ailantus et les Brucea, rattachés autrefois aux Zantho- xylées, seraient bien à leur place dans la famille des Anacardiacées. Ce n'est pas, comme on sait, l'opinion qui a prévalu en botanique descrip- tive; on s'aecorde bien à retirer ces deux genres des Zanthoxylées, mais c'est pour les placer dans les Simarubacées et non dans les Anacardia- cées (2). Voyons donc d'abord si cette ressemblance dans la disposition des canaux sécréteurs existe réellement, s'il y a effectivement ce désac- cord entre la Morphologie externe et l'Anatomie; nous rechercherons en- suite si les autres Simarubacées possèdent un appareil sécréteur compa- rable à celui des Ailantus et des Brucea. La racine des Ailantus glandulosa, Brucea ferruginea, Simaruba officinalis, Picramnia polyantha, est dans toutes ses parlies et demeure à tout âge dépourvue de canaux sécréteurs. Dans le Simaruba offici- nalis, toutes les cellules de l'écorce, aussi bien celles de l’assise pilifère que célles de l'endoderme, prodaisent une oléorésine jaune d'or, con- densée en une ou plusieurs gouttelettes dans chaque cellule ; cette écorce sécrétrice persiste assez longtemps, malgré les cloisonnements du péri- cycle, qui forme une couche de plus en plus épaisse entre le liber pri- maire écrasé et l'endoderme. Dans le Brucea ferruginea, chaque cellule de l'assise subéreuse, située au-dessous de l'assise pilifère, porte sur ses faces latérales et transverses un cadre d'épaississement pareil à celui qui consolide, comme on sait, chaque cellule sus-endodermique dans la racine des Thuia, Cupressus, Taxus, etc. On voit donc déjà que, par leur ra- cine, les Ailantus et Brucea diffèrent profondément des Anacardiacées et ressemblent aux autres Simarubacées. Dans la tige de l'Ailantus glandulosa, les faisceaux libéro-ligneux sont étroits, nombreux et de deux sortes, qui alternent assez régulièrement : les uns prolongent leur bois dans la moelle en une pointe formée de (1) Trécul, Des vaisseaux propres dans les Térébinthinées (Comptes rendus, LXV, 1867). (2) Bentham et Hooker, Genera, I. SÉANCE DU 23 war 1884. 253 vaisseaux annelés et spiralés déroulables, mais dépourvue de canal sécré- teur ; dans les autres, le bois, moins développé vers le centre et dépourvu de vaisseaux spiralés, renferme dans le parenchyme ligneux de son bord interne un large canal sécréteur ; aux nœuds, les premiers seuls entrent dans les feuilles, les autres demeurent dans la tige. Ces faisceaux des deux sortes s'unissent latéralement cà et là, trois par trois ou deux par deux ; il en résulte des faisceaux composés, dont le bois plus large ren- ferme un ou deux canaux sécréteurs, diversement disposés suivant le mode d'union. Si la soudure a lieu entre un faisceau pointu et les deux faisceaux à canal voisins, le bois du faisceau composé renferme un canal dans cha- cun de ses flancs ; si Cestau contraire un faisceau à canal qui s'est soudé aux deux faisceaux pointus voisins, le bois du faisceau composé contient un seul canal médian entre ses deux pointes vasculaires; enfin, lorsqu'un faisceau pointu s'unit d'un cóté seulement avec un faisceau à canal, le bois du faisceau composé est dissymétrique et ne renferme de canal que dans l'un de ses flanes. Dans tous les cas, les canaux résineux appartiennent au bois des faisceaux, non à la moelle. La moelle est entiérement dépourvue de canaux sécréteurs; elle renferme seulement des cellules résineuses disséminées. La feuille ne reçoit de la tige que des faisceaux pointus, dépourvus de canal. Mais désla base du pétiole, en méme temps que ces faisceaux se disposent en une courbe fermée, il se forme entre eux, pour les réunir, tout autant de faisceaux à canal identiques à ceux de la tige. Il en résulte que les canaux sécréteurs du pétiole sont disposés comme ceux de la tige, sans étre cependant en continuité avec eux. Dans la tige et la feuille des Brucea (B. ferruginea, antidysenterica, sumatrana), les canaux sécréteurs sont disposés comme dans l’Ailante, c’est-à-dire au bord interne du bois primaire des faisceaux intercalés aux foliaires. Mais ici les canaux suivent plus longtemps que dans l'Ailante le cours des nervures dans les folioles. M. Trécul dit à ce sujet: « Dans les nervures de troisième ou de quatrième ordre, les éléments fibro-vascu- laires sont épanouis autour de l'unique vaisseau propre, de maniére que les trachées elles-mémes sont disposées en demi-cercle autour de la moitié supérieure de ce laticifére, dont elles ne sont tout au plus séparées que par les cellules pariétales de ce vaisseau propre (loc. cit., p. 24). » Il résulte de cette citation que, d’après les observations mêmes de M. Tré- cul, les canaux sécréteurs du limbe appartiennent bien au bois des ner- vures, non au parenchyme foliaire. D'autre part, si l'on étudie les Spondias et les diverses espèces de Rhus qui présentent le même caractère, notamment le Rhus semialata, le Rh. typhina, elc., on s'assure aisément que les canaux sécréteurs in- ternes de ces plantes sont bien en réalité médullaires, séparés du bois 954 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. des faisceaux libéro-ligneux par plusieurs rangées de cellules de moelle (1). On voit donc que, par la disposition des canaux sécréteurs, qui ne sont ni dans le liber, ni dans la moelle, mais dans le bois, les genres Ailantus et Brucea différent profondément des Anacardiacées, qui ont toujours des canaux sécréteurs dans le liber, quelquefois dans la moelle, jamais dans le bois. Considérons maintenant les autres Simarubacées. La tige du Picræna excelsa possède aussi des canaux oléorésineux au bord interne du bois primaire de certains de ses faisceaux libéro-ligneux, et toutes ses autres régions : écorce, liber primaire et secondaire, bois secondaire, moelle, en sont également dépourvues. Seulement, au contraire de ce qui a lieu dans les Ailantus et Brucea, ce sont les faisceaux à bois pointu, c'est-à-dire ceux qui vont directement aux feuilles, qui possédent chacun un canal sécréteur ; les autres n'en ont pas. Sur la coupe transversale, on compte sept ou huit faisceaux ainsi constitués. Situé en dedans de la pointe formée par les vaisseaux annelés et spiralés les plus étroits, le canal peut paraitre au premier abord médullaire ; mais ses cellules de bordure sont reliées aux vaisseaux les plus internes par des cellules de méme nature que celles qui rattachent ces vaisseaux entre eux, c'est-à-dire par du paren- chyme ligneux. Il est donc creusé, comme dans les Diptérocarpées et les Liquidambarées, dans le parenchyme ligneux de la pointe du bois primaire. La feuille du Picrena excelsa reçoit de la tige cinq faisceaux à canal. Les quatre latéraux quittent le cylindre central à quelque distance au- dessous du nœud ; ils achévent leur trajet dans l'écorce, où ils se refer- ment en dedans autour du canal en devenant concentriques; souvent méme le canal y disparait alors complétement. Cette marche des faisceaux fait penser encore aux Diptérocarpées. Au nœud méme, le faisceau mé- dian s'échappe à son tour, avec son canal dans sa gouttiére. A la base du pétiole, les quatre faisceaux latéraux se rouvrent, reprennent leur canal, et s’unissent avec le médian pour former une courbe fermée qui enveloppe un arc de petits faisceaux internes. La partie inférieure concave de la courbe fermée comprend les cinq canaux au bord interne de son bois; la partie supérieure plane, ainsi que l'arc interne, en sont dépourvus. Dans le limbe des folioles, les canaux suivent le cours des nervures; chaque nervure latérale renferme un large canal au milieu méme de son bois, lequel est divisé en deux groupes de vaisseaux qui bordent les flanes du canal. Plusieurs autres genres se comportent essentiellement comme les (1) Il en est de méme pour les canaux sécréteurs que l'on observe, dans le Tapiria mezicana, au pourtour de la moelle, en correspondance avec les faisceaux foliaires. SÉANCE DU 23 MAI 1884. 955 Picræna, Ce sont, dans la tribu des Simarubées : les Simaruba (S. offi- cinalis, S. glauca), Simaba (S. trichilioides), Aruba (A. Cedron), Sa- madera(S. indica), Picrasma(P. ailantoides), Picrolemma (P. Sprucei); dans la tribu des Picramniées : les Soulamea (S. amara), Amaroria (A.soulamoides). Ce qui varie surtout suivant les genres, c’est le nombre des canaux que l'on observe dans le bois primaire sur la section transver- sale de la tige et de la feuille, nombre qui, dans la tige, peut s'élever à une trentaine (Picrolemma, Soulamea, etc.), ou se réduire àl'unité (Sa- madera). D'autres genres se montrent, au contraire, dépourvus de canaux sécréteurs, aussi bien dans la feuille que dans la tige. Ce sont, dans la tribu des Simarubées : les Quassia (Q. amara), Hannoa (H. undulata), Rigiostachys (R. squamata), Castela (C. coccinea), Cneorum (Cn. tricoccum), Eurycoma (E. longifolia), Dictyoloma (D. incanescens), Suriana (S. maritima), Brunellia (Br. racemifera); et dans la tribu des Picramniées : les Irvingia(I. gabonensis), Harrisonia (H. Brownii), Lasiolepis (L. paucijuga), Balanites (B. ægyptiaca), Spathelia (Sp. simplex), Picramnia (P. polyantha, P. gracilis), Picrodendron (P. Ju- glans), Picrella (P--trifoliata).La plupart des genres de cette seconde catégorie sont, il est vrai, d'affinités trés obscures et ne sont rapportés qu'avec doute à la famille des Simarubacées: tels sont notamment les Rigiostachys, Balanites, Brunellia, Spathelia, Cneorum, Picroden- dron, Irvingia, Picrella, etc. Au point de vue anatomique, les Dictyo- loma se distinguent de toutes les autres Simarubacées par des lacunes oléifères arrondies, situées dans le parenchyme de la feuille, et qui pro- viennent vraisemblablement de la destruction d'un nodule sécréteur, comme dans les Rutacées ; le Picrella, par des cellules oléiféres isolées, disséminées dans l'écorce et la moelle de la tige, en méme temps que dans le parenchyme du limbe foliaire; le Picrodendron, par de grandes cellules à mucilage dans l'écorce de la tige et le parenchyme externe du pétiole ; les Irvingia, par de larges lacunes à gomme provenant de résorp- tion, dans la moelle de la tige, dans le parenchyme tant externe qu'interne du pétiole, etc., etc. Toujours est-il que l'absence de canaux sécréteurs permet de distinguer facilement le genre Quassia du genre Picrena. En tenant compte de cette remarque, on voit que ce double caractére de posséder des canaux sécréteurs localisés dans le bois primaire de la tige et de la feuille, et de n'en avoir dans aucune région de la racine, appartient à la plupart des vraies Simarubacées. On voit aussi que les Ailantus et Brucea viennent, sous ce rapport, prendre place parmi les vraies Simarubacées, à une légère différence prés dans les relations des canaux sécréteurs avec les faisceaux foliaires. Il y a done, ici comme partout ailleurs, concordance parfaite entre la Morphologie externe et l'Anatomie. 956 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. En somme, on connait maintenant quatre groupes de plantes douées de canaux sécréteurs dans le bois. Les Diptérocarpées réalisent cette dis- position le plus complétement possible, puisqu'elles l'offrent à la fois dans la racine, la tige et la feuille. Parmi les Coniferes, les Pinus, Larix, Picea, Pseudotsuga, la présentent seulement dans la racine et la tige, tandis que les Simarubacées ne la manifestent que dans la tige et la feuille, la feuille dans les premières, la racine dans les secondes étant dépourvue de canaux dans ses faisceaux. Enfin les Liquidambarées n'offrent égale- ment cette disposition que dans la tige et dàns la feuille, mais avec des ca- naux sécréteurs dans les faisceaux libériens de la racine, exemple unique jusqu'ici d'une migration de l'appareil sécréteur du liber au bois, quand on passe de la racine à la tige. Les Diptérocarpées, les Liquidambarées et les Simarubacées ont ceci de commun, que la tige et la feuille y pos- sèdent des canaux sécréteurs localisés dans le bois primaire; c'est donc la racine seule qui distingue ces trois groupes et les caractérise l'un par rapport à l'autre, par ses canaux dans le bois primaire (Diptérocarpées), dans le liber primaire (Liquidambarées), ou nuls (Simarubacées). On voit par là combien l'étude anatomique de la racine est utile et méme néces- saire, si l'on veut assurer un fondement solide à l'anatomie comparée des plantes. M. Duchartre demande à M. Van Tieghem s'il a étudié la dispo- sition des canaux sécréteurs dans le passage de la racine à la tige. M. Van Tieghem répond qu'il n'a pu faire cette étude, n'ayant pas eu de plantules en germination. M. Duchartre demande ensuite comment M. Van Tieghem con- coit la suppression du bois primaire et son remplacement par un canal sécréteur. M. Van Tieghem répond que les faisceaux en question sont pro- bablement surnuméraires, nés plus tardivement et intercalés entre les faisceaux primaires. M. J. Vallot, secrétaire, donne lecture de la communication sui- vante : SUR DEUX PLANTES NOUVELLES POUR LE DÉPARTEMENT DE LA CREUSE, par M. Gabriel MARTIN. En explorant ces derniéres années le département de la Creuse, j'ai trouvé deux plantes nouvelles pour la flore de ce département, dont je crois devoir signaler la découverte, parce que l'une et l'autre, la pre- mière surtout, sont rares dans la région centrale. SÉANCE DU 923 Mai 1884. 957 Boreau indique (Flore du Centre, 1851, t. II, p. 14) le Ranunculus Lingua comme assez rare pour l'ensemble de la flore du Centre et de tout le bassin de la Loire. En fait, cette plante, assez abondante dans l'Ouest, manque à peu prés complétement dans le Centre proprement dit. Sigaalée fort rarement dans l'Allier (Boreau donne une seule localité) et dans le Cher, seulement tout à fait au nord du département, c'est-à- dire loin du plateau central, elle n'est mentionnée ni dans le Catalogue des plantes des environs de la Chátre, par M. Chastaingt (Chàteauroux, 1882), ni dans la Flore de la Haute-Vienne de M. Ed. Lamy de la Cha- pelle (Limoges, 1856), ni dans la Flore d'Auvergne publiée tout récem- ment par les fréres Gustave et Héribaud-Joseph. Il semblait donc qu'on dût l'exclure de la flore d'une région comprenant quatre départements entiers et une grande partie de trois autres départements. J'ai eu la bonne fortune de la découvrir, et en abondance, le 18 juin 1883, dans l'étang du Chancelier, à Saint-Fiel, prés de Guéret. La seconde plante que j'ai à signaler est certainement moins rare : c'est le Veronica acinifolia L., ordinairement commune sur les terrains siliceux. Dien que nos terrains soient ceux qui lui conviennent, elle semble cependant fort rare de ce cóté du plateau central. D'aprés les ouvrages cités plus haut, elle ne se trouverait ni dans la Haute-Vienne, ni dans l'arrondissement de la Châtre, et dans l'Auvergne elle n'aurait été cueillie qu'une fois, par M. Lamotte. Je l'ai découverte, il y a trois ans, le 10 avril 1881, au milieu d'exemplaires nombreux d'une autre plante rare pour le département, le Ranunculus arvensis L., sur un coteau de la rive droite de la Creuse, prés de la Villatte-Sainte-Marie, commune de Pionnat. M. Malinvaud se rappelle avoir mentionné le Veronica acini- folia dans un catalogue de plantes des environs de Limoges publié il ya plus de vingt ans (1). ll croit d'ailleurs que cette espéce n'avait pas échappé aux anciennes recherches de M. Ed. Lamy de la Chapelle, et que c'est par suite d'un oubli que son nom ne figurait pas dans la petite Flore de la Haute- Vienne de 1856, à laquelle il a été fait allusion. Le Veronica verna est plus rare en Limousin que le V. acinifolia (2). Ce dernier, d'aprés le récent Catalogue (1) Catalogue des espèces rares ou critiques qui croissent dans les environs de Limoges, avec la description d'une espéce nouvelle d'Orobanche, efc. (in Congres scientifique de France, 26° session, t. I, page 500-510). Limoges, 1860. — Voyez p. 505, le genre Veronica. : ; sod (2) M. Éd. Lamy de la Chapelle nous écrit à ce sujet : « Le „Veronica acinifolia est » trés répandu dans les terres à froment et dans les allées des jardins depuis Isle jus- » qu'à Saint-Junien. On le trouve aussi dans les environs du Dorat, de Bellac, etc. » (Note ajoutée pendant l'impression par M. Malinvaud.) T. XXXI. (SEANCES) 17 958 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. des plantes vasculaires de la Corrèze de M. Rupin, est commun aux environs de Brive. Quant au Ranunculus Lingua, M. Malinvaud confirme les ren- seignements fournis par M. Gabriel Martin, et ajoute que cette dé- couverte est intéressante pour la région du Centre. M. J. Vallot, secrétaire, donne lecture de la communication sui- vante : SUR QUELQUES PLANTES RARES DE LA FLORE PARISIENNE, par M. LHIOREAU. Elatine Hydropiper L. — D’après l'excellente Flore publiée par notre confrère M. Bonnet, cette plante n'aurait pas été retrouvée depuis sa découverte, en 1864, par MM. Gaudefroy, Delacour et Mabille, à l'étang de Saint-Quentin; je me hâte de rassurer ceux qui douteraient encore de Ja présence légitime de cette curieuse espèce dans notre région : à deux reprises différentes, en août 1879 et le 1*" juillet 1883, j'ai trouvé cette plante trés abondante dans les champs humides qui longent la route de Brest, route qui sépare l'étang des premiéres maisons du village de Trappes. En cet endroit, la terre était littéralement couverte d'E. Hydro- piper. Cette plante a l'aspect de PE. hexandra DC.; mais elle s'en dis- tingue facilement par ses semences, qui ressemblent à une petite larve courbée sur elle-même, tandis que celles de PE. hexandra sont simple- ment arquées, ainsi qu'on pourra le vérifier sur des échantillons de cette derniére espéce que je joins à l'envoi et qui ont été recueillis au mois de juillet 1882 sur les bords de l'étang de Saint-Hubert. Myagrum perfoliatum. — Cette plante a été mise au rang des espéces parisiennes par Thuillier, qui l'indique à Auteuil dans sa Flore, indication qui a été reproduite par Chevallier, par Mérat et méme par M. Cosson dans son Catalogue des plantes des environs de Paris, publié en 1842. Il n'en est plus fait mention dans les Flores parisiennes publiées depuis cette époque. J'ai récolté cette plante dans un champ de Brassica Napus, près de la forêt de Montmorency et non loin du fort de Montlignon, à l'endroit dit la Croix-Blanche ; j'en ai remarqué une dizaine de pieds. Cratægus Azarolus ? L. — J'ai découvert cette remarquable espèce en fruit, le 25 août 1883, à Souppes (Seine-et-Marne), dans une haie d'Aubépines qui a plus de vingt-cinq ans de plantation. Je ne suis pas sür d'avoir bien déterminé cetle plante. Le fruit, cou- ronné par le calice à sépales dressés et non réfractés, comme dans le C. oxyacantha, est d'un rouge vif ou légèrement jaunâtre, oblong, beau- SÉANCE DU 23 MAI 1884. 259 coup plus gros que celui de ce dernier, mais il n'a qu'un seul noyau au lieu de trois qu'on attribue au C. Azarolus. Salix aurita L. — Variété tératologique à chatons mâles et à chatons femelles sur le méme rameau, rencontrée sur les bords de la Seine entre Port-Villez et Vernon, le 3 mai 1883. Je joins à cette plante, pour pouvoir lui être comparés, des rameaux de Salix cinerea L. également atteints de monœæcie, et probablement cueillis sur l'individu signalé l'année der- niére par notre confrére M. Ramond, sur la rive droite de la Marne, entre Joinville-le-Pont et Champigny, un peu en amont du pont du che- min de fer. Salix undulata Ehrh. — Également monoïque, récolté aux bords de la Maïne (rive droite), en amont du pont de Charenton. Cette monstruosité a déjà été signalée par MM. Cosson et Germain aux bords de la Seine, à Saint-Germain. A part la présence des fleurs mâles, cette espèce nous paraît différer un peu du S. undulata type pour se rapprocher du S. hippo- phaefolia Thuil.; ses chatons sont en effet plus gréles, moins velus, à écailles plus roses, à nectaire presque aussi long que le pédicelle de la capsule ; enfin ses feuilles adultes sont également plus étroites que celles des individus types qui végétent alentour. Je joins à cette plante quelques rameaux de S. undulata type et de S. hippophaefolia, qui permettront d'établir une comparaison. IIs ont été récoltés les mémes jours et au méme endroit. Chara connivens Salzm., de M. l'abbé Chaboisseau. — J'ai découvert cette jolie plante, le 12 aoüt 1883, flottant dans les eaux de l'étang de Saint-Hubert, en compagnie de Hypnum fluitans et du Potamogeton gramineus ; elle est d'ailleurs facile à reconnaitre en place à ses rameaux gréles, les uns couverts de chapelets élégants d'anthéridies rouges, les autres de sporanges verdátres passant au noir à la maturité. Je dois signaler en outre, comme faits intéressants pour le botaniste parisien, la présence : à Nemours, du Ranunculus fluitans var. hetero- phyllus Cosson et Germain; du Sesleria cærulæa à Port-Villez, d'une variation à fleurs blanches, très rare, bien que le type soit abon- dant; enfin, sur un vieux mur, à la Machine de Marly, de Hypnum pa- lustre L. M. Malinvaud fait remarquer que le Myagrum perfoliatum, assez répandu dans les champs calcaires du midi de la France, est une de ces plantes voyageuses et disséminées dans les moissons, dont l'aire, par suite de cette extension artificielle, est difficile à déterminer. Sa présence dans le rayon de la flore parisienne est sans aueun doute accidentelle, et il importe, au point de vue de la 260 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. géographie botanique, de ne pas confondre les plantes adventices, ordinairement passagères dans un pays, avec celles qui, tout en y étant plus ou moins rares, font cependant partie de sa flore spon- tanée. M. Malinvaud, ayant examiné avant la séance le Cratægus com- muniqué par M. Lhioreau, n'y voit qu'une forme du Ç. oxyacan- tha L., et il s'étonne qu'on ait pu le rapporter, méme kvec doute, au C. Azarolus, plante du midi de la France, qui en est si diffé- rente par le calice, le fruit beaucoup plus gros, la villosité, etc. Ces deux espèces, sauf les caractères génériques, sont trés dissem- blables, et M. Lhioreau, qui habite Paris, pourra facilement s'en assurer en comparant des échantillons typiques de l'une et de l'autre dans l'herbier du Muséum. M. J. Vallot, secrétaire, donne lecture de la communication suivante : HERBORISATIONS AUX PYRÉNÉES-ORIENTALES ET EXAMEN DE QUELQUES ÉCRITS RELATIFS AUX PLANTES DE CETTE RÉGION, par M. LORET (fin). DiaNTHUS PUNGENS Timbal. — Voilà un nom fort malheureux et qui a été bien torturé. À quel Dianthus en effet n'a-t-on pas donné le nom de D. pungens ? Il s'en faut peu qu'il n'y en ait une demi-douzaine. M. Tim- bal a nommé ainsi le D. hispanicus Asso, et il dit (Observ. sur quelques Dianthus, p. 7) « qu'il est démontré que le D. hispanicus Asso est le véritable D. pungens L. ». Puis, comme pris de remords, il croit que la science n'aurait rien à gagner à ces changements, et, à l'instar de M. Lange, il se montre disposé à donner le nom de D. pungens à la plante ainsi dénommée par Godron et Grenier, en disant : « D. pungens Godr. et Gren. (non L.) ». J'espérais que cette bonne inspiration dure- rait; mais voilà que plus tard (1875), in Reliquie Pourretianæ (page 32, note 2), notre botaniste, parlant du D. pungens L., déclare de nouveau que ce Dianthus est « aujourd'hui reconnu pour étre le D. hispanicus Asso ». Reconnu par qui? Il ne faut pas croire qu'une cause soit définitivement jugée parce qu'on a plaidé pour elle, et il est prudent de redouter les mort-nés dont a parlé quelque part M. Crépin. M. Willkomm, en effet, ayant exprimé (Prodr. t. III, p. 690) une sorte d'incrédulité et témoigné sa surprise que M. Timbal eût pris pour D. pun- gens une plante dont les feuilles ne sont nullement piquantes, mais mu- tiques, « foliis minime pungentibus sed muticis », M. Timbal n'a pas SÉANCE DU 23 Mar 1884. 961 persisté et a consenti à brüler lui-méme ce qu'il avait adoré. Il aurait fini d'ailleurs par trouver récemment, croit-il, le véritable D. pungens de Linné dans les sables maritimes du littoral pyrénéen. C’est surtout la plante que nous avons été voir nous-méme sur place en 1882, quoique nous la connussions déjà. Nous nous garderons de faire ce qui a été fait vingt fois, un nouveau commentaire de la diagnose linnéenne du D. pun- gens ; car il est évident pour nous que la question ne peut étre tranchée de cette facon. Lorsqu'un nom linnéen est devenu une pomme de discorde et qu'on ne peut nullement s'entendre sur l'espéce à laquelle il convient, on admet généralement aujourd'hui qu'il faut le changer ou cesser de l'attribuer à Linné. C'est le cas, comme nous l'avons dit dans notre Intro- duetion à la Flore de Montpellier, d'introduire dans la science une sorte d'expropriation pour cause d'utilité publique. Or quelle est l'opinion en faveur de laquelle milite ici l'usage le plus répandu aujourd'hui et la plus grande autorité ? C'est évidemment celle qui consiste à accepter comme D. pungens celui de Godron et Grenier et de Willkomm et Lange, que la Société botanique de France a trouvé prés de Villefranche de Conflent, où je l'ai recueilli moi-même, il y a près de trente ans, et que M. Timbal dit commun à Collioure (Herbor. à Saint-Paul de Fenouillet, p. 21). La seule nomenclature raisonnable doit donc consister à dire avec les auteurs du Prodr. fl. hispan., III, p. 682: D. pungens Godr. apud Gren. et Godr. (non L.), nomenclature qui paraissail sourire à M. Timbal lui-méme dans ses Obs. sur quelques Dianthus des Pyr. (p. 8), comme nous l'avons dit plus haut, mais qu'il a modifiée en dernier lieu, en nommant la plante de Grenier et Godron D. subulatus Timbal (Essai, p. 13) (1). Mais que devient alors le nouveau D. pungens de l'Essai monogra- phique (p. 12), oü l'auteur nomme ainsi la plante « des bords immédiats de la Méditerranée », tandis qu'il donne à la plante des rochers maritimes contigus le nom de D. catalaunicus Pourr., réservant celui de D. atte- nuatus Sm. (pyrenœus Pourr.) à la partie élevée des Pyrénées-Orien- tales : Montlouis, etc.? Tout cela m'a paru, comme à M. Oliver, qui a tous les jours ces plantes sous les yeux, appartenir à la méme espéce, et M. Willkomm, à qui j'en ai envoyé beaucoup, me dit în litt.: « Je suis d'accord avec vous que les Dianthus pungens Timb., pyrenœus Pourr. et catalaunicus Pourr. appartiennent au D. aftenuatus Smith. » Un (1) Rien ne convient mieux au cas présent que ces réflexions d'un éminent bota- niste, où il suffit de substituer à l'Alyssum halimifolium le D. pungens : « I n'est pas facile de savoir quel est le véritable Alyssum halimifolium (D. pungens) de Linné; mais VPA. halimifolium DC. (D. pungens Godr. et Gren.) se rapporte à une espèce qui n'est douteuse pour personne. ll n'y a pas lieu, à mon avis, d'ôter à cette espèce le nom que l'usage a consacré, et cela dans le cas même où l'on viendrait à démontrer plus tard, par l'examen de l'herbier de Linné, que la plante de l'auteur est une autre espèce. » (Jordan, Observ. p. 3.) 262 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. botaniste prudent et instruit, M. Le Grand, qui a habité Perpignan et her- borisé dans toutes les Pyrénées-Orientales, vient d'apprécier ces plantes comme nous dans le Bull. Soc. bot. de France (t. XXX, p. 69). Il se de- mande en effet si le D. pungens Timb. n'est pas simplement la forme ma- ritime du D. attenuatus... dont on observe tant de variations, en s'élevaut des rivages jusque sur les montagnes, variations auxquelles on a donné, dit-il, les noms de D. catalaunicus Pourr., pyreneus Pourr., etc., et que le savant botaniste de Bourges qualifie de peu importantes. M. Le Grand fait observer aussi avec raison que !a figure qui représente dans l'Essai monographique (pl. XIV) le D. pungens Timb. lui donne, par une erreur manifeste, un calice cylindrique. L'auteur du texte, deson côté, dit le calice un peu atiénué ; mais quoique cela ait été fait et dit sans intention sans doute, la vérité est que le calice de cette plante est toujours longuement atténué conique, et que nulle espéce ne mérite mieux le nom de D. attenuatus. M. Le Grand aurait pu dire aussi que les pétales, que Linné dit entiers dans son D. pungens, mais qui sont dentés dans notre plante, sont aussi représentés trop peu dentés dans la figure en question. Le développement extraordinaire de ce Dianthus dans les sables mari- times, où il acquiert, dit M. Timbal, un mètre de circonférence, ce qui l'a fortement frappé, s'explique bien pour nous. Dans les rochers qui bordent la mer, il est forcément moins vigoureux; car ses racines sont là empri- sonnées dans des fissures et dénuées d'aliments. Je l'ai vu nain méme, par suite, dans les rochers d'Olette, de Fontpédrouse, de Montlouis; mais dans les sables maritimes, où il forme les buissons dont parle notre ami, sa racine, fort à l'aise, acquiert parfois prés d'un métre de profon- deur et rencontre là l'humidité qui lui donne le luxe de végétation dont je parle. Ce phénoméne surprend d'abord au milieu de cette nappe sablon- neuse ; mais on comprend bientôt qu'il ne faut point comparer ce Dian- thus pour les conditions de végétation aux espèces à courte racine annuelle qui, à l'instar du Papaver Roubiæi, font maigre chère dans ce sable si aride et si sec à sa surface. DrawTHUS BRACHYANTHUS Boiss. — Voici une espèce que plusieurs botanistes ont réunie longtemps au D. pungens Godr., son voisin le plus proche, d'autres au D. virgineus L. M. Timbal découvre dans le D. bra- chyanthus Boiss., et de presque tous les botanistes aujourd'hui, trois espèces, savoir : 1* le D. brachyanthus vrai, qui serait exclusivement espagnol; 2 la var. ruscinonensis Boiss. des Corbières, que M. Timbal prend aujourd'hui pour le vrai D. virgineus L.; 3° enfin une forme dé- couverte par lui au mont Alaric et qu'il signale sous,le nom de D. brevi- stylus Timbal. Dans ses Herborisations à Saint-Paul de Fenouillet, page 18, il dit, à propos du D. virgineus L., devenu si ambigu, qu'il faut SÉANCE DU 23 Mal 1884. 263 orcément y renoncer : « Nous nous sommes souvent demandé s’il ne serait pas mieux d’abandonner ces noms fallacieux pour adopter ceux plus récents dont nous sommes parfaitement certains. » Voilà encore une bonne inspiration, trés conforme à la régle pleine de sens proposée par M. Jordan et que nous avons mentionnée plus haut. Pourquoi faut- il que notre ami, aprés avoir entrevu la vérité, finisse ainsi par lui tourner le dos ? Sans nul doute, le nom malencontreux de D. virgineus doit étre aban- donné aujourd'hui, aprés avoir recu tant d'applications opposées sur les- quelles personne ne s'entend. Ce nom a été donné par Godron, on le sait, à une autre espèce du Midi, voisine du D. Caryophyllus. Il fut remplacé ensuite par celui de D. Godronianus Jord., qui céde la place aujour- d'hui, avec raison, au nom de D. longicaulis Ten., nom qui a la prio- rité, qui convient de toute facon à la plante dont nous parlons, et que M. Wilkomm est disposé aujourd'hui à accepter. Pour ce qui est des trois formes du D. brachyanthus Boiss., dans lesquelles M. Timbal croit voir trois espèces distinctes, il n'est nullement douteux pour nous qu'elles appartiennent à une méme espéce dont le nom le plus certain, le seul sur lequel les botanistes puissent s'entendre, est celui de D. brachyanthus Boiss. M. Timbal (Herbor. à Saint-Paul de Fenouillet, p. 22) dit à tort que nous lui avons donné des échantillons de son D. virgineus actuel des environs de Montpellier, oà la plante de Narbonne et de’ la Clape est inconnue. Le D. brachyanthus Boiss. des Pyrénées, m'écrit M. Willkomm, peut avoir les feuilles plus longues et plus aiguës que la plante du midi de l'Espagne ; pourtant il ne diffère pas spécifiquement du type espagnol, et l'auteur du Prodromus flore hispa- nicæ ajoute: « Je suis d'accord avec vous que les D. virgineus Timb. et brevistylus Timb. sont des formes du D. brachyanthus Boiss. » Lorsque je compare en effet la plante des Corbières avec celle d'Espagne, je n'y trouve nulle différence un peu spécifique. La plante de la Massane surtout mérite à peine la qualification de variété, et les différences signalées par M. Timbal (Essai, p. 23) ne me semblent nullement fondées. Quant au D. brevistylus, la description de cette plante du mont Alaric dans l’Essai monographique, ainsi que la figure, suffisent pour affirmer qu'il n'y a là encore qu'une forme du D. brachyanthus Boiss. M. Timbal, pour distin- guer ses espéces, a recours à des plus ou des moins qui ne nous ont paru nullement spécifiques. Il mentionne la longueur relative et souvent varia- ble des pistils et des étamines, la couleur des onglets, des anthéres, des filets, des styles. C'est là le crible auquel on a soumis les Ronces et les Roses, dont on n'ose plus aborder l'étude; car on en est venu au point que les botanistes sérieux ne peuvent entendre parler sans rire d'une Rose ou d'une Ronce nouvelle. 264 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. En voilà assez pour aujourd'hui sur les Œillets (1), et je dois mainte- nant dire un mot de deux ou trois autres plantes sur lesquelles j'ai le regret de ne pouvoir partager les idées de M. Timbal. Jai rencontré comme lui, dans les sables maritimes des Pyrénées-Orientales, un Scrofu- laria canina L. entiérement couché, et qu'il nomme (Bull. Soc. bot. de France, t. XXII, p. 307) S. humifusa Timb. et Gautier. Je ne m'y serais pas arrété, si je n'avais su qu'on lui avait donné un nom nouveau. Qu'a de nouveau cette plante? Son port seulement. Mais il n'est pas rare de trouver à la méme espèce un port différent dû à sa station, à la nature du sol et parfois à une cause inconnue. Le port de cette espèce, ordinai- rement ascendante, parait dü ici au vent violent qui souffle dans ces parages el qui couvre de sable les jeunes tiges, qui sont tout d'abord hori- zontales, comme cela a lieu dans les espèces ascendantes. L’ Hieracium prostratum des bords de l’Océan offre un exemple identique, et les bota- nisles savent aujourd'hui que, cultivé loin de sa station maritime, il devient lH. umbellatum dressé, que tout le monde connait. Le port en- tiérement couché de notre Scrofulaire a fait sur M. Timbal une trop forte impression, et, ce caractére lui ayant paru capital, il lui a été facile de grouper à l'entour un petit signalement qui n'est nullement spécifique pour nous. Sa description en effet, en ayant l'air d'étre distinctive, men- tionne des caractères qu'on trouve à peu prés tous dans la plante normale. La capsule ala méme forme des deux cótés; les feuilles sont trés variables dans l'espéce ordinaire, et l'appendice staminal, qu'on dit nul ici, l'est parfois, quoique trés rarement et accidentellement, dans le Scrofularia canina L. Aussi cette plante n'est-elle pour M. Willkomm et pour moi qu'un S. canina humifusa. CAMPANULA RUSCINONENSIS Timb. — Dans les Études sur quelques Campanules des Pyrénées, p. 19,il s'agit d'une Campanule trouvée prés de Collioure par M. Guillon et que M. Timbal nomme C. ruscinonensis. Cette plante, dit M. Timbal, semble tenir le milieu entre le C. macror- rhiza, dont elle a la souche, et le C. rotundifolia, dont elle a les feuilles; ce qui ne l'empéche pas de faire effort dans sa description pour établir que les feuilles de sa plante sont bien différentes de celles du C. rotundifolia. Sa floraison, dit-il, est plus tardive de deux mois; car M. Guillon l'aurait trouvée fleurie en aoüt et septembre à Consolation. C'était une repousse sans doute, puisque M. Oliver l'a trouvée défleurie fin juillet, à la Massane, où la végétation est pourtant en retard sur celle de Consolation. (1) On avait conçu, il y a quelques années, le projet de faire une nouvelle Flore francaise en distribuant les familles à traiter entre un certain nombre de botanistes. On me fit l'honneur de m'offrir les Caryophyllées. Si ce projet eüt abouti, ma nomen- clature des Dianthus n'eüt pas eu sans doute l'adhésion de M. Timbal; mais il faut avouer que, chaque auteur envisageant l'espèce à sa facon, cette flore cüt offert un très singulier amalgame, SÉANCE DU 23 Mar 1884. 265 Grenier dit, dans la Flore de France, que le groupe du C. rotundi- folia doit renfermer plusieurs espèces ; mais qu'il n'a pu débrouiller ce petit chaos, et il m'engagea autrefois à m'en occuper. A Quérigut, où le C. rotundifolia pullule, je l'ai trouvé, comme ailleurs, variable dans tous ses organes : fleurs, feuilles, souche, sans point d'arrêt possible. Dans les rochers, la souche est dure et acquiert la grosseur d'une plume d'oie, comme la plante de Consolation et de la Massane ; mais Grenier n'a rien vu là de distinctif, et la plante des Pyrénées-Orientales n'est également pour M. Willkomm et pour moi qu'une forme du C. rotundi- folia L. Aprés tout ce que nous venons de dire, et lorsqu'on sait que, dans vingt brochures, M. Timbal parle rarement de ses herborisations sans signaler du nouveau, on sera surpris peut-être de lire (Eæplora- tion de Montaulieu, p. 25): « Malgré le peu de penchant que nous avons pour créer des espèces nouvelles, etc. ». Notre ami se fait illusion sans doute; car les faits ne s'aecordent pas avec ses paroles; nous re- connaissons cependant qu'il pourrait se dire méme restricteur, en com- paraison d'un botanomane connu, qui publie, chaque année, dans les journaux botaniques francais et étrangers, de longues listes de variations qu'il croit spécifiques et qu'il se plait à signer de son nom. Le SoNcuus PECTINATUS DC. est réuni comme simple variété au S. te- nerrimus dans le Prodromus flore hispanicæ. « Cette opinion, dit M. Timbal (Herbor. aux Albéres orientales, p. 40), nous parait inadmis- sible, le premier étant vivace et le second annuel. » C'est M. Timbal qui se trompe ici; car le Sonchus tenerrimus L. indiqué à Montpellier par Linné est vivace ici comme à Collioure, et l'on peut l’y recueillir pendant dix ans et plus sur la méme souche. Malheureusement Linné (Sp. 1117) l'a dit par erreur annuel, et c’est ce qui a donné lieu à une méprise qui s’est perpétuée jusqu'à présent. Dans notre Introduction à la Flore de Montpellier (p. xxxix), nous avons fait appel à la critique des hommes compétents et bienveillants, en ajoutant qu'il y a presque plaisir à se tromper lorsqu'on est repris cour- toisement et de main de maître. Ces paroles expriment les sentiments qui nous animent relativement à une critique bienveillante. Toujours disposés à l'accueillir avec reconnaissance, nous supposons qu'il en est ainsi de nos collégues et de nos amis lorsque, sans prétention et sans nous donner pour un maitre, nous nous permettons d'émettre notre avis sur leurs travaux scientifiques : « Ma plus chaude poignée de main, m'écrivait un de mes amis, excellent botaniste, sera toujours pour celui qui me signalera mes erreurs. » Si M. Timbal trouve que c'est moi qui me trompe ici, il voudra bien, j'espère, tenir compte de mes intentions, et croire que je l'estime animé des nobles sentiments que le botaniste dont je viens de parler a su si bien exprimer. 266 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Mangin, vice-secrétaire, donne lecture de la communication suivante : NOTE SUR LE RACCORD DES SYSTEMES SÉCRÉTEURS, par M. P. VUILLEMIN. 1. Raccord des laticiféres. — L'attention des botanistes étant éveillée depuis quelque temps sur la distribution de l'appareil sécréteur. je crois devoir communiquer à la Société quelques observations ayant trait à ce sujet. Tout récemment M. Van Tieghem (1) faisait connaitre le raccord des laticifères de la tige et de la racine dans le Scorzonera hispanica. Outre les systèmes libérien et péricyelique appartenant respectivement à la tige et à la racine, il en existe un troisiéme, un systéme cortical, dans les cotylédons. Dans le pétiole des cotylédons, il constitue un réseau situé sur toute la face dorsale, vers la sixiéme rangée corticale. Le raccord de ces laticiféres avec le système péricyclique s'effectue par des branches anastomotiques qui s'insérent latéralement sur les quatre groupes fasciculaires des coty- lédons. Ils accompagnent toutes les ramifications de ces faisceaux, dou- blés alors d'une assise amylifére ; mais ils sont en bien des points entié- rement indépendants à leur égard, et les branches anastomotiques qui les unissent au péricycle des faisceaux principaux peuvent l'étre éga- lement. Fait curieux : les mémes dispositions se retrouvent dans des plantes bien éloignées de celle-là, dans les Liliacées. On connait les files de cel- lules à latex distribuées dans le parenchyme cortical de la feuille chez les Allium. C'est là, au point de vue de la puissance, le systéme le plus im- portant. On trouve en outre dans le bulbe, chez l' Allium nutans, des cel- lules laticiféres qui forment dans le péricycle un arc analogue à celui des tiges de Scorsonère. Même disposition à la base des feuilles, où le raccord entre les deux systèmes s’opère comme dans les Liguliflores. Dans les Lobéliacées, le Lobelia syphilitica a dans sa racine des fais- ceaux libériens formés, comme ceux de la Scorsonère, de plusieurs pe- tites masses de tissu cribreux séparées par de grandes cellules de paren- chyme. Les laticifères y sont aussi, par leur structure et leur disposition, identiques au réseau décrit par M. Van Tieghem. Seulement dans la tige, le systéme conserve partout la méme situation que dans la racine, en sorte (1) Ph. Van Tieghem, Sur la situation de l'appareil sécréteur dans la racine des Composées (Bull. Soc. bot. de France, 1884, t. XXXI, p. 112). SÉANCE DU 23 Mar 1884. . 267 que les laticiféres de ces deux membres se continuent sans interruption dans toute la plante. Notons que, dans la tige du Lobelia, le péricycle conserve l'aspect ra- dical. Il y est formé d'une seule assise de cellules alternant réguliére- ment avec celles de l'endoderme, et posséde à un haut degré le róle rhizogène. Lié intimement au péricycle dans son évolution, l'endo- derme de la tige reste, lui aussi, semblable à celui de la racine et muni des plissements caractéristiques. En un mot, la tige végétative du Lobelia posséde les caractéres assignés par M. Mangin aux tiges à racines. La situation des laticiféres dans les Scorzonera et Lobelia est évidemment liée à la nature du péricycle. Un autre exemple, emprunté à l'Hieracium Pilosella, va nous offrir une preuve plus convaincante de cette relation. Dans certaines tiges (stolons), le péricycle est rhizogéne, tandis qu'il ne l'est pas dans d'autres (hampes florales). Dans ces dernières, le système de laticifères répond nettement au type caulinaire; il est localisé dans le péricycle. Dans le stolon, les faisceaux foliaires ne possédent que ce systéme péricyclique. Mais les faisceaux caulinaires auxquels se raccordent les faisceaux des racines la- térales ont un réseau de laticiféres libériens superposé au réseau du pé- ricycle. Dans une telle tige, le péricycle répond à deux types : rhizogéne en face des rayons médullaires, il ne l'est pas sur le dos des faisceaux oü il devient sclérogène et galactogéne. Les racines latérales ne contractent de relations qu'avec la portion rhizogéne. Aussi leurs laticifères de- meurent-ils indépendants à l'égard du réseau péricyclique. D'autre part, le liber galactogéne de la racine vient s'unir à celui des faisceaux cauli- naires ; la communication entre les laticifères de la racine et ceux de la tige n'est possible que dans le liber. Aussi le liber devient-il galactogène dans cette région, tandis que le péricycle, qui n'a rien à faire avec la racine, y conserve la méme propriété qu'il doit à sa nature caulinaire. On pourrait, dans un certain sens, considérer ce système laticifère du liber dans les tiges à racines comme la trace du. système laticifère de la racine. 2. Raccord des systèmes oléifères. — Quand l'appareil sécréteur oc- cupe des régions différentes dans la tige et dans la racine, la distinction des systémes est évidente. Mais, lorsqu'il occupe dans les deux membres des régions homologues (endoderme), on est porté à croire qu'il comprend un seul système s'étendant à la fois dans l'un et dans l'autre. Il n'en est pas toujours ainsi. Dans la plantule de Zinnia elegans, la portion d'endoderme entraînée dans les cotylédons comprend tout le systéme sécréteur radical. Seule- ment, avant ce départ, des cloisons tangentielles ont spécialisé les cel- lules sécrétrices, de maniére à rappeler le type caulinaire. 968 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. L'appareil oléifère de la tige épicotylée est tout à fait indépendant de celui de la radicule. Une paire de canaux se forme aux dépens de l'endo- derme sur les flancs de chaque faisceau de la tige et des feuilles; la paire de faisceaux qui se rend aux nervures latérales des cotylédons en est seule dépourvue. Cette disposition répond absolument à celle que nous avons décrite chez le Silybum (1). Seulement c'est un second système oléifére endodermique, et non un système de cellules résineuses péricy- cliques, qui se substitue dans la tige au système oléifère de la racine. Le Xanthium strumarium offre une disposition analogue. Les canaux de la tigelle, individualisés par rapport à l'endoderme au moyen de cloi- sons tangentielles, se raccordent avec les canaux radicaux par l'appari- tion de cloisons obliques. Un certain nombre de canaux radieaux se terminent en pointe;les canaux de la tigelle, réduits à douze, passent dans les cotylédons. Ceux de la tige, disposés comme chez le Zinnia, restent indépendants à leur égard. La tige posséde un systéme médullaire indépendant par rapport aux deux autres. : Enfin, dans un genre voisin, Ambrosia trifida, à tous ces systèmes s'en superpose un autre encore indépendant. Quelques canaux oléifères naissent dans le liber primaire de la tige, immédiatement en dedans du système péricyclique. Ce cas est tout à fait exceptionnel parmi les Compo- sées. Les Xanthium, Iva, ne possèdent pas un tel système. En résumé, nous arrivons à cette conclusion, que les systémes sécré- teurs de deux membres ou de régions différentes d'un même membre sont toujours distincts. Seulement il s'établit souvent entre eux un raccord plus ou moins direct, suivant les relations et l'homologie des points où ils ont apparu. (1) P. Vuillemin, Remarques sur la situation de l'appareil sécréteur des Composées (Bull. Soc. bot. de France, 1884, t. XXXI, p. 110). ADDITION A LA SÉANCE DU 9 mar 1884. 269 ADDITION A LA SÉANCE DU 9 MAI 1884. EXCURSIONS BOTANIQUES EN ESPAGNE (Mai-Juin 1883), par M. €. RBOUY (suite). DENIA. — MADRID. II. Localités nouvelles. Les environs de Denia n'ont été visités que par un petit nombre de botanistes. Avant Barker Webb, qui fit l'ascension du Mongo, il n'ya guère à citer que Darrelier, de l’Ecluse et Cavanilles. En 1837, M. Boissier se vit contraint par la tempête de faire escale à Hifac, où il recueillit plusieurs plantes qu'il a mentionnées, soit dans son Voyage botanique dans le midi de l'Espagne, soit dans ses Diagnoses. Enfin ont été tirées de l'herbier Pavon, qui fait actuellement partie des collections de M. Boissier, quelques indications relatives au Mongo et à la sierra de Segarria. C'est à peu prés tout. Aussi, pendant les onze jours durant lesquels j'ai exploré ces riches localités, il m'a été donné de rencontrer bon nombre de plantes trés intéressantes à y constater et qui n'y étaient point connues, notamment : les Sarcocapnos speciosa Boiss., Diplotaxis brassicoides Rouy, Biscutella laxa Boiss. et Reut., Crambe glabrata DC., Arenaria intricata Dut., Erodium valentinum Boiss. et Reut., Medi- cago leiocarpa Benth., Umbilicus gaditanus Boiss. et Reut., Elæoseli- num Asclepium Bert., que j'ai découvert en Espagne eu 1879, Ferula tingitana L., Kentrophyllum arborescens Hook., -Galactites Durici Spach, Carduus granatensis Willk., C. malacitanus Boiss. et Reut., Centaurea prostrata Coss.; Hyoseris scabra L., dont l'existence ré- cente en Espagne était considérée comme douteuse ; Serofularia Gre- nieri Reut., Linaria Cavanillesii Chav., Ceratocalyx fimbriata Lge; Teucrium rotundifolium Schreb., plante de Barrelier et de Schreber, méconnue par les auteurs contemporains; Gladiolus Reuteri Boiss.; et enfin Rhamnus balearicus Willk. et Chlora grandiflora Viv., ces deux dernières nouvelles pour la flore espagnole. D'autres espèces indiquées seulement dans cette région ont été revues par moi en 1883 el quelques-unes méme rencontrées à deux ou trois localités nouvelles. Citons plus spécialement : les Biscutella rosularis 270 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Boiss. et Reut., B. tomentosa Lag., Helianthemum Caput-Felis Boiss. (1), Arenaria valentina Boiss., Hippocrepis valentina Boiss., Poterium ancistroides Desf., Scabiosa saxatilis Cav., Lavandula dentata L., signalé déjà à Hifac par de l'Écluse, Sideritis tragoriganum Lag., Euphorbia rupicola Boiss. et Asplenium leptophyllum Lag. Mes recherches ont eu en outre pour résultat la découverte de cer- taines espèces et sous-espèces inédites qui avaient jusqu'ici échappé à mes devanciers, probablement par suite de l'extréme difficulté que pré- sente leur récolte ; elles croissent en effet sur des rochers à pic ou dans des éboulis mouvants, et s'en procurer quelques pieds nécessite souvent de longs préparatifs. Ce sont: les Erucastrum brachycarpum (de la sec- tion Corynolobus), Silene hifacensis (voisin des S. gibraltarica Boiss., S. auriculæfolia Pomel, S. velutina Pourr.), Helichrysum valenti- num (sous-espèce de lH. rupestre DC., sensu latissimo), Crepis scor- zoneroides (sous-espèce du C. albida Vill., sensu latissimo), Picridium prenanthoides, Thymus Webbianus (qui est le T. Herba-barona Webb non Loisel.), et T. valentinus (hybride des T. Webbianus et T. Barre- lieri). — Leurs descriptions trouveront place dans la troisième partie de ce travail : Observations, remarques et diagnoses. Enfin, j'avais encore pour but, dans ce voyage, d'essayer de retrouver deux plantes rarissimes, devenues presque légendaires, les Carduncellus dianius Webb et Convolvulus valentinus Cav., qui, jadis récoltées dans ces parages et signalées avec des indications assez vagues, ne sont con- nues que par des descriptions et une planche incomplétes ou inexactes. J'ai été assez heureux pour mettre la main sur ces illustres plantes, et j'en donnerai de méme des diagnoses détaillées. Aux environs de Madrid et à Aranjuez, le champ laissé à des décou- verles élait naturellement beaucoup plus restreint que dans la campagne de Denia, ces localités ayant été consciencieusement explorées par les botanistes espagnols et étrangers. Néanmoins j'y ai rencontré quelques plantes nouvelles pour leur flore, notamment les Eruca orthosepala Lge, Lepidium ambiguum Lge, Reseda leucantha Hegelm., Galium tenel- lum Jord., Filago Pseudo-Evax Rouy, Andryala Rothia Pers., et deux espéces nouvelles : Astragalus gypsophilus, d'Aranjuez, et Microlon- chus spinulosus, du cerro Negro. J'y ai revu également certaines espéces qui sont trés localisées ou n'exis- tent que là, et dont la constatation toute récente offre quelque intérêt. Mentionnons entre autres: les Iberis subvelutina DC., Biscutella sem- (1) Et non H. Caput-foliis, comme il est imprimé dans le Prodromus floræ hispa- nice. i 274 pervirens L., DC.!, Reseda ramosissima Pourr., Silene Almole J. Gay, Trigonella polyceratoides Lge, Astragalus scorpioides Pourr., Cynara Tournefortii Boiss. et Reut., Campanula decumbens A. DC., Avellinia tenuicula Nym., Festuca gypsophila Hack. ADDITION A LA SÉANCE DU 9 mar 1884. Dans les listes qui suivent sont énumérées toutes les espéces ou variétés que j'ai recueillies autour de Denia, de Madrid ou d'Aranjuez, en 1883. — Les localités précédées d'un astérisque (*) sont nouvelles pour les plantes auxquelles elles se rapportent. l. DENIA. [Les espéces précédées du signe t sont nouvelles pour la flore de la province d'Alicante.] t Thalictrum tuberosum L.— * Mongo. Biscutella stenophylla Duf. — * Benita- Glaucium luteum Crantz.—* San-Nicolas. t Fumaria capreolata L. var. speciosa Ha- mum. (F. speciosa Jord.). — * Hifac, Segarria. — parviflora Lamk. — Ondarra. Sarcocapnos crassifolia DC. subspec. S. speciosa Boiss.— * Mongo, * Segarria. Malcolmia littorea R. Br.— San-Nicolas. Sisymbrium Irio L. — Commun. — Columnæ Jacq. — Hifac. Diplotaxis erucoides DC. — Commun. — brassicoides Rouy (Brassica Rouyana Janka) var. maritima Nob.— * Mongo. Erucastrum obtusangulum Reichb.—* San- Nicolas. — brachycarpum Rouy. —* Mongo. Koniga maritima R. Br. — San-Nicolas. Carrichtera Vellæ DC. — Hifac. Succowia balearica Med. — Hifac. Biscutella montana Gav. Var. brevifolia Nob. (B. rosularis Boiss. et Reut.). — Roc d'Hifac. Var. genuina Nob. sous-var. levis et scabridula. — * Mongo. Var. subdecurrens Nob. — * Mongo. Var. longifolia Nob. (B. tomentosa Lag.)- — * Roc d'Hifac, * Segarria. Var. patula Nob. —* Entre Gata et Be- nisa. t — laxa Boiss. et Reut. var. genuina, s.-var. levis. — * Entre Gata et Be- nisa. t — lhevigata L. var. collina Nob. (B. col- lina Jord.). — *Segarria. t — coronopifolia L. var. glareosa Nob. (B. glareosa Jord. B. petræa Jord., etc.). — * Segarria. + + chel, * Segarria. Lepidium Draba L. — Ondarra. — ruderale L. — Vers San-Nicolas. — graminifolium L. — * Ondarra. Cakile maritima L. var. hispanica Nob. (C. hispanica Jord.). — Hifac. Rapistrum rugosum All. — Benitachel. t Crambe glabrata DC. — * Segarria. Cistus albidus L. — Commun. — crispus L. — Benitachel, Mongo. salvifolius L. — Benitachel. — monspeliensis L. var. minor Reichb. — *San-Nicolas, * Benitachel. t Helianthemum paniculatum Dun. grandiflorum Willk. — * Mongo. var. t — marifolium DC. — * Benitachel. t — origanifolium Lamk. — * Segarria. — lavandulæfolium DC. — Ondarra, Be- nisa. — Caput-Felis Boiss. — Hifac. t — asperum Lag. var. grandiflorum Wilik. s.-var. latifolium Willk.—- * Segarria. pulverulentum DC. var. genuinum Willk.— * Entre Ondarra et Gata. — Rare. glaucum Pers. — * Benitachel. — hirtum Pers. — Commun. Fumana glutinosa Boiss. — * Gata. t — Spachii Gren. et Godr.-— * Benitachel. Viola arborescens L. — Assez commun. Polygala rupestris Pourr. — Assez com- mun. + Reseda alba L. — * Entre Eulada et Be- nisa. — lutea L. var. brevipes Rouy. — *Hifac. Frankenia pulverulenta L.— Hifac. f — hirsuta L var. intermedia Boiss. (F. 272 intermedia DC.). — * Vers San-Ni- colas. Silene Cucubalus Wib. — Ondarra. t — hifacensis Rouy. —* Roc d'Hifac. — glauca Pourr. — * Mongo, Segarria. t Var. minor Nob. — * San-Nicolas. t — cerastioides L. — * Hifac. t — gallica L. var. divaricata Gren. et Godr. (S. lusitanica L.).— * Vers San- Nicolas. t Tunica saxifraga Scop. — Segarria, entre * Gata et Benisa. t Dianthus setabensis Rouy. Var. minor Nob.— * Benitachel,* Gata. Var. media Nob.— * Ondarra, * Benisa. Stellaria media Cyr. var. australis Nob. (S. apetala Ucria!). — * Segarria. Arenaria montana L. t Var. saxicola Nob. — * Mongo. t Var. intricata DC. (A. intricata Duf.). * San-Nicolas, * Benitachel, * entre Gata et Tulada, — valentina Boiss. — Segarria. t Spergularia media Pers. — * Vers San- Nicolas. t — rubra Pers. — * Benitachel. Linum strictum L. var. cymosum Gren. et Godr. (L. sessiliflorum Lamk). — Benitachel. — gallicum L. — * San-Nicolas. — narbonense L. — San-Nicolas, Beni- tachel, Gata. Malva altheoides Cav. — Mongo, Se- garria. t — nicæensis All. — * San-Nicolas. t Geranium Robertianum L. var. mediter- raneum Nob. (G. mediterraneum Jord.).— * Mongo. Erodium petreum Z'Hérit. var. valenti- num Zge(E. valenünum Boiss. et Reut.). — * Segarria. — chium Willd.— * Mongo, * Segarria. Hypericum perforatum L. — Vers On- darra. t — tomentosum L. — * Entre Ondarra et Gata. Fagonia cretica L. — Hifac. Ruta angustifolia Pers. — San-Nicolas, 'Benitachel. Haplophyllum hispanicum Spach. var. rosmarinifolium Nob. (Ruta rosma- rinifolia Pers.). — * Benitachel. + Rhamnus oleoides L.— * San-Nicolas. — lycivides L. — Monge. t — balearicus Willk. — * Benitachel, vers el Puche (Hifac?). Pistacia Lentiscus L. — Mongo. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Ulex parviflorus Pourr. — Commun. Argyrolobium Linnæanum Walp. — San- Nicolas, Benitachel. t Ononis Natrix L. var. media Boiss. — * Benitachel. — ramosissima Desf. var. vulgaris Gren. et Godr. — * Hifac. — hispanica L. f. — * Hifac. — minulissima L. — Gata. Var. calycina Willk. (0. barbata Cav.). — * San-Nicolas, Mongo. Anthyllis cytisoides L. — Benitachel, Be- nisa. t — Vulneraria L. (sensu latiss.) subspec. (A. hispida Boiss. et Reut.) var. va- lentina Nob. S.-var. albiflora.— * Mongo. S.-var. rubriflora. — * Benitachel, * Mongo. — tetraphylla L. — * Segarria. t Medicago suffruticosa Ram. subspec. leio- carpa Urb. (M. leiocarpa Benth.). — * Benitachel, * Hifac. t — Murex Willd. var. maeroearpa Urb. (M. macrocarpa Horis).—" Vers San- Nicolas. — littoralis Rhode. — Vers San-Nicolas. Melilotus parviflora Desf.— * San-Nicolas. Trifolium angustifolium L. — San-Ni- colas. t — Cherleri L.— *Gata. — stellatum L. — Gata, Mongo. — minus Sm. — Hifac. Dorycnium suffruticosum Vill. var. his- panicum Nob, — * San-Nicolas, * Be- nisa. Bonjeania hirsuta Reichb. var. retusa Nob. — * Benitachel. t Lotus creticus L. — * Hifac. Astragalus macrorhizus Cav. — Hifac. t — pentaglottis L. — * Segarria. Psoralea bituminosa L. — Mongo. Lathyrus latifolius L. — * Gata. t — setifolius L. — * Segarria. t — saxatilis Boiss. — *Segarria. t — Hedysarum humile L. et var. major Lge (H. Fontanesii Boiss.). — * Beni- tachel. Coronilla juncea L. — * Hifac, * Mongo. Hippocrepis fruticosa Rouy var. valen- tina (H. valentina Boiss.) — Roc d'Hifae, * Mongo, * Segarria. t — ciliata Willd. — * Gata. t Rosa sepium Thuill. — * Ondarra. Agrimonia Eupatoria L. — Gata. t Poterium Magnolii Spach. — * Vers San- Nicolas, Mongo. + —+ + CRC + + - + + + + -+ ADDITION A LÀ SÉANCE DU 9 mar 1884. Poterium ancistroides Desf. -— Mongo : à la « * Cueva del Agua ». Lythrum acutangulum Zag.— * Vers San- Nicolas. Polycarpon tetraphyllum L. — Gata. Paronychia argentea Lamk. — San-Nico- las. — nivea DC. — * Benitachel, * Mongo. Umbilicus gaditanus Boiss. et Reut. — * Hifac, * Mongo, * Segarria. Sedum altissimum Poir.— * Gata, Mongo. — acre L. — Mongo. — dasyphyllum Z. — * Mongo. Daucus Carota L. — Commun. Duriæa hispanica Boiss. et Reut.— * Be- nitachel. Orlaya maritima Koch et var. peduncu- laris Nob. (0. Bubania Philippe). — * Hifac. Torilis nodosa Gærtn. — San-Nicolas, Benitachel. Elæoselinum Asclepium Bert. — Monta- gnes entre * Gata et Teulada. Ferula tingitana L. var. hispanica Nob. — * Hifac. Bupleurum protractum Hoffg et Link. — * San-Nicolas. Conopodium ramosum Costa (Heterotæ- nia arvensis Coss.?).— * Mongo : vers la « Cueva menor ». Eryngium campestre Z. — Commun. Hedera Helix L. — Commun. Lonicera implexa Aif. — Entre * Gata et Teulada, Hifac. Rubia peregrina L. — Hifac. t Subspec. angustifolia (R. angustifo- lia L., R. longifolia Poir.). — Roc * d'Hifac. Galium rigidum Vill. — * Segarria. t Var. falcatum Lge. — * Segarria. + Var. tenuissimum Lge. — * Benita- chel. — fruticescens Cav. — * Hifac, Mongo. — setaceum Lamk. — * Mongo. — parisiense L. var. vestitum Gren. et Godr. (G. litigiosum DC.). — San- Nicolas, Segarria. t Subspec. decipiens Nob. (G. decipiens Jord ). — * Mongo. — saccharatum All. — San-Nicolas, Be- nilachel, Mongo. t,— murale All. — * Vers San-Nicolas. t — Asperula aristata L. f. var. maerosi- phon Lge. — Commun sur les co- teaux. Sherardia arvensis L. — San-Nicolas. Vaillantia hispida Z. — * San-Nicolas, * Mongo. T. XXX. t + M = + 273 Centranthus ruber DC. — * Gata. Scabiosa maritima L. — * Benitachel. — Columbaria L. — San-Nicolas. — saxatilis Cav. — Hifac, Mongo, Se- garria. Cephalaria leucantha Schrad. — Benita- chel. t Var. incisa DC. — * Hifac. Senecio linifolius L. — * Hifac, Anacyclus clavatus Pers. — San-Nicolas. — valentinus L. — * Mongo. Santolina Chamæcyparissus L. var. virens Willk. (S. squarrosa Willd.).— *Se- . garria. Hymenostemma Fontanesii Willk. s.-var. discoideuin Nob. — * San-Nicolas. Var. intermedium Nob. — * Mongo. Leucanthemum montanum DC. et var. gracilicaule DC.(L. gracilicaule Duf.). — * Mongo. Pyrethrum corymbosum Willd. — Entre Gata et Teulada. Var. gracilicaule Nob. — * Benitachel. Bellis annua L. — Benitachel. Phagnalon sordidum Cass. — * Gata. — saxatile Cass. — San-Nicolas, Beni- tachel. Helichrysum rupestre DC. (sensu latiss.), subspec. H. valentinum Rouy. — Rochers abrupts du * Mongo. — decumbens Camb. — Hifac. — Stœchas DC. var. cæspitosum Willk. — * Benitachel. — serotinum Boiss. — San-Nicolas, Be- nisa, Hifac, Mongo. Gnaphalium luteo-album L. — San-Ni- colas. Filago germanica L. var. lutescens Coss. et Germ. (F. lutescens Jord.). — * San-Nicolas. — spathulata Presl. var. erecta Willk. — Hifac. Asteriscus spinosus Gren. et Godr. t Var. minimus Nob. — Benitachel. t Var. subacaulis Nob. — San-Nicolas. — maritimus Mench. — Benitachel. Pulicaria odora Reichb. — * Benitachel, * Mongo. Inula crithmoides L. — Hifac. Cupularia viscosa Gren. et Godr. — Be- nitachel, Mongo. + Evax pygmæa Pers. — * San-Nicolas. t Micropus bombycinus Lag. — * Mongo. Atractylis humilis L. — * San-Nicolas, * Hifac. Carlina lanata L. — * Mongo. Kentrophyllum arborescens Hook.— * Hi- fac. (SÉANCES) 18 974 T t f + t H ł Carduncellus dianius Webb. — Mongo : à la « Cueva del Agua ». Carthamus tinctorius L. — Hifac. Cynara Cardunculus L. — * Vers San-Ni- colas. Silybum Marianum Gertn. — San-Nico- las. Galactites Duriæi Spach. — * San-Nicolas, * Benitachel, * Hifac, * Segarria. — tomentosa Mænch. — Ondarra. Picnomon Acarna Cass. — Entre Denia et Ondarra. Cirsium odontolepis Boiss. — * Mongo. Carduus granatensis Willk.— * Segarria. t Var. gracilis Nob. — * San-Nicolas. — malacitanus Boiss. et Reuter. — Entre * Gata et Teulada. — tenuiflorus Curt. — San-Nicolas. Onopordon Acanthium L. — Gata. Leuzea conifera DC. — Mongo. Serratula flavescens Poir. s.-var. leucan- tha DC. — Montagnes entre * Gata et Teulada. Centaurea pullata L. — * San-Nicolas, Benitachel. — Seridis L. var. maritima Lge (C. ma- ritima Duf.). — * Vers San-Nicolas, * Hifac. — aspera L. et var. stenophylla Willk. (C. stenophylla Duf.). —* Vers San- Nicolas. — intybacea Lamk. — * Hifac, * Segarria. — tenuifolia Duf. — * Hifac. — prostrata Coss. — * San-Nicolas, * Be- nitachel, * Mongo. + Var. decumbens Nob. — * Benitachel, entre Gata et * Teulada, * Hifac. — Calcitrapa L. — San-Nicolas. — melitensis L.— * San-Nicolas, * Beni- tachel. Microlonchus Clusii Spach. — Mongo. Sonchus aquatilis Pourr. — Carcagente (province de Valencia). — tenerrimus L. forma perennis Lge (S. pectinatus DC.).— * San-Nicolas, * Hifac. Lactuca tenerrima Pourr.— * Gata. Andryala integrifolia L. — Benitachel, Hifac, Ondarra. Crepis fœ@tida L. — Mongo. — albida Vill. (sensu latiss.) subspec. t C. scorzoneroides Rouy. — * Mongo. Pterotheca sancta C. H. Schultz. — * Gata Picridium tingitanum Desf. var. diversi- folium DC. — * San-Nicolas. — prenanthoides Rouy. — Mongo : à la «* Cueva del Agua », avec le Cardun- cellus dianius Webb. + i t t t t t + - - + + SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Picridium vulgare Desf.—* Gata, * Hifac. Urospermum Dalechampii Desf. — * On- darra. — picroides Desf. — * Mongo. Thrincia hispida Roth. — Commun. Scorzonera hispanica L. var. latifolia Koch. — * Mongo. — graminifolia L. Var. intermedia Rouy. — * Benitachel, * Mongo. Var. minor Willk. et Lge (S. pinifolia Gouan). — * Segarria, Hedypnois cretica Willd. — *Hifac. — tubæformis Ten. — * San-Nicolas. Hyoseris scabra L. — * Segarria : vers Vergel. Cichorium Intybus L. — Commun. Scolymus hispanicus L. — Mongo. Xanthium spinosum L. — San-Nicolas. Trachelium cæruleum L.— * Benitachel. Campanula rotundifolia L. var. saxicola Nob. (C. macrorhiza J. Gay p. p.)- — * Mongo. — Erinus Z. — San-Nicolas, Mongo. — dichotoma L. — Mongo. Erica multiflora L.— * Benitachel, * Hifac. Coris monspeliensis L. — Mongo. Nerium Oleander L. — Entre Gata et Benisa. Chlora grandiflora Viv. —* Entre Denia et Ondarra. Erythræa Barrelieri Duf. — * Mongo. — latifolia Sm. — * Benitachel. Convolvulus valentinus Cav. — Benita- chel : vers le cap de la Nao. — lanuginosus Desr. var. sericeus Boiss. (C. linearis DC.).— * Hifac, * Mongo. — althweoides L. — San-Nicolas, Gata. — arvensis L. — Assez commun. Cuscuta Epithymum Z. var. macranthera Engelm. — * San-Nicolas. Borrago officinalis L. var. saxicola Nob. — * Segarria. Anchusa italica Retz. — Commun. Echium pustulatum Sibth. et Sm.—* San- Nicolas, * Benitachel. Lithospermum fruticosum L. — * Benita- chei, * Hifac. Cynoglossum cheirifolium L. chel, * Hifac. — pictum Ait. — Benitachel. Lycium europæum L. — * Vers San-Ni- colas. Solanum nigrum Z. — Commun. Hyoscyamus niger Z. — San-Nicolas. Verbascum sinuatum L. — San-Nicolas. Scrofularia sciaphila Willk. Var. intermedia Nob. — * Segarria. * Benita- ADDITION A LA SÉANCE DU 9 Mar 41884. Var. tenuifolia Nob. (S. Grenieri Reut.). — * Mongo. Digitalis obscura L. — Benitachel, Be- nisa. Antirrhinum Barrelieri Jor.—*Gata, *Be- nitachel, * Mongo. Linaria Cavanillesii Chav. — * Mongo. — hirta Ait. var. intermedia Nob. — * Benitachel. Trixago apula Stev. — * Benitachel. t Orobanche speciosa DC. — * Entre On- darra et Gata. H t — barbata Poir. — * Entre Gata et Be- nisa. t — minor Sutt. — *Segarria. t Phelipæa Muteli F. Schultz. — * Mongo. t — nana Reichb. — * Segarria. t Ceratocalyx fimbriata Lge. — Montagnes =t —+ t t - entre * Gata et Teulada, * Mongo. Teucrium Pseudo-Chamæpitys L.— * San- Nicolas. — flavum Z. var. glabratum Nob. (Cha- mædrys virescens Jord. et Fourr.). * Mongo. buxifolium Schreb. — * Mongo. rotundifolium Schreb.— * Roc d'Hifac. aureum Schreb. var. latifolium Willk. — Hifac. capitatum L. — Gata et Benisa. Var. intermedium Rouy. — * San-Ni- colas, * Segarria. Ajuga Iva Schreb.— * San- Nicolas, *Hifac, * Mongo. Lavandula dentata L. — Abondant sur les rochers de la région. — multifida L.—*San-Nicolas, *Segarria. Salvia valentina Vahl. — * Benitachel, entre Gata et Teulada. : — clandestina L. — San-Nicolas, beni- tachel. Rosmarinus officinalis L. — Commun. Stachys hirta L.— * San-Nicolas, Mongo. Ballota hirsuta Benth. — * San-Nicolas, * Hifac, * Mongo. Benitachel, entre Marrubium vulgare L. — Gata. Phlomis Lychnitis L. — San-Nicolas, Mongo. — purpurea L. — * Segarria. Sideritis romana L. et var. — * San-Nicolas. — Cavanillesii Lag. — * Benitachel. — pungens Benth. — * San-Nicolas, * Be- nitachel, * Segarria. t Var. tragoriganum Rouy (S. trago- riganum Lag.). — * Benitachel. Nepeta tuberosa L. — * Hifac. nana Nob. t Calamintha menthæfolia Host.— * Mongo. 275 t Micromeria græca Benth. * San-Nicolas. t Var. latifolia Boiss. — * Entre On- darra et Jávea, * Hifac. Satureia cuneifolia Ten. var. obovata Boiss. (S. obovata Lag.). — * San - Nicolas, * Segarria. Thymus vulgaris L. var. Willk. — Mongo. micromerioides SP. NOY.—* Benitachel: vers le cap de la Nao. — Barrelieri Rouy, var. intermedius. — C. dansles rocailles de toute la région. X valentinus HYBR. Nov. (T. Webbia- nus X, T. Barrelieri). — Rocailles du promontoire * d'Hifac. Webbianus sP. Nov. (T. Herba-barona Webb non Loisel.). — * Roc d'Hifac, * Mongo. — cephalotus L. — * Benitachel. Plantago Cynops L. — * San-Nicolas. — Coronopus L. — Hifac. — Lagopus L. — San-Nicolas, Hifac. Statice virgata Willd. — * Hifac. Globularia Alypum Z. — San-Nicolas. t Beta maritima L. — * Vers San-Nicolas. Haloxylon articulatum Bge. -- * Hifac. Salsola Kali L. — San-Nicolas, Hifac. Salicornia macrostachya Moric.— * Hifac. t Atriplex rosea L. — * Hifac. t Rumex pulcher L. — * Mongo. ` t — intermedius DC. var. heterophyllus Willk. — * Mongo. — bucephalophorus L. — Benitachel. Passerina hirsuta L. — San-Nicolas. Daphne Gnidium L. — San-Nicolas. Thesium divaricatum A. DC.— * Segarria. Osyris lanceolata Zochstt. et Steud. — * Hifac. Buxus sempervirens L.—*Benisa, *Mongo. Mercurialis tomentosa L. — Ondarra. — annua L. forma ambigua J. Müll. (M. ambigua L. f.). — Segarria. Euphorbia rupicola Boiss. — Hifac, * Mongo. — flavicoma DC. var. hispanica Nob. * Segarria. terracina L. var. retusa Boiss. — * Vers San-Nicolas. Paralias L. — Vers San-Nicolas. serrata L. — San-Nicolas. Peplus L. — * Mongo. — exigua L. — San-Nicolas. + Var. retusa L. — * Hifac, * Mongo. 1 — faicata L. var. rubra Lge (E. rubra Cav.). — * Benitachel. t — Peplis L. — * Vers San-Nicolas, + Urtica pilulifera L. var. balearica Lge (U. balearica L.). — * Hifac. verticillatus i: ] — —+ + — 276 Parietaria lusitanica L. var. hispanica Nob. — *Segarria : les grottes. Ficus Carica L. — Mongo. Quercus coccifera L. — Benitachel. Pinus silvestris L. — * Mongo. t Juniperus communis L. var. hispanica Endl. (J. hispanica Booth). — * Mongo. Ephedra distachya L. — * Hifac, * Mongo. t Ornithogalum umbellatum L.— * Mongo. Muscari racemosum Mill. — Mongo. Smilax aspera L. — Hifac. t Ruscus aculeatus L. — * Mongo. t Asparagus aphyllus L. — * San-Nicolas, * Hifac. — acutifolius L. -— * San-Nicolas, * Beni- tachel. Gladiolus segetum Gaw. — * Benisa. — illyricus Koch. — * Mongo. t — Reuteri Boiss. var. subuniflorus Nob. — * Mongo : rocailles supérieures du * versant nord, vers la « Cueva me- nor ». t Anacamptis pyramidalis Rich.— * Mongo. Arisarum vulgare Targ. — Hifac. Andropogon hirtum Z. subspec. A. pu- bescens Vis. — * Gata. t Phalaris brachystachys Link. — * Se- garria. Imperata cylindrica P. B.— * Benitachel. Arundo Donax L. — Hifac. Lagurus ovatus L. — San-Nicolas. Polypogon monspeliense Desf.— * Hifac. — maritimum Desf.— *Vers San-Nicolas. Stipa tortilis Desf. — Commun. — juncea L. — * Mongo. — parviflora Desf.— * Benisa. t Piptatherum miliaceum Coss. var. Tho- masii Nob. (P. Thomasii Kunth). — * Mongo. t Deschampsia flexuosa Griseb.— * Mongo. Avena barbata Brot. var. media Rouy. — * Mongo. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Avena bromoides Gouan. — San - Nicolas, * Mongo. t Var. microstachyaWillk.— * Benita- chel, * Hifac. Briza maxima L. — Mongo. t Melica ciliata L. var. intermedia Rouy (M. glauca F. Schultz). — * Mongo. — minuta L. Var. vulgaris Coss. — * Benitachel. Var. saxatilis Coss. — * San- Nicolas. Dactylis glomerata L. var. lobata Rouy. — * San-Nicolas, * Benitachel, * Mongo. Lamarckia aurea Mœnch.— * San-Nicolas. Wangenheimia Lima Trin. — * Benita- chel. + Festuca ovina L. (sensu latiss.) var. ca- pillata Hack. (F. capillata Lamk, F. tenuifolia Sibth. et Sm.) — * Mongo. Bromus rubens L. — San-Nicolas, Be- nitachel. t Hordeum maritimum With.— * Vers San- Nicolas. Ægilops ovata L. — San-Nicolas. — triuncialis Willd. — Benitachel. t Triticum Duvalii Loret. — Entre * Denia et Ondarra. t Catapodium loliaceum Link. — * Hifac. Brachypodium distachyum P. B. — *San- Nicolas, Hifac. — ramosum item. et Sch.— * San-Nico- las, Gata. Polypodium vulgare L. — Benitachel, Mongo. Asplenium Adiantum-nigrum L. var. Vir- gilii Heufl. — * Mongo. -— leptophyllum Lag. — * Mongo. t — Petrarchæ DC.— * Mongo, * Segarria, Hifac. Ceterach officinarum Willd. — Hifac, Mongo. Cheilanthes odora Sw. — * Segarria. Adiantum Capillus-Veneris L. — Mongo, Benitachel, * Segarria, IL MADRID. Les noms des espèces nouvelles pour la flore de Madrid sont précédés du signe t. Adonis autumnalis L. — Cerro Negro. Ranunculus hederaceus L. — * Casa de Campo. Malcomia patula DC. — Casa de Campo. . Var. gracilis Nob. (M. castellana Rouy, 1882). — * Cerro Negro, Casa de Campo. Diplotaxis virgata DC. — Casa de Campo. t Eruca sativa Lamk var. polysperma Rouy (E. orthosepala Lge).—* Cerro Negro. Cistus ladaniferus L. var. maculatus Willk. et var. albiflorus Willk. — Casa de Campo. Helianthemum guttatum Mill. var. Lin- ADDITION A LA SÉANCE DU 9 Mar 4884. næi Willk. (H. eriocaulon Dun.).— Casa de Campo. + Helianthemum asperum Lag. var. grandi- florum Willk. s.-var. latifolium Willk. — * Cerro Negro. t Reseda lutea L. var. mucronulata (R. mucronulata Tin.).— * Cerro Negro. Silene cretica L. — Cerro Negro. t — hirsutissima Otth var. laxiflora Nob. (S. laxiflora Brot.). — * Casa de Campo. Erodium Ciconium Willd. — Cerro Negro. Ononis viscosa L. var. genuina Willk. — Cerro Negro. Anthyllis lotoides L. (Cornicina lotoides Boiss.). — Casa de Campo. Medicago rigidula Desr. (M. Gerar2i Waldst. et Kit.). — Cerro Negro. Trigonella polycerata L. et var. pinna- tifida Lge (T. pinnatifida Cav.). — Cerro Negro. Astragalus narbonensis Gouan. — Cerro Negro. — scorpioides Pourr. — Cerro Negro. — Stella Lamk. — Cerro Negro. Biserrula Pelecinus L.— Casa de Campo. Vicia narbonensis L. — Cerro Negro. — calcarata Desf. — Cerro Negro. Lathyrus erectus Lag. — Cerro Negro. Onobrychis matritensis Boiss. et Reut.— Cerro Negro. Hippocrepis scabra DC. — Cerro Negro. Rosa Pouzini Tratt. var. nuda Crép. et var. subintrans Crép. — Casa de Campo. Tillæa muscosa L. — Casa de Campo. Lonicera hispanica Boiss. et Reut. — Casa de Campo. Galium divaricatum Lamk var. tenellum Nob. (G. tenellum Jord.). — Casa de Campo. Valerianella discoidea Lois. — Cerro Negro. Senecio gallicus Chaix var. difficilis DC. (S. difficilis: Duf.). — Casa de Campo. Evax exigua DC. p.p.— Casa de Campo. HI. + + 277 Echinops strigosus L. — Cerro Negro. Carduncellus Monspeliensium All. Cerro Negro. Cynara Tournefortii Boiss. et Reut. — Cerro Negro, Casa de Campo. Onopordon nervosum Boiss. — Cerro Ne- gro, Casa de Campo. . Microlonchus spinulosus sp. Nov, — Cerro Negro. Andryala Rothia Pers. var. major, var. Stricta et var. ramosa Nob. — Casa de Campo. Hedypnois tubæformis Ten. — * Cerro Negro. Campanula Leeflingii Brot. var. matri- Jensis Lge (C. matritensis A. DC.). — Casa de Campo. Anagallis linifolia L. — Casa de Campo. Nonnea alba DC. — Casa de Campo. Lithospermum apulum Z. — Casa de Campo. Cynoglossum pictum Ait. var. umbrosum Nob. — * Casa de Campo. Scrofularia lyrata Willd. — Casa de Campo. — canina L. — Casa de Campo. Linaria amethystea /Hoffg et Link. — Cerro Negro, Casa de Campo. — filifolia Lag. — Cerro Negro. — cæsia DC. — Cerro Negro. Cleonia lusitanica L. — Casa de Campo. Calamintha graveolens Benth. var. in- termedia Nob. (C. rotundifolia Willk. p. p.). — Cerro Negro. Thymus Zygis L. — Cerro Negro. Salsola vermiculata L. var. villosa Moq. (S. villosa DC.). —* Cerro Negro. Rumex tingitanus L. — Cerro negro. — bucephalophorus L. — Cerro Negro. Polygonum Bellardi All. — Cerro Negro. Aristolochia longa L. — Casa de Campo. Echinaria capitata Desf. — Cerro Negro. Bromus squarrosus L. et s.-var. villosus (B. villosus Gmel.). — Cerro Negro. Ægilops triuncialis Willd. — Cerra Negro. Nardurus tenellus Reichb. — Cerro Negro. ARANJUEZ. Dans la liste suivante, les noms des plantes nouvelles pour la flore d'Aranjuez sont précédés du signe f. + Ranunculus Baudotii Godr. Var. fluitans Gren. et Godr. Matthiola tristis R. Br. Arabis parvula Duf. — auriculata Lamk. Erysimum Kunzeanum Boiss. et fieut. Conriugia orientalis Bess. Eruca vesicaria Cav. Alyssum serpyllifolium Desf. (forma Odon- torrhena castellanum Jord. et Fourr.). 278 t t + T + — lutea L. var. stricta d. t -- + nouvelles pour la flore de l'Espagne. Iberis subvelutina DC. Biscutella laxa Boiss. et Reut. var. stricta Nob. (B. sempervirens DC., an L.?). | Lepidium Cardamines L. — X ambiguum Lge (L. subulatum X Cardamines). — subulatum L. Helianthemum squamatum Pers. — paniculatum Dun. var. genuinum Willk. —- strictum Pers. var. racemosum Rouy (H. racemosum Dun.). — asperum Lag. var. grandiflorum Willk. s.-var. angustifolium Willk. — hirtum Pers. var. teretifolium Dun. — salicifolium Pers. var. macrocarpum Willk., var. gracile Nob. (H. inter- medium Thib.). et var. brachycar- puin Nob. Fumana glutinosa Boiss. var. hispidula Nob. (F. hispidula Losc. Pardo). Reseda bipinnata Willd. — Gayana Boiss. var. brevipes Rouy. Müll. s.-var. ramosissima Nob. — X ramosissima Pourr. (R. stricta X lutea). — stricta Pers. — Phyteuma L. var. integrifolia Texid. — Luteola L. var. australis J. Müll. Frankenia Reuteri Boiss. Silene Almolæ J. Gay. — tridentata Desf. Alsine tenuifolia Crantz var. conferti- flora Fenzl. Malva trifida Cav. et var. heterophylla Wilik. et Costa. Lavatera rotundata Laz. Haplophyllum hispanicum Spach. var. Barrelieri Nob. Ononis viscosa L. var. genuina Willk. Trigonella polycerata L. var. minor Nob. (T. polyceratoides Lge). Astragalus gypsophilus Rouy. Hedysarum humile L. var. major Lge (H. Fontanesii Boiss.). Pistorinia hispanica DC. Sedum gypsicolum Boiss. et Reut. Pimpinella dichotoma Cav. Bupleurum opacum Lge. — semicompositum L. + - SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Crucianella angustifolia L. Scabiosa stellata L. Artemisia Herba-alba Asso var. glabre- scens Boiss. (A. valentina Lamk). Filago Pseudo-Eyax Rouy. — spathulata Presl var. erecta Willk. Asteriscus aquaticus Leyss. var. pyg- mæus C. H. Schultz. Inula montana L. Pulicaria dysenterica Gærin. Micropus bombycinus Lag. Onopordon nervosum Boiss. Cirsium monspessulanum All. Serratula pinnatifida Poir. Centaurea hyssopifolia Vahl. Crupina vulgaris Coss. Xeranthemum inapertum Willd. Andryala ragusina L. Leontodon hispanicus Mér. Campanula Erinus L. — decumbens A. DC. Androsace maxima L. Lithospermum apulum L. Nonnea alba DC. Omphalodes linifolia Mænch. Linaria glauca Ait. Teucrium capitatum L. Rouy. — gnaphalodes Vahl s.-var. albiflorum (T. lanigerum Zag.). Salvia Javandulæfolia Vahl. Zizifora hispanica L. Cleonia lusitanica L. Thymus Zygis L. Statice echioides L. — dichotoma Cav. Macrochloa tenacissima Kunth. Stipa Lagascæ R. et Sch. Avellinia tenuicula Nym. (Festuca tenui- cula Boiss. et Reut.). Kæleria castellana Boiss. et Reut., et var. villosa Willk. Dactylis glomerata L. et var. australis Willk. (D. hispanica Roth !). Bromus squarrosus L. ' Scleropoa rigida Griseb. var. glauces- cens Guss. Festuca gypsophila Zack. Nardurus tenellus Reichb. var. genuinus Godr. Lepturus incurvatus Trin. var. polioides En résumé, nos excursions botaniques dans les environs de Denia ont eu pour résultat la découverte de : 1* Deux espéces déjà connues dans la région méditerranéenne, mais SÉANCE DU 13 JUIN 1884. 279 2 Sept espèces et sous-espèces non encore décrites ou confondues avec d'autres ; un nouvel hybride du genre Thymus et plusieurs variétés inédites de plantes espagnoles. 3° Cent quarante-neuf plantes non encore rencontrées dans la province d'Alicante. 4 Cent quarante-deux localités nouvelles pour des plantes déjà men- tionnées dans cette méme province. Aux alentours de Madrid, signalons la découverte de : 1^ Une espéce et cinq variétés inédites. 2 Cinq plantes nouvelles pour la flore madriléne. 3° Quatre localités nouvelles pour des plantes appartenant déjà à cette flore. Enfin, à Aranjuez, notons la présence de : 1° Une espèce et deux variétés inédites. 2^ Dix plantes non encore indiquées autour de cette ville. SÉANCE DU 13 JUIN 1884. PRÉSIDENCE DE M. DUCHARTRE. M. G. Bonnier, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 23 mai, dont la rédaction est adoptée. Par suite de la présentation faite dans la séance du 23 mai, M. le Président proclame membre de la Société : M. JERENNE pharmacien, rue des Quatre-Vents, 16, présenté par MM. Paul Petit et Roze. M. Roger de Nanteuil, ayant rempli les conditions fixées dans les Statuts, est proclamé membre à vie. M. le Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts ap- pelle, dans une circulaire du 26 mai, l'attention de la Société sur la nécessité de préparer dès à présent le programme du Congrès des Sociétés savantes en 1885. Le programme détinitif devra étre arrété par les cinq sections du Comité des travaux historiques et scienti- fiques à la fin de juin 1884. 980 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. En méme temps M. le Ministre informe la Société qu'il a prescrit l'ordonnancement d'une somme de 1000 franes à titre d'encoura- cement. M. le Ministre de l'Agriculture et du Commerce informe égale- ment la Société qu'il a prescrit l'ordonnancement d'une subvention de 1000 francs. . M. le Président remercie M. le Ministre de l'Instruction publique et M. le Ministre de l'Agriculture de la bienveillance qu'ils témoi- gnent à la Société. Lecture est donnée d'une lettre de M. Vidal, qui remercie la Société de l'avoir admis parmi ses membres. Le comité de l'Association américaine pour l'avancement des sciences invite la Société à se faire représenter au Congrès scienti- fique qui se tiendra à Philadelphie au mois de septembre prochain. M. le Président fait part à la Société de la proposition faite par le Conseil d'administration de changer l'article 58 du Réglement, et propose la rédaction suivante : ART. 58. Les communications dont les auteurs ne donnent pas la rédaction dans la séance méme où elles sont faites ne sont que mentionnées au procès- verbal. Les notes données par les membres qui ont pris part aux discussions ou qui ont fait des communications verbales improvisées en séance doivent, pour pouvoir étre insérées, parvenir au Secrétariat dans les cinq jours qui suivent la séance. Les épreuves en placard communiquées aux auteurs de- vront étre renvoyées au Secrétariat dans les cinq jours qui suivent l'envoi. Passé ce délai, elles pourront étre corrigées d'office par les secrétaires, d'aprés le manuscrit, qui ne doit dans aucun cas étre envoyé à l'auteur pour la cor- rection. Cet article, mis aux voix, est adopté par la Société, M. le Président a le regret d'annoncer à la Société la perte de deux de ses membres, M. G. Rivet et M. le D' Eug. Fournier. M. Bescherelle, vice-président, dépose sur le bureau le manuscrit du discours suivant, qu'il a prononcé sur la tombe de M. Eugène Fournier. Messieurs, Ce n'est pas sans un certain effroi qu'on voit disparaitre ainsi les com- pagnons de la vingtiéme année. Il y trente ans, nous étions une dizaine de jeunes amateurs de botanique, sans souci de l'avenir, et trouvant la supréme jouissance à collectionner des plantes sauvages. Tout notre SÉANCE DU 13 Jurn 1884. 984 bonheur consistait à combler une lacune dans notre herbier, et elles étaient nombreuses; aussi notre allégresse revenait-elle souvent. Le dimanche, on se réunissait en champ clos dans un bois des environs de Paris pour livrer assaut à la nature et la dépouiller de sa parure; en semaine, tantót chez l'un, tantót chez l'autre, le plus souvent chez Eugène Fournier, on parlageait les récoltes. Au nombre de ces joyeux compagnons, se trouvaient Defrance, Henri Fournier, Duparquet, Paul de Bretagne, Gaudefroy, qui ont été emportés avant l'àge. Aujourd'hui, c'est le tour du plus savant d'entre eux. De ce chapelet que j'égrene, je ne vois plus, autour de cette tombe, que quelques grains. Ces amis de la vingtième année, parmi lesquels je vois MM. Mouillefarine, Tardieu, Bonnet, ont été fidéles au malheur et ont voulu, comme moi, dire un dernier adieu à notre camarade. Eugéne Fournier était en effet un savant. Aprés de fortes études clas- siques, il suivit les cours de la Faculté de médecine, mérita en 1860 Ia médaille d'or pour ses travaux à l'École pratique ; interne des hópitaux, il fut un des lauréats du concours, et, quoique recu docteur en 1861, il n'en conserva pas moins ses relations avec la petite société qu'il avait animée de son souffle et de sa gaieté et rehaussée par son savoir. Mais sa fréle constitution ne lui permettait pas de se consacrer à la médecine comme son père. Il se fit recevoir successivement licencié, puis docteur és sciences naturelles, et concourut en 1863 pour occuper le poste d'agrégé de la chaire de botanique médicale à l'École de médecine. La Société botanique de France, dont il faisait partie depuis 1855, au lendemain de sa création, fut pour lui une nouvelle famille; il s'y con- sacra entièrement : tour à tour vice-secrétaire, secrétaire, archiviste, vice-président, il n'a cessé, pendant ces vingt-neuf années, de faire preuve d'un grand dévouement aux intéréts de la Société. Depuis 1861 il était chargé de la rédaction de la Revue bibliographique, qui exige la con- naissance de toutes les langues et une teinture suffisante de toutes les parties de la botanique, et l'on doit rendre cette justice à Eugène Four- nier qu'il s'est bien acquitté de la tâche délicate et difficile qui lui incombait. Ce n'est pas le lieu d’énumérer ici les nombreux mémoires qu'Eugène Fournier a publiés, ni les ouvrages scientifiques auxquels il a apporté sa précieuse et savante collaboration. Mais nul n'oubliera qu'il a pris place dans la science par ses travaux sur les Fougéres du Mexique et de la Nou- velle-Calédonie, que l'Académie des sciences a récompensés en accordant à son auteur le prix Desmazières pour l'année 1875. Par sa vaste érudition, son profond savoir, son esprit méthodique, sa grande facilité d'assimilation. Eugène Fournier pouvait évidemment pré- tendre à une haute position scientifique; les circonstances en ont décidé 989 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. autrement; mais s'il n'a pas obtenu cette récompense de ses travaux et d'une carrière déjà longue, il a su du moins trouver le bonheur dans les jouissances de l'esprit et dans l'intimité d'une compagne lettrée et dé- vouée dont nous partageons tous ici la douleur. Atteint depuis longtemps de la grave maladie à laquelle il a succombé, Eugéne Fournier n'a pu voir paraitre l'ouvrage important qu'il venait d'achever sur les Graminées du Mexique ; mais ce travail sera bientôt publié et restera pour attester la science de notre collégue et perpétuer son souvenir parmi ceux qui nous suivront. Qu'il en recoive ici l'assu- rance avec notre dernier adieu. Sur la proposition de M. le Président, à l'unanimité, pour rendre hommage à la mémoire de notre regretté confrère, la séance est levée en signe de deuil. SÉANCE DU 27 JUIN 1884. PRÉSIDENCE DE M. BESCHERELLE. M. Besclierelle, en prenant place au fauteuil, annonce à l'assem- blée que M. Duchartre est retenu chez lui par un deuil des plus douloureux, et il s’associe, au nom de la Société, au malheur qui vient de frapper son trés aimé et respecté Président. M. G. Bonnier, secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la séance du 12 juin, dont la rédaction est adoptée. L'Association francaise pour l'avancement des sciences invite la Société à se faire représenter au Congrès qu'elle va tenir à Blois, du 4 au 11 septembre 1884, et met à la disposition de la Société des cartes d'admission aux séances de ce Congrès. Dons faits à la Société : E. Bucquoy, Croquis de 12 plantes de la flore roussillonnaise. — Hommage à la Société botanique de France. D. Clos, Notice nécrologique sur M. Ed. Filhol. M. Gandoger, Plantes récoltées en Algérie de 1877 à 1880. SÉANCE DU 27 JUIN 1884. 283 Gandoger, Contributiones ad floram terre Slavorum meridionalium, fasc. 4 et 2. A. Malbranche, Les microbes. Renault et Zeiller, Un nouveau genre de fossiles végétaux. Ernest Rupin, Catalogue des plantes vasculaires du département de la Corrèze. De Saporta, Paléontologie francaise. — Végétaux du terrain juras- sique, livr. 33. J.-G. Baker, Review of the tuber-bearing Species of Solanum. Patrick Geddes, A restatement of the Cell theory. W. Bohnensieg, Repertorium annuum litteraturæ botanicæ perio- dice, tomes VII et VIII. A. Comes, Sul marciume delle radici e sulla gommosi della Vite nella provincia di Napoli. Norrlin, Adnotationes de Pilosellis fennicis, 1. Publications de l'Institut royal grand-ducal de Luxembourg, t. XIX. De la part de M. le Ministre de l'Instruction publique : Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne, année 1883, XXXVIII* volume. Discours prononcé par M. Fallières, Ministre de l'Instruction pu- blique, le 19 avril 1884. M. G. Bonnier, secrétaire, donne lecture de la communication suivante : DÉVELOPPEMENT DE L'AMYLOBACTER DANS LES PLANTES A L'ÉTAT DE VIE NORMALE, par M, Ph. VAN TIEGHEM (1). On sait que i'Amylobaeter (Bacillus Amylobacter) se cultive facile- ment à l'abri de l'air dans un liquide contenant en dissolution une petite quantité de substances azolées et minérales, avec un aliment carboné ternaire qui peut étre d'ailleurs de nature trés diverse : sucre de canne, lactose, acide lactique, glucose, dextrine, amidon soluble, mannite, gly- cérine, acides tartrique, malique, citrique, etc. En méme temps il dé- compose cet aliment carboné, en produisant notamment de l'acide buty- rique, de l'acide carbonique et de l'hydrogéne; il y provoque, comme on dit, la fermentation butyrique. (1) L'auteur avait apporté cette Note à la séance du 13 juin, pour en donuer lecture à la Société. Mais la séance de ce jour a été levée après la lecture du procès-verbal, en hommage à la mémoire de M. Eug. Fournier. 284 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. On sait aussi que si l'on immerge complètement un fragment de plante quelconque, un morceau de racine, de tige, de fleur, de fruit ou de graine, dans l'eau ordinaire, qui contient habituellement des spores d'Amylobacter, ou dans de l'eau préalablement stérilisée par la chaleur où l'on introduit en méme temps de pareilles spores, l'Amylobaeter se développe aussitôt. Il germe et s'accroît d'abord dans le liquide aux dé- pens des matiéres solubles qui s'échappent du fragment; puis il pénétre dans le tissu par les surfaces de section, attaque et dissout la cellulose des parenchymes, qu'il détruit complètement, respecte au contraire la cellulose lignifiée des vaisseaux et des fibres, la cellulose cutinisée ou subérifiée de l'épiderme et du liège, et, le plus souvent aussi, la cellulose pure, mais plus résistante, des laticiféres. Dans le premier cas, si l'on aére constamment le liquide nutritif, l'Amylobacter ne se développe pas; mais il en est tout autrement dans le second cas. Que l'on fasse passer un courant d'air continu dans l'eau où plongent les fragments végétaux, que l'on maintienne cette eau toujours saturée d'oxygéne à l'aide de plantes aquatiques vertes exposées au soleil, ou qu'on la renouvelle simplement par un courant continu, l'Amylobac- ter ne s'en développe pas moins à l'intérieur des fragments, où le liquide se conserve saturé d'acide carbonique et d'hydrogéne et où l'oxygéne ne pénètre pas. La Bactérie peut même, dans ces conditions, s'élendre au dehors à une petite distance tout autour du fragment: mais alors ses articles sécrétent en abondance une matière gélatineuse qui les tient unis en une masse épaisse ; un contour nettement défini sépare cette masse du liquide ambiant et oxygéné, où aucun de ses articles ne pénètre et qui conserve en conséquence une limpidité parfaite. Autour de graines de Féve, disposées dans uu entonnoir traversé par un courant d'eau continu, on voit se former ainsi des masses gélatineuses d'un blanc de lait, ovoides ou sphériques, mesurant jusqu'à 2 centimétres d'épaisseur en dehors de la graine; la consistance de ces enveloppes gélatineuses est assez ferme pour qu'on puisse, avec les doigts, les retirer de l'eau et les y replacer ensuite sans les déformer sensiblement. Dans ces conditions, où il se ramasse sur lui-même, pour ainsi dire, et où il se protege de manière à éviter le contact de l'oxygéne ambiant, l'Amylobacter ressemble beaucoup au Leuconostoc. Il y a déjà prés de deux ans que, dans une observation non imprimée au Bulletin, j'ai eu l'occasion de signaler à l'attention de la Société cette curieuse adaptation. C'est gràce à elle que l'Amylobacter, être pourtant anaérobie, peut vivre, croitre et prospérer au sein de l'air ambiant, voire méme dans un courant d'oxygène. C'est par elle aussi que se concilient ces deux faits, en apparence contradictoires : l'aérophobie de l'Amylo- bacter et son ubiquité. SÉANCE DU 27 JUIN 1884. 985 Si maintenant on plonge dans l'eau une partie seulement d'un frag- ment de plante dont l'autre partie demeure dans l'air, par exemple la partie inférieure d'une branche coupée, du pétiole d'une feuille, du pédi- ceile d'une fleur, etc., on verra la région immergée se détruire peu à peu de bas en haut à partir de la section, comme il vient d'étre dit et pour la méme cause, tandis que la région émergée demeure en bon état ou sim- plement se dessèche. Il y a donc quelque obstacle à ce que le développe- ment de l'Amylobacter dans les tissus se poursuive beaucoup en montant dans la région émergée. D'autre part, si l'on étudie la portion de l'organe située à la limite des deux milieux, on s'assure facilement que l'Amylo- bacter ne s'arréte pas exactement au niveau de l'eau ; il remonte plus haut, détruit une petite portion de la région aérienne, et seulement alors s'arréte, sans poursuivre plus loin son envahissement. L'obstacle qu'il rencontre n'est donc pas uniquement l'absence d'immersion. Cette double remarque m'a conduit à tenter, sur le développement de l'Amylobacter dans les organes végétaux à l'état de vie normale, quelques expériences, dont les résultats, tout incomplets qu'ils sont encore, m'ont paru de na- ture à intéresser un instant la Société. Mes premiers essais ont porté sur des organes à l'état de vie latente, notamment sur des tubercules de Pomme de terre et sur des graines de Féve préalablement imbibées d'eau. Dans un tubercule de Pomme de terre placé à l'air sur une assiette, on introduit une goutte de liquide tenant en suspension des spores d'Amylobacter; l'inoculation a lieu tantôt prés de la surface, sous la couche subéreuse, par une piqüre tangentielle, tantôt à diverses profon- deurs, et jusqu'au centre méme de la moelle, par extraction d'un étroit cylindre de tissu que l'on remet en place en manière de bouchon, aprés avoir déposé au fond de la cavité la goutte sporifère. C'est l'inoculation profonde qui a donné les meilleurs résultats. Les tubercules inoculés sont placés ensuite à l'étuve à 35 degrés, à côté de tubercules intacts des- tinés à servir de témoins. Au bout de deux jours, on voit déjà le petit bouchon se détacher sous l'influence de la pression des gaz internes et par l'orifice s'échapper une mousse blanche, formée en grande partie de grains d'amidon et d'articles d'Amylobaeter à divers états de développe- ment. Cette mousse augmente les jours suivants et en méme temps se dessèche en formant à l'orifice une masse poreuse grisátre en forme de champignon. En méme temps le parenchyme interne se ramoellit, se liquéfie par la dissolution progressive de toutes les cloisons cellulaires, à partir du centre d'inoeulation; finalement, tout dégagement de mousse et de gaz cesse à l’orifice, et alors le tubercule, bien que n'ayant pas changé de forme, se trouve réduit à un mince sac de liège rempli d'un liquide épais, imperforé dans toute sa surface et bouché au point d'incculation par le 986 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. champignon de mousse desséchée. La pulpe interne se compose de grains d'amidon, de spores d'Amylobacter, de granules albuminoides, le tout relié en une pàte par un liquide franchement acide, tenant en dissolution des matières albuminoides, des sels minéraux, de l'acide butyrique et les autres produits de la fermentation, parmi lesquels un éther à odeur agréa- ble. De là un moyen assezinattendu d'obtenir de l'Amylobacter en grande quantité et de le transporter facilement sans l'aide d'aucun récipient. Je mets sous les yeux de la Société un pareil tubercule, dont la destruction interne est achevée depuis deux mois, et qui s'est desséché depuis en se ratatinant. Quelquefois le travail de dissolution de la cellulose est incomplet; à l'extrémité la plus éloignée du point d’inoculation, une partie plus ou moins grande du tubercule demeure alors dure et sans aucune altéra- tion. La différence de consistance entre la portion attaquée et la région encore intacte permet d'ailleurs de suivre, jour par jour, par la simple pression du doigt, la marche du phénoméne et les progrés de la des- truction. La méme expérience, réalisée avec des graines de Féve préalablement imbibées d'eau, comme s'il s'agissait de les faire germer, a donné le méme résultat. Mais il est nécessaire de s'expliquer un peu sur le mode d'inoculation à adopter. Si l'on se contente en effet de percer le tégu- ment et d'introduire la gouttelette chargée de spores entre l'enveloppe séminale et l'embryon, le développement n'a généralement pas lieu, sans doute parce que l'Amylobacter est incapable de percer la mince cuticule qui entoure l'embryon. Il en est de méme si l'on introduit la goutte spo- rifère entre les deux cotylédons préalablement écartés. Mais le résultat est tout autre si la piqüre est assez profonde pour intéresser un des co- tylédons et y déposer les spores. Le développement a lieu, la dissolution de la cellulose et la destruction du tissu marchent rapidement, et le tégu- ment ne renferme bientôt plus qu'un liquide contenant les grains d'amidon inaltérés, des matiéres albuminoides, de l'acide butyrique, etc., ainsi que l'Amylobacter à divers stades, se réduisant en définitive à l'état de spores. Par ces deux exemples, on voit que l'Amylobacter, inoculé à un organe à l'état de vie latente et exposé à l'air, peut s'y développer jusqu'à en dé- truire complètement la trame cellulosique. Avant de quitter cette partie du sujet, je ferai remarquer qu'au début l'issue de ces tentatives me paraissait douteuse et que d'avance j'avais cherché et trouvé une explication plausible de l'insuccés auquel je m'at- tendais. N'était-il pas naturel de penser en effet que le développement, une fois commencé, ne tarderait pas à s'arréter par suite de l'acidité crois- sante du milieu, et surtout de l’accumulation autour de la Bactérie des SÉANCE DU 27 JUIN 1884. 287 produits de la fermentation qu'elle provoque, produits qui, dans le cas d'immersion, se diffusent dans le liquide ambiant? On voit que l'expé- rience en décide autrement. Ces résultats acquis pour les organes à l'état de vie latente, j'ai tenté des expériences analogues sur les organes à l'état de vie manifestée, aussi bien dans les plantes aériennes que dans les végétaux aquatiques. Parmi les plantes aériennes, j'ai choisi des organes à parenchyme trés développé, notamment des feuilles de Crassulacées (Echeveria, etc.), des tiges de Cactées (Cereus, Opuntia, etc.) et des fruits de Cucurbitacées (Cucumis, ete.). Avec les feuilles de Crassulacées et les tiges de Cactées, exposées à l'air dans une chambre éclairée, l'inoculation, fréquemment répétée, est demeurée sans résultat, ce qui peut s'expliquer par la for- mation continue d'oxygéne dans les tissus verts à la lumiére. Plongées dans l'huile aprés l'inoculation, ces mémes organes ont été au contraire rapidement détruits par l'Amylobaeter, à l'exception, bien entendu, de leur épaisse cuticule. Avec les fruits de Cucurbitacées, notamment avec le Concombre et le Melon, le résultat a été tout différent : il y a eu déve- loppement rapide dela Bactérie et destruction simultanée du tissu; en un mot, les choses se sont passées, à de légéres différences prés, comme dans la Pomme de terre. à Sur plusieurs plantes aquatiques submergées (Vallisneria, Helodea, Ceratophyllum), j'ai injecté dans le système lacunaire, à l'aide d'une seringue de Pravaz, une gouttelette chargée de spores d'Amylobacter; mais toujours sans résultat. La plante est restée saine dans toutes ses parties. [ei Pinsuccès s'explique facilement, car on sait que dans les plantes submergées la cellulose des parenchymes est beaucoup plus résis- tante à l'Amylobacter que dans les végétaux terrestres. Je me propose d'ailleurs de poursuivre et d'étendre ces recherches, et j'aurai l'honneur d'en communiquer plus tard, s'il y a lieu, les nou- veaux résultats à la Société. M. G. Bonnier présente aux membres de la Société quelques pro- fils des montagnes du Dauphiné où sont indiquées les limites des diverses régions botaniques, et fait ensuite, la communication sui- vante : NOTE SUR LA DISTRIBUTION DES PLANTES AUX ENVIRONS DU BOURG- D'OISANS (ISÈRE), par M. Gaston BONNIER. Pendant le séjour que j'ai fait l'été dernier au Dourg-d'Oisans, j'ai repris les anciennes listes de plantes que j'avais dressées dans mes herbo- risations de 1869, 1870, 1871 et 1872 aux environs de cetle ville, et j'ai 288 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cherché à y indiquer la fréquence relative des diverses espèces observées. C'est en procédant de cette manière, ainsi que je l'ai montré dans quel- ques essais sur la géographie botanique des Alpes autrichiennes ou des Carpathes, et dans les études faites avec M. Flahault sur la Scandinavie, qu'on peut se faire une idée assez nette des limites de végétation, ou établir des comparaisons qui ne sauraient étre faites en consultant sim- plement des flores ou des catalogues. Il est évident que, pour établir la distribution géographique des végétaux, une espéce rare ne saurait étre comptée au méme titre qu'une plante formant le fond de la végétation, et malheureusement, dans presque tous les ouvrages descriptifs, si l'aire géographique est indiquée, c'est presque uniquement pour les espéces rares. Mais, dans une flore aussi riche que celle des environs du Bourg- d'Oisans (1), il se présente souvent de grandes difficultés pour déterminer la fréquence relative des espèces. J'en citerai quelques exemples qui montreront en méme temps que, dans l'état actuel des publications, il est nécessaire de faire des études personnelles sur place pour traiter la question de l'aire des espéces. Le Kæleria alpicola G. G., si nettement distinct du K. cristata Pers., est indiqué comme rare dans le catalogue de M. J.-B. Verlot, qui n'en cite que quatre localités, dont aucune ne se trouve aux environs du Bourg- d'Oisans. Or les prairies de la région alpine inférieure, non seulement sur les schistes, mais quelquefois aussi sur les calcaires, renferment pres- que toutes une immense quantité d'individus de cette espèce ; on peut citer, entre autres, les grandes prairies qui s'étendent au-dessus du chemin de la Confession, entre Huez et Villard-Reculas et jusqu'au signal d'Huez, où le fond de la végétation est formé par cette Graminée. Le Woodsia hyperborea R.Br. se trouve pourtant dans les fentes des rochers de la région alpine inférieure lorsqu'on sait le chercher, et il est indiqué comme rare, méme en cette région, dans les catalogues et dans les flores. D'autres plantes, considérées aussi comme raretés, sont abondantes dans les endroits escarpés et peu accessibles: tels sont les Saussurea discolor DC., Berardia subacaulis Vill., Festuca flavescens Bell., etc. D'autres espèces encore sont plus répandues dans la région alpine supérieure qu'on ne l'indique ordinairement (Gregoria Vitaliana Duby, Aronicum Doro- nicum Reich., Oxytropis fetida DC., Saxifraga retusa Gouan, etc.), ou méme dans une région trés inférieure, comme le Sisymbrium austriacum Jaeq. ou le Pleurospermum austriacum Hoffm. (1) On peut juger de la richesse de cette flore par le nombre des espèces vasculaires recueillies dans les communes d'Huez et de la Garde, dont j'ai fait le catalogue. Ce nombre, en excluant les espéces des cultures diverses, s'éléve pour ces deux seules communes à 1720 espéces. SÉANCE DU 27 JUIN 1884. 289 Malgré ces difficultés, on peut facilement distinguer aux environs du Bourg-d'Oisans les régions botaniques suivantes, en dehors des champs cultivés, et en faisant abstraction des espèces accidentellement entrainées parles cours d'eau ou les torrents. 1° Région inférieure des rochers, au-dessous des régions alpine et subalpine, développée surtout sur les parties exposées au sud; d'une alti- tude absolue trés variable suivant l'exposition. On peut la caractériser par les espèces suivantes : Ptychotis heterophylla Koch. Hieracium staticæfolium Vill. Lavandula vera DC. Epilobium rosmarinifolium Mænch. ‘Allium sphærocephalum L. Teucrium montanum L. Buphthalmum salicifolium L. Orlaya grandiflora Hoffm. Lonicera Xylosteum L. Ononis natrix L. Nepeta lanceolata Lamk. Centranthus angustifolius DC. Ete. C'est aussi dans cette région qu'on trouve quelques espèces caractéris- tiques dont l'extension est moins grande (Ononis fruticosa L., Polygala Chamæbuxus L., etc.). 2 Région subalpine, développée dans les forêts de Sapins, quelquefois de Hétres (val d'Ornon) et dans les prairies inférieures. On peut la carac- tériser par les espéces suivantes : Pirola secunda L. Chærophyllum Villarsii Koch. Prenanthes purpurea L. Lonicera alpigena L. Veronica urticæfolia L. Astrantia major L. Maianthemum bifolium DC. Lilium Martagon L. Moehringia muscosa L. Aspidium Lonchitis Sw. Hieracium amplexicaule L. Calamintha grandiflora Mænch. Mulgedium alpinum L. Geranium silvaticum L. Soyeria montana Monn. Myosotis silvatica Hoffm. Ete. 3° Région alpine inférieure. C'est la région des grandes prairies alpi- nes, telles que celles du plateau de Brandes, de l'alpe Huez, de Villard- Saint-Jean et de Villard-Notre-Dame. Ici les espèces arborescentes ont actuellement disparu; je dis actuellement, parce qu'on rencontre assez souvent dans les tourbières des fragments de troncs ou de racines de Sapins qui indiquent que la région subalpine s'élevait plus haut, à une époque relativement récente. On peut signaler aux environs du Bourg-d'Oisans, comme caracté- ristiques de la région alpine inférieure, les espéces suivantes : T. XXXI. (SÉANCES) 19 290 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Rhododendron ferrugineum L. Alnus viridis DC. Anemone alpina L. Astrantia minor L. Dryas octopetala L. Botrychium Lunaria Sw. Aster alpinus L. Leucanthemum alpinum Lamk. Gaya simplex Gaud. Bartsia alpina L. Allosorus crispus Bernh. Vaccinium uliginosum L. Erigeron alpinus L. Homogyne alpina L. Rosa alpina L. Adenostyles alpina Bl. et Fing. Alchemilia alpina L. Agrostis rupestris All. Polygonum viviparum L. Oxyria digyna Campd. Phleum alpinum L. Carex sempervirens L. Etc. Le nombre des espèces spéciales répandues partout dans cette région est tellement grand, qu'il faudrait allonger cette liste d'une manière par trop considérable. 4 Région alpine supérieure. Les plantes vasculaires les plus élevées se trouvent dans les éboulis supérieurs ou dans les prairies alpines dont l'herbe est tellement basse qu'on ne peut la faucher. Sauf dans les ébou- lis, la végétation forme les hauts páturages de ces altitudes. On peut citer les plantes caractéristiques suivantes : Ranunculus glacialis L. Androsace helvetica Gaud. Silene acaulis L. i Gregoria Vitaliana Duby. Alsine Cherleri Fenzl. Gentiana nivalis L. Eritrichium nanum Schrad. Pedicularis rosea Wulf. Papaver alpinum L. Salix herbacea L. Hieracium glaciale Lach. Poa laxa Henk. Etc. On sait que ces diverses régions sont loin d’être limitées par des alti- tudes absolues. On peut voir par ces croquis, où les limites des régions et les altitudes ont été déterminées (1) sur le versant sud de la chaine de Belledonne, quelles sont les ondulations de ces lignes de limitations. Ainsi que je l'ai fait remarquer ailleurs d'une maniére générale (2), et en com- parant avec les limites analogues du versant nord de la méme chaine, on peul constater que : 1° Les limites de deux versants présentent leurs minima au fond des vallées et leurs maxima sur les arétes qui séparent deux vallées. 2° Les différences absolues entre les maxima et les minima d'une méme limite sont plus grandes sur le versant nord que sur le versant sud. Pour cette chaine de montagnes, les limites des diverses régions sont, (1) Ces altitudes ont été déterminées, non-seulement au moyen des courbes de niveau des minutes de la carte d'état-major, mais souvent aussi directement par des obser- vations barométriques. ie G. Bonnier, Observations sur la flore alpine d'Europe (Ann. sc. nat. Bot. 6* série, 1880, p. 5). SÉANCE DU 27 JUIN 1884. 291 on le voit, très régulières dans leurs variations mêmes ; cela tient à la dis- position de la chaine étudiée, dont l'orientation ne varie pas. Il n'en est pas de méme si l'on étudie tout le pourtour de la vallée du Bourg- d'Oisans. J'en citerai seulement un exemple frappant que fait bien voir ce croquis représentant la distribution des plantes sur le versant méri- dional du massif des Grandes-Rousses. Déjà l'aspect des champs cultivés montre quelles différences énormes l'exposition introduit dans l'altitude absolue d’une limite donnée. Tandis que le Seigle ne peut guère être cultivé en bonne terre et sur pente peu inclinée au-dessus de 970 mètres sur le versant nord de la montagne de l'Homme, les plus hauts champs de Seigle, au-dessus d'Huez ou au-dessus du chemin de la Confession, dépassent 1900 mètres d'altitude, dans les mémes conditions. On peut suivre d'ailleurs sur ce croquis, en faisant abstraction des champs cultivés, le relévement si remarquable de toutes les limites des zones, sur le flanc sud de la montagne d'Huez. On y remarque que la région inférieure des rochers, dont la limite supérieure moyenne est à 980 mètres autour de la vallée, s'éléve à 1560 mètres à Saint-Ferréol, et plus au sud dépasse 1750 mètres; il est vrai qu'à ces altitudes cette région, qui continue à contenir les espéces citées plus haut s'enrichit de quelques plantes qu'on ne retrouve pas plus bas (Lilium croceum Chaix, Linaria italica Trev., etc.), mais ces mémes espéces ne se retrouvent pas dans les autres régions. Le relèvement des limites est naturellement de moins en moins accentué à mesure que l’on considère les régions de plus en plus élevées. Il est cependant trés intense encore pour la région subalpine et pour la région alpine inférieure. L'ensemble des observations météorologiques de l'année fait voir trés facilement que cette exception apparente confirme les faits généraux énoncés précédemment, et dans une région comme celle-ci, où la neige recouvre longtemps le sol en hiver, y compris la plaine du Bourg-d'Oisans, on peut voir à la fin de l'hiver et au printemps combien les lignes succes- sives de la fonte des neiges sont presque rigoureusement paralléles aux limites des régions déterminées par les espéces caractéristiques. M. Leclere du Sablon fait à la Société la communication sui- vante : 309 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. MÉCANISME DE LA DÉHISCENCE DES SPORANGES DES CRYPTOGAMES VASCULAIRES, par M. LECLERC DU SABLON. Fougéres. — On attribue généralement la déhiscence des sporanges de Fougères à la présence de certaines cellules spéciales, appelées quelquefois cellules élastiques, qui, sous l'influence de la dessiccation, opèrent des mou- vements particuliers. Chez les Polypodiacées, par exemple, ces cellules, rangées sur une seule file, entourent les sporanges d'un anneau incomplet qui part du point d'insertion du pédoncule, suit le plan de symétrie du sporange et se termine un peu avant de rejoindre son point de départ, laissant ainsi entre ses deux extrémités un espace rempli par des cellules à parois minces semblables à celles qui constituent le reste du sporange. La section de chacune de ces cellules par le plan de symétrie a, comme on le sait, une forme tétragone, les cótés latéraux et interne étant fortement épaissis et lignifiés, tandis que le cóté externe seul reste mince; ces cel- lules, vues de profil, présentent done à peu prés l'aspect d'un U dont les deux branches sont réunies par une paroi mince. Au moment de la déhiscence, on voit une rupture se produire à l'endroit où l'anneau présente une solution de continuité; l'anneau lui-même se redresse peu à peu comme si sa face externe se contractait ; il devient bientót rectiligne et finit méme par se recourber trés nettement en sens inverse. Il y a alors un temps d'arrét suivi d'une brusque détente, qui ramène l'anneau à une position intermédiaire entre la position rectiligne et celle qu'il occupait d'abord ; il se redresse ensuite peu à peu en finis- sant de se dessécher, et reste finalement redressé si les conditions exté- rieures ne changent pas. On peut se rendre compte de ces différents raouvements en observant ce qui se passe à l'intérieur des cellules de l'anneau. Avantla déhiscence, elles sont remplies de suc cellulaire, qui s'évapore peu à peu à travers la paroi mince, si le sporange est plongé dans une atmosphére suffisamment desséchée. La vapeur d'eau qui s'échappe ainsi n'étant pas remplacée, la pression diminue à l'intérieur de la cellule ; son volume tend donc à dimi- nuer comme celui d'un ballon de caoutchouc au moment oü il se vide. Cette diminution de volume ne peut se produire que par la dépression de la paroi externe, qui seule est flexible ; on peut en effet observer que, pendant que l'anneau se redresse, la paroi externe de ses cellules devient concave et que les deux branches de l'U formées par les parois latérales se rapprochent par leur extrémité libre jusqu'à arriver quelquefois au contact l'une de l'autre. A ce moment, la plus grande partie de l'eau con- tenue dans la cellule s'est évaporée, etla pression y est devenue trés faible. Les gaz en dissolution dans le suc cellulaire sont mis en liberté et SÉANCE DU 27 JUIN 1884. 293 forment tout à coup une bulle assez considérable qui occupe la plus grande partie de la cavité et permet à la cellule de reprendre à peu prés ses dimensions primitives; de là cette brusque détente que nous avons remar- quée. Il est essentiel de constater que c'est seulement aprés cette détente que les cellules contiennent de l'air. L'eau qui reste encore dans les cel- lules s'évapore ensuite, ce qui diminue encore la pression, et produit un nouveau redressement de l'anneau, qui est ramené à la position rectiligne qu'il doit conserver. Si l'on plonge dans l'eau un sporange ainsi ouvert, on voit se produire les phénoménes inverses : l'eau rentre dans la cellule à travers la paroi mince, augmente ainsi la pression, dissout plus ou moins rapidement l'air qui se trouvait dans la cavité à une faible pression, et l'anneau reprend la forme qu'il avait avant la déhiscence. Les auteurs qui ont étudié la déhiscence du sporange des Polypodiacées attribuent ce phénomène à une contraction spéciale des membranes ; s'il en était ainsi, les mouvements de l'anneau devraient avoir lieu lorsque les cellules qui le constituent sont coupées par une section paralléle au plan de symétrie du sporange; ils devraient au contraire cesser complè- tement si l'explication que je viens de développer est exacte. Or il est facile d'observer que chaque fois qu'une cellule se trouve entamée par une section, elle n'éprouve plus, sous l'influence de la dessiccation, les change- ments de forme qui viennent d’être décrits. L'hypothèse de la contraction des parois par la dessiccation ne pourrait d'ailleurs pas expliquer le brusque mouvement de retour de l'anneau ligneux dont on se rend parfaitement compte en observant la formation d'une bulle d'air. C'est donc bien aux changements de pression produits par l'évaporation de l'eau qu'il fautattribuer les différents mouvements de Panneau éiastique. La déhiscence est d’ailleurs indépendante de la manière dont l'eau est retirée des cellules. En plongeant un sporange non encore ouvert dans un liquide avide d'eau, tel que la glycérine, on peut observer exactement les mémes phénoménes que dans l'air sec. Mais dans ce cas le liquide avide d'eau finit par pénétrer dans l'intérieur des cellules, et dans l'état d'équilibre final, l'anneau, au lieu d'étre recti- ligne comme dans le cas normal, reste recourbé comme avant la déhis- cence. Équisétacées. — Les sporanges des Équisétacées s'ouvrent, comme on sait, par une fente longitudinale située sur leur face interne, c'est-à-dire sur celle qui est la plus rapprochée du pédoncule du scutelle. Par lafente ainsi formée, sortent un grand nombre de spores recouvertes de quatre filaments spéciaux, qui se déroulent brusquement sous l'influence de la sécheresse de l'air et impriment ainsi aux spores un mouvement qui con- tribue à leur dissémination. 994 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Ces différents phénoménes peuvent s'expliquer par ce fait, susceptible d'une démonstration expérimentale, que les parties lignifiées de la mem- brane cellulaire se contractent moins, par la dessiccation, que celles qui sont formées de cellulose pure. La paroi du sporange est en effet formée d'une assise de cellules spiralées, c'est-à-dire de cellules à parois minces formées de cellulose pure, portant des épaississements ligneux en forme de spirale. De part et d'autre de la ligne de déhiscence, ces cellules sont allongées transversalement, de telle sorte que l'axe de la spirale soit per- pendiculaire à cette ligne ; sur tout le reste de la surface du sporange, au contraire, les cellules spiralées sont orientées suivant une direction per- pendiculaire, c'est-à-dire qu'elles sont parallèles à l'axe du sporange. Or, pendant qu'une cellule spiralée se desséche, elle se contracte beaucoup plus parallélement à l'axe de la spire que dans toute autre direction, comme on le constate par des mesures directes faites avec un micromètre sur une cellule alternativement humectée et desséchée; cela résulte de ce que la dessiccation diminue notablement le pas de la spire formée de cel- lulose et trés peu la longueur d'un tour de spire formée de cellulose ligni- fiée. Si donc on considére la contraction du sporange suivant des direc- tions paralléles à la ligne de déhiscence, on verra que cette contraction sera beaucoup plus faible dans les environs de cette ligne que dans toutes les autres parties, tandis que la contraction dans une direction perpendi- culaire sera la plus forte dans le voisinage de la ligne de déhiscence. On conçoit que, pour ces deux raisons, les tissus se déchirent le long de la ligne de déhiscence qui est d'ailleurs une ligne de moindre résis- tance. Il reste maintenant à expliquer les mouvements des filaments spiraux qui entourent les sporeset qui, comme on lesait, sont formés parle dédou- blement de la paroi. Si on les traite par la fuchsine ou tout autre réactif du bois, on voit qu'ils se composent de deux couches : une couche mince et lignifiée sur la face interne et une seconde plus épaisse et non ligni- fiée qui occupe la face externe. Au moment de la déhiscence, ces filaments n'adhérent plus à la spore que par une de leurs extrémités, et devront donc se dérouler dans l'air sec, la couche externe se contractant plus que la couche interne; si on les met dans l'eau ou dans l'air humide, ils reprennent d'ailleurs rapidement leur position primitive. Le mécanisme de la déhiscence des sporanges est donc trés différent, suivant que l'on considère les Fougères ou les Équisétacées. Chez ces der- nières, il résulte de l'inégale contraction des parties lignifiées ou non lignifiées de la membrane cellulaire et doit étre rapproché de ce qu'on observe dans les anthéres des Phanérogames. Chez les Fougères au con- traire, on assiste à un phénoméne tout autre et spécial à cette classe de végétaux ; la déhiscence est due aux variations de pression produites dans SÉANCE DU 11 JUILLET 1884. 295 les cellules par l'évaporation de l'eau, sans que la contraction des parois ait à jouer un róle considérable. M. Bescherelle demande à M. Leclerc du Sablon s'il a étudié les faits analogues qui se produisent chez les Muscinées. M. Leclerc du Sablon répond qu'il a commencé cette étude, mais que les faits observés ne sont pas assez nombreux sur ce point. M. Flahault envoie des plantes des environs de Montpellier des- tinées à être distribuées aux membres de la Société qui assistent à la séance. SÉANCE DU 11 JUILLET 1884. PRÉSIDENCE DE M. DUCHARTRE. M. G. Bonnier, secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la séance du 27 juin, dont la rédaction est adoptée. M. le Président annonce le décès de M. Eugène Chabert, ancien juge de paix, domicilié à Saint-Romans (Drôme). M. le Président proclame membre à vie M. l'abbé Faure, qui à rempli les conditions exigées pour l'obtention de ce titre. Il annonce ensuite une nouvelle présentation. M. Malinvaud a recu de M. J. Hervier-Dasson, pour étre présenté à la Société, un spécimen de Bellis perennis à anthode vivipare, récolté le 2 juin dernier, parmi de nombreux individus atteints de la méme monstruosité, à Marcenod, prés de Saint-Christó (Loire), par M. Paul Vittenet. Plusieurs des fleurons ligulés de la circonfé- rence sont remplacés par des capitules assez longuement pédicellés et bien conformés, quoique beaucoup plus petits que l’anthode primaire. M. Malinvaud présenie ensuite à la Société, de la part de M. Claudius Bourgognon, des échantillons des plantes suivantes, récoltées dans le département de l'Allier: 4° Glaux maritima L.— Marais prés d'une source minérale, à Jenzat (Allier), 12 juin 1884. 296 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 2» Trifolium maritimum Huds. — Jenzat, 16 juin 1884. Ces deux espèces sont nouvelles pour le département de l'Allier (1). 3» Plantago Coronopus L. — Individus atteignant 45 à 50 cent. de hauteur ; feuilles trés hérissées, non charnues, à rachis assez large et tri- nervié, à segments peu nombreux, lancéolés, parfois munis de quelques dents. C'est la variété 5. latifolia DC. in Fl. de Fr. de Gren. Godr. t. II, p. 722 (Plantago Columnae Gouan, Illustr. 6). 4* Stellaria Holostea L. petalis laciniatis. — Dans une haie, ter- rain calcaire, à Cesset (Allier), 5 mai 1884. — Les lobes des pétales, au lieu d’être entiers et obtus comme à l'état normal, sont subdivisés en deux laniéres acuminées plus ou moins divergentes. Les sépales ont parfois aussi des bords légérement frangés à leur partie supérieure et se termi- nant par 2 ou 3 dents fines et aiguës. Le reste de la plante est normal. Ce cas tératologique rappelle le Chelidonium majus var. quercifo- lium dont les pétales sont incisés (2), et l'Anemone nemorosa (3) observé l'an dernier par M. Niel. Toutefois, dans ces deux monstruosités, l'ano- malie s'étendait au feuillage. M. Duchartre signale à ce propos certains Hemanthus mons- trueux, sans pistil ni étamines, et(avec multiplication des pétales. M. de Seynes fait à la Société la communication suivante : LES QONIDIES MYCÉLIENNES DU POLYPORUS SULFUREUS Bull. par M. J. DE SEX NES. Au mois d'avril 1878, | j'ai présenté à l'Académie des sciences un mé- moire sur les conidies du Polyporus sulfureus Bull. Ce travail m'avait amené à conclure que chez les Basidiosporés la multiplicité des organes reproducteurs présente les mémes types que ceux dont M. Tulasne a re- connu l'existenee chez les Thécasporés. Dans ces deux ordres de Champignons on rencontre également ces trois types: 1? conidies ou spermaties issues du mycélium et que, pour abréger, j'appellerai mycéliennes; 2 stylospores ou spermaties contenues dans des pycnides ou dans des spermogonies; 3° spores issues de réceptacles avec lesquels se fusionnent parfois les pyenides. Certaines espéces de Basidiosporés présentent les conidies mycéliennes (1) Martial Lamotte (in Prodr. fl. plateau central) signale le Trifolium maritimum (t. I, p. 198) et le Glauz maritima (t. 11, p. 514) dans le Puy-de-Dôme, l'un et l'autre RR. et toujours dans des marais salés ou à proximité de sources minérales. (2) Coss. et Germ., Flor. analyt. édit. 2, p. 95. (3) Voyez le Bulletin, t. XXX, p. 196. SÉANCE DU 11 JUILLET 1884. 297 et le réceptacle sporifère. Le nombre de celles que l'on connaissait en 1878 était déjà considérable; il s’est accru et s’accroit tous les jours depuis. D'autres présentent des conidies endocarpes, stylospores de M. Tulasne, développées dans des réceptacles uniquement conidifères, pycnides de M. Tulasne, et des réceptacles sporifères. L'observation dont j'ai l'hon- neur d'entretenir aujourd'hui la Société botanique nous montre les trois types d'organes chez une seule et méme espèce. En étudiant la maladie qui sévit sur les Châtaigniers de l'Italie, des Cévennes et des Pyrénées, j'ai été conduit à me préoccuper de l'effet pro- duit sur ces arbres par le mycélium des Hyménomycétes supérieurs, la maladie ayant été attribuée par M. Planchon à l'action d'un Champignon de cet ordre. Parmi les Hyménomycétes basidiosporés s'attaquant au Chátaignier, on rencontre quelquefois le Polyporus sulfureus Bull.; il produit sur le bois de cet arbre la carie si bien décrite par M. R. Hartig, qui en a suivi le processus sur le Chéne. Cette carie, qui laisse vivre l'arbre en diminuant la vigueur de sa végé- tation, n'a du reste rien à voir avec la maladie actuelle du Châtaignier. Le bois des Chátaigniers morts à la suite de cette maladie reste sain et ne présente aucune trace de carie. ‘En faisant des coupes sur le bois de Châtaignier atteint par la carie sous l'action du P. sulfureus Bull., j'ai pu suivre le mycélium de ce Polypore. Il remplit la cavité des vaisseaux, ainsi que l'a montré M. Har- tig; il est d'autant plus reconnaissable que ses cellules affectent en grande partie les dispositions qu'on leur connait dans Ja trame du réceptacle : leur paroi est généralement épaisse et trés réfringente ; elles se ramifient souvent à angle droit et présentent des directions brusquement coudées ; leur diamètre est inégal, moins cependant que dans le chapeau; mais la réunion de ces principaux caractères leur donne une physionomie spéciale et distincte de celle qu'affectionne le mycélium des Mucédinées. On peut du reste facilement reconnaitre les connexions du mycélium avec le cha- peau du Polypore. Les cellules mycélialés dispersées dans les cellules des vayons médullaires, dans les vaisseaux ou les fibres ligneuses, donnent naissance à des branches tantôt courtes, tantôt longues et gréles, qui portent à leur sommet une cellule terminale renflée, ayant la forme et la structure des Conidies endocarpes que j'ai décrites chez le P. sulfureus Bull.; leur paroi s'épaissit ; une gouttelette huileuse assez grande occupe la cavité et ne laisse qu'un faible intervalle entre elle et la paroi. La seule difference à signaler, c'est que leur dimension varie dans des limites moius étendues: ainsi tandis que les conidies endocarpes mesurent dans un de leur diamètre de 077,005 jusqu'à 077,015, le diamètre des conidies mycéliennes n'oscille guère qu'entre 0"^,006 et 077,008, ce qui du reste 208 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. est la moyenne la plus fréquente chez les conidies endocarpes. Les unes etles autres, quand elles sont détachées, portent un petit appendice, une sorte de hile ou de pédicule formé par l'extrémité de la cellule mére res- tée adhérente à la conidie. Lorsque celle-ci s'est développée, non à l'ex- trémité, mais le long de la cellule mére, on constate deux de ces petits appendices rarement situés exactement aux deux pôles opposés. Cet appen- dice est souvent plus épais chez les conidies endocarpes, parce que ces. dernières naissent quelquefois sur des cellules qui s’atténuent moins et n'ont pas donné de ramifications conidiféres comme d'habitude. A l'époque où j'ai pu faire cette observation, en septembre, les coni- dies arrivées à maturité étaient en trés grand nombre et la plupart déta- chées et agglomérées soit dans les éléments du bois, soit dans les vais- seaux. M. Hartig a reconnu dans les mémes conditions l'existence de spores dont « la formation, dit ce savant, est trés luxuriante, de sorte que l'intérieur de mainte cellule parenchymateuse en est complétement rem- pli (Die Zersetzungserscheinungen des Holzes Fal. XIV, fig. 10, 12); elles sont presque toutes sphériques, grosses d'environ 8 micromillimè- tres, incolores à l'état frais et dans la glycérine, sans présenter de sépa- ration reconnaissable du contenu et de la paroi (fig. 12 c.); à l'état sec au contraire, on reconnait une paroi épaisse, et au centre un novau, proba- blement une goutte huileuse; un hile appendice extérieur forme la tige qui reliait les spores à la branche filamenteuse qui les porte, car ces spores se forment probablement presque toutes à l'extrémité de filaments plus ou moins longs par étranglement, d'autres fois aussi isolément ou en forme de chapelet par le gonflement du filament (fig. 12, b, e). » Aprés avoir décrit une autre forme de spore, M. Hartig conclut : « Je mentionne ces formes de Champignons à cause de leur fréquente appari- tion ; mais j'évite d'énoncer des suppositions sur le groupe auquel appar- tient l'une ou l'autre de ces deux formes, et surtout d'inventer des noms, qui sont sans valeur tant que le développement complet de ces Champi- gnons n'est pas fixé d'une maniére exacte. » ; La prudence de M. Hartig, qui devrait avoir beaucoup d’imitateurs, était ici trés légitime; car il est évident, d’après sa description repro- duite ci-dessus, comme d'aprés l'examen des figures, que les spores décrites par lui, au moins les premiéres, sont les conidies du P. sulfureus Bull. dont j'ai reconnu les relations avec le mycélium de ce Champignon. L'attention de M. Hartig n'a pas été appelée sur cette possibilité, son mé- moire ayant paru à la méme époque que les observations par lesquelles jai fait connaitre la structure des conidies endocarpes du P. sulfureus Bull. à l'Académie des sciences, et plus tard au congrès de Paris de l'Association francaise pour l'avancement des sciences. La seule vue de la planche de M. Hartig m'avait frappé par la ressemblance de quelques- SÉANCE DU 11 JUILLET 1884. 299 unes des spores attribuées par lui à un Saprophyte spécial avec les coni- dies endocarpes, dont j'ai figuré les principales formes dans les Comptes rendus de l'Association francaise (session de Paris). M. Duchartre demande à M. de Seynes s'il pense, avec Bertoloni, que les Agarics peuvent étre parasites. M. de Seynes répond que l'Agaricus melleus peut être parasite. M. Roze rappelle à ce propos l'Agaricinée qui a tuéles Peupliers de l'étang de Chaville, quoique le plus grand nombre des Agarics soit certainement saprophyte. M. Van Tieghem croit que la méme plante peut être saprophyte et parasite ; c’est le cas de l'Agaricus melleus, comme le démon- trent les expériences de M. Brefeld. M. Van Tieghem met sous les yeux de la Société des branches anormales de Pin maritime, et présente à ce sujet les observations suivantes : SUR UNE ANOMALIE DES BRANCHES DU PIN MARITIME (PINUS PINASTER), par M. Ph. VAN TIEGHEM. M. Lavallée a observé cette intéressante anomalie sur deux des Pins maritimes de sa propriété de Segrez ; il se proposait de l'étudier, quand la mort l'a frappé. Depuis, M. Hérineq, son ami et son collaborateur, m'a communiqué cette observation, ajoutant que la méme singularité se retrouve sur un troisiéme individu dans un pare voisin de celui de Segrez, et a mis obligeamment à ma disposition tous les échantillons nécessaires à l'étude anatomique du phénoméne. A la suite de cet exa- men, nous avons pensé qu'il convenait d'en présenter les résultats à la Société, dans l'intérét de la science et aussi pour rendre IBN SÉ à notre regretté confrére. En s'allongeant au printemps, la pousse anormale se montre traversée de part en part et divisée en deux moitiés égales par une fente longitu- dinale médiane; la fente s'étend, à partir de la base de la pousse, dans toute la région occupée par les flemrs máles, c'est-à-dire dans la plus grande partie de sa longueur ; quelquefois méme elle se prolonge jusque dans la région feuillée, en n'épargnant que le cóneterminal. Ainsi sépa- rées, les deux moitiés se courbent, deviennent concaves l'une vers l'autre en formant ensemble une boutonniére largement ouverte, une sorte de bague ovale; à l'état de complet développement, cette bague mesure ordi- 300 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. nairement 20 à 30 millimétres de longueur sur 6 à 10 millimétres de largeur. Sur un bon nombre de branches, le phénomène ne se manifeste pas. Sur d'autres, il ne se produit qu'une fois; elles ne portent qu'une seule bague, tout le reste est normal. Sur d'autres encore, il se répète, mais à plusieurs années d'intervalle; les bagues y sont multiples, mais isolées, séparées l'une de l'autre par un plus ou moins grand nombre de pousses annuelles normales. Sur d'autres, enfin, il se répète régulièrement chaque année pendant un cerlain temps; les bagues s'y suivent en chapelet con- tinu, dans le méme plan ou dans des plans différents, au nombre de huit et jusqu'à dix et douze, séparées seulement l'une de l'autre par des inter- valles d'environ 15 millimétres, correspondant à la partie feuillée de chaque pousse annuelle. C'est alors que le phénoméne se présente dans toute sa beauté. L'anomalie est donc trés irréguliérement répartie à la surface de l'arbre, et nous aurons tout à l'heure à tenir compte de ce fait, quand nous en rechercherons la cause. Sur une jeune pousse ainsi divisée, les deux surfaces concaves en re- gard se montrent d'abord enduites d'une résine plus ou moins abondante, écoulée des canaux sécréteurs que la fente a intéressés; puis elles se ci- catrisent peu à peu. A cet effet, toutes les cellules voisines de la section, qu'elles appartiennent à l'écorce, au péricycle, aux rayons médullaires ou à la moelle, subissent uncloisonnement tangentiel fréquemment répété ; elles produisent de la sorte un bourrelel de parenchyme convexe en dehors, gràce auquel chaque moitié du rameau reprend une forme sen- siblement cylindrique. Ce bourrelet cicatriciel ne tarde pas à former, en dehors une couche de liège qui se raccordera avec le liège normal, en dedans un arc générateur libéro-ligneux qui se reliera bord à bord avec le demi-anneau générateur libéro-ligneux normal. Ainsi fermée, la couche génératrice libéro-ligneuse développe, tout autour de la moelle demi-circulaire un anneau complet de liber et de bois secondaire. Seu- lement la portion du bois secondaire qui correspond à la face cicatrisée présente, dans ses éléments constitutifs, les irrégularités, les madrures bien connues qui caractérisent en général le bois traumatique. La seconde année el les années suivantes, chaque moitié de la pousse acquiert une nouvelle couche de liber et de bois secondaire : en un mot, la croissance en épaisseur s'y poursuit comme sura branche normale. Du fait de cet épaississement progressif dérivent maintenant des con- séquences qu'il faut suivre pas à pas et qui ne sont pas le caractère le moins intéressant de cette anomalie. Avec les années, l'ouverture de la bague se raccourcit en effet, et se rétrécit de plus en plus, jusqu'à ce qu'enfin elle se ferme complètement; SÉANCE DU 11 JUILLET 1884. 301 de chaque cóté de la branche, un sillon allongé en marque d'abord la place; mais, plus tard, ce sillon s’effac eà son tour, et sur la branche âgée, gràce à l'exfoliation du rhytidome, toute trace extérieure de l'anomalie a disparu. L'époque à laquelle s'opére l'oblitération de la bague est assez va- riable et dépend notamment de la vigueur de la branche. En voici une où la bague s'est fermée dés la onzième année, tandis que sur cette autre une bague de dix-huit ans est encore ouverte. A partir de l'oblitération, les coupes transversales pratiquées dans des régions anormales de plus en plus âgées permettent de suivre la soudure de plus en plus intime des deux moitiés de la branche. Les deux écorces sont d'abord séparées par une double couche de liége; mais peu à peu cette couche de liège disparaît complètement et les deux écorces vivantes s'unis- sent en une seule. Plus tard la couche d'écorce disparait à son tour et les deux libers se fusionnent. Plus tard encore le liber secondaire disparait et les deux couches génératrices confluent en une seule en forme de 8. Au point d'union, cette zone génératrice donne d'abord du bois sur ses deux faces, mais bientót elle y cesse d'agir, transforme ses derniéres cel- lules en éléments ligneux, et les deux bois sont désormais soudés. A partir de ce moment, la zone génératrice unique qui enveloppe les deux corps ligneux soudés produit chaque année une couche libéro-ligneuse com- mune, et la croissance en épaisseur se poursuit comme sur une branche normale. Invisible au dehors, l'anomalie persiste au dedans, gràce à l'existence des deux corps ligneux ; le nombre des couches de chacun de ces corps ligneux donne l’âge de la branche au moment de Vl'obli- tération de la bague;en y ajoutant le nombre des couches communes externes, on obtient son âge total. Cette résorption complète, sur les faces de contact, de tous les tissus extérieurs au bois, m'a paru un fait digne d'étre mentionné. À ma connaissance, aucune anomalie spontanée de ce genre n'a encore été signalée. Mais tout le monde sera frappé de la grande analogie qui existe entre les faits que je viens d'exposer et ceux que M. Kny a pro- voqués artificiellement sur diverses Dicotylédones en 1877. A l'aide d'un scalpel, M. Kny a fendu en long et de part en part une jeune branche en voie de croissance, en épargnant le cóne végétatif. Les deux faces en regard se sont cicatrisées avec formation de bourrelet; ce bour- relet a produit, en dehors une couche de liège qui s'est raccordée avec le liége normal, en dedans, un arc générateur libéro-ligneux qui a complété le demi-anneau générateur normal; la couche géné- ratrice ainsi reconstituée a développé ensuite un anneau libéro- ligneux secondaire, et la croissance ultérieure s’est poursuivie comme sur une branche ordinaire. L'opération a réussi avec les plantes les plus 302 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. diverses : Saliæ, Aristolochia, Lonicera, Sambucus, Syringa, Catalpa, Solanum, Ampelopsis, Acer, Negundo, Sedum, Æsculus, Impatiens, Prunus (1). On voit qu'elle aurait eu le méme succés avec les Pins, et sans doute aussi avec les autres Conifères. M. Kny ne dit pas si les deux moitiés de la branche ainsi individualisées se sont réunies plus tard, ni comment s'est faite leur soudure. Toujours est-il qu'il s'agit, dans ses observations et dans les miennes, de phénoménes de méme ordre, dus à la méme cause. Mais qui done, au moment où le bourgeon de nos Pins maritimes s'en- trouve au printemps, vient y donuer le coup de scalpel? Il est probable, vu l'irrégularité de répartition dont il a été parlé plus haut, que la bles- sure est faite par quelque insecte à la recherche de résine. Mais la question ne peut étre résolue que par une étude faite sur place dans la saison favorable, et je dois la laisser sans réponse certaine. On voit com- bien il est regrettable que M. Lavallée n'ait pas pu mener lui-méme cette étude à bonne fin. M. Bonnier fait remarquer qu'il a observé dans les Alpes des fre- lons récoltant sur les bourgeons de Sapin, au printemps, de la résine qui leur sert pour fabriquer la propolis. Souvent ces in- sectes percent avec leurs mandibules les jeunes bourgeons pour faire couler la résine. M. Bonnier croit que c'est à un fait de ce genre qu'on pourrait peut-étre attribuer la formation anormale dont il est question. M. Duchartre fait remarquer qu'il est curieux de voir les deux couches génératrices se rejoindre quand la boutonniére des bran- ches de Pin s'est complétement fermée. Souvent, quand deux branches se réunissent, il reste du tissu mort entre les deux couches génératrices. M. Bonnier regrette que M. Leclerc du Sablon ne soit pas pré- sent, car il a étudié de semblables soudures, entre autres celle d'un Chévrefeuille avec un Peuplier, où le Chèvrefeuille devient com- plétement interne et où la couche génératrice du Peuplier se re- ferme complétement à l'extérieur de la tige de la plante volubile. M. Mangin cite des exemples analogues observés sur des bran- ches de Lierre qui se sont soudées entre elles. (1) Kuy, Künstliche Verdoppelung des Leitbündelkreises im Sta 1 zx À mme der Dicotyle- nen (Sitzungsberichte der Gesellsch. naturf. Freunde zu Berlin, 19 juin 1811). : SÉANCE DU 11 JUILLET 1884. 303 M. Van Tieghem fait à la Société la communication suivante : CŒNONIA, GENRE NOUVEAU DE MYXOMYCETES A PLASMODE AGRÉGÉ, par M. Ph. VAN TIEGHEM. Il y a prés de quatre ans, je faisais connaître à la Société, sous le nom d Acrasis, un genre nouveau de Myxomycétes, dans lequel, pour former le fruit, les myxamibes s’accolent simplement en glissant les uns sur les autres, sans se fusionner à aucun moment, et donnent à la fin. naissance, qui à une spore, qui à une cellule du pied (1). Je montrais en méme temps, contrairement aux observations publiées par M. Brefeld en 1869, que dans les Dictyostelium, dont je signalais deux espèces nouvelles, il n'y a pas davantage fusion des myxamibes; chacun de ceux-ci conserve son individualité jusqu'au bout, et produit directement, suivant la place qu'il vient à occuper dans l'ensemble, soit une spore, soit une cellule du pied. La fructification de ces plantes ne possède donc ni membrane générale, ni sporange à spores issues de formation libre, comme l'avait admis M. Bre- feld. Je rappelais aussi que le méme caractère se retrouve dans le genre Guttulina de M. Cienkowski, dont je décrivais deux types nouveaux. Enfin, je concluais à la nécessité de séparer ces trois genres d'avec les autres Myxomycétes et de les réunir en un groupe spécial, et je constituais ainsi la famille des Acrasiées, caractérisée par un plasmode agrégé, tandis que les Myxomycètes crdinaires ont un plasmode fusionné. A deux reprises, en 1880 et en 1882, ces résultats ont été développés dans mes leçons du Muséum, et en dernier lieu ils ont été résumés dans mon Traité, où la famille des Acrasiées a recu la place qui lui revient dans l'embran- chement des Thallophytes (2). Tout récemment M. Brefeld, reprenant l'étude de son Dictyostelium mucoroides, s'est appliqué à corriger les erreurs de son premier mé- moire, confirmant ainsi tous les résultats annoncés par moi au sujet de ce genre. En méme temps il a fait connaître, sous le nom de Polysphon- dylium violaceum, un type nouveau doué des mémes propriétés et qui parait n'étre qu'un Dictyostelium ramifié en verticilles. Il en a conclu, comme je l'avais fait moi-méme il y a quatre ans, à la nécessité de séparer les Myxomycétes en deux groupes : les Myxomycétes à plasmode vrai (Myxomycetes plasmodiophori), et les Myxomycétes sans plasmode vrai ou à plasmode apparent (Myxomycetes aplasmodiophori seu pseudo- plasmodiophori) (3). (1) Ph. Van Tieghem, Sur quelques Myxomycètes à plasmode agrégé (Bull. Soc. bot. de France, t. XXVII, p. 317, séance du 26 novembre 1880). (2) Ph. Van Tieghem, Traité de Botanique, p. 992 et p. 999. Paris, 1883. (3) 0. Brefeld, Untersuchungen aus dem Gesammtgebiete der Mykologie, VI Heft, 304 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. La famille des Acrasiées, ou Myxomycètes à plasmode agrégé, con- tient done aujourd'hui quatre genres : Guttulina, Acrasis, Dictyo- stelium, Polysphondylium. L'objet de la présente Note est d'en faire connaître un cinquième, auquel la structure plus compliquée du fruit assigne le rang le plus élevé. Je le nommerai Cœnonia (1), pour rappeler que le fruit s'y constitue par une simple association des myxamibes. Cette plante a été rencontrée pour la première fois sur un lot de graines de Féve, qui étaient abandonnées depuis quelque temps dans un verre d'eau. L'évaporation du liquide avait mis partiellement à nu plusieurs des graines supérieures, el c'est à la surface de ces téguments émergés que les myxamibes, aprés s'étre multipliés dans le liquide devenu en méme temps alcalin, étaient venus se rassembler et fructifier. Chaque fruit se compose d'un pédicelle incolore, haut de 2 à 3 mil- limètres, fixé à la base par un épatement ramifié en forme de crampon, et dilaté au sommet en une sorte de cupule ou de calice à bord finement denté, qui supporte un globule sphérique de couleur jaune et de consis- tance gélatineuse, formé par la masse des spores. Ce crampon basilaire et ce calice terminal suffisent à caractériser la plante par rapport à toutes les autres Acrasiées. Semées dans une goutte de liquide nutritif, dans une goutte d'urine fraiche ou légèrement ammoniacale, par exemple, les spores germent, et l'on peut de la sorte suivre sur le porte-objet tout le développement de la plante jusqu'à la maturité des fructifications nouvelles. La spore, sphérique, qui mesure 0"",006 à 0""7,008, fend sa membrane jaune et met en liberté un myxamibe incolore pourvu d'un noyau, qui S'aceroit et plus tard se divise en deux. La croissance se continue et la bipartition se répéte jusqu'à épuisement du milieu nutritif. Alors seule- ment, ordinairement cinq ou six jours aprés le semis, les nombreux myxamibes commencent à se rassembler cà et là sur le bord de la goutte, ou méme sur la lame de verre, à une petite distance du bord. Dans chaque amas, et pendant que de nouveaux myxamibes continuent d'y affluer pour le grossir, certains des myxamibes inférieurs, situés au con- tact de la lame de verre, s'immobilisent, grandissent en absorbant de l'eau, se pressent les uns contre les autres en devenant polyédriques, et enfin se sécrétent des membranes de cellulose; l'ensemble constitue une petite plaque centrale, de laquelle rayonnent en tous sens des branches irrégulières, elles-mêmes çà et là bifurquées : c'est le crampon. Au-dessus du centre du crampon, le plasmode formé par la masse des myxamibes mobiles se souléve progressivement en forme de cóne obtus. En méme Leipzig, 1884. — M. Brefeld ne cite méme pas mon travail; ceux qui le connaissent ne s'en étonneront pas. (1) De xowwwa, association. SÉANCE DU 11 JUILLET 1884. 305 temps, dans l'axe de ce cóne et de bas en haut à partir du disque central du crampon, certains myxamibes s'immobilisent, grandissent en se rem- plissant d'eau, se compriment, se sécrétent des membranes de cellulose, forment enfin une colonne massive plus ou moins épaisse, suivant la dimension totale du fruit. A mesure que la masse des myxamibes mobiles monte en grimpant le long de ses flancs, cette colonne s'élève par addition de nouvelles cellules immobiles à son sommet; quand elle a acquis sa hauteur définitive, toute la masse mobile se trouve agglomérée à son sommet en une masse sensiblement sphérique. Ce sommet se dilate alors par l'immobilisation progressive à sa périphérie de tous les myxa- mibes qui forment la calotte inférieure de la sphére; il en résulte une cupule solide, plus épaisse au milieu, plus mince au bord, qui soutient le reste du globule sphérique. Aprés quoi, tous les myxamibes qui com- posent ce dernier, sans absorber d'eau ni grossir, s'arrondissent et s'en- veloppent d'une membrane dont la couche interne est cellulosique et colorée en jaune, tandis que la couche externe est gélatineuse et incolore : ils deviennent ainsi tout autant de spores. A mesure que les myxamibes grimpent le long du pied et que celui-ci se dénude de bas en haut, on voit que chacune des cellules périphériques qui le composent porte vers le milieu de sa face externe une petite protu- bérance en forme de dent, recourbée vers le haut. Les cellules du crampon sont dépourvues de ces dents : tout au plus y sont-elles indiquées cà et là par un granule sombre. Au contraire la cupule en est amplement pourvue; ses cellules inférieures en portent comme celles du pied ; ses. cellules marginales se prolongent chacune en une dent déjà signalée plus haut; enfin ses cellules supérieures projettent aussi leur membrane entre les spores en autant de fines dents plus ou moins longues et plus ou moins réguliéres. Les dents du pied facilitent évidemment la montée des myxamibes; celles du bord et celles de la face supérieure de la cupule retiennent les spores et jouent ici un róle analogue à celui des dents de la columelle dans le Mucor spinosus. Ce caractère m'a fait donner à l'espéce le nom de Canonia denticulata. Dans les cultures sur porte-objet, toutes les fructifications se sont mon- trées simples; mais, sur les graines de Féve, plusieurs parmi les plus grandes étaient ramifiées. A mi-hauteur environ, le pied, soutenu par un crampon plus large, portait un verticille de trois rameaux courts, équi- distants, de méme nature que lui et terminés aussi par une petite cupule dentée portant un globule de spores. Cette circonstance que dans une seule et méme espéce le fruit peut, suivanl sa dimension, étre simple ou ramifié, diminue l'importance de la ramification et empéche qu'on n'y attache la valeur d'un caractére générique. T. XXXl. (SÉANCES) 20 306 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Ce qui me parait faire l'intérét de cet organisme pour la science géné- rale, c'est la différenciation profonde qu'on remarque dans son fruit, étant donné que ce fruit s'édifie au moyen d'une simple agrégation de cellules toutes semblables et primitivement libres ; c’est aussi que la nature de la différenciation d'un myxamibe donné ne dépend que de la position rela- live que ce myxamibe se trouve occuper dans l'ensemble. Le premier fait est évident, le dernier peut étre facilement démontré. Au début de l'agrégation, aprés la formation du crampon, enlevons avec une aiguille la plus grande partie du plasmode superposé, le crampon restant en place, et replongeons ce plasmode à côté dans la goutte nutritive. L'amas se reforme, constitue d'abord un nouveau crampon, puis un fruit complet, plus petit que le premier. Il est bien évident qu'un certain nombre de myxamibes qui allaient tout à l'heure former soit des cellules du pied ou de la cupule, soit des spores, se sont maintenant Lransformés en cellules de crampon. Plus tard, quand la colonne a acquis ou à peu prés sa dimension défi- nitive, si l'on enlève le globule sphérique terminal encore incolore et qu'on le replace dans la goutte, on le voit produire bientôt un nouveau crampon, une nouvelle colonne, enfin un nouveau fruit complet, mais beaucoup plus petit. Ici une partie des myxamibes qui allaient devenir des spores a dù évidemment changer de voie pour produire des cellules de crampon et de pied. Cette indépendance et cette indifférence des éléments constitutifs, qui . nD'empéchent pas, comme on voit, une haute faculté de différenciation, donnent à la famille des Acrasiées un grand intérét biologique, qui ne fera certainement que s’accroître à mesure que l’on connaîtra davantage ces singuliers organismes. M. Mangin fait à la Société la communication suivante : SUR LES VARIATIONS DE LA RESPIRATION DES GRAINES GERMANT AVEC LE DÉVELOPPEMENT, par MM. Gaston BONNIER et L. MANGIN. Lorsqu'on étudie la respiration des végétaux sans chlorophylle ou des végétaux verts émis à l'obscurité, on trouve que, pour des individus à 32 2 un état de développement donné, le rapport da volume de l'acide carbonique émis au volume de l'oxygéne absorbé reste invariabie, quelles que soient les conditions extérieures. On savait déjà par les recherches antérieures que, dans le cours du développement, l'intensité des phénomènes respiratoires éprouve de grands SÉANCE DU 11 JUILLET 1884. 307 changements. M. Godlewski a fait connaitre récemment (1) les résultats de ses importants travaux sur ce sujet. Ces résultats sont relatifs à la respiration des graines pendant la germination, c'est-à-dire au moment de la consommation des réserves, ainsi qu'à la respiration desfruits pen- dant la maturation, c'est-à-dire au moment de la formation des réserves. M. Godlewski a formulé les conclusions suivantes : Pendant la germination des graines oléagineuses (Lupinus, Cannabis, 2 Raphanus)lerapport = volume de l'oxygène absorbé diminuerait graduellement jusqu'à atteindre une valeur minimun de 0,60 environ. Cette valeur serait atteinte au moment de la période de plus grand accroissement et de plus grande activité respiratoire, c’est-à-dire à peu près vers le milieu de la période germinative. Puis, à partir de ce mo- du volume de l'acide carbonique dégagé au 9 E] ment, le rapport grandirait et redeviendrait égal à l'unité. 0 0 Les graines amylacées (Phaseolus, Pisum) ont fourni à M. Godlewski 2 JM serait constant pendant toute la durée de la germination, et sa valeur serait voisine de l'unité. On pourrait donc distinguer, au point de vue physiologique, deux caté- gories de graines : les graines oléagineuses et les graines amylacées. Les premiéres seraient caractérisées par ce fait qu'elles absorbent pen- dant la période germinative un volume d'oxygéne supérieur au volume d’acide carbonique exhalé; l'excés d'oxygéne absorbé serait employé à l'oxydation des substances grasses de réserve pendant leur transforma- tion en amidon: il y aurait done assimilation d'oxygéne pendant cette période de la vie des graines. La seconde catégorie de graines serait au contraire physiologique- ment caractérisée par l'égalité constante qui existe entre le volume de l'oxygéne absorbé et le volume de l'acide carbonique exhalé, de sorte qu'il n'y aurait pas d'assimilation d'oxygène. Ces conclusions paraissaient recevoir une confirmation par l'étude du phénomène respiratoire pendant la période de maturation des graines oléagineuses. M. Godlewski a découvert que les graines de Pavot et de Ricin exhalent en mürissant un volume d'acide carbonique supérieur au volume d’oxygène absorbé, de sorte que dans ces graines, pendant la formation des substances grasses de réserve, il y a désoxydation. des résultats différents. Pour les espéces étudiées, le rapport (4) Beiträge zur Kenntniss der Pflanzenathmung (Pringsheim's Jahrbücher fur Wis- ensch. Botanik. 1882, p. 491). 308 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Les recherches que nous avons entreprises pour étudier l'influence des conditions extérieures sur la respiration des plantes sans chlorophylle nous ont amenés à modifier en partie les énoneés de M. Godlewski. Nous nous sommes surtout servis de graines en germination ; ces graines étaient étalées sur des supports de bois ou de plâtre, de facon à éviter le tassement, qui aurait pu provoquer [a putréfaction. Les graines étaient disposées dans une atmosphére close de toutes parts et n'y séjournaient que pendant un temps trés court. En extrayant, au moyen d'un appareil spécial, une fraction du volume gazeux emprisonnant les graines au début età la fin de l'expérience, on pouvait, par la compa- raison des analyses volumétriques de ces gaz, déterminer des quantités d'oxygéne absorbé, d'acide carbonique émis, et calculer par suite le 2 "E Dans l'intervalle des expériences, les graines en germination étaient abandonnées avec leur substratum dans l'air, où elles continuaient à se développer normalement sans qu'on püt craindre l'envahissement par les bactéries ou les moisissures. En opérant ainsi avec les espéces les plus diverses, graines de Dlé, de Féve, de Pois, qui sont riches en substances amylacées, graines de Lin, de Cresson alénois, riches en matiéres grasses, nous avons trouvé pour toutes le méme résultat. rapport 2 Pendant la période germinative, le rapport s du volume d'acide car- 0 bonique exhale au volume d’oxygène absorbé est variable. Ce rapport, d'abord égal à l'unité, s'abaisse peu à peu pendant les premiers jours de la germination ; puis, aprés avoir atteint une valeur minima variable avec les espèces, ce rapport grandit pour acquérir à la fin de la germination la grandeur qu'il avait au début. Ainsi les graines de Féve nous ont fourni au milieu de la période ger- . * LI . 2 minative les valeurs successives suivantes du rapport s très diffé- rentes de l'unité : 0,87; 0,54; 0,46; 0,97. Avec le Pois nous avons obtenu les nombres suivants : 0,93; 0,65; 0,73. Enfin avec le Blé : 1,05; 0,61; 0,86; 0,97. Les conclusions que M. Godlewski avait formulées pour les graines oléagineuses sont donc plus générales que ne le pensait cet auteur, et, s'il SÉANCE DU 11 JUILLET 1884. 309 y a lieu de chercher une différence au point de vue physiologique entre les graines renfermant des réserves alimentaires de nature variable, 9 2 , Nr 0 : c'est plutót dans la valeur minima du rapport 0 qu'on pourrait la trouver que dans la loi de la variation de ce rapport. Cette loi, mise en évidence par le savant physiologiste de Dublany pour les seules graines oléagi- neuses, est vraie aussi pour les autres graines. M. Van Tieghem fait remarquer que la différence entre les graines dites oléagineuses par M. Godlewski, et les graines dites amylacées, n'est pas aussi grande que l'apparence le ferait croire. M. J. Vallot, secrétaire, donne lecture de |la communication sui- vante : NOTICE SUR LA VIE ET LES TRAVAUX DE M. J. LÉPINE (pharmacien de la marine) par M. Paul SAGOT. M. Jules Lépine était né en 1817 à Surgères (Charente-Inférieure). En 1837 il fut admis à l'hópital de la marine de Rochefort comme élève in- terne. Nommé pharmacien de troisième classe en 1839, il fut envoyé à Taïti et aux îles Marquises. Il y passa de seconde classe et en revint en 1847, après un séjour de huit ou neuf ans en Océanie, Pendant ce séjour, il avait fait des observations de botanique, de géologie et de minéralogie, recueilli des coquilles et séché une collection botanique d’environ cinq cents espèces. Il donna au Muséum un exemplaire de toutes ses plantes, et parmi elles se trouva une Apocynacée nouvelle extrémement remar- quable, type d'un genre nouveau, qui fut publiée en 1848 avec figure dans les Annales des sciences naturelles, par M. Decaisne, sous le noin de Lepinia taitensis. Le fruit est formé par quatre carpelles oblongs, secs, soudés au som- met, divergents à maturité, trés longuement pédicellés. Il forme donc une croix supportée par quatre longs pédicelles gréles arqués. Beaucoup de fruits n'ont que trois carpelles, ou méme deux seulement. Ce fruit trés singulier et trés élégant est un de ces types frappants et reconnaissables à première vue qu'on ne rencontre que rarement dans le régne végétal et qu’on ne regarde qu'avec un sentiment d'admiration. L'arbuste croît sur les premières pentes des montagnes de Taiti. Son port rappelle un peu un Tabernamontana ; sa fleur jaune, de grandeur moyenne, n'a rien de bien particulier. M. Lépine aurait désiré consigner dans une publication ses observations faites à Taiti, mais le service laisse rarement les loisirs nécessaires, et en 310 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 1848 il fut nommé à la résidence de Pondichérv, où devait se passer pres- que toute sa carrière de service de la marine, de 1849 à 1854, puis de 1857 à 1865, soit quatorze années dans l'Inde francaise. En 1853, il avait été nommé pharmacien de première classe. Pendant sa longue résidence dans l’Inde, M. Lépine ne cessa de tra- vailler avec ardeur, observant les plantes au point de vue médical comme au point de vue agricole et industriel, utilisant les ressources du labora- toire de l'hôpital de Pondichéry pour faire de nombreuses analyses et chercher des réactions chimiques propres, soit à améliorer les produits, soit à mettre sur la voie de séparation de principes définis dont il indi- quait les principales propriétés, soit à distinguer par un caractère diffé- rentiel un produit d'un autre produit analogue. Jl recueillit avec soin les traditions des médecins indigènes et les indi- cations que lui donnérent les cultivateurs. Il rechercha les noms vulgaires des plantes et en forma une longue liste qui sera précieuse pour com- parer le tamoul au sanscrit. Son attention se porta d'abord sur les es- pèces remarquables par Jeur grande utilité alimentaire ou industrielle, puis elle s'étendit à beaucoup d'espéces sauvages. Il fut aidé puissamment dans les déterminations botaniques par Per- rottet, qui avait une connaissance profonde de ia flore de l'Asie méridio- nale, et qui joignaità une grande instruction botanique l'expérience de nombreux voyages. Perrottet concourut avec lui à la rédaction de tous les catalogues d'exposition. La bibliothèque du gouvernement à Pondichéry lui fournit d'utiles ressources. Les obligations du service interdisaient à M. Lépine les excursions loin- taines et la faculté de recueillir de nombreuses collections d'herbier ; il tourna son attention vers l'observation minutieuse d'espéces déjà décrites et la définition précise de leurs propriétés. Le territoire exigu de l'Inde francaise est propice à ce genre d'observations. On ne peut guère y dé- couvrir d'espéces nouvelles, mais on peut y suivre soigneusement l'évo- jution de diverses espèces de toute famille, y constater leurs préférences de sol et les particularités de leur vie physiologique. Je crains de procla- mer une vérité trop évidente par elle-même, en affirmant queje n'ai jamais regardé de nouveau une plante vulgaire sans voir en elle quelque chose qui m'avait échappé précédemment. Le jardin botanique qui existe à Pondichéry et les relations faciles avec l'Inde anglaise y permettent d'y réunir les plantes qui offrent de l'intérêt et de les observer vivantes avec soin. à] M. Lépine avait appartenu à la Société botanique dés les premiéres an- nées de sa constitution. Il avait entretenu des relations avec plusieurs naturalistes éminents et donné des notices à diverses publications, parti- culiérement à la Revue maritime et coloniale ; mais c'est dans les cata- SÉANCE DU 11 JUILLET 1884. 311 ogues des produits de l'Inde française présentés à diverses expositions que sont consignées la plupart de ses observations, Il reçut sa retraite du service de santé de la marine en 1868. Il avait été décoré de la Légion d'honneur en 1860. Il reçut dans l'Inde, des ha- bitants, un touchant témoignage d'estime et de sympathie au moment de son départ. On lui remit dans une réunion publique un vase d'argent en signe de souvenir. Il avait obtenu dans diverses expositions sept médailles. On lui avait donné à l'Académie des sciences le prix Barbier en 1863, sur le rapport de M. Decaisne. Il était correspondant du Muséum. Revenu en France en 1866, M. Lépine aurait vivement désiré continuer à Paris ses recherches chimiques et pharmaceutiques sur les produits coloniaux. Les puissants moyens de travail qu'y fournissent les grands laboratoires de chimie et de physiologie, les grandes collections, les bi- bliothéques, les relations avec les savants, lui auraient permis de porter à un haut degré de précision beaucoup d'observations rapides faites sur les lieux avec des instruments trop élémentaires, de grouper théoriquement beaucoup de remarques partielles, de formuler des vues générales solides et fécondes. Il ne put obtenir une position répondant à ses désirs, et, ad- inis à la retraite du service médical de la marine en 1868, il fut nommé en 1869 commissaire de surveillance administrative du service des chemins de fer à Châtellerault. Il s'appliqua à remplir consciencieusement ces fonctions si nouvelles pour lui, qui demandent une alliance fort délicate de vigilance, de tact et de prudence avec la connaissance du service des voies ferrées. Le redou- table hiver de 1879-80 lui imposa beaucoup de fatigues et de souffrances car il lui fallut souvent, par des neiges abondantes et des froids rigoureux, veiller au déblaiement de la voie et aller au-devant de trains en détresse. Il y prit le germe d'une maladie rhumalismale qui le fit souffrir ensuite plusieurs années, et enfin l'enleva subitement en se portant sur le cœur. Celui qui avait supporté vingt-deux ans le climat de l'Inde et de l'Océa- nie devait étre en France frappé par um hiver exceptionnel et calamiteux. Vers 1882, admis àla retraite du service des chemins de fer, il continua à habiter Châtellerault, et, tout en donnant des soins à sa santé trés ébran- lée, chercha à reprendre quelques études. Il s'amusait dans ses promenades à observer les Mousses, et dans son cabinet relisait et elassait ses notes manuscrites, réunissait ses publications. Peut-étre füt-il sorti de ces der- niers travaux un résumé méthodique de ses observations, ou tout au moins des notes obligeamment communiquées à des amis! La mort ne lui laissa pas le temps de terminer. Il mourut subitement le 26 mars 1884, dans sa soixante-septiéme année. Le fruit des observations et des analyses chimiques de M. Lépine est consigné principalement dans les catalogues des produits de l'Inde fran- 312 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. çaise présentés à diverses expositions, catalogues imprimés à Pondichéry aux dates 1858 (premier envoi), 1861 (deuxième envoi), 1859 (exposition de Madras), 1862 (exposition de Londres), 1865. Il avait travaillé trés activement à la rédaction de ces catalogues, auxquels avaient travaillé aussi M. Perrottet et diverses notabilités de Pondichéry, fonctionnaires, négociants, propriétaires et négociants indigénes. Les notes rédigées par M. Lépine portent sa signature, et j'ai entre les mains ces catalogues en écrivant cetle notice. J'y remarque en particulier : Un travail important sur le Cocotier, comprenant des observations pré- cises sur son développement, sa production, et des analyses chimiques. Une énumération trés compléte des Graminées et Légumineuses de l'Inde fournissant des graines alimentaires, connues collectivement sous le nom de menus grains. Plusieurs de ces plantes portées sous des cli- mats analogues, c'est-à-dire chauds et un peu secs, ‘pourraient rendre d'utiles services, soit pour la nourriture de l'homme, soit plutót pour le bon entretien du bétail, que l'herbe verte des pays chauds ne soutient pas suffisamment ; une énumération des Graminées fourragéres, avec com- paraison des avantages propres de chaeune et iadication de ses caractères dominants de végétation. L'indication trés compléte de toutes les plantes fournissant des fibres textiles, et un tableau de caractères différentiels de ces fibres, tirés surtout de réactions chimiques. (On peut regretter que des observations micro- scopiques n'aient pas été jointes à ces recherches, et qu'au point de vue chimique il n'ait pas été recherché si la grande résistance à la pourriture, trés précieuse dans les pays chauds, n'était pas liée à la présence d'une plus forte proportion de silice). Une énumération des gommes ; une étude sur les gommes-résines se ramollissant et devenant plus ou moins élas- tiques et plastiques par la chaleur : gomme d'Euphorbia Tirucalli, E. tortilis, E. neriifolia, de Cynanchum et de Calotropis gigantea, d'Ar- gyreia speciosa (Convolvulacée), de Ficus religiosa (la gomme d'Eu- phorbe a recu déjà au Cap d'intéressantes applications industrielles). Des . indications originales sur les essences odorantes: essence de Feronia elephantum et de Claussenia Willdenowii de la famille des Hespéridées, essence d'Andropogon citratus et autres Andropogon odorants. Une liste des plantes fournissant des principes astringents propres au tannage. Une liste des plantes tinctoriales : Indigofera, Memecylon, Morinda, etc., avec des détails sur plusieurs. Une liste très complète de toutes les plantes auxquelles les médecins indigènes et l'opinion publique attribuent des pro- priétés médicinales, liste où sont inscrits les noms des plantes en dialecte tamoul. SÉANCE DU 14 JUILLET 1884. 313 Des détails sur plusieurs plantes remarquables à divers titres : Ægle Marmelos Cow., Claussena Willdenowii W. A., Feronia elephantum Cow. (toutes trois Aurantiacées), Moringa pterygosperma (Capparidée), Cissus acida L., C. heptaphylla Retz., C. setosa Roxb., Gossypium indicum Lamk (G. purpurascens Poiret), Cathartocarpus Roxburghii (Cassia) Memecylon tinctoriun, Cassuvium pomiferum, diverses Cucur- bitaeées, Strychnos Nux-vomica L. et S. potatorum L., Bassia longi- folia L., Borassus flabelliformis L. Le Cassia Roxburghii a présenté à M. Lépine des fleurs roses, couleur bien exceptionnelle dans le genre. Dans le Gossypium indicum, la corolle est pourpre foncé et assez belle pour que la plante soit admise dans les jardins. Dans le Bassia longifolia L., vulgo Illipé, petite Sapotacée très florifére et trés rustique, que l'on retrouve jusque dans le nord de l'Inde, la corolle accrescente et sucrée est comestible (On commence àl'exporter pour l'industrie des liquides fermentés). Dans le Borassus flabelliformis, le fruit nouvellement germé fournit une racine tendre, farineuse, alimen- taire. ' Dans les analyses chimiques sommaires trés multipliées de M. Lépine, je note comme plus intéressantes et plus originales celles du fruit du Musa fehi de Taïti, de diverses racines de Dioscorea, du tubercule fari- neux du Dracontium polyphyllum et üe diverses autres Aroidées, de la graine du Parkia biglandulosa, du fruit du Cocotier à divers âges; je noterai encore les observations sur les graines lorréfiées du Cassia fœtida proposées comme succédané de qualité grossiére du café, celles sur l'huile volatile vésicante des Aroidées, les analyses relatives aux Casuarina. N'ayant à insister ici que sur les travaux pouvant se rattacher à la bota- nique, je me borne à mentionner des observations sur la géologie duterri- toire de Pondichéry et sur sa climatologie, des recherches sur les prépa- rations pharmaceutiques d' Hydrocotyle asiatica préconisé par M. Boileau pour le traitement de l'éléphantiasis, un mémoire sur les eaux minérales des iles Marquises. Depuis son retour en France, M. Lépine avait fait un dernier travail de chimie végétale sur les feuilles d'Amarante, dans lesquelles il avait trouvé une quantité de nitrate de potasse trés considérable et bien supérieure à ce qu'on eùt pu supposer à priori. Nous eroyons rendre hommage à la mémoire de M. Lépine et servir la cause du progrés des études de chimie végétale aux colonies, à laquelle il s'était voué, en indiquant quelques points de vue généraux qui doivent y guider les recherches, en faisant ressortir la vraie portée scientifique que peuvent y prendre des observations simples, patientes, bien adaptées aux climats et aux lieux, comme aux ressources de laboratoire et aux loisirs entre les heures de service dont les jeunes travailleurs disposent. Cette 314 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. apparente digression à l'exposé des travaux de M. Lépine est l'inspiration même de sa vie laborieuse. Le service médical de la marine, au sortir d'études sérieuses et variées, conduit aux colonies de jeunes.médecins et pharmaciens, désireux de s'y rendre utiles et de se distinguer par des observations nouvelles, par l'ap- plication de nouveaux procédés thérapeutiques ou chimiques, en méme temps qu'il y maintient dans des postes plus élevés des hommes d'un àge mür et d'une grande expérience, à qui de longues années passées sous ces lointains climats permettent d'en embrasser d'un œil sûr toute la phénoménologie, d'y saisir les incidents intermittents, et d'y comparer les lieux divers, d'y apprécier les influences prolongées. Ces chefs, dont la bienveillance est toute acquise à la jeunesse, s'empressent de transmettre aux nouveaux venus les fruits de leur expérience et aiment aussi à causer avec eux des nouvelles découvertes d'Europe, des nouvelles théories et des nouvelles méthodes, toujours bien comprises par la jeunesse et objet légitime.de ses préoccupations. Le défaut d'instruments et de réactifs, la fréquence des déplacements, les malaises du premier acclimatement, et plus tard une certaine langueur morale qui suceède à la diminution des forces, sont les obstacles qui entravent le plus souvent le désir de faire des observations originales, de mettre à exécution des idées d'expériences. Il est certain que beaucoup d'analyses précises et délicates, beaucoup de déterminations d'histoire naturelle, beaucoup d'expériences exigeant des appareils compliqués et des instruments de précision, sont impos- sibles aux eolonies ; mais, outre quel'on peut souvent envoyer à des labo- ratoires d'Europe des extraits bruts, que d'observations simples, que d'essais faciles peuvent se faire sur les lieux, que de traditions locales peuvent être recueillies ! Au premier abord on ne voit pas bien quelle portée scientifique réelle peuvent avoir beaucoup de petites observations élémentaires faites sur un grand nombre de plantes différentes : examen superficiel d'un extrait aqueux ou alcoolique ; modification d'une sapidité par la coction, la torré- faetion ou la fermentation ; constatation d'un acide, d'une gomme, d'une gomme-résine, d'un sucre, d'une huile, d'une essence...; fixité remarqua- ble ou grande altérabilité d'un principe amer, astringent, odorant.... répandu dans toute la plante ou localisé dans un seul organe ; caractère différentiel d'un amidon, d'une huile, d'un corps cristalloide azolé, de fibres textiles ; évaluation sommaire de richesse en azote ou en principes minéraux. Ces données partielles peuvent fournir des éléments de solu- tion à des problèmes scientifiques généraux, et donner en méme temps d'utiles indications à l'agronomie, à l'industrie, à l'économie domestique. Voyez à quels résultats chimiques ont conduit l'étude de la graine de SÉANCE DU 11 JUILLET 1884. 315 Moutarde noire, celle de l'Orge en germination, de la feuille de Prunus Laurocerasus, de l'écorce du Saule, de la fleur de Spirea Ulmaria, de la sève du Papayer. Je dois encore prévenir cette objection, que ces analyses multipliées ne donneront pas de résultats de grand intérêt, parce qu'elles différeront trop peu de l'analyse de plantes d'Europe de méme usage. Je ne crains pas d'affirmer au contraire que ce sont souvent les comparaisons à courte distance qui révèlent le mieux les lois physiologiques et les conséquences organiques d'une variation dans les influences extérieures ou constitu- tionnelles, et je certifie que rien ne ressemble plus aux méthodes si fécondes du calcul infinitésimal. Citons, parmi les problémes élevés qu'elles peuvent aider à résoudre, la définition du cachet chimico-physiologique propre de l'espéce et du genre, eu considérant le principe chimique fondamental caractéristique comme un produit accessoire nécessaire de la manière propre dont l'espéce réduit l'acide carbonique et constitue sa première molécule organique azotée. L'histoire si intéressante des transformations chimiques multiples qu'éprouve ce principe fondamental dans les diverses parties de la méme plante et aux divers àges de son évolution. ] L'étude de la comparaison du type sauvage avec les races de culture, - comparaison féconde en déductions physiologiques, oü l'on peut considérer l'exaltation de la combustion respiratoire et la surabondance des principes minéraux alibiles comme l'origine de l'hypertrophie et de la destruction des principes âcres et vénéneux, double conséquence physiologique de l'aération artificielle du sol et de l'aceumulation des engrais. L'explication rationnelle de certains faits de géographie botanique et particulièrement de la prédominance de certaines espèces vulgaires er raison de la nature locale du sol ou de nuances locales du climat. La recherche des propriétés physiologiques, vénéneuses et médieatrices des plantes, recherche qui, dans les pays lointains, recoit d'utiles indica- tions des opinions populaires des indigènes et de leur profonde connais- sance des habitudes d'alimentation des animaux sauvages. Le paralléle sur plusieurs animaux différents de l'action d'une méme plante toxique. L'interprétation rationnelle de ces deux faits généraux, en apparence si contradietoires, que tantót un méme principe chimique général semble exister dans toute une famille ou tout un genre, tantót au contraire que deux plantes congénéres sont l'une toxique et l'autre inoffensive (Arto- carpus venenata Miq. et A. integrifolia, Canavalia gladiata sauvage et C. gladiata cultivé). Plusieurs des observations de M. Lépine rentrent dans ces énoncés généraux. Le Phaseolus radiatus L. présente une graine alimentaire et sa 316 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. racine est réputée narcotique; la graine du Sterculia fœtida L., nauséeuse crue, est comestible torréfiée. Les Aroidées cultivées à tubercule fari- neux comestible contiennent une huile volatile vésicante qui se dissipe dans la coction à l'eau bouillante. Un principe âcre a été constaté dans les semences d'Anona à fruit comestible. Toutes les parties du Strychnos Nux-vomica L., plante si vénéneuse, sont d’une grande amertume, mais la pulpe du fruit mür n'est pas amère. M. Lépine, pendant son séjour à Paris, avait eu des relations avec plu- sieurs botanistes célèbres, notamment avec Brongniart, Decaisne, Mon- tagne, Gaudichaud. En 1847, prévenu par M. deSchœnefeld de la pré- sence momentanée de Humboldt à Paris, il eut le plaisir de lui montrer ses collections d'Océanie, et de lui donner des échantillons de roches volcaniques, dont la comparaison avec les roches des Cordillères intéres- sait l’illustre savant. Celui-ci lui adressa une lettre de remerciements, conservée dans la famille, dont les membres de la Société botanique auront plaisir à prendre connaissance : « Monsieur, je m'empresse de vous offrir mes remerciements bien affec- tueux de la petite collection de roches que vous avez eu l'extréme bonté de destiner pour notre cabinet de Berlin. Leur comparaison avec les tra- chytes des Cordilléres que nous possédons sera d'un vif intérét. L'activité ` et le noble dévouement pour les sciences que vous avez déployés pendant votre long et utile séjour dans les iles de la mer du Sud doivent vous ren- dre bien recommandable auprés de toutes les personnes qui ont quelque élévation de sentiments et de caractère. » Les plantes recueillies par M. Lépine à Taiti ont été données au Muséum: la collection.qu'il avait gardée a été cédée par la famille à un botaniste qui écrit la flore de cette ile, M. Drake de Castillo, membre de la Société botanique. Pendant presque tout le séjour de M. Lépine à Taiti, l'état de guerre des Francais avec les indigènes interdisait toute excursion botani- que dans les montagnes de l'intérieur. Il n'avait donc pu étudier que la végétation de la cóte. Ce ne fut qu'au moment de quitter l'ile qu'il put faire quelques courses dans les montagnes. Il avait recueilli prés de 500 espéces, et il estimait que l'ile pouvait en renfermer environ 1200. A Pondichéry, un obstacle d'un autre genre lui avait interdit les herbo- risations. Le climat ne permet les marches dans la campagne qu'aux pre- mières heures de la matinée, et le service médical commence à ces mémes heures. SÉANCE DU 25 JUILLET 1884. 317 SÉANCE DU 95 JUILLET 1884. PRÉSIDENCE DE M. BESCHERELLE. M. L. Mangin, vice-secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 11 juillet, dont la rédaction est adoptée. M. le Président proclame membre de la Société : M. Bazor, aux Perrières, près Dijon, présenté par MM. Richon et Paul Petit. Dons faits à la Société : Ed. Bornet et Ch. Flahault, Sur la détermination des Rivulaires qui forment des Fleurs d'eau. F. Hy, Recherches sur l'archégone et le développement du fruit des Muscinées. — Tableaux analytiques de la flore d' Angers. Ed. Marçais, Revue des Hieracium d'Espagne et des Pyrénées (trad. du texte latin et allemand de Ad. Sclieele). Pons, Observations sur les Anémones de Grasse et des environs. R. Zeiller, Note sur la flore du bassin houiller de Tete (région du Zambèze). — Sur la dénomination de quelques nouveaux genres de Fougères fossiles. — Sur des cônes de fructification de Sigillaires. R. Zeiller et B. Renault, Sur un nouveau genre de graines du terrain houiller supérieur. J.-G. Baker, Ferns collected in Madagascar by M. Humblot. O. Comes, Il marciume delle radici e la Gommosi della Vite. Schriften der physikalisch-ókonomischen Gesellschaft zu Königsberg, année 1883. à; Société dauphinoise pour l'échange des plantes. — 11° Bulletin, 1884. M. Bescherelle présente à la Société la Flore des Muscinées de la France par M. l'abbé Boulay, et fait connaitre la disposition générale de cel ouvrage. M. Rouy fait hommage à la Société de son travail : Matériaux pour servir à la revision de la flore portugaise. 348 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Cintract fait à la Société la communication suivante : COMPTE RENDU D'UNE EXCURSION BOTANIQUE DANS LE DÉPARTEMENT DE L'HÉRAULT, par M. D. CINTRACT ; SUIVI DUNE NOTE SUR LES COLLEC- TIONS BOTANIQUES DE LA FACULTÉ DES SCIENCES DE MONTPELLIER, par M. Charles FLAHAULT. La session extraordinaire d'Antibes, si admirablement organisée, si bien remplie, avait fait naitre chez quelques botanophiles parisiens le vif désir d'aller herboriser aux environs de Montpellier en 1884, pen- dant les fétes de la Pentecóte, sous la direction de notre sympathique et dévoué confrére M. Ch. Flabault, et avec le concours obligeant de notre autre excellent confrére M. Barrandon, l'un des auteurs de la Flore si estimée de Montpellier. Ce projet, subordonné à diverses considérations, put se réaliser pour six d'entre nous : D" Gontier, Larcher, Mouillefarine, Legrelle, Albert Gérard, Cintraet. Ces quelques lignes reflétent les impressions communes. Nos herborisations, commencées par une excursion de deux jours sur le Soumail et sur l'Espinouse, y ont été contrariées par la pluie et par la neige. Néanmoins nous avons pu constater la présence d'un grand nombre d'espéces parisiennes « remarquables... par leur taille, le vert foncé des » feuilles, la grandeur et l'éclat des fleurs » (1). Qu'il nous soit permis de consigner ici l'expression de nos vifs remerciements à M. le D" Mau- rice Granel et à M. Vidal, instituteur à Fraisse ; gràce à eux, notre excur- sion n'a pas été complètement manquée. Sous le climat plus clément des environs immédiats de Montpellier, nos boites ont été trop petites pour recevoir toutes les plantes que quelques- uus d'entre nous admiraient pour la premiére fois. MM. Flahault et Darrandon, qui ont droit à toute notre reconnaissance, nous ont fait récolter de nombreuses espèces. I! serait sans utilité d'en donner ici la liste. Nous renvoyons aux Comptes rendus de la session de 1857, et, mieux encore, à la Flore de Montpellier qui a été publiée depuis lors. Pour les botanophiles, voir les plantes sur place, les récolter, c'est un grand plaisir. Mais les herbiers ont aussi pour eux de grands attraits! Aussi n'avons-nous pas manqué de visiter les riches collections de plantes séches de la Faculté de médecine et de la Faculté des sciences. Un rapport intéressant figure déjà au Bulletin de la Société (tome IV, pages 672 et suivantes) sur l'herbier général: de la Faculté de médecine, lequel comprend à peu prés tous les exsiccata qui ont été publiés sur la (1) Loret, introduction de la Flore de Montpellier, p. XIX. SÉANCE DU 25 JUILLET 1884. 319 flore francaise. Bornons-nous donc à ajouter que M. Barrandon, qui en a été nommé conservateur en 1876, a entrepris un rangement d'ensemble d'aprés la méthode de de Candolle, et qu'il a pu mener à bien cette lourde tàche. Il met en ordre en ce moment l'herbier de Dioméde Tueszkiewiez que la Faculté vient d'acquérir. Cet herbier comprend toutes les plantes des Cévennes, et offre, pour la connaissance de la flore des montagnes du Midi, le plus vif intérét. Un autre herbier qui nous a vivement intéressés, est celui qui a été formé par les auteurs de la Flore de Montpellier, riche de plus de 2400 espéces; tous les types décrits y sont représentés. Toutes ces collections sont réunies dans un bàtiment annexe du Jardin des plantes. | Il n’est pas besoin de le dire, les plantations et les serres du Jardin nous ont offert de nombreux sujets d'étude et d'admiration. Partout se révèle l'habile l'impulsion du savant et honoré directeur, M. J.-E. Plan- chon. Il n'a pas été question, dans les rapports faisant suite aux Comptes rendus de la session de 1857, de l'herbier de la Faculté des sciences. Il nous semble intéressant de combler cette lacune en communiquant les renseignements trés complets que nous devons à la complaisance iné- puisable de M. Ch. Flahault. Ces renseignements seront utiles, croyons- nous, aux botanistes descripteurs, qui seront tous reconnaissants au savant et zélé professeur d'avoir entrepris une tàche qui pouvait faire reculer les plus dévoués, et qui ne sera pas certainement au-dessus de sa persévérance et de sa volonté. Voici la note de M. Flahault : L'herbier de la Faculté des sciences de Montpellier est formé d'élé- ments trés divers. Il comprend des collections données à la Faculté par ceux qui les ont réunies, ou acquises par l'État à différentes üpoqnos. Ce sont surtout : L'herbier Salzmann, renfermant les plantes rapportées par ce botaniste de ses voyages en Espagne, en Algérie, au Maroc et au Brésil, en méme temps que beaucoup de plantes des cótes de la Méditerranée. L'herbier Bouchet-Doumencq, où l'on trouve, en méme temps que la plupart des plantes de Montpellier, celles que son ami Broussonnet avait recueillies à Mogador et aux Canaries (acheté en 1845). L'herbier F. de Girard et celui de Roubieu, importants surtout au point de vue de la flore locale. L'herbier Dunal, acheté en 1857 aux héritiers de ce savant, conformé- ment aux conclusions d'un rapport de M. Cosson, inséré à la suite du Compte rendu de la session extraordinaire de 1857. Cette collection 320 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. comprend beaucoup des plantes de l'herbier Thibaud, de Balbis, de Boreau, de Lenormand, de M. Jordan et de M. Doissier. Les riches collections de Cambessèdes, auxquelles mon savant prédé- cesseur, M. J.-E. Planchon,a consacré une notice et dont il a fait l'inven- taire sommaire (Bull. Soc. bot. de France, 1864, t. X, p. 543). L'herbier Duval-Jouve, comprenant les Graminées, Cypéracées, Jon- cées et les Cryptogames vasculaires. Cet herbier a été offert à la Faculté des sciences par la famille de notre regretté confrére. Citons encore l'herbier d'Allemagne de Reichenbach, des collections botaniques rapportées des iles de l'Océanie par le P. Montrouzier, etc. Tout cet ensemble comprend des éléments d'étude fort précieux. Si- gnalons entre autres les documents des monographies de Dunal, F. de Girard, Cambessédes, etc.; les matériaux qui ont servi à ce dernier pour la publication de l'Énumération des plantes des Baléares ; la plupart des plantes rapportées de l'Inde par Jacquemont, et une grande partie des éléments qui ont servi à la publication du Flora Brasiliæ, ouvrage auquel Cambessédes prit une part active. En avril 1881, ces collections étaient dispersées dans différents locaux où il était impossible de les consulter; jusque-là, le professeur de bota- nique, sans préparateur et sans garcon de laboratoire, n'avait pu veiller à leur conservation. Le nouveau titulaire de la chaire avait le devoir de ne ménager aucun effort pour remédier à cette situation. Il dispose de moyens trés restreints ; mais, encouragé par les conseils de ses maitres, il s'est appliqué à poursuivre un double but : 4° Garantir la conservation et l'intégrité des collections spéciales qui ont servi de base à des publications ou qui ont un intérét local ; en rédi- ger le catalogue pour les rendre abordables et profitables aux savants. Ce catalogue est en cours de préparation. 2° Réunir en un herbier général facilement maniable, catalogué et disposé suivant une méthode uniforme, toutes les collections qui n'offrent pas d'intérét spécial. Le rangement des Cryptogames a été entrepris tout d'abord. Les Algues peuvent étre dés maintenant consultées; les Diatomées, auxquelles M. Guinard a bien voulu donner ses soins, constituent une précieuse collection d'étude. M. l'abbé Boulay s'est chargé, avec une bienveillance dont nous lui sommes trés reconnaissants, du rangement des Muscinées. Les Champignons, les Lichens et les Cryptogames vasculaires seront classés dés qu'on le pourra. Quant aux Phanérogames, deux années ont été consacrées à mettre dans l'ensemble l'ordre relatif sans lequel il n'était pas possible d'entre- prendre le travail scientifique. Les herbiers ont été réunis dans la méme salle; on a adopté la classi- SÉANCE DU 25 JUILLET 1884. 321 fication de de Candolle, généralement appliquée dans nos jardins bota- niques et bien connue de tous; cependant les Gymnospermes occupent la place qui leur convient entre les Cryptogames vasculaires et les Angio- spermes. Pour le groupement des familles monocotylédones, on suivra l'ordre adopté par MM. Bentham et Hooker dans le troisième volume de leur Genera plantarum. Ce travail préliminaire et indispensable terminé, le rangement définitif a été entrepris en 1883, en commengant par les Dicotylédones thalami- flores. Elles sont complétement mises en ordre aujourd'hui ; c'est à peu prés la einquiéme partie de l'herbier général des Phanérogames. Les paquets sont ouverts pendantles vacances, les armoires qui les renferment sont fermées aussi hermétiquement que possible, aprés qu'on a eu soin d'y déposer des coupes contenant du sulfure de carbone. C'est le seul moyen de conservation auquel on puisse songer pour un herbier qui se compose de plusieurs centaines de milliers d'échantillons, dont un trés petit nombre est empoisonné. Les Dicotylédones caliciflores seront, selon toute probabilité, complè- tement mises en ordre vers le mois de mai 1885. Autant qu'il est permis d'établir des prévisions pour un travail d'aussi longue haleine, l'herbier général dela Faculté des sciences de Montpellier aura atteint dans le courant de 1887 le degré d'ordre destiné à lui assi- gner la place qu'il mérite dans l'ensemble des grandes collections natio- nales et étrangères. M. Mangin, vice-secrétaire, donne lecture de la communication suivante : SUR LES MODIFICATIONS DE LA FLORE DES RUINES DU CONSEIL D'ÉTAT DE 1883 A 1884, par M. J. VALLOT. Je me suis occupé, l'année derniére, de dresser la liste des plantes qui croissent dans les ruines du Conseil d'État (1). Cette végétation est établie depuis trop peu de temps pour pouvoir étre définitivement fixée. Elle se modifie sans cesse par l'acquisition de plantes nouvelles et par l'envahis- sement de certaines espéces qui se plaisent particuliérement dans ces sortes de terrains, au détriment de quelques espéces plus faibles. Dernièrement M. Bureau, professeur au Muséum, a conduit ses élèves dans les ruines, pour leur montrer l'établissement de la végétation dans (1) J. Vallot, Essai sur la flore du pavé de Paris, limité aux boulevards extérieurs, ou Catalogue des plantes qui croissent spontanément dans les rues et sur les quais, suivi d'une florule des ruines du Conseil d'État. Paris, 1884. T. XAXI (SÉANCES) 21 329 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. les terrains abandonnés. J'ai noté avec soin, dans cette visite, les chan- gements qui se sont produits dans la végétation depuis l'année dernière, et c'est de ces modifications que je désire entretenir la Société. Certaines espéces n'étaient représentées que par un seul pied qui, ayant été cueilli, ne s'est pas reproduit. Telles sont les suivantes: Brassica Na- pus L.,recueilli dans un couloir au premier étage ; Echium vulgare L., sur la voûte de la salle des fêtes; Cichorium Endivia L., dans le jar- din; Carex acuta Fries, Cynosurus echinatus L., Gaudinia fragilis Beauv., dans la grande cour; Carex echinata Murr., en haut du grand escalier de la Cour des comptes. Le Lactuca Scariola L., dont l'unique pied avait été laissé en place, n'existe plus. D'autres plantes, qui étaient rares l'année derniére, commencent à se multiplier. Le Robinia Pseudo-Acacia L., dont je n'avais trouvé qu'un seul pied, dans une salle du rez-de-chaussée, a été trouvé au premier étage. Il en est de méme du Rubus Idæus L., qui n'était pas rare au rez- de-chaussée. + Le Polypodium vulgare L., dont je n'avais trouvé qu'un seul pied, a été rencontré dans quatre ou cinq salles, toujours au premier étage; il parait définitivement établi dans les ruines. Certaines espèces se multiplient rapidement, au détriment des espèces voisines. Tels sont les Leucanthemum Parthenium G. G., dans un des jardins ; le Sonchus arvensis L., dont il n'existait que quelques pieds et qui se trouve cette année un peu partout, méme au premier étage; l'Arrhenatherum elatius Mert. et Koch, qui envahit tout un côté d'un des jardins. Par contre, le Coronilla varia L., qui occupait une belle surface dans un jardin, a été presque complètement étouffé par les Liserons et les Trèfles ; il ne reparaitra certainement pas l'année prochaine. La plante la plus envahissante est iei l'Urtica dioica L. Très rare dans les cours et dans les salles, l'Ortie pullule dans les jardins, où elle occupe déjà plus de la moitié de la surface. Trés vigoureuse, haute de plus d'un métre, croissant serrée, elle forme un cercle qui s'agrandit tous les ans, étouffant toutes les autres plantes. Si cette végétation est laissée à eile- méme pendant quelques années seulement, lOrtie envahira certainement toute la surface des jardins, à l'exclusion de toute autre espèce; seuls les arbres résisteront. Mais si quelques plantes ont disparu des ruines, un bien plus grand nombre s'y sont établies nouvellement. Ce sont les suivantes : Dans les petites cours, Galium cruciatum Scop., Fumaria offici- nalis L., Arenaria serpyllifolia L., Scrofularia aquatica L., Carex distans L., Arenaria trinervia L. SÉANCE DU 25 JUILLET 1884. à 3233 Dans la grande cour, Centaurea, Calcitrapa L., Phleum pratense L. Dans les petits jardins, Sisymbrium Sophia L., Petroselinum sati- vum Hoffm., Æsculus Hippocastanum L. Dans une salle du rez-de-chaussée, Scolopendrium officinale Sm. Dans les salles du premier étage, Reseda lutea L., Scrofularia aquatica L., Carduus tenuiflorus Sm., Sisymbrium Irio L., Vicia lathyroides L. L’Arenaria serpyllifolia L. est commun dans une petite salle que je n'avais pas visitée et ou il était déjà établi. Plusieurs des plantes précédentes sont vivaces et existaient déjà l'année dernière, mais n'ayant pas encore fleuri, avaient passé inapercues. Au cours de cette petite herborisation, une opinion a été émise au sujet des Rosiers du Conseil d'État. EDO de nos confréres sont d'avis que ces Rosiers pourraient bien avoir repoussé de souche. Cette opinion me parait d'autant plus vraisemblable, que les Rosiers qui se trouvaient au bord du jardin, du côté de la rue, et étaient plus éloignés du fover de l'incendie, sont restés à l'état de forme cultivée, tandis que ceux qui sont prés des bàtiments et qui ont dü étre grillés jusqu'à terre, c'est-à-dire au-dessous de la greffe, ont tous repoussé à l'état d’espèces sauvages. On sait que le Rosa andegavensis Desv. est souvent employé comme porte-greffe. Certains Lilas pourraient bien être venus également de la méme maniére, à en juger par la grosseur de leur souche. De méme pour l'unique pied de Buis. Quant aux Érables, méme les plus grands, ils sont certainement venus de graines, car ils ont poussé presque contre les murs, à des endroits où on ne les aurait certainement pas plantés. Je termine en mentionnant un oubliet une erreur de ma Florule. L'oubli porte sur le Brunella vulgaris Mœnch, trés commun entre les pavés de la grande cour. Je Vy avais récolté l’année dernière, mais, ayant égaré la fiche de cette espèce, je l’avais omise involontairement dans la rédaction. L'erreur est relative à une autre espèce. J'avais récolté au milieu des Salix qui encombrent le trottoir de la façade un arbuste qui n’a pas encore fleuri, et dans lequel j'avais cru reconnaître le Salix fragilis L. Un de nos confrères m'a détrompé en me montrant que c'était l'Amyg- dalus Persica L., que je ne m'attendais certes pas à trouver ici et que j'aurais dü reconnaitre aux rudiments de glandes qui se trouvent à la base des feuilles. M. Mangin, vice-secrétaire, donne lecture de la communication suivante . * 324 ^ — SOCIÉTÉ: BOTANIQUE DE FRANCE. NOUVELLES OBSERVATIONS SUR LA STRUCTURE ET LA DIVISION DU NOYAU CELLULAIRE, par M. Léon GUIGNARD. Les recherches multipliées dont le noyau cellulaire a été l'objet dans ces derniéres années ont montré qu'il existe, au point de vue de sa struc- ture et de sa division, une grande uniformité chez les animaux et chez les végétaux. On me permettra de rappeler que, dans un travail récent (1), j'ai contribué pour une certaine part à établir ce résultat et à mettre fin au désaccord qui régnait, sur la phase la plus importante du phénomène de la division, entre deux savants observateurs, MM. Flemming et Stras- burger. Aujourd'hui je crois devoir revenir encore sur la question, afin de signaler de nouveaux points de ressemblance. Dans son intéressante publication de 1882 (2), M. Flemming expose avec détail l'état actuel de nos connaissances sur ce sujet. Tout en s'occupant surtout des résultats fournis par la zoologie, il indique ceux qui ont été obtenus par M. Strasburger dans ses belles et nombreuses recherches sur les cellules végétales, en faisant ressortir les analogies et les différences qu'on rencontre entre les deux règnes, tant au point de vue de la structure du noyau considéré à l'état de repos que des phénoménes si curieux qui se succèdent dans le cours de sa division. En ce qui concerne les analogies, il était dés lors établi que le noyau au repos, végétal ou animal, se compose de deux parties, l'une figurée et l'autre amorphe. La partie figurée comprend un protoplasme transparent, ou hyaloplasme nucléaire, disposé sous forme de filament ou de réseau, dans lequel sont englobées des granulations placées généralement en file les unes à la suite des autres et formées d'une substance particuliére appelée chroma- tine, laquelle est elle-méme composée, tout au moins partiellement, de nucléine. Le filament, trés ténu, a des replis distincts les uns des autres ou accolés sous forme de réticule occupant toute la cavité du noyau. Il faut ajouter à cette charpente un ou plusieurs nucléoles, contenant éga- lement une certaine quantité de chromatine. La partie amorphe dans laquelle baignent les éléments figurés con- siste en une substance homogène et transparente, qui diffère de ceux-ci par sa consistance et par ses réactions, presque toujours négatives au contact des matières colorantes : c'est le suc nucléaire, appelé aussi sub- stance intermédiaire. Quant à la membrane du noyau, M. Flemming n'ose (1) L. Guignard, Recherches sur la structure et la division du noyau cellulaire chez les végétaux (Ann. des sc. nat. BoT., 6° série, 1884, t. XVII). : (2) W. Flemming, Zellsubstanz, Kern-und Zelltheilung. Leipzig, 1882. .SÉANCE DU 25 JUILLET 1884. 325 pas adopter l'opinion de M. Strasburger, qui la rapporte sans hésiter au protoplasme cellulaire, ou cytoplasme entourant le noyau. Les différences portaient surtout sur quelques-uns des phénoménes remarquables qui se manifestent quand le noyau, sortant de l'état de repos, parcourt dans un ordre régulier les phases de sa division. Ces phases caractéristiques de la division indirecte, ou karyokinése (1), sont les suivantes : 1° contraction du filament chromatique, qui se dispose en un peloton plus ou moins serré ; 2» segmentation transversale du filament pelotonné en un certain nombre de parties; 3° apparition d'un fuseau formé de fils chromatiques, à l'équateur duquel les segments s'orientent en une plaque (Strasburger) ou en une étoile dont les rayons se dirigent du centre vers la périphérie (Flemming); 4» dédoublement de la plaque ou de l'étoile en deux moitiés qui se transportent vers,les póles du fuseau en suivant la direction des fils chromatiques; 5° arrivée et contraction aux deux pôles des éléments destinés à former les noyaux filles; 6° re- constitution d'un filament unique, pelotonné, autour duquel apparait une membrane nucléaire. Flemming, observant de préférence les noyaux de plusieurs tissus de larves de Salamandre, plus faciles à étudier pendant la karyokinése, a vu que le filament chromatique du noyau entré en division, et, plus tard, les segments qui résultent de sa partition transversale, se montrent formés d'une double série de granulations qui restent parallélement si- tués jusqu'au stade de l'étoile nucléaire. C'est alors seulement que les deux lignes granuleuses de chaque segment se séparent longitudinalement l'une de l'autre en méme temps que le nucléoplasme transparent qui les entoure, ce qui double par conséquent le nombre des segments nucléaires et diminue de moitié l'épaisseur de chacun d'eux. Strasburger croyait, au contraire, que les segments primitifs, disposés en plaque nucléaire, ne se dédoublaient pas longitudinalement, mais se coupaient transversalement vers le milieu de leur longueur, chaque moitié devant entrer dans la constitution d'un noyau fille. De cette facon le filament nucléaire se segmentait en travers à deux reprises différentes; le nombre des segments primitifs était également doublé au moment où la plaque nucléaire partage en deux moitiés l'ensemble de ses éléments, mais chacun d'eux avait nécessairement une longueur moitié moindre et la méme épaisseur qu'auparavant. Il en résulterait donc une différence essentielle, quantau mode de division de la plaque ou étoile nucléaire, entre les noyaux animaux et les noyaux végétaux observés jusqu'alors ; ce qui devait paraitre d'autant plus étonnant, que les autres phénoménes de (1) Cette expression, devenue courante, me semble défectueuse, car elle accorde au noyau, dans le cours de ses métamorphoses, une indépendance qu'il n'a.pas à l'égard du protoplasme environnant. 326 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. la division du noyau présentaient une grande analogie. M. Flemming était porté à croire, mais sans preuve directe, que le dédoublement longitu- dinal devait exister aussi chez les végétaux. M. Strasburger, ayant à son tour observé les noyaux dela Salamandre, rejetait l'avis de M. Flemming méme sur ce cas particulier, et à plus forte raison pour les autres noyaux d'origine animale. Dans une communication préliminaire faite à l'Académie des scien- ces (1), j'ai annoncé qu'en réalité la division suit la méme marche chez les végétaux et chez les animaux. Les éléments dont se compose la plaque ou l'étoile nucléaire, c'est-à-dire des segments ou bàtonnets pro- venant de la partition transversale du filament chromatique, se dédou- blent suivant la longueur chez les uns comme chez les autres, quelles que soient d'ailleurs les modifications et les particularités plus ou moins saillantes qu'on observe dans la manière d’être des segments ou bàton- nets chromatiques pendant les stades précédents. Au moment où paraissait, en janvier 1884, le mémoire détaillé dans lequel j'exposais mes observations sur des cellules de nature variée (cel- lules mères de pollen, albumen, parenchyme des ovules ou des ovai- res, etc.), M. E. Heuser (2) arrivait à la méme conclusion à la suite d'une étude sur l'albumen de la Fritillaire. Un peu plus tard Strasbur- ger (3) revenait lui-méme sur le sujet et reconnaissait le bien fondé des résultats que j'avais annoncés le premier. La question est done résolue dans ses points essentiels, mais elle n'est pas épuisée. En effet, plusieurs points sont à préciser, plusieurs fails par- ticuliers à revoir; d'autre part, la signification de certains phénomènes nous échappe encore. C'est pourquoi j'en ai continué l'étude, et j'espère que la présente note contribuera à les éclaircir, tout en resser- rant de plus en plus les liens qui rattachent les phénomènes dans les deux régnes organisés. Je ferai remarquer d'abord que, chez les végétaux, les cellules méres polliniques ont des noyaux qui se distinguent par quelques caractères particuliers, durant les différentes phases de la division, des noyaux des tissus végétatifs, tels que l'albumen, le parenchyme ovarien, etc. A ce sujet, je dois reconnaitre, avec M. Strasburger, que l'interprétation que nous avions donnée l'un et l'autre de la facon dont se éomportent les seg- ments du filament chromatique de la plaque nucléaire doit étre modifiée. J'avais admis comme lui qu'aprés la partition transversale du filament, chacun des segments formés s'incurve vers le milieu de sa longueur pour (1) Compt. rend. Acad. des sc., 10 septembre 1883. (2) E. Heuser, Beobachtungen über Zellkerntheilung (Bot. Centralblatt, t. XVH, n 1-5, 1884). (3) Strasburger, Die Controversen der indirecten Kerntheilung. Bonn, 1884. SÉANCE DU 95 JUILLET 1884. 397 rapprocher ses deux moitiés et les accoler. Une fois la plaque nucléaire formée, ces deux moitiés se séparent l'une de l'autre suivant leur lon- gueur, se rendent chacune de leur cóté aux deux póles du fuseau pour concourir à la formation des noyaux filles. Or, ce qui parait être un ac- colement longitudinal résultant du rapprochement des deux moitiés de chaque segment n'est autre chose qu’un dédoublement s'effectuant de trés bonne heure, mais avec des caractères tels, dans les noyaux des cellules mères polliniques, que les deux moitiés d'un segment peuvent se séparer sur une partie plus ou moins grande de leur longueur, tout en restant aceolées sur une autre partie. Souvent elles se tordent l'une sur l'autre, et, méme quand elies paraissent ou sont réellement isolées sur toute leur longueur, elles restent plus ou moins adhérentes par un bout ; de sorte que celte torsion fréquente et celte adhérence peuvent très fa- cilement conduire à une interprétation inexacte des faits, d'autant plus que chez quelques Orchidées les deux branches qui se séparent sur toute leur longueur, sauf à l'un des bouts, paraissent étre plutót en voie de rapprochement. Quels que soient d'ailleurs les aspects variés que revé- tent les chromatiques, la séparation définitive de leurs deux moiliés n'a lieu, comme je l'ai constaté dans tous les cas, qu'aprés la formation de la plaque nucléaire. Ce fait est intéressant, parce que MM. Flemming et Retzius ont vu que -dans les noyaux des larves de Salamandre et de Triton, bien avant l'orien- lation des segments sous forme d'étoile, le filament nucléaire montre ses granulations chromatiques disposées en deux séries paralléles dans l’hyaloplasme qui les englobe. Ici aussi la séparation de ces deux séries granuleuses avec leur substratum n'a lieu qu'aprés la constitution de l'étoile. En fixant mon attention sur ce point, à l'aide de réactifs appropriés et de moyens optiques assez forts (objectif n° 12 à immersion homogène, de Verick, avec condensateur), j'ai constaté que, dans les noyaux des cel- lules méres polliniques de plusieurs Liliacées, le filament se montre parfois formé de deux séries de granulations chromatiques, méme avant sa segmentalion transversale. Ces granulations, situées côté à côte, paraissent résulter du dédoublement des granulations auparavant plus volumineuses el disposées en une file unique. Dés lors le dédoublement commencerait par les granulations chromatiques, saus porter tout de suite sur l'hyaloplasme du filament. Ceci vient à l'appui des observations de M. Pfitzner surla Salamandre ; mais je suis loin de croire avec lui que ces granulations constituent la partie réellement active du noyau. Toutefois ee dédoublement n'est visible en général qu'après la segmen- tation transversale du filament, laquelle semble en être le point de dé- part, et en quelque sorte la cause déterminante. Mais, quand les segments 398 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ont pris leur orientation caractéristique vers l'équateur du fuseau nu- cléaire, les granulations ne paraissent plus aussi distinctes les unes des autres qu'elles l'étaient auparavant. Les segments, plus homogénes, sont aplatis en rubans; cependant on peut souvent reconnaitre que chacun d'eux se compose de deux moitiés paralléles soudées, et méme, daus les cellules mères polliniques du Lis, ces deux moitiés, ainsi que je l'ai déjà décrit et figuré, n'offrent généralement qu'une soudure incomplète. Cet état particulier, dans lequel les granulations primitivement dis- tinctes semblent comme fondues dans l'hyaloplasme des segments, a été mentionné aux stades correspondants de la division chez la Salamandre, sans qu'on puisse l'attribuer à l'action des réactifs. Il est certain que la contraction dont les segments sont le siège et leur nutrition active au moment de la division en sont la cause principale. En outre, de l'observa- tion attentive du mode de résorption des nueléoles dans le cours de la division et du moment où elle s'effectue, je suis porté à croire que cet aspect des segments provient également de ce que la substance des nu- cléoles s'incorpore à ces derniers en contribuant à les nourrir, en méme temps que les diverses parties du noyau offrent un mélange plus intime des substances auparavant chimiquement et morphologiquement différen- ciées. Une autre raison de penser qu'il en est ainsi, c'est que dans les noyaux filles en voie de formation les granulations ne réapparaissent distinctes dans le filament que pendant la reconstitution des nucléoles. Pour étudier la naissance et le róle de ces derniers, j'ai eu recours à l'emploi de la fuchsine et de quelques autres matiéres colorantes, qui, en présence du vert de méthyle, et aprés un traitement convenable à Pal- cool, communiquent aux nucléoles une coloration différente de celle que prend en méme temps le filament chromatique. Cette méthode permet de suivre les nucléoles aux diverses périodes de l'évolution du noyau, d'étu- dier leurs métamorphoses, et de se faire une idée de leur signification et de leur róle. Un autre point de la division indirecte, coinparée chez les végétaux et chez les animaux, méritait un examen spécial. On sait que dans les cellules animales, la division du noyau est pré- cédée d'une disposition particuliére du protoplasme cellulaire sous forme de soleils apparaissant aux deux pôles du fuseau futur: c'est l'amphiaster. Il n'en serait pas de méme chez les végétaux, bien que M. Strasburger ait observé dans le Galanthus nivalis une striation du protoplasme avant la division du noyau, en deux points opposés correspondant aux deux póles. On n'a peut-étre pas suffisamment fait attention à ce qui se passe dans le protoplasme cellulaire, et les procédés mémes employés pour l'étude du noyau sont en partie la cause d'une différence qui parait presque ab- solue. Les. préparations montées au baume dans lesquelles on examine SÉANCE DU 25 JUILLET 1884. 329 en détail les éléments chromatiques du noyau ne peuvent pas toujours nous renseigner sur les changements qui s’opèrent dans le protoplasme. En attachant une importance exagérée à certains procédés de coloration du noyau, on a négligé un peu trop l'étude du protoplasme, auquel re- vient certainement, en dernière analyse, le rôle essentiel dans les phéno- mènes dont le noyau est le siège. Cependant, en ce qui concerne les cellules végétales, ce n'est assuré- ment que dans des cas relativement peu fréquents qu'on peut espérer mettre en évidence el rendre visible à l’œil la formation de l'amphiaster. Dans les œufs des animaux, par exemple, les granules dont ils sont pourvus se laissent observer facilement pendant leur orientation autour des pôles; on peut les étudier directement pendant la vie, ce qui n'est plus possible, à quelques exceptions prés, chez les végétaux. J'ai examiné pour ces raisons des cellules végétales trés riches en protoplasme, telles que le sac embryonnaire des Liliacées en voie de développement, qui m'avait déjà semblé dans des observations antérieures, plus favorable, à cette recherche que la plupart des tissus. La grande cellule du nucelle des Lilium, qui s'agrandit pour donner l'appareil sexuel, posséde un gros noyau situé au centre d'un proto- plasme granuleux formant une sorte de réseau à mailles étroites et rem- plissant la cellule. En examinant un grand nombre d'ovules pour suivre toutes les phases de la division du noyau primaire de ce jeune sac em- bryonnaire, j'ai obtenu une série de trés belles préparations présentant ces différentes phases. Le fuseau nucléaire, relativement trés long, est un des plus réguliers et des plus typiques qu'on puisse voir. À chacune de ses deux extrémités, les fils chromatiques qui le composent convergent tous en un méme point. La plaque nucléaire a l'aspect d'une étoile à douze rayons; elleest formée de segments chromatiques doubles souvent recti- lignes, appuyant une de leurs extrémités sur un fil chromatique du fuseau et tournant l'autre vers la périphérie. Aux deux pôles, les réactifs qui fixent le protoplasme dans l'état qu'il offre pendant la vie, et notam- ment le bichlorure de mercure, permettent de reconnaitre, aprés colora- tion, une disposition radiaire des granules protoplasmiques. Plusieurs fois j'ai remarqué que cette disposition est plus visible dans un plan parallèle à la plaque équatoriale, et par suite perpendiculaire à l'axe du fuseau. De méme l'irradiation du protoplasme est trés manifeste autour des noyaux an moment où ils vont entrer en division; ce qui prouve que le protoplasme gouverne le phénomène: Laissant de côté, pour le moment, les autres stades trés caractéristi- ques de la division des noyaux du sac embryonnaire, j'ajouterai seule- ment que, dans tous les noyaux dont le volume est suffisant pour per- mettre l'observation, qu'il s'agisse des cellules mères du pollen (Liliacées, 330 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Amaryllidées, Renonculacées, Magnoliacées, etc.), ou de l'albumen aprés la fécondation, ou bien encore d'autres tissus végélatifs, j'ai constaté dans les segments chromatiques de la plaque nucléaire le dédoublement longi- tudinal. Ce dédoublement m'avait paru jusqu'à ce jour incertain ou presque impossible à apercevoir dans quelques cas, comme par exemple dans le Gui, dont les noyaux possédent un filament chromatique épais, à replis trés serrés, et, par suite, trés dificile à observer dans ses méta- morphoses. La division aurait pu s'y faire comme dans les noyaux des poils staminaux du Tradescantia, qu'on a étudiés à maintes reprises sans succés, puisqu'on admettait qu'il n'y avait pas en réalité de plaque nucléaire, et que les bàtonnets chromatiques et très allongés se coupent simplement dans le plan équatorial en deux groupes. Dans un récent mé- moire, Strasburger admet leur dédoublement longitudinal, quoiqu'il n'ait pu l'observer sur des noyaux vivants. Or, dans le Gui, comme dans le Tradescantia, jai réussi à obtenir une série de préparations qui en rendent l'existence incontestable. En ajoutant ces résultats, que je me propose de développer, à ceux de mon dernier mémoire et du récent travail du professeur Strasburger, on verra, je pense, que la question a fait un pas considérable, et que, chez les végétaux comme chez les animaux, les phénomènes de la division du noyau offrent une analogie dont l'intérét ne saurait échapper à per- sonne. M. Sicard offre à la Société la deuxiéme édition de son ouvrage sur les Champignons. Jai l'honneur d'offrir à la Société la seconde édition du livre que j'ai fait paraitre, ayant pour titre : Histoire naturelle des Champignons comestibles et vénéneuz, par G. Sicard (1), préface par Ad. Chatin, de l'Institut Ce livre a. pour but de vulgariser la connaissance des Champignons, et de donner l'habitude et la pratique nécessaires pour distinguer une espéce comes- tible d'une espéce vénéneuse. L'aceueil favorable qu'a recu mon livre, publié au commencement de l'année 1883, m'autorise à y voir une manifestation sérieuse de l'intérét que la Société attache de nos jours à l'étude des Champignons. Sans tirer de ce fait la moindre conclusion quant à la valeur que peut avoir mon ouvrage, je suis heureux de constater la rapidité avec laquelle la première édition a été épuisée. C'est une preuve évidente du progrés de la science et du désir que chacun éprouve d'approfondir une branche d'instruction non moins intéressante qu'utile. (1) Paris, librairie Ch. Delagrave, 15, rue Soufflot. SÉANCE DU 25 JUILLET 1884. 331 Amené à publier une deuxiéme édition de ce livre, je me suis appliqué à le revoir tout particuliérement, sans rien changer au plan ni aux grandes divi- sions. Le texte a été modifié et augmenté dans un assez grand nombre de cas, de maniére à donner un tableau détaillé et précis de l'état actuel de la connais- sance des Cryptogames, comestibles ou vénéneux, et à former un ensemble complet que pourront consulter avec fruit les gens du monde, les étudiants et surtout les instituteurs, si bien placés pour populariser, par des lecons faites à l'école primaire, l'étude des Champignons. Ce serait atteindre un double but : développer le goût de la science, et prévenir les redoutables accidents qui aménent si souvent une mort prématurée au sein des familles. Les changements apportés dans cet ouvrage, pour lesquels je n'ai épavgné ni temps, ni recherches, en feront, je l'espére, un guide sür et sérieux pour les personnes désireuses d'obtenir des connaissances en cryptogamie. Du reste, mon maitre, M. Ad. Chatin, membre de l'Institut, professeur de botanique et directeur de l'École de pharmacie de Paris, a fait pour ce livre une brillante préface. Aussi m'estimerai-je amplement récompensé du travail que j'y ai consacré, si cette nouvelle édition obtient du public une faveur égale à celle qui a fait le succès de la première. M. Cornu demande à M. Sicard s'il a étudié au point de vue toxi- cologique les Volvaria. Il fait remarquer que, dans son ouvrage sur les Champignons vénéneux de la région de Montpellier, M. L. Planchon donne des caractères de l'empoisonnement trés diffé- rents des symptómes observés dans nos pays; les différences sont sans doute dues aux Volvaria, très abondants dans le Midi, et qu'il est facile de confondre avec certaines espéces comestibles. M. Malinvaud donne iecture de la communication suivante : NOTE SUR LES CONJUGUÉES DU MIDI DE LA FRANCE, par M. Fr. GAY. La connaissance de la structure et le groupement méthodique des Algues ont fait depuis quelques années des progrés assez étendus pour qu'il soit permis d'entrevoir le moment oü l'on pourra tenter d'écrire une flore générale de ces végétaux. Déjà d'ailleurs divers efforts ont été faits dans cette voie, surtout à l'étranger, notamment en Angleterre, en Suede et en Allemagne. Il est incontestable en effet que la flore des plantes infé- rieures, en tant qu'elle révèle les relations qui existent entre les conditions du milieu et la distribution de ces organismes, n'a pas un intérét moindre que l'étude de la distribution des plantes phanérogames. Les connais- sances que l'on possède sur la nature de ces relations montrent claire- ment que les Thallophytes ont besoin de certaines conditions à un plus 332 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. haut degré que les plantes plus élevées ; leur vie toujours aquatique, bien qu'à des degrés variables, imprime à leur mode de distribution un carac- tére spécial. Mais, pour songer à écrire une flore des Algues, il faut que l'étude de celles-ci ait été poussée assez loin; or ceux qui consacrent leurs recherches à ces plantes savent que, s'il est, dans cette classe de végétaux, des familles bien connues, il en est sur lesquelles nous ne possédons que des notions très incomplètes. Parmi les familles le mieux étudiées, il faut placer au premier rang celle des Conjuguées. Les travaux d'hommes éminents, tels que Agardh, Kützing, Ralfs, Nægeli, de Bary, et bien d’autres, sur la morphologie et la physiologie, la systématique et la distribution géographique de ces végé- taux, ont accumulé pour la connaissance complète de cette famille des matériaux nombreux. J'ai cherché à apporter à ces derniers mon appoint en essayant de déterminer les conditions qui président à la distribution des Conjuguées dans une région restreinte, mais bien choisie. J'ai pensé que ce travail pourrait étre utile à ceux qui voudront songer à écrire la Flore des Algues de France. Les recherches morphologiques que j'ai faites dans le cours de ces observations m'ont conduit à étudier de prés le groupement systématique des mémes végétaux et à introduire quelques modifications dans le tableau des genres. J'exposerai en premier lieu les résultats généraux auxquels je suis arrivé dans cet ordre d'idées. I. La distinction, toujours plus ou moins artificielle, des genres est par- fois assez difficile à établir dans la famille des Conjuguées. On ne peut en général utiliser les caractères fournis par les phénomènes de reproduction, qui, s'ils distinguent trés bien les tribus, ne présentent que des diffé- rences de détail dans les diverses espéces de chacune d'elles. Quelques- uns des genres, dont l'existence a été basée à plusieurs reprises sur ces différences, n'ont pas été conservés (Rhynchonema Kützing, Staurosper- mum Kützing, Pleurocarpus Braun, etc.), et la plupart de ceux que l'on a maintenus ne me paraissent pas plus légitimes; seuls les genres Siro- gonium Kütz. (Zygnémées) et Gonatonema Wittrock (Mésocarpées) peuvent avoir quelque raison d'étre. On est donc réduit à ne prendre en considération que la forme générale de l'appareil végétatif ou les carac- téres tirés de la structure des cellules. C'est ce qui a été fait d'ailleurs dés le début pour les espéces à thalle filamenteux (Zygnémées et Mésocarpées) que Vaucher divisait en Conjuguées à ruban spiralé, à étoiles et à tube intérieur, d'après la forme qu'y revétait la chlorophylle; c'est ce caractère qui, dans ces deux groupes, sert encore de base principale à la distinc- tion des genres. Dans le classement des Desmidiées, on a également tenu SÉANCE DU 29 JUILLET 1884. ` 333 compte de l'état filamenteux ou dissocié du thalle, de la forme des cellules et plus tard de la forme des corps chlorophylliens; mais on n'a pas, à mon avis, attribué à ce dernier caractére une valeur suffisante, par suite sans doute de la difficulté qu'il y avait à obsérver et surtout à conserver ` intacts les divers éléments du contenu cellulaire. Les perfectionnements apportés aux moyens d'observation ont singu- lièrement facilité la tàche du botaniste. Déjà l'emploi de l'alcool absolu avait permis de fixer la forme et la structure intime des corps protoplas- miques. Cette substance est aujourd'hui avantageusement remplacée par la solution saturée d'acide picrique, qui, non seulement fixe, sans les modifier dans aucun de leurs détails, la forme et la structure des chro- matophores, ainsi que les relations de ces derniers avec les autres élé- ments cellulaires, mais constitue aussi un excellent liquide conservateur ; l'addition d'un peu de nigrosine à la solution picrique permet, en colorant les corps chlorophylliens, de faire mieux apparaitre encore leur forme si remarquable. Gràce à l'emploi de ces procédés, j'ai pu dans tous les cas tenir compte de la structure intime des cellules, et constater l'importance qu'elle pré- sente pour le groupement des espèces et l'établissement des genres. J'ai été ainsi amené à formuler les conclusions suivantes : Dans le groupement des espéces de Mésocarpées et de Zygnémées, la subordination des caractères doit s'établir ainsi : 1* situation et forme des chromatophores; 2 différents modes de formation des zygospores. Dans le groupement des espèces de Desmidiées, la subordination s'établit ainsi : 1? état filamenteux ou dissocié du thalle; 2° situation et forme des chromatophores ; 3^ forme des cellules et différents modes de formation des zygospores. Je donnerai plus loin la liste des genres tels que j'ai cru pouvoir les établir en partant de ces données et les proposer à l'adoption des algo- logues. — II. Le nombre d'espéces que j'ai trouvées, soit autour de Montpellier (y compris la zone littorale), soit dans les basses Cévennes (bassin supérieur de l'Hérault et de ses affluents), soit dans les hautes Cévennes (Saumail, Espinouse, Caroux, Aigoual) et les montagnes de la Margeride, s'élève à 137 espèces, réparties entre 18 genres. Ces divers genres et leurs espéces se présentent avec une distribution géographique très inégale. On peut dire d'une manière générale que les Desmidiées dominent dans la région montagneuse (hautes Cévennes et Margeride), tandis qu'elles sont peu abondantes dans la région des plaines (basses Cévennes et environs de Montpellier), oà dominent les Zygnémées et les Mésocarpées. En effet, sur 14 genres de Desmidiées que j'ai ob- 334 ' SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. servés, 4 seulement (Euastrum, Closterium, Pleurotænium, Cosmari- dium) sont représentés dans la région des plaines par 33 espèces, tandis que 79 espèces constituent le contingent afférent aux 13 genres trouvés dans la région montagneuse. Cette inégalité dans la répartition géogra- phique des Desmidiées concorde avec une différence marquée dans le climat et le régime hydrographique des deux régions; elle montre bien que ces végétaux se plaisent surtout dans les eaux fraiches et perma- nentes, tandis que les Zygnémées et les Mésocarpées s'accommodent de la courte existence que leur procurent les ruisseaux bien vite desséchés de la région des plaines. À un point de vue plus général, elle démontre que les Zygnémées et les Mésocarpées sont des plantes de tous les climats et de tous les sols; que les Desmidiées au contraire habitent surtout les régions où l'humidité du climat et l'imperméabilité du sol leur assurent des con- ditions favorables d'existence. De la comparaison des résultats que j'ai obtenus avec ceux qu'a fournis l'observation dans les autres contrées, il résulte que sur les 137 espéces qui constituent actuellement la flore de Montpellier et des Cévennes, 31 seulement sont spéciales à cette dernière région, ou tout au moins n'ont pas encore été observées ailleurs. Cette analogie des flores est en rapport avec ce fait déjà connu que l'aire des plantes aquatiques est beaucoup plus étendue que l'aire des végétaux terrestres. En sorte qu'on peut dire, en guise de conclusion, que le mode de répartition des Conjuguées, et proba- blement aussi celui des autres Algues, dépend bien plutót dela nature des stations que de l'habitat. IIl. Nous donnons ci-dessous le tableau des genres tels que nous les admettons, le nombre des espéces trouvées pour chacun d'eux et la dia- gnose des espéces nouvelles. Trib. I. DESMIDIEJE (Kütz. 1833) de Bary, Conjug., 1858. Gen. 1. CyLINDROCYSTIS (Menegh. 1838) de Bary, Conjug. 1858. — Sp. 2. €. tumida. — Cell. triplo longior quam latior, medio inflata, apicibus late truncatis, vix convexis. Membrana glabra. Chromatophori irregula- riter stellati. Long. 72-76, lat. 27-30 y. Hautes Cévennes. Gen. 2. MEsorENiUM (Nägeli, 1849) de Bary, Conjug. 1858. — Sp. 0. Gen. 3. MicnasrERIAs Agardh, Neu. Gatt. Alg.,1827. — Sp. 3. M. denticulata Dréb., 5. angustosinuata nov. var. — Lobuli sinu angusto lineari, vix profundo. Long. 250, lat. 220 p. Hautes Cévennes. SÉANCE DU 25 JUILLET 1884. 335 Gen. 4. EvAsTRUM (Ehrenberg, 1832) Nob. — Euastrum et Cosmarium pro max. parte Ralfs, On brit. Desm. 1844; Euastrum et Cosmarium de Bary, Conjug. 1858, excl. subsect. Arthrodesmus et sect. Dysphinctium et Calocylindrus: Euastrum et Cosmarium Lundell, De Desm. Suec. 1871, excl. sect. Pleuroteniopsis ; Euastrum Fr. Gay, Mon. loc. Conj. 1884, excl. sect. Arthrodesmus. — Cell. ellipticæ vel oblonga, a vertice visi ellipticæ, medio transverse (plus minus) constrictæ, sinu lineari. In quaque semicell. chromatophorus unus axilis vel (ia ingentibus spec.) chromatophori bini juxta axin; chromatophori e 4 laminis radiantibus compositi, pyrenoidem unicum includentes. Zygosporæ muricatæ vel verrucosæ. — Sp. 40. Sect. 1. AUTEUASTRUM Nob. — Euastrum Ralfs, de Bary, loc. cit. — Cell.symmetrice sinuatæ vel lobatæ, utroque polo sinuato-emarginatæ vel inciso-bilobatæ. x. In quaque semicell. chromatophorus unicus. E. elegans Kütz., 5. cebennense nov. var, — Lobi basales bidentati, dentibus acutis; lobus polaris sicut apud typum. Long. 30-35, lat. cum dent. 18-22, lat. lob. pol. 16-20, isth. 3 p. Hautes Cévennes. E. denticulatum. — E. amænum Fr. Gay, Mon. loc. Conj. p. 53, non Brébisson. — Cell. parva, paulo longior quam lata, profunde con- stricta. Semicell. trilobatæ, lobo pol. sinu profundo, lineari et utroque latere duobus dentibus acutis instructo, lobis basalibus tridentatis. Mem- brana glabra, in centro granulis 5, juxta marginem granulis 8 ornata. Long. 25-28, lat. 18-20, lat. lob. pol. 13, isth. 3 y. Montagne de la Margeride. E. formosum. — Gell. minima, fere tam longa quam lata, profunde constricta. Semicell. rectangulares, trilobatæ, lobo pol. cellulæ maximum diametrum adæquanti, apice late et profunde sinuato, angulo mucronato in utroque latere instructo; lobis basalibus angulatis, vix mucronatis. Long. 13, lat. 11, lat. lob. pol. 10, isth. 2 n. Hautes Cévennes. E. anomalum. — Cell. diametro duplo longior, etiam supra, rectangu- laris, vix profunde constricta. Semicell. rectangulares, diametro longiores, vix distincte lobatæ, lobis basalibus vix tumidulis ; lobo polari dilatato, rectangulari, mediolate sinuato. Membrana punctata, in quoque angulo lobi polaris granulo unico instructa. Long. 35, lat. 15, crass. 12, isth. 13 2. Rochers suintants sur l'Espinouse (Hautes Cévennes). Sect. 2. CosMAniUM Nob.— Cosmarii sect. Eucosmarium et Micro- 336 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cosmarium, 5. Cosmarium de Bary, loc. cit. — Cell. utroque polo obtuse vel rotundata. a. In quaque semicellula chromatophorus unicus. E. bicuneatum. — Cell. minima, tam longa quam lata, profunde constricta, sinu obtusangulo. Semicell. cuneiformes, apice dilatato, vix convexo. Membr. levis. Long. 10, lat. — long., isth. 5 y. Montagne de la Margeride. E. rotundatum. — Cell. minima, tam longa quam lata, profunde con- stricta. Semicell., a fronte visæ, ellipticæ, apice angustiores, dorso trun- catæ etiam depressæ, lateribus rotundatis; a latere visæ ellipticæ, apice angustatæ, a vertice ellipticæ. Membrana levis. Long. 15, lat. — long., crass. 6, isth. 3 y. Mares de Roquehaute. E. quadratulum. — Cell. minima, rectangularis, profunde constricta, sinu acutangulo. Semicell. rectangulares, dorso lateribusque vix sinualis, angulis truncatis vel rotundatis. Membr. levis. Long. 15, lat. 11, isth., 24. Montagne de la Margeride. E. leiodermum.— Cell. minima, elliptica, profunde constricta. Semi- cell. sexangulares, depressæ, longiores quam late, dorso convex, angulis superioribus obtusis, inferioribus rotundatis. Membrana crassa. Long.20, lat. 15, isth. 3 y. Mares de Roquehaute. E. humile. — E. celatum Fr. Gay, Mon. loc. Conj., p. 59, non Ralfs. — Cell. minima, tam longa quam lata, subrectanguiaris, profunde con- stricta. Semicell. sursum angustiores, dorso late truncato, leviter undu- lato, lateribus convexis, margine undulata, angulis superioribus et infe- rioribus rotundatis. Membrana in quaque fronte granulorum seriebus binis. concentricis instructa. Long. 12,5, lat. — long., isth. 2,5 p. Mares de Roquehaute. E. pscudobotrytis. — Cell. pauio longior quam lata, elliptica, apici- bus truncatis, profunde constricta. Semicell. apicem versus angustatæ, lateribus convexis, margine undulato-crenulata, apice truncato, leviter undulato. Membrana marginem versus granulorum seriebus concentricis ornata, in media fronte glabra. Long. 33, lat. 26, crass. 20, isth. 13 p. Basses Cévennes. E. calodermum. — Cell. paulo longior quam lata, elliptica, apicibus truncatis, profunde constricta. Membrana granulorum seriebus radiantibus in quaque fronte ornata. Long. 35-38, lat. 25-27, isth. 10 p. Montagne de la Margeride. SÉANCE DU 25 JUILLET 1884. 337 E. simplex. — Cell. paulo longior quam lata, rectangularis, profunde constricta. Semicell. rectangulares, apicem versus paulo angustiores, margine subtilissime denticulata, lateribus convexis, dorso truncato. Membrana subtilissime punctata, punctis concentrice dispositis. Long. 35, lat. 28, isth. 10 p. Environs de Montpellier. E. decorum. — Cell diametro longior, subcircularis, profunde con- strieta. Semicell. semicirculares ambitu 6-ies inciso, lobis 7 truncato- rotundatis margine denticulata, lobis basalibus latioribus. Membrana punctala, punctis in series radianles ordinatis. Long. 40, lat. 32, isth. 13 p. Montagne de l'Espinouse (hautes Cévennes). 6. In quaque semicellula chromatophori bini. E. transiens. — E. intermedium Fr. Gay, Mon. loc. Conj. p.63, non Cléve. — Cell. minima, vix longior quam lata, profunde constricta. Semi- cell. semicirculares, paulum depressæ, ambitu leviter undulato, angulis basalibus rectis vel obtusis. In quaque semicell.chromatophori bini lami- nis geminis constituti. Long. 17-18, lat. 14-15, isth. 5 y. Montagne de la Margeride. E. ellipticum. — Cell. maxima, elliptica, diametro duplo longior, pro- funde constricta. Semicell. margine crenulata, subtriangulares, dorso rotundato, lateribus convexis et angulis basalibus rectis. Membrana verru- cis regulariter ordinatis ornata. Long. 70-90, lat. 48-64, crass. 30-36, isth. 16-19 y. Zygosporæ armate, aculeis 3-4 dentatis; diam. sine acul. 60 u. Basses Cévennes et environs de Montpellier. Gen. 5. STAURASTRUM (Meyen 1829) Menegh. Synops. Desmid. 1840, incl. gen. Arthrodesmus Ehrenberg, Infus.1838. — Staurastrum Lundell, De Desmid. 1871, excl. sect. Pleurenterium. Cell. a vertice visæ ellipticæ vel 3-6-angulares, vel radialæ, medio pro- funde constrictæ, sinu dilatato, semicellulis divergentibus. In quaque semicellula chromatophorus unicus axilis e laminis geminis, tot quot an- guli, radiantibus, apice convergentibus formatus, pyrenoidem unicum includens. Zygospor:e aculeatæ. — Sp. 15. S. tumidulum. — Cell. paulo longior quam lata, sinu medio acutan- gulo. Semicell. ellipticæ, a vertice visæ triangulares, lateribus convexis, angulis rectis vel obtusis, muticis. Membrana subtiliter punctata. Long. 35, lat. 30, isth. 12 p. Montagne de la Margeride. TS XXXI. (SÉANCES) 22 338 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. S. eordatum. — Cell. paulo longior quam lata,sinu medio lineari. Semicell. a fronte visæ sub-semiorbiculares, a latere triangulares, cor- datæ, angulis rotundatis. Membrana irregulariter punctata. Long. 44-46, lat. 35, crass. 30, isth. 8 p. Montagne de la Margeride. S. subpunctulatum.— Cell. paulolongior quam lata. Semicell. a fronte visæ subtriangulares vel ellipticæ, dorso convexo; a vertice 3-4-angu- lares, lateribus valde concavis, angulis rotundatis. Membrana punctata, punctis in series, concentricas cirea apicem ordinatis. Long. 27, lat. 20- 25, crass. 13-16, isth. 7-8 y. Montagne de la Margeride. S. hexacanthum. — Cell. parva, paulo longior quam lata. Semicell. a fronte visæ triangulares, lateribus et dorso paulum convexis, a vertice triangulares, lateribus vix concavis, angulis leviter tumidis, aculeo valido, recto instructis. Long. 17, lat. 15, isth. 5 y. Montagne de ja Margeride. Gen. 6. DvseuicriUM (Nägeli, 1849) Nob. — Cosmarii sect. Dysphinc- tium de Bary, Conjug. 1858. — Sp. 0. -^ Les espèces qui se rapportent à ce genre forment un groupe intermé- diaire entre les genres Euastrum et Penium. Elles se rapprochent de ce dernier par la forme cylindrique des cellules, le nombre indéfini des la- melles chlorophylliennes et la forme élargie de l'étranglement médian, mais se relient au genre Euastrum par la profondeur de l'étranglement, la présence d'un pyrénoide unique, et par ce fait que dans les grandes espéces il y a un double chromatophore dans chaque demi-cellule. Gen 1. PENivM (Brébiss. 1848) Nob. — Penium, Telmemorus et Cos- marii sect. Calocylindrus de Bary, Conjug. 1858. Cell. a vertice visæ cylindricæ, medio non vel vix constrictæ. In qua- que semicellula chromatophorus unicus axilise pluribus laminis radiatim expansis formatus. — Sp. 13. Sect. 1. Hor orENiUM Nob. — Celluli non constrictæ, apicibus inte- gris (Penium a. et b. de Bary, loc. cit.). P. fusitorme,— Cell. diametro 4-plolongior, fusiformis, apicibus trun- catis, paulum convexis. Membrana subtiliter punctata. Chromatophorus e sex laminis radiatis formatus, pyrenoidem unicum includens. Long. 45, lat. 12,5 u Montagne de l'Espinouse (hautes Cévennes). Sect. 2. SPHINGTOPENIUM Nob. — Cell. medio constrictsæ, apicibus integris (Penium c. et Cosmarii sect. Calocylindrus de Bary, loc. cit.) SÉANCE DU 25 JUILLET 1884. 339 Sect. 3. TETMEMORUS. — Cell. medio constrictæ, apicibus sinu li- neari instructis (Gen. Tetmemorus Ralfs, Brit. Desm. 1844). Gen. 8. CLosTERIUM Nitzsch, Beitr. z. Infus. 4817. — Sp. 19. C. tumidalum. — Cell. minima, semilunaris, ventre leviter tumido, apicibus conicis acutis. Membrana levis. Chromatophori bini basin versus e 8, apicem versus e 4laminis radiantibus formati, 4-5 pyrenoides in serie axili unica collocatos includentes. Locellus apicalis sphæricus, 15-20 cor- puscula includens. Lat. 17-18, long. 110 p Environs de Montpellier. €. tetractinium. — Cell. parva, semilunaris, ventre inflato, apicibus acutis. Chromatophori bini et 4 laminis formati, 2 pyrenoides melu- dentes. Locellus apicalis conicus, 10-12 corpuscula includens. Lat. 15, long. 70-75 p. Environs de Montpellier. €. gigas. — Cell. maxima, curvata, semilunaris, ventre concavo, api- cibus conicis subacutis. Chromatoph. bini e 12-16 laminis formati, pyren. numerosos sparsos includentes. Lat. 130, long. 800 x circit. Environs de Montpellier et basses Cévennes, prés de Ganges. €. fusiforme. — Cell. subrecta, ventre et dorso inflatis, subacutis. Se- micell. conicæ, apicibus acutis. Chromatoph. e 8 laminis formati, 5-6 pyren. in serie axili collocatos ineludentes. Locellus sphæricus corpuscu- lum unicum includens. Lat. 25, long. 160-170 g. Dasses Cévennes. €. littorale. — Cell. vix incurva, dorso regulariter convexo, latere ven- trali medio inflato, apicibus leviter incurvis, conicis, subacutis. Chroma- toph. e 8 laminis formati, 4-5 pyren. in serie axili collocatos includentes. Locellus sphæricus corpuscula numerosa includens. Lat. 17,5, long. 150-160 y. Environs de Montpellier. €. peracerosum. — Cell. recta vel subrecta, dorso late convexo, latere ventrali subrecto, apicibus conicis, acutis, vix incurvis. Chromatoph. e 6 laminis formati, 4-5 pyren. in serie axili collocatos includentes. Locellus sphæricus, corpuscula numerosa includens. Lat. 12,5, long. 180 7. Environs de Montpellier. Gen. 9. Docinirum (Bréb. 1848) Lundell, De Desmid. Suec. 1811. — Sp. 0. Gen. 10. XawrüIDIUM (Ehrenb. 1833) Nob.—- Xanthidium et Staurastri sect. Pleurenterium Lundell, De Desmid. 1811. — Sp. 3. Les espèces dont M. Lundell a formé la section Pleurenterium de son 340 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. genre Staurastrum offrent la forme générale des cellules de Stauras- trum. Mais, si l’on considère que leurs chromatophores sont formés de lames appliquées contre la paroi cellulaire, ainsi que cela se voit chez les Xanthidium, on est amené à rapprocher ces plantes de ce dernier genre, d'autant plus que les Xanthidium vrais peuvent avoir leurs demi-cellules triangulaires, ainsi que M. Lundell l’a observé lui-même chez le X. anti- lopeum. Le genre Xanthidium ainsi constitué comprend trois sections. Sect. 1. ScuizACANTHUM Lundell, De Desmid. — Aculei 3-4-fidi. Laminæ chlorophyllaceæ 4, pyren. nonnullos involventes. Zygosporæ inermes, membrana scrobiculata. Sect. 2. Hozacantaum Lundell, loc. cit. — Aculei simplices. La- min: chlorophyllaceæ 4 vel (in forma triquetra) 6, pyrenoid. singulos invol- ventes. Zygospor: aculeis simplicibus armatæ. X. antilopzeum Kütz., 5 hirsutum nov. var. — Membrana subtilibus aculeis hirsuta. Montagne du Saumail (hautes Cévennes). Sect. 3. PLEURENTERIUM Lundell, loc. cit. — Aculei simplices vel membrana inermis. Laminæ chlorophyllaceæ nonnullae, pyrenoid. non- nullos involventes. Zygospor: armatae. Gen. 11. CoswaniDiUM nov. gen. — Cosmarium Ralfs, Brit. Desi. pro parte ; Pleurotenii section b. de Bary, Conjug.; Gosmarii sectio Pleuro- tæniopsis Lundell, De Desmid. Cell. elliptieze, medio plus minus constrictæ. Semicell. ambitu inte- gro. Chromatophori e tæniis parietalibus, margine irregulariter lobata, pyren. nonnullos involventibus formati. — Sp. 1. La structure et la situation des corps chlorophylliens éloignent du genre Euastrum les espéces que je réunis dans ce groupe générique ; d'autre part, ces plantes, pourvues de chromatophores semblables à ceux des Pleurotenium, ne sauraient être réunies à ces derniers à cause de la forme toute différente des cellules, qui rappelle celle des Cosmarium, et par suite de l'absence de vésicules à corpuscules mobiles. Gen. 12. PrLEUROTENIUM Næg. Gatt. einz. Alg. 1849. — Sp. 1. Gen. 13. SPrnor.ExIA Bréb. in Ralfs, Brit. Desm. 1848. — Sp. 1. Gen. 14. GenicuLaria de Bary, Conjug. 1858. — Sp. 0. Gen. 15. Gonarozycon de Bary, Conjug. 1858. — Sp. 1. Gen. 16. SPHÆROZOSMA (Corda, 1835), Rabenhorst, Fl. eur. Alg. 1868. — Sp. 1. Les genres Leuronema, Onychonema, Streptonema, créés par M. Wal- lich (Ann. and Mag. nat. Hist. (3) V,184 et 273), paraissent se rattacher SÉANCE DU 25 JUILLET 1884. 344 au genre Sphwrozosma. L'étude des chromatophores de ces plantes pourrait seule trancher la question. Gen. 17. HvarorHECA (Ehrenb. 1840) Brébisson, 1846 im litt. sec. Ralfs, Brit. Desm. 1848: incl. gen. Bambusina Kützing, Phycol. gen. 1845. — Sp. 3. Gen. 18. DEswrpiUM (Agardh, 1824) de Bary, Conjug. 1858. — Sp. 1. Subgen. 1. Evpesmipium Nob. — Zygosporæ inter cellulas binas co- pulatas formatæ. Cellule a vertice vise ellipticæ vel 3-4-angulares (sect. Desmidium et Aptogonum de Pary, loc. cit.). Subgen. 2. Dipymoprium de Bary, loc. cit. — Zygosporæ in una e cellulis copulatis formata. Cellule a vertice visæ semper ellipticæ. Trib. IT. MESOCARPE de Bary, Conjug. 1858. Gen. 19. GowaAToNEMA Wittrock, On Sp.-form. of t. Mesoc. 1878. — Sp. 0. Gen. 20. MoveEoriA (Agardh, 1824) Wittrock, Gotl. och. OEL. stöv. Alg. 1812. — Sp. 7. M. (Staurosp.) sphæriea. — Cell. vegetative. 11-12 p crasse, 12-18- plo longiores. Chromatophori breves, tertiam partem cellulæ occupantes, 3-4 pyren. includentes. Cellule copulatæ valde genuflexæ. Zygosporæ sphæricæ, 25 y longi latæque, inesosporio levi. Basses Cévennes. Trib. IIT. ZYGNEME/E (Menegh. 1838) de Bary, Conjug. 1858. Gen. 21. Zyenema (Agardh, 1817) Nob. — Zygnema sect. a. et b. et Zygogonium de Bary, Conjug. 1858. — Sp. 6. Les genres Zygnema et Zygogonium avaient été distingués par Kützing par le mode de formation des œufs. M. de Bary, ne trouvant pas ce caractère suffisant pour légitimer une telle séparation, réunit aux Zygnem la plupart des espèces de Zygogonium ; mais il laissa à part les espèces terrestres à membrane épaisse et à chromatophores indistinets qu'il regardait comme formés par une ou deux masses plus ou moins ré- gulières et non étoilées. Mais les Zygogonium terrestres ont des chro- matophores identiques à ceux des Zygnema ; l'aceumulation de goutte- lettes de matière grasse masque seulement la structure de ces organes, structure que l'on peut rendre trés apparente au moyen de l'acide picrique. Il n'y a done pas lieu de séparer les Zygogonium terrestres à l'état de genre distinct. Q9 49 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Subg. 1. Zycoconium Nob.— Zygouonium et Zygnema de Bary pro parte. , Subg. 2. KuzyaNEMA Nob. — Zygnema de Bary pro parte. Z. ellipticum. — Cell. veget. 17,5-18,5 p crassa, crassitudine 3-5-plo longiores. Chromatophori cellula tertiam partem occupantes. Gell. copu- latæ cell. vegetativis breviores, c. sporifera vix inflata. Zygospora elliptica, membrana verrucosa, cellulæ dimidiam partem occupans. Mares de Roquehaute (environs d'Agde). Gen. 22. Deparya Wittrock, Gotl. och. OEI. stóv. Alg. 4812. — Mou- geotia de Bary, Conjug. 1858. — Sp. 0. Gen. 23. SprroGyrA Link, Hore physic. 1820; de Bary, Conj. 1858. — Sp. 19. S. turfosa. — Cell. veget. 68-70 y. crasse, crassitudine 1-5-plo longio- res. Chromatophori e tæniis spiralibus 4 formati, margine integra, spiræ anfractibus 1,5-3. Cell. sporiferæ non tumidæ. Zygosporæ ovato-ellipticæ, 63-68 » latæ, diametro duplo longiores. Montagne de la Margeride. S. frigida. — Cell. veget. 17,5-20 p crasse, crassitudine 3,5-12-plo longiores, membrana utroque fine replicata. Ghromatophorus unicus, tænio lato margine dentata formatus, spir anfractibus 3-5. Gell. spori- feræ leviter tumidæ. Zygosporæ ovato-ellipticæ, cell. sporiferæ diame- trum æquantes, 30 y latæ, diametro 1,5-plo longiores. Environs de Montpellier. S. conspicua. — Cell. veget. 45 p crassi, crassitudine 1-3-plo longio- res. Chromatophori e tæniis spiralibus 5 formati, latis, margine dentata, spiræ anfractibus 1/2-1,5. Cell. sporiferæ tumidæ, tubo connexivo non emittentes. Zygosporæ fuscæ, oblongæ, apicibus rotundatis, 55 4 late, diametro 1,5-plo longiores. Dasses Cévennes. Gen. 24. SrnocoviuM. Kützing, Phycol. gen. 1843, non Wittrock. — Sp. 1. e cq c E SÉANCE DU 14 NOVEMBRE 1884. 343 SÉANGE DU 44 NOVEMBRE 1884. PRÉSIDENCE DE M. DUCHARTRE. M. le Président déclare ouverte la session ordinaire de 1884-85 et fait observer que, conformément à l'article 3 du Règlement, le- procès-verbal de la séance du 25 juillet dernier a été soumis à l'approbation du Conseil. M. le Président, aprés avoir fait part à la Société du décès récent d’un de ses membres, M. A. Boutigny, d'Auch, annonce la perte considérable que la science a faite en la personne de M. George Bentham, membre de la Société, et s'exprime en ces termes : La Société botanique vient de perdre l'un de ses membres étrangers les plus éminents : M. George Bentham est mort à Londres le 10 sep- tembre 1884, à l’âge de quatre-vingt-quatre ans, laissant dans la botanique descriptive un vide qui sera difficilement rempli. Nul en effet, à notre époque, n'a donné à cette partie de la seience autant de grands et excel- lents ouvrages, et l'on peut dire que ceux qui lui ont valu sa légitime célébrité auraient suffi pour remplir l'existence de plusieurs hommes moins heureusement doués qu'il ne l'était pour la sûreté du coup d'œil et pour l'activité. Encore faut-il ajouter que les plantes ne l'ont occupé qu'en partie, et que les langues, dont plusieurs lui étaient familières de trés bonne heure; la logique, sur laquelle il a publié des travaux estimés; la jurisprudence, sur laquelle il a aussi écrit; l'agriculture, à laquelle il s’est consacré pendant quelques années; méme la musique, pour laquelle il avait une véritable passion, ont tour à tour contribué à remplir cette longue vie d'homme laborieux. Il est curieux de voir que ce n'est pas un goüt inné, mais un simple hasard qui a dirigé M. G. Bentham vers l'étude des plantes. A l’âge de seize ans, pendant un séjour en France, ayant trouvé sous la main la Flore francaise de de Candolle, il fut frappé de la facilité que devait offrir pour la détermination la méthode analytique par laquelle com- mence la portion descriptive de ce grand ouvrage. Il en fit l'essai sur l'heure, et, sur le Salvia pratensis qu'il rencontra le premier, il parvint, avec le secours de ce guide, à déterminer la famille, le genre et l'espèce. Ce fut là son initiation à l'étude et à la connaissance des plantes. Fixé pendant plusieurs années dans le midi de la France, il y fit de nom- breuses herborisations dont le résultat fut, en 1826, le Catalogue des 344 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. plantes des Pyrénées et du bas Languedoc, publié par lui en commun avec le D! W. Arnott. Il rentra en Angleterre peu après cette publication, et s’y occupa d'abord de logique et de jurisprudence ; il essaya méme alors de suivre la carriére du barreau, mais son extréme timidité lui causa dés le début un insuccés qui ne contribua pas peu à le ramener vers la botanique. Dés lors et à partir de 1829, ses écrits sur les plantes se succédèrent rapidement. Devenu le collaborateur le plus actif de M. Alph. de Candolle pour la publication du Prodromus, il y donna successivement la monographie de plusieurs familles, notamment celle des grands groupes des Labiées et des Scrofularinées. Sa collaboration à ce grand ouvrage a été si considérable, qu'elle a fourni 1133 pages. Il fit paraître ensuite la Flore de Honh-kong, puis celle d'Australie, œuvre capitale qui porte, en sept volumes, sur environ 7000 espéces, des étu- des approfondies sur les Légumineuses, ete. Enfin le couronnement de | cette vie laborieuse a été la publication du Genera plantarum, élaboré en commun par MM. D. Hooker et G. Bentham, mais dans la rédaction duquel le premier des deux auteurs déclare que la plus grande part est due au second. Jusqu'à la terminaison de cet ouvrage fondamental, au printemps de 1883, l'activité et la santé de M. G. Bentham s'étaient maintenues sans altération. Tous les jours il se rendait de Londres à Kew, oü se trouvaient son herbier et sa bibliothéque qu'il avait généreusement donnés en 1854 au gouvernement anglais, et il y travaillait sans relàche de dix heures à quatre heures. Cette grande œuvre menée à bonne fin, il était à bout de forces. Sa faiblesse augmenta bientót de jour en jour, et il s'est éteint le 10 septembre dernier, au moment d'entrer dans sa quatre- ` vingt-cinquiéme année. M. le Président annonce quatre nouvelles présentations. M. le Président donne ensuite lecture d'une lettre de M. Bazot, qui remercie la Société de l'avoir admisau nombre de ses membres. Dons faits à la Société. E. Bucquoy, Florule du Roussillon. — Étude des Renonculacées. D. Clos, Contributions à la morphologie du calice. Fliche, Description d'un nouveau Cycadeospermum du terrain juras- sique moyen. A. Franchet, Mission Capus. — Plantes du Turkestan, 9 fasc. M. Gandoger, Flora europea, tome II. E. Guinier, Sur la régénération naturelle des futaies. T. Husnot, Muscologia gallica, 2* livraison. SÉANCE DU 14 NOVEMBRE 1884. 345 H. Gadeau de Kerville, Note sur une espèce nouvelle de Champignon entomogéne. 0. J. Richard, Les céphalodies des Lichens et le Schwendénérisme. D' Saint-Lager, Recherches historiques sur les mots plantes mâles et plantes femelles. P. Vuillemin, De la valeur des caractères anatomiques au point de vue de la classification des végétaux : tiges des Composées. Ch. Bailey, On the Structure, the Occurrence in Lancashire, and the Source of Origin of Naias graminea DEL. var. Delilei MAGNUS. Asa Gray, Memorials of George Engelmann and of Oswald Heer. J. Bresadola, Fungi tridentini, fasc. 4 et 5. Leo Errera, Die Grosse Wachsthumsperiode bei den Fruchttrügern von Phycomyces. K. Haushofer, Franz von Kobell. C. Kupffer, Gedachtnissrede auf Theod. L. W. von Bischoff. H. Leitgeb, Ueber Bau und Entwicklung der Sporenhüute. A. Peter, Ueber spontane and künstliche Gartenbastarde der Gat- tung Hieracium sect. Piloselloidea. C.-F. Nyman, Conspectus flore europee. — Supplém. I. Ed. Morren, Correspondance botanique, 10* édition. De Ficalho, Plantas uteis da Africa portugueza. O. Comes, La malattia della Pellagra nel Pomodoro. — Intorno ad una malattia del Carrubo. Fil. Parlatore, Flora italiana, continuata da Teod. Caruel, vol. VI. L. Savastano, Le forme teratologiche del fiore e frutto degli Agrumi. Par le Ministére de l'Instruction publique : Bulletin de la Société académique de Laon, tome XXIV. Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de l Yonne, 1884. Mémoires de l'Académie de Stanislas, 1883. Par le Ministére de l'Agriculture : Annales de l'Institut national agronomique, n° 8 (1882-1883). De la part de la « Smithsonian Institution » : Annual Report of the Board of regents of the Smithsonian Institu- tion for 1882. Divers périodiques (en dehors des échanges) : Verhandlungen des botanischen Vereins der Provinz Brandenburg, 1882. 346 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Bulletin of the Buffalo Society of natural Sciences, vol. IV, n° 4. Con- tient : The Plants of Buffalo and its vicinity. — Gryptogame, by David F. Day. Numéros de la Revue horticole des Bouches-du-Rhône ; du Botanical Gazette (publié à Indianopolis), du Boletin da Sociedade de geographia de Lisboa. MM. G. Bonnier et L. Mangin font hommage à la Société des mémoires suivants : Recherches sur la respiration des lissus sans chlorophylle, et Recherches sur la respiration des feuilles à l'obscu- rité. M. Duchartre fait hommage à la Société de la 3° édition de ses Éléments de Botanique. M. Franchet fait à la Société la communication suivante : OBSERVATIONS SUR QUELQUES PLANTES DE FRANCE, par M, A. FRANCHET. L'Isoetes des étangs de la Sologne, trés répandu aujourd'hui dans les herbiers sous le nom d’J. tenuissima Bor., ne parait pas pouvoir être assimilé complètement à ce dernier ; outre que ses proportions sont beau- coup plus robustes, la plante de Sologne a des feuilles constamment pourvues de faisceaux fibreux dans sa périphérie, tandis qu'au témoi- gnage d'Al Braun et de Durieu de Maisonneuve lI]. tenuissima n'en présente jamais. Ce caractère semble méme, d'après Al. Braun (cf. Gren. et Godr. FI. de Fr. t. HI, p. 650 et 651), être d'une importance capitale pour distinguer la plante de l'étang de Riz-Chauvron des deux autres espéces du groupe des palustres appartenant à la flore de France, I. adspersa et I. setacea. Il le signale à deux reprises (p. 050): « au-dessous de l'épiderme (des Isoetes) on rencontre des faisceaux péri- phériques de fibres allongées qui manquent dans lT. palustris et dans P). tenuissima »; et plus loin (p. 651), à la suite de la description de VI. tenuissima : « plante trés grêle, submergée comme l7. lacustris, trés voisine de l7. adspersa, dont elle se distingue bien par sa manière de vivre et par l'absence de faisceaux fibreux ». Comment Milde dans ses Filices europe, ouvrage publié dix ans après la Flore de France, a-t-il cru pouvoir attribuer, contrairement à l'affir- mation si formelle de Braun, des faisceaux périphériques aux feuilles de VI. tenuissima? Voilà sur quoi il ne s'explique pas, semblant méme ignorer qu'Al. Braun avait affirmé leur absence. Est-ce de la part de SÉANCE DU 14 NOVEMBRE 1884. 347 Milde le résultat d'une fausse observation? Est-ce parce que ce caractère manque de fixité? Je regrette de n'avoir pu étudier lI. tenuissima qu'à l'état sec; je puis dire toutefois que je n'ai pas trouvé trace de fais- ceaux périphériques dans ses feuilles, alors que dans celles de l'Isoetes de Sologne, desséchées depuis quinze ans, mais convenablement ramol- lies, ces faisceaux demeuraient parfaitement visibles ; je m'empresse de reconnaitre cependant qu'en l'absenee de sujets vivants cette question ne peut être résolue d'une facon satisfaisante. Quoi qu'il en soit, et m'en tenant aux observations d'Al. Braun, de Durieu et à ce que j'ai vu moi-même, je crois pouvoir dire que l'Isoetes de Sologne n'est point PT. tenuissima. Abstraction faite de l'existence dans ses feuilles de faisceaux fibreux périphériques, il s'en distingue encore assez facilement, sinon d'une facon nette et précise, par sa taille qui atteint 20 à 25 centimétres dans les eaux profondes, par ses feuilles plus raides et au moins une fois plus grosses, par ses bulbes compacts et d'un diamétre de 12 à 18 millimétres dans la plante vieille de plusieurs années, les bulbes formés par les gaines sporangiféres étant toujours lâches et à peine du diamètre d'un petit pois chez lZ. tenuissima ; enfin le mode de végétation parait différent chez les deux plantes, celle de l'étang de Riz-Chauvron croissant exclusivement sous l'eau, celle des étangs de Sologne se contentant à l’occasion d'un sous-sol humide. J'ajouterai ici que l'Isoetes exondé à ses feuilles plus raides, ordinairement appliquées sur le sol; leurs lacunes aériféres sont plus étroites, les stomates plus nombreux, particularités liées du reste à leurs conditions d'existence. Quant aux caractères qui touchent plus spécialement à la reproduction, ligule, fossette sporangifére, velum, macrospores et microspores, ils ne different pas sensiblement de ceux de lT. tenuissima. L'auréole est un peu plus large; la ligule, un peu plus développée, oscille entre la forme triangulaire et la forme triangulaire-oblongue. Quant au velum, sa dimen- sion varie singulièrement dans l'/soetes des étangs de Sologne : tantôt il recouvre à peine les deux tiers du sac sporifére; tantôt il s'étend presque jusqu'à sa base, ne laissant à découvert qu'une faible portion circonscrite par une échancrure semi-circulaire ; plus rarement celte échancrure n'existe méme pas et le sac se trouve ainsi complétement renfermé. Tout ce que je viens de dire ici de l’Isoetes de la Sologne s'applique également à celui qui a été découvert en 1865, par M. l'abbé Chaboisseau, dans la bruyére des Pascauds prés Belabre (Indre), et dont j'ai pu voir de beaux spécimens, grâce à l’obligeance de notre collègue M. Le Grand, de Bourges. Je propose de les rapporter l'un et l'autre à PT. velata Al. Br., et plus particulièrement à sa variété brevifolia Al. Br., observée en Sicile et en Sardaigne, la plante de Sologne et celle de la Brenne ne 348 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. différant en réalité de celle d'Algérie que par les dimensions un peu moindres. L'identification de l'Isoetes des environs de Romorantin avec lI. tenuis- sima avait déjà sans doute paru douteuse à M. Nyman, qui ne le cite pas dans le fascicule de son Conspectus flore europe consacré aux Cryptogrames vasculaires, tandis qu'il eroit pouvoir signaler la plante du département de l’Indre, sous le nom d'J. Chaboissæi, comme une sous- espèce dépendant de l'/. Boryana. Nyman ne décrit pas d'ailleurs sa plante ; il lui accorde seulement cette courte note : « J. Chaboisse Nob. Gall. occid. (département de l'Indre, cujus J. tenuissimæ hoc nomen non meritat et 7. Boryanæ proxima est, observante Cl. Chaboisseau in litt. 1880). » Les ornements des macrospores ne me paraissent pas auloriser ce rap- prochement, déjà suggéré par Milde à propos de lI. tenuissima ; il suffit, pour s'en convaincre, de jeter un coup d'œil sur les excellentes figures des macrospores de ces deux espéces données, d'aprés Durieu de Maison- neuve, par MM. Motelay et Vendryès (Monogr. des Isoet. pl. I et IIT). Le genre ]soetes n'est pas représenté en Sologne seulement par PI. velata; on y trouve aussi lI. adspersa Al. Br., espèce trés voisine, trop voisine peut-être, el que je ne maintiens que sur l'autorité de Al. Braun. Elle ne diffère en effet de lZ. velata que par la brièveté du velum, qui ne recouvre qu'une trés faible portion du sac sporifére, ou qui même, dans certains individus, est presque nul; tous les autres caractères assi- gnés par ceux qui en ont parlé, et par Al. Braun lui-méme, tels que dimorphisme des mierospores, cellules colorées de la gaine et de l'auréole, lui sont communs avee l7. velata. L'I. adspersa fut récolté en Loir-et-Cher dès 1869, dans une herbo- risation faite avec MM. Em. Martin et E. Nouel, à l'étang de Fontenille, commune de Marcilly en Gault, étang mis à sec l'année précédente. La plante s'y montrait assez abondante dans les parties les plus humides ; mais à cette époque nous n'y vimes qu'une forme exondée de ce qu'on appelait alors 7. tenuissima, et c'est cette année seulement que l'examen de plusieurs centaines d'individus, de provenances diverses, me mit à méme de signaler cette espéce dans le centre de la France. M. Em. Martin a pu la récolter encore au mois d'octobre dernier, en mélange avec ]. velata, dans les sables d'un fossé d'assainissement, l'étang de Fontenille ayant été complètement desséché et mis en bois. L'7. ad- spersa s'y maintient donc depuis quinze ans sans autre humidité que celle qui lui est fournie par les eaux trés intermittentes des fossés. La comparaison de P7. adspersa de la Sologne avec les spécimens authentiques de Saint-Raphael, prés de Toulon, provenant de Bory de Saint-Vincent et de Perreymond, et qui sont aujourd'hui dans Pherbier du SÉANCE DU 14 NOVEMBRE 1884. 349 Muséum, m'a conduit à ce résultat inattendu, que tous les individus de cette localité appartiennent en réalité à une variété ou forme de P7. velata, dont l'auréole et les gaines sont parsemées de linéoles brunes. Dans la plante de Perreymond, aussi bien que dans celle de Bory, le velum est en effet très développé, si développé méme, qu'il recouvre à peu près complètement le sac sporifère. Durieu, ainsi que Grenier, a méconnu ce fait, dont il est bien facile de vérifier l'exactitude. Je suppose qu'ils ont cté l'un et l'autre entrainés par cette idée préconçue, exprimée d'ailleurs dans la Flore de France avec la sanction d'Al. Braun, que, seul parmi les Isoetes, VI. adspersa pouvait présenter des linéoles brunes sur ses gaines et sur lauréole; c'est ainsi, du reste, qu'il avait été figuré dans l'Atlas de l'expédition d'Algérie. Il résulte de ceci que la localité de Saint-Raphael doit être suppri- mée, et que jusqu'ici la seule station française et méme européenne de VI. adspersa est l'étang de Fontenille, en Sologne. Je me résume: 1° L'I. tenuissima Boreau, tel que l'a compris Al. Braun, n'a pas été trouvé jusqu'iei ailleurs que dans l'étang du Riz-Chauvron. Des obser- vations ultérieures apprendront s'ilest réellement dépourvu de faisceaux de fibres périphériques, si cette particularité est vraiment une note dis- tinctive, et enfin si, en son absence, la gracilité de toutes les parties dela plante est un caractère suffisant pour la maintenir distincte de l’7. velata, dont la dénomination est antérieure. 2° La plante de Sologne et de la Brenne doit être rapportée à PI. velata Al. Braun, et fournit les deux variétés suivantes : I. vELATA Al. Br., Description scient. de l'Algérie (1846-1849), pl. 37; Milde, Fl. eur. p. 280; Mot. et Vendryès, Monogr. des Isoet. p. 80, pl. VIII, fig. 8-9. — I. tenuissima Em. Mart., Cat. p. 341 (non. Bor.). — I. Chaboissæi Nym., Consp. fl. eur. p. 871 (sine descript.). «. brevifolia Al. Br., Monatsb. Kgl. Akad. der Wiss (1863), p. 605. Folia 5-25 cent. longa; vaginæ sporiferæ lineolis fuscis destituta. Les étangs de la Sologne prés de Romorantin ; Sicile ; Sardaigne. 8. Perreymondi.— I. setacea B. Perreymondi Bory, Comptes rend. Acad. 24 juin 1824. — I. adspersa Gren. et Godr. Fl.de Fr. II, p. 65 (non Al. Braun). Folia ut in praecedenti ; vaginæ lineolis fuscis plus minus conspersæ. Les étangs de la Sologne, avec la variété précédente ; Saint-Raphael, prés de Toulon; Algérie. 3° L'Isoetes de Sologne que je rapporte ici à PI. adspersa, connu seulement en Algérie, en offre le caractère essentiel, la brièveté du velum; il en diffère seulement par ses feuilles moins allongées et plus fines. Il importe aussi de faire observer que la longueur du velum varie dans 350 SOCIÉTÉ. BOTANIQUE DE FRANCE. celte espèce, comme dans l'J. velata, aussi bien dans les spécimens d'Algérie (provenant d'Oran), que dans ceux du centre dela France; la limite de variation parait être entre $ et $ de la longueur du sac spori- fère. En présence de la variabilité des caractères donnés comme différentiels entre les Isoetes de ce groupe, il ne faudra peut-être pas s'étonner de les voir un jour réunis, avec plusieurs autres non cités ici, sous la dénomi- nation d'Z. velata ; Al. Braun, leur créateur, semble l'avoir pressenti. Milde dit en effet (Filices europee, p. 216) : « Secundum Al. Braun, inter /soetes europæas hæ certo species distinctæ habenda: T. lacustris, I. echinospora, I. Malinverniana, I. setacea, I. adspersa et I. velata. Reliquæ autem : I. dubia, I. tegulensis, I. Perralderiana, I. bætica, 1. tenuissima, I. Boryana, verosimiliter formæ T. velatæ sunt. » Malgré le respect dà à l'autorité d'Al. Braun, je me permettrai de joindre aux espèces réductibles l'T. adpersa, dont l'autonomie n’est établie que sur uu caractére éminemment variable, et que son auteur n'a peut-étre con- servé que par excés de tendresse paternelle. ANDROPOGON PROVINCIALIS Lamk. — Il n'est peut-être pas, dans la flore de France, de plante moins connue que l'Andropogon provincialis Lamk: ceci est suffisamment expliqué par son extréme rareté dans les herbiers. Grenier lui-même ne la possédait pas, et c'est d’après un xemplaire cultivé que Godron en donna, dans la Flore de France, une description d'ailleurs trés exacte. L'histoire de cet Andropogon se complique de ce fait qu'il n'a jamais été retrouvé, et que l'on a eu d'autre part affaire à deux plantes distinctes, celle de Tournefort et celle de Gérard, cette dernière demeurant Wail- leurs le type de Lamarck. Tournefort signale ainsi brièvement sa plante (Inst. p. 521): « Gramen dactylon, villosum, ramosum, altissimum, Gallo-Provinciale. » Cette phrase est évidemment insuffisante pour permettre de reconnaitre l'espéce dont il a voulu parler ; son herbier vient heureusement combler les la- cunes du texte, et, sous la phrase citée plus haut, on trouve la plante qu'il a voulu décrire et qui n'est autré chose qu'une forme robuste de lA. Ischemum, à chaume divisé vers le haut en 3 longs rameaux gréles, por- tant chacun 4 ou 5 épis digités. C'est sans doute pour mieux accentuer ce caractére de chaume rameux qu'une main maladroite a cru devoir ajouter un quatrième rameau sous les trois autres. Le type du Gramen ....: Gallo-Provinciale de Tournefort est donc incontestablement un individu rameux de l'A. Ischemum L:, tel qu'on en rencontre assez souvent dans l'Europe australe et dans l'Orient. Je passerais volontiers sous silence le synonyme de Garidel (Histoire SÉANCE DU 14 NOVEMBRE 1884. 351 des plantes de La Provence, p.214), citant simplement la phrase de Tour- nefort sans l'éclairer par une figure ni par une ligne d'explication, s'il ne précisait la localité où il a trouvé sa plante : « J'ai trouvé cette espèce le long du chemin de Sainte-Victoire (prés Aix), en passant par leTholonet, proche dela métairie dite du pére Aubert, de méme que dans les bois de la Garduelo, dans le terroir de Rians. » Je m'étonne qu'une plante dont la station est si clairement indiquée n'ait pas été retrouvée; il eüt cepen- dant été intéressant de connaitre l'espéce d'Andropogon que Garidel visait dans sa citation. Avec le Flora Gallo-Provincialis, publié en 1761, le Gramen.... Gallo- Provinciale entre dans la phase des plantes que l'on peut reconnaitre. Gérard en donne une assez bonne figure qu'il accompague de celte diagnose : « Andropogon spicis digitatis, flosculis alternatim geminis, hermaphrodito aristato sessili, masculo mutico pedunculato » ; puis il cite sans hésiter les synonymes de Tournefort et de Garidel. Quant à la loca- lité, elle est indiquée de la façon la plus sommaire : « Oritur in Gallo- Provincid australi. » La description qu'il donne ensuite de sa plante est excellente, si parfaite méme, qu'en dehors de la figure on voit tout de suite qu'elle doit étre différente de celle de Tournefort, dont il avait évi- demment cité le synonyme sans en avoir connu le type. Cette phrase de Gérard est particulièrement caractéristique : « Calice bivalvi, valvulis æqualibus, ..... exteriori. muticå longiore, interiori breviore bifidd, aristatá. » Or cette glumelle intérieure de la fleur hermaphrodite bifide et aristée est justement un caractère qui n'existe point dans lA. Ischa- mum, dont la glumelle intérieure, dans la fleur hermaphrodite, est tou- jours trés entière, Tous les auteurs s'accordent à dire que la plante de Gérard n'a pas été retrouvée ; il faut croire néanmoins que l'auteur du Flora Gallo-Provin- cialis pritsoin de la distribuer promptement aux botanistes de son temps, et méme d'en envoyer des graines, puisque d'une part Godron rapporte que c'est elle qui existe dans l'herbier de Linné, sous le nom d'A. Ische- inum, et que d'autre part elle fut cultivée au Jardin de Paris au moins dès 1163, et qu'elle y fleurit peu d'années aprés. L'herbier du Muséum ren- ferme en effet de beaux spécimens de cette espéce, accompagnés de cette étiquette dont je regrette de né pas connaitre l'auteur : « Gramen. E Gallo-provincia, ut aiunt. Ex hort. bot. Paris, 1766. » C’est en 1763 que Lamarck fit rentrer le Gramen.... Gallo-Provinciale dans la nomenclature binaire; il en donna dans l'Encyclopédie métho- dique(L, p. 376), sous le nom d'Andropogon provincialis, une description très incomplète, qu'il termine par cette phrase : «On trouve cette plante eu Provence, et on la cultiveau Jardin du Roi (v.v. sans fleurs). » La brièveté de sa description s'explique par ce fait que la plante n'ayant pas encore 352 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. fleuri à cette époque, il n'en avait vu que les organes végétatifs; pour le reste il copie Gérard, mais cette fois sans citer Garidel; il commet tou- tefois la faute de donner le synonyme de Tournefort, en lui empruntant méme la dénomination spécifique. Depuis Lamarck jusqu'à l'apparition dela Flore de France de Grenier et Godron, on ne produisit rien de nouveau sur la plante, qui continua à ne pas être retrouvée en Provence et à être cultivée au Jardin de Paris, d’où M. D. Verlot la publia dans la Société dauphinoise, il y a quelques années; Kunth néanmoins en donna une longue description (Enum. pl. I suppl. p. 410, tab. 39), d’après des exemplaires vivants reçus du Jardin de Paris, et Steudel la jugea à peine distincte del A. Ischæmum. Mais tout cela n'était pas de nature à faire connaitre l'origine de lA. provincialis; le hasard seul vient de m'en faire retrouver la trace. En mettant en ordre les Graminées de l’herbier du Muséum, je dus, sans me préoccuper des méthodes et des classifications imprimées, rapprocher toutes les espèces qui me paraissaient avoir entre elles des rapports exté- rieurs. Dans les livres, l'A. provincialis est placé à cóté del A. Ischemum; il lui ressemble si peu, que je le mis d’instinet dans le voisinage d'une espèce très répandue dans l'Amérique du Nord, PA. furcatus Muehl., dont Kunth le maintient trés éloigné. L'examen attentif des deux plantes me fit promptement voir que les deux espéces n'en faisaient qu'une, et le petit probléme concernant la plante de Gérard se trouva résolu : son ori- gine américaine fait comprendre comment elle n'a pas été retrouvée. Mais il reste à expliquer sa présence aux environs d'Aix du temps de Gérard. Faut-il y voir une espéce adventive, comme on en a depuis observé tant d'autres? Faut-il eroire que Gérard a obtenu sa plante d'un jardin, et que, croyant y reconnaitre celle de Tournefort, il l'a donuée comme originaire de Provence? La chose est possible à une époque où l'on ne professait pas un grand respect pour les localités naturelles. Pour conclure : Le Gramen.... Gallo-Provinciale de Tournefort n'est, d'aprés son propre herbier, qu'une forme rameuse de l'A. Ischæmum. La plante eitée sous la méme phrase par Garidel demeure jusqu'ici inconnue ; mais elle pourra peut-être être retrouvée, gràce à la précision avec laquelle sa station est indiquée. La plante figurée et décrite par Gérard et cultivée au Jardin du Roi dès 1763, plante qui est certainement le type de l'A. provincialis Lamk, comme en font foi les exemplaires desséchés à cette époque et qui se trou- vent dans l'herbier du Muséum, est une espéce américaine, nommée qua- rante-deux ans plus tard A. furcatus Muehl. in Willd. Sp. 1V, 919 (1805). L'A. provincialis doit donc étre rayé de la flore francaise. SÉANCE DU 14 NOVEMBRE 1884. 358 M. Malinvaud donne lecture de la lettre suivante que lui a adressée M. Lamy de la Chapelle : LETTRE DE M. Édouarda LAMY DE LA CHAPELLE A M. ERNEST MALINVAUD. . . . . . LI . . . . . LI . . . . LI LI 0 . . . . . . . . . J'ai le plaisir de vous adresser divers éclíantillons qui me semblent présenter des faits tératologiques d'un certain intérêt : l'un de ces échan- tillons est un Boletus edulis ou ereus Bull., dont le chapeau, dans sa parlie supérieure, sert de support à un Champignon de méme espéce et de moindres dimensions, mais parfaitement conformé. Depuis cinquante ans que je m'occupe plus ou moins de cryplogamie, je n'ai jamais rencontré un Champignon quelconque dans de pareilles conditions ; mais je sais toutefois que si un phénomène pareil est trés rare, il n'est pas absolument nouveau. Par suite de la dessiecation, les deux pédicelles ou stipes se sont séparés des tétes ou chapeaux ; mais, en rapprochant les diverses parties, il est facile de reconstituer les individus tels qu'ils étaient au moment de la récolte. Je joins à ce curieux spécimen une peinture faite sur le vif par l'une de mes niéces, M"° Hélène Lamy de la Chapelle, qui habite le château de Beauvais prés de Limoges. Elle a dessiné un groupe entier de Dolets dont faisait partie l'individu, ou plutót encore les individus qui font l'objet de cette lettre. Les autres échantillons sont des tubercules de la Pomme de terre dite cornichon, qui sont transpercés à divers degrés par des tiges de Chien- dent (Agropyrum repens). J'ai récolté moi-même les tubercules que je vous adresse, et, en les examinant sur place, je compris tout de suite la production de ce phénoméne par l'excessive acuité de quelques tiges de la susdite Graminée, qui se terminaient en pointes très fines, raides, et dés lors trés aptes à pénétrer dans des corps charnus. Je vous autorise à présenter à notre Société botanique les divers objets dont il est question dans cette lettre, si toutefois vous les en jugez dignes. Veuillez agréer, etc. M. Duchartre signale quelques cas analogues chez les Pézizes. M. Van Tieghem dit qu'il a eu l'occasion d'observer récemment un fait analogue chez un Pyrénomycéte, l'Hypocopra fumicola, ct quil a pu le reproduire à volonté. Que l'on place, en effet, dans une goutte d'eau, quelques jeunes périthéces d Hypocopra un peu T. XXXI: (SEANCES) 23 354 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. avant la formation des spores, et qu'on couvre la goutte d'une la- melle: la pression de cette lamelle sur les périthéces suffit pour en arrêter le développement normal et ‘empêcher les spores de s'y former. Seulement, chacun d'eux produit bientót en un point de sa surface libre un petit bourgeon; ce bourgeon grandit, sans at- teindre toutefois la grosseur du tubercule primitif; puis il développe des asques, mürit en spores, et s'ouvre enfin au sommet d'une courte papille, pour les projeter dans le liquide ambiant. En un mot, chaque périthéce ancien, arrêté dans son développement, pro- duit par voie de bourgeonnement et améne à compléte maturité un périthéce nouveau, vis-à-vis duquel il se comporte absolument comme un sclérote. M. Malinvaud présente, de la part du frère Héribaud, un exem- plaire de Thuidium decipiens récolté le 18 août dernier sur les rochers non loin de la gare du Liotan, à 1650 métres d'altitude. Cette Mousse très rare avait été trouvée pour la première fois en France, l'an dernier, au mont Saint-Bernard, par M. Philibert. M. Cornu présente à la Société un exemplaire en fleur de Quin- quina obtenu de semis. De semblables exemplaires cultivés au Muséum vont étre envoyés au Tonkin. M. G. Bonnier, secrétaire, donne lecture de la lettre suivante de M. Barotte. Troyes, le 24 octobre 1884. ll y a trois semaines environ, je fus très surpris de trouver dans un jardin attenant à la cour de la gare de Troyes (gare des voyageurs), un Poirier couvert de fleurs. Depuis dix-sept ans que j'habite la localité, j'avais bien remarqué, sur le boulevard Gambetta, des Tilleuls séculaires qui donnent de nouvelles feuilles dans le courant aoùt; nous avons aussi, sur ce méme boulevard, des Marronniers qui fleurissent dans le courant de septembre et donnent quelquefois de nouveaux fruits (cette année j'en ai compté 33); mais jusqu'à ce jour, c'est la seule fois que j'ai eu la satisfaction d'observer ce phénomène sur un Poirier. J'ai eru le fait assez intéressant pour en suivre la floraison, et je prends la liberté de vous adresser les fruits. Recevez, monsieur le Secrétaire, etc. M. Van Tieghem fait à la Société la communication suivante : SÉANCE DU 14 NOVEMBRE 1884. 355 CULTURE ET DÉVELOPPEMENT DU PYRONEMA CONFLUENS, par M. Ph. VAN TIEGHEM. Le développement du périthèce du Pyronema confluens a été étudié, comme on sait, d'abord par M. de Bary (1863), puis par M. Tulasne (1866), en dernier lieu par M. Kihlmann (1883). Tout récemment M. de Bary a résumé l'état des connaissances sur ce sujet et fixé l'interpréta- lion que, d'aecord avec M. Kihlmann, il croit pouvoir donner aux faits observés (Vergleichende Morphologie der Pilze, 1884, p. 925). À mon tour, j'ai suivi avec beaucoup de soin et de continuité le déve- loppement de cette plante dans la nature, pendant les mois d'aoüt et de septembre derniers, sur les ronds de charbonniers de la forét de Com- piègne, aux environs de Pierrefonds. En méme temps je l'ai cultivée avec plein succès dans mon jardin, durant tout le mois de septembre, en allumant des feux de bois, les étouffant avec de la mousse humide et se- mant les spores sur la place découverte aussitôt après le refroidissement. A mon retour à Paris, au commencement d'octobre, j'ai repris ces cultures sur feux de bois étouffés, d'abord dans un jardin dépendant du Muséum, puis dans des pots de terre mis sous cloche sur la table du laboratoire. Ces jours derniers, malgré l'abaissement de la température, les cultures du jardin offraient encore de jeunes périthéces. Aujourd'hui méme plu- sieurs de celles du laboratoire sont encore en bon état de développement; il est à remarquer que la plupart des périthéces qui s'y sont formés ré- cemment sont complétement incolores ; mais, dans les conditions natu- relles, on rencontre aussi cà et là des places à périthéces blanes. On voit par là, soit dit en passant, combien il serait facile de cultiver cette plante intéressante dans les jardins botaniques et de l’y entretenir en état de fructiflcation pendant toute l'année. Enfin, en faisant digérer dans la décoction de crottin de cheval des fragments de charbon de bois prove- nant d'un feu étouffé récemment éteint, j'ai obtenu une liqueur qui m'a permis de mener à bonne fin les cultures sur porte-objet. Cette longue série d'observations et de cultures, poursuivie presque sans interruption pendant plus de trois mois, m'a permis de constater plusieurs faits qui ont échappé aux observateurs précédents, et m'a con- duit en conséquence à donner des phénomènes qui président au déve- loppement du périthéce une explication différente de celle qui estadmise aujourd'hui (1). Le thalle est cloisonné et anastomosé ; toute cloison offre au centre une , (1) Réservant pour un mémoire étendu tous les détails que j'ai développés longuc- ment devant la Société, je me borne à insérer au Bulletin un résumé des faits nouveaux. 356 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. petite place ronde, différenciée, ordinairement saillante en forme de bou- ton, et qui parait jouer dans les relations des deux corps protoplasmiques voisins un róle analogue à celui du « pore » central de la cloison des Floridées ; toute anastomose est précédée de la gélification avec gonfle- ment des membranes au point de contact. Dans certaines conditions oü il ne fructifie pas, le thalle dissout toutes les lamelles moyennes de ses cloisons, isole ses cellules et prend un aspect farineux ; c'est cet état pulvérulent que M. Tulasne a décrit et figuré comme étant l'appareil conidien d'abord du Pyronema confluens (1865), plus tard du Peziza melanoloma (1866). La lumiére parait nécessaire au développement du thalle. Dans certaines circonstances assez rares et qui se sont trouvées sur- tout réalisées dans les cultures en pots du laboratoire, le thalle, qui en ces endroits-là ne produit pas de périthéces, forme de véritables appareils conidiens. Ce sont de petites plaques blanches arrondies, composées de filaments assez gréles, dressés, rameux, portant au sommet effilé de chaque rameau une conidie en forme de bâtonnet: D'autre part, si l'on vient à placer des périthéces mürs dans une atmosphére fortement humide, on les voit souvent blanchir par places et de plus en plus, à la suite de la formation de rameaux conidiféres par les paraphyses elles- mêmes. Semées dans le liquide mentionné plus haut, ces conidies en bàtonnet grossissent d'abord, deviennent largement ovales, et poussent ensuite un filament à chaque bout. Le périthéce commence son développement par la ramification dicho- tomique condensée du sommet élargi d'une seule brauche dressée, et non de deux branches jumelles accolées, comme l'affirment M. Kihlmaun et M. de Bary. Ce qui les a trompés, c'est que l'une des premières am- poules de la rosette ainsi formée pousse aussitót vers le bas un filament secondaire qui, longeant le filament primaire, s'enfonce dans le sol et s'y ramifie en forme de crampon ; ce premier crampon, qui sera plus tard suivi par beaucoup d'autres, concourt désormais avec la branche primaire à supporter et à nourrir la rosette, et dans une certaine mesure l'affranchit. Homogène au début, la rosette d'ampoules se développe ensuite de trois maniéres différentes, suivant les conditions de milieu. 1° Dans certaines circonstances, surtout lorsqu'il y a assez d'humidité, bon nombre des ampoules avortent, tandis que les autres acquièrent, par contre, leur maximum de développement et de différenciation : c'est l'état observé et figuré par M. Tulasne. Certaines ampoules deviennent de grosses sphéres ; les autres, de longues massues dépassant de beaucoup la hauteur des sphéres ; chaque sphére pousse au sommet un large tube semblable au col d'un ballon ; ce col, dressé dans sa moitié inférieure, SÉANCE DU 1/4 NOVEMBRE 1884. 357 enroule étroitement sa moitié supérieure autour de l'extrémité d'une massue voisine ; puis, aprés s'étre séparé de la sphére par une cloison munie d'un bouton saillant comme toutes les autres cloisons de la plante, il anastomose son sommet avec cette massue. Tant sous le rapport des membranes qu'au point de vue des deux corps protoplasmiques, cette anastomose, dont j'ai suivi avec le plus grand soin et à diverses reprises toutes les phases, ne se comporte pas autrement que toutes les anasto- moses du thalle. Un ballon peut avoir deux massues semblables et égale- ment voisines ; ordinairement il enroule alors son col unique autour de l'une d'elles, l'autre demeurant sans emploi; quelquefois il pousse, en deux points voisins, deux cols divergents, et chaque massue a le sien. Inversement, deux ballons voisins peuvent enrouler leurs cols et anasto- moser leurs sommets avec la méme massue. Ces diverses modifications sont relativement rares; il faut, pour les rencontrer, étudier un grand nombre de jeunes périthéces. Les filaments couvrants se développent ensuite, comme on sait, autour de la rosette et entre ses éléments. Puis, chaque sphére ainsi enfermée bourgeonne en divers points de sa face supérieure, pousse entre les filaments couvrants des branches elles- mémes ramifiées en des points trés rapprochés et dans lesquelles se rend tout son protoplasma, pendant qu'elle-méme se vide complètement ; les derniers rameaux de ces branches se développent en autant d'asques octospores ; chaque sphère est donc une cellule ascogéne. A l'intérieur du périthéce, les sphéres vides conservent leur forme et leur dimension ; mais dés qu'on les isole, elles s'affaissent sur elles-mémes et se plissent ; au contraire le col du ballon ainsi que la massue autour de laquelle il est enroulé conservent leur protoplasma et leur turgescence. 2» Dans d'autres conditions, surtout par une certaine sécheresse, un plus grand nombre des ampoules de la rosette primitive se développent, mais en revanche elles atteignent une dimension moindre que dans le premier cas et aussi un moindre degré de différenciation : c'est l'état étudié et figuré par M. de Bary et par M. Kihlmann. Bien que les choses s’y passent essentiellement comme dans le premier mode, l'aspect général et les proportions relatives des diverses parties sont assez différents pour qu'on puisse croire avoir affaire à des plantes différentes. Les sphères sont plus petites, souvent ovales ou méme concaves d'un cóté ; les mas- sues s'allongent moins, se rapprochent aussi de la forme ovale et dé- passent à peine les sphéres : aussi les cols émis par celles-ci, et qui sont beaucoup plus étroits que dans le premier cas, se dirigent-ils horizonta- lement pour s'enrouler autour de l'extrémité des massues. L'anastomose du sommet du col avec la massue correspondante est aussi plus lardive, si tant est méme qu'elle se produise toujours. Aprés l'enveloppement de la rosette par les filaments couvrants, aprés la formation des branches 358 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ascogènes et l'épuisement de la sphère qui les a produites, l'anastomose peut fort bien ne s'étre pas encore opérée. En disséquant de jeunes périthèces parvenus à cet état, j'ai réussi en effet à séparer nombre de ballons dont la sphére, complétement vide, portait déjà plusieurs branches ascogénes ramifiées, et dont le col plein de protoplasma gra- nuleux, courbé en crosse et détaché de la massue autour de laquelle il était enroulé, avait encore son sommet parfaitement clos ; à cette extré- mité close, la membrane tantôt conservait sa structure habituelle, tantôt se montrait gonflée localement vers l'intérieur, phénomène qui précède, comme on sait, l'anastomose. Dans ces secondes conditions de milieu, on peut donc s’assurer, ce que je n’ai pu réussir à faire dans les pre- mières, que la formation des tubes ascogènes par le corps du ballon est indépendante de l'anastomose de son col avec la massue, puisqu'elle peut la précéder. 3° Enfin, dans d'autres conditions encore, surtout quand la sécheresse dépasse une certaine limite, ou que la température s'abaisse au-dessous d'un certain point, toutes les ampoules de la rosette primitive s'ac- croissent fort peu, mais également ; elles demeurent trés petites et il ne s’opère entre elles aucune différenciation ; aucun appendice ne se forme, aucune anastomose n'a lieu. La rosette ne s'en enveloppe pas moins de filaments couvrants, et plus tard les ampoules poussent indifféremment vers le haut des rameaux ascogènes. Ce troisième état a échappé aux observateurs précédents; lié à de certaines conditions extrémes, il est moins fréquemment réalisé que les deux autres. Ces trois modes de développement sont d'ailleurs reliés par des inter- médiaires. J'ai observé presque exclusivement le second dans la nature, pendant le mois d'aoüt; aprés quelques jours de pluie, au commence- ment de septembre, c'était au contraire le second qui dominait. Les cultures les donnent tour à tour suivant la rareté ou l'abondance de l'ar- rosage. On peut aussi les observer simultanément en des points assez rapprochés d'une même culture, le premier dans les creux, plus humides, e second et le troisiéme sur les parties saillantes, plus séches. De ce qui précéde, il me parait résulter que, dans la formation du périthéce, le col et la massue jouent vis-à-vis de la sphére ascogéne un rôle purement mécanique. La massue est un support ; le col, un crochet, une vrille qui s'enroule autour de ce support pour soutenir la cellule ascogène, l'anastomose terminale ne faisant qu'assurer la fixité du point d'appui. Que la cellule ascogène ait besoin d’être soutenue, accrochée au sommet, c'est ce qu'il est facile de comprendre. Pour écarter les fila- ments couvrants et s'immiscer entre eux, les branches ascogènes qu'elle produit sur sa face supérieure ont à exercer sur ces filaments une cer- taine pression qui se transmet à la sphère en la comprimant de haut en SÉANCE DU 14 NOVEMBRE 1884. 359 bas; comme en méme temps elle se vide et devient flasque, elle s'affais- serait sous celte pression, si elle n'était soutenue en haut par son col enroulé en vrille. Pour remplir ce róle de soutien, il faut que la massue et le col conservent leur protoplasma et leur turgescence; c'est en effet ce qui a lieu, comme on sait. Plus la cellule ascogéne est volumineuse et renflée, plus elle produit de rameaux ascogènes, et plus en méme temps elle devient flasque, plus aussi elle a besoin de soutien. Aussi est-ce dans le premier des trois modes que le crochet et le support sont le plus développés, et que leur anastomose est le plus prompte. Déjà dans le second le crochet diminue d'importance et l'anastomose est plus tardive. Enfin, dans le troisiéme, un soutien n'est plus nécessaire : crochet et support disparaissent en méme temps. On sait que MM. de Bary et Kihlmann donnent à ces phénoménes une interprétation toute différente. Pour eux, la différenciation qui préside au développement du périthéce, telle qu'elle existe dans le second cas, le seul qu'ils aient observé, est sexuelle, non mécanique. La massue est un organe mâle, une anthéridie; la sphère, une cellule femelle, un archicarpe; son col, un appareil récepteur, un trichogyne ; l'anasto- mose, enfin, du col avec la massue, une fécondation. Ils supposent qu'une portion du protoplasma de la massue passe dans le col par l'ouver- ture des membranes, traverse le col dans sa longueur, s'infiltre à travers la membrane épaissie en bouton qui sépare le col de la sphère et pénètre dans celle-ci, qu'elle féconde ; aprés quoi seulement, cette cellule fécon- dée bourgeonne pour former les branches ascogènes. Aucune de ces suppositions qui ne soit contraire aux faits observés, Au moment de l'anastomose, il ne passe rien de la massue dans le col ; l'épaisse cloison à bouton, conformée d'ailleurs comme toutes les autres cloisons de la plante, qui sépare le col de la sphère et qui est, dans tous les cas, antérieure à l'anastomose, s'oppose à ce qu'un corps protoplasmique passe directement du col dans la sphére. D'ailleurs le col et la massue demeurent pleins pendant que la sphère se vide. C'est la première fois aussi que l'on verrait la cellule femelle prendre l'initiative, pousser vers la cellule mâle, pour y puiser elle-même la substance qui doit la féconder : dans les eas de fécondation connus jusqu'ici, c'est toujours le contraire qui a lieu. Et puis, pourquoi le col s'allonge-t-il autant. et s'enroule-t-il toujours autour de la massue avantde s'y aboucher, compliquant à plaisir le chemin que devra parcourir le protoplasma mâle, alors qu'une courte papille suffirait à un abouchement direct? Enfin et surtout, la sphére peut développer ses branches ascogènes avant l'anastomose terminale du col, mais non pas avant son étroit enroulement. C'est donc l'enroulement qui est l'objet prineipal du mécanisme; l'anastomose n'en est qu'une conséquence secondaire, utile à coup sür, mais nullement nécessaire. » + 360 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Toutes ces objections s’appliquent également aux deux premiers modes de développement du périthéce; l'existence du troisième mode est en elle-méme un nouvel argument contre l'interprétation sexuelle. Il est vrai que, dans l'ordre d'idées qu'il adopte aujourd'hui, M. de Dary ne le trouvera sans doute pas décisif; il y verra simplement un cas d'apogamie. M. Malinvaud donne lecture de la communication suivante : NOTES SUR QUELQUES PLANTES DE LA FLORE D’ALGER RARES NOUVELLES OU PEU CONNUES, par M. BAT'TANDEER. Delphinium Balansæ Boiss. Diagn. ser. IT, n° 5, p. 12. — Ben- Chieao, prés de Medeah. — Rare. — C'est, à ma connaissance, le point le plus rapproché d'Alger où l'on ait trouvé cette plante. Papaver Argemone L. — Ben-Chicao, Nador de Medeah, dans les Blés. — Plante messicole très rare en Algérie. Cistus eretieus L. — La Mouzaia, au-dessus du Camp des Chênes. — Typique en ce point, cette plante, ici comme ailleurs, passe par une foule d'intermédiaires au Cistus villosus L. Helianthemum biseriale Pomel, Nouv. Matér. pour la Flore atlant. p. 218. — Zaccar, Nador de Medeah, Ben-Chicao, Teniet-el-Haad. - Juin. Helianthemum rubellum Presl. — Trés commun au Zaccar de Milia- nah, sur un des pics, au nord du sommet principal, en compagnie de l'Ononis Natrix L. Reseda alba L. forma maritima. — Plante vivace, sous-ligneuse, à feuilles grasses, luisantes, à grosses tiges robustes et à fleurs jaunátres. Capsules 3-4 fois plus grosses que dans le type, fortement ventrues, en grappe très serrée. Simple modification du type due à l'habitat. — Ri- vages maritimes, falaises. Buffonia Duvaljouvii Batt. et Trab. Bull. Soc. bot. de France, t. XXVI, p. 56. — Nador de Medeah, Ben-Chicao. Trés abondant. — Cette plante avait déjà élé trouvée autrefois dans ces localités par mon honorable collègue M. le D' A. Chabert, qui l'avait reconnue pour une espèce nou- velle (Chabert in litteris). Cerastium vulgatum L., Gren. et Godr. Fl. de France; Reichenb. Icon. 4972. — C. triviale Link; Coss. et Germ. Fl. de Paris, var. lon- gipes Nob. — Cette plante ne différe guére de l'espéce à laquelle je la rap- porte que par ses pédoncules floraux longs de 15 millimètres au moins. SÉANCE DU 14 NOVEMBRE 1884. 301 Elle est d'ailleurs trés différente du Cerastium atlanticum DR. avec lequel elle pousse. Les onglets sont fortement ciliés. — Djebel Mouzaia, à 1100 métres d'altitude environ, dans les ruisselets qui forment le ruis- seau des Singes. Cerastium pumilum Curtis, var. algeriense Nob. (1). — Plante plus petite, plus touffue que la précédente, qu'elle rappelle assez bien par son port, son feuillage etla dimension de ses fleurs. Annuelle ; bractées toutes herbacées, pédoncules floraux longs de 2 centimètres, s'inclinant un peu à la floraison ; fleur tétramère diplostémone, onglets glabres, pétales émarginés-bifides, égalant le calice. C'est peut-étre une espéce nouvelle. — Teniet-el-Haad, Djurdjura. — Rare. — Mai-juin. Cerastium siculum Guss. Synops. — C. aggregatum DR.; Gren. et Godr. Fl. de France, p. 269, var. tetrandrum. — La plante d'Algérie que j'ai récoltée à Teniet-el-Haad me parait un peu différente du type auquel je la rapporte. C'est une petite plante trétramére, isostémone, extrémement visqueuse, fleurissant et se dichotomisant dés ses premiéres feuilles, formant ainsi une panicule trés serrée; bractées entiérement her- bacées; pédoncules floraux sensiblement égaux au calice, dressés (parfois un peu recourbés au sommet dans la plante cultivée); pétales émarginés plus courts que le calice, à onglets nus. — Mai-juin. J'ai cultivé et étudié sur le vif tous les Céraistes que j'ai rencontrés en Algérie. J'ai cru devoir donner une courte diagnose des trois plantes ci-dessus, qui ne se rapportent exactement à aucune description. Linum strictum L., var. macranthum Nob.— Corolle blanche, veinée de violet à la base, 2 ou 3 fois plus grande que dans l'espéce. — Inflo- - rescence comme dans la variété cymosum Gren. Godr. Fl. de France. — Camp des Chênes à Mouzaia, vers la maison forestière; Palestro, Camp des Scorpions près de Téniet, où il pousse avec le Linum asperifolium Boiss. et Reuter, qui a exactement la même couleur. — Avril-mai, Le Linum corymbulosum Reichenb. Icon. 5170 (L. strictum var. laxiflorum Gren. et Godr. Fl. de France) ne s'écarte pas, aux environs d'Alger, du bord de la mer, oit il abonde et oü il occupe la zone de terre végétale la plus rapprochée des sables du rivage. Malva eoronata Pomel, Nouv. Matér. pour la Flore atlant. p. 346. -— J'ai trouvé cette curieuse plante à la gare de Lavarande. Hyperieum tetrapterum Fries. — Nador de Medeah. Sources et fossés vers Lodi. (1) Je l'avais d'abord appelé C. pumilum var. octandrum;-j'ai changé cette épithète par crainte de confusion avec le Menchia octandra. 362 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Geranium malvæfñlorum Boiss. et Reut. Pug. p. 27. — On a souvent signalé cette plante à la colonne Voirol, prés d'Alger, par confusion avec le G. tuberosum L., qui s'y trouve seul et qui était jadis assez abondant au Hamma, à Hydra, etc., d’où les cultures l'ont chassé. Le G. malve- florum est une plante essentiellement montagnarde, qui occupe, aux environs d'Alger, les crétes de l'Atlas (Atlas de Blidah, Zaccar, Medeah), tandis que sur les contreforts il est remplacé par le G. atlanticum. J'ai cultivé simultanément tous ces Geranium. Le G. malveflorum est une espéce trés ornementale et bien distincte du G. tuberosum, quoique voisine. Le G. atlanticum Boiss. et Reut. (loc. cit.) serait bien voisin (sinon identique) d'une espèce de l'Amérique du Nord; le G. maculatum L., à en juger par la belle planche qui repré- sente ce dernier dans les Medicinal Plants de Bentley et Trimen (t. I, pl. 42). Dans l’un et l'autre, d'ailleurs, les feuilles sont souvent maculées. Le C. maculatum occupe une place importante dans la matière médicale des États-Unis, comme médicament astringent; il y a tout lieu de croire que le G. atlanticum pourrait rendre ici les mémes serviees. L Erodium alnifolium Guss., que j'ai déjà signalé l'année dernière, est certainement une des plantes les plus communes des environs d’Alger. Il abonde dans toute la Mitidjah, dans la plaine des Issers à Tizi-Ouzou, etc. Il est d'un mois et demi en retard sur l' E. malacoides, et s'en distingue facilement à simple vue, même de loin, avec un peu d'habitude. L'E. ma- lacoides var. floribundum, que j'ai décrit l'année dernière dans ce Bul- letin, est assez fréquent au pied du Zaecar, à Lavarande. Les pédoncules et pédicelles floraux sont plus longs dans cette variété que dans le type ; ses feuilles radicales, trés molles, ne sont jamais trilobées ; ses pétales supérieurs ne sont pas toujours maculés. L'E. medeense, également décrit par moi dans la méme communication, n'a présenté dans mes cul- tures que 5 nervures aux sépales au lieu de 7, que j'avais annoncées d’après le spécimen qui m'avait servi de type. Lorsque je décrivis cette plante, je croyais avoir étudié tous les Erodium alors connus. Depuis lors j'ai appris par hasard qu'il existaitun E. erectum DR. inédit. Cette plante, qui n'est citée dans aucun catalogue, pourrait bien être la méme que la mienne, l'auteur ayant herborisé à Medeah. Mais pourquoi ne l'a-t-on point publiée? Ces innombrables espèces inédites qui encombrent la flore de l'Algérie depuis trente ou quarante ans sont un des plus sérieux obsta- cles que présente son étude. Légalement elles n'existent pas. Le Congrés de 1867 est formel à cetégard, et c'est justice; car, s'il en était autre- ment, personne ne serait jamais fondé à considérer une plante comme nouvelle. Rhus oxyacanthoides Dumont de Courset. — Chenoua, chemin de la carriére de marbre en allant à Tipaza. — Le trajet de Cherchell à Tipaza, SÉANCE DU 14 NOVEMBRE 1884. 363 par le bord de la mer, jadis impossible, a été rendu praticable grâce à un sentier traeé par la compagnie qui exploite les marbres du Chenoua, Je fis ce trajet au mois d'aoüt dernier avec mon excellent ami M. le D" Trabut, Mon but était d'achever l'étude des Statice du rivage eu vue de la publi- cation de la Flore d'Alger. J'espérais retrouver là un Statice nouveau, voisin du minuta L., récemment découvert au cap Tenez par l'infatigable M. Letourneux. De Statice, je n'en vis guére; mais néanmoins notre her- borisation fut assez fructueuse, malgré la saison avancée, surtout à la carrière à Tipaza. Le Rhus oxyacanthoides, plante saharienne, est là sur le point le plus abrupt du promontoire, trés abondant, en compagnie du Galium Clausonis Pomel, de l'Ephedra altissima Desf., de l'Aristida adscensionis L. (A. cerulescens Desf.), de l'Heteropogon Allionii Rem. et Sch., etc. Argyrolobium grandiflorum Boiss. et Reut. Pug. p. 29. — Zaccar de Milianah. Ononis ornithopodioides L. — Pied du Zaccar, à Lavarande. Ononis serotina Pomel, Nouv. Matér. pour la Flore atlant. p.166. — Cet Ononis fut d'abord trouvé à Coleah par Clauson et envoyé avec ses autres exsiccata à Billot, qui les publia sous le titre d'Herbarium fonta- nesianum normale. Dans cette collection, qui ne parut qu'aprés la mort de Clauson, cet Ononis fut nommé, bien à tort, O. monophylla Desf., à cause probablement de ses feuilles toutes unifoliolées. Plus tard M. Pomel le décrivit, toujours d’après les échantillons de Coleah, ou plus exactement de Bou-Ismaél, sous le nom d'O. serotina, qui rappelle sa floraison tardive, aoüt-octobre. Je l'ai retrouvé abondamment sur la Mouzaia, entre le lac et le chemin du col de Teniah, et surtout à Ben-Chicao, où il règne en maitre, ses grosses souches vivaces défiant la charrue des Arabes. Dans ces mon- tagnes, que je considére comme son habitat normal, son port n'est plus le méme qu'à Bou-Ismadl. Au lieu de ramper sur le sol, ses tiges sont dres- sées et rigides. Un des caractères les plus saillants de cet Ononis, voisin d'ailleurs de l'O. viscosa DC., est d'avoir ses trés petites feuilles florales imbriquées au sommet des rameaux et formant comme des épis étroits, linéaires, d’où s'échappent çà et là quelques pédoncules floraux. Dans la plante des montagnes, ces épis de bractées, si je puis m'exprimer ainsi, sont moins développés. L'O. serotina est bien plus visqueux que l'O. vis- cosa lui-même, et répand une forte odeur rappelant à la fois la thériaque et le diascordium. ©. cephalantha Pomel, loc. cit. p. 168(1874). — O. Munbyana Coss. et DR. in herb. Cosson ; Exsicc. Soc. dauphin. 1875, n° 742. — Eboulis schisteux de la Mouzaia, en face de la maison forestière du Camp des 364 SOCIÉTÉ DOTANIQUE DE FRANCE. Chênes, tranchées du chemin de fer d'Adelia à Affreville CC., bords de l'oued Massine, route d'Affreville à Teniet. Medicago Sorrentini Tineo. — La Reghaia, rare. Medicago laciniata All. — L. Arba (Lallemant). Lotus angustissimus L. — Le Corso. — Juin. Lotus coronillzefolius Guss. — Dord de la mer. Glyeyrrhiza fœtida Desf. — Montagnes d'Adelia. Paronychia capitata Lamk. — Ben-Chicao, Hauts plateaux. Ecballium Elaterium Rich. var. dioicum Nob. — Dioique. Pieds mâles trés floriféres; pédoncules floraux grossièrement hispides et non velus comme dans le type; fleurs mâles bien plus grandes, à divisions de la corolle ovoides et non oblongues ; anthéres 2 fois plus grandes. Ces dif- férences paraissent être d'ordre physiologique et corrélatives de la dioicité. Cette curieuse variété a été découverte par mon ami M. le D" Trabut, qui, en avril dernier, en trouva des champs entiers entre Orléansville et l'Ouar- senis. Nous l'avons depuis revue ensemble à Cherchell, où elle entoure complètement la ville. Partout où elle existe, elle exclut la variété mo- noique. Sur des milliers de pieds examinés, nous n'avons trouvé aucune exception à sa dioicité. Elle parait trés robuste et trés envahissante: une de ses souches, mise à nu par l'éboulement d'une falaise, avait au moins 25 centimètres de diamètre. Pistorinia intermedia Boiss. Diagn. ser. II, fasc. 2, p. 60, var. lutea Nob. — Fleurs d'un jaune vif, tachées de rouille extérieurement ; corolle un peu plus grande que dans l'espéce, calice un peu plus court. — Bord de la mer, Corso, Boudouaou, Reghaia, etc. La plante décrite par Boissier est d'un beau rouge et habite les montagnes. Le Pistorinia Salzmanni, également à fleurs jaunes, a la corolle bien plus courte. Bupleurum Balansæ Boiss. — Coleah, oued Djer, Mouzaia, etc. Bupleurum heterophyllum Link. — Plaine du Chelif, près d’Affre- ville. Eryngium campestre L. — Ben-Chicao, Teniet. Asperula hirsuta Desf. Fl. atl. t. I, p. 1271, var. breviflora Nob. — Corolle moitié plus courte que dans l'espéce, d'un rose trés pàle; tiges faibles, décombantes, trés feuillées. — Tala-Yezid, prés de Blidah. Galium Chamæaparine Willk. et Costa, in Willk. Pug. Pp. 102. — Terres en jachére du Gué de Constantine à Maison-Carrée. — Mai. Le Galium que j'ai récolté dans cette localité, où il était trés abondant, est un G. parisiense L., à cymes courtes et contractées, à tiges couchées SÉANCE DU 14 NOVEMBRE 1884. 365 en rosette sur le sol, et simulant, à s'y méprendre, le G. murale. Les fruits sont glabres. Le G. Chamæaparine, qui m'a été envoyé de Gerba prés de Barcelone, par mon honorable collégue etami M. Rouy, a ses fruits hispides et ses tiges moins nettement couchées sur le sol. Lange (Prodr. fl. hisp. t. II, p. 324) soupçonne le G. chamæaparine de n'étre qu'une forme appauvrie du G. parisiense ; or la plante de la Mitidjah était d'une belle venue et poussait dans un sol riche. Valerianella puberula DC. Prodr. Gren. et Godr. Fl. de France, t. II, p. 62; Gandoger, Herb. en Algérie. — Mitidjah, Chélif. Artemisia vulgaris L. — Boufarick. Filago eriocephala Guss. PI. rar.; Gren. et Godr. Fl. de France, t. II, p. 859. — Mitidjah. Coleostephus macrotus DR., in Duchartre, Rev. 1" année, p. 363; Atlas expl. scient. Alg. pl. 98. — Lavarande. — Avril. Microlonchus Duriæi Spach, Ann. sc. nat. 1845, p. 167. — Ham- man-R'hira, Lavarande, moissons. Centaurea aeaulis Desf. FI. atl. pl. 243. -— Palestro, dans les Blés. Ceramiocephalum patulum Schultz hip., Bull. Soc. bot. de France, t. IX, p. 284. — Lapsana virgata Desf. Fl. atl. t. IL, p. 235, tab. 215. — Commun au sommet du Tigremount. Exacum pusillum DC. var. Candollei Gris. — Le Corso. — Juin. — Cette plante avait déjà été trouvée l'an dernier à la Calle, par M. Letour- neux. — L'E. filiforme Willk., non signalé par Munby, est commun à la Reghaia. Solenanthus lanatus DC. Prodr. — Anchusa lanata L.; Desf. Fl. atl. — Cetle plante, trés commune autour d'Alger, est nettement gyno- dioique. Dans la forme exclusivement femelle, les corolles sont moitié plus petites, noires, les étamines sont stériles et incluses ou peu exsertes. Dans la forme hermaphrodite, les étamines sont longuement exsertes ; la corolle, deux fois plus grande, est d'une couleur plus claire. Linaria virgata Desf. FI. atl. pl. 135, var. lutea Nob. — Fleurs d'un jaune extrêmement vif, méme coloration que dans le L. ignescens Kunze. — Environs de Beni-Mansour (Trabut). Les fleurs du Linaria virgata peuvent emprunter à peu près toutes les teintes tant de la série xanthique que de la série cyanique, ou même être complètement blanches. Linaria arvensis L. — Ain-Leca, Ouarsenis (Trabut). Thymus lanceolatus Desf. Fl. atl. pl. 128. — Ben-Chicao. — Août. 300 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Thymus Fontanesi Boiss. et Reut. Pug. p. 95. — Mouzaïa, Nador de Medeah, Duperré, ete. — CC. — Août. Beta macrocarpa Guss. — El Affroun, Affreville, Gouraya, etc. Cynomorium coccineum L. — Phare de Cherchell. — Avril. Juncus caricinus DR. Atl. explor. scient. Alg., pl. 43. — Ben- Chicao. i . iris Xiphium Ehrh. — Marais de la Rassauta, près du fort de l'Eau, var. à fleurs blanches. — L'7. Xiphium avait déjà été signalé en Algérie par Desfontaines : plus tard on n'avait plus retrouvé qu'une espèce voi- sine, PI. Fontanesi Gren. et Godr. Or la plante de la Rassauta est le véritable Iris Xiphium. Platanthera montana Reichenb. — Marais, Maison- Carrée, fort de l'Eau. — Juin. Agrostis alba L., forma genuina Godr. Fl. Lorr. — Ben-Chicao. Ophioglossum lusitanicum L. — La Reghaïa, Forêt. — Novembre. Plusieurs des espèces que je viens de citer ne seraient pour moi que des variétés; en les citant sous le nom spécifique que leur ont imposé leurs auteurs, j'ai simplement voulu dire que ces plantes se trouvaient en Algérie, dans les localités indiquées. Les communications de ce genre n'ayant de valeur qu'autant qu'elles sont d'une exactitude absolue, je crois utile de rectifier quelques points de mes précédentes notes. 1° Séance du 28 mai 1880, p. 462 et suivantes : Au lieu de Minuartia campestris L., lire: M. montana L.; M. cam- pestris DC. Prodr. t. HI, p. 380, non L. — Au lieu de Doronicum carpetanum, lire: D. scorpioides Willd. Enfin, supprimer le para- graphe relatif à l'Orobanche cruenta. 2» Séance du 22 juillet 1881, p. 230. Stations : Arabis parvula Dufour, c'est Arabis auriculata Lamarck qu'il faut lire. Peu familier alors avec PA. parvula, j'avais pris pour lui une forme trapue de l'A. auriculata. 3° Séance du 22 juillet 1882, p. 290 : Au lieu de Pennisetum longistylum, lire P. villosum R. Br. M. G. Bonnier, secrétaire, donne lecture de la communication suivante : SÉANCE DU 14 NOVEMBRE 1884. 307 NOTE SUR L'ECHINOSPERMUM DEFLEXUM Lehm., PLANTE PROBABLEMENT NOUVELLE POUR LA FLORE DE FRANCE, ET SUR QUELQUES PLANTES RARES DE LA SAVOIE, par M. Alfred CHABERT. Dans le cours d'un voyage botanique que j'ai fait en juillet dernier dans les Alpes orientales de la Savoie, j'ai été assez heureux pour re- cueillir une plante qui ne parait pas avoir été signalée en France. C'est l'Echinosper mum deflexum Lehm. Asperif. p. 120; Koch, Syn. ed. 2, p. 511; Arcangeli, Comp. della fl. ital. p. 492, Il se distingue à première vue de PE. Lappula Lehm. par les pédoncules fructifères réfléchis, qui lui donnent un port et une physionomie tout différents, et par les nucules munis sur les angles latéraux d'une série unique d'aiguillons glochidiés. L'E. Lappula, commun dans les lieux secs et pierreux et parfois aussi dans les foréts de cette partie de la Savoie, a les pédoncules fructiféres dressés et les angles latéraux des nucules bordés d'une série double d'aiguillons glochidiés. Une troisiéme espéce, que l'on peut à peine dire européenne, car, trés répandue en Orient, elle est fort rare dans le midi de l'Espagne (1), PE. patulum Lehm., a les nucules du deflexum, mais ses calices fruc- tiféres sont sessiles et ses fleurs sont plus petites. J'ai trouvé PE. deflexum dans les lieux pierreux et ombragés de la région alpine inférieure, auprès de Bonneval, arrondissement de Saint- Jean de Maurienne, entre 4800 et 2000 mètres d'altitude. Les prairies et les champs peu nombreux qui entourent Bonneval sont parsemés d'Érables, d'Aulnes, de Bouleaux, de quelques Cerisiers, etc. Notre plante croit dans les gazons pierreux et sur les talus ombragés par ces arbres. Elle m'a paru peu commune, probablement à cause de l'époque tardive (27 juillet) à laquelle je l'ai observée. Les échantillons que j'ai rapportés de Bonneval ont été soumis à l'étude d'un savant botaniste, bien connu par ses travaux sur la flore de la Savoie, M. Songeon. Il a reconnu aussitôt VE. deflexum. La comparaison qu'il a faite ensuite de ses échantillons avec ceux du Valais que renferme son herbier a démontré l'exactitude de la détermination. LE. deflexum croit en Allemagne, en Bohème, en Autriche, dans le sud du Tyrol, en Suisse dans le Valais, les Grisons, etc. En Italie, M. Arcangeli (loc. cit.) ne l'indique qu'en Lombardie et dans l'Apennin (1) Elle a été jadis observée par Bourgedu dans les environs de Maria, royaume de Grenade (Willk. et Lange, Prodr. fl. hisp. t. I; p. 907). 368 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. modenais. Parlatore (1), dans son voyage à la chaine du Mont-Dlanc et au grand Saint-Bernard, n'a rencontré et ne cite que PE. Lappula. L'E. deflexwm ne parait donc pas avoir été trouvé dans les Alpes du Piémont voisines de celles de la Savoie. Mais il est possible que lorsque l'attention aura été appelée sur cette plante, des recherches ultérieures en fassent constater la présence sur d'autres points de la Savoie, en Dau- phiné ou en Piémont. Peut-être y aurait-il lieu de revoir PE. Lappula indiqué au Lautaret par M. Verlot (2). Quoi qu'il en soit, c'est dans la région alpine inférieure qu'elle doit étre cherchée ; le port de la plante fructifère la fait immédiatement reconnaitre et distinguer du Lappula. Dans le cours de mon excursion botanique, j'ai revu dans les Alpes de Tignes el de Laval (3) la plupart des plantes rares indiquées au siècle dernier par Allioni et Bellardi, et de celles que MM. Songeon et Perrier de la Bathie (4) y ont signalées il y a trente ans, notamment : Ranun- culus lutulentus Perr. et Song., Polygala alpina Perr. et Song., Alsine Villarsii M. et K., Oxytropis Gaudini Bunge, Saxifraga casia L., Asperula Jordani Perr. et Song., Erigeron Villarsii Bell., Phyteuma pauciflorum L., etc. Jai constaté en outre dans ces montagnes et dans celles de Bonneval, de Bessans et de Lanslebourg, des localités, que je crois inédites, de plusieurs des plantes les plus intéressantes de la flore de Savoie. Je les indiquerai successivement, ainsi que deux espèces que je wai pu retrouver : Centaurea pectinata All. non L., et C. cirrata Reichb. Ranunculus Intulentus Perr. et Song. — Dans une mare à Prarion, non loin des sources de l'Isére. — Les auteurs de l'espéce l'ont découvert en 1854, auprès du lac de Tignes, à 15 kilomètres de distance. Thalietram fœtidum L. — Coteaux pierreux des prairies de Laval et du Fornet. Draba nemorosa L. — J'ai retrouvé cette année, dans les lieux om- bragés, au-dessus du village de Bonneval, cette rare espèce que j'avais recueillie en 1879 entre ce village et l'Ecot (5). Viscaria alpina l'ries, — Escarpements gazonnés sous les glaciers de Calabre et de la Galise, avec Anemone baldensis L., Polygala alpina P. et S., Oxytropis Gaudini Bunge, Saxifraga cesia L., Herniaria alpina Vill., Artemisia glacialis L., Carex bicolor All., ete. (1) Parlatore, Viaggio, p. 176. (2) Verlot, Catal. des pl. vascul. du Dauphiné, p. 248. (3) Laval ou la Val de Tignes est désigné sous le nom de Val de Tignes dans là carte de l'état-major français au 1/80000. í (4) Perrier et Songeon, Ann. de la Soc. d'hist. nat. de la Savoie, 1854, et Indication de quelques plantes nouvelles, rares ou critiques de la Savoie, Chambéry, 1855. (9) Bull. Soc. bot. de France, t. XXX, p. 7. : [D SÉANCE DU 14 NOVEMBRE 1884. 369 Meum Mutellina Gortn. var. adonidifolium (1) (M. adonidifolium Gay). — Gazons de la région alpine : mont Iseran. Viburnum Lantana L. var. glabratum. — Bonneval, entre 1800 et 2000 métres. — Cette variété se distingue du type par les feuilles adultes presque glabres en dessous, et non lomenteuses sur les nervures, ni munies de poils étoilés dans leurs intervalles. Galium hypnoides Vill. — Rochers gypseux au-dessus de Lans- lebourg, en montant au Chatelard. Ptarmica Herba-rota DC. — Rochers élevés : la Lenta au-dessus de Bonneval. — Cette localité, qui peut-être est déjà connue, et où la plante est devenue rare par suite de la consommation qu'en font les fabricants de vermouth de Turin, est la troisiéme qu'elle habite dans cette partie de nos Alpes. Les deux autres sont les sources de l’Arc et la montagne du Ré. Artemisia nana Gaud.? — Lieux pierreux et graveleux au bord de l'Isére, entre Laval et le Fornet, vers 4900 métres d'altitude ; a été amené probablement des rochers voisins des glaciers qui entourent les sources de l'Isére. —Fl. le 26 juillet. Je n'ai pu voir les fruits mürs. — Si je rapporte cet. Artemisia au nana Gaud. dont il est voisin, mais dont il diffère, c'est pour attirer sur lui l'attention des botanistes qui par- courront ces montagnes. Centaurea transalpina Schleich. — Prairies alpines : Dessans. €. cirrata Reichb. — Indiqué à Tignes par l’auteur du Flora germ. excurs. et retrouvé. à Brévières, à 6 kilomètres de distance, par MM. Perrier et Songeon, qui, l'ayant cultivé, l'ont vu revenir au C. Ja- cea L. et le croient hybride des C. Jacea et nervosa Willd. Je wai pu le revoir, non plus que le suivant. €. pectinata All. Auct. ad Fl. pedem. p. 11, non L., indiqué par Allioni : « /n valle di Tignes et di Lanzo, e rupium fissuris. » Cet au- teur ajoute : « Oss. — Tanta est cum C. phrygia similitudo, ut semi- num satione, aut juniorum plantarum culturd videndum sit nùm vera varietas sit phrygiæ, que in pratis uniflora sit, atque inter saxa crescens multiflora evadat. » Or, dans la partie inférieure de la vallée de Tignes, à Bréviéres, j'ai seulement constaté la présence du C. nervosa Willd. (C. phrygia All. non L.), tandis que dans la partie supérieure, à Tigues, à Laval, au Fornet, à Prarion, le C. uniflora L. se montre seul. Il est donc probable que la plante observée jadis par Allioni est, comme le C. cirrata Reichb., un hybride des C. Jacea et nervosa, ou qu'elle (1) Bull. Soc. bot. de France, t. VII, p. 575. T. XXXI. (SÉANCES) 24 310 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. est un hybride des C. Jacea et uniflora. Dans ces cas, la plante du val de Tignes et celle du val de Lanzo (Piémont) ayant été identifiées par le célèbre auteur du Flora pedemontana, et cette dernière n'ayant pas été retrouvée depuis qu'il l'a signalée, il y a lieu de retrancher le C. pecti- nata L. de la flore d'Italie, où elle figure avec la seule localité de val di Lanzo (Arcangeli loc. cit. p. 389). I! semble du reste difficile d'admettre que le C. pectinata L., plante méridionale qui, en France, ne dépasse guère Crest et Montélimar, et, en Espagne, s'éléve peu dans les montagnes du centre et du midi, croisse dans une station aussi élevée dans les Alpes que le val di Lanzo. Phyteuma Halleri Vill. — Trés commun dans les prairies de Laval, avec Centaurea uniflora, Pedicularis foliosa, Cirsium heterophyl- lum, etc. P. pauciflorum L. — Escarpements gazonnés auprès des glaciers de la Galise et de Calabre. Campanula spicata L. — Rochers et coteaux pierreux au Fornet, prés Laval; s'éléve à plus de 2000 mètres d'altitude. Gentiana utriculosa L. -— Pentes herbeuses et exposées au midi, au-dessus de la région des Sapins, en montant de Lanslebourg à la Turra. — J'ai déjà fait connaître (1) la présence de cette rare espèce en Savoie, où je l'avais retrouvée un siècle aprés qu'elle avait été signalée par Bel- lardi (2). Ce savant botaniste l'avait recueillie à Chamonix et à la Vanoise; en 1879 je la récoltai sur la montagne de Longecóte ; l'an der- nier, un botaniste savoisien, dont j'ignore le nom, l'a trouvée au mont Iseran. La Turra, où je viens de constater sa présence, et où elle est assez répandue sur une zone de 200 métres d'altitude au-dessus de la région des forêts, ne sera pas sans doute la dernière localité de la Savoie où elle se rencontrera, car je suis porté à croire qu'elle existe aussi à la méme altitude sur les pentes gazonnées et exposées au midi qui dominent la rive droite de l'Arc, entre Termignon et Modane. Je n'ai pu encore comparer la plante de Savoie à celle des prairies humides de l'Alsace et de l'Allemagne. Leur différence de station est remarquable, puisque sur nos Alpes elle croit, non dans les lieux humides, mais sur les escarpe- ments gazonnés, côte à côte avec Dianthus neglectus Lois., Gentiand nivalis L., Helianthemum grandiflorum Scop., Artemisia glacialis L., Scleranthus perennis L., Pedicularis cenisia Gaud., etc. Peut-étre cette différence de station- est-elle l'expression d’un phénoméne de géographie ` botanique analogue à celui qui est présenté par diverses plantes, par (1) Bull. Soc. bot. de France, t. XXX, p. 15. (2) Allioni, Fl. pedem. t: I, p. 99: SÉANCE DU 14 NOVEMBRE 1884. 311 l'Anemone vernalis L., entre autres, qui, répandu sur les Alpes grani- tiques de la Savoie et du Dauphiné, sur les Pyrénées, sur les hautes - montagnes de l'Auvergne, se retrouve dans les pàturages secs et les bruyéres de la Lorraine. Peut-étre encore l'espéce de Savoie constitue- t-elle une espèce particulière qui serait commune à la Savoie etàla haute Italie, dont la région alpine nourrit aussi le G. utriculosa; car on le recueille sur le mont Cenis, les Alpes d'Exilles, de Fenestrelle, etc., contigués à notre frontiére. Des Alpes du Piémont et de la haute Italie, il descend dans la région montagneuse et jusque dans les Abruzzes (Arcan- geli, loc. cit. p. 473). Mais la plante des Abruzzes est-elle bien la méme que celle de la Savoie? Pedicularis rostrata L. — Escarpements gazonnés auprès des gla- ciers de la Galise et de Calabre. Cortusa Matthioli L. — Indiqué par Allioni entre Laval et Tignes, y a été revu par divers botanistes. M. Songeon l'a trouvé abondant dans les bois et les rochers humides, depuis Tignes jusqu'à la Gurra. Il. occupe donc une aire de 15 kilomètres de longueur. Mais le botaniste qui suivra la nouvelle route de Sainte-Foy à Tignes est exposé à ne pas le voir, ainsi que cela m'est arrivé, car cette route côtoie la rive droite de l'Isére. Le Cortusa habite le versant sud-ouest, entre Tignes et la Gurra, et il fau- dra, pour le recueillir, prendre l'ancienne route située sur la rive gauche. Colchicum alpinum DC. — A été indiqué autrefois comme rare dans les Alpes de Tarantaise. ll est trés commun dans les prairies de Brévières, Tignes, Laval, le Fornet, où, comme dans les Alpes de Mau- rienne, il apparait en abondance aussitôt que les foins sont coupés. M. Rouy fait observer que l’Echinospermum deflexum a été pu- blié par M. Reverchon en 1872, provenant du mont Séuze, prés de Gap, et l'indication de cette localité vraisemblable figure dans le Conspectus flore ewrope de M. Nyman, publié en 1882. Il ajoute que l'aire géographique de l’Echinospernum deflexum, s'étendant de la Laponie à la Valachie et de la Finlande au Dauphiné, est en réalité un peu plus vaste que ne l’énonce M. Chabert. 372 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SÉANCE DU 28 NOVEMBRE 1884. PRÉSIDENCE DE M. DUCHARTRE. M. Gaston Bonnier, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 14 novembre dont la rédaction est adoptée. En vertu des présentations faites dans la dernière séance, M. le Président proclame membres de la Société : MM. HexRrigues (J. Aug.), prolesseur de botanique à l'Université et directeur du Jardin botanique, à Coïmbre (Portugal), présenté par MM. Duchartre et Malinvaud. Bois, préparateur au Muséum, 7, quai aux Fleurs, à Paris, présenté par MM. Bureau et Franchet. Maury, préparateur à l'École des hautes études, rue Censier, 53, à Paris, présenté par MM. Bureau et Franchet. LECOMTE, agrégé des sciences naturelles, professeur au lycée Saint-Louis, présenté par MM. Van Tieghem et Le Monnier. M. le Président fait ensuite connaitre trois nouvelles présentations. La Société a recu de M. Asa Gray les ouvrages suivants de cet auteur, qui manquaient à sa bibliothèque, et que l'éminent bota- niste américain a bien voulu lui adressér avec le plus gracieux em- pressement, sur la demande que lui en avait faite M. Malinvaud : Botanical Contributions, 12 fascicules. — Note on the genus Buckleya. — New Genera and Species of Composite from Texas. — Notes upon some Rubiaceæ. — A new species of Erythronium. — The Germination of the genus Megarrhiza. — A Revision of the North American species of the genus Oxytropis DC., ete., etc. Ensemble 25 brochures. M. le Président exprime la gratitude de la Société au sujet de ce don précieux. M. Franchet fait à la Société la communication suivante : SÉANCE DU 28 NOVEMBRE 1884. 373 DEECRIPTION DE QUELQUES ESPECES DE GENTIANA DU YUN-NAN, par M. A. FRANCHET. Parmi les plantes des montagnes du nord du Yun-nan envoyées récem- ment au Muséum par M. l'abbé Delavay, les Gentiana sont surtout re- marquables par la variété et la nouveauté de leurs formes, qui souvent ne rappellent en rien les espéces himalayennes. C'est ainsi que l'un d'eux, plante molle à jolies fleurs purpurines, simule presque un Silene du groupe Atocion; un autre a le port de certains Alsine à feuilles courtes et rapprochées ; le G. ternifolia a ses feuilles verticillées par 3, particu- larité qui n'a été jusqu'ici, je crois, signalée dans aucune autre espéce du genre, Enfin plusieurs espèces, appartenant aux Pneumonanthe, sont annuelles, fait trés rare dans ce groupe, et dont M. Maximowiez paraît avoir le premier fait connaitre un exemple en décrivant un Gentiana du Kan-su, G. striata, bien différent d'ailleurs des espèces du Yun-nan. Aussi, sur 12 espéces envoyées par M. l'abbé Delavay, je crois pouvoir en signaler 10 comme non décrites ; les deux autres appartiennent à la flore himalayenne : ce sont G. aprica Dene, et G. detonsa Fries. Ce dernier se retrouve dans la Sihérie, l'Amérique septentrionale, et jusque dans le nord de l'Europe. ^? Gentiana rubicunda, sp. nov. (Chondrophylla). — Glaberrima, flaccida. Caules plures, decumbentes, radicantes, floriferi inter rosulam erecti, simplices vel superne parce ramosi, ramis unifloris. Folia rosulata ovata vel obovata, inferne attenuata, caulina multo minora obovata, sessilia, remota, superiora oblonga. Flores longiuscule pedunculati ; calyx sæpius coloratus, corollà triplo brevior, apice truncatus, dentibus lineari- subulatis tubo obconico brevioribus; corolla circiter 25 millim. longa fimbriis destituta, presertim apice rubella et purpureo-lineolata, e basi sensim ampliata, lobis ovatis; plicæ lobis paulo breviores, ovatæ, apice eros. Capsula stipitata. — Planta vix ultra palmaris; folia rosulata 1-2 cent. circiter longa. Yun-nan, in rupibus humidis montium altissimorum prope Tchend-fong- chan; maj. 1882 (Delavay, Gent. n. 8). — Hab. etiam in prov. Moupin (A. David). Prope G. recurvatam ponenda, sed in omnibus partibus duplo major el praecipue caulibus inferne radicantibus, corollà rubellà fimbriis destitutà, nec cærulescenti ad faucem fimbriatà, diversissima. a0. its fastigiata, sp. nov. (Choudrophylla, annua). — Parvula, rigida. Caulis erectus, rubellus, dense papilloso-scabridus, e medio tantum ramosus, ramis densis erecto fastigiatis. Folia glauca, e basi breviter attenuatà late obovata, vel rotundato-spatulata, infra marginem 374 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. albo-cartilagineum breviter ciliolata, apice non recurvata (ut in pluribus speciebus affinibus), sed tantum mucronulo deflexo instructa, inferiora dense rosulata caulinis erecto adpressis haud multo majora. Flores parvi, ad apicem ramorum 3-4 congesti, inter folia bractealia subsessiles ; calyx corollam subæquans vel illà brevior, dentibus ovatis, erectis, mucronatis; corolla parva (fere G. squarrosæ), lobis anguste lanceolatis, acutis, viri- descentibus, plicis pallide cæruleis, ovatis obtusis vel erosis, lobis fere duplo brevioribus. Capsula subexserta e basi attenuatà obovata, apice late alata, rotundata. Semina ovata, longitudinaliter costata. — Planta 2-3 pollicaris ; flores 6-7 mill. longi. Yun-nan, in monte Yang-in-chan, supra Lan-kong ; 30 jul. 1883 (Delavay, Gent. n. 10). A G. squarrosdá differt : foliis rosulatis caulinis vix vel non majoribus (n G. squarrosá fere triplo longiora et latiora), caule non ex imà basi ramosissimo sed tantum e medio ramoso-fastigiato; floribus dense capi- tatis. Folia fere G. riparie Kar. et Kir., cui caulis glaber, simplex vel subsimplex. 47^ Gentiana alsinoides, sp. nov. (Chondrophylla, annua). — Pumila, -~ gracilis, in omnibus partibus tenuissime scabrida. Caulis e basi ramosis- simus, ramis erecto-fasciculatis, filiformibus, dense foliatis. Folia rosulata sub anthesi nulla, caulina ad apicem usque conferta, parva, ovato-lan- ceolata, margine cartilaginea, apice in mucronem rectum attenuata, nervo medio valde prominulo ; folia superiora minima calycis basin invo- lucrantia. Flores solitarii, sessiles; calyx glaber, corollæ dimidium æquans, dentibus lanceolatis, acutis, rigide mucronulatis, subpatentibus, tubo duplo brevioribus ; corolla cærulescens (in sicco livida), lobis ovato-lan- ceolatis, obtusis, plicis ovatis, albidis, apice erosis lobis duplo brevioribus. Capsula..... — Planta pusilla, pollicaris vel vix bipollicaris, erecta : folia caulina et ramorum (præter suprema) 3-4 mill. longa; flores vix 1 cent. Yun-nan,in monte Yang in chan, supra Lan-kong; 30 jul. 1883 (Delavay, Gent. n. 11). G. micanti Clarke haud absimilis ; facile differt ramulis elongatis filiformibus, foliis magis rigidis, margine crasse cartilagineis, nec mar- gine tenui hyalino donatis, ut in G. micanti; præterea in specie Clar- keanà plicæ in lobulos 2 lineari-subulatos fissæ, in G. alsinoide ovato- lanceolatæ apiee tantum erosulæ constanter evadunt. al: Gentiana papillosa, sp. nov. (Chondrophylla annua). — Glauca, pumila, in omnibus partibus dense papillosa (præter corollam). Caulis e basi ramosus, ramis arcuato-patentibus. Folia margine cartilagineo fimbriato donata, rosulata ampla, semi- usque ad pollicaria, ovato-lanceo- SÉANCE DU 28 NOVEMBRE 1884, 379 lata, mueronulata, caulina oblongo-spatulata, basi in vaginam laxam connala, apice longe mucronulata, ad marginem et subtus ad costam papillis densis fimbriata. Flores parvi, ad apicem ramorum congesti, sub- sessiles; calyx ad medium 5-lobatus, lobis lanceolatis, acutis, longe mu- cronatis ; corolla ealycem pauio superans, cærulea, lobis ovatis, obtusis ; plicæ lobos subæquantes, late ovatæ, apice erosulæ ; fimbriæ ad faucem nulla. Capsula... — Planta vix ultra bipollicaris ; flores cireiter 10 mill. longi. Yun-nan, in monte Maokou-chan, supra Tapintze prope Tali; 23 april. 1883 (Delavay, Gent. n. 17). Cum G. argented Royle tantum comparanda ; differt foliis rosulatis ratione plantulæ amplis, caulinis spatulatis, nec lanceolatis, papillis totam plantam vestientibus. 499! Gentiana lineolata, sp. nov. (Chondrophylla, annua). — Pumila. Caulis papilloso-scabridus, simplex, uniflorus, vel sæpius e basi ramosus. ramis strictis. Folia margine cartilagineo scabra, rosulata parva, sub anthesi persistentia, lanceolata vel ovata, mucronulata, caulina alte vagi- nantia, ovata, superiora longiora, lanceolata, suprema sub flore cruciatim inserta. Calyx siepius purpurascens coroll: dimidium superans, lobis lan- ceolatis, acuminatis, albo-marginatis, tubo duplo brevioribus ; corolla anguste infundibuliformis, apice cærulescens, secus tubum lineis purpu- reis conspersa, ad quintam partem lobata, lobis ovato-apiculatis, plicis ovatis, denticulatis. Capsula inclusa, stipitata, oblongo-linearis. Semina ovata, eximie foveolata. — Planta digitalis, vel paulo ultra ; flores sub- pollicares; folia caulina inferiora 3-4 mill. longa, superiora 10-15 mill. Yun-nan, in pratis ad montem Che-tcho-tze, supra Tapintze, prope Tali; 30 octob. 1882 (Delavay, Gent., n. 14). Gentianæ aristatæ Maxim., ex descriptione haud dissimilis, sed jam differt caule scabro, foliis planis formà diversis margineque valde sca- bridis. qot Gentiana primulæflora, Sp. nov. Stenogyne sect. nov. — Stigmata anguste linearia, elongata ; corolla hypocraterimorpha, tubo angusto; pro cæteris ut in sectione Chondro- phyllá. Annua, radice tenui, glaberrima, glauca, Caulis erectus, gracilis, e basi ramosissimus, ramis erecto-patentibus. Folia rosularum sub anthesi nulla, caulina parva, late cordiformia, semiamplexicaulia, margine anguste - cartilaginea, tenuiter erosa. Flores ad apicem ramulorum inter folia su- prema subsessiles ; calyx corollà plus duplo brevior, anguste obconicus, angulatus, dentibus e basi triangulari lineari-aristatis, tubi quartam par- tem vix :equantibus; corolla pallide rubella, hypocraterimorpha, tubo 316 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. angusto, paulo supra medium abrupte in limbum cupuliformem dilatato, lobis ovatis, acutis; plicæ lobis multo breviores, oblongæ, integræ ; stig- mata in flore virgineo connata, mox ad basin usque libera, stylo subnullo. Ovarium breviter stipitatum, post anthesin anguste oblongum, apice atte- nuatum. Semina ovata, oblique corrugata. — Planta circiter palmaris ; folia 6-8 mill. longa ; flores circiter 20 mill. In pratis ad Mo-che-tchin, supra Tapintze, prope Tali ; 3 octob. 1882 (Delavay, Gent., n. 9). Species sui juris, cum nullà e genere comparanda, primo adspectu Erythreæ diffuse haud absimilis ; corolla fere Primule. GW Gentiana Serra, sp. nov. (Pneumonanthe, annua). — Radix gra- cilis. Caulis glaber, acute quadriangulatus, e basi ramosus, ramis arcua- tis sub foliis papilloso-asperatis. Folia rosulata sub anthesi nulla, caulina ad marginem latiuscule cartilaginea, eroso-denticulata, e basi subcordata ovato-lanceolata, in petiolum brevissimum vaginantem contracta, superiora floribus contigua. Flores ad apicem ramorum solitarii, sessiles ; calyx mem- branaceus, corolle dimidium circiter æquans, ad angulos scaber, lobis lineari-lanceolatis, mucronatis, tubo brevioribus margineque denticulatis ; corolla anguste tubuloso-campanulata purpurascens, ad quemquem lobum fasciis tribus intense purpureis notata, fascià intermedià angustiore; lobis ovatis plicæ breviores, quadratæ, apice erosæ ; stylus elongatus, stigmali- bus oblongis demum spatulatis. Capsula matura corollam superans, stipite tenui 12-16 mill. longo. Semina triquetra, angulis acutis. — Planta vix palmaris ; corolla pollicaris vel paulo major ; folia 4 cent. vix longa. Yun-nan, ad sepes prope Lan-kong, in vicinitate urbis Tali; 6 nov. 1883 (Delavay, Gent., n. 13). Radice annuà ad G. striatam Maxim., quam non vidi, foliorumque quamvis multo minorum formà accedere videtur; differt corollà duplo minore, capsulà exsertà, stipite stigmatibus multo longiore. 15° Gentiana yunnanensis, sp. nov. (Pneumonanthe, annua). — Caulis simplex vel parce ramosus, dense papilloso-scaber. Folia rosulata sub an- thesi nulla, caulina laxe vaginantia, obovata vel oblonga, obtusa, margine scabra. Flores ad apicem caulis vel ramulorum 3-5 congesti ; calyx corollà paulo brevior, ad medium usque 5-lobatus, lobis spatulatis vel oblongis ; corolla in sieco maculis purpureis notata, infundibuliformis, breviter 5-lobata, lobis ovalibus, mucronatis; plicæ ovatæ, nunc truncatze, apice _erosæ; stamina coroll: basi affixa, filamentis utrinque attenuatis, medio late membranaceo-dilatatis. Capsula inclusa, longe stipitata, oblonga, stipite capsulam fere æquante. Semina globosa vel angulata, profunde re- ticulato-alveolata. — Planta 10-25 cent. alta; flores subpollicares ; folia 10-15 mill. lata. SÉANCE DU 28 NOVEMBRE 1884. 377 In monte Hee-chan-men, supra Lan-kong.; 8 nov. 1883 (Delavay Gent., n. 1). Propter flores capitato-congestos prope G. sikkimensem et G. Elwesii ponenda, sed jam caulibus annuis distinctissima, seminibus profunde alveolatis quam maxime singularis. Quoad aspectum, G. germanicam in mentem revocat. 49? Gentiana Delavayi, sp. nov. (Pneumonanthe, annua). — Suba- caulis vel breviter caulescens, caule simplici erecto, gracili, dense papil- loso-scabro. Folia rosulata anguste lanceolata, subfalcata, acutissima, margine scabra; folia caulina alte vaginantia, anguste oblonga, suprema floribus contigua, lanceolata, in nervo et ad margines asperulata. Flores 15-25 in capitulum globosum dense congesti ; calyx corollæ tertià parte brevior, tubo membraceo, albido, obeonico, angulis prominentibus sca- bris, lobis purpureo tinetis, lineari-spatulatis, margine et ad nervum fim- briolatis, tubo sublongioribus ; corolla longe tubulosa, in sieco lutescens cum fascià latà intense purpureà secus marginem loborum ; lobi breves, deltoidei; plicæ membranaceæ, albidæ, ovatæ, obtusæ lobis duplo brevio- res ; stamina circiler ad medium tubi affixa. Capsula late oblonga, acuta breviter et crasse stipitata, paulo exserta ; stigmata lineari-oblonga, cir- cinata. — Caulis 2-10 cent. altus; capitulum 6-8 cent. diam.; flores 4-5 cent. longi, pulcherrimi. Species sui juris, inflorescenti: indole jam diversissima, prope C. sik- kimenses collocanda, sed cum nullà confundenda. Yun-nan, in monte Hee- chan, supra Lan-kong ; 8 nov. 1883 (Delavay, Gent., n. 16). 4X4 Gentiana ternifolia, sp. nov. (Pneumonanthe). — Perennis, glaber- © rima. Radix fibrosa, fibris paulo incrassatis, e collo multicaulis. Caules graciles decumbentes, mox apice sub flore ex gemmula axillari radi- cantes, alii steriles, alii floriferi. Folia rosulata nulla, caulina linearia, anguste albo-marginata, levia, constanter 3-verticillata, basi in vaginam coadunata, inferiora breviora (8-10 mill. longa), superiora magis acuta, 2 cent. longa, ad apicem ramorum sterilium et sub flore dense congesta. Flores solitarii, sessiles; calyx coroll: dimidium æquans, lobis linearibus tubo sublongioribus; corolla longe campanulato-infundibuliformis, usque bipollicaria, nunc vix ultra pollicaria, cærulescens, eleganter purpureo- vittata, breviter 5-lobata, lobis ovato-deltoideis, obtusis; plicæ breves, ovale, integra. Ovarium longissime stipitatum, stylo brevi, stigmatibus oblongis incurvis. — Caules 1-2 decim. longi ; folia 1-2 cent.; flores usque ad 7 cent., sæpius paulo minores. In summo cacumine montis Hee-chan-men, alt. 3000 m., supra Lan- kong, prope Tali; 5 nov. 1882 (Delavay, Gent., n. 18). 318 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Planta in genere insignis, foliis 3-verticillatis, caulibus sub flore ex gemmulà radicantibus; pro ceteris G. ornate et G. Pneumonanthe affinis. Sub anthesi, in omnibus speciminibus, ad collum et paulo latera- lem gemmam inveni, jam bene evolutam, e foliis congestis constantem et sine dubio plantulam novam, etiam ante seminum maturationem effi- cientem. M. J. Vallot, secrétaire, donne lecture de la communication sui- vante : NOTES SUR QUELQUES PLANTES D'ALGÉRIE, A PROPOS DU LIVRE DE M. A. DE CANDOLLE SUR L'ORIGINE DES PLANTES CULTIVÉES, par M. HATTANDIER. Dans ees quelques notes, qui ont pour but de compléter, dans la mesure de mes moyens, les renseignements que M. de Candolle à pu se procurer sur les plantes d'Algérie, je suivrai pas à pas l'ordre adopté dans son livre. Page 25. Raphanus Raphanistrum L, -- Trés commun en Algérie. J'en ai vu un pied à Alger, au bord de la mer, qui portait sur plusieurs de ses branches des siliques de R. sativus, et dont les fleurs étaient d'un beau jaune. [l fut arraché avant la maturité des graines. Page 35. Tragopogon porrifolius L. (SALSIFIS). — La plante des environs d'Alger qui répond à cette espèce est le T. macrocephalus Pomel, plante voisine du T. australis Jord., mais plus grande, et à feuilles lisses, non ondulées. — Milianah, Teniet-el-Haad. Page 46. Beta vulgaris L. et B. maritima L. — Communs. Une grande forme du B. vulgaris, que je crois être le B, sulcata de Gaspar- rini, et qui abonde dans la Mitidjah, parait surtout voisine de la Poirée cultivée. Page 71. — Apium graveolens L. — Extrêmement commun. ` Page 72. — Petroselinum sativum Mœnch (PERSIL). — Sauvage près de Tebessa (Letourneux). Page 713. — Valerianella olitoria L. (MAcuE ou DoucETTE). — Cette plante me parait bien indigéne dans la forét de Teniet-el-Haad. Je ne crois pas d'ailleurs qu'elle ait jamais été cultivée en Algérie, ou les Fedia du groupe du Cornucopie la remplacent avantageusement comme légume, et poussent partout sans culture. Page 73. Cynara Carduneulus L. (ARTICHAUT et Carpon). — Celle plante, oubliée dans la dernière édition du Catalogue de Munby, est très répandue dans la région d'Alger. Les côtes de ses feuilles, ainsi que ses SÉANCE DU 98 NOVEMBRE 1884. 379 capitules, sont utilisées par les Arabes, qui les vendent fréquemment sur les marchés. Page 81. Medicago sativa L. (LUZERNE). — M. Letourneux a trouvé celte plante spontanée aux environs de Tebessa. Les échantillons qu'il a recueillis appartiennent à une forme à fleurs jaunes et à légumes velus, bien différente de la plante cultivée, Page 83. Hedysarum coronarium L. (SULLA Où SAINFOIN D'ESPAGNE). — Dans la région d'Alger, cette plante trés rare est probablement échappée de cultures. Elle parait spontanée dans l'est de l'Algérie (Pomel). Page 84. Trifolium pratense L. — Certainement indigène. Page 84. Trifolium incarnatum L. — Certainement échappé de cul- tures aux environs d'Alger. D’après de nombreux renseignements qui m'ont été donnés par les botanistes algériens, il en serait de méme sur les autres points de la colonie où sa présence a été constatée. Tous les échantillons que j'ai pu voir dans les herbiers appartenant à la forme cultivée. Page 87. Lathyrus Cicera L. — Parait He indigéne. Page 89. Lathyrus Ochrus L. — Cette plante est moins répandue que la précédente. Elle affectionne les terres cultivées et le voisinage des maisons; mais, d'autre part, on la rencontre fréquemment dans les haies et dans les champs incultes, et il serait, je crois, impossible de décider, d'aprés sa répartition actuelle sur le sol algérien, si elle y est ou non indigéne. Page 89. Trigonella Fœnum-græeum L. (FENU-GREC). — Echappé de eultures. Page 91. Spergula arvensis L. — Me parait certainement indigène. Page 95. Linum angustifolium L. — Est le plus souvent annuel aux environs d'Alger. Page 151. Vitis vinifera L. — Cette plante, comme l'Olivier, parait tout à fait autochtone en Algérie. Elle abonde dans toutes les broussailles un peu humides, dans l'Atlas comme dans la plaine, sur les coteaux comme au bord de la mer. Elle peut s'élever sur les plus grands arbres et donne beaucoup de fruits sans taille ni culture. Rien aujourd'hui ne pourrait faire soupçonner une plante introduite. On trouve des variétés à feuilles tomenteuses, et d’autres à feuilles glabres (1). (1) M. Pomel a trouvé le Vitis vinifera et le Ficus Carica fossiles dans le travertin quaternaire de Milianah. 380 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Page 163. Prunus avium L. — Trés répandu dans la région mon- tagneuse. Page 170. Prunus insititia L. — Trés commun dans la région d'Alger, où il forme un certain nombre de variations qui mériteraient d’être éludiées de plus prés. Page 219. Ribes Uva-erispa L. — Djurdjura (Letourneux). Page 253. Faba vulgaris Mœnch (FEvE). — Comme cette plante est trés cultivée dans le pays, il arrive fréquemment qu'on la trouve subspon- tanée cà et là ; mais je ne l'ai jamais rencontrée qu'avec les allures d'une plante adventive. C'est ainsi que l'ont vue tous les botanistes que j'ai pu consulter, entre autres M. Pomel, un des hommes qui assurément con- naissent le mieux l'Algérie. Page 352. Campanula Rapunculus L. (RAIPONCE). — Indigène en Algérie. Page 352. Nasturtium officinale L. (CRESSON DE FONTAINE). — Indi- gène en Algérie. Page 353. Asparagus oificinalis L. (ASPERGE). — Indigène en Algérie. Page 353. Trifolium hybridum L. — Indigène en Algérie. Page 353. Medicago Lupulina. — Indigène en Algérie. Pages 357 et 319. Papaver setigerum DC. — Plante exclusivement messicole, et, par suite, d'un indigénat douteux. Ici s'arrétent mes observations sur le livre de M. de Candolle. Qu'il me soit toutefois permis de profiter de l'occasion pour dire un mot de quel- ques plantes utilisées ou utilisables comme légumes. Les Arabes font servir à leur alimentation une foule de produits naturels. C'est ainsi que la plupart de nos Chardons leur fournissent les cótes de leurs feuilles et leurs capitules charnus, les Aroidées et les Ombellifères leurs tubercules souterrains, le Palmier nain son bourgeon terminal, le Chéne Ballote ses glands, ete. Ils épluchent patiemment les gousses du Scorpiurus vermi- culatus L. et du Lotus edulis L. pour en manger les graines crues en guise de petits pois. Les jeunes pousses de Fenouil et d'Asperges sau- vages, les griffes de Ficaire, les feuilles de divers Rumex et de la plupart des Chicoracées, celles de la Bourrache et de l' Atriplex Halimus servent fréquemment aussi à leur nourriture. Parmi ces légumes improvisés, il en est peut-étre plus d'un qu'un gourmet ne dédaignerait pas. Les turions de l'Asparagus albus L., abondamment vendus sur nos marchés sous le nom d'Asperges améres, sont, à mon avis, préférables à ceux de l'Asperge cultivée, à la condition SÉANCE DU 28 NOVEMBRE 1884. 381 toutefois d'être fraîchement cueillis. Dans le cas contraire, ils contrac- tent. l'amertume désagréable qui leur a valu leur nom vulgaire. Les turions de l'Asparagus acutifolius, également vendus sur nos marchés, me semblent inférieurs. J'ai fait appréter en guise de cardons les cótes de diverses Cynarocéphales ; celles du Cirsium giganteum Desf. m'ont fourni un excellent mets. Les feuilles de Emex spinosus Campd. rem- placent parfaitement l'Épinard. Cette plante posséde en outre une racine napiforme dont on pourrait certainement tirer parti en l'améliorant par la culture. Dans les jardins, le Rumex tuberosus L. prend tout à fait l'aspect. de l'Oseille cultivée, mais il est moins acide et d'un goût plus agréable. Malheureusement la production des feuilles est intermittente ; mais une culture prolongée ferait sans doute disparaitre cet inconvénient. Le Crepis (Barkhausia) macrophylla Desf. est employé, méme par la population européenne, aux mêmes usages que la Chicorée amère. Le Crepis (Barkhausia) Clausonis Pomel, plante tracante qui se multiplie rapidement, produit en plein hiver des feuilles qui, lorsqu'on la cultive, sont trés grandes et à peine améres. On pourrait en faire un trés bon légume. Si extraordinaire que cela puisse paraitre, on mange assez fré- quemment en salade les feuilles du Borrago officinalis L. Elles devien- nent trés moiles et perdent complétement leur rudesse. Elles ont un goüt de Concombre trés prononcé, qui peut plaire à certains palais ; mais elles sont d'une digestion difficile. Une excellente salade, à mon avis, c'est, par contre, le Montia fontana L., lorsqu'il est d'une belle venue. Bien que cette plante existe en Algérie, c'est en France que je l'ai vu em- ployer. Elle est trés recherchée aux environs d'Annonay (Ardéche), sous le nom de « petit Cresson », qu'elle doità sa station aquatique. J'ajouterai toutefois qu'habitué dés ma plus tendre enfance à considérer cette salade comme un régal, j'ignore si, de prime abord, elle plairait autant à un palais non familier avec elle. M. Gaston Bonnier fait à la Société la communication suivante : SUR QUELQUES PLANTES ANNUELLES OU BISANNUELLES QUI PEUVENT DEVENIR VIVACES AUX HAUTES ALTITUDES, par M. Gaston BONNIER. A propos de quelques recherches sur les modifications de structure que présentent les mêmes espèces végétales dans les climats différents, j'ai eu l'occasion d'observer un certain nombre de plantes qui, annuelles ou bisannuelles aux basses altitudes, peuvent être vivaces à des altitudes élevées. C’est seulement sur ce dernier point que je me propose de dire aujourd'hui quelques mots à la Société. J'insiste particulièrement sur ces 282 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. faits parce que des observations semblables, relatées dans un mémoire de M. J. Costantin (1), ont été publiquement contestées. Je citerai d'abord une plante annuelle qui peut accidentellement deve- nir vivace à des altitudes de 2000 à 2300 mètres dans les Pyrénées : c'est Arenaria serpyllifolia. Jai observé au pic d'Arbizon, entre la vallée d'Aure et celle de Campan, cette petite Caryophyllée devenant vivace par l'enfoncement sous le sol de ses tiges rampantes. Il peut se former ainsi de véritables rhizomes dont quelques-uns étaient àgés de trois ans, capables, en tout cas, de perpétuer d'une année à l'autre le méme individu. A cóté de cette espéce, qui peut ainsi devenir vivace par des stolons, je mentionnerai le Poa annua que j'ai observé à l'état vivace au pic du Midi et au pic d'Ardiden, dans les Hautes-Pyrénées. Cette Graminée annuelle est alors vivace par des ramifications souterraines d'un rhizome. D'autres plantes annuelles ou bisannuelles sont vivaces par leurs racines à des altitudes élevées. Je citerai particuliérement à ce sujet le Linaria alpina, dont j'ai déjà parlé ailleurs à propos d'observations faites dans les Alpes (2). Cette espéce est ordinairement annuelle en se développant à de trés basses altitudes (220 mètres sur le bord du Drac (Isère), 200 mètres dans la vallée d'Argelés (Hautes-Pyrénées), etc. Aux altitudes moyennes, et dans les localités où elle est le plus abondante, cette Linaire est. ordinairement bisannuelle ; aussi est-ce comme se dévelop- pant en deux années qu'elle est décrite dans les flores. Mais, à des altitudes plus élevées dans les Alpes, ou elle atteint la der- nière limite de la végétation des Phanérogames, et méme dans les Pyré- nées, où elle ne monte pas si haut, cette plante est toujours vivace. Elle se propage d'une année à l'autre par des bourgeons adventifs qui se pro- duisent sur les racines. La plupart des échantillons fleuris à ces alti- tudes présentent des racines dont l’âge, facile à constater parles couches de bois observées au microscope, varie entre trois et cinq ans. J'en ai méme observé au pic du Midi qui avaient jusqu'à huit couches de bois successives. Le Senecio viscosus peut aussi s'observer quelquefois à létat vivace, C'est ce que j'ai constaté au-dessus du lac d'Orridon (vallée d'Aragnonet, dans les Pyrénées), où cette espèce est vivace à la fois par la racine pivotante et par la base de sa tige. Îl en est de méme du Ranunculus Philonotis, espèce ordinairement annuelle, observée à de hautes altitudes dans les Alpes du Dauphiné. Ges faits, joints à ceux qui ont été plusieurs fois cités dans l'étude des (1) Annales des sciences naturelles, 6* série, 1883, t. XVI, p. 166. (2) Annales des sciences naturelles, 6° série, 1878, t. VIL, p. 103. SÉANCE DU 28 NOVEMBRE 1884. 283 espèces de la flore des sables maritimes, et aux faits du méme genre observés dans la culture des plantes, montrent à quel point le climat peut influer sur le développement des végétaux, et font voir que le carac- tére annuel, bisannuel ou vivace d'une espéce donnée n'a rien d'absolu. M. Franchet fait remarquer, à l'appui de cette communication, que le Verbascum nigrum devient parfois vivace dans les jardins. M. Duchartre rappelle, à propos decesobservations nouvelles, que certains procédés de culture peuvent aussi rendre vivaces certaines plantes annuelles, telles que le Réséda. M. Van Tieghem fait à la Société la communication suivante : SUR LA STRUCTURE ET LES AFFINITÉS DES PITTOSPORÉES, par M. Ph, VAN TIEGHEM. J'ai fait voir en 1872 (1) que la racine des Pittosporées possède des canaux oléifères, entaillés directement dans l'épaisseur d'un péricycle formé d'une seule assise de cellules cloisonnées localement à cet effet, et disposés ordinairement trois par trois en face de chaque faisceau ligneux, le médian quadrangulaire, les deux latéraux triangulaires. De là l'im- possibilité, pour les radicelles, de naitre et de s'insérer à leur place habi- tuelle, c'est-à-dire en face des faisceaux ligneux. De là aussi une ressem- blance profonde avec les Ombellifères et les Araliées. Toutefois j'admettais alors que la racine des Pittosporées ne pos- sède pas, au milieu du bord externe de chaque faisceau libérien, le canal oléifère qu'on observe à cet endroit chez les Ombellifères et les Araliées ; jadmettais aussi que les radicelles de ces plantes prennent naissance dans le péricycle, vis-à-vis du milieu de chaque faisceau libérien, en insérant leurs vaisseaux à droite et à gauche sur les deux faisceaux ligneux voisins, de maniére à étre disposées sur la racine mére en autant de rangées simples que cette racine compte de faisceaux libériens. Il en résultait une différence marquée avec les Ombellifères et les Araliées. L'objet de la présente Note est précisément de rectifier ces deux points et d'effacer cette différence. Dans la jeuue racine du Pittosporum Tobira, du P. undulatum, du Gitriobatus multiflorus, du Sollya heterophylla, j'ai réussi à m'assurer de l'existence d'un canal sécréteur au milieu du bord externe de chaque faisceau libérien. Ge canal est difficile à distinguer ; il est en effet très étroit ; l'huile s'y forme plus tard que dansles canaux supraligneux, et elle (1) Ph. Van Tieghem, Mémoire sur les canaux sécréteurs (Ann. des sc. nal. 5° série, 1872, t. XVI, p. 263). 384 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. y est incolore, au lieu d’être jaune verdàtre comme dans ceux-ci. Quel- quefois les deux cellules du péricycle qui correspondent au milieu du faisceau libérien se divisent par une cloison tangentielle médiane, et c'est entre ces quatre cellules que se creuse le méat oléifère. Mais le plus souvent il est situé entre ces deux cellules médianes et trois autres cellules beaucoup plus petites, enfoncées dans le bord du faisceau libérien et qui ont l'air de lui appartenir: il est alors pentagonal ; quelquefois les deux grandes cellules externes se dédoublent par une cloison tangentielle et le canal est bordé de cinq petites cellules spéciales. Ailleurs encore le canal est situé entre une seule grande cellule externe, simple ou dédou- blée tangentiellement, et trois petites cellules internes faisant une encoche dans le bord du faisceau libérien : il est alors quadrangulaire. Dans tous les cas, le canal parait devoir être rattaché au péricyele, non au liber. La radicelle se forme dans le péricycle aux dépens des cellules situées entre les canaux supraligneux et le canal supralibérien. Elle insére ses vaisseaux obliquement sur le faisceau ligneux le plus voisin, et unique- ment sur celui-là. Quand il n'y a qu'un canal supraligneux, la radicelle n'est que faiblement déviée de sa position normale ; quand il y en a trois, la déviation est plus forte et la radicelle parait s'attacher en face du fais- ceau libérien: ce qui explique l'erreur commise à ce sujet dans ma pre- mière publication. Si n est le nombre des faisceaux lignenx de la racine mére, les radicelles sont donc disposées sur 2 » rangées, comme dans les Ombelliféres et dans lés Araliées, et pour la méme cause. Cette disposi- tion par séries doubles est souvent rendue évidente à l'extérieur, párce que les radicelles qui correspondent au méme faisceau ligneux naissent régulièrement deux par deux à la méme hauteur ; ces radicelles jumelles sont ordinairement inégales, l'une d'elles demeurant plus ou moins rudi- mentaire. En résumé, la structure de la racine et la disposition des radicelles que celte structure entraine se retrouvent chez les Pittosporées identi- ques de tout point à ce qu'elles sont chez les Ombellifères et chez les Araliées. D'autre part, si l'on considére que la disposition des canaux sécréteurs dans la racine et le dérangement qu'elle provoque dans l'insertion des radicelles constituent un caractére qui ne se retrouve nulle part ailleurs dans le règne végétal, on conviendra que ce fail de partager un caractère unique crée entre ces trois familles un lien du premier ordre, et, que, à moins de preuve contraire fournie par l'organisation de la fleur et du fruit, la classification devra les rapprocher en un méme groupe. Pour ce qui est des Ombelliféres et des Araliées, la chose n'offre aucune difficulté, et tout le monde s’accorde à reconnaitre que l'organisation de la fleur et du fruit fait de ces deux groupes deux familles trés voisines, sinon deux SÉANCE DU 28 NOVEMBRE 1884. 385 tribus d'une seule et même famille. Il wen est pas ainsi des Pitto- sporées. En se fondant sur l'organisation de la fleur et du fruit, les bota- nistes descripteurs sont loin de s'entendre sur la place qui leur revient, mais aucun d'eux n'a eu l'idée de les placer tout à côté des Ombellifères et des Araliées. Pourquoi? En somme, les différences se réduisent à trois : l'ovaire est supère, au lieu d’être infére ; chaque:carpelle renferme deux rangs d'ovules, au lieu d'un seul ovule; le fruit est une capsule ou une baie, au lieu d'étreun diachaine ou une drupe.Les deux derniéres différen- ces sont de celles qu'on observe trés fréquemment entre familles voisines. La premiére est ordinairement plus importante, et c'est elle qui a fait placer jusqu'ici les Pittosporées dans l'ordre des Dialypétales superova- riées, tandis que ies Ombelliféres et les Araliées font partie de l'ordre des Dialypétales inférovariées. Mais on sait que ce caractère n'exprime pas toujoursles véritables affinités, et l'on renonce à l'appliquer toutes les fois qu'il est en opposition évidente avec d'autres. Ainsi les Lythracées, qui ont l'ovaire supére, sont classées dans l'ordre des Dialypétales infé- rovariées tout à côté des (Enothéracées, qui ont l'ovaire infère ; ainsi en- core les GCunoniées, les Brexiées, etc., qui ont l'ovaire supére, sont placées dans le méme ordre et rattachées à la famille de Saxifragacées, à cóté des Philadelphées, Ribésiées, Escalloniées, etc., qui ont l'ovaire infére. A mon sens, il y a lieu d'appliquer la méme mesure aux Pittosporées. Il faut, malgré leur ovaire supére, les classer désormais dans le sous-ordre des Dialypétales inférovariées isostémones, tout à côté des Ombellifères et des Araliées. A vrai dire, ces trois familles constituent un groupe ho- mogène caractérisé par sa structure, comme il a été dit, et auquel on peut étendre le nom d'Ombellinées, appliqué quelquefois pour désigner l'en- semble des Ombellifères et des Araliées. M. Duchartre fait à la Société la communication suivante : FLEUR DOUBLE D'UN BOUVARDIA, par M. P. DUCHARTRE. M. V. Lemoine, horticulteur de Nancy, bien connu pour le nombre considérable de variétés ornementales dont il a enrichi les jardins, vient d'obtenir une charmante forme à fleurs doubles du Bouvardia leiantha Benth., dont il a envoyé des rameaux fleuris à la Société nationale d'horticulture le 13 de ce mois. Un de ces rameaux m'ayant été remis, j'ai pu examiner plusieurs des fleurs qu'il portait, et cet examen m'y a fait reconnaitre quelques particularités qui me semblent assez intéres- santes pour que je croie pouvoir en entretenir un instant la Société. Et d'abord je ferai observer que la duplicature des fleurs est un fait peu fréquent chez les Rubiacées de nos jardins. La liste dressée par T. XXXI. (SÉANCES) 25 286 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Seemann, et complétée par M. Maxwell T. Masters (Veget. Teratol. Appendix, 1839), des plantes chez lesquelles on connait des variétés à fleurs doubles ne comprend que les cinq espéces suivantes de cette grande famille : Ixora grandiflora DC., Serissa fœtida Comm., Gardenia For- tuniana Hook., G. florida L., G. radicans Thunb. Le Bouvardia leiantha Benth. à fleurs doubles, que M. V. Lemoine, qui en est lob- tenteur, nomme Triomphe de Nancy, vient s'ajouter à cette courte liste. Les mémes plantes offrent cette particularité, relevée par M. Masters (Veget. Terat.,p. 911), que leurs fleurs, pour devenir doubles, déve- loppent, en dedans de leur corolle gamopétale, un nombre plus ou moins grand de pétales qui restent distincts et séparés. Le Bouvardia leiantha, Triomphe de Nancy, se comporte tout autre- ment : au lieu d'une seule corolle à long tube et surmonté d'un limbe quadrilobé, qui caractérise le type normal de l'espèce, il en possède le plus souvent deux, plus rarement trois, emboitées l'une dans l'autre, indépendantes l'une de l'autre et semblables entre elles. Il y a donc chez lui multiplication du verticille corollin. Ces deux ou trois corolles ont les lobes de leur limbe alternes de l'une à l'autre, et, comme la plus interne est seule staminifere, il en résulte que les quatre étamines qu'elle porte different de situation selon que, à l'intérieur de la corolle normale il en existe, soit une, soit deux supplémentaires. En effet, dans le cas d'une seule corolle supplémentaire, les quatre étamines deviennent alternes au calice au lieu de lui étre opposées comme dans la fleur simple ; mais elles redeviennent opposées au calice, quand la fleur a produit deux corolles supplémentaires. Ces mêmes étamines ont trés rarement conservé l'état normal dans les fleurs doubles du Bouvardia ; presque toujours elles ont subi une transfor- mation pétaloide, mais dans des conditions qui méritent d'étre examinées. D'aprés A. P. de Candolle, la transformation des étamines en pétales, c'est-à-dire la pétalodie, comme on la nomme fréquemment, pourrait porter tantót sur le filet (Cleinatis), tantôt sur l'anthére (Ranunculus), tantót enfin sur ces deux parties à la fois (Helleborus). Poussant avec raison les distinctions un peu plus loin, M. Masters (loc. cit. p. 287) dit que tantót c'est le filet qui devient pétaloide, et que tantót c'est sur les lobes de l’anthère, c'est-à-dire sur les loges ou sacs polliniques, tantôt enfin sur le connectif que porte la même transformation. La pétalisation du filet est le cas de beaucoup le plus fréquent; celle des loges de l'an- thère s'observe, d’après le savant anglais, chez les Solanum tuberosum et Dulcamara, dans les genres Anagallis, Fuchsia, Arbutus, Petunia ; enfin celle du connectif est la moins fréquente, d’après le méme bota- niste, qui en cile comme exemples certaines Ancolies (Aquilegia) à éperons corollins multiples et emboités, ainsi que le Tacsonia pinnati- SÉANCE DU 28 NOVEMBRE 1884. 387 fida. Contrairement à cette manière de voir, Moquin-Tandon et récem- ment M. Clos semblent admettre que l'anthére ne contribue jamais à la formation de pétales supplémentaires dans les fleurs doubles, et que le filet seul est susceptible de se pélaliser. Le dernier de ces botanistes pense (1) que là où l'on voit des lobes d’anthère devenus pétaloïdes, « une petite lame pétaloide occupe la place de l’anthère disparue », et il déclare que « 1l faut bien se garder de considérer comme un développe- » ment du connectif des expansions colorées et de nature pétaloide qui, » dans les fleurs doubles ou dans celles qui tendent à doubler, partent du » sommet du filet, quelquefois du connectif lui-méme (1) ». La fleur du Boucardia double dont il s'agit ici me semble pouvoir jeler du jour sur cette question controversée. En effet, les quatre éta- mines qui s'attachent dans le haut du tube de sa corolle interne, en alter- nance réguliére avec les quatre lobes du limbe de cette méme corolle, se sont pétalisées dans des conditions remarquables et fort instructives : leur filet s'est conservé et n'a pas subi d'autre changement qu'un aplatis- sement et une faible augmentation de largeur; il est ainsi devenu une petite laniére mince et peu colorée dont la nature ne peut étre méconnue. Sur l'extrémité de ce filet s'implante un petit pétale notablement plus large que lui, pétaloide et coloré en un beau rouge vif, semblable à celui de la corolle. Ce petit pétale est plan, ovale-cordiforme, attaché par le milieu de sa base, et sa face interne porte le plus souvent, sur sa ligne médiane, deux sacs polliniques de dimensions parfois réduites, mais parfois aussi à peine altérés dans leur conformation normale. Il y a donc, dans chacun de ces pétales supplémentaires, un filet et deux loges d'an- thére bien caractérisés, et de plus une lame pétaloide beaucoup plus développée que ces deux autres parties de l’étamine, attachée à l'extrémité du filet, et portant les loges adnées à sa face interne. Je ne crois pas qu'il soit possible de voir dans cette lame autre cliose que le connectif hyper- trophié et pétalisé. Je dois ajouter que, dans certaines de ces étamines pétalisées, toute trace de sac pollinique disparait, tandis que, au contraire, d'autres peu pétalisées forment un passage manifeste à ceux de ces organes qui, dans un trés petit nombre de cas, ont gardé leur état normal, et n'offrent rien de pétaloide. ' Ainsi, en premier lieu, multiplication de la corolle entrainant un chan- gement corrélatif dans la situation des étamines par rapport au calice resté normal; en second lieu, pétalisation du connectif, telles sont les deux particularités intéressantes que présente la fleur double du Bouvar- dia leiantha, var. Triomphe de Nancy. (© D. Clos, La feuille florale et le filet staminal (Mém. de l'Acad. des se., inscr. et bell.-lettr. de Toulouse, 7° série, IX). 388 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SÉANCE DU 12 DÉCEMBRE 1884. PRÉSIDENCE DE M. DUCHARTRE. M. Gaston Bonnier, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 98 novembre 1884, dont la rédaction est adoptée. En vertu des présentations faites dans la dernière séance, M. le Président proclame membres de la Société : MM. Piquor (Alphonse), propriétaire à Vimoutiers (Orne), pré- senté par MM. Duchartre et Malinvaud. DE MaupAssANT (H.), à Cannes (Alpes-Maritimes), présenté par MM. Malinvaud et Burnat. FLICHE, présenté par MM. Lemonnier et Mangin. M. le Président donne lecture des lettres de MM. Bois et Henriques, qui remercient de leur admission. Dons faits à la Société : Feuilleaubois, Études sur le Phallus impudicus. Richard, Instructions pratiques pour la formation et la conserva- tion d'un herbier de Lichens. R. Zeiller, Sur des traces d'insecte, simulant des empreintes végé- tales, et Note sur la compression de quelques combustibles fossiles. Asa Gray, Characteristics of the North American Flora. J. A. Henriques, Jnstruccoes practicas para culturas coloniaes. De la part du Bureau central météorologique de France : Annales du Bureau central météorologique de France, année 1882, vol. I, H et IV. La Société a recu, en échange des tomes XXVI à XXX de son Bul- letin, les volumes XLI (en deux parties), XLII, XLIV et XLV des Nova Acla Academiæ Gæs. Leopold. Carol. Nature curiosorum de Halle. M. Ramond, trésorier, donne connaissance de l'état des finances de la Société : SÉANCE DU 129 DÉCEMBRE 1884. 389 NOTE SUR LA SITUATION FINANCIERE A LA FIN DE L'ANNÉE 1883, ET PROPOSITIONS POUR LE BUDGET DE 1885. Irc. La Société avait en caisse à la fin de l'année 1882............ LS NIZAM 99 Elle a recu pendant l'année 1883............ née cire 15,528 85 Gest un total de -naaa a eA 471,100 84 Les dépenses ont été de.. neccs on LLL a ana 17,898 85 Excédant des recettes eoe sr ea unae eono ni 29,801 99 Il y a eu, en outre, à porter à Vactif, pour CONVETSIONS de PONTS. C és sn 15,500 » Et au passif, pour le méme objet, une somme Pm. OE ie e cu à 15,500 » (Balance.) L'excédant des recettes est représenté par les valeurs ci-après : Rente de 960 fr. sur l'État (4 titres nominatifs, n°° 239,064, 8° série, 269,340, 275,681 et 279,131, 6° série, etun titre au porteur, n? 189,859) : Capital, d'aprés le cours de la Bourse à l'époque où la Société est devenue pro- priétaire de ces titres........... — 22,905 76 Dépôt au Comptoir d’escompte............. 3,836 85 Numeérmre aereo ey ES 3,059 38 " Total (comme ci-dessus) ........ 29,801 99 Les recettes et les dépenses se décomposent comme suit: RECETTES. Solde en caisse à la fin de 1882..... A ies Que iM. quus 32,171 99 298 cotisations annuelles (3 pour 1880, 11 pour 1881, 49 pour 1882, 166 pour 1883, 5 pour 1884), à 30 francs res tA d LR 6840 Soldes de. cótisitionu.. .... eoe eros 0 j 6840 » 12 cotisations à vie, à 300 franes........ dpa qe nes 3600 11 diplômes, à 2 franes........... pale teis M que 22 » LÉ M D 10 erue patio rues CAU E euo 1620 » i Remboursements pour excédants de pages et frais de 15,528 85 AN on yerderekbEeseé c kà idis EA dll e ° 39 » Subvention du Ministére de l'Agriculture et du Com- Merce. Lieu. ruo cob LUE M ia EE 1000 » Subvention du Ministère de l'Instruction publique.... 1000 » kente sur Petak, nc er eR us Mr ie: 960 » Intérêts du dépôt au Comptoir d’escompte........... 51 60 Recettes aceidentelles.. corone A00 25 "Tiboo EDI SS LINE. 41,100 84 390 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. DÉPENSES. Impression du Bulletin (389 fr. 90 pour 1881, 5786 fr. 20 pour 1882, et 3589 fr. 10 pour 1882)..... 9765 20: Revue bibliograph. et Table (rédaction). — 1180 » Frais de gravures: ............... 343 60 P i Brochage du Bulletin. ..... DM 739 20? 14900 64 Port dü Bulletin: : oer 467 09 | Circulaires et impressions diverses..... 305 55 | Loye UG IO D ATEM EIE 1100-3 Abonnement pour chauffage et éclairage. 200 » Frais divers (contributions, assurances, 11.898 85 ports de lettres, rémunérations di- IAR OO] cd verses, eic.) ......... Mu 1163 10 Bibliothéque, herbier et mobilier...... 985 11 Dépenses extraordinaires............. 300 » Honoraires du conservateur de l'herbier. 500 »\ Honoraires du trésorier adjoint........ 500 »( 1350 » Gages du garcon de bureau............ 350 »! Excédant des recettes (comme ci-dessus).................... 29,801 99 Les conversions de valeurs ont donné les résultats ci-après pour nos rapports avee le Comptoir d'escompte : Encaisse à la fin de 1882.............. . . 4085 25 Versements Se ele. : 6600 » Tolali oi... 10685 25 Remboursements à déduire. ........... 6900 » Roste o . 5785 25 A ajouter pour intérêts. .............. 51 60 Encaisse à la fin de 1883 (comme ci-dessus). 3836 85 CLASSEMENT PAR EXERCICES. Le Conseil a eu sous les yeux un tableau qui présente le classement des recettes et des dépenses de 1883 d'aprés l'exercice auquel elles se rapportent. Un tableau analogue pour la totalité de nos recettes et de nos dépenses depuis la fondation de la Société se résume comme suit : Recettes depuis la fondation de la Société........ 319,356 63 Dépenses.: 551 oes NUE SE RSA 349,554 64 Excédant des recettes (comme ci-dessus)...... 29,801 99 Vous avez remarqué que nos dépenses pour les frais d'impression se SÉANCE DU 12 DÉCEMBRE 1884. 304 sont élevées à 9765 fr. 20 cent., chiffre notablement supérieur à la moyenne habituelle. C'est la conséquence des retards qui s'étaient pro- duits dans l'impression du Bulletin de 1881. Ainsi que la Société en avait été prévenue dans mon rapport de l'an dernier, une trés forte partie des frais d'impression de 1882 n’a pu être soldée qu'en 1883. Nous sommes rentrés en 1884 dans les conditions normales. Projet de budget pour 1885. Les prévisions pour les recettes de 1885 pourraient être fixées comme suit : 290 cotisations annuelles, à 30 fr....... eX qe p nées t uU » (On limite les prévisions à ce chiffre pour les coti- sations annuelles, afin detenir compte des retards de payement qui pourront se produire.) 3 cotisations à vie, à 300 fro.: ARE E te A zorra 900 » 4 diplômes, à 5 fr. o SIVE ETT séries 20 » Vente du Bulletin... 5. Re ne 1200 » Remboursements pour excédants de pages et frais de gravures. ... 100 » Subvention du Ministère de l’Agriculture....................... 1000 » Subvention du Ministère de l’Instruction publique............ e 1000 » Rente sur l'État ....... ip Dieu os d sue s serlo sense io Vs di 1100 » Intérêts du dépôt au Comptoir d’escompte...................... 40 » Total... here dd de UV. HS. Vo 14,060 » La Société remarquera que, dans ces prévisions, notre rente sur l’État, qui n’était précédemment comptée que pour 960 francs, se trouve portée à 4100 frances. A la suite des démarches faites par M. le Trésorier adjoint pour le recouvrement des cotisations arriérées, notre situalion financiére m'a paru suffisamment assurée pour qu'il füt possible de con- sacrer une somme de 3639 (r. 70 cent. à l'achat d'un titre de rente au porteur de 140 francs. Il faut espérer qu'à l'aide des mesures que le Conseil a arrétées pour le recouvrement des cotisations à domicile, nos dépenses normales, étant à l'avenir réguliérement couvertes par les re- cettes ordinaires, nous ne serons plus dans l'obligation de faire servir le montant des cotisations à vie à équilibrer notre budget, et que ces cotisa- tions pourront étre consolidées chaque année, comme notre réglement le recommande. Pour les dépenses, les évaluations du budget de 1884 pourraient étre reproduites comme suit : 399 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ; Impression du Bulletin....... rq dp To 6000 31 A Séances... ..... 22 feuilles. | Z Revue si je 15 p Session et Table. 8 E E 45 feuill 3 8 iih quit RAR oii ah cipis 8550 >» 3 ‘7 )Revue bibliographique et Table (rédaction).. 1180 » A 2 [Erais Ur i MEC 200 » Z | Brochage du Bulletin..................... 400 » z | Port du Bulletin.............,........... 450 » | Circulaires et impressions diverses. ......... 320 »/ loyek A oos e 1250 »4 Loyer et frais | Chauffage et éclairage.............- 200 » Í du Ports de lettres et menus frais....... 900 » 3100 » matériel. / Bibliothèque, herbier et mobilier..... 350 » Y | Dépenses extraordinaires. ........... 400 >. ' Conservateur de lherbier........... 500 » Personnel. 4 Trésoriér-aiomt."...::..11...11.. 500 » 1350 » Garçon de Düren. an 12,0009, t. 300 » Total pour les dépenses.. ..............- 13,000 » En résumé : La técette serait de ad ee ana ie) RAE. 14,060 » La déboubor SR Tee ieee tendus azs. 13,000, à Et l'exercice pourrait se solder par un excédant de ...... sie: EEUU 2 J'ai l'honneur de proposer à la Société : 4 D'ordonner le renvoi du compte de 1882 à la Commission de comptabilité ; 2» D'approuver le projet de budget ci-dessus pour 1884. Les conclusions de ce rapport sont adoptées, etla Société, sur la proposition de M. le Président, vote des remerciements unanimes à M. le Trésorier. . M. Van Tieghem fait à la Société la communication suivante : STRUCTURE ET AFFINITÉS DES MASTIXIA, por M, Ph. VAN TIEGHEM. Les botanistes descripteurs sont loin d’être d'aecord sur les affinités des Mastixia. M. Baillon les classe dans les Araliées, tout à côté des Arthrophyllum il avaitméme cru d'abord pouvoir les réunir générique- ment aux Arthrophyllum (Adansonia, WI [1863], p. 83) ; mais plus tard il à rétabli les Arthrophyllum, avec doute il est vrai, comme genre SÉANCE DU 12 DÉCEMBRE 1884. 393 distinct, en plaçant les Mastixæia dans leur voisinage immédiat (Histoire des plantes, VII [4880], p. 168). MM. Bentham et Hooker pensent, au contraire, que les Mastiæia sont très éloignés des Arthrophyllum, et tandis qu'ils classent ce dernier genre dans les Araliées, ils rangent les Mastiæia parmi les Cornées, à la suite desquelles Endlicher les plaçait déjà (Genera, I [1867], p. 950). Les Mastixia appartiennent-ils aux Araliées ou aux Cornées? La structure de la tige et de la feuille de ces plantes va nous permettre de répondre à cette question. La tige du Mastixia pentandra, par exemple, n'a dans son écorce ni zone de collenchyme, ni canaux sécréteurs; elle n'a pas non plus de canaux sécréteurs dans son péricycle, formé de petits groupes de fibres rapprochés en une couche presque conlinue, ni dans sa moelle, ni dans le liber de ses faisceaux libéro-ligneux. Le pétiole est également dépourvu de canaux oléifères dans le parenchyme extérieur et intérieur à la courbe fermée constituée par ses faisceaux libéro-ligneux, ainsi que dans le liber de ces faisceaux. La tige des Arthrophyllum, au contraire, possède une zone de collen- chyme sous l’épiderme et de nombreux canaux oléifères, disposés tout aussi bien dans cette zone de collenchyme que dans le reste de l'écorce. Le péricycle y forme des arcs scléreux en dehors des faisceaux libéro- ligneux et ceux-ci renferment des canaux sécréteurs dans leur liber. Enfin la moelle est abondamment pourvue de canaux oléiféres situés à diverses profondeurs, les plus externes disposés à droite et à gauche de la pointe ligneuse des faisceaux. Bien plus, dans PA. ellipticum on observe, au pourtour de la moelle, un cercle de faisceaux libéro-ligneux surnumé- raires tournant leur liber en dedans, leur bois en dehors, tout semblables aux faisceaux inverses de certains Aralia (A. japonica, A. racemosa). L'A. diversifolium a également un cercle de faisceaux médullaires inverses, mais ils sont plus petits que dans l’espèce précédente. Le pétiole de ces plantes a les mémes caractéres anatomiques que la tige; il offre aussi des faisceaux inverses. Les Arthrophyllum ont donc tous les caractères de structure des Araliées, et méme partagent la curieuse anomalie de certains Aralia ; leur place est bien parmi les Araliées. Les Mastizia, au contraire, n'ont aucun des caractères anatomiques des Araliées, et doivent être exclus de cette famille. Si les Mastixia ne sont pas des Araliées, appartiennent-ils pour cela aux Cornées? Pas davantage, comme on va voir. Chaque faisceau libéro-ligneux de la tige du Mastizia pentandra ren- ferme dans la pointe extréme de son bois, contre la moelle, un large canal sécréteur, souvent rempli de camphre cristallisé dans les échantil- 394 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. lons sees. Pour entrer dans une feuille, ces faiseeaux quittent le cylindre central, au nombre de cinq, notablement au-dessous du nœud, en entrai- nant chacun son canal ligneux; jusqu'au nœud, ils séjournent dans l'écorce, en reployant leur bois autour du canal, en forme d'anneau, de maniére à devenir presque concentriques. Dans le pétiole, les faisceaux qui forment la partie inférieure de la courbe fermée, au nombre de sept ou neuf, ont chacun un large canal sécréteur à leur pointe ligneuse. Ces canaux parcourent le limbe de la feuille en suivant le cours des nervures. Le M. Gardneriana offre les mémes caractéres, avec cette différence que la tige possède en outre quelques canaux sécréteurs dans la région cen- trale de sa moelle. Les Cornées sont, comme on sait, entièrement dépourvues de canaux sécréteurs. Les Mastixia ne sont donc pas des Cornées. A quelle famille faut-il rattacher ces plantes ? Dans deux communications antérieures (1), j'ai montré à la Société que la localisation des canaux sécréteurs dans le bois de la tige et de la feuille, telle qu'elle existe dans les Mastixia, se rencontre chez les Angiospermes dans trois familles : les Diptérocarpées, les Simarubacées et les Liqui- dambarées. J'ai fait voir aussi que la disposition des canaux sécréteurs dans la racine différencie ces trois familles et permet de décider entre elles. Malheureusement je n'ai pas eu à ma disposition la racine des Mastixia; les herbiers en sont dépourvus. A défaut de la racine, dont l'étude anatomique eüt été décisive, plu- sieurs des caractères de la tige et de la feuille montrent nettement que c'est aux Diptérocarpées que les Mastizia doivent être rattachés. Comme dans les Diptérocarpées, les faisceaux foliaires quittent le cylindre central au-dessous du nœud et accomplissent le reste de leur trajet dans l'écorce, caractère trés rare, comme on sait, chez les Dicotylédones. Comme dans les Diptérocarpées, le liber secondaire est stratifié, les couches de fibres y alternant avec les couches de tubes criblés. Dans certains Mastixia (M. Gardneriana), comme dans certains Dipterocarpus (D. littoralis), outre les canaux ligneux, on trouve dans la moelle méme quelques canaux sans relation avec les feuilles; etc. En un mot, toute la structure des Mastixia est celle des Diptérocarpées. Reste à voir maintenant si les caractères de la fleur, du fruit et de la graine autorisent le classement si clairement indiqué par les caractères anatomiques. Les Mastixia ont l'ovaire infère ; mais il en est de même dans plu- sieurs Diptérocarpées, notamment dans les Anisoptera et Pachyno- carpus. Le calice des Mastixia n'est pas accrescent; mais l’accrescence (4) Bull. Soc. bot. de France, séances des 28 mars et 23 mai 1884. SÉANCE DU 12 DÉCEMBRE 1884. 395 du calice est loin d’être constante chez les Diptérocarpées ; elle fait défaut notamment dans les Vatica, Vateria, Monoporandra et Pachynocarpus. L'androcée des Mastixia ne compte que cing étamines alternipétales ; mais un pareil androcée se reucontre aussi parmi les Diptérocarpées, chez les Monoporandra. L'ovaire des Mastixia est uniloculaire uniovulé, et leur graine est albuminée; mais l'ovaire des Ancistro- cladus est également uniloculaire uniovulé; leur graine est égale- ment albuminée : ces deux caractères n'ont pourtant pas empéché les botanistes descripteurs de placer les Ancistrocladus dans les Diptérocar- pées ; ils ne peuvent davantage empêcher l'aecession des Mastiaia dans cette famille. Il y a méme beaucoup moins de différences entre les Mas- tixia et les Diptérocarpées typiques qu'entre celles-ci et les Ancistro- , cladus. En effet, les Mastixia ont, comme on la vu, tous les caractères de structure des Diptérocarpées typiques, tandis que les Ancistrocladus sont entiérement dépourvus de canaux sécréteurs. De plus, l'ovule ana- trope est hyponaste chez les Mastixia comme dans les Diptérocarpées typiques, tandis qu'il est épinaste dans les Ancistrocladus. En résumé, on voit qu'aucun des caractères externes ne s'oppose à l'in- troduction des Mastixia dans la famille des Diptérocarpées, introduction suggérée et exigée par les caractéres internes. En prenant place dans les Diptérocarpées, les Mastixia n'augmentent pas l’hétérogénéité de cette famille. M. G. Bonnier, secrétaire, donne lecture d'une communication de M. Ed. Bornet sur les Algues de Madagascar récoltées par M. Ch. Thiébaut (1). M. Franchet fait à la Société la communication suivante : SUR UN /SOËTES DE L'AMÉRIQUE DU SUD, par M. A. FEAXCIIET. Le D' Lud. Savatier, médecin en chef de la marine et nótre collègue, a recueilli en 1877, durant la campagne de la Magicienne, dans le lac de Puerto Bono, sur la côte de Patagonie, 30* 55' sud et 77° 23' ouest, un remarquable /soeles que je ne trouve signalé nulle part; la station où il a été observé est, je crois, la plus extrême, pour ce genre, dans l'Amérique du Sud. ISOETES SAVATIERI, sp. nov. — (Amphibie). Rhizoma obscure trilo- bum, diam. circiter 15-20 mill. Bulbus crassus, diam. 2-3 cent., vaginis laxe imbricatis constans. Folia valida, præserlim apice eximie subtetra- (1) Un accident, arrivé au eliché qui doit entrer dans cette communication, nous oblige à en retarder l'impression. 396 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. gona,in mueronem spinescentem desinentia, in plantà submersà usque ad 20 cent. elongata, in speciminibus emersis multo breviora, vix sesquipolli- caria, valde crassa et rigida, fere vulnerantia ; vagina latissima (7-10 mill. versus basin), margine late membranacea, dorso profunde sulcata, quasi biloba. Sporangia parva (4 miliml. vix longa), ovata vel suborbiculata, areolà angustà ; foveola margine elevato obtuso cincta, ligulà ovato- deltoideà, crassiusculà, fuscatà ; velum incompletum, sporangii 1-7 ob- tegens, latere inferiore profunde emarginato. Macrosporæ albidæ, undi- que rugosæ, rugis eleganter anastomosantibus, plus minus elevatis. Microsporæ brunneæ, tenuissime muriculatæ, nunc subleves, uno latere vel circumcirca cristatæ. Hab. in lacubus e vicinitate Puerto Bono, freti Magellanici, nunc sub- mersa, nunc secus ripas emersa (Savatier, 15 febr. 1877). L'I. Savatieri ne peut être comparé qu'avec lI. Gardneriana Kunze; ilale port des individus moyens de cette espéce, et ses conditions d'existence paraissent être les mêmes ; il en diffère bien nettement par les ornements de ses macrospores, qui, dans la plante de Kunze, sont constitués par des tubercules cylindriques allongés et très serrés. La fovéole profonde, la consistance épaisse de la ligule, que je vois brune dans tous les individus, sont aussi des caractéres remarquables. Quant aux feuilles, je ne connais aucune autre espéce qui les ait piquantes à l'égal de l'T. Savatieri, leur mucron consistant en une épine fine, longue de 2 à 3 millimètres, et véritablement vulnérante. L'Isoetes de Puerto Bono se présente sous deux formes qui paraissent très distinctes au premier coup d'œil, selon qu'il est inondé ou exondé, Dans le premier cas, les feuilles sont toujours un peu molles, quoique épaisses. Le bulbe des individus émergés est beaucoup plus gros, leurs feuilles trés raccourcies et plus brusquement mucronées ; en raison méme de leur brièveté, elles sont bordées presque jusqu'au sommet d'une sorte d'aile membraneuse qui n’est que la continuation des bords de la gaine. Leur bulbe atteint jusqu'à 3 cent. de diamètre, et les gaines qui le forment constituent 4 ou 4 de la longueur totale de la feuille. Je ne crois pas que l'on connaisse d'espéce où la portion dilatée de cet organe soit aussi considérable. M. G. Bonnier a recu un tirage à part d'un intéressant travail de M. Masters (1), antérieur à la communication faite à la Société par M. Bonnier sur les bractées des Crucifères, et dont la conclusion est la méme (2). L'auteur de cette derniére note a omis de men- (1) Masters, Nole of the Bracls of Cruciferes (Linn. Soc. Journ. Bor. t. XIV, 1874). (2) G. Bonnier, Sur la présence normale des bractées chez les Gruciferes (Bull. Soc. bot. de France, 1882). SÉANCE DU 12 DÉCEMBRE 1884. 397 tionner la publication précédemment citée, et répare cette omission, tout en faisant remarquer que l'auteur anglais s'est surtout placé au point de vue de la morphologie extérieure, tandis que les observations conlenues dans la note de M. Bonnier étaient surtout faites au point de vue anatomique. M. Prillieux fait à la Société la communication suivante : SUR LE PERONOSPORA SETARIÆ, par M. Éd. PRILLIEUX. Je ne crois pas que l'on ait jusqu'ici signalé en France l'existence d'un Peronospora vivant sur une plante monocotylédone. Il en est un cepen- dant qui vient sur les feuilles des Graminées dans le midi de la France. Je l'ai trouvé l'andernier à Nérac, sur le Setaria verticillata. C'est à M. Fréchou, pharmacien dans cette ville, que je dois de connaitre cette plante que je crois nouvelle pour la France. Elle a été observée antérieu- rement en Italie, prés de Parme, en 1878, et décrite exactement par M. Passerini sous le nom de Peronospora Setariæ (Grevillea, n° 43 ; p. 99. — Revue mycologique, juillet 1879). Le Peronospora Setariæ est en pleine production de pousses conidio- phores à Nérac vers le milieu du mois d'août. Les stipes fructifères sor- tent par les stomates de la face inférieure de la feuille, souvent par grou- pes de 3 ou 4. Ils sont courts et trapus et ne portent qu'un petit nombre de rameaux trés courts qui sont dressés et n'ont pas de ramifications secondaires. Chaque trés courte branche est un peu renflée à l'extrémité, d'oü naissent des stérigmates assez longs et effilés, souvent au nombre de 3, et sur lesquels sont insérées des conidies presque globuleuses et hyalines. Elles germent en émettant des zoosporidies dont le nombre varie de 1 à 4. D'aprés les observations de M. Fréchou, le Peronospora du Setaria, comme celui de la Vigne, peut porter des conidies plus grosses (macroconidies) qui fournissent un bien plus grand nombre de sporidies. Les oospores, ou spores d'hiver, apparaissent vers le mois de septembre, en grand nombre, à l'intérieur des feuilles; elles sont globuleuses, jau- nàtres, ont une paroi épaisse et lisse, et sont contenues dans des oogones ovales ou globuleux à paroi mince. Ces spores dormantes germent au printemps suivant. M. Fréchou les a vues émettre un tube comme celles du Peronospora viticola, mais n'a pu poursuivre au delà l'étude de leur développement. 1l est donc encore incertain si l'oospore du Peronospora Setariæ peul produire directement un stipe conidiophore; comme je l'ai annoncé pour le Péronospora de la Vigne. 398 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Chatin signale à ce propos les ravages produils cette année aux environs de Paris par le Peronospora de la Vigne, et l'effet d'effeuillage causé par l'envahissement de ce Champignon. A propos de Champignons, M. Chatin signale l'abondance des Oronges vraies, cette année, aux environs des Essarts. SÉANCE DU 26 DÉCEMBRE 1884. PRÉSIDENCE LE M. DUCHARTRE. M. G. Bonnier, secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la séance du 12 décembre, dont la rédaction est adoptée. M. le Président a le regret d'annoncer le décès de M. le D" Kresz, un des plus anciens membres de la Société. Lecture est donnée d'une lettre de M. H. de Maupassant qui re- mercie la Société de l'avoir admis au nombre de ses membres. ll est procédé, conformément aux Statuts, à l'élection du Prési- dent de la Société pour l'année 1885. M. Bescherelle (1), premier vice-président sortant, ayant obtenu 97 suffrages sur 144, est proclamé Président. La Société nomme ensuite successivement : Premier vice-président : M. Ad. Chatin. Vice-présidents : MM. Bonnier, Maugeret et Zeiller. Secrétaire général : M. Malinvaud. Secrétaire : M. L. Mangin. Vice-secrétaires : MM. Costantin, Duval. Trésorier : M. A. Ramond. Archiviste : M. Bornet. Membres du Conseil : MM. Buffet, Duchartre, Leclerc du Sablon, Monod, Petit. Par suite de ce renouvellement et des anciennes nominations encore valables, le Bureau et le Conseil d'administration sont com- posés, pour l'année 1885, de la maniére suivante : (1) C’est par erreur que nous avons indiqué la séance du 13 juin comme présidée par M. Duchartre. Cette séance était présidée par M. Bescherelle, SÉANCE DU 26 DÉCEMBRE 1884. 390 Président. M. BESCHERELLE. Vice-présidents. MM. Ad. Chatin, MM. Maugeret, Donnier, Zeiller. Secrétaire général. M. Malinvaud. Secrétaires. Vice-secrétaires. MM. Mangin, MM. Costantin, J. Vallot. Duval. Trésorier. Archiviste. M. A. Ramond. M. Éd. Bornet. Membres du Conseil. MM. Buffet, MM. P. Marès, Bureau, Monod, Max. Cornu, Petit, Duchartre, J. Poisson. Ad. Franchet, Éd. Prillieux, Leclerc du Sablon, E. Roze, Avant de se séparer, l'assemblée, sur la proposition de M. Chatin, vole desremerciements unanimes à M. Duchartre, président sortant. MR PRES BounLoTOX. — lmprimeries réunics, A, rue Mignon, 2, Paris. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE (1884) De 1861 à 1883, pendant vingt-trois années, M. Eugène Fournier, dont nous déplorons tous la perte récente, a rédigé seul la Revue bibliographique du Bulletin de la Société botanique de France. Érudit et polyglotte distingué, versé dans la connaissance des sciences naturelles et de la médecine, il était particulièrement qualifié pour remplir, à la satisfaction générale, les fonctions dont il était chargé. Il s'y était dévoué tout entier et s'acquittait de sa tâche avec un soin et un talent universellement reconnus. Dans les premiers mois de cette année, la santé profondément altérée de notre regretté confrère ne lui a pas permis, malgré son vif désir d’être exact et ses efforts prolongés jusqu’au dernier jour, de s'occuper de la Revue avec toute l'activité nécessaire. Huit pages d'analyses déjà composées, et qui seront conservées scrupuleuse- ment, sont tout ce qu'il avait pu préparer pour le premier numéro bibliographique de 1884. 1l en résulte pour la publication de cette partie du Bulletin un retard qui sera réparé le plus rapidement possible, mais qui entrainera peut-étre, à notre grand regret, d'inévitables lacunes. En présence de cette situation nouvelle, et à la demande de plusieurs de nos confréres, le Conseil d'adminis- tration de la Société botanique a décidé de ne plus confier la rédaction de la Revue à un seul de ses membres, mais de distribuer le travail entre plusieurs rédacteurs. Chacun d'eux signera les articles qu'il aura écrits. Lesarticles seront rassemblés, coordonnés et imprimés par les soins et sous la direction du soussigné. Cette nouvelle organisation commence avec le premier numéro de l'année présente. Paris, 15 juillet 1884. D' ÉpotAnp BORNET. T. XXXI. (REVUE) ! 1 y SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Florula genevensis advena; par M. Alfred Déséglise (Bulletin de la Société royale de botanique de Belgique, tome xxm, 1883, pp. 97-106). M. Alfred Déséglise, que la science a récemment perdu, s'était occupé avec une prédilection particuliére de la florule adventice du canton de Genéve, utilement secondé par plusieurs botanistes du pays, et notam- ment par M. Ayasse. Il avait publié déjà sur ce sujet deux mémoires, le premier dans le Bulletin de la Société royale de botanique de Belgique, t. xvi, 1878, pp. 235-244; le second dans le Bulletin de la Société d'études scientifiques de Paris, 1v* année, premier semestre, 1881. Le troisieme mémoire, que nous signalons aujourd'hui, recense les deux précédents et y ajoute des informations nouvelles. Son intérét principal réside dans le relevé complet de toutes les plantes adventices connues dans le canton de Genève, avec l'indication de l'année où la naturalisa- tion de l'espéce a été constatée pour la premiére fois, et de sa distribu- tion géographique générale. Le nombre total est de 150. Sur ce nombre 25 Crucifères, 17 Graminées, 15 Composées, 11 Légumineuses, 10 Om- belliferes, 8 Solanées et Labiées: en tout, 26 familles représentées. 65 espéces n'ont paru qu'une fois, d'autres se rencontrent de temps en temps, mais il y a un certain contingent qui persiste (1). Une herborisation dans les Marais-Pontins; par M. A. Gravis (Bulletin de la Société A mydie de botanique de Belgique, 1883, pp. 174-207). Ce voyage a été accompli par M. Gravis dans le milieu du mois d'avril, d'abord en compagnie de M. le comte de Solms-Laubach. M. Gravis, dans cette exploration, a établi son quartier général à Terracine. Il a reconnu que la contrée étendue depuis les villes de Cori, Norma, Sermoneta, Sezze et Piperno jusqu'à la mer, peut être divisée en cinq zones, caracté- risées par leur végétation, savoir : 4° la zone des montagnes formée par les monts Lepini ; 2° la large zone des prairies, ou la plaine des Marais- Pontins ; 3° les fossés, les canaux et les lacs d'eau douce; 4° la zone des bois qui court parallèlement au rivage ; 5° enfin la zone maritime, compre- nant les dunes et le sable du littoral. Au milieu de cet ensemble se dresse le Monte Circeo, qu'il importe de considérer isolément. M. Gravis donne la liste des plantes recueillies par lui sur chacun de ces points. Le pays qu'on désigne sousle nom de Marais-Pontins n'est pas, comme le terme semble l'indiquer, une contrée couverte de marécages plus ou moins semblables à nos tourbiéres. C'est une plaine dont le sol est con- (1) Cet article et les suivants non signés sont de M. Eugène Fournier. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 3 stitué par une argile compacte et imperméable, qui fait avec l'eau une pàte épaisse, mais qui, une fois desséchée, devient extrémement dure et ne se couvre que d'un maigre gazon. Le niveau de cetle plaine est à peine supérieur à celui de la mer, de sorte que les eaux qui jaillissent abon- damment au pied des collines trouvent difficilement un écoulement. Comme on le conçoit d'avance, la flore de la région méditerranéenne occupe surtout la zone des montagnes, et des bois secs comme ceux qui entourent le Monte Circeo. Les espéces dominantes des dunes sont l'Erica arborea, YHelianthemum halimifolium, le Cistus salvifolius etle Daphne Gnidium. M. Gravis termine son mémoire par le récit des observations de MM. Klebs et Tommaso-Crudeli sur le Bacillus malariæ et sur la fièvre des Marais-Pontins, à laquelle nous le félicitons d'avoir échappé (1). Excursions botaniques en Espagne en 1881 et 1882; par M. G. Rouy (extrait de la Revue des sciences naturelles, 1882-83); tirage à part en broch. in-8° de 86 pages. Nous avons déjà rendu compte de la premiére partie de ce travail (2). La seconde en est surtout le complément, et le complément indispensable, L'auteur y reléve d'abord les localités nouvelles, c'est-à-dire non signa- lées dans le Prodromus flore hispanice, des nombreuses espéces récol- tées par lui et par M. A. Guillon, son compagnon de voyage en 1882. Il a recours pour cela à un systéme de notation qui se recommande par sa brièveté. Un certain nombre de ces espèces n'avaient pas encore été trouvées en Espagne. Viennent ensuite des observations sur des espéces critiques ou nouvelles. De ce nombre sont le Platycapnos grandiflorus Rouy, voisin du P. spicatus Bernh. et s'en séparant, outre des caractères de port, par ses silicules atténuées aux deux extrémités et à rebord peu ou point saillant ; le Malcolmia castellana Rouy, voisin du M. patula DC. ; l'Ononis brachyantha Rouy (0. parviflora Cav. non Lam. nec Berg.); Rosa almeriensis Rouy, qui prend place à côté du Rosa lactiflora Déségl. et du Rosa Gremlii Gremli ; le Filago Pseudo-Evax Rouy, à calathides de la grandeur de celles du F. germanica, mais dont le port rappelle l’Evax carpetana Lge ; le Sonchus zollikoferioides Rouy, qui ne peut être rap- proché que du s. tenerrimus L., var. pectinatus, mais qui s'en distingue amplement; le Thymus Barrelieri Rouy (Th. estivus Reut. et Th. hiema- lis Lge, Barr. Icon. n° 180). Il faudrait citer encore des notes sur les genres Eruca, Diplotaxis, Koniga, Centaurea, Reseda, etc. (4) M. le D" Maglieri préconise contre toutes les affections nées de la malaria l'ad- ministration d'une simple décoction de citron. (2) Voyez tome xxx, p. 113. ? 4 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Contributions to North American Botany; par M. Asa Gray. Characters of new Compositæ, with Revision of certain Genera, and critical Notes (Proceedings of the American Academy of Arts and Sciences, vol. xix); tirage à part en broch. in-8° de 96 pages. Les espèces nouvelles décrites par M. Asa Gray dans cet important mémoire appartiennent aux genres Stevia, Aplopappus, Greenella, Eri- geron, Filago, Gnaphalium, Silphium, Wyethia, Gymnolomia, Vi- guiera, Flourensia, Helianthus, Encelia, Helianthella, Verbesina, Coreopsis, Hemizonia, Lutia, Eatonella gen. nov., Syntrichopappus, Baeria, Bahia, Eriophyllum, Hymenopappus, Chenactis, Actinella, Gaillardia, Sartwellia, Porophyllum, Dysodia, Hymenatherum, Ta- getes, Pectis, Artemisia, Cacalia, Senecio, Arnica, Gochnatia, Pere- zia, Stephanomeria, Hieracium, Troximon et Lactuca. Les genres Verbesina, Baeria, Bahia, Eriophyllum, Hymenatherum, Artemisia, Perezia et Stephanomeria ont été traités par l’auteur d'une maniére monographique ou tout au moins synoptique. D'ailleurs M. Asa Gray a inséré dans son mémoire, à propos de genres et d'espéces déjà connues, mais parfois un peu critiques ou contestées, les observations les plus intéressantes. Comme la végétation embrassée dans l'ensemble de son étude est tout aussi bien celle des États-Unis que celle du Mexique septentrional, il a souvent élucidé beaucoup de questions de détail con- cernant les Composées de ce dernier pays, nommé de nombreuses espéces de Schaffner et de Parry, et, en passant, rectifié plusieurs des détermina- tions de M. Hemsley. Three new Chinese Begonias; par M. H.-F. Hance (Journal of Botany, cahier de juillet 1883). Le Begonia leprosa, recueilli dans le voisinage de Canton par le Rév. B.-C. Henry, ne se rapproche que du Begonia delicatula Parish. — Le B. fimbristipula, de la province de Canton également, a son affinité la plus prochaine du cóté du B. parvuliflora A. DC. — Enfin le B. circum- lobata, de la section Platycentrum, qui provient également du voisinage de Canton, est probablement voisin du B. laciniata Roxb. Note sur le Begonia Lubbersi; par M. Éd. Morren (la Bel- gique horticole, cahier de mai-juillet 1883, pp. 155-156, avec une planche coloriée). Ce Begonia a été introduit fortuitement du Brésil au Jardin botanique de l'État en 1880, par M. Pedro Binot, de Petropolis. L’excellent jardi- nier de Bruxelles, M. Louis Lubbers, en remarqua un bout de tige enche- .vétré dans le stipe d’un Alsophila, le détacha, le traita soigneusement, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 5 et parvint à lui faire donner des fleurs. Le Begonia Lubbersi Éd. Morren peut être classé dans la section des Gaertia de Klotzsch, et montre une certaine affinité avec le Begonia maculata Raddi. La couleur sombre de son feuillage, sur lequel se détachent de nombreuses perles nacrées, les fleurs blanches d'une grande dimension, et la vigueur de la plante, offrent beaucoup d'attraits. Disporopsis, genus novum Liliacearum ; auctore H.-F. Hance (Jour- nal of Botany, cahier de septembre 1883). Ce genre, originaire de la province de Canton, est représenté par une plante rhizomateuse à tige herbacée, qui a le port du Disporum pullum Salisb. Il se place parmi les Convallariées au voisinage du Polygonatum, et se distingue de tous les genres de cette tribu par l'existence d'une coronule insérée au sommet du tube de la corolle. Beitrage zur Morphologie and Systematik der Maran- taceen ; par M. A.-W. Eichler. In-4° de 99 pages, avec 7 planches lithographiées (extrait des Mémoires de l'Académie des sciences de Berlin). Berlin, 1884. M. Eichler rappelle d'abord les nombreux travaux publiés sur l'ana- tomie et la symétrie des Marantées. Il conçoit ce terme dans le sens le plus restreint, suivant le travail de Kiernicke, auquel il se réfère fréquem- ment ; de sorte qu'il exclut de son cadre non seulement les Musacées et les Zingibéracées, mais encore le genre Canna, sur lequel d'ailleurs il a déjà publié un important mémoire dans le Botanische Zeitung en 1813. M. Eichler traite d'abord des caractéres du rhizome et de l'axe, puis des feuilles, qui sont de deux formes dans la partie épanouie, et alternant entre elles sur deux séries, non sans quelques phénoménes de glissement qui, à l'extrémité des axes, transforment l'arrangement distique en un arrangement spiral. L'auteur, en étudiant l'irrégularité des feuilles des Marantacées, quelquefois comparable à celle des Begonia, fait remarquer que dans le bourgeon la moitié la plus large est enveloppée par la moitié la plus étroite ; chez une partie de la famille, l'enroulement est en sens inverse d'une feuille à la feuille consécutive. Chez d'autres espéces (on ne pourrait direchez d'autres genres), toutes les feuilles sont enroulées dans le méme sens, et peuvent par conséquent être dites homotropes. Dans un troisième chapitre, l'auteur s'occupe des rameaux ; dans un quatriéme, de l'inflo- rescence; dans un cinquième, de la fleur, dont il examine d'abord la struc- ture extérieure, puis le développement et la signification morphologique. M. Eichler, relativement à la symétrie florale de l'androcée, adopte aujourd'hui les idées de Lindley et de Kærnicke. Il en décrit du reste longuement et soigneusement le développement. 6 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Vient ensuite l'étude du fruit, et celle de la graine. Les cloisons du fruit partent de la paroi pour se réunir suivant l'axe. Leur premier point de formation est comme une dilatation subite de la paroi. Chaque cloi- son (chez toutes les Marantées) contient une glande septale. Dans quel- ques cas, le fruit reste indéhiscent (Phrynium dichotomum et autres espéces du méme genre), ou bien il se partage en fragments irréguliers, comme le péricarpe du Thalia. Le plus ordinairement il existe une déhis- cence, mais tardive, et à l'aide de valves qui partent du sommet. Quand le fruit contient trois graines, la déhiscence est loculicide ; et quand il wya qu'une loge fertile (Ichnosiphon obliquus), la valve qui recouvre cette loge est plus étroite que les deux autres. Relativement aux graines, M. Eichler discute les nombreuses opinions émises, et figure d'intéres- santes transitions par lesquelles l'ovule des Marantées, d'abord semi-ana- trope, devient graduellement campylotrope. Sur la classification des Marantées, M. Eichler entre dans des détails importants. Il donne la clef des genres américains, au nombre de sept, ainsi disposés : + A. Ovarium 1-ovulatum. a. Staminodia externa 2, rarius nulla : + Corollæ tubus elongatus........................... Maranta L. t Corollæ tubus brevissimus amplus : Ti Bractesm distbhm 22... ee... de rime Stromanthe Sond. tt Bracteæ unilaterales | P°"Samaceæ................ Ctenanthe Eichl. membranaceo a .:.:......:., Saranthe Kern. em. b. Staminodium externum : t Corolle*tubus brevissimus......................... Thalia L. t Corelise tubus, elongatus.. p ed sra herein Ya hr Ichnosiphon Kern. B. Ovarium 2-ovulatum. Calathea G. F. W. Meyer. Le nouveau genre Ctenanthe est démembré par l'auteur du Saranthe de Kernicke, dont la diagnose se modifie. M. Eichler indique, avec la bibliographie et la synonymie nécessaire, notamment avec l'indication des planches publiées dans les journaux d'horticulture, toutes les espéces à lui connues dans les genres Maranta, Stromanthe, Ctenanthe et Sa- ranthe. Le Kerchovea floribunda Jorrissenne est rapporté par lui à son Stromanthe Schottiana (Marantopsis Schottiana Koern.). Orchidaceas quatuor novas sinenses proponit H.-F. Hance (Journal of Botany, cahier d'aoüt 1883). 1. Liparis chloroxantha, de la section Cestichis, recueilli dans les ro- chers du mont Parker, dans l'ile de Hong-kong, et aussi sur le continent voisin, rapproché par ses caractères du L. crenulata Lindl. de l'ile de REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 7 Java. — 2. Bolbophyllum tigridum, de la section Brachyantha, re- cueilli sur la montagne des Tigres, dans la province de Canton, voisin du B. umbellatum Lindl. et constituant avec un petit groupe d'espèces du genre une transition vers le Cirrhopetalum, que M. Reichenbach joint au Bolbophyllum. — 3. Eria ambrosia, de la section Dendroli- rium Benth., charmante espèce dont les fleurs exhalent une odeur d'a- mande amère, et qui a été recueillie sur le sommet du pic Victoria, dans l'ile de Hong-kong. — 4. Cystorchis ? nebularum, de la montagne des Tigres, dans la province de Canton, plante que ses caractéres attribuent au genre Cystorchis, bien qu'elle ait le port d'un Goodyera. Une fleur anomale de Paparcer Rhæas ; par M. Louis Piré (Comptes rendus des séances de la Société royale de botanique de Belgique, 1884, séance du 12 janvier). Les.quatre pétales du Coquelicot sujet de cette observation étaient de venus tubuleux par la soudure de leurs bords opposés, et offraient chacun l'aspect d'une corolle monopétale. Si l'on considére la préfloraison chif- fonnée du Coquelicot, on constate que chaque pétale est replié sur lui-méme, de telle facon que ses bords latéraux coincident sur toute leur longueur. Il n'est donc pas étonnant que ces bords se soudent, et il est méme éton- nant que ce cas ne se présente pas plus souvent. On cultive méme une variété de Papaver bracteatum dans laquelle les pétales sont unis par leurs bords, de telle sorte que la fleur, devenue gamopétale, présente l'aspect d'une large coupe. On a Monstrosity in the flower of Fris Pseudacorus ; par M. Dickson (ibid. p. 364). Cette monstruosité consiste dans la transformation d'un des éléments internes du périanthe, converti en étamine ; mais le principal intérét de ce fait tératologique, c'est qu'il se reproduit sur toutes les fleurs de la méme inflorescence. Beitrage zur Entwickelungsgeschichte einiger Inflores- cenzen (Recherches sur le développement de quelques inflorescences); par M. K. Goebel (Pringsheim's Jahrbücher für wissenschaftliche Botanik, t. xiv, 17 livr., pp. 1-42, avec 4 planches). Le mémoire de M. Gœbel ne concerne que les Graminées et les Urti- cées, et surtout les Graminées, chez lesquelles il a étudié les types sui- vants : Lolium, Lepturus cylindricus, Anthoxanthum odoratum, Coleanthus subtilis, Hordeum, Phalaris arundinacea, Andropogon ls hemum, Setaria, Pennisetum, Cenchrus, Anthephora elegans, Coix, et Cornucopie cucullatum. 8 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Nos lecteurs n'attendent pas de nous que nous entrions dans les détails qui concernent chacun de ces types. Nous aurions voulu pouvoir en donner un résumé général ; cela nous est à peu prés impossible, l'auteur ne nous ayant pas donné l'exemple. Nous devons cependant faire remar- quer avec lui que dans l'immense variété que présente l'inflorescence des Graminées, on peut toujours distinguer deux types, le type radiaire, facile à étudier chez les Setaria, et le type dorsi-ventral, qui est le plus com- mun, et dont le plus bel exemple est peut-étre le Stenotaphrum ameri- canum. Il ne faudrait pas croire cependant que ces types se présentent toujours isolément chez les Graminées. Leur combinaison n’est pas rare, par exemple, chez le Glyceria spectabilis. Die Verkieselung lebender Elementarorgane der Pflan- zen (La silification des organes élémentaires vivants des plantes) ; par M. Spyridon Miliarakis. In-8° de 29 pages. Wurzbourg, 1884. Aprés avoir longuement rapporté les travaux des auteurs antérieurs, notamment de Hugo Mohl et de M. Sachs, l'auteur s'attache à l'étude d'une question particuliére : les cellules silicifiées sont-elles encore capables de développement? En faisant succéder l'acide chromique à l'acide sulfurique dans leur action sur les tissus, il se flatte d'avoir découvert le meilleur moyen pour la préparation des squelettes siliceux des cellules. On peut se convaincre ainsi, dit-il, que ces squelettes sont purs de toute matière étrangère, et que la chaleur produite par le mé- lange des deux acides est sans influence sur la forme de la cellule sili- cifiée, chaleur qui souvent atteint 100 degrés. M. Miliarakis se fonde sur l'emploi de cette méthode pour nier que les cellules, une fois silicifiées, soient capables d'un développement ultérieur. Ueber Bau und Funktion der pflanzlichen Hautgewebe- systems (Sur la structure et la fonction du système épidermique des végétaux); par M. M. Westermaier (Pringsheim's Jahrbücher, t. xiv, 17 livr. pp. 43-81, avec 3 planches). Voici quelles sont les conclusions de l'auteur : Le besoin d'eau éprouvé par le végétal est rempli par deux systémes de tissus. L'un des deux traverse sous forme de cordons l'intérieur des tiges, des feuilles. et des racines ; l'autre recouvre comme ‘un manteau les or- ganes verts, qui ont de l'eau un besoin si capital au double point de vue de la transpiration et de l'assimilation... Les éléments du tissu aqueux épidermique sont des cellules à parois minces et vivantes (munies de leur utricule primordiale); en perdant de l'eau, elles tombent dans le collapsus et peuvent ensuite reprendre leur turgescence. Les éléments du tissu REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 9 aqueux trachéal (1) sont au contraire morts (sans utricule primordiale), et toujours sans turgescence; ils peuvent avoir les parois épaisses ou diversement annelées ou striées, et ne tombent pas en collapsus quand ils perdent de l'eau, mais laissent pénétrer dans leur intérieur de l'air raréfié. Heptadem Filicum novarum sinicarum porrigit H.-F. Hance (Journal of Botany, cahier de septembre 1883). Le Blechnum Hancockii Hance et le B. stenopterum Hance, tous deux recueillis à Formose, sont des Lomaria voisins du L. borealis. — Le Micropodium cardiophyllum est caractérisé par : « nervis excurvis parallele furcatis marginem versus parce anastomosantibus areolas paucas oblongas efformantibus, soris asplenioideis totam folii longitudinem occu- pantibus ». La plante est de l'ile de Hai-nan. — L'Aspidium exile, de la province de Che-king, mal caractérisé par un spécimen défectueux, se classerait dans le voisinage de l'Aspidium Braunii. — L'Aspidium festivum, de la province de Canton, est une Fougére trés découpée du groupe des A. emulum Sw., A. Forbesii Hance, A. glabrum Mett. et A. crenatum Willd. — Le Polypodium hemitomum, dont M. Hance ne posséde que des feuilles stériles, est voisin du P. dilatatum Wall. — Le Polypodium polydactylon, de Formose, est une Fougére magnifique que ses affinités rapprochent du P. tricuspis Sw. M. Hance croit, avec raison selon nous, que dans la foule immense du genre Polypodium, tel qu'il est accepté par M. Baker, certains groupes se trouvent réunis, non en vertu de leurs affinités naturelles, mais d'une manière arlificielle, parce qu'on néglige les caractères empruntés aux organes de végétation. On some Lichens; par M. JamessStirton (Transactions and Pro- ceedings of the Botanical Society ; Edimbourg, 1883, pp. 355-362). On sait combien est froid le climat de Terre-Neuve, et l'on n'ignore pas que les montagnes de glace qui descendent du pôle s'arrétent assez fré- quemment sur certains rochers qui bordent l'ile. Aussi ne sera-t-on pas surpris que sur 39 espéces rapportées par M. Archibald Gray, d'Edim- bourg, il s'en trouve plusieurs qui, recueillies sur le rivage de l'ile, appartiennent cependant à la flore boréale alpine ou subalpine de l'Eu- rope, comme le Stereocaulon tomentosum, le Cladonia sylvatica var. alpestris, Y Alectoria circinata, le Nephroma arcticum. Le Thysanophoron Futersoni, recueilli par M. Finkerton de Glascow aux environs de Wollington, dans la Nouvelle-Zélande, constitue un nou- (1) Cette expression, on le comprend, est abréviative. 10 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. veau genre pour lequel l'auteur a tracé la diagnose suivante : « Thallus pallidus vel pallide lutescens, podetiis validis lzevibus, dendritico- et diva- ricato-ramosis, ramis supra confertis et fibrillis elongatis, confertissimis aut profunde digitato-divisis aut elongato-pinnatifidis munitis; cepha- lodia sat frequentia, pallida, plerumque parva et gonimia scytonemoidea continentia. Apothecia ignota. Thallus (alt. 1-2-pollicaris) extus K — ; I — ; medulla K —; I cærulescens dein violascens; » Ce type est évidem- ment fort rapproché de ceux des Stereocaulon et des Sphærophoron. Catalogue des plantes vasculaires du département de la Corrèze; par Ernest Rupin (extrait du Bulletin de la Société scientifique, historique et archéologique de la Corrèze, t. v). 4 vol. in-8° de 377 pages. Brive, 1884, imprimerie Marcel Roche. On connait les travaux de Lecoq et Lamotte, continués par le frére Héribaud, sur la flore du Puy-de-Dóme et du Cantal; de M. T. Puel sur celle du Lot; les catalogues de Ch. Desmoulins pour la Dordogne, de Pailloux et de M. T. de Cessac pour la Creuse, et les publications si esti- mées de M. Édouard Lamy de la Chapelle sur les plantes de la Haute- Vienne. Moins favorisé, le département de la Corréze, entouré par ceux que nous venons de nommer, ne possédait encore aucun ouvrage du méme genre, et le Catalogue que vient de nous donner M. Ernest Rupin comble à cet égard une lacune notable dans les documents relatifs à la flore francaise. L'auteur mentionne avec soin, dans son avant-propos, les matériaux d'ailleurs peu nombreux dont il s'est servi, ainsi que les botanistes de la Corréze qui lui ont communiqué les résultats de leurs recherches (1). Il a utilement compulsé, pour son travail, les listes de plantes dressées au siécle dernier par dom Fourmeault (2), les publications de MM. T. Puel, Lamy de la Chapelle et Martial Lamotte. Il a suivi l'ordre et la nomencla- ture adoptés par Grenier et Godron dans leur Flore de France, en y ajoutant quelques-unes des espéces nouvelles admises par Boreau dans le 3* édition de sa Flore du Centre. « Le département de la Corréze, nous dit l'auteur (page 6), a été » formé, en 1790, d'une fraction de l'ancienne province du Limousin. » Situé presque en entier dans le bassin de la Dordogne, il appartient à (1) MM. Gaston de Lépinay; Vachal, notaire à Argentat; Buge, horticulteur à Tulle; de Bellefon, juge d'instruction à Brive; le frère Georges, d'Ussel: le D" Laygue, de Darazac, etc. (2) Et non Fournault, comme on l'écrit généralement. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 14 » la région centrale de la France et doit son nom à la riviére qui l'arrose » en coulant du nord-est au sud-est; il est encore traversé par deux » autres cours d'eau importants : la Vézère et la Dordogne. Ce dernier le » sépare, à l'est et au sud, du Puy-de-Dôme, du Cantal et du Lot, en cou- » lant à travers mille sinuosités dans des gorges profondes et des plus » pittoresques. — Son niveau au-dessus de la mer varie entre 80 et » 984 métres. — Ce département peut se diviser, sous le rapport topo- » graphique comme sous le rapport géologique, en deux parties distinctes » et d'un caractère bien différent. L'une, qui s'étend au nord et à l'est, » en comprenant les trois quarts de son étendue, est coupée de mon- » tagnes d'un niveau généralement élevé, de ravins sans nombre et de » vallées étroites: on l'appelle dans le pays le Haut-Limousin. L'autre » portion, qui constitue l'extrémité sud-ouest, est encore montueuse, » mais ce ne sont plus que des collines à pentes adoucies, et séparées » parfois par des plateaux de plus ou moins d'étendue ; sa formation est » beaucoup plus moderne : elle appartient au terrain houiller, au grés » rouge, au grés bigarré et au calcaire jurassique. » Grâce à cette variété de terrains, ainsi qu'aux différences d'altitude et à la douceur de la température dans la partie la plus méridionale, la flore de la Corréze est numériquement plus riche en Phanérogames que celle de la Creuse et surtout de la Haute-Vienne, dans laquelle l'élément cal- caire fait presque entiérement défaut ; mais on y compte moins d'espéces que dans le Lot, et probablement aussi que dans le Cantal. Sur les 1517 plantes numérotées dans le Catalogue de M. Rupin, une quarantaine sont cultivées, environ 80 ne sont signalées que dans les parties du Cantal et du Lot voisines de la Corréze; quelques-unes sont des variétés ou des espèces admises seulement par un petit nombre de botanistes (notamment les Erophila et les Heracleum de M. Jordan, l'Echium Wierzbickii, qui est la forme parviflore staminibus inclusis de l'Echium vulgare, etc.) (1). En résumé, le nombre des espéces cor- réziennes proprement dites est à peu prés de 1300; c'est un chiffre déjà élevé, et leur nombre s'augmentera certainement à la suite de nou- velles explorations. Elles se rattachent essentiellement à deux centres (1) Hl. eût été peut-être préférable de réserver l'emploi des numéros d'ordre aux espèces de la végétation spontanée, sans l'étendre, soit aux plantes cultivées qu'il suffit de mentionner dans des notes, soit aux simples variétés ou méme aux espèces contro- versées, que des auteurs d'un grand mérite (MM. Clavaud, Burnat, Martial Lamotte, etc.) ont pris soin, dans leurs publications, de différencier des types linnéens à l'aide d'ar- tifices typographiques. En appliquant à tous les cas un procédé de notation uniforme, on parait accorder la méme valeur à des groupes non comparables. Toutefois ce qui serait évidemment un vice de méthode dans un ouvrage descriptif ne saurait avoir la méme portée dans un simple catalogue dont l'auteur n'a visé qu'à établir aussi exacte- ment que possible le bilan d'une flore locale. 19 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. principaux. On remarque, d'une part, dans le Haut-Limousin, en dehors du fond commun des espéces ubiquistes, une série de plantes qui crois- sent ordinairement sur le granite et témoignent d'étroites affinités de végétation avec l'Auvergne, la Creuse et la Haute-Vienne ; tels sont : Ra- nunculus aconitifolius, Bunium verticillatum, Sambucus racemosa, Doronicum austriacum, Arnica montana, Senecio Cacaliaster, Wahlen- bergia hederacea, Euphorbia hiberna, Alisma repens, Scilla verna et Lilio-hyacinthus, Erythronium Dens-canis, Luzula maxima, etc.; tandis que les espèces suivantes, la plupart cantonnées sur une étroite bande de terrain dans l'arrondissement de Brive, sont comme l'avant- garde des intéressantes associalions végélales que nourrissent plus au sud les causses jurassiques du département du Lot : Linum Leonii, Ononis striata, O. Columna, Coronilla scorpioides, Spiræa hyperici- folia, Sedum anopetalum, Orlaya grandiflora, Leucanthemum corym- bosum, Carduncellus mitissimus, Coni clvulus Cantabrica, Campa- nula Erinus, Echinospermum Lappulu, Linaria supina, Teucrium montanum, T. Chamæpitys, Euphorbia falcata, Cephalanthera rubra, Eragrostis pilosa, etc. Un petit nombre d'espéces, par exemple l'Ophrys fusca, rappellent plus spécialement le voisinage de la Dordogne. Citons encore, comme trés rares dans la France centrale, les Gera- nium pratense et palustre (environs de Tulle), diverses espéces méridio- nales aux environs de Brive : Pistacia Terebinthus, Psoralea bitumi- nosa, Centranthus Calcitrapa, etc., dont la Flore de Boreau ne mentionne aucune localité dans le bassin de la Loire; enfin, parmi les Fougères, l'Allosorus crispus (1) (environs de Tulle, 633 mètres d'altitude), et l'Asplenium refractum Lowe, peu connu des botanistes français et dont la détermination était due au regretté D" Fournier. . M. Rupin, « persuadé qu'en géologie comme en botanique on doit lais- » ser de cóté les divisions administratives, qui parfois sont trop arbi- » traires », et se limiter de préférence « dans le sens plus rationnel des dispositions géographiques », a indiqué dans son Catalogue un assez grand nombre de plantes observées par lui, ou qui lui ont été signalées, sur les plateaux calcaires du Lot limitrophes de la Corrèze, particulière- ment aux environs de Souillac et de Rocamadour. Nos anciennes herbo- (1) Et non Allosurus, comme on l'écrit trop souvent. Ce genre a été créé par J. Jac. Bernhardi, professeur à Erfurt, dans un mémoire intitulé: Dritter Versuch einer Anordnung der Farmkräutcr, publié par Schrader in Neues Journal für die Botanik (Erfurt, 1806), vol. 1, 2* partie. On y trouve, page 36, l'explication suivante du terme Allosorus (34Xoc copos) : « Ich habe ihr den Namen wegen der verschiedenen Zusammen- » häufung der Saamenbehülter gegeben. Bei manchen stehen grósstentheils einzeln » (wie bei Allosorus pusillus), bei andern in haufen. Bei manchen auf jedem Hypo- » sporangium nur cines, bei andern mehrere. » REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 13 risations dans ces localités (1) nous permettraient d'ajouter beaucoup d'espéces à celles mentionnées par M. Rupin; nous appellerons seule- ment son attention sur les suivantes, qui manquent à son Catalogue, et sont, croyons-nous, à rechercher dans l'arrondissement de Brive : Fumaria parviflora Lamk, Nasturtium sifolium Reichenb., Lepidium latifolium L., Anthyllis Dillenii Schultes, Medicago media Pers., M. fa- lcata L. , Libanotis montana All., OEnanthe Lachenalii Gmel. et peuce- danifolia Poll., Petroselinum segetum Koch, Bupleurum falcatum L., Tragopogon orientalis L., Fraxinus oxyphylla Bieb., Verbascum thapsi- forme Schrad., V. phlomoides L., V. floccosum W. et K., Veronica ana- galloides Guss. M. Rupin n'a pu toujours vérifier l'exactitude des déterminations qu'il tenait de ses correspondants, ou qu'il mentionnait pour mémoire d'aprés de vieux auteurs. Quelques-unes, d'ailleurs en bien petit nombre, pour divers motifs que nous ne pouvons exposer ici, nous semblent un peu suspectes et mériteraient confirmation, notamment : Thalictrum nutans Desf. (n° 3), Lactuca ramosissima G.G. (n° 193), Phelipæa nana (2) Reichenb. (n° 973), Thesium linophyllum L. (n° 1119). Nous terminerons par de courtes observations sur les espéces sui- vantes : i La plante n° 207, nommée Dianthus Seguieri Vill. d’après Boreau, est le D. silvaticus Hoppe ; l'espéce de Villars n'existe avec certitude que dans les Alpes et les Pyrénées. (Voy. à ce sujet le Bulletin, t. xxvi 1881, p. 196.) Le Centaurea maculosa Lamk, indiqué à Rocamadour (n° 762), est la variété dont M. Jordan a fait une espèce sous le nom de C. tenui- secta. Le Sideritis hyssopifolia L., de la méme localité (n° 1040), a été distingué du type linnéen par M. Timbal-Lagrave sous le nom de S. Guil- lonii (3). Le Carex strigosa, marqué sous le n° 1363, est un curieux exemple du transport des graines à une grande distance par des oiseaux migra- teurs. Dans la localité désignée, où nous l'avons découvert et observé trois années de suile, il existait quelques pieds seulement de ce Carez, aujourd'hui et depuis longtemps disparu. C'était à l'entrée d'une vaste grotte hantée par des corneilles; nul doute qu'un de ces oiseaux n'ait (4) Voyez Plantes observées aux environs de Gramat, etc., par M. E. Malinvaud, in Bull. Soc. bot. de France, t. xix, p. 237. (2) Ce Phelipea nana figure dans le Prodrome de Martial Lamotte, p. 570 (1881); nous reviendrons ailleurs sur cette plante. — Le Thesium linophyllum L., espèce très incertaine citée d'aprés dom Fourmeault, n'est trés probablement que le Th. divari- catum, qui n'est pas rare aux environs de Souillac et de Rocamadour. (3) Voyez le Bulletin, t. xxviii (1881), p. 65, 69 et 70 (note 1 au bas de la page). 14 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. apporté, probablement de fort loin, des graines de cette plante septentrio- nale, adhérentes à ses pattes ou à ses plumes, ou plutót ingérées et conservées intactes dans ses organes digestifs, puis rejetées avec ses excréments à l'endroit où elles avaient germé. N'oublions pas de signaler avec éloge, dans l'ouvrage de M. Rupin, deux séries d'indicalions qui en rehaussent la valeur : il fait connaitre pour un grand nombre d’espèces les limites d'altitude et la nature des terrains qu'elles habitent. Ce sont toujours là d'utiles renseignements, méme à l'égard des faits d'un caractère local. Il n'est pas sans intérêt de savoir, par exemple, que certaines plantes, Pimpinella magna, Epi- pactis latifolia, etc., observées dans la Haute-Vienne sur un sol non caleaire, sont habituellement calcicoles dans la Corréze. En résumé, grâce à la nouvelle publication que nous sommes heureux de faire connaitre, on a aujourd'hui des données positives sur la végé- tation d'un département, dont l'étude avait été jusqu'à ce jour presque entiérement négligée. Tous ceux qui s'intéressent aux progrés des con- naissances sur la flore française sauront gré à M. E. Rupin de son ini- tiative et de son travail. EnNEsT MALINVAUD. Guide pratique de botanique rurale, à l'usage des botanistes, des étudiants en pharmacie, en médecine, des éléves des Facultés des sciences et des gens du monde; par Gustave Camus. 1 vol. in-8°, accom- pagné de 52 planches (env. 600 fig.). Paris, Jacques Lechevalier, 23, rue Racine, 1884. — Prix : 10 francs. Get ouvrage est divisé en trois parties : 4° un calendrier de la flore, indiquant pour les espéces de la région parisienne l'époque et la durée approximatives de la floraison; 2° un guide d'herborisations aux envi- rons de Paris, trés détaillé; 3* une étude systématique de divers genres difficiles et grandes familles : genre Ranunculus, Ombelliféres, Cruci- feres, Composées, genre Carex, Graminées. A la suite de la deuxième partie, on trouve une liste de plantes par habitat suivant la nature chi- mique du sol (1). Il peut à priori sembler téméraire, lorsqu'une flore régionale a été l'objet d'ouvrages justement renommés, tels que ceux de MM. Cosson et Germain, de chercher à lui consacrer utilement une nouvelle publication. (1) On ne doit pas oublier que la distribution dont il s'agit peut se modifier parfois, suivant des circonstances locales, d'un pays à un autre. Ainsi l'Arenaria grandiflora et l'Euphorbia Gerardiana, indiqués comme silicicoles dans la flore parisienne, sont ailleurs calcicoles (par exemple dans le département du Lot). I1 n'existe que très peu d’espèces dont la présence soit toujours et invariablement liée à une nature spéciale de terrain au point de vue chimique. Il n’en est pas moins utile de grouper et de faire connaitre à ce point de vue les faits observés dans une circonscription. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 15 M. Camus a triomphé habilement de cette difficulté. Son Guide pratique, sans faire double emploi avec les traités classiques que nous venons de rappeler, en est, à notre avis, le complément nécessaire. On trouve dans les deux premiéres parties, sur l'époque de floraison des plantes et les principales localités parisiennes, un ensemble de renseignements pré- cieux qui n'ont jamais été, à notre connaissance, réunis en si grand nombre, ni donnés avec plus de soin. La troisième partie est un travail essentielle- ment original. L'auteur y expose la plupart des groupes litigieux à l'aide de tableaux analytiques illustrés de dessins trés exacts qui conduisent les plus novices, par une voie süre et facile, à la détermination des genres et des espéces. Le Guide pratique, à l'usage des botanistes herborisants, atteindra parfaitement le but que l'auteur s'est proposé. D'un grand secours aux débutants, memento commode pour tous, il rendra à la science, dans sa spécialité, le genre de services qu'on est en droit d'attendre des œuvres de vulgarisation les plus recommandables. Enw. M. Notes historiques ou critiques sur les principales plantes méridionales qui croissent dans le départe- ment de la Charente-Inférieure ; par M. J. Foucaud, vice- président de la section botanique du Congrés de l'Association francaise pour l'avancement des sciences à la Rochelle (communication pré- sentée à laséance du 21 aoüt 1883; — extr. des Annales de la Société des sciences naturelles de la Rochelle). 12 pages in-8°. On sait que les départements de l'Ouest, grâce au voisinage de la mer, jouissent d'un climat plus doux que ceux du Centre et de l'Est, à égale latitude. Aussi beaucoup de plantes méridionales remontent assez loin vers le nord le long du littoral, et tantót se naturalisent dans des loca- lités plus on moins septentrionales, tantót, et suivant les circonstances, ne s'y montrent que passagérement et disséminées. Notre zélé collègue, M. J. Foucaud, donne d'intéressants détails sur plusieurs de ces plantes adventices qu'il a observées, ou qu'on lui a signalées dans ces derniéres années, sur divers points de la Charente-Inférieure : Anemone coronaria el apennina, Ranunculus trilobus et muricatus, Raphanus Landra, Diplotaxis erucoides, Matthiola incana, Polygala monspeliaca, Silene brachypetala, Lavatera cretica, Medicago tribuloides, Trigonella gla- diata, Trifolium stellatum et lappaceum, Ervum Terronii, Corrigiola telepliiifolia, Bellis pappulosa, Pallenis spinosa, Phillyrea media et angustifolia,Cynanchum acutum, Sideritis romana, Cytinus Hypocistis, Euphorbia serrata, Cyperus badius, Panicum capillare, Agropyrum Pouzolzii, etc. Ern. M. 16 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Note sur le Chara imperfecta À. Braun; par M. J. Foucaud (extr. des Annales de la Société des sciences naturelles de la Ro- chelle). 4 pages in-8°. Ce Chara, recueilli pour la première fois en Algérie, près de Tlemcen, en 1842, par Durieu de Maisonneuve, et rapporté par lui au Ch. fotida, fut communiqué plus lard, avec d'autres échantillons, à Braun, qui reconnut sa dioicité ainsi que ses autres caracteres différentiels, et en publia la description en lui donnant le nom de Ch. imperfecta, dans son travail Sur les Characées d'Afrique. Cette plante est abondante à Saint-Christophe (Charente-Inférieure), dans des mares à fond formé de débris végétaux recouverts de carbonate de chaux. Enw. M. Catalogue des plantes intéressantes des marais de la Somme auprès de Saint-Quentin (Aisne); par Charles Magnier (extr. de la Revue de botanique imprimée à Auch, t. 1, 1883-1884). 6 pages in-8°. Ce Catalogue contient l'énumération de 58 plantes, parmi lesquelles nous citerons : Hesperis matronalis, Stellaria glauca et uliginosa, Sium latifolium, Cicuta virosa, Cirsium hybridum et rigens, Son- chus palustris, Lysimachia thyrsiflora (marais d'Harly, seule localité connue en France), Salix hippophaefolia et repens, Epipactis palustris, Liparis Læselii, Stratiotes aloides, Potamogeton gramineus et acuti- folius, Sparganium minimum, Cladium Mariscus, Carex filiformis, Calamagrostis lanceolata, Polystichum Thelypteris et cristatum. Ern. M. Scrinia floræ selectæ, fascicule IIT, 1884; par Charles Magnier. Saint-Quentin, 1884. La liste des plantes distribuées en 1884 est suivie des annotations sui- vantes: de M. Magnier, sur le Stellaria Cupaniana Nym. « dans lequel, dit M. Magnier, des botanistes réducteurs ne verront qu'une forme mé- ridionale, visqueuse et poilue, de la var. latifolia du S. media »; — M. Clavaud, sur Elatine Brochoni A. Clavaud, voisin del E. hexandra; — M. Magnier, sur le Rosa conspicua Bor. (variété remarquable, d’après M. Crépin, du R. arvensis) etsurles Rosa genevensis Puget et Seraphini var. maroccana Magnier; — M. Ch. Ozanon, sur le Rosa subolida Déségl., méconnu par son auteur, qui l'avait rapporté au R. extensa Déségl.; — M. Gillot, sur le Piras Achras form. medioxima Gillot, et sur le Mentha Gillotii Déségl.et Dur.; — M. Rouy, sur le Picridium gaditanum Willk. var. lusitanicum Rouy; — M. Miciol, sur l Asphodelus Arrondeaui Lloyd REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 17 (voisin de lA. occidentalis Jord. et Fourr.) etsur l Arrhenatherum Thorei var. versicolor Miciol; — M. Gandoger, sur son Chara pyrenaica. Ern. M. Nouvelles acquisitions pour la flore belge, et Notes sur des espéces d'introduction récente, particuliérement le long des voies fer- rées ; par Charles Baguet (extrait du Bulletin de la Société royale de botanique de Belgique, t. xxi, 5° partie); tirage à part en brochure in-8» de 56 pages. Gand, 1883. M. Charles Baguet a réuni dans un ordre méthodique les observations qu'ila faites de 1876 à 1882, spécialement dans la province du Brabant, et celles que lui ont communiquées deux de ses amis : Oscar Hecking, dont il déplore la perte récente, et M. Ghysbrechts, aumónier de l'hópital militaire à Diest. Il a ainsi inventorié un ensemble de faits considérable et d'un grand intérét pour les botanistes belges. Nous y remarquons, au point de vue de la géographie botanique, l'introduction récemment observée, sur divers points du territoire belge, d'un.assez grand nombre de plantes exotiques, dont quelques-unes méme semblent devoir s'y natu- raliser. « Le long des voies, dit M. Baguet, dans les gares, les trains sèment » des graines. Autour des usines et des moulins naissent des colonies de » plantes dont les semences sont arrivées avec les céréales d'outre-mer. » Autrefois nos cultivateurs ne connaissaient que l'engrais indigéne; » aujourd'hui les engrais étrangers occupent une vaste place dans la » culture des terres. Buenos-Ayres, entre autres, nous envoie d'immenses » cargaisons de peaux de mouton, dont les déchets sont employés comme » fumure par l'agriculture. À ces laines sont accrochées par leurs épines » des milliers de gousses de Medicago, des fruits de Xanthium, etc. » De ces espèces, les unes sont américaines : Amsinckia angustifolia Lehm., Lepidium virginicum L., Aster lanceolatus Willd. et brumalis Nees, etc. ; l'une d'elles,est africaine, Hebenstreitia dentata L. ; quelques unes viennent de l'Orient : Sinapis juncea L., Symphytum asper- rimum Sims, Trigonella Besseriana Seringe; un pius grand nombre sont originaires de diverses contrées de l'Europe méridionale : Ranun- culus muricatus L., Silene dichotoma Ehrh., Sisymbrium Læselii L., Trifolium pallescens Schreb., Vincetoxicum nigrum Mænch, Cen- taurea paniculata L., elc. On est encore intéressé, en parcourant ce mémoire, par l'iudicalion, pour diverses espèces, de variétés tératologiques : Medicago lupulina var. corymbosa et unguiculata, Trifolium repens var. phyllanthum, Anthoxanthum odoratum var. proliferum, etc. Enw. M. T. XXXI. (REVUE) 2 18 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Gender of names of Varieties; by Asa Gray (American Journal of science, vol. xxvii, pp. 396-398). L'adjectif dont on se sert pour désigner une variété doit-il, comme c'est l'usage pour l'espéce, s'accorder avec le nom de genre, ou au con- traire avec le mot variété, c'est-à-dire être féminin ? M. Alph. de Candolle, consulté par l'éditeur du Gardener's Chronicle sur cette question d'orthographe, avait réponduque « l'emploi de l'abrévia- » tion var. pour variété, mot féminin, comporte une terminaison fémi- » nine; mais que, dans le cas de suppression du mot var., la régle est de donner au nom de variété le méme genre qu'au nom d'espéce, c'est-à-dire de le faire accorder avec le nom générique. » L'éditeur du journal anglais fil remarquer, aprés avoir cité cette réponse, qu'il y aurait avantage, au point de vue de l'uniformité, à faire toujours féminin le nom de la variété, aussi bien lorsque le mot var. est sous-entendu que lorsqu'il est exprimé. M. Asa Gray est d'un avis entiérement opposé; il pense que, le méme procédé étant logiquement applicable aux noms de variétés et aux spéci- fiques, il convient de faire accorder les uns et les auires avec le nom générique. Il donne de bonnes raisons à l'appui de cette règle, qui est d'ailleurs assez généralement suivie. Ern. M. y uw Premier fascicule de plantes nouvelles ou rares pour le département du Cher. Apparition de l'Helodea canadensis dans le centre de la France; par Antoine Le Grand. — Bourges, 1884, 17 pages in-8°. Le département du Cher, ainsi que le rappelle M. Le Grand, a eu le privilège d’être exploré par de zélés botanistes, Saul, Tourangin, comte Jaubert, Ripart, Déséglise, etc., « pour ne citer que ceux qui ne sont plus ». Par un surcroit de bonne fortune, l'étude de cette flore locale est aujourd'hui complétée par les recherches de notre collégue M. Le Grand, dont les premiers résultats, annoncés dans la brochure ci-dessus, men- tionnent 25 plantes nouvelles : Diplotaxis tenuifolia, Polygala Lensæi, Helianthemum vulgare var. pallidiflorum, Linum angustifolium, Hypericum | Desetangsii, Impatiens Noli-tangere, Rosa cinnamomea var. fecundissima, Carum Carvi, Sium latifolium, Galium constric- tum, Lindernia pyxidaria, Veronica Buxbaumii, V. arvensis var. glandulosa, Orobanche minor, Salix Seringeana, Potamogeton perfo- liatus, Helodea canadensis, Ornithogalum divergens, Carex maxima, C. Buxbaumii, C. Peræi, C. guestphalica, Agropyrum cæsium, Lemna arrhiza, Polypodium Robertianum. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 19 En sus de ces nouveautés, sont signalées des localités nouvelles pour 27 espèces plus ou moins rares. Enfin M. Le Grand reproduit un article imprimé dans ce Bulletin (séance du 9 mai 1879), sur l'apparition et la marche envahissante de l Helodea canadensis dans le centre de la France. L'auteur montre que cette espéce exotique s'est multipliée dans plusieurs de nos cours d'eau et rivières « avec une rapidité telle, qu'elle devient promptement un fléau pour la navigation méme ». Cet envahissement n'a été que trop favorisé par d'imprudents essais de naturalisation dans des cours d’eau qui en étaient indemnes. Les funestes effets de la propaga- tion de l’Helodea canadensis étant aujourd'hui bien connus, on ne sau- rait trop sévérement qualifier le dilettantisme de ceux qui ne craindraient pas de renouveler ces expériences. Ern. M. L'Origine des Tulipes de la Savoie et de PFItalie; par le D" Emile Levier (extrait des Archives italiennes de biologie, Turin, avril 1884) ; tirage à part en brochure in-8° de 29 pages. Les Tulipes de France et d'Italie, « c'est-à-dire les plus grandes » fleurs sauvages que l'Europe méridionale posséde actuellement (1) », sont-elles, comme le pense M. Reichnecker (2), originaires des loca- lités où on les recueille de nos jours, et doit-on les regarder comme les derniers témoins survivants d'une végétation ancienne aujour- d'hui presque éteinte ? Ou proviennent-elles de contrées lointaines el seraient-elles, soit adventices comme le Tulipa silvestris, dont on a pu suivre la migration de l'orient vers l'ouest et le nord, soit échap- pées des jardins et naturalisées? C’est à cette seconde explication que se sont ralliés MM. Caruel et Alfred Chabert. Enfin doit-on admettre avec M. Emile Levier, que quelques-unes de ces plantes, au lieu de rester semblables à ce qu'elles étaient dans leur pays d'origine, se sont plus ou moins profondément modifiées sous l'influence de la culture, puis se sont fixées en redevenant sauvages, de sorte que « la période trois fois sécu- » laire pendant laquelle, gràce à la sélection de l'homme, ces plantes ont » pu librement et capricieusement manifester ce qu'il y avait en elles » de plasticité, de variabilité, a abouti à la consolidation d'un certain » nombre de types qui, rendus à la vie des champs, c'est-à-dire à des » conditions d'existence moins luxuriantes, plus uniformes, ont cessé de » varier, aussi longtemps du moins que leur reproduction n'a eu lieu que » par voie végétative (3). » (1) Levier, p. 28. i : (2) Voy. l’article de. M. Alfr. Chabert : Origine des Tulipes de la Savote, dans le Bul- letin, t. XXX, p. 245. (3) Levier, pp. 28-29. 20 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Le mémeire de M. Levier est un nouveau (1) et habile plaidoyer en faveur de cette dernière thèse. En dehors des considérations théoriques, qui sont dans un pareil sujet une inépuisable matière à controverse, on y trouve nombre de renseignements peu connus et pleins d'intérêt sur la nomenclature et les notes différentielles des Tulipes italiennes, principa- lement florentines, dont l'histoire est l'un des problémes les plus compli qués et les plus curieux de la flore européenne. « Plusieurs de ces » espéces, dit M. Levier, et des plus belles, ont apparu tout à coup dans » les champs à une époque récente et littéralement sous nos yeux, dans » des stations continuellement visitées par les botanistes ; et ces appari- » tions ne paraissent pas vouloir s'arréter, puisqu'il y en a eu cette année » encore (2). » Ces bizarres néogenèses, comme les appelle plus loin l'auteur, sont-elles bien des espéces? Non assurément, au sens linnéen et habituel de ce terme. Celles qui persistent depuis longtemps et qu'on peut regarder comme des variations consolidées des espéces primitives sont, à notre avis, des variétés, tout au plus des races. Si l'apparition est fugitive, ce n'est qu'un lusus. Ern. M. Contributiones ad floram terr: Slavorum meridiona- lium ; auctore Mich. Gandoger. Fasc. I et II. L'auteur de ces Contributiones se maintient avec persévérance dans a voie qu'il s’est tracée. Sans approuver la direction de ses travaux, on ne peut que reconnaitre l'activité et l'esprit de suite dont témoignent aujourd'hui le nombre et l'uniformité de méthode des publications de M. Gandoger. Sa nomenclature, sans cesse accrue d'espéces nouvelles, n'est que l'application rigoureuse et logique des principes de l'école dite analytique ou réformatrice, dont il est resté un partisan fidéle et laborieux. Le premier fascicule renferme les descriptions de 111 espéces nou- velles appartenant à différents genres. Le second est consacré au groupe Rosa, dont l'auteur fait une tribu divisée en 11 genres : T. RiPARTIA (Synstyleæ). — IL. Eunosa (Gullicanæ). — VII. ScaeurziA (Cinna- momecæ). — IV. LaAccERIA (Eglanteriæ). — V. Correria (Pimpinelli- folie). — VI. Bakera (Sabina). — VII. OzaNoNiA (Alpino). — VIII. CRE- PINIA (Canine). — IX. CaaviniA (Glandulosæ). — X. CuanEnTIA (Rubi- ginosæ). — XI. Puceria (Tomentosc). Cette classification est en harmonie parfaite avec la notion de l'espéce (1) M. Levier avait publié sur le méme sujet un premier article en 1878, et M. Caruel lui avait répondu dans le Nuovo Giornale bolanico. (Voy. dans le Bulletin, la Revue bibliographique du tome Xxvi, pp. 448-449). (2) Levier, p. 17. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 91 qui en est le fondement. Dans un système où l'on distingue et décrit comme des espéces les groupes micromorphes (1) contenus en nombre indéfini dans les vieux types spécifiques, il est rationnel d'assimiler ceux-ci à des genres, et, par suite, d'élever à un grade supérieur, tribu ou famille, les anciens genres linnéens. M. Gandoger, dont nous n'avons pas ici à apprécier les doctrines, s'est exactement rendu compte de cette nécessité. Ern. M. Catalogue des plantes récoltées pendant mon séjour en Algérie de 1877 à 1850; par Michel Gandoger [extrait de la Revue de botanique publiée à Auch, t. 11 (1883-84)]; tirage à'part en brochure in-8° de 39 pages. Paris, Savy, 1883. M. Gandoger rappelle qu'il a déjà publié, sous le nom de Flora alge- riensis exsiccata, une collection avec numéros d'ordre comprenant 1091 espéces récoltées, soit dans la banlieue d'Alger de 1877 à 1879, soit en Kabylie de 1879 à 1880. Il donne aujourd'hui le catalogue de ces plantes et en fait précéder l'énumération d’un aperçu intéressant de la végétation des environs d'Alger. Il indique le mois d'avril comme le plus favorable pour herboriser dans la région littorale, et ceux de juin et juillet pour l'exploration des hautes montagnes. Dans la liste terminant cette étude figurent un cerlain nombre de Cryp- togames cellulaires, parmi lesquelles les Mousses et les Hépatiques ont été déterminées par M. Bescherelle, les Lichens par M. Malbranche, les Champignons par M. de Thuemen, les Algues par-M. Thiébaut. Ern. M. Flora briologica della Venezia: par MM. P.-A. Saccardo et G. Bizzozero (extr. des Atti del r. Istituto Veneto di scienze, lettere ed arti, série vi, t. 1) ; tirage à part, Venise, chez Antonelli, 1883, vol. in-8° de 111 pages. L'Enumeratio Gryptogamarum du baron Ludovic de Hohenbuehel- Heufler, publié en 1874, ne comprenait que 264 espèces de Mousses de la Vénétie; l'ouvrage de MM. Saccardo et Bizzozero en indique 360, soit 100 de plus. La méthode suivie par les auteurs du Flora briologica est celle de l'Epilogo de de Notaris. Une clef dichotomique assez détaillée conduit au genre. Les espèces ne sont pas décrites à part; on arrive à leur détermination par une deuxiéme clef dichotomique spéciale pour chaque genre. A EMILE BESCHERELLE. (1) Ainsi appelés par M. A. de Candolle dans ses Nouvelles Remarques sur la nomen- clature botanique. 99 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Note sur le Sphagnum Austéni Sull.; par M. J. Cardot (Bull. Soc. roy. de bot. de Belgique, t. xxtr, 2° partie, 1883). Dans cette note, l'auteur signale la découverte qu'il a faite du Spha- gnum Austin, à 3 kilom. de Rocroi, entre la Guinguette et le Roccilly, et passe en revue les différents caractères qui séparent cette espèce du Sph. papillosum var. contortum Lindb., qu'on trouve aussi dans la méme localité. C'est la première fois que le Sph. Austini est constaté en France; il n'était indiqué qu'en Allemagne, en Suède, dans les iles Dri- tanniques et aux Etats-Unis. Ew. B. Mousses et Hépatiques de l'Allier; par MM. l'abbé V. Berthou- mieu et R. du Buysson (extr. de la Revue de botanique publiée à Auch, t. 11, 1883-1884); tirage à part, en broch. in-8° de 30 pages. Auch, 1884. Le département de l'Allier, par ses nombreux cours d'eau, par la diver- sité de ses terrains et de ses altitudes, offre aux bryologues une grande variété d'espéces. Aussi est-il l'objet des recherches attentives des bota- nistes de la région. M. Pérard a déjà publié, il y a quelques années, le catalogue des Mousses du Bourbonnais, et principalement de l'arrondis- sement de Montluçon. Aujourd'hui MM. Berthoumieu et du Buysson donnent, sous une forme trés concise, le catalogue des Mousses et Hépati- ques de tout le département de l'Allier. Leur note de 30 pages est pré- cédée d'une étude géographico-botanique du pays, que les auteurs divi- sent en deux zones distinctes: la zone inférieure silvatique et la zone supérieure. Les espèces cataloguées sont au nombre de 376, dont 305 Mousses et 74 Hépatiques. i Em. B. Muscologia gallica, Description et figures des Mousses de France et de quelques espèces des contrées voisines ; par T. Husnot. 1"° livraison. Chez l'auteur, à Cahan, par Athis (Orne); et chez Savy, Paris, 1884. M. Husnot, bien connu par ses publications sur les Mousses et les Hépatiques qui ont beaucoup contribué à répandre le goüt de l'étude de ces plantes, entreprend aujourd'hui un grand ouvrage sur les Mousses de France, qui se composera d'environ 10 livraisons grand in-8°de 32 pages et de 10 planches chacune. Le prix de chaque livraison est de 5 francs. La premiére livraison, qui vient de paraitre, comprend la description des genres Andreæa, Systegium, Hymenostomum, Gyroweisia, Gymno- stomum, Anectangium, Eucladium, Weisia, Rhabdoweisia, Onco- phorus, Oreoweisia, Dichodontium, Trematodon, Angstræmia, Dicra- nella et 14 espèces du genre Dicranum. A la suite, se trouvent 10 plan- ches donnant une représentation suffisante, dans la plupart des cas, des caractères distinctifs de 66 espèces. Em. B. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 33 Études sur la distribution des Mousses au Caucase ; par M. V. F. Brotherus. Helsingfors, 1884, in-8° de 104 pages, traduit du suédois en français par Mie Lydia Eichinger. M. Brotherus a passé deux étés au Caucase, et, en attendant qu'il puisse publier le catalogue des Mousses qu'il a récoltées, il présenté aujourd'hui, comme l'indique le titre de son ouvrage, le résultat de ses observations sur la distribution de ces plantes. Aprés avoir discuté les travaux antérieurs el exposé d'une manière générale les caractères clima- tologiques ou topographiques de l’isthme ponto-caspien, l'auteur décrit la végétation bryologique des territoires qu'il a visités, et qui comprennent, d'une part l'espace occupé à l'ouest des monts Mesques, entre le grand et le petit Caucase (bassin du Rion), d'autre part la région qui se trouve à l'est de cesgrandes montagnes (bassin du Koura), et enfin le versant nord du grand Caucase (bassin du Terek). Il divise le Caucase, quant à l'alti- tude, en six régions : larégion de la plaine, les régions inférieure, moyenne et supérieure silvatiques, puis les régions subalpine et alpine. Les Mousses récoltées sont énumérées pour chaque région, d'abord suivant la nature du substratum, puis selon les limites inférieures ou supérieures des régions considérées. Cet exposé fait, l'auteur en tire les conclusions sui- vantes : à 1° La région de la plaine du territoire du Koura est très pauvre en Mousses, et diffère essentiellement, à cet égard, de la région correspon- dante dans le territoire du Rion. 2» La région silvatique inférieure est plus pauvre en espèces, et leur quanlité de dispersion est plus petite dans le territoire du Koura que dans celui du Rion. 3^ Les régions silvatiques proprement dites de ces deux territoires sont à peu prés analogues, tandis que celle du territoire du Terek posséde un grand nombre d'espéces caractéristiques. 4 Les régions alpine et subalpine montrent entre elles, dans les trois territoires, la plus grande analogie. M. Brotherus termine son travail par une comparaison trés intéressante de la végétation bryologique du Caucase et de celle de la France, qui a été l'objet d'un travail spécial de M. l'abbé Boulay (1). La plaine du Koura est la seule qui ressemble à notre région méditerranéenne. Le trait commun de la végétation, c'est surtout le nombre restreint en indivi- dus, et le fait que les Mousses n'exercent aucune influence sur la physio- nomie du paysage. L'espace dont nous disposons ne nous permet pas d'in- (1) Voyez Boulay, Flore cryptogamique de l'Est, Muscinées, 1872, et Etudes sur la distribution géographique des Mousses en France, 1877. 24 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. diquer ici pour les autres régions les espèces communes aux deux pays ou celles qui y sont particuliéres. Les Mousses ont été examinées par M. le docteur Lindberg, c'est dire que la nomenclature est celle qui a été adoptée par ce savant bryologue. Em. B. Sandea et Myriorrhynchus, nova Hepaticarum ge- mera, par M. Lindberg. Helsingfors, 1884 (in Acta Soc. pro fauna et flora fennica, t. 11, n° 5). Le genre Sandea, dédié à M. le docteur Van der Sande-Lacoste, l'un des savants auteurs du Bryologia javanica, est établi pour le Marchantia linearis Mitt. (non L. L.) in herb. Griffithii, n° 1077, que M. Lindberg nomme Sandea supradecomposita, et pour le Marchantia japonica Thunb., qu'il rattache avec doute comme variété B. à l’espèce unique. L'auteur dit de ce genre : « Valde maxime curiosum et distinctum est, ut affinitas ejus cum ceteris nunc cognitis maxime obscura, ob structuram et formam carpocephali (pro! nimis juvenilis) tamen Hepaticæ (Fegatellæ) proximum. Analogiam inter formas familie sue (Marchantiacearum) quamdam cum sectione 1 A : scorpioidi-ramosis Metzgerie quoad ramificationem frondis linearis et in alis undulate, fascem lignosum medianum, ut et propagula disciformia in apicibus attenuatis affixa possidet. : Le genre Myriorrhynchus (Lindl. Mss., 1876) est établi pour le Riccia fimbriata N. (in Mart. Fl. brasil.) quia été récolté, mélé au R. squamata dans la serra de Piedade, au Brésil (Miñas Geraes). Il est caractérisé ainsi : « Frons repens, simplex vel biloba, obovato-oblonga, apice rotundata, emarginatura et sulco mediano carens, antice (supra) crystallino- asperrima, ut ubique obtecta a rostris condensis, magnis, altis et per- foratis, in fundo suo fasciculum filorum simplicium et chlorophyllo- phorum gerentibus, sub his antris rostratis a massa cellulosa, valde spongiosa el inani constructa, postice (subtus) ab una et simplici serie squamarum rigidarum ornata, in quibus :filum dendroidi-ra- mosum insidet. » Ex. B. Revue bryologique, publiée par M. Husnot; 1884, n% 4 à 3. Cette Revue, qui est parvenue à sa onziéme année, continue à rendre de grands services aux bryologues. Nous avons pensé qu'il ne serait pas sans intérêt, pour les lecteurs de la Revue bibliographique qui ne sont pas abonnés à la Revue bryologique, de les tenir au courant des princi- paux articles que renferme cette dernière publication. Le n° 1 (janvier) de l'année 1884 contient: une note de M. Philibert sur le Thuidium decipiens de Not. qu'il considère comme devant se placer à côté des espèces d Hypnum de la section Cratoneuron, et servir de REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 25 transition entre les Thuidium Blandowii et paludosum, et les Hypnum commutatum et filicinum; — une note de M. C. Massalongo sur la dé- couverte du Dumortiera irrigua N. en Italie, dans les Alpes Apuanes, par M. Ad. O. Beccari. Le n° 2 (mars 1884) ientanina une note de M. Lindberg surle Tayloria acuminata Hsch., etle T. splachnoides Hook.; — une note du méme sur le nouveau genre Krowineolids créé par M. Ch. Mueller pour une espéce récoltée dans la péninsule tschutchique et que M. S. O. Lindberg rapporte au genre Tetraplodon ; — une esquisse de la flore bryologique des environs de Kongsvold, en Norvége, par M. Lindberg; — une note de M. Philibert sur les Mosisilis rares ou critiques ci-après : Gyroweisia reflexa, Fissi- dens serrulatus, Anodus Donianus, Seligeria calcarea, Trichostomum inflexum, T. anomalum, Leptobarbula berica. Dans le n° 3 (mai), on trouve des observations de M. Philibert sur les Barbula obtusifolia, B. nitida, Orthótrichum acuminatum, Webera polymorpha, Pseudoleskea tectorum et Calypogeia ericetorum ; — une note de M. Renauld sur le Barbula nitida et 1 Hypnum imponens ; — la description d'une nouvelle espèce de Funaria, le F. pulchella Phil., trouvée par M. Philibert prés de Vals (Ardéche). Es. B. Ueber Bau und Entwickelung des Holzes von Caulotre- tus heterophyllus (Sur la structure et le développement du bois du Caulotretus heterophyllus) ; par M. O. Warburg (Botanische Zeitung, 1883, n° 38, 39, 40, 41 et 42, avec une planche). Ce n'est pas seulement au point de vue morphologique, par sa struc- ture spéciale, que cetie Liane est intéressante ; la physiologie intime de ses cellules présente également des particularités très curieuses. L'aspect extérieur de cet arbre est tout à fait singulier, et justifie le nom arbre en escalier, escalier de singe, qu'on lui donne au Brésil: c'est un long ruban ondulé seulement au milieu, dont les ailes restent droites. Quand on suit le développement de cette Liane, on voit naitre sur la tige d'abord ronde une aile de chaque côté ; chacun de ces appendices s'ac- croît et transforme l'axe cylindrique en un ruban qui est primitivement droit, car c'est assez tard que les ondulations se manifestent. M. Warburg a retrouvé dans la structure interne la division précédente en aile et partie centrale; en effet, le bois central et celui des ailes sont différents. Chez ce dernier, les vaisseaux sont bien plus larges, les cou- ches bien plus rapprochées que daus la région du centre; on distingue en outre, dans ces appendices, des ilots de parenchyme non lignifié (que l'auteur regarde comme cortical) au milieu du tissu ligneux, de sorte que la section transversale de cette partie est comme pointillée. Après avoir décrit la structure anatomique précédente du Caulotretus, 26 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. l'auteur s'attache à trouver la cause des ondulations si curieuses qu'on voit extérieurement. Il eritique les théories données successivement par Hæhel ou Crueger que contredisent les observations faites, soit par les bota nistes qui ont étudié la plante sur le vivant, soit par lui-même. Il montre, par une série de mesures, que la partie médiane de la tige présente, aprés la différenciation compléte de toutes ses parties, un accroissement de la plupart de ses éléments, qui se poursuit malgré la lignification des tissus du bois. Ce sont les cellules qui contiennent encore du protoplasma qui s'allon- gent ainsi; les autres sont ou seulement étirées, ou rompues. Le paren- chyme, les rayons médullaires, les fibres ligneuses, les cellules épaissies de la moelle et de l'écorce sont les agents actifs de cette augmentation de longueur; les autres éléments sans protoplasma, en particulier les vais- seaux, n'ont qu'un róle purement passif à remplir. Ce qui caractérise donc la partie médiane de cette Liane, c'est que la plupart des cellules, méme lignifiées, conservent dans les parties àgées les propriétés qe n'ap- partiennent d'ordinaire qu'aux régions jeunes. Les ailes ne présentent pas les phénoménes qui viennent d'étre décrits pour la portion centrale de la tige, elles n'offrent pas de croissance durable. Quand la lignification est opérée dans ces appendices, la capacité de se développer disparait. Les ailes opposent donc une résistance à l'aecroissement de la partie médiane ; c'est à cet antagonisme que l'au- teur attribue la production des ondulations singuliéres de la région cen- trale du ruban. En somme, ce mémoire jette un certain jour surla structure des Lianes et, en général, des plantes grimpantes, dont le port et l'organisation interne se modifient complètement quand le support vient à manquer. Le Caulotretus heterophyllus n'est pas seul à posséder la structure qui vient d’être décrite ; le Bauhinia guianensis, le Phanera Lingua, etc., présentent une organisation semblable. Il y a déjà longtemps d'ailleurs que Saint-Hilaire a décrit ces Lianes qui ressemblent à des rubans ondulés, qui se tordent en larges spirales en rampant sur les arbres ou en passant des uns aux autres. J. COSTANTIN. Zur Kenntniss der Corpuscula bei den Gymnospermen (Sur la connaissance des corpuscules des Gymnospermes); par M. Goroschankin (Botanische Zeitung, 1883, n* 50, avec une planche). De nombreux botanistes se sont occupés, dans ces derniers temps, des corpuscules des Gymnospermes ; ils ont surtout examiné les phénomènes intimes qui s'y passent et qui jettent un jour si vif sur la situation de ces végétaux dans la classification. La membrane de cette grande eel- lule archégoniale a été moins étudiée; on ne peut guére citer que quel- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 27 ques remarques de Gottsche, Hofmeister et Warming sur ce sujet. M. Goroschankin a trouvé que la paroi des corpuscules est trés épaisse et présente des ponctuations réunies par groupes de façon à former un grand nombre de eribles ; les canalicules de ces cribles sont perforés de sorte que le protoplasma de la cellule reproductrice se trouve en communication avec celui des cellules de l'endosperme immédiatement voisines. Ces pla- ques ne sont pas absolument semblables à celles du liber, car la mem- brane ne s'épaissit que d'un côté, vers l'intérieur du corpuscule. La méme structure existe chez les Cycadées et les Conifères, à l'excep- tion cependant des Cupressinées, qui ne possèdent pas de telles ponctua- tions. J. €. Der Embryosack und die Endospermbildung in die Gat- tung Daphne (Le sac embryonnaire et la formation de lendo- sperme dans le genre Daphne); par M. K. Prohaska. On sait, d’après les belles recherches de M. Strasburger, que le noyau du sac embryonnaire en général se subdivise successivement en huit noyaux formant trois groupes. Trois d'entre eux, à une extrémité du sac, s'entourent de protoplasma et produisent l'oosphére et les deux syner- gides; troisautres, à l'extrémité opposée, sont les noyaux des cellules anti- podes; il reste enfin deux noyaux au centre qui se rapprochent, se fusion- nent et donnent naissance au noyau secondaire du sac embryonnaire. Ce noyau, en se divisant aprés la fécondation, produit l'albumen. Les phénoménes ne se passent pas toujours ainsi. M. Strasburger a constaté, par exemple, que les deux noyaux polaires peuvent se fusionner seule- ment après la fécondation (Senecio vulgaris). M. Prohaska a trouvé une exception plus grande encore dans le genre Daphne: les deux noyaux polaires ne s'y confondraient jamais en un seul, et l'albumen se produi- rait en dehors de ces deux noyaux aux dépens de chromatine qui se rassemblerait vers la paroi du sac pour former une série de noyaux ; les deux noyaux polaires persisteraient pendant la production de ces der- niers. J. C. On the Continuity of the protoplasm through the walls of vegetable cells (Sur la continuité du protoplasma d travers les cloisons des cellules végétales); par M. Gardiner (extrait des Philoso- phical Transactions of the Royal Society, 1883). In-8° de 41 pages, avec 3 planches. Dans ce mémoire, M. Gardiner présente un certain nombre de faits à l'appui de l'opinion qu'il avait déjà émise antérieurement (1), que les (1) Voy. le Bulletin, t. xxx (Revue), p. 225. 98 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ` protoplasmas de deux cellules voisines, au lieu d’être isolés, comme on le croyait autrefois, se trouvent reliés par de petits filaments qui traversent la membrane cellulaire. Les principaux organes étudiés par l'auteur sont les coussinets qui se trouvent à la base des pétioles des feuilles de cer- taines Légumineuses (Mimosa, Robinia, ete.)et les albumens d'un certain nombre de graines, choisies principalement dans la famille des Palmiers. Les renflements de la base du pétiole ont été étudiés chez quatre espéces : Mimosa pudica, Robinia Pseudacacia, Amicia zygomeris et Phaseolus multiflorus. Ils se composent surtout de parenchyme cellulo- sique dont les parois présentent des ponctuations nombreuses qui appa- raissent sous forme de petites taches claires, lorsqu'on colore la coupe par le chloroiodure de zinc. Si l’on traite successivement les préparations par l'aeide sulfurique, l'iode et le violet du méthyle, on voit le proto- plasma, contracté au centre de chaque cellule, se relier aux ponctuations de là membrane par de petits fils protoplasmiques qui semblent étre en parfaite continuité avee ceux de la cellule voisine, à travers les ponctua- tions. M. Gardiner croit que la ponctuation est fermée par une mince membrane parsemée de trés fines perforations secondaires, qui permet- traient d'établir la continuité du protoplasma, comme cela a lieu dans les tubes criblés; mais il n'a pu distinguer ni ces fines perforations, ni les filets protoplasmiques qui les traverseraient. L'auteur eroit aussi que cette continuité du protoplasma dans les ren- flements de la base du pétiole peut servir à expliquer la prétendue irri- tabilité de ces organes, et les mouvements auxquels elle donne lieu; il remarque à ce sujet que les cellules du parenchyme ont des parois beau- coup plus épaisses dans la partie du renflement qui devient convexe pendant le mouvement du pétiole. Dans les albumens cornés des Palmiers, la continuité du protoplasma de cellule à cellule apparait d'une facon encore plus nette, soit à travers les pores de la membrane, soit méme à travers les parties les plus épais- sies de cette membrane. En traitant successivement les coupes par l'iode, le chloroiodure de zinc et une dissolution de bleu d'aniline dans l'acide picrique, le protoplasma se trouve contracté et coloré, ce qui permet de voir de minces filaments qui vont d'une cellule dans une autre en traver- sant la paroi mitoyenne. Les deux masses protoplasmiques contractées se trouvent ainsi reliées par de petits tonnelets comparables à ceux qui ont été décrits dans la division du noyau. En général, ces tonnelets traversent les parties les moins épaisses de la paroi, mais quelquefois, comme dans l'albumen du Tamus communis, où les parois ne présentent pas de ponc- tuations, ils se forment en des points quelconques de là membrane. Dans le cas des albumens, M. Gardiner a vu nettement les filets protoplasmi- ques traverser la paroi cellulaire. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 29 Les espèces étudiées sont surtout choisies dans les familles des Palmiers, des Rubiacées, des Loganiacées, des Liliacées, des Dioscorées, etc. LECLERC DU SABLON. On the Constitution of the cell-wall and middle-lamella; par M. Walter Gardiner (extrait des Proceedings of the Cambridge Philosophical Society) (Sur la constitution de la membrane cellu- laire et de la couche moyenne de la paroi des cellules). Ce mémoire renferme l'exposé critique des principales découvertes qui ont été faites sur la constitution de la membrane cellulaire. Les diffé- rentes modifications de la cellulose sont souvent difficiles à distinguer les unes des autres, ou méme du protoplasma : ainsi, contrairement à l'opi- nion adoptée par certains botanistes, M. Gardiner croit que le cal des vaisseaux criblés est de nature protoplasmique au lieu de provenir de la gélification d'une membrane cellulosique. La partie moyenne de la mem- brane (middle-lamella) est celle qui subit les modifications le plus pro- fondes, telles que la gélification ou la lignification. De là l'isolement fréquent des cellules dans les tissus oü se trouvent des mucilages, et la facilité de produire cet isolement dans d'autres tissus en traitant les coupes par les dissolvants de la lignine. - L'auteur termine par quelques mots sur la continuité du protoplasma chez les Floridées. Il pense que chez ces plantes, les protoplasmas de deux cellules voisines ne communiquent qu'à travers une mince mem- brane, trés difficile à isoler du protoplasma ; il croit aussi, sans l'affirmer, que cette membrane est formée de cellulose et présente de petiles perfo- rations comme les cribles des vaisseaux du liber. L. pu S. Recherches sur la structure et la division du noyau cel- lulaire chez les végétaux ; par M. Léon Guignard (Annales des sciences naturelles, Botanique, 6* série, t. xvir, 1884, p. 5 et suiv.); lirage à part en brochure in-8° de 52 pages, avec 5 planches. Dans ce mémoire, M. Guignard décrit avec détail la structure et la division du noyau dans les cellules méres des grains de pollen et dans les différentes parties de l'ovaire chez un certain nombre de Phanérogames, et l'auteur donne son opinion sur les discussions qui se sont élevées parmi les savants sur ce sujet si délicat. Il pense avec M. Strasburger, contrairement à l'opinion de M. Flemming, que dans le noyau au repos se trouve un filament unique et continu qui, avec les. nucléoles, contient toute la chromatine du noyau. Au moment de la division, les nucléoles disparaissent, le filament se contracte, puis se segmente en un certain nombre de bâtonnets. Les bàtonnets se recourbent sur eux-mêmes, et les 30 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. deux parties ainsi limitées se soudent plus ou moins l'une à l'autre; ils se disposent ensuile dans un plan, de facon à former la plaque nucléaire. C'est à peu prés à ce moment que la membrane du noyau disparait, puis qu'apparaissent les filaments achromatiques qui se disposent en tonnelet. Dans le stade suivant, les bàtonnets se dédoublent longitudinalement, et chacune des moitiés ainsi obtenues se rend à un póle du tonnelet formé par les filaments achromatiques. Les filaments réunis à chaque póle ne tardent pas à se souder bout à bout et à former le noyau d'une cellule fille, en parcourant en sens inverse la série des transformations que nous avons vu subir tout à l'heure au filament du noyau de la cellule mére. L'origine des filaments achromatiques est un des points les plus obscurs de l'histoire de la division du noyau. M. Flemming croit qu'ils provien- nent de la substance méme du noyau; M. Strasburger au contraire pense qu'ils sont formés par les microsomes du protoplasma cellulaire. M. Gui- gnard discute ces deux opinions sans se prononcer d'une facon catégo- rique en faveur de l'une d'elles. Les observations de l'auteur différent surtout de celles de M. Stras- burger, lorsqu'il décrit la division longitudinale des bàtonnets de la plaque nucléaire. Cette division, qui avait été observée par M. Flemming dans les cellules animales, n'est pas admise par M. Strasburger, qui croit que les bàtonnets, aprés certains changements de forme, gagnent un póle du tonnelet sans subir aucune division. L. pu S. Die Trophoplasten, Zusammenfassung der Resultate der neueren Arbeiten uber die Chlorophyllkórpe (Les Trophoplastes, ensemble des résultats des nouveaux travaux sur les corps chlorophylliens) ; par Arthur Meyer (extrait du Biologischen Centrablatt, t. 1v, n° 4). M. Meyer rend compte dans cet article des travaux les plus récents qui ont été publiés sur les trophoplastes. Tì désigne ainsi tous les petits corps comparables à des noyaux, qu'on trouve dans la cellule et auxquels M. Van Tieghem a donné le nom de leucites. ll les divise en trois caté- gories : 1° les autoplastes, diversement colorés et servant à l'assimilation : ce sont les grains de chlorophylle; 2° les anaplastes, incolores, ne servant pas à l'assimilation : ce sont les « leucoplastides » de M. Schimper ; 3° les chromoplastes, rouges ou jaunes colorant, en général les organes de la fructification. L. pu S. Nouvelles Recherches sur les conditions de développe- ment des poils radicaux; par Em. Mer (Comptes rendus, séance du 3 mars 1884). En faisant développer de jeunes racines dans des milieux différents, tels REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 31 que terre, eau, air (sec ou humide), M. Mer a obtenu, pour les poils radicaux, un développement variable qui semble étre en rapport constant avec l'aceroissement de la racine. Les poils radicaux sont d'autant plus longs et plus abondants que l’accroissement de la racine est plus lent. Un air moyennement humide ou un milieu résistant, en ralentissant la croissance de la racine, seraient les milieux les plus favorables au déve- loppement des poils radicaux. L. pu S. Étude anatomique sur les Ombellifères et sur les prin- cipales anomalies de structure que présentent leurs organes végétatifs ; par M. Courchet (Annales des sciences natu- relles, Botanique, 6* série, 1884, t. xvir, pp. 107-129, pl. 10-12); tirage à part en brochure in-8° de 22 pages, avec 2 planches. Après avoir rappelé la structure normale des Ombellifères telle qu'elle a été décrite, M. Courchet signale un certain nombre d'anomalies dans la tige, la feuille et la racine de quelques espéces. Quand on examine la tige du Silaus pratensis, du Ferula communis et de quelques autres espéces, on trouve dans la moelle des faisceaux libéro-ligneux épars dont la structure n'a rien d'anormal, excepté chez l'OEnanthe, où le bois d'un faisceau peut entourer complètement le liber. Chez quelques espéces d' OEnanthe, la complication est encore plus grande : on voit à la périphérie de la moelle un second système de faisceaux anor- maux formant un cercle intérieur au cercle des faisceaux normaux, mais dont l'orientation est inverse, c'est-à-dire que le liber est à l'intérieur du bois. ; La gaine etle pétiole des feuilles présentent aussi des faisceaux surnu- méraires comparables à ceux de la tige. Les racines napiformes de certains OEnanthe (OE. crocata, fistulosa, globulosa) méritent une attention spéciale : elles sont formées de systèmes vasculaires distincts reliés seulement par du parenchyme conjonctif; chaque système se compose de faisceaux ligneux enveloppés d'un paren- chyme spécial dont les cellules sontrangées par files radiales. M. Courchet a étudié le développement de cette structure anormale. La racine jeune présente la structure typique de la racine; bientôt les cellules qui entou- rent les faisceaux du bois deviennent génératrices et forment le paren- chyme spécial qui a été signalé; pendant ce temps on voit se produire, dans la moelle, des faisceaux ligneux entourés de la même façon par du parenchyme secondaire, et qui peuvent rester distincts ou bien se réunir aux faisceaux primitifs pour former un système plus complexe. L. bt S. 39 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Étude comparée des caracteres anatomiques des Loni- cérées et des Astéroidées; par M. Eugène Grignon (thèse pour l'obtention du diplôme de pharmacien de 1"° classe). Paris, 1884, in-8° de 75 pages, avec 2 planches. Dans ce mémoire, présenté comme thése à l'École supérieure de phar- macie, M. Grignon a étudié l'anatomie de plusieurs espéces prises dans les familles des Composées, des Dipsacées, des Caprifoliacées et des Valé- rianées. Il a vérifié la plupart des caractères signalés par les auteurs en y ajoutant quelques observations personnelles ; mais ces observations ne portent que sur la plante adulte. Les quatre familles étudiées présentent quelques caractères communs : un appareil sécréteur plus ou moins déve- loppé, une moelle ponctuée, un mésophylle hétérogène asymétrique. Elles ont aussi des caractères différentiels qui sont propres à chacune d'elles: ainsi le péricycle reste mou chez les Dipsacées et les Valérianées, tandis qu'il devient scléreux chez les Composées et les Lonicérées ; les poils des feuilles: sont unicellulaires chez les Dipsacées et pluricellulaires chez les Composées. En somme, M. Grignon conclut que le groupement établi par plusieurs auteurs entre ces quatre familles n'est point hétérogène, puisqu'on peut passer de l'une à l'autre par des caractères qu'il trouve de premiére importance. L. pu S. On the comparative Morphology of Sciadopitys (Sur la morphologie comparée des Sciadopitys) ; par M. Maxwell T. Masters (Journal of Botany, avril 1884, avec 5 figures). En étudiant la germination d’un Sciadopitys, on voit qu'il porte d'a- bord de vraies feuilles comme le Pin; plus tard il se couvre d'aiguilles qui ne doivent pas étre considérées comme équivalentes à celles de cet arbre. La disposition des faisceaux est en effet tout autre, d’après l'auteur, chez le Sciadopitys: en effet, le bois serait à la face inférieure de l'ai- guille, et le liber à la face supérieure; ce qui, comme on le sait, est le contraire de la disposition normale. De plus, ces aiguilles peuvent se ramifier à la manière des tiges, ce que ne foni pas les aiguilles des Pins. Quant aux bractées et aux écailles fertiles (seed-scale) des cónes fe- melles, on peut les considérer comme les homologues des parties cor- respondantes des Abiétinées. Dans la partie inférieure du cóne, les écailles ne renferment pas de vaisseaux spiralés et ne portent pas d'ovules; puis les ovules apparaissent avec les vaisseaux spiralés, augmentent en nombre avec eux, et disparaissent de méme sur le sommet du cóne. Dans la partie moyenne du cóne, on peut en compter jusqu'à sept sur la méme écaille. Il arrive trés souvent que les cônes de Sciadopitys sont prolifères, c'est- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 33 à-dire que les bractées du sommet se sont transformées en aiguilles, dans ce cas il peut se faire que les écailles fertiles subsistent, ou qu'elles soient remplacées par des aiguilles. L. pu S. Influence prétendue de la lumière sur la structure ana- tomique de l'Ail des Ours; par M. Ch. Musset (Comptes ren- dus, séance du 19 mai 1884). On avait remarqué qu'en général une des feuilles de l'Ail des Ours (Allium ursinum) avait son pétiole tordu, et que, malgré cette torsion, le tissu en palissade se trouvait toujours sur la face supérieure du limbe, celle qui est exposée à la lumière. M. Musset, en étudiant le développement de cette feuille, s’est convaincu que le pétiole s’est tordu pour maintenir éclairée la face du limbe qui présentait d'abord le tissu en palissade. Il serait donc inexact de dire, comme l'ont fait certains botanistes, que le tissu en palissade est passé de la partie supérieure du limbe à sa partie morphologiquement inférieure sous l'action de la lumière. L. pu S. Sur l’origine des racines chez les Fougères; par M. Lach- maun (Comptes rendus, séance du 31 mars 1884). En étudiant le système vasculaire d'un certain nombre de Fougères, et en particulier de l'Aspidium. Filiz-mas, M. Lachmann a constaté que les faisceaux radicaux avaient une origine indépendante des faisceaux foliaires. Le squelette ligneux d'un rhizome de Fougére màle se compose d'un réseau à mailles hexagonales. Du pourtour de chaque maille partent 5 ou 6 faisceaux foliaires el 3 faisceaux radicaux. Les faisceaux radicaux prennent donc naissance sur les faisceaux de la tige, et non sur ceux des feuilles, comme l'avaient cru quelques auteurs induits en erreur par ce fait que les faisceaux radicaux et les faisceaux foliaires sont souvent con- crescents. L. pv S. Recherches sur la transpiration des végétaux sous les tropiques; par M. V. Marcano (Comptes rendus, séance du 7 juillet, 1884). Dans des recherches exécutées à Caracas (Venezuela), M. Marcano opérait sur des plantes cultivées dans des vases de matière imperméable, et déduisait la quantité d’eau transpirée de la perte de poids du système. Les conclusions auxquelles il est arrivé sont, comme il le fait observer, «en contradiction avec les résultats obtenus jusqu'à présent » : 4° Les plantes, sous les tropiques, évaporent pendant la nuit (de six heures du soir à six heures du matin) une quantité d'eau sensiblement égale à celle qu'elles évaporent le jour. pio e (REVUE) 3 34 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 2» L'évaporation atteint un maximum entre dix heures et midi. 3° L'état hygrométrique de l'air paraît sans influence sur le phénomène. L. DU S. De l'action de la chaleur sur les phénomènes de végéta- tion; par M. Barthélemy (Comptes rendus, séance du 21 avril 1884). M. Barthélemy a étudié l'influence de la chaleur sur l'aecroissement des racines; en cultivant des oignons de Jacinthe ou de plantes analo- gues autour d'un tuyau de poéle, il a remarqué que les racines adven- tives se dirigeaient horizontalement vers le tuyau chauffé ; il a obtenu des résultats analogues en cultivant des oignons dans l'eau chauffée d'un seul côté. Les racines se dirigent donc du côté dela source de chaleur. M. Barthélemy a de plus vérifié que si l'on fait tomber un faisceau de rayons solaires sur un Dipsacus cultivé à l'obscurité, la tension des tissus diminue par évaporation de vapeur d'eau, et la tige s'incline du côté de la s»urce lumineuse pour reprendre la première position lorsqu'on sup- prime le faisceau de rayons solaires et qu'on arrose la plante. L. nv S. Recherches sur la déhiscence des fruits à péricarpe sec; par M. Leclerc du Sablon, agrégé-préparateur à l'École normale supérieure (Annales des sciences maturelles, Botanique, 6* série, 1884, tome xvin, pp. 5 à 104, avec 8 planches). Les études de MM. Kraus, Hildebrand et Steinbrick sur la structure et la déhiscence des fruits ne portent que sur un nombre d'exemples trés limité et laissent encore, surtout au sujet de la déhiscence, plus d'un point obscur. M. Leclerc du Sablon a entrepris cette étude d'une manière complète pour les nombreux genres de plus de trente-cinq familles. L’auteur fait voir d’abord que la déhiscence des fruits à péricarpe sec a une cause toute physique, et que la vie de la plante ne joue aucun rôle dans le phénomène. Un exemple montre nettement l'action de la séche- resse ou de l'humidité sur la déhiscence. Les prolongements fibreux qui surmontent chaque carpelle d'Erodium s'enroulent en spirale par la dessiccation, au moment de la déhiscence. Si on les plonge dans l'eau ou dans l'air humide, on les voit se dérouler immédiatement et reprendre leur forme primitive. Si on les laisse se dessécher, ils s'enroulent de nouveau, et l'on peut indéfiniment recommencer les expériences succes- sives sans que les tissus perdent rien de leurs propriétés. D'autres liquides que l'eau provoquent les mémes mouvements ; on peut employer l'alcool ou la glycérine. Ce dernier liquide montre bien que la dessiccation cause la déhis- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 35 cence. Si l'on place un fruit non encore ouvert dans la glycérine, louver- ture du fruit se produit ; si l'on prolonge l'expérience, le fruit se referme peu à peu. On s'explique facilement cette apparente contradiction, car la glycérine est avide d'eau et posséde un pouvoir d'imbibition assez lent. Au début, l'action desséchante de la glycérine est la méme que celle de l'air sec; mais, au bout d'un certain temps, la glycérine mêlée à l'eau imbibe complétement les parois des cellules, et elle agit comme l'humi- dité pour faire referiner le fruit. M. Leclere du Sablon prouve en somme, par diverses expériences analogues à la précédente et par d'autres relatives à l'action de la cha- leur seule, que la seule cause extrinséque qui, dans la nature, provoque l'ouverture des fruits, est la dessiccation des tissus, qu'elle soit produite par une élévation de température ou par un abaissement de l'état hygromé- trique. Quant aux causes intrinséques de la déhiscence des fruits, c'est dans la structure du péricarpe et surtout dans sa partie lignifiée qu'il faut les chercher. La maniére différente dont les divers tissus lignifiés perdent l'eau qui les imbibe est l'une des conditions de l'ouverture qui se pro- duit. C'est par l'inégalité de contraction des fibres que l'auteur explique facilement la déhiscence de presque tous les fruits. Les deux propositions suivantes suffisent à cette explication dans presque tous les cas : 1* Les cellules ou les fibres se contraclent d'autant plus sous l'influence de la dessiccation, que leurs parois sont plus épaisses, toutes choses égales d'ailleurs. 2» Les fibres se contraetent par la dessiecation, moins dans le sens de leur longueur que dans les autres directions. On peut faire de ces deux lois une démonstration expérimentale trés simple. S'il s'agit de la seconde de ces propositions, par exemple, on peut opérer ainsi qu'il suit: Dans un copeau de bois homogène taillé paral- lélement à la direction des fibres, on découpe deux rectangles plans de méme dimension, la direction des fibres étant paralléle au petit cóté de l'un et au grand cóté de l'autre; on les imbibe d'eau séparément, puis on les colle l'un contre l'autre et on les laisse se dessécher. On voit alors le systéme se courber de telle facon, que la partie convexe présente ses fibres parallèles à la ligne de plus grande courbure, de telle sorte qu'un plan passant par cette ligne coupe les fibres du rectangle extérieur sui- vant leur direction, et les fibres de la partie concave perpendiculaire- ment à leur longueur. Ces propriétés de la membrane cellulaire étant ainsi démontrées expé- rimentalement, indépendamment de la déhiscence, M. Leclerc du Sablon en fait l'application aux diverses sortes de fruits. C'est ainsi que la sili- 36 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cule des Farsetia,le fruit des Sida, la capsule des Canna, le follicule des Helleborus, etc., ont une déhiscence qui s'explique par l'inégale contrac- tion des fibres dans des directions différentes. La déhiscence chez la capsule du Linum, chez le fruit du Geranium, etc., peut se comprendre facilement par les différences de contraction entre les cellules dont les parois sont d'inégale épaisseur. L'auteur entreprend ensuite une étude générale de la déhiscence des fruits chez les principales familles végétales, étude qui confirme dans tous ses détails l'application des deux principes énoncés plus haut. GASTON BONNIER. Recherches sur la physiologie et la morphologie des ferments alcooliques; par M. Émile Chr. Hansen (Compte rendu des travaux du laboratoire de Carlsberg, 2° volume, 2° livrai- son, Copenhague 1883). In-8° avec 3 planches. 1° Les ascospores chez le genre Saccharomyces. — M. Hansen, en examinant les différents travaux publiés sur la formation des ascospores dans le genre Saccharomyces, montre que la théorie de M. Brefeld sur les rapports entre la levüre de l'industrie et la levüre spontanée n'est pas fondée; le principal résultat de ces travaux, d’après l’auteur, est celui obtenu par M. Reess sur les cellules endogénes formées par la levüre et leur germination. D'aprés M. Hansen, ni la forme, ni les dimensions, ni l'aspect, ni les ascospores des cellules de levüres ne peuvent suffire pour fournir des caractères spécifiques. Les six espéces étudiées par l'auteur sont ainsi désignées : Saccha- romyces cerevisie I, S. Pastorianus I, S. Pastorianus II, S. Pasto- rianus III, S. ellipsoideus I, S. ellipsoideus II. La plupart des cultures pures employées dans les expériences ont été préparées en introduisant un peu de levüre dans une quantité d'eau, de poids connu; puis on diluait le mélange de manière qu'il ne renfermàt qu'environ une demi-cellule par centimétre cube. En en versant alors un centimétre cube dans un certain nombre de ballons, il arrivait que cer- taines cultures ne recevaient qu'une seule cellule. Pour distinguer ces ballons des autres, M. Hansen a recours au nombre des taches de levüre qui se forment sur les parois des ballons; plusieurs expériences de contróle ont démontré l'exactitude de ce procédé. Les principaux résultats de ces recherches sont les suivants : ce sont surtout les espéces du groupe Pastorianus qui ont le plus fréquemment des spores en nombre anormal (5-10). D'ailleurs les mêmes groupements de spores et les mêmes dimensions de ces spores peuvent se retrouver chez toutes les espéces examinées. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 37 En recherchant l'influence de la température sur le développement, on trouve que dans les conditions données des cultures, aucune des six espèces ne développe ses spores à une température inférieure à 0°,5, et que la température la plus élevée à laquelle elles se produisent est voisine de 37°,5. À partir des températures les plus basses, les ordonnées représentant le temps que met une ascospore à se développer, s’abaissent et remontent ensuite un peu. Les points déterminés par les températures maxima et minima donnent les meilleures caractéristiques des espèces. 2 Sur les Torula de M. Pasteur. — Dans cette autre partie de ses recherches, M. Hansen montre qu’il existe dans la nature plusieurs espèces très répandues de cellules ressemblant à des Saccharomyces, dont les caractères physiologiques sont très différents, les unes interver- tissent la saccharose, les autres ne l’intervertissent pas (1). 3° Maladies provoquées dans la bière par les ferments alcooliques. — M. Hansen étudie ensuite quelques exemples de maladies de la bière dues à des Saccharomyces, leur propagation par la lie des tonneaux de garde, et la manière dont on peut atténuer leurs effets. G. B. Sur la conservation des ferments alcooliques dans la nature; par M. Léon Boutroux (Annales des sciences naturelles, Botanique, 6° série, 1883, t. xvir, pp. 144-209, avec 4 planches). La fermentation alcoolique du jus des fruits sucrés s'opére sous l'in- fluence de certains Champignons appartenant au genre Saccharomyces. D’où viennent ces levüres? M. Pasteur avait déjà montré qu'elles existent en quantité à la sur- face des fruits mürs de raisin, et qu'on ne les rencontre pas sur les grappes de raisin avant la maturité. D'autre part M. Hansen a trouvé une des espèces les plus actives du genre, le Saccharomyces apiculatus, dans le sol, et il a montré que la terre est le lieu d'hivernage de ces fer- ments. Comment s'effectue le transport des levüres sur les fruitsà l'époque dela maturité? Quels sont leurs différents habitats pendant l'année? C'est ce qu'on ignorait jusqu'ici. M. Boutroux vient de combler cette lacune en étudiant la distribution et le mode de dissémination des diverses levüres dans les conditions naturelles. L'auteur recherche d'abord la présence des levüres en ensemengant des fruits, des fleurs, des iusectes, dans des liquides de culture appropriés au développement des Saccharomyces, mais incapables de permettre l'évo- lution des Bactériacées (jus de fruits acides, glucose acidulé par l'acide tartrique). Aprés avoir montré les causes d'erreur dues à l'introduction des (1) Voyez, à ce sujet, le compte rendu suivant des recherches de M. Boutroux. 38 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. germes par l'air pendant les opérations de la culture, M. Boutroux con- state que les fleurs nectarifères contiennent toujours, quoique en propor- tion variable, des germes de levüre. Les fleurs de Bourrache, de Fram- boisier, cueillies en été, en contiennent toutes, et chaque fleur peut immanquablement provoquer la fermentation du moüt de cerises. Les fleurs cueillies en hiver, comme celles du Petasites vulgaris de l'Erica mediterranea, en portent déjà. Les fruits verts soumis à l'examen ont donné à M. Boutroux des résul- tats différents. Certains fruits : Fraises, Cerises, Groseilles à grappes, fruit de Mahonia Aquifolium, ont toujours paru dépourvus de levüre; tandis que d'autres : Groseilles à maquereau, Cassis, fruits d'Épine-vinette, en offrent normalement. Quant aux fruits mürs, tout en vérifiant les résultats obtenus déjà par M. Pasteur, M. Boutroux a constaté que les ferments alcooliques sont rares sur les fruits dont l'enveloppe n'a pas été déchirée, tandis que les fruits mürs déjà entamés contiennent toujours des germes de levüre, et provoquent aussi sürement la fermentation que les fleurs. La proportion variable de levüres rencontrées sur les fleurs et les fruits ne peut s'expliquer au moyen du transport par l'air, et l'auteur a pensé que les insectes qui visitent ces divers organes pourraient bien étre les agents de dissémination. L'expérience justifie ces prévisions, el tous les insectes étudiés: Abeilles, Guépes, Bourdons, Cétoines, etc., ont provo- qué la fermentation du jus de Cerises. Les germes de levüre se sont tou- jours montrés, toutes conditions égales, en plus grande abondance sur le corps des inseetes que sur les fruits ou les fleurs. Dans la seconde partie de son mémoire, M. Boutroux étudie les pro- priétés des levüres rencontrées dans la nature. Il indique d'abord les pro- cédés analytiques qu'il a employés pour les isoler; ce sont : 4° les cultures successives; 2 la conservation prolongée du mélange des levüres; 3° la culture dans des milieux d'acidité différente ; 4° l'exposition du mélange de levüres à des températures de plusen plus élevées. L'auteur est arrivé ainsi à isoler dix-neuf sortes (espéces?) de levüres, caractérisées par l'aspect microscopique, par la structure, par l'action qu'elles exercent sur le sucre de Canne, par la résistance à l'acidité, ou enfin par la rapidité du développement. M. Boutroux a trouvé qu'au point de vue physiologique, les diverses sortes de levüres se divisent en deux catégories : les levüres inversives, qui provoquent la fermentation du sucre de Canne et du glycose, et les levires non inversives, qui ne peuvent produire que la fermentation du glucose. Ces deux sortes de levüres sont associées dans la nature en pro- portions variables. Les fleurs, les fruits verts, les insectes, fournissent à la fois les levüres REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 39 inversives et non inversives ; cependant les premières sont les plus nom- breuses. Les fruits mûrs au contraire n'ont fourni dans les essais de M. Boutroux que des levüres non inversives. Enfin, l'auteur compare les ferments alcooliques rencontrés dans les boissons fermentées ou le levain à ceux qui existent sur les fleurs, les fruits et les insectes. Deux espèces, les Saccharomyces Wurtzii et S. apiculatus, se rencontrent dans les moüts en fermentation spon- tanée ou artificielle, comme sur les fleurs ou quelques fruits, mais ce sont des ferments dont le róle est secondaire. Les espéces les plus importantes formant la plus grande partie des levüres de brasserie, le S. ellipsoideus et le conglomeratus, n'ont pasété rencontrées dans la nature. Louis MANGIN. Recherches sur la respiration et la transpiration des Champignons; par MM. G. Bonnier et L. Mangin (Annales des sciences naturelles, Botanique, 6° série, 1884, t. xvir, pp. 210-305, avec 4 planches). Ces auteurs ont étudié la respiration des Champignons au moyen de deux méthodes : la méthode de l'air confiné, et la méthode à renouvelle- ment d'air continu. Dans la première méthode, les Champignons étudiés sont placés pen- dant un certain temps dans un espace fermé, rempli d'air. On extrait de cette atmosphére confinée une certaine quantité de gaz au début et à la fin de l'expérience, et par l'analyse de ces gaz on peut connaitre la nature ainsi que la proportion des gaz émis ou absorbés par les Champignons. L'analyse volumétrique est réalisée au moyen d'un appareil imaginé par les auteurs, qui permet d'analyser avec une grande précision des volumes gazeux dépassant à peine un demi-centimétre cube. ‘La seconde méthode employée par MM. Bonnier et Mangin consiste à placer les Champignons dans un espace oü l'air se renouvelle constam- ment au moyen d'un aspirateur. Cet air est dépouillé préalablement de son acide carbonique aprés avoir circulé autour des plantes en expérience; il traverse des dissolutions titrées de baryte au moyen desquelles on peut mesurer la quantité d'acide carbonique exhalé. Avant d'exposer leurs recherches, les auteurs rapporfent un certain nombre d'expériences d'essai et de contróle destinées à faire connaitre la part d'erreurs inhérentes à chaque méthode, et à montrer dans quelles limites on peut comparer, au point de vue de l'action exercée par les influences extérieures, les divers Champignons entre eux. MM. Bonnier et Mangin concluent de ces expériences préliminaires que pour connaitre l'influence des conditions extérieures surla respiration des 40 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Champignons, il faut toujours comparer entre eux les mêmes individus dans une méme journée et en croisant les expériences. Dans la respiration normale, MM. Bonnier et Mangin ont constaté une absorption d'oxygéne et une émission d'acide carbonique, dont le rapport constitue pour chaque espéce une caractéristique. Ainsi, pour le Telephora 2 tremelloides, le rapport ses des volumes de gaz émis et absorbés est 0,5 0 ou 0,6; pour l’Agaricus campestris, à pour valeur 0,54 à 0,59, tan- 2 À TU : A». dis que chez le Phycomyces nitens TUE égale environ l'unité. Il n'y a pas de dégagement ni d'absorption d'azote pendant la respira- tion normale. L'influence de la température sur l'intensité de la respiration des Champignons, encore non observée jusqu'ici, se produit comme pour les plantes à chlorophylle, c’est-à-dire que la quantité de gaz émis ou absorbés augmente réguliérement sans qu'on observe d'optimum. Ce qui 9 9 2 : CO Di est plus important, c'est que le rapport D entre les volumes de gaz émis et absorbés reste constant, quelle que soit la température. Ainsi, pour l'Agaricus campestris, le rapport Da à 14^, à 28° et à 36°, est égal à 0,56. Le résultat le plus nouveau des recherches de MM. Bonnier et Mangin est relatif à l'influence retardatrice exercée parla lumiére sur la respi- ration. Ainsi les mémes échantillons d'Agaric comestible qui dégagent pendant une heure 9,7 pour 100 d'acide carbonique à l'obscurité, n'en produisent que 7c,3 à la lumière, dans les mêmes conditions de tempéra- ture et d'état hygrométrique. : De nombreuses séries d'expériences faites avec les espéces les plus variées permettent aux auteurs de conclure que /a lumiére diffuse retarde l'intensité de la respiration des Champignons, toutes condi- tions égales d'ailleurs. Cette action ne serait pas la méme pour les différentes radiations : les radiations les plus réfrangibles (vert et bleu) auraient une influence retar- datrice plus faible que les radiations les moins réfrangibles (rouge et jaune). La seconde partie du mémoire de MM. Bonnier et Mangin est relative àla transpiration des Champignons, fonction importante chez ces étres à cause de la grande quantité d'eau que renferment leurs tissus. La mesure des quantités d'eau transpirée s'effectue au moyen des REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 41 méthodes déjà connues, méthode de l'absorption et méthode des pesées. Les auteurs ont recherché l'influence de la lumière diffuse sur la trans- piration. Des expériences nombreuses contrôlées par les deux méthodes ont donné des résultats concordants : toutes conditions égales d'ailleurs, la lumière diffuse accélère la transpiration des Champignons, et cette influence accélératrice de la lumière continue à se faire sentir quelque temps après qu'on a soustrait les plantes à l'action de la lumière. On constate ainsi. que la lumiére agit surla transpiration des Cham- pignons comme sur celle des plantes vertes, mais il était difficile de pré- voir cette similitude d'action, puisque la chlorophylle fait défaut chez les Champignons, et que la présence de cette matiére est considérée, d'aprés les travaux les plus récents, comme la principale cause de l'ac- célération offerte par l'exhalation de la vapeur d'eau à la lumière. f L. M. Onderzoekingen over de besmetteliijkeid der Gomziekte bij Planten (Recherches sur l'inoculabilité de la maladie de la gomme dans les plantes); par M. W. Beijerinck (Natuurk. Verh. der koninkl. Academie van Wetenschappen te Amsterdam, t. xxin,1883). In-4° de 46 pages, avec 2 planches. En introduisant de petits fragments de gomme de Pécher, au moyen d'incisions, dans les branches d'un Pécher sain, M. Beijerinck a provoqué la gommose en chacun de ces points ; tandis que des incisions voisines qui n'avaient rien recu ou qui n'avaient recu que de petits morceaux de bois vivant ou mort d'un Pécher sain, se sont promptement cicatrisées. Ino- culée au Prunier, au Cerisier, à l'Abricotier, la gomme du Pécher y déve- loppe la méme maladie; elle agit de méme sur le Prunus Mahaleb et sur le P. Laurocerasus, mais sans qu'il y ait ici écoulement de gomme au dehors. Elle n'exerce au contraire aucune action nuisible sur les Rosa, Pirus, Weigelia, Acer, Forsythia, Hydrangea, Citrus, Quercus, Elæa- gnus, etc. Réciproquement, on rend malade le Pécher en l'inoculant avec la gomme du Prunier, du Cerisier, de l'Abricotier; l'Abricotier, en l'inocu- lant avec la gomme du Cerisier, etc. Si la gomme a été préalablement chauffée, elle est inoffensive, et la blessure se cicatrise ; il suffit méme pour cela qu'elie ait été soumise à la température de 56 degrés. Tous ces résultats s'expliquent par la nature parasitaire de la maladie. Elle résulte, en effet, du développement, dansles tissus, du mycélium d'un Ascomycète que son appareil reproducteur conidien, seul connu jusqu'ici, rattache au genre provisoire Coryneum. M. Oudemans a fait l'étude de cette espèce, qu'il a nommée Coryneum Beijerinckii. C'est parce que la A9 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. gomme exsudée renferme le mycélium ou les spores de ce Champignon, qu'en l'inoculant on provoque la gomme dans les arbres sains. L'étude détaillée du parasite fait l'objet du second chapitre de ce mémoire. Dans le troisiéme chapitre, l'auteur étudie surtout la formation de la gomme, au point de vue anatomique et physiologique. Voici à ce sujet ses principales conclusions. Le Coryneum sécrète une substance soluble qui attaque les membranes cellulaires, les grains d'amidon, sans doute aussi d'autres éléments con- stitutifs des cellules, et les transforme en gomme; cette action s'exerce d'ailleurs tout aussi bien sur le mycélium du parasite lui-même que sur les tissus environnants. Cette substance soluble peut s'introduire dans les cellules vivantes, principalement dans celles de la zone génératrice, se mêler à leur protoplasma et en changer les propriétés, de telle manière que leurs cloisonnements ultérieurs produisent un tissu nouveau, un pa- renchyme ligneux pathologique. Plus tard ce tissu sécréte, à son tour, la méme substance soluble et se transforme en gomme. La substance soluble ainsi régénérée peut ensuite étre transportée dans des branches saines et y provoquer la méme production de tissu pathologique et la méme gom- mose, en dehors de toute présence du mycélium du Coryneum dans ces branches. La voie par laquelle ce transport a lieu est probablement le liber, et la substance qui propage ainsi la maladie est probabiement iden- tique à celle que sécréte au début le Coryneum. Dans tous les autres cas, c'est la eroissance du mycélium du Coryneum qui est la cause prochaine de la maladie. Le quatrième et dernier chapitre est consacré à la gomme des Acacia. L'auteur découvre dans la gomme arabique non seulement un mycélium analogue à celui du Coryneum Beijerinckii, mais encore plusieurs sortes d'organes reproducteurs, notamment des périthéces. Le tout appartient à: un Pleospora, que M. Oudemans a étudié et qu'il a nommé Pleospora gummipara. Enfin l'auteur a également constaté la présence d'un mycé- lium dans la gomme adragant, notamment dans celle qui provient de P Astragalus gummifer. Il est donc probable que la maladie dela gomme des Acacias et des Astragales est due à la méme cause que celle des Amygdalées, c'est-à-dire au développement d'un Champignon parasite. Pn. VAN TIEGHEM. Zur Biologie der Myxomyceten (Sur la biologie des Myxo- mycétes); par M. E. Stahl (Botanische Zeitung, n° 10, 11, 12, mars 1884). M. Stahl a étudié l'influence des diverses causes externes sur le mouve- ment des plasmodes des Myxomycétes, en prenant surtout pour sujet d'expériences le plasmode de l'ZEthalium septicum. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 43 Comme l'avait déjà observé M. Schleicher en 1878, un courant d'eau agit sur le plasmode et le détermine à se mouvoir en sens inverse du courant: c'est ce qu'avec M. Bengt Johnson on peut appeler le rhéotropisme; le plasmode est donc doué d'un rhéotropisme négatif. En utilisant cette pro- priété, on peut diriger à volonté le plasmode, l'extraire par exemple d'un endroit où il est mélangé à d'autres substances, et l'amener à l'état de pureté parfaite à un autre endroit déterminé. L'inégale répartition de l'eau agit aussi sur les mouvements du plas- mode : c'est l'hydrotropisme. Pendant la majeure partie de son développe- ment, le plasmode se dirige vers l'endroit le plus humide: son hydrotro- pisme est positif. Mais vers la fin, au moment de la formation du fruit, il se dirige au contraire vers l'endroitle plus sec; son hydrotropisme devient négatif. C'est ce qui explique à la fois la formation du fruit sur les parties du milieu nutritif les plus exposées à l'air et la direction verticale des pédicelles sporangifères. Diverses substances chimiques agissent aussi sur les mouvements des plasmodes : les unes les font fuir (chlorure de sodium, nitrate de potasse, sucre de Canne, glucose, glycérine, etc.) ; d'autres au contraire les attirent forlement (fragment de tan, etc.). La méme substance peut d'ailleurs les repousser d'abord et les attirer plus tard, suivant leur propre état inté- rieur : telle est par exemple une dissolution à 2 pour 100 de glucose. En ce qui concerne l'influence de la lumiére, M. Stahl se borne à véri- fier le fait bien connu, observé d'abord par M. Sachs, puis étudié par M. Baranetzki : pour tous les degrés d'éclairement, le plasmode fuit la lumiére et se dirige vers l'obscurité. Pour ce qui est de la pesanteur, contrairement aux observations de MM. Rosanoff et Baranetzki, l'auteur conclut de ses expériences qu'elle est sans aucune action sur les mouvements du plasmode. Tous les faits qui paraissaient établir le géotropisme négatif du plasmode, notamment les résultats des expériences de M. Rosanol(f, s'expliquent facilement par l'action du rhéotropisme et de l'hydrotropisme. L'échauffement inéquilatéral, ainsi que l'apport inéquilatéral de l'oxy- gène, influence aussi le mouvement des plasmodes. Ceux-ci se diri- gent vers l'endroit le plus chaud, toutes les fois du moins que la tempé- rature la plus élevée demeure inférieur à l'optimum ; ils se dirigent aussi vers l'endroit où l'oxygène est le plus abondant. En résumé, on voit que les deux causes externes qui agissent le plus fortement sur les mouvements des plasmodes sont l'eau et la lumiére. V T: 44 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Ueber den Pilz der Wuerzelauschwellungen von Juncus bufonius (Sur le Champignon des tubercules radicaux du Juncus bufonius); par M. C. Weber (Botanische Zeitung, n° 24,13 juin 1884). M. Weber a étudié de plus présle Champignon parasite que M. Magnus a découvert en 1878 dans les tubercules des racines du Juncus bufonius et du Cyperus flavescens, et qu'il a nommé Schinaia cypericola. La vie endophyte du mycélium, la naissance des spores à l'intérieur de la plante nourriciére et leur mode de formation, la disparition du mycé- lium aprés ]a maturité des spores, le mode de germination de celles-ci en un promycélium portant des sporidies, tout enfin démontre que cette plante est essentiellement une Ustilaginée. Ses caractères propres sont la pluralité des promycéliums, leur extrême finesse, et la forme spiralée des sporidies. Elle constitue donc un genre nouveau que M. Weber propose de nommer Entorrhiza; l'espèce prendrait alors le nom de Entorrhiza cypericola Magnus. Noek Zum Krebs der Apfelbæume (Sur le chancre des Pommiers) ; par M. R. Gæthe (Botanische Zeitung, n° 25, 20 juin 1884). Contrairement aux critiques de M. Sorauer, M. Goethe maintient et appuie sur un grand nombre d'observations nouvelles sa manière de voir au sujet du chanere des Pommiers. Les vrais chancres résultent du déve- loppement dans l'arbre d'un Champignon parasite, le Nectria ditissima Tul. Que la plaie s'agrandisse jusqu'à entrainer finalement la mort de la branche, ou qu'elle se rétrécisse et se ferme en produisant une tubérosité, c'est là une chose accessoire qui dépend de la variété considérée, de la position de la branche et des conditions générales de nutrition de l'arbre. NT: Die Beziehungen des Lichtes zur Zelltheilung bei Sac- charomyces cerevisice (Relation entre la lumière et la divi- sion cellulaire dans le Saccharomyces cerevisiæ); par M. L. Kny (Berichte der deutsch. botan. Gesellschaft, t. 11, 48 mars 1884). M. Kny a soumis des levüres de bière (Saccharomyces cerevisiæ) cultivées sur le porte-objet dans une goutte de liquide nutritif, les unes à la lumière diffuse, les autres à l'obscurité, la température étant la méme dans les deux cas. Il a compté chaque fois les cellules avant et après l'expérience. Sur huit expériences, il y en a trois où la multiplication des cellules a été un peu plus grande à l'obscurité ; il y en a cinq où elle a été au contraire un peu plus grande à la lumière. Il en conclut.que la division cellulaire a lieu dans la levüre de bière avec la même intensité à la lumière diffuse et à l'obscurité. V. T. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 45 Das Wachsthum der Thallus von Coleochæte scutata in seinen Beziehungen zur Schwerkraft und zum Lichte (La croissance du thalle du Coleochæte scutata dans ses rapports avec la pesan- teur et la lumière); par M. L. Kny (Berichte der deutsch. botan. Gesellschaft, t. 11, 28 février 1884). De sés recherches, l'auteur conclut d'abord que ia pesanteur n'exerce aucune action sur la croissance du thalle. La lumiére, au contraire, agit et le thalle s'accroit davantage du cóté éclairé que du cóté obscur. M. Kny se garde bien toutefois d'en conclure que la lumiére favorise directement la croissance et la division des cel- lules. Il se peut en effet qu'elle se borne, en favorisant l'assimilation dans les cellules vertes directement éclairées, à accumuler de ce côté une plus grande quantité de matériaux plastiques, laquelle à son tour provoque en cet endroit une croissance plus forte. Son action ne serait alors qu'indi- recte. Ve T. Untersuchungen ueber die Befruchtung der Florideen (Recherches sur la fécondation des Floridées); par M. Fr. Schmitz (Sitzungsberichte der k. Akademie der Wissenschaften zu Berlin, séance du 22 février 1883); tirage à part en brochure in-8 de 46 pages, avec une planche. Les recherches récentes des botanistes et des zoologistes tendent à éta- blir, par des faits de plus en plus nombreux, que la fécondation consiste essentiellement dans l'union du noyau de la cellule mâle avec le noyau de la cellule femelle. Diverses particularités signalées par les premiers observateurs qui se sont occupés de l'étude. de la fécondation chez les Floridées semblaient indiquer que, dans certains cas, cette union immé- diate n'est pas indispensable, mais que l'action fécondante peut s'exercer à distance, par l'entremise des cellules intermédiaires, sur une cellule plus ou moins éloignée de celle qui recoit l'imprégnation. Ayant observé daus le développement du fruit des Squamariées (1) une disposition ana- logue à celle que MM. Thuret et Bornet avaient découverte dans le Dudresnaya etle Polyides, M. Schmitz fut conduit à chercher si ce mode singulier de développement n'était pas plus répandu qu'on ne croyait, et si, dans les cas où la théorie générale paraissait en défaut, il ne se ren- contrerait pas des circonstances inapercues qui les feraient rentrer dans la régle. De cette pensée sont sorties les longues et difficiles recherches dont l'auteur nous a donné un premier exposé. (1) Sitzungsberichte der niederrheinischen Gesellschaft für Natur-und Heilkunde zu Bonn, séance du 4 août 1879. 46 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. L'abondance des détails contenus dans ce mémoire, qui doit étre lu en entier, ne permet pas d'en donner ici un résumé complet ; il suffira d'in- diquer les principaux résultats. Bien qu'elles ne soient pas également achevées dans toutes leurs parties, les observations de M. Schmitz concourent à établir que la production des spores résulte toujours de l'union immédiate des cellules reproductrices, et que l'action fécondante ne se transmet pas à distance. Il a constaté que les casde copulations successives ne sont pas propres au Dudresnaya, au Polyides et aux Squamariées, mais qu'ils sont communs chez les Flo- ridées. C'est presque exclusivement chez les Helminthocladées (Batra- chospermum, Chantransia, Nemalion, etc.) que l'euf fécondé se développe directement en un bouquet de filaments ramifiés (ooblastes) dont les articles produisent directement les spores. Ailleurs il semble que l’œuf ne dispose pas d'une quantité de matières nutritives suffisante pour développer immédiatement des spores, et que le concours de cellules voisines, riches en matiéres plasmatiques, soit indispensable à son évolution. Tantót ces cellules sont des cellules ordinaires du thalle (Gelidium, Caulacanthus, etc.), tantót ce sont des cellules particu- liéres (cellules auxiliaires) qui sont comprises dans la continuité de fila- ments végétatifs ordinaires, ou bien qui sont supportées par des fila- ments spéciaux. — La manière dont l’œuf se met en communication avec les cellules auxiliaires présente diverses modifications dont nous citerons quelques-unes. Quand l’œuf et la cellule auxiliaire sont trés rapprochés, l’œuf verse directement dans la cellule auxiliaire la totalité ou une partie de son contenu; aprés cette fusion, l'appareil sporifère se développe et produit, soit des masses de spores, soit des bouquets de fila- ments sporigénes. Les Céramiées, les Rhodyméniées, les Rhodomé- lées, etc., en fournissent des exemples. Dans d'autres cas, l'oeuf émet un ou plusieurs prolongements qui s'insinuent dans le tissu, se soudent avec les cellules ordinaires du thalle aux dépens desquelles elles se nourris- sent, et produisent soit un seul amas de spores (Gélidiées), soit une foule de pelites masses dispersées dans le tissu (Cryptonémées, Gigartinées). Dans certains cas encore plus compliqués, les ooblastes se greffent suc- cessivement sur deux cellules auxiliaires avant que la production des spores ait lieu (1). En terminant, M. Schmitz fait remarquer que la connaissance appro- fondie de ces modes si variés de développement du fruit des Floridées, des modifications de détail si nombreuses dont il est accompagné, ser- vira puissamment un jour à perfectionner la classification de ce groupe d'Algues. Pour le moment, trop peu de genres ont été étudiés, les obser- (1) Voyez Van Tieghem, Traité de botanique, p. 1382. m REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 47 vations présentent trop de lacunes, pour qu'un essai, méme partiel, de sys- tématisation puisse être utilement tenté. Mais l’auteur n’est qu’au début de ses recherches et promet de les poursuivre jusqu'au bout. Ep. BonNET. Essai d'une monographie locale des D AM par M. François Gay. Broch. in-8° de 112 pages, avec 4 planches lithogra- phiées. Montpellier, Bæhm et fils, 1844. Les Algues d'eau douce des environs de Montpellier sont encore à peu prés inconnues. Le travail de M. Gay est une intéressante et importante contribution à la connaissance de ces plantes, et fait désirer que l'auteur étende à toutes les Algues d'eau douce de sa région des études aussi bien commencées. La région explorée par M. Gay s'étend du bord de la mer aux premiers contreforts du massif central de la France, depuis l'altitude de 0 jusqu'à celle de 1400 mètres. Elle comprend la plaine des alentours de Mont- pellier, les Cévennes, et présente des conditions climatériques et miné- ralogiques trés variées. Aprés un court résumé des caractéres morphologiques de la famille des Conjuguées basé sur les travaux antérieurs, ainsi que sur de nombreuses observations personnelles, M. Gay expose la maniére dont il comprend la division en genres de cette famille. Il attribue à juste titre la préémi- nence aux caractères fournis par le contenu cellulaire, et plus particuliè- rement par les chromoleucites (corps chlorophylliens, chromatophores) observés sur le vivant ou après traitement par l'acide picrique. S'il n'est pas le premier qui ait employé ces caractères, M. Gay en a fait un usage plus étendu que ses prédécesseurs, et a été conduit en conséquence à modifier les limites de certains genres, à distribuer autrement quelques espèces. — Dans cette première série d'observations, M. Gay a rencontré 131 espèces de Conjuguées appartenant à 18 genres. Le nombre total des genres de Conjuguées étant de 23, cinq genres (Gonatonema, Genicula- ria, Docidium, Dysphinctrium, Mesotænium) ne sont pas représentés dans la flore de Montpellier. Si l'on partage le domaine de cette flore en deux zones, la zone des plaines el la zone montagneuse, on constate que la première a présenté 10 genres et 61 espèces, la seconde 17 genres et 112 espéces ; que les Desmidiées abondent dans la montagne (79 espéces contre 33), tandis que les Mésocarpées et les Zygnémées sont plus nom- breuses dans la plaine (27 espéces contre 13). La comparaison de la flore actuellement connue de la région de Montpellier avec celles de Suéde, d'Angleterre et d'Allemagne montre que, sur 137 espéces, 106 sont com- munes à ces divers pays et que 31 n'ont pas encore été signalées ailleurs. Ces espéces nouvelles sont décrites et figurées par M. Gay. Ep. B. 48 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. NOUVELLES (15 août 1884.) — Le 18 mai est mort à Breslau, dans sa quatre-vingt-quatrième année, le professeur Heinrich Robert Gœppert, bien connu par ses tra- vaux d'anatomie et de paléontologie végétales. Il était né à Sprottau, en Silésie, le 25 juiliet 1800. l — Deus denos collègues ont été récemment l'objet de distinctions pour leurs travaux botaniques : M. G. Sicard a recu la décoration du mérite agricole, et M. G. Rouy a été nommé officier d'académie. — Un autre de nos collégues, M. Paul Hariot, préparateur au Muséum, a été nommé officier d'académie pour les services qu'il a rendus comme botaniste attaché à l'expédition du cap Horn. — MM. Jeanbernat et Renault entreprennent la publication d'un Guide bryologue dans la chaine des Pyrénées et le sud-ouest de la France. Cet ouvrage est inséré dans la Revue de botanique publiée à Auch sous la direction de M. Lucante. — M. l'abbé Boulay met la dernière main à ses Muscinées de France ; la partie descriptive, qui est terminée, atteint 607 pages. — M. le D' Courlet (52, rue de Paris, à Belleville) nous prie d'an- noncer qu'il est disposé à céder, pour cause de départ, un herbier de plantes des Alpes, formé par J. B. Dumas de 1814 à 1820, avec le con- cours de MM. Guillemin, Thomas Jacquemin et Grignon. Les étiquettes qui accompagnent les plantes contiennent, avec les indications habituelles, des notes prises au moment de la récolte. Les échantillons sont nombreux pour chaque espéce, d'une conservation parfaite et contenus dans dix- huit cartons. Le Directeur de la Revue, Dr Ep. BORNET. Le Secrétaire général de la Société, gérant du Bulletin, AD. CHATIN. BOURLOTON.— Imprimeries réunies, A, rue Mignon, 2, Paris. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE (1884) Monographiæ Phanerogamarum, Prodromi nunc continuatio, nunc revisio; editoribus et pro parte auctoribus Alphonso et Casimir de Candolle. Vol. v, pars prima, cum tabulis xxx11 (Cyrtandreæ, au- ctore C. B. Clarke). Un vol. in-8° de 303 pages. Paris, G. Masson, 1884. Daus cette premiére partie de son travail, l'auteur ne décrit, sauf de trés rares exceptions, que les espéces croissant en dehors de l'Amérique. L'introduction est écrite en anglais : les Cyrtandracées y sont considérées seulement comme des Gesnériacées à ovaire supére. M. Clarke expose ensuite briévement l'opinion des auteurs sur les rapports et les éléments constitutifs de ce groupe ; sa distribution géographique donne lieu à des observations intéressantes, résumées en un tableau oü l'on voit que les Cyrtandracées sont trés inégalement réparties sur les deux hémisphères : en effet, sur un total de 460 espéces, 209 appartiennent à la flore de la péninsule malaisienne et 4 seulement à l'Europe; le Ramondia pyre- naica est leur unique représentant en France. L'auteur a emprunté ses matériaux à tous les grands herbiers publics et particuliers de l'Europe ; l'herbier du Muséum de Paris lui a fourni beaucoup de documents, surtout pour les espèces dela Nouvelle-Ca- lédonie. Un tableau général des genres suit l'exposé des caractères de la famille ; dans ce tableau, M. Clarke ne s'est pas sensiblement écarté de la disposi- tion adoptée par MM. Bentham et Hooker dans le Genera plantarum. Les grandes divisions sont établies sur l'absence ou la présence de poils appendiculaires aux graines; le mode de déhiscence de la capsule et la forme de cet organe fournissent les divisions d'ordre inférieur. Chacun des genres, nombreux en espéces, est précédé d'un conspectus des sec- tions; mais quelques-unes de ces sections ne comprenant pas moins de 20 ou 30 espèces dont les caractères différentiels ne sont point mis en opposition, il devient souvent difficile de parvenir à leur détermi- nation. Le nombre des espèces décrites pour la première fois est considérable: le seul genre Æschinanthus en possède 28, c'est-à-dire presque la moitié du chiffre total ; les Cyrtandra en ont 69 sur 167. T. XXXI. (REVUE) 4 50 ` SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. La monographie est terminée par une table générale des noms et des synonymes, et par un index de tous les numéros cités par l’auteur. A. FRANCHET. Flora Orientalis, sive Enumeratio plantarum in Oriente, a Græcia et Ægypto ad Indiæ fines, hucusque observatarum ; auctore Edm. Boissier. Vol. v, fasc. 2. Monocotyledonearum pars posterior: Gymnosperm:e, Acotyledoneæ vasculares. Un vol. in-8°, pp. 429-868. Genève, Bâle et Lyon, chez H. Georg, avril 1884. C'est la dernière partie du grand ouvrage consacré par M. Boissier à la flore d'Orient. Presque tout le volume concerne la famille des Grami- nées, représentée en Orient par un trés grand nombre d’espèces, bien que M. Boissier ait mis beaucoup de réserve dans l'admission des types spécifiques. L'auteur décrit seulement 18 espéces nouvelles appartenant aux genres Heleochloa, Aristida, Piptatherum, Agrostis, Calamagros- Lis, Ventenata, Tristachya, Poa, Catapodium, Scleropoa, Bromus, Agropyrum ; aucun genre nouveau n'est signalé. M. Boissier a suivi, au moins dans les grandes lignes, l'ordre adopté dans le Genera plantarum de MM. Bentham et Hooker ; le genre Festuca est traité d'après la mono- graphie de M. Hackel, et quelques espéces polymorphes y sont divisées en groupes de sous-espèces, comme l'a fait ce botaniste. La classe des Gymnospermes est placée à la fin des plantes cotylédo- nées, faisant ainsi la transition vers les Acotylédones vasculaires. Dans le genre Pinus, il a maintenu comme espèce distincte le P. Peuce Griseb., ce type remarquable des montagnes de la Macédoine et du Montenegro, qui parait étre une réduction du P. excelsa de l'Himalaya, dont Par- latore n'avait pas osé le séparer. La famille des Fougéres n'est représentée en Orient que par un nombre relativement peu considérable d'espèces; leur chiffre, en effet, ne dépasse pas 94. L'explication de ce fait est dans l'étendue presque exclusivement continentale embrassée par la Flore. L'auteur a fait suivre celte derniére partie de quelques additions et corrections concernant seulement le dernier volume. La spontanéité du Lilium candidum dans le Liban, y est définitivement établie. Dans une note placée au bas du titre, M. Boissier annonce qu'il tra- vaille à un supplément de sa Flore Orientale; on ne peut qu'en sou- haiter la prompte publication. Ce sera le couronnement du beau monu- ment élevé en moins de vingt années, par M. Boissier, à la Flore Orien- tale et qui résume si heureusement tout l'immense labeur de sa vie. À. FR. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 51 Catalogue of Canadian Plants. Pars 1, Polypetaleæ ; par M. John Macoun (Geological and natural History Suryey of Canada, Alfred R. C. Selwyn director). Broch. in-8° de 192 pages. Montreal, Dawson brothers, 1883. Ce nouveau Catalogue des plantes du Canada est rédigé avec beau- coup de soin et un esprit de critique qu'on ne trouve pas toujours dans les travaux de ce genre. C'est une simple liste des espéces ou variétés observées dans la région, mais les localités sont indiquées avec beaucoup de précision, et la valeur ou la synonymie d'un certain nombre d'espéces y sont discutées. Aucune espéce nouvelle n'y est décrite, mais plusieurs de celles qui sont énumérées n'avaient pas encore été observées au Canada. Le Catalogue s'étend des Renonculacées aux Cornacées inclusi- vement. A. Fn. Contribution to American Botany, XI. — I. List of Plants from Southwestern Texas and Northern Mexico, collected chiefly by D' E. Palmer in 1879-80. — II. Gamopetalæ to Acotyledones.— III. Des- criptions of some new Western Species; par M. Sereno Watson (from the Proceedings of the American Academy of Arts aud Sciences, Vol. xvir., août 1883). Broch. in-8° de 196 pages et la table des genres. Cette nouvelle liste des plantes récoltées par le D" Palmer dans le Texas et le Mexique commence aux Viburnum et se termine avec les Muscinées et les Champignons, ces derniers d'ailleurs en nombre fort peu considérable. Elle ne comprend pas moins de 1136 espéces, ce qui peut donner une idée de l'importance de cette collection, qui renferme un assez grand nombre de plantes nouvelles décrites dans la liste donnée par M. Watson. Les Fougéres ont été déterminées par M. le professeur Daniel C. Eaton, les Mousses par M. Thomas P. James, et les autres Cryptogames par M. Farlow. Aucune espéce n'est signalée comme inédite parmi les Crypto- games. . , Sous le titre de Description of some new western Species, M. Sereno décrit 49 espèces nouvelles du Mexique, du Texas et de la Californie ; elles appartiennent aux genres Greggia, Sagina, Montia, Astragalus, Spiræa, Ribes, Sedum, Gayophyllum, Eryngium, Sueda, Eriogonum, Euphorbia, Microstylis, Allium et Bouteloua. A. FR. Plantæ Davidianæ ex Sinarum imperio; par M. A. Fran- chet (1) (Nouvelles Archives du Muséum d'histoire naturelle, 2° sér. t. v, pp. 1-126, avec 8 planches); in-4°. Paris, G. Masson,1883. (1) Voyez le Bulletin, t. xxx, Revue, p. 108. 523 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Ce deuxième fascicule du travail de M. Franchet s'étend depuis les Saxifragées jusqu'aux Plantaginées inclusivement. L'auteur y mentionne un certain nombre d'espéces intéressantes pour la flore de la Chine, et méme pour l'Asie continentale, qui n'avaient été signalées, pour la plu- part, qu'au Japon. Ce sont : Cardiandra alternifolia Sieb. et Zucc., curieuse Saxifragée retrouvée au Kiang-si par M. l'abbé David ; Actino- stemma lobatum Maxim.; Angelica Miqueliana Maxim., assez' répandu en Mongolie ; Acanthopanax asperulatum Franch. et Sav.; Dipsacus japonicus Miq.; Gnaphalium (Anaphalis) pterocaulon Fr. et Sav.; Se- necio stenocephalus Maxim.; Acroptilon Picris, qui s'avance jusque dans la Mongolie, où il parait être trés répandu; Ainsliæa fragrans Champ., jolie Mutisiacée connue seulement à Hong-kong, et qui se re- trouve dans le Kiu-kiang; Dracocephalum heterophyllum Benth., plante de l'Himalaya qu'on peut s'étonner de retrouver en Mongolie sous une forme tout à fait semblable à celle de l'Inde; le Syringa Emodi et quel- ques autres espèces croissant au nord de Pékin sont d'ailleurs dans le méme cas. Les espéces déerites pour la premiére fois sont au nombre de 22: Crassula (Bulliurdia) mongolica, assez semblable au B. Vaillantii, mais sensiblement différent par ses sépales plus longs que les pétales et par la forme des écailles hypogynes; Sedum dumulosum, S. stellariæ- folium, S. elatinoides, Bupleurum chinense, Pimpinella albescens, Angelica mongolica, Heracleum microcarpum, Lonicera Ferdinandi, intéressant par son fruit, qui constitue une véritable drupe; Loni- cera Elise; Aster mongolicus, qui forme presque le passage entre les A. trinervius Roxb. el A. indicus L., avec des proportions beaucoup plus robustes ; Artemisia intricata et A. brachyloba ; Tanacetum trifi- dum, qui est peut-être la plante insuffisamment décrite par Turczaninoff, sous le nom d'Artemisia trifida, mais n’appartenant pas à ce dernier genre ; Petasites tricholobus ; Senecio Savatieri, découvert par le doc- teur Savatier sur les remparts de Ning-po ; Saussurea Davidi; Lobelia Davidi, belle espèce du groupe des Rhynchopetalum, rappelant le L. pyramidata de l'Inde; Campanumæa pilosula, trés voisin du Codo- nopsis (Campanumæa) cordata Hassk., de Java, région qui, malgré son éloignement et son climat, possède plusieurs formes communes avec le Kiu-kiang, sans stations intermédiaires connues; Gentiana Davidi, qui doit prendre place à côté du G. scabra Bunge; Phlomis dentosus; Teucrium Pernyi, rappelant beaucoup une espèce indienne; T. qua- drifarium Mamilt., mais assez différent par la forme allongée de ses feuilles, ses fleurs blanches, sa pubescence courte. Le T. Pernyi avait été observé dés 1858, par M. l'abbé Perny, dans la province de Kouei- tcheou. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. n Les espèces figurées dans ce fascicule sont : Crassula mongolica, Sedum dumulosum et S. elatinoides (dont les figures ont été données dans le précédent volume) ; Abelia biflora Turez., plante peu connue; Lonicera Ferdinandi et L. Elise, Aster mongolicus, Artemisia intri- cata, Senecio Savatieri, Saussurea Davidi, Fraxinus rhynchophylla, Thyrocarpus glochidiatus et Th. Sampsoni. A. Fn. Plantes du Turkestan; par M. A. Franchet (1) (Annales des sciences naturelles, 6° série, t. xvi, pp. 280-336, avec 4 planches, et t. xvii, pp. 207-277, avec 4 planches). Les deux dernières parties de l'énumération des plantes de la mission du Turkestan, rapportées par M. Capus, en 1882, s'étendent des Rosa- cées aux Fougéres. Le nombre des espéces nouvelles ou peu connues est assez considérable. On peut citer parmi elles : Prunus (Cerasus) verru- cosa sp. nov., à noyau verruqueux ; une forme de l'Amandier commun à feuilles ovales; le Prunus (Chamæamygdalus) ulmifolia sp.nov., trés remarquable par la forme de ses feuilles, qui ressemblent à celles de Orme commun; Rosa maricandica Bunge, l'un des plus petits des Rosiers connus, ses folioles atteignant à peine 3 millim. de longueur, avec des fleurs jaunes dont le diamètre n’est guère que de 15 à 20 millim. ; Umbilicus linearifolius sp. nov., à pétales libres ; Linosyris Capusi sp. nov., dont les rameaux ensevelis dans le sable, au moins dans leur moitié inférieure, ne portent, au lieu defeuilles, que des bractées triangulaires ; Senecio akrabatensis sp. nov., du groupe des Ligulaires, à capitules presque aussi grands que ceux du L. Kempferi. Le genre Cousinia est particulièrement riche en nouveautés (12 espèces), parmi lesquelles le C. coronata se distingue par les longues bractées internes de ses capi- tules, coriaces et colorées en rose, comme celles de certains Helipte- "rum. Il faut citer encore : Centaurea turkestanica sp. nov., unique représentant du groupe des Centaurium en Orient; Campanula Leh- manniana Bunge, plante peu connue et dont Lehmann n'avait rapporté qu'un seul spécimen ; Salvia Capusi sp. nov., belle espèce de la section des Sclarea, remarquable par la longueur du tube de sa corolle ; Ere- mostachys napuligera sp. nov., à fibres radicales renflées-napiformes, et qui, par tous ses caractères, forme le.passage entre les Eremostachys et les Phlomis ; Eremurus Capusi sp. nov., à fleurs jaunes comme celles de l'E. persicus, mais bien différent par ses feuilles glabres; une forme trés ornementale de l'Erianthus Ravenna, à longue panicule violacée ; Catabrosa Capusi sp. nov., curieuse espèce bien distincte du C. aqua- (1) Voyez le Bulletin, Hevue, t. XXX, p. 213. 54 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tica par son inflorescence à rameaux trés courts, dressés, formant une grappe spiciforme. La famille des Fougéres n'est représentée que par 9 espéces. Le chiffre des espéces rapportées par M. Capus s'éléve à 855. Une donnée intéressante de géographie botanique résulte de l'examen de ses plantes, c’est que les contrées qu'il a parcourues sont placées au point de jonction de la flore de l'Himalaya et de celle des steppes ; sans doute cette dernière prédomine encore dans une large proportion, mais à partir de 1200 à 1500 métres la, végétation des hautes montagnes, qui forment au nord la barriére de l'Inde, imprime trés visiblement son caractére, soit par la présence des mémes espéces, soit par l'apparition de formes similaires. Les plantes figurées dans les deux dernières parties sont : Umbilicus linearifolius, Tanacetum Capusi, Pyrethrum transiliense var. gla- brum, Cousinia coronata, Campanula Lehmanniana, Phyteuma mul- ticaule, Dracocephalum crenatifolium, Eremostachys napuligera, Er. speciosa Rupr. A. Fn. Monographie der Gattung Epilobium ; von Prof. C. Haussk- necht. Iena, Gustav Fischer, 1884. 1 vol. in-4”, viri-318 pages, 3 tabl., 23 planches. Dans une longue préface, écrite en allemand, l’auteur fait d'abord l'historique du genre. L'espéce la plus anciennement connue paraît être l'Epilobium alpestre, cité par Théophraste sous le nom Ħd'oivoðnpa ; un autre Epilobium (E. roseum, d’après Sprengel) est signalé par Dioscoride et nommé par lui &æypx. À partir du seizième siècle, les Epi- lobes européens sont appelés Lysimachia, Chamenerion, jusqu'au jour où Linné, empruntant à Dillenius età Haller la dénomination d’Epilobium, établit le genre d’une façon définitive. M. Haussknecht décrit ensuite, mais d'une facon assez succincte, les organes de végétation et de reproduction des Épilobes, depuis les cotylé- dons jusqu'aux graines ; il décrit minutieusement ces dernières, auxquelles il attache une grande importance pour la détermination des espéces. A l'exemple de presque tous les auteurs qui l'ont précédé, il divise le genre en 2 seclions, Chamænerion et Lysimachion, qu'il caractérise de la méme facon que les autres floristes, en ajoutant une distinction em- pruntée au mode de végétation, les Chamænerion étant franchement vivaces et dépourvus de stolons se séparant promptement de la plante mére ; les Lysimachion se perpétuant, lorsqu'ils sont vivaces, au moyen d'innovations qui constituent des individus distincts, souvent dés la deuxième année. Chacune des sections Chamænerion et Lysimachion se partage elle- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 55 méme en deux, selon que le stigmate est divisé (Schizostigma), ou entier (Synstigma). Des distinctions d'un ordre inférieur sont empruntées aux graines papilleuses ou non, et aussi à la forme des innovations. Les deux sections principales peuvent aussi constituer un certain nombre de groupes naturels, qui, pour l'auteur, s'élévent à 32. Plusieurs de ces groupes correspondent à une distribution géographique assez net- lement définie ; d'autres sont formés d'espéces réparties dans toutes les régions du globe. L'auteur admet la production fréquente d'hybrides parmi les Épilobes, puisqu'il n'en mentionne pas moins de 68, dont 64 pour l'Europe, 2 pour l'Amérique et 2 pour l'Océanie; il a reconnu lui-même plus de la moitié de ces hybrides et les a signalés ou décrits dans des publications anté- rieures. L'énuméralion des espéces légitimes est faite géographiquement, c’est-à-dire qu'il donne successivement la description des Épilobes des cinq parties du monde. L'Europe en possède 25 espéces; l'Asie en a 68, dont 14 lui sont communes avec l'Europe et 3 avec l'Amérique ; les espéces africaines atteignent le chiffre de 21, dont 7 seulement se re- trouvent en Europe ; les deux Amériques en comptent 56, parmi les- quelles 7 sont européennes; enfin on connait en Océanie 36 Épilobes, tous autochthones. Pour chacune des parties du monde, l'énumération des espéces est précédée d'un conspectus synoptique, construit de facon à mettre en évidence les caractères distinctifs que l’auteur considère comme plus propres à les bien faire reconnaitre; les hybrides ont été malheureuse- ment exclus de ces tableaux, ce qui rend difficile la constatation de leur identité. La synonymie, l'iconographie, la citation des localités, sont données par l'auteur d'une facon aussi complète que possible et qui témoigne d'un grand soin et de beaucoup d'érudition ; à certaines espéces connues des anciens, il a consacré de longs détails historiques. Il n'est pas possible de donner ici la liste des espèces nouvelles pro- posées par M. Haussknecht, qui parait comprendre l'espéce dans un sens trés restrictif, conforme aux principes de l'école Jordanienne; ceci explique comment dans un genre dont le chiffre total est de 149 espéces, il a pu à lui seul en créer 87 dans le travail qu'il présente aujour- d'hui. Cette importante monographie, qui témoigne de longues recherches faites par l'auteur sur le sujet qu'il traite, est suivie de 3 tableaux, dont l'un donne la filiation des hybrides, à l'aide d'une disposition trés ingé- nieuse; les autres sont consacrés à la distribution géographique compa- rative de toutes les espèces du genre. Les 23 planches, dessinées par l’auteur, donnent la figure, de gran- 56 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. deur naturelle, de 99 espèces ; les graines sont représentées à un assez fort grossissement. La description des espéces est en latin ; mais toutes les observations sont en allemand. A. Fn. Note sur la flore du bassin houiller de Tete (région du Zambéze); par M. R. Zeiller, ingénieur des mines (extrait des An- nales des mines, livraisons de novembre et de décembre 1883) ; tirage à part en broch. in-8° de 7 pages. Paris, Dunod, 1883. Les échantillons qui ont fourni à M. Zeiller le sujet de cette note ont été recueillis par M. Lapierre dans les couches du Moatise, aux environs de Tete, dans la région du Zambéze, ef font partie des collections de l'École nationale des mines. L'auteur y a reconnu et cite les espéces sui- vantes : Pecopteris arborescens Schloth. (sp.), P. cyathea Schloth. (sp.), P. unita Brongt, P. polymorpha Brongt, Callipteridium ovatum Brongt (sp.), Alethopteris Grandini Brongt (sp.), Annularia stellata Schloth. (sp.), Sphenophyllum oblongifolium Germ. et Kaulf. (sp.), S. majus Bronn. (sp.), Cordaites borassifolius Sternb. (sp.), Calamo- dendron cruciatum Sternb. (sp.). Ces onze espéces appartiennent à la flore de l'étage houiller supérieur; dans le bassin du Gard, l'étage de Champelauson, à la Grand'Combe, les renferme toutes. « Si donc il ne s'agissait pas d'une région aussi lointaine », dit M. Zeiller, « je n'hé- » siterais pas à ranger immédiatement les couches d’où proviennent ces » plantes dans l'étage houiller supérieur, et plus prés peut-étre de la » base que du sommet de cet étage, à cause de la présence parmi elles du > Sphenophyllum majus. Mais on peut se demander si les variations » dela flore ont bien été simultanées sur toute la surface du globe, et » peut-étre faut-il se tenir sur une certaine réserve quand il s'agit de » fixer avec précision l'àge des dépóts formés à une latitude si différente » de la nótre. » Cependant l'auteur rappelle que les couches rhétiennes du Tonkin lui ont montré une concordance parfaite entre leur flore et la flore rhétienne européenne, et que le terrain houiller, moyen est déjà connu dans la colonie du Cap avec les mémes plantes qu'en Europe. Cette existence des mémes espéces à toutes les latitudes exige qu'à cha- cune des époques anciennes le climat ait été le méme partout. Il n’y a d'exception possible que pour l'Australie, où vivait à l'époque houillère un ensemble d'espéces différent. « Le climat étant uniforme », conclut M. Zeiller, « il est permis de croire que, sur toute la portion du globe » occupée par la flore houillére du type européen, les variations de cette » flore ont eu lieu partout à la méme époque, ou du moins à des époques » trop peu différentes pour que nous puissions les distinguer, les espéces » qui se développaient sur un point, pour s'y substituer à d'autres plus REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 57 » anciennes, rencontrant partout les mêmes conditions et devant se » propager trés rapidement. Il n'y a done aucune raison de penser que la » flore reconnue dans le bassin houiller de Tete n'ait pas été contempo- » raine de la flore houillére du bassin de la Loire ou de la Grand'Combe ; » il est permis, je crois, de rapporter, au moins avec beaucoup de pro- » babilité, les couches du Moatise explorées par M. Lapierre à l'étage » houiller supérieur. » Ep. Bureau. Sur les lignites quaternaires de Bois-l'Abbé, prés d'Épinal : par M. P. Fliche (Comptes rendus, séance du 3 décembre 1883). L'auteur avait déjà présenté à l'Académie, dans la séance du 10 mai 1875, le résultat de ses recherches sur les lignites quaternaires de Jarville, dans la vallée de la Meurthe, prés de Nancy. La localité de Bois-l'Abbé, qu'il fait connaitre aujourd'hui, est dans la vallée de la Moselle, à 55 kilo- mètres environ, en ligne directe, du dépôt de Jarville. Les conditions sont du reste les mémes. Le dépót de Bois-l'Abbé repose à la partie inférieure d'alluvions quaternaires provenant des Vosges, de méme âge que dans l'autre gisement. Les végétaux signalés par M. Fliche dans les lignites de Bois-l'Abbé sont: Galium palustre L., Arctostaphylos Uva-ursi Spr., Loiseleuria procumbens Desv., Menyanthes trifoliata L., Daphne Cneorum L. et peut-être D. striata Tratt., Betula pubescens Ehrh., Alnus incana W., Eriophorum vaginatum L., Rhynchospora alba Vahl, Pinus montana du Roi, Picea excelsa Link, Sphærella Pinastri Duby, et un mycélium de la formedes Rhizomorphes, ressemblant beaucoup au Rhizomorpha setiformis Roth. Le lignite parait s'étre constitué sur place, à la façon des tourbes, dans une forét qui différait profondément de celles qui se trouvent aujourd'hui dans les environs, oü régnent, d'une facon prédominante, les Chénes (Rouvre et pédonculé), le Hétre, le Charme, et où les Coniféres, en de- hors du Genévrier, font absolument défaut. La végétation forestiére de ces lignites indique un climat plus rude que celui des hautes Vosges, analogue à celui du nord de l'Europe et des régions élevées des Alpes. « De l'examen du dépôt de Bois-l'Abbé, comme de celui de Jarville, » dit en terminant M. Fliche, « il ressort cette conclusion, qu'à l'époque ou » ils se sont formés, le climat de la Lorraine était plus rude qu'il ne » l'est aujourd'hui, et qu'une végétation forestière où prédominaient les » Coniféres des régions froides régnait méme aux basses altitudes. » Ep. B. ` 58 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Sur un nouveau genre de fossiles végétaux ; par MM. B. Renault et R. Zeiller (Comptes rendus, séance du 2 juin 1884). Ce genre, fondé sur une importante série d'empreintes végétales re- cueillies par M. Fayol, directeur des houilléres de Commentry, a recu des auteurs le nom de Fayolia. Les Fayolia sont des corps de forme ovoide lancéolée, effilés en pointe à une extrémité et offrant à l'autre un fragment de pédoncule. Ils sont constitués par deux valves opposées, trés minces, soudées l'une à l'autre par leurs bords et tournant en hélice autour d'un axe idéal: les sutures de ces valves forment deux carènes hélicoidales légérement saillantes, dont chacune fait, depuis la base jusqu'au sommet, 6 ou 7 tours de spire. Au-dessus de chaque carène et parallélement à elle, on voit une file de petites cicatrices. Sur quelques empreintes on apercoit des traces d'épines qui paraissent s'attacher à ces cicalrices. Presque tous les échantillons permettent de distinguer des fragments d'une collerette hélicoidale qui était attachée sur chacune des carénes, mais devenait libre au voisinage du sommet et se terminait en une pointe rétrécie dressée parallélement à l'axe. MM. Renault et Zeiller distinguent deux espéces: Fayolia dentata, à collerette dentelée ; Fayolia grandis, plus grande et à collerette entiére. Ce genre offre une affinité marquée avec le genre encore problématique Palæoxyris Brongt (Spirangium Schimper), qui en différe surtout par ses valves au nombre de six etnon de deux. « En résumé, » disent les auteurs, « nous » croyons devoir nous abstenir de formuler aucune conclusion précise » au sujet de ces corps, ne connaissant rien dans la nature actuelle qui » puisse leur étre comparé, et le seul genre avec lequel ils aient quelque » analogie sérieuse, le genre Palæoxyris, n'ayant pu encore être inter- » prété et classé avec certitude. » . Eb. B. Sur des cônes de fructification de Sigillaires; par M. R. Zeiller (Comptes rendus, séance du 30 juin 1884). De toute la flore houillére le genre Sigillaria est peut-étre celui qui a donné lieu aux discussions les plus longues sur la place à lui attribuer dans la classification. L'auteur énumére les opinions des différents bota- nistes qui ont traité cette question, opinions fondées généralement, malgré leurs divergences, sur l'étude des organes de la végétation; car la connaissance positive des organes de fructification manquait tou- jours. M. Zeiller a pu examiner, aux mines de l'Escarpelle (Nord), dans une collection recueillie par M. Brun, directeur de ces mines, « plusieurs » cônes de fructification appartenant positivement au genre Sigillaria et » presque déterminables méme spécifiquement ». Le pédoncule est muni, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 59 au-dessous de la base du cóne, de feuilles aciculaires « disposées en files » longitudinales, et sous la base de chacune d'elles on voit les rides » transversales caractéristiques dont sont ornés les mamelons foliaires » de certaines Sigillaires; on discerne méme, mais moins nettement, » puisque les feuilles sont encore adhérentes, la forme hexagonale de la » base d'attache de ces feuilles, et sur quelques points on apercoit la » trace des ares latéraux allongés qui, dans les Sigillaires, flanquent de » part et d'autre la cicatricule vasculaire. On a done manifestement » affaire à des rameaux de Sigillaire, et l'on peut, avec beaucoup de » probabilité, les rapporter, soit au S. elliptica Brongt, soit plutót au » S. polyploca Boulay, en raison des ondulations que présente le contour » des mamelons foliaires. » L'axe méme de ces cônes porte une série de bractées « formées de » deux portions distinctes offrant l'aspect de deux triangles isocéles » accolés par leurs bases ». « Entre les braetées on aperçoit un grand » nombre de corps ronds, de prés de 07,002 de diamètre, à surface lisse, » mais marqués de trois lignes légérement saillantes, divergeant d'un » méme point sous des angles de 120 degrés et souvent réunies par trois » arcs de cercle qui joignent leurs extrémités, absolument comme on » l’observe sur les macrospores de la plupart des /soetes. » M. Zeiller s'est assuré que ces corps ne présentent aucun point d'at- tache et sont unicellulaires. Ce sont donc bien des macrospores ; mais il est impossible de distinguer aucune trace de sporange. On peut seulement supposer avec assez de vraisemblance, d’après « la position qu'elles oc- » cupent, groupées le plus souvent à la base de chaque bractée, qu'elles » étaient renfermées dans le pli que présente la portion basilaire, en » forme de coin, de ces bractées et recouvertes d'un tissu dont la des- » truction les mettait en liberté, ainsi qu'il arrive aujourd'hui daus » les Isoetes. » Le rapprochement des Sigillaria et de ces plantes, indiqué par Goldenberg, parait à l'auteur « tout à fait fondé ». Des cônes analogues provenant d'Anzin et rapportables soit au S. elon- gata, soit au S. rugosa, d'autres cónes identiques à ceux qu'a figurés Goldenberg et provenant des mines du Grand-Buisson, prés de Mons, existent dans les collections de l'Ecole des mines. « Je crois donc pouvoir conclure », dit M.Zeiller, « que lesSigillaires » étaient décidément des végétaux cryptogames. » Toutes les spores observées sont des macrospores ; mais il ne faudrait pas en inférer que les Sigillaires fussent isosporées ; car les mierospores « devenues libres, doi- » vent, en raison de leur ténuité, échapper presque complètement à » l'observation, du moins quand on n'a affaire qu'à des empreintes ». Ep. B. 60 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Sur quelques genres de Fougères fossiles nouvellement créés; par M. R. Zeiller (extrait des Annales des sciences natu- relles, Bot. 6° sér. t. xvir, pp. 130-143); tirage à part en broch. in-8° de 16 pages, Paris, 1884. L'auteur a publié dans les Annales des sciences naturelles, 6° sér. Bot. t. xvi, un travail intitulé : Fructifications de Fougères du ter- rain houiller, dans lequel il a décrit, en s'appuyant sur les caractères des sporanges, quelques genres nouveaux, et donné sur d’autres genres déjà connus des détails permettant de fixer à peu près exactement la place qu’ils doivent occuper dans la classification adoptée pour les Fou- gères vivantes. M. Stur a fait paraître depuis, sans avoir connaissance de ce travail, d’importantes observations qui concordent en partie avec celles de M. Zeiller : quelques-uns des genres décrits dans les deux mé- moires se correspondent, bien que portant des noms différents. « Il me parait utile », dit M. Zeiller, « de donner ici quelques détails ə sur le travail de M. Stur, aussi bien en ce qui touche les conclusions » ou interprétations différentes des miennes que celles pour lesquelles il » y à eoncordance. » Je ne m'arréterai qu'à ceux de ces genres qui touchent par un point » ou un autre à ceux quej'ai moi-méme étudiés. » Genre Hapalopteris. — I] correspond au genre Renaultia Zeiller. Genre Senftenbergia. — M. Stur n'a pas eu sous les yeux le sporange complet. On ne peut faire rentrer ce genre parmi les Marattiacées, et il est impossible de lui rapporter, comme le voudrait M. Stur, le Pecopteris exigua Renault. Genre Grand'Eurya. — Il est fondé sur les Pecopteris oreopteridia et P. densifolia Renault, el n'a aucun rapport avec le genre Grand Eurya Zeiller. Ces deux Pecopteris ne different des autres espéces du groupe du P. cyathea que par la présence de deux séries de synangium au lieu d'une seule de chaque cóté de la nervure médiane, caractére insuffisant pour établir un genre. Le caractère fondamental indiqué par M. Stur pour l'établissement de son genre Grand'Eurya, à savoir, que les spo- ranges seraient indépendants les uns des autres, ne repose que sur une erreur d'interprétation des figures données par M. Renault. Genre Oligocarpia. — M. Stur range, comme par le passé, ce genre parmi les Marattiacées. L'auteur s'appuie sur les figures mémes de M. Stur pour le maintenir dans les Gleichéniacées. Genre Discopteris. — Il présente de l'analogie avec le genre Myrio- theca Zeiller, dont i! diffère par la disposition des sporanges, qui ne re- couvrent pas toute la surface inférieure du limbe, et par la présence d'un réceptaele concave rappelant un peu celui des Cyathea. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. : 61 Genre Saccopteris. — Il est bien probablement identique avec le genre Grand Eurya Zeiller. Genre Renaultia. — Ce genre, dont le nom, ayant été employé par M. Zeiller pour un autre type, ne peut subsister, est uniquement fondé sur la description donnée par M. Renault de son Pecopleris inter- media. Les sporanges de cette espéce ne permettent pas de la rattacher aux Marattiacées ; c'est avec beaucoup plus de raison que M. Renault l'a rapprochée des Schizæacées et des Senftenbergia. Genre Calymmatotheca. — L'auteur regarde les organes qui caracté- risent ce genre comme des sporanges, et non comme des involucres dé- chirés en lanières. Pans deux espèces rapportées au genre Calymmato- theca par M. Stur, les corps en question sont portés sur le prolongement de nervures de pinnules à limbe normalement développé, comme dans les Hymenophyllum. Il est possible qu'il s'agisse dans ce cas dé véri- tables involucres protégeant des groupes de sporanges; mais, s'il y avait identité entre ces organes et ceux des vrais Calymmatotheca, il convien- drait, croit l'auteur, de séparer les espéces à pinnules fertiles munies d'un limbe normal de celles daus lesquelles le limbe a disparu. Genre Sorotheca. — Il correspond au genre Crossotheca Zeiller. Les organes qui constituent des panicules fertiles sont des sporanges pendant, sous forme de frange, sur tout le pourtour des segments, et non, comme le pense M. Stur, des capsules destinées à envelopper des sporanges et se déchirant à la maturité en lanières régulièrement disposées. La place de ce genre est dans les Marattiacées. Le Sphenopleris herbacea ne lui ap- partient pas : il présente un mode de fructification absolument différent. Genre Diplothmema. — L'auteur regarde comme un rachis, et non comme un tronc, l'axe auquel s'attachent les feuilles. Il voit un bour- geon dans le corps placé dans la bifurcation des pennes, qui est pour M. Stur un organe de fructification. M. Stur figure du reste, sur le bord méme des pennes, d'autres fructifications qui offrent de la ressemblance avec des sores d'Hyménophyllées. « Tant qu'on n'aura pu étudier les » sporanges des Diplothmema et Mariopteris », dit M. Zeiller, « il » faudra, je crois, n’accepter que sous bénéfice d'inventaire toutes les » comparaisons qu'on pourra faire de ces Fougéres avec les types » vivants, bien que leur analogie avec les Gleichéniacées me paraisse » manifeste, à ne considérer que les frondes stériles. » M. Zeiller, en terminant, rappelle quelques observations qui ne per- mettent pas d'admettre cette idée avancée par M. Stur dans son intro- duction, que les genres Nevropteris, Alethopteris, Odontopteris, Dictyo- pteris (1), ete., pourraient bien n'étre pas des Fougères. Ep. B. (1) Le nom de Dictyopteris a été employé par Lamouroux en 1809, pour désigner un genre d'Algues marines et ne peut être maintenu dans la nomenclature des Fougères, \ 0 c SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Sur la dénomination de quelques nouveaux genres de Fougères fossiles ; par M. R. Zeiller (Bullet. de la Société géologique de France, 3 série, t. xn, pages 366-368, séance du 17 mars 1884). Cette note a pour but d'établir la priorité des noms assignés par M. Zeiller à quelques nouveaux genres de Fougères fossiles, dans le tra- vail publié par lui dans les Annales des sciences naturelles, Botan., 6° série, t. xvI, sur ceux donnés aux mêmes genres par M. Stur. Le tra- vail de M. Zeiller a été publié en mai-octobre 1883; celui de M. Stur n'a paru que.le 1* décembre 1883, dans les Sitzungsberichte der k. Aka- demie der Wissenschaften zu Berlin. Il en avait, il est vrai, donné un résumé le 10 mai 1883, dans l'Anzeiger der k. Akademie der Wissen- schaften; mais ce résumé ne contenait qu'une simple liste de noms sans descriptions, et, par conséquent, d’après le $ 5 des Règles votées au Gon- grès géologique international de Bologne et l'article 46 des Lois de la nomenclature botanique adoptées par le Congrés international de bota- nique de 1867, ces noms ne peuvent étre considérés comme publiés. Ep. B. Recherches sur larchégone et le développement du fruit des Muscinées; par M. l'abbé Hy (Annales des sciences naturelles, Bot. 6° série, t. xvu, pp. 105-206, pl. 9-14); tirage à part en brochure de 106 pages in-8*. Paris, Masson, 1884. Dans ce mémoire présenté comme thése à la Faculté des sciences de Paris, l'auteur étudie l'appareil sexué des Muscinées, afin d'y chercher la solution de divers problémes de morphologie comparée. Son travail est divisé en trois parties. La premiére est consacrée à l'archégone. Et d'abord, que faut-il en- tendre par ce terme, dont la signification s'est singuliérement élargie depuis qu'il a été proposé par Bischoff, et qui, selon M. Hy, ne saurait avoir de sens précis s'il n'est pas réservé aux seules Muscinées. ll est bien vrai que chez les Muscinées et les Cryptogames vasculaires, les organes désignés sous le nom d'archégone remplissent les mêmes fonctions ; que, chez les uns comme chezles autres, la cellule mère de l'oogone se divise en deux cellules dont l'inférieure devient l'oosphére ; mais la ressemblance ne va pas au delà. D'unepart, en effet, tous les autres caractères morpholo- giques leur sont communs avec les (symnospermes ; d'autre part, par leur róle physiologique, ils ne s'éloignent pas assez de l'organe femelle de beau- coup de Thallophytes, pour qu'on les en distingue par une définition nette et précise. La réunion des Muscinées et des Cryptogames vasculaires sous le nom d'Archégoniatées ne répond pas à la réalité profonde des faits. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 63 Envisagé chez les seules Muscinées, l'archégone se distingue par plu- sieurs caractères importants : il provient d'une méme cellule primordiale, divisée successivement par trois cloisons longitudinales qui forment dans la région axile l'oosphére et les cellules de canal, à la périphérie le sac de l'archégone. Les cloisonnements qui se succèdent jusqu'au complet développement de l'oosphére sont aussi les mémes dans tout le groupe. Dans les Cryptogames vasculaires au contraire, le col n'a pas la méme origine que les cellules ventrales, et celles-ci n'ont aucune relation origi- nelle avec l'oosphére. A ces caractères M. Hy en ajoute un autre non moins essentiel : l'archégone des Muscinées serait toujours un organe axile. L'observation le prouve directement dans tous les cas oü les ar- chégones sont peu nombreux ou suffisamment espacés pour qu'on en puisse suivre l'évolution; ailleurs on ne peut suivre l'ordre de leur apparition, mais on reconnait encore qu'elle est réguliére comme celle des fleurs sur une inflorescence contractée, que le mode de division de leurs cellules terminales est caractéristique des rameaux et non des poils. Ajoutons que les paraphyses sont, à n'en pas douter, des feuilles modi- fiées, que l'archégone fécondé se développe avec une polysymétrie par- faite, et qu'il se recouvre souvent de poils nombreux à la suite de la fécondation. L'archégone des Muscinées n'est done pas une simple production épi- dermique, mais un rameau qu'il convient de ne pas confondre avec l'ap- pareil femelle des Cryptogames vasculaires. Les résultats que nous synthétisons icisont déduits d'un grand nombre d'exemples, dans l'étude desquels l'auteur fait preuve de deux qualités essentielles : une connaissance exacte des espéces qu'il étudie, et un rigoureux esprit d'observation. Aussi ajoute-t-il à l'ensemble des faits connus bien des détails intéressants sur l'évolution et la différenciation de l'organe femelle et du sporogone. Signalons, en passant, quelques points importants relativement au dé- veloppement du fruit: c'est la deuxiéme partie du mémoire. Il faut distinguer dans le sporogone, l'urne, la soie et le pied. Ces deux derniers organes différent beaucoup dans leur développement : 1° selon la direction suivant laquelle il se fait ; 2° selon le temps où il s'effectue ; 3° selon le résultat qui est atteint. Leur rôle n'est pas moins distinct ; la soie est le support du sporogone, auquel elle communique les matières nutritives que le pied a pour unique fonction d'absorber. Quant au spo- rogone, l'auteur ajoute quelques détails à son histoire. Sans suivre tous les développements dans lesquels il entre, disons simplement qu'il ne croit pas à une génération alternante entre le sporogone issu de l'œuf fécondé et la plante sexuée; il n'y a pas entre eux de balancement orga- nique ; l'un et l'autreau contraire suivent une progression paralléle. 64 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. L'enveloppe du sporange a des origines diverses. Elle provient parfois de l'agrandissement du sac archégonial primitif (Andréacées) ; ailleurs, elle est due au développement du réceptacle. On peut distinguer six modes de développement différents pour les Mousses, autant pour les Hépa- tiques. Cette diversité d'origine impose la nécessité d'un mot nouveau: M. Hy propose celui d'épigome, créé par Bischoff, et dont le sens se trouve ainsi précisé. Cette étude est complétée par des recherches comparatives sur la coiffe, qui n'existe que chez les Mousses, sur la vaginuleet les enveloppes annexes du fruit. Dans une troisiéme partie, les données morphologiques sont appliquées à la classification. Les Muscinées constituent un embranchement distinct des Crypto- games vasculaires : 1» comme ayant un archégone très différent de celui de ces dernières plantes ; 2° comme étant les seules qui produisent un fruit d'origine sexuée donnant par différenciation de ses tissus des spores d'origine endogène; 3° comme étant les seules où l'on ne re- marque pas de balancement organique entre le système végétatif et lor- gane reproducteur. Elles se divisent trés naturellement en Muscinées et en Hépatiques. Malgré quelques caractéres qui marquent le passage à ces derniéres, les Sphaignes se rattachent directement aux Mousses, dont elles ne peuvent être séparées. Les Anthoceros, au contraire, sont trés différents des unes et des autres; M. Hy les considère comme constituant un terme dégradé, inférieur aux Mousses et aux Hépatiques. Avec une légère divergence relative à la valeur du groupe, c'est aussi l'opinion de M. Janczewski. Les Hépatiques, débarrassées des Anthoceros, se divisent en deux ordres : les Jungermannioidées et les Marchantioidées. Les Mousses se séparent en deux séries trés inégales : les anomales (Sphagnacées, An- dréacées, Archidiacées), et les vraies Mousses, distinguées elles-mémes en cléistocarpes et stégocarpes. Cu. FLAHAULT. Contributions à la morphologie du calice; par M. D. Clos (Mémoires de l’Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse, 1* semestre 1884); tirage à part, in-8 de 19 pages, avec 2 pl. lithogr. Avant d'étudier la morphologie des calices polysépales, le savant pro- fesseur de Toulouse fait une étude critique des diverses opinions émises au sujet du tube calicinal dans les plantes monosépales. Il n'y a là, selon lui, ni union, ni concrescence de sépales, mais une expansion de l'axe, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 65 intermédiaire, par nature, entre l'axe et l'appendice, à laquelle il faudrait donner le nom de tube calicifére. Les Labiées fourniraient les meilleurs exemples de sa nature indépendante. Quant aux sépales des plantes polysépales, ils peuvent étre formés par la feuille; — par une ou deux de ses parties (ils sont formés par la gaine el le limbe dans le Gladiolus undulatus, par le pétiole et le limbe chez quelques Rubiacées); — ou par les trois, distinctes ou fondues; — par la gaine : Tradescantia, Reseda, Helleborus; — par les écailles voisines : Mahonia, Berberis; — par le pétiole : Dionæa ; — par le limbe: Convolvulus, Antirrhinum; — par une foliole de feuille composée (Cleome); — par un lobe de feuille (Ipomæa Pes-tigridis); — par la bractée, au cas où ce dernier organe ne se nuance pas avec la feuille; — par les stipules (Géraniées, Violacées, Begonia); — par la fusion des stipules et de la feuille; des stipules et de la foliole (Hedysarum obscu- rum, Ononis); des stipules et de la bractée. Les sépales des Crucifères paraissent autonomes et représenter mor- phologiquement des feuilles dont les transitions ne peuvent étre suivies à cause de l'absence ordinaire des bractées. L'auteur insiste sur quelques faits particuliers: le calice des Nigella et de quelques Campanules serait formé par des prélimbes; des feuilles et des stipules entreraient à la fois dans la composition du calice de quelques Rubiacées ; l'origine du calice serait tantôt stipulaire, tantôt stipulo-vaginaire, tantôt stipulo-vagino- limbaire chez ies Rubus ; on trouve des variations de même ordre chez les Roses; chez les Pomacées au contraire les stipules sont étrangères à la constitution du calice. La coexistence de deux sortes de calices dans les fleurs hermaphrodites d'un méme pied d'Hypericum uralum et divers cas tératologiques prouveraient aussi la nature trés variée du calice des plantes polysépales. Cg. F. Adnotationes de Pilosellis fennicis (Anteckningar öfver Finlands Pilosellæ); par M. J.-P. Norrlin (extr. des Acta Societatis pro Fauna et Flora fennica, n, n° 4); tirage à part en brochure in-8° de 176 pages, Helsingfors, 1884. L'auteur prend comme point de départ de ses observations les recher- ches publiées de 1865 à 1874 par M. Nægeli sur les Hieracium qui gra- vitent autour de FH. Pilosella L. et qui constituent le groupe des Eupilo- sella de Schultz frères. Il considère que l’œuvre de Nægeli a donné une impulsion toute nouvelle aux études sur les genres critiques; c'est assez dire que M. Norrlin entre dans la voie de la fragmentation des espèces. Tout en réservant la question de savoir s'il s'agit réellement d'espéces, de sous-espéces ou de variétés, il pense que le territoire de la Finlande T. XXXI. (REVER) 5 66 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. fournira de 150 à 200 formes distinctes de Pilosella, qu'il compte publier en exsiccata dés la fin de cette année. Il fixe d'abord le but qu'il se propose: 1* donner l’idée des formes le plus généralement répandues dans la région ou les plus remarquables du genre ou sous-genre qu'il étudie; 2° abandonner ce domaine étroit pour étudier les formes qu'on rencontre dans les autres régions, étudier leur origine, leur aire d'extension et leur dispersion. Aprés avoir suivi atten- tivement l'évolution de la question parmi les botanistes scandinaves, et décrit en détail les divers organes des Pilosella pour faire saisir les varia- tions de chacun d'eux, il aborde la description des formes dont l'impor- tance relative est indiquée par des caractères typographiques différents ; de nombreuses observations critiques complétent les diagnoses latines des 60 formes énumérées dans ce fascicule. Cn. F. Ueber Pflanzenreste aus altægyptischen Græbern (Sur les restes végétaux des sépultures égyptiennes) ; par M. G. Schweinfurth [Berichte der deutschen botanische Gesellschaft, u, livr. 1, pp. 391- .314 (1884)]. Notre savant compatriote M. Maspero et les collections égyptiennes des principaux musées de l'Europe ont fournià M. Schweinfurth de pré- cieux documents sur la flore de l'ancienne Égypte; ce sont des restes trouvés dans les sépultures des rois et d'autres personnages. On sait que les savants ont été victimes de nombreuses mystificalions au sujet de vé- gétaux de pareille provenance; le plus souvent aussi, lorsque l'authenti- cité des débris était certaine, leur date réelle n'était pas connue. Il s'agit ici de documents dont l'àge peut étre approximativement fixé aujourd'hui. Les études récentes ont jeté beaucoup de lumiére sur l'explication des dépóts divers que l'on trouve dans les sépultures égyptiennes. Ce sont, tantót des objets symboliques offerts en sacrifice, tantót des aliments, des fruits, du blé, des médicaments ; on peut y recueillir aussi de précieuses indications sur les matiéres textiles employées alors, sur les bois dont on faisait usage, parmi lesquels on n'a pas trouvé jusqu'ici quelques-unes des espèces les plus répandues aujourd'hui en Égypte ou dans les pays voisins, le Cyprés, par exemple (qui parait étre le Cédre de la Bible). Les renseignements les plus précieux sur la flore de l’ancienne Égypte nous sont fournis par les bouquets renfermés dans les sarcophages, par les guirlandes dont on entourait les corps, par les couronnes qu'on posait sur la téte des grands personnages. Tous ces ornements, destinés à oc- cuper le faible espace ménagé entre le corps etla paroi du sarcophage, ne pouvaient avoir une grande épaisseur: ils sont formés de feuilles coriaces (de Mimusops surtout), pliées d'une facon particuliére, sur lesquelles on fixait, au moyen de fines lanières de feuilles de dattier, les fleurs ou les REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 67 pétales destinés à les garnir. Il est trés remarquable que, grâce aux conditions favorables des sépultures égyptiennes, ces restes végétaux soient en. général aussi bien conservés que les documents de nos vieux herbiers ; ils ont été rarement atteints par les moisissures, et reprennent leurs formes sous l’action de l'eau, comme des échantillons desséchés depuis quelques jours; beaucoup de fleurs ont méme conservé presque intact leur brillant coloris, et l'on a'pu obtenir une belle dissolution de chlorophylle au moyen de feuilles de Melon d'eau. Ces découvertes n'ont pas seulement un intérét de curiosité ; elles per- mettent d'affirmer que depuis 20 ou 40 siècles, les espèces dont on a trouvé des restes n'ont subi aucune transformation, puisqu'il a été possible d'établir l'identité spécifique absolue de chacune d'elles avec des espèces actuellement vivantes. Toutes d'ailleurs n'appartiennent pas à la flore actuelle de l'Égypte, et les documents botaniques des sépultures montrent une fois de plus qu'à cette époque reculée, l'horticulture était en honneur chez les Égyptiens, que des introductions y avaient été faites de pays éloignés. Parmi les 46 espéces que M. Schweinfurth a pu déterminer exactement, citons : Nymphea cerulea et N. Lotus, Papaver Rhœas, Delphinium orientale, Sinapis arvensis var. Allionii, Epilobium hirsutum, Punica Granatum, Lagenaria vulgaris, Citrullus vulgaris, Vitis vinifera, Faba vulgaris, Acacia nilotica, Chrysanthemum coronarium, Mentha piperita, Olea europea, Ficus Carica, Hordeum vulgare, Triticum vulgare, etc. Dans aucune des anciennes sépultures, on ne trouve de traces du Nelumbium. Hérodote est le premier auteur qui en fasse mention en Égypte, où il était devenu trés commun pendant l'empire romain; il parait trés vraisemblable que cette plante a été importée de Perse en Égypte. L'Olivier, le Dattier, l'Orge et le Blé y étaient cultivés, on le sait, dés la plus haute antiquité. Ca. F. On some Pollen from Funereal Garlands found in an Ægyptian Tomb (Sur du pollen des couronnes funéraires trouvées dans un tombeau égyptien); par Ch. Fr. White (Journal of the Lin- nean Society, Bot. n° 134, xxi, p. 251 et pl. vi. La couronne funéraire de la príncesse Nzi-Khouzon, de la XXI* dynastie, a fourni à l'auteur l'occasion d'étudier des anthéres et des grains de pollen de Papaver Rheas qui datent, par conséquent, de l'an 1000 environ avant J. C. Ces grains de pollen sont assez bien conservés pour absorber l'eau dans laquelle on les plonge et reprendre aussitôt la forme trilobée, carac- téristique de l'espéce à laquelle ils appartiennent. Cg. F.. 68 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Les Céphalodies des Lichens et le Schwendénérisme; par M. O.-J. Richard (Guide scientifique, journal de l'amateur des sciences, de l'étudiant et de l'instituteur, Morlaix, mai 1884); tirage à part en brochure de 8 pages gr. in-8°. Les céphalodies sont des groupes ou paquets de syngonimies imitant de petits thalles gonimiques qui se rencontrent dans les parties super- ficielles ou sous-corticales des thalles gonidiques. Elles forment des pro- tubérances de diverses sortes, soit à la face supérieure, soit à la face inférieure du thalle. D'autres fois elles sont cachées dans la couche gonidique ; on les appelle alors céphalodies endogénes. L'auteur, s'appuyant surtout sur l'autorité de M. Nylander, considère que les céphalodies sont bien des productions normales des Lichens; qu'elles ne représentent, ni un état morbide du thalle, ni un parasitisme étranger ; elles ne sont pas non plus, selon lui, le résultat d'une symbiose entre les hyphes et certaines Algues errantes. Cu. F. Lichenes novi e Freto Behringii; par M. W. Nylander (extrait du Flora, 1884, n° 12, pp. 211-223). L'auteur donne les diagnoses de Lichens nouveaux recueillis à Kony- ambay, au voisinage du détroit de Behring, en juillet 1879, par M. le D' Almquist, attaché à l'expédition dirigée par M. Nordenskjóld, à bord de la Vega. La localité dont il s'agit est formée surtout de montagnes trachytiques, et çà et là de terrains calcaires. Sur 35 espèces ou sous-espèces décrites, 23 sont saxicoles; elles se répartissent de la manière suivante: Lepto- giopsis, 1; Lecanora, 5; Lecidea, 12; Verrucaria, 5. Les autres sont terrestres; elles comprennent 3 Collema, 1 Solorina, 1 Pertusaria, 6 Lecidea, 1 Verrucaria. Cu. F. The Breaking of the Shropshire Meres (Sur la floraison des lacs du Shropshire); par W. Phillips (Transactions of the Shropshire Archaeological and Natural History Society, févr. 1884) ; tirage à part, petit in-8° de 24 pages et 2 pl. Au N. O. du Shropshire, prés d’Ellesmere, s'étend une région couverte de lacs plus ou moins étendus ; le plus grand, qui porte le nom d'Ellesmere, a une longueur de 3/4 de mille, sur un demi-mille de largeur. On y a observé depuis longtemps, ainsi que dans plusieurs lacs des comtés voi- sins, en Irlande et peut-étre méme sur quelques points des cótes, un phé- nomène de coloration particulière. L'eau, ordinairement pure et limpide, très propre aux usages domestiques, se trouble et se couvre d’une couche écumeuse verte de corpuscules sphériques. Le lac est très poissonneux, la REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 69 pêche y est facile; mais, dés que ce phénomène se manifeste, les efforts , des pêcheurs deviennent inutiles ; le poisson est paresseux, malade et ne mord plus. Les gens du pays en ont souvent donné des explications plus ou moins inacceptables. L'observation a montré que les globules verts sont des plantes appartenant surtout aux Algues Nostochinées ; elles constituent ce qu'on nomme en France des Fleurs d'eau. L'auteur signale et figure les espéces suivantes, observées dans les différents lacs dont il est question : Rivularia articulata Leighton, Ana- bena circinalis Rabenhorst, Gelospherium Kuetzingianum Nægeli, Dolichospermum Ralfsii Kuetzing, Aphanizomenon Flos-aque Ralfs(1). Cn. F. Beitræge zur Kenntniss der behmischen Thermalalgen- flora (Contributions à la connaissance de la flore des Algues thermales de Bohéme); par M. A. Hansgirg (Oesterreichische bota- nische Zeitschrift, xxxiv, n° 8, août 1884, pp. 276-284). Aprés un court historique de la question, l'auteur constate que la flore algologique des eaux thermales de Carlsbad parait à peine modifiée depuis un demi-siècle. Les Stigonema thermale, Lyngbya Okeni, L. Cor- tiana et Merismopedia thermalis paraissent en avoir disparu; la répar- tition des espéces qu'on y retrouve s'est modifiée par suite des change- ments apportés à la disposition des sources et des bâtiments qui les entourent. Ce sont surtout: Chroococcus membraninusNægeli, Spirulina subtilissima Kuetz., Lyngbya amphibia «. genuina, L.laminosa Thuret, L. elegans, L. lucida, L. compacta, L. membranacea var. bifor- mis, Microcoleus terrestris Desm., Calothrix thermalis, Mastigo- cladus laminosus Cohn, Stigeoclonium tenue Kuetz. var. uniforme Kirchner. On remarquera que toutes ces Algues, sauf la dernière, appar- tiennent aux Cyanophycées. Ces espèces paraissent se plaire, non seule- ment dans les eaux thermales, mais encore au voisinage des usines, près des tuyaux d'échappement des machines à vapeur, et généralement partout où il y a des eaux chaudes. On pourrait ajouter encore à cette liste d'Algues thermophiles : Nostoc sphæricum Vauch., Cylindrospermum macrospermum Kuetz., Lyngbya tenerrima, L. tenuis, L. chalybea, L. Fræhlichii, Vaucheria sessilis DC., Cosmarium Meneghinii Bréb. Cu. F. Contribuzioni all Algologia Eritrea ‘Contributions à la flore algologique de la mer Rouge) ; par M. A. Piccone (Nuovo Giornale botanico italiano, xvi, n° 3, 1884, pp. 281-332 et pl. vrr-1rx). (1) Voyez Bornet et Flahault, Bulletin, 1884, t. XXXI, p. 76. 70 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. On a depuis longtemps signalé les caractères tout particuliers de la flore algologique de la mer Rouge; Agardh, Zanardini et M. Kuetzing - ont mis hors de doute ce fait que cette flore est absolument tropicale. - M. |Piccone a entrepris de faire une révision nouvelle des documents relatifs à cette question ; il a pu étudier d'importantes collections encore inédites et étendre d'une fagon considérable nos connaissances sur cette région. La mer Rouge, par ses rapports avec la Méditerranée en méme temps qu'avec l'océan Indien, est particulièrement intéressante au point de vue de la distribution géographique des Algues. Aux 165 espéces signalées par les auteurs précédents, l'auteur en ajoute 54 nouvelles. Ce chiffre est encore bien loin sans doute de représenter la flore de la mer Rouge, « la mer des Algues », comme la nommaient les anciens. Des espéces qui y sont aujourd'hui connues, 52 lui sont communes avec la Méditerranée, plus de 70 avee l'océan Indien. Parmi ces derniéres, nous pouvons en considérer 40 comme cosmopolites, c'est-à-dire communes à d'autres mers, quelles qu'elles soient. Il reste donc 30 Algues communes à la mer Rouge et à la mer des Indes, qui n'ont pas encore été retrouvées ailleurs. En somme, il estlégitime de considérer la mer Rouge comme une dépendance de l'océan Indien. Les études malacologiques et ichthyologiques conduisent au méme résultat. Les faits géologiques prouvent surabon- damment qu'une communication existait à la fin de l'époque pliocéne, et peut-être plus tard encore, entre la Méditerranée et la mer Rouge. Un cou- rant constant de l'une vers l'autre venait sans doute rétablir l'équilibre de niveau sans cesse rompu par l'énorme évaporation de cette surface sur- chauffée et y apporter les germes des végétaux marins. Mais depuis que le soulévement de l'isthme de Suez a interrompu la communication, c'est de la mer des Indes seule que les eaux peuvent pénétrer par le détroit de Bab el Mandeb. Peut-étre la communication rétablie par le canal amé- nera-t-elle un mélange de la flore méditerranéenne avec la flore indienne de la mer Rouge; toutefois les récentes explorations démontrent qu'au point de vue de la faune ichthyologique, le mélange ne s'est pas encore effectué entre ces deux mers. L'auteur ne mentionne que 4 Nostochinées, 11 Chlorosporées, 37 Phéo- phycées, dont le plus grand nombre appartient aux Fucoidées, et surtout au genre Sargassum, 43 Floridées; les Diatomées constituent le reste de la flore. Ca F. Notes on Afghanistan Alg:e(Notes sur les Algues de l' Afghanis- tan); par M. J. Schaarschmidt (Journal of the Linnean Society, Bot. n° 134, août 1884, xxi, pp. 241-250, et pl. v). REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 71 Les Algues dont il s'agit ont été recueillies pendant l'expédition de 1880 par M. Aitchison, chirurgien à l'armée du Bengale. Elles comprennent 7 Cyanophycées, 21 Bacillariées, 14 Desmidiées, (dont 3 espèces nouvelles), 4 Zygnémées, 4 Palmellacées, 3 Protococcées; 1 Volvocinée (Pandorina Morum Bory), 1 Confervée, 3 (Edogoniées, 1 Coléochétée. L'auteur y joint une espéce de Chara indéterminable. Faisons remarquer, en passant, que la plupart de ces Algues récoltées dans les eaux douces des contrées tropicales ont été signalées dans les pays du nord de l'Europe, que quelques-unes mémes ont été observées jusque dans les régions arctiques. Cu. F. Die Florenreiche der Erde (Les régions botaniques de la terre) ; par M. O. Drude (Petermann's Mittheilungen, Ergænzungsheft, n° 14). In-4» broché de 74 pages, avec 3 cartes. Les importants travaux publiés depuis un quart de siècle environ sur la géographie des plantes ne permettent pas encore aux botanistes de se faire une idée suffisamment synthétique et comparative de la végétation du globe. Les uns, en face des innombrables documents que la science enregistre, n'ont pas cru pouvoir faire autre chose que poserles principes propres à diriger les recherches et à assurer une certaine unité aux don- nées scientifiques. D'autres ont essayé de résumer les résultats acquis et ont simplement réuni les faits de maniére à laisser voir les nombreuses lacunes qu'il fallait songer à combler. La premiére méthode surtout a été le point de départ de grands progrés; pourtant la physiologie des plantes est loin d’être assez connue pour que nous puissions songer à dé- terminer les causes de la distribution des végétaux à la surface de la terre, el l'histoire de ces causes. M. Drude, reconnaissant ces difficultés, a eru du moins faire œuvre utile en traçant à grands traits le tableau des différentes flores, tel qu'il est permis de l'établir d'aprés les relevés les plus récents. Aprés une courte critique des principes appliqués par Linné et ses suc- cesseurs d'une part, par Humboldt et aprés lui par Grisebach, l'auteur définit ce qu'il entend par régions, domaines et districts. Cherchant à éta- blir les limites des grandes régions, il déclare qu'elles ne sauraient correspondre à celles que les géographes ont établies entre les différentes parties du monde; l'Australie elle-même n’est pas séparée des autres régions par des caractères aussi spéciaux que ceux qu'on a voulu lui attri- buer. Les montagnes déterminent des séparations bien autrement pro- fondes que les mers; l'Oural et le Caucase sont des barriéres infranchis- sables, tandis qu'autour de la Méditerranée se développe une flore partout identique. En somme, on pourrait diviser la terre en trois groupes paral- léles, suivant les méridiens qui limitent à peu prés l'Afrique, l'Asie et 79 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. l'Amérique. Chacun de ces groupes serait lui-méme subdivisé, suivant les latitudes, en parties homogénes au voisinage du póle nord, en parties analogues partout ailleurs. Le procédé systématique de Linné,et le procédé physionomique de Humboldt ne sauraient étre appliqués que dans l'extrême nord. M. Drude relie donc l'Europe à l'Afrique, et l'Aus- tralie à l'Asie. Un seul point lui parait présenter une réelle difficulté au point de vue de ces limites régionales, c'est le N. E. de l'Afrique avec l'Arabie ; il la résout en faveur de l'Afrique, à laquelle il rattache le nord de l'Arabie, le Kurdistan et l'Afghanistan jusqu'au delà de l'Indus, et l'Anatolie jusqu'au Caucase et à la mer Caspienne. Ce moyen de délimiter les grandes régions ne saurait pourtant être aisémenl appliqué, parce qu'il romprait l'unité des flores et des faunes boréales. Devant cette difficulté, M. Drude croit que, dans l'application, il vaut mieux distinguer cinq régions. La première, ou région septentrio- nale, la seule circompolaire, comprend toutes les terres arctiques, s'étend en Europe jusqu'à la région méditerranéenne, comprend toute la Sibérie, où sa limite méridionale oscille autour du 50° parallèle, et traverse l'Amé- rique entre 40° et 50° de lat. N. Cette région comprend sept domaines qu'il suffira de nommer; ce sont les domaines : arctique, de l'Europe occidentale et moyenne (c’est à fort peu de chose près le domaine fores- tier de l'Europe occidentale, te] que le concevait Grisebach), des steppes de l'Europe orientale, de la Sibérie centrale, de la mer d'Okhotsk, de la Colombie et du Canada. La France est presque entiérement comprise dans la seconde. M. Drude fait en effet passer la limite septentrionale de la région méditerra- néenne au sud du plateau central, et ne modifie à cet égard les vues de Grisebach que pour comprendre le bassin de la Garonne dans la région méditerranéenne; il se fonde pour cela sur ce fait que le Quercus Ilex et quelques autres arbres verts prospérent jusqu'à la Charente. La région méditerranéenne subit, de la part de l'auteur, des modifica- tions plus profondes. Comme l'indique le nom de boréo-subtropicale, il considére cetle région comme intermédiaire entre l'Europe moyenne et les foréts tropicales de l'Asie et de l'Afrique. Cette notion de la région méditerranéenne, plus étendue que celle de Grisebach, améne la division de la région en quatre domaines. Le premier comprend les Acores, les Canaries et Madère. Le deuxième, qui reçoit le nom d'atlantico-méditer- ranéen, comprend toute la péninsule ibérique, toute la partie de la France où prospère le Chéne-vert, toute l'Italie, la Turquie et la Grèce, les ri- vages méridionaux de la mer Noire, les côtes de i'Anatolie, de la Syrie et de l'Ezypte, et toute l'Algérie, y compris les hauts plateaux. Le domaine du S. O. de l'Asie est limité au nord par le Caucase et les rivages méri- dionaux de la mer Caspienne, par le versant sud de l'Himalaya; il com- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 13 prend la plus grande partie dela vallée de l'Indus et les bords du golfe Persique. Enfin le Sahara et le nord de l'Arabie constituent le quatriéme domaine méditerranéen; il est limité au sud par une ligne qui oscille entre les 15° et 20° parallèles. M. Drude, on le voit, fait de la végétation du globe un tableau plus large que ceux qui l'ont précédé dans cette voie. Il consacre un des cha- pitres les plus importants de son travail à la flore de l'Océan: c’est la pre- miére fois, pensons-nous, qu'on essaye de synthétiser les données de la science sur ce point. Les Phanérogames marines (Naiadées) et les Algues sont les seuls documents que nous puissions consulter; leur distribution présente assez peu de différences pour que toutes les mers doivent étre considérées comme formant une seule région botanique, la région de l'Océan. Quant à sa division en domaines, elle est fondée sur la comparai- son des flores phanérogamique et cryptogamique. L'auteur en distingue trois groupes : 1?les domaines boréaux, divisés en domaines des côtes arctiques, nord-altantique et nord-pacifique; 2° les domaines tropicaux, comprenant les cótes méditerranéennes, tropico-atlantiques, indiennes et tropico-pacifiques (le domaine de l'océan Indien est suffisamment carac- térisé par les phanérogames marines); 3*les domaines austraux, se dis- tinguant en domaine des mers d'Australie et domaine antarctique. On peut remarquer que les cótes qui se regardent appartiennent à un méme domaine, alors méme qu'elles sont séparées par des mers aussi étendues que l'océan Pacifique. Nous ferons observer, en terminant, que la France, particulièrement privilégiée par le partage de son territoire en deux régions botaniques bien différentes, ne l’est pas moins au point de vue des flores marines; nos côtes atlantiques appartiennent, en effet, au domaine nord-atlantique, tandis que les rivages méditerranéens se relient plus étroitement à la flore des mers tropicales. C. F. Plantas uteis de Africa portugueza (Plantes utiles de l'Afri- que portugaise) ; par M. le comte de Ficalho, professeur de Botanique à l'École polytechnique de Lisbonne. Lisbonne, Imprim. nation. 1 vol. in-8° broché de 279 pages. L'origine des plantes cultivées a fait depuis quelques années l'objet d'études fort utiles pour la solution de quelques-uns des problémes bio- logiques les plus difficiles. Le livre de M. le comte de Ficalho, publié sous les auspices de la Société de géographie de Lisbonne, constituera dans cet ensemble un chapitre aussi précieux pour les ethnographes que pour les botanistes. L'auteur y étudie les plantes spontanées et cultivées en usage dans les colonies portugaises de l'Afrique, c'est-à-dire aux iles du Cap-Vert, de 74 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Saint-Thomas, des Princes, à Angola, sur le territoire de Mozambique et des comptoirs de la côte de Guinée (Madère est considérée comme devant se rattacher à la métropole). C'est un fait bien digne de remarque que la plupart des plantes culti- vées soient étrangéres à l'Afrique et qu'elles y aient été introduites d'Asie et d'Amérique à des époques plus ou moins reculées. Nous ne pouvons que signaler en passant les précieuses indications que l'auteur y donne pour la recherche de l'évolution des races sans histoire qui peuplent la côte occidentale de l'Afrique. Les végétaux d'origine européenne ou asia- tique ont naturellement pénétré en Afrique par l'Egypte, mais il n'est pas facile de suivre les routes qu'elles ont parcourues pour pénétrer jusqu'au centre de ce continent et jusqu'aux côtes atlantiques. Les déserts de la Nubie et de la Libye opposaient une barrière infranchissable aux plantes établies dans la vallée du Nil. M. de Ficalho développe savamment les rai- sons qui le portent à croire que la plupart des introductions:sur la côte atlantique ont été faites par les navigateurs européens pendant le xvr siècle. Il explique l'extension actuelle des plantes sur tout le territoire, par les fluctuations continuelles des peuplades à la fois guerriéres et agricoles qui en font usage; inquiétées depuis deux siècles par la civili- sation qui les envahit, elles transportent leurs camps à d'énormes dis- tances, sans presque laisser de traces, mais en emportant avec elles les graines des végétaux qui leur fournissent à peu peu prés tous leurs moyens d'existence. Quant aux espéces américaines, elles ont été naturellement importées, à partir de la fin du xv* siècle, par les navigateurs portugais. Les plantes spontanées de ces régions offrent moins d'intérét, au point de vue qui nous occupe, quelle que puisse étre leur importance écono- mique; mais il n'est pas toujours facile d'établir leur indigénat, comme l'auteur a essayé de le faire, et l'on ne peut contester qu'un traité de la matiére médicale en usage chez les négres dela cóte d'Afrique ne soit bien fait pour exciter la curiosité. Le travail dont nous venons de résumer trop brièvement l'introduction se divise en deux parties : la première comprend l'étude détaillée des Gymnospermes et des Dicotylédones; la seconde, qui n'est pas encore publiée, sera consacrée aux Monocotylédones. Parmi les détails nombreux recueillis par l'auteur sur 300 espéces envi- ron, nous n'en pouvons mentionner que quelques-uns, choisis parmi les plus intéressants. Trois Cotonniers (Algodoeiro) sont cultivés dans l’Afri- que portugaise. Le Gossypium arboreum paraît indigène de l'Afrique intertropicale. Le G. herbaceum, originaire de l'Inde, y était cultivé avant l'arrivée des Européens; les commerçants arabes paraissent l'avoir ap- porté du N. E. de l'Afrique. Le G. barbadense, introduit d'Amérique à une REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 15 époque relativement récente, a pris en plusieurs points les caractéres d'une plante spontanée, ce qui a trompé plusieurs botanistes. Les Portugais, qui avaient transporté avec succés le Cacaoyer (Theobroma Cacao) de l'Amérique centrale aux Philippines, le plantérent en 1822 dans leurs colonies d'Afrique, où le Cacao fait aujourd'hui l'objet d’un commerce considérable : les iles Saint-Thomas et des Princes en exportent annuel- lement environ 850 000, kilogrammes. Le Café (Coffea arabica), le Mu- riambambe des négres, est considéré, on le sait, comme originaire de l'Abyssinie, où son usage remonte à la plus haute antiquité; tout porte à croire qu'il est aussi indigéne à Angola: il constitue l'un des produits les plus importants des comptoirs portugais de l'Afrique. Les Quinquinas ont été plantés, il y a vingt ans, aux iles du Cap-Vert, sur le conseil de Wel- witsch, et donnent des résultats permettant d'espérer beaucoup de l'avenir. Le Manihot utilissima, dont la fécule préparée devient le Tapioca, ne paraît pas avoir été connu avant le xvi* siècle sur la côte africaine; il semble y étre venu de l'Amérique tropicale par l'intermédiaire des marchands portugais: c'est à Angola qu'il aurait été cultivé d'abord; mais il est au- jourd'hui trés répandu dans l'intérieur du continent. Quant à l'usage du hachish, extrait du Cannabis sativa, il est à peu prés certain qu'il a été introduit jusque sur la cóte occidentale de l'Afrique par le centre du pays et de proche en proche, par les marchauds arabes, qui depuis de longs siècles, connaissaient ses propriétés enivrantes. Cu. F. Contribuições para a flora de Portugal, Excursion bota- nique aux iles Berlengas et Farilhoes ; par M. J. Daveau (So- ciedade Broteriana, Boletim annual II, 1883, pet. in-4°, pp. 12-31). Les iles Berlengas et Farilhoes forment deux petits groupes situés à 12 ou 15 milles au large des cótes de l'Estramadure portugaise, non loin de Péniche. Deux seulement sont assez étendues pour laisser place à la végé- tation; les autres ne sont que des rochers sans cesse battus par la mer. La végétation de Berlenga est surtout saxicole; entre autres particula- rités de sa flore, signalons l'Angelica pachycarpa Lange, qu'on n'a trouvé nulle part ailleurs sur le territoire portugais. La flore de Farilhao Grande est plus riche; le Lavatera arborea L. y est abondant. Le Melandrium pratense Rohl var. crassifolium Lange, qui n'avait pas encore été ob- servé en Portugal, en est la plante la plus commune. En résumé, sur 112 espéces ou variétés signalées dans cet archipel, 10 sont nouvelles ou in- diquées pour la premiére fois en Portugal; 5 paraissent absolument spéciales à l'ile Berlenga : ce sont Pulicaria microcephala Lange, Armeria berlengensis Daveau et var. villosa, Echium Davei Rouy, Andryala Ficalheana Daveau. Ajoutons que ces îles paraissent consti- tuer la limite méridionale de l'aire de quatre espèces (parmi lesquelles le 16 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Cochlearia danica L.), etla limite septentrionale de trois autres, dont la plus remarquable estle Cryptostemma calendulaceum R. Brown, du Cap. L'auteur signale, en outre, 30 espèces d'Algues recueillies à Berlenga et quelques Lichens. Cu. F. On the general occurrence of Tannins in the vegetable Cells, and a possible View of their physiological si- gnificatiom (Sur la présence du tannin dans les cellules végétales et sur sa signification physiologique probable): par M. Gardiner (extrait des Proceedings of the Cambridge Philosophical Society, 1884, vol. 1v, pp. 387-394). M. Gardiner rappelle dans cette note les divers travaux physiologiques ou chimiques sur le róle du tannin, sa production et ses transformations. D'aprés ses propres recherches, il pense que le tannin se forme dans les cellules jeunes, s'emmagasine dans des tissus spéciaux, et finalement est rejeté par l'écorce, par les feuilles, etc. M. Gardiner a aussi suivi de prés, en étudiant des coupes transversales de feuilles de Cerasus Laurocerasus, l'augmentation graduelle du tannin dans les cellules ; il montre que dans les graines le tannin se produit seulement lorsque la plus grande partie de la eroissance de l'embryon a eu lieu. M. Gardiner explique la diminution du tannin qu'ont observée plusieurs auteurs pendant la croissance de certains tissus, par la localisation du tannin, éliminé à un certain moment pour se rendre daus des cellules spéciales. En somme, pour M. Gardiner, le tannin serait inassimilable et excrété au méme titre que l'oxalate de chaux. GASTON BONNIER. On the Physiological Significance of Water-Glands and Nectaries (Sur la signification physiologique des glandes à eau el des nectaires) ; par M. Gardiner (extr. des Proceed. of the Cambridge Philosophical Society, 1884, vol. v, pp. 35-50, avec une planche). M. Gardiner, avec l'aide de M. Lynch, se propose, dans cette note, d'aprés la bibliographie et d'aprés ses propres observations, de déterminer, d'une manière générale le rôle des glandes à eau et des nectaires dans l'économie de la plante. Commençant par les glandes à eau, M. Gardiner rappelle les travaux de Unger, de Bary et Valkens, et, au point de vue physiologique, ceux de Sachs et Moll. M. Gardiner a repris ces dernières recherches en étudiant l'exsudation des glandes dans les conditions intérieures normales et en faisant varier les conditions extérieures. Il confirme ainsi que l'exsudation de ces glandes dépend directement de la pression des racines et cesse lorsque les tissus sont coupés. Dans certaines Crassulacées, des racines REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 71 adventives s'étant formées dans l'eau sur la partie coupée, il y a eu alors exsudation. Des expériences faites sur l Hordeum vulgare et des espèces des genres Saxifraga, Crassula, Vitis, montrent que, pour une méme température, la lumiére retarde ou méme arréte le plus souvent l'ex- sudation des glandes à eau, l'état hygrométrique de l'air étant resté sensiblement constant. Dans une autre série d'expériences, des bran- ches de Limoniastrum, Polypodium et de Fuchsia furent coupées sous l'eau et placées dans un verre d'eau, le tout étant recouvert d'une cloche. Les glandes épidermiques de ces plantes sécrétèrent beaucoup plus d'eau à l'obscurité qu'à la lumiére pour une méme température. Ces glandes ne sont pas reliées au système vasculaire et peuvent sécréter de l'eau conte- nant des sels en dissolution. M. Gardiner conclut de ces expériences que l'aetion de la lumiére retarde l'exsudation des glandes, que cette exsu- dation soit ou non en rapport avec l’action des racines, et le courant d'eau qui s'établit pendant l'obscurité serait favorable à l’accroissement des tissus. Passant à l'étude des nectaires, M. Gardiner rappelle et résume les travaux de MM. Behrens et G. Bonnier sur la structure de ces organes, ainsi que les recherches physiologiques de ce dernier auteur. Aprés avoir discuté les diverses définitions morphologiques des nectaires, M. Gar- diner conclut avec Bravais qu'il ne faut donner de ces organes qu'une définition physiologique, et il les divise, comme Caspary, en nectaires floraux et extra-floraux. Au point de vue physiologique, M. Gardiner rappelle que M. Sachs pense que les cellules des nectaires sont absolument indépendantes de l'action des racines, tandis que M. Wilson soutient l'opinion contraire. M. Gardiner déduit de nombreuses considérations et de ses propres expériences que, comme l'avait déjà fait remarquer M. Bonnier, l'exsudation du nectar peut étre provoquée au début par l'action osmotique des cellules mémes du nectaire, mais que sa continuité exige que l'action osmotique des racines se fasse sentir. M. Gardiner confirme ensuite la réabsorption du nectar par les tissus de la plante et admet avec Bravais, MM. Bonnier et Wilson, que le nectar est un liquide sécrété et non excrété, un liquide nutritif jouant un róle utile dans l'économie de la plante. La planche qui accompagne ce mémoire renferme quelques dessins originaux, et d'autres reproduits d'aprés MM. Behrens et Bonnier. G. B. Notes sur l'embryon, le sac embryonnaire et ,l'ovule. (L'embryon du Barringtonia Vriesei); par M. Treub (extr. des Annales du Jardin botanique de Buitenzorg, vol. 1v, pp. 101-108, pl. 8); tirage à part en brochure in-8° de 6 pages, 1884, a vec une planche. 78 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. L'embryon de cette espèce produit un certain nombre de petites feuilles avant d'arréter sa croissance au sommet, lors de la maturité du fruit ; ces feuilles restent à l'état d'écailles renfermant dans leurs aisselles de très petits bourgeons. Pendant la germination, cette partie apicale s'al- longe en une jeune tige qui produit des écailles, puis des feuilles normales; lorsque le développement de ce jeune axe est entravé, un ou plusieurs bourgeons des écailles de l'embryon commencent à pousser et le rem- placent. : Quant à l’organisation interne, M. Treub décrit, chez le jeune embryon examiné en section transversale, une mince couche circulaire qui divise le corps de l'embryon en une seule écorce et une moelle épaisse, couche qui a élé la cause principale des interprétations erronées auxquelles a donné lieu l'embryon des Barringtonia. Au moment de la germination, on voit se former une couche génératrice libéro-ligneuse vers la partie interne de la couche séparatrice, puis une assise secondaire se produit en dehors du liber‘ et l'écorce primaire est exfoliée. G. B. Recherches sur les Cycadées; par M. Treub (extr. des Annales du Jardin botanique de Buitenzorg, 1884, vol. 1v, p. 1-11, pl. 4 et 2); tirage à part en brochure in-8° de 11 pages avec 2 planches. M. Treub décrit dans ce travail le développement de l'embryon du Cycas circinalis et vient ainsi combler une lacune importante; car, malgré les nombreuses recherches de M. Warming, on ne connaissait jusqu'à présent pour aucune Cycadée l’évolution complète de l'em- bryon. Les corpuscules du Cycas circinalis n'ont, comme l'a indiqué M. Warming, que deux cellules du col, et M. Treub a constaté qu'il n'y a jamais de cellule de canal. En outre, le noyau est toujours à la méme place, au sommet de la cellule centrale, tout prés du col. Si l'on traite les œufs nouvellement fécondés par des matières colorantes, on voit dans le protoplasma une foule de petits noyaux provenant du noyau fécondé de l'oosphére. Peu de temps aprés, tous ces noyaux vont se ranger contre la paroi ; il se fait une différenciation autour des noyaux et le proembryon est formé. Ce proembryon s'accroît sur les flancs et par la base, tandis que la cavité, dans sa partie supérieure, ne se remplit pas de tissus nouveaux. Le sommet du proembryon, continuant son accroisse- ment, s'allonge et perce la membrane du corpuscule; on peut alors y distinguer trois parties : l'embryon proprement dit, le suspenseur, et la portion qui continue à garder la forme de sac. Les choses se passent en- suité comme chez plusieurs Gymnospermes, et un seul des embryons de la graine arrive à un développement complet. M. Treub fait remarquer, en terminant, que les changements qui sur- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 19 viennent dans l'œuf à la suite de la fécondation sont sensiblement les mêmes chez le Cycas circinalis et chez le Gingko biloba, confirmant ainsi par un argument nouveau l'opinion de M. Warming, qui rapproche le genre Cycas du genre Gingko. Considérations générales sur le corps des plantes; par M. T. Caruel (Annales des sc. nat. Bot. 6° série, 1884,, t. xvni, pp. 306-357). Ce travail est, pour ainsi dire, un résumé de l'ouvrage italien de M. Caruel intitulé Morfologia vegetale (Pise, 1878). - M. Caruel propose d'appeler corme le corps différencié qu'il oppose au thalle, de sorte qu'il admet des Cormophytes et des Thallophytes. Dans le corme, on distinguerait toujours un axe (appelé stipe par M. Caruel)et des appendices. Le Targionia, par exemple, serait un cas intermédiaire, une combinaison du thalle avec le corme. L'auteur revient ensuite sur la définition des caulomes, phyllomes et trichomes, puis passe en revue toutes les particularités du corme, dont il fait une étude générale. Le point végétatif serait appelé le cormogéne, dont les productions latérales, compliquées, provenant d'un bourrelet de tissu, seraient appelées pulvinaires. Les émergences deviendraient des apophyses, l'ovaire le gemmulaire, et l'ovule la gemmule. Plus loin M. Caruel montre les différences qui existent entre la sou- dure, la concrescence et la connation. Signalons encore, au milieu de cet exposé assez long, l'opinion de l'auteur sur la nature de l'ovule, qui, suivant lui, ne serait pas toujours appendiculaire, et dont il décrit des analogies extérieures apparentes avec un bourgeon. G. B. Variations in Nature (Variations dans la nature); par M. Thomas Meehan (adresse à l'American Association for the advancement of Science, séance de Montreal). — Salem, 1883 ; broch. in-8° de 14 pages. M. Meehan résume dans un. discours l'ensemble de la théorie de l'évo- lution qu'il comprend, comme Darwin, par la sélection naturelle, sauf quelques considérations qui, d'aprés lui, sont à élaguer et à rejeter. Les exemples qu'il choisit sont tirés du régne végétal. G. B. Das botanische Practicum (Pratique botanique); par M. Edouard Strasburger. 1 vol. in-8° de 664 pages, avec 182 gravures sur bois. — Gustave Fischer, Léna, 1884). Cet important ouvrage porte en sous-titre : « Direction pour étudier soi- méme la botanique microscopique, à l'usage des commengants et de ceux qui veulent progresser dans cette étude. » " SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Il faut remarquer tout d'abord que l'ouvrage s'applique plutôt à la seconde catégorie de lecteurs qu'à la premiére; des étudiants réellement commençants auraient à faire quelques recherches pratiques élémentaires avant de suivre les savants conseils de M. Strasburger. On sait que, dans ces derniéres années, la technique microscopique et l'anatomie végétale en méme temps ont fait des progrés considérables. Les leçons de M. Strasburger rendront un trés grand service à ceux qui s'oceupent de la structure des végétaux, et non seulement aux étudiants, mais aussi aux préparateurs et à tous les maitres qui ont à | diriger des manipulations d'anatomie végétale. Au lieu de décrire à la fois l'ensemble des procédés connus pour une recherche donnée ou tous les instruments inventés dans le méme but, comme on le fait ordinairement dans les livres de pratique microscopique, l'auteur ne donne que les procédés utiles à la recherche, et il ne men- tionne ces procédés qu'au fur et à mesure qu'ils sont nécessaires aux études de l'éléve. L'introduction contient la description et l'usage du matériel indispen- sable aux études d'anatomie végétale. On n'y trouvera pas tous les systèmes de microscopes ou de loupes inventés par divers savants ou perfectionnés par de nombreux fabricants; les dissertations théoriques sur la mise au point, le grossissement, etc., n'y ont pas leur place; mais cette introduc- tion contient des renseignements pratiques et simples sur les meilleurs appareils à employer, les seuls réellement utiles. Signalons surtout une judicieuse comparaison des objectifs modernes. Viennent ensuite trente-quatre leçons où l'auteur conduit l'éléve pas à pas à travers les difficultés de plus en plus grandes que présente l'étude anatomique des plantes au microscope, commençant par le classique examen de l'amidon de la Pomme de terre pour terminer en exposant les détails les plus difficiles à observer de la division nucléaire. Des figures trés bien dessinées, qu'on souhaiterait plus nombreuses encore, aident l'étudiant dans ses manipulations, en lui montrant ce qu'il doit observer et en lui fournissant des modéles de dessin anatomique. Un point trés important à noter, c'est que les objets d'étude choisis par M. Strasburger sont presque toujours empruntés aux plantes les plus vulgaires, qu'on trouve partout dans les champs ou les jardins. Ce n'est que lorsque la nature du sujet traité s'imposait par son importance (Cycadées, tiges ligneuses des Monocotylédones, etc.) que l'auteur a dü décrire des préparations faites avec des plantes qu'on ne peut pas trouver partout facilement; mais, dans ces cas peu nombreux, il faut espérer que l'étudiant éloigné des serres ou des jardins botaniques pourra se procurer des échantillons frais de ces plantes qu'un établissement scientifique de culture lui enverra par la poste. Un résumé succinct des REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 81 premiéres lecons fera mieux comprendre quelle est la marche adoptée par M. Strasburger et quels services est appelé à rendre le Botanische Practicum. La premiére lecon, en prenant pour exemple l'étude des grains d'ami- don, a pour but d'apprendre comment se font les préparations, comment on les installe dans la chambre humide, comment on les éclaire et de quelle maniére on se sert d'un réactif (ici solution d'iode ou potasse) ou de l'appareil polarisant. Aprés l'amidon de la Pomme de terre et des cotylédons de Haricot, on étudie en détail la structure des grains d'amidon de Canna, de Phajus, du Blé, de l'Avoine et de l'Euphorbe, et, à la fin du chapitre, à propos de l'action de la chaleur sur l'amidon, se trouve une description, imprimée en petits caractéres, de l'emploi d'un objectif résistant à la chaleur. La seconde leçon est une étude première de la graine (on doit y revenir plus loin), à propos de laquelle l'auteur indique l'emploi de la loupe montée et de quelques nouveaux réactifs. La lecon débute par l'examen de la graine du Pois. Viennent ensuite le grain de Blé, et, pour l'étude de l'aleurone, celles du Lupin et du Ricin. La leçon se termine par l'exa- men des préparations de graines de Bertholletia. Dans la troisième leçon, où se trouvent placés la description et l'emploi de la chambre claire, l'attention de l'éléve est particuliérement attirée vers le protoplasma. On y trouve la description des exemples classiques pour étudier les mouvements du protoplasma (poils de Tradescantia, cellules de Nitella, Vallisneria). Les filaments de Vaucheria, les poils de Courge, les cellules du tube de la corolle des Lamium, sont successi- vement étudiés. La place nous manque pour continuer ce résumé ; indiquons seulement en quelques lignes la marche générale de l'ouvrage. Aprés les trois premiéres lecons, vient l'étude des leucites et des prin- cipes solubles; puis l'éléve apprend à examiner un ensemble de cellules, les stomates d'abord, les poils, l'épiderme, et eufin les tissus internes et plus compliqués, les faisceaux libéro-ligneux et tous leurs éléments, les canaux sécréteurs, les tissus de soutien. C'est ensuite que se trouvent placées plusieurs lecons sur l'étude détaillée des trois organes principaux de la plante : racine, tige et feuille, qui se termine par la description de leur développement aux dépens des cellules initiales. Avec la vingt-deuxième leçon commence plus particulièrement l'étude des différents tissus des Thallophytes et de leurs organes reproducteurs. Puis viennent les Muscinées, les Cryptogames vasculaires, les Gymno- spermes, étudiés au point de vue de leur reproduction. La trentiéme lecon traite de l'anthére et du pollen chez les Angio- spermes; les trois lecons suivantes contiennent l'étude du fruit et de la T. XXXI. (nEvUE) 6 82 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. graine, et la dernière est consacrée à la reproduction des cellules et à la division du noyau. Ajoutons qu'à la fin de chacune des leçons est placée une série de notes bibliographiques qui permettent au lecteur de recourir aux principales sources originales. Au commencement et à la fin du volume se trouve un système de cinq tables différentes trés soigneusement faites, de telle sorte que, méme lorsqu'on s'est servi de l'ouvrage en le suivant pratiquement d'un bout à l'autre, on peut encore le consulter comme un précieux dictionnaire. G. B. Étude comparée des tiges aériennes et souterraines des Dicotylédones; par M. J. Costantin (Annales des sciences naturelles, Bot. 6° série, 1883, t. xvi, p. 4-175, avec 8 planches). Ce travail est l'un des trois mémoires dont l'ensemble a été couronné par l'Académie des sciences (prix Bordin, 1883); les deux autres n'ont pas encore paru. M. Costantin s'est proposé, dans ses recherches, d'étudier l'influence du milieu (aérien ou souterrain) sur la structure des tiges des Dicoty- lédones, d'abord par l'anatomie expérimentale et, en second lieu, par l'anatomie comparée. Aprés un historique trés complet de la question, M. Costantin étudie d'abord en détail un exemple complexe où l'influence directe et ,im- médiate du milieu se combine avec l'influence héréditaire pour trans- former la tige aérienne en tige souterraine. La Ronce fournit à l'auteur un premier exemple qui permet ainsi de poser nettement la question à résoudre. Par l'ensemble des comparaisons et des expériences faites avec cette plante, on peut déterminer quelles sont les différences de structure entre la tige souterraine et la tige aérienne, qui sont directement sous l'influence du milieu, et celles qui sont morphologiquement héréditaires. C'est ainsi que le développement du parenchyme cortical et la. réduction des fibres libériennes, dans la tige souterraine, sont dus à l'influence du ' milieu, tandis que le grand développement des faisceaux du tubercule et la lignification de sa moelle en sont indépendants. Le chapitre suivaut comprend toute la partie expérimentale de ce tra- vail. Choisissant des plantes pour lesquelles l'hérédité morphologique n'intervient pas dans les comparaisons, M. Costantin a réussi à faire pousser les tiges, pour chaque espéce, les unes dans l'air, les autres sous terre, toutes les autres conditions restant les mémes. Comme, parmi les causes qui produisent l'arrét de développement chez les plantes, l'ab- sence de lumiére est une des plus importantes, M. Costantin a montré par REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 83 quelques autres séries d'expériences qu'il existe aussi des différences trés notables entre la structure de deux tiges identiques, mais développées l'une à l'air et à l'obscurité, l'autre sous terre. Les recherches sur la comparaison expérimentale des plantes artificiel- lement enterrées et des plantes aériennes ont porté sur un grand nombre de plantes appartenant aux familles les plus diverses (Papilionacées, Rosacées, Cucurbitacées, Araliacées, Euphorbiacées, Solanées, Labiées, Nyctaginées, etc.). Les expériences sur la comparaison des plantes main- tenues à l'obscurité, les unes à l'air et les autres sous terre, ont été faites surtout avec la Pomme de terre, le Ricin et la Courge. On peut déduire de ces études que le séjour sous le sol, en changeant les conditions d'existence des cellules, modifie sensiblement tous les tissus de la tige, et cela d'une maniére immédiate, sans qu'une lente adaptation soit nécessaire. Les principales modifications produites dans les tiges maintenues sous le sol sont les suivantes : : L'épiderme se subérifie et une couche subéreuse peut naitre à la péri- phérie du tissu cortical; le parenchyme cortical augmente; le collen- chyme disparaît; les plissements de l'endoderme sont plus longtemps visibles; les fibres libériennes manquent ou se développent peu; la couche génératrice libéro-ligneuse est moins aclive;les faisceaux du bois sont moins développés et la lignification ne se produit que difficilement; le rapport de l'épaisseur de la moelle à celle de l'écorce est plus faible que dans la tige aérienne; enfin, de l'amidon peut se former et s'accumuler spécialement dans la partie souterraine. C’est après l'exposé de ces résultats expérimentaux que M. Costantin entreprend la comparaison des tiges aériennes et souterraines naturelles. L'auteur fait d'abord remarquer que, dans les plantes ayant naturelle- ment des tiges souterraines, l’action du milieu doit être plus profonde que dans celles dont il vient d'étre question; car, dans les expériences précédentes, le séjour des plantes sous le sol n'a duré le plus souvent que quelques semaines, rarement six mois ou une année. M. Costantin se propose de comparer les tiges aériennes et souterraines de la méme plante dans un grand nombre d'espéces, et de chercher quelles sont les différences analogues à celles trouvées expérimentalement, et par consé- quent dues à l'influence du milieu. Les autres différences seront consi- dérées comme morphologiquement héréditaires. Gette partie du travaii de M. Costantin, qui comprend l'étude comparée des tiges aériennes et souterraines de nombreuses espéces appartenant à plus de trente familles différentes, est une trés importante contribution à l'anatomie générale de la tige chez les Dicotylédones. i L'ensemble de toutes ces recherches prouve que, contrairement à ce 84 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. qu'on pourrait supposer d priori, le milieu parait avoir une influence prépondérante sur la modification des tissus. En comparant les résultats obtenus par l'anatomie comparée à ceux qu'ont fournis les recherches d'anatomie expérimentale, M. Costantin con- clut qu'on doit attribuer à l'influence du milieu daus les tiges souter- raines : 1* Le grand développement des tissus de protection (épiderme subérifié, couche subéreuse); 2° la réduction ou la disparition de l'appareil de soutien (collenchyme, anneau fibreux, fibres libériennes); 3° le grand développement de l'écorce et la réduction relative de la moelle; 4° la faible lignification ; 5° la production de matières de réserve. On ne peut au contraire émettre aucune conciusion générale relative à des changements de structure qui seraient dus à une différenciation héréditaire, et, parmi les nombreuses espéces étudiées par l'auteur, il n'y a guère que la Ronce et l’ Adoxa qui aient présenté, entre la tige expérimentalement enterrée et la tige naturellement souterraine, des différences importantes. G. D. 9 medovych zlazkach rostlin krizatych (Sur les nectaires des Crucifères); par M. J. Velenovsky (extrait du Bulletin de la. Société tchèque des sciences, 6° série, xii, 50 pages in-4° avec 5 planches, Prague, 1884). M. Velenovsky a étudié la disposition des nectaires dans 170 espèces de Crucifères européennes ou exotiques. Le but principal de ce long tra- vail est de montrer qu'on peut se servir de la position, de la forme, de la présence ou de l'absence des nectaires pour la classification des Cruci- fères, souvent si difficile à établir, et pour laquelle un caractère de plus ne saurait étre que trés utile. Déjà quelques indications à cet égard avaient été données par plusieurs auteurs, mais M. Velenovsky apporte des documents très nombreux el qui permettent de mieux se rendre compte de l'utilité de ces organes, qui peuvent étre employés dans la caractéristique des genres et méme de certains groupes. Les nectaires inférieurs ne manquent jamais, tandis que l'absence des nectaires supérieurs peut caractériser des tribus (Alyssinées, Lunariées, Cheiranthées). La forme méme des nectaires peut servir trés souvent, et comme unique caractère, à la diagnose de certains genres. Un tableau général de la classification des Cruciféres, avec l'appli- cation de ces caractéristiques nouvelles, complète le mémoire de l'auteur. G. B. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 85 Die Septaldruezem; ihre Verbreitung, Entstehung und Verrich- tung (Distribution, origine et fonction des glandes septales) ; par M. Grassmann (extrait du Flora, n* 7 et 8, 1884, avec 2 planches). On sait que, chez un certain nombre de Monocotylédones, les carpelles sont incomplétement soudés dans les eloisons de l'ovaire à placentation axile; ces espaces intercarpellaires communiquent ordinairement avec l'extérieur, et, comme le plus souvent les sucres sont accumulés dans les tissus voisins, du nectar est presque toujours exsudé dans ces cavités avant la fécondation de la fleur. Ces espaces intercarpellaires ont été décrits avec soin chez un assez grand nombre de genres par Parlatore et Brongniart. Ce dernier auteur leur a donné le nom de glandes septales. M. Van Tieghem a montré, dans son étude sur la structure du pistil, quelle est leur véritable nature morphologique. M. Grassmann s'est proposé de décrire la forme de ces espaces inter- carpellaires dans un trés grand nombre de Monocotylédones appartenant aux Liliacées, Smilacées, Broméliacées, Iridées, Amaryllidées, Hémodo- racées, Musacées, Zingibéracées, Marantacées. L'auteur fait observer que les glandes septales se présentent ordinai- rement dans toutes les espéces d'un méme genre, mais tous les genres des familles précédentes sont loin d'en posséder. Chez les Liliacées et les Smilacées, dont les espéces ont, comme on sait, l'ovaire libre d'adhérence avec les autres parties de la fleur, les glandes septales ont un canal qui peut s'ouvrir plus ou moins haut à l'extérieur, c'est-à-dire que la partie externe de la région où les carpelles ne sont pas soudés peut étre située à une plus ou moins grande hauteur. Chez les Broméliacées, cet interstice des cloisons a une forme de zigzag et s'ouvre naturellement en haut chez les genres à ovaire adhérent. L'ou- verture est aussi forcément supérieure chez les Iridées, Amaryllidées, Hémodoracées, Musacées, etc. L'auteur ne décrit rien de nouveau quant à l'origine des glandes septales, qui proviennent, comme on l'a dit plus haut, d'un manque de soudure entre les carpelles. Quant au rôle qu'elles remplissent, il admet que ces cavités, d’où sort souvent un liquide sucré, sont destinées à émettre ce liquide au dehors pour attirer les insectes. M. Grassmann, cependant, tout en indiquant avec soin les nombreux genres où manquent les glandes septales, ne fait pas voir si elles sont remplacées par d'autres organes et ne dit pas com- ment le sucre est emmagasiné dans l’ovaire chez les espèces nombreuses où il n'est pas exsudé à l'extérieur. Pour le Convallaria maialis seule- ment, qui ne possède pas de glandes septales, alors que le Polygonatum en est pourvu, il rappelle que, d’après H. Muller, cette plante possède 86 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. des taches qui attireraient les insectes visitant la fleur, dans l'espoir d'y trouver les glandes septales, qui n'existent pas. Parmi le nombre considérable d'espéces étudiées par M. Grassmann, on peut citer celles appartenant à la famille des Iridées, où, sur toutes les espèces observées, treize possèdent des glandes septales et dix-neuf en sont totalement dépourvues. La présence ou l'absence de ces intervalles intercarpellaives ne peut done servir à caractériser les familles, mais pourrait étre souvent indiquée comme caractére générique. G. D. Veber die Aufnahme von Wasser durch die Bluetenkopfe einiger Compositen (Sur l'absorption de l'eau par les capitules des Composées) ; par M. A. Burgerstein (Berichte der deutschen botan. Gesellschaft, 1883, 1, pp. 367-370). M. Burgerstein a cherché si les capitules des Composées peuvent absorber l'eau. Il a étudié des espéces appartenant aux genres Tanace- tum, Chrysanthemum, Erigeron, Anthemis, Buphthalmum, etc. Voici comment l'auteur opérait : Chaque capitule fraichement coupé, aprés avoir été pesé, était fermé avec de la cire à cacheter sur la partie coupée, puis placé, soit par la face supérieure, soit par la face infé- rieure, sur de l'eau, la face non en contact avec l'eau se trouvant dans de l'air saturé d'humidité. On jugeait ensuite de l'absorption de l'eau au bout de quarante-huit heures, en pesant de nouveau le capitule, avec les précautions nécessaires pour éliminer l'erreur due à l'eau adhérente. M. Burgerstein en conclut que : 1° Les fleurs des Composées ont la propriété d'absorber l'eau à travers leur épiderme. 2» En général, la face inférieure absorbe plus d'eau que la face supé- rieure. G. B. Ueber das Chlorophyli und die Assimilation der Cuscuta europæa (Sur la chiorophylle et l'assimilation du Cuscuta euro- pea); par M. F. Temme (Berichte der deutschen botan. Gesellschaft, 1883, 1, p. 485-486). On sait que M. Wiesner a signalé la présence de la chlorophylle dans le Neottia Nidus-avis, qui, en apparence, en semble complètement dépourvu, et que M. Prillieux a soutenu que la chlorophylle, non formée dans la plante vivante, n'y jouait pas le róle assimilateur. Voici une autre plante parasite, considérée comme dépourvue de chlorophylle, qui, d'aprés M. Temme, posséderait cette substance et pourrait assimiler le carbone de l'air, D'aprés l'auteur, on peut apercevoir des grains de chlorophylle dans les bourgeons floraux du Cuscuta europea, et elle serait, dans les REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 87 autres organes, intimement mélangée au protoplasma. Des observations spectroscopiques montrent que cette substance présente les raies de la chlorophylle. En outre, si la Cuscute est placée dans une atmosphère sans oxygène, uniquement composée de vapeur d’eau et d’acide carbonique, à côté d’un bâton de phosphore, il suffit de faire arriver sur l'appareil un rayon lumineux pour voir apparaitre des vapeurs autour du bàton de phosphore, indiquant ainsi la formation d'oxygène et, par suite, l'assimilation. G. B. Recherches sur la respiration des tissus sans chloro- püylle; par MM. Gaston Bonnier et L. Mangin (extr. des Annales des sciences naturelles, Bot.6* série, 1884,t. xvii, pp. 293-382, avec 2 planches). Ce mémoire est, pour ainsi dire, la seconde partie des études sur la respiration des végétaux, commencée par MM. G. Bonnier et L. Mangin, en prenant d'abord les Champignons pour sujets d'étude (1). Dans ce nouveau travail, les auteurs rendent compte de leurs recherches sur les tissus sans chlorophylle lés plus différents : les Phanérogames parasites, les graines pendant leur première période germinative, les rhizomes, les racines, les plantes étiolées, certaines fleurs, etc. Les méthodes employées sont celles indiquées dans le premier mé- moire de ces auteurs : la méthode de l'air confiné et la méthode à re- nouvellement d'air continu; seulement, quelques modifications ont dü étre apportées aux appareils pour les nouvelles expériences à faire. C'est ainsi que, lorsqu'il s'agissait de l'étude des graines germant, il a été utile de se servir, comme supports, de cylindres et de plaques de plàtre ou de bois; de méme lorsqu'on a voulu étudier l'action de la lumiére solaire directe sur la respiration, abstraction faite de l'élévation de température, il a fallu employer une étuve à fenétre spéciale, etc. L'ap- pareil à analyses volumétriques, employé dans la méthode de l'air con- finé, a aussi subi plusieurs perfectionnements qui sont figurés en détail sur la première des planches qui accompagnent ce mémoire. Un chapitre est consacré à diverses expériences de contróle absolu- ment nécessaires pour déterminer la limite des erreurs de mesure et pour montrer, dans chaque cas déterminé, quelles seraient les expé- riences à rejeter ou celles dont on devra enregistrer les résultats. MM. Bonnier et Mangin font remarquer, pour ces premiéres séries de recherches, que, d'une manière générale, il ne faut comparer les mêmes (1) Voyez le Bulletin, t. xxxi (1884), Revue bibl., p. 39. 88 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. individus qu'à intervalles rapprochés et en croisant les expériences, et que, par la méthode à renouvellement d'air continu, il est préférable de faire passer sur les végétaux le méme nombre de litres d'air dans le méme temps pour deux expériences comparatives. Le chapitre suivant traite de la nature des gaz émis ou absorbés pen- dant la respiration. Les analyses, contrôlées par les observations manomé- triques, font voir que, dans tous les cas, et méme lorsqu'il s'agit de graines en germination, contrairement aux conclusions de MM. Dehérain et Landrin, et d'accord avec la plupart des auteurs qui opéraient par une autre méthode, il n'y a jamais dégagement ni absorption d'azote pendant la respiration. MM. Bonnier et Mangin font ensuite une longue étude expérimentale au sujet de l'influence de la lumiére sur l'intensité de la respiration. Toutes ces expériences sont faites sur les mémes individus, à la méme tempéra- ture et pour le méme état hygrométrique, soit par la méthode de l'air confiné, soit par celle de l'appareil à renouvellement d'air continu. Dans le premier cas, les analyses sont faites avec l'appareil à analyses volumé- triques décrit; dans le second cas, les analvses sont effectuées par la méthode des liqueurs titrées. Les graines étudiées pendant leur période germinalive proprement dite (avant l'apparition de la chlorophylle) ap- partenaient aux espéces les plus diverses : Lepidium sativum, Linum usitatissimum, Lupinus luteus, Faba vulgaris, ete. Dans tous les cas, la lumiére a montré une légére action retardatrice sur la respiration. Cette action retardatrice est plus intense lorsqu'on opére avec des Phané- rogames sans matière verte (Orobanche, Monotropa, etc.); avec des fleurs sans chlorophylle, ou dont l'influence des portions chlorophyl- liennes a été éliminée par une contre-expérience (trés jeunes inflores- cences d Arum, fleurs de Hyacinthus orientalis, Robinia Pseudacacia) ; avec des rhizomes sans chlorophylle munis de leurs racines (Solidago, Epilobium, etc.). Pour ces dernières espèces, l'influence retardatrice de la lumiére solaire directe a été mise en évidence d'une maniére trés nette. Quant aux plantes étiolées, qui ont été aussi soumises à plusieurs séries d'expériences, elles ont aussi fourni une respiration moins intense à la lumiére qu'à l'obscurité ; mais la différence est moindre que dans les cas précédents. En somme, la conclusion générale de ces séries d'expé- riences, c'est que la respiration des tissus sans chlorophylle est tou- jours affaiblie par l'action des radiations lumineuses, toutes les autres conditions étant égales. * : A : CO Les quatre chapitres qui suivent sont consacrés à l’étude du rapport T du volume de l'acide carbonique émis à celui de l'oxygéne émis pour les mémes individus soumis aux conditions extérieures les plus diflérentes, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 89 s C0? : i ue et aussi à l'étude du rapport FD dans les mêmes conditions extérieures, mais aux divers stades du développement du végétal. Par les expériences relatives à cette dernière question, MM. Bonnier et Mangin généralisent les conclusions du travail de M. Godlewski sur la respiration des végétaux. Ce dernier auteur avait mis en évidence l'abais- 2 0 i sement du rapport —— au moment de la consommation des réserves 0 pendant la germination des graines oléagineuses (1). Cet abaissement se produit aussi, quoique d'une manière souvent moins prononcée, pour les graines amylacées, pour les rhizomes et les tubercules germant. On peut done énoncer que le rapport du volume de l'acide carbonique émis au volume de l'oxygène absorbé est en général plus petit que l'unité pendant la période oü les végétaux se développent rapidement en consommant des réserves déterminées (albumen, cotylédons, rhizomes, bulbes, tuber- cules). Le résultat définitif de la respiration est alors une assimilation 2 2 0 : s'abaisse, passe par un minimum, puis s'élève ensuite graduellement. L'assimilation d'oxygéne a donc ainsi une valeur maxima au milieu du développement. Mais, lorsqu'on opére avec les mémes individus à un état déterminé, on trouve que les circonstances extérieures n'influent par sur la valeur 2 C ; x de ce rapport T quelle que soit cette valeur au moment où l'on expé- d'oxygène. Le rapport varie pendant cette période. Sa valeur rimente. Ce sont donc les conditions intérieures qui réglent la proportion relative des gaz échangés, tandis que les influences externes ne peuvent agir que sur l'intensité du phénoméne, modifiant à la fois, et dans la méme proportion, l'assimilation d'oxygéne et l'émission d'acide carbo- nique. On peut ainsi, pour tous les tissus sans chlorophylle, énoncer les trois conclusions suivantes : í dd CO abr 4° Pour les mêmes individus, le rapport uw est le méme à la lu- mière et à l'obscurité. de 2» Pour les mémes individus, ce rapport TG. est constant, quelle que soit la température. 3° Ce rapport est également constant, quelle que soit la pression. G. B. (1) Voyez le Bulletin, t. xxx (Revue), p. 83. 90 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Influence de la lumière sur la première période de germination des graines (en langue russe); par M. A. Adria- nowski (Archives de l’Académie forestière et d'agriculture, Moscou, 6° année, 11, pp. 171-192* M. Adrianowski a entrepris de trés nombreuses recherches sur cette question si controversée. Dans la partie critique, il recherche les causes d'erreur qui ont pu amener des contradictions entre les expériences des divers auteurs, ou méme entre les différentes expériences d'un méme auteur. La principale cause d'erreur serait surtout l'influence considé- rable de l'état hygrométrique sur la germination des graines. C'est ainsi que, dans plusieurs séries d'expériences préliminaires, ce physiologiste montre quelle est l'importance de cette influence en faisant germer com- parativement le méme nombre de graines semblables dans les mémes conditions de température et d'éclairement, mais à l'air libre dans le premier cas et au milieu de l'air saturé dans le second. Citons quelques résultats : GRAINES GERMÉES POUR 400. Te Air libre. Air saturé. Cannabis saliva... 1 0e cerle 29 92 Bromus mollis;:..-..... 4... 38 100 Trifolium incarnatum................. 58 86 Brassica Napus (oleracea)............ = 10 100 et ainsi de suite dans de nombreux autres cas. Abordant ensuite la question même qu'il s'est proposé de résoudre, M. Adrianowski expose les résultats de plusieurs centaines de séries d'ex- périences comparées, faites par plusieurs méthodes. La méthode la plus employée par l'auteur consiste simplement à placer les graines, aussi identiques que possible, avec la méme quantité d'eau, dans de l'air saturé, à des températures maintenues rigoureusement égales, les unes placées derriére une plaque opaque, les autres derriére une plaque de verre. Le résultat général de toutes ces recherches est le suivant: 1° La quantité de graines germant pour 100 est la méme à la lumiére et à l'obs- curité. 2° La lumière, toutes conditions égales d'ailleurs, retarde tou- jours plus ou moins la germination des graines (1). Citons quelques cas où l'influence retardatrice de la lumière peut être considérable. Dans les recherches faites avec les graines de Chanvre, 100 à 200 graines étant placées à la lumiére diffuse et le méme nombre à (4) On remarque le rapprochement qu'on pourrait peut-étre établir entre ce résultat et celui obtenu dans la recherche de la respiration des graines germant, oü l'action re- tardatrice de la lumière a été aussi démontrée (voyez le compte rendu précédent). REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 91 'obseurité, les nombres de graines germant au bout d'un jour ont été de 42 à l'obscurité et 9 seulement à la lumière; pour l Agrostis stolonifera, 94 à l'obscurité et seulement 5 à la lumière; pour le Colza, 62 à l'obscu- rité et 17 à la lumière; pour la Caméline, 50 à l'obscurité et 13 à la lumière, etc. M. Adrianowski étudie ensuite l'influence des diverses couleurs en employant des'plaques de verre colorées, dont il ne donne pas l'analyse spectroscopique. Il trouve, comme moyenne de vingt séries d'expé- riences concordantes, les résultats suivants : . Nombres proportionnels à ceux des graines germant au bout d'un jour. Lumière rouge;-.-.-——.—.. o. dee. ac AT bumiéretorange-t Siion de Sonet PE 48 lumieresverte 4.5253. 55 4.08 XC Xe e 29 Lumière bleue... e S oes 49 Lumière violette s nn. o d 56 OPSCUPITÉ 55.2 INR NN en Et. 58 En somme, l'influence retardatrice des rayons trés réfrangibles (bleu et violet) serait trés faible, tandis que celle des rayons peu ji (rouge jaune, et surtout vert) serait au contraire plus forte. En terminant, l’auteur de ce mémoire montre, par des expériences de culture, que l'influence retardatrice de la lumière sur la germination est peu considérable par rapport à celle des autres influences extérieures et, par suite, sans importance dans la pratique des semis. G. B. Sur le sucre que les graines cèdent à l'eau; par M. A. Perrey. (extrait des Annales des sciences naturelles, Bot. 6* sér. 1884, t. xv, pp. 60-72). M. Perrey a continué les recherches entreprises par MM. Van Tieghem et G. Bonnier sur les matiéres solubles que les graines abandonnent au contact de l'eau (1). Les expériences de l'auteur ont porté sur le Lupin blanc, la Féve de Séville à longue cosse, le Haricot blanc de Soissons à rames, le Haricot rouge; et c'est surtout du sucre abandonné par ces graines au contact de l'eau que M. Perrey s'est occupé. Le liquide qui devait étre soumis à l'analyse, ramené au volume de 90 centimètres cubes, était additionné de 2,5** d'acide acétique cristalli- sable et soumis en vase clos à une température un peu supérieure à 100 degrés. Dans ces conditions, les saecharoses sont interverties ; le gly- cose ne subit pas d'altération, et la dextrine n'est pas saccharifiée. Une portion de la liqueur filtrée est versée dans un excès de:liqueur de (1) Voyez le Bulletin, t. xxvi, p. 116 (1880). 99 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Fehling étendue et bouillante, puis le tout est jeté sur un filtre lavé à l'eau bouillante. Le précipité, calciné, humecté d'acide azotique pur, cal- ciné de nouveau, est rapidement pesé. M. Perrey constate d'abord combien deux lots, en apparence iden- tiques, des mémes graines peuvent donner des résultats différents. C'est ainsi qu'en quarante-huit heures deux lots de Lupin, de 10 grammes cha- cun, ont abandonné à l'eau, l'un des traces de sucre, l'autre 140 milli- grammes. Par quatre séries d'expériences, l'auteur montre ensuite que les graines qui ont abandonné le plus de sucre sont celles qui germent le plus difficilement, et l'on peut dire qu'une graine céde à l'eau une por- tion du sucre qu'elle renferme d'autant plus considérable, qu'en raison méme de son aptitude individuelle, il lui faut plus de temps pour que la vie se manifeste en elle. Partant de ce résultat, M. Perrey a cherché à réduire dans une graine la somme d'activité dépensée dans un temps donné; la quantité de sucre qu'elle abandonne à l'eau devra alors augmenter. Dans ce but, on a mis les graines au contact de l'eau dans un flacon dont on enlevait l'air à l'aide d'une pompe de Sprengel; on a employé le chloroforme, ou l'on a abaissé la température de l'eau et des graines. Il résulte de six expériences concordantes que, pendant qu'elles sont sou- mises à une basse température, les graines abandonnent à l'eau beau- coup plus de sucre qu'à la température ordinaire, qu'en outre l'abaisse- ment de température produit un effet durable qui se continue quand la température s'est ultérieurement relevée. M. Perrey met en évidence ensuite, par diverses séries d'expériences, un certain nombre de faits dont on peut déduire les conclusions sui- vantes : 1* La marche des phénoménes de l'exosmose ne dépend pas de la dif- férenciation de structure de la graine, et doit étre la méme pour chaque cellule considérée isolément. 2° Une graine qui a conservé sa provision de sucre intacte, ne laissera plus exosmoser de sucre, une fois que la germination sera avancée; elle peut méme, arrivée à un certain état de développement, absorber au contraire du sucre avec l'eau d'imbibition en quanlité assez considérable. 3^ Pour le Lupin, la quantité de sucre exosmosée est encore assez notable à un état germinatif assez avancé, et elle semble aller en croissant depuis le début jusqu'à un certain moment, pour décroitre ensuite. G. B. Russich-Lappland und seine Vegetation (La Laponie russe et sa végétation); par M. Buhse (Feuilles de la Société des natura- listes de Riga, xxvi, pp. 1-11). L'auteur divise la Laponie russe en quatre régions principales : la REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 93 région des foréts, la région subalpine, la région alpine, et, en dernier lieu, la région maritime. La région des foréls (foréts de Gymnospermes) comprend 378 espéces différentes de Phanérogames; la région subal- pine comprend, à l'est 238 espèces, à l'ouest 191 ; la région alpine ne posséde que 10 espéces de Phanérogames. La région maritime est égale- ment peu riche en espéces (34). En tout, on connait 1604 espéces, dans l'étendue de la Laponie russe, qui se distribuent ainsi : Ghambpignons ete eee 421 Dicotylédones (et Gymnospermes)................... 334 Liéhens 5: Lars eee sean se ON 291 Mousses et Hépatiques ........... soso. 250 Monocotylédones: es esie eee et erre Feon eres 155 Cryptogames vasculaires.........,........... net 80 Algues (aon Marines). :....-...-.- een come 70 Parmi les Phanérogames, la famille la plus nombreuse en espèces est celle des Cypéracées; puis viennent les Graminées, Composées, Caryo- phyllées, Rosacées, Crucifères, Renonculacées, Scrofularinées, Salici- nées, Éricinées, Joncées, Papilionacées, Orchidées, etc. - M. Buhse ne donne pas d'indication sur la fréquence relative de ces diverses espèces. G. B. Algologiska och mykoloziska anteckningar frán en bo- tanisk resa i Lulea Lappmark (Recherches algologiques et mycologiques faites pendant un voyage botanique dans la La- ponie de Lulet); par M. G. Lagerheim (extrait des Vetenkaps-Aca- demiens Förhandlingar, Stockholm, n° 4, pp. 91-119, petit in-8°). L'auteur a fait un voyage botanique vers Qvikkjokk, en Laponie sué- doise, pendant l'été de 1883, et s'est particuliérement occupé des Thallo- phytes dont la détermination exige des recherches microscopiques. La place manquerait pour signaler toutes les espéces observées par l'auteur. Signalons la plupart de celles qui sont entiérement nouvelles ou qui n'avaient jamais été observées en Suéde ou en Scandinavie : i Aux environs de Piteå, M. Lagerheim signale l'Euastrum polare Nordst., le Staurastrum tricorne Bréb., les Cosmarium læve Rabenh. et C. hexagonum Elfv., tous trois nouveaux pour la Scandinavie, ainsi que le Cosmarium pseudo-nitidulum Nordst., espèce nouvelle pour la Suède, etc. Près de Storbacken, le Staurastrum echinatum Bréb. et l'Arthro- desmus Wingulmarkie Wille, non décrit en Suède, ainsi que le Staur- astrum franconicum Reinsch et le Cosmarium ellipsoideum Elfv., non décrits en Scandinavie. Prés de Koskats, le Staurastrum arcuatum 94 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Nordst., nouveau pour la Suède, etle Tetrapedia Crux Michælii Reinsch., ainsi que le Cosmarium paaboliense Wille, trouvé prés de Jokkmokk. Aux environs de Snjärrak, M. Lagerheim a trouvé une variété nouvelle du Stichococcus bacillaris Næg., qu'il nomme fungicola parce qu'elle est spécialement développée sur les Polypores; aux environs de Parkijam, une espéce de l'auteur, Polyedrium caudatum Lagerh., et, aux environs de Jokkmokk deux nouvelles sous-espèces : le Coleochæte divergens sub- sp. cataractarum et le Spirogyra catenæformis subsp. lapponica, etc. En somme, le compte rendu du voyage botanique de M. Lagerheim apporte un grand nombre de faits nouveaux relatifs à la distribution des Cryptogames inférieures dans la Suéde septentrionale. G. D. Nouvelles recherches sur les cystolithes: par M. Chareyre (Revue des sciences naturelles, Montpellier, 3° série, t. ni, n° 4, juin 1884, pp. 523 à 602). Le mémoire de M. Chareyre n'a pas encore entièrement paru; la partie physiologique manque, et l'étude morphologique est restreinte aux deux groupes des Urticinées et des Acanthacées. Une idée nouvelle sur l'origine des cystolithes des Urticinées est mise en lumière dans la première partie de ce travail. Schleiden (1) avait au- trefois entrevu un rapprochement entre les cellules à cystolithes et les poils calcaires des Borraginées ; selon ce botaniste, les masses calcaires des Urticinées se produisent dans des poils urticants atrophiés. M. Chareyre a trouvé des faits nombreux à l'appui de cette derniére opinion mal éta- blie et oubliée. Chez la plupart des Urticinées (à l'exception des Procridées et de quel- ques types aberrants), les massues cristalligènes naissent dans l'épiderme; leur développement ne se rapproche pas, comme on l'a souvent dit, de celui du Ficus elastica (2). Cette espéce est un type exceptionnel, méme dans le genre Ficus. Chez les Morées, les Artocarpées, les Cannabinées et les Ulmacées, il existe, sur la feuille trés jeune, un certain nombre de poils dont la cavité est presque complètement remplie par une poire cellu- losique; pendant que cette partie interne se développe, la pointe externe du poil s'atrophie. Il ne reste bientót, comme témoignage de la nature premiére de la cellule, qu'une légére proéminence cellulosique au-dessus et à cóté du pédicelle du cystolithe. Ces mémes corps, chez les Acanthacées, ont une origine trés différente, (1) Grundzuege der Botanik, 2* édit., vol. 1, p. 329; vol. 11, p. 149. (2) La cellule cystolithique du Ficus elastica semble ne pas faire partie de l'épi- derme; cette apparence est produite par un développement latéral des cellules voisines de l'épiderme (cet épiderme se subdivise en plusieurs assises) qui viennent recouvrir la cellule précédente en formant une rosette au-dessus d'elle. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 95 car ils naissent dans l'écorce, le liber et méme dans la moelle; leur déve- loppement est également dissemblable, l'incrustation du calcaire s'y pro- duit beaucoup plus vite, et le pédicelle disparait trés rapidement, de sorte que toute la masse se trouve libre dans la cellule. L'auteur a également étudié avec beaucoup de soin la composition chimique et la constitution physique des cystolithes. Il signale chez les Urticinées la présence d'un réseau siliceux dans la cellulose, qui n'existe pas dans les Acanthacées. L'examen de ces sortes de glandes cristalli- génes en lumiére polarisée révéle, par contre, dans cette derniére famille, une cristallisation du carbonate de chaux qui ne se présente pas pour les Urticinées. L'étude de la structure intime du support cellulosique montre qu'il ya lieu dele comparer plutót à un grain d'amidon libre dans la cellule qu'à une paroi cellulaire. Il existe cependant une différence entre le grain amylacé et le support du cystolithe : il n'y a de stries radiales que chez ce dernier ; mais il suffit d'écraser un grain d'amidon pour voir se produire des fentes rayonnantes. Enfin M. Chareyre montre que les cystolithes ne se rencontrent pas seulement dans les feuilles. Tous les organes verts peuvent en présenter, méme le calice et l'ovaire; ils manquent toujours sur les parties autre- ment colorées, comme la corolle ou les étamines, et sur les régions inco- lores, comme la racine. Il semble qu'il y ait une relation entre l'accumu- lation du calcaire et la fonction chlorophyllienne, c'est ce que; l'auteur doit montrer dans la seconde partie. J. COSTANTIN. Ueber den Inhalt der Siebroehren von Cucurbita Pepo (Sur le contenu des tubes criblés du Cucurbita Pepo); par M. E. Za- charias (Botanische Zeitung, 1884, n° 5). Les recherches microchimiques de divers botanistes (1) sur la nature des substances contenues dans le liber sont loin d'avoir épuisé cette question. Les analyses microchimiques peuvent seules donner des rensei- gnements précis sur ce sujet, car c'est aussi cette méthode que M. Zacha- rias a employée. Il a recueilli dans des verres de montre le suc qui s'écoule du liber, en prenant les précautions nécessaires pour ne rece- voir que ce liquide. L'auteur a trouvé dans ce suc libérien trois sortes de substances qui rentrent dans les trois groupes suivants : 1» matière albuminoide ; 2° sub- stance non albuminoïde; 3? sels. — La fibrine a d'abord été mise en évi- dence par différentes réactions(en particulier par l'action successive d'un ferrocyanure, de l'alcool et du chlorure de fer déterminant une coloration (1) Sachs, Flora, 1862, 1863. — Pfeffer, Pflanzenphysiologie, t. 1, p. 230. 96 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. bleue). M. Zacharias a constaté que cette substance est plus abon- dante dans les parties jeunes que dans les régions àgées. La dex- trine, ou un corps se rapportant à ce groupe de substances organiques mais non albuminoides, s'y rencontre également. Enfin l'auteur a constaté la présence d'un nitrate et d'un phosphate de magnésie; c'est ce dernier qui donne au suc libérien sa réaction alcaline. J. C. Ueber den Verlauf und die Endigungen der Siebrohren in den Blættern (Sur le parcours et la terminaison des tubes criblés dans les feuilles); par M. A. Koch (Botanische Zeitung, 1884, n° 26 et 27, avec planches). M. de Bary, d'une part, et M. Sachs, de l'autre, ont inspiré ce travail. Le premier auteur a indiqué, dans son traité d'anatomie comparée (1), que la disparition des tubes criblés précéde celle des vaisseaux dans les der- niéres nervures des feuilles; il y avait à déterminer l'origine et la nature des cellules molles qui accompagnent les derniers vaisseaux. D'un autre cóté, M. Sachs (2) a pensé que les matiéres albuminoides prennent nais- sance dans les tubes criblés des feuilles; l'auteur a cherché si les faits justifient cette idée. En étudiant la terminaison du liber dans les feuilles, M. Koch a été amené à s'occuper du mode de ramification des tubes criblés. Quand une nervure se divise, le faisceau se partage; les tubes criblés offrent sou- vent en ces points un prolongement latéral en doigt de gant, avec une ponctuation grillagée à l'extrémité. Ces cellules en forme d'Y n'existent pas seulement aux ramifications, on peut les observer sur le parcours. des faisceaux reliant le liber supérieur au liber inférieur, quand ces deux parties existent (chez l'Ecballium agreste, que l'auteur a surtout pris comme type, ainsi que chez les autres Cucurbitacées). A l'extrémité des petites nervures, au point de disparition des tubes criblés, les grillages n'existent que d'un côté sur la cellule libérienne ; à l'autre terminaison, il n'y a qu'un cul-de-sac aveugle. Chez les Cucurbitacées, qui ont été prises pour types, les nervures prin- cipales forment un réseau des bords duquel partent de trés petites nervures ; c’est seulement chez ces dernières que les tubes criblés dispa- raissent avant les vaisseaux. Le faisceau n'est plus alors constitué que de quelques trachées et de cellules molles. Quelle est l'origine de ces derniéres cellules? Une section perpendicu laire au limbe de la feuille nous l'apprend. Le liber supérieur se trouve entouré complétement par le parenchyme en palissade, c'est-à-dire par (1) Vergleichende Anatomie, p. 386. (2) Vorlesungen, p. 392. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 97 un tissu à chlorophylle. Le liber inférieur est formé de petites cellules renfermées dans un arc de cellules incolores plus grandes. Le contenu de ces dernières, trés dense pendant l'été, devient limpide en novembre ; pendant ce temps, les tubes criblés, queles cellules précédentesentourent, offrent des phénomènes exactement inverses. D’après M. Koch, ce n’est pas dans les tubes criblés que naissent les matières albuminoides, mais dans l'are des cellules qui les enferment ; elles sont en effet en contact avec les cellules à chlorophylle. A la fin de l'automne, les matières plas- miques passent de ces éléments dans les cellules grillagées. Ces cellules externes ont. donc, d'aprés l'auteur, une grande importance; ce sont elles, en outre, qui accompagnent les vaisseaux dans leurs dernières ramifications. M. Koch a également constaté que la dessiccation et l'étiolement déter- minent la disparition de la plus grande partie des matiéres azotées et la fermeture des cribles par un cal dans les éléments caractéristiques du liber. : Pn p Noch eimal ueber das Protoplasma (Encore un mot sur le protoplasma); par M. Loew (Botanische Zeitung, 1884, n° 8 et 9). Les propriétés des matières albuminoides pendant la vie peuvent n'étre pas les mêmes qu'aprés la mort. M. Nægeli a constaté, il y a long- temps, que certaines matières colorantes teignent seulement le proto- plasma qui a cessé de vivre. MM. Bokorny et Loew (1) ont montré, dans ce méme journal, que les cellules vivantes seules réduisent le nitrate d'argent alcalin. L'auteur a étudié la vitesse avec laquelle les cellules des Spirogyra per- dent celte capacité réductrice lorsque la vie se trouve anéantie sous diffé- rentes influences. La mort par le choc, la chaleur, l'éther, fait disparaitre beaucoup plus vivement la capacité réductrice que l'anéantissement causé par le froid, le sel marin. Les mémes agents, qui suppriment la fonction réductrice chez les Algues, diminuent de méme le pouvoir oxydant chez les animaux, ainsi que le montrent les travaux de MM. Nencki et Sieber (2) sur la physiologie de l'oxydation pendant la maladie et l'em- poisonnement. M. Loew critique en outre le travail de MM. Reinke et Kratschmar (3) sur le protoplasma; la plastiné, selon iui, ue serait qu'une matière albu- minoide trés impure et peu soluble. J. C. (4) Botanische Zeitung, 1883, p. 828. (2) Pflüger's Archiv, t. xxx, p. 336. (3) Studien ueber das Protoplasma. T. XXXI. (REVUE) 7 98 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Ueber das Verhalten von vegetabilischen Geweben, von Stærke und Kohle zu Gasen (Sur le rapport des tissus végétaux, de l'amidon et du charbon avec les gaz); par M. J. Boehm (Botanische Zeitung, 1883, n° 32, 33, 34). M. Bæœhm a exposé depuis longtemps que les liquides ne montent pa à travers les parois des cellules ; selon lui, les trachées contiennent quel- quefois de l'air, mais le plus souvent de l'eau; elles ne doivent pas étre considérées, au moins en première ligne, comme des organes de respira- tion, mais comme des conducteurs de liquides. L'auteur a été amené par les recherches précédentes à étendre ses in- vestigations à la composition des gaz que l'écorce, le bois et les divers éléments d'origine végétale absorbent ou dégagent. Pour extraire le gaz de la substance étudiée (des fragments de bois, par exemple), on la met dans la chambre d'un tube de Torricelli, dont le sommet offre une disposition particuliére permettant de recueillir les gaz dégagés. M. Bæhm a trouvé que le gaz extrait de l'écoree des Conifères contient beaucoup plus d’oxygène que l'air atmosphérique ; les parois de ce tissu sont plus facilement traversées par l'oxygéne que par l'azote. Le gaz extrait des tissus congelés est pauvre en oxygène et exempt d'acide carbonique. Le bois du Robinia présente beaucoup plus d'oxygène dans le bois interne que dans le bois externe. Enfin l’auteur a étudié la capacilé d'absorption et la résistance à l'extraction pour différents gaz, de la sciure de bois, de l'amidon, du charbon de bois et de la houille. J. C. Zur Entwickelungsgeschichte der Sporangien von Tri- chia fallax (Sur le développement des sporanges du Trichia fallax) ; par M. Ed. Strasburger (Botanische Zeitung, 1884, n% 20 et 21, avec une planche). M. Strasburger a eu l’occasion, dans le haut Tatra, d'étudier le déve- loppement des sporanges du Trichia fallax. Les objets ont été dureis par les méthodes ordinaires, par exemple à l'aide de la liqueur chromo- acétique à 1 pour 100 (0,7 d'acide chromique et 0,3 d'acide acétique) ; on lave soigneusement avec de l'eau bouillie les sporanges, que l'on plonge ensuite dans l'aleool à 30 pour 100. Au bout de quelques semaines, les coupes sont faites à travers les corps reproducteurs, et la matière plas- mique est colorée par l'hématoxyline. C'est grâce à ces soins minutieux que l'auteur a pu mettre en lumière trois faits intéressants au point de vue de l'anatomie cellulaire: la division des noyaux du sporange, la formation de sa membrane et l'origine du capillitium. gs REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. .. .99 . Quelle est d'abord l'origine de ces nombreux noyaux qu'on trouve dans le protoplasma non encore différencié du petit mamelon, qui deviendra le sporange ? Selon M. Strasburger, ces noyaux sont simplement ceux des myxamibes ; ils subsistent depuis la fusion de ces petits corps protoplas- miques en plasmodie (1). Ces noyaux ne commencent à se diviser que quand le capillitium est formé. L'auteur a figuré les différentes phases de la division qui s’opère suivant le mode ordinaire ; le fuseau, dont la plaque nucléaire se divise, le tonnelet, sont nettement reconnaissables. La diffé- renciation s'arréte à ce dernier stade ; il ne se. forme jamais de plaque. cellulaire, c'est-à-dire que ce Myxomycéte se rapproche des animaux par la division du noyau comme par bien d'autres caractères. - Le fait précédent rentre dans le type général de la division nucléaire, de méme la formation de la membrane du sporange s'explique par la théorie donnée par M. Strasburger dans un récent mémoire (2). Il se forme en effet, avant l'apparition de cette couche protectrice, une couche corticale de protoplasma dense, possédant des noyaux et dont les microsomes sont disposés en files radiales. Comme les microsomes de la plaque cellulaire et comme les leucites formateurs de l'amidon, les microsomes précédents produisent une substance nouvelle; dans le cas actuel, là membrane du sporange est formée par. la soudure de ces microsomes transformés. La trace de la disposition de ces petits corpuscules en file se retrouve dans la membrane formée, car elle présente des stries radiales très nettes. Dans la région la plus interne de cette enveloppe, dont la coloration est brunátre, les stries précédentes ne s’observent plus; c'est qu'en effet les microsomes formateurs ne sont plus disposés en files régulières dans le sens du rayon. On trouve donc chez le Trichia fallax deux couches dans la membrane qui rappellent celles du Marsilia (3), aussi bien par leur structure que. par leur mode de formation. On voit que, selon M. Strasburger, la membrane s'aecroit par l'apposition. de nouvelles assises de microsomes; cette théorie est en opposition avec celle de l'intussusception. Cette dernière hypothèse ne peut expliquer un fait ob- servé par l'auteur dans l'espéce actuelle. La membrane du Jeune sporange se. plisse en certains points ; lorsque le développement continue, la paroi s’épaissit vers l'intérieur aux endroits précédents, une couche cellulosique nouvelle se forme qui comble toutes les sinuosités, et la surface interne devient lisse. Il reste méme, au fond. des replis primitifs, des résidus de protoplasma qui ne s'est pas transformé en cellulose. | "1 i 1 > niederrh. Ges. für Natur.-und Heilkunde in Bonn. å- a Prats ciu: Ade QA QE. "Runiburgie avait déjà vérifié chez le Chondrioderma difforme ce fait (Zellb. und Zellth. 3* édit. p. 79), qui est opposé à l'opinion ordinairement admise. (2) Zellhœute. Iéna, 1883. (3) Strasburger, Zellhœute, p. 126. 100 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. La transformation du capillitium fournit de nouveaux arguments à la théorie précédente de ce botaniste. Les filaments qui le constituent, quoique creux au centre, ne sont pas comparables à des cellules: ils ont en effet pour origine une vacuole, sans noyau par conséquent. La mem- brane de cette vacuole est d'abord composée de microsomes nombreux, qui se multiplient bientót, suivant plusieurs lignes spirales qui formeront les ornements du capillitium. La production de ces spires est donc abso- lument identique à celle des épaississements spiralés des trachées des faisceaux vasculaires (1). L6. Ueber Langenwachsthum von Pflanzenorganen bei nie- deren Temperaturen (Sur l'acceroissement longitudinal des organes des plantes aux basses températures); par M. Oskar Kirchner (Beitræge zur Biologie der Pflanzen, t. n1, 3* livraison, 1883). La comparaison des résultats publiés dans ces derniéres années par MM. Sachs, de Candolle, Uloth et Haberlandt, relativement à l'estimation de la limite inférieure de température nécessaire à la végétation, a mon- tré à M. Osk. Kirchner de trés grandes divergences. Ainsi la germination du Blé n'aurait pas lieu à -+ 5 degrés d’après M. Sachs, tandis que d’après MM. Haberlandt et Uloth, c'est au voisinage de O degré que ce phénoméne cesserait de se produire. Pour M. Kirchner, les causes de ces divergences sont multiples. En premier lieu, la méthode d'étude qui con- siste à observer si la germination s'établit ou n'apparait pas est défec- tueuse, parce qu'il n'existe aucun point de repère précis pour déterminer le début de la germination. En second lieu, la durée des expériences est trop courte (au moins dans les observations de M. Sachs), et comme au voisinage de la température limite inférieure la croissance est trés lente, de faibles accroissements peuvent passer inapercus. Enfin, la grande difficulté qu'on éprouve à maintenir pendant longtemps une température constante au voisinage de zéro degré est un inconvénient trés grave. M. Kirchner ajoute ensuite que le terme de « croissance » désignant une somme de mutations chimiques et de changements de volume à laquelle concourent des facteurs trés différents, il peut arriver que, pour une température déterminée, un seul des facteurs favorables à la croissance soit supprimé et suffise seul à interrompre la croissance. L'arrêt de croissance ainsi produit ne permet pas de conclure à Fin- fluence exercée par la température sur les divers facteurs de l’accroisse- ment. Ces diverses raisons ont engagé M. Kirchner à entreprendre de nouvelles recherches par une méthode différente de celles qu'on a em- ployées jusqu'ici. 44). Loc. cit. p. 76. .REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 101 L'auteur mesure la croissance longitudinale de la racine principale, de la tige hypocotylée et, chez les Graminées, de la premiére gaine foliaire, Il emploie dans ce ‘but des plantes trés variées : Sinapis alba, Vicia Faba, Helianthus annuus, Triticum vulgare, Secale cereale, ete., qu'il laisse végéter pendant trois à six jours dans un milieu exposé à la température de 18 à 20 degrés, de maniére à obtenir un développement assez important des organes servant aux mesures. Puis il place ces plantes dans une chambre exposée au sud et ne recevant jamais les rayons solaires. Cette chambre, pendant l'hiver consacré aux recherches, s'est maintenue à une température basse trés constante. Pour effectuer les mesures, M. Kirchner marque sur les organes en voie d’accroissement des traits équidistants, assez rapprochés pour que l'intervalle de deux divisions soit plus petit que le diamétre du champ d'un mieroscope grossissant vingt ou trente fois. L'auteur peut ainsi apprécier avec une grande exactitude de trés faible variations de longueur. I. Allongement de la radicule aux basses températures. — Pour mesurer cet allongement, M. Kirchner emploie les racines encore adhé- rentes à la gaine qui les a développées. Quelquefois il se sert aussi des racines séparées de la plante de germination; dans ce dernier cas, l'au- teur s'est assuré, par des expériences préliminaires, que la racine isolée présente pendant quelque temps encore, avant l'épuisement des maté- riaux de nutrition qu'elle renferme, le méme mode de croissance que lorsqu'elle était rattachée à la plantule. Pour toutes les espéces étudiées on trouve encore, à une température comprise entre 0^ et 1°, un accroissement plus ow moins considérable. — Relativement à la durée de cet accroissement, on peut diviser les plantes étudiées en deux catégories : l'une comprend celles qui montrent dans le méme temps à peu près le méme accroissement (Sinapis, Secale, Triticum); l'autre comprend les plantes chez lesquelles on observe un affaiblissement graduel de l'accroissement ; cette diminution cesse, soit au bout de quelques mois, soit au bout de quelques jours avec la fin de la croissance, c'est-à-dire au moment où la racine a perdu sa turges- cence. M. Kirchner a étudié la croissance des racines dans les espèces sui- vantes : Sinapis alba, Secale cereale, Vicia Faba, Helianthus annuus, Zea Mais leucodon, Cucurbita Pepo, et il trouve que la croissance en longueur des racines existe encore pour toutes ées plantesà une tempéra- ture plus basse que la température limite inférieure de la germination. - Ainsi le Blé, qui a pour limite de température inférieure de germina- tion 5 degrés (Sachs), 1 degré à 4°,8 (Haberlandt), montre encore à M. Kirchner un accroissement notable au voisinage de zéro degré, comme on peut s'en convaincre par le tableau suivant, extrait de son mémoire : 109 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Longueur du fragment mesuré au début des recherches. Température. 14,43 mm. 1,5 centigr. Croissance en 24 heures......... 0,28 1,9 AD rares 0,77 0,75 S433. uiu apt 0,28 0,25 gi o c 0,14 0 voc ER M uS 0,63 0,5 I8 LT 0,23 0,25 Bs STE S 0,51 * 9$ ABe: 7. ra rue 0,54 gii 0,75 P ERTE S 0,60 : NE 1 96. ee qnse 1,36 4 On voit, d’après ce tableau, que pour des durées égales les variations dans l’accroissement concordent avec les variations de température. II. Allongement des organes aériens aux basses températures. — M. Kirchner a étudié l'accroissement en longueur de la tige hypocotylée du Sinapis alba, et de la gaine foliaire du Triticum vulgare et du Secale cereale; les résultats qu'il a obtenus sont semblables à ceux que lui avait fournis l'étude de la croissance longitudinale des racines. En résumé, l'auteur constate dans ce mémoire que la limite inférieure de température qui détermine la suppression compléte de l'allongement doit étre placée plus bas que M. Sachs ne l'a indiqué. Ces recherches confirment et généralisent les résultats publiés antérieurement par MM. Haberlandt et Uloth sur les graines germantes. Pour quelques plantes (Sinapis alba, Secale cereale, Triticum vul- gare), la température inférieure pour laquelle l'allongement cesse est environ zéro degré; pour d'autres (Cannabis sativa, Pisum sativum), cette température est un peu plus élevée, puisque, à une température comprise entre -]- 0,5 et 4 degré, maintenue pendant dix à vingt jours, on constate encore un faible accroissement. L'existence d'une croissance longitudinale à la température de zéro degré pour quelques plantes domestiques explique l'ancienne expérience des agriculteurs sur les semailles d'automne, oü l'on constate une crois- sance des graines enfouies dans le sol sous une couche de neige. Elle vérifie les observations de Kerner sur le développement des plantes alpines, qui forment sous la neige non seulement les tiges et les feuilles, mais encore les fleurs. Enfin, les résultats de M. Kirchner viennent confirmer les recherches de Hugo von Mohl concernant les racines des arbres de nos pays, chez lesquelles il n'existerait, pendant l'hiver, aucune interruption de la crois- sance en épaisseur. | Il est vrai que les conditions de cette croissance sont encore peu con- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 103 nues, puisque Hartig a présenté, contrairement aux observations de Mohl, un certain nombre d'exemples de plantes chez lesquelles l'acerois- sement en épaisseur des racines cesse pendant l'hiver. De nouvelles re- cherches sont nécessaires pour expliquer ces contradictions. M. Kirchner insiste ensuite sur ce phénoméne singulier de la diminu- tion graduelle de l'accroissement observée avec quelques plantes, que l'on considère comme une continuation des mouvements nécessaires à la croissance. Pour l'expliquer, l'auteur remarque que l'on peut distinguer dans l'aecroissement deux phénomènes distincts : un phénomène chi- mique, la formation de la substance employée à la constitution des parois cellulaires, et un phénomène physique : l'emmagasinement des particules de celles-ci dans la cloison cellulaire qui produit en définitive l’accroissement. Le dernier phénomène, purement physique, peut s'ac- complir encore aux températures pour lesquelles l'eau n'est pas congelée, tandis que la formation de la substance destinée à la croissance est liée à une température minimum différente. Si donc une plante en voie de croissance est exposée à une tempéra- ture inférieure à celle qui est indispensable à la production du phéno- mène chimique de l’accroissement, mais supérieure à la température de congélation de l'eau, on observera encore un faible accroissement de la membrane ; cet accroissement diminuera peu à peu, et cessera enfin avec la disparition compléte des matériaux mis en réserve par ce phénoméne. Louis MANGIN. Ferns collected in Madagascar by M. Humblot (Fougères re- cueillies à Madagascar par M. Humblot); par M. J.-G. Baker (extrait du Journal of Botany, mai 1884). C’est une liste de plus de 80 numéros d’échantillons de Cryptogames vasculaires recueillies par M. Humblot dans la région nord-est de Mada- gascar et suivies du nom spécifique qu'a eru devoir leur attribuer M. Baker. Dans les Fougères proprement dites, quinze espèces considérées comme nouvelles par M. Baker sont accompagnées d'une diagnose détaillée. Ces nouveaux types se trouvent répartis dans les genres Cyathea (4), Daval- lia (2), Lindsaya (1), Lomaria (3), Nephrodium (2), Polypodium (4) et Acrostichum (2). La liste se termine par les noms de trois espèces de Lycopodium, de deux espéces de Selaginella et d'une espéce de Salvi- nia, le S. hastata Desv. E. Roze. Muscinées de la France, 1° partie, Mousses; par M. l'abbé Boulay. In-8° de 800 pages, dont 174 pages d'introduction. Paris, 1884, chez Savy. Jusqu'ici nous ne possédions, pour étudier les Mousses de France, que 104 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. des ouvrages généraux s'appliquant à tout l'univers, comme le Bryologia universa de Bridel, le Species Muscorum d'Hedwig et de Schwægrichen, le Synopsis de M. Ch. Mueller; ou des traités spéciaux concernant toute l'Europe, tels que le Bryologia europea et le Synopsis de Schimper ; ou des florules régionales, comme les Muscinées de l'Est, la Flore des Mousses du Nord-Ouest; ou des catalogues locaux ne comportant que la végétation d’un département ou même d'un arrondissement. Le nouvel ouvrage de M. Boulay vient combler une lacune importante. Son traité permettra non seulement aux jeunes botanistes de guider leurs premiers essais, comme le dit modestement l'auteur, mais encore aux bryologues plus avancés de saisir l'ensemble de la flore muscinale de notre pays et de comparer les formes que revêtent les espèces sous des altitudes diffé- rentes et dans des milieux variés. C'est au nouvel ouvrage de M. Boulay qu'on peut surtout appliquer l'opinion suivante de Schimper (1), à propos des Muscinées de l'Est : € Opus pro studio flore cryptogamice gallice prestantissimum. » Les Muscinées de la France sont en effet un véritable monument élevé à la gloire de la bryologie française. Il est difficile de se faire une idée des difficultés de toutes sortes que présente l'examen des différentes formes de Mousses pour les rapporter avec cerlitude à des types connus, de l'attention qu'il a fallu pour coordonner tant de matériaux et éviter de tomber dans le défaut qu'on reproche aux auteurs qui étendent trop les limites de l'espéce, aussi bien qu'à ceux qui veulent voir dans chaque forme une espéce nouvelle. M. Boulay s'est tenu à égale distance de ces deux extrémes, et il a su faire de son livre une ceuvre toute personnelle. Les Muscinées de France comprendront deux volumes: le premier, qui vient de paraître, traite des Mousses ; le deuxième s'appliquera aux Sphaignes et aux Hépatiques. Le premier volume se divise en deux parties. Dans la première, qui est précédée d'une préface où l'auteur indique les sources où il a puisé, les matériaux qu'il ə mis en œuvre et l'usage qu'il en a fait, se trouvent un chapitre consacré à l'organographie, un autre à la distribution géogra- phique des Mousses en F rance, et un troisiéme aux procédés à employer pour leur étude et leur préparation. Cette premiére partie, qui donne la synthése de l'ouvrage, intéressera méme ceux qui sont peu familiarisés avec les plantes inférieures; les principes y sont posés et développés avec une remarquable netteté, et l’on sent que l'auteur ne s’est pas borné à consulter des herbiers, et qu'il a résumé, sous une forme concise et trés atlachante, les observations qu'il a recueillies dans de nombreuses excursions sur tous les points de la France. (1) Schimper, Synopsis Muscorum, 2° éd. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE... < 105 La deuxième partie renferme la description des espèces. Elle est pré- cédée d’une table analytique formant cinquante pages et présentant un tableau synoptique de la classification adoptée dans l’ouvrage ; cette. table fournit en même temps un procédé expéditif pour la détermination des espèces. Ces dernières, au nombre de 587 (sans compter les sous- espèces), sont réparties en 95 genres et groupées de la manière suivante : 17° cohorte : HoLocaRPEs, comprenant les familles des Hypnacées, des Bryacées, des Phascacées et des Archidiacées. 2° cohorte : SCHISTOCARPES, renfermant la famille des Andréacées. Les tribus sont subordonnées aux familles. La méthode suivie par l’au- teur est, à peu de chose près, celle du Synopsis de Schimper, sauf que l'ordre est renversé : les Hypnacées se trouvent en tête el les Phascacées à la fin. Quant aux genres créés par Schimper, M. Boulay ne les a admis qu'à titre de sous-genres. Les descriptions des espèces sont très détaillées et d'une grande clarté d'exposition ; elles sont suivies de l'indication des sous-espèces, des variétés et des fórmes qui méritent d’être signalées: Les Muscinées de France sont appelées à répandre en France le goüt de la bryologie, et nous souhaitons que des botanistes autorisés nous donnent des travaux ànalogues pour les autres branches de la erypto- gamie. ÉMILE BESCHERELLE. Revue des Hieracium d'Espagne et des Pyrénées, par Adolphe Scheele ; traduction francaise du texte latin et allemand par l'abbé Édouard Marçais, avec notes par M. Édouard Timbal-Lagrave (extrait de la Revue botanique publiée à Auch); tirage à part de, 96 pages in-8*. Auch, 1884. S'il était vrai, comme le déclare M. Marçais, qu'Ad. Scheele « mort » depuis plus de vingt ans, n'a méme pas eu l'honneur d'une mention » dans le Bulletin de la Société botanique de France » (1), cet oubli serait aujourd'hui largement et heureusement réparé par la traduction que notre collégue a fort bien fait de nous donner. Scheele a décrit pour la premiére fois dans ce mémoire les espéces suivantes : Hieracium nitidum, sonchifolium, glaucophyllum, myrio- phyllum, emarginatum, bellidifolium, spathulatum, aragonense, Loscosianum, candidum, macrophyllum, adenophorum, Coste, Gre- nieri (2). Avec ces additions à la nomenclature, le total des espèces ad- (1) Nous pouvons apporter une atténuation au régret exprimé par notre collégue. Dans un passage du Bulletin qui lui a sans doute échappé et que nous lui laissons le plaisir de trouver lui-même, il verra une mention bienveillante, faite du vivant méme de Scheele, des travaux de ce botaniste sur le genre Hieracium. (2) Qui west pas le méme que l'Hieracium Grenieri Timbal et Jeanbernat [Bull. Soc. bot. de Fr., t. XI (1864), p. LXXXII, session de Toulouse]. Ce dernier est VH. ce- rinthoides de la Flore de France de Gren. et Godr. II, p. 360, tandis que I'H. Grenieri Scheele est synonyme d'H. hirsutum Gren. Godr. (t. II, p. 386). 106 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. mises par Scheele s'éléve à 42, chiffre bien modéré auprès des 150 espèces décrites par Boreau (1) pour la seule région du Centre, dans laquelle le genre Hieracium est loin d'étre aussi richement représenté que dans les Pyrénées. Quel que soit le mérite de l'ouvrage déjà un peu ancien que nous fait connaitre M. l'abbé Marcais, ce consciencieux traducteur a su en quelque sorte le rajeunir et en renouveler l'intérét en le faisant suivre des inté- ressantes annotations de M. Timbal-Lagrave, qui est aujourd'hui le commentateur le plus universellement compétent en ce qui concerne la flore pyrénéenne. ERNEST MALINVAUD. On Euphrasia officinalis L.; by Frederick Townsend, M. A. F. L. S. (Journal of Botany, cahier d juin 1884). L'auteur, appréciant dans son ensemble le groupe Euphräsia offici- nalis, considére toutes les formes européennes qui s'y rattachent, et dont ila eu connaissance, comme des « membres » d'une espèce unique et polymorphe. Quelques-unes de ces formes pourraient tout au plus, à son avis, étre assimilées à des sous-espéces. Il les répartit en huit groupes secondaires : Officinales, Montana, Tricuspidatæ, Nemorosæ, Graciles, Salisburgenses, Parviflore, Minima, en se servant des caractéres sui- vants : Style dressé ou recourbé supérieurement vers la fin de la florai- son. Configuration des feuilles et des bractées, forme, direction et nombre des dents qu'elles présentent; glabréité ou mode de pubescence des feuilles et du calice; grandeur ou petitesse relative et coloration de la corolle. Tige tantót simple, parfois ramifiée dés la base ou à partir du milieu. Forme du calice, de la capsule, etc. Il donne à la fin de son travail une clef PO des susdits groupes. En résumé, l'auteur a montré dans cette minutieuse étude qu'il possède au méme degré deux aptitudes précieuses qui sont rarement réunies. Les botanistes exaets et soigneux à ce point dans l'examen des détails les plus minimes ne sont pas toujours aussi sagaces dans les vues d'ensemble ou dans les conclusions générales qu'il convient d'en tirer : on ne peut que féliciter M. Townsend d'avoir eu ce soin et fait preuve de cette sa- gacité. Ern. M. Société dauphinoise pour l'échange des plantes, 11* Bul- letin, 1884. Grenoble, 42 pages in-8°. Préparer un nombre déterminé de parts, 80 à 100 par exemple, de quelques plantes (ordinairement 5 ou 6) choisies parmi celles qu'on peut récolter à volonté; recevoir en retour de ce contingent à peu près autant d'espéces différentes qu'on a soi-même fourni d'échantillons, — ces espè- (1) Flore du Centre, 3* édit., no 1451 à 1599. REVUE- BIBLIOGRAPHIQUE. 107 ces étant généralement intéressantes, de provenances trés diverses, nom- mées avec soin et accompagnées d'étiquettes imprimées et numérotées ; — obtenir enfin ce fructueux échange avec un seul correspondant, tels sont les principaux avantages offerts par les associations, dont celle qui a son siège à Grenoble peut être proposée comme un parfait modèle (1). De celle-ci on ne saurait trop faire l'éloge. Le chiffre total des plantes distribuées jusqu'à ce jour s'élévé à 4434, soit plus de 400 par an. Les promoteurs d'une publication si éminemment utile au point de vue phy- tegraphique, surtout en ce qui concerne la flore francaise, ont droit à la reconnaissance de tous les botanistes qui s'intéressent à ces études, et il n'est que juste d'ajouter que les brillants résultats réalisés par l'associa- tion dauphinoise sont dus pour une bonne part au zéle infatigable de son directeur, M. l'abbé Faure, dont tous les sociétaires ont éprouvé la com- plaisance et apprécient les services rendus, depuis la fondation, à l’œuvre commune. Le 11* Bulletin se compose, comme les précédents, de la liste des espéces récemment distribuées et d'observations critiques sur quelques- unes de ces plantes. On y remarque les annotations suivantes : M. H. Loret, sur le Papaver Roubiæi Vig., et Hieracium pyrenaicum Jord.; — M. A. Pellat, sur divers Viola ; — M. Moutin, le Rosa Sabini Woods ; — M. Éd. Timbal-Lagrave, le Leucanthemum graminifolium Lamk var. dentatum, etc.; — M. Boutigny, époque de la floraison du Saro- thamnus catalaunicus ; — M. le D" Gillot, le Galium erectum Huds.; le Fritillaria caussolensis Goaty et Pons, etc.; — M. l'abbé Boullu, le Carduus nutanti-crispus Gren. et Godr. et le Linaria striato-vulga- ris; — M. Ch. Arnaud, l'Euphorbia amygdaloides forma ligulata ; — M. P. Billiet, le Salix cinerea-purpurea Wimm.; — M. Callay, Salix rugosa Sm.; — M. Battandier, variétés du Romulea Bulbocodium ; — M. Ozanon, Carex polyrrhiza Wallr., etc. Ern. M. Matériaux pour servir à la révision de la flore portu- gaise, accompagnés de Notes sur certaines espèces ou variétés cri- tiques de plantes européennes; par M. G. Rouy. — Paris, 1884, 10 pages in-8°. M. Rouy était préparé, par ses travaux bien connus sur la flore espa- gnole, à aborder avec succès l'étude de celle du Portugal. Le mémoire (1) La Société dauphinoise pour l'échange des plantes a été fondée au commence- ment de 1873. Elle a son siège au petit séminaire du Rondeau, près de Grenoble, où est institué un comité chargé de tout ce qui regarde son organisation. Toute personne qui désire en faire partie doit adresser, avant le 31 mars de chaque année, son adhésion à M. l'abbé Faure, supérieur. Le nombre des sociétaires ne doit pas dépasser le chiffre de cinquante-cinq. 108 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. que nous signalons ici, consacré spécialement aux Scrofulariacées portu- gaises, est le tirage à part d'une série d'articles qui ont paru dans Le Naturaliste à partir de 1882. L’auteur y décrit comme espèces nou- velles : Serofularia Schmitzii, qui était mélangé au S. Schousboei dans un envoi de M. Schmitz; — Linaria racemigera (L. lanigera Hoffg et Link, non Desf.); L. Ficalhoana, qu'on rapporterait à tort au L. reti- culata Desf.; L. atrofusca, voisin du melanantha ; L. Lamarckii et L. Broteri, substitués au L. lusitanica Hoffg et Link; L. Welwit- schiana, qui se classerait à cóté des L. Huteri Lge et filifolia var. glu- tinosa Boiss. M. Rouy établit aussi cà et là des variétés nouvelles, et ses apprécia- tions au sujet de divers groupes critiques intéresseront les phytographes. Les espéces qu'il examine avec le plus de détails au point de vue de leurs variations et de la synonymie sont: Scrofularia canina L. var. latifolia et dissecta Rouy, frutescens et bæotica Boiss.; — Antirrhi- "wm Orontium, auquel on doit réunir A. calycinum Lamk, etc.; A. siculum Ucria, A. ruscinonense Debeaux, A. Barrelieri Bor.; A. latifolium DC.; A. intermedium Debeaux, A. Huetii Reut.; A. Lin- kianum Boiss. et Reut. et A. ambiguum Lge; — Linaria. genistæfolia Mill. et ses variétés ; L. spartea Hoffg et Link; L. sapphirina Hoffg et Link, rattaché au L. linogrisea Hoffg et Link, dont, par contre, M. Rouy distingue spécifiquement L. bipartita Willd. et L. delphinioides J. Gay; L. tristis Mill., qui ne serait pas synonyme de L. marginata Dest., et dont on devrait aussi séparer L. melanantha Boiss. et Reut.; L. supina Desf., var. maritima Duby, lineata Rouy, et subspec. pyrenaica DC., nevadensis et Henseleri Boiss. et Reut.; L. saxatilis Chav. et var. Tour- neforti, pseudofilifolia, glutinosa et glabrescens; — Anarrhinum bellidifoliwm et ses variétés. Parmi les correspondants qui ont fourni à M. Rouy les matériaux de son mémoire, l'un de ceux dont le nom revient le plus souvent est notre confrère et compatriote M. J. Daveau, attaché à l'École polytechnique de Lisbonne, botaniste zélé et auteur lui-méme de travaux estimés sur la flore portugaise. Ern. M. Tableaux analytiques de la flore d'Angers: l'° partie, Pha- nérogames ; par M. l'abbé F. Hy. 1 vol. in-& de 185 pages. Angers, 1884. On connaît l'ingénieux procédé graphique qui consiste à distinguer par des nuances claires sur une carte les parties d'un pays les plus favo- risées au point de vue de l'instruction, par des tons grisâtres celles qui ne sont encore, pour ainsi dire, qu'à l'aube de ce progrés, et par des teintes sombres les régions infortunées sur lesquelles s'étend, comme un REVUE. BIBLIOGRAPHIQUE. 109 voile épais, la nuit de l'ignorance. Si l'on en faisait application pour figu- rer sur une carte de France le niveau des études botaniques et l'état actuel des connaissances relatives aux flores locales, on devrait, pour étre exact, laisser plus d'un département dans une ombre tristement significa- tive et n'aecorder qu'à un pelit nombre de privilégiés la teinte opposée. Au premier rang des mieux partagés sous ce rapport celui de Maine-et- Loire mérite d’être cité. Il a eu le bonheur de posséder, depuis le com- mencement de ce siécle, des botanistes tels que Aubert du Petit-Thouars, Bastard, Desvaux, Guépin et Boreau, pour ne nommer que les princi- paux, et aujourd'hui un jeune docteur és sciences, déjà avantageusement connu comme anatomiste et comme phytographe, nous donne sur la flore d'Angers un premier livre didactique, qui nous parait étre le prélude d'un ouvrage plus considérable. Dans les Tableaux analytiques publiés par M. l'abbé. Hy, une pre- miére clef dichotomique permet de déterminer la famille; quand l'étude de celle-ci est particulièrement difficile (Ombelliféres), un tableau inter- médiaire conduit à la tribu. Dans une énumération des genres placée en téte de la famille avec une courte diagnose pour chacun, on trouve faci- lement celui auquel appartient la plante analysée, et l'on fait de méme pour l'espéce. Ce vade-mecum d'herborisations est surtout destiné aux botanistes de Maine-et-Loire, mais on pourrait s'en servir avec avantage dans d'autres départements. Dans un eourt avant-propos d'un style sobre et nerveux, l'auteur donne: de sages conseils que tous les débutants devraient méditer, par exemple : « .... L'herborisation, pour étre utile, doit étre guidée par une » critique rigoureuse qui empéche le botaniste de s'égarer dans le dédale » des faits. Avant tout, s’il veut sortir du rang obscur de collectionneur » et apprendre à observer, qu'il se persuade bien que la connaissance du » nom d'une plante n'est pas le terme, mais plutót le premier pas dans » son étude.... La valeur d'un herbier est en rapport avec la méthode » qui a présidé à sa formation; sa richesse dépend moins du nombre » absolu que du choix et de l'authenticité des échantillons... » On ne saurait faire entendre de meilleurs avis, ni mieux les dire. ÉnN. M. Catalogue raisonné des Æieracium des Alpes-Mari- _ times. Études sur les Hieracium qui ont été observés dans la chaîne des Alpes-Maritimes et le département francais de ce nom ; par Émile Burnat et Aug. Gremli. Mai-octobre 1883. In-8* de 84 pages. Genève, Bâle et Lyon, chez H. Georg. La flore des Alpes-Maritimes, avec tous les priviléges qu'elle a recus de 110 SOCIÉTÉ. BOTANIQUE DE. FRANCE. la nature, en possède un que celle-ci ne pouvait lui donner, et que d’autres contrées où la végétation n’est pas moins riche pourraient lui envier : elle a fixé l'attention: d’un botaniste judicieux et zélé, M. Émile Burnat, qui lui consacre une série, déjà importante (1), de publications d’un extrême intérêt, tant au point de vue de la connaissance approfondie et de la distribution des espèces dans cette partie de la flore francaise que par un. ensemble considérable d'observations - EM sur les formes critiques. Ainsi que le mentionne le titre du nouvel ouvrage, M. Burnat a eu pour collaborateur M: Aug. Gremli, qui est le conservateur de son pors bier et lui-même savant botaniste. Les auteurs annoncent, dans la préface, leur intention de publier un jour une monographie du genre Hieracium, en vue de laquelle « il con- » vient, disent-ils, d'acquérir des connaissances complètes sur l'ensemble » du genre, et de suivre dans leur airè entière les divers types auxquels » se relient les fragments de la flore spéciale qu’on étudie, Un travail » ainsi compris est de longue haleine, et son terme en -est encore éloigné » pour nous. Dans l'incertitude où nous sommes d'y parvenir un jour, » nous avons pensé qu'il serait utile de résumer les résultats obtenus. » Ces résultats consistent en 24 espéces, 26 sous-espéces, 8 formes dou- teuses et 5 hybrides. La Flore d'Ardoino ne mentionnait que 27 types, dont 2 doivent être exclus (2). Relativement à ce dernier ouvrage, MM. Burnat et Gremli signalent 33 Hieracium nouveaux pour la région des Alpes-Maritimes, telle qu'ils la comprennent, à savoir, 8 espèces : H. glaucum, piliferum, alpinum, humile, Schmidtii,. Virga-aurea, tridentatum et boreale ; — 18 sous-espèces : H. Peleterianum, gla- ciale, calycinum, chondrillæfolium, Burnati, chlorefolium, subnivale, armerioides, valesiacum, ramosissimum; viscosum, Pseudocerinthe, pedemontanum, Borneti, pictum, pellitum, cæsium et polyadenum ; — enfin 7 formes douteuses qui peuvent être des sous-espèces, des variétés ou des hybrides : H. Pamphilii, valdepilosum, ligusticum, Tende, * monregalense, * digeneum et subvirens (3). Les auteurs n'ont décrit in extenso que les espèces ou variétés q qu'ils croyaient nouvelles pour la science; mais ils donnent, indépendamment d'un tableau synoptique des groupes naturels du genre Hieracium, une (1) Voyez les Roses des Alpes-Maritimes en 1879, avec Suppléments en 1882 et 1883, puis Catal. des Festuca des Alp.-Marit. en 1882 (analys. in Bull. Soc. bot. de Fr., Rev. bibliogr. : t. XXVI, p. 150, t. XXIX, p. 114 et t. XXX, p. 63).: ,(2) Les; deux espèces, indiquées à tort par Ardoino sont les H. aurantiacum L. (la plante ainsi nomimiéé appartenant à PH. cymosum L.) et strictum Fries : ce dernier nom a été donné par erreur à une forme de PH. villosum. ... : (3) Les pipi dont le nom est rene on du — g sont décrits” pour la pre- mière fois. --- :. Gun c Pietri B1 i.i REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 111 clef analytique trés détaillée « pour aider à la détermination des divers » types et des principales formes de Hieracium connus jusqu'ici dans » les Alpes-Maritimes ». A lafin de leur travail, sous la rubrique « Notes et additions », les auteurs, qui avaient dans l'intervalle communiqué leurs espéces à M. C. Arvet- Touvet, rapportent, en y adhérant parfois ou en les discutant avec convenance et courtoisie, un certain nombre de remarques fort in- téressantes dont ce savant spécialiste leur avait fait part au sujet des échantillons soumis à son examen. Nous ne pouvons mieux terminer qu'en empruntant à une note remar- quable, placée au bas des pages 49 et 50, les passages suivants, où sont formulés de sages avis à l'adresse des phytographes : « Le jour viendra » certainement où il ne sera plus permis d'aborder la monographie d'un » genre critique en envisageant les divers types comme des unités de » méme valeur. On réclamera de plus en plus le triage des espéces pri- » maires et secondaires et le groupement autour d'elles des variétés, » formes dérivées, formes intermédiaires, etc., pour rejeter à leur vrai » rang les variations individuelles et locales sans importance. Un pareil » travail ne saurait étre entrepris qu'aprés une étude de tous les élé- » ments qui constituent le genre. Lorsque l'exemple sera suivi, qui a été » si bien donné par quelques spécialistes, MM. Christ, Hackel, ete......, » alors tomberont de plus en plus dans l'obscurité les travaux qui conti- » nuent à présenter les micromorphes (A. DC.) au méme titre que les » vraies espèces, et il ne sera plus permis de décrire au hasard la pre- » miére variation locale venue, sans s'occuper de la rattacher rationnelle- » ment aux éléments d'ordre supérieur de son groupe. » Il faut bien reconnaitre que l'inobservation des régles de saine méthode traeées dans cette citation n'a pas peu contribué à l’affaiblissement sou- vent constaté des études de botanique systématique depuis prés d'un demi-siècle, relativement à l'éclat dont elles brillaient dans la. période antérieure. Une réaction presque générale s'est heureusement manifestée, dans ces dernières années, contre l'erreur signalée par MM. Burnat et Gremli, et l'on revient de plus en plus aux vrais principes de Ja phytographie, tels que les ont institués dans leurs immortels ouvrages les pères de la botanique moderne, les Tournefort, les Linné, les Adanson, les de Jussieu et les de Candolle. Au surplus, les auteurs du Catalogue raisonné ci- dessus, par la place que tient dans leurs travaux la discussion des formes critiques, montrent que le sentiment raffiné des différences et l'examen minutieux des détails, qui distinguent les procédés de l'école dite ana- lytique, peuvent trés bien se concilier avec les vues d'ensemble et l'exacte appréciation des rapports, je se Uses t avec raison les botanistes linnéens. SRE ARE Enw. M. 112 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. NOUVELLES (15 octobre 1884.) — On annonce la mort du professeur Alexandre Fischer de Waldheim, président de la Société des naturalistes de Moscou, décédé le 13 juillet courant, à l’âge de 81 ans. Il était né à Mayence le 24 avril 1803. Parmi ses publications, d'ailleurs peu nombreuses, nous signalerons un travail « sur l'aecroissement des tiges des Dicotylédones », qui a paru en 1837. IL laisse un fils de méme nom que lui, actuellement professeur de bota- nique à l'université de Varsovie. — A la suite du concours d'agrégation de pharmacie, M. Frangois Gay a été nommé professeur agrégé de pharmacie à l'École supérieure de Montpellier. — M. l'abbé F. Hy et M. Leclere du Sablon ont soutenu avec succès leurs théses pour le doctorat és sciences naturelles devant la Faculté des sciences de Paris. — M. Charles Tulasne, à qui nous devons les élégants dessins dont sont illustrées tant d’œuvres supérieures connues de tous les botanistes, est mort subitement à Hyères, le 21 août dernier, dans la 68° année de son âge. On apprendra avec un vif regret la rupture du lien qui unissait si étroitement MM. Louis-René et Charles Tulasne, dont la collaboration féconde a été si utile à la science. — Tous ceux qui s'intéressent à la botanique systématique et à la géo- graphie des plantes applaudiront. au but que poursuit la Société Broté- rienne, fondée. depuis quelques inois à Coimbre, sous le patronage et l'habile direction de M. A. Henriques., Cette Société se propose de ras- sembler les matériaux pour la publication d'une flore compléte du Portu- gal et de ses colonies, en groupant les efforts des botanistes dispersés dans le pays, en leur procurant par un système régulier d'échanges. des types authentiques et des termes de comparaison, en provoquant, la révision des collections réunies dans les grands établissements scienti- fiques, et réunissant toutes ces données dans, une publication périodique. 589 espèces ont été déjà distribuées. Le Bulletin annuel, dont le 2° fasci- cule vient de paraître, sera publié en quatre livraisons petit in-4° de 160 pages environ ; tous les mémoires relatifs à la flore du Portugal et de ses colonies pourront y être insérés, avec des planches à l'appui. Le: Directeur de la Revue, Dr Ep. BORNET. Le Secrétaire général de la Société, gérant du Bulletin, AD. CHATIN. BOURLOTON. — Imprimeries réunies, À, rue Mignon, 2, Paris. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE (1884) Éléments de botanique; par M. P. Duchartre, membre de l'Insti- tut, professeur à la Sorbonne. 3* édition, revue et corrigée. Un volume in-8°, 1272 pages, avec 571 figures. — Paris, J.-B. Baillière et fils, 1884. La nouvelle édition du traité classique de botanique que vient de publier M. Duchartre differe des précédentes par un trés grand nombre de points. Sans augmenter sensiblement les dimensions matérielles de l'ouvrage, l'auteur a introduit dans son exposé tous les principaux travaux récents sur l'anatomie et la physiologie des végétaux. Le texte, en effet, est im- primé en deux caractères différents. Le lecteur qui n'a encore aucune connaissance botanique peut, en se bornant d'abord aux parties du texte imprimées en grands caractéres, se rendre compte des traits principaux dela science des plantes; en reprenant plus tard sa lecture sans passer letexte imprimé en petits caractéres, il pourra acquérir des notions exactes sur de nombreux faits importants à connaitre pour préciser les résultats de sa premiére étude. Ce qu'il importe de remarquer, c'est que l'auteur a rédigé ces Éléments de façon qu'un commençant absolument ignorant des définitions les plus simples puisse être conduit pas à pas, depuis les premiéres notions, jusqu'à l'exposé des détails extraits d'un mémoire moderne sur une question anatomique difficile. Pour les sujets qui ont fait récemment l’objet d'études importantes, de nombreuses figures nouvelles éclairent le texte et permettent, gráce à des légendes trés complétes, de suivre et de bien comprendre les des- criptions de la structure, souvent complexe, des organes ou des tissus. Signalons les principales modifications ou additions faites par l'auteur. Dans le premier livre, quitraite des éléments anatomiques, ce sont sur- tout les questions suivantes qui ont été mises au courant de la science : Structure du noyau cellulaire, pluralité des noyaux, division du noyau; Ponctuations aréolées de la membrane, ponctuations grillagées; forma- tion de l'amidon, composition chimique dela chlorophylle; production des cystolithes, structure et développement des stomates. T XXXL (REVUE) 8 114 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Dans le second livre consacré à l'étude des organes de la plante, les sujets qui suivent ont été traités complètement à nouveau ou développés avec de grands détails : bois el liber des Angiospermes, trajet des faisceaux chez les Monocotylédones; structure et développement de la racine, comparaison entre la structure des rhizomes et celle des tiges aériennes; tubercules des Ophrydées, passage de latige à la racine, géo- tropisme et apogéotropisme; structure anatomique des feuilles et influence du milieu extérieur sur cette structure, chute des feuilles, action diges- tive des feuilles de Drosera et critiques à ce sujet ; inflorescences, anthére et pollen, ovaires inféres ; tissu conducteur, formation du sae embryon- naire et fécondation, nectaires, symétrie florale, déhiscence des fruits, maturation de la graine; phénomènes chimiques de la digestion, etc. D'importants changements ont été faits aussi par M. Duchartre dans le chapitre XIII de ce second livre, où sont exposés les phénomènes géné- raux de la végétation. Les aliments dela plante, les mouvements de la sève, la transpiration, l’action chlorophyllienne, la respiration, la pro- duction de chaleur chez les végétaux, sont traités d'aprés les travaux les plus récents. Nous ne pourrions citer ici les modifications faites par l'auteur dans la seconde partie de l'ouvrage; elles sont extrémement nombreuses, sur- tout pour l'étude des Cryptogames, qui a fait dans ces derniers temps de si rapides progrés. Remarquons, en terminant, que, comme dans la se- conde édition du livre, une place assez grande a été donnée à l'histo- rique des recherches, et que, pour les travaux modernes, les citations bibliographiques sont plus nombreuses encore. On voit, en somme, que c'est pour ainsi dire un nouveau traité que M. Duchartre vient d'écrire, et que cet ouvrage joint aux qualités pré- cieuses des Éléments contenus dans les premiéres éditions l'avantage de présenter aux lecteurs des descriptions plus complétes relatives aux travaux de la botanique moderne. GASTON BONNIER. Végétation comparée du Pois et du Mais dans des solutions minérales ou organiques; par M. Victor Jodin (Annales agronomiques, 1884, t. x, n° 5, pp. 193-215). L'auteur publie une série d'expériences pour résoudre la question suivante : Quelle est l'élaboration préliminaire que doit subir une ma- tiére organique pour devenir assimilable, c'est-à-dire capable d'entre- tenir le développement d'une plante donnée? M. Jodin a cultivé des Pois et du Mais dans des solutions organiques contenant seulement 12 pour 100 de matiéres minérales, dans des solu- tions exclusivement minérales, et enfin dans des solutions mixtes. Dans REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 115 ces divers cas, l'auteur décrit la végétation, dose la récolte et met en évi- dence l'utilisation des éléments du liquide nourricier. M. Jodin conclut de ces expériences qu'on doit présumer que, dans les conditions où elles ont été réalisées, les éléments minéraux seuls ont été les facteurs efficaces de la produetion des plantes. Le rendement des solutions nutritives, soit minérales, soit organiques, parait avoir eu, dans tous les cas, pour unique mesure les éléments minéraux de ces solutions. G. B. Ueber Poren in den Aussenwænden von Epidermiszellen (Sur les pores des parois externes des cellules épidermiques) ; par M. H. Ambronn (Pringsheim's Jahrbuecher fuer wissenschaftliche Botanik, t. xiv, 1883, pp. 82-111, avec une planche). Les perforations externes de l'épiderme ont été signalées depuis long- temps; M. Ambronn en a fait une étude attentive. Il les partage en deux groupes : dans une premiére catégorie, les perforations, comme les pores des tissus internes, servent aux échanges de gaz ou de liquides ; chez les autres, qui sont plus rares, la fonction n'est pas de faciliter ces échanges, mais d'affermir la membrane épidermique. C'est vraisemblablement pour résister aux tractions tangentielles que les parois des cellules des Hymé- nophyllées s'épaississent, et c'est à une inégalité de croissance que les pores sont dus dans ce cas. On observe de telles perforations chez les Jon- cacées, les Cypéracées, les Coniféres (spécialement dans le genre Abies). Dans le genre Cycas, il existe des perforations en rapport avec des épaississements réticulés; les mailles de ce réseau, devenant de plus en plus étroites, finissent par avoir l'apparence de pores. J. CosTANTIN. Ueber Cellulinkerner, eine Modification der Cellulose in Kernerform (Sur les grains de celluline, sorte de cellulose granuleuse); par M. N. Pringsheim (Berichte der deutschen bot. Gesellschaft, 1883, pp. 288-308, avec une planche). On a depuis longtemps constaté l'existence de granulations particulières dans les oogones des Saprolegniées; aprés la fécondation, on en trouve presque toujours. Ces grains sont polyédriques ou ronds; d'abord homo- gènes, ils finissent par offrir en vieillissant les stratifications des grains d'amidon. Ce ne sont cependant pas des grains amylacés, car l'iode ne les colore pas en bleu. Ce ne sont pas non plus des productions oléagineuses ni résineuses, car les dissolvants de ces substances sont sans action sur ces 116 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. grains. Les réactifs du protoplasma montrent également que ces petits corps ne sont pas formés de matières albuminoides. Selon l'auteur, on doit rattacher ces formations au groupe de la cellu- lose, cette matière s'isolant dans ce cas sous forme de granulations. Peut-étre est-elle identique à la cellulose fongique, peut-étre à la fibrose de M. Fremy. Cette celluline, comme M. Pringsheim propose de l'ap- peler, est caractérisée chimiquement par une remarquable solubilité dans l'acide sulfurique et dans la solution aqueuse de chlorure de zinc. La stratification de ces grains rappelle celle de l'amidon; les couches s’y produisent autour d'un noyau. L'auteur a aussi constaté que, comme pour la matière amylacée, il existe des grains composés. J. C. Ueber Sphærokrystalle (Sur les sphéro-cristaux) ; par M.A. Hansen (Arbeiten des botanischen Instituts in Wuerzburg, 111, 1"° partie, 1884, p. 92 à 122). Plusieurs botanistes, MM. Russow (1), Kraus (2), ete., ont déjà con- staté qu'il se précipite dans l'intérieur des cellules de plusieurs végétaux, sous l'action de l'aleool, des sphéro-cristaux qui n'ont pas les mémes réactions chimiques que l'inuline. M. Hansen est arrivé à un pareil ré- sultat en étudiant l' Zuphorbia Caput-Medusa. La structure de ces sphères est un peu différente de celle qu'on admet d'ordinaire pour l'inuline; le noyau est amorphe et la partie cristalline est constituée seulement par une écorce formée d'aiguilles cristallines accolées les unes aux autres et diri- gées radialement. Ces masses à moitié cristallisées, à moitié amorphes (que ce botaniste propose, à cause de leur nature complexe, d'appeler sphéro-cristallites plutót que sphéro-cristaux), sont formées par du phos- phate de chaux. Cette substance est assez répandue dans le règne végétal; l'auteur l'a observée sous cette forme dans les cellules d'autres Euphorbes (E. mamillosa, E. globosa, etc.), de l'Angiopteris erecta, du Marattia cucitifolia, etc. Il existe d'autres sphéro-cristaux formés de substances différentes ; il s'en produit dans la Canne à sucre sous l'action de la glycérine, qui sont composés de phosphate de magnésie. Enfin il s’en précipite chez l’ Hebe- clinium macrophyllum, formés de sulfate de chaux. M. Hansen a étudié également la production et le développement de ces corps curieux. Ils naissent de gouttes qui apparaissent dans les cel- lules dés que la coupe est plongée dans l'alcool ou la glycérine. Ce n'est pas à l’état de sphères qu'ils se développent, mais à l'état de gouttes. Si (1) Vergleichende Untersuchungen, 1872, p. 110. (2) Ueber eigenthuemliche Sphærokrystalle in der Epidermis von Cocculus lauri- folius (Jahrb. fuer wissensch. Botanik VIII, p. 422 REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 117 les gouttes sont petites, les sphéro-cristaux le sont également, et inverse- ment. L'auteur s'est occupé de cette question dans l'espoir d'élucider la théorie de l’accroissement de l'amidon; car on sait que cette substance, selon Schimper, offrirait de grandes analogies avec les sphéro-cristaux. Le résultat précédent montre qu'il n'y a pas de ressemblance entre les deux corps au point de vue de l’accroissement, puisque les sphères cris- tallines ne se développent pas. La partie eristallisée des sphéro-cristaux peut cependant s'accroitre, mais suivant un mode particulier ; le noyau amorphe n'est pas cristallisé, selon l'auteur, parce qu'il contient des matiéres étrangéres. Cependant cette substance centrale peut, dans certaines circonstances, cristalliser ; on voit donc apparaitre dans le noyau une série de sphéres peu épaisses formées de cristaux qui alternent avec des couches de substance amorphe ; cette dernière matière se retrouve d'ailleurs toujours au centre. Cette disposition en couches concentriques explique la structure des sphéro- eristaux d'inuline. Enfin l'auteur a recherché quelle cause détermine la précipitation des différentes matiéres étudiées sous cette forme sphérique. Hartig a déjà réussi à former de tels précipités de carbonate de chaux dans l'al- bumine, la gélatine, etc. M. Hansen a obtenu de méme artificiellement des sphéro-cristaux de phosphate de chaux en ajoutant du phosphate de soude à un mélange de blanc d'œuf et de chlorure de calcium concentré. La structure des petits corps ainsi produits est exactement la méme que celle observée chez les sphères des plantes étudiées. On y trouve, en effet, une écorce cristalline autour d'un noyau amorphe. C'est donc à la présence d'un milieu mucilagineux qu'il faut attribuer la production des sphéro-cristaux. J. C. Das markstændige Gefæsshunendelsystem einiger Dico- tyledonen in seiner Beziehung zu den Blattspuren (Le système de faisceaux vasculaires de la moelle de quelques Dicotylé- dones dans son rapport avec les traces des feuilles); par M.J.E. Weiss (Botanisches Centralblatt, 1883, n°° 9, 10, 11, avec une planche). La naissance tardive des faisceaux médullaires ne prouve pas qu'ils soient caulinaires. La formation de ces vaisseaux peut être endogène ou exogéne. Dans le premier cas, les faisceaux foliaires accompagnent pendant un ou plusieurs entrenœuds les faisceaux normaux de la tige, puis pénètrent dans la moelle; dans le second cas, les faisceaux des traces foliaires passent im- médiatement dans la moelle et se recourbent vers la périphérie dans les entrenœuds inférieurs. Selon l’auteur, les faisceaux formés suivant ces deux modes ne sont pas caulinaires. 118 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Les faisceaux médullaires des Aralia, après avoir pénétré dans la tige, restent dans l'anneau normal des faisceaux pendant plusieurs entre- nœuds ; ils se tordent de 180 degrés avant de s'en séparer; c’est pourquoi ces faisceaux internes sont inverses, c'est-à-dire ont leur liber tourné vers le centre. Le Tecoma radicans possède également des faisceaux de la moelle qui ont subi une semblable torsion. M. Weiss étudie ainsi un grand nombre de plantes appartenant aux Ombellifères, Campanulacées, Convolvulacées, Apocynacées, ete. ; il con-_ state que les faisceaux médullaires sont la continuation de ceux des traces foliaires. On ne peut cependant pas affirmer, d'aprés ce botaniste, que les fais- ceaux de la moelle des Cucurbitacées, du Papaver orientale, de l'Actea fœtida, des Thalictrum, ne sont pas caulinaires; on voit, selon lui, que chez les Statice, les Armeria, tous les faisceaux de la tige ont une origine commune. Les faisceaux corticaux sont également examinés dans ce travail et parlagés en quatre catégories : 1? les premiers traversent obliquement l'écorce ; 2° les seconds s'unissent aux traces foliaires d'un nœud inférieur et pénètrent directement dans l'anneau vasculaire ; 3° les troisièmes sont en connexion avec les faisceaux corticaux des entrenœuds inférieurs ; 4° les derniers, enfin, se dirigent vers le nœud inférieur, mais ne s'unis- sent à aucun faisceau ; leur terminaison est aveugle. J. G: Recherches sur l'anatomie comparée des cotylédons et de l'albumen ; par M. Godfrin (Annales des sc. nat., 6° série, BOT., t. xix, pp. 9 à 158). L'auteur du présent mémoire a suivi patiemment le développement d'un grand nombre de graines, depuis les premiers stades de leur vie ovarienne jusqu'à la fin de la germination. Ces recherches l'ont conduit à différents résultats nouveaux. Plusieurs botanistes avaient déjà abordé l'étude de la germination; cependant une classe entiére de cotylédons (purement amylacés) leur était restée inconnue. L'auteur distingue deux catégories de cotylédons, suivant qu'ils sont tuberculeux ou foliacés. Cette différence extérieure est la manifestation de dissemblances plus profondes. Chez les premiers, tous les tissus se trouvent à un stade inférieur de différenciation quand la graine arrive à maturité; le parenchyme reste homogéne, la production d'un tissu en palissade ne s'y opére pas; le nombre des cellules cesse d'y croitre de trés bonne heure, car le protoplasma perd rapidement la propriété de se diviser; les nervures y sont peu nombreuses et non anastomosées. Les cotylédons foliacés sont plus différenciés : le parenchyme en palissade existe, les stomates sont formés à la maturité, et les cellules continuent à REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 119 se diviser; en concordance avec cette organisation complexe, de nom- breuses nervures anastomosées parcourent la feuille et vont porter partout l'activité vitale. Les matiéres de réserve sont également différentes dans les deux cas; les cotylédons tuberculeux contiennent uniquement de l'amidon, les cotylédons foliacés présentent au contraire de l'aleurone seule ou accompagnée d'autres substances nutritives. L'étude du développement fournit un grand nombre de renseignements intéressants. Si les cotylédons ne contiennent que de l'amidon pendant la vie latente, cette matiére existe seule à l'origine. Au contraire, l'aleurone (dont l'auteur signale un nouveau mode de développement par l'accole- ment de bâtonnets albuminoides contre les globoides d'abord isolés) peut étre associée à un amidon primaire disparaissant souvent à la maturité. Dans ce cas, un amidon secondaire peut se produire aprés la destruction de la réserve aleurique. L'auteur signale également l'existence de deux sortes de grains de chlorophylle. Les uus, que M. Dehneke (1) a appelés grains de chlorophylle non assimilants, naissent au commencement de la période de germination; l'amidon peut s'y produire, méme à l'obscu- rité, mais une fois seulement. Les autres grains chlorophylliens se pro- duisent en général chez les cotylédons foliacés et vers la fin de la ger- mination ; ils ont besoin, pour produire de l'amidon, d'étre exposés à la lumiére : ce sont les grains normaux. M. Godfrin signale plusieurs faits curieux relatifs à l'albumen. Quand l'albumen manque, l'aleurone n'existe jamais seule, l'huile ou l'amidon l'aecompagnent toujours; à la réserve quaternaire est toujours jointe une matiére ternaire. Quand il y a un albumen, au contraire, la matiére ter- naire n'est jamais seule. L'albumen se comporte de deux maniéres au moment de la destruction des réserves; les matiéres qu'il contient peu- vent étre résorbées au contact des cotylédons, son róle est alors passif ; Les cellules de l’albumen peuventse comporter autrement : la dissolution des substances nutritives peut se produire partout à la fois ; l'albumen est alors actif, il se digère lui-même. Dans le cours de ses recherches, M. Godfrin a eu l'occasion d'étudier la production des leucites ; il n'admet pas, avec M. Schimper, qu'ils exis- tent toujours, au moins dans le cas des graines dont il s’est seulement occupé, J. C. Ueber mechanische Schutzmittel der Samen gegen schæd- liche Einfluesse von Aussen (Sur les moyens mécaniques de protection des graines contre les influences externes préjudiciables); par M. R. Marloth (Engler's Botanische Jahrbuecher, 1883, 1v, p. 225). (1) Ueber nicht assimilirende Chlorophyllkerper, 1880. 190 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. L'auteur a divisé les graines en cinq groupes d'aprés l'organisation de leur appareil protecteur. 4° Dans le premier groupe, le testa reste mou et l'albumen manque ou est rudimentaire. Les plantes qui appartiennent à cette catégorie sont peu nombreuses ; leurs graines trés petites sont disséminées par le vent. 2» Chez d'autres graines, les enveloppes sont toujours minces; c'est l'albumen, dont les parois sont trés épaisses, qui joue le róle protecteur et qui préserve ces appareils de propagation dans leur passage à travers le tube digestif des oiseaux, etc. 3* En d'autres cas, l'albumen manquant, le testa devient protecteur. Les procédés les plus divers se rencontrent alors pour protéger la graine: épaississement de l'épiderme et des assises sous-jacentes, formation de tissu en palissade, de parenchyme lignifié, de sclérenchyme, etc. 4^ Un quatrième groupe ne diffère du précédent que par l'existence d'un albumen à parois minces. Les matières de réserve les plus diverses se rencontrent dans ce dernier tissu. C'est la catégorie la plus importante au point de vue du nombre des graines. 9* Enfin une double cuirasse existe chez un trés petit nombre de plantes par suite du renforcement des cellules du testa et de l'albumen. J: G. Ueber die physiologische Function des Centralstranges in Laubmoosstæmmchen (Sur la fonction physiologique du faisceau central de la tige des Mousses) ; par M. Haberlandt (Berichte der deutschen botanischen Gesellschaft, 1883, pp. 263 à 267). M. Haberlandt décrit le faisceau central de la tige des Mousses ; son organisation est trés rudimentaire chez le Mnium undulatum, car il est formé de cellules allongées, à parois longitudinales minces, à parois transversales obliques. Les cloisons de ces cellules deviennent jaunàtres en vieillissant. Le contenu de ces éléments est purement aqueux ; le pro- toplasma, l'amidon, l'huile, y manquent complètement. Si l’on plonge une de ces petites tiges dans une solution d'éosine, la coloration se montre seulement dans le faisceau central, et avec une trés grande rapidité. Si une tige fraichement coupée transpire sans étre au contact de l'eau, les cellules précédentes se remplissent d'air. La tige des Polytrichum présente une structure un peu plus compliquée que celle qui vient d'étre décrite. Les cloisons longitudinales deviennent épaisses, ce qui n'avait pas lieu pour le Mnium dans les cellules allongées du centre; la fonction de ces éléments est d'ailleurs toujours la méme. Mais la particularité la plus curieuse de ce genre tient à l'existence, autour REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 191 de ces cellules conductrices, d’un tissu à contenu protoplasmique dense, avec amidon, que l’auteur regarde comme un rudiment de leptome (liber). J. C. Recherches sur la végétation ; études sur la formation des azo- tates ; méthodes d'analyse; par MM. Berthelot et André (Comptes ren- dus, séance du 25 août 1884). Les auteurs de cette note, se proposant de rechercher la fonction qui préside à la formation des azotates dans les végétaux, ont été amenés à faire l'analyse compléte de quelques plantes à diverses époques de leur développement. Voici comment ils procédent: Les plantes ou parties de plantes sont séchées à l'étuve à 110 degrés pour déterminer le poids relatif d'eau et de matière sèche. Une partie des matières sèches, incinérée, fournit la quan- tité totale de cendres dans laquelle on sépare les cendres solubles et les cendres insolubles. Pour déterminer les rapports qui existent entre l'a- zote des matières albuminoides et l'azote des azotates, la matière séchée à l'air libre est mise en digestion avec l'aleool à 60 centiémes, qui dissout les azotates et coagule presque tous les albuminoides. L'extrait alcoolique permet de déterminer par le procédé Schlæsing la proportion d’azotates, tandis que le résidu insoluble dans l'alcool, analysé au moyen de la chaux sodée, fournit presque tout l’azote des albumi- noides (excepté l'azote des peptones et l'azote de certains alcaloides dosé sous forme d'azotates). Ges données acquises, on calcuie pour toute la plante le poids de l'eau, le poids des albuminoides, en multipliant par 6 le poids de l'azote qu'il contenait, le poids des sels solubles et insolubles, et enfin le poids de l'extrait alcoolique. En faisant la somme de ces diverses quantités et en la retranchant du poids total dela plante, on obtient approximative- ment le poids total en bloc des hydrates de carbone insolubles. Louis MANGIN. Recherches sur la marche générale de la végétation dans une plante annuelle. Principes hydrocarbonés, principes azolés et matières minérales; par MM. Berthelot et André (Comptes ren- dus, séances des 1° et 8 septembre 1884). ` Les auteurs ont appliqué la méthode d'analyse précédente à une plante annuelle, la Bourrache. Les mesures relatives aux variations de poids des organes ont fourni des résultats intéressants. Le poids de la plante eroit graduellement; mais tandis que les feuilles avaient l'avantage, à ce point de vue, au début de la végétation, elles le perdent peu à peu aux dépens de la tige. Cette derniére acquiert un poids égal à deux ou quatre fois celui 199 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. des feuilles. La racine représente dans la plante entière un poids faible, quoiqu'elle joue au début le rôle d'organe de réserve. Quand on laisse la plante fleurir et fructifier, les inflorescences ac- quiérent une grande importance ; mais, si on les coupe, la prépondérance de la tige sur les autres organes s'accentue davantage. Si l'on examine la répartition des hydrates de carbone, des matiéres azotées et des substances minérales, on arrive aux résultats suivants: 1° Substances ligneuses et hydrates de carbone solubles. — Les sub- stances ligneuses augmentent en proportion à partir du début, et leur quantité est plus considérable dans une plante privée d'inflorescence. Cet accroissement est maximum dans la tige, plus faible dans les feuilles. L'extrait alcoolique est en grande partie formé par les hydrates de carbone solubles, et la proportion de ces substances permet de donner une idée de l'importance de la circulation des matiéres plastiques. Dans une plante pourvue de fleurs et de fruits, les hydrocarbonés so- lubles augmentent régulièrement et suivent une progression parallèle à celle des hydrocarbonés insolubles. Dans les plantes privées d'inflores- cenee, ces derniers prédominent. Au début de la floraison, on constate un accroissement considérable des hydrates de carbone solubles, accroissement qui témoigne de l'exis- tence de courants trés importants de substances plastiques. Ces hydrates de carbone sont surtout abondants dans la tige, rares dans les feuilles, et augmentent beaucoup dans les racines vers la fin de la végétation. 2» Albuminoides. — La proportion des matiéres azotées, faible au début, s'accroît beaucoup puisqu'elle devient jusqu'à mille fois égale à la quantité initiale; mais cette proportion, relativement au poids du végé- tal, varie peu jusqu'à l'époque de la floraison, puis elle diminue graduel- lement; de méme les plantes privées d'inflorescence s'appauvrissent beaucoup en principes azotés. La proportion relative des albuminoides varie donc en sens inverse de celle des substances ligneuses. La ré- partition de ces substances est trés caractéristique ; concentrées dans les feuilles au début de la végétation, elles s'accumulent plus tard dans les inflorescences et dans le fruit, tandis que dans les feuilles, les tiges et les racines leur proportion diminue. 3 Sels de potasse. — Les sels organiques sont formés par l'association avec les bases de produits d'oxydation acides, corrélatifs de la méme fixation d'oxygéne qui engendre l'acide carbonique et les azotates. Si leur proportion relative est assez constante, le poids absolu augmente jusqu'à la fructification, et cette augmentation porte surtout sur la tige et sur les organes de fructification. 4° Matières minérales insolubles. — Formées de silice, de phosphate et de carbonate de chanx (ce dernier provenant de l'incinération des REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 193 sels organiques), ces matières insolubles s’accumulent surtout dans les feuilles et dans les inflorescences ; dans les feuilles leur proportion égale le einquiéme et le quart du poids de ces organes. La plupart de ces matiéres peuvent donc étre regardées comme des résidus de nutrition. L. M. Sur la marche générale de la végétation dans les plantes annuelles: Amarantacées ; par MM. Berthelot et André (Comptes rendus, séance du 22 septembre 1884). Dans cette quatriéme note, les auteurs ont étendu à un certain nombre d'espéces de la famille des Amarantacées les recherches rapportées plus haut (Amarantus caudatus, A. nanus, A. giganteus, A. melancolicus ruber); ils ont aussi étudié la Luzerne. Les résultats obtenus sont assez semblables à ceux que nous avons rapportés pour la Bourrache. L. M. Ueber der Einfluss der Rindendruckes auf die Beschaf- fenheit der Bastfasern der Dicotylen (Sur l'influence de la pression corticale sur la structure des fibres libériennes des Dicotylédones); par M. Franz von Hohnel. (Pringsheim s Jahrbuecher fuer wissensch. Botanik, t. xv, 2° fascicule, 1884, pp. 311-326, avec 3 planches, XIII-XV). Le mémoire de M. Hæhnel est destiné à montrer que les stries annu- laires qu'on observe dans les fibres libériennes de beaucoup de plantes (Linum, Cannabis) sont dues à la rupture de ces fibres, rupture causée par la distension des tissus et succédant à l'apparition du cambium. Un court exposé historique fait connaitre au lecteur les opinions émises sur l'origine de ces déformations par les botanistes qui les ont observées. Pour Nægeli, ces stries sont causées par la différence dans la proportion d'eau que contiennent les membranes ; pour M. Vétillard, qui s'est borné à étudier les fibres isolées, ces stries sont des plis de flexion causés par la torsion des fibres libériennes. L'auteur passe en revue les plantes où se rencontrent toujours les stries annulaires (Urticacées, Asclépiadées, Linées, Sterculiacées, Mimosées, Cæsalpiniées, Cordiacées, Anacardiacées, Rhamnées). Dans d'autres familles, il existe des espèces qui présentent ce phénomène, tandis que les espéces voisines ne le montrent pas. í Enfin l'auteur signale les familles où l'on ne rencontre jamais des fibres libériennes brisées (Laurinées, Lonicérées, Tamariscinées, Lilia- cées, Pomacées, Rosacées, Cupuliféres, etc.), parmi les Dicotylédones. Toutes les Monocotylédones étudiées sont également dépourvues de ces accidents (Musa, Aloe, Phormium, Agave, Yucca). 124 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. D'aprés ses recherches, l'auteur constate que, pour beaucoup de fa- milles et de genres, cette structure spéciale des fibres libériennes est trés caractéristique et trés constante. En général, on remarque que ces stries ou ces cassures apparaissent avec la plus grande netteté dans les fibres où la lignification est peu ou point développée: telles sont les fibres des Apocynées, Urticacées, Asclépiadées. Au contraire, les Malvacées, les Tiliacées, Cupressinées, etc., qui possèdent des fibres plus ou moins ligni- fiées, ne présentent jamais de cassures. Cela parait étre pour l'auteur une régle générale, que l'absence de lignification concorde ordinairement avec l'apparition de stries trés nettes. Eu résumé, M. Hohnel conclut que les fibres libériennes peu ou point lignifiées montrent des déplacements qui partagent chacune d'elles en un certain nombre d'articles plus courts ou plus longs séparés par de petits disques appelés nœuds. Ces déplacements sont une conséquence des dif- férences de pression radiale exercée par les tissus sur les fibres libé- riennes. On ne les rencontre pas dans les fibres libériennes courtes, compactes et épaissies de quelques familles (Laurinées, Cinchonées, etc.). L. M. Ueber die Beziehungen einiger Eigenschaften der Laub- bitter zu den Standortsverh:eltnissen (Sur les rapports qui existent entre quelques particularités des feuilles et les diffé- rences de station); par M. Fr. Johow (Pringsheim's Jahrbuecher fuer wissensch. Botanik, t. xv, 2° fascicule, p. 282 à 310); tirage à part en broch. in-8» de 31 pages, Berlin, 1884. Le travail de M. Johow résume les observations qu'il a eu l'occasion de faire pendant un séjour de plusieurs mois dans les petites Antilles. Ce travail est relatif à l'examen de quelques particularités de la morphologie des feuilles chez les planies des tropiques, particularités qu'on peut pré- senter comme une adaptation aux conditions de climat. Ses observations concernent l'influence exercée par les variations de l'intensité d’éclaire- ment et les dispositions anatomiques destinées à remédier à l'action des- tructive d'un éclairage trop intense. M. Johow passe successivement en revue les phénomènes physiologiques suivants, modifiés par l'éclairement : les processus des corps chloro- phylliens; le transport des hydrates de carbone et la transpiration. I. Adaptation des feuilles aux stations d'éclairement différent, avec considérations sur les processus dans les corps chlorophylliens. — La destruction de la chlorophylle sous l'action de la lumière a été surtout étudiée par MM. Wiesner et Pringsheim. Sans connaitre exactement le inécanisme suivant lequel cette destruction s'opére, on peut affirmer que REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 125 la chlorophylle des plantes adaptées aux stations ombreuses est plus faci- lement détruite que celle des plantes toujours exposées au soleil. Il est donc intéressant de connaitre les dispositions qui, dans ces derniéres, protègent la chlorophylle contre un éclairement trop actif. Aprés avoir rapporté les observations de Wiesner et de Berthold sur la protection des organes jeunes, M. Johow examine les relations qui existent entre la constitution des feuilles adultes et le degré d'éclairement des stations végétales. L'auteur signale d'abord comme moyen de protection l'orientation variée du limbe des feuilles par rapport à la direction des rayons solaires. Tandis que la surface supérieure des feuilles, chez les plantes indigénes de nos pays, est disposée normalement à la direction des rayons lumineux, les feuilles des plantes des tropiques, qui pourraient souffrir d'un semblable éclairement, sont protégées contre les rayons solaires par la situation oblique ou verticale du limbe. Cette orientation des feuilles est obtenue de diverses maniéres, tantót par la direction presque verticale des rameaux : nombreuses Laurinées, Sapotées (Lucuma mammosa, Sapota Achras, etc.); beaucoup de Graminées (Arundo saccharoides, occidentalis, etc.); nombreuses Liliacées, Amaryllidées, Broméliacées. Tantót l'orientation verticale ou oblique des feuilles est obtenue par la courbure du pétiole, comme on le voit si nettement chez le Rhizophora Mangle, Y Avicenniu nitida. Plus rarement les feuilles sont courbées vers le sol et pendantes (Dalechampia). Ces dispositions s'observent aussi bien chez les végétaux à feuilles composées que chez ceux à feuilles entiéres; mais ce sont alors les pétioles secondaires qui se tordent ou se courbent pour placer les pétioles dans une situation verticale. Une seconde disposition protectrice consiste dans les courbures et les pliures du limbe. Ainsi, la plupart des feuilles de Dicotylédones pour- vues d'une nervure médiane se plient le long de cette dernière, de facon à prendre de profil l'aspect d'un coin, lorsqu'elles appartiennent aux espéces de la flore tropicale exposées au soleil. Au contraire les feuilles de ces plantes, lorsqu'elles vivent à l'ombre, présentente un limbe aplati (Hura crepitans, Bryophyllum | calycinum). D'autre part, les Graminées, dépourvues d'une nervure médiane, présentent des feuilles à plis profonds lorsqu'elles sont exposées au soleil, tandis que les plis sont à peine marqués lorsqu'elles vivent à l'ombre. Les régions du limbe comprises entre les nervures ont méme, d'aprés l'auteur, des aspects différents : tandis qu'elles sont bosselées, plissées, froncées, dans les feuilles des plantes exposées au soleil, ces régions restent planes chez les feuilles exposées à l'ombre (Anacardium occidentale, Malvastrum tricuspidatum, Lantana Camara, Cordia dasycephala, etc.). La troisième disposition destinée à protéger les tissus verts contre 126 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. l'éclairage trop actif est constituée, d’après M. Johow, par les mouvements des feuilles. Ainsi les mouvements des feuilles du Robinia Pseudacacia, déjà signalés par M. Wiesner comme servant à protéger les folioles de cette plante contre les rayons du soleil, s'observeraient, d'aprés l'auteur, dans les Pithecolobium trapezifolium, Acacia macracantha, Cassia spectabilis, et serviraient au méme but. M. Johow décrit en outre les mouvements particuliers des folioles de certaines Cæsalpiniées des Indes (Bauhinia, Schnellia, etc.). Les folioles se relévent sous l'influence d'une insolation active et s'étalent de nouveau quand l'intensité lumineuse diminue. L'auteur termine cette partie de son mémoire en examinant l'influence dela lumière sur la structure anatomique des feuilles. M. Johow confirme par l'étude des plantes des tropiques les conclusions formulées déjà par M. Stahl et M. Pick pour les plantes indigénes. Ainsi le Chrysodium vulgare, dont les feuilles possédent en général un parenchyme lacuneux, développent dans les localités insolées un tissu palissadiforme trés net. L'auteur a méme retrouvé dans les feuilles du Nidularium Caratas, par exemple, la disposition signalée par M. Pick, c'est-à-dire que les cellules du parenchyme en palissade ont souvent leur grand axe paralléle aux rayons lumineux incidents, et, par suite, obliquement dirigé par rapport à la surface de la feuille. : IL Dispositions protectrices du tissu conducteur des feuilles contre l'intensité lumineuse. — Récemment M. Pick a fait remarquer que la lumiére intense diminue ou rend difficile la transformation de l'amidon en sucre, mais que cette influence parait paralysée par la formation d'une substance rouge dans l'épiderme des jeunes plantes, dans les nervures, le pétiole des plantes adultes. L'auteur confirme les résultats de M. Pick par l'examen des plantes des tropiques (Bryophyllum calycinum, Anacardium occidentale, Coccoloba uvifera, etc.). Dans ces plantes, on s'apercoit que les individus exposés à l'ombre ont une coloration trés faible, tandis que les feuilles des plantes exposées au soleil sont trés colorées. D'ailleurs la coloration des nervures : et du pétiole des feuilles dans les plantes habitant les lieux exposés au soleil est si fréquente dans notre flore, qu'une simple mention est suffi- sante. M. Johow signale aussi, parmi les dispositions anatomiques destinées à soustraire le tissu conducteur à l'influence du soleil, la disposition des nervures, plus ou moins profondément placées suivant que les feuilles reçoivent une lumière plus ou moins intense. Il. Dispositions des feuilles dans les stations ensoleillées, dans leurs rapports avec la transpiration. — La régularité de la transpiration est réalisée chez les plantes des tropiques par des modifications anatomiques REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 197 qu'on peut distinguer en deux catégories : les dispositions qui diminuent ` l'intensité de la transpiration et celles qui perfectionnent l'appareil d'ap- provisionnement de l'eau. Au nombre des premiéres, M. Johow signale des faits déjà connus. Dans les plantes exposées au soleil, on observe la diminution de surface foliaire, l'augmentation d'épaisseur du parenchyme, qui est constitué principalement par du tissu palissadiforme et trés pauvre en parenchyme lacuneux. Ces dispositions s'observent, d'aprés l'auteur, avec beaucoup de nettelé chez l'Artocarpus Tocouba, le Bryophyllum calycinum, le Peperomia glabella, etc. M. Johow rappelle aussi, comme l'avait déjà fait M. Tschirch pour la flore australienne, l'importance de certaines productions épidermiques: les poils, la cuticule, considérées comme des modérateurs de la transpira- tion. Ainsi l'auteur a rencontré une cuticule extrémement développée sur les feuilles de certaines espéces qui traversent une période trés séche sans perdre leur feuillage (Rhopala complicata, Byrsonima crassifolia, Anacardium occidentale). M. Johow rappelle enfin que M. Pfitzer, et plus récemment Wester- maier, ont déjà montré le róle physiologique spécial du tissu tégumentaire considéré comme le réservoir d'eau du tissu assimilateur. L'examen des plantes des régions chaudes confirme, d'aprés l'auteur, ce róle du tissu tégumentaire. Le Coccoloba uvifera, le Byrsonima crassifolia, le Cres- centia Cujete, présentent une couche hypodermique d'une épaisseur plus grande que celle du tissu vert, et les cellules de l'hypoderme sont très riches en eau. Dans d'autres cas, l'épiderme est à plusieurs couches (Ficus, Peperomia). Quand on compare les deux faces des feuilles, on s'apercoit que la formation exagérée du tissu tégumentaire (épiderme ou hypoderme) est toujours plus forte sur la face supérieure que sur la face inférieure. D'autre part, l'influence de l'insolation et de l'ombre se laisse nette- ment distinguer chez l'Artanthe Schrademeyeri et quelques espéces de Ficus. Ainsi, chez l'Artanthe, la profondeur des cellules épidermiques croit proportionnellement avec l'intensité d'éclairement, et dans les ré- gions trés ensoleillées, ces cellules se divisent par des cloisons tangen- tielles, de sorte que l'épiderme est formé de plusieurs couches. L. M. Recherches sur la respiration des feuilles à l'obscu- rité; par MM. Gaston Bonnier et Louis Mangin (extr. des Annales des sciences naturelles, Bor., 6° série, 1884, t. xix, pp. 217-255). Dans leurs précédentes recherches sur la respiration (1), les auteurs avaient étudié l'influence de la température sur les échanges gazeux qui (1) Voyez le Bulletin, t. xxx1 (1884), Revue, pp. 39 et 87. 128 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. s'accomplissent entre les plantes sans chlorophylle et l’atmosphère. Les espéces les plus différentes ont fourni, à ce point de vue, des résultats concordants. L'émission d'acide carbonique et l'absorption d'oxygène croissent graduellement avec l'élévation de température, mais le rap- 9 2 0 Or on savait, par les recherches antérieures de MM. Dehérain et Moissan, que chez les feuilles respirant à l'obscurité, il ne parait pas en étre ainsi. MM. Dehérain et Moissan, puis M. Moissan seul, ont établi que, pour une espèce déterminée, les feuilles présentent à diverses tem- 3 pératures un rapport ay variable. Ce rapport, plus petit que l'unité aux basses températures, devient successivement égal el supérieur à l'unité, à mesure que la température s'éléve. MM. Bonnier et Mangin, aprés avoir signalé de nombreuses discor- dances entre les conclusions et les résultats du travail précédent, ont repris la question en employant les méthodes et les appareils déjà décrits dans leurs précédents mémoires. Toutes les espéces étudiées ont fourni à ces auteurs un résultat concordant avec celui déjà obtenu dans leurs re- cherches pour les tissus sans chorophylle, c'est-à-dire que : contraire- port des volumes de ces gaz reste rigoureusement constant. 9 Ju Uu IA yt CO? ment à l'opinion admise jusqu'ici, le rapport T des volumes de gaz émis et absorbés est rigoureusement constant, quelle que soit la tempé- rature, pour un état de développement donné. Ainsi les feuilles du Pin maritime ont donné pour valeurs du rapport 2 CO : ——- les nombres suivants : 0 Rd odd a o i ees 0,83 285. 1. 54 o LEN I. 0,86 aa a RU 0,85 356. 0.0 n n 0,82 3 2 o a S En T IQ 45099 L'intensité de la respiration varie d'ailleurs avec la température, sui- vant la loi établie par M. de Fauconpret. Enfin, MM. Bonnier et Mangin ont trouvé qu'au point de vue du rap- 2 à port —, les espèces étudiées se partagent en deux catégories. Les unes (Evonymus japonicus, Æsculus Hippocastanum, Syringa vul- garis, Hedera Helix) fournissent, avec les feuilles adultes et pour le rap- 2 port —, une valeur égale à l'unité ; chez les autres (feuilles adultes des 0 Gymnospermes, le Ruta angustifolia, 'Eucalyptus Globulus), le rap- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 139 2 port -5 est toujours plus petit que l'unité, et ces feuilles assimilent de l'oxygéne par la respiration. Les auteurs n'expliquent pas ces différences, et, en réservant la question, se bornent à faire remarquer que les tissus des feuilles de la deuxiéme catégorie sont riches en résines et en huiles essentielles. D'ailleurs des Nostocs et le Fucus canaliculatus ont fourni 2 Do CO? , ; - pour la respiration un rapport aHa également plus pelit que l'unité. LECLERC DU SABLON. Ueber das Wurzelælchen und die durch dasselbe verur- sachten Besch:edigungen (Sur l'anguillule des racines et les dommages qu’elle cause aux plantes); par M. B. Frank (Berichte der deutschen botan. Gesellschaft, vol. 11, p. 145 et suiv. Berlin, 1884). L'auteur rappelle que l'on a déjà signalé, sur les racines de diverses plantes, des galles produites par des anguillules du genre Heterodera ; il en cite de trés nombreux exemples empruntés à diverses familles dico- tylédones et monocotylédones. Celles des racines des Caféiers, observées au Brésil par M. Jobert, méritent une mention spéciale à cause des dégâts qui en résultent dans les plantations en Amérique. Les anguillules du genre Heterodera ont cela de particulier que les femelles qui pénétrent dans les tissus végétaux s'y gonflent de facon à former un kyste rempli d'œufs et plus tard de jeunes anguillules. M. Frank a étudié le mode de pénétration des anguillules dans les racines, et la facon dont les tissus irrités par leur présence se gonflent en galles autour d'elles par suite d'une multiplication insolite des cellules. Les galles for- mées sur les racines des Dicotylédones ont la forme d'un petit tubercule, qui a le plus souvent la grosseur d'un grain de chénevis, ou au plus d'un pois; parfois, cependant, la galle déjà formée est envahie par une nou- velle génération d'anguillules; elle continue alors de grossir. M. Frank cite une galle de racines de Coleus Verschaffeltii qui avait ainsi atteint la grosseur d'une noix. Souvent sur ces galles se développent des racines latérales. Sur les racines des Monocotylédones, et spécialement sur celles des Dracæna et des Musa, les galles d'anguillules sont beaucoup plus allongées. Les racines attaquées sont gonflées uniformément sur une longueur considérable, elles n'émettent pas de racines latérales. Les anguillules produisent des galles sur les racines des plantes an- nuelles, telles que la Laitue cultivée, par exemple, aussi bien que sur des plantes vivaces. Elles peuvent vivre dans la terre pendant un temps plus ou moins long avant de trouver la racine dans laquelle elles pénétrent. M. Frank a constaté par expérience qu 'elles ont une tendance à s'enfoncer T. XXXI. (REVUE) 9 130 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dans le sol, ce qui explique la formation qu'il a observée de galles sur des racines de Sainfoin à une profondeur de 33 centimétres. Il y avait grand intérêt à déterminer positivement, à l'aide d’expé- riences, si les Heterodera des racines des diverses plantes sont iden- tiques. M. Frank avait à sa disposition un jardin d'expériences oü se trouvaient des Poiriers dont les racines étaient couvertes de galles d' Hete- rodera. Il y cultiva un grand nombre de plantes, et vit leurs racines se couvrir de galles remplies de kystes de la méme anguillule. Des expé- riences faites sur des cultures en pots furent tout aussi démonstratives, et elles offrent cet intérét particulier qu'elles portérent sur de jeunes plants de Caféiers. Les Caféiers non infectés ne produisaient pas de galles. Ceux auprés desquels M. Frank mit dans la terre des galles de racines de Tréfle furent tous envahis par les anguillules du Tréfle, et leurs racines se couvrirent de galles répondant à la description des galles de Caféier du Brésil donnée par M. Jobert. Il résulte des nombreuses expériences d'infections faites tant en grand qu'en petit, par M. Frank, que c'est la méme anguillule, l’ Heterodera radicicola (Greff.) qui produit les [galles que l'on a observées sur les racines d'un grand nombre de plantes, et au Brésil aussi bien qu'en Europe. Le dommage causé aux plantes par les anguillules des racines varie selon les plantes, bien qu'au fond l'action du parasite soit toujours la méme. Au bout d'un certain temps, la galle qu'ils ont produite meurt, brunit, s'amollit et pourrit. La destruction de la galle entraine celle de la partie inférieure de la racine et de ses ramifications latérales. Quand la plante est annuelle, l'altération de la galle correspondant à la mort naturelle de la racine, il n'en peut évidemment résulter grand dommage. Quand la plante est vivace, il en est autrement : la destruction au moins partielle du systäne radiculaire entraîne chez elle un affaiblissement qui est d'autant plus grand, non seulement qu'il s'est formé plus de galles ou qu'elles se détruisent plus vite, comme cela a lieu sur le Caféier; mais encore que la plante a moins de tendance à remplacer les racines altérées par des racines nouvelles. C'est pour cette raison qne les Dracæna, par exemple, sont plus rapidement tués par les attaques de l'ZZeterodera ra- dicicola que les plantes dicotylédones, dont les racines ont la propriété de se ramifier. Ep. PRILLIEUX. Die Ergebnisse der Vers che zur Ermittelung der Ursa- che der Ruebenmuedigkeit und zur Erforschung der Natur der Nematoden (Résultats d'expériences sur les causes de l'épuisement du sol pour des Betteraves et des recherches sur la nature des Nématodes); par M. Julius Kuehn (Berichte aus dem physiol. Laboratorium des landw. Instituts der Universitat Halle, 3* livrais. Dresden, 1881). REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 134 L'épuisement du sol pour les Betteraves se manifeste le plus souvent à la fin de juillet. Par places, on voit dans les champs des pieds dont les feuilles jaunissent, se flétrissent et meurent; seules les jeunes feuilles du cœur poussent encore, mais sans atteindre leur grandeur normale. Quand la maladie a une grande intensité, le collet de la Betterave noircit et le corps de la racine devient mou et flasque, puis il noircit et enfin se décompose. On a attribué à tort cette maladie à un épuisement du sol ; elle est due en réalité à l'invasion des radicelles par de petits vers qui ont été décou- verts en 1859, sur des Betteraves malades, par H. Schacht, et ont reçu le nom d'Zeterodera Schachtii Smidt. Ils different des anguillules du Blé, des Oignons, de la Jacinthe, du Trèfle, etc., en ce que, au lieu d'étre toujours vermiformes et de vivre dans l'intérieur de la plante hos- pitaliére, ils ne sont allongés et filiformes qu'à l'état de larve (ou à l'état mále); en se développant, ils se gonflent en forme de bouteille et déchi- rent le tissu qui les couvrait et dans lequel leur téte reste seule engagée. Les femelles, fécondées et remplies d’œufs, ont à peu prés la forme de citrons ; elles se montrent comme de petits points blancs visibles à l'oeil nu à la surface des fibrilles des racines de Betteraves. C'est à ces parasites qu'est dû l'épuisement des Betteraves. M. Kuehn a tenté divers moyens de les détruire. Il a essayé de brûler la terre des champs de Betterave; mais il reconnait que ce moyen est peu praticable et trop coüteux. Les insecticides qu'il a employés, du reste à assez faible dose, ne lui ont pas donné de bons résultats; mais, ayant reconnu que le Nématode de la Betterave peut attaquer les racines de diverses autres plantes et en particulier celles des Cruciféres, il. proposa de se servir du Chou et de la Navette comme de pièges pour prendre et détruire le dan- gereux parasite. On séme sur le terrain infecté des Choux dés le commencement d'avril, par parcelles, de huit en huit jours; puis, au bout de cinq semaines, on arrache les plantes dont les racines sont couvertes de Nématodes, et on les détruit. On fait ensuite un deuxiéme, puis un troisiéme ensemence- ment en Navette d'été, et on les détruit de méme, enlevant chaque fois avec les plantes une grande quantité d'Heterodera. M. Kuehn assure qu'il a par ce moyen combattu d’une façon trés effi- cace l'épuisement du sol pour la Betterave. Ep. P. Ueber die Gummibildung im Holze und deren physiolo- gische Bedeutung (Sur la formation de la gomme dans le bois et sa signification physiologique) ; par M. B. Frank (Berichte der deutschen botanischen Gesellschaft, vol. u, p. 321 et suiv. Berlin, 1884). 13 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Jusqu'ici le rôle physiologique de la gomme est resté problématique. Sa production n'a été étudiée en détail que dans des cas particuliers. M. Frank croit pouvoir conclure des recherches qu'il vient de faire, que la formation de la gomme est un phénomène trés général et qui se peut observer non seulement dans les arbres à noyaux de nos jardins, mais dans tous les arbres feuillus. Si l'on fait une entaille superficielle sur un rameau de Prunus avium, on voitle bois à nu se colorer en brun: les rayons médullaires s'em- plissent de petits granules bruns qui tapissent les parois des cellules ou enveloppent les grains de fécule; quand la coloration est trés intense, les grains de fécule ont entièrement disparu et sont remplacés par la matière brune; au bout de quatre à cinq semaines, la coloration du bas a encore augmenté, et dans les vaisseaux se voient, en méme temps que des thylles, des masses de gomme qui en bouchent la lumiére. C'est le premier de- gré de la gommose. De pareilles plaies faites sur d'autres arbres (Gledit- schia, Quercus, Juglans) ont produit des résultats semblables: coloration du bois, formation de matiére gommeuse brune dans les rayons médul- laires et de gouttes de gomme jaune ou brune dans les éléments ligneux et tout particuliérement dans les vaisseaux. Ce qu'il y a de particulier pour les Amygdalées, certaines Mimosées et quelques autres plantes li- gneuses, c'est la propriété qu'ont leurs tiges de produire un parenchyme ligneux anomal dont les cellules subissent progressivement la dégéné- rescence gommeuse, et de donner ainsi naissance à ces masses volumi- neuses de gomme qui sont rejetées à la surface des liges et des rameaux. Les autres arbres ne présentent pas ce degré extrême de la gommose; chez eux, la production de la gomme esttout à fait comparable à la for- mation de la résine dans les Conifères ; elle joue un rôle de protection analogue. On sait que la résine, en se répandant sur les plaies, met le bois sain à l'abri de l'action de l'air et de l'eau. La gomme qui se forme à la suite des blessures dans les arbres feuillus a pour principal effet de fermer hermétiquement les vaisseaux et de rendre possible le maintien à leur intérieur de la pression négative qui joue un róle important dans l'ascension de la séve. Une expérience trés nette montre que le bois im- prégné de gomme de l'extrémité coupée d'un rameau est devenu imper- méable à l'air. On prend un rameau dont l'extrémité a été coupée quelque temps au- paravant et dont le bois est bruni sur une longueur de 1 à 2 centimètres; on enlève l'écorce, et, à l'aide d'un bouchon percé, on fixe la baguette dans un tube de verre, de facon que la moitié organiquement inférieure du rameau se trouve dans le tube, de verre et l'autre moitié, dont l'extrémité est brunie, dans l'air. Le bouchon et toute la surface du bois, à l'exception de l'extrémité brune, sont recouverts d'un vernis, puis on remplit le tube - REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 133 d'eau de façon que lout le bois soit couvert, et l’on fait le vide dans le tube avec une pompe à air. Quand on a aspiré tout l'air contenu dans le bois et qu'il ne se dégage plus de bulles, on coupe des rondelles successives de la partie brune, tout en maintenant le vide dans le tube: rien ne se produit tant que les coupes n'entament que le bois bruni ; mais aussitót qu'elles atteignent le bois de couleur claire, qui estle bois normal et sain, on voit un torrent de bulles d'air se montrer dans le tube à l'extrémité opposée du rameau, et il se maintient avec la méme intensité tant que . dure l'action de la pompe. Dans le bois bruni, tous les éléments du corps ligneux, aussi bien les fibres que les vaisseaux, sont bouchés par de la gomme. La formation de la gomme comme celle des thylles, à la suite des bles- sures des bois contenant des vaisseaux, est un phénoméne tout à fait général et qui assure le maintien des fonctions des faisceaux ligneux dans les tiges blessées. Rappelant, d'autre part, les observations qui ont été faites sur la première apparition de la gomme dans les vaisseaux, M. Frank re- marque, dans une note, qu'elles ne paraissent pas justifier l'opinion de M. Beijerink (1), qui attribue d'une facon généraleà un Champignon para- site la production de la gomme dans les arbres. Ep. P. Sul marciume delle radici e sulla gommosi della Vite nella provincia di Napoli (Sur la pourriture des racines et sur la gommose de la Vigne dans la province de Naples); par M. O. Comes (l Agricoltura meridionale, anno VII, n° 11. Napoli, 1884). L'auteur décrit les caractéres de la maladie des Vignes que l'on désigne autour de Sorrente et dans la région du Vésuve sous le noin de Senobbeca vecchia. D'abord les feuilles jaunissent, c'est le premier symptóme du mal. À ce degré, on a appelé la maladie la jaunisse (giallume); puis les pousses se montrent chétives, et l'on voit apparaitre sur les feuilles et les rameaux des taches noires rongeantes qui y. forment des excoriations. C'est ce qu'on nomme l’anthracnose, que l'on considère à tort, selon M. Comes, comme une maladie à part. — Quand l’anthracnose persiste pendant plusieurs années sur une Vigne, l'affaiblissement de la plante va toujours en progressant, et elle présente bientôt la forme dernière de la maladie connue sous le nom de mal noir (mal nero). La mort est alors inévitable. Cependant quand la Vigne est atteinte à ce point, au lieu de mourir du mal noir, ce qui est le plus ordinaire, elle peut aussi succomber subitement à une apoplexie séveuse (apoplessia linfatica), par suite de l'obstruction des vaisseaux de la plante par de la gomme. (1) Voyez le Bulletin, xxt (Revue), p. 41. 134 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Selon M. Comes, les maladies appelées jaunisse, anthracnose et mal noir sont toutes dues à une altération des phénoménes de nutrition causée par le dépérissement des racines. C'est par la pourriture des racines que le mal commence, et de la partie souterraine il gagne la région aérienne de la Vigne. L'examen microscopique montre que dans les plantes malades l'amidon a.plus ou moins complétement disparu et est remplacé par de la gomme. Les parois des cellules amyliféres subissent aussi une dégénérescence gommeuse. On a attribué à tort, selon M. Comes, la jaunisse de la Vigne à un Champignon parasite des racines (Rhizomorpha subterranea, Demato- phora necatrix). A son avis, ce Champignon est saprophyte et non para- site; son apparition est non la cause, mais la conséquence de la pourri- ture des racines. Dans l'anthraenose, le Champignon (Ramularia) qui se voit sur les taches gangréneuses n'apparait aussi, d'aprés M. Comes, qu'aprés que celles-ci ont été formées par la désorganisation du tissu que cause la gommose. Il considère du reste le Ramularia de l'anthracnose de la Vigne comme identique au Fusisporium Limoni qui se montre sur les organes gommifiés des Citronniers. Ainsi, selon M. Comes, la jaunisse, l'anthracnose et le mal noir de la Vigne sont dus non à des parasites, mais à une altération des racines produite par le manque d'écoulement de l'eau et le défaut d'aération du sol. Ep. P. Sulla gommosi manifestata si nei Fichi del Cilento (Sur la gommose qui se montre sur les Figuiers dans le Cilento) ; par M. O. Comes (Atti del. R. Istituto d'incoraggiamento alle scienze... vol. ni, n° 7, 3° série degli Atti accademici, 1884). Les Figuiers atteints de la maladie en question jaunissent, donnent des signes d'épuisement; les jeunes pousses rachitiques et chlorotiques perdent leurs feuilles et se desséchent dans le cours de l'année. L'année suivante, des pousses chétives naissent au-dessous de celles de l'année précédente et ont le méme sort, ainsi de suite, le cultivateur se trouvant obligé de couper d'année en année une plus grande quantité de bois mort. En examinant le bois des rameaux malades, on y voit de la gomme s'é- couler par gouttes de la grosseur d'un pois des cicatrices des feuilles tombées. Gette gomme est d'abord gluante et diaphane, puis par degrés elle durcit et prend une couleur orangée. L'écorce brunit et se détache du bois ; celui-ci change de couleur et devient d'un roux foncé. L'altéra- tion s'étend progressivement de dehors en dedans ; elle est due à la dé- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 135 générescence gommeuse des tissus. La gomme produite se déverse dans les vaisseaux; aussi, quand on tranche un rameau, voit-on perler à la surface de la plaie des gouttes de gomme sur tous les points où la coupe a atteint des vaisseaux. Les Figuiers ainsi atteints de gommose sont souvent couverts de noir et de kermès; mais la présence de ces parasites n'est pas constante, et c'est à tort qu'on leur attribue la maladie dominante. De plus les racines présentent des traces de désorganisation ; l'écorce s'y détache du bois, et l'on y trouve le Rhizomorpha sous sa forme sous-corticale. Quand toute la périphérie du tronc est envahie par le Rhizomorphe, l'arbre est irrépa- rablement perdu. Le tissu de la racine est alors fort altéré, gommeux et mou. Dans l'écorce et à la superficie du bois qu'elle recouvre, on dis- tingue des plaques cendrées formées par une Dactérie que l'auteur dé- signe sous le nom de Bacterium qummis. Il assure que l'on retrouve les mêmes amas de Bactéries sur les racines des Vignes attaquées du mal blanc (mal bianco) et sur les Orangers atteints du mal della cagna; que de plus la maladie des Figuiers étudiée dans le présent travail (pingue- dine del Fico) ne diffère pas de celle de l’Olivier et du Noyer (pingue- dine dell'Ulivo et pinguedine del Noce), de la maladie de l'encre des Chà- taigniers (malattia delľ inchiostro) et de celle du Mûrier que l'on désigne en Italie du nom de mal del falchetto. Toutes sont dues à la pourriture des racines et sont caractérisées par la dégénérescence gommeuse des tissus. Dans le Figuier, la Vigne et l’Oranger, sur lesquels l'auteur a par- ticuliérement étudié la gommose, il a toujours constaté dans les tissus malades et dans la gomme la présence de la Bactérie qu'il nomme Bacte- rium gummis. ll ajoute qu'il l'a trouvée aussi dans le sol au contact des racines encore saines, puis dans les racines altérées, et partout où les cellules et l'amidon qu'elles contiennent se transforment en gomme. Partant de l'idée que la moria du Mûrier provient de la gommose qui gagne les feuilles (mal della tersa)et qu'elle est due au Bacterium gum- mis, il suppose que la pébrine des Vers à soie n'a pas d'autre cause. Les corpuscules de Cornaglia sont pour lui des Bactéries de la gomme qui, provenant des feuilles malsaines du Mürier, se sont introduites dans le corps des Vers à soie et s'y multiplient. M. Comes ajoute qu'il a réussi à cultiver le Bacterium gummis en plaçant un petit fragment de tissu gom- meux pris sur une racine de Vigne dans du bouillon de poule stérilisé. M. Comes admet que la gommose est contagieuse, et que l'on en peut infecter un arbre ou un rameau sain par inoculation soit de la gomme, soit d'un tissu gommeux. Il attribue cette contagion à l'introduction du Bacterium gummis dans l'organisme sain, et non au Coryneum de M. Beijerink, dont il n'a pas trouvé trace dans beaucoup de tissus gom- mifiés. 136 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Comme remède pour les Figuiers malades, M. Comes propose d'arroser les arbres avec un liquide contenant, pour 20 litres d'eau, 1 kilogramme de chaux caustique et 100 grammes d'acide phénique. Il dit en avoir obtenu de bons effets ; mais ce n'est qu'un palliauf. L'assainissement du sol et du sous-sol imperméable est le plus efficace de tous les moyens de combattre la maladie des Figuiers du Cilento. Ep. P. Beitræge zur Kenntniss der Tertiærflora der Provinz Sachsen (Contributions à la connaissance de la flore tertiaire de la province de Saxe); par M. Paul Friedrich (Abhandlungen zur geologischen Specialkarte von Preussen und den Thueringischen Staaten, t. 1v, 3° partie). 1 vol. in-8° de 305 pages, avec une carte et un atlas in-fol. de 31 planches imprimées en phototypie. Berlin, 1883. Aprés une introduction dans laquelle l'auteur indique les matériaux qui lui ont servi peur ce travail, viennent des indications géologiques, une courte notice sur les bois fossiles trouvés dans la province, une liste des ouvrages cités, et un tableau présentant la distribution, dans les diffé- rents étages d'un trés grand nombre de localités, de plantes tertiaires appartenant à l'empire d'Allemagne, l'Autriche, la Hongrie, la Suisse, l'Italie, la France, la Belgique et l'Angleterre. La partie descriptive se compose des flores de huit localités de la province de Saxe et de deux localités des environs de Leipzig. Toutes ces flores sont examinées l'une aprés l'autre. Ce sont celles de: Knollen- stein, 42 espèces, dont 2 nouvelles: Phœnicites borealis et Laurus saxo- nica. —Stedten, 22 espéces, dont 3 nouvelles : Oleandra angustifolia, Myrsine dubia et Pittosporum stedtense. — Bornstedt, 53 espéces, dont 14 nouvelles : Lygodium serratum, Smilax saxonica, Quercus pasa- nioides, Q. subfalcata, Litsea Muelleri, L. elongata, Laurus mucæ- folia, Aralia Weissii, Cissus parvifolius, Nymphæites saxonica, Kiggelaria oligocænica, Bombax chorisioides, Celastrus minutus et Zizyphus Leuschneri. — Eisleben, 42 espèces, dont 30 nouvelles : Polypodium oligocenicum, Nephrodium acutilobum, Hypolepis ele- gans, Gleichenia saxonica, G. subcretacea, Cannabis oligocænica, Boehmeria excelsa, Dryandra saxonica, Stenocarpus salignoides, Persoonia parvifolia, Proteophyllum bipinnatum, Fraxinus saxonica, Clerodendron latifolium, C. serratifolium, Symplocos subspicata, Sty- rax Fritschii, Panax longifolium, P. latifolium, Callicoma(?) minuta, Passiflora tenuiloba, Xanthoceras antiqua, Celastrus lanceolatus, C. (?) ilicoides, C. parvifolius, C. Dalongia, C. sparse-serratus, llex longifolia, Zizyphus parvifolius, Z. Leuschneri et Myrcia lanceo- lata. — Riestedt, 5 espèces. Fosse Pauline, prés de Dorstenitz : 15 es- pèces, dont 6 nouvelles : Quercus intermedia, Dryandra saxonica, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 137 Hakea microphylla, Cunonia formosa, Myrtophyllum grandifolium et Dalbergia oligocænica. — Fosse Charles-Ernest, prés de Frotha, 1 espèces, dont 3 nouvelles : Passiflora Hanchecornei, Myrtus syn- carpifolia et Macherium | Kahlenbergi. — Runthal, prés de Weis- senfels. Ici, de nouvelles découvertes de végétaux n'ayant pas été faites depuis les travaux de Giebel et de Heer, l'auteur se borne à passer en revue quelques déterminations de ce dernier botaniste. Pour les environs de Leipzig, M. Friedrich énumére les espéces des deux flores de Bockwitz, prés de Borna, et de Gohren. Nous n'y remarquons pas d'espéces nouvelles. Un tableau pour chacune des localités tertiaires de la province de Saxe indique la répartition des espèces fossiles dans les différents étages géologiques et leur analogie avec des espéces vivantes. Divers autres tableaux sont consacrés à la répartition géographique et chronologique des espèces qui commencent dans l'éocéne, ou bien ont des analogues dans l’éocène et dans le crétacé ; à l'extension, sur le globe et dans le temps, des espéces qui se retrouvent dans le tertiaire de l'Amérique septentrionale, ou qui ont dans cette méme région des espéces alliées, etc. Dans un coup d'oeil rétrospectif, l'auteur fait remarquer que Pen- semble des flores qu'il vient d'étudier peut se partager en deux groupes : d'une part, la flore d'Eisleben seule, et, d'autre part, toutes les autres flores. Celles-ci sont composées de plantes à feuilles plus grandes, plus entiéres, parmi lesquelles dominent les apétales, et notamment des Cupu- liferes et des Laurinées; tandis qu'à Eisleben on trouve surtout des plantes à feuilles petites, dentées ou denticulées. Néanmoins les deux groupes ont pour caractères communs : 1* l'absence d’espèces dont les analogues sont limitées à la zone tempérée du Nord ; 2° leur indépen- dance des flores éocénes et des éléments floraux de la craie supérieure. La masse des espéces permet de rapporter toutes les flores tertiaires de la province de Saxe à l'àge oligocène inférieur ou étage ligurien. Cet élage est placé, dans les tableaux donnés par M. Friedrich, immédia- tement au-dessous du tongrien. Il correspond au tongrien méme pour d'autres géologues, tels que M. de Lapparent. Non seulement les espéces nouvelles, mais la plupart des espéces mentionnées sont figurées dans l'atlas. Ep. Bureau. Tertiære Pflanzen von Felek bei Klausenburg (Plantes tertiaires de Felek prés de Klausenburg); par M. Moriz Staub (Jahr- buch der ken. ungar. geol. Anstalt, t. vi, pp. 263-281); tirage à part, en brochure in-8* de 19 pages avec une pl. Budapest, 1883. L'auteur, envoyé en mission pour la recherche des plantes fossiles par la commission permanente des sciences naturelles de l'Académie 138 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. des sciences de Hongrie, a visité en 1881, avec M. le professeur A. Koch, la localité qui fait l'objet de cette notice. Il y a trouvé un insecte, beaucoup de poissons et seulement les plantes suivantes : Confervites sp., Cystoseira Partschii Sternb. (c'est l'espéce la plus commune), Pinus hepios Ung., Sequoia Sternbergii Gœpp., Phragmites enin- gensis Al. Br., Cyperites senarius Heer, Engelhardtia Brongniartü Sap. et Phyllites fagiformis. Cette derniére empreinte de feuille parait seule appartenir à une espèce nouvelle. Elle rappelle le Fagus Feroniæ Ung.; mais son état incomplet ne permet pas de lui assigner un nom générique certain. M. Staub donne un tableau présentant la distribution des espéces ci-dessus dans les localités et les niveaux tertiaires d'autres pays. Il attribue le gisement de Felek à l'étage méditerranéen inférieur (c'est l'étage mayencien, ou partie inférieure du miocéne moyen, d'autres géologues). Ep. B. Untersuchung ueber fossile Hælzer aus Grænland (Recherches sur les bois fossiles du Groenland) ; par M. le D" Fritz Beust (extrait des Denkschrifte der Schweizerischen Gesellschaft fuer die gesammten Naturwissenschaften, tome xxix, juillet 1884; in-4°, 43 pages, avec 6 planches lithogr.). Les fragments de bois sur lesquels ont porté les études de l'auteur appartiennent tous au groupe des Coniféres et proviennent de l'étage miocéne inférieur. Ils sont au nombre de trois, et ont été recueillis par M. Steenstrup : le premier échantillon à Atanekerdluk, les autres à l'ile des Liévres, localités du Groenland. M. Beust examine successivement, pour chacun, les caractères extérieurs, puis la structure intérieure, en décrivant les coupes transversale, radiale et tangentielle, et enfin, com- parant les caractéres trouvés à ceux de nombreux bois de Coniféres, vivants et fossiles, il arrive à une détermination. Il donne à l'échantillon d'Atanekerdluk le nom d'Araucariozylon (1) Heerii et en trace la diagnose suivante : € À. stratis concentricis minus distinctis, 2-3 mm. latis, strati zona interiore et exteriore e cellulis pachytichis, in sectione transversali plerumque rectan- gularibus aut ovalibus rarius hexagonis formatis; poris magnis, hexagonis uni- vel bi- rarius tri-serialibus contiguis, alternantibus radiis medullaribus crebris simplicibus vel compositis, e cellularum seriebus 2 juxtapositis, e cel- lulis 1-82 superpositis formatis, cellulis singulis radiorum medullarium singulis raro duobus aut rarissime tribus paris cum cellula lignosa contigua junctis, ductibus resiniferis nullis. » Le premier échantillon de l'ile des Lièvres est identique avec celui-ci. (1) Le nom"n'est régulièrement orthographié que page 13 et dans e tableau I; par- tout ailleurs on lit Araucarozylon. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 139 M. Beust rapporte le second fragment de bois de cette même ile au Libo- cedrus sabiniana Heer et le décrit ainsi : € Libocedrus stratis concentricis distinctissimis, circa 1-1,5 mm. latis, poris uniserialibus, sparsis, radiis medullaribus haud crebris, uniserialibus e cellulis 1-5 superpositis formatis, ductibus resiniferis simplicibus crebris, septis eorum haud incrassatis. » Au cours de son travail, l'auteur donne la diagnose d'un troisième bois de Conifére tertiaire, mais de la terre de Kerguelen : € Cupressoxylon antarcticum Beust : C. poris uniserialibus, crebris sed non contiguis, radiis medullaribus crebris, uniserialibus e cellulis 1-8 super- positis formatis, ductibus resiniferis simplicibus crebris. » Le texte se termine par quatre tableaux dans lesquels se trouvent résumés pour chaque espéce les caractéres des bois vivants et des bois fossiles appartenant aux groupes Araucarioxylon et Cupressoxylon. Ep. B. Sur un nouveau genre de graines du terrain houiller supérieur ; par MM. D. Renault et R. Zeiller (Comptes rendus de l'Académie des sciences, séance du 71 juillet 1884). Ce genre est fondé sur des graines petites, elliptiques sur une coupe longitudinale, circulaires ou ovales sur une coupe transversale, présen- tant quelquefois un certain nombre de crétes saillantes correspondant à autant de cótes longitudinales. Dans toutes, le tégument, de faible épais- seur, se continue en dessus par un organe divisé, lors de la maturité de la graine, en trois ou quatre branches recouvertes de nombreux poils trés fins, étalés. Cet organe permettait à la graine d’être transportée par les vents. Les auteurs donnent à ce genre le nom de Gnetopsis et en décrivent trois espèces : 1° Gnetopsis elliptica : graines à section transversale elliptique, trouvées à l'état silicifié dans les conglomérats quartzeux de Rive-de-Gier. — 2 Gnetopsis trigona : graines à section transversale marquée à l'extérieur de trois crêtes saillantes correspondant à trois côtes longitudinales allant de la chalaze au micropyle. — 3° Gnetopsis hexagona : graines à section transversale marquée extérieurement de six crêtes saillantes correspondant à six côtes longitudinales, allant de la chalaze au micropyle. Ces deux dernières espèces ont été rencontrées à l'état d'empreintes par M. Fayol, dans les houilléres de Commentry. La présence d'une chambre pollinique au sommet du nucelle et l'exis- tence d’un système vasculaire en dedans du tégument rapprochent les Gnetopsis des Cycadées et des Gnétacées ; mais le prolongement de ce systéme entre les membranes qui représentent les restes du nucelle, 140 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. depuis la chalaze jusqu'à la chambre pollinique, rappelle plus particu- liérement le genre Gnetum. Ep. B. Solmsiella, eine neue Laubmoos-Gattung (Solmsiella, nouveau genre de Mousses); par M. Karl Mueller (Botanisch. Centralblatt, vol. xix, n° 31, 1884). Bridel avait rangé l'Anœctangium Domingense Schgr. dans une sec- tion séparée du genre Anæctangium à laquelle il imposa le nom d' Erpo- dium (d'fexo, je rampe). M. Ch. Mueller (Syn. Musc.) en fit une section du genre Pilotrichum, à raison de la coiffe mitriforme, et il y adjoignit VA. coronatum Hook. et Wils. et le Leptangium Perrottetii Mont. M. Mitten (Musci austro-amer. p. 403) constitua ce petit groupe en un genre spécial auquel il maintint le nom primitif d'Erpodiwm. D'autres espèces de l'Afrique centrale, de l'Asie et de l'Amérique centrale élant venues s’y joindre, M. Ch. Mueller (Linnœæa, 1815) fit une première révi- sion du genre et sépara les espéces gymnostomes des espéces pourvues d'un péristome; les premiéres formérent le genre Erpodium avec les sections Euerpodium, Leptangium et Tricherpodium, les autres pre- nant place dans le genre Venturiella, qui fut créé pour PE. sinense de Vent. Une nouvelle espéce gymnostome, trouvée à Java par M. le comte Hugo de Solms-Laubach, a donné à M. Ch. Mueller l'occasion de faire une nouvelle révision du genre Erpodium, et il en a détaché les espéces dont la coiffe est cylindrique, fendue sur le cóté, qu'il a réunies dans un nouveau genre auquel il a donné le nom de Solmsiella et qui est carac- térisé de la manière suivante : Musci hypopterygiacei minuti depressi prostrati jungermannioidei teneri chlorophyllosi viridissimi. Folia tetrasticha caulem compressum sistentia, superiora majora oblongo-orbiculario obtusa, inferiora mi- nora magis ligulata et magis distantia obtusata, omnia enervia minute dense parenchymatica areolata. Calyptra minute cylindracea latere fissa dimidiata, stylo terminata tenera fugax. Theca in peri- chætio folioso brevi laterali tenero erecta ovalis leptoderma ¿pallida gymnostoma exannulata breviter operculata fabroniacea. Inflores- centia monoica. Le genre Solmsiella comprend dés à présent le S. javanica qui offre les caractères du genre, et l'Erpodium ceylonicum Mitt. L'auteur le place dans le groupe des Hypoptérygiacées. ÉMILE BESCHERELLE. Manual of the Mosses of the North America; par MM. L. Lesquereux et T. P. James. Boston, Cassino et C*, 1 vol. in-8° de 447 pages et 6 planches. — Prix : 20 francs. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 144 Le Synopsis publié en 1848 par Sullivant, dans le Manuel de bota- nique de Gray, et réédité en 1856, était le Bem ouvrage général qu'on possédàt sur les Mousses des États- Unis, et, pour déterminer avec quelque certitude les nombreuses espèces récoltées dans ces derniers temps par divers botanistes, dans des régions qui n’avaient pas encore été explorées à l'époque de la deuxiéme édition du Synopsis, on était obligé de re- courir à une multitude de notes insérées dans des recueils allemands, anglais ou américains. C'est pour combler cette lacune que MM. Sullivant, Austin, Lesquereux et James ont entrepris l'ouvrage que nous analy- sons. De ces quatre collaborateurs, trois sont morts sans avoir vu pa- raitre leur œuvre commune, et M. Lesqueroux est le seul qui ait survécu; encore l’âge, la maladie et son éloignement des bibliothèques publiques l'ont-ils obligé d'avoir recours, pour mener l’œuvre à terme, au dévoue- ment éclairé de M. Sereno Watson, qui avait été l'ami de M. James et s'était déjà occupé des Mousses de la Californie. Tel qu'il est, le nouveau Manuel de MM. Lesquereux et James pré- sente le bilan de la végétation bryologique de cet immense territoire qui s'étend entre les deux Océans, et dont la flore si riche et si variée se rapproche au sud, sans la franchir toutefois, de la flore tropicale des Antilles et du Mexique. Il est disposé, à peu de chose prés, d'aprés la méthode adoptée par Schimper dans la premiére édition de son Synopsis, sauf que les Sphagnes et les Andréacées sont décrits avant les Phascacées. Les espéces sont réparties en trois ordres (Sphagnacées, Andréacées, Bryacées). Chaque ordre est précédé d'un tableau systématique des tribus et des genres. Les familles sont supprimées. Les Sphagnacées fournissent 27 espéces et les Andréacées 3. Les Bryacées forment 22 tribus, comprenant 128 genres, 44 sous- genres et 855 espèces ; ce qui donne pour l'ouvrage entier la description de 885 espèces. Le genre Hypnum absorbe à lui seul 195 espèces répar- ties en 28 sous-genres. Il est vrai que, sous ce nom, les auteurs ont englobé les genres créés par Schimper aux dépens de l'ancien genre Hypnum. Il n'y a pas de tableau dichotomique pour les espéces ; on arrive à leur détermination à l'aide d'une série de coupes fondées sur des caractéres organographiques imprimés dans le texte en caractéres italiques. Contrairement à l'usage qui tend à se répandre, le groupe des Mousses cléistocarpes (Phascacées) est traité à part et forme la première tribu des Bryaeées. Le premier genre de cette tribu, si riche en espéces du genre Bruchia, est le genre Micromitrium, créé par Austin pour trois espèces d'Ephemerum, et qu'il ne faut pas confondre avec le genre Mi- cromitrium créé par Schimper et abandonné depuis, pour un certain nombre d'espéces de Macromitrium. 149 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Quoique les Mousses d'Europe forment le fond de la flore bryologique des États-Unis, on trouve cependant des genres exotiques, teis que : Octoblepharum, Calymperes, Syrrhopodon, Macromitrium, Rhizogo- nium, Leptotheca, Meteorium, qui sont particulièrement propres à la région intertropicale et australe, et des genres tels que Micromitrium, Drummondia, Aphanorhegma, Alsia, Clasmatodon, Thelia, qui sont plus spéciaux à l'Amérique du Nord. Nous ne signalerons pas toutes les espèces nouvelles qui figurent dans le Manuel, mais nous croyons devoir faire connaître qu’on y trouve pour la première fois la description de la fructification de l'Eustichium norve- gicum qui a été découvert par miss Elisabeth Knight, près de Kilbourn, dans l'État de Wisconsin. En voici la diagnose originale : Calyptra large, cuculliform, split three-fourths of its length, tipped with a long slender flexuosus awn as long as the calyptra. Capsula obovate, pale-yellow, red-bordered at the orifice, oblique or inclined horizontally upon a comparatively thick pedicle (2 mm. long.). Lid red at is base, long-persistent, attached to the columella and bearing at the borders fragments of the inner membrane lacerated in its dehis- cence. L'ouvrage, qui est imprimé en beaux caractéres, est terminé par six planches qui ont déjà figuré pour la plupart dans le Manuel de Sullivant et dans le Synopsis de Schimper. Em. B. Teoria generale della filotassi (Théorie générale de la phyllo- taxie); par M. Federico Delpino (Atti della R. Universita di Genova, vol. rv, 2° partie, 345 pages, 16 planches). Non seulement M. Delpino étudie les lois géométriques qui régissent la position des feuilles sur les tiges, mais il cherche encore la raison de ces lois, soit dans la structure et le développement des végétaux, soit dans les conditions d'équilibre statique quij sont les plus favorables à chacun d'eux. Il croit que la tige ne doit pas étre regardée comme un organe distinct des feuilles, mais seulement comme le résultat de la concres- cence d'un grand nombre de feuilles. Dans la phyllotaxie quinconciale, la disposition des feuilles serait déterminée par une loi mécanique; dans ce cas, en effet, les conditions d'équilibre de la plante sont les plus favorables possibles. Si l'on passe aux autres modes d'arrangement des feuilles, on voit que les conditions d'équilibre, quelquefois assez bonnes, laissent souvent à désirer. Il faut alors, pour se rendre compte des faits, avoir recours à des considérations physiologiques ou morphologiques. L'auteur pense quela structure du point végétatif, et ce fait, qu'une tige n'est REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 143 autre chose que la réunion de plusieurs feuilles, doivent étre d'un grand secours pour l'explication de tousles phénomènes relatifs à la phyllotaxie. LECLERC DU SABLON. Vergleichende Untersuchungen ueber Organbildung und Wachsthum am Vegetationspunkt dorsiventraler Farne (Recherches comparées sur la formation et le développement des organes au point végétatif des Fougères dorsiventrales) ; par M. Ludwig Klein (Botanische Zeitung, n° 37-41, 1884). Hofmeister, dans son Traité d'anatomie, fait une différence entre le point végétatif de la tige des Fougères à tige verticale et celui des Fougères à rhizome horizontal ; tandis que chez les premières la cellule terminale se divise successivement suivant les trois côtés d'un triangle, chez les secondes on n'observe de divisions que suivant deux directions. M. Klein croit devoir conclure de ses observations, que Hofmeister avait confondu la cellule terminale du rhizome avec celle d'une jeune feuille trés rap- prochée de l'extrémité de la tige. Excepté chez le Pteris aquilina, la cellule terminale esttoujours tétraédrique et se divise suivant trois direc- tions; cette division s'opére avec une grande lenteur, c'est à peine si, dans une année, on peut observer quelques cloisonnements. Les feuilles proviennent des deux séries de segmentations qui s'opérent àla partie dorsale du point végétatif; leur cellule terminale se divise seulement suivant deux directions. Il est à remarquer qu'aucune feuille ne prend naissance dans les cellules que donne la cellule initiale en se cloisonnant parallélement à sa face ventrale. L'évolution des feuilles est trés lente: chez le Pteris aquilina, elle dure quatre ans. Les bourgeons latéraux ont une origine distincte de celle des feuilles; ils naissent d'une cellule superficielle voisine du point végétatif. L. pv S. Ueber Chlorophyligruen der Fucaceen (Sur la chlorophylle des Fucacées) ; par M. A. Hansen (Botanische Zeitung, n° 44, 10 oct. 1884, pp. 650-651). En séparant les diverses matières contenues dans les leucites colorés des Fucacées, M. Hansen a trouvé de la chlorophylle et de la xantho- phylle dans les mémes proportions que dans les plantes supérieures: 175 grammes de Fucus desséché renferment 4,6 grammes de matière verte. La chlorophylle et la xanthophylle du Fucus vesiculosus ont les mémes propriétés que celles des Phanérogames. Le spectre de la chlo- rophylle présente quatre bandes d'absorption dans la partie rouge du spectre, et la xanthophylle trois dans la partie bleue. La matière colo- 144 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. rante brune (phycophéine), pigment surnuméraire qui ne joue presque aucun róle dans l'assimilation, donne une bande d'absorption entre les raies E et F de Fraunhofer. L. us. , Le Varietà degli Agrumi del Napolitano (Les variétés de Citrus cultivées sur le territoire napolitain) ; par M. L. Savastano (Annuario della R. Scuola superiore d'agricoltura in Portici, vol. 111, 5° fasc., pp. 18-61). Ce mémoire renferme un catalogue très détaillé et la description de toutes les variétés issues du genre Citrus, que l'on rencontre dans les environs de Naples. Le nombre des variétés décrites s'élève jusqu'à 222, réparties dans 12 espéces principales. L. pv S. Secondo contributo allo studio della cimatura della Vite (Seconde contribution à l'étude de la taille de la Vigne); par MM. Casoria et Savastano (Annuario della R. Scuola superiore agricoltura in Portici, vol. 11, 5* fasc., pp. 1-16). Les auteurs de ce mémoire ont opéré sur un hectare de Vigne situé an N. O. de la Summa. Une partie de cette Vigne a été taillée à la ma- nière ordinaire, une autre partie a été laissée intacte. En analysant le produit de chacun des lots, ils ont constaté que le raisin provenant de la Vigne non taillée était le plus riche en sucre et le moins acide. La taille est donc préjudiciable, et elle l'est d'autant plus que les Vignes sont plus robustes. Les expériences ont été faites sur 9 variétés de Vigne. L. pU S- Le Marciumo del Fico (Pourriture des Figuiers); par M. L. Savastano (Annuario della R. Scuola superiore d'agricoltura in Portici, vol. 11, 5° fasc., pp. 65-110, 4 planches). Les Figuiers attaqués par la maladie en question perdent leurs feuilles et leurs fruits et meurent sans cause extérieure apparente. La source du mal se trouve dans les racines, qui subissent une dégénérescence gom- meuse. M. Savastano pense que cette dégénérescence s'opére suivant le processus ordinaire. Une pareille formation de gomme est anormale chez le Figuier et constitue un état pathologique. On trouve quelquefois des Champignons sur les Figuiers, par exemple des Rhizomorpha, mais c'est là une conséquence de la maladie et non une cause. L. pu S. Eomecon : genus novum e familia Papaveracearum, auct. H. F. Hance (Journal of Botany, vol. xxit, p. 346). Sepala in calycem gamophyllum, acuminatum, sub anthesi hinc latere REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 145 longitudinaliter fissum, caducum, coalita. Petala 4, alba, orbiculari- elliptica, symptyxi biseriatim imbricata, haud corrugata. Stamina ultra 70 ; filamenta libera, filiformia ; antherz erect», oblongæ, biloculares, loculis connectivo iis duplo latiore separatis, longitudinaliter dehiscentibus. Ovarii placentæ 2, nerviformes ; stylus distinctus, apice lobato-dilatatus, lobis 2 erectis, intus stigmatosis cum placentis alternantibus. Capsula... Semina... Herba rhizomate late repente, succo croceo. Folia longe- petiolata, cordata, palmatinervia ; scapi apice racemosi. Eomecon chionantha Hance sp. nov. Chine, prov. de Kwang-si (B. C. Henry). Ce genre doit être placé entre le Stylophorum et le Sanguinaria; il différe de l'un et de l'autre par ses feuilles radicales formant gazon, par ses fleurs en grappe, son calyce gamophylle, ses graines trés nombreuses. A. FRANCHET. On Didymoplexis silvatica (Leucorchis silvatica Dl.); par M. H. N. Ridley (Journal of Botany, vol. xxi, p. 345). Cette rare Orchidée a été décrite pour la première fois par Blume (Orch. de l'arch. Indien, p. 147) ; il donna, intercalée dans le texte, la figure des fleurs, d’après les notes de Van Hasselt, qui avait trouvé la plante à Java, dans les forêts de la province de Banda. Toutefois les notes et les dessins de Van Hasselt parurent trop incomplets à Blume pour lui permettre d’assigner à la plante une place définitive dans la série des Orchidées ; il la supposa voisine des Arethusa, en signalant son affinité avec l'Apetalon minutum Wight. M. Ridley a pu examiner une belle série d'exemplaires récoltés à Java par Hornfield; ils lui ont paru iden- tiques avec la plante de Blume. M. J. J. Bennett, qui les avait vus avant lui, leur avait donné le nom probablement inédit de Nematophyllum productum. Malgré la difficulté de se rendre un compte exact de la forme des fleurs, à cause de leur extréme délicatesse, M. Ridley est resté convaincu que la plante de Java diffère bien réellement du Didymopleæis pallens Griff. (Apetalon minutum Wight); il en donne la diagnose suivante : Didymoplezis silvatica (Leucorchis silvatica Bl.). — Saprophyton, rhizomate repente tuberoso, tuberibus fusiformibus ; caulibus aphyllis, in floratione increscentibus ; bracteis ovatis obtusis, brevibus ; floribus ma- oribus, sepalo postico ovato-obtuso integro, petalis subæqualibus subsi- milibus eo adnatis, sepalis lateralibus in labio late ovato-obtuso, integro connatis, labello breviore obtuso indiviso, columna gracili suberecta, pede brevissimo; capsula oblonga. (Descript. ex auct.) A. FR. T. XXXI (REVUE) 10 146 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. A new Chinese Gomphostemma (Sur un nouveau Gompho- stemma de la Chine); par M. H. F. Hance (Journ. of Botany, vol. xxi, p. 234). Gomphostemma insuave, sp. nov. — Caule erecto adpresse tomen- toso; foliis late ovatis basi cuneatis apice acuminatis grosse serrato-cre- natis, supra pilosulis, subtus pallidis tomentellis guttulisque glandulosis consitis penninerviis, nervis subtus paulo elevatis ad 2 poll. longis latisque petiolo 4 4 pollicari ; cymis laxe plurifloris terminalibus, bracteolis seta- ceis ; inflorescentia glanduloso-villosula, floribus 6 lin. longis, calycibus campanulatis glanduloso-tomentosis obscure 10-nerviis, dentibus lanceo- latis, corollis calyce 4-5-plo longioribus tomentellis tubo exserlo flavis, galea purpurea labii inferioris lobo medio lineari, genitalibus exsertis glaberrimis; nuculis glabris tenuissime rugulosis. Prov. de Canton (B. C. Henry). — Plante à odeur trés désagréable. À. FR A new Species of Ardisia (Sur une nouvelle espèce d’Ardisia) ; par M. H. F. Hance (Journal of Bot. vol. xxn, p. 290). Ardisia mamillata, sp. nov. — C'est l'une des plus petites espèces du genre. Ses tiges, hautes de 8 à 15 cent., sont herbacées et velues. Les feuilles , molles, oblongues, obscurément et largement crénelées, sont cou- vertes en dessus de petits tubercules trés serrés qui portent chacun un poil articulé ; elles sont un peu poilues en dessous et couvertes de points noirs translucides. Les ombelles sont axillaires et pédonculées, formées de 12 à 15 fleurs penchées. La corolle, une fois plus longue que le calice, a environ 5 lignes de diam.; elle est d'un blanc de neige ponctué de roux. Les baies sont rouges, sphériques et de la grosseur d'un petit pois. Prov. de Canton (C. nord). Les affinités de la plante sont avec l'Ard. primulifolia Champ., de Hong-kong. A. FR. On some Critical Chinese Species of Clematis (Sur quelques espèces critiques de Clematis de la Chine; par M. F. B. Forbes (Jour- nal of Bot. vol. xxii, p. 261). L'auteur passe en revue quelques espèces de Clématites chinoises qui ont tout particulièrement exercé la sagacité des botanistes descripteurs. Parmi elles, le CI. terniflora, établi par de Candolle sur une plante du Tche-kiang rapportée par sir G. Staunton, a été très controversé. Ceci du reste ne doit pas surprendre, puisque le Cl. terniflora est en réalité formé de deux espèces : l'une, constituée par la plante de Staunton, est le REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 147 Cl. recta L. var.mandshurica Maxim.; l'autre, établie pour une variété du Cl. Flammula de l'herbier de Linné, doit être rapportée au Cl. chi- nensis Retz. Quant au CI. terniflora Benth., de la flore de Hong-kong, il peut étre conservé, bien que l'espèce soit différente de celle à laquelle de Candolle avait primitivement imposé ce nom. M. Maximowiez avait soupçonné l'identité du Cl. tubulosa Turez. (Cl. stans Sieb. Zucc.) avec le Cl. heracleifolia ; le type de cette dernière espèce existe dans l'herbier du British Museum, etl'assimilation entrevue par le botaniste russe peut étre considérée comme certaine. M. Forbes est d'ailleurs convaincu que toutes les espéces proposées par M. Decaisne aux dépens du CI. heracleifolia doivent passer à la synonymie. A. Fn. A Revision of the North American species of the genus Oxytropis DC. (Révision des Oxytropis du nord de l'Amérique); par M. Asa Gray (Proceedings of the American Academy of Arts and Sciences, vol. xx). Dans le vol. vi des Proceedings (1863), M. Asa Gray a donné, comme appendice à l'exposé monographique des espéces américaines du genre Astragalus, un essai de classification comparative de quelques espéces d'Oxytropis (1). L'auteur veut aujourd'hui, à la suite d'un nouvel exa- men des échantillons originaux, compléter ce travail et éclaircir plusieurs points qui étaient demeurés douteux. Le nombre des espéces étudiées par l’auteur est de 16, parmi lesquelles il en signale seulement 3 comme inédites : O. oreophila Asa Gray, O. Parryi Asa Gray et O. monticola. Plusieurs formes précédemment décrites par lui ou par d'autres bota- nistes comme espèces distinctes sont ramenées à la condition de variétés. A. Fn. 1 Neue Cyperaceem beschrieben von O. Bockeler (Cypéracées nou- velles décrites par M. O. Beckeler) (Engler's Botanische Jarhbue- cher, etc. vol. v, p. 497). Les espèces nouvelles signalées par M. O. Beeckeler sont au nombre de 57, et proviennent de régions trés diverses. Elles sont décrites selon la méthode ordinaire de l'auteur, c'est-à-dire longuement et sans autre indication relative à leurs affinités, que la mention de l'espéce dans le voisinage de laquelle on peut les placer. Cette mention est elle-méme parfois trés vague et formulée en ces termes : « C. chlorostachys....; (1) Voyez e Bulletin, vol. xt (Revue). p. 253. 148 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. speciei præcedenti modice affinis. » Dans des genres aussi considérables que le sont les Cyperus ou les Carex, il devient à peu près impossible de comprendre les espéces du descripteur allemand. Cyperus atropurpureus, Madagascar (Hildebrand, n^ 3143) ;C. pauci- spiculatus, Madagascar (Hild. n° 4020); C. brunneo-ater, Madagascar (Hild. n° 3743») ; C. Behmii, lac Tanganyika (Bœhm, Ost. Afr. n° 15); C. Lhotskyanus, Nouvelle-Hollande; C. Widgrenii, Brésil; C. solidifo- lius, Madagascar (Hild. n° 3736); C. tenuispiculatus, Madagascar (Hild. n° 3831); C. imerinensis, Madagascar (Hild. n° 3798); C. manillensis, Manille (Wichura); C. Hilgendorfianus, Japonia (Hilgendorf); C. Soyau- wii, Afr. occ. (Soyaux); C. Andersonianus, Sikkim (Anderson) et Bornéo (Grabowski); C. argentinus, république Argentine (Lorentz); C. Gra- bowskianus, Bornéo (Grabowski). Heleocharis minuta, Madagascar (Hild. n° 3527) ; H. Widgrenii, Brésil (Widgren). Scirpus melanorrhizus, rép. Argentine (Lorentz) ; S. macer, Mada- gascar (Hild. n° 3788); S. Renschii, Ost. Imerina (Hild. n° 3742); S. cinnamomeus, Ost. Imerina (Hild. n° 3737). Fimbristylis Didrichsenii, Chine (Didr. n° 3000) ; F. Kamphæveneri, ile Teressa ; F. exigua, Madagascar (Hild. n° 3739). Ficinia Bolusii, Afr. austr. (Bolus, n° 4233). Eriophorum filamentosum, Malacca. Fuirena macrostachya, lac Tanganyika (Bæœhm, n° 73). Hypolytrum macranthum, Afr. occ. (Soyaux). Rhynchospora Hildebrandtii, Madagascar (Hild. n° 3748); R. Kam- phæœveneri, ins. Teressa; R. ignorata (Cyp. corymbiferus Wright, coll. pl. Cub.), Cuba. DEcaLEPIS, nov. gen. Rhynchosporearum : Squamæ 10, terminales tres flores foventes ; perigonii sete 3; stamina 3; stylus elongatus, trifidus, basi conico-dilatata trigona, cum ovario oblongo-lineari sulcato angulato concretus. Generi Cyathochete Nees, affinis. — D. Dregeana, Cap. Bon. Sp. (Drege, n° 1615). Calyptrocarya Schottmuelleriana, Brésil. Scleria Mechowiana, Afr. occ. (Mechow, n° 345); S. Wichur®, Manille; S. exaltata, Ceylan (Thwaites, n° 3031) ; S. Hasskarliana, Inde (Griff. n° 6120) ; S. hæmatostachys, Java; S. Dæderleiniana, ins. Liu-kiu; S. purpureo-vaginata, Manille; S. Plæmii, Java; S. Mada- gascariensis, Madagascar (Hild. n° 3745). Carex exigua, Ceylan ; C. leucocarpa, Japon; C. yedoensis, Japon; C. Renschiana, Madagascar (Hild. n° 3746); C. Hildebrandtiana, Ma- dagascar (Hild. n° 4014); C. nodiflora Manille; C. madagascariensis, Madagascar (Hild. n° 3753); C. fuscescens, Japon; C. Naumanniana, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 149 Japon; C. Hilgendorfiana, Japon; C. discolor, Japon; C. Wichure, China; C. chlorocystis, Hong-kong; C. subanceps, Japon. Uncinia Cheesemanniana, Nouvelle-Zélande. A. FR. Generis Ruborum speciem novam proponit H. F. Hance (Journal of Botany, vol. xxu [1884], p. 41). Rubus (Idæobatus, elliptici?) araloides, sp. nov.— Ramulis tomento brevi intermixtis glandulis vestitis, aculeis brevibus e basi lata recurvis vel rectiusculis armatis; stipulis setaceis ; foliis pinnatim trifoliatis, fo- liolis ovatis subtus breviter tomentosis et glandulosis floribus; in race- mos axillares necnon in paniculas angustas virgatas densifloras dispositis, calycis lobis ovatis setaceo-acuminalis 2 lin. longis, petalis læte roseis obovatis ; receptaculo piloso ; ovariis glaberrimis. Prov. de Canton (B. C. Henry). Trés belle espéce dont, en l'absence de fruits, l'auteur ne peut assigner la place systématique ; elle parait surtout voisine du R. ellipticus Sm. A propos de ce nouveau Rubus, M. Hance énumère toutes les espèces de ce genre connues jus wici en Chine; leur nombre s'élève à 19. ? A. FR. New Plants from the Zambesi country (Plantes nouvelles du Zambése) ; par M. J. G. Baker (Journal of Botany, vol. xxii, p. 52). Ces deux nouvelles plantes, rapportées du Zambése en 1857 par sir J. Kirk, sont l'Aloe cryptopoda, voisin de l'A. abyssinica et de PA. soc- cotrina, et une Fougère, Notochlena lepigera, dont il faut chercher les affinités parmi les espéces de la flore des Andes et du Mexique, et dont la place est à cóté du N. squamosa Fée. A. Fn. Cyperace:x movie, auct. H.-N. Ridley (Journal of Botany, vol. xxi, 1884, p. 15). Cyperus divulsus, sp. nov. — Madagascar (Hildebrandt, n° 4080). Intéressante espèce, appartenant à la section des Pyereus; assez voisine du C. intermedius Steud., mais bien caractérisée par ses épillets seule- ment au nombre de 3, trés écartés, accompagnés de bractées linéaires. C. Smithianus, sp. nov., du Congo; C. albiceps, du Congo, petite espèce à port de Killingia et qui doit être rapprochée du C. leucoce- phalus Retz; C. daphenus, de Madagascar (Hilsenberg et Bojer); Scle- ria Hilsenbergii, de Madagascar (Hilsenberg et Bojer), assez semblable au S. verticillata Sw., mais à feuilles plus courtes, plus étroites; ra- meaux de l'inflorescence plus gréles et plus allongés. A propos des Cyperus de Madagascar, M. Ridley cite 3 espèces de cette région qui ne sont point signalées dans la liste que M. C. B. Clarke a donnée dans le vol. xx du Journ. of the Linn. Soc. Ce sont : C. dicro- 150 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. stachys Hochst., d'Ankafina (Hildebrand, n° 4016), qui se retrouve aussi dans la basse Guinée et dans l'Abyssinie; le C. margaritaceus Vahl, Madagascar (Thompson); C. nudicaulis Poiret, Andrangoloaka (Hild. n° 3144). A. FR. A new Chinese Maple (Sur un nouvel Érable de la Chine); par M. H. F. Hance (Journal of Botany, vol. xxi, p. 16). Acer Fabri, sp. nov. — Ramulis glaberrimis ; foliis tenuiter coriaceis lanceolatis, integerrimis, basi rotundatis apice caudato acuminatis, penni- nerviis opacis, 2-2 1 poll. longis, 9-11 lin. latis, petiolo filiformi 3-lineali ; floribus...?; samaris in cymas terminales laxas dispositis, 15 lin. longis, divergentibus, alis venosis dorso rectis, ex apice obtuso intus sensim cur- vatis, loculum ovoideum valde convexum nervatum triplo superantibus. Prov. Canton (E. Faber). Intermédiaire entre lA. reticulatum Champ. et PA. levigatum Wall. A. FR. On some Chinese species of Oaks (Sur quelques espéces de Chénes de la Chine); par M. Fr. Blackwell Forbes (Journal of Botany, vol. xxit, p. 80). En 1818, le D" Clarke Abel a publié une intéressante relation du voyage de lord Amherst à travers l'intérieur de la Chine, depuis Pékin jusqu'à Canton. Le D" C. Abel, attaché à l'ambassade en qualité de chi- rurgien et de naturaliste, y découvrit un certain nombre de végétaux inté- ressants que R. Brown a décrits, dans un appendice à l'ouvrage. On y trouve signalés pour la première fois les genres Abelia et Loropetalum, ainsi que deux espéces de Chénes, dont M. Alph. de Candolle n'a point fait mention dans le Prodromus : Quercus densifolia et Q. chinensis, tous deux de la province de Kiang-si. Le premier n'a pas été figuré et sa des- cription est assez incompléte; toutefois M. Maximowicz a suggéré qu'il pourrait bien avoir une grande affinité avec le Q. thalassica Hance. Quant au Q. chinensis, dont on trouve une belle figure dans l'ouvrage cité, M. Maximowiez est porté à y voir une espéce trés voisine du Q. sclero- phylla Lindl.; mais il est évident que ce point ne pourra étre éclairci que par l'étude des spécimens originaux qui font partie des collections de Staunton réunies aujourd'hui à l'herbier que Webb a légué au grand- duc de Toscane (1). (1) Dans une visite faite à l'herbier du Muséum, postérieurement à la publication de sa note, M. Bl. Forbes a reconnu le (). chinensis Rob. Br. (non Bunge) dans des ra- meaux stériles rapportés du Kiang-si par M. l'abbé David, en 1868 ; ce zélé et savant collecteur a découvert en outre trois autres espéces qui ne sont poirit sur la liste de M. Forbes. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 151 Quoi qu'il en soit, Bunge ayant plus récemment donné le nom de Q. chi- nensis à une espéce toute différente du nord de la Chine, M. Forbes pro- pose pour cette dernière la dénomination de Q. Bungeana. Le Q. acutissima Carruthers, Journ. of the Linn. Soc: vt, p. 33, a été rapporté au Q. serrata Thunb. par M. Alph. de Candolle. M. Forbes ne peut accepter cette manière de voir, mais il a besoin de matériaux plus eomplets pour indiquer l'affinité réelle du Chéne de M. Carruthers. Le Q. glauca Thunb. a été observé en Chine, dans les provinces de Fokien et du Tché-kiang. Le Q. Vibrayeana Franch. et Sav., connu seu- lement au Japon, a été également rapporté des montagnes du Tché-kiang ; il a été mentionné dans le Gardeners Chronicle, sous la dénomination erronée de Q. bambusæfolia (non Hance). Une troisiéme espéce, dont on n'a signalé également jusqu'ici aucune localité en dehors du Japon, le Q. gilva BI., a été trouvée dans l'ile de Poo-too (archipel Chusan). Le nombre des Chénes actuellement connus en Chine est de 28. M. Forbes les énumére tous, avec leurs localités ; 10 appartiennent en méme temps à la flore du Japon. A. Fn. Novam Echinocarpi speciem tradit H. F. Hance (Journal of Botany, vol. xxit, p. 108). On connait aujourd'hui 10 espéces du genre Echinocarpus, dont1 de Java, 5 des montagnes de l'Inde et 4 de l'Australie; la province de Canton en fournit une nouvelle, E. sinensis Hance. C'est un arbre à rameaux glabres, à feuilles oblongues cunéiformes à la base, trés glabres, réticulées en dessous ; la capsule a prés de 3 cent. de diam., et ses valves s'ouvrent en étoile à la maturité; l'endocarpe est hérissé de pointes subu- lées placées sur un tubercule. Cette espèce est surtout voisine de PE. mu- rici Benth. M. Hance n'admet qu'avec peine le genre Echinocarpus, dont M. Mueller n'a pas vu se maintenir, chez les espéces australiennes, la dif- férence qui le sépare des Sloanea américains. A. FR. Some Chinese Corylaceæ (Sur quelques Corylacées de la Chine); H. F. par M. Hance (Journal of Botany, vol. xxit, p. 227). Dans une lecture faite devant la Société royale de géographie, en 1878, M. Thiselton Dyer remarque qu'il n’est peut-être pas pour les botanistes de champ plus riche à explorer que la Chine. En effet, dans une courte période d'années, les découvertes faites dans la seule famille des Cory- lacées sont vraiment extraordinaires et démontrent la richesse singu- lière de la flore du sud de la Chine. M. Hance fait connaitre quelques espéces inédites de cette famille : Quercus (Pasania) Naiadarum, de 152 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. l'ile d'Hai-nan; Q. (Pasania) uvariifolia, de la province de Kwang-si, magnifique espéce étroitement alliée au Q. cornea Lour., dont elle a presque les fruits, avec des feuilles et un indument différents ; Q. (Pasa- nia) lisseifolia, de l'ile d'Hai-nan ; Q. (Pasania) synbalanos, de l'ile de Hong-kong ; Q. (Pasania) iteaphylla, de l'ile de Hong-kong ; Q. (Cyclo- balanus) silvicolarum, de l’île d'Hai-nan. A. Fn. A new Bornean Orchid (Une nouvelle Orchidée de Bornéo); par M. H. N. Ridley (Journal of Botany, vol. xxi, p. 333. Liparis grandiflora, sp. nov. — Pseudo-bulbosa ; folio singulo coria- ceo ovato-lanceolato magno; scapo erecto pedali, tereti, validulo; floribus magnis, paucis, pedicellis longis, bracteis membranaceis lanceolatis acu- tis, sepalis ligulatis-lanceolatis obtusis, petalis subæquantibus multo angustioribus ; labello cuneato bilobo crenulato, marginibus pubescenti- bus; columna gracili curva, basi parum dilatata, supra alata, anthera depressa, obtusa biloculari. Bornéo, montagnes de Mendai-Pramassan (Grabowski). A. Fn. Notes on some North American species of Saxifraga (Notes sur quelques Saxifrages de l'Amérique du Nord) ; par M. Asa Gray (Proceedings of the American Academy, vol. xx). A propos du S. peltata Torr., l'auteur fait la critique de certains caractères attribués aux Saxifraga par M. Engler. C'est ainsi que ce botaniste attribue des fleurs protogynes aux Bergenia, tandis que celles des Saxifraga seraient protandres. La vérité est que M. Asa Gray a remarqué que la majorité des individus du S. peltata avait en effet des fleurs protandres, mais qu'il n'était point rare de trouver des individus spontanés vraiment protogynes, en ce sens que le développement de leurs anthéres était toujours postérieur à celui des sligmates, et qu'ainsi le rôle des étamines se trouvait considérablement diminué, les fleurs montrant dans ce cas une tendance marquée à la gymnodiccie. Engler fait aussi une confusion en plaçant sa section Peltiphyllum parmi celles dont les capsules s'ouvrent seulement par le haut; ceci a du reste été rectifié dans le Botanical Magazine et dans le Botany of California. Bentham a décrit les pétales comme marcescents, Torrey comme persis- tants; en réalité, ils sont promptement caducs. Les autres espèces dont parle M. Asa Gray sont : S. ranunculifolia Hook.; S. Tolmæi Torr. et Gr.; S. stellaris et leucanthemifolia ; S. bryophora Gr. ; S. hieraci- folia W. et Kit. ; S. Forbesii ; S. eriophora Wats.; S. virginiensis Mich.; S. reflexa Wook. ; S. dahurica Pall.; S. unalaschensis Sternb.; S. Lyalli Engl.; S. nudicaulis Don; S. punctata L.; S. fragarioides. Tous donnent lieu à des observations concernant, soit des localités nou- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 153 velles, soit des particularités contestées dans leur description. L'auteur a dressé un tableau synoptique des espèces américaines à pétales obtus et égaux ; toutes les espèces propres à la Californie rentrent dans ce tableau. A. Fn. Bulletin mensuel de la Société Linnéenne de Paris (n** 54, 52, 53); 4 novembre 1883, 4 juin 1884, pp. 401-424). Page 401.— Description d'une nouvelle espéce de Zingiber, par M. L. Durand. — La plante envoyée de Londres à l'École d'Alfort était éti- quetée Z. officinale L.; elle est beaucoup plus voisine du Z. Nimmonii Dalzell. M. Durand la considére comme nouvelle et en donne une longue description sous le nom de Z. Railletii, du nom de M. Raillet, profes- seur d'histoire naturelle d'Alfort, de qui il l'a reçue. Les fleurs sont d'un jaune de chrome ; le calice est velu à sa partie inférieure, les divisions antérieures de la corolle sont réfléchies; le labelle est entier au sommet ; l'inflorescence forme un épi long de 3 à 4 cent., sensiblement comprimé, accompagné de bractées subdistiques ; le pédoncule atteint 10 à 12 cent. Les organes souterrains sont assez différents de ceux des autres Gin- gembres: dans ceux-ci le rhizome est charnu et les racines sont relati- vement peu volumineuses; dans le Z. Railletii au contraire, le rhizome est presque ligneux, gréle et les racines sont renflées en tubercules volu- mineux. La patrie de ce Gingembre est inconnne. M. Durand divise les Zingiber connus en deux sections : Euzingiber, avec l'épi radical ; Zingiber, avec l'épi terminal. Cette deuxiéme section, qui ne peut étre subdivisée, comprend les Z. elatum, capitatum et marginatum. La première section peut être partagée en trois sous-sec- tions, selon que l'épi est longuement pédonculé et longuement exsert, longuement pédonculé et en partie caché dans le sol (Z. Railletii), ou bien à épi sessile, dépassant à peine le sol. Page 404. — Sur la valeur du genre Herminiera, par M. H. Baillon. — Ce genre n'est qu'une section du genre Smithia caractérisée par son ovaire circiné aprés l'anthése ; le calice, la corolle et l'androcée sont ceux du Sm. Chamæcrista et autres espèces analogues, qui sont elles-mêmes reliées à l'Herminiera par une nouvelle espéce de Madagascar, S. Gran- didieri, très voisine de l'H. Elaphroxylon, mais distincte par ses folioles acuminées et non émarginées, par ses fleurs plus petites, en grappes plus courtes. Page 407. — Emendanda. — Sous ce titre, M. Baillon rectifie cer- taines données erronées qui ont cours relativement à l'organisation de certains genres. Ainsi, dans le Myogalum Link (M. nutans), les éta- mines sont décrites comme pourvues de filets tricuspidés au sommet; ceci 154 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. n'est vrai, au moins dans la plante cultivée, que pour les étamines oppo- sitipétales. — Kalmia L.: le calice est quinconcial dans ce genre, et la corolle, indiquée comme valvaire indupliquée, est imbriquée et le plus souvent cochléaire. Page 409. — Linné transformiste, par M. H. Baillon. — Linné était transformiste à ses heures. M. Baillon cite à l'appui quelques textes qui paraissent concluants. On lit en effet, dans la deuxiéme édition du Species, p. 837, au sujet du Prunella laciniata, issu du P. vulgaris : « A quà olim orta; structura hodie persistens, adeoque tantillum diversa. » Et plus loin, page 1050, à propos des espéces qui composent le genre Scor- piurus : « Species hasce omnes ex unà specie ortas esse dubium non est; nec sufficit locus harum generationi, qui tum mutatas easdem redde- ret; que itaque mixtura harum produxerit constantes plantas? Qui has omnes aut conjungat aut distinguat videtur argumentis inniti. » Page 410. — Les Xylolæna et la valeur de la famille des Chlénacées. — On n'a longtemps connu de ce genre que les fruits ; mais, grâce aux spécimens rapportés par M. Humblot, M. Baillon a pu faire l'analyse des fleurs du X. Richardi. ll les décrit avec beaucoup de détails, ainsi que les fruits, et il arrive à conclure que c'est un type trés curieux de Chlé- nacées n'offrant pas le caractére qui a servi à séparer celles-ci des Ternstræmiées, c'est-à-dire l'existence de trois sépales coincidant avec une corolle à cinq pétales. Dans la plante en question, il y a au contraire isomérie entre les deux verticilles du périanthe, ce qui améne forcément la suppression de la famille des Chlénacées. La flore de Madagascar posséde un autre type plus intéressant encore et plus voisin des Ternstremiacées. M. Baillon le décrit sous le nom d'Eremolena Humblotiana. M. Humblot l'a distribué sous le n° 245. C'est un grand arbre (30 métres) à fleurs blanches et qui parait étre trés ornemental. L'organisation de la fleur est tout à fait celle d'une Chléna- cée, mais en méme temps elle ne différe en rien de celle de la famille des Ternstræmiacées, le périanthe étant isomére. Les exemples ne man- quent pas du reste à l'auteur pour démontrer que les Chlénacées ne constituent qu'une série dans les Ternstroemiacées. Page 414. — Liste des plantes de Madagascar (suite). — M. Baillon énumére les espèces des genres Æschynomene, Smithia et Diphaca (Ormocarpum) ,et décrit comme nouvelles les espèces suivantes: ZE.? tri- buloides, de Madagascar (Bojer); Æ. obovalis et filipes, d Emirna (Bojer); Æ. mazangayana, de la province de Mazangay (Hildebrand); Smithia Bernieri (Bernier, 2° env., n° 165); Diphaca Bernieriana, Diego-Suarés (Bernier, 2° env., n° 252. — Boivin, n° 2718) ; D.? Pervilleana. Page 420. — Un nouveau type aberrant de Madagascar, par M. H. Baillon. — Il s'agit ici d'une plante qui aux caractères extérieurs d'une REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 155 Santalacée joint l’organisation ovarienne d'une Saxifragacée, famille à laquelle il conviendra peut-être de la rapporter, quand on pourra l’étu- dier d'une façon plus complète. M. Daillon donne une description aussi détaillée que possible de cette singuliére plante, dont il n'a recu que les individus femelles, et qu'il nomme du nom de celui qui l'a découverte Grevea madagascariensis. Page 422. — La fleur femelle de l'Acanthosicyos, par M. H. Baillon. — M. Duparquet a récolté à la baie Welwitsch la fleur femelle de l'Acanthosicyos, qui était demeurée inconnue jusqu'ici. Le réceptacle est chargé d'aiguillons mous et se prolonge en tube dont les bords portent le périanthe et la face interne donne insertion à l'androcée stérile. Le calice est gamosépale, à cinq lobes aigus, sans qu'on puisse constater, non plus que dans la fleur måle, l'existence de l'extrémité cornée et presque vulnérante qu'on lui attribue. Staminodes trés développés; pétales libres des Cucumis; style en colonne, trilobé au sommet, chacun des lobes échancré en croissant; ovules horizontaux, insérés comme ceux des Courges. La fleur femelle de l’ Acanthosicyos est axillaire et solitaire ; les deux épines latérales qui accompagnent les feuilles sont des productions hypertrophiques du coussinet, comme chez les Ribes. Page 423. — Sur un nouveau genre Cogniauxia. — Ce nouveau genre a été découvert au Gabon en 1863 par le P. Duparquet, et M. Cogniaux, le monographe des Cucurbitacées, qui en avait eu connaissance, lui re- connaissait des affinités avec les Eureiandra-; il en est toutefois dis- tinet. C'est une plante grimpante, à feuilles trés grandes, cordées-hastées, dépassées par l'inflorescence placée à leur aisselle. La grappe de fleurs (mâles) est nue inférieurement et pourvue dans le haut de bractées flo- rales, qui ne répondent point à la base des pédicelles. Ces bractées sont entrainées avec eux de facon à se trouver insérées contre la base des jeunes boutons ; plus tard, par suite de l'élongation du pédicelle, la brac- tée en occupe à peu prés le milieu et le déforme de façon qu'il soit comprimé au-dessous du point d'émergence. Le réceptacle floral est tu- buleux et porte cinq sépales dentiformes et cinq longs pétales jaunes, un peu asymétriques ; cinq élamines exsertes à anthéres fortement contor- tupliquées, bien que d'ailleurs uniloculaires. La fleur femelleest inconnue. A. FR. On Æyalocalyx, à new genus of Turneraceæ from Madagascar (Sur l'Hyalocalyx, nouveau genre de Turnéracées de Madagascar) ; par M. R. A. Rolfe (Journal of the Linnean Society, vol. xxx, p. 256, pl. VII, 18 aoüt 1884). Ce nouveau genre n'a pas été connu de M. Urban lorsqu'il a rédigé sa monographie des Turnéracées: il est trés voisin du genre Mathurina 156 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. par l'insertion subhypogyne des pétales et des étamines, et sa place est entre les Turnera et les Mathurina, à cause de l'absence de couronne àla base des pétales; son port est plutót celui d'un Turnera, dont il a aussi les styles, les graines et le gros arille. Les fleurs de l'Hyalocalyz sont les plus petites de la famille; le calice est tout à fait membraneux à cause de l'absence de chlorophylle, et c'est à cetle particularité que la plante doit son nom. Le fruit est également anormal dans la famille; son pédoncule s'allonge considérablement aprés l'anthése et se courbe en crochet au sommet, de sorte que la capsule devient étroitement appliquée contre lui. HyALOCALYX, gen. nov. — Sepala ad medium in tubum subeylindra- ceum coalita, tenuissime hyalino-membranacea, inconspicue trinervia, quincuncialiter imbricata, apice bisetifera. Petala ima basi calycis inserta sed vere perigyna, inferne cuneata, nuda. Stamina perigyna, ima basi calycis inserta ; filamenta linearia, basi dilatata; antherz breves, cordato- ovoideæ, apice leviter mucronulatæ. Ovarium ovoideum, glabrum; styli 3, recti, filiformes, glabri, apice breviter flabellatim multipartiti ; placentæ 3, 3-ovulatæ, ovulis uniseriatis, funiculis longiusculis insertæ. Pedunculus fructiferus auctus, apice arcte incurvato. Fructus inversus, levis, pæne ad basin dehiscens. Semina oblongo-obovoidea, in hilum subito contracta, curvata; testa reticulato-striata, striis elevatis ; arillus unilateralis, semen dimidium. æquans, tenuiter membranaceus, margine integro. H. setiferus, sp. unica. — In insula Nossi-bé, madagascariensis. Ru- tenberg! A. Fn. Die auf der Expedition S. M. S. « Gazelle » von D' Nau- mann gesammelten Cyperaccen (Les Cypéracées nouvelles recueillies par le D' Naumann dans l'expédition de « la Gazelle »); par M. O. Beckeler. (Engler's Botanische Jahrbuecher fur systematik Pflanzengeschichte und Pflanzengeographie, vol. v, p. 89). La petite collection de Cypéracées récoltées par le D" Naumann dans diverses localités des régions tropicales du globe se compose de 37 espèces et de plusieurs variétés. La plus grande partie provient de la côte occi- dentale de l'Afrique et surtout des États de Monrovia, dans la république de Liberia. M. Beeckeler décrit les espèces suivantes comme nouvelles : Cyperus monroviensis, de Liberia ; C. fertilis, de Sierra-Leone; C. (Dicli- dium) Novæ-Britanniæ, de la Nouvelle Bretagne; Heleocharis Nauman- niana, de Liberia; Fimbristylis Nove-Britannie, de la Nouvelle-Bre- tagne; F. rufa, du nord de l'Australie; Scleria Naumanniana, de Liberia. A. Fn. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 157 Expedição scientifica a serra da Estrella em 1881. Secção de Botanica: Relatorio do sr D" Julio Augusto Henriques (Mission scientifique envoyée dans la serra d'Estrella en 1881. Compte rendu présenté, au nom de la section de botanique, par M. J.-A. Henriques). In-4 de 133 pages et 2 cartes. Lisbonne, imprimerie nationale, 1883. La serra (chaine) d' Estrella, située dans le royaume de Portugal entre les 40° et 41° degrés de latitude nord, s'étend, dans la direction du sud- ouest, sur une longueur de 80 à 90 kilométres, avec une largeur d'envi- ron 30 à 40 kilométres; sa hauteur est de 1200 métres en moyenne et atteint 1995 métres au point culminant. Les neiges couvrent les sommets pendant dix mois de l'année, de septembre ou octobre au mois de juillet suivant. La serra, presque enliérement granitique, est, sur plusieurs points, déboisée par les pâtres, qui là, comme dans notre Midi, brú- lent les bois et les maquis pour avoir de l'herbe. Visitée naguére par Tournefort et à des époques plus récentes par des botanistes renommés, notamment à la fin du siécle dernier et au commencement de celui-ci par Brotero, Hoffmansegg et Link, elle a été de nouveau parcourue en 1881 par une mission scientifique (dont faisaient partie le D' J. Augusto Hen- riques, chef de la section de botanique, et M. Daveau), envoyée par la Société de géographie de Lisbonne dans ce district montagneux pour en étudier soigneusement la topographie et les productions. Les résultats botaniques de ce voyage d'exploration ont été exposés par M. Henriques dans un intéressant mémoire, dont nous regrettons de ne pouvoir donner ici qu'une courte analyse. L'auteur y a dressé un catalogue méthodique de toutes les espéces, au nombre de 716, dont 133 Cryptogames, observées jusqu’à ce jour, à partir de 400 mètres d'altitude, dans la serra d'Estrella. Les formes litigieuses ont été soumises à l'examen de M. J. Lange. M. Freyn a déterminé les Ranunculus et M. Hackel les Graminées. Les Lichens (34 espéces) ont été nommés et classés par M. Nylander, les Mous- ses et les Hépatiques (69 espéces) par MM. Lindberg et Venturi, les Algues (11 espéces) par MM. Nordstedt et Van Heurck. Ce catalogue est précédé d'un intéressant chapitre sur les « régions botaniques de la serra ». L'auteur distingue une région cultivée et une région alpine, subdivisées l'une et l'autre en trois zones: inférieure, moyenne et supérieure. Dans la zone cultivée inférieure, limitée supérieurement à 400 mètres, l'Agave americana et! Opuntia vulgaris mürissent leurs fruits ; le Mais, la Vigne et l'Olivier sont les cultures dominantes. On y remarque, comme principaux arbres, les Pinus Pinaster et Pinea, le Populus nigra, les Quercus lusitanica et pedunculata. Le nombre total des espèces s’élève à 1030, réparties en 110 familles. 158 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Dans la zone cultivée moyenne (400 à 800 mètres), la culture du Mais est la plus importante, mais celles de la Vigne et de l'Olivier y sont aussi prospères; le Quercus pedunculata et le Chàtaignier sont trés répandus. Le total des espéces s'abaisse à 438, et celui des familles représentées à 82. La zone suivante cesse avec le Pteris aquilina et la culture du Seigle à 1500 métres environ d'altitude; le Mais et la Pomme de terre ne dépas- sent pas 1000 métres. La végétation arborescente tend à disparaitre. On voit des Pins clairsemés dans la partie inférieure, et des bois assez importants de Chéne Tauzin (Q. Tozza Bosc) (1). Le Sarothamnus erio- carpus Boiss. devient l'arbuste dominant vers 1500 métres, et le Macro- chloa arenaria Kunth, unique plante industrielle de la serra, occupe de vastes espaces; une Cistinée (Halimium occidentale Willk.) est aussi trés abondante. La flore de cette zone comprend 166 espéces, appartenant à 47 familles. On arrive ensuite à la région alpine, dont la première zone est caracté- risée par 5 Éricinées : d'abord l'Erica umbellata, puis successivement les E. arborea, lusitanica, aragonensis et le Calluna vulgaris ; entre 1600 et 1700 métres, les E. arborea et aragonensis prennent une grande extension et;présentent un développement remarquable. On rencontre aussi çà et là l'Hex Aquifolium, le Betula pubescens et le Taxus bac- cata. Deux Graminées, Agrostis truncatula et Corynephorus cane- scens, couvrent le sol ; une troisième, le Nardus stricta (que les pasteurs appellent cervum), encore assez rare, devient de plus en plus commune à mesure qu'on s'éléve. 114 espéces représentant 98 familles composent pour cétte zone le bilan de la végétation. Dans la suivante (1750 à 1850 mètres), l'appauvrissement continu de la flore fait descendre à 70 le nombre des espéces et à 29 celui des familles. De vastes pelouses d'un vert clair sont formées presque uniquement de Nardus stricta. Le Juniperus nana, dont le tronc peut mesurer 07,60 de circonférence, applique ses tiges prostrées sur la roche nue et s'arréte à 1850 métres. On observe aussi par places le Sarothamnus purgans. Enfin, au-dessus de 1850 métres (zone alpine supérieure), on ne trouve plus que 45 espéces vasculaires, notamment le Nardus stricta, le Genista Boissieri, quelques Cypéracées et Joncées, et le Sparganium natans dans les eaux du lac de Salgadeira. Les Cryptogames cellulaires sont au contraire en grand nombre, et presque toutes celles que mentionne le catalogue ont été récoltées à ces hautes altitudes. (1) Ce Chêne est le plus abondant de la région. On le connaît en Portugal sous le nom de« Negral » ou de Chêne gris de la Beira (Carvalho pardo da Beira), parce qu'il domine dans la province de ce nom, dont la serra d'Estrella fait partie. On le trouve à partir de 300 métres d'altitude, mais il ne devient prédominant que vers 900 à 1000 métres et monte jusqu'à 1700 métres. (Note communiquée par M. Daveau.) REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 159 Une quinzaine de plantes vasculaires sont communes aux six zones: Ranunculus ascendens Brot., Arenaria capitata, Umbilicus penduli- nus, Conopodium denudatum, Pedicularis silvatica, Wahlenbergia hederacea, Juncus supinus et pygmaus, Crocus nudiflorus Sm., Carex dimorpha Brot., Festuca duriuscula, Holcus mollis, Agrostis trunca- tula, Polystichum spinulosum 8. dilatatum, Cystopteris fragilis. Au résumé, il résulte des recherches dont elle a été l'objet jusqu'à ce jour, que la flore de la serra d'Estrella, dans son ensemble, comprend 26 espéces acotylédones vasculaires, 4 gymnospermes, 271 monocotylé- dones et 932 dicotylédones, soit un total d'environ 1230 plantes vascu- laires, dont 7 sont particulières au Portugal (1), 84 à la péninsule ibérique, 98 à l'Europe méridionale ou à la zone méditerranéenne, et 1036 ont une aire de dispersion trés étendue en Europe. Nous souhaitons que toutes les flores locales de France soient un jour aussi bien connues que l'est maintenant, gràce à la savante publication de M. Henriques, celle de la serra d'Estrella ; elle nous offre, au point de vue de la géographie botanique, un précieux spécimen de la flore portu- gaise. [Note ajoutée pendant l'impression. — Nous sommes informé par MM. Henriques et Daveau qu'à la suite d'un examen approfondi de cer- tains points douteux (échantillons mal caractérisés, espéces controver- sées, etc.), un petit nombre de déterminations du « Catalogo das plantas da serra » doivent être rectifiées comme il suit : N° 430. Linaria linogrisea Hoffg et Link. — N° 440. Digitalis ne- vadensis Knze. — N° 473. Ferula Ferulago L. — N° 478. Angelica silvestris L. -- N° 578. N'est peut-être qu'une forme trés développée du Genista lusitanica Link. — N° 606. Euphorbia myrsinites Brot. (non E. nicæensis All.). — N° 689. Brassica sabularia Brot.] ERNEST MALINVAUD. NOUVELLES (1* janvier 1885.) — La botanique a été douloureusement atteinte dans la personne de M. George Bentham, correspondant de l'Académie des sciences et membre de notre Société, décédé à Londres, le 10 septembre dernier ; il était né à Stoke, prés de Portsmouth, le 22 septembre 1800. Nous nous (1) Ces espèces, qu'on n'a rencontrées jusqu'ici que dans le Portugal, sont : Aquile- gia dichroa Freyn, Ranunculus lusitanicus Freyn (voisin de R. hololeucos Lloyd), Silene acutifolia Link, Veronica micrantha Hoffg et Link, Verbascum Henriquesit Lange (voisin des V. nevadense Boiss. et Henseleri B. et R.), Senecio cæspitosus Brot., Festuca Henriquesii Hackel. 160 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. bornons à cette simple mention, M. Duchartre, président de la Sociélé botanique, ayant donné dans la séance de rentrée un apercu de la vie et des travaux de ce botaniste éminent. Le Journal of Botany a publié, dans le numéro de décembre de cette année, un portrait photographique fort ressemblant de G. Bentham. i — Notre confrère M. J. Costantin a été nommé aide-naturaliste de la chaire de botanique (anatomie et physiologie) au Muséum d'histoire naturelle de Paris. — Un autre de nos confrères, M. Rodier, a été nommé maître de con- férences de botanique à la Faculté des sciences de Bordeaux. — M. Priem, notre confrère, a été nommé professeur agrégé de sciences naturelles au lycée Henri IV. — M. Houssay, membre de notre Société, a été chargé d'une mission scientifique de deux ans en Perse, pour l'étude des sciences naturelles. . — M. Gandoger désire échanger ou vendre les plantes (environ 17,000 espèces, formes ou variétés) qui ont servi à la description des quinze pre- mières familles de son Flora Europa. — M. D. Boutigny, ancien sous-inspecteur des foréts, est décédé à Auch le 27 juin 1884. Il possédait un herbier considérable, eniiérement passé au sublimé et dans un excellent état de conservation, renfermant en grand nombre de précieux exsiccatas, notamment ceux de Bourgeau (Espagne, Chypre, Canaries, Chypre, etc.), de Balansa (Alpes Pontiques), de Schultz, Lindberg, Fée, Schimper, Porta et Rigo, Welwitsch, Todaro, Savi, Parlatore, Ledebour, Hohenacker, etc., etc. Les héritiers, désirant vendre en bloc cette importante collection, en ont fixé le prix total, extré- mement réduit, à 1500 francs. — S'adresser, pour traiter ou pour obtenir de plus amples renseignements, à M. Leschenault du Villard, juge de paix à Auch (rue d'Étigny), mandataire des héritiers. Le Directeur de la Revue "EC ind Dr Ep. BORNET. Le Secrétaire général de la Société, gérant du Bulletin, E. MALINVAUD. BOURLOTON.— lmprimeries réunies, A, rue Mignon, 2, Paris. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE (1884) lus 4d Contributions to North American Botany; par M. Asa Gray. II. Miscellaneous genera and species (Proceedings of the American Academy of Arts and Sciences, 1883, vol. xix, pp. 79-96). Dans ce mémoire, M. Asa Gray décrit un grand nombre d'espéces nou- velles appartenant aux genres Callirrhoe, Cologania, Astragalus, Mi- mosa, Sambucus, Lonicera, Machaonia, Oldenlandia, Crushea, Galium, Valeriana, Gaultheria, Metastelma, Asclepias, Buddleia, Gentiana, Loselia, Phacelia, Eritrichium, Ipomæa, Saracha, Pent- stemon, Castilleja, Cordylanthus, Monardella. Il donne incidemment un tableau synoptique de tous les Valerianella connus de l'Amérique du Nord, au nombre de treize, en y réunissant les Fedia, les Plectritis et les Betckea. Deux espéces sont données comme nouvelles : V. (Plectritis) anomala, des bords de la rivière Columbia, et le V. (Plectritis) aphanoptera, dela méme région, dont le Plectritis capitata, distribué par Nuttall, ne parait pas différer. M. Asa Gray signale en outre deux genres nouveaux : Nodocarpæa, (p. 19), de la famille des Rubiacées, tribu des Spermacoccées, établi pour le Borreria radicans Griseb. (Cat. pl. de Cuba, 142). C’est une petite herbe à corolle en roue, tripartite; 3 étamines; ovaire subglobuleux, bi- loculaire, avec un seul ovule amphitrope dans chaque loge; style court, à deux stigmates obtus; capsule globuleuse formée de 2 coques qui se séparent complétement et demeurent closes. Parishella (p. 82). Genre de Lobéliacées, tribu des Cyphiées, voisin des Nemocladus Nutt., mais paraissant bien distinet par ses lobes cali- cinaux élargis, par son ovaire complètement infère et sa corolle courte presque réguliérement rotacée. Une seule espéce: P. californica, du désert de Mohave. A. FRANCHET. Bulletin mensuel de la Société Linnéenne de Paris, n° 54. Notice sur le Delognæa, nouveau genre de Cucurbitacées, par M. Alfr. Cogniaux. — M. Cogniaux n'a pu examiner que les fleurs måles et les T. XXXI. (REVUE) 11 162 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. fruits de cette singuliére plante, qui parait appartenir incontestablement à la tribu des Cucumérinées et semble surtout voisine des Trichosanthes. Elle en diffère : 4° par ses anthères, qui sont au nombre de 5, toutes à une loge, et non pas au nombre de 3, dont deux à deux loges et une uniloculaire ; 2 par les anthères sessiles attachées par le dos prés du sommet du tube du calice; 3° par l'absence d'un pistil rudimentaire au fond des fleurs mâles; 4 par la forme de ses graines, qui sont trés grosses, renflées, transversalement ovoides-oblongues, dépourvues de marge, à testa lisse et rappelant plutót des graines de Légumineuses que des graines de Cucurbitacées. Le genre Delognea a été établi pour une plante de Madagascar, D. Humblotii, découverte à Manahar par M. Hum- blot et publiée par lui sous le n° 203. C'est une herbe grimpante, ra- meuse, glabre, à feuilles pétiolées, trifoliolées, coriaces. Les fleurs sont grandes, formées d'un calice à trés long tube et d'une corolle à 5 pé- tales libres, finement fimbriés. Le fruit est gros (20 à 30 cent. long.), piriforme, indéhiscent et polysperme. Un nouveau type de Césalpiniées monopétales, par M. H. Baillon. — M. Baillon a donné le nom d’Aprevalia floribunda à l'un des types les plus caractérisés de la flore de Madagascar, découvert par M. Grevé sur les bords de la rivière de Mouroundava, dans la partie S. O. de Mada- gascar. C'est un arbre torlueux, à nombreuses fleurs vertes et jaunes ap- paraissant avant les feuilles. Le calice est pentamére (ou plus rarement tétramére lorsque deux divisions sont connées); la corolle est constituée par un seul pétale (le vexillaire) formé d'un onglet en forme de canal et d'un limbe peu développé qui entoure dans le bouton l'étamine vexillaire ; les étamines, assez inégales, forment deux verticilles insérés sur les bords de la coupe réceptaculaire. L'ovaire est sessile, étroit, multiovulé et trés tomenteux. Le genre est dédié à M. Ch. d'Apreval, habile dessinateur, à qui sont confiées les planches de la Flore de Madagascar. Liste des plantes de Madagascar (suite des Légumineuses), par M. H. Baillon. — Stylosanthes, 1 espèce: S. Bojeri Vog. — Zornia, 1 espèce : Z. diphylla Pers. — Arachis, 1 espèce: A. hypogæa Pers. — Desmo- dium, 17 espèces, parmi lesquelles 2 sont nouvelles: D. Boivinianum (Boivin, n^ 2281?), de Nossi-Cumba, et D. Humblotianum (Humblot, n° 205), de Manahar. — Alysicarpus, avec 4 espèces, dont une est, inédite: A paradoxus Boiv. (Boivin, n° 2222), de Nossi-bé. — Hallia, 1 espéce : H. Bojeriana, sp. nov. A. FR. Bulletin mensuel de la Societé Linnéenne de Paris. n? 55. Plantes nouvelles de la Chine, par M. A. Franchet. — Glematis uro- phylla, sp. nov., du groupe du C. japonica, dont il diffère surtout par REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 163 son rameau floral plus développé, ses sépales étroitement lancéolés, aigus, presque acuminés ; par ses filets staminaux hérissés jusqu’à la base de longs poils étalés. — Province de Koui-tcheou (Chine), d’où il a été rap- porté par M. l'abbé Perny (herb. du Muséum). Lysimachia paridiformis, sp. nov. — Trés singulière espèce, à port de Paris. Ses feuilles, oblongues ou obovales, sont toutes verticillées, au nombre de 4 à 9, au sommet de la tige, qui n'est garnie dans presque toute sa longueur que de 2 ou 3 paires d'écailles membraneuses. Les fleurs, contigués au verticille de feuilles, forment un capitule trés com- pacte, briévement pédonculé; elles sont d'ailleurs assez semblables à celles du L. Klatteana Hance, prés duquel le L. paridiformis doit prendre place, bien que d'un aspect assez différent. Cette remarquable plante provient également du Koui-teheou, d’où elle a été rapportée par M. l'abbé Perny (herb. du Muséum). Sur un nouveau genre Berniera, par M. H. Baillon. —Le genre de Com- posées Berniera n'ayant pu étre conservé, M. Baillon propose de donner ce nom à une Lauracée recueillie par Chapelier sur la rive orientale du lac Nossi-bé et sensiblement différente des Potameia et des Aiouea, avec lesquels elle peut seulement être comparée. On peut ainsi caractériser ce nouveau genre : Périanthe à 6 folioles insérées sur un réceptacle un peu concave, 6 étamines fertiles à 2 loges valvieides et accompagnées cha- cune de deux grosses glandes latérales. Ovaire conique à style nul. Le Berniera est un arbre rameux presque glabre, à feuilles oblongues ou obovales rapprochées au sommet des rameaux ; ses fleurs sont en grappes axillaires. Le fruit est inconnu, mais sans doute assez volumineux, si l'on en juge par son pédoncule épais de 4 millimètres. Modifications de la caractéristique des Muscadiers, par M. H. Baillon. — Ces modifications portent sur le sexe des fleurs, qui peuvent étre nor- malement monoïques; sur le nombre desétamines, quis'éléve jusqu'à 40; sur l'existence d'un style allongé ou columnaire ; sur l'atrophie presque complète de l'arille; sur le raccourcissement des pédicelles, les fleurs pouvant simuler un capitule: toutes ces modifications sont dues à l'exa- men d'une plante de la flore de Madagascar connue sous le nom vulgaire de Mauloute, d’où M. Baillon tire le nom de Mauloutchia, qu'il propose pour cette section exceptionnelle du genre. Liste des plantes de Madagascar (suile des Légumineuses), section des Dalbergiées); p:r M. H. Baillon. — Dalbergia: 11 espèces, dont 13 sont inédites, D Chapelieri, D. purpurascens (Bernier, 2° envoi, n° 328; Boivin, n° 2736); D. retusa (Richard, n° 96; Boivin, n° 2735); D. Greveana (Grévé, n° 42); D. suaresensis (Boivin, n° 2138) ; D. Ber- nieri (Bernier, 2° envoi, n° 206; n° 2454) ; D. Richardi (Rich., n° 189, 5019); D. Grandidieri (Grand., n° 24); D. Ambongoensis (Pervillé, 164 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. n? 678); D.? toxicaria (Pervillé, n°601); D.? tingens (Pervillé, n° 567); D. densicoma (Boivin, ne 2237 bis); D. Boivini (Boivin, n» 2731; Ber- nier, 2 envoi, n° 221). — Pterocarpus, 2 espèces: P. Marsupium Roxb.; P. advenus (Rich., n° 296; Pervillé, n° 898). — Xanthocercis, 1 espèce: X. madagascariensis sp. nov. — Lonchocarpus, 2 es- pèces : L. inconstans Vatke; L. ichthyoctonus, sp. nov. (Boiv., n° 2238 et n? 2739 ; Pervillé, 2* envoi, n» 206). A. FR. Plant: Davidianæ ex Sinarum imperio; par M. A. Fran- chet (Nouvelles Archives du Muséum d'histoire naturelle, 2* série, t. vit, pp. 55-200, avec 9 pl.). In-4*. Paris, G. Masson, 1883 (1). Les espèces nouvelles signalées dans ce nouveau fascicule sont : Al- chornea Davidi et Alchornea rufescens, genre dont on ne prévoyait pas l'extension jusque dans le centre de la Chine ; Ulmus glaucescens : Quer- cus spinosa ; Castanopsis caudata, qui n'a d'analogie qu'avec une es- pèce de Java, C. javanica var. montana: Pinus Armandi, bel arbre du groupe du P. Koraiensis : Abies sacra, qui constitue, avec PAb. Da- vidiana, Vun des plus grands arbres de la famille dans les montagues du Scheu-si; Asparagus longiflorus; Allium. uratense et A. Jeholense ; Carex Davidi; Melica Radula: Selaginella Davidi ; Asplenium mongo- licum et Polypodium Drak eanum. Les espèces suivantes sont figurées : Alchornea Davidi, A. rufescens; Ulmus glaucescens, U. Davidiana, U. macrocarpa; Hemiptelea Da- vidi; Carpinus Turczaninowii, C. laxiflora ; Pinus Armandi Turez.; Abies Davidiana, A. sacra. Une table générale termine ce troisième fascicule et le volume I” du travail consacré aux plantes de M. l'abbé David; le nombre de ces plantes, pour la Mongolie et la Chine centrale, s'éléve au chiffre de 1175. La deuxième partie sera consacrée aux plantes du Thibet oriental. A. Fn. Champignons de la France. Suite à l'Iconographie de Bulliard ; par M. le eapitaine Lucand. In-folio. Autun, 1881 à 1884. Tous les botanistes, ou du moins tous les amateurs de Champignons, connaissent la belle collection des Champignons de la France que Bulliard publia à Paris à partir de 1780, et qui fut interrompue en 1793, année de sa mort. H était à désirer que cette belle iconographie (qu'on ne trouve plus dans le commerce depuis longtemps) fût continuée. C'est le projet que forma Letellier, en publiant, dans le méme format in-folio, une iconographie intitulée : Figures de Champignons faisant suite aux (1) Voyez le Bulletin, t. xxx (1883), Revue, p. 108, et t. xxxi, p. 914. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 165 planches de Bulliard. Mais ce projet ne fut réalisé qu'en partie, puisque son auteur, daus une période de prés de treize années (1829-1842), ne fit paraître que 108 planches (n^ 603 à 710), dont l'exécution laisse quelque peu à désirer. Or, une iconographie qu'on voudrait rendre com- pléte aujourd'hui, pour le seul genre Agaric et pour la France seule- ment, exigerait plus de 1000 planches. On voit, d'aprés cela, quel travail immense est réservé aux successeurs de Bulliard ! L'œuvre de M. Lucand, qui est arrivée aujourd'hui à la 125* planche, est éditée dans le méme format que celle de Bulliard, dont elle est la continuation. Elle marche de front avec celle de M. C. Gillet, mais le tra- vail des deux dessinateurs botanistes est totalement différent. Le premier nous donne des aquarelles à l'aide d'un procédé mécanique pour obtenir le fond, mais délicatement retouchées et finies au pinceau, généralement remarquables par les détails analytiques, le faciés, et la coupe de gran- deur naturelle. M. Gillet produit de bonnes lithographies, mais dans un format réduit qui exige le plus souvent une représentation moindre que les dimensions naturelles du sujet figuré. M. Lucand, à cause du but qu'il s'est proposé, recherche les nouveautés spécifiques d'abord, ensuite les espèces que Bulliard ou les mycologues venus aprés lui ont repro- duites d'une maniére insuffisante. M. Gillet a entrepris une illustra- tion adaptée à sa Flore, sans se préoccuper si l'espéce qu'il représente a été donnée avant lui. Dans ces limites de la ligne suivie, les deux ouvrages peuvent rendre de bons services et, loin de se nuire, ils doivent, par les comparaisons qu'ils permettent d'établir, servir trés efficacement à la connaissance des Champignons de notre contrée. Les mycologues qui ne possédent pas encore le beau travail de M. Lu- cand me sauront gré de publier la liste des espéces qu'il a représentées. PREMIER FASCICULE (1). — 1-2. Tricholoma equestre Fr.; T. imbri- catum Fr. — 3-4. Hygrophorus hypothejus Fr.; H. ceraceus Fr. — 5-6. Lactarius chrysorrheus Fr.; L. serifluus Fr. — 7. Russula ochroleuca Fr. — 8. Mycena debilis Fr. — 9. Collybia distorta Fr. — 10. Trogia crispa Fr. — 41. Marasmius molyoides Fr. — 12-16. Cortinarius muco- sus Fr.; C. varius Schaff.; C. ochroleucus Fr.; C. argentatus Fr.; C. tophaceus Fr. — 17. Hebeloma fastibile Fr. — 18. Paxillus atro-tomentosus Fr. — 19. Flammula flavida Fr. — 20. Pratella xantho- derma Gast. Gen. — 21. Psathyra bifrons Fr. — 22. Gomphidius glu- tinosus Fr. — 23-24. Boletus flavidus Fr.; B. sanguineus With. — 25. Hydnum nigrum Fr. (1) Toutes ces espèces proviennent, sauf indication contraire, des bois des environs d'Autun. : 166 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. DEUXIÈME FASCICULE (1). — 26. Amanita spissa Fr. — 27-29. Tri- choloma spermaticum Fr.; T. portentosum Fr.; T. tumidum Pers. — 30. Clitocybe coffeata Fr.-— 31. Collybia maculata Fr. — 32. Entoloma prunuloides Fr. — 33. Pholiota caperata Fr. (manquait à notre iconogra- phie francaise).— 34. Psathyrella prona Fr.— 35. Coprinus Lagopus Fr. — 36-40. Cortinarius purpurascens Fr.:; C. sanguineus Fr.; C. armil- latus Fr.; C. armeniacus Fr.; C. dilutus Fr. — 41-42. Lactarius turpis Fr.; L. pargamenus Fr. — 43-44. Russula densifolia Sec. : R. Queletii Fr. — 45. Cantharellus carbonarius Lér. — 46. Panus rudis Fr. — 4T- 48. Boletus flavus With.: B. variegatus Fr. — 49-50. Polyporus brumalis Fr.; P. picipes Fr. TROISIÈME FASCICULE (2). — 51. Amanita venenosa Pers. — 52. Le- piota excoriata Fr. — 53. Armillaria mucida Fr. — 54-56. Tricholoma rutilans Fr.: T. saponaceum Fr.: T. cartilagineum Fr. — 57. Collybia platyphylla var. repens Fr. — 58. Mycena corticola Schum. — 59. Pho- liota destruens Brond. — 60. Flammula carbonaria Fr. — 61. Galera Hypnorum var. Sphagnorum Pers. — 62. Hypholoma velutinum Pers. — 63-64. Lactarius blennius Fr.: L. cimicarius Secr. — 65-66. Russula fra- gilis var. fumosa Gill.; R. lutea Fr. — 61-68. Cantharellus aurantiacus Fr.; C. umbonatus Fr. — 69-72. Cortinarius decoloratus Fr.; C. turgidus Fr.; C. anthracinus Fr.: C. paleaceus Fr. — 73. Boletus pachypus Fr. — 14. Polyporus chioneus Fr. — 75. Trametes gibbosa Fr. QUATRIÈME FASCICULE (3). — 76. Amanita Junquillea Quél. — 17. Ar- millaria pleurotoides Fr. (espèce nouvelle pour la France). — 78-80. Tricholoma albo-brunneum Pers.: T. lilacinum Gill.; T. gambosum Fr. — 81-82. Clitocybe dealbata Fr.: C. gigantea Gill. — 83. Mycena lactea var. pithya Fr.— 84-85. Pleurotus dryinus Fr.: P. limpidus Fr. — 86. Entoloma nidorosum Fr. — 87. Pholiota mustellina Fr. — 88. Hebeloma longicaudus Pers. — 89-92. Cortinarius bolaris Fr.; C. pholideus Fr.: C. cinnabarinus Fr.: C. rubricosus Fr. — 93. Gom- phidius roseus Fr. — 94. Hygrophorus chlorophanus Fr. — 95-96. Lactarius aurantiacus Fr.; L. vieius Fr.— 97. Russula integra var. substiptica Fr. — 98. Boletus subtomentosus var. erythrocephalus L. — 99. Polyporus Sarrazini Schulzer. — 100. Verpa Brebissonii Gill. (Discom. fr., p. 21). CINQUIÈME FASCICULE (4). — 101. Armillaria pinetorum Gill. — 102- 103. Tricholoma personatum Fr.: T. melaleucum Fr. — 104. Mycena Galopus Fr. — 105. Pluteus cervinus Fr.— 106. Leptonia Æthiops Fr. (1) Voyez Revue mycologique, avril 1882, p. 90. (2) Ibid. janvier 1883, p. 49. (3) Ibid. octobre 1883, p. 217. (4) Ihid. juillet 1884, p. 171. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 167 — 101-108. Pholiota cylindrica Fr.; P. spectabilis Fr. — 109-110. Ino- cybe prætervisus Quél.: I. vatricosus Fr. — 111. Galera Antipus Fr. — 112. Crepidotus mollis Fr. — 113. Stropharia albo-eyanea Fr. — 114- 115. Hygrophorus erubescens Fr.: H. pustulatus Fr. — 116. Lactarius pallidus Fr. — 117-120. Cortinarius variecolor Fr.: C. violaceo-cine- reus Pers. : C. albo-violaceus Fr.; C. scutulatus Fr. — 191. Marasmius Hudsonii Fr. — 122. Boletus badius Fr. — 123. Polyporus radiatus Fr. — 124. Trametes Trogii Berk. — 125. Stereum sanguinolentum Fr. J'ose espérer que lorsque tous les mycologues connaitront la belle illustration des Suites à Bulliard, de M. le capitaine Lucand, ils lui feront l'accueil favorable qu'elle mérite à tous égards (1). FEUILLEAUROIS. On the Structure, the Occurrence in Lancashire, and the Source of Origin of Vaias graminea Delile, var. Detilei Magnus (Sur la structure, la présence dans le Lancashire et l'origine du Naias graminea); par M. Charles Bailey (Journal of Botany, 1884, vol. xxi, n 262 et 233, pl. 250 et 251). Le Naias graminea a été trouvé pour la premiére fois en Angleterre au mois de septembre 1883, dans un canal situé aux environs de Man- chester. La température élevée de ce canal, due aux voisinages de nom- breuses usines, explique l'apparition de cette plante qu'on ne rencontre que dans les pays chauds, en Syrie, en Egypte, dans les Indes. L'auteur pense que les graines en ont été apportées d'Egypte dans des ballots de coton. L'importation de cette plante a été aussi constatée en Italie. M. Bailey décrit toute les parties de cette plante nouvelle pour la flore d'Angleterre et en fait même l'anatomie. Il retrouve dans le Naias gra- minea les principaux traits de structure qui caractérisent les plantes aquatiques : absence de vaisseaux, lacunes trés développées, épiderme non différencié dans la feuille, dont le limbe est formé seulement de deux assises de cellules. L'absence de fibres range le Naias graminea d'An- gleterre dans la variété Delilei. Le Naias graminea est monoique avec une tendance à la dicecie; car, sur certaines plantes, on ne trouve que des fleurs femelles. Le périanthe est réduità une petite écaille qui entoure soit un ovaire, soit une étamine; les fleurs sont sessiles à l’aisselle des feuilles. Les grains de pollen sont de deux sortes: les uns sont ronds, les autres allongés. L'auteur croit que c’est l'eau qui les transporte sur le stigmate. Le Naias graminea serait donc une plante hydrophile. LECLERC DU SABLON. (1) Le prix de chaque fascicule est de 25 francs, — S'adresser chez l'auteur, 6, rue Saint-Christophe, à Autun (Saône-et-Loire). 168 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Ein Fall von mechanisch fungirender Epidermis (Un cas d'épiderme jouant un róle mécanique); par M. John E. F. of Klercker (Botanisches Centralblatt, vol. xix, n° 7, pages 215-221). Chez l Aphyllanthes monspeliensis, l'appareil de soutien de la tige se compose uniquement de l'épiderme et des faisceaux fibro-vasculaires situés sur un seul cercle autour de la moelle. M. Klercker décrit l'épi- derme, puis il en mesure l'élasticité et la résistance. La surface de la tige présente des bandes longitudinales alternativement déprimées ou en relief. Dans les régions déprimées les cellules sont courtes, à parois minces, et l'on trouve des stomates : c'est ce que l'auteur appelle l'épi- derme respiratoire. Dans les bandes qui forment aréte, au contraire, on ne trouve pas de stomates, et les cellules, trés allongées suivant leur lon- gueur, ont des parois trés épaisses. Il ne se produit pas de lignification dans ces cellules ; la partie externe des parois est cuticularisée, le reste est en cellulose pure. Pour mesurer l'élasticité de cet épiderme, M. Klercker en déconpait des bandes, fixait une de leurs extrémités, et attachait l'autre au plateau d'une balance ; en chargeant plus ou moins le plateau de la balance, il pouvait déterminer une tension sur la bande en expérience, et en méme temps mesurer la force de cette tension. En opérant de la sorte, on constate que l'épiderme peut s'allonger sous l'action d'unc certaine force, et que, la force supprimée, il conserve tout son allongement; il n'esl donc pas élastique. En augmentant la tension, on arrive à rompre l'épi- derme ; on obtient ainsi la limite de sa résistance. M. Klercker a constaté que cette résistance (146 grammes par millim. carré) est beaucoup plus grande que celle qu'on a mesurée jusqu'iei chez les autres plantes. Ce résultat ne s'applique, bien entendu, qu'à la partie de l'épiderme composé de fibres, l'épiderme mécanique, comme l'appelle M. Klercker. L. nv S. Recherches sur la structure anatomique de PAphyl- lanthes monspeliensis ; par M. John de Klercker. Brochure in-8° de 23 pages avec 3 planches. Stockholm, 1883. L'auteur étudie successivement toutes les parties de l'Aphyllante au point de vue de la morphologie externe et interne. Les feuilles de cette plante sont réduites à de petites gaines entourant la base des tiges et terminées par un limbe long de2 à 3 millimétres seulement. Le prin- cipal organe assimilateur est donc la tige, qui se présente sous deux formes différentes. Les tiges stériles restent trés courtes et n'offrent aucune particularité remarquable; celles au contraire qui se terminent REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 169 par une inflorescence sont beaucoup plus longues (1 à 2 décimètres) et possédent un épiderme remarquable par sa différenciation (1). La structure de la tige est normale ; on y trouve un cercle de faisceaux bicollatéraux. Celle du rhizome au contraire est d'un intérét tout parti- culier. Dans une section transversale, on voit un grand nombre de - faisceaux libéro-ligneux concentriques disposés irréguliérement: les uns, ceux du centre, sont d'origine primaire ; les autres, ceux de la péri- phérie, sont le produit d'un méristéme secondaire comparable à celui qui a été étudié ehez le Yucca et le Dracena. Ce méristéme prend nais- sance à quelques millimétres du sommet végétatif du rhizome dans le parenchyme cortical, fonctionne pendant un certain temps en donnant des faisceaux plongés dans un parenchyme ligneux, puis finit par s'éteindre, mettant ainsi fin à l'accroissement en épaisseur du rhizome. La racine n'offreaucune particularité remarquable. Le diagramme de la fleur est connu, c'estcelui des Liliacées, L'auteur insiste sur la forme de l'inflorescence, sorte de cyme unipare ne renfermant, dans la régle, que deux fleurs : une terminale et l'autre axillaire. L. pu S. Ueber den Einfluss der sonnigen oder schattigen Stan- dortes auf die Ausbildung der Laubblætter (Sur l'in- fluence du soleil ou de l'ombre sur la structure des feuilles); par M. E. Stahl (extrait du Jenaische Zeitschrift fuer Naturwissenschaft). Brochure in-8° de 38 pages, avec 1 planche. Iéna, 1883. Dans ce mémoire, l'auteur, aprés avoir comparé les feuilles des espèces qui vivent généralement au soleil à celles qu'on rencontre le plus souvent à l'ombre, étudie les feuilles d'une méme espèce développées dans des conditions d'éclairement différentes. Il se propose ainsi de caractériser d'une facon générale l'influence de la lumiére et celle de l'ombre, et de voir dans quelle mesure cette influence peut lutter avec l'hérédité pour modifier la structure des feuilles. Les caractéres les plus saillants des feuilles croissant ordinairement à l'ombre, comme celles de l'Oxalis Acetosella, de l'Epimedium alpinum, sont le faible développement du tissu en palissade et la disposition des grains de chlorophylle, plus nombreux sur les parois tangentielles que sur les parois radiales. Les caractéres opposés sont, on le prévoit, ceux des plantes vivant normalement au soleil, Cela posé, si l'on considère une plante pouvant vivre indifféremment à l'ombre et au soleil, et si l'on étudie la structure de ses feuilles dans ces deux conditions différentes, on remarque que trés souvent une feuille développée à l'ombre se rapproche du type de l'Oxalis, tandis qu'une feuille éclairée a les caractères opposés (Chêne, (1) Voyez l'article précédent. 170 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Houx, Iris Pseudacorus). Toutes les plantes ne donnent pas le méme résultat : ainsi Oxalis Acetosella, les Fougères et beaucoup de Monoco- tylédones conservent, lorsqu'elles se trouvent exposées à la lumiére du soleil, la structure que nous leur connaissons, lorsqu'elles restent dans leurs conditions de vie normale, c'est-à-dire à l'ombre. Chez le Lactuca Scariola, Vinfluence favorable de la lumière sur la formation du tissu en : palissade apparait d'une facon particuliérement nette. Ce tissu fait en effet complètement défaut chez les feuilles qui n'ont jamais été éclairées, tandis qu'il se trouve sur les deux faces de celles qui, comme cela arrive trés souvent, ont été également éclairées sur leurs deux faces, par suite de leur orientation dans un plan vertical. Passant ensuite à d'autres considérations, M. Stahl remarque que la privation de lumiére augmente la dimension des méats intercellulaires, diminue l'épaisseur des feuilles et augmente leur surface. Cette influence de l'obscurité se manifeste toujours dans le méme sens chez quelques Cryptogames : le Marchantia polymorpha et les Lichens. Quant à l'influence de la lumiére sur l'orientation des feuilles, elle peut se manifester de plusieurs façons. Ordinairement le limbe vient se placer normalement à la direction du rayon lumineux; mais dans cer- tains cas, fréquents surtout dans les pays secs et chauds, les feuilles semblent fuir la lumiére et disposent leur limbe verticalement (Euca- lyptus, cte.). On remarque alors que la structure est la méme sur les deux faces. En somme, M. Stahl conclut que toutes les modifications produites dans les feuilles par des éclairements différents ont pour effet de rendre plus efficaces l'action chlorophyllienne et l'assimilation. La disposition des cellules en palissade, l'épaisseur de la couche verte et la disposition des grains de chlorophylle sur les parois tangentielles seraient donc les con- ditions les plus favorables à la décomposition de l'acide carbonique au soleil. Toutes ces conditions concourant d'ailleurs à ne laisser tomber sur les grains de chlorophylle que la plus petite quantité de lumière pos- sible, on conçoit aisément pour l’action chlorophyllienne l'existence d'un optimum d'éclairement relativement faible. L. pu S. Le forme teratologiche del fiore et frutto degli Agrumi (Formes tératologiques de la fleur et du fruit des Citrus) ; par M. L. Savaslano (extrait de l'Annuario della Scuola sup. d' Agricoltura in Portici). 32 pages avec 4 planches. Les formes tératologiques observées par M. Savastano peuvent se di- viser en deux catégories : la premiére comprend les organes hypertro- phiés ou atrophiés, la seconde renferme les cas de multiplication d'un méme organe. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 174 Les cas d'hypertrophie peuvent se présenter sur les quatre verticilles floraux, et notamment sur le pistil. Dans ce dernier organe , ils se loca- lisent sur une partie quelconque, telle que l'épiearpe, le mésocarpe, l'endocarpe ou le style. Les cas d'atrophie sont beaucoup plus rares que ceux d'hypertrophie. L'étude de la multiplication d'un méme organe fournit des résultats plus variés et plus intéressants. Rarement le nombre des sépales, norma- lement de quatre ou cinq, est porté jusqu'à six. Il est plus commun de rencontrer des corolles composées de six, sept ou huit pétales placés sur un seul verticille ou bien sur deux, dont l'interne est toujours incomplet. L'augmentation du nombre des étamines est un fait trés fréquent; il se forme assez souvent un second verticille staminal qui comprend presque toujours quelques carpelles. Les carpelles et les étamines d'un méme verticille peuvent alors se souder plus ou moins intimement, de facon à former des stamino-carpelles qui, parle développement variable des deux parties qui les constituent, présentent une série de formes intermédiaires entre une étamine et un carpelle. Les carpelles eux-mémes peuvent augmenter de nombre. Quelquefois c'est le verticille normal qui se trouve formé d'un plus grand nombre de pièces ; d'autres fois on voit se former de nouveaux verticilles, soit sur le méme plan que le premier, soit sur un prolongement du réceptacle. La forme des fruits provenant de ces ovaires monstrueux peut varier à l'in- fini, suivant le développement et le degré de concrescence des carpelles surajoutés. L. pv S. Note sur une espèce nouvelle de Champignon entomo- gène (Stilbum Mercillei Quélet); par M. Henri Gadeau de Kerville. Brochure in-12 de 5 pages avec 1 planche (extr. du Bulletin de la Société des amis des sciences naturelles de Rouen, 1883, 2* série). Le Stilbum Kervillei a élé trouvé par M. Gadeau de Kerville dans plu- sieurs carriéres des environs de Rouen ; il était développé sur le corps d'un diptère, le Leria cæsia. Le seul appareil reproducteur que M. Quélet lui ait trouvé est un appareil conidiophore formé par des capitules jau- nàtres de 2 à 7 millimétres de largeur. L. pv S. Flore eryptogamique de la Belgique : 1" partie, MUSCINÉES ; par M. Delogne (extrait des Annales de la Société belge de microscopie, t. vir, 1883-4884); tirage à part chez Manceaux, éditeur à Bruxelles. Depuis l'époque ou M. Piré mit à l'ordre du jour l'étude des Mousses en Belgique (1), de nombreux amateurs se sont occupés de la récolte de ces (1) Piré, Recherches bryologiques. Gand, 1868-1871. 172 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. végétaux, et d'abondants matériaux, dispersés dans diverses Revues, nécessitaient la rédaction d'un ouvrage spécial plus au courant de la science et des découvertes. L'ouvrage de M. Delogne répond done à un besoin réel,et l'on ne peut que féliciter l'auteur de l'avoir entrepris. La Flore cryptogamique de la Belgique doit étre publiée par fascicules de 100 à 150 pages, avec planches. Les deux fascicules que nous avons sous les yeux comprennent les Mousses proprement dites; le troisiéme fasci- cule contiendra les Sphaignes et les Hépatiques. Quoique cette flore n'ait pas la dimension de l'ouvrage de M. l'abbé Boulay sur les Muscinées de la France, elle n'en est pas moins destinée à rendre de grands services aux botanistes qui explorent la Belgique et à qui manquait un manuel pour guider leurs recherches. La partie qui traite des Mousses, la seule qui ait encore paru, se compose de 328 pages in-8°; c'est plutôt une suite d'ana- lyses qu'une Flore. Elle est précédée d’une introduction donnant des ren- seignements sur l'anatomie et l'organographie des Mousses; un chapitre est consacré à leur récolte, et un autre à la méthode qu'il convient d'em- ployer pour les étudier. La disposition adoptée pour les ordres, tribus et familles est, à peu de chose prés, celle du Synopsis de Schimper; l'auteur a toutefois, à l'exemple de de Notaris dans son Epilogo, placé les espèces du genre Eurhynchium dans le genre Rhynchostegium, et, pour se conformer aux idées plus récentes, il a adopté le genre Pterigoneuron Jur. (comprenant le Pharomitrium subsessile Sch. et le Pottia cavifolia Ehrh.), les genres Plagiobryum Lindb. (Zieria), Gymnocybe Fr. (Aula- comnion palustre), Pohlia Hedw. (Webera), et il a séparé du genre Plagiothecium les espèces à feuilles non décurrentes et à cellules étroites, qu'il place dans le genre Isopterygium Mitt. Les genres seuls sont l'objet d'une diagnose relativement étendue ; un tableau comparatif, basé sur les différents organes, conduit à l'espéce, et, pour chacune des espéces, l'aire de dispersion en Belgique est indiquée dans une note séparée. Tel qu'il est, ce manuel donne l'analyse de 520 espèces, dont 415 ont déjà été signalées dans la région; quant aux 105 autres, elles figurent à l'état de desiderata et seulement pour appeler l'attention. des collecteurs, leur présence ayant été constatée dans des contrées voisines à des BOT non supérieur es à celles de la Belgique et dans des terrains similaires. L'ouvrage se termine par une notice bibliographique trés étendue et par un dictionnaire étymologique des noms de genres. Il est accompagné de 4 planches comprenant 76 figures trés habilement exécutées, qui com- plétent le texte au point de vue de l'organographie. Ex. BESCHERELLE, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 173 Paléontologie francaise, ou Description des fossiles de la France, continuée par une réunion de paléontologistes sous la direction d'un comité spécial. 2* série : Végétaux. Terrain jurassique; par M. le mar- quis G. de Saporta. Tomes rm, texte, et 1-11 atlas, in-8*. Paris, Masson, 1873-1884 Les cinq premiéres livraisons de ce grand ouvrage, comprenant les Algues, ont seules été mentionnées dans notre Revue bibliographique (Bulletin Soc. bot., tome xvni, p. 148), et l'analyse ne porte que sur les généralités. Il est aujourd'hui parvenu, avec la 33° livraison publiée en mai 1884, à la fin du troisième volume. Nous pensons qu'il ne sera pas sans utilité d'indiquer, par volume et par livraison, les espéces nouvelles décrites jusqu'ici dans la Paléontologie francaise, par M. de Saporta. TOME Ie. ALGUES. — Livraison 3 (mars 1872): Cylindrites levigatus, C. recur- vus: Siphonites Heberti: Phymatoderma Terquemi ; Chauviniopsis Pellati; Itieria Brongniartii, 1l. virodunensis ; Cancellophycus reticu- laris, C. Marioni.— Livraison 4 (avril 1872) : Cancellophycus Marioni; Conchyophycus Mareignyanus (ce fossile n'apparlient pas au règne végétal: c'est un Mollusque lamellibranche du genre Ostrea) ; Chondrites flabellaris, C. rigidus, C. filicinus, C. nodosus, C. Dumortieri, C. ra- muliferus, C. fragilis, C. globulifer, C. Diniensis, C. vermicularis. — Livraison 5 (juin 1872) : Chondrites pusillus, C. moniliformis, C. Gar- nieri : Sphærococcites lichenoides, S. ramificans. CuanACcEEs. — Chara Bleicheri. EouisÉTACÉES. — Livraison 6 (juin 1872) : Equisetum Pellati, E. Du- vali. — FoccERES. -- Sphenopteris Pellati, S. minutifolia. — Livraison 7 (juillet 1872) : Cladophlebis breviloba: Microdictyon rutenicum, M. Woodwardianum: Thaumatopteris exilis.-— Livraison 8 (octobre 1872) : Thinnfeldia incisa: Ctenopteris grandis: Scleropteris compacta, S. dissecta. — Livraison 9 (décembre 1872) : Stachypteris minuta : Lon- chopteris burgundiaca, L. Balduini, L. cirinica, L. minima. — Livrai- son 10 (mars 1873) : Twniopteris augustodunensis, T. superba: Phyllo- pteris pinnata : Jeanpaulia obtusa. ALGUES (supplément). — Phymatoderma celatum : Munsteria visce- ralis; Cancellophycus Garnieri ; Chondrites pseudo-pusillus, C. rige- scens, C. slellatus, C. eximius. FoveEnES (supplément). — Scleropteris multipartita. 174 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. TOME II. CvcADÉES. — Livraison 12 (octobre 1873) : Cycadites Delessei, C. Lor- teti; Podozamites parvulus, P. cuspidatus. — Livraison 19 (novembre 1813): Zamites acerosus, Z. claravallensis, Z. Pumilio, Z. distractus. — Livraison 14 (décembre 1873) : Otozamites disjunctus, O. margina- tus. — Livraison 15 (avril 1874) : Cycadorachis armata, C. abscisa ; Cycadolepis villosa, C. hirta. — Livraison 16 (mai 1874) : Zamiostro- bus Ponceleli: Cycadeospermum Wimillense, C. Schlumbergeri. — Livraison 17 (juin 1874) : Bolbopodium micromerum ; Platylepis im- pressa, — Livraison 18 (janvier 1875) : Clathropodium sarlatense, C. foratum. — Livraison 19 (mai 1875) : Fittonia Rigauxi et Ence- phalartos Gorceixianus, espèce tertiaire. TOME III. CONIFÈRES ou ACICULARIÉES. -— Livraison 26 (septembre 1878): Bra- chyphyllum Papareli. — Livraison 29 (octobre 1879) : Araucaria Falsani, A. lepidophylla. — Livraison 30 (mai 1880): Pinus Comansi. — Livraison 31 (juillet 1881); Sphenolepis Terquemi : Sequoiopsis Buvignieri, S. echinata. — Livraison 32 (avril 1883): Widdringtonites gracilis, W. Creysensis. — Livraison 33 (mai 1884): Palæocyparis virodunensis, P. corallina, P. Flouesti, P. Falsani: Thuyites Lo- cardi, T. thuyopsideus, T. pulchellus, T. exilis: Cupressinoxylon Falsani, C. Taonuri. CowirFEnES (supplément). — Brachyphyllum Girardoti, B. assimile ; Pinus oblita. ÉD. BUREAU. Untersuchungen ueber die Homologien der generativen Produkte der Fruchtblætter bei den Phanerogamen und Gefæsskryptogamen (Recherches sur les homologies des parties reproductrices des feuilles fructiféres chez les Phanérogames et les Cryptogames vasculaires); par M. Celakovsky (Pringsheim's Jahrbuecher fuer wissenschaftliche Botanik, 1883, t. xiv, pp. 291 à 378, avec trois planches, XIX à XXI). L'étude des homologies des appareils reproducteurs des embranche- ments supérieurs du régne végétal a fourni autrefois à Hofmeister des résultats de la plus haute importance. M. Celakovsky a cherché à élu- cider uu certain nombre de points de ce vaste sujet en se servant seule- ment des caractères morphologiques externes des plantes normales el anomales. Il a d'abord comparé l'ovule des Angiospermes au sore des Fougères. Il faut, afin. d'établir cette comparaison, s'adresser d'abord à un sore REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 175 monaugique ; parmi les Schizéacées, les Lygodium sont particulièrement intéressants à ce point de vue, car un indusium en forme de poche y entoure un sporange unique. Cet indusium est analogue au tégument interne de l'ovule, non seulement parce qu'il entoure un sporange analogue au nucelle, mais par l'ensemble de son développement. C'est au tégument interne qu'il faut le comparer ; car, lorsqu'un ovule dichlamydé retourne à l'état foliaire, le nucelle n'est plus enfermé que dans une seule coupe qui correspond au tégument interne. L'espéce précédente permet, par les Trichomanes,de passer aux autres cas des Fougères ; en effet, l'indusium des Trichomanes a encore la forme d'une cupule, mais le réceptacle est composé, au lieu de ne présenter qu'un sporange. A quelle partie de la feuille des Fougères le tégument externe est-il équiva- lent? Selon l'auteur, c'est au lobe de feuille qui porte l'indusium à sa face inférieure. Les cas tératologiques présentés par l'Hesperis matronalis sont parti- culiérement eurieux à ce point de vue; un tégument externe peut enve- lopper deux nucelles ayant chacun leur tégument interne. La position originelle du nucelle est terminale; mais, dés que le seg- ment de feuille reprend son caractère foliaire, ce nucelle prend place à la partie supérieure : de sorte que Prantl disait que le nucelle naît sur la face supérieure de l'ovule et le sporange à la face inférieure du lobe de feuille. Ceci toutefois n'est pas fondé. En examinant ensuite les autres Cryptogames vasculaires, l'auteur est amené à regarder les Ophioglossées comme les prototypes des Phanéro- games à ovules marginaux. Les Lycopodiacées se rapprochent plus des plantes supérieures dont les carpelles ont des ovules axillaires, comme les Euphorbia ou les Ranunculus. Enfin, les Rhizocarpées peuvent pré- senter deux organisations distinctes qui se rapprochent de deux mons- truosilés observées chez l'Hesperis matronalis. Les feuilles virescentes de cette plante monosore et polysore se comportent vis-à-vis l'une de l'autre comme le sporocarpe monosore du Salvinia vis-à-vis du sporo- carpe polysore du Marsilia. Enfin, comme nous ne pouvons entrer dans le détail de toutes les recherches de l'auteur, nous terminerons en signalant encore, dans le présent travail, les deux derniers paragraphes oü l'auteur compare spé- cialement l'ovule des Cycadées et des Coniféres et l'anthére des Pha- nérogames aux appareils reproducteurs précédents des Cryptogames, et principalement à ceux des Ophioglossées. J. CosrANTIN. Sphæroplea annulina ; par M. Rauwenhof (Koninklijke Akademie van der Wetenschappen te Amsterdam, 1883, 26 mai). La structure de ceite plante présente plusieurs particularités inté- 176 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ressantes. Il existe d'abord dans l'intérieur des cellules des cloisons d'abord annulaires et percées au centre, qui finissent plus tard par se fermer. Ces excroissances cellulosiques, qui apparaissent soit d'un, soit de deux côtés à la fois, peuvent être comparées à celles du Caulerpa ; elles fournissent, comme ces derniéres, un exemple à l'appui de la théorie de la eroissance par apposition de Strasburger. M. Rauwenhoff n'a pas trouvé de noyau dans les cellules du Sphero- plea, mais il y existe de nombreux chromatophores. Quand la cellule grandit, les chromatophores se divisent pendant quelque temps. Lors de la formation des oosphéres, les chromatophores et le protoplasma non coloré se réunissent en masses irrégulières non transparentes, séparées par des disques de protoplasma clair et peu épais. . Au moment de la formation des anthérozoides, les chromatophores perdent leur couleur. Les anneaux réguliers persistent d'abord, puis tous les microsomes se trouvent appliqués contre la paroi de la cellule. Ces petits corps se disposent en réseau, puis s’agrègent et se trouvent séparés par des vacuoles. Les anthérozoides se meuvent d'abord lentement, puis rapidement, et finissent par sortir de la cellule. Il est à remarquer que leur production n'est pas simultanée. La structure et la reproduction de la plante varient beaucoup suivant les conditions d'existence; c'est ainsi que l'auteur a conslaté que les vigoureux échantillons sont monoiques, tandis que les faibles sont dioiques. S PER TE Ueber das Vorkommen von Gypskrystallen bei den Desmidieen (Sur la présence de cristaux de gypse chez les Des- midiées) ; par M. A. Fischer (Pringsheim's Jahrbuecher fuer wissen- schaftliche Botanik, 1883, t. xiv, p. 133 à 184, avec deux planches, IX et X.) Il y a longtemps que M. de Bary a signalé la présence de cristaux de gypse toujours en mouvement à l'intérieur de petites poches qu'on ob- serve à l'extrémité des cellules de Closterium. M. Fischer, après avoir établi plus rigoureuseinent que cela n'avait été fait que ces cristaux sont bien formés de sulfate de chaux, montre qu'on les retrouve chez plu- sieurs autres Desmidiées. Ces corps ne sont pas enfermés dans de petits sacs, ainsi qu'on l'a cru, mais dans de simples vacuoles de suc cel- lulaire; ces vacuoles apparaissent fatalement aux deux extrémités de la cellule, par suite de la forme particulière du corps chlorophyllien. Les cristaux ne se forment pas dans cette région terminale, car on en voit souvent dans les sillons limités par les bandes chlorophylliennes; les courants protoplasmiques les entrainent vers les deux vacuoles dans lesquelles on les voit pénétrer. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 177 M. Fischer a étudié dix genres de Desmidiées : les uus,: comme les Closterium, les Penium, etc., contiennent toujours des cristaux de gypse; les autres, comme les Cosmarium, les Micrasterias, etc., peuvent wen pas présenter toujours; les Desmidium, les Staurastrum 'et les Hyalotheca eu sont toujours dépourvus. J. C. Weitere Stuetzen fuer meine Theorie von der Incesstanz der Spaltalgen (Nouveaux arguments à l'appui de ma théorie de la polymorphie des Phycochromacées); par M. Zopf (Berichte der deutschen botanischen Gesellschaft, 1883, t. 1, p. 319). M. Zopf a rencontré sur un Hypnum développé dans une culture une Algue présentant une forme aquatique et une forme aérienne, le Tolypo- thrix amphibica Zopf. La première forme est constituée par un long fila- ment articulé entouré d'une gaine et dépourvu d'hétérocystes (1). Au voisinage de la surface du liquide, on voit des groupes de plusieurs cellules en file sortir de la gaine, grossir, se diviser de maniére à former un plan, puis un massif de cellules; bientôt les membranes se gélifient, et l'on a une sorte de Chroococcus. Au bout de quelque temps, la forme Tolypothrix disparait, les pre- miers stades du passage à la forme aérienne deviennent plus rares; enfin, au bout d'un an, on ne rencontre plus que l'état aérien. L'exemple actuel montre qu'un Tolypothrix peut se transformer en Chroococcus ; le méme auteur avait déjà constaté qu’une autre espèce du méme genre pouvait se changer en Nostoc (2). J. C. Ueber die Zellkerne und die Poren der Wænde bei den Phycochromaceen (Sur les noyauz et les pores de la membrane chez les Phycochromacées) ; par M. N. Wille (Berichte der deutschen botanischen Gesellschaft, 1883, t. 1, p. 243). L'existence d'un noyau avait déjà été signalée par M. Sehmitz chez le Phragmonema sordidum (3). M. Wille en a trouvé un également daus les cellules du Tolypothrix lanata, quand on traite l'Algue par l'hémato- xyline concentrée; la coloration de la nucléine devient nette au bout de vingt-quatre heures. M. Wille a montré également que les cellules en chapelet du Stigo- nema compactum communiquent entre elles par des pores. Quand cette (1) La détermination générique de l'Algue observée ‘par M. Zopf est évidemment inexacte. Les Tolypothrix sont toujours pourvus d'hétérocystes qui sont en relation avec la ramification. (2) Zur Morphologie der Spaltpflanzen, p. 55. (3) 11 est plus que douteux que le Phragmonema sordidum appartienne aux Phyco- chromacées (voyez Schmitz, Die Chromatophoren der Algen, p. 9 ct 173). T. XXXI. (REVUE) 12 178 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. plante passe à l'état de Glæocapsa, les pores disparaissent par suite de la gélification de l'enveloppe. JG: Zur Kenntniss der Entwicklung bei den £Aseomryceten(Sur la connaissance du développement des Ascomycètes) ; par M. E. Eidam (Cohn's Beitrage zur Biologie der Pflanzen, 1883, t. 11, pp. 371- 433, avec 5 planches). En étudiant le développement des Ascomycètes, M. Eidam s’est con - vaincu que la formation du fruit ne s'opére pas toujours, dans une méme espéce, suivant le méme processus. Chez le Chetomium Kunzianum Zopf, l'auteur s'est assuré qu'au début des cultures les ébauches du fruit ont là structure que M. Zopf a fait connaitre; plus tard elles deviennent telles que M. Van Tieghem les a décrites autrefois. L'importante question de la fécondation a également préoccupé l'auteur. li reconnait que la présence du pollinode est souvent difficile à mettre en évidence; mais, selon lui, la fécondation est nette daus quelques cas, chez les Pyronema et les Collema. M. Eidam ajoute un exemple nou- veau et trés simple aux deux précédents. Le genre nouveau Éremascus trouvé par l'auteur est le moins compliqué des Ascomycétes décrits jusqu ici, à l'exceptiondes Saccharomyces (si ce genre est réellement un Ascomycète); en effet, la fructification entière se réduit à un asque nu. Le développement de cet appareil reproducteur est trés simple. Il nait sur le mycélium, en un certain nombre de points, deux proéminences voisines qui, en s'allongeant, s'enroulent en spirale l'une autour de l'autre. Les deux sommets des spirales se touchent bientót, les parois se résorbent, les deux protoplasmas se fusionnent, et il appa- rait au sommet de ce support une cellule qui grossit, se transforme en asque et donne naissance à huit ascospores. Le Sterigmatocystis nidulans est également une espèce nouvelle dont les conidies se développent au plus haut degré vers 40°; ce fait donne à penser qu'elles peuvent être pathogènes. M. Eidam l'a reconnu en injec- tant une cerlaine quantité de ces spores dans le sang d'un lapin. L'ani- mal meurt, et l'on constate l'existence d'un mycélium dans les poumons, le péritoine, le foie, pendant que le cœur, la rate et le cerveau n'en pré- sentent pas de traces. Nulle part on ne trouve de fructifications. Aussi, pour s'assurer que c'est bien la plante injectée qu'on observe, M. Eidam coupe le rein en morceaux qui sont mis dans un liquide nutritif; le tout étant porté dans une étuve à 40^, on obtient au bout de deux jours des fructifications de Sterigmatocystis. Dans le cours de ses recherches, l’auteur a étudié l'Helicosporangium parasiticum que Karsten avait mis parmi les Ascomycètes, car cette plante présente des sortes dé périthéces à l'intérieur desquels ce botaniste avait REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 179 cru voir un asque. M. Eidam n'y a jamais vu qu'une spore analogue à celle de l'Urocystis occulta : l'écorce de ce faux périthèce peut même manquer et la spore rester nue. Cette plante se rapproche cependant des Asco- mycétes par l'ébauche d'un périthéce dont l'origine est également un filament en spirale, et par l'existence d'un appareil conidien semblable à celui des Aspergillées. Chez le Papulaspora aspergilliformis n. sp., on trouve trois appa- reils reproducteurs : des chlamydospores, grosses spores à l'extrémité de filaments; un appareil conidien analogueà celui d'un Aspergillus; et enfin des bulbilles qui sont des masses de diverses tailles formées de cellules serrées les unes contre les autres. — . J. C. Untersuchungen ueber Hefenpilze. Die Brandpilze (Recher- ches sur les levüres. Les Ustilaginées,; pav M. O. Brefeld. Leipzig, 1883. Un volume in-4° de 220 pages, avec 13 planches. Le présent travail de M. Brefeld constitue la cinquiéme partie d'une série de mémoires qu'il publie depuis plusieurs années sur l'ensemble de la mycologie. Les Ustilaginées l'ont occupé spécialement dans les recher- ches actuelles, qui comprennent trois parties : 1. Culture des Champignons parasites. — M. Brefeld a fait germer les spores de ces végétaux, soit dans l'eau pure, soit dans les milieux nutritifs appropriés. Dans l'eau, la germination s'opére mal ou avorte compléte- ment. Dansles milieux nutritifs, ces spores germent avec un développe- ment magnifique. Ces spores, en germant, donnent des conidies qui se déta- chentetse comportent, chez quelques espèces, d'une manière trés curieuse ; en effet, elles bourgeonnent absolument comme la levüre de biére, et cela indéfiniment, sans jamais donner, à partir de ce moment, autre chose qu'une levüre. La méthode des cultures permet donc d'établir un fait trés important que l'ancienne et imparfaite méthode de culture sur l'hóte n'aurait pu mettre en évidence : lorsque le Champignon est parasite, il ne produit que les spores ordinaires, ce n'est que lorsqu'il se développe dans la décoction de crottin, ou sur cette dernière matière en saprophyte, qu'il prend la deuxiéme forme de levüre. Ce résultat semble étre con- firmé par une pratique agronomique : on sait qu'on recommande de ne pas employer le crottin dans les engrais, si l'on ne veut pas avoir d'Usti- laginées ; cette précaution se trouve justifiée par les faits précédents. 2. Recherches sur les Ustilaginées. — Dans une seconde partie, l'auteur expose avec détail les résultats de germinations obtenues avec les spores de vingt-trois espèces qu'il rapporte à cinq types : 1* Les conidies donnent des levüres (Ustilago Maydis, etc.). 2° Les conidies donnent des hyphes portant des conidies semblables aux premières (U. longis- sima, etc.). 3° La spore donne directement des conidies sans carpophore 180 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. (U. olivacea). 4 Les conidies sont peu nombreuses et l'ensemble de la germination ressemble à une Mucédinée (U. destruens). 5" Enfin, il n'y a pas de conidies (U. Crameri, etc.). L'auteur à étudié également les autres genres de la famille (Entyloma, Tilletia, etc.) qui présentent des cycles analogues de formes. 3. Importance morphologique des levures. — Que sont donc les levüres ? Selon l'auteur, on ne doit pas les regarder comme des types de Champignons, mais comme des formes conidiennes se développant dans des milieux nutritifs spéciaux. Quant aux asques prétendus de certaines levüres, on peut les comparer aux conidies des Péronosporées ; mais, au lieu de produire des spores sans membrane se transformant en 700- spores, comme dans ce dernier cas, les spores enfermées dans la conidie ont une membraue de cellulose. Cette théorie adoptée, il reste donc, d'aprés M. Brefeld, à déterminer dans chaque cas l'origine de chaque levüre ; celle-ci peut provenir non seulement d'Ustilaginées, mais d'As- comycétes, comme. les Gymnoascées, l'Exoascus Populi, et méme de Basidiomycètes. JL: G, Vergleichende Morphologie und Biologie der Pilze, Wyce- tozoen und Bacterien (Morphologie comparée et biologie des Champignons, Mycétozoaires et Bactéries); par M. A. de Bary. Un volume in-8" de 316 pages. Leipzig, 1884. Le nouveau livre de M. de Bary n'est pas, à proprement parler, une deuxième édition de son ancien ouvrage publié en 1866 et intitulé : Morphologie und Physiologie der Pilze, Flechten und Myxomyceten. Malgré une partie commune et l'identité des matiéres, le plan a été pro- fondément modifié et l'étude nouvelle des Bactéries constitue l'objet d'un chapitre entier. La comparaison de ces deux livres publiés à dix-huit ans de. distance permet de saisir' dans une vue d'ensemble les progrés considérables réalisés pendant ce temps dans l'étude des Cryptogames inférieurs. Ces progrès ne sont pas de méme ordre que ceux qui s'étaient opérés pendant la période précédente, caractérisée par les grands travaux de M. Tulasne. C'est en 1851, en effet, que M. Tulasne a commencé à exposer la-théorie de la pléomorphie ou dela diversité des formes reproductrices d'un méme Champignon, théorie qui révolutionna si profondément la classification de ces Thallophytes. La théorie de M. Tulasne rencontra à l'origine une vive opposition dela part des eryptogamistes, habitués à déterminer les espèces sans suivre le développement. Cette opposition fut d'ailleurs justifiée en partie par les erreurs dans lesquelles tombèrent les adeptes trop fervents des idées nouvelles, qui voulurent généraliser trop hàtivement les résultats, qui erurent qu'un. Saccharomyces pouvait donner un Entomophthora, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 184 un Mucor, un Achlya, etc. Le principal but des recherches de ces der- nières années a élé de préciser les formes réellement distinctes par une étude rigoureuse du développement en partant d'une spore. Grâce à cette méthode de culture plus parfaite, on est plus à méme aujourd'hui d'indiquer les véritables affinités des Champignons; aussi M. A. de Bary étudie-t-il chaque famille, dans la seconde partie de'son nouveau traité, d'une manière beaucoup plus approfondie qu'autrefois. Un certain nombre de familles, qui manqueut ou quisont à peine indi- quées dans son ancien ouvrage, sont traitées avec détail: telles sont les Ancylistées, les Monoblépharidées, les Mucorinées, les Entomophthorées, les Chytridinées. Ce dernier groupe, un des moins bien connus, est en particulier étudié avec beaucoup de soin. En méme temps'que les familles précédentes ve une indépen- dance’ plus parfaite, un autre groupe important de Cryptogames, les Lichens, perd son autonomie, et se trouve englobé aujourd” hui, pour la plus grande part, dans les Ascomycètes. Une question capitale est soulevée à propos de ces derniers que l’auteur traite avec les plus grands développements, c'est celle de la fécondation. L'Eremascus albus, découvert par M. Eidam, sert de point de départ à son exposé, dans lequel le Pyronema confluens est également étudié avec soin. M. A. de Bary soutient, à l'aide de ces exemples, la théorie dont il a loujours été un des grands défenseurs, sans méconnaitre toutefois que bien des points sont à élucider et que chez les Xylaria, ainsi que chez un certain nombre d'autres plantes, on n'a pas trouvé l'élément anthéridien. Les Ascomycètes vrais du botaniste allemand sont moins nombreux que ceux d'autres classificateurs; les Saccharomyces, les Laboulbéniées, sont pour lui des Ascomycétes trés douteux, dont la place dans la classification demeure fort incertaine. ; L'étude des Mycétozoaires vient aprés celle des Champignons, car l'auteur a conservé ses idées anciennes sur les affinités de‘ ces êtres avec les animaux, surtout avec les Flagellés. La classification de'ce groupe a dû être modifiée par-suite des nouveaux travaux qui ont para sur cette question ; aussi M. À. de Bary sépare-t-il les Acrasiées des Myxomycètes vrais. L'auteur attribue donc I P Acti qu'il mérite au petit groupe créé par M. Van Tieghem. J U: Etudes sur. le Phallus paan par.M. Feuilleaubois (Revue mycologique, n° 21, 1884)... j La déhiscence du Phallus impudicus peut devenir la pobstité ou être modifiée, quand les conditions dans lesquelles la plante se développe viennent à varier. M. Feuilleaubois montre que, lorsque le Champi- gnon est exposé au soleil, ou bien la déhiscence ne s'opére pas, ou bien 182 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. le péridium se déchire à la base (car la partié supérieure de cette mem- . brane est desséchée), et le pied se trouve alors recouvert d'un long voile descendant trés bas. Si la partie inférieure du Cryptogame se trouve dans l'eau, le mucus péridien est délayé, et tout le corps de la plante reste caché dans le péridium. Au contraire, lorsque le Champignon est retourné et que la partie radiciforme se dresse dans l'air, la déhiscence est normale. L'auteur attribue ces variations à la plus ou moins grande dessiccation du mucus du péridium. J. C. Les Batrachospermes; organisation, fonctions, dévelop- pement, classification; par M. Sirodot. Un volume in-4° de 300 pages, avec 50 planches par Sirodot et Bézier. , Ce grand ouvrage de M. Sirodot, résultat de quatorze années de palientes recherches, indispensable aux algologues et que voudront lire les personnes qui s'intéressent à la biologie des plantes, peut se subdi- viser en deux parties : dans la premiére, traitée en quatre chapitres, l'auteur étudie la morphologie et le développement des différents types du genre Batrachospermum; dans la seconde partie, il donne une clas- sification nouvelle et rationnelle de ces intéressants végétaux, dont il étudie successivement toutes les espèces. Ces plantes subissent d’une manière très curieuse toutes les variations du milieu. Aussi comprend-on, à l’examen de ces résultats, pourquoi Rabenhorst a été amené à réduire le genre à deux espèces, ane que Kuetzing en avait distingué dix. L'influence de la saison, de l'abondance de l’eau, de la profondeur à laquelle vit l'individu, de l'éclairement, concourgnt à la multiplication des formes. Ces deux dernières causes agissent dans le méme sens; car, lorsque les échantillons viennent des fontaines profondes, ils subissent des modifications qui rappellent celles de l'étiolement. Les Batrachospermes présentent des modifications plus intimes liées à la fois aux conditions extérieures et au développement. Ces Floridées se rencontrent en effet, soit sous un état primordial que l'auteur appelle prothalle, soit sous forme: de génération asexuée constituant un Chan- transia, soit enfin à l'élat de génération sexuée, représentant ce qu'on appelait autrefois un Batrachospermum. Le prothalle est une sorte de pellicule crustacée qui recouvre la sur- face des pierres sur lesquelles la plante se développe. Cette phase du développement avait passé inapercue jusqu'ici, aussi n'a-t-on pas un ancien nom à rayer de la classification. Ce prothalleest constitué par des filaments irréguliers qui s'agglomérent parfois pour former des masses globuleuses. L'importance en est trés grande, car, dans les espèces vivaces, c'est lui qui sert à rendre le plus souvent la plante persistante. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. . 183 Le prothalle peut s'aecroitre et se reproduire: il s'accroit par la péri- phérie et se reproduit par sporules ; il existe méme plusieurs espèces, le B. sporulans en particulier, dont c’est le mode normal de reproduction. La forme asexuée a un tout autre aspect, elle constitue des sortes de pinceaux étalés, composés de filaments. Ces filaments, formés d'un rang de cellules, se ramifient et produisent des sporules absolument analogues à celles du prothalle. Comme ils sont susceptibles de se reproduire indéfi- niment sous celte forme, on comprend qu'ils aient été regardés pendant longtemps comme appartenant à un genre distinct appelé Chantransia. D’après Fries, l'auteur du genre, Harvey (1836), Areschoug, Thuret, etc., et contrairement à la manière de voir de M. Kuetzing, le genre Chan- transia comprendrait à la fois des espèces d'eau douce et des espèces marines ; c'est seulement des premières que M. Sirodot s'est occupé (1). Or ces Chantransia d'eau. douce vivent sur les parois les plus ombrées des fontaines, car ils se développent principalement à l'obscurité. Tandis que la forme asexuée redoute la lumiére, la forme sexuée la recherche ; aussi on peut suivre les Chantransia vivant d'uue manière indépen- dante pendant une longue suite d'années sur les parois non éclairées des fontaines. Ceci permet de comprendre ce qui a rendu cette étude si dif- ficile: l'auteur a été obligé de retourner un nombre considérable de fois aux mémes endroits avant d'arriver à trouver la filiation des Chantran- sia aux Batrachospermum. Ce n'est qu'au prix de recherches poursui- vies avec une rare ténacité que M. Sirodot a pu voir l'extrémité d'une forme normale du premier se transformer pour donner le second. D'or- dinaire ce sont les pieds rabougris qui se métamorphosent: s'ils sont au milieu de Chantransia normaux, on peut avoir quelque certitude; mais si l'échantillon est isolé, l'origine est bien moins certaine. L'auteur a ainsi constaté le passage d'une forme à l'autre chez les deux tiers des Batrachospermes de l' Ille-et-Vilaine. Il a trouvé que le Chantran - sia pygmæa, le C. chalybea et le C. ramellosa sont des états ase- xués de Batrachospermes divers; les variétés diverses rapportées au Chantransia chalybea appartiennent à des espéces de Batrachosper- mum très distinctes. L'examen de l'état sexué est également trés approfondi dans l'ouvrage actuel. M. Sirodot décrit avec soin l'appareil végétatif (verticilles, fasci- cules primaires et secondaires, filaments corticants, prothalle secon- daire, etc.), mais l'appareil reproducteur mérite surtout de fixer l'atten- tion. Le trichogyne est un organe trés important à cause de la constance de sa forme; il a servi à l'auteur à établir les grandes divisions du genre, (1) Un c certain nonis d'observations portent l'auteur à eroire que les ty pes mar ins sont également des formes premières de genres marins, à 184 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. suivant qu'il est pédicellé (Verts) ou sessile; dans ce dernier cas, il peut être en massue (Moniliformes, Sétacés), ovoide (Helminthoïdes) ou tron- conique (Turficoles). i Les phénoménes de la fécondation présentent également plusieurs par- ticularités intéressantes; l'auteur insiste sur la résorption de la paroi du trichogyne au contact du pollinide, sur le passage du protoplasma .de ce dernier par cet orifice (1), sur l'apparition d'une cloison à la base du tri- chogyne qui isole la vésicule cystocarpienne (2). Le renouvellement du protoplasma à la suite de la fécondation donne une grande activité à cette cellule, qui se met à bourgeonner et à produire un glomérule fructifère émettant les oospores (carpospores Auct., protospores Van Tieghem). Gràce à l'étude compléte précédente, l'auteur se trouve en mesure de subdiviser le genre en plusieurs sections d’après la disposition des ver- ticilles, des glomérules fructifères et des trichogynes. Voiei un tableau indiquant comment il a opéré ces séparations. mierescapici Glomérule fructifère sous la forme de propre MR ` ques. bérance de l'axe...,..... Ex er vV ae SÉTACÉS. en nombre variable ; / claviforme - ou lagéni- Verticilles petits épaissise- | forme. ..i...,. E :.+ MONILIFORMES. ments dans le ver- développés. licille. — Tricho- : Glomérules gyne > iovoide ou ellipsoidal... HELMINTHÓIDES. "Mructiferes |1, rarement 2, volu- troneonique. .. TURFICOLES. mineux, insérés au| sessile ) ovoide ou el- centre d'un ver-( | lipsoidal... | HYBRIDE. ticille. — Tricho- \ gyne \ pédicellé, cylindroide,.. VERTS. Trente-trois espèces, tant indigènes qu'exotiques, sont distribuées dans ces diverses sections de la manière suivante : ; MONILIFORMES. — B. moniliforme Roth; Decaisneanúm Sirodot ; sporulans Sirodot; radians Sirodot; reginense Sirodot; ectocarpum Sirodot; pulehrum Sirodot; Corbula Sirodot; densum Sirodot; pyg- meum Sirodot; pyramidale Sirodot; Godronianum Sirodot; equiseti- folium Montagne. ; HELMINTHOÏDES. — B. helminthosum Sirodot; Crouanianum Sirodot ; Boryanum Sirodot ; anatinum Sirodot. : SÉTACÉS. — B. Dillenii Bory; Gallæi Sirodot. (1) Ces phénomènes ont été décrits pour la première fois par M. de Solms-Laubach (Botanische Zeitung, 1867, n° 21, p. 165, p. 15). Ug (2) Nous ferons remarquer que M. Siredot emploie le mot cystocarpe dans un sens différent de celui que lui donnent les algologues. H s'en sert pour désigner la partie inférieure de l'organe femelle qui se développe en fruit, tandis que c’est au fruit méme que cette expression s'applique. Ce terme a été créé, en 1843, par M. Kuetzing (Phyco- logia generalis, p. 100), en opposition à celui de fétrachocarpe (fruit tétrasporique). REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 185 TURFICOLES. — B. vagum Ag.; dimorphum Kuetzing ; bambusinum Bory; B. cayennense Montagne; macrosporum Montagne. VERTS. — B. cœærulescens Sirodot ; elegans Sirodot; viride Sirodot ; Graibussoniense Sirodot; Bruziense Sirodot ; testale Sirodot ; virgatum Sirodot; ambiguum Montagne. HYBRIDE. — B. virgato-Decaisneanum Sirodot. `` L'ouvrage considérable de M. Sirodot est orné de cinquante belles planches représentant l'aspect extérieur et l'anatomie microscopique des différents organes de chaque espéce ou variété. J. C. Studi algologici; par M. A. Borzi. Première partie, un volume in-4* de 117 pages, avec 9 plauches. Messine, 1883. Le travail important de M. Borzi contient un grand nombre d'observa- lions intéressantes sur la reproduction et la classification des Algues ; on y trouve en outre la description de plusieurs genres nouveaux. Ce mémoire comprend plusieurs parties dont nous allons donner briévement la substance. : 1° Ulva. — La reproduction du genre Ulva n'est pas encore entière- ment connue. L'auteur a pu observer, chez l'Ulva Lactuca, la conjugaison des zoospores qui se fusionnent par leur extrémité antérieure en cinq minutes environ; il se forme ainsi une zoospore à quatre cils. Cette copu- lation se produit rarement; cette conclusion résulte en effet de la con- sidération du nombre considérable des zoospores qui restent simples. Ces zoospores à deux et à quatre cils jouissent de propriétés différentes; tan- dis que la lumière attire les premières, elle fait fuir les secondes. 2 Leptosira, gen. nov. — L'auteur a trouvé le Leptosira Mediciana dans les cultures d'Algues d'eau douce venant des marécages de l'Etna. Cette plante forme des touffes vertes, composées de filaments articulés et ramifiés subdichotomes, dont les articles sont ovales ou elliptico- cylindriques. Toutes les cellules végétatives peuvent se transformer en zoosporanges en grossissant. Ces zoosporanges produisent 20-60 petites zoospores avec un point oculiforme et deux cils qui sortent de la cellule par un pore latéral. Ces zoospores peuvent se conjuguer deux à deux, mais suivant un mode spécial ; car ce sont les côtés opposés aux cils qui se rencontrent et qui se soudent. Les zoospores simples peuvent égale- ment germer, produire un filament dont la dernière cellule se déchire en mettant en liberté deux, quatre ou huit cellules arrondies d'apparence protococcoïde. M. Borzi place le genre nouveau précédent dans une nou- velle famille qu'il appelle Chroolépidacées, et dont la position systéma- tique est indiquée par le tableau suivant parmi les « Confervacées iso- games » (Falkenberg) : 186 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 1° Plusieurs noyaux | Thalle unicellulaire..... Reese des Fam. 1: SIPHONACÉES. dans une cellule. ^ Thalle multicellulaire..... ....... Fam. 2: SIPHONCCLADIÉES. "'halle;en:[ames..- ester ea V^ coerente na Fam. 3: ULVACÉES. PHARM NES j Fam. 4: ULOTRICHACÉES 2 Un seul noyau Loosporange ne dil- ( (Ulotriehées < , n dans une cellule. | férant pas des cel- | | Thalle fila- ) lules végétatives... / i menteux. )Chlorophylle diffuse. | Zoosporange diffé- f | rant des cellules vé- \ | gétatives.......... et Chætophorées). Fam. 5: CHROOLÉPIDACÉES. Les Chroolépidacées contiennent les genres : Leptosira, Trentepohlia, Acroblaste, Chlorotylium, Microthamnion et Pilinia. 3° Ctenocladus, gen. nov. — Ce genre nouveau, dont l'auteur ne signale qu'une espèce, le C. circinatus. se rattache aux Chroolépidacées, mais c'est une Chroolépidacée trés spécialisée. Cette plante à filaments ineurvés présente des microzoospores et des macrozoospores. Après le départ de ces derniéres, le thalle prend une forme de Palmella ou de Glæocystis, et ce sont ces cellules palmelloides qui produisent les microzoospores. 4^ Cladophora. — M. Borzi, dans ses recherches, a été également amené à croire que plusieurs Algues considérées comme des Conferves indépendantes ne sont que des stades du développement des Cladophora. Cette remarque s'applique aussi au Rhizoclonium. 9° Physocytium, gen. nov. — Le P. confervicola croît sur les OEdogo- nium et les Cladophora : c'est une colonie de 2-4-16-32 cellules biciliées enfermées dans un mucilage. Bientôt cette plante passe à l'état palmel- loide dont les cellules produisent des microzoospores; pendant l'automne et l'hiver, il se produit plusieurs générations alternatives de cellules pal- melloides et de zoospores. Au printemps, ces derniers corps se conju- guent et donnent, vers la fin de l'été, des macrozoospores qui reproduisent la colonie. L'auteur rattache cette Algue aux Volvocinées. 6° Kentrosphera, gen. nov.— Les Kentrosphæra sont des masses géla- lineuses vivant au milieu de filaments d'Oscillaires; au milieu de ces masses gélatineuses on trouve des cellules globoides avec des bandes de chlorophylle radiales. Ces cellules se partagent en un grand nombre de zoospores (jusqu'à 400), sans vacuoles et sans point oculiforme, qui se développent plus tard en colonie protococcoide. Cette plante est probable- ment une Palmellacée, ainsi que l’espèce suivante. 1° Hormotila, gen. nov. — La forme végétative de cette plante est à peine distincte de celle des Glæocystis. La propagation de la seule espèce signalée, l'H. mucigena, se fait par zoospores, et cela pendant toute l'année. J. €. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 187 Om Slegtem Gongrosira Kuetz. (Sur le genre Gongrosira Kuetz.); par M. Wille (Ofversigt af K. svenska Vetenskaps Akade- miens Förhandlingar, 1883, p. 5-20, pl. II). M. Wille a trouvé le Gongrosira de Baryana croissant sur des Pla- norbis et des Paludina: il a prouvé par culture que cette plante n'est qu'une forme d'un Trentepohlia Mart., dont la ramification ressemble à celle du Trentepohlia umbrina. Les cellules de cette plante contiennent un noyau, quelque gouttes d'huile, et la ehlorophylle ést pariétale. Les zoospores se forment dans un sporange terminal semblable à ceux du genre précédent. La conjugaison de ses zoospores n'a d'ailleurs pas été observée. L'auteur indique de méme les relations qui existent entre le Gongr'osira dichotoma et les aplanospores du Vaucheria geminata. Les aplano- spores sopt des spores formées asexuellement par production de cellules ; elles s'opposent aux akinétes, cellules reproductrices immobiles produites directement sans aucune formation cellulaire. M. Wille cite également le G. clavata comme étant en rapport avec le Botrydium granulatum ; le G. protogenita, qui est probablement une forme palmelloide de Stigeo- clonium. J. £. Les Algues marines du nord de la France; par M. F. Debray (Mémoires de la Société des sciences, de l'agriculture e! des arts de Lille, t. x1, 4 série, 1883). Tirage à part en brochure petit in-4° de 35 pages. L'auteur s'est proposé de dresser le catalogue algologique de la partie de notre littoral comprise entre le Havre et Dunkerque. Nous ne pos- sédions, avant son travail, presque aucune donnée sur les 300 kilomètres qui s'étendent entre l'embouchure de la Seine et la frontière belge. La nature des roches, toujours friables, qui constituent les falaises, la pré- dominance des grandes plages de sable, rendent ce territoire bien moins riche que celui de la Bretagne; il en résulte que les longues recherches de M. Debray n'ajoulent aucune espéce nouvelle à l'inventaire de nos plantes françaises: elles n'en sont pas moins intéressantes au point de vue de la distribution géographique, en reliant nos cótes atlantiques à celles de la mer du Nord et en fournissant des éléments certains de com- paraison entre la flore marine des régions septentrionales et celle.de notre littoral occidental. L'auteur a réuni sur cette région beaucoup d'ob- servations inédites recueillies par diverses personnes et vérifiées par lui. 136 espéces constituent pour le moment tout le bilan de celte flore. Les localités sont exactement citées, et l'auteur n'a négligé aucune des indications qui peuvent guider le botaniste dans ses recherches. M. Debray 188 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. s'est personnellement appliqué à récolter les espéces qui croissent entre le cap Blanc-nez, près de Calais, et le Tréport, sur une étendue de 150 ki- lométres environ; il y a recueilli 40 espèces qui n’y étaient pas signalées encore. Cu. FLAHAULT. Algues recueillies sur la côte du département de la Loire- Inférieure, entre le Pouliguen etle Croisic, par M. Debray (Association francaise pour l'avancement des sciences ; congrès de la Rochelle, 1882). Tirage à part en brochure in-8° de 3 pages. L'auteur donne la liste des espéces qu'il a recueillies, du 15 juillet au 15 aoüt, sur cette partie de la cóte de Brelagne; il signale 3 Nostochi- nées, 8 Chlorosporées, 38 Phéosporées et 90 Floridées. Il a pris soin de noter, chaque fois qu'il l'a pu, l'état des individus qu'il a récoltés, au point de vue des organes de reproduction. Cu. F. Neue Beitræge zur Algenkunde Schlesiens (Nouvelles Con- tributions à la connaissance des Algues de Silésie); par M. le D' Schræter (Bericht ueber die Thetigkeit der botanischen Section der Schlesischen Gesellschaft im Jahre 1883, pp. 178-190). Ce travail est une sorte de complément de la Flore des Algues de Silésie publiée par M. Kirchner en 1878; le total des Algues de cette province se trouve augmenté de 20 pour 100 par suite de ces nouvelles recherches. C'est une addition importante à la connaissance des flores locales de l'Allemagne. Aussi n'insisterons-nous pas sur l'ensemble du travail. [l nous paraît plus intéressant de faire remarquer que M. Schræter n'a pas négligé les Protococcoïdées parasites, sur lesquelles M. Cohn appelait l'attention en 1872. On sait que divers auteurs se sont occupés de ces curieuses plantes et que M; Klebs leur a consacré, dans le Botanische Zeitung (1881), une étude qui résume ses observations personnelles et nous fournit une précieuse critique des travaux antérieurs. Le Chloro- chytrium Lemne Cohn, l'une des formes les plus simples de ce petit groupe, se rapproche singulièrement des Hydrodictyées par l’ensemble de son évolution; c'est à côté de ce groupe que les .Chlorosporées pa- rasites dont nous parlons.doivent prendre place. Toutes vivent en para- sites dans les tissus verts de plantes aquatiques ou terrestres, telles que les Lemna, Potamogeton, Ceratophyllum, Helodea, Lysimachia, Ajuga, Chlora, Erythrea, Hypnum, eic. Il y a sans doute beaucoup à ajou- ter à ce que nous savons sur ces. plantes, à la recherche desquelles il faut apporter une. grande attention, en raison de leur. mode de vie. M. Schrœter en a découvert une. espèce nouvelle, l'Endosphera rubra, remarquable par la coloration rouge qu'elle présente à l'état adulte; elle rroit dans les feuilles et les tiges du Mentha aquatica et du. Peplis REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 189 Portula. — M. Schroter termine son mémoire en dounant la liste com- pléte des Algues recueillies jusqu'ici dans les hautes régions des Riesen- gebirge: elle .comprend 132 espèces, dont près de la moitié ont été dé- couvertes par lui ; elle comprend 70 Chlorosporées, dont 55 Desmidiées, 39 Bacillariées, 23 Cyanophycées. Cg. F.. Bidrag til Sydamerikas Algflora (Contributions à la connais- sance de la flore algologique de l'Amérique du Sud); par M. N. Wille (Bihang till Kongliga svenska Vetenskaps-Akademiens Handlingar, vol. virt, n° 18; octobre 1883, avec 3 planches) ; tirage à part en bro- chure in-8° de 64 pages. Stockholm, 1884. ` L'auteur dresse successivement le catalogue de la flore algologique du Brésil, de Montevideo, de la république Argentine ; c'est au musée royal de Stockholm qu'il a trouvé les éléments de cette étude. La liste des Algues du Brésil comprend 8 Nostochinées, parmi les- quelles le Nostochopsis lobatus Wood, l'une des plantes les plus remar- quables de ce groupe. L'auteur a observé sur des échantillons conservés dans l'alcool quelques faits qui confirmeraient, selon lui, la théorie de M. Zopf. Il cite en outre 90 Chlorosporées, appartenant pour la plupart à la famille des Desmidiées.-— A Montevideo, M. Arechavaleta a recueilli 10 Nostochinées, 56 Chlorosporées et un Batrachospermum. — C'est à M. Lorentz qu'on doit les Algues de la république Argentine ; sa collection renferme 4 Nostochinées et 41 Chlorosporées. Il nous semble intéressant de faire remarquer que ces listes prouvent la trés grande uniformité de la flore des Algues d'eau douce à la surface de la terre. Cu. F. Instrucoes practicas para culturas coloniaes (/nstructions , pratiques pour les cultures coloniales); par M. J.-A. Henriques. 1 vol. in-8*, broch. de 125 pages. Coimbre, imprimerie de l'université. Augmenter dans les possessions portugaises la. production du quiu- quina, du caoutchouc, de la vanille, des plantes médicinales et indus- trielles qui constituent les ressources les plus importantes de ces colonies, encourager les efforts de l'industrie privée et des médecins établis loin de la métropole, tel est le but que se propose dans cet ouvrage. le savant professeur de l’université de Coimbre. Le premier. chapitre est consacré aux Quinquinas. Sous l'impulsion de Welwitsch, des essais de culture furent timidement tentés en 1867 dans les possessions portugaises ; ils montrèrent que les iles du Cap Vert et Saint-Thomas sont des plus favorables à la croissance des Cinchona, qu'ils y fournissent des produils de qualité exceptionnelle. L'auteur donne de précieux détails sur le climat, l'altitude, les conditions générales qui conviennent le mieux aux Quinquinas; ses observations sont basées sur 190 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. la météorologie comparée des régions où croissent spontanément les Cin- chona et des pays où la culture en a été couronnée de succès. Nous ne nous y arrêterons pas. M. Henriques résume finalement d’une façon brève et précise l’ensemble des conditions que doit rechercher le cultivateur; il donne les détails les plus circonstanciés sur le semis, les soins à donner aux jeunes plantes et leur mise en place, le bonturage, le marcottage, la greffe, l'exploitation de l'écorce et la taille. Le livre de M. Henriques a un caractère tout pratique el ne dément pas son titre, on le voit. Si précieux pourtant qu'il puisse être pour les agriculteurs coloniaux, il a moins d'intérét pour le botaniste; aussi nous conlenterons-nous de signaler les renseignements scientifiques qui y sont répandus. Le caoutchouc, Borracha des colons, se tire de diverses plantes appartenant aux trois familles des Euphorbiacées (Herea, Manihot), des Artocarpées (Castilloa, Ficus) et des Apocynées ; à cette dernière famille appartiennent les Hancornia américains, les Urceola, les Wilhughbeia d'Asie, les Vahea, Landolphia et Tabernemontana indigènes de l'Afrique. La plupart de ces plantes donnent des produits rémunérateurs daus les colonies portugaises. Le Dichopsis Gutta, importé de Bornéo, y donne la gutta-percha, de préférence aux autres espéces du méme genre, aux Calotropis, aux Mi- musops, etc. Le Theobroma Cacao est aussi l'objet d'un commerce important. Le Caneltier (Cinnamomum zeylanicum), le Muscadier (Myristica fragrans), le Giroflier (Caryophyllus aromaticus), les Piper de di- verses espèces, sont de moindre importance commerciale, mais ils offrent cet avantage que leur culture ne présente pas de difficultés. La Vanille (Baunilha des Portugais) a plus d'importance; sa culture exige aussi plus de soins, à cause de son mode de végétation, de la néces- sité de féconder les fleurs et de préparer les fruits suivant des méthodes délicates. ; |. Quant aux plantes médicinales, nous en parlerons peu; elles n'ont pas beaucoup d'importance commerciale et sont bien connues des bota- nistes. Citons seulement les Salsepareilles (Smilax), le Jalap (poma purga), les Camphriers (Cinnamomum Camphora et Dryobalanops aro- matica), le précieux Ipécacuanha (Cephelis: Ipecacuanha), les Copahus (Copaifera). Sous forme d'appendice, l'auteur ajoute à son livre quelques pages destinées aux botanistes coloniaux, un véritable guide du botaniste her- borisant, où il ne néglige pas méme les procédés de récolte des Musci- nées, des Lichens, des Champignons et des Algues, ; Cu. F. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 191 De la valeur des caractères anatomiques au point de vue de la classification des végétaux (tige des Composées) ; par M. P. Vuillemin. 4 vol. in-8° de 258 pages, avec 47 figures. Paris, 1884, J.-B. Baillière et fils. Le mémoire de M. Vuillemin est consacré à l'étude anatomique de la lige des Composées. La structure de la tige ne pouvantétre bien comprise sans l'examen des organes appendiculaires, l’auteur a principalement porté son attention sur les modifications apportées dans la structure de la tige, considérée comme axe, par les appendices (feuilles et racines), qu'elle développe. Dans un préambule destiné à définir la valeur res- pective des membres, M. Vuillemin, résumant brièvement ses recherches, oppose la tige, organe axile, à la feuille et à la racine, organes appendi- culaires. L'étude anatomique des plantules de germination l'a conduit en effet à considérer la racine primaire comme un organe appendiculaire au méme litre que les racines adventives. Il propose ensuite, pour distinguer les diverses régions de la tige, une nomenclature nouvelle : l'épiderme ; l'écorce, composée de l'exoderme, l'autoderme et l'endoderme; le cylindre central, formé par le péricycle et l'autocyele. Passant à l'exposé de ses recherches, M. Vuillemin examine successi- vement dans la tige : les diverses régions anatomiques; l'insertion des feuilles, des tiges et des racines: l'origine de la différenciation anato- mique, et termine par quelques remarques sur la valeur taxinomique des caractéres anatomiques. L'examen de l'épiderme et de l'écorce lui fournit l'occasion de décrire avec détails la structure des poils, le déve- loppement des stomates et la disposition de l'appareil sécréteur cortical. M. Vuillemin émet ensuite des vues originales au sujet du róle de l'endo- derme. Après avoir insisté sur les caractères histologiques de cette assise limitante interne, assise à plissements, assise amylifère, l'auteur constate que l'endoderme ne remplit pas le róle protecteur ou isolant qu'on lui attribue souvent et qui lui a valu le nom de gaine protectrice, par lequel Caspary le désigne. Dans certains rhizomes l'endoderme qui entoure les faisceaux mortifiés des écailles de la tige (Nardosmia fragrans) ne pro- tége pas les tissus qu'il recouvre, car on voit se développer, autour du noyau des cellules mortes, une couche de liége destinée à protéger et à isoler le reste de l'écorce. En outre, comme les parois radiales des cel- lules de l'endoderme sont seules et partiellement subérifiées, tandis que les parois tangentielles sont cellulosiques et perméables, cette assise ne peut pas jouer le róle d'assise isolante. Pour M. Vuillemin, les cadres d'é;aississement sont destinés à s'opposer à l'expausibilité du cylindre central, et Fendoderme représente un système contentif. Cette opinion est appuyée par l'auteur, non seulement sur ses recherches personnelles, 192 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. mais aussi sur des observations antérieures. L'endoderme, avec ses cadres d'épaississement, ne se développerait pas lorsque le péricycle perd son activité de bonne heure et se transforme en un anneau scléreux ; au contraire, lorsque le péricycle est le siège d'une multiplication active, notamment lorsqu'il développe des racines adventives, l'endoderme appa- rait avec des cadres de plissements caractéristiques. Dans l'examen du cylindre central, M. Vuillemin fait connaitre les différentes formes de l'activité du péricycle; lorsque cette région est rhizogène, elle possède les mêmes caractères que la région correspondante de la racine. L'exis- tence du péricycle rhizogène est un des caractères différentiels importants entre les tiges à racines et les tiges sans racines. L'auteur confirme ici les résultats déjà connus pour l'origine des racines adventives chez les Monocotylédones. L'auteur nous fait connaitre ensuite la course des faisceaux dans la tige des Composées : les diagrammes qu'il en donne se rapportent à cinq types. Parmi ces types, la disposition offerte par le Centaurea montana est assez générale chez les Tubuliflores, tandis que la disposition des faisceaux dans le Matricaria Chamomilla est souvent caractéristique des Radiées. L'examen des relations de la tige avec les feuilles, les bran- ches et les racines qu'elle porte, (ournit à M. Vuillemin l'occasion de signaler un certain nombre de faits nouveaux et intéressants Ainsi, au sujet de l'insertion des feuilles, différentes espéces d' Actinomeris présen- tent le passage de la disposition spiralée à la disposition verticillée. La comparaison d'un certain nombre d'espéces appartenant à des familles voisines (Knautia, Sambucus, Valeriana, Cornus) a offert à l'auteur des exemples non encore signalés du retour, par concrescence, de la dis- position verticillée à la disposition spiralée. -Le mode d'insertion des bourgeons sur ia tige n'a pas encore fait jusqu'ici l’objet: de. recherches spéciales, et M. Vuillemin a beaucoup développé cette partie de son travail. Les nombreux exemples qu'il a étudiés lui permettent de conclure à l'existence d'un type unique pour l'insertion vasculaire des bourgeons. Les variations qu'on observe et qui sont dues à la structure de la tige:au point d'insertion, soit à la rapi- dité avec laquelle les tissus s'organisent en ce point, peuvent se présenter daus la méme plante. Cependant l'auteur a souvent observé que diverses particularités de structure de la tige, constantes dans un certain nombre d'espéces, sont liéesà une disposition déterminée de l'appareil vasculaire des bourgeons. En vertu de cette corrélation, le mode d'insertion des bourgeons fournit, dans ces cas, un excellent caractère anatomique pour le rapprochement des espèces affines. Le développement des racines a toujours lieu aux dépens du péricyele, aussi bien dans les tiges que dans les racines. Le raccord de ces organes REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 193 avec ceux sur lesquels ils se développent a été minutieusement étudié pàr M. Vuillemin. Au sujet du raccord de la racine primaire avec la tige, il fait observer que, dans la tige hypocotylée, les faisceaux radicaux qui la waversent, tout en modifiant leur structure, ne perdent pas leur orientation, et, par suile, celle région de la plantule présente toujours l'orientation vasculaire de la racine. L'aüteur développe longuement ses observations, concernant le raccord des vaisseaux et de l'endoderme de la racine primaire et de la tige, observations qui l'aménentà considérer la racine terminale comme un appendice de la tige. Dans les observations sur l'importance des caractéres anatomiques au point de vue de la classification, M. Vuillemin constate que la concor- dance entre les caractères anatomiques et les caractères floraux n'est pas constante. Elle existe chez les Ombellifères, mais on ne la rencontre pas dans les Composées. Ce défaut de concordance ne marque pas l'infério- rité des caractères anatomiques vis-à-vis des caractères floraux. Il indique seulement que les classifications fondées sur l'un ou l'autre de ces deux ordres de caractères ne peuvent exprimer nettement les affinités des plantes. Lorsqu'ils concordent entre eux, comme c'ést le cas pour les Ombellifères, la concordance met en relief l'importance des groupes naturels ainsi déterminés. Mais, s'il existe une discordance entre les caractéres anatomiques et les caractéres floraux, comme M. Vuillemin le montre pour les Composées, cela prouve que la famille des Composées n’est pas naturelle au méme titre que les Ombellifères et qu'il y auraitlieu de chercher un nouveau groupement de ces plantes tel que l'accord entre les caractères anatomiques et les caractères morphologiques étant réa- lisé, on obtiendrait une ou plusieurs divisions aussi naturelles que la famille des Ombellifères. -On voit ainsi, d'après l’auteur, les services que peut rendre l'anatomie comparée des végétaux à la classification, en distinguant les familles vraiment naturelles de celles qui n’ont de ce titre que le nom. Mais, avant d'appliquer les résultats fournis par l'anatomie comparée, on devra séparer, comme l'indique M. Vuillemin, les caractéres anatomiques héréditaires, constants, de ceux qui sont sous la dépendance immédiate du milieu; ces derniers doivent toujours être subordonnés aux ‘caractères héréditaires. Louis Maxçin. Recherches sur la structure de la tige des plantes aquas tiques; par M. J. Costantin (Annales des sciences naturelles, 6° série, 1884, t. XIX, pp. 287-332, avec 4 planches). Ce mémoire est la seconde partie des recherches faites par M. Cos- tantin, pour déterminer l'influence qu'exerce le milieu extérieur sur la structure des organes de la plante. Dans la première partie, consacrée T. XXXI. (REVUE) 13 194 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. à l'étude de la tige, M. Costantin comparait le milieu aérien au milieu souterrain (1). Ce nouveau travail est relatif à la comparaison de la struc- ture des tiges croissant dans un milieu aquatique avec celle des mêmes tiges développées dans un milieu aérien ou dans un milieu souterrain. La premiére partie de ces recherches est une étude d'anatomie expé- rimentale. M. Costantin soumet à l'expérience, soil des végétaux natu- rellement aquatiques, soit des végétaux terrestres. Pour les plantes qui vivent ordinairement dans l'eau, les tiges ont été maintenues dans l'air et ont continué à se développer, et pour un nombre assez grand de plantes normalement aériennes l'auteur a réussi à faire croitre les tiges sous l'eau. Les expériences portent surtout sur les espéces suivantes : Peplis Por- tula, Callitriche stagnalis, Nasturtium officinale, Myosotis palustris, Vicia sativa, Ricinus communis, Phaseolus vulgaris, Faba vulgaris. Les principales conclusions que M. Costantin déduit de ces expériences sont les suivantes: Le passage du séjour dans l'air au séjour dans l'eau détermine dans une tige : 1» la formation de lacunes dans l'écorce ou la moelle; 2* l'arrét du développement des vaisseaux et des fibres. — Le passage du séjour dans l'eau au séjour sous le sol détermine dans une tige: 4° la diminution des lacunes; 2» l'aceroissement de l'écorce en épaisseur; 3° une moindre réduction du système vasculaire. Dans la seconde partie de ce mémoire, M. Costantin étudie les chan- gements de structure qui se manifestent dans une méme tige ayant natu- rellement une région aérienne, une région aquatique et une région souterraine. Ces recherches d'anatomie comparative, comme dit l'auteur, ont porté sur des plantes amphibies appartenant aux familles les plus différentes : Composées, Polygonées, Renonculacées, Hippuridées, Pri- mulacées, Labiées, Crucifères, Nymphéacées, Ombelliféres, Butomées, Equisétacées, etc. L'expérience ayant établi que l'influence du milieu produit dans la structure les changements indiqués plus haut, on doit attribuer à l'in- fluence du changement de milieu les modifications analogues dévoilées par l'anatomie comparative. Il faut observer qu'ici il y a plus de transi- tion dans le passage naturel d'un milieu à un autre que dans le cas oü l'on passe directement du milieu aérien au milieu souterrain. Quand une tige, en effet, passe del'eau dans l'air, elle est éclairée lorsqu'elle est aérienne et aussi lorsqu'elle est aquatique, quoiqu'elle reçoive de moins en moins de rayons à mesure qu'elle est plus profondément dans l'eau. Enfin, les tiges des plantes qui croissent sous le sol au fond de l'eau, (1) Voyez le Bulletin, t. xxx1 (Revue), p. 82. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 195 sont daus une terre complétement imbibée d'eau et ont encore, en quel- que sorte, une vie aquatique. Aux conclusions citées plus haut, ces nouvelles recherches ajoutent les suivantes : Daus la région aquatique de la tige comparée à la région aérienne : 1° le collenchyme diminue d'importance; 2 les plissements de l'endoderme sont plus marqués. Dans la région souterraine de la tige comparée à la région aquatique : 1° les fibres et le collenchyme dispa- raissent presque complétement; 2» l'écorce se subérifie; 3* l'endoderme est plus différencié encore. De nombreuses figures font comprendre le sens et la valeur de toutes les modifications anatomiques que décrit l'auteur. GASTON BONNIER. Filippo Parlatore : Flora Italiana continuata da Teod. Caruel. Vol. vi : Corolliflore. Parte prima (Globulariacee, Lamiacee, Verbe- nacee). 1 vol. in-8° de 336 pages. Florence, septembre 1884. La flore italienne, considérée au point de vue général de la géographie botanique ou spécialement dans ses affinités avec celle du midi de la France et du nord de l'Algérie, a pour nous un double intérêt ; et, quoi- qu'elle ait été depuis longtemps l'objet de travaux nombreux et estimés, nous avons été heureux d'apprendre que l’œuvre considérable, malheu- reusement interrompue par la mort de Parlatore, serait continuée par un éminent botaniste, M. le professeur Caruel, parfaitement autorisé pour la mener à bonne fin et dont nous ne saurions trop louer à cet égard l'initiative et le dévouement. M. Caruel, dans l'Avertissement (Avvertenza) placé en tête du nouveau tome, rappelle que Parlatore, décédé en septembre 1877, fit paraître en 1848 (1) le premier fascicule de son Flora Italiana, dont le cinquiéme volume, terminé seulement en 4875, portait à 1381 le nombre des espéces décrites. Le total des Phanérogames d'Italie s'élevant à prés de 5000 espéces, la partie publiée en vingt-sept ans ne représentait méme pas le tiers de l'ouvrage, et la suite, partiellement rédigée dans les manuscrits laissés par l'auteur, ne pouvait étre en cet état livrée à l'impression. Le savant continuateur aura donc beaucoup à faire pour coordonner (1) Le premier volume porte au titre la date de 1848, et sur la couverture 1890. La première, partie du second volume a été publiée en 1852, et la seconde partie vers la fin de 1857. La première partie du troisième volume parut en 1858, la deuxième le , 4% mai 1860. Le commencement du quatrième volume ne fut donné qu'en 1868, la fin l'année suivante. Enfin la premiere partie du cinquiéme volume est datée de 1873. — Ces fascicules successifs ont été analysés dans les tomes suivants de notre Bulletin : t. IV (1857), p. 966; — t. VI (1859), p. 165 ; — t. VII (1860), p. 524; — t. XV (1868), Rev. p. 201 ; — t. XVI (1869), p. 156; — t. XVII (1870), p. 24; — t. XX (1873), p. 147. 196 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ces matériaux et en remplir les lacunes. Il sera sans doute aidé par ses confrères d'Italie, parmi lesquels MM. Arcangeli, L. Caldesi, Gibelli, S. Sommier, lui ont déjà promis leur concours. Ainsi qu'il le fait obser- ver, le plan que Parlatore s'était tracé était si vaste, que son ouvrage avait fini par ressembler beaucoup moins à une Flore qu'à un recueil de monographies ; il sera indispensable d’être à l'avenir plus concis, afin de pouvoir terminer dans un espace de temps raisonnable ce monument élevé à la botanique italienne. M. Caruel espère y arriver en réduisant notablement la synonymie, et à l’aide d’autres modifications très judi- cieuses qu'il a soin d'expliquer dans son Avertissement. Toutefois les parties que Parlatore avait rédigées et qu'on a retrouvées dans ses papiers seront imprimées sans changement; on pourra ainsi les reconnaitre et distinguer celles qui ne seront pas de lui. . Le premier volume du Flora Italiana de Parlatore était entièrement eonsacré aux Graminées; les deux suivants renfermaient la suite et la fin des végétaux monocotylédones. Le quatrième contient les Conifères, Gnétacées, Amentacées, Salicinées, Urticées, Balanophorées, Haloragées, Podostémacées, Euphorbiacées. On trouve dans le cinquième les Malva- cées, Géraniacées, Rutacées, Térébinthacées, Sapindacées, Rhamnacées, Coriariées, Hypéricinées, Cistinées. -. M. Caruel prévient, dans l'Avertissement, qu'il suivra les principes de classification qu'il a exposés en 1881 dans ses Pensieri sulla tassinomia botanica (Atti dell’ Accademia dei Lincei). Il présente, au commence- ment du nouveau fascicule, un tableau de la sous-classe des Monocotylé- dones, en disposant les familles suivant sa méthode. Il ouvre ensuite la série des Dicotylédones par ses. Corollifloræ (Monopétales hypogynes Adr. de Juss.), dont le premier sous-ordre, celui des Meiostemones Caruel, comprend les Globulariées, amiades Verbénacées, Acantha- cées, Crobanche tes Utriculariacées et Scrofulariacées, L'exposé des trois premières familles remplit la première partie du sixième volume. Le genre Globularia, composant à lui seul jusqu’à ce jour la famille dont il est le type, est représenté en Italie par 5 espéces, parmi lesquelles quatre sont. aussi françaises (G. vulgaris, nudicaulis, cordifolia, Aly- pum) et la cinquiéme (G. incanescens - Viv.) est propre au sud de là Péninsule. Nous approuvons le maintien de l’ancien nom, Globularia vulgaris, qu'on a proposé, il y a quelques années, de changer en G. Willkommii; l'explication donnée à cet égard est tout à fait con- cluante. L'auteur à substitué au terme de Labiées, employé déjà par Tournefort pour le méme groupe, celui de Lamiacées, proposé par Lindley (Nat. syst. ed, 2, p. 215), et plus conforme, il est vrai, à la règle assez géné- ralement suivie, d’après laquelle le nom d’une famille rappelle celui d’an REVUE BIBLIOGRAPHIQUE; 197 de ses principaux genres. Toutefois cette innovation n'a. point. prévalu, et il est peu probable que le nouvel essai soit plus heureux, En matière de nomenclature scientifique, les expressions non discutées à l'origine de leur emploi, et par la suite généralement admises, bénéficient, aprés un long usage, d'une sorte de prescription, devant laquelle, à moins de motifs d'une gravité particulière et incontestable, il est sage de s'incliner. Les Lamiacées italiennes, au nombre de 165 espèces rapportées à 31 genres, sont partagées en trois sous-familles : 1^ Staehydinées, 2° Teucrinées (Rosmarinus, Teucrium, Ajuga), 3° Seutellarinées (Scutellaria). La première, de beaucoup la plus importante, est divisée en deux tribus : LAVANDULÉES (Lavandula, Sideritis, Marrubium) et STACHYDÉES. — Les Stachydées sont subdivisées en trois sous-tribus : 1° Tendanées (Tendana) ; 2° Menthées (Lycopus, Mentha, Majorana, Hyssopus) ; enfin 3° les Lamiées, qui sont inégalement réparties en deux sections, les Saturéiées (Thymus, Satureia, Cuspidocarpus, Ziziphora, Melissa, Horminum, Melittis, Brunella, Stachys, Ballota, Leonurus, Moluccella, Lamium, Phlomis, Prasiwm, Galeopsis, Salvia) et ies Népétées (Nepeta, Dracocephalum). Les genres Micromeria, Calamintha et Clinopodium, admis par beaucoup d'auteurs, sont réunis aux Satureia; le genre Betonica est compris dans les Stachys; Origanum vulgare L. devient Thymus Ori- ganum, et le Glechoma hederacea L. est le Nepeta Glechoma Benth. Un exposé remarquable des caractères de la famille fait suite au tableau des tribus, et des considérations de géographie bolanique terminent ces généralités. L'Italie possède les deux cinquièmes des Lamiacées d'Europe. Parla- tore lui assigne en propre 14 espèces : 1 assez répandue, le Satureia tenuifolia;— 3 appartenant à l'Italie méridionale, Satureia consentina, -S. fasciculata. et Ajuga acaulis ; .— 1 particulière à l'ile Marettimo, le Thymus nitidus; — 4 à la Ligurie occidentale, le Satureia thymoides, et 8 du groupe corso-sarde, Mentha Requienii, Thymus Herba-barona, Satureia cordata, S. glandulosa, S. corsica, Stachys corsica, S. glu- tinosa, Nepeta foliosa. Deux espèces naturalisées, les Salvia hispanica et canariensis, sont originaires, la première de l'Amérique tropicale, la seconde des Canaries. | Le plus grand nombre des autres espèces, 83 sur 150, rentrent dans la catégorie des plantes dites méditerranéennes. Parmi celles-ci, 21 sont dispersées dans tout le bassin de la méditerranée, 14 RARE dans la partie occidentale de ce bassin, 10 dans sa parlie orientale; 11 sont répandues dans toute l'Europe méridionale, 17 ne le sont que dans le sud-ouest de l'Europe et 10 dans le sud-est. 198 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. L'Horminum pyrenaicum est spécial aux Pyrénées et aux Alpes ; enfin 66 espéces se retrouvent dans le centre et au nord de l'Europe. Un relevé qui intéressera particuliérement les botanistes francais, celui des Labiées italiennes étrangères à la flore de France (1), comprend 53 espéces, à savoir: * Lavandula dentata L., " L. multifida L.; — Sideritis sicula Ucria, * S. montana L.; —* Marrubium Alysson L., * M. peregrinum L., M. candidissimum L.;— Lycopus exaltatus L.;— Majorana Onites L.; — Thymus nitidus Guss., T. striatus Vahl, * T. ca- pitatus Hoffm. et Link; — Satureia cuneifolia Ten., S. Thymbra L., S. cristata (Micromeria cristata Gris.), S. tenuifolia Ten., S. thy- moides Nym., S. consentina Ten., S. fasciculata Raf., S. cordata Mor., * S. nervosa Desf. (Micromeria nervosa Benth.), S. microphylla Guss., S. marifolia (Micromeria marifolia Benth.), S. Hostii (Calamintha thymifolia Host), * S. graveolens (Calamintha graveolens Benth.) ; — Cuspidocarpus rupestris Spenn.; — * Ziziphora capitata L.; — * Sta- chys arenaria Vahl ; — Ballota Pseudodictamnus Benth., B. rupestris de Vis.; — Moluccella spinosa L.; — Lamium Orvala L.; — Phlomis lanata Willd., P. fruticosa L., P. viscosa Poir.;— * Salvia triloba L. f., * S. Horminum L., * S. argentea L., S. ceratophylloides Ard., S. vir- gata Jacq., S. viscosa Jacq., S. silvestris L.; — Nepeta tuberosa L., *N. Apuleii Ucria, N. italica L., N. foliosa Mor. ; — * T. spino- sum L., * T. campanulatum L., T. creticum L.; — Ajuga orientalis L., A. acaulis Brocchi; — Scutellaria Linnæana (peregrina L.), S. com- mutata Guss. (2). La famille des Verbénacées termine le demi-volume dont nous nous occupons ; elle est divisée en deux tribus : 4° les Verbénées, renfermant les genres Lippia et Verbena ; 2° les Viticées avec le genre Vitex. Les espéces de cette famille (qui, pour la plupart, croissent entre les tropiques des deux hémisphéres) sont seulement au nombre de quatre dans la flore italienne : le Lippia nodiflora, qu'on retrouve cà et là dans (1) D'aprés la comparaison avec la Flore de France de Grenier et Godron. Ces bota- nistes ont exclu avec raison un certain nombre d'espéces signalées dans notre pays par divers auteurs dont les indications étaient erronées ou n'ont pas été confirmées; par exemple : Lycopus exaltatus, Thymus capitatus, Salvia Horminum, S. silvestris, Nepeta tuberosa, Lamium Orvala, Sideritis montana, etc. (Fl. de Fr. t. 11, p. 715-716). — D'aprés le Flora Italiana (t. VI, p. 283), le Teucrium siculum se trouverait dans les Pyrénées. ‘ (2) Les espèces marquées d'un astérisque existent en Algérie d’après le Catalogue de Munby. — Voici les espèces françaises non signalées en Italie : Mentha cervina L., Lamium corsicum Godr, et Gren., Phlomis Lychnitis L., Galeopsis pyrenaica Bartl., N. latifolia DC., Teucrium Pseudochamapitys L., T. pyrenaicum L., T .aureum Schreb. On peut ajouter le Satureia filiformis (Micromeria filiformis, Benth.), mentionné dans le Flora Italiana (p. 124), mais dont les seuls habitats connus sont en Corse et dans les îles Baléares, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 199 les pays chauds de l'ancien et du nouveau continent; — le Verbena: offi- cinalis, dont on connait la vaste distribution ;— le Verbena supina et le Vitex Agnus-castus, répandus dans le bassin méditerranéen (1). On retrouve à fort peu prés dans la nouvelle partie les dispositions générales bien connues que Parlatore avait adoptées dans les premiers volumes. Le nom de chaque espèce forme l'en-téte d'un article où sont disposés, dans un bon ordre, les divers renseignements qui s'y rapportent. Une diagnose latine résumant les caractères différentiels est suivie de l'énumération des synonymes et des ouvrages consultés, presque toujours italiens. M. Caruel a déclaré, dans son Avertissement, qu'il n'en citera d'autres que trés rarement et se bornera méme le plus souvent aux bota- nistes modernes, en se référant, pour les anciens, au Flora italiana de Bertoloni, qui est trés complet sur ce point. Aprés les auteurs qui ont décrit ou signalé l'espéce, sont mentionnés ceux qui l'ont figurée. Les indications relatives aux habitats, stations et à l'époque de la floraison sont ensuite réunies dans le même paragraphe, auquel succède un exposé sommaire de la distribution géographique. Une description de la plante en italien, extraite des manuscrits de Parlatore, ordinairement trés longue et qu'on pourrait, à notre avis, notablement abréger, vient souvent com- pléter la diagnose latine, et l'article se termine fréquemment par d'utiles Osservazioni. La mention des sous-espèces el variétés nous a semblé parfois un peu trop succincte. Dans le groupe du Galeopsis Ladanum, par exemple, on regrette de ne pas trouver une diagnose sommaire des Galeopsis Reuteri Rehb., angustifolia Ehrh., arvatica Jord., intermedia Jord., qu'on voit simplement énumérés dans la synonymie de l'espéce principale. Nous en dirons autant, dans le groupe du Galeopsis Tetrahit, des G. pubescens Bess., versicolor Curt. (speciosa Mill.), sulphurea Jord., qui, sans étre élevés au rang d'espéce, mériteraient, à litre de variétés intéressantes, d'étre briévement distingués du type. Nous nous permettons de formuler ici cette légère critique, parce qu'il serait facile d'en tenir compte dans les parties en préparation. En résumé, l'ouvrage de Parlatore, terminé par M. Caruel, formera le répertoire le plus complet de la riche flore italienne. Il sera aussi l'un des plus utiles à consulter, en raison de l'abondance et de la süreté des renseignements qu'on y trouve, pour l'étude à un point de vue plus général de la belle végétation méditerranéenne. ERNEST MaLiNVAUD. (1) De ces quatre espèces, le Verbena officinalis et le Vitex Agnus-castus figurent seuls comme plantes francaises dans l'ouvrage de Grenier et Godron. Les deux autres existent en Algérie. Nous possédons en herbier le Lippia nodiflora des environs de Nice, où il avait été naguère récolté par Eugène Laire; mais nous ne savons pas s'il y est véritablement spontané ou seulement introduit. 200 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Recherches historiques sur les mots « plante mâle et plante femelle »; par M. le D' Saint-Lager. 48 pages gr. in-8°. Paris, Baillière, 1884. Aprés avoir rappelé que les mots « plante måle et plante femelle » avaient bien rarement dans l'antiquité le sens clair et précis qu'on leur donne aujourd'hui, l'auteur divise le sujet de ces Recherches en six cha- pitres. I. Les anciens botanistes connaissaient la sexualité des plantes diæques (1). — Des citations choisies dans les œuvres de Théophraste, notamment un passage de l'Histoire des plantes, expliquant le ‘procédé en usage pour la fécondation artificielle des Palmiers, ne laissent aucun doute sur ce point. II. Seconde acception : les plantes máies sont moins fécondes que les femelles. — Les naturalistes de l'antiquité spécifiaient un Térébinthe mále (plus ou moins stérile) et un Térébinthe, femelle (fructifére), de même un Rhus mále et un femelle, ete. (voy. Théophraste, Hist. plant. III). IIT. Troisième acception : les máles sont plus grands et plus forts gue les femelles. — On qualifiait mâle le grand Pteris en taison de sa taille élevée, tandis que les Fougéres plus humbles, en opposition avec la pré- cédente, étaient regardées comme des femelles (Thelypteris). L'Eupato- rium cannabinum, plus robuste que les Bidens tripartitus et cernuus» en était. distingué par le méme jeu d'épithétes, etc. M. Saint- Lager mier est appliqué par les eum dé certains pays A pieds fruc- tiféres, et le second aux DUE à étamines, ces derniers étant en apparencė les moins vigoureux. . IV. Quatrième acception des mots « plante mâle et plante femelle » tirée dé là comparaison des racines et des fruits avec les organes sexuels des animaux. — Par exemple, les espèces qui avaient reçu le nom d'Orchis en raison de la forme de leurs tubercules étaient, à ce titre, réputées máles par les botanistes grecs. Ce chapitre abonde en curieux détails qui sont surtout du domaine de l’érudition. V. Cinquième emploi des mots « plante måle et plante femelle Ses I ne s'agit pas cette fois d'un sens métaphorique comme dans le cas précédent, mais d'un simple expédient de nomenclature dont on trouvait (1) L'auteur, dont nous respectons. ici l'orthographe, se conforme, dit-il, « äkla règle » qui veut que, dans la transcription des mots grecs en Caractères romains, la diphthon- » gue oi soit changée en æ (ex. : (Enanthe: pour Oinanthe), tout comme ai prete e » (Ægilops pour Aigilops), etc. » i i de REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, - 201 commode de faire usage pour distinguer les unes des autres certaines espèces voisines ne différant que par la couleur des fleurs et des feuilles. Ainsi la fleur est rouge dans l'Anagallis måle (A. phænicea), elle: est bleue dans l'Anagallis femelle (A. cerulea) ; le Phlomos måle (Verbas- cum. Thapsus) se reconnait à ses feuilles blanches, le Phlomos femelle (V. sinuatum) a les siennes de couleur brune, etc. VI. Les épithétes mas et foemina doivent être bannies de la nomencla- ture. — De l'exposé des inepties de langage qu'il a passées en revue dans les chapitres précédents, l'auteur conclut dans celui-ci qu'on doit faire table rase de toutes les expressions qui les rappellent. D'aprés lui, « on » remplacera ‘avantageusement les noms absurdes de Polystichum » Filiæ-mas, P. Thelypteris, Athyrion Filiz-femina, par ceux de » P. obtusum, P. convolutum, Athyrium fimbriatum, proposés en 1867 » par le savant auteur de la Flore des Hautes-Pyrénées, l'abbé Dulac. » De plus, l'Avena sterilis deviendrait A. nutans : le Cornus mas serait appelé C. erythrocarpa, ete. L'auteur déclare, en terminant, que le peu de succès de ses tentatives précédentes ne l'a point découragé. « Peut-être, dit-il, avons-nous été » maladroit en faisant imprudemment l'étalage d’un trop grand nombre » d'appellations vicieuses, et n'avons-nous pas été suffisamment compris, » lorsque nous expliquions que les réformes devaient, à notre avis, » se faire successivement, par catégories échelonnées suivant le degré » d'urgence. » Aujourd'hui notre collégue modifie sa tactique. Renoncant à attaquer de front le gros bataillon des locutions vicieuses que ses vail- Jants efforts n'ont pu encore entamer, il se borne à opérer une reconnais- sance sur un des cótés les plus vulnérables, dans l'espoir d'y pratiquer une brèche « qui laisserait passer, plus tard -et peu à peu, d'autres » escouades de son armée réformiste ». Quelle que soit l'issue de sa nou- velle entreprise, nous saurons gré à l'auteur de ne pas se lasser de nous faire part de ses érudits et patients travaux, en continuant à publier d'in- téressants mémoires: sur les questions qu'il a si bien étudiées. EnN. M.- Naturalisation du Cyperus vegelus Willd. dans le sud- ouest de la France; par M. J. Lamic (Journal d'histoire natu- relle de Bordeaux et du Sud-Ouest, numéro du 30 avril 1884). Cette Cypéracée, originaire de l'Amérique du Nord, habite les lieux humides dans la Virginie et dans le sud des États-Unis (1). On a signalé, il y a plus de cinquante ans, sa naturalisation à Bayonne, dans le voisi- nage des chantiers de l'arsenal: c'est en cet endroit que les navires (1) Asa Gray, Botany of the Northern United States (1880), p. 559. 909 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. déchargent ordinairement leur lest, qui renferme parfois des semences ou des rhizomes de végétaux exotiques, et c’est ainsi que l'un d'eux, ayant pris du lest dans quelque port du sud des États-Unis, aura été l'intro- ducteur du Cyperus vegetus. De la station de Bayonne, la plante s'est répandue dans une grande partie de la vallée de l'Adour. On la retrouve à Dax et à Bordeaux. Elle parait définitivement fixée dans cette région, d’où elle se propagera peut-être sur d'autres points. — On a aussi men- tionné sa présence, due probablement aux mémes causes, prés de Bilbao, en Espagne (1), et dans l'une des Acores (2). Env. M. Excursion à la péne de Lheris et au pic du Midi, les 1* et 2 juin 1884 (Journal d'hist. nat. de Bordeaux et du Sud-Ouest, numéro du 30 juin 1884) ; par M. J. Lamic. M. J. Lamie, chargé du cours d'histoire naturelle à l'École de méde- cine et de pharmacie de Toulouse, ayant profilé des vacances de la Pen- tecóte pour conduire quelques-uns de ses éléves en herborisation dans les Pyrénées, a énuméré les espéces intéressantes qu'ils avaient recueillies. 1* juin, ascension de la péne de Lhéris, sommet d'environ 1600 métres d'élévation situé au sud-est de Bagnéres, dans un massif calcaire sépa- rant les vallées d'Asque et de l'Arros de la vallée de Campan. Espéces signalées : Pinguicula grandiflora, Meconopsis cambrica, Scilla Lilio- Hyacinthus, Sisymbrium acutangulum, Asperula hirta, Soldanella alpina, Alchemilla pubescens, A. pyrenaica, A. alpina, Primula integrifolia var. Candolleana, Horminum pyrenaicum, Ranunculus Gouani, Erysimum ochroleucum var. lanceolatum, Globularia nudi- caulis, Fritillaria pyrenaica, Gentiana acaulis, G.verna, G.lutea, etc. Lundi 2 juin, ascension du pic du Midi (terrain granitique) et visite à l'observatoire du général de Nansouty. Cet établissement, situé à 2870 mètres au-dessus du niveau de la mer, est construit sur une étroite plate- forme, à une petite distance à l'est du sommet principal du pic, qui le domine de 7 métres. Nous remarquons, parmi les récoltes de cette jour- née : Viola alpestris, Rumex alpinus, Ranunculus pyrenœus, Saxi- fraga muscoides, S. oppositifolia, Sempervivum montanum, S. ara- chnoideum, Androsacea carnea, A. villosa, Carduus carlinoides, Gagea Liottardi, Poa alpina, Linaria alpina, Erythronium’ Dens- canis, etc. La saison était peu avancée, la neige encore trés abondante, par suite les plantes fleuries en trés petit nombre. Deux d'entre elles, Erythro- (1) Willkomm et Lange, Prodr. flor. hisp. L, p. 138. (2) Grisebach, Végétation du globe (note du traducteur). REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 203 nium Dens-canis et Scilla Lilio-Hyacinthus, épanouissaient leurs fleurs deux mois plus tard que dans les basses montagnes du Limousin. C'est un exemple de l'influence bien connue de l'altitude sur les phénoménes périodiques de la végétation. Ern. M. NOUVELLES (15 mars 1885.) -— M. Guignard vient d’être nommé professeur titulaire de la chaire de botanique de la Faculté des sciences de Lyon. — Dans la séance du 14 février, M. Henry de Vilmorin a été nommé membre de la Société nationale d'agriculture. — Deux élections de correspondants de l'Académie des sciences dans la section de botanique ont eu lieu le 16 février et le 2 mars. M. Sirodot, de Rennes, et M. Grand d'Eury, de Saint-Etienne, ont été élus. — Trois de nos confréres, MM. Chareyre, Marié-Davy et Morot ont présenté et soutenu avec succés des théses de botanique pour l'obtention du titre de docteur és sciences naturelles. — Notre collègue et compatriote, M. Jules Daveau, inspecteur du jardin botanique de Lisbonne, a recu, au commencement de l'année, la décoration du Mérite agricole, ainsi que les palmes d'officier d'académie, et il a été nommé, vers la méme époque, chevalier d'un des ordres mili- taires du Portugal. . — L'Académie des sciences a tenu sa séance publique annuelle le lundi 23 février 1885, et a décerné plusieurs prix à des travaux relatifs à la botanique. M. Otto Lindberg a recu le prix Desmazières pour l'ensemble de ses publications sur les Muscinées; — M. Sicard, l'un de nos con- frères, a obtenu un encouragement pour son livre intitulé : Histoire naturelle des Champignons comestibles et vénéneux. — Le prix Thore a été décerné à deux autres de nos collégues, MM. L. Motelay et Vendryés, pour leur Monographie des Isoétées. — Une nouvelle société, la « Société mycologique », vient de se fonder à Épinal « dans le but d'encourager et de propager les études relatives » aux Champignons, tant au point de vue de l'histoire naturelle qu'au » point de vue de l'hygiéne et des usages économiques. La Société » publiera chaque année les travaux de ses membres et le compte rendu » des sessions locales et générales ». Les membres titulaires (cotisation de 10 francs) reçoivent gratuitement les publications de la Société; les membres correspondants (cotisation de 5 francs) recevront les comptes 204 SOCIÉTÉ BOTANIQUE: DE FRANCE. rendus des séances locales et générales. Les deux présidents et le secré- taire de la Société pour la première période biennale sont MM. Quélet, Boudier et Mougeot, noms connus et appréciés, autour desquels se rallie- ront sans doute ceux de nos confréres qui s'intéressent aux Champignons. Nous souhaitons réussite et longue durée à la Société mycologique d'Épinal. — M. Treffer nous prie d'annoncer que son sixième catalogue des plantes sèches des Alpes du Tirol est en distribution. Il l'enverra aux botanistes qui lui en feront la demande. Le prix de la centurie est de 12 fr. 50 (10 marks). M. Treffer se charge aussi d'envoyer des plantes vivantes de sa région. Les demandes (écrites en allemand ou en latin) doivent étre adressées à M. G. Treffer, à Luttach, par Sand (Tirol) Autriche-Hongrie. — MM. Hauck et Paul Richter se proposent de publier une collection d'Algues sèches sous le titre de Phycotheca universalis. La collection paraîtra en fascicules de 50 numéros sous deux formes : en feuilles déta- chées prétes à étre intercalées, au prix de 16 marks (20 francs), ou en fascicules brochés au prix de 18 marks (22 fr. 50). On sait que.ces auteurs sont chargés de la description des Algues dans la 2* édition du Rabenhorst's Kryptogamen Flora. — S'adresser à la librairie Kummer, à Leipzig. Le Directeur de la Revue, di Fe pr Ep. BORNET. Le Secrétaire général de Ja Société, gérant du Bulletin E. MALINVAUD. BOURLOTON.— Imprimeries réunies, A, rue Mignon, 2, Paris. TABLE DES ARTICLES ANALYSÉS DANS LA REVUE BIBLIOGRAPHIQUE DU TOME XXXI. ANATOMIE ET PHANÉROGAMES. Éléments de botanique ; M. P. Duchartre. Pratique botanique ; M. Strasburger..., Considérations générales sur le corps des plantes; M. Caruel..... .:...:...... . Encore un mot sur Je protoplasma; M. Loew Sur la constitution de la membrane cellu- laire et de la couche moyenne de la pa- roi cellulaire; M. W. Gardiner..... ne Sur la continuité du protoplasma à travers les cloisons des cellules végétales; M. W. Gardiner....... 4.9 erret een tt Recherches sur la structure et la division du noyau cellulaire chez les végétaux ; M. LGuignard onai. 95er d NES Les trophoplastes; M. A. Meyer Sur les grains de celluline, sorte de cel- lulose granuleuse ; M. H. Pringsheim. Sur les sphéro-cristaux ; M. A. Hansen.. Sur la structure et la fonction du systéme épidermique des végétaux; MM. Wes- VerDidiQR.........-. c5. 2 9 0 cio eee Sur les pores des parois externes des cel- lules épidermiques ; M. H. Ambronn... La silification des organes élémentaires vivants des plantes; M. Spyridion Mi- ss... liaraki$- 35... 5 e oe Nouvelles recherches sur les cystolithes ; M. Chareyre..... «een nnn Étude comparée des tiges aériennes et souterraines des Dicotylédones ; M. Cos- tantin....…, tbe dele equ Melt edomo pira Recherches sur la structure de la tige des plantes aquatiques; M. J. Costantin.. Un épiderme jouant un rôle mécanique ; M. John of Klercker.. Influence de la pression de l'écorce sur la structure des fibres libériennes des Di- cotylédones; M. F. von Henel. Le système des faisceaux vasculaires de la moelle de quelques Dicotylédones dans son rapport avec les traces des feuilles; M. J. E. Weiss...... JV LIVE. IS Parcours et terminaison des tubes criblés dans les feuilles ; M. A. Koch......... Théorie générale de la phyllotaxie; M. F. Delpiho - HPLC : Contributions à la e mein du calice; M. Clos.. Distribution, origine et fonction des Qe des septales; M. Grassmann.. ie Sur les moyens mécaniques de protection des graines contre les influences exter- nes préjudiciables; M. R. Marloth.... th a9 ct pttr nit tt n born tat 113 79 79 97 [19 MORPHOLOGIE. Recherches sur l'anatomie comparée des cotylédons et de l'albumen ; M. Godfrin. Sur les nectaires des Crucifères; M. Ve- lenovaky | des continent à Sur la structure et le développement du bois de Caulotretus heterophyllus; M. O. WAMDENEL nd eo à Étude anatomique sur les Ombelliféres,etc.; vA ERR CE et PU EO ORDENA « Étude comparée des caractéres anatomi- ques des Lonicérées et des Astéroidées ; M. E- Grign0H. es s L'embryon du Barringtonia Vriesii ; Mi Troub. ch.s LS Es. Formes tératologiques de la fleur et du fruit du Citrus ; M. L. Savastano...... Sur le contenu des tubes criblés du Cu- curbita Pepo; M. Zacharias. .......... Le sac embryonnaire et la formation de lendosperme dans le genre Daphne; M. K. Prohaska....... . id ADAM. Sur la structure, la présence dans le Lu cashire et l’origine du Naias graminea ; M. Ch. Baden hu Recherches sur le développement de quel- ques inflorescences (Urticées et Grami- nées); M. K. Gobel....... bises vie eie Recherches sur la structure anatomique de l'Aphyllanlhes monspeliensis; M. J. of Klercker: < ugu i yed v. debere ouf ue coro ° Sur la connaissance des corpuscules des Gymnospermes; M. Goroschankin,..... Sur la morphologie comparée des Sciado- pitys ; M. M. T. Masters. ...... Tm Recherches sur les Cycadées ; M. Treub. Homologies des parties reproductrices -des feuilles fructifères chez les Phanéro- games et les Cryptogames vasculaires ; M: Gelakowsky ............. iris CRYPTOGAMES. Formation et développement des organes au point végétatif des Fougères dorsi- ventrales; M. L. Klein....... St v. Sur l'origine des racines chez les Fougè- res; M. Lachmann,....... Recherches sur l'archégone et le dévelop- pement du fruit des Muscinées; M.l'abbé Ho aioi TE en er eva . Morphologie comparée et biologie des Champignons, victa tpa et Bacté- ries ; M. A. de Bary. PLE : Sur le: développement des. ‘sporanges ‘du Trichia fallat; M. Strasburger........ Sur le Chiampignon des tubercules radi- étre 118 8i 170 174 180 206 TABLE DES ARTICLES ANALYSÉS. caux du Juncus bufonius; M. C. Weber. 44 les Desmidiées ; M. A. Fischer. ........ Les céphalodies des Lichens et le Schwen- Sur les noyaux et les pores de la mem- denérisme ; M. 0.-I. Richard......... 68| brane chez les (Algues) Phycochroma- Sur la présence de cristaux de gypse chez $es; M. N. Wille......... B. i PHYSIOLOGIE. PHANÉROGAMES. Recherches sur la végétation ; MM. Ber- thelatet Andre 2 S.l... Recherches sur la marche générale de la végétation dans une plante annuelle ; MM. Berthelot et André............... Sur la marche générale de la végétation dans les plantes annuelles : Amaranta- cées ; MM. Berthelot et André......... Sur le rapport des tissus végétaux, de lamidon et du charbon avec les gaz; M: T Dohnm..:.: o0 . De l'action de la chaleur sur les phéno- mènes de végétation; M. Barthélemy. Sur l'accroissement longitudinal des or- ganes des plantes aux basses tempéra- tures ; M. O. Kirchner...... 23:5 007274 Influence prétendue de la lumière sur la structure anatomique de l'Ail des ours ; M. Ch. Musset oorr 5... Influence du soleil ou de l'ombre sur la structure des feuilles; M. E. Stahl..... Influence de la lumière sur la première période de germination des graines ; NE. AOW r LEa Recherches sur la transpiration des végé- taux sous les tropiques ; M. V. Marcano. Sur l'absorption de l'eau par les capitules des Composées ; M. Burgerstein....... Rapports qui existent entre quelques par- ticularités des feuilles et les différences de station; M. Fr. Johow...... dot Recherches sur la respiration des tissus sans chlorophylle: MM. G. Bonnier et L. Mangin.:;.... 05 ESTERI TS Recherches sur la respiration des feuilles à l'obscurité; MM. Bonnier et Mangin. Sur la ehlorophylle et l'assimilation du Cuscuta europea ; M. Temme........ : Sur la présence du tannin dans la cellule 86 végétale et sur sa signification physiolo- gique probable ; M. Gardiner.......... Sur la signification physiologique des glan- des à eau et des nectaires; M. Gardiner. Végétation comparée du Pois et du Mais dans des solutions minérales ou orga- mques. M- V lotin. 2 a Nouvelles recherches sur les conditions de développement des poils radicaux ; N.E Wer... s ON Un Recherches sur la déhiscence des fruits à péricarpe sec; M. Leclerc du Sablon.. Sur le sucre que les graines cèdent à eau; M. S Perte. een... Seconde contribution à l'étude de la taille de la Vigne; MM. Casoria et Savastano. CRYPTOGAMES. Sur la fonction physiologique du faisceau central de la tige des Mousses ; M. Ha- beriándt 0... roses 49.3 La croissance du thalle du Coleochæte scu- tata, dans ses rapports avec la pesanteur et la lumiere; M. L. Kny Sur la chlorophylle des Fucacées; M. A. Hansen; ^. 09:05:01. e0en Recherches sur la fécondation des Flori- dées ; M. F: Séhmilz...... Meu. cS Recherches sur la respiration et la transpi- ration des Champignons ; MM. 6. Bonnier et L Mangin. ci ein sisi An Recherches sur la physiologie et la morpho- logie des ferments alcooliques; M. E. Chr. Hanm vi... Jd n LR RU PT. Sur la conservation des ferments alcooli- ques dans la nature; M. L. Boutroux... Relation entre la lumière et la division cellulaire dans le Saccharomyces cere- visie; M. Li Kup... 11 0L $. Sur la biologie des Myxomycètes ; M. E. Stab ne 4. Ssocesese BOTANIQUE DESCRIPTIVE. PHANÉROGAMES. De la valeur des caractères anatomiques au point de vue de la classification des végétaux (tige des Composées); M. P. Wuillemin.. root DI Pee UNE TO Bulletin mensuel de la Société Linnéenne de-Paris, n° 51 à 55........ 18593, 161, Monographie Phanerogamarum, t. v. Neid tandree ; M. G.-B. Clarke............. Scrinia flore selectæ ; M. C. Magnier. kaa Contributiones ad floram terræ Slavorum meridionalium ; M. M. Gandoger....... Sur quelques espéces critiques de Cléma- tites de la Chine; M. F. B. Forbes..... 191 162 16 146 Une fleur anomale de Papaver Rhæas; M. Lin... Eomecon : genre nouveau de la famille des Papavéracées; M. H. F. Hance.. Les variétés de Citrus cultivées sur le ter- ritoire napolitain ; M. L. Savastano. .. Sur une nouvelle espèce d'Ardisia; M. H. F. HañCe. on eere rra nri eh Révision des Oxytropis de l'Amérique du nord; M. Asa Gray... ........ orian nea Sur une nouvelle espèce de Rubus; M. H. F. Hance...... hee kne smert t . Sur un nouvel Érable de la Chine ; M. H. F. Hanco. s.t. E E 36 37 7 144 144 146 147 149 TABLE DES ARTICLES ANALYSÉS. Sur une espèce nouvelle d'Echinocarpus ; M. HF Haneé. on r en Monographie du genre Epilobium ; M. C. Haussknecht......... dtc E Notes sur quelques Sazrifraga de l'Amé- rique du Nord ; M. Asa Gray.......... Catalogue raisonné des Hieracium des Alpes-Maritimes ; MM. E. Burnat et Revue des Hieracium d'Espagne et des Py- rénées <. M. Scheele..:;......4 520. 0. Adnotationes de Pilosellis fennicis; M. J. P. Norrim ah a sites tee Sur l'Hyalocalyz, nouveau genre de Tur- néracées ; M. R. A. Rolfe............. Sur un nouveau Gomphoestemma de la Chine ; M. H. F. Hance............... Sur l'Euphrasia officinalis L.; M. Townsend. Notesur le Begonia Lubbersi; M. E. Morren. Trois nouveaux Begonia chinois; M. H. F. lance; 1 00:25 9 bee Sur quelques espèces de Chénes de la Chine; M. EK. B Kotbes; s. oorr . Sur quelques Corylacées de la Chine ; M. H. TF. Hope.. aa ; Diporopsis (Liliacée) ; M. H. F. Hance. $ Morphologie et systématique des Maranta- cées ; M. A. W. Eichler.............-- Quatre nouvelles Orchidées chinoises ; M. IE dee. ouo os copo ee Sur le Didymoplexis silvatica (Leucor- chis Bl.); M. H. N. Ridley.,.......... Orchidée nouvelle de Bornéo; M. H. N. Ridley...... Mo epu UM QUAM Sur une monstruosité de la fleur de dris Pseudacorus; M. Dickson........... . Cypéracées nouvelles recueillies par le D' Naumann dans l'expédition de la « Gazelle » ; M. O. Beckeler ......... Cypéracées nouvelles ; M. 0. Boeckeler... Cyperaceæ nove ; M. H. N. Ridley...... " Nouvelles acquisitions pour la flore belge; M. €. Baguet....... d ye rh titii p iw Excursions botaniques en Espagne en 1881 et 1882 ; M. G. Rouy................. Catalogue des plantes intéressantes des marais de la Somme, auprès de Saint- Quentin (Aisne); M. C. Magnier....... Notes historiques ou critiques sur les prin- cipales plantes méridionales qui croissent dans le département de la Charente- Inférieure; M. J. Foucaud........... e Premier fascicule de plantes nouvelles ou rares pour le département du Cher; M. A. Le Grand.. Catalogue des plantes ‘vasculaires du dépar- tement de la Corrèze; M. E. Rupin.. Tableaux analytiques de la flore d'Angers; M. l'abbé Hy....... .. RCA Excursion à la pène de Lhéris et'au pic du Midi ; M. J. Lamic..... CO RA RE Flore italienne de Parlatore, continuée par M. Caruel, vol. vi "n t t EEE E E * 151 16 19 18 10 108 202 195 207 L'origine des Tulipes de la Savoie et de l'Italie; M. E. Levier 253559 4222 55 2 DENN 9 Une herborisation dans les marais Potitins: : ; M. A: Gravis... a $622 51 2 Matériaux pour servir à la révision de la flore portugaise; M. G. Rouy.......... 107 Excursion botanique aux iles Berlengas et Farilhoes ; M. J. Daveau........... ando Mission scientifique envoyée dans la serra d'Estrella en 1881. Compte rendu pré- senté au nom de la section de propa M. J. A. Henriques............ . . 457 La Laponie russe et sa ‘végétation x M. Buhe r Ean a na 92 Florula genevensis advena; M. A. Déséglise. 2 Flora Orientalis ; M. E. Boissier.......... 50 Plantes du Turkestan ; M. A. Franchet... 53 Plante Davidianæ ex Sinarum imperio ; M: A; Franchet::. ana ES 51, 164 Catalogue des plantes récoltées pendant mon séjour en Algérie de 1877 à 1880; M. M. Gandoger.. ~. es 0. 21 Plantes nouvelles du Zambése ; M. J. €. Baker... .-. Ud S AMISIT .. 149 Catalogue des plantes du Canada ; M. J. Macón Lora iso netu) ee PRA as 51 Contributions à la botanique de "l'Amé- rique, t. XVII; M. Sereno Watson..... 51 Contributionsà la botanique de l'Amérique du Nord; M. Asa Gray....... s. yan 45 101 CRYPTOGAMES. Sept Fougères nouvelles de la Chine ; M. H.F. Hance.......... OD a esee 9 Fougères recueillies à Madagascar; M. Ba- Kerr ot Vini HE eit veces. 408 Revue bryologique ; M. T. Husnot(n* 1-3. 21 Muscinées de la Francé; M. l'abbé Boulay. 103 Muscologia gallica ; M. T. Husnot.. 4... 22 Mousses et Hépatiques de l'Allier; MM. V. Berthoumieu et R. du Buysson........ 22 Flore cryptogamique de la Belgique, Mus- cinées ; M. Delogne............, ... 171 Flore bryologique de Venise ; MM. P. A. Saccardo et G. Bizzozero...... tr ans H Études sur la distribution des Mousses au Caucase ; M. V. F. Brotherus...... 23 Manuel des Mousses de l'Amérique du Nord; MM. Lesquereux et James....... 140 Solmsiella, nouveau genre de Mousses; M. ECMUMISES eus, i 140 Note sur le Sphagnum Austini; M. 4 Cardot. 22 Sandea et Myriorrhynchus pier 24 Note sur le Chara imperfecia ; M. J. Fou- CRM 0 ee sc a dites aL 16 Champignons de la France ; M. Lucand. 164 Sur une nouvelle espèce de Champignon entomogène (Stilbum Kervillei Quélet) ; M. H. Gadeau de Kerville............ 171 Études sur le Phallus impudicus ; M: Feutilenubois.. 2.0. 181 Sur le développement des Ascomycètes ; M. E Eldam 0 s. 118 Sur quelques Lichens; M. J. Stirton. . s 9 208 TABLE DES ARTICLES ANALYSÉS. Lichenes nov e freto Behringii; M. W. Nouvelles contributions à la connaissance Nylander. 5:225... 40 3 Re 68| des Algues de Silésie ; M. Schræter... 188 Recherches sur les levüres. Les Ustilagi- Contributions à la connaissance des Algues nées; M: O. Brolo... -s aA 179| thermales de Bohème; M. A. Hansgirg. — 69 Études algologiques; M. A. Borzi... ... 185 | Contributions à la flore algologique dela ` Recherches algologiques et mycologiques moer Ronge ; M. Piccone .:........... 69 faites dans la Laponie de Lulea ; M. G. Notes sur les Algues de l'A'ghanistan ; bagerheim;........9: 1. 46 9e v 4; : 93) M:Schaarschmidt..;"}.......:..2... : 10 Sur la floraison des lacs du Shropshire ; 5 Contributions à la connaissance de la flore M. W. Phillips........ RE OI UE 68| algologique de l'Amérique du Sud; , Les Algues marines du nord de la France; M: N. Wille; ; - utero LM. eso 189 NE. Debray 0.0... e$ ede . 487 | Spheropha annulina ; M. Rauwenhof.. 115 Algues recueillies sur la cóte du QE Sur le genre Gongrosira; M. Wille...... 187 ment de la Loirc-Inférieurc, cntre le Les Batrachospermes ; M. Sirodot....... 182 Pouliguen et le Croisic; M. F. Debray. 188 | Nouveaux arguments à l'appuide ma théo- Essai d'une monographie locale des Conju- rie de la polymorphie des Phycochro- , guées; M. F. Gay. ........ Pr dofus 41 macées; M. Zopf......... Effe Fee sin VÍ PALÉONTOLOGIE. Paléontologie française ; M. G. de Sa- | Contributions à la connaissance de la flore porta oeoo donee e e e a e . 173| tertiaire de la province de Saxe ; M. P. Sur ün nouveau genre de fossiles végé- Friedticlbo lero eee peer 136 taux; MM. Renault et Zeiller.......... 58 | Plantes tertiaires de Felek, près de Klau - Note sur les cônes de fructification de Si- senburg ; M. Moriz Staub............. 137 eilaires; M: Zeiller;--. t een ee 58 | Sur un riouveau genre de graines du ter- Sur les lignites quaternaires de Bois- rain houiller nt MM. Renault et -LADbO M: Eliche: |... 5. ele 97 Zeileg 0.10 3L ee tas à ee 139 Sur quelques genres de Fougères fossiles Recherches sur les bois fossiles du Groen- nouvellement créés; M. Zeiller BA BU 60]. land; M. Fr. Best... o 138 Sur la déñomihation dequelques nouveaux Note sur la flore du bassin houiller de genres de Fougères fossiles; M. Zeiller. 621 Tete (Zambéze) ; M. R. Zeiller........ 56 MALADIES DES PLANTES. Sur la.formation.de la gomme dansle bois tanv st nn i an. o DERS Ln 144 et sa signification physiologique ; M. B. Sur la pourriture des racines et sur la gom- Froli issus. JM Occo ves D ees 131| mose de la Vigne dans la province de Recherches sur Vidocülabilité de la ma- Naples; M. Comes.......... over. 10133 ladie dé la gomme dans les plantes ; Sur l'anguillule des racines et les dom- M. W. Beijerinck.. ............ jodin MH mages qu'elle cause aux plantes ; ; M. B. Sur le chancre des Pommiers; M.R.Gethe. 44| Frank................ CRETE .. 129 Sur la gommose qui se montre sur les Fi- Expériences sur les causes de l'épuisement guiers dans le Cilento; M. Comes...... 134! du sol pour les Betteraves.ct recherches Pourriture des Figuiers; M. L. Savas- sur la nature des nématodes; M.J. Kuehn. 130 MÉLANGES. Les régions botaniques de la terre; Sur du pollen des couronnes funéraires DO DEMIG As onoeeeteinene sse 71 trouvées dans un tombeau égyptien; Société dauphinoise pour l'échange des M. RR RE riri tienne rare ironie 67 plantes,. 11? bulletin... .:... 106 | Instructions pratiques pour les cultures Guide pratique de botanique rurale ; coloniales; M. J. A. Henriques........ 189 M. G. Camus ci ee ce. 14 | Plantes utiles de l'Afrique portagaisa; Du genre que doivent prendre les adjectifs M. de Eicalho Loc ae ee D qui désignent les variétés ; M. Asa Gray. 4148 | Recherches historiques sur "les mots Des variations dans la nature ; M. Th. « plante måle et plante femelle »; Neebalhh us iiy ca e S ERE sie ee 79] M. Saint-Lager..... Slot S Sur les restes végétaux des sépullures Naturalisation du Gyperus vegetus dans le égyptiennes ; M. G. Schweinfurth...... 66 sud-ouest de la France; M. J. Lamie.. . 201 NOUVELLES. . . DN 48, 119, 159, 203 Ut t. 1. w ^r: eds Tr TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE TOME TRENTE ET UNIÉME. (Deuxième série. — Tome VI.) N. B. — Les noms de genre ou d'espéce rangés par ordre alphabétique sont les noms latins des plantes. Ainsi, pour trouver Morille, cherchez Morchella, etc. Les chiffres arabes se rapportent aux Comptes rendus des séances de la Société; et les chiffres arabes entre crochets ['], à la Revue bibliographique. A Académie des sciences (Prix décernés par l°) à des travaux de botanique [203]. Acanthosicyos (Fleur femelle de P) [155]. Acer Fabri Hance sp. nov. [150]. Additions à la flore de France, 124. ADRIANOWSKI (A.). Influence de la lu- miére sur la première période de germination des graines [90]. Æschynomene filipes, mazangayana, obovalis et tribuloides? Baillon sp. nov. [151]. Afghanistan (Algues de P) [70]. Afrique (Plantes d’) [70] [73] [103] [149] [154] [155] [156] [162] [163]. Agropyrum obtusiusculum Billot, 189. — repens (monstr.), 353. Agrostis alba forma genuina Godr., 366. Aiscorri (Peña de), 136. Aisne. Plantes des marais, près de Saint-Quentin [16]. Algérie (Flore d’). Flore d'Alger et Catalogue des plantes d'Algérie, 120. — Sur quelques plantes de la flore d'Alger rares, nouvelles ou peu connues, 360. — Sur quelques plan- tes d'Algérie, 378. — Agrostis T. XXXI. alba forma genuina Godr., 366. — Argyrolobium grandiflorum Boiss. et Reut., 363. — Artemisia vulga- ris L., 365. — Asperula hirsuta Desf., 364. — Beta macrocarpa Guss., 366. — Buffonia Duval- jouvii Batt. et Trab., 360. — Bu- pleurum Balansæ Boiss. et hetero- phyllum Link, 364. — Centaurea acaulis Desf., 365. — Ceramioce- phalum patulum Schultz bip., 365. — Cerastium pumilum Curtis var. algeriense Batt., siculum Guss. et vulgatum L., 360-361. — Cistus creticus L., 360. — Coleostephus macrolus DR., 365. — Cynomo- rium coccineum L., 366.— Delphi- nium Balansæ Boiss., 360.—Ecbal- lium Elaterium Rich. var. dioicum Batt., 364. — Eryngium campes- tre L., 364. — Exacum pusillum DC. var. Candollei Gris., 365. — Filago eriocephala Guss., 365. — Galium Chamæaparine Willk. et Costa, 364. — Geranium malve- florum Boiss. et Reut., 362. — Gly- cyrrhiza fœtida Desf., 364. — He- lianthemum biseriale Pomel et rubellum Presl, 360. — Hyperi- cum tetrapterum Fries, 361. — Iris Xiphium Ehrh., 366. — Jun- cus caricinus DR., 366. — Lina- 14 910 ria arvensis L. et virgata Desf., 365. — Linum strictum L. var. macranthum Batt., 361. — Lotus angustissimus L. et coronillæfolius Guss., 364. — Malva coronata Po- mel, 361. — Medicago laciniata All. et Sorrentini Tineo, 364.— Mi- crolonchus Duriæi Spach, 965. — Ononis cephalanthaPomel, ornitho- podioides L. et serotina Pomel, 363. — Ophioglossum lusitanicum L., 366. — Papaver Argemone L., 360. — Paronychia capitata Lamk, 364. — Pistorinia intermedia Boiss., 364. — Platanthera mon- lana Reichenb., 366. — Reseda alba L. forma maritima, 360. — Rhus oxyacanthoides Dumont de Courset, 362. — Solenanthus lana- tus DC., 365. — Thymus Fonta- nesi Boiss. et Reut. et lanceolatus Desf., 365-366. — Valerianella pu- berula DC., 365. — Voy. Gando- er. Algues, 76, 331, 395 [45] [47] [69] [93] [177] [182-189]. — marines du nord de la France [187]. — de Bretagne [188].— de Silésie [188]. Allier (Plantes de I), 295. — (Mousses et Hépatiques de l’) [22]. Allium ochroleucum W.K., 187. — ursinum (Structure anatomique de V) [33]. Aloe cryptopoda Baker sp. nov. [149]. Alpes-Maritimes (Hieracium des) [109]. Amarantacées (Végétation des) [123]. AMBRONN (H.). Sur les pores des pa- rois externes des cellules épider- miques [115]. Amérique (Plantes d’), 151, 395 [4] [51] [140] [147] [152] [161] [189]. Amylobacter (Développement de F) dans les plantes à l'état de vie nor- male, 283. Anatomie végétale, 25, 44, 104, 164 [31] [32] [33] [118] [168] [191]. ANpnÉ. Voy. Berthelot. Andropogon provincialis Lamk, 350. Androsace diapensioides et pyre- naica (Synonymie des), 237. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Angelica mongolica Franchet sp. nov. [52]. Angleterre (Plantes d") [68] [167]. Annonces, voy. Nouvelles. Anomalies, voy. Monstruosités. Antirrhinum sazatile et sempervi- rens (Synonymie des), 257. Aphyllanthes monspeliensis (Struc- ture anatomique de l’) [168]. Aprevalia floribunda Baillon sp. nov. [162]. Araliées (Canaux sécréteurs du péri- cycle dans la tige et la feuille des), 29. . Araucarioxylon Heeri (foss.) Beust sp. nov. [138]. Ardennes. Le Sphagnum Austini Sull. près de Rocroi [22]. Ardisia mamillata Hance sp. nov. [146]. Argyrolobium grandiflorum Boiss. et Reut., 363. Artemisia brachyloba et intricata Franchet sp. nov. [52]. — nana Gaud. ?, 369. — vulgaris L., 365. ASA GRAY. Don, 372. — Contributions à la botanique de l'Amérique du Nord [4] [161]. — Genre des noms de variétés [18]. — Révision des Oxytropis du nord de l'Amérique [147].— Notes sur quelques Saxi- frages de l'Amérique du Nord [152]. Ascomycétes (Monascus genre nou- veau des), 226. — (Développement des) [178]. Asperula hirsuta Desf., 364. Aspidium exile et festivum Hance sp. nov. [9]. Asplenium Adiantum-nigrum L. var. Lamotteanum Héribaud, 189. Aster mongolicus Franchet sp. nov. [52]. Astéroidées (Anatomie des) [92]. AVICE (Le D") a découvert l'Isoetes Hystrix dans le département des Cótes-du-Nord, 183. B Bactériacée volumineuse présentée à la Société, 70. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÉRES. Bactéries (Morphologie et biologie des Champignons et des) [180]. BAcUET (Ch.). Nouvelles acquisitions pour la flore belge [17]. BaieY (Ch.). Structure, présence dans le Lancashire et origine du Naias graminea var. Delilei [167]. BAILLON (H.). Sur la valeur du genre Herminiera [153]. — Emendanda [159]. — Linné transformiste [154]. — Les Xylolena et la valeur de la famille des Chlénacées [154]. — Liste des plantes de Madagascar (suite) [153] [162] [163]. — Un nouveau type aberrant de Madagas- car [154]. — La fleur femelle de l'Acanthosicyos |155]. — Sur un nouveau Cogniauxia [155].— Un nouveau type de Césalpiniées mono- pétales [162]. — Sur un nouveau genre Berniera [163]. — Modifica- tions de la caractéristique des Mus- cadiers [163]. BAKER (J.-G.). Plantes nouvelles du Zambèze [149]. BARBEY (W.). Peña de Aiscorri (Espa- gne), 126. BanoTTE. Lettre sur une floraison automnale d'un Poirier, 354. Barringtonia Vriesei (L'embryon du) [77]. BARTHÉLEMY. De l'action de la cha- leur sur les phénoménes de végé- tation [34]. Bary (A. de). Morphologie comparée et biologie des Champignons, My- cétozoaires et Bactéries [180]. Basellacées (Anatomie des), 104. Batrachospermes (Les) [182]. BATTANDIER. Notes sur quelques plan- tes de la flore d'Alger rares, nou- velles ou peu connues, 360.— Notes sur quelques plantes d'Algérie à propos du livre de M. A. de Candolle sur l'origine des plantes cultivées, 378. — et Tnasvur. Flore d'Alger, 120. Hu Begonia circumlobata , fimbristi- pula et leprosa Hance sp. nov. [4]. — Lubbersi [4]. f BEuERINCK (W.). Recherches sur Pino- 211 culabilité de la maladie de la gomme dans les plantes [41]. Belgique (Plantes nouvelles de) [17]. — (Flore cryptogamique de) [171]. Bellis perennis (monstr.), 240, 295. BENTHAM (6G.). Sa mort, 343 [159]. — Notice biographique, 243. Berniera (Composées) Baillon nov. gen. [163]. BERTHELOT et ANDRÉ. Recherches sur la végétation [121]. — Recherches sur la marche générale de la végé- lation dans une plante annuelle [121]. — Sur la marche générale de la végétation dans les plantes annuelles : Amarantacées [123]. BERTHOUMIEU (l'abbé V.) et BuvssoN (R. du). Mousses et Hépatiques de l'Allier [22]. BERTRAND (Eug.). Loi des surfaces Ji- bres, 2. BESCHERELLE (Em.). Nommé Président de la Société pour 1885, 398. — Discours sur A. Lavallée, 224. — sur Eug. Fournier, 280. — Obs., 18, 295, 317. Beta macrocarpa Guss., 366. Betteraves (Epuisement du sol pour des) [130]. Beust (F.). Recherches sur les bois fossiles du Groenland [138]. Biographies : J. Duval-Jouve, 167. — J. Lépine, 209. — G. Bentham, 343. BizzozERO (G.). Voy. Saccardo. Blechnum | Hancockii et stenopte- rum Hance sp. nov. [9]. B&ckELER (0.). Cypéracées nouvelles [147]. — Les Cypéracées nouvelles recueillies par le D" Naumaun dans l'expédition de « la Gazelle » [156]. Bœu (J.). Sur le rapport des tissus végétaux, de l'amidon et du char- bon avec les gaz [98]. Bohéme (Algues thermales de) [69]. Bois (Formation de la gomme dans le) [131]. — fossiles | 138]. Boissier (Edm.). Flora Orientalis, vol. v, fasc. 2. Monocotyledonearum pars posterior [50]. Bolbophyllum trigridum Hance sp. nov. [7]. 212 Boletus edulis (monstr.), 353. BoNNIER (G.). Sur les différentes for- mes des fleurs de la méme espéce, 240. — Notes sur la distribution des plantes aux environs du Bourg- d'Oisans (Isére), 287. — Sur quel- ques plantes annuelles ou bisan- nuelles qui peuvent devenir vivaces aux hautes altitudes, 381. — Obs., 18, 70, 117, 226, 302, 396. — et MaNaiN (L.). Sur l'absence d'absorp- tion ou de dégagement d'azote dans la respiration des Champignons, 19. — Sur les échanges gazeux entre les Lichens et l'atmosphére, 118. — Sur les variations dela respira- tion des graines germant avec le dé- veloppement, 306. — Don, 346. — Recherches sur la respiration et la transpiration des Champignons [39]. — Recherches sur la respiration des tissus sans chlorophylle [87]. — Recherches sur la respiration des feuilles à l'obscurité [127]. Bornéo (Orchidée nouvelle de) [152]. BonNET (Ed.). Obs., 18, 199. — et FLAHAULT (Ch.). Sur la détermina- tion des Rivulaires qui forment des Fleurs d'eau, 76. Borzi (A.). Studi algologici [185]. Botanique (Guide pratique de) rurale [14]. — Régions botaniques de la terre. [71]. — (Pratique) [79]. — (Eléments de) [113]. — (Contribu- tions à la) de l'Amérique du Nord [4] [161]. BoupiER. Note sur l'apparition pré- coce des Morilles en 1884, 209. BouLay (l'abbé). Muscinées de la France, 4° partie : Mousses [103]. BouncoucNoN (Cl.) envoie quelques plantes récoltées dans le départe- ment de l'Allier, 295. BovriGNY (A.). Sa mort, 343 [160]. Bourroux (L.). Sur la conservation des ferments alcooliques dans la nature [37]. Bouvardia leiantha (Fleur double d'un), 385. BnEFELD (0.). Recherches sur les levà- res ; les Ustilaginées [179]. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. BROTHERUS (V.-F.). Etudes sur la dis- tribution des Mousses au Caucase [23]. Bryologique (Flore) de [21]. — (Revue) [24]. Buffonia Duvaljouvii Batt. et Trab., 360. BunsE. La Laponie russe et sa végé- tation [92]. Bulletin mensuel de la Société Lin- néenne de Paris [153] [161] [162]. Bupleurum Balansæ Boiss. et he- Lerophyllum Link, 364. — chinense Franchet sp. nov. [52]. DURGERSTEIN (A.). Sur l'absorption de l'eau par les capitules des Compo- sées [86]. BURNAT (Em.) et GREMLI (Aug.). Cata- logue raisonné des Hieracium des Alpes-Maritimes [109]. Buysson (R. du). Voy. abbé Berthou- mieu. la Vénétie C CAGNIEUL (A.). Sur la division du noyau cellulaire dans les Characées, 211. Calice (Morphologie du) [64]. Calycanthées (Recherches sur les mas- sifs libéro-ligneux de la tige des), 128. Calymmatotheca (foss.) [61]. Campanula | Lehmanniana Bunge [53]. — ruscinonensis Timb., 264. — spicata L., 310. Campanumæa pilosula Franchet sp. nov. [52]. Campylopus brevifolius Schimp. et poiytrichoides De Not., 190. Camus (G.). Guide pratique de bota- nique rurale [14]. Canada (Plantes du) [51]. Canaux sécréteurs du péricycle dans la tige et la feuille des Ombelliféres et des Araliées, 29. — des Pittospo- ' rées, 43. — des Clusiacées, des Hy- péricacées, des Ternstræmiacées et des Diptérocarpées, 141. — des Liquidambarées et des Simaruba- cées, 247. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. CANDOLLE (A. de). Voy. Battandier. — et CANDOLLE (C. de). Monographie Phanerogamarum, vol. v, pars prima [49]. CANDOLLE (C. de). Voy. A. de Candolle. CARDOT (J.) Note sur le Sphagnum Auslini Sull. [22]. Carer cyperoides L., 188. — strigosa [13]. CARUEL (T.). Considérations générales sur le corps des plantes[79]. — Fi- lippo Parlatore : Flora Italiana continuata [195]. CASORIA et SAVASTANO. Seconde con- tribution à l'étude de la taille de la Vigne [144]. Catabrosa Capusi Franch. sp. n. [53]. Catalogue des plantes vasculaires de la Corréze (10]. — des plantes in- téressantes des marais de la Somme prés Saint-Quentin (Aisne) [16]. — des plantes récoltées en Algérie de 1877 à 1880 [21]. — de plantes du Canada [51]. Caucase (Mousses du) [23]. Caulotretus heterophyllus (Structure du bois de) [25]. CELAKOVSKY. Recherches surles homo- logies des parties reproductrices des feuilles fructiféres chez les Phané- rogames et les Cryptogames vascu- laires [174]. Cellules épidermiques (Pores des parois externes des) [115]. — végé- tales (Protoplasma des) [27]. — (Sur la paroi des) [29].— (Le tannin des) [76]. Celluline (Grains de) [115]. Centaurea acaulis Desf., 365. — cirrata Reichb., pectinata All. et transalpina Schleich., 369. — maculosa Lamk [13]. — turkes- tanica Franchet sp. nov. [53]. Céphalodies des Lichens [68]. Ceramiocephalum patulum Schultz bip., 365. Cerastium pumilum Curtis, siculum Guss. et vulgatum L. var. alge- riense Batt., 360-361. Césalpinées monopétales (Type nou- veau de) [162]. 213 Chaleur (Action de la) sur les phéno- ménes de végétation [34]. CHABERT (A.). Note sur l'Echinosper- mum deflerum Lehm., plante pro- bablement nouvelle pour la flore de France, et sur quelques plantes rares de la Savoie, 367. CHABERT (Eug.). Sa mort, 295. Champignons, 19, 98, 70, 93, 104, 209, 226, 244, 283, 296, 303, 330, 353, 355, 397, 398 [39] [42] [44] [98] [133] [134] [171] [178-182]. — de la France [164]. Chanere (Le) des Pommiers [44]. Chara connivens Salzm., 259. — imperfecta. A. Braun [16]. Characées (Sur la division du noyau cellulaire dans les), 211. Charente-Inférieure (Plantes de la) [15]. CHAREYRE. Nouvelles recherches sur les cystolithes [94]. Cher (Plantes nouvelles du) [18]. Chine (Plantes nouvelles dela), 373 [4] [5] [6] [9] [51] [146] [149] [150] [151] [162] [164]. Chlénacées [154]. CINTRACT (D.). Compte rendu d'une excursion botanique dans le dépar- tement de l'Hérault, 318. Cistus creticus L., 360. Citrus (Variétés de) [144]. — (Mons- truosités de la fleur et du fruit des) [170]. Cladophora (Algues) [186]. CLARKE (C.-B.). Cyrtandreæ [49]. Clematis de Chine [146]. — urophylla Franchet sp. nov. [162]. CLos (D.). Tribus, sous-familles, fa- milles unissantes, 190. — Synony- mie des Androsace diapensioides et pyrenaica, des Antirrhinum saxatile et sempervirens, 237. — Contributions à la morphologie du calice [64]. Closterium fusiforme, gigas, litto- rale, peracerosum, tetractinium et tumidulum, 339. Clusiacées (Canaux sécréteurs des), 141. CoCARDAS (Ed.). Idées nouvelles sur la 214 fermentation, 12. — Le Penicillum ferment dans les eaux distillées, 104. Cœnonia, genre nouveau de Myxo- mycétes à plasmode agrégé, 505. CoGNIAUX. Notice sur lenouveau genre Delognæa [161]. Cogniauxia (Cucurbitacées) Baillon nov. gen. [155]. Colchicum alpinum DC., 371. Coleochæte scutata (Thalle du) [45]. Coleostephus macrotus DR., 365. Collections botaniques (Sur les) de la Faculté des sciences de Montpellier, 318. Comes (0.). Sur la pourriture des raci- nes et sur la gommose de la Vigne dans la province de Naples [135]. — Sur la gommose qui se montre sur les Figuiers dans le Cilento (Italie) [154]. Commissions des archives, 57. — du Bulletin, 57. — de comptabilité, 97. — pour la détermination des plantes de France ct d'Algérie, 57. — pour la session extraordi- naire, 57. Composées (Sur la situation de l'appa- reil sécréteur des), 108. — (Sur la situation de l'appareil sécréteur dans la racine des), 112. — (Sur le rôle du latex dans les), 192. — (Absorption de l'eau par les capi- tules des) [86]. — (Tige des) [191]. Conjuguées (Sur les) du midi de la France, 331.— (Monographie locale des) [47]. Contributiones ad floram terre Sla- vorum meridionalium |20]. ConNu (M.). Obs., 18, 184, 199, 331, 354 Corps des plantes [79]. Corréze (Plantes vasculaires du dépar- tement de la) [10]. Cortusa Matthioli L., 311. Corylacées de la Chine [151]. Cosmaridium (Conjuguées) F. Gay nov. gen., 340. COSTANTIN (J.). Influence du milieu sur la structure anatomique de la ra- cine, 25. — Etude comparée des tiges aériennes et souterraines des SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Dicotylédones [82]. — Recherches sur la structure de la tige des plantes aquatiques [195]. Cotylédons (Sur l'anatomie comparée des) et de l'albumen, 44 [118]. CourcHET. Etude anatomique sur les Ombelliféres et sur les principales anomalies de structure que présen- tent leurs organes végétatifs [91]. Cousinia coronata Franch. sp. n. [53]. Crassula (Bulliardia) mongolica Fran- chet sp: nov. |52]. Cratægus Azarolus? L., 258, 260. Creuse (Deux plantes nouvelles pour le département de la), 256. Crucifères (Nectaires des) [84]. Cryptogames vasculaires (Mécanisme de la déhiscence des sporanges des), 292. — (Feuilles fructifères des) [174]. Ctenocladus (Algues) Borzi nov. gen. [186]. Cucurbita Pepo (Tubes criblés du) [95]. Cucurbitacées [155] [161]. Cultures coloniales (Les) [189]. Cupressoxylon antarcticum (foss.) Beust sp. nov. [139]. Cuscuta europæa (Chlorophylle et assimilation du) [86]. Cycadées (L'embryon des) [78]. Cylindrocystis tumida, 334. Cynomorium coccineum L., 366. Cypéracées nouvelles [147] [149] [156]. Cyperus divulsus et Smithianus Rid- ley sp. nov. [149]. — fertilis, mon- roviensis et Nove-Britannic [156]. — vegetus Willd. (Naturalisation du) dans le sud-ouest de la France [201]. Cyrtandreæ [49]. Cystolithes (Recherches sur les) [94]. Cystorchis? nebularum Hance sp. nov. [7]. ` D Danae (Feuilles assimilatrices et in- florescence des), 81. Daphne (Sac embryonnaire et endos- perme dans le genre) [27]. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. Daveau (J.). Excursion botanique aux iles Berlengas et Farilhóes |75]. DEBRAY (F.). Les Algues marines du nord de la France [187]. — Algues recueillies sur la cóte du départe- ment de la Loire-Inférieure, entre le Pouliguen et le Croisic [188]. Decalepis (Cypéracées) Boeckeler nov. gen. [148]. DELOGNE. Flore cryptogamique de la Belgique : 1" partie, Muscinées [174]. Delognæa (Cucurbitacées) Cogniaux nov. gen. [161].— Humblotii [162]. Delphinium Balansæ Boiss., 360. DELPINO (F.). Théorie générale de la phyllotaxie [142]. DÉSÉGLISE (A.). Florula genevensis advena [2]. Desmidiées (Cristaux de gypse chez les) [176]. Desmodium Boivinianum et Hum- blotianum Baillon sp. nov. [162]. Dianthus attenuato-monspessulanus Richter et Loret, 185. — benear- nensis Loret, 233. — brachyanthus Boiss., 262. — pungens Timb., 260. — Seguieri Bor. non Vill. (D. silva- ticus Hoppe) [13]. Dickson. Une monstruosité de la fleur de l'Iris Pseudacorus [1]. Dicotylédones (Tiges aériennes et souterraines des) [82]. — (Fais- ceaux vasculaires de la moelle des) [117]. — (Structure des fibres libé- riennes des) [123]. Didymoplexis silvatica (Leucorchis silvatica Bl.) [145]. Diphaca Bernieriana et — Pervil- leana ? Baillon sp. nov. [154]. Diplotaxis intermedia Schur, 184. Diplothmema (foss.) [61]. Diptérocarpées (Canaux des), 141. Discopteris (foss.) [60]. Discours de M. Bescherelle, 224, 280. Disporopsis (Liliacées) Hance nov. gen. [5]. Distribution des plantes aux environs du Bourg-d'Oisans (Isére), 287. Dons, 1, 57, 107, 108, 166, 225, 247, sécréteurs 215 280, 282, 317, 330, 344, 346, 372? 388. Draba nemorosa L., 368. DRUDE (0.). Les régions botaniques de la terre [71]. DucHAnTRE (P.). Note biographique sur M. George Bentham, 343, — Fleur double d’un Bouvardia, 385. — Don, 346. — Obs., 18, 116, 117, 118, 184, 199, 209, 223, 230, 237, 247, 256, 296, 299, 302, 353, 383. — Éléments de botanique [113]. DurronT (L.). Membre à vie, 224. Durand (L.). Description d'une nou- velle espèce de Zingiber [153]. DuvaL-JouvE (Notice biographique sur J.), 167. — (Liste des travaux scientifiques de), 176. E Ecballium | Elaterium Rich. var. dioicum Battand., 364. Echinocarpus sinensis Hance sp. nov. [151]. Echinospermum deflexum Lehm. (Sur P), 367. EIcuLER (A.-W.). Recherches sur la morphologie et la systématique des Marantacées [5]. Epam (E.). Sur le développement des Ascomycètes [178]. Elatine Hydropiper L., 258. Elections pour 1885, 398. ENGELMANN (Th.-W.). Sa mort, 107. Entorrhiza cypericola (Ustilaginée) [44]. Eomecon (Papavéracées) Hance nov. gen. [144]. — chionantha [145]. Epiderme des végétaux [N]. — jouant un róle mécanique [168]. Epilobium (Monographie des) [54]. Eremascus (Ascomycètes) Eidam nov. gen. [178]. Eremostachys napuligera Franchet sp. nov. [53]. Eremurus Capusi Franch. sp. n. [53]. Eria ambrosia Hance sp. nov. [7]. Eryngium campestre L., 364. Erythræa littoralis Fries, 25. 216 Espagne (Plantes d^), 33, 52, 71, 130, 182, 269. [3] [105]. — Voy. Barbey, Rouy. Estrella (Plantes de la serra d") [157]. Euastrum anomalum , bicuneatum, calodermum, decorum, denticula- tum, elegans, ellipticum , formo- sum, humile, leiodermum , pseu- dobotrytis, quadratulum, rotun- datum, simplex et transiens, 335- 331. Euphrasia officinalis L. (Sur I) [106]. Eustichium norvegicum [142]. Exacum pusillum DC. var Candollei Gris., 365. Excursions, voy. Herborisations. F FAURE (l'abbé). Membre à vie, 295. Fayolia (foss.) Ren. et Zeill. nov. gen. [98]. — dentata et grandis [58]. Fermentation (Idées nouvelles sur la), 12. Ferments alcooliques (Physiologie et morphologie des) [36]. — (Conser- vation des) [37]. FEUILLEAUBOIS. Etudes sur le Phallus impudicus L., 28 [181]. Feuilles (Sur les) assimilatrices, 81. — (Sur les mouvements nyctitropi- ques des), 213. — (Sur la chute des) marcescentes, 236. — (Tubes cri- blés dans les) [96].— (Particularités des) avec les différences de station [124]. — (Respiration des) à l'obs- curité [127]. — (Influence du soleil sur les) [169]. — fructiféres [174]. FicaLHO (le comte de). Plantes utiles de l'Afrique portugaise [73]. Ficus. Pourriture des Figuiers [144]. Filago eriocephala Guss., 365. — Pseudo-Evax Rouy sp. nov. [3]. Fimbristylis Novæ-Britannie et rufa Beeckeler sp. nov. [156]. Finlande (Pilosella de) [65]. FiscuER (A.). Cristaux de gypse chez les Desmidiées [176]. FISCHER DE WALDHEIM (A.). Sa mort [112]. FLAHAULT (Ch.). Notice biographique SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sur Duval-Jouve, 167. -— Note sur les collections botaniques de la Fa- culté des sciences de Montpellier, 318. — Obs., 295. — Voy. Bornet. Fleurs (Sur les différentes formes de) de la méme espèce, 240. Fleurs d'eau, voy. Rivulaires. FLICHE (P.). Sur les lignites quater- naires de Bois-l'Abbé, prés d'Epi- nal (Vosges) [57]. Flora Orientalis, vol. v, fasc. 2[50]. Floraison des lacs du Shropsbire [68]. Flore d'Algérie, voy. Gandoger. — algologique de l'Afghanistan, voy. Schaarschmidt. — algologique de l'Amérique du Sud, voy. Wille. — algologique de Bohéme, voy. Hans- girg. — algelogique de la mer Rouge, voy. Piecone. — d'Angers, voy. abbé Hy. — de Belgique, voy. Baguet. — bryologique de la Véné- tie, voy. Saccardo. — cryptogami- que de Belgique, voy. LDelogne. — fossile de la France, voy. de Sa- porta. — fossile de la vallée de la Moselle, voy. Fliche. — fossile dela région du Zambéze, voy. Zeiller. — de France, voy. France. — de Ge- néve, voy. Déséglise. — d'Italie, voy. Caruel. — d'Orient, voy. Bois- sier. — de Paris, voy. Paris. — de Portugal, voy. Daveau, Rouy. — des ruines du Conseil d'État à Paris (Modifications de la), 321. — ter- tiaire de la province de Saxe, voy. Friedrich. — tertiaire de Felek (Hongrie), voy. Staub. Floridées (Fécondation des) [45]. FonBEs (F. Blackwell). Sur quelques espéces critiques de Clematis de la Chine [146].—Sur quelques espéces de Chénes de la Chine [150]. Fossiles, voy. Beust, Fliche, Friedrich, Renault, de Saporta, Staub, Zeiller. Foucaup (J.). Notes historiques ou cri- tiques sur les principales plantes méridionales qui croissent dans le département de la Charente-Infé- rieure [15]. — Note sur le Chara imperfecta A. Braun [16]. Fougéres [33] [103] [143]. — fossiles TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÉRES. (Quelques genres nouveaux de) [60] [62]. — nouvelles de Chine [9]. — de Madagascar [103]. FounNiER (Eug.). Obs., 18. — Sa mort, 280 [1]. France (Flore de). De la végétation à Berck-Plage, prés Montreuil-sur- mer (Pas-de-Calais), 22. — Le Saxi- fraga florulenta récolté à Nice, 42. — Sur le Papaver Roubiæi Vig., 91. — Additions à la flore de France, 124.— Découverte del'Isoetes Hys- trix dans le département des Côtes- du-Nord , 183. — Troisième notice sur quelques plantes critiques ou peu communes, 184. — Herborisa- tions aux Pyrénées-Orientales, et examen de quelques ecrits relatifs aux plantes de cette région, 231, 260. — Sur deux plantes nouvelles pour le département de la Creuse, 256. — Sur quelques plantes rares de la flore parisienne, 258. — Sur la distribution des plantes aux en- virons de Bourg-d'Oisans (Isère), 287. — Quelques plantes récoltées dans le département de l'Allier, 295. — Compte rendu d'une excursion botanique dans le département de l'Hérault, 318. — Sur les Conju- guées du midi de la France, 331.— Observations sur quelques plantes de France, 346. — L’Echinosper- mum deflexum Lehm., plante nou- velle pour la flore de France et sur quelques plantes rares de la Savoie, 367.— Sur ie Peronospora Setariæ, 397. — Voy. abhé Berthoumieu, abbé Boulay, Burnat, Cardot, De- bray, Foucaud, Gay, Husnot, abbé Hy, Lamic, Le Grand, Lucand, Ma- gnier, Rupin, Scheele. FRANCHET (A.). Observations sur quel- ques plantes de France, 346. — Des- cription de quelques espèces de Gentiana du Yun-nan, 373. — Sur un Isoetes de l'Amérique du Sud, 395. — Obs., 383. — Piante Davi- dianæ ex Sinarum imperio [51] [164]. — Plantes du Turkestan [53]. — Plantes nouvelles de Chine 217 [162] — Lysimachia paridiformis sp. nov. [163]. FrANK (B.). Sur l'anguillule des ra- cines et les dommages qu'elle cause aux plantes [129]. — Sur la forma- tion de la gomme dans le bois et sa signification physiologique [131]. FRIEDRICH (P.). Contributions à la connaissance de la flore tertiaire de la province de Saxe [136]. Fruits (Déhiscence des) à péricarpe sec [34]. Fucacées (Chlorophylle des) [143]. Fungus, voy. Champignons. Futaies (Sur la régénération naturelle des), 200. G GADEAU DE KERVILLE (H.). Note sur une espéce de Champignon ento- mogéne (Stilbum Kervillei Quélet) [171]. Galium ChameaparineWillk. et Costa, 364. — hypnoides Vill., 369. GANDOGER (M.). Contributiones ad floram terre Slavorum meridio- nalium [20].—Catalogue des plantes récoltées pendant mon séjour en Algérie de 1877 à 1880 [21]. GARDINER (W.). Sur la continuité du protoplasma à travers les cloisons des cellules végétales [27]. — Sur la constitution de la membrane cel- lulaire et de Ja couche moyenne de la paroi des cellules [29]. — Sur la présence du tannin dans les cellules végétales et sur sa signification physiologique probable [76]. — Sur la signification physiologique des glandes à eau et des nectaires [76]. Gay (F.). Note sur les Conjuguées du midi de la France, 331. — Essai d'une monographie locale des Con- juguées [47]. Gaz (Rapport des tissus végétaux, de l'amidon et du charbon avec les) [98]. Gentiana (Description de quelques espèces de) du Yun-nan, 373. — al- sinoides, Delavayi, fastigiata, li- neolata, papillosa, primulæflora, 218 rubicunda, Serra, ternifolia et yunnanensis Franchet sp. nov., 373- 377. — Davidi Franchet sp. nov. [52]. — utriculosa L., 370. Géographie botanique, voy. Drude. Geranium malvæflorum Boiss. et Reut., 362. Glandes à eau (Physiologie des) [76]. — septales [85]. Glaux maritima L., 295. Globulariacées (Flora Italiana) [195]. Glycyrrhiza fætida Desf., 364. Gnetopsis (foss.) Renault et Zeiller nov. gen. [139]. — elliptica, hexa- gona et trigona [139]. GODFRIN (J.). Recherches sur l'anato- mie comparée des cotylédons et de l'albumen, 44 [118]. GoEBEL (K.). Recherches sur le déve- loppement de quelques inflorescen- ces [1]. GoEePERT (H.-R.). Sa mort [48]. GŒTHE (R). Sur le chancre des Pom- miers [44]. Gomme (Maladie de la) dans les plantes [41]. — (Formation de la) dans le bois [131]. Gommose des Figuiers [134]. — de la Vigne [133]. Gomont: Note sur un mémoire de M. E. Tangl, 244. Gomphostemma insuave Hance sp. nov. [146]. Gongrosira Kuetz. (Sur le genre) [181]. GOROSCHANKIN. Sur la connaissance des corpuscules des Gymnospermes [26]. Graines (Sur les variations de la res- piration des) germant avec le déve- loppement , 306. — (Germination des) [90]. — (Le sucre que les) cè- dent à l'eau [91]. — (Protection des) contre les influences préjudi- ciables [119]. — fossiles [139]. Grand' Eurya (foss.) [60]. Graphis (Contributions à l'étude mo- nographique du genre), 93. — abie- tina Scher., dentritica Ach., elegans Ach. (forma genuina, pa- rallela, condensata et catenula), SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Lyelli Ach., scripta L. (form. li- milata, minuta, divaricata, typo- grapha, tenerrima, hebraica et varia; var. pulverulenta forma minor, elongata et betuligna), serpentina Ach. (forma micro- carpa, eutypa, spathea, aggregata, stellaris et Cerasi) et Smithii Leight. (forma macularis, divari- cata et simpliciuscula), 96-103. GRASSMANN. Distribution, origine et fonction des glandes septales [85]. GRAVIS (A.). Une herborisation dans les Marais-Pontins (Italie) [2]. GRAY. Voy. Asa. GREMLI (Aug.). Voy. Burnat. Grevea madagascariensis Baillon sp. nov. [155]. GRIGNON (E.). Etude comparée des caractéres anatomiques des Lonicé- rées et des Astéroidées [32]. GUIGNARD (L.). Nommé professeur de botanique à la Facultédes sciences de Lyon [203]. — Nouvelles obser- vations sur la structure et la divi- sion du noyau cellulaire, 324. — Obs., 209. — Recherches sur la structure et la division du noyau cellulaire chez les végétaux [29]. GUINIER (E.). Sur la régénération na- turelle des futaies, 200. Gymnospermes (Corpuscules des) [26]. H HABERLANDT. Sur la fonction physio- logique du faisceau central de la tige des Mousses [120]. Hallia Bojeriana Baillon sp.nov.[162 . Hance (H.-F.). Trois Bégonias nou- veaux de la Chine [4]. — Orchida- ceas quatuor novas sinenses [6]. — Heptadem Filicum novarum sinica- rum [9].—Eomecon, genus novum e familia Papaveracearum [144].— Sur un nouveau Gomphostemma de la Chine [146]. — Sur une nouvelle espéce d'Ardisia [146]. — Generis Ruborum speciem novam proponit [149]. — Sur un nouvel Erable de TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÉRES. la Chine [150]. — Novam Echino- carpi speciem [151]. — Sur quel- ques Corylacées de la Chine |151]. HANSEN (A.). Sur les sphéro-cristaux [116].— Sur la chlorophylle des Fu- cacées [143]. HANSEN (E.-Chr.). Recherches sur la physiologie et la morphologie des ferments alcooliques [36]. HANSGIRG (A.). Flore des Algues ther- males de Bohême [69]. Hapalopteris (foss.) [60]. Hanior (P.). Liste des plantes vascu- laires observées dans le détroit de Magellan et à la Terre de Feu, 151. HAUSSKNECHT (C.). Monographie du genre Epilobium |54]. Heleocharis Naumanniana Bæœckeler sp. nov. [156]. 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Sur l'influence de la pression corticale sur la struc- ture des fibres libériennes des Di- cotylédones [123]. Hormotila (Algues) Borzi nov. gen. [186]. HuwBLoT. Fougères recueillies à Ma- dagascar [103]. HusNor (Th.). Muscologia gallica [22]. — Revue bryologique, 1884, n°5 1-3 [24]. Hv (l'abbé F.). Obs.,199, 211. — Re- cherches sur l'archégone et le dé- veloppement du fruit des Muscinées [62]. — Tableaux analytiques de la flore d'Angers; Phanérogames [108]. Hyalocalyx (Turnéracées) Rolfe nov. gen. [155]. — setiferus [156]. Hypéricacées (Canaux sécréteurs des), 141. Hypericum tetrapterum Fries, 361. I Inflorescences (Développement de quelques) de Graminées et Urti- cées [7]. Iris Pseudacorus (Fleur monstrueuse d) [7]. — Xiphium Ehrh., 366. Isère (Flore de l'). Distribution des plantes aux environs du bourg d'Oi- sans, 287. Isoetes (Sur un) de l'Amérique du Sud, 395. — adspersa, tenuissima et ve- lata, 346-350. — Hystrix découvert dans le département des Cótes-du- Nord, 184. —Savatieri Franchet sp. nov., 395. Italie (Plantes d’) (2] [19] [21] [195]. J JAMES (T.-P.). Voy. Lesquereux. Java (Orchidée de) [145]. Jopin (V.). Végétation comparée du Pois et du Mais dans des solutions minérales ou organiques [114]. Jonow (Fr.). Sur les rapports qui exis- tent entre quelques particularités des feuilles et les différences de station [124]. 290 Juncus bufonius (Champignon des tubercules radicaux du) [44]. — ca- ricinus DR., 366. K Kentrosphæra (Algues) Borzi nov. gen. [186]. KERVILLE (de). Voy. Gadeau. KIRCHNER (0.). Sur l'accroissement longitudinal des organes des plantes aux basses températures [100]. KLEIN (L.). Recherches comparées sur la formation et le développement des organes au point végétatif des Fougères dorsiventrales [143]. KLERCKER (J. de). Un cas d'épiderme jouant un róle mécanique [168]. — Recherches sur la structure anato- mique de l'Aphyllanthes monspe- liensis [168]. Kyy (L.). Relation entre la lumière et la division cellulaire dans le Sac- charomyces cerevisiæ [44]. — La croissance du thalle du Coleochæte scutata dans ses rapports avec la pesanteur et la lumière [45]. Kocu (A.). Sur le parcours et la ter- minaison des tubes criblés dans les feuilles [96]. Krauseella (Mousses) Ch. Mueller nov. gen. [25]. Kresz (le D"). Sa mort, 398. KugHN (J.). Résultats d'expériences sur les causes de l'épuisement du sol pour des Betteraves et des re- cherches sur Ja nature des Néma- todes [130]. L LACHMANN. Sur l'origine des racines chez les Fougéres [33]. LAGERHEIM (G.). Recherches algolo- giques et mycologiques faites pen- dant un voyage botanique dans la Laponie de Luleå [93]. LAGRANGE (le D"). Sa mort, 293. Lamiacées (Flora Italiana) [195]. Lauic (J.). 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Liparis chloroxantha Hance sp. nov. [6] — grandiflora Ridley sp. nov. [152]. Lippia repens Spreng., 128. Liquidambarées (Canaux sécréteurs des), 247. Liste des plantes vasculaires obser- vées dans le détroit de Magelian ct à la Terre de Feu, 151. — des tra- vaux scientifiques de M. Duval- Jouve, 176. — des plantes de Ma- dagascar [154] [162] [163]. Lobelia Davidi Franchet sp.nov.[52]. Low. Encore un mot sur le proto- plasma [97]. Loir-et-Cher (Isoetes de), 316-350. Loire-Inférieure (Algues de la côte de Ja) [188]. Lonicera Elisæ et Fernandi Fran- chet sp. nov. [52]. Lonicérées (Anatomie des) [32]. LonET (H.). Notice sur le Papaver Roubiæi Vig., 91. — Herborisations aux Pyrénées-Orientales et examen de quelques écrits relatifs aux plantes de cette région, 231, 260. Lotus angustissimus L. et coronille- folius Desf., 304. Lucanp (le capitaine). Champignons de la France [164]. Lysimachia paridiformis Franchet sp. nov. [163]. var. macram- M Macoun (J.). Catalogue de plantes du Canada [51]. 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Vallot, 225. — quelques observa- tions sur des plantes rares des envi- rons de Paris, 259. — Nommé Se- crétaire général de la Société, 398. — Obs., 2, 25, 167, 184, 199, 247, 251, 295, 354. Malva coronata Pomel, 361. MaNGIN (L.) présente un Bellis à ca- pitules proliféres, 240. — Don, 108. — Obs., 18, 90, 302. — Voy. Bon- nier. Manuel des Mousses de l'Amérique du Nord [140]. Marantacées (Morphologie et systéma- tique des) [5]. Mancais (l'abbé Ed.). Voy. Scheele. Marcano (V.). Recherches sur la transpiration des végétaux sous les tropiques [33]. ManLoTH (R.). Sur les moyens méca- niques de protection des graines contre les influences externes pré- judiciables [119]. 292 ManriN (G.). Sur deux plantes nou- velles pour le département de la Creuse, 256. Masters (Maxwell T.). Morphologie comparée des Scíadopitys [32]. Mastixia (Structure et affinité des), 392. Medicago laciniata All. et Sorrentini Tineo, 364. MEEHAN (Th.). Variations dans la na- ture [79]. Mentha nepetoides Lej., 187. Mer (E.) Recherches sur le méca- nisme et la cause de la pénétration dans le sol et de l'enracinement des tiges de Ronce, 58. — Recherches sur les mouvements nyclitropiques des feuilles, 213. — Obs., 223. — Sur les conditions de développe- ment des poils radicaux [30]. Mer Rouge (Algues de la) [69]. Meum Mutellina Gxrtn. var. adoni- difolium, 369. Meyer (A.). Les Trophoplastes, en- semble des résultats des nouveaux travaux sur les corps chlorophyl- liens [30]. Micrasterias denticulata Bréb.£. an- gustosinuata nov. var., 334 Microlonchus Duriæi Spach, 365. Micropodium cardiophyllum Hance šp. nov. [9]. MiLiarakis (S.). La silicification des organes élémentaires vivants des plantes [8]. Ministre de l'Agriculture. Dons, 108, 280, 345. — de l'Instruction publi- que. Dons, 108, 167, 280, 345. — Circulaire, 279. Mission scientifique dans la sierra d'Estrella (Espagne) [157]. Monascus, genre nouveau de l'ordre des Ascomycétes, 226. — mucoroi- des, 229. — ruber, 227. Monographie Phanerogamarum[49]. Monstruosités et Anomalies, 81, 240, 295, 296, 299, 302, 353, 385 [7] [170]. Morchella. Sur Vapparition précoce des Morilles en 1884, 209. — esculenta var. rotunda Pers., 244. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Monor. Sur l'anatomie des Basella- cées, 71, 104. — Voy. Van Tieghem. Morphologie végétale, 244 [5] [32] [36] [47] [64] [180]. Morren (Ed.). Note sur le Begonia Lubbersi |4]. Mougeotia (Staurosp.) spherica, 341. Mousses , 354 [21-25] [62] [93] [103] [120] [140] [171]. MuELLER (K.). Solmsiella, nouveau genre de Mousses [140]. Muscadiers (Sexe des fleurs des) [163]. Muscinées (Développement du fruit des) [62]. — de Belgique [171]. — de France [103]. Muscologia gallica [22]. Musser (Ch.). Influence prétendue de la lumière sur la structure anato- mique de l'Ail des Ours [33]. Myagrum perfoliatum, 258, 259. Mycologie, voy. Champignons. Myriorrhynchus (Hépatiques) Lind- berg nov. gen. [24]. Myxomycétes (Biologie des) [42]. N Naias graminea Delile var. 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Organes (Silification des) vivants des plantes [8]. — (Accroissement lon- gitudinal des) des plantes [100]. — (Développement des) des Fougéres [143]. Ovules (Sur une maniére de dénom- mer les diverses directions de cour- bure des), 67. Oxytropis (Révision des) d'Amérique . [447]. P Paléontologie francaise [173]. Papaver Argemone L., 360. — Rhæas (Fleur anomale de) [7]. — Roubiæi Vig. (Sur le), 91. Papulaspora aspergilliformis Eidam sp. nov. [179]. Paris (Flore de). Essai sur la flore du pavé de Paris limité aux boulevards extérieurs, suivi d'une Florule des ruines du Conseil d'Etat, 225. — Sur quelques plantes rares de la flore parisienne, 258. — Sur les modifications de la flore des ruines du Conseil d'Etat, 321. — Chara connivens Salzm., 259. — Cra- tægus Azarolus ? L., 259, 260. — Elatine Hydropiper L., 258. — Myagrum perfoliatum, 258, 259. — Salix aurita L. et undulata Ehrh., 259. — Voy. Camus. Parishella (Lobéliacées) Asa Gray nov. gen. [1641]. — californica PARLATORE (Ph.). Voy. Caruel. 223 Paronychia capitata Lamk, 364. Pas-de-Calais (Flore du). Plantes de Berck-Plage, 22. Patagonie (Un Isoetes de), 395. Pedicularis rostrata L., 371. PENCHINAT (Ch.). Sa mort, 246. Penium fusiforme, 338. Peronospora Setariæ (Sur le), 397. PERREY (A.). Sur le sucre que les graines cédent à l'eau [91]. Petasites tricholobus Franchet sp. nov. [52]. Phallus impudicus (Études sur le) [181]. Phanérogames [49]. — (Feuilles fruc- tiféres des) [174]. Paiciirs (W.). Sur la floraison des lacs du Shropshire(Angleterre) [68 |. Phlomis dentosus Franchet sp. nov. [52]. Phycochromacées (Polymorphie des) [177]. — (Noyaux et pores de la membrane des) [177]. Phyllotaxie (Théorie de la) [142]. Physiologie végétale [36] [76]. Physocylium (Mgues) Borzi nov. gen. [186]. Phyteuma Halleri Vill. et pauciflo- rum L., 310. PiccoNE (A.). Flore algologique de la mer Rouge [69]. PIERRE. Membre à vie, 224. Pilosellis fennicis (Adnotationes de) [65]. Pimpinella albescens Franchet sp. nov. [52]. Pinus Pinaster (Sur une anomalie des branches du Pin maritime), 299. Piré (L.). Une fleur anomale de Pa- paver Rhœas [7]. Pistorinia intermedia Boiss., 364. Pittosporées (Canaux sécréteurs du péricycle dans la tige et la feuille des), 43. — (Structure et affinités des), 383. Plantago Coronopus L., 296. Plantæ Davidianæ ex Sinarum impe- rio [164]. Plantes critiques ou peu communes (Troisième notice sur quelques), 184. — rares (Sur quelques) de la 224 flore parisienne, 258. — (Observa- tions sur quelques) de France, 346. — (Sur quelques) de la flore d'Al- ger rares, nouvelles ou peu con- nues, 378. — annuelles ou bisan- nuelles (Sur quelques) qui peuvent devenir vivaces aux hautes altitu- des, 381. — tertiaires [136] [137]. Platanthera montana Reichb., 366. Platycapnos grandiflorus Rouy sp. nov. [3]. Poils radicaux (Développement des) [39]. Polymorphisme floral, 241. Polypodium hemitomum et polydac- tylon Hance sp. nov. [9]. Polyporus sulfureus Bull. 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Racine (Influence du milieu sur la structure anatomique de ia), 25. — (Appareil sécréteur dans la) des Composées, 112. — des Fougères [93]. — (L'anguillule des) [129]. — (Pourriture des) de la Vigne [133]. RawoND (A.). Rapport sur la situa- tion financiére de la Société à la fin de 1883, 389. Ranunculus Lingua, 257. — lutu- lentus Perr. et Song., 368. l'apport sur la situation financiére de la Société à la fin de 1883, et pro- positions pour le budget de 1885, 389. RAUWENHOFF. Sphæroplea annulina [175]. Remerciments à MM. les ministres de l'Instruction publique et de l'Agri- culture pour leurs allocations de 1000 francs, 280. — à M. Asa Gray, 372. — à M. Ramond, 392. — à M. Duchartre, 399. RENAULT (B.) et ZEILLER (R.). Sur un nouveau genre de fossiles végétaux [58]. — Sur un nouveau genre de graines du terrain houiller supé- rieur [139]. Renaultia (foss.) [61]. Reseda alba L. forma maritima, 360. Respiration (Sur l’absence d’absorp- tion ou de dégagement d’azote dans la) des Champignons, 19. — des graines, 306. — des Champignons [99]. — des tissus sans chloro- phylle [87]. [estes des végétaux des sépultures égyptiennes [66] [67]. Rhus oxyacanthoides Dumont de Courset, 362. Iucnanp (0.-J.).Les Céphalodies des Li- chens et le Schwendénérisme [68]. IupLEv (H.-N.). Sur le Didimoplexis silvatica (Leucorchis silvatica Bl.) [145]. — Cyperaceæ nove [149].— Une nouvelle Orchidée de Bornéo [152]. RIVET (G.). Sa mort, 280. Rivulaires (Sur la détermination des) qui forment des Fleurs d'eau, 76. Rozre (R.-A.). Sur l'Hyalocalyz, TABLE ALDPIIABÉTIQUE DES MATIÈRES. nouveau genre de Turnéracées de Madagascar [155]. Rosa almeriensis Rouy sp. nov. [3]. —- maricandicg Bunge [53]. — te- rebenthinacea Besser var. gene- vensis Borbas, 126. Rouy (G.). Excursions botaniques en Espagne, 33, 52, 71, 269 [3]. — Additions à la flore de France, 124. — Le Sternbergia colchiciflora Waldst. et Kit. var. etnensis Guss. en Espagne et le Lavatera moschata Miergues en Portugal, 182. — Don, 108. — Obs., 200, 226, 251, 240, 299, 371. — Matériaux pour servir à la révision de la flore portugaise [107]. Roze (E.) présente un Morchella sa- prophyte, 244— Obs., 18, 251, 299. Rubus. Recherches sur le mécanisme et la cause de la pénétration dans le sol et de l'enracinement de l'ex- trémité des tiges de Ronce, 58. — araloides Hance sp. nov. [149]. Rurin (E.). Catalogue des plantes vas- culaires du département de la Cor- rèze [10]. Ruscus (Feuilles assimilatrices et in- florescence des), 81. Russie. Mousses du Caucase [23]. — Plantes de la Laponie [92]. S SaccARDO (P.-A.) et BIZZOZERO. (G.). Flore bryologique de la Vénétie [21]. Saccharomyces cerevisiæ (Relation entre la lumière et la division cel- lulaire dans le) [4#]. Saccopteris (foss.) [61]. Sacor (P.). Notice sur la vie et les travaux de M. Lépine, pharmacien de la marine, 309.. SaiNT-LacER (le D"). Recherches his- toriques sur les mots « plante mâle et plante femelle » [200]. Saliz aurita I. et undulata Ehrh., 259. Salvia Capusi Franchet sp. nov. [53]. Sandea (Hépatiques) Lindberg nov. gen. [24]. T. XXXL 225 SAPORTA (le comte G. de). Paléonto- logie franç., ou description des fos- siles de la France. Végétaux [173]. Saussurea Davidi Franchet sp. nov: [52]. SAVASTANO (L.). Les variétés de Ci- trus cultivées sur le territoire na- politain [144]. — Pourriture des Figuiers [144]. — Formes tératolo- giques de la fleur et du fruit des Citrus [170]. — Voy. Casoria. Savoie (Plante rares de la), 367. — (Tulipes de la) [19]. Saxifraga. Saxifrages de l'Amérique du Nord [152]. SCHAARSCHMIDT (J.). Notes sur les Al- gues de l'Afghanistan [70]. SCHEELE (Ad.). Revue des Hieracium d'Espagne et des Pyrénées; tra- duction de M. l'abbé Marcais, avec notes par M. Timbal-Lagrave [105]. Schinzia cypericola (Ustilaginées) [44]. ScHMITZ (Fr.). Recherches sur la fécon- dation des Floridées [45]. SCHROETER (le D^). Nouvelles contri- butions à la connaissance des Al- gues de Silésie [188]. ScHWEINFURTH (G.). Sur les restes végélaux des sépultures égyptien- nes [66]. Sciadopitys (Morphologie comparée des) [32]. Scleria Naumanniana Bockeler sp. nov. [156]. Scrinia florc selectæ [16]. Scrofularia alpestris Gay, 187. — Schmitzii Rouy sp. nov. [108]. Sedum dumulosum, elatinoides et stellariefolium Franchet sp. nov, s (Feuilles assimilatrices et in- . florescence des), 81. Senecio akrabatensis et Savatieri Franchet sp. nov. [52-53]. Senfterbergia (foss.) [60]. Session extraordinaire de la Société en 1884 (Fixation de la), 226. SEvNss (J. de). Les conidies mycé- liennes du Polyporus sulfureus Bull., 296. — Obs., 117, 299. 15 226 Sicard (G.) fait don dela 2° édition de ` son Histoire des Champignons, 330. Sideritis hyssopifolia L. [13]. Sigillaires (Fructification des) [58]. Silésie (Algues de) [188]. Simarubacées (Canauxsécréteurs des), 247. SinopoT. Les Datrachospermes : orga- ` nisation, fonctions, développement, classification [182]. Smithia Bernieri Baillon sp.nov.[154]. ^ — Grandidieri Baillon sp. n. [153]. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Mem- " bres nouveaux pour 1883, i; — à vie, vj; — décédés, vij. — Vérifica- calion des comptes du trésorier, 42. — Commissions pour 1884, 57. — Félicitations et remerciments à M. Boissier pour la fin de son ou- vrage : Flora Orientalis, 241. — Changement de l'art. 58 du Règle- ment, 280. — Situation financière à la fin de 1883, 389. — Elections pour 1885, 398. Société dauphinoise pour l'échange ` des plantes [106]. — mycologique d'Épinal [203]. Solenanthus lanatus DC., 365. Solmsiella (Mousses) K. Mueller nov gen. [140]. Sonchus pectinatus DC., 265. — zol- likoferioides Rouy sp. nov. [3]. Sorotheca (foss.) [61]. Sphæroplea annulina (Structure du) [175]. . Sphagnum Austini Sull. [22]. Sphéro-cristaux (Les) [116]. Spirogyra conspicua, frigida et tur- fosa, 342. Sporanges (Déhiscence des) des Cryp- togames vasculaires, 292. SrAuL (E.). Sur la biologie des Myxo- mycètes [42]. — Sur l'influence du soleil ou de l'ombre sur la struc- ture des feuilles [169]. SraUB (M.). Plantes tertiaires de Felek prés de Klausenburg [137]. Staurastrum cordatum , hezacan- thum, subpunctulatum et tumidu- lum, 337-338. Stellaria Holostea L. petalis lacinia- SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tis, 206. — media Cyr. var. Cupa- niana Rouy, 125. Sterigmatocystis nidulans Eidam sp. nov. [178]. Sternbergia colchiciflora Waldst. et Kit. en Espagne, 182. Stilbum Kervillei Quélet sp. n. [171]. STIRTON (J.). Sur quelques Lichens [9]. STRASBURGER (Ed.). Pratique botanique [79]. —- Sur le développement des sporanges du Trichia fallax |98]. Studi algologici [185]. Stylidiées (Anatomie des), 164. Suéde (Plantes de) [93]. Surfaces libres (Loi des), 2. T Table des articles analysés dans ix Revue bibliographique [205]. Tableaux analytiques de la flore d'An- gers [108]. Tanacetum trifidum Franchet sp. nov. [52]. TaNcL (Note sur un mémoire de M.), 244. TEMME (F.). Sur la chlorophylle et l'assimilation du Cuscuta europea [86]. Tératologie végétale, 353 [170] [174]. Ternstremiacées (Canaux sécréteurs des), 141. Teucrium Pernyi Franchet et qua- drifarium Hamilt. sp. nov. [52]. Thalictrum fœtidum L., 368. THIÉBAUT (Ch.). Sa mort, 222. Thuidium decipiens récolté dans le Cantal, 354. Thymus Barrelieri Rouy sp. nov. [3]. — Fontanesi Boiss. et Reut. et lan- ceolatus Desf., 365-366. Thysanophoron (Lichens) Stirton nov. gen. [9]. — Futersoni [9]. Tiges (Enracinement des) de Ronce, 98. — (Massifs libéro-ligneux de la) des Calycanthées, 128. — aériennes et souterraines des Dicotylédones - [82]. — (Fonction du faisceau cen- tral de la) des Mousses [120]. — (Structure de la) des plantes aqua- tiques [193]. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÉRES. TIMBAL-LAGRAVE (Ed.). Voy. Scheele. TowNsEND (Fr.).. Sur lEuphrasia officinalis L. [106]. TnaBUT. Voy. Battandier. Trauspiration des végétaux sous les tropiques [33]. — des Champignons Trésorier de la Société (Rapport du), 389. — (Procès-verbal de vérifica- tion des comptes du) pour les an- nées comptables 1881-1882, 42. TnEUB. Notes sur l'embryon, le sac embryonnaire et l'ovule; l'embryon du Barringtonia Vriesei |11]. — Recherches sur les Cycadées [78]. Tribus, sous-familles, familles unis- santes, 190. Trichera subscaposa Nym., 127. Trichia fallax (Sporanges du) [98]. Trifolium maritimum Huds., 296. Trophoplastes ; travaux sur les corps chlorophylliens [30]. TULASNE (Ch.). Sa mort [112]. Tulipa. Tulipes de Savoie et d'Italie [19]. Turkestan (Plantes du) [53]. U Ulva (Algues) [185]. Umbilicus linearifolius Franchet sp. . nov. [55]. Ustalia anguina Montg., 104. Ustilaginées (Levüres des) [179]. V Valerianella (Plectritis) anomala et aphanoptera Asa Gray sp. nov. [161]. — puberula DU., 365. VauLor (J.). Sur les modifications de la flore des ruines du Conseil d'Etat de 1883 à 1884, 321. Van TiEGHEM (Ph.). Sur les canaux sécréteurs du péricycle dans la tige et la feuille des Ombelliféres et des Araliées, 29. — Sur les canaux sé- créteurs du péricycle dans la tige et la feuille des Pittosporées, 43.— Sur une maniére de dénommer les diverses directious de courbure des 227 ovules, 67. — Sur les feuilles assi- milatrices et l'inflorescence des Da- nae, Ruscus et Semele, 81. — Sur la situation de l'appareil séeréteur dans la racine des Composées, 112. — Sur les faisceaux libéro-ligneux corticaux des Viciées, 133..— Sur la disposition des canaux sécréteurs dans les Clusiacées, les Hypérica- cées, les Ternstræmiacées et les Diptérocarpées, 141. — Monascus, genre nouveau de l'ordre des Asco- mycétes, 226. — Sur les canaux sé- créteurs des Liquidambarées et des Simarubacées, 247. — Développe- ment de l'Amylobacter dans les plantes à l'état de vie normale, 283. — Sur une anomalie des bran- ches du Pin maritime (Pinus Pi- naster), 299. — Cœnonia, genre nouveau de Myxomycétes à plasmode agrégé, 303. — Culture et dévelop-- pement du Pyronema confluens, 355. — Sur la structure et les affi- nités des Pittosporées, 383. — Structure et affinité des Mastixia, : 392. — Obs., 18, 70, 90, 107, 116, 117, 230, 231, 256, 299, 309, 353. — et Monor (L.). Sur l'anatomie des Stylidiées, 119, 164. | Végétation (De la) à Berck-Plage (Pas-de-Calais), 22. — comparée. du Pois et du Mais [114]. — (Re- cherches sur Ja) [121]. — (Marche de la) dans une plante annuelle; [121]. — dans les Amaräntarées [123]. cs bes VELENOVSKY (J.). Sur les nectäires des Cruciféres [84]. Vénétie (Mousses de la) [21]. Verbénacées (Flora Italiana) [195]. Vérification (Procés-verbal dej des comptes du Trésorier de la Société, 42. Veronica acinifolia L., 257. Viburnum Lantana L. var. glabra- tum, 369. Vicia maculata Presl, 125. Viciées (Sur les faisceaux ligneux corticaux des), 133. Viscaria alpina Fries, 368. libéro- 298 Vitis. Gommose de la Vigne |133].— Taille de la Vigne [144]. VuILLEMIN (P.). Remarques sur Ja si- tuation de l'appareil sécréteur des Composées, 108. — Note sur le rac- cord des systèmes sécréteurs, 266. — De la valeur des caractères ana- tomiques au point de vue de la classification des végétaux : tige des Composées [191]. W WARBURG (0.). Sur la structure et le développement du bois du Caulo- tretus heterophyllus [25]. WarsoN (S.). Contributions à la bota- nique de l'Amérique [51]. WEBER (C.). Sur le Champignon des tubercules radicaux du Juncus bu- fonius [44]. Weiss (J.-E.). Le système des faisceaux vasculaires de la moelle de quelques Dicotylédones dans son rapport avec les traces des feuilles [117]. WESTERMAIER (M.). Sur la structure et la fonction du système épider- mique des végétaux [8]. Warre (Ch.-Fr.). Sur du pollen des couronnes funéraires trouvées dans un tombeau égyptien [67]. WicNIER (Ch.). De la végétation à Berck-Plage prés Montreuil-sur-mer (Pas-de-Calais), 22. WiLLE (N.) Sur les noyaux et les pores de la membrane chez les Phycochromacées [177]. — Contri- SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. butions à la connaissance de la flore algologique de l'Amérique du Sud [189]. X Xanthidium antilopeum Kütz £. kir- sulum nov. var., 340. Xanthocercis madagascariensis Bail- lon sp. nov. [164]. Xylolæna (Les) et la valeur de la fa- mille des Chlénacées [154]. Y Yun-nan (Gentiana du), 312. Z ZsCHARIAS (E.). Sur le contenu des tubes criblés du Cucurbita Pepo [95]. Zambéze (Plantes du) [149]. ZEILLER (R.). Note sur la flore du bas- sin houiller de Tete (région du Zam- béze) [56]. Sur des cônes de fructification de Sigillaires [58]. — Sur quelques genres de Fougères fossiles nouvellement créés [60]. — Sur la dénomination de quelques nouveaux genres de Fougères fos- siles [62]. — Voy. Renault. Zingiber Railletii l. Durand sp. nov. [153]. ZoPF. Nouveaux arguments à l'appui de ma théorie de la polymorphie des Phycochromacées [177]. Zygnema ellipticum, 342. FIN DU TOME TRENTE ET UNIEME. AVIS AU RELIEUR. Classement du texte. — Comptes rendus des séances, 100 pages. — Revue bibliographique et Table, 232 pages. Il n'y a pas eu de Session extraordinaire en 1884, celle qui devait avoir lieu dans les Ardennes ayant été remise à l'année suivante. ERRATA COMPTES RENDUS DES SÉANCES, page 94, ligne 25, au lieu de: Graphis Lassalia... Graphis Thelenella, lisez : genre Lassalia — genre Thelenella. — page 103, ligne 6, au lieu de : hypothécium, lisez : hyménium. — page 202, ligne 23, au lieu de : réveillent, lisez : révélent. — page 299, ligne 4, au lieu de : avec Bertoloni, lisez : contrairement à ce qu'a dit Ber- toloni. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, page 107, 2° alinéa, ligne 5, au lieu de : M. ^. Pellat, sur divers Viola, lisez : de MM. Ozanon, docteur . Gillot et Pellat sur divers Viola. Le Secrétariat, tout en apportant le plus grand soin à la correction des épreuves du Bulletin, ne saurait étre responsable des fautes échappées aux auteurs, et il ne se charge pas d'en faire le relevé ; mais celles qui lui sont signalées en temps utile peuvent étre l'objet de notes rectificatives ou d'errata insérés à la fin du volume. 5145. — BOURLOTON. — Imprimeries réunies, A, rue Mignon, 2, Paris